Résultats : 2 texte(s)
Accéder à la liste des mots clefs.
Détail
Liste
1
p. 254-266
Extrait de la Capitulation du Chasteau & des Forts de la Ville de Fribourg, accordée le 16. Novembre par Mr le Maréchal, Duc de Villars, commandant l'Armée du Roy.
Début :
Que le 20. Novembre sortiront des deux Châteaux & des [...]
Mots clefs :
Capitulation, Fribourg, Maréchal de Villars, Garnison, Lieutenant général, Canon, Mortier, Archives, Assiégés
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait de la Capitulation du Chasteau & des Forts de la Ville de Fribourg, accordée le 16. Novembre par Mr le Maréchal, Duc de Villars, commandant l'Armée du Roy.
Extrait de la Capitulation du
' Cbajleau &des Forts dela
faille de Fribotttg
,
accordée
le i C, Novembrepar Mr le
Maréchala Duc de Villars
commandantl'Admit-, du
O ,'':- Ue le io. Novembre
forcironr desdeux Cbâ.
teaux & des Forts les deux
Garnisons, avec toutes les
marques d'honneur, fous le
Lieutenant général de Bataille
Baron de Wachtendonck, les
deux Commandans de Hanftem
& de Dominique
, tous
les Officiers, avec leurs Dpmeftiques&
équipages qui feront
conduits jusqu'au Camp
Imperial de Rotweïlen Sua-
Le, dans quatre ou cinq
jours. Que,;sixpicces de Canon,
marcheront à la teftc^fçavoir;
.trois,de douze,&trois df six
livres de balle; qe plus quatre
Mortiers decent, 4 trois de
soixanielivresavec la poudrare,
boulet*, bombes & atti-
raiUlss~aeeçccefÙlaaijrrcessppoourur tirer cinquante
coups, aussi bien que
pour toute l'Infanterie & les
Dragons;& pour chaque
Grenadier cinq grenades.
Que cette marche commencera
par les équipages
suffisamment efcorrcz, qu'on
rendra le jour
-
d'auparavant
tous les équipages pris dans la
Ville, meubles & hardes, &
autres; qu'on rendra de bonne
foy tous les chevaux pris
& tource quiappartientàcette
garnison
,
& que la quantité
de chevaux & chariots
dont on a besoin fera fournie
gratis pour le transport jusqu'audit
Rotweil.
Qu'on emmencra librement
tous les Documents &
Ecrits qui font dans les deui
Châteaux concernant les Archlves,
& d'y pouvoir join*
dre ce qui pourroit efire de
plus dans la Ville appartenant
à cela.
Que cous ceux qui voudront
sortir de Fribourg foit presentement
ou dans l'espace de
troismois, comme cela ro
comprend dans toutes les Capitulations
d'honneur, il
leur foit permis, de vendre"
leurs biens - & d'emmener leurs
bagages
j avec les Paflfeports necc:& queJdans ccc
aitick puiflefu cftre/compris
Mrsde ta-Rcgenoe,&c.
- Que lesOfficiers &soldats
malades .& blessez puissent
rester à Fribourg, logez grads.
cbez.les,Bburgeoisravec
les Chirurgiens & autres, pout
cfsfetvir, recevant leur pain
dcïla.farinelaâffée pour ce
fitjet, Çivlesraedjcaraen^idi
mème>, jufipàce;qu'ils
firent en état de partir avec
Passeportspour se rendre à. leursCorps.*
;.
Quetousprisonnierstant -- -
ceuxqui ont csté- lignesyquependantlesiege,
.& cous ceuxqui sont restez
danslaVille, feront rendus,
avec leurs habits & armes.Il
nesera point permis en fortant
de tirer aucun foldac
hors de son rang ou de lccLébaucher
, excepté les defefteurs.
Qu'onmontrera de bonne
foy toutes les minesxtouïg^
l'artillerie &tous les tvivrcs"
qui sontdans les deuxChaf-
, teaux.
, - Que la garnison fera
«
pourveuë de pain pourcinq
jours. ijulqujLRowcil : &
rconime les fours des ChaslVtaca,
uoxninellessulfffeeisrean.tcupiarsepdoaunrslcae- Quelesdettescontra"-,\:f
par lesOfficiers ou--auticsi,
dont-oa^exceptelesvinyja -
viande,le bois& cequ'ila
fallu prendre pour la nourriture
du soldat, & l'usage du
siege ,ce qui ne paye pas, on -
laissera pour les deux premieresclasses
le sieur Dalberdoff,
premier Commissaire
des guerresen ostage, jusqu'à
ce qu'on aurasatisfait,
& on n'éxigera point d'autres
ostages parmi les Officiers.
Qu'aussi-tost la presente
Capitulation fignéc ,on envoyeraun
courier au Prince
EugenedeSavoye, & autre
, pour avertir de la marche
decettegarnison, à
^atvrcil, ( •:: • Qu'oncedera enattendant
la sortie
,
le petit Ouvrage
,,qui est devant la porte de
ceChasteauàlamoitié dela
contrescarpe verslaVille:au
Fort S. Pierre, l'Ouvrage £
, corne&laRedouteattaqué,
^aueiid^flc ^;ciue tca)~ f
deuxôtagespour N4'Jtë LieutenantColonel
Iberaker,&
Mr le Lieutenant Colonel cPErp#<-Jf..1
La Garnison 'n'tfflpfortifc
que le 2.2.ï£aufe3dunY^tfvrfs
temps. Elle ¡ estoit iëltipofefc
ec prés dé?f£|>tVrtitfehbfenm^s»,
& étoit de treize milleau
tommcncerhent du SkgÊJ
Le 31 Octobre Mrle Comte
d'AttatjnattLleàtèriirtft ~~raf~A~~aa~~
^ftWnt1CIÉjètir' àrîtetrâtid^efe
^cfrtbotrtg/fîrattaquer par
d^drcii^Mttnïrèirt le Maré-
^hàtdcrViîfets fàPdcitt(i^ltmë>
laquelle sur emportée dans
l'instant par la valeur des
Troupes, quoy que deffenduë
par cent cinquante hommes
des ennemis qui futent tous
tuez ou pris.
Le lendemain matin on vit
un Drapeau suc labréche, 64
danslemoment Mr le Çrîfticd
d'Artagnan l'estant allé reconnoistre,
s'en saisit, & des
autrespostes. Il entraensuite
dans laville avec quatreCom
pagniesde Grenadiers, & donna
de sibons ordres qu'il
sauva le pillage. Le Baron
d'Arsch,Gouverneur dtJEti4
bourg, envoya le sieur de
Wlinkfoton au Prince Eugene
en son Camp de Mulberg
, il revint le 10. Novembre
au soir. Le lendemain,
le Baron d'Arsch l'envoya au
Maréchal de Villars, auquel il
proposa les conditions pour
la Capitulation du Chasteau
& des Forts, dont une partie
fut refusée. Surqupy le Baron
d'Arsch ayant fait sçavoir
qu'iln'avoit pasun Pouvoir
aâèr grand du Prince Eugene
pour conclurreàd'autres
conditions,demandapermisÛoA&
renvoyerkn}craeùof
sicier
sicier au Prince Eugcne
, ce
qu'onluy accorda. La suspension
d'armes fut prolongée
jusqu'au 15 àcondition que
les Assiegezmettroienttoutes
chosesen état pour l'attaque
du Chasteau& des Forts. On
mit enbatterie vingt-huit
mortiers« & soixantepiSeces de
canon, & on pouffa des
boyaux de communication
aux endroits necessaires. Les
Assiegez voyoient faire tous
ces travaux sans s'y opposer.
Ils envoyoient du Chasteau
des provisions aux malades
& blessez, aux soldats, aux
femmes & aux enfans & aux
valets qu'ilsavoient abandonnez
dans la Ville. Le 13.
Novembre le feu Ce mit par
accident à l'Arsenal de la Ville,
lequel a esté brûlé.
