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1
p. 280-284
Mort de la Reyne Mere du Roy de Danemark, [titre d'après la table]
Début :
La mort du Roy d'Angleterre a esté suivie de celle de [...]
Mots clefs :
Reine, Danemark, Décès, Soeur, Duc, Fille, Mariage, Couronne
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texteReconnaissance textuelle : Mort de la Reyne Mere du Roy de Danemark, [titre d'après la table]
La mort du Roy d'Angleterre
a efté fuivie de celle de
la Reyne Mere , du Roy de
Danemark arrivée à Copenhague
le Vendredy 2. de
ce mois dans la 56. année de
GALANT. 28
fon âge. Elle eftoit Soeur de
George Guillaume , Duc de
Zell ,& d'ErneftAugufte, Duc
de Hanover, Fille de George,
Duc de Zell , mort en 16412
& d'Anne Eleonor de Heffe
Darmftat , & avoit épousé le
18. Octobre 1643. Frederic III .
Prince de Danemark , fe
cond Fils de Chriftierne IV.
& d'Anne Catherine de Bran
debourg. Ce Prince avoit efté
Archevefque de Bremeny
avant la mort de Chriftierne
fon Frere , qu'on avoit defigné
Roy , & eftant parvenu
à la Couronne en 1648. il eur.
Mars 1685,
Aa.
282 MERCURE
•
de longues Guerres contre
les Suedois. Il les foûtint
avec beaucoup de gloire , &
fit enfin la Paix avec la Reyne
de Suéde , Tutrice du Roy
Charles fon Fils . Elle fut con
clue à Copenhague en 1660 .
& enfuite les Etats de Dane
mark luy donnerent plein
pouvoir de laiffer hereditaire
dans fa Maiſon , la Couronne
qui auparavant eftoit electi
ve. Il mourut le 9. Fevrier
1670. laiſſant deux Fils & quatre
Filles de fon Mariage
,avec
Sophie Amalie deLunebourg,
dont je vous apprens la mort.
GALANT. 283
Chriftierne V. l'aîné de fes
Fils , luy a fuccedé. Il eſt né
le 18. Avril 1646. & a épousé
Charlote Landgrave de Heffe
Caffel. L'autre Fils eft Geor
ge, Prince de Danemark, qui
comme je vous l'ay déja dit,,
a épousé depuis peu de temps ,
la feconde Fille du Roy d'An
gleterre , qui regne prefente.
ment. Les quatre Filles for--
ties de ce mefme Mariage,,
font Anne Sophie , Femme
de Jean George , Electeur de
Saxe, Friderique Amalie , ma- -
riée en 1667. à Chriftien
Adolphe , Duc de Holface-
Aa ij
284 MERCURE
Sunderbourg , Guillemetter
Erneſtine
, mariée en 1671. à
Charles , Electeur Palatin du
Rhin , & Ulrique Eleonore
Sabine , qui a épousé en 1680 .
Charles XI . Roy de Suéde .
a efté fuivie de celle de
la Reyne Mere , du Roy de
Danemark arrivée à Copenhague
le Vendredy 2. de
ce mois dans la 56. année de
GALANT. 28
fon âge. Elle eftoit Soeur de
George Guillaume , Duc de
Zell ,& d'ErneftAugufte, Duc
de Hanover, Fille de George,
Duc de Zell , mort en 16412
& d'Anne Eleonor de Heffe
Darmftat , & avoit épousé le
18. Octobre 1643. Frederic III .
Prince de Danemark , fe
cond Fils de Chriftierne IV.
& d'Anne Catherine de Bran
debourg. Ce Prince avoit efté
Archevefque de Bremeny
avant la mort de Chriftierne
fon Frere , qu'on avoit defigné
Roy , & eftant parvenu
à la Couronne en 1648. il eur.
Mars 1685,
Aa.
282 MERCURE
•
de longues Guerres contre
les Suedois. Il les foûtint
avec beaucoup de gloire , &
fit enfin la Paix avec la Reyne
de Suéde , Tutrice du Roy
Charles fon Fils . Elle fut con
clue à Copenhague en 1660 .
& enfuite les Etats de Dane
mark luy donnerent plein
pouvoir de laiffer hereditaire
dans fa Maiſon , la Couronne
qui auparavant eftoit electi
ve. Il mourut le 9. Fevrier
1670. laiſſant deux Fils & quatre
Filles de fon Mariage
,avec
Sophie Amalie deLunebourg,
dont je vous apprens la mort.
GALANT. 283
Chriftierne V. l'aîné de fes
Fils , luy a fuccedé. Il eſt né
le 18. Avril 1646. & a épousé
Charlote Landgrave de Heffe
Caffel. L'autre Fils eft Geor
ge, Prince de Danemark, qui
comme je vous l'ay déja dit,,
a épousé depuis peu de temps ,
la feconde Fille du Roy d'An
gleterre , qui regne prefente.
ment. Les quatre Filles for--
ties de ce mefme Mariage,,
font Anne Sophie , Femme
de Jean George , Electeur de
Saxe, Friderique Amalie , ma- -
riée en 1667. à Chriftien
Adolphe , Duc de Holface-
Aa ij
284 MERCURE
Sunderbourg , Guillemetter
Erneſtine
, mariée en 1671. à
Charles , Electeur Palatin du
Rhin , & Ulrique Eleonore
Sabine , qui a épousé en 1680 .
Charles XI . Roy de Suéde .
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Résumé : Mort de la Reyne Mere du Roy de Danemark, [titre d'après la table]
Sophie Amalie de Lunebourg, reine mère de Danemark, est décédée à Copenhague le 2 février à l'âge de 56 ans. Elle était la sœur de George Guillaume, Duc de Zell, et d'Ernest-Auguste, Duc de Hanovre, et la fille de George, Duc de Zell, et d'Anne Éléonore de Hesse-Darmstadt. Sophie Amalie avait épousé Frédéric III, Prince de Danemark, le 18 octobre 1643. Frédéric III, second fils de Christian IV et d'Anne Catherine de Brandebourg, avait été archevêque de Brême avant de devenir roi en 1648. Il mena de longues guerres contre les Suédois et conclut la paix avec la reine de Suède en 1660. Frédéric III mourut le 9 février 1670, laissant deux fils et quatre filles de son mariage avec Sophie Amalie. Leur fils aîné, Christian V, lui succéda. Le second fils, George, Prince de Danemark, épousa récemment la seconde fille du roi d'Angleterre. Les quatre filles issues de ce mariage sont Anne Sophie, épouse de Jean George, Électeur de Saxe, Friderique Amalie, mariée à Christian Adolphe, Duc de Holstein-Sonderbourg, Guillemette Ernestine, mariée à Charles, Électeur Palatin du Rhin, et Ulrique Éléonore Sabine, épouse de Charles XI, roi de Suède.
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2
p. 125-132
Nouvelles de Hambourg.
Début :
On écrit de Hambourg que le Roy de Dannemark a [...]
Mots clefs :
Hambourg, Danemark, Turcs, Sultan, Pologne
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Hambourg.
Nouvelles,deHambourg,
-: Onécritde Hambourg
que le Roy de Dannemark,
a envoyé: prisonniers à
Rensbourglescanoniers
du Duc de HolsteinGottorp,
pour avoir refusé de
tirer le canon au passage
de la Reine Doüairiere.Les
Conférences continuent à
Gottorp sur les affaires du
Holstein, avec esperance
d'un heureux succès
: on
est déja convenu delaisser
entrer une certaine quantité
de provisions dans Tonningen,&
on y a même
introduit par eau des vivres,
dont cette ville-là manquoit,
& on en doit laisser
entrer de huit jours en huit
jours durant la negociation.
On assure que le Roy de
Dannemark consent qu'on
mette dans Tonningen des
troupes Angloises & Hollandoises
: mais non pas de
celles des Princes voisins,
quoique la Reine de la
Grande Bretagneoffred'en payer l•a moiti•é a causre que
le Duché de Slesvvich où
Tonnigen est situéne rele
ve pas de l'Empire, il a
cependant fait mettre ses
troupes en quartier d'hyver
dans les Etats de Holstein.
On mande du camp
devant Stetin qu'on avon
commencé à bombarder la
place le 18. septembre, que
le General Meyerfeldt qui y
commande avoit demandé
une suspension d'armes,
qu'on lui avoit envoyé deux
Officiers qui lui declarerent
qu'un ne la lui accorderoit
que pour sept heures,surquoi
il avoit offert de rendre
la placé, pourvû qu'on
lui donnâtcinq jours pour
écrire au; Comte de VveL
ling à Hambourg, ce qui
lui a été accordé. Les lettres
de Yvismar portent
qu'on avoit appris de Suede
qu'on embarquoit à Careshaven
dix à douze mille
hommes, pour les transporter
en Pomeranie.
: Lesnouvelles d'Andrinople
, touchant les affaires
du Roy deSuede,paroissent
si incertaines qu'ona
peine à y adjoûterfoy;
elles assurent que la santé
du Roy de Suede est entierement
retablie
,
& qu'il
est encore avec ses Domestiques,
& un grand nombre
d'Officiers à Demir
Tocca présd'Andrinople,
que le Sultanest dans le
dessein de maintenir la paix
avec la Pologne, & qu'il
ne faitavancer ses troupes
que pour fortifier Choczin,
qu'Abdi Bacha, qui commandelarmée
est parti le
premier SeptembredeCze
czora avec les Turques,&
le Kan des Tartares deSte
phanvvitz sur le Pruth:
que le sept ils étoient arrivez
à Choczin avec une
nombreuse artillerie & des
batteaux à faire des ponts:
que Abdi Bacha s'est
campé à la droite de
Choczin, & le Kan des
Tartares à la gauche
s'étendant jusques , vis- à
-
vis deZuaniecz : qu'ils
avoient rencontré sur leur
route d'autres troupes Othomanes
qui marchoient
pour les aller joindre,
qu'il est arrivé de Valaquie
& de Moldavie deux
mille huit cents chariots
chargez de provisions,
qu'ils ont fait demander au
Gouverneur de Caminietz
de leur faire fournir des
vivres en payant, ou de
permettre aux Polonois
d'en apporter: mais que le Gouverneur de Caminietz
leur avoit répondu
qu'il ne pouvoir pasle
faire sans un ordre du
Grand: General de la
Couronne, à qui il écriroit
incessamment.Toutes
ces particularitez donnent
d'autant plus d'inquietude,
que les Turcs
n'ont pas besoin d'une
armée de cent mille hommes
avec tant d'artillerie,&
d'autres préparatifspour
le seul dessein de fortifier
Choczin, auquelon
nets'oppose - pas,quoyqu'onprétende
que cela
foit contraire au Traité
deCarlowitz - qui porte
qu'on ne pourroit de part
&. d'autre fortifier auctunieeplacre
-: Onécritde Hambourg
que le Roy de Dannemark,
a envoyé: prisonniers à
Rensbourglescanoniers
du Duc de HolsteinGottorp,
pour avoir refusé de
tirer le canon au passage
de la Reine Doüairiere.Les
Conférences continuent à
Gottorp sur les affaires du
Holstein, avec esperance
d'un heureux succès
: on
est déja convenu delaisser
entrer une certaine quantité
de provisions dans Tonningen,&
on y a même
introduit par eau des vivres,
dont cette ville-là manquoit,
& on en doit laisser
entrer de huit jours en huit
jours durant la negociation.
On assure que le Roy de
Dannemark consent qu'on
mette dans Tonningen des
troupes Angloises & Hollandoises
: mais non pas de
celles des Princes voisins,
quoique la Reine de la
Grande Bretagneoffred'en payer l•a moiti•é a causre que
le Duché de Slesvvich où
Tonnigen est situéne rele
ve pas de l'Empire, il a
cependant fait mettre ses
troupes en quartier d'hyver
dans les Etats de Holstein.
On mande du camp
devant Stetin qu'on avon
commencé à bombarder la
place le 18. septembre, que
le General Meyerfeldt qui y
commande avoit demandé
une suspension d'armes,
qu'on lui avoit envoyé deux
Officiers qui lui declarerent
qu'un ne la lui accorderoit
que pour sept heures,surquoi
il avoit offert de rendre
la placé, pourvû qu'on
lui donnâtcinq jours pour
écrire au; Comte de VveL
ling à Hambourg, ce qui
lui a été accordé. Les lettres
de Yvismar portent
qu'on avoit appris de Suede
qu'on embarquoit à Careshaven
dix à douze mille
hommes, pour les transporter
en Pomeranie.
: Lesnouvelles d'Andrinople
, touchant les affaires
du Roy deSuede,paroissent
si incertaines qu'ona
peine à y adjoûterfoy;
elles assurent que la santé
du Roy de Suede est entierement
retablie
,
& qu'il
est encore avec ses Domestiques,
& un grand nombre
d'Officiers à Demir
Tocca présd'Andrinople,
que le Sultanest dans le
dessein de maintenir la paix
avec la Pologne, & qu'il
ne faitavancer ses troupes
que pour fortifier Choczin,
qu'Abdi Bacha, qui commandelarmée
est parti le
premier SeptembredeCze
czora avec les Turques,&
le Kan des Tartares deSte
phanvvitz sur le Pruth:
que le sept ils étoient arrivez
à Choczin avec une
nombreuse artillerie & des
batteaux à faire des ponts:
que Abdi Bacha s'est
campé à la droite de
Choczin, & le Kan des
Tartares à la gauche
s'étendant jusques , vis- à
-
vis deZuaniecz : qu'ils
avoient rencontré sur leur
route d'autres troupes Othomanes
qui marchoient
pour les aller joindre,
qu'il est arrivé de Valaquie
& de Moldavie deux
mille huit cents chariots
chargez de provisions,
qu'ils ont fait demander au
Gouverneur de Caminietz
de leur faire fournir des
vivres en payant, ou de
permettre aux Polonois
d'en apporter: mais que le Gouverneur de Caminietz
leur avoit répondu
qu'il ne pouvoir pasle
faire sans un ordre du
Grand: General de la
Couronne, à qui il écriroit
incessamment.Toutes
ces particularitez donnent
d'autant plus d'inquietude,
que les Turcs
n'ont pas besoin d'une
armée de cent mille hommes
avec tant d'artillerie,&
d'autres préparatifspour
le seul dessein de fortifier
Choczin, auquelon
nets'oppose - pas,quoyqu'onprétende
que cela
foit contraire au Traité
deCarlowitz - qui porte
qu'on ne pourroit de part
&. d'autre fortifier auctunieeplacre
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Résumé : Nouvelles de Hambourg.
Le roi de Danemark a envoyé des canonniers du duc de Holstein-Gottorp à Rensbourg en tant que prisonniers pour avoir refusé de tirer le canon au passage de la reine douairière. Les conférences à Gottorp sur les affaires du Holstein se poursuivent avec l'espoir d'un succès, et il a été convenu de laisser entrer des provisions à Tonningen tous les huit jours. Le roi de Danemark accepte la présence de troupes anglaises et hollandaises à Tonningen, mais refuse celles des princes voisins, malgré l'offre de la reine de Grande-Bretagne de payer la moitié des coûts. Le duché de Schleswig, où se situe Tonningen, ne relevant pas de l'Empire, le roi a installé ses troupes en quartier d'hiver dans les États de Holstein. À Stetin, le bombardement de la place a commencé le 18 septembre. Le général Meyerfeldt, commandant sur place, a demandé une suspension d'armes, qui lui a été accordée pour sept heures, après quoi il a offert de rendre la place à condition d'avoir cinq jours pour écrire au comte de Welling à Hambourg. En Suède, des troupes sont embarquées à Careshaven pour être transportées en Poméranie. La santé du roi de Suède est rétablie, et il se trouve à Demir Tocca avec ses domestiques et officiers. Le sultan prévoit de maintenir la paix avec la Pologne et avance ses troupes pour fortifier Choczin, inquiétant les préparatifs turcs.
