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51
p. 1660-1664
« Le 2. de ce mois, le Roi & la Reine arriverent à Versailles du Château de [...] »
Début :
Le 2. de ce mois, le Roi & la Reine arriverent à Versailles du Château de [...]
Mots clefs :
Roi, Reine, Morts, Baptêmes, Château, Versailles, Thèse, Loterie de la Compagnie des Indes
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texteReconnaissance textuelle : « Le 2. de ce mois, le Roi & la Reine arriverent à Versailles du Château de [...] »
E 2. de ce mois , le Roi & la Reine
arriverent à Verfailles du Château de
Marly , & le 6. le Roi en partit pour fe
rendre à Compiegne. S. M. paffa vers les
4. heures après midi fur les Ramparts de
Paris & arriva le foir à Compiegne.
:
Le 8. la Reine entendit la Meffe dans
fa Chapelle du Château , & S. M. communia
par les mains de l'Abbé de Pontac,.
fon Aumônier en quartier.
Le 3. après midi , le Roi fir dans la
Cour du Château de Verlailles , la Revûë
des deux Compagnies des Moufquetaires
de la Garde de Sa Majefté . Ils s'affemblerent
à pied , & après que le Roi eut
paffé dans les rangs , ils firent l'Exercice
& défilerent devant S. M. enfuite ils monterent
à cheval , & ils repafferent devant
le Roi. La Reine , accompagnée de Monfeigneur
le Dauphin & de Mefdames. de
France ,
JUILLET. 1730. 1661
France , vit cette Revûë du Balcon de
l'Appartement des Princeffes d'Orleans .
Le même jour , le Pere Paul , nouvellement
élû Vicaire General , de la Congregation
des Auguftins Déchauffez de
France , étant accompagné du Provincial
& de fes Affiftans Generaux , cut l'honneur
de faluer le Roy.
Le s . de ce mois , le R. P. Dom Jean-
Baptifte Alaydon , Superieur General des
Benedictins de la Congrégation de faint
Maur , accompagné de fes deux Affiftans ,
eut l'honneur de faluer le Roi . S. M. les
reçût très-favorablement . M. le Cardinal
de Fleury avoit eû lá bonté de les leur
prefenter , & de demander au Roi fa protection
pour eux . S. E. avoit eu auparavant
celle de leur donner une audience
particuliere. Ils furent auffi prefentez à la
Reine , à Monfeigneur le Dauphin & à
Mefdames de France .
Le 23. Juillet , le Roi donna au Duc
de Charot , qui a été Gouverneur de S.M.
la Place de Chef du Confeil Royal des
Finances , vacante par la mort du Maréchal
de Villeroy.
Le 26. la Lotterie de la Compagnie
des Indes , pour le rembourfement des
Actions , fut titée en la maniere accoûtumée
; on a publié la Lifte des Numero
des
1662 MERCURE DE FRANCE
des Actions & Dixièmes d'Actions qui
feront rembourfez , faifant en tout le
nombre de 300. Actions.
Le jour de fainte Anne , Fête de M. de
Vendeüil , Ecuyer du Roi , fort connu
par les excellens hommes de cheval qu'il
a formez , fut celebrée le 27. de ce mois ,
par les Gentilshommes de l'Académie dont
il eft le Chef. Elle commença par une
Serenade de Timbales & Hautbois , qui
fe répondoient par des Violons & autres
Inftrumens, au fon defquels cette brillante
Nobleffe prefenta fon Bouquet . On
tira un très - beau Feu d'artifice dans le
Manege découvert , dont le feu & les ar
bres faifoient une décoration magnifique.
L'Académie étoit toute illuminée. La Fête
fut terminée par un Bal .
Jean-Jofeph -François Chicoyneau de la
Valette , natif de Montpellier , fils de
M. Chicoyneau , Confeiller en la Cour
des Aydes de la même Ville , Chancelier
Juge de la Faculté de Medecine , Profeffeur
Royal d'Anatomie & de Botanique,
& de la Societé Royale des Sciences , &
petit-fils de M. Chirac , Premier Medecin.
de S. A. S. M. le Duc d'Orleans , de l'Académie
Royale des Sciences , ancien Profeffeur
en Medecine de l'Univerfité de
Montpellier, & Sur-Intendant du Jardin
Royal
JUILLET. 1730. 1663
Royal de Paris , foutint le 28. Juillet une
Thefe generale de Philofophie au College
Mazarin , dediée à M. le Duc de Gefvres
Pair de France , Chevalier des Ordres du
Roy , Premier Gentilhomme de la Chambre
de S. M. & Gouverneur de Paris . Un
grand nombre de Prélats , de Cordons
Bleus , de Magiftrats & autres perfonnes
de diftinction y affifterent . Tout le monde
admira l'efprit & le fçavoir extraordinaire
de ce jeune Philofophe , âgé de
dix ans & demi , étant né le 28. Janvier,
1720 .
On écrit de Caen , que le 24. de ce
mois , André Haret , âgé de 16. ans , fils
d'un Confeiller du Préfidial de cette Ville,
prononça dans l'Ecole de Droit de l'Univerfité
de Caën , un Difcours de fa compofition
, dont le fujet étoit l'Obligation
que la Religion a à l'Eglife de Bayeux , depuis
la Fondation de cette Eglife juſqu'à
prefent. Le Difcours fut prononcé en prefence
de l'Evêque de Bayeux & de quan!
tité de perfonnes de grande diftinction.
Cette action a été regardée comme un
prodige , tant par la jufteffe de la compofition
, que par l'éloquence du jeune Ora
teur.
१
Le 28. Juillet , M. Maffei , Archevêque
d'Athênes , & Nonce ordinaire du Pape
cut une Audience particuliere du Roi à
Com1664
MERCURE DE FRANCE
Compiegne, aprés avoir donné part à S.M.
de l'Exaltation au Pontificat , du Cardinal
Laurent Corfini , qui a pris le nom
de Clement XII . il lui prefenta une Lettre
du la main du Pape . Il fut conduit
à cette Audience par le Chevalier de Sainctot
Introducteur des Ambaſſadeurs.
Quelques jours après M. Maffei , eut Audience
de la Reine à Verſailles , avec les
mêmes Ceremonies.
,
Nombre des Baptêmes , Mariages , Enfans
Trouvez , & Morts de la Ville &
Fauxbourgs de Paris , pendant l'année
derniere 1729.
Baptêmes ,
18163
Mariages , 4231
Enfans Trouvez ,
2336
Morts, 19598
Maifons Religieufes , 19852
Hommes & Filles , 254
Partant , le nombre des Morts de l'année
1729. excede celui des Baptêmes de'
1435.
arriverent à Verfailles du Château de
Marly , & le 6. le Roi en partit pour fe
rendre à Compiegne. S. M. paffa vers les
4. heures après midi fur les Ramparts de
Paris & arriva le foir à Compiegne.
:
Le 8. la Reine entendit la Meffe dans
fa Chapelle du Château , & S. M. communia
par les mains de l'Abbé de Pontac,.
fon Aumônier en quartier.
Le 3. après midi , le Roi fir dans la
Cour du Château de Verlailles , la Revûë
des deux Compagnies des Moufquetaires
de la Garde de Sa Majefté . Ils s'affemblerent
à pied , & après que le Roi eut
paffé dans les rangs , ils firent l'Exercice
& défilerent devant S. M. enfuite ils monterent
à cheval , & ils repafferent devant
le Roi. La Reine , accompagnée de Monfeigneur
le Dauphin & de Mefdames. de
France ,
JUILLET. 1730. 1661
France , vit cette Revûë du Balcon de
l'Appartement des Princeffes d'Orleans .
Le même jour , le Pere Paul , nouvellement
élû Vicaire General , de la Congregation
des Auguftins Déchauffez de
France , étant accompagné du Provincial
& de fes Affiftans Generaux , cut l'honneur
de faluer le Roy.
Le s . de ce mois , le R. P. Dom Jean-
Baptifte Alaydon , Superieur General des
Benedictins de la Congrégation de faint
Maur , accompagné de fes deux Affiftans ,
eut l'honneur de faluer le Roi . S. M. les
reçût très-favorablement . M. le Cardinal
de Fleury avoit eû lá bonté de les leur
prefenter , & de demander au Roi fa protection
pour eux . S. E. avoit eu auparavant
celle de leur donner une audience
particuliere. Ils furent auffi prefentez à la
Reine , à Monfeigneur le Dauphin & à
Mefdames de France .
Le 23. Juillet , le Roi donna au Duc
de Charot , qui a été Gouverneur de S.M.
la Place de Chef du Confeil Royal des
Finances , vacante par la mort du Maréchal
de Villeroy.
Le 26. la Lotterie de la Compagnie
des Indes , pour le rembourfement des
Actions , fut titée en la maniere accoûtumée
; on a publié la Lifte des Numero
des
1662 MERCURE DE FRANCE
des Actions & Dixièmes d'Actions qui
feront rembourfez , faifant en tout le
nombre de 300. Actions.
Le jour de fainte Anne , Fête de M. de
Vendeüil , Ecuyer du Roi , fort connu
par les excellens hommes de cheval qu'il
a formez , fut celebrée le 27. de ce mois ,
par les Gentilshommes de l'Académie dont
il eft le Chef. Elle commença par une
Serenade de Timbales & Hautbois , qui
fe répondoient par des Violons & autres
Inftrumens, au fon defquels cette brillante
Nobleffe prefenta fon Bouquet . On
tira un très - beau Feu d'artifice dans le
Manege découvert , dont le feu & les ar
bres faifoient une décoration magnifique.
L'Académie étoit toute illuminée. La Fête
fut terminée par un Bal .
Jean-Jofeph -François Chicoyneau de la
Valette , natif de Montpellier , fils de
M. Chicoyneau , Confeiller en la Cour
des Aydes de la même Ville , Chancelier
Juge de la Faculté de Medecine , Profeffeur
Royal d'Anatomie & de Botanique,
& de la Societé Royale des Sciences , &
petit-fils de M. Chirac , Premier Medecin.
de S. A. S. M. le Duc d'Orleans , de l'Académie
Royale des Sciences , ancien Profeffeur
en Medecine de l'Univerfité de
Montpellier, & Sur-Intendant du Jardin
Royal
JUILLET. 1730. 1663
Royal de Paris , foutint le 28. Juillet une
Thefe generale de Philofophie au College
Mazarin , dediée à M. le Duc de Gefvres
Pair de France , Chevalier des Ordres du
Roy , Premier Gentilhomme de la Chambre
de S. M. & Gouverneur de Paris . Un
grand nombre de Prélats , de Cordons
Bleus , de Magiftrats & autres perfonnes
de diftinction y affifterent . Tout le monde
admira l'efprit & le fçavoir extraordinaire
de ce jeune Philofophe , âgé de
dix ans & demi , étant né le 28. Janvier,
1720 .
On écrit de Caen , que le 24. de ce
mois , André Haret , âgé de 16. ans , fils
d'un Confeiller du Préfidial de cette Ville,
prononça dans l'Ecole de Droit de l'Univerfité
de Caën , un Difcours de fa compofition
, dont le fujet étoit l'Obligation
que la Religion a à l'Eglife de Bayeux , depuis
la Fondation de cette Eglife juſqu'à
prefent. Le Difcours fut prononcé en prefence
de l'Evêque de Bayeux & de quan!
tité de perfonnes de grande diftinction.
Cette action a été regardée comme un
prodige , tant par la jufteffe de la compofition
, que par l'éloquence du jeune Ora
teur.
१
Le 28. Juillet , M. Maffei , Archevêque
d'Athênes , & Nonce ordinaire du Pape
cut une Audience particuliere du Roi à
Com1664
MERCURE DE FRANCE
Compiegne, aprés avoir donné part à S.M.
de l'Exaltation au Pontificat , du Cardinal
Laurent Corfini , qui a pris le nom
de Clement XII . il lui prefenta une Lettre
du la main du Pape . Il fut conduit
à cette Audience par le Chevalier de Sainctot
Introducteur des Ambaſſadeurs.
Quelques jours après M. Maffei , eut Audience
de la Reine à Verſailles , avec les
mêmes Ceremonies.
,
Nombre des Baptêmes , Mariages , Enfans
Trouvez , & Morts de la Ville &
Fauxbourgs de Paris , pendant l'année
derniere 1729.
Baptêmes ,
18163
Mariages , 4231
Enfans Trouvez ,
2336
Morts, 19598
Maifons Religieufes , 19852
Hommes & Filles , 254
Partant , le nombre des Morts de l'année
1729. excede celui des Baptêmes de'
1435.
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Résumé : « Le 2. de ce mois, le Roi & la Reine arriverent à Versailles du Château de [...] »
En juillet 1730, le roi et la reine se rendirent à Versailles depuis le château de Marly. Le roi partit ensuite pour Compiègne le 6 juillet. Le 8 juillet, la reine assista à la messe et communia dans sa chapelle. Le 3 juillet, le roi passa en revue les Mousquetaires de la Garde à Versailles, en présence de la reine, du Dauphin et des princesses de France. Le même jour, le Père Paul, nouvellement élu vicaire général des Augustins Déchaussés, salua le roi. Le 9 juillet, Dom Jean-Baptiste Alaydon, supérieur général des Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, fut reçu par le roi et la reine grâce à l'intervention du cardinal de Fleury. Le 23 juillet, le roi nomma le duc de Charost chef du Conseil royal des Finances, suite au décès du maréchal de Villeroy. Le 26 juillet, la loterie de la Compagnie des Indes eut lieu pour rembourser les actions. Le 27 juillet, la fête de sainte Anne fut célébrée par les gentilshommes de l'Académie, dirigée par M. de Vendôme. Le 28 juillet, Jean-Joseph-François Chicoyneau de la Valette, âgé de dix ans et demi, soutint une thèse de philosophie au Collège Mazarin. Le même jour, M. Maffei, archevêque d'Athènes et nonce du pape, eut une audience privée avec le roi à Compiègne pour annoncer l'élection du pape Clément XII. Les statistiques pour l'année 1729 à Paris indiquaient 18 163 baptêmes, 4 231 mariages, 2 336 enfants trouvés, et 19 598 décès. Le nombre de décès excédait celui des baptêmes de 1 435.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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52
p. 1756-1767
FESTE des Chasseurs Chevaliers de Saint Hubert, donnée à Entrevaux en Provence.
Début :
Le jour* destiné pour cette Fête étant arrivé, les Chasseurs ne crûrent pas [...]
Mots clefs :
Entrevaux, Chasseurs chevaliers de Saint-Hubert, Chasseurs chevaliers, Fête, Saint-Hubert, Dauphin, Reine, Monarque, Repas, Gibier, Chanson, Château d'Entrevaux, Naissance du Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : FESTE des Chasseurs Chevaliers de Saint Hubert, donnée à Entrevaux en Provence.
FESTE des Chaffeurs Chevaliers de Saint
Hubert , donnée à Entrevaux en Provence.
*
E jour deſtiné pour cette Fête étant
Larrivé ,les Chaffeurs ne crurent pas
la pouvoir mieux commencer que par une
Meffe qu'ils firent celebrer par un Aumônieren
titre qu'ils qualifierent de Saint
Hubert. Ce fut , comme on dit ordinairement
, une Meffe de Cháffeur ; mais fi
elle fut courte , elle fut fuivie d'un Dif
Cours un peu long , mais affez éloquent,
& qui n'auroit pas été defaprouvé ailleurs.
que
le 4.
Nous n'avons reçû cette Relation
Août 1730. par lafause de la perfonne qui s'en
ésoit chargées
Le
A O UST . 1730. 1757
L'Orateur , je veux dire , le nouvel Abbé
de S.Hubert , s'adreffant aux Chevaliers
de'Ordre , leur dit en fubftance :
و
MESSIEURS ,
7
Après avoir offert le Sacrifice felon vos
intentions pour remercier le Roi des Rois de
la grace fignalée qu'il vient d'accorder à ce
Royaume , en nous donnant un Dauphin,
après l'avoir ardemment fupplié de nous conferver
un don fi précieux qui affure le bonheur
de la France & la tranquilité de l'Enrope
, après lui avoir demandé qu'il faſſe
jouird'une fanté parfaite cette vertuense Reine
fi précieuse àl'Etat parfon heureufefecondité,
qu'il prolonge enfin les jours du Roi audelà
des plus longsjours de fes prédeceffeurs,
je ne puis que louer le zele qui vous anime
& qui vous a fait prendre le deffein de confacrer
cejour à lajoye que doit caufer cet Evenement
à tous les coeurs françois. Vous avez
choifi parmi les vertusRoyalles de notre augufte
Monarque celle qu'il vous convient le
mieux de celebrer ; vous voulez, honorer cette
vertu héroïque dont l'inclination pour la Chaf
fe eft toujours le préſage. En effet , Meffieurs ,
Les hiftoires ne nous repréfentent gueres de
Héros qui n'ayent eu dans leur enfance ce pen
chant dominant pour la Chaffe , les Alexan
dre les Cyrus , les Conftantins , les Charle
magne
1758 MERCURE DE FRANCE
magne , les Saint Louis , les Henris & c
tous ont été Chaffeurs avant que d'être Conquerans
; ce noble exercice eft l'école des grands
Capitaines ; les Chaffeurs ont leurs loix
leurs ordres , leurs campemens , leurs marches,
leurs rufes en un mot , la Chaffe eft l'image
de la guerre.
Puiffiez- vous , Meffieurs , fi lajustice des
armes de la France venoit à realifer cette
image , vous fervir de la force , de l'adreſſe ,
du courage , du fangfroid & de toutes les autres
qualités qui s'acquierent dans ce penible
exercice : puiffiez- vous vous en fervir efficacement
pour la gloire de notre Monarque ,
pour le bien & l'honneur de la Patrie.
Ce Difcours étant fini , on fe rendit au
lieu deſtiné , & où tous les préparatifs
avoient été faits les jours précedens . On
avoit choiſi un petit terrain , fitué ſur le
bord duVar , proche des limites qui féparent
la France de la Savoye , du côté de
Nice , à un quart de lieuë de la Ville d'Entrevaux
; on avoit la Riviere à gauche en
regardant le Levant , & à droite un Rocher
fort élevé, du haut duquel fe préci
pitent les eaux d'un ruiffeau qui forment
une affez agréable Caſcade , & qui font
-en cet endroit là la féparation des deux
-Etats.
Il feroit difficile d'exprimer avec quelle
vîteffe
A O UST. 1730. 1759
viteffe & quelle regularité on vit élever
en fi
peu de tems une piramide triangu
laire , il eft vrai qu'on avoit préparé d'avance
des fapins & des peupliers fort
hauts , des planches , des clous & tous les
outils neceflaires , & fur tout des Echelles;
on avoit de même déja peint en autant de
differens chaffis toutes les pieces qui devoient
revêtir cette Piramide , à quoi plu
fieur rames de papier furent employées.
Ici un Lecteur qui ne fe feroit pas défait
des prejugés de l'enfance , pourroit
fur ce mot de papier fe former une idée
peu avantageule du travail & de la peinture
qui ornoient cette Piramide ; mais
eft-ce toujours la matiere feule qui fait le
prix d'un Ouvrage La forme avec tout
ce qu'une habile main peut ajoûter d'agréable
& d'ingénieux à la matiere , de
quelque nature qu'elle foit , ne lui eft- elle
pas ce que l'ame eft au corps ? de quelles
beautés le papier n'eft- il pas fufceptible ?
Et quels tréfors ne lui confie- t- on pas ?
on pourroit en apporter cent exemples
fi cette verité avoit befoin de preuve ; s'il
avoit fallu dans cette occafion que la richeffe
de la matiere eut répondu à l'ar
deur de notre zele , ni les métaux les plus
précieux , ni les marbres les plus riches ,
n'auroient jamais pû le faire ; & quelque
pompeux & folide qu'eut été ce monu
ment
1760 MERCURE DE FRANCE
ment , il n'auroit jamais eu la durée
que
le papier peut lui donner.
On auroit de la peine à
comprendre ,
ainfi que je viens de dire , comme tout fut
mis en place avec tant de jufteffe , fi on
ne faifoit
remarquer que parmi ces Chaf
feurs il y avoit des Ingenieurs , des Architectes
, des Peintres , des Poëtes & c,
fans qu'aucun d'eux en faffe
profeffion .
Venator omnis homo.
Tous ces talens réunis furent d'un grand
fecours pour la perfection de l'Ouvrage
& fur tout fi l'on ajoûte qu'outre la main
& la direction de fept Maîtres , il y avoit
autant de valets , dont les uns étoient
Charpentiers , les autres Maffons. & c. Enfin
avant la nuit tout fut mis en place , &
tout fut illuminé dès qu'elle parut.
Je ne m'amuferai pas à faire un détail
de
l'arrangement , ni de l'effet d'un nombre
infini de falots & de lampions qui entouroient
tout le terrain qu'on avoit choifi
, tout Lecteur qui comprend ce que fçavent
faire des gens entendus , bien intionnés
& genereux , en concevra une
idée plus
avantageufe que celle que je
pourrois lui en donner par des
tions outrées ; il me fuffit de dire qu'on
n'a peut-être jamais rien fait de plus charmant
, & qui ait eu moins de fpectateurs ;
nous en étions les feuls , auffi ne l'avions
exageranous
A O UST. 1730. 1761
nous fait que pour nous , c'eft à dire ,
uniquement pour le plaifir de donner en
particulier les marques les plus finceres
de cette joye que le coeur d'un bon François
peut fentir, & que fa langue ne fçauroit
exprimer.
le
D'ailleurs, fi cette charmante Fête n'eut
pas d'autres témoins , c'eſt qu'il n'appartient
qu'à de gens de guerre ou à de Chaf
feurs de camper , habet fua Caftra Diana,
& de paffer la nuit dans des agitations ſi
differentes & dans des mouvemens qui
ne furent pas même interrompus par
repos de la table ; car quoique des valets
entendus fuffent chargés du foin de faire
tirer par intervale un grand nombre de
Boëtes , dont le bruit s'étendoit fi au loin
par les ondulations & les repercuffions
fucceffives des échos des Montagnes, qu'on
nous a affuré avoir été entendu de trois
ou quatre lieuës à la ronde ; quoique nos
Valets , dis-je , euffent le foin de cette artillerie
bruyante , il fe détachoit toujours
quelque Maître pour ordonner & pour
faire executer à propos. C'eft ainfi que la
préſence de l'Officier eft neceffaire aux
Soldats dans une expedition militaire.
Je ne dis rien du Repas ni de l'apetit.
On ne fervit que du Gibier , & l'on mangea
comme des Chaffeurs ; c'eft tout dire.
La table étoit dreffée à la Turque , la nape
D étoit
7
1762 MERCURE DE FRANCE
étoit étenduë fur le même gazon qui nous.
fervoit de fiege . De cette charmante &
naturelle fituation , non loin de nos Barraques
, gardées par plufieurs chiens à
l'attache , nous admirions la face de la Piramide
qui tournoit de ce côté- là; je donnerai
l'Extrait abregé de ce qu'elle repréfentoit,
& de ce qu'on voyoit fur les deux,
autres faces , après avoir dit en deux mots
ce que j'avois oublié en parlant de ce Monument
élevé en fi peu de temps. Le piédeſtal
de cette Pyramide tranſparente
étoit d'un très -beau Marbre feint & richement
veiné ; elle étoit furmontée d'un .
Globe parfait, ouvert au - deffus , très - bien
illuminé au-dedans. On voyoit fur ce.
Globe de trois côtez les Armes de France
foûtenuës par trois Dauphins , chacun fur
un des Angles , où l'on avoit ménagé , de
même qu'en plufieurs autres endroits , des .
ouvertures pour la fumée des Lampions.
qui étoient en dedans , & dont la lumiere
moins vive , mêlée à celle des Lampions
du dehors qui regnoient tout le long des
trois angles , diftribuoit fi à propos le
clair & l'obfcur fur la Peinture , qu'au jugement
des connoiffeurs , on n'a jamais
rien vû de plus curieux . Auffi M. le Chevalier
de..... qui en eft l'Inventeur , a
promis de faire admirer cet effet furprenant
dans une grande Ville à la naiffance
du
AOUST . 1730. 1763
du fecond Prince que nous attendons.
On voyoit tout le long de ces trois faces
des Devifes & des Emblêmes qui répondoient
au fujet qui étoit repréſenté
au bas ; c'étoit comme trois Tableaux ;
dans l'un on voyoit la Reine avec cet
air de Majefté qui infpire le refpect & la
confiance , elle avoit à fa fuite toutes les
Vertus peintes avec leurs attributs , elles
faifoient paroître leur admiration & leur
joye , & fembloient dire à la Reine qu'elles
avoient contribué à faire defcendre du
Ciel ce cher Dauphin que l'on voyoit fur
une nuée dans un Berceau que deux Anges
foutenoient d'une main , portant de
l'autre plufieurs tiges de Lys. Voici comme
on fait parler les Vertus .
Quem tua vota diù Filium Regina petebant ,"
Hunc Deus , & nobis, dum dedit ipfe tibi.
per-
On avoit repréſenté de l'autre côté une
Mer tranquille avec un Dauphin portant
Arion furfon dos ; une multitude de
fonnes de toutes Nations, très -bien repréfentées
par leurs differens habits , paroiffoit
fur le Rivage , les yeux attachez fur
ce Dauphin. Les Devifes en plufieurs fortes
de Langues, exprimoient parfaitement
l'interêt que doivent prendre ces differens
Peuples au bonheur de la France ; ces Devifes
étoient en Italien , en Efpagnol , en
Dij Allez
1764 MERCURE DE FRANCE
Allemand , en Anglois , en Arabe , & c.
Venator omnis homo. Je le repete , & toûjours
dans le même fens. La plupart de
ces Meffieurs ont voyagé dans ces differens
Pays , mais il y avoit réelement 'un
Gafcon de Nation , qui voulut mettre en
fa propre Langue , une Devife parmi celles
là , ce qui donna lieu au Gafconifme
des derniers Couplets de la Chanfon , où
l'on voit la Lettre b,au lieu de l'u . Ce fut ce
changement de Lettres ou de prononciation
qui fit autrefois dire à Scaliger :
26
Non temerè antiquas mutas vafconia voces
Cui nihil eft aliud vivere quàm bibere.
Lés Gafcons , fans témerité ,
Prononçant aujourd'hui contre l'Antiquité
N'en peuvent dire d'autre cauſe ;
Sinon que la vivacité ,
Avec la bibacité ,
Eft chez eux une même chose.
Enfin dans la troifiéme face en Perfpective
des Chaffeurs , on voyoit fur un nuage
brillant S. Hubert qui fuiyoit le Roi,
& qui fembloit lui marquer la route qu'il
devoit tenir à la Chaffe . Ce Monarque
étoit à pied , & avec cette adreffe & cette
bonne grace qui le font diſtinguer fi facilement
des autres hommes , il couchoit
fon
AOUST. 1730. 1765
fon fufil en jouë fur des Oifeaux de proye,
fur des Corbeaux & autres Oifeaux de
mauvaiſe augure , qu'on voyoit dans le
lointain s'envoler en confufion , comme
on voyoit plus bas fur un terrain éloigné ,
des Loups , des Renards , &c. rentrer avec
précipitation dans leurs tanieres , tandis
qu'il paroiffoit fur une autre ligne & à la
portée du fufil , des Colombes , des Tourterelles
, &c. qui ſembloient ſe réjoüir &
fe raffurer à fon approche.
On avoit peint à fes pieds des Chiens de
Chaffe , à l'arrêt des Perdrix, des Lievres ,
&c. deforte qu'on auroit dit que le Gibier
le venoit offrir lui- même aux dépens
de fa vie , pour le plaifir du Roy. On
avoit exprimé cela par ces Vers :
Agmina nigra fugat , ceffant trepidare Cotumba
,
Heros venator fic LoDoicús erit.
Ecce Lupos cogit & vulpes intrare cavernas ?
Nos verò occidat Regis amica manus.
Voila à peu près , en abregé , la Rela
tion de la Fête des Chaffeurs , qu'on a
fupprimée avec celle de la Fête que le
Grand-Vicaire de Glandé ve fit le même
jour à l'Evêché. Il y avoit devant la porte
un Arc de Triomphe très - bien entendu ,
parfaitement illuminé & chargé de quan-
Diij tité
1766 MERCURE DE FRANCE
tité de Devifes . On ne pouvoit rien ajoûter
aux Illuminations , au bruit continuel
des Boëtes & à tout ce qui peut fuppléer
aux Artifices & aux Fufées qu'il ne
fut pas poffible d'avoir dans ces Montagnes.
Si ces deux Relations , qui étoient une
fuite de celle de la Réjoüiffance du Commandant
d'Entrevaux , avoient paru , le
Public , à qui il ne faut jamais impoſer, &
qu'il fautau contraire inftruire des faits hif
toriques qu'on peut ignorer , auroit appris
des particularitez fur l'établiffement
& l'ancienneté de cet Evêché & de la Ville
d'Entrevaux au lieu que l'Auteur du
;
Memoire qui a été inferé dans le Mercure,
donne pour toute érudition plufieurs fautes
en peu de mots. Il fait entr'autres la petiteVille
d'Entrevaux Frontiere de Piemont,
tandis qu'elle ne l'eft que de cette partie
de Savoye , qu'on appelle la Comté de Nice
, dont les Habitans font Régnicoles de
France. Nice , Villefranche , Vintimille ,
& leurs dépendances , faifoient partie de
la Provence , dont les Rois de France ſe
difent encore Comtes aujourd'hui.
S'il n'eft pas d'une grande importance
de fçavoir ces faits , il eſt au moins trèscertain
qu'il n'étoit pas fi neceffaire de
manquer d'exactitude fur ce point & fur
plufieurs autres , dont les perfonnes de 7
ce
AOUST. 1730. 1767
ce Pays ont été fâchées . On ne fçauroit ,
au refte , affez louer le zele de ce genereux
Commandant , ni la bonne volonté
de M. Paravicini , & non Palavicini , Capitaine
d'une Compagnie Suiffe . Il ne me
refte plus qu'à joindre ici les Vers que fit
un des Chaffeurs , & qui fùrent mis en
Mufique par un autre Chaffeur . Venator
omnis homo.
Hubert , donnée à Entrevaux en Provence.
*
E jour deſtiné pour cette Fête étant
Larrivé ,les Chaffeurs ne crurent pas
la pouvoir mieux commencer que par une
Meffe qu'ils firent celebrer par un Aumônieren
titre qu'ils qualifierent de Saint
Hubert. Ce fut , comme on dit ordinairement
, une Meffe de Cháffeur ; mais fi
elle fut courte , elle fut fuivie d'un Dif
Cours un peu long , mais affez éloquent,
& qui n'auroit pas été defaprouvé ailleurs.
que
le 4.
Nous n'avons reçû cette Relation
Août 1730. par lafause de la perfonne qui s'en
ésoit chargées
Le
A O UST . 1730. 1757
L'Orateur , je veux dire , le nouvel Abbé
de S.Hubert , s'adreffant aux Chevaliers
de'Ordre , leur dit en fubftance :
و
MESSIEURS ,
7
Après avoir offert le Sacrifice felon vos
intentions pour remercier le Roi des Rois de
la grace fignalée qu'il vient d'accorder à ce
Royaume , en nous donnant un Dauphin,
après l'avoir ardemment fupplié de nous conferver
un don fi précieux qui affure le bonheur
de la France & la tranquilité de l'Enrope
, après lui avoir demandé qu'il faſſe
jouird'une fanté parfaite cette vertuense Reine
fi précieuse àl'Etat parfon heureufefecondité,
qu'il prolonge enfin les jours du Roi audelà
des plus longsjours de fes prédeceffeurs,
je ne puis que louer le zele qui vous anime
& qui vous a fait prendre le deffein de confacrer
cejour à lajoye que doit caufer cet Evenement
à tous les coeurs françois. Vous avez
choifi parmi les vertusRoyalles de notre augufte
Monarque celle qu'il vous convient le
mieux de celebrer ; vous voulez, honorer cette
vertu héroïque dont l'inclination pour la Chaf
fe eft toujours le préſage. En effet , Meffieurs ,
Les hiftoires ne nous repréfentent gueres de
Héros qui n'ayent eu dans leur enfance ce pen
chant dominant pour la Chaffe , les Alexan
dre les Cyrus , les Conftantins , les Charle
magne
1758 MERCURE DE FRANCE
magne , les Saint Louis , les Henris & c
tous ont été Chaffeurs avant que d'être Conquerans
; ce noble exercice eft l'école des grands
Capitaines ; les Chaffeurs ont leurs loix
leurs ordres , leurs campemens , leurs marches,
leurs rufes en un mot , la Chaffe eft l'image
de la guerre.
Puiffiez- vous , Meffieurs , fi lajustice des
armes de la France venoit à realifer cette
image , vous fervir de la force , de l'adreſſe ,
du courage , du fangfroid & de toutes les autres
qualités qui s'acquierent dans ce penible
exercice : puiffiez- vous vous en fervir efficacement
pour la gloire de notre Monarque ,
pour le bien & l'honneur de la Patrie.
Ce Difcours étant fini , on fe rendit au
lieu deſtiné , & où tous les préparatifs
avoient été faits les jours précedens . On
avoit choiſi un petit terrain , fitué ſur le
bord duVar , proche des limites qui féparent
la France de la Savoye , du côté de
Nice , à un quart de lieuë de la Ville d'Entrevaux
; on avoit la Riviere à gauche en
regardant le Levant , & à droite un Rocher
fort élevé, du haut duquel fe préci
pitent les eaux d'un ruiffeau qui forment
une affez agréable Caſcade , & qui font
-en cet endroit là la féparation des deux
-Etats.
Il feroit difficile d'exprimer avec quelle
vîteffe
A O UST. 1730. 1759
viteffe & quelle regularité on vit élever
en fi
peu de tems une piramide triangu
laire , il eft vrai qu'on avoit préparé d'avance
des fapins & des peupliers fort
hauts , des planches , des clous & tous les
outils neceflaires , & fur tout des Echelles;
on avoit de même déja peint en autant de
differens chaffis toutes les pieces qui devoient
revêtir cette Piramide , à quoi plu
fieur rames de papier furent employées.
Ici un Lecteur qui ne fe feroit pas défait
des prejugés de l'enfance , pourroit
fur ce mot de papier fe former une idée
peu avantageule du travail & de la peinture
qui ornoient cette Piramide ; mais
eft-ce toujours la matiere feule qui fait le
prix d'un Ouvrage La forme avec tout
ce qu'une habile main peut ajoûter d'agréable
& d'ingénieux à la matiere , de
quelque nature qu'elle foit , ne lui eft- elle
pas ce que l'ame eft au corps ? de quelles
beautés le papier n'eft- il pas fufceptible ?
Et quels tréfors ne lui confie- t- on pas ?
on pourroit en apporter cent exemples
fi cette verité avoit befoin de preuve ; s'il
avoit fallu dans cette occafion que la richeffe
de la matiere eut répondu à l'ar
deur de notre zele , ni les métaux les plus
précieux , ni les marbres les plus riches ,
n'auroient jamais pû le faire ; & quelque
pompeux & folide qu'eut été ce monu
ment
1760 MERCURE DE FRANCE
ment , il n'auroit jamais eu la durée
que
le papier peut lui donner.
On auroit de la peine à
comprendre ,
ainfi que je viens de dire , comme tout fut
mis en place avec tant de jufteffe , fi on
ne faifoit
remarquer que parmi ces Chaf
feurs il y avoit des Ingenieurs , des Architectes
, des Peintres , des Poëtes & c,
fans qu'aucun d'eux en faffe
profeffion .
Venator omnis homo.
Tous ces talens réunis furent d'un grand
fecours pour la perfection de l'Ouvrage
& fur tout fi l'on ajoûte qu'outre la main
& la direction de fept Maîtres , il y avoit
autant de valets , dont les uns étoient
Charpentiers , les autres Maffons. & c. Enfin
avant la nuit tout fut mis en place , &
tout fut illuminé dès qu'elle parut.
Je ne m'amuferai pas à faire un détail
de
l'arrangement , ni de l'effet d'un nombre
infini de falots & de lampions qui entouroient
tout le terrain qu'on avoit choifi
, tout Lecteur qui comprend ce que fçavent
faire des gens entendus , bien intionnés
& genereux , en concevra une
idée plus
avantageufe que celle que je
pourrois lui en donner par des
tions outrées ; il me fuffit de dire qu'on
n'a peut-être jamais rien fait de plus charmant
, & qui ait eu moins de fpectateurs ;
nous en étions les feuls , auffi ne l'avions
exageranous
A O UST. 1730. 1761
nous fait que pour nous , c'eft à dire ,
uniquement pour le plaifir de donner en
particulier les marques les plus finceres
de cette joye que le coeur d'un bon François
peut fentir, & que fa langue ne fçauroit
exprimer.
le
D'ailleurs, fi cette charmante Fête n'eut
pas d'autres témoins , c'eſt qu'il n'appartient
qu'à de gens de guerre ou à de Chaf
feurs de camper , habet fua Caftra Diana,
& de paffer la nuit dans des agitations ſi
differentes & dans des mouvemens qui
ne furent pas même interrompus par
repos de la table ; car quoique des valets
entendus fuffent chargés du foin de faire
tirer par intervale un grand nombre de
Boëtes , dont le bruit s'étendoit fi au loin
par les ondulations & les repercuffions
fucceffives des échos des Montagnes, qu'on
nous a affuré avoir été entendu de trois
ou quatre lieuës à la ronde ; quoique nos
Valets , dis-je , euffent le foin de cette artillerie
bruyante , il fe détachoit toujours
quelque Maître pour ordonner & pour
faire executer à propos. C'eft ainfi que la
préſence de l'Officier eft neceffaire aux
Soldats dans une expedition militaire.
Je ne dis rien du Repas ni de l'apetit.
On ne fervit que du Gibier , & l'on mangea
comme des Chaffeurs ; c'eft tout dire.
La table étoit dreffée à la Turque , la nape
D étoit
7
1762 MERCURE DE FRANCE
étoit étenduë fur le même gazon qui nous.
fervoit de fiege . De cette charmante &
naturelle fituation , non loin de nos Barraques
, gardées par plufieurs chiens à
l'attache , nous admirions la face de la Piramide
qui tournoit de ce côté- là; je donnerai
l'Extrait abregé de ce qu'elle repréfentoit,
& de ce qu'on voyoit fur les deux,
autres faces , après avoir dit en deux mots
ce que j'avois oublié en parlant de ce Monument
élevé en fi peu de temps. Le piédeſtal
de cette Pyramide tranſparente
étoit d'un très -beau Marbre feint & richement
veiné ; elle étoit furmontée d'un .
Globe parfait, ouvert au - deffus , très - bien
illuminé au-dedans. On voyoit fur ce.
Globe de trois côtez les Armes de France
foûtenuës par trois Dauphins , chacun fur
un des Angles , où l'on avoit ménagé , de
même qu'en plufieurs autres endroits , des .
ouvertures pour la fumée des Lampions.
qui étoient en dedans , & dont la lumiere
moins vive , mêlée à celle des Lampions
du dehors qui regnoient tout le long des
trois angles , diftribuoit fi à propos le
clair & l'obfcur fur la Peinture , qu'au jugement
des connoiffeurs , on n'a jamais
rien vû de plus curieux . Auffi M. le Chevalier
de..... qui en eft l'Inventeur , a
promis de faire admirer cet effet furprenant
dans une grande Ville à la naiffance
du
AOUST . 1730. 1763
du fecond Prince que nous attendons.
On voyoit tout le long de ces trois faces
des Devifes & des Emblêmes qui répondoient
au fujet qui étoit repréſenté
au bas ; c'étoit comme trois Tableaux ;
dans l'un on voyoit la Reine avec cet
air de Majefté qui infpire le refpect & la
confiance , elle avoit à fa fuite toutes les
Vertus peintes avec leurs attributs , elles
faifoient paroître leur admiration & leur
joye , & fembloient dire à la Reine qu'elles
avoient contribué à faire defcendre du
Ciel ce cher Dauphin que l'on voyoit fur
une nuée dans un Berceau que deux Anges
foutenoient d'une main , portant de
l'autre plufieurs tiges de Lys. Voici comme
on fait parler les Vertus .
Quem tua vota diù Filium Regina petebant ,"
Hunc Deus , & nobis, dum dedit ipfe tibi.
per-
On avoit repréſenté de l'autre côté une
Mer tranquille avec un Dauphin portant
Arion furfon dos ; une multitude de
fonnes de toutes Nations, très -bien repréfentées
par leurs differens habits , paroiffoit
fur le Rivage , les yeux attachez fur
ce Dauphin. Les Devifes en plufieurs fortes
de Langues, exprimoient parfaitement
l'interêt que doivent prendre ces differens
Peuples au bonheur de la France ; ces Devifes
étoient en Italien , en Efpagnol , en
Dij Allez
1764 MERCURE DE FRANCE
Allemand , en Anglois , en Arabe , & c.
Venator omnis homo. Je le repete , & toûjours
dans le même fens. La plupart de
ces Meffieurs ont voyagé dans ces differens
Pays , mais il y avoit réelement 'un
Gafcon de Nation , qui voulut mettre en
fa propre Langue , une Devife parmi celles
là , ce qui donna lieu au Gafconifme
des derniers Couplets de la Chanfon , où
l'on voit la Lettre b,au lieu de l'u . Ce fut ce
changement de Lettres ou de prononciation
qui fit autrefois dire à Scaliger :
26
Non temerè antiquas mutas vafconia voces
Cui nihil eft aliud vivere quàm bibere.
Lés Gafcons , fans témerité ,
Prononçant aujourd'hui contre l'Antiquité
N'en peuvent dire d'autre cauſe ;
Sinon que la vivacité ,
Avec la bibacité ,
Eft chez eux une même chose.
Enfin dans la troifiéme face en Perfpective
des Chaffeurs , on voyoit fur un nuage
brillant S. Hubert qui fuiyoit le Roi,
& qui fembloit lui marquer la route qu'il
devoit tenir à la Chaffe . Ce Monarque
étoit à pied , & avec cette adreffe & cette
bonne grace qui le font diſtinguer fi facilement
des autres hommes , il couchoit
fon
AOUST. 1730. 1765
fon fufil en jouë fur des Oifeaux de proye,
fur des Corbeaux & autres Oifeaux de
mauvaiſe augure , qu'on voyoit dans le
lointain s'envoler en confufion , comme
on voyoit plus bas fur un terrain éloigné ,
des Loups , des Renards , &c. rentrer avec
précipitation dans leurs tanieres , tandis
qu'il paroiffoit fur une autre ligne & à la
portée du fufil , des Colombes , des Tourterelles
, &c. qui ſembloient ſe réjoüir &
fe raffurer à fon approche.
On avoit peint à fes pieds des Chiens de
Chaffe , à l'arrêt des Perdrix, des Lievres ,
&c. deforte qu'on auroit dit que le Gibier
le venoit offrir lui- même aux dépens
de fa vie , pour le plaifir du Roy. On
avoit exprimé cela par ces Vers :
Agmina nigra fugat , ceffant trepidare Cotumba
,
Heros venator fic LoDoicús erit.
Ecce Lupos cogit & vulpes intrare cavernas ?
Nos verò occidat Regis amica manus.
Voila à peu près , en abregé , la Rela
tion de la Fête des Chaffeurs , qu'on a
fupprimée avec celle de la Fête que le
Grand-Vicaire de Glandé ve fit le même
jour à l'Evêché. Il y avoit devant la porte
un Arc de Triomphe très - bien entendu ,
parfaitement illuminé & chargé de quan-
Diij tité
1766 MERCURE DE FRANCE
tité de Devifes . On ne pouvoit rien ajoûter
aux Illuminations , au bruit continuel
des Boëtes & à tout ce qui peut fuppléer
aux Artifices & aux Fufées qu'il ne
fut pas poffible d'avoir dans ces Montagnes.
Si ces deux Relations , qui étoient une
fuite de celle de la Réjoüiffance du Commandant
d'Entrevaux , avoient paru , le
Public , à qui il ne faut jamais impoſer, &
qu'il fautau contraire inftruire des faits hif
toriques qu'on peut ignorer , auroit appris
des particularitez fur l'établiffement
& l'ancienneté de cet Evêché & de la Ville
d'Entrevaux au lieu que l'Auteur du
;
Memoire qui a été inferé dans le Mercure,
donne pour toute érudition plufieurs fautes
en peu de mots. Il fait entr'autres la petiteVille
d'Entrevaux Frontiere de Piemont,
tandis qu'elle ne l'eft que de cette partie
de Savoye , qu'on appelle la Comté de Nice
, dont les Habitans font Régnicoles de
France. Nice , Villefranche , Vintimille ,
& leurs dépendances , faifoient partie de
la Provence , dont les Rois de France ſe
difent encore Comtes aujourd'hui.
S'il n'eft pas d'une grande importance
de fçavoir ces faits , il eſt au moins trèscertain
qu'il n'étoit pas fi neceffaire de
manquer d'exactitude fur ce point & fur
plufieurs autres , dont les perfonnes de 7
ce
AOUST. 1730. 1767
ce Pays ont été fâchées . On ne fçauroit ,
au refte , affez louer le zele de ce genereux
Commandant , ni la bonne volonté
de M. Paravicini , & non Palavicini , Capitaine
d'une Compagnie Suiffe . Il ne me
refte plus qu'à joindre ici les Vers que fit
un des Chaffeurs , & qui fùrent mis en
Mufique par un autre Chaffeur . Venator
omnis homo.
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Résumé : FESTE des Chasseurs Chevaliers de Saint Hubert, donnée à Entrevaux en Provence.
La fête des Chaffeurs Chevaliers de Saint-Hubert a été organisée à Entrevaux en Provence le 4 août 1730. La célébration a débuté par une messe suivie d'un discours prononcé par le nouvel abbé de Saint-Hubert. Ce discours visait à remercier le Roi des Rois pour la naissance du Dauphin et à prier pour la santé du roi, la fécondité de la reine et la tranquillité de l'Europe. L'orateur a également exalté les vertus des grands héros historiques, tous chasseurs dans leur enfance, et a encouragé les Chevaliers à utiliser les qualités acquises par la chasse pour la gloire du monarque et le bien de la patrie. Après le discours, les participants se sont dirigés vers un terrain près du Var, à la frontière entre la France et la Savoie. Ils y ont rapidement érigé une pyramide triangulaire décorée de sapins, de peupliers, de planches et de papier peint. Cette pyramide représentait des scènes allégoriques : la reine entourée de vertus, une mer tranquille avec un dauphin, et Saint-Hubert guidant le roi vers la chasse. La fête a inclus des illuminations, des feux d'artifice et un repas composé de gibier, servi à la turque sur un gazon. La soirée a été marquée par des activités militaires simulées et des démonstrations de chasse. La fête a été organisée avec une grande précision et un sens esthétique, malgré l'absence de matériaux précieux. Le texte mentionne également des événements spécifiques et des dates, notamment le 7 août 1730 et 1767, ainsi qu'un pays dont les habitants ont été mécontents. Il loue le zèle d'un commandant généreux et la bonne volonté de M. Paravicini, capitaine d'une compagnie suisse. Enfin, il est fait référence à des vers écrits par un des chasseurs et mis en musique par un autre, accompagnés de la phrase latine 'Venator omnis homo'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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53
p. 1894
Mandement du même, sur la grossesse de la Reine, [titre d'après la table]
Début :
Dès le 12. Août, M. l'Archevêque de Paris donna un Mandement pour ordonner des Prieres [...]
Mots clefs :
Reine, Accouchement, Archevêque de Paris, Prières, Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mandement du même, sur la grossesse de la Reine, [titre d'après la table]
Dès le 12. Août , M. l'Archevêque de Paris
donna un Mandement pour ordonner des Prieres
dans tout fon Diocèfe pour P'heureux accouchement
de la Reine. Il eft conçû en ces termes.
Charles , & c. La pieté du Roi qui lui infpire
dans tous les évenemens , de recourir à celui par
qui les Rois regnent , lui a fait défirer que nous
ordonnaffions des Prieres pour l'heureuſe délivrance
& pour la fanté de la Reine , qui eft fort
avancée dans fa groffeffe . Entrez avec nous dans
les intentions de Sa Majefté , pour demander à
Dieu la confervation d'une augufte Reine , que
fes vertus rendent fi refpectabie à tout le Royaume
, auquel elle a déja donné un Dauphin , &
celle du précieux fruit qui eft l'objet de nos efperances
& de nos voeux.
A CES CAUSâs , nous ordonnons , &c.
donna un Mandement pour ordonner des Prieres
dans tout fon Diocèfe pour P'heureux accouchement
de la Reine. Il eft conçû en ces termes.
Charles , & c. La pieté du Roi qui lui infpire
dans tous les évenemens , de recourir à celui par
qui les Rois regnent , lui a fait défirer que nous
ordonnaffions des Prieres pour l'heureuſe délivrance
& pour la fanté de la Reine , qui eft fort
avancée dans fa groffeffe . Entrez avec nous dans
les intentions de Sa Majefté , pour demander à
Dieu la confervation d'une augufte Reine , que
fes vertus rendent fi refpectabie à tout le Royaume
, auquel elle a déja donné un Dauphin , &
celle du précieux fruit qui eft l'objet de nos efperances
& de nos voeux.
A CES CAUSâs , nous ordonnons , &c.
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Résumé : Mandement du même, sur la grossesse de la Reine, [titre d'après la table]
Le 12 août, l'Archevêque de Paris a ordonné des prières pour l'accouchement de la Reine, avancée dans sa grossesse. Le roi exprime sa piété et son recours à Dieu. Les prières visent la santé de la Reine, respectée pour ses vertus et ayant déjà donné un Dauphin, et du futur enfant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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54
p. 2022-2032
Le Bouquet du Roi, Piece en Vaudeville, [titre d'après la table]
Début :
Le 24. Août, veille de la Fête de Saint Louis, l'Opera Comique donna une petite [...]
Mots clefs :
Opéra comique, Amour, Paris, Dieu, Reine, Province, Roi, Apollon, Vaudeville
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Bouquet du Roi, Piece en Vaudeville, [titre d'après la table]
Le 24. Août , veille de la Fête de Saint
Louis , l'Opera Comique donna une petite
Piece nouvelle d'un Acte , en Vaudeville
, intitulée Le Bouquet du Roi , à la
quelle on a fait depuis quelques augmentations
à l'occafion de la Ñaiffance de
Monſeigneur le Duc d'Anjou , Cette Piéce
eft de M. Panard , & la Mufique de M.
Gillier: en voici en peu de mots le Sujet.
Premiere Entrée,
La Ville de Paris perſonifiée , accom→
pagnée de fa fuite , invite fes habitans à
celebrer la Fête du Roi , & chante fur
l'Air : F'entends déja le bruit des armes,
A chanter un fi digne Maître
Tout doit nous porter aujourd'hui ;
Les Dieux même nous font connoître
Qu'ils
SEPTEMBRE. 1730. 2023
Qu'ils fe font déclarés pour lui ,
Et le Prince qui vient de naître
Eft un gage de leur appui.
C'est là le Bouquet que le Ciel lui refer
voit , ajoûte la Ville de Paris ; après quoi
on chante':
Que des Dieux la bonté fouveraine
A fur nous répandu de bienfaits !
D'un Roi charmant , d'une charmante Reine
Nous fommes les enfans plutôt que les Sujets.
Les coeurs , dès qu'on le voit , font à lui fans reſerve
;
Chez elle les vertus ont fixé leur féjour ;
Elle eft l'image de Minerve ;
Il eft l'image de l'Amour.
Les Habitans de Paris forment enfuite
le Divertiſſement , & expriment leur joye
par des danfes & c.
Seconde Entrée.
Les Députés des principales Provinces
de France viennent fe joindre à la Ville
de Paris pour mêler leur joye à la fienne,
& forment chacune un nouveau Balet
dans leur different caractere ; après quoi
le Député de la Normandie chante le
Couplet fuivant , fur l'Air : Pierre Bagnolet
Fij Heu
2024 MERCURE DE FRANCE
Heureux qui fera l'apanage
Du nouveau fils de notre Roi.
La Gascogne,
N'efperez pas cet avantage ;
Vous ne l'aurez pas fur ma foi ;
Ce fera moi.
La Ville de Paris voyant arriver le Député
de la Province d'Anjou , acheve de
chanter l'Air,
Ne conteftez pas davantage ,
Cedez à celui que je voi .
Ce Député chante ces paroles avec ur
Accompagnement de Fanfares.
Triomphe , victoire ;
Honneur à l'Anjou ;
D'ici jufqu'au Perou ,
Que tout chante ma gloire,
Triomphe Victoire &c.
Votre difpute eft vaïne ,
Vous perdez votre peine ;
C'eſt à moi qu'eft deſtiné
Le Prince nouveau né.
Triomphe Victoire &c.
Les autres Provinces paroiffent fort
confternées de cette préference ; la Ville
de Paris leur dit de ne pas s'en allarmer
&
SEPTEMBRE . 1730. 2025
& chante fur l'Air , O reguinqué :
Le Ciel qui vous protege tous
Ne veut point faire de jaloux ;
Allez , allez , raffurez-vous ;
Vous verrez que chaque Province
L'une après l'autre aura fon Prince.
Le Député de la Gascogne répond , Oh!
pour moi je lui cede volontiers le pas , &
chante fur l'Air : Ma raifon s'en va beau
train :
Me
Un deſtin plus rare un jour
payera de mon amour.
*
Toi qui t'applaudis
Des fils de Louis ,
Tu n'as que le deuxième ,
Pour ma Province , Cadedis ,
On garde le douziéme ,
Lon la ,
On garde le douziéme.
Toutes les Provinces fe retirent après
le Divertiffement .
Troifiéme Entrée des Arts.
Cette Entrée eft précedée de trois Scenes.
Dans la premiere , l'Opera Comique
fe plaint à la Ville de ce qu'elle ne l'hos
nore plus de fes vifites dans le Fauxbourg,
* Regardant l'Anjou,
F iij la
2026 MERCURE DE FRANCE
la Ville lui répond qu'elle a de plus juftes
reproches à lui faire , & chante fur l'Air
de foconde :
Tandis que tous mes habitans
Pour un Roi qu'ils cheriffent
Font voir des tranſports éclatans
Dont les Cieux retentiffent ,
L'Opera Comique fe tait ;
It eft dans l'indolence ;
Lui que j'ai vu le premier prêt :
D'où vient donc ce filence
J
L'Opera Comique lui répond qu'il ne
mérite point ce reproche , & qu'il n'a
jamais eu tant de zele : Jugez en , dit-il
par ce que j'ai fait ; s'agiffant d'une matiere
auffi importante ,j'ai cru ... & chante fur
l'Air : M. le Prevêt des Marchands :
Qu'il falloit au facré Valon
Chercher le fecours d'Apollon ;
J'ai choifi pour cette Ambaffade
De mes Acteurs le plus cheri ,
Quoique mon Théatre malade
Ait peine à fe paffer de lui.
Pierot arrive , & fait un recit Comique
de fa reception au Parnaffe , & dit qu'Apollon
étoit fi fort occupé à chaffer la
Profe qui inondoit le facré Valon , qu'il
n'a
SEPTEMBRE. 1730. 2027
n'a pû tirer aucun fecours de lui : A qui
donc auraisje recours ? dit l'Opera Comi
que : A moi , répond l'Amour , qui en
tre dans ce moment fur la ſcene , & chante
fur l'Air : Les filles font fi fottes , lon la :
D'Apollon eft-ce là l'emploi ?
Non , ne vous addreffez qu'à moi ,
Seul je puis vous fuffire.
Tout ce qu'on fait pour votre Roi ,
C'est l'Amour qui l'inſpire ,
Lon la ,
C'est l'Amour & c.
Pourquoi chercher d'autre fecours que le
mien ?dit l'Amour à Pierot , avez - vous
oublié ce que j'ai fait pour vous l'année paf
fe , & chante fur l'Air des Triolets :
N'eft- ce pas moi qui l'an paffé
Pour un Maitre fi débonaire
Vous fit rifquer un coup d'effai
N'est-ce pas moi qui l'an paffé ,
Rechaufai votre coeur glacé ,
Par la crainte de lui déplaire.
N'eft-ce pas moi qui l'an paffé
Dictai l'Hopegué , ma Comere.
L'Amour promet enfuite à Pierot d'aller
prefenter au Roi leurs voeux & leurs
hommages après qu'il aura affifté à la
Fiiij Fête
2028 MERCURE DE FRANCE
Fête que les Arts vont donner , à laquelle
il doit préfider , & chante fnr un Air
nouveau :
L'Amour par ma voix vous appelle ,
Beaux Arts , fignalez votre zele ,
Formez un Monument qui de ce jour heureux
Confacre la mémoire ;
Difputez-vous la gloire
De feconder nos foins & d'embellir nos jeux."
L'Amour fe met à la tête des Arts qui
font une marche , après laquelle ils élevent
un Trophée à la gloire du Roi . C'eſt
une espece d'Obelifque de 12. piés de haut,
terminé par deux Lys , figurant le Roi
& la Reine , & cinq boutons de Lys , figurant
la Famille Royale. Au deffous eft
un Globe tranfparent, avec ces mots, Non
deerunt. Le pied de l'Obelifque forme un
Entablement fur lequel les Arts pofent
chacun leurs Attributs , & au milieu on
voit deux riches bordures , garnies de
toiles , fur lesquelles la Peinture fait peindre
les Portraits du Roi & de la Reine.
Après qu'ils font finis , la Ville de Paris
chante ces paroles fur l'Air d'un Menuet
nouveau :
De ceux qui regnent ſur nous
Voyez vous
L'auSEPTEMBRE.
1730. 2829.
·
L'augufte & brillante image.
Que chacun dans ce beau jour,
¡ Afon tour
Vienne lui rendre hommage..
De ces Aftres les doux regards
Vous font un heureux partage ;
Leur regne eft celui des beaux Arts.
La Décoration du Trophée a été trouvée
très bien imaginée , & parfaitement
bien executée.
Tous les Arts forment un Balet
general
; il eft fuivi d'un Vaudeville , dont
voici quelques Couplets.
La Mufique
Je fuis cet Art mélodietix
Qui forme l'harmonie ;
Souvent les Heros & les Dieux
Occupent mon génie ;
Mais jamais avec tant d'ardeur ,
Je n'exerce ma Lyre
Que quand je chante la douceur
Reine , de votre Empire.
La Peinture.
C'eft moi dont l'Art ingénieux
Imite la Nature ;
De tout ce qu'on voit fous les Cieux
Je trace la figure ;
F Souvent
2030 MERCURE DE FRANCE
Souvent pour peindre votre Roi ,
Je me mets à l'ouvrage ;
Mais l'Amour encor mieux que
En fçait graver l'image.
L'Aftrologie.
Dans les Aftres je lis fans fin,
C'eft moi qui les confulte ;
Ils m'ont appris que le Dauphin
Caufera du tumulte ;
moi
Rempli des charmes les plus dour
Je prévoi qu'il doit rendre
La moitié du monde jaloux
Et l'autre moitié tendre.
La Navigation.
Mon partage eft de naviguer ,
C'eſt à quoi je préfide ,
Jeunes Marins , venez voguer ,
Je ferai votre guide ,
Vous ne payerez point le tribut
Aux caprices d'Eole ,
Et pour vous mener droit au bur
Je porte la Boufole.
L'Art Militaire.
Servez un Prince aimé des Dieux ,
Venez , Jeuneffe aimable ,
Autant qu'il eft charmant , je veux
La
SEPTEMBRE. 1730. 2031
Le rendre redoutable ;
Si tôt que je vois l'Ennemi
Ma contenance eft fiere ,
Et mon oeil jamais endormi
Garde bien la Frontiere.
L'Art de plaire.
Du fecret de parler au coeur
Je fuis dépofitaire ;
Par un regard doux & flatteur
Je montre l'Art de plaire ;
Mais je croi que de mes Leçons
On n'aura point affaire ;
Car ce bel Art eft aux Bourbons
Un Art hereditaire.
Pierrot an Partere.
Si le Prince que nous chantons ,
Meffieurs , vous intereffe ,
Pour le prouver dans nos Cantons
Faites voir plus de preffe ;
Venez, & qu'un fi beau fujet
Pour nos jeux vous reveille ;
Nous vous faifons voir fon Portrait ,
Rendez-nous la pareille,
On trouvera l'Air noté avec la Chanfon
page 2020.
Le premier Septembre on donna ce
F vj
fpecta2032
MERCURE DE FRANCE
fpectacle gratis à l'occafion de la Naiffance
de Monfeigneur le Duc D'ANJOU
On joija la Comédie des Deux Suivantes
dont il a été parlé , & le Bouquet du Roi
Il y eut le même jour Bal dans l'enclos de
la Foire , & des Illuminations . Tout s'y
pafla fans defordre , & au grand contentement
d'une multitude de peuples
que ces Réjouiffances avoient attires , tant
de la Ville , que du Fauxbourg.
Le 5. le même Opera Comique donna
la premiere Repréſentation de deux Piéces
nouvelles en un Acte chacune ; la
premiere a pour titre L'Amour Marin ,
& l'autre L'Esperance , en Vaudevilles ,
& des Divertiffemens , de la compofition
de M. Gillier,
Louis , l'Opera Comique donna une petite
Piece nouvelle d'un Acte , en Vaudeville
, intitulée Le Bouquet du Roi , à la
quelle on a fait depuis quelques augmentations
à l'occafion de la Ñaiffance de
Monſeigneur le Duc d'Anjou , Cette Piéce
eft de M. Panard , & la Mufique de M.
Gillier: en voici en peu de mots le Sujet.
Premiere Entrée,
La Ville de Paris perſonifiée , accom→
pagnée de fa fuite , invite fes habitans à
celebrer la Fête du Roi , & chante fur
l'Air : F'entends déja le bruit des armes,
A chanter un fi digne Maître
Tout doit nous porter aujourd'hui ;
Les Dieux même nous font connoître
Qu'ils
SEPTEMBRE. 1730. 2023
Qu'ils fe font déclarés pour lui ,
Et le Prince qui vient de naître
Eft un gage de leur appui.
C'est là le Bouquet que le Ciel lui refer
voit , ajoûte la Ville de Paris ; après quoi
on chante':
Que des Dieux la bonté fouveraine
A fur nous répandu de bienfaits !
D'un Roi charmant , d'une charmante Reine
Nous fommes les enfans plutôt que les Sujets.
Les coeurs , dès qu'on le voit , font à lui fans reſerve
;
Chez elle les vertus ont fixé leur féjour ;
Elle eft l'image de Minerve ;
Il eft l'image de l'Amour.
Les Habitans de Paris forment enfuite
le Divertiſſement , & expriment leur joye
par des danfes & c.
Seconde Entrée.
Les Députés des principales Provinces
de France viennent fe joindre à la Ville
de Paris pour mêler leur joye à la fienne,
& forment chacune un nouveau Balet
dans leur different caractere ; après quoi
le Député de la Normandie chante le
Couplet fuivant , fur l'Air : Pierre Bagnolet
Fij Heu
2024 MERCURE DE FRANCE
Heureux qui fera l'apanage
Du nouveau fils de notre Roi.
La Gascogne,
N'efperez pas cet avantage ;
Vous ne l'aurez pas fur ma foi ;
Ce fera moi.
La Ville de Paris voyant arriver le Député
de la Province d'Anjou , acheve de
chanter l'Air,
Ne conteftez pas davantage ,
Cedez à celui que je voi .
Ce Député chante ces paroles avec ur
Accompagnement de Fanfares.
Triomphe , victoire ;
Honneur à l'Anjou ;
D'ici jufqu'au Perou ,
Que tout chante ma gloire,
Triomphe Victoire &c.
Votre difpute eft vaïne ,
Vous perdez votre peine ;
C'eſt à moi qu'eft deſtiné
Le Prince nouveau né.
Triomphe Victoire &c.
Les autres Provinces paroiffent fort
confternées de cette préference ; la Ville
de Paris leur dit de ne pas s'en allarmer
&
SEPTEMBRE . 1730. 2025
& chante fur l'Air , O reguinqué :
Le Ciel qui vous protege tous
Ne veut point faire de jaloux ;
Allez , allez , raffurez-vous ;
Vous verrez que chaque Province
L'une après l'autre aura fon Prince.
Le Député de la Gascogne répond , Oh!
pour moi je lui cede volontiers le pas , &
chante fur l'Air : Ma raifon s'en va beau
train :
Me
Un deſtin plus rare un jour
payera de mon amour.
*
Toi qui t'applaudis
Des fils de Louis ,
Tu n'as que le deuxième ,
Pour ma Province , Cadedis ,
On garde le douziéme ,
Lon la ,
On garde le douziéme.
Toutes les Provinces fe retirent après
le Divertiffement .
Troifiéme Entrée des Arts.
Cette Entrée eft précedée de trois Scenes.
Dans la premiere , l'Opera Comique
fe plaint à la Ville de ce qu'elle ne l'hos
nore plus de fes vifites dans le Fauxbourg,
* Regardant l'Anjou,
F iij la
2026 MERCURE DE FRANCE
la Ville lui répond qu'elle a de plus juftes
reproches à lui faire , & chante fur l'Air
de foconde :
Tandis que tous mes habitans
Pour un Roi qu'ils cheriffent
Font voir des tranſports éclatans
Dont les Cieux retentiffent ,
L'Opera Comique fe tait ;
It eft dans l'indolence ;
Lui que j'ai vu le premier prêt :
D'où vient donc ce filence
J
L'Opera Comique lui répond qu'il ne
mérite point ce reproche , & qu'il n'a
jamais eu tant de zele : Jugez en , dit-il
par ce que j'ai fait ; s'agiffant d'une matiere
auffi importante ,j'ai cru ... & chante fur
l'Air : M. le Prevêt des Marchands :
Qu'il falloit au facré Valon
Chercher le fecours d'Apollon ;
J'ai choifi pour cette Ambaffade
De mes Acteurs le plus cheri ,
Quoique mon Théatre malade
Ait peine à fe paffer de lui.
Pierot arrive , & fait un recit Comique
de fa reception au Parnaffe , & dit qu'Apollon
étoit fi fort occupé à chaffer la
Profe qui inondoit le facré Valon , qu'il
n'a
SEPTEMBRE. 1730. 2027
n'a pû tirer aucun fecours de lui : A qui
donc auraisje recours ? dit l'Opera Comi
que : A moi , répond l'Amour , qui en
tre dans ce moment fur la ſcene , & chante
fur l'Air : Les filles font fi fottes , lon la :
D'Apollon eft-ce là l'emploi ?
Non , ne vous addreffez qu'à moi ,
Seul je puis vous fuffire.
Tout ce qu'on fait pour votre Roi ,
C'est l'Amour qui l'inſpire ,
Lon la ,
C'est l'Amour & c.
Pourquoi chercher d'autre fecours que le
mien ?dit l'Amour à Pierot , avez - vous
oublié ce que j'ai fait pour vous l'année paf
fe , & chante fur l'Air des Triolets :
N'eft- ce pas moi qui l'an paffé
Pour un Maitre fi débonaire
Vous fit rifquer un coup d'effai
N'est-ce pas moi qui l'an paffé ,
Rechaufai votre coeur glacé ,
Par la crainte de lui déplaire.
N'eft-ce pas moi qui l'an paffé
Dictai l'Hopegué , ma Comere.
L'Amour promet enfuite à Pierot d'aller
prefenter au Roi leurs voeux & leurs
hommages après qu'il aura affifté à la
Fiiij Fête
2028 MERCURE DE FRANCE
Fête que les Arts vont donner , à laquelle
il doit préfider , & chante fnr un Air
nouveau :
L'Amour par ma voix vous appelle ,
Beaux Arts , fignalez votre zele ,
Formez un Monument qui de ce jour heureux
Confacre la mémoire ;
Difputez-vous la gloire
De feconder nos foins & d'embellir nos jeux."
L'Amour fe met à la tête des Arts qui
font une marche , après laquelle ils élevent
un Trophée à la gloire du Roi . C'eſt
une espece d'Obelifque de 12. piés de haut,
terminé par deux Lys , figurant le Roi
& la Reine , & cinq boutons de Lys , figurant
la Famille Royale. Au deffous eft
un Globe tranfparent, avec ces mots, Non
deerunt. Le pied de l'Obelifque forme un
Entablement fur lequel les Arts pofent
chacun leurs Attributs , & au milieu on
voit deux riches bordures , garnies de
toiles , fur lesquelles la Peinture fait peindre
les Portraits du Roi & de la Reine.
Après qu'ils font finis , la Ville de Paris
chante ces paroles fur l'Air d'un Menuet
nouveau :
De ceux qui regnent ſur nous
Voyez vous
L'auSEPTEMBRE.
1730. 2829.
·
L'augufte & brillante image.
Que chacun dans ce beau jour,
¡ Afon tour
Vienne lui rendre hommage..
De ces Aftres les doux regards
Vous font un heureux partage ;
Leur regne eft celui des beaux Arts.
La Décoration du Trophée a été trouvée
très bien imaginée , & parfaitement
bien executée.
Tous les Arts forment un Balet
general
; il eft fuivi d'un Vaudeville , dont
voici quelques Couplets.
La Mufique
Je fuis cet Art mélodietix
Qui forme l'harmonie ;
Souvent les Heros & les Dieux
Occupent mon génie ;
Mais jamais avec tant d'ardeur ,
Je n'exerce ma Lyre
Que quand je chante la douceur
Reine , de votre Empire.
La Peinture.
C'eft moi dont l'Art ingénieux
Imite la Nature ;
De tout ce qu'on voit fous les Cieux
Je trace la figure ;
F Souvent
2030 MERCURE DE FRANCE
Souvent pour peindre votre Roi ,
Je me mets à l'ouvrage ;
Mais l'Amour encor mieux que
En fçait graver l'image.
L'Aftrologie.
Dans les Aftres je lis fans fin,
C'eft moi qui les confulte ;
Ils m'ont appris que le Dauphin
Caufera du tumulte ;
moi
Rempli des charmes les plus dour
Je prévoi qu'il doit rendre
La moitié du monde jaloux
Et l'autre moitié tendre.
La Navigation.
Mon partage eft de naviguer ,
C'eſt à quoi je préfide ,
Jeunes Marins , venez voguer ,
Je ferai votre guide ,
Vous ne payerez point le tribut
Aux caprices d'Eole ,
Et pour vous mener droit au bur
Je porte la Boufole.
L'Art Militaire.
Servez un Prince aimé des Dieux ,
Venez , Jeuneffe aimable ,
Autant qu'il eft charmant , je veux
La
SEPTEMBRE. 1730. 2031
Le rendre redoutable ;
Si tôt que je vois l'Ennemi
Ma contenance eft fiere ,
Et mon oeil jamais endormi
Garde bien la Frontiere.
L'Art de plaire.
Du fecret de parler au coeur
Je fuis dépofitaire ;
Par un regard doux & flatteur
Je montre l'Art de plaire ;
Mais je croi que de mes Leçons
On n'aura point affaire ;
Car ce bel Art eft aux Bourbons
Un Art hereditaire.
Pierrot an Partere.
Si le Prince que nous chantons ,
Meffieurs , vous intereffe ,
Pour le prouver dans nos Cantons
Faites voir plus de preffe ;
Venez, & qu'un fi beau fujet
Pour nos jeux vous reveille ;
Nous vous faifons voir fon Portrait ,
Rendez-nous la pareille,
On trouvera l'Air noté avec la Chanfon
page 2020.
Le premier Septembre on donna ce
F vj
fpecta2032
MERCURE DE FRANCE
fpectacle gratis à l'occafion de la Naiffance
de Monfeigneur le Duc D'ANJOU
On joija la Comédie des Deux Suivantes
dont il a été parlé , & le Bouquet du Roi
Il y eut le même jour Bal dans l'enclos de
la Foire , & des Illuminations . Tout s'y
pafla fans defordre , & au grand contentement
d'une multitude de peuples
que ces Réjouiffances avoient attires , tant
de la Ville , que du Fauxbourg.
Le 5. le même Opera Comique donna
la premiere Repréſentation de deux Piéces
nouvelles en un Acte chacune ; la
premiere a pour titre L'Amour Marin ,
& l'autre L'Esperance , en Vaudevilles ,
& des Divertiffemens , de la compofition
de M. Gillier,
Fermer
55
p. 2022-2032
Le Bouquet du Roi, Piece en Vaudeville, Extrait [titre d'après la table]
Début :
Le 24. Août, veille de la Fête de Saint Louis, l'Opera Comique donna une petite [...]
Mots clefs :
Opéra comique, Amour, Paris, Dieu, Reine, Province, Roi, Apollon, Vaudeville
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Bouquet du Roi, Piece en Vaudeville, Extrait [titre d'après la table]
Le 24. Août , veille de la Fête de Saint
Louis , l'Opera Comique donna une petite
Piece nouvelle d'un Acte , en Vaudeville
, intitulée Le Bouquet du Roi , à la
quelle on a fait depuis quelques augmentations
à l'occafion de la Ñaiffance de
Monſeigneur le Duc d'Anjou , Cette Piéce
eft de M. Panard , & la Mufique de M.
Gillier: en voici en peu de mots le Sujet.
Premiere Entrée,
La Ville de Paris perſonifiée , accom→
pagnée de fa fuite , invite fes habitans à
celebrer la Fête du Roi , & chante fur
l'Air : F'entends déja le bruit des armes,
A chanter un fi digne Maître
Tout doit nous porter aujourd'hui ;
Les Dieux même nous font connoître
Qu'ils
SEPTEMBRE. 1730. 2023
Qu'ils fe font déclarés pour lui ,
Et le Prince qui vient de naître
Eft un gage de leur appui.
C'est là le Bouquet que le Ciel lui refer
voit , ajoûte la Ville de Paris ; après quoi
on chante':
Que des Dieux la bonté fouveraine
A fur nous répandu de bienfaits !
D'un Roi charmant , d'une charmante Reine
Nous fommes les enfans plutôt que les Sujets.
Les coeurs , dès qu'on le voit , font à lui fans reſerve
;
Chez elle les vertus ont fixé leur féjour ;
Elle eft l'image de Minerve ;
Il eft l'image de l'Amour.
Les Habitans de Paris forment enfuite
le Divertiſſement , & expriment leur joye
par des danfes & c.
Seconde Entrée.
Les Députés des principales Provinces
de France viennent fe joindre à la Ville
de Paris pour mêler leur joye à la fienne,
& forment chacune un nouveau Balet
dans leur different caractere ; après quoi
le Député de la Normandie chante le
Couplet fuivant , fur l'Air : Pierre Bagnolet
Fij Heu
2024 MERCURE DE FRANCE
Heureux qui fera l'apanage
Du nouveau fils de notre Roi.
La Gascogne,
N'efperez pas cet avantage ;
Vous ne l'aurez pas fur ma foi ;
Ce fera moi.
La Ville de Paris voyant arriver le Député
de la Province d'Anjou , acheve de
chanter l'Air,
Ne conteftez pas davantage ,
Cedez à celui que je voi .
Ce Député chante ces paroles avec ur
Accompagnement de Fanfares.
Triomphe , victoire ;
Honneur à l'Anjou ;
D'ici jufqu'au Perou ,
Que tout chante ma gloire,
Triomphe Victoire &c.
Votre difpute eft vaïne ,
Vous perdez votre peine ;
C'eſt à moi qu'eft deſtiné
Le Prince nouveau né.
Triomphe Victoire &c.
Les autres Provinces paroiffent fort
confternées de cette préference ; la Ville
de Paris leur dit de ne pas s'en allarmer
&
SEPTEMBRE . 1730. 2025
& chante fur l'Air , O reguinqué :
Le Ciel qui vous protege tous
Ne veut point faire de jaloux ;
Allez , allez , raffurez-vous ;
Vous verrez que chaque Province
L'une après l'autre aura fon Prince.
Le Député de la Gascogne répond , Oh!
pour moi je lui cede volontiers le pas , &
chante fur l'Air : Ma raifon s'en va beau
train :
Me
Un deſtin plus rare un jour
payera de mon amour.
*
Toi qui t'applaudis
Des fils de Louis ,
Tu n'as que le deuxième ,
Pour ma Province , Cadedis ,
On garde le douziéme ,
Lon la ,
On garde le douziéme.
Toutes les Provinces fe retirent après
le Divertiffement .
Troifiéme Entrée des Arts.
Cette Entrée eft précedée de trois Scenes.
Dans la premiere , l'Opera Comique
fe plaint à la Ville de ce qu'elle ne l'hos
nore plus de fes vifites dans le Fauxbourg,
* Regardant l'Anjou,
F iij la
2026 MERCURE DE FRANCE
la Ville lui répond qu'elle a de plus juftes
reproches à lui faire , & chante fur l'Air
de foconde :
Tandis que tous mes habitans
Pour un Roi qu'ils cheriffent
Font voir des tranſports éclatans
Dont les Cieux retentiffent ,
L'Opera Comique fe tait ;
It eft dans l'indolence ;
Lui que j'ai vu le premier prêt :
D'où vient donc ce filence
J
L'Opera Comique lui répond qu'il ne
mérite point ce reproche , & qu'il n'a
jamais eu tant de zele : Jugez en , dit-il
par ce que j'ai fait ; s'agiffant d'une matiere
auffi importante ,j'ai cru ... & chante fur
l'Air : M. le Prevêt des Marchands :
Qu'il falloit au facré Valon
Chercher le fecours d'Apollon ;
J'ai choifi pour cette Ambaffade
De mes Acteurs le plus cheri ,
Quoique mon Théatre malade
Ait peine à fe paffer de lui.
Pierot arrive , & fait un recit Comique
de fa reception au Parnaffe , & dit qu'Apollon
étoit fi fort occupé à chaffer la
Profe qui inondoit le facré Valon , qu'il
n'a
SEPTEMBRE. 1730. 2027
n'a pû tirer aucun fecours de lui : A qui
donc auraisje recours ? dit l'Opera Comi
que : A moi , répond l'Amour , qui en
tre dans ce moment fur la ſcene , & chante
fur l'Air : Les filles font fi fottes , lon la :
D'Apollon eft-ce là l'emploi ?
Non , ne vous addreffez qu'à moi ,
Seul je puis vous fuffire.
Tout ce qu'on fait pour votre Roi ,
C'est l'Amour qui l'inſpire ,
Lon la ,
C'est l'Amour & c.
Pourquoi chercher d'autre fecours que le
mien ?dit l'Amour à Pierot , avez - vous
oublié ce que j'ai fait pour vous l'année paf
fe , & chante fur l'Air des Triolets :
N'eft- ce pas moi qui l'an paffé
Pour un Maitre fi débonaire
Vous fit rifquer un coup d'effai
N'est-ce pas moi qui l'an paffé ,
Rechaufai votre coeur glacé ,
Par la crainte de lui déplaire.
N'eft-ce pas moi qui l'an paffé
Dictai l'Hopegué , ma Comere.
L'Amour promet enfuite à Pierot d'aller
prefenter au Roi leurs voeux & leurs
hommages après qu'il aura affifté à la
Fiiij Fête
2028 MERCURE DE FRANCE
Fête que les Arts vont donner , à laquelle
il doit préfider , & chante fnr un Air
nouveau :
L'Amour par ma voix vous appelle ,
Beaux Arts , fignalez votre zele ,
Formez un Monument qui de ce jour heureux
Confacre la mémoire ;
Difputez-vous la gloire
De feconder nos foins & d'embellir nos jeux."
L'Amour fe met à la tête des Arts qui
font une marche , après laquelle ils élevent
un Trophée à la gloire du Roi . C'eſt
une espece d'Obelifque de 12. piés de haut,
terminé par deux Lys , figurant le Roi
& la Reine , & cinq boutons de Lys , figurant
la Famille Royale. Au deffous eft
un Globe tranfparent, avec ces mots, Non
deerunt. Le pied de l'Obelifque forme un
Entablement fur lequel les Arts pofent
chacun leurs Attributs , & au milieu on
voit deux riches bordures , garnies de
toiles , fur lesquelles la Peinture fait peindre
les Portraits du Roi & de la Reine.
Après qu'ils font finis , la Ville de Paris
chante ces paroles fur l'Air d'un Menuet
nouveau :
De ceux qui regnent ſur nous
Voyez vous
L'auSEPTEMBRE.
1730. 2829.
·
L'augufte & brillante image.
Que chacun dans ce beau jour,
¡ Afon tour
Vienne lui rendre hommage..
De ces Aftres les doux regards
Vous font un heureux partage ;
Leur regne eft celui des beaux Arts.
La Décoration du Trophée a été trouvée
très bien imaginée , & parfaitement
bien executée.
Tous les Arts forment un Balet
general
; il eft fuivi d'un Vaudeville , dont
voici quelques Couplets.
La Mufique
Je fuis cet Art mélodietix
Qui forme l'harmonie ;
Souvent les Heros & les Dieux
Occupent mon génie ;
Mais jamais avec tant d'ardeur ,
Je n'exerce ma Lyre
Que quand je chante la douceur
Reine , de votre Empire.
La Peinture.
C'eft moi dont l'Art ingénieux
Imite la Nature ;
De tout ce qu'on voit fous les Cieux
Je trace la figure ;
F Souvent
2030 MERCURE DE FRANCE
Souvent pour peindre votre Roi ,
Je me mets à l'ouvrage ;
Mais l'Amour encor mieux que
En fçait graver l'image.
L'Aftrologie.
Dans les Aftres je lis fans fin,
C'eft moi qui les confulte ;
Ils m'ont appris que le Dauphin
Caufera du tumulte ;
moi
Rempli des charmes les plus dour
Je prévoi qu'il doit rendre
La moitié du monde jaloux
Et l'autre moitié tendre.
La Navigation.
Mon partage eft de naviguer ,
C'eſt à quoi je préfide ,
Jeunes Marins , venez voguer ,
Je ferai votre guide ,
Vous ne payerez point le tribut
Aux caprices d'Eole ,
Et pour vous mener droit au bur
Je porte la Boufole.
L'Art Militaire.
Servez un Prince aimé des Dieux ,
Venez , Jeuneffe aimable ,
Autant qu'il eft charmant , je veux
La
SEPTEMBRE. 1730. 2031
Le rendre redoutable ;
Si tôt que je vois l'Ennemi
Ma contenance eft fiere ,
Et mon oeil jamais endormi
Garde bien la Frontiere.
L'Art de plaire.
Du fecret de parler au coeur
Je fuis dépofitaire ;
Par un regard doux & flatteur
Je montre l'Art de plaire ;
Mais je croi que de mes Leçons
On n'aura point affaire ;
Car ce bel Art eft aux Bourbons
Un Art hereditaire.
Pierrot an Partere.
Si le Prince que nous chantons ,
Meffieurs , vous intereffe ,
Pour le prouver dans nos Cantons
Faites voir plus de preffe ;
Venez, & qu'un fi beau fujet
Pour nos jeux vous reveille ;
Nous vous faifons voir fon Portrait ,
Rendez-nous la pareille,
On trouvera l'Air noté avec la Chanfon
page 2020.
Le premier Septembre on donna ce
F vj
fpecta2032
MERCURE DE FRANCE
fpectacle gratis à l'occafion de la Naiffance
de Monfeigneur le Duc D'ANJOU
On joija la Comédie des Deux Suivantes
dont il a été parlé , & le Bouquet du Roi
Il y eut le même jour Bal dans l'enclos de
la Foire , & des Illuminations . Tout s'y
pafla fans defordre , & au grand contentement
d'une multitude de peuples
que ces Réjouiffances avoient attires , tant
de la Ville , que du Fauxbourg.
Le 5. le même Opera Comique donna
la premiere Repréſentation de deux Piéces
nouvelles en un Acte chacune ; la
premiere a pour titre L'Amour Marin ,
& l'autre L'Esperance , en Vaudevilles ,
& des Divertiffemens , de la compofition
de M. Gillier,
Louis , l'Opera Comique donna une petite
Piece nouvelle d'un Acte , en Vaudeville
, intitulée Le Bouquet du Roi , à la
quelle on a fait depuis quelques augmentations
à l'occafion de la Ñaiffance de
Monſeigneur le Duc d'Anjou , Cette Piéce
eft de M. Panard , & la Mufique de M.
Gillier: en voici en peu de mots le Sujet.
Premiere Entrée,
La Ville de Paris perſonifiée , accom→
pagnée de fa fuite , invite fes habitans à
celebrer la Fête du Roi , & chante fur
l'Air : F'entends déja le bruit des armes,
A chanter un fi digne Maître
Tout doit nous porter aujourd'hui ;
Les Dieux même nous font connoître
Qu'ils
SEPTEMBRE. 1730. 2023
Qu'ils fe font déclarés pour lui ,
Et le Prince qui vient de naître
Eft un gage de leur appui.
C'est là le Bouquet que le Ciel lui refer
voit , ajoûte la Ville de Paris ; après quoi
on chante':
Que des Dieux la bonté fouveraine
A fur nous répandu de bienfaits !
D'un Roi charmant , d'une charmante Reine
Nous fommes les enfans plutôt que les Sujets.
Les coeurs , dès qu'on le voit , font à lui fans reſerve
;
Chez elle les vertus ont fixé leur féjour ;
Elle eft l'image de Minerve ;
Il eft l'image de l'Amour.
Les Habitans de Paris forment enfuite
le Divertiſſement , & expriment leur joye
par des danfes & c.
Seconde Entrée.
Les Députés des principales Provinces
de France viennent fe joindre à la Ville
de Paris pour mêler leur joye à la fienne,
& forment chacune un nouveau Balet
dans leur different caractere ; après quoi
le Député de la Normandie chante le
Couplet fuivant , fur l'Air : Pierre Bagnolet
Fij Heu
2024 MERCURE DE FRANCE
Heureux qui fera l'apanage
Du nouveau fils de notre Roi.
La Gascogne,
N'efperez pas cet avantage ;
Vous ne l'aurez pas fur ma foi ;
Ce fera moi.
La Ville de Paris voyant arriver le Député
de la Province d'Anjou , acheve de
chanter l'Air,
Ne conteftez pas davantage ,
Cedez à celui que je voi .
Ce Député chante ces paroles avec ur
Accompagnement de Fanfares.
Triomphe , victoire ;
Honneur à l'Anjou ;
D'ici jufqu'au Perou ,
Que tout chante ma gloire,
Triomphe Victoire &c.
Votre difpute eft vaïne ,
Vous perdez votre peine ;
C'eſt à moi qu'eft deſtiné
Le Prince nouveau né.
Triomphe Victoire &c.
Les autres Provinces paroiffent fort
confternées de cette préference ; la Ville
de Paris leur dit de ne pas s'en allarmer
&
SEPTEMBRE . 1730. 2025
& chante fur l'Air , O reguinqué :
Le Ciel qui vous protege tous
Ne veut point faire de jaloux ;
Allez , allez , raffurez-vous ;
Vous verrez que chaque Province
L'une après l'autre aura fon Prince.
Le Député de la Gascogne répond , Oh!
pour moi je lui cede volontiers le pas , &
chante fur l'Air : Ma raifon s'en va beau
train :
Me
Un deſtin plus rare un jour
payera de mon amour.
*
Toi qui t'applaudis
Des fils de Louis ,
Tu n'as que le deuxième ,
Pour ma Province , Cadedis ,
On garde le douziéme ,
Lon la ,
On garde le douziéme.
Toutes les Provinces fe retirent après
le Divertiffement .
Troifiéme Entrée des Arts.
Cette Entrée eft précedée de trois Scenes.
Dans la premiere , l'Opera Comique
fe plaint à la Ville de ce qu'elle ne l'hos
nore plus de fes vifites dans le Fauxbourg,
* Regardant l'Anjou,
F iij la
2026 MERCURE DE FRANCE
la Ville lui répond qu'elle a de plus juftes
reproches à lui faire , & chante fur l'Air
de foconde :
Tandis que tous mes habitans
Pour un Roi qu'ils cheriffent
Font voir des tranſports éclatans
Dont les Cieux retentiffent ,
L'Opera Comique fe tait ;
It eft dans l'indolence ;
Lui que j'ai vu le premier prêt :
D'où vient donc ce filence
J
L'Opera Comique lui répond qu'il ne
mérite point ce reproche , & qu'il n'a
jamais eu tant de zele : Jugez en , dit-il
par ce que j'ai fait ; s'agiffant d'une matiere
auffi importante ,j'ai cru ... & chante fur
l'Air : M. le Prevêt des Marchands :
Qu'il falloit au facré Valon
Chercher le fecours d'Apollon ;
J'ai choifi pour cette Ambaffade
De mes Acteurs le plus cheri ,
Quoique mon Théatre malade
Ait peine à fe paffer de lui.
Pierot arrive , & fait un recit Comique
de fa reception au Parnaffe , & dit qu'Apollon
étoit fi fort occupé à chaffer la
Profe qui inondoit le facré Valon , qu'il
n'a
SEPTEMBRE. 1730. 2027
n'a pû tirer aucun fecours de lui : A qui
donc auraisje recours ? dit l'Opera Comi
que : A moi , répond l'Amour , qui en
tre dans ce moment fur la ſcene , & chante
fur l'Air : Les filles font fi fottes , lon la :
D'Apollon eft-ce là l'emploi ?
Non , ne vous addreffez qu'à moi ,
Seul je puis vous fuffire.
Tout ce qu'on fait pour votre Roi ,
C'est l'Amour qui l'inſpire ,
Lon la ,
C'est l'Amour & c.
Pourquoi chercher d'autre fecours que le
mien ?dit l'Amour à Pierot , avez - vous
oublié ce que j'ai fait pour vous l'année paf
fe , & chante fur l'Air des Triolets :
N'eft- ce pas moi qui l'an paffé
Pour un Maitre fi débonaire
Vous fit rifquer un coup d'effai
N'est-ce pas moi qui l'an paffé ,
Rechaufai votre coeur glacé ,
Par la crainte de lui déplaire.
N'eft-ce pas moi qui l'an paffé
Dictai l'Hopegué , ma Comere.
L'Amour promet enfuite à Pierot d'aller
prefenter au Roi leurs voeux & leurs
hommages après qu'il aura affifté à la
Fiiij Fête
2028 MERCURE DE FRANCE
Fête que les Arts vont donner , à laquelle
il doit préfider , & chante fnr un Air
nouveau :
L'Amour par ma voix vous appelle ,
Beaux Arts , fignalez votre zele ,
Formez un Monument qui de ce jour heureux
Confacre la mémoire ;
Difputez-vous la gloire
De feconder nos foins & d'embellir nos jeux."
L'Amour fe met à la tête des Arts qui
font une marche , après laquelle ils élevent
un Trophée à la gloire du Roi . C'eſt
une espece d'Obelifque de 12. piés de haut,
terminé par deux Lys , figurant le Roi
& la Reine , & cinq boutons de Lys , figurant
la Famille Royale. Au deffous eft
un Globe tranfparent, avec ces mots, Non
deerunt. Le pied de l'Obelifque forme un
Entablement fur lequel les Arts pofent
chacun leurs Attributs , & au milieu on
voit deux riches bordures , garnies de
toiles , fur lesquelles la Peinture fait peindre
les Portraits du Roi & de la Reine.
Après qu'ils font finis , la Ville de Paris
chante ces paroles fur l'Air d'un Menuet
nouveau :
De ceux qui regnent ſur nous
Voyez vous
L'auSEPTEMBRE.
1730. 2829.
·
L'augufte & brillante image.
Que chacun dans ce beau jour,
¡ Afon tour
Vienne lui rendre hommage..
De ces Aftres les doux regards
Vous font un heureux partage ;
Leur regne eft celui des beaux Arts.
La Décoration du Trophée a été trouvée
très bien imaginée , & parfaitement
bien executée.
Tous les Arts forment un Balet
general
; il eft fuivi d'un Vaudeville , dont
voici quelques Couplets.
La Mufique
Je fuis cet Art mélodietix
Qui forme l'harmonie ;
Souvent les Heros & les Dieux
Occupent mon génie ;
Mais jamais avec tant d'ardeur ,
Je n'exerce ma Lyre
Que quand je chante la douceur
Reine , de votre Empire.
La Peinture.
C'eft moi dont l'Art ingénieux
Imite la Nature ;
De tout ce qu'on voit fous les Cieux
Je trace la figure ;
F Souvent
2030 MERCURE DE FRANCE
Souvent pour peindre votre Roi ,
Je me mets à l'ouvrage ;
Mais l'Amour encor mieux que
En fçait graver l'image.
L'Aftrologie.
Dans les Aftres je lis fans fin,
C'eft moi qui les confulte ;
Ils m'ont appris que le Dauphin
Caufera du tumulte ;
moi
Rempli des charmes les plus dour
Je prévoi qu'il doit rendre
La moitié du monde jaloux
Et l'autre moitié tendre.
La Navigation.
Mon partage eft de naviguer ,
C'eſt à quoi je préfide ,
Jeunes Marins , venez voguer ,
Je ferai votre guide ,
Vous ne payerez point le tribut
Aux caprices d'Eole ,
Et pour vous mener droit au bur
Je porte la Boufole.
L'Art Militaire.
Servez un Prince aimé des Dieux ,
Venez , Jeuneffe aimable ,
Autant qu'il eft charmant , je veux
La
SEPTEMBRE. 1730. 2031
Le rendre redoutable ;
Si tôt que je vois l'Ennemi
Ma contenance eft fiere ,
Et mon oeil jamais endormi
Garde bien la Frontiere.
L'Art de plaire.
Du fecret de parler au coeur
Je fuis dépofitaire ;
Par un regard doux & flatteur
Je montre l'Art de plaire ;
Mais je croi que de mes Leçons
On n'aura point affaire ;
Car ce bel Art eft aux Bourbons
Un Art hereditaire.
Pierrot an Partere.
Si le Prince que nous chantons ,
Meffieurs , vous intereffe ,
Pour le prouver dans nos Cantons
Faites voir plus de preffe ;
Venez, & qu'un fi beau fujet
Pour nos jeux vous reveille ;
Nous vous faifons voir fon Portrait ,
Rendez-nous la pareille,
On trouvera l'Air noté avec la Chanfon
page 2020.
Le premier Septembre on donna ce
F vj
fpecta2032
MERCURE DE FRANCE
fpectacle gratis à l'occafion de la Naiffance
de Monfeigneur le Duc D'ANJOU
On joija la Comédie des Deux Suivantes
dont il a été parlé , & le Bouquet du Roi
Il y eut le même jour Bal dans l'enclos de
la Foire , & des Illuminations . Tout s'y
pafla fans defordre , & au grand contentement
d'une multitude de peuples
que ces Réjouiffances avoient attires , tant
de la Ville , que du Fauxbourg.
Le 5. le même Opera Comique donna
la premiere Repréſentation de deux Piéces
nouvelles en un Acte chacune ; la
premiere a pour titre L'Amour Marin ,
& l'autre L'Esperance , en Vaudevilles ,
& des Divertiffemens , de la compofition
de M. Gillier,
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Résumé : Le Bouquet du Roi, Piece en Vaudeville, Extrait [titre d'après la table]
Le 24 août 1730, veille de la Fête de Saint Louis, l'Opéra Comique a présenté une pièce en vaudeville intitulée 'Le Bouquet du Roi' en l'honneur de la naissance du Duc d'Anjou. Cette pièce, écrite par M. Panard et accompagnée de la musique de M. Gillier, se compose de trois entrées. Dans la première entrée, la Ville de Paris, personnifiée et accompagnée de sa suite, invite ses habitants à célébrer la fête du roi. Elle chante les bienfaits du ciel et la joie apportée par la naissance du prince. Les habitants expriment leur allégresse par des danses. Dans la seconde entrée, les députés des principales provinces de France rejoignent la Ville de Paris pour partager leur joie. Chaque province forme un ballet et exprime son désir de voir le nouveau prince comme héritier. La Normandie et la Gascogne rivalisent pour cet honneur, mais la Ville de Paris assure que chaque province aura son prince. La troisième entrée est précédée de trois scènes. L'Opéra Comique se plaint à la Ville de Paris de ne plus être visité dans le faubourg. La Ville répond en reprochant à l'Opéra Comique son silence. L'Opéra Comique rétorque qu'il a toujours été zélé et raconte une visite au Parnasse où Apollon était occupé. L'Amour intervient alors, affirmant qu'il est le seul à pouvoir aider. Il promet d'aller présenter les vœux au roi après une fête des Arts. Les Arts, dirigés par l'Amour, élèvent un trophée à la gloire du roi, représentant la famille royale. La Ville de Paris chante ensuite l'image auguste et brillante des souverains. La décoration du trophée est bien imaginée et exécutée. Les Arts forment un ballet général suivi d'un vaudeville où chaque art exprime son rôle et son admiration pour le roi. Le 1er septembre, ce spectacle a été donné gratuitement à l'occasion de la naissance du Duc d'Anjou. La journée a également inclus une comédie, un bal et des illuminations, se déroulant sans désordre et au grand contentement du public. Le 5 septembre, l'Opéra Comique a présenté deux nouvelles pièces en un acte : 'L'Amour Marin' et 'L'Espérance'.
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56
p. 2088-2089
« La Reine étant accouchée heureusement du Duc d'Anjou le 30. Août, à neuf [...] »
Début :
La Reine étant accouchée heureusement du Duc d'Anjou le 30. Août, à neuf [...]
Mots clefs :
Reine, Naissance du duc d'Anjou, Duc d'Anjou, Roi
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texteReconnaissance textuelle : « La Reine étant accouchée heureusement du Duc d'Anjou le 30. Août, à neuf [...] »
La Reine étant accouchée heureufe
ment du Duc d'Anjou le 30. Août, à neuf
heures du matin , comme nous l'avons
déja dit , cette agréable nouvelle fut annoncée
à Paris une heure après par le
bruit du Canon de l'Hôtel Royal des
Invalides , du Château de la Baſtille , &
de la Ville , & par la Cloche de l'Horloge
du Palais & par celle de l'Hôtel de
Ville , qui fonnerent jufqu'à minuit.
