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1
p. 2297-2299
« Le Marquis de Souvré, Maître de la Garderobbe du Roi, a été nommé [...] »
Début :
Le Marquis de Souvré, Maître de la Garderobbe du Roi, a été nommé [...]
Mots clefs :
Roi, Marquis, Reine
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texteReconnaissance textuelle : « Le Marquis de Souvré, Maître de la Garderobbe du Roi, a été nommé [...] »
E Marquis de Souvré , Maître de la
Garderobbe du Roi , à été nommé
par S. M. Meftre de Camp d'un Regiment
d'Infanterie , vacant par la démiflion volontaire
du Marquis de la Chenelaye ,
Brigadier des Armées du Roi..
Le Marquis de Lanmari à obtenu la
Compagnie de Gendarmerie , vacante par
la mort de M. Trudaine. Le Marquis de
Bouville a été nommé Sous-Lieutenant
de Gendarmerie , le Marquis de Marignane
,
2298 MERCURE DE FRANCE 1
ne , Enſeigne , & le fils de M. Trudaine ,
Guidon ,
M. de Beaucaire , Meftre de Camp réformé,
a été nommé par le Roi Meftre de
Camp d'un Régiment deCavalerie, vacant
par la démiffion volontaire du Prince de
Lambefc.
Le Roi a donné l'Evêché d'Angers à
Abbé de Vaugiraud , Grand - Vicaire de
çe Diocèfe ; & S. M. a donné l'Abbaye de
Noaillé , Ordre de S. Benoît , Diocèſe de
Poitiers , à l'Abbé Poncet de la Riviere .
Le Marquis de Creil , Brigadier des
Armées du Roi , & Meftre de Camp du
Régiment de Baffigny , a été nommé par
S. M. Capitaine - Lieutenant de la Compagnie
des Grenadiers à Cheval de fa Maifon
, & le Roi a accordé au fils de M. de
Villemur, Lieutenant General des Armées
de S. M. qui commandoit cette Compa
gnie , le Regiment de Baffigny.
Le Roi a nommé le Comte de Rottembourg
, fon Ambaffadeur Extraordinaire
auprès du Roi d'Eſpagne,
Le zo. de ce mois , la Reine fe rendit
à la Chapelle du Château de Versailles ,
où S.M. aprés avoir entendu la Meffe, qui
fut dite par l'Abbé de S. Aulaire, fon Aumônier
en quartier , fut relevée de fes-
Couches , avec les ceremonies accoûtumées
OCTOBRE. 1730. 2299
, par le Cardinal de Fleury , fon
Grand- Aumônier.
mées
Le 21. l'Abbé Lanti , Nonce Extraor
dinaire du Pape , s'étant rendu à Verſailles
, eut la premiere Audience particuliere'
du Roi. Il eut enfuite Audience de la Reine
& de Monfeigneur le Dauphin .
Le Roi Staniflas & la Reine fon Epoufe,
qui font venus incognito , pour paffer quelques
jours à Verfailles avec la Reine leur
Fille , font retournez à Chambord. Pendant
leur féjour à la Cour , le Roi les a
vûs plufieurs fois chez la Reine.
Garderobbe du Roi , à été nommé
par S. M. Meftre de Camp d'un Regiment
d'Infanterie , vacant par la démiflion volontaire
du Marquis de la Chenelaye ,
Brigadier des Armées du Roi..
Le Marquis de Lanmari à obtenu la
Compagnie de Gendarmerie , vacante par
la mort de M. Trudaine. Le Marquis de
Bouville a été nommé Sous-Lieutenant
de Gendarmerie , le Marquis de Marignane
,
2298 MERCURE DE FRANCE 1
ne , Enſeigne , & le fils de M. Trudaine ,
Guidon ,
M. de Beaucaire , Meftre de Camp réformé,
a été nommé par le Roi Meftre de
Camp d'un Régiment deCavalerie, vacant
par la démiffion volontaire du Prince de
Lambefc.
Le Roi a donné l'Evêché d'Angers à
Abbé de Vaugiraud , Grand - Vicaire de
çe Diocèfe ; & S. M. a donné l'Abbaye de
Noaillé , Ordre de S. Benoît , Diocèſe de
Poitiers , à l'Abbé Poncet de la Riviere .
Le Marquis de Creil , Brigadier des
Armées du Roi , & Meftre de Camp du
Régiment de Baffigny , a été nommé par
S. M. Capitaine - Lieutenant de la Compagnie
des Grenadiers à Cheval de fa Maifon
, & le Roi a accordé au fils de M. de
Villemur, Lieutenant General des Armées
de S. M. qui commandoit cette Compa
gnie , le Regiment de Baffigny.
Le Roi a nommé le Comte de Rottembourg
, fon Ambaffadeur Extraordinaire
auprès du Roi d'Eſpagne,
Le zo. de ce mois , la Reine fe rendit
à la Chapelle du Château de Versailles ,
où S.M. aprés avoir entendu la Meffe, qui
fut dite par l'Abbé de S. Aulaire, fon Aumônier
en quartier , fut relevée de fes-
Couches , avec les ceremonies accoûtumées
OCTOBRE. 1730. 2299
, par le Cardinal de Fleury , fon
Grand- Aumônier.
mées
Le 21. l'Abbé Lanti , Nonce Extraor
dinaire du Pape , s'étant rendu à Verſailles
, eut la premiere Audience particuliere'
du Roi. Il eut enfuite Audience de la Reine
& de Monfeigneur le Dauphin .
Le Roi Staniflas & la Reine fon Epoufe,
qui font venus incognito , pour paffer quelques
jours à Verfailles avec la Reine leur
Fille , font retournez à Chambord. Pendant
leur féjour à la Cour , le Roi les a
vûs plufieurs fois chez la Reine.
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Résumé : « Le Marquis de Souvré, Maître de la Garderobbe du Roi, a été nommé [...] »
En octobre 1730, plusieurs nominations ont eu lieu à la cour de France. Le Marquis de Souvré a été nommé Maître de Camp d'un régiment d'infanterie, succédant au Marquis de la Chenelaye. Le Marquis de Lanmari a obtenu la Compagnie de Gendarmerie, vacante après le décès de M. Trudaine. Le Marquis de Bouville a été nommé Sous-Lieutenant de Gendarmerie, le Marquis de Marignane Enseigne, et le fils de M. Trudaine Guidon. M. de Beaucaire a été nommé Maître de Camp d'un régiment de cavalerie, poste laissé vacant par la démission du Prince de Lambesc. Le Roi a attribué l'Évêché d'Angers à l'Abbé de Vaugiraud et l'Abbaye de Noaillé à l'Abbé Poncet de la Rivière. Le Marquis de Creil a été nommé Capitaine-Lieutenant de la Compagnie des Grenadiers à Cheval de la Maison du Roi, et le fils de M. de Villemur a reçu le Régiment de Baffigny. Le Comte de Rottembourg a été désigné Ambassadeur Extraordinaire auprès du Roi d'Espagne. Le 20 octobre, la Reine s'est rendue à la Chapelle du Château de Versailles pour être relevée de ses couches par le Cardinal de Fleury. Le 21 octobre, l'Abbé Lanti, Nonce Extraordinaire du Pape, a eu sa première audience privée avec le Roi, suivie d'audiences avec la Reine et le Dauphin. Le Roi Stanislas et la Reine son épouse, venus incognito à Versailles avec la Reine leur fille, sont retournés à Chambord.
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2
p. 2299-2301
Sacrifice d'Iphigenie, Tableau presenté au Roi, [titre d'après la table]
Début :
Le Tableau que M. Charles Coypel a fait pour être executé en Tapisserie pour [...]
Mots clefs :
Roi, Tableau, Tapisserie, Sacrifice, Victime
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texteReconnaissance textuelle : Sacrifice d'Iphigenie, Tableau presenté au Roi, [titre d'après la table]
Le Tableau que M. Charles Coypel
fait pour être executé en Tapifferie pour
fe Roi , aux Gobelins , fut expofé dans le
grand Appartement de S. M. à Verſailles,
fe z . de ce mois. Le Roi & la Reine
ont vû çe grand Ouvrage avec plaifir
L. M. en ont marqué leur fatisfaction à
Auteur , qui leur fut préfenté par le Duc
Dantin , toute la Cour a generalement
applaudi à cette admirable compofition .
Ce Tableau a 18. pieds de long fur 11.
de haut , & eft compofé de 30. figures .
Il repréfente le Sacrifice d'Iphigenie ;
on a choifi le moment où cette Princeffe
fe prefente à l'Autel , & dit le dernier
adieu à fon pere , en lui baifant la main .
Agamemnon , penetré de douleur , la
ferre
2300 MERCURE DE FRANCE
,
ferre dans fes bras , & l'on a tâché d'exprimer
la tendreffe d'un Pere fur le viſage
d'un Héros . Il ne paroît point murmurer
contre l'ordre des Dieux , ni vouloir s'oppofer
à leurs volontez , mais il laiffe juger
par fa douleur de la grandeur du Sacrifice
qu'il va leur faire . Neftor & Ulyffe
viennent l'arracher de l'Autel par des motifs
differens , la compaffion fait agir le
premier , la politique engage l'autre à prévenir
les obftacles que la tendreffe du fang
pourroit apporter à une action lui
qui paroît
auffi neceffaire qu'inhumaine. Calchas
& les Prêtres de fa fuite paroiffent
touchez du fort de la jeune Princeffe
ainfi que les Guerriers qui entourent l'Autel
. L'on a imaginé que rien n'étoit plus
capable de faire fentir la compaffion que
doit infpirer un Spectacle fi touchant,
que de la peindre fur le vifage de ceux
même qui font dans l'habitude de répandre
du fang. On a tâché auffi d'exprimer
les differens degrez & les differentes efpeces
de douleurs , felon la varieté d'âges
& de caracteres de ceux qui affiftent à ce
trifte Spectacle , & le plus ou moins d'interêt
qu'ils y prennent. On voit fur le
devant la Nourrice d'Iphigenic qui s'élance
avec fureur pour aller mettre obft
cle à l'accompliffement du Sacrifice . Elle
eft arrêtée par un Guerrier qui pleure luimême
OCTOBRE. 1730. 2301
même de le voir dans la neceflité de s'oppofer
à fon deffein . On y voit auffi deux
femmes de la fuite de la Princeffe , dont
la plus jeune veut fe cacher dans les bras
de l'autre , croyant déja voir le couteau
dans le fein de fa Maîtreffe , mais fa Compagne
, dans laquelle elle penfe trouver
du fecours , tombe elle- même évanoüie
fur elle.L'Autel eft environné de plufieurs
Inftrumens de Sacrifice , tels que le Couteau
facré , la Cuve dans laquelle on reçoit
le fang de la Victime , le Vafe qui
fervoit aux afperfions, la Caffette qui renfermoit
les Parfums , & autres , qui tous
expofez fans nul ménagement , fous les
yeux de la Victime , ôteroient aux Spectateurs
toute efperance , s'ils n'appercevoient
Diane qui defcend & qui donne
à penfer par un regard de compaffion
qu'elle laiffe tomber fur Iphigenie , qu'elle
ne vient que dans le deffein de la fauver,
la Déefle même commence à répandre fur
l'Armée cette vapeur , qui lui déroba la
connoiffance du fort de la Victime .
On préfenta auffi en même- temps au
Roi & à la Reine , deux Tableaux d'Architecture
de M. Meufnier , d'une beauté
finguliere , dont Leurs Majeftez parurent
trés-fatisfaites.
fait pour être executé en Tapifferie pour
fe Roi , aux Gobelins , fut expofé dans le
grand Appartement de S. M. à Verſailles,
fe z . de ce mois. Le Roi & la Reine
ont vû çe grand Ouvrage avec plaifir
L. M. en ont marqué leur fatisfaction à
Auteur , qui leur fut préfenté par le Duc
Dantin , toute la Cour a generalement
applaudi à cette admirable compofition .
Ce Tableau a 18. pieds de long fur 11.
de haut , & eft compofé de 30. figures .
Il repréfente le Sacrifice d'Iphigenie ;
on a choifi le moment où cette Princeffe
fe prefente à l'Autel , & dit le dernier
adieu à fon pere , en lui baifant la main .
Agamemnon , penetré de douleur , la
ferre
2300 MERCURE DE FRANCE
,
ferre dans fes bras , & l'on a tâché d'exprimer
la tendreffe d'un Pere fur le viſage
d'un Héros . Il ne paroît point murmurer
contre l'ordre des Dieux , ni vouloir s'oppofer
à leurs volontez , mais il laiffe juger
par fa douleur de la grandeur du Sacrifice
qu'il va leur faire . Neftor & Ulyffe
viennent l'arracher de l'Autel par des motifs
differens , la compaffion fait agir le
premier , la politique engage l'autre à prévenir
les obftacles que la tendreffe du fang
pourroit apporter à une action lui
qui paroît
auffi neceffaire qu'inhumaine. Calchas
& les Prêtres de fa fuite paroiffent
touchez du fort de la jeune Princeffe
ainfi que les Guerriers qui entourent l'Autel
. L'on a imaginé que rien n'étoit plus
capable de faire fentir la compaffion que
doit infpirer un Spectacle fi touchant,
que de la peindre fur le vifage de ceux
même qui font dans l'habitude de répandre
du fang. On a tâché auffi d'exprimer
les differens degrez & les differentes efpeces
de douleurs , felon la varieté d'âges
& de caracteres de ceux qui affiftent à ce
trifte Spectacle , & le plus ou moins d'interêt
qu'ils y prennent. On voit fur le
devant la Nourrice d'Iphigenic qui s'élance
avec fureur pour aller mettre obft
cle à l'accompliffement du Sacrifice . Elle
eft arrêtée par un Guerrier qui pleure luimême
OCTOBRE. 1730. 2301
même de le voir dans la neceflité de s'oppofer
à fon deffein . On y voit auffi deux
femmes de la fuite de la Princeffe , dont
la plus jeune veut fe cacher dans les bras
de l'autre , croyant déja voir le couteau
dans le fein de fa Maîtreffe , mais fa Compagne
, dans laquelle elle penfe trouver
du fecours , tombe elle- même évanoüie
fur elle.L'Autel eft environné de plufieurs
Inftrumens de Sacrifice , tels que le Couteau
facré , la Cuve dans laquelle on reçoit
le fang de la Victime , le Vafe qui
fervoit aux afperfions, la Caffette qui renfermoit
les Parfums , & autres , qui tous
expofez fans nul ménagement , fous les
yeux de la Victime , ôteroient aux Spectateurs
toute efperance , s'ils n'appercevoient
Diane qui defcend & qui donne
à penfer par un regard de compaffion
qu'elle laiffe tomber fur Iphigenie , qu'elle
ne vient que dans le deffein de la fauver,
la Déefle même commence à répandre fur
l'Armée cette vapeur , qui lui déroba la
connoiffance du fort de la Victime .
On préfenta auffi en même- temps au
Roi & à la Reine , deux Tableaux d'Architecture
de M. Meufnier , d'une beauté
finguliere , dont Leurs Majeftez parurent
trés-fatisfaites.
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Résumé : Sacrifice d'Iphigenie, Tableau presenté au Roi, [titre d'après la table]
Le tableau de Charles Coypel, destiné à être exécuté en tapisserie pour le roi aux Gobelins, a été exposé à Versailles le 23 octobre. Le roi et la reine ont exprimé leur satisfaction à l'auteur, présenté par le duc d'Antin, et la cour a applaudi la composition. Le tableau, mesurant 18 pieds de long sur 11 de haut, représente le sacrifice d'Iphigénie. Il montre le moment où la princesse se présente à l'autel et dit adieu à son père en lui baisant la main. Agamemnon, pénétré de douleur, la serre dans ses bras. Nestor et Ulysse tentent de l'arracher à l'autel pour des raisons différentes : la compassion pour le premier, la politique pour le second. Calchas, les prêtres, et les guerriers autour de l'autel semblent touchés par le sort de la jeune princesse. La nourrice d'Iphigénie est arrêtée par un guerrier en larmes, et deux femmes de la suite de la princesse réagissent différemment : l'une veut se cacher, l'autre est évanouie. L'autel est entouré d'instruments de sacrifice, mais Diane descend pour sauver Iphigénie, répandant une vapeur qui obscurcit la vision de l'armée. Deux tableaux d'architecture de M. Meusnier ont également été présentés au roi et à la reine, qui en ont été très satisfaits.
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3
p. 2301-2303
Réjouissance sur la Naissance du Duc d'Anjou, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le Régiment d'Anjou, Infanterie, sensible à l'honneur qu'il a d'avoir pour Colonel M. le [...]
Mots clefs :
Réjouissances, Naissance du duc d'Anjou
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texteReconnaissance textuelle : Réjouissance sur la Naissance du Duc d'Anjou, &c. [titre d'après la table]
Le Régiment d'Anjou , Infanterie , fenfible à
'honneus
2302 MERCURE DE FRANCE
l'honneur qu'il a d'avoir pour Colonel M. le
Duc d'Anjou , a donné des marques éclatantes
de la joye qu'a caufé fon heureuſe Naiffance. Ce
Régiment eft campé fous Thionville ; les Dames
de la Ville & des environs ayant été invitées ,
ainfi que la plupart des Officiers Generaux & particuliers
du Camp & de la Ville de Mets , fe rendirent
le 18 Septembre au Camp, où tout étoit préparé
pour les recevoir, ce qui forma une très- brillante
Affemblée . La Fête commença par un grand
Bal , où l'on fervit toutes fortes de Rafraîchiffemens
. A l'entrée de la nuit tout le Camp fut illuminé
avec beaucoup de fimetrie ; la façade du
Camp formoit une fuite de Portiques d'un trèsbon
gout. On avoit élevé au milieu de deux Bataillons
, un Arc- de- Triomphe de 50. pieds de
haut , orné de Filaftres , de Corniches & de Confoles
; les Armes d'Anjou étoient placées en grand
dans le milieu, & celles de France dans les côtez.
Les Troupes étant en bataille , firent trois décharges
generales ; on fit dans l'intervale de chaun
feu continuel de Boetes & de Fufées . Ce
cune,
qui fut terminé par deux groffes Gerbes de Fu- fées qui partirent toutes à la fois . Enfuite on fervit
un très grand foupé , ou , pour mieux dire , plufieurs en même temps , pour toute l'Affemblée
. Après minuit le Bal recommença
jufqu'à l'ouver- ture des Portes de la Ville , que chacun fe fépara fatisfait de la Fête & du fujet qui y avoit donné
lieu. On fit auffi diftribuer beaucoup
de vin aux Soldats & aux Habitans que la curiofité y attira
La Ville de Troye , Capitale de la Province del
Champagne , s'eft toûjours diftinguée par fon
zele & fon attachement pour le Roi & pour la
Famille Royale L'année derniere tous les Ordres
de cette Ville firent éclater leur joye à l'occafion
de
OCTOBRE. 1730. 2303
de la Naiffance de Monfeigneur le Dauphin , &
P'Academie de Mufique fe fignala par une Fête
dont on a donné la defcription. Les marques de
ce même zele ont été renouvellées cette année au
fujet de la Naiffance de Monfeigneur le Duc d'An
jou. M. Morel , Chevalier de l'Ordre de S Michel
& Lieutenant General au Bailliage & Siege
Préfidial de cette Ville , qui exerce depuis environ
un an cette Charge avec diftinétion , a donné une
Fête très-galante. Lors des premieres Réjouiflances
Madame la Lieutenante Generale , chez laquelle
fe raffemble ordinairement la meilleure
Compagnie de la Ville , ayant été priée par les
Dames de leur donner un Bal , elle leur répondit
qu'elle leur offriroit volontiers ce plaifir auffi-tôt
que M. l'Intendant feroit en cette Ville , où il devoit
inceffamment faire la tournée. A fon arrivée
le jour ayant été pris au 10. d'Octobre , M. &
Mad. la Lieutenante Generale inviterent la Nobleffe
des environs & les principales perfonnes de
la Ville; la Fête commença à 5. heures par le jeu
dans differens Appartemens , on vit paroître à 7.
heures une Illumination bien entendue au dehors
& au- dedans de la Maiſon , 9. heures on fervit
deux Tables de 25. Couverts chacune , où ſe réünirent
l'abondance ,la délicateffe & le bon gout.Le
Repas fut terminé par une Symphonie qui fur
fuivie du Bal dans deux grandes Sales très éclai
rées , qui dura toute la nuit avec un grand concours
de Mafques. Pendant le Bal on diftribua
toutes fortes de Rafraîchiffemens , & la Compa
gnie fe retira fort fatisfaite. Le Jeudi fuivant l'Academie
de Mufique donna un Concert à M. l'Intendant
, où l'Affemblée fut nombreufe & brillan
ge , & le Concert fut très-bien executé.
'honneus
2302 MERCURE DE FRANCE
l'honneur qu'il a d'avoir pour Colonel M. le
Duc d'Anjou , a donné des marques éclatantes
de la joye qu'a caufé fon heureuſe Naiffance. Ce
Régiment eft campé fous Thionville ; les Dames
de la Ville & des environs ayant été invitées ,
ainfi que la plupart des Officiers Generaux & particuliers
du Camp & de la Ville de Mets , fe rendirent
le 18 Septembre au Camp, où tout étoit préparé
pour les recevoir, ce qui forma une très- brillante
Affemblée . La Fête commença par un grand
Bal , où l'on fervit toutes fortes de Rafraîchiffemens
. A l'entrée de la nuit tout le Camp fut illuminé
avec beaucoup de fimetrie ; la façade du
Camp formoit une fuite de Portiques d'un trèsbon
gout. On avoit élevé au milieu de deux Bataillons
, un Arc- de- Triomphe de 50. pieds de
haut , orné de Filaftres , de Corniches & de Confoles
; les Armes d'Anjou étoient placées en grand
dans le milieu, & celles de France dans les côtez.
Les Troupes étant en bataille , firent trois décharges
generales ; on fit dans l'intervale de chaun
feu continuel de Boetes & de Fufées . Ce
cune,
qui fut terminé par deux groffes Gerbes de Fu- fées qui partirent toutes à la fois . Enfuite on fervit
un très grand foupé , ou , pour mieux dire , plufieurs en même temps , pour toute l'Affemblée
. Après minuit le Bal recommença
jufqu'à l'ouver- ture des Portes de la Ville , que chacun fe fépara fatisfait de la Fête & du fujet qui y avoit donné
lieu. On fit auffi diftribuer beaucoup
de vin aux Soldats & aux Habitans que la curiofité y attira
La Ville de Troye , Capitale de la Province del
Champagne , s'eft toûjours diftinguée par fon
zele & fon attachement pour le Roi & pour la
Famille Royale L'année derniere tous les Ordres
de cette Ville firent éclater leur joye à l'occafion
de
OCTOBRE. 1730. 2303
de la Naiffance de Monfeigneur le Dauphin , &
P'Academie de Mufique fe fignala par une Fête
dont on a donné la defcription. Les marques de
ce même zele ont été renouvellées cette année au
fujet de la Naiffance de Monfeigneur le Duc d'An
jou. M. Morel , Chevalier de l'Ordre de S Michel
& Lieutenant General au Bailliage & Siege
Préfidial de cette Ville , qui exerce depuis environ
un an cette Charge avec diftinétion , a donné une
Fête très-galante. Lors des premieres Réjouiflances
Madame la Lieutenante Generale , chez laquelle
fe raffemble ordinairement la meilleure
Compagnie de la Ville , ayant été priée par les
Dames de leur donner un Bal , elle leur répondit
qu'elle leur offriroit volontiers ce plaifir auffi-tôt
que M. l'Intendant feroit en cette Ville , où il devoit
inceffamment faire la tournée. A fon arrivée
le jour ayant été pris au 10. d'Octobre , M. &
Mad. la Lieutenante Generale inviterent la Nobleffe
des environs & les principales perfonnes de
la Ville; la Fête commença à 5. heures par le jeu
dans differens Appartemens , on vit paroître à 7.
heures une Illumination bien entendue au dehors
& au- dedans de la Maiſon , 9. heures on fervit
deux Tables de 25. Couverts chacune , où ſe réünirent
l'abondance ,la délicateffe & le bon gout.Le
Repas fut terminé par une Symphonie qui fur
fuivie du Bal dans deux grandes Sales très éclai
rées , qui dura toute la nuit avec un grand concours
de Mafques. Pendant le Bal on diftribua
toutes fortes de Rafraîchiffemens , & la Compa
gnie fe retira fort fatisfaite. Le Jeudi fuivant l'Academie
de Mufique donna un Concert à M. l'Intendant
, où l'Affemblée fut nombreufe & brillan
ge , & le Concert fut très-bien executé.
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Résumé : Réjouissance sur la Naissance du Duc d'Anjou, &c. [titre d'après la table]
Le Régiment d'Anjou a célébré la naissance du Duc d'Anjou, son colonel, à Thionville le 18 septembre. La fête a réuni les dames de la ville et des environs, ainsi que les officiers généraux et particuliers du camp et de Metz. Les festivités ont commencé par un grand bal, suivi d'illuminations et de feux d'artifice. Un arc de triomphe orné des armes d'Anjou et de France a été érigé, et les troupes ont tiré trois salves entrecoupées de pétards et de fusées. Un grand souper a été servi, et le bal a repris après minuit jusqu'à l'ouverture des portes de la ville. Parallèlement, la ville de Troyes a manifesté son attachement à la famille royale en organisant une fête en 1730 pour la naissance du Duc d'Anjou. M. Morel, Chevalier de l'Ordre de Saint-Michel et Lieutenant Général au Bailliage de Troyes, a orchestré une fête galante le 10 octobre. Madame la Lieutenante Générale a offert un bal après l'arrivée de l'Intendant, accompagné de jeux, d'une illumination et d'un repas somptueux. Un concert de l'Académie de Musique a également été donné en l'honneur de l'Intendant.
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4
p. 2303-2306
Jeu de l'Anguille sur la Seine, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le Dimanche 10. Septembre, les Mariniers de la Pelleterie, joints avec quelques autres pour [...]
Mots clefs :
Jeu de l'Anguille, Naissance du duc d'Anjou, Fête, Spectateurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Jeu de l'Anguille sur la Seine, &c. [titre d'après la table]
Le Dimanche 10. Septembre , les Mariniers de
la
27
2304 MERCURE DE FRANCE
la Pelleterie , joints avec quelques autres pour
témoigner leur joye au fujet de la naiffance de
Monfeigneur le Duc d'Anjou , voulurent fe
ignaler par une Fête qu'ils donnerent fur la
Seine , après en avoir obtenu la permiffion de
Meffieurs les Prevôt des Marchands & Echevins.
Ils tirerent l'anguille dans l'efpace de la
riviere qui fe trouve entre le Pont au Change
& le Pont Notre-Dame , la place étant fort convenable
pour ces fortes d'exercices , parce qu'elle
forme un quarré parfait & que les Spectateurs
s'y trouvent placez de tous côtez à une diſtance
raifonnable.
En conféquence des ordres du Prevôt des Marchands
& Echevins , on fit retirer tous les Batteaux
des Teinturiers & autres, pour rendre le caaal
entierement libre , & fur la permiffion qui
leur en fut accordée , ils arrangerent de grands
Batteaux de fel remplis de chaifes qu'ils louerent
au public & dont le produit leur fut accordé
pour fournir en quelque façon aux frais qu'ils
étoient obligez de faire pour cette Fête ; ils boucherent
toutes les arches des deux Ponts, & tout ce
grand quarré fut bordé par des Batteaux remplis
de Spectateurs , qui étoient en très-grand nombre
, auffi-bien qu'aux Balcons & aux fenêtres
des deux Ponts & des deux Quais .
On avoit orné très- proprement un grand Batteau
deftiné pour Mrs les Prévôt des Marchands ,
Echevins & autres Officiers de la Ville , & dans
lequel il fe trouva auffi beaucoup de Dames : aufſitôt
qu'on le vit approcher , les Mariniers , au fon
des Timbales & des Trompettes , commencerent
vers les 3. heures après midi , le jeu de la Lance
qui devint très - divertiffant les differentes manieres
dont ils tomboient dans l'eau & les differentes
culbutes qu'ils faifoient malgré eux ,
par
Les
OCTOBRE. 1730. 2305
Les combatans de la Lutte étoient montez fur
fix petits Batteaux , à chacun defquels il y avoit
5 Rames. 3. de ces Batteaux étoient peints en
fouge , & les 3. autres en bleu , auffi bien que
les Rames & les Lances; les Rameurs, comme les
Tireurs de Lance, étoient tous habillez de blanc
& avoient des Cocardes, dont la couleur répondoit
à celle des Batteaux où ils étoient . Par les
mouvemens de leurs Rames , ils faifoient revirer
leurs Batteaux à leur gré & s'entendoient fi - bien,
que quand ils fe rencontroient , ils fe touchoient
fi vivement avec leurs Lances , qu'il étoit rare
qu'il n'en tomba quelqu'un dans l'eau , & même
affez fouvent ils étoient renverfez tous les deux .
ce qui réjouiffoit infiniment , & formoit un petit
combat tres-divertiffant.Il y en eut deux, fur tout,
plus fermes que les autres , qui ne furent renver→
fez qu'à la fin. Ce divertiffement dura plus d'une
heure ; en finiffant les Mariniers fe jetterent tous
enſemble dans l'eau , qui fe trouva dans l'inſtant
couverte de Nageurs , dont les divers mouvemens
, joints à l'agitation de l'eau , donnerent
un fpectacle des plus agréables . Ils gagnerent le
Batteau , pour tirer l'Anguille ; & enfuite y étant
arrivez , ils tirerent au fort le rang qui devoit leur
échoir , & furent attacher l'Anguille à une corde,
qui étoit placée au milieu du Quay de Gêvres , à
la hauteur au moins d'un fecond étage , & qui
répondoit à un Tourniquet , du côté de la Pelleterie.
Ordinairement on reconnoît pour Roy celui
qui fans agir des mains , peut avec fes dents arracher
les entrailles de l'Anguille ; mais afin que
le plaifir dura plus long- temps , ils étoient convenus
enſemble que ce feroit celui qui emporteroit
le dernier morceau . Le Plaiſant de ce fpec
tacle fut que dans le temps qu'ils y penfoient le
I moins
2306 MERCURE DE FRANCE
moins , on lâchoit le Tourniquet , ce qui les faifoit
tomber & enfoncer fi avant dans l'eau, qu'ils
étoient tres - long - tems fans reparoître , & fouvent
ils fe trouvoient fi éloignez de l'Anguille
qu'ils ne pouvoient point la ratraper ; ce qui
donnoit lieu à un autre de prendre la place . Il
s'en trouva quelques - uns qui marquoient tant
de courage & de force , qu'ils fe laiffoient enlever,
en tenant la corde feulement des mains , & reftoient
dans cette fituation un temps tres-confiderable
, & quelquefois avoient encore affez de
vigueur pour s'élever & s'y attacher par les pieds.
La Fête fut interrompue pour un moment ,
par la chute d'un Echafaut trop foible , qu'on
avoit élevé fur le Batteau , qui fervoit pour monter
à la corde où l'Anguille étoit attachée. Ce qui
divertit beaucoup le public, dautant qu'ils étoient
tous montez deffus.
Tout le pafla avec beaucoup d'ordre & fans accident
, malgré la grande affluence de peuples qui
y accoururent, attirés la rareté de ces fortes de
fpectacles , dont on n'avoit point vu de pareils
depuis 37 ans.
par
Cela finit fur les fix heures du foir , avec de
grands applaudiffemens de la part des Spectateurs
, pour le Vainqueur que l'on conduifit au
Batteau de Meffieurs les Prevôt des Marchands
& Echevins , où il reçût la récompenfe de fa vic-
Loire.
M. le Cocq , Commis pour le paffage des Ponts,
homme fort entendu , s'eft donné bien des foins
pour conduire cette Fête.
la
27
2304 MERCURE DE FRANCE
la Pelleterie , joints avec quelques autres pour
témoigner leur joye au fujet de la naiffance de
Monfeigneur le Duc d'Anjou , voulurent fe
ignaler par une Fête qu'ils donnerent fur la
Seine , après en avoir obtenu la permiffion de
Meffieurs les Prevôt des Marchands & Echevins.
Ils tirerent l'anguille dans l'efpace de la
riviere qui fe trouve entre le Pont au Change
& le Pont Notre-Dame , la place étant fort convenable
pour ces fortes d'exercices , parce qu'elle
forme un quarré parfait & que les Spectateurs
s'y trouvent placez de tous côtez à une diſtance
raifonnable.
En conféquence des ordres du Prevôt des Marchands
& Echevins , on fit retirer tous les Batteaux
des Teinturiers & autres, pour rendre le caaal
entierement libre , & fur la permiffion qui
leur en fut accordée , ils arrangerent de grands
Batteaux de fel remplis de chaifes qu'ils louerent
au public & dont le produit leur fut accordé
pour fournir en quelque façon aux frais qu'ils
étoient obligez de faire pour cette Fête ; ils boucherent
toutes les arches des deux Ponts, & tout ce
grand quarré fut bordé par des Batteaux remplis
de Spectateurs , qui étoient en très-grand nombre
, auffi-bien qu'aux Balcons & aux fenêtres
des deux Ponts & des deux Quais .
On avoit orné très- proprement un grand Batteau
deftiné pour Mrs les Prévôt des Marchands ,
Echevins & autres Officiers de la Ville , & dans
lequel il fe trouva auffi beaucoup de Dames : aufſitôt
qu'on le vit approcher , les Mariniers , au fon
des Timbales & des Trompettes , commencerent
vers les 3. heures après midi , le jeu de la Lance
qui devint très - divertiffant les differentes manieres
dont ils tomboient dans l'eau & les differentes
culbutes qu'ils faifoient malgré eux ,
par
Les
OCTOBRE. 1730. 2305
Les combatans de la Lutte étoient montez fur
fix petits Batteaux , à chacun defquels il y avoit
5 Rames. 3. de ces Batteaux étoient peints en
fouge , & les 3. autres en bleu , auffi bien que
les Rames & les Lances; les Rameurs, comme les
Tireurs de Lance, étoient tous habillez de blanc
& avoient des Cocardes, dont la couleur répondoit
à celle des Batteaux où ils étoient . Par les
mouvemens de leurs Rames , ils faifoient revirer
leurs Batteaux à leur gré & s'entendoient fi - bien,
que quand ils fe rencontroient , ils fe touchoient
fi vivement avec leurs Lances , qu'il étoit rare
qu'il n'en tomba quelqu'un dans l'eau , & même
affez fouvent ils étoient renverfez tous les deux .
ce qui réjouiffoit infiniment , & formoit un petit
combat tres-divertiffant.Il y en eut deux, fur tout,
plus fermes que les autres , qui ne furent renver→
fez qu'à la fin. Ce divertiffement dura plus d'une
heure ; en finiffant les Mariniers fe jetterent tous
enſemble dans l'eau , qui fe trouva dans l'inſtant
couverte de Nageurs , dont les divers mouvemens
, joints à l'agitation de l'eau , donnerent
un fpectacle des plus agréables . Ils gagnerent le
Batteau , pour tirer l'Anguille ; & enfuite y étant
arrivez , ils tirerent au fort le rang qui devoit leur
échoir , & furent attacher l'Anguille à une corde,
qui étoit placée au milieu du Quay de Gêvres , à
la hauteur au moins d'un fecond étage , & qui
répondoit à un Tourniquet , du côté de la Pelleterie.
Ordinairement on reconnoît pour Roy celui
qui fans agir des mains , peut avec fes dents arracher
les entrailles de l'Anguille ; mais afin que
le plaifir dura plus long- temps , ils étoient convenus
enſemble que ce feroit celui qui emporteroit
le dernier morceau . Le Plaiſant de ce fpec
tacle fut que dans le temps qu'ils y penfoient le
I moins
2306 MERCURE DE FRANCE
moins , on lâchoit le Tourniquet , ce qui les faifoit
tomber & enfoncer fi avant dans l'eau, qu'ils
étoient tres - long - tems fans reparoître , & fouvent
ils fe trouvoient fi éloignez de l'Anguille
qu'ils ne pouvoient point la ratraper ; ce qui
donnoit lieu à un autre de prendre la place . Il
s'en trouva quelques - uns qui marquoient tant
de courage & de force , qu'ils fe laiffoient enlever,
en tenant la corde feulement des mains , & reftoient
dans cette fituation un temps tres-confiderable
, & quelquefois avoient encore affez de
vigueur pour s'élever & s'y attacher par les pieds.
La Fête fut interrompue pour un moment ,
par la chute d'un Echafaut trop foible , qu'on
avoit élevé fur le Batteau , qui fervoit pour monter
à la corde où l'Anguille étoit attachée. Ce qui
divertit beaucoup le public, dautant qu'ils étoient
tous montez deffus.
Tout le pafla avec beaucoup d'ordre & fans accident
, malgré la grande affluence de peuples qui
y accoururent, attirés la rareté de ces fortes de
fpectacles , dont on n'avoit point vu de pareils
depuis 37 ans.
par
Cela finit fur les fix heures du foir , avec de
grands applaudiffemens de la part des Spectateurs
, pour le Vainqueur que l'on conduifit au
Batteau de Meffieurs les Prevôt des Marchands
& Echevins , où il reçût la récompenfe de fa vic-
Loire.
M. le Cocq , Commis pour le paffage des Ponts,
homme fort entendu , s'eft donné bien des foins
pour conduire cette Fête.
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Résumé : Jeu de l'Anguille sur la Seine, &c. [titre d'après la table]
Le 10 septembre, les mariniers de la Pelleterie, rejoints par d'autres, organisèrent une fête sur la Seine pour célébrer la naissance du Duc d'Anjou. Cette fête se déroula entre le Pont au Change et le Pont Notre-Dame, un espace approprié pour les exercices nautiques. Les autorités firent retirer les bateaux des teinturiers pour libérer le canal. Les mariniers louèrent de grands bateaux remplis de chaises pour le public, dont les recettes couvrirent une partie des frais. Les arches des deux ponts furent bouchées, formant un grand carré bordé par des bateaux de spectateurs, ainsi que par les balcons et fenêtres des ponts et quais. Un grand bateau orné accueillit les Prévôt des Marchands, Échevins et autres officiers de la ville, ainsi que de nombreuses dames. Vers 15 heures, les mariniers commencèrent le jeu de la lance, divertissant les spectateurs par leurs différentes chutes dans l'eau. Les combattants de la lutte étaient sur de petits bateaux peints en rouge et bleu, avec des rameurs et tireurs de lance habillés de blanc et portant des cocardes assorties. Ils manœuvraient habilement leurs bateaux, se touchant vivement avec leurs lances, ce qui provoquait souvent des chutes. Deux combattants se distinguèrent par leur fermeté. Après plus d'une heure de divertissement, les mariniers se jetèrent dans l'eau, couvrant la surface de nageurs. Ils tirèrent ensuite au sort pour déterminer l'ordre de l'épreuve de l'anguille, attachée à une corde sur le quai de Gêvres. Le but était de saisir les entrailles de l'anguille avec les dents, le vainqueur étant celui qui emporterait le dernier morceau. La fête fut brièvement interrompue par la chute d'un échafaud trop faible. La fête se termina vers 18 heures avec des applaudissements pour le vainqueur, qui reçut sa récompense sur le bateau des Prévôt des Marchands et Échevins. M. le Cocq, commis pour le passage des ponts, joua un rôle clé dans l'organisation de cette fête, qui n'avait pas eu de pareille depuis 37 ans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 2306-2307
« Le 21. de ce mois, on solemnisa dans l'Eglise de la Maison de Sorbonne, la Fête de sainte Ursule [...] »
Début :
Le 21. de ce mois, on solemnisa dans l'Eglise de la Maison de Sorbonne, la Fête de sainte Ursule [...]
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texteReconnaissance textuelle : « Le 21. de ce mois, on solemnisa dans l'Eglise de la Maison de Sorbonne, la Fête de sainte Ursule [...] »
Le 21. de ce mois , on folemnifa dans l'Eglife
de la Maifon de Sorbonne , la Fête de fainte Urfule
qui en eft Titulaire , M. l'Archevêque y offi
cia pontificalement, Un nombre confiderable de
perfonnes
ос
OCTOBRE
. 1730. 2307.
perfonnes de diſtinction y affifterent , & il y eut
felon la coûtume , deux Difcours , l'un en Latin
& l'autre en François , contenant principalement
le Panégyrique de la Sainte.
Le Lundi 23. M. de la Porte , fecond Avocat
du Roi au Châtelet, fit à la Rentrée de cette Jurif
diction , un Difcours fur le Gout ramené à l'Etude
des Loix & à l'Eloquence du Barreau , qui
fut prononcé avec beaucoup de graces & extrémement
applaudi. M. le Lieutenant Civil termina
la Séance par un Difcours très- folide , trèsélégant,
& qui répondoit au caractere de ce Ma
giftrat.
de la Maifon de Sorbonne , la Fête de fainte Urfule
qui en eft Titulaire , M. l'Archevêque y offi
cia pontificalement, Un nombre confiderable de
perfonnes
ос
OCTOBRE
. 1730. 2307.
perfonnes de diſtinction y affifterent , & il y eut
felon la coûtume , deux Difcours , l'un en Latin
& l'autre en François , contenant principalement
le Panégyrique de la Sainte.
Le Lundi 23. M. de la Porte , fecond Avocat
du Roi au Châtelet, fit à la Rentrée de cette Jurif
diction , un Difcours fur le Gout ramené à l'Etude
des Loix & à l'Eloquence du Barreau , qui
fut prononcé avec beaucoup de graces & extrémement
applaudi. M. le Lieutenant Civil termina
la Séance par un Difcours très- folide , trèsélégant,
& qui répondoit au caractere de ce Ma
giftrat.
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Résumé : « Le 21. de ce mois, on solemnisa dans l'Eglise de la Maison de Sorbonne, la Fête de sainte Ursule [...] »
Le 21 octobre 1730, une cérémonie à la Sorbonne célébra sainte Urfule avec des discours en latin et en français. Le 23 octobre, M. de la Porte prononça un discours acclamé lors de la rentrée du Châtelet. M. le Lieutenant Civil conclut la séance par un discours magistral.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 2307-2310
LETTRE des Pensionnaires du College de Louis le Grand, au jeune Marquis de Crussot, à Versailles, sur la Fête qui se fit dans ce College, au sujet de la Naissance de Monseigneur le Duc d'Anjou.
Début :
Crussol, notre aimable Confrere, [...]
Mots clefs :
Collège Louis le Grand, Naissance du duc d'Anjou, Prince, Fête
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE des Pensionnaires du College de Louis le Grand, au jeune Marquis de Crussot, à Versailles, sur la Fête qui se fit dans ce College, au sujet de la Naissance de Monseigneur le Duc d'Anjou.
Nous avons crû que le Public verroit
avec plaifir la Piece fuivante , dont la
naïveté ingenieufe a été fort goutée à la
Cour. Elle a été faite par le Pere de la
Sante , l'un des Profeffeurs de Rhétorique,
du College de Louis le Grand , au nom
des jeunes Seigneurs Penfionnaires dans)
ce College.
LETTRE des Penfionnaires du College.
de Louis le Grand , aujeune Marquis de
Cruffol , à Versailles , fur la Fête qui ſe
fit dans ce College , au fujet de la Naiffance
de Monfeigneur le Duc d'Anjou.
CRuffol , noti notre aimable Confrere
Sois en Cour notre Député ;
Comme la Reine cinq fois mere
Te voit d'un oeil plein de bonté ,
I ij
Va
2308 MERCURE DE FRANCE
Va lui demander audiance ,
Sur cette Lettre de Créance ;
Et puis fans autre compliment ,
Racontes-lui naïvement ,
La fubite métamorphofe ,
D'Apollon en Artificier :
Car tel fut ici le Métier ,
Qu'il fit le jour de ſainte Roſe , * )
Jour qui vit un nouveau Fleuron ,
Naître à la Couronne de France.
Et paroître un beau Rejetton ,
De nos Lys feconde efperance.
Le foir de ce jour fortuné
Notre Parnaffe illuminé ,
Offrit un fi charmant ſpectacle ,
Qu'il tenoit prefque du Miracle.
Auffi ce Prince , dans fon temps ,
En doit-il faire d'éclatans ,
Dont nous trouvons l'heureux préſage ,
Dans fon Nom , dans fon Apanage.
D'abord la Fête commença ,
Par le fon guerrier des Trompettes ,
Bont mainte Fanfare annonça ,
(
Un Feu de trois heures complettes.
Pendant que cent bouches de fer ,
Vomiffoient des flammes tonnantes ,
Mille Serpens joüoient en l'air ,
Letrentiémejour d'Août 1730 ,
ATCE
OCTOBRE . 1730. 2309
Avec mille Etoiles volantes.
Enfin les feux hauts , les feux bas ,
Faifoient enſemble un tel fracas ,
Qu'on eût dit que le Mont Parnaffe ,
Du Mont Etna prenoit la place ,
Et que par un nouveau deſtin ,
Apollon devenoit Vulcain.
Pour nous qui fûmes de la Fête ;
Tant que tout ce grand feu dura
Nous difions : quand à notre tête ,
Un jour ce Bourbon marchera ,
Encouragez par fa prefence ,
Et fuivant à l'envi ſes pas ,
Oh ! quel feu ne ferons- nous pas
Sur les ennemis de la France !
Un Aftrologue , cependant ,
Mais Aftrologue veritable ,
Qui jamais ne débita Fable ,
A tout Paris ſe fait garant ,
Qu'étant né dans le mois d'Augufte ,
Prince doux , pacifique & juſte ,
Notre Duc aimera la Paix ,
Qu'aime Louis pour les Sujets.
Mais il y joint pour Horoſcope ,
Que fi quelque Prince en Europe ,
S'avife de reveiller Mars ,
I1 peut compter, fans rien furfaire ,
Que dans les Fils & dans le Pere ,
I iij I1
2310 MERCURE DE FRANCE
Il trouvera de vrais Céfars.
Pour gages fûrs, de leur victoire ,
L'Aftrologue , qu'on en peut croire ,
Sur des preuves dignes de foi ,
Donne , outre leurs vertus guerrieres ,
Les voeux ardens & les prieres ,
De l'Augufte Epouſe du Roi.
Nous en faifons auffi pour
Et comptons que Sa Majefté ,
Obtiendra par fa pieté ,
elle ,
Plus que nous par tout notre zele.
Que n'obtient pas du Roi des Rois ,
Un grand coeur foumis à fes -loix ?
Pour toi , qui de fi près contemples ,
De la Reine les grands exemples ,
Ami , tâche de profiter.
De ce qu'on en peut imiter
Et fuppléant à la diſtance ,
Qui nous dérobe fa prefence ,
'Affure- la très- humblement
De notre parfait dévoûment.
Pour cette fin , par ces Prefentes ,
Qui te ferviront de Patentes ,
Nous te nommons Ambaffadeur ,
Et nous fommes tous de grand coeur
Cher Cruffol , tes amis finceres ,
Tes Serviteurs & tes Confreres ,
Ce premier Septembre , à Paris ,
Au College du Grand Louis.
avec plaifir la Piece fuivante , dont la
naïveté ingenieufe a été fort goutée à la
Cour. Elle a été faite par le Pere de la
Sante , l'un des Profeffeurs de Rhétorique,
du College de Louis le Grand , au nom
des jeunes Seigneurs Penfionnaires dans)
ce College.
LETTRE des Penfionnaires du College.
de Louis le Grand , aujeune Marquis de
Cruffol , à Versailles , fur la Fête qui ſe
fit dans ce College , au fujet de la Naiffance
de Monfeigneur le Duc d'Anjou.
CRuffol , noti notre aimable Confrere
Sois en Cour notre Député ;
Comme la Reine cinq fois mere
Te voit d'un oeil plein de bonté ,
I ij
Va
2308 MERCURE DE FRANCE
Va lui demander audiance ,
Sur cette Lettre de Créance ;
Et puis fans autre compliment ,
Racontes-lui naïvement ,
La fubite métamorphofe ,
D'Apollon en Artificier :
Car tel fut ici le Métier ,
Qu'il fit le jour de ſainte Roſe , * )
Jour qui vit un nouveau Fleuron ,
Naître à la Couronne de France.
Et paroître un beau Rejetton ,
De nos Lys feconde efperance.
Le foir de ce jour fortuné
Notre Parnaffe illuminé ,
Offrit un fi charmant ſpectacle ,
Qu'il tenoit prefque du Miracle.
Auffi ce Prince , dans fon temps ,
En doit-il faire d'éclatans ,
Dont nous trouvons l'heureux préſage ,
Dans fon Nom , dans fon Apanage.
D'abord la Fête commença ,
Par le fon guerrier des Trompettes ,
Bont mainte Fanfare annonça ,
(
Un Feu de trois heures complettes.
Pendant que cent bouches de fer ,
Vomiffoient des flammes tonnantes ,
Mille Serpens joüoient en l'air ,
Letrentiémejour d'Août 1730 ,
ATCE
OCTOBRE . 1730. 2309
Avec mille Etoiles volantes.
Enfin les feux hauts , les feux bas ,
Faifoient enſemble un tel fracas ,
Qu'on eût dit que le Mont Parnaffe ,
Du Mont Etna prenoit la place ,
Et que par un nouveau deſtin ,
Apollon devenoit Vulcain.
Pour nous qui fûmes de la Fête ;
Tant que tout ce grand feu dura
Nous difions : quand à notre tête ,
Un jour ce Bourbon marchera ,
Encouragez par fa prefence ,
Et fuivant à l'envi ſes pas ,
Oh ! quel feu ne ferons- nous pas
Sur les ennemis de la France !
Un Aftrologue , cependant ,
Mais Aftrologue veritable ,
Qui jamais ne débita Fable ,
A tout Paris ſe fait garant ,
Qu'étant né dans le mois d'Augufte ,
Prince doux , pacifique & juſte ,
Notre Duc aimera la Paix ,
Qu'aime Louis pour les Sujets.
Mais il y joint pour Horoſcope ,
Que fi quelque Prince en Europe ,
S'avife de reveiller Mars ,
I1 peut compter, fans rien furfaire ,
Que dans les Fils & dans le Pere ,
I iij I1
2310 MERCURE DE FRANCE
Il trouvera de vrais Céfars.
Pour gages fûrs, de leur victoire ,
L'Aftrologue , qu'on en peut croire ,
Sur des preuves dignes de foi ,
Donne , outre leurs vertus guerrieres ,
Les voeux ardens & les prieres ,
De l'Augufte Epouſe du Roi.
Nous en faifons auffi pour
Et comptons que Sa Majefté ,
Obtiendra par fa pieté ,
elle ,
Plus que nous par tout notre zele.
Que n'obtient pas du Roi des Rois ,
Un grand coeur foumis à fes -loix ?
Pour toi , qui de fi près contemples ,
De la Reine les grands exemples ,
Ami , tâche de profiter.
De ce qu'on en peut imiter
Et fuppléant à la diſtance ,
Qui nous dérobe fa prefence ,
'Affure- la très- humblement
De notre parfait dévoûment.
Pour cette fin , par ces Prefentes ,
Qui te ferviront de Patentes ,
Nous te nommons Ambaffadeur ,
Et nous fommes tous de grand coeur
Cher Cruffol , tes amis finceres ,
Tes Serviteurs & tes Confreres ,
Ce premier Septembre , à Paris ,
Au College du Grand Louis.
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Résumé : LETTRE des Pensionnaires du College de Louis le Grand, au jeune Marquis de Crussot, à Versailles, sur la Fête qui se fit dans ce College, au sujet de la Naissance de Monseigneur le Duc d'Anjou.
Le texte est une lettre des pensionnaires du Collège de Louis le Grand adressée au jeune Marquis de Cruffol. Elle est écrite à l'occasion de la fête célébrant la naissance de Monseigneur le Duc d'Anjou, le 23 août 1730. Les pensionnaires demandent à Cruffol de représenter leurs intérêts à la cour et de raconter à la Reine la métamorphose d'Apollon en artificier, symbolisant les feux d'artifice tirés lors de la fête. La célébration a inclus des fanfares de trompettes et des feux d'artifice spectaculaires. Un astrologue prédit que le Duc d'Anjou aimera la paix mais sera prêt à défendre la France si nécessaire. Les pensionnaires expriment leurs vœux pour la victoire et la paix, et nomment Cruffol ambassadeur auprès de la Reine. La lettre se termine par des marques de dévouement et d'amitié.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 2311-2321
MODES.
Début :
Ce qui frappe le plus la vûë & ce qui marque davantage le pouvoir [...]
Mots clefs :
Modes, Mode, Dames, Couleurs, Argent, Perruque, Ruban, Cheveux, Fleurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MODES.
MODE S.
E qui frappe le plus la vûë & ce
C qui marque davantage le pouvoir
abtolu de la Mode , ce font,fans doute , les
Panniers d'aujourd'hui , plus grands &
plus amples que jamais , que les Dames
de la Ville & de la Province , & les femmes
de tous les Etats & jufques aux plus
petites artifanes & aux fervantes , portent
, avec autant de complaifance que
d'entêtement , depuis près de 20 ans ;
de
quoi on ne fçauroit affez s'étonner , car
n'y eut-il pour le beau fexe que le penchant
au changement & l'amour de la variété
, il femble que ces ufages n'auroient
pas dû fubfifter fi long-temps. Il femble
enfin qu'il y a bien plus à glofer fur la
bizarerie des Panniers , que fur le Vertugadin
de nos ayeules , qui a regné longtemps.
On prétend que cette mode , outrée &
hors de toute raiſon , a commencé en Allemagne
, d'où elle paffa en Angleterre ;
& que les Dames Angloifes ont porté
l'amplure des Panniers au point où nous
la voyons aujourd'hui . Ils ont plus de 3
aûnes de tour ; on les fait tenir en état
par le moyen de petites bandes de Nates ,
faites de Jonc , ou de petites Lames d'Al
cier ,
I iiij
2312 MERCURE DE FRANCE
cier ; mais plus ordinairement avec de la
Baleine ,, qui eft fort flexible , qui fe caffe
moins , & qui rend les Paniers moins pefans.
Ceux qu'on appelle à Coudes , font
plus à la mode que ceux à Guéridons ; on
les appelle à Coudes ,parce qu'ils font plus
larges par le haut & que les Coudes pofent
prefque deffus. Ils forment mieux
l'ovale que les autres.
Avant l'ufage établi des Paniers , fur
tout à l'Opera , toutes les femmes de
Théatre , qui ont ordinairement des habits
fort riches , principalement dans le
férieux , portoient une espece de Jupon ,
qui ne venoit guére qu'à mi-jambe , fait
d'une groffe toile gommée , affez large
pour donner de la grace , tenir les Jupes
en état, & faire paroître la taille. Le bruit
que faifoient ces efpeces de Paniers, pour
peu qu'on les preffa , lui firent donner le
nom de Criardes ; les plus larges n'avoient
pas deux aûnes , & hors le Théatre , il n'y
avoit que les Dames du plus grand air qui
en portaffent.
Les Paniers parurent enfuite , & ils furent
ainfi appellez , parce qu'ils étoient
faits comme une efpece de Cage ou de
Panier à mettre de la Volaille , percez à
jour , n'y ayant que des Rubans attachez
aux Cercles , fait de nates , de cordes , de
jonc, ou de baleines. Aujourd'hui le corps
du
OCTOBRE . 1730. 23 13
:
du Panier eft fait en Juppe , d'une toile
écruë en gros taffetas , fur lequel on applique
les cercles de Baleine. Quelques
Dames d'une grande modeftie , mais en
tres-petit nombre, fe font tenus aux Juppons
piquez de crin , qui ne font pas un
grand volume , & qui font un effet raifonnable.
Les Paniers ont ordinairement cinq
rangs de cercles ; ceux qu'on appelle à
l'Angloife , en ont jufqu'à 8 , & font
beaucoup plus chers . Les prix de ceux en
toile glacée ou en taffetas , font depuis
10 liv. jufqu'à 50 liv. ceux qui font ornez
de galons d'or ou d'argent , & de Broderies
fe payent autrement.
Les taffetas dont toutes les Dames s'habil
lent en Eté font de couleurs extrêmement
& extraordinairement variées , & les plus
barroques font les plus à la mode , fur
tout les grandes rayes , avec des couleurs.
tranchantes & oppolées l'une près de l'autre
; ces taffetas font la plupart glacez.Les
taffetas Aambans font auffi fort à la mode.
Ceux qu'on porte unis font toujours de
couleur de Rofe ou blanc , fur lefquels on
met des Prétintailles aux paremens des
Robes , fur les manches & aux poches ;
quelquefois on les garnis de blondes de
foye ou d'argent.
Les Robes de Toile de Coton brodées
I v de
2314 MERCURE DE FRANCE
de foye , de couleurs vives , qu'on double
de couleur de Rofe , font fort à la
mode. On met avec ces Robes des Jupons
blancs avec des franges en graine
d'épinard , dont quelques - unes ont un
pied de haut. Les femmes de qualité ,
au lieu des Robes dont on vient de parler
, en portent de Mouffeline claire &
brodée en blanc , & doublées de couleur
de Rofe , ce qui fait un effet charmant.
En hyver on porte beaucoup de velours
plein , cizelé ou gauffré , du Damas , du
Satin unis , avec des paremens en prétintaille
, de la même étoffe & découpez ; &
fur tout des Raz de Sicile , qui eſt une
fort belle étoffe. Les couleurs brunes &
aurore ont la préférence fur les autres.
La manche des Robes fe fait toujours
en pagode. Pour les habits à habiller
qu'on ne voit guére qu'aux jeunes perfonnes
& aux nouvelles mariées , il en a
paru cet Eté en étoffes de couleurs unies,
avec beaucoup de prétintailles , de la même
étoffe , découpez ; avec deux rangs de
falbala à la Jupe.
Les Mantilles font toujours fort en regne.
Il y en a de tres- riches en Ecarlates,
en Velours , en Satin, en Blonde, de toute
couleur , en or ou argent , & c . Si c'étoit
la modeftie qui eut introduit cette mode,
les Dames qui en feroient les Auteurs
feroient
OCTOBRE . 1730. 2315
feroient tres-loüables : car cet ajuſtement
ne donne nulle prife à l'efprit de convoitife
. Des gens malins ont cependant remarqué
que les perfonnes qui n'ont pas
affez d'embonpoint , n'ont pas été des
dernieres à prendre la Mantille .
Les Dames portoient l'Hyver dernier
des Manchons auffi grands que ceux des
hommes , & des Palatines de Marte ; les
Palatines d'Eté font de Blondes de foye &
argent , ornées de fleurs artificielles &
broderie. Les plus à la mode font peintes
avec quantité de papillons.
en
Les gros & amples Bouquets de fleurs
artificielles font toujours fort à la mode.
On fait de ces fleurs d'un gout nouveau
qui imitent les Tulipes de toutes couleurs,
mais plus en gris de lin , avec de l'argent
fin & faux .
Il y a des Eventails d'un prix tres-confiderable
, qu'on porte encore exceffivement
grands ; enforte qu'il y a de petites
perfonnes dont la taille n'a pas deux
fois la hauteur de l'Eventail ; ce qui doit
tenir en refpect les jeunes Cavaliers badins
& trop enjoüez .
Les Dames portent beaucoup de Bas de
fil de Coton , dont les coins font brodez
en laine de couleur. Les bas de foye font
brodez en or ou en argent . Les Bas blancs
ont mis les Souliers blancs à la mode ; on
I vj · les
2316 MERCURE DE FRANCE
les porte à demi arondis à l'Angloife , &
le talon fort gros & couvert de la même
étoffe. On porte également des Mules
arondies. Les Souliers longs & pointus ,
avec la piece renverfée fur la boucle , ne
font prefque plus à la mode.
Il n'y a prefque pas eu de chagement
'dans la coëffure des Dames depuis ce que
nous en avons dit l'année derniere. Elles
portent toujours de petites Garnitures
de blonde , ornées de fleurs qui imitent
le naturel , & d'autres fleurs en broderie
qu'on applique fur la coëffure. Il y a auffi
des Garnitures de blonde d'argent fur lefquelles
on applique également des fleurs
brodées. Ces coëffures fe portent un peu
plus hautes , avec une groffe frifure qu'on
appelle Boucles à la Medicis ; la pointe
des cheveux fur le front , relevée en croiffant.
La Dorlote eft une nouvelle coëffure à
deux pieces qu'on porte en negligé ; elle
eft arrondie par le bas , & la dantelle
pliffe autour.
On porte depuis peu des aigrettes de
pierres fauffes , de diverfes couleurs , qui
parent beaucoup , & qui ont un air fort
galant , fans être d'un grand prix . Les
rubans qu'on porte dans les coëffures font
un peu plus larges , toujours auffi legers
& qui coûtent peu , le plus fouvent rayés.
OCTOBRE . 1730. 2317
11 y en a un nouveau de deux couleurs
qu'on appelle le Boiteux , qui eft fort à
la mode.
En parlant des modes , nous n'avons
encore rien dit du blanc & du rouge que
les Dames employent aujourd'hui pour
relever l'éclat de leur beauté. Cet article
eft délicat ; & puifque c'eft aparemment
dans l'intention de plaire , on ne doit pas
les blâmer , & nous fommes bien éloignés
de vouloir defaprouver ce que le beau
fexe met en ufage pour augmenter ce
qu'il a d'agrémens naturels. Mais nous ne
diffimulerons point que le beau naturel ,
non-feulement n'y gagne rien , mais
qu'il y perd infiniment , quand on veut
trop faire valoir des charmes empruntés
par un art outre qui en éloigne toujours
les graces , & ce je ne fçai quoi de fimple
& de naïf qui fait aimer & refpecter les.
Dames.
Oferoit- on hazarder encore une reflexion
fur leur parure & fur les ajuſtemers
recherchés d'une maniere outrée & fouvent
bizarre , avec lefquels les femmes
prétendent plaire & fignaler leur gout ?
on ofe dire qu'elles entendent mal leurs
interêts ; les coeurs bien faits ne feront
jamais bien fenfibles pour des attraits ,
fi on peut le dire , de fi mauvais aloi , où
le fimple , le noble & le gracieux de la
nature
2318 MERCURE DE FRANCE
pounature
font negligés , & quelquefois directement
choqués. Par exemple , bien
des gens qui ont fçû fe garantir du
voir tirannique de la mode , trouvent que
les femmes ne font point fi aimables
aujourd'hui avec leurs petits diminutifs
de cornettes & leurs frifures en
bichon , qu'elles l'étoient lors qu'elles
avoient toute leur chevelure , & qu'on
voyoit ces belles treffes de cheveux ingénieufement
retrouffées & ces belles
boucles tombant négligemment à côté
des joues ou fur les épaules , accommodées
à l'air du vifage , & voltiger fur
une belle carnation .
L'Eftampe en taille douce ci-jointe ,
compofée , deffinée & gravée avec foin ,
pourra donner une idée agréable des divers
ajuſtemens aujourd'hui à la mode.
›
}
La D¹´e Peromet , Coëffeufe , qui demeuroit
rue de la Harpe , continue avec fuccés à faire
des tours des chignons , des tempes pour les
Dames. Elle les fait d'une façon nouvelle & trésaifée
pour fe coeffer , imitant très bien le naturel
. Elle demeure toujours dans la Cour Abbatialle
de S. Germain des Prez , ruë de Furftemberg
, à Paris.
La mode n'a rien changé aux habits
des hommes depuis nos dernieres remarques,
On continue à porter les chapeaux
affez
OCTOBRE. 1730. 2319
affez petits , fort retrouffés , & prefque
jamais fur la tête. Les jeunes gens les ont
bordés d'un Point d'Espagne ou d'un
galon moyennement large , en or ou en
argent. Quelques- uns les portent unis
avec un plumet de la couleur de l'habit ,
fans broderie ni galon .
9
Les Perruques quarrées longues ne font
prefque plus à la mode , même chez les
Magiftrats qui les portent beaucoup pluscourtes
. Les Perruques crêpées ne le ſont
plus du tout. Les Peruquiers ont beaucoup
rafiné depuis quelque tems dans
l'art d'imiter les cheveux naturels , & en
effet , on les imite fi bien aujourd'hui
qu'il eft impoffible de n'y être pas trom
pé , même en y regardant de très prés
à moins d'y mettre la main , fur-tout
quand on veut s'affujetir à porter un toupet
de fes propres cheveux fur le haut du
front , qu'on retrouffe avec un peigne ,
& qu'on mêle avec ceux de la Perruque.
La poudre dont on ufe à l'excès , qu'on
appelle poudre à graine d'épinard , fert
encore à cacher l'artifice.
9'
Les Perruques naturelles en bourſe ou
en queue font les plus generalement à lạ
mode , principalement chez les jeunes
gens ; elles imitent fort bien le naturel ,
& coutent fort peu ; mais pour celles de
cette eſpece qui laiffent voir les oreilles
à
2320 MERCURE DE FRANCE
à découvert , & qu'on appelle à oreilles
de chien barbet , on peut dire qu'elles
font affez ridicules .
Les Perruques à l'Espagnole ne font
plus guere à la mode ; on les porte moins
longues , & on les appelle des Bonnets ;
en été tout le monde en porte , les uns
plus longs , les autres plus courts.
Les Perruques noüées à la Cavaliere
fe foutiennent encore chez les perſonnes
graves , & qui ne fe piquent pas de jeuneffe.
Il y a des Perruques de chaffe qu'on
appelle Bichons ; elles font un peu plus
longues que les Pérruques d'Abbé , nouées
par derriere avec un ruban , & termi- -
nées par une boucle .
Il y a des Perruques brizées , qu'on appelle
de trois pieces , que quelques per-
Tonnes qui ont leurs cheveux portent
par- deffus dans la grande gelée , pour fe
garantir du froid à la tête . On s'en fert
plus ordinairement dans le Cabinet pour
cacher les papillotes.
Les Bourfes qu'on met aux Perruques
fe portent fort larges & fort hautes , &
paroiffent attachées prefque à la racine
des cheveux , enforte qu'une partie du
col eſt à découvert. On place au haut de
la bourſe fur le froncis un gros noeud de
ruban gommés un large ruban entoure
le col, & vient fe terminer fous le menton,
OCTOBRE . 1730. 2321
ton
qu'on noue ou qu'on agrafe , ce
qui fait à
peu de chofe près le même
effet que les noeuds de ruban qu'on portoit
à la cravate il y a 35 ou 40. ans ; &
il y a tout lieu de préfumer que la mode
en reviendra , fi on reprend l'ufage des
cravates , car on n'en porte prefque plus.
On porte des cols de mouffeline qu'on
attache ou qu'on agrafe par derriere ; &
comme les hommes ne boutonnent prefque
plus leur vefte ni leur jufte-au - corps,
le jabot de la chemife fert comme de
cravate .
E qui frappe le plus la vûë & ce
C qui marque davantage le pouvoir
abtolu de la Mode , ce font,fans doute , les
Panniers d'aujourd'hui , plus grands &
plus amples que jamais , que les Dames
de la Ville & de la Province , & les femmes
de tous les Etats & jufques aux plus
petites artifanes & aux fervantes , portent
, avec autant de complaifance que
d'entêtement , depuis près de 20 ans ;
de
quoi on ne fçauroit affez s'étonner , car
n'y eut-il pour le beau fexe que le penchant
au changement & l'amour de la variété
, il femble que ces ufages n'auroient
pas dû fubfifter fi long-temps. Il femble
enfin qu'il y a bien plus à glofer fur la
bizarerie des Panniers , que fur le Vertugadin
de nos ayeules , qui a regné longtemps.
On prétend que cette mode , outrée &
hors de toute raiſon , a commencé en Allemagne
, d'où elle paffa en Angleterre ;
& que les Dames Angloifes ont porté
l'amplure des Panniers au point où nous
la voyons aujourd'hui . Ils ont plus de 3
aûnes de tour ; on les fait tenir en état
par le moyen de petites bandes de Nates ,
faites de Jonc , ou de petites Lames d'Al
cier ,
I iiij
2312 MERCURE DE FRANCE
cier ; mais plus ordinairement avec de la
Baleine ,, qui eft fort flexible , qui fe caffe
moins , & qui rend les Paniers moins pefans.
Ceux qu'on appelle à Coudes , font
plus à la mode que ceux à Guéridons ; on
les appelle à Coudes ,parce qu'ils font plus
larges par le haut & que les Coudes pofent
prefque deffus. Ils forment mieux
l'ovale que les autres.
Avant l'ufage établi des Paniers , fur
tout à l'Opera , toutes les femmes de
Théatre , qui ont ordinairement des habits
fort riches , principalement dans le
férieux , portoient une espece de Jupon ,
qui ne venoit guére qu'à mi-jambe , fait
d'une groffe toile gommée , affez large
pour donner de la grace , tenir les Jupes
en état, & faire paroître la taille. Le bruit
que faifoient ces efpeces de Paniers, pour
peu qu'on les preffa , lui firent donner le
nom de Criardes ; les plus larges n'avoient
pas deux aûnes , & hors le Théatre , il n'y
avoit que les Dames du plus grand air qui
en portaffent.
Les Paniers parurent enfuite , & ils furent
ainfi appellez , parce qu'ils étoient
faits comme une efpece de Cage ou de
Panier à mettre de la Volaille , percez à
jour , n'y ayant que des Rubans attachez
aux Cercles , fait de nates , de cordes , de
jonc, ou de baleines. Aujourd'hui le corps
du
OCTOBRE . 1730. 23 13
:
du Panier eft fait en Juppe , d'une toile
écruë en gros taffetas , fur lequel on applique
les cercles de Baleine. Quelques
Dames d'une grande modeftie , mais en
tres-petit nombre, fe font tenus aux Juppons
piquez de crin , qui ne font pas un
grand volume , & qui font un effet raifonnable.
Les Paniers ont ordinairement cinq
rangs de cercles ; ceux qu'on appelle à
l'Angloife , en ont jufqu'à 8 , & font
beaucoup plus chers . Les prix de ceux en
toile glacée ou en taffetas , font depuis
10 liv. jufqu'à 50 liv. ceux qui font ornez
de galons d'or ou d'argent , & de Broderies
fe payent autrement.
Les taffetas dont toutes les Dames s'habil
lent en Eté font de couleurs extrêmement
& extraordinairement variées , & les plus
barroques font les plus à la mode , fur
tout les grandes rayes , avec des couleurs.
tranchantes & oppolées l'une près de l'autre
; ces taffetas font la plupart glacez.Les
taffetas Aambans font auffi fort à la mode.
Ceux qu'on porte unis font toujours de
couleur de Rofe ou blanc , fur lefquels on
met des Prétintailles aux paremens des
Robes , fur les manches & aux poches ;
quelquefois on les garnis de blondes de
foye ou d'argent.
Les Robes de Toile de Coton brodées
I v de
2314 MERCURE DE FRANCE
de foye , de couleurs vives , qu'on double
de couleur de Rofe , font fort à la
mode. On met avec ces Robes des Jupons
blancs avec des franges en graine
d'épinard , dont quelques - unes ont un
pied de haut. Les femmes de qualité ,
au lieu des Robes dont on vient de parler
, en portent de Mouffeline claire &
brodée en blanc , & doublées de couleur
de Rofe , ce qui fait un effet charmant.
En hyver on porte beaucoup de velours
plein , cizelé ou gauffré , du Damas , du
Satin unis , avec des paremens en prétintaille
, de la même étoffe & découpez ; &
fur tout des Raz de Sicile , qui eſt une
fort belle étoffe. Les couleurs brunes &
aurore ont la préférence fur les autres.
La manche des Robes fe fait toujours
en pagode. Pour les habits à habiller
qu'on ne voit guére qu'aux jeunes perfonnes
& aux nouvelles mariées , il en a
paru cet Eté en étoffes de couleurs unies,
avec beaucoup de prétintailles , de la même
étoffe , découpez ; avec deux rangs de
falbala à la Jupe.
Les Mantilles font toujours fort en regne.
Il y en a de tres- riches en Ecarlates,
en Velours , en Satin, en Blonde, de toute
couleur , en or ou argent , & c . Si c'étoit
la modeftie qui eut introduit cette mode,
les Dames qui en feroient les Auteurs
feroient
OCTOBRE . 1730. 2315
feroient tres-loüables : car cet ajuſtement
ne donne nulle prife à l'efprit de convoitife
. Des gens malins ont cependant remarqué
que les perfonnes qui n'ont pas
affez d'embonpoint , n'ont pas été des
dernieres à prendre la Mantille .
Les Dames portoient l'Hyver dernier
des Manchons auffi grands que ceux des
hommes , & des Palatines de Marte ; les
Palatines d'Eté font de Blondes de foye &
argent , ornées de fleurs artificielles &
broderie. Les plus à la mode font peintes
avec quantité de papillons.
en
Les gros & amples Bouquets de fleurs
artificielles font toujours fort à la mode.
On fait de ces fleurs d'un gout nouveau
qui imitent les Tulipes de toutes couleurs,
mais plus en gris de lin , avec de l'argent
fin & faux .
Il y a des Eventails d'un prix tres-confiderable
, qu'on porte encore exceffivement
grands ; enforte qu'il y a de petites
perfonnes dont la taille n'a pas deux
fois la hauteur de l'Eventail ; ce qui doit
tenir en refpect les jeunes Cavaliers badins
& trop enjoüez .
Les Dames portent beaucoup de Bas de
fil de Coton , dont les coins font brodez
en laine de couleur. Les bas de foye font
brodez en or ou en argent . Les Bas blancs
ont mis les Souliers blancs à la mode ; on
I vj · les
2316 MERCURE DE FRANCE
les porte à demi arondis à l'Angloife , &
le talon fort gros & couvert de la même
étoffe. On porte également des Mules
arondies. Les Souliers longs & pointus ,
avec la piece renverfée fur la boucle , ne
font prefque plus à la mode.
Il n'y a prefque pas eu de chagement
'dans la coëffure des Dames depuis ce que
nous en avons dit l'année derniere. Elles
portent toujours de petites Garnitures
de blonde , ornées de fleurs qui imitent
le naturel , & d'autres fleurs en broderie
qu'on applique fur la coëffure. Il y a auffi
des Garnitures de blonde d'argent fur lefquelles
on applique également des fleurs
brodées. Ces coëffures fe portent un peu
plus hautes , avec une groffe frifure qu'on
appelle Boucles à la Medicis ; la pointe
des cheveux fur le front , relevée en croiffant.
La Dorlote eft une nouvelle coëffure à
deux pieces qu'on porte en negligé ; elle
eft arrondie par le bas , & la dantelle
pliffe autour.
On porte depuis peu des aigrettes de
pierres fauffes , de diverfes couleurs , qui
parent beaucoup , & qui ont un air fort
galant , fans être d'un grand prix . Les
rubans qu'on porte dans les coëffures font
un peu plus larges , toujours auffi legers
& qui coûtent peu , le plus fouvent rayés.
OCTOBRE . 1730. 2317
11 y en a un nouveau de deux couleurs
qu'on appelle le Boiteux , qui eft fort à
la mode.
En parlant des modes , nous n'avons
encore rien dit du blanc & du rouge que
les Dames employent aujourd'hui pour
relever l'éclat de leur beauté. Cet article
eft délicat ; & puifque c'eft aparemment
dans l'intention de plaire , on ne doit pas
les blâmer , & nous fommes bien éloignés
de vouloir defaprouver ce que le beau
fexe met en ufage pour augmenter ce
qu'il a d'agrémens naturels. Mais nous ne
diffimulerons point que le beau naturel ,
non-feulement n'y gagne rien , mais
qu'il y perd infiniment , quand on veut
trop faire valoir des charmes empruntés
par un art outre qui en éloigne toujours
les graces , & ce je ne fçai quoi de fimple
& de naïf qui fait aimer & refpecter les.
Dames.
Oferoit- on hazarder encore une reflexion
fur leur parure & fur les ajuſtemers
recherchés d'une maniere outrée & fouvent
bizarre , avec lefquels les femmes
prétendent plaire & fignaler leur gout ?
on ofe dire qu'elles entendent mal leurs
interêts ; les coeurs bien faits ne feront
jamais bien fenfibles pour des attraits ,
fi on peut le dire , de fi mauvais aloi , où
le fimple , le noble & le gracieux de la
nature
2318 MERCURE DE FRANCE
pounature
font negligés , & quelquefois directement
choqués. Par exemple , bien
des gens qui ont fçû fe garantir du
voir tirannique de la mode , trouvent que
les femmes ne font point fi aimables
aujourd'hui avec leurs petits diminutifs
de cornettes & leurs frifures en
bichon , qu'elles l'étoient lors qu'elles
avoient toute leur chevelure , & qu'on
voyoit ces belles treffes de cheveux ingénieufement
retrouffées & ces belles
boucles tombant négligemment à côté
des joues ou fur les épaules , accommodées
à l'air du vifage , & voltiger fur
une belle carnation .
L'Eftampe en taille douce ci-jointe ,
compofée , deffinée & gravée avec foin ,
pourra donner une idée agréable des divers
ajuſtemens aujourd'hui à la mode.
›
}
La D¹´e Peromet , Coëffeufe , qui demeuroit
rue de la Harpe , continue avec fuccés à faire
des tours des chignons , des tempes pour les
Dames. Elle les fait d'une façon nouvelle & trésaifée
pour fe coeffer , imitant très bien le naturel
. Elle demeure toujours dans la Cour Abbatialle
de S. Germain des Prez , ruë de Furftemberg
, à Paris.
La mode n'a rien changé aux habits
des hommes depuis nos dernieres remarques,
On continue à porter les chapeaux
affez
OCTOBRE. 1730. 2319
affez petits , fort retrouffés , & prefque
jamais fur la tête. Les jeunes gens les ont
bordés d'un Point d'Espagne ou d'un
galon moyennement large , en or ou en
argent. Quelques- uns les portent unis
avec un plumet de la couleur de l'habit ,
fans broderie ni galon .
9
Les Perruques quarrées longues ne font
prefque plus à la mode , même chez les
Magiftrats qui les portent beaucoup pluscourtes
. Les Perruques crêpées ne le ſont
plus du tout. Les Peruquiers ont beaucoup
rafiné depuis quelque tems dans
l'art d'imiter les cheveux naturels , & en
effet , on les imite fi bien aujourd'hui
qu'il eft impoffible de n'y être pas trom
pé , même en y regardant de très prés
à moins d'y mettre la main , fur-tout
quand on veut s'affujetir à porter un toupet
de fes propres cheveux fur le haut du
front , qu'on retrouffe avec un peigne ,
& qu'on mêle avec ceux de la Perruque.
La poudre dont on ufe à l'excès , qu'on
appelle poudre à graine d'épinard , fert
encore à cacher l'artifice.
9'
Les Perruques naturelles en bourſe ou
en queue font les plus generalement à lạ
mode , principalement chez les jeunes
gens ; elles imitent fort bien le naturel ,
& coutent fort peu ; mais pour celles de
cette eſpece qui laiffent voir les oreilles
à
2320 MERCURE DE FRANCE
à découvert , & qu'on appelle à oreilles
de chien barbet , on peut dire qu'elles
font affez ridicules .
Les Perruques à l'Espagnole ne font
plus guere à la mode ; on les porte moins
longues , & on les appelle des Bonnets ;
en été tout le monde en porte , les uns
plus longs , les autres plus courts.
Les Perruques noüées à la Cavaliere
fe foutiennent encore chez les perſonnes
graves , & qui ne fe piquent pas de jeuneffe.
Il y a des Perruques de chaffe qu'on
appelle Bichons ; elles font un peu plus
longues que les Pérruques d'Abbé , nouées
par derriere avec un ruban , & termi- -
nées par une boucle .
Il y a des Perruques brizées , qu'on appelle
de trois pieces , que quelques per-
Tonnes qui ont leurs cheveux portent
par- deffus dans la grande gelée , pour fe
garantir du froid à la tête . On s'en fert
plus ordinairement dans le Cabinet pour
cacher les papillotes.
Les Bourfes qu'on met aux Perruques
fe portent fort larges & fort hautes , &
paroiffent attachées prefque à la racine
des cheveux , enforte qu'une partie du
col eſt à découvert. On place au haut de
la bourſe fur le froncis un gros noeud de
ruban gommés un large ruban entoure
le col, & vient fe terminer fous le menton,
OCTOBRE . 1730. 2321
ton
qu'on noue ou qu'on agrafe , ce
qui fait à
peu de chofe près le même
effet que les noeuds de ruban qu'on portoit
à la cravate il y a 35 ou 40. ans ; &
il y a tout lieu de préfumer que la mode
en reviendra , fi on reprend l'ufage des
cravates , car on n'en porte prefque plus.
On porte des cols de mouffeline qu'on
attache ou qu'on agrafe par derriere ; &
comme les hommes ne boutonnent prefque
plus leur vefte ni leur jufte-au - corps,
le jabot de la chemife fert comme de
cravate .
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8
p. 2321-2324
MODES ANCIENNES, &c.
Début :
Il ne sera peut-être pas hors de propos, après avoir parlé des nouvelles Modes, de dire quelque [...]
Mots clefs :
Modes, Perruque, Dame, Argent, Couleurs, Robes, Femmes, Cheveux, Ruban, Étoffes
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texteReconnaissance textuelle : MODES ANCIENNES, &c.
MODE S.
E qui frappe le plus la vûë & ce
C qui marque davantage le pouvoir
abtolu de la Mode , ce font,fans doute , les
Panniers d'aujourd'hui , plus grands &
plus amples que jamais , que les Dames
de la Ville & de la Province , & les femmes
de tous les Etats & jufques aux plus
petites artifanes & aux fervantes , portent
, avec autant de complaifance que
d'entêtement , depuis près de 20 ans ;
de
quoi on ne fçauroit affez s'étonner , car
n'y eut-il pour le beau fexe que le penchant
au changement & l'amour de la variété
, il femble que ces ufages n'auroient
pas dû fubfifter fi long-temps. Il femble
enfin qu'il y a bien plus à glofer fur la
bizarerie des Panniers , que fur le Vertugadin
de nos ayeules , qui a regné longtemps.
On prétend que cette mode , outrée &
hors de toute raiſon , a commencé en Allemagne
, d'où elle paffa en Angleterre ;
& que les Dames Angloifes ont porté
l'amplure des Panniers au point où nous
la voyons aujourd'hui . Ils ont plus de 3
aûnes de tour ; on les fait tenir en état
par le moyen de petites bandes de Nates ,
faites de Jonc , ou de petites Lames d'Al
cier ,
I iiij
2312 MERCURE DE FRANCE
cier ; mais plus ordinairement avec de la
Baleine ,, qui eft fort flexible , qui fe caffe
moins , & qui rend les Paniers moins pefans.
Ceux qu'on appelle à Coudes , font
plus à la mode que ceux à Guéridons ; on
les appelle à Coudes ,parce qu'ils font plus
larges par le haut & que les Coudes pofent
prefque deffus. Ils forment mieux
l'ovale que les autres.
Avant l'ufage établi des Paniers , fur
tout à l'Opera , toutes les femmes de
Théatre , qui ont ordinairement des habits
fort riches , principalement dans le
férieux , portoient une espece de Jupon ,
qui ne venoit guére qu'à mi-jambe , fait
d'une groffe toile gommée , affez large
pour donner de la grace , tenir les Jupes
en état, & faire paroître la taille. Le bruit
que faifoient ces efpeces de Paniers, pour
peu qu'on les preffa , lui firent donner le
nom de Criardes ; les plus larges n'avoient
pas deux aûnes , & hors le Théatre , il n'y
avoit que les Dames du plus grand air qui
en portaffent.
Les Paniers parurent enfuite , & ils furent
ainfi appellez , parce qu'ils étoient
faits comme une efpece de Cage ou de
Panier à mettre de la Volaille , percez à
jour , n'y ayant que des Rubans attachez
aux Cercles , fait de nates , de cordes , de
jonc, ou de baleines. Aujourd'hui le corps
du
OCTOBRE . 1730. 23 13
:
du Panier eft fait en Juppe , d'une toile
écruë en gros taffetas , fur lequel on applique
les cercles de Baleine. Quelques
Dames d'une grande modeftie , mais en
tres-petit nombre, fe font tenus aux Juppons
piquez de crin , qui ne font pas un
grand volume , & qui font un effet raifonnable.
Les Paniers ont ordinairement cinq
rangs de cercles ; ceux qu'on appelle à
l'Angloife , en ont jufqu'à 8 , & font
beaucoup plus chers . Les prix de ceux en
toile glacée ou en taffetas , font depuis
10 liv. jufqu'à 50 liv. ceux qui font ornez
de galons d'or ou d'argent , & de Broderies
fe payent autrement.
Les taffetas dont toutes les Dames s'habil
lent en Eté font de couleurs extrêmement
& extraordinairement variées , & les plus
barroques font les plus à la mode , fur
tout les grandes rayes , avec des couleurs.
tranchantes & oppolées l'une près de l'autre
; ces taffetas font la plupart glacez.Les
taffetas Aambans font auffi fort à la mode.
Ceux qu'on porte unis font toujours de
couleur de Rofe ou blanc , fur lefquels on
met des Prétintailles aux paremens des
Robes , fur les manches & aux poches ;
quelquefois on les garnis de blondes de
foye ou d'argent.
Les Robes de Toile de Coton brodées
I v de
2314 MERCURE DE FRANCE
de foye , de couleurs vives , qu'on double
de couleur de Rofe , font fort à la
mode. On met avec ces Robes des Jupons
blancs avec des franges en graine
d'épinard , dont quelques - unes ont un
pied de haut. Les femmes de qualité ,
au lieu des Robes dont on vient de parler
, en portent de Mouffeline claire &
brodée en blanc , & doublées de couleur
de Rofe , ce qui fait un effet charmant.
En hyver on porte beaucoup de velours
plein , cizelé ou gauffré , du Damas , du
Satin unis , avec des paremens en prétintaille
, de la même étoffe & découpez ; &
fur tout des Raz de Sicile , qui eſt une
fort belle étoffe. Les couleurs brunes &
aurore ont la préférence fur les autres.
La manche des Robes fe fait toujours
en pagode. Pour les habits à habiller
qu'on ne voit guére qu'aux jeunes perfonnes
& aux nouvelles mariées , il en a
paru cet Eté en étoffes de couleurs unies,
avec beaucoup de prétintailles , de la même
étoffe , découpez ; avec deux rangs de
falbala à la Jupe.
Les Mantilles font toujours fort en regne.
Il y en a de tres- riches en Ecarlates,
en Velours , en Satin, en Blonde, de toute
couleur , en or ou argent , & c . Si c'étoit
la modeftie qui eut introduit cette mode,
les Dames qui en feroient les Auteurs
feroient
OCTOBRE . 1730. 2315
feroient tres-loüables : car cet ajuſtement
ne donne nulle prife à l'efprit de convoitife
. Des gens malins ont cependant remarqué
que les perfonnes qui n'ont pas
affez d'embonpoint , n'ont pas été des
dernieres à prendre la Mantille .
Les Dames portoient l'Hyver dernier
des Manchons auffi grands que ceux des
hommes , & des Palatines de Marte ; les
Palatines d'Eté font de Blondes de foye &
argent , ornées de fleurs artificielles &
broderie. Les plus à la mode font peintes
avec quantité de papillons.
en
Les gros & amples Bouquets de fleurs
artificielles font toujours fort à la mode.
On fait de ces fleurs d'un gout nouveau
qui imitent les Tulipes de toutes couleurs,
mais plus en gris de lin , avec de l'argent
fin & faux .
Il y a des Eventails d'un prix tres-confiderable
, qu'on porte encore exceffivement
grands ; enforte qu'il y a de petites
perfonnes dont la taille n'a pas deux
fois la hauteur de l'Eventail ; ce qui doit
tenir en refpect les jeunes Cavaliers badins
& trop enjoüez .
Les Dames portent beaucoup de Bas de
fil de Coton , dont les coins font brodez
en laine de couleur. Les bas de foye font
brodez en or ou en argent . Les Bas blancs
ont mis les Souliers blancs à la mode ; on
I vj · les
2316 MERCURE DE FRANCE
les porte à demi arondis à l'Angloife , &
le talon fort gros & couvert de la même
étoffe. On porte également des Mules
arondies. Les Souliers longs & pointus ,
avec la piece renverfée fur la boucle , ne
font prefque plus à la mode.
Il n'y a prefque pas eu de chagement
'dans la coëffure des Dames depuis ce que
nous en avons dit l'année derniere. Elles
portent toujours de petites Garnitures
de blonde , ornées de fleurs qui imitent
le naturel , & d'autres fleurs en broderie
qu'on applique fur la coëffure. Il y a auffi
des Garnitures de blonde d'argent fur lefquelles
on applique également des fleurs
brodées. Ces coëffures fe portent un peu
plus hautes , avec une groffe frifure qu'on
appelle Boucles à la Medicis ; la pointe
des cheveux fur le front , relevée en croiffant.
La Dorlote eft une nouvelle coëffure à
deux pieces qu'on porte en negligé ; elle
eft arrondie par le bas , & la dantelle
pliffe autour.
On porte depuis peu des aigrettes de
pierres fauffes , de diverfes couleurs , qui
parent beaucoup , & qui ont un air fort
galant , fans être d'un grand prix . Les
rubans qu'on porte dans les coëffures font
un peu plus larges , toujours auffi legers
& qui coûtent peu , le plus fouvent rayés.
OCTOBRE . 1730. 2317
11 y en a un nouveau de deux couleurs
qu'on appelle le Boiteux , qui eft fort à
la mode.
En parlant des modes , nous n'avons
encore rien dit du blanc & du rouge que
les Dames employent aujourd'hui pour
relever l'éclat de leur beauté. Cet article
eft délicat ; & puifque c'eft aparemment
dans l'intention de plaire , on ne doit pas
les blâmer , & nous fommes bien éloignés
de vouloir defaprouver ce que le beau
fexe met en ufage pour augmenter ce
qu'il a d'agrémens naturels. Mais nous ne
diffimulerons point que le beau naturel ,
non-feulement n'y gagne rien , mais
qu'il y perd infiniment , quand on veut
trop faire valoir des charmes empruntés
par un art outre qui en éloigne toujours
les graces , & ce je ne fçai quoi de fimple
& de naïf qui fait aimer & refpecter les.
Dames.
Oferoit- on hazarder encore une reflexion
fur leur parure & fur les ajuſtemers
recherchés d'une maniere outrée & fouvent
bizarre , avec lefquels les femmes
prétendent plaire & fignaler leur gout ?
on ofe dire qu'elles entendent mal leurs
interêts ; les coeurs bien faits ne feront
jamais bien fenfibles pour des attraits ,
fi on peut le dire , de fi mauvais aloi , où
le fimple , le noble & le gracieux de la
nature
2318 MERCURE DE FRANCE
pounature
font negligés , & quelquefois directement
choqués. Par exemple , bien
des gens qui ont fçû fe garantir du
voir tirannique de la mode , trouvent que
les femmes ne font point fi aimables
aujourd'hui avec leurs petits diminutifs
de cornettes & leurs frifures en
bichon , qu'elles l'étoient lors qu'elles
avoient toute leur chevelure , & qu'on
voyoit ces belles treffes de cheveux ingénieufement
retrouffées & ces belles
boucles tombant négligemment à côté
des joues ou fur les épaules , accommodées
à l'air du vifage , & voltiger fur
une belle carnation .
L'Eftampe en taille douce ci-jointe ,
compofée , deffinée & gravée avec foin ,
pourra donner une idée agréable des divers
ajuſtemens aujourd'hui à la mode.
›
}
La D¹´e Peromet , Coëffeufe , qui demeuroit
rue de la Harpe , continue avec fuccés à faire
des tours des chignons , des tempes pour les
Dames. Elle les fait d'une façon nouvelle & trésaifée
pour fe coeffer , imitant très bien le naturel
. Elle demeure toujours dans la Cour Abbatialle
de S. Germain des Prez , ruë de Furftemberg
, à Paris.
La mode n'a rien changé aux habits
des hommes depuis nos dernieres remarques,
On continue à porter les chapeaux
affez
OCTOBRE. 1730. 2319
affez petits , fort retrouffés , & prefque
jamais fur la tête. Les jeunes gens les ont
bordés d'un Point d'Espagne ou d'un
galon moyennement large , en or ou en
argent. Quelques- uns les portent unis
avec un plumet de la couleur de l'habit ,
fans broderie ni galon .
9
Les Perruques quarrées longues ne font
prefque plus à la mode , même chez les
Magiftrats qui les portent beaucoup pluscourtes
. Les Perruques crêpées ne le ſont
plus du tout. Les Peruquiers ont beaucoup
rafiné depuis quelque tems dans
l'art d'imiter les cheveux naturels , & en
effet , on les imite fi bien aujourd'hui
qu'il eft impoffible de n'y être pas trom
pé , même en y regardant de très prés
à moins d'y mettre la main , fur-tout
quand on veut s'affujetir à porter un toupet
de fes propres cheveux fur le haut du
front , qu'on retrouffe avec un peigne ,
& qu'on mêle avec ceux de la Perruque.
La poudre dont on ufe à l'excès , qu'on
appelle poudre à graine d'épinard , fert
encore à cacher l'artifice.
9'
Les Perruques naturelles en bourſe ou
en queue font les plus generalement à lạ
mode , principalement chez les jeunes
gens ; elles imitent fort bien le naturel ,
& coutent fort peu ; mais pour celles de
cette eſpece qui laiffent voir les oreilles
à
2320 MERCURE DE FRANCE
à découvert , & qu'on appelle à oreilles
de chien barbet , on peut dire qu'elles
font affez ridicules .
Les Perruques à l'Espagnole ne font
plus guere à la mode ; on les porte moins
longues , & on les appelle des Bonnets ;
en été tout le monde en porte , les uns
plus longs , les autres plus courts.
Les Perruques noüées à la Cavaliere
fe foutiennent encore chez les perſonnes
graves , & qui ne fe piquent pas de jeuneffe.
Il y a des Perruques de chaffe qu'on
appelle Bichons ; elles font un peu plus
longues que les Pérruques d'Abbé , nouées
par derriere avec un ruban , & termi- -
nées par une boucle .
Il y a des Perruques brizées , qu'on appelle
de trois pieces , que quelques per-
Tonnes qui ont leurs cheveux portent
par- deffus dans la grande gelée , pour fe
garantir du froid à la tête . On s'en fert
plus ordinairement dans le Cabinet pour
cacher les papillotes.
Les Bourfes qu'on met aux Perruques
fe portent fort larges & fort hautes , &
paroiffent attachées prefque à la racine
des cheveux , enforte qu'une partie du
col eſt à découvert. On place au haut de
la bourſe fur le froncis un gros noeud de
ruban gommés un large ruban entoure
le col, & vient fe terminer fous le menton,
OCTOBRE . 1730. 2321
ton
qu'on noue ou qu'on agrafe , ce
qui fait à
peu de chofe près le même
effet que les noeuds de ruban qu'on portoit
à la cravate il y a 35 ou 40. ans ; &
il y a tout lieu de préfumer que la mode
en reviendra , fi on reprend l'ufage des
cravates , car on n'en porte prefque plus.
On porte des cols de mouffeline qu'on
attache ou qu'on agrafe par derriere ; &
comme les hommes ne boutonnent prefque
plus leur vefte ni leur jufte-au - corps,
le jabot de la chemife fert comme de
cravate .
E qui frappe le plus la vûë & ce
C qui marque davantage le pouvoir
abtolu de la Mode , ce font,fans doute , les
Panniers d'aujourd'hui , plus grands &
plus amples que jamais , que les Dames
de la Ville & de la Province , & les femmes
de tous les Etats & jufques aux plus
petites artifanes & aux fervantes , portent
, avec autant de complaifance que
d'entêtement , depuis près de 20 ans ;
de
quoi on ne fçauroit affez s'étonner , car
n'y eut-il pour le beau fexe que le penchant
au changement & l'amour de la variété
, il femble que ces ufages n'auroient
pas dû fubfifter fi long-temps. Il femble
enfin qu'il y a bien plus à glofer fur la
bizarerie des Panniers , que fur le Vertugadin
de nos ayeules , qui a regné longtemps.
On prétend que cette mode , outrée &
hors de toute raiſon , a commencé en Allemagne
, d'où elle paffa en Angleterre ;
& que les Dames Angloifes ont porté
l'amplure des Panniers au point où nous
la voyons aujourd'hui . Ils ont plus de 3
aûnes de tour ; on les fait tenir en état
par le moyen de petites bandes de Nates ,
faites de Jonc , ou de petites Lames d'Al
cier ,
I iiij
2312 MERCURE DE FRANCE
cier ; mais plus ordinairement avec de la
Baleine ,, qui eft fort flexible , qui fe caffe
moins , & qui rend les Paniers moins pefans.
Ceux qu'on appelle à Coudes , font
plus à la mode que ceux à Guéridons ; on
les appelle à Coudes ,parce qu'ils font plus
larges par le haut & que les Coudes pofent
prefque deffus. Ils forment mieux
l'ovale que les autres.
Avant l'ufage établi des Paniers , fur
tout à l'Opera , toutes les femmes de
Théatre , qui ont ordinairement des habits
fort riches , principalement dans le
férieux , portoient une espece de Jupon ,
qui ne venoit guére qu'à mi-jambe , fait
d'une groffe toile gommée , affez large
pour donner de la grace , tenir les Jupes
en état, & faire paroître la taille. Le bruit
que faifoient ces efpeces de Paniers, pour
peu qu'on les preffa , lui firent donner le
nom de Criardes ; les plus larges n'avoient
pas deux aûnes , & hors le Théatre , il n'y
avoit que les Dames du plus grand air qui
en portaffent.
Les Paniers parurent enfuite , & ils furent
ainfi appellez , parce qu'ils étoient
faits comme une efpece de Cage ou de
Panier à mettre de la Volaille , percez à
jour , n'y ayant que des Rubans attachez
aux Cercles , fait de nates , de cordes , de
jonc, ou de baleines. Aujourd'hui le corps
du
OCTOBRE . 1730. 23 13
:
du Panier eft fait en Juppe , d'une toile
écruë en gros taffetas , fur lequel on applique
les cercles de Baleine. Quelques
Dames d'une grande modeftie , mais en
tres-petit nombre, fe font tenus aux Juppons
piquez de crin , qui ne font pas un
grand volume , & qui font un effet raifonnable.
Les Paniers ont ordinairement cinq
rangs de cercles ; ceux qu'on appelle à
l'Angloife , en ont jufqu'à 8 , & font
beaucoup plus chers . Les prix de ceux en
toile glacée ou en taffetas , font depuis
10 liv. jufqu'à 50 liv. ceux qui font ornez
de galons d'or ou d'argent , & de Broderies
fe payent autrement.
Les taffetas dont toutes les Dames s'habil
lent en Eté font de couleurs extrêmement
& extraordinairement variées , & les plus
barroques font les plus à la mode , fur
tout les grandes rayes , avec des couleurs.
tranchantes & oppolées l'une près de l'autre
; ces taffetas font la plupart glacez.Les
taffetas Aambans font auffi fort à la mode.
Ceux qu'on porte unis font toujours de
couleur de Rofe ou blanc , fur lefquels on
met des Prétintailles aux paremens des
Robes , fur les manches & aux poches ;
quelquefois on les garnis de blondes de
foye ou d'argent.
Les Robes de Toile de Coton brodées
I v de
2314 MERCURE DE FRANCE
de foye , de couleurs vives , qu'on double
de couleur de Rofe , font fort à la
mode. On met avec ces Robes des Jupons
blancs avec des franges en graine
d'épinard , dont quelques - unes ont un
pied de haut. Les femmes de qualité ,
au lieu des Robes dont on vient de parler
, en portent de Mouffeline claire &
brodée en blanc , & doublées de couleur
de Rofe , ce qui fait un effet charmant.
En hyver on porte beaucoup de velours
plein , cizelé ou gauffré , du Damas , du
Satin unis , avec des paremens en prétintaille
, de la même étoffe & découpez ; &
fur tout des Raz de Sicile , qui eſt une
fort belle étoffe. Les couleurs brunes &
aurore ont la préférence fur les autres.
La manche des Robes fe fait toujours
en pagode. Pour les habits à habiller
qu'on ne voit guére qu'aux jeunes perfonnes
& aux nouvelles mariées , il en a
paru cet Eté en étoffes de couleurs unies,
avec beaucoup de prétintailles , de la même
étoffe , découpez ; avec deux rangs de
falbala à la Jupe.
Les Mantilles font toujours fort en regne.
Il y en a de tres- riches en Ecarlates,
en Velours , en Satin, en Blonde, de toute
couleur , en or ou argent , & c . Si c'étoit
la modeftie qui eut introduit cette mode,
les Dames qui en feroient les Auteurs
feroient
OCTOBRE . 1730. 2315
feroient tres-loüables : car cet ajuſtement
ne donne nulle prife à l'efprit de convoitife
. Des gens malins ont cependant remarqué
que les perfonnes qui n'ont pas
affez d'embonpoint , n'ont pas été des
dernieres à prendre la Mantille .
Les Dames portoient l'Hyver dernier
des Manchons auffi grands que ceux des
hommes , & des Palatines de Marte ; les
Palatines d'Eté font de Blondes de foye &
argent , ornées de fleurs artificielles &
broderie. Les plus à la mode font peintes
avec quantité de papillons.
en
Les gros & amples Bouquets de fleurs
artificielles font toujours fort à la mode.
On fait de ces fleurs d'un gout nouveau
qui imitent les Tulipes de toutes couleurs,
mais plus en gris de lin , avec de l'argent
fin & faux .
Il y a des Eventails d'un prix tres-confiderable
, qu'on porte encore exceffivement
grands ; enforte qu'il y a de petites
perfonnes dont la taille n'a pas deux
fois la hauteur de l'Eventail ; ce qui doit
tenir en refpect les jeunes Cavaliers badins
& trop enjoüez .
Les Dames portent beaucoup de Bas de
fil de Coton , dont les coins font brodez
en laine de couleur. Les bas de foye font
brodez en or ou en argent . Les Bas blancs
ont mis les Souliers blancs à la mode ; on
I vj · les
2316 MERCURE DE FRANCE
les porte à demi arondis à l'Angloife , &
le talon fort gros & couvert de la même
étoffe. On porte également des Mules
arondies. Les Souliers longs & pointus ,
avec la piece renverfée fur la boucle , ne
font prefque plus à la mode.
Il n'y a prefque pas eu de chagement
'dans la coëffure des Dames depuis ce que
nous en avons dit l'année derniere. Elles
portent toujours de petites Garnitures
de blonde , ornées de fleurs qui imitent
le naturel , & d'autres fleurs en broderie
qu'on applique fur la coëffure. Il y a auffi
des Garnitures de blonde d'argent fur lefquelles
on applique également des fleurs
brodées. Ces coëffures fe portent un peu
plus hautes , avec une groffe frifure qu'on
appelle Boucles à la Medicis ; la pointe
des cheveux fur le front , relevée en croiffant.
La Dorlote eft une nouvelle coëffure à
deux pieces qu'on porte en negligé ; elle
eft arrondie par le bas , & la dantelle
pliffe autour.
On porte depuis peu des aigrettes de
pierres fauffes , de diverfes couleurs , qui
parent beaucoup , & qui ont un air fort
galant , fans être d'un grand prix . Les
rubans qu'on porte dans les coëffures font
un peu plus larges , toujours auffi legers
& qui coûtent peu , le plus fouvent rayés.
OCTOBRE . 1730. 2317
11 y en a un nouveau de deux couleurs
qu'on appelle le Boiteux , qui eft fort à
la mode.
En parlant des modes , nous n'avons
encore rien dit du blanc & du rouge que
les Dames employent aujourd'hui pour
relever l'éclat de leur beauté. Cet article
eft délicat ; & puifque c'eft aparemment
dans l'intention de plaire , on ne doit pas
les blâmer , & nous fommes bien éloignés
de vouloir defaprouver ce que le beau
fexe met en ufage pour augmenter ce
qu'il a d'agrémens naturels. Mais nous ne
diffimulerons point que le beau naturel ,
non-feulement n'y gagne rien , mais
qu'il y perd infiniment , quand on veut
trop faire valoir des charmes empruntés
par un art outre qui en éloigne toujours
les graces , & ce je ne fçai quoi de fimple
& de naïf qui fait aimer & refpecter les.
Dames.
Oferoit- on hazarder encore une reflexion
fur leur parure & fur les ajuſtemers
recherchés d'une maniere outrée & fouvent
bizarre , avec lefquels les femmes
prétendent plaire & fignaler leur gout ?
on ofe dire qu'elles entendent mal leurs
interêts ; les coeurs bien faits ne feront
jamais bien fenfibles pour des attraits ,
fi on peut le dire , de fi mauvais aloi , où
le fimple , le noble & le gracieux de la
nature
2318 MERCURE DE FRANCE
pounature
font negligés , & quelquefois directement
choqués. Par exemple , bien
des gens qui ont fçû fe garantir du
voir tirannique de la mode , trouvent que
les femmes ne font point fi aimables
aujourd'hui avec leurs petits diminutifs
de cornettes & leurs frifures en
bichon , qu'elles l'étoient lors qu'elles
avoient toute leur chevelure , & qu'on
voyoit ces belles treffes de cheveux ingénieufement
retrouffées & ces belles
boucles tombant négligemment à côté
des joues ou fur les épaules , accommodées
à l'air du vifage , & voltiger fur
une belle carnation .
L'Eftampe en taille douce ci-jointe ,
compofée , deffinée & gravée avec foin ,
pourra donner une idée agréable des divers
ajuſtemens aujourd'hui à la mode.
›
}
La D¹´e Peromet , Coëffeufe , qui demeuroit
rue de la Harpe , continue avec fuccés à faire
des tours des chignons , des tempes pour les
Dames. Elle les fait d'une façon nouvelle & trésaifée
pour fe coeffer , imitant très bien le naturel
. Elle demeure toujours dans la Cour Abbatialle
de S. Germain des Prez , ruë de Furftemberg
, à Paris.
La mode n'a rien changé aux habits
des hommes depuis nos dernieres remarques,
On continue à porter les chapeaux
affez
OCTOBRE. 1730. 2319
affez petits , fort retrouffés , & prefque
jamais fur la tête. Les jeunes gens les ont
bordés d'un Point d'Espagne ou d'un
galon moyennement large , en or ou en
argent. Quelques- uns les portent unis
avec un plumet de la couleur de l'habit ,
fans broderie ni galon .
9
Les Perruques quarrées longues ne font
prefque plus à la mode , même chez les
Magiftrats qui les portent beaucoup pluscourtes
. Les Perruques crêpées ne le ſont
plus du tout. Les Peruquiers ont beaucoup
rafiné depuis quelque tems dans
l'art d'imiter les cheveux naturels , & en
effet , on les imite fi bien aujourd'hui
qu'il eft impoffible de n'y être pas trom
pé , même en y regardant de très prés
à moins d'y mettre la main , fur-tout
quand on veut s'affujetir à porter un toupet
de fes propres cheveux fur le haut du
front , qu'on retrouffe avec un peigne ,
& qu'on mêle avec ceux de la Perruque.
La poudre dont on ufe à l'excès , qu'on
appelle poudre à graine d'épinard , fert
encore à cacher l'artifice.
9'
Les Perruques naturelles en bourſe ou
en queue font les plus generalement à lạ
mode , principalement chez les jeunes
gens ; elles imitent fort bien le naturel ,
& coutent fort peu ; mais pour celles de
cette eſpece qui laiffent voir les oreilles
à
2320 MERCURE DE FRANCE
à découvert , & qu'on appelle à oreilles
de chien barbet , on peut dire qu'elles
font affez ridicules .
Les Perruques à l'Espagnole ne font
plus guere à la mode ; on les porte moins
longues , & on les appelle des Bonnets ;
en été tout le monde en porte , les uns
plus longs , les autres plus courts.
Les Perruques noüées à la Cavaliere
fe foutiennent encore chez les perſonnes
graves , & qui ne fe piquent pas de jeuneffe.
Il y a des Perruques de chaffe qu'on
appelle Bichons ; elles font un peu plus
longues que les Pérruques d'Abbé , nouées
par derriere avec un ruban , & termi- -
nées par une boucle .
Il y a des Perruques brizées , qu'on appelle
de trois pieces , que quelques per-
Tonnes qui ont leurs cheveux portent
par- deffus dans la grande gelée , pour fe
garantir du froid à la tête . On s'en fert
plus ordinairement dans le Cabinet pour
cacher les papillotes.
Les Bourfes qu'on met aux Perruques
fe portent fort larges & fort hautes , &
paroiffent attachées prefque à la racine
des cheveux , enforte qu'une partie du
col eſt à découvert. On place au haut de
la bourſe fur le froncis un gros noeud de
ruban gommés un large ruban entoure
le col, & vient fe terminer fous le menton,
OCTOBRE . 1730. 2321
ton
qu'on noue ou qu'on agrafe , ce
qui fait à
peu de chofe près le même
effet que les noeuds de ruban qu'on portoit
à la cravate il y a 35 ou 40. ans ; &
il y a tout lieu de préfumer que la mode
en reviendra , fi on reprend l'ufage des
cravates , car on n'en porte prefque plus.
On porte des cols de mouffeline qu'on
attache ou qu'on agrafe par derriere ; &
comme les hommes ne boutonnent prefque
plus leur vefte ni leur jufte-au - corps,
le jabot de la chemife fert comme de
cravate .
Fermer
Résumé : MODES ANCIENNES, &c.
Dans les années 1730, la mode féminine est marquée par l'usage des paniers, des structures portées sous les jupons pour élargir la silhouette. Ces paniers, d'une ampleur inédite, sont adoptés depuis près de 20 ans par les femmes de tous milieux sociaux. Fabriqués avec des cercles de baleine, plus flexibles et légers que les matériaux précédents, les paniers à coudes, plus larges par le haut, sont particulièrement en vogue. Avant l'usage des paniers, les femmes de théâtre utilisaient des jupons appelés 'criardes' pour maintenir leurs jupons en place. Les paniers actuels sont faits de toile ou de taffetas et ornés de rubans et de cercles de baleine. Les prix varient selon les matériaux et les ornements. Les taffetas d'été sont de couleurs variées et baroques, souvent glacés. Les robes de coton brodées et doublées de rose sont à la mode, ainsi que les mantilles, accessoires modestes mais pratiques. Les coiffures restent simples, avec des garnitures de blonde et des fleurs imitant le naturel. Les éventails sont très grands, et les bas sont souvent brodés. Les souliers sont blancs, demi-arondis à l'anglaise, avec un talon épais. Pour les hommes, les chapeaux sont petits et retroussés, souvent bordés de galon ou de point d'Espagne. Les perruques imitant les cheveux naturels sont en vogue, notamment les perruques en bourse ou en queue. Les perruques à l'espagnole sont moins populaires, et les perruques bichons sont portées pour se protéger du froid. Les boursettes sont larges et hautes, attachées près des cheveux. Les cols de mouffeline remplacent les cravates, et les jabots de chemise servent de cravate.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 2325-2326
BOUQUET présenté à M. le Marquis de CHAMBONAS, le jour de S. Loüis.
Début :
Pour celebrer le jour de votre Fête, [...]
Mots clefs :
Esprit, Souhaits
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BOUQUET présenté à M. le Marquis de CHAMBONAS, le jour de S. Loüis.
BOUQUET préfenté à M.le Marquis
de CHAMBONAS , lejour de S. Louis.
Pour celebrer le jour de votre Fête ,
En vain je cherche , je m'aprête ,
A vous fervir de quelque plat nouveau ,
Ma Mufe eft une franche bête ,
Qui ne peut rien tirer de fon cerveau.
De vous offrir des fleurs , la chofe eft trop commune
,
Peut-être auffi pour vous n'ont- elles point d'ap
pas.
yous faire des préfens ; trop mince eft ma for
tune ;
Et de moi sûrement vous n'en voudriez pas.
Publier vos vertus ; ce feroit vous déplaire.
Et puis je ne fuis pas d'humeur
A m'engager dans une affaire ,
Dont je ne pourrois pas fortir à mon honneur
Recourir aux fouhaits ; ce n'eſt pas mieux l'entendre
;
Vous avez de tout à revendre.
Beau , bienfait , de l'efprit , du bien , des dígnitez
,
Une Epoufe charmante , & dont les qualitez
Sont autant au deffus de celles du vulgaire ,
Que l'eft le fang dont tous deux vous
fortez ;
Après
24
2326 MERCURE DE FRANCE
Après cela pour vous quels fouhaits peut - on
faire ?
A parler franchement je ſuis embaraffé.
Mais , n'en déplaiſe à la fatyre ,
Duffay-je à mes dépens donner matiere à rire ,
Il faut finir , puifque j'ai commencé.
Ce fera par l'aveu fincere
D'un coeur pour vous plein de refpect.
Je vous le garantis droit , & d'un caractere
A ne jamais vous devenir fufpect;
Daignez en agréer l'hommage.
Au défaut de l'efprit , fon zéle fupléra.
En difant ce qu'on fçait , & donnant ce qu'on
On n'eft pas obligé de faire davantage.
Genreau de Grouchy,
de CHAMBONAS , lejour de S. Louis.
Pour celebrer le jour de votre Fête ,
En vain je cherche , je m'aprête ,
A vous fervir de quelque plat nouveau ,
Ma Mufe eft une franche bête ,
Qui ne peut rien tirer de fon cerveau.
De vous offrir des fleurs , la chofe eft trop commune
,
Peut-être auffi pour vous n'ont- elles point d'ap
pas.
yous faire des préfens ; trop mince eft ma for
tune ;
Et de moi sûrement vous n'en voudriez pas.
Publier vos vertus ; ce feroit vous déplaire.
Et puis je ne fuis pas d'humeur
A m'engager dans une affaire ,
Dont je ne pourrois pas fortir à mon honneur
Recourir aux fouhaits ; ce n'eſt pas mieux l'entendre
;
Vous avez de tout à revendre.
Beau , bienfait , de l'efprit , du bien , des dígnitez
,
Une Epoufe charmante , & dont les qualitez
Sont autant au deffus de celles du vulgaire ,
Que l'eft le fang dont tous deux vous
fortez ;
Après
24
2326 MERCURE DE FRANCE
Après cela pour vous quels fouhaits peut - on
faire ?
A parler franchement je ſuis embaraffé.
Mais , n'en déplaiſe à la fatyre ,
Duffay-je à mes dépens donner matiere à rire ,
Il faut finir , puifque j'ai commencé.
Ce fera par l'aveu fincere
D'un coeur pour vous plein de refpect.
Je vous le garantis droit , & d'un caractere
A ne jamais vous devenir fufpect;
Daignez en agréer l'hommage.
Au défaut de l'efprit , fon zéle fupléra.
En difant ce qu'on fçait , & donnant ce qu'on
On n'eft pas obligé de faire davantage.
Genreau de Grouchy,
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Résumé : BOUQUET présenté à M. le Marquis de CHAMBONAS, le jour de S. Loüis.
Le poème est adressé au Marquis de Chambonas pour la fête de Saint Louis. L'auteur exprime ses difficultés à trouver un cadeau approprié, estimant que les fleurs sont trop communes et ses moyens limités pour offrir des présents plus significatifs. Il ne souhaite pas publier les vertus du Marquis ni s'engager dans une affaire qu'il ne pourrait pas honorer. L'auteur reconnaît les nombreuses qualités du Marquis, incluant sa beauté, ses bienfaits, son esprit, sa richesse, ses dignités et son épouse charmante. L'abondance de ces qualités le met dans l'embarras, rendant difficile la formulation de vœux supplémentaires. Malgré tout, il conclut en exprimant son respect sincère et son zèle, affirmant que son cœur est droit et ne peut jamais devenir suspect. Il offre cet hommage en l'absence d'esprit, mais avec un zèle sincère.
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10
p. 2326
« Le 25. la Lotterie de la Compagnie des Indes pour le remboursement des Actions, fut tirée en [...] »
Début :
Le 25. la Lotterie de la Compagnie des Indes pour le remboursement des Actions, fut tirée en [...]
Mots clefs :
Loterie de la Compagnie des Indes
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texteReconnaissance textuelle : « Le 25. la Lotterie de la Compagnie des Indes pour le remboursement des Actions, fut tirée en [...] »
Le 25. la Lotterie de la Compagnie des Indes.
pour le rembourſement des Actions, fut tírée en
la maniere accoutumée à l'Hôtel de la Compagnie.
On a publié la Lifte des numeros des Actions
qui feront remboursés au nombre de 300,
Actions.
pour le rembourſement des Actions, fut tírée en
la maniere accoutumée à l'Hôtel de la Compagnie.
On a publié la Lifte des numeros des Actions
qui feront remboursés au nombre de 300,
Actions.
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11
p. 2326-2329
MORTS, NAISSANCES & Mariages.
Début :
M. Pierre Christophle Cadeau, Maître des Comptes, mourut à Paris, le 18. du [...]
Mots clefs :
Armée, Roi, Épouse, Lieutenant
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texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES & Mariages.
MORTS , NAISSANCES
& Mariages.
M.
Pierre Chriftophle Cadeau , Maître des
Comptes , mourut à Paris le r8 . dụ
mois dernier , âgé d'environ 70. ans,
>
Le
OCTOBRE . 1730.
2327
Le P. Jean Valbrune de Belair , Abbé de
Chancellade, & Superieur General des Chanoines
Reguliers de cette Congrégation , mourut dans
fon Abbaye le 27 du mois dernier, âgé de 78 ans,
en 1722. le Roi avoit nommé Coadjuteur de cette
Abbaye , le P. Ant. Gros de Belair.
M. Charles- Emanuel de la Vieuville , l'un des
Aumôniers du Roi & Abbé de l'Abbaye d'Abfie
Ordre de S. Benoît, Diocèſe de la Rochelle, mou
rut le 8 âgé de 51. ans .
M. Louis Tiberge , Abbé de S. Sauveur Dandre
, Diocèſe de Boulogne , Directeur du Seminaire
des Miffions Etrangeres , mourut le 9. Octobre
, âgé d'environ 80. ans. On peut dire que
c'étoit un des plus grands & des meilleurs fujets
qui ait été dans l'Etat Ecclefiaftique.
D. Julie Victoire de Rohan Chabot , Prieure
perpetuelle du Monaftere de Notre- Dame de
Lieffe , mourut le 10. agée de 42. ans .
Angelique Fabert , Veuve de François de Harcourt
, Marquis de Beuvron , Chevalier des Ordres
du Roi , Lieutenant General de fes Armées ,
& au Gouvernement de Normandie , & Gouverneur
du vieux Palais de Roiien , mourut le 12 .
de ce mois , âgée d'environ 82. ans . Elle étoit
yeuve en premieres noces du Marquis de Genlis.
Frere Alexandre Antoine de Foudras de Chateauthierri
, Bailli , Grand-Croix & Grand - Maréchal
de l'Ordre de , S. Jean de Jerufalem
Commandeur de la Commanderie de Levreuil
Abbé de Ham & Prieur de S. Marcel- lès - Chalons
, mourut le 13. dans la 67. année de fon
âge.
M. Charles Frederic Kadot , Comte de Seppeville
, Enfeigne de la feconde Compagnie des
Moufquetaires de la Garde du Roi , mourut
Paris le 14. âgé de 27. ans,
M
2328 MERCURE DE FRANCE
M. Jofeph Trudaine , Brigadier des Armées
du Roi , Capitaine Lieutenant de la Compagnie
des Gendarmes de Bretagne , Infpecteur de la
Gendarmerie , & Commandeur de l'Ordre Royal
& Militaire de S. Louis , eft mort depuis peu à
Oify , près d'Amiens , ágé de 58. ans.
Jacques de Metz , Brigadier des Armées du
Roi , ci-devant Meftre de Camp du Régiment de
Vexin , mourut à Paris le 19. de ce mois , âgé
de 47. ans.
Louis Armand du Pleffis , Marquis de Richelieu
, mourut à Paris le 22. dans la 77. année de
fon âge.
D. Henriette Bibienne de Franquetot de Coigny
, Epoufe de Jean Baptifte -Joachim Colbert ,
Marquis de Croiffy , &c. Confeiller d'Etat , Capitaine
des Gardes de la Porte , Meftre de Camp
du Regiment Royal Infanterie , accoucha le 25
Septembre, d'un fils , qui fut tenu fur les Fonts
& nommé Paul - Amaulry , par René-Amaulry de
Montboucher , Marquis de Bordage , &c. & par
D. Catherine-Pauline Colbert de Torfi , Epoufe
de Louis , Marquis du Pleffis - Chatillon & de
Nonant, Maréchal des Camps & Armées du Roy.
D. Marie Voifin , Epoufe de Louis - Thomas du
Bois de Fiennes , Marquis de Leuville, Maréchal
des Camps & Armées , Grand- Bailly du Païs &
Duché de Touraine , Chevalier de S. Louis , accoucha
le 2 Octobre , d'une fille , qui fut tenue
fur les Fonts , & nommé Antoinette - Magdelene
par Antoine-Pierre Comte de Beüil , Lieutenant
General des Armées du Roy , Chevalier de faint
Louis ; & par D. Renée - Magdelene de Rambouillet,
veuve de N.Trudaine , Conſeiller d'Etat
cy devant Prevôt des Marchands .
D. Anne de Caftevas de la Riviere , Epoufe de
Jean-
*
OCTOBRE. 1730. 2329
Jean- Baptifte Charon , Marquis de Menars, Bri
gadier des Armées du Roy,accoucha le 13. d'une
fille, qui fut nommée Charlotte- Loüife,par Louis
Augufte d'Albert Dailly , Duc de Chaulnes
Pair de France,Vidame d'Amiens , Commandant,
& cy- devant Capitaine - Lieutenant de la Compagnie
des Chevaux - Legers de la Garde du Roy,
Lieutenant General de fes Armées , & Chevalier
de fes Ordres , & par D. Diane - Charlotte de
Chaumont Guitri , Epoufe de Pierre de Cafteras,
Comte de la Riviere, Brigadier des Armées du Roi.
›
"
Le Roy a donné fon agrément au Mariage du
Comte de Taillebourg , fils unique du Prince de
Talmont , de la Maifon de la Trémoüille , avec
Mademoiselle Jablonouski , Palatine de Ruffie
coufine germaine du Roy Stanislas . Le Contrat en
fut figné le 12 de са mois par L.M.ainfi 'que part
le Roy Staniflas, & la Reine fon Epoufe. La célébratiou
a dûë s'en faire à Chambord le 29. Le Roi
a nommé le Comte de Taillebourg, Duc à Brevet.
Il porte à prefent le nom de Duc de Chatellereau.
On fera bien- aife d'apprendre que Charles
Houillie, Chercutier à la Porte de Paris, vis -à -vis
la Boucherie , à la Renommée , vend de tres-bon
Boudin , noir & blanc , des Andouilles fines , de
veritables Pieds à la fainte- Ménéhoud , & de pe
tites Langues de Moutons fourrées , fix fols piéce
, d'un gout exquis.
& Mariages.
M.
Pierre Chriftophle Cadeau , Maître des
Comptes , mourut à Paris le r8 . dụ
mois dernier , âgé d'environ 70. ans,
>
Le
OCTOBRE . 1730.
2327
Le P. Jean Valbrune de Belair , Abbé de
Chancellade, & Superieur General des Chanoines
Reguliers de cette Congrégation , mourut dans
fon Abbaye le 27 du mois dernier, âgé de 78 ans,
en 1722. le Roi avoit nommé Coadjuteur de cette
Abbaye , le P. Ant. Gros de Belair.
M. Charles- Emanuel de la Vieuville , l'un des
Aumôniers du Roi & Abbé de l'Abbaye d'Abfie
Ordre de S. Benoît, Diocèſe de la Rochelle, mou
rut le 8 âgé de 51. ans .
M. Louis Tiberge , Abbé de S. Sauveur Dandre
, Diocèſe de Boulogne , Directeur du Seminaire
des Miffions Etrangeres , mourut le 9. Octobre
, âgé d'environ 80. ans. On peut dire que
c'étoit un des plus grands & des meilleurs fujets
qui ait été dans l'Etat Ecclefiaftique.
D. Julie Victoire de Rohan Chabot , Prieure
perpetuelle du Monaftere de Notre- Dame de
Lieffe , mourut le 10. agée de 42. ans .
Angelique Fabert , Veuve de François de Harcourt
, Marquis de Beuvron , Chevalier des Ordres
du Roi , Lieutenant General de fes Armées ,
& au Gouvernement de Normandie , & Gouverneur
du vieux Palais de Roiien , mourut le 12 .
de ce mois , âgée d'environ 82. ans . Elle étoit
yeuve en premieres noces du Marquis de Genlis.
Frere Alexandre Antoine de Foudras de Chateauthierri
, Bailli , Grand-Croix & Grand - Maréchal
de l'Ordre de , S. Jean de Jerufalem
Commandeur de la Commanderie de Levreuil
Abbé de Ham & Prieur de S. Marcel- lès - Chalons
, mourut le 13. dans la 67. année de fon
âge.
M. Charles Frederic Kadot , Comte de Seppeville
, Enfeigne de la feconde Compagnie des
Moufquetaires de la Garde du Roi , mourut
Paris le 14. âgé de 27. ans,
M
2328 MERCURE DE FRANCE
M. Jofeph Trudaine , Brigadier des Armées
du Roi , Capitaine Lieutenant de la Compagnie
des Gendarmes de Bretagne , Infpecteur de la
Gendarmerie , & Commandeur de l'Ordre Royal
& Militaire de S. Louis , eft mort depuis peu à
Oify , près d'Amiens , ágé de 58. ans.
Jacques de Metz , Brigadier des Armées du
Roi , ci-devant Meftre de Camp du Régiment de
Vexin , mourut à Paris le 19. de ce mois , âgé
de 47. ans.
Louis Armand du Pleffis , Marquis de Richelieu
, mourut à Paris le 22. dans la 77. année de
fon âge.
D. Henriette Bibienne de Franquetot de Coigny
, Epoufe de Jean Baptifte -Joachim Colbert ,
Marquis de Croiffy , &c. Confeiller d'Etat , Capitaine
des Gardes de la Porte , Meftre de Camp
du Regiment Royal Infanterie , accoucha le 25
Septembre, d'un fils , qui fut tenu fur les Fonts
& nommé Paul - Amaulry , par René-Amaulry de
Montboucher , Marquis de Bordage , &c. & par
D. Catherine-Pauline Colbert de Torfi , Epoufe
de Louis , Marquis du Pleffis - Chatillon & de
Nonant, Maréchal des Camps & Armées du Roy.
D. Marie Voifin , Epoufe de Louis - Thomas du
Bois de Fiennes , Marquis de Leuville, Maréchal
des Camps & Armées , Grand- Bailly du Païs &
Duché de Touraine , Chevalier de S. Louis , accoucha
le 2 Octobre , d'une fille , qui fut tenue
fur les Fonts , & nommé Antoinette - Magdelene
par Antoine-Pierre Comte de Beüil , Lieutenant
General des Armées du Roy , Chevalier de faint
Louis ; & par D. Renée - Magdelene de Rambouillet,
veuve de N.Trudaine , Conſeiller d'Etat
cy devant Prevôt des Marchands .
D. Anne de Caftevas de la Riviere , Epoufe de
Jean-
*
OCTOBRE. 1730. 2329
Jean- Baptifte Charon , Marquis de Menars, Bri
gadier des Armées du Roy,accoucha le 13. d'une
fille, qui fut nommée Charlotte- Loüife,par Louis
Augufte d'Albert Dailly , Duc de Chaulnes
Pair de France,Vidame d'Amiens , Commandant,
& cy- devant Capitaine - Lieutenant de la Compagnie
des Chevaux - Legers de la Garde du Roy,
Lieutenant General de fes Armées , & Chevalier
de fes Ordres , & par D. Diane - Charlotte de
Chaumont Guitri , Epoufe de Pierre de Cafteras,
Comte de la Riviere, Brigadier des Armées du Roi.
›
"
Le Roy a donné fon agrément au Mariage du
Comte de Taillebourg , fils unique du Prince de
Talmont , de la Maifon de la Trémoüille , avec
Mademoiselle Jablonouski , Palatine de Ruffie
coufine germaine du Roy Stanislas . Le Contrat en
fut figné le 12 de са mois par L.M.ainfi 'que part
le Roy Staniflas, & la Reine fon Epoufe. La célébratiou
a dûë s'en faire à Chambord le 29. Le Roi
a nommé le Comte de Taillebourg, Duc à Brevet.
Il porte à prefent le nom de Duc de Chatellereau.
On fera bien- aife d'apprendre que Charles
Houillie, Chercutier à la Porte de Paris, vis -à -vis
la Boucherie , à la Renommée , vend de tres-bon
Boudin , noir & blanc , des Andouilles fines , de
veritables Pieds à la fainte- Ménéhoud , & de pe
tites Langues de Moutons fourrées , fix fols piéce
, d'un gout exquis.
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Résumé : MORTS, NAISSANCES & Mariages.
En octobre 1730, plusieurs personnalités notables sont décédées. Parmi elles, Pierre Christophe Cadeau, Maître des Comptes, est mort à Paris à l'âge d'environ 70 ans. Le Père Jean Valbrune de Belair, Abbé de Chancellade et Supérieur Général des Chanoines Réguliers, est décédé à 78 ans. Charles-Emanuel de la Vieuville, Aumônier du Roi et Abbé de l'Abbaye d'Absie, est mort à 51 ans. Louis Tiberge, Abbé de Saint-Sauveur d'Andre et Directeur du Séminaire des Missions Étrangères, est décédé à environ 80 ans. Julie Victoire de Rohan Chabot, Prieure perpétuelle du Monastère de Notre-Dame de Lieffe, est morte à 42 ans. Angelique Fabert, veuve de François de Harcourt, Marquis de Beuvron, est décédée à environ 82 ans. Frère Alexandre Antoine de Foudras de Chateauthierri, Bailli et Grand-Croix de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, est mort à 67 ans. Charles Frédéric Kadot, Comte de Seppeville et Enseigne des Mousquetaires de la Garde du Roi, est décédé à 27 ans. Joseph Trudaine et Jacques de Metz, tous deux Brigadiers des Armées du Roi, sont morts respectivement à 58 et 47 ans. Louis Armand du Plessis, Marquis de Richelieu, est mort à 77 ans. Plusieurs naissances ont également été enregistrées. Henriette Bibienne de Franquetot de Coigny a accouché d'un fils nommé Paul-Amaulry. Marie Voisin, épouse de Louis-Thomas du Bois de Fiennes, Marquis de Leuville, a donné naissance à une fille nommée Antoinette-Magdelene. Anne de Castevas de la Riviere, épouse de Jean-Baptiste Charon, Marquis de Menars, a accouché d'une fille nommée Charlotte-Louise. Le Roi a approuvé le mariage entre le Comte de Taillebourg et Mademoiselle Jablonouski, Palatine de Ruffiec, cousine germaine du Roi Stanislas. Le contrat a été signé le 12 octobre et la cérémonie a eu lieu à Chambord le 29 octobre. À cette occasion, le Comte de Taillebourg a été nommé Duc à Brevet et porte désormais le titre de Duc de Châtellereau.
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12
p. 2329-2330
ARRESTS,
Début :
EDIT du Roy, portant rétablissement des Charges & Offices sur les Ports, Quays, [...]
Mots clefs :
Arrêts, Édits, Ordonnances
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texteReconnaissance textuelle : ARRESTS,
ARRESTS ,
DIT du Roy , portant rétabliffement des
Echarges & Offices fur les Ports ,Quays,
Chantiers , Halles 2, Foires , Places & Marchez de
K La
9
2330 MERCURE DE FRANCE
Ville & Fauxbourgs de Paris , avec le Tarif des
droits attribuez aufdites Charges & Offices , arrêtez
au Confeil le 13. Juin 1730. Donné à
Verfailles au mois de Juin 1730. Regiſtré en
Parlement le 31. Aouſt ſuivant.
ORDONNANCE du Roy du 29. Juillet,
portant que les Chanceliers des Confulats de la
Nation Françoife dans les Pays étrangers , feront
choifis & nommez à l'avenir par Sa Majefté.
ARREST du 29. Août, qui permet aux Etats
'de Languedoc l'établiffement d'une Loterie pour
le Remboursement des dettes de ladite Province ,
laquelle a été ouverte du jour de la publication
de l'Arrêt , aux claufes & conditions qui y font
plus au long expliquées . Les Receveurs de cette
Loterie font , fçavoir :
A Paris, M. l'Amoureux , Caiffier des Etats de
Jadite Province , rue S. Honoré , attenant les
Jacobins.
A Toulouse , M. Marguerit. Caiffiers defdits
A Montpellier M. Vaquier. S Etats .
DIT du Roy , portant rétabliffement des
Echarges & Offices fur les Ports ,Quays,
Chantiers , Halles 2, Foires , Places & Marchez de
K La
9
2330 MERCURE DE FRANCE
Ville & Fauxbourgs de Paris , avec le Tarif des
droits attribuez aufdites Charges & Offices , arrêtez
au Confeil le 13. Juin 1730. Donné à
Verfailles au mois de Juin 1730. Regiſtré en
Parlement le 31. Aouſt ſuivant.
ORDONNANCE du Roy du 29. Juillet,
portant que les Chanceliers des Confulats de la
Nation Françoife dans les Pays étrangers , feront
choifis & nommez à l'avenir par Sa Majefté.
ARREST du 29. Août, qui permet aux Etats
'de Languedoc l'établiffement d'une Loterie pour
le Remboursement des dettes de ladite Province ,
laquelle a été ouverte du jour de la publication
de l'Arrêt , aux claufes & conditions qui y font
plus au long expliquées . Les Receveurs de cette
Loterie font , fçavoir :
A Paris, M. l'Amoureux , Caiffier des Etats de
Jadite Province , rue S. Honoré , attenant les
Jacobins.
A Toulouse , M. Marguerit. Caiffiers defdits
A Montpellier M. Vaquier. S Etats .
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Résumé : ARRESTS,
En 1730, plusieurs arrêtés et ordonnances royaux ont été publiés. Le 13 juin, un arrêté rétablit les charges et offices liés aux ports, quais, chantiers, halles, foires, places et marchés de Paris et ses faubourgs, et fixe le tarif des droits associés. Cet arrêté a été enregistré au Parlement le 31 août. Le 29 juillet, un autre arrêté stipule que les chanceliers des consulats de la nation française à l'étranger seront désormais choisis et nommés par le roi. Le 29 août, un arrêté autorise les États de Languedoc à organiser une loterie pour rembourser les dettes de la province. Cette loterie a été ouverte le jour de la publication de l'arrêt. Les receveurs de la loterie sont situés à Paris, Toulouse et Montpellier.
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