' Cbajleau &des Forts dela
faille de Fribotttg
,
accordée
le i C, Novembrepar Mr le
Maréchala Duc de Villars
commandantl'Admit-, du
O ,'':- Ue le io. Novembre
forcironr desdeux Cbâ.
teaux & des Forts les deux
Garnisons, avec toutes les
marques d'honneur, fous le
Lieutenant général de Bataille
Baron de Wachtendonck, les
deux Commandans de Hanftem
& de Dominique
, tous
les Officiers, avec leurs Dpmeftiques&
équipages qui feront
conduits jusqu'au Camp
Imperial de Rotweïlen Sua-
Le, dans quatre ou cinq
jours. Que,;sixpicces de Canon,
marcheront à la teftc^fçavoir;
.trois,de douze,&trois df six
livres de balle; qe plus quatre
Mortiers decent, 4 trois de
soixanielivresavec la poudrare,
boulet*, bombes & atti-
raiUlss~aeeçccefÙlaaijrrcessppoourur tirer cinquante
coups, aussi bien que
pour toute l'Infanterie & les
Dragons;& pour chaque
Grenadier cinq grenades.
Que cette marche commencera
par les équipages
suffisamment efcorrcz, qu'on
rendra le jour
-
d'auparavant
tous les équipages pris dans la
Ville, meubles & hardes, &
autres; qu'on rendra de bonne
foy tous les chevaux pris
& tource quiappartientàcette
garnison
,
& que la quantité
de chevaux & chariots
dont on a besoin fera fournie
gratis pour le transport jusqu'audit
Rotweil.
Qu'on emmencra librement
tous les Documents &
Ecrits qui font dans les deui
Châteaux concernant les Archlves,
& d'y pouvoir join*
dre ce qui pourroit efire de
plus dans la Ville appartenant
à cela.
Que cous ceux qui voudront
sortir de Fribourg foit presentement
ou dans l'espace de
troismois, comme cela ro
comprend dans toutes les Capitulations
d'honneur, il
leur foit permis, de vendre"
leurs biens - & d'emmener leurs
bagages
j avec les Paflfeports necc:& queJdans ccc
aitick puiflefu cftre/compris
Mrsde ta-Rcgenoe,&c.
- Que lesOfficiers &soldats
malades .& blessez puissent
rester à Fribourg, logez grads.
cbez.les,Bburgeoisravec
les Chirurgiens & autres, pout
cfsfetvir, recevant leur pain
dcïla.farinelaâffée pour ce
fitjet, Çivlesraedjcaraen^idi
mème>, jufipàce;qu'ils
firent en état de partir avec
Passeportspour se rendre à. leursCorps.*
;.
Quetousprisonnierstant -- -
ceuxqui ont csté- lignesyquependantlesiege,
.& cous ceuxqui sont restez
danslaVille, feront rendus,
avec leurs habits & armes.Il
nesera point permis en fortant
de tirer aucun foldac
hors de son rang ou de lccLébaucher
, excepté les defefteurs.
Qu'onmontrera de bonne
foy toutes les minesxtouïg^
l'artillerie &tous les tvivrcs"
qui sontdans les deuxChaf-
, teaux.
, - Que la garnison fera
«
pourveuë de pain pourcinq
jours. ijulqujLRowcil : &
rconime les fours des ChaslVtaca,
uoxninellessulfffeeisrean.tcupiarsepdoaunrslcae- Quelesdettescontra"-,\:f
par lesOfficiers ou--auticsi,
dont-oa^exceptelesvinyja -
viande,le bois& cequ'ila
fallu prendre pour la nourriture
du soldat, & l'usage du
siege ,ce qui ne paye pas, on -
laissera pour les deux premieresclasses
le sieur Dalberdoff,
premier Commissaire
des guerresen ostage, jusqu'à
ce qu'on aurasatisfait,
& on n'éxigera point d'autres
ostages parmi les Officiers.
Qu'aussi-tost la presente
Capitulation fignéc ,on envoyeraun
courier au Prince
EugenedeSavoye, & autre
, pour avertir de la marche
decettegarnison, à
^atvrcil, ( •:: • Qu'oncedera enattendant
la sortie
,
le petit Ouvrage
,,qui est devant la porte de
ceChasteauàlamoitié dela
contrescarpe verslaVille:au
Fort S. Pierre, l'Ouvrage £
, corne&laRedouteattaqué,
^aueiid^flc ^;ciue tca)~ f
deuxôtagespour N4'Jtë LieutenantColonel
Iberaker,&
Mr le Lieutenant Colonel cPErp#<-Jf..1
La Garnison 'n'tfflpfortifc
que le 2.2.ï£aufe3dunY^tfvrfs
temps. Elle ¡ estoit iëltipofefc
ec prés dé?f£|>tVrtitfehbfenm^s»,
& étoit de treize milleau
tommcncerhent du SkgÊJ
Le 31 Octobre Mrle Comte
d'AttatjnattLleàtèriirtft ~~raf~A~~aa~~
^ftWnt1CIÉjètir' àrîtetrâtid^efe
^cfrtbotrtg/fîrattaquer par
d^drcii^Mttnïrèirt le Maré-
^hàtdcrViîfets fàPdcitt(i^ltmë>
laquelle sur emportée dans
l'instant par la valeur des
Troupes, quoy que deffenduë
par cent cinquante hommes
des ennemis qui futent tous
tuez ou pris.
Le lendemain matin on vit
un Drapeau suc labréche, 64
danslemoment Mr le Çrîfticd
d'Artagnan l'estant allé reconnoistre,
s'en saisit, & des
autrespostes. Il entraensuite
dans laville avec quatreCom
pagniesde Grenadiers, & donna
de sibons ordres qu'il
sauva le pillage. Le Baron
d'Arsch,Gouverneur dtJEti4
bourg, envoya le sieur de
Wlinkfoton au Prince Eugene
en son Camp de Mulberg
, il revint le 10. Novembre
au soir. Le lendemain,
le Baron d'Arsch l'envoya au
Maréchal de Villars, auquel il
proposa les conditions pour
la Capitulation du Chasteau
& des Forts, dont une partie
fut refusée. Surqupy le Baron
d'Arsch ayant fait sçavoir
qu'iln'avoit pasun Pouvoir
aâèr grand du Prince Eugene
pour conclurreàd'autres
conditions,demandapermisÛoA&
renvoyerkn}craeùof
sicier
sicier au Prince Eugcne
, ce
qu'onluy accorda. La suspension
d'armes fut prolongée
jusqu'au 15 àcondition que
les Assiegezmettroienttoutes
chosesen état pour l'attaque
du Chasteau& des Forts. On
mit enbatterie vingt-huit
mortiers« & soixantepiSeces de
canon, & on pouffa des
boyaux de communication
aux endroits necessaires. Les
Assiegez voyoient faire tous
ces travaux sans s'y opposer.
Ils envoyoient du Chasteau
des provisions aux malades
& blessez, aux soldats, aux
femmes & aux enfans & aux
valets qu'ilsavoient abandonnez
dans la Ville. Le 13.
Novembre le feu Ce mit par
accident à l'Arsenal de la Ville,
lequel a esté brûlé.
Fermer
Résumé : Extrait de la Capitulation du Chasteau & des Forts de la Ville de Fribourg, accordée le 16. Novembre par Mr le Maréchal, Duc de Villars, commandant l'Armée du Roy.