Le même jour le Parlement & les au
tres Cours fuperieures , l'Affemblée du
Clergé , & c . firent chanter un Te Deum ,
en actions de graces . Le Lieutenant General
de Police rendit le même jour cette
Ordonnance.
Sur ce qui nous a été remontré par le Procu
reur du Roy , que la Naiffance du DUC D'ANJOU
, qui fuccede de fi prés à celle du Dauphin ,
( preuve bien éclatante de la benediction du Ciel
fur cet Etat ) répand dans les coeurs de tous les
François,& particulierement des habitans de cette
Ville , une joye d'autant plus fincere que la perpetuité
de cet Empire dans la famille du Souverain
qui nous gouverne fi heureufement , eft l'ob-
S. Louis, S. Staniflas.
jet
SEPTEMBRE. 1730. 2089
jet de leurs voeux les plus ardents,& que cette Augufte
Famille ne fçauroit s'accroître fans augmenter
leur fatisfaction ; comme dans les témoignages
publics que les Peuples en doivent
donner , il eft de notre miniftere de prévenir les
accidens qui quelquefois réfultent des démonſtrations
de joye qu'un zele fi jufte infpire , & qui ne
font pas toujours accompagnées des précautions
neceffaires à la feureté publique ; il a cru devoir
nous requerir de preferire aux Habitans de cette
Ville le temps & la maniere dont ils exprimeront
leur fenfibilité & ce qu'il eft convenable qu'ils
obfervent pour empêcher qu'il ne furvienne d'Incendie
. Sur quoi Nous ordonnons à tous Bourgeois
& Habitans de cette Ville , d'allumer des
Feux devant leurs Portes, & d'illuminer leurs Fenêtres
; & à tous Marchands de tenir leur Bouti
ques fermées aujourd'hui & le jour qui fera indiqué
pour le Te Deum.Enjoignons expreffement
à tous Proprietaires & Locataires des Maifons
de faire fermer & boucher exactement les Fenêtres
, Lucarnes & generalement toutes les ouvertures
des Greniers des Maifons & autres endroits
dans lefquels il y auroit de la Paille , du
Foin , du Bois , ou autres matieres combustibles ,
& c.
Autre Ordonnance de Police , du 1 Septembre ,
qui ordonne que tous les Bourgeois & Habitans
de la Ville , feront tenus d'allumer des Feux devant
leurs Portes & d'illuminer leurs Fenêtres le
Samedy 2 du prefent mois , jour choifi pour le
Te Deum, qui fera chanté à Notre- Dame, à l'oc
cafion de la Naiffance de Monfeigneur le Duc
D'ANJOU & que tous les Marchands tiendront
leuis Boutiques fermées , &c.
ment du Duc d'Anjou le 30. Août, à neuf
heures du matin , comme nous l'avons
déja dit , cette agréable nouvelle fut annoncée
à Paris une heure après par le
bruit du Canon de l'Hôtel Royal des
Invalides , du Château de la Baſtille , &
de la Ville , & par la Cloche de l'Horloge
du Palais & par celle de l'Hôtel de
Ville , qui fonnerent jufqu'à minuit.
Le même jour le Parlement & les au
tres Cours fuperieures , l'Affemblée du
Clergé , & c . firent chanter un Te Deum ,
en actions de graces . Le Lieutenant General
de Police rendit le même jour cette
Ordonnance.
Sur ce qui nous a été remontré par le Procu
reur du Roy , que la Naiffance du DUC D'ANJOU
, qui fuccede de fi prés à celle du Dauphin ,
( preuve bien éclatante de la benediction du Ciel
fur cet Etat ) répand dans les coeurs de tous les
François,& particulierement des habitans de cette
Ville , une joye d'autant plus fincere que la perpetuité
de cet Empire dans la famille du Souverain
qui nous gouverne fi heureufement , eft l'ob-
S. Louis, S. Staniflas.
jet
SEPTEMBRE. 1730. 2089
jet de leurs voeux les plus ardents,& que cette Augufte
Famille ne fçauroit s'accroître fans augmenter
leur fatisfaction ; comme dans les témoignages
publics que les Peuples en doivent
donner , il eft de notre miniftere de prévenir les
accidens qui quelquefois réfultent des démonſtrations
de joye qu'un zele fi jufte infpire , & qui ne
font pas toujours accompagnées des précautions
neceffaires à la feureté publique ; il a cru devoir
nous requerir de preferire aux Habitans de cette
Ville le temps & la maniere dont ils exprimeront
leur fenfibilité & ce qu'il eft convenable qu'ils
obfervent pour empêcher qu'il ne furvienne d'Incendie
. Sur quoi Nous ordonnons à tous Bourgeois
& Habitans de cette Ville , d'allumer des
Feux devant leurs Portes, & d'illuminer leurs Fenêtres
; & à tous Marchands de tenir leur Bouti
ques fermées aujourd'hui & le jour qui fera indiqué
pour le Te Deum.Enjoignons expreffement
à tous Proprietaires & Locataires des Maifons
de faire fermer & boucher exactement les Fenêtres
, Lucarnes & generalement toutes les ouvertures
des Greniers des Maifons & autres endroits
dans lefquels il y auroit de la Paille , du
Foin , du Bois , ou autres matieres combustibles ,
& c.
Autre Ordonnance de Police , du 1 Septembre ,
qui ordonne que tous les Bourgeois & Habitans
de la Ville , feront tenus d'allumer des Feux devant
leurs Portes & d'illuminer leurs Fenêtres le
Samedy 2 du prefent mois , jour choifi pour le
Te Deum, qui fera chanté à Notre- Dame, à l'oc
cafion de la Naiffance de Monfeigneur le Duc
D'ANJOU & que tous les Marchands tiendront
leuis Boutiques fermées , &c.
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Résumé : « La Reine étant accouchée heureusement du Duc d'Anjou le 30. Août, à neuf [...] »
Le 30 août, la reine donna naissance au Duc d'Anjou à neuf heures du matin. La nouvelle fut annoncée à Paris par des salves de canon et des cloches sonnant jusqu'à minuit. Le Parlement, les cours supérieures et l'Assemblée du Clergé chantèrent un Te Deum en actions de grâces. Le Lieutenant Général de Police publia des ordonnances pour organiser les célébrations. La naissance du Duc d'Anjou, après celle du Dauphin, suscita une grande joie parmi les Français, notamment à Paris, où l'on espérait la perpétuation de l'Empire dans la famille royale. Pour éviter les accidents, le Lieutenant Général de Police ordonna aux Parisiens d'allumer des feux et d'illuminer leurs fenêtres, et aux marchands de fermer leurs boutiques. Une autre ordonnance du 1er septembre confirma ces instructions pour le Te Deum prévu le 2 septembre à Notre-Dame.
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57
p. 2248-2250
RELATION de ce qui s'est passé à la These de Théologie dédiée à la Reine, soutenuë dans l'Eglise des RR. PP. Recollets de la Ville d'Arles, le 18. Septembre, 1730. Par M. de Morand. Brochure in 4. de 25. pages. A Arles, chez Gaspard Mesnier, &c. 1730.
Début :
Les RR. PP. Récollets de la Ville d'Arles voulant donner une preuve authentique de leur reconnoissance [...]
Mots clefs :
Thèse de théologie, Théologie, Thèse, Église, Académie de musique, Fête, Archevêque, Arles, Reine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RELATION de ce qui s'est passé à la These de Théologie dédiée à la Reine, soutenuë dans l'Eglise des RR. PP. Recollets de la Ville d'Arles, le 18. Septembre, 1730. Par M. de Morand. Brochure in 4. de 25. pages. A Arles, chez Gaspard Mesnier, &c. 1730.
RELATION de ce qui s'eft paffé à la
Thefe de Théologie dédiée à la Reine ,
foutenue dans l'Eglife des RR . P P.
Recollets de la Ville d'Arles , le 18. Septembre
, 1730. Par M. de Morand. Brochure
in 4. de 25. pages. A Arles , chez
Gafpard Mefnier , &c. 1730 .
Les RR.PP. Récollets de la Ville d'Arles.voulant
donner une preuve authentique de leur reconnoiffance
envers la Maifon de Lefcfincki
réfolurent , à la follicitation du P. Gélafe Mottet,
qui a été deux fois Provincial , de dédier une
Théfe à la Reine . Le P. Gélafe après en avoir obtenu
la permiffion de S. M. écrivit là - deffus à
M. le Maréchal de Villars , Fondateur & Protecteur
de la Maifon d'Arles. Ce Seigneur applaudit
fort à ce projet , & en écrivit auffi- tôt à
MM . les Confuls , Gouverneurs de la Ville d'Arles
, qui fe préparerent à répondre aux intentions
de M. de Villars , & à leur propre zéle.
Ils priérent d'abord les Commiffaires de l'Académie
de Mufique , de leur fournir tout ce qu'ils
avoient de Muficiens de leur Académie ; & pour
rendre la Fête plus agréable & plus accomplie, cn
voulut avoir dans cette occafion une Mufique
compofée exprès. M. de Morand fût chargé de
compofer les paroles d'un Concert, & M.Clavis ,
Maître de Mufique de l'Académie , dé les mettre
en chant .
Les Confuls furent décorer l'Eglife magnifi
quement, & on y plaça quantité de Luftres & de
Girandoles. Un Dais fuperbe par la richeffe & le
gout de fa broderie en or , s'élevoit au milieu ; &
fous le Dais étoit placé le Portrait de la Reine. On
voyoit les Armes du Roy, de la Reine & du Danphim
OCTOBRE. 1730. 2249
phin placées fur de riches Toillettes de Velours
fur la principale porte & en differens endroits.
Tout étant ainfi difpofé , les Confuls en aver
tirent M. l'Archevêque , & joignirent leur invitation
particuliere à celle des PP. Recollets.
M. l'Archevêque indiqua le jour de la Cérémonie
au 18 Sept. Ce jour-là étant arrivé, M. l'Archevêque
, accompagné de fon Chapitre , fe rendit à
J'Eglife fur les deux heures après midi , & fe plaça
au pied du Thrône , du côté droit , ayant
à fa
droite fon Chapitre. Les Confuls s'y rendirent
auffi , précédez des Trompettes & des Hautbois ,
accompagnez de prefque toute la Nobleffe qu'ils
avoient invitée, ils fe placerent au pied du Thrône
de la Reine , du côté gauche , ayant à leur
gauche les Religieux des differens Ordres de cetté
Ville qui devoient argumenter à la Thefe. Il y
avoit un grand nombre de Chaifes & de Bancs
où fe placerent la Nobleffe & les Dames qui
avoient voulu être de la Ceremonie.
Le R. P. Didier , Profeffeur en Theologie, qui
alloit foûtenir cette Thefe , commença fon Acte
par un Difcours tres eloquent, & qui fut fort
gouté , addreffé à la Reine : Il avoit pris pour
texte , ces paroles de Jefus - Chrift , en S. Matth.'
22. 20. De qui eft ce te Image , lefquelles étoient
au deffous du Portrait de la Reine , en taille
douce , qui ornoit la Theſe.
Nous ne donnerons point d'Extrait de ce Dif
cours, qui fe trouve en Latin & en François dans
cette Relation , pour ne pas exceder les bornes
qui nous conviennent .
Après le Difcours , on diftribua les Thefes , &
les paroles imprimées du Concert. Au commen
cement du Concert on tira 60 Boëtes , & enfuite
la Mufique continua & finit avec applaudiffe
Icht
21
2250 MERCURE DE FRANCE
ment. M. Francani , Vicaire General , &c. de
M. l'Archevêque , prononça un autre fort beau
Difcours pour l'ouverture de la Thefe. Un Benedictin
de la Congr. de S. Maur parla enfuite , &
après lui fucceffivement un Dominiquain , un
Carme , un Cordelier , un Trinitaire , un Capucin
, un Jéfuite , un Auguftin déchauffé & un
Carme déchauffé , qui tous complimenterent la
Reine avec beaucoup d'éloquence.
M. de Morand propofa le dernier Argument, à
la priere des Confuls & des P P. Recollets , & fir
un Compliment François à S. M. il y ajoûta une
Ode de fa compofition pour dédommager les
Dames.M.le Chevalier de Remieu , Affocié à l'Académie
d'Arles, prononça encore un Eloge de la
Reine ; aprés quoi le P. Didier termina toute la
Ceremonie , en remerciant la Reine , il remercia
auffi M. l'Archevêque , M. de Villars , les Confuls
& toute l'Affemblée ; il ne démentit point la
qualité d'homme d'efprit,comme il n'avoit point
démenti celle de grand Théologien. On fit une
feconde décharge de Boëtes , aprés laquelle M.
l'Archevêque & les Confuls s'en retournerent
dans le même ordre qu'ils étoient venus , fort
fatisfaits de cette Fête.
Thefe de Théologie dédiée à la Reine ,
foutenue dans l'Eglife des RR . P P.
Recollets de la Ville d'Arles , le 18. Septembre
, 1730. Par M. de Morand. Brochure
in 4. de 25. pages. A Arles , chez
Gafpard Mefnier , &c. 1730 .
Les RR.PP. Récollets de la Ville d'Arles.voulant
donner une preuve authentique de leur reconnoiffance
envers la Maifon de Lefcfincki
réfolurent , à la follicitation du P. Gélafe Mottet,
qui a été deux fois Provincial , de dédier une
Théfe à la Reine . Le P. Gélafe après en avoir obtenu
la permiffion de S. M. écrivit là - deffus à
M. le Maréchal de Villars , Fondateur & Protecteur
de la Maifon d'Arles. Ce Seigneur applaudit
fort à ce projet , & en écrivit auffi- tôt à
MM . les Confuls , Gouverneurs de la Ville d'Arles
, qui fe préparerent à répondre aux intentions
de M. de Villars , & à leur propre zéle.
Ils priérent d'abord les Commiffaires de l'Académie
de Mufique , de leur fournir tout ce qu'ils
avoient de Muficiens de leur Académie ; & pour
rendre la Fête plus agréable & plus accomplie, cn
voulut avoir dans cette occafion une Mufique
compofée exprès. M. de Morand fût chargé de
compofer les paroles d'un Concert, & M.Clavis ,
Maître de Mufique de l'Académie , dé les mettre
en chant .
Les Confuls furent décorer l'Eglife magnifi
quement, & on y plaça quantité de Luftres & de
Girandoles. Un Dais fuperbe par la richeffe & le
gout de fa broderie en or , s'élevoit au milieu ; &
fous le Dais étoit placé le Portrait de la Reine. On
voyoit les Armes du Roy, de la Reine & du Danphim
OCTOBRE. 1730. 2249
phin placées fur de riches Toillettes de Velours
fur la principale porte & en differens endroits.
Tout étant ainfi difpofé , les Confuls en aver
tirent M. l'Archevêque , & joignirent leur invitation
particuliere à celle des PP. Recollets.
M. l'Archevêque indiqua le jour de la Cérémonie
au 18 Sept. Ce jour-là étant arrivé, M. l'Archevêque
, accompagné de fon Chapitre , fe rendit à
J'Eglife fur les deux heures après midi , & fe plaça
au pied du Thrône , du côté droit , ayant
à fa
droite fon Chapitre. Les Confuls s'y rendirent
auffi , précédez des Trompettes & des Hautbois ,
accompagnez de prefque toute la Nobleffe qu'ils
avoient invitée, ils fe placerent au pied du Thrône
de la Reine , du côté gauche , ayant à leur
gauche les Religieux des differens Ordres de cetté
Ville qui devoient argumenter à la Thefe. Il y
avoit un grand nombre de Chaifes & de Bancs
où fe placerent la Nobleffe & les Dames qui
avoient voulu être de la Ceremonie.
Le R. P. Didier , Profeffeur en Theologie, qui
alloit foûtenir cette Thefe , commença fon Acte
par un Difcours tres eloquent, & qui fut fort
gouté , addreffé à la Reine : Il avoit pris pour
texte , ces paroles de Jefus - Chrift , en S. Matth.'
22. 20. De qui eft ce te Image , lefquelles étoient
au deffous du Portrait de la Reine , en taille
douce , qui ornoit la Theſe.
Nous ne donnerons point d'Extrait de ce Dif
cours, qui fe trouve en Latin & en François dans
cette Relation , pour ne pas exceder les bornes
qui nous conviennent .
Après le Difcours , on diftribua les Thefes , &
les paroles imprimées du Concert. Au commen
cement du Concert on tira 60 Boëtes , & enfuite
la Mufique continua & finit avec applaudiffe
Icht
21
2250 MERCURE DE FRANCE
ment. M. Francani , Vicaire General , &c. de
M. l'Archevêque , prononça un autre fort beau
Difcours pour l'ouverture de la Thefe. Un Benedictin
de la Congr. de S. Maur parla enfuite , &
après lui fucceffivement un Dominiquain , un
Carme , un Cordelier , un Trinitaire , un Capucin
, un Jéfuite , un Auguftin déchauffé & un
Carme déchauffé , qui tous complimenterent la
Reine avec beaucoup d'éloquence.
M. de Morand propofa le dernier Argument, à
la priere des Confuls & des P P. Recollets , & fir
un Compliment François à S. M. il y ajoûta une
Ode de fa compofition pour dédommager les
Dames.M.le Chevalier de Remieu , Affocié à l'Académie
d'Arles, prononça encore un Eloge de la
Reine ; aprés quoi le P. Didier termina toute la
Ceremonie , en remerciant la Reine , il remercia
auffi M. l'Archevêque , M. de Villars , les Confuls
& toute l'Affemblée ; il ne démentit point la
qualité d'homme d'efprit,comme il n'avoit point
démenti celle de grand Théologien. On fit une
feconde décharge de Boëtes , aprés laquelle M.
l'Archevêque & les Confuls s'en retournerent
dans le même ordre qu'ils étoient venus , fort
fatisfaits de cette Fête.
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Résumé : RELATION de ce qui s'est passé à la These de Théologie dédiée à la Reine, soutenuë dans l'Eglise des RR. PP. Recollets de la Ville d'Arles, le 18. Septembre, 1730. Par M. de Morand. Brochure in 4. de 25. pages. A Arles, chez Gaspard Mesnier, &c. 1730.
Le 18 septembre 1730, les Récollets d'Arles ont organisé une thèse de théologie en l'honneur de la Reine à l'église des Récollets d'Arles. Cette initiative, proposée par le Père Gélase Mottet, visait à exprimer la gratitude des Récollets envers la Maison de Lescinski. Après avoir obtenu la permission de la Reine, le Père Gélase a informé le Maréchal de Villars, fondateur et protecteur de la Maison d'Arles, qui a approuvé le projet. Les consuls de la ville, sollicités par le Maréchal de Villars, ont préparé la fête en invitant les musiciens de l'Académie de Musique et en commandant une musique spéciale composée par M. de Morand et M. Clavis. L'église a été somptueusement décorée avec des lustres, des girandoles et un dais brodé orné du portrait de la Reine. Les armes du Roi, de la Reine et du Dauphin étaient également exposées. L'Archevêque, accompagné de son chapitre, a présidé la cérémonie en compagnie des consuls et de la noblesse locale. Le Père Didier a ouvert la thèse par un discours basé sur les paroles de Jésus-Christ dans l'Évangile selon Matthieu. Après le discours, les thèses et les paroles du concert ont été distribuées, suivies d'un concert musical et de plusieurs discours prononcés par des représentants de différents ordres religieux. M. de Morand a proposé le dernier argument et a ajouté une ode pour les dames. Le Chevalier de Remieu a prononcé un éloge de la Reine, et le Père Didier a conclu la cérémonie en remerciant la Reine, l'Archevêque, le Maréchal de Villars, les consuls et l'assemblée. La fête s'est terminée par une seconde décharge de boîtes, laissant les participants satisfaits.
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58
p. 2297-2299
« Le Marquis de Souvré, Maître de la Garderobbe du Roi, a été nommé [...] »
Début :
Le Marquis de Souvré, Maître de la Garderobbe du Roi, a été nommé [...]
Mots clefs :
Roi, Marquis, Reine
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texteReconnaissance textuelle : « Le Marquis de Souvré, Maître de la Garderobbe du Roi, a été nommé [...] »
E Marquis de Souvré , Maître de la
Garderobbe du Roi , à été nommé
par S. M. Meftre de Camp d'un Regiment
d'Infanterie , vacant par la démiflion volontaire
du Marquis de la Chenelaye ,
Brigadier des Armées du Roi..
Le Marquis de Lanmari à obtenu la
Compagnie de Gendarmerie , vacante par
la mort de M. Trudaine. Le Marquis de
Bouville a été nommé Sous-Lieutenant
de Gendarmerie , le Marquis de Marignane
,
2298 MERCURE DE FRANCE 1
ne , Enſeigne , & le fils de M. Trudaine ,
Guidon ,
M. de Beaucaire , Meftre de Camp réformé,
a été nommé par le Roi Meftre de
Camp d'un Régiment deCavalerie, vacant
par la démiffion volontaire du Prince de
Lambefc.
Le Roi a donné l'Evêché d'Angers à
Abbé de Vaugiraud , Grand - Vicaire de
çe Diocèfe ; & S. M. a donné l'Abbaye de
Noaillé , Ordre de S. Benoît , Diocèſe de
Poitiers , à l'Abbé Poncet de la Riviere .
Le Marquis de Creil , Brigadier des
Armées du Roi , & Meftre de Camp du
Régiment de Baffigny , a été nommé par
S. M. Capitaine - Lieutenant de la Compagnie
des Grenadiers à Cheval de fa Maifon
, & le Roi a accordé au fils de M. de
Villemur, Lieutenant General des Armées
de S. M. qui commandoit cette Compa
gnie , le Regiment de Baffigny.
Le Roi a nommé le Comte de Rottembourg
, fon Ambaffadeur Extraordinaire
auprès du Roi d'Eſpagne,
Le zo. de ce mois , la Reine fe rendit
à la Chapelle du Château de Versailles ,
où S.M. aprés avoir entendu la Meffe, qui
fut dite par l'Abbé de S. Aulaire, fon Aumônier
en quartier , fut relevée de fes-
Couches , avec les ceremonies accoûtumées
OCTOBRE. 1730. 2299
, par le Cardinal de Fleury , fon
Grand- Aumônier.
mées
Le 21. l'Abbé Lanti , Nonce Extraor
dinaire du Pape , s'étant rendu à Verſailles
, eut la premiere Audience particuliere'
du Roi. Il eut enfuite Audience de la Reine
& de Monfeigneur le Dauphin .
Le Roi Staniflas & la Reine fon Epoufe,
qui font venus incognito , pour paffer quelques
jours à Verfailles avec la Reine leur
Fille , font retournez à Chambord. Pendant
leur féjour à la Cour , le Roi les a
vûs plufieurs fois chez la Reine.
Garderobbe du Roi , à été nommé
par S. M. Meftre de Camp d'un Regiment
d'Infanterie , vacant par la démiflion volontaire
du Marquis de la Chenelaye ,
Brigadier des Armées du Roi..
Le Marquis de Lanmari à obtenu la
Compagnie de Gendarmerie , vacante par
la mort de M. Trudaine. Le Marquis de
Bouville a été nommé Sous-Lieutenant
de Gendarmerie , le Marquis de Marignane
,
2298 MERCURE DE FRANCE 1
ne , Enſeigne , & le fils de M. Trudaine ,
Guidon ,
M. de Beaucaire , Meftre de Camp réformé,
a été nommé par le Roi Meftre de
Camp d'un Régiment deCavalerie, vacant
par la démiffion volontaire du Prince de
Lambefc.
Le Roi a donné l'Evêché d'Angers à
Abbé de Vaugiraud , Grand - Vicaire de
çe Diocèfe ; & S. M. a donné l'Abbaye de
Noaillé , Ordre de S. Benoît , Diocèſe de
Poitiers , à l'Abbé Poncet de la Riviere .
Le Marquis de Creil , Brigadier des
Armées du Roi , & Meftre de Camp du
Régiment de Baffigny , a été nommé par
S. M. Capitaine - Lieutenant de la Compagnie
des Grenadiers à Cheval de fa Maifon
, & le Roi a accordé au fils de M. de
Villemur, Lieutenant General des Armées
de S. M. qui commandoit cette Compa
gnie , le Regiment de Baffigny.
Le Roi a nommé le Comte de Rottembourg
, fon Ambaffadeur Extraordinaire
auprès du Roi d'Eſpagne,
Le zo. de ce mois , la Reine fe rendit
à la Chapelle du Château de Versailles ,
où S.M. aprés avoir entendu la Meffe, qui
fut dite par l'Abbé de S. Aulaire, fon Aumônier
en quartier , fut relevée de fes-
Couches , avec les ceremonies accoûtumées
OCTOBRE. 1730. 2299
, par le Cardinal de Fleury , fon
Grand- Aumônier.
mées
Le 21. l'Abbé Lanti , Nonce Extraor
dinaire du Pape , s'étant rendu à Verſailles
, eut la premiere Audience particuliere'
du Roi. Il eut enfuite Audience de la Reine
& de Monfeigneur le Dauphin .
Le Roi Staniflas & la Reine fon Epoufe,
qui font venus incognito , pour paffer quelques
jours à Verfailles avec la Reine leur
Fille , font retournez à Chambord. Pendant
leur féjour à la Cour , le Roi les a
vûs plufieurs fois chez la Reine.
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Résumé : « Le Marquis de Souvré, Maître de la Garderobbe du Roi, a été nommé [...] »
En octobre 1730, plusieurs nominations ont eu lieu à la cour de France. Le Marquis de Souvré a été nommé Maître de Camp d'un régiment d'infanterie, succédant au Marquis de la Chenelaye. Le Marquis de Lanmari a obtenu la Compagnie de Gendarmerie, vacante après le décès de M. Trudaine. Le Marquis de Bouville a été nommé Sous-Lieutenant de Gendarmerie, le Marquis de Marignane Enseigne, et le fils de M. Trudaine Guidon. M. de Beaucaire a été nommé Maître de Camp d'un régiment de cavalerie, poste laissé vacant par la démission du Prince de Lambesc. Le Roi a attribué l'Évêché d'Angers à l'Abbé de Vaugiraud et l'Abbaye de Noaillé à l'Abbé Poncet de la Rivière. Le Marquis de Creil a été nommé Capitaine-Lieutenant de la Compagnie des Grenadiers à Cheval de la Maison du Roi, et le fils de M. de Villemur a reçu le Régiment de Baffigny. Le Comte de Rottembourg a été désigné Ambassadeur Extraordinaire auprès du Roi d'Espagne. Le 20 octobre, la Reine s'est rendue à la Chapelle du Château de Versailles pour être relevée de ses couches par le Cardinal de Fleury. Le 21 octobre, l'Abbé Lanti, Nonce Extraordinaire du Pape, a eu sa première audience privée avec le Roi, suivie d'audiences avec la Reine et le Dauphin. Le Roi Stanislas et la Reine son épouse, venus incognito à Versailles avec la Reine leur fille, sont retournés à Chambord.
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59
p. 2468-2469
CANTATILLE. Chantée devant la Reine, par Mlle Antier, le 6. de ce mois.
Début :
Reine dans les transports d'une joye éclatante, [...]
Mots clefs :
Souverain, Reine
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texteReconnaissance textuelle : CANTATILLE. Chantée devant la Reine, par Mlle Antier, le 6. de ce mois.
CANTATILLE .
Chantée devant la Reine , par M" Antier ,
le 6. de ce mois.
REine, dans les tranfports d'une joye éclatante,
Voyez de vos Sujets briller la vive ardeur.
Un nouveau don du Ciel affermit leur bonheur,
Et votre prefence l'augmente..
Goutez les charmantes douceurs ,
De voir l'empreffement d'un Peuple qui vous aime?
SçavoinSçavoir regner fur tous les coeurs ,
C'eft pour les Souverains une gloire ſuprême.
M
Les honneurs, les refpects d'une pompeuſe Cour ,
Sont le jufte tribut qu'on doit au Diadême.
Les hommages de notre amour ,
Vous ne les devez qu'à vous-même.
Goutez , &c.
Chantée devant la Reine , par M" Antier ,
le 6. de ce mois.
REine, dans les tranfports d'une joye éclatante,
Voyez de vos Sujets briller la vive ardeur.
Un nouveau don du Ciel affermit leur bonheur,
Et votre prefence l'augmente..
Goutez les charmantes douceurs ,
De voir l'empreffement d'un Peuple qui vous aime?
SçavoinSçavoir regner fur tous les coeurs ,
C'eft pour les Souverains une gloire ſuprême.
M
Les honneurs, les refpects d'une pompeuſe Cour ,
Sont le jufte tribut qu'on doit au Diadême.
Les hommages de notre amour ,
Vous ne les devez qu'à vous-même.
Goutez , &c.
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Résumé : CANTATILLE. Chantée devant la Reine, par Mlle Antier, le 6. de ce mois.
Le texte 'Cantatille' relate une chanson interprétée par Mlle Antier devant la Reine. Il met en avant la joie et la dévotion des sujets, renforcées par un nouveau don du ciel et la présence royale. La Reine est célébrée pour régner sur les cœurs, et les hommages lui sont directement adressés. Le refrain invite à savourer l'amour du peuple.
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60
p. 2521-2528
« Le 23. Octobre, la Duchesse d'Orleans donna une petite Fête à Bagnolet pour le Divertissement [...] »
Début :
Le 23. Octobre, la Duchesse d'Orleans donna une petite Fête à Bagnolet pour le Divertissement [...]
Mots clefs :
Reine, Église, Roi, Messe, Musique, Princesse, Palais, Opéra, Cérémonies, Ambassadeurs, Jésuites, Église
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texteReconnaissance textuelle : « Le 23. Octobre, la Duchesse d'Orleans donna une petite Fête à Bagnolet pour le Divertissement [...] »
E 23. Octobre , la Ducheffe d'Orleans donna '
une petite Fête à Bagnolet pour le Divertiffe
ment des deux Princeffes fes filles , à laquelle toutès
les Dames du Palais Royal & plufieurs autres
attachées à S. A. R. & aux Princeffes , fe trouverent
, de même que plufieurs Seigneurs attachés
à la Maifon d'Orleans . S. A. R. fit donner aux
Princeffes & aux Dames qui étoient du Souper ,
à chacune un habit de Satin gaufré , d'une nouvelle
fabrique établie depuis peu au Village de
Bagnolet. Les Seigneurs qui étoient de la danfe ,
eurent auffi des habits & des veftes de même . Le
tout fut trouvé très - galant & d'un très - bon gout;il
y eut plufieurs danfes & contre- danfes qui furent
parfaitement bien executées par les jeunes Princeffes
& par les Dames & les Seigneurs qui eurent
l'honneur de danfer avec elles.
Le 25. du même mois , la jeune Princeſſe de
Bade , Niece du Duc d'Orleans , fe rendit au Palais
Royal pour rendre vifite à S. A. R. qui la
reçut très-gracieufement , & lui fit prefent d'une
magnifique Poupée, de la grandeur de cette jeune
Princeffe, ornée de Boucles d'oreilles de diamans,
de Papillons & autres ornemens de tête auffi en
brillans,avec plufieurs habits magnifiques pour la
Poupée. Les Princeffes d'Orleans ajoûterent à ce
Prefent plufieurs Bijoux très-galans , qui furent
mis dans les poches de la Poupée , laquelle étoit
accompagnée d'une Figure de Crocheteur en
I carton
2522 MERCURE DE FRANCE
carton , portant une Valife qui renfermoit diffe
rens habits & nipes pour l'ufage de la Poupée .
Le 7. le Marquis de Caftellar , nouvel Ambaffadeur
du Roi d'Efpagne, fe rendit aux Carmelites,
où il eut Audiance de la Reine Douairiere d'Efpagne
, qui le reçut très gracieufement . Ce Miniftre
témoigna à S. M. C. les affurances d'amitié
qu'il venoit lui faire de la part du Roi & de la
Reine d'Espagne.
Le 8.de ce mois , Madame d'Orleans , Abbeffe
de Chelles , alla à la Magdeleine de Trenel dîner
avec la Ducheffe d'Orleans fa mere & avec les
Princeffes fes Soeurs. L'après dîné , la Reine d'Eſpagne
s'y rendit auffi , & quelque tems après M. le.
Duc d'Orleans , accompagné du Duc de Chartres,
fon Fils , y arriva. Deforte que S. A. R. eut le
plaifir de voir dans la même journée preſque toure
fon augufte Famille raffemblée.
Le 25. Octobre , la jeune Princeffe de Bade ,
fille duMargrave de Bade Baden, & Niece du Duc
d'Orleans , partit de Paris pour s'en retourner
à Raftalt , en parfaite fanté. M. Petit , Chirurgien
Juré , Démonftrateur Royal & Membre
des Académies des Sciences de Paris & de Londres,
lui avoit extirpé à la joue une loupe d'une groffeur
prodigieufe, & avec tant de fuccès, que cette
Princeffe n'en fera pas même marquée ; auffi ar'elle
récompenfé noblement l'habile main qui a
fi bien operé, & a de plus fait preſent à M. Petit
d'un Neceffaire , c'est - à-dire , d'un affortiment
de tout ce qu'il convient pour faire & fervir du
Caffé , du Thé & du Chocolat , contenant differentes
pieces , comme Aiguére , Soucoupe , plufreurs
Pots , Taffes , Drageoires , Cuilliers , & c.
le tout en Vermeil doré , & Porcelaines de Drefde,
d'un prix confiderable & d'un travail exquis.
Cette Princeffe a donné à la Sacriſtie du Conyent
NOVEMBRE. 1730. 2523
went des Petites Cordelieres , où elle a occupé un
Appartement pendant fon féjour à Paris , un Baffin
& une Aiguiere d'argent , & a fait des préfens
à toutes les Religieafes , pour leur marquer fa
Latisfaction fur leurs foins & fur leurs attentions,
Le Roi a nommé le Duc de Saint- Aignan, Chevalier
des Ordres de S. M. Ambaffadeur à Rome.
Le 29. du mois dernier , le Marquis de Caſte-
Jar , Ambaffadeur Extraordinaire & Plenipotentiaire
du Roi d'Efpagne , eut fa premiere Audience
particuliere du Roi , de la Reine & de Monfeigneur
le Dauphin , étant conduit par le Chevalier
de Sainctot, Introducteur des Ambaſſadeurs.
Le 31. Octobre , veille de la Fête de tous les
Saints , le Roi revêtu du grand Collier de l'Ordre
du S. Efprit , fe rendit dans la Chapelle du
Château de Verſailles , où S. M. entendit la Meffe
& communia par les mains de l'Abbé de Choifeul
, fon Aumônier en quartier enfuite le Roi
toucha un grand nombre de Malades.
L'aprés midi , S. M. affifta dans la même Chapelle
aux premieres Vêpres chantées par la Mufique,
aufquelles l'Evêque d'Aire officla pontificalement.
Le premier de ce mois, jour de la Fête , le
Roi entendit la grande Meffe celebrée pontificalement
par l'Evêque d'Aire,& chantée par la Mufique.
L'aprés midi S. M. entendit le Sermon du
Pere Cotoner de la Compagnie de Jefus ; enfuite
les fecondes Vêpres qui furent chantéesS par la
Mufique , aufquelles le même Prélat officia. Le
Roi affitta aufli aux Vêpres des Morts.
Le même jour, la Reine entendit la Meffe dans la
même Chapelle, & S. M. communia par les mains
du Cardinal de Fleury , fon Grand- Aumônier .
Le 2. jour des Trépaffez , le Roi & la Reine entendirent
1 ij
2524 MERCURE DE FRANCE
tendirent la Meffe de Requiem , pendant laquelle
le De profundis fut chanté par la Mufique. Aprés
la Meffe , le Roi partit pour Rambouillet.
La Reine ayant voulu rendre à Dieu fes actions
de graces particulieres , de fon heureux
accouchement, & de la naiffarce de Monfeigneur
le Duc d'Anjou, S.M. vint le 6 de ce mois à l'Eglife
Métropolitaine de Paris . La Reine accompagnée
de Mademoiſelle de Clermont , Sur - Intendante
de Sa Maiſon , des Dames de fa Cour & de
fes principaux Officiers , arriva à midi à l'Eglife
Métropolitaine , où les détachemens des Régimens
des Gardes Françoifes & Suifles étoient en
haye & fous les armes. L'Archevêque de Paris ,
revêtu de fes habits Pontificaux & à la tête des
Chanoines , reçut la Reine à la porte de l'Eglife ,
avec les cérémonies accoutumées ; & après avoir
complimenté Sa Majefté , il la conduifit dans le
Choeur. La Reine y fit fa priere , & alla enfuite
à l'Autel de la Vierge entendre la Meffe , qui
fut dite par un de fes Chapelains.La Reine ayant
été reconduite à la porte de l'Eglife , avec les
mêmes cérémonies qui avoient été observées à
fon arrivée , S. M. partit pour retourner à Verfailles,
Le fi Novembre aprés midi, les RR.PP. de la
Compagnie de JESUS , firent avec beaucoup de
folemnité , dans leur Eglife de la Maiſon Profeffe
de Paris , qui étoit éclairée par un grand
nombre de lumieres , l'ouverture de l'Octave de
fa Fête de la Canonifation de S. Louis de Gonzague
& de S. Staniflas Koftka , de leur Compagnie.
Le lendemain l'Archevêque de Paris , à la
tête du Chapitre de l'Eglife Metropolitaine , fe
rendit à cette Eglife, & y célebra pontificalement
la Meffe , qui fut chantée à plufieurs choeurs de
mufique
NOVEMBRE . 1730. 2525
mufique. L'après midi , l'Evêque de Cifteron
prononça le Panegyrique de ces deux Saints avec
beaucoup d'éloquence , & l'Abbé de Gontault ,
Doyen du Chapitre , officia au Salut .
Les jours fuivans , differens Evêques y ont cé
lébré pontificalement la Meffe , & ont officié aux
Saluts .
Le 12 de ce mois , le Comte de Seefted , Ambaffadeur
Extraordinaire du Roy de Danemarc ,
eut , en long Manteau de deuil , une Audience
particuliere du Roy , dans laquelle il donna part
a S. M. de la mort du Roy de Danemarc , Frederic.
IV . Il fut conduit à cette Audience par le
Chevalier de Sainctot , Introducteur des Ambaf
fadeurs , qui le conduifit enfuite à l'Audience de
Ia Reine , & à celle de Monfeigneur le Dauphin.
Le 16. le Roy prit le deuil pour cette mort.
Le 19. le Roy & la Reine partirent de Verfailles
pour aller paffer quelques jours au Château
de Marly.
Le 13 , l'ouverture du Parlement fe fit avec les
céremonies accoutumées , par une Meffe folemnelle
, célébrée pontificalement dans la Grand'-
Salle du Palais , par l'Archevêque de Bourges , à
laquelle M. Portail , Pr. Préfident , & les Chambres
affifterent.
A la rentrée du Parlement de Dijon , à la faint
Martin , M. le Prefident de la Marche , qui eft
un jeune Magiftrat , né Orateur , s'étoit chargé
de faire le Difcours des Mercuriales & de l'Audience
publique , & il s'en acquitta parfaitement."
Le Difcours aux Chambres affemblées , fut pour
apprendre aux Officiers à ne pas juger par hu-
I. iij meur.
2526 MERCURE DE FRANCE
meur. Ce fujet parut nouveau & fut traité avec
toute la politeffe , la nobleffe & l'éloquence poffible,
ainfi que celui pour les Avocats , fur l'amour
de la verité ; & il finit par un éloge magnifique
du Roy & du Miniftere,
Le 14 , la Reine vint à Paris , & alla entendre
la Meffe dans l'Eglife de la Maiſon Profeffe des
Jefuites,à l'occafion de la Fête qu'on y célébroit.
S. M. accompagnée de Mademoiſelle de Clermont,
Sur- Intendante de Sa Maiſon , des Dames
de fa Cour , du Cardinal de Fleury , fon Grand
Aumônier , & de fes principaux Officiers , fut
reçûë à la porte de l'Eglife par le Pere Supérieur,
accompagné des Jefuites de la Maiſon , de ceux
du College de LoUIS LE GRAND , & de ceux du
Noviciat. Après que le P. Supérieur eut compli
menté la Reine par un Difcours auffi éloquent
que convenable à la piété de S. M. la Reine fut
Conduite dans le Sanctuaire , & elle y entendit la
Meffe , qui fut dite par un de fes Chapelains ;
pendant laquelle on chanta un Motet. S.M.ayant
été reconduite à la porte de l'Eglife avec les ceremonies
obfervées à ſon arrivée, elle ſe rendit au
Monaftere des Religieufes de l'Ave Maria , d'où
S. M. alla dîner au Palais des Thuilleries , après
avoir paflé par la Place Royale. La Reine trouva,
à l'Eglife des Jéfuites , à celle de l'Ave Maria
& au Palais des Thuilleries , les Gardes Françoifes
& Suiffes en haye & fous les Armes. L'après
midi , S. M. partit de Paris vers les quatre
heures , pour retourner à Verſailles , & s'arrêta
quelque temps au Couvent des Religieufes de
Sainte Marie de Chaillot.
> Le 22. de ce mois , la Fête de Sainte Cecile
fut celebrée avec éclat dans l'Eglife des Enfans.
Rouges
NOVEMBRE 1730. 2527
Rouges ; on y chanta une grande Meffe & les
Vêpres en Mufique & à grand choeur , de la.
compofition de l'Abbé Senefchal , qui fut genéralement
applaudie..
Le 25. là Lotterie de la Compagnie des Indes
pour le remboursement des Actions fut tirée en
la maniere accoutumée à l'Hôtel de la Compagnie.
On a publié la Lifte des Numero des Actions
& dixièmes d'Actions qui feront rembourfées
, failant en tout le nombre de 3.00. Actions..
Le premier de ce mois , Fête de la Touffaint ,
il y eut Concert fpirituel au Château des Thuil--
leries. M. Mouret fit chanter Exultate jufti ,
Motet de M. de la Lande , fuivi d'un autre Motet
à deux Baffes - Tailles qui fut très gouté. Les
Dile, Erremens & . Petitpas chanterent avec applaudiffement
un petit Motet nouveau à deux
Deffus , de la compofiiion de M. Le Máire. La
Dile le Maure chanta Ufquequò , petit Moter
de M. Mouret , avec une grande préciſion. Le
Concert fut terminé par le Dixit Dominus de
M. de la Lande.
Le 2. jour des Morts , on exécuta le Divertiffement
de la Chaffe du Cerf . & plufieurs
Piéces de fimphonie , après lefquelles on chanta
le De profundis de M. de la Lande.
Il y a eu Concert François tous les Mercredis
de ce mois , dans lefquels on a chanté plufieurs
Divertiffemens de différens Maîtres , & tous les
Concerts ont toujours été terminés par un Mo.
tet à grands choeurs , de M. de la Lânde.
Le 4. de ce mois , M. de Blamont, Sur- Intendant
de la Mufique du Roi , fit chanter chez la
Reine le 4 & 5e Acte de l'Opera d'Amadis de
L. iiij Gaule;
2528 MERCURE DE FRANCE
Gaule ; La Dile Pitron chanta le Rôle d'Arcabonne
la Dle Lenner celui d'Oriane , le St
d'Angerville celui d'Archelaus & le Sr Guedon
remplit celui d'Amadis .
>
Le 12. on chanta un Divertiffement intitulé
Les Plaisirs de l'Hyver , de la compofition de
M. Capuce , Maître de Mufique de l'Académie
de Dijon , qui fut fort applaudi. Cet Auteur vient
de donner au Public un Livre de Piéces de Viole
qui eft fort goûté .
Le 15. on chanta un Divertiffement de M. de
Blamont qui a pour titre Le Retour des Dieux.
fur la Terre , lequel avoit été chanté devant
L. M. le jour de leur mariage à Fontainebleau.
Le 20. on chanta à Marli le Prologue & le
premier Acte du Balet des Fêtes Grecques &
Romaines de M. de Blamont ; les Dies Antier &
Le Maure chanterent les Rôles de Clio & d'Erato
, & le S d'Angerville celui d'Apollon , &
dans la Piéce les Diles Le Maure , Barbier & le
Noir remplirent les principaux les . La D'e
Pitron chanta enfuite un Air détaché .
Le 22. on chanta la fuite du fecond & du troifiéme
Acte , dans lefquels les Diles Antier , Lenner
& Barbier chanterent les principaux Rôles ,
& le S le Prince fit celui de Tibule.
une petite Fête à Bagnolet pour le Divertiffe
ment des deux Princeffes fes filles , à laquelle toutès
les Dames du Palais Royal & plufieurs autres
attachées à S. A. R. & aux Princeffes , fe trouverent
, de même que plufieurs Seigneurs attachés
à la Maifon d'Orleans . S. A. R. fit donner aux
Princeffes & aux Dames qui étoient du Souper ,
à chacune un habit de Satin gaufré , d'une nouvelle
fabrique établie depuis peu au Village de
Bagnolet. Les Seigneurs qui étoient de la danfe ,
eurent auffi des habits & des veftes de même . Le
tout fut trouvé très - galant & d'un très - bon gout;il
y eut plufieurs danfes & contre- danfes qui furent
parfaitement bien executées par les jeunes Princeffes
& par les Dames & les Seigneurs qui eurent
l'honneur de danfer avec elles.
Le 25. du même mois , la jeune Princeſſe de
Bade , Niece du Duc d'Orleans , fe rendit au Palais
Royal pour rendre vifite à S. A. R. qui la
reçut très-gracieufement , & lui fit prefent d'une
magnifique Poupée, de la grandeur de cette jeune
Princeffe, ornée de Boucles d'oreilles de diamans,
de Papillons & autres ornemens de tête auffi en
brillans,avec plufieurs habits magnifiques pour la
Poupée. Les Princeffes d'Orleans ajoûterent à ce
Prefent plufieurs Bijoux très-galans , qui furent
mis dans les poches de la Poupée , laquelle étoit
accompagnée d'une Figure de Crocheteur en
I carton
2522 MERCURE DE FRANCE
carton , portant une Valife qui renfermoit diffe
rens habits & nipes pour l'ufage de la Poupée .
Le 7. le Marquis de Caftellar , nouvel Ambaffadeur
du Roi d'Efpagne, fe rendit aux Carmelites,
où il eut Audiance de la Reine Douairiere d'Efpagne
, qui le reçut très gracieufement . Ce Miniftre
témoigna à S. M. C. les affurances d'amitié
qu'il venoit lui faire de la part du Roi & de la
Reine d'Espagne.
Le 8.de ce mois , Madame d'Orleans , Abbeffe
de Chelles , alla à la Magdeleine de Trenel dîner
avec la Ducheffe d'Orleans fa mere & avec les
Princeffes fes Soeurs. L'après dîné , la Reine d'Eſpagne
s'y rendit auffi , & quelque tems après M. le.
Duc d'Orleans , accompagné du Duc de Chartres,
fon Fils , y arriva. Deforte que S. A. R. eut le
plaifir de voir dans la même journée preſque toure
fon augufte Famille raffemblée.
Le 25. Octobre , la jeune Princeffe de Bade ,
fille duMargrave de Bade Baden, & Niece du Duc
d'Orleans , partit de Paris pour s'en retourner
à Raftalt , en parfaite fanté. M. Petit , Chirurgien
Juré , Démonftrateur Royal & Membre
des Académies des Sciences de Paris & de Londres,
lui avoit extirpé à la joue une loupe d'une groffeur
prodigieufe, & avec tant de fuccès, que cette
Princeffe n'en fera pas même marquée ; auffi ar'elle
récompenfé noblement l'habile main qui a
fi bien operé, & a de plus fait preſent à M. Petit
d'un Neceffaire , c'est - à-dire , d'un affortiment
de tout ce qu'il convient pour faire & fervir du
Caffé , du Thé & du Chocolat , contenant differentes
pieces , comme Aiguére , Soucoupe , plufreurs
Pots , Taffes , Drageoires , Cuilliers , & c.
le tout en Vermeil doré , & Porcelaines de Drefde,
d'un prix confiderable & d'un travail exquis.
Cette Princeffe a donné à la Sacriſtie du Conyent
NOVEMBRE. 1730. 2523
went des Petites Cordelieres , où elle a occupé un
Appartement pendant fon féjour à Paris , un Baffin
& une Aiguiere d'argent , & a fait des préfens
à toutes les Religieafes , pour leur marquer fa
Latisfaction fur leurs foins & fur leurs attentions,
Le Roi a nommé le Duc de Saint- Aignan, Chevalier
des Ordres de S. M. Ambaffadeur à Rome.
Le 29. du mois dernier , le Marquis de Caſte-
Jar , Ambaffadeur Extraordinaire & Plenipotentiaire
du Roi d'Efpagne , eut fa premiere Audience
particuliere du Roi , de la Reine & de Monfeigneur
le Dauphin , étant conduit par le Chevalier
de Sainctot, Introducteur des Ambaſſadeurs.
Le 31. Octobre , veille de la Fête de tous les
Saints , le Roi revêtu du grand Collier de l'Ordre
du S. Efprit , fe rendit dans la Chapelle du
Château de Verſailles , où S. M. entendit la Meffe
& communia par les mains de l'Abbé de Choifeul
, fon Aumônier en quartier enfuite le Roi
toucha un grand nombre de Malades.
L'aprés midi , S. M. affifta dans la même Chapelle
aux premieres Vêpres chantées par la Mufique,
aufquelles l'Evêque d'Aire officla pontificalement.
Le premier de ce mois, jour de la Fête , le
Roi entendit la grande Meffe celebrée pontificalement
par l'Evêque d'Aire,& chantée par la Mufique.
L'aprés midi S. M. entendit le Sermon du
Pere Cotoner de la Compagnie de Jefus ; enfuite
les fecondes Vêpres qui furent chantéesS par la
Mufique , aufquelles le même Prélat officia. Le
Roi affitta aufli aux Vêpres des Morts.
Le même jour, la Reine entendit la Meffe dans la
même Chapelle, & S. M. communia par les mains
du Cardinal de Fleury , fon Grand- Aumônier .
Le 2. jour des Trépaffez , le Roi & la Reine entendirent
1 ij
2524 MERCURE DE FRANCE
tendirent la Meffe de Requiem , pendant laquelle
le De profundis fut chanté par la Mufique. Aprés
la Meffe , le Roi partit pour Rambouillet.
La Reine ayant voulu rendre à Dieu fes actions
de graces particulieres , de fon heureux
accouchement, & de la naiffarce de Monfeigneur
le Duc d'Anjou, S.M. vint le 6 de ce mois à l'Eglife
Métropolitaine de Paris . La Reine accompagnée
de Mademoiſelle de Clermont , Sur - Intendante
de Sa Maiſon , des Dames de fa Cour & de
fes principaux Officiers , arriva à midi à l'Eglife
Métropolitaine , où les détachemens des Régimens
des Gardes Françoifes & Suifles étoient en
haye & fous les armes. L'Archevêque de Paris ,
revêtu de fes habits Pontificaux & à la tête des
Chanoines , reçut la Reine à la porte de l'Eglife ,
avec les cérémonies accoutumées ; & après avoir
complimenté Sa Majefté , il la conduifit dans le
Choeur. La Reine y fit fa priere , & alla enfuite
à l'Autel de la Vierge entendre la Meffe , qui
fut dite par un de fes Chapelains.La Reine ayant
été reconduite à la porte de l'Eglife , avec les
mêmes cérémonies qui avoient été observées à
fon arrivée , S. M. partit pour retourner à Verfailles,
Le fi Novembre aprés midi, les RR.PP. de la
Compagnie de JESUS , firent avec beaucoup de
folemnité , dans leur Eglife de la Maiſon Profeffe
de Paris , qui étoit éclairée par un grand
nombre de lumieres , l'ouverture de l'Octave de
fa Fête de la Canonifation de S. Louis de Gonzague
& de S. Staniflas Koftka , de leur Compagnie.
Le lendemain l'Archevêque de Paris , à la
tête du Chapitre de l'Eglife Metropolitaine , fe
rendit à cette Eglife, & y célebra pontificalement
la Meffe , qui fut chantée à plufieurs choeurs de
mufique
NOVEMBRE . 1730. 2525
mufique. L'après midi , l'Evêque de Cifteron
prononça le Panegyrique de ces deux Saints avec
beaucoup d'éloquence , & l'Abbé de Gontault ,
Doyen du Chapitre , officia au Salut .
Les jours fuivans , differens Evêques y ont cé
lébré pontificalement la Meffe , & ont officié aux
Saluts .
Le 12 de ce mois , le Comte de Seefted , Ambaffadeur
Extraordinaire du Roy de Danemarc ,
eut , en long Manteau de deuil , une Audience
particuliere du Roy , dans laquelle il donna part
a S. M. de la mort du Roy de Danemarc , Frederic.
IV . Il fut conduit à cette Audience par le
Chevalier de Sainctot , Introducteur des Ambaf
fadeurs , qui le conduifit enfuite à l'Audience de
Ia Reine , & à celle de Monfeigneur le Dauphin.
Le 16. le Roy prit le deuil pour cette mort.
Le 19. le Roy & la Reine partirent de Verfailles
pour aller paffer quelques jours au Château
de Marly.
Le 13 , l'ouverture du Parlement fe fit avec les
céremonies accoutumées , par une Meffe folemnelle
, célébrée pontificalement dans la Grand'-
Salle du Palais , par l'Archevêque de Bourges , à
laquelle M. Portail , Pr. Préfident , & les Chambres
affifterent.
A la rentrée du Parlement de Dijon , à la faint
Martin , M. le Prefident de la Marche , qui eft
un jeune Magiftrat , né Orateur , s'étoit chargé
de faire le Difcours des Mercuriales & de l'Audience
publique , & il s'en acquitta parfaitement."
Le Difcours aux Chambres affemblées , fut pour
apprendre aux Officiers à ne pas juger par hu-
I. iij meur.
2526 MERCURE DE FRANCE
meur. Ce fujet parut nouveau & fut traité avec
toute la politeffe , la nobleffe & l'éloquence poffible,
ainfi que celui pour les Avocats , fur l'amour
de la verité ; & il finit par un éloge magnifique
du Roy & du Miniftere,
Le 14 , la Reine vint à Paris , & alla entendre
la Meffe dans l'Eglife de la Maiſon Profeffe des
Jefuites,à l'occafion de la Fête qu'on y célébroit.
S. M. accompagnée de Mademoiſelle de Clermont,
Sur- Intendante de Sa Maiſon , des Dames
de fa Cour , du Cardinal de Fleury , fon Grand
Aumônier , & de fes principaux Officiers , fut
reçûë à la porte de l'Eglife par le Pere Supérieur,
accompagné des Jefuites de la Maiſon , de ceux
du College de LoUIS LE GRAND , & de ceux du
Noviciat. Après que le P. Supérieur eut compli
menté la Reine par un Difcours auffi éloquent
que convenable à la piété de S. M. la Reine fut
Conduite dans le Sanctuaire , & elle y entendit la
Meffe , qui fut dite par un de fes Chapelains ;
pendant laquelle on chanta un Motet. S.M.ayant
été reconduite à la porte de l'Eglife avec les ceremonies
obfervées à ſon arrivée, elle ſe rendit au
Monaftere des Religieufes de l'Ave Maria , d'où
S. M. alla dîner au Palais des Thuilleries , après
avoir paflé par la Place Royale. La Reine trouva,
à l'Eglife des Jéfuites , à celle de l'Ave Maria
& au Palais des Thuilleries , les Gardes Françoifes
& Suiffes en haye & fous les Armes. L'après
midi , S. M. partit de Paris vers les quatre
heures , pour retourner à Verſailles , & s'arrêta
quelque temps au Couvent des Religieufes de
Sainte Marie de Chaillot.
> Le 22. de ce mois , la Fête de Sainte Cecile
fut celebrée avec éclat dans l'Eglife des Enfans.
Rouges
NOVEMBRE 1730. 2527
Rouges ; on y chanta une grande Meffe & les
Vêpres en Mufique & à grand choeur , de la.
compofition de l'Abbé Senefchal , qui fut genéralement
applaudie..
Le 25. là Lotterie de la Compagnie des Indes
pour le remboursement des Actions fut tirée en
la maniere accoutumée à l'Hôtel de la Compagnie.
On a publié la Lifte des Numero des Actions
& dixièmes d'Actions qui feront rembourfées
, failant en tout le nombre de 3.00. Actions..
Le premier de ce mois , Fête de la Touffaint ,
il y eut Concert fpirituel au Château des Thuil--
leries. M. Mouret fit chanter Exultate jufti ,
Motet de M. de la Lande , fuivi d'un autre Motet
à deux Baffes - Tailles qui fut très gouté. Les
Dile, Erremens & . Petitpas chanterent avec applaudiffement
un petit Motet nouveau à deux
Deffus , de la compofiiion de M. Le Máire. La
Dile le Maure chanta Ufquequò , petit Moter
de M. Mouret , avec une grande préciſion. Le
Concert fut terminé par le Dixit Dominus de
M. de la Lande.
Le 2. jour des Morts , on exécuta le Divertiffement
de la Chaffe du Cerf . & plufieurs
Piéces de fimphonie , après lefquelles on chanta
le De profundis de M. de la Lande.
Il y a eu Concert François tous les Mercredis
de ce mois , dans lefquels on a chanté plufieurs
Divertiffemens de différens Maîtres , & tous les
Concerts ont toujours été terminés par un Mo.
tet à grands choeurs , de M. de la Lânde.
Le 4. de ce mois , M. de Blamont, Sur- Intendant
de la Mufique du Roi , fit chanter chez la
Reine le 4 & 5e Acte de l'Opera d'Amadis de
L. iiij Gaule;
2528 MERCURE DE FRANCE
Gaule ; La Dile Pitron chanta le Rôle d'Arcabonne
la Dle Lenner celui d'Oriane , le St
d'Angerville celui d'Archelaus & le Sr Guedon
remplit celui d'Amadis .
>
Le 12. on chanta un Divertiffement intitulé
Les Plaisirs de l'Hyver , de la compofition de
M. Capuce , Maître de Mufique de l'Académie
de Dijon , qui fut fort applaudi. Cet Auteur vient
de donner au Public un Livre de Piéces de Viole
qui eft fort goûté .
Le 15. on chanta un Divertiffement de M. de
Blamont qui a pour titre Le Retour des Dieux.
fur la Terre , lequel avoit été chanté devant
L. M. le jour de leur mariage à Fontainebleau.
Le 20. on chanta à Marli le Prologue & le
premier Acte du Balet des Fêtes Grecques &
Romaines de M. de Blamont ; les Dies Antier &
Le Maure chanterent les Rôles de Clio & d'Erato
, & le S d'Angerville celui d'Apollon , &
dans la Piéce les Diles Le Maure , Barbier & le
Noir remplirent les principaux les . La D'e
Pitron chanta enfuite un Air détaché .
Le 22. on chanta la fuite du fecond & du troifiéme
Acte , dans lefquels les Diles Antier , Lenner
& Barbier chanterent les principaux Rôles ,
& le S le Prince fit celui de Tibule.
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Résumé : « Le 23. Octobre, la Duchesse d'Orleans donna une petite Fête à Bagnolet pour le Divertissement [...] »
En octobre 1730, plusieurs événements marquants eurent lieu à la cour de France. Le 7 octobre, le Marquis de Castellar, nouvel ambassadeur d'Espagne, fut reçu par la Reine douairière d'Espagne. Le 8 octobre, Madame d'Orléans, Abbesse de Chelles, dîna avec la Duchesse d'Orléans et les Princesses, rejointes plus tard par la Reine d'Espagne et le Duc d'Orléans. Le 25 octobre, la Princesse de Bade, nièce du Duc d'Orléans, rendit visite au Palais Royal et reçut une poupée ornée en cadeau. La même journée, elle quitta Paris pour Rastatt après une opération réussie pour enlever une loupe à sa joue, récompensant le chirurgien avec un nécessaire en vermeil doré et porcelaine de Dresde. Le Roi nomma le Duc de Saint-Aignan ambassadeur à Rome. Le 29 octobre, le Marquis de Castellar eut sa première audience privée avec le Roi, la Reine et le Dauphin. Le 31 octobre, le Roi assista à la messe et communia à Versailles, touchant ensuite un grand nombre de malades. Les 1er et 2 novembre, le Roi et la Reine assistèrent à des messes et sermons à Versailles, incluant une messe de Requiem. Le 6 novembre, la Reine rendit grâce pour son accouchement à l'église métropolitaine de Paris. Le 11 novembre, les Jésuites célébrèrent la canonisation de Saint Louis de Gonzague et Saint Stanislas Kostka. Le 12 novembre, l'ambassadeur du Danemark informa le Roi de la mort du Roi Frédéric IV. Le 16 novembre, le Roi prit le deuil. Le 19 novembre, le Roi et la Reine se rendirent au Château de Marly. Le 13 novembre, le Parlement ouvrit avec une messe solennelle à Dijon, où un jeune magistrat prononça un discours sur l'humilité des juges. Le 14 novembre, la Reine assista à une messe chez les Jésuites et visita le monastère des Religieuses de l'Ave Maria avant de retourner à Versailles. Le 22 novembre, la fête de Sainte Cécile fut célébrée avec une grande messe et des vêpres. Le 25 novembre, la loterie de la Compagnie des Indes eut lieu. Divers concerts et divertissements musicaux furent organisés au Château des Tuileries et à Marly, incluant des motets et des opéras.
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61
p. 2530-2532
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Chambort, le 30. Octobre 1730.
Début :
Le mariage de M. le Duc de Chastelleraud avec Mademoiselle la Palatine de Russie fut hier [...]
Mots clefs :
Reine, Roi, Mariage, Table
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Chambort, le 30. Octobre 1730.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Cham- ]
bort , le 30. Octobre 1730 .
E mariage de M. le Duc de Chaftelleraud avec
Mademoiſelie la Palatine de Ruffie fut bier
celebré ici avec une magnificence digne de la majefté
des Perfonnes Royales qui honorerent la
Cerémonie de leur préfence.
Toute la Cour nombreufe & magnifiquement
parée affifta à la Meffe du Roi Stanillas , pendant
Laquelle on chanta un très beau motet. Quelque
tems après le diné fut fervi , & le Roi fe mit à
une Table de 30. Couverts. On y avoit invité les
parens des mariés , quelques amis & plufieurs
perfonnes de diftinction de la Province.” Mademoiſelle
la Palatine n'y dîna pas.
A trois heures les Fiançailles fe firent dans le
Cabinet de la Reine , Epoufe du Roi Staniſlas..
La Mariée étoit en habit de Cour , & M. le Duc
de Chaftelleraud étoit auffi magnifiquement vêtu
On fe fepara immédiatement après cette Cerémonie
, & on fe rejoignit à quatre heures dans
la Chapelle ; la Mariée y fut conduite par le Roi
& M. l'Evêque de Blois commença la benediction
Nuptiale par le Difcours qui fuit.
Le mariage dans la nouvelle alliance est
élevé à la dignité du Sacrement ; il eſt le type
la figure , il doit être l'expreffion & l'image
de l'union de Jesus- Chrift avec fon Eglife . Dé
tournons donc nos regards de tout l'éclat mondain
qui accompagne cette augufte Cerémonies.
La jeuneſſe & la beauté font de foibles avanta
ges que le tems emporte & détruit. La Naiſſance
la plus éclatante eft peu de chofe pour de
véritables Chrétiens qui ne connoiffent rien de
pl.s
NOVEMBRE. 1730. 2531
plus-grand que la qualité d'Enfans de Dieu &
de coheritiers de Jefus - Christ . Qu'est - ce que les
biens , les Titres & les rangs ? les Trônes meme
& les Couronnes font dans la main de Dien
qui les donne felon fon bon plaifir ; mais vous
devez connoitre qu'une foi vive , une Religion
éclairée animée par la charité , fondée fur
des principes , entretenus par des pratiques>
qu'une estime & une confiance réciproque ,
fruits & fondemens d'une conftante fidelité
conjugale , font le véritable bonheur de l'état
où vous allez entrer . Pendant que tous les Rois
Reines de la terre , depuis le midi jufqu'aw¨
Septentrion , prennent part à l'alliance que
vous contractez , nous demandons à Dieu qu'il
vous falle profiter des exemples que vous avez
devant les yeux dans ceux à qui vous êtesattachez
par tant de titres , du fang de reconnoiffance
de devoir , & nous esperons:
qu'il fera naître de vous une pofterité diguer
des Chevaliers ( a ) fans peur & fans reproche
des Héros (b) qui dans le fiecle dernier
ont deffendu l'Europe contre Pinvafion der
l'Ennemi des Chrétiens.
un
Le Veni Creator fut chanté enfuite par la Mu
fique qui eft excellente ; de la Chapelle on fe
rendit à la Salle de la Mufique ; on y chanta
Divertiffement fait exprès pour la fête du jour ,
après quoi on alla chez la Reine , où l'on trouva
plufieurs Tables de jeux. Le fouper fut fervi farune
Table de 30. Couverts , du milieu de laquelle
en fortoit une autre fans être féparée de la grande..
Le Roi & la Reine fe mirent à cette petite Tabl
du côté qui regardoit la Compagnie. M. le Duc
( a ) Louis de la Trimouille fut furnommé le
Chevalier fans peur & fans reproche.
(b) M. Jablonoufrio
Je vj
2532 MERCURE DE FRANCE
de Chaftelleraud fur le côté à la droite du Roi
& M la Ducheffe de Chaftelleraud fur le côté à
gauche de la Reine.
Le Roi fit l'honneur aux Mariés de boire leur
fanté debout ; il la porta à M. le Prince de Talmond
, & elle fut buë à la ronde . Quoique le
foupé fut affez long , il n'en fut pas moins gay..
En fortant de table , le Roi mena M. le Duc de
Chaftelleraud dans la Chambre où étoit ſa toilette
, & lui fit l'honneur de lui donner la chemife.
La Reine en ufa de même pour Made la.
Ducheffe de Chatelleraud.
bort , le 30. Octobre 1730 .
E mariage de M. le Duc de Chaftelleraud avec
Mademoiſelie la Palatine de Ruffie fut bier
celebré ici avec une magnificence digne de la majefté
des Perfonnes Royales qui honorerent la
Cerémonie de leur préfence.
Toute la Cour nombreufe & magnifiquement
parée affifta à la Meffe du Roi Stanillas , pendant
Laquelle on chanta un très beau motet. Quelque
tems après le diné fut fervi , & le Roi fe mit à
une Table de 30. Couverts. On y avoit invité les
parens des mariés , quelques amis & plufieurs
perfonnes de diftinction de la Province.” Mademoiſelle
la Palatine n'y dîna pas.
A trois heures les Fiançailles fe firent dans le
Cabinet de la Reine , Epoufe du Roi Staniſlas..
La Mariée étoit en habit de Cour , & M. le Duc
de Chaftelleraud étoit auffi magnifiquement vêtu
On fe fepara immédiatement après cette Cerémonie
, & on fe rejoignit à quatre heures dans
la Chapelle ; la Mariée y fut conduite par le Roi
& M. l'Evêque de Blois commença la benediction
Nuptiale par le Difcours qui fuit.
Le mariage dans la nouvelle alliance est
élevé à la dignité du Sacrement ; il eſt le type
la figure , il doit être l'expreffion & l'image
de l'union de Jesus- Chrift avec fon Eglife . Dé
tournons donc nos regards de tout l'éclat mondain
qui accompagne cette augufte Cerémonies.
La jeuneſſe & la beauté font de foibles avanta
ges que le tems emporte & détruit. La Naiſſance
la plus éclatante eft peu de chofe pour de
véritables Chrétiens qui ne connoiffent rien de
pl.s
NOVEMBRE. 1730. 2531
plus-grand que la qualité d'Enfans de Dieu &
de coheritiers de Jefus - Christ . Qu'est - ce que les
biens , les Titres & les rangs ? les Trônes meme
& les Couronnes font dans la main de Dien
qui les donne felon fon bon plaifir ; mais vous
devez connoitre qu'une foi vive , une Religion
éclairée animée par la charité , fondée fur
des principes , entretenus par des pratiques>
qu'une estime & une confiance réciproque ,
fruits & fondemens d'une conftante fidelité
conjugale , font le véritable bonheur de l'état
où vous allez entrer . Pendant que tous les Rois
Reines de la terre , depuis le midi jufqu'aw¨
Septentrion , prennent part à l'alliance que
vous contractez , nous demandons à Dieu qu'il
vous falle profiter des exemples que vous avez
devant les yeux dans ceux à qui vous êtesattachez
par tant de titres , du fang de reconnoiffance
de devoir , & nous esperons:
qu'il fera naître de vous une pofterité diguer
des Chevaliers ( a ) fans peur & fans reproche
des Héros (b) qui dans le fiecle dernier
ont deffendu l'Europe contre Pinvafion der
l'Ennemi des Chrétiens.
un
Le Veni Creator fut chanté enfuite par la Mu
fique qui eft excellente ; de la Chapelle on fe
rendit à la Salle de la Mufique ; on y chanta
Divertiffement fait exprès pour la fête du jour ,
après quoi on alla chez la Reine , où l'on trouva
plufieurs Tables de jeux. Le fouper fut fervi farune
Table de 30. Couverts , du milieu de laquelle
en fortoit une autre fans être féparée de la grande..
Le Roi & la Reine fe mirent à cette petite Tabl
du côté qui regardoit la Compagnie. M. le Duc
( a ) Louis de la Trimouille fut furnommé le
Chevalier fans peur & fans reproche.
(b) M. Jablonoufrio
Je vj
2532 MERCURE DE FRANCE
de Chaftelleraud fur le côté à la droite du Roi
& M la Ducheffe de Chaftelleraud fur le côté à
gauche de la Reine.
Le Roi fit l'honneur aux Mariés de boire leur
fanté debout ; il la porta à M. le Prince de Talmond
, & elle fut buë à la ronde . Quoique le
foupé fut affez long , il n'en fut pas moins gay..
En fortant de table , le Roi mena M. le Duc de
Chaftelleraud dans la Chambre où étoit ſa toilette
, & lui fit l'honneur de lui donner la chemife.
La Reine en ufa de même pour Made la.
Ducheffe de Chatelleraud.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Chambort, le 30. Octobre 1730.
Le 30 octobre 1730, le mariage de M. le Duc de Châtellerault et Mademoiselle la Palatine de Ruffie fut célébré à Chambort avec une grande magnificence, en présence de personnes royales. La Cour assista à la messe du Roi Stanislas, suivie d'un dîner où le Roi se joignit à une table de 30 couverts, invitant les parents des mariés et des personnes de distinction. Les fiançailles eurent lieu dans le cabinet de la Reine, après quoi la bénédiction nuptiale fut donnée par l'évêque de Blois. Le mariage fut élevé au rang de sacrement, symbolisant l'union de Jésus-Christ avec son Église. La cérémonie fut marquée par des discours sur la foi et la charité. Après la bénédiction, un Veni Creator fut chanté, suivi de divertissements musicaux. Le souper fut servi à une table de 30 couverts, avec le Roi et la Reine honorant les mariés. Le Roi mena ensuite M. le Duc de Châtellerault dans sa chambre pour l'aider à se préparer, imité par la Reine avec la Duchesse de Châtellerault.
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62
p. 2752-2753
« Le 30. Novembre, Fête de S. André, la Reine alla à l'Abbaye de Poissi, [...] »
Début :
Le 30. Novembre, Fête de S. André, la Reine alla à l'Abbaye de Poissi, [...]
Mots clefs :
Reine, Roi
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texteReconnaissance textuelle : « Le 30. Novembre, Fête de S. André, la Reine alla à l'Abbaye de Poissi, [...] »
E Novembre , Fête de S. André,
La Reine alla à l'Abbaye de Poiffi
où elle entendit la Meffe avec une pieté
édifiante ; on y chanta plufieurs Morets;
enfuite S. M. vifita les lieux réguliers
de ce refpectable Monaftere , & remarqua
en particulier la magnificence du
Refectoire , où s'eft tenu le fameux Colloque
de Poiffi. Elle fortit pour aller diner
chez Me la Comteffe de Mailly , dans
l'enceinte de la Maiſon. Les Dames de la
fuite de S. M. & la famille de Me de
Mailli eurent l'honneur de manger avec
la Reine ; fa Maifon y fut fervie avec
beaucoup d'ordre. Après diné S. M. rentra
dans l'Abbaye pour affifter à la Bene-
'diction du S. Sacrement , où l'Abbé de
S. Hermine , fon Aumônier en quartier
officia . L'Eglife étoit magnifiquement or
née , & la beauté du Temple relevée par
une très belle grille, attira l'admiration de
toutes les perfonnes qui y entrerent . Au
fortir du falut , la Reine fut reconduite à
la Porte par Me l'Abbeffe & par fa Com-
2
munauté.
Le
DECEMBRE. 1730. 2753
Le 2. de ce mois , le Roi & la Reine
revinrent à Verfailles du Château de'
Marli , & le même jour la Cour quitta
le deuil qu'on avoit pris pour la mort
du Roi de Danemark.
Le 3. premier Dimanche de l'Avent ,
pendant la Meffe du Roi , l'Evêque de
Digne prêta ferment de fidelité entre les
mains de S. M. L'après -midi , le Roi &
la Reine , accompagnés du Duc d'Orléans
& du Duc du Maine , entendirent
te fermon du Pere Cotonay , de la Compagnie
de Jefus .
Le 4. M. Chirac , que le Roi a nommé
fon Premier Medecin , prêta ferment
de fidelité entre les mains de S. M..
La Reine alla à l'Abbaye de Poiffi
où elle entendit la Meffe avec une pieté
édifiante ; on y chanta plufieurs Morets;
enfuite S. M. vifita les lieux réguliers
de ce refpectable Monaftere , & remarqua
en particulier la magnificence du
Refectoire , où s'eft tenu le fameux Colloque
de Poiffi. Elle fortit pour aller diner
chez Me la Comteffe de Mailly , dans
l'enceinte de la Maiſon. Les Dames de la
fuite de S. M. & la famille de Me de
Mailli eurent l'honneur de manger avec
la Reine ; fa Maifon y fut fervie avec
beaucoup d'ordre. Après diné S. M. rentra
dans l'Abbaye pour affifter à la Bene-
'diction du S. Sacrement , où l'Abbé de
S. Hermine , fon Aumônier en quartier
officia . L'Eglife étoit magnifiquement or
née , & la beauté du Temple relevée par
une très belle grille, attira l'admiration de
toutes les perfonnes qui y entrerent . Au
fortir du falut , la Reine fut reconduite à
la Porte par Me l'Abbeffe & par fa Com-
2
munauté.
Le
DECEMBRE. 1730. 2753
Le 2. de ce mois , le Roi & la Reine
revinrent à Verfailles du Château de'
Marli , & le même jour la Cour quitta
le deuil qu'on avoit pris pour la mort
du Roi de Danemark.
Le 3. premier Dimanche de l'Avent ,
pendant la Meffe du Roi , l'Evêque de
Digne prêta ferment de fidelité entre les
mains de S. M. L'après -midi , le Roi &
la Reine , accompagnés du Duc d'Orléans
& du Duc du Maine , entendirent
te fermon du Pere Cotonay , de la Compagnie
de Jefus .
Le 4. M. Chirac , que le Roi a nommé
fon Premier Medecin , prêta ferment
de fidelité entre les mains de S. M..
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Résumé : « Le 30. Novembre, Fête de S. André, la Reine alla à l'Abbaye de Poissi, [...] »
Le 2 novembre, la Reine visita l'Abbaye de Poissy pour la fête de Saint-André. Elle assista à la messe, visita les lieux de l'abbaye, et admira le réfectoire où eut lieu le Colloque de Poissy. Ensuite, elle dîna chez la Comtesse de Mailly en compagnie des Dames de sa suite et de la famille de la Comtesse. Après le dîner, elle retourna à l'abbaye pour la bénédiction du Saint-Sacrement, officiée par l'Abbé de Saint-Hermine. Le 2 décembre, le Roi et la Reine revinrent à Versailles depuis le Château de Marly, marquant la fin du deuil pour la mort du Roi de Danemark. Le 3 décembre, l'Évêque de Digne prêta serment de fidélité au Roi pendant la messe. L'après-midi, le Roi et la Reine écoutèrent un sermon du Père Cotonay. Le 4 décembre, M. Chirac, nommé Premier Médecin du Roi, prêta serment de fidélité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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63
p. 2753-2755
Entrée publique & Audience du Roy, de l'Ambassadeur de Venise, [titre d'après la table]
Début :
Le 3. de ce mois, M. Aluise Mocenigo, Ambassadeur Ordinaire de la République [...]
Mots clefs :
Ambassadeur de Venise, Roi, Reine, Chevalier, Comte, Duchesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Entrée publique & Audience du Roy, de l'Ambassadeur de Venise, [titre d'après la table]
Le 3. de ce mois , M. Aluife Mocenigo ,
Ambaffadeur Ordinaire de la Républi
que de Venife , fit fon Entrée publique
dans la Ville de Paris. Le Maréchal de
Roquelaure & le Chevalier de Sainctor ,
Introducteur des Ambaffadeurs , allerent
le prendre dans les Caroffes du Roi &
de la Reine au Convent de Picpus , d'où
la Marche fe fit dans l'ordre fuivant : le
Caroffe de l'Introducteur , le Caroffe du
Maréchal de Roquelaure , précedés de
fon Ecuyer & de deux Pages à cheval ;
un Suiffe de l'Ambaffadeur à cheval , la
SAL. Vol. livrés
2754 MERCURE DE FRANCE
livrée de l'Ambaffadeur à pied , fix Officiers
à cheval , deux Ecuyers & fix Pages.
à cheval , le Caroffe du Roi , aux côtés
duquel marchoient la livrée du Maréchal
de Roquelaure & celle du Chevalier de
Sainctor ; le Caroffe de la Reine , celui
de Madame la Ducheffe d'Orleans ,
Douairiere , ceux du Duc d'Orleans , de
la Ducheffe de Bourbon
J
"
> Douairiere
du Duc de Bourbon , de la Ducheffe de
Bourbon , du Comte de Charolois , du
Comte de Clermont , de la Princeffe de
Conti , Douairiere , de la Princeffe de
Conti , Seconde Douairiere , de la Princeffe
de Conti , Troifiéme Douairiere ,
du Prince de Conti , du Duc & de la
Ducheffe du Maine , du Prince de Dombes
, du Comte d'Eu , du Comte & de
la Comteffe de Touloufe , & celui de M.
Chauvelin , Garde des Sceaux , Miniftre
& Secretaire d'Etat , ayant le département
des affaires étrangeres , & à unc
diſtance de 30 à 40. pas , un Suiffe de
l'Ambaffadeur marchant à cheval devant
fes quatre Caroffes.
part
Après qu'il fut arrivé à fon Hôtel , if
fut complimenté de la
du Roi par
le Duc de Rochechouart , Premier Gentilhomme
de la Chambre , de lapart
de
la Reine par le Comte de Teffé , fon
Premier Ecuyer , & de la part de Mada-
1. Vol. me
DECEMBRE . 1730. 2755
me la Ducheffe d'Orleans , Douairiere
par le Marquis de Crevecoeur , fon Premier
Ecuyer.
Le 5. le Prince de Pons & le Chevalier
de Sainctot , Introducteur des Ambaffadeurs
, allerent prendre l'Ambaffadeur
en fon Hôtel dans les Caroffes du
Roi & de la Reine , & le conduifirent à
Verſailles , où il eut fa premiere audiance
publique du Roi. Il trouva à fon paffage
dans l'avant court du Château les Compagnies
des Gardes Françoifes & Suiffes
fous les armes , les tambours appellant ;
dans la Cour les Gardes de la Porte &
ceux de la Prevôté fous les armes à leurs
poftes ordinaires , & fur l'efcalier les
Cent Suiffes en habits de cerémonie , la
hallebarde à la main . Il fut reçû en dedans
de la Salle des Gardes par le Duc
d'Harcourt , Capitaine des Gardes du
Corps , qui étoient en haye & fous les
armes. Après l'audience du Roi , l'Ambaffadeur
fut conduit à celle de la Reine
& de Monfeigneur le Dauphin par le
Prince de Pons & le Chevalier de Sainctot.
I alla à ces Audiences en Robe
conformément à l'uſage des Ambaſſadeurs
de Venife , & après avoir été traité par
les Officiers du Roi , il fut reconduit à
Paris par le Chevalier de Sainctot dans
les Caroffes de L. M. avec les cerémonies
accoutumées .
Ambaffadeur Ordinaire de la Républi
que de Venife , fit fon Entrée publique
dans la Ville de Paris. Le Maréchal de
Roquelaure & le Chevalier de Sainctor ,
Introducteur des Ambaffadeurs , allerent
le prendre dans les Caroffes du Roi &
de la Reine au Convent de Picpus , d'où
la Marche fe fit dans l'ordre fuivant : le
Caroffe de l'Introducteur , le Caroffe du
Maréchal de Roquelaure , précedés de
fon Ecuyer & de deux Pages à cheval ;
un Suiffe de l'Ambaffadeur à cheval , la
SAL. Vol. livrés
2754 MERCURE DE FRANCE
livrée de l'Ambaffadeur à pied , fix Officiers
à cheval , deux Ecuyers & fix Pages.
à cheval , le Caroffe du Roi , aux côtés
duquel marchoient la livrée du Maréchal
de Roquelaure & celle du Chevalier de
Sainctor ; le Caroffe de la Reine , celui
de Madame la Ducheffe d'Orleans ,
Douairiere , ceux du Duc d'Orleans , de
la Ducheffe de Bourbon
J
"
> Douairiere
du Duc de Bourbon , de la Ducheffe de
Bourbon , du Comte de Charolois , du
Comte de Clermont , de la Princeffe de
Conti , Douairiere , de la Princeffe de
Conti , Seconde Douairiere , de la Princeffe
de Conti , Troifiéme Douairiere ,
du Prince de Conti , du Duc & de la
Ducheffe du Maine , du Prince de Dombes
, du Comte d'Eu , du Comte & de
la Comteffe de Touloufe , & celui de M.
Chauvelin , Garde des Sceaux , Miniftre
& Secretaire d'Etat , ayant le département
des affaires étrangeres , & à unc
diſtance de 30 à 40. pas , un Suiffe de
l'Ambaffadeur marchant à cheval devant
fes quatre Caroffes.
part
Après qu'il fut arrivé à fon Hôtel , if
fut complimenté de la
du Roi par
le Duc de Rochechouart , Premier Gentilhomme
de la Chambre , de lapart
de
la Reine par le Comte de Teffé , fon
Premier Ecuyer , & de la part de Mada-
1. Vol. me
DECEMBRE . 1730. 2755
me la Ducheffe d'Orleans , Douairiere
par le Marquis de Crevecoeur , fon Premier
Ecuyer.
Le 5. le Prince de Pons & le Chevalier
de Sainctot , Introducteur des Ambaffadeurs
, allerent prendre l'Ambaffadeur
en fon Hôtel dans les Caroffes du
Roi & de la Reine , & le conduifirent à
Verſailles , où il eut fa premiere audiance
publique du Roi. Il trouva à fon paffage
dans l'avant court du Château les Compagnies
des Gardes Françoifes & Suiffes
fous les armes , les tambours appellant ;
dans la Cour les Gardes de la Porte &
ceux de la Prevôté fous les armes à leurs
poftes ordinaires , & fur l'efcalier les
Cent Suiffes en habits de cerémonie , la
hallebarde à la main . Il fut reçû en dedans
de la Salle des Gardes par le Duc
d'Harcourt , Capitaine des Gardes du
Corps , qui étoient en haye & fous les
armes. Après l'audience du Roi , l'Ambaffadeur
fut conduit à celle de la Reine
& de Monfeigneur le Dauphin par le
Prince de Pons & le Chevalier de Sainctot.
I alla à ces Audiences en Robe
conformément à l'uſage des Ambaſſadeurs
de Venife , & après avoir été traité par
les Officiers du Roi , il fut reconduit à
Paris par le Chevalier de Sainctot dans
les Caroffes de L. M. avec les cerémonies
accoutumées .
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Résumé : Entrée publique & Audience du Roy, de l'Ambassadeur de Venise, [titre d'après la table]
Le 3 décembre 1730, M. Alvise Mocenigo, ambassadeur de la République de Venise, arriva à Paris. Il fut accueilli par le maréchal de Roquelaure et le chevalier de Sainctot, qui l'escortèrent jusqu'à son hôtel dans un cortège cérémoniel comprenant des carrosses du roi, de la reine, de Madame la duchesse d'Orléans douairière, du duc d'Orléans et d'autres nobles. À son arrivée, Mocenigo reçut des compliments de représentants royaux. Le 5 décembre, le prince de Pons et le chevalier de Sainctot conduisirent l'ambassadeur à Versailles pour sa première audience publique avec le roi. Les Gardes Françaises et Suisses étaient sous les armes, et les Cent Suisses en habits de cérémonie l'attendaient sur l'escalier. Après l'audience, Mocenigo fut reçu par la reine et le Dauphin. Il porta une robe conforme à l'usage des ambassadeurs vénitiens et fut reconduit à Paris par le chevalier de Sainctot avec les cérémonies habituelles.
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64
p. 2756-2760
« Le 4. de ce mois, jour de la naissance de la Princesse des Asturies, les Ambassadeurs [...] »
Début :
Le 4. de ce mois, jour de la naissance de la Princesse des Asturies, les Ambassadeurs [...]
Mots clefs :
Roi, Reine, Concert, Musique, Symphonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 4. de ce mois, jour de la naissance de la Princesse des Asturies, les Ambassadeurs [...] »
Le 4. de ce mois , jour de la naiſſance
de la Princeffe des Afturies , les Ambaffadeurs
du Roi Catholique en France , les
Grands d'Efpagne & les Chevaliers de la
Toifon d'or qui font à Paris , allerent le
matin au Convent des Carmelites baifer
la main à la Reine d'Efpagne , Veuve du
Roi Louis I. Les Dames y allerent l'aprèsmidi.
Le 11. jour de la naiffance de la Reine
d'Espagne , qui entroit dans fa 22. année,
S. M. reçut les mêmes complimens des
mêmes Seigneurs & Dames.
La troifiéme Charge de Garde du Tréfor
Royal qui avoit été fupprimée , a été
rétablie en faveur de M. Paris de Montmartel
, lequel ayoit déja poffedé cetto:
Charge.
Le Roi a accordé à M. Samuel Bernard
, Comte de Coubert , un Brevet de
Confeiller d'Etat.
S. M. a auffi accordé l'agrément de la
Charge de Préfident à Mortier , vacante
par la mort de M. Amelot de Gournay ,
M. Molé , Confeiller au Parlement.
Les Mercuriales du Parlement fe firent
le 29. du mois dernier à la maniere accoûtumée.
Le Premier Préfident & le Pro-
1. Vol. cureur
DECEMBRE. 1730. 2757
cureur General y parlerent avec beaucoup
d'éloquence : le premier fur la Cenfure de
foi-même , qualité effentielle dans un Magiftrat
, & le fecond fur le Respect humain ,
écueil le plus dangereux pour un Magiftrat
Le Duc d'Orleans a donné entre les
mains du Roi la démiffion de ſa Charge
de Colonel General de l'Infanterie Francoife
, qui avoit été fupprimée en 1639.
à la mort du Duc d'Epernon , & rétablie
en 1721. en faveur de S. A. S.
Le Marquis de Themines , ci - devant
Chevalier de Malte , qui avoit une Ab.
baye de 3000. livres de revenu , ayant
demandé au Duc d'Orleans avant la celé
bration de fon mariage P'agrément pour
entrer dans l'Ordre de S. Lazare , afin de
pouvoir conferver ce Benefice , ce Prince
a mieux aimé lui accorder une penfion
de pareille fomme , & l'a obligé de don
ner la démiffion du Benefice dont il joüif
foit.
"
Le 9. de gé mois , le Prince de Rohan
fit recevoir & prêter ferment à M. le
Comte de Gadagne de fa Charge de Gui
don des Gendarmes de la Garde du Roi.
On écrit de Chamberi que l'air de
cette Ville eft contraire à la fanté du Roi
Victor , pere du Roi de Sardaigne , actuellement
I. -Vol.
2758 MERCURE DË FRANCË
tuellement regnant , & que ce Prince
pourra retourner à Turin occuper l'ancien
Palais de la Ducheffe Douairiere de Savoye
, fa mere , pendant l'Hyver , & paffer
le Printems & l'Eté à Alexandrie ¿
où l'air eft très pur.
Le 22. Novembre , M. de Blamont , Sur-Intendant
de la Mufique du Roi , fit chanter
à Marly le fecond & troifiéme acte de fon
Balet des Fêtes Grecques & Rómainės , le fieur
Guignon , fameux joueur de Violon , executa ur
Concerto de fa compofition qui fut très applaudis
l'heure du fouper du Roi empêcha qu'il ne fut
achevé , & la Reine ordonna qu'il fut réjoué au
premier Concert.
Le 25. la Reine fe rendit au Salon de la Mufique
, où le fieur Guignon joüa feul deux Sonnates
qui firent beaucoup de plaifir à S. M. il fut accompagné
du Clavecin par M. de Blamont , &
de la Viole par le fieur Dampierre , le Roi demanda
enfuite qu'on jouat le Printemps de Vi
valdi , qui eft une excelente Piece de fimphonie ,
& comme les Muficiens du Roi ne fe trouvent pas
ordinairement à ce Concert,le Prince de Dombes,
le Comte d'Eu, & plufieurs autres Seigneurs de la
Cour , voulurent bien accompagner le fieur Gui
gnon , pour ne pas priver S. M. d'entendre cette
belle Piece de fimphonie qui fut parfaitement bien
executée.
Le 27. on chanta le divertiffement d'Erato ,
ainfi qu'il a été joué à l'Academie Royale de Mufique.
La Dlle. Antier chanta le Rolle de Junon ,
le fieur Dangerville celui d'Apollon , & la Dlle .
Lenner chanta celui d'une Baccante.
Le 29. on chanta à Marly le prologue & le
4. Vol premier
DECEMBRE 1730. 2759
premier Acte de Bellerophon ; les Dlles. Antier
& Lenner , chanterent les Rolles de Stenobée &
de la Princeffe ; les fieurs Boutelou & Godeneche
, ceux de Bellerophon & du Roi.
Le 4. & le 6. Decembre on continua le même
Opera avee beaucoup de fuccès , le fieur Dangerville
y chanta le Rolle d'Amiodar.
Le 11. on chanta dans les grands appartemens
du Château de Verfailles , le premier Acte d'Armide
, dont le principal Rolle fut chanté par la
Dlle. Antier , & celui d'Hidraot, par le fieur Dangerville.
Le 13. & le 18. on chanta le même Opera ; le
fieur le Prince chanta le Rolle de Renaud, le fieur
d'Aigremont celui d'Artemidore , & les Diles,
Barbier & Courvafier ceux de Bergere & de
Nymphe.
Le 8. jour Fête de la Conception , il y eut
Concert fpirituel au Château des Tuilleries : if
commença par Exultate jufti , Moret de M. de la
Lande , les Dlles. Erremens , le Maure & Petit
Pas , chanterent chacune une Cantatille avec ac
compagnement , qui firent beaucoup de plaifir ;"
le fieur Bordicio , habile Muficien Italien , chanta
deux Arietes qui furent goutées par ceux qui ai
ment cette forte de chant ; le Motet Confitebor
termina le Concert qui fut precedé de plufieurs
Pieces de fimphonie , executées par les fieurs Leller
& Blavet.
Le 13. & 20. il y eut Concert François; toute la
fimphonie executa une fuite d'Airs de Noëls anciens
& nouveaux, qui furent très goûtés ; le même
Muficien Italien chanta deux Arietes , & on finit
par le Motet Exultabo te Deus.
Le 24. & le 25. jour de la veille & fête de Noël,
il y eut Concert fpirituel , on y joüa encore une
fuite d'Airs des plus beaux Noëls , avec Violons
I. Vol. Flutes
2460 MERCURE DE FRANCE
Flutes , Hautbois, & Mufettes. La Dlle. le Maure
chanta feule un petit Motet , Hodiè Chriftus natus
eft , avec beaucoup de précifion , le Concert
de ces deux jours fut terminé par un Motet de
M. de la L'ande .
Le 24. de ce mois , veille de la fête de la Nati
vité de N. S. le Roi revêtu du Grand Collier dé
l'ordre du S. Efprit , fe rendit à la Chapelle du
Château de Verfailles , où S. M. communia par
les mains du Cardinal de Rohan , Grand Aumônier
de France : enfuite le Roi toucha un grand
nombre de malades .
Le même jour , la Reine entendit la Meffe dans
la même Chapelle , & S. M. communia par les
mains du Cardinal de Fleury , fon Grand Aumônier.
L'après midi, le Roi & la Reine entendirent les
premieres Vêpres chantées par la Mufique , aufquelles
l'Evêque de Tarbe officia
Le 25. jour de la Fête , le Roi & la Reine , qui
après avoir afifté aux Matines avoient entendu
à minuit trois Meffes , affifterent le matin à la
grande Meffe , celebrée pontificalement par l'Evêque
de Tarbes .
L'après midi , L. M. accompagnées du Prince
de Conty , du Prince de Dombes & du Comte
d'Eu , entendirent la Prédication du P. Cotonay ,
de la Compagnie de Jefus , & enfuite les Vêpres
chantées par la Mufique , aufquelles le même
Prélat officia.
de la Princeffe des Afturies , les Ambaffadeurs
du Roi Catholique en France , les
Grands d'Efpagne & les Chevaliers de la
Toifon d'or qui font à Paris , allerent le
matin au Convent des Carmelites baifer
la main à la Reine d'Efpagne , Veuve du
Roi Louis I. Les Dames y allerent l'aprèsmidi.
Le 11. jour de la naiffance de la Reine
d'Espagne , qui entroit dans fa 22. année,
S. M. reçut les mêmes complimens des
mêmes Seigneurs & Dames.
La troifiéme Charge de Garde du Tréfor
Royal qui avoit été fupprimée , a été
rétablie en faveur de M. Paris de Montmartel
, lequel ayoit déja poffedé cetto:
Charge.
Le Roi a accordé à M. Samuel Bernard
, Comte de Coubert , un Brevet de
Confeiller d'Etat.
S. M. a auffi accordé l'agrément de la
Charge de Préfident à Mortier , vacante
par la mort de M. Amelot de Gournay ,
M. Molé , Confeiller au Parlement.
Les Mercuriales du Parlement fe firent
le 29. du mois dernier à la maniere accoûtumée.
Le Premier Préfident & le Pro-
1. Vol. cureur
DECEMBRE. 1730. 2757
cureur General y parlerent avec beaucoup
d'éloquence : le premier fur la Cenfure de
foi-même , qualité effentielle dans un Magiftrat
, & le fecond fur le Respect humain ,
écueil le plus dangereux pour un Magiftrat
Le Duc d'Orleans a donné entre les
mains du Roi la démiffion de ſa Charge
de Colonel General de l'Infanterie Francoife
, qui avoit été fupprimée en 1639.
à la mort du Duc d'Epernon , & rétablie
en 1721. en faveur de S. A. S.
Le Marquis de Themines , ci - devant
Chevalier de Malte , qui avoit une Ab.
baye de 3000. livres de revenu , ayant
demandé au Duc d'Orleans avant la celé
bration de fon mariage P'agrément pour
entrer dans l'Ordre de S. Lazare , afin de
pouvoir conferver ce Benefice , ce Prince
a mieux aimé lui accorder une penfion
de pareille fomme , & l'a obligé de don
ner la démiffion du Benefice dont il joüif
foit.
"
Le 9. de gé mois , le Prince de Rohan
fit recevoir & prêter ferment à M. le
Comte de Gadagne de fa Charge de Gui
don des Gendarmes de la Garde du Roi.
On écrit de Chamberi que l'air de
cette Ville eft contraire à la fanté du Roi
Victor , pere du Roi de Sardaigne , actuellement
I. -Vol.
2758 MERCURE DË FRANCË
tuellement regnant , & que ce Prince
pourra retourner à Turin occuper l'ancien
Palais de la Ducheffe Douairiere de Savoye
, fa mere , pendant l'Hyver , & paffer
le Printems & l'Eté à Alexandrie ¿
où l'air eft très pur.
Le 22. Novembre , M. de Blamont , Sur-Intendant
de la Mufique du Roi , fit chanter
à Marly le fecond & troifiéme acte de fon
Balet des Fêtes Grecques & Rómainės , le fieur
Guignon , fameux joueur de Violon , executa ur
Concerto de fa compofition qui fut très applaudis
l'heure du fouper du Roi empêcha qu'il ne fut
achevé , & la Reine ordonna qu'il fut réjoué au
premier Concert.
Le 25. la Reine fe rendit au Salon de la Mufique
, où le fieur Guignon joüa feul deux Sonnates
qui firent beaucoup de plaifir à S. M. il fut accompagné
du Clavecin par M. de Blamont , &
de la Viole par le fieur Dampierre , le Roi demanda
enfuite qu'on jouat le Printemps de Vi
valdi , qui eft une excelente Piece de fimphonie ,
& comme les Muficiens du Roi ne fe trouvent pas
ordinairement à ce Concert,le Prince de Dombes,
le Comte d'Eu, & plufieurs autres Seigneurs de la
Cour , voulurent bien accompagner le fieur Gui
gnon , pour ne pas priver S. M. d'entendre cette
belle Piece de fimphonie qui fut parfaitement bien
executée.
Le 27. on chanta le divertiffement d'Erato ,
ainfi qu'il a été joué à l'Academie Royale de Mufique.
La Dlle. Antier chanta le Rolle de Junon ,
le fieur Dangerville celui d'Apollon , & la Dlle .
Lenner chanta celui d'une Baccante.
Le 29. on chanta à Marly le prologue & le
4. Vol premier
DECEMBRE 1730. 2759
premier Acte de Bellerophon ; les Dlles. Antier
& Lenner , chanterent les Rolles de Stenobée &
de la Princeffe ; les fieurs Boutelou & Godeneche
, ceux de Bellerophon & du Roi.
Le 4. & le 6. Decembre on continua le même
Opera avee beaucoup de fuccès , le fieur Dangerville
y chanta le Rolle d'Amiodar.
Le 11. on chanta dans les grands appartemens
du Château de Verfailles , le premier Acte d'Armide
, dont le principal Rolle fut chanté par la
Dlle. Antier , & celui d'Hidraot, par le fieur Dangerville.
Le 13. & le 18. on chanta le même Opera ; le
fieur le Prince chanta le Rolle de Renaud, le fieur
d'Aigremont celui d'Artemidore , & les Diles,
Barbier & Courvafier ceux de Bergere & de
Nymphe.
Le 8. jour Fête de la Conception , il y eut
Concert fpirituel au Château des Tuilleries : if
commença par Exultate jufti , Moret de M. de la
Lande , les Dlles. Erremens , le Maure & Petit
Pas , chanterent chacune une Cantatille avec ac
compagnement , qui firent beaucoup de plaifir ;"
le fieur Bordicio , habile Muficien Italien , chanta
deux Arietes qui furent goutées par ceux qui ai
ment cette forte de chant ; le Motet Confitebor
termina le Concert qui fut precedé de plufieurs
Pieces de fimphonie , executées par les fieurs Leller
& Blavet.
Le 13. & 20. il y eut Concert François; toute la
fimphonie executa une fuite d'Airs de Noëls anciens
& nouveaux, qui furent très goûtés ; le même
Muficien Italien chanta deux Arietes , & on finit
par le Motet Exultabo te Deus.
Le 24. & le 25. jour de la veille & fête de Noël,
il y eut Concert fpirituel , on y joüa encore une
fuite d'Airs des plus beaux Noëls , avec Violons
I. Vol. Flutes
2460 MERCURE DE FRANCE
Flutes , Hautbois, & Mufettes. La Dlle. le Maure
chanta feule un petit Motet , Hodiè Chriftus natus
eft , avec beaucoup de précifion , le Concert
de ces deux jours fut terminé par un Motet de
M. de la L'ande .
Le 24. de ce mois , veille de la fête de la Nati
vité de N. S. le Roi revêtu du Grand Collier dé
l'ordre du S. Efprit , fe rendit à la Chapelle du
Château de Verfailles , où S. M. communia par
les mains du Cardinal de Rohan , Grand Aumônier
de France : enfuite le Roi toucha un grand
nombre de malades .
Le même jour , la Reine entendit la Meffe dans
la même Chapelle , & S. M. communia par les
mains du Cardinal de Fleury , fon Grand Aumônier.
L'après midi, le Roi & la Reine entendirent les
premieres Vêpres chantées par la Mufique , aufquelles
l'Evêque de Tarbe officia
Le 25. jour de la Fête , le Roi & la Reine , qui
après avoir afifté aux Matines avoient entendu
à minuit trois Meffes , affifterent le matin à la
grande Meffe , celebrée pontificalement par l'Evêque
de Tarbes .
L'après midi , L. M. accompagnées du Prince
de Conty , du Prince de Dombes & du Comte
d'Eu , entendirent la Prédication du P. Cotonay ,
de la Compagnie de Jefus , & enfuite les Vêpres
chantées par la Mufique , aufquelles le même
Prélat officia.
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Résumé : « Le 4. de ce mois, jour de la naissance de la Princesse des Asturies, les Ambassadeurs [...] »
En décembre 1730, plusieurs événements significatifs se sont déroulés à la cour de France. Le 4 décembre, les ambassadeurs du Roi Catholique, les Grands d'Espagne et les Chevaliers de la Toison d'or ont rendu hommage à la Reine d'Espagne, veuve du Roi Louis I, à l'occasion de la naissance de la Princesse des Asturies. Le 11 décembre, la Reine d'Espagne, âgée de 22 ans, a de nouveau reçu ces hommages. Le Roi a rétabli la charge de Garde du Trésor Royal en faveur de M. Paris de Montmartel et a accordé un brevet de Conseiller d'État à M. Samuel Bernard, Comte de Coubert. La charge de Président à Mortier, vacante après la mort de M. Amelot de Gournay, a été attribuée à M. Molé, Conseiller au Parlement. Les Mercuriales du Parlement ont eu lieu le 29 novembre, avec des discours sur la censure de soi-même et le respect humain. Le Duc d'Orléans a démissionné de sa charge de Colonel Général de l'Infanterie Française, tandis que le Marquis de Themines a reçu une pension pour conserver son bénéfice. Le 9 décembre, le Comte de Gadagne a été investi de la charge de Guidon des Gendarmes de la Garde du Roi. Des événements musicaux ont également marqué ce mois, notamment des concerts et des représentations d'opéras à Marly et Versailles, avec des interventions de musiciens renommés comme le sieur Guignon et la demoiselle Antier. Le 24 décembre, le Roi a communié et touché des malades à Versailles, tandis que la Reine a assisté à la messe. Le 25 décembre, le Roi et la Reine ont participé aux célébrations de la fête de Noël, incluant des matines, des messes et des vêpres.
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65
p. 2965
MARIAGES des Païs Etrangers.
Début :
Le Mariage du Duc de Guastella, avec la Princesse Marie Eléonore de Holstein-Weissembourg [...]
Mots clefs :
Princesse, Baron, Prince, Reine
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGES des Païs Etrangers.
MARIAGES
des Pais Etrangers.
LE Mariage du Duc de Guaftella , avec la Princeffe
Marie Eléonore de Holftein - Weiffembourg
a été conclu à Vienne depuis peu, avec l'agrément
de l'Empereur.
On mande de Turin que le Baron de Sthall
Confeiller Privé de l'Electeur Palatin , y étoit arrivé
avec les pleins pouvoirs du Prince hereditaire
de Sultzbach , pour la conclufion du Mariage de
ce Prince avec la Princeffe de Heffe - Rheinfels .
foeur de la Reine de Sardaigne, & de la Princeffe,
Epoufe du Duc de Bourbon ; que le 8 de ce mois
les articles de Mariage avoient été fignez par
cette Princeffe & par le Baron de Sthall , au nom
du Pr.'de Sultzbach , en prefence du Roy , de la
Reine de Sardaigne & des principaux Seigneurs
de la Cour , que le 9 , cet Envoyé avoit preſenté
à la Princeffe une Caffette pleine de Bijoux ; que
le. 20 , jour deſtiné pour la cérémonie dn mariage
, la Princeffe de Heffe , conduite par le Baron
de Sthall , s'étoit rendue à la grande Salle du Palais
, où l'Archevêque de Turin leur avoit donné
la Benediction nuptiale ; que le foir il y avoit eu
un Feftin, & enfuite un Bal magnifique dans l'ap
partement de la Princeffe de Sultzbach ; que le 21
elle avoit pris congé de L. M. & que le 22. elle
étoit partie pour fe rendre à Manheim,
des Pais Etrangers.
LE Mariage du Duc de Guaftella , avec la Princeffe
Marie Eléonore de Holftein - Weiffembourg
a été conclu à Vienne depuis peu, avec l'agrément
de l'Empereur.
On mande de Turin que le Baron de Sthall
Confeiller Privé de l'Electeur Palatin , y étoit arrivé
avec les pleins pouvoirs du Prince hereditaire
de Sultzbach , pour la conclufion du Mariage de
ce Prince avec la Princeffe de Heffe - Rheinfels .
foeur de la Reine de Sardaigne, & de la Princeffe,
Epoufe du Duc de Bourbon ; que le 8 de ce mois
les articles de Mariage avoient été fignez par
cette Princeffe & par le Baron de Sthall , au nom
du Pr.'de Sultzbach , en prefence du Roy , de la
Reine de Sardaigne & des principaux Seigneurs
de la Cour , que le 9 , cet Envoyé avoit preſenté
à la Princeffe une Caffette pleine de Bijoux ; que
le. 20 , jour deſtiné pour la cérémonie dn mariage
, la Princeffe de Heffe , conduite par le Baron
de Sthall , s'étoit rendue à la grande Salle du Palais
, où l'Archevêque de Turin leur avoit donné
la Benediction nuptiale ; que le foir il y avoit eu
un Feftin, & enfuite un Bal magnifique dans l'ap
partement de la Princeffe de Sultzbach ; que le 21
elle avoit pris congé de L. M. & que le 22. elle
étoit partie pour fe rendre à Manheim,
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Résumé : MARIAGES des Païs Etrangers.
Le texte décrit deux mariages de princes étrangers. Le premier est celui du Duc de Guaftella avec la Princesse Marie Eléonore de Holftein-Weiffembourg, approuvé par l'Empereur à Vienne. Le second concerne le mariage du Prince héritier de Sultzbach avec la Princesse de Heffe-Rheinfels, fille de la Reine de Sardaigne et sœur du Duc de Bourbon. Le Baron de Sthall, conseiller privé de l'Électeur Palatin, a représenté le Prince de Sultzbach à Turin. Le 8 du mois, les articles de mariage ont été signés en présence du Roi, de la Reine de Sardaigne et des principaux seigneurs de la cour. Le 9, le Baron a offert des bijoux à la Princesse. Le mariage a eu lieu le 20, bénit par l'Archevêque de Turin, suivi d'un festin et d'un bal. Le 21, la Princesse de Sultzbach a pris congé du Roi et est partie pour Manheim le 22.
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66
p. 165-171
« Le 1 de Janvier, les Princes et Princesses du Sang, et les Seigneurs et [...] »
Début :
Le 1 de Janvier, les Princes et Princesses du Sang, et les Seigneurs et [...]
Mots clefs :
Cour, Roi, Reine, Messe, Chapelle, Chevaliers, Marquis, Ordre, Prélat, Académie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 1 de Janvier, les Princes et Princesses du Sang, et les Seigneurs et [...] »
FRANCE ,
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE
2.
E de Janvier , les Princes et Princesses
du Sang , et les Seigneurs et
Dames de la Cour eurent l'honneur de
complimenter le Roy et la Reine sur la
nouvelle année .
Les Prevot des Marchands et Echevins,
accompagnez des autres Officiers du
Corps de Ville , rendirent à cette occasion
leurs respects à L. M. à Monseigneur
le Dauphin , à Monseign . le Duc
d'Anjou , et à Mesdames de France.
Le même jour , les Chevaliers , Commandeurs
et Officiers de l'Ordre du S.Esprit
, s'étant rendus dans le Cabinet du
Rey , pour l'accompagner à la Messe ;
S. M. tint Chapitre , et proposa pour être
Chevaliers de cet Ordre , le Duc de
Duras , le Duc de Lévy , le Prince de
Tingry , le Comte de Broglio , Ambassadeur
du Roy en Angleterre , le Comte
de Chatillon , le Marquis de Beringhen
premier Ecuyer , le Comte de Rottembourg
, Ambassadeur Extraordinaire du
Roy en Espagne , et le Marquis de la
Fare. Lorsque le Roy en eût signé le
R v Rôle
166 MERCURE DE FRANCE
Rôle , il le remit au Marquis de Breteuil,
Commandeur , Prevôt et Maître des Céremonies
de l'Ordre , qui sortit du Cabinet
pour le faire proclamer par le Hérault.
S. M. se rendit ensuite à la Chapelle
du Château de Versailles , étant précédée
du Duc d'Orleans , du Duc de Bourbon ,
du Comte de Charolois , du Comte de
Clermont , du Duc du Maine , du Pr . de
Dombes , du Comte d'Eu , du Comte de
Toulouse et des Chevaliers , Commandeurs
et Officiers de l'Ordre . Le Roy ,
devant lequel les deux Huissiers de la
Chambre portoient leurs Masses , étoient
en Manteau , le Collier de l'Ordre pardessus
, ainsi que les Chevaliers. S.M.après
avoir assisté à la grande Messe , qui fut
célébrée par l'Abbé Tesnieres, Chapelain
ordinaire de la Chapelle de Musique , fut
reconduit dans son appartement , dans lẹ
même ordre qui avoit été observé en allant
à la Chapelle .
La Reine accompagnée des Dames de
sa Cour , entendit la Messe dans sa Tribune.
L'après midy , L. M. entendirent les
Vêpres , chantées par la Musique,
Le 3. la Reine communia dans la Chapelle
du Château , par les mains du Cardinal
de Fleury , son Grand Aumônier.
Le
JANVIER. 1731. 167
44
mé
Le six , le Pere Boyer , Théatin , nompar
le Roy à l'Evêché de Mirepoix
, fut sacré dans l'Eglise des Minimes
de la Place Royale, par l'Archevêque
de Rouen , assisté des Evêques de Laon et
de Tarbes. Le 12 , ce nouveau Prélat prêta
serment de fidelité entre les mains du
Roy.
Le7 , le Roy et la Reine partirent de
Versailles , pour aller coucher au Château
de Marly , d'où L. M. revinrent à Versailles
le 27. Elles retournerent à Marly
le 3 Février.
Le 14 , l'Abbé de Besons , nommé par
le Roy à l'Evêché de Carcassonne , fut
sacré dans l'Eglise des Théatins , par l'Evêque
Comte de Châlons , assisté de l'Evêque
de Tarbes et de l'Evêque Comte
de Beauvais. Le 21 , il prêta serment de
fidelité entre les mains du Roy.
Le 25 , la Lotterie de la Compagnie des
Indes , pour le remboursement des Actions
, fut tirée en la maniere accoutu
mée , à l'Hôtel de la Compagnie. La Liste
des Num, des Actions et dixième d'Ac-.
tions qui doivent être remboursez , a été
rendue publique , faisant en tout le nom ,
bre de trois cens Actions .
H vj Le
168 MER CURE DE FRANCE
Le 28. l'Abbé de Vaugiraud , ' nommé
par le Roi à l'Evêché d'Angers , fut
sacré dans la Chapelle du Séminaire de
S. Sulpice par l'Evêque de Soissons
nommé à l'Archevêché de Sens , assisté
de l'Evêque Titulaire d'Europée et de
PEvêque de Tarbes. Il prêta serment de
fidelité le 30. entre les mains du Roi.
"
Le 3. de ce mois , il y eut Concert François
au Château des Thuilleries , M. Mouret
fit chanter un Divertissement de sa
composition , qui a pour titre : La Beauté
couronnée. Il fut suivi d'une suite de simphonie
Françoise très bien executée . La
Dile Le Maure chanta la Cantate de Zephire
et Flore , et la De Petitpas la Cantatille
d'Endimion. Le Concert fut terminé
par le Motet Lauda Jerusalem , mis
en Musique par l'Abbé Gaveau.
, Le to. le Sr Toscano Italien , habile
Joueur de Violon , executa un Concerto
qui fut très applaudi. Il y a eu pendant
ce mois Concert tous les Mercredis ; on
y a chanté differens Divertissemens qui
ont toujours été terminés par un Motet
de M. de la Lande.
Le Roi a donné la place de Conseiller
Etat ordinaire , vacante par la mort de
M. Ferrand , à M. d'Harlai , Intendant
da
JANVIER. 1731 . 16.9
de la Generalité de Paris , et S. M. a
nommé Conseiller d'Etat M. Orry , Con
trôleur General des Finances.
On écrit de Tours que l'Académie de
Musique qui y est établie se soutient avec
tant d'émulation , qu'il n'y a plus de place
pour ceux qui désirent s'y agréger . Les
Dames et les Demoiselles de cette Ville
se font un plaisir d'y chanter et concou
rent à l'envi à un divertissement si noble.
Quatre jeunes Académiciens voulurent le
30. de ce mois signaler leur reconnoissance
par un Bal de nuit ; ils choisirent pour
le donner la Sale même du Concert , où
elles avoient merité pendant toute l'année
des applaudissemens toujours nouveaux.
Cette Sale fut ornée des plus beaux
meubles ; toutes les personnes distinguées
de la Ville et des environs furent invitées .
Les Portraits du Roi et de la Reine , placés
dans les endroits les plus éminens
imprimerent le respect et redoublerent
La joye ; neuf grands lustres éclairoient
moins que les autres illuminations qui
furent variées de toutes parts avec autant
de goût que de profusion ; la Cour et la
Façade du Bâtiment étoient ornées de
lampions er de terrines qui produisoient
un très bel effet . Des vins , des liqueurs
et des rafraîchissemens de toute espece
accom
170 MERCURE DE FRANCE ..
accompagnoient les fruits prodigués com- ,
me ils devoient l'être dans le Jardin de
la France ; mais ce qui flatta le plus la
Jeunesse Académicienne qui fit trèsgalament
les honneurs du Bal , c'est la
politesse , la tranquilité et l'ordre avec
lequel il fut executé. Cette Fête brillante ,
qui dura jusqu'à 9. heures du matin , a
reçu tous les applaudissemens qu'elle mérite.
Le Public a été mal informé par les
bruits qui ont couru au sujet de la maladie
dont la Communauté des Religieuses
de l'Abbaye Royale de Montmartre
a été affligée . Il y est mort au commencement
de l'année huit Religieuses du
même mal qui commençoit par un grand
accablement , la fievre et une douleur sous
la mamelle droite , ce qui étoit suivi
d'un crachement de sang qui duroit douze
heures ; ensuite les crachats devenoient
rouillés , la tête lourde et peu doulou-,
reuse , avec un dévoyement. M. Silva y
ayant été envoyé par ordre du Roi , il
reconnut que le fond de la maladie étoit
une fievre maligne , provenant principalement
des mauvaises nourritures , et
en ayant informé la Cour , S. M. toujours
attentive au bien de ses Sujets , a
ouvert sur ce pieux Monastere ses mains
bien
JANVIER. 171 1731.
bien faisantes , et la maladie a cessé.
Le Marquis de Lyonne , incommodé
d'une loupe au bras droit , se mit le mois
passé entre les mains d'un Maréchal ferrand
qu'on lui avoit vanté pour ces sortes
de cures. L'Operateur employa d'abord
des fondans qui ne firent qu'irriter
la tumeur ; les caustiques qu'il appliqua
ensuite réduisirent le malade , après des
douleurs excessives , à la derniere extremité.
Alors on manda le S Faget , Chirurgien
Juré , et de S. A. S. Madame la
Duchesse Doüairiere , qui ayant appellé
les Sr Sylva , Petit et Duphénix , qui virent
l'état déplorable du bras et de la
playe où la gangrene se découvroit avec
tous ses simptômes les plus fâcheux . Dans
le moment le S Faget , du commun avis,
ouvrit le bras depuis la partie supérieure
jusqu'au pli , détacha la tumeur qui pesoit
deux livres , et l'enleva ; l'opération
dura deux minutes. La vigilance de ces
Mrs , secondée du courage et du temperament
du malade font esperer une par
faite guerison..
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE
2.
E de Janvier , les Princes et Princesses
du Sang , et les Seigneurs et
Dames de la Cour eurent l'honneur de
complimenter le Roy et la Reine sur la
nouvelle année .
Les Prevot des Marchands et Echevins,
accompagnez des autres Officiers du
Corps de Ville , rendirent à cette occasion
leurs respects à L. M. à Monseigneur
le Dauphin , à Monseign . le Duc
d'Anjou , et à Mesdames de France.
Le même jour , les Chevaliers , Commandeurs
et Officiers de l'Ordre du S.Esprit
, s'étant rendus dans le Cabinet du
Rey , pour l'accompagner à la Messe ;
S. M. tint Chapitre , et proposa pour être
Chevaliers de cet Ordre , le Duc de
Duras , le Duc de Lévy , le Prince de
Tingry , le Comte de Broglio , Ambassadeur
du Roy en Angleterre , le Comte
de Chatillon , le Marquis de Beringhen
premier Ecuyer , le Comte de Rottembourg
, Ambassadeur Extraordinaire du
Roy en Espagne , et le Marquis de la
Fare. Lorsque le Roy en eût signé le
R v Rôle
166 MERCURE DE FRANCE
Rôle , il le remit au Marquis de Breteuil,
Commandeur , Prevôt et Maître des Céremonies
de l'Ordre , qui sortit du Cabinet
pour le faire proclamer par le Hérault.
S. M. se rendit ensuite à la Chapelle
du Château de Versailles , étant précédée
du Duc d'Orleans , du Duc de Bourbon ,
du Comte de Charolois , du Comte de
Clermont , du Duc du Maine , du Pr . de
Dombes , du Comte d'Eu , du Comte de
Toulouse et des Chevaliers , Commandeurs
et Officiers de l'Ordre . Le Roy ,
devant lequel les deux Huissiers de la
Chambre portoient leurs Masses , étoient
en Manteau , le Collier de l'Ordre pardessus
, ainsi que les Chevaliers. S.M.après
avoir assisté à la grande Messe , qui fut
célébrée par l'Abbé Tesnieres, Chapelain
ordinaire de la Chapelle de Musique , fut
reconduit dans son appartement , dans lẹ
même ordre qui avoit été observé en allant
à la Chapelle .
La Reine accompagnée des Dames de
sa Cour , entendit la Messe dans sa Tribune.
L'après midy , L. M. entendirent les
Vêpres , chantées par la Musique,
Le 3. la Reine communia dans la Chapelle
du Château , par les mains du Cardinal
de Fleury , son Grand Aumônier.
Le
JANVIER. 1731. 167
44
mé
Le six , le Pere Boyer , Théatin , nompar
le Roy à l'Evêché de Mirepoix
, fut sacré dans l'Eglise des Minimes
de la Place Royale, par l'Archevêque
de Rouen , assisté des Evêques de Laon et
de Tarbes. Le 12 , ce nouveau Prélat prêta
serment de fidelité entre les mains du
Roy.
Le7 , le Roy et la Reine partirent de
Versailles , pour aller coucher au Château
de Marly , d'où L. M. revinrent à Versailles
le 27. Elles retournerent à Marly
le 3 Février.
Le 14 , l'Abbé de Besons , nommé par
le Roy à l'Evêché de Carcassonne , fut
sacré dans l'Eglise des Théatins , par l'Evêque
Comte de Châlons , assisté de l'Evêque
de Tarbes et de l'Evêque Comte
de Beauvais. Le 21 , il prêta serment de
fidelité entre les mains du Roy.
Le 25 , la Lotterie de la Compagnie des
Indes , pour le remboursement des Actions
, fut tirée en la maniere accoutu
mée , à l'Hôtel de la Compagnie. La Liste
des Num, des Actions et dixième d'Ac-.
tions qui doivent être remboursez , a été
rendue publique , faisant en tout le nom ,
bre de trois cens Actions .
H vj Le
168 MER CURE DE FRANCE
Le 28. l'Abbé de Vaugiraud , ' nommé
par le Roi à l'Evêché d'Angers , fut
sacré dans la Chapelle du Séminaire de
S. Sulpice par l'Evêque de Soissons
nommé à l'Archevêché de Sens , assisté
de l'Evêque Titulaire d'Europée et de
PEvêque de Tarbes. Il prêta serment de
fidelité le 30. entre les mains du Roi.
"
Le 3. de ce mois , il y eut Concert François
au Château des Thuilleries , M. Mouret
fit chanter un Divertissement de sa
composition , qui a pour titre : La Beauté
couronnée. Il fut suivi d'une suite de simphonie
Françoise très bien executée . La
Dile Le Maure chanta la Cantate de Zephire
et Flore , et la De Petitpas la Cantatille
d'Endimion. Le Concert fut terminé
par le Motet Lauda Jerusalem , mis
en Musique par l'Abbé Gaveau.
, Le to. le Sr Toscano Italien , habile
Joueur de Violon , executa un Concerto
qui fut très applaudi. Il y a eu pendant
ce mois Concert tous les Mercredis ; on
y a chanté differens Divertissemens qui
ont toujours été terminés par un Motet
de M. de la Lande.
Le Roi a donné la place de Conseiller
Etat ordinaire , vacante par la mort de
M. Ferrand , à M. d'Harlai , Intendant
da
JANVIER. 1731 . 16.9
de la Generalité de Paris , et S. M. a
nommé Conseiller d'Etat M. Orry , Con
trôleur General des Finances.
On écrit de Tours que l'Académie de
Musique qui y est établie se soutient avec
tant d'émulation , qu'il n'y a plus de place
pour ceux qui désirent s'y agréger . Les
Dames et les Demoiselles de cette Ville
se font un plaisir d'y chanter et concou
rent à l'envi à un divertissement si noble.
Quatre jeunes Académiciens voulurent le
30. de ce mois signaler leur reconnoissance
par un Bal de nuit ; ils choisirent pour
le donner la Sale même du Concert , où
elles avoient merité pendant toute l'année
des applaudissemens toujours nouveaux.
Cette Sale fut ornée des plus beaux
meubles ; toutes les personnes distinguées
de la Ville et des environs furent invitées .
Les Portraits du Roi et de la Reine , placés
dans les endroits les plus éminens
imprimerent le respect et redoublerent
La joye ; neuf grands lustres éclairoient
moins que les autres illuminations qui
furent variées de toutes parts avec autant
de goût que de profusion ; la Cour et la
Façade du Bâtiment étoient ornées de
lampions er de terrines qui produisoient
un très bel effet . Des vins , des liqueurs
et des rafraîchissemens de toute espece
accom
170 MERCURE DE FRANCE ..
accompagnoient les fruits prodigués com- ,
me ils devoient l'être dans le Jardin de
la France ; mais ce qui flatta le plus la
Jeunesse Académicienne qui fit trèsgalament
les honneurs du Bal , c'est la
politesse , la tranquilité et l'ordre avec
lequel il fut executé. Cette Fête brillante ,
qui dura jusqu'à 9. heures du matin , a
reçu tous les applaudissemens qu'elle mérite.
Le Public a été mal informé par les
bruits qui ont couru au sujet de la maladie
dont la Communauté des Religieuses
de l'Abbaye Royale de Montmartre
a été affligée . Il y est mort au commencement
de l'année huit Religieuses du
même mal qui commençoit par un grand
accablement , la fievre et une douleur sous
la mamelle droite , ce qui étoit suivi
d'un crachement de sang qui duroit douze
heures ; ensuite les crachats devenoient
rouillés , la tête lourde et peu doulou-,
reuse , avec un dévoyement. M. Silva y
ayant été envoyé par ordre du Roi , il
reconnut que le fond de la maladie étoit
une fievre maligne , provenant principalement
des mauvaises nourritures , et
en ayant informé la Cour , S. M. toujours
attentive au bien de ses Sujets , a
ouvert sur ce pieux Monastere ses mains
bien
JANVIER. 171 1731.
bien faisantes , et la maladie a cessé.
Le Marquis de Lyonne , incommodé
d'une loupe au bras droit , se mit le mois
passé entre les mains d'un Maréchal ferrand
qu'on lui avoit vanté pour ces sortes
de cures. L'Operateur employa d'abord
des fondans qui ne firent qu'irriter
la tumeur ; les caustiques qu'il appliqua
ensuite réduisirent le malade , après des
douleurs excessives , à la derniere extremité.
Alors on manda le S Faget , Chirurgien
Juré , et de S. A. S. Madame la
Duchesse Doüairiere , qui ayant appellé
les Sr Sylva , Petit et Duphénix , qui virent
l'état déplorable du bras et de la
playe où la gangrene se découvroit avec
tous ses simptômes les plus fâcheux . Dans
le moment le S Faget , du commun avis,
ouvrit le bras depuis la partie supérieure
jusqu'au pli , détacha la tumeur qui pesoit
deux livres , et l'enleva ; l'opération
dura deux minutes. La vigilance de ces
Mrs , secondée du courage et du temperament
du malade font esperer une par
faite guerison..
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Résumé : « Le 1 de Janvier, les Princes et Princesses du Sang, et les Seigneurs et [...] »
En janvier 1731, plusieurs événements marquants eurent lieu à la cour. Le 2 janvier, les membres de la cour, les Prévôt des Marchands et Échevins, ainsi que les Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit rendirent hommage au Roi et à la Reine. Le Roi proposa sept nouveaux Chevaliers pour cet Ordre, dont le Duc de Duras, le Duc de Lévy et le Comte de Broglio. Après la Messe, célébrée par l'Abbé Tesnières, le Roi retourna dans son appartement, tandis que la Reine écouta la Messe dans sa Tribune. L'après-midi, le Roi écouta les Vêpres chantées par la Musique. Le 3 janvier, la Reine communia dans la Chapelle du Château. Le 6 janvier, le Père Boyer fut sacré Évêque de Mirepoix et prêta serment de fidélité au Roi le 12 janvier. Le 7 janvier, le Roi et la Reine se rendirent au Château de Marly, où ils revinrent le 27 janvier. Le 3 février, ils retournèrent à Marly. Le 14 janvier, l'Abbé de Besons fut sacré Évêque de Carcassonne et prêta serment le 21 janvier. Le 25 janvier, la Lotterie de la Compagnie des Indes fut tirée à l'Hôtel de la Compagnie, remboursant trois cents actions. Le 28 janvier, l'Abbé de Vaugiraud fut sacré Évêque d'Angers et prêta serment le 30 janvier. Des concerts eurent lieu au Château des Tuileries, avec des œuvres de M. Mouret et de l'Abbé Gaveau, et le Sr Toscano exécuta un concerto. Des concerts se tinrent également tous les mercredis du mois. Le Roi nomma M. d'Harlay Conseiller d'État ordinaire et M. Orry Contrôleur Général des Finances. À Tours, l'Académie de Musique connut un grand succès avec des concerts et un bal organisé par des Académiciens le 30 janvier. La Communauté des Religieuses de l'Abbaye Royale de Montmartre fut affectée par une maladie due à de mauvaises nourritures, et le Roi intervint pour améliorer leur situation. Le Marquis de Lyonne subit une opération réussie pour enlever une tumeur au bras.
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67
p. 378
DANEMARCK.
Début :
Le 19. Janvier, M. Titley, Résident du Roi d'Angleterre, eut une audience particuliere [...]
Mots clefs :
Danemark, Commissaires, Amirauté, Vaisseau, Reine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DANEMARCK.
DANNEMARCK.
E 19. Janvier , M. Titley , Résident du Roi
d'Angleterre , eut une audience particulieredu
Roi , dans laquelle il remit à S M. la ratification
d'une convention particulière qui a été
conclue depuis quelques mois entre L. M. Brit.
et Danoise.
Le Roi a laissé à la Reine Doüairiere la liberté
de former sa Maison comme elle jugera à pro.
pos , et de choisir dans le nombre des Domestiques
du feu Roi ceux qui lui conviendront.
Les Commissaires de l'Amirauté ont reçû ordre
de faire les préparatifs necessaires pour équiper
au Printems prochain une Escadre de 18. Vaisseaux
de guerre et de cinq Frégates , sur lesquels
on embarquera les deux Régimens de Marine qui
sont dans le Zeland.
Le Vaisseau qu'on attendoit d'Islande est enfin
arrivé à Copenhague , ayant à bord 102. Faucons,
parmi lesquels il y en a cinq entierement blancs..
E 19. Janvier , M. Titley , Résident du Roi
d'Angleterre , eut une audience particulieredu
Roi , dans laquelle il remit à S M. la ratification
d'une convention particulière qui a été
conclue depuis quelques mois entre L. M. Brit.
et Danoise.
Le Roi a laissé à la Reine Doüairiere la liberté
de former sa Maison comme elle jugera à pro.
pos , et de choisir dans le nombre des Domestiques
du feu Roi ceux qui lui conviendront.
Les Commissaires de l'Amirauté ont reçû ordre
de faire les préparatifs necessaires pour équiper
au Printems prochain une Escadre de 18. Vaisseaux
de guerre et de cinq Frégates , sur lesquels
on embarquera les deux Régimens de Marine qui
sont dans le Zeland.
Le Vaisseau qu'on attendoit d'Islande est enfin
arrivé à Copenhague , ayant à bord 102. Faucons,
parmi lesquels il y en a cinq entierement blancs..
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Résumé : DANEMARCK.
Le 19 janvier, M. Titley, Résident du Roi d'Angleterre, a rencontré le Roi pour lui remettre la ratification d'une convention entre les monarques britannique et danois. Le Roi a permis à la Reine Douairière de choisir ses domestiques. L'Amirauté doit préparer une escadre de 18 vaisseaux et cinq frégates pour le printemps. Un vaisseau d'Islande a apporté 102 faucons à Copenhague.
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68
p. 391-395
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le premier de ce mois, la Reine entendit la Messe [...]
Mots clefs :
Versailles, Roi, Reine, Chevaliers, Ordre, Chapelle
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
FRANCE ,
Nouvelles de la Cour , de Paris , & c.
L'essedans la Chapelle du Château de Ver
sailles , et S. M. communia par les mains du
Cardinal de Fleuri , son Grand- Aumônier.
E premier de ce mois , la Reine entendit la
Le 2. Fête de la Purification de la Șainte Vierge,
les Chevaliers , Commandeurs et Officiers des
Ordres du Roi s'étant rendus vers les onze heures
dans le Cabinet de S. M. le Roi tint un Cha ,
pitre , dans lequel le Duc de Levi , le Prince de
Tingry , le Comte de Chatillon et le Marquis
de Beringhen , Premier Ecuyer , qui avoient été
compris dans la promotion des Chevaliers de
l'Ordre du S. Esprit , proposés par S. M. le premier
du mois dernier , furent admis après que
l'Abbé de Pompone , Chancelier des Ordres du
Roi , cut rapporté qu'ils avoient satisfait à ce
qui est porté par les Statuts. Le Chapitre étant
fini , les quatre Chevaliers qui venoient d'être
admis , ct qui s'étoient rendus dans l'appartement
du Roi en habits de Novice , furent introduits
dans le Cabinet , où S. M. les fit Chevaliers de
l'Ordre de S. Michel.
Le Roi sortit ensuite de son appartement pour
aller à la Chapelle du Château de Versailles ;
S. M. étoit précedée du Duc d'Orleans , du Duc
de Bourbon , du Comte de Clermont , du Duc
du Maine , du Prince de Dombes , du Comte
› d'Eu ,
2
292 MERCURE DE FRANCE
d'Eu , du Comte de Toulouse et des Chevaliers ,
Commandeurs et Officiers de l'Ordre ; les Novi
ces marchoient entre les Chevaliers et les Officiers.
Le Roi devant lequel les deux Huissiers de
fa Chambre portoient leurs Masses , étoit en
Manteau , le Collier de l'Ordre par dessus , ainsi
les Chevaliers et le Cardinal de Bissi , Prélat,
Commandeur de l'Ordre du S. Esprit , marchoit
derriere S. M.
que
Le Roi assista à la benediction des Cierges , à
Procession et à la Grande Messe , qui fut celébrée
par l'Abbé Tesnieres , Chapelain ordinaire
de la Chapelle de Musique , et lors qu'elle fut finie
, le Roi quitta son Prie - Dieu et monta à son
Trône auprés de l'Autel , où S. M. reçût les nouveaux
Chevaliers , deux à deux, avec les cerémonies
ordinaires . Le Duc de Chaulnes et le Duc de Tal
lard furent Parrains du Duc de Levy et du Prince
de Tingry ; le Marquis de Goebriant et le Marquis
de Livry le furent du Comte de Chatillon
et du Marquis de Beringhen. Les Chevaliers qui
venoient d'être reçûs ayant pris leurs places suivant
leur rang , le Roi sortit de la Chapelle , et
fut reconduit dans son appartement avec les ce →
rémonies accoûtumées. La Reine s'étoit renduë
avec les Dames de sa Cour dans la Tribune , d'où
elle avoit entendu la grande Messe.
Le premier Fevrier , M. Piat , Recteur de l'U
niversité , accompagné des Députés de sa Compagnie
, alla à Versailles présenter , selon l'usage,
un cierge au Roi et à la Reine. Il eut l'honneur
de haranguer L. M. séparément en présence de
leurs Cours . La même cerémonic fut observée à
l'égard de Monseigneur le Dauphin et de M. le
Duc d'Orleans , comme premier Prince du Sangs
de la Université alla chez M. le Cardinal Mi
nistre
FEVRIER. 1731. 393'
nistre , et ensuite chez M. le Chancelier et chez
M. le Garde des Sceaux , comme Chefs de la Justice
, et dans tous ces endroits M. le Recteur fit
des Harangues au nom de sa Compagnie , et
parla avec beaucoup d'éloquence et de dignité.
Le même jour , M. Chirac , Ancien Professeur
de l'Université de Montpellier , ci - devant Premier
Medecin du Duc d'Orleans , aujourd'hui
Premier Medecin du Roi , reçut au sujet de cette
Charge les complimens de la Faculté de Medecine
de Paris. M. Baron , Docteur Regent er
-Doyen de la Faculté , accompagné de huit Docteurs
, portant la parole , il parla en François
fort él quemment , et M. Chirac répondit avec
beaucoup de politesse et d'énergie.
Au commencement de ce mois , le Roi alla à
la Chasse dans le Parc de Versailles , et S. M.
tua en moins de trois heures de tems près de 300.
piéces de gibier , tant Lievres et Lapins que Farsans
et Perdrix.
Le 8, S. M.prit à Marli le divertissement d'une
course de Traîneaux sur la neige , qui représentoit
une chasse ; celui où le Roi étoit seul , étoit
suivi de quantité d'autres remplis de Seigneurs
et de Dames de la Cour. Les chevaux en étoient
singulierement et richement harnachés avec quantité
de noeuds de rubans , des aigrettes de plume
et des grelots. On avoit mis sur un grand Traineau
, conduit par le Comte de Fimarcon , la figure
d'un Cerf poursuivi par des Chiens , avec
des Piqueurs à cheval sonnant du cor , les autres
Traîneaux suivant à la file ; un autre grand Traîneau
en gondole , rempli de Dantes , étoit conduit
par le Comte de Roussi . Ce Divertissement
(I - qui
384 MERCURE DE FRANCE
qui fut fort goûté , dura prés de quatre heures .
La course passa deux fois sous les fenêtres de
l'appartement de la Reine.
> Le 31. du mois dernier vers les dix heures
du matin , le feu prit à une certaine quantité de
poudre et à des artifices qu'on travailloit dans une
maison à un étage du Faubourg S. Marceau , qui
sauta en l'air , et les maisons voisines ont été
fort endommagées. Une femme y a péri et plu
sieurs personnes ont été blessées. Le proprietaire
de ce Magasin est , dit- on , condamné à faire reparer
tous les dommages causés aux maisons cir-
Convoisines , ce qui avec la perte qu'il a faite
montera à plus de 50000. livres .
L'affaire de M. de la Jonchere , ci - devant
Trésorier General de l'Extraordinaire des Guerres
, a été terminée par Arrêt du Conseil du 16
Janvier dernier , qui le décharge des Jugemens
rendus à la Chambre de l'Arcenal , lesquels S M.
a déclaré comme non avenus..
Le 2 , Fête de la Purification de la Vierge , il y
eut Concert Spirituel au Château des Thuilleries,
qui commença par le Motet Exurgat Deus , de
M. de la Lande ; il fut suivi d'une Hymne à la
Vierge , chantée par la Dlle Le Maure. La Dlle
Erremens chanta un petit Motet , mis en Musique
par M. Mouret , qui fit beaucoup de plaisir ,
de même qu'un autre petit Motet nouveau de la
composition du sieur Le Maire. Le Concert fut
terminé par le Motet Dominus regnavit.
Le 15. de ce mois , la Reine accompagnée des
Dames de sa Cour , alla à l'Eglise Paroissiale de
Versailles , où S. M. assista au Sermon du Pere
Julien,
FEVRIER. 1731. 395
Julien , Religieux Recolet , et ensuite au Salut ,
pendant lequel le Te Deum fut chanté à l'occa
sion du jour de la Naissance du Roi.
Le 26 la Lotterie de la Compagnie des Indes
pour le remboursement des Actions fut tirée en
la maniere accoutumée à l'Hôtel de la Compagnie.
La liste des Numeros des Actions et Dixiémes
d'Actions , qui doivent être remboursées ,
a été rendue publique , faisant en tout le nombre
de 300. Actions.
Sur les représentations qui ont été faites que
les provisions du Carême ne sont pas assez abondantes
cette année , l'Archevêque de Paris a donné
un Mandement , par lequel il permet dans
tout son Diocese de manger des oeufs jusqu'au
Dimanche de la Passion. Le Parlement a aussi
rendu un Arrêt sur le même sujet.
Nouvelles de la Cour , de Paris , & c.
L'essedans la Chapelle du Château de Ver
sailles , et S. M. communia par les mains du
Cardinal de Fleuri , son Grand- Aumônier.
E premier de ce mois , la Reine entendit la
Le 2. Fête de la Purification de la Șainte Vierge,
les Chevaliers , Commandeurs et Officiers des
Ordres du Roi s'étant rendus vers les onze heures
dans le Cabinet de S. M. le Roi tint un Cha ,
pitre , dans lequel le Duc de Levi , le Prince de
Tingry , le Comte de Chatillon et le Marquis
de Beringhen , Premier Ecuyer , qui avoient été
compris dans la promotion des Chevaliers de
l'Ordre du S. Esprit , proposés par S. M. le premier
du mois dernier , furent admis après que
l'Abbé de Pompone , Chancelier des Ordres du
Roi , cut rapporté qu'ils avoient satisfait à ce
qui est porté par les Statuts. Le Chapitre étant
fini , les quatre Chevaliers qui venoient d'être
admis , ct qui s'étoient rendus dans l'appartement
du Roi en habits de Novice , furent introduits
dans le Cabinet , où S. M. les fit Chevaliers de
l'Ordre de S. Michel.
Le Roi sortit ensuite de son appartement pour
aller à la Chapelle du Château de Versailles ;
S. M. étoit précedée du Duc d'Orleans , du Duc
de Bourbon , du Comte de Clermont , du Duc
du Maine , du Prince de Dombes , du Comte
› d'Eu ,
2
292 MERCURE DE FRANCE
d'Eu , du Comte de Toulouse et des Chevaliers ,
Commandeurs et Officiers de l'Ordre ; les Novi
ces marchoient entre les Chevaliers et les Officiers.
Le Roi devant lequel les deux Huissiers de
fa Chambre portoient leurs Masses , étoit en
Manteau , le Collier de l'Ordre par dessus , ainsi
les Chevaliers et le Cardinal de Bissi , Prélat,
Commandeur de l'Ordre du S. Esprit , marchoit
derriere S. M.
que
Le Roi assista à la benediction des Cierges , à
Procession et à la Grande Messe , qui fut celébrée
par l'Abbé Tesnieres , Chapelain ordinaire
de la Chapelle de Musique , et lors qu'elle fut finie
, le Roi quitta son Prie - Dieu et monta à son
Trône auprés de l'Autel , où S. M. reçût les nouveaux
Chevaliers , deux à deux, avec les cerémonies
ordinaires . Le Duc de Chaulnes et le Duc de Tal
lard furent Parrains du Duc de Levy et du Prince
de Tingry ; le Marquis de Goebriant et le Marquis
de Livry le furent du Comte de Chatillon
et du Marquis de Beringhen. Les Chevaliers qui
venoient d'être reçûs ayant pris leurs places suivant
leur rang , le Roi sortit de la Chapelle , et
fut reconduit dans son appartement avec les ce →
rémonies accoûtumées. La Reine s'étoit renduë
avec les Dames de sa Cour dans la Tribune , d'où
elle avoit entendu la grande Messe.
Le premier Fevrier , M. Piat , Recteur de l'U
niversité , accompagné des Députés de sa Compagnie
, alla à Versailles présenter , selon l'usage,
un cierge au Roi et à la Reine. Il eut l'honneur
de haranguer L. M. séparément en présence de
leurs Cours . La même cerémonic fut observée à
l'égard de Monseigneur le Dauphin et de M. le
Duc d'Orleans , comme premier Prince du Sangs
de la Université alla chez M. le Cardinal Mi
nistre
FEVRIER. 1731. 393'
nistre , et ensuite chez M. le Chancelier et chez
M. le Garde des Sceaux , comme Chefs de la Justice
, et dans tous ces endroits M. le Recteur fit
des Harangues au nom de sa Compagnie , et
parla avec beaucoup d'éloquence et de dignité.
Le même jour , M. Chirac , Ancien Professeur
de l'Université de Montpellier , ci - devant Premier
Medecin du Duc d'Orleans , aujourd'hui
Premier Medecin du Roi , reçut au sujet de cette
Charge les complimens de la Faculté de Medecine
de Paris. M. Baron , Docteur Regent er
-Doyen de la Faculté , accompagné de huit Docteurs
, portant la parole , il parla en François
fort él quemment , et M. Chirac répondit avec
beaucoup de politesse et d'énergie.
Au commencement de ce mois , le Roi alla à
la Chasse dans le Parc de Versailles , et S. M.
tua en moins de trois heures de tems près de 300.
piéces de gibier , tant Lievres et Lapins que Farsans
et Perdrix.
Le 8, S. M.prit à Marli le divertissement d'une
course de Traîneaux sur la neige , qui représentoit
une chasse ; celui où le Roi étoit seul , étoit
suivi de quantité d'autres remplis de Seigneurs
et de Dames de la Cour. Les chevaux en étoient
singulierement et richement harnachés avec quantité
de noeuds de rubans , des aigrettes de plume
et des grelots. On avoit mis sur un grand Traineau
, conduit par le Comte de Fimarcon , la figure
d'un Cerf poursuivi par des Chiens , avec
des Piqueurs à cheval sonnant du cor , les autres
Traîneaux suivant à la file ; un autre grand Traîneau
en gondole , rempli de Dantes , étoit conduit
par le Comte de Roussi . Ce Divertissement
(I - qui
384 MERCURE DE FRANCE
qui fut fort goûté , dura prés de quatre heures .
La course passa deux fois sous les fenêtres de
l'appartement de la Reine.
> Le 31. du mois dernier vers les dix heures
du matin , le feu prit à une certaine quantité de
poudre et à des artifices qu'on travailloit dans une
maison à un étage du Faubourg S. Marceau , qui
sauta en l'air , et les maisons voisines ont été
fort endommagées. Une femme y a péri et plu
sieurs personnes ont été blessées. Le proprietaire
de ce Magasin est , dit- on , condamné à faire reparer
tous les dommages causés aux maisons cir-
Convoisines , ce qui avec la perte qu'il a faite
montera à plus de 50000. livres .
L'affaire de M. de la Jonchere , ci - devant
Trésorier General de l'Extraordinaire des Guerres
, a été terminée par Arrêt du Conseil du 16
Janvier dernier , qui le décharge des Jugemens
rendus à la Chambre de l'Arcenal , lesquels S M.
a déclaré comme non avenus..
Le 2 , Fête de la Purification de la Vierge , il y
eut Concert Spirituel au Château des Thuilleries,
qui commença par le Motet Exurgat Deus , de
M. de la Lande ; il fut suivi d'une Hymne à la
Vierge , chantée par la Dlle Le Maure. La Dlle
Erremens chanta un petit Motet , mis en Musique
par M. Mouret , qui fit beaucoup de plaisir ,
de même qu'un autre petit Motet nouveau de la
composition du sieur Le Maire. Le Concert fut
terminé par le Motet Dominus regnavit.
Le 15. de ce mois , la Reine accompagnée des
Dames de sa Cour , alla à l'Eglise Paroissiale de
Versailles , où S. M. assista au Sermon du Pere
Julien,
FEVRIER. 1731. 395
Julien , Religieux Recolet , et ensuite au Salut ,
pendant lequel le Te Deum fut chanté à l'occa
sion du jour de la Naissance du Roi.
Le 26 la Lotterie de la Compagnie des Indes
pour le remboursement des Actions fut tirée en
la maniere accoutumée à l'Hôtel de la Compagnie.
La liste des Numeros des Actions et Dixiémes
d'Actions , qui doivent être remboursées ,
a été rendue publique , faisant en tout le nombre
de 300. Actions.
Sur les représentations qui ont été faites que
les provisions du Carême ne sont pas assez abondantes
cette année , l'Archevêque de Paris a donné
un Mandement , par lequel il permet dans
tout son Diocese de manger des oeufs jusqu'au
Dimanche de la Passion. Le Parlement a aussi
rendu un Arrêt sur le même sujet.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En février 1731, plusieurs événements notables se déroulèrent à la cour de France. Le 1er février, la Reine assista à la messe dans la Chapelle du Château de Versailles, tandis que le Roi tint un chapitre pour admettre de nouveaux Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit. Les nouveaux Chevaliers intronisés furent le Duc de Levi, le Prince de Tingry, le Comte de Chatillon et le Marquis de Beringhen. Après la cérémonie, le Roi participa à la bénédiction des cierges, à la procession et à la grande messe, célébrée par l'Abbé Tesnieres. La Reine, accompagnée des Dames de sa Cour, écouta la messe depuis la tribune. Le même jour, M. Piat, Recteur de l'Université, accompagné des Députés de sa Compagnie, présenta un cierge au Roi et à la Reine à Versailles et prononça des harangues en leur présence. La même cérémonie fut observée auprès du Dauphin et du Duc d'Orléans. Le Recteur adressa également des harangues au Cardinal Ministre, au Chancelier et au Garde des Sceaux. M. Chirac, Premier Médecin du Roi, reçut les compliments de la Faculté de Médecine de Paris. Le 8 février, le Roi organisa une course de traîneaux à Marli, représentant une chasse, qui fut appréciée par la Cour. Le 31 janvier, un incendie dû à l'explosion de poudre endommagea plusieurs maisons dans le Faubourg Saint-Marceau, causant la mort d'une femme et blessant plusieurs personnes. Le 2 février, un concert spirituel eut lieu au Château des Tuileries, incluant des motets et des hymnes. Le 15 février, la Reine assista à un sermon et au Salut à l'Église Paroissiale de Versailles, où le Te Deum fut chanté pour célébrer la naissance du Roi. Le 26 février, la lotterie de la Compagnie des Indes pour le remboursement des actions fut tirée à l'Hôtel de la Compagnie. En raison de la pénurie de provisions de Carême, l'Archevêque de Paris permit la consommation d'œufs jusqu'au Dimanche de la Passion, et le Parlement rendit un arrêt sur le même sujet.
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69
p. 603-606
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le Jeudi Saint, le Roi entendit le Sermon de la [...]
Mots clefs :
Sermons de l'Avent, Roi, Reine, Musique, Loterie, Concert, Service, Cour
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour, de Paris , & c.
L
E Jeudi Saint le Roi entendit le
Sermon de la Cêne de l'Abbé Segui ;
après quoi l'Evêque deLescar'fit l'Absoute,
Ensuite le Roi lava les pieds à douze pauvres
, et S. M. les servit à table. Le Duc
de Bourbon , Grand- Maître de la Maison
du Roi , à la tête des Maîtres d'Hôtel
précedoit le service , dont les plats étoient
portés par le Duc d'Orleans , le Comte
de Charolois , le Comte de Clermont , le
Prince de Dombes , le Comte d'Eu , le
Comte de Toulouse , et par les principaux
Officiers de S.M. Après cette Cerémonie ,
le Roi se rendit à la Chapelle du Château,
où S. M. entendit la grande Messe , et
assista à la Procession et ensuite aux Vêpres.
La Reine assista dans sa Tribune à
tout l'Office.
L'après-midi la Reine entendit le Sermon
de la Cêne de l'Abbé de Ciceri
Prédicateur Ordinaire de S. M. après quoi
l'Evêque de Grasse ayant fait l'Absoute
S. M. lava les pieds à douze pauvres filles,
et
04 MERCURE DE FRANCE
et les servit à table. Le Marquis de Villa
cerf , Premier Maître d'Hôtel de la Rei
ne , à la tête des autres Maîtres d'Hô
de S. M. précedoit le service , dont
plats étoient portés par Mademoiselle
Charolois , Mademoiselle de Clermont
Mademoiselle de la Roche sur - Yon , par
les Dames du Palais de S. M. et par d'autres
Dames de la Cour. Après cette Cerémonie
, le Roi et la Reine entendirent
dans la Chapelle du Château l'Office des
Tenébres , qui fut chanté par la Musique,
Le Duc de Valentinois , à présent Prince
de Monaco , eut l'honneur de saluer le
Roi le 4. de ce mois ; il remit à S. M. le
Collier de l'Ordre du S. Esprit , qu'avoit
le feu Prince de Monaco , son Beau - Pere.
On travaille à abattre et à arracher les
Arbres du Bois de Vincennes ; on n'y
laissera aucun des vieux pieds d'Aubespines
, pour y planter de nouveaux Arbres
en Allées . On dit que ce Parc sera
agrandi de toutes les terres qui sont entre
la vieille enceinte et le Village de
Saint Maur.
Le 11. Mars , Dimanche de la Passion
il y eut Concert Spirituel au Château des
Thuilleries , avec un très grand concours;
OR
MARS. 1731. 605
1
036
on a continué tous les jours de la Semaine
Sainte, et jusques à la fin du mois. M. Mouret
y a fait executer les plus beaux Mobets
à grand choeur de M. de la Lande ,
er quelques autres . On y a chanté aussi
avec succès differens petits Motets nouveaux
, convenables au tems de Pâques ,
à une , à deux et à trois voix , de la composition
des Sieurs Campra , Mouret , Le
Maire et Dubousset , qui ont été chantés
par la Dle Lenner , de la Musique du
Roi , et par les Diles Erremens , Le Maure
et Petitpas , de l'Académie Royale de
Musique. Tous ces morceaux de Musique
ont fait beaucoup de plaisir , ayant été
parfaitement bien executés.
Le 13. et le 21. on chanta deux Motets
à grand choeur , de la composition
de l'Abbé Gaveau , qui furent trouvés
deux excellens morceaux de Musique
aussi furent-ils très- goûtés et très- applau
dis .
On a aussi executé tous les jours differens
Concerto sur le Violon , la Flute et
le Basson, avec autant de vivacité que de
précision .
:: Le 24, la Loterie de la Compagnie des
Indes pour le remboursement des Actions;
fut tirée en la maniere accoutumée à
l'Hôtel de la Compagnie . La liste des nu
Ι mere
656 MERCURE DE FRANCE
meros des Actions et Dixiémes d'Actions
qui doivent être remboursées , a été rendue
publique , faisant en tout le nombre
de 300. Actions.
L
E Jeudi Saint le Roi entendit le
Sermon de la Cêne de l'Abbé Segui ;
après quoi l'Evêque deLescar'fit l'Absoute,
Ensuite le Roi lava les pieds à douze pauvres
, et S. M. les servit à table. Le Duc
de Bourbon , Grand- Maître de la Maison
du Roi , à la tête des Maîtres d'Hôtel
précedoit le service , dont les plats étoient
portés par le Duc d'Orleans , le Comte
de Charolois , le Comte de Clermont , le
Prince de Dombes , le Comte d'Eu , le
Comte de Toulouse , et par les principaux
Officiers de S.M. Après cette Cerémonie ,
le Roi se rendit à la Chapelle du Château,
où S. M. entendit la grande Messe , et
assista à la Procession et ensuite aux Vêpres.
La Reine assista dans sa Tribune à
tout l'Office.
L'après-midi la Reine entendit le Sermon
de la Cêne de l'Abbé de Ciceri
Prédicateur Ordinaire de S. M. après quoi
l'Evêque de Grasse ayant fait l'Absoute
S. M. lava les pieds à douze pauvres filles,
et
04 MERCURE DE FRANCE
et les servit à table. Le Marquis de Villa
cerf , Premier Maître d'Hôtel de la Rei
ne , à la tête des autres Maîtres d'Hô
de S. M. précedoit le service , dont
plats étoient portés par Mademoiselle
Charolois , Mademoiselle de Clermont
Mademoiselle de la Roche sur - Yon , par
les Dames du Palais de S. M. et par d'autres
Dames de la Cour. Après cette Cerémonie
, le Roi et la Reine entendirent
dans la Chapelle du Château l'Office des
Tenébres , qui fut chanté par la Musique,
Le Duc de Valentinois , à présent Prince
de Monaco , eut l'honneur de saluer le
Roi le 4. de ce mois ; il remit à S. M. le
Collier de l'Ordre du S. Esprit , qu'avoit
le feu Prince de Monaco , son Beau - Pere.
On travaille à abattre et à arracher les
Arbres du Bois de Vincennes ; on n'y
laissera aucun des vieux pieds d'Aubespines
, pour y planter de nouveaux Arbres
en Allées . On dit que ce Parc sera
agrandi de toutes les terres qui sont entre
la vieille enceinte et le Village de
Saint Maur.
Le 11. Mars , Dimanche de la Passion
il y eut Concert Spirituel au Château des
Thuilleries , avec un très grand concours;
OR
MARS. 1731. 605
1
036
on a continué tous les jours de la Semaine
Sainte, et jusques à la fin du mois. M. Mouret
y a fait executer les plus beaux Mobets
à grand choeur de M. de la Lande ,
er quelques autres . On y a chanté aussi
avec succès differens petits Motets nouveaux
, convenables au tems de Pâques ,
à une , à deux et à trois voix , de la composition
des Sieurs Campra , Mouret , Le
Maire et Dubousset , qui ont été chantés
par la Dle Lenner , de la Musique du
Roi , et par les Diles Erremens , Le Maure
et Petitpas , de l'Académie Royale de
Musique. Tous ces morceaux de Musique
ont fait beaucoup de plaisir , ayant été
parfaitement bien executés.
Le 13. et le 21. on chanta deux Motets
à grand choeur , de la composition
de l'Abbé Gaveau , qui furent trouvés
deux excellens morceaux de Musique
aussi furent-ils très- goûtés et très- applau
dis .
On a aussi executé tous les jours differens
Concerto sur le Violon , la Flute et
le Basson, avec autant de vivacité que de
précision .
:: Le 24, la Loterie de la Compagnie des
Indes pour le remboursement des Actions;
fut tirée en la maniere accoutumée à
l'Hôtel de la Compagnie . La liste des nu
Ι mere
656 MERCURE DE FRANCE
meros des Actions et Dixiémes d'Actions
qui doivent être remboursées , a été rendue
publique , faisant en tout le nombre
de 300. Actions.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En 1731, durant la Semaine Sainte, plusieurs événements marquants eurent lieu à la Cour de France. Le Jeudi Saint, le Roi écouta le sermon de l'Abbé Segui et reçut l'absoute de l'Évêque de Lescar. Il lava ensuite les pieds de douze pauvres, assisté par des nobles, avant de participer à la messe, à la procession et aux vêpres. La Reine suivit ces offices depuis sa tribune. L'après-midi, elle écouta le sermon de l'Abbé de Ciceri et lava les pieds de douze pauvres filles, aidée par des dames de la cour. Le Duc de Valentinois, devenu Prince de Monaco, salua le Roi et lui remit le collier de l'Ordre du Saint-Esprit. Parallèlement, des travaux d'aménagement étaient en cours dans le Bois de Vincennes pour planter de nouveaux arbres et agrandir le parc. Du 11 au 24 mars, des concerts spirituels furent organisés au Château des Tuileries, avec des œuvres de Mouret, Campra, Le Maire et Dubousset, interprétées par des musiciens renommés. Le 24 mars, la loterie de la Compagnie des Indes pour le remboursement de 300 actions fut tirée.
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70
p. 1173-1175
« Le premier May, les Hautbois de la Chambre du Roy joüerent au levé de [...] »
Début :
Le premier May, les Hautbois de la Chambre du Roy joüerent au levé de [...]
Mots clefs :
Roi, Chanter, Symphonie, Concert, Reine, Ballet, Entrée, Fête, Motet, Destouches
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texteReconnaissance textuelle : « Le premier May, les Hautbois de la Chambre du Roy joüerent au levé de [...] »
Le premier May , les Hautbois de la
Chambre du Roy joüerent au levé de :
Sa Majesté , plusieurs airs de Symphonie
de M. de Lully , et les 24. Violons
de la Chambre donnerent au diné du Roy
une suite de symphonie de la composition
de
1174 MERCURE DE FRANCE
de M. Destouches Sur Intendant de la
Musique du Roy en Semestre , dont l'execution
fût trés brillante .
Le s . il y eût Concert à Marly , on y
chanta les deux derniers Actes de l'Opera'd'Atys.
Le 7 , on chanta devant la Reyne le
Prologue du Balet des Stratagêmes de
l'Amour , dont les vers sont de M. Roy ,
et la Musique de M. Destouches . Ce Prologue
, fait à l'occasion du mariage de L.
M. fut chanté par la Dile. Lenner qui fit
le Rôle de la Prétresse de la Gloire , avec
tout le succès qu'on en pouvoit attendre ,
les Choeur et les Symphonies firent le
même plaisir.
Le 16 , on chanta devant la Reyne la
premiere Entrée du même Balet , intitulée
Scamandre , dont le Rôle fût rempli
par le sieur d'Angerville , et celui de-
Callirée par la Die Barbier , ces deux sujets
rendirent ccs Caractéres avec beaud'Art.
coup
·
Le 19 , on donna la seconde Entrée ,
qui a pour titre les Abderites , le sieur
Guedon y chinta le Rôle de Timante , le
sieurLe Prince celuy d'Iphis , et la Dlle
Couvassier c lui d'Irene , dans lequelelle
plût infiniment.
Le 21 , on finit le Balet par la troisiéme
MAY. 1735. 1175
me Entrée intitulée la Fête de Philotis ; la
Die Lenner et le sieur d'Argervile chanterent
les Rôles d'Albine et d'Emile au
contentement de la Reyne et de toute la
Cour , et le sieur Le Prince fit le Rôle de
Lycas , avec autant de précision que de
legereté .
Le 3. jour Fêre de l'Ascension , et le 1 3 .
Fête de la Pentecôte , il y eût Concert spirituel
au Château des Thuilleries ; on y
chanta differents Motets de M. de la Lande
qui furent parfaitement bien executés,
de même que d'autres petits Motets à une
et deux voix de differents Auteurs.
Le 24 , jour de la Fête- Dieu , on chanta
Exaltabo te Deus , Motet de M. de la
Lande , et Venite exultemus , du sieur du
Bous et. Les Diles. Erremens et Lenner ,
chanterent O Sacrum convivium , Motet
de M. Mouret , qui fût trés aplaudi , de
même qu'un autre petit Motet de M. le
Maire , chanté par la Dlle . Petit- pas ; ce
dernier Concert fût terminé par le Te
Deum de M. de la Lande ,avec Timballes
et Trompettes , précedé d'une trés belle
Symphonie.
Le 8. de ce mois , les Officiers des Gardes
du Corps allerent par la premiere fois
prendre l'Ordre de M. le Dauphin , en
l'absence du Roy.
Chambre du Roy joüerent au levé de :
Sa Majesté , plusieurs airs de Symphonie
de M. de Lully , et les 24. Violons
de la Chambre donnerent au diné du Roy
une suite de symphonie de la composition
de
1174 MERCURE DE FRANCE
de M. Destouches Sur Intendant de la
Musique du Roy en Semestre , dont l'execution
fût trés brillante .
Le s . il y eût Concert à Marly , on y
chanta les deux derniers Actes de l'Opera'd'Atys.
Le 7 , on chanta devant la Reyne le
Prologue du Balet des Stratagêmes de
l'Amour , dont les vers sont de M. Roy ,
et la Musique de M. Destouches . Ce Prologue
, fait à l'occasion du mariage de L.
M. fut chanté par la Dile. Lenner qui fit
le Rôle de la Prétresse de la Gloire , avec
tout le succès qu'on en pouvoit attendre ,
les Choeur et les Symphonies firent le
même plaisir.
Le 16 , on chanta devant la Reyne la
premiere Entrée du même Balet , intitulée
Scamandre , dont le Rôle fût rempli
par le sieur d'Angerville , et celui de-
Callirée par la Die Barbier , ces deux sujets
rendirent ccs Caractéres avec beaud'Art.
coup
·
Le 19 , on donna la seconde Entrée ,
qui a pour titre les Abderites , le sieur
Guedon y chinta le Rôle de Timante , le
sieurLe Prince celuy d'Iphis , et la Dlle
Couvassier c lui d'Irene , dans lequelelle
plût infiniment.
Le 21 , on finit le Balet par la troisiéme
MAY. 1735. 1175
me Entrée intitulée la Fête de Philotis ; la
Die Lenner et le sieur d'Argervile chanterent
les Rôles d'Albine et d'Emile au
contentement de la Reyne et de toute la
Cour , et le sieur Le Prince fit le Rôle de
Lycas , avec autant de précision que de
legereté .
Le 3. jour Fêre de l'Ascension , et le 1 3 .
Fête de la Pentecôte , il y eût Concert spirituel
au Château des Thuilleries ; on y
chanta differents Motets de M. de la Lande
qui furent parfaitement bien executés,
de même que d'autres petits Motets à une
et deux voix de differents Auteurs.
Le 24 , jour de la Fête- Dieu , on chanta
Exaltabo te Deus , Motet de M. de la
Lande , et Venite exultemus , du sieur du
Bous et. Les Diles. Erremens et Lenner ,
chanterent O Sacrum convivium , Motet
de M. Mouret , qui fût trés aplaudi , de
même qu'un autre petit Motet de M. le
Maire , chanté par la Dlle . Petit- pas ; ce
dernier Concert fût terminé par le Te
Deum de M. de la Lande ,avec Timballes
et Trompettes , précedé d'une trés belle
Symphonie.
Le 8. de ce mois , les Officiers des Gardes
du Corps allerent par la premiere fois
prendre l'Ordre de M. le Dauphin , en
l'absence du Roy.
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Résumé : « Le premier May, les Hautbois de la Chambre du Roy joüerent au levé de [...] »
Du 1er au 24 juin, plusieurs événements musicaux eurent lieu à la cour du Roi. Le 1er mai, les Hautbois de la Chambre du Roi jouèrent des symphonies de Lully au lever du Roi, et les Violons de la Chambre exécutèrent une suite de symphonies de Destouches lors du dîner du Roi. Le 5 mai, un concert à Marly présenta les deux derniers actes de l'opéra 'Atys'. Le 7 mai, le Prologue du Ballet des Stratagèmes de l'Amour, avec des vers de Roy et la musique de Destouches, fut chanté devant la Reine par Lenner. Les 16, 19 et 21 mai, différentes entrées du même ballet furent interprétées devant la Reine, avec des rôles joués par plusieurs artistes. Le 3 juin, jour de l'Ascension, et le 13 juin, jour de la Pentecôte, des concerts spirituels eurent lieu aux Tuileries avec des motets de La Lande et d'autres auteurs. Le 24 juin, jour de la Fête-Dieu, plusieurs motets furent chantés, dont ceux de La Lande, Du Bousset et Mouret, interprétés par Erremens et Lenner. Le concert se termina par le Te Deum de La Lande avec timbales et trompettes. Le 8 juin, les Officiers des Gardes du Corps prirent l'Ordre du Dauphin en l'absence du Roi.
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71
p. 1177-1181
« Le 9. aprés mydi, le Roy se rendit du Château de Marly à la Plaine des Sablons, [...] »
Début :
Le 9. aprés mydi, le Roy se rendit du Château de Marly à la Plaine des Sablons, [...]
Mots clefs :
Roi, Duc d'Orléans, Comte, Chevaliers, Grand-messe, Château de Marly, Reine, Officiers, Chapelle, Appartement
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texteReconnaissance textuelle : « Le 9. aprés mydi, le Roy se rendit du Château de Marly à la Plaine des Sablons, [...] »
Le 9. aprés mydi , le Roy se rendit du
Château de Marly à la Plaine des Sablons ,
où S. M, fit la revue des Regimens des
Girdes Françoises et Suisses , qui aprés
avoir fait l'Exercice , défilerent devant
le Roy. La Reine se trouva à cette revuë ,
et S. M. alla ensuite se promener au Cours.
Le to. May le Procez du Comte d'Agenois
fut jugé à la Grand'Chambre , l'Arrêt
porte que sans s'arrêter aux opositions
des 22. Ducs et Pairs de France , il sera
passé outre à la réception du Comte
d'Agenois en la dignité de Duc d'Aiguillon
, Pair de France , pour avoir rang et
stance au Parlement du jour de sa réception
, suivant l'Article 3. de l'Edit de
17 11. Dépens compensés.
Le
1178 MERCURE DE FRANCE
Le 13. jour de la Pentecôre ,. le; Che
valiers , Commandeurs et Officiers des
Ordres du Roy , s'étant , rendus vers les
onze heures dins le Cabinet de S. M.
le Roy tint un Chapitre dans lequel le
Duc de Duras et le Comte de Broglie qui
avoit été compris dans la promotion des
Chevaliers de l'Ordre du S. Esprit , proposés
par S. M. le 1. du mois de Janvier
dernier , furent admis , ainsi que le Comte
de Rottembourg , auquel S. M. a ordonné
qu'on envoya la Croix et le Cordon
bleu. Le Chapitre étant fini , le Duc de
Duras , le Comte de Broglie et le Marquis
de la Fare qui avoient été admis dans
le Chapitre tenu le 2 , de Fevrier dernier ,
s'étant rendus dans l'appartement du Roy
en habit, de Novices , furent introduits
dans le Cabinet , où S. M. les fit Chevaliers
de l'Ordre de S. Michel. Le Roy
sortit ensuite de son appartement pour
aller à la Chapelle du Château. S. M.
étoit précedée du Duc d'Orleans , du
Duc de Bourbon , du Comte de Charolois
, du Duc du Maine , du Prince de
Dombes , du Comte d'Eu , du Comte de
Toulouse , et des Chevaliers , Commandeurs
et Officiers de l'Ordre : les Novices
marchoient entre les Chevaliers et les
Officiers. Le Roy devant lequel les deux
Huissiers
MAY. 1731. 1179
Huissiers de la Chambre portoient leurs
Masses , étoit en manteau , le Collier de
l'Ordre par dessus , ainsi. que les Chevaliers
; et le Cardinal de Bissy , Prelat Commandeur
de l'Ordre du S. Esprit , marchoit
derriere S. M. Le Roy assista à la
Grande Messe , et lorsqu'elle fut finie ,.
S. M. quitta son Prie Dieu et monta à son
Trône auprés de l'Autel , où les trois nonveaux
Chevaliers furent réçûs avec les
Ceremonie; ordinaires , ayant pour Parrains
le Duc de Levy e le Marquis de
Brancas. Les Chevaliers qui venoient
d'être reçus , ayant pris leurs places suivant
leur rang , le Roy sortit de la Chipelle
, et fut réconduit dans son appartement
avec les Ceremonics accoutumées.
les La Reine qui avoit communié par
mains du Cardinal de Fleury , son Grand
Aumônier , se rendit avec les Dames de
Sa Cour dans la Tribune , où S. M. entendit
la Grande Messe .
,
L'aprés mydi , le Roy et la Reine accompagnés
du Duc d'Orleans , du Prince
de Conty , du Duc du Maine , du Prince
de Dombe , du Comte d'Eu et du Comte
de Toulouse , entendirent le Sermon
l'Abbé Causse , et ensuite les Vêpres.
Le14 le Roy révêtu du grand Collier de
FOrdre du S. Esprit , se rendit à la Chapelle
180 MERCURE DE FRANCE
pelle du Château , où S. M. entendit la
Messe et communia par les mains de l'Abbé
de Bellefons , Aumônier du Roy en
quartier. Ensuite le Roy toucha un grand
nombre de Malades.
Le jour de la Fête Dieu , le Roy accompagné
du Duc d'Orleans , du Prince de
Dombes , du Comté d'Eu , et de ses
Principaux Officiers , se rendit à l'Eglise
de la Paroisse de Versailles , où S. M. entendit
la Grande Messe , aprés avoir assisté
à la Procession qui vint suivant l'usage
à la Chapelle du Château . La Reine s'étoit
renduë å sa Tribune , avant que la Procession
arrivat , et S. M. y entendit la
Messe. Monseigneur le Dauphin , Monseigneur
le Duc d'Anjou , et Mesdames de
France , aprés avoir vû passer la Procession
, allerent à la Chapelle , où ils assisterent
à la Messe.
Le17. aprés mydi , le Roy fit au champ
de Mars prés du Château de Marly , la
revue des quatre Compagnies des Gardes
du Corps et de celle des Grenadiers à
cheval.
Le 22. le Duc de Bouflers prêta serment
prit séance au Parlement en qualité de
Pair de France.
Le 25. la Loterie de la Compagnie des
Indes , pour le remboursement des Actions
MAY. 1731 . 1181
tions ,fut tirée en la maniere accoutumée ,
à l'Hôtel de la Compagnie. La Liste des
Numeros gagnans des Actions , et dixiémes
d'Actions qui doivent être remboursées
, a été renduë publique ; faisant en
tout le nombre de 294. Actions.
Château de Marly à la Plaine des Sablons ,
où S. M, fit la revue des Regimens des
Girdes Françoises et Suisses , qui aprés
avoir fait l'Exercice , défilerent devant
le Roy. La Reine se trouva à cette revuë ,
et S. M. alla ensuite se promener au Cours.
Le to. May le Procez du Comte d'Agenois
fut jugé à la Grand'Chambre , l'Arrêt
porte que sans s'arrêter aux opositions
des 22. Ducs et Pairs de France , il sera
passé outre à la réception du Comte
d'Agenois en la dignité de Duc d'Aiguillon
, Pair de France , pour avoir rang et
stance au Parlement du jour de sa réception
, suivant l'Article 3. de l'Edit de
17 11. Dépens compensés.
Le
1178 MERCURE DE FRANCE
Le 13. jour de la Pentecôre ,. le; Che
valiers , Commandeurs et Officiers des
Ordres du Roy , s'étant , rendus vers les
onze heures dins le Cabinet de S. M.
le Roy tint un Chapitre dans lequel le
Duc de Duras et le Comte de Broglie qui
avoit été compris dans la promotion des
Chevaliers de l'Ordre du S. Esprit , proposés
par S. M. le 1. du mois de Janvier
dernier , furent admis , ainsi que le Comte
de Rottembourg , auquel S. M. a ordonné
qu'on envoya la Croix et le Cordon
bleu. Le Chapitre étant fini , le Duc de
Duras , le Comte de Broglie et le Marquis
de la Fare qui avoient été admis dans
le Chapitre tenu le 2 , de Fevrier dernier ,
s'étant rendus dans l'appartement du Roy
en habit, de Novices , furent introduits
dans le Cabinet , où S. M. les fit Chevaliers
de l'Ordre de S. Michel. Le Roy
sortit ensuite de son appartement pour
aller à la Chapelle du Château. S. M.
étoit précedée du Duc d'Orleans , du
Duc de Bourbon , du Comte de Charolois
, du Duc du Maine , du Prince de
Dombes , du Comte d'Eu , du Comte de
Toulouse , et des Chevaliers , Commandeurs
et Officiers de l'Ordre : les Novices
marchoient entre les Chevaliers et les
Officiers. Le Roy devant lequel les deux
Huissiers
MAY. 1731. 1179
Huissiers de la Chambre portoient leurs
Masses , étoit en manteau , le Collier de
l'Ordre par dessus , ainsi. que les Chevaliers
; et le Cardinal de Bissy , Prelat Commandeur
de l'Ordre du S. Esprit , marchoit
derriere S. M. Le Roy assista à la
Grande Messe , et lorsqu'elle fut finie ,.
S. M. quitta son Prie Dieu et monta à son
Trône auprés de l'Autel , où les trois nonveaux
Chevaliers furent réçûs avec les
Ceremonie; ordinaires , ayant pour Parrains
le Duc de Levy e le Marquis de
Brancas. Les Chevaliers qui venoient
d'être reçus , ayant pris leurs places suivant
leur rang , le Roy sortit de la Chipelle
, et fut réconduit dans son appartement
avec les Ceremonics accoutumées.
les La Reine qui avoit communié par
mains du Cardinal de Fleury , son Grand
Aumônier , se rendit avec les Dames de
Sa Cour dans la Tribune , où S. M. entendit
la Grande Messe .
,
L'aprés mydi , le Roy et la Reine accompagnés
du Duc d'Orleans , du Prince
de Conty , du Duc du Maine , du Prince
de Dombe , du Comte d'Eu et du Comte
de Toulouse , entendirent le Sermon
l'Abbé Causse , et ensuite les Vêpres.
Le14 le Roy révêtu du grand Collier de
FOrdre du S. Esprit , se rendit à la Chapelle
180 MERCURE DE FRANCE
pelle du Château , où S. M. entendit la
Messe et communia par les mains de l'Abbé
de Bellefons , Aumônier du Roy en
quartier. Ensuite le Roy toucha un grand
nombre de Malades.
Le jour de la Fête Dieu , le Roy accompagné
du Duc d'Orleans , du Prince de
Dombes , du Comté d'Eu , et de ses
Principaux Officiers , se rendit à l'Eglise
de la Paroisse de Versailles , où S. M. entendit
la Grande Messe , aprés avoir assisté
à la Procession qui vint suivant l'usage
à la Chapelle du Château . La Reine s'étoit
renduë å sa Tribune , avant que la Procession
arrivat , et S. M. y entendit la
Messe. Monseigneur le Dauphin , Monseigneur
le Duc d'Anjou , et Mesdames de
France , aprés avoir vû passer la Procession
, allerent à la Chapelle , où ils assisterent
à la Messe.
Le17. aprés mydi , le Roy fit au champ
de Mars prés du Château de Marly , la
revue des quatre Compagnies des Gardes
du Corps et de celle des Grenadiers à
cheval.
Le 22. le Duc de Bouflers prêta serment
prit séance au Parlement en qualité de
Pair de France.
Le 25. la Loterie de la Compagnie des
Indes , pour le remboursement des Actions
MAY. 1731 . 1181
tions ,fut tirée en la maniere accoutumée ,
à l'Hôtel de la Compagnie. La Liste des
Numeros gagnans des Actions , et dixiémes
d'Actions qui doivent être remboursées
, a été renduë publique ; faisant en
tout le nombre de 294. Actions.
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Résumé : « Le 9. aprés mydi, le Roy se rendit du Château de Marly à la Plaine des Sablons, [...] »
Du 9 au 17 mai 1731, plusieurs événements significatifs se déroulèrent à la cour de France. Le 9 mai, le roi passa en revue les régiments des Gardes Françaises et Suisses à la Plaine des Sablons, en présence de la reine. Le 10 mai, le procès du Comte d'Agenois fut jugé à la Grand'Chambre, confirmant sa réception en tant que Duc d'Aiguillon et Pair de France, malgré les oppositions des Ducs et Pairs. Le 13 mai, jour de la Pentecôte, le roi tint un chapitre des Ordres du Roy, admettant le Duc de Duras, le Comte de Broglie et le Comte de Rottembourg. Une cérémonie eut lieu à la Chapelle du Château, où les nouveaux Chevaliers furent reçus avec les cérémonies ordinaires. La reine communia et assista à la Grande Messe. L'après-midi, le roi et la reine écoutèrent un sermon et les vêpres. Le 14 mai, le roi, revêtu du grand Collier de l'Ordre du Saint-Esprit, entendit la messe et communia avant de toucher un grand nombre de malades. Le jour de la Fête Dieu, le roi et la reine assistèrent à la procession et à la messe à l'église paroissiale de Versailles. Le 17 mai, le roi passa en revue les compagnies des Gardes du Corps et des Grenadiers à cheval au champ de Mars près du Château de Marly. Le 22 mai, le Duc de Boufflers prêta serment et prit séance au Parlement en qualité de Pair de France. Le 25 mai, la loterie de la Compagnie des Indes pour le remboursement des actions fut tirée à l'Hôtel de la Compagnie, avec 294 actions remboursées.
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72
p. 2170-2179
Sethos, Histoire ou Vie, &c. [titre d'après la table]
Début :
SETHOS, Histoire ou Vie tirée des Monumens anecdotes de l'ancienne Egypte [...]
Mots clefs :
Ancienne Égypte, Prince, Reine, Académies, Éducation, Peinture, Carthage, Observatoire des prêtres thébains, Phéniciens, Esclaves
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Sethos, Histoire ou Vie, &c. [titre d'après la table]
SETHOS , Histoire ou Vie tirée des Monumens
anecdotes de l'ancienne Egypte
traduite d'un Manuscrit Grec . A Paris ,
chez les Freres Guerin , Quay des Augustins
, et rue S. Jacques , 1731. trois Volumes
in 12. de plus de 400 , pages chacun
sans la Préface , l'Epitre et les Additions,
Cartes d'Egypte , d'Affrique , &c.
Le nom de M. l'Abbé Terrasson
qui n'est pas à la tête du livre , se trouve
dans le Privilege . Nous ne prétendons
pas donner au Public dans le mois de
Septembre , la premiere nouvelle d'un
Ouvrage , qui a été fort répandu dès les
premiers jours de Juillet : mais les trois
volumes in 12.dont il est composé , ne nous
ont pas permis plutôt d'en faire quelque
rapport au Public . C'est un ouvrage de
fiction à peu près dans le goût de Telema
que,ou des Voyages de Cyrus. Mais au lieu
que ces deux-cy se bornent en quelque
sorte à l'idée d'une éducation ; ce sujet
particulier ne remplit que le premier volume
de Sethos . Ce jeune Prince est fils
d'Osoroth , Roi de Memphis , Prince âgé
et indolent. Sethos dès le premier livre
perd
SEPTEMBRE . 1731. 2171
L
perd Nephté sa mere , Reine admirable
par sa vertu et par sa sagesse . Le Grand
Prêtre en la presentant au Senat , qui ju
geoit les morts en Egypte , fait d'elle un
Eloge Funebre , dont tous les lecteurs
ont été également frappez. Nephté en
mourant , avoit laissé pour Gouverneur
à son fils unique , âgé de huit ans , un excellent
homme , nommé Amedés , qui
conduit toute l'éducation de Sethos . Outre
le soin qu'il en prend par lui - même ,
il le fait profiter de l'éducation publique
des Egyptiens. A cette occasion , l'Auteur
fait dans le second livre une description
historique des Académies de Memphis. Il
donne là un leger crayon de toutes les
sciences qui ont rendu cette Nation si
fameuse , et il joint à ce narré d'excellens
avis pour tous ceux qui sont chargez de
l'instruction de la jeunesse , ou qui veulent
s'instruire eux - mêmes. Il insinuë , suivant
le principe déja exposé dans la Préface
, que les Sciences sont une des plus
grandes sources des vertus humaines et
civiles , non -seulement par l'occupation
qui est un obstacle au déreglement des
moeurs , mais encore par les préceptes et
par les exemples que la lecture nous
fournit. La Reine Daluca , qui épouse
Osoroth après la mort de Nephté , et qui
Fij vouloit
2172 MERCURE DE FRANCE
› vouloit perdre Sethos pour faire place
à l'aîné des deux Enfans qu'elle eût de
lui , songea d'abord à corrompre la Cour,
dans le dessein de faire passer son projet.
Elle ne trouva point de plus sûr moyen
pour introduire cette corruption , que de
décréditer ces Académies , et de jetter
les jeunes Seigneurs dans l'oisiveté et dans
le goût des amusemens frivoles. Elle Y
réussit dont les femmes de sa cour par
l'Auteur fait une peinture qui s'est attiré
une appro bation generale.
с
genereux ,
,
et mê-
Après huit ans de cette éducation pu
blique et particuliere , Amedés concevant
que son disciple avoit besoin d'un
mérite plus qu'ordinaire pour surmonter
les entreprises de ses ennemis domestiques
, conçoit le dessein
me perilleux , de lui procurer l'initiation.
C'étoit alors l'école des vertus les plus
héroïques, Les épreuves du corps qu'il
falloit subir , demandoient un courage
extrême , et les épreuves de l'ame exigeoient
une docilité qui faisoient de l'aspirant
un homme nouveau L'autheur fait
de ces pratiques un tableau qu'on n'a
vû encore nulle part , et où la fiction ne
sert que d'ornement à un fond vrai
mais qui n'a été sçû jusqu'à present que
de ceux qui ont une grande connoissance
9
de
SEPTEMBRE. 1737. 2173
de l'Antiquité.Ces exercices exposez dans
le troisième livre finissent à l'égard de
Sethos , par trois questions qu'on lui
propose sur l'héroïsme : les réponses qu'il
y donne font , pour ainsi dire , la base de
tout le reste de sa vie. Il satisfait à ces
questions dans le quatriéme livre à l'occasion
de l'histoire de deux freres , fils du
Prince de Carthage , qui avoit promis sa
succession à celui des deux qui feroit
dans le cours de trois années l'action la
plus héroïque . Sethos ayant décidé que
la premiere vertu du Heros , est un amour
zelé du genre humain , se consacre luimême
au service des hommes en general:
et en conséquence de cette résolution , it
employe le long exil où le jette la persécution
de Daluca , à faire chez des peuples
inconnus les voyages utiles pour eux,
qui font le sujet du second volume.
Le cinquiéme livre le premier des
trois qui composent ce volume , contient
le détail d'une guerre que le Roi de Thebes
fait au Roy de Memphis. L'artificieuse
Daluca veut se servir de cette
guerre pour faire perir Sethos . Elle arrache
, pour ainsi dire , le consentement
du Roy pour la nomination d'un General
indigne , nommé Thoris , auquel elle
communique ses intentions. Le Roy se
Fiij. COR
2174 MERCURE DE FRANCE
}
contente de soustraire son fils à l'obéïssance
d'un tel chef , et de ne lui donner
aucun autre Commandant qu'Amedés.
Le jeune Prince part pour Captos que le
Roy de Thebes menaçoit d'un Siége.
Mais avant qu'il fût formé , Sethos profite
du Privilege commun à tous les initiez
, pour visiter secretement sous la
conduite des Prêtres , les curiositez principales
du Royaume de Thebes. On trou
ve ici en abregé les singularitez dù Nil .
Sethos termine cette petite course par la
visite de l'Observatoire des Prêtres Thebains.
Il prend là des connoissances utiles
et nécessaires à une grande navigation ,
où il conduira bien- tôt les Phéniciens , et
qu'il montrera le premier aux hommes.
Revenu à Captos , les essais de son intelligence
et de son courage en fait de guerre
, sont des actions merveilleuses ; et
quoi qu'il ne combattit encore que comme
volontaire , il s'attire l'admiration
des assiegez et même des assiegeans . Enfin
pourtant le traître Thoris pressé d'ailleurs
les lettres de la Reine , et sçapar
chant qu'Amedés ne permettoit point au
jeune Prince de sortir de la place , imagine
un moyen de faire entrer à la faveur
d'une attaque de nuit , les ennemis dans
la Ville , qu'il défendoit lui- même au - de-
,
hors
SEPTEMBRE. 1731. 2179
porte
:
,
›
hors. Les ennemis néanmoins n'entrerent
pas mais Sethos et Amedés lui-même
combattant avec les Assiegez dans une
alors ouverte se trouverent sortis
eux-mêmes dans le fort de l'action , et
séparez l'un de l'autre. Sethos fut griévement
blessé , fut pris par des Soldats
Ethiopiens , et porté dans une Ville voisine
, où les Pheniciens avoient un établissement
considérable. Les Ethiopiens
qui ne le connoissoient pas ; vendirent ce
Prince aux Pheniciens qui ne le reconnurent
pas non plus . Ce jeune Prince
commençoit à se rétablir , lorsque la publication
d'une Lettre du Roy son Pere ,
par laquelle il offroit la moitié de son
Royaume au Roy de Thebes pour racheter
son fils , si on le trouvoit , arriva jusques
dans la chambre où il étoit couché.
Sethos qu'on croyoit déja par tout avoir
été tué se confirma à la vûë de cette rancon
énorme , dans la reserve qu'il avoit
gardée jusqu'alors sur sa condition : et il
pria lui-même les Pheniciens de le conduire
jusqu'à la flote qu'ils avoient sur la
mer rouge , et qui alloit mettre à la voile
pour un voyage de long cours.
Dans le sixième livre , Sethos déguisé
sous le nom de Cherés , se distingue d'apar
ses connoissances auprès d'Ors-
Fiiij tarte
bord
2176 MERCURE DE FRANCE
tarte , Commandant de cette Flotte, où il
venoit d'entrer Esclave .. Il se signala encore
davantage dans un combat naval , que
les Pheniciens donnerent contre la Flotte
des Rois de la Taprobane. Ces Rois s'opposoient
aux Pheniciens qui venoient deffendre
leur Colonie établie dans cette Isledepuis
quelque - temps ; et on les soupçonnoit
de l'avoir exterminée . Astrate
après une victoire sur Mer , qui étoit dûë
en sa plus grande partie aux conseils et
au courage de Cherés , débarqua la nuit
pour achever la déstruction des insulaires
: mais se trouvant au point du jour à
la vûë de leur camp , les Rois lui députent
un Heraut pour lui demander une
conférence dans la plaine. Que là on lui
exposeroit le sujet de la Guerre qu'ils faisoient
à Pheletés, chef de la Colonie Phenicienne
; s'ils acceptoient pour Arbitredu
differend qu'ils avoient avec la Phenicie
, l'Egyptien même qu'Aytarte avoit
amené , et dont quelques Prisonniers
qu'ils avoient faits dans le combat de la
veille , leur avoient parlé avec de grands
éloges. Astrate ayant accordé au Heraut
cette demande ; on apprit dans la conférence
, que Pheletés avoit fait égorger en
une nuit le Gouverneur et la Garnison de
Galiba , ville maritime de la Taprobane
Qu
SEPTEMBRE . 1731 2177
où l'on avoit reçû les Pheniciens : ce qui
obligeoit les Rois d'assieger cette Ville
pour la reprendre. Cherés interrogé sur
cette question , prend hautement le parti
des insulaires
Pheniciens mêmes , le combat et la victoire
de la Ville . Pheletés qui assistoit à
cette conférence , commençoit à se deffendre
d'une maniere injurieuse pour
Cherés , lorsqu'Astrate montra une lettre
patente du Roy de Phenicie. Il étoit dit:
dans cette lettre , que le Roy ne sçachant
que confusément la cause de cette guerre ,.
envoyoit Astrate pour défendre la Colo--
nie si les Rois de l'Isle lui vouloient ôter
l'établissement qu'on lui avoit accordé :
autrefois. Il lui donnoit en même temps
la place de Pheletés , qui n'étoit agréable :
ny aux Pheniciens ny aux Insulaires , et
joignoit à l'égard de ce dernier , un ordre
de lui faire son Procez , s'il avoit fait aux
Rois ses amis et ses alliez , quelque offen--
se capitale. Pheletés entendant ces paroles
, sort brusquement de la tente , et se
jette dans la Mer : après quoi la Ville de
Galiba fut rendue à ses légitimes posses--
seurs et la Paix. rétablie entre les deux
Peuples.
et désavoie au nom des
Mais avant que la conférence se romapît
, Cherés proposa aux deux Nations
Fy Pen
2178 MERCURE DE FRANCE
l'entreprise de faire le tour de l'Affrique
par son extrêmité méridionale. Ilinsinua
qu'il avoit sur ce sujet des connoissances
particulieres dont il ne pouvoit pas dire
la source. C'étoient les Notions Geographiques
que les Prêtres de Thebes lui
avoient données. Il demanda à chacun
des deux Peuples six grands Vaisseaux , et
quelques autres plus petits , qui leur por
teroient de ses nouvelles pendant sa course
, et qui rapporteroient les provisions
dont il auroit besoin. Le credit que
Cherés s'étoit acquis , et l'esperance d'un
commerce avantageux fit consentir l'Assemblée
à ce dessein. Cherés commence
icy à devenir Chef et Commandant et
l'on verra dans toute la suite , que la réputation
de sa vertu , de son intelligence
et de son courage le rendra le Maître dans
tous les lieux où il arrivera.
›
:
Le sixième livre contient encore la route
qu'il fait le premier par la pleine Mer à
Menuthias , aujourd'huy Madagascar . I}
soûmet sans effusion de sang les Sauvages
de cette Isle , qui n'avoient aucune
forme de gouvernement , par une conquête
qui les rend plus heureux qu'ils ne
Fétoient avant son arrivée : et il leur
donne pour maîtres sous des conditions:
équitables , les Rois de la Taprobane,
Cheréa
SEPTEMBRE 1731. 2179
Cherés est plus severe à l'égard des Antropophages
, qui possedoient sur les cô
tes orientales de l'Affrique , les mines de
Sophir , ou Ophir , sans connoître leurs
richesses. Mais leur coûtumé étoit de
manger les hommes que les tempêtes ou
les naufrages jettoient sur leurs côtes. Ils
parurent d'abord se soûmetrre à un vain
queur bien-faisant. Mais s'étant revoltez
ensuite , et ayant fait massacrer avant un
combat qu'ils livrerent à Cherés , tous les
prisonniers qu'ils destinoient à leurs nourritures
; le vainqueur fit mettre en croix
le long du rivage tous les chefs , et condamna
tous les habitans à ouvrir les mines,
dont il donna la possession aux Pheni--
ciens..Il n'oublia pas néanmoins de faire
à l'égard de ces Esclaves , des loix qui
changerent leur punition en un travail
reglé et suportable:
Ce fût là enfin que Cherés se disposa
à découvrir le passage de la mer orientale
à la mer occidentale de l'Affriques pas
sage que l'on avoit souhaitté jusqu'alors.
sans aucun espoir. L'Auteur entre par- là
dans le septiéme livre que nous renvoyons;
avec les trois suivans au mois prochain
anecdotes de l'ancienne Egypte
traduite d'un Manuscrit Grec . A Paris ,
chez les Freres Guerin , Quay des Augustins
, et rue S. Jacques , 1731. trois Volumes
in 12. de plus de 400 , pages chacun
sans la Préface , l'Epitre et les Additions,
Cartes d'Egypte , d'Affrique , &c.
Le nom de M. l'Abbé Terrasson
qui n'est pas à la tête du livre , se trouve
dans le Privilege . Nous ne prétendons
pas donner au Public dans le mois de
Septembre , la premiere nouvelle d'un
Ouvrage , qui a été fort répandu dès les
premiers jours de Juillet : mais les trois
volumes in 12.dont il est composé , ne nous
ont pas permis plutôt d'en faire quelque
rapport au Public . C'est un ouvrage de
fiction à peu près dans le goût de Telema
que,ou des Voyages de Cyrus. Mais au lieu
que ces deux-cy se bornent en quelque
sorte à l'idée d'une éducation ; ce sujet
particulier ne remplit que le premier volume
de Sethos . Ce jeune Prince est fils
d'Osoroth , Roi de Memphis , Prince âgé
et indolent. Sethos dès le premier livre
perd
SEPTEMBRE . 1731. 2171
L
perd Nephté sa mere , Reine admirable
par sa vertu et par sa sagesse . Le Grand
Prêtre en la presentant au Senat , qui ju
geoit les morts en Egypte , fait d'elle un
Eloge Funebre , dont tous les lecteurs
ont été également frappez. Nephté en
mourant , avoit laissé pour Gouverneur
à son fils unique , âgé de huit ans , un excellent
homme , nommé Amedés , qui
conduit toute l'éducation de Sethos . Outre
le soin qu'il en prend par lui - même ,
il le fait profiter de l'éducation publique
des Egyptiens. A cette occasion , l'Auteur
fait dans le second livre une description
historique des Académies de Memphis. Il
donne là un leger crayon de toutes les
sciences qui ont rendu cette Nation si
fameuse , et il joint à ce narré d'excellens
avis pour tous ceux qui sont chargez de
l'instruction de la jeunesse , ou qui veulent
s'instruire eux - mêmes. Il insinuë , suivant
le principe déja exposé dans la Préface
, que les Sciences sont une des plus
grandes sources des vertus humaines et
civiles , non -seulement par l'occupation
qui est un obstacle au déreglement des
moeurs , mais encore par les préceptes et
par les exemples que la lecture nous
fournit. La Reine Daluca , qui épouse
Osoroth après la mort de Nephté , et qui
Fij vouloit
2172 MERCURE DE FRANCE
› vouloit perdre Sethos pour faire place
à l'aîné des deux Enfans qu'elle eût de
lui , songea d'abord à corrompre la Cour,
dans le dessein de faire passer son projet.
Elle ne trouva point de plus sûr moyen
pour introduire cette corruption , que de
décréditer ces Académies , et de jetter
les jeunes Seigneurs dans l'oisiveté et dans
le goût des amusemens frivoles. Elle Y
réussit dont les femmes de sa cour par
l'Auteur fait une peinture qui s'est attiré
une appro bation generale.
с
genereux ,
,
et mê-
Après huit ans de cette éducation pu
blique et particuliere , Amedés concevant
que son disciple avoit besoin d'un
mérite plus qu'ordinaire pour surmonter
les entreprises de ses ennemis domestiques
, conçoit le dessein
me perilleux , de lui procurer l'initiation.
C'étoit alors l'école des vertus les plus
héroïques, Les épreuves du corps qu'il
falloit subir , demandoient un courage
extrême , et les épreuves de l'ame exigeoient
une docilité qui faisoient de l'aspirant
un homme nouveau L'autheur fait
de ces pratiques un tableau qu'on n'a
vû encore nulle part , et où la fiction ne
sert que d'ornement à un fond vrai
mais qui n'a été sçû jusqu'à present que
de ceux qui ont une grande connoissance
9
de
SEPTEMBRE. 1737. 2173
de l'Antiquité.Ces exercices exposez dans
le troisième livre finissent à l'égard de
Sethos , par trois questions qu'on lui
propose sur l'héroïsme : les réponses qu'il
y donne font , pour ainsi dire , la base de
tout le reste de sa vie. Il satisfait à ces
questions dans le quatriéme livre à l'occasion
de l'histoire de deux freres , fils du
Prince de Carthage , qui avoit promis sa
succession à celui des deux qui feroit
dans le cours de trois années l'action la
plus héroïque . Sethos ayant décidé que
la premiere vertu du Heros , est un amour
zelé du genre humain , se consacre luimême
au service des hommes en general:
et en conséquence de cette résolution , it
employe le long exil où le jette la persécution
de Daluca , à faire chez des peuples
inconnus les voyages utiles pour eux,
qui font le sujet du second volume.
Le cinquiéme livre le premier des
trois qui composent ce volume , contient
le détail d'une guerre que le Roi de Thebes
fait au Roy de Memphis. L'artificieuse
Daluca veut se servir de cette
guerre pour faire perir Sethos . Elle arrache
, pour ainsi dire , le consentement
du Roy pour la nomination d'un General
indigne , nommé Thoris , auquel elle
communique ses intentions. Le Roy se
Fiij. COR
2174 MERCURE DE FRANCE
}
contente de soustraire son fils à l'obéïssance
d'un tel chef , et de ne lui donner
aucun autre Commandant qu'Amedés.
Le jeune Prince part pour Captos que le
Roy de Thebes menaçoit d'un Siége.
Mais avant qu'il fût formé , Sethos profite
du Privilege commun à tous les initiez
, pour visiter secretement sous la
conduite des Prêtres , les curiositez principales
du Royaume de Thebes. On trou
ve ici en abregé les singularitez dù Nil .
Sethos termine cette petite course par la
visite de l'Observatoire des Prêtres Thebains.
Il prend là des connoissances utiles
et nécessaires à une grande navigation ,
où il conduira bien- tôt les Phéniciens , et
qu'il montrera le premier aux hommes.
Revenu à Captos , les essais de son intelligence
et de son courage en fait de guerre
, sont des actions merveilleuses ; et
quoi qu'il ne combattit encore que comme
volontaire , il s'attire l'admiration
des assiegez et même des assiegeans . Enfin
pourtant le traître Thoris pressé d'ailleurs
les lettres de la Reine , et sçapar
chant qu'Amedés ne permettoit point au
jeune Prince de sortir de la place , imagine
un moyen de faire entrer à la faveur
d'une attaque de nuit , les ennemis dans
la Ville , qu'il défendoit lui- même au - de-
,
hors
SEPTEMBRE. 1731. 2179
porte
:
,
›
hors. Les ennemis néanmoins n'entrerent
pas mais Sethos et Amedés lui-même
combattant avec les Assiegez dans une
alors ouverte se trouverent sortis
eux-mêmes dans le fort de l'action , et
séparez l'un de l'autre. Sethos fut griévement
blessé , fut pris par des Soldats
Ethiopiens , et porté dans une Ville voisine
, où les Pheniciens avoient un établissement
considérable. Les Ethiopiens
qui ne le connoissoient pas ; vendirent ce
Prince aux Pheniciens qui ne le reconnurent
pas non plus . Ce jeune Prince
commençoit à se rétablir , lorsque la publication
d'une Lettre du Roy son Pere ,
par laquelle il offroit la moitié de son
Royaume au Roy de Thebes pour racheter
son fils , si on le trouvoit , arriva jusques
dans la chambre où il étoit couché.
Sethos qu'on croyoit déja par tout avoir
été tué se confirma à la vûë de cette rancon
énorme , dans la reserve qu'il avoit
gardée jusqu'alors sur sa condition : et il
pria lui-même les Pheniciens de le conduire
jusqu'à la flote qu'ils avoient sur la
mer rouge , et qui alloit mettre à la voile
pour un voyage de long cours.
Dans le sixième livre , Sethos déguisé
sous le nom de Cherés , se distingue d'apar
ses connoissances auprès d'Ors-
Fiiij tarte
bord
2176 MERCURE DE FRANCE
tarte , Commandant de cette Flotte, où il
venoit d'entrer Esclave .. Il se signala encore
davantage dans un combat naval , que
les Pheniciens donnerent contre la Flotte
des Rois de la Taprobane. Ces Rois s'opposoient
aux Pheniciens qui venoient deffendre
leur Colonie établie dans cette Isledepuis
quelque - temps ; et on les soupçonnoit
de l'avoir exterminée . Astrate
après une victoire sur Mer , qui étoit dûë
en sa plus grande partie aux conseils et
au courage de Cherés , débarqua la nuit
pour achever la déstruction des insulaires
: mais se trouvant au point du jour à
la vûë de leur camp , les Rois lui députent
un Heraut pour lui demander une
conférence dans la plaine. Que là on lui
exposeroit le sujet de la Guerre qu'ils faisoient
à Pheletés, chef de la Colonie Phenicienne
; s'ils acceptoient pour Arbitredu
differend qu'ils avoient avec la Phenicie
, l'Egyptien même qu'Aytarte avoit
amené , et dont quelques Prisonniers
qu'ils avoient faits dans le combat de la
veille , leur avoient parlé avec de grands
éloges. Astrate ayant accordé au Heraut
cette demande ; on apprit dans la conférence
, que Pheletés avoit fait égorger en
une nuit le Gouverneur et la Garnison de
Galiba , ville maritime de la Taprobane
Qu
SEPTEMBRE . 1731 2177
où l'on avoit reçû les Pheniciens : ce qui
obligeoit les Rois d'assieger cette Ville
pour la reprendre. Cherés interrogé sur
cette question , prend hautement le parti
des insulaires
Pheniciens mêmes , le combat et la victoire
de la Ville . Pheletés qui assistoit à
cette conférence , commençoit à se deffendre
d'une maniere injurieuse pour
Cherés , lorsqu'Astrate montra une lettre
patente du Roy de Phenicie. Il étoit dit:
dans cette lettre , que le Roy ne sçachant
que confusément la cause de cette guerre ,.
envoyoit Astrate pour défendre la Colo--
nie si les Rois de l'Isle lui vouloient ôter
l'établissement qu'on lui avoit accordé :
autrefois. Il lui donnoit en même temps
la place de Pheletés , qui n'étoit agréable :
ny aux Pheniciens ny aux Insulaires , et
joignoit à l'égard de ce dernier , un ordre
de lui faire son Procez , s'il avoit fait aux
Rois ses amis et ses alliez , quelque offen--
se capitale. Pheletés entendant ces paroles
, sort brusquement de la tente , et se
jette dans la Mer : après quoi la Ville de
Galiba fut rendue à ses légitimes posses--
seurs et la Paix. rétablie entre les deux
Peuples.
et désavoie au nom des
Mais avant que la conférence se romapît
, Cherés proposa aux deux Nations
Fy Pen
2178 MERCURE DE FRANCE
l'entreprise de faire le tour de l'Affrique
par son extrêmité méridionale. Ilinsinua
qu'il avoit sur ce sujet des connoissances
particulieres dont il ne pouvoit pas dire
la source. C'étoient les Notions Geographiques
que les Prêtres de Thebes lui
avoient données. Il demanda à chacun
des deux Peuples six grands Vaisseaux , et
quelques autres plus petits , qui leur por
teroient de ses nouvelles pendant sa course
, et qui rapporteroient les provisions
dont il auroit besoin. Le credit que
Cherés s'étoit acquis , et l'esperance d'un
commerce avantageux fit consentir l'Assemblée
à ce dessein. Cherés commence
icy à devenir Chef et Commandant et
l'on verra dans toute la suite , que la réputation
de sa vertu , de son intelligence
et de son courage le rendra le Maître dans
tous les lieux où il arrivera.
›
:
Le sixième livre contient encore la route
qu'il fait le premier par la pleine Mer à
Menuthias , aujourd'huy Madagascar . I}
soûmet sans effusion de sang les Sauvages
de cette Isle , qui n'avoient aucune
forme de gouvernement , par une conquête
qui les rend plus heureux qu'ils ne
Fétoient avant son arrivée : et il leur
donne pour maîtres sous des conditions:
équitables , les Rois de la Taprobane,
Cheréa
SEPTEMBRE 1731. 2179
Cherés est plus severe à l'égard des Antropophages
, qui possedoient sur les cô
tes orientales de l'Affrique , les mines de
Sophir , ou Ophir , sans connoître leurs
richesses. Mais leur coûtumé étoit de
manger les hommes que les tempêtes ou
les naufrages jettoient sur leurs côtes. Ils
parurent d'abord se soûmetrre à un vain
queur bien-faisant. Mais s'étant revoltez
ensuite , et ayant fait massacrer avant un
combat qu'ils livrerent à Cherés , tous les
prisonniers qu'ils destinoient à leurs nourritures
; le vainqueur fit mettre en croix
le long du rivage tous les chefs , et condamna
tous les habitans à ouvrir les mines,
dont il donna la possession aux Pheni--
ciens..Il n'oublia pas néanmoins de faire
à l'égard de ces Esclaves , des loix qui
changerent leur punition en un travail
reglé et suportable:
Ce fût là enfin que Cherés se disposa
à découvrir le passage de la mer orientale
à la mer occidentale de l'Affriques pas
sage que l'on avoit souhaitté jusqu'alors.
sans aucun espoir. L'Auteur entre par- là
dans le septiéme livre que nous renvoyons;
avec les trois suivans au mois prochain
Fermer
Résumé : Sethos, Histoire ou Vie, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Sethos, Histoire ou Vie tirée des Monumens anecdotiques de l'ancienne Egypte' a été traduit d'un manuscrit grec et publié à Paris en 1731 par les Frères Guerin. Il se compose de trois volumes in-12, chacun contenant plus de 400 pages, sans compter la préface, l'épître et les additions. Le nom de l'abbé Terrasson apparaît dans le privilège, mais pas à la tête du livre. L'histoire relate la vie de Sethos, fils d'Osoroth, roi de Memphis, et de la reine Nephté. Après la mort de Nephté, Sethos est élevé par Amedés, un gouverneur sage et vertueux. Le second volume décrit les académies de Memphis et les sciences qui ont rendu l'Égypte célèbre, soulignant l'importance des sciences pour les vertus humaines et civiles. La reine Daluca, nouvelle épouse d'Osoroth, cherche à éliminer Sethos pour favoriser ses propres enfants. Elle tente de discréditer les académies et de corrompre la cour. Amedés, pour protéger Sethos, décide de lui faire subir l'initiation, un processus exigeant des épreuves physiques et morales. Après son initiation, Sethos se consacre au service de l'humanité et entreprend des voyages utiles. Le cinquième volume relate une guerre entre le roi de Thèbes et le roi de Memphis, où Daluca tente de faire périr Sethos en nommant un général indigne. Sethos, malgré les trahisons, se distingue par son courage et son intelligence. Capturé et vendu comme esclave, Sethos se retrouve sur un navire phénicien sous le nom de Cherés. Il se distingue lors d'un combat naval et aide à résoudre un conflit entre les Phéniciens et les rois de la Taprobane. Il propose ensuite une expédition pour faire le tour de l'Afrique par son extrémité méridionale, utilisant les connaissances géographiques acquises auprès des prêtres de Thèbes. Le sixième volume décrit les aventures de Cherés en Afrique, où il soumet les habitants de Madagascar et des côtes orientales de l'Afrique, mettant fin à leurs pratiques anthropophages et établissant des lois équitables. Il découvre finalement le passage entre la mer orientale et la mer occidentale de l'Afrique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
73
p. 2297-2309
LETTRE de Madame la Comtesse de.... à M.le Chevalier de ... sur la Tragedie d'Astrate.
Début :
Je vous avouë, Monsieur, que j'ai été terriblement en colere contre le Public [...]
Mots clefs :
Rire, Satire, Despréaux, Famille royale, Conspiration , Reine, Autorité, Reconnaissance, Défiance
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de Madame la Comtesse de.... à M.le Chevalier de ... sur la Tragedie d'Astrate.
LETTRE de Madame la Comtesse de....
à M.le Chevalier de ... sur la Tragedie
d'Astrate
J
E vous avoue , Monsieur , que j'ai été
terriblement en colere contre le Public
et même contre vous , à la lecture
de votre derniere Lettre ; vous m'annoncez
qu'on a ri à la représentation d'Astrate
, et loin de me l'annoncer comme
une injustice des plus criantes , vous ne
rougissez pas d'ajoûter que vous n'avez
pas pû vous empêcher d'y rire , comme
les autres , sur tout au second Acte , où il
s'agit de l'Anneau Royal , qu'il a plû à
l'Aristarque François de tourner en ridicule
par ce Vers : Sur tout l'Anneau Royal
me semble bien trouvé. Vous auriez été
B iij
LIFT
2298 MERCURE DE FRANCE
un peu plus en garde contre votre envie
de rire , si vous eussiez consideré que
Despreaux met ces Vers ironiques dans
la bouche d'un Campagnard , par un reste
de pudeur qui l'empêche d'adopter un
sentiment si peu sensé. Ce n'est pas que
je prétende ici justifier cet implacable
Auteur ; il a bien pû penser lui - même
ce qu'il fait dire à un autre , puisqu'il a
osé avancer dans une autre Satyre.
Et quand je veux citer un Auteur sans deffaut
La raison dit Virgile , et la rime Quinault.
En vain Despreaux a chanté la Palinodie
, quand il s'y est vû forcé par la gloire
que Quinault s'étoit acquise par tant d'au
tres Ouvrages ; le Public , je veux dire
un certain Public malin ; la Tourbe
pour mieux m'expliquer , a persisté à croire
qu'Astrate étoit une Tragédie très -risible,
et n'a pas voulu renoncer au droit de
rire à fes Représentations. Pour moi ;
Monsieur , qui ai un peu plus de vanitě
que vous , j'ai trop de soin de ma gloirė
pour me confondre dans la foule ; et j'ai
toûjours regardé Astrate comme une Piece
que nos plus grands Dramatiques ne
desavoüeroient pas. Despreaux à beaut
faire dire aux Interlocuteurs de son re
pas ridicule , que chaque Acte de cette
Tragédie
OCTOBRE. 1731. 2299
Tragedie est une Piece entiere , l'action y
est si peu chargée que j'entreprends de
vous la retracer en aussi peu de mots
qu'' on puisse réduire la plus simple : voici
de quoi il s'agit.
L'action theatrale se passe dans le Pa
Jais d'Elise , Reine de Tyr. Le Trône où
elle est assise a été usurpé par son Pere
sur Adraste , qui en étoit le veritable
possesseur. Ce funeste heritage l'a réduire
faire périr ce Roy détrôné et deux de
ses enfans ; un troisième est échappé au
fer meurtrier ; voilà ce qui s'est passé
avant l'Action théatrale , et qui , comme
vous le voyez , ne doit pas faire une protase
trop chargée. Passons au noeud de
la Piece. Elise aime Astrate , crû fils de
Sichée , ses Sujets souffrent impatiemment
qu'une femme regne sur eux ; elle
yeut leur donner un Roy , & croit ne
pouvoir mieux faire que de choisir un
Prince qui par sa valeur a soutenu le
Trône où l'usurpation l'a placée ; elle fait
part de son dessein à Sichée , qui tâche
de l'en détourner par des raisons de politique
; il ne peut lui découvrir la veritable
, la voici : Astrate qui passe pour
son fils , est celui des trois fils du veri-
→ table Roy échappé
au fer meurtrier
.
Elise ayant
annoncé
à Astrate
que. le
B iiij
choix
2300 MERCURE DE FRANCE
contre
choix qu'elle va faire d'un Epoux tombe
sur lui ; et leur amour étant réciproque ,
Sichée , qui est à la tête d'une conspira
tion prête à vanger la mort du veritable
Roy , et à rétablir sur le Trône usurpé
le reste précieux de la Famille Royale
fait entendre à son prétendu fils , qu'il
ne doit pas accepter une place qu'il ne
pourroit long- temps conserver
une révolte qui est sur le point d'éclatter .
Astrate croit le rassurer contre ce peri
en lui annonçant que la conspiration est
découverte , et en lui nommant trois des
conjurez ; Sichée plus allarmé qu'au pa
ravant , et voyant qu'Astrate veut aller
tout découvrir à la Keine , ne peut mieux
l'arrêter qu'en se faisant connoître à lui
pour Chef de la conspiration . Quelcom
bat entre l'Amour et la Nature ! Astrate
croit enfin les accorder tous deux , en
obrenant de la Reine une Amnistie ge
nerale ; il l'obtient en effet , Sichée n'a
rien à craindre pour ses jours , non - plus
que pour ceux de ses amis ; Elise demande
seulement qu'on lui livre ce
dernier fils du vrai Roy , en faveur du
quel on conspire ; c'est alors que Sichéa
ne pouvant plus differer de le faire con
noître , montre des Tablettes à Adraste
dans lesquelles ces Vers sont traceź
c'est
OCTOBR E. 1731. 2301
c'est le vrai Roy qui parle dans ces Tablettes.
Le plus jeune de mes trois fils
Echappe aux cruels Ennemis ,
Dont sur moi l'injustice éclatte ;
Et quand il sera temps de découvrir son sort ,
Ou pour rompre mes fers ou pour vanger ma
mort ;
Sichée en est crû pere , et son nom est Astrate.
Voilà , Monsieur , le noeud de la Piece ;
en voici le dénouement. La cospiration
éclatte malgré le nouveau Roy, à qui
Sichée n'a point laissé les Tablettes qui
peuvent seules le faire reconnoître ; il
combat lui - même contre ceux qui n'ont
pris les armes que pour lui ; on le desarme
, on lui donne des Gardes ; il a beau
dire à ses Sujets qu'il est leur Roy ; on
croit que l'Amour lui dicte ce langage ;
Elise craignant que cet amour ne coûte
enfin la vie à ce cher Prince , attente sur
ses propres jours ; elle vient mourir à ses
yeux , empoisonnée .
D
Vous ne manquerez pas , Monsieur
de m'accuser de supercherie , parce que
je retranche l'épisode d'Agenor , pour
vous faire paroître l'action plus simple
mais cet Episode n'a lieu dans la Piece
B. V
que
2302 MERCURE DE FRANCE
que pendant les deux premiers Actes , et
l'Auteur auroit bien pû s'en passer ; j'avoüe
même qu'il n'en auroit que mieux
fait ; nous n'aurions pas vû cet Anneau
Royal qui a excité des ris dans un sujet
uniquement destiné à faire verser des larmes
; je conviens avec vous que
deffaut , mais trouvez bon aussi que je
cherche à le justifier autant qu'il me sera
possible.
c'est un
Quand j'avoue que l'Anneau Royal est
un deffaut , je ne conviens pas qu'il le
foit jusqu'à être risible ; en effet si l'on y
rit , ce n'est que par le coup sur coup
qu'il produit. Ainsi Despreaux n'a pas
rencontré juste quand il a fait dire à son
Campagnard : Sur tout l'Anneau Royal ,
& c. Cet Auteur atrabilaire auroit dû se
souvenir qu'Alexandre le Grand , fit Perdiccas
dépositaire de son autorité par un
Anneau qu'il lui remit entre les mains ;
Quinault n'est donc ni risible ni blâmable
, d'employer le même signe d'autorité
dans sa Piece ; je dis bien plus , Elise ne
remet cette marque de toute - puissance à
A genor , que par des motifs très - senseż,
soit de reconnoissance , soit de défiance.
Agenor lui a parû très- soû mis quand elle
lui a fait entendre qu'elle vouloit faire
un Roy , indépendamment de la loi que
son
OCTOBRE 1731. 2303
son pere lui avoit imposée : voici com
me il s'explique dans le second Acte.
J'ai de subir vos loix un double engagement ;
C'est peu d'être Sujet, je suis encore Amant, &c
Je ne vous dis plus rien , Madame , et vais attendre
,
L'Arrêt que sur mon sort il vous plaira de ren- `
dre , &c.
Elise est si touchée d'une si parfaite
résignation, qu'elle dit à sa Confidente :
Par quelle injuste loy ,
Ne lui dois-je plus rien quand il fait tout pour
moi ?
Corisbe me croit- elle une ame si farouche ,
Et que
Qu'une belle action n'ait plus rien qui me touche?
l'excès d'amour d'un Prince si soumis ,
N'ait pas des droits plus forts que ceux qu'il m'a
remis ?
Voilà , Monsieur , le motif de reconnoissance
; passons au motif de défiance ;
c'est toûjours Elise qui parle :
J'ai peine toutefois , quoique je me figure ,
De croire dans le Prince une vertu si pure ,
Et de ne soupçonner d'aucun déguisement ,
L'excès étudié d'un si beau sentiment.
Que peut-elle faire de plus sensé , en
B vj parlant
2304 MERCURE DE FRANCE
parlant de ces deux principes , que da
récompenser Agenor , s'il est sincere , ou
de le punir , s'il ne l'est pas ? voici comment
elle en agit avec lui ; elle commence
par lui déclarer qu'elle aime Adraste
comme Agenor le dit lui- même , parlant
à son Rival dans le commencement
du troisiéme Acte; voici ses propres mots
Après m'avoir loüé d'avoir cedé mes droits ,
En mettant dans mes mains cet Anneau de nos
Rois ,
La Reine avec adresse a sçû me faire entendre ,
Que son coeur à vos feux s'étoit laissé surpren
dre , & c. ...
Mais qu'elle avoit voulu du moins pour reconnoître
,
La generosité que j'avois fait paroître ,
Et pour
rendre pour moi son refus moins hon
teux ,
Que ce fût de ma main que vous fussiez heureux;
Qu'elle ne doutoit point qu'après cette priere ,
Ma génerosité ne se montrât entiere.
Voilà donc le premier motif rempli ;
l'abus qu'Adraste fait du pouvoir remis
entre ses mains , justifie la punition que
la Reine en va faires à peine a- t'elle appris
qu'il veut faire arrêter Adraste , qu'el
le l'envoye arrêter lui-même . Qu'y a - t'il
de
OCTOBRE . 1731. 230,
de plus juste et de plus consequent ? La
soumission est récompensée , la dissimulation
est punie ; Agenor est précipité du
faîte de la grandeur , Astrate est élevé
aur comble du bonheur ; et c'est ce coup
sur- coup de peripetie qui fait rire les
Spectateurs , sans qu'ils s'apperçoivent
eux-mêmes de quoi ils rient.
Ne riez -vous pas vous-même , Monsieur
, de ce que je viens d'avancer ?
Non; ce n'est pas l'Anneau Royal qui
fait rite , n'en déplaise à Despreaux , c'est
ce passage subit du. Trône à. la prison ,
et du dernier malheur au bonheur suprême
; on est ravi de voir Agenor mortifié
; on ne l'est pas moins de voir Astrate
heureux ; les ris ne sont pas toûjours
des. marques de mocquerie , ou du moins
dans cette occafion les rieurs ne sont pas
pour Agenor.
En effet , Monsieur , vous n'avez qu'à
vous rappeller le personnage qu'il vient
de jouer dans la Scene précedente , pour
convenir qu'il a justement merité les mocqueries
du Parterre ; après avoir avoüé
à Astrate qu'il est aimé et que la Reine
ne lui a mis l'Anneau Royal entre les
mains que pour en user genereusement ;
il lui dit d'un ton de voix insultant :
Mon
2306 MERCURE DE FRANCE
Mon coeur ne peut former une plas noble envie
A cet illustre effort la gloire me convie ;
La generosité m'y fait voir mille appas ;
Mais l'Amour plus puissant ne me le permer .
pas , &c.
Que voulez- vous? chacun a sa façon d'aimer,& c.
Vous aimez en Heros ; pour moi , je le confeffe ,
Le Ciel m'a fait un coeur capable de foiblesse ;
Mais je n'en rougis point et jusqu'à ce jour ,
La foiblesse jamais n'a fait honte à l'Amour , &C.
Laissez -moi les douceurs qui me sont accordées ,
Et jouissez en paix de vos belles idées .
Tandis qu'un noeud sacré , propice à mes souhaits
,
Va mettre entre mes bras la Reine et ses attraits,
Que sans m'embarrasser d'un scrupule inutile ,
J'en vais être à vos yeux le possesseur franquille ,
Et vais enfin au gré de mes transports pressants ,
M'assurer d'être heureux sur la foi de mes sens.
Pour vous en consoler , songez qu'au fond de
l'ame
guere
La Reine, avec regret, s'arrache à votre flâme, &c,
J'y veux bien consentir ; un reste d'amitié
M'oblige à voir encor vos maux avec pitié ,
Et sûr d'un bien solide , il ne me coûte
De vous abandonner un bien imaginaire ;
Ainsi chacun de nous se tiendra satisfait ;
Vous , de vous croire heureux , moi , de l'être an
effet.
OCTOBRE. 1731. 2307
'Ajoûtez à cela , Monsieur , la lâcheté
avec laquelle Agenor refuse le défi que
lui fait Astrate; en faut- il davantage pour
exciter le Spectateur à rire de le voir
puni , comme il l'a merité ?
Ce n'est pas que j'approuve le caractere
que Quinault lui donne ; il pouvoit
le rendre odieux , sans le rendre mauvais-
plaisant , et sans l'ériger en Marquis
ridicule de Comédie ; mais il a mis assez
de noblesse dans tout le reste de sa Tra◄
gédie , pour faire voir de quoi il est capable
quand il veut s'en donner la peine.
Il cst temps de passer à des choses plus
dignes de noire attention ; et qu'une Apologie
dont il n'a pas besoin , fasse place
à des éloges si bien méritez. En effet
Monsieur , quoi de plus délicat que la
Scene où la Reine enhardit Astrate à lui
parler de son amour , fondée sur cette
maxime :
Je sçais qu'à notre Sexe il sied bien d'ordinaire ,
De laisser aux Amans les premiers pas à faire ,
De tenir avec soin tout notre amour caché ,
D'attendre que l'aveu nous en soit arraché ,
De ne parler qu'après d'extrémes violences ;
Mais je regne, et le Trône a d'autres bienséances ;
Et quand jusqu'à ce rang notre Sexe est monté,
Ild oit tre au-dessus de la timidité :
Astrate
2308 MERCURE DE FRANCE
Astrate est mon Sujet , et la toute -puissance ,
L'engage aux mêmes loix dont elle me dispense ;
Quelqu'ardeur qui l'emporte , il doit se retenir
C'est à moi de descendre et de le prévenir ,
De l'aider à s'ouvrir ,de l'y servir de guide ;.
Jusques - là , c'est à lui d'aimer d'un feu timide
D'encocher tout l'éclat, et pour le mettre au jour
D'attendre qu'il m'ait plû d'enhardir son amour.
N'est-ce pas là aimer en Reine ? voici
comment Elise s'y prend pour enhardir
son sujet à lui parler de son amour.
Cessons de feindre , Astrate ; on veut me faire
croire ,
Qu'oubliant tout devoir , séduit par trop de gloire,
Vous avez jusqu'à moi secretement osé ;
Astrate voulant se justifier , elle lui
ferme la bouche par ces mots :
Il n'est besoin ici que de me bien entenåre ;
Avant que de répondre examinez - vous bien ,
Voyez si votre coeur ne s'accuse de rien ,
S'il ne se sent pour moi rien d'un peu témer aire
Rien qui passe l'ardeur d'un sujet ordinaire , & c.
La douceur avec laquelle la Reine invite
Astrate à faire cet examen , l'enhardit
à être sincere ; voici comme il
s'explique et s'excuse en même temps
D'un
OCTOBRE. 1731 2309
D'un crime si charmant mon coeur insatiable ,
En voudroit s'il pouvoit être encor plus coupable,
Et , si je l'ose dire , aime mieux consentir ,
A tout votre courroux qu'au moindre repentir ,
Lorsque par un transport dont on n'est plus le
maître,
On devient témeraire , on ne sçauroit trop l'êtres
Et dès qu'on a pû mettre un feu coupable au jour,
C'est l'excès qui peut seul justifier l'amour.
Le reste pour le prochain Mercurè.
à M.le Chevalier de ... sur la Tragedie
d'Astrate
J
E vous avoue , Monsieur , que j'ai été
terriblement en colere contre le Public
et même contre vous , à la lecture
de votre derniere Lettre ; vous m'annoncez
qu'on a ri à la représentation d'Astrate
, et loin de me l'annoncer comme
une injustice des plus criantes , vous ne
rougissez pas d'ajoûter que vous n'avez
pas pû vous empêcher d'y rire , comme
les autres , sur tout au second Acte , où il
s'agit de l'Anneau Royal , qu'il a plû à
l'Aristarque François de tourner en ridicule
par ce Vers : Sur tout l'Anneau Royal
me semble bien trouvé. Vous auriez été
B iij
LIFT
2298 MERCURE DE FRANCE
un peu plus en garde contre votre envie
de rire , si vous eussiez consideré que
Despreaux met ces Vers ironiques dans
la bouche d'un Campagnard , par un reste
de pudeur qui l'empêche d'adopter un
sentiment si peu sensé. Ce n'est pas que
je prétende ici justifier cet implacable
Auteur ; il a bien pû penser lui - même
ce qu'il fait dire à un autre , puisqu'il a
osé avancer dans une autre Satyre.
Et quand je veux citer un Auteur sans deffaut
La raison dit Virgile , et la rime Quinault.
En vain Despreaux a chanté la Palinodie
, quand il s'y est vû forcé par la gloire
que Quinault s'étoit acquise par tant d'au
tres Ouvrages ; le Public , je veux dire
un certain Public malin ; la Tourbe
pour mieux m'expliquer , a persisté à croire
qu'Astrate étoit une Tragédie très -risible,
et n'a pas voulu renoncer au droit de
rire à fes Représentations. Pour moi ;
Monsieur , qui ai un peu plus de vanitě
que vous , j'ai trop de soin de ma gloirė
pour me confondre dans la foule ; et j'ai
toûjours regardé Astrate comme une Piece
que nos plus grands Dramatiques ne
desavoüeroient pas. Despreaux à beaut
faire dire aux Interlocuteurs de son re
pas ridicule , que chaque Acte de cette
Tragédie
OCTOBRE. 1731. 2299
Tragedie est une Piece entiere , l'action y
est si peu chargée que j'entreprends de
vous la retracer en aussi peu de mots
qu'' on puisse réduire la plus simple : voici
de quoi il s'agit.
L'action theatrale se passe dans le Pa
Jais d'Elise , Reine de Tyr. Le Trône où
elle est assise a été usurpé par son Pere
sur Adraste , qui en étoit le veritable
possesseur. Ce funeste heritage l'a réduire
faire périr ce Roy détrôné et deux de
ses enfans ; un troisième est échappé au
fer meurtrier ; voilà ce qui s'est passé
avant l'Action théatrale , et qui , comme
vous le voyez , ne doit pas faire une protase
trop chargée. Passons au noeud de
la Piece. Elise aime Astrate , crû fils de
Sichée , ses Sujets souffrent impatiemment
qu'une femme regne sur eux ; elle
yeut leur donner un Roy , & croit ne
pouvoir mieux faire que de choisir un
Prince qui par sa valeur a soutenu le
Trône où l'usurpation l'a placée ; elle fait
part de son dessein à Sichée , qui tâche
de l'en détourner par des raisons de politique
; il ne peut lui découvrir la veritable
, la voici : Astrate qui passe pour
son fils , est celui des trois fils du veri-
→ table Roy échappé
au fer meurtrier
.
Elise ayant
annoncé
à Astrate
que. le
B iiij
choix
2300 MERCURE DE FRANCE
contre
choix qu'elle va faire d'un Epoux tombe
sur lui ; et leur amour étant réciproque ,
Sichée , qui est à la tête d'une conspira
tion prête à vanger la mort du veritable
Roy , et à rétablir sur le Trône usurpé
le reste précieux de la Famille Royale
fait entendre à son prétendu fils , qu'il
ne doit pas accepter une place qu'il ne
pourroit long- temps conserver
une révolte qui est sur le point d'éclatter .
Astrate croit le rassurer contre ce peri
en lui annonçant que la conspiration est
découverte , et en lui nommant trois des
conjurez ; Sichée plus allarmé qu'au pa
ravant , et voyant qu'Astrate veut aller
tout découvrir à la Keine , ne peut mieux
l'arrêter qu'en se faisant connoître à lui
pour Chef de la conspiration . Quelcom
bat entre l'Amour et la Nature ! Astrate
croit enfin les accorder tous deux , en
obrenant de la Reine une Amnistie ge
nerale ; il l'obtient en effet , Sichée n'a
rien à craindre pour ses jours , non - plus
que pour ceux de ses amis ; Elise demande
seulement qu'on lui livre ce
dernier fils du vrai Roy , en faveur du
quel on conspire ; c'est alors que Sichéa
ne pouvant plus differer de le faire con
noître , montre des Tablettes à Adraste
dans lesquelles ces Vers sont traceź
c'est
OCTOBR E. 1731. 2301
c'est le vrai Roy qui parle dans ces Tablettes.
Le plus jeune de mes trois fils
Echappe aux cruels Ennemis ,
Dont sur moi l'injustice éclatte ;
Et quand il sera temps de découvrir son sort ,
Ou pour rompre mes fers ou pour vanger ma
mort ;
Sichée en est crû pere , et son nom est Astrate.
Voilà , Monsieur , le noeud de la Piece ;
en voici le dénouement. La cospiration
éclatte malgré le nouveau Roy, à qui
Sichée n'a point laissé les Tablettes qui
peuvent seules le faire reconnoître ; il
combat lui - même contre ceux qui n'ont
pris les armes que pour lui ; on le desarme
, on lui donne des Gardes ; il a beau
dire à ses Sujets qu'il est leur Roy ; on
croit que l'Amour lui dicte ce langage ;
Elise craignant que cet amour ne coûte
enfin la vie à ce cher Prince , attente sur
ses propres jours ; elle vient mourir à ses
yeux , empoisonnée .
D
Vous ne manquerez pas , Monsieur
de m'accuser de supercherie , parce que
je retranche l'épisode d'Agenor , pour
vous faire paroître l'action plus simple
mais cet Episode n'a lieu dans la Piece
B. V
que
2302 MERCURE DE FRANCE
que pendant les deux premiers Actes , et
l'Auteur auroit bien pû s'en passer ; j'avoüe
même qu'il n'en auroit que mieux
fait ; nous n'aurions pas vû cet Anneau
Royal qui a excité des ris dans un sujet
uniquement destiné à faire verser des larmes
; je conviens avec vous que
deffaut , mais trouvez bon aussi que je
cherche à le justifier autant qu'il me sera
possible.
c'est un
Quand j'avoue que l'Anneau Royal est
un deffaut , je ne conviens pas qu'il le
foit jusqu'à être risible ; en effet si l'on y
rit , ce n'est que par le coup sur coup
qu'il produit. Ainsi Despreaux n'a pas
rencontré juste quand il a fait dire à son
Campagnard : Sur tout l'Anneau Royal ,
& c. Cet Auteur atrabilaire auroit dû se
souvenir qu'Alexandre le Grand , fit Perdiccas
dépositaire de son autorité par un
Anneau qu'il lui remit entre les mains ;
Quinault n'est donc ni risible ni blâmable
, d'employer le même signe d'autorité
dans sa Piece ; je dis bien plus , Elise ne
remet cette marque de toute - puissance à
A genor , que par des motifs très - senseż,
soit de reconnoissance , soit de défiance.
Agenor lui a parû très- soû mis quand elle
lui a fait entendre qu'elle vouloit faire
un Roy , indépendamment de la loi que
son
OCTOBRE 1731. 2303
son pere lui avoit imposée : voici com
me il s'explique dans le second Acte.
J'ai de subir vos loix un double engagement ;
C'est peu d'être Sujet, je suis encore Amant, &c
Je ne vous dis plus rien , Madame , et vais attendre
,
L'Arrêt que sur mon sort il vous plaira de ren- `
dre , &c.
Elise est si touchée d'une si parfaite
résignation, qu'elle dit à sa Confidente :
Par quelle injuste loy ,
Ne lui dois-je plus rien quand il fait tout pour
moi ?
Corisbe me croit- elle une ame si farouche ,
Et que
Qu'une belle action n'ait plus rien qui me touche?
l'excès d'amour d'un Prince si soumis ,
N'ait pas des droits plus forts que ceux qu'il m'a
remis ?
Voilà , Monsieur , le motif de reconnoissance
; passons au motif de défiance ;
c'est toûjours Elise qui parle :
J'ai peine toutefois , quoique je me figure ,
De croire dans le Prince une vertu si pure ,
Et de ne soupçonner d'aucun déguisement ,
L'excès étudié d'un si beau sentiment.
Que peut-elle faire de plus sensé , en
B vj parlant
2304 MERCURE DE FRANCE
parlant de ces deux principes , que da
récompenser Agenor , s'il est sincere , ou
de le punir , s'il ne l'est pas ? voici comment
elle en agit avec lui ; elle commence
par lui déclarer qu'elle aime Adraste
comme Agenor le dit lui- même , parlant
à son Rival dans le commencement
du troisiéme Acte; voici ses propres mots
Après m'avoir loüé d'avoir cedé mes droits ,
En mettant dans mes mains cet Anneau de nos
Rois ,
La Reine avec adresse a sçû me faire entendre ,
Que son coeur à vos feux s'étoit laissé surpren
dre , & c. ...
Mais qu'elle avoit voulu du moins pour reconnoître
,
La generosité que j'avois fait paroître ,
Et pour
rendre pour moi son refus moins hon
teux ,
Que ce fût de ma main que vous fussiez heureux;
Qu'elle ne doutoit point qu'après cette priere ,
Ma génerosité ne se montrât entiere.
Voilà donc le premier motif rempli ;
l'abus qu'Adraste fait du pouvoir remis
entre ses mains , justifie la punition que
la Reine en va faires à peine a- t'elle appris
qu'il veut faire arrêter Adraste , qu'el
le l'envoye arrêter lui-même . Qu'y a - t'il
de
OCTOBRE . 1731. 230,
de plus juste et de plus consequent ? La
soumission est récompensée , la dissimulation
est punie ; Agenor est précipité du
faîte de la grandeur , Astrate est élevé
aur comble du bonheur ; et c'est ce coup
sur- coup de peripetie qui fait rire les
Spectateurs , sans qu'ils s'apperçoivent
eux-mêmes de quoi ils rient.
Ne riez -vous pas vous-même , Monsieur
, de ce que je viens d'avancer ?
Non; ce n'est pas l'Anneau Royal qui
fait rite , n'en déplaise à Despreaux , c'est
ce passage subit du. Trône à. la prison ,
et du dernier malheur au bonheur suprême
; on est ravi de voir Agenor mortifié
; on ne l'est pas moins de voir Astrate
heureux ; les ris ne sont pas toûjours
des. marques de mocquerie , ou du moins
dans cette occafion les rieurs ne sont pas
pour Agenor.
En effet , Monsieur , vous n'avez qu'à
vous rappeller le personnage qu'il vient
de jouer dans la Scene précedente , pour
convenir qu'il a justement merité les mocqueries
du Parterre ; après avoir avoüé
à Astrate qu'il est aimé et que la Reine
ne lui a mis l'Anneau Royal entre les
mains que pour en user genereusement ;
il lui dit d'un ton de voix insultant :
Mon
2306 MERCURE DE FRANCE
Mon coeur ne peut former une plas noble envie
A cet illustre effort la gloire me convie ;
La generosité m'y fait voir mille appas ;
Mais l'Amour plus puissant ne me le permer .
pas , &c.
Que voulez- vous? chacun a sa façon d'aimer,& c.
Vous aimez en Heros ; pour moi , je le confeffe ,
Le Ciel m'a fait un coeur capable de foiblesse ;
Mais je n'en rougis point et jusqu'à ce jour ,
La foiblesse jamais n'a fait honte à l'Amour , &C.
Laissez -moi les douceurs qui me sont accordées ,
Et jouissez en paix de vos belles idées .
Tandis qu'un noeud sacré , propice à mes souhaits
,
Va mettre entre mes bras la Reine et ses attraits,
Que sans m'embarrasser d'un scrupule inutile ,
J'en vais être à vos yeux le possesseur franquille ,
Et vais enfin au gré de mes transports pressants ,
M'assurer d'être heureux sur la foi de mes sens.
Pour vous en consoler , songez qu'au fond de
l'ame
guere
La Reine, avec regret, s'arrache à votre flâme, &c,
J'y veux bien consentir ; un reste d'amitié
M'oblige à voir encor vos maux avec pitié ,
Et sûr d'un bien solide , il ne me coûte
De vous abandonner un bien imaginaire ;
Ainsi chacun de nous se tiendra satisfait ;
Vous , de vous croire heureux , moi , de l'être an
effet.
OCTOBRE. 1731. 2307
'Ajoûtez à cela , Monsieur , la lâcheté
avec laquelle Agenor refuse le défi que
lui fait Astrate; en faut- il davantage pour
exciter le Spectateur à rire de le voir
puni , comme il l'a merité ?
Ce n'est pas que j'approuve le caractere
que Quinault lui donne ; il pouvoit
le rendre odieux , sans le rendre mauvais-
plaisant , et sans l'ériger en Marquis
ridicule de Comédie ; mais il a mis assez
de noblesse dans tout le reste de sa Tra◄
gédie , pour faire voir de quoi il est capable
quand il veut s'en donner la peine.
Il cst temps de passer à des choses plus
dignes de noire attention ; et qu'une Apologie
dont il n'a pas besoin , fasse place
à des éloges si bien méritez. En effet
Monsieur , quoi de plus délicat que la
Scene où la Reine enhardit Astrate à lui
parler de son amour , fondée sur cette
maxime :
Je sçais qu'à notre Sexe il sied bien d'ordinaire ,
De laisser aux Amans les premiers pas à faire ,
De tenir avec soin tout notre amour caché ,
D'attendre que l'aveu nous en soit arraché ,
De ne parler qu'après d'extrémes violences ;
Mais je regne, et le Trône a d'autres bienséances ;
Et quand jusqu'à ce rang notre Sexe est monté,
Ild oit tre au-dessus de la timidité :
Astrate
2308 MERCURE DE FRANCE
Astrate est mon Sujet , et la toute -puissance ,
L'engage aux mêmes loix dont elle me dispense ;
Quelqu'ardeur qui l'emporte , il doit se retenir
C'est à moi de descendre et de le prévenir ,
De l'aider à s'ouvrir ,de l'y servir de guide ;.
Jusques - là , c'est à lui d'aimer d'un feu timide
D'encocher tout l'éclat, et pour le mettre au jour
D'attendre qu'il m'ait plû d'enhardir son amour.
N'est-ce pas là aimer en Reine ? voici
comment Elise s'y prend pour enhardir
son sujet à lui parler de son amour.
Cessons de feindre , Astrate ; on veut me faire
croire ,
Qu'oubliant tout devoir , séduit par trop de gloire,
Vous avez jusqu'à moi secretement osé ;
Astrate voulant se justifier , elle lui
ferme la bouche par ces mots :
Il n'est besoin ici que de me bien entenåre ;
Avant que de répondre examinez - vous bien ,
Voyez si votre coeur ne s'accuse de rien ,
S'il ne se sent pour moi rien d'un peu témer aire
Rien qui passe l'ardeur d'un sujet ordinaire , & c.
La douceur avec laquelle la Reine invite
Astrate à faire cet examen , l'enhardit
à être sincere ; voici comme il
s'explique et s'excuse en même temps
D'un
OCTOBRE. 1731 2309
D'un crime si charmant mon coeur insatiable ,
En voudroit s'il pouvoit être encor plus coupable,
Et , si je l'ose dire , aime mieux consentir ,
A tout votre courroux qu'au moindre repentir ,
Lorsque par un transport dont on n'est plus le
maître,
On devient témeraire , on ne sçauroit trop l'êtres
Et dès qu'on a pû mettre un feu coupable au jour,
C'est l'excès qui peut seul justifier l'amour.
Le reste pour le prochain Mercurè.
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Résumé : LETTRE de Madame la Comtesse de.... à M.le Chevalier de ... sur la Tragedie d'Astrate.
La Comtesse de... exprime sa colère envers le Chevalier de... après avoir appris que le public avait ri lors de la représentation de la tragédie 'Astrate' de Jean Racine. Elle critique particulièrement la réaction du Chevalier, qui a également ri, notamment lors du second acte où l'Anneau Royal est mentionné. La Comtesse défend Racine en expliquant que les vers ironiques sur l'Anneau Royal sont prononcés par un personnage campagnard par pudeur. Elle reconnaît cependant que Racine a pu avoir des sentiments similaires dans d'autres œuvres. La Comtesse résume ensuite l'intrigue d''Astrate'. L'action se déroule à Tyr, où la reine Elise a usurpé le trône d'Adraste. Elise aime Astrate, qu'elle croit être le fils de Sichée. Les sujets d'Elise souffrent de voir une femme régner et souhaitent un roi. Elise envisage de choisir Astrate comme époux, mais Sichée, qui est en réalité le père d'Astrate et le véritable roi, tente de l'en dissuader. Il révèle finalement à Astrate qu'il est le fils du roi détrôné et qu'une conspiration est prête à rétablir la famille royale. Astrate obtient une amnistie générale, mais la conspiration éclate malgré tout. Elise, craignant pour la vie d'Astrate, se suicide. La Comtesse critique l'épisode de l'Anneau Royal, qui a suscité des rires, et défend Quinault en expliquant que l'Anneau est un symbole d'autorité légitime. Elle conclut en soulignant que les rires du public sont dus au passage subit du trône à la prison et au bonheur suprême, et non à l'Anneau Royal. Elle critique également le personnage d'Agenor, qui est puni à juste titre pour sa lâcheté et son comportement odieux. Enfin, elle loue la délicatesse de la scène où Elise encourage Astrate à lui parler de son amour. Par ailleurs, le texte relate une conversation entre deux personnages, Astrea et une reine. Astrea est accusé de sentiments excessifs envers la reine. Pour se défendre, Astrea est invité à examiner son cœur et à vérifier s'il ne ressent pas pour la reine une ardeur dépassant celle d'un sujet ordinaire. Encouragé par la douceur de la reine, Astrea avoue son amour coupable et insatiable. Il exprime son désir de rester coupable plutôt que de regretter ses sentiments. Il justifie son audace par l'intensité de son amour, affirmant que seul l'excès peut expliquer un tel sentiment. La suite de la conversation est reportée au prochain Mercure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
74
p. 2459-2461
EXTRAIT d'une Lettre de Mons, sur une Ceremonie Guerriere.
Début :
Comme l'amour cause quelquefois la guerre ou du moins simpatise avec elle, je vous [...]
Mots clefs :
Mariage, Permission du roi, Cavalerie, Régiment, Élixir efficace, Reine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre de Mons, sur une Ceremonie Guerriere.
EXTRAIT d'une Lettre de Mons ;
sur une Ceremonie Guerriere.
W
Omme l'amour cause quelquefois la guerre
Co
ou du moins simpatise avec elle , je vous
dirai que dans les premiers jours d'Août de cette
annee , à Maubeuge , Ville frontiere de France
L'amour a causé un évenement agréable, dont s'est
ensuivi
240 MERCURE DE FRANCE
ensuivi une image de la guerre , fort interessante
pour les Gens du métier. C'est à l'occasion du
Mariage d'un Capitaine de Cavalerie au Regiment
de Bretagne , avec la permission du Roy
et d'une Chanoinesse , Dame d'une aussi grande
naissance que de mérite , et qui a des biens consi
derables. En réjouissance de ce Mariage, le Regi-.
ment a fait deux jours après des Exercices en
représentation de bataille , par des manoeuvres si
bien ordonnez et si parfaitement executez en présence
d'une infinité de personnes de tout sexe , et
particulierement de quantité d'Officiers , que l'on
na pû refuser à ce Regiment une approbation generale
, aussi les Gens de métier et les Connoisseurs
avoient n'avoir jamais vû de mouvemens
de Cavalerie et de manoeuvres de guerre si
prompts , si vifs et si avantageux pour les Assaildants
, que tout ce qui a été executé dans cette occasion
par ce Régiment , qui est magnifique en
tout. Il est commandé et, instruit depuis longtemps
dans ces exercices par M. de Tocqueville ,
qui en est le Lieutenant Colonel , et qui est un
Officier de mérite , consommé dans le métier .
particulierement dans la pratique de ces sortes de
manoeuvres vives et expeditives devant l'Ennemi;
aussi a-t'il été parfaitement bien secondé par les
Officiers du Régiment , dont plusieurs sont des
personnes de distinction fort actifs , et agissants
par émulation et par la confiance qu'ils ont en ce
Lieutenant-Colonel.
Beaucoup de nos Officiers et d'autres des environs
, se proposent le plaisir d'aller voir les
premiers Exercices que doit encore faire ce même
Régiment , en faisant les civilitez dûës à cet Offcier
au sujet de son Mariage.
Le sieur de Fleury, seul possesseur d'un Elixir,
efficace
OCTOBRE. 1731. 2461
efficace , d'une odeur agréable , avec lequel il
blanchit parfaitement les dents sans aucune douleur
, arrête la carie , fond dans l'instant le tartre
qui y est attaché , purifie les gensives sans les
couper ni alterer , il en chasse la mauvaise matiere
et sans se servir d'aucun ferrement .
Les effets de ce Remede se font sur le champ ; il
arrête la douleur des dents cariées , sans aucune
suite fâcheuse ni autre inconvenient . Après un
très- grand nombre d'experiences , ayant été à la
Cour, par ordre de la Reine , il a fait usage de
son Elixir pour plusieurs personnes de grande
consideration. L'application de ce Remede
est très facile , il ne se fait qu'avec de
petits morceaux de bois en forme de curedent ;
après qu'on en a fait usage une seule fois , on
peut aisément se conserver les dents blanches et
les gensives saines , en prenant les précautions
suivantes.
-
1º . Se ratisser la langue tous les matins avec
un coûteau d'yoire ou autre. 2 ° . Se laver la bouche
et les dents avec une petite éponge . 3 ° . Se
frotter les dents avec du papier , fin brulé et se
rincer la bouche ensuite. Le sieur de Fleury de-.
meure vis-à- vis M. le Président de Luber, chez
Madame Moulé , ruë de Clery,
sur une Ceremonie Guerriere.
W
Omme l'amour cause quelquefois la guerre
Co
ou du moins simpatise avec elle , je vous
dirai que dans les premiers jours d'Août de cette
annee , à Maubeuge , Ville frontiere de France
L'amour a causé un évenement agréable, dont s'est
ensuivi
240 MERCURE DE FRANCE
ensuivi une image de la guerre , fort interessante
pour les Gens du métier. C'est à l'occasion du
Mariage d'un Capitaine de Cavalerie au Regiment
de Bretagne , avec la permission du Roy
et d'une Chanoinesse , Dame d'une aussi grande
naissance que de mérite , et qui a des biens consi
derables. En réjouissance de ce Mariage, le Regi-.
ment a fait deux jours après des Exercices en
représentation de bataille , par des manoeuvres si
bien ordonnez et si parfaitement executez en présence
d'une infinité de personnes de tout sexe , et
particulierement de quantité d'Officiers , que l'on
na pû refuser à ce Regiment une approbation generale
, aussi les Gens de métier et les Connoisseurs
avoient n'avoir jamais vû de mouvemens
de Cavalerie et de manoeuvres de guerre si
prompts , si vifs et si avantageux pour les Assaildants
, que tout ce qui a été executé dans cette occasion
par ce Régiment , qui est magnifique en
tout. Il est commandé et, instruit depuis longtemps
dans ces exercices par M. de Tocqueville ,
qui en est le Lieutenant Colonel , et qui est un
Officier de mérite , consommé dans le métier .
particulierement dans la pratique de ces sortes de
manoeuvres vives et expeditives devant l'Ennemi;
aussi a-t'il été parfaitement bien secondé par les
Officiers du Régiment , dont plusieurs sont des
personnes de distinction fort actifs , et agissants
par émulation et par la confiance qu'ils ont en ce
Lieutenant-Colonel.
Beaucoup de nos Officiers et d'autres des environs
, se proposent le plaisir d'aller voir les
premiers Exercices que doit encore faire ce même
Régiment , en faisant les civilitez dûës à cet Offcier
au sujet de son Mariage.
Le sieur de Fleury, seul possesseur d'un Elixir,
efficace
OCTOBRE. 1731. 2461
efficace , d'une odeur agréable , avec lequel il
blanchit parfaitement les dents sans aucune douleur
, arrête la carie , fond dans l'instant le tartre
qui y est attaché , purifie les gensives sans les
couper ni alterer , il en chasse la mauvaise matiere
et sans se servir d'aucun ferrement .
Les effets de ce Remede se font sur le champ ; il
arrête la douleur des dents cariées , sans aucune
suite fâcheuse ni autre inconvenient . Après un
très- grand nombre d'experiences , ayant été à la
Cour, par ordre de la Reine , il a fait usage de
son Elixir pour plusieurs personnes de grande
consideration. L'application de ce Remede
est très facile , il ne se fait qu'avec de
petits morceaux de bois en forme de curedent ;
après qu'on en a fait usage une seule fois , on
peut aisément se conserver les dents blanches et
les gensives saines , en prenant les précautions
suivantes.
-
1º . Se ratisser la langue tous les matins avec
un coûteau d'yoire ou autre. 2 ° . Se laver la bouche
et les dents avec une petite éponge . 3 ° . Se
frotter les dents avec du papier , fin brulé et se
rincer la bouche ensuite. Le sieur de Fleury de-.
meure vis-à- vis M. le Président de Luber, chez
Madame Moulé , ruë de Clery,
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'une Lettre de Mons, sur une Ceremonie Guerriere.
En août, à Maubeuge, un mariage a eu lieu entre un capitaine de cavalerie du régiment de Bretagne et une chanoinesse de haute naissance et de mérite, possédant des biens considérables. Avec la permission du roi, le régiment a organisé deux jours après le mariage des exercices militaires représentant une bataille. Ces manœuvres, exécutées en présence de nombreuses personnes et d'officiers, ont été saluées par une approbation générale. Les mouvements de cavalerie et les manœuvres de guerre ont été jugés prompts et avantageux pour les assaillants. Le régiment, commandé par M. de Tocqueville, lieutenant-colonel, est réputé pour son excellence dans ces exercices. Plusieurs officiers du régiment ont également été loués pour leur émulation et leur confiance en leur lieutenant-colonel. De nombreux officiers des environs prévoient de se rendre aux prochains exercices du régiment pour rendre hommage à l'officier à l'occasion de son mariage. Par ailleurs, le sieur de Fleury propose un élixir efficace pour blanchir les dents, arrêter la carie, fondre le tartre et purifier les gencives sans douleur. Cet élixir a été testé à la cour sur ordre de la reine et est appliqué facilement avec des cure-dents. Pour maintenir des dents blanches et des gencives saines, il recommande de se ratisser la langue, de se laver la bouche avec une éponge, et de se frotter les dents avec du papier fin brûlé. Le sieur de Fleury réside vis-à-vis de M. le Président de Luber, chez Madame Moulé, rue de Clery.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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75
p. 2523-2536
SECONDE Partie de la Lettre sur la Tragedie d'Astrale.
Début :
Ce que je viens, Monsieur, de vous rappeller, n'est qu'une foible ébauche [...]
Mots clefs :
Spectateurs, Tragédie, Ton, Reine, Amour, Objection
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texteReconnaissance textuelle : SECONDE Partie de la Lettre sur la Tragedie d'Astrale.
SECONDE Partie de la Lettre sur la
Tragedie d'Astrale.
CE
que je viens , Monsieur , de vous
rappeller , n'est qu'une foible ébauche
du Portrait de mon Autheur favori ;
il ne fait appercevoir , jusques - là que le
germe des expressions et des sentimens
qui depuis l'ont rendu inimitable dans un
genre dont il a été le créateur , et dans lequel
il est encore aujourd'hui le desespoir de
tous ceux qui ont osé le prendre pour modelle:
J'ai des traits plus dignes de lui à
mettre sous vos yeux dans cette même Piece,
où vous m'annoncez qu'on a ri.Je ne citerai
que quelques endroits des principales
Scenes. Commençons par la cinquième
du 3º Acte , elle suit immédiatement celle
où l'on a ri , et les Spectateurs ont bien
changé
2524 MERCURE DE FRANCE
changé de sentiment à mesure que l'Auteur
a changé de ton . Le voicy donc dans
le ton tragique , ou pour mieux dire dans
un ton digne du grand Corneille.
Sychée , cru pere d'Astrate, apprenant
de lui que la conjuration est découverte ,
et entendant nommer les Principaux qui
y trempent , croit n'avoir plus rien à dissimuler
, et l'arrêtant sur le point qu'il
veut en aller instruire la Reine , lui parle
ainsi :
Je voi qu'il n'est plus temps qu'avec vous je déguise
,
Et qu'il faut vous montrer le Chef de l'entre
prise >
Celui qui du vrai Roy , connoît seul tout le sort;
Et qui contre la Reine a fait le plus d'effort, &c...
Connoissez- le , mon Fils , vous le voyez en moi
Astrate.
Ce pourroit-être vous ?
Sychée.
Oui , c'est moi , dont le zele ;
Pour le sang de nos Rois toujours ferme et fi
delle ,
Contre la Tyrannie a jusqu'à ce jour
Ligué les plus Puissans du peuple et de la Cour
& c.....
Vous me perdez ,,mon Fils , si vous parlez ;
Astrate
NOVEMBRE. 173 1. 2515
Astrate.
Hélasi
Je perds la Reine aussi , si je ne parle pas.
Sychée.
Sa perte avec la mienne entre t- elle eu balance?
&c . ..
Quoique l'Amour d'abord air pû vous inspirer ,
Contre tous ses efforts le sang doit m'assurer ,
&c.
Astrate lui promet d'obtenir
sá grace,
et l'invite à venir tout dire à la Reine.
C'est alors que Sychée lui répond avec
plus de fermeté :
Moi , trahir mes sermens ! mon Prince ! mes
amis !
Plutôt , si vous l'osez , trahissez - moi , mon
Fils.
Pensez
·
vous que l'appas du rang qu'on vous
presente ,
A cet infame prix me corrompe ou me tente ?
Connoissez mieux ma foy ; rien ne l'émou peut
voir;
Et je n'ai point de Fils si cher que mon devoir.
J'ai juré de vanger mon Maître légitime ,
De couronner son sang , de déthrôner le crime ;
D'af2526
MERCURE DE FRANCE
D'affranchir mon païs d'un empire odieux ,
Ou , du moins , de périr d'un trépas glorieux.
Dans un si grand dessein je suis inébranlable ;
11 faut qu'enfin la Reine , ou trébuche, ou m'accable
;
Que vous voyiez ses jours , ou les miens ter
minez ;
Et c'est à vous à voir quel parti vous prenez.
1strate.
Entre la Reine et vous , je n'en ai point à pren
dre ,
Que celui de vouloir tour à tour vous deffendre
Vous garder l'un de l'autre , et toujours me vanger
,
Du parti seulement où sera le danger , &c.
Vous n'avez pas encor besoin de mon secours ,
Seigneur , et de la Reine on va trancher les jours;
Avec le même soin que , comme Amant fidelle ,
Je vais , ou la sauver , ou périr avec elle ,
Je sçaurai , l'ayant mise à couvert de vos coups
Vous sauver , comme Fils , ou périr avec vous ;
Je n'examine point dans cette conjoncture
Qui doit vaincre où ceder , l'amour ou la na
ture ;
Sans juger qui des deux doit être plus puissant ,
Je regarde au péril et cours au plus pressant
N'aiNOVEMBRE.
1731. 252y
-
de
N'ay je pas eu raison , Monsieur ,
vous promettre des sentimens dignes du
grand Corneille? Et ne vous ai- je pas tenu
parole ? Démentez - moy , si vous l'osez.
Mais ce n'est pas encore là du plus beau ,
et la Piece va s'ennoblir et se fortifier par
dégrez. Passons à l'Acte quatrième.
Il y a deux Scenes dans cet Acte qui
peuvent tenir le premier rang entre les
plus interessantes. Vous sçavez , Monsieur,
de quoi il s'y agit. Sychée jusqu'icy ne
s'est montré aux yeux d'Astrate
que sous
le nom de son Pere ; mais apprenant de
lui qu'il vient d'obtenir de la Reine le
pardon de tous les conjurez , pourvû
qu'on lui livre le Fils du vrai Roy ; et
le voyant déterminé à lui ôter la vie de sa
propre main , lui fait connoître que cet
ennemi qu'il veut immoler à la Reine
n'est autre que lui- même . Je vous ai déja
cité ce qui est contenu dans les Tablettes
qu'il presente à Astrate ; j'y ajoute
seulement une circonstance que les Acteurs
apparemment n'observent pas ; j'en
juge par ce que vous m'avez dit vous
même dans votre lettre ; sçavoir , que ces
Tabletes qu'Astrate laisse tomber à terre
et que Sichée ne prend pas la précaution
de ramasser , pourroient tomber entre les
mains de quelqu'un qui les remit entre
celles
2528 MERCURE DE FRANCE
celles d'Astrate , lequel s'en serviroit à
se faire connoître à ses sujets pour
leur Roy , et à sauver Elisé en ` leur
apprenant l'interêt qu'il prend en ses
jours ; vous ajoutez encore qu'il se pourroit
faire qu'Astrate ne laissât point tomber
ces Tablettes si necessaires à Agenor
pour être toujours Maître du secret qu'il
vient de confier à ce malheurenx Prince.
Votre objection , Monsieur , est tres- sensée,
mais vous vous seriez épargné la peine
de la faire , si vous aviez lû la Piece telle
qu'elle est imprimée . Voici ce que l'Auteur
dit en cet endroit: Astrate lit dans
les Tablettes que Sychée lui montres et après
la lecture des Tablettes , il ajoûte : Astrate
continue , en rejettant les Tablettes :
Ah! d'un coup plus affreux peut - on être
percé ?
Je serois né du sang que la Reine a versé !
Quoi ? j'aurois à vanger par des Loix trop se
veres
Sur un si cher objet mon Pere et mes deux Fred
res ;
Et quand nos coeurs charmez , se croyoient tour
permis ,་
Malgré l'Amour et nous , nous serions ennemis ?
Sychée l'éclaircit si bien de cette funeste
vc-
1
NOVEMBRE. 1731 2529
te verité , qu'il ne lui laisse aucun lieu
d'en douter, ce qui l'oblige à dire :
Qu'à jamais ce secret n'est - il caché pour
-moi!
'Ah ! cruel , falloit-il , si je suis Fils du Roy ,
Pour me montrer la main qui fit périr mon
Pere
'Attendre que l'Amour me la rendît si chere ?
Et ne deviez - vous pas , pour le bien de mes
jours ,
Qu m'avertir plutôt , ou vous taire toujours .
Combien d'interêts Quinault n'a- t il
pas réunis dans cette Scene pour exciter
la pitié des Spectateurs Quand la seule reconnoissance
animeroit Astrate , n'en seroit-
ce pas assez pour épargner le sang
d'une Reine , qui vient de l'associer au
rang suprême , préférablement à un Prin .
ce de son sang à qui la couronne avoit
été promise , et sembloit si légitimement
dûë Mais cela ne suffit pas à Quinault
pour nous interesser ; il nous montre en
Astrate un Prince éperduement amoureux
et tendrement aimé ; l'amour le plus
ardent se joint à la plus juste reconnoissance
pour combattre la nature. Sychée
qui traite l'amour d'une maniere confor
nie à son âge , lui dit d'un ton ferme :
C La
2530 MERGURE DE FRANCE.
>
La vangeance d'un Pere à vous seul étoit dûë ;
Je vous l'ai reservée et l'heure en est venuë
L'objet vous en fut- il cent fois plus précieux
Levez le bras , Seigneur , et détournez les yeux ;
& c,
Songez que cet amour qui vous trouble et vous
gêne ,
Qui vous usurpe un coeur qui n'est dû qu'à la
haine ,
Cet amour qui vous guide au crime le plus
noir ,
Corrompt votre vertu , séduit votre devoir ;
Cet amour qui vous rend à vous- même perfide ;
Qui vous force à chérir une main parricide
Doit être icy pour vous le premier des Tyrans
Qu'il faut sacrifier au sang de vos parens .
Sychée voyant approcher la Reine , et
ne pouvant empêcher Astrate de lui parler
, le quitte en lui disant : qu'il va prendre
soin de sa gloire , malgré lui - même,
La Scene qui succede à celle- cy est encore
plus interressante. Les deux Personnes
qui doivent produire le plus grand
interêt y sont aux prises . En vain la nature
, le devoir et l'ambition conspirent à
séparer leurs coeurs ; l'Amour, tout dénué
d'esperance qu'il est , s'obstine à les unir
plus que jamais.
La
NOVEMBRE . 1731. 2531
La Reine demande à Astrate s'il a découvert
son ennemi : Il lui répond qu'il
a plus fait, et qu'il peut le lui livrer. Voici
ce qu'il ajoute :
Ce dernier Fils d'un Roy par vous même
égorgé ,
Ce Fils par son devoir à vous perdre engagé ,
Cette victime encore à vos jours necessaire ,
Ce malheureux vangeur d'un miserable Pere ,
D'une maison détruite , et d'un Sceptre envahi ,
Enfin cet ennemi tant craint , et tant hai ,
Dont nous cherchions la perte avec un soin extrême
,
Qui l'eût pú croire Hélas ! Madame , c'est
moi-même.
Quel coup mortel pour Elisé , quel
nouveau trouble pour Astrate ! Et quel
surcroît de terreur et de pitié pour les
Spectateurs ! Qui ne seroit pas attendri à
ces plaintes de la Reine ?
L'ingenieux couroux du ciel plein de vigueur ,
N'a que trop bien trouvé le foible de mon coeur.
J'aurois bravé mon sort , s'il ne m'eût poiut
trompée ;
Je ne m'en gardois pas par où j'en suis frappée.
De ce piege des Dieux qui se fut défié ≥
Mon coeur étoit sans doute assez fortifié
Cij contre
2532 MERCURE DE FRANCE
Contre tous les dangers qui menaçoient ma vie ,
11 ne l'étoit que trop contre un Peuple en furie ,
Contre les Dieux vangeurs , les Destins en couroux
Mais il ne l'étoit pas contre l'Amour et vous.
Je vous dérobe autant de beautez que
je supprime de Vers dans cette Scene.Vous
n'avez, Monsieur , qu'à la parcourir toute
entiere , pour voir si j'exagere ; mais je
m'apperçoi que ma Lettre passe les bornes
ordinaires ; je vais donc vous citer le plus
succinctement qu'il me sera possible,quel
ques traits du cinquième Acte.
Comme le Rôle de Sychée est sans contredit
le plus beau de la Piéce , et qu'on
y reconnoît le genre de celui de Palamede,
qui produit un effet si admirable dans l'E
lectre de M.de Crebillon.Je ne puis mieux
finir ma Lettre que par quelques Vers
que ce genereux Chef des conjurez dit
à Astrate , qui le menace de vanger sur
lui la mort de la Reine , s'il a été assez bar,
bare pour l'immoler. Voici sa réponse :
Je sçais que l'on reçoit souvent comme ung
injuré
Le zele trop exact de la foy la plus pure ;
Mais rien , en vous servant , ne peut me retenir ,
Je
NOVEMBRE. 1731. 2533
Je ferai mon devoir , dussiez-vous m'en punir ,
&c.
J'aime mon Maître assez , pour m'exposer sans
peine
Jusqu'à l'oser servir , au péril de sa haïne.
Et ma perte assurée , est après tous mes soins ,
L'injustice de lui, que mon coeur craint le moins
Quand j'aurai fait , Seigneur , tout ce que je dois
faire ,
Achevé ce que veut le Sang de votre Pere ;
Assuré votre gloire , et signalé ma foy ,
J'aurai crû vivre assez et pour vous et pour moi ;
Et si ma vie enfin , suivant mon zele extrême ,
Avanger votre sang , vous sert malgré vousmême
,
son tour Je mourrai trop content : si ma mort
Vous sert , selon vos voeux , à vanger votre
amour.
Je finis icy mes citations , pour répondre
à quelques objections que vous m'avez
faites.Le stile de Quinault dites- vous,
n'a pas cette force et cette noblesse que
demande la Tragedie , et vous le renvoyez
avec une espece de mépris à l'Opera ;
vous me faites bien voir par là que vous
avez adopté l'injuste idée qu'on s'est faite
de ce genre de Spectacle , que Quinault a
porté si haut ; mais je doute qu'il soit
plus facile de faire un bon
Opera
bone
C iij
1
2534 MERCURE DE FRANCE
bonne Tragedie ; Racine et Despreaux
l'ont voulu éprouver , et ce n'a été qu'à
leur honte ; ils oserent , dit- on , entreprendre
un Opera, pour supplanter Quinault
, mais à peine furent- ils entrez dans
la carriere , qu'ils l'abandonnerent ; leurs
partisans ne manqueront pas de dire ,
après eux , qu'ils eurent honte de l'avoir
entrepris et qu'ils jugerent le genre indigne
de leurs plumes ; quel rafinement de
Aatterie ! quelle ressource d'amour propre
! cependant Racine a bien fait voir
par le Lyrique qu'il a mis dans Esther et
dans Athalie , que ce n'étoit point là son
fort , et Despreaux nous a convaincu par
son Ode sur Namur , que son genie étoit
là hors de sa Sphere ; et que s'il avoit fait
un Opera sur ce ton , on auroit pû rẹtorquer
contre lui ce qu'il a dit contre les
Opera de Quinault , sçavoir ;
Et , jusqu'à je vous hais , tout s'y dit tendres
ment,
En disant au contraire :
Tout s'y dit durement , et jusqu'à je vous aime.
Vous ajoutez encore , Monsieur , que
les Héros de Quinault sont trop doucereux
; la solution de ce problême deman-
1
deroit
NOVEMBRE. 1731 . 2535
deroit une trop longue discussion ; et
puisque Racine a tant fait que d'ériger
l'amour en partie principale de ses Tragedies
, quoiqu'il ne soit que partie accessoire
dans celles de Corneille , et qu'il·
n'entre presque point du tout dans cellesdes
anciens ; je ne voi point qu'on doive
si fort ennoblir une passion qui n'est que
foiblesse ; d'ailleurs supposé que ce soit là
un deffaut dans Astrate ; c'est une heu
reuse faute , puisqu'elle l'a porté à s'attacher
uniquement à l'Opera ; ce n'est pas
qu'il desesperât de réussir dans le genre
qu'il voulut bien abandonner ; le succès
qu'il avoit eu dans le Faux-Tiberinus , et
dans Astrate , lui offroit assez de quoi se
consoler du peu de réussite de Pausanias,
et de Bellerofon ; de sorte que joignant à
cela sa Mere coquette , il pouvoit justement
se vanter de posseder trois genres ,
dont le moindre auroit suffi pour illustrer
un Auteur. Vous m'accuserez tant
qu'il vous plaira de trop de prévention .
Pour lui ,je vous ai déja dit que c'est mon
Auteur favori ; et d'ailleurs la préférence
que je lui donne est fondée sur des titres
qui me paroissent incontestables ; j'en ai
trop dit pour une Lettre , mais non pour
deffendre une gloire si solidement établie
et si injustement attaquée ; l'espere ,Mon-
Ciiij sicur,
2536 MERCURE DE FRANCE
sieur , que si vous faites un peu plus de
réfléxion sur cette apologie , que vous
n'en avez fait à la représentation d'Astrate
; vous vous rapprocherez de mon
sentiment : Je suis , rancune tenant , votre,
&c.
Tragedie d'Astrale.
CE
que je viens , Monsieur , de vous
rappeller , n'est qu'une foible ébauche
du Portrait de mon Autheur favori ;
il ne fait appercevoir , jusques - là que le
germe des expressions et des sentimens
qui depuis l'ont rendu inimitable dans un
genre dont il a été le créateur , et dans lequel
il est encore aujourd'hui le desespoir de
tous ceux qui ont osé le prendre pour modelle:
J'ai des traits plus dignes de lui à
mettre sous vos yeux dans cette même Piece,
où vous m'annoncez qu'on a ri.Je ne citerai
que quelques endroits des principales
Scenes. Commençons par la cinquième
du 3º Acte , elle suit immédiatement celle
où l'on a ri , et les Spectateurs ont bien
changé
2524 MERCURE DE FRANCE
changé de sentiment à mesure que l'Auteur
a changé de ton . Le voicy donc dans
le ton tragique , ou pour mieux dire dans
un ton digne du grand Corneille.
Sychée , cru pere d'Astrate, apprenant
de lui que la conjuration est découverte ,
et entendant nommer les Principaux qui
y trempent , croit n'avoir plus rien à dissimuler
, et l'arrêtant sur le point qu'il
veut en aller instruire la Reine , lui parle
ainsi :
Je voi qu'il n'est plus temps qu'avec vous je déguise
,
Et qu'il faut vous montrer le Chef de l'entre
prise >
Celui qui du vrai Roy , connoît seul tout le sort;
Et qui contre la Reine a fait le plus d'effort, &c...
Connoissez- le , mon Fils , vous le voyez en moi
Astrate.
Ce pourroit-être vous ?
Sychée.
Oui , c'est moi , dont le zele ;
Pour le sang de nos Rois toujours ferme et fi
delle ,
Contre la Tyrannie a jusqu'à ce jour
Ligué les plus Puissans du peuple et de la Cour
& c.....
Vous me perdez ,,mon Fils , si vous parlez ;
Astrate
NOVEMBRE. 173 1. 2515
Astrate.
Hélasi
Je perds la Reine aussi , si je ne parle pas.
Sychée.
Sa perte avec la mienne entre t- elle eu balance?
&c . ..
Quoique l'Amour d'abord air pû vous inspirer ,
Contre tous ses efforts le sang doit m'assurer ,
&c.
Astrate lui promet d'obtenir
sá grace,
et l'invite à venir tout dire à la Reine.
C'est alors que Sychée lui répond avec
plus de fermeté :
Moi , trahir mes sermens ! mon Prince ! mes
amis !
Plutôt , si vous l'osez , trahissez - moi , mon
Fils.
Pensez
·
vous que l'appas du rang qu'on vous
presente ,
A cet infame prix me corrompe ou me tente ?
Connoissez mieux ma foy ; rien ne l'émou peut
voir;
Et je n'ai point de Fils si cher que mon devoir.
J'ai juré de vanger mon Maître légitime ,
De couronner son sang , de déthrôner le crime ;
D'af2526
MERCURE DE FRANCE
D'affranchir mon païs d'un empire odieux ,
Ou , du moins , de périr d'un trépas glorieux.
Dans un si grand dessein je suis inébranlable ;
11 faut qu'enfin la Reine , ou trébuche, ou m'accable
;
Que vous voyiez ses jours , ou les miens ter
minez ;
Et c'est à vous à voir quel parti vous prenez.
1strate.
Entre la Reine et vous , je n'en ai point à pren
dre ,
Que celui de vouloir tour à tour vous deffendre
Vous garder l'un de l'autre , et toujours me vanger
,
Du parti seulement où sera le danger , &c.
Vous n'avez pas encor besoin de mon secours ,
Seigneur , et de la Reine on va trancher les jours;
Avec le même soin que , comme Amant fidelle ,
Je vais , ou la sauver , ou périr avec elle ,
Je sçaurai , l'ayant mise à couvert de vos coups
Vous sauver , comme Fils , ou périr avec vous ;
Je n'examine point dans cette conjoncture
Qui doit vaincre où ceder , l'amour ou la na
ture ;
Sans juger qui des deux doit être plus puissant ,
Je regarde au péril et cours au plus pressant
N'aiNOVEMBRE.
1731. 252y
-
de
N'ay je pas eu raison , Monsieur ,
vous promettre des sentimens dignes du
grand Corneille? Et ne vous ai- je pas tenu
parole ? Démentez - moy , si vous l'osez.
Mais ce n'est pas encore là du plus beau ,
et la Piece va s'ennoblir et se fortifier par
dégrez. Passons à l'Acte quatrième.
Il y a deux Scenes dans cet Acte qui
peuvent tenir le premier rang entre les
plus interessantes. Vous sçavez , Monsieur,
de quoi il s'y agit. Sychée jusqu'icy ne
s'est montré aux yeux d'Astrate
que sous
le nom de son Pere ; mais apprenant de
lui qu'il vient d'obtenir de la Reine le
pardon de tous les conjurez , pourvû
qu'on lui livre le Fils du vrai Roy ; et
le voyant déterminé à lui ôter la vie de sa
propre main , lui fait connoître que cet
ennemi qu'il veut immoler à la Reine
n'est autre que lui- même . Je vous ai déja
cité ce qui est contenu dans les Tablettes
qu'il presente à Astrate ; j'y ajoute
seulement une circonstance que les Acteurs
apparemment n'observent pas ; j'en
juge par ce que vous m'avez dit vous
même dans votre lettre ; sçavoir , que ces
Tabletes qu'Astrate laisse tomber à terre
et que Sichée ne prend pas la précaution
de ramasser , pourroient tomber entre les
mains de quelqu'un qui les remit entre
celles
2528 MERCURE DE FRANCE
celles d'Astrate , lequel s'en serviroit à
se faire connoître à ses sujets pour
leur Roy , et à sauver Elisé en ` leur
apprenant l'interêt qu'il prend en ses
jours ; vous ajoutez encore qu'il se pourroit
faire qu'Astrate ne laissât point tomber
ces Tablettes si necessaires à Agenor
pour être toujours Maître du secret qu'il
vient de confier à ce malheurenx Prince.
Votre objection , Monsieur , est tres- sensée,
mais vous vous seriez épargné la peine
de la faire , si vous aviez lû la Piece telle
qu'elle est imprimée . Voici ce que l'Auteur
dit en cet endroit: Astrate lit dans
les Tablettes que Sychée lui montres et après
la lecture des Tablettes , il ajoûte : Astrate
continue , en rejettant les Tablettes :
Ah! d'un coup plus affreux peut - on être
percé ?
Je serois né du sang que la Reine a versé !
Quoi ? j'aurois à vanger par des Loix trop se
veres
Sur un si cher objet mon Pere et mes deux Fred
res ;
Et quand nos coeurs charmez , se croyoient tour
permis ,་
Malgré l'Amour et nous , nous serions ennemis ?
Sychée l'éclaircit si bien de cette funeste
vc-
1
NOVEMBRE. 1731 2529
te verité , qu'il ne lui laisse aucun lieu
d'en douter, ce qui l'oblige à dire :
Qu'à jamais ce secret n'est - il caché pour
-moi!
'Ah ! cruel , falloit-il , si je suis Fils du Roy ,
Pour me montrer la main qui fit périr mon
Pere
'Attendre que l'Amour me la rendît si chere ?
Et ne deviez - vous pas , pour le bien de mes
jours ,
Qu m'avertir plutôt , ou vous taire toujours .
Combien d'interêts Quinault n'a- t il
pas réunis dans cette Scene pour exciter
la pitié des Spectateurs Quand la seule reconnoissance
animeroit Astrate , n'en seroit-
ce pas assez pour épargner le sang
d'une Reine , qui vient de l'associer au
rang suprême , préférablement à un Prin .
ce de son sang à qui la couronne avoit
été promise , et sembloit si légitimement
dûë Mais cela ne suffit pas à Quinault
pour nous interesser ; il nous montre en
Astrate un Prince éperduement amoureux
et tendrement aimé ; l'amour le plus
ardent se joint à la plus juste reconnoissance
pour combattre la nature. Sychée
qui traite l'amour d'une maniere confor
nie à son âge , lui dit d'un ton ferme :
C La
2530 MERGURE DE FRANCE.
>
La vangeance d'un Pere à vous seul étoit dûë ;
Je vous l'ai reservée et l'heure en est venuë
L'objet vous en fut- il cent fois plus précieux
Levez le bras , Seigneur , et détournez les yeux ;
& c,
Songez que cet amour qui vous trouble et vous
gêne ,
Qui vous usurpe un coeur qui n'est dû qu'à la
haine ,
Cet amour qui vous guide au crime le plus
noir ,
Corrompt votre vertu , séduit votre devoir ;
Cet amour qui vous rend à vous- même perfide ;
Qui vous force à chérir une main parricide
Doit être icy pour vous le premier des Tyrans
Qu'il faut sacrifier au sang de vos parens .
Sychée voyant approcher la Reine , et
ne pouvant empêcher Astrate de lui parler
, le quitte en lui disant : qu'il va prendre
soin de sa gloire , malgré lui - même,
La Scene qui succede à celle- cy est encore
plus interressante. Les deux Personnes
qui doivent produire le plus grand
interêt y sont aux prises . En vain la nature
, le devoir et l'ambition conspirent à
séparer leurs coeurs ; l'Amour, tout dénué
d'esperance qu'il est , s'obstine à les unir
plus que jamais.
La
NOVEMBRE . 1731. 2531
La Reine demande à Astrate s'il a découvert
son ennemi : Il lui répond qu'il
a plus fait, et qu'il peut le lui livrer. Voici
ce qu'il ajoute :
Ce dernier Fils d'un Roy par vous même
égorgé ,
Ce Fils par son devoir à vous perdre engagé ,
Cette victime encore à vos jours necessaire ,
Ce malheureux vangeur d'un miserable Pere ,
D'une maison détruite , et d'un Sceptre envahi ,
Enfin cet ennemi tant craint , et tant hai ,
Dont nous cherchions la perte avec un soin extrême
,
Qui l'eût pú croire Hélas ! Madame , c'est
moi-même.
Quel coup mortel pour Elisé , quel
nouveau trouble pour Astrate ! Et quel
surcroît de terreur et de pitié pour les
Spectateurs ! Qui ne seroit pas attendri à
ces plaintes de la Reine ?
L'ingenieux couroux du ciel plein de vigueur ,
N'a que trop bien trouvé le foible de mon coeur.
J'aurois bravé mon sort , s'il ne m'eût poiut
trompée ;
Je ne m'en gardois pas par où j'en suis frappée.
De ce piege des Dieux qui se fut défié ≥
Mon coeur étoit sans doute assez fortifié
Cij contre
2532 MERCURE DE FRANCE
Contre tous les dangers qui menaçoient ma vie ,
11 ne l'étoit que trop contre un Peuple en furie ,
Contre les Dieux vangeurs , les Destins en couroux
Mais il ne l'étoit pas contre l'Amour et vous.
Je vous dérobe autant de beautez que
je supprime de Vers dans cette Scene.Vous
n'avez, Monsieur , qu'à la parcourir toute
entiere , pour voir si j'exagere ; mais je
m'apperçoi que ma Lettre passe les bornes
ordinaires ; je vais donc vous citer le plus
succinctement qu'il me sera possible,quel
ques traits du cinquième Acte.
Comme le Rôle de Sychée est sans contredit
le plus beau de la Piéce , et qu'on
y reconnoît le genre de celui de Palamede,
qui produit un effet si admirable dans l'E
lectre de M.de Crebillon.Je ne puis mieux
finir ma Lettre que par quelques Vers
que ce genereux Chef des conjurez dit
à Astrate , qui le menace de vanger sur
lui la mort de la Reine , s'il a été assez bar,
bare pour l'immoler. Voici sa réponse :
Je sçais que l'on reçoit souvent comme ung
injuré
Le zele trop exact de la foy la plus pure ;
Mais rien , en vous servant , ne peut me retenir ,
Je
NOVEMBRE. 1731. 2533
Je ferai mon devoir , dussiez-vous m'en punir ,
&c.
J'aime mon Maître assez , pour m'exposer sans
peine
Jusqu'à l'oser servir , au péril de sa haïne.
Et ma perte assurée , est après tous mes soins ,
L'injustice de lui, que mon coeur craint le moins
Quand j'aurai fait , Seigneur , tout ce que je dois
faire ,
Achevé ce que veut le Sang de votre Pere ;
Assuré votre gloire , et signalé ma foy ,
J'aurai crû vivre assez et pour vous et pour moi ;
Et si ma vie enfin , suivant mon zele extrême ,
Avanger votre sang , vous sert malgré vousmême
,
son tour Je mourrai trop content : si ma mort
Vous sert , selon vos voeux , à vanger votre
amour.
Je finis icy mes citations , pour répondre
à quelques objections que vous m'avez
faites.Le stile de Quinault dites- vous,
n'a pas cette force et cette noblesse que
demande la Tragedie , et vous le renvoyez
avec une espece de mépris à l'Opera ;
vous me faites bien voir par là que vous
avez adopté l'injuste idée qu'on s'est faite
de ce genre de Spectacle , que Quinault a
porté si haut ; mais je doute qu'il soit
plus facile de faire un bon
Opera
bone
C iij
1
2534 MERCURE DE FRANCE
bonne Tragedie ; Racine et Despreaux
l'ont voulu éprouver , et ce n'a été qu'à
leur honte ; ils oserent , dit- on , entreprendre
un Opera, pour supplanter Quinault
, mais à peine furent- ils entrez dans
la carriere , qu'ils l'abandonnerent ; leurs
partisans ne manqueront pas de dire ,
après eux , qu'ils eurent honte de l'avoir
entrepris et qu'ils jugerent le genre indigne
de leurs plumes ; quel rafinement de
Aatterie ! quelle ressource d'amour propre
! cependant Racine a bien fait voir
par le Lyrique qu'il a mis dans Esther et
dans Athalie , que ce n'étoit point là son
fort , et Despreaux nous a convaincu par
son Ode sur Namur , que son genie étoit
là hors de sa Sphere ; et que s'il avoit fait
un Opera sur ce ton , on auroit pû rẹtorquer
contre lui ce qu'il a dit contre les
Opera de Quinault , sçavoir ;
Et , jusqu'à je vous hais , tout s'y dit tendres
ment,
En disant au contraire :
Tout s'y dit durement , et jusqu'à je vous aime.
Vous ajoutez encore , Monsieur , que
les Héros de Quinault sont trop doucereux
; la solution de ce problême deman-
1
deroit
NOVEMBRE. 1731 . 2535
deroit une trop longue discussion ; et
puisque Racine a tant fait que d'ériger
l'amour en partie principale de ses Tragedies
, quoiqu'il ne soit que partie accessoire
dans celles de Corneille , et qu'il·
n'entre presque point du tout dans cellesdes
anciens ; je ne voi point qu'on doive
si fort ennoblir une passion qui n'est que
foiblesse ; d'ailleurs supposé que ce soit là
un deffaut dans Astrate ; c'est une heu
reuse faute , puisqu'elle l'a porté à s'attacher
uniquement à l'Opera ; ce n'est pas
qu'il desesperât de réussir dans le genre
qu'il voulut bien abandonner ; le succès
qu'il avoit eu dans le Faux-Tiberinus , et
dans Astrate , lui offroit assez de quoi se
consoler du peu de réussite de Pausanias,
et de Bellerofon ; de sorte que joignant à
cela sa Mere coquette , il pouvoit justement
se vanter de posseder trois genres ,
dont le moindre auroit suffi pour illustrer
un Auteur. Vous m'accuserez tant
qu'il vous plaira de trop de prévention .
Pour lui ,je vous ai déja dit que c'est mon
Auteur favori ; et d'ailleurs la préférence
que je lui donne est fondée sur des titres
qui me paroissent incontestables ; j'en ai
trop dit pour une Lettre , mais non pour
deffendre une gloire si solidement établie
et si injustement attaquée ; l'espere ,Mon-
Ciiij sicur,
2536 MERCURE DE FRANCE
sieur , que si vous faites un peu plus de
réfléxion sur cette apologie , que vous
n'en avez fait à la représentation d'Astrate
; vous vous rapprocherez de mon
sentiment : Je suis , rancune tenant , votre,
&c.
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Résumé : SECONDE Partie de la Lettre sur la Tragedie d'Astrale.
La lettre traite de la tragédie 'Astrate' de Quinault. L'auteur rappelle à son destinataire qu'il n'a fait qu'esquisser le portrait de Quinault et promet de révéler des traits plus dignes de lui dans la pièce. Il cite des extraits de la cinquième scène du troisième acte, où Sychée, père d'Astrate, révèle sa véritable identité et ses intentions de venger le roi légitime. Sychée exprime son devoir envers son maître et son refus de trahir ses serments, malgré les supplications d'Astrate. La lettre met en avant la noblesse et la fermeté des sentiments exprimés par Sychée, comparables à ceux de Corneille. L'auteur passe ensuite à l'acte quatrième, où Sychée révèle à Astrate qu'il est le fils du roi légitime. Astrate est déchiré entre son amour pour la reine et son devoir de venger son père. La scène suivante montre la reine et Astrate, ce dernier révélant qu'il est l'ennemi qu'elle cherche à éliminer. La lettre souligne l'intensité dramatique et la profondeur des sentiments exprimés dans ces scènes. L'auteur défend le style de Quinault, souvent critiqué pour sa douceur, et souligne que même des auteurs comme Racine et Boileau ont échoué dans le genre de l'opéra. Il conclut en citant des vers de Sychée, illustrant son dévouement et son sens du devoir jusqu'à la mort.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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76
p. 2842-2844
A LA REINE, Pour lui présenter des Ecrans,
Début :
Delices d'un Auguste Epoux, [...]
Mots clefs :
Reine, Hiver, Vivacité , Écrans
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A LA REINE, Pour lui présenter des Ecrans,
A LA REINE ,
Pour lui présenter des Ecrans,
DElices d'un AugusteEpoux ,
Reine , dont la sagesse orne le Diadême ,
O vous , que la vertu ne fit regner sur nous ,
Qu'afin de regner avec vous ,
Et de s'honorer elle-même ;
L'Hyver environné de Neige et de frimats ,
1. Vol. Fat
DECEMBRE. 1731. 2843
Fait tout trembler dans ces climats ;
A présent le foyer cessant d'être inutile ,
Devient un agréable azile >
2
Et malgré sa noirceur a pour nous des appas
S'il se pouvoit que le feu de mon zèle ,
Contre le froid piquant d'une saison cruelle
Vous fût un suffisant secours ;
Vous n'auriez rien à craindre d'elle ;
Un Printemps éternel éclaireroit vos jours."
Mais puisqu'un feu bien plus sensible
Peut seul contre l'Hyver vous mettre en sûreté,
Et que ce même feu peut vous être nuisible
Par son trop de vivacité ;
Daignez , excellente Princesse ,
Souffrir qu'aujourd'ui je m'empresse
De vous offrir de quoi temperer sa chaleur ,
Et repousser son excessive ardeur.
Pour que ces Ecrans pûssent plairé ,
On les a décorez d'ornemens curieux ,
Et leur usage gracieux ,
Sans doute empêchera la flamme témeraire
D'offenser la douceur et l'éclat de vos yeux ,
Et que jamais elle n'altere
Votre visage précieux.
Noble et charmante fleur , vous que la Provis
dence
A transplantée entre nos Lys ,
1. Vol € iiij Que
2844 MERCURE DE FRANCE
Que pour vous l'Aquilon calme sa violence ,
Et que vos rejetons adorez et chéris ,
Puissent faire à jamais l'ornement de la France.
Par M. Moraine.
Pour lui présenter des Ecrans,
DElices d'un AugusteEpoux ,
Reine , dont la sagesse orne le Diadême ,
O vous , que la vertu ne fit regner sur nous ,
Qu'afin de regner avec vous ,
Et de s'honorer elle-même ;
L'Hyver environné de Neige et de frimats ,
1. Vol. Fat
DECEMBRE. 1731. 2843
Fait tout trembler dans ces climats ;
A présent le foyer cessant d'être inutile ,
Devient un agréable azile >
2
Et malgré sa noirceur a pour nous des appas
S'il se pouvoit que le feu de mon zèle ,
Contre le froid piquant d'une saison cruelle
Vous fût un suffisant secours ;
Vous n'auriez rien à craindre d'elle ;
Un Printemps éternel éclaireroit vos jours."
Mais puisqu'un feu bien plus sensible
Peut seul contre l'Hyver vous mettre en sûreté,
Et que ce même feu peut vous être nuisible
Par son trop de vivacité ;
Daignez , excellente Princesse ,
Souffrir qu'aujourd'ui je m'empresse
De vous offrir de quoi temperer sa chaleur ,
Et repousser son excessive ardeur.
Pour que ces Ecrans pûssent plairé ,
On les a décorez d'ornemens curieux ,
Et leur usage gracieux ,
Sans doute empêchera la flamme témeraire
D'offenser la douceur et l'éclat de vos yeux ,
Et que jamais elle n'altere
Votre visage précieux.
Noble et charmante fleur , vous que la Provis
dence
A transplantée entre nos Lys ,
1. Vol € iiij Que
2844 MERCURE DE FRANCE
Que pour vous l'Aquilon calme sa violence ,
Et que vos rejetons adorez et chéris ,
Puissent faire à jamais l'ornement de la France.
Par M. Moraine.
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Résumé : A LA REINE, Pour lui présenter des Ecrans,
Le texte est une dédicace à une reine, probablement Marie Leszczyńska, épouse de Louis XV. L'auteur admire la sagesse et la vertu de la reine, soulignant que sa vertu inspire le peuple. Le poème compare la protection offerte par des écrans contre le froid à celle que la reine apporte à son peuple. Ces écrans, ornés de manière curieuse, protègent la reine de la flamme ardente, préservant ainsi la douceur et l'éclat de son visage. L'auteur espère que la reine acceptera ces écrans pour tempérer la chaleur excessive du feu. Il souhaite également que la reine, comparée à une noble fleur transplantée entre les lys de France, soit protégée des vents violents et que ses descendants soient chéris et deviennent un ornement pour la France.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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77
p. 3036-3044
Erigone, Tragédie, Extrait. [titre d'après la table]
Début :
On croit qu'Erigone, Tragédie de M. de la Grange, auroit eu un plus grand nombre [...]
Mots clefs :
Amour, Hymen, Reine, Échange, Cacher
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Erigone, Tragédie, Extrait. [titre d'après la table]
On croit qu'Erigone , Tragédie de M.de
la Grange , auroit eu un plus grand nombre
de Représentations , si l'Auteur eut
été à Paris , lorsqu'on a mis cette Piece
au Tréatre. Le cinquiéme Acte avoit bescin
de quelques changemens que le public
souhaitoit, ce qui n'auroit pas été bien
difficile à une main aussi habile et à un
genie aussi fécond en inventions Théatra-
II. Vol. les
1
S
DECEMBRE . 173. 3937
Ies ; nous allons remplir nos engagemens
avec le Public , par une courte Analyse
de ce Poëme.
Stenelus , Roy de Crete , et Androclide,
Ministre du Royaume d'Epire , ouvrent
La Scene . Ce premier a été fait prisonnier
par Attale , General des Epirotes & Fils
d'Androclide. Ce Roy captif a doublement
perdu sa liberté , il est devenu
amoureux de Nerée , fille d'Androclide.
Il la demande en mariage à son Pere, qui
refuse l'honneur qu'il lui fait par des rai
sons de politique. Il lui représente que
la guerre qui regne depuis si long- temps
entre les Crétois et les Epirotes , ne peut
se terminer plus heureusement que par
un Hymen , qui réunisse à jamais les Rois.
et les Sujets. Stenelus ne peut consentir à
cet hymen de politique ; l'Amour parle
plus haut que l'Ambition , et Nerée l'emporte
dans son coeur sur Erigone , toute
aimable et toute Reine qu'elle est.
Ce Prince ne pouvant obtenir d'An
droclide l'aveu qu'il lui demande en fa
veur de son amour , a recours à son Fils
Attale , et le prie de fléchir son Pere.
Attale témoigne son étonnement à Androclide
, sur le refus d'une Couronne
qu'un si grand Roy veut mettre sur la tête
de sa Fille. Androclide lui répond
Fiij qu'îïl
11. Vol.
3038 MERCURE DE FRANCE
qu'il doit préferer les interêts de sa Patrie
à l'aggrandissement de sa Maison , et
qu'il importe au salut ,de l'Epire que le-
Roy de Créte épouse Erigone.
Attale ne pouvant cacher l'amour qu'il
a pour cette Reine , se plaint à son Pere
de l'obstacle qu'une main aussi chere
que la sienne oppose à son bonheur.
Androclide lui répond que cet Hymen
qu'il souhaite avec tant d'ardeur , seroit
le plus grand malheur qui pût arriver à
fun et à l'autre ; il lui annonce que la
Reine doit les consulter tous deux sur le
choix d'un Epoux , et l'exhorte vivement
à la faire pancher du côté de Stenclus .
Stenelus et Nerée commencent le sea
cond Acte ; comme ils s'aiment réciproquement
, ils sont également affligez du
refus d'Androclide ; mais la vertu de l'Amante
lui fait rejetter comme un crime ,
ce que l'amour suggere à l'Amant.
Erigone ne fait connoître qu'à demi à
Nerée ce que produira le conseil d'Androclide
et d'Attale sur le choix d'un
nouveau Roy que ses Sujets lui demandent
avec empressement
.
La Scene deliberative qui suit est des
plus nouvelles au Theatre ; deux personnes
seules sont consultées , et sembleroient
ne devoir faire qu'un suffrage, si l'amour
II. Vol. ne
DECEMBR E. 1731. 3039
ne s'en mêloit pas ; le Pere et le Fils se
trouvent directement opposez , parce
qu'ils agissent par des motifs tout-à- fait
differens. Erigone expose en peu de mots
le sujet pour lequel elle les rassemble.Androclide
tâche de la porter à l'Hymen de
Stenelus , par des raisons tres - plausibles , et
Attale s'oppose respectueusement aux
avis de son Pere ; il dit tendrement à Erigone
que sans s'exposer à perdre un Sceptre
hereditaire , pour en chercher un
étranger , elle peut trouver un sujet , qui
toujours soumis à ses loix , raffermisse le
Trône où les Dieux l'ont placée. Erigone
dit à Androclide que ses conseils sont
plus prudens que ceux de son Fils ; mais
que ceux de son Fils sont plus flatteurs
pour elle. Son choix se détermine pour
Attale ; elle dit que l'appui d'un Trône.
est digne d'y monter. Elle ordonne à Androclide
d'aller tout préparer pour cette
grande fête , et d'assembler ses Etats pour
la rendre plus solemnelle : Elle se retire..
Androclide reproche à son fils son peu
de defference pour ses avis . Attale de son
côté se plaint de la rigueur d'un Pere
qui veut empêcher son Fils de s'élever à
la grandeur suprême. Androclide ne peut
plus lui cacher le fatal secfet ; il lui apprend
qu'Erigone est sa soeur , et lui ex-
II. Vot.
Fiiij pose
3040 MERCURE DE FRANCE
pose en peu de mots ce qui l'a obligé à
faire l'échange de sa fille contre celle du
dernier Roy du sang d'Achille ; il prie
Attale de s'absenter pour empêcher un
Hymen incestueux, et pour se guérir d'un
amour funeste ; Attale au désespoir s'y
détermine; ils sortent pour aller exécuter
ce qu'ils viennent de résoudre..
Au troisiéme Acte Stenelus implore le
secours d'Erigone pour fléchir la dureté
d'Androclide , qui lui refuse sa fille . Erigone
lui promet d'appuyer un projet si
glorieux pour le Pere et pour la Fille.
Nerée en pleurs , vient apprendre à Erigone
que son frere Attale est prêt à quisrer
l'Epire , et que le Vaisseau qui doit
l'en éloigner , ne tardera pas à mettre à la
voile. Erigone , aussi offensée que surprise
d'un départ si peu attendu , ordonne
qu'on s'y oppose ; Stenelus va lui -même
faire exécuter les ordres de cette Reime
affligée. Attale vient peu de temps
aprés ; et ne pouvant soutenir les reproches
qu'Erigone lui fait , il ne peut plus
s'empêcher de lui revéler l'affreux mystere
qui le force à renoncer à tout son
bonheur.
Androclide arrive au même instant et
lui coupe la parole.
Attale reconnoît la faute qu'il alloit fai-
II. Vol.
DECEMBRE. 1731. 3041
ee , si son Pere ne fut venu à son secours;
il aime mieux s'avoiier coupable de tous
les crimes que la colere d'Erigone lui impute
: Elle le traite en criminel d'Etat, et
ordonne qu'on l'arrête. Androclide jugeant
la fuite de son Fils plus necessaire
que jamais , interesse pour lui un fidele
ami , avec qui il va prendre des mesures
pour rompre les fers de son Fils et lui
ouvrir un chemin à la fuite.
Au quatriéme Acte , Nerée demande
la grace de son Frere à Erigone ; cette
Reine se croyant trahie , ou du moins
offensée,lui répond qu'Attale ne peut sauver
sa tête qu'en lui donnant la main.
Un Garde vient lui apporter un billet ;
qu'on a intercepté ; il est d'Androclide à
son Fils ; il l'exhorte. à fuir une soeuz
qu'il aime, et dont il est aimé. L'équivo
que produit par le nom de soeur , attire
les plus sanglans reproches à la vertueu
se Nerée; elle ne peut les soutenir et se re
tire , frappée d'un mortel désespoir.
On amene Attale à Erigone ; elle lui reproche
des crimes qu'il ignore , et dont
il n'est instruit que par le fatal billet que
la Reine lui met entre les mains ; la nécessité
où il se trouve de disculper sa
soeur , et de lui rendre toute sa gloire ,
L'oblige à ne plus rien,cacher. Il apprend
1. Vob .
Ev
3042 MERCURE DE FRANCE
à Erigone que c'est elle -même qu'Andro
clide a voulu désignerpar le nom de soeur;
ce coup est tout des plus frappans pour
elle , l'amour a beau gemir dans son coeur,
il faut l'immoler au devoir ; elle fait plus,
elle forme la noble résolution de rendreà
Nerée un Trône qu'elle croit lui ap .
partenir par les droits de la naissance.
5.
Erigone , qui à la fin du second Acte
a ordonné à Androclide d'assembler les
Grands de son Royaume , déclare au cinquiéme
Acte , en leur présence , que Nerée
est la légitime heritiere du Trône
d'Epire; cette déclaration est suivie d'une
contestation également noble et genereuse,
entre Nerée et Erigone ; elle est terminée
par l'arrivée d'Attale , dont la mere , jus .
qu'alors captive chez les Crétois , -vient
d'être renduë à sa patrie ; elle lui a déclaré
, que par un second échange qu'elle a
fait à l'insçu de son époux Androclide ,
elle a remis les choses dans l'ordre que la
justice demandoit : par ce second échange
qui fait le dénouement d'une Piece , dont
le premier avoit fait le noud , Erigone
Cessant d'être soeur d'Attale , le place sur-
Son Trône , et Stenelus partage celui de
Créte avec sa chere Netée.
Il ne nous reste plus qu'à faite part à nos
Lecteurs du jugement que le public a porté
1. Vole sur
DECEMBRE. 1731. 3043
presur
cette Tragedie.On en a trouvé le
mier Acte fort clair , par rapport à l'exposition
de ce qui s'est passé avant l'ac
tion Théatrale.
:
>
Le second a été généralement applaudi
et a paru un des plus interressans que M.
de la Grange ait encore mis sur la Scene :
le coup de Théatre du troisiéme n'a
pass
paru aussi frappant qu'il l'auroit été , si
Auteur ne nous en eut pas donné un
- semblable dans sa belle Tragédie d'Amasis.
La Lettre qui fait le plus bel incident
du quatrième , n'a pas eu tout le succès
que l'Auteur s'en étoit promis ; les Critiques
les plus séveres ne l'ont pris que
pour du remplissage ; cependant on est
convenu qu'il sert au progrès de l'action
principale , puisqu'il engage Attale à déclarer
à Erigone quelle est sa soeur. On a
admiré la cession du Trône , mais on auroit
voulu qu'Erigone fut sûre que Nerée
est celle avec qui elle a été échangée dans
le berceau , il n'auroit tenu qu'à l'Auteur
de l'en mieux instruire par Attale. Au
reste la versification a paruë négligée en
beaucoup d'endroits . Ces diverses observations
du public n'empêchent pas que:
M. de la Grande n'ait acquis une nouvelle
gloire , mais elles ont diminué le succès ,
de son ouvrage..
LL. Vol..
Avji
Au
3044 MERCURE DE FRANCE
Au reste cette Piece est fort bien représ
sentée. La Dlle Labat y joue le principal
Rôle avec toute l'intelligence , les graces
et la noblesse possible. La Dlle Gossin y
remplit très - bien celui de Nerée ; et ceux
d'Attale, d'Androclide et de Stenelus , sont
joüez , par les sieurs Dufresne , Sarrazin , et
Grandval
Les Comediens François représenterent à Vers
sailles le Mardi 4. Décembre , le Chevalier
Bayard et la réunion des Amours.
Le Jeudi 6. Britannicus et Crispin bel esprit.
Le 11. Démocrite et les Vacances .
Le
13. Andronic et le Baron de la Crasse.
Le 18. Jodelet Maître et Valet , et le Flo
rentin.
Le 20. Erigone , Tragedie , et l'Aveugle
Clairvoyant.
Le 29. L'homme à bonne fortune , et l'Usurier
Gentilhomme.
Lẹ 31. Mithridate , et le Port de Mer.
Le premier Decembre les Comédiens Italiensreprésenterent
à la Cour , le Faucon ou les Oyes
de Bocace , Comédie en trois Actes , qui fut sui
vie de la petite Piece de la Verité Fabuliste ,
qu'on a autant goutée à la Cour qu'à la Ville.
.
Le 15. ils y jouerent la Femme Jalouse , et
pour petite Piece , le Philosophe Dupe de l'Amour.
Le 22.
la Grange , auroit eu un plus grand nombre
de Représentations , si l'Auteur eut
été à Paris , lorsqu'on a mis cette Piece
au Tréatre. Le cinquiéme Acte avoit bescin
de quelques changemens que le public
souhaitoit, ce qui n'auroit pas été bien
difficile à une main aussi habile et à un
genie aussi fécond en inventions Théatra-
II. Vol. les
1
S
DECEMBRE . 173. 3937
Ies ; nous allons remplir nos engagemens
avec le Public , par une courte Analyse
de ce Poëme.
Stenelus , Roy de Crete , et Androclide,
Ministre du Royaume d'Epire , ouvrent
La Scene . Ce premier a été fait prisonnier
par Attale , General des Epirotes & Fils
d'Androclide. Ce Roy captif a doublement
perdu sa liberté , il est devenu
amoureux de Nerée , fille d'Androclide.
Il la demande en mariage à son Pere, qui
refuse l'honneur qu'il lui fait par des rai
sons de politique. Il lui représente que
la guerre qui regne depuis si long- temps
entre les Crétois et les Epirotes , ne peut
se terminer plus heureusement que par
un Hymen , qui réunisse à jamais les Rois.
et les Sujets. Stenelus ne peut consentir à
cet hymen de politique ; l'Amour parle
plus haut que l'Ambition , et Nerée l'emporte
dans son coeur sur Erigone , toute
aimable et toute Reine qu'elle est.
Ce Prince ne pouvant obtenir d'An
droclide l'aveu qu'il lui demande en fa
veur de son amour , a recours à son Fils
Attale , et le prie de fléchir son Pere.
Attale témoigne son étonnement à Androclide
, sur le refus d'une Couronne
qu'un si grand Roy veut mettre sur la tête
de sa Fille. Androclide lui répond
Fiij qu'îïl
11. Vol.
3038 MERCURE DE FRANCE
qu'il doit préferer les interêts de sa Patrie
à l'aggrandissement de sa Maison , et
qu'il importe au salut ,de l'Epire que le-
Roy de Créte épouse Erigone.
Attale ne pouvant cacher l'amour qu'il
a pour cette Reine , se plaint à son Pere
de l'obstacle qu'une main aussi chere
que la sienne oppose à son bonheur.
Androclide lui répond que cet Hymen
qu'il souhaite avec tant d'ardeur , seroit
le plus grand malheur qui pût arriver à
fun et à l'autre ; il lui annonce que la
Reine doit les consulter tous deux sur le
choix d'un Epoux , et l'exhorte vivement
à la faire pancher du côté de Stenclus .
Stenelus et Nerée commencent le sea
cond Acte ; comme ils s'aiment réciproquement
, ils sont également affligez du
refus d'Androclide ; mais la vertu de l'Amante
lui fait rejetter comme un crime ,
ce que l'amour suggere à l'Amant.
Erigone ne fait connoître qu'à demi à
Nerée ce que produira le conseil d'Androclide
et d'Attale sur le choix d'un
nouveau Roy que ses Sujets lui demandent
avec empressement
.
La Scene deliberative qui suit est des
plus nouvelles au Theatre ; deux personnes
seules sont consultées , et sembleroient
ne devoir faire qu'un suffrage, si l'amour
II. Vol. ne
DECEMBR E. 1731. 3039
ne s'en mêloit pas ; le Pere et le Fils se
trouvent directement opposez , parce
qu'ils agissent par des motifs tout-à- fait
differens. Erigone expose en peu de mots
le sujet pour lequel elle les rassemble.Androclide
tâche de la porter à l'Hymen de
Stenelus , par des raisons tres - plausibles , et
Attale s'oppose respectueusement aux
avis de son Pere ; il dit tendrement à Erigone
que sans s'exposer à perdre un Sceptre
hereditaire , pour en chercher un
étranger , elle peut trouver un sujet , qui
toujours soumis à ses loix , raffermisse le
Trône où les Dieux l'ont placée. Erigone
dit à Androclide que ses conseils sont
plus prudens que ceux de son Fils ; mais
que ceux de son Fils sont plus flatteurs
pour elle. Son choix se détermine pour
Attale ; elle dit que l'appui d'un Trône.
est digne d'y monter. Elle ordonne à Androclide
d'aller tout préparer pour cette
grande fête , et d'assembler ses Etats pour
la rendre plus solemnelle : Elle se retire..
Androclide reproche à son fils son peu
de defference pour ses avis . Attale de son
côté se plaint de la rigueur d'un Pere
qui veut empêcher son Fils de s'élever à
la grandeur suprême. Androclide ne peut
plus lui cacher le fatal secfet ; il lui apprend
qu'Erigone est sa soeur , et lui ex-
II. Vot.
Fiiij pose
3040 MERCURE DE FRANCE
pose en peu de mots ce qui l'a obligé à
faire l'échange de sa fille contre celle du
dernier Roy du sang d'Achille ; il prie
Attale de s'absenter pour empêcher un
Hymen incestueux, et pour se guérir d'un
amour funeste ; Attale au désespoir s'y
détermine; ils sortent pour aller exécuter
ce qu'ils viennent de résoudre..
Au troisiéme Acte Stenelus implore le
secours d'Erigone pour fléchir la dureté
d'Androclide , qui lui refuse sa fille . Erigone
lui promet d'appuyer un projet si
glorieux pour le Pere et pour la Fille.
Nerée en pleurs , vient apprendre à Erigone
que son frere Attale est prêt à quisrer
l'Epire , et que le Vaisseau qui doit
l'en éloigner , ne tardera pas à mettre à la
voile. Erigone , aussi offensée que surprise
d'un départ si peu attendu , ordonne
qu'on s'y oppose ; Stenelus va lui -même
faire exécuter les ordres de cette Reime
affligée. Attale vient peu de temps
aprés ; et ne pouvant soutenir les reproches
qu'Erigone lui fait , il ne peut plus
s'empêcher de lui revéler l'affreux mystere
qui le force à renoncer à tout son
bonheur.
Androclide arrive au même instant et
lui coupe la parole.
Attale reconnoît la faute qu'il alloit fai-
II. Vol.
DECEMBRE. 1731. 3041
ee , si son Pere ne fut venu à son secours;
il aime mieux s'avoiier coupable de tous
les crimes que la colere d'Erigone lui impute
: Elle le traite en criminel d'Etat, et
ordonne qu'on l'arrête. Androclide jugeant
la fuite de son Fils plus necessaire
que jamais , interesse pour lui un fidele
ami , avec qui il va prendre des mesures
pour rompre les fers de son Fils et lui
ouvrir un chemin à la fuite.
Au quatriéme Acte , Nerée demande
la grace de son Frere à Erigone ; cette
Reine se croyant trahie , ou du moins
offensée,lui répond qu'Attale ne peut sauver
sa tête qu'en lui donnant la main.
Un Garde vient lui apporter un billet ;
qu'on a intercepté ; il est d'Androclide à
son Fils ; il l'exhorte. à fuir une soeuz
qu'il aime, et dont il est aimé. L'équivo
que produit par le nom de soeur , attire
les plus sanglans reproches à la vertueu
se Nerée; elle ne peut les soutenir et se re
tire , frappée d'un mortel désespoir.
On amene Attale à Erigone ; elle lui reproche
des crimes qu'il ignore , et dont
il n'est instruit que par le fatal billet que
la Reine lui met entre les mains ; la nécessité
où il se trouve de disculper sa
soeur , et de lui rendre toute sa gloire ,
L'oblige à ne plus rien,cacher. Il apprend
1. Vob .
Ev
3042 MERCURE DE FRANCE
à Erigone que c'est elle -même qu'Andro
clide a voulu désignerpar le nom de soeur;
ce coup est tout des plus frappans pour
elle , l'amour a beau gemir dans son coeur,
il faut l'immoler au devoir ; elle fait plus,
elle forme la noble résolution de rendreà
Nerée un Trône qu'elle croit lui ap .
partenir par les droits de la naissance.
5.
Erigone , qui à la fin du second Acte
a ordonné à Androclide d'assembler les
Grands de son Royaume , déclare au cinquiéme
Acte , en leur présence , que Nerée
est la légitime heritiere du Trône
d'Epire; cette déclaration est suivie d'une
contestation également noble et genereuse,
entre Nerée et Erigone ; elle est terminée
par l'arrivée d'Attale , dont la mere , jus .
qu'alors captive chez les Crétois , -vient
d'être renduë à sa patrie ; elle lui a déclaré
, que par un second échange qu'elle a
fait à l'insçu de son époux Androclide ,
elle a remis les choses dans l'ordre que la
justice demandoit : par ce second échange
qui fait le dénouement d'une Piece , dont
le premier avoit fait le noud , Erigone
Cessant d'être soeur d'Attale , le place sur-
Son Trône , et Stenelus partage celui de
Créte avec sa chere Netée.
Il ne nous reste plus qu'à faite part à nos
Lecteurs du jugement que le public a porté
1. Vole sur
DECEMBRE. 1731. 3043
presur
cette Tragedie.On en a trouvé le
mier Acte fort clair , par rapport à l'exposition
de ce qui s'est passé avant l'ac
tion Théatrale.
:
>
Le second a été généralement applaudi
et a paru un des plus interressans que M.
de la Grange ait encore mis sur la Scene :
le coup de Théatre du troisiéme n'a
pass
paru aussi frappant qu'il l'auroit été , si
Auteur ne nous en eut pas donné un
- semblable dans sa belle Tragédie d'Amasis.
La Lettre qui fait le plus bel incident
du quatrième , n'a pas eu tout le succès
que l'Auteur s'en étoit promis ; les Critiques
les plus séveres ne l'ont pris que
pour du remplissage ; cependant on est
convenu qu'il sert au progrès de l'action
principale , puisqu'il engage Attale à déclarer
à Erigone quelle est sa soeur. On a
admiré la cession du Trône , mais on auroit
voulu qu'Erigone fut sûre que Nerée
est celle avec qui elle a été échangée dans
le berceau , il n'auroit tenu qu'à l'Auteur
de l'en mieux instruire par Attale. Au
reste la versification a paruë négligée en
beaucoup d'endroits . Ces diverses observations
du public n'empêchent pas que:
M. de la Grande n'ait acquis une nouvelle
gloire , mais elles ont diminué le succès ,
de son ouvrage..
LL. Vol..
Avji
Au
3044 MERCURE DE FRANCE
Au reste cette Piece est fort bien représ
sentée. La Dlle Labat y joue le principal
Rôle avec toute l'intelligence , les graces
et la noblesse possible. La Dlle Gossin y
remplit très - bien celui de Nerée ; et ceux
d'Attale, d'Androclide et de Stenelus , sont
joüez , par les sieurs Dufresne , Sarrazin , et
Grandval
Les Comediens François représenterent à Vers
sailles le Mardi 4. Décembre , le Chevalier
Bayard et la réunion des Amours.
Le Jeudi 6. Britannicus et Crispin bel esprit.
Le 11. Démocrite et les Vacances .
Le
13. Andronic et le Baron de la Crasse.
Le 18. Jodelet Maître et Valet , et le Flo
rentin.
Le 20. Erigone , Tragedie , et l'Aveugle
Clairvoyant.
Le 29. L'homme à bonne fortune , et l'Usurier
Gentilhomme.
Lẹ 31. Mithridate , et le Port de Mer.
Le premier Decembre les Comédiens Italiensreprésenterent
à la Cour , le Faucon ou les Oyes
de Bocace , Comédie en trois Actes , qui fut sui
vie de la petite Piece de la Verité Fabuliste ,
qu'on a autant goutée à la Cour qu'à la Ville.
.
Le 15. ils y jouerent la Femme Jalouse , et
pour petite Piece , le Philosophe Dupe de l'Amour.
Le 22.
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Résumé : Erigone, Tragédie, Extrait. [titre d'après la table]
La tragédie 'Erigone' de M. de la Grange aurait pu connaître plus de représentations si l'auteur avait été présent à Paris lors de sa mise en scène. Le cinquième acte nécessitait quelques modifications que le public souhaitait, ce qui aurait été facile à réaliser pour un auteur aussi habile et inventif. L'intrigue commence avec Stenelus, roi de Crète, captif d'Attale, général des Épirotes et fils d'Androclide, ministre du royaume d'Épire. Stenelus est amoureux de Nerée, fille d'Androclide, mais son père refuse le mariage pour des raisons politiques. Stenelus préfère Nerée à Erigone, la reine des Crétois. Il demande l'aide d'Attale pour convaincre son père, mais Androclide insiste sur l'importance de l'union entre Stenelus et Erigone pour la paix entre les Crétois et les Épirotes. Dans le deuxième acte, Stenelus et Nerée, malgré leur amour réciproque, sont affligés par le refus d'Androclide. Erigone révèle à Nerée les conseils d'Androclide et d'Attale concernant le choix d'un nouvel époux. Erigone choisit Attale, jugeant son soutien au trône digne de monter sur celui-ci. Au troisième acte, Stenelus implore l'aide d'Erigone pour fléchir Androclide. Nerée apprend qu'Attale est prêt à quitter l'Épire, ce qui surprend Erigone. Attale révèle à Erigone un secret funeste : Erigone est en réalité sa sœur. Androclide confirme cette révélation et ordonne à Attale de fuir pour éviter un mariage incestueux. Dans le quatrième acte, Nerée demande la grâce d'Attale à Erigone, qui exige qu'Attale se marie avec elle pour sauver sa tête. Un billet intercepté d'Androclide à Attale cause une confusion. Attale révèle qu'Erigone est sa sœur, ce qui la pousse à rendre le trône à Nerée. Au cinquième acte, Erigone déclare devant les grands du royaume que Nerée est l'héritière légitime du trône d'Épire. Une contestation noble et généreuse s'ensuit entre Nerée et Erigone. L'arrivée d'Attale, dont la mère captive chez les Crétois a été libérée, révèle un second échange qui rétablit l'ordre. Erigone, n'étant plus la sœur d'Attale, le place sur le trône, et Stenelus partage le trône de Crète avec Nerée. Le public a trouvé le premier acte clair et le second très intéressant. Le coup de théâtre du troisième acte a été jugé moins frappant en raison d'une similitude avec une autre tragédie de l'auteur. La lettre du quatrième acte, bien que critiquée, a été reconnue utile pour le progrès de l'action. La cession du trône a été admirée, mais on aurait souhaité plus de certitude sur l'identité de Nerée. La versification a été jugée négligée par endroits. Malgré ces critiques, M. de la Grange a acquis une nouvelle gloire avec cette pièce. La représentation a été bien accueillie, avec des acteurs tels que la Dlle Labat, la Dlle Gossin, et les sieurs Dufresne, Sarrazin, et Grandval.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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78
p. 602-603
Couches de la Reine, [titre d'après la table]
Début :
Le 22 de ce mois, la Reine qui étoit entrée [...]
Mots clefs :
Reine, Couches
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Couches de la Reine, [titre d'après la table]
Le 22 de ce mois , la Reine qui étoit
entrée depuis quelques jours dans le 9
mois de sa grossesse , sentit quelques.dou- leurs pour accoucher. On dépêcha un
Courrier au Roy , qui étoit à la Chasse
dans les Bois de Verrieres , à quatre lieuës
de Versailles, S.M. quitta la Chasse et revint dans l'instant au Château de Versaille , et sans s'arrêter , le Roy monta à l'ap
I parte
694 MERCURE DE FRANCE
,
partement de la Reine. Cependant les
douleurs , quoique vives , se calmerent ,
et la Reine passa la nuit tranquillement;
mais le Dimanche 23 Mars , les douleurs
ayant recommencé à une heure après
midi , la Reine accoucha heureusement à
cinq heures , d'une Princesse qui fut ondoyée par le Cardinal de Rohan , GrandAumônier de France,en présence du Curé
de la Paroisse du Château de Versailles.
Après la Cérémonie , cette Princesse fut
portée dans son appartement , par la Duchesse de Talard , Gouvernante des Enfans de France. La Reine se porte aussibien qu'on puisse le désirer
entrée depuis quelques jours dans le 9
mois de sa grossesse , sentit quelques.dou- leurs pour accoucher. On dépêcha un
Courrier au Roy , qui étoit à la Chasse
dans les Bois de Verrieres , à quatre lieuës
de Versailles, S.M. quitta la Chasse et revint dans l'instant au Château de Versaille , et sans s'arrêter , le Roy monta à l'ap
I parte
694 MERCURE DE FRANCE
,
partement de la Reine. Cependant les
douleurs , quoique vives , se calmerent ,
et la Reine passa la nuit tranquillement;
mais le Dimanche 23 Mars , les douleurs
ayant recommencé à une heure après
midi , la Reine accoucha heureusement à
cinq heures , d'une Princesse qui fut ondoyée par le Cardinal de Rohan , GrandAumônier de France,en présence du Curé
de la Paroisse du Château de Versailles.
Après la Cérémonie , cette Princesse fut
portée dans son appartement , par la Duchesse de Talard , Gouvernante des Enfans de France. La Reine se porte aussibien qu'on puisse le désirer
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Résumé : Couches de la Reine, [titre d'après la table]
Le 22 mars, la Reine, enceinte de neuf mois, ressentit des douleurs annonçant l'accouchement. Le Roi, informé, revint immédiatement au château de Versailles. Après une nuit tranquille, la Reine accoucha le 23 mars à cinq heures d'une princesse. Le Cardinal de Rohan procéda à l'ondoiement en présence du curé de Versailles. La Reine se portait bien.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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79
p. 1234-1236
Voyage de la Reine à Chartres, [titre d'après la table]
Début :
La Reine, qui depuis la Naissance de Monseigneur le Dauphin, [...]
Mots clefs :
Reine, Naissance, Chartres, Versailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Voyage de la Reine à Chartres, [titre d'après la table]
FRANCE,
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LdeMonseigneur le Dauphin , desiA Reine , qui depuis la Naissance
roit d'en aller rendre ses actions de graces à Dieu , dans l'Eglise Cathedrale de
Chartres , dediée à la sainte Vierge , partit de Versailles le 26 du mois dernier
pour se rendre à Chartres , étant accompagnée de Mademoiselle de Clermont ,
Surintendante de sa Maison , des Dames
de sa Cour et de ses principaux Officiers.
Elle arriva le même jour au Château de
Rambouillet , où S. M. fut reçue par le
Comte et la Comtesse de Toulouse.
Le 27 la Reine , après avoir entendu
la Messe dans la Chapelle du Château,
partit pour Maintenon , où le Duc de
Noailles la reçut : S. M. y dîna , et arriva
à Chartres vers les sept heures du soir.
Le Marquis d'Armenonville , Gouverneur et Grand- Bailly de la Ville , accom
pagné des Maire et Echevins , complimenta la Reine à la porte de la Ville et
lui en presenta les clefs. Les rues par lesI. Vol quelles
JUIN. 1732 1235
quelles S. M. passa étoient tapissées , et
la Bourgeoisie y étoit rangée en haye et
sous les armes. La Reine alla descendre à
l'Eglise Cathédrale , devant laquelle S. M.
trouva les Gardes Françoises et Suisses en
haye et sous les armes. L'Evêque de Chartres , revêtu de ses habits pontificaux, et
à la tête des Chanoines en chappe , reçut
la Reine à la porte de l'Eglise , avec les
céremonies accoutumées ; et après l'avoir
complimentée, et lui avoir présenté l'eau
bénite , la conduisit dans le Chœur,
On chanta le Te Deum après lequel la
Reine fut accompagnée par l'Evêque et
par le Chapitre jusqu'à l'Evêché où S. M.
a logé.
Le 28 , la Reine fut conduite par l'Evêque et par le Chapitre à l'Eglise Cathé
drale et ensuite à la Chapelle basse dédiée
à la sainte Vierge. S. M. y entendit la
Messe, et y communia par les mains de
l'Abbé de S. Hermine son Aumônier en
quartier.
Le même jour , la Reine retourna à
l'Eglise Cathédrale , où S. M. entendit la
Messe qui fut célébrée par l'Evêque , pendant laquelle on chanta un Motet en Musique. Après la Messe , la Reine s'approcha de l'Autel où l'Evêque lui fit voir
toutes les Reliques et les présens que les
I. Vol. Rois
1236 MERCURE DE FRANCE
Rois et les Reines de France ont faits à
l'Eglise de Chartres : S. M. alla ensuite
faire sa priere à la Chapelle de la Vierge ,
où elle retourna le soir après avoir assisté
au Salut et reçu la bénédiction du S. Sacrement qui fut donnée par l'Evêque.
Le mêmejour , la Reine alla au Monastere des Religieuses Carmelites et à celui
des Religieuses de la Visitation. Le soir,
pendant le souper de la Reine , on tira
un grand nombre de boëtes et de fusées
dans le jardin de l'Evêché. Il y eut , comme le jour précedent , des illuminations
dans toute la Ville ; et pendant le sejour
que la Reine y a fait , le peuple a donné par des acclamations continuelles , des
marques de son respect et de son amour
pour S. M.
Le 29 , la Reine après avoir entendu la
Messe dans la Chapelle basse , partit de
Chartres : S. M. dîna à Maintenon , coucha à Rambouillet et le lendemain elle
arriva à Versailles vers les cinq heures du
soir
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LdeMonseigneur le Dauphin , desiA Reine , qui depuis la Naissance
roit d'en aller rendre ses actions de graces à Dieu , dans l'Eglise Cathedrale de
Chartres , dediée à la sainte Vierge , partit de Versailles le 26 du mois dernier
pour se rendre à Chartres , étant accompagnée de Mademoiselle de Clermont ,
Surintendante de sa Maison , des Dames
de sa Cour et de ses principaux Officiers.
Elle arriva le même jour au Château de
Rambouillet , où S. M. fut reçue par le
Comte et la Comtesse de Toulouse.
Le 27 la Reine , après avoir entendu
la Messe dans la Chapelle du Château,
partit pour Maintenon , où le Duc de
Noailles la reçut : S. M. y dîna , et arriva
à Chartres vers les sept heures du soir.
Le Marquis d'Armenonville , Gouverneur et Grand- Bailly de la Ville , accom
pagné des Maire et Echevins , complimenta la Reine à la porte de la Ville et
lui en presenta les clefs. Les rues par lesI. Vol quelles
JUIN. 1732 1235
quelles S. M. passa étoient tapissées , et
la Bourgeoisie y étoit rangée en haye et
sous les armes. La Reine alla descendre à
l'Eglise Cathédrale , devant laquelle S. M.
trouva les Gardes Françoises et Suisses en
haye et sous les armes. L'Evêque de Chartres , revêtu de ses habits pontificaux, et
à la tête des Chanoines en chappe , reçut
la Reine à la porte de l'Eglise , avec les
céremonies accoutumées ; et après l'avoir
complimentée, et lui avoir présenté l'eau
bénite , la conduisit dans le Chœur,
On chanta le Te Deum après lequel la
Reine fut accompagnée par l'Evêque et
par le Chapitre jusqu'à l'Evêché où S. M.
a logé.
Le 28 , la Reine fut conduite par l'Evêque et par le Chapitre à l'Eglise Cathé
drale et ensuite à la Chapelle basse dédiée
à la sainte Vierge. S. M. y entendit la
Messe, et y communia par les mains de
l'Abbé de S. Hermine son Aumônier en
quartier.
Le même jour , la Reine retourna à
l'Eglise Cathédrale , où S. M. entendit la
Messe qui fut célébrée par l'Evêque , pendant laquelle on chanta un Motet en Musique. Après la Messe , la Reine s'approcha de l'Autel où l'Evêque lui fit voir
toutes les Reliques et les présens que les
I. Vol. Rois
1236 MERCURE DE FRANCE
Rois et les Reines de France ont faits à
l'Eglise de Chartres : S. M. alla ensuite
faire sa priere à la Chapelle de la Vierge ,
où elle retourna le soir après avoir assisté
au Salut et reçu la bénédiction du S. Sacrement qui fut donnée par l'Evêque.
Le mêmejour , la Reine alla au Monastere des Religieuses Carmelites et à celui
des Religieuses de la Visitation. Le soir,
pendant le souper de la Reine , on tira
un grand nombre de boëtes et de fusées
dans le jardin de l'Evêché. Il y eut , comme le jour précedent , des illuminations
dans toute la Ville ; et pendant le sejour
que la Reine y a fait , le peuple a donné par des acclamations continuelles , des
marques de son respect et de son amour
pour S. M.
Le 29 , la Reine après avoir entendu la
Messe dans la Chapelle basse , partit de
Chartres : S. M. dîna à Maintenon , coucha à Rambouillet et le lendemain elle
arriva à Versailles vers les cinq heures du
soir
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Résumé : Voyage de la Reine à Chartres, [titre d'après la table]
En juin 1732, la Reine de France entreprit un voyage à Chartres. Le 26 juin, elle quitta Versailles avec Mademoiselle de Clermont et sa cour, s'arrêtant d'abord au Château de Rambouillet où elle fut reçue par le Comte et la Comtesse de Toulouse. Le lendemain, elle se rendit à Maintenon, accueillie par le Duc de Noailles, avant d'arriver à Chartres en soirée. À Chartres, elle fut accueillie par le Marquis d'Armenonville, le Maire et les Échevins, qui lui remirent les clefs de la ville. Les rues étaient décorées et la bourgeoisie était en armes. La Reine se rendit à la cathédrale, où elle fut reçue par l'Évêque de Chartres et les Chanoines, et un Te Deum fut chanté. Elle logea à l'Évêché. Le 28 juin, elle assista à la messe, communia, visita les reliques et les présents royaux, pria à la chapelle de la Vierge et visita les monastères des Carmélites et des Visitandines. Des feux d'artifice et des illuminations eurent lieu en son honneur. Le 29 juin, après la messe, elle quitta Chartres pour revenir à Versailles, en passant par Maintenon et Rambouillet.
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80
p. 2068-2069
« Le 4 Août on chanta au Concert de la Reine le Prologue et le premier Acte de Bellerophon; il [...] »
Début :
Le 4 Août on chanta au Concert de la Reine le Prologue et le premier Acte de Bellerophon; il [...]
Mots clefs :
Concert, Choeur, Violons, Prologue, Reine, Comédiens-Français, Comédiens-Italiens, Loterie de la Compagnie des Indes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 4 Août on chanta au Concert de la Reine le Prologue et le premier Acte de Bellerophon; il [...] »
Le 4 Août on chanta au Concert de la Reine le
Prologue et le premier Acte de Bellerophon ; il fut continué le 6 et le 11. Les principaux rôles
furent remplis par les Sieurs d'Angerville , Tribou , Chassé et du Bourg , et par les Diles Du- hamel , Courvasier et Robelin , lesquels furent très-bien éxécutéz.
Le 13. on chanta le Prologue et le premier
'Acte de Jephté.
Le 18. le second et le troisiéme Acte ; on répéta le Choeur du premier Acte que la Cour souhaita d'entendre encore une fois , et on finit cet
Opéra le 20. par le quatriéme et cinquième Acte ; le Rôle d'Apollon dans le Prologue fut chanté
par le sieur Dubourg , et ceux de Polymnie, Terpsicore , Venus et la Verité , par les Des Courvasier , Robelin , Mathieu et Lenner ; les principaux Rôles de la Piéce furent chantez par les
Ds Antier et le Maure , et par les Sieurs Chas◄
sé , le Begue , Ducros et Petillot. Ce Concert >
dont l'éxécution fut parfaite , fit beaucoup de
plaisir à la Reine et à toute la Cour , les Auteurs
du Poëme et de la Musique en reçûment des
complimens très-gracieux.
Le 25. jour de S. Louis , les 24 Violons de la Chambre exécuterent au dîné et au souper du
Roi plusieurs Piéces de Simphonies de la compo- sition de M. de Blamont , Sur - Intendant de la
Musique du Roi.
Le 27. on concerta chez la Reiné le Prologue
le premier Acte des Fêtes Grecques et Romai nes&
SEPTEMBRE. 1732. 2069
TIES du même Auteur , qu'on continua le
trente par le second et le troisiéme Acte ; il y
eut le même jour au Souper du Roi une grande
Simphonie , composée de toute sorte d'Instru
mens.
Le 15. 17. et 22. Septembre , on chanta chez
la Reine le Prologue et les cinq Entrées de l'E
rope Galante dont l'éxécution fut parfaite ; les principaux Rôles furent chantés par les meilleurs
Sujets de la Musique du Roi..
Le 16 Septembre les Comédiens François représenterent à Fontainebleau la Tragédie d'Habis , qui fut suivie de la petite Comédie de l'Indiscret , de M. de Voltaire.
Le 18. Les Femmes Sçavantes.
Le 23. La Tragédie de Venceslas et l'Epreuve
Réciproque.
Le 25. Le Médisant.
Le 30. Rhadamiste et l'Amour Diable.
Le 13. les Comédiens Italiens représenterent
l'Embarras des Richesses et la petite Comédie de
l'Ecole des Meres. Le sicur Roland´, dont il a été
parlé , dansa à la fin de la premiere Piéce une
Entrée de Sabotier , et la D Roland , sa fille ,
dansa ensuite un Pas de Deux avec le sieur Lélio qui fit beaucoup de plaisir.
1°
Le 20. Le Jeu de l'Amour et du Hazard ,
fut suivi de la Comédie de la Silphide.
qui
Le 24. Démocrite prétendu Fon , et les Effets du
Dépit.
Le 25. Septembre la Lotterie de la Compagnie
des Indes , établie pour le remboursement des Actions fut tirée en la maniere accoutumée à
PHO
2070 MERCURE DE FRANCE
l'Hôtel de la Compagnie. La Liste des Numeros
gagnans des Actions et dixièmes d'Actions qui
doivent être remboursées a été renduë publique,
aisant en tout le nombre de 319. Actions.
Prologue et le premier Acte de Bellerophon ; il fut continué le 6 et le 11. Les principaux rôles
furent remplis par les Sieurs d'Angerville , Tribou , Chassé et du Bourg , et par les Diles Du- hamel , Courvasier et Robelin , lesquels furent très-bien éxécutéz.
Le 13. on chanta le Prologue et le premier
'Acte de Jephté.
Le 18. le second et le troisiéme Acte ; on répéta le Choeur du premier Acte que la Cour souhaita d'entendre encore une fois , et on finit cet
Opéra le 20. par le quatriéme et cinquième Acte ; le Rôle d'Apollon dans le Prologue fut chanté
par le sieur Dubourg , et ceux de Polymnie, Terpsicore , Venus et la Verité , par les Des Courvasier , Robelin , Mathieu et Lenner ; les principaux Rôles de la Piéce furent chantez par les
Ds Antier et le Maure , et par les Sieurs Chas◄
sé , le Begue , Ducros et Petillot. Ce Concert >
dont l'éxécution fut parfaite , fit beaucoup de
plaisir à la Reine et à toute la Cour , les Auteurs
du Poëme et de la Musique en reçûment des
complimens très-gracieux.
Le 25. jour de S. Louis , les 24 Violons de la Chambre exécuterent au dîné et au souper du
Roi plusieurs Piéces de Simphonies de la compo- sition de M. de Blamont , Sur - Intendant de la
Musique du Roi.
Le 27. on concerta chez la Reiné le Prologue
le premier Acte des Fêtes Grecques et Romai nes&
SEPTEMBRE. 1732. 2069
TIES du même Auteur , qu'on continua le
trente par le second et le troisiéme Acte ; il y
eut le même jour au Souper du Roi une grande
Simphonie , composée de toute sorte d'Instru
mens.
Le 15. 17. et 22. Septembre , on chanta chez
la Reine le Prologue et les cinq Entrées de l'E
rope Galante dont l'éxécution fut parfaite ; les principaux Rôles furent chantés par les meilleurs
Sujets de la Musique du Roi..
Le 16 Septembre les Comédiens François représenterent à Fontainebleau la Tragédie d'Habis , qui fut suivie de la petite Comédie de l'Indiscret , de M. de Voltaire.
Le 18. Les Femmes Sçavantes.
Le 23. La Tragédie de Venceslas et l'Epreuve
Réciproque.
Le 25. Le Médisant.
Le 30. Rhadamiste et l'Amour Diable.
Le 13. les Comédiens Italiens représenterent
l'Embarras des Richesses et la petite Comédie de
l'Ecole des Meres. Le sicur Roland´, dont il a été
parlé , dansa à la fin de la premiere Piéce une
Entrée de Sabotier , et la D Roland , sa fille ,
dansa ensuite un Pas de Deux avec le sieur Lélio qui fit beaucoup de plaisir.
1°
Le 20. Le Jeu de l'Amour et du Hazard ,
fut suivi de la Comédie de la Silphide.
qui
Le 24. Démocrite prétendu Fon , et les Effets du
Dépit.
Le 25. Septembre la Lotterie de la Compagnie
des Indes , établie pour le remboursement des Actions fut tirée en la maniere accoutumée à
PHO
2070 MERCURE DE FRANCE
l'Hôtel de la Compagnie. La Liste des Numeros
gagnans des Actions et dixièmes d'Actions qui
doivent être remboursées a été renduë publique,
aisant en tout le nombre de 319. Actions.
Fermer
Résumé : « Le 4 Août on chanta au Concert de la Reine le Prologue et le premier Acte de Bellerophon; il [...] »
Du 4 au 20 août 1732, plusieurs représentations musicales se déroulèrent au Concert de la Reine. Le 4 août, le prologue et le premier acte de 'Bellerophon' furent interprétés par les sieurs d'Angerville, Tribou, Chassé, du Bourg, et les demoiselles Duhamel, Courvasier et Robelin. Les représentations continuèrent les 6 et 11 août. Le 13 août, le prologue et le premier acte de 'Jephté' furent chantés, suivis des deuxième, troisième, quatrième et cinquième actes les 18 et 20 août, avec des rôles interprétés par les sieurs Dubourg, Courvasier, Robelin, Mathieu, Lenner, Antier, le Maure, Chassé, le Bègue, Ducros et Petillot. L'exécution fut acclamée par la Reine et la Cour. Le 25 août, à la fête de Saint-Louis, les 24 Violons de la Chambre jouèrent des symphonies de M. de Blamont. Le 27 août, le prologue et le premier acte des 'Fêtes Grecques et Romaines' furent chantés chez la Reine. En septembre, plusieurs représentations eurent lieu. Du 15 au 22 septembre, le prologue et les cinq entrées de 'L'Europe Galante' furent chantés chez la Reine. Le 16 septembre, les Comédiens Français jouèrent 'Habis' et 'L'Indiscret' de Voltaire à Fontainebleau. Du 18 au 30 septembre, diverses pièces de théâtre furent représentées, incluant 'Les Femmes Savantes', 'Venceslas', 'Le Médisant', 'Rhadamiste' et 'L'Amour Diable'. Les Comédiens Italiens jouèrent 'L'Embarras des Richesses' et 'L'École des Mères', avec des danses du sieur Roland et de la demoiselle Roland. Le 25 septembre, la lotterie de la Compagnie des Indes fut tirée à l'Hôtel de la Compagnie, avec 319 actions remboursées.
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81
p. 100-106
Poësies composées et récitées au College de Louis le Grand, [titre d'après la table]
Début :
MUSAE RHETORICES seu Carminum libri sex, à selectis Rhetorices Alumnis in [...]
Mots clefs :
Collège Louis le Grand, Roi, Reine, Frères, Poésies, Rhétoriciens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Poësies composées et récitées au College de Louis le Grand, [titre d'après la table]
Mvsæ RHETORICES seu Carminum li-' _
bri sex , à selectis Rhetorices Alumnis in
Regio Ludovici Magni Collegio , élabo
tari
JANŸIE R} 173;: x61‘
e tari et palàm recitati, 8Ce. dest-à-dire,
‘six Livres de Paësits , comparée: et retirées,
par des Rbétoricien: choisir , du Collage de
LOUIS LE GRAND ,mr divers Sujets propo
ne parle R. P. m; LA SANTE , de la Cam
Przgnie de Jnsus. vol. in 12. de 28S pag.
A Paris , chez les Freres Barâou , ruë S.
Jacques, aux Cicognes , 1732.
Ce Recueil a déja reçu les applaudisseä
mens du Public éclairé; il fait également
honneur à ‘Phabile Maître qui en a four- a
ni les sujets , et aux illustres Eleves qui
les ont heureusement exécutez. La gran
de variété ui s'y trouve en augmente l’a
grémcnt gi fait en même - temps notre
embarras, étant assez difficile de se dé
terminer our le choix dans un nombre
considéra le de Pièces difFerentes , qui
ont ‘toutes leurs beautez, et dont la plus:
part excellent dans leur genre. v
Nous nous arrêterpns à l’une de celles.
qui nous ont le plus frappez et dontle
sujet a interessé toute l’Europe. C'est
l'heureuse convalescence du Roy , célé
brée par M‘ le Marquis de Charost ,fils
de M.le Duc de Bethune. Cette‘ belle
Piece est _la XII‘, du III‘ Livre, et porte
ce titre : CHARITUM Trutnupnus ,siz/e 4d‘
LuDovrcuM moïèi gratin: drpopnlanti:
vutorem soterm.
Le
m MER CURE m: FRANCE.‘
"7
Le Poëre représente d’abord le Roy et
l la Reine goûtantâ Fontainebleau les plais
sirs innocens de la‘ plus belle des Saisons;
Plaisir , au milieu desquels une cruelle et
dangereuse contagion empoisonne l'air ,2
attaque le plus aimable des Rois.
En: lues , mal: fæda lues , quam taèidus Ami"
Pulmomcm exhala penetvalilru: , inficit auras ,
fltque abigit Zephiros , hilare»: quiêm invide‘
Aulam ,
Imvidm namque sole: fwar Julian m'en tarda.
‘ Suit le portrait inimitable de la petite
Verole naissante, et la description de ses
progrès. Les Graces afiligées, font des
efiorts inutiles. Elles s’attachent à defïen
cire du moins FAuguste Visage du Monar
que attaqué :
Obsimmt tlmrites ; turôam m! rider inumm ,
Dira Eraêi sobales. Rimsfugere , pa-varem ,
Conteperejoci. Q5455 se con-verrai ad‘ nm: ,
Gms Charitùm e gemit , et Iiegem defmdere forums
Cum negueat , Regis certat defendere «vultus ,
Conspimos vultus , ubi pactofoedere juntm
Insidet imgusm mm Majestzm wenusms ,
Et simul 06s: uium, simul mm ne i nifumorelmi
Î S3
La Reine , notre Auguste Reine , en.
vérin
_, J A N VIE R8 1733, ‘je;
véritable Amazone , pourparlcr le lcn;
gageide llllustre Poëte, non seulement
se’ joint a la Troupe des Graces, dans le
même dessein; mais s’exposc à tous les
dangers de la plus intime communica-g;
{ion , pour sauver un Epoux; un Monar-‘
que si cher. Cet endroit est des mieux
touchez.
s
I
Sallkitäs Cbtrrimm m?» partimr Âmuon , r!
Inclytz ; ne: raison rastas âme sedula tmltum ,
Corpus a 0mn: km CoNJUx animes» Manrrt.‘ ‘
Propagnnre parut , propriaque mlute salutam
Rners amentis amant opte: Rnema redmzptamQ
Tout ce qui suit est si beau, si pathe-i
tique,sur tout Pendroit qui peint la consç.
tance héroïque du Roy, 8re. que nous -
croïons devoir le donner icy dans son en
tier. Les Connoisseurs nous en sçauront
gré. V n.
REGINÆ que»: mngit amer ,° ne: peut‘: imago ,'
Nec dolar , nm fbrmn vint/e parie-u!» terre»: ,
Consmntem L onoicr animum. Livet aria Ring,
Àtque jaci fugiimt , ager Mme» ipse jocamr ,
Pugna fit Heroi Indus , ma vulnmz rider;
B 0 R n o N r n n M meurtris meminit Mmm ma:
dom/Indis
æugnnnzem namm jtwnt pimmarer , c: min ,
. V3
m, MERCURE DE FRANCE
' î’i prvpria extrudit virus , plantasque salnkres ,
Qe/as pari: ipsn. , tiäi solers Medieina , ministmt ,
Pharmuaque et parus agro interdieit amaros , I
Èt proml ire juëet «venu. instrument/t semnda ,
Qtippe ‘nefas repumt pretioso bac sanguine rings‘.
" A: neque mm nntuia sngax , Medeeinawve [ms
dens ,
Ne: sueei , planuque lev/tut, superant-ve dolarema
Q5217» z'ictrix inmnmssa constant?» menti: ,
fltque Profeem Polo , nutrita m6 I-Imcuu-z virtus.
l
Durn Lonoxx pugnæt, pugnä dum «uineie, e)
ntram ,
E memâris Aulaîquefugat m5 Tnrtam Pestem ;
Fuma , lneessentis fnemt que nnntia Monstri ,
figue mem varias Europe impleverat Urlzes.
Ha: rewlnns adit , nuque tuba plant/lente per omne!
Lat» refert populos Regem vieisse, nefzmdnm
Dzjfugisse luge». Gaudet gens quaque seqnestrum ,
' Convaluisse mum , qui num Regm serermt ,
fufigque‘ Pacatafaeit Arbiter aria manda. ,
5.4i Cburins dignnm ante alias diademite fron-î
rem ,
v Ut damita intnctam Pesti videre , triumpbum , .
Cpneinuers , simulque hilnres dngrere ehoreas ,
Unanimesqtu nm’ manimmmm insigne triltm
fi” 9 L
Extra;
‘n
æ
JANVIER. 1733.‘ ‘m,
‘î, _.
Extruxere , êrew‘ signutum curmine , Amas-i: , l’
Qfiad munus insculpsit celuntis ucumim tcli ;
H00 LODOIX CHARIruM DEFORMI rx non-n
TROPÆUM , t w
Versiculi scriptor , Lonorcxs umubila nome» ,
flltius infixit Gullorum in peczan umutum r
Hi ccleéruntinomcn , vurïisque trapau, Pyrasguo
Erexere lacis z Lonorco saspit: ,saspes
Gullia ncmpe sibi , valut ‘a-gra est agru‘, vuidetur.
Nos etium ingmata ingenui Pietutis Alumni,
Nos qui te à tencris sumeruri et umure docemur ,'
O noNn REX ; guasque ips; tua dzgnuris umare
Muneriéusque tufs , hîc exultumus avances , _
Te sulva , tegue incalumi ; gua vindice regnut
Relligia et stuâili , quam sperut ,pace fluetur.
Hinc amnes m‘ pluusu Strepitugue secundo ,‘
E: festa‘ prace lani ium testumur umcmtes ,
Qoemque prius mæstis oneruvimus athem van": ,'
Missiliêus recreure juvut nunc igniéus. Ædes
Hac dulci clumare sonuizt , Rsx vrvnaufllumnas
Instigunt studiis , excmpla , et. -vace Magistrat;
fi E X valet , ucclumunt , Kex dzgnus «uirverai
nvm‘- ' '
Basnxus n: Cuanosr.
Nous sommes fâchez de ne pouvoir pas
klonner icy d’autres Morceaux de ce Re
,_ J. _ q F’ cedil
o
{eËM ERCURF. DE FRANCE.‘
æ
cueil qui meritent une attention particn.
liere; mais nous ne sçaurions passer sous;
silence le beau Discours Préliminaire
aiclclressé aux Lecteurs par le Libraire,qou
lntôt par les Éditeurs du Receuil; Ce
Ëiscours , outre l'instruction et l'utilité
ufil renferme , est d’une élégance et‘
‘une pureté de Diction peu commune,
ensortcv qu’en est presque étonné cle voir
icÿ les Freres Barbe}: parler aussi admi
rablement bien Latin que les Eriennes,
les Manuces , 8Ce.
bri sex , à selectis Rhetorices Alumnis in
Regio Ludovici Magni Collegio , élabo
tari
JANŸIE R} 173;: x61‘
e tari et palàm recitati, 8Ce. dest-à-dire,
‘six Livres de Paësits , comparée: et retirées,
par des Rbétoricien: choisir , du Collage de
LOUIS LE GRAND ,mr divers Sujets propo
ne parle R. P. m; LA SANTE , de la Cam
Przgnie de Jnsus. vol. in 12. de 28S pag.
A Paris , chez les Freres Barâou , ruë S.
Jacques, aux Cicognes , 1732.
Ce Recueil a déja reçu les applaudisseä
mens du Public éclairé; il fait également
honneur à ‘Phabile Maître qui en a four- a
ni les sujets , et aux illustres Eleves qui
les ont heureusement exécutez. La gran
de variété ui s'y trouve en augmente l’a
grémcnt gi fait en même - temps notre
embarras, étant assez difficile de se dé
terminer our le choix dans un nombre
considéra le de Pièces difFerentes , qui
ont ‘toutes leurs beautez, et dont la plus:
part excellent dans leur genre. v
Nous nous arrêterpns à l’une de celles.
qui nous ont le plus frappez et dontle
sujet a interessé toute l’Europe. C'est
l'heureuse convalescence du Roy , célé
brée par M‘ le Marquis de Charost ,fils
de M.le Duc de Bethune. Cette‘ belle
Piece est _la XII‘, du III‘ Livre, et porte
ce titre : CHARITUM Trutnupnus ,siz/e 4d‘
LuDovrcuM moïèi gratin: drpopnlanti:
vutorem soterm.
Le
m MER CURE m: FRANCE.‘
"7
Le Poëre représente d’abord le Roy et
l la Reine goûtantâ Fontainebleau les plais
sirs innocens de la‘ plus belle des Saisons;
Plaisir , au milieu desquels une cruelle et
dangereuse contagion empoisonne l'air ,2
attaque le plus aimable des Rois.
En: lues , mal: fæda lues , quam taèidus Ami"
Pulmomcm exhala penetvalilru: , inficit auras ,
fltque abigit Zephiros , hilare»: quiêm invide‘
Aulam ,
Imvidm namque sole: fwar Julian m'en tarda.
‘ Suit le portrait inimitable de la petite
Verole naissante, et la description de ses
progrès. Les Graces afiligées, font des
efiorts inutiles. Elles s’attachent à defïen
cire du moins FAuguste Visage du Monar
que attaqué :
Obsimmt tlmrites ; turôam m! rider inumm ,
Dira Eraêi sobales. Rimsfugere , pa-varem ,
Conteperejoci. Q5455 se con-verrai ad‘ nm: ,
Gms Charitùm e gemit , et Iiegem defmdere forums
Cum negueat , Regis certat defendere «vultus ,
Conspimos vultus , ubi pactofoedere juntm
Insidet imgusm mm Majestzm wenusms ,
Et simul 06s: uium, simul mm ne i nifumorelmi
Î S3
La Reine , notre Auguste Reine , en.
vérin
_, J A N VIE R8 1733, ‘je;
véritable Amazone , pourparlcr le lcn;
gageide llllustre Poëte, non seulement
se’ joint a la Troupe des Graces, dans le
même dessein; mais s’exposc à tous les
dangers de la plus intime communica-g;
{ion , pour sauver un Epoux; un Monar-‘
que si cher. Cet endroit est des mieux
touchez.
s
I
Sallkitäs Cbtrrimm m?» partimr Âmuon , r!
Inclytz ; ne: raison rastas âme sedula tmltum ,
Corpus a 0mn: km CoNJUx animes» Manrrt.‘ ‘
Propagnnre parut , propriaque mlute salutam
Rners amentis amant opte: Rnema redmzptamQ
Tout ce qui suit est si beau, si pathe-i
tique,sur tout Pendroit qui peint la consç.
tance héroïque du Roy, 8re. que nous -
croïons devoir le donner icy dans son en
tier. Les Connoisseurs nous en sçauront
gré. V n.
REGINÆ que»: mngit amer ,° ne: peut‘: imago ,'
Nec dolar , nm fbrmn vint/e parie-u!» terre»: ,
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Pugna fit Heroi Indus , ma vulnmz rider;
B 0 R n o N r n n M meurtris meminit Mmm ma:
dom/Indis
æugnnnzem namm jtwnt pimmarer , c: min ,
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Qtippe ‘nefas repumt pretioso bac sanguine rings‘.
" A: neque mm nntuia sngax , Medeeinawve [ms
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Q5217» z'ictrix inmnmssa constant?» menti: ,
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Durn Lonoxx pugnæt, pugnä dum «uineie, e)
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E memâris Aulaîquefugat m5 Tnrtam Pestem ;
Fuma , lneessentis fnemt que nnntia Monstri ,
figue mem varias Europe impleverat Urlzes.
Ha: rewlnns adit , nuque tuba plant/lente per omne!
Lat» refert populos Regem vieisse, nefzmdnm
Dzjfugisse luge». Gaudet gens quaque seqnestrum ,
' Convaluisse mum , qui num Regm serermt ,
fufigque‘ Pacatafaeit Arbiter aria manda. ,
5.4i Cburins dignnm ante alias diademite fron-î
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Cpneinuers , simulque hilnres dngrere ehoreas ,
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fi” 9 L
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JANVIER. 1733.‘ ‘m,
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Qfiad munus insculpsit celuntis ucumim tcli ;
H00 LODOIX CHARIruM DEFORMI rx non-n
TROPÆUM , t w
Versiculi scriptor , Lonorcxs umubila nome» ,
flltius infixit Gullorum in peczan umutum r
Hi ccleéruntinomcn , vurïisque trapau, Pyrasguo
Erexere lacis z Lonorco saspit: ,saspes
Gullia ncmpe sibi , valut ‘a-gra est agru‘, vuidetur.
Nos etium ingmata ingenui Pietutis Alumni,
Nos qui te à tencris sumeruri et umure docemur ,'
O noNn REX ; guasque ips; tua dzgnuris umare
Muneriéusque tufs , hîc exultumus avances , _
Te sulva , tegue incalumi ; gua vindice regnut
Relligia et stuâili , quam sperut ,pace fluetur.
Hinc amnes m‘ pluusu Strepitugue secundo ,‘
E: festa‘ prace lani ium testumur umcmtes ,
Qoemque prius mæstis oneruvimus athem van": ,'
Missiliêus recreure juvut nunc igniéus. Ædes
Hac dulci clumare sonuizt , Rsx vrvnaufllumnas
Instigunt studiis , excmpla , et. -vace Magistrat;
fi E X valet , ucclumunt , Kex dzgnus «uirverai
nvm‘- ' '
Basnxus n: Cuanosr.
Nous sommes fâchez de ne pouvoir pas
klonner icy d’autres Morceaux de ce Re
,_ J. _ q F’ cedil
o
{eËM ERCURF. DE FRANCE.‘
æ
cueil qui meritent une attention particn.
liere; mais nous ne sçaurions passer sous;
silence le beau Discours Préliminaire
aiclclressé aux Lecteurs par le Libraire,qou
lntôt par les Éditeurs du Receuil; Ce
Ëiscours , outre l'instruction et l'utilité
ufil renferme , est d’une élégance et‘
‘une pureté de Diction peu commune,
ensortcv qu’en est presque étonné cle voir
icÿ les Freres Barbe}: parler aussi admi
rablement bien Latin que les Eriennes,
les Manuces , 8Ce.
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Résumé : Poësies composées et récitées au College de Louis le Grand, [titre d'après la table]
Le texte présente un recueil de poèmes intitulé 'Mvsæ RHETORICES seu Carminum libri sex', composé par des élèves en rhétorique du Collège de Louis le Grand. Publié en 1732 à Paris par les Frères Barbe, cet ouvrage a été acclamé par le public éclairé et rend hommage tant aux maîtres qui ont fourni les sujets qu'aux élèves qui les ont exécutés. La diversité et la qualité des pièces rendent difficile le choix parmi elles. Une pièce particulière, la douzième du troisième livre, intitulée 'CHARITUM Trutnupnus Ludovici Magni gratiam depropnanti vutorem sotern', est mise en avant. Ce poème, écrit par le Marquis de Charost, célèbre la convalescence du roi. Il décrit le roi et la reine à Fontainebleau, affectés par une contagion. La reine, comparée à une Amazone, se joint aux Grâces pour sauver le roi. Le poème détaille ensuite la convalescence héroïque du roi, avec des descriptions pathétiques et émouvantes. Le texte exprime le regret de ne pas pouvoir mentionner d'autres morceaux du recueil, mais souligne l'élégance et la pureté du discours préliminaire adressé aux lecteurs par les éditeurs.
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82
p. 162-167
FRANCE, Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le premier de ce mois, le Roi et la Reine, Monseigneur le Dauphin, [...]
Mots clefs :
Roi, Reine, Duc, Comte, Mort, Prince, Cour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : FRANCE, Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
FKA C*E,' 5 '
Nouvelle: de la Çour , de Iari: , Ü‘? u
E premier (le ce mais»; le Roi 9€ l3
Reine , Monseigneur-lçwlÿauplgin ,
(Monseigneur le Duc d’Anjou, et Mes
a-’ 4 4
v JANVIER. 1733." p13,
flamçs de France , reçûren: les comph
Qmens sur la nouvelle année , des Princes
Let Princesses du Sang , des Seigneurs et.
Dames de la- Cour , et les respects du
‘Corps de Ville , &c. Après quoi le Roi
actompagnê du Duc d’OrIear_1s , du Duc
deiiîourbon , du Comte deîixaroiois, dû
Comte de Clvrmonr, du Duc du Màine;
du Comte d’Eu ,. du Comte- de. Toulou
ze , et des Chëvaiicrs , Conæmandeurs et
Officiers des Ordres qui ÿêtoienr assem
blez dans le Cabinet de S. M. se rendit à
la‘. Chrpeilz‘ du Château de VzrsailleæLe
Prince de Conry en Hxbit de, Novice
marchoiriimmédiatezwientaprès les grancls
‘Officiers a et le Cardinal de Poligziac, en
- Chape de Cardinai, (‘ierriere S. M. Le
Roi devangqui les deux Huissiers de
'11 Chambre portoient leurs Masses , êroit
Lcn Manteau , le Collier de POrdre _pu‘
‘d'ami; ; àinsi ‘Êquéïcs Chevaliers. Le Roi
étant entré dans la Chapcile , on ‘com‘
gnrnçq ‘le Kent‘ Cramer’. après l; uel le
ÇgÇarAinaI de Polignacÿ qui avoit r'-te nom
Commahndçu; çlePOrdrc dès le :6
Mai :1728. prêta Serment, et fut reçû ‘par
_S. M.‘ Le lggjiliîînrenäifit ‘qnsuiteiia Grand‘:
‘Massé qui fut‘ ‘célebrêe par îjïAbbë B595.
En , Cbapelaîn ordinaire de "Ïâfïiaîâeîfe
ÿï. èäwxnu.:.-.«f52h3a5és....getH,.vai.M319_ i Pæuèe‘
I
1E4 MERCURE m; FIRTANCE
Après la Messe , le Roi donna le Collier.‘ i
tic POrdre au Prince de Conty s après
Quoi S. M. fut reconduite dans son Ap-p
partement avec les cerémonies accoûtu
_mées. La Reine , accompagnée des Dames
de sa Cour , entendit la même Messe dan:
"sa Tribune. '
(
' Le Roia donné au Prince de Conti , le
3
' ‘Régiment de Cavalerie, vacant par là,
mort du Duc dïflincour.
i‘ Le r2 de ce mois, PEvêque Comte de
Noyon , et le Duc de Rufiec , Pairs de
France , prirent séance au Parlement avec,
‘les cerémonies accoûtumées.
Le 26. de ce mois, Plîvëque de Vencb
Îfut élû à l’Académie Françoise, à la pla
‘ ce vacante par la mort de. l’Evêq_ue d”:
_Metz-. - v '
Le Chapitre de ‘PEglTse Métropolitaine
fêtant assemblé le gode ce mois , élut
PAbbé (PI-larcourt , Chanoine de la m6‘
‘me Fglise, pour remplir laDignirê de
_Doyen,.vàcante par la mort de Pflbbb
Zde‘JG4on3t1a;.u‘ldte.s; nxoisjM_ . Rat; Rec. teït.
. -
_ .,
à JANVIER. ‘:733’. r83
“de PUnivci-sité,’ accompagnéides Doyen;
des Faculrez ct ‘des Procurcurs des Nat
ftions , aHa à Marly, où il! eut Phonneur
‘suivant Pancicn usage , de présentez; un
Cierge au Roy et à. Ia Reine. ‘ ’
Le lendemain, Te Pcre Vicäire Gcncê
‘ral d'es Religieux de la Mercy , accom’.
‘ Pagnê de troisRcÏigicux du Convent‘
‘du Marais,‘ eut aussi Phdnneur dé pré.
jsentcr un Cicrge à l'a Reine, pour sa"
‘tisfnire ä une des conditions de leur‘
établissement ,_ fait àParis en 16:5. par‘
la Reine Marie de Médicis‘. ' ' x
"hic premier Janvier i1 y eut à Vëfäaifè
Te Concert dçs Vingr-quartè pendant R:
dîner du Roi chez la Reine; on y éxécuü
ta une suite d’Airs d’e Fa composition Je
‘M. Uestoucfies , Sur-intendant de la Mu-g‘
' ‘sîquc du Roi en Semestre.
.. .3
jee} çfie Ÿsil‘ y eut Concert chez Fa
‘Rëïn. LoîfïïôñvçhÿhtàicPïoibgùc et les
‘kuaïiâïÿnäyêëâficîu’ Ballet "des Elemm: ',.
1 Un: lès principaux Rôles furent chantez:
‘par les Dflîs Antier , Cburvasicr et Leu-s
net , Ct par les Srs dflkngerville , Petitq
(otgt Guedon. _ _ ' _
"Î I6 r": et l5: i4 , dàns Ieïsaïon de lazRèei-l
Proiéguç crfcs trois premiers AC
.- - u _ .,
166 M ERCURE DE FRANCE
.tes de Thesée à les ÿdeux derniers furent
‘continuez à Marly le i7. Les Rôles de
.Medc'e et (Tlîglé , furent chantez par les
Dlles Duhamel et Courvasier , et les Srs
'd'A’ngerville et Petitrot firent ceux d'5
gée et de Thesée.
, Le x9‘, laeReine entendit le Prologue
et le premier Acte cPAmadi: d: Grâce ,
qu’en continua le 241 et le a4.
_ Le 2.6 , le Prologue ‘et le premier Acte
de Semimmi; , qu'on continua le 2.8 et le
«.3: , et APexêcution fit beaucoup de
plaisir. _
Le 29 Janvier Iesgïhé-arres ayant été
fermez à l'occasion du‘ Service qui fut fait
fi Notre- Dame pour le»feu Roi de Sar
fldaigne Ÿictor-Amedîe ,il y eut Concert
I _S_pi,ritu_el au Château des Thuiileries , on
‘y chanta un "Moter à grand Choeur de
_M. de la Lande , Bmti 0mm! ,qu’on n’a
voit pas encore éxecutéfl et qiiiufiir trèî
goûtez; après plusieurs Pièces d; simphoa
înie ,3 joüÔes parles SrszBlaver érleiçlerc...
‘le. Concert fur :41: de M. de ltaerLmainndé:epa{rplreê,c1e2d;‘e d'une
' excellente Piece de simphonie, et d’u_n
Carillon fu nebre. p
q Le a 4.:Janvlgt_ j la Irortèlrziegde
‘essais. si“. jladsâ e étëÿliiîgfiëleiläàægïä:
, J A NVîî E R. 1753. "r61
Ù
boursement des Actions , fut tirée en la.
‘maniere accoûtumêe , à PHôtel de la
Compagnie. La Liste des Numeros ga;
gitans des Actions ettdixiêmes d'Actions
qui doivent être remboursées , a été ren
due‘ publique , faisant en tout le nombre
de 314 Actions.
Nouvelle: de la Çour , de Iari: , Ü‘? u
E premier (le ce mais»; le Roi 9€ l3
Reine , Monseigneur-lçwlÿauplgin ,
(Monseigneur le Duc d’Anjou, et Mes
a-’ 4 4
v JANVIER. 1733." p13,
flamçs de France , reçûren: les comph
Qmens sur la nouvelle année , des Princes
Let Princesses du Sang , des Seigneurs et.
Dames de la- Cour , et les respects du
‘Corps de Ville , &c. Après quoi le Roi
actompagnê du Duc d’OrIear_1s , du Duc
deiiîourbon , du Comte deîixaroiois, dû
Comte de Clvrmonr, du Duc du Màine;
du Comte d’Eu ,. du Comte- de. Toulou
ze , et des Chëvaiicrs , Conæmandeurs et
Officiers des Ordres qui ÿêtoienr assem
blez dans le Cabinet de S. M. se rendit à
la‘. Chrpeilz‘ du Château de VzrsailleæLe
Prince de Conry en Hxbit de, Novice
marchoiriimmédiatezwientaprès les grancls
‘Officiers a et le Cardinal de Poligziac, en
- Chape de Cardinai, (‘ierriere S. M. Le
Roi devangqui les deux Huissiers de
'11 Chambre portoient leurs Masses , êroit
Lcn Manteau , le Collier de POrdre _pu‘
‘d'ami; ; àinsi ‘Êquéïcs Chevaliers. Le Roi
étant entré dans la Chapcile , on ‘com‘
gnrnçq ‘le Kent‘ Cramer’. après l; uel le
ÇgÇarAinaI de Polignacÿ qui avoit r'-te nom
Commahndçu; çlePOrdrc dès le :6
Mai :1728. prêta Serment, et fut reçû ‘par
_S. M.‘ Le lggjiliîînrenäifit ‘qnsuiteiia Grand‘:
‘Massé qui fut‘ ‘célebrêe par îjïAbbë B595.
En , Cbapelaîn ordinaire de "Ïâfïiaîâeîfe
ÿï. èäwxnu.:.-.«f52h3a5és....getH,.vai.M319_ i Pæuèe‘
I
1E4 MERCURE m; FIRTANCE
Après la Messe , le Roi donna le Collier.‘ i
tic POrdre au Prince de Conty s après
Quoi S. M. fut reconduite dans son Ap-p
partement avec les cerémonies accoûtu
_mées. La Reine , accompagnée des Dames
de sa Cour , entendit la même Messe dan:
"sa Tribune. '
(
' Le Roia donné au Prince de Conti , le
3
' ‘Régiment de Cavalerie, vacant par là,
mort du Duc dïflincour.
i‘ Le r2 de ce mois, PEvêque Comte de
Noyon , et le Duc de Rufiec , Pairs de
France , prirent séance au Parlement avec,
‘les cerémonies accoûtumées.
Le 26. de ce mois, Plîvëque de Vencb
Îfut élû à l’Académie Françoise, à la pla
‘ ce vacante par la mort de. l’Evêq_ue d”:
_Metz-. - v '
Le Chapitre de ‘PEglTse Métropolitaine
fêtant assemblé le gode ce mois , élut
PAbbé (PI-larcourt , Chanoine de la m6‘
‘me Fglise, pour remplir laDignirê de
_Doyen,.vàcante par la mort de Pflbbb
Zde‘JG4on3t1a;.u‘ldte.s; nxoisjM_ . Rat; Rec. teït.
. -
_ .,
à JANVIER. ‘:733’. r83
“de PUnivci-sité,’ accompagnéides Doyen;
des Faculrez ct ‘des Procurcurs des Nat
ftions , aHa à Marly, où il! eut Phonneur
‘suivant Pancicn usage , de présentez; un
Cierge au Roy et à. Ia Reine. ‘ ’
Le lendemain, Te Pcre Vicäire Gcncê
‘ral d'es Religieux de la Mercy , accom’.
‘ Pagnê de troisRcÏigicux du Convent‘
‘du Marais,‘ eut aussi Phdnneur dé pré.
jsentcr un Cicrge à l'a Reine, pour sa"
‘tisfnire ä une des conditions de leur‘
établissement ,_ fait àParis en 16:5. par‘
la Reine Marie de Médicis‘. ' ' x
"hic premier Janvier i1 y eut à Vëfäaifè
Te Concert dçs Vingr-quartè pendant R:
dîner du Roi chez la Reine; on y éxécuü
ta une suite d’Airs d’e Fa composition Je
‘M. Uestoucfies , Sur-intendant de la Mu-g‘
' ‘sîquc du Roi en Semestre.
.. .3
jee} çfie Ÿsil‘ y eut Concert chez Fa
‘Rëïn. LoîfïïôñvçhÿhtàicPïoibgùc et les
‘kuaïiâïÿnäyêëâficîu’ Ballet "des Elemm: ',.
1 Un: lès principaux Rôles furent chantez:
‘par les Dflîs Antier , Cburvasicr et Leu-s
net , Ct par les Srs dflkngerville , Petitq
(otgt Guedon. _ _ ' _
"Î I6 r": et l5: i4 , dàns Ieïsaïon de lazRèei-l
Proiéguç crfcs trois premiers AC
.- - u _ .,
166 M ERCURE DE FRANCE
.tes de Thesée à les ÿdeux derniers furent
‘continuez à Marly le i7. Les Rôles de
.Medc'e et (Tlîglé , furent chantez par les
Dlles Duhamel et Courvasier , et les Srs
'd'A’ngerville et Petitrot firent ceux d'5
gée et de Thesée.
, Le x9‘, laeReine entendit le Prologue
et le premier Acte cPAmadi: d: Grâce ,
qu’en continua le 241 et le a4.
_ Le 2.6 , le Prologue ‘et le premier Acte
de Semimmi; , qu'on continua le 2.8 et le
«.3: , et APexêcution fit beaucoup de
plaisir. _
Le 29 Janvier Iesgïhé-arres ayant été
fermez à l'occasion du‘ Service qui fut fait
fi Notre- Dame pour le»feu Roi de Sar
fldaigne Ÿictor-Amedîe ,il y eut Concert
I _S_pi,ritu_el au Château des Thuiileries , on
‘y chanta un "Moter à grand Choeur de
_M. de la Lande , Bmti 0mm! ,qu’on n’a
voit pas encore éxecutéfl et qiiiufiir trèî
goûtez; après plusieurs Pièces d; simphoa
înie ,3 joüÔes parles SrszBlaver érleiçlerc...
‘le. Concert fur :41: de M. de ltaerLmainndé:epa{rplreê,c1e2d;‘e d'une
' excellente Piece de simphonie, et d’u_n
Carillon fu nebre. p
q Le a 4.:Janvlgt_ j la Irortèlrziegde
‘essais. si“. jladsâ e étëÿliiîgfiëleiläàægïä:
, J A NVîî E R. 1753. "r61
Ù
boursement des Actions , fut tirée en la.
‘maniere accoûtumêe , à PHôtel de la
Compagnie. La Liste des Numeros ga;
gitans des Actions ettdixiêmes d'Actions
qui doivent être remboursées , a été ren
due‘ publique , faisant en tout le nombre
de 314 Actions.
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Résumé : FRANCE, Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En janvier 1733, plusieurs événements marquants eurent lieu à la cour de France. Le 1er janvier, le Roi, la Reine, ainsi que divers princes et princesses du sang reçurent les vœux de la nouvelle année. Le Roi, accompagné de plusieurs ducs et comtes, assista à une messe célébrée par l'abbé Bossu à la chapelle du Château de Versailles. Le Cardinal de Polignac, nommé commandeur de l'Ordre en mai 1728, prêta serment. Après la messe, le Roi remit le Collier de l'Ordre au Prince de Conti, qui reçut également le 3e Régiment de Cavalerie. Le 12 janvier, l'évêque comte de Noyon et le duc de Ruffec prirent séance au Parlement. Le 26 janvier, l'évêque de Vence fut élu à l'Académie Française, et l'abbé Pilharcourt fut élu doyen du chapitre de l'Église métropolitaine. Le 1er janvier, un concert des Vingt-quatre Violons eut lieu pendant le dîner du Roi chez la Reine, interprétant des airs composés par M. Le Boucher, surintendant de la musique du Roi. Divers concerts et représentations théâtrales se déroulèrent à Marly et aux Tuileries, incluant des œuvres comme 'Les Éléments' et 'Sémiramis'. Le 29 janvier, un concert spirituel fut donné aux Tuileries en mémoire du roi de Sardaigne Victor-Amédée. Enfin, le 31 janvier, la loterie des essais fut tirée à l'Hôtel de la Compagnie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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83
p. 596-599
« Le Roy a donné l'Abbaye de Ville-Longue, Ordre de Citeaux, Diocèse [...] »
Début :
Le Roy a donné l'Abbaye de Ville-Longue, Ordre de Citeaux, Diocèse [...]
Mots clefs :
Roi, Concert spirituel, Mains, Reine, Serment de fidélité, Diocèse, Château, Premier maître d'hôtel
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Roy a donné l'Abbaye de Ville-Longue, Ordre de Citeaux, Diocèse [...] »
E Roy a donné l'Abbaye de Ville-
Longue , Ordre de Citeaux , Diocèse
de Carcassonne , à l'Abbé Novy ; et le
Prieuré de S. Maurice de Senlis , Ordre
de S. Augustin , à l'Abbé de Noë.
Le 1s de ce mois , 4e Dimanche de Carême
, le Roy entendit dans la Chapelle
du Château de Versailles , la Messe chantée
par la Musique , pendant laquelle l'Evêque
de Mâcon prêta serment de fidelité
entre les mains de S. M.
Le Roy a donné le Gouvernement
d'Huningue , au Marquis de Guerchy ,
Lieutenant General de ses Armées.
La Charge de Premier Maître d'Hôtel
de la Reine , a été donnée au Marquis de
Chamarande , qui a été Premier Maître
d'Hôtel de Madame la Dauphine, Aycule
du Roy. Il prêta serment de fidelité entre
MARS . 1733-
197
tre les mains de la Reine , le 15 de ce.
mois.
Le 4. Fevrier , la Cour étant à Marly,
on chanta devant la Reine le Prologue et
le premier Acte de l'Opera de Cadmus ,
qu'on continua le 7.et le 9.Les principaux
Rôles furent chantez par les sieurs d'Angerville
, Dubourg , Ducros , et par la Dlle
Mathieu, laquelle chanta à la fin de la Piece
uneAriette Françoise de la composition
du sieur Mathieu , qui fut très- goûtée.
Le 11. on concerta l'Opera d'Issé , de
la composition de M. Destouches ; la
même Dlle Mathieu remplit le Rôle
d'Issé , avec beaucoup de succès et de
précision ; l'execution des Choeurs et
de la Simphonie fit aussi beaucoup de
plaisir.
Le 17. on chanta le Prologue et la
troisiéme Entrée du Ballet des Stratagemes
de l'Amour , du même Auteur. La
mort de Madame de France troisiéme
fut cause qu'il n'y eut plus de Concert
le reste du mois.
On apprend de Rome , que dans le
Consistoire secret que le Pape tint le 2 .
de ce mois , le Cardinal Othoboni proposa
l'Abbaye de S. Pierre de Flavigny 2
Dio558
MERCURE DE FRANCE
cèse d'Autun , pour l'Evêque de Luçon ,
et celle de N. Dame de Font- Froide
Diocèse de Narbonne, pour l'Abbé de
Brissac ; il préconisa ensuite l'Evêque de
Rennes , pour celle de N. Dame de Joüy,
Diocèse de Sens.
Le 19 de ce mois , le Duc de Sully et le
Duc de Gontault , Pairs de France , prêterent
serment et prirent séance au Pare
lement en la maniere accoutumée.
Le Roy a donné le Gouvernement des
Ville et Citadelle de Metz , et du Païs
Messin , au Comte de Belle- Isle . Il prêta
serment de fidelité entre les mains de Sa
Majesté , le 17 de ce mois.
Le 30. de ce mois , la Reine n'ayant
pû , à cause de sa grossesse , se rendre à
I'Eglise de la Paroisse , communia dans
la Chapelle du Château , par les mains.
du Cardinal de Fleury , son Grand -Aumônier.
Le 24. Mars , la Loterie de la Compagnie des
Indes , établie pour le remboursement des Actions
, fut tirée en la maniere accoûtumée , à
P'Hôtel de la Compagnie. La Liste des Numeros
gagnans des Actions et Dixièmes d'Actions qui
doivent être remboursées , a été renduë publique
MARS. 1733 599
que , faisant en tout le nombre de 314, Actions
Le 22. Mars , Dimanche de la Passion , tous
les Théatres ayant été fermez à l'occasion des
Lois semaines de Pâques, il y eut Concert Spirituel
au Château des Tuilleries , dans lequel les
Diles le Maure et Erremens , chanterent differens
Récits dans les Motets, avec applaudissement ; on
y executa aussi un nouveau Motet à grand Choeur
de l'Abbé Gaycau, qui fut très - goûté. Le Miserera
de M. de la Lande termina le Concert.
Le 25. , Fête de l'Annonciation , il y eut aussi
Concert Spirituel , les Diles Courvasier et Lenaer
, chanterent un nouveau Motet du sieur le
Maire , qui fur très- goûté ; on executa ensuite
la Cantate de M. de la Lande , ou la Dile le
Maure chanta le beau Récit de Viderunt , à la
satisfaction d'une très -nombreuse Assemblée. Le
même Concert doit continuer jusqu'à la Quasimodo.
Au dernier jour de ce mois , le froid a été ici
encore aussi vif comme au fort de l'hyver , les
Rhumes et les autres Maladies de cette espece ,
sont cependant fort diminués.En sorte qu'on n'entend
presque plus le bruit importun et presque
continuel de ceux qui toussoient , crachoient,
se mouchoient dans les Eglises , dans les Assemblées
et aux Spectacles sur tout , où le Garçon
Limonadier , qui offroit des rafraichissemens ,
crioit aussi du Jus de Reglisse et de la Conserve
de Guimauve.
Longue , Ordre de Citeaux , Diocèse
de Carcassonne , à l'Abbé Novy ; et le
Prieuré de S. Maurice de Senlis , Ordre
de S. Augustin , à l'Abbé de Noë.
Le 1s de ce mois , 4e Dimanche de Carême
, le Roy entendit dans la Chapelle
du Château de Versailles , la Messe chantée
par la Musique , pendant laquelle l'Evêque
de Mâcon prêta serment de fidelité
entre les mains de S. M.
Le Roy a donné le Gouvernement
d'Huningue , au Marquis de Guerchy ,
Lieutenant General de ses Armées.
La Charge de Premier Maître d'Hôtel
de la Reine , a été donnée au Marquis de
Chamarande , qui a été Premier Maître
d'Hôtel de Madame la Dauphine, Aycule
du Roy. Il prêta serment de fidelité entre
MARS . 1733-
197
tre les mains de la Reine , le 15 de ce.
mois.
Le 4. Fevrier , la Cour étant à Marly,
on chanta devant la Reine le Prologue et
le premier Acte de l'Opera de Cadmus ,
qu'on continua le 7.et le 9.Les principaux
Rôles furent chantez par les sieurs d'Angerville
, Dubourg , Ducros , et par la Dlle
Mathieu, laquelle chanta à la fin de la Piece
uneAriette Françoise de la composition
du sieur Mathieu , qui fut très- goûtée.
Le 11. on concerta l'Opera d'Issé , de
la composition de M. Destouches ; la
même Dlle Mathieu remplit le Rôle
d'Issé , avec beaucoup de succès et de
précision ; l'execution des Choeurs et
de la Simphonie fit aussi beaucoup de
plaisir.
Le 17. on chanta le Prologue et la
troisiéme Entrée du Ballet des Stratagemes
de l'Amour , du même Auteur. La
mort de Madame de France troisiéme
fut cause qu'il n'y eut plus de Concert
le reste du mois.
On apprend de Rome , que dans le
Consistoire secret que le Pape tint le 2 .
de ce mois , le Cardinal Othoboni proposa
l'Abbaye de S. Pierre de Flavigny 2
Dio558
MERCURE DE FRANCE
cèse d'Autun , pour l'Evêque de Luçon ,
et celle de N. Dame de Font- Froide
Diocèse de Narbonne, pour l'Abbé de
Brissac ; il préconisa ensuite l'Evêque de
Rennes , pour celle de N. Dame de Joüy,
Diocèse de Sens.
Le 19 de ce mois , le Duc de Sully et le
Duc de Gontault , Pairs de France , prêterent
serment et prirent séance au Pare
lement en la maniere accoutumée.
Le Roy a donné le Gouvernement des
Ville et Citadelle de Metz , et du Païs
Messin , au Comte de Belle- Isle . Il prêta
serment de fidelité entre les mains de Sa
Majesté , le 17 de ce mois.
Le 30. de ce mois , la Reine n'ayant
pû , à cause de sa grossesse , se rendre à
I'Eglise de la Paroisse , communia dans
la Chapelle du Château , par les mains.
du Cardinal de Fleury , son Grand -Aumônier.
Le 24. Mars , la Loterie de la Compagnie des
Indes , établie pour le remboursement des Actions
, fut tirée en la maniere accoûtumée , à
P'Hôtel de la Compagnie. La Liste des Numeros
gagnans des Actions et Dixièmes d'Actions qui
doivent être remboursées , a été renduë publique
MARS. 1733 599
que , faisant en tout le nombre de 314, Actions
Le 22. Mars , Dimanche de la Passion , tous
les Théatres ayant été fermez à l'occasion des
Lois semaines de Pâques, il y eut Concert Spirituel
au Château des Tuilleries , dans lequel les
Diles le Maure et Erremens , chanterent differens
Récits dans les Motets, avec applaudissement ; on
y executa aussi un nouveau Motet à grand Choeur
de l'Abbé Gaycau, qui fut très - goûté. Le Miserera
de M. de la Lande termina le Concert.
Le 25. , Fête de l'Annonciation , il y eut aussi
Concert Spirituel , les Diles Courvasier et Lenaer
, chanterent un nouveau Motet du sieur le
Maire , qui fur très- goûté ; on executa ensuite
la Cantate de M. de la Lande , ou la Dile le
Maure chanta le beau Récit de Viderunt , à la
satisfaction d'une très -nombreuse Assemblée. Le
même Concert doit continuer jusqu'à la Quasimodo.
Au dernier jour de ce mois , le froid a été ici
encore aussi vif comme au fort de l'hyver , les
Rhumes et les autres Maladies de cette espece ,
sont cependant fort diminués.En sorte qu'on n'entend
presque plus le bruit importun et presque
continuel de ceux qui toussoient , crachoient,
se mouchoient dans les Eglises , dans les Assemblées
et aux Spectacles sur tout , où le Garçon
Limonadier , qui offroit des rafraichissemens ,
crioit aussi du Jus de Reglisse et de la Conserve
de Guimauve.
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Résumé : « Le Roy a donné l'Abbaye de Ville-Longue, Ordre de Citeaux, Diocèse [...] »
En mars 1733, plusieurs nominations et événements notables ont marqué le mois. Le roi a attribué l'Abbaye de Ville-Longue à l'Abbé Novy et le Prieuré de Saint-Maurice de Senlis à l'Abbé de Noë. Le 4e dimanche de Carême, le roi a assisté à une messe chantée à la Chapelle du Château de Versailles, où l'évêque de Mâcon a prêté serment de fidélité. Le Marquis de Guerchy a été nommé Gouverneur d'Huningue, et le Marquis de Chamarande a reçu la charge de Premier Maître d'Hôtel de la Reine. À la Cour, des opéras et concerts ont été donnés, notamment 'Cadmus' et 'Issé', avec des performances remarquées de la demoiselle Mathieu. Cependant, la mort de Madame de France a interrompu les concerts pour le reste du mois. À Rome, le Cardinal Othoboni a proposé diverses abbayes pour des nominations épiscopales. Les Ducs de Sully et de Gontault ont prêté serment au Parlement. Le Comte de Belle-Isle a été nommé Gouverneur de Metz et de sa citadelle. La Reine, en raison de sa grossesse, a communié dans la Chapelle du Château. La loterie de la Compagnie des Indes a été tirée, remboursant 314 actions. Des concerts spirituels ont eu lieu aux Tuileries pendant les semaines de Pâques, avec des performances appréciées. Le mois s'est terminé par un froid vif, mais les maladies respiratoires étaient moins fréquentes.
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84
p. 816-817
« Le Jeudy Saint 2. Avril, le Concert Spirituel continua au Château des Tuilleries. Le sieur Bononcini, [...] »
Début :
Le Jeudy Saint 2. Avril, le Concert Spirituel continua au Château des Tuilleries. Le sieur Bononcini, [...]
Mots clefs :
Composition, Musique, Maure, Compagnie, Reine, Concert spirituel
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Jeudy Saint 2. Avril, le Concert Spirituel continua au Château des Tuilleries. Le sieur Bononcini, [...] »
Le Jeudy Saint 2. Avril , le Concert Spirituel
continua au Château des Tuilleries. Le sieur Bo
noncini , dont on a déja parlé , fit chanter un,
Miserere de sa composition , dans lequel la Dlle,
Erremens chanta differens Récits dans le goût ,
Italien , qui firent plaisir . La Dlle le Maure chanta
aussi un nouveau Pange lingua , alternativement
avec les Choeurs , sur la Sarabande du quatriéme
Acte de Jephté , dont les paroles sont
Nous vivons dans l'innocence , et sur le chant de
la Bergerie de Roland , quand on vient dans ce
Bocage , &c. M. Mouret y a ajoûté quelques
Versets en Musique.de sa composition. Cette
nouveauté a été très - applaudie .
Le même Concert fut interrompu pendant trois
jours à l'occasion de la mort du Duc d'Anjou ,
et fut continué le reste de la Semaine , jusques et
compris le Dimanche de Quasimodo. Les Diles
Erremens , Le Maure , Courvasier et Lenner , de
la Musique de la Reine , y ont chanté pendant
les trois semaines , differents petits Motets nouveaux
, à une et à deux voix , de la composition
des sieurs Mouret , le Maire et du Bousset , qui
ont été très- goûtez. Le sieur Massé , qui a une
très-belle voix de haute -contre et qui est de la Musique
de la Reine , a chanté pour la premiere fois
differens Récits avec justesse et applaudissement,
Le sieur Sommis , fameux joueur de Violon du
Roy de Sardaigne , y a executé differentes Son
nates et des Concerto , dans la derniere perfection,
et
AVKI L. 1733 . 817
et a été très- applaudi par de nombreuses Assem
blées , que la justesse et la brillante execution de
ce grand Maître y a attirées.
Le Pseaume , Exultate justi , à grand Choeur et
Symphonie, de la composition du sieur Bordier,
Maître de Musique de S. Innocent , executé lé
10. Avril , fut generalement applaudi .
Le 25. Mars , l'Abbé de Fitzjames , fils du Ma
réchal de Berwik , Abbé de l'Abbaye Royale de
S. Victor , y chanta solemnellement sa premierę
Messe , plusieurs Prélats et quantité de Personnes
de distinction , assisterent à cette Ceremonie
après laquelle M. l'Abbé donna un splendide
Repas.
Le 25. Avril , La Loterie de la Compagnie des
Indes , établie pour le remboursement des Actions
, fut tirée en la maniere accoûtumée à l'Hôtel
de la Compagnie. La Liste des Numero gagnans
des Actions etDixiémes d'Actions qui doi
vent être remboursées , a été rendue publique ,
faisant en tout le nombre de 314. Actions.
continua au Château des Tuilleries. Le sieur Bo
noncini , dont on a déja parlé , fit chanter un,
Miserere de sa composition , dans lequel la Dlle,
Erremens chanta differens Récits dans le goût ,
Italien , qui firent plaisir . La Dlle le Maure chanta
aussi un nouveau Pange lingua , alternativement
avec les Choeurs , sur la Sarabande du quatriéme
Acte de Jephté , dont les paroles sont
Nous vivons dans l'innocence , et sur le chant de
la Bergerie de Roland , quand on vient dans ce
Bocage , &c. M. Mouret y a ajoûté quelques
Versets en Musique.de sa composition. Cette
nouveauté a été très - applaudie .
Le même Concert fut interrompu pendant trois
jours à l'occasion de la mort du Duc d'Anjou ,
et fut continué le reste de la Semaine , jusques et
compris le Dimanche de Quasimodo. Les Diles
Erremens , Le Maure , Courvasier et Lenner , de
la Musique de la Reine , y ont chanté pendant
les trois semaines , differents petits Motets nouveaux
, à une et à deux voix , de la composition
des sieurs Mouret , le Maire et du Bousset , qui
ont été très- goûtez. Le sieur Massé , qui a une
très-belle voix de haute -contre et qui est de la Musique
de la Reine , a chanté pour la premiere fois
differens Récits avec justesse et applaudissement,
Le sieur Sommis , fameux joueur de Violon du
Roy de Sardaigne , y a executé differentes Son
nates et des Concerto , dans la derniere perfection,
et
AVKI L. 1733 . 817
et a été très- applaudi par de nombreuses Assem
blées , que la justesse et la brillante execution de
ce grand Maître y a attirées.
Le Pseaume , Exultate justi , à grand Choeur et
Symphonie, de la composition du sieur Bordier,
Maître de Musique de S. Innocent , executé lé
10. Avril , fut generalement applaudi .
Le 25. Mars , l'Abbé de Fitzjames , fils du Ma
réchal de Berwik , Abbé de l'Abbaye Royale de
S. Victor , y chanta solemnellement sa premierę
Messe , plusieurs Prélats et quantité de Personnes
de distinction , assisterent à cette Ceremonie
après laquelle M. l'Abbé donna un splendide
Repas.
Le 25. Avril , La Loterie de la Compagnie des
Indes , établie pour le remboursement des Actions
, fut tirée en la maniere accoûtumée à l'Hôtel
de la Compagnie. La Liste des Numero gagnans
des Actions etDixiémes d'Actions qui doi
vent être remboursées , a été rendue publique ,
faisant en tout le nombre de 314. Actions.
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Résumé : « Le Jeudy Saint 2. Avril, le Concert Spirituel continua au Château des Tuilleries. Le sieur Bononcini, [...] »
Le 2 avril, un concert du Concert Spirituel eut lieu au Château des Tuileries. Bononcini présenta un Miserere, avec la demoiselle Erremens interprétant des récits au goût italien. La demoiselle Le Maure chanta un nouveau Pange lingua, alternant avec les chœurs sur des extraits de Jephté et de la Bergerie de Roland. M. Mouret ajouta des versets musicaux, acclamés par le public. Le concert fut interrompu trois jours en raison du décès du Duc d'Anjou, puis reprit jusqu'au dimanche de Quasimodo. Les demoiselles Erremens, Le Maure, Courvasier et Lenner, ainsi que le sieur Massé, chantèrent divers motets nouveaux. Le sieur Sommis, violoniste du Roi de Sardaigne, exécuta des sonates et concertos avec maîtrise. Le 10 avril, le psaume Exultate justi de Bordier fut exécuté et applaudi. Le 25 mars, l'Abbé de Fitzjames chanta sa première messe à l'Abbaye Royale de Saint-Victor. Le 25 avril, la loterie de la Compagnie des Indes fut tirée à l'Hôtel de la Compagnie, remboursant 314 actions.
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85
p. 1023-1025
Entrée publique de l'Ambassad. de Sardaigne, [titre d'après la table]
Début :
Le 3 de ce mois, le Marquis de Rosignan, Ambassadeur ordinaire du [...]
Mots clefs :
Roi, Ambassadeur, Duchesse d'Orléans, Comte, Duc, Reine, Duchesse de Bourbon, Prince de Guise, Princesse de Conty, Carosses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Entrée publique de l'Ambassad. de Sardaigne, [titre d'après la table]
E3 de ce mois , le Marquis de Rosignan
Ambassadeur ordinaire du
Roi de Sardaigne , fic son Entrée publique
dans Paris. Le Maréchal d'Etrées et
M. Hebert , Introducteur des Ambassadeurs
, allerent le prendre dans les Carosses
de L. M. au Convent de Picpus ,
d'où la Marche se fit en cet ordre : le
Čarosse de l'Introducteur , ceux du Ma
réchal d'Etrées , précedez de son Suisse
de son Ecuyer et de quatre Pages à che
val ; un Suisse de l'Ambassadeur à che
val ; sa Livrée à pied , quatre de ses Of
` ficiers , un Ecuyer et quatre Pages à che
val ; le Carosse du Roi , aux côtez du
quel marchoient la Livrée du Maréchal
I d'E
1024 MERCURE DE FRANCE
d'Etrées , et celle de M. Hebert ; le Carosse
de la Reine ; celui de Madame là
Duchesse d'Orleans ; ceux du Duc d'Orleans
, de la Duchesse de Bourbon Douairiere
, du Duc et de la Duchesse de
Bourbon , du Comte de Charolois , du
Comte de Clermont , de la Princesse de
Conty , premiere Douairiere ; de la Princesse
de Conty seconde Douairiere
du Prince et de la Princesse de Conty , du
Duc et de la Duchesse du Maine , du
Prince de Dombes , du Comte d'Eu , du
Comté et de la Comtesse de Toulouse
et celui de M. Chauvelin , Garde des
Sceaux , Ministre et Secretaire d'Etat
ayant le département des Affaires Etrangeres.
Les trois Carosses de l'Ambassadeur
marchoient ensuite à une distance
de 30 à 40 pas . Lorsque l'Ambassadeur
fut arrivé à son Hôtel , il fut complimenté
de la part du Roi par le Duc de
Rochechouart , Premier Gentilhomme
de la Chambre de S. M. de la part de la
Reine , par le Comte de Tessé , son premier
Ecuyer , et de la part de Madame
la Duchesse d'Orleans , par le Marquis
de Crevecoeur , premier Ecuyer de cette
Princesse.
Le 5. le Prince de Guise , et M. Hebert
, Introducteur des Ambassadeurs ,
alle
?
MAY.
1025 17330
allerent prendre l'Ambassadeur en son
Hôtel dans les Carosses du Roi et de la
Reine , et le conduisirent à Versailles ,
où il eut sa premiere Audience publique
du Roi. Il trouva à son passage , dans
l'avant- cour du Château , les Compagnies
des Gardes Françoises et Suisses
sous les armes, les Tambours appellants;
dans la Cour , les Gardes de la Porte , et
ceux de la Prévôté de l'Hôtel sous les
armes, àà lleeuurrss postes ordinaires , et sur
l'Escalier , les Cent Suisses en habits de
cérémonie , la Halebarde à la main. Il
fut reçû en dedans de la Salle des Gardes
par le Duc de Bethune , Capitaine des
Gardes du Corps , qui étoient en haye et
sous les armes.
Après l'Audience du Roi , l'Ambassadeur
fut conduit à l'Audience de la Reine
et à celle de Monseigneur le Dauphin,
par le Prince de Guise , et par M. Hebere
: à bert : il fut admis ensuite à celles de
Mesdames de France ; et après avoir été
traité par les Officiers du Roi , il fut reconduit
à Paris dans les Carosses de L.
M. avec les cérémonies accoûtumées.
Ambassadeur ordinaire du
Roi de Sardaigne , fic son Entrée publique
dans Paris. Le Maréchal d'Etrées et
M. Hebert , Introducteur des Ambassadeurs
, allerent le prendre dans les Carosses
de L. M. au Convent de Picpus ,
d'où la Marche se fit en cet ordre : le
Čarosse de l'Introducteur , ceux du Ma
réchal d'Etrées , précedez de son Suisse
de son Ecuyer et de quatre Pages à che
val ; un Suisse de l'Ambassadeur à che
val ; sa Livrée à pied , quatre de ses Of
` ficiers , un Ecuyer et quatre Pages à che
val ; le Carosse du Roi , aux côtez du
quel marchoient la Livrée du Maréchal
I d'E
1024 MERCURE DE FRANCE
d'Etrées , et celle de M. Hebert ; le Carosse
de la Reine ; celui de Madame là
Duchesse d'Orleans ; ceux du Duc d'Orleans
, de la Duchesse de Bourbon Douairiere
, du Duc et de la Duchesse de
Bourbon , du Comte de Charolois , du
Comte de Clermont , de la Princesse de
Conty , premiere Douairiere ; de la Princesse
de Conty seconde Douairiere
du Prince et de la Princesse de Conty , du
Duc et de la Duchesse du Maine , du
Prince de Dombes , du Comte d'Eu , du
Comté et de la Comtesse de Toulouse
et celui de M. Chauvelin , Garde des
Sceaux , Ministre et Secretaire d'Etat
ayant le département des Affaires Etrangeres.
Les trois Carosses de l'Ambassadeur
marchoient ensuite à une distance
de 30 à 40 pas . Lorsque l'Ambassadeur
fut arrivé à son Hôtel , il fut complimenté
de la part du Roi par le Duc de
Rochechouart , Premier Gentilhomme
de la Chambre de S. M. de la part de la
Reine , par le Comte de Tessé , son premier
Ecuyer , et de la part de Madame
la Duchesse d'Orleans , par le Marquis
de Crevecoeur , premier Ecuyer de cette
Princesse.
Le 5. le Prince de Guise , et M. Hebert
, Introducteur des Ambassadeurs ,
alle
?
MAY.
1025 17330
allerent prendre l'Ambassadeur en son
Hôtel dans les Carosses du Roi et de la
Reine , et le conduisirent à Versailles ,
où il eut sa premiere Audience publique
du Roi. Il trouva à son passage , dans
l'avant- cour du Château , les Compagnies
des Gardes Françoises et Suisses
sous les armes, les Tambours appellants;
dans la Cour , les Gardes de la Porte , et
ceux de la Prévôté de l'Hôtel sous les
armes, àà lleeuurrss postes ordinaires , et sur
l'Escalier , les Cent Suisses en habits de
cérémonie , la Halebarde à la main. Il
fut reçû en dedans de la Salle des Gardes
par le Duc de Bethune , Capitaine des
Gardes du Corps , qui étoient en haye et
sous les armes.
Après l'Audience du Roi , l'Ambassadeur
fut conduit à l'Audience de la Reine
et à celle de Monseigneur le Dauphin,
par le Prince de Guise , et par M. Hebere
: à bert : il fut admis ensuite à celles de
Mesdames de France ; et après avoir été
traité par les Officiers du Roi , il fut reconduit
à Paris dans les Carosses de L.
M. avec les cérémonies accoûtumées.
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Résumé : Entrée publique de l'Ambassad. de Sardaigne, [titre d'après la table]
Le 23 mai, le Marquis de Rosignan, ambassadeur du Roi de Sardaigne, fit son entrée publique à Paris. Le Maréchal d'Etrées et M. Hebert, Introducteur des Ambassadeurs, l'accueillirent au couvent de Picpus. La procession, organisée avec précision, comprenait les carrosses de l'Introducteur et du Maréchal, suivis par ceux des membres de la famille royale et des dignitaires, puis les trois carrosses de l'ambassadeur. À son arrivée à son hôtel, l'ambassadeur reçut des compliments de représentants du Roi, de la Reine et de Madame la Duchesse d'Orléans. Le 5 mai, le Prince de Guise et M. Hebert conduisirent l'ambassadeur à Versailles pour sa première audience publique avec le Roi. Les Gardes Françaises et Suisses étaient sous les armes lors de son passage. Après l'audience royale, l'ambassadeur fut reçu par la Reine et le Dauphin, puis par Mesdames de France. Il fut ensuite reconduit à Paris avec les cérémonies habituelles.
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86
p. 2250
Vers déclamez à la Reine, par le sieur Poisson, Comédien, que S. M. reçût avec bonté le 22. Septembre dernier.
Début :
Le Comique Poisson, qui partage la joye, [...]
Mots clefs :
Reine, Actrices
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texteReconnaissance textuelle : Vers déclamez à la Reine, par le sieur Poisson, Comédien, que S. M. reçût avec bonté le 22. Septembre dernier.
Vers déclamez à la Reine , par le sieur
Poisson , Comédien , que S. M. reçûz
avec bonié le 22. Septembre dernier.
LE Comique Poisson , qui partage la joye ,
Qu'à Votre Majesté , le juste Ciel envoye ,
Ose vous présenter ce Placet en petit.
Sa femme est sage et belle , à ce que chacun dit;
Daignez lamettre au rangdes Actrices bien nées
Pour celebrer le jour des Vertus couronnées.
Poisson , Comédien , que S. M. reçûz
avec bonié le 22. Septembre dernier.
LE Comique Poisson , qui partage la joye ,
Qu'à Votre Majesté , le juste Ciel envoye ,
Ose vous présenter ce Placet en petit.
Sa femme est sage et belle , à ce que chacun dit;
Daignez lamettre au rangdes Actrices bien nées
Pour celebrer le jour des Vertus couronnées.
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87
p. 2288-2291
« Le 3 de ce mois, la Reine entendit le Salut dans l'Eglise des Récolets, et le [...] »
Début :
Le 3 de ce mois, la Reine entendit le Salut dans l'Eglise des Récolets, et le [...]
Mots clefs :
Reine, Fontainebleau, Roi, Angerville, Comédiens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 3 de ce mois, la Reine entendit le Salut dans l'Eglise des Récolets, et le [...] »
E3 de ce mois , la Reine entendit le
L'salut dans l'Eglise des Récolets, et le
24 elle y communia. L'après midi S. M.
entendit le Sermon du P. Sixte Ambriel
Récolet , et assista à la Benediction du
S. Sacrement. Le 9 , la Reine partit de
Versailles pour aller coucher au Château
de Petitbourg ; et le lendemain au soir
S. M. arriva à Fontainebleau.
Le 27 Septembre , il y eut concert chez
la Reine . M. de Blamon , Sur- Intendant
de la Musique du Roy , fit chanter le
Prologue et le premier Acte d'Amadis ,
qui fut continué le 30 , par le second et
le troisiéme Acte , et le in Octobre il fut
fini à Fontainebleau par le 4 et le s Les
Rôles du Prologue furent remplis par la
Dile Julie et par le Sr Dubourg , et ceux
de la Picce par les Dlles le Maure , Mathieu
et Julie , et par les Srs d'Angerville ,
Petillot , Godenesche et Dubourg.
Le 14 , la Reine demanda le Caprice
d'Erato. Divertissement de M. de Blamont.
La Dile le Maure y fit le principal
Rôle
1
OCTOBRE. 1733 . 2289
Rôle. La Dlle Matthieu , celui de Junon
et le sieur d'Angerville Apollon.
>
Le 21 , on chanta un autre Divertis
sement du même Auteur , intitulé le -
tour des Dieux sur la Terre ; qui fut fait à
l'occasion de la naissance de Monseigneur
le Dauphin, dont les paroles sont de M.
Tavenot. Les Dlles Lenner , Mathieu , du-
Hamel , Petitpas , et le Sr d'Angerville
exécuterent ce Divertissement qui fit un
tres- grand plaisir à toute la Cour.
- Le 8 Octobre , les Comédiens François
représenterent à Fontainebleau la Tragé--
die des Horaces , qui fut suivie de la pes
tite Comédie des Plaideurs.
Le 13 , le Misantrope et la Serenade.
Le 1s , Cinna , et le François à Londres.-
Le Sr Prin joua le principal Rôle dans la
Tragédie , et le Marquis de Polinville ,
dans la petite Piéce . Il y fut applaudi .
Le 20, l'Avare et le Baron de la Crasse..
Le 22 , Britannicus , et la petite Comé
die du Dédit , de feu M. Dutrêni.
Le 27 , La Fausse antipathie et le Mas
gnifique.
Le 29 , Electre et le Lot supposé.
Le 10 Octobre , les Comédiens Italiens
représenterent Heureux Stratagême ; Co
médie de M.de Marivaux,et la petite piece
du Je ne sçai quoi.
Hay Les
2250 MERCURE DE FRANCE
Le 17 , le Temple du Goût , le Bouquet ,
et l'Isle du Divorce . Ces trois Piéces furent
parfaitement bien représentées . La
Reine eut la bonté de faire dire aux Comédiens
Italiens , par le Duc de Gévres,
que S. M. en étoit tres- contente.
La Dlle Roland dansa différentes entrées
avec beaucoup d'applaudissement.
Le 24, Amante difficile , Comédie de
feu M. de la Motthe,et la Veuve Coquette..
Le 18 , le Roy accorda le titre de Maréchal
General de ses Camps et Armées
au Marêchal Duc de Villars , qui partit .
de Fontainebleau le Dimanche 25 de ce
mois , après midi pour se rendre à l'Armé
d'Italie..
Le 28 , M. Zeno , Ambassadeur de la
République de Venise , qui étoit arrivé àu
Paris le 22 , se rendit à Fontainebleau
avec M. Mocenigo , Ambassadeur de la
même République , auquel il succede »»
et il eût sa premiere audience du Roy et
de la Reine, étant conduit par le Chevalier
de Sainctor , Introducteur des Ambassadeurs.
La Direction des Economats , qu'avoie
fu. M. l'Archevêque de Rouen , a été
doni és
OCTOBRE. 1733: 2294
donnée à M. le Marquis du Muy. Nous
avions dit , sur des Mémoires peu exacts ,
que cette Direction avoit été donnée à
une autre personne .
L'salut dans l'Eglise des Récolets, et le
24 elle y communia. L'après midi S. M.
entendit le Sermon du P. Sixte Ambriel
Récolet , et assista à la Benediction du
S. Sacrement. Le 9 , la Reine partit de
Versailles pour aller coucher au Château
de Petitbourg ; et le lendemain au soir
S. M. arriva à Fontainebleau.
Le 27 Septembre , il y eut concert chez
la Reine . M. de Blamon , Sur- Intendant
de la Musique du Roy , fit chanter le
Prologue et le premier Acte d'Amadis ,
qui fut continué le 30 , par le second et
le troisiéme Acte , et le in Octobre il fut
fini à Fontainebleau par le 4 et le s Les
Rôles du Prologue furent remplis par la
Dile Julie et par le Sr Dubourg , et ceux
de la Picce par les Dlles le Maure , Mathieu
et Julie , et par les Srs d'Angerville ,
Petillot , Godenesche et Dubourg.
Le 14 , la Reine demanda le Caprice
d'Erato. Divertissement de M. de Blamont.
La Dile le Maure y fit le principal
Rôle
1
OCTOBRE. 1733 . 2289
Rôle. La Dlle Matthieu , celui de Junon
et le sieur d'Angerville Apollon.
>
Le 21 , on chanta un autre Divertis
sement du même Auteur , intitulé le -
tour des Dieux sur la Terre ; qui fut fait à
l'occasion de la naissance de Monseigneur
le Dauphin, dont les paroles sont de M.
Tavenot. Les Dlles Lenner , Mathieu , du-
Hamel , Petitpas , et le Sr d'Angerville
exécuterent ce Divertissement qui fit un
tres- grand plaisir à toute la Cour.
- Le 8 Octobre , les Comédiens François
représenterent à Fontainebleau la Tragé--
die des Horaces , qui fut suivie de la pes
tite Comédie des Plaideurs.
Le 13 , le Misantrope et la Serenade.
Le 1s , Cinna , et le François à Londres.-
Le Sr Prin joua le principal Rôle dans la
Tragédie , et le Marquis de Polinville ,
dans la petite Piéce . Il y fut applaudi .
Le 20, l'Avare et le Baron de la Crasse..
Le 22 , Britannicus , et la petite Comé
die du Dédit , de feu M. Dutrêni.
Le 27 , La Fausse antipathie et le Mas
gnifique.
Le 29 , Electre et le Lot supposé.
Le 10 Octobre , les Comédiens Italiens
représenterent Heureux Stratagême ; Co
médie de M.de Marivaux,et la petite piece
du Je ne sçai quoi.
Hay Les
2250 MERCURE DE FRANCE
Le 17 , le Temple du Goût , le Bouquet ,
et l'Isle du Divorce . Ces trois Piéces furent
parfaitement bien représentées . La
Reine eut la bonté de faire dire aux Comédiens
Italiens , par le Duc de Gévres,
que S. M. en étoit tres- contente.
La Dlle Roland dansa différentes entrées
avec beaucoup d'applaudissement.
Le 24, Amante difficile , Comédie de
feu M. de la Motthe,et la Veuve Coquette..
Le 18 , le Roy accorda le titre de Maréchal
General de ses Camps et Armées
au Marêchal Duc de Villars , qui partit .
de Fontainebleau le Dimanche 25 de ce
mois , après midi pour se rendre à l'Armé
d'Italie..
Le 28 , M. Zeno , Ambassadeur de la
République de Venise , qui étoit arrivé àu
Paris le 22 , se rendit à Fontainebleau
avec M. Mocenigo , Ambassadeur de la
même République , auquel il succede »»
et il eût sa premiere audience du Roy et
de la Reine, étant conduit par le Chevalier
de Sainctor , Introducteur des Ambassadeurs.
La Direction des Economats , qu'avoie
fu. M. l'Archevêque de Rouen , a été
doni és
OCTOBRE. 1733: 2294
donnée à M. le Marquis du Muy. Nous
avions dit , sur des Mémoires peu exacts ,
que cette Direction avoit été donnée à
une autre personne .
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Résumé : « Le 3 de ce mois, la Reine entendit le Salut dans l'Eglise des Récolets, et le [...] »
En octobre 1733, plusieurs événements marquants eurent lieu à la cour de France. Le 3 octobre, la Reine écouta un sermon et assista à la bénédiction du Saint-Sacrement. Elle se rendit au Château de Petitbourg le 9 octobre et à Fontainebleau le lendemain. Le 27 septembre, un concert fut organisé chez la Reine avec des extraits de l'opéra 'Amadis'. Le 14 octobre, la Reine demanda l'interprétation du 'Caprice d'Erato'. Le 21 octobre, un divertissement intitulé 'Tour des Dieux sur la Terre' fut chanté en l'honneur de la naissance du Dauphin. Les comédiens français représentèrent plusieurs pièces à Fontainebleau, notamment 'Les Horaces' le 8 octobre, 'Le Misantrope' le 13 octobre, 'Cinna' le 15 octobre, 'L'Avare' le 20 octobre, 'Britannicus' le 22 octobre, 'La Fausse antipathie' le 27 octobre, et 'Electre' le 29 octobre. Les comédiens italiens jouèrent 'Heureux Stratagème' le 10 octobre, 'Le Temple du Goût' le 17 octobre, et 'Amante difficile' le 24 octobre. Le 18 octobre, le Roi accorda le titre de Maréchal Général des Camps et Armées au Maréchal Duc de Villars, qui partit pour l'armée d'Italie le 25 octobre. Le 28 octobre, M. Zeno, Ambassadeur de la République de Venise, eut sa première audience auprès du Roi et de la Reine à Fontainebleau. La Direction des Économats, précédemment détenue par l'Archevêque de Rouen, fut confiée à M. le Marquis du Muy.
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88
p. 2427-2435
Monumens de la Monarchie Françoise &c. [titre d'après la table]
Début :
MONUMENS DE LA MONARCHIE FRANCOISE, &c. Par le R. P. Dom Bernard de [...]
Mots clefs :
Charles IX, Henri IV, Henri II, France, Roi, Huguenots, Duc de Guise, Spectacles, Guerre, Reine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Monumens de la Monarchie Françoise &c. [titre d'après la table]
MONUMENS DE LA MONARCHIE FRANÇOISE
, &c. Par le R. P. Dom Bernard de
Montfaucon , tom . 5. fol. chez Giffart et
J. Michel Gandoüin , 1733 .
Ce cinquième et dernier tome comprend
les Regnes d'Henry II. de François
II . de Charles IX . d'Henry III . et
d'Henry IV .
On ne vit jamais'de si grands spectacles
aux Entrées des Rois que sous Henry II.
Lyon se signala à la venue du Roy et de
la Reine , par un Palais superbe , construit
sur la Riviere dans de grands Bâteaux
; Rouen par des Chars où étoient
attellées des Licornes ; par des Elephans
qui portoient sur leurs dos des Tours
pleines de Seigneurs et de Dames. L'in
dustrie avoit ainsi métamorphosé des
Chevaux en ces Animaux presque inconnus
dans nos Climats. Mais ces grands
Spectacles furent comme effacez par ce
qu'on appella le Triomphe de la Riviere:
Dans ce tems où le beau Pont de Pierre
subsistoit encore à Rouen , on vit la Seine
converte de Divinités Marines . Neptune
alloit avec pompe dans son Char
sur les Eaux de la Riviere . Les Naïades
et les Néréïdes flottoient sur des Tritons
´et des Monstres Marins .
Paris se distingua aussi par des Repré-
E ij
sen1448
MERCURE DE FRANCE
sentations magnifiques ; mais on n'a pû
trouver que ccs Arcades superbes , faites
à l'endroit le plus large de la rue S. Antoine
, sur lesquelles on avoit élevé de
grands Appartements richement meublez ,
dignes de la Majesté Royale. Tout cela
se voit représenté dans ce volume , tiré
d'Estampes gravées dans le tems même.
La Guerre qui survint causa d'autres
spectacles , qui attirerent l'attention de
toute l'Europe, Henri II. d'intelligence
avec plusieurs Princes Allemans se saisit
de Mets , Toul et Verdun , l'Empereur
Charles - Quint vint avec une Armée
formidable assieger Mets , qui fut si bien
deffendu par le Duc de Guise, secondé des
plus braves de la Nation , qu'après un
long Siége Charles- Quint fut obligé de
se retirer avec une grande perte de ses
gens. Henri II, remporta encore un avantage
considerable à Renti sur l'Armée de
l'Empereur ; la victoire auroit été complette
si le Connêtable fut venu assez à
tems.
Une tréve de cinq ans mal-à- propos
rompuë , fut cause de bien des malheurs :
et la perte de la Bataille de S. Quentin
mit la France en grand péril . Mais le Duc
de Guise revenu d'Italie , rétablit les
choses et la Paix se fit ensuite. Elle fut
très
NOVEMBRE. 1733. 2.4.29
12
,
très-désavantageuse à la France selon
la plupart des Historiens , fondez sur
ce qu'on rendit une centaine de places
aux Ennemis. Mais le P. de Montfaucon
prouve que ce grand nombre de places ,
presque toutes , ou dans le Piémont , ou
dans l'Isle de Corse , furent renduës au
grand bonheur de la France : cela mit fin
aux Guerres d'Italie , cause des malheurs
arrivez au Royaume pendant quatre Regnes.
Par cette Paix Henri fut maintenu
dans la possession de Mets , Toul , Verdun
et de Calais , Places qu'il avoit conquises
et qui étoient fort à sa bienséance,
On passe legerement sur ce qui suit , et
sur le Tournois où Henri II. fut blessé
à mort. On le voit ici dans son lit mourant
, d'après une Estampe gravée dans
ce même tems.
Le Regne de François II. qui fut fort
court , ne fut remarquable que par ia
conjuration d'Amboise , premier acte
d'hostilité que les Calvinistes firent : elle
est ici gravée d'après un original , où
l'on apprend plusieurs choses que les
Historiens ne disent pas.
Ce fut sous le Regne de Charles IX.
que la Guerre civile commença , et donna
des spectacles qu'on peut comparer à ce
qu'il y a de plus tragique dans les Histoi-
E iij
res
430 MERCURE DE FRANCE
res. On voulut d'abord accorder les deux
parties au Colloque de Poissi , qu'on voit
ici représenté en graveure : mais comme
il arrive souvent , ils se séparerent plus
animez qu'auparavant les uns contre les
autres. Le premier signal de la Guerre
civile fut le massacre de Vassi , où quel,
ques Huguenots furent tuez par
les gens
du Duc de Guise. Cela mit toute la Fran
ce en feu ; les Huguenots se saisirent de
plusieurs Villes , ruinerent les Eglises
massacrerent les Prêtres , les Moines ,
tous ceux qui s'opposoient à leurs violen
ces , les Catholiques leur rendirent la pan
reille . Ils reprirent la plupart des places
que les Huguenots avoient occupées , et
taillerent en pieces tous ceux d'entre eux
qu'ils purent attraper.
Tout le Royaume se vit alors plein de
sang et de carnage. On se mit en campagne
de part et d'autre ; l'Armée Royale
reprit Bourges et Rouen , Villes que les
Huguenots avoient occupées Après, vint
la Bataille de Dreux , qui fut la plus disputée
; mais enfin l'Armée des Huguenots
fut mise en déroute : et le Duc de
Guise assiegea Orleans , où il fut tué traitreusement
par Jean Poltrot , et après sa
mort on fit la Paix de l'Isle aux Boeufs.
On passe legerement sur des faits si con
nus
NOVEMBRE . 1733 2431
nus. Ce qu'il y a de plus instructif dans
cet Ouvrage , c'est que toutes ces principales
actions y sont représentées en fi-/
gure d'après des Estampes originales , et
de ce tems-là.
Selon l'opinion commune Catherine
de Medicis cherchoit à perdre les Chefs
des Huguenots : ils prirent de nouveau
les armes , tâcherent en vain de se saisir
du Jeune Roy Charles IX. et perdirent
la Bataille de S. Denis : après quoi , assis
tez des Allemans, ils assiégerent Chartres.
Pendant ce Siége , se fit la seconde Paix ,
qui fut de peu de durée. La Reine persistant
toujours dans le dessein de faire
périr les Chefs des Huguenots, ils prirent
les armes , le Duc d'Anjou gagna sur eux
la Bataille de Jarnac , où le Prince de
Condé fut tué. Une puissante armée
d'Allemans étant venue au ' secours de
l'Amiral de Coligni , il assiégea Poitiers,
fut obligé de lever le Siége , et perdit la
Bataille de Moncontour après laquelle
il se retira ; et augmentant toujours ses
Troupes dans sa longue route , il se rendit
enfin à Arnay -le -Duc. Il y eut là un
combat , où l'avantage fut presque égal
de part et d'autre. On vint enfin à un
Traité de Paix, et cette Paix feinte donna
lieu à Catherine d'éxécuter son projet par
E iiij
le
2432 MERCURE DE FRANCE
le massacre de la S. Barthelemy. Un dé
tail même abregé de tout ce que nous
venons de dire feroit un volume entier.
On fit ensuite le Siége de la Rochelle :
pendant lequel Henri Duc d'Anjou fut
élû Roy de Pologne. Il alla prendre possession
de son Royaume , et peu de tems
après Charles IX. mourut , non sans
soupçon de poison . On le voit ici représenté
avec les Grands du Royaume , on
peut remarquer l'habit des Gentilshommes
de ce tems là , qui est fort singulier.
Henri s'échappa de la Pologne pour
venir prendre possession du Royaume de
France. On avoit conçu de ce Prince de
grandes espérances . Les belles actions
qu'il avoit faites n'érant que Duc d'Anjou,
lui avoient attiré l'amour et l'estime des
François, qui s'attendoient qu'il brilleroit
encore plus , lorsqu'il auroit l'autorité
Souveraine. Mais sa vie molle et effeminée
, et ses mignons , le rendirent méprisable.
Il s'attira aussi la haine du public
par les Edits Bursaux qu'il faisoit tous les
jours à la charge du peuple. Les Processions
, les Confreries de pénitens , des
Actes de Dévotions mêlez avec des choses
d'un genre si different, augmenterent
le
NOVEMBRE. 1733. 2433
le mépris qu'on avoit pour lui, On l'ac
Cusoit, quoiqu'à tort, de favoriser les Huguenots.
Ce fut sur ce faux soupçon ,que se forma
la Ligue qui causa tant de maux à la
France ; quoique le Roy s'en fut déclaré
Chef, cette Ligue se tourna contre luì .
Le Duc de Guise fomentoit ce parti à
dessein de suplanter le Roy et de se mettre
en sa place , à ce qu'on disoit . Sa valeur
le rendoit recommandable. Le peu
ple , et sur tout les Parisiens , l'aimoient
et l'estimoient autant qu'ils méprisoient
le Roy. On cabala enfin contre Henti
et à la journée des Barricades , il fut obligé
pour sa sûreté de s'enfuir de Paris. I
assembla depuis les Etats à Blois ; et le
Duc de Guise continuant ses menées , il
lé fit tuer .
Peu de jours après sa mort , la Reine »
Mere Catherine de Medicis déceda . Le
Portrait de cette Princesse , et l'emploi
qu'elle faisoit de l'Art Magique pour découvrir
l'avenir , se trouvent ici dépeints
dans des Piéces originales , qui n'avoient
point encore vû le jour.
Henri III. après le meurtre du Duc de
Guise , abandonné de presque toutes les
Villes du Royaume , fut obligé de se
joindre à Henri Roy de Navarre. Il assié- ·
Ev
2434 MERCURE DE FRANCE
gea Paris , et fut tué au commencement
du Siége par Jacques Clement. Entre les
Estampes de ce Regne on voit celle de
l'Institution de l'Ordre du S. Esprit , et
plusieurs autres fort remarquables ; celles
des Courtisans qui se rendoient au Louvre
à cheval portant en croupe ou quelque
ami , ou quelque Demoiselle. Celles
des Mousquetaires, des Gardes du Corps,
des Suisses , celle des Pages et des Laquais.
L'Histoire d'Henri IV. est trop con
nue pour s'y arrêter long- tems ; ses grandes
actions et ses Victoires remportées
sur le Duc de Mayenne et sur les Ligueurs
lui auroient difficilement procuré l'entrée
dans Paris s'il ne s'étoit converti à la
Religion Catholique . Ces Ligueurs animez
par des Prédicateurs furieux et Fanatiques
donnerent une scene des plus
extraordinaires . Ce fut la Procession de
la Ligue de l'An 1591. où les Capucins ,
Cordeliers , Carmes , Dominicains , Feüillans
et d'autres Religieux , marchoient
après la Croix , armez de Mousquets
d'Epées , de Piques et de Hallebardes
faisant quelquefois des décharges , comme
pour deffendre la Religion Catholique.
On voit dans ce tome cette Prócession
exactement représentée d'après un
original
NOVEMBRE. 1733 2435
original du tems . La conversion d'Henri
IV. ramena bien des gens , il entra dans
Paris en 1594. On voit ici l'Estampe de
cette Entrée. Après la Réduction de Paris
, les autres Villes suivirent son exemples
, et le Roy se trouva enfin paisible
possesseur de tout le Royaume. La surprise
d'Amiens par les Espagnols jetta
d'abord la terreur dans la France ; mais
la Ville fut bien- tôt reprise , et peu de
tems après on fit la Paix de Vervins qui
fut très-avantageuse. Nous passons legerement
sur ce qui suit ; sur la Guerre de
Savoye qui se termina au souhait d'Henri
IV. sur la conspiration du Maréchal de
Biron , qui eut la tête tranchée ; et enfin
sur la grande Entreprise d'Henri IV. ligué
avec plusieurs Princes de l'Europe ;
entreprise dont on n'a jamais sû le véritable
objet que par conjectures dans le
tems que ce Prince faisoit marcher ses
'Armées il fut assassiné par François
Ravaillac , comme tout le monde sçait.
Et là finit le cinquième et dernier Tome
d'un Ouvrage dont on ne sçauroit assez
louer l'entreprise et l'exécution .
, &c. Par le R. P. Dom Bernard de
Montfaucon , tom . 5. fol. chez Giffart et
J. Michel Gandoüin , 1733 .
Ce cinquième et dernier tome comprend
les Regnes d'Henry II. de François
II . de Charles IX . d'Henry III . et
d'Henry IV .
On ne vit jamais'de si grands spectacles
aux Entrées des Rois que sous Henry II.
Lyon se signala à la venue du Roy et de
la Reine , par un Palais superbe , construit
sur la Riviere dans de grands Bâteaux
; Rouen par des Chars où étoient
attellées des Licornes ; par des Elephans
qui portoient sur leurs dos des Tours
pleines de Seigneurs et de Dames. L'in
dustrie avoit ainsi métamorphosé des
Chevaux en ces Animaux presque inconnus
dans nos Climats. Mais ces grands
Spectacles furent comme effacez par ce
qu'on appella le Triomphe de la Riviere:
Dans ce tems où le beau Pont de Pierre
subsistoit encore à Rouen , on vit la Seine
converte de Divinités Marines . Neptune
alloit avec pompe dans son Char
sur les Eaux de la Riviere . Les Naïades
et les Néréïdes flottoient sur des Tritons
´et des Monstres Marins .
Paris se distingua aussi par des Repré-
E ij
sen1448
MERCURE DE FRANCE
sentations magnifiques ; mais on n'a pû
trouver que ccs Arcades superbes , faites
à l'endroit le plus large de la rue S. Antoine
, sur lesquelles on avoit élevé de
grands Appartements richement meublez ,
dignes de la Majesté Royale. Tout cela
se voit représenté dans ce volume , tiré
d'Estampes gravées dans le tems même.
La Guerre qui survint causa d'autres
spectacles , qui attirerent l'attention de
toute l'Europe, Henri II. d'intelligence
avec plusieurs Princes Allemans se saisit
de Mets , Toul et Verdun , l'Empereur
Charles - Quint vint avec une Armée
formidable assieger Mets , qui fut si bien
deffendu par le Duc de Guise, secondé des
plus braves de la Nation , qu'après un
long Siége Charles- Quint fut obligé de
se retirer avec une grande perte de ses
gens. Henri II, remporta encore un avantage
considerable à Renti sur l'Armée de
l'Empereur ; la victoire auroit été complette
si le Connêtable fut venu assez à
tems.
Une tréve de cinq ans mal-à- propos
rompuë , fut cause de bien des malheurs :
et la perte de la Bataille de S. Quentin
mit la France en grand péril . Mais le Duc
de Guise revenu d'Italie , rétablit les
choses et la Paix se fit ensuite. Elle fut
très
NOVEMBRE. 1733. 2.4.29
12
,
très-désavantageuse à la France selon
la plupart des Historiens , fondez sur
ce qu'on rendit une centaine de places
aux Ennemis. Mais le P. de Montfaucon
prouve que ce grand nombre de places ,
presque toutes , ou dans le Piémont , ou
dans l'Isle de Corse , furent renduës au
grand bonheur de la France : cela mit fin
aux Guerres d'Italie , cause des malheurs
arrivez au Royaume pendant quatre Regnes.
Par cette Paix Henri fut maintenu
dans la possession de Mets , Toul , Verdun
et de Calais , Places qu'il avoit conquises
et qui étoient fort à sa bienséance,
On passe legerement sur ce qui suit , et
sur le Tournois où Henri II. fut blessé
à mort. On le voit ici dans son lit mourant
, d'après une Estampe gravée dans
ce même tems.
Le Regne de François II. qui fut fort
court , ne fut remarquable que par ia
conjuration d'Amboise , premier acte
d'hostilité que les Calvinistes firent : elle
est ici gravée d'après un original , où
l'on apprend plusieurs choses que les
Historiens ne disent pas.
Ce fut sous le Regne de Charles IX.
que la Guerre civile commença , et donna
des spectacles qu'on peut comparer à ce
qu'il y a de plus tragique dans les Histoi-
E iij
res
430 MERCURE DE FRANCE
res. On voulut d'abord accorder les deux
parties au Colloque de Poissi , qu'on voit
ici représenté en graveure : mais comme
il arrive souvent , ils se séparerent plus
animez qu'auparavant les uns contre les
autres. Le premier signal de la Guerre
civile fut le massacre de Vassi , où quel,
ques Huguenots furent tuez par
les gens
du Duc de Guise. Cela mit toute la Fran
ce en feu ; les Huguenots se saisirent de
plusieurs Villes , ruinerent les Eglises
massacrerent les Prêtres , les Moines ,
tous ceux qui s'opposoient à leurs violen
ces , les Catholiques leur rendirent la pan
reille . Ils reprirent la plupart des places
que les Huguenots avoient occupées , et
taillerent en pieces tous ceux d'entre eux
qu'ils purent attraper.
Tout le Royaume se vit alors plein de
sang et de carnage. On se mit en campagne
de part et d'autre ; l'Armée Royale
reprit Bourges et Rouen , Villes que les
Huguenots avoient occupées Après, vint
la Bataille de Dreux , qui fut la plus disputée
; mais enfin l'Armée des Huguenots
fut mise en déroute : et le Duc de
Guise assiegea Orleans , où il fut tué traitreusement
par Jean Poltrot , et après sa
mort on fit la Paix de l'Isle aux Boeufs.
On passe legerement sur des faits si con
nus
NOVEMBRE . 1733 2431
nus. Ce qu'il y a de plus instructif dans
cet Ouvrage , c'est que toutes ces principales
actions y sont représentées en fi-/
gure d'après des Estampes originales , et
de ce tems-là.
Selon l'opinion commune Catherine
de Medicis cherchoit à perdre les Chefs
des Huguenots : ils prirent de nouveau
les armes , tâcherent en vain de se saisir
du Jeune Roy Charles IX. et perdirent
la Bataille de S. Denis : après quoi , assis
tez des Allemans, ils assiégerent Chartres.
Pendant ce Siége , se fit la seconde Paix ,
qui fut de peu de durée. La Reine persistant
toujours dans le dessein de faire
périr les Chefs des Huguenots, ils prirent
les armes , le Duc d'Anjou gagna sur eux
la Bataille de Jarnac , où le Prince de
Condé fut tué. Une puissante armée
d'Allemans étant venue au ' secours de
l'Amiral de Coligni , il assiégea Poitiers,
fut obligé de lever le Siége , et perdit la
Bataille de Moncontour après laquelle
il se retira ; et augmentant toujours ses
Troupes dans sa longue route , il se rendit
enfin à Arnay -le -Duc. Il y eut là un
combat , où l'avantage fut presque égal
de part et d'autre. On vint enfin à un
Traité de Paix, et cette Paix feinte donna
lieu à Catherine d'éxécuter son projet par
E iiij
le
2432 MERCURE DE FRANCE
le massacre de la S. Barthelemy. Un dé
tail même abregé de tout ce que nous
venons de dire feroit un volume entier.
On fit ensuite le Siége de la Rochelle :
pendant lequel Henri Duc d'Anjou fut
élû Roy de Pologne. Il alla prendre possession
de son Royaume , et peu de tems
après Charles IX. mourut , non sans
soupçon de poison . On le voit ici représenté
avec les Grands du Royaume , on
peut remarquer l'habit des Gentilshommes
de ce tems là , qui est fort singulier.
Henri s'échappa de la Pologne pour
venir prendre possession du Royaume de
France. On avoit conçu de ce Prince de
grandes espérances . Les belles actions
qu'il avoit faites n'érant que Duc d'Anjou,
lui avoient attiré l'amour et l'estime des
François, qui s'attendoient qu'il brilleroit
encore plus , lorsqu'il auroit l'autorité
Souveraine. Mais sa vie molle et effeminée
, et ses mignons , le rendirent méprisable.
Il s'attira aussi la haine du public
par les Edits Bursaux qu'il faisoit tous les
jours à la charge du peuple. Les Processions
, les Confreries de pénitens , des
Actes de Dévotions mêlez avec des choses
d'un genre si different, augmenterent
le
NOVEMBRE. 1733. 2433
le mépris qu'on avoit pour lui, On l'ac
Cusoit, quoiqu'à tort, de favoriser les Huguenots.
Ce fut sur ce faux soupçon ,que se forma
la Ligue qui causa tant de maux à la
France ; quoique le Roy s'en fut déclaré
Chef, cette Ligue se tourna contre luì .
Le Duc de Guise fomentoit ce parti à
dessein de suplanter le Roy et de se mettre
en sa place , à ce qu'on disoit . Sa valeur
le rendoit recommandable. Le peu
ple , et sur tout les Parisiens , l'aimoient
et l'estimoient autant qu'ils méprisoient
le Roy. On cabala enfin contre Henti
et à la journée des Barricades , il fut obligé
pour sa sûreté de s'enfuir de Paris. I
assembla depuis les Etats à Blois ; et le
Duc de Guise continuant ses menées , il
lé fit tuer .
Peu de jours après sa mort , la Reine »
Mere Catherine de Medicis déceda . Le
Portrait de cette Princesse , et l'emploi
qu'elle faisoit de l'Art Magique pour découvrir
l'avenir , se trouvent ici dépeints
dans des Piéces originales , qui n'avoient
point encore vû le jour.
Henri III. après le meurtre du Duc de
Guise , abandonné de presque toutes les
Villes du Royaume , fut obligé de se
joindre à Henri Roy de Navarre. Il assié- ·
Ev
2434 MERCURE DE FRANCE
gea Paris , et fut tué au commencement
du Siége par Jacques Clement. Entre les
Estampes de ce Regne on voit celle de
l'Institution de l'Ordre du S. Esprit , et
plusieurs autres fort remarquables ; celles
des Courtisans qui se rendoient au Louvre
à cheval portant en croupe ou quelque
ami , ou quelque Demoiselle. Celles
des Mousquetaires, des Gardes du Corps,
des Suisses , celle des Pages et des Laquais.
L'Histoire d'Henri IV. est trop con
nue pour s'y arrêter long- tems ; ses grandes
actions et ses Victoires remportées
sur le Duc de Mayenne et sur les Ligueurs
lui auroient difficilement procuré l'entrée
dans Paris s'il ne s'étoit converti à la
Religion Catholique . Ces Ligueurs animez
par des Prédicateurs furieux et Fanatiques
donnerent une scene des plus
extraordinaires . Ce fut la Procession de
la Ligue de l'An 1591. où les Capucins ,
Cordeliers , Carmes , Dominicains , Feüillans
et d'autres Religieux , marchoient
après la Croix , armez de Mousquets
d'Epées , de Piques et de Hallebardes
faisant quelquefois des décharges , comme
pour deffendre la Religion Catholique.
On voit dans ce tome cette Prócession
exactement représentée d'après un
original
NOVEMBRE. 1733 2435
original du tems . La conversion d'Henri
IV. ramena bien des gens , il entra dans
Paris en 1594. On voit ici l'Estampe de
cette Entrée. Après la Réduction de Paris
, les autres Villes suivirent son exemples
, et le Roy se trouva enfin paisible
possesseur de tout le Royaume. La surprise
d'Amiens par les Espagnols jetta
d'abord la terreur dans la France ; mais
la Ville fut bien- tôt reprise , et peu de
tems après on fit la Paix de Vervins qui
fut très-avantageuse. Nous passons legerement
sur ce qui suit ; sur la Guerre de
Savoye qui se termina au souhait d'Henri
IV. sur la conspiration du Maréchal de
Biron , qui eut la tête tranchée ; et enfin
sur la grande Entreprise d'Henri IV. ligué
avec plusieurs Princes de l'Europe ;
entreprise dont on n'a jamais sû le véritable
objet que par conjectures dans le
tems que ce Prince faisoit marcher ses
'Armées il fut assassiné par François
Ravaillac , comme tout le monde sçait.
Et là finit le cinquième et dernier Tome
d'un Ouvrage dont on ne sçauroit assez
louer l'entreprise et l'exécution .
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Résumé : Monumens de la Monarchie Françoise &c. [titre d'après la table]
Le cinquième et dernier tome de l'ouvrage 'Monumens de la monarchie françoise' du R. P. Dom Bernard de Montfaucon, publié en 1733, couvre les règnes d'Henri II, François II, Charles IX, Henri III et Henri IV. Sous Henri II, les entrées royales furent marquées par des spectacles grandioses, notamment à Lyon et Rouen, avec des représentations de divinités marines et des animaux exotiques. La guerre contre Charles Quint et les sièges de Metz et de Saint-Quentin sont également détaillés. Le règne de François II fut court et marqué par la conjuration d'Amboise. Sous Charles IX, les guerres de religion débutèrent, avec des massacres et des sièges, notamment à Dreux et Orléans. Catherine de Médicis est souvent accusée de vouloir éliminer les chefs huguenots, menant au massacre de la Saint-Barthélemy. Henri III dut faire face à la Ligue et fut assassiné. Henri IV, après sa conversion au catholicisme, pacifia le royaume et conclut la paix de Vervins. Son règne se termina par son assassinat. L'ouvrage est enrichi d'estampes contemporaines illustrant ces événements.
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89
p. 2715-2717
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Au commencement de ce mois, plusieurs Gentilshommes allerent chez divers Habitans [...]
Mots clefs :
Prince de Galles, Reine, Roi, Palais de Sommerset, Appartement, Princesse, Grand chambellan
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
U commencement de ce mois , plusieurs
bitans de Westminster , les prier de nommer
le Chevalier Charles Wager et M. Claiton ,
Membres du Parlement , mais la plupart de ceux
dont on briguoit les suffrages , répondirent qu'ils
ne pouvoient donner leurs voix à des personnes
qui avoient opiné dans la derniere cession du
Parlement pour l'établissement de l'Excise .
Le 18. Novembre à trois heures après midi, le
Prince d'Orange arriva à Londres de Greenwich,
dans un Berge du Roy et il débarqua au Quay
de la Tour, où il fut reçû par le Comte de Leices
ter , qui en est Gouverneur , et par plusieurs autres
Seigneurs ; il monta ensuite dans les Carrosses
de S. M. accompagné de M. Horace Walpool
, du Comte d'Albermarle , et de M. Dun
can , il se rendit au Palais de Sommerset . Peu de
temps après son arrivée , le Roy , la Reine , le
Prince de Galles , le Duc de Cumberland , et les
cinq Princesses P'envoyerent complimenter , er
la plupart des Conseillers du Conseil Privé , allerent
le saluer.
Hiiij Le
2716 MERCURE DE FRANCE
Le 19. au matin , ce Prince reçut la visite du
Prince de Galles et le Chevalier Clement Cotterel
, Maître des Céremonies , lui présenta les Ministres
Etrangers , les Grand- Officiers de la Couronne,
et les principaux Seigneurs, le même jour,
à une heure après midi , le Maître des Céremonies
le fut peendre dans les Garosses de S. M. et
le conduisit au Palais de S. James. Il fut reçû
à la descente du Carosse par un Ecuyer du Roy ,
au haut de l'Escalier par le Duc de Grafton ,
Grand- Chambellan de S. M. et par le Lord Harvey,
Vice-Chambellan , et dans la Chambre du
Lit , par le Lord Hinton , Gentilhomme de la
Chambre , qui l'introduisit dans le Cabinet de
S. M. les mêmes Officiers le conduisirent à l'Appartement
de la Reine , à l'entrée duquel il fut
reçû par le Comte de Grantham , Grand-Chambellan
de S. M. et par M. Cooke , Vice- Chambellan
, précedez de l'Ecuyer de la Reine. Il alla
ensuite à l'Appartement du Prince de Galles , ou
Ie Marquis de Carnarvon l'introduisit , et delà
à celui du Duc de Cumberland , où M. Points
Pintroduisit ; il retourna à l'Appartement de la
Reine , où L. M. et toute la Famille Royale , se
trouverent , et sur les trois heures il alla dîner au
Palais de Sommerzet.
Le lendemain il rendit une seconde visite à la
Reine , et de -là il fut reconduit au Palais de
Sommerset. Plusieurs Conseillers du Conseil Privé
et quelques Seigneurs , eurent l'honneur de
dîner avec lui. Ce Prince reçut les complimens
du Comte de Mentijo , Ambassadeur Extraor
dinaire du Roy d'Espagne ; et après avoir été
conduit pour la premiere fois à l'Appartement
de la Princesse Royale , il se rendit chez la Reine.
La fievre dont ce Prince a éte attaqué quel-
I. Vol.
ques
DECEMBRE. 1733. 2717
ques jours après son arrivée , et dont il est entierement
rétabli , a fait differer son Mariage
avec la Princesse Royale , qui ne sera celebré que
vers le 20. du mois prochain,
Le 11. de ce mois , vieux stile , Fête de S. André
, L. M. et les Princes et Princesses de la Famille
Royale , porterent , selon la coûtume , la
Croix de l'Ordre de S. André sur leurs habits
le Prince d'Orange en porta aussi une garnie do
diamans d'un prix considerable , dont le Roy lui.
fait présent à cette occasion.
M. Hop , Ministre de la République d'Hollande
en cette Cour , eut le lendemain une Audience
de S. M. à qui il donna part de la résolu
tion prise par les Etats Géneraux , de garder.
une exacte neutralité dans la conjoncture présen
te des affaires.
Le 9. de ce mois , le Baron de Starck , Envoyé
Extraordinaire du Duc de Holstein - Gottorp
, eut une Audience particuliere de L. M. er
l'on assure qu'il a demandé la Princesse Amelie
en mariage pour le Prince son Maître , qui a ré
solu de venir demeurer en Angleterre , s'il épouse
cette Princesse .
U commencement de ce mois , plusieurs
bitans de Westminster , les prier de nommer
le Chevalier Charles Wager et M. Claiton ,
Membres du Parlement , mais la plupart de ceux
dont on briguoit les suffrages , répondirent qu'ils
ne pouvoient donner leurs voix à des personnes
qui avoient opiné dans la derniere cession du
Parlement pour l'établissement de l'Excise .
Le 18. Novembre à trois heures après midi, le
Prince d'Orange arriva à Londres de Greenwich,
dans un Berge du Roy et il débarqua au Quay
de la Tour, où il fut reçû par le Comte de Leices
ter , qui en est Gouverneur , et par plusieurs autres
Seigneurs ; il monta ensuite dans les Carrosses
de S. M. accompagné de M. Horace Walpool
, du Comte d'Albermarle , et de M. Dun
can , il se rendit au Palais de Sommerset . Peu de
temps après son arrivée , le Roy , la Reine , le
Prince de Galles , le Duc de Cumberland , et les
cinq Princesses P'envoyerent complimenter , er
la plupart des Conseillers du Conseil Privé , allerent
le saluer.
Hiiij Le
2716 MERCURE DE FRANCE
Le 19. au matin , ce Prince reçut la visite du
Prince de Galles et le Chevalier Clement Cotterel
, Maître des Céremonies , lui présenta les Ministres
Etrangers , les Grand- Officiers de la Couronne,
et les principaux Seigneurs, le même jour,
à une heure après midi , le Maître des Céremonies
le fut peendre dans les Garosses de S. M. et
le conduisit au Palais de S. James. Il fut reçû
à la descente du Carosse par un Ecuyer du Roy ,
au haut de l'Escalier par le Duc de Grafton ,
Grand- Chambellan de S. M. et par le Lord Harvey,
Vice-Chambellan , et dans la Chambre du
Lit , par le Lord Hinton , Gentilhomme de la
Chambre , qui l'introduisit dans le Cabinet de
S. M. les mêmes Officiers le conduisirent à l'Appartement
de la Reine , à l'entrée duquel il fut
reçû par le Comte de Grantham , Grand-Chambellan
de S. M. et par M. Cooke , Vice- Chambellan
, précedez de l'Ecuyer de la Reine. Il alla
ensuite à l'Appartement du Prince de Galles , ou
Ie Marquis de Carnarvon l'introduisit , et delà
à celui du Duc de Cumberland , où M. Points
Pintroduisit ; il retourna à l'Appartement de la
Reine , où L. M. et toute la Famille Royale , se
trouverent , et sur les trois heures il alla dîner au
Palais de Sommerzet.
Le lendemain il rendit une seconde visite à la
Reine , et de -là il fut reconduit au Palais de
Sommerset. Plusieurs Conseillers du Conseil Privé
et quelques Seigneurs , eurent l'honneur de
dîner avec lui. Ce Prince reçut les complimens
du Comte de Mentijo , Ambassadeur Extraor
dinaire du Roy d'Espagne ; et après avoir été
conduit pour la premiere fois à l'Appartement
de la Princesse Royale , il se rendit chez la Reine.
La fievre dont ce Prince a éte attaqué quel-
I. Vol.
ques
DECEMBRE. 1733. 2717
ques jours après son arrivée , et dont il est entierement
rétabli , a fait differer son Mariage
avec la Princesse Royale , qui ne sera celebré que
vers le 20. du mois prochain,
Le 11. de ce mois , vieux stile , Fête de S. André
, L. M. et les Princes et Princesses de la Famille
Royale , porterent , selon la coûtume , la
Croix de l'Ordre de S. André sur leurs habits
le Prince d'Orange en porta aussi une garnie do
diamans d'un prix considerable , dont le Roy lui.
fait présent à cette occasion.
M. Hop , Ministre de la République d'Hollande
en cette Cour , eut le lendemain une Audience
de S. M. à qui il donna part de la résolu
tion prise par les Etats Géneraux , de garder.
une exacte neutralité dans la conjoncture présen
te des affaires.
Le 9. de ce mois , le Baron de Starck , Envoyé
Extraordinaire du Duc de Holstein - Gottorp
, eut une Audience particuliere de L. M. er
l'on assure qu'il a demandé la Princesse Amelie
en mariage pour le Prince son Maître , qui a ré
solu de venir demeurer en Angleterre , s'il épouse
cette Princesse .
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
En novembre 1733, des citoyens de Westminster ont refusé de nommer le Chevalier Charles Wager et M. Claiton au Parlement en raison de leur soutien à l'Excise. Le 18 novembre, le Prince d'Orange est arrivé à Londres depuis Greenwich et a été accueilli par le Comte de Leicester et d'autres seigneurs. Il a ensuite été conduit au Palais de Somerset, où il a reçu les compliments du roi, de la reine, du Prince de Galles, du Duc de Cumberland et des princesses. Le lendemain, il a rencontré le Prince de Galles, les ministres étrangers, les grands officiers de la couronne et les principaux seigneurs. Le Prince d'Orange a ensuite été conduit au Palais de Saint James, où il a été reçu par divers dignitaires et a rencontré la famille royale. La fièvre contractée par le Prince d'Orange a retardé son mariage avec la Princesse Royale, prévu pour le 20 décembre. Le 11 décembre, la famille royale a porté la croix de l'Ordre de Saint André, le Prince d'Orange ayant reçu une croix garnie de diamants offerte par le roi. M. Hop, ministre de la République d'Hollande, a informé le roi de la décision des États Généraux de maintenir une neutralité stricte. Le 9 décembre, le Baron de Starck a demandé la main de la Princesse Amélie pour le Prince de Holstein-Gottorp.
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90
p. 2922-2925
« Le 4 Novembre, il y eut Concert à Fontainebleau, chez la Reine ; S. M. [...] »
Début :
Le 4 Novembre, il y eut Concert à Fontainebleau, chez la Reine ; S. M. [...]
Mots clefs :
Roi, Reine, Opéra, Bâtiment, Blâmont, Musique, Divertissement, Lieutenant général, Accident du feu, Colin-maillard, Endymion
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 4 Novembre, il y eut Concert à Fontainebleau, chez la Reine ; S. M. [...] »
E 4 Novembre , il y eut Concert à
Fontainebleau , chez laReine ; S. M.
souhaita d'entendre l'Opéra d'Endimion ,
que M. de Blamont , Sur - Intendant de la
Musique du Roy , qui en est l'Auteur
fit chanter ; il fut continué le 9 , et le 16
les principaux Rôles furent remplis par
les Dlles Lenner , Mathieu et Petit pas , et
ceux d'Endimion et de Pan , par les Srs
d'Angerville et Jéliot, Cet Opéra fut tresbien
exécuté et plut extrémement à tou
te la Cour,
Le 18 , on chanta le Prologue et le premier
Acte d'Armide , qu'on continua le
23 , par le second et le troisiéme ; et le 221
Decembre on termina cet Opéra à Versailles
, par le 4 et 5 Acte ,
II. Vol
AVA ་ ་ L ° /55 ° 2925
Le 9 , M. de Blamont proposa à la Reine
le Ballet des Fêtes de Thalie , mis en
Musique par M. Mouret ; il fit chanter
le Prologue et la premiere Entrée , qu'on
continua le 14 , par la seconde et la troisieme
, on le finit le 23 , .par la Critique ct
le Divertissement de la Provençale. Les
principaux Rôles ont été chantez par les
Diles Antier , Petitpas et Duhamel ; et
par les Srs Massé , Dubourg , d'Angerville
et Petillot . Ce Ballet fit beaucoup
de plaisir à la Reine qui eut la bonté de
le témoigner à l'Auteur.
Le 29 , on chanta le Caprice d'Erato
Divertissement de M. de Blamont ; la
Dlle Petitpas y remplit le principal Rôle,
qui fut précédé d'un autre Récitatif détaché
, chanté par la Muse de la Musique
dans un autre Divertissement , du même
Auteur , la Dlle Antier fit le Rôle de Junon
, et finit par la Cantatille : O vous
qui d'une aile légere , & c.
Le 1 Decembre , les Comédiens François
représenterent à la Cour la Tragédie
du Comte d'Essex , et pour petite
Piéce , Colin Maillard. Le Sr Fleury , qui
jona le principal Rôle dans la Tragédie ,
a été reçu depuis dans la Troupe du Roy.
Le 3 , le Jaloux désabusé , et le Medecin
II. Vol. Hij mal†
malgré lui. Le Rôle de Celie fut rempli
par la Dlle Guérin .
Le ro , les Menechmes et le Grondeur.
Le 15 , Mithridate , et le Concert ridicule.
Le 17, le Joueur, et la Famille extrava¬
gante.
Le 29 , Gustave , et le Double veuvage .
le Distrait , et le François à Lon-
Le 31,
dres.
Le 20 Decembre , M. Joseph Durey
de Sauroy de Martigny , Capitaine
au Régiment de M. le Marquis d'Estaing
, son oncle , prêta serment entre
les mains du Roy , pour la Charge de
Lieutenant Général de Verdun et Païs de
Verdunois ; vacante par le décès de
François Comte d'Estaing , Chevalier des
Ordres du Roy , Lieutenant Général des
Armées de Sa Majesté , Gouverneur de
Douay , & c. dont M. de Martigny avoit
été pourvu le 8 Avril dernier.
Le 22 la Marquise de Mirepoix fut
presentée au Roy , àà llaa Reine Reine , et aux
Princesses , par le Maréchal de Roquelaure.
La nuit du 26 au 27 Decembre , tout
le Quartier de la Cité , et plus encore les
II. Vol.
particuliers
DECEMBRE. 1733. 2921
particuliers qui habitent les Maisons audessus
du Pont Nôtre - Dame et du Pont
au Change;furent allarmez par l'accident
du feu , qui prit à un Bateau chargé de
foin au- dessus du Port de la Grève , et
qui par la violence du vent , se communiqua
à quelques autres Bateaux ; heureusement
ces mêmes Bateaux allerent se
consumer du côté du Quay de la Megisserie
, tous les Magistrats , le Lieutenant
General de Police , le Prevôt des Marchands
et les autres Officiers de Ville y
accoururent promptement , et empêcherent
pat les ordres qu'ils donnerent , que
le feu ne se communiquat à d'autres Bateaux
chargez de foin et de charbon .
Fontainebleau , chez laReine ; S. M.
souhaita d'entendre l'Opéra d'Endimion ,
que M. de Blamont , Sur - Intendant de la
Musique du Roy , qui en est l'Auteur
fit chanter ; il fut continué le 9 , et le 16
les principaux Rôles furent remplis par
les Dlles Lenner , Mathieu et Petit pas , et
ceux d'Endimion et de Pan , par les Srs
d'Angerville et Jéliot, Cet Opéra fut tresbien
exécuté et plut extrémement à tou
te la Cour,
Le 18 , on chanta le Prologue et le premier
Acte d'Armide , qu'on continua le
23 , par le second et le troisiéme ; et le 221
Decembre on termina cet Opéra à Versailles
, par le 4 et 5 Acte ,
II. Vol
AVA ་ ་ L ° /55 ° 2925
Le 9 , M. de Blamont proposa à la Reine
le Ballet des Fêtes de Thalie , mis en
Musique par M. Mouret ; il fit chanter
le Prologue et la premiere Entrée , qu'on
continua le 14 , par la seconde et la troisieme
, on le finit le 23 , .par la Critique ct
le Divertissement de la Provençale. Les
principaux Rôles ont été chantez par les
Diles Antier , Petitpas et Duhamel ; et
par les Srs Massé , Dubourg , d'Angerville
et Petillot . Ce Ballet fit beaucoup
de plaisir à la Reine qui eut la bonté de
le témoigner à l'Auteur.
Le 29 , on chanta le Caprice d'Erato
Divertissement de M. de Blamont ; la
Dlle Petitpas y remplit le principal Rôle,
qui fut précédé d'un autre Récitatif détaché
, chanté par la Muse de la Musique
dans un autre Divertissement , du même
Auteur , la Dlle Antier fit le Rôle de Junon
, et finit par la Cantatille : O vous
qui d'une aile légere , & c.
Le 1 Decembre , les Comédiens François
représenterent à la Cour la Tragédie
du Comte d'Essex , et pour petite
Piéce , Colin Maillard. Le Sr Fleury , qui
jona le principal Rôle dans la Tragédie ,
a été reçu depuis dans la Troupe du Roy.
Le 3 , le Jaloux désabusé , et le Medecin
II. Vol. Hij mal†
malgré lui. Le Rôle de Celie fut rempli
par la Dlle Guérin .
Le ro , les Menechmes et le Grondeur.
Le 15 , Mithridate , et le Concert ridicule.
Le 17, le Joueur, et la Famille extrava¬
gante.
Le 29 , Gustave , et le Double veuvage .
le Distrait , et le François à Lon-
Le 31,
dres.
Le 20 Decembre , M. Joseph Durey
de Sauroy de Martigny , Capitaine
au Régiment de M. le Marquis d'Estaing
, son oncle , prêta serment entre
les mains du Roy , pour la Charge de
Lieutenant Général de Verdun et Païs de
Verdunois ; vacante par le décès de
François Comte d'Estaing , Chevalier des
Ordres du Roy , Lieutenant Général des
Armées de Sa Majesté , Gouverneur de
Douay , & c. dont M. de Martigny avoit
été pourvu le 8 Avril dernier.
Le 22 la Marquise de Mirepoix fut
presentée au Roy , àà llaa Reine Reine , et aux
Princesses , par le Maréchal de Roquelaure.
La nuit du 26 au 27 Decembre , tout
le Quartier de la Cité , et plus encore les
II. Vol.
particuliers
DECEMBRE. 1733. 2921
particuliers qui habitent les Maisons audessus
du Pont Nôtre - Dame et du Pont
au Change;furent allarmez par l'accident
du feu , qui prit à un Bateau chargé de
foin au- dessus du Port de la Grève , et
qui par la violence du vent , se communiqua
à quelques autres Bateaux ; heureusement
ces mêmes Bateaux allerent se
consumer du côté du Quay de la Megisserie
, tous les Magistrats , le Lieutenant
General de Police , le Prevôt des Marchands
et les autres Officiers de Ville y
accoururent promptement , et empêcherent
pat les ordres qu'ils donnerent , que
le feu ne se communiquat à d'autres Bateaux
chargez de foin et de charbon .
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Résumé : « Le 4 Novembre, il y eut Concert à Fontainebleau, chez la Reine ; S. M. [...] »
Du 4 au 29 décembre, plusieurs événements culturels et officiels marquèrent la cour. Le 4 novembre, l'opéra 'Endimion' de M. de Blamont fut interprété à Fontainebleau, avec des représentations les 9 et 16 novembre. Les rôles principaux furent tenus par les demoiselles Lenner, Mathieu et Petitpas, et les sieurs d'Angerville et Jéliot. L'opéra 'Armide' fut chanté en plusieurs actes, se terminant le 21 décembre à Versailles. Le 9 novembre, M. de Blamont proposa le ballet 'Les Fêtes de Thalie' de M. Mouret, représenté les 14 et 23 novembre. Le 29 novembre, 'Le Caprice d'Erato' de M. de Blamont fut chanté. Les Comédiens Français jouèrent plusieurs pièces, dont 'Le Comte d'Essex' le 1er décembre et 'Le Jaloux désabusé' le 3 décembre. D'autres représentations suivirent, comme 'Les Menechmes' le 10 décembre et 'Gustave' le 29 décembre. Le 20 décembre, M. Joseph Durey de Sauroy de Martigny prêta serment pour la charge de Lieutenant Général de Verdun. Le 22 décembre, la Marquise de Mirepoix fut présentée au Roy, à la Reine et aux Princesses. La nuit du 26 au 27 décembre, un incendie sur des bateaux près du Port de la Grève fut maîtrisé par les magistrats et officiers de la ville.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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91
p. 169-173
« Le premier Janvier les Princes et Princesses du Sang et les Seigneurs [...] »
Début :
Le premier Janvier les Princes et Princesses du Sang et les Seigneurs [...]
Mots clefs :
Roi, Comte, Château, Reine, Marquis, Chevaliers, Gouverneur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le premier Janvier les Princes et Princesses du Sang et les Seigneurs [...] »
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.;
L
E premier Janvier les Princes et
Princesses du Sang et les Seigneurs
et Dames de la Cour , curent l'honneur
de complimenter le Roy et la Reine sur
la nouvelle année.
170 MERCURE DE FRANCE
,
Le même jour le Roy accompagné du
Duc d'Orleans , du Duc de Bourbon
du Comte de Charolois , du Comte de
Clermont , du Prince de Conty du
Duc du Maine , du Prince de Dombes
du Comte d'Eu , du Comte de Toulouse,
et des Chevaliers Commandeurs et Officiers
des ordres qui s'étoient assemblez
dans le Cabinet de S. M. se rendit à la
Chapelle du Château de Versailles . Le
Roy devant lequel les deux Huissiers de
la Chambre portoient leurs Masses , étoit
en Manteau , le Collier de l'Ordre par
dessus , ainsi que les Chevaliers. Le Roy
entendit la Gran P'Messe chantée par la
Musique à laquelle l'Archevêque de
Vienne , Prélat Commandeur de l'Ordre
officia pontificalement. Après la Messe
$. M. fut reconduite dans son Appartement
avec les Cérémonies accoutumées.
,
Le 2 le Roy accompagné comme le
jour précédent , se rendit à la Chipelle
vers les onze heures : S. M. étoit en
Habit violet er en Manteau court ,
la
Collier de l'Ordre par - dessus, et les Chevaliers
en Habits noirs et Manteau court,
le Roy assista à la Grand'Messe qui fut
célébrée par le même Prélat , pour le repos
des Ames des Chevaliers et Commandeurs
de l'Ordre, morts depuis le Service
solemJANVIER
1734 171
solemnel fait pour le même sujet le 5 Juin
1724, Ce Service ordonné par les Statuts
de l'Ordre , et qui depuis quelque tems
n'avoit été célébré , le sera dans la
pas
suite tous les ans le 2 Janvier où le lendemain
de la Fête de la Purification .
Le 3 la Reine communia par les mains
du Cardinal de Fleury son Grand Aumonier.
Le 3 de ce mois les Députez des Etats
de Bretagne curent audiance publique du
Roy , étant présentez par le Comte de
Toulouze , Gouverneur de la Province ,
et par le Comte de S. Florentin , Sécretaire
d'Etat , et conduits par le Grand
Maître et par le Maître des Cérémonies.
Ils eurent le même jour audiance de la
Reine , de Monseigneur le Dauphin er
de Mesdames de France. La Députation
étoit composée pour le Clergé de l'Evêque
de Tréguier qui porta la parole , du
Sr Baillon Sénéchal de la Ville de Rennes
pour le Tiers - Etar et du Comte de
Coëtlogon , Syndic de la Province. Le
Député pour la Noblesse étoit le Marquis
de Lannion , Maréchal de Camp , qui ne
s'eft point trouvé à l'audiance de S. M.
parce qu'il est actuellement employê à
l'Armée d'Italie.
172 MERCURE DE FRANCE
Le Roy a accordé au Comte de Tous
louze , Amiral de France , la Survivance
de cette Charge pour le Duc de Penthiévre
son fils , qui prêta serment le 4. entre
les mains de S. M.
Le Marquis de Villars qui étoit parti
e Milan le 30. Décembre après midi,
arriva àVersailles le 4. de ce mois au soir,
et apporta au Roy la nouvelle de la prise
du Château de Milan .
Le 14 après midi , le Roy reçut par le
Marquis de Firmarcon que le Maréchal
de Villars a dépêché à S. M. la nouvelle
de la prise de Novarre et du Fort
d'Arrona.
La Duchesse d'Alincourt ayant demandé
à S. M. la permission de remettre sa
place de Dame du Palais de la Réine
le Roy a nommé pour la remplacer la
Duchesse de Bouflers.
François de Franquetot , Marquis de
Coigny , Chevalier des Ordres du Roy ,
Lieutenant General de ses Armées , servant
actuellement en son Armée d'Italie,
et Gouverneur de la Ville , Château et
Principauté de Sédan , a obtenu l'agrément
du Roy de se démettre de la Charge
JANVIER. 1734 175
ge
de Colonel Generai des Dragons , en
faveur de Jean Antoine-François de Franqu
tot , Comte de Coigry , son fils , né
le 27 Septembre 1702. Grand Bailli et
Gouverneur de la Ville et Château de
Caën Le Marquis de Coigny avoit été
pourvû de cette Charge de Colonel General
le 7 Décembre 1704 .
Le Régiment de Cavalerie vacant par
la mort du Marquis d'Urfé , a été donné
à François Bernardin du Chastelet, Marquis
d'Aubigny , Comte de Clémont ,
connu sous le nom de Marquis du Chastelet
, Brigadier des Armées du Roy , du
premier Février 1719 , et Gouverneur du
Château de Vincennes.
L
E premier Janvier les Princes et
Princesses du Sang et les Seigneurs
et Dames de la Cour , curent l'honneur
de complimenter le Roy et la Reine sur
la nouvelle année.
170 MERCURE DE FRANCE
,
Le même jour le Roy accompagné du
Duc d'Orleans , du Duc de Bourbon
du Comte de Charolois , du Comte de
Clermont , du Prince de Conty du
Duc du Maine , du Prince de Dombes
du Comte d'Eu , du Comte de Toulouse,
et des Chevaliers Commandeurs et Officiers
des ordres qui s'étoient assemblez
dans le Cabinet de S. M. se rendit à la
Chapelle du Château de Versailles . Le
Roy devant lequel les deux Huissiers de
la Chambre portoient leurs Masses , étoit
en Manteau , le Collier de l'Ordre par
dessus , ainsi que les Chevaliers. Le Roy
entendit la Gran P'Messe chantée par la
Musique à laquelle l'Archevêque de
Vienne , Prélat Commandeur de l'Ordre
officia pontificalement. Après la Messe
$. M. fut reconduite dans son Appartement
avec les Cérémonies accoutumées.
,
Le 2 le Roy accompagné comme le
jour précédent , se rendit à la Chipelle
vers les onze heures : S. M. étoit en
Habit violet er en Manteau court ,
la
Collier de l'Ordre par - dessus, et les Chevaliers
en Habits noirs et Manteau court,
le Roy assista à la Grand'Messe qui fut
célébrée par le même Prélat , pour le repos
des Ames des Chevaliers et Commandeurs
de l'Ordre, morts depuis le Service
solemJANVIER
1734 171
solemnel fait pour le même sujet le 5 Juin
1724, Ce Service ordonné par les Statuts
de l'Ordre , et qui depuis quelque tems
n'avoit été célébré , le sera dans la
pas
suite tous les ans le 2 Janvier où le lendemain
de la Fête de la Purification .
Le 3 la Reine communia par les mains
du Cardinal de Fleury son Grand Aumonier.
Le 3 de ce mois les Députez des Etats
de Bretagne curent audiance publique du
Roy , étant présentez par le Comte de
Toulouze , Gouverneur de la Province ,
et par le Comte de S. Florentin , Sécretaire
d'Etat , et conduits par le Grand
Maître et par le Maître des Cérémonies.
Ils eurent le même jour audiance de la
Reine , de Monseigneur le Dauphin er
de Mesdames de France. La Députation
étoit composée pour le Clergé de l'Evêque
de Tréguier qui porta la parole , du
Sr Baillon Sénéchal de la Ville de Rennes
pour le Tiers - Etar et du Comte de
Coëtlogon , Syndic de la Province. Le
Député pour la Noblesse étoit le Marquis
de Lannion , Maréchal de Camp , qui ne
s'eft point trouvé à l'audiance de S. M.
parce qu'il est actuellement employê à
l'Armée d'Italie.
172 MERCURE DE FRANCE
Le Roy a accordé au Comte de Tous
louze , Amiral de France , la Survivance
de cette Charge pour le Duc de Penthiévre
son fils , qui prêta serment le 4. entre
les mains de S. M.
Le Marquis de Villars qui étoit parti
e Milan le 30. Décembre après midi,
arriva àVersailles le 4. de ce mois au soir,
et apporta au Roy la nouvelle de la prise
du Château de Milan .
Le 14 après midi , le Roy reçut par le
Marquis de Firmarcon que le Maréchal
de Villars a dépêché à S. M. la nouvelle
de la prise de Novarre et du Fort
d'Arrona.
La Duchesse d'Alincourt ayant demandé
à S. M. la permission de remettre sa
place de Dame du Palais de la Réine
le Roy a nommé pour la remplacer la
Duchesse de Bouflers.
François de Franquetot , Marquis de
Coigny , Chevalier des Ordres du Roy ,
Lieutenant General de ses Armées , servant
actuellement en son Armée d'Italie,
et Gouverneur de la Ville , Château et
Principauté de Sédan , a obtenu l'agrément
du Roy de se démettre de la Charge
JANVIER. 1734 175
ge
de Colonel Generai des Dragons , en
faveur de Jean Antoine-François de Franqu
tot , Comte de Coigry , son fils , né
le 27 Septembre 1702. Grand Bailli et
Gouverneur de la Ville et Château de
Caën Le Marquis de Coigny avoit été
pourvû de cette Charge de Colonel General
le 7 Décembre 1704 .
Le Régiment de Cavalerie vacant par
la mort du Marquis d'Urfé , a été donné
à François Bernardin du Chastelet, Marquis
d'Aubigny , Comte de Clémont ,
connu sous le nom de Marquis du Chastelet
, Brigadier des Armées du Roy , du
premier Février 1719 , et Gouverneur du
Château de Vincennes.
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Résumé : « Le premier Janvier les Princes et Princesses du Sang et les Seigneurs [...] »
Le 1er janvier, les membres de la cour ont félicité le roi et la reine pour la nouvelle année. Le roi, accompagné de plusieurs ducs et princes, a assisté à la grand-messe à la chapelle du château de Versailles, officiée par l'archevêque de Vienne. Le 2 janvier, le roi a de nouveau participé à la grand-messe, cette fois en mémoire des chevaliers et commandeurs de l'ordre décédés depuis le service solennel du 5 juin 1724. Le 3 janvier, la reine a communié et les députés des États de Bretagne ont été reçus en audience publique par le roi, le dauphin et les princesses de France. À cette occasion, le comte de Toulouse a été nommé amiral de France et son fils a prêté serment pour la survivance de cette charge. Le marquis de Villars a annoncé la prise du château de Milan. Le 14 janvier, le roi a appris la prise de Novarre et du fort d'Arrona. La duchesse d'Alincourt a été remplacée par la duchesse de Bouflers comme dame du palais de la reine. Le marquis de Coigny a obtenu l'approbation du roi pour transmettre la charge de colonel général des dragons à son fils. Enfin, le régiment de cavalerie vacant à la suite du décès du marquis d'Urfé a été attribué au marquis du Chastelet.
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92
p. 388-394
« Le premier de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle [...] »
Début :
Le premier de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle [...]
Mots clefs :
Roi, Reine, Château de Versailles, Officiers, Duc, Concert, Te Deum, Chanter, Messe, Cierge, Chasser, Château de Tortone, Château de Milan, Opéra, Motets
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le premier de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle [...] »
LE
E premier de ce mois ' , la Reine
entendit la Messe dans la Chapelle
du Château de Versailles , et S. M. y
comFEVRIER
1734. 389
communia
par les mains du Cardinal de
Fleury son Grand Aumonier.
Le même jour M. Gilbert , Recteur de
l'Université , accompagné des Doyens
des Facultez et des Promoteurs des Nations
, eut l'honneur , suivant l'ancien
usage , de présenter un Cierge au Roy ',
et un à la Reine .
Le même jour , le Pere Braban , Commandeur
du Couvent du Marais des
Religieux de la Mercy , accompagné de
trois Religieux de cette Maison eut
l'honneur de présenter un Cierge à la
Reine,pour satisfaire à une condition de
leur Etablissement fait à Paris en l'année
1615. par la Reine Marie de Medicis.
Le 2 Février >, Fête de la Purification
de la Ste Vierge , les Chevaliers , Commandeurs
, et Officiers de l'Ordre du
S. Esprit , s'étant assemblez dans le
Cabinet du Roy , S. M. se rendit à la
Chapelle,étant précédé du Duc d'Orleans
du Duc de Bourbon , du Prince de Conty ,,
du Duc du Maine , du Comte d'Eu , du
Comte de Toulouse , et des Chevaliers
Commandeurs et Officiers de l'Ordre..
Le Roy assista à la Bénédiction des
I Cier390
MERCURE DE FRANCE
Cierges , à la Procession et à la Grand'
Messe qui fut célébrée par l'Archevêque
de Vienne , Prélat Commandeur de
l'Ordre. Après la Messe , S. M. fut reconduite
à son Appartement avec les
cérémonies ordinaires. La Reine entendit
la même Messe dans sa Tribune.
L'après midy , L. M. entendirent le
Sermon du Pere Tainturier , de la Compagnie
de Jesus , et ensuite les Vêpres
qui furent chantées par la Musique.
›
Le 4 , le Roy partit du Château de
la Meute pour aller chasser à Ecoüen ,
Maison de M. le Duc qui s'y étoit rendu
le jour précédent pour y recevoir S. M.
Il y eut une batue considérable où l'on
prit toute sorte de Gibier ; le Roy dina
et soupa dans le Château avec quantité
de Seigneurs de sa Cour ; S. M. y dîna
encore le lendemain , et partit l'après midy
pour aller coucher au Château de
Versailles .
• Le II le Duc de la Tremoüille
Premier Gentilhomme
de la Chambre du
Roy , arriva de l'Armée d'Italie , et apporta
à S. M. la nouvelle de la Prise du
Château de Tortone,
HoFEVRIER
1734 391
Honoré Armand ' , Marquis de Villars ,
né le 4. Octobre 1702. Mestre de Camp
d'un Régiment de Cavalerie , et Gouverneur
de Provence , en survivance du
Maréchal Duc de Villars son Pere 2
été fait Brigadier des Armées du Roy.
C'est lui qui a apporté au Roy le 4.
Janvier dernier la nouvelle de la réduc
tion du Château de Milan.
>
Le 23 de ce mois ,l'ouverture solemnelle
de l'Assemblée generale du Clergé de
France se fit dans l'Eglise des GrandsAugustins,
par laMesse du S.Esprit, à laquelle
les Prélats et les autres Députez qui composent
l'Assemblée,communiérent ; l'Archevêque
de Paris y officia pontificalement
, et l'Evêque de Bazas y prêcha
avec beaucoup d'éloquence .
Le 2. Février , Fête de la Chandeleur , il
Yeut un Concert Spirituel au Château
des Thuilleries , M. Mouret y fit chanter le
Credidi propter ,, Motet de M. de la Lande , qui
fut suivi d'un autre de la composition de M. de
Monteclair, les Dlles Erremens et Petitpas chanterent
différents récits avec applaudissement, et
après plusieurs Concerto très - bien exécutez , le
Concert fut terminé par le Te Deum de M. de
la Lande.
Le 3
il y eut
un
Concert
à Versailles
. On
y
chanta
devant
la Reine
le
Prologue
, et le
pre-
I ij ,
392 MERCURE
DE FRANCE
·
mier Acte de l'Opéra d'Hipolite et Aricie , qui
fut continué le 8 et le to , dont l'exécution fut
très brillante. Les Dlles Pelissier et Petitpas
jouerent les principaux rolles , et le Sr Jeliot
chanta avec succès celui d'Hipolite ; la Dlle Rømeau
, épouse de l'Auteur de la Musique , doubla
le rolle d'Aricie ; la Reine loua beaucoup
sa voix et son gout pour le chant.
Le 13 la Cour étant à Marly , la Reine entendit
le Prologue et le premier Acte de l'Opéra
de Callirhoé , de la composition de M. Destouches,
Sur- Intendant de la Musique du Roy , qui
fut continué le 15 et le 17. La Dlle d'Aigremont
chanta le principal rolle d'une maniere
très touchante , et le Sr Chassé celui de Corésus
avec beaucoup de sentiment ; le St Jeliot rendit
le rolle d'Agenor avec tout le gout possible
; sa belle voix fait beaucoup de plaisir , de
même que les Choeurs et toutes les Simphonies.
Le 20 on chanta
l'Opéra
d'Issé
, du même
'Auteur
. Il fut continué
le 22 et le 27. La
Dlle
le Maure
fit le rolle
d'Issé
, et la Dile
Petitpas
celui
de Doris
. Les Srs Chassé
et Tribou
furent
très applaudis
dans
les rolles
d'Hylas
et de Philemon
, le reste
de l'Opéra
fut
zendu
avec
toute
la précision
et la vivacité
dont
il est susceptible
.
Nous avons appris un peu tard , par rapport
au Mercure de Janvier , qui étoit déja imprimé,
que le 1.0. du même mois le Te Deum en actions
de graces pour l'heureux succès des Armes dų
Roy , fut chanté solemnellement à Aix , dans
1'Eglise Métropolitaine S. Sauveur. Le Parlement
, la Cour des Comptes et des Aydes , les
Trésoriers
FEVRIER 1734. 393
Trésoriers de France , les Officiers de lá Sénechaussée
, et les Consuls et Officiers de Ville
assisterent à cette ceremonie. Après le Te Deum ,
les Consuls et leurs Officiers se rendirent à la
grande Place des Prescheurs , où ils allumerent
le Feu de joye qui y avoit été dressé .
M. le Bret , Premier Président du Parlement ,
Intendant et Commandant de la Province , donna
un magnifique soupé à la Compagnie respectable
, dont il est le digne Chef.
Le Dimanche suivant M. de la Vieuville , Brigadier
des Armées du Roy d'Espagne , Colonel
des Carabiniers , qui ont séjourné à Aix pendant
quelque temps , fit chanter par les Musiciens
qui marchent toujours à sa suite , un Te Deum
de la composition de M. l'Abbé Pellegrin , connu
par ses excellens Motets . On avoit choisi
cette Ceremonie l'Eglise des Dominicains , qui
est fort vaste. M. l'Archevêque y officia .
pour
M. le Bret , qui avoit été prié d'y assister , s'y
rendit , précedé de ses Gardes , accompagné des
Consuls et de toute la Noblesse ; toutes les Dames
y avoient été invitées , ainsi l'Assemblée
fut très -belle et très - nombreuse. Pendant le Te
Deum on fit une triple salve de Boëtes , et les Carabiniers
qui étoient en bataille sur la même
Place , firent trois décharges de Mousqueterie.
Après la Ceremonie les Dames se rendirent à
l'Hôtel de Ville où il y eut un Concert qui fut
très- bien executé par les mêmes Musiciens de
M. de la Vieuville . Au Concert succeda un fort
beau Soupé , et au Soupé le Bal , qui dura jusqu'au
jour. Toute cette Fête est dûë au même
M.de la Vieuville , dont on loue beaucoup la magnificence,
la politesse et le goût pour les Beaux-
Arts.Le même jour Mile Bret avoit donné à dîné
I iij -ma394
MERCURE DE
FRANCE
magnifiquement à tous les Officiers
Espagnols
qui se trouvoient dans cette Ville.
E premier de ce mois ' , la Reine
entendit la Messe dans la Chapelle
du Château de Versailles , et S. M. y
comFEVRIER
1734. 389
communia
par les mains du Cardinal de
Fleury son Grand Aumonier.
Le même jour M. Gilbert , Recteur de
l'Université , accompagné des Doyens
des Facultez et des Promoteurs des Nations
, eut l'honneur , suivant l'ancien
usage , de présenter un Cierge au Roy ',
et un à la Reine .
Le même jour , le Pere Braban , Commandeur
du Couvent du Marais des
Religieux de la Mercy , accompagné de
trois Religieux de cette Maison eut
l'honneur de présenter un Cierge à la
Reine,pour satisfaire à une condition de
leur Etablissement fait à Paris en l'année
1615. par la Reine Marie de Medicis.
Le 2 Février >, Fête de la Purification
de la Ste Vierge , les Chevaliers , Commandeurs
, et Officiers de l'Ordre du
S. Esprit , s'étant assemblez dans le
Cabinet du Roy , S. M. se rendit à la
Chapelle,étant précédé du Duc d'Orleans
du Duc de Bourbon , du Prince de Conty ,,
du Duc du Maine , du Comte d'Eu , du
Comte de Toulouse , et des Chevaliers
Commandeurs et Officiers de l'Ordre..
Le Roy assista à la Bénédiction des
I Cier390
MERCURE DE FRANCE
Cierges , à la Procession et à la Grand'
Messe qui fut célébrée par l'Archevêque
de Vienne , Prélat Commandeur de
l'Ordre. Après la Messe , S. M. fut reconduite
à son Appartement avec les
cérémonies ordinaires. La Reine entendit
la même Messe dans sa Tribune.
L'après midy , L. M. entendirent le
Sermon du Pere Tainturier , de la Compagnie
de Jesus , et ensuite les Vêpres
qui furent chantées par la Musique.
›
Le 4 , le Roy partit du Château de
la Meute pour aller chasser à Ecoüen ,
Maison de M. le Duc qui s'y étoit rendu
le jour précédent pour y recevoir S. M.
Il y eut une batue considérable où l'on
prit toute sorte de Gibier ; le Roy dina
et soupa dans le Château avec quantité
de Seigneurs de sa Cour ; S. M. y dîna
encore le lendemain , et partit l'après midy
pour aller coucher au Château de
Versailles .
• Le II le Duc de la Tremoüille
Premier Gentilhomme
de la Chambre du
Roy , arriva de l'Armée d'Italie , et apporta
à S. M. la nouvelle de la Prise du
Château de Tortone,
HoFEVRIER
1734 391
Honoré Armand ' , Marquis de Villars ,
né le 4. Octobre 1702. Mestre de Camp
d'un Régiment de Cavalerie , et Gouverneur
de Provence , en survivance du
Maréchal Duc de Villars son Pere 2
été fait Brigadier des Armées du Roy.
C'est lui qui a apporté au Roy le 4.
Janvier dernier la nouvelle de la réduc
tion du Château de Milan.
>
Le 23 de ce mois ,l'ouverture solemnelle
de l'Assemblée generale du Clergé de
France se fit dans l'Eglise des GrandsAugustins,
par laMesse du S.Esprit, à laquelle
les Prélats et les autres Députez qui composent
l'Assemblée,communiérent ; l'Archevêque
de Paris y officia pontificalement
, et l'Evêque de Bazas y prêcha
avec beaucoup d'éloquence .
Le 2. Février , Fête de la Chandeleur , il
Yeut un Concert Spirituel au Château
des Thuilleries , M. Mouret y fit chanter le
Credidi propter ,, Motet de M. de la Lande , qui
fut suivi d'un autre de la composition de M. de
Monteclair, les Dlles Erremens et Petitpas chanterent
différents récits avec applaudissement, et
après plusieurs Concerto très - bien exécutez , le
Concert fut terminé par le Te Deum de M. de
la Lande.
Le 3
il y eut
un
Concert
à Versailles
. On
y
chanta
devant
la Reine
le
Prologue
, et le
pre-
I ij ,
392 MERCURE
DE FRANCE
·
mier Acte de l'Opéra d'Hipolite et Aricie , qui
fut continué le 8 et le to , dont l'exécution fut
très brillante. Les Dlles Pelissier et Petitpas
jouerent les principaux rolles , et le Sr Jeliot
chanta avec succès celui d'Hipolite ; la Dlle Rømeau
, épouse de l'Auteur de la Musique , doubla
le rolle d'Aricie ; la Reine loua beaucoup
sa voix et son gout pour le chant.
Le 13 la Cour étant à Marly , la Reine entendit
le Prologue et le premier Acte de l'Opéra
de Callirhoé , de la composition de M. Destouches,
Sur- Intendant de la Musique du Roy , qui
fut continué le 15 et le 17. La Dlle d'Aigremont
chanta le principal rolle d'une maniere
très touchante , et le Sr Chassé celui de Corésus
avec beaucoup de sentiment ; le St Jeliot rendit
le rolle d'Agenor avec tout le gout possible
; sa belle voix fait beaucoup de plaisir , de
même que les Choeurs et toutes les Simphonies.
Le 20 on chanta
l'Opéra
d'Issé
, du même
'Auteur
. Il fut continué
le 22 et le 27. La
Dlle
le Maure
fit le rolle
d'Issé
, et la Dile
Petitpas
celui
de Doris
. Les Srs Chassé
et Tribou
furent
très applaudis
dans
les rolles
d'Hylas
et de Philemon
, le reste
de l'Opéra
fut
zendu
avec
toute
la précision
et la vivacité
dont
il est susceptible
.
Nous avons appris un peu tard , par rapport
au Mercure de Janvier , qui étoit déja imprimé,
que le 1.0. du même mois le Te Deum en actions
de graces pour l'heureux succès des Armes dų
Roy , fut chanté solemnellement à Aix , dans
1'Eglise Métropolitaine S. Sauveur. Le Parlement
, la Cour des Comptes et des Aydes , les
Trésoriers
FEVRIER 1734. 393
Trésoriers de France , les Officiers de lá Sénechaussée
, et les Consuls et Officiers de Ville
assisterent à cette ceremonie. Après le Te Deum ,
les Consuls et leurs Officiers se rendirent à la
grande Place des Prescheurs , où ils allumerent
le Feu de joye qui y avoit été dressé .
M. le Bret , Premier Président du Parlement ,
Intendant et Commandant de la Province , donna
un magnifique soupé à la Compagnie respectable
, dont il est le digne Chef.
Le Dimanche suivant M. de la Vieuville , Brigadier
des Armées du Roy d'Espagne , Colonel
des Carabiniers , qui ont séjourné à Aix pendant
quelque temps , fit chanter par les Musiciens
qui marchent toujours à sa suite , un Te Deum
de la composition de M. l'Abbé Pellegrin , connu
par ses excellens Motets . On avoit choisi
cette Ceremonie l'Eglise des Dominicains , qui
est fort vaste. M. l'Archevêque y officia .
pour
M. le Bret , qui avoit été prié d'y assister , s'y
rendit , précedé de ses Gardes , accompagné des
Consuls et de toute la Noblesse ; toutes les Dames
y avoient été invitées , ainsi l'Assemblée
fut très -belle et très - nombreuse. Pendant le Te
Deum on fit une triple salve de Boëtes , et les Carabiniers
qui étoient en bataille sur la même
Place , firent trois décharges de Mousqueterie.
Après la Ceremonie les Dames se rendirent à
l'Hôtel de Ville où il y eut un Concert qui fut
très- bien executé par les mêmes Musiciens de
M. de la Vieuville . Au Concert succeda un fort
beau Soupé , et au Soupé le Bal , qui dura jusqu'au
jour. Toute cette Fête est dûë au même
M.de la Vieuville , dont on loue beaucoup la magnificence,
la politesse et le goût pour les Beaux-
Arts.Le même jour Mile Bret avoit donné à dîné
I iij -ma394
MERCURE DE
FRANCE
magnifiquement à tous les Officiers
Espagnols
qui se trouvoient dans cette Ville.
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Résumé : « Le premier de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle [...] »
En février 1734, plusieurs événements significatifs se déroulèrent à la cour de France. Le 1er février, la Reine participa à la messe dans la Chapelle du Château de Versailles et communia. M. Gilbert, Recteur de l'Université, et le Père Braban, Commandeur du Couvent du Marais, offrirent des cierges au Roi et à la Reine. Le 2 février, à la fête de la Purification de la Sainte Vierge, les Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit se rassemblèrent pour la bénédiction des cierges, une procession et une grand-messe célébrée par l'Archevêque de Vienne. Le Roi et la Reine furent reconduits à leurs appartements avec les cérémonies ordinaires. Le 4 février, le Roi partit chasser à Écouen, où il fut accueilli par le Duc. Le 11 février, le Duc de la Trémoille arriva de l'armée d'Italie et annonça la prise du Château de Tortone. Le 23 février, l'Assemblée générale du Clergé de France s'ouvrit solennellement à l'Église des Grands-Augustins, avec une messe du Saint-Esprit et un sermon de l'Évêque de Bazas. Des concerts spirituels furent organisés le 2 février aux Tuileries et le 3 février à Versailles, avec des motets et des opéras interprétés par des musiciens renommés. La Reine assista à des représentations d'opéras tels que 'Hippolyte et Aricie', 'Callirhoé' et 'Issé' au Château de Versailles et à Marly. Le 10 janvier, un Te Deum fut chanté à Aix pour célébrer les succès des armes du Roi, suivi de feux de joie et de réceptions. Le même jour, M. de la Vieuville organisa un Te Deum et un concert à Aix, avec un souper et un bal.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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93
p. 512-524
Artaxare, Tragédie, [titre d'après la table]
Début :
On vient d'imprimer une Tragédie, intitulée ARTAXARE. L'Auteur nous apprend [...]
Mots clefs :
Pharnabaze, Sapor, Roi, Arsace, Artaxare, Fils, Aspasie, Père, Mort, Tragédie, Mère, Prince, Amour, Fille, Conspiration , Reine, Sauver, Conjuration
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texteReconnaissance textuelle : Artaxare, Tragédie, [titre d'après la table]
On vient d'imprimer une Tragédie , intitulée
ARTAXARE. L'Auteur nous apprend
dans un Avertissement que cette
Piéce fut representée pour la premiere
fois , le 3 Mai , de l'année 1718 , qu'elle
fut interrompue , lorsqu'on commençoit
à la gouter, par la maladie du sieur Ponteuil;
que le succès qu'elle promettoit ,
enMAR
S. 1734. 513
engagea les Comédiens François à le prier
de ne la point faire imprimer , attendu
qu'ils vouloient la reprendre l'hyver d'après
; mais que
la mort du même Acteur
en avoit fait remettre la reprise à un autre
temps . Il ajoute qu'on en auroit renvoyé
l'impression plus loin , si des raisons
tres interessantes ne l'eussent déterminé
à l'exposer aux yeux du Public, telle
qu'on l'avoit vue dans sa naissance.
La lecture de cette Tragédie ,à ce qu'on
prétend , fait voir quelles sont les rai
sons que l'Auteur n'explique pas ; la ressemblance
qui se trouve entre le cinquiéme
Acte d'Adelaïde , et celui d'Artaxare
, a , dit- on , frappé tout le monde ;
on n'accuse pas l'Auteur d'Adelaïde d'avoir
imité un dénouement qui a produit
un si grand interêt dans les Représentations
de l'une et de l'autre Tragédie ; le
hazard forme des combinaisons plus
frappantes ; mais comme la malignité de
la censure pourroit faire pancher du côté
le plus défavorable , l'Auteur d'Artaxare
a cru qu'il ne pouvoit mieux se justifier
de tout soupçon , qu'en faisant voir que
sa Tragédie existoit seize ans avant celle
d'Adelaïde . Voici un Extrait de ce Poë-.-
me.
Artaxare ayant déthrôné le dernier des
Ev Arsa
514 MERCURE DE FRANCE
#
Arsacides , réunit les - Parthes et les Persans
sous le même Empire ; Vardanes ,
l'aîné de ses Fils , ayant conspiré contre
lui , il lui fit donner la mort , et fit emprisonner
Arsinoé sa femme et mere de
ce Prince rebelle. Sapor , son second Fils,
craignant que sa Mere n'éprouvât le sort
de son aîné , la tira de sa prison et la mit
en lieu de sureté près d'Ecatompile, en attendant
qu'il pût la faire transporter en
Armenie. C'est icy que l'action théatrale
commence.
Sapor s'applaudit dans le premier Acte
d'avoir sauvé sa mere ; Arsace , le dernier
des Arsacides , lui dit qu'il n'a rien fait
s'il n'acheve pas ; que sa mere peut être
découverte , étant si près d'Ecatompile ;
il l'enhardit à monter au Thrône ; Sapor
frémit à cette proposition ; Arsace ne
pouvant le surmonter par l'ambition , le
tente du côté de l'amour , en lui appre
nant qu'Artaxare lui demande Arpasie
sa fille , pour Pharnabaze son favori ;
Sapor s'irrite, mais il n'ose aller plus loin
et quitte Arsace de peur de succomber
& c.
Arsace fait entendre à Arbate , son con
fident , qu'il a formé une conspiration
sous le nom de Sapor , mais à l'insçu de
ce Prince , trop fidelle à son Pere ; il
prend
MARS 1.734.
SIS
prend le parti d'offrir le Thrône à Phar
nabaze , afin qu'il y place sa fille.
Pharnabaze , déja instruit de la conspiration
, sans en connoître l'Auteur , est
surpris de trouver Arsace si agité ; Arsace
lui apprend que sa fille n'est pas insensible
à son amour, et qu'il ne lui manque
qu'une Couronne pour la résoudre
à lui donner la main ; il n'en dit que
trop pour faire entendre à Pharnabaze
qu'il est le chef de la conspiration ; sa fidelité
pour son Roy l'emporte sur son
amour pour sa Maîtresse Il s'exprime
ainsi .
Si d'un juste courroux , je suivois le transport ,
Je ne vous répondrois qu'en vous donnant la
mort ;
Mais je respecte en vous le Pere d'Aspasie, &c . ,
Il lui apprend encore qu'Artane , l'un
des conjurez , est prêt de découvrir le
complot au Roy , et qu'il va le présenter
lui- même à Artaxare .
Aspasie paroît; Arsace lui dit que Pharnabaze
va le perdre , malgré tout l'amour
qu'il a pour elle. Aspasie n'oublie rien
pour fléchir Pharnabaze en faveur de son
Pere ; Pharnabaze lui promet d'obtenir
la grace d'Arsace , et lui fait entendre
qu'il sera le plus heureux des Mortels, s'il
E vj peut
116 MERCURE DE FRANCE
peut par là mériter le prix dont son Pere
vient de le flatter.
Aspasie réfléchit tristement sur les dernieres
paroles de Pharnabaze , et finit ce
premier Acte , par ces quatre Vers :
Quel parti prendre, hélas ! quand tout me désespere
!
Quoiqu'il puisse arriver , Grands Dieux, sauvez
mon Pere ;
Au plus affreux trépas dûssay- je recourir ;
Qu'il vive seulement , et je sçaurai mourir.
Artaxare commence le second Acte
avec Pharnabaze ; le Roy n'est encore in
formé que de la fuite de la Reine ; il ordonne
à Pharnabaze de courir après elle ;
ce Ministre fidelle s'en excuse sur le peril
qui menace les jours du Roy , péril qui
exige sa présence ; il apprend à Artaxare,
qu'on conspire contre lui , et le prie de
faire grace au chef de la coujuration ; le
Roy soupçonne d'abord son Fils , mais
Pharnabaze l'ayant rassuré de ce côté-là
obtient la grace d'Arsace avant qu'il le
lui nomme ; il ordonne qu'on fasse entrer
Artane. Celui - ci se jette aux pieds du
Roy , et se justifie de la conjuration , en
lui disant qu'il n'y est entré que pour la
réveler ; il nomme Sapor pour Chef. Artaxare
frémit de colere au nom de son
Fils ; il congédie Artane.
MARS. 1734 317
Le Roy se plaint à Pharnabaze de lui
avoir caché le veritable Chef. Pharnabaze
lui répond qu'il a été trompé tout le premier
; après une conversation , où la vertu
de Pharnabaze se déploye tout entiere.
Le Roy lui ordonne d'interroger Sapor,
et de le faire arrêter , s'il est criminel.
La Scene entre Sapor et Phirnabaze est
une des plus belles de la Piéce. Pharnabaze
croyant que Sapor n'est que trop convaincu
par son propre aveu , dont les termes
ambigus lui font prendre le change ,
ordonne qu'on l'arrête. Cela est exécuté.
Pharnabaze craignant pour sa glaire ,
s'exprime ainsi dans un Monologue.
Où vas- tu , Pharnabaze ? fremis.
Cruel ! tu vas armer un Pere contre un Fils?
Barbare ! quelle rage auprès de lui te guide
Tu Pas fait Roy ; tu vas en faire un parricide
!
Dans la mort de son Fils , prends - tu quelque
intérêt ?
Lâche l'Amour jaloux va
l'Arrêt ?
- · il dicter
Ah ! plutôt , s'il se peut , cours obtenir sa
grace ;
Non , Sapor ne doit pas t'être moins cher
qu'Arsace.
Arsace vient Pharnabaze lui dit d'aller
rea18
MERCURE DE FRANCE
rendre graces au Roy du pardon qu'il
vient d'obtenir pour lui , quoiqu'il soit
plus coupable que Sapor , pour qui il va
implorer la clémence du Roy.
Arsace , irrité des reproches de Pharnabaze
, renonce au dessein qu'il avoit
formé de lui donner sa fille ; il tourne
toutes ses vûës du côté de Sapor ; il se
flatte que ce Prince indigné de son emprisonnement
l'avouera de tout , et se
déclarera chef d'une entreprise qui doit
le venger. Il ordonne à Arbate d'aller
faire venir la Reine , de lui apprendre le
péril qui menace son fils , afin qu'il renonce
à une soumission qui lui couteroit
le Trône et la vie.
Au troisiéme Acte , Aspasie allarmée
de l'emprisonnement de Sapor , demande
à Cleone des nouvelles de ce qui se
passe à la Cour ; Cleone lui en fait une
image qui redouble son effroi . Arsace
vient dire à sa fille ce qui s'est passé entre
le Roy et lui ; voici ce que le Roy
lui a dit .
Par vos soumissions méritez vôtre grace ;
J'ai tout à redouter d'un sujet tel qu'Arsace
Pharnabaze peut seul me répondre de vous
Je veux que d'Aspasie il devienne l'Epoux .
Aspasie est mortellement affligée de
cet
MARS . 1734
519
cet ordre du Roy ; Arsace lui répond
qu'il faut tout promettre , pour ne rien.
tenir ; Arpasie lui dit qu'elle ne veut
point tromper un homme tel que Pharnabase
, et que si elle doit résoudre Sapor
à la céder à un autre , ce ne sera pas
pour lui manquer de foy & c. -
Aspasie annonce à Sapor qu'elle ne
peut le sauver qu'en épousant son Rival;
Sapor l'accuse d'infidelité , elle lui reproche
tendrement son injustice , et lui fait
entendre qu'après l'avoir sauvé par un
Hymen si affreux pour elle , elle sçaura
bien s'affranchir, en se donnant la mort,
d'un malheur qui dureroit autant que sa
vie. &c. Pharnabaze vient , Sapor lui
parle ainsi :
Prens garde à la Princesse ,
Pharnabaze ; entraîné par l'ardeur qui te presse,
Tn la suis à l'Autel , tremble , apprend son dessein
Elle y va se plonger un poignard dans le sein..
Pharnabaze étant surpris d'un tel pro
jet , Sapor poursuit.
C'est à toi de m'en croire
On n'en impose point , quand on aime la gloire,
Adieu , si sur ton coeur la vertu regne encor
Songe à justifier l'estime de Sapor.
2
Cette
20 MERCURE DE FRANCE
Cette estime réciproque entre deux
Rivaux interesse également pour l'un
et pour l'autre. Pharnabaze se plaint à
Aspasie de ce qu'elle préfere la mort à
son Hymen ; Aspasie lui avoüc tout & c.
Voici comme elle lui parle ;
J'allois sur les Autels vous tenir ma promesse;
Mais , trompant un Epoux digne de ma tendresse
,
Ma main contre mes jours n'étoit prête à s'armer,
Que pour punir mon coeur de ne pouvoir l'aimer.
Pharnabaze ne voulant point lui céder
en genérosité , lui promet de ne rien
oublier pour sauver Sapor , et de ne lui
faire aucune violence sur l'Hymen que le
Roy exige d'elle ; cependant pour la sureté
de son Maître , il ordonne qu'on arrête
Arsace dont il promet aussi de prendre
la deffense. & c.
Pharnabase instruit que Sapor n'a point
de part à la conjuration , obtient du Roy
qu'il ne sera point condamné , qu'il ne
soit convaincu & c.
,
La fierté de la Reine s'irrite par la
présence de Pharnabaze qu'elle haït et
qu'elle croit aspirer à la Couronne ; les
menaces qu'elle fait à ce favori en le
quicMARS.
17340 - 521
quittant , augmentent les soupçons du
Roy ; mais Pharnabaze appaise son couroux
, et lui fait promettre d'écouter la
Reine , que la présence d'un Ministre
trop aimé de son Roy , a fait parler avec
trop d'aigreur.
,
,
Artaxare parlant à Arsinoë accuse Sapor
dans le quatrième Acte d'avoir
conspiré contre ses jours ; Arsinoë frémit
d'une imposture si affreuse ; elle convient
que Vardanes son premier fils s'étoit révolté
contre lui , mais que ce n'étoit que
pour perdre Pharnabaze ; ce dernier arrive
Arsinoe s'emporte contre lui ;
Artaxare lui dit que ce fidele Ministre
vient par son ordre exprès et va lui dicter
ses souveraines loix.
Arsinoe lui parle avec hauteur ; Pharnabaze
lui dit qu'il veut sauver Sapor ;
mais qu'il ne le peut tant que le Roy le
croira coupable ; il la prie de le porter
à faire éclater son innocence et sur
›
›
tout à désavoüer Arsace qui le fait
chef de la conspiration . Arsinoë se rend
enfin au conseil de Pharnabaze : elle le
prie de faire venir son fils ; Pharnabaze
y court , et ordonne aux Gardes &c.
Arbate profite de ce moment
Reine n'est point observée
rendre ce billet d'Arsace :
›
, où la
pour lui
Vo522
MERCURE DE FRANCE
Votre fils touche au rang suprême ;
C'est à son insçu qu'on le sert ;
S'il nous désavoüe , il nous perd :
Ou plutôt il se perd lui-même .
Ses nouveaux suje¹s périront
Plutôt que de souffrir
que son sang se répande
;
Mais s'il les abandonne
, ils l'abandonneront
;
Et c'est , pour l'immoler , ce que le Roy de
mande.
A la lecture de ce fatal billet, Arsinoë
ne doute point que Pharnabaze ne lui
ait tendu un piége , pour ôter à son fils
le fruit d'une conjuration qui n'a d'autre
objet que de le sauver. Sapor vient,
elle lui donne le billet ; mais à peine ce
Prince a-t- il lû le premier vers , qui lui
annonce qu'il touche au rang sa priere ,
qu'il n'en veut pas lire davantage ; les
prieres et les larmes d'une Mere éperduë,
ne peuvent ébranler sa vertu ; Arsinoë
se retire , voyant approcher le Roy ,
Sapor se contente de dire à son Pere
qu'il n'a point trempé dans la conspiration
; mais Artaxare exigeant de lui ,
qu'il désavole Arsace , il ne veut pas
consentir à cette confrontation , qui le
rendroit coupable de la mort du pere
d'Arsinoë.
Pharnabaze vient annoncer au Roy
que ..
MARS 1734- 523
que les mutins ont brisé les fers d'Arsace
, qu'ils viennent de le proclamer , et
que la Flotte des Armeniens approche ?
Artaxate accable Sapor de reproches et
de noms si injurieux qu'il ne peut plus
les soutenir et se retire. Artaxare est prêt
à prononcer l'Arrêt de sa mort ; Pharnabaze
en frémit , il feint cependant d'y
consentir , et se charge de l'exécution
pendant la nuit pour la rendre plus
sûre.
•
On abrege ce qui reste à dire du dernier
Acte , il a paru si interressant par
la seule action , qu'il n'a pas besoin des
ornemens du détail pour faire juger du
succès qu'il a eu aux Représentations.
Aspasie sort de son Appartement toute
éperdue d'un songe qu'elle a fait . Arbase
vient lui annoncer la mort de Sapor
par un récit des plus effrayans ,
l'Auteur a si bien menagé les termes
équivoques pour inspirer la terreur
qu'on ne peut prévoir que Sapor a été
sauvé , que parce qu'on le souhaite. Artaxate
vient ; Aspasie le charge de reproches
, qui ne sont interrompus que par
l'arrivée de son Pere expirant . Arsace
apprend au Roy que son fils est mort
innocent. Artaxare croit qu'il ne justifie
Sapor , que pour lui laisser un plus
grand
524 MERCURE DE FRANCE
grand regret ; Arsinoë ignorant le sört
de son fils , vient le justifier par la lettre
qu'Arsace lui a écrite dans l'Acte précédent,
Ce malheureux pere lui apprend
en gémissant qu'il n'est plus tems de sauver
la vie à son fils ; Pharnabaze arrive.
Artaxare lui demande un coup mortel
comme une grace ; Pharnabaze voyant
que Sapor est pleinement justifié , lui dit
qu'il l'a sauvé. On fait venir ce Prince ;
Pharnabaze , ne se contentant pas d'avoir
conservé ses jours , lui céde si chere Aspasie.
Cette Tragédie se vend chez la veuve
Pissot Quay de Conty.
ARTAXARE. L'Auteur nous apprend
dans un Avertissement que cette
Piéce fut representée pour la premiere
fois , le 3 Mai , de l'année 1718 , qu'elle
fut interrompue , lorsqu'on commençoit
à la gouter, par la maladie du sieur Ponteuil;
que le succès qu'elle promettoit ,
enMAR
S. 1734. 513
engagea les Comédiens François à le prier
de ne la point faire imprimer , attendu
qu'ils vouloient la reprendre l'hyver d'après
; mais que
la mort du même Acteur
en avoit fait remettre la reprise à un autre
temps . Il ajoute qu'on en auroit renvoyé
l'impression plus loin , si des raisons
tres interessantes ne l'eussent déterminé
à l'exposer aux yeux du Public, telle
qu'on l'avoit vue dans sa naissance.
La lecture de cette Tragédie ,à ce qu'on
prétend , fait voir quelles sont les rai
sons que l'Auteur n'explique pas ; la ressemblance
qui se trouve entre le cinquiéme
Acte d'Adelaïde , et celui d'Artaxare
, a , dit- on , frappé tout le monde ;
on n'accuse pas l'Auteur d'Adelaïde d'avoir
imité un dénouement qui a produit
un si grand interêt dans les Représentations
de l'une et de l'autre Tragédie ; le
hazard forme des combinaisons plus
frappantes ; mais comme la malignité de
la censure pourroit faire pancher du côté
le plus défavorable , l'Auteur d'Artaxare
a cru qu'il ne pouvoit mieux se justifier
de tout soupçon , qu'en faisant voir que
sa Tragédie existoit seize ans avant celle
d'Adelaïde . Voici un Extrait de ce Poë-.-
me.
Artaxare ayant déthrôné le dernier des
Ev Arsa
514 MERCURE DE FRANCE
#
Arsacides , réunit les - Parthes et les Persans
sous le même Empire ; Vardanes ,
l'aîné de ses Fils , ayant conspiré contre
lui , il lui fit donner la mort , et fit emprisonner
Arsinoé sa femme et mere de
ce Prince rebelle. Sapor , son second Fils,
craignant que sa Mere n'éprouvât le sort
de son aîné , la tira de sa prison et la mit
en lieu de sureté près d'Ecatompile, en attendant
qu'il pût la faire transporter en
Armenie. C'est icy que l'action théatrale
commence.
Sapor s'applaudit dans le premier Acte
d'avoir sauvé sa mere ; Arsace , le dernier
des Arsacides , lui dit qu'il n'a rien fait
s'il n'acheve pas ; que sa mere peut être
découverte , étant si près d'Ecatompile ;
il l'enhardit à monter au Thrône ; Sapor
frémit à cette proposition ; Arsace ne
pouvant le surmonter par l'ambition , le
tente du côté de l'amour , en lui appre
nant qu'Artaxare lui demande Arpasie
sa fille , pour Pharnabaze son favori ;
Sapor s'irrite, mais il n'ose aller plus loin
et quitte Arsace de peur de succomber
& c.
Arsace fait entendre à Arbate , son con
fident , qu'il a formé une conspiration
sous le nom de Sapor , mais à l'insçu de
ce Prince , trop fidelle à son Pere ; il
prend
MARS 1.734.
SIS
prend le parti d'offrir le Thrône à Phar
nabaze , afin qu'il y place sa fille.
Pharnabaze , déja instruit de la conspiration
, sans en connoître l'Auteur , est
surpris de trouver Arsace si agité ; Arsace
lui apprend que sa fille n'est pas insensible
à son amour, et qu'il ne lui manque
qu'une Couronne pour la résoudre
à lui donner la main ; il n'en dit que
trop pour faire entendre à Pharnabaze
qu'il est le chef de la conspiration ; sa fidelité
pour son Roy l'emporte sur son
amour pour sa Maîtresse Il s'exprime
ainsi .
Si d'un juste courroux , je suivois le transport ,
Je ne vous répondrois qu'en vous donnant la
mort ;
Mais je respecte en vous le Pere d'Aspasie, &c . ,
Il lui apprend encore qu'Artane , l'un
des conjurez , est prêt de découvrir le
complot au Roy , et qu'il va le présenter
lui- même à Artaxare .
Aspasie paroît; Arsace lui dit que Pharnabaze
va le perdre , malgré tout l'amour
qu'il a pour elle. Aspasie n'oublie rien
pour fléchir Pharnabaze en faveur de son
Pere ; Pharnabaze lui promet d'obtenir
la grace d'Arsace , et lui fait entendre
qu'il sera le plus heureux des Mortels, s'il
E vj peut
116 MERCURE DE FRANCE
peut par là mériter le prix dont son Pere
vient de le flatter.
Aspasie réfléchit tristement sur les dernieres
paroles de Pharnabaze , et finit ce
premier Acte , par ces quatre Vers :
Quel parti prendre, hélas ! quand tout me désespere
!
Quoiqu'il puisse arriver , Grands Dieux, sauvez
mon Pere ;
Au plus affreux trépas dûssay- je recourir ;
Qu'il vive seulement , et je sçaurai mourir.
Artaxare commence le second Acte
avec Pharnabaze ; le Roy n'est encore in
formé que de la fuite de la Reine ; il ordonne
à Pharnabaze de courir après elle ;
ce Ministre fidelle s'en excuse sur le peril
qui menace les jours du Roy , péril qui
exige sa présence ; il apprend à Artaxare,
qu'on conspire contre lui , et le prie de
faire grace au chef de la coujuration ; le
Roy soupçonne d'abord son Fils , mais
Pharnabaze l'ayant rassuré de ce côté-là
obtient la grace d'Arsace avant qu'il le
lui nomme ; il ordonne qu'on fasse entrer
Artane. Celui - ci se jette aux pieds du
Roy , et se justifie de la conjuration , en
lui disant qu'il n'y est entré que pour la
réveler ; il nomme Sapor pour Chef. Artaxare
frémit de colere au nom de son
Fils ; il congédie Artane.
MARS. 1734 317
Le Roy se plaint à Pharnabaze de lui
avoir caché le veritable Chef. Pharnabaze
lui répond qu'il a été trompé tout le premier
; après une conversation , où la vertu
de Pharnabaze se déploye tout entiere.
Le Roy lui ordonne d'interroger Sapor,
et de le faire arrêter , s'il est criminel.
La Scene entre Sapor et Phirnabaze est
une des plus belles de la Piéce. Pharnabaze
croyant que Sapor n'est que trop convaincu
par son propre aveu , dont les termes
ambigus lui font prendre le change ,
ordonne qu'on l'arrête. Cela est exécuté.
Pharnabaze craignant pour sa glaire ,
s'exprime ainsi dans un Monologue.
Où vas- tu , Pharnabaze ? fremis.
Cruel ! tu vas armer un Pere contre un Fils?
Barbare ! quelle rage auprès de lui te guide
Tu Pas fait Roy ; tu vas en faire un parricide
!
Dans la mort de son Fils , prends - tu quelque
intérêt ?
Lâche l'Amour jaloux va
l'Arrêt ?
- · il dicter
Ah ! plutôt , s'il se peut , cours obtenir sa
grace ;
Non , Sapor ne doit pas t'être moins cher
qu'Arsace.
Arsace vient Pharnabaze lui dit d'aller
rea18
MERCURE DE FRANCE
rendre graces au Roy du pardon qu'il
vient d'obtenir pour lui , quoiqu'il soit
plus coupable que Sapor , pour qui il va
implorer la clémence du Roy.
Arsace , irrité des reproches de Pharnabaze
, renonce au dessein qu'il avoit
formé de lui donner sa fille ; il tourne
toutes ses vûës du côté de Sapor ; il se
flatte que ce Prince indigné de son emprisonnement
l'avouera de tout , et se
déclarera chef d'une entreprise qui doit
le venger. Il ordonne à Arbate d'aller
faire venir la Reine , de lui apprendre le
péril qui menace son fils , afin qu'il renonce
à une soumission qui lui couteroit
le Trône et la vie.
Au troisiéme Acte , Aspasie allarmée
de l'emprisonnement de Sapor , demande
à Cleone des nouvelles de ce qui se
passe à la Cour ; Cleone lui en fait une
image qui redouble son effroi . Arsace
vient dire à sa fille ce qui s'est passé entre
le Roy et lui ; voici ce que le Roy
lui a dit .
Par vos soumissions méritez vôtre grace ;
J'ai tout à redouter d'un sujet tel qu'Arsace
Pharnabaze peut seul me répondre de vous
Je veux que d'Aspasie il devienne l'Epoux .
Aspasie est mortellement affligée de
cet
MARS . 1734
519
cet ordre du Roy ; Arsace lui répond
qu'il faut tout promettre , pour ne rien.
tenir ; Arpasie lui dit qu'elle ne veut
point tromper un homme tel que Pharnabase
, et que si elle doit résoudre Sapor
à la céder à un autre , ce ne sera pas
pour lui manquer de foy & c. -
Aspasie annonce à Sapor qu'elle ne
peut le sauver qu'en épousant son Rival;
Sapor l'accuse d'infidelité , elle lui reproche
tendrement son injustice , et lui fait
entendre qu'après l'avoir sauvé par un
Hymen si affreux pour elle , elle sçaura
bien s'affranchir, en se donnant la mort,
d'un malheur qui dureroit autant que sa
vie. &c. Pharnabaze vient , Sapor lui
parle ainsi :
Prens garde à la Princesse ,
Pharnabaze ; entraîné par l'ardeur qui te presse,
Tn la suis à l'Autel , tremble , apprend son dessein
Elle y va se plonger un poignard dans le sein..
Pharnabaze étant surpris d'un tel pro
jet , Sapor poursuit.
C'est à toi de m'en croire
On n'en impose point , quand on aime la gloire,
Adieu , si sur ton coeur la vertu regne encor
Songe à justifier l'estime de Sapor.
2
Cette
20 MERCURE DE FRANCE
Cette estime réciproque entre deux
Rivaux interesse également pour l'un
et pour l'autre. Pharnabaze se plaint à
Aspasie de ce qu'elle préfere la mort à
son Hymen ; Aspasie lui avoüc tout & c.
Voici comme elle lui parle ;
J'allois sur les Autels vous tenir ma promesse;
Mais , trompant un Epoux digne de ma tendresse
,
Ma main contre mes jours n'étoit prête à s'armer,
Que pour punir mon coeur de ne pouvoir l'aimer.
Pharnabaze ne voulant point lui céder
en genérosité , lui promet de ne rien
oublier pour sauver Sapor , et de ne lui
faire aucune violence sur l'Hymen que le
Roy exige d'elle ; cependant pour la sureté
de son Maître , il ordonne qu'on arrête
Arsace dont il promet aussi de prendre
la deffense. & c.
Pharnabase instruit que Sapor n'a point
de part à la conjuration , obtient du Roy
qu'il ne sera point condamné , qu'il ne
soit convaincu & c.
,
La fierté de la Reine s'irrite par la
présence de Pharnabaze qu'elle haït et
qu'elle croit aspirer à la Couronne ; les
menaces qu'elle fait à ce favori en le
quicMARS.
17340 - 521
quittant , augmentent les soupçons du
Roy ; mais Pharnabaze appaise son couroux
, et lui fait promettre d'écouter la
Reine , que la présence d'un Ministre
trop aimé de son Roy , a fait parler avec
trop d'aigreur.
,
,
Artaxare parlant à Arsinoë accuse Sapor
dans le quatrième Acte d'avoir
conspiré contre ses jours ; Arsinoë frémit
d'une imposture si affreuse ; elle convient
que Vardanes son premier fils s'étoit révolté
contre lui , mais que ce n'étoit que
pour perdre Pharnabaze ; ce dernier arrive
Arsinoe s'emporte contre lui ;
Artaxare lui dit que ce fidele Ministre
vient par son ordre exprès et va lui dicter
ses souveraines loix.
Arsinoe lui parle avec hauteur ; Pharnabaze
lui dit qu'il veut sauver Sapor ;
mais qu'il ne le peut tant que le Roy le
croira coupable ; il la prie de le porter
à faire éclater son innocence et sur
›
›
tout à désavoüer Arsace qui le fait
chef de la conspiration . Arsinoë se rend
enfin au conseil de Pharnabaze : elle le
prie de faire venir son fils ; Pharnabaze
y court , et ordonne aux Gardes &c.
Arbate profite de ce moment
Reine n'est point observée
rendre ce billet d'Arsace :
›
, où la
pour lui
Vo522
MERCURE DE FRANCE
Votre fils touche au rang suprême ;
C'est à son insçu qu'on le sert ;
S'il nous désavoüe , il nous perd :
Ou plutôt il se perd lui-même .
Ses nouveaux suje¹s périront
Plutôt que de souffrir
que son sang se répande
;
Mais s'il les abandonne
, ils l'abandonneront
;
Et c'est , pour l'immoler , ce que le Roy de
mande.
A la lecture de ce fatal billet, Arsinoë
ne doute point que Pharnabaze ne lui
ait tendu un piége , pour ôter à son fils
le fruit d'une conjuration qui n'a d'autre
objet que de le sauver. Sapor vient,
elle lui donne le billet ; mais à peine ce
Prince a-t- il lû le premier vers , qui lui
annonce qu'il touche au rang sa priere ,
qu'il n'en veut pas lire davantage ; les
prieres et les larmes d'une Mere éperduë,
ne peuvent ébranler sa vertu ; Arsinoë
se retire , voyant approcher le Roy ,
Sapor se contente de dire à son Pere
qu'il n'a point trempé dans la conspiration
; mais Artaxare exigeant de lui ,
qu'il désavole Arsace , il ne veut pas
consentir à cette confrontation , qui le
rendroit coupable de la mort du pere
d'Arsinoë.
Pharnabaze vient annoncer au Roy
que ..
MARS 1734- 523
que les mutins ont brisé les fers d'Arsace
, qu'ils viennent de le proclamer , et
que la Flotte des Armeniens approche ?
Artaxate accable Sapor de reproches et
de noms si injurieux qu'il ne peut plus
les soutenir et se retire. Artaxare est prêt
à prononcer l'Arrêt de sa mort ; Pharnabaze
en frémit , il feint cependant d'y
consentir , et se charge de l'exécution
pendant la nuit pour la rendre plus
sûre.
•
On abrege ce qui reste à dire du dernier
Acte , il a paru si interressant par
la seule action , qu'il n'a pas besoin des
ornemens du détail pour faire juger du
succès qu'il a eu aux Représentations.
Aspasie sort de son Appartement toute
éperdue d'un songe qu'elle a fait . Arbase
vient lui annoncer la mort de Sapor
par un récit des plus effrayans ,
l'Auteur a si bien menagé les termes
équivoques pour inspirer la terreur
qu'on ne peut prévoir que Sapor a été
sauvé , que parce qu'on le souhaite. Artaxate
vient ; Aspasie le charge de reproches
, qui ne sont interrompus que par
l'arrivée de son Pere expirant . Arsace
apprend au Roy que son fils est mort
innocent. Artaxare croit qu'il ne justifie
Sapor , que pour lui laisser un plus
grand
524 MERCURE DE FRANCE
grand regret ; Arsinoë ignorant le sört
de son fils , vient le justifier par la lettre
qu'Arsace lui a écrite dans l'Acte précédent,
Ce malheureux pere lui apprend
en gémissant qu'il n'est plus tems de sauver
la vie à son fils ; Pharnabaze arrive.
Artaxare lui demande un coup mortel
comme une grace ; Pharnabaze voyant
que Sapor est pleinement justifié , lui dit
qu'il l'a sauvé. On fait venir ce Prince ;
Pharnabaze , ne se contentant pas d'avoir
conservé ses jours , lui céde si chere Aspasie.
Cette Tragédie se vend chez la veuve
Pissot Quay de Conty.
Fermer
Résumé : Artaxare, Tragédie, [titre d'après la table]
La tragédie 'Artaxare' a été récemment imprimée. La pièce a été représentée pour la première fois le 3 mai 1718, mais la représentation a été interrompue en raison de la maladie de l'acteur Ponteuil. Les Comédiens Français ont demandé à l'auteur de ne pas faire imprimer la pièce, souhaitant la reprendre l'hiver suivant. Cependant, la mort de Ponteuil a retardé cette reprise, et l'auteur a finalement décidé de publier la pièce telle qu'elle a été présentée initialement. La lecture de 'Artaxare' révèle une ressemblance notable entre le cinquième acte de cette tragédie et celui d'une autre pièce, 'Adelaïde'. Pour éviter toute accusation de plagiat, l'auteur d''Artaxare' souligne que sa pièce existe depuis seize ans avant celle d''Adelaïde'. L'intrigue d''Artaxare' commence après qu'Artaxare a détrôné le dernier des Arsacides et uni les Parthes et les Persans sous son empire. Vardanes, son fils aîné, a conspiré contre lui et a été exécuté. Arsinoé, la mère de Vardanes, a été emprisonnée. Sapor, le second fils d'Artaxare, craint pour la vie de sa mère et la sauve en la plaçant en sécurité près d'Ecatompile. Arsace, le dernier des Arsacides, encourage Sapor à monter sur le trône. La pièce explore les conspirations et les intrigues au sein de la cour, impliquant notamment Pharnabaze, un favori d'Artaxare, et Aspasie, la fille de Pharnabaze. Les principaux personnages incluent Artaxare, Sapor, Arsace, Arsinoé, Pharnabaze, et Aspasie. Les conflits et les alliances entre ces personnages sont au cœur de l'action dramatique, avec des thèmes de loyauté, de trahison et de pouvoir. La pièce se conclut par des révélations sur les véritables conspirations et les sacrifices personnels des personnages. Dans une scène tragique, un père, désespéré, exprime son impuissance à sauver la vie de son fils. Pharnabaze arrive et, après avoir constaté que Sapor est pleinement justifié, lui annonce qu'il l'a sauvé. Pharnabaze offre également Aspasie à Sapor. La pièce est disponible à l'achat chez la veuve Pissot, située Quai de Conty.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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94
p. 612-615
« Le premier Mars, il y eut Concert à Marly chez la Reine, qui fut continué [...] »
Début :
Le premier Mars, il y eut Concert à Marly chez la Reine, qui fut continué [...]
Mots clefs :
Reine, Concert, Demoiselle, Marly, Reine, Musique, Roi, Destouches, Opéra, Marie Pélissier, Chasse, Église paroissiale de Saint-Sulpice, Fête de l'Annonciation de la Vierge
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le premier Mars, il y eut Concert à Marly chez la Reine, qui fut continué [...] »
Le premier Mars , il y eut Concert à
Marly chez la Reine , qui fut continué
3 et le 6. M. Destouches Sur- Intendant
de la Musique du Roy , fit chanter
l'Opéra de Pirame et Thisbé , mis en
Musique par les Sieurs Rebel et Francoeur,
le premier, Sur- Intendant de la Musique
en Survivance de M. Destouches , et le
second, Compositeur de la Chambre. Les
Diles Lenner , d'Aigremont et Roblin ,
chanterent lesRolles du Prologue; ceux de
Zoroastre, de Ninus, et de Pirame , furent
chantez dans laTragédie par les SrsChassé,
d'Angerville etJelior, la voix de ce dernier
parut
MARS 1734: 613
parut très touchante . Les Dlles Erremens et
Pelissier remplirent les Rolles deZoraïde et
de Thisbé avec beaucoup de précision .
La Reine eut la bonté de marquer aux
Auteurs sa satisfaction , et de louer leurs
talens. Le Poëme est de M. de la Serre.
›
Le 8 et le 9 , S. M. souhaita d'entendre
le Ballet du Carnaval et de la Folie ,
dont l'exécution parut très- brillante . Le
Rolle de la Folie fut rempli avec applaudissement
par la Dlle Pelissier , celui du
Carnaval par le Sieur d'Angerville ; la
Dlle Mathieu et le Sr Petillot , chanterent
ceux de Plutus , et de la Jeunesse. Cet
Opéra,de la composition de M. Destouches
, plut beaucoup à la Reine , S. M.
ordonna qu'on le chanteroit tous les
ahs pendant le Carnaval .
2
Le 15 , 17 et 22 , on chanta l'Opéra
·de Telemaque du même Auteur. Le Rolle
de Minerve dans le Prologue et dans la
Piéce , fut chanté par la Dlle Lenner ;
celui de Calipso par la Dlle Anuer , et
ceux d'Eucharis et de Telemaque furent
remplis d'une façon très interessante par
la Dile Pelissier et par le Sr Jeliot.
Le 11 de ce mois , le Roy étant allé
chasser sur Lotti , le cerf mena la chasse
jusqu'au près de Magni , d'où le Roy
ICVC614
MERCURE DE FRANCE
revenant à Marly , la nuit le surprit à
Meulan , et Sa Majesté prévoyant qu'il
arriveroit trop tard à Marly , alla demander
à souper à l'Abbé Bignon, qui se trouvoit
par hazard dans sa Maison de l'Isle - Belle.
Au sortir de table , le Roy partit vers les
dix heures un quart pour retourner à
Marly , témoignant beaucoup de satisfaction
de la maniere dont il avoit éte reçu .
S.M.n'étoit accompagnée que du Duc de
Richelieu , du Comte d'Ayen , du Marquis
de Coigny et du Marquis de Sourches.
Le 20 Mars on consacra solemnellement
le Grand Autel de l'Eglise Paroissiale
de Saint Sulpice ; M. l'Archevêque
de Sens en fit la cérémonie : la Reine
d'Espagne y assista avec plusieurs personnes
de considération . La cérémonie finit
par une décharge d'un grand nombre
de boëtes, et par les Aumônes que M. le
Curé fit distribuer à quantité de Pauvres
.
Le 25 Mars , Fête de l'Anronciation de
la Vierge , il y eut Concert Spirituel au
Chateau des Thuilleries . M. Mouret y
fit chanter le Magnus Dominus , excelent
Motet de M. de la Lande. La Dlle Petite .
pas
MARS 1734.
619
pas , et le Sr Jeliot en chanterent un au
tre à deux voix , qui fut très applaudi
par une très nombreuse Assemblée ; de
même que les Concerto exécutez par les
Srs Blavet et le Clair . Le Concert fut
terminé par le Motet Cantate du même
Auteur dans lequel la Dlle Erremens
chanta le beau verset Viderunt avec toute
la précision que demande un si beau
morceau de Musique .
Marly chez la Reine , qui fut continué
3 et le 6. M. Destouches Sur- Intendant
de la Musique du Roy , fit chanter
l'Opéra de Pirame et Thisbé , mis en
Musique par les Sieurs Rebel et Francoeur,
le premier, Sur- Intendant de la Musique
en Survivance de M. Destouches , et le
second, Compositeur de la Chambre. Les
Diles Lenner , d'Aigremont et Roblin ,
chanterent lesRolles du Prologue; ceux de
Zoroastre, de Ninus, et de Pirame , furent
chantez dans laTragédie par les SrsChassé,
d'Angerville etJelior, la voix de ce dernier
parut
MARS 1734: 613
parut très touchante . Les Dlles Erremens et
Pelissier remplirent les Rolles deZoraïde et
de Thisbé avec beaucoup de précision .
La Reine eut la bonté de marquer aux
Auteurs sa satisfaction , et de louer leurs
talens. Le Poëme est de M. de la Serre.
›
Le 8 et le 9 , S. M. souhaita d'entendre
le Ballet du Carnaval et de la Folie ,
dont l'exécution parut très- brillante . Le
Rolle de la Folie fut rempli avec applaudissement
par la Dlle Pelissier , celui du
Carnaval par le Sieur d'Angerville ; la
Dlle Mathieu et le Sr Petillot , chanterent
ceux de Plutus , et de la Jeunesse. Cet
Opéra,de la composition de M. Destouches
, plut beaucoup à la Reine , S. M.
ordonna qu'on le chanteroit tous les
ahs pendant le Carnaval .
2
Le 15 , 17 et 22 , on chanta l'Opéra
·de Telemaque du même Auteur. Le Rolle
de Minerve dans le Prologue et dans la
Piéce , fut chanté par la Dlle Lenner ;
celui de Calipso par la Dlle Anuer , et
ceux d'Eucharis et de Telemaque furent
remplis d'une façon très interessante par
la Dile Pelissier et par le Sr Jeliot.
Le 11 de ce mois , le Roy étant allé
chasser sur Lotti , le cerf mena la chasse
jusqu'au près de Magni , d'où le Roy
ICVC614
MERCURE DE FRANCE
revenant à Marly , la nuit le surprit à
Meulan , et Sa Majesté prévoyant qu'il
arriveroit trop tard à Marly , alla demander
à souper à l'Abbé Bignon, qui se trouvoit
par hazard dans sa Maison de l'Isle - Belle.
Au sortir de table , le Roy partit vers les
dix heures un quart pour retourner à
Marly , témoignant beaucoup de satisfaction
de la maniere dont il avoit éte reçu .
S.M.n'étoit accompagnée que du Duc de
Richelieu , du Comte d'Ayen , du Marquis
de Coigny et du Marquis de Sourches.
Le 20 Mars on consacra solemnellement
le Grand Autel de l'Eglise Paroissiale
de Saint Sulpice ; M. l'Archevêque
de Sens en fit la cérémonie : la Reine
d'Espagne y assista avec plusieurs personnes
de considération . La cérémonie finit
par une décharge d'un grand nombre
de boëtes, et par les Aumônes que M. le
Curé fit distribuer à quantité de Pauvres
.
Le 25 Mars , Fête de l'Anronciation de
la Vierge , il y eut Concert Spirituel au
Chateau des Thuilleries . M. Mouret y
fit chanter le Magnus Dominus , excelent
Motet de M. de la Lande. La Dlle Petite .
pas
MARS 1734.
619
pas , et le Sr Jeliot en chanterent un au
tre à deux voix , qui fut très applaudi
par une très nombreuse Assemblée ; de
même que les Concerto exécutez par les
Srs Blavet et le Clair . Le Concert fut
terminé par le Motet Cantate du même
Auteur dans lequel la Dlle Erremens
chanta le beau verset Viderunt avec toute
la précision que demande un si beau
morceau de Musique .
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Résumé : « Le premier Mars, il y eut Concert à Marly chez la Reine, qui fut continué [...] »
En mars 1734, plusieurs événements musicaux et cérémoniels marquèrent le mois. Du 1er au 6 mars, l'opéra 'Pirame et Thisbé' de Rebel et Francoeur fut interprété à Marly chez la Reine, avec des rôles principaux chantés par les demoiselles Lenner, d'Aigremont, Roblin, Erremens et Pelissier, ainsi que par les sieurs Chassé, d'Angerville et Jeliot. La Reine exprima sa satisfaction. Les 8 et 9 mars, le roi écouta le ballet 'Le Carnaval et la Folie' de Destouches, interprété par la demoiselle Pelissier, le sieur d'Angerville, la demoiselle Mathieu et le sieur Petillot. La Reine ordonna que cet opéra soit chanté quotidiennement pendant le Carnaval. Du 15 au 22 mars, l'opéra 'Télémaque' de Destouches fut chanté, avec les rôles de Minerve, Calypso, Eucharis et Télémaque interprétés par les demoiselles Lenner, Anuer, Pelissier et le sieur Jeliot. Le 11 mars, le roi chassa sur l'île de Loiti avec plusieurs nobles et soupa à Meulan chez l'abbé Bignon. Le 20 mars, l'archevêque de Sens consacra solennellement le grand autel de l'église paroissiale de Saint-Sulpice en présence de la reine d'Espagne et de personnes de considération. Le 25 mars, à l'occasion de la fête de l'Annonciation de la Vierge, un concert spirituel eut lieu au château des Tuileries. M. Mouret dirigea le 'Magnus Dominus' de M. de la Lande, et les demoiselles Petitepas et Erremens, ainsi que le sieur Jeliot, chantèrent d'autres morceaux applaudis. Les concerts furent exécutés par les sieurs Blavet et le Clair.
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95
p. 793-798
« Le Roy a donné il y a déja quelque tems le Gouvernement de Thionville [...] »
Début :
Le Roy a donné il y a déja quelque tems le Gouvernement de Thionville [...]
Mots clefs :
Roi, Sa Majesté, Reine, Château, Musique, Camp, Régiment, Concert, Lieutenant, Chapelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Roy a donné il y a déja quelque tems le Gouvernement de Thionville [...] »
E Roy a donné il y a déja quelque
tems le Gouvernement de Thionville
à M. de Sioujeat , Lieutenant General
de ses Armées ,
Le Marquis de Montrevel que le Roy
a nommé Maréchal de Camp par la Promotion
du 20 Février , étoit Mestre de
Camp du Regiment de Cavalerie de son
nom ; ce n'est pas le Colonel du Regiment
de Rouergue.
Le Marquis de Graville a été nommé
Mestre de Camp , Lieutenant du Regiment
de Cavalerie d'Orleans ; le Chevalier
de Castelane , Mestre de Camp Lieutenant
du Regiment de Dragons d'Orleans
et M. de Saint Simon , Mestre
de Camp Lieutenant du Regiment du
Mayne .
,
,
On a établi depuis peu
à l'Hôtel
Royal des Invalides une Ecole de
Trompettes pour servir dans les Troupes
du Roy. Ceux qu'on y admettra doivent
s'engager à servir pendant six ans . Ils
seront instruits aux dépens de Sa Majesté,
H iij
et
794 MERCURE DE FRANCE
et on augmentera leur paye à proportion
des progrès qu'ils feront .
Le 21 Mars , l'Evêque d'Evreux fut
scré dans l'Eglise du Noviciat des Jesuites
, par l'Archevêque de Rouen , assisté
des Evêques de Coutances et de Metz,
et le 25 il prêta serment de fidelité entre
les mains du Roy.
Le 31 du même mois il y eur Concert à Versailles
chez la Reine . M. Destouches Sur Intendant
de la Musique du Roy , fit chanter le Prologue
et le premier Acte de l'Opera de Tarsis ev
Zelie , dont le Poëme est de M. de la Serre , et
la Musique des sieurs Rebel et Francoeur .
Les et le 7 Avril , on continua le même Opera;
sa parfaite exécution fit beaucoup de plaisirs ,
tant pour les rôles et les choeurs que pour la
Sinphonie. Sa Majesté en témoigna beaucoup
de satisfaction.
Le 11 Avril , Dimanche de la Passion , il y
eut Concert Spirituel au Château des Thuilleries,
dans lequel les Diles Erremens , Petitpas , Julie
et une autre Dlie de Province , qui n'y avoit pas
encore paru , chanterent differents Motets avec
aplaudissement ; le Concert fut terminé par le
Miserere de M. de laLande ,
Les de ce mois , M. le Marquis de
Nicolaï , Conseiller au Parlement , reçu
en survivance le 18 Decembre 1731. dans
la Charge de Premier President de la
Chambre des Comptes , ayant vingtcinq
AVRIL. 1734.. 795
cinq ans accomplis , sur la démission de
M. son pere , prit possession de sa place
en ladite Chambre où la séance fut publique
et nombreuse. Elle commença par
une Audience qui a été plaidée pendant
trois matinées par Mrs Millet et Laverdy,
Avocats au Parlement; chacun dans son
Plaidoyer , prit occasion de faire un compliment
au nouveau Premier President
sur son merite personel et sur celui de
M. son Pere et de ses Ancêtres . Il est à
remarquer que ce Magistrat nouveau reçu
est le neuviéme de sa famille.
>
Le 6 de ce mois , le Roy fit dans la
Place d'Armes qui est entre le Château
et les Ecuries la revûe des deux Compagnies
des Mousquetaires de la Garde de
Sa Majesté . Le Roy passa dans les rangs
et ensuite les vir défiler par Escadrons et
par Brigades ; les Détachements qui feront
la Campagne étoient à la tête . Après
la revûë , les deux Compagnies entrerent
dans la cour du Château , et elles défi,
lerent devant la Reine. Monseigneur le
Dauphin et Mesdames de France se trou,
verent à cette revûë à laquelle le Duc
de Chartres étoit à Cheval auprès de Sa
Majesté.
›
Le 18 Dimanche des Rameaux, le même Concert
Hiij fut
796 MERCURE DE FRANCE
fut continué , et lesau tres jours de la Semaine
Sainte, on y a exécuté differents Motets deM. de
la Lande,et d'autres Maîtres modernes , le Sieur
Jeliote dont la voix fait tant de plaisir , s'y est
distingué par plusieurs morceaux qu'il a chantés
avec beaucoup d'aplaudissemens
le ainsi que
Sr Mondonville dans l'exécution de plusieurs
Concertoqu'il a joués sur le violon d'une maniere
Très brillante. Le même Concert a été continué
Jusqu'à la fin du mois.
Les dernieres Lettres de Madrid marquent
que le Prince des Asturies étoit
presque entierement guéri de l'Opération
que le St Petit lui a faite. On ajoute que
ce Chirurgien étoit sur son départ pour
revenir à Paris , où il sera de retour le
15 du mois prochain .
Le Dimanche des Rameaux , le Roy
accompagné du Duc du Maine , du Prince
de Dombes et du Comte d'Eu , assista
dans la Chapelle du Château , à la Benediction
desPalmes qui fut faite par l'Abbé
Brosseau , Chapelain ordinaire de la Chapelle
de Musique , qui en présenta une
à Sa Majesté le Roy assista à la Procession
, et après l'Evangile il adora la
Croix . Sa Majesté entendit ensuite la
Grande Messe célébrée par le même
Chapelain , et chantée par la Musique.
La Reine entendit la même Messe dans
sa Tribune.
:
L'après
AVRIL. 1734. 797
L'après midy Leurs Majestez entendirent
la Prédication du Pere Tainturier,
de la Compagnie de Jesus , et ensuite les
Vêpres.
9
Le Jeudi Saint , le Roy entendit le
Sermon de la Cêne du P. Painchinat
Cordelier du Convent de Paris , après
quoi l'Archevêque de Tours fit l'Absoute.
Le Roy lava les pieds à douze Pauvres ,
et Sa Majesté les servit à table : le Duc
de Bourbon Grand Maître de la Maison
du Roy , à la tête des Maîtres d'Hôtel ,
précedoit le Service .Monseigneur le Dauphin
, le Comte de Clermont , le Prince
de Conty , le Prince de Dombes , le
Comte d'Eu , le Comte de Toulouze et
les principaux Officiers de Sa Majesté
portoient les plats. Après cette cérémonie
le Roy se rendit à la Chapelle du Château ,
où sa Majesté entendit la Grande Messe ,
et assista à la Procession , et ensuite aux
Vêpres. La Reine entendit l'Office dans
sa Tribune , et l'après midy , Sa Majesté
entendit le Sermon de la Cêne du Pere
Jean François , Capucin , et l'Archevêque
de Rouen , Premier Aumônier de la
Reine , ayant fait l'Absoute , Sa Majesté
lava les pieds à douze pauvres filles , et
les servit à table . Le Marquis de Chamarande
, Premier Maître d'Hôtel de Sa
Hy Ma798
MERCURE DE FRANCE
•
Majesté précedoit leService dont les plats
étoient portez par les Princesses du Sang ,
par les Dames du Palais et par d'autres
Dames de la Cour .
:
Le Vendredy Saint , le Roy et la Reine
entendirent le Sermon de la Passion du
Pere Tainturier, de la Compagnie de Jesus
le Roy assista ensuite à l'Office , et
alla à l'Adoration de la Croix : la Reine
entendit l'Office dans la Tribune . Le soir
Leurs Majestez assistérent à l'Office des
Ténébres, qui fut chanté par la Musique .
Le Samedy Saint , le Roy revêtu du
Grand Collier de l'Ordre du Saint Esprit,
se rendità l'Eglise de la Paroisse du Château
, où Sa Majesté communia par les
mains du Cardinal de Rohan Grand
Aumônier de France. Le Roy toucha ensuite
un grand nombre de malades .
,
"
Le soir Leurs Majestez accompagnées
de Monseigneur le Dauphin et de Mesdames
de France assistérent dans la
Chapelle du Château aux Complies , et
au Salut , pendant lequel l'O Filii fut
chanté par la Musique.
tems le Gouvernement de Thionville
à M. de Sioujeat , Lieutenant General
de ses Armées ,
Le Marquis de Montrevel que le Roy
a nommé Maréchal de Camp par la Promotion
du 20 Février , étoit Mestre de
Camp du Regiment de Cavalerie de son
nom ; ce n'est pas le Colonel du Regiment
de Rouergue.
Le Marquis de Graville a été nommé
Mestre de Camp , Lieutenant du Regiment
de Cavalerie d'Orleans ; le Chevalier
de Castelane , Mestre de Camp Lieutenant
du Regiment de Dragons d'Orleans
et M. de Saint Simon , Mestre
de Camp Lieutenant du Regiment du
Mayne .
,
,
On a établi depuis peu
à l'Hôtel
Royal des Invalides une Ecole de
Trompettes pour servir dans les Troupes
du Roy. Ceux qu'on y admettra doivent
s'engager à servir pendant six ans . Ils
seront instruits aux dépens de Sa Majesté,
H iij
et
794 MERCURE DE FRANCE
et on augmentera leur paye à proportion
des progrès qu'ils feront .
Le 21 Mars , l'Evêque d'Evreux fut
scré dans l'Eglise du Noviciat des Jesuites
, par l'Archevêque de Rouen , assisté
des Evêques de Coutances et de Metz,
et le 25 il prêta serment de fidelité entre
les mains du Roy.
Le 31 du même mois il y eur Concert à Versailles
chez la Reine . M. Destouches Sur Intendant
de la Musique du Roy , fit chanter le Prologue
et le premier Acte de l'Opera de Tarsis ev
Zelie , dont le Poëme est de M. de la Serre , et
la Musique des sieurs Rebel et Francoeur .
Les et le 7 Avril , on continua le même Opera;
sa parfaite exécution fit beaucoup de plaisirs ,
tant pour les rôles et les choeurs que pour la
Sinphonie. Sa Majesté en témoigna beaucoup
de satisfaction.
Le 11 Avril , Dimanche de la Passion , il y
eut Concert Spirituel au Château des Thuilleries,
dans lequel les Diles Erremens , Petitpas , Julie
et une autre Dlie de Province , qui n'y avoit pas
encore paru , chanterent differents Motets avec
aplaudissement ; le Concert fut terminé par le
Miserere de M. de laLande ,
Les de ce mois , M. le Marquis de
Nicolaï , Conseiller au Parlement , reçu
en survivance le 18 Decembre 1731. dans
la Charge de Premier President de la
Chambre des Comptes , ayant vingtcinq
AVRIL. 1734.. 795
cinq ans accomplis , sur la démission de
M. son pere , prit possession de sa place
en ladite Chambre où la séance fut publique
et nombreuse. Elle commença par
une Audience qui a été plaidée pendant
trois matinées par Mrs Millet et Laverdy,
Avocats au Parlement; chacun dans son
Plaidoyer , prit occasion de faire un compliment
au nouveau Premier President
sur son merite personel et sur celui de
M. son Pere et de ses Ancêtres . Il est à
remarquer que ce Magistrat nouveau reçu
est le neuviéme de sa famille.
>
Le 6 de ce mois , le Roy fit dans la
Place d'Armes qui est entre le Château
et les Ecuries la revûe des deux Compagnies
des Mousquetaires de la Garde de
Sa Majesté . Le Roy passa dans les rangs
et ensuite les vir défiler par Escadrons et
par Brigades ; les Détachements qui feront
la Campagne étoient à la tête . Après
la revûë , les deux Compagnies entrerent
dans la cour du Château , et elles défi,
lerent devant la Reine. Monseigneur le
Dauphin et Mesdames de France se trou,
verent à cette revûë à laquelle le Duc
de Chartres étoit à Cheval auprès de Sa
Majesté.
›
Le 18 Dimanche des Rameaux, le même Concert
Hiij fut
796 MERCURE DE FRANCE
fut continué , et lesau tres jours de la Semaine
Sainte, on y a exécuté differents Motets deM. de
la Lande,et d'autres Maîtres modernes , le Sieur
Jeliote dont la voix fait tant de plaisir , s'y est
distingué par plusieurs morceaux qu'il a chantés
avec beaucoup d'aplaudissemens
le ainsi que
Sr Mondonville dans l'exécution de plusieurs
Concertoqu'il a joués sur le violon d'une maniere
Très brillante. Le même Concert a été continué
Jusqu'à la fin du mois.
Les dernieres Lettres de Madrid marquent
que le Prince des Asturies étoit
presque entierement guéri de l'Opération
que le St Petit lui a faite. On ajoute que
ce Chirurgien étoit sur son départ pour
revenir à Paris , où il sera de retour le
15 du mois prochain .
Le Dimanche des Rameaux , le Roy
accompagné du Duc du Maine , du Prince
de Dombes et du Comte d'Eu , assista
dans la Chapelle du Château , à la Benediction
desPalmes qui fut faite par l'Abbé
Brosseau , Chapelain ordinaire de la Chapelle
de Musique , qui en présenta une
à Sa Majesté le Roy assista à la Procession
, et après l'Evangile il adora la
Croix . Sa Majesté entendit ensuite la
Grande Messe célébrée par le même
Chapelain , et chantée par la Musique.
La Reine entendit la même Messe dans
sa Tribune.
:
L'après
AVRIL. 1734. 797
L'après midy Leurs Majestez entendirent
la Prédication du Pere Tainturier,
de la Compagnie de Jesus , et ensuite les
Vêpres.
9
Le Jeudi Saint , le Roy entendit le
Sermon de la Cêne du P. Painchinat
Cordelier du Convent de Paris , après
quoi l'Archevêque de Tours fit l'Absoute.
Le Roy lava les pieds à douze Pauvres ,
et Sa Majesté les servit à table : le Duc
de Bourbon Grand Maître de la Maison
du Roy , à la tête des Maîtres d'Hôtel ,
précedoit le Service .Monseigneur le Dauphin
, le Comte de Clermont , le Prince
de Conty , le Prince de Dombes , le
Comte d'Eu , le Comte de Toulouze et
les principaux Officiers de Sa Majesté
portoient les plats. Après cette cérémonie
le Roy se rendit à la Chapelle du Château ,
où sa Majesté entendit la Grande Messe ,
et assista à la Procession , et ensuite aux
Vêpres. La Reine entendit l'Office dans
sa Tribune , et l'après midy , Sa Majesté
entendit le Sermon de la Cêne du Pere
Jean François , Capucin , et l'Archevêque
de Rouen , Premier Aumônier de la
Reine , ayant fait l'Absoute , Sa Majesté
lava les pieds à douze pauvres filles , et
les servit à table . Le Marquis de Chamarande
, Premier Maître d'Hôtel de Sa
Hy Ma798
MERCURE DE FRANCE
•
Majesté précedoit leService dont les plats
étoient portez par les Princesses du Sang ,
par les Dames du Palais et par d'autres
Dames de la Cour .
:
Le Vendredy Saint , le Roy et la Reine
entendirent le Sermon de la Passion du
Pere Tainturier, de la Compagnie de Jesus
le Roy assista ensuite à l'Office , et
alla à l'Adoration de la Croix : la Reine
entendit l'Office dans la Tribune . Le soir
Leurs Majestez assistérent à l'Office des
Ténébres, qui fut chanté par la Musique .
Le Samedy Saint , le Roy revêtu du
Grand Collier de l'Ordre du Saint Esprit,
se rendità l'Eglise de la Paroisse du Château
, où Sa Majesté communia par les
mains du Cardinal de Rohan Grand
Aumônier de France. Le Roy toucha ensuite
un grand nombre de malades .
,
"
Le soir Leurs Majestez accompagnées
de Monseigneur le Dauphin et de Mesdames
de France assistérent dans la
Chapelle du Château aux Complies , et
au Salut , pendant lequel l'O Filii fut
chanté par la Musique.
Fermer
Résumé : « Le Roy a donné il y a déja quelque tems le Gouvernement de Thionville [...] »
En 1734, plusieurs événements militaires et religieux marquants ont eu lieu. Le roi a nommé M. de Sioujeat gouverneur de Thionville, Lieutenant Général de ses armées. Le Marquis de Montrevel a été promu Maréchal de Camp et était Maître de Camp du Régiment de Cavalerie du roi, sans être Colonel du Régiment de Rouergue. Le Marquis de Graville a été désigné Maître de Camp Lieutenant du Régiment de Cavalerie d'Orléans, le Chevalier de Castelane Maître de Camp Lieutenant du Régiment de Dragons d'Orléans, et M. de Saint Simon Maître de Camp Lieutenant du Régiment du Mayne. Une École de Trompettes a été établie à l'Hôtel Royal des Invalides pour servir dans les troupes du roi. Les trompettes y sont formés aux frais de Sa Majesté et reçoivent une augmentation de salaire proportionnelle à leurs progrès. Le 21 mars, l'Évêque d'Évreux a été sacré dans l'Église du Noviciat des Jésuites par l'Archevêque de Rouen, assisté des Évêques de Coutances et de Metz. Le 25 mars, il a prêté serment de fidélité au roi. Le 31 mars, un concert a eu lieu à Versailles chez la Reine, où M. Destouches, Surintendant de la Musique du roi, a fait chanter le prologue et le premier acte de l'opéra 'Tarsis et Zélie'. Les 6 et 7 avril, l'opéra a été continué, suscitant une grande satisfaction royale. Le 11 avril, un concert spirituel a été donné au Château des Tuileries, avec des motets chantés par les demoiselles Erremens, Petitpas, Julie et une autre chanteuse de province. Le concert s'est terminé par le 'Miserere' de M. de Lalande. Le Marquis de Nicolaï a pris possession de la charge de Premier Président de la Chambre des Comptes le 7 avril, après la démission de son père. Le 6 avril, le roi a passé en revue les Mousquetaires de la Garde à la Place d'Armes. Le 18 avril, un concert a été continué pendant la Semaine Sainte, avec des motets de M. de Lalande et d'autres maîtres modernes. Les lettres de Madrid indiquent que le Prince des Asturies était presque guéri d'une opération. Le roi a assisté à diverses cérémonies religieuses durant la Semaine Sainte, incluant la bénédiction des palmes, la messe, les vêpres, et le lavement des pieds. Le Vendredi Saint, le roi et la reine ont assisté au sermon de la Passion. Le Samedi Saint, le roi a communié et touché un grand nombre de malades.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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96
p. 1243-1246
« Le 20 de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle du Château de [...] »
Début :
Le 20 de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle du Château de [...]
Mots clefs :
Reine, Château de Versailles, Concert, Roi, Prologue, Messe, Fête, Destouches, Opéra, Château des Tuileries, Vernon, Mordant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 20 de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle du Château de [...] »
Le 25 de ce mois , la Reine entendig
la Messe dans la Chapelle du Château de
Versailles , et S. M. communia par les
mains du Cardinal de Fleury , son Grand
Aumônier.
Le 24 , Fête du S. Sacrement , le Roy,
accompagné de ses principaux Officiers ,
se rendit à l'Eglise de la Paroisse , où Sa
Majesté entendit la Grand'Messe après
ávoir assisté à la Procession qui vint, sui-
1 Vol. I ij
vant
2244
MERCURE
DE FRANCE
!
vant l'usage à la Chapelle du Château
La Reine entendit la Messe dans sa Tribune,
aprés avoir vû passer la Procession .
Monseigneur le Dauphin , et Mesdames
de France la virent passer d'un des Apartements
du Château .
Le ic.May il y eut Concert dans le Salon
de la Reine ; M. Destouches , Sur- Inten .
dant de la Musique du Roy , fit chanter
le Prologue et le premier Acte de l'Opéra
d'Omphale , qui fut continué le 12. et le
17. la Dile Antier fit le rôle d'Argine , le
Sr d'Angerville celui d'Hercule , la Dlle
Lenner et le Sr Petillot ceux d'Omphale
et d'Iphis.
Le 19 , le 24 et le 26 , la Reine entendit
le Ballet des Elemens , executé par
les mêmes sujets , on ajouta le Prologue
des Stratagêmes de l'Amour à l'Acte de la
Terre, pour former le troisiéme Concert.
Le 31 , on chanta le Prologue et le
premier Acte de Semiramis , qu'on con
tinua le 9 et le 16 Juin. Le premier rôle
fut chanté par la Dlle Antier avec aplau
dissement de même que celui d'Amestris,
par la Dlle Pelissier ; les autres rôles furent
très- bien rendus par les Srs d'An
gerville et Petillot.
Le 21 de ce mois on concerta l'Opéra
1 Vol.
de
JUIN. 1734. 1245
de Marthesie , dont le Poëme est de feu
M. de la Moth et la Musique de M. Destouches.
La Dlle Duhamel fit le rôle de
Cybelle au Prologue , et le Sr d'Angerville
et la Dlle Pelissier chantéront ceux
du Roy des Scythes et de Talestris , et
celui de la Prêtresse du Soleil fut rendu
par la Dlle Lenner à la satisfaction de la
Reine et de toute la Cout. Le soin qu'a
pris M. Destouches de réfondre quelques
morceaux de cet Opéra , et d'y ajouter
quelques Airs nouveaux , rendit ce Concert
très varié et très brillant.
"
Le 3 Juin Fête de l'Ascension , le 13
Dimanche de la Pentecote , et le jour de
la Fête- Dieu , il y eut Concert Spirituel
au Château des Thuileries. M. Mouret
y a fait exécuter differents Moters de
M. de la Lande et d'autres Maîtres Modernes
, un , entre autres , de l'Abbé du
Luc , Beneficier de l'Eglise de Paris , qui
est un très beau morceau de Musique .
Les Dlies Erremens , Petitpas et le Sr Jeliot
Fot ont chanté differens petits Motets à
une et à deux voix avec beaucoup de
justesse et de précision , de même que le
Sr Berard , Chanteur de la Comédie Italienne
, qui a chanté deux fois un air Ita-
Tien avec beaucoup d'aplaudissemens,
Vol, I v Tous
1246 MERCURE DE FRANCE
Tous ces Concerts ont toujours été terminez
par un Moter à grand Choeur de
M. de la Lande , et précedez de plusieurs
Piéces de Simphonie exécutées en perfection
par les Sieurs le Clair et Blavet.
9 •
On écrit de Vernon que le Mercredy
de ce mois M. Mordant y fut reçû
Lieutenant General du Bailliage à la place
de feu M, son pere , mort en 1733. Ce
jeune Magistrat n'a que 21 ans , et on
peut assurer qu'il marche déja sur les
traces de ses Ancêtres , qui depuis plus .
de 100 ans ont occupé successivement
cette premiere place . Il prononça un
Discours Latin d'une demie heure qui
fut très- gouté. Il avoit été presenté par
M. de Quenremont , Avocat fameux
qui parla avec éloquence sur le choix
d'un Etat. M. de Bordeaux , Procureur
du Roy , parla aussi d'une maniere convenable
à la dignité de son Ministere.
la Messe dans la Chapelle du Château de
Versailles , et S. M. communia par les
mains du Cardinal de Fleury , son Grand
Aumônier.
Le 24 , Fête du S. Sacrement , le Roy,
accompagné de ses principaux Officiers ,
se rendit à l'Eglise de la Paroisse , où Sa
Majesté entendit la Grand'Messe après
ávoir assisté à la Procession qui vint, sui-
1 Vol. I ij
vant
2244
MERCURE
DE FRANCE
!
vant l'usage à la Chapelle du Château
La Reine entendit la Messe dans sa Tribune,
aprés avoir vû passer la Procession .
Monseigneur le Dauphin , et Mesdames
de France la virent passer d'un des Apartements
du Château .
Le ic.May il y eut Concert dans le Salon
de la Reine ; M. Destouches , Sur- Inten .
dant de la Musique du Roy , fit chanter
le Prologue et le premier Acte de l'Opéra
d'Omphale , qui fut continué le 12. et le
17. la Dile Antier fit le rôle d'Argine , le
Sr d'Angerville celui d'Hercule , la Dlle
Lenner et le Sr Petillot ceux d'Omphale
et d'Iphis.
Le 19 , le 24 et le 26 , la Reine entendit
le Ballet des Elemens , executé par
les mêmes sujets , on ajouta le Prologue
des Stratagêmes de l'Amour à l'Acte de la
Terre, pour former le troisiéme Concert.
Le 31 , on chanta le Prologue et le
premier Acte de Semiramis , qu'on con
tinua le 9 et le 16 Juin. Le premier rôle
fut chanté par la Dlle Antier avec aplau
dissement de même que celui d'Amestris,
par la Dlle Pelissier ; les autres rôles furent
très- bien rendus par les Srs d'An
gerville et Petillot.
Le 21 de ce mois on concerta l'Opéra
1 Vol.
de
JUIN. 1734. 1245
de Marthesie , dont le Poëme est de feu
M. de la Moth et la Musique de M. Destouches.
La Dlle Duhamel fit le rôle de
Cybelle au Prologue , et le Sr d'Angerville
et la Dlle Pelissier chantéront ceux
du Roy des Scythes et de Talestris , et
celui de la Prêtresse du Soleil fut rendu
par la Dlle Lenner à la satisfaction de la
Reine et de toute la Cout. Le soin qu'a
pris M. Destouches de réfondre quelques
morceaux de cet Opéra , et d'y ajouter
quelques Airs nouveaux , rendit ce Concert
très varié et très brillant.
"
Le 3 Juin Fête de l'Ascension , le 13
Dimanche de la Pentecote , et le jour de
la Fête- Dieu , il y eut Concert Spirituel
au Château des Thuileries. M. Mouret
y a fait exécuter differents Moters de
M. de la Lande et d'autres Maîtres Modernes
, un , entre autres , de l'Abbé du
Luc , Beneficier de l'Eglise de Paris , qui
est un très beau morceau de Musique .
Les Dlies Erremens , Petitpas et le Sr Jeliot
Fot ont chanté differens petits Motets à
une et à deux voix avec beaucoup de
justesse et de précision , de même que le
Sr Berard , Chanteur de la Comédie Italienne
, qui a chanté deux fois un air Ita-
Tien avec beaucoup d'aplaudissemens,
Vol, I v Tous
1246 MERCURE DE FRANCE
Tous ces Concerts ont toujours été terminez
par un Moter à grand Choeur de
M. de la Lande , et précedez de plusieurs
Piéces de Simphonie exécutées en perfection
par les Sieurs le Clair et Blavet.
9 •
On écrit de Vernon que le Mercredy
de ce mois M. Mordant y fut reçû
Lieutenant General du Bailliage à la place
de feu M, son pere , mort en 1733. Ce
jeune Magistrat n'a que 21 ans , et on
peut assurer qu'il marche déja sur les
traces de ses Ancêtres , qui depuis plus .
de 100 ans ont occupé successivement
cette premiere place . Il prononça un
Discours Latin d'une demie heure qui
fut très- gouté. Il avoit été presenté par
M. de Quenremont , Avocat fameux
qui parla avec éloquence sur le choix
d'un Etat. M. de Bordeaux , Procureur
du Roy , parla aussi d'une maniere convenable
à la dignité de son Ministere.
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Résumé : « Le 20 de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle du Château de [...] »
Du 1er au 31 mai, plusieurs événements marquants ont eu lieu à la cour. Le 25 mai, la Reine a assisté à la messe au Château de Versailles et a communié des mains du Cardinal de Fleury. Le 24 mai, le Roi a participé à la Fête du Saint-Sacrement, assistant à la procession et à la grand-messe à l'église paroissiale. La Reine a écouté la messe depuis sa tribune, tandis que le Dauphin et Mesdames de France ont observé la procession depuis un appartement du château. Du 1er au 21 mai, divers spectacles ont été organisés, notamment des représentations de l'opéra 'Omphale', du ballet des Éléments et de l'opéra 'Marthésie', avec des artistes tels que la Dlle Antier, le Sr d'Angerville et la Dlle Pelissier. Le 31 mai, le prologue et le premier acte de 'Semiramis' ont été chantés. Le 3 juin, à l'occasion de l'Ascension, des concerts spirituels ont eu lieu au Château des Tuileries, dirigés par M. Mouret. À Vernon, M. Mordant a été reçu Lieutenant Général du Bailliage, prononçant un discours latin.
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97
p. 195-202
« Le 13 Octobre le Commandeur de la Cerda, Envoyé extraordinaire du Roi de Portugal, eut [...] »
Début :
Le 13 Octobre le Commandeur de la Cerda, Envoyé extraordinaire du Roi de Portugal, eut [...]
Mots clefs :
Roi, Reine, Famille royale, Aumônier du roi, Évêque, Chapelle, Dauphine, Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 13 Octobre le Commandeur de la Cerda, Envoyé extraordinaire du Roi de Portugal, eut [...] »
LE 13 Octobre le Commandeur de la Cerda ,
Envoyé extraordinaire du Roi de Portugal , eut
une audience particuliere du Roi , dans laquelle
il préfenta à Sa Majefté une lettre de compliment
du Roi fon Maître , fur l'heureux accouchement
de Madame la Dauphine , & fur la naiffance de
Monfeigneur le Duc de Berry. Le Commandeur
de la Cerda fut conduit à cette audience par M.
Dufort , Introducteur des Ambaſſadeurs .
Le même jour leurs Majeftés accompagnées de
la Famille Royale , affifterent aux Vêpres & au
Salut dans la Chapelle du Château.
Le Roi a érigé la Terre de Marigny en Marquifat
, en faveur de M. de Vandiere , Directeur
& Ordonnateur Général des Bâtimens. Il a eu
l'honneur d'être préfenté le 9 à leurs Majeftés &
à la Famille royale , & d'entrer deux jours après
dans les carroffes du Roi.
L'ouverture de l'affemblée des Etats de Bretagne
s'eft faite à Rennes le 14 .
Le 15 , fête de Sainte Therefe , la Reine entendit
la Meffe dans l'Eglife du Couvent des Carmes
réclus des Loges.
Monfeigneur le Dauphin & Mefdames de
France affifterent l'après- midi au Salut dans la
même Eglife.
Le Comte de Sartiranne Ambaffadeur ordinaire
du Roi de Sardaigne , eut le même jour une
audience particuliere du Roi , dans laquelle il
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
donna part à Sa Majesté , au nom du Roi fon
Maître , de l'heureux accouchement de Madame
la Ducheffe de Savoye , & de la naiſſance d'un
Prince. Cet Ambaffadeur fut conduit à cette audience
, ainsi qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , de Madame la Dauphine ,
de Madame Adelaide , & de Mefdames Victoire ,
Sophie & Louife , par le même Introducteur,
Suivant les lettres de Toulon , le Duc de Penthievre
vifita le 29 de Septembre la galere la
Brave. Ce Prince alla le jour fuivant à l'arfenal ,
pour voir les Gardes de la Marine faire l'exercice.
A fon paffage fur le port , il fat falué par le vaiſfeau
amiral & par les galeres . L'exercice des Gardes
de la Marine étant fini , le Duc de Penthievre
fe rendit à bord du vaiffeau le Foudroyant. Le premier
Octobre ce Prince vit le parc d'artillerie,,
& fit le tour des remparts du côté de la rade ; il
alla le 3 vifiter la grande tour. Après le dîner il
vifita le Fort de la Malgue , d'où il paffa à celui
d'Artigues. Le 4 vers les trois heures après- midi ,
le Duc de Penthievre s'embarqua fur un canot , &
fut fuivi par tous les canots , ainfi que par toutes
les barques & les chaloupes qui étoient dans le
port. Dès que le Prince parut dans la rade , les
quatre galeres definées à le conduire en Italie ,
& qui étoient prêtes à partir pour aller l'attendre
à Antibes , le faluerent à fon paffage , ce que fit
auffi la Frégate la Thetis. Toute cette flotille s'avança
à deux lieues en mer , & l'on donna au Duc
de Penthievre le divertiffement de la pêche du
thon. Au retour , les galeres qui avoient déja tiré
deux coups de canon pout annoncer leur départ ,
vinrent l'une après l'autre à force de rames paffer
devant le canot du Prince , & firent une nouvelle
falve de toute leur artillerie . Le tems étoit fi fa
DECEMBRE. 1754. 197
•
vorable pour la avigation , qu'une demi-heure
après on les perdit de vite. Lorfque le foleil fut
fous l'horizon , trois galiotes à bombes placées
dans la petite rade , tirerent chacune fix bombes.
Les le Prince fit le tour des remparts en dedans
de la ville. Sur les fept heures du foir les galiotes
tirerent encore vingt- quatre bombes , & le Duc
de Penthievre vit ce fpectacle de fon appartement.
Ce Prince partit le 7 de Toulon , & alla coucher
au Luc : il s'eft rendu le lendemain à Fréjus , &
le 9 à Antibes ; le 12 il est parti d'Antibes pour
Gênes.
Les nouvelles de Marſeille du 17 portent qu'il
y étoit arrivé à bord du vaiffeau Anglois le Deptford
, vingt-fept efclaves François qui ont été embarqués
fur ce bâtiment à Gibraltar , & qui avoient
été rachetés peu de tems auparavant dans le
Royaume de Maroc par les Religieux des Ordres
de la Sainte Trinité & de Notre-Dame de la
Mercy. Ces efclaves ayant fait leur quarantaine à
Carthagene , ont eu l'entrée le 13 , & ont été reçus
par les Peres François Baurans & Paulin Gobin
, Commiffaires des deux Ordres.
Le 19 & le 20 d'Octobre , leurs Majeftés accompagnées
de la Famille Royale , aflifterent aux
Vêpres & au Salut dans la Chapelle du Château .
Le Roi foupa le 20 au grand couvert chez la
Reine .
Le même jour la Marquife de Fontange fit fes
révérences au Roi , à la Reine & à la Famille
Royale,
Leurs Majeftés fignerent le même jour le contrat
de mariage du Comte de Salvert & de la
Demoiſelle de Sabrevois , fille de M. de Sabrevois
, Maréchal des camps & armées du Roi ,
Lieutenant général d'artillerie , & Commandant
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
en chef au départément général d'Alface , de
Bourgogne & de Franche Comté.
Le 20 l'Evêque de Gap nommé à l'Evêché d'Auxerre
, fit dans l'Eglife des Miffions étrangeres
la cérémonie de bénir le nouvel Abbé de l'Abbaye
réguliere de Saint Amand.
Le Roi a nommé Chevalier de l'Ordre de Saint
Michel M. Pitot , Penfionnaire vétéran de l'Académie
Royale des Sciences , Membre de la Société
Royale de Londres , Directeur du canal & des
travaux publics de la Province de Languedoc.
Le 22 M. Gualterio , Archevêque de Mira ,
Nonce ordinaire du Pape , eut une audience particuliere
du Roi , dans laquelle il préfenta à Sa
Majesté M. Molinari , Archevêque de Damas ,
qui paffe par la France pour fe rendre à fa Nonciature
de Bruxelles . M. Guakerio fut conduit à
cette audience , ainſi qu'à celles de la Reine , de
Monfeigneur le Dauphin , de Madame la Dauphine
, de Madame Adelaide & de Mefdames
Victoire , Sophie & Louife , par M. Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs .
›
Le Comte Turpin , Brigadier de cavalerie , &
Colonel d'un Régiment de Huffards , a préſenté
au Roi un ouvrage de fa compoſition fur l'Ars
militaire.
La place d'Aumônier du Roi , vacante par la
mort de M. l'Abbé de Caulincourt , a été donnée à
M.l'Abbé de Scey-Montbeillard , Abbé de l'Abbaye
de Saint André , Ordre de Prémontré , Diocefe
de Clermont.
Le Roi a envoyé au Parlement de Bretagne une
Déclaration datée du 8 Octobre , qui fut enregiftrée
le 17 du même mois.
Un Juif de Metz , âgé de trente-cinq ans , refut
le 10 Octobre à Saintes , par les mains de l'EDECEMBRE.
1754 199
vêque , les Sacremens de Baptême & de la Con
firmation. Il a eu pour parrein M. de Blair de
Boifmon , Intendant de la Rochelle , nommé à
l'Intendance de Valénciennes ; & pour marreine
la Dame de Parabere , Abbeffe de l'Abbaye de
Notre-Dame de Saintes , qui lui ont donné les
noms de Louis-Marie.
Depuis le 15 Octobre on a commencé à allu→
mer toutes les nuits à Calais , deux heures avant
& deux heures après la pleine mer , un fanal au
bout de la grande jettée du côté de l'oueft. Cela
s'obfervera pendant tout le tems de la pêche du
hareng , c'est - à- dire jufqu'au mois prochain , afin
de faciliter aux Pêcheurs l'entrée du port de Calais
. On en ufera de même deformais chaque année
dans cette faiſon.
Selon les lettres de Provence , la maison des
Penfionnaires établie à Aix le premier Octobre
1753 , au College Royal - Bourbon des Jefuites ,
en vertu d'un brevet du Roi , vient d'être achevée
Elle peut contenir jufqu'à cent jeunes gens,
Moyennant une nouvelle fondation , il y a actuellement
deux Profeffeurs de Rhétorique dans
ce College.
Le 24 l'Archevêque de Sens conféra le Sacrement
de la Confirmation à onze cens enfans dans
l'Eglife de la Communauté des Filles Bleues.
Le 26 le Roi quitta le deuil que Sa Majefté avoit
pris le 6 pour laReine Douairiere de Portugal.
Le Roi foupa le 27 au grand couvert chez la
Reine avec la Famille Royale.
Il a été fait par le Lord Powerscourt une ga.
geure , qu'il viendroit à cheval en deux heures de
la derniere maifon de Fontainebleau à la premiere
barriere des Gobelins . M. Baillon ,
loger de la Reine , a été chargé d'envoyer deux
Hor
I iiij
200 MERCURE DE FRANCE.
pendules à Fontainebleau , & d'en tenir deux à la
barriere des Gobelins fur la même heure , afin de
mefurer le tems que ce Seigneur Anglois employe
roit à fa courſe. Le 29 du mois dernier le Lord
Powerscourt eft parti de Fontainebleau à fept
heures neuf minutes quarante-cinq fecondes du
matin , & il eſt arrivé à huit heures quarante- fept
minutes vingt- fept fecondes à la barriere indiquée.
Il avoit deux relais fur la route. Une des
conditions de la gageure étoit qu'il ne monteroit
pas plus de trois chevaux , & il n'en a monté que
deux.
Selon les lettres de Gênes , le Duc de Penthievre
y eft arrivé le 19 Octobre , à trois heures
après- midi. Une députation de la République eft
allée le recevoir à fa galere , & l'a conduit au Pa-
Lais Brignolé , qui avoit été préparé pour le loge.
ment de ce Prince . Les Députés doivent l'accom
pagner par-tout pendant fon féjour à Gênes.
Le 31 , veille de la Fête de Tous les Saints , le
Roi & la Reine , accompagnés de la Famille royale
, affifterent au premieres Vêpres dans la Chapelle
du Château . Elles furent chantées par la Muſique ,
& l'Evêque de Chartres y officia.
Le premier Novembre , jour de la Fête , leurs
Majeftés accompagnées comme le jour précédent,
entendirent la grande Meffe célébrée pontificament
par le même Prélat . Le Roi , la Reine & la
Famille royale affifterent l'après- midi aux Vêpres
du jour chantées par la Mufique , aufquelles
Ï'Evêque de Chartres officia , & enfuite aux Vêpres
des Morts. Avant les Vêpres , leurs Majeftés
entendirent la Prédication du Pere de Neufville ,
de la Compagnie de Jeſus.
A l'occafion de la Fête , la Reine a communié
par les mains de l'Evêque de Chartres , fon preDECEMBRE
. 1754. 201
mier Aumônier ; Monfeigneur le Dauphin, par celles
de M. l'Abbé de Chabannes , Aumônier du Roi ;
Madame la Dauphine , par celles de M. l'Abbé de
Murat , fon Aumônier en quartier ; Madame Adelaïde,
par celles de l'Evêque de Meaux , fon premier
Aumônier ; & Mefd . Victoire , Sophie & Louiſe ,
par celles de M. l'Abbé Barc , Chapelain du Roi.
Le premier & le 3 , le Roi foupa au grand couvert
chez la Reine avec la Famille royale.
M. Pitrou , Ingénieur des ponts & chauffées ,
ayant fait anciennement par ordre du Roi la vifite
de la riviere de Marne depuis Châlons jufqu'à
Charenton , a eftimé à treize millions les dépenfes
néceffaires pour faciliter la navigation de cette
riviere. Un autre Ingénieur commis auffi par Sa
Majeſté , a viſité la riviere d'Yonne : il a jugé qu'il
falloit dépenfer dix millions pour la rendre navigable
jufqu'à fon embouchure dans la Seine . M.
Macary , privilegié du Roi pour la fûreté de la
navigation , a foumis à la décision du Confeil un
projet différent , pour que le tiers au moins des
denrées deftinées à la confommation de Paris , y
foient amenées dans tous les tems de l'année ,
hors les cas extraordinaires des glaces & des débordemens
& pour que les frais de transport foient
toujours les mêmes . Selon le devis , la dépenfe ne
montera qu'à quatre millions trois cens vingtneuf
mille fix cens foixante- fix livres . Une Compagnie
fournira les fonds , & il n'en coutera rien
au Roi ni au public . L'auteur du projet , s'il eft autorifé
, demande feulement pour l'exécuter avec
La Compagnie, & pour entretenir les ouvrages , un
droit médiocre de navigation , qui fera à la charge
des Maîtres de barques.
Le mémoire de M. Macary a été renvoyé par le
Confeil à Mr de Bernage ; Confeiller d'Etat or-
Ιν
202 MERCURE DE FRANCE.
dinaire , Prévôt des Marchands , pour que le Bureau
de la ville donne fon avis fur les propoſitions
qui y font continues.
Le 9 Novembre , le Roi déclara la nomination
au chapeau de Cardinal que Madame la Dauphine
a obtenu pour l'Archevêque de Sens , fon premier
Aumônier .
Le 12 , l'ouverture du Parlement fe fit avec les
cérémonies accoutumées , par une Meffe folemnelle
, que M. l'Abbé de Sailly , Chantre de la Sainte
Chapelle , célébra dans la Chapelle de la grande
Salle du Palais , & à laquelle M. de Maupeou , premier
Préfident , & les Chambres affifterent .
Le 13 , le Marquis de Malefpina qui eft venu
pour complimenter leurs Majeftés de la part de
I'Infant Duc & de Madame Infante Ducheffe de
Parme , fur la naiffance de Monfeigneur le Duc de
Berry , prit congé du Roi , de la Reine & de la Famille
royale.
Le Roi a fixé au 18 fon départ de Fontainebleau.
Des fix places de Docteurs Aggrégés qui étoient
vacantes dans la Faculté de Droit de Paris , les
trois premieres ont été adjugées par cette Faculté
à MM. Sauvage , Boyer & Lalourcey , Docteurs
de Paris. Le concours pour les trois autres places
doit s'ouvrir le 19 de Décembre.
On mande de Strasbourg que le Margrave &
la Margrave de Brandebourg- Bareith y ont paffé
en allant à Montpellier.
Les mêmes lettres marquent qu'on a effuyé
pendant le mois dernier plufieurs facheux orages
dans une partie de l'Alface.
Le 14 de ce mois , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à dix - huit cens trente livres ;
les Billets de la premiere lotterie royale , à fept
cens foixante -dix livres ; & ceux de la feconde , à
fix cens foixante- dix.
Envoyé extraordinaire du Roi de Portugal , eut
une audience particuliere du Roi , dans laquelle
il préfenta à Sa Majefté une lettre de compliment
du Roi fon Maître , fur l'heureux accouchement
de Madame la Dauphine , & fur la naiffance de
Monfeigneur le Duc de Berry. Le Commandeur
de la Cerda fut conduit à cette audience par M.
Dufort , Introducteur des Ambaſſadeurs .
Le même jour leurs Majeftés accompagnées de
la Famille Royale , affifterent aux Vêpres & au
Salut dans la Chapelle du Château.
Le Roi a érigé la Terre de Marigny en Marquifat
, en faveur de M. de Vandiere , Directeur
& Ordonnateur Général des Bâtimens. Il a eu
l'honneur d'être préfenté le 9 à leurs Majeftés &
à la Famille royale , & d'entrer deux jours après
dans les carroffes du Roi.
L'ouverture de l'affemblée des Etats de Bretagne
s'eft faite à Rennes le 14 .
Le 15 , fête de Sainte Therefe , la Reine entendit
la Meffe dans l'Eglife du Couvent des Carmes
réclus des Loges.
Monfeigneur le Dauphin & Mefdames de
France affifterent l'après- midi au Salut dans la
même Eglife.
Le Comte de Sartiranne Ambaffadeur ordinaire
du Roi de Sardaigne , eut le même jour une
audience particuliere du Roi , dans laquelle il
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
donna part à Sa Majesté , au nom du Roi fon
Maître , de l'heureux accouchement de Madame
la Ducheffe de Savoye , & de la naiſſance d'un
Prince. Cet Ambaffadeur fut conduit à cette audience
, ainsi qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , de Madame la Dauphine ,
de Madame Adelaide , & de Mefdames Victoire ,
Sophie & Louife , par le même Introducteur,
Suivant les lettres de Toulon , le Duc de Penthievre
vifita le 29 de Septembre la galere la
Brave. Ce Prince alla le jour fuivant à l'arfenal ,
pour voir les Gardes de la Marine faire l'exercice.
A fon paffage fur le port , il fat falué par le vaiſfeau
amiral & par les galeres . L'exercice des Gardes
de la Marine étant fini , le Duc de Penthievre
fe rendit à bord du vaiffeau le Foudroyant. Le premier
Octobre ce Prince vit le parc d'artillerie,,
& fit le tour des remparts du côté de la rade ; il
alla le 3 vifiter la grande tour. Après le dîner il
vifita le Fort de la Malgue , d'où il paffa à celui
d'Artigues. Le 4 vers les trois heures après- midi ,
le Duc de Penthievre s'embarqua fur un canot , &
fut fuivi par tous les canots , ainfi que par toutes
les barques & les chaloupes qui étoient dans le
port. Dès que le Prince parut dans la rade , les
quatre galeres definées à le conduire en Italie ,
& qui étoient prêtes à partir pour aller l'attendre
à Antibes , le faluerent à fon paffage , ce que fit
auffi la Frégate la Thetis. Toute cette flotille s'avança
à deux lieues en mer , & l'on donna au Duc
de Penthievre le divertiffement de la pêche du
thon. Au retour , les galeres qui avoient déja tiré
deux coups de canon pout annoncer leur départ ,
vinrent l'une après l'autre à force de rames paffer
devant le canot du Prince , & firent une nouvelle
falve de toute leur artillerie . Le tems étoit fi fa
DECEMBRE. 1754. 197
•
vorable pour la avigation , qu'une demi-heure
après on les perdit de vite. Lorfque le foleil fut
fous l'horizon , trois galiotes à bombes placées
dans la petite rade , tirerent chacune fix bombes.
Les le Prince fit le tour des remparts en dedans
de la ville. Sur les fept heures du foir les galiotes
tirerent encore vingt- quatre bombes , & le Duc
de Penthievre vit ce fpectacle de fon appartement.
Ce Prince partit le 7 de Toulon , & alla coucher
au Luc : il s'eft rendu le lendemain à Fréjus , &
le 9 à Antibes ; le 12 il est parti d'Antibes pour
Gênes.
Les nouvelles de Marſeille du 17 portent qu'il
y étoit arrivé à bord du vaiffeau Anglois le Deptford
, vingt-fept efclaves François qui ont été embarqués
fur ce bâtiment à Gibraltar , & qui avoient
été rachetés peu de tems auparavant dans le
Royaume de Maroc par les Religieux des Ordres
de la Sainte Trinité & de Notre-Dame de la
Mercy. Ces efclaves ayant fait leur quarantaine à
Carthagene , ont eu l'entrée le 13 , & ont été reçus
par les Peres François Baurans & Paulin Gobin
, Commiffaires des deux Ordres.
Le 19 & le 20 d'Octobre , leurs Majeftés accompagnées
de la Famille Royale , aflifterent aux
Vêpres & au Salut dans la Chapelle du Château .
Le Roi foupa le 20 au grand couvert chez la
Reine .
Le même jour la Marquife de Fontange fit fes
révérences au Roi , à la Reine & à la Famille
Royale,
Leurs Majeftés fignerent le même jour le contrat
de mariage du Comte de Salvert & de la
Demoiſelle de Sabrevois , fille de M. de Sabrevois
, Maréchal des camps & armées du Roi ,
Lieutenant général d'artillerie , & Commandant
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
en chef au départément général d'Alface , de
Bourgogne & de Franche Comté.
Le 20 l'Evêque de Gap nommé à l'Evêché d'Auxerre
, fit dans l'Eglife des Miffions étrangeres
la cérémonie de bénir le nouvel Abbé de l'Abbaye
réguliere de Saint Amand.
Le Roi a nommé Chevalier de l'Ordre de Saint
Michel M. Pitot , Penfionnaire vétéran de l'Académie
Royale des Sciences , Membre de la Société
Royale de Londres , Directeur du canal & des
travaux publics de la Province de Languedoc.
Le 22 M. Gualterio , Archevêque de Mira ,
Nonce ordinaire du Pape , eut une audience particuliere
du Roi , dans laquelle il préfenta à Sa
Majesté M. Molinari , Archevêque de Damas ,
qui paffe par la France pour fe rendre à fa Nonciature
de Bruxelles . M. Guakerio fut conduit à
cette audience , ainſi qu'à celles de la Reine , de
Monfeigneur le Dauphin , de Madame la Dauphine
, de Madame Adelaide & de Mefdames
Victoire , Sophie & Louife , par M. Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs .
›
Le Comte Turpin , Brigadier de cavalerie , &
Colonel d'un Régiment de Huffards , a préſenté
au Roi un ouvrage de fa compoſition fur l'Ars
militaire.
La place d'Aumônier du Roi , vacante par la
mort de M. l'Abbé de Caulincourt , a été donnée à
M.l'Abbé de Scey-Montbeillard , Abbé de l'Abbaye
de Saint André , Ordre de Prémontré , Diocefe
de Clermont.
Le Roi a envoyé au Parlement de Bretagne une
Déclaration datée du 8 Octobre , qui fut enregiftrée
le 17 du même mois.
Un Juif de Metz , âgé de trente-cinq ans , refut
le 10 Octobre à Saintes , par les mains de l'EDECEMBRE.
1754 199
vêque , les Sacremens de Baptême & de la Con
firmation. Il a eu pour parrein M. de Blair de
Boifmon , Intendant de la Rochelle , nommé à
l'Intendance de Valénciennes ; & pour marreine
la Dame de Parabere , Abbeffe de l'Abbaye de
Notre-Dame de Saintes , qui lui ont donné les
noms de Louis-Marie.
Depuis le 15 Octobre on a commencé à allu→
mer toutes les nuits à Calais , deux heures avant
& deux heures après la pleine mer , un fanal au
bout de la grande jettée du côté de l'oueft. Cela
s'obfervera pendant tout le tems de la pêche du
hareng , c'est - à- dire jufqu'au mois prochain , afin
de faciliter aux Pêcheurs l'entrée du port de Calais
. On en ufera de même deformais chaque année
dans cette faiſon.
Selon les lettres de Provence , la maison des
Penfionnaires établie à Aix le premier Octobre
1753 , au College Royal - Bourbon des Jefuites ,
en vertu d'un brevet du Roi , vient d'être achevée
Elle peut contenir jufqu'à cent jeunes gens,
Moyennant une nouvelle fondation , il y a actuellement
deux Profeffeurs de Rhétorique dans
ce College.
Le 24 l'Archevêque de Sens conféra le Sacrement
de la Confirmation à onze cens enfans dans
l'Eglife de la Communauté des Filles Bleues.
Le 26 le Roi quitta le deuil que Sa Majefté avoit
pris le 6 pour laReine Douairiere de Portugal.
Le Roi foupa le 27 au grand couvert chez la
Reine avec la Famille Royale.
Il a été fait par le Lord Powerscourt une ga.
geure , qu'il viendroit à cheval en deux heures de
la derniere maifon de Fontainebleau à la premiere
barriere des Gobelins . M. Baillon ,
loger de la Reine , a été chargé d'envoyer deux
Hor
I iiij
200 MERCURE DE FRANCE.
pendules à Fontainebleau , & d'en tenir deux à la
barriere des Gobelins fur la même heure , afin de
mefurer le tems que ce Seigneur Anglois employe
roit à fa courſe. Le 29 du mois dernier le Lord
Powerscourt eft parti de Fontainebleau à fept
heures neuf minutes quarante-cinq fecondes du
matin , & il eſt arrivé à huit heures quarante- fept
minutes vingt- fept fecondes à la barriere indiquée.
Il avoit deux relais fur la route. Une des
conditions de la gageure étoit qu'il ne monteroit
pas plus de trois chevaux , & il n'en a monté que
deux.
Selon les lettres de Gênes , le Duc de Penthievre
y eft arrivé le 19 Octobre , à trois heures
après- midi. Une députation de la République eft
allée le recevoir à fa galere , & l'a conduit au Pa-
Lais Brignolé , qui avoit été préparé pour le loge.
ment de ce Prince . Les Députés doivent l'accom
pagner par-tout pendant fon féjour à Gênes.
Le 31 , veille de la Fête de Tous les Saints , le
Roi & la Reine , accompagnés de la Famille royale
, affifterent au premieres Vêpres dans la Chapelle
du Château . Elles furent chantées par la Muſique ,
& l'Evêque de Chartres y officia.
Le premier Novembre , jour de la Fête , leurs
Majeftés accompagnées comme le jour précédent,
entendirent la grande Meffe célébrée pontificament
par le même Prélat . Le Roi , la Reine & la
Famille royale affifterent l'après- midi aux Vêpres
du jour chantées par la Mufique , aufquelles
Ï'Evêque de Chartres officia , & enfuite aux Vêpres
des Morts. Avant les Vêpres , leurs Majeftés
entendirent la Prédication du Pere de Neufville ,
de la Compagnie de Jeſus.
A l'occafion de la Fête , la Reine a communié
par les mains de l'Evêque de Chartres , fon preDECEMBRE
. 1754. 201
mier Aumônier ; Monfeigneur le Dauphin, par celles
de M. l'Abbé de Chabannes , Aumônier du Roi ;
Madame la Dauphine , par celles de M. l'Abbé de
Murat , fon Aumônier en quartier ; Madame Adelaïde,
par celles de l'Evêque de Meaux , fon premier
Aumônier ; & Mefd . Victoire , Sophie & Louiſe ,
par celles de M. l'Abbé Barc , Chapelain du Roi.
Le premier & le 3 , le Roi foupa au grand couvert
chez la Reine avec la Famille royale.
M. Pitrou , Ingénieur des ponts & chauffées ,
ayant fait anciennement par ordre du Roi la vifite
de la riviere de Marne depuis Châlons jufqu'à
Charenton , a eftimé à treize millions les dépenfes
néceffaires pour faciliter la navigation de cette
riviere. Un autre Ingénieur commis auffi par Sa
Majeſté , a viſité la riviere d'Yonne : il a jugé qu'il
falloit dépenfer dix millions pour la rendre navigable
jufqu'à fon embouchure dans la Seine . M.
Macary , privilegié du Roi pour la fûreté de la
navigation , a foumis à la décision du Confeil un
projet différent , pour que le tiers au moins des
denrées deftinées à la confommation de Paris , y
foient amenées dans tous les tems de l'année ,
hors les cas extraordinaires des glaces & des débordemens
& pour que les frais de transport foient
toujours les mêmes . Selon le devis , la dépenfe ne
montera qu'à quatre millions trois cens vingtneuf
mille fix cens foixante- fix livres . Une Compagnie
fournira les fonds , & il n'en coutera rien
au Roi ni au public . L'auteur du projet , s'il eft autorifé
, demande feulement pour l'exécuter avec
La Compagnie, & pour entretenir les ouvrages , un
droit médiocre de navigation , qui fera à la charge
des Maîtres de barques.
Le mémoire de M. Macary a été renvoyé par le
Confeil à Mr de Bernage ; Confeiller d'Etat or-
Ιν
202 MERCURE DE FRANCE.
dinaire , Prévôt des Marchands , pour que le Bureau
de la ville donne fon avis fur les propoſitions
qui y font continues.
Le 9 Novembre , le Roi déclara la nomination
au chapeau de Cardinal que Madame la Dauphine
a obtenu pour l'Archevêque de Sens , fon premier
Aumônier .
Le 12 , l'ouverture du Parlement fe fit avec les
cérémonies accoutumées , par une Meffe folemnelle
, que M. l'Abbé de Sailly , Chantre de la Sainte
Chapelle , célébra dans la Chapelle de la grande
Salle du Palais , & à laquelle M. de Maupeou , premier
Préfident , & les Chambres affifterent .
Le 13 , le Marquis de Malefpina qui eft venu
pour complimenter leurs Majeftés de la part de
I'Infant Duc & de Madame Infante Ducheffe de
Parme , fur la naiffance de Monfeigneur le Duc de
Berry , prit congé du Roi , de la Reine & de la Famille
royale.
Le Roi a fixé au 18 fon départ de Fontainebleau.
Des fix places de Docteurs Aggrégés qui étoient
vacantes dans la Faculté de Droit de Paris , les
trois premieres ont été adjugées par cette Faculté
à MM. Sauvage , Boyer & Lalourcey , Docteurs
de Paris. Le concours pour les trois autres places
doit s'ouvrir le 19 de Décembre.
On mande de Strasbourg que le Margrave &
la Margrave de Brandebourg- Bareith y ont paffé
en allant à Montpellier.
Les mêmes lettres marquent qu'on a effuyé
pendant le mois dernier plufieurs facheux orages
dans une partie de l'Alface.
Le 14 de ce mois , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à dix - huit cens trente livres ;
les Billets de la premiere lotterie royale , à fept
cens foixante -dix livres ; & ceux de la feconde , à
fix cens foixante- dix.
Fermer
Résumé : « Le 13 Octobre le Commandeur de la Cerda, Envoyé extraordinaire du Roi de Portugal, eut [...] »
Le 13 octobre, le Commandeur de la Cerda, envoyé extraordinaire du Roi de Portugal, a été reçu en audience privée par le Roi de France pour lui présenter une lettre de félicitations concernant l'accouchement de Madame la Dauphine et la naissance du Duc de Berry. Le même jour, Leurs Majestés et la Famille Royale ont assisté aux Vêpres et au Salut dans la Chapelle du Château. Le Roi a élevé la Terre de Marigny au rang de Marquisat en faveur de M. de Vandiere, Directeur et Ordonnateur Général des Bâtiments. Le 14 octobre, l'ouverture de l'assemblée des États de Bretagne a eu lieu à Rennes. Le 15 octobre, la Reine a entendu la messe dans l'église du Couvent des Carmes réclus des Loges, et le Dauphin ainsi que Mesdames de France ont assisté au Salut l'après-midi. Le Comte de Sartiranne, ambassadeur du Roi de Sardaigne, a informé le Roi de l'accouchement de la Duchesse de Savoie et de la naissance d'un prince. Le Duc de Penthièvre a visité plusieurs sites militaires et navals à Toulon avant de partir pour Gênes le 12 octobre. À Marseille, vingt-sept esclaves français ont été libérés et ramenés par les Religieux des Ordres de la Sainte Trinité et de Notre-Dame de la Mercy. Le 20 octobre, Leurs Majestés ont assisté aux Vêpres et au Salut, et le Roi a signé le contrat de mariage du Comte de Salvert et de Mademoiselle de Sabrevois. Le Roi a également nommé Chevalier de l'Ordre de Saint-Michel M. Pitot, et a reçu en audience l'Archevêque de Mira et l'Archevêque de Damas. Divers événements religieux et cérémoniels ont eu lieu, notamment la confirmation de nombreux enfants et la fin du deuil du Roi pour la Reine Douairière de Portugal. Le Lord Powerscourt a réalisé une course à cheval entre Fontainebleau et Paris. Le Duc de Penthièvre est arrivé à Gênes le 19 octobre. Le 1er novembre, le Roi et la Famille Royale ont assisté à des cérémonies religieuses à l'occasion de la Toussaint. Le Roi a également déclaré la nomination de l'Archevêque de Sens au chapeau de Cardinal. Le Parlement a ouvert sa session avec une messe solennelle. Le Marquis de Malespina a pris congé après avoir félicité la Famille Royale pour la naissance du Duc de Berry.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
98
p. 18-35
LES REPUTATIONS mises au creuset.
Début :
Le monde est plein de réputations injustement acquises en mal comme [...]
Mots clefs :
Réputation, Roi, Reine, Femme, Dieux, Tantale, Taureau, Jupiter, Minos
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES REPUTATIONS mises au creuset.
LES REPUTATIONS
miſes au creuset.
LE fi
E monde eſt ſi plein de réputations
injuftement acquifes en mal comme
en bien , qu'il me prend envie de les mettre
dans le creufet de la vérité , pour les
réduire à leur jufte valeur. Si j'allois faire
de toutes une exacte analyfe , qu'on verroit
d'étranges métamorphofes ! pour établir
les unes il faudroit détruire les autres.
Par cette opération , je rendrois les
coquins honnêtes gens , & les honnêtes
gens coquins ; je rendrois nombre d'honnêtes
femmes ...... je n'ofe achever ; l'univers
en feroit bouleverfé . Pour éviter ce
defordre , & laiffer le fiécle tel qu'il eft ,
je me borne dans mon fyftême à blanchir
les plus célébres réputations de l'antiquité
qu'un préjugé calomnieux a noircies , & à
démafquer par contre- coup plufieurs de celles
qu'un faux éclat a déguifées, & que l'obfcurité
des tems a rendues refpectables . Je
voudrois pouvoir réhabiliter toutes les modernes
qui en ont befoin , mais j'aurois trop
à faire , & la tâche eft trop difficile. Je laiffe
cet honneur aux écrivains qui voudront
JANVIER. 1755 . 19
l'entreprendre après moi ; je me contente
de leur frayer le chemin. Cet effai fuffira
pour faire voir combien on doit être lent
à croire , encore plus timide à décider fur
les réputations , & pour prouver que fouvent
elles font plutôt l'ouvrage du hazard
malin , ou de l'opinion aveugle , que celui
de la raifon éclairée ou de la vérité bien
approfondie : c'eſt où le pyrrhonifme eſt
d'obligation.
Le danger de fréquenter plus grand quefoi .
:
TANTAL E.
Tantale étoit Roi de Phrygie . Jamais
Prince n'a été plus fauffement noirci . Fils
de Jupiter , il étoit digne de fa naiſſance ;
il réuniffoit toutes les qualités du coeur &
de l'efprit aimable , bienfaiſant , & fi
agréable convive , que les Dieux l'admirent
à leur table ; il fut de toutes leurs parties
, & devint leur ami familier . Comme
il avoit le don de plaire & d'amufer , plufieurs
Déeffes lui voulurent du bien ; en
conféquence plufieurs Dieux lui voulurent
du mal. Son trop de mérite le brouilla
avec eux , & lui caufa de fi cruelles tracafferies
qu'il fut obligé de quitter l'Qlympe
, pour ne plus vivre que fur la terre.
20 MERCURE DE FRANCE.
*
Il y devint amoureux de Taigéte , fille
d'Atlas. L'hymen les unit , il l'en aima
davantage , & retrouva les Cieux avec
elle. Il jouir d'un bonheur d'autant plus
pur , qu'il ne fut plus occupé que du plaifir
de faire du bien aux hommes : il polit
leurs moeurs , & leur apprit doublement à
vivre , en leur enfeignant à mettre du goût
dans leurs amufemens & de la délicateffe
dans leurs feftins. A l'affaifonnement des
bons mots , il joignit celui des mets exquis
, & fut par un excès de bonté le premier
maître d'hôtel du genre humain . Les
Dieux en furent jaloux , & lui en firent
un crime ; ils l'accuferent d'avoir trahi
leurs fecrets , & d'avoir dérobé le nectar &
l'ambroifie , pour en faire part aux mortels.
C'étoit peu d'avoir châtié injuftement
Promethée , pour avoir donné la vie
à l'homme , en l'animant de leur efprit ,
ils voulurent encore punir avec moins de
raifon Tantale , de lui avoir appris l'art
d'en jouir. Je parle d'après Pindare. Ils le
précipiterent dans les enfers , pour une action
qui méritoit les Champs Elifées. Le
genre de fupplice eft d'ailleurs peu convenable.
Il eft condamné à manquer de tout
au milieu de l'abondance : la générofité fit
tout fon forfait , & fon châtiment eft la
Paufanias.
JANVIER. 21
1755 .
*
peine des avares. Les uns lui font fouffrir
cette tortute pour un chien perdu ; les
autres , pour juftifier la rigueur des Dieux ,
le chargent contre toute vraisemblance de
leur avoir fervi de gaieté de coeur les membres
de fon fils Pelops . Voici l'événement
qui a donné lieu à cette noire calomnie.
Les Dieux ennuyés de ne plus voir Tantale
, allerent un jour le vifiter. Le premier
objet qui frappa leur vûe fut le petit
Pelops , qui étoit encore enfant. Jupiter
dit à Tantale , foit pour mettre fon zéle
à l'épreuve , foit par mauvaiſe plaifanterie
, dont les Dieux font quelquefois trèscapables
; Prince , votre fils eft d'un embonpoint
charmant , vous nous obligerez
tous de nous le faire fervir à fouper. Tantale
prit la propofition pour une raillerie
& lui répondit , en courtifan adroit , qu'il
faifoit trop d'honneur à fon fils , & qu'il
n'avoit rien qui ne fût au fervice de leur
divinité. Pour mieux jouer l'obéiffance ,
il donna ordre qu'on faifit Pelops ; mais
les Déeffes s'y opoferent . Venus le prit
dans fes bras , & toutes à l'envi s'emprefferent
à le careffer , en difant que ce feroit
dommage de le rôtir , qu'il étoit le
plus bel enfant du monde , & qu'il pour-
* C'étoit un chien que Jupiter lui avoit confié
pour la garde de fon temple dans l'ifle de Crete,
22 MERCURE DE FRANCE.
roit un jour les fervir plus utilement . Cerès
le trouva fi potelé qu'elle lui fit un fuçon
à l'épaule , qui étoit blanche comme
l'yvoire.
Momus , le Dieu de la médiſance , empoifonna
cette avanture , peut-être pour
faire fa cour à Jupiter , car fouvent les plus
noirs fatyriques font les plus lâches adulareurs
; ils ne déchirent méchamment les
uns que pour flater plus baffement les autres.
Momus fuivant donc ce caractere ,
donna un tour affreux à la chofe ; il publia
que Tantale leur avoit offert fon fils à
manger pour éprouver leur puiffance ; mais
qu'ayant reconnu fon horrible perfidie , ils
s'étoient tous abftenus d'y toucher ; que
la feule Cérès , aveuglée par un appétit
defordonné , avoit dévoré l'épaule droite
de l'enfant , & que Jupiter lui en avoit
fubftitué une d'yvoire , en rajuftant tous
fes membres , & leur donnant une nouvelle
vie.
Cette fable prit généralement , tant il eft
vrai que le faux merveilleux , quelqu'abfurde
qu'il foit , trouve toujours plus de foi
parmi les hommes que la fimple vérité.
La fuperftition alla plus loin. Après la mort
de Pelops , elle divulgua que fon épaule
Pindare , Ode I.
JANVIER. 1755. 23
miraculeufe guériffoit plufieurs maux différens.
Un grand nombre de malades lui
rendirent un dévôt hommage , & peutêtre
que le hazard , ou le bonheur de quelques
guérifons fortuites fervit à établir.
cette croyance , qu'il parut juftifier.
Ce que j'ai appris d'un Mythologiſte
auffi profond que fenfé , c'eft que Tantale ,
depuis ce fatal repas , avoit encouru la
difgrace du maître du ciel , fon pere , par
une raiſon fecrete que j'ai trouvée trèsvraisemblable.
Jupiter toujours prompt à s'enflammer
pour les nouveaux objets qui s'offroient à
fes yeux , ne put voir Taigete , la femme
de Tantale , fans être touché de fes charmes
; c'étoit une taille célefte , une beauté
digne des Dieux. L'enjouement & la mo
deftie formoient en elle un mêlange enchanteur
qui la rendoit adorable. Elle faifoit
les honneurs du fouper que fon époux
donnoit à la troupe immortelle. En prenant
le nectar de fa main , le Roi de l'Olympe
s'enyvra d'un amour dont il eut d'autant
plus de peine à guérir qu'il ne pût parvenir
à le rendre heureux . L'aimable Reine
de Phrygie reçut le lendemain de fa part
un billet , qui exprimoit la paffion la plus
vive ; mais à peine eut-elle jetté les yeux
fur les premieres lignes , qu'elle le rendit
24 MERCURE DE FRANCE .
fon
à Mercure qui en étoit le porteur . Il eut
beau la preffer d'y répondre , elle lui dit
en riant qu'elle ne fçavoit pas écrire , &
qu'elle prenoit toujours fon mari pour
fecrétaire. Jupiter inftruit du mauvais fuccès
de fa lettre , eut recours aux métamorphofes
qui lui avoient fouvent réuffi , &
pour lefquelles il avoit un goût particulier.
Taigete avoit trois bêtes qu'elle aimoit
fingulierement ; un perroquet , un épagneul
, & un fapajou. Le fouverain des
Cieux prit d'abord la figure du premier , &
courut béqueter la Reine . Tantale qui revenoit
de la chaffe , entra dans ce moment ;
il écarta le perroquer pour embraffer fa
femme , qui lui rendit careffe pour careffe.
L'oifeau jaloux mordit fi fort l'oreille
du mari , qu'il lui en refta un morceau
dans fon bec. Tantale fit un cri , & Taigete
effrayée de voir couler le fang du Roi,
faifit le perroquet avec indignation : elle
alloit le livrer aux griffes d'un gros matou ,
qui brûloit de l'étrangler , quand l'oifeau
s'échappa , & prit l'effor par la fenêtre.
Trois jours après , Jupiter informé que
Tantale avoit quitté fa femme pour une
affaire importante qui demandoit fa préfence
ailleurs , revint auprès d'elle fous la
forme de l'épagneul . Il comptoit que fon
époux
JANVIER. 1755. 25
Epoux feroit obligé de découcher au moins
une nuit , car dans ce tems là les maris ,
même de Cour , ne faifoient jamais lit à
part. Taigete defefperoit elle -même du
retour du Roi : elle étoit prête à fe coucher
, & l'Epagneul impatient avoit déja
pris au lit la place de Tantale , quand ce
Prince arriva fort à propos. Le chien furieux
, fort de la couche royale , & abboye
contre lui de toutes fes forces . Le Roi ennuyé
de fes cris , lui donna un fi grand
coup de pied , que l'Epagneul oubliant
fon rolle de chien , jura en Dieu , qui parle
en maître. Tantale furpris de cette nouveauté
, ordonna qu'on le faisît pour éclaircir
ce prodige ; mais le chien prit la fuite
& difparut. Le Monarque du ciel jouant
de fon refte , s'établit pour la troifieme
fois chez la Reine en qualité de Sapajou .
Il l'amufa d'abord par cent jolis tours ;
mais s'émancipant par degrés , il fauta fur
l'épaule de fa maîtreffe , & l'ofa careffer
jufqu'à fortir des bornes de la décence . La
Reine fcandalifée , appella le Roi , & le
pria de punir fon finge comme il le méritoit.
Tantale s'armant d'un cordon de foie
fe mit en devoir de le châtier ; mais le
malin Sapajou le prévint , & le prit au
colet , de façon qu'il l'eût étouffé fi fa
.femme ne fût venue au fecours , & n'eût
B
26 MERCURE DE FRANCE .
ferré fortement le col de l'animal avec
le ruban qui lui fervoit d'attache , & qui
formoit un noeud coulant. Le Dieu finge
fe fentant étrangler à fon tour , lâcha prife
; mais tout fon amour pour la Reine
s'éteignit alors , il fe transforma en haine
contre le mari . Le Sapajou s'éclipfa , &
Jupiter parut dans tout l'appareil de fa colere
. Va , dit - il au malheureux Tantale ,
va fubir aux enfers le fupplice que je viens
d'éprouver à ta Cour. Sois toujours prêt
à poffeder , fans pouvoir jamais jouir ;
meurs éternellement de foif au fein des
caux , & de faim au milieu des fruits . A
ces mots , Jupiter remonte aux cieux ;
Tantale tombe dans le Tartare , & Taigete
expire de douleur. C'eft ainfi que ce Monarque
, auffi vertueux qu'infortuné , fut
châtié de la fidélité de fa femme & de la
liaifon intime qu'il eut avec les Dieux.
Cet exemple nous prouve combien il eft
dangereux de fréquenter plus grand que
foi. Pour agir prudemment , nous ne devons
jamais voir ni au - deffus ni au- deffous
de nous. Nos inférieurs nous puniffent
de notre familiarité , & nos fupérieurs
de nos fervices : notre réputation leur eft
foumife comme notre vie ; elle reçoit la
couleur qu'ils veulent lui donner dans le
monde , & dépend moins de notre vertu
JANVIER. 1755. 27
que de leur fantaifie , ou de leur paffion .
De là je conclus que nos égaux font la
feule compagnie qui convienne à notre fûtreté
; c'eſt parmi eux qu'il faut choisir nos
amis , ou du moins nos connoiffances , par
la rareté dont fe trouvent les premiers.
Les mots font plus de tort
chofes.
PASIPHA É.
que les
PASIPHAÉ , fille du Soleil , épouſa
Minos , Roi de Crete . Ce Prince fut un
grand homme de guerre , un bon Légiflateur
, mais un mauvais mari : il ne fe
montra pas tel d'abord. Comme fa femme
joignoit l'efprit à la beauté , & qu'il
en étoit amoureux , il vêcut affez bien avec
elle les premieres années de fon mariage ;
mais ce bonheur fut troublé par la mort tragique
d'Androgée * , fon fils aîné , qu'il
aimoit tendrement ; il l'avoit eu d'une premiere
femme. Ce jeune Prince en voyageant
dans l'Attique , y fut cruellement
affaffiné. La perte d'un fils adoré fit une
fi forte révolution dans fon ame , qu'elle
Plutarque , vie de Théfée.
Bij
28 MERCURE DE FRANCE.
aigrit fon humeur , & changea fon caraçtere
: la nature en avoit fait un Roi jufte
la douleur en fit un tyran inflexible . Les
charmes de la Reine , loin d'adoucir fon
coeur , le rendirent plus farouche ; fon
amour dégénéra en jaloufie , & fa juſtice
en cruauté. Pour venger le meurtre d'Androgée
, il jura de porter la guerre dans
Athenes , & de punir une nation entiere
du crime de deux ou trois particuliers :
mais avant de remplir fon ferment , il inftitua
en l'honneur de fon fils , des jeux
funébres , qu'il fit enfuite célébrer tous les
ans. Les premiers prix furent remportés
par un Officier des plus diftingués de fa
Cour & de fon armée ; on l'appelloit Taurus
, ou Taureau , pour francifer fon nom.
C'étoit l'homme le plus fort de la Crere :
il étoit également adroit. Comme il s'étoit
fignalé dans les combats auffi bien que
dans les fêtes , le Roi en faifoit un cas
particulier. La Reine qui fut préfente à
ces jeux , ne conçut pas moins d'eftime
pour lui ; elle l'honora même d'un éloge
flateur , quand il s'approcha d'elle pour
recevoir de fa main le prix de la lutte &
de la courfe. La force , l'adreffe & la valeur
font trois qualités recommendables
auprès du beau fexe. Il eft vrai qu'elles
étoient un peu ternies en lui par une huJAN
VIE R. 1755 . 29
meur fiere & dure , pour ne pas dire
brutale ; mais c'eft l'ordinaire défaut des
gens robuftes : leur fang qui coule avec
impétuofité , ne leur permet guere d'être
polis. Un efprit doux & liant eft le partage
des complexions délicates , qui n'ont
pas la force de manquer d'égards , & qui
donnent le beau nom de fentiment à leur
foibleffe. Taurus étoit donc brufque , mais
effentiel. La Reine conféquemment n'avoit
pas tort d'être prévenue en fa faveur ;
elle y étoit autorifée par la confiance que
Minos avoit en lui . Ce Prince en donna
une preuve bien décifive en partant pour
aller lui- même faire en perfonne la guerre
aux Athéniens ; il l'établit Gouverneur de
Gnoffe , Capitale de fon Royaume , & remit
à fa garde ce qu'il avoit de plus cher ,
fon état & fa femme. Il lui recommenda
fur- tout de veiller fur la conduite de la
Reine , de doubler le nombre de fes Ar-.
gus , fous le prétexte d'augmenter fa Cour ,
& de ne lui laiffer qu'un efclavage honorable
.
Pafiphaé qui fe vit décemment prifonniere
, fe confola d'avoir pour furveillant
celui de fes Sujets qu'elle eftimoit le plus.
Elle employa tout fon art à le captiver luimême
: elle y réuffit. La rudeffe du plus
féroce s'adoucit à l'afpect de deux beaux .
:
B iij
30 MERCURE DE FRANCE.
yeux : ceux de la Reine étoient de ce nombre.
Le Taureau s'apprivoifa , & lui tine
compagnie. Un feul homme de la trempe
du Cretois fuffit pour amufer le loifir d'une
femme modefte , condamnée à la folitude.
Une conformité de goût fervit encore
à les unir d'une chaîne plus intime :
ils avoient tous deux une eftime particuliere
pour Dédale , & un amour de préfé
rence pour l'art qu'il profeffoit. Cet ingénieux
Méchanicien fat le Vaucanfon de
fon fiécle : il s'étoit déja rendu fameux à la
Cour de Crete par la conftruction du labyrinthe.
Ce furprenant édifice venoit d'être
fini par l'ordre de Minos. La Reine &
Taurus furent curieux d'en parcourir les
détours ; mais ils s'y perdirent de compagnie
, & fans le fecours de Dédale , ils
n'auroient jamais pû trouver le moyen d'en
fortir. Depuis ce moment , ils prirent tant
de goût pour les ouvrages de ce célébre
Artifte , qu'ils alloient tous les jours le voir
travailler à fon attelier. Supérieur dans fon
art , Dédale ne copioit que la Nature , &
'imitoit que les Dieux : il créoit à leur
exemple . Tantôt il animoit le marbre , tantôt
il faifoit parler le bronze , ou foupirer
le bois.
: Parmi différens chef- d'oeuvres , il conf
truifit un Taureau qui frappoit du pied la
JANVIER . 1755 . 31
terre , & refpiroit le feu : il lui donna pour
compagne une Geniffe fi parfaitement imitée
, que l'oeil s'y trompoit à la voir , elle
marchoit , elle broutoit , elle mugifloit
avec tant de vérité , qu'on la prenoit pour
une geniffe réelle. Le taureau s'enflamoit
à fa vûe , & beugloit à l'uniffon avec elle .
Pafiphaé étonnée de ce prodige , voulat
connoître le méchanifme qui l'opéroit.
Taurus eut la même curiofité . Dédale la
fatisfit ; il expofa à leurs regards l'intérieur
des deux machines , & pour leur en faire
mieux comprendre tout le jeu , il fit entrer
la Reine dans le corps de la geniffe ,
& fon Ecuyer dans le ventre du taureau .
Tous deux eurent à peine touché à un certain
fil , que la geniffe beugla , & que le
taureau lui répondit . Cette comédie les
amufa fi fort , qu'ils alloient chez Dédale
la jouer régulierement quatre fois par femaine.
Cette piéce finguliere dura fix mois,
qui fut tout le tems de l'abfence de Minos.
Ce Monarque revint triomphant des Athéniens.
Après les avoir vaincus , il les obligea
de lui envoyer en tribut fept jeunes
garçons & fept jeunes filles des plus no-
Bles familles d'Athenes , pour être enfermés
dans le labyrinthe.
La Reine accoucha trois mois après ; plu-
B iiij
32 MERCURE DE FRANCE.
*
fieurs difent de deux jumeaux , dont l'un
reffembloit au Roi de Crete , & l'autre au
Gouverneur de Gnoffe ; mais un Auteur
digne de foi , affure qu'elle ne mit au jour
qu'un feul Prince , qui avoit le fourcil noir
de Minos , & les cheveux roux de Taurus .
J'ai fuivi cette opinion comme la plus vraifemblable.
Les perfifleurs de la Cour exercerent
leurs mauvaiſes plaifanteries fur
cette double reffemblance , & donnerent
au fils de la Reine le fobriquet de Minotaure
, qui lui eft toujours refté. Le Roi
le prit en averfion , & conçut contre fa
femme un foupçon qui la perdit fans retour
; fa fureur jaloufe en redoubla. Les
ennemis que Taurus s'étoit attiré par fa
brufquerie infolente , chargerent fon hif
toire des plus noires couleurs : ils la répandirent
dans le public , elle parvint jufqu'à
Minos. Il apprit , en frémiffant , les
vifites fréquentes de fon favori & de fa
femme chez Dédale ; la promenade du labyrinthe
, où ils s'étoient égarés , & l'aventure
merveilleufe du taureau & de la
geniffe. Minos outragé , ou qui crut l'ê
tre , fignala bientôt fa vengeance. Dédale
eut pour prifon le labyrinthe , dont il étoit
l'inventeur. Le Prince Minotaure fut en-
* Servius dans fon Commentaire fur Virgile,
JANVIER.. 1755 . 33
fermé dans le même cachot ; il y fut nourri
comme une bête féroce : Taurus partagea
fon fupplice . La Reine fut enfevelie dans
un autre fouterrein . Par un raffinement de
cruauté , elle fut condamnée à ne plus voic
le jour , fans perdre la vie . Dédale eut recours
à fon art , & trouva feul le moyen
de s'échapper. Le Prince crut en force : il
devint bientôt monftrueux par fa taille gigantefque
, & fa férocité répondit à fon
éducation . Il combattoit les malheureux
Athéniens qu'on envoyoit en Crete ; on
les livroit à fa rage ; ils périffoient fous fes
coups , ou mouroient de la main de Taurus
, qui fecondoit fa fureur . Les jeunes
Grecques languiffoient dans l'efclavage.
Heureufement pour elles , Théfée , que le
fort mit du nombre des captifs , vint rompre
leurs fers. Il attaqua le redoutable Minotaure
, tua Taurus avec lui , & délivra
par cette victoire fa patrie d'un tribut auſſi
deshonorant pour l'humanité que pour
elle ; mais il ternit cette belle action par
le rapt d'Ariane , qui lui avoit enfeigné le
le_rapt
fecret de fortir du labyrinthe , en l'armant
d'un fil qui lui fervit de guide. En reconnoiffance
d'un fi grand bienfait , il l'arracha
des bras paternels , pour l'abandonner
dans une ifle déferte . Voilà de nos
brillans héros qui font le bien par nécef-
Bv
34 MERCURE DE FRANCE.
fité , & le gâtent bientôt après par le mal
qu'ils font volontairement . Minos , ce Roi
cité pour fa fagelle , s'en écarta dans cette
occafion , & flétrit fa gloire par la vengeance
éclatante qu'il tira d'une aventure
qu'il devoit plûtôt étouffer dans un profond
filence. La renommée qui groffit , &
qui déguife tout , broda fur ce fond la
plus horrible fable . Elle publia que Pafiphaé
éprife d'amour pour un taureau ,
avoit eu recours à Dédale pour fatisfaire
fon effroyable paffion , & que cet Artiſte
complaifant avoit fabriqué le corps d'une
geniffe , où il avoit introduit la Reine ,
pour lui faciliter un affreux commerce.
Les plus grands Poëtes ont confacré cette
horreur. Minos en a été puni le premier ,
puifqu'il en a partagé la honte. Sa malheureufe
époufe a été la victime d'une
équivoque. Tant il eft vrai , que les femmes
, quand elles font choix d'un amant
ne fçauroient avoir trop d'égard au nom
qu'il porte ; cette attention eft pour elles
de conféquence. Il ne faut qu'un nom ri
dicule pour donner lieu à un conte extravagant
, ou à un vaudeville malin qui
les perd de réputation : l'exemple de Pafiphaé
doit les effrayer. Si le Cretois qu'elle
eftimoit , fe fût nommé autrement que
Taureau , fon aventure n'eût été qu'une
JAN VIE R. 1755. 35
galanterie d'ufage , ou qu'une foibleffe excufable
; on n'en eût point parlé. Ce qui
fait voir que les mots font plus de tort que
les chofes. Pour moi je trouve Minos le
plus coupable , & j'ai cru devoir cette
apologie à l'honneur de Pafiphaé. Elle n'étoit
pas d'une vertu tout-à fait fans reproche
, mais elle étoit du moins fage comme
la plupart des femmes le font , ou peuvent
l'être jelle étoit d'ailleurs eftimable
par plufieurs
belles qualités ,fur-tout elle aimoit les
arts & protegeoit les talens . Suppofé qu'elle
ait eu du goût pour un autre que fon mari ,
pourquoi tant fe récrier ? la chofe n'eft pas
fans exemple , & fa paffion , après tout ,
n'eft pas fortie de l'ordre commun. La fable
a outré fur fon fujet , elle en a fait un
monftre affreux : je ramene fon hiftoire à
la vraisemblance ; j'en fais une fenime ordinaire
.
On donnera la fuite dans le mois prochain,
fi cet effai eft du goût du public. On tourne
aujourd'hui la vérité en fable ; l'Auteur
mieux intentionné tâche de tourner la fable
en vérité.
miſes au creuset.
LE fi
E monde eſt ſi plein de réputations
injuftement acquifes en mal comme
en bien , qu'il me prend envie de les mettre
dans le creufet de la vérité , pour les
réduire à leur jufte valeur. Si j'allois faire
de toutes une exacte analyfe , qu'on verroit
d'étranges métamorphofes ! pour établir
les unes il faudroit détruire les autres.
Par cette opération , je rendrois les
coquins honnêtes gens , & les honnêtes
gens coquins ; je rendrois nombre d'honnêtes
femmes ...... je n'ofe achever ; l'univers
en feroit bouleverfé . Pour éviter ce
defordre , & laiffer le fiécle tel qu'il eft ,
je me borne dans mon fyftême à blanchir
les plus célébres réputations de l'antiquité
qu'un préjugé calomnieux a noircies , & à
démafquer par contre- coup plufieurs de celles
qu'un faux éclat a déguifées, & que l'obfcurité
des tems a rendues refpectables . Je
voudrois pouvoir réhabiliter toutes les modernes
qui en ont befoin , mais j'aurois trop
à faire , & la tâche eft trop difficile. Je laiffe
cet honneur aux écrivains qui voudront
JANVIER. 1755 . 19
l'entreprendre après moi ; je me contente
de leur frayer le chemin. Cet effai fuffira
pour faire voir combien on doit être lent
à croire , encore plus timide à décider fur
les réputations , & pour prouver que fouvent
elles font plutôt l'ouvrage du hazard
malin , ou de l'opinion aveugle , que celui
de la raifon éclairée ou de la vérité bien
approfondie : c'eſt où le pyrrhonifme eſt
d'obligation.
Le danger de fréquenter plus grand quefoi .
:
TANTAL E.
Tantale étoit Roi de Phrygie . Jamais
Prince n'a été plus fauffement noirci . Fils
de Jupiter , il étoit digne de fa naiſſance ;
il réuniffoit toutes les qualités du coeur &
de l'efprit aimable , bienfaiſant , & fi
agréable convive , que les Dieux l'admirent
à leur table ; il fut de toutes leurs parties
, & devint leur ami familier . Comme
il avoit le don de plaire & d'amufer , plufieurs
Déeffes lui voulurent du bien ; en
conféquence plufieurs Dieux lui voulurent
du mal. Son trop de mérite le brouilla
avec eux , & lui caufa de fi cruelles tracafferies
qu'il fut obligé de quitter l'Qlympe
, pour ne plus vivre que fur la terre.
20 MERCURE DE FRANCE.
*
Il y devint amoureux de Taigéte , fille
d'Atlas. L'hymen les unit , il l'en aima
davantage , & retrouva les Cieux avec
elle. Il jouir d'un bonheur d'autant plus
pur , qu'il ne fut plus occupé que du plaifir
de faire du bien aux hommes : il polit
leurs moeurs , & leur apprit doublement à
vivre , en leur enfeignant à mettre du goût
dans leurs amufemens & de la délicateffe
dans leurs feftins. A l'affaifonnement des
bons mots , il joignit celui des mets exquis
, & fut par un excès de bonté le premier
maître d'hôtel du genre humain . Les
Dieux en furent jaloux , & lui en firent
un crime ; ils l'accuferent d'avoir trahi
leurs fecrets , & d'avoir dérobé le nectar &
l'ambroifie , pour en faire part aux mortels.
C'étoit peu d'avoir châtié injuftement
Promethée , pour avoir donné la vie
à l'homme , en l'animant de leur efprit ,
ils voulurent encore punir avec moins de
raifon Tantale , de lui avoir appris l'art
d'en jouir. Je parle d'après Pindare. Ils le
précipiterent dans les enfers , pour une action
qui méritoit les Champs Elifées. Le
genre de fupplice eft d'ailleurs peu convenable.
Il eft condamné à manquer de tout
au milieu de l'abondance : la générofité fit
tout fon forfait , & fon châtiment eft la
Paufanias.
JANVIER. 21
1755 .
*
peine des avares. Les uns lui font fouffrir
cette tortute pour un chien perdu ; les
autres , pour juftifier la rigueur des Dieux ,
le chargent contre toute vraisemblance de
leur avoir fervi de gaieté de coeur les membres
de fon fils Pelops . Voici l'événement
qui a donné lieu à cette noire calomnie.
Les Dieux ennuyés de ne plus voir Tantale
, allerent un jour le vifiter. Le premier
objet qui frappa leur vûe fut le petit
Pelops , qui étoit encore enfant. Jupiter
dit à Tantale , foit pour mettre fon zéle
à l'épreuve , foit par mauvaiſe plaifanterie
, dont les Dieux font quelquefois trèscapables
; Prince , votre fils eft d'un embonpoint
charmant , vous nous obligerez
tous de nous le faire fervir à fouper. Tantale
prit la propofition pour une raillerie
& lui répondit , en courtifan adroit , qu'il
faifoit trop d'honneur à fon fils , & qu'il
n'avoit rien qui ne fût au fervice de leur
divinité. Pour mieux jouer l'obéiffance ,
il donna ordre qu'on faifit Pelops ; mais
les Déeffes s'y opoferent . Venus le prit
dans fes bras , & toutes à l'envi s'emprefferent
à le careffer , en difant que ce feroit
dommage de le rôtir , qu'il étoit le
plus bel enfant du monde , & qu'il pour-
* C'étoit un chien que Jupiter lui avoit confié
pour la garde de fon temple dans l'ifle de Crete,
22 MERCURE DE FRANCE.
roit un jour les fervir plus utilement . Cerès
le trouva fi potelé qu'elle lui fit un fuçon
à l'épaule , qui étoit blanche comme
l'yvoire.
Momus , le Dieu de la médiſance , empoifonna
cette avanture , peut-être pour
faire fa cour à Jupiter , car fouvent les plus
noirs fatyriques font les plus lâches adulareurs
; ils ne déchirent méchamment les
uns que pour flater plus baffement les autres.
Momus fuivant donc ce caractere ,
donna un tour affreux à la chofe ; il publia
que Tantale leur avoit offert fon fils à
manger pour éprouver leur puiffance ; mais
qu'ayant reconnu fon horrible perfidie , ils
s'étoient tous abftenus d'y toucher ; que
la feule Cérès , aveuglée par un appétit
defordonné , avoit dévoré l'épaule droite
de l'enfant , & que Jupiter lui en avoit
fubftitué une d'yvoire , en rajuftant tous
fes membres , & leur donnant une nouvelle
vie.
Cette fable prit généralement , tant il eft
vrai que le faux merveilleux , quelqu'abfurde
qu'il foit , trouve toujours plus de foi
parmi les hommes que la fimple vérité.
La fuperftition alla plus loin. Après la mort
de Pelops , elle divulgua que fon épaule
Pindare , Ode I.
JANVIER. 1755. 23
miraculeufe guériffoit plufieurs maux différens.
Un grand nombre de malades lui
rendirent un dévôt hommage , & peutêtre
que le hazard , ou le bonheur de quelques
guérifons fortuites fervit à établir.
cette croyance , qu'il parut juftifier.
Ce que j'ai appris d'un Mythologiſte
auffi profond que fenfé , c'eft que Tantale ,
depuis ce fatal repas , avoit encouru la
difgrace du maître du ciel , fon pere , par
une raiſon fecrete que j'ai trouvée trèsvraisemblable.
Jupiter toujours prompt à s'enflammer
pour les nouveaux objets qui s'offroient à
fes yeux , ne put voir Taigete , la femme
de Tantale , fans être touché de fes charmes
; c'étoit une taille célefte , une beauté
digne des Dieux. L'enjouement & la mo
deftie formoient en elle un mêlange enchanteur
qui la rendoit adorable. Elle faifoit
les honneurs du fouper que fon époux
donnoit à la troupe immortelle. En prenant
le nectar de fa main , le Roi de l'Olympe
s'enyvra d'un amour dont il eut d'autant
plus de peine à guérir qu'il ne pût parvenir
à le rendre heureux . L'aimable Reine
de Phrygie reçut le lendemain de fa part
un billet , qui exprimoit la paffion la plus
vive ; mais à peine eut-elle jetté les yeux
fur les premieres lignes , qu'elle le rendit
24 MERCURE DE FRANCE .
fon
à Mercure qui en étoit le porteur . Il eut
beau la preffer d'y répondre , elle lui dit
en riant qu'elle ne fçavoit pas écrire , &
qu'elle prenoit toujours fon mari pour
fecrétaire. Jupiter inftruit du mauvais fuccès
de fa lettre , eut recours aux métamorphofes
qui lui avoient fouvent réuffi , &
pour lefquelles il avoit un goût particulier.
Taigete avoit trois bêtes qu'elle aimoit
fingulierement ; un perroquet , un épagneul
, & un fapajou. Le fouverain des
Cieux prit d'abord la figure du premier , &
courut béqueter la Reine . Tantale qui revenoit
de la chaffe , entra dans ce moment ;
il écarta le perroquer pour embraffer fa
femme , qui lui rendit careffe pour careffe.
L'oifeau jaloux mordit fi fort l'oreille
du mari , qu'il lui en refta un morceau
dans fon bec. Tantale fit un cri , & Taigete
effrayée de voir couler le fang du Roi,
faifit le perroquet avec indignation : elle
alloit le livrer aux griffes d'un gros matou ,
qui brûloit de l'étrangler , quand l'oifeau
s'échappa , & prit l'effor par la fenêtre.
Trois jours après , Jupiter informé que
Tantale avoit quitté fa femme pour une
affaire importante qui demandoit fa préfence
ailleurs , revint auprès d'elle fous la
forme de l'épagneul . Il comptoit que fon
époux
JANVIER. 1755. 25
Epoux feroit obligé de découcher au moins
une nuit , car dans ce tems là les maris ,
même de Cour , ne faifoient jamais lit à
part. Taigete defefperoit elle -même du
retour du Roi : elle étoit prête à fe coucher
, & l'Epagneul impatient avoit déja
pris au lit la place de Tantale , quand ce
Prince arriva fort à propos. Le chien furieux
, fort de la couche royale , & abboye
contre lui de toutes fes forces . Le Roi ennuyé
de fes cris , lui donna un fi grand
coup de pied , que l'Epagneul oubliant
fon rolle de chien , jura en Dieu , qui parle
en maître. Tantale furpris de cette nouveauté
, ordonna qu'on le faisît pour éclaircir
ce prodige ; mais le chien prit la fuite
& difparut. Le Monarque du ciel jouant
de fon refte , s'établit pour la troifieme
fois chez la Reine en qualité de Sapajou .
Il l'amufa d'abord par cent jolis tours ;
mais s'émancipant par degrés , il fauta fur
l'épaule de fa maîtreffe , & l'ofa careffer
jufqu'à fortir des bornes de la décence . La
Reine fcandalifée , appella le Roi , & le
pria de punir fon finge comme il le méritoit.
Tantale s'armant d'un cordon de foie
fe mit en devoir de le châtier ; mais le
malin Sapajou le prévint , & le prit au
colet , de façon qu'il l'eût étouffé fi fa
.femme ne fût venue au fecours , & n'eût
B
26 MERCURE DE FRANCE .
ferré fortement le col de l'animal avec
le ruban qui lui fervoit d'attache , & qui
formoit un noeud coulant. Le Dieu finge
fe fentant étrangler à fon tour , lâcha prife
; mais tout fon amour pour la Reine
s'éteignit alors , il fe transforma en haine
contre le mari . Le Sapajou s'éclipfa , &
Jupiter parut dans tout l'appareil de fa colere
. Va , dit - il au malheureux Tantale ,
va fubir aux enfers le fupplice que je viens
d'éprouver à ta Cour. Sois toujours prêt
à poffeder , fans pouvoir jamais jouir ;
meurs éternellement de foif au fein des
caux , & de faim au milieu des fruits . A
ces mots , Jupiter remonte aux cieux ;
Tantale tombe dans le Tartare , & Taigete
expire de douleur. C'eft ainfi que ce Monarque
, auffi vertueux qu'infortuné , fut
châtié de la fidélité de fa femme & de la
liaifon intime qu'il eut avec les Dieux.
Cet exemple nous prouve combien il eft
dangereux de fréquenter plus grand que
foi. Pour agir prudemment , nous ne devons
jamais voir ni au - deffus ni au- deffous
de nous. Nos inférieurs nous puniffent
de notre familiarité , & nos fupérieurs
de nos fervices : notre réputation leur eft
foumife comme notre vie ; elle reçoit la
couleur qu'ils veulent lui donner dans le
monde , & dépend moins de notre vertu
JANVIER. 1755. 27
que de leur fantaifie , ou de leur paffion .
De là je conclus que nos égaux font la
feule compagnie qui convienne à notre fûtreté
; c'eſt parmi eux qu'il faut choisir nos
amis , ou du moins nos connoiffances , par
la rareté dont fe trouvent les premiers.
Les mots font plus de tort
chofes.
PASIPHA É.
que les
PASIPHAÉ , fille du Soleil , épouſa
Minos , Roi de Crete . Ce Prince fut un
grand homme de guerre , un bon Légiflateur
, mais un mauvais mari : il ne fe
montra pas tel d'abord. Comme fa femme
joignoit l'efprit à la beauté , & qu'il
en étoit amoureux , il vêcut affez bien avec
elle les premieres années de fon mariage ;
mais ce bonheur fut troublé par la mort tragique
d'Androgée * , fon fils aîné , qu'il
aimoit tendrement ; il l'avoit eu d'une premiere
femme. Ce jeune Prince en voyageant
dans l'Attique , y fut cruellement
affaffiné. La perte d'un fils adoré fit une
fi forte révolution dans fon ame , qu'elle
Plutarque , vie de Théfée.
Bij
28 MERCURE DE FRANCE.
aigrit fon humeur , & changea fon caraçtere
: la nature en avoit fait un Roi jufte
la douleur en fit un tyran inflexible . Les
charmes de la Reine , loin d'adoucir fon
coeur , le rendirent plus farouche ; fon
amour dégénéra en jaloufie , & fa juſtice
en cruauté. Pour venger le meurtre d'Androgée
, il jura de porter la guerre dans
Athenes , & de punir une nation entiere
du crime de deux ou trois particuliers :
mais avant de remplir fon ferment , il inftitua
en l'honneur de fon fils , des jeux
funébres , qu'il fit enfuite célébrer tous les
ans. Les premiers prix furent remportés
par un Officier des plus diftingués de fa
Cour & de fon armée ; on l'appelloit Taurus
, ou Taureau , pour francifer fon nom.
C'étoit l'homme le plus fort de la Crere :
il étoit également adroit. Comme il s'étoit
fignalé dans les combats auffi bien que
dans les fêtes , le Roi en faifoit un cas
particulier. La Reine qui fut préfente à
ces jeux , ne conçut pas moins d'eftime
pour lui ; elle l'honora même d'un éloge
flateur , quand il s'approcha d'elle pour
recevoir de fa main le prix de la lutte &
de la courfe. La force , l'adreffe & la valeur
font trois qualités recommendables
auprès du beau fexe. Il eft vrai qu'elles
étoient un peu ternies en lui par une huJAN
VIE R. 1755 . 29
meur fiere & dure , pour ne pas dire
brutale ; mais c'eft l'ordinaire défaut des
gens robuftes : leur fang qui coule avec
impétuofité , ne leur permet guere d'être
polis. Un efprit doux & liant eft le partage
des complexions délicates , qui n'ont
pas la force de manquer d'égards , & qui
donnent le beau nom de fentiment à leur
foibleffe. Taurus étoit donc brufque , mais
effentiel. La Reine conféquemment n'avoit
pas tort d'être prévenue en fa faveur ;
elle y étoit autorifée par la confiance que
Minos avoit en lui . Ce Prince en donna
une preuve bien décifive en partant pour
aller lui- même faire en perfonne la guerre
aux Athéniens ; il l'établit Gouverneur de
Gnoffe , Capitale de fon Royaume , & remit
à fa garde ce qu'il avoit de plus cher ,
fon état & fa femme. Il lui recommenda
fur- tout de veiller fur la conduite de la
Reine , de doubler le nombre de fes Ar-.
gus , fous le prétexte d'augmenter fa Cour ,
& de ne lui laiffer qu'un efclavage honorable
.
Pafiphaé qui fe vit décemment prifonniere
, fe confola d'avoir pour furveillant
celui de fes Sujets qu'elle eftimoit le plus.
Elle employa tout fon art à le captiver luimême
: elle y réuffit. La rudeffe du plus
féroce s'adoucit à l'afpect de deux beaux .
:
B iij
30 MERCURE DE FRANCE.
yeux : ceux de la Reine étoient de ce nombre.
Le Taureau s'apprivoifa , & lui tine
compagnie. Un feul homme de la trempe
du Cretois fuffit pour amufer le loifir d'une
femme modefte , condamnée à la folitude.
Une conformité de goût fervit encore
à les unir d'une chaîne plus intime :
ils avoient tous deux une eftime particuliere
pour Dédale , & un amour de préfé
rence pour l'art qu'il profeffoit. Cet ingénieux
Méchanicien fat le Vaucanfon de
fon fiécle : il s'étoit déja rendu fameux à la
Cour de Crete par la conftruction du labyrinthe.
Ce furprenant édifice venoit d'être
fini par l'ordre de Minos. La Reine &
Taurus furent curieux d'en parcourir les
détours ; mais ils s'y perdirent de compagnie
, & fans le fecours de Dédale , ils
n'auroient jamais pû trouver le moyen d'en
fortir. Depuis ce moment , ils prirent tant
de goût pour les ouvrages de ce célébre
Artifte , qu'ils alloient tous les jours le voir
travailler à fon attelier. Supérieur dans fon
art , Dédale ne copioit que la Nature , &
'imitoit que les Dieux : il créoit à leur
exemple . Tantôt il animoit le marbre , tantôt
il faifoit parler le bronze , ou foupirer
le bois.
: Parmi différens chef- d'oeuvres , il conf
truifit un Taureau qui frappoit du pied la
JANVIER . 1755 . 31
terre , & refpiroit le feu : il lui donna pour
compagne une Geniffe fi parfaitement imitée
, que l'oeil s'y trompoit à la voir , elle
marchoit , elle broutoit , elle mugifloit
avec tant de vérité , qu'on la prenoit pour
une geniffe réelle. Le taureau s'enflamoit
à fa vûe , & beugloit à l'uniffon avec elle .
Pafiphaé étonnée de ce prodige , voulat
connoître le méchanifme qui l'opéroit.
Taurus eut la même curiofité . Dédale la
fatisfit ; il expofa à leurs regards l'intérieur
des deux machines , & pour leur en faire
mieux comprendre tout le jeu , il fit entrer
la Reine dans le corps de la geniffe ,
& fon Ecuyer dans le ventre du taureau .
Tous deux eurent à peine touché à un certain
fil , que la geniffe beugla , & que le
taureau lui répondit . Cette comédie les
amufa fi fort , qu'ils alloient chez Dédale
la jouer régulierement quatre fois par femaine.
Cette piéce finguliere dura fix mois,
qui fut tout le tems de l'abfence de Minos.
Ce Monarque revint triomphant des Athéniens.
Après les avoir vaincus , il les obligea
de lui envoyer en tribut fept jeunes
garçons & fept jeunes filles des plus no-
Bles familles d'Athenes , pour être enfermés
dans le labyrinthe.
La Reine accoucha trois mois après ; plu-
B iiij
32 MERCURE DE FRANCE.
*
fieurs difent de deux jumeaux , dont l'un
reffembloit au Roi de Crete , & l'autre au
Gouverneur de Gnoffe ; mais un Auteur
digne de foi , affure qu'elle ne mit au jour
qu'un feul Prince , qui avoit le fourcil noir
de Minos , & les cheveux roux de Taurus .
J'ai fuivi cette opinion comme la plus vraifemblable.
Les perfifleurs de la Cour exercerent
leurs mauvaiſes plaifanteries fur
cette double reffemblance , & donnerent
au fils de la Reine le fobriquet de Minotaure
, qui lui eft toujours refté. Le Roi
le prit en averfion , & conçut contre fa
femme un foupçon qui la perdit fans retour
; fa fureur jaloufe en redoubla. Les
ennemis que Taurus s'étoit attiré par fa
brufquerie infolente , chargerent fon hif
toire des plus noires couleurs : ils la répandirent
dans le public , elle parvint jufqu'à
Minos. Il apprit , en frémiffant , les
vifites fréquentes de fon favori & de fa
femme chez Dédale ; la promenade du labyrinthe
, où ils s'étoient égarés , & l'aventure
merveilleufe du taureau & de la
geniffe. Minos outragé , ou qui crut l'ê
tre , fignala bientôt fa vengeance. Dédale
eut pour prifon le labyrinthe , dont il étoit
l'inventeur. Le Prince Minotaure fut en-
* Servius dans fon Commentaire fur Virgile,
JANVIER.. 1755 . 33
fermé dans le même cachot ; il y fut nourri
comme une bête féroce : Taurus partagea
fon fupplice . La Reine fut enfevelie dans
un autre fouterrein . Par un raffinement de
cruauté , elle fut condamnée à ne plus voic
le jour , fans perdre la vie . Dédale eut recours
à fon art , & trouva feul le moyen
de s'échapper. Le Prince crut en force : il
devint bientôt monftrueux par fa taille gigantefque
, & fa férocité répondit à fon
éducation . Il combattoit les malheureux
Athéniens qu'on envoyoit en Crete ; on
les livroit à fa rage ; ils périffoient fous fes
coups , ou mouroient de la main de Taurus
, qui fecondoit fa fureur . Les jeunes
Grecques languiffoient dans l'efclavage.
Heureufement pour elles , Théfée , que le
fort mit du nombre des captifs , vint rompre
leurs fers. Il attaqua le redoutable Minotaure
, tua Taurus avec lui , & délivra
par cette victoire fa patrie d'un tribut auſſi
deshonorant pour l'humanité que pour
elle ; mais il ternit cette belle action par
le rapt d'Ariane , qui lui avoit enfeigné le
le_rapt
fecret de fortir du labyrinthe , en l'armant
d'un fil qui lui fervit de guide. En reconnoiffance
d'un fi grand bienfait , il l'arracha
des bras paternels , pour l'abandonner
dans une ifle déferte . Voilà de nos
brillans héros qui font le bien par nécef-
Bv
34 MERCURE DE FRANCE.
fité , & le gâtent bientôt après par le mal
qu'ils font volontairement . Minos , ce Roi
cité pour fa fagelle , s'en écarta dans cette
occafion , & flétrit fa gloire par la vengeance
éclatante qu'il tira d'une aventure
qu'il devoit plûtôt étouffer dans un profond
filence. La renommée qui groffit , &
qui déguife tout , broda fur ce fond la
plus horrible fable . Elle publia que Pafiphaé
éprife d'amour pour un taureau ,
avoit eu recours à Dédale pour fatisfaire
fon effroyable paffion , & que cet Artiſte
complaifant avoit fabriqué le corps d'une
geniffe , où il avoit introduit la Reine ,
pour lui faciliter un affreux commerce.
Les plus grands Poëtes ont confacré cette
horreur. Minos en a été puni le premier ,
puifqu'il en a partagé la honte. Sa malheureufe
époufe a été la victime d'une
équivoque. Tant il eft vrai , que les femmes
, quand elles font choix d'un amant
ne fçauroient avoir trop d'égard au nom
qu'il porte ; cette attention eft pour elles
de conféquence. Il ne faut qu'un nom ri
dicule pour donner lieu à un conte extravagant
, ou à un vaudeville malin qui
les perd de réputation : l'exemple de Pafiphaé
doit les effrayer. Si le Cretois qu'elle
eftimoit , fe fût nommé autrement que
Taureau , fon aventure n'eût été qu'une
JAN VIE R. 1755. 35
galanterie d'ufage , ou qu'une foibleffe excufable
; on n'en eût point parlé. Ce qui
fait voir que les mots font plus de tort que
les chofes. Pour moi je trouve Minos le
plus coupable , & j'ai cru devoir cette
apologie à l'honneur de Pafiphaé. Elle n'étoit
pas d'une vertu tout-à fait fans reproche
, mais elle étoit du moins fage comme
la plupart des femmes le font , ou peuvent
l'être jelle étoit d'ailleurs eftimable
par plufieurs
belles qualités ,fur-tout elle aimoit les
arts & protegeoit les talens . Suppofé qu'elle
ait eu du goût pour un autre que fon mari ,
pourquoi tant fe récrier ? la chofe n'eft pas
fans exemple , & fa paffion , après tout ,
n'eft pas fortie de l'ordre commun. La fable
a outré fur fon fujet , elle en a fait un
monftre affreux : je ramene fon hiftoire à
la vraisemblance ; j'en fais une fenime ordinaire
.
On donnera la fuite dans le mois prochain,
fi cet effai eft du goût du public. On tourne
aujourd'hui la vérité en fable ; l'Auteur
mieux intentionné tâche de tourner la fable
en vérité.
Fermer
Résumé : LES REPUTATIONS mises au creuset.
Le texte 'Les Réputations mises au creuset' examine la nature trompeuse des réputations, tant positives que négatives, et propose de les analyser à la lumière de la vérité. L'auteur souhaite révéler les métamorphoses des réputations en les soumettant à une analyse exacte, ce qui pourrait bouleverser l'univers en rendant certains coquins honnêtes et certains honnêtes gens coquins. Pour éviter ce désordre, il se limite à réhabiliter les réputations antiques injustement noircies et à démystifier celles déguisées par un faux éclat. L'auteur illustre son propos par l'exemple de Tantale, roi de Phrygie, dont la réputation a été injustement ternie. Tantale, fils de Jupiter, était bienfaisant et agréable, admiré par les Dieux qui l'invitaient à leur table. Cependant, son trop grand mérite le brouilla avec eux, et il fut puni injustement. Les Dieux l'accusèrent d'avoir révélé leurs secrets et de leur avoir servi les membres de son fils Pelops. En réalité, Tantale avait refusé de sacrifier Pelops, qui fut sauvé par les Dieux. Cette calomnie fut propagée par Momus, le Dieu de la médisance. Tantale fut condamné à souffrir de la faim et de la soif au milieu de l'abondance, un supplice injustifié selon l'auteur. L'auteur conclut que les réputations sont souvent le fruit du hasard ou de l'opinion aveugle plutôt que de la raison éclairée. Il met en garde contre le danger de fréquenter des personnes plus puissantes que soi, car elles peuvent nuire à notre réputation. Le texte relate également l'histoire de Taurus, un homme robuste mais brutal, nommé gouverneur de Gnosse par le roi Minos. Taurus est chargé de surveiller la reine Paphos et d'augmenter sa cour. Paphos, prisonnière décente, utilise son art pour captiver Taurus, qui s'adoucit à sa vue. Ils partagent une passion commune pour Dédale, un ingénieux mécanicien célèbre pour le labyrinthe. Paphos et Taurus passent du temps avec Dédale, admirant ses œuvres, notamment un taureau et une génisse mécaniques. Intrigués par ces machines, ils jouent régulièrement une comédie où ils incarnent ces animaux. Pendant l'absence de Minos, Paphos accouche d'un enfant, le Minotaure, qui présente des traits de Minos et de Taurus. La cour moque l'enfant, surnommé Minotaure, et Minos, jaloux, accuse Paphos et Taurus d'adultère. Il condamne Dédale, le Minotaure et Taurus à des supplices, et Paphos à l'emprisonnement. Thésée, captif athénien, tue le Minotaure et Taurus, libérant ainsi Athènes du tribut imposé par Minos. La renommée déforme l'histoire, accusant Paphos d'avoir aimé un taureau, ce que l'auteur conteste, la défendant comme une femme ordinaire et estimable.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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99
p. 193-201
DE MONTPELLIER.
Début :
On a trouvé il y a deux mois dans le tems que la neige [...]
Mots clefs :
Famille royale, Majesté, Roi, Reine, Musique, Évêque de Gap, Chapelle, Compagnie, Dauphin, Grand-messe, Père Griffet, Madame Adélaïde, Sophie Victoire, Louise Victoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE MONTPELLIER.
DE MONTPELLIER .
On atrouvé il y a deux mois dans le tems que
la neige étoit fur terre , un oifeau plus gros qu'un
Coq d'Inde , reffemblant affez à un Héron , ayant
une espece de couronne fur la tête avec deux grandes
plumes qui lui tomboient fur le dos. Il étoit
fi maigre que ne pouvant plus voler , des chiens
le prirent à Caftries, terre appartenant à M. le Marquis
de Caftres , à deux lieues de Montpellier. Il
avoit un anneau au pied, fur lequel étoient gravées
que voici : les lettres
C. W. F. M. Z. B. O.
NO. 74. A. 1752. U. G.
On nous a prié d'inférer dans l'article des nouvelles
cet événement , qui peut intéreffer la perfonne
à qui appartenoit cet oifeau. On pourroit
fçavoir par ce moyen d'où il eft venu , quelle étoit
fon efpece , & le tems où il s'eft fauvé de chez fon
maître.
Le 18 Mars, pendant la Meffe du Roi , l'Evêque de
Gap prêta ferment entre les mains de Sa Majeſté.
Le huitieme tirage de la premiere lotterie royale
fe fit le 19 & les jours fuivans , dans la grande
Salle de l'Hôtel de Ville , en préfence des Prévôt
des Marchands & Echevins. Le principal Lot
cft échu au numéro 6804 , & le fecond au numéro
16894. Le numéro 1628 a eu la premiere
Prime.
On fit le 22 de ce mois la proceffion folemnelle
, qu'on a coutume de faire tous les ans ,
en mémoire de la réduction de cette Capitale
fous l'obéiffance de Henri IV. Le Corps de Ville
y affifta fuivant l'ufage.
I
194 MERCURE DE FRANCE.
Le même jour l'Académie Françoife élut le
fieur de Châteaubrun , pour remplir la place vacante
dans cette Compagnie , par la mort du
Préſident de Montefquieu .
Le 23 , l'Evêque de Vence fut facré dans la
Chapelle du Séminaire de Saint Sulpice , par
l'Evêque de Beauvais , affifté des Evêques de
Soiffons & de Bazas , & le 24 , pendant la Meffe
du Roi , il prêta ferment de fidélité entre les
mains de Sa Majesté.
La Marquife de Sailly fut préfentée le 23 à
Leurs Majeftés & à la Famille Royale.
Le 23 , Dimanche des Rameaux , le Roi , accompagné
de Madame Adelaïde , & de Mefdames
Victoire , Sophie & Louiſe , aſſiſta dans
la Chapelle à la Bénédiction des Palmes. Cette
cérémonie fut faite par l'Abbé Gergoy , Chapelain
Ordinaire de la Chapelle - Mufique , lequel
préfenta une Palme à Sa Majefté. Après
la Proceffion , & après avoir adoré la Croix ,
le Roi entendit la grande Meffe , célébrée par
le même Chapelain , & chantée par la Mufique.
L'après-midi , le Roi entendit le Sermon du
Pere Griffet , de la Compagnie de Jeſus . Sa Majeſté
aſſiſta enfuite aux Vêpres , chantées par la
Mufique , & au ' Salut célébré par les Millionnaires.
La Reine , Monfeigneur le Dauphin & Madame
la Dauphine , affifterent dans la Tribune à
l'Office du matin & à celui de l'après -midi.
Le 27 , Jeudi Saint , l'Evêque de Gap ayant
fait l'Abfoute , & le Roi ayant entendu le Sermon
de l'Abbé de Trémouilhe , Chanoine &
Théologal de l'Eglife Métropolitaine de Tours ;
Sa Majefté a lave les pieds à douze pauvres ,
a
MAI. 1755. 195
& les a ſervis à table . Le Prince de Condé ,
Grand Maître de la Maiſon du Roi , étoit à la
tête des Maîtres d'Hôtel , & il précédoit le Service
, dont les plats ont été portés par Monfeigneur
le Dauphin , le Duc d'Orléans , le
Prince de Conti , le Comte de la Marche , le
Comte d'Eu , & par les principaux Officiers de
Sa Majesté. Après cette cérémonie , le Roi &
la Reine , accompagnés de la Famille Royale,
fe font rendus à la Chapelle , où Leurs Majeftés
ont entendu la grande Meffe , célébrée
par l'Abbé Gergoy , & ont affifté à la Proceffion
.
Leurs Majeftés ont affifté le 26 & le 27 à l'Office
des Ténebres , chanté par la Mufique.
L'Académie des Belles • Lettres de Marſeille
ayant réſervé le prix qu'elle devoit adjuger en
1754 , en aura cette année deux à diftribuer.
Elle donnera l'un de ces prix à un Poëme en
rimes plates , de cent cinquante vers au plus ,
& de cent au moins , dont le fujet fera : La
Réunion de la Provence à la Couronne. L'autre
prix eft deftiné à un Difcours d'un quart
d'heure , ou tout au plus d'une demi - heure
de lecture , lequel aura pour fujet : L'homme
eft plus grand par l'ufage defes talens , que par les
talens mêmes.
La Fregate la Gloire , qui a fait voile de Pondichery
le 10 Septembre 1754 , eft arrivée le
26 Mars au Port de l'Orient. On a appris par
ce bâtiment que le fieur Godeheu étoit dé
barqué le 2 Août à Pondichery , & que le fieur
Dupleix , qui lui a remis le Gouvernement des
étab iffemens de la Compagnie dans l'Inde , devoit
être parti au mois d'Octobre , pour revenir en
Europe.
Iij
196 MERCURE DE FRANCE.
Le 27 de Mars , la Reine entendit le
Sermon de la Cêne de l'Abbé de Tremouilhe ,
Chanoine & Théologal de l'Eglife Métropoli- ,
taine de Tours. L'Evêque de Gap fit enfuite.
Abfoute , après laquelle la Reine lava les pieds
à douze pauvres Filles , que Sa Majesté fervit
à table. Le Marquis de Chalmazel , premier
Maître d'Hôtel de la Reine , précéda le Service
, & les plats furent portés par Madame Adelaïde
, par Mefdames Victoire , Sophie & Louife,
par la Ducheffe d'Orleans , par les Dames du
Palais de la Reine , & les Dames de Compagnie
de Mefdames de France.
Leurs Majeftés & la Famille Royale fe rendirent
le même jour fur les dix heures du foir
à la Chapelle du Château , & firent leurs prieres
devant l'Autel , où le Saint Sacrement étoit '
en dépôt.
Le 28 , jour du Vendredi Saint , le Roi & la
Reine , accompagnés de Madame Adelaïde , &
de Mefdames Victoire & Sophie , entendirent
le Sermon de la Paffion du Pere Griffet , de la
Compagnie de Jefus. Après la Prédication , leurs
Majeftés affifterent à l'Office , & allerent à l'Adoration
de la Croix. L'après- midi , le Roi & la
Reine entendirent les Tenebres.
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dau
phine , & Madame Louife , affifterent à l'Offi
ce du matin & du foir dans la Tribune .
Le 29 , Samedi Saint , leurs Majeftés entendirent
la grande Meffe , célébrée par les Miffionnaires.
-
Elles affifterent l'après midi aux Complies ,
après lefquelles la Mufique chanta le Regina Cali
& PO Filii , de la compofition du fieur Mondonville
, Maître de Mufique de la Chapelle , en
quartier.
MAI 1755 197- 甲
enten-
Le 30 , Fête de Pâques , le Roi & la Reine ,
accompagnés de Mefdames de France ,
dirept dans la Chapelle du Château la grande
Meffe , à laquelle l'Evêque de Gap officia pontificalement
, & qui fut chantée par la Mu-.
fique.
L'après-midi , leurs Majeftés affifterent à la
Prédication du Pere Griffet , enfuite aux Vêpres
, chantées par la Mufique , auxquelles l'Evêque
de Gap officia ; & au Salut célébré par
les Miffionnaires , pendant lequel la Mufique
chanta l'O Filii.
Le 30 Monfeigneur le Duc de Bourgogne &
Madame dînerent avec la Reine .
Le même jour , la Comteffe de Marfan , Gouvernante
des Enfans de France , conduifit Monfeigneur
le Duc de Berry chez la Reine , pour
la premiere fois depuis la naiffance de ce
Prince.
Le Maréchal Duc de Belle- Ifle , en long
manteau de deuil , a fait fes révérences à leurs
Majeftés & à la Famille Royale , à occafion
de la mort de la Maréchale de Belle - Ifle .
Le 6 , l'Evêque de Rennes , le Duc de Rohan
& le Sr Baillon , Préfidens des trois Ordres des
Etats de Bretagne , & nommés pour présenter au
Roi la médaille & l'eftampe du monument que
les Etats ont fait élever à Rennes , en mémoire de
la convalescence & des victoires de Sa Majesté ,
s'acquitterent de ce devoir. Sa Majefté voulant
leur témoigner fa fatisfaction par une marque dif
tinguée , les reçut dans fon cabinet . L'Evêque de
Rennes porta la parole. Le Duc d'Aiguillon, Commandant
en Bretagne , accompagnoit la députation
; & le Comte de Saint - Florentin , Miniftre
& Secrétaire d'Etat ayant le département de cette
-
Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
province , préfenta les Députés au Roi , à la Reine
, & à la Famille royale.
L'Académie royale de Chirurgie tint le 10
Avril fon affemblée publique. A l'ouverture de la
féance, le Sr Morand , Secrétaire perpétuel , annonça
que l'Académie avoit ajugé le prix , Sur laquefsiondufeu
, ou cautere actuel , comme remede de chirurgie
, au Mémoire No. 20 , portant à la premiere
page l'emblême de la Salamandre , avec la devife ,
Nimium extinguit , defideratum renovat ; & à la
derniere page l'enblême du phénix avec la devife
Crematus ipfe refurgit . Le Sr Pipelet lut une obfervation
, Sur la cure d'une Hernie d'inteftins gangrenée
, accompagnée de quelques circonfiances fingulieres.
Cette lecture fut fuivie de celle d'un mémoire
du Sr Houftet , Sur une espece particuliere
d'exoftofe . Le troifieme mémoire qui fut lû , eft
du Sr Ruffel , & contient des obfervations , Sur
les bons effets des cauteres multipliés dans le cas de
l'épilepfie. Le Sr Louis lut un mémoire , Sur les
pierres urinaires , formées hors des voies urinaires.
La féance fut terminée par la lecture de l'histoire
d'une plaie au foie au diaphragme , guérie par
les foins du Sr du Bertrand.
Le Comte de Gifors , nouvellement arrivé des
voyages qu'il a faits dans différentes Cours de
l'Europe , rendit le 12 fes refpects à leurs Majeftés
, étant préfenté par le Maréchal Duc de Belle-
Ifle , fon pere.
Le 13 , la Comteffe d'Ayen fut préfentée à leurs
Majeftés & à la Famille royale par la Ducheffe
d'Ayen, fa belle - mere. En vertu du brevet d'honneurs
que le Roi a accordé au Comte d'Ayen , elle
prit le tabouret.
Mademoiſelle de Sens préſenta le même jour la
Marquise de Prulé.
MA I. 1755 . 199
Le même jour leurs Majeftés fignerent les
contrats de mariage du Comte de Coigny , Meſtre
de Camp général des Dragons , avec la Vicomteffe
douairiere de Chabot ; du Marquis de Bethu
ne , Meftre de Camp général de la Cavalerie ,
avec Demoiſelle Crozat de Thiers ; du Comte de
Ligny , avec Demoiſelle de Rambures ; du fieur
de Blair de Boifmont , Intendant de Valenciennes ,
avec Demoiſelle de Fleffelle ; & du fieur Dufort
Introdacteur des Ambaffadeurs , avec Demoiſelle
le Gendre.
Le Roi a donné fon agrément au mariage du
Vicomte de Merinville , Brigadier de Cavalerie ,
& Capitaine fous- Lieutenant des Gendarines de lá.
Garde ordinaire du Roi , avec la feconde fille da
Marquis de Lhôpital .
Le Marquis de Marigny , Directeur & Ordonnateur
général des Bâtimens & Jardins du Roi ,
ainfi que des Arts & Manufactures , préfenta le
13 à Sa Majefté les ouvrages de peinture & de
fculptute faits pendant l'année derniere par les
éleves protégés. Voici la lifte de ces ouvrages.
1º. Le Šauveur lavant les pieds à fes Apôtres , par
le fieur Fragonard , âgé de 22 ans , & depuis deux
ans dans l'école. 2°. Armide prête à poignarder
Renaud , & arrêtée par l'Amour. Ce tableau eft
du fieur Monet depuis dix-huit mois dans l'école ,
& âgé de 23 ans. 3. Mercure qui endort Argus ,
pour enlever lo métamorphofée en Géniffe , par le
fieur Brenet l'aîné , âgé de 16 ans dans l'école
depuis quinze mois. Saint Jerome en méditation
par le même. 4º, Un modele , dont le ſujet repréfente
le Tems , qui enchaîne l'Amour , par le fieur
Brenet le jeune , âgé de 20 ans , depuis fix mois
dans l'école. 5. Une figure allégorique , repréfentant
la Nobleffe , par le fieur d'Huez , âgé de
I iiij
200 MERCURE DE FRANCE.
24 ans , & entré dans l'école en même tems que
le fieur Brenet le jeune. 6°. Alexandre s'endormant
avec une boule d'or dans fa main , afin de
s'éveiller au bruit qu'elle fera en tombant . Mathathias
tuant un juif qui avoit facrifié aux Idoles
, & le Miniftre d'Antiochus qui l'y avoit förcé.
L'Auteur de ces deux derniers morceaux eft le
fieur Chardin , âgé de 22 ans , & qui n'eft que
depuis cinq mois dans l'école. Tous ces différens
ouvrages ont été expofés dans les grands appartemens.
Le 13 , Monfeigneur le Dauphin fit rendre dans
P'Eglife de la Paroiffe du Château , les Pains bénits
qui furent préfentés par l'Abbé de Laſcaris , Aumônier
de Sa Majesté.
Le même jour , les Députés des Etats de Bourgogne
eurent audience du Roi , ils furent préfentés
par le Prince de Condé , Gouverneur de la
Province , & par le Comte de Saint - Florentin ,
Miniftre & Secrétaire d'Etat , & conduits en la
maniere accoutumée par le Grand- Maître & le
Maître des Cérémonies.
La députation étoit compofée pour le Clergé,
de l'Abbé de Cîteaux , qui porta la parole ; du
Marquis d'Efcorailles , pour la Nobleffe ; de M.
Jouard , Maire de Châtillon - fur- Seine , pour le
Tiers -Etat ; de M. Bernard de Blancey , Secrétaire
des Etats ; de M. Rigoley d'Ogny , Tréforier de la
Province ; de M. Perchet , Procureur - Syndic
des Etats ; de M. Berault , Syndic du pays de
Breffe , & de M. Grumet , Syndic du pays de
Bugey.
Le Roi foupa le foir au grand couvert chez la
Reine , avec la Famille royale.
Le 14 , le Roi partit pour Choify , d'où l'on
attend demain Sa Majefté. Monſeigneur le Dau
MA I. 201 1755.
.
phin y alla le 16 , & Mefdames de France y font
allées le 17.
Monfeigneur le Duc de Bourgogne & Madame
fe promenerent le 14 à Marly, & le 19.à Trianon .
Leurs Majeftés entendirent le 14 de ce mois une
Meffe de Requiem , pendant laquelle le De profundis
fut chanté par la mufique , pour l'anniverfaire
de feu Monfeigneur le Dauphin , ayeul
du Roi.
Le fieur Folard , ci- devant Miniftre du Roi à la
Diette de l'Empire , a été nommé par Sa Majesté
pour aller réfider à Munich en qualité de fon Envoyé
extraordinaire auprès de l'Electeur de Baviere.
Selon les lettres d'Avignon , le Margrave & la
Margrave de Bareith , après y avoir féjourné quatre
mois , en font partis pour Marſeille , d'où ils fe
rendront en Italie.
Le 17 , les actions de la Compagnie des Indes
étoient à dix- fept cens dix livres : les billets de la
premiere Lotterie royale à huit cens vingt- cinq
livres ; & ceux de la feconde Lotterie , à fept cens
dix-fept.
On atrouvé il y a deux mois dans le tems que
la neige étoit fur terre , un oifeau plus gros qu'un
Coq d'Inde , reffemblant affez à un Héron , ayant
une espece de couronne fur la tête avec deux grandes
plumes qui lui tomboient fur le dos. Il étoit
fi maigre que ne pouvant plus voler , des chiens
le prirent à Caftries, terre appartenant à M. le Marquis
de Caftres , à deux lieues de Montpellier. Il
avoit un anneau au pied, fur lequel étoient gravées
que voici : les lettres
C. W. F. M. Z. B. O.
NO. 74. A. 1752. U. G.
On nous a prié d'inférer dans l'article des nouvelles
cet événement , qui peut intéreffer la perfonne
à qui appartenoit cet oifeau. On pourroit
fçavoir par ce moyen d'où il eft venu , quelle étoit
fon efpece , & le tems où il s'eft fauvé de chez fon
maître.
Le 18 Mars, pendant la Meffe du Roi , l'Evêque de
Gap prêta ferment entre les mains de Sa Majeſté.
Le huitieme tirage de la premiere lotterie royale
fe fit le 19 & les jours fuivans , dans la grande
Salle de l'Hôtel de Ville , en préfence des Prévôt
des Marchands & Echevins. Le principal Lot
cft échu au numéro 6804 , & le fecond au numéro
16894. Le numéro 1628 a eu la premiere
Prime.
On fit le 22 de ce mois la proceffion folemnelle
, qu'on a coutume de faire tous les ans ,
en mémoire de la réduction de cette Capitale
fous l'obéiffance de Henri IV. Le Corps de Ville
y affifta fuivant l'ufage.
I
194 MERCURE DE FRANCE.
Le même jour l'Académie Françoife élut le
fieur de Châteaubrun , pour remplir la place vacante
dans cette Compagnie , par la mort du
Préſident de Montefquieu .
Le 23 , l'Evêque de Vence fut facré dans la
Chapelle du Séminaire de Saint Sulpice , par
l'Evêque de Beauvais , affifté des Evêques de
Soiffons & de Bazas , & le 24 , pendant la Meffe
du Roi , il prêta ferment de fidélité entre les
mains de Sa Majesté.
La Marquife de Sailly fut préfentée le 23 à
Leurs Majeftés & à la Famille Royale.
Le 23 , Dimanche des Rameaux , le Roi , accompagné
de Madame Adelaïde , & de Mefdames
Victoire , Sophie & Louiſe , aſſiſta dans
la Chapelle à la Bénédiction des Palmes. Cette
cérémonie fut faite par l'Abbé Gergoy , Chapelain
Ordinaire de la Chapelle - Mufique , lequel
préfenta une Palme à Sa Majefté. Après
la Proceffion , & après avoir adoré la Croix ,
le Roi entendit la grande Meffe , célébrée par
le même Chapelain , & chantée par la Mufique.
L'après-midi , le Roi entendit le Sermon du
Pere Griffet , de la Compagnie de Jeſus . Sa Majeſté
aſſiſta enfuite aux Vêpres , chantées par la
Mufique , & au ' Salut célébré par les Millionnaires.
La Reine , Monfeigneur le Dauphin & Madame
la Dauphine , affifterent dans la Tribune à
l'Office du matin & à celui de l'après -midi.
Le 27 , Jeudi Saint , l'Evêque de Gap ayant
fait l'Abfoute , & le Roi ayant entendu le Sermon
de l'Abbé de Trémouilhe , Chanoine &
Théologal de l'Eglife Métropolitaine de Tours ;
Sa Majefté a lave les pieds à douze pauvres ,
a
MAI. 1755. 195
& les a ſervis à table . Le Prince de Condé ,
Grand Maître de la Maiſon du Roi , étoit à la
tête des Maîtres d'Hôtel , & il précédoit le Service
, dont les plats ont été portés par Monfeigneur
le Dauphin , le Duc d'Orléans , le
Prince de Conti , le Comte de la Marche , le
Comte d'Eu , & par les principaux Officiers de
Sa Majesté. Après cette cérémonie , le Roi &
la Reine , accompagnés de la Famille Royale,
fe font rendus à la Chapelle , où Leurs Majeftés
ont entendu la grande Meffe , célébrée
par l'Abbé Gergoy , & ont affifté à la Proceffion
.
Leurs Majeftés ont affifté le 26 & le 27 à l'Office
des Ténebres , chanté par la Mufique.
L'Académie des Belles • Lettres de Marſeille
ayant réſervé le prix qu'elle devoit adjuger en
1754 , en aura cette année deux à diftribuer.
Elle donnera l'un de ces prix à un Poëme en
rimes plates , de cent cinquante vers au plus ,
& de cent au moins , dont le fujet fera : La
Réunion de la Provence à la Couronne. L'autre
prix eft deftiné à un Difcours d'un quart
d'heure , ou tout au plus d'une demi - heure
de lecture , lequel aura pour fujet : L'homme
eft plus grand par l'ufage defes talens , que par les
talens mêmes.
La Fregate la Gloire , qui a fait voile de Pondichery
le 10 Septembre 1754 , eft arrivée le
26 Mars au Port de l'Orient. On a appris par
ce bâtiment que le fieur Godeheu étoit dé
barqué le 2 Août à Pondichery , & que le fieur
Dupleix , qui lui a remis le Gouvernement des
étab iffemens de la Compagnie dans l'Inde , devoit
être parti au mois d'Octobre , pour revenir en
Europe.
Iij
196 MERCURE DE FRANCE.
Le 27 de Mars , la Reine entendit le
Sermon de la Cêne de l'Abbé de Tremouilhe ,
Chanoine & Théologal de l'Eglife Métropoli- ,
taine de Tours. L'Evêque de Gap fit enfuite.
Abfoute , après laquelle la Reine lava les pieds
à douze pauvres Filles , que Sa Majesté fervit
à table. Le Marquis de Chalmazel , premier
Maître d'Hôtel de la Reine , précéda le Service
, & les plats furent portés par Madame Adelaïde
, par Mefdames Victoire , Sophie & Louife,
par la Ducheffe d'Orleans , par les Dames du
Palais de la Reine , & les Dames de Compagnie
de Mefdames de France.
Leurs Majeftés & la Famille Royale fe rendirent
le même jour fur les dix heures du foir
à la Chapelle du Château , & firent leurs prieres
devant l'Autel , où le Saint Sacrement étoit '
en dépôt.
Le 28 , jour du Vendredi Saint , le Roi & la
Reine , accompagnés de Madame Adelaïde , &
de Mefdames Victoire & Sophie , entendirent
le Sermon de la Paffion du Pere Griffet , de la
Compagnie de Jefus. Après la Prédication , leurs
Majeftés affifterent à l'Office , & allerent à l'Adoration
de la Croix. L'après- midi , le Roi & la
Reine entendirent les Tenebres.
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dau
phine , & Madame Louife , affifterent à l'Offi
ce du matin & du foir dans la Tribune .
Le 29 , Samedi Saint , leurs Majeftés entendirent
la grande Meffe , célébrée par les Miffionnaires.
-
Elles affifterent l'après midi aux Complies ,
après lefquelles la Mufique chanta le Regina Cali
& PO Filii , de la compofition du fieur Mondonville
, Maître de Mufique de la Chapelle , en
quartier.
MAI 1755 197- 甲
enten-
Le 30 , Fête de Pâques , le Roi & la Reine ,
accompagnés de Mefdames de France ,
dirept dans la Chapelle du Château la grande
Meffe , à laquelle l'Evêque de Gap officia pontificalement
, & qui fut chantée par la Mu-.
fique.
L'après-midi , leurs Majeftés affifterent à la
Prédication du Pere Griffet , enfuite aux Vêpres
, chantées par la Mufique , auxquelles l'Evêque
de Gap officia ; & au Salut célébré par
les Miffionnaires , pendant lequel la Mufique
chanta l'O Filii.
Le 30 Monfeigneur le Duc de Bourgogne &
Madame dînerent avec la Reine .
Le même jour , la Comteffe de Marfan , Gouvernante
des Enfans de France , conduifit Monfeigneur
le Duc de Berry chez la Reine , pour
la premiere fois depuis la naiffance de ce
Prince.
Le Maréchal Duc de Belle- Ifle , en long
manteau de deuil , a fait fes révérences à leurs
Majeftés & à la Famille Royale , à occafion
de la mort de la Maréchale de Belle - Ifle .
Le 6 , l'Evêque de Rennes , le Duc de Rohan
& le Sr Baillon , Préfidens des trois Ordres des
Etats de Bretagne , & nommés pour présenter au
Roi la médaille & l'eftampe du monument que
les Etats ont fait élever à Rennes , en mémoire de
la convalescence & des victoires de Sa Majesté ,
s'acquitterent de ce devoir. Sa Majefté voulant
leur témoigner fa fatisfaction par une marque dif
tinguée , les reçut dans fon cabinet . L'Evêque de
Rennes porta la parole. Le Duc d'Aiguillon, Commandant
en Bretagne , accompagnoit la députation
; & le Comte de Saint - Florentin , Miniftre
& Secrétaire d'Etat ayant le département de cette
-
Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
province , préfenta les Députés au Roi , à la Reine
, & à la Famille royale.
L'Académie royale de Chirurgie tint le 10
Avril fon affemblée publique. A l'ouverture de la
féance, le Sr Morand , Secrétaire perpétuel , annonça
que l'Académie avoit ajugé le prix , Sur laquefsiondufeu
, ou cautere actuel , comme remede de chirurgie
, au Mémoire No. 20 , portant à la premiere
page l'emblême de la Salamandre , avec la devife ,
Nimium extinguit , defideratum renovat ; & à la
derniere page l'enblême du phénix avec la devife
Crematus ipfe refurgit . Le Sr Pipelet lut une obfervation
, Sur la cure d'une Hernie d'inteftins gangrenée
, accompagnée de quelques circonfiances fingulieres.
Cette lecture fut fuivie de celle d'un mémoire
du Sr Houftet , Sur une espece particuliere
d'exoftofe . Le troifieme mémoire qui fut lû , eft
du Sr Ruffel , & contient des obfervations , Sur
les bons effets des cauteres multipliés dans le cas de
l'épilepfie. Le Sr Louis lut un mémoire , Sur les
pierres urinaires , formées hors des voies urinaires.
La féance fut terminée par la lecture de l'histoire
d'une plaie au foie au diaphragme , guérie par
les foins du Sr du Bertrand.
Le Comte de Gifors , nouvellement arrivé des
voyages qu'il a faits dans différentes Cours de
l'Europe , rendit le 12 fes refpects à leurs Majeftés
, étant préfenté par le Maréchal Duc de Belle-
Ifle , fon pere.
Le 13 , la Comteffe d'Ayen fut préfentée à leurs
Majeftés & à la Famille royale par la Ducheffe
d'Ayen, fa belle - mere. En vertu du brevet d'honneurs
que le Roi a accordé au Comte d'Ayen , elle
prit le tabouret.
Mademoiſelle de Sens préſenta le même jour la
Marquise de Prulé.
MA I. 1755 . 199
Le même jour leurs Majeftés fignerent les
contrats de mariage du Comte de Coigny , Meſtre
de Camp général des Dragons , avec la Vicomteffe
douairiere de Chabot ; du Marquis de Bethu
ne , Meftre de Camp général de la Cavalerie ,
avec Demoiſelle Crozat de Thiers ; du Comte de
Ligny , avec Demoiſelle de Rambures ; du fieur
de Blair de Boifmont , Intendant de Valenciennes ,
avec Demoiſelle de Fleffelle ; & du fieur Dufort
Introdacteur des Ambaffadeurs , avec Demoiſelle
le Gendre.
Le Roi a donné fon agrément au mariage du
Vicomte de Merinville , Brigadier de Cavalerie ,
& Capitaine fous- Lieutenant des Gendarines de lá.
Garde ordinaire du Roi , avec la feconde fille da
Marquis de Lhôpital .
Le Marquis de Marigny , Directeur & Ordonnateur
général des Bâtimens & Jardins du Roi ,
ainfi que des Arts & Manufactures , préfenta le
13 à Sa Majefté les ouvrages de peinture & de
fculptute faits pendant l'année derniere par les
éleves protégés. Voici la lifte de ces ouvrages.
1º. Le Šauveur lavant les pieds à fes Apôtres , par
le fieur Fragonard , âgé de 22 ans , & depuis deux
ans dans l'école. 2°. Armide prête à poignarder
Renaud , & arrêtée par l'Amour. Ce tableau eft
du fieur Monet depuis dix-huit mois dans l'école ,
& âgé de 23 ans. 3. Mercure qui endort Argus ,
pour enlever lo métamorphofée en Géniffe , par le
fieur Brenet l'aîné , âgé de 16 ans dans l'école
depuis quinze mois. Saint Jerome en méditation
par le même. 4º, Un modele , dont le ſujet repréfente
le Tems , qui enchaîne l'Amour , par le fieur
Brenet le jeune , âgé de 20 ans , depuis fix mois
dans l'école. 5. Une figure allégorique , repréfentant
la Nobleffe , par le fieur d'Huez , âgé de
I iiij
200 MERCURE DE FRANCE.
24 ans , & entré dans l'école en même tems que
le fieur Brenet le jeune. 6°. Alexandre s'endormant
avec une boule d'or dans fa main , afin de
s'éveiller au bruit qu'elle fera en tombant . Mathathias
tuant un juif qui avoit facrifié aux Idoles
, & le Miniftre d'Antiochus qui l'y avoit förcé.
L'Auteur de ces deux derniers morceaux eft le
fieur Chardin , âgé de 22 ans , & qui n'eft que
depuis cinq mois dans l'école. Tous ces différens
ouvrages ont été expofés dans les grands appartemens.
Le 13 , Monfeigneur le Dauphin fit rendre dans
P'Eglife de la Paroiffe du Château , les Pains bénits
qui furent préfentés par l'Abbé de Laſcaris , Aumônier
de Sa Majesté.
Le même jour , les Députés des Etats de Bourgogne
eurent audience du Roi , ils furent préfentés
par le Prince de Condé , Gouverneur de la
Province , & par le Comte de Saint - Florentin ,
Miniftre & Secrétaire d'Etat , & conduits en la
maniere accoutumée par le Grand- Maître & le
Maître des Cérémonies.
La députation étoit compofée pour le Clergé,
de l'Abbé de Cîteaux , qui porta la parole ; du
Marquis d'Efcorailles , pour la Nobleffe ; de M.
Jouard , Maire de Châtillon - fur- Seine , pour le
Tiers -Etat ; de M. Bernard de Blancey , Secrétaire
des Etats ; de M. Rigoley d'Ogny , Tréforier de la
Province ; de M. Perchet , Procureur - Syndic
des Etats ; de M. Berault , Syndic du pays de
Breffe , & de M. Grumet , Syndic du pays de
Bugey.
Le Roi foupa le foir au grand couvert chez la
Reine , avec la Famille royale.
Le 14 , le Roi partit pour Choify , d'où l'on
attend demain Sa Majefté. Monſeigneur le Dau
MA I. 201 1755.
.
phin y alla le 16 , & Mefdames de France y font
allées le 17.
Monfeigneur le Duc de Bourgogne & Madame
fe promenerent le 14 à Marly, & le 19.à Trianon .
Leurs Majeftés entendirent le 14 de ce mois une
Meffe de Requiem , pendant laquelle le De profundis
fut chanté par la mufique , pour l'anniverfaire
de feu Monfeigneur le Dauphin , ayeul
du Roi.
Le fieur Folard , ci- devant Miniftre du Roi à la
Diette de l'Empire , a été nommé par Sa Majesté
pour aller réfider à Munich en qualité de fon Envoyé
extraordinaire auprès de l'Electeur de Baviere.
Selon les lettres d'Avignon , le Margrave & la
Margrave de Bareith , après y avoir féjourné quatre
mois , en font partis pour Marſeille , d'où ils fe
rendront en Italie.
Le 17 , les actions de la Compagnie des Indes
étoient à dix- fept cens dix livres : les billets de la
premiere Lotterie royale à huit cens vingt- cinq
livres ; & ceux de la feconde Lotterie , à fept cens
dix-fept.
Fermer
Résumé : DE MONTPELLIER.
En mars 1755, près de Montpellier, un oiseau ressemblant à un héron et portant une couronne avec deux grandes plumes fut capturé. Cet oiseau, incapable de voler en raison de sa maigreur, portait un anneau au pied avec les lettres 'C. W. F. M. Z. B. O. NO. 74. A. 1752. U. G.' L'événement fut rapporté pour identifier son propriétaire. Le 18 mars, l'évêque de Gap prêta serment au roi. Les tirages de la première lotterie royale eurent lieu les 19 et jours suivants à l'Hôtel de Ville. Le principal lot échut au numéro 6804, et le second au numéro 16894. Le numéro 1628 remporta la première prime. Le 23 mars, l'évêque de Vence fut sacré dans la chapelle du Séminaire de Saint-Sulpice. La marquise de Sailly fut présentée au roi et à la famille royale. Le roi assista à la bénédiction des palmes et écouta un sermon. Le 27 mars, l'évêque de Gap administra l'absoute, et le roi lava les pieds de douze pauvres. L'Académie des Belles-Lettres de Marseille offrit deux prix : un pour un poème sur la réunion de la Provence à la couronne, et un autre pour un discours sur l'usage des talents. La frégate La Gloire, partie de Pondichéry le 10 septembre 1754, arriva au port de l'Orient le 26 mars. Elle apporta des nouvelles sur les gouverneurs des établissements de la Compagnie dans l'Inde. Le 30 mars, jour de Pâques, le roi et la reine assistèrent à la messe, à la prédication, aux vêpres et au salut. Le duc de Bourgogne et Madame dînèrent avec la reine. La comtesse de Marfan présenta le duc de Berry à la reine. Le 6 avril, l'évêque de Rennes, le duc de Rohan et M. Baillon présentèrent au roi une médaille et une estampe en mémoire des victoires du roi. L'Académie royale de Chirurgie tint une assemblée publique le 10 avril, où plusieurs mémoires médicaux furent lus. Le comte de Gifors rendit visite au roi après ses voyages en Europe. La comtesse d'Ayen fut présentée au roi et à la famille royale. Le roi signa des contrats de mariage pour plusieurs nobles. Le marquis de Marigny présenta au roi des œuvres de peinture et de sculpture réalisées par des élèves protégés. Le dauphin fit bénir des pains dans l'église du Château. Les députés des États de Bourgogne eurent audience avec le roi. Le roi soupa au grand couvert chez la reine avec la famille royale. Le 14 avril, le roi partit pour Choisy, suivi par le dauphin et Mesdames de France. Le duc de Bourgogne et Madame se promenèrent à Marly et à Trianon. Une messe de requiem fut célébrée en mémoire du dauphin, aïeul du roi. Le sieur Folard fut nommé ministre du roi à la Diète de l'Empire. Par ailleurs, le Margrave et la Margrave de Bareith, après avoir séjourné quatre mois à Avignon, se dirigent vers Marseille, d'où ils prévoient de se rendre en Italie. Le 17 mars, les actions de la Compagnie des Indes étaient cotées à 1 710 livres. Les billets de la première Lotterie royale étaient à 825 livres, tandis que ceux de la seconde Lotterie étaient à 717 livres.
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100
p. 252-254
« Le onzième tirage de la lotterie, pour le remboursement de partie [...] »
Début :
Le onzième tirage de la lotterie, pour le remboursement de partie [...]
Mots clefs :
Loterie, Rentes, Capitaux, Remboursement, Comtesse d'Egmont, Famille royale, Comtesse de Tessé, Reine, Roi, Vaisseaux, Attaque marine
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texteReconnaissance textuelle : « Le onzième tirage de la lotterie, pour le remboursement de partie [...] »
E onzième tirage de la lotterie , pour le rem
rentes
fur la caiffe générale des amortiffemens , fe fit
le 18 du mois de Juin à l'hôtel de Ville , en préfence
des Prévôt des Marchands & Echevins . Les
rembourfemens échus par le fort de la lotterie
montent à la fomme de quatorze cens cinq mille
quatre cens foixante livres . On acquittera les coupons
& les rembourſemens à la caiffe des amortiflemens
chez M. Blondel de Gagny , Tréſorier
de cette caiffe.
On fit le 20 les tirages des lotteries pour le
rembourfement de partie des capitaux des rentes
établies fur les poftes par les Edits des mois de
Novembre 1735 & Juin 1742. Selon le fort il
fera rembourlé trois cens foixante - fept mille
vingt livres fur les capitaux des rentes créées par
le premier de ces Edits , & quatre cens foixantetrois
mille deux cens foixante- cinq fur les capitaux
des rentes créées par le fecond. Les payemens
de ces rembourfemens , ainfi que des arrerages
defdites rentes , fe feront auffi à la caiffe des
amortiffemens.
La Comteffe d'Egmont , feconde douairiere ,
fille du Duc de Villars , prononça le 20 fes derniers
voeux dans le monaftere des Religieufes du
Calvaire , fauxbourg Saint Germain . Le Nonce du
Pape officia à cette cérémonie , & la Prédication
A OUST. 253
1755.4
fut faite par le P. Chapelain , de la Compagnie de
Jefus.
Le 27 Juin , le Roi nomma les femmes defti
nées au fervice du Prince ou de la Princeffe dont
Madame la Dauphine doit accoucher.
La Comteffe de Teffé fut préfentée le 29 à
leurs Majeftés & à la Famille royale. Elle a pris
le tabouret en qualité d'époufe d'un Grand d'Ef
pagne .
On fit le 30 du même mois le fixiéme tirage
de la lotterie pour le rembourſement des capitaux
des rentes , à trois pour cent , établies fur les po
ftes par Edit du mois de Mai 1751. Les payemens
pour ces rembourſemens fe font chez M. Paris de
Montmartel , Garde du Tréfor royal.
Le premier Juillet , le Roi arriva à Compiegne ,
accompagné de Mefdames de France. Sa Majesté ,
en venant de la Meute , fit l'honneur à M. de Ma
chault , Garde des Sceaux , de s'arrêter au château
d'Arnouville .
La Reine eſt arrivée le 2 au foir. Meſdames de
France , après avoir affifté au Salut dans l'Eglife
du Monaftere des Filles de Sainte - Marie , allerent
au- devant de la Reine jufqu'à deux lieues , &
elles revinrent dans le caroffe de Sa Majesté.
Le Roi a difpofé de l'Intendance de Rouen , va
cante par la démiffion de M. de la Bourdonnaye ,
Confeiller d'Etat , en faveur de M. Feydeau de
Brou , Maître des Requêtes , fils de M. Feydeau
de Brou , Confeiller d'Etat ordinaire , & au Confeil
royal.
Le 9 , Monfeigneur le Dauphin arriva de Ver
failles à Compiegne. Ce Prince n'y demeura que
jufqu'au 15.
Les Chanoines Réguliers de l'Abbaye de Sainte
Genevieve ont eu l'honneur de préfenter à leurs
254 MERCURE DE FRANCE.
Majeftés & à la Famille royale une Ode du Pere
Bernard , de leur Congrégation , fur la réconftruction
de leur égife .
On a appris par des lettres de Londres , que le
8 du mois dernier l'Amiral Boscawen a attaqué
avec fon Efcadre fur les bancs de Terre- neuve le
vaiffeau l'Alcide,qu'il a trouvé féparé de l'Eſcadre
Françoiſe , deſtinée pour le Canada , & qu'il s'en
eft emparé après une longue réfiftance de la part
de ce vaiffeau. Ces lettres ajoutent , que cet Amiral
a attaqué le même jour un vaiffeau chargé de
troupes , qui fe trouvoit auffi féparé de l'Eſcadre
du Roi , & fous l'eſcorte de l'Alcide. Auflitôt que
le Roi a été informé de cet événement , Sa Majefté
a envoyé ordre au Duc de Mirepoix , fon Ambaffadeur
à Londres , & à M. de Buffi , fon Miniftre
à Hanovre , de partir fur le champ , fans prende
congé , & de revenir en France.
rentes
fur la caiffe générale des amortiffemens , fe fit
le 18 du mois de Juin à l'hôtel de Ville , en préfence
des Prévôt des Marchands & Echevins . Les
rembourfemens échus par le fort de la lotterie
montent à la fomme de quatorze cens cinq mille
quatre cens foixante livres . On acquittera les coupons
& les rembourſemens à la caiffe des amortiflemens
chez M. Blondel de Gagny , Tréſorier
de cette caiffe.
On fit le 20 les tirages des lotteries pour le
rembourfement de partie des capitaux des rentes
établies fur les poftes par les Edits des mois de
Novembre 1735 & Juin 1742. Selon le fort il
fera rembourlé trois cens foixante - fept mille
vingt livres fur les capitaux des rentes créées par
le premier de ces Edits , & quatre cens foixantetrois
mille deux cens foixante- cinq fur les capitaux
des rentes créées par le fecond. Les payemens
de ces rembourfemens , ainfi que des arrerages
defdites rentes , fe feront auffi à la caiffe des
amortiffemens.
La Comteffe d'Egmont , feconde douairiere ,
fille du Duc de Villars , prononça le 20 fes derniers
voeux dans le monaftere des Religieufes du
Calvaire , fauxbourg Saint Germain . Le Nonce du
Pape officia à cette cérémonie , & la Prédication
A OUST. 253
1755.4
fut faite par le P. Chapelain , de la Compagnie de
Jefus.
Le 27 Juin , le Roi nomma les femmes defti
nées au fervice du Prince ou de la Princeffe dont
Madame la Dauphine doit accoucher.
La Comteffe de Teffé fut préfentée le 29 à
leurs Majeftés & à la Famille royale. Elle a pris
le tabouret en qualité d'époufe d'un Grand d'Ef
pagne .
On fit le 30 du même mois le fixiéme tirage
de la lotterie pour le rembourſement des capitaux
des rentes , à trois pour cent , établies fur les po
ftes par Edit du mois de Mai 1751. Les payemens
pour ces rembourſemens fe font chez M. Paris de
Montmartel , Garde du Tréfor royal.
Le premier Juillet , le Roi arriva à Compiegne ,
accompagné de Mefdames de France. Sa Majesté ,
en venant de la Meute , fit l'honneur à M. de Ma
chault , Garde des Sceaux , de s'arrêter au château
d'Arnouville .
La Reine eſt arrivée le 2 au foir. Meſdames de
France , après avoir affifté au Salut dans l'Eglife
du Monaftere des Filles de Sainte - Marie , allerent
au- devant de la Reine jufqu'à deux lieues , &
elles revinrent dans le caroffe de Sa Majesté.
Le Roi a difpofé de l'Intendance de Rouen , va
cante par la démiffion de M. de la Bourdonnaye ,
Confeiller d'Etat , en faveur de M. Feydeau de
Brou , Maître des Requêtes , fils de M. Feydeau
de Brou , Confeiller d'Etat ordinaire , & au Confeil
royal.
Le 9 , Monfeigneur le Dauphin arriva de Ver
failles à Compiegne. Ce Prince n'y demeura que
jufqu'au 15.
Les Chanoines Réguliers de l'Abbaye de Sainte
Genevieve ont eu l'honneur de préfenter à leurs
254 MERCURE DE FRANCE.
Majeftés & à la Famille royale une Ode du Pere
Bernard , de leur Congrégation , fur la réconftruction
de leur égife .
On a appris par des lettres de Londres , que le
8 du mois dernier l'Amiral Boscawen a attaqué
avec fon Efcadre fur les bancs de Terre- neuve le
vaiffeau l'Alcide,qu'il a trouvé féparé de l'Eſcadre
Françoiſe , deſtinée pour le Canada , & qu'il s'en
eft emparé après une longue réfiftance de la part
de ce vaiffeau. Ces lettres ajoutent , que cet Amiral
a attaqué le même jour un vaiffeau chargé de
troupes , qui fe trouvoit auffi féparé de l'Eſcadre
du Roi , & fous l'eſcorte de l'Alcide. Auflitôt que
le Roi a été informé de cet événement , Sa Majefté
a envoyé ordre au Duc de Mirepoix , fon Ambaffadeur
à Londres , & à M. de Buffi , fon Miniftre
à Hanovre , de partir fur le champ , fans prende
congé , & de revenir en France.
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Résumé : « Le onzième tirage de la lotterie, pour le remboursement de partie [...] »
Du 18 au 30 juin, plusieurs événements marquants ont eu lieu. Le 18 juin, le onzième tirage de la lotterie pour les rentes de la Caisse générale des amortissements a remboursé 1 405 460 livres, les paiements se faisant chez M. Blondel de Gagny. Le 20 juin, des tirages pour le remboursement partiel des capitaux des rentes établies par les édits de novembre 1735 et juin 1742 ont remboursé respectivement 367 020 et 453 265 livres. La Comtesse d'Egmont a prononcé ses derniers vœux au monastère des Religieuses du Calvaire. Le 27 juin, le Roi a nommé les femmes destinées au service du Prince ou de la Princesse attendu par Madame la Dauphine. Le 29 juin, la Comtesse de Tesse a été présentée à la cour. Le 30 juin, le sixième tirage de la lotterie pour le remboursement des capitaux des rentes à trois pour cent a eu lieu, les paiements se faisant chez M. Paris de Montmartel. Le 1er juillet, le Roi est arrivé à Compiègne avec Mesdames de France, suivi par la Reine le 2 juillet. Le Roi a nommé M. Feydeau de Brou à l'Intendance de Rouen. Le 9 juillet, Monseigneur le Dauphin est arrivé à Compiègne. Des nouvelles de Londres rapportent la capture de deux vaisseaux français par l'Amiral Boscawen. Le Roi a rappelé le Duc de Mirepoix et M. de Buffi en France.
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