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1
p. 2170-2179
Sethos, Histoire ou Vie, &c. [titre d'après la table]
Début :
SETHOS, Histoire ou Vie tirée des Monumens anecdotes de l'ancienne Egypte [...]
Mots clefs :
Ancienne Égypte, Prince, Reine, Académies, Éducation, Peinture, Carthage, Observatoire des prêtres thébains, Phéniciens, Esclaves
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texteReconnaissance textuelle : Sethos, Histoire ou Vie, &c. [titre d'après la table]
SETHOS , Histoire ou Vie tirée des Monumens
anecdotes de l'ancienne Egypte
traduite d'un Manuscrit Grec . A Paris ,
chez les Freres Guerin , Quay des Augustins
, et rue S. Jacques , 1731. trois Volumes
in 12. de plus de 400 , pages chacun
sans la Préface , l'Epitre et les Additions,
Cartes d'Egypte , d'Affrique , &c.
Le nom de M. l'Abbé Terrasson
qui n'est pas à la tête du livre , se trouve
dans le Privilege . Nous ne prétendons
pas donner au Public dans le mois de
Septembre , la premiere nouvelle d'un
Ouvrage , qui a été fort répandu dès les
premiers jours de Juillet : mais les trois
volumes in 12.dont il est composé , ne nous
ont pas permis plutôt d'en faire quelque
rapport au Public . C'est un ouvrage de
fiction à peu près dans le goût de Telema
que,ou des Voyages de Cyrus. Mais au lieu
que ces deux-cy se bornent en quelque
sorte à l'idée d'une éducation ; ce sujet
particulier ne remplit que le premier volume
de Sethos . Ce jeune Prince est fils
d'Osoroth , Roi de Memphis , Prince âgé
et indolent. Sethos dès le premier livre
perd
SEPTEMBRE . 1731. 2171
L
perd Nephté sa mere , Reine admirable
par sa vertu et par sa sagesse . Le Grand
Prêtre en la presentant au Senat , qui ju
geoit les morts en Egypte , fait d'elle un
Eloge Funebre , dont tous les lecteurs
ont été également frappez. Nephté en
mourant , avoit laissé pour Gouverneur
à son fils unique , âgé de huit ans , un excellent
homme , nommé Amedés , qui
conduit toute l'éducation de Sethos . Outre
le soin qu'il en prend par lui - même ,
il le fait profiter de l'éducation publique
des Egyptiens. A cette occasion , l'Auteur
fait dans le second livre une description
historique des Académies de Memphis. Il
donne là un leger crayon de toutes les
sciences qui ont rendu cette Nation si
fameuse , et il joint à ce narré d'excellens
avis pour tous ceux qui sont chargez de
l'instruction de la jeunesse , ou qui veulent
s'instruire eux - mêmes. Il insinuë , suivant
le principe déja exposé dans la Préface
, que les Sciences sont une des plus
grandes sources des vertus humaines et
civiles , non -seulement par l'occupation
qui est un obstacle au déreglement des
moeurs , mais encore par les préceptes et
par les exemples que la lecture nous
fournit. La Reine Daluca , qui épouse
Osoroth après la mort de Nephté , et qui
Fij vouloit
2172 MERCURE DE FRANCE
› vouloit perdre Sethos pour faire place
à l'aîné des deux Enfans qu'elle eût de
lui , songea d'abord à corrompre la Cour,
dans le dessein de faire passer son projet.
Elle ne trouva point de plus sûr moyen
pour introduire cette corruption , que de
décréditer ces Académies , et de jetter
les jeunes Seigneurs dans l'oisiveté et dans
le goût des amusemens frivoles. Elle Y
réussit dont les femmes de sa cour par
l'Auteur fait une peinture qui s'est attiré
une appro bation generale.
с
genereux ,
,
et mê-
Après huit ans de cette éducation pu
blique et particuliere , Amedés concevant
que son disciple avoit besoin d'un
mérite plus qu'ordinaire pour surmonter
les entreprises de ses ennemis domestiques
, conçoit le dessein
me perilleux , de lui procurer l'initiation.
C'étoit alors l'école des vertus les plus
héroïques, Les épreuves du corps qu'il
falloit subir , demandoient un courage
extrême , et les épreuves de l'ame exigeoient
une docilité qui faisoient de l'aspirant
un homme nouveau L'autheur fait
de ces pratiques un tableau qu'on n'a
vû encore nulle part , et où la fiction ne
sert que d'ornement à un fond vrai
mais qui n'a été sçû jusqu'à present que
de ceux qui ont une grande connoissance
9
de
SEPTEMBRE. 1737. 2173
de l'Antiquité.Ces exercices exposez dans
le troisième livre finissent à l'égard de
Sethos , par trois questions qu'on lui
propose sur l'héroïsme : les réponses qu'il
y donne font , pour ainsi dire , la base de
tout le reste de sa vie. Il satisfait à ces
questions dans le quatriéme livre à l'occasion
de l'histoire de deux freres , fils du
Prince de Carthage , qui avoit promis sa
succession à celui des deux qui feroit
dans le cours de trois années l'action la
plus héroïque . Sethos ayant décidé que
la premiere vertu du Heros , est un amour
zelé du genre humain , se consacre luimême
au service des hommes en general:
et en conséquence de cette résolution , it
employe le long exil où le jette la persécution
de Daluca , à faire chez des peuples
inconnus les voyages utiles pour eux,
qui font le sujet du second volume.
Le cinquiéme livre le premier des
trois qui composent ce volume , contient
le détail d'une guerre que le Roi de Thebes
fait au Roy de Memphis. L'artificieuse
Daluca veut se servir de cette
guerre pour faire perir Sethos . Elle arrache
, pour ainsi dire , le consentement
du Roy pour la nomination d'un General
indigne , nommé Thoris , auquel elle
communique ses intentions. Le Roy se
Fiij. COR
2174 MERCURE DE FRANCE
}
contente de soustraire son fils à l'obéïssance
d'un tel chef , et de ne lui donner
aucun autre Commandant qu'Amedés.
Le jeune Prince part pour Captos que le
Roy de Thebes menaçoit d'un Siége.
Mais avant qu'il fût formé , Sethos profite
du Privilege commun à tous les initiez
, pour visiter secretement sous la
conduite des Prêtres , les curiositez principales
du Royaume de Thebes. On trou
ve ici en abregé les singularitez dù Nil .
Sethos termine cette petite course par la
visite de l'Observatoire des Prêtres Thebains.
Il prend là des connoissances utiles
et nécessaires à une grande navigation ,
où il conduira bien- tôt les Phéniciens , et
qu'il montrera le premier aux hommes.
Revenu à Captos , les essais de son intelligence
et de son courage en fait de guerre
, sont des actions merveilleuses ; et
quoi qu'il ne combattit encore que comme
volontaire , il s'attire l'admiration
des assiegez et même des assiegeans . Enfin
pourtant le traître Thoris pressé d'ailleurs
les lettres de la Reine , et sçapar
chant qu'Amedés ne permettoit point au
jeune Prince de sortir de la place , imagine
un moyen de faire entrer à la faveur
d'une attaque de nuit , les ennemis dans
la Ville , qu'il défendoit lui- même au - de-
,
hors
SEPTEMBRE. 1731. 2179
porte
:
,
›
hors. Les ennemis néanmoins n'entrerent
pas mais Sethos et Amedés lui-même
combattant avec les Assiegez dans une
alors ouverte se trouverent sortis
eux-mêmes dans le fort de l'action , et
séparez l'un de l'autre. Sethos fut griévement
blessé , fut pris par des Soldats
Ethiopiens , et porté dans une Ville voisine
, où les Pheniciens avoient un établissement
considérable. Les Ethiopiens
qui ne le connoissoient pas ; vendirent ce
Prince aux Pheniciens qui ne le reconnurent
pas non plus . Ce jeune Prince
commençoit à se rétablir , lorsque la publication
d'une Lettre du Roy son Pere ,
par laquelle il offroit la moitié de son
Royaume au Roy de Thebes pour racheter
son fils , si on le trouvoit , arriva jusques
dans la chambre où il étoit couché.
Sethos qu'on croyoit déja par tout avoir
été tué se confirma à la vûë de cette rancon
énorme , dans la reserve qu'il avoit
gardée jusqu'alors sur sa condition : et il
pria lui-même les Pheniciens de le conduire
jusqu'à la flote qu'ils avoient sur la
mer rouge , et qui alloit mettre à la voile
pour un voyage de long cours.
Dans le sixième livre , Sethos déguisé
sous le nom de Cherés , se distingue d'apar
ses connoissances auprès d'Ors-
Fiiij tarte
bord
2176 MERCURE DE FRANCE
tarte , Commandant de cette Flotte, où il
venoit d'entrer Esclave .. Il se signala encore
davantage dans un combat naval , que
les Pheniciens donnerent contre la Flotte
des Rois de la Taprobane. Ces Rois s'opposoient
aux Pheniciens qui venoient deffendre
leur Colonie établie dans cette Isledepuis
quelque - temps ; et on les soupçonnoit
de l'avoir exterminée . Astrate
après une victoire sur Mer , qui étoit dûë
en sa plus grande partie aux conseils et
au courage de Cherés , débarqua la nuit
pour achever la déstruction des insulaires
: mais se trouvant au point du jour à
la vûë de leur camp , les Rois lui députent
un Heraut pour lui demander une
conférence dans la plaine. Que là on lui
exposeroit le sujet de la Guerre qu'ils faisoient
à Pheletés, chef de la Colonie Phenicienne
; s'ils acceptoient pour Arbitredu
differend qu'ils avoient avec la Phenicie
, l'Egyptien même qu'Aytarte avoit
amené , et dont quelques Prisonniers
qu'ils avoient faits dans le combat de la
veille , leur avoient parlé avec de grands
éloges. Astrate ayant accordé au Heraut
cette demande ; on apprit dans la conférence
, que Pheletés avoit fait égorger en
une nuit le Gouverneur et la Garnison de
Galiba , ville maritime de la Taprobane
Qu
SEPTEMBRE . 1731 2177
où l'on avoit reçû les Pheniciens : ce qui
obligeoit les Rois d'assieger cette Ville
pour la reprendre. Cherés interrogé sur
cette question , prend hautement le parti
des insulaires
Pheniciens mêmes , le combat et la victoire
de la Ville . Pheletés qui assistoit à
cette conférence , commençoit à se deffendre
d'une maniere injurieuse pour
Cherés , lorsqu'Astrate montra une lettre
patente du Roy de Phenicie. Il étoit dit:
dans cette lettre , que le Roy ne sçachant
que confusément la cause de cette guerre ,.
envoyoit Astrate pour défendre la Colo--
nie si les Rois de l'Isle lui vouloient ôter
l'établissement qu'on lui avoit accordé :
autrefois. Il lui donnoit en même temps
la place de Pheletés , qui n'étoit agréable :
ny aux Pheniciens ny aux Insulaires , et
joignoit à l'égard de ce dernier , un ordre
de lui faire son Procez , s'il avoit fait aux
Rois ses amis et ses alliez , quelque offen--
se capitale. Pheletés entendant ces paroles
, sort brusquement de la tente , et se
jette dans la Mer : après quoi la Ville de
Galiba fut rendue à ses légitimes posses--
seurs et la Paix. rétablie entre les deux
Peuples.
et désavoie au nom des
Mais avant que la conférence se romapît
, Cherés proposa aux deux Nations
Fy Pen
2178 MERCURE DE FRANCE
l'entreprise de faire le tour de l'Affrique
par son extrêmité méridionale. Ilinsinua
qu'il avoit sur ce sujet des connoissances
particulieres dont il ne pouvoit pas dire
la source. C'étoient les Notions Geographiques
que les Prêtres de Thebes lui
avoient données. Il demanda à chacun
des deux Peuples six grands Vaisseaux , et
quelques autres plus petits , qui leur por
teroient de ses nouvelles pendant sa course
, et qui rapporteroient les provisions
dont il auroit besoin. Le credit que
Cherés s'étoit acquis , et l'esperance d'un
commerce avantageux fit consentir l'Assemblée
à ce dessein. Cherés commence
icy à devenir Chef et Commandant et
l'on verra dans toute la suite , que la réputation
de sa vertu , de son intelligence
et de son courage le rendra le Maître dans
tous les lieux où il arrivera.