Le 10 novembre, le Maréchal Duc de Villars accorda la capitulation des châteaux et forts de Fribourg. Les garnisons, dirigées par le Baron de Wachtendonck, les Commandants de Hanftem et de Dominique, ainsi que tous les officiers et leurs équipages, reçurent l'autorisation de se rendre au camp impérial de Rotweil en quatre ou cinq jours. Six pièces de canon et quatre mortiers furent remis aux assiégeants, accompagnés de munitions suffisantes pour cinquante coups. Les équipages et les biens pris dans la ville furent rendus, et des chevaux et chariots furent fournis gratuitement pour le transport. Les documents et archives purent également être emportés. Les officiers et soldats malades ou blessés furent autorisés à rester à Fribourg, logés chez les bourgeois, avec des chirurgiens et des provisions. Les prisonniers furent libérés avec leurs habits et armes. Toutes les mines, l'artillerie et les travaux de défense furent montrés aux assiégeants. La garnison fut approvisionnée en pain pour cinq jours. La capitulation fut signée et un courrier fut envoyé au Prince Eugène de Savoie pour l'informer de la marche de la garnison. La garnison du château, fortifiée récemment, comptait environ treize mille hommes. Le 31 octobre, le Comte d'Attainville attaqua Fribourg, défendue par cent cinquante hommes, tous tués ou pris. Le lendemain, le Comte d'Artagnan entra dans la ville avec des grenadiers et évita le pillage. Le Baron d'Arsch, gouverneur de Fribourg, négocia les conditions de la capitulation avec le Maréchal de Villars. La suspension des armes fut prolongée jusqu'au 15 novembre, permettant aux assiégeants de préparer l'attaque. Le 13 novembre, un incendie détruisit l'arsenal de la ville.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 79-94
RÉPONSE de M. de SAINT- FOIX.
Début :
J'Ignorois qu'on avoit mis une nouvelle inscription au-deffous de la Statue [...]
Mots clefs :
Église, Cheval, Victoire, Archives, Statue, Bréviaire, Fondation, Armes, Reconnaissance, Manuscrits
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE de M. de SAINT- FOIX.
RÉPONSE de M. de SAINT - FOIX.
F'ignorois qu'on avoit mis une nou
velle infcription au - deffous de la Statue
Equeftre qui eft à Notre - Dame ; il n'y
a qu'un an que je l'appris par une Brochure
où l'on me reprenoit aigrement
fur ce que j'avois dit , dans mes Effais
Hiftoriques , que cette Statue repréfentoit
Philippe de Valois . L'Auteur de
cette Brochure , pénétré d'admiration
pour M. le Préfident Henault , ne joignoit
pas à ce mérite celui d'être poli ;
ainfi je n'ai jamais pensé à lui répondre ;
mais en faifant des corrections & des
additions à mes Effais Hiftoriques , j'ai
voulu voirfi je m'étois trompé au fujet de
cette Statue ; ma differtation a paru dans
le premier Volume du Mercure de Janvier
dernier ; voici un nouvel Anonyme
qui m'attaque ; il mêle à l'érudition
le fel de la fine plaifanterie , & je ne
doute point que les perfonnes qui dînoient
chez M. le Préfident Henault
n'ayent bien ri lorfqu'il dit qu'il me croit
Div
80 MERCURE DE FRANCE.
trop galant homme pour vouloir faire
defcendre fi malhonnêtement notre grand
Roi Philippe le Bel de deffus fon cheval.
Je ne connoiffois point le Voyage de
Munfter, je l'ai cherché , je l'ai trouvé ,
je l'ai lu , & je protefte que j'aurois
fouhaité de pouvoir dire que je m'étois
trompé ; ma pareffe en eût été flattée
; mais les raifonnemens de Claude
Joly n'ont fervi qu'à me confirmer dans
le fentiment que j'avois embraffé. Il
faut néceffairement rappeller l'état de la
queſtion , & l'on peut compter que je
vais l'expofer avec une entiere impartialité.
9 :
Philippe le Bel, en reconnoiffance
de la victoire qu'il avoit remportée fur
les Flamands à Mons en Puelle le 18
Août 1304 , fit des fondations à Notre-
Dame de Paris , à Notre - Dame de
Chartres & dans d'autres Eglifes ; mais ,
ni dans ces actes de fondation , ni dans
aucun ancien Breyiaire , ni dans aucun
Hiftorien comtemporain , il n'eft dit
qu'il foit entré à cheval dans l'Eglife de
Notre-Dame de Paris , & qu'il y ait
fait à la Vierge l'offrande de fes armes
& de fon cheval. D'ailleurs , il n'y en a
& il n'y en a jamais eu aucunes preuves
dans les Papiers , Cartulaires , Nécrologe
& Archives de Notre-Dame.
AVRIL. 1763.
81
P
*
Après avoir parlé de la victoire que
Philippe de Valois remporta à Caffel
fur les Flamands le 23 Août 1328 ,
différens manufcrits des grandes Chroniques
de S. Denis , & toutes les anciennes
Editions de ces Chroniques ,
difent , que Philippe de Valois vint à
Saint Denis , & lui rendit fur fon Autel
l'oriflame qu'il avoit pris quand ilpartit
pour aller contre les Flamands , & puis
s'en alla à Notre- Dame de Paris , &
quand il fut là , fe fit armer des armes
qu'il avoit portées dans la bataille contre
les Flamands , & puis monta fur
fon deftrier , & ainfi entra dans l'Eglife
de Notre - Dame , & très- devotement la
remercia , & luipréfenta le cheval fur lequel
il étoit monté & toutes fes armures.
Quelle peut donc être la difcuffion
demandera- t'on ? La voici : on dit que
dans différens manufcrits des grandes
Chroniques de Saint Denis , s'il y a que
Philippe de Valois alla à Notre- Dame
de Paris & y entra monté fur fon def
trier, &c. il y a dans d'autres manufcrits
de ces mêmes Chroniques , qu'il alla à
Notre-Dame de Chartres , & y entra
monté furfon deftrier , &c . & on ajoute
que dans le Continuateur de Nangis
* Edition de 1493 , de 1517 , & autres.
D v
82 MERCURE DE FRANCE.
on peut lire également iniit Parifios
ou iniit Carnotum , parce que Parifios
ou Carnotum font variantes ; & on con
clut de là que Philippe de Valois n'étant
point entré à cheval dans l'Eglife
de Paris , mais dans celle de Chartres
ce n'eft point fa Statue qu'on voit dans
l'Eglife de Paris , mais celle de Philippe
le Bel
Les grandes Chroniques de Saint
Denis , après avoir parlé fort au long
de la bataille de Mons en Puelle , difent
fimplement que Philippe le Bel revint
à Paris environ la Saint Denis à grande
joye ineftimable. Le Continuateur de
Guillaume de Nangis , après avoir parlé
des fondations que ce Prince fit dans
quelques Eglifes & dans celle de Paris
en reconnoiffance de fa victoire , ne dit
pas un mot de fa cavalcade dans cette
Eglife . Eft- il naturel que ces Hiftoriens
n'en euffent pas parlé à l'article de ce
Prince & de fes fondations ? Eft-il naturel
que dans la fuite , lorfqu'ils difent que
Philippe de Valois entra à cheval dans
l'Eglife de Paris , où , fi l'on veut , de
Chartres , ils n'euffent pas ajouté , comme
Philippe le Bel avoit fait après fa
victoire de Mons en Puelle ? Cette ob-.
jection n'eſt - elle pas convaincante 2
AVRIL 1763. 83
Ne faudroit- il pas , pour la combattre ,
préfenter quelque titre authentique où
fut porté que Philippe le Bel entra
dans l'Eglife de Paris à cheval ; or , ni
Claude Joly , ni autres n'en produifent
& n'en ont jamais produit aucun ; au
lieu que dans un manufcrit qui, paroît
être de 1360 , cotté H , numéro 22 ,
& faifant partie des manufcrits que le
Chapitre de Notre Dame a donnés au
Roi , il eft dit que Philippe de Valois ,
après la bataille de Caffel , l'an 1328
entra tout armé fur fon deftrier dans
L'Eglife de Notre- Dame de Paris ...
& que fa repréfentation eft affife fur
deux pilliers devant l'image de ladite
Dame , en la Nefde ladite Eglife.
-
Examinons à préfent la Lettre de Clau
de Joly. Paul Emile , dit-il , attribue la
Statue en queftion à Philippe le Bel ; &
Paul Emile étant Chanoine de Notre-
Dame de Paris il est vraisemblable
qu'il n'auroit pas attribué à ce . Prince
une action fi publique & fi folemnelle ,
s'il n'en eût été bien affuré, ou par
quelqu'écrit authentique. Qu par une :
tradition qui étoit alors tenue pour conftante
& certaine parmi fes Confreres.
Réponse. Sous le regne de Henri II
à côté de cette Statue , on mit des vers
9
D vj
84 MERCURE DE FRANCE.
& une infcription qui y a fubfifté plus
de cent ans , & par laquelle on difoit
que c'étoit la Statue de Philippe de Valois
; la plupart des Chanoines dont
Paul Emile avoit été Confrère , étoient
encore vivans ; eft- il naturel qu'ils ne
fe fuffent pas oppofés à cette infcription ,
& qu'ils l'euffent approuvée , fi elle
avoit été contraire à ce qui étoit porté
dans leurs Archives ?
C'eft fur le témoignage de Nicole
Gilles , dit Claude Joly , que quand on
a commencé de mettre dans les Breviaires
de Paris les Leçons qui font mention de
cette victoire , on a attribué à Philippe
de Valois , non-feulement l'entrée à cheval
dans l'Eglife de Paris , mais auffi
la victoire & la fondation de la fête de
l'année 1304 , quoiqu'il ne fut Roi que
vingt-quatre ans après.
,
Réponse. Dans plufieurs manufcrits
des grandes Chroniques de Saint Denis
bien antérieurs à Nicole Gilles &
dans toutes les anciennes Editions de
ces Chroniques , il eft dit que Philippe
de Valois entra à cheval dans la Cathédrale
de Paris ; c'eft fur ces autorités
que dans les Breviaires on a attribué
cette action folemnelle à ce Prince ;
Claude Joly ne l'ignoroit pas , & il a
AVRIL. 1763. 84
donc tort de dire qu'on ne s'eft fondé
que fur le témoignage de Nicole Gilles.
D'ailleurs , les Breviaires ne confondent
ni les deux Rois , ni les deux victoires ;
il y eft dit , in Ecclefia Parifienfi , propter
commemorationem victoria Philippi
Pulchri , fit duplum ; & après des
Leçons & verfets fur la Vierge , il eft
dit auffi , Philippus Valefius , cum infignem
victoriam de rebellibus Flandris
obtinuiffet , quæ contigit anno 1328 , &c.
Voilà les deux victoires & les deux Rois
bien diftingués ; Philippe le Bel avoit
fait une fondation ; Philippe de Valois
avoit fait une offrande qu'il racheta
par une fomme confidérable , comme
je le prouverai dans la fuite ; d'ailleurs
il avoit fait élever un monument de fa
victoire & de fa reconnoiffance envers
la Vierge ; l'Eglife de Paris faifoit commémoration
de ces deux batailles mémorables
, gagnées l'une & l'autre pendant
l'octave de l'Affomption .
Claude Joli dit qu'il eft encore bon d'obferver
qu'on n'a point mis dans les breviaires
de Paris aucune leçontouchant cela,
avant l'édition de 1584 ; car , ajoutet-
il , il n'y en a aucun qui en parle dans
ceux d'auparavant , de 1479 & 1492.
Réponse. L'Hiftoire de Paul Emile fut
86 MERCURE DE FRANCE.
il
imprimée en 1544 quarante après , eny
1584 , lorfque le Chapitre de Notre
Dame jugea apropos de mettre dans les
breviaires les leçons en queftion , n'eſtpas
vrai femblable qu'il auroit adopté
L'opinion de Paul Emile fon confrère
s'il n'avoit vû dans fes archives qu'elle
n'étoit foutenable. J'ajouterai que
dans ce temps là , il paroiffoit chaque
jour quelque écrit qui traitoit des anciens
droits de nos Rois fur la Flandres
pas
& que même les Provinces unies , cette
même année 1584, avoient offert à Henri
III de fe mettre fous fa domination ;
peut- être que le Chapitre de notre Dame
, attendu ces circonftances , jugea a
propos de joindre a la commémoration
de la victoire de Philippe le Bel , celle
de la victoire de Philippe de Valois ;
on inféroit dans ce temps là , dans les
breviaires & rituels , des prieres & des .
leçons bien moins convenables..
Claude Joli dit que M. de Sponde
Evêque de pamiers , pretend que ceux
qui ont atribué la ftatue en queftion a
Philippe Lebel, ont été refutezpar plufieursperfonnes
, & même par les anciens
Cartulaires de l'Eglife de Paris dont ils
n'avoient pas vu les Archives
ajoute Claude Joli , de quelles Archives
mais
AVRIL 1763.
87
M. de Sponde veut-il parler , puifqu'il
n'y en a point d'autres que la fondation
de Philippe le Bel & les vieux breviaires .
de cette Eglife , qui portent tous le nom
de Philippe le Belfans parler en aucune
façon de Philippe de Valois , lefquelles
Archives Paul Emile avoit pû voir , mais
que certainement Nicole Gilles ni ceuxdefon
opinion n'avoient pas vues , puifque
ce qu'il en écrit leur eft tout contraire.
Reponse , Loin de nous produire quelque
Piéce authentique , dans laquelle il
foit dit que Philippe le Bel entra à cheval
dans l'Eglife de notre Dame , & que
c'eft fa ftatue qu'on y voit , Claude Joli
convient que Paul Emile n'en a point eu
d'autres preuves , & qu'il n'y en a point
d'autres , que la fondation d'une rente
de cent livres,faite par ce Prince , & que.
ce qui eft porté dans les vieux breviaires
; Or, de l'aveu même de Claude Joli,
il n'en eft pas dit un mot dans l'acte de
fondation de cette rente ; & les vieux.
Breviaires difent uniquement , in Ecclefia
Parifienfi , propter commemorationem»
victoria Philippi pulchri , fit duplum.
Le pere Texera & M. de Sponde , qui
avoient eu communication des Archives
de Notre Dame , comme en convient
Claude Joli, ont-ils eu tort de rejetter
88 MERCURE DE FRANCE .
de pareilles preuves ? n'eft-il pas fingu
lier de dire que fi Nicole Gilles les avoit
vues , elles lui auroient fait changer d'opinion
? d'ailleurs M. de Sponde dit que
ceux qui attribuent la ftatue en queftion
à Philippe le Bel, font refutezpar d'anciens
. Cartulaires de l'Eglife de Paris ;
dira-ton que ces anciens Cartulaires
n'ont jamais exifté , & que M. de Sponde
n'en a point vûs ?
Des Prêtres de l'Oratoire ont continué
l'hiftoire particuliere de l'Eglife de Paris
; ils avoient eu en communication
les Archives , le nécrologe , & tous les
titres de cette Cathédrale ; ils avoient
lû la differtation de Claude Joli & les
lettres de M. Jouet , fon ami ; ces hiftoriens
, dans leur ouvrage in-folio , dedié
à M. le Cardinal de Noailles & imprimé
en 1710 , difent , l . 18 , c. 3 , p.
615
qu'il n'eft pas douteux que la ftatue en
queftion eft de Philippe de Valois , &
qu'aucun Roi , avant lui , n'étoit entré
à cheval dans l'Eglife de Notre-Dame ;
& ils ont lû , comme moi , dans le continuateur
de Guillaume de Nangis, qu'ils
citent , iniit Parifios ; ainfi l'anonyme
qui écrit à M. le Prefident Henault , &
qui dit fi poliment ce qui vous divertira ,
doit trouver ces Prêtres de l'Oratoire
très divertiffans. -
AVRIL. 1763. 89
Claude Joly qui tâche d'acrocher des
autorités , cite les Annales de Malingre ,
quoiqu'il n'ignorât pas que Malingre
dans fes Antiqués de Paris , page 10 ,
s'étoit retracté , & qu'il dit que la Statue
en queftion repréfente Philippe de Valois.
Thevet eft du même avis ; cela
n'empêche pas Claude Joly de le citer
en fa faveur .
Je pourrois m'autorifer de la Médaille
qu'on voit dans la France Métallique
, & faire fentir la fauffeté du
raifonnement de Claude Joly ; mais
comme je ne cherche & que je n'employe
que la vérité , j'avoue que cette
Médaille eft fuppofée ; mais on juge
bien que l'Auteur de la France Métallique
, pour fuppofer cette Médaille
alla à Notre-Dame de Paris & copia
bien exactement la Statue en queftion.
Venons à préfent aux Lettres de
M. Jouet. Il dit que Philippe le Bel , en
reconnoiffance de fa victoire de Mons
en Puelle , fit à l'Eglife de Chartres ,
comme à celle Paris , une fondation de
cent livres de rente ; qu'en conféquence
on célébre tous les ans à Chartres , le
17 Août , l'Office de Notre-Dame de
la Victoire , & que ce jour-là on tire
du tréfor & l'on expofe aux yeux du
go MERCURE DE FRANCE ..
public une Armure très- riche , mais
qui ne pouvoit être que d'un jeune
homme de treize à quatorze ans ; il
differte beaucoup fur cette armure , &
prétend que Philippe le Bel envoya
fon fils Charles en faire l'offrande à
Notre-Dame de Chartres ; mais il ne
réfléchit pas que ce fils Charles n'avoit
que neufans lors de la bataille de Mons
en Puelle ; qu'il n'étoit point à cette
bataille ; que ce n'étoient pas fes armes ,
mais celles de fon pere qu'il auroit été
chargé d'offrir ; qu'il n'eft pas douteux
que l'épée & la ceinture font femées
de Dauphins & que ces armes font
donc bien poftérieures au règne de
Philippe le Bel, le Dauphiné n'ayant
été uni à la Couronne qu'en 1349 ;
qu'enfin c'eft l'armure que Charles VI,
qu'on appella long-tems le petit Roi ,
envoya en offrande à Notre -Dame de
Chartres , après avoir battu les Fla
mands à Rofebeque en 1482 ce
Prince n'avoit alors que quatorze ans.
On demandera pourquoi on étale cette
armure le jour qu'on célébre la victoire
de Mons en Puelle ? Parce qu'apparemment
, dans la fuite des tems , on avoit
oublié de qui elle venoit , & qu'on
imagina que c'étoit une offrande de
AVRIL. 1763 91
Philippe le Bel; il eft naturel de penfer
plutôt à ceux qui font des fondations.
qu'aux autres. Ce qu'il y a de trèscertain
, c'est que dans l'acte de fondation
de cent livres de rente & dans
les Archives de l'Eglife de Chartres ,
il n'eft point parlé du tout de cette
armure ni d'aucune offrande de Philippe
le Bel ; il fit , je le répéte , des
fondations à Paris , à Chartres , & dans
d'autres Eglifes , en reconnoiffance de fa
victoire ; mais il n'y offrit jamais ni fes
armes ni fon cheval
M. Jouet produit enfuite une pièce
authentique , tirée des Archives de l'Eglife
de Chartres , dans laquelle il eft
dit , que le Chapitre s'étant aſſemblé , a
délibéré que la fomme de mille livres
que le Roi ( Philippe de Valois ) a donnée
pour le rachapt de fon cheval & de
fes armes , qu'il avoit préfentez lui même
à la Vierge , fera employée à acquerir
des fonds ou des révenus pour ladite.
Eglife de Chartres. Cela confirme ce
que j'ai toujours penfé & dit , & ce qu'a
écrit , il y a plus de cent-ans , M. Souchet
, Secrétaire & Chanoine du chapi-.
tre de Chartres , dans fon hiftoire Manuferite
de ce chapitre & de cette ville
Philippe de Valois alla d'abord à Notre
02 MERCURE DE FRANCE.
1
Dame de Paris ou il offrit à la Vierge fes
armes & fon cheval , & les racheta par
une fomme de mille livres ; il alla enfuite
à Chartres ou il fit précisément la
même cérémonie. C'étoient les anciens
ufages ; dans une tranfaction de l'an
1329 , entre les Curés de Paris & l'Eglife
du S. Sepulchre , il eft dit qu'un
mourant fera libre de choisir fa fepulture
dans cette Fglife , mais que fon corps
fera d'abord porté à la Paroiffe fur laquelle
il fera mort & que le Curé de
cette Paroiffe aura la moitié du luminaire
& de ce qui reviendra des hardes & chevaux
( ex pannis & equis ) qui feront
préfentés , lors de l'inhumation dans
Eglife du S. Sepulcre. Au fervice fait
à S. Denis en 1489 , pour Bertrand Duguefclin
, par l'ordre de Charles VI ,
L'Evêque qui célebroit la Meffe , reçut le
préfent des chevaux qui furent préſentés
à l'offrande , en leur mettant la main fur
la tête ; enfuite on les remena ; mais il
fallut compofer pour le droit de l'Abbaye
à laquelle ils étoient dévolus.
En
1329 Pierre
de
Cugneres
,
Avocat
du Roi au Parlement
, plaida
contre
les ufurpations
des Ecléfiaftiques
fur la juftice
temporelle
; le Jugement
de Philippe
de Valois
parut
favorable
AVRIL. 1763:
93
au Clergé qui tacha de lui marquer fa
réconnoiffance par des honneurs & des
tîtres ; il lui donna celui de Roi Catholique
; & comme la victoire de Caffel
& l'action folemnelle que ce Prince
avoit faite à Paris & à Chartres
étoient affez récentes, je croirois volontiers
que ce fut dans ce temps-là , que
chacune de ces deux Eglifes lui éleva
une ftatue équeftre ; ce qu'il y a de très
certain , c'eſt que l'Eglife de Sens ( 1 )
lui en éleva une dans ce même temps-
-là , femblable , dit D. du Breul , page
21 , à celle de ce Roi dans notre Eglife
de Paris , & au- deffous de laquelle
ftatue de Sens , on lit deux vers où il
eft qualifié défenfeur des droits de l'Eglife.
L'Auteur du Traité des anciennes armes
offenfives & défenfives des François
, imprimé chez Blaife , en 1635 .
dit , p . 113 , que Philippe le Bel ayant
rendu le Parlement fédentaire , les Chcvaliers
qui y préfidoient , pourfe diftinguer
des gens de Loi , firent faire des
bonnets de la forme de leurs cafques , &
( 1 ) Pierre du Roger , Archevêque de Sens ,
parla pour le Clergé , & imagina cette marque
de reconnoiffance envers Philippe de Valois , au
lieu des Décimes que ce Prince eípéroit du Clergé.
94 MERCURE DE FRANCE .
que voilà l'origine des Mortiers des Préfidens
; car ce ne fut , ajoute-t-il , que
fous le regne de Philippe le Long qu'on
imagina les cafques en forme de cone ,
s'élargiffant en defcendant fur les épau
les & comme un fabot renverfé
tel que celui qu'on voit à Philippe de
Valois dans Notre - Dame de Paris ; on
croyoit parer à l'inconvénient des cafques
trop plats , fur lefquels un coup de
maffue bien affené devoit enfoncer la tête
de celui qui le portoit ; mais dans là
fuite on trouva ces cafques fi pefans ,
qu'on changea encore.
F'ignorois qu'on avoit mis une nou
velle infcription au - deffous de la Statue
Equeftre qui eft à Notre - Dame ; il n'y
a qu'un an que je l'appris par une Brochure
où l'on me reprenoit aigrement
fur ce que j'avois dit , dans mes Effais
Hiftoriques , que cette Statue repréfentoit
Philippe de Valois . L'Auteur de
cette Brochure , pénétré d'admiration
pour M. le Préfident Henault , ne joignoit
pas à ce mérite celui d'être poli ;
ainfi je n'ai jamais pensé à lui répondre ;
mais en faifant des corrections & des
additions à mes Effais Hiftoriques , j'ai
voulu voirfi je m'étois trompé au fujet de
cette Statue ; ma differtation a paru dans
le premier Volume du Mercure de Janvier
dernier ; voici un nouvel Anonyme
qui m'attaque ; il mêle à l'érudition
le fel de la fine plaifanterie , & je ne
doute point que les perfonnes qui dînoient
chez M. le Préfident Henault
n'ayent bien ri lorfqu'il dit qu'il me croit
Div
80 MERCURE DE FRANCE.
trop galant homme pour vouloir faire
defcendre fi malhonnêtement notre grand
Roi Philippe le Bel de deffus fon cheval.
Je ne connoiffois point le Voyage de
Munfter, je l'ai cherché , je l'ai trouvé ,
je l'ai lu , & je protefte que j'aurois
fouhaité de pouvoir dire que je m'étois
trompé ; ma pareffe en eût été flattée
; mais les raifonnemens de Claude
Joly n'ont fervi qu'à me confirmer dans
le fentiment que j'avois embraffé. Il
faut néceffairement rappeller l'état de la
queſtion , & l'on peut compter que je
vais l'expofer avec une entiere impartialité.
9 :
Philippe le Bel, en reconnoiffance
de la victoire qu'il avoit remportée fur
les Flamands à Mons en Puelle le 18
Août 1304 , fit des fondations à Notre-
Dame de Paris , à Notre - Dame de
Chartres & dans d'autres Eglifes ; mais ,
ni dans ces actes de fondation , ni dans
aucun ancien Breyiaire , ni dans aucun
Hiftorien comtemporain , il n'eft dit
qu'il foit entré à cheval dans l'Eglife de
Notre-Dame de Paris , & qu'il y ait
fait à la Vierge l'offrande de fes armes
& de fon cheval. D'ailleurs , il n'y en a
& il n'y en a jamais eu aucunes preuves
dans les Papiers , Cartulaires , Nécrologe
& Archives de Notre-Dame.
AVRIL. 1763.
81
P
*
Après avoir parlé de la victoire que
Philippe de Valois remporta à Caffel
fur les Flamands le 23 Août 1328 ,
différens manufcrits des grandes Chroniques
de S. Denis , & toutes les anciennes
Editions de ces Chroniques ,
difent , que Philippe de Valois vint à
Saint Denis , & lui rendit fur fon Autel
l'oriflame qu'il avoit pris quand ilpartit
pour aller contre les Flamands , & puis
s'en alla à Notre- Dame de Paris , &
quand il fut là , fe fit armer des armes
qu'il avoit portées dans la bataille contre
les Flamands , & puis monta fur
fon deftrier , & ainfi entra dans l'Eglife
de Notre - Dame , & très- devotement la
remercia , & luipréfenta le cheval fur lequel
il étoit monté & toutes fes armures.
Quelle peut donc être la difcuffion
demandera- t'on ? La voici : on dit que
dans différens manufcrits des grandes
Chroniques de Saint Denis , s'il y a que
Philippe de Valois alla à Notre- Dame
de Paris & y entra monté fur fon def
trier, &c. il y a dans d'autres manufcrits
de ces mêmes Chroniques , qu'il alla à
Notre-Dame de Chartres , & y entra
monté furfon deftrier , &c . & on ajoute
que dans le Continuateur de Nangis
* Edition de 1493 , de 1517 , & autres.
D v
82 MERCURE DE FRANCE.
on peut lire également iniit Parifios
ou iniit Carnotum , parce que Parifios
ou Carnotum font variantes ; & on con
clut de là que Philippe de Valois n'étant
point entré à cheval dans l'Eglife
de Paris , mais dans celle de Chartres
ce n'eft point fa Statue qu'on voit dans
l'Eglife de Paris , mais celle de Philippe
le Bel
Les grandes Chroniques de Saint
Denis , après avoir parlé fort au long
de la bataille de Mons en Puelle , difent
fimplement que Philippe le Bel revint
à Paris environ la Saint Denis à grande
joye ineftimable. Le Continuateur de
Guillaume de Nangis , après avoir parlé
des fondations que ce Prince fit dans
quelques Eglifes & dans celle de Paris
en reconnoiffance de fa victoire , ne dit
pas un mot de fa cavalcade dans cette
Eglife . Eft- il naturel que ces Hiftoriens
n'en euffent pas parlé à l'article de ce
Prince & de fes fondations ? Eft-il naturel
que dans la fuite , lorfqu'ils difent que
Philippe de Valois entra à cheval dans
l'Eglife de Paris , où , fi l'on veut , de
Chartres , ils n'euffent pas ajouté , comme
Philippe le Bel avoit fait après fa
victoire de Mons en Puelle ? Cette ob-.
jection n'eſt - elle pas convaincante 2
AVRIL 1763. 83
Ne faudroit- il pas , pour la combattre ,
préfenter quelque titre authentique où
fut porté que Philippe le Bel entra
dans l'Eglife de Paris à cheval ; or , ni
Claude Joly , ni autres n'en produifent
& n'en ont jamais produit aucun ; au
lieu que dans un manufcrit qui, paroît
être de 1360 , cotté H , numéro 22 ,
& faifant partie des manufcrits que le
Chapitre de Notre Dame a donnés au
Roi , il eft dit que Philippe de Valois ,
après la bataille de Caffel , l'an 1328
entra tout armé fur fon deftrier dans
L'Eglife de Notre- Dame de Paris ...
& que fa repréfentation eft affife fur
deux pilliers devant l'image de ladite
Dame , en la Nefde ladite Eglife.
-
Examinons à préfent la Lettre de Clau
de Joly. Paul Emile , dit-il , attribue la
Statue en queftion à Philippe le Bel ; &
Paul Emile étant Chanoine de Notre-
Dame de Paris il est vraisemblable
qu'il n'auroit pas attribué à ce . Prince
une action fi publique & fi folemnelle ,
s'il n'en eût été bien affuré, ou par
quelqu'écrit authentique. Qu par une :
tradition qui étoit alors tenue pour conftante
& certaine parmi fes Confreres.
Réponse. Sous le regne de Henri II
à côté de cette Statue , on mit des vers
9
D vj
84 MERCURE DE FRANCE.
& une infcription qui y a fubfifté plus
de cent ans , & par laquelle on difoit
que c'étoit la Statue de Philippe de Valois
; la plupart des Chanoines dont
Paul Emile avoit été Confrère , étoient
encore vivans ; eft- il naturel qu'ils ne
fe fuffent pas oppofés à cette infcription ,
& qu'ils l'euffent approuvée , fi elle
avoit été contraire à ce qui étoit porté
dans leurs Archives ?
C'eft fur le témoignage de Nicole
Gilles , dit Claude Joly , que quand on
a commencé de mettre dans les Breviaires
de Paris les Leçons qui font mention de
cette victoire , on a attribué à Philippe
de Valois , non-feulement l'entrée à cheval
dans l'Eglife de Paris , mais auffi
la victoire & la fondation de la fête de
l'année 1304 , quoiqu'il ne fut Roi que
vingt-quatre ans après.
,
Réponse. Dans plufieurs manufcrits
des grandes Chroniques de Saint Denis
bien antérieurs à Nicole Gilles &
dans toutes les anciennes Editions de
ces Chroniques , il eft dit que Philippe
de Valois entra à cheval dans la Cathédrale
de Paris ; c'eft fur ces autorités
que dans les Breviaires on a attribué
cette action folemnelle à ce Prince ;
Claude Joly ne l'ignoroit pas , & il a
AVRIL. 1763. 84
donc tort de dire qu'on ne s'eft fondé
que fur le témoignage de Nicole Gilles.
D'ailleurs , les Breviaires ne confondent
ni les deux Rois , ni les deux victoires ;
il y eft dit , in Ecclefia Parifienfi , propter
commemorationem victoria Philippi
Pulchri , fit duplum ; & après des
Leçons & verfets fur la Vierge , il eft
dit auffi , Philippus Valefius , cum infignem
victoriam de rebellibus Flandris
obtinuiffet , quæ contigit anno 1328 , &c.
Voilà les deux victoires & les deux Rois
bien diftingués ; Philippe le Bel avoit
fait une fondation ; Philippe de Valois
avoit fait une offrande qu'il racheta
par une fomme confidérable , comme
je le prouverai dans la fuite ; d'ailleurs
il avoit fait élever un monument de fa
victoire & de fa reconnoiffance envers
la Vierge ; l'Eglife de Paris faifoit commémoration
de ces deux batailles mémorables
, gagnées l'une & l'autre pendant
l'octave de l'Affomption .
Claude Joli dit qu'il eft encore bon d'obferver
qu'on n'a point mis dans les breviaires
de Paris aucune leçontouchant cela,
avant l'édition de 1584 ; car , ajoutet-
il , il n'y en a aucun qui en parle dans
ceux d'auparavant , de 1479 & 1492.
Réponse. L'Hiftoire de Paul Emile fut
86 MERCURE DE FRANCE.
il
imprimée en 1544 quarante après , eny
1584 , lorfque le Chapitre de Notre
Dame jugea apropos de mettre dans les
breviaires les leçons en queftion , n'eſtpas
vrai femblable qu'il auroit adopté
L'opinion de Paul Emile fon confrère
s'il n'avoit vû dans fes archives qu'elle
n'étoit foutenable. J'ajouterai que
dans ce temps là , il paroiffoit chaque
jour quelque écrit qui traitoit des anciens
droits de nos Rois fur la Flandres
pas
& que même les Provinces unies , cette
même année 1584, avoient offert à Henri
III de fe mettre fous fa domination ;
peut- être que le Chapitre de notre Dame
, attendu ces circonftances , jugea a
propos de joindre a la commémoration
de la victoire de Philippe le Bel , celle
de la victoire de Philippe de Valois ;
on inféroit dans ce temps là , dans les
breviaires & rituels , des prieres & des .
leçons bien moins convenables..
Claude Joli dit que M. de Sponde
Evêque de pamiers , pretend que ceux
qui ont atribué la ftatue en queftion a
Philippe Lebel, ont été refutezpar plufieursperfonnes
, & même par les anciens
Cartulaires de l'Eglife de Paris dont ils
n'avoient pas vu les Archives
ajoute Claude Joli , de quelles Archives
mais
AVRIL 1763.
87
M. de Sponde veut-il parler , puifqu'il
n'y en a point d'autres que la fondation
de Philippe le Bel & les vieux breviaires .
de cette Eglife , qui portent tous le nom
de Philippe le Belfans parler en aucune
façon de Philippe de Valois , lefquelles
Archives Paul Emile avoit pû voir , mais
que certainement Nicole Gilles ni ceuxdefon
opinion n'avoient pas vues , puifque
ce qu'il en écrit leur eft tout contraire.
Reponse , Loin de nous produire quelque
Piéce authentique , dans laquelle il
foit dit que Philippe le Bel entra à cheval
dans l'Eglife de notre Dame , & que
c'eft fa ftatue qu'on y voit , Claude Joli
convient que Paul Emile n'en a point eu
d'autres preuves , & qu'il n'y en a point
d'autres , que la fondation d'une rente
de cent livres,faite par ce Prince , & que.
ce qui eft porté dans les vieux breviaires
; Or, de l'aveu même de Claude Joli,
il n'en eft pas dit un mot dans l'acte de
fondation de cette rente ; & les vieux.
Breviaires difent uniquement , in Ecclefia
Parifienfi , propter commemorationem»
victoria Philippi pulchri , fit duplum.
Le pere Texera & M. de Sponde , qui
avoient eu communication des Archives
de Notre Dame , comme en convient
Claude Joli, ont-ils eu tort de rejetter
88 MERCURE DE FRANCE .
de pareilles preuves ? n'eft-il pas fingu
lier de dire que fi Nicole Gilles les avoit
vues , elles lui auroient fait changer d'opinion
? d'ailleurs M. de Sponde dit que
ceux qui attribuent la ftatue en queftion
à Philippe le Bel, font refutezpar d'anciens
. Cartulaires de l'Eglife de Paris ;
dira-ton que ces anciens Cartulaires
n'ont jamais exifté , & que M. de Sponde
n'en a point vûs ?
Des Prêtres de l'Oratoire ont continué
l'hiftoire particuliere de l'Eglife de Paris
; ils avoient eu en communication
les Archives , le nécrologe , & tous les
titres de cette Cathédrale ; ils avoient
lû la differtation de Claude Joli & les
lettres de M. Jouet , fon ami ; ces hiftoriens
, dans leur ouvrage in-folio , dedié
à M. le Cardinal de Noailles & imprimé
en 1710 , difent , l . 18 , c. 3 , p.
615
qu'il n'eft pas douteux que la ftatue en
queftion eft de Philippe de Valois , &
qu'aucun Roi , avant lui , n'étoit entré
à cheval dans l'Eglife de Notre-Dame ;
& ils ont lû , comme moi , dans le continuateur
de Guillaume de Nangis, qu'ils
citent , iniit Parifios ; ainfi l'anonyme
qui écrit à M. le Prefident Henault , &
qui dit fi poliment ce qui vous divertira ,
doit trouver ces Prêtres de l'Oratoire
très divertiffans. -
AVRIL. 1763. 89
Claude Joly qui tâche d'acrocher des
autorités , cite les Annales de Malingre ,
quoiqu'il n'ignorât pas que Malingre
dans fes Antiqués de Paris , page 10 ,
s'étoit retracté , & qu'il dit que la Statue
en queftion repréfente Philippe de Valois.
Thevet eft du même avis ; cela
n'empêche pas Claude Joly de le citer
en fa faveur .
Je pourrois m'autorifer de la Médaille
qu'on voit dans la France Métallique
, & faire fentir la fauffeté du
raifonnement de Claude Joly ; mais
comme je ne cherche & que je n'employe
que la vérité , j'avoue que cette
Médaille eft fuppofée ; mais on juge
bien que l'Auteur de la France Métallique
, pour fuppofer cette Médaille
alla à Notre-Dame de Paris & copia
bien exactement la Statue en queftion.
Venons à préfent aux Lettres de
M. Jouet. Il dit que Philippe le Bel , en
reconnoiffance de fa victoire de Mons
en Puelle , fit à l'Eglife de Chartres ,
comme à celle Paris , une fondation de
cent livres de rente ; qu'en conféquence
on célébre tous les ans à Chartres , le
17 Août , l'Office de Notre-Dame de
la Victoire , & que ce jour-là on tire
du tréfor & l'on expofe aux yeux du
go MERCURE DE FRANCE ..
public une Armure très- riche , mais
qui ne pouvoit être que d'un jeune
homme de treize à quatorze ans ; il
differte beaucoup fur cette armure , &
prétend que Philippe le Bel envoya
fon fils Charles en faire l'offrande à
Notre-Dame de Chartres ; mais il ne
réfléchit pas que ce fils Charles n'avoit
que neufans lors de la bataille de Mons
en Puelle ; qu'il n'étoit point à cette
bataille ; que ce n'étoient pas fes armes ,
mais celles de fon pere qu'il auroit été
chargé d'offrir ; qu'il n'eft pas douteux
que l'épée & la ceinture font femées
de Dauphins & que ces armes font
donc bien poftérieures au règne de
Philippe le Bel, le Dauphiné n'ayant
été uni à la Couronne qu'en 1349 ;
qu'enfin c'eft l'armure que Charles VI,
qu'on appella long-tems le petit Roi ,
envoya en offrande à Notre -Dame de
Chartres , après avoir battu les Fla
mands à Rofebeque en 1482 ce
Prince n'avoit alors que quatorze ans.
On demandera pourquoi on étale cette
armure le jour qu'on célébre la victoire
de Mons en Puelle ? Parce qu'apparemment
, dans la fuite des tems , on avoit
oublié de qui elle venoit , & qu'on
imagina que c'étoit une offrande de
AVRIL. 1763 91
Philippe le Bel; il eft naturel de penfer
plutôt à ceux qui font des fondations.
qu'aux autres. Ce qu'il y a de trèscertain
, c'est que dans l'acte de fondation
de cent livres de rente & dans
les Archives de l'Eglife de Chartres ,
il n'eft point parlé du tout de cette
armure ni d'aucune offrande de Philippe
le Bel ; il fit , je le répéte , des
fondations à Paris , à Chartres , & dans
d'autres Eglifes , en reconnoiffance de fa
victoire ; mais il n'y offrit jamais ni fes
armes ni fon cheval
M. Jouet produit enfuite une pièce
authentique , tirée des Archives de l'Eglife
de Chartres , dans laquelle il eft
dit , que le Chapitre s'étant aſſemblé , a
délibéré que la fomme de mille livres
que le Roi ( Philippe de Valois ) a donnée
pour le rachapt de fon cheval & de
fes armes , qu'il avoit préfentez lui même
à la Vierge , fera employée à acquerir
des fonds ou des révenus pour ladite.
Eglife de Chartres. Cela confirme ce
que j'ai toujours penfé & dit , & ce qu'a
écrit , il y a plus de cent-ans , M. Souchet
, Secrétaire & Chanoine du chapi-.
tre de Chartres , dans fon hiftoire Manuferite
de ce chapitre & de cette ville
Philippe de Valois alla d'abord à Notre
02 MERCURE DE FRANCE.
1
Dame de Paris ou il offrit à la Vierge fes
armes & fon cheval , & les racheta par
une fomme de mille livres ; il alla enfuite
à Chartres ou il fit précisément la
même cérémonie. C'étoient les anciens
ufages ; dans une tranfaction de l'an
1329 , entre les Curés de Paris & l'Eglife
du S. Sepulchre , il eft dit qu'un
mourant fera libre de choisir fa fepulture
dans cette Fglife , mais que fon corps
fera d'abord porté à la Paroiffe fur laquelle
il fera mort & que le Curé de
cette Paroiffe aura la moitié du luminaire
& de ce qui reviendra des hardes & chevaux
( ex pannis & equis ) qui feront
préfentés , lors de l'inhumation dans
Eglife du S. Sepulcre. Au fervice fait
à S. Denis en 1489 , pour Bertrand Duguefclin
, par l'ordre de Charles VI ,
L'Evêque qui célebroit la Meffe , reçut le
préfent des chevaux qui furent préſentés
à l'offrande , en leur mettant la main fur
la tête ; enfuite on les remena ; mais il
fallut compofer pour le droit de l'Abbaye
à laquelle ils étoient dévolus.
En
1329 Pierre
de
Cugneres
,
Avocat
du Roi au Parlement
, plaida
contre
les ufurpations
des Ecléfiaftiques
fur la juftice
temporelle
; le Jugement
de Philippe
de Valois
parut
favorable
AVRIL. 1763:
93
au Clergé qui tacha de lui marquer fa
réconnoiffance par des honneurs & des
tîtres ; il lui donna celui de Roi Catholique
; & comme la victoire de Caffel
& l'action folemnelle que ce Prince
avoit faite à Paris & à Chartres
étoient affez récentes, je croirois volontiers
que ce fut dans ce temps-là , que
chacune de ces deux Eglifes lui éleva
une ftatue équeftre ; ce qu'il y a de très
certain , c'eſt que l'Eglife de Sens ( 1 )
lui en éleva une dans ce même temps-
-là , femblable , dit D. du Breul , page
21 , à celle de ce Roi dans notre Eglife
de Paris , & au- deffous de laquelle
ftatue de Sens , on lit deux vers où il
eft qualifié défenfeur des droits de l'Eglife.
L'Auteur du Traité des anciennes armes
offenfives & défenfives des François
, imprimé chez Blaife , en 1635 .
dit , p . 113 , que Philippe le Bel ayant
rendu le Parlement fédentaire , les Chcvaliers
qui y préfidoient , pourfe diftinguer
des gens de Loi , firent faire des
bonnets de la forme de leurs cafques , &
( 1 ) Pierre du Roger , Archevêque de Sens ,
parla pour le Clergé , & imagina cette marque
de reconnoiffance envers Philippe de Valois , au
lieu des Décimes que ce Prince eípéroit du Clergé.
94 MERCURE DE FRANCE .
que voilà l'origine des Mortiers des Préfidens
; car ce ne fut , ajoute-t-il , que
fous le regne de Philippe le Long qu'on
imagina les cafques en forme de cone ,
s'élargiffant en defcendant fur les épau
les & comme un fabot renverfé
tel que celui qu'on voit à Philippe de
Valois dans Notre - Dame de Paris ; on
croyoit parer à l'inconvénient des cafques
trop plats , fur lefquels un coup de
maffue bien affené devoit enfoncer la tête
de celui qui le portoit ; mais dans là
fuite on trouva ces cafques fi pefans ,
qu'on changea encore.
Fermer
Résumé : RÉPONSE de M. de SAINT- FOIX.
M. de Saint-Foix a été critiqué pour avoir attribué une statue équestre à Notre-Dame de Paris à Philippe de Valois. Une brochure anonyme l'accusa d'erreur en mentionnant une nouvelle inscription sous la statue. Saint-Foix vérifia cette information et publia sa réflexion dans le Mercure de Janvier. Un nouvel anonyme, admirateur du Président Henault, le critiqua à nouveau, mais Saint-Foix resta convaincu de son interprétation. Saint-Foix examina les sources historiques. Philippe le Bel, après sa victoire à Mons-en-Puelle en 1304, fit des fondations à Notre-Dame de Paris et à Chartres, mais aucune source contemporaine ne mentionne qu'il soit entré à cheval dans l'église de Notre-Dame de Paris. En revanche, les Grandes Chroniques de Saint-Denis rapportent que Philippe de Valois, après sa victoire à Cassel en 1328, entra à cheval à Notre-Dame de Paris. Saint-Foix contesta les arguments de Claude Joly, qui soutenait que la statue représentait Philippe le Bel. Il souligna que les manuscrits des Grandes Chroniques de Saint-Denis et les anciens breviaires attribuaient cette action à Philippe de Valois. Des prêtres de l'Oratoire, ayant consulté les archives de Notre-Dame, confirmèrent que la statue était bien celle de Philippe de Valois. Saint-Foix réfuta les accusations de Claude Joly en montrant que les preuves avancées par ce dernier étaient insuffisantes et contradictoires. Il conclut que la statue représentait Philippe de Valois, appuyé par les sources historiques et les archives de Notre-Dame. Par ailleurs, le texte discute de l'origine et de l'histoire d'une armure exposée à Notre-Dame de Chartres. Contrairement à une croyance populaire, cette armure n'a pas été offerte par Philippe le Bel. Charles, fils de Philippe le Bel, n'avait que neuf ans lors de la bataille de Mons-en-Puelle et n'était pas présent. L'armure et la ceinture sont des armes de Dauphins, ce qui les situe après 1349, date à laquelle le Dauphiné fut uni à la Couronne. En réalité, l'armure a été offerte par Charles VI après sa victoire contre les Flamands à Rosbecque en 1382, alors qu'il avait quatorze ans. L'armure est exposée le jour de la célébration de la victoire de Mons-en-Puelle en raison d'une confusion historique. Les archives de l'église de Chartres ne mentionnent aucune offrande de Philippe le Bel, mais confirment des fondations faites par Philippe de Valois. Ce dernier, après sa victoire, offrit ses armes et son cheval à Notre-Dame de Paris et de Chartres, suivant des usages anciens.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer