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1
p. 236-243
LES OYSEAUX. IDILLE DE MADAME des Houlieres.
Début :
Je n'ay pû encor recouvrer les Vers qu'a faits Mr / L'Air n'est plus obscurcy par des broüillars épais, [...]
Mots clefs :
Oiseaux, Nature, Hiver, Dieu, Humains, Contrainte, Indifférence
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texteReconnaissance textuelle : LES OYSEAUX. IDILLE DE MADAME des Houlieres.
Je n'ay pû encor recouvrer les Vers qu'a faits M
de Fontenelle , fur ce que
Monfieur le Prince ne vit
que de Lait. Ils méritent
fort l'empreffement que
vous me témoignez de les
voir. On me les promer
GALANT. 237.
dans quelques jours , &
vous les aurez la premiere
fois que je vous écriray. II
en eft échapé fi peu de Copies , que quoy qu'il y ait
déja longtemps qu'ils font
faits, ils pourront eſtre nou
veaux pour la plupart de
ceux qui lifent mes Lettres
Cependant je vous envoye
ce que vous m'avez fi expreffément demandé pour
vos Amies. C'eft le dernier
Idille de Madamedes Houlieres. Comme vous me
fiftes fçavoir que vous l'aviez veu dés qu'il fut fait,
238 MERCVRE
je négligeay de vous en
faire un Article encetemps
là. Lifez de nouveau, & admirez. Les Ouvrages de
cette Illuftre ont des beautez fiparticulieres, qu'ils ne
peuvent eftre ny leûs trop
fouvent, myconſervez avec
trop de foin.
5252552225222SES
LES OYSEAVX.
IDILLE DE MADAME
des Houlieres...
L
"Air n'eftplus obfcurcypardes
brouillans épais,
Los Prezfont éclarer leurs caulem's:
les plus vives,
GALANT. 239
Etdans leurs humides Palais
L'Hyverneretientplus lesNayadess
captives..
Les Bergers accordant leur Mufete
àleur voix,
D'un pied legerfoulent l'herbe
naiffante;
Les Troupeaux nefontplusfousleurs
ruftiques toits;
Mille & mille Oyfeaux àlafois
Ranimant leur voix languiſſante,
Réveillent les Echos endormis dans
ces Bois.
Où brilloient les Glaçons, on voit
naiftre les Rofes.
Quel Dieuchaffe l'horreur qui régnoit dans ceslieux?
Quel Dieu les embellit ? Leplus
petit desDieux
Faitfeul tantde métamorphofes;
Ilfournitau Printempɛ tout cequ'il
a d'appass
240 MERCVKE
Si l'Amour ne s'en mefloitpas,
On verroitpérirtoutes chofes
Il est l'amede l'Univers.
Comme iltriomphe des Hyvers
Qui defolent nos Champs parune
rude guerre,
D'un cœurindiferentil bannit les
froideurs.
L'indiference eft pour les cœurs
Ce que l' Hyver eftpourla terre.
Que nousfervet, helas! defi douces
leçons?
1
Tousles ans là Nature en vain les
renouvelle;
Loin de la croire , àpeine nous
naiffons,
Qu'on nous apprend à combatre
contre elle.
Nousaimonsmieuxpar unbizarre
choix,
IngratsEfelavesque nousfommes,
Suivre
GALANT.
241
Suivre ce qu'inventa le caprice des
Hommes,
Que d'obeïr à nos premieres
Loix.
Que vostreført eft diférentdu
noftre,
Petits Oyfeaux qui me charmez!
Voulez- vousaimer?vous aimez;
Unlieuvous déplaiſt-il? vouspaffez
dans un autre.
Onne connoit chez vous ny vertus,
ny defauts,
Vousparoiffeztoujoursfousle mefme
plumage,
Etjamais dansles Bois on n'aven
les Corbeaux
Des Roffignols emprunter le ramage.
Iln'eft defincére langage,
Iln'eft de liberté que chezles Animaux.
May1679. X
242 MERCVRE
L'ufage, le devoir, l'austere bienSéance,
Tout éxige de nous des droits dont
je meplains,
Et tout enfin, du cœurdesperfides
Humains,
Nelaiffe voir que l'apparence.
Contre nos trahifons la Nature en
couroux
Nenous doneplusrienfanspeine;
Nous cultivonsles Vergers &la
Plaine,
Tandis, petits Oyfeaux, qu'ellefait
toutpour vous.
Lesfilets qu'on vous tendfont là
feule infortune Que vous avezà redouter;
Cette crainte nous eft commune,
Sur noftre liberté chacun veut attenter,
Par des dehors trompeurs on tâche
ànousfurprendre.
GALANT. 243
Helas,pauvrespetits Oyfeaux,
Des rufes duChaffeurfongez à vous
défendre,
Vivredans la contrainte eft leplus
granddesmaux
de Fontenelle , fur ce que
Monfieur le Prince ne vit
que de Lait. Ils méritent
fort l'empreffement que
vous me témoignez de les
voir. On me les promer
GALANT. 237.
dans quelques jours , &
vous les aurez la premiere
fois que je vous écriray. II
en eft échapé fi peu de Copies , que quoy qu'il y ait
déja longtemps qu'ils font
faits, ils pourront eſtre nou
veaux pour la plupart de
ceux qui lifent mes Lettres
Cependant je vous envoye
ce que vous m'avez fi expreffément demandé pour
vos Amies. C'eft le dernier
Idille de Madamedes Houlieres. Comme vous me
fiftes fçavoir que vous l'aviez veu dés qu'il fut fait,
238 MERCVRE
je négligeay de vous en
faire un Article encetemps
là. Lifez de nouveau, & admirez. Les Ouvrages de
cette Illuftre ont des beautez fiparticulieres, qu'ils ne
peuvent eftre ny leûs trop
fouvent, myconſervez avec
trop de foin.
5252552225222SES
LES OYSEAVX.
IDILLE DE MADAME
des Houlieres...
L
"Air n'eftplus obfcurcypardes
brouillans épais,
Los Prezfont éclarer leurs caulem's:
les plus vives,
GALANT. 239
Etdans leurs humides Palais
L'Hyverneretientplus lesNayadess
captives..
Les Bergers accordant leur Mufete
àleur voix,
D'un pied legerfoulent l'herbe
naiffante;
Les Troupeaux nefontplusfousleurs
ruftiques toits;
Mille & mille Oyfeaux àlafois
Ranimant leur voix languiſſante,
Réveillent les Echos endormis dans
ces Bois.
Où brilloient les Glaçons, on voit
naiftre les Rofes.
Quel Dieuchaffe l'horreur qui régnoit dans ceslieux?
Quel Dieu les embellit ? Leplus
petit desDieux
Faitfeul tantde métamorphofes;
Ilfournitau Printempɛ tout cequ'il
a d'appass
240 MERCVKE
Si l'Amour ne s'en mefloitpas,
On verroitpérirtoutes chofes
Il est l'amede l'Univers.
Comme iltriomphe des Hyvers
Qui defolent nos Champs parune
rude guerre,
D'un cœurindiferentil bannit les
froideurs.
L'indiference eft pour les cœurs
Ce que l' Hyver eftpourla terre.
Que nousfervet, helas! defi douces
leçons?
1
Tousles ans là Nature en vain les
renouvelle;
Loin de la croire , àpeine nous
naiffons,
Qu'on nous apprend à combatre
contre elle.
Nousaimonsmieuxpar unbizarre
choix,
IngratsEfelavesque nousfommes,
Suivre
GALANT.
241
Suivre ce qu'inventa le caprice des
Hommes,
Que d'obeïr à nos premieres
Loix.
Que vostreført eft diférentdu
noftre,
Petits Oyfeaux qui me charmez!
Voulez- vousaimer?vous aimez;
Unlieuvous déplaiſt-il? vouspaffez
dans un autre.
Onne connoit chez vous ny vertus,
ny defauts,
Vousparoiffeztoujoursfousle mefme
plumage,
Etjamais dansles Bois on n'aven
les Corbeaux
Des Roffignols emprunter le ramage.
Iln'eft defincére langage,
Iln'eft de liberté que chezles Animaux.
May1679. X
242 MERCVRE
L'ufage, le devoir, l'austere bienSéance,
Tout éxige de nous des droits dont
je meplains,
Et tout enfin, du cœurdesperfides
Humains,
Nelaiffe voir que l'apparence.
Contre nos trahifons la Nature en
couroux
Nenous doneplusrienfanspeine;
Nous cultivonsles Vergers &la
Plaine,
Tandis, petits Oyfeaux, qu'ellefait
toutpour vous.
Lesfilets qu'on vous tendfont là
feule infortune Que vous avezà redouter;
Cette crainte nous eft commune,
Sur noftre liberté chacun veut attenter,
Par des dehors trompeurs on tâche
ànousfurprendre.
GALANT. 243
Helas,pauvrespetits Oyfeaux,
Des rufes duChaffeurfongez à vous
défendre,
Vivredans la contrainte eft leplus
granddesmaux
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Résumé : LES OYSEAUX. IDILLE DE MADAME des Houlieres.
L'auteur d'une lettre mentionne qu'il n'a pas encore récupéré les vers de Monsieur de Fontenelle, car Monsieur le Prince ne consomme que du lait. Ces vers, rares et potentiellement nouveaux pour la plupart des lecteurs, seront envoyés dès qu'ils seront disponibles. En attendant, l'auteur envoie l'Idylle de Madame des Houlières intitulée 'Les Oyseaux', demandée par le destinataire pour ses amies. Cette œuvre, bien que belle, ne doit pas être lue trop souvent ni conservée avec trop de soin. L'Idylle décrit le retour du printemps, avec les prés qui s'éclaircissent, les bergers qui accordent leur musette, et les oiseaux qui chantent, réveillant les échos dans les bois. Le texte évoque l'Amour qui triomphe des hivers et bannit les froideurs. Il contraste la liberté des oiseaux avec les contraintes humaines, soulignant que les oiseaux ne connaissent ni vertus ni défauts et changent facilement de lieu. La lettre se termine par une réflexion sur les tracas humains, opposés à la simplicité et à la liberté des oiseaux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 114-121
Eglogue de Madame des Houlieres, [titre d'après la table]
Début :
Voicy des Vers qui sont admirez de toute la Cour. / La Terre fatiguée, impuissante, inutile, [...]
Mots clefs :
Hélas, Appas, Bocage, Dire, Lieux, Hiver, Tircis, Bergère, Troupeau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Eglogue de Madame des Houlieres, [titre d'après la table]
Voicy des Vers qui sont
admirez de toute la Cour;
Ils sont de Madame des Houlieres,c'est tout dire., i
LA Terrefitiguéimpitiffk'atey
inutile,
Fréparait à rHJverun triomphe
facile.
LeSoleilsans éçlaiprécipitantfin.
cours,
JRendait déjàles nuits plus longues
que letjeurs,
JVvandU Bergere Iris de mille appas,
ornée,
it malgrétant d'appas Amante infortunée,
RegardantlesBuissons a demy dé- pouillcz.
Vous, que mes pleurs, dit die, ont
ta&t defols 1tlo'¡illez
De l'Automne en counoux rcfftntez les.
outrages,
Tombez, Feuilles, tombez, vous dont:
les noirs ombrages
Des plaijirs de Tiretsfaifsient les
fûretez,
Etpayez les chagrins que vousmavez coûtez.
Lieux toujours opposezau bonhclIYde ma vie,
C'est icy qua l'Amour je me vis
asservie.
Icyfay vu l'iiigratqui- me tientfous
sesloixi
Jcyjayfoûpirépourlapremiere fois*-
Mats tandis quepourluyjecraignais* mesfoibîtjfes,
il appelloitfin chien,Caccablçit de
carejjesi
Du desordreoujeHoisloin desipré--
iMloir^
Le Cruelne vitrienrou ne voulut rieh
VOIr.
Ilhua mes Moutons, mon Habit, flJ/J
Houlete,
iltrioffrit de chanter lin Airsursa
Mufte;
il votilutm'enseigner quelleherbe va
paissant
Tour reprendresaforce un Troupeau
languissant;
Ce que fait le Soltildes hrouillers
qu'ilAttire,
N'avIJit.itrien,hélus! deplut doux
a me dire?
Depuis cejourfatal queriay-jepoint
fouffcft?
l/llbflnce, laraison,l'orgueil, rienne
mefert. fay de nos vieux PaHeursconfiâtele
plu*(âge;
j'aymistouffu conseilsvainement
enuflgej
De Victimes, d1Encensfayfatigue
lesDieux; dautres Bergerssouvent
tournélesyeux;
Mais ny lejeuneAtis, ny le tendre
Philene,
Les délicesy l* honneur des Rives de la
Seine,
Dontlefrsntfutcentfoisde Viirthes
couronné,
Sfavans en. Part de vaincre un courageobstiné
Et quej'aidoàmoy-mesme a me rendre inconstante
2i'ontpurompre un moment le charme
qui m'enchante.
Encorserois-je heureuse en ce honteux
lien,
Si ne pouvant maimer, mon Berger
naimmtriem
Mais ilaimeâmesyeux une Beauté
commune
AfoJJederfon cœuril bornefafortunt;
C'estpour ellequ'ilperd le foin defis
Troupeaux;
Tourellefeulementréformentfes Pi-
¡ell/lx;
Etloin dese laffir desfaveurs. quHa
d'elle,
Sa tendresse en reprenduneforce neuvelie.
Bocages, de leursfeux uniques
Confidens,
Bocages quejehays, vottsfiçavez.sije
mens,
Depuis que les beauxjours moyfeule
funefies,
D'un long & trisse Hyver eurent
cbâffé lesrefies,
Jufqua l'heureux débris de. vosfrêles*
beautez,
J$j*elsjours ont-ilspassez, dansces
lieuxécartez,?
JVuevoui a
CIngrate
que j'adore,
Jïnc milgréfesfroideurs,hélas,je
Calme encore!
Jgj/ene tuypeigniez-voos ccs mouvcmens confus,
Ces tourmens,cestransports. que vaut
avez, tantvus!
Jgue ne luy dificz-vous, pour tenter
-ZI-le
fdtendrese,
,
J^uejeJcAymieux aimerque que, luy, que
sa M([Îtrejfi!
Mais ma raisons"égare. Ah! quels.,
foins, quelssecours
Dits-je attendre de t\é>u<> quiftïvex*
leurs amours?
Les Dieux à mes malheursferontpl-tu
ftcourables;
VHyveraurapourmoydesrigueurs
favorables.
Ilapproche, & déja les pugueux:
Aquilons
j
Tbr leurflufle glacé dé]oient nos
Valons;
La neige qui bien-tojîcouvrira la
Prairie,
Retiendra les Trouleaux dans chaque
Bcrgric,
Et Fon ne verraplusfous voflre omafïgeajfis,
Nj Ihenreufc Daphné,nyl'amoureux
TircÚ,
Mais,hélas! quelcfpsirmeflûte
e me confoie?
Avecrapiditéle tanpsfuité" s'en- e, vol
Et bientosi le PrintempsA mon âme
odieux
Ramènera Tirets & Daphné dans ccs
lieux.
FtüiHes, vowreviendrez,,vousrendrez, ces BoÚjÕrnbrcs;
Ilss'aimeront emorfousvosperfdes çwbres^.£i
Et nusvivesdouleurs, G mestranj^
porisjalouxy
Fourmon ingratAmantrenaifront
avec ions.
admirez de toute la Cour;
Ils sont de Madame des Houlieres,c'est tout dire., i
LA Terrefitiguéimpitiffk'atey
inutile,
Fréparait à rHJverun triomphe
facile.
LeSoleilsans éçlaiprécipitantfin.
cours,
JRendait déjàles nuits plus longues
que letjeurs,
JVvandU Bergere Iris de mille appas,
ornée,
it malgrétant d'appas Amante infortunée,
RegardantlesBuissons a demy dé- pouillcz.
Vous, que mes pleurs, dit die, ont
ta&t defols 1tlo'¡illez
De l'Automne en counoux rcfftntez les.
outrages,
Tombez, Feuilles, tombez, vous dont:
les noirs ombrages
Des plaijirs de Tiretsfaifsient les
fûretez,
Etpayez les chagrins que vousmavez coûtez.
Lieux toujours opposezau bonhclIYde ma vie,
C'est icy qua l'Amour je me vis
asservie.
Icyfay vu l'iiigratqui- me tientfous
sesloixi
Jcyjayfoûpirépourlapremiere fois*-
Mats tandis quepourluyjecraignais* mesfoibîtjfes,
il appelloitfin chien,Caccablçit de
carejjesi
Du desordreoujeHoisloin desipré--
iMloir^
Le Cruelne vitrienrou ne voulut rieh
VOIr.
Ilhua mes Moutons, mon Habit, flJ/J
Houlete,
iltrioffrit de chanter lin Airsursa
Mufte;
il votilutm'enseigner quelleherbe va
paissant
Tour reprendresaforce un Troupeau
languissant;
Ce que fait le Soltildes hrouillers
qu'ilAttire,
N'avIJit.itrien,hélus! deplut doux
a me dire?
Depuis cejourfatal queriay-jepoint
fouffcft?
l/llbflnce, laraison,l'orgueil, rienne
mefert. fay de nos vieux PaHeursconfiâtele
plu*(âge;
j'aymistouffu conseilsvainement
enuflgej
De Victimes, d1Encensfayfatigue
lesDieux; dautres Bergerssouvent
tournélesyeux;
Mais ny lejeuneAtis, ny le tendre
Philene,
Les délicesy l* honneur des Rives de la
Seine,
Dontlefrsntfutcentfoisde Viirthes
couronné,
Sfavans en. Part de vaincre un courageobstiné
Et quej'aidoàmoy-mesme a me rendre inconstante
2i'ontpurompre un moment le charme
qui m'enchante.
Encorserois-je heureuse en ce honteux
lien,
Si ne pouvant maimer, mon Berger
naimmtriem
Mais ilaimeâmesyeux une Beauté
commune
AfoJJederfon cœuril bornefafortunt;
C'estpour ellequ'ilperd le foin defis
Troupeaux;
Tourellefeulementréformentfes Pi-
¡ell/lx;
Etloin dese laffir desfaveurs. quHa
d'elle,
Sa tendresse en reprenduneforce neuvelie.
Bocages, de leursfeux uniques
Confidens,
Bocages quejehays, vottsfiçavez.sije
mens,
Depuis que les beauxjours moyfeule
funefies,
D'un long & trisse Hyver eurent
cbâffé lesrefies,
Jufqua l'heureux débris de. vosfrêles*
beautez,
J$j*elsjours ont-ilspassez, dansces
lieuxécartez,?
JVuevoui a
CIngrate
que j'adore,
Jïnc milgréfesfroideurs,hélas,je
Calme encore!
Jgj/ene tuypeigniez-voos ccs mouvcmens confus,
Ces tourmens,cestransports. que vaut
avez, tantvus!
Jgue ne luy dificz-vous, pour tenter
-ZI-le
fdtendrese,
,
J^uejeJcAymieux aimerque que, luy, que
sa M([Îtrejfi!
Mais ma raisons"égare. Ah! quels.,
foins, quelssecours
Dits-je attendre de t\é>u<> quiftïvex*
leurs amours?
Les Dieux à mes malheursferontpl-tu
ftcourables;
VHyveraurapourmoydesrigueurs
favorables.
Ilapproche, & déja les pugueux:
Aquilons
j
Tbr leurflufle glacé dé]oient nos
Valons;
La neige qui bien-tojîcouvrira la
Prairie,
Retiendra les Trouleaux dans chaque
Bcrgric,
Et Fon ne verraplusfous voflre omafïgeajfis,
Nj Ihenreufc Daphné,nyl'amoureux
TircÚ,
Mais,hélas! quelcfpsirmeflûte
e me confoie?
Avecrapiditéle tanpsfuité" s'en- e, vol
Et bientosi le PrintempsA mon âme
odieux
Ramènera Tirets & Daphné dans ccs
lieux.
FtüiHes, vowreviendrez,,vousrendrez, ces BoÚjÕrnbrcs;
Ilss'aimeront emorfousvosperfdes çwbres^.£i
Et nusvivesdouleurs, G mestranj^
porisjalouxy
Fourmon ingratAmantrenaifront
avec ions.
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Résumé : Eglogue de Madame des Houlieres, [titre d'après la table]
Le poème de Madame des Houlières relate les tourments d'une bergère nommée Iris, éprise d'un berger inconstant. La narratrice décrit la fin de l'été et l'arrivée de l'automne, symbolisant la fin de ses espoirs amoureux. Elle se remémore le moment où elle a vu son amant pour la première fois, mais celui-ci l'a rejetée. Depuis, elle est incapable de l'oublier malgré les conseils et les prières. La douleur d'Iris est accentuée par le fait que son amant aime une autre femme. Elle se tourne vers les bocages, témoins de ses souffrances, et espère que l'hiver apportera un soulagement. Cependant, elle craint le retour du printemps, qui ramènera son amant et sa bien-aimée, renforçant ainsi sa jalousie et sa douleur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 35-36
MADRIGAL. A. M. T. D. C.
Début :
Des Fleurs envoyées avec les Vers que vous allez lire, / L'Hyver avecque ses rigueurs [...]
Mots clefs :
Hiver, Fleurs, Peines, Amour, Vérité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MADRIGAL. A. M. T. D. C.
Des Fleurs envoyées avec les
Vers que vous allez lire , ont ferd'Etrennes
pour une fort belle vy
Dame.
36 MERCURE
L'
MADRIGAL.
A. M. T. D. C.
'Hyver avecque fes rigueurs
N'a pu faire mourir ces Fleurs.
Philis, c'eft voftre destinée.
Nul iour, nul mois , ny nulle année
Ne terniront voftre beauté,
Mais à dire la verité,
Quoy que vous soyez tres- bienfaite,
Ilfaut pour devenir parfaite ,
Et rendre nos joursfortunez ,
Que ce qu'aux autres vous donnez ,
Vous lepreniez pour vos Etrennes ,
Et vous foulagere leurs peines ;
C'est àdire qu'à vostre tour
Vous prendre du feu de l'amour.
Vers que vous allez lire , ont ferd'Etrennes
pour une fort belle vy
Dame.
36 MERCURE
L'
MADRIGAL.
A. M. T. D. C.
'Hyver avecque fes rigueurs
N'a pu faire mourir ces Fleurs.
Philis, c'eft voftre destinée.
Nul iour, nul mois , ny nulle année
Ne terniront voftre beauté,
Mais à dire la verité,
Quoy que vous soyez tres- bienfaite,
Ilfaut pour devenir parfaite ,
Et rendre nos joursfortunez ,
Que ce qu'aux autres vous donnez ,
Vous lepreniez pour vos Etrennes ,
Et vous foulagere leurs peines ;
C'est àdire qu'à vostre tour
Vous prendre du feu de l'amour.
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Résumé : MADRIGAL. A. M. T. D. C.
Le poète offre des fleurs et des vers à Philis pour la nouvelle année, symbolisant sa beauté durable. Il affirme que ni le temps ni l'hiver ne peuvent altérer sa beauté. Pour atteindre la perfection et rendre les jours heureux, elle doit accepter et offrir de l'amour, soulageant ainsi les peines des autres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 66-67
AIR NOUVEAU.
Début :
On fait des Hyvers comme des Printemps. En voicy un / Par vos cris, mes petits Moutons, [...]
Mots clefs :
Mouton, Hiver, Saison, Plaine, Amant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU.
On fait des Hyvers comme des
Printemps . En voicy un d'un
habile Maiftre . Les paroles font
de Monfieur Diéreville .
P
Vous
AIR NOUVEAU.
Ar vos cris , mes petits Moutons
,
accufez l'Hyver d'une rigueur
cruelle ,
GALANT. 67
Lors qu'il vient vousforcer de quiter
ces Valons
lufqu'au retour de la Saifon nouvelle.
Ah ! j'ay bien plus fujet que vous
= De me plaindre de fon couroux.
Vous reviendrez bien toft paître
dans cette Plaine , 7
Sans y trouver de changement ;
Et moy , je nefuis pas certaine
D'y trouver encor mon Amant.
Printemps . En voicy un d'un
habile Maiftre . Les paroles font
de Monfieur Diéreville .
P
Vous
AIR NOUVEAU.
Ar vos cris , mes petits Moutons
,
accufez l'Hyver d'une rigueur
cruelle ,
GALANT. 67
Lors qu'il vient vousforcer de quiter
ces Valons
lufqu'au retour de la Saifon nouvelle.
Ah ! j'ay bien plus fujet que vous
= De me plaindre de fon couroux.
Vous reviendrez bien toft paître
dans cette Plaine , 7
Sans y trouver de changement ;
Et moy , je nefuis pas certaine
D'y trouver encor mon Amant.
Fermer
Résumé : AIR NOUVEAU.
Un dialogue entre deux personnages évoque un hiver rigoureux forçant leur départ des vallons. Le premier personnage se plaint du froid, tandis que Galant exprime une tristesse plus profonde, incertain de retrouver son amant au retour du printemps. Le texte est écrit dans un style archaïque.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 88-90
I.
Début :
Tréve à tous vos Festins, Partisans de Bacchus. [...]
Mots clefs :
Festins, Bacchus, Vigne vierge, Hiver, Feuillage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : I.
T
I.
Réve à tous vos Feftins, Partifans
de Bacchus.
LeMercure vous donne une ftérileTreille,
Qui nepouvant jamais remplir voftre
Bouteille,
Vous marque affez par là que vous ne
boirez plus.
***
C'est une Vigne Vierge, & qui ne porte
pas.
du Mercure Galant
* q
Sa Soeur qui ne l'eft point, eft tous les ans
féconde:
Elle produit le Vin, qui plaiſt à bien du
monde,
Et quifait la douceur & l'ame des Re
pas.
*3
La Vigne Vierge rampe, & s'attache
aux Maifons,
Faifant à la Muraille un Tapis de Persdures
Ileft d'autant plus beau, qu'il vient de laż
Nature,
Qui l'étendtous les jours en diverfesfa--:
Cons.
$3
Enfaisant un Berceau de fonfeuillage?
épais,
Au jour le plus ferain vous avez un liem
Sombre,
Où malgré le Soleil vous allez prendre
l'ombre,
Pour vousmettre à voſtre aife, & làpren
dre lefrais.
Q. deJanvier 1685.
H.
90 Extraordinaire
Lors que l'Hyver approche, elle est toute
en rougeur;
On en prend la raisonfur ce qu'à noftre
veuë
Se voyant dépouiller & mettre toute nuë,,
Comme c'eft une Vierge, elle a de la pudeur.
Le P. Colin, C. de Sens ..
I.
Réve à tous vos Feftins, Partifans
de Bacchus.
LeMercure vous donne une ftérileTreille,
Qui nepouvant jamais remplir voftre
Bouteille,
Vous marque affez par là que vous ne
boirez plus.
***
C'est une Vigne Vierge, & qui ne porte
pas.
du Mercure Galant
* q
Sa Soeur qui ne l'eft point, eft tous les ans
féconde:
Elle produit le Vin, qui plaiſt à bien du
monde,
Et quifait la douceur & l'ame des Re
pas.
*3
La Vigne Vierge rampe, & s'attache
aux Maifons,
Faifant à la Muraille un Tapis de Persdures
Ileft d'autant plus beau, qu'il vient de laż
Nature,
Qui l'étendtous les jours en diverfesfa--:
Cons.
$3
Enfaisant un Berceau de fonfeuillage?
épais,
Au jour le plus ferain vous avez un liem
Sombre,
Où malgré le Soleil vous allez prendre
l'ombre,
Pour vousmettre à voſtre aife, & làpren
dre lefrais.
Q. deJanvier 1685.
H.
90 Extraordinaire
Lors que l'Hyver approche, elle est toute
en rougeur;
On en prend la raisonfur ce qu'à noftre
veuë
Se voyant dépouiller & mettre toute nuë,,
Comme c'eft une Vierge, elle a de la pudeur.
Le P. Colin, C. de Sens ..
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Résumé : I.
Le Mercure Galant de janvier 1685 compare deux types de vignes : la 'Vigne Vierge' et une vigne plus productive. La Vigne Vierge est stérile et ne produit pas de vin, symbolisant la fin de la consommation de vin. En revanche, sa sœur fertile produit un vin apprécié, apportant douceur et âme aux repas. La Vigne Vierge se distingue par sa croissance rampante, créant un tapis de verdure sur les murs et offrant de l'ombre en été. À l'approche de l'hiver, elle rougit, manifestant une pudeur virginale face à la nudité. Le texte met en avant les contrastes entre stérilité et fertilité, ainsi que les aspects esthétiques et pratiques des vignes.
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6
p. 105
XVIII.
Début :
Si nous estions, Mercure, à la fin du Printemps, [...]
Mots clefs :
Printemps, Hiver, Neige, Vigne vierge
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : XVIII.
XVIII.
S'
I nous eftions, Mercure, à la fin dù
Printemps,
Sous vostre Vigne Vierge en nos doux
paſſetemps
A l'ombreavec plaifir nous irions prendre
place ;
Mais quandlHyverla laiffefans che
veux,
faut pour éviter & la neige & la glace,.
Euir dans les Antres les plus creux..
Mademoiſelle L'E ....
S'
I nous eftions, Mercure, à la fin dù
Printemps,
Sous vostre Vigne Vierge en nos doux
paſſetemps
A l'ombreavec plaifir nous irions prendre
place ;
Mais quandlHyverla laiffefans che
veux,
faut pour éviter & la neige & la glace,.
Euir dans les Antres les plus creux..
Mademoiſelle L'E ....
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7
p. 227-229
SONNET.
Début :
Que d'un Hyver fâcheux les plus rigoureux jours [...]
Mots clefs :
Hiver, Plaine, Printemps, Roi de France, Exploits, Victoire, Oracle, Luxembourg
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SONNET.
SONNE T.
Ve d'un Hyverfâcheux les plus
rigoureux jours
Arrestent les Tarrens & blanchiſſent la
Plaine,
228 Extraordinaire
Ou que des doux Zéphirs on reſſente l'baleine,
Les Lauriers du Printemps te couronnent
toûjours.
$3
En quelque endroit , LOUIS , que l'e
Deftin te mene,
De tesfameux Exploits rien n'arrefte l'e
cours;
Et le Dieu des Combats volant àtonfe
cours,
Terenddans tous les temps la Victoire
certaine.
03
Tu moiffonnesfi-tof que ta main a femé
Tu triomphes fi-toft que ton Bras s'eft
armé,
Et l'Oracle en ces mots vient defefaire:
entendre.
Par des Foudres d'airain LOUIS dict
Les Loixs
du Mercure Galant. 229
1
Bien-toft il TONNERA D'ABORD , il FERA
RENDRE ,
Et REDUIRA dans
pen
LucSEMBOURG
EN UN MOIS.
Ve d'un Hyverfâcheux les plus
rigoureux jours
Arrestent les Tarrens & blanchiſſent la
Plaine,
228 Extraordinaire
Ou que des doux Zéphirs on reſſente l'baleine,
Les Lauriers du Printemps te couronnent
toûjours.
$3
En quelque endroit , LOUIS , que l'e
Deftin te mene,
De tesfameux Exploits rien n'arrefte l'e
cours;
Et le Dieu des Combats volant àtonfe
cours,
Terenddans tous les temps la Victoire
certaine.
03
Tu moiffonnesfi-tof que ta main a femé
Tu triomphes fi-toft que ton Bras s'eft
armé,
Et l'Oracle en ces mots vient defefaire:
entendre.
Par des Foudres d'airain LOUIS dict
Les Loixs
du Mercure Galant. 229
1
Bien-toft il TONNERA D'ABORD , il FERA
RENDRE ,
Et REDUIRA dans
pen
LucSEMBOURG
EN UN MOIS.
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Résumé : SONNET.
Le poème célèbre les victoires du roi Louis XIV, comparant les saisons à ses succès constants. Mars garantit ses triomphes. Louis impose la paix et dicte les lois avec puissance. Un oracle prédit sa conquête rapide du Luxembourg.
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8
p. 229-230
AIR NOUVEAU.
Début :
Quoy que le Printemps ait commencé, la Saison est encore / Vents qui portez par tout vostre funeste rage, [...]
Mots clefs :
Printemps, Saison, Rude, Vent, Bruits, Hiver, Orage, Cavernes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU.
Quoy que le Printemps ait
commencé , la Saiſon eft encore
fi rude , que rien n'y
fçauroit mieux convenir que
les paroles fuivantes. C'eſt
un fort habile Maiſtre qui les
a miſes en Air.
AIR NOUEVAU.
V
Ents qui portez par tout voftre
funefte rage,
Redoublez , redoublez vos bruits im
pétueux,
230 MERCURE
Et nepermettez pas en cet Hyver affreux,
Que pas un de nosjoursfoit exempt
de
l'Orage
.
Mais épargnez le doux calme des
nuits,
Rentrez pour quelque temps au fonds,
de vos Cavernes,
Et quand du Cabaret je reviens au
Logis,
Gardez- vous bien d'éteindre les Lan.
ternes.
commencé , la Saiſon eft encore
fi rude , que rien n'y
fçauroit mieux convenir que
les paroles fuivantes. C'eſt
un fort habile Maiſtre qui les
a miſes en Air.
AIR NOUEVAU.
V
Ents qui portez par tout voftre
funefte rage,
Redoublez , redoublez vos bruits im
pétueux,
230 MERCURE
Et nepermettez pas en cet Hyver affreux,
Que pas un de nosjoursfoit exempt
de
l'Orage
.
Mais épargnez le doux calme des
nuits,
Rentrez pour quelque temps au fonds,
de vos Cavernes,
Et quand du Cabaret je reviens au
Logis,
Gardez- vous bien d'éteindre les Lan.
ternes.
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Résumé : AIR NOUVEAU.
Le texte évoque une saison printanière rude et une chanson nouvellement composée. Cette chanson s'adresse à des entités porteuses de 'funeste rage', les incitant à multiplier les orages durant l'hiver, tout en épargnant le calme des nuits. Elle recommande aussi de laisser les lanternes allumées en rentrant du cabaret. Un 'fort habile Maistre' a mis ces paroles en musique.
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9
p. 133-134
AIR NOUVEAU.
Début :
Aprés tout ce que je viens de vous dire de Mr d'Ambruis, / L'Hyver ne cache plus les Fleurs ny les Gazons, [...]
Mots clefs :
Printemps, Hiver, Fleurs, Rossignol, Saisons, Feuillage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU.
Aprés tout ce que je viens
de vous dire de M² d'Ambruis
, je croy que ce ſera
vous faire plaiſir que de vous
donner un Air de ſa façon.
En voicy un que vous trouverez
tres- digne de ce grand
Maiſtre. Les paroles ſont de
ſaiſon , puis qu'on les a faites
fur le retour du Printemps.
1
134 MERCURE
AIR NOUVEAU.
Hyver ne cache plus les Fleurs
ny les Gazons,
Du tendre Roffignol on entend les
chansons,
Et le feüillage renouvelles
Tout est charmé d'unsi beau temps,
Etmoyſeulje meplains d'uneſaiſon
fibelle;
Son retour ne rend pointmon Iris
moins cruelle .
Helas !puis -jegoûterla douceur du
Printemps?
de vous dire de M² d'Ambruis
, je croy que ce ſera
vous faire plaiſir que de vous
donner un Air de ſa façon.
En voicy un que vous trouverez
tres- digne de ce grand
Maiſtre. Les paroles ſont de
ſaiſon , puis qu'on les a faites
fur le retour du Printemps.
1
134 MERCURE
AIR NOUVEAU.
Hyver ne cache plus les Fleurs
ny les Gazons,
Du tendre Roffignol on entend les
chansons,
Et le feüillage renouvelles
Tout est charmé d'unsi beau temps,
Etmoyſeulje meplains d'uneſaiſon
fibelle;
Son retour ne rend pointmon Iris
moins cruelle .
Helas !puis -jegoûterla douceur du
Printemps?
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10
p. 116-121
L'HYVER. Idille de Madame des Houlieres, à Mr Lucas.
Début :
Quand tout ce qui part de l'Illustre Madame des Houlieres / L'Hyver suivy des vents, des frimats, des orages, [...]
Mots clefs :
Temps, Esprit, Hiver, Tombeau, Nature
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'HYVER. Idille de Madame des Houlieres, à Mr Lucas.
uand tout ce qui part de
FIlluftre Madame des Houlieres neferoit pas d'une beauté achevée , la faifon où nous
fommes m'obligeroit à vous
envoyer le nouvel Idiile de fa
façonque vous allez lire.Ainfi
vous aurez tous fes ouvrages ,
répandus feparément dans mes
Lettres felon les temps qu'elle
en a bien voulu donner des
copies. Ce dernier cft adreflé à
GALANT, 117
M. Lucas. C'eft un homme
d'efprit & de merite fort connu
& eftimé des gens de Lettres,
& quia efté plufieurs années
Lieutenantgeneral de l'Admi
rauté de Normandie.
* thin
L'HYVER.
Idille de Madame des Houlieres , à Mr Lucas.
L'
'Hyver fuivy des vents ,
frimats , desorages ,
des
De ces aimables lieux trouble l'heureufe paix ;
Il a déja ravy par de cruels outrages
Ce que la Terre avoit d'attraits.
Quelles douloureufes images
Ledefordre qu'ilfait imprime dans
l'efprit!
r18
MERCURE
Helas ! ces Prez fans fleurs , ces
Arbres fansfeuillages ,
Ces Ruiffeaux glacez , tout nous
dit
Le temps fera chez vous de femblables ravages.
Commela terre nous gardons
Fufques au milieu del'Automne
Quelques - uns des appas que le
Printemps nous donne ,
L'Hyver vient-il , nous les perdons.
Pouvoir, Thréfors, Grandeurs, n'en
exemptent perfonne ;
On fe déguife en vain ces trifles
veritez ;
Les terreurs , les infirmitez ,
De la froide vieilleſſe ordinaires
compagnes,
Font fur nous ce que font les Autans irritez ,
Et la neige fur les Campagnes.
Encorfi comme les Hyvers
GALANT. 119
Dépouillent les Forefts de leurs
feuillages verds ,
L'âge nous dépouilloit des paffions
cruelles ,
Plus fortes à dompter que ne lefont
les flots,
Nous goufterions un doux repos
Qu'onnepeuttrouver avec elles.
Mais nous avons beau voir détrui
re par le temps
La plus forte fanté , les plus vifs
agrémens;
Nous confervons toujours nos premieres foibleffes.
L'Ambitieuxcourbéfous lefardeau
des ans ,
Dè la fortune encore écoute les promeffes ;
L'Avare enexpirant regrettemoins
Le jour
Que fes inutiles richeffes ,
301
Et quijeune adonné toutfon temps
à l'amour,
120 MERCURE
Unpied dans le Tombeau , veut encor des Maiftreffes.
Il refte dans l'efprit un gouft pour
les plaifirs ,
Prefqu'auffidangereux que leurplus
doux ufage.
Pour eftre heureux,pour eftrefage
Ilfautfçavoir donner un frein à
fes defirs.
Mieux qu'un autre , fage Timandre ,
De cet illuftre effort vous connoiffez
le prix.
Yous , en qui la nature a joint une
ame tendre
Avec undes plus beauxEfprits ;
Vous qui dans lafaifon desgraces &
des ris ,
Loin d'éviter l'Amour,faifiezgloire
d'en prendre,
Et qui par effort de raifon
Fuyez defesplaifirs la folle inquietude
Avant
GALANT. 121
Avant que l'arriere Saifon
Vous aitfaitreffentir tout ce qu'elle
a de rude.
FIlluftre Madame des Houlieres neferoit pas d'une beauté achevée , la faifon où nous
fommes m'obligeroit à vous
envoyer le nouvel Idiile de fa
façonque vous allez lire.Ainfi
vous aurez tous fes ouvrages ,
répandus feparément dans mes
Lettres felon les temps qu'elle
en a bien voulu donner des
copies. Ce dernier cft adreflé à
GALANT, 117
M. Lucas. C'eft un homme
d'efprit & de merite fort connu
& eftimé des gens de Lettres,
& quia efté plufieurs années
Lieutenantgeneral de l'Admi
rauté de Normandie.
* thin
L'HYVER.
Idille de Madame des Houlieres , à Mr Lucas.
L'
'Hyver fuivy des vents ,
frimats , desorages ,
des
De ces aimables lieux trouble l'heureufe paix ;
Il a déja ravy par de cruels outrages
Ce que la Terre avoit d'attraits.
Quelles douloureufes images
Ledefordre qu'ilfait imprime dans
l'efprit!
r18
MERCURE
Helas ! ces Prez fans fleurs , ces
Arbres fansfeuillages ,
Ces Ruiffeaux glacez , tout nous
dit
Le temps fera chez vous de femblables ravages.
Commela terre nous gardons
Fufques au milieu del'Automne
Quelques - uns des appas que le
Printemps nous donne ,
L'Hyver vient-il , nous les perdons.
Pouvoir, Thréfors, Grandeurs, n'en
exemptent perfonne ;
On fe déguife en vain ces trifles
veritez ;
Les terreurs , les infirmitez ,
De la froide vieilleſſe ordinaires
compagnes,
Font fur nous ce que font les Autans irritez ,
Et la neige fur les Campagnes.
Encorfi comme les Hyvers
GALANT. 119
Dépouillent les Forefts de leurs
feuillages verds ,
L'âge nous dépouilloit des paffions
cruelles ,
Plus fortes à dompter que ne lefont
les flots,
Nous goufterions un doux repos
Qu'onnepeuttrouver avec elles.
Mais nous avons beau voir détrui
re par le temps
La plus forte fanté , les plus vifs
agrémens;
Nous confervons toujours nos premieres foibleffes.
L'Ambitieuxcourbéfous lefardeau
des ans ,
Dè la fortune encore écoute les promeffes ;
L'Avare enexpirant regrettemoins
Le jour
Que fes inutiles richeffes ,
301
Et quijeune adonné toutfon temps
à l'amour,
120 MERCURE
Unpied dans le Tombeau , veut encor des Maiftreffes.
Il refte dans l'efprit un gouft pour
les plaifirs ,
Prefqu'auffidangereux que leurplus
doux ufage.
Pour eftre heureux,pour eftrefage
Ilfautfçavoir donner un frein à
fes defirs.
Mieux qu'un autre , fage Timandre ,
De cet illuftre effort vous connoiffez
le prix.
Yous , en qui la nature a joint une
ame tendre
Avec undes plus beauxEfprits ;
Vous qui dans lafaifon desgraces &
des ris ,
Loin d'éviter l'Amour,faifiezgloire
d'en prendre,
Et qui par effort de raifon
Fuyez defesplaifirs la folle inquietude
Avant
GALANT. 121
Avant que l'arriere Saifon
Vous aitfaitreffentir tout ce qu'elle
a de rude.
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Résumé : L'HYVER. Idille de Madame des Houlieres, à Mr Lucas.
Madame des Houlières adresse une lettre à Monsieur Lucas, lieutenant-général de l'Amirauté de Normandie, pour lui envoyer une idylle intitulée 'L'Hyver'. Elle le décrit comme un homme d'esprit et de mérite, reconnu dans les cercles littéraires. L'idylle 'L'Hyver' décrit les ravages de l'hiver, comparés aux effets du temps sur les êtres humains. L'hiver trouble la paix des lieux et ravage les attraits de la terre, tout comme le temps dénudant les forêts de leurs feuillages, comparé à l'âge qui dépouille les hommes de leurs passions. Personne n'est exempt des terreurs et des infirmités de la vieillesse, malgré les pouvoirs et les grandeurs. L'idylle conclut en soulignant que les hommes conservent leurs premières faiblesses, désirant toujours la fortune, les richesses ou les maîtresses, même face à la mort. Pour être heureux et sage, il faut savoir freiner ses désirs. Timandre est loué pour sa sagesse et sa maîtrise des plaisirs.
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12
p. 80-124
A Quebec le 12e. Novembre 1709.
Début :
Il y a déja plusieurs années que je vous envoye une Relation / MONSIEUR, La Description étonnante que vous me faites de l'Hyver [...]
Mots clefs :
Québec, Relation, Hiver, Froid, Nouvelle France, Colonie, Capitaine, Pierriers, New Yorck, Manhate, Espions, Canada, Troupes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Quebec le 12e. Novembre 1709.
Il y a déja plufieurs années
que je vous envoye une Relation de ce qui s'eft paffé en
Canada pendant le cours de
chaque année ; mais quelques
incidens font caufe que je vous
envoye celle que vous allez lire , quelques mois plus tard
quevous n'avez accoûtumé de
la recevoir tous les ans. Elled
vient d'un Officier François quis
eft dans l'Armée Canadienne.
"
GALANTNY 81
$ srpos ench notede af M
A Quebec le 12°. Novembre
299NING 27731709. riba vit
MONSIEUR,
La Defcription étonnante que
vous mefaites de l'Hyver qui a
ravagé l'Europe cette année , m’a
fait faire les reflexions ordinaires
fur le froid que l'on fent en ce
pays - cy. Et effectivement j'ay
admiré plus d'une fois.comment
les racines des Plantes , les Bois,
లో les Animaux, fans parler des
Habitans , refiftoient non-feulement a de tels froids , mais encore
82 MERCURE
à celuy que nous avons éprouvé
icy , vers la fin de l'année 1708 .
peu prés vers le temps que je
finiffois les dernieres Lettres queje
vous ay adreffées ; car il a eftéfi
pénetrant & fi vif, que s'il avoit
continué de la mêmeforce , je crois
quenous aurions tous peri & que
nous ferions tous morts dans les
commencemens d'un Hyverfi affreux. Mais le Seigneur n'a point
permis que nous avons fouffert au
deffus de nos forces.
Ainfi quelque rude qu'ait éfté
Hyver dans vos climats temperez d'ailleurs , il l'a efté incompa
rablement davantage en Canada,
GALANT 83
où la gelée commença vers la fin
de Novembre & perfevera fi
fortement, que dans les derniers
jours de Decembre ( 1708. ) le
Fleuve de S. Laurent , fe trouvaglacéjusqu'à laprofondeur de
dix pieds , & qu'il y avoit déja
quatre pieds de nége fur terre. Je
le repete encore , Monfieur , jepenfe que la Colonie auroit peryſi la
gelée avoit continué de cette violence. Et certes les Anglois fiirritez contre nous auroient eu alors
bon marché du Canada.
Ce froid exceffif nous quitta
fans doute pour vous aller rendre
vifte, puifque vous me marquez
84. MERCURE
que le premierjour de la grande
gelée commença le 6. ou 7. deFanvier de l'année fuivante ( 1709)
ce que je puis vous dire , c'est que
toutes ces horreurs de la nature ,
n'ontpoint efté un obftacle à la terre dela Nouvelle France , de nous
donnerd'affez bonsfruits, &aux
hommes de vivre ; au contraire
nous remarquons que ce froid
tribue à la fanté, & que la nége
qui regnefi longtemps dans l'AmeriqueSeptentrionale , l'engraifmerveilleufement , la moiffon
ayant efté abondante cette année-ci
en bled & enfruits; quoy qu'on
ne féme qu'à lafin d'Avril , le
fe
con-
GALANT 85
blé eft preft à couper au mois
( Je ne commenceray points
Monfieur, les Nouvelles que j'ay
à vous mander de ce pays-cy, par
ce qui s'eft paffé en l'Ile de Terre
Neuve au Fort S. Jean que nous
avons pris aux Anglois , parce
queje connois par vos Lettres que
vous en avez eftéinftruit en France , même d'aſſez bonne heure ;
à quoy je vous prie de faire
attention icy , eft que cette entreprife qui a estéexecutée avecbeaucoupde vigueur où entr'autres,
le fieur de la Ronde , d'une ancien="
ciennefamille de Canada s'eft dif-
86 MERCURE
tingué parfa bravoure intrigue
fort, non - feulement les Anglois
nos voiſins , mais encore ceux que
nous appellons icy les Anglois de
la Vieille- Angleterre, qui au
retour de ce qu'ils poffedent aux
Ifles - Antilles & ailleurs dans
l'Amerique, venoientfe relâcher,
ou radouber en ce Port , qui par
confequent leur eftoit fort commode.
Plufieurs des noftres difent icy
que la prife de ce Pofle & le ravage qu'on afait aux environs ,
va àfix millions. On dit que
Pefche que l'on faifoit proche la
Rade de S.Jean & aux Bancs
la
GALANT 87
voifins , valloit quatre millions de
rente à la Reine Anne. Nous
avons icy le Commandant ( le
Colonel Lloyd ) de ce Fort , prifonnieravecplufieurs Officiers, &
Soldats on Habitans de fon Gouvernement. Ila , àce qu'onpublie
dans Quebec , cent mille livres de
bien, & il veut fe marier icy &
époufer la veuve de Mr de Maricourt mort en 1704. Il eftoit
Capitaine dans cette Colonie &
freredu fameux Mr d'Yberville
qui s'eft fi fort diftingué fur mer
par fa valeur. Un Ecclefiaftique
tres-zelé, du Seminaire de Saint
Sulpice de Ville - Marie en l'Ifle
88 MERCURE
de Montreal, qui fait parfaite
ment l'Anglois , eft defcendu icy
pour travailler à la converfion de
ce Gouverneur Anglois , car
prétend, & il a témoigné librementfon deffein là-deffus , renoncer à la Religion Proteftante &
fe faire Catholique.
L'affaire de l'habitation de S.
Jean en Terre-Neuve futfuivie
d'une autre entrepriſe dans laBaye
d'Hudson , au lieu appellé le petit
Nord.
Mr Capitai- de Mantet
ne dans la Colonie enfut le Chef;
ce fut au mois d'Avril de cette
année 1709. Le Partife trouva
compofé de centhommes tous Ha.
GALANT 89
bitans & mariez pour la pluspart , mais alertes & entrepre P
nans ; Mr de la Nouě Lieutenant commandoit en ſecond ; à ces
deux Officiers s'en joignirent quel.
ques autres Subalternes ; la marche dura un peu plus de deux
mois , au bout duquel temps , nos
gens arrivez au but , déterminerent lejour de l'attaque au fixiémejour de Juillet. On choifit la
nuitpourcela: les Enfans perdus ,
je veux dire ceux qui marcherent
les premiers , donnerent brufquement & tefte baiffée fur un des
Fortsflanqué de quatre Baſtions ,
Février 1710. H
90 MERCURE
munisfelon le rapport de quelquesuns de ceux qui enfont revenus
de foixantepieces de Canon & de
plufieurs Pierriers. Des Boucaniers a qui le gardoient firent une
decharge terrible & du canon &
de leurs longs fufils qui cependant n'empêcha point ces premiers
des noftres , de pouffer leur pointe
avec une ardeur étonnante , de
rompre la paliẞade faite de gros ·
a Gens déterminez, Chaffeurs , propres
à la découverte , foit dans les terres
foit en mer; on pourroit les appeller
Flibuftiers de terre , auffi bien quede
mer. Les Boucaniers vivent fans façon de chair rôtic plus à la fumé
qu'au feu..
GALANT 91
un
pieux de traverſer un foffe
plein d'eau , large de quinzepieds,
qui estoit au de- là ; comme le feu
de l'Ennemy eftoit violent & continuel , & que le canonfaifoit
fracas horrible , & qu'avec cela
le nombre des Soldats oppofez aux
moftres eftoit tout-à-faitfuperieur,
il fallut fe retirer.
Mrde Mantet qui s'eft particulierement fignalé dans cette action , une des plus vives qui fe
foit faite en Amerique , y a efté
tues MrdeMartigny & douze
on quinze Canadiens ont eu le
mêmefort.
Hij
92 MERCURE
Les Anglois de la Vieille er de
la Nouvelle Angleterre ont efté
cette année dans de grands mouvemens pour s'emparer , fuivant
leur deffein , des trois Gouvernemens de la Colonie ; il neferoit
pas facile de vous expliquer combien ilsfe font remuez pour celae
voicy à peu prés la manœuvre
qu'ils ontfaite pourl'execution
ce projet.
uer.comDés que les Anglois de la Nouvelle Angleterre , & furtout ceux
de Bafton qui en eft la Capitale ,
eurentfçu certainement laprife de
leur Habitation du Port S.Jean ,
une des plus confiderables , ſans
GALANT 93
contredit , qu'ils euffent en TerreNeavepour la Pefche & lafureté de leurs Vaiffeaux qui paſſent
ouquireviennent d'Amerique , its
en donnerent avis à la Reine Anne par de petits Baftimens qu'ils
firent partir en diligence ; de forte
que vers la fin de May, un de
nos PartisSauvages ayantpris un
Officier Anglois du cofté de Bafton,
nous apprimes de luy qu'il leur
eftoit arriué des ordres de leur
Reine , par le Capitaine V'éché ,
dont voicy le contenu , autant que
jay pû m'en reſſouvenir: Que
tous les paysde fa domination
voifins de la Nouvelle - Angle-
$
94 MERCURE
terre ; fçavoir b la NouvelleYorck , le New-Jersey , bla
Penſylvanie , Mariland ( qui
veut dire terre de Marie ) la Vir
ginie & la Caroline ( quifemble
eftre une partie de la Floride ) feroient inceffamment proviſion
de vivres & de munitions de
guerre ; Qu'il feroit levé mille
hommes bien équipez & armez , qui fe joindroient à huit
mille Ecoffois prefts à s'embarquer au premier vent favora
ble & former une Efcadre de
dix Vaiffeaux de ligne , fans
Tous ces Pays font entre les 45. & 30.
degrez de Latitude Nord.
GALANT 95
compter les Baftimens de char
ge pour les munitions & les
vivres dont on pouvoit avoir
befoin , & cela pour venir
moüiller devant Bafton à la fin
du mois de Juin. Ces Ecoffois
aidez des Anglois de la Nouvelle
Angleterre devoient , felon leur
intention , affieger Quebec &fe
rendre maiftres detoutes les Coftes
d'en bas , jufqu'à la mer;
pays devoit , dans la pensée de la
Reine, leur demeurer , pour récom
penfe de la dépense & des avan
ces faites par ces Ecoffois les
mêmes ordres de la Reine Anne
marquoient : Que les Habitans
o
7
ce
96 MERCURE
du Gouvernement d'Orange
dans New-Yorck avecceux de
Manhate & les Sauvages leurs
Alliez ou Amis , s'uniroient
enfemble pour faire un Corps
d'Armée de trois mille hommes , qui iroit tomber fur le
Montreal , & feroit ainfi diverfion des forces des François.
d'arMrle Marquis de Vaudreüil,
Gouverneur general de la Nonvelle-France ne faifoit que
river à Ville-Marie , la feule
Ville quifoitdans l'Ile de Montreal éloignée foixante lieues de
Quebec ,lors qu'il apprit les deffeins
GALANT 97
feins des Anglois nos voisins, il
affembla le Confeil de Guerre
pour déliberer fur les mesures
qu'onavoit à prendre , &on fut
d'avis d'aller au devant des Ennemis & de les prévenir. Mr de
Ramezay Gouverneur de Mont
real fut destiné pour né pour commander
les Troupes ou Milices defon Gouvernement , &l'on convint d'y
joindre les Sauvages Iroquois
Algonkins , Abnakis , les autres qui font dans le voisinage.
Tout eftant preft ne vous attendez point icy , Monfieur , à des
Arméesdecent mille hommes comme en Europe , mais à des Partis
Février 1710. I
98 MERCURE.
pluteft qu'à des Armées , proportionnez aux Habitans de ces Regions froides ) la petite Armée , ou
le Partifi vous l'aimez mieux ,
commença à fe mettre en marche
vers le 15. deFuillet, & elle fe
* trouva cftre de treize àquatorze
cens hommes ; compofée des Habitans du Gouvernement de lIfle
de Montreal & de Sauvages de
plufieurs Nations. Onfut juf
qu'au c Lac Champlain , ainfi
eCe Lac s'etend depuis le 44. environ,
jufqu'au 45. degré de latitude Septentrionale. On en diftingue deux à
fes extremitez ; c'eft-à dire au Nord
& au Sud, le Lac de S. François au
Nord, & le Lac, dit du S. Sacrement,
au Sud.
QUA
LYON
GALANT 99
DE
appellé d'un ancien Gour
de Canada de ce nom ; Mrle
Marquis de Vaudreuil qui eft
fage & tres vigilantfaifoit pendantce temps- la fortifier de nouveau Quebec & Ville Marie ,
vulgairement dite Montreal ,
l'Habitation la plus importante
de l'Ifle de ce nom. Les Forts des
environs de l'Ile de Montrealfurent vifitez &reparez où ilfalloit on s'attacha beaucoup à d
celuy de Mrle Baron de Longüeil
Major de Montreal qui eft de
d Le Fort de Longueil eft à peu prés au
Sud de l'Ile de Montreal, fur le bord
du Fleuve S. Laurent.
I ij
100 MERCURE
pierre & un desplus confiderables
dela Colonie; celuy de la Prairie,
dité de la Madeleine , au Sudde
de l'Ifle de Montrealfut auffifortifié de nouveau en même temps
que celuy de e Chambly qui eftoit
Le plus expofe aux infultes de
l'Ennemi ; on en conftruifit un de
pierres à Lorette , Miffionfauvage au Nord de Ville -Marie ,
gouvernée par Mrsde S. Sulpice.
Les Découvreurs marchant devant noftre Arméejufques à trois
ou quatre licuës , rencontrerent un
eCe Fott cft au Nord du Lac Champlain , & à environ dix lieues de la
Rivierb de S. Laurent.
GALANT 101
Parti ennemi au lieu dit la Poinre , fà la chevelure de cent vingt
hommes ou environ ; Mr de Ra
mezay le Commandantfut auſſitoft averti , ilfit rangerfes gens en
ordrede Bataille le fignal donné,
on marcha droit aux Anglois , les
noftres donnerent avec vigueurfur
l'Ennemi en tuerent on firent
Prifonniers une bonne partie
mirent le refte en fuite ; quatre
de nos Sauvages qui s'eftoient un
f Ce lieu est éloigné de Quebec d'environ 6o. lieuës , & il n'eft aing nommé qu'à l'occafion de quelques chevelares levées par des Sauvages; mes
Lettres vous ont déja dit comment
cela fe faifoit.
I iij
102 MERCURE
25.
peu trop avancez ,yfurent tuez.
Les Prifonniers nous apprirent que
les Anglois s'eftoient retranchez à
lieues en deça d'Orange , le
long d'une petite riviere , appellée
la Riviere au Chicot , g qu'ils
faifoient conftruire en cet endroit
de grands Batteaux & des Pirogues &un bon nombre de Canots pour venir ravager le Canada, à lafaveur de la Riviere de
Saint Laurent , dans laquelle ils
feroient entrez par le moyen du
Lac Champlain les Anglois
g
s
Du cofté du Lac du S. Sacrement &
vers l'entrie du Lac Champlain, dans
le voisinage de la Nouvelle- Angleterre & de New-Yorck.
GALANT 103.
avoient en effet élevé trois Forts
avec de gros & grands pieux de
bois de cedre blanc qui eft commun
dans l'Amerique Septentrionale,
dans l'un defquels on diſoit qu'ily
avoit fix ou buitpieces de canon ,
des bombes , quantitédegrenades ,
environ quinze ou dix - huit
cens hommespour les garder.
Sur le rapport de ces Prifonniers Anglois , Mr de Ramezay
affembla tous les Officiers de fa
petite Armée, le Confeil trouvantque ceferoit , cefemble , une
temerité quede s'expofer en avançant contre des Ennemis & plus
nombreux, avec cela tres - bien
I iiij)
104 MERCURE
retranchez , on prit le parti de les
attendre de pied ferme , s'ils en
vouloient venir aux mains ; cer
pendant les Efpions des Anglois
ayant rapporté àleur Camp que
noftre Armée eftoitformidable
que le Lac Champlain eftoit tout
couvert de canots , l'allarme fe mit
parmi eux , & aucun des- leurs
neparoiffant , aprésplufieursjours
d'attente , le Chefdu Parti Canadien confiderant que la recolte
dans l'Ile de Montreal & aux
contrées adjacentespreffait, &mêmé qu'elle eftoit déja commencées
renvoya la Milice & les Habitans de Montreal & des Coftes
+
GALANT 105
cela n'empêchapoint qu'on ne laiffaft des Découvreurs aux environs du Pofte que l'on quittoit ,
c'eft à dire vers les Lacs S. François , de Champlain & du S. Sacrement , celuy - cy cftant le plus.
proche des Ennemis , pour avertir
de tout en cas de befoin. La moiffonfefit pendant ce temps- là &a
efté abondante , non-feulement en
blé , mais encore en legumes & en
fruits tels qu'on les peut conferver
en Canada.
On ramaffoittranquilement les
biens que le Ciel nous avoit don
nez de fa main toute liberale , lors
que vers le 15.du mois de Septem-
106 MERCURE
bre tout à coup un Sauvage qui
avoitdefertédu Camp des ennemis».
vintdire au Montreal queles En
nemis eftoient enmarche du cofté du
LacChamplain. MrdeRamezay
envoya en diligence ce Sauvage à
Mr le Marquis de Vaudreuil
qui eftoit defcendu à Quebecpour .
j bien recevoir les Ennemis , qui
felon le bruit qui couroit, prétendoient l'affieger avec des forces
nombreuſes &par mer &parterre. Les Officiers s'eftant affemblez
chez Mrle Gouverneur general ,
onconclutque le Montrealfe trouvant endanger, ilfalloit lefecou
courir, les Découvreurs que Mr
GALANY 107.
deVaudreuilavoit envoyez àplus
de foixante lieuës au - deffous de
Quebec , ne voyant rien fur le
Fleuve nyfur les Coftes ; l'ordre
ayant donc efté donnépour monter
le Fleuve de S. Laurent , il fe
trouva mille hommes du Gouver
ment de Quebec , preſts à marchers
Mr le Marquis deVaudreuil General de toute la Colonie , fe mit
à la tefte & fut droit au Fort
Chambly, vers l'entrée du Lac
Champlain tous les Sauvages
d'enbas premierement ceux des
environs de Quebec & des trois
Rivieres , fejoignirent à la Milice de la Cpitaledu Canada. Ace
108 MERCURE
Corps de Troupes fe joignit celuy
du Gouverneur de Montreal Mr
de Ramezay , ce qui forma une
Armée d'environ trois mille hom
mes. Le lieu du Campfut affigné
auLac & Fort de Chambly affez
prés du LacS. François quife communique à celuy de Champlain
mais comme aprés trois semaines
ou environ , l'Ennemi ne faifoir
aucun mouvement , on commença
à fe défier du Sauvage deferteur
de fon rapport: ce futen cette
fituation que Mr le Gouverneur
general reçut avis de Quebec , au
commencement d'Octobre , que la
Bellone Fregatte Françoise venois
GALANT 109
"de mouiller devant cette Ville , &
que l'Efcadre Ecoffoife deftinée
pourfaire le Siege de la Capitale
du Canada & favorifer l'attaque
des Anglois par en haut , c'est- àdire du cofté de Montreal , avoit
eu ordre de la Reine Anne de faire
voile vers le Portugal , à caufe
que MrleMarquis de Bay Commandant en Eftramadoure pour
PhilippeV. Roy d'Espagne, avoit
battue défait les Portugais &
les Anglois leurs Alliez. Mr le
General les Officiers de l'Armée Canadiennejugeantdoncqu'il
n'y avoit plus rien à craindre , la
faifon d'ailleurs eftant fort avan
براج
110 MERCURE
cée , on congedia la plupart des
Troupes. Neanmoins MrdeVaudreüil permit à Mr de Montigny
Capitaine tres-brave defaperfonne , que vous avez pu voir à la
Courily a quelques années , accompagné d'un ChefdesSauvages de la nation des Abnakis , de
fe mettre à la tefte d'un petit Parti, compofé de Canadiens experimentez &de Sauvages aguèrris,
pour tacher defaire quelques Prifonniers. Quelques- uns de ce petit
Parti , s'avancerent fi prés des
Forts des Anglois , qu'ils en fçûrent aisément & le nombre
forme. Fuſques à prefent , nous
la
*
GALANT III
n'avons perdu aucun des noftres ,
fice n'eft quatre Sauvages qui s'étoient engagez trop avant , dans
-le combat fous Mrde Ramezay.
Les Ennemis, fi on en croit un
Anglois amené depuis peu par un
Sauvage Abnaki , appellé Carnaret , efperent executer l'année
prochaine ce qu'ils n'ont pas fait
・
celle-cy.
La conclufion de toute la manœuvre des Anglois nos voisins &
de tout ce qu'avoit projetté leur
Reine , eft qu'il leur en coûte environfix millionspour le tout. On
compte cinq millions cinq ou fix
recent mille livres pour la Flotte
112 MERCURE
d'Ecoffe , fur lefquels cinq mil
lions , la Reine avoit fourni la
fomme de cinq ou fix cens mille
Livres , pour encourager les Ecoffois à fe rendre maiftres de toute
la Nouvelle- France , &environ
un million , tant au Baftonnois
qu'à ceuxde la Ménade on Manhate e d'Orange à qui la Reine
Anne donnoit en recompenfe tout
le Pays de Canada qui eft depuis
l'Ile de Montreal jufqu'à Quebec.
Lefuccés n'ayant point répondu à l'atente des Peuples de la
Nouvelle- Angleterre , de NewYork , & autres Pays fujets àla
CALANT 113
Reine Anne en Amerique , fur
lefquels on avoit levé de rudes
impôts & tiré d'exceffives contributions , ils commencent déja à
temoigner hautement leur mécontentementfur tout contre Pitref
culle , Major d'Orange , le principalboute-feu de la Guerre alumée contre nous qui jufqu'à .
prefent les à leurré de vaines
promeffes , leur faifant entendre
qu'il attireroit dans le parti de
l'Angleterre toutes les Nations
Iroquoifes par de magnifiques &
de riches prefens ; fur de fi belles
paroles les Habitans d'Orange,
d'Efope , & de Corlard , abanFévrier 1710.
K
114 MERCURE
#
donent leurs habitations &leurs
biens , courent aux armes.
Ceux de Manhate qui eft da
principale Place de la NouvelleYork , avec leur Gouverneur fe
·laiffent auffi éblouir par les difcours qu'on a foinde femer parmy.
eux , les Habitans de Bafton les
entrainent comme , malgré eux
dans cet expedition ; ils fe mettent
en marche , charient quantité
de provifions de bouche , bâtiffent
des Forts , pour leur fervir de
refuge en cas de défavantage , ils
fontde grandes dépenfes pour des
Convoys & des Munitons prodigieufes en Bombes , Canons ,
GALANT
Grenades , Pierriers . Toutes
ces démarches fembloient devoir
porter la terrear non feulement à
ta nouvelle France ; mais encore à
toute l'Amerique Septentrionalle ,
attirer tous les Sauvages dans
leur parti , neanmoins les Iroquois les plus aguerris d'entr'eux
nebranlentpoint , & les Sonontboüans demeurent neutres. Les
François loin de craindre les Anglois , vont au - devant d'eux ,
battent un de leur parti , font des
Prifonniers & les provoquent
de nouveau au Combat fans que
ces mêmes François ayant perdu
ancun des leurs. Tout nouvelleKij
116 MERCURE
ment nous venons de leur prendre
un Lieutenant qu'on a amené icy
Prifonnier. Une Flutte GardeCôtede Baftonavoit eſtépriſe par
nos gens avec buit Barques chargées de munitions qui alloient audevant de la Flote d'Ecoffe , qui
avoit ordre de la Reine Anne de
Se rendre maistre du Canada.
Ajoutez à cela tous nos petits
partis , difperfez çà , & là, qui
nous ont aporté plufieurs cheve
lures d'Anglois , ce qui a furieufement inquieté nos Ennemis
comptant laplupartdes Sauvages
dans leur parti,
pran
Nous avons vu icy au mois
GALANT 117
de Juillet un Phénomene qui a
fait parler diferemment bien des
fortes de ge
moyenne région de l'Air & avoit
à peu prés le difque apparent de
la Lune. Il yen eut à qui ilne
Sembla eftre qu'à la hauteur des
Arbres àdeuxcents pas d'eux,
tout Montreal l'a vu auffi- bien
que Quebec. Comme tout eft extrême en ce Pays- cy, & quepar
opofition au grandfroid , ilyfait
une chaleur exceffive en Esté
cette exhalaifon s'eft aparamment
formée d'une matiere déja toute
prefte:mais laiffons à Meffieurs
les Philofophes deviner ces effets
gens. Il parut dans la
118 MERCURE
de la nature , racontons quel
que chose qui vous touchera
peut- êtredavantage.
Les Iroquois quoyque battus
deux ou troisfois parles Outaouacs
depuis la Paix , n'ont pas encore remué , quoyque dans l'ame ,
ils ayent , à ce que quelques gens
croyent , bien envie defe vanger.
Les Aniés une des cinq Nations ,
la bonne amie des Anglois la
plus voifine de New York
incitez par nos Ennemis ,fe font
hazardez de venir , par une
lâchefurprife , lever la chevelure
à trois on quatre de nos Iroquois,
du Sant Saint Louis , à une lieuë
GALANT 119
&demie du Montreal,
Nous ménageons les Sauvages & ce n'eft pas peu de les
conferver dans la neutralité
contre lesfollicitations importunes
tres artificieufes de PeterSchuyler , vulgairement appellé
Pitre-Schulle , Major d'Elbanie où Orange en New York, fin
Renard , quipar des prefens réïterez e des difcours adroits
tâche de les metre ( au moins quelques Nations ) dans le parti des
Anglois. Mr de Jonquiere
réuffi merveilleufement auprés des
Sononthouans des Goyogouens
durant plufieurs années qu'il
120 MERCURE
efté auprés d'eux , pour les tenir
affectionnez à la Colonie , ce qui
luy a fait effuyer bien des fatigues. Mr le Baron de Longüeil
Major de Montreal , cheri de
pere en fils de ces Nations , eft allé
chez eux en Ambaffade pour Ne
gotier au moins une neutralité qui
foit ferme & pour les tenir en
refpect. La Nation des Sononthoüans femble être toute entiere.
pournous , & celle des Goyogoüins
enpartie ; ceux - cy quoyque gouvernezpar les premiers , je veux
dire par les Sononthoüans , une
des cinq Nations laplus nombreuSe,font partagez ce qu'ily a
de
GALANT 121
les
de remarquable c'est que les Iro
quois appellent les François ( en
la perfonne de leur Gouverneur
General ) leur Pere , & que
Anglois ne font confiderez chez
eux (fi peut-être on n'en excepte
les Aniez qui depuis du temps
paroiffent leurs grands amis ) que
comme leur Frere.
Voicy les morts les plus confiderables dans la Colonie , de cette
année. Mrle Marquis de Chryfaphi Gouverneur de la Ville des
Trois Rivieres , je ne vous apren
dray point icy , comme une chofe
nouvelle que cette Place eft égale
ment éloignée de Quebec , & de
Février 1710. L
122 MERCURE
Montreal , c'est ce que vous avez
pú connoître par mes precedentes
auffi-bien que beaucoup d'autres
éclairciffemens ou explications
que je ne repeteray pas dans cette
Lettre- ci, depeurde vous ennuyer.
Nous avons auffiperdu Mr de
Linetot MajordesTrois Rivieres.
Mrde Lorimier Capitaine. Mr
de Lor Biniere Doyen des Confeillers du Confeil Souverain de
Quebec un Chanoine de la
Cathedrale , ( Mr Petit ) jou
bliois le Pere ChauffetierJefuite ,
ce bon Pere-ci prétendoit il y a
quelques années avoir trouvé
le fecret de faire du pain avec
د
*
GALANT 123
certaine racine , qui auroit pû
fupléer au pain ordinaire dans un
befoin.
Je finis ma Lettre , que vous
recevez par la Bellone , petite
Fregate defeize Canons , en vous
marquant les perfonnes les plus
confiderables quipaffent en France dans ce Vaiffeau. Me la
Marquife de Vaudreuil femme
de Mrle Gouverneur General ,
s'y embarqua avec Me du Mefnil femme du Major des Troupes
de la Colonie. Mrle Vallet Chanoine de cette Ville & Secretaire
de Monfeigneurde Saint Vallier
noftre Evêque , Mr le Vaſſeur
Lij
124 MERCURE
Ingenieur envoyépar le Roy , c.
C'est avec les mêmes fentimens d'eftime & de wespect que
j'auray toujours pour vous , que
je fuis tres-parfaitement.
·
MONSIEUR,
Voftre tres- humble tresobéiffant ferviteur,
N.D.D
que je vous envoye une Relation de ce qui s'eft paffé en
Canada pendant le cours de
chaque année ; mais quelques
incidens font caufe que je vous
envoye celle que vous allez lire , quelques mois plus tard
quevous n'avez accoûtumé de
la recevoir tous les ans. Elled
vient d'un Officier François quis
eft dans l'Armée Canadienne.
"
GALANTNY 81
$ srpos ench notede af M
A Quebec le 12°. Novembre
299NING 27731709. riba vit
MONSIEUR,
La Defcription étonnante que
vous mefaites de l'Hyver qui a
ravagé l'Europe cette année , m’a
fait faire les reflexions ordinaires
fur le froid que l'on fent en ce
pays - cy. Et effectivement j'ay
admiré plus d'une fois.comment
les racines des Plantes , les Bois,
లో les Animaux, fans parler des
Habitans , refiftoient non-feulement a de tels froids , mais encore
82 MERCURE
à celuy que nous avons éprouvé
icy , vers la fin de l'année 1708 .
peu prés vers le temps que je
finiffois les dernieres Lettres queje
vous ay adreffées ; car il a eftéfi
pénetrant & fi vif, que s'il avoit
continué de la mêmeforce , je crois
quenous aurions tous peri & que
nous ferions tous morts dans les
commencemens d'un Hyverfi affreux. Mais le Seigneur n'a point
permis que nous avons fouffert au
deffus de nos forces.
Ainfi quelque rude qu'ait éfté
Hyver dans vos climats temperez d'ailleurs , il l'a efté incompa
rablement davantage en Canada,
GALANT 83
où la gelée commença vers la fin
de Novembre & perfevera fi
fortement, que dans les derniers
jours de Decembre ( 1708. ) le
Fleuve de S. Laurent , fe trouvaglacéjusqu'à laprofondeur de
dix pieds , & qu'il y avoit déja
quatre pieds de nége fur terre. Je
le repete encore , Monfieur , jepenfe que la Colonie auroit peryſi la
gelée avoit continué de cette violence. Et certes les Anglois fiirritez contre nous auroient eu alors
bon marché du Canada.
Ce froid exceffif nous quitta
fans doute pour vous aller rendre
vifte, puifque vous me marquez
84. MERCURE
que le premierjour de la grande
gelée commença le 6. ou 7. deFanvier de l'année fuivante ( 1709)
ce que je puis vous dire , c'est que
toutes ces horreurs de la nature ,
n'ontpoint efté un obftacle à la terre dela Nouvelle France , de nous
donnerd'affez bonsfruits, &aux
hommes de vivre ; au contraire
nous remarquons que ce froid
tribue à la fanté, & que la nége
qui regnefi longtemps dans l'AmeriqueSeptentrionale , l'engraifmerveilleufement , la moiffon
ayant efté abondante cette année-ci
en bled & enfruits; quoy qu'on
ne féme qu'à lafin d'Avril , le
fe
con-
GALANT 85
blé eft preft à couper au mois
( Je ne commenceray points
Monfieur, les Nouvelles que j'ay
à vous mander de ce pays-cy, par
ce qui s'eft paffé en l'Ile de Terre
Neuve au Fort S. Jean que nous
avons pris aux Anglois , parce
queje connois par vos Lettres que
vous en avez eftéinftruit en France , même d'aſſez bonne heure ;
à quoy je vous prie de faire
attention icy , eft que cette entreprife qui a estéexecutée avecbeaucoupde vigueur où entr'autres,
le fieur de la Ronde , d'une ancien="
ciennefamille de Canada s'eft dif-
86 MERCURE
tingué parfa bravoure intrigue
fort, non - feulement les Anglois
nos voiſins , mais encore ceux que
nous appellons icy les Anglois de
la Vieille- Angleterre, qui au
retour de ce qu'ils poffedent aux
Ifles - Antilles & ailleurs dans
l'Amerique, venoientfe relâcher,
ou radouber en ce Port , qui par
confequent leur eftoit fort commode.
Plufieurs des noftres difent icy
que la prife de ce Pofle & le ravage qu'on afait aux environs ,
va àfix millions. On dit que
Pefche que l'on faifoit proche la
Rade de S.Jean & aux Bancs
la
GALANT 87
voifins , valloit quatre millions de
rente à la Reine Anne. Nous
avons icy le Commandant ( le
Colonel Lloyd ) de ce Fort , prifonnieravecplufieurs Officiers, &
Soldats on Habitans de fon Gouvernement. Ila , àce qu'onpublie
dans Quebec , cent mille livres de
bien, & il veut fe marier icy &
époufer la veuve de Mr de Maricourt mort en 1704. Il eftoit
Capitaine dans cette Colonie &
freredu fameux Mr d'Yberville
qui s'eft fi fort diftingué fur mer
par fa valeur. Un Ecclefiaftique
tres-zelé, du Seminaire de Saint
Sulpice de Ville - Marie en l'Ifle
88 MERCURE
de Montreal, qui fait parfaite
ment l'Anglois , eft defcendu icy
pour travailler à la converfion de
ce Gouverneur Anglois , car
prétend, & il a témoigné librementfon deffein là-deffus , renoncer à la Religion Proteftante &
fe faire Catholique.
L'affaire de l'habitation de S.
Jean en Terre-Neuve futfuivie
d'une autre entrepriſe dans laBaye
d'Hudson , au lieu appellé le petit
Nord.
Mr Capitai- de Mantet
ne dans la Colonie enfut le Chef;
ce fut au mois d'Avril de cette
année 1709. Le Partife trouva
compofé de centhommes tous Ha.
GALANT 89
bitans & mariez pour la pluspart , mais alertes & entrepre P
nans ; Mr de la Nouě Lieutenant commandoit en ſecond ; à ces
deux Officiers s'en joignirent quel.
ques autres Subalternes ; la marche dura un peu plus de deux
mois , au bout duquel temps , nos
gens arrivez au but , déterminerent lejour de l'attaque au fixiémejour de Juillet. On choifit la
nuitpourcela: les Enfans perdus ,
je veux dire ceux qui marcherent
les premiers , donnerent brufquement & tefte baiffée fur un des
Fortsflanqué de quatre Baſtions ,
Février 1710. H
90 MERCURE
munisfelon le rapport de quelquesuns de ceux qui enfont revenus
de foixantepieces de Canon & de
plufieurs Pierriers. Des Boucaniers a qui le gardoient firent une
decharge terrible & du canon &
de leurs longs fufils qui cependant n'empêcha point ces premiers
des noftres , de pouffer leur pointe
avec une ardeur étonnante , de
rompre la paliẞade faite de gros ·
a Gens déterminez, Chaffeurs , propres
à la découverte , foit dans les terres
foit en mer; on pourroit les appeller
Flibuftiers de terre , auffi bien quede
mer. Les Boucaniers vivent fans façon de chair rôtic plus à la fumé
qu'au feu..
GALANT 91
un
pieux de traverſer un foffe
plein d'eau , large de quinzepieds,
qui estoit au de- là ; comme le feu
de l'Ennemy eftoit violent & continuel , & que le canonfaifoit
fracas horrible , & qu'avec cela
le nombre des Soldats oppofez aux
moftres eftoit tout-à-faitfuperieur,
il fallut fe retirer.
Mrde Mantet qui s'eft particulierement fignalé dans cette action , une des plus vives qui fe
foit faite en Amerique , y a efté
tues MrdeMartigny & douze
on quinze Canadiens ont eu le
mêmefort.
Hij
92 MERCURE
Les Anglois de la Vieille er de
la Nouvelle Angleterre ont efté
cette année dans de grands mouvemens pour s'emparer , fuivant
leur deffein , des trois Gouvernemens de la Colonie ; il neferoit
pas facile de vous expliquer combien ilsfe font remuez pour celae
voicy à peu prés la manœuvre
qu'ils ontfaite pourl'execution
ce projet.
uer.comDés que les Anglois de la Nouvelle Angleterre , & furtout ceux
de Bafton qui en eft la Capitale ,
eurentfçu certainement laprife de
leur Habitation du Port S.Jean ,
une des plus confiderables , ſans
GALANT 93
contredit , qu'ils euffent en TerreNeavepour la Pefche & lafureté de leurs Vaiffeaux qui paſſent
ouquireviennent d'Amerique , its
en donnerent avis à la Reine Anne par de petits Baftimens qu'ils
firent partir en diligence ; de forte
que vers la fin de May, un de
nos PartisSauvages ayantpris un
Officier Anglois du cofté de Bafton,
nous apprimes de luy qu'il leur
eftoit arriué des ordres de leur
Reine , par le Capitaine V'éché ,
dont voicy le contenu , autant que
jay pû m'en reſſouvenir: Que
tous les paysde fa domination
voifins de la Nouvelle - Angle-
$
94 MERCURE
terre ; fçavoir b la NouvelleYorck , le New-Jersey , bla
Penſylvanie , Mariland ( qui
veut dire terre de Marie ) la Vir
ginie & la Caroline ( quifemble
eftre une partie de la Floride ) feroient inceffamment proviſion
de vivres & de munitions de
guerre ; Qu'il feroit levé mille
hommes bien équipez & armez , qui fe joindroient à huit
mille Ecoffois prefts à s'embarquer au premier vent favora
ble & former une Efcadre de
dix Vaiffeaux de ligne , fans
Tous ces Pays font entre les 45. & 30.
degrez de Latitude Nord.
GALANT 95
compter les Baftimens de char
ge pour les munitions & les
vivres dont on pouvoit avoir
befoin , & cela pour venir
moüiller devant Bafton à la fin
du mois de Juin. Ces Ecoffois
aidez des Anglois de la Nouvelle
Angleterre devoient , felon leur
intention , affieger Quebec &fe
rendre maiftres detoutes les Coftes
d'en bas , jufqu'à la mer;
pays devoit , dans la pensée de la
Reine, leur demeurer , pour récom
penfe de la dépense & des avan
ces faites par ces Ecoffois les
mêmes ordres de la Reine Anne
marquoient : Que les Habitans
o
7
ce
96 MERCURE
du Gouvernement d'Orange
dans New-Yorck avecceux de
Manhate & les Sauvages leurs
Alliez ou Amis , s'uniroient
enfemble pour faire un Corps
d'Armée de trois mille hommes , qui iroit tomber fur le
Montreal , & feroit ainfi diverfion des forces des François.
d'arMrle Marquis de Vaudreüil,
Gouverneur general de la Nonvelle-France ne faifoit que
river à Ville-Marie , la feule
Ville quifoitdans l'Ile de Montreal éloignée foixante lieues de
Quebec ,lors qu'il apprit les deffeins
GALANT 97
feins des Anglois nos voisins, il
affembla le Confeil de Guerre
pour déliberer fur les mesures
qu'onavoit à prendre , &on fut
d'avis d'aller au devant des Ennemis & de les prévenir. Mr de
Ramezay Gouverneur de Mont
real fut destiné pour né pour commander
les Troupes ou Milices defon Gouvernement , &l'on convint d'y
joindre les Sauvages Iroquois
Algonkins , Abnakis , les autres qui font dans le voisinage.
Tout eftant preft ne vous attendez point icy , Monfieur , à des
Arméesdecent mille hommes comme en Europe , mais à des Partis
Février 1710. I
98 MERCURE.
pluteft qu'à des Armées , proportionnez aux Habitans de ces Regions froides ) la petite Armée , ou
le Partifi vous l'aimez mieux ,
commença à fe mettre en marche
vers le 15. deFuillet, & elle fe
* trouva cftre de treize àquatorze
cens hommes ; compofée des Habitans du Gouvernement de lIfle
de Montreal & de Sauvages de
plufieurs Nations. Onfut juf
qu'au c Lac Champlain , ainfi
eCe Lac s'etend depuis le 44. environ,
jufqu'au 45. degré de latitude Septentrionale. On en diftingue deux à
fes extremitez ; c'eft-à dire au Nord
& au Sud, le Lac de S. François au
Nord, & le Lac, dit du S. Sacrement,
au Sud.
QUA
LYON
GALANT 99
DE
appellé d'un ancien Gour
de Canada de ce nom ; Mrle
Marquis de Vaudreuil qui eft
fage & tres vigilantfaifoit pendantce temps- la fortifier de nouveau Quebec & Ville Marie ,
vulgairement dite Montreal ,
l'Habitation la plus importante
de l'Ifle de ce nom. Les Forts des
environs de l'Ile de Montrealfurent vifitez &reparez où ilfalloit on s'attacha beaucoup à d
celuy de Mrle Baron de Longüeil
Major de Montreal qui eft de
d Le Fort de Longueil eft à peu prés au
Sud de l'Ile de Montreal, fur le bord
du Fleuve S. Laurent.
I ij
100 MERCURE
pierre & un desplus confiderables
dela Colonie; celuy de la Prairie,
dité de la Madeleine , au Sudde
de l'Ifle de Montrealfut auffifortifié de nouveau en même temps
que celuy de e Chambly qui eftoit
Le plus expofe aux infultes de
l'Ennemi ; on en conftruifit un de
pierres à Lorette , Miffionfauvage au Nord de Ville -Marie ,
gouvernée par Mrsde S. Sulpice.
Les Découvreurs marchant devant noftre Arméejufques à trois
ou quatre licuës , rencontrerent un
eCe Fott cft au Nord du Lac Champlain , & à environ dix lieues de la
Rivierb de S. Laurent.
GALANT 101
Parti ennemi au lieu dit la Poinre , fà la chevelure de cent vingt
hommes ou environ ; Mr de Ra
mezay le Commandantfut auſſitoft averti , ilfit rangerfes gens en
ordrede Bataille le fignal donné,
on marcha droit aux Anglois , les
noftres donnerent avec vigueurfur
l'Ennemi en tuerent on firent
Prifonniers une bonne partie
mirent le refte en fuite ; quatre
de nos Sauvages qui s'eftoient un
f Ce lieu est éloigné de Quebec d'environ 6o. lieuës , & il n'eft aing nommé qu'à l'occafion de quelques chevelares levées par des Sauvages; mes
Lettres vous ont déja dit comment
cela fe faifoit.
I iij
102 MERCURE
25.
peu trop avancez ,yfurent tuez.
Les Prifonniers nous apprirent que
les Anglois s'eftoient retranchez à
lieues en deça d'Orange , le
long d'une petite riviere , appellée
la Riviere au Chicot , g qu'ils
faifoient conftruire en cet endroit
de grands Batteaux & des Pirogues &un bon nombre de Canots pour venir ravager le Canada, à lafaveur de la Riviere de
Saint Laurent , dans laquelle ils
feroient entrez par le moyen du
Lac Champlain les Anglois
g
s
Du cofté du Lac du S. Sacrement &
vers l'entrie du Lac Champlain, dans
le voisinage de la Nouvelle- Angleterre & de New-Yorck.
GALANT 103.
avoient en effet élevé trois Forts
avec de gros & grands pieux de
bois de cedre blanc qui eft commun
dans l'Amerique Septentrionale,
dans l'un defquels on diſoit qu'ily
avoit fix ou buitpieces de canon ,
des bombes , quantitédegrenades ,
environ quinze ou dix - huit
cens hommespour les garder.
Sur le rapport de ces Prifonniers Anglois , Mr de Ramezay
affembla tous les Officiers de fa
petite Armée, le Confeil trouvantque ceferoit , cefemble , une
temerité quede s'expofer en avançant contre des Ennemis & plus
nombreux, avec cela tres - bien
I iiij)
104 MERCURE
retranchez , on prit le parti de les
attendre de pied ferme , s'ils en
vouloient venir aux mains ; cer
pendant les Efpions des Anglois
ayant rapporté àleur Camp que
noftre Armée eftoitformidable
que le Lac Champlain eftoit tout
couvert de canots , l'allarme fe mit
parmi eux , & aucun des- leurs
neparoiffant , aprésplufieursjours
d'attente , le Chefdu Parti Canadien confiderant que la recolte
dans l'Ile de Montreal & aux
contrées adjacentespreffait, &mêmé qu'elle eftoit déja commencées
renvoya la Milice & les Habitans de Montreal & des Coftes
+
GALANT 105
cela n'empêchapoint qu'on ne laiffaft des Découvreurs aux environs du Pofte que l'on quittoit ,
c'eft à dire vers les Lacs S. François , de Champlain & du S. Sacrement , celuy - cy cftant le plus.
proche des Ennemis , pour avertir
de tout en cas de befoin. La moiffonfefit pendant ce temps- là &a
efté abondante , non-feulement en
blé , mais encore en legumes & en
fruits tels qu'on les peut conferver
en Canada.
On ramaffoittranquilement les
biens que le Ciel nous avoit don
nez de fa main toute liberale , lors
que vers le 15.du mois de Septem-
106 MERCURE
bre tout à coup un Sauvage qui
avoitdefertédu Camp des ennemis».
vintdire au Montreal queles En
nemis eftoient enmarche du cofté du
LacChamplain. MrdeRamezay
envoya en diligence ce Sauvage à
Mr le Marquis de Vaudreuil
qui eftoit defcendu à Quebecpour .
j bien recevoir les Ennemis , qui
felon le bruit qui couroit, prétendoient l'affieger avec des forces
nombreuſes &par mer &parterre. Les Officiers s'eftant affemblez
chez Mrle Gouverneur general ,
onconclutque le Montrealfe trouvant endanger, ilfalloit lefecou
courir, les Découvreurs que Mr
GALANY 107.
deVaudreuilavoit envoyez àplus
de foixante lieuës au - deffous de
Quebec , ne voyant rien fur le
Fleuve nyfur les Coftes ; l'ordre
ayant donc efté donnépour monter
le Fleuve de S. Laurent , il fe
trouva mille hommes du Gouver
ment de Quebec , preſts à marchers
Mr le Marquis deVaudreuil General de toute la Colonie , fe mit
à la tefte & fut droit au Fort
Chambly, vers l'entrée du Lac
Champlain tous les Sauvages
d'enbas premierement ceux des
environs de Quebec & des trois
Rivieres , fejoignirent à la Milice de la Cpitaledu Canada. Ace
108 MERCURE
Corps de Troupes fe joignit celuy
du Gouverneur de Montreal Mr
de Ramezay , ce qui forma une
Armée d'environ trois mille hom
mes. Le lieu du Campfut affigné
auLac & Fort de Chambly affez
prés du LacS. François quife communique à celuy de Champlain
mais comme aprés trois semaines
ou environ , l'Ennemi ne faifoir
aucun mouvement , on commença
à fe défier du Sauvage deferteur
de fon rapport: ce futen cette
fituation que Mr le Gouverneur
general reçut avis de Quebec , au
commencement d'Octobre , que la
Bellone Fregatte Françoise venois
GALANT 109
"de mouiller devant cette Ville , &
que l'Efcadre Ecoffoife deftinée
pourfaire le Siege de la Capitale
du Canada & favorifer l'attaque
des Anglois par en haut , c'est- àdire du cofté de Montreal , avoit
eu ordre de la Reine Anne de faire
voile vers le Portugal , à caufe
que MrleMarquis de Bay Commandant en Eftramadoure pour
PhilippeV. Roy d'Espagne, avoit
battue défait les Portugais &
les Anglois leurs Alliez. Mr le
General les Officiers de l'Armée Canadiennejugeantdoncqu'il
n'y avoit plus rien à craindre , la
faifon d'ailleurs eftant fort avan
براج
110 MERCURE
cée , on congedia la plupart des
Troupes. Neanmoins MrdeVaudreüil permit à Mr de Montigny
Capitaine tres-brave defaperfonne , que vous avez pu voir à la
Courily a quelques années , accompagné d'un ChefdesSauvages de la nation des Abnakis , de
fe mettre à la tefte d'un petit Parti, compofé de Canadiens experimentez &de Sauvages aguèrris,
pour tacher defaire quelques Prifonniers. Quelques- uns de ce petit
Parti , s'avancerent fi prés des
Forts des Anglois , qu'ils en fçûrent aisément & le nombre
forme. Fuſques à prefent , nous
la
*
GALANT III
n'avons perdu aucun des noftres ,
fice n'eft quatre Sauvages qui s'étoient engagez trop avant , dans
-le combat fous Mrde Ramezay.
Les Ennemis, fi on en croit un
Anglois amené depuis peu par un
Sauvage Abnaki , appellé Carnaret , efperent executer l'année
prochaine ce qu'ils n'ont pas fait
・
celle-cy.
La conclufion de toute la manœuvre des Anglois nos voisins &
de tout ce qu'avoit projetté leur
Reine , eft qu'il leur en coûte environfix millionspour le tout. On
compte cinq millions cinq ou fix
recent mille livres pour la Flotte
112 MERCURE
d'Ecoffe , fur lefquels cinq mil
lions , la Reine avoit fourni la
fomme de cinq ou fix cens mille
Livres , pour encourager les Ecoffois à fe rendre maiftres de toute
la Nouvelle- France , &environ
un million , tant au Baftonnois
qu'à ceuxde la Ménade on Manhate e d'Orange à qui la Reine
Anne donnoit en recompenfe tout
le Pays de Canada qui eft depuis
l'Ile de Montreal jufqu'à Quebec.
Lefuccés n'ayant point répondu à l'atente des Peuples de la
Nouvelle- Angleterre , de NewYork , & autres Pays fujets àla
CALANT 113
Reine Anne en Amerique , fur
lefquels on avoit levé de rudes
impôts & tiré d'exceffives contributions , ils commencent déja à
temoigner hautement leur mécontentementfur tout contre Pitref
culle , Major d'Orange , le principalboute-feu de la Guerre alumée contre nous qui jufqu'à .
prefent les à leurré de vaines
promeffes , leur faifant entendre
qu'il attireroit dans le parti de
l'Angleterre toutes les Nations
Iroquoifes par de magnifiques &
de riches prefens ; fur de fi belles
paroles les Habitans d'Orange,
d'Efope , & de Corlard , abanFévrier 1710.
K
114 MERCURE
#
donent leurs habitations &leurs
biens , courent aux armes.
Ceux de Manhate qui eft da
principale Place de la NouvelleYork , avec leur Gouverneur fe
·laiffent auffi éblouir par les difcours qu'on a foinde femer parmy.
eux , les Habitans de Bafton les
entrainent comme , malgré eux
dans cet expedition ; ils fe mettent
en marche , charient quantité
de provifions de bouche , bâtiffent
des Forts , pour leur fervir de
refuge en cas de défavantage , ils
fontde grandes dépenfes pour des
Convoys & des Munitons prodigieufes en Bombes , Canons ,
GALANT
Grenades , Pierriers . Toutes
ces démarches fembloient devoir
porter la terrear non feulement à
ta nouvelle France ; mais encore à
toute l'Amerique Septentrionalle ,
attirer tous les Sauvages dans
leur parti , neanmoins les Iroquois les plus aguerris d'entr'eux
nebranlentpoint , & les Sonontboüans demeurent neutres. Les
François loin de craindre les Anglois , vont au - devant d'eux ,
battent un de leur parti , font des
Prifonniers & les provoquent
de nouveau au Combat fans que
ces mêmes François ayant perdu
ancun des leurs. Tout nouvelleKij
116 MERCURE
ment nous venons de leur prendre
un Lieutenant qu'on a amené icy
Prifonnier. Une Flutte GardeCôtede Baftonavoit eſtépriſe par
nos gens avec buit Barques chargées de munitions qui alloient audevant de la Flote d'Ecoffe , qui
avoit ordre de la Reine Anne de
Se rendre maistre du Canada.
Ajoutez à cela tous nos petits
partis , difperfez çà , & là, qui
nous ont aporté plufieurs cheve
lures d'Anglois , ce qui a furieufement inquieté nos Ennemis
comptant laplupartdes Sauvages
dans leur parti,
pran
Nous avons vu icy au mois
GALANT 117
de Juillet un Phénomene qui a
fait parler diferemment bien des
fortes de ge
moyenne région de l'Air & avoit
à peu prés le difque apparent de
la Lune. Il yen eut à qui ilne
Sembla eftre qu'à la hauteur des
Arbres àdeuxcents pas d'eux,
tout Montreal l'a vu auffi- bien
que Quebec. Comme tout eft extrême en ce Pays- cy, & quepar
opofition au grandfroid , ilyfait
une chaleur exceffive en Esté
cette exhalaifon s'eft aparamment
formée d'une matiere déja toute
prefte:mais laiffons à Meffieurs
les Philofophes deviner ces effets
gens. Il parut dans la
118 MERCURE
de la nature , racontons quel
que chose qui vous touchera
peut- êtredavantage.
Les Iroquois quoyque battus
deux ou troisfois parles Outaouacs
depuis la Paix , n'ont pas encore remué , quoyque dans l'ame ,
ils ayent , à ce que quelques gens
croyent , bien envie defe vanger.
Les Aniés une des cinq Nations ,
la bonne amie des Anglois la
plus voifine de New York
incitez par nos Ennemis ,fe font
hazardez de venir , par une
lâchefurprife , lever la chevelure
à trois on quatre de nos Iroquois,
du Sant Saint Louis , à une lieuë
GALANT 119
&demie du Montreal,
Nous ménageons les Sauvages & ce n'eft pas peu de les
conferver dans la neutralité
contre lesfollicitations importunes
tres artificieufes de PeterSchuyler , vulgairement appellé
Pitre-Schulle , Major d'Elbanie où Orange en New York, fin
Renard , quipar des prefens réïterez e des difcours adroits
tâche de les metre ( au moins quelques Nations ) dans le parti des
Anglois. Mr de Jonquiere
réuffi merveilleufement auprés des
Sononthouans des Goyogouens
durant plufieurs années qu'il
120 MERCURE
efté auprés d'eux , pour les tenir
affectionnez à la Colonie , ce qui
luy a fait effuyer bien des fatigues. Mr le Baron de Longüeil
Major de Montreal , cheri de
pere en fils de ces Nations , eft allé
chez eux en Ambaffade pour Ne
gotier au moins une neutralité qui
foit ferme & pour les tenir en
refpect. La Nation des Sononthoüans femble être toute entiere.
pournous , & celle des Goyogoüins
enpartie ; ceux - cy quoyque gouvernezpar les premiers , je veux
dire par les Sononthoüans , une
des cinq Nations laplus nombreuSe,font partagez ce qu'ily a
de
GALANT 121
les
de remarquable c'est que les Iro
quois appellent les François ( en
la perfonne de leur Gouverneur
General ) leur Pere , & que
Anglois ne font confiderez chez
eux (fi peut-être on n'en excepte
les Aniez qui depuis du temps
paroiffent leurs grands amis ) que
comme leur Frere.
Voicy les morts les plus confiderables dans la Colonie , de cette
année. Mrle Marquis de Chryfaphi Gouverneur de la Ville des
Trois Rivieres , je ne vous apren
dray point icy , comme une chofe
nouvelle que cette Place eft égale
ment éloignée de Quebec , & de
Février 1710. L
122 MERCURE
Montreal , c'est ce que vous avez
pú connoître par mes precedentes
auffi-bien que beaucoup d'autres
éclairciffemens ou explications
que je ne repeteray pas dans cette
Lettre- ci, depeurde vous ennuyer.
Nous avons auffiperdu Mr de
Linetot MajordesTrois Rivieres.
Mrde Lorimier Capitaine. Mr
de Lor Biniere Doyen des Confeillers du Confeil Souverain de
Quebec un Chanoine de la
Cathedrale , ( Mr Petit ) jou
bliois le Pere ChauffetierJefuite ,
ce bon Pere-ci prétendoit il y a
quelques années avoir trouvé
le fecret de faire du pain avec
د
*
GALANT 123
certaine racine , qui auroit pû
fupléer au pain ordinaire dans un
befoin.
Je finis ma Lettre , que vous
recevez par la Bellone , petite
Fregate defeize Canons , en vous
marquant les perfonnes les plus
confiderables quipaffent en France dans ce Vaiffeau. Me la
Marquife de Vaudreuil femme
de Mrle Gouverneur General ,
s'y embarqua avec Me du Mefnil femme du Major des Troupes
de la Colonie. Mrle Vallet Chanoine de cette Ville & Secretaire
de Monfeigneurde Saint Vallier
noftre Evêque , Mr le Vaſſeur
Lij
124 MERCURE
Ingenieur envoyépar le Roy , c.
C'est avec les mêmes fentimens d'eftime & de wespect que
j'auray toujours pour vous , que
je fuis tres-parfaitement.
·
MONSIEUR,
Voftre tres- humble tresobéiffant ferviteur,
N.D.D
Fermer
Résumé : A Quebec le 12e. Novembre 1709.
En novembre 1709, une lettre décrit divers événements survenus au Canada. L'hiver 1708-1709 a été particulièrement rigoureux, avec des températures extrêmement basses et une épaisse couche de neige. Malgré ces conditions, la colonie a produit de bons fruits et la neige a fertilisé les terres. La lettre relate également des victoires militaires françaises. Les Français ont pris le Fort Saint-Jean à Terre-Neuve, dirigé par le sieur de la Ronde, causant des pertes financières significatives aux Anglais. Une autre expédition française a attaqué un fort anglais dans la baie d'Hudson. Les Anglais préparaient une grande offensive pour s'emparer des gouvernements de la colonie française, mais les Français ont renforcé leurs positions et organisé des patrouilles. Une confrontation à la Pointe à la Chevelure a vu la victoire des Français, qui ont capturé des prisonniers révélant les plans anglais de construire des bateaux pour envahir le Canada. Sur le plan militaire, les officiers français, sous le commandement de Monsieur de Ramezay, ont décidé de ne pas avancer contre les ennemis plus nombreux et bien retranchés, préférant les attendre. Les espions anglais ont rapporté que l'armée française était formidable, provoquant une alarme parmi les Anglais. Monsieur de Vaudreuil, gouverneur général, a rassemblé une armée de trois mille hommes près du lac Champlain. Après trois semaines sans mouvement ennemi, les Français ont appris que la flotte écossaise destinée à attaquer Québec avait été redirigée vers le Portugal. Les Français ont alors congédié la plupart des troupes. Monsieur de Montigny a mené une petite expédition contre les prisonniers anglais. Malgré leurs efforts et dépenses, les Anglais n'ont pas réussi à attirer les nations iroquoises dans leur camp. Les Français ont capturé des prisonniers et des munitions, et les Iroquois sont restés neutres. Le texte mentionne également des phénomènes naturels et des décès notables dans la colonie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 31-40
OBSERVATIONS sur le froid de l'Hiver 1709.
Début :
Il a esté étonnant que le froid de l'année 1709. [...]
Mots clefs :
Eau, Huile, Hiver, Grand froid, Gelée, Air
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : OBSERVATIONS sur le froid de l'Hiver 1709.
OBSERVATIONS
sur lefroid del'Hiver1709
Il a esté étonnant que
le froid de l'année 17°98
qui fut si extraorinaire & si
rigoureux, aie esté pendant
plusieurs jours à Paris par
un vent de Sud. Pour en
rendre raison Monsieur de
la Hire a dit queles Monragnes
d'Auvergne,qui sont
au Sud de Paris, estoient
toutes couvertes de nége;
& Monsieur Homberg,
qu'un vent du Nord tresfroid,
&qui venoit de loin
&s'étendoitloin ayant précedé,
le vent de Sud ne fut
qu'un reflux du même air
que le Nord avoit poussé,
& qui ne s'estoitéchauffé en
aucun pays. Ces deux causes
peuvent fortbiens'être
jointes.
On a sçû que dans le
même Hyver la glace du
Port de Copenhague avoit
estéépaisse de vingt-sept
pouces dans les endroits
mêmas où elle n'estoit
point accumulée. Ce faitc
c(V d'autant plus digne d'attention,
que dans la grande
gelée de 1683. la Société
Royale ayant fait mesurer
l'épaisseur de la Tamise,
quand on alloit dessus en
carosse
,
elle ne se trouva
que de onze pouces.
Cetteannée là Messieurs
de la Societé Royale des
Sciences établie à Montpellier
envoyerent à Messieurs
de l'Academie Royale
des Sciences de Paris an • Ouvrage de Monsieur Gauteron
un de leurs Associez,
pour entretenir l'union intime
qui doit estre entr'-
elles, comme ne faisant
qu'unseul Corps auxrermes
des Statuts accordez
parle Roy au mois de Fevrier
1706.
Cet Ouvrage est intitulé,
Observation sur l'évaporalion
qui arriveauxliquides
pendant le grand froid,
avec des remarques sur
quelques effets de la gelée.
Il cft surprenant que levaporation
des fluides qui
est. ordinairement causée
par un grand chaud
,
le
soit aussi parun grand
froid.
Voicy quelle est sur cela
la pensée de Mr Gauteron.
On est convaincu par
plusieurs experiences que
l'air contientun sel que
l'on croit estreàpeu prés
de la nature du Nitre.
L'air est plus condensé
en hyver que dans un autre
saison de l'année.Cette
condensationde l'air donne
lieu auxmolecules du Nitre
de se raprocher & de s'assembler
sous une plus grande
masse
,
d'où resulte avec
la même vitesse une plus
grande quantité de mouvement.
Il n'en faut pas davantage
pour faire agir ce sel
avec plus de force contre les
parties du fluide & le faire
évaporer, au lieu qu'enesté
l'évaporation des liquides
est causée par la violente
agitation de la matiere
etheré1e.
Les principales remarques
que Mr Gauteron a
faites sur la gelée de1709.
sont:
Que l'eau couverte d'huile
par-dessus &par lescôtez
a gelé environ demie
heure plus tard que l'eau
exposéeà l'air sans précaucaution
;& qu'en se gelant
elle a formé un champignon
deglace relevé d'un pouce
au dessus de la superficie
de l'huile.
Que l'huile de noixa
garanti 1* eau d'une gelée
mediocre
, ce que l'huile
d'olive n'avoit pas pu faire.
Quel'eau chaude &prê
te àboüilliragelé plus tarcl
d'environ demie heure que
la naturelle.
Que l'eau de vie, l'huile
de noix,& l'huiledeTherebentinen'ont
point gelé
du tout.
Que pendans la gelet'lu-cq>
que le ciel fûtfort serein,
le Soleil paroissoitun peu
pale.
Qu'à Montpellier les
Orangers,& les Grenadiers
ont perdu leurs feüilles &
leurs branches;que lapJus
grande partie de ces arbres
sont morts jusqu'àlaracine;
, 8. èt ce qu'on n'avoitjamais
vû dans cc Pays-là, lesLai>*
riers, les Figuiets. les Grenadiers,
les Jasmins; les
Yeuses, & quelques Chesncs
même ont eu le même
sort:Le Rhône a estégelé
jusqu'à la hauteur de douze
pieds par les couches de
glaces qui s'y sont amassées;
& l'étang de Thau ordinaiment
fort orageux, & qui
communique à la mer par
un court & large caonaI,s"eû
pris d'un bout à l'autre, ce
qui n'estoit jamais arrivé.
Enfin le dégel du 13.. de
Janvier, & celuy du ic;
, Février ont esté suivis d'un
rhume épidemique, dont
presque personne n'a esté
exempt.
Tous ces faits doivent
estredédoits de la rpême
cause, c'est- dire du changement
qui arrive à l'air
pendantla gelée.
-
Mr Gautheron dans son
memoireexplique d'une maniéréassezétendue,
en quoi
cansistexe changement
sur lefroid del'Hiver1709
Il a esté étonnant que
le froid de l'année 17°98
qui fut si extraorinaire & si
rigoureux, aie esté pendant
plusieurs jours à Paris par
un vent de Sud. Pour en
rendre raison Monsieur de
la Hire a dit queles Monragnes
d'Auvergne,qui sont
au Sud de Paris, estoient
toutes couvertes de nége;
& Monsieur Homberg,
qu'un vent du Nord tresfroid,
&qui venoit de loin
&s'étendoitloin ayant précedé,
le vent de Sud ne fut
qu'un reflux du même air
que le Nord avoit poussé,
& qui ne s'estoitéchauffé en
aucun pays. Ces deux causes
peuvent fortbiens'être
jointes.
On a sçû que dans le
même Hyver la glace du
Port de Copenhague avoit
estéépaisse de vingt-sept
pouces dans les endroits
mêmas où elle n'estoit
point accumulée. Ce faitc
c(V d'autant plus digne d'attention,
que dans la grande
gelée de 1683. la Société
Royale ayant fait mesurer
l'épaisseur de la Tamise,
quand on alloit dessus en
carosse
,
elle ne se trouva
que de onze pouces.
Cetteannée là Messieurs
de la Societé Royale des
Sciences établie à Montpellier
envoyerent à Messieurs
de l'Academie Royale
des Sciences de Paris an • Ouvrage de Monsieur Gauteron
un de leurs Associez,
pour entretenir l'union intime
qui doit estre entr'-
elles, comme ne faisant
qu'unseul Corps auxrermes
des Statuts accordez
parle Roy au mois de Fevrier
1706.
Cet Ouvrage est intitulé,
Observation sur l'évaporalion
qui arriveauxliquides
pendant le grand froid,
avec des remarques sur
quelques effets de la gelée.
Il cft surprenant que levaporation
des fluides qui
est. ordinairement causée
par un grand chaud
,
le
soit aussi parun grand
froid.
Voicy quelle est sur cela
la pensée de Mr Gauteron.
On est convaincu par
plusieurs experiences que
l'air contientun sel que
l'on croit estreàpeu prés
de la nature du Nitre.
L'air est plus condensé
en hyver que dans un autre
saison de l'année.Cette
condensationde l'air donne
lieu auxmolecules du Nitre
de se raprocher & de s'assembler
sous une plus grande
masse
,
d'où resulte avec
la même vitesse une plus
grande quantité de mouvement.
Il n'en faut pas davantage
pour faire agir ce sel
avec plus de force contre les
parties du fluide & le faire
évaporer, au lieu qu'enesté
l'évaporation des liquides
est causée par la violente
agitation de la matiere
etheré1e.
Les principales remarques
que Mr Gauteron a
faites sur la gelée de1709.
sont:
Que l'eau couverte d'huile
par-dessus &par lescôtez
a gelé environ demie
heure plus tard que l'eau
exposéeà l'air sans précaucaution
;& qu'en se gelant
elle a formé un champignon
deglace relevé d'un pouce
au dessus de la superficie
de l'huile.
Que l'huile de noixa
garanti 1* eau d'une gelée
mediocre
, ce que l'huile
d'olive n'avoit pas pu faire.
Quel'eau chaude &prê
te àboüilliragelé plus tarcl
d'environ demie heure que
la naturelle.
Que l'eau de vie, l'huile
de noix,& l'huiledeTherebentinen'ont
point gelé
du tout.
Que pendans la gelet'lu-cq>
que le ciel fûtfort serein,
le Soleil paroissoitun peu
pale.
Qu'à Montpellier les
Orangers,& les Grenadiers
ont perdu leurs feüilles &
leurs branches;que lapJus
grande partie de ces arbres
sont morts jusqu'àlaracine;
, 8. èt ce qu'on n'avoitjamais
vû dans cc Pays-là, lesLai>*
riers, les Figuiets. les Grenadiers,
les Jasmins; les
Yeuses, & quelques Chesncs
même ont eu le même
sort:Le Rhône a estégelé
jusqu'à la hauteur de douze
pieds par les couches de
glaces qui s'y sont amassées;
& l'étang de Thau ordinaiment
fort orageux, & qui
communique à la mer par
un court & large caonaI,s"eû
pris d'un bout à l'autre, ce
qui n'estoit jamais arrivé.
Enfin le dégel du 13.. de
Janvier, & celuy du ic;
, Février ont esté suivis d'un
rhume épidemique, dont
presque personne n'a esté
exempt.
Tous ces faits doivent
estredédoits de la rpême
cause, c'est- dire du changement
qui arrive à l'air
pendantla gelée.
-
Mr Gautheron dans son
memoireexplique d'une maniéréassezétendue,
en quoi
cansistexe changement
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Résumé : OBSERVATIONS sur le froid de l'Hiver 1709.
Le texte 'Observations sur le froid de l'Hiver 1709' relate un hiver particulièrement sévère à Paris, caractérisé par un vent de sud malgré la neige présente dans les montagnes d'Auvergne au sud de la ville. Deux hypothèses sont avancées pour expliquer ce phénomène. Monsieur de la Hire attribue le froid intense à la couverture neigeuse des montagnes, tandis que Monsieur Homberg propose que le vent de sud soit un reflux d'air froid provenant du nord. La glace sur le port de Copenhague a atteint une épaisseur de vingt-sept pouces, comparée aux onze pouces mesurés sur la Tamise en 1683. La Société Royale des Sciences de Montpellier a transmis à l'Académie Royale des Sciences de Paris un ouvrage de Monsieur Gauteron, qui détaille les observations sur l'évaporation des liquides en période de grand froid. Gauteron explique que l'air, plus condensé en hiver, contient un sel similaire au nitre, favorisant l'évaporation des fluides. Il observe également que l'eau couverte d'huile gèle plus tard et forme un champignon de glace, et que certaines substances comme l'eau-de-vie et l'huile de noix ne gèlent pas. À Montpellier, de nombreux arbres ont péri et le Rhône s'est gelé jusqu'à douze pieds de hauteur. Le dégel a été suivi d'un rhume épidémique. Tous ces phénomènes sont attribués à un changement dans l'air pendant la gelée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 249-264
Le Printemps glacé Idille.
Début :
Le Printemps suivi de Flore Des beaux jours & des Zephirs [...]
Mots clefs :
Printemps, Flore, Zéphyrs, Nature, Oiseaux, Plaisirs, Hiver, Rivages, Bergers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Printemps glacé Idille.
Le Printemps glacé
Idille.
Le Printemps fnivi de
Flore
Des beaux jours & des
Zepbirs
Avmt dela fait êclore
Dans nos Champs mille
plaisirs
Deja par de doux ramages
Les Oisèaux dans les
Boccazcs
Cha?ttoiern leurs tendres
langueurs
Et cejfmtd'e/trecaptives
Les Mayades sur leurs
rives
Voyoient naître mille
fleurs.
Déjà far ces fleurs
natfiantes
Les Bergers à leurs
Amantes
Racontoient le long du
jour
Combien la faison des
glaces
Avott couté de disgraces
Et de maux à leur
amour;
Enfin toute la nature
Pleine d'un ejpoir charmant
Du retour de la verdure
Marquoit joii ravtjfc*
ment.
Mais thyver impitoyable
Rend ce plaisir peu durable
Pour hanir le Printemps
il revientsurses pas
Par Us barbares outrages
On revoit sur nos rivages
Lesglaçons& lesfrimats
UAepsilonsur& terrible
ChaJJe le Zephir patjible
Et ravit à nos champs
leurs renaijjans Afpas.
Depuis que sa froide
haleine ji trihomphé des beaux
jours
Les plaisirs & les amours
Sont dt[parus dans la
Plysine
En retournant dans le
Hameau
Chaque Bergersedesespere
De s'y voir arraché dJ/auprés
desa Btrgere
PPaarrunchangement si t%,-i chaî2
nouveau.
Tandis que le Berger
pleure
Des rigeurs de la faison3
Le Laboureur à tonte
heure
En tremble poursamots
son
Voyant les écrits ell furie
Exercer le..r barbarie
Dans [es ftnilts Cuorcts
Troublé,rerrpli d'epouvanté
Il riofe plus compter la
recolte abondante
Qui l'avoit tantflate par
jes riches aprejh.
Eij7n par Vhorrible
Guerre
Que le fr. id fait sur la
Terre
Tout languit dans l'Univers
Et les Coteaux deja
verds
Quittant leur riante face
pour ceder à Ion horreur
On ne voitplus que la
trace
Des Autans pleins de
fureur.
Helas!ce triste ravage
Qui nous defoie sifort
hlt unefuneste Image
Des rigueurs de nojlre
fort
Lors'quâpres mille travtrfes
Et mille panes dtvtrfes
Nouscroyons n'avoirplus
àformerdefoubaits
Loin de voir couronner
nostre perseverance
J!~~ * Rend nos chagrins plus
vifs qu'ils ne furent
jamais.
Tel. que l'ambition
fate
Courant après les honneurs
Quelque foisalafin en
goûte les douceurs
Dans un rang éminent
ouon pouvoir éclate
Possedantyeu(onbonheur,
La fortune qui le joué
D'uninconjlant tour de
roue
Faitrincerfersa grandeur.
Vn autre dans le
Commerce
Faitsagloireblanchir
Sur teJfolr de s'enrichir
Il ness Mer qu'il ne
tratver(e
Maivgreamuillxe affreux tra-
Bravantles Vents &les
Ondes
Ilvif!telesdeux Mondes s(~ Sur ae frajjus l^atjî/')eaux
Et !orfanet'à main avare
Jîad,. } -1-", '1 ;,' 'f. rJ~ 14 i nomlr, u* amas
De ce quinaît defias rare
Da-ns tmes baarbartessCli-
Rempuaune douce a:ten-
- te
Qui h frite & qui l'enchante
Ilse remet sur la Ader
Alors un fougueux orage
A ses riches Vaisseaux
saif,ntfaire naoffrage
Il voit an fond des flots
f/oanep/poliiracbîemesr.
-
Vncoeur
Vncoeur- eexxeemmpptt des
De lamorne avarice &
de L'ambition
Oui fait toutesses delices
DJlt:ne tendrepuffion
N*apas plus de repos en
juvvatJt la tendreté
Que l'Avare craintif ny
que lt'ambitieux
ji peine sesfoins &ses
voeux
Ont touchéé ll''oobbjet qui le
blesle
Que de cet état charmant
Ilpajfe au malheur extreme
Devoir l'Ingrate quil
aime
En irJtj/ffant ses feux
courir au changernent.
C'est ainsi qu'en mille
maniérés
&aveugle& bigarre def
tin
Fait tourner nos plaisirs
en des douleurs ameres
Changeant tout eamoin
d'un matin
Mais sinos coeurs étoient
sans vices
Si nous nesuivionspoint - lesfollespajjions
Il neferoitfar nous malgrétous
(es caprices
Que defaiblesimprejfwns.
Ces Arbres dépouilleZ,
De leurs ch.r/muns feml- /:'f:S Ó, Ces fJ¡eZ.oÙ l'herbemeurt
& cceess'iriu-,:@[jea!vxgrrs',-i.c'~ee\'"f
JSïû'is donnent des leCOliS
en lt ..-,>( ?n:icts Unçaçet
r ~8 r,J 1-
¿, 3O1.- Ils Otit veufansfrémir j
1,.'JiJ ,",..- l. (.. ", l JJ
leurss^psisefpacez>
Quoique le rrintemps se
retire
Que l'hyver en comroux
reprenant Ion empire
Ravisse tonte* leurs beautés
Ils nefptccombent point
Jons tant de cruaute;:."
,DDan,zsnisci ceiiaattttoouûjjo0u14rrss
jCftitt-tii/ié?
Ces Cljcfncs reJifl-ant
aux Autels irrite^
~., .,,' ,J t L-~ ylîtendent desZcphirs le
J~ {/. f.. u 1 H~' ¿t. fJ ¡ J t¡;
retourfavorable.
,,,It J ".-J.I t.,/ .,., ,.,'.,¡Ie
Si co'mr.e eux cLins
1n'Is les revers
Dont lafjrtme nous ac-
c."v;;;e
Nousgardions un esprit
conjtant, inébranlable
Attendant en repos fil
changements divers
Notts v.-i-roris COHUrnotre vie Dans un état plus doux
& plus digne d'envie
Q^e si Con nous rendoit
jMaijïres de ÏVnivtrs.
Idille.
Le Printemps fnivi de
Flore
Des beaux jours & des
Zepbirs
Avmt dela fait êclore
Dans nos Champs mille
plaisirs
Deja par de doux ramages
Les Oisèaux dans les
Boccazcs
Cha?ttoiern leurs tendres
langueurs
Et cejfmtd'e/trecaptives
Les Mayades sur leurs
rives
Voyoient naître mille
fleurs.
Déjà far ces fleurs
natfiantes
Les Bergers à leurs
Amantes
Racontoient le long du
jour
Combien la faison des
glaces
Avott couté de disgraces
Et de maux à leur
amour;
Enfin toute la nature
Pleine d'un ejpoir charmant
Du retour de la verdure
Marquoit joii ravtjfc*
ment.
Mais thyver impitoyable
Rend ce plaisir peu durable
Pour hanir le Printemps
il revientsurses pas
Par Us barbares outrages
On revoit sur nos rivages
Lesglaçons& lesfrimats
UAepsilonsur& terrible
ChaJJe le Zephir patjible
Et ravit à nos champs
leurs renaijjans Afpas.
Depuis que sa froide
haleine ji trihomphé des beaux
jours
Les plaisirs & les amours
Sont dt[parus dans la
Plysine
En retournant dans le
Hameau
Chaque Bergersedesespere
De s'y voir arraché dJ/auprés
desa Btrgere
PPaarrunchangement si t%,-i chaî2
nouveau.
Tandis que le Berger
pleure
Des rigeurs de la faison3
Le Laboureur à tonte
heure
En tremble poursamots
son
Voyant les écrits ell furie
Exercer le..r barbarie
Dans [es ftnilts Cuorcts
Troublé,rerrpli d'epouvanté
Il riofe plus compter la
recolte abondante
Qui l'avoit tantflate par
jes riches aprejh.
Eij7n par Vhorrible
Guerre
Que le fr. id fait sur la
Terre
Tout languit dans l'Univers
Et les Coteaux deja
verds
Quittant leur riante face
pour ceder à Ion horreur
On ne voitplus que la
trace
Des Autans pleins de
fureur.
Helas!ce triste ravage
Qui nous defoie sifort
hlt unefuneste Image
Des rigueurs de nojlre
fort
Lors'quâpres mille travtrfes
Et mille panes dtvtrfes
Nouscroyons n'avoirplus
àformerdefoubaits
Loin de voir couronner
nostre perseverance
J!~~ * Rend nos chagrins plus
vifs qu'ils ne furent
jamais.
Tel. que l'ambition
fate
Courant après les honneurs
Quelque foisalafin en
goûte les douceurs
Dans un rang éminent
ouon pouvoir éclate
Possedantyeu(onbonheur,
La fortune qui le joué
D'uninconjlant tour de
roue
Faitrincerfersa grandeur.
Vn autre dans le
Commerce
Faitsagloireblanchir
Sur teJfolr de s'enrichir
Il ness Mer qu'il ne
tratver(e
Maivgreamuillxe affreux tra-
Bravantles Vents &les
Ondes
Ilvif!telesdeux Mondes s(~ Sur ae frajjus l^atjî/')eaux
Et !orfanet'à main avare
Jîad,. } -1-", '1 ;,' 'f. rJ~ 14 i nomlr, u* amas
De ce quinaît defias rare
Da-ns tmes baarbartessCli-
Rempuaune douce a:ten-
- te
Qui h frite & qui l'enchante
Ilse remet sur la Ader
Alors un fougueux orage
A ses riches Vaisseaux
saif,ntfaire naoffrage
Il voit an fond des flots
f/oanep/poliiracbîemesr.
-
Vncoeur
Vncoeur- eexxeemmpptt des
De lamorne avarice &
de L'ambition
Oui fait toutesses delices
DJlt:ne tendrepuffion
N*apas plus de repos en
juvvatJt la tendreté
Que l'Avare craintif ny
que lt'ambitieux
ji peine sesfoins &ses
voeux
Ont touchéé ll''oobbjet qui le
blesle
Que de cet état charmant
Ilpajfe au malheur extreme
Devoir l'Ingrate quil
aime
En irJtj/ffant ses feux
courir au changernent.
C'est ainsi qu'en mille
maniérés
&aveugle& bigarre def
tin
Fait tourner nos plaisirs
en des douleurs ameres
Changeant tout eamoin
d'un matin
Mais sinos coeurs étoient
sans vices
Si nous nesuivionspoint - lesfollespajjions
Il neferoitfar nous malgrétous
(es caprices
Que defaiblesimprejfwns.
Ces Arbres dépouilleZ,
De leurs ch.r/muns feml- /:'f:S Ó, Ces fJ¡eZ.oÙ l'herbemeurt
& cceess'iriu-,:@[jea!vxgrrs',-i.c'~ee\'"f
JSïû'is donnent des leCOliS
en lt ..-,>( ?n:icts Unçaçet
r ~8 r,J 1-
¿, 3O1.- Ils Otit veufansfrémir j
1,.'JiJ ,",..- l. (.. ", l JJ
leurss^psisefpacez>
Quoique le rrintemps se
retire
Que l'hyver en comroux
reprenant Ion empire
Ravisse tonte* leurs beautés
Ils nefptccombent point
Jons tant de cruaute;:."
,DDan,zsnisci ceiiaattttoouûjjo0u14rrss
jCftitt-tii/ié?
Ces Cljcfncs reJifl-ant
aux Autels irrite^
~., .,,' ,J t L-~ ylîtendent desZcphirs le
J~ {/. f.. u 1 H~' ¿t. fJ ¡ J t¡;
retourfavorable.
,,,It J ".-J.I t.,/ .,., ,.,'.,¡Ie
Si co'mr.e eux cLins
1n'Is les revers
Dont lafjrtme nous ac-
c."v;;;e
Nousgardions un esprit
conjtant, inébranlable
Attendant en repos fil
changements divers
Notts v.-i-roris COHUrnotre vie Dans un état plus doux
& plus digne d'envie
Q^e si Con nous rendoit
jMaijïres de ÏVnivtrs.
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Résumé : Le Printemps glacé Idille.
Le texte 'Le Printemps glacé' explore les effets destructeurs de l'hiver sur la nature et les êtres humains. Le printemps, initialement porteur de plaisirs et de fleurs, voit ses promesses anéanties par le retour brutal de l'hiver. Les bergers et les laboureurs, désespérés, craignent pour leurs récoltes et leurs amours. La guerre et les rigueurs de la saison exacerbent cette détresse, transformant les paysages verdoyants en scènes de désolation. Le texte établit une comparaison entre cette situation et la fortune capricieuse, capable de renverser les honneurs et la richesse. Un commerçant, après avoir accumulé des richesses, peut voir ses navires sombrer. De même, un cœur amoureux peut passer des délices au malheur extrême en étant rejeté. Ces exemples illustrent comment les plaisirs peuvent se transformer en douleurs amères. Le texte conclut en soulignant que les cœurs sans vices, ne suivant pas les passions folles, ne seraient pas soumis aux caprices de la fortune. Les arbres et les fleuves, bien que dépouillés, résistent aux cruautés de l'hiver et attendent patiemment le retour du printemps, symbolisant une résilience et une constance face aux revers de la fortune.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 1042-1044
STANCES SUR LA FIEVRE.
Début :
Monstre produit par les Enfers, [...]
Mots clefs :
Fléau, Fièvre, Corps, Brûlantes veines, Poison, Hiver, Froidure, Poumons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : STANCES SUR LA FIEVRE.
STANCE S.
SUR LA FIEVRE.
Monstre produit par les Enfers ,
Triste fruit des amours d'une horrible Furie ,
Noir fleau , dont la barbarie ,
Se plaît à desoler tout ce vaste Univers ,
Contre toi je brûle d'écrire ,
( Muses , Phébus , je ne veux rien de vous , )
Le feu que sa rage m'inspire ,
Mieux que le Dieu des Vers , peut servir mon
conrroux,
Jusques à quand , Fievre maudite ,
Eprouverai -je encor tes brulantes fureurs ?
Je cede enfin à tes horreurs ,
N'est-il pas temps , helas ! que ton ardeur nie
quitte ?
Depuis qu'à mon débile corps ,
Tu fais sentir une guerre cruelle ;
Déja sur ces aimables bords ,
La saison du Printemps deux fois se renouvelle,
Sous mille divers changemens ;
A me persecuter toujours ingenieuse ;
Je
M A Y 1043
17318
Je vois ta malice odieuse ,
Se plaire à mépriser les plus cruels tourmens :
Tantôt, de même qu'en nos Plaines ,
Se précipite un Torrent furieux ,
Tuviens dans mes brulantes veines ,
Répandre ton poison en cent bouillons de feux .
Je te vois changeant de nature ,
Du plus affreux hyver emprunter les glaçons ;
Je ressens tes mortels frissons ,
Porter jusqu'en mon coeur une ardente froidure,
Au milieu même de l'Eté ,
Mon sang glacé , se fige dans ma veine
L'Air par mon soufle est infecté ,
;
Mes poumons oppressez le respirent à peine.
粥
Tantôt appaisant ses rigueurs ,
Tu caches dans mon sein le venin qui me tuë ,
Jusqu'en mon coeur il s'insinuë ,
J'y sens bien-tôt couler de mortelles langueurs ;
La pâleur , l'affreuse tristesse ,
Le noir chagrin , l'ennui , suivent tes pas ,
Enfin une prompte foiblesse ,
Me conduit à pas lents aux portes du trépas?
Ma foible raison offensée ,
Ciij Par
1044 MERCURE DE FRANCE
Par le poison brulant de tes noires fureurs ,
1
S'égare enfin dans les horreurs ,
Dont la sombre vapeur la tient embarassée ,
Je vois des Monstres odieux ,
Mille dangers, mille erreurs passageres ,
Souvent des transports furieux ,
Sont les tristes effets de tes noires chimeres.
$2
A qui pourrois-je avoir recours ?
J'implore en vain le fils du Dieu qui nous
éclaire ;
Ses herbes , son Art salutaire ;
Rien ne peut arrêter ton redoutable
cours
Si quelquefois
ta barbarie
,
Pour un moment semble se ralentir ,
Bien- tôt avec plus de furie ,
Ta renaissante ardeur vient se faire sentir.
Le mortel poison qui m'enflâme
Envenime pour moi les jeux et les plaisirs ;
Le dégout suit tous mes desirs ,
L'Amour même , l'Amour ne peut rien sur mon
ame
Ah ! c'est trop vivre sous ta Loi ;
Bien - tôt la mort doit être mon partage ,
Cruelle , je l'attends de toi ,
Mais je meurs trop content de voir périr ta rage,
*
Esculape.
R. D. R. de Dijon.
SUR LA FIEVRE.
Monstre produit par les Enfers ,
Triste fruit des amours d'une horrible Furie ,
Noir fleau , dont la barbarie ,
Se plaît à desoler tout ce vaste Univers ,
Contre toi je brûle d'écrire ,
( Muses , Phébus , je ne veux rien de vous , )
Le feu que sa rage m'inspire ,
Mieux que le Dieu des Vers , peut servir mon
conrroux,
Jusques à quand , Fievre maudite ,
Eprouverai -je encor tes brulantes fureurs ?
Je cede enfin à tes horreurs ,
N'est-il pas temps , helas ! que ton ardeur nie
quitte ?
Depuis qu'à mon débile corps ,
Tu fais sentir une guerre cruelle ;
Déja sur ces aimables bords ,
La saison du Printemps deux fois se renouvelle,
Sous mille divers changemens ;
A me persecuter toujours ingenieuse ;
Je
M A Y 1043
17318
Je vois ta malice odieuse ,
Se plaire à mépriser les plus cruels tourmens :
Tantôt, de même qu'en nos Plaines ,
Se précipite un Torrent furieux ,
Tuviens dans mes brulantes veines ,
Répandre ton poison en cent bouillons de feux .
Je te vois changeant de nature ,
Du plus affreux hyver emprunter les glaçons ;
Je ressens tes mortels frissons ,
Porter jusqu'en mon coeur une ardente froidure,
Au milieu même de l'Eté ,
Mon sang glacé , se fige dans ma veine
L'Air par mon soufle est infecté ,
;
Mes poumons oppressez le respirent à peine.
粥
Tantôt appaisant ses rigueurs ,
Tu caches dans mon sein le venin qui me tuë ,
Jusqu'en mon coeur il s'insinuë ,
J'y sens bien-tôt couler de mortelles langueurs ;
La pâleur , l'affreuse tristesse ,
Le noir chagrin , l'ennui , suivent tes pas ,
Enfin une prompte foiblesse ,
Me conduit à pas lents aux portes du trépas?
Ma foible raison offensée ,
Ciij Par
1044 MERCURE DE FRANCE
Par le poison brulant de tes noires fureurs ,
1
S'égare enfin dans les horreurs ,
Dont la sombre vapeur la tient embarassée ,
Je vois des Monstres odieux ,
Mille dangers, mille erreurs passageres ,
Souvent des transports furieux ,
Sont les tristes effets de tes noires chimeres.
$2
A qui pourrois-je avoir recours ?
J'implore en vain le fils du Dieu qui nous
éclaire ;
Ses herbes , son Art salutaire ;
Rien ne peut arrêter ton redoutable
cours
Si quelquefois
ta barbarie
,
Pour un moment semble se ralentir ,
Bien- tôt avec plus de furie ,
Ta renaissante ardeur vient se faire sentir.
Le mortel poison qui m'enflâme
Envenime pour moi les jeux et les plaisirs ;
Le dégout suit tous mes desirs ,
L'Amour même , l'Amour ne peut rien sur mon
ame
Ah ! c'est trop vivre sous ta Loi ;
Bien - tôt la mort doit être mon partage ,
Cruelle , je l'attends de toi ,
Mais je meurs trop content de voir périr ta rage,
*
Esculape.
R. D. R. de Dijon.
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Résumé : STANCES SUR LA FIEVRE.
Le texte décrit la fièvre comme un monstre issu des Enfers et un fléau barbare. Le narrateur souhaite écrire contre elle, sans l'aide des Muses ou de Phébus, tant la rage qu'elle lui inspire est intense. Il déplore les souffrances qu'elle inflige, persistantes même avec l'arrivée du printemps. La fièvre est caractérisée par des symptômes variés : chaleur et froid alternés, pâleur, tristesse et faiblesse mortelle. Le narrateur se sent impuissant face à ce mal, les remèdes d'Esculape étant inefficaces. Il attend la mort comme une délivrance, espérant que la fièvre périra avec lui.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 1181
« L'Hyver qui a été assez rude cette année, n'a point encore fait place à la belle [...] »
Début :
L'Hyver qui a été assez rude cette année, n'a point encore fait place à la belle [...]
Mots clefs :
Hiver
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'Hyver qui a été assez rude cette année, n'a point encore fait place à la belle [...] »
L'Hyver qui a été assez rude cette année
, n'a point encore fait place à la belle
Saison , le vent du Nord régne toûjours ,
et presque point de puye dépuis trés
longtemps , ce qui et géneral dans toute
PEurope ; on se plaint par tout du grand
froid de l'Hyver , et de la longue secheresse.
On écrit de Milan qu'elle y étoit
si grande au commencement du mois dernier
, qu'on n'en avoit jamais vû de pareille
au plus fort de l'Eté , tout paroissant
brûlé à la Campagne comme dans
l'ardeur de la Canicule.
, n'a point encore fait place à la belle
Saison , le vent du Nord régne toûjours ,
et presque point de puye dépuis trés
longtemps , ce qui et géneral dans toute
PEurope ; on se plaint par tout du grand
froid de l'Hyver , et de la longue secheresse.
On écrit de Milan qu'elle y étoit
si grande au commencement du mois dernier
, qu'on n'en avoit jamais vû de pareille
au plus fort de l'Eté , tout paroissant
brûlé à la Campagne comme dans
l'ardeur de la Canicule.
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Résumé : « L'Hyver qui a été assez rude cette année, n'a point encore fait place à la belle [...] »
L'hiver 2023 en Europe a été exceptionnellement rigoureux et prolongé, marqué par un vent du Nord dominant et une longue absence de pluie. Cette situation a causé un froid intense et une sécheresse généralisée. À Milan, la sécheresse début janvier surpassait celles d'été, laissant les campagnes semblables à des terres brûlées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 2053-2066
LETTRE écrite à M. Adam, Medecin, sur la secheresse de la presente année 1731. et sur la maladie des Bestiaux en certains Pays.
Début :
Nous sommes, Monsieur, dans une année distinguée par la secheresse extrême [...]
Mots clefs :
Sécheresse , Bétail domestique, Bêtes fauves, Cerfs, Hiver, Prières publiques, Palestine, Chrétiens, Évêque de Lyon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite à M. Adam, Medecin, sur la secheresse de la presente année 1731. et sur la maladie des Bestiaux en certains Pays.
LETTRE écrite à M. Adam, Medecin,
surla secheresse de la presente année 1731 .
et sur la maladie des Bestiaux en certains
Pays.
'Ous sommes , Monsieur , dans une
Narinée distinguée par la secheresse extrême
qui y a regné , et qui y regne encore.
Je ne sçai si nous ne pourrions pas
la comparer à celle dont parle S. Grégoire
de Tours sur la fin de Histoire de
France , et dont il dit : Siccitas immensa
>
fuit que omne pabulum herbarum avertit.
A iij
Cet
2034 MERCURE DE FRANCE
Cet Historien du sixiéme siecle , qui en
fut le témoin, ajoûte que les Quadrupedes
en souffrirent beaucoup , et qu'il en mourut
un si grand nombre , qu'à peine en
resta- t'il pour perpetuer la race , et il
applique à cette occasion ce que dit le
Prophete Habacuc : Abscindetur de ovili
pecus , & c. (a) Il ajoûte que ce ne fut pas
seulement sur le Bétail domestique que
s'étendit le mal , mais encore sur les bêtes
fauves , et qu'on trouvoit dans les Forêts
les Cerfs et autres animaux étendus morts
sur la place .
L'expérience du passé ayant fait craindre
que pareilles choses n'arrivassent de
nos jours , on a sagement prévenu le mal
en plusieurs endroits du Royaume : on
a eu recours aux Intercesseurs qui sont
les Saints , et on s'est mis sous la protection
de ceux qui sont regardez comme les
Tutelaires des Lieux , et il paroît qu'on
s'en est bien trouvé. Une remarque cependant
que quelques- uns ont faite , est
qu'il leur a semblé que les Diocèses dont
S. Etienne est Patron ont été privilegiez
et qu'ils ont eu de la pluye en abondance
(4) Je rapporte ici ce Passage suivant la Vul-
S. Grégoire le cite selon la Version qui
avoit cours dans les Gaules de son temps. Defieient
ab csca oves , Úc.
avánt
SEPTEMBRE . 1731 2055
avant les autres. Il y en a en France au
moins une douzaine ; mais je ne puis cer
tifier le fait qu'à l'égard de deux de ces
Diocèses où je me suis trouvé vers la saint
Jean derniere , dans le temps que ces
pluyes sont venues après la secheresse
commencée au mois de Fevrier . Aussi peutêtre
ne faisoit-on pas des Prieres dans tous,
et peut- être que
dans les lieux où l'on en
faisoit , on n'interroissoit pas également
S. Etienne dans ce qu'on vouloit obtenir .
Ce qu'il y a de certain c'est que depuis la
révelation faite au Prêtre Lucien , dans un
temps de secheresse , que Dieu écouteroit
les Prieres de son Peuple , appuyées de
l'intercession de S. Etienne , et qu'il en
auroit pitié , on a toûjours eu dans l'Eglise
une grande dévotion envers ce saint
Martyr , lorsqu'il a été besoin d'obtenir
la cessation de cette espece de calamité.
Le souvenir de ce qui étoit arrivé au commencement
du V. siecle pendant cette
secheresse d'hyver qui fut si fatale aux
biens de la Terre dans la Palestine , a toûjours
été present à ceux qui lisent l'Histoire
avec attention .
Je prévois dans ce moment que plus
d'une personne seront frappez de ma remarque
; mais je les prie d'observer les
Livres où sont marquées les Prieres pu-
A iiij bliques
056 MERCURE DE FRANCE
bliques de l'Antiquité pour les temps d'af-
Aliction , et ils verront que l'invocation
de S. Etienne y est marquée avec distinc-
´tion . Ce n'est donc pas la faute de nos ancêtres
, si le fait historique d'une pluye
salutaire esperée et obtenue par l'intercession
de S. Etienne , commence à être mise
en oubli . Ils ont toûjours eû soin d'en
inserer quelque chose dans leurs Livres
de l'Office divin , y faisant entrer la Revelation
du Prêtre Lucien , tant en chant
qu'en lecture. Mais depuis que l'on n'en
chante plus rien et qu'on se contente d'en
lire un abregé très- succint , où il n'est
point fait mention de cet évenement , it
est à craindre qu'on n'oublie le fait , ou
du moins qu'on ne l'ait plus si present à
l'esprit .
و
Il en étoit resté quelque vestige dans le
Breviaire de Sens de l'an 1702.à l'Office de
l'Invention deS.Etienne; on s'est fait depuis
ce temps- là un systême qui n'a point permis
que la memoire de ce trait historique
entrât dans l'Office refondu en 1726.Je ne
sçai s'il en sera de même dans toutes les
Eglises. Je tonnois un Chapitre insigne
où il sera difficile d'oublier tout-à-fait
cette ancienne Histoire : l'antiquité des
moyens temps y a pourvû d'une maniere
singuliere ; je ne veux pas la rapporter à
present ,
SETEMBRE. 1731. 2057
present. Au reste Saint Etienne n'est
pas le seul Saint par l'intercession duquel
on ait eu confiance d'obtenir de
la pluye dans les temps de secheresse.
Il paroît seulement qu'il est le premier
dont les Reliques ayent occasionné ce
secours salutaire , et c'est l'époque que.
l'on peut donner à l'antiquité de l'usage
de porter en Procession les Reliques
des Martyrs dans les temps de calamité.
à
Quelques années avant cette désolation
qu'on fixe à l'an 415. la Palestine s'étoit
ressentie d'une semblable affliction. La
secheresse avoit duré dans l'année 394.
ou 395. durant le mois de Die et d'Appellée
, qui sont deux mois de l'hyver
répondant à Novembre et Décembre ,
quelques jours près. Un S. Evêque nouvellement
placé sur le Siege de Gaze , obtint
miraculeusement de la pluye , au
moins pour son Territoire. L'Histoire en
est si curieuse qu'on ne peut la rendre
trop publique en ce temps- cy. Les Idolâtres
de cette Ville étoient allez au Temple
de Marnas , pour y prier et sacrifier ,
croyant que Marnas étoit maître de la
pluye , et qu'il étoit Jupiter même . Ils
continuerent leur chant pendant sept
jours ; mais le voyant sans effet , ils s'en'
retour2058
MERCURE DE FRANCE
retournerent à leurs ouvrages. La vie de
S. Porphyre , Evêque de cette Ville , écrite
par Marc , son Disciple , témoin oculaire ,
rapporte ensuite comment ce saint Prélat
eut le crédit d'obtenir de l'eau du Ciel.
Les Chrétiens , au nombre de 280. étoient
accourus à lui pour le prier de demander
à Dieu la cessation de la secheresse . Il ordonna
d'abord un jeûne , et commanda
qu'on s'assemblat le soir dans la grande
Eglise pour y celebrer les Vigiles , et cette
nuit-là , dit l'Ecrivain qui étoit un des
Diacres , nous y fimes trente Prieres , avec
autant d'agenouillemens , sans compter la
Psalmodie et les Leçons . Le récit de ce
Diacre témoin , appellé Marc , étant trèspropre
à prouver l'antiquité des usages
de l'Eglise Catholique , j'emprunterai ici
ses propres termes . Le matin , continuë- t'il ,
S. Porphyre faisant porter la sainte Croix
devant nous , nous marchames en chantant
des Hymnes vers l'Occident de la Ville , et
allâmes à la vieille Eglise de S. Asclepas
et là nous fimes autant de Prieres que dans
La grande Eglise. Puis nous allâmes à saint
Timothée , où sont les Reliques de sainte
Meure, Martyre, et de sainte Thée, qui a été
mise au nombre des Confesseurs , et y ayant
encore fait autant de Prieres et d'agenowil-
Lemens , nous retournâmes à la Ville ; fil
étoit
SEPTEMBRE. 1731. 2059
étoit trois heures après midi , ) et nous la
trouvâmes fermée; car les Payens vouloient
dissiper la Procession. Nous nous y
tinmes
deux heures sans qu'on voulût nous ouvrir :
et pour lors un vent de midi commença à convrir
le Ciel de nuées , et dès que le Soleilfut
couché, il fit une grosse pluye avec Tonnerre,
et les Payens voyant ce Miracle , nous ouvrirent
et vinrent avec nous à la grande
Eglise , disant : Christ est le seul Dieu. Il
plut donc depuis le buit d'Audynée jusqu'au
dix. (Audynée est le Janvier des Romains ,
hors qu'il commence cinq jours plutôt ,
comme les autres mois. ) L'onze nous celebrâmes
le saint jour de la Théophanie s et
il y eut cent cinq Payens convertis.
Il y a en France une Ville Episcopale
que je connois particulierement , où les
Prieres de cette presente année ont été
reglées à peu près sur le plan de celles
qu'on voit ordonnées par S. Porphire , et .
l'on a eû la consolation d'être exaucé le
lendemain du jeûne qui accompagna la .
ceremonie.
Mais revenons à la mortalité des Bestiaux
. C'est ordinairement la grande secheresse
qui la cause , parce que la secheresse
excessive brûlant l'herbe des Prez , les
animaux se trouvent obligez de brouter
les feuilles des arbres , aux feuilles des-
A vj quels
2060 MERCURE DE FRANCE
quels sont attachez certains Insectes qui
leur sont nuisibles. C'est une expérience
qu'on m'écrit avoir été faite en Bourgogne
au mois de Juin dernier. Elle suffit
ce me semble , pour assurer qu'Agobard,
Evêque de Lyon , avoit grande raison de
se mocquer de ceux qui croyoient de.
son temps que la mortalité qui regna sur
les Bestiaux , venoit d'une certaine poudre
des Maleficiers envoyez par le
Duc de Benevent , répandoient par la
campagne , et que le vent faisoit entrer
dans les narines des Boeufs et des Vaches.
Cette mortalité remarquable arriva en
l'an 810. Il ne faut pas songer à d'autres
causes dans celles qui arrivoient aux temps
de secheresse , qu'aux Insectes attachez
sous les feüillages.
que
Je ne sçai si celle qui arriva sous le
Roi Chilperic I. après la Bataille donnée
à Chateau -Meillan , en Berry , procedoit
d'un pareil principe ; elle fut si grande ,
au rapport de Gregoire de Tours , qu'après
qu'elle eut cessé , on regardoit comme
une chose merveilleuse de trouver une
Vache ou un Cheval sur pied . Sigebert
marque aussi dans sa Chronique à l'an
1137. qu'il y eut une si grande secheresse
en France , que de memoire d'homme
on n'en n'avoit vû de semblable. Il dit
qu'elle
SEPTEMBRE. 1731. 206
qu'elle fit tarir les Fontaines , les Puits ,
et même des Rivieres ; mais il n'ajoûte
pas si elle fut suivie d'aucune mortalité.
Il paroît que les paroles de l'Antiennedu
vieil Office de S. Etienne conviendroient
à merveille en ces ocsasions , et
qu'on peut les adresser à ceux dont il dépendroit
d'obtenir de la pluye par l'intercession
des Saints , mais qui moins diligens.
que S.Porphyre de Gaze , differeroient de
prendre cette voye. Nonne vides quanta
sit siccitas et tribulatio in toto mundo , et tu
negligenter agis ? On connoît à ce langage
alec'est le vieillard Gamaliel qui reprend
Lucien , de la négligence qu'il apportoit à
Gire proceder à la découverte du Corps de
S. Etienne , dont on attendoit le soulageanent
qui étoit si necessaire.J'ai trouvé ces
paroles dans les anciens Breviaires de Langres
et de Toul ; mais il y a une autre Eglise
queje ne veux pas nommer, où l'on chante
Cette Antienne avec une particularité qui
Rous divertira. Comme c'est le soir du
second jour d'Août , veille de l'Invention
de S. Etienne , l'un des Patrons de cette
Eglise, que cette Antienne se présente dans
l'Office , et que c'est au troisiéme Nocturne
,temps auquel la saison permet d'avoir
le gosier desseché après avoir déja chanté
deux grands Nocturnes ; on m'a assuré
qu'aussi-
1
1
2062 MERCURE DE FRANCE
qu'aussi - tôt et à l'instant que cette Antienne
est notifiée ou intimée , arrivent
au Choeur des Bedeaux ou Huissiers d'Eglise
avec des brocs de vin et des tasses .
et qu'ils y font la ronde , en offrant du
vin à tous ceux du Clergé qui en souhaitent
; bien plus , que selon la maxime ne
potus noceat , une ou deux autres personnes
portent sur un bassin des Biscuits ou
des Macarons, et en présentent à ceux qui
veulent redoubler. C'est ainsi que la gran
de secheresse ou chaleur causée au palais
par le chant , se trouve fort à propos hu
mectée et agréablement rafraîchie. Com
me je n'approfondis pas beaucoup les Ru
briques , je ne me suis pas informé si le
Breviaire ou l'Antiphonier marque dupli-,
catur à cette Antienne ; je crois cependant
que non , parce que c'est un Chapitre où
F'on ne suit pas le Breviaire Romain .
Je parierois bien , Monsieur , qu'en lisant
cecy , vous en faites l'application à
quelque Chapitre de l'Allemagne. Si cela
est , je puis vous certifier que vous vous
trompez. Mais je connois une autre pratique
usitée dans les Eglises de la Campagne
du côté de cette Region . Les Sta
Legian 1604*
tuts Synodaux de Metz de l'an 1604
m'ont donné occasion d'en être instruita
Par un article de ces Statuts , il est enjointaux
SEPTEMBRE. 1751. 2063
aux Curez , ut aboleant profana tonitrualia
festa cum paganismum redoleant , cæterasque
vanas observationes pro curandis et conservandis
pecoribus. Remarquez en passant
que les bestiaux sont toûjours en butte à
quelque adversité , que les soins ingénieux
des Paysans sçavent détourner ou faire cesser,
autant qu'il est en eux. Je ne pouvois
deviner ce que c'étoient que ces Fêtes Tonitruales,
qui paroissent influer sur la conservation
des bestiaux, mais j'en ai eu d'expli
cation d'une personne très - versée dans
toute l'Antiquité, et principalement dang
celle du Pays Messin et des environs.
Ce Sçavant m'a écrit que cette cere
monie s'appelle la Fête du Tonnerre: qu'elle
a été abolie presque par tout le Diocèse ,
mais que le voisinage du Diocèse de Tré
ves est cause qu'on n'a pû l'abolir entierement
dans le canton du Diocèse de
Metz , qui confine avec l'Allemagne , et
qu'elle est réservée dans quelques Paroisses
de ces quartiers- là . Cette Fête consiste
à celebrer certains jours de l'année
avec son des Cloches , Messe haute et avec
plusieurs ceremonies superstitieuses dif
ferentes , selon les lieux . On croit que
par ce moyen l'on est préservé du Tonnerre
, et qu'il tomberoit infailliblement
sur le lieu , si l'on n'y celebroit pas cette
Fête.
2064 MERCURE DE FRANCE
Fête .C'est un usage commun dans les Dio
cèses de Tréves , de Spire , de Cologne, de
Mayence , & c L'ancien Calendrier des
Romains , quoique rempli de Fêtes , n'avoit
point celle - la. Il peut se faire qu'elle
ait eu une origine pieuse dans le Christianisme
, et que dans la suite on ait dégeneré.
Le Méteore du Tonnerre étant
inconcevable dans ces effets , est souvent
nuisible , non -seulement aux animaux de
la Campagne , mais encore aux Hommes
et aux Edifices. Il est cependant hors de
toute apparence de croire que jamais il
ne tombe dans les Diocèses que je viens
de nommer , quoiqu'on y soit exact à
celebrer sa Fête ; il est , au contraire, certain
que de tant de milliers de Paroisses
qu'il y a en France où l'on ne la celebre
pas , à peine y en a- t'il vingt ou trente
par an qui ayent le malheur d'en être
frappées.
Je ne vous celerai point, Monsieur, que
quoiqu'on passe pour être plus éclairé en
France qu'on ne l'est en Allemagne , j'ai
trouvé des Villages en Champagne , où
les Paysans ont la même idée de certains
de nos Saints , que les Payens de la Ville
de Gaze avoient de l'Idole Marnas , dont
je vous ai parlé. Il y a de ces Villages où
l'on croit bonnement que S. Abdon
Martyr
SEPTEMBRE. 1731. 206)
Martyr de la Perse , du trente Juillet ,
est Maître du Tonnerre , et qu'il . en
peut disposer comme il lui plaît. C'est
pour cela , me disoit un jour un de ces
Paysans , c'est pour cela que notre Curé ne
manque jamais defaire la Fête de S. Abdon
de bonne heure ; il en fait grande solemnité
dans l'Octave de la Fête - Dieu , avant que
les grandes chaleurs viennent ; et personne ne
se dispense de venir ce jour-la au Service.
Encore si c'étoit de S. Jacques le Majeur
qu'ils eussent cette idée , ou de S. Jean
Evangeliste son frere , on diroit que cela
a quelque fondement dans le langage de
l'Evangile ; mais je vous avoue mon ignorance
touchant le rapport qu'a S. Abdon
avec le Tonnerre. c'est dommage que
S. Ceadde , Evêque de Lindisfarne , dont
parle le venerable Bede , n'ait pas sçû
le secret de nos Diocèses Allemans ; il se
seroit tenu fort tranquille lorsqu'il tonnoit
, lui , qui non - seulement se mettoit
alors en priere , mais y faisoit encore met.
tre les autres.
Au reste , Monsieur , quoique j'aye
attribué cy-dessus aux grandes secheresses
la mortalité des Bestiaux , je ne prétends
pas qu'elle en soit la seule cause .
On en a vû quelquefois artiver en des
années communes ; et même dans les
Pays2066
MERCURE DE FRANCE
Pays-Bas ,où les Canaux empêchent que les
Prez ne deviennent jamais si arides qu'en
France , les Bestiaux y meurent souvent
comme ailleurs ; mais ce qui doit être remarqué,
est que lorsque la maladie se met
sur ces animaux , les Religionnaires accourent
comme les Catholiques aux lieux de
dévotion , et viennent implorer l'intercession
des Saints ; Multiplicate sunt infirmitates
eorum ; postea acceleraverunt . Autour
de Bruxelles , c'est sainte Vivine , premiere
Abbesse du Grand Bigard , qu'on
invoque pour cela , comme étant l'une
des Tutelaires du Pays. Dom Martene
rapporte dans son second Voyage Litteraire
, qu'au mois de Juillet de l'année
1718. un Hollandois à qui il étoit mort
vingt- quatre Bestiaux , et à qui il en restoit
seize malades , étant venu demander
leur guérison à cette Sainte , les trouva
tous parfaitement guéris à son retour . Il
admira la vertu de la Sainte et reconnut
que dans sa Secte on ne trouve point de
si habiles Medecins. Il ne dit point si ce
Hollandois se convertit , comme firent les
Habitans de la Ville de Gaze. C'est peutêtre
ce qu'il n'avoit pas demandé , ou
plutôt ce qu'il auroit fort apprehendê.
Je suis , &c.
Ce dernier Juillet , jour du grand S. Ger
main d'Auxerre 1731 .
surla secheresse de la presente année 1731 .
et sur la maladie des Bestiaux en certains
Pays.
'Ous sommes , Monsieur , dans une
Narinée distinguée par la secheresse extrême
qui y a regné , et qui y regne encore.
Je ne sçai si nous ne pourrions pas
la comparer à celle dont parle S. Grégoire
de Tours sur la fin de Histoire de
France , et dont il dit : Siccitas immensa
>
fuit que omne pabulum herbarum avertit.
A iij
Cet
2034 MERCURE DE FRANCE
Cet Historien du sixiéme siecle , qui en
fut le témoin, ajoûte que les Quadrupedes
en souffrirent beaucoup , et qu'il en mourut
un si grand nombre , qu'à peine en
resta- t'il pour perpetuer la race , et il
applique à cette occasion ce que dit le
Prophete Habacuc : Abscindetur de ovili
pecus , & c. (a) Il ajoûte que ce ne fut pas
seulement sur le Bétail domestique que
s'étendit le mal , mais encore sur les bêtes
fauves , et qu'on trouvoit dans les Forêts
les Cerfs et autres animaux étendus morts
sur la place .
L'expérience du passé ayant fait craindre
que pareilles choses n'arrivassent de
nos jours , on a sagement prévenu le mal
en plusieurs endroits du Royaume : on
a eu recours aux Intercesseurs qui sont
les Saints , et on s'est mis sous la protection
de ceux qui sont regardez comme les
Tutelaires des Lieux , et il paroît qu'on
s'en est bien trouvé. Une remarque cependant
que quelques- uns ont faite , est
qu'il leur a semblé que les Diocèses dont
S. Etienne est Patron ont été privilegiez
et qu'ils ont eu de la pluye en abondance
(4) Je rapporte ici ce Passage suivant la Vul-
S. Grégoire le cite selon la Version qui
avoit cours dans les Gaules de son temps. Defieient
ab csca oves , Úc.
avánt
SEPTEMBRE . 1731 2055
avant les autres. Il y en a en France au
moins une douzaine ; mais je ne puis cer
tifier le fait qu'à l'égard de deux de ces
Diocèses où je me suis trouvé vers la saint
Jean derniere , dans le temps que ces
pluyes sont venues après la secheresse
commencée au mois de Fevrier . Aussi peutêtre
ne faisoit-on pas des Prieres dans tous,
et peut- être que
dans les lieux où l'on en
faisoit , on n'interroissoit pas également
S. Etienne dans ce qu'on vouloit obtenir .
Ce qu'il y a de certain c'est que depuis la
révelation faite au Prêtre Lucien , dans un
temps de secheresse , que Dieu écouteroit
les Prieres de son Peuple , appuyées de
l'intercession de S. Etienne , et qu'il en
auroit pitié , on a toûjours eu dans l'Eglise
une grande dévotion envers ce saint
Martyr , lorsqu'il a été besoin d'obtenir
la cessation de cette espece de calamité.
Le souvenir de ce qui étoit arrivé au commencement
du V. siecle pendant cette
secheresse d'hyver qui fut si fatale aux
biens de la Terre dans la Palestine , a toûjours
été present à ceux qui lisent l'Histoire
avec attention .
Je prévois dans ce moment que plus
d'une personne seront frappez de ma remarque
; mais je les prie d'observer les
Livres où sont marquées les Prieres pu-
A iiij bliques
056 MERCURE DE FRANCE
bliques de l'Antiquité pour les temps d'af-
Aliction , et ils verront que l'invocation
de S. Etienne y est marquée avec distinc-
´tion . Ce n'est donc pas la faute de nos ancêtres
, si le fait historique d'une pluye
salutaire esperée et obtenue par l'intercession
de S. Etienne , commence à être mise
en oubli . Ils ont toûjours eû soin d'en
inserer quelque chose dans leurs Livres
de l'Office divin , y faisant entrer la Revelation
du Prêtre Lucien , tant en chant
qu'en lecture. Mais depuis que l'on n'en
chante plus rien et qu'on se contente d'en
lire un abregé très- succint , où il n'est
point fait mention de cet évenement , it
est à craindre qu'on n'oublie le fait , ou
du moins qu'on ne l'ait plus si present à
l'esprit .
و
Il en étoit resté quelque vestige dans le
Breviaire de Sens de l'an 1702.à l'Office de
l'Invention deS.Etienne; on s'est fait depuis
ce temps- là un systême qui n'a point permis
que la memoire de ce trait historique
entrât dans l'Office refondu en 1726.Je ne
sçai s'il en sera de même dans toutes les
Eglises. Je tonnois un Chapitre insigne
où il sera difficile d'oublier tout-à-fait
cette ancienne Histoire : l'antiquité des
moyens temps y a pourvû d'une maniere
singuliere ; je ne veux pas la rapporter à
present ,
SETEMBRE. 1731. 2057
present. Au reste Saint Etienne n'est
pas le seul Saint par l'intercession duquel
on ait eu confiance d'obtenir de
la pluye dans les temps de secheresse.
Il paroît seulement qu'il est le premier
dont les Reliques ayent occasionné ce
secours salutaire , et c'est l'époque que.
l'on peut donner à l'antiquité de l'usage
de porter en Procession les Reliques
des Martyrs dans les temps de calamité.
à
Quelques années avant cette désolation
qu'on fixe à l'an 415. la Palestine s'étoit
ressentie d'une semblable affliction. La
secheresse avoit duré dans l'année 394.
ou 395. durant le mois de Die et d'Appellée
, qui sont deux mois de l'hyver
répondant à Novembre et Décembre ,
quelques jours près. Un S. Evêque nouvellement
placé sur le Siege de Gaze , obtint
miraculeusement de la pluye , au
moins pour son Territoire. L'Histoire en
est si curieuse qu'on ne peut la rendre
trop publique en ce temps- cy. Les Idolâtres
de cette Ville étoient allez au Temple
de Marnas , pour y prier et sacrifier ,
croyant que Marnas étoit maître de la
pluye , et qu'il étoit Jupiter même . Ils
continuerent leur chant pendant sept
jours ; mais le voyant sans effet , ils s'en'
retour2058
MERCURE DE FRANCE
retournerent à leurs ouvrages. La vie de
S. Porphyre , Evêque de cette Ville , écrite
par Marc , son Disciple , témoin oculaire ,
rapporte ensuite comment ce saint Prélat
eut le crédit d'obtenir de l'eau du Ciel.
Les Chrétiens , au nombre de 280. étoient
accourus à lui pour le prier de demander
à Dieu la cessation de la secheresse . Il ordonna
d'abord un jeûne , et commanda
qu'on s'assemblat le soir dans la grande
Eglise pour y celebrer les Vigiles , et cette
nuit-là , dit l'Ecrivain qui étoit un des
Diacres , nous y fimes trente Prieres , avec
autant d'agenouillemens , sans compter la
Psalmodie et les Leçons . Le récit de ce
Diacre témoin , appellé Marc , étant trèspropre
à prouver l'antiquité des usages
de l'Eglise Catholique , j'emprunterai ici
ses propres termes . Le matin , continuë- t'il ,
S. Porphyre faisant porter la sainte Croix
devant nous , nous marchames en chantant
des Hymnes vers l'Occident de la Ville , et
allâmes à la vieille Eglise de S. Asclepas
et là nous fimes autant de Prieres que dans
La grande Eglise. Puis nous allâmes à saint
Timothée , où sont les Reliques de sainte
Meure, Martyre, et de sainte Thée, qui a été
mise au nombre des Confesseurs , et y ayant
encore fait autant de Prieres et d'agenowil-
Lemens , nous retournâmes à la Ville ; fil
étoit
SEPTEMBRE. 1731. 2059
étoit trois heures après midi , ) et nous la
trouvâmes fermée; car les Payens vouloient
dissiper la Procession. Nous nous y
tinmes
deux heures sans qu'on voulût nous ouvrir :
et pour lors un vent de midi commença à convrir
le Ciel de nuées , et dès que le Soleilfut
couché, il fit une grosse pluye avec Tonnerre,
et les Payens voyant ce Miracle , nous ouvrirent
et vinrent avec nous à la grande
Eglise , disant : Christ est le seul Dieu. Il
plut donc depuis le buit d'Audynée jusqu'au
dix. (Audynée est le Janvier des Romains ,
hors qu'il commence cinq jours plutôt ,
comme les autres mois. ) L'onze nous celebrâmes
le saint jour de la Théophanie s et
il y eut cent cinq Payens convertis.
Il y a en France une Ville Episcopale
que je connois particulierement , où les
Prieres de cette presente année ont été
reglées à peu près sur le plan de celles
qu'on voit ordonnées par S. Porphire , et .
l'on a eû la consolation d'être exaucé le
lendemain du jeûne qui accompagna la .
ceremonie.
Mais revenons à la mortalité des Bestiaux
. C'est ordinairement la grande secheresse
qui la cause , parce que la secheresse
excessive brûlant l'herbe des Prez , les
animaux se trouvent obligez de brouter
les feuilles des arbres , aux feuilles des-
A vj quels
2060 MERCURE DE FRANCE
quels sont attachez certains Insectes qui
leur sont nuisibles. C'est une expérience
qu'on m'écrit avoir été faite en Bourgogne
au mois de Juin dernier. Elle suffit
ce me semble , pour assurer qu'Agobard,
Evêque de Lyon , avoit grande raison de
se mocquer de ceux qui croyoient de.
son temps que la mortalité qui regna sur
les Bestiaux , venoit d'une certaine poudre
des Maleficiers envoyez par le
Duc de Benevent , répandoient par la
campagne , et que le vent faisoit entrer
dans les narines des Boeufs et des Vaches.
Cette mortalité remarquable arriva en
l'an 810. Il ne faut pas songer à d'autres
causes dans celles qui arrivoient aux temps
de secheresse , qu'aux Insectes attachez
sous les feüillages.
que
Je ne sçai si celle qui arriva sous le
Roi Chilperic I. après la Bataille donnée
à Chateau -Meillan , en Berry , procedoit
d'un pareil principe ; elle fut si grande ,
au rapport de Gregoire de Tours , qu'après
qu'elle eut cessé , on regardoit comme
une chose merveilleuse de trouver une
Vache ou un Cheval sur pied . Sigebert
marque aussi dans sa Chronique à l'an
1137. qu'il y eut une si grande secheresse
en France , que de memoire d'homme
on n'en n'avoit vû de semblable. Il dit
qu'elle
SEPTEMBRE. 1731. 206
qu'elle fit tarir les Fontaines , les Puits ,
et même des Rivieres ; mais il n'ajoûte
pas si elle fut suivie d'aucune mortalité.
Il paroît que les paroles de l'Antiennedu
vieil Office de S. Etienne conviendroient
à merveille en ces ocsasions , et
qu'on peut les adresser à ceux dont il dépendroit
d'obtenir de la pluye par l'intercession
des Saints , mais qui moins diligens.
que S.Porphyre de Gaze , differeroient de
prendre cette voye. Nonne vides quanta
sit siccitas et tribulatio in toto mundo , et tu
negligenter agis ? On connoît à ce langage
alec'est le vieillard Gamaliel qui reprend
Lucien , de la négligence qu'il apportoit à
Gire proceder à la découverte du Corps de
S. Etienne , dont on attendoit le soulageanent
qui étoit si necessaire.J'ai trouvé ces
paroles dans les anciens Breviaires de Langres
et de Toul ; mais il y a une autre Eglise
queje ne veux pas nommer, où l'on chante
Cette Antienne avec une particularité qui
Rous divertira. Comme c'est le soir du
second jour d'Août , veille de l'Invention
de S. Etienne , l'un des Patrons de cette
Eglise, que cette Antienne se présente dans
l'Office , et que c'est au troisiéme Nocturne
,temps auquel la saison permet d'avoir
le gosier desseché après avoir déja chanté
deux grands Nocturnes ; on m'a assuré
qu'aussi-
1
1
2062 MERCURE DE FRANCE
qu'aussi - tôt et à l'instant que cette Antienne
est notifiée ou intimée , arrivent
au Choeur des Bedeaux ou Huissiers d'Eglise
avec des brocs de vin et des tasses .
et qu'ils y font la ronde , en offrant du
vin à tous ceux du Clergé qui en souhaitent
; bien plus , que selon la maxime ne
potus noceat , une ou deux autres personnes
portent sur un bassin des Biscuits ou
des Macarons, et en présentent à ceux qui
veulent redoubler. C'est ainsi que la gran
de secheresse ou chaleur causée au palais
par le chant , se trouve fort à propos hu
mectée et agréablement rafraîchie. Com
me je n'approfondis pas beaucoup les Ru
briques , je ne me suis pas informé si le
Breviaire ou l'Antiphonier marque dupli-,
catur à cette Antienne ; je crois cependant
que non , parce que c'est un Chapitre où
F'on ne suit pas le Breviaire Romain .
Je parierois bien , Monsieur , qu'en lisant
cecy , vous en faites l'application à
quelque Chapitre de l'Allemagne. Si cela
est , je puis vous certifier que vous vous
trompez. Mais je connois une autre pratique
usitée dans les Eglises de la Campagne
du côté de cette Region . Les Sta
Legian 1604*
tuts Synodaux de Metz de l'an 1604
m'ont donné occasion d'en être instruita
Par un article de ces Statuts , il est enjointaux
SEPTEMBRE. 1751. 2063
aux Curez , ut aboleant profana tonitrualia
festa cum paganismum redoleant , cæterasque
vanas observationes pro curandis et conservandis
pecoribus. Remarquez en passant
que les bestiaux sont toûjours en butte à
quelque adversité , que les soins ingénieux
des Paysans sçavent détourner ou faire cesser,
autant qu'il est en eux. Je ne pouvois
deviner ce que c'étoient que ces Fêtes Tonitruales,
qui paroissent influer sur la conservation
des bestiaux, mais j'en ai eu d'expli
cation d'une personne très - versée dans
toute l'Antiquité, et principalement dang
celle du Pays Messin et des environs.
Ce Sçavant m'a écrit que cette cere
monie s'appelle la Fête du Tonnerre: qu'elle
a été abolie presque par tout le Diocèse ,
mais que le voisinage du Diocèse de Tré
ves est cause qu'on n'a pû l'abolir entierement
dans le canton du Diocèse de
Metz , qui confine avec l'Allemagne , et
qu'elle est réservée dans quelques Paroisses
de ces quartiers- là . Cette Fête consiste
à celebrer certains jours de l'année
avec son des Cloches , Messe haute et avec
plusieurs ceremonies superstitieuses dif
ferentes , selon les lieux . On croit que
par ce moyen l'on est préservé du Tonnerre
, et qu'il tomberoit infailliblement
sur le lieu , si l'on n'y celebroit pas cette
Fête.
2064 MERCURE DE FRANCE
Fête .C'est un usage commun dans les Dio
cèses de Tréves , de Spire , de Cologne, de
Mayence , & c L'ancien Calendrier des
Romains , quoique rempli de Fêtes , n'avoit
point celle - la. Il peut se faire qu'elle
ait eu une origine pieuse dans le Christianisme
, et que dans la suite on ait dégeneré.
Le Méteore du Tonnerre étant
inconcevable dans ces effets , est souvent
nuisible , non -seulement aux animaux de
la Campagne , mais encore aux Hommes
et aux Edifices. Il est cependant hors de
toute apparence de croire que jamais il
ne tombe dans les Diocèses que je viens
de nommer , quoiqu'on y soit exact à
celebrer sa Fête ; il est , au contraire, certain
que de tant de milliers de Paroisses
qu'il y a en France où l'on ne la celebre
pas , à peine y en a- t'il vingt ou trente
par an qui ayent le malheur d'en être
frappées.
Je ne vous celerai point, Monsieur, que
quoiqu'on passe pour être plus éclairé en
France qu'on ne l'est en Allemagne , j'ai
trouvé des Villages en Champagne , où
les Paysans ont la même idée de certains
de nos Saints , que les Payens de la Ville
de Gaze avoient de l'Idole Marnas , dont
je vous ai parlé. Il y a de ces Villages où
l'on croit bonnement que S. Abdon
Martyr
SEPTEMBRE. 1731. 206)
Martyr de la Perse , du trente Juillet ,
est Maître du Tonnerre , et qu'il . en
peut disposer comme il lui plaît. C'est
pour cela , me disoit un jour un de ces
Paysans , c'est pour cela que notre Curé ne
manque jamais defaire la Fête de S. Abdon
de bonne heure ; il en fait grande solemnité
dans l'Octave de la Fête - Dieu , avant que
les grandes chaleurs viennent ; et personne ne
se dispense de venir ce jour-la au Service.
Encore si c'étoit de S. Jacques le Majeur
qu'ils eussent cette idée , ou de S. Jean
Evangeliste son frere , on diroit que cela
a quelque fondement dans le langage de
l'Evangile ; mais je vous avoue mon ignorance
touchant le rapport qu'a S. Abdon
avec le Tonnerre. c'est dommage que
S. Ceadde , Evêque de Lindisfarne , dont
parle le venerable Bede , n'ait pas sçû
le secret de nos Diocèses Allemans ; il se
seroit tenu fort tranquille lorsqu'il tonnoit
, lui , qui non - seulement se mettoit
alors en priere , mais y faisoit encore met.
tre les autres.
Au reste , Monsieur , quoique j'aye
attribué cy-dessus aux grandes secheresses
la mortalité des Bestiaux , je ne prétends
pas qu'elle en soit la seule cause .
On en a vû quelquefois artiver en des
années communes ; et même dans les
Pays2066
MERCURE DE FRANCE
Pays-Bas ,où les Canaux empêchent que les
Prez ne deviennent jamais si arides qu'en
France , les Bestiaux y meurent souvent
comme ailleurs ; mais ce qui doit être remarqué,
est que lorsque la maladie se met
sur ces animaux , les Religionnaires accourent
comme les Catholiques aux lieux de
dévotion , et viennent implorer l'intercession
des Saints ; Multiplicate sunt infirmitates
eorum ; postea acceleraverunt . Autour
de Bruxelles , c'est sainte Vivine , premiere
Abbesse du Grand Bigard , qu'on
invoque pour cela , comme étant l'une
des Tutelaires du Pays. Dom Martene
rapporte dans son second Voyage Litteraire
, qu'au mois de Juillet de l'année
1718. un Hollandois à qui il étoit mort
vingt- quatre Bestiaux , et à qui il en restoit
seize malades , étant venu demander
leur guérison à cette Sainte , les trouva
tous parfaitement guéris à son retour . Il
admira la vertu de la Sainte et reconnut
que dans sa Secte on ne trouve point de
si habiles Medecins. Il ne dit point si ce
Hollandois se convertit , comme firent les
Habitans de la Ville de Gaze. C'est peutêtre
ce qu'il n'avoit pas demandé , ou
plutôt ce qu'il auroit fort apprehendê.
Je suis , &c.
Ce dernier Juillet , jour du grand S. Ger
main d'Auxerre 1731 .
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Résumé : LETTRE écrite à M. Adam, Medecin, sur la secheresse de la presente année 1731. et sur la maladie des Bestiaux en certains Pays.
La lettre adressée à M. Adam, médecin, discute de la sécheresse extrême de l'année 1731 et de la maladie des bestiaux dans certains pays. L'auteur compare cette sécheresse à celle décrite par Grégoire de Tours au VIe siècle, qui avait causé une grande mortalité parmi les animaux. Pour prévenir cette catastrophe, des prières ont été adressées aux saints protecteurs des lieux, notamment saint Étienne, dont les intercessions ont été jugées efficaces dans plusieurs diocèses. Des pratiques anciennes, comme les processions avec les reliques des martyrs, étaient également utilisées pour obtenir de la pluie en temps de sécheresse. La lettre mentionne l'exemple de saint Porphyre à Gaza, qui avait obtenu de la pluie par des prières et des jeûnes. La mortalité des bestiaux est souvent causée par la sécheresse excessive, qui les force à manger des feuilles d'arbres infestées d'insectes nuisibles. Le texte évoque également une fête célébrée dans plusieurs diocèses allemands, comme Trèves, Spire, Cologne et Mayence, visant à se protéger du tonnerre. Ce phénomène météorologique, nuisible aux animaux, aux hommes et aux édifices, est perçu différemment selon les régions. En France, malgré la célébration de cette fête dans certains diocèses allemands, le tonnerre frappe rarement ces lieux, contrairement à certaines paroisses françaises où il cause des dommages. L'auteur mentionne des croyances populaires en Champagne, où les paysans attribuent à Saint Abdon, martyr perse, le pouvoir de contrôler le tonnerre. Cette croyance est comparée à celle des païens de Gaza concernant l'idole Marnas. L'auteur exprime son ignorance quant au lien entre Saint Abdon et le tonnerre et regrette que Saint Cuthbert, évêque de Lindisfarne, n'ait pas connu ces croyances pour se protéger du tonnerre. La lettre aborde également la mortalité des bestiaux, attribuée non seulement aux grandes sécheresses mais aussi à d'autres causes. En Belgique, les religionnaires invoquent sainte Vivine pour guérir leurs animaux malades. Un Hollandais, ayant perdu vingt-quatre bestiaux et en ayant seize malades, les retrouva guéris après avoir imploré sainte Vivine.
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18
p. 2842-2844
A LA REINE, Pour lui présenter des Ecrans,
Début :
Delices d'un Auguste Epoux, [...]
Mots clefs :
Reine, Hiver, Vivacité , Écrans
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A LA REINE, Pour lui présenter des Ecrans,
A LA REINE ,
Pour lui présenter des Ecrans,
DElices d'un AugusteEpoux ,
Reine , dont la sagesse orne le Diadême ,
O vous , que la vertu ne fit regner sur nous ,
Qu'afin de regner avec vous ,
Et de s'honorer elle-même ;
L'Hyver environné de Neige et de frimats ,
1. Vol. Fat
DECEMBRE. 1731. 2843
Fait tout trembler dans ces climats ;
A présent le foyer cessant d'être inutile ,
Devient un agréable azile >
2
Et malgré sa noirceur a pour nous des appas
S'il se pouvoit que le feu de mon zèle ,
Contre le froid piquant d'une saison cruelle
Vous fût un suffisant secours ;
Vous n'auriez rien à craindre d'elle ;
Un Printemps éternel éclaireroit vos jours."
Mais puisqu'un feu bien plus sensible
Peut seul contre l'Hyver vous mettre en sûreté,
Et que ce même feu peut vous être nuisible
Par son trop de vivacité ;
Daignez , excellente Princesse ,
Souffrir qu'aujourd'ui je m'empresse
De vous offrir de quoi temperer sa chaleur ,
Et repousser son excessive ardeur.
Pour que ces Ecrans pûssent plairé ,
On les a décorez d'ornemens curieux ,
Et leur usage gracieux ,
Sans doute empêchera la flamme témeraire
D'offenser la douceur et l'éclat de vos yeux ,
Et que jamais elle n'altere
Votre visage précieux.
Noble et charmante fleur , vous que la Provis
dence
A transplantée entre nos Lys ,
1. Vol € iiij Que
2844 MERCURE DE FRANCE
Que pour vous l'Aquilon calme sa violence ,
Et que vos rejetons adorez et chéris ,
Puissent faire à jamais l'ornement de la France.
Par M. Moraine.
Pour lui présenter des Ecrans,
DElices d'un AugusteEpoux ,
Reine , dont la sagesse orne le Diadême ,
O vous , que la vertu ne fit regner sur nous ,
Qu'afin de regner avec vous ,
Et de s'honorer elle-même ;
L'Hyver environné de Neige et de frimats ,
1. Vol. Fat
DECEMBRE. 1731. 2843
Fait tout trembler dans ces climats ;
A présent le foyer cessant d'être inutile ,
Devient un agréable azile >
2
Et malgré sa noirceur a pour nous des appas
S'il se pouvoit que le feu de mon zèle ,
Contre le froid piquant d'une saison cruelle
Vous fût un suffisant secours ;
Vous n'auriez rien à craindre d'elle ;
Un Printemps éternel éclaireroit vos jours."
Mais puisqu'un feu bien plus sensible
Peut seul contre l'Hyver vous mettre en sûreté,
Et que ce même feu peut vous être nuisible
Par son trop de vivacité ;
Daignez , excellente Princesse ,
Souffrir qu'aujourd'ui je m'empresse
De vous offrir de quoi temperer sa chaleur ,
Et repousser son excessive ardeur.
Pour que ces Ecrans pûssent plairé ,
On les a décorez d'ornemens curieux ,
Et leur usage gracieux ,
Sans doute empêchera la flamme témeraire
D'offenser la douceur et l'éclat de vos yeux ,
Et que jamais elle n'altere
Votre visage précieux.
Noble et charmante fleur , vous que la Provis
dence
A transplantée entre nos Lys ,
1. Vol € iiij Que
2844 MERCURE DE FRANCE
Que pour vous l'Aquilon calme sa violence ,
Et que vos rejetons adorez et chéris ,
Puissent faire à jamais l'ornement de la France.
Par M. Moraine.
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Résumé : A LA REINE, Pour lui présenter des Ecrans,
Le texte est une dédicace à une reine, probablement Marie Leszczyńska, épouse de Louis XV. L'auteur admire la sagesse et la vertu de la reine, soulignant que sa vertu inspire le peuple. Le poème compare la protection offerte par des écrans contre le froid à celle que la reine apporte à son peuple. Ces écrans, ornés de manière curieuse, protègent la reine de la flamme ardente, préservant ainsi la douceur et l'éclat de son visage. L'auteur espère que la reine acceptera ces écrans pour tempérer la chaleur excessive du feu. Il souhaite également que la reine, comparée à une noble fleur transplantée entre les lys de France, soit protégée des vents violents et que ses descendants soient chéris et deviennent un ornement pour la France.
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19
p. 809-810
A MADEMOISELLE PINSON SONNET.
Début :
De l'hyver importun, la picquante froidure, [...]
Mots clefs :
Hiver, Printemps, Été, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MADEMOISELLE PINSON SONNET.
A MADEMOISELLE PINSON
SONNET.
De l'hyver importun , la picquante froidure;
De ses tristes frimats vient desoler nos Bords,
L'hyver fuit , le Printems ranime la Nature ,
Et dans nos Prez fleuris étale ses trésors.
Utile avantcoureur de l'aimable Pomone ,
L'Eté de ses moissons vient couvrir nos guerets,
L'Eté fuit , et déja je vois naître l'Automne,
Qui joint ses dons chéris aux présens de Cerès.
Lanuit d'un cours reglé succede à la journée ,
8ro MERCURE DE FRANCE
Au dernier an succede une nouvelle année ,
Le siecle où nous vivons aura són successeur.
Tout rencontre ici bas un terme inévitable
L'amour que j'ay pour vous sera seul immuable,
Le temps qui change tout, ne peut changer mon
cœur.
J. M. Gaultier.
SONNET.
De l'hyver importun , la picquante froidure;
De ses tristes frimats vient desoler nos Bords,
L'hyver fuit , le Printems ranime la Nature ,
Et dans nos Prez fleuris étale ses trésors.
Utile avantcoureur de l'aimable Pomone ,
L'Eté de ses moissons vient couvrir nos guerets,
L'Eté fuit , et déja je vois naître l'Automne,
Qui joint ses dons chéris aux présens de Cerès.
Lanuit d'un cours reglé succede à la journée ,
8ro MERCURE DE FRANCE
Au dernier an succede une nouvelle année ,
Le siecle où nous vivons aura són successeur.
Tout rencontre ici bas un terme inévitable
L'amour que j'ay pour vous sera seul immuable,
Le temps qui change tout, ne peut changer mon
cœur.
J. M. Gaultier.
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Résumé : A MADEMOISELLE PINSON SONNET.
Le sonnet décrit la succession des saisons et la régularité des jours et des nuits. Chaque saison apporte ses trésors. L'auteur affirme que son amour pour Mademoiselle Pinson reste immuable, contrairement aux changements constants du temps.
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20
p. 1326-1331
LES DOUCEURS DE LA VIE CHAMPÊTRE. ODE.
Début :
Sejour qu'habitent les Ombres [...]
Mots clefs :
Vie champêtre, Nature, Fleurs, Horace, Hiver, Lyre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES DOUCEURS DE LA VIE CHAMPÊTRE. ODE.
LES DOUCEURS
DE LA VIE CHAMPÊTRE,
O D E.
SEjour qu'habitent les Ombres ,
Doux climats , paisibles lieux ,
Calmez de mes ennuis sombres ,
Le tumulte audacieux.
11. Vol Sus-
JUIN. 1732. 1327
Suspendez .... mais quelle flamme,
Se développe en mon ame?
Elle appaise mes desirs.
Ah! tranquille solitude ,
Déja mon inquiétude ,
S'appaise dans tes plaisirs.
Qu'ici la Nature- est belle !
Que ce coup d'œil est charmant!
Chaque objet s'y renouvelle ,
Au gré de l'éloignement.
Malgré leurs affreuses pentes ,
Ces Collines verdoyantes ,
N'ont que des aspects heureux :
Oh! que de Métamorphoses !
Je vois éclore les Roses ,
Des Buissons infructueux.
Là, sous de sacrez Bocages ,
Où je charme le Destin ,
Les Zephirs et les ombrages,
Semblent se donner la main.
Ornemens de la Nature ,
Gazons , Tapis de verdure ,
Bigarrez de mille fleurs :
C'est en vain que par ses veilles ,
11. Vol. L'Art
328 MERCURE DE FRANCE
L'Art imite vos merveilles .
S'il n'exprime vos odeurs.
O vous , aimables Prairies ,
Qu'arrosent tant de Ruisseaux ,
Creux Vallons , Plaines fleuries ,
Plantez de Chênes, ou d'Ormeaux ,
Que j'aime à voir vos Allées ,
Alongue file égalées ,3.
Deffendre l'entrée au jour !
Vous sauvez de fleurs sans nombre;
Qui veulent mourir à l'ombre ;
J'y mourrai de même un jour.
M
Arbrisseaux que la Nature
A semez confusément ,
Mais qui d'une eau toûjours pure ,
Vous baignez heureusement ;
Vous craignez peu la tempête ,
Qui s'éleve sur le faîte ,
Des orgueilleuses Forêts.
Vous aimerez le Zephire ,
Lui qui sur vous ne respire ,
Que pour augmenter le frais.
M
Sur le bord d'une Fontaine,
Ou Narcisse s'est miré ,
II. Vol. Jtetins
JUIN.
17320 1329
- J'éteins la brulante haleine ,
D'un poulmon trop alteré.
Là, sur une couche verte ,
De Violettes couverte ,
Je me livre au doux sommeil.
La vapeur qui me surmonte ,
Avec ordre m'y raconte ,
Les plaisirs de mon réveil.
Mais que vois-je sur ces Rives,
Où s'enflamment les regards
Des voix tendres et plaintives ,
Y naissent de toutes parts.
Transposé sur le Méandre ,
Oiseaux , je crois vous entendre ,
Sur ses bords toûjours rians ,
Ou sur les Rives d'Alphée ,
Où jadis le Docte Orphée ,
Forma vos Airs ravissans.
諾
Ici chaque objet in'amuse ,
Et m'instruit tout à la fois ;
Ma Lyre ailleurs trop confuse ,
S'explique mieux dans ces Bois.
Ainsi quand la Tourterelle ,
De sa Compagne fidelle ,
Pleure la mort en ce lieu ;
11. Vol. D Elle
1330 MERCURE DE FRANCE
Elle me dit , miserable ,
Tu dois être inconsolable ,
Si tu perds jamais ton Dieu.
粥
Déja le feuillage vole,
La Nature s'affoiblit ;
L'hyver glacé la desole,
Le Printemps la rétablit.
O Nature inanimée ,
Sous les fleurs , sous la ramée ,
Tu rajeunis tous les ans ;
Mais , pour l'humaine Nature ,
Quand elle perd sa verdure ,
Il n'est plus d'autre Printemps.
La nuit de ses sombres voiles,
Enveloppant l'Univers ,
Produit mille et mille Etoiles ,
Pour éclairer ces Deserts.
Là, dans un humble silence ,
Je contemple l'ordonnance
De ce Globle éblouissant
Sous ses feux où je respire
Deserts , vous m'y faites lire
La route du Firmament *
(a) La voyelactés.
>
:
II. Vob Ecucil
JUIN.
1732 1331 Ecueil de notre innocence ,
Monde du Monde adoré,
Je veux loin de ta puissance ,
Vivre et mourir ignoré.
Loin de tes affreux orages ,
Sur ces paisibles Rivages ,
S'écouleront mes beaux jours..
Heureux ! si dans ma foiblesse ,
Solitude , à ma promesse ,
Je consacre tes amours.
Orus , quando te aspiciam ! quandoque licebit ,
Nunc veterum libris , nunc somno et inertibus horis,
Ducere sollicita jucunda oblivia vita ! Horace.
Par M. DAY , en Marsan
DE LA VIE CHAMPÊTRE,
O D E.
SEjour qu'habitent les Ombres ,
Doux climats , paisibles lieux ,
Calmez de mes ennuis sombres ,
Le tumulte audacieux.
11. Vol Sus-
JUIN. 1732. 1327
Suspendez .... mais quelle flamme,
Se développe en mon ame?
Elle appaise mes desirs.
Ah! tranquille solitude ,
Déja mon inquiétude ,
S'appaise dans tes plaisirs.
Qu'ici la Nature- est belle !
Que ce coup d'œil est charmant!
Chaque objet s'y renouvelle ,
Au gré de l'éloignement.
Malgré leurs affreuses pentes ,
Ces Collines verdoyantes ,
N'ont que des aspects heureux :
Oh! que de Métamorphoses !
Je vois éclore les Roses ,
Des Buissons infructueux.
Là, sous de sacrez Bocages ,
Où je charme le Destin ,
Les Zephirs et les ombrages,
Semblent se donner la main.
Ornemens de la Nature ,
Gazons , Tapis de verdure ,
Bigarrez de mille fleurs :
C'est en vain que par ses veilles ,
11. Vol. L'Art
328 MERCURE DE FRANCE
L'Art imite vos merveilles .
S'il n'exprime vos odeurs.
O vous , aimables Prairies ,
Qu'arrosent tant de Ruisseaux ,
Creux Vallons , Plaines fleuries ,
Plantez de Chênes, ou d'Ormeaux ,
Que j'aime à voir vos Allées ,
Alongue file égalées ,3.
Deffendre l'entrée au jour !
Vous sauvez de fleurs sans nombre;
Qui veulent mourir à l'ombre ;
J'y mourrai de même un jour.
M
Arbrisseaux que la Nature
A semez confusément ,
Mais qui d'une eau toûjours pure ,
Vous baignez heureusement ;
Vous craignez peu la tempête ,
Qui s'éleve sur le faîte ,
Des orgueilleuses Forêts.
Vous aimerez le Zephire ,
Lui qui sur vous ne respire ,
Que pour augmenter le frais.
M
Sur le bord d'une Fontaine,
Ou Narcisse s'est miré ,
II. Vol. Jtetins
JUIN.
17320 1329
- J'éteins la brulante haleine ,
D'un poulmon trop alteré.
Là, sur une couche verte ,
De Violettes couverte ,
Je me livre au doux sommeil.
La vapeur qui me surmonte ,
Avec ordre m'y raconte ,
Les plaisirs de mon réveil.
Mais que vois-je sur ces Rives,
Où s'enflamment les regards
Des voix tendres et plaintives ,
Y naissent de toutes parts.
Transposé sur le Méandre ,
Oiseaux , je crois vous entendre ,
Sur ses bords toûjours rians ,
Ou sur les Rives d'Alphée ,
Où jadis le Docte Orphée ,
Forma vos Airs ravissans.
諾
Ici chaque objet in'amuse ,
Et m'instruit tout à la fois ;
Ma Lyre ailleurs trop confuse ,
S'explique mieux dans ces Bois.
Ainsi quand la Tourterelle ,
De sa Compagne fidelle ,
Pleure la mort en ce lieu ;
11. Vol. D Elle
1330 MERCURE DE FRANCE
Elle me dit , miserable ,
Tu dois être inconsolable ,
Si tu perds jamais ton Dieu.
粥
Déja le feuillage vole,
La Nature s'affoiblit ;
L'hyver glacé la desole,
Le Printemps la rétablit.
O Nature inanimée ,
Sous les fleurs , sous la ramée ,
Tu rajeunis tous les ans ;
Mais , pour l'humaine Nature ,
Quand elle perd sa verdure ,
Il n'est plus d'autre Printemps.
La nuit de ses sombres voiles,
Enveloppant l'Univers ,
Produit mille et mille Etoiles ,
Pour éclairer ces Deserts.
Là, dans un humble silence ,
Je contemple l'ordonnance
De ce Globle éblouissant
Sous ses feux où je respire
Deserts , vous m'y faites lire
La route du Firmament *
(a) La voyelactés.
>
:
II. Vob Ecucil
JUIN.
1732 1331 Ecueil de notre innocence ,
Monde du Monde adoré,
Je veux loin de ta puissance ,
Vivre et mourir ignoré.
Loin de tes affreux orages ,
Sur ces paisibles Rivages ,
S'écouleront mes beaux jours..
Heureux ! si dans ma foiblesse ,
Solitude , à ma promesse ,
Je consacre tes amours.
Orus , quando te aspiciam ! quandoque licebit ,
Nunc veterum libris , nunc somno et inertibus horis,
Ducere sollicita jucunda oblivia vita ! Horace.
Par M. DAY , en Marsan
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Résumé : LES DOUCEURS DE LA VIE CHAMPÊTRE. ODE.
Le texte 'Les Douceurs de la vie champêtre' exalte la beauté et la tranquillité de la nature. L'auteur admire les paysages champêtres, les collines verdoyantes, les prairies fleuries et les ruisseaux. Il apprécie les transformations saisonnières, notamment l'éclosion des roses et la renaissance du printemps après l'hiver. La nature est perçue comme un refuge contre les tumultes de la vie urbaine. L'auteur y trouve des prairies arrosées, des vallons, des allées bordées d'arbres et des arbrisseaux résistants aux tempêtes. Les fontaines offrent des lieux de repos et de sommeil. La nuit étoilée inspire contemplation et réflexion. L'auteur aspire à vivre et mourir dans cette solitude paisible, loin des tumultes du monde. Il conclut en citant Horace, exprimant son désir de trouver des moments de repos et d'oubli dans les livres et le sommeil.
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21
p. 2724-2727
LES SAISONS, CANTATE A mettre en Musique.
Début :
Quand l'Air, le Feu; la Terre et l'Onde, [...]
Mots clefs :
Saisons, Musique, Récitatif, Hiver, Chaos
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES SAISONS, CANTATE A mettre en Musique.
LES SAISONS ,
CANT ATE
A mettre en Musique. ·
Quand l'Air , le Feu ; la Terre et l'Onde , -
Furent débrouillez du cahos ;
Vertumne regna seul dans l'Empire du Monde ,
Durant cet âge heureux du premier des Métaux.
Mais lorsque le Dieu du Tonnerre ,
Eat détrôné son pere , on lui ravit ses droits.
Cérés , Bacchus , l'Hyver , par une horrible =
guerre ,
Renverserent toutes ses Loix.
Et bien-tôt ses couleurs ne parerent la Terre ,
Qu'en ce temps où l'Amour vient vuider son
Carquois.
I.Vol
DECEMBRE. 1732. 2725
Air.
Ah ! sans ce malheur déplorable ,
Que les Mortels seroient heureux !
Le doux Printemps seroit durable ,
L'Amour n'éteindroit point ses feux ;
Du Dieu que chante Philoméle ,
Dans ses mélodieux Concerts ,
Tous les cœurs pourroient ainsi qu'elle ,
Jusqu'au tombeau porter les fers..
Ah ! &c. .
Récitatif.
Mais quoi ! Vertumine fuit,le tendre Amour s'enga vole ;
Philoméle gémit en traversant les Airs ,
Et les brulans Sujets d'Eole ,
Embrasent déja l'Univers ,
L'abondante Cérés regne dans les Campagnes;
De ses dons précieux l'or brille en nos Vallons ,
Et l'espoir d'en jouir , de l'Hôte des Montagnes s
Va faire celui des Sillons.
Air..
Imitons sa sage prudence ,
Après les plaisirs du Printemps,
Pensons à ceux de l'abondance ;
S'ils sont moins doux , ils sont constans.
Que tout encense la Déesse ,
1. Vol. Qui
2726 MERCURE DE FRANCE
Qui vient nous donner de beaux jours ,
Quand a disparu la jeunesse ,
Sur l'aîle des tendres Amours.
Imitons , &c.
Récitatif.
Dieux ! quel nouveau spectacle à mes yeux se
présente !
Je vois tous les Côteaux de la Pourpre couverts ;
Cérés fait place au Dieu dont la Liqueur char mante,
Fait les plaisirs de l'Univers.
Pomone vient mêler ses fruits à la vendange ;
Tout charme l'espoir des Buveurs ;
Le Thyrre est triomphant , et le vainqueur
Gange ,
Reçoit aussi l'encens des cœurs.
Aire
Livrons-nous à la douce yvresse,
De son agréable boisson ;
Elle éteint le mal qui nous presse ,
En submergeant notre raison.
Dans cette Liqueur immortelle,
On trouve la felicité,
L'Amour est perfide , infidelle ;
Bacchus seul est la verité.
Livrons , &c.
1. Vol.
Rici
DECEMBRE. 1732. 2727.
Récitatif.
Mais hélas ! l'Hyver vient ravager la Nature ,
Sur un Trône éclatant de nege et de glaçons ,
It déja nos Forêts ont perdu leur parure ,
Par le souffle des Aquillons.
Tout tremble à son aspect terrible ;
Les seuls plaisirs n'en sont point allarmez ;
Plus sa rigueur devient sensible ,
Plus des Mortels ils sont aimez.
Air.
L'Hyver,quoiqu'un Dieu redoutable,
Brille à mes yeux de mille attraits ,
En ce qu'il est inséparable ,
Des Jeux , des Ris et de la Paix ;
Son regne est celui des délices ;
·
Chacun peut sans soins , sans travaux ;
Avoir part aux doux sacrifices ,
Qu'il exige de ses Rivaux.
L'Hyver , &c.
CANT ATE
A mettre en Musique. ·
Quand l'Air , le Feu ; la Terre et l'Onde , -
Furent débrouillez du cahos ;
Vertumne regna seul dans l'Empire du Monde ,
Durant cet âge heureux du premier des Métaux.
Mais lorsque le Dieu du Tonnerre ,
Eat détrôné son pere , on lui ravit ses droits.
Cérés , Bacchus , l'Hyver , par une horrible =
guerre ,
Renverserent toutes ses Loix.
Et bien-tôt ses couleurs ne parerent la Terre ,
Qu'en ce temps où l'Amour vient vuider son
Carquois.
I.Vol
DECEMBRE. 1732. 2725
Air.
Ah ! sans ce malheur déplorable ,
Que les Mortels seroient heureux !
Le doux Printemps seroit durable ,
L'Amour n'éteindroit point ses feux ;
Du Dieu que chante Philoméle ,
Dans ses mélodieux Concerts ,
Tous les cœurs pourroient ainsi qu'elle ,
Jusqu'au tombeau porter les fers..
Ah ! &c. .
Récitatif.
Mais quoi ! Vertumine fuit,le tendre Amour s'enga vole ;
Philoméle gémit en traversant les Airs ,
Et les brulans Sujets d'Eole ,
Embrasent déja l'Univers ,
L'abondante Cérés regne dans les Campagnes;
De ses dons précieux l'or brille en nos Vallons ,
Et l'espoir d'en jouir , de l'Hôte des Montagnes s
Va faire celui des Sillons.
Air..
Imitons sa sage prudence ,
Après les plaisirs du Printemps,
Pensons à ceux de l'abondance ;
S'ils sont moins doux , ils sont constans.
Que tout encense la Déesse ,
1. Vol. Qui
2726 MERCURE DE FRANCE
Qui vient nous donner de beaux jours ,
Quand a disparu la jeunesse ,
Sur l'aîle des tendres Amours.
Imitons , &c.
Récitatif.
Dieux ! quel nouveau spectacle à mes yeux se
présente !
Je vois tous les Côteaux de la Pourpre couverts ;
Cérés fait place au Dieu dont la Liqueur char mante,
Fait les plaisirs de l'Univers.
Pomone vient mêler ses fruits à la vendange ;
Tout charme l'espoir des Buveurs ;
Le Thyrre est triomphant , et le vainqueur
Gange ,
Reçoit aussi l'encens des cœurs.
Aire
Livrons-nous à la douce yvresse,
De son agréable boisson ;
Elle éteint le mal qui nous presse ,
En submergeant notre raison.
Dans cette Liqueur immortelle,
On trouve la felicité,
L'Amour est perfide , infidelle ;
Bacchus seul est la verité.
Livrons , &c.
1. Vol.
Rici
DECEMBRE. 1732. 2727.
Récitatif.
Mais hélas ! l'Hyver vient ravager la Nature ,
Sur un Trône éclatant de nege et de glaçons ,
It déja nos Forêts ont perdu leur parure ,
Par le souffle des Aquillons.
Tout tremble à son aspect terrible ;
Les seuls plaisirs n'en sont point allarmez ;
Plus sa rigueur devient sensible ,
Plus des Mortels ils sont aimez.
Air.
L'Hyver,quoiqu'un Dieu redoutable,
Brille à mes yeux de mille attraits ,
En ce qu'il est inséparable ,
Des Jeux , des Ris et de la Paix ;
Son regne est celui des délices ;
·
Chacun peut sans soins , sans travaux ;
Avoir part aux doux sacrifices ,
Qu'il exige de ses Rivaux.
L'Hyver , &c.
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Résumé : LES SAISONS, CANTATE A mettre en Musique.
Le texte 'Les Saisons' est une œuvre poétique destinée à être mise en musique, décrivant les différentes saisons et leurs influences sur le monde. Initialement, Vertumne, dieu de la Terre, régnait seul durant l'âge d'or. Après son détrônement par le dieu du Tonnerre, Cérès, Bacchus et l'Hiver renversèrent ses lois, marquant les saisons par des conflits et des changements. Le texte commence par un air regrettant la perte de l'âge d'or, où le printemps serait durable et l'amour éternel. Un récitatif décrit la fuite de Vertumne et l'arrivée de l'amour, symbolisée par Philomèle. L'abondance de Cérès est célébrée, et les plaisirs de l'abondance sont encouragés après ceux du printemps. Un nouveau récitatif introduit l'arrivée de Bacchus, dont la liqueur charmante remplace les dons de Cérès. Pomone mêle ses fruits à la vendange, et l'ivresse de Bacchus est louée comme source de félicité. Enfin, l'hiver est décrit comme un dieu redoutable mais apportant des délices et des plaisirs, malgré sa rigueur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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22
p. 727-729
L'HYVER.
Début :
Déja les charmantes Dryades, [...]
Mots clefs :
Hiver, Dieux, Bacchus, Aquilons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'HYVER.
L'HY VER.
DE'ja les charmantes Dryades ,
Ont cessé de danser à l'ombre des Ormeaux ;
Déja de l'Empire des eaux
Le Roy des Aquilons a chassé les Nayades.
Nos Bois et nos Champs sont déserts ;
Zéphir ne caresse plus Flore ,
Et les Oyseaux , par leur Concerts ,
Ne nous annoncent plus le lever de l'Aurore.
Le
728 MERCURE DE FRANCE
La Nege a blanchi nos Guérets ,
De nos plus hauts Rochers , elle couvre les
Cimes ;
Et les Arbres de nos Forêts ,
Du courroux de l'hyver , innocentes victimes ,
A peine en supportent le poids.
Les Faunes , les Sylvains ont quitté leurs Hautbois
;
Et le vieux Sylene lui-même ,
Pour modérer ce froid extrême ,
En buvant , souflé dans ses doigts.
Déja par la bruyante haleine
Des Aquilons fougueux , les flots sont enchaî
nez ;
Et des Elemens consternez ,
La ruine semble prochaine,
Fiers de leurs coups audacieux ,
Ils osent se promettre une pleine victoire ;
Amis , pour les chasser , du plus puissant des
Dieux ,
Implorons le secours , et celebrons la gloire
Que les dépouilles des Forêts ,
Dans un large Foyer, promptement entassées ,
Raniment nos forces glacées ;
Que d'un joyeux festin , on fasse les apprêts ;
Vite , qu'on m'apporte mon verre ,
Qu'à l'instant il soit couronné
De
AVRIL. 17337
729
De ce jus que Bacchus aux Mortels a donné ;
De ce jus pétillant , qui croît près de Tonnere,
C'ett à ce Dieu vainqueur à regler les Saisons.
La nature , à ses Loix , doit être assujettie ;
Partez , rentrez dans vos prisons.
Impetueux sujets , de l'Epoux d'Orithie..
Bacchus rassure l'Univers .
Il a parlé , fuyez les traits de sa colère ,
Et cessant de troubler l'un et l'autre Hémisphere,
Reprenez pour jamais vos fers.
D'un obscur avenir ne perçons point les om
bres ;
Le succès en est incertain ;
Le destin sous des voiler sombres ,
A caché notre sort ; sans attendre à demain ,
Jouissons de notre jeunesse
Aux Jeux, aux Ris , cher ami, fais ta cour,
Enfin partage ta tendresse 2
Entre les Dieux du Vin , des Vers et de l'Amour,
MALALE TAD
DE'ja les charmantes Dryades ,
Ont cessé de danser à l'ombre des Ormeaux ;
Déja de l'Empire des eaux
Le Roy des Aquilons a chassé les Nayades.
Nos Bois et nos Champs sont déserts ;
Zéphir ne caresse plus Flore ,
Et les Oyseaux , par leur Concerts ,
Ne nous annoncent plus le lever de l'Aurore.
Le
728 MERCURE DE FRANCE
La Nege a blanchi nos Guérets ,
De nos plus hauts Rochers , elle couvre les
Cimes ;
Et les Arbres de nos Forêts ,
Du courroux de l'hyver , innocentes victimes ,
A peine en supportent le poids.
Les Faunes , les Sylvains ont quitté leurs Hautbois
;
Et le vieux Sylene lui-même ,
Pour modérer ce froid extrême ,
En buvant , souflé dans ses doigts.
Déja par la bruyante haleine
Des Aquilons fougueux , les flots sont enchaî
nez ;
Et des Elemens consternez ,
La ruine semble prochaine,
Fiers de leurs coups audacieux ,
Ils osent se promettre une pleine victoire ;
Amis , pour les chasser , du plus puissant des
Dieux ,
Implorons le secours , et celebrons la gloire
Que les dépouilles des Forêts ,
Dans un large Foyer, promptement entassées ,
Raniment nos forces glacées ;
Que d'un joyeux festin , on fasse les apprêts ;
Vite , qu'on m'apporte mon verre ,
Qu'à l'instant il soit couronné
De
AVRIL. 17337
729
De ce jus que Bacchus aux Mortels a donné ;
De ce jus pétillant , qui croît près de Tonnere,
C'ett à ce Dieu vainqueur à regler les Saisons.
La nature , à ses Loix , doit être assujettie ;
Partez , rentrez dans vos prisons.
Impetueux sujets , de l'Epoux d'Orithie..
Bacchus rassure l'Univers .
Il a parlé , fuyez les traits de sa colère ,
Et cessant de troubler l'un et l'autre Hémisphere,
Reprenez pour jamais vos fers.
D'un obscur avenir ne perçons point les om
bres ;
Le succès en est incertain ;
Le destin sous des voiler sombres ,
A caché notre sort ; sans attendre à demain ,
Jouissons de notre jeunesse
Aux Jeux, aux Ris , cher ami, fais ta cour,
Enfin partage ta tendresse 2
Entre les Dieux du Vin , des Vers et de l'Amour,
MALALE TAD
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Résumé : L'HYVER.
Le texte décrit les effets dévastateurs de l'hiver sur la nature. Les Dryades et les Nayades ont disparu, les bois et les champs sont déserts, et les oiseaux ne chantent plus. La neige recouvre les champs et les arbres ploient sous son poids. Les Faunes et les Sylvains ont abandonné leurs hautbois, et même Sylène tente de se réchauffer. Les vents aquilons enchaînent les flots, et les éléments semblent menacer de ruine. Pour chasser l'hiver, le texte suggère d'implorer le secours du plus puissant des dieux et de célébrer la gloire en allumant un grand feu avec les dépouilles des forêts. Il recommande de préparer un festin joyeux et de boire du vin, le jus pétillant donné par Bacchus, qui régule les saisons. Bacchus rassure l'univers et ordonne aux éléments impétueux de reprendre leurs fers. Le texte conclut en invitant à jouir de la jeunesse et à partager sa tendresse entre les dieux du vin, des vers et de l'amour.
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23
p. 233
L'HYVER. SONNET. Par Mlle de Malcrais de la Vigne.
Début :
Les champs étoient glacez : le jour n'osoit encore [...]
Mots clefs :
Hiver, Glace
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'HYVER. SONNET. Par Mlle de Malcrais de la Vigne.
L'HY VER.
SONNET.
Par Mlle de Malcrais de la Vigne
Es champs étoient glacez : le jour n'osoit
encore
Sortir d'entre les bras du tranquille sommeil.
Le matin n'avoit plus cet éclat sans pareil ,
Qui redonne la vie aux Eleves de Flore.
Les Ruisseaux enchaînez faisoient frémir
l'Aurore ,
L'air negeux s'opposoit au retour du Soleil .
Malgré ce temps affreux , Tircis leste et vermeil
Près d'un Mirthe attendoit Aminte qu'il adore .
Elle arrive ; et Vénus la menant par la main ,
L'Amour avec un Trait lui montre le chemin.
Quel abord pour l'Amant ! que de feux l'embraserent
!
Aux Rayons de ses yeux l'Orient s'alluma ;
La glace se fondit ; les eaux se ranimerent ;
Et la nege en tombanr aussi- tôt s'enflamma.
SONNET.
Par Mlle de Malcrais de la Vigne
Es champs étoient glacez : le jour n'osoit
encore
Sortir d'entre les bras du tranquille sommeil.
Le matin n'avoit plus cet éclat sans pareil ,
Qui redonne la vie aux Eleves de Flore.
Les Ruisseaux enchaînez faisoient frémir
l'Aurore ,
L'air negeux s'opposoit au retour du Soleil .
Malgré ce temps affreux , Tircis leste et vermeil
Près d'un Mirthe attendoit Aminte qu'il adore .
Elle arrive ; et Vénus la menant par la main ,
L'Amour avec un Trait lui montre le chemin.
Quel abord pour l'Amant ! que de feux l'embraserent
!
Aux Rayons de ses yeux l'Orient s'alluma ;
La glace se fondit ; les eaux se ranimerent ;
Et la nege en tombanr aussi- tôt s'enflamma.
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Résumé : L'HYVER. SONNET. Par Mlle de Malcrais de la Vigne.
Le poème 'L'HY VER' de Mlle de Malcrais de la Vigne dépeint un paysage hivernal où les champs sont gelés et les ruisseaux figés. Tircis attend Aminte près d'un myrte. Aminte arrive, accompagnée par Vénus et guidée par l'Amour. La présence d'Aminte enflamme Tircis, faisant fondre la glace et ranimer les eaux.
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24
p. 239-244
LES QUATRE SAISONS.
Début :
LE PRINTEMPS. / Tircis. Iris. / Tircis. / Tout s'anime dans la Nature. [...]
Mots clefs :
Saisons, Printemps, Été, Automne, Hiver, Iris, Coridon, Bacchus, Bonheur, Nature
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES QUATRE SAISONS.
LES QUATRE SAISONS.
LE PRINTEMPS.
Tircis. Iris.
Tircis.
Tout s'anime dans la Nature.
Iris , allons revoir nos champs ;
Allons voir naître la verdure ,
Que nous redonne le Printemps.
Ensemble.
Que le Printemps est agréable !
Qu'il a pour nous de douceurs !
Plus l'Hyver a de rigueurs ,
Plus le Printemps paroît aimable.
Iris.
L'Aquilon avec ses frimats
Ne désole plus nos Montagnes.
Zéphir , vole dans nos campagnes ,
Et Flore marche sur ses pas.
Tircis.
Nos Genisses impatientes ,
Brulent de retourner aux champs:
Bien-tôt dans les Prez renaissants ,
Nous les allons voir bondissantes,
3
Iris.
240 MERCURE DE FRANCE
Iris.
Du Ruisseau que je chéris ,
La glace arrêtoit l'Onde pure.
Déja sur un gason de ses charmes épris ,
Elle coule , elle murmure.
Tircis.
Le Rossignol et la Fauvette
Reprennent leurs tendres Concerts,
Du Dieu qui chasse les hyvers ,
Ils chantent la gloire parfaite.
Tous deux.
Pour reconnoître ses faveurs ,
Offrons lui le tribut de nos premieres fleurs ,
Des dons des Immortels peut- on mieux faire
usage ,
Qu'en leur en présentant l'hommage ?
L'ETE.
Licidas. Aglé.
Hâtons- nous , recueillons les présens de Cerés
Chantons , celebrons ses bienfaits.
Ægié.
Jamais moissons plus abondantes
N'ont comblé nos ardens desirs ,
Des Epis les têtes flottantes
Cedent aux amoureux Zéphirs .
Lycidas.
De l'Art, qui rend un champ fertile ,
Тц
FEVRIER. 247 1734.
Tu nous a donné des leçons ,
Cerès ; à tes soins la Sicile
A dû ses premieres moissons.
La Terre pour toi soupire ,
Tu soutiens tout l'Univers.
On t'adore au sombre Empire ,
Ta fille regne aux Enfers.
Æglé.
Que Phébus perde sa vitesse ,
Quand Proserpine est avec toi ;
Mais que ce Dieu vole et s'empresse ,
Quand Pluton la tient sous sa Loy.
Lycidas.
Nous avons appris de nos Peres
Ces illustres évenemens ;
A notre tour à nos enfans
Nous raconterons ces Mysteres.
Ensemble,
Accourez jeunes Moissonneurs ,
C'est peu de profiter d'une utile abondance.
Il faut marquer par la reconnoissance
A qui vous devez ces faveurs.
L'AUTOMNE.
Philis. Coridon.
Sujvons
Fuyons
Bacchus et sa Liqueur ;
Aimons
242 MERCURE DE FRANCE
S Aimons
Craignons
les présens qu'il nous donne.
C'est dans le doux jus de l'Automne
Ce n'est point le jus de l'Automne ,
Que l'on trouve un parfait bonheur ,
Qui peut faire notre bonheur,
Coridon,
Est-il une Fête agréable ,
Si Bacchus n'en fait l'ornement ?
La gayeté , l'enjoüment aimable ,
Coulent de son Nectar charmant.
Philis.
Trop souvent la raison s'égare ;
En voulant suivre ses pas ,
Souvent la discorde barbare
Trouble ses plus doux appas.
Coridon.
Toujours la fortune inconstante
Nous fait sentir quelque malheur,
Bacchus par sa Liqueur puissante
Sçait endormir notre douleur.
Philis.
Pour calmer une peine extrême ,
Bacchus offre un trompeur secours.
Fuyons ce Dieu ; son secours même ,
Empoisonne et finit nos jours.
Coridon.
FEVRIER.
1734. 243
Coridon.
Mais, aimable Philis , de son charmant breuvage
Ne peut- on faire un juste usage ?
C'est l'excès qui rend dangereux ,
Les doux présens des Dieux.
A
2'
Tous deux.
Buvons sans boire à tasse pleine ;
N'écoutons qu'un sage desir ,
Buvons assez pour le plaisir ,
Buvons sobrement pour la peine.
L'HY V E R.
Ismene. Corylas.
Corylas.
Ismene , quel temps rigoureux
Consterne toute la Nature !
Quels frimats ! quelle froidure ,
Trouble la paix de ces Lieux !
Tous deux.
O toi dont les soins secourables ,
Veillent sur le sort des Bergers ,
Pan , jette sur nous tes regards favorables ;
Deffends-nous , deffends tes Vergers.
Corylas.
Déja le tendre Sylvanire
A suspendu ses Chalumeaux ;
Déja
244 MERCURE DE FRANCE
Déja la charmante Thémire ,
Prend moins de soin de ses Troupeaux.
Ismene.
Mille Oiseaux chaque jour chantoient dans ces
Boccages ; .
J'y venois écouter le murmure des eaux ;
Oiseaux , vous avez donc oublié vos ramages ,
Vous ne murmurez plus , agréables Ruisseaux,
Corylas.
Mais , Ciel ! quel bonheur extrême !
L'Hyver croit en vain nous troubler.
Auprès de nos foyers je vois Bacchus lui-même
Les jeux et les plaisirs viennent s'y rassembler.
Tous deux.
Triompheż, triomphez , Divinitez charmantes
Regnez toujours avec nous.
Rendez nos Fêtes brillantes ;
Rendez de notre sort les Rois mêmes jaloux.
L. D.
LE PRINTEMPS.
Tircis. Iris.
Tircis.
Tout s'anime dans la Nature.
Iris , allons revoir nos champs ;
Allons voir naître la verdure ,
Que nous redonne le Printemps.
Ensemble.
Que le Printemps est agréable !
Qu'il a pour nous de douceurs !
Plus l'Hyver a de rigueurs ,
Plus le Printemps paroît aimable.
Iris.
L'Aquilon avec ses frimats
Ne désole plus nos Montagnes.
Zéphir , vole dans nos campagnes ,
Et Flore marche sur ses pas.
Tircis.
Nos Genisses impatientes ,
Brulent de retourner aux champs:
Bien-tôt dans les Prez renaissants ,
Nous les allons voir bondissantes,
3
Iris.
240 MERCURE DE FRANCE
Iris.
Du Ruisseau que je chéris ,
La glace arrêtoit l'Onde pure.
Déja sur un gason de ses charmes épris ,
Elle coule , elle murmure.
Tircis.
Le Rossignol et la Fauvette
Reprennent leurs tendres Concerts,
Du Dieu qui chasse les hyvers ,
Ils chantent la gloire parfaite.
Tous deux.
Pour reconnoître ses faveurs ,
Offrons lui le tribut de nos premieres fleurs ,
Des dons des Immortels peut- on mieux faire
usage ,
Qu'en leur en présentant l'hommage ?
L'ETE.
Licidas. Aglé.
Hâtons- nous , recueillons les présens de Cerés
Chantons , celebrons ses bienfaits.
Ægié.
Jamais moissons plus abondantes
N'ont comblé nos ardens desirs ,
Des Epis les têtes flottantes
Cedent aux amoureux Zéphirs .
Lycidas.
De l'Art, qui rend un champ fertile ,
Тц
FEVRIER. 247 1734.
Tu nous a donné des leçons ,
Cerès ; à tes soins la Sicile
A dû ses premieres moissons.
La Terre pour toi soupire ,
Tu soutiens tout l'Univers.
On t'adore au sombre Empire ,
Ta fille regne aux Enfers.
Æglé.
Que Phébus perde sa vitesse ,
Quand Proserpine est avec toi ;
Mais que ce Dieu vole et s'empresse ,
Quand Pluton la tient sous sa Loy.
Lycidas.
Nous avons appris de nos Peres
Ces illustres évenemens ;
A notre tour à nos enfans
Nous raconterons ces Mysteres.
Ensemble,
Accourez jeunes Moissonneurs ,
C'est peu de profiter d'une utile abondance.
Il faut marquer par la reconnoissance
A qui vous devez ces faveurs.
L'AUTOMNE.
Philis. Coridon.
Sujvons
Fuyons
Bacchus et sa Liqueur ;
Aimons
242 MERCURE DE FRANCE
S Aimons
Craignons
les présens qu'il nous donne.
C'est dans le doux jus de l'Automne
Ce n'est point le jus de l'Automne ,
Que l'on trouve un parfait bonheur ,
Qui peut faire notre bonheur,
Coridon,
Est-il une Fête agréable ,
Si Bacchus n'en fait l'ornement ?
La gayeté , l'enjoüment aimable ,
Coulent de son Nectar charmant.
Philis.
Trop souvent la raison s'égare ;
En voulant suivre ses pas ,
Souvent la discorde barbare
Trouble ses plus doux appas.
Coridon.
Toujours la fortune inconstante
Nous fait sentir quelque malheur,
Bacchus par sa Liqueur puissante
Sçait endormir notre douleur.
Philis.
Pour calmer une peine extrême ,
Bacchus offre un trompeur secours.
Fuyons ce Dieu ; son secours même ,
Empoisonne et finit nos jours.
Coridon.
FEVRIER.
1734. 243
Coridon.
Mais, aimable Philis , de son charmant breuvage
Ne peut- on faire un juste usage ?
C'est l'excès qui rend dangereux ,
Les doux présens des Dieux.
A
2'
Tous deux.
Buvons sans boire à tasse pleine ;
N'écoutons qu'un sage desir ,
Buvons assez pour le plaisir ,
Buvons sobrement pour la peine.
L'HY V E R.
Ismene. Corylas.
Corylas.
Ismene , quel temps rigoureux
Consterne toute la Nature !
Quels frimats ! quelle froidure ,
Trouble la paix de ces Lieux !
Tous deux.
O toi dont les soins secourables ,
Veillent sur le sort des Bergers ,
Pan , jette sur nous tes regards favorables ;
Deffends-nous , deffends tes Vergers.
Corylas.
Déja le tendre Sylvanire
A suspendu ses Chalumeaux ;
Déja
244 MERCURE DE FRANCE
Déja la charmante Thémire ,
Prend moins de soin de ses Troupeaux.
Ismene.
Mille Oiseaux chaque jour chantoient dans ces
Boccages ; .
J'y venois écouter le murmure des eaux ;
Oiseaux , vous avez donc oublié vos ramages ,
Vous ne murmurez plus , agréables Ruisseaux,
Corylas.
Mais , Ciel ! quel bonheur extrême !
L'Hyver croit en vain nous troubler.
Auprès de nos foyers je vois Bacchus lui-même
Les jeux et les plaisirs viennent s'y rassembler.
Tous deux.
Triompheż, triomphez , Divinitez charmantes
Regnez toujours avec nous.
Rendez nos Fêtes brillantes ;
Rendez de notre sort les Rois mêmes jaloux.
L. D.
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Résumé : LES QUATRE SAISONS.
Le texte présente les quatre saisons à travers des dialogues entre divers personnages. Au printemps, Tircis et Iris célèbrent la renaissance de la nature, la fonte des glaces et le retour des oiseaux chanteurs. Ils décident d'offrir des fleurs en hommage au printemps. En été, Licidas et Aglé chantent les moissons abondantes et rendent hommage à Cérès, déesse de l'agriculture, et à sa fille Proserpine. Ils invitent les moissonneurs à reconnaître les bienfaits de Cérès. En automne, Philis et Coridon discutent des dangers de l'abus de l'alcool, tout en reconnaissant ses vertus pour apaiser les douleurs. Ils prônent la modération. En hiver, Ismène et Corylas déplorent le froid et la désolation, mais trouvent du réconfort auprès du feu et des plaisirs offerts par Bacchus. Ils célèbrent les divinités qui apportent la joie et les fêtes brillantes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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