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3
p. 2270
DANNEMARCK.
Début :
Le Roy ayant résolu de mettre sa Flotte sur le même pied que celle du Roy de Suede, a donné [...]
Mots clefs :
Danemark, Flotte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DANNEMARCK.
DANNEMARCK.
E Roy ayant résolu de mettre sa Flote sur le
même pied que celle du Royde Suede, a donné
des Ordres pour faire construire incessamment
Vaisseaux de Guerre de 60. 80. et 90. pieces de
Canon , de sorte que la Flote de S. M. Dan, sera
l'année prochaine de 42 Vaisseaux de ligne et de
22 Frégates , sans compter les autres Bâtimens
qu'on peut armer en guerre en cas de necessité.
E Roy ayant résolu de mettre sa Flote sur le
même pied que celle du Royde Suede, a donné
des Ordres pour faire construire incessamment
Vaisseaux de Guerre de 60. 80. et 90. pieces de
Canon , de sorte que la Flote de S. M. Dan, sera
l'année prochaine de 42 Vaisseaux de ligne et de
22 Frégates , sans compter les autres Bâtimens
qu'on peut armer en guerre en cas de necessité.
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4
p. 2519
MORTS DES PAYS ETRANGERS.
Début :
Le Pere Ignace de Laubrussel, Jesuite, Confesseur de la Princesse des Asturies, qui avoit [...]
Mots clefs :
Prince, Danemark, Mort, Cardinal
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS DES PAYS ETRANGERS.
MORTS DES PAYS ETRANGERS.
LE
E Pere Ignace de Laubruffel , Jefuite , Confeffeur
de la Princeffe des Afturies , qui avoit
été Précepteur du feu Roi d'Efpagne Don Louis I.
du Prince des Afturies & des Infants , mourut au
Port de fainte Marie le 9. du mois dernier , âgé
de 64. ans.
On a appris d'Odenfé , dans l'Ile de Fyonic
ou de Funen , que le 11. du mois dernier , l'Anniverfaire
de la Naiſſance du Koi de Dannemarck
fut celebrée , non par des divertiffemens , mais
par des Prieres publiques pour le rétabliffement
de fa fanté. Le foir , quoique S. M. fut tres-foible
, on tint cependant le Confeil Privé dans fa
Chambre , où le Roi donna l'Ordre de l'Elephant
à M. de Pleffen , Grand- Chambellan du feu Prince
Charles. Vers les dix heures du foir , S. M. eut
une foibleffe , après laquelle ce Prince entra en
agonie, & mourut le 12. à deux heures du matin,
âgé de 58. ans & ' un jour , étant né le 11. Octobre
2520 MERCURE DE FRANCE
bre 1672. Ce Prince, qui fe nommoit Frederic IV.
du nom , étoit fils de Chriftian V. Roi de Dannemarc
& de Norwegue , auquel il fucceda le 25 .
Août 1699. & de Charlotte - Amelie de Heffe. Il
avoit époufé Louife , fille de Guftave Adolphe ,
Duc de Meckelbourg Guftrou , laquelle mourut
le 15. Mars 1721. & dont il a eu un Prince né
en 1697. mort en 1698. Chriſtian, Prince Royal,
à prefent Roi de Dannemarc , qui eft né le 10.
Décembre 1699. Frederic- Charles , né en 1701 .
mort en 1702. George , né en 1703. mort en
1704. & Charlotte- Amelie , Princeffe de Dannemarc
, née le 6. Octobre 1706. Il avoit épousé en
fecondes Nôces le 4. Avril 1721. Anne - Sophie
de Reventlaw , Ducheffe de Slefwick , fille du feu
Comte de Reventlaw, Chancelier de Dannemarc.
Il a eu de ce fecond Mariage Chriſtine- Amelie ,
née le 23. Octobre 1723. morte le 8. Janvier
1724. & Frederic- Chrétien , né le premier Juin
1726. mort le 15. May 1727. Le nouveau Roi
Chriftian VI . du nom, a épousé le 7. Août 172 1 .
Sophie-Magdelaine , fille de Chrétien Henry ,
Marquis de Brandebourg Culmbach Bareith, dor
il a eu Frederic , né le 31. Mars 1723. & Louif
née le 19. Octobre 1726.
Le Cardinal Charles Colligola de Spolette ,
Cardinal du Titre de fainte Marie in Campitello,
mourut le 19.d'Octobre d'une pleurefie dans la 49 .
année de fon âge ; il étoit Tréforier General de la
Chambre Apoftolique lorfque le feu Pape le fir
Cardinal dans le Confiftoire du 9.Décembre 1726.
mais ayant été réſervé in petto , il ne fut déclaré
que dans celui du 30. Avril 1728.
LE
E Pere Ignace de Laubruffel , Jefuite , Confeffeur
de la Princeffe des Afturies , qui avoit
été Précepteur du feu Roi d'Efpagne Don Louis I.
du Prince des Afturies & des Infants , mourut au
Port de fainte Marie le 9. du mois dernier , âgé
de 64. ans.
On a appris d'Odenfé , dans l'Ile de Fyonic
ou de Funen , que le 11. du mois dernier , l'Anniverfaire
de la Naiſſance du Koi de Dannemarck
fut celebrée , non par des divertiffemens , mais
par des Prieres publiques pour le rétabliffement
de fa fanté. Le foir , quoique S. M. fut tres-foible
, on tint cependant le Confeil Privé dans fa
Chambre , où le Roi donna l'Ordre de l'Elephant
à M. de Pleffen , Grand- Chambellan du feu Prince
Charles. Vers les dix heures du foir , S. M. eut
une foibleffe , après laquelle ce Prince entra en
agonie, & mourut le 12. à deux heures du matin,
âgé de 58. ans & ' un jour , étant né le 11. Octobre
2520 MERCURE DE FRANCE
bre 1672. Ce Prince, qui fe nommoit Frederic IV.
du nom , étoit fils de Chriftian V. Roi de Dannemarc
& de Norwegue , auquel il fucceda le 25 .
Août 1699. & de Charlotte - Amelie de Heffe. Il
avoit époufé Louife , fille de Guftave Adolphe ,
Duc de Meckelbourg Guftrou , laquelle mourut
le 15. Mars 1721. & dont il a eu un Prince né
en 1697. mort en 1698. Chriſtian, Prince Royal,
à prefent Roi de Dannemarc , qui eft né le 10.
Décembre 1699. Frederic- Charles , né en 1701 .
mort en 1702. George , né en 1703. mort en
1704. & Charlotte- Amelie , Princeffe de Dannemarc
, née le 6. Octobre 1706. Il avoit épousé en
fecondes Nôces le 4. Avril 1721. Anne - Sophie
de Reventlaw , Ducheffe de Slefwick , fille du feu
Comte de Reventlaw, Chancelier de Dannemarc.
Il a eu de ce fecond Mariage Chriſtine- Amelie ,
née le 23. Octobre 1723. morte le 8. Janvier
1724. & Frederic- Chrétien , né le premier Juin
1726. mort le 15. May 1727. Le nouveau Roi
Chriftian VI . du nom, a épousé le 7. Août 172 1 .
Sophie-Magdelaine , fille de Chrétien Henry ,
Marquis de Brandebourg Culmbach Bareith, dor
il a eu Frederic , né le 31. Mars 1723. & Louif
née le 19. Octobre 1726.
Le Cardinal Charles Colligola de Spolette ,
Cardinal du Titre de fainte Marie in Campitello,
mourut le 19.d'Octobre d'une pleurefie dans la 49 .
année de fon âge ; il étoit Tréforier General de la
Chambre Apoftolique lorfque le feu Pape le fir
Cardinal dans le Confiftoire du 9.Décembre 1726.
mais ayant été réſervé in petto , il ne fut déclaré
que dans celui du 30. Avril 1728.
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Résumé : MORTS DES PAYS ETRANGERS.
Le texte mentionne le décès de plusieurs personnalités étrangères. Le Père Ignace de Laubruffel, jésuite et confesseur de la princesse des Asturies, est mort au Port de Sainte-Marie à l'âge de 64 ans. Le roi Frédéric IV du Danemark, fils de Christian V et de Charlotte-Amélie de Hesse, est décédé le 12 octobre 1672 à 58 ans après une agonie. Il avait succédé à son père le 25 août 1699 et avait plusieurs enfants, dont le prince royal Christian, alors roi de Danemark. Le cardinal Charles Colligola de Spolette, tréforier général de la Chambre apostolique, est mort le 19 octobre à 49 ans des suites d'une pleurésie. Il avait été créé cardinal en décembre 1726, mais sa nomination avait été réservée et déclarée seulement en avril 1728.
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5
p. 377-382
POLOGNE.
Début :
On apprend de Warsovie que l'Envoyé du Kam des Tartares a représenté que le passage [...]
Mots clefs :
Pologne, Danemark, Allemagne, Italie, Duc, Comte, Palais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE .
>
N apprend de Warsovie que l'Envoyé dư
Kam des Tartares a représenté que le passage
par ce Royaume des 30000. Moscovites
destinés au service de l'Empereur , étoit contraire
au Traité conclu entre la Porte et la Russie , et
aux anciennes conventions faites entre la Répu
blique et les Tartares.
A l'audiance que cet Envoyé , nommé Jasuff
Hora Mussu , eut le 15. Janvier , il entra dans
la Salle où étoit le Roi de Pologne , après avoir
remis son bonnet entre les mains du premier Page
de la Cour, ce que firent aussi son Truchement
et les autres personnes de sa suite . En entrant
dans la Salle , il fit une profonde reverence , tenant
la main devant sa bouche , et se baissant jusqu'à
terre , ce qu'il réïtera trois fois avant que
d'arriver au Trône ; s'étant ensuite retiré quelques
pas , il fit une autre réverence au Sénat , qui
étoit assemblé dans la Salle d'audiance. Après le
premier compliment qu'il fit au Roi pour s'informer
de sa santé au nom de Kaikan Kiray ,
Kam des Tartares , son Maitre , il lui remit une
Lettre de ce Prince , et remercia S. M. de sa part
de la protection qu'elle avoit bien voulu accorder
à un Prince Tartare. Le Vice - Chancelier lui
répondit au nom du Roi que l'affection et l'amis
tié que S. M. portoit au Kam des Tartares l'avoit
engagée à accorder sa protection au Prince
Tartare. Ensuite l'Envoyé acheva son discours
dans lequel il fit mention , entr'autres , du passage
des 30000. Russiens , et se retira après avec les
mêmes cerémonies.
DANG
378 MERCURE DE FRANCE
DANNEMARCK.
E 19. Janvier , M. Titley , Résident du Roi
d'Angleterre , eut une audience particulieredu
Roi , dans laquelle il remit à S M. la ratification
d'une convention particulière qui a été
conclue depuis quelques mois entre L. M. Brit.
et Danoise.
Le Roi a laissé à la Reine Doüairiere la liberté
de former sa Maison comme elle jugera à pro.
pos , et de choisir dans le nombre des Domestiques
du feu Roi ceux qui lui conviendront.
Les Commissaires de l'Amirauté ont reçû ordre
de faire les préparatifs necessaires pour équiper
au Printems prochain une Escadre de 18. Vaisseaux
de guerre et de cinq Frégates , sur lesquels
on embarquera les deux Régimens de Marine qui
sont dans le Zeland.
Le Vaisseau qu'on attendoit d'Islande est enfin
arrivé à Copenhague , ayant à bord 102. Faucons,
parmi lesquels il y en a cinq entierement blancs..
L
ALLEMAGNE.
E 26 Janvier , on fit partir de Vienne M..
d'Harerra , Commissaire Impérial , avec M.
Penkler , Interprete des Langues Orientales , pour
aller recevoir sur la Frontiere l'Effendi que le
G. Seigneur envoye pour donner part à l'Empereur
de l'avenement de Sa Hautesse au Trône
Ottoman. On a appris que cet Envoyé étoit arrivé
à Parakin , petite Ville située dans la Servie,
au-delà de Belgrade , sur la Morave , et la premiere
d Territoire Impérial , venant de Turquie.
Ce fut dans cette Ville que les Commissaires
de S. M. Imp. et du Grand Seigneur reglerent en
1719
FEVRIER. 173T 379
J
faisant
1719. les limites des deux Empires , en y
eriger trois grandes colones de pierre.
Ön mande de Vienne que le grand froid qui
s'y fait sentir depuis environ le 15. de Janvier a
été plus vif pendant quatre jours que le plus
grand froid de 1709. Les campagnes sont couvertes
de neige , et les loups qui n'y trouvent plus
de nourriture viennent enlever les moutons dans
les Villages , où ils ont même devoré quelques
enfans..
:
LE
ITALIE.
E 9. Janvier , on publia à Rome un Decret
du Pape , par lequel il est deffendu aux Ecclesiastiques
habitués des cinq Eglises Basilicales
de cette Ville d'y entrer autrement qu'en soutane.
Vers le soir , quelques prisonniers des prisons
secrettes ayant mis le feu aux portes de leurs .
cachots , dans l'esperance de se sauver , ils furent
tous étoufés par la fumée.
M. Firrao , ci - devant Nonce en Portugal , quis
a été nommé à l'Evêché d'Aversa , ne se rendra
pas dans son Diocèse aussi -tôt qu'on le croyoit ,
parceque le Pape qui prend beaucoup de confiance
en lui , veut le retenir auprès de sa personne .
du
Le Cardinal Fini a reçû ordre de la part
Cardinal Secretaire d'Etat de ne plus se trouver à
la Congrégation du S. Office , et le Pape a approuvé
la résolution que le Cardinal Coscia a
prise de ne plus assister à la même Congrégation
et à celles de l'Immunité et d'Avignon .
Sur la fin du mois dernier , on publia à Rome:
une Constitution du Pape , portant confirmation :
de la Bulle que le Pape Paul IV . donna en 1555%
par laquelle le plus ancien Cardinal Evêque qui
se trouve en cette Ville a droit de faire les fons-
H vj tions
380 MERCURE DE FRANCE
. tions de Doyen du Sacré College , lorsque le
Décanat est vacant , ou que le Doyen du Sacré
College est absent . La même Constitution regle
aussi les prérogatives des autres Cardinaux de
l'ordre des Evêques.
La Princesse Clementine Sobieska a fait venir :
de Flandres douze Religieuses de l'Observance
de la Regle de Sainte Ursule , pour reformer le
Monastere des Ursulines de Rome.
Le 19. du mois dernier , le Cardinal de Poli
gnac fit représenter dans son Palais une Comédie
, à laquelle il avoit fait inviter la principale
noblesse de Rome.
•
Le 20. on fit dans l'Eglise de Sainte Agnez ,
hors des murs , la benediction des deux Agneaux,
dont la laine remise entre les mains du Pape par
le Chapitre de S. Jean de Latran , doit servir à
fabriquer l'étoffe dont on fait les Pallium , que
S. S. donne aux Archevêques et à quelques Evêques
..
On écrit de Naples que le Duc de Monteleon,
Pignatelli ayant fait représenter dans son Palais
une Créche magnifique , autour de laquelle il
avoit fait placer des Joueurs d'instrumens habil
lez en Bergers. Il donna le 3 de Janvier un Concert
magnifique , auquel le Viceroy , la Comtesse
d'Arrach , son Epouse , leurs enfans , et la
principale Noblesse furent invitez , Après le Con
cert il y eut un Bal , qui fut ouvert par la fille
du Comte d'Harrach , et continué par la Duchesse
de Monteleon , er par seize autres Dames :
on y servit toutes sortes de rafraîchissemens , er
le Palais fut illuminé pendant toute la nuit.
