Résultats : 9 texte(s)
Détail
Liste
1
p. 2060-2061
« Le 17 Juillet, la Reine se rendit vers les 10 heures du matin de Marly à [...] »
Début :
Le 17 Juillet, la Reine se rendit vers les 10 heures du matin de Marly à [...]
Mots clefs :
Roi, Concert, Musique
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texteReconnaissance textuelle : « Le 17 Juillet, la Reine se rendit vers les 10 heures du matin de Marly à [...] »
E 27 Juillet , la Reine se rendit vers
Lesto heures du matin de Marly à
la Maison Royale de S. Cyr: S. M. y donna le voile de Profession et le voile de Religion à deux Demoiselles de cette Maison et elle entendit le Sermon de l'Abbé de la Pause , Prédicateur ordinaire du
Roi.
,
Le
SEPTEMBRE. 17327 2061
Le 8 de ce mois , Fête de la Nativité de
la Sainte Vierge , le Roi revêtu du grand
Collier de l'Ordre du S. Esprit , se rendit à la Chapelle du Château de Versailles , où S. M. entendit la Messe et com
munia par les mains de l'Abbé de Brancas , Aumônier du Roi en quartier. Pendant la Messe , l'Abbé de Vaureal , Evêque de Rennes , prêta Serment de fidelité
entre les mains de S. M. Il avoit été Sacré
le 24 Août dans l'Eglise Cathedrale de
Meaux , par le Cardinal de Bissy , assisté
des Evêques de Nantes et de Bayeux.
3
Le même jour il y eut Concert Spirituel au Château des Thuilleries où
l'on chanta l'Exurgat Deus , Motet de
M. de la Lande , dont l'éxécution fit beaucoup de plaisir ; il fut suivi d'un autre
Motet nouveau à deux voix , chanté par
la De Petitpas , et par le sieur Ducros
de la Musique du Roi , qui futtrès-goûté,
et après plusieurs Piéces de simphonies ,
le Concert fut terminé par le Dominus regnavit
Lesto heures du matin de Marly à
la Maison Royale de S. Cyr: S. M. y donna le voile de Profession et le voile de Religion à deux Demoiselles de cette Maison et elle entendit le Sermon de l'Abbé de la Pause , Prédicateur ordinaire du
Roi.
,
Le
SEPTEMBRE. 17327 2061
Le 8 de ce mois , Fête de la Nativité de
la Sainte Vierge , le Roi revêtu du grand
Collier de l'Ordre du S. Esprit , se rendit à la Chapelle du Château de Versailles , où S. M. entendit la Messe et com
munia par les mains de l'Abbé de Brancas , Aumônier du Roi en quartier. Pendant la Messe , l'Abbé de Vaureal , Evêque de Rennes , prêta Serment de fidelité
entre les mains de S. M. Il avoit été Sacré
le 24 Août dans l'Eglise Cathedrale de
Meaux , par le Cardinal de Bissy , assisté
des Evêques de Nantes et de Bayeux.
3
Le même jour il y eut Concert Spirituel au Château des Thuilleries où
l'on chanta l'Exurgat Deus , Motet de
M. de la Lande , dont l'éxécution fit beaucoup de plaisir ; il fut suivi d'un autre
Motet nouveau à deux voix , chanté par
la De Petitpas , et par le sieur Ducros
de la Musique du Roi , qui futtrès-goûté,
et après plusieurs Piéces de simphonies ,
le Concert fut terminé par le Dominus regnavit
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Résumé : « Le 17 Juillet, la Reine se rendit vers les 10 heures du matin de Marly à [...] »
Le 27 juillet, la Reine se rendit à la Maison Royale de Saint-Cyr pour donner le voile de profession et de religion à deux demoiselles et écouter un sermon de l'Abbé de la Pause. Le 8 septembre 1732, à l'occasion de la fête de la Nativité de la Sainte Vierge, le Roi, portant le grand collier de l'Ordre du Saint-Esprit, assista à la messe au Château de Versailles. Il communia par les mains de l'Abbé de Brancas et reçut le serment de fidélité de l'Abbé de Vaureal, nouvellement sacré évêque de Rennes. Le même jour, un concert spirituel eut lieu au Château des Tuileries, incluant des motets de M. de la Lande et une interprétation de la demoiselle Petitpas et du sieur Ducros. Le concert se conclut par le « Dominus regnavit ».
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 2061-2068
Camp du Régiment du Roi à Fontainebleau, [titre d'après la table]
Début :
Le 9, le Roy partit de Versailles vers les onze heures du matin pour aller coucher [...]
Mots clefs :
Fontainebleau, Cour, Roi, Revue, Régiment, Rangs, Lieutenant colonel, Camp
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texteReconnaissance textuelle : Camp du Régiment du Roi à Fontainebleau, [titre d'après la table]
Le 9 , le Roy partit de Versailles " vers
les onze heures du matin pour aller cou
cher au Château de Fontainebleau..
>
Le 10, la Reine alla coucher à PetitHv Bourg
2062 MERCURE DE FRANCE
Bourg , pour se rendre le lendemain à
Fontainebleau.
La Cour y est encore. Le Roy prend
le divertissement de la chasse du Cerf,
du Sanglier et du Chevreuil , presque
tous les jours , hors les Dimanches et
les Jeudis , que Sa Majesté va se promener le soir au Château de la Rivicre , chez le Comte de Toulouze.
Les jours où il n'y a point de chasse , le
Roy voit jouer quatre des plus fameuxJoueurs de Paume de Paris.
Il y a Comédie Françoise le Mardy et
le Jeudy ; Samedi , Comédie Italienne ,
et Concert chez la Reine le Lundy et le
Mercredi ,
Le 20 de ce mois , les 4 Bataillons du
Régiment du Roy , vinrent camper dans
la Prairie de Tomery, sur les bords de la
Seine , à une lieuë de Fontainebleau.
Le 22 , S.E.M. le Cardinal de Fleury vins
voir le Regiment, qu'il trouva en Bataille. M. le Garde des Sceaux , M. d'Angervilliers , les autres Secretaires d'Etat , et
plusieurs Seigneurs de la Cour étoient:
avec lui.
S. E passa au front des 4 Bataillons , et
enfuite dans tous les Rangs ; après que le
Ré-
SEPTEMBRE. 1732. 2063
Régiment eut fait l'exercice et quelques
évolutions , comme il défiloit devant elle,
le Roy qu'on n'attendoit point , arriva.
Il ordonna qu'on continuât à marcher,
et fit ensuite remettre le Regiment en Bataille, à la tête de son Camp, où il voulut
qu'on rentrat et que les Soldats prissent
leurs Surtouts et leurs Bonnets. Le Roy
mit aussi-tôt pied à terre et passa dans les
rues duCamp, en s'informant si les Soldats
avoient suffilamment de la Paille. S. M.
alla ensuite aux Cuisines pour voir par
Elle- même si rien ne manquoit à leur
subsistance. Le Soleil étant couché , S. M.-
ordonna qu'on battit la Retraite , après
quoi Elle se retira .
Le 23 , le Roy ayant déclaré lé matin
qu'il vouloit faire une Revûë tres- exacte
de son Regiment , il ordonna que toutes
les Compagnies fussent mises en haye; l'après midy , s'étant rendu au Camp sur les
3 heures , il les trouva dans cet ordre et
vit les 68 Compagnies dont est composé
le Regiment , homme par homme ; il en
reforma même quelques- uns. Sa Majesté
fit toute cette inspection à pied , quol
qu'elle y employa près de 2 heures.
Lorsqu'elle eut passé en Revue la derniere Compagnie , Elle voulat que le ReHvp gimene
2064 MERCURE DE FRANCE
giment se rémit en Bataille: aussi- tôt après
elle le fit mettre en Colonne par Bataillon entier. Lorsqu'il eut marché en cet
ordre , environ cent pas , Elle commanda
qu'on format un Bataillon quarré ; ce qui
fut exécuté avec ordre et promptitude.
S. M. le fit marcher sur toutes les faces ;
faisant faire alte de temps en temps. A
chaque fois qu'elle donnoit le signal pour
s'arrêter, un rang tiroit. Elle fit tirer ainsi
successivement les 4 Rangs.
+
Elle ordonna ensuite qu'on rompit le
Bataillon pourse remettre en Bataille ; ce
qui étant exécuté , elle le fit mettre en
Colonne , par quart de Rang , et le fit dé- filer dans cet ordre. La nuit qui approchoit empêcha S. M. d'exercer plus longtemps son Regiment , elle le fit rentrer
dans son Camp..
Le 25 , L. M: arriverent au Camp sur
les 3 heures; elles trouverent le Regiment
qui les attendoit , rangé en Bataille: Elles
passerent ensuite au front des 4 Bataillons
oùelles furent faluées.
L'intention du Roy ayant été que les
Sergens passassent à la queue ; il les y examina sur une même ligne ; après quoi
S. M. retourna se poster au Centre pour
y voir faire l'exercice au son du. Tambour , lequel étant exécuté, Elle ordonna
qu'on
SEPTEMBRE. 1732. 2065
qu'on le renouvellat à la muette et elle fut
se placer à cet effet au flanc gauche du
quatriéme Bataillon. L'Exercice à la Gre
nade fut fait ensuite par l'ordre duRoy ,
et de pied ferme et en marchant , et toutes les deux fois on jetta des Grenades de
Carton ; après quoi S. M. voulut qu'on
executat les à droits et les à gauches par
cinq.
Le Régiment s'étant retrouvé en Ba taille , se rompit par demi quart de rang.
Dans cet ordre , il défila devant Elle et
fut se ranger en Bataille à la tête du Camp où il rentra. S. M. voulut revoir les Sol
dats en Surtout et en Bonnet à la tête des
Ruës.
Le Regiment ayant un armement neuf,
le Roy voulur, en passant devant les Fais
seaux , qu'on lui montrat un Fuzil; après
l'avoir lui-même examiné , il ordonna
qu'on en démontat le Canon et la Platine
pour le voir encore plus exactement.
Le 28. le Roy ayant ordonné que son
Régiment prît les armes , S. M. arriva au
Camp à 3. heures et demie. En passant
à la tête des Bataillons elle dit à M.de Cadeville , Lieutenant Colonel , qu'elle l'avoit fait Brigadier , pour lui témoigner
la satisfaction qu'elle avoit de lui et du
Régiment Elle
2066 MERCURE DE FRANCE
Elle ordonna qu'on lui fit faire des
quarts de conversion par quatt de rang.
Ce mouvement fut repeté quatre fois
à droit et quatre fois à gauche ; le même
mouvement s'executa par demi Bataillon.
Lorsqu'il fut fini , le Roy destra voir tirer, et ordonna qu'on commençât à le
fairé pat un peloton de chaque Bataillon
à la fois ; ensuite par deux , puis par trois- trojs…
Compagnies silil fit après tirer par Bataillon entier , ensuite par chaque rang
des 4. Bataillons à la fois. Le feu roulant
suivit en commençant par la droite du
quatrième rang , il vint reprendre la gau..
che du troisième , et ainsi de suite les
autres rangs. Cet Exercice finit par une
décharge géneraie de tout le Régiment.
Après cela S. M. le fit rompre par quart
de rang , pour marcher sur quatre colomnes , chaque Bataillon en formant
une , avec ordre de ne se point débor--
der en marchant et de se porter jusqu'à
trois cent pas en avant du Champ de Ba- taille. A moitié de cet intervale elle fit
réformer les Bataillons pour les voir tous
quatre en colonne. Ensuite le Roy les
fit rompre pour continuer à marcher jus
qu'au terrain qu'elle leur avoit d'abord
marqué. Lorsqu'ils y furent arrivés , ils
se remit ent en batailie sur la même lignes:
Lorsque
SEPTEMBRE. 1732. 2067-
7
Lorsque S. M. eut vû s'ils s'étoient bienalignez , Elle fit de nouveau rompre leRégiment sur huit colonnes , marchant
par ordre renversé , pour revenir sur le
même Champ de Bataille, d'où ils étoient
dabord partis. A moitié de la marche
Elle ordonna que chaque colonne se mît
en bataille , ce qui en forma une seule
de huit demi Bataillons ; après quoi s'étant encore rompu pour se mettre sur
les huit colonnes , il arriva dans cet or--
dre sur son premier terrain , où il se reforma en bataille.
Le Roy fit après marcher en avanttout le Régiment en bataille.Lorsqu'il eut
fait environ cent- cinquante pas dans cet
ordre , S. M. ordonna qu'on lui fit faire
un moulinet , pour voir tourner sur leur
centre les 4. Bataillons. Elle fit repeter.
2 fois ce mouvement , après lequel Elle
ordonna qu'on rentrât dans le Camp.
S. M. vit encore défiler et reformer le
Régiment à la tête du Camp. Alors Elle
fit appeller six Officiers qu'elle avoit
nommez le matin Chevaliers de S. Louis,
et les recût à la tête du Régiment , nonobsrat la pluye qu'il faisoit et qui n'avoit pas discontinué un moment depuisl'arrivée de S. M.
Lorsque le Régiment fut rentré dans
2068 MERCURE DE FRANCE
le Camp , Elle fit l'honneur au Marquis
de Pezé, d'aller souper chez lui , comme
Elle avoit fait le 23
les onze heures du matin pour aller cou
cher au Château de Fontainebleau..
>
Le 10, la Reine alla coucher à PetitHv Bourg
2062 MERCURE DE FRANCE
Bourg , pour se rendre le lendemain à
Fontainebleau.
La Cour y est encore. Le Roy prend
le divertissement de la chasse du Cerf,
du Sanglier et du Chevreuil , presque
tous les jours , hors les Dimanches et
les Jeudis , que Sa Majesté va se promener le soir au Château de la Rivicre , chez le Comte de Toulouze.
Les jours où il n'y a point de chasse , le
Roy voit jouer quatre des plus fameuxJoueurs de Paume de Paris.
Il y a Comédie Françoise le Mardy et
le Jeudy ; Samedi , Comédie Italienne ,
et Concert chez la Reine le Lundy et le
Mercredi ,
Le 20 de ce mois , les 4 Bataillons du
Régiment du Roy , vinrent camper dans
la Prairie de Tomery, sur les bords de la
Seine , à une lieuë de Fontainebleau.
Le 22 , S.E.M. le Cardinal de Fleury vins
voir le Regiment, qu'il trouva en Bataille. M. le Garde des Sceaux , M. d'Angervilliers , les autres Secretaires d'Etat , et
plusieurs Seigneurs de la Cour étoient:
avec lui.
S. E passa au front des 4 Bataillons , et
enfuite dans tous les Rangs ; après que le
Ré-
SEPTEMBRE. 1732. 2063
Régiment eut fait l'exercice et quelques
évolutions , comme il défiloit devant elle,
le Roy qu'on n'attendoit point , arriva.
Il ordonna qu'on continuât à marcher,
et fit ensuite remettre le Regiment en Bataille, à la tête de son Camp, où il voulut
qu'on rentrat et que les Soldats prissent
leurs Surtouts et leurs Bonnets. Le Roy
mit aussi-tôt pied à terre et passa dans les
rues duCamp, en s'informant si les Soldats
avoient suffilamment de la Paille. S. M.
alla ensuite aux Cuisines pour voir par
Elle- même si rien ne manquoit à leur
subsistance. Le Soleil étant couché , S. M.-
ordonna qu'on battit la Retraite , après
quoi Elle se retira .
Le 23 , le Roy ayant déclaré lé matin
qu'il vouloit faire une Revûë tres- exacte
de son Regiment , il ordonna que toutes
les Compagnies fussent mises en haye; l'après midy , s'étant rendu au Camp sur les
3 heures , il les trouva dans cet ordre et
vit les 68 Compagnies dont est composé
le Regiment , homme par homme ; il en
reforma même quelques- uns. Sa Majesté
fit toute cette inspection à pied , quol
qu'elle y employa près de 2 heures.
Lorsqu'elle eut passé en Revue la derniere Compagnie , Elle voulat que le ReHvp gimene
2064 MERCURE DE FRANCE
giment se rémit en Bataille: aussi- tôt après
elle le fit mettre en Colonne par Bataillon entier. Lorsqu'il eut marché en cet
ordre , environ cent pas , Elle commanda
qu'on format un Bataillon quarré ; ce qui
fut exécuté avec ordre et promptitude.
S. M. le fit marcher sur toutes les faces ;
faisant faire alte de temps en temps. A
chaque fois qu'elle donnoit le signal pour
s'arrêter, un rang tiroit. Elle fit tirer ainsi
successivement les 4 Rangs.
+
Elle ordonna ensuite qu'on rompit le
Bataillon pourse remettre en Bataille ; ce
qui étant exécuté , elle le fit mettre en
Colonne , par quart de Rang , et le fit dé- filer dans cet ordre. La nuit qui approchoit empêcha S. M. d'exercer plus longtemps son Regiment , elle le fit rentrer
dans son Camp..
Le 25 , L. M: arriverent au Camp sur
les 3 heures; elles trouverent le Regiment
qui les attendoit , rangé en Bataille: Elles
passerent ensuite au front des 4 Bataillons
oùelles furent faluées.
L'intention du Roy ayant été que les
Sergens passassent à la queue ; il les y examina sur une même ligne ; après quoi
S. M. retourna se poster au Centre pour
y voir faire l'exercice au son du. Tambour , lequel étant exécuté, Elle ordonna
qu'on
SEPTEMBRE. 1732. 2065
qu'on le renouvellat à la muette et elle fut
se placer à cet effet au flanc gauche du
quatriéme Bataillon. L'Exercice à la Gre
nade fut fait ensuite par l'ordre duRoy ,
et de pied ferme et en marchant , et toutes les deux fois on jetta des Grenades de
Carton ; après quoi S. M. voulut qu'on
executat les à droits et les à gauches par
cinq.
Le Régiment s'étant retrouvé en Ba taille , se rompit par demi quart de rang.
Dans cet ordre , il défila devant Elle et
fut se ranger en Bataille à la tête du Camp où il rentra. S. M. voulut revoir les Sol
dats en Surtout et en Bonnet à la tête des
Ruës.
Le Regiment ayant un armement neuf,
le Roy voulur, en passant devant les Fais
seaux , qu'on lui montrat un Fuzil; après
l'avoir lui-même examiné , il ordonna
qu'on en démontat le Canon et la Platine
pour le voir encore plus exactement.
Le 28. le Roy ayant ordonné que son
Régiment prît les armes , S. M. arriva au
Camp à 3. heures et demie. En passant
à la tête des Bataillons elle dit à M.de Cadeville , Lieutenant Colonel , qu'elle l'avoit fait Brigadier , pour lui témoigner
la satisfaction qu'elle avoit de lui et du
Régiment Elle
2066 MERCURE DE FRANCE
Elle ordonna qu'on lui fit faire des
quarts de conversion par quatt de rang.
Ce mouvement fut repeté quatre fois
à droit et quatre fois à gauche ; le même
mouvement s'executa par demi Bataillon.
Lorsqu'il fut fini , le Roy destra voir tirer, et ordonna qu'on commençât à le
fairé pat un peloton de chaque Bataillon
à la fois ; ensuite par deux , puis par trois- trojs…
Compagnies silil fit après tirer par Bataillon entier , ensuite par chaque rang
des 4. Bataillons à la fois. Le feu roulant
suivit en commençant par la droite du
quatrième rang , il vint reprendre la gau..
che du troisième , et ainsi de suite les
autres rangs. Cet Exercice finit par une
décharge géneraie de tout le Régiment.
Après cela S. M. le fit rompre par quart
de rang , pour marcher sur quatre colomnes , chaque Bataillon en formant
une , avec ordre de ne se point débor--
der en marchant et de se porter jusqu'à
trois cent pas en avant du Champ de Ba- taille. A moitié de cet intervale elle fit
réformer les Bataillons pour les voir tous
quatre en colonne. Ensuite le Roy les
fit rompre pour continuer à marcher jus
qu'au terrain qu'elle leur avoit d'abord
marqué. Lorsqu'ils y furent arrivés , ils
se remit ent en batailie sur la même lignes:
Lorsque
SEPTEMBRE. 1732. 2067-
7
Lorsque S. M. eut vû s'ils s'étoient bienalignez , Elle fit de nouveau rompre leRégiment sur huit colonnes , marchant
par ordre renversé , pour revenir sur le
même Champ de Bataille, d'où ils étoient
dabord partis. A moitié de la marche
Elle ordonna que chaque colonne se mît
en bataille , ce qui en forma une seule
de huit demi Bataillons ; après quoi s'étant encore rompu pour se mettre sur
les huit colonnes , il arriva dans cet or--
dre sur son premier terrain , où il se reforma en bataille.
Le Roy fit après marcher en avanttout le Régiment en bataille.Lorsqu'il eut
fait environ cent- cinquante pas dans cet
ordre , S. M. ordonna qu'on lui fit faire
un moulinet , pour voir tourner sur leur
centre les 4. Bataillons. Elle fit repeter.
2 fois ce mouvement , après lequel Elle
ordonna qu'on rentrât dans le Camp.
S. M. vit encore défiler et reformer le
Régiment à la tête du Camp. Alors Elle
fit appeller six Officiers qu'elle avoit
nommez le matin Chevaliers de S. Louis,
et les recût à la tête du Régiment , nonobsrat la pluye qu'il faisoit et qui n'avoit pas discontinué un moment depuisl'arrivée de S. M.
Lorsque le Régiment fut rentré dans
2068 MERCURE DE FRANCE
le Camp , Elle fit l'honneur au Marquis
de Pezé, d'aller souper chez lui , comme
Elle avoit fait le 23
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Résumé : Camp du Régiment du Roi à Fontainebleau, [titre d'après la table]
En septembre 1732, le roi quitta Versailles le 9 pour se rendre au Château de Fontainebleau. La reine le rejoignit à Fontainebleau le 11 en passant par Petit-Bourg. À Fontainebleau, le roi pratiquait la chasse presque quotidiennement, sauf les dimanches et jeudis, où il se promenait au Château de la Rivière. Les jours sans chasse, il assistait à des parties de paume. Les représentations de comédie française avaient lieu le mardi et le jeudi, tandis que la comédie italienne et un concert chez la reine étaient programmés le samedi et le lundi. Le 20 septembre, quatre bataillons du Régiment du Roi campèrent à Tomery, près de Fontainebleau. Le 22, le Cardinal de Fleury visita le régiment, accompagné de plusieurs hauts dignitaires. Le roi, présent de manière inattendue, inspecta les soldats et leur campement. Le 23, le roi passa en revue le régiment, inspectant chaque compagnie et supervisant divers exercices militaires. Le 25, les maréchaux de camp examinèrent les sergents et supervisèrent des exercices de tir et de grenade. Le roi nomma également plusieurs officiers Chevaliers de Saint-Louis malgré la pluie continue. Le 28, le roi ordonna au régiment de réaliser divers mouvements tactiques, incluant des tirs en peloton et en bataillon, des marches en colonne, et des reformations en bataille. Il nomma également le Lieutenant Colonel de Cadeville Brigadier. Après ces exercices, le roi soupa chez le Marquis de Pezé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 2068-2069
« Le 4 Août on chanta au Concert de la Reine le Prologue et le premier Acte de Bellerophon; il [...] »
Début :
Le 4 Août on chanta au Concert de la Reine le Prologue et le premier Acte de Bellerophon; il [...]
Mots clefs :
Concert, Choeur, Violons, Prologue, Reine, Comédiens-Français, Comédiens-Italiens, Loterie de la Compagnie des Indes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 4 Août on chanta au Concert de la Reine le Prologue et le premier Acte de Bellerophon; il [...] »
Le 4 Août on chanta au Concert de la Reine le
Prologue et le premier Acte de Bellerophon ; il fut continué le 6 et le 11. Les principaux rôles
furent remplis par les Sieurs d'Angerville , Tribou , Chassé et du Bourg , et par les Diles Du- hamel , Courvasier et Robelin , lesquels furent très-bien éxécutéz.
Le 13. on chanta le Prologue et le premier
'Acte de Jephté.
Le 18. le second et le troisiéme Acte ; on répéta le Choeur du premier Acte que la Cour souhaita d'entendre encore une fois , et on finit cet
Opéra le 20. par le quatriéme et cinquième Acte ; le Rôle d'Apollon dans le Prologue fut chanté
par le sieur Dubourg , et ceux de Polymnie, Terpsicore , Venus et la Verité , par les Des Courvasier , Robelin , Mathieu et Lenner ; les principaux Rôles de la Piéce furent chantez par les
Ds Antier et le Maure , et par les Sieurs Chas◄
sé , le Begue , Ducros et Petillot. Ce Concert >
dont l'éxécution fut parfaite , fit beaucoup de
plaisir à la Reine et à toute la Cour , les Auteurs
du Poëme et de la Musique en reçûment des
complimens très-gracieux.
Le 25. jour de S. Louis , les 24 Violons de la Chambre exécuterent au dîné et au souper du
Roi plusieurs Piéces de Simphonies de la compo- sition de M. de Blamont , Sur - Intendant de la
Musique du Roi.
Le 27. on concerta chez la Reiné le Prologue
le premier Acte des Fêtes Grecques et Romai nes&
SEPTEMBRE. 1732. 2069
TIES du même Auteur , qu'on continua le
trente par le second et le troisiéme Acte ; il y
eut le même jour au Souper du Roi une grande
Simphonie , composée de toute sorte d'Instru
mens.
Le 15. 17. et 22. Septembre , on chanta chez
la Reine le Prologue et les cinq Entrées de l'E
rope Galante dont l'éxécution fut parfaite ; les principaux Rôles furent chantés par les meilleurs
Sujets de la Musique du Roi..
Le 16 Septembre les Comédiens François représenterent à Fontainebleau la Tragédie d'Habis , qui fut suivie de la petite Comédie de l'Indiscret , de M. de Voltaire.
Le 18. Les Femmes Sçavantes.
Le 23. La Tragédie de Venceslas et l'Epreuve
Réciproque.
Le 25. Le Médisant.
Le 30. Rhadamiste et l'Amour Diable.
Le 13. les Comédiens Italiens représenterent
l'Embarras des Richesses et la petite Comédie de
l'Ecole des Meres. Le sicur Roland´, dont il a été
parlé , dansa à la fin de la premiere Piéce une
Entrée de Sabotier , et la D Roland , sa fille ,
dansa ensuite un Pas de Deux avec le sieur Lélio qui fit beaucoup de plaisir.
1°
Le 20. Le Jeu de l'Amour et du Hazard ,
fut suivi de la Comédie de la Silphide.
qui
Le 24. Démocrite prétendu Fon , et les Effets du
Dépit.
Le 25. Septembre la Lotterie de la Compagnie
des Indes , établie pour le remboursement des Actions fut tirée en la maniere accoutumée à
PHO
2070 MERCURE DE FRANCE
l'Hôtel de la Compagnie. La Liste des Numeros
gagnans des Actions et dixièmes d'Actions qui
doivent être remboursées a été renduë publique,
aisant en tout le nombre de 319. Actions.
Prologue et le premier Acte de Bellerophon ; il fut continué le 6 et le 11. Les principaux rôles
furent remplis par les Sieurs d'Angerville , Tribou , Chassé et du Bourg , et par les Diles Du- hamel , Courvasier et Robelin , lesquels furent très-bien éxécutéz.
Le 13. on chanta le Prologue et le premier
'Acte de Jephté.
Le 18. le second et le troisiéme Acte ; on répéta le Choeur du premier Acte que la Cour souhaita d'entendre encore une fois , et on finit cet
Opéra le 20. par le quatriéme et cinquième Acte ; le Rôle d'Apollon dans le Prologue fut chanté
par le sieur Dubourg , et ceux de Polymnie, Terpsicore , Venus et la Verité , par les Des Courvasier , Robelin , Mathieu et Lenner ; les principaux Rôles de la Piéce furent chantez par les
Ds Antier et le Maure , et par les Sieurs Chas◄
sé , le Begue , Ducros et Petillot. Ce Concert >
dont l'éxécution fut parfaite , fit beaucoup de
plaisir à la Reine et à toute la Cour , les Auteurs
du Poëme et de la Musique en reçûment des
complimens très-gracieux.
Le 25. jour de S. Louis , les 24 Violons de la Chambre exécuterent au dîné et au souper du
Roi plusieurs Piéces de Simphonies de la compo- sition de M. de Blamont , Sur - Intendant de la
Musique du Roi.
Le 27. on concerta chez la Reiné le Prologue
le premier Acte des Fêtes Grecques et Romai nes&
SEPTEMBRE. 1732. 2069
TIES du même Auteur , qu'on continua le
trente par le second et le troisiéme Acte ; il y
eut le même jour au Souper du Roi une grande
Simphonie , composée de toute sorte d'Instru
mens.
Le 15. 17. et 22. Septembre , on chanta chez
la Reine le Prologue et les cinq Entrées de l'E
rope Galante dont l'éxécution fut parfaite ; les principaux Rôles furent chantés par les meilleurs
Sujets de la Musique du Roi..
Le 16 Septembre les Comédiens François représenterent à Fontainebleau la Tragédie d'Habis , qui fut suivie de la petite Comédie de l'Indiscret , de M. de Voltaire.
Le 18. Les Femmes Sçavantes.
Le 23. La Tragédie de Venceslas et l'Epreuve
Réciproque.
Le 25. Le Médisant.
Le 30. Rhadamiste et l'Amour Diable.
Le 13. les Comédiens Italiens représenterent
l'Embarras des Richesses et la petite Comédie de
l'Ecole des Meres. Le sicur Roland´, dont il a été
parlé , dansa à la fin de la premiere Piéce une
Entrée de Sabotier , et la D Roland , sa fille ,
dansa ensuite un Pas de Deux avec le sieur Lélio qui fit beaucoup de plaisir.
1°
Le 20. Le Jeu de l'Amour et du Hazard ,
fut suivi de la Comédie de la Silphide.
qui
Le 24. Démocrite prétendu Fon , et les Effets du
Dépit.
Le 25. Septembre la Lotterie de la Compagnie
des Indes , établie pour le remboursement des Actions fut tirée en la maniere accoutumée à
PHO
2070 MERCURE DE FRANCE
l'Hôtel de la Compagnie. La Liste des Numeros
gagnans des Actions et dixièmes d'Actions qui
doivent être remboursées a été renduë publique,
aisant en tout le nombre de 319. Actions.
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Résumé : « Le 4 Août on chanta au Concert de la Reine le Prologue et le premier Acte de Bellerophon; il [...] »
Du 4 au 20 août 1732, plusieurs représentations musicales se déroulèrent au Concert de la Reine. Le 4 août, le prologue et le premier acte de 'Bellerophon' furent interprétés par les sieurs d'Angerville, Tribou, Chassé, du Bourg, et les demoiselles Duhamel, Courvasier et Robelin. Les représentations continuèrent les 6 et 11 août. Le 13 août, le prologue et le premier acte de 'Jephté' furent chantés, suivis des deuxième, troisième, quatrième et cinquième actes les 18 et 20 août, avec des rôles interprétés par les sieurs Dubourg, Courvasier, Robelin, Mathieu, Lenner, Antier, le Maure, Chassé, le Bègue, Ducros et Petillot. L'exécution fut acclamée par la Reine et la Cour. Le 25 août, à la fête de Saint-Louis, les 24 Violons de la Chambre jouèrent des symphonies de M. de Blamont. Le 27 août, le prologue et le premier acte des 'Fêtes Grecques et Romaines' furent chantés chez la Reine. En septembre, plusieurs représentations eurent lieu. Du 15 au 22 septembre, le prologue et les cinq entrées de 'L'Europe Galante' furent chantés chez la Reine. Le 16 septembre, les Comédiens Français jouèrent 'Habis' et 'L'Indiscret' de Voltaire à Fontainebleau. Du 18 au 30 septembre, diverses pièces de théâtre furent représentées, incluant 'Les Femmes Savantes', 'Venceslas', 'Le Médisant', 'Rhadamiste' et 'L'Amour Diable'. Les Comédiens Italiens jouèrent 'L'Embarras des Richesses' et 'L'École des Mères', avec des danses du sieur Roland et de la demoiselle Roland. Le 25 septembre, la lotterie de la Compagnie des Indes fut tirée à l'Hôtel de la Compagnie, avec 319 actions remboursées.
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4
p. 2070
Orage à Joigny, [titre d'après la table]
Début :
On écrit de Joigny le 4 Septembre, que le 25. du mois passé, jour de S. Louis, vers les 9. [...]
Mots clefs :
Joigny, Orage, Pluie, Vignes, Grêle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Orage à Joigny, [titre d'après la table]
On écrit de Joigny le 4 Septembre , que le
25. du mois passé , jour de S. Louis , vers les g.
heures du soir , un Orage mêlé de pluye et de
grêle , a ravagé une grande étendue de Païs aux
environs. On compte une partie de cette Election,
au nombre de 17 Villages ou Hameaux, très-endommagez. Les habitans du Territoire qui est
entre Villeneuve- le-Roi et Joigny , ont souffert
des maux irréparables. Il y a quantité de maisons abbatues , la plupart des Vignes sont déra- cinées , les bois taillis même sont hachez par la
grêle. Il s'en est trouvé du poids de cinq quarte.
rons; quantité de Gibier a péri par ce fleau , et
peu de volatile en a échappée; ensorte que le lendemain on a trouvé dans un seul Jardin jusqu'à
six douzaines de Moineaux morts. Les Emblures :
des menus grains sont entierement perdus. Le
vent étoit des plus violens , et donnoit,pour ainsi
dire , une augmentation de force à la grêle. Enfin , l'eau est tombé avec tant d'impetuosité pendant quelques heures , qu'elle n'a pas épargné la
récolte des Bleds , faite et serrée dans les Granges. On ne sçauroit voir tant de pauvres gens
désolez sans beaucoup de compassion. C'est un
bonheur que l'Orage ne soit pas arrivé deux
heures plutôt tous les bestiaux auroient péri par la campagne où ils paissoient dans ce temslà. Nos Côteaux , ces fameux Côteaux , ditl'Auteur de la Lettre , si recommandables par
leurs Vins délicieux , ont été heureusement préservés , et l'on espere encore de faire ici des Vins
excellens , &c.
25. du mois passé , jour de S. Louis , vers les g.
heures du soir , un Orage mêlé de pluye et de
grêle , a ravagé une grande étendue de Païs aux
environs. On compte une partie de cette Election,
au nombre de 17 Villages ou Hameaux, très-endommagez. Les habitans du Territoire qui est
entre Villeneuve- le-Roi et Joigny , ont souffert
des maux irréparables. Il y a quantité de maisons abbatues , la plupart des Vignes sont déra- cinées , les bois taillis même sont hachez par la
grêle. Il s'en est trouvé du poids de cinq quarte.
rons; quantité de Gibier a péri par ce fleau , et
peu de volatile en a échappée; ensorte que le lendemain on a trouvé dans un seul Jardin jusqu'à
six douzaines de Moineaux morts. Les Emblures :
des menus grains sont entierement perdus. Le
vent étoit des plus violens , et donnoit,pour ainsi
dire , une augmentation de force à la grêle. Enfin , l'eau est tombé avec tant d'impetuosité pendant quelques heures , qu'elle n'a pas épargné la
récolte des Bleds , faite et serrée dans les Granges. On ne sçauroit voir tant de pauvres gens
désolez sans beaucoup de compassion. C'est un
bonheur que l'Orage ne soit pas arrivé deux
heures plutôt tous les bestiaux auroient péri par la campagne où ils paissoient dans ce temslà. Nos Côteaux , ces fameux Côteaux , ditl'Auteur de la Lettre , si recommandables par
leurs Vins délicieux , ont été heureusement préservés , et l'on espere encore de faire ici des Vins
excellens , &c.
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Résumé : Orage à Joigny, [titre d'après la table]
Le 4 septembre, une lettre de Joigny signale un violent orage survenu le 25 août, causant des dégâts importants dans une vaste région. Dix-sept villages ou hameaux de l'élection de Joigny, notamment entre Villeneuve-le-Roi et Joigny, ont été sévèrement touchés. Les dommages incluent des maisons détruites, des vignes déracinées et des bois taillis endommagés par des grêlons pesant jusqu'à cinq quarts. De nombreux animaux, y compris des oiseaux, ont péri, et des cultures comme les emblaves et les blés stockés dans les greniers ont été détruits. Le vent puissant et la pluie torrentielle ont amplifié les pertes agricoles. Cependant, les célèbres coteaux de la région, connus pour leurs vins délicieux, ont été épargnés, laissant espérer une bonne récolte viticole malgré les ravages.
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5
p. 2071-2074
FESTE donnée au Pavillon, Maison de Plaisance près de la Ville d'Aix. Extrait d'une Lettre du cinquiéme Septembre.
Début :
Le Roi vient de faire à Mrs de Lenfant une grace considerable, en accordant à un fils [...]
Mots clefs :
Provence, Fête, Pavillon, Maison, Eaux jaillissantes, Coups de canon, Tambours, Spectacle, Dîner
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : FESTE donnée au Pavillon, Maison de Plaisance près de la Ville d'Aix. Extrait d'une Lettre du cinquiéme Septembre.
FESTE donnée an Pavillon , Maison de
Plaisance près de la Ville d'Aix. Ex--
trait d'une Lettre du cinquiéme Septembre.
L
E Roi vient de faire à Mrs de Lenfant une ·
grace considerable , en accordant à un fils
aîné, encore assez jeune , la survivance et l'éxercice des Charges de Commissaire Provincial des
Troupes en Provence , et d'Intendant de la
Garnison Françoise de la Principauté de Monaco que M. De Lenfant pere remplit depuis plusieurs années avec approbation.
Le Pavillon est une fort belle Maison qui leur
appartient , située dans un des plus beaux lieux
de la Provence , fréquentée presque toute l'année
par beaucoup de personnes de condition de l'un
et de l'autre sexe , qui aiment à goûter pendant
quelque tems la tranquillité d'une agréable solitude , et à respirci un air plus pur que celui des
Villes.
La Maison est assez vaste , bien distribuée , et
d'une agréable Architecture. Le plus précieux
meuble qu'on y trouve est une Bibliotheque de
Livres choisis , commencée et très- augmentée
par M. de Lenfant pere , qui ne se lasse point de
T'enrichir. Son goût particulier pour la Peinture
paroît aussi par quantité de Tableaux des meil
leurs Auteurs Italiens , François et Flamands
qui ornent les Salons , avec un grand nombre
d'Estampes des plus habiles Maîtres,
Les dehors présentent différens agrémens , sans
parler de la vue charmante des Paysages des environs , &c. On arrive au Pavillon par deux gran- >
2072 MERCURE DE FRANCE
grandes Allées des plus beaux Maroniers. Entre
ces Allées il y en a une autre , plantée de diffe
rens Arbres choisis , et propres à recevoir par
la taille toutes les formes qu'on veut leur don
ner. On y voit avec plaisir les quatre Saisons en
grandes Statues , Mercure prêt à voler , -Bellone'
avec ses Attributs et plusieurs autres Sujets de P'Histoire fabuleuse.
Les eaux jaillissantes contribuent encore à em
bellir ces dehors. La Piéce la plus confi térable
est au bout de l'Allée du milieu , en face du På→
villon: c'est une Statue colossalle d'Hercule , qui avec sa Massuë , abbat les têtes de l'Hydre , d'ou
sortent autant de jets d'eau , lesquels en tombant
forment une grande nape d'eau. On ne dit rient de plusieurs autres jets d'eau distribuez en divers
endroits , pour ne pas oublier deux belles Cascades qui forment devant le Pavillon un grand Réservoir , où l'on nourrit des Poissons.
Le Parterre est des mieux entendus pour le
dessein général , et des plus heureusement éxécu
tez par la varieté et par le goût des compartimens.
Oncroira sans peine que les plus beaux Orangers,
les Citroniers et les plus belles fleurs du Pays
abondent dans ce Parterre , et qu'on y trouve un
Printems presque continuel.
C'est dans un si agréable Lieu qu'a été célebrée
la Fête en question. Elle commença le 24. Août
au soir , veille de S. Louis, dès qu'on cut reçu
Pagréable nouvelle dont on a parlé.
M. de Lenfant , fils aîné , qui y étoit le plus
interessé , fit d'abord dresser les appareils d'un
grand Feu au bout de l'Allée de la Bibliotheque ;
on l'orna de Banderoles , de Guidons armoriez
et de plusieurs Panaches de diverses couleurs. A
Pentrée de la nuit il fut allumé par M. de Len
fant
SEPTEMBRE. 1732 2073
fant pere , et par M. l'Abbé , son frere , avec des
flambeaux qui leur furent présentez en cérémonie
par les jeunes Mrs de Lenfant. On tira en mê→
me-tems plusieurs coups de Canon , on entendir
le son des Tambours et des Fifres , et la joye
éclata encore par un grand nombre de Fusées ,
et de Serpentaux , qui furent tirez par les Domes
tiques,
* Il n'en fallut pas davantage ; ce fut un signal pour attirer au Pavillon une Assemblée nombreuse de Dames et de Cavaliers. Ce fut aussi un
signal pour attirer tout ce qu'il y avoit aux envi
Lons de Jeunesse d'élite , la plus vive et la plus experte en Danses Provençales. Il se forma en
peu de tems plusieurs Bandes de Bergeres et de Bergers , qui danserent toute la nuit en différens
endroits , et le Spectacle n'étoit pas indifférent.
Au déclin du Feu , on servit un grand Soupé ,
dont la gayete fut un des meilleurs mets ; et on
n'oublia pas de faire donner en abondance des ra- fraichissemens aux Amateurs de la Danse et à
tous les Spectateurs. Ce ne fut là que le prélude de la Fête,
Elle commença le lendemain jour de S. Louis,
par la célébration de plusieurs Messes à la Chapelle de la Maison , extraordinairement ornée et
illuminée. On chanta ensuite une grande Messe
en Musique, composée par M Pellegrin, si connų
par ses belles compositions. A l'Elevation , la pe tite Artillerie se fit entendre.
On servit là dîner , sur deux Tables , dressées
dans l'Orangerie ; la délicatesse égala la profusion. On en étoit aux Liqueurs les plus exquises
et sur la fin du repas , quand les Tambours et les
Hautbois de la Ville , envoyez pour contribuer à
la joie de cette journée,en redoublerent la gayeté,
On
2074 MERCURE DE FRANCE
On s'amusa après ledîner à plusieurs parties de
Jeu et à la Danse jusqu'à l'heure de Vespres , qui furent chantées en grande Symphonie ; et après
le Service , les mêmes Musiciens de la Ville , qui
- avoient pris la peine de venir en grand nombre,
› donnerent un- Concert , où l'on exécuta les Piéces les mieux choisies.
Après le Concert il y eut une double Danse
sçavoir , des Dames & des Messieurs au son des
violons , et des Bergeres et Bergers au son des
Tambourins , des Flutes et des Fifres.
A l'entrée de la nuit , on fit une grande décharge de Boëtes , ce qui servit de signal pour
illuminer le Vaisseau qui est dans la grande
Piece d'Eau. Il ne manque à ce Vaisseau , qu'on
peut dire un ouvrage parfait , rien de ce qui se
trouve aux plus grands Bâtimens de mer , cordages, agrets &c. où toutes les parties étant artistement éclairées , on ne pouvoit rien voir en
son genre de plus agréable et de plus frapant
C'étoit une imitation et un abrégé de ces illuminations brillantes et ingénieuses que l'on voit à Marseille sur les Galeres du Roi en certaines
grandes occafions.
On fe mit à table pour le fouper au bruit des
Boëtes qui se firent encore entendre en beuvant la santé de M. Lebret , Conseiller d'Etat , Premier Président , Intendant de la Province & du
Commerce , & Commandant en Chef en Provence. La Fête finit par des acclamations & par
les voeux les plus ardens ponr la continuation de
la santé du Roi , de la Reine et de toute la Famille Auguste.
Plaisance près de la Ville d'Aix. Ex--
trait d'une Lettre du cinquiéme Septembre.
L
E Roi vient de faire à Mrs de Lenfant une ·
grace considerable , en accordant à un fils
aîné, encore assez jeune , la survivance et l'éxercice des Charges de Commissaire Provincial des
Troupes en Provence , et d'Intendant de la
Garnison Françoise de la Principauté de Monaco que M. De Lenfant pere remplit depuis plusieurs années avec approbation.
Le Pavillon est une fort belle Maison qui leur
appartient , située dans un des plus beaux lieux
de la Provence , fréquentée presque toute l'année
par beaucoup de personnes de condition de l'un
et de l'autre sexe , qui aiment à goûter pendant
quelque tems la tranquillité d'une agréable solitude , et à respirci un air plus pur que celui des
Villes.
La Maison est assez vaste , bien distribuée , et
d'une agréable Architecture. Le plus précieux
meuble qu'on y trouve est une Bibliotheque de
Livres choisis , commencée et très- augmentée
par M. de Lenfant pere , qui ne se lasse point de
T'enrichir. Son goût particulier pour la Peinture
paroît aussi par quantité de Tableaux des meil
leurs Auteurs Italiens , François et Flamands
qui ornent les Salons , avec un grand nombre
d'Estampes des plus habiles Maîtres,
Les dehors présentent différens agrémens , sans
parler de la vue charmante des Paysages des environs , &c. On arrive au Pavillon par deux gran- >
2072 MERCURE DE FRANCE
grandes Allées des plus beaux Maroniers. Entre
ces Allées il y en a une autre , plantée de diffe
rens Arbres choisis , et propres à recevoir par
la taille toutes les formes qu'on veut leur don
ner. On y voit avec plaisir les quatre Saisons en
grandes Statues , Mercure prêt à voler , -Bellone'
avec ses Attributs et plusieurs autres Sujets de P'Histoire fabuleuse.
Les eaux jaillissantes contribuent encore à em
bellir ces dehors. La Piéce la plus confi térable
est au bout de l'Allée du milieu , en face du På→
villon: c'est une Statue colossalle d'Hercule , qui avec sa Massuë , abbat les têtes de l'Hydre , d'ou
sortent autant de jets d'eau , lesquels en tombant
forment une grande nape d'eau. On ne dit rient de plusieurs autres jets d'eau distribuez en divers
endroits , pour ne pas oublier deux belles Cascades qui forment devant le Pavillon un grand Réservoir , où l'on nourrit des Poissons.
Le Parterre est des mieux entendus pour le
dessein général , et des plus heureusement éxécu
tez par la varieté et par le goût des compartimens.
Oncroira sans peine que les plus beaux Orangers,
les Citroniers et les plus belles fleurs du Pays
abondent dans ce Parterre , et qu'on y trouve un
Printems presque continuel.
C'est dans un si agréable Lieu qu'a été célebrée
la Fête en question. Elle commença le 24. Août
au soir , veille de S. Louis, dès qu'on cut reçu
Pagréable nouvelle dont on a parlé.
M. de Lenfant , fils aîné , qui y étoit le plus
interessé , fit d'abord dresser les appareils d'un
grand Feu au bout de l'Allée de la Bibliotheque ;
on l'orna de Banderoles , de Guidons armoriez
et de plusieurs Panaches de diverses couleurs. A
Pentrée de la nuit il fut allumé par M. de Len
fant
SEPTEMBRE. 1732 2073
fant pere , et par M. l'Abbé , son frere , avec des
flambeaux qui leur furent présentez en cérémonie
par les jeunes Mrs de Lenfant. On tira en mê→
me-tems plusieurs coups de Canon , on entendir
le son des Tambours et des Fifres , et la joye
éclata encore par un grand nombre de Fusées ,
et de Serpentaux , qui furent tirez par les Domes
tiques,
* Il n'en fallut pas davantage ; ce fut un signal pour attirer au Pavillon une Assemblée nombreuse de Dames et de Cavaliers. Ce fut aussi un
signal pour attirer tout ce qu'il y avoit aux envi
Lons de Jeunesse d'élite , la plus vive et la plus experte en Danses Provençales. Il se forma en
peu de tems plusieurs Bandes de Bergeres et de Bergers , qui danserent toute la nuit en différens
endroits , et le Spectacle n'étoit pas indifférent.
Au déclin du Feu , on servit un grand Soupé ,
dont la gayete fut un des meilleurs mets ; et on
n'oublia pas de faire donner en abondance des ra- fraichissemens aux Amateurs de la Danse et à
tous les Spectateurs. Ce ne fut là que le prélude de la Fête,
Elle commença le lendemain jour de S. Louis,
par la célébration de plusieurs Messes à la Chapelle de la Maison , extraordinairement ornée et
illuminée. On chanta ensuite une grande Messe
en Musique, composée par M Pellegrin, si connų
par ses belles compositions. A l'Elevation , la pe tite Artillerie se fit entendre.
On servit là dîner , sur deux Tables , dressées
dans l'Orangerie ; la délicatesse égala la profusion. On en étoit aux Liqueurs les plus exquises
et sur la fin du repas , quand les Tambours et les
Hautbois de la Ville , envoyez pour contribuer à
la joie de cette journée,en redoublerent la gayeté,
On
2074 MERCURE DE FRANCE
On s'amusa après ledîner à plusieurs parties de
Jeu et à la Danse jusqu'à l'heure de Vespres , qui furent chantées en grande Symphonie ; et après
le Service , les mêmes Musiciens de la Ville , qui
- avoient pris la peine de venir en grand nombre,
› donnerent un- Concert , où l'on exécuta les Piéces les mieux choisies.
Après le Concert il y eut une double Danse
sçavoir , des Dames & des Messieurs au son des
violons , et des Bergeres et Bergers au son des
Tambourins , des Flutes et des Fifres.
A l'entrée de la nuit , on fit une grande décharge de Boëtes , ce qui servit de signal pour
illuminer le Vaisseau qui est dans la grande
Piece d'Eau. Il ne manque à ce Vaisseau , qu'on
peut dire un ouvrage parfait , rien de ce qui se
trouve aux plus grands Bâtimens de mer , cordages, agrets &c. où toutes les parties étant artistement éclairées , on ne pouvoit rien voir en
son genre de plus agréable et de plus frapant
C'étoit une imitation et un abrégé de ces illuminations brillantes et ingénieuses que l'on voit à Marseille sur les Galeres du Roi en certaines
grandes occafions.
On fe mit à table pour le fouper au bruit des
Boëtes qui se firent encore entendre en beuvant la santé de M. Lebret , Conseiller d'Etat , Premier Président , Intendant de la Province & du
Commerce , & Commandant en Chef en Provence. La Fête finit par des acclamations & par
les voeux les plus ardens ponr la continuation de
la santé du Roi , de la Reine et de toute la Famille Auguste.
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Résumé : FESTE donnée au Pavillon, Maison de Plaisance près de la Ville d'Aix. Extrait d'une Lettre du cinquiéme Septembre.
Le texte relate une fête organisée au Pavillon, une résidence de la famille de Lenfant située près d'Aix. Cette célébration marquait l'octroi d'une grâce royale à un fils aîné de la famille, qui avait reçu la survivance et l'exercice des charges de Commissaire Provincial des Troupes en Provence et d'Intendant de la Garnison Française de Monaco, fonctions exercées par son père depuis plusieurs années. Le Pavillon est décrit comme une vaste et agréable maison, renommée pour sa bibliothèque riche en livres choisis et sa collection de tableaux et d'estampes. Les jardins offrent divers agréments, avec des allées bordées de marronniers et d'autres arbres, des statues représentant les saisons et des figures mythologiques, ainsi que des jets d'eau et des cascades. Le parterre est orné d'orangers, de citronniers et de fleurs, créant un printemps presque continuel. La fête a débuté le 24 août au soir avec des feux d'artifice, des coups de canon et des danses provençales. Le lendemain, jour de la Saint-Louis, des messes ont été célébrées, suivies d'un dîner somptueux dans l'orangerie. La journée s'est poursuivie avec des jeux, des danses et un concert. La soirée s'est terminée par l'illumination d'un vaisseau dans la pièce d'eau, imitant les illuminations des galères royales à Marseille. La fête s'est conclue par des acclamations en l'honneur du Roi, de la Reine et de la famille royale.
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6
p. 2074-2077
Réception du Marquis de Sassenage à Grenoble, [titre d'après la table]
Début :
On écrit de Valence que le Marquis de Sassenage, Lieutenant Général de la Province de [...]
Mots clefs :
Marquis de Sassenage, Souper, Grenoble, Parlement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Réception du Marquis de Sassenage à Grenoble, [titre d'après la table]
On écrit de Valence que le Marquis de
Sassenage, Lieutenant Général de la Province de
Dauphiné
SEPTEMBRE. 1732. 2075
Dauphiné , où il commandoit en chef, en est
parti le 28. du mois dernier pour se rendre à
Paris. Il étoit venu dans cette Province pour
prendre possession de la Lieutenance Générale.
•
Le 11.Juillet , les Consuis et le Corps de Ville
de Grenoble allerent à sa rencontre au bourg
de Moirans , qui est à trois lieues de cette Ville.
Il trouva à S. Robert , qui en est éloigné d'une
lieue , M. de Grammont, Premier Président du
Parlement , & M. de Fontanieux , Intendant de
La Province , avec un grand nombre de persons du Corps de la Noblesse , & de ceux de la
agistrature qui s'y étoient rendus en Carosse
ur lui faire cortege. Arrivant à Grenoble , il
contra à la porte de France le Marquis de
ircieux , Gouverneur de la Ville qui l'attenit pour lui en présenter les clefs. 11 fit son ene au bruit du Canon et précédé de la Com nie de ses Gaides , de toute la Maréchaussée
la Province , le Prévost Géneral à la tête , et
ne multitude de gens à cheval; quantité de
rosses à six chevaux et à quatre , remplis de
x qui étoient venus à sa rencontre , fermoient
narche. Le Bataillon de Romillé du Régiment
yal Artillerie, et la Milice bourgeoise sous les
ies , formoient une double haye depuis la
Porte de France jusqu'à l'Hôtel de ce Seigneur:
il le trouva rempli de personnes de condition
de l'un et de l'autre sexe , qui l'y attendoient
pour lui témoigner leur joie de son arrivée qui
en a causé une générale. Les boutiques furent
fermées ce jour - là ; le soir toute la Ville fut ili
Juminée , on tira une grande quantité de fusées,
et il y eut des feux de joie dans les divers·quar-·
tiers.
Le Marquis de Sassenage alla fouper chez M. Inten
2076 MERCURE DE FRANCE
Intendant ; le repas étoit magnifique , la com
pagnie nombreuse et composée de ce qu'il y a
de plus distingué dans tous les Etats de cette ville. Le lendemain il recut les Complimens du
Parlement , de la Chambre des Comptes et du
Bureau des Finances par les Députez de ces différentes Compagnies. Les Magistrats inférieurs
et la Ville , vinrent le complimenter en Corps :
les Chapitres et tous les Corps du Clergé seculier et regulier s'acquitterent de ce devoir dans
la même forme.
Le 17. du même mois , il fit son entrée au Parlement , la Compagnie de ses Gardes le précedoit dans la marche qui se fit à pied depuis son
Hôtel jusqu'au Palais , suivi par deux Conseillers deputez pour le recevoir et le conduire à la
Grand- Chambre , où il prit sceance à la tête du
Parlement , les Chambres assemblees , et il fit un
discours qui fut trés appiaudi. Il fut reconduit avec les mêmes ceremonies.
Un quart d'heure après qu'il fut retiré
dans son Hôtel , le Parlement alla lui rendre
visite en corps. Le mêmejour , il donna à dîner
à Messieurs du Parlement , à la Noblesse et aux
Officiers des Troupes. Il y avoit cent quarante
Couverts en differentes tables qui toutes furent
servies avec beaucoup de magnificence et de délicatesse. Ce jour- là les boutiques furent fermées,
et le soir il y eut une illumination generale.
Le 23. il fit son entrée à la Chambre des
Comptes , dans le même ordre et avec le même
céremonial obfervé au Parlement. Il alla ensuite
prendre séance à la tête du Bureau des Finances ,
oùil fit un autre discours qui fut très applaudi
Le même jour il donna à dîner à Messieurs de
la Chambre et du Bureau et à plusieurs hommes
dg
SEPTEMBRE. 1732. 2077
de condition ou Militaires , au nombre de cent
yingt personnes.
Toutes ces Céremonies achevées , le Marquis
de Sassenage a été visiter les places frontieres de la Province. On l'a reçû par tout avec de vives démonstrations de joie , les troupes sous
les armes, et au bruit du Canon &c. et il s'est
attiré tous les cœurs par ses manieres affables ,
nobles et engageantes.
O
E
Sassenage, Lieutenant Général de la Province de
Dauphiné
SEPTEMBRE. 1732. 2075
Dauphiné , où il commandoit en chef, en est
parti le 28. du mois dernier pour se rendre à
Paris. Il étoit venu dans cette Province pour
prendre possession de la Lieutenance Générale.
•
Le 11.Juillet , les Consuis et le Corps de Ville
de Grenoble allerent à sa rencontre au bourg
de Moirans , qui est à trois lieues de cette Ville.
Il trouva à S. Robert , qui en est éloigné d'une
lieue , M. de Grammont, Premier Président du
Parlement , & M. de Fontanieux , Intendant de
La Province , avec un grand nombre de persons du Corps de la Noblesse , & de ceux de la
agistrature qui s'y étoient rendus en Carosse
ur lui faire cortege. Arrivant à Grenoble , il
contra à la porte de France le Marquis de
ircieux , Gouverneur de la Ville qui l'attenit pour lui en présenter les clefs. 11 fit son ene au bruit du Canon et précédé de la Com nie de ses Gaides , de toute la Maréchaussée
la Province , le Prévost Géneral à la tête , et
ne multitude de gens à cheval; quantité de
rosses à six chevaux et à quatre , remplis de
x qui étoient venus à sa rencontre , fermoient
narche. Le Bataillon de Romillé du Régiment
yal Artillerie, et la Milice bourgeoise sous les
ies , formoient une double haye depuis la
Porte de France jusqu'à l'Hôtel de ce Seigneur:
il le trouva rempli de personnes de condition
de l'un et de l'autre sexe , qui l'y attendoient
pour lui témoigner leur joie de son arrivée qui
en a causé une générale. Les boutiques furent
fermées ce jour - là ; le soir toute la Ville fut ili
Juminée , on tira une grande quantité de fusées,
et il y eut des feux de joie dans les divers·quar-·
tiers.
Le Marquis de Sassenage alla fouper chez M. Inten
2076 MERCURE DE FRANCE
Intendant ; le repas étoit magnifique , la com
pagnie nombreuse et composée de ce qu'il y a
de plus distingué dans tous les Etats de cette ville. Le lendemain il recut les Complimens du
Parlement , de la Chambre des Comptes et du
Bureau des Finances par les Députez de ces différentes Compagnies. Les Magistrats inférieurs
et la Ville , vinrent le complimenter en Corps :
les Chapitres et tous les Corps du Clergé seculier et regulier s'acquitterent de ce devoir dans
la même forme.
Le 17. du même mois , il fit son entrée au Parlement , la Compagnie de ses Gardes le précedoit dans la marche qui se fit à pied depuis son
Hôtel jusqu'au Palais , suivi par deux Conseillers deputez pour le recevoir et le conduire à la
Grand- Chambre , où il prit sceance à la tête du
Parlement , les Chambres assemblees , et il fit un
discours qui fut trés appiaudi. Il fut reconduit avec les mêmes ceremonies.
Un quart d'heure après qu'il fut retiré
dans son Hôtel , le Parlement alla lui rendre
visite en corps. Le mêmejour , il donna à dîner
à Messieurs du Parlement , à la Noblesse et aux
Officiers des Troupes. Il y avoit cent quarante
Couverts en differentes tables qui toutes furent
servies avec beaucoup de magnificence et de délicatesse. Ce jour- là les boutiques furent fermées,
et le soir il y eut une illumination generale.
Le 23. il fit son entrée à la Chambre des
Comptes , dans le même ordre et avec le même
céremonial obfervé au Parlement. Il alla ensuite
prendre séance à la tête du Bureau des Finances ,
oùil fit un autre discours qui fut très applaudi
Le même jour il donna à dîner à Messieurs de
la Chambre et du Bureau et à plusieurs hommes
dg
SEPTEMBRE. 1732. 2077
de condition ou Militaires , au nombre de cent
yingt personnes.
Toutes ces Céremonies achevées , le Marquis
de Sassenage a été visiter les places frontieres de la Province. On l'a reçû par tout avec de vives démonstrations de joie , les troupes sous
les armes, et au bruit du Canon &c. et il s'est
attiré tous les cœurs par ses manieres affables ,
nobles et engageantes.
O
E
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Résumé : Réception du Marquis de Sassenage à Grenoble, [titre d'après la table]
En septembre 1732, le Marquis de Sassenage, Lieutenant Général de la Province de Dauphiné, se rendit à Paris après avoir pris possession de la Lieutenance Générale. Le 11 juillet, les Consuls et le Corps de Ville de Grenoble l'accueillirent à Moirans. À Saint-Robert, il fut reçu par M. de Grammont, Premier Président du Parlement, et M. de Fontanieux, Intendant de la Province, ainsi que par de nombreux nobles et magistrats. À Grenoble, il fut accueilli par le Marquis de Bercieux, Gouverneur de la Ville, et fit son entrée au bruit du canon, précédé par sa compagnie de gardes et la maréchaussée. La ville était décorée et illuminée, et des feux de joie furent allumés. Le Marquis dîna chez l'Intendant et reçut les compliments du Parlement, de la Chambre des Comptes et du Bureau des Finances. Le 17 juillet, il fit son entrée au Parlement, prononça un discours applaudi et offrit un dîner à cent quarante personnes. Le 23 juillet, il fit son entrée à la Chambre des Comptes et au Bureau des Finances, prononça un autre discours et offrit un dîner à cent vingt personnes. Après ces cérémonies, il visita les places frontières de la Province, où il fut accueilli avec joie et respect.
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7
p. 2077-2079
EPITRE, A M. Lefort, Echevin, &c.
Début :
O Frere, tendrement et justement aimé [...]
Mots clefs :
Échevin, Époux, Pudique ardeur, Gloire, Citoyens
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texteReconnaissance textuelle : EPITRE, A M. Lefort, Echevin, &c.
EPITRE,
A M. Lefort, Echevin , &c.
Frere , tendrement et justement aimé ,
De mes jours les plus beaux voici l'heurense
époque ,
De vos nouveaux honneurs que mon cœur est
charmé !
Vous sçavez si pour vous mon zéle est équi
voque.
Mais les Muses que l'on invoque ,
Ne servent pas à point nommé.
Au gré de mes désirs enfin elles m'inspirent ,
Et mon tribut , quoique tardif,
N'en est ni moins vrai , ni moins vif.
A le justifier que de vertus conspirent !
Le Ciel , dès vos plus jeunes ans ,
Répandit sur vous ces présens.
Qui de vos Citoyens vous acquirent l'estime ,
De tout ce qu'on admire en vous ,
La Pourpre consulaire est le prix légitime.
I Digne
7
2078 MERCURE DE FRANCE
Digne moitié d'un digne Epoux,
Par vous seule heureuse et contente ,
Ma sœur en ce grand jour voit combler son attente,
L'objet de sa pudique ardeur ,
Sans qu'elle en puisse être jalouse ,
Desormais partage son cœur ,
Entre son Peuple et son Epouse.
Mais n'y bornez pas votre amour.
La Nature a ses droits , et le sang.vous engage ;
Afaire entrer dans ce partage,
Celle qui vous donna le jour.
Ne cessez point d'aimer la plus tendre des meres
Eh ! qui peut le mériter mieux ?
Daignez aussi jetter les yeux,
Et sur vos sœurs et sur vos freres.
Mais que dis-je ? Est-ce à vous qu'on dicte ces
leçons ?
A vous que l'on choisit pour en donner sans cesse ?
Et puis-je sur votre tendresse ,
Concevoir les moindres soupçons
Non ; vous sçavez trop-bien comme il faut P'on aime ,
L'interêt general à vos soins est commis ;
que
Etrangers , Citoyens, freres, sœurs, Mere même,
Nourris dans votre sein , nous sommes tous vos fils.
De vos soins paternels la trop courte durée ,. De
SEPTEMBRE. 1732 2079
Par le cours de trois ans en vain est mesurée ,
Vos bienfaits à venir seront toujours presens ;
ceux qui vous suivront, laissez -en la mémoire;
C'est en éterniser la gloire ;
C'est être Echevin tous les ans.
A M. Lefort, Echevin , &c.
Frere , tendrement et justement aimé ,
De mes jours les plus beaux voici l'heurense
époque ,
De vos nouveaux honneurs que mon cœur est
charmé !
Vous sçavez si pour vous mon zéle est équi
voque.
Mais les Muses que l'on invoque ,
Ne servent pas à point nommé.
Au gré de mes désirs enfin elles m'inspirent ,
Et mon tribut , quoique tardif,
N'en est ni moins vrai , ni moins vif.
A le justifier que de vertus conspirent !
Le Ciel , dès vos plus jeunes ans ,
Répandit sur vous ces présens.
Qui de vos Citoyens vous acquirent l'estime ,
De tout ce qu'on admire en vous ,
La Pourpre consulaire est le prix légitime.
I Digne
7
2078 MERCURE DE FRANCE
Digne moitié d'un digne Epoux,
Par vous seule heureuse et contente ,
Ma sœur en ce grand jour voit combler son attente,
L'objet de sa pudique ardeur ,
Sans qu'elle en puisse être jalouse ,
Desormais partage son cœur ,
Entre son Peuple et son Epouse.
Mais n'y bornez pas votre amour.
La Nature a ses droits , et le sang.vous engage ;
Afaire entrer dans ce partage,
Celle qui vous donna le jour.
Ne cessez point d'aimer la plus tendre des meres
Eh ! qui peut le mériter mieux ?
Daignez aussi jetter les yeux,
Et sur vos sœurs et sur vos freres.
Mais que dis-je ? Est-ce à vous qu'on dicte ces
leçons ?
A vous que l'on choisit pour en donner sans cesse ?
Et puis-je sur votre tendresse ,
Concevoir les moindres soupçons
Non ; vous sçavez trop-bien comme il faut P'on aime ,
L'interêt general à vos soins est commis ;
que
Etrangers , Citoyens, freres, sœurs, Mere même,
Nourris dans votre sein , nous sommes tous vos fils.
De vos soins paternels la trop courte durée ,. De
SEPTEMBRE. 1732 2079
Par le cours de trois ans en vain est mesurée ,
Vos bienfaits à venir seront toujours presens ;
ceux qui vous suivront, laissez -en la mémoire;
C'est en éterniser la gloire ;
C'est être Echevin tous les ans.
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Résumé : EPITRE, A M. Lefort, Echevin, &c.
L'épître est adressée à M. Lefort, nouvellement promu échevin. L'auteur exprime sa joie et son admiration pour les honneurs récemment reçus par Lefort, soulignant que ses vertus et ses qualités ont toujours mérité reconnaissance. Depuis son jeune âge, Lefort a reçu des dons divins qui lui ont valu l'estime de ses concitoyens, justifiant ainsi sa nomination à la pourpre consulaire. L'auteur félicite également la sœur de Lefort, heureuse et comblée en ce jour, partageant son cœur entre son peuple et son époux. Il encourage Lefort à étendre son amour à sa mère, ses sœurs et ses frères, bien que cela soit superflu, car Lefort est naturellement bienveillant et dévoué. L'auteur reconnaît que Lefort consacre ses soins à l'intérêt général, considérant tous les citoyens comme ses fils. Enfin, l'auteur espère que les bienfaits de Lefort perdureront au-delà de sa courte durée en fonction, laissant une mémoire éternelle de sa gloire et de son dévouement.
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8
p. 2079-2080
MORTS, MARIAGES.
Début :
Dame Agnès Bouvart de Fourqueux, Eposue de VIncent Maynon, Seigneur de Villemanche [...]
Mots clefs :
Lieutenant général des armées
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, MARIAGES.
MORTS , MARIAGES.
DdeVincent
>
Ame Agnès Bouvart de Fourqueux , Epousé
de Vincent Maynon , Seigneur de Ville
manche , &c. Conseiller Honoraire au Parlement, mourut le 28 Aoust , âgée de 40 ans.
Charles de Roye de la Rochefoucaud , Comte
de Blanzac , Lieutenant General des Armées du
Roy et Gouverneur de Bapaume, mourut à Faris,
le 4 de ce mois , âgé de 67 ans. Son. Gouverne
ment a été donné au Comte de Rouci , son fils
Colonel du Regiment de Conti , Infanterie.
Dame Charlotte-Magdelaine Huguet de Sémonville , veuve de M. Charles César , Marquis
dé Costentin , cy-devant Colonel du Regiment
Dauphin, Cavalerie , mourut le même jour, âgée
de 52 ans.
M. Pierre de Vienne , Prêtre , Ancien Archidiacre de la Cathedrale de Troye,mourut à Paris
les Septembre , âgé de 82 ans.
Marc-Antoine Vallentin de Rollinde, Cheva
lier , Baron de Biozat , Seigneur de Chantraine ,
&c. Conseiller de la grande Chambre du Parle
ment , mourut le 6 , âgé d'environ 52 ans.
Mre Jean Danthon , Abbé, Supérieur general
des Chanoines Reguliers, de S. Augustin Congrégation de S. Antoine , est mort dans son AbI ij baye
2080 MERCURE DE FRANCE
baye de S. Antoine de Vienne en Dauphiné , le
6 de ce mois , âgé de 83 ans. Cette Congrégation qu'il a gouvernée pendant 30 années avec un
désinteressement de cœur sans égal , avec une
sagesse , une régularité et une vertu qui ne s'est
jamais démentie , a sujet d'être infiniment sensible à la grande perte qu'elle vient de faire. Les
derniers momens de sa vie ont également marqué la pureté de ses intentions et la solidité de
sa piété, et on lui doit cette justice , qu'il n'est
point d'exemple de modestie , de douceur , et de
véritable attachement à son Ordre , dont il tenoit
à grand honneur d'être le Chef,qu'il n'aïe laissé à
ses Successeurs,
"
Hercule Meriadec , Prince de Rohan , Duc de
Rohan , Pair de France , Capitaine Lieutenant de
la Compagnie des Gens - d'Armes de la Garde
du Roy, Lieutenant General de ses Armées, Gouverneur et Lieutenant General pour S. M. des
Provinces de Champagne et Brie , veuf de Dams
Anne- Geneviève de Lévi de Vantadour , épousa
le à Septembre , Dame Marie Sophie de Courcillon, veuve de Charles- François Dalbert Dailly,
Duc de Péquigny , Pair de France, et Fille de feu
Philippe Egon , Marquis de Courcillon , et de
Dame Marie- Françoise de Pompadour.
DdeVincent
>
Ame Agnès Bouvart de Fourqueux , Epousé
de Vincent Maynon , Seigneur de Ville
manche , &c. Conseiller Honoraire au Parlement, mourut le 28 Aoust , âgée de 40 ans.
Charles de Roye de la Rochefoucaud , Comte
de Blanzac , Lieutenant General des Armées du
Roy et Gouverneur de Bapaume, mourut à Faris,
le 4 de ce mois , âgé de 67 ans. Son. Gouverne
ment a été donné au Comte de Rouci , son fils
Colonel du Regiment de Conti , Infanterie.
Dame Charlotte-Magdelaine Huguet de Sémonville , veuve de M. Charles César , Marquis
dé Costentin , cy-devant Colonel du Regiment
Dauphin, Cavalerie , mourut le même jour, âgée
de 52 ans.
M. Pierre de Vienne , Prêtre , Ancien Archidiacre de la Cathedrale de Troye,mourut à Paris
les Septembre , âgé de 82 ans.
Marc-Antoine Vallentin de Rollinde, Cheva
lier , Baron de Biozat , Seigneur de Chantraine ,
&c. Conseiller de la grande Chambre du Parle
ment , mourut le 6 , âgé d'environ 52 ans.
Mre Jean Danthon , Abbé, Supérieur general
des Chanoines Reguliers, de S. Augustin Congrégation de S. Antoine , est mort dans son AbI ij baye
2080 MERCURE DE FRANCE
baye de S. Antoine de Vienne en Dauphiné , le
6 de ce mois , âgé de 83 ans. Cette Congrégation qu'il a gouvernée pendant 30 années avec un
désinteressement de cœur sans égal , avec une
sagesse , une régularité et une vertu qui ne s'est
jamais démentie , a sujet d'être infiniment sensible à la grande perte qu'elle vient de faire. Les
derniers momens de sa vie ont également marqué la pureté de ses intentions et la solidité de
sa piété, et on lui doit cette justice , qu'il n'est
point d'exemple de modestie , de douceur , et de
véritable attachement à son Ordre , dont il tenoit
à grand honneur d'être le Chef,qu'il n'aïe laissé à
ses Successeurs,
"
Hercule Meriadec , Prince de Rohan , Duc de
Rohan , Pair de France , Capitaine Lieutenant de
la Compagnie des Gens - d'Armes de la Garde
du Roy, Lieutenant General de ses Armées, Gouverneur et Lieutenant General pour S. M. des
Provinces de Champagne et Brie , veuf de Dams
Anne- Geneviève de Lévi de Vantadour , épousa
le à Septembre , Dame Marie Sophie de Courcillon, veuve de Charles- François Dalbert Dailly,
Duc de Péquigny , Pair de France, et Fille de feu
Philippe Egon , Marquis de Courcillon , et de
Dame Marie- Françoise de Pompadour.
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Résumé : MORTS, MARIAGES.
Le texte relate plusieurs décès et un mariage de personnalités notables. Agnès Bouvart de Fourqueux, épouse de Vincent Maynon, Seigneur de Villemanche et Conseiller Honoraire au Parlement, est décédée le 28 août à 40 ans. Charles de Roye de la Rochefoucauld, Comte de Blanzac, Lieutenant Général des Armées du Roi et Gouverneur de Bapaume, est mort à Paris le 4 du mois à 67 ans. Son fils, le Comte de Rouci, Colonel du Régiment de Conti, Infanterie, lui a succédé. Dame Charlotte-Magdelaine Huguet de Sémonville, veuve de Charles César, Marquis de Costentin et ancien Colonel du Régiment Dauphin, Cavalerie, est décédée le même jour à 52 ans. M. Pierre de Vienne, Prêtre et Ancien Archidiacre de la Cathédrale de Troyes, est mort à Paris le 7 septembre à 82 ans. Marc-Antoine Vallentin de Rollinde, Chevalier, Baron de Biozat et Seigneur de Chantraine, Conseiller de la Grande Chambre du Parlement, est décédé le 6 du mois à environ 52 ans. M. Jean Danthon, Abbé et Supérieur Général des Chanoines Réguliers de Saint-Augustin de la Congrégation de Saint-Antoine, est mort dans son abbaye de Saint-Antoine de Vienne en Dauphiné le 6 du mois à 83 ans, après avoir gouverné la congrégation pendant 30 années. Hercule Meriadec, Prince de Rohan, Duc de Rohan, Pair de France, Capitaine Lieutenant de la Compagnie des Gens-d'Armes de la Garde du Roi, Lieutenant Général de ses Armées, et Gouverneur des Provinces de Champagne et Brie, a épousé le 7 septembre Dame Marie Sophie de Courcillon, veuve de Charles-François Dalbert Dailly, Duc de Péquigny, Pair de France, et fille de Philippe Egon, Marquis de Courcillon, et de Dame Marie-Françoise de Pompadour.
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9
p. 2080-2098
LIT DE JUSTICE.
Début :
Le Parlement qui avoit reçu le 2. de ce mois les ordres du Roi par le Marquis de Dreux, [...]
Mots clefs :
Roi, Chancelier, Justice, Arrêts, Déclarations, Procès verbal, Parlement, Lit de justice
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LIT DE JUSTICE.
LIT DE JUSTIC E.
E Parlement qui avoit reçu le 2. de ce mois Liesordres du Roi par le Marquis de Dreux,
Grand- Maître des Céremonies , se rendit le len
demain à Versailles vers, les dix heures, pour le
Lit de Justice que S. M. avoit résolu de tenir.
Le Parlement s'étant assemblé dans la Salle qui
avoir
SEPTEMBRE. 1732. 2087
avoit été préparée ; toutes les séances furent pri
ses en la maniere ordinaire. Aussitôt que le Roi
qui étoit revenu de Matly le même jour , fut
sorti de son appartement pour aller tenir son
Lit de Justice , quatre Présidens à Mortier et six Conseillers allerent recevoir S. M avec les cérémonies accoutumées &c. Le Roi s'assit_sous son Dais &c.
PROCES VERBAL de ce qui s'est passé
au Lit de Justice.
EXTRAIT des Registres de Parlement du mecredy
trois Septembre 1732 , du matin.
LE ROY LOUIS XV. du nom tenant son Lit
de Justice en son Château de Versailles.
Asa droite aux hauts Sieges.
Le Duc d'Orleans , le Duc de Bourbon , le Comte de Charolois , le Comte de Clermont , le Prince de Conty , Princes du Sang.
Sur le reste du banc.
Les Ducs de Luynes , de la Rochefoucault
d'Estrées , de Gramont , de Gesvres , de Charost
de Villars , de Fitz-james , de Rohan Rohan
d'Ostun , de Valentinois , d'Aiguillon , Pairs
Laïcs.
Sur le même banc.
Le Gouverneur de Paris.
Sur les trois bancs couverts de tapisserie dans
le Parquet , et sur les bancs répondant au premier et second Barreau , vis- à- vis de Messieurs
les Présidens , les Conseillers d'honneur , Maîtres
des Requestes , Conseillers de la Grand- Chambre,
Présidens des Enquestes et Requestes.
L'Abbé de Clugny , Conseiller d'honneur.
Présidens I iij
2082 MERCURE DE FRANCE
Présidens des Enquêtes et Requêtes.
du Roland , Berthier , Moreau , de Fourcy , Roujault , Feideau , Crozat , le Peletier , Bernard ,
Bois, Poncer, Durey , Fremont , Masson.
Conseillers de la Grand- Chambre.
Canaye , de Vienne , Pallu , de la Guillaumie ,
Daverdoing , Nigot , le Moine , Soullet , Loren.
chet , Goislart , Nau , de Tourmont , Racine ,
Droüin , Coste.
A la gauche du Roi aux hauts Sieges.
L'Evêque Comte de Beauvais , Pair Ecclésias
tique.
A ses pieds.
Charles Godefroy de la Tour d'Auvergne
Grand Chambellan..
>
A droite sur un tabouret , au bas des degrez
du Siege Royal , Charles de Lorraine , Grand
Ecuyer de France , portant au col l'Epée de Parement du Roi.
A gauche sur un banç , au dessous de celui des
Pairs Ecclésiastiques.
Le Ducde Noailles, le Duc de Villeroi , le Duc
de Charost , le Duc d'Harcourt , Capitaine des
Gardes du Corps du Roi , & le Marquis de
Courtenvaux , Commandant la Compagnie des
Cent Suisses de la garde.
En une Chaise à bras, couverte de l'extrémité
du tapis de velours violet , semé de fleur-de lys
servant de drap de pied au Roi.
M. Henry-François Daguesseau , Chancelier
de France , vêtu d'une robe de velours violet.
C- Sur le banc répondant à celui où sieient Mes- sieurs les Présidens au Conseil en la Chambre du
Parlement , MM. le Pelletier , de Maupeou , de ....
la
SEPTEMBR E. 122. 2083
la Moignon , d'Aligre , Portail , Molé, Talon Présidens. •
Dans le Parquet , sur deux tabourets devant
M le Chancelier, à droite, le sieur Dreux, GrandMaitre , et à gauche , le sieur des Granges, Mai- tre des Céremonies.
Dans ledit Parquet , au milieu , à genoux devant le Roi , deux Huissiers- Massiers du Roi,
tenant leurs Masses d'argent doré , & six He- rauts d'Armes.
A côté droit sur les deux bancs couvèrs de tapis de fleur-de-lys , les Conseillers d'Etat et les
Maîtres des Requêtes venus avec M. le Chan- celier.
Conseillers d'Etat.
L'Abbé Bignon , Desmarests de Vaubourg , le Goux de la Berchere , Fagon , De la Moignon
de Courson , le Guerchois , Berryer de la Ferriere , de Bernage , d'Argenson , Meliand , de
Machaut , de Harlay , Orry.
Maitres des Requêtes.
Le Fevre de Caumartin , Chopin , de la Moignon de Bournan, Camus de Pontcarré,d'Aguesseau de Fresne , de Machault.
Sur une forme à gauche , en entrant vis- à- vis Messieurs les Présidens.
MM. Phelypeaux de Maurepas , Phelypeaux de S. Florentin ee Bauyn d'Angerviliers Secre- taires d'Etat.
Sur trois autres bancs à gauche dans le Parquet , vis- à vis les Conseillers d'Etat , les sieurs ,
Chevaliers de l'Ordre.
De Goesbriand , de Livry, de Matignon , de
Nesle , de Beauveau , de Tavannes , de ClermontI iiij Tonnere,
2084 MERCURE DE FRANCE
J Tonnerre, de Simiane, Comtede Grammont , de
Beringhein , de la Farre.
Gouverneurs de Provinces.
D'Arpajon , de . Fervaques,
Lieutenans Géneraux de Provinces.
De Buron , de Joyeuse , de Souvré , de Bonnelles , de Givry , de Château- Regnaud , d'Enonville , de Lignerac , de Seignelay , d'Isanghien.. A côté de la forme où étoient les Secretaires
d'Etat , Mirey Secretaire de la Cour , faisant les fonctions de Gieffier en chef.
A côté de lui , à gauche , un des trois principaux Commis pour la Grand-Chambre , tenant
la plume , ayant devant eux chacun un Bureau couvert de velours violet.
Sur une autre forme derriere eux , Dufranc ,
Secretaire de la Cour.
Sur une autre forme , le Grand- Prévôt de
l'Hôtel.
Sur un siege à l'entrée du Parquet , Delauge
premier Huissier.
En la pláce répondant à celle qu'ils occupent toutes les Chambres assemblées.
M. Pierre Gilbert de Voisins Avocat.
M. Guillaume-François Jolyde Fleury
Procureur General.
M. Louis Chauvelin , Avocat.
M. Guillaume- François - Louis Joly
de Fleury , Avocat.
>duRoy:
Dans le surplus des Bancs , les Conseillers des
Enquêtes et Requêtes , Neyret , de Monthulé ,
Lamblin, le Rebours , Benoise , Robert , Tubeuf.
Fermé , de Blair , Alexandre , Pineau Henin ,
Rulleau , Bertin , Pajot , Lemée , Carré , Clement,
le Clerc , Thomé , Fieubet , Latteignant , Mon- tholon
7
SEPTEMBRE. 1732. 2085
tholon , Dumans , Lamouche , Dupré , de Beze ,
Pajot , de Paris , Boucher, Chambennat , le Clerc,
Seguier , de Paris , de la Michaudiere , Lespine ,
fe Maistre , Henin , le Gendre , de Bragelogne ,
Langlois , Pichon , Pasquier , Anjorrant , Nouet,
Barally , de la Forest , le Riche , Boutin , Mayneau , Parent , Salaberry , Barré , Leveque , le
Prestre , Moufle , le Boindre , Michau , Jassault ,
Guillier , Aubin , le Fer , de la Guillaumie , de
Favieres , Macé , Chalmette , Boulanger , Baudry,
Berger , de la Guillaumie , Godheu , de Vougny,
Roland, Feydeau , le Bel , Doublet , de la Live ,
Lescalopier , Boulet , le Tourneur , Chevalier ,
Aymerec , de Berny , Amyot, Goujon , Moriceau
le Lay , Petit , Berthier , de Tourmont , Potier ,
Pineau, Blondeau , Boucher , Brayer, du Trousset , de Selle , Maissat , Berrier , Ravot , Theve
nin , Doublet, de Nicolay , Lozandiere , Lamoignon , du Rousset , Durand, Aubourg , Michau,
Foucault , le Gars , Caze , du Noyer, Jacquier
Hermant , Thiroux.
Ce jour, la Cour , toutes les Chambres assemblées , en robes et chaperons d'écarlate , dans la
grande Salle des Gardes du Corps du Roi , pré- parée pour tenir son Lit de Justice , Messieurs les
Presidens revêtus de leurs Manteaux , qu'ils
avoient été prendre dans une piéce voisine , te- nant leurs Mortiers à la main , attendant la venuë du Roi , le Grand- Maître des Cérémonies
ayant averti la Compagnie que le Roi étoit prêt ,
ont été députez pour l'aller recevoir et saluer
Messieurs les Présidens de Maupeou , de Lamoignon , d'Aligre et Portail , et Mrs Canaye Pallu , de la Guillaumie et Daverdoing , Laics
et Mrs de Vienne et le Moyne Clercs , Conseillers en la Grand-Chambre, lesquels l'ont conduit
Iz
f
2086 MERCURE DE FRANCE
་
en son Lit de Justice , Mrs les Présidens mar- chant à ses côtez , Mrs les Conseillers derriere
lui , et le Premier Huissier entre les deux Massiers du Roi , immédiatement devant sa Person
ne Le Roi étoit précedé de M. le Duc d'Or
leans , de M. le Duc de Bourbon , de M. le
Comte de Charollois , de M. le Comte de Clermont , et de M. le Prince de Conty , Princes du
Sang , qui ont pris leur place traversant le Parquet le Roi étoit aussi précedé du Marquis de
Courtenvaux , commandant la Compagnie des
Cent Suisses de la garde , du Grand Chambellan,
et du Grand Ecuyer de France , et étoit suivi
des quatre Capitaines des gardes.
Les Chevaliers de l'Ordre , Gouverneurs et
Lieutenans generaux de Provinces, avoient pris
peu avant leurs places , pour éviter la confusion ,
quoiqu'ils n'ayent droit que d'accompagner let
Roi , et d'entrer à sa suite étant mandez.
Après le Roi , est entré M. le Chancelier , lequel a traversé le Parquet , et a pris place dans
un siége à bras , placé aux pieds du Roi , coùvert de l'extrêmité du même tapis de velours
violet , semé de fleurs-de- lys , qui servoit de ta- pis de pied au Roi , et un Bureau devant lui avec lui sont entrez les Conseillers d'Etat et Maîtres des Requêtes ci-dessus nommez , qui se sont de- placez dans le Parquet sur deux bancs ,
vant les bas siéges , étant au--dessous des Pairs
Laïcs.
1
Le Roi s'étant assis et couvert , M. le Chancelier a dit par son ordre que Sa Majesté commandoit qu'on prît séance ; après quoi le Roi
ayant ôté et remis son chapeau , a dit :
Messieurs , je vous ai fait venir pour vous faire
51-
SEPTEMBRE. 1732. 2007
sçavoir mes volontez , mon Chancelier va vous
les expliquer.
M. le Chancelier étant ensuite monté vers le
Roi , agenouillé à ses pieds pour recevoir ses or
drès , descendu , remis en sa place , assis et couvert , après avoir dit que le Roi permettoit qu'on
se couvrit , a dit :
MESSIEURS ,
La conduite passée de Sa Majesté vous a fait
voir l'indulgence d'un Pere , plutôt que la severité
d'un Roy. Elle a voulu tout attendre de votre reconnoissance , et ne regner sur vous quepar sa bonté,
Le succès a-t'il répondu à des dispositions si favor rables ?
Au lieu des actions de graces qui étoient dûes au
Roy , les Remontrances qu'il n'a pas refusé de recevoir n'ont presque été remplies que de traits capables de rappeller tout ce que S. M. avoit bien vous lu oublier. Mais malgré cet esprit qui y regnoit,
malgré ces mouvemens prématurez et peu respec- tueux, dont elles ont été suivies , la moderation du
Roy a encore étouffé tout autre sentiment.
Toujours maître de lui-même , et aussi exempt
depassion que la Loy , il ne s'est expliqué qu'en Legislateur attentif à regler l'avenir , plutôt qu'à réparer le passé ; et en éloignant tout ce qui pouvoit
être une occasion de lui déplaire , il a voulu encore
plus s'épargner à lui-même la peine de se voir forcé
à donner des marques de son mécontentement.
Des sentimens si dignes du Roy ont dicté la Déclaration qui vous a été adressée , et c'est cependant
à la premiere lecture d'une telle Loy , que le Parle
ment se porte à y resister , dans des termes qne son
respect pour le Roy devroit lui faire ignover ; et ily
ajoûte en même temps la résolution encore plus -
I vj prenante
2088 MERCURE DE FRANCE
"f
·_prenante , de suspendre le jugement de toutes les affaires particulieres; comme si en cessant defaire son devoir , il vouloit contraindre S M. par l'amour
même qu'elle apour la Justice , à recevoir la loy de
ceux à qui elle doit la donner Etoit-ce donc la le moyen d'obtenir la grace sur laquelle on avoit resolu de faire encore de nouvelles instances auprès de
Sa Majesté ?
La volonté du Roy , declarée plus d'une fois , n'a
pû vaincre la resistance de cette Compagnie , et c'est ainsi que contre la Religion du serment qui consacre
les Magistrats au ministere de la Justice , contre l'obligation essentiellement attachée à un caractere
dont le Roy seul peut suspendre l'exercice , comme le
Roy seul peut l'imprimer , le service du public demeure abandonné par ceux mémes dont la plus grande gloire est de s'y devouer
Le Roy veut bien cependant vous donner encore une derniere marque de son indulgence ; et n'ayant
pour objet en ce moment , que defaire respecter la
Majesté Royale , par la publication de sa Loy , il
se contente de montrer qu'il possede la plenitude de la Justice et qu'il est la source de toute autorité.
Vous , à qui il veut bien en communiquer une
partie si importante , vous n'en étes que plus obligez
à donner l'exemple de la soumission qui lui est dûe ,
et à lui montrer par votre conduite , comme vos Peres le disoient autrefois , que si l'obéïssance étoit
per due dans ce Royaume , on la retrouveroit
dans votre Compagnie.
Avec de telles dispositions , vous pouvez être sûrs
obtenir un accès favorable auprès du Trône de
S. M. Que le zele qui vous y amene soit toûjours
accompagné de ces sentimens respectueux et soumis
qui animoient vos Prédecesseurs , et qui donnoient
tant de poids à leurs representations , lorsqu'ils pro- testoient
>
SEPTEMBRE. 1732. 2089
testoient hautement que parlant devant leur Roy
et leur Maître , leurs Remontrances ne signifioient que des supplications et des prieres.
Tel a été le langage des Magistrats , qui dans des
temps moins tranquilles que ceux où nous vivons ,
·portoient au Roy les vœux de cette Compagnie ; et
quel Maitre fut jamais plus digne que celui qui nous gouverne , d'être servi avec ces sentimens ? Le
Ciel nous l'a donné pour faire le bonheur de tout
son Royaume, mettez-le en état de faire toujours le votre et de suivre son inclination naturelle , en
ne vous faisant jamais sentir que les effets de sa
protection et de sa bonté
Après quoi M. le Président le Peletier , et tous Messieurs les Présidents et Conseillers découverts,
ont mis le genou en terre , M le Chancelier leur
a dit , Le Roi ordonne que vous vous leviez , eux relevez, debout, et découverts, M. le Président le
Peletier a dit :
SIRE,
Il n'est point de douleur plus sensible pour des Sujets uniquement occupez de l'amour le plus tendre et
le plus respectueux pour la sacrée personne de VOTRE
MAJESTE' , et du zele le plus ardent et le plus sincere pour ses interêts , que d'apprendre en ce moment
qu'ils ont eu le malheur de lui déplaire.
Puissions- nous , SIRE , découvrir à V. M. les
veritables sentimens de nos cœurs , Elle y verroit
gravez ceux de la soumission la plus parfaite , et de
Pobéissance la plus respectueuse , dont nous sommes
chargez par état de donner l'exemple à ses Sujets.
Toujours animez du desir de plaire à V. M. , et de
remplir l'obligation que nous avons contractée de la
servir , nous ne redoutons que sa colere.
•
Mais lorsque votre bras s'appesantit sur nousnas,
2090 MERCURE DE FRANCE
nos jours ne sont plus que des jours d'amertume et de douleur ; nos esprits sont saisis d'une consterna- tion, que la bonté seule de V. M. peut dissiper.
Rendez-nous , SIRE , ces marques de votre bonté accoûtumée , et rien ne sera jamais capable de
nous arrêter dans la carriere penible de nos de- voirs.
Qu'il nous soit encore permis , SIRE , en suivant les traces de ceux qui nous ont precedez , de repre
senter a V. M. , ce qu'ils n'ont jamais obmis de
témoigner en semblables occasions à V. M, même ,
et aux Rois ses prédecesseurs.
L'examen le plus exact , et la liberté d'esprit la
plus entiere , peuvent seuls nous mettre en état de satisfaire dignement aux devoirs que nous impose P'honneur que V. M. nous fait de nous consulter
sur les matieres les plus importantes.
Tout occupez du respect que la présence de V. M.
leur inspiroit , ils l'ont toujours assûrée qu'ils ne
pouvoient en ce moment remplir d'autre devoir que celui du silence.
Penetrez de ces mêmes sentimens dans un jour ,
où tout, jusqu'au lieu même où nous sommes assem- blez , nous annonce le courroux de V. M. nous devons , SIRE , à plus forte raison , adresser en tour
respect et toute humilité les mêmes vœux à V. M,
et la supplier pour le bien de son service et l'acquit
de nos honneurs et consciences , de nous faire remettre la Declaration sur laquelle il veut bien consulter son Parlement , pour en déliberer en la maniere
accoûtumée.
La Declaration du 18. Août 1732. se trouve
dans des circonstances differentes ; l'examen que votre Parlement en a fait , le met en état de represen
ter à V. M. tout ce qu'il craint pour le bien de son service , et celui de son Etat , des dispositions de
cette
SEPTEMBRE. 132. 2090
cette loy. S'il obmettoit une occasion d'en represen
ter les conséquences , il croiroit manquer à ce qu'exigent de lui le zele infatigable et l'attachement
inviolable dont il ne cessera jamais de donner des
preuves à V. M.
Le Discours de M. le Président le Peletier fini,
M. le Chancelier est monté vers le Roi , pour
prendre ses ordres le genou en terre , descendu ,
remis en sa place , assis et couvert , a fait ouvrir les portes , et a ordonné áu Secretaire de la
Cour , faisant les fonctions de Greffier en chef
de faire lecture de la premiere Déclaration.
D
Les portes ayant été ouvertes , et le Secretaire
de la Cour ayant fait lecture , debout et décou- vert , de ladite Déclaration , M. le Chancelier a
dit aux Gens du Roi qu'ils pouvoient parler aussitôt les Gens du Roi se sont mis à genoux.
›
M. le Chancelier leur a dit , que le Roi ordonnoit qu'ils se levassent , eux relevez , debout
et découverts , Maître Pierre Gilbert de Voisins
portant la parole , ils ont dit :
SIRE ,
En vain nous voudrions étouffer la douleur dons
nous sommes pénetrez , elle échapperoit malgré nous;
et nous osons croire qu'elle ne peut etre imprévûë à
V. M. même. Frappez de la Déclaration que
V. M. nous fit remettre il y a quinzejours en sai
présence , assujettis par le commandement absolu de
sa propre bouche, nous vous avons rendu , SIRE ,
cette aveugle obéissance que vous nous aviez imposée. Nous pouvions flater nos vœux de quelque ressource ; le Ciel ne l'a pas permis , SIRE ; n'attribuons qu'à sa disgrace l'extrémité où une affaire si
fâcheuse se trouve réduite aujourd'hui.
Obéis-
1092 MERCURE DE FRANCE
-
Obéissons encore en ce moment , où V. M. fate
publier cette même Déclaration avec tout l'appareil
de sa puissance. Faudroit-il pour nous d'autre sujet
de douleur , que ces termes de menaces et d'indigna- tion qui en marquent la plupart des dispositions , et
que la Posterité pourra voir dans cette Loy tracée
par V. M. pour la premiere Compagnie de son
Royaume.
Lorsqu'on voit qu'elle met des bornes au zele de
votre Parlement pour votre service , et pour le bien
de vos Sujets , on ne peut s'empêcher de craindre ,
qu'Elle n'en mette aussi entre le cœur de V. M. et
ce Corps qui tient d'Elle seule tout ce qu'il a de
caractere et de pouvoir. Ceux qui , comme nos Rois,
trouvent en eux la plénitude de la souveraine puis- sance , semblent n'avoirpas besoin d'assigner des
termes , aux prieres , aux supplications , aux humbles remontrances de leurs Officiers ; Dieu même
dont ils sont l'image , attend souvent de nous des
vœux réiterez , et , s'il est permis de le dire , quelquefois sa bonté veut être en quelque sorte impor tunée.
Jamais votre Parlement , SIRE , n'a mieux servi
les Rois vos Prédecesseurs , que lorsqu'il a été plus
libre , et qu'il s'est vu plus honoré de leur confiance et de leur bonté.
Si ceux qui le composent ont eu le malheur de déplaire à V. M. quel surcroît d'affliction pour eux et
pour nous, que le contre-coup en pût porter quelque
joursur le bien public , et sur votre service , dont il
est inséparable!
Attendons tout de V. M. de sa bonté et de sa sageffe : Ces Loix que la fatalité des conjonctures fait
éclore , marquées d'un ressentiment sous lequel on
ne sçauroit trop s'humilier , dépendent sur tout du
retour de la bienveillancé du Prince. Votre cœur,
SIRE
SEPTEMBRE. 1732. 2093
SIRE , si genereux et si noble , est facile à s'appai
ser. La colere de nos Rois n'est jamais durable , et
le plus souvent avec elle , s'efface ce qu'elle n'avoit
produit qu'à regret.
Soutenus de cette esperance , nousfaisons à V.M.
puisqu'Elle l'ordonne , l'humble sacrifice de nos
propres sentimens ; et de son très- exprès commandement , nous requerons que sur la Déclaration
dont la lecture vient d'être faite , il soit mis, qu'elle
a été lûë et publiée ; V.M. séant en son Lit de Justice, et registrée au Greffe de la Cour , pour être
exécuté selon sa forme et teneur.
Ensuite Monsieur le Chancelier , monté vers le
Roy , pour prendre sa volonté , ayant mis un genou en terre , a été aux opinions à Messieurs
les Princes du Sang , à Messieurs les Pairs Laïcs,
et revenu , passé devant le Roy , lui a fait une
profonde reverence , a pris l'avis de l'Evêque et
Comte de Beauvais , Pair Ecclesiastique , et des
quatre Capitaines des Gardes ci- dessus nommez ;
puis descendant dans le Parquet à Messieurs les Présidens de la Cour , aux Conseillers d'Etat et
Maîtres des Requêtes venus avec lui, à l'Abbé de
Clugni, Conseiller d'honneur, Présidens des Enquêtes et Requêtes, et Conseillers de la Cour , est
remonté vers le Roy , comme cy- dessus , redefcendu , assis et couvert , a prononcé :
Le Roy séant en son Lit deJustice , a ordonné et
ordonne que la Declaration qui vient d'être lûë,sera
enregistrée au Greffe de son Parlement , et que sur
le repli d'icelle il soit mis, que lecture en a étéfaite,
et l'enregistrement ordonné , ce requerant son Procureur general , pour être le contenu en icelle executé selon saforme et teneur.
Ensuite Monsieur le Chancelier remonté vers
le Roy, pour prendre ses Ordres , le genou en terre
2004 MERCURE DE FRANCE
térre , descendu , remis en sa place, assis et cou- vert , a dit :
Si la Justice est toujours le premier objet de l'attention du Roy , S. M. ne doit pas oublier ce qu'exige d'Elle la necessisé indispensable de soutenir les
charges de l'Etat , qui nepeuvent êtresupportées que
par l'Etat même.
Sensible à tous les besoins de ses Sujets , $ M. est
bien éloignée de vouloir les augmenter par de nouvelles dépenses : Elle ne travaille au contraire qu'à diminuer les anciennes , et Elle voudroit pouvoir
parvenir , par ce seul moren , à la liberation de l'Etat, sans étre obligée de proroger encore la durée de
plusieurs droits, dont la perception , continuée pour 6
ans , par des Lettres Patentes de 1726 , doit cesser .
suivant les mêmes Lettres , dans le cours de cette
année. $
Mais si les conjonctures presentes et la situation
actuelle des affaires de S. M. ne lui permettent pas
encore de suivre tous les mouvemens de son affection
pour ses Peuples , Elle leur donne au moins de plus
grandes esperances pour l'avenir , en ordonnant dèsa-present lasuppression entiere d'une partie des Droits
qui avoient été rétablis, etla modération de plusieurs autres.
F
- Tel est le sujet de la Loy , dont vous allez entendre la lecture. Vous y verrez que dans l'adminis
tration même de ses Finances , le Roy est toujours
occupé de ce qui regarde la Justic´ .
'Le soulagement qu'il a accorde aujourd'hui,tombe
entierement sur ceux qui sont obligez de la reclamer
dans les Tribunaux. S. M ne cherche qu'à en applanir les voies , à les rendre également accessibles
à toutes les conditions , et à empêcher que la crainte
des frais excessifs n'étouffe les plaintes du pauvre et
nefavorise l'oppression du riche..
Recevez donc avec respect une Loy qui tend à
pre-
SEPTEMBRE 1732. 2093
procurer successivement un sï grand bien, et à faci
liter cette prompte expédition des affaires, qui fais
unepartie si essentielle de la Justice.
Après quoi , Monsieur le Chancelier a ordon né au Secretaire de la Cour , faifant la fonction
de Greffier en chef, de lire ladite Declaration ; et
après la lecture , Monsieur le Chancelier ayant
dit ; les Gens du Roy peuvent parler ; lesd. Gens du
Roy se sont mis à genoux , et Monsieur le Chancelier leur ayant dit : Le Roy ordonne que vous»
vous leviez. Eux relevez , debout et découverts ;.
Me Pierre Gilbert de Voisins portant la parole,
on dire.
I. SIRE,
Nous ne pouvons douter de l'intention ni des dé➡
sirs de VOTRE MAJESTE' pour le soulagement de
ses Sujets : Et lorsqu'Elle déclare que la situation
présente deses Finances ne lui permet pas encore de
leur épargner la prorogation de ces impositions di verses rassemblées dans un même Edit ; nous som
mes persuadez que sa bonté en est plus touchée que nous-mêmes. Le retranchement ou la diminution de
quelques- unes dès-à-present , en est un gage assûré Achevez , SIRE, l'ouvrage de votre bonté
Royale pour vosPeuples , le plutôt que l'état de vos.
affaires le pourra permettre Nous ne pouvons en
supplier V. M. avec trop d'instance , ni trop de
respect.
Qu'Elle nous permette de la supplier “aussi trèsi humblement , defaire une attention. Ces Charges
de l'Etat dont Elle sent le poids , et qui retardent
les effets de son cœur vraiement paternel pour ses
Peuples , se sont accumulées de longue main dans l'a diversité des occasions. Peut-être qu'un peu plus
instances humbles et respectueuses , faites dans le
temps
2096 MERCURE DE FRANCE
temps , en eussent épargné quelque partie , et V. M.
elle même en recueilleroit le fruit aujourd'hui.
Nous requerons que sur la Déclaration , dont la
lecture vient d'êtrefaite , il soit mis , qu'elle a été
Izë et publiée , V. Mséant en son Lit de Justice , et
registrée au Greffe de la Cour , pour être exécutée selon saforme et teneur : Et que Coppies collationnées ensoient envoyées aux Bailliages et Sénéchaussées du ressort , pour y être pareillement lûë, publiée
et en registrée. Enjoint auxSubstituts de votre Procureur General d'y tenir la main , et d'en certifier
la Cour au mois.
S
2
Après quoi Monsieur le Chancelier est monté
vers le Roy pour prendre fa volonté, le genou en
terre , a été aux avis , ainsi que la prémiere fois
Revenu en son Siége , assis et couvert, a prononcé:
Le Roy seant en son Lit de Justice , a ordonné es
ordonne que la Declaration qui vient d'être lie
sera enregistrée au Greffe de son Parlement , et que
sur le repli d'icelle il soit mis que lecture en a été
faite et l'enregistrement ordonné , ce requerant son
Procureur General , pour être le contenu en icelle
executé selon sa forme et teneur , et copies collationnées envoyées aux Bailliages et Senechaussées du
Ressort, pour y être pareillement lûe, publiée et enregistrée. Enjoint aux Substituts de son Procureur General dy tenir la main, et d'en certifier la Cour au
mois.
Ensuite a dit que pour la plus prompte execution de ce qui venoit d'être ordonné , le Roy
vouloit que par le Greffier de son Parlement , il
fût mis présentement sur le repli des deux Décla
rations qui avoient été publiées , ce que ledit Seigneur Roy avoit ordonné qui y fût mis , ce qui a été executé à l'instant.
Ensuite M. le Chancelier remonté vers le Roy
pour
SEPTEMBRE. 1-32. 2097
$
pour prendre ses ordres , le genou en terre , descendu, remis en son siege , assis et couvert a dit :
Le Roy voulant finir cette Seance dans le même
esprit avec lequel S. M. l'a commencée , m'ordonne
de vous dire qu'il regarde l'obligation defaire rendre la justice à ses Sujets , comme le premier et le plus essentiel des devoirs de la Royauté.
Il juge que son aatorité et sa conscience sont éga lement blessées , lorsque ceux qu'il a établis роит
remplir unefonction si necessaire , en son nom et à
sa décharge , cessent de s'en acquitter ; et S. M. n'a
pû voir sans une extrème surprise , que son Parlement ait suspendu l'expedition de toute affaire par- ticuliere , sous pretexte qu'il avoit arrêté que les
Chambres demeureroient assemblées.
Le Roy vous ordonne donc très-expressément et
avec toute l'autorité qu'il a sur vos Charges et sur
vos personnes , de rendre assidument la justice que
vous devez à ses Peuples , et de prendre de telles mesures pour la tenue des assemblées de Chambre , que
le service ordinaire puisse être continué; S. M.
ordonnant à toutes et chacunes les Chambres ,
s'en acquitter exactement , et de n'en interrompre
jamais le cours d'elles-mêmes et sans son aveu , pour
quelque raison et sous quélque prétexte que ce puisse tre.
de
Après quoi le Roy ayant pris la parole , a dit :
Je vous ordonne de ma propre bouche d'executer tout
ce qui vient de vous être dit , et principalement sur l'exercice de la Justice : S'est levé et est sorti danş
le même ordre qu'il étoit entré.
Signé, MIREY.
DECLARATION DU ROY, qui proroge
pendant six années , à commencer au premier
Octobre prochain , la levée de differens droits y
énoncez
2093 MERCURE DE FRANCE
énoncez ; et ordonne la suppression ou modération d'une partie desdits droits. Donnée à Ver-
<sailles le 3. Août 1732. Registrée en Parlement
le . Septembre , le Roy tenant son Lit de Justice.
AUTRE Déclaration du Roy , donnée à
Marly le 18. Août , Registrée en Parlemene
le même jour 3. Septembre.
ARREST du 2 Aoust , qui proroge jusqu'au
dernier Decembre 1734. l'exemption des Droits
d'entrée sur les Bestiaux , venant des Païs Etrangers dans le Royaume.
ARREST DU CONSEIL , dus Aoust , con- cernant les Droits d'Insinuation des substitutions testamentaire , par lequel S. M. ordo nne que l'Article V. du Tarif des Insinuations , du
29 Septembre 1722 , sera exécuté suivant sa forme et teneur ; en conséquence, qu'il ne pourra
être perçu plus de quatre Droits d'Insinuation
pour les Substitutions contenues dans les Testamens ou dispositions de derniere volonté , en
quelque nombre que soient les héritiers instituez
ou légataires grévez de substitution. Lesquels
Droits seront payez au domicile du Testateur ,
sans préjudice du centiéme denier , dans le cas
où il est dû. Ordonne pareillement S. M. que
lesdites substitutions seront insinuées dans les
Bureaux de la situation des biens , en payant
seulement le centiéme denier , et au cas que le
centiéme denier ne fût pas dû , il sera payé un
seul Droit, suivant la qualité du Testateur conformément aux Classes de l'Art. V. du Tarif ,
du 29 Septembre 1722. dans chacun desdits Bu-*
xcaux , pour l'Insinuation desdites substitutions.
TABLE
E Parlement qui avoit reçu le 2. de ce mois Liesordres du Roi par le Marquis de Dreux,
Grand- Maître des Céremonies , se rendit le len
demain à Versailles vers, les dix heures, pour le
Lit de Justice que S. M. avoit résolu de tenir.
Le Parlement s'étant assemblé dans la Salle qui
avoir
SEPTEMBRE. 1732. 2087
avoit été préparée ; toutes les séances furent pri
ses en la maniere ordinaire. Aussitôt que le Roi
qui étoit revenu de Matly le même jour , fut
sorti de son appartement pour aller tenir son
Lit de Justice , quatre Présidens à Mortier et six Conseillers allerent recevoir S. M avec les cérémonies accoutumées &c. Le Roi s'assit_sous son Dais &c.
PROCES VERBAL de ce qui s'est passé
au Lit de Justice.
EXTRAIT des Registres de Parlement du mecredy
trois Septembre 1732 , du matin.
LE ROY LOUIS XV. du nom tenant son Lit
de Justice en son Château de Versailles.
Asa droite aux hauts Sieges.
Le Duc d'Orleans , le Duc de Bourbon , le Comte de Charolois , le Comte de Clermont , le Prince de Conty , Princes du Sang.
Sur le reste du banc.
Les Ducs de Luynes , de la Rochefoucault
d'Estrées , de Gramont , de Gesvres , de Charost
de Villars , de Fitz-james , de Rohan Rohan
d'Ostun , de Valentinois , d'Aiguillon , Pairs
Laïcs.
Sur le même banc.
Le Gouverneur de Paris.
Sur les trois bancs couverts de tapisserie dans
le Parquet , et sur les bancs répondant au premier et second Barreau , vis- à- vis de Messieurs
les Présidens , les Conseillers d'honneur , Maîtres
des Requestes , Conseillers de la Grand- Chambre,
Présidens des Enquestes et Requestes.
L'Abbé de Clugny , Conseiller d'honneur.
Présidens I iij
2082 MERCURE DE FRANCE
Présidens des Enquêtes et Requêtes.
du Roland , Berthier , Moreau , de Fourcy , Roujault , Feideau , Crozat , le Peletier , Bernard ,
Bois, Poncer, Durey , Fremont , Masson.
Conseillers de la Grand- Chambre.
Canaye , de Vienne , Pallu , de la Guillaumie ,
Daverdoing , Nigot , le Moine , Soullet , Loren.
chet , Goislart , Nau , de Tourmont , Racine ,
Droüin , Coste.
A la gauche du Roi aux hauts Sieges.
L'Evêque Comte de Beauvais , Pair Ecclésias
tique.
A ses pieds.
Charles Godefroy de la Tour d'Auvergne
Grand Chambellan..
>
A droite sur un tabouret , au bas des degrez
du Siege Royal , Charles de Lorraine , Grand
Ecuyer de France , portant au col l'Epée de Parement du Roi.
A gauche sur un banç , au dessous de celui des
Pairs Ecclésiastiques.
Le Ducde Noailles, le Duc de Villeroi , le Duc
de Charost , le Duc d'Harcourt , Capitaine des
Gardes du Corps du Roi , & le Marquis de
Courtenvaux , Commandant la Compagnie des
Cent Suisses de la garde.
En une Chaise à bras, couverte de l'extrémité
du tapis de velours violet , semé de fleur-de lys
servant de drap de pied au Roi.
M. Henry-François Daguesseau , Chancelier
de France , vêtu d'une robe de velours violet.
C- Sur le banc répondant à celui où sieient Mes- sieurs les Présidens au Conseil en la Chambre du
Parlement , MM. le Pelletier , de Maupeou , de ....
la
SEPTEMBR E. 122. 2083
la Moignon , d'Aligre , Portail , Molé, Talon Présidens. •
Dans le Parquet , sur deux tabourets devant
M le Chancelier, à droite, le sieur Dreux, GrandMaitre , et à gauche , le sieur des Granges, Mai- tre des Céremonies.
Dans ledit Parquet , au milieu , à genoux devant le Roi , deux Huissiers- Massiers du Roi,
tenant leurs Masses d'argent doré , & six He- rauts d'Armes.
A côté droit sur les deux bancs couvèrs de tapis de fleur-de-lys , les Conseillers d'Etat et les
Maîtres des Requêtes venus avec M. le Chan- celier.
Conseillers d'Etat.
L'Abbé Bignon , Desmarests de Vaubourg , le Goux de la Berchere , Fagon , De la Moignon
de Courson , le Guerchois , Berryer de la Ferriere , de Bernage , d'Argenson , Meliand , de
Machaut , de Harlay , Orry.
Maitres des Requêtes.
Le Fevre de Caumartin , Chopin , de la Moignon de Bournan, Camus de Pontcarré,d'Aguesseau de Fresne , de Machault.
Sur une forme à gauche , en entrant vis- à- vis Messieurs les Présidens.
MM. Phelypeaux de Maurepas , Phelypeaux de S. Florentin ee Bauyn d'Angerviliers Secre- taires d'Etat.
Sur trois autres bancs à gauche dans le Parquet , vis- à vis les Conseillers d'Etat , les sieurs ,
Chevaliers de l'Ordre.
De Goesbriand , de Livry, de Matignon , de
Nesle , de Beauveau , de Tavannes , de ClermontI iiij Tonnere,
2084 MERCURE DE FRANCE
J Tonnerre, de Simiane, Comtede Grammont , de
Beringhein , de la Farre.
Gouverneurs de Provinces.
D'Arpajon , de . Fervaques,
Lieutenans Géneraux de Provinces.
De Buron , de Joyeuse , de Souvré , de Bonnelles , de Givry , de Château- Regnaud , d'Enonville , de Lignerac , de Seignelay , d'Isanghien.. A côté de la forme où étoient les Secretaires
d'Etat , Mirey Secretaire de la Cour , faisant les fonctions de Gieffier en chef.
A côté de lui , à gauche , un des trois principaux Commis pour la Grand-Chambre , tenant
la plume , ayant devant eux chacun un Bureau couvert de velours violet.
Sur une autre forme derriere eux , Dufranc ,
Secretaire de la Cour.
Sur une autre forme , le Grand- Prévôt de
l'Hôtel.
Sur un siege à l'entrée du Parquet , Delauge
premier Huissier.
En la pláce répondant à celle qu'ils occupent toutes les Chambres assemblées.
M. Pierre Gilbert de Voisins Avocat.
M. Guillaume-François Jolyde Fleury
Procureur General.
M. Louis Chauvelin , Avocat.
M. Guillaume- François - Louis Joly
de Fleury , Avocat.
>duRoy:
Dans le surplus des Bancs , les Conseillers des
Enquêtes et Requêtes , Neyret , de Monthulé ,
Lamblin, le Rebours , Benoise , Robert , Tubeuf.
Fermé , de Blair , Alexandre , Pineau Henin ,
Rulleau , Bertin , Pajot , Lemée , Carré , Clement,
le Clerc , Thomé , Fieubet , Latteignant , Mon- tholon
7
SEPTEMBRE. 1732. 2085
tholon , Dumans , Lamouche , Dupré , de Beze ,
Pajot , de Paris , Boucher, Chambennat , le Clerc,
Seguier , de Paris , de la Michaudiere , Lespine ,
fe Maistre , Henin , le Gendre , de Bragelogne ,
Langlois , Pichon , Pasquier , Anjorrant , Nouet,
Barally , de la Forest , le Riche , Boutin , Mayneau , Parent , Salaberry , Barré , Leveque , le
Prestre , Moufle , le Boindre , Michau , Jassault ,
Guillier , Aubin , le Fer , de la Guillaumie , de
Favieres , Macé , Chalmette , Boulanger , Baudry,
Berger , de la Guillaumie , Godheu , de Vougny,
Roland, Feydeau , le Bel , Doublet , de la Live ,
Lescalopier , Boulet , le Tourneur , Chevalier ,
Aymerec , de Berny , Amyot, Goujon , Moriceau
le Lay , Petit , Berthier , de Tourmont , Potier ,
Pineau, Blondeau , Boucher , Brayer, du Trousset , de Selle , Maissat , Berrier , Ravot , Theve
nin , Doublet, de Nicolay , Lozandiere , Lamoignon , du Rousset , Durand, Aubourg , Michau,
Foucault , le Gars , Caze , du Noyer, Jacquier
Hermant , Thiroux.
Ce jour, la Cour , toutes les Chambres assemblées , en robes et chaperons d'écarlate , dans la
grande Salle des Gardes du Corps du Roi , pré- parée pour tenir son Lit de Justice , Messieurs les
Presidens revêtus de leurs Manteaux , qu'ils
avoient été prendre dans une piéce voisine , te- nant leurs Mortiers à la main , attendant la venuë du Roi , le Grand- Maître des Cérémonies
ayant averti la Compagnie que le Roi étoit prêt ,
ont été députez pour l'aller recevoir et saluer
Messieurs les Présidens de Maupeou , de Lamoignon , d'Aligre et Portail , et Mrs Canaye Pallu , de la Guillaumie et Daverdoing , Laics
et Mrs de Vienne et le Moyne Clercs , Conseillers en la Grand-Chambre, lesquels l'ont conduit
Iz
f
2086 MERCURE DE FRANCE
་
en son Lit de Justice , Mrs les Présidens mar- chant à ses côtez , Mrs les Conseillers derriere
lui , et le Premier Huissier entre les deux Massiers du Roi , immédiatement devant sa Person
ne Le Roi étoit précedé de M. le Duc d'Or
leans , de M. le Duc de Bourbon , de M. le
Comte de Charollois , de M. le Comte de Clermont , et de M. le Prince de Conty , Princes du
Sang , qui ont pris leur place traversant le Parquet le Roi étoit aussi précedé du Marquis de
Courtenvaux , commandant la Compagnie des
Cent Suisses de la garde , du Grand Chambellan,
et du Grand Ecuyer de France , et étoit suivi
des quatre Capitaines des gardes.
Les Chevaliers de l'Ordre , Gouverneurs et
Lieutenans generaux de Provinces, avoient pris
peu avant leurs places , pour éviter la confusion ,
quoiqu'ils n'ayent droit que d'accompagner let
Roi , et d'entrer à sa suite étant mandez.
Après le Roi , est entré M. le Chancelier , lequel a traversé le Parquet , et a pris place dans
un siége à bras , placé aux pieds du Roi , coùvert de l'extrêmité du même tapis de velours
violet , semé de fleurs-de- lys , qui servoit de ta- pis de pied au Roi , et un Bureau devant lui avec lui sont entrez les Conseillers d'Etat et Maîtres des Requêtes ci-dessus nommez , qui se sont de- placez dans le Parquet sur deux bancs ,
vant les bas siéges , étant au--dessous des Pairs
Laïcs.
1
Le Roi s'étant assis et couvert , M. le Chancelier a dit par son ordre que Sa Majesté commandoit qu'on prît séance ; après quoi le Roi
ayant ôté et remis son chapeau , a dit :
Messieurs , je vous ai fait venir pour vous faire
51-
SEPTEMBRE. 1732. 2007
sçavoir mes volontez , mon Chancelier va vous
les expliquer.
M. le Chancelier étant ensuite monté vers le
Roi , agenouillé à ses pieds pour recevoir ses or
drès , descendu , remis en sa place , assis et couvert , après avoir dit que le Roi permettoit qu'on
se couvrit , a dit :
MESSIEURS ,
La conduite passée de Sa Majesté vous a fait
voir l'indulgence d'un Pere , plutôt que la severité
d'un Roy. Elle a voulu tout attendre de votre reconnoissance , et ne regner sur vous quepar sa bonté,
Le succès a-t'il répondu à des dispositions si favor rables ?
Au lieu des actions de graces qui étoient dûes au
Roy , les Remontrances qu'il n'a pas refusé de recevoir n'ont presque été remplies que de traits capables de rappeller tout ce que S. M. avoit bien vous lu oublier. Mais malgré cet esprit qui y regnoit,
malgré ces mouvemens prématurez et peu respec- tueux, dont elles ont été suivies , la moderation du
Roy a encore étouffé tout autre sentiment.
Toujours maître de lui-même , et aussi exempt
depassion que la Loy , il ne s'est expliqué qu'en Legislateur attentif à regler l'avenir , plutôt qu'à réparer le passé ; et en éloignant tout ce qui pouvoit
être une occasion de lui déplaire , il a voulu encore
plus s'épargner à lui-même la peine de se voir forcé
à donner des marques de son mécontentement.
Des sentimens si dignes du Roy ont dicté la Déclaration qui vous a été adressée , et c'est cependant
à la premiere lecture d'une telle Loy , que le Parle
ment se porte à y resister , dans des termes qne son
respect pour le Roy devroit lui faire ignover ; et ily
ajoûte en même temps la résolution encore plus -
I vj prenante
2088 MERCURE DE FRANCE
"f
·_prenante , de suspendre le jugement de toutes les affaires particulieres; comme si en cessant defaire son devoir , il vouloit contraindre S M. par l'amour
même qu'elle apour la Justice , à recevoir la loy de
ceux à qui elle doit la donner Etoit-ce donc la le moyen d'obtenir la grace sur laquelle on avoit resolu de faire encore de nouvelles instances auprès de
Sa Majesté ?
La volonté du Roy , declarée plus d'une fois , n'a
pû vaincre la resistance de cette Compagnie , et c'est ainsi que contre la Religion du serment qui consacre
les Magistrats au ministere de la Justice , contre l'obligation essentiellement attachée à un caractere
dont le Roy seul peut suspendre l'exercice , comme le
Roy seul peut l'imprimer , le service du public demeure abandonné par ceux mémes dont la plus grande gloire est de s'y devouer
Le Roy veut bien cependant vous donner encore une derniere marque de son indulgence ; et n'ayant
pour objet en ce moment , que defaire respecter la
Majesté Royale , par la publication de sa Loy , il
se contente de montrer qu'il possede la plenitude de la Justice et qu'il est la source de toute autorité.
Vous , à qui il veut bien en communiquer une
partie si importante , vous n'en étes que plus obligez
à donner l'exemple de la soumission qui lui est dûe ,
et à lui montrer par votre conduite , comme vos Peres le disoient autrefois , que si l'obéïssance étoit
per due dans ce Royaume , on la retrouveroit
dans votre Compagnie.
Avec de telles dispositions , vous pouvez être sûrs
obtenir un accès favorable auprès du Trône de
S. M. Que le zele qui vous y amene soit toûjours
accompagné de ces sentimens respectueux et soumis
qui animoient vos Prédecesseurs , et qui donnoient
tant de poids à leurs representations , lorsqu'ils pro- testoient
>
SEPTEMBRE. 1732. 2089
testoient hautement que parlant devant leur Roy
et leur Maître , leurs Remontrances ne signifioient que des supplications et des prieres.
Tel a été le langage des Magistrats , qui dans des
temps moins tranquilles que ceux où nous vivons ,
·portoient au Roy les vœux de cette Compagnie ; et
quel Maitre fut jamais plus digne que celui qui nous gouverne , d'être servi avec ces sentimens ? Le
Ciel nous l'a donné pour faire le bonheur de tout
son Royaume, mettez-le en état de faire toujours le votre et de suivre son inclination naturelle , en
ne vous faisant jamais sentir que les effets de sa
protection et de sa bonté
Après quoi M. le Président le Peletier , et tous Messieurs les Présidents et Conseillers découverts,
ont mis le genou en terre , M le Chancelier leur
a dit , Le Roi ordonne que vous vous leviez , eux relevez, debout, et découverts, M. le Président le
Peletier a dit :
SIRE,
Il n'est point de douleur plus sensible pour des Sujets uniquement occupez de l'amour le plus tendre et
le plus respectueux pour la sacrée personne de VOTRE
MAJESTE' , et du zele le plus ardent et le plus sincere pour ses interêts , que d'apprendre en ce moment
qu'ils ont eu le malheur de lui déplaire.
Puissions- nous , SIRE , découvrir à V. M. les
veritables sentimens de nos cœurs , Elle y verroit
gravez ceux de la soumission la plus parfaite , et de
Pobéissance la plus respectueuse , dont nous sommes
chargez par état de donner l'exemple à ses Sujets.
Toujours animez du desir de plaire à V. M. , et de
remplir l'obligation que nous avons contractée de la
servir , nous ne redoutons que sa colere.
•
Mais lorsque votre bras s'appesantit sur nousnas,
2090 MERCURE DE FRANCE
nos jours ne sont plus que des jours d'amertume et de douleur ; nos esprits sont saisis d'une consterna- tion, que la bonté seule de V. M. peut dissiper.
Rendez-nous , SIRE , ces marques de votre bonté accoûtumée , et rien ne sera jamais capable de
nous arrêter dans la carriere penible de nos de- voirs.
Qu'il nous soit encore permis , SIRE , en suivant les traces de ceux qui nous ont precedez , de repre
senter a V. M. , ce qu'ils n'ont jamais obmis de
témoigner en semblables occasions à V. M, même ,
et aux Rois ses prédecesseurs.
L'examen le plus exact , et la liberté d'esprit la
plus entiere , peuvent seuls nous mettre en état de satisfaire dignement aux devoirs que nous impose P'honneur que V. M. nous fait de nous consulter
sur les matieres les plus importantes.
Tout occupez du respect que la présence de V. M.
leur inspiroit , ils l'ont toujours assûrée qu'ils ne
pouvoient en ce moment remplir d'autre devoir que celui du silence.
Penetrez de ces mêmes sentimens dans un jour ,
où tout, jusqu'au lieu même où nous sommes assem- blez , nous annonce le courroux de V. M. nous devons , SIRE , à plus forte raison , adresser en tour
respect et toute humilité les mêmes vœux à V. M,
et la supplier pour le bien de son service et l'acquit
de nos honneurs et consciences , de nous faire remettre la Declaration sur laquelle il veut bien consulter son Parlement , pour en déliberer en la maniere
accoûtumée.
La Declaration du 18. Août 1732. se trouve
dans des circonstances differentes ; l'examen que votre Parlement en a fait , le met en état de represen
ter à V. M. tout ce qu'il craint pour le bien de son service , et celui de son Etat , des dispositions de
cette
SEPTEMBRE. 132. 2090
cette loy. S'il obmettoit une occasion d'en represen
ter les conséquences , il croiroit manquer à ce qu'exigent de lui le zele infatigable et l'attachement
inviolable dont il ne cessera jamais de donner des
preuves à V. M.
Le Discours de M. le Président le Peletier fini,
M. le Chancelier est monté vers le Roi , pour
prendre ses ordres le genou en terre , descendu ,
remis en sa place , assis et couvert , a fait ouvrir les portes , et a ordonné áu Secretaire de la
Cour , faisant les fonctions de Greffier en chef
de faire lecture de la premiere Déclaration.
D
Les portes ayant été ouvertes , et le Secretaire
de la Cour ayant fait lecture , debout et décou- vert , de ladite Déclaration , M. le Chancelier a
dit aux Gens du Roi qu'ils pouvoient parler aussitôt les Gens du Roi se sont mis à genoux.
›
M. le Chancelier leur a dit , que le Roi ordonnoit qu'ils se levassent , eux relevez , debout
et découverts , Maître Pierre Gilbert de Voisins
portant la parole , ils ont dit :
SIRE ,
En vain nous voudrions étouffer la douleur dons
nous sommes pénetrez , elle échapperoit malgré nous;
et nous osons croire qu'elle ne peut etre imprévûë à
V. M. même. Frappez de la Déclaration que
V. M. nous fit remettre il y a quinzejours en sai
présence , assujettis par le commandement absolu de
sa propre bouche, nous vous avons rendu , SIRE ,
cette aveugle obéissance que vous nous aviez imposée. Nous pouvions flater nos vœux de quelque ressource ; le Ciel ne l'a pas permis , SIRE ; n'attribuons qu'à sa disgrace l'extrémité où une affaire si
fâcheuse se trouve réduite aujourd'hui.
Obéis-
1092 MERCURE DE FRANCE
-
Obéissons encore en ce moment , où V. M. fate
publier cette même Déclaration avec tout l'appareil
de sa puissance. Faudroit-il pour nous d'autre sujet
de douleur , que ces termes de menaces et d'indigna- tion qui en marquent la plupart des dispositions , et
que la Posterité pourra voir dans cette Loy tracée
par V. M. pour la premiere Compagnie de son
Royaume.
Lorsqu'on voit qu'elle met des bornes au zele de
votre Parlement pour votre service , et pour le bien
de vos Sujets , on ne peut s'empêcher de craindre ,
qu'Elle n'en mette aussi entre le cœur de V. M. et
ce Corps qui tient d'Elle seule tout ce qu'il a de
caractere et de pouvoir. Ceux qui , comme nos Rois,
trouvent en eux la plénitude de la souveraine puis- sance , semblent n'avoirpas besoin d'assigner des
termes , aux prieres , aux supplications , aux humbles remontrances de leurs Officiers ; Dieu même
dont ils sont l'image , attend souvent de nous des
vœux réiterez , et , s'il est permis de le dire , quelquefois sa bonté veut être en quelque sorte impor tunée.
Jamais votre Parlement , SIRE , n'a mieux servi
les Rois vos Prédecesseurs , que lorsqu'il a été plus
libre , et qu'il s'est vu plus honoré de leur confiance et de leur bonté.
Si ceux qui le composent ont eu le malheur de déplaire à V. M. quel surcroît d'affliction pour eux et
pour nous, que le contre-coup en pût porter quelque
joursur le bien public , et sur votre service , dont il
est inséparable!
Attendons tout de V. M. de sa bonté et de sa sageffe : Ces Loix que la fatalité des conjonctures fait
éclore , marquées d'un ressentiment sous lequel on
ne sçauroit trop s'humilier , dépendent sur tout du
retour de la bienveillancé du Prince. Votre cœur,
SIRE
SEPTEMBRE. 1732. 2093
SIRE , si genereux et si noble , est facile à s'appai
ser. La colere de nos Rois n'est jamais durable , et
le plus souvent avec elle , s'efface ce qu'elle n'avoit
produit qu'à regret.
Soutenus de cette esperance , nousfaisons à V.M.
puisqu'Elle l'ordonne , l'humble sacrifice de nos
propres sentimens ; et de son très- exprès commandement , nous requerons que sur la Déclaration
dont la lecture vient d'être faite , il soit mis, qu'elle
a été lûë et publiée ; V.M. séant en son Lit de Justice, et registrée au Greffe de la Cour , pour être
exécuté selon sa forme et teneur.
Ensuite Monsieur le Chancelier , monté vers le
Roy , pour prendre sa volonté , ayant mis un genou en terre , a été aux opinions à Messieurs
les Princes du Sang , à Messieurs les Pairs Laïcs,
et revenu , passé devant le Roy , lui a fait une
profonde reverence , a pris l'avis de l'Evêque et
Comte de Beauvais , Pair Ecclesiastique , et des
quatre Capitaines des Gardes ci- dessus nommez ;
puis descendant dans le Parquet à Messieurs les Présidens de la Cour , aux Conseillers d'Etat et
Maîtres des Requêtes venus avec lui, à l'Abbé de
Clugni, Conseiller d'honneur, Présidens des Enquêtes et Requêtes, et Conseillers de la Cour , est
remonté vers le Roy , comme cy- dessus , redefcendu , assis et couvert , a prononcé :
Le Roy séant en son Lit deJustice , a ordonné et
ordonne que la Declaration qui vient d'être lûë,sera
enregistrée au Greffe de son Parlement , et que sur
le repli d'icelle il soit mis, que lecture en a étéfaite,
et l'enregistrement ordonné , ce requerant son Procureur general , pour être le contenu en icelle executé selon saforme et teneur.
Ensuite Monsieur le Chancelier remonté vers
le Roy, pour prendre ses Ordres , le genou en terre
2004 MERCURE DE FRANCE
térre , descendu , remis en sa place, assis et cou- vert , a dit :
Si la Justice est toujours le premier objet de l'attention du Roy , S. M. ne doit pas oublier ce qu'exige d'Elle la necessisé indispensable de soutenir les
charges de l'Etat , qui nepeuvent êtresupportées que
par l'Etat même.
Sensible à tous les besoins de ses Sujets , $ M. est
bien éloignée de vouloir les augmenter par de nouvelles dépenses : Elle ne travaille au contraire qu'à diminuer les anciennes , et Elle voudroit pouvoir
parvenir , par ce seul moren , à la liberation de l'Etat, sans étre obligée de proroger encore la durée de
plusieurs droits, dont la perception , continuée pour 6
ans , par des Lettres Patentes de 1726 , doit cesser .
suivant les mêmes Lettres , dans le cours de cette
année. $
Mais si les conjonctures presentes et la situation
actuelle des affaires de S. M. ne lui permettent pas
encore de suivre tous les mouvemens de son affection
pour ses Peuples , Elle leur donne au moins de plus
grandes esperances pour l'avenir , en ordonnant dèsa-present lasuppression entiere d'une partie des Droits
qui avoient été rétablis, etla modération de plusieurs autres.
F
- Tel est le sujet de la Loy , dont vous allez entendre la lecture. Vous y verrez que dans l'adminis
tration même de ses Finances , le Roy est toujours
occupé de ce qui regarde la Justic´ .
'Le soulagement qu'il a accorde aujourd'hui,tombe
entierement sur ceux qui sont obligez de la reclamer
dans les Tribunaux. S. M ne cherche qu'à en applanir les voies , à les rendre également accessibles
à toutes les conditions , et à empêcher que la crainte
des frais excessifs n'étouffe les plaintes du pauvre et
nefavorise l'oppression du riche..
Recevez donc avec respect une Loy qui tend à
pre-
SEPTEMBRE 1732. 2093
procurer successivement un sï grand bien, et à faci
liter cette prompte expédition des affaires, qui fais
unepartie si essentielle de la Justice.
Après quoi , Monsieur le Chancelier a ordon né au Secretaire de la Cour , faifant la fonction
de Greffier en chef, de lire ladite Declaration ; et
après la lecture , Monsieur le Chancelier ayant
dit ; les Gens du Roy peuvent parler ; lesd. Gens du
Roy se sont mis à genoux , et Monsieur le Chancelier leur ayant dit : Le Roy ordonne que vous»
vous leviez. Eux relevez , debout et découverts ;.
Me Pierre Gilbert de Voisins portant la parole,
on dire.
I. SIRE,
Nous ne pouvons douter de l'intention ni des dé➡
sirs de VOTRE MAJESTE' pour le soulagement de
ses Sujets : Et lorsqu'Elle déclare que la situation
présente deses Finances ne lui permet pas encore de
leur épargner la prorogation de ces impositions di verses rassemblées dans un même Edit ; nous som
mes persuadez que sa bonté en est plus touchée que nous-mêmes. Le retranchement ou la diminution de
quelques- unes dès-à-present , en est un gage assûré Achevez , SIRE, l'ouvrage de votre bonté
Royale pour vosPeuples , le plutôt que l'état de vos.
affaires le pourra permettre Nous ne pouvons en
supplier V. M. avec trop d'instance , ni trop de
respect.
Qu'Elle nous permette de la supplier “aussi trèsi humblement , defaire une attention. Ces Charges
de l'Etat dont Elle sent le poids , et qui retardent
les effets de son cœur vraiement paternel pour ses
Peuples , se sont accumulées de longue main dans l'a diversité des occasions. Peut-être qu'un peu plus
instances humbles et respectueuses , faites dans le
temps
2096 MERCURE DE FRANCE
temps , en eussent épargné quelque partie , et V. M.
elle même en recueilleroit le fruit aujourd'hui.
Nous requerons que sur la Déclaration , dont la
lecture vient d'êtrefaite , il soit mis , qu'elle a été
Izë et publiée , V. Mséant en son Lit de Justice , et
registrée au Greffe de la Cour , pour être exécutée selon saforme et teneur : Et que Coppies collationnées ensoient envoyées aux Bailliages et Sénéchaussées du ressort , pour y être pareillement lûë, publiée
et en registrée. Enjoint auxSubstituts de votre Procureur General d'y tenir la main , et d'en certifier
la Cour au mois.
S
2
Après quoi Monsieur le Chancelier est monté
vers le Roy pour prendre fa volonté, le genou en
terre , a été aux avis , ainsi que la prémiere fois
Revenu en son Siége , assis et couvert, a prononcé:
Le Roy seant en son Lit de Justice , a ordonné es
ordonne que la Declaration qui vient d'être lie
sera enregistrée au Greffe de son Parlement , et que
sur le repli d'icelle il soit mis que lecture en a été
faite et l'enregistrement ordonné , ce requerant son
Procureur General , pour être le contenu en icelle
executé selon sa forme et teneur , et copies collationnées envoyées aux Bailliages et Senechaussées du
Ressort, pour y être pareillement lûe, publiée et enregistrée. Enjoint aux Substituts de son Procureur General dy tenir la main, et d'en certifier la Cour au
mois.
Ensuite a dit que pour la plus prompte execution de ce qui venoit d'être ordonné , le Roy
vouloit que par le Greffier de son Parlement , il
fût mis présentement sur le repli des deux Décla
rations qui avoient été publiées , ce que ledit Seigneur Roy avoit ordonné qui y fût mis , ce qui a été executé à l'instant.
Ensuite M. le Chancelier remonté vers le Roy
pour
SEPTEMBRE. 1-32. 2097
$
pour prendre ses ordres , le genou en terre , descendu, remis en son siege , assis et couvert a dit :
Le Roy voulant finir cette Seance dans le même
esprit avec lequel S. M. l'a commencée , m'ordonne
de vous dire qu'il regarde l'obligation defaire rendre la justice à ses Sujets , comme le premier et le plus essentiel des devoirs de la Royauté.
Il juge que son aatorité et sa conscience sont éga lement blessées , lorsque ceux qu'il a établis роит
remplir unefonction si necessaire , en son nom et à
sa décharge , cessent de s'en acquitter ; et S. M. n'a
pû voir sans une extrème surprise , que son Parlement ait suspendu l'expedition de toute affaire par- ticuliere , sous pretexte qu'il avoit arrêté que les
Chambres demeureroient assemblées.
Le Roy vous ordonne donc très-expressément et
avec toute l'autorité qu'il a sur vos Charges et sur
vos personnes , de rendre assidument la justice que
vous devez à ses Peuples , et de prendre de telles mesures pour la tenue des assemblées de Chambre , que
le service ordinaire puisse être continué; S. M.
ordonnant à toutes et chacunes les Chambres ,
s'en acquitter exactement , et de n'en interrompre
jamais le cours d'elles-mêmes et sans son aveu , pour
quelque raison et sous quélque prétexte que ce puisse tre.
de
Après quoi le Roy ayant pris la parole , a dit :
Je vous ordonne de ma propre bouche d'executer tout
ce qui vient de vous être dit , et principalement sur l'exercice de la Justice : S'est levé et est sorti danş
le même ordre qu'il étoit entré.
Signé, MIREY.
DECLARATION DU ROY, qui proroge
pendant six années , à commencer au premier
Octobre prochain , la levée de differens droits y
énoncez
2093 MERCURE DE FRANCE
énoncez ; et ordonne la suppression ou modération d'une partie desdits droits. Donnée à Ver-
<sailles le 3. Août 1732. Registrée en Parlement
le . Septembre , le Roy tenant son Lit de Justice.
AUTRE Déclaration du Roy , donnée à
Marly le 18. Août , Registrée en Parlemene
le même jour 3. Septembre.
ARREST du 2 Aoust , qui proroge jusqu'au
dernier Decembre 1734. l'exemption des Droits
d'entrée sur les Bestiaux , venant des Païs Etrangers dans le Royaume.
ARREST DU CONSEIL , dus Aoust , con- cernant les Droits d'Insinuation des substitutions testamentaire , par lequel S. M. ordo nne que l'Article V. du Tarif des Insinuations , du
29 Septembre 1722 , sera exécuté suivant sa forme et teneur ; en conséquence, qu'il ne pourra
être perçu plus de quatre Droits d'Insinuation
pour les Substitutions contenues dans les Testamens ou dispositions de derniere volonté , en
quelque nombre que soient les héritiers instituez
ou légataires grévez de substitution. Lesquels
Droits seront payez au domicile du Testateur ,
sans préjudice du centiéme denier , dans le cas
où il est dû. Ordonne pareillement S. M. que
lesdites substitutions seront insinuées dans les
Bureaux de la situation des biens , en payant
seulement le centiéme denier , et au cas que le
centiéme denier ne fût pas dû , il sera payé un
seul Droit, suivant la qualité du Testateur conformément aux Classes de l'Art. V. du Tarif ,
du 29 Septembre 1722. dans chacun desdits Bu-*
xcaux , pour l'Insinuation desdites substitutions.
TABLE
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Résumé : LIT DE JUSTICE.
Le 3 septembre 1732, le Parlement se rendit à Versailles pour un Lit de Justice convoqué par le roi Louis XV. Le roi, revenu de Marly le même jour, fut accueilli par des dignitaires et s'assit sous son dais royal. Le procès-verbal du Lit de Justice liste les personnalités présentes, incluant les Princes du Sang, les Pairs laïcs, et divers Conseillers. Le roi rappela au Parlement son obligation de soumission et de respect envers la couronne, soulignant que la résistance aux lois royales était inacceptable. Le Président Le Peletier, au nom des Présidents et Conseillers, exprima leur douleur d'avoir déplu au Roi et leur dévouement. Ils demandèrent la bienveillance du Roi et la possibilité de délibérer sur une déclaration royale. Le Chancelier de France, Henry-François Daguesseau, lut ensuite la déclaration, qui concernait la prorogation de certains droits et taxes pour des raisons financières. Les Gens du Roi, représentés par Maître Pierre Gilbert de Voisins, exprimèrent leur douleur face à la déclaration et leur espoir en la bonté du Roi. Après consultation des Princes du Sang et des Pairs, le Chancelier ordonna l'enregistrement de la déclaration au Greffe du Parlement. Le Roi, par l'intermédiaire du Chancelier, souligna l'importance de la justice et du soulagement des sujets face aux charges de l'État. La déclaration visait à faciliter l'accès à la justice en réduisant les frais excessifs. Les Gens du Roi supplièrent le Roi de continuer à soulager ses sujets et de prendre en compte les charges accumulées. Le Chancelier ordonna l'envoi de copies de la déclaration aux bailliages et sénéchaussées pour enregistrement et exécution. Le roi adressa également des instructions solennelles au Parlement, ordonnant la reprise de l'exercice de la justice et du service ordinaire sans interruption, sauf sur son ordre explicite. Plusieurs déclarations et arrêts royaux furent enregistrés entre août et septembre 1732, concernant la prorogation et la suppression de divers droits, notamment la levée de droits, l'exemption des droits d'entrée sur les bestiaux étrangers, et la réglementation des droits d'insinuation des substitutions testamentaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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