›
:
Le sixième livre contient encore la route
qu'il fait le premier par la pleine Mer à
Menuthias , aujourd'huy Madagascar . I}
soûmet sans effusion de sang les Sauvages
de cette Isle , qui n'avoient aucune
forme de gouvernement , par une conquête
qui les rend plus heureux qu'ils ne
Fétoient avant son arrivée : et il leur
donne pour maîtres sous des conditions:
équitables , les Rois de la Taprobane,
Cheréa
SEPTEMBRE 1731. 2179
Cherés est plus severe à l'égard des Antropophages
, qui possedoient sur les cô
tes orientales de l'Affrique , les mines de
Sophir , ou Ophir , sans connoître leurs
richesses. Mais leur coûtumé étoit de
manger les hommes que les tempêtes ou
les naufrages jettoient sur leurs côtes. Ils
parurent d'abord se soûmetrre à un vain
queur bien-faisant. Mais s'étant revoltez
ensuite , et ayant fait massacrer avant un
combat qu'ils livrerent à Cherés , tous les
prisonniers qu'ils destinoient à leurs nourritures
; le vainqueur fit mettre en croix
le long du rivage tous les chefs , et condamna
tous les habitans à ouvrir les mines,
dont il donna la possession aux Pheni--
ciens..Il n'oublia pas néanmoins de faire
à l'égard de ces Esclaves , des loix qui
changerent leur punition en un travail
reglé et suportable:
Ce fût là enfin que Cherés se disposa
à découvrir le passage de la mer orientale
à la mer occidentale de l'Affriques pas
sage que l'on avoit souhaitté jusqu'alors.
sans aucun espoir. L'Auteur entre par- là
dans le septiéme livre que nous renvoyons;
avec les trois suivans au mois prochain
anecdotes de l'ancienne Egypte
traduite d'un Manuscrit Grec . A Paris ,
chez les Freres Guerin , Quay des Augustins
, et rue S. Jacques , 1731. trois Volumes
in 12. de plus de 400 , pages chacun
sans la Préface , l'Epitre et les Additions,
Cartes d'Egypte , d'Affrique , &c.
Le nom de M. l'Abbé Terrasson
qui n'est pas à la tête du livre , se trouve
dans le Privilege . Nous ne prétendons
pas donner au Public dans le mois de
Septembre , la premiere nouvelle d'un
Ouvrage , qui a été fort répandu dès les
premiers jours de Juillet : mais les trois
volumes in 12.dont il est composé , ne nous
ont pas permis plutôt d'en faire quelque
rapport au Public . C'est un ouvrage de
fiction à peu près dans le goût de Telema
que,ou des Voyages de Cyrus. Mais au lieu
que ces deux-cy se bornent en quelque
sorte à l'idée d'une éducation ; ce sujet
particulier ne remplit que le premier volume
de Sethos . Ce jeune Prince est fils
d'Osoroth , Roi de Memphis , Prince âgé
et indolent. Sethos dès le premier livre
perd
SEPTEMBRE . 1731. 2171
L
perd Nephté sa mere , Reine admirable
par sa vertu et par sa sagesse . Le Grand
Prêtre en la presentant au Senat , qui ju
geoit les morts en Egypte , fait d'elle un
Eloge Funebre , dont tous les lecteurs
ont été également frappez. Nephté en
mourant , avoit laissé pour Gouverneur
à son fils unique , âgé de huit ans , un excellent
homme , nommé Amedés , qui
conduit toute l'éducation de Sethos . Outre
le soin qu'il en prend par lui - même ,
il le fait profiter de l'éducation publique
des Egyptiens. A cette occasion , l'Auteur
fait dans le second livre une description
historique des Académies de Memphis. Il
donne là un leger crayon de toutes les
sciences qui ont rendu cette Nation si
fameuse , et il joint à ce narré d'excellens
avis pour tous ceux qui sont chargez de
l'instruction de la jeunesse , ou qui veulent
s'instruire eux - mêmes. Il insinuë , suivant
le principe déja exposé dans la Préface
, que les Sciences sont une des plus
grandes sources des vertus humaines et
civiles , non -seulement par l'occupation
qui est un obstacle au déreglement des
moeurs , mais encore par les préceptes et
par les exemples que la lecture nous
fournit. La Reine Daluca , qui épouse
Osoroth après la mort de Nephté , et qui
Fij vouloit
2172 MERCURE DE FRANCE
› vouloit perdre Sethos pour faire place
à l'aîné des deux Enfans qu'elle eût de
lui , songea d'abord à corrompre la Cour,
dans le dessein de faire passer son projet.
Elle ne trouva point de plus sûr moyen
pour introduire cette corruption , que de
décréditer ces Académies , et de jetter
les jeunes Seigneurs dans l'oisiveté et dans
le goût des amusemens frivoles. Elle Y
réussit dont les femmes de sa cour par
l'Auteur fait une peinture qui s'est attiré
une appro bation generale.
с
genereux ,
,
et mê-
Après huit ans de cette éducation pu
blique et particuliere , Amedés concevant
que son disciple avoit besoin d'un
mérite plus qu'ordinaire pour surmonter
les entreprises de ses ennemis domestiques
, conçoit le dessein
me perilleux , de lui procurer l'initiation.
C'étoit alors l'école des vertus les plus
héroïques, Les épreuves du corps qu'il
falloit subir , demandoient un courage
extrême , et les épreuves de l'ame exigeoient
une docilité qui faisoient de l'aspirant
un homme nouveau L'autheur fait
de ces pratiques un tableau qu'on n'a
vû encore nulle part , et où la fiction ne
sert que d'ornement à un fond vrai
mais qui n'a été sçû jusqu'à present que
de ceux qui ont une grande connoissance
9
de
SEPTEMBRE. 1737. 2173
de l'Antiquité.Ces exercices exposez dans
le troisième livre finissent à l'égard de
Sethos , par trois questions qu'on lui
propose sur l'héroïsme : les réponses qu'il
y donne font , pour ainsi dire , la base de
tout le reste de sa vie. Il satisfait à ces
questions dans le quatriéme livre à l'occasion
de l'histoire de deux freres , fils du
Prince de Carthage , qui avoit promis sa
succession à celui des deux qui feroit
dans le cours de trois années l'action la
plus héroïque . Sethos ayant décidé que
la premiere vertu du Heros , est un amour
zelé du genre humain , se consacre luimême
au service des hommes en general:
et en conséquence de cette résolution , it
employe le long exil où le jette la persécution
de Daluca , à faire chez des peuples
inconnus les voyages utiles pour eux,
qui font le sujet du second volume.
Le cinquiéme livre le premier des
trois qui composent ce volume , contient
le détail d'une guerre que le Roi de Thebes
fait au Roy de Memphis. L'artificieuse
Daluca veut se servir de cette
guerre pour faire perir Sethos . Elle arrache
, pour ainsi dire , le consentement
du Roy pour la nomination d'un General
indigne , nommé Thoris , auquel elle
communique ses intentions. Le Roy se
Fiij. COR
2174 MERCURE DE FRANCE
}
contente de soustraire son fils à l'obéïssance
d'un tel chef , et de ne lui donner
aucun autre Commandant qu'Amedés.
Le jeune Prince part pour Captos que le
Roy de Thebes menaçoit d'un Siége.
Mais avant qu'il fût formé , Sethos profite
du Privilege commun à tous les initiez
, pour visiter secretement sous la
conduite des Prêtres , les curiositez principales
du Royaume de Thebes. On trou
ve ici en abregé les singularitez dù Nil .
Sethos termine cette petite course par la
visite de l'Observatoire des Prêtres Thebains.
Il prend là des connoissances utiles
et nécessaires à une grande navigation ,
où il conduira bien- tôt les Phéniciens , et
qu'il montrera le premier aux hommes.
Revenu à Captos , les essais de son intelligence
et de son courage en fait de guerre
, sont des actions merveilleuses ; et
quoi qu'il ne combattit encore que comme
volontaire , il s'attire l'admiration
des assiegez et même des assiegeans . Enfin
pourtant le traître Thoris pressé d'ailleurs
les lettres de la Reine , et sçapar
chant qu'Amedés ne permettoit point au
jeune Prince de sortir de la place , imagine
un moyen de faire entrer à la faveur
d'une attaque de nuit , les ennemis dans
la Ville , qu'il défendoit lui- même au - de-
,
hors
SEPTEMBRE. 1731. 2179
porte
:
,
›
hors. Les ennemis néanmoins n'entrerent
pas mais Sethos et Amedés lui-même
combattant avec les Assiegez dans une
alors ouverte se trouverent sortis
eux-mêmes dans le fort de l'action , et
séparez l'un de l'autre. Sethos fut griévement
blessé , fut pris par des Soldats
Ethiopiens , et porté dans une Ville voisine
, où les Pheniciens avoient un établissement
considérable. Les Ethiopiens
qui ne le connoissoient pas ; vendirent ce
Prince aux Pheniciens qui ne le reconnurent
pas non plus . Ce jeune Prince
commençoit à se rétablir , lorsque la publication
d'une Lettre du Roy son Pere ,
par laquelle il offroit la moitié de son
Royaume au Roy de Thebes pour racheter
son fils , si on le trouvoit , arriva jusques
dans la chambre où il étoit couché.
Sethos qu'on croyoit déja par tout avoir
été tué se confirma à la vûë de cette rancon
énorme , dans la reserve qu'il avoit
gardée jusqu'alors sur sa condition : et il
pria lui-même les Pheniciens de le conduire
jusqu'à la flote qu'ils avoient sur la
mer rouge , et qui alloit mettre à la voile
pour un voyage de long cours.
Dans le sixième livre , Sethos déguisé
sous le nom de Cherés , se distingue d'apar
ses connoissances auprès d'Ors-
Fiiij tarte
bord
2176 MERCURE DE FRANCE
tarte , Commandant de cette Flotte, où il
venoit d'entrer Esclave .. Il se signala encore
davantage dans un combat naval , que
les Pheniciens donnerent contre la Flotte
des Rois de la Taprobane. Ces Rois s'opposoient
aux Pheniciens qui venoient deffendre
leur Colonie établie dans cette Isledepuis
quelque - temps ; et on les soupçonnoit
de l'avoir exterminée . Astrate
après une victoire sur Mer , qui étoit dûë
en sa plus grande partie aux conseils et
au courage de Cherés , débarqua la nuit
pour achever la déstruction des insulaires
: mais se trouvant au point du jour à
la vûë de leur camp , les Rois lui députent
un Heraut pour lui demander une
conférence dans la plaine. Que là on lui
exposeroit le sujet de la Guerre qu'ils faisoient
à Pheletés, chef de la Colonie Phenicienne
; s'ils acceptoient pour Arbitredu
differend qu'ils avoient avec la Phenicie
, l'Egyptien même qu'Aytarte avoit
amené , et dont quelques Prisonniers
qu'ils avoient faits dans le combat de la
veille , leur avoient parlé avec de grands
éloges. Astrate ayant accordé au Heraut
cette demande ; on apprit dans la conférence
, que Pheletés avoit fait égorger en
une nuit le Gouverneur et la Garnison de
Galiba , ville maritime de la Taprobane
Qu
SEPTEMBRE . 1731 2177
où l'on avoit reçû les Pheniciens : ce qui
obligeoit les Rois d'assieger cette Ville
pour la reprendre. Cherés interrogé sur
cette question , prend hautement le parti
des insulaires
Pheniciens mêmes , le combat et la victoire
de la Ville . Pheletés qui assistoit à
cette conférence , commençoit à se deffendre
d'une maniere injurieuse pour
Cherés , lorsqu'Astrate montra une lettre
patente du Roy de Phenicie. Il étoit dit:
dans cette lettre , que le Roy ne sçachant
que confusément la cause de cette guerre ,.
envoyoit Astrate pour défendre la Colo--
nie si les Rois de l'Isle lui vouloient ôter
l'établissement qu'on lui avoit accordé :
autrefois. Il lui donnoit en même temps
la place de Pheletés , qui n'étoit agréable :
ny aux Pheniciens ny aux Insulaires , et
joignoit à l'égard de ce dernier , un ordre
de lui faire son Procez , s'il avoit fait aux
Rois ses amis et ses alliez , quelque offen--
se capitale. Pheletés entendant ces paroles
, sort brusquement de la tente , et se
jette dans la Mer : après quoi la Ville de
Galiba fut rendue à ses légitimes posses--
seurs et la Paix. rétablie entre les deux
Peuples.
et désavoie au nom des
Mais avant que la conférence se romapît
, Cherés proposa aux deux Nations
Fy Pen
2178 MERCURE DE FRANCE
l'entreprise de faire le tour de l'Affrique
par son extrêmité méridionale. Ilinsinua
qu'il avoit sur ce sujet des connoissances
particulieres dont il ne pouvoit pas dire
la source. C'étoient les Notions Geographiques
que les Prêtres de Thebes lui
avoient données. Il demanda à chacun
des deux Peuples six grands Vaisseaux , et
quelques autres plus petits , qui leur por
teroient de ses nouvelles pendant sa course
, et qui rapporteroient les provisions
dont il auroit besoin. Le credit que
Cherés s'étoit acquis , et l'esperance d'un
commerce avantageux fit consentir l'Assemblée
à ce dessein. Cherés commence
icy à devenir Chef et Commandant et
l'on verra dans toute la suite , que la réputation
de sa vertu , de son intelligence
et de son courage le rendra le Maître dans
tous les lieux où il arrivera.
›
:
Le sixième livre contient encore la route
qu'il fait le premier par la pleine Mer à
Menuthias , aujourd'huy Madagascar . I}
soûmet sans effusion de sang les Sauvages
de cette Isle , qui n'avoient aucune
forme de gouvernement , par une conquête
qui les rend plus heureux qu'ils ne
Fétoient avant son arrivée : et il leur
donne pour maîtres sous des conditions:
équitables , les Rois de la Taprobane,
Cheréa
SEPTEMBRE 1731. 2179
Cherés est plus severe à l'égard des Antropophages
, qui possedoient sur les cô
tes orientales de l'Affrique , les mines de
Sophir , ou Ophir , sans connoître leurs
richesses. Mais leur coûtumé étoit de
manger les hommes que les tempêtes ou
les naufrages jettoient sur leurs côtes. Ils
parurent d'abord se soûmetrre à un vain
queur bien-faisant. Mais s'étant revoltez
ensuite , et ayant fait massacrer avant un
combat qu'ils livrerent à Cherés , tous les
prisonniers qu'ils destinoient à leurs nourritures
; le vainqueur fit mettre en croix
le long du rivage tous les chefs , et condamna
tous les habitans à ouvrir les mines,
dont il donna la possession aux Pheni--
ciens..Il n'oublia pas néanmoins de faire
à l'égard de ces Esclaves , des loix qui
changerent leur punition en un travail
reglé et suportable:
Ce fût là enfin que Cherés se disposa
à découvrir le passage de la mer orientale
à la mer occidentale de l'Affriques pas
sage que l'on avoit souhaitté jusqu'alors.
sans aucun espoir. L'Auteur entre par- là
dans le septiéme livre que nous renvoyons;
avec les trois suivans au mois prochain
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Résumé : Sethos, Histoire ou Vie, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Sethos, Histoire ou Vie tirée des Monumens anecdotiques de l'ancienne Egypte' a été traduit d'un manuscrit grec et publié à Paris en 1731 par les Frères Guerin. Il se compose de trois volumes in-12, chacun contenant plus de 400 pages, sans compter la préface, l'épître et les additions. Le nom de l'abbé Terrasson apparaît dans le privilège, mais pas à la tête du livre. L'histoire relate la vie de Sethos, fils d'Osoroth, roi de Memphis, et de la reine Nephté. Après la mort de Nephté, Sethos est élevé par Amedés, un gouverneur sage et vertueux. Le second volume décrit les académies de Memphis et les sciences qui ont rendu l'Égypte célèbre, soulignant l'importance des sciences pour les vertus humaines et civiles. La reine Daluca, nouvelle épouse d'Osoroth, cherche à éliminer Sethos pour favoriser ses propres enfants. Elle tente de discréditer les académies et de corrompre la cour. Amedés, pour protéger Sethos, décide de lui faire subir l'initiation, un processus exigeant des épreuves physiques et morales. Après son initiation, Sethos se consacre au service de l'humanité et entreprend des voyages utiles. Le cinquième volume relate une guerre entre le roi de Thèbes et le roi de Memphis, où Daluca tente de faire périr Sethos en nommant un général indigne. Sethos, malgré les trahisons, se distingue par son courage et son intelligence. Capturé et vendu comme esclave, Sethos se retrouve sur un navire phénicien sous le nom de Cherés. Il se distingue lors d'un combat naval et aide à résoudre un conflit entre les Phéniciens et les rois de la Taprobane. Il propose ensuite une expédition pour faire le tour de l'Afrique par son extrémité méridionale, utilisant les connaissances géographiques acquises auprès des prêtres de Thèbes. Le sixième volume décrit les aventures de Cherés en Afrique, où il soumet les habitants de Madagascar et des côtes orientales de l'Afrique, mettant fin à leurs pratiques anthropophages et établissant des lois équitables. Il découvre finalement le passage entre la mer orientale et la mer occidentale de l'Afrique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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