Le 4 de ce mois , après midy , le Colonel
Comte de Lineville , Lorrain , envoya chez le
Duc de Monteleon le Colonel Comte de Sinzendorf,
qu'il avoit choisi pour son second , avec
un
FEVRIER . 1731. 381
in Cartel , par lequel il demandoit raison à ce
Duc de ce que la Marquise Viteleschi n'avoit pas
été invitée à la Fête dont on a parlé , le Duc
repondit qu'il étoit prêt de combattre dans la
Place de sainte Marie des Anges , au Bourg de
S. Antoine , et qu'il choisissoit le Colone! Papalardo
, Napolitain , pour son second . L'heure du
combat avoit été marquée au lendemain ; mais
le soir le Comte d'Harrach envoya ordre au
Duc de Monteleon , et à toute sa famille , de ne
point sortir de son Palais , et toute la Noblesse
qui prend part à cette querelle , travaille à un
accommodement , lequel a été fait le 15 , à ce
qu'on a appris depuis , par l'entremise des amis
communs qui ont obligé le Duc de Monteleon-
Pignatelli et le Comte de Lineville de donner
leur parole d'honneur d'oublier le passé .
On a appris de Parme que le surlendemain de
la mort du Duc , le Comte Stampe y arriva de
Milan , et depuis le Comte de Thaun a fait entrer
dans cette Ville quelques- uns dès Regimens
d'Infanterie qui étoient en quartier dans les environs
de cet . Etat.
?
Les Lettres de Genes portent que les Rebelles
de l'Isle de Corse , qu'on croyoit être rentrez
dans leur devoir , étoient venus le 26 Decembre
dernier près de Bastia au nombre de 22000
hommes , dans le dessein de s'emparer du Bourg
de Terra - Vecchia , que l'Evêque de Bastia étant
allé les trouver , les avoit déterminez à se retirer
, en leur promettant d'obtenir le pardon de
quelques-uns de ces Rebelles qu'on tenoit prisonniers
, et dont il fit rendre sur le champ un
certain nombre en échange d'un Officier Genois
et de quelques soldats qui avoient été surpris
dans un poste éloigné de la Ville.
On écrit de Florence , que le s. Janvier , à la
suite
382 MERCURE DE FRANCE
1
suite d'une tempête effroyable , on ressentit
Sienne une violente secousse de tremblement de
terre , qui cependant n'a causé aucun dommage
considerable.
On arrêta au commencement du mois dernier
à Livourne , un Particulier qui donnoit retraite à
quatre voleurs , lesquels depuis deux ans voloient
sur les grands chemins de la Toscane et du Milanez
, en habits de Chasseurs , ayant toujours
sept ou huit chiens et des chevaux avec eux.
>
N apprend de Warsovie que l'Envoyé dư
Kam des Tartares a représenté que le passage
par ce Royaume des 30000. Moscovites
destinés au service de l'Empereur , étoit contraire
au Traité conclu entre la Porte et la Russie , et
aux anciennes conventions faites entre la Répu
blique et les Tartares.
A l'audiance que cet Envoyé , nommé Jasuff
Hora Mussu , eut le 15. Janvier , il entra dans
la Salle où étoit le Roi de Pologne , après avoir
remis son bonnet entre les mains du premier Page
de la Cour, ce que firent aussi son Truchement
et les autres personnes de sa suite . En entrant
dans la Salle , il fit une profonde reverence , tenant
la main devant sa bouche , et se baissant jusqu'à
terre , ce qu'il réïtera trois fois avant que
d'arriver au Trône ; s'étant ensuite retiré quelques
pas , il fit une autre réverence au Sénat , qui
étoit assemblé dans la Salle d'audiance. Après le
premier compliment qu'il fit au Roi pour s'informer
de sa santé au nom de Kaikan Kiray ,
Kam des Tartares , son Maitre , il lui remit une
Lettre de ce Prince , et remercia S. M. de sa part
de la protection qu'elle avoit bien voulu accorder
à un Prince Tartare. Le Vice - Chancelier lui
répondit au nom du Roi que l'affection et l'amis
tié que S. M. portoit au Kam des Tartares l'avoit
engagée à accorder sa protection au Prince
Tartare. Ensuite l'Envoyé acheva son discours
dans lequel il fit mention , entr'autres , du passage
des 30000. Russiens , et se retira après avec les
mêmes cerémonies.
DANG
378 MERCURE DE FRANCE
DANNEMARCK.
E 19. Janvier , M. Titley , Résident du Roi
d'Angleterre , eut une audience particulieredu
Roi , dans laquelle il remit à S M. la ratification
d'une convention particulière qui a été
conclue depuis quelques mois entre L. M. Brit.
et Danoise.
Le Roi a laissé à la Reine Doüairiere la liberté
de former sa Maison comme elle jugera à pro.
pos , et de choisir dans le nombre des Domestiques
du feu Roi ceux qui lui conviendront.
Les Commissaires de l'Amirauté ont reçû ordre
de faire les préparatifs necessaires pour équiper
au Printems prochain une Escadre de 18. Vaisseaux
de guerre et de cinq Frégates , sur lesquels
on embarquera les deux Régimens de Marine qui
sont dans le Zeland.
Le Vaisseau qu'on attendoit d'Islande est enfin
arrivé à Copenhague , ayant à bord 102. Faucons,
parmi lesquels il y en a cinq entierement blancs..
L
ALLEMAGNE.
E 26 Janvier , on fit partir de Vienne M..
d'Harerra , Commissaire Impérial , avec M.
Penkler , Interprete des Langues Orientales , pour
aller recevoir sur la Frontiere l'Effendi que le
G. Seigneur envoye pour donner part à l'Empereur
de l'avenement de Sa Hautesse au Trône
Ottoman. On a appris que cet Envoyé étoit arrivé
à Parakin , petite Ville située dans la Servie,
au-delà de Belgrade , sur la Morave , et la premiere
d Territoire Impérial , venant de Turquie.
Ce fut dans cette Ville que les Commissaires
de S. M. Imp. et du Grand Seigneur reglerent en
1719
FEVRIER. 173T 379
J
faisant
1719. les limites des deux Empires , en y
eriger trois grandes colones de pierre.
Ön mande de Vienne que le grand froid qui
s'y fait sentir depuis environ le 15. de Janvier a
été plus vif pendant quatre jours que le plus
grand froid de 1709. Les campagnes sont couvertes
de neige , et les loups qui n'y trouvent plus
de nourriture viennent enlever les moutons dans
les Villages , où ils ont même devoré quelques
enfans..
:
LE
ITALIE.
E 9. Janvier , on publia à Rome un Decret
du Pape , par lequel il est deffendu aux Ecclesiastiques
habitués des cinq Eglises Basilicales
de cette Ville d'y entrer autrement qu'en soutane.
Vers le soir , quelques prisonniers des prisons
secrettes ayant mis le feu aux portes de leurs .
cachots , dans l'esperance de se sauver , ils furent
tous étoufés par la fumée.
M. Firrao , ci - devant Nonce en Portugal , quis
a été nommé à l'Evêché d'Aversa , ne se rendra
pas dans son Diocèse aussi -tôt qu'on le croyoit ,
parceque le Pape qui prend beaucoup de confiance
en lui , veut le retenir auprès de sa personne .
du
Le Cardinal Fini a reçû ordre de la part
Cardinal Secretaire d'Etat de ne plus se trouver à
la Congrégation du S. Office , et le Pape a approuvé
la résolution que le Cardinal Coscia a
prise de ne plus assister à la même Congrégation
et à celles de l'Immunité et d'Avignon .
Sur la fin du mois dernier , on publia à Rome:
une Constitution du Pape , portant confirmation :
de la Bulle que le Pape Paul IV . donna en 1555%
par laquelle le plus ancien Cardinal Evêque qui
se trouve en cette Ville a droit de faire les fons-
H vj tions
380 MERCURE DE FRANCE
. tions de Doyen du Sacré College , lorsque le
Décanat est vacant , ou que le Doyen du Sacré
College est absent . La même Constitution regle
aussi les prérogatives des autres Cardinaux de
l'ordre des Evêques.
La Princesse Clementine Sobieska a fait venir :
de Flandres douze Religieuses de l'Observance
de la Regle de Sainte Ursule , pour reformer le
Monastere des Ursulines de Rome.
Le 19. du mois dernier , le Cardinal de Poli
gnac fit représenter dans son Palais une Comédie
, à laquelle il avoit fait inviter la principale
noblesse de Rome.
•
Le 20. on fit dans l'Eglise de Sainte Agnez ,
hors des murs , la benediction des deux Agneaux,
dont la laine remise entre les mains du Pape par
le Chapitre de S. Jean de Latran , doit servir à
fabriquer l'étoffe dont on fait les Pallium , que
S. S. donne aux Archevêques et à quelques Evêques
..
On écrit de Naples que le Duc de Monteleon,
Pignatelli ayant fait représenter dans son Palais
une Créche magnifique , autour de laquelle il
avoit fait placer des Joueurs d'instrumens habil
lez en Bergers. Il donna le 3 de Janvier un Concert
magnifique , auquel le Viceroy , la Comtesse
d'Arrach , son Epouse , leurs enfans , et la
principale Noblesse furent invitez , Après le Con
cert il y eut un Bal , qui fut ouvert par la fille
du Comte d'Harrach , et continué par la Duchesse
de Monteleon , er par seize autres Dames :
on y servit toutes sortes de rafraîchissemens , er
le Palais fut illuminé pendant toute la nuit.
Le 4 de ce mois , après midy , le Colonel
Comte de Lineville , Lorrain , envoya chez le
Duc de Monteleon le Colonel Comte de Sinzendorf,
qu'il avoit choisi pour son second , avec
un
FEVRIER . 1731. 381
in Cartel , par lequel il demandoit raison à ce
Duc de ce que la Marquise Viteleschi n'avoit pas
été invitée à la Fête dont on a parlé , le Duc
repondit qu'il étoit prêt de combattre dans la
Place de sainte Marie des Anges , au Bourg de
S. Antoine , et qu'il choisissoit le Colone! Papalardo
, Napolitain , pour son second . L'heure du
combat avoit été marquée au lendemain ; mais
le soir le Comte d'Harrach envoya ordre au
Duc de Monteleon , et à toute sa famille , de ne
point sortir de son Palais , et toute la Noblesse
qui prend part à cette querelle , travaille à un
accommodement , lequel a été fait le 15 , à ce
qu'on a appris depuis , par l'entremise des amis
communs qui ont obligé le Duc de Monteleon-
Pignatelli et le Comte de Lineville de donner
leur parole d'honneur d'oublier le passé .
On a appris de Parme que le surlendemain de
la mort du Duc , le Comte Stampe y arriva de
Milan , et depuis le Comte de Thaun a fait entrer
dans cette Ville quelques- uns dès Regimens
d'Infanterie qui étoient en quartier dans les environs
de cet . Etat.
?
Les Lettres de Genes portent que les Rebelles
de l'Isle de Corse , qu'on croyoit être rentrez
dans leur devoir , étoient venus le 26 Decembre
dernier près de Bastia au nombre de 22000
hommes , dans le dessein de s'emparer du Bourg
de Terra - Vecchia , que l'Evêque de Bastia étant
allé les trouver , les avoit déterminez à se retirer
, en leur promettant d'obtenir le pardon de
quelques-uns de ces Rebelles qu'on tenoit prisonniers
, et dont il fit rendre sur le champ un
certain nombre en échange d'un Officier Genois
et de quelques soldats qui avoient été surpris
dans un poste éloigné de la Ville.
On écrit de Florence , que le s. Janvier , à la
suite
382 MERCURE DE FRANCE
1
suite d'une tempête effroyable , on ressentit
Sienne une violente secousse de tremblement de
terre , qui cependant n'a causé aucun dommage
considerable.
On arrêta au commencement du mois dernier
à Livourne , un Particulier qui donnoit retraite à
quatre voleurs , lesquels depuis deux ans voloient
sur les grands chemins de la Toscane et du Milanez
, en habits de Chasseurs , ayant toujours
sept ou huit chiens et des chevaux avec eux.
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Résumé : POLOGNE.
En Pologne, l'envoyé des Tartares, Jasuff Hora Mussu, a protesté contre le passage de 30 000 Moscovites à travers le royaume, estimant que cela violait les traités entre la Porte, la Russie et la République polonaise. Lors de son audience avec le roi de Pologne le 15 janvier, il a observé les cérémonies protocolaires, remettant une lettre de son maître, le Kam des Tartares, et remerciant le roi pour la protection accordée à un prince tartare. Le vice-chancelier a souligné l'amitié et l'affection du roi pour le Kam des Tartares. Au Danemark, le 19 janvier, M. Titley, résident du roi d'Angleterre, a remis au roi danois la ratification d'une convention entre la Grande-Bretagne et le Danemark. Le roi a laissé à la reine douairière la liberté de former sa maison et de choisir parmi les domestiques du feu roi. Les commissaires de l'Amirauté ont reçu l'ordre de préparer une escadre de 18 vaisseaux de guerre et cinq frégates pour le printemps. Un vaisseau attendu d'Islande est arrivé à Copenhague avec 102 faucons, dont cinq entièrement blancs. En Allemagne, le 26 janvier, M. d'Harrerra, commissaire impérial, et M. Penkler, interprète des langues orientales, sont partis de Vienne pour recevoir un effendi turc à la frontière. Cet envoyé est arrivé à Parakin, en Serbie, où les limites des deux empires avaient été réglées en 1719. Un grand froid a été ressenti à Vienne, couvrant les campagnes de neige et poussant les loups à attaquer les villages. En Italie, à Rome, un décret papal a interdit aux ecclésiastiques des cinq églises basilicales d'entrer autrement qu'en soutane. Des prisonniers ont tenté de s'évader en mettant le feu à leurs cachots, mais ont été étouffés par la fumée. Plusieurs nominations et décisions cardinalices ont été annoncées. La princesse Clementine Sobieska a fait venir des religieuses pour réformer le monastère des Ursulines. Le cardinal de Polignac a organisé une comédie dans son palais. À Naples, le duc de Monteleon a organisé une fête avec concert et bal, mais un duel a été évité grâce à un accommodement. À Parme, des régiments d'infanterie sont entrés en ville après la mort du duc. En Corse, des rebelles ont tenté de s'emparer de Terra Vecchia, mais ont été dissuadés par l'évêque de Bastia. À Florence, un tremblement de terre a été ressenti après une tempête. À Livourne, un particulier abritant des voleurs a été arrêté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 378
DANEMARCK.
Début :
Le 19. Janvier, M. Titley, Résident du Roi d'Angleterre, eut une audience particuliere [...]
Mots clefs :
Danemark, Commissaires, Amirauté, Vaisseau, Reine
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texteReconnaissance textuelle : DANEMARCK.
DANNEMARCK.
E 19. Janvier , M. Titley , Résident du Roi
d'Angleterre , eut une audience particulieredu
Roi , dans laquelle il remit à S M. la ratification
d'une convention particulière qui a été
conclue depuis quelques mois entre L. M. Brit.
et Danoise.
Le Roi a laissé à la Reine Doüairiere la liberté
de former sa Maison comme elle jugera à pro.
pos , et de choisir dans le nombre des Domestiques
du feu Roi ceux qui lui conviendront.
Les Commissaires de l'Amirauté ont reçû ordre
de faire les préparatifs necessaires pour équiper
au Printems prochain une Escadre de 18. Vaisseaux
de guerre et de cinq Frégates , sur lesquels
on embarquera les deux Régimens de Marine qui
sont dans le Zeland.
Le Vaisseau qu'on attendoit d'Islande est enfin
arrivé à Copenhague , ayant à bord 102. Faucons,
parmi lesquels il y en a cinq entierement blancs..
E 19. Janvier , M. Titley , Résident du Roi
d'Angleterre , eut une audience particulieredu
Roi , dans laquelle il remit à S M. la ratification
d'une convention particulière qui a été
conclue depuis quelques mois entre L. M. Brit.
et Danoise.
Le Roi a laissé à la Reine Doüairiere la liberté
de former sa Maison comme elle jugera à pro.
pos , et de choisir dans le nombre des Domestiques
du feu Roi ceux qui lui conviendront.
Les Commissaires de l'Amirauté ont reçû ordre
de faire les préparatifs necessaires pour équiper
au Printems prochain une Escadre de 18. Vaisseaux
de guerre et de cinq Frégates , sur lesquels
on embarquera les deux Régimens de Marine qui
sont dans le Zeland.
Le Vaisseau qu'on attendoit d'Islande est enfin
arrivé à Copenhague , ayant à bord 102. Faucons,
parmi lesquels il y en a cinq entierement blancs..
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Résumé : DANEMARCK.
Le 19 janvier, M. Titley, Résident du Roi d'Angleterre, a rencontré le Roi pour lui remettre la ratification d'une convention entre les monarques britannique et danois. Le Roi a permis à la Reine Douairière de choisir ses domestiques. L'Amirauté doit préparer une escadre de 18 vaisseaux et cinq frégates pour le printemps. Un vaisseau d'Islande a apporté 102 faucons à Copenhague.
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7
p. 1187-1188
« M. Restaut fait actuellement imprimer une nouvelle Edition des Principes [...] »
Début :
M. Restaut fait actuellement imprimer une nouvelle Edition des Principes [...]
Mots clefs :
Grammaire française, Méthode d'enseigner les belles-lettres, Wolfenbüttel, Danemark, Marbre, Statue de Vénus
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « M. Restaut fait actuellement imprimer une nouvelle Edition des Principes [...] »
M. Restaut fait actuellement imprimer
une nouvelle Edition des Principes géné
raux et raisonnez de la Grammaire Françoi
se , qui sera au moins de moitié plus ample
que la premiere , et à laquelle il a ajouté
un Abregé des regles de la versification Frangise. Il donnera en même tems un Abrégé
séparé des Principes de la Grammaire
Françoise à l'usage des enfants.
On aprend de Berlin que la Methode
d'enseigner les Belles Lettres , composée par
M.Rollin , est traduite en Allemand , par
M. Mathias Ritter , Recteur à Potsdam.
Les objections de M. Gibert , s'y trouvent
avec les Réponses de M. Rollin.
On mande de Wolfembutel que
M.Kress , Professeur en Droit à Helmstadt , a traité dans une Dissertation en
Allemand , de la Procedure criminelle à
l'égard des personnes nées sourdes et muettes. L'occasion s'est trouvée en 1727. dans
le Duché de Magdebourg , où un tel
homme avoit assassiné la femme d'un
Berger. On examine en cette Brochure
assez étendue , ce qui fut alors observé.
On écrit de Dannemarck, qu'on a charsur le dernier Vaisseau que la Compa
1. Vol guie
1188 MERCURE DE FRANCE
¿
gnie d'Altena a fait partir pour Tranquebar , une grande quantité de Catéchismes
Luthériens et de Bibles pour l'instruction
des nouveaux Chrétiens de la Côte Malabar , et on va établir à Copenhague une
Imprimerie en caractere de leur Langue.
On apprend d'Allemagne , qu'on a
découvert depuis peu auprès du Village
appellé Siglar , au Diocèse de Calogne ,
dans le Duché de Berg , situé sur la pe-
-tite Riviere de Sig , qui se décharge dans
le Rhin , à une lieiie au- dessus de Bonne,
qu'on a découvert , dis- je, une veine d'un
fort beau Marbre noir , jaune , blanc
cendré et rougeatre : on ne dit pas s'il
prend un beau poli et si ces couleurs sont
agréablement variées et distinctes.
On mande de Rome , que le Cardinal
Otthoboni ayant fait creuser à sa Terre
de Sitto , Fief dépendant de son Abbaye
de S. Paul d'Albano , et située près de
Tor de Meza , on y avoit trouvé enterrée
une Statue de Venus , qui surpasse en
beauté et en grandeur celle de la fameuse
Venus de Medicis , qui est dans le Cabinet du Grand Duc de Toscane ; on prérend que certe Statuë a été faite à Athenes
dans le temps le plus florissant des Arts
en Grece ,
une nouvelle Edition des Principes géné
raux et raisonnez de la Grammaire Françoi
se , qui sera au moins de moitié plus ample
que la premiere , et à laquelle il a ajouté
un Abregé des regles de la versification Frangise. Il donnera en même tems un Abrégé
séparé des Principes de la Grammaire
Françoise à l'usage des enfants.
On aprend de Berlin que la Methode
d'enseigner les Belles Lettres , composée par
M.Rollin , est traduite en Allemand , par
M. Mathias Ritter , Recteur à Potsdam.
Les objections de M. Gibert , s'y trouvent
avec les Réponses de M. Rollin.
On mande de Wolfembutel que
M.Kress , Professeur en Droit à Helmstadt , a traité dans une Dissertation en
Allemand , de la Procedure criminelle à
l'égard des personnes nées sourdes et muettes. L'occasion s'est trouvée en 1727. dans
le Duché de Magdebourg , où un tel
homme avoit assassiné la femme d'un
Berger. On examine en cette Brochure
assez étendue , ce qui fut alors observé.
On écrit de Dannemarck, qu'on a charsur le dernier Vaisseau que la Compa
1. Vol guie
1188 MERCURE DE FRANCE
¿
gnie d'Altena a fait partir pour Tranquebar , une grande quantité de Catéchismes
Luthériens et de Bibles pour l'instruction
des nouveaux Chrétiens de la Côte Malabar , et on va établir à Copenhague une
Imprimerie en caractere de leur Langue.
On apprend d'Allemagne , qu'on a
découvert depuis peu auprès du Village
appellé Siglar , au Diocèse de Calogne ,
dans le Duché de Berg , situé sur la pe-
-tite Riviere de Sig , qui se décharge dans
le Rhin , à une lieiie au- dessus de Bonne,
qu'on a découvert , dis- je, une veine d'un
fort beau Marbre noir , jaune , blanc
cendré et rougeatre : on ne dit pas s'il
prend un beau poli et si ces couleurs sont
agréablement variées et distinctes.
On mande de Rome , que le Cardinal
Otthoboni ayant fait creuser à sa Terre
de Sitto , Fief dépendant de son Abbaye
de S. Paul d'Albano , et située près de
Tor de Meza , on y avoit trouvé enterrée
une Statue de Venus , qui surpasse en
beauté et en grandeur celle de la fameuse
Venus de Medicis , qui est dans le Cabinet du Grand Duc de Toscane ; on prérend que certe Statuë a été faite à Athenes
dans le temps le plus florissant des Arts
en Grece ,
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Résumé : « M. Restaut fait actuellement imprimer une nouvelle Edition des Principes [...] »
Le texte mentionne plusieurs publications et découvertes récentes. M. Restaut prépare une nouvelle édition des 'Principes généraux et raisonnés de la Grammaire Française', plus complète que la précédente, et inclut un abrégé des règles de la versification française. Il prévoit également un abrégé séparé pour les enfants. À Berlin, la 'Méthode d'enseigner les Belles Lettres' de M. Rollin est traduite en allemand par M. Mathias Ritter, incluant les objections de M. Gibert et les réponses de M. Rollin. À Wolfenbüttel, M. Kress, professeur en droit, a écrit une dissertation sur la procédure criminelle concernant les personnes sourdes et muettes, suite à un cas en 1727 dans le Duché de Magdebourg. Au Danemark, la Compagnie d'Altona envoie des catéchismes luthériens et des bibles pour les nouveaux chrétiens de la Côte Malabar, et une imprimerie en langue locale sera établie à Copenhague. En Allemagne, une veine de marbre de diverses couleurs a été découverte près du village de Siglar. À Rome, une statue de Vénus, plus belle et plus grande que celle de la Vénus de Médicis, a été découverte à Sitto, près de Tor de' Schiavi.
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Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 2005
Nouvel Ordre de Chevalerie en Dannemarck, [titre d'après la table]
Début :
On apprend de Copenhague, que le Roy de Dannemarck, à l'occasion de l'anniversaire de [...]
Mots clefs :
Danemark, Ordre de chevalerie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvel Ordre de Chevalerie en Dannemarck, [titre d'après la table]
On apprend de Copenhague , que le Roy de
Dannemarck , à l'occasion de l'anniversaire de
son Mariage , qui fut celebré le 7 d'Aoust , a
institué un nouvel Ordre de Chevalerie , en faveur des Seigneurs et Dames de sa Cour, dont la
Reine est la Grande Maîtresse. Les Comtes de
Plessen , de Rosencrantz et de Blohm , Conseillers au Conseil Privé; le Baron de Plessen, Grand
Chambellan ; le Comte de Gramm , Grand Veneur ; les Comtesses de Hardegg, de Witzleben
et de Raaben , et la Baronne de Sohlendahl ont
été honorés de ce nouvel Ordre , qu'on nomme
l'Ordre de la Fidelité. La marque d'honneur est
une Croix coupée , d'or , émaillée de blanc , ate
tachée à un Cordon large , de Soye bleu-turquin ondé,tissu d'argent aux extrémitez , au milieu de cette Croix est d'un côté à droite en
champ de gueule , le Lion du Nord , au dessus
d'un Aigle , et à gauche , un Aigle et le Lion au
dessous ; le tout chargé du Chiffre de L. M. en
champ d'azur.Au revers de la Croix, on lit cette
Légende: Infœlicissima unionis memoriam.
Dannemarck , à l'occasion de l'anniversaire de
son Mariage , qui fut celebré le 7 d'Aoust , a
institué un nouvel Ordre de Chevalerie , en faveur des Seigneurs et Dames de sa Cour, dont la
Reine est la Grande Maîtresse. Les Comtes de
Plessen , de Rosencrantz et de Blohm , Conseillers au Conseil Privé; le Baron de Plessen, Grand
Chambellan ; le Comte de Gramm , Grand Veneur ; les Comtesses de Hardegg, de Witzleben
et de Raaben , et la Baronne de Sohlendahl ont
été honorés de ce nouvel Ordre , qu'on nomme
l'Ordre de la Fidelité. La marque d'honneur est
une Croix coupée , d'or , émaillée de blanc , ate
tachée à un Cordon large , de Soye bleu-turquin ondé,tissu d'argent aux extrémitez , au milieu de cette Croix est d'un côté à droite en
champ de gueule , le Lion du Nord , au dessus
d'un Aigle , et à gauche , un Aigle et le Lion au
dessous ; le tout chargé du Chiffre de L. M. en
champ d'azur.Au revers de la Croix, on lit cette
Légende: Infœlicissima unionis memoriam.
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Résumé : Nouvel Ordre de Chevalerie en Dannemarck, [titre d'après la table]
Le roi de Dannemarck a créé un nouvel Ordre de Chevalerie, l'Ordre de la Fidelité, à l'occasion du 7 août, anniversaire de son mariage. Cet Ordre est destiné aux seigneurs et dames de sa cour, avec la Reine comme Grande Maîtresse. Les premiers récipiendaires incluent les comtes de Plessen, de Rosencrantz et de Blohm, conseillers au Conseil Privé, le baron de Plessen, Grand Chambellan, le comte de Gramm, Grand Veneur, les comtesses de Hardegg, de Witzleben et de Raaben, ainsi que la baronne de Sohlendahl. La marque distinctive de cet Ordre est une Croix coupée d'or émaillée de blanc, attachée à un cordon de soie bleu-turquin ondé, tissé d'argent aux extrémités. La Croix porte, d'un côté, le Lion du Nord au-dessus d'un Aigle, et de l'autre, un Aigle et le Lion au-dessous, tous chargés du chiffre de L. M. en champ d'azur. Au revers de la Croix, on lit la légende 'Infœlicissima unionis memoriam'.
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9
p. 2432-2434
« HSITOIRE DE DANEMARCK, avant et depuis l'établissement de la Monarchie. [...] »
Début :
HSITOIRE DE DANEMARCK, avant et depuis l'établissement de la Monarchie. [...]
Mots clefs :
Danemark, Convulsion, Ecole des Mères, Marivaux, Flibustiers, Clidamis
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « HSITOIRE DE DANEMARCK, avant et depuis l'établissement de la Monarchie. [...] »
HISTOIRE DE DANEMARCK , avant et
depuis l'établissement de la Monarchie.
Par M. J. B. Desroches , Ecuyer , Conseiller et Avocat General du Roy T. Ch.
au Bureau des Finances & Chambre du
Domaine de la Généralité de la Rochelle. Nouvelle Edition , revûë et corrigée
sur l'Edition d'Hollande , à laquelle on a
joint la suite de la même Histoire , jusqu'à l'an 1732. in 12. 9 vol. Rue S. Jacques , chez les Freres Barbou,
OBSERVATIONS DE MEDECINE , sur la
Maladie appellée Convulsion. Par un
Medecin de la Faculté de Paris. Ruë S.
Jacques , chez Lambert , 1732. Broch. de
24 pag.
L'ECOLE DES MERES , Comédie de M. de
Marivaux, representée par les Comédiens
Italiens , au mois de Juillet 1732. A Paris , Quai de Gèvres , chez P. Prault. On
trou-
NOVEMBRE. 1732. 2433"
trouve l'Extrait de cette Piece dans le
Mercure de Septembre.
LES SERMENS INDISCRETS , Comédie
de M. de Marivaux , representée par les
Comédiens François , au mois de Juin
1732. Chez le même. L'Extrait de cette
Piece est dans le second volume de
Juin.
LA DUCHESSE DE CAPOUE , Nouvelle
Italienne. Chez le même. 1732. in 12. de
152 pag. prix 24 sous.
LES AVANTURES de M. Robert Chevalier , dit de Beauchêne , Capitaine de
Flibustiers , dans la nouvelle France. Rédigées par M. le Sage. Ruë S. Jacques ›
chez Etienne Ganneau , 1732, 2.v. in 12.
" LES SONGES DE CLIDAMIS , contenant le Voyage de Cythere , où l'on
trouve plusieurs choses utiles et amusan- tes , par M. l'Affichard. A Paris , ruë
Git-le cœur et Quai des Augustins , chez
Antoine et Louis de Heuqueville , 1732.
Broch. in 12. de 59 pag.sans compter une
Epître en Vers , et une Préface , terminée par ces 4 Vers :
Fiij Pa
2434 MERCURE DE FRANCE
Paroissez , mon œuvre premiere ;
Et si vous ennuyez Paris ,
Allez , volez chez la Beurriere ,
Avec mille autres froids Ecrits.
On trouve dans ce Recueil , mêlé de
Prose et de Vers , des Chansons , Cantatilles , Epithalames , Rondeaux , Odes
Fables, Idiles , Lettres, &c. et même une
Cantate et une Ode en Prose.
CELENIE. Histoire allégorique , par Ma
dame L***. A Paris , Quai de Gevres
chez P. Prault, 1732. in 12. de 161. pages.
C'est un petit Roman ingénieux , lége
rement et naturellement écrit
depuis l'établissement de la Monarchie.
Par M. J. B. Desroches , Ecuyer , Conseiller et Avocat General du Roy T. Ch.
au Bureau des Finances & Chambre du
Domaine de la Généralité de la Rochelle. Nouvelle Edition , revûë et corrigée
sur l'Edition d'Hollande , à laquelle on a
joint la suite de la même Histoire , jusqu'à l'an 1732. in 12. 9 vol. Rue S. Jacques , chez les Freres Barbou,
OBSERVATIONS DE MEDECINE , sur la
Maladie appellée Convulsion. Par un
Medecin de la Faculté de Paris. Ruë S.
Jacques , chez Lambert , 1732. Broch. de
24 pag.
L'ECOLE DES MERES , Comédie de M. de
Marivaux, representée par les Comédiens
Italiens , au mois de Juillet 1732. A Paris , Quai de Gèvres , chez P. Prault. On
trou-
NOVEMBRE. 1732. 2433"
trouve l'Extrait de cette Piece dans le
Mercure de Septembre.
LES SERMENS INDISCRETS , Comédie
de M. de Marivaux , representée par les
Comédiens François , au mois de Juin
1732. Chez le même. L'Extrait de cette
Piece est dans le second volume de
Juin.
LA DUCHESSE DE CAPOUE , Nouvelle
Italienne. Chez le même. 1732. in 12. de
152 pag. prix 24 sous.
LES AVANTURES de M. Robert Chevalier , dit de Beauchêne , Capitaine de
Flibustiers , dans la nouvelle France. Rédigées par M. le Sage. Ruë S. Jacques ›
chez Etienne Ganneau , 1732, 2.v. in 12.
" LES SONGES DE CLIDAMIS , contenant le Voyage de Cythere , où l'on
trouve plusieurs choses utiles et amusan- tes , par M. l'Affichard. A Paris , ruë
Git-le cœur et Quai des Augustins , chez
Antoine et Louis de Heuqueville , 1732.
Broch. in 12. de 59 pag.sans compter une
Epître en Vers , et une Préface , terminée par ces 4 Vers :
Fiij Pa
2434 MERCURE DE FRANCE
Paroissez , mon œuvre premiere ;
Et si vous ennuyez Paris ,
Allez , volez chez la Beurriere ,
Avec mille autres froids Ecrits.
On trouve dans ce Recueil , mêlé de
Prose et de Vers , des Chansons , Cantatilles , Epithalames , Rondeaux , Odes
Fables, Idiles , Lettres, &c. et même une
Cantate et une Ode en Prose.
CELENIE. Histoire allégorique , par Ma
dame L***. A Paris , Quai de Gevres
chez P. Prault, 1732. in 12. de 161. pages.
C'est un petit Roman ingénieux , lége
rement et naturellement écrit
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Résumé : « HSITOIRE DE DANEMARCK, avant et depuis l'établissement de la Monarchie. [...] »
En 1732, plusieurs publications et événements culturels marquants ont eu lieu. Une nouvelle édition de l'ouvrage 'Histoire de Danemarck' par M. J. B. Desroches a été révisée et corrigée jusqu'en 1732. Parmi les autres publications, on trouve 'Observations de Médecine' sur les convulsions par un médecin de la Faculté de Paris. En littérature, deux comédies de Marivaux ont été représentées : 'L'École des Mères' en juillet par les Comédiens Italiens et 'Les Serments Indiscrets' en juin par les Comédiens Français. D'autres œuvres notables incluent 'La Duchesse de Capoue', une nouvelle italienne, et 'Les Aventures de M. Robert Chevalier' par M. le Sage. On peut également citer 'Les Songes de Clidamis' par M. l'Affichard et 'Célénie', un roman allégorique par Madame L***. Le 'Mercure de France' a publié un recueil de prose et de vers, incluant des chansons, cantates et lettres.
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10
p. 2479
DANNEMARCK.
Début :
Le Comte de Seckendorff eut au commencement du mois dernier une Audiance particuliere [...]
Mots clefs :
Danemark, Traité, Hambourg
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texteReconnaissance textuelle : DANNEMARCK.
DANNEMARCK.
E Comte de Seckendorff eut au commence.
ment du mois dernier une Audience particuliere du Roy , dans laquelle il lui remit , de la
part de l'Empereur , la Ratification du Traité
conclu à Copenhague depuis quelques mois
entre les Ministres de S. M. Imp. ceux du Roy ,
et ceux de la Czarine.On assure que par ce Traité , l'Empereur s'est engagé à la garantie du Du-.
ché de Sleswick , à condition d'un équivalent
qui sera donné par le Roy au Duc de Holstein ;
qu'il a été stipulé que tous les Sujets de l'Empefeur jouiront d'une liberté entière de Commerce dans toutes les Villes Maritimes de la domination de S. M, Dan. et qu'on travaillera inces-`
samment à terminer les differends qui ont interrompu le Commerce de la Ville d'Hambourg avec le Dannemarck.
E Comte de Seckendorff eut au commence.
ment du mois dernier une Audience particuliere du Roy , dans laquelle il lui remit , de la
part de l'Empereur , la Ratification du Traité
conclu à Copenhague depuis quelques mois
entre les Ministres de S. M. Imp. ceux du Roy ,
et ceux de la Czarine.On assure que par ce Traité , l'Empereur s'est engagé à la garantie du Du-.
ché de Sleswick , à condition d'un équivalent
qui sera donné par le Roy au Duc de Holstein ;
qu'il a été stipulé que tous les Sujets de l'Empefeur jouiront d'une liberté entière de Commerce dans toutes les Villes Maritimes de la domination de S. M, Dan. et qu'on travaillera inces-`
samment à terminer les differends qui ont interrompu le Commerce de la Ville d'Hambourg avec le Dannemarck.
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Résumé : DANNEMARCK.
Le comte de Seckendorff a rencontré le roi pour lui remettre la ratification d'un traité de Copenhague. Ce traité implique les ministres de l'Empereur, du roi et de la Czarine. L'Empereur garantit le duché de Schleswig si le roi compense le duc de Holstein. Le traité accorde la liberté de commerce aux sujets de l'Empereur dans les villes maritimes danoises et prévoit de résoudre les différends commerciaux entre Hambourg et le Danemark.
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11
p. 150-151
DANNEMARCK.
Début :
La République de Hollande paroît vouloir s'opposer à l'augmentation du Commerce de [...]
Mots clefs :
Danemark, Hollande, Commerce
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DANNEMARCK.
Dasntnruancx.
A République de Hollande paroi‘: vouloir
Lfopposcr â Faugmcntarion du Commerce de
Cette Nation dans_lcs Inde: Orientales, et M.
Greys, Ministre du ‘Roy à la. Haye, a écrit i
s. M. Dan. que les Directeurs de la Compagnie,
des Indes Orientales cPHollande se poposoient
«Pemployer toutes sortes de moyens pour obli
ger les Danois inter-esse: dans le Commerce de
Traiiquebar et de la Chine , a‘ d'équiper pour les
1nde: , que le même nombre de Vaisseaux qu’ils
y envoyoient avaîit le nouveau Privilege que le
goy leur a accordé depuis environ deux ans. La
Lettre de M. Greys ayant été lûë dans le Conseil
du Roy , le Secrcraire d’Erat a remis depuis â.
M.Coynan, Envoyé des Erars Generaux, une Dé.
‘datation de S.M. Dan. portant en substance que
par- le Traité de Commerce qu’elle avoir renou
(ellé avec la République cFHollande, on n-i'av_olr
« 3.199
a JANVIER. :733.» r51
(ien stipule qui pût borner la Navigation et le
Çommerce de ses sujets , et qu'elle émit résoluë
de les protegcr,
A République de Hollande paroi‘: vouloir
Lfopposcr â Faugmcntarion du Commerce de
Cette Nation dans_lcs Inde: Orientales, et M.
Greys, Ministre du ‘Roy à la. Haye, a écrit i
s. M. Dan. que les Directeurs de la Compagnie,
des Indes Orientales cPHollande se poposoient
«Pemployer toutes sortes de moyens pour obli
ger les Danois inter-esse: dans le Commerce de
Traiiquebar et de la Chine , a‘ d'équiper pour les
1nde: , que le même nombre de Vaisseaux qu’ils
y envoyoient avaîit le nouveau Privilege que le
goy leur a accordé depuis environ deux ans. La
Lettre de M. Greys ayant été lûë dans le Conseil
du Roy , le Secrcraire d’Erat a remis depuis â.
M.Coynan, Envoyé des Erars Generaux, une Dé.
‘datation de S.M. Dan. portant en substance que
par- le Traité de Commerce qu’elle avoir renou
(ellé avec la République cFHollande, on n-i'av_olr
« 3.199
a JANVIER. :733.» r51
(ien stipule qui pût borner la Navigation et le
Çommerce de ses sujets , et qu'elle émit résoluë
de les protegcr,
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Résumé : DANNEMARCK.
Le texte relate une situation diplomatique entre la République de Hollande et le Danemark. Le ministre danois Greys à La Haye a informé le roi du Danemark que la Compagnie des Indes Orientales des Pays-Bas cherchait à empêcher les Danois de s'impliquer dans le commerce de Tranquebar et de la Chine. La Compagnie hollandaise tentait de forcer les Danois à équiper le même nombre de vaisseaux pour les Indes, conformément à un nouveau privilège accordé par le roi de Hollande. Après la lecture de la lettre de M. Greys dans le Conseil du Roi, le secrétaire d'État a remis une déclaration au représentant danois, M. Coynan. Cette déclaration stipulait que le traité de commerce entre le Danemark et la République de Hollande n'imposait aucune restriction à la navigation et au commerce des sujets danois. Le Danemark a donc exprimé sa résolution de protéger les intérêts de ses sujets.
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12
p. 354-364
Extrait de la Tragédie de Gustave, [titre d'après la table]
Début :
Le 6 Février, les Comédiens François donnerent la premiere Représentation de [...]
Mots clefs :
Gustave, Christierne, Adélaïde, Astolphe, Frédéric, Princesse, Mort, Mère, Prince, Tyran, Lettre, Danemark
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait de la Tragédie de Gustave, [titre d'après la table]
Le 6 Février , les Comédiens François
donnerent la premiere Représentation de
Ia Tragédie de Gustave ; il y a peu de Piéces
qui ayent été reçûes avec un applau
dissement
FEVRIER. 1733. 355
dissement si unanime ; la grande idée
qu'on s'en est d'abord faite n'a fait qu'aug,
menter dans les Représentations suivan
tes. Elle est de M. Pyron , Auteur de la
Comédie des Fils Ingrats , et de la Tragédie
de Callistene. Nous n'en donnerons
qu'un Argument très- succinct , en attendant
que nous l'ayons assez éxaminée
pour pouvoir en donner un Extrait plus
détaillé .
Le Heros de cette Tragédie est le premier
de sa Maison qui ait regné sur les
Suedois ; on l'avoit d'abord annoncé
dans les affiches sous le nom de Gustave
Vasa, pour le distinguer de Gustave Adol
phe , dont le nom n'est pas moins celébre.
Stenon , Roi de Suede , à qui ce premier
Gustave a succedé , l'avoit désigné
son Successeur , à la faveur d'un mariage
avec Adelaide , sa Fille. Christierne
Beau- Frere de Charlequint , détrôna et
fit massacrer Stenon ; il fit enfermer Adelaïde
Fille de ce malheureux Roi dans
une Tour, et il y a apparence qu'il n'auroit
pas épargné celui qui lui étoit destinépour
Epoux , s'il étoit tombé en sa puissance ;
il faut donc supposer que Gustave fut au
moins emprisonné , ou qu'il se tint caché
pendant neuf ans pour attendre le tems.
favorable, où il pourroit monter sur le
Trône
2
356 MERCURE DE FRANCE
Trône où il avoit été destiné par le légiti
me Roi . Ces neuf ans étant expirés , et le
tems de sa vangeance étant arrivé , comme
sa tête avoit été mise à prix par Christierne
, il fit courir lui- même le bruit que
Gustave avoit été tué , et que le meurtrier
devoit apporter sa tête à Christierne.
C'est ici que l'action theatrale commence.
Christierne à son retour de quelque
expédition , demande à Astolphe , fidele
Ministre de ses vangeances , ce qui s'est
passé dans Stocholm depuis son absence ;
Astolphe lui rend un compte éxact de ce
qui regarde sa nouvelle domination , et
lui annonce entr'autres choses que la Reine
, veuve de Stenon , est morte ; Christierne
lui apprend à son tour quelque
chose de plus favorable à ses projets ambitieux
, c'est l'assassinat de Gustave. E
dentPrince assez amateur du repos , pour avoir
abandonné à Christierne les droits naturels
qu'il avoit sur la Couronne de
Dannemarc , ne peut apprendre sans indignation
qu'on ait assassiné Gustave ; il
a déja commencé à devenir suspect à
Christier ne , par les voeux de la plûpart ,
des Danois pour son rétablissement au
Trône qui lui appartient ; mais ce meurtre
abominable dont le Tyran fait gloire ,
fait
FEVRIER. 1733 . 387
fait encore plus d'horreur à Casimir , l'un
des plus fideles Sujets qui soient restés
à Stenon malgré son détrônement ; de
sorte qu'il forme dès-lors le genereux des
sein de vanger Gustave , comme désigné
par Stenon pour lui succeder au Trône ;
par le droit d'Adelaïde , sa Fille. Frederic
aime cette malheureuse Princesse , dont
les fers viennent d'être brisez par un
trait de politique de Christiernę ; la Princesse
l'a toujours estimé , Christierne le
lui a fait proposer pour Epoux , mais ce
Tyran n'avoit pas encore vû cette Fille
de Stenon , et ce n'a été que long- tems
après le jour de son emprisonnement qu'il
a connu le pouvoir de ses charmes ; il
n'a garde de faire connoître son amour
à Fréderic , qu'il a interêt de flater toujours
de l'espérance de son Hymen avec
Adelaïde ; c'est dans cette vûë qu'il charge
ce Prince Danois du soin d'annoncer à
cette Princesse la mort de Gustave , lui
faisant entendre que perdant toute esperance
d'épouser l'Amant à qui son Perc
l'avoit destinée , elle n'apportera plus de
résistance au nouvel Hymen qu'on éxige
d'elle. Fréderic ne sçait comment annoncer
une si funeste nouvelle à sa Princesse ;
il craint de lui en devenit encore plus
odieux ; elle vient ; il la plaint ; elle lui
de358
MERCURE DE FRANCE
demande d'où naissent ses plaintes , et
comme il s'obstine à garder le silence
quoiqu'elle le presse de le rompre : Ah !
lui dit elle , Gustave est mort ; il la quitte
sans proferer un seul mot . Elle prend sa
retraite et son silence pour un aveu ; elle
ne doute plus de la mort de Gustave ; la
Mere de ce Prince , qui passe pour une
Suivante de cette Princesse éplorée , témoigne
plus de fermeté ; ce qui donne
lieu à ces deux beaux Vers d'Adelaïde :
Calme dénaturé , qui fait voir en ce jour,
Que le sang sur un coeur est plus fort que PA
mour !
Voilà à peu près ce qui fait le sujet du
premier Acte , nous nous y sommes un
peu étendus , croyant l'exposition de ces
circonstances nécessaires pour l'intelligence
de l'action principale
Casimir ayant appris que le prétendu
assassin de Gustave doit en apporter la
tête à Christierne , vient l'attendre dans
un endroit par où il doit passer ; prêt à
le combattre , il le reconnoît pour Gustave
même ; ce Prince lui explique.comment
il s'est transporté jusqu'à Stocholm
sans avoir été reconnu ; il lui demande si
Adelaïde lui est fidele ; Casimir l'en
ayant
FEVRIER. 1733 359
1
ayant assuré , Gustave lui dit d'un ton de
confiance :
Stocholm est libre , et Stenon est vangé.
Christierne vient ; le faux assassin qui
lui est toujours inconnu , lui raconte
en termes équivoques ce qu'il veut lui
persuader ; il lui promet de lui montrer la
tête de Gustave , qu'il dit avoir attaqué en
brave homme ; il lui demande pour toute
récompense , qu'il lui permette de rendre
à la Princesse une Lettre que Gustave a
mise entre ses mains : Christierne lit la
Lettre , il reconnoît le seing de Gustave :
par ce Billet , Gustave prie Adélaïde de
ne pas
s'obstiner à lui être fidele après sa
mort , et de recevoir un Epoux de la
main du Vainqueur ; cette Lettre étant
parfaitement conforme aux intentions de
Christierne , ce Tyran lui permet de la
donner à Adélaïde , et de l'entretenir sans
témoins, Gustave se retire ; Astolphe plus
méchant encore que Christierne lui
dit que s'il veut que son Hymen avec
Adélaïde ne soit plus traversé , il faut absolument
séparer Léonor de cette Princesse
, attendu que cette Suivante l'entretient
dans une haine implacable contre
lui ; Christierne approuve ce conseil , et
le charge de l'éxécuter quand il le trouve-
>
ra
$ 60 MERCURE DE FRANCE
ra à propos ; voilà à peu près toute l'ac
tion du second Acte.
L'entrevuë d'Adélaïde avec celui qui
doit lui donner une Lettre de Gustave ,fait
le principal incident du troisiéme Acte.
Cet incident est précedé d'un autre qui
est très- bien imaginés le voici . Léonor ne
doutant plus de la mort de son Fils , dont
elle n'a été que trop bien informée , ne
peut plus se contraindre en présence d'Astolphe
et pour réprimer l'insolence de
ses discours , elle se déclare mere de Gusrave
Astolphe la fait arrêter sur le
champ malgré les larmes et les cris d'Adélaïde
cet emprisonnement est abŝolument
nécessaire pour préparer un coup
de Théatre qui fait un honneur infini à
P'Auteur. Léonor ayant été arrachée d'entre
les bras d'Adélaïde , Gustave est introduit
auprès d'elle ; elle ne reconnoît
pas le son de sa voix , soit qu'il soit supposé
qu'il la contrefasse , soit que neuf
ans d'absence y ayent apporté assez de
changement pour la rendre méconnoissa→
ble aux oreilles d'une Princesse , accablée
d'ailleurs d'une douleur mortelle ; elle lit e;
la Lettre dont on a déjà parlé dans l'Acte
précédent ; elle fait connoître après cette
fecture qu'elle aimera toujours Gustave ,
quoiqu'il la dispense de sa foi ; à cet heureux
FEVRIER. 1733. 361
reux témoignage d'une constance éternelle
, Gustave transporté se jette à ses
pieds ; cette reconnoissance a fait un plaisir
infini ; Adélaïde à travers sa joie laisse
entrevoir une douleur dont elle apprend
la cause à Gustave ; c'est l'emprisonnement
de Léonor qu'elle fait connoître à
çe tendre Fils pour sa Mere , dont il avoit
déja pleuré la mort ; Gustave ne balance
pas à s'exposer à tout pour la délivrance
d'une Mere si chete ; il quitte la Prin
cesse dans le dessein de tout entreprendre
; Frederic vient un moment après
toujours soumis et respectueux. Adélaïde
le prie à son tour de travailler à la déli̟-
vrance de Léonor , ce genereux Prince
lui promet de la demander à Christierne
et de tout entreprendre s'il la lui refuse,
Passons à l'Acte IV.
Astolphe apprend à Christierne que
cette Léonor qui lui paroissoit si suspecte
s'est enfin fait reconnoître pour Mere de
Gustave. Christierne est frappé de cette
découverte , mais il l'est encore plus d'un
nouveau soupçon d'Astolphe , qui vient
de faire arrêter le prétendu assassin de
Gustave , parce qu'il avoit voulu séduire,
à force d'argent , les Gardes de Léonor ,
ce qui lui fait présumer qu'il se pourroit
bien que le prétendu meurtrier de Gusta362
MERCURE DE FRANCE
ve fut Gustave lui -même. Christierne en
tre dans ce soupçon ; et pour l'éclaircir
it ordonne à Astolphe de lui envoyer
Léonor , et de se tenir prêt à faire paroî
tre le prisonnier qu'il vient de faire arrê
ter , au premier signal. Ses ordres sont
ponctuellement éxecutés. Léonor vient la
premiere ; elle reproche la mort de son
Fils au Tyran ; il s'en excuse avec adresse
eh bien , lui répond Léonor , si tu
n'es pas complice de la mort de Gustave,
prouve-le moi par le supplice de son assassin
. Christierne y consent ; on amene
Gustave , Léonor le reconnoît pour son
Fils , sans oser proferer un seul mot , mais
voyant qu'on va lui donner la mort par
l'ordre de Christierne : Arrête , dit elle
parlant à celui qui va le frapper : Ah !
C'est ton Fils , dit alors Christierne : ce
coup de Théatre a parû le plus bel endroit
de la Tragédie.
,
Nous passons légerement sur ce qui
reste , pour ne pas sortir des bornes que
nous avons prescrites à cet argument.
Frederic n'ayant pû obtenir de Christierne
la liberté de Léonor , et d'ailleurs
le Tyran lui ayant dit qu'il prétend lui
même épouser Adélaïde , s'emporte d'u
ne maniere à fournir à Christierne un
prétexte de le faire arrêter , de sorte que
le
FEVRIER. 1733. 365
le danger des personnages les plus interessants
de la Piéce , paroît arrivé à son
dernier période. Heureusement on s'est
avisé trop tard de faire arrêter Casimir
par la raison qu'il étoit le moins suspect
on vient avertir Christierne que tout
conspire contre lui , et que ce Casimir
dont il ne s'étoit jamais défié, avoit , à
main armée délivré Gustave et Frederic
de sorte qu'il ne lui reste d'espoir que
dans la fuite. Christierne vaincu sur la
Mer et sur les glaces , tente un dernier
coup que le désespoir lui inspire ; il fait
paroître sur le tillac d'un Vaisseau Léonor
prête à tomber sous un coup mortel
, et par une Lettre qu'il envoye à la
Flote ennemie , par une fleche décochée ,
il fait entendre à Gustave que s'il ne lui
rend Adelaïde , sa Mere est morte ; Gustave
ne balance pas un moment à se livrer
lui- même pour sauver sa Mere; Adelaïde
s'y oppose , mais inutilement ; enfin Leonor
vient dissiper par sa présence le trouble
dont tous les esprits sont agitez ; elle
annonce que le génereux Fréderic l'a sauvée
dans le temps que Christierne lui alloit
enfoncer un poignard dans le sein ; on
amene le Tyran à Gustave , qui ne dai
gne pas répandre un sang si indigne , il
gie veut pas même qu'on attente à sa li-
L
berté
364 MERCURE DE FRANCE
berté , et l'abandonne aux remords , justes
vengeurs des crimes pour Fréderic
il a déja pris son parti en Prince génereux
, et a fait voile du côté du Dannemarc
, où les Peuples l'attendent pour
le couronner.
;
La Scene se passe dans le Palais des
Rois de Suede à Stokolm. Le principal
Rôle de Gustave est rempli et très-bien
joüé par le sieur Dufresne ceux de Christierne
, Roy de Dannemarc , de Fréderic
, Prince de Dannemarc , de Casimir ,
Seigneur Suedois , d'Astolphe , Confident
de Christierne et d'Othon , Capitaine
de ses Gardes , sont jouez par les
sieurs Sarrazin , Grandval , le Grand ,
Montmenil , et du Breuil. Les Rôles d'Adelaïde
, Princesse de Suede , de Leonor ,
Mere de Gustave , et de Sophie , Confidente
d'Adelaïde , sont remplis par les
Dlles Gaussin , Ballycourt et Jouvenot,
donnerent la premiere Représentation de
Ia Tragédie de Gustave ; il y a peu de Piéces
qui ayent été reçûes avec un applau
dissement
FEVRIER. 1733. 355
dissement si unanime ; la grande idée
qu'on s'en est d'abord faite n'a fait qu'aug,
menter dans les Représentations suivan
tes. Elle est de M. Pyron , Auteur de la
Comédie des Fils Ingrats , et de la Tragédie
de Callistene. Nous n'en donnerons
qu'un Argument très- succinct , en attendant
que nous l'ayons assez éxaminée
pour pouvoir en donner un Extrait plus
détaillé .
Le Heros de cette Tragédie est le premier
de sa Maison qui ait regné sur les
Suedois ; on l'avoit d'abord annoncé
dans les affiches sous le nom de Gustave
Vasa, pour le distinguer de Gustave Adol
phe , dont le nom n'est pas moins celébre.
Stenon , Roi de Suede , à qui ce premier
Gustave a succedé , l'avoit désigné
son Successeur , à la faveur d'un mariage
avec Adelaide , sa Fille. Christierne
Beau- Frere de Charlequint , détrôna et
fit massacrer Stenon ; il fit enfermer Adelaïde
Fille de ce malheureux Roi dans
une Tour, et il y a apparence qu'il n'auroit
pas épargné celui qui lui étoit destinépour
Epoux , s'il étoit tombé en sa puissance ;
il faut donc supposer que Gustave fut au
moins emprisonné , ou qu'il se tint caché
pendant neuf ans pour attendre le tems.
favorable, où il pourroit monter sur le
Trône
2
356 MERCURE DE FRANCE
Trône où il avoit été destiné par le légiti
me Roi . Ces neuf ans étant expirés , et le
tems de sa vangeance étant arrivé , comme
sa tête avoit été mise à prix par Christierne
, il fit courir lui- même le bruit que
Gustave avoit été tué , et que le meurtrier
devoit apporter sa tête à Christierne.
C'est ici que l'action theatrale commence.
Christierne à son retour de quelque
expédition , demande à Astolphe , fidele
Ministre de ses vangeances , ce qui s'est
passé dans Stocholm depuis son absence ;
Astolphe lui rend un compte éxact de ce
qui regarde sa nouvelle domination , et
lui annonce entr'autres choses que la Reine
, veuve de Stenon , est morte ; Christierne
lui apprend à son tour quelque
chose de plus favorable à ses projets ambitieux
, c'est l'assassinat de Gustave. E
dentPrince assez amateur du repos , pour avoir
abandonné à Christierne les droits naturels
qu'il avoit sur la Couronne de
Dannemarc , ne peut apprendre sans indignation
qu'on ait assassiné Gustave ; il
a déja commencé à devenir suspect à
Christier ne , par les voeux de la plûpart ,
des Danois pour son rétablissement au
Trône qui lui appartient ; mais ce meurtre
abominable dont le Tyran fait gloire ,
fait
FEVRIER. 1733 . 387
fait encore plus d'horreur à Casimir , l'un
des plus fideles Sujets qui soient restés
à Stenon malgré son détrônement ; de
sorte qu'il forme dès-lors le genereux des
sein de vanger Gustave , comme désigné
par Stenon pour lui succeder au Trône ;
par le droit d'Adelaïde , sa Fille. Frederic
aime cette malheureuse Princesse , dont
les fers viennent d'être brisez par un
trait de politique de Christiernę ; la Princesse
l'a toujours estimé , Christierne le
lui a fait proposer pour Epoux , mais ce
Tyran n'avoit pas encore vû cette Fille
de Stenon , et ce n'a été que long- tems
après le jour de son emprisonnement qu'il
a connu le pouvoir de ses charmes ; il
n'a garde de faire connoître son amour
à Fréderic , qu'il a interêt de flater toujours
de l'espérance de son Hymen avec
Adelaïde ; c'est dans cette vûë qu'il charge
ce Prince Danois du soin d'annoncer à
cette Princesse la mort de Gustave , lui
faisant entendre que perdant toute esperance
d'épouser l'Amant à qui son Perc
l'avoit destinée , elle n'apportera plus de
résistance au nouvel Hymen qu'on éxige
d'elle. Fréderic ne sçait comment annoncer
une si funeste nouvelle à sa Princesse ;
il craint de lui en devenit encore plus
odieux ; elle vient ; il la plaint ; elle lui
de358
MERCURE DE FRANCE
demande d'où naissent ses plaintes , et
comme il s'obstine à garder le silence
quoiqu'elle le presse de le rompre : Ah !
lui dit elle , Gustave est mort ; il la quitte
sans proferer un seul mot . Elle prend sa
retraite et son silence pour un aveu ; elle
ne doute plus de la mort de Gustave ; la
Mere de ce Prince , qui passe pour une
Suivante de cette Princesse éplorée , témoigne
plus de fermeté ; ce qui donne
lieu à ces deux beaux Vers d'Adelaïde :
Calme dénaturé , qui fait voir en ce jour,
Que le sang sur un coeur est plus fort que PA
mour !
Voilà à peu près ce qui fait le sujet du
premier Acte , nous nous y sommes un
peu étendus , croyant l'exposition de ces
circonstances nécessaires pour l'intelligence
de l'action principale
Casimir ayant appris que le prétendu
assassin de Gustave doit en apporter la
tête à Christierne , vient l'attendre dans
un endroit par où il doit passer ; prêt à
le combattre , il le reconnoît pour Gustave
même ; ce Prince lui explique.comment
il s'est transporté jusqu'à Stocholm
sans avoir été reconnu ; il lui demande si
Adelaïde lui est fidele ; Casimir l'en
ayant
FEVRIER. 1733 359
1
ayant assuré , Gustave lui dit d'un ton de
confiance :
Stocholm est libre , et Stenon est vangé.
Christierne vient ; le faux assassin qui
lui est toujours inconnu , lui raconte
en termes équivoques ce qu'il veut lui
persuader ; il lui promet de lui montrer la
tête de Gustave , qu'il dit avoir attaqué en
brave homme ; il lui demande pour toute
récompense , qu'il lui permette de rendre
à la Princesse une Lettre que Gustave a
mise entre ses mains : Christierne lit la
Lettre , il reconnoît le seing de Gustave :
par ce Billet , Gustave prie Adélaïde de
ne pas
s'obstiner à lui être fidele après sa
mort , et de recevoir un Epoux de la
main du Vainqueur ; cette Lettre étant
parfaitement conforme aux intentions de
Christierne , ce Tyran lui permet de la
donner à Adélaïde , et de l'entretenir sans
témoins, Gustave se retire ; Astolphe plus
méchant encore que Christierne lui
dit que s'il veut que son Hymen avec
Adélaïde ne soit plus traversé , il faut absolument
séparer Léonor de cette Princesse
, attendu que cette Suivante l'entretient
dans une haine implacable contre
lui ; Christierne approuve ce conseil , et
le charge de l'éxécuter quand il le trouve-
>
ra
$ 60 MERCURE DE FRANCE
ra à propos ; voilà à peu près toute l'ac
tion du second Acte.
L'entrevuë d'Adélaïde avec celui qui
doit lui donner une Lettre de Gustave ,fait
le principal incident du troisiéme Acte.
Cet incident est précedé d'un autre qui
est très- bien imaginés le voici . Léonor ne
doutant plus de la mort de son Fils , dont
elle n'a été que trop bien informée , ne
peut plus se contraindre en présence d'Astolphe
et pour réprimer l'insolence de
ses discours , elle se déclare mere de Gusrave
Astolphe la fait arrêter sur le
champ malgré les larmes et les cris d'Adélaïde
cet emprisonnement est abŝolument
nécessaire pour préparer un coup
de Théatre qui fait un honneur infini à
P'Auteur. Léonor ayant été arrachée d'entre
les bras d'Adélaïde , Gustave est introduit
auprès d'elle ; elle ne reconnoît
pas le son de sa voix , soit qu'il soit supposé
qu'il la contrefasse , soit que neuf
ans d'absence y ayent apporté assez de
changement pour la rendre méconnoissa→
ble aux oreilles d'une Princesse , accablée
d'ailleurs d'une douleur mortelle ; elle lit e;
la Lettre dont on a déjà parlé dans l'Acte
précédent ; elle fait connoître après cette
fecture qu'elle aimera toujours Gustave ,
quoiqu'il la dispense de sa foi ; à cet heureux
FEVRIER. 1733. 361
reux témoignage d'une constance éternelle
, Gustave transporté se jette à ses
pieds ; cette reconnoissance a fait un plaisir
infini ; Adélaïde à travers sa joie laisse
entrevoir une douleur dont elle apprend
la cause à Gustave ; c'est l'emprisonnement
de Léonor qu'elle fait connoître à
çe tendre Fils pour sa Mere , dont il avoit
déja pleuré la mort ; Gustave ne balance
pas à s'exposer à tout pour la délivrance
d'une Mere si chete ; il quitte la Prin
cesse dans le dessein de tout entreprendre
; Frederic vient un moment après
toujours soumis et respectueux. Adélaïde
le prie à son tour de travailler à la déli̟-
vrance de Léonor , ce genereux Prince
lui promet de la demander à Christierne
et de tout entreprendre s'il la lui refuse,
Passons à l'Acte IV.
Astolphe apprend à Christierne que
cette Léonor qui lui paroissoit si suspecte
s'est enfin fait reconnoître pour Mere de
Gustave. Christierne est frappé de cette
découverte , mais il l'est encore plus d'un
nouveau soupçon d'Astolphe , qui vient
de faire arrêter le prétendu assassin de
Gustave , parce qu'il avoit voulu séduire,
à force d'argent , les Gardes de Léonor ,
ce qui lui fait présumer qu'il se pourroit
bien que le prétendu meurtrier de Gusta362
MERCURE DE FRANCE
ve fut Gustave lui -même. Christierne en
tre dans ce soupçon ; et pour l'éclaircir
it ordonne à Astolphe de lui envoyer
Léonor , et de se tenir prêt à faire paroî
tre le prisonnier qu'il vient de faire arrê
ter , au premier signal. Ses ordres sont
ponctuellement éxecutés. Léonor vient la
premiere ; elle reproche la mort de son
Fils au Tyran ; il s'en excuse avec adresse
eh bien , lui répond Léonor , si tu
n'es pas complice de la mort de Gustave,
prouve-le moi par le supplice de son assassin
. Christierne y consent ; on amene
Gustave , Léonor le reconnoît pour son
Fils , sans oser proferer un seul mot , mais
voyant qu'on va lui donner la mort par
l'ordre de Christierne : Arrête , dit elle
parlant à celui qui va le frapper : Ah !
C'est ton Fils , dit alors Christierne : ce
coup de Théatre a parû le plus bel endroit
de la Tragédie.
,
Nous passons légerement sur ce qui
reste , pour ne pas sortir des bornes que
nous avons prescrites à cet argument.
Frederic n'ayant pû obtenir de Christierne
la liberté de Léonor , et d'ailleurs
le Tyran lui ayant dit qu'il prétend lui
même épouser Adélaïde , s'emporte d'u
ne maniere à fournir à Christierne un
prétexte de le faire arrêter , de sorte que
le
FEVRIER. 1733. 365
le danger des personnages les plus interessants
de la Piéce , paroît arrivé à son
dernier période. Heureusement on s'est
avisé trop tard de faire arrêter Casimir
par la raison qu'il étoit le moins suspect
on vient avertir Christierne que tout
conspire contre lui , et que ce Casimir
dont il ne s'étoit jamais défié, avoit , à
main armée délivré Gustave et Frederic
de sorte qu'il ne lui reste d'espoir que
dans la fuite. Christierne vaincu sur la
Mer et sur les glaces , tente un dernier
coup que le désespoir lui inspire ; il fait
paroître sur le tillac d'un Vaisseau Léonor
prête à tomber sous un coup mortel
, et par une Lettre qu'il envoye à la
Flote ennemie , par une fleche décochée ,
il fait entendre à Gustave que s'il ne lui
rend Adelaïde , sa Mere est morte ; Gustave
ne balance pas un moment à se livrer
lui- même pour sauver sa Mere; Adelaïde
s'y oppose , mais inutilement ; enfin Leonor
vient dissiper par sa présence le trouble
dont tous les esprits sont agitez ; elle
annonce que le génereux Fréderic l'a sauvée
dans le temps que Christierne lui alloit
enfoncer un poignard dans le sein ; on
amene le Tyran à Gustave , qui ne dai
gne pas répandre un sang si indigne , il
gie veut pas même qu'on attente à sa li-
L
berté
364 MERCURE DE FRANCE
berté , et l'abandonne aux remords , justes
vengeurs des crimes pour Fréderic
il a déja pris son parti en Prince génereux
, et a fait voile du côté du Dannemarc
, où les Peuples l'attendent pour
le couronner.
;
La Scene se passe dans le Palais des
Rois de Suede à Stokolm. Le principal
Rôle de Gustave est rempli et très-bien
joüé par le sieur Dufresne ceux de Christierne
, Roy de Dannemarc , de Fréderic
, Prince de Dannemarc , de Casimir ,
Seigneur Suedois , d'Astolphe , Confident
de Christierne et d'Othon , Capitaine
de ses Gardes , sont jouez par les
sieurs Sarrazin , Grandval , le Grand ,
Montmenil , et du Breuil. Les Rôles d'Adelaïde
, Princesse de Suede , de Leonor ,
Mere de Gustave , et de Sophie , Confidente
d'Adelaïde , sont remplis par les
Dlles Gaussin , Ballycourt et Jouvenot,
Fermer
Résumé : Extrait de la Tragédie de Gustave, [titre d'après la table]
Le 6 février 1733, les Comédiens Français ont présenté pour la première fois la tragédie 'Gustave' de M. Pyron, également auteur des 'Fils Ingrats' et de 'Callistene'. Cette pièce a été acclamée par le public dès sa première représentation, et cet enthousiasme n'a fait que croître lors des représentations suivantes. La tragédie 'Gustave' raconte l'histoire de Gustave Vasa, premier roi de sa maison à régner sur les Suédois. Gustave a été désigné comme successeur de Stenon, roi de Suède, grâce à son mariage avec Adelaide, la fille de Stenon. Cependant, Christierne, beau-frère de Charles Quint, a détrôné et fait massacrer Stenon, emprisonnant Adelaide dans une tour. Pour éviter d'être capturé, Gustave s'est caché pendant neuf ans avant de revenir pour réclamer le trône. L'action commence avec Christierne de retour d'une expédition, apprenant la mort de Gustave et celle de la reine, veuve de Stenon. Casimir, un fidèle sujet de Stenon, décide de venger Gustave. Frédéric, amoureux d'Adelaïde, est chargé par Christierne d'annoncer la mort de Gustave à la princesse. Malgré ses réticences, Frédéric finit par révéler la nouvelle à Adelaide. Dans le deuxième acte, Casimir reconnaît Gustave déguisé et apprend qu'il est toujours vivant. Gustave demande à Casimir si Adelaide lui est fidèle. Christierne, toujours méfiant, ordonne à Astolphe de séparer Léonor, la mère de Gustave, d'Adelaïde. Le troisième acte se concentre sur la rencontre entre Adelaide et Gustave, déguisé en messager. Léonor, croyant Gustave mort, est arrêtée par Astolphe. Gustave se révèle à Adelaide, qui est ravie de le revoir. Gustave décide de libérer sa mère, Léonor, emprisonnée par Christierne. Dans le quatrième acte, Christierne découvre que Léonor est la mère de Gustave et ordonne son exécution. Gustave est amené devant Christierne, qui reconnaît finalement son erreur. Frédéric, après avoir tenté en vain de libérer Léonor, est arrêté par Christierne. Casimir libère Gustave et Frédéric, forçant Christierne à fuir. Gustave, après avoir sauvé sa mère, épargne Christierne et le laisse aux remords de ses crimes. Frédéric retourne au Danemark pour être couronné. La pièce se déroule au palais des rois de Suède à Stockholm. Les principaux rôles sont interprétés par Dufresne, Sarrazin, Grandval, Montmenil, et autres acteurs renommés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 111-147
« MEMOIRES historiques, militaires & politiques de l'Europe, depuis l'élévation [...] »
Début :
MEMOIRES historiques, militaires & politiques de l'Europe, depuis l'élévation [...]
Mots clefs :
Mémoires historiques, Suède, Angleterre, Prince, Pape, Clergé, Cour, Royaume, Divorce, Divorce de Henri VIII, Henri VIII, Roi d'Angleterre, Catherine d'Aragon, Révolutions en Suède, Conjuration de Fiesque, Conjuration , Politique, Danemark
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « MEMOIRES historiques, militaires & politiques de l'Europe, depuis l'élévation [...] »
MEMOIRES hiftoriques , militaires &
politiques de l'Europe , depuis l'élévation
de Charles- Quint au thrône de l'Empire ,
jufqu'au traité d'Aix - la-Chapelle en 1748.
Par M. l'Abbé Raynal , de la Société royale
de Londres , & de l'Académie royale des
Sciences & Belles Lettres de Pruffe . Se
vend chez Durand , au Griffon , rue Saint
-Jacques ; 1754 , 3 vol . in- 8 °.
J'ai déja rendu compte des deux pres
miers volumes de mon ouvrage , je vais
donner l'extrait du troifieme ; il renferme
trois morceaux.
112 MERCURE DE FRANCE.
Hiftoire des révolutions arrivées en Suede
depuis 1515 jufqu'en 1544.
La Suede qui avoit jetté un fi grand éclat ,
lorfque fes habitans , connus fous le nom
de Goths , renverferent l'Empire romain &
changerent la face de l'Europe , étoit retombée
peu -à-peu dans l'obfcurité . Des dif
fenfions domeftiques & les vices du gouvernement
, avoient formé une efpece
d'anarchie , qui auroit cent fois perdu le
Royaume fi les peuples voifins avoient eu
des loix plus fages . Toutes les nations du
Nord languiffoient dans la même barbarie ,
& l'afcendant que les unes pouvoient prendre
fur les autres , ne devoit point venir
de la fupériorité de politique , mais du
bonheur des circonftances ; elles furent
pour le Dannemarc.
Marguerite qui y regnoit , joignoit à
»l'ambition ordinaire à fon fexe , une fui-
» te de vûes qu'il n'a pas fi communément.
» Elle parloit avec grace , & fçavoit em-
»ployer au befoin ce ton de fentiment , qui
» tient fouvent lieu de raifon & qui la rend
toujours plus forte. Contre l'ufage des
» Souverains , elle abandonnoit les appa-
» rences de l'autorité pour l'autorité même ;
» & elle retenoit le Clergé dans fes inté-
» rêts , en lui faifant prendre des déférences
DECEMBRE. 1754 113
»
ور
»
"
pour du crédit. Ce qu'elle faifoit éclater
de magnificence , n'avoit jamais pour ob-
»jet fes goûts , mais fa place ; & foit qu'el-
» le donnât , foit qu'elle récompenfât , c'é
»toit toujours en Reine & au profit de la
Royauté. Lorfque fes projets n'étoient
pas traversés par la loi , elle la faifoit
» obferver avec une fermeté louable ; &
» l'ordre public étoit ce qu'elle aimoit le
» mieux après fes intérêts particuliers . On
» n'a gueres pouffé plus loin qu'elle le faifoit
le talent de paroître redoutable fans
l'être : elle intimidoit fes ennerais par
» d'autres ennemis qu'elle avoit l'art de
» faire croire fes partifans. Ce que fes
» moeurs avoient d'irrégulier étoit réparé
» dans l'efprit des peuples par les dons
» qu'elle faifoit aux Eglifes. Ces facrifices
» coûtoient à fon caractere ; mais fa politique
les faifoit à fa réputation.
"
"
Cette Princeffe entreprit de réunir la
Suede à fes autres Etats , & elle y réuſſit :
mais les Danois ayant abufé de leur fupériorité
, les Suédois trouverent bientôt l'occafion
de fecouer un joug qu'ils déteftoient
, & ils fe donnerent un maître qui
prit le titre d'Aminiftrateur. Les Rois de
Dannemarc n'abandonnerent pas les droits
qu'ils prétendoient avoir fur la Suede , &
ce fut une fource de guerres longues &
114 MERCURE DE FRANCE .
fanglantes entre ces deux Etats.
Chriftiern étoit monté fur le thrône de
Dannemarc ; c'étoit un monftre , qui prefque
au fortir de l'enfance avoit pouffé aux
derniers excès tous les vices , & n'avoit
pas même le mafque d'une vertu . Il ne
chercha point à rapprocher les Suedois du
traité d'union des deux Royaumes , il ne
chercha qu'à les foumettre. Le mécontentement
du Clergé de Suede étoit une difpofition
favorable pour ce Prince. Les Evêques
avoient joui d'une autorité fi étendue
fous les Rois Danois , qu'ils croyoient
ne devoir rien oublier pour ramener les
mêmes circonftances. L'Adminiftrateur
étant mort , ils voulurent mettre à fa place
Elric Trolle , vieillard timide , indolent
irréfolu , & qu'ils auroient fait fervir à
leurs vûes ; mais ce projet échoua. Stenon ,
fils du dernier Adminiftrateur , fut élu , &
il fit conférer l'Archevêché d'Upfal au fils
de Trolle ; démarche qu'il crut propre ,
fans doute , à confoler fon rival de fon
exclufion . Ĉe bienfait politique n'eut pas
le fuccès qu'il en attendoit . Trolle plus humilié
que touché du tendre & généreux
intérêt que ce Prince avoit pris à lui , fit
éclater un reffentiment qui allarma égale
ment pour Stenon & pour la patrie. Le
jeune Prélat ne pouvoit pas fe conføler de
DECEM BR E. 1754. 115
n'être que le fecond dans un état qu'il avoit
compté gouverner d'abord ſous le nom de
fon pere , & dans la fuite fous le fien . Son
mécontentement éclata bientôt.Il fe mit à la
tête du Clergé , s'unit avec les Danois , &
corrompit le Gouverneur de quelques places
fortes. Stenon inftruit de tout ce qui
fe tramoit contre l'Etat , convoqua le Sénat
, & Trolle fut reconnu pour l'auteur
& le chef de la confpiration. L'Archevêque
déterminé à la ruine de fon pays , par
un reffentiment que les contretems rendoient
plus vif, ne daigna ni juftifier fa
conduite , ni fe plaindre de fes complices :
il fe retira dans le châreau de Steke , en
attendant du fecours de Chriftiern. A perne
l'Adminiftrateur eut - il commencé le
fiége de cette place , que les Danois vinrent
faire une defcente près de Stockolm ;
Stenon y marcha avec une partie de fon
armée , & il fe livra un combat auffi fanglant
qu'il devoit l'être au commencement
d'une campagne entre deux nations rivales
, dans une occafion décifive & pour de
grands intérêts. La victoire fe déclara pour
La Suede , les Danois regagnerent leurs
vaiſſeaux , & l'Archevêque fut obligé de
fe rendre. Les Etats le déclarerent ennemi
de la patrie , l'obligerent de renoncer à fa
dignité , & le condamnerent à finir fés
jours dans un cloître.
116 MERCURE DE FRANCE.
"
23
» Quand le Pape n'auroit pas été follicité
par le Prélat dépofé & par Chriftiern
» de s'élever contre ce jugement , il l'au- |
» roit fait. La Cour de Rome dont les droits
» n'avoient pas été auffi bien éclaircis
» qu'ils l'ont été depuis , appuyoit indiffé-
» remment le Clergé dans toutes les affai-
» res , avec une vivacité & une fierté qui
» ne fe démentirent pas en cette occaſion .
» Elle fit menacer les Etats & l'Adminif
» trateur des cenfures de l'Eglife , s'il ne
rétabliffoient fans tarder l'Archevêque
fur fon fiége , & dans tous les avantages
» dont on l'avoit privé.
"
» Il eft glorieux pour l'humanité que
» dans un fiécle où la Philofophie avoit fait
» fi peu de progrès , un peuple entier ait
» diftingué l'autorité légitime du chef de
» la religion , de l'abus qu'il en peut faire.
» Les Suédois en marquant beaucoup de
» refpect au Souverain Pontife , parurent
» affez tranquilles fur les foudres qu'il préparoit
contr'eux. Ils témoignerent de la
répugnance à lui defobéir ; mais enfin ils
» lui defobéirent , & ils aimerent mieux
» l'avoir pour ennemi que de rifquer de
» rallumer dans leur patrie le feu des
» guerres civiles qu'ils avoient eu tant de
peine à éteindre. Si cette généreufe réfolution
avoit été accompagnée d'un ex-
"
و د
DECEMBRE. 1754 117
cès d'emportement , Rome fe feroit trou-
» vée heureufe : dans la réfolution où elle
» étoit de pouffer les chofes à l'extrêmité ,
elle auroit voula paroître forcée à des
❞ violences par des outrages qui les juftifiaffent.
L'impoffibilité de mettre les apparences
de fon côté , ne lui fit pas aban-
» donner fes vûes : elle mit en interdit la
» Suede , excommunia l'Administrateur &
» le Sénat , ordonna le rétabliſſement de
» Trolle , & pour comble d'injuftice , chargea
le Roi de Dannemarc de procurer
" par la voie des armes l'exécution d'une
Bulle fi odieufe.
و د
Chriſtiern étoit & fe montra digne d'une
telle commiffion. Il entra en Suede , & mit
tout à feu & à fang ; après bien des ravages
& bien des cruautés , les Suédois furent
défaits dans une bataille où Stenon fut
rué ; cet événement fit la deftinée de la
Suede ; tout tomba dans une confufion
horrible. Trolle qui avoit profité des malheurs
publics pour remonter fur fon fiége ,
convoqua les Etats. La craintelou la féduc
tion y firent reconnoître fans obftacle l'au
torité de Chriftiern , qui commença par
immoler à fon reffentiment & à fon ambition
tout ce qui auroit pu lui faire quelque
ombrage. Il fit maffacrer les Seigneurs
les plus diftingués de Suede & tout ce qui
118 MERCURE DE FRANCE.
reltoit d'hommes puiffans affectionnés à
leur patrie , ou aimés des peuples. Avec ces
victimes expira l'efpérance & prefque le
defir de la liberté. Les loix anciennes furent
abrogées , le defpotifme porté au dernier
période , & il ne fe fit aucun mouve
ment . Rien ne caufoit & ne pouvoit caufer
d'inquiétude à Chriftiern que la
fonne de Guftave Vaſa.
per-
Ce jeune Seigneur defcendoit des anciens
Rois de Suede , & s'étoit fignalé dans
plufieurs occafions ; c'étoit un homme fupérieur
, né pour l'honneur de fa nation
& de fon fiécle , qui n'eut point de vices ,
peu de défauts , de grandes vertus & encore
plus de grands talens.
Retenu en Dannemarc par une perfidie ,
il avoit trouvé l'occafion de s'échapper des
mains de Chriftiern , & s'étoit caché dans
les montagnes de la Dalecarlie. Après avoir
erré long- tems , forcé par le befoin de travailler
aux mines , il trouva enfin chez un
Curé un afyle , qui devint le berceâu de la
liberté , de la gloire & du bonheur de la
Suede. De concert avec cet Eccléfiaftique ,
homme fage , defintéreffé , inftruit , accrédité
, zélé pour fa patrie , Guftave commença
par échauffer les efprits , & il profita
du premier feu de l'enthoufiafme qu'il fit
aaître pour fe faire un parti. A la tête de
DECEMBRE. 1754. 119
par
quatre cens hommes il emporta d'affaut
une place commandée le Gouverneur
de la province ; fes premiers fuccès donnerent
de l'audace ; fa petite armée s'accrut
à vûe d'oeil , & il n'eût qu'à fe montrer
dans les provinces voisines de la Dalecarlie
pour les foulever. La timidité & l'indolence
du Viceroi que Chriftiern avoit
laiffé en Suede , donna à Guſtave le tems
de faire des progrès plus confidérables , de
groffir & de difcipliner fes troupes . Trolle
faifit le tems où les Dalecarliens s'étoient
retirés dans leurs pays pour faire la moiffon
; il fe mit à la tête de quatre mille
hommes , & alla attaquer brufquement
Guftave , qui n'étoit pas affez fort pour
l'attendre. Ce léger échec fut bientôt réparé
par Guftave , qui l'attaqua à fon tour
fi vivement , que l'Archevêque échappa à
peine avec la dixieme partie de fes troupes.
Les vainqueurs marcherent droit à Stockholm
; le Viceroi & l'Archevêque , dans la
crainte que quelque malheureux hazard
ne les fit tomber entre les mains de leurs
ennemis , s'enfuirent en Dannemarc . Leur
retraite fut un événement décifif pour
mécontens. L'indépendance du Royaume
parut affez affurée
pour qu'on crût pouvoir
convoquer fans rifque les Etats Généraux
, & donner quelque forme à un
,
les
120 MERCURE DE FRANCE.
Gouvernement qui n'en avoit point .
» L'affemblée ne fut pas nombreufe ; il
ne s'y trouva de Députés que ceux que
» l'amour de la patrie & la haine des tyrans
» élevoient au - deffus de tous les périls.
» Les réfolutions des hommes de ce carac-
» tere ne pouvoient manquer d'être har-
» dies & leurs démarches vigoureufes . Ils
» renoncerent folemnellement à l'obéïffan
» ce qu'ils avoient promife à Chriftiern ,
» éleverent leur Général , qui n'avoit dû
» jufqu'alors for autorité qu'à fon coura-
» ge , à la dignité d'Adminiftrateur , & ar-
» rêterent qu'on continueroit à faire une
» guerre vive & fanglante.
Tandis que Guftave reprenoit fur les
Danois les places qui leur reftoient en Suede
& qu'il formoit le fiége de Stockholm ;
la révolution qui fe fit en Dannemarc affûra
l'indépendance de la Suede. La tyrannie
& les excès de Chriftiern révolterent fes
fujets , & leur infpirerent une réfolution
violente . Ils déthrônerent ce Prince , qui
fe retira auprès de Charles - Quint fon beaufrere
, & ils placerent fur le thrône Frideric
, Duc de Holſtein.
Cet événement ôta aux Danois , qui
étoient encore en Suede , le courage , l'efpérance
& la force de s'y maintenir. Ceux
qui défendoient Stockholm offrirent de
capituler;
DECEMBRE . 1754. 125
capituler ; mais l'Adminiftrateur laiffa traîner
le fiége , fous prétexte de le finir d'une
maniere plus honorable , mais en effet pour
obliger par ce fantôme de péril les Etats
Généraux de lui déférer la couronne . Cette
politique étoit plus artificieufe que néceffaire.
Guftave fut proclamé Roi avec une
unanimité & un enthouſiaſme qui étoient
fûrement les fuites de la plus vive admiration
& d'une efpece d'idolâtrie . L'union
que fit ce Prince avec Frideric , acheva
d'établir la tranquillité , la gloire & l'indépendance
de la Suede. Guftave ne fongea
plus qu'à réformer l'intérieur du Royaume
, en fubftituant de bonnes loix à la barbarie
ancienne, & une police fage aux abus
introduits par les troubles civils. Il fut
éclairé , foutenu & dirigé dans fes vûes
par un homme célebre , qu'il eft important
de connoître à fond.
Ce confident habile fe nommoit Larz-
Anderfon , né de parens obfcurs & fans
fortune. Il avoit commencé à fe diftinguer
dans l'Eglife ; mais dégoûté d'une carriere
où l'on n'avançoit que par les fuffrages de
la multitude , il s'attacha à la Cour. » Guftave
démêla bientôt dans la foule des
» courtifans empreffés à lui plaire, un hom-
» me propre à le fervir ; & dédaignant
»toutes ces petites expériences fi néceffai-
11. Fol.
و د
F
22 MERCURE DE FRANCE.
» res aux Princes médiocres , & qui ne leur
»fuffifent même pas , il l'éleva tout de
» fuite au premier pofte du Royaume , &
» le fit fon Chancelier,
و ر
» Anderſon juſtifia cette hardieffe . C'é-
» toit un génie que la nature avoit fait pro-
» fond , & que les réflexions avoient étendu,
Quoiqu'il eut l'ambition des grandes
places , il avoit encore plus l'ambition
» des grandes chofes , & il aimoit mieux
voir croître fa réputation que fon crédit.
» Il n'étoit pas citoyen dans ce fens qu'il fe
» fût facrifié pour fa patrie ; mais il méri-
>> toit ce beau nom , fi on veut l'accorder
» aux Miniftres qui ont des idées aflez juf-
» tes pour croire que leur gloire eft infé-
»parable de celle de leur Roi & de leur na-
» tion. L'exemple de ceux qui l'avoient pré-
» cédé ni le jugement de ceux qui le devoient
» fuivre , n'étoient pas la régle de fa con-
»duite ; fes projets n'étoient cités qu'à fon
» tribunal & à celui de fon maître. Cette
» indépendance qui ne peut être fentie que
» par ceux qui l'ont , étoit accompagnée
» d'une fagacité qui faififfoit tout , depuis
»les premiers principes jufqu'aux dernie-
" res conféquences , & d'une lumiere qui
» fourniffoit des vûes fublimes & les expédiens
propres à les faire réuffir . Letalent
» de hâter les événemens fans les précipi
ter lui étoit comme naturel ; & en par
و د
39
DECEMBRE. 1754 123
-99
93
و د
roiffant céder quelquefois aux difficultés,
il venoit toujours à bout de les furmonter.
L'étude de l'hiftoire & fes réflexions
» l'avoient affermi contre les murmures ,
les tumultes , les révoltes même ; & il
» étoit convaincu qu'avec du courage , du
fang froid & de la politique on vient
» tôt ou tard à bout de fubjuguer les hom-
" mes & de les ramener à leurs intérêts. Il
fçavoit le détail des loix comme un Ma-
» giftrat , & en poffédoit l'efprit en Légiflateur.
On réfiftoit d'autant moins à fon
éloquence , qu'elle partoit d'une raifon
» forte . Ce Miniftre appartenoit plus à un
autre âge qu'à celui où il vivoit ; & fes
» contemporains qui n'étoient pas à beau-
>> coup près auffi avancés que lui , n'apperçurent
pas toute l'élévation de fon ca-
» ractere , ni l'influence qu'il eut fur les
» révolutions qu'éprouva la Suede .
บ
93
"
Ce Royaume étoit la proye des Eccléfiaftiques
: leur autorité pouvoit exciter de
nouveaux troubles , & ils poffédoient tout
l'argent , toutes les richeffes de la Suede . I
falloit trouver un prétexte pour les dépouiller.
Anderſon en imagina un ; c'étoit
d'introduire le Luthéranifme , qui faifoit
des progrès rapides en Allemagne , & qu'il
avoit adopté par cet efprit d'inquiétude fi
ordinaire à ceux qui font nés plus grands
Fij
124 MERCURE DE FRANCE .
que leur condition. Guſtave adopta les
vûes de fon Chancelier ; mais cette révolution
ne pouvoit fe faire que par dégrés :
on laiffa le tems au Luthéranifme de s'établir
dans le Royaume. Des Docteurs de
réputation qu'on fit venir d'Allemagne , lui
donnerent de l'éclat ; la faveur qu'ils parurent
avoir, leurs déclamations, le goût de la
nouveauté entraînerent bientôt une partie
de la nation . A mefure que le Luthéranifme
faifoit des conquêtes fur le Royaume ,
Guftave en faifoit fur le Clergé. Il commença
par abolir une efpece d'impôt que
les Curés avoient mis fur certains péchés .
Il ôta aux Evêques le droit qu'ils avoient
ufurpé d'hériter de tous les Eccléfiaftiques
du fecond ordre. Les troupes furent mifes
en quartier d'hiver fur les terres du Clergé ,
ce qui étoit fans exemple : enfin il propofa
de prendre les deux tiers des dîmes pour
l'entretien des troupes , & une partie de
l'argenterie & des cloches des Eglifes riches
pour abolir , en payant les étrangers ,
les privileges odieux dont ils jouiffoient.
Ces expédiens furent généralement approuvés
; & s'il y eut quelque mécontentement
, il n'éclata pas.
Guftave mit la derniere main à fes grands
deffeins, en convoquant les Etats Généraux
à Vefteras en 1527. Les innovations qu'il
DECEMBRE . 1754. 125
propofa pour achever d'écrafer la puiffance
du Clergé , parurent trop hardies , &
le ton de defpotifine qu'il prit étoit trop
nouveaupour ne pas exciter quelques mou.
vemens ; mais ils n'eurent point de fuites .
Les troubles furent bientôt appaifés , & ce
que les Etats avoient arrêté fut établi fans
obftacle. » Le mépris pour la Communion
» Romaine fuivit la ruine & l'aviliffement
» du Clergé , qui avoient été le but de tou-
» tes les innovations qu'on venoit d'intro-
» duire. Guftave fe déclara enfin Luthe-
» rien , & toute la nation voulut être de
» la religion du Prince . Rien ne prouve
» les progrès de l'efprit de fervitude dans
» un Etat , comme l'influence du Souverain
fur la croyance des peuples. Le facrifice
de fes opinions qui coûte fi peu à
» la Cour , où on n'a proprement que des
préjugés , eft fi grand à la ville & dans
» les provinces où on a des principes ,
» qu'il prépare à tous les autres facrifices ,
» & même les affure . Auffi lorfque Guf-
» tave demanda aux Etats en 1544 , que
» la Couronne qui avoit toujours été élec-
» tive fû: déclarée héréditaire , il n'éprou
» ya point de contradictions .
" Tel fut le dernier acte d'un des regnes
les plus éclatans que le Nord ai vû ;
» nous ajouterions d'un des plus heureux ,
Fiij
126 MERCURE DE FRANCE.
»fi Guſtave avoit été auffi jufte qu'il étoir
»grand , & fi en faifant par fon caractere
»le bonheur de la génération qu'il gou-
» vernoit , il n'avoit pas préparé le mal-
» heur de celles qui devoient la fuivre ,
en établiffant un defpotifme dont fes fuc-
»ceffeurs ne pouvoient manquer d'abuſer .
Hiftoire du divorce de Henri VIII. Roi
d'Angleterre , & de Catherine d' Arragon ,
depuis 1527 jufqu'en 1534.
Henri VII , furnommé dans l'hiftoire le
Salomon de l'Angleterre , voulut rendre à
fa couronne , par une alliance avantageufe,
l'éclat que les guerres civiles lui avoient
fait perdre , & il obtint pour le Prince de
Galles fon fils , Catherine d'Arragon . Ce
mariage ne fut pas heureux ; le jeune Prince
mourut un an après , à l'âge de quinze
ou de feize ans. Cet événement pouvoit
Fompre les liens qui uniffoient l'Espagne
& l'Angleterre , & qui les rendoient redoutables
à tous leurs voifins. Pour calmer
les inquiétudes des deux Puiffances , il fut
arrêté que le nouveau Prince de Galles
épouferoit la veuve de fon frere . Pour former
ces nouveaux noeuds , on eut befoin
d'une difpenfe , & le Pape Jules fecond
l'accorda,
DECEMBRE. 1754. 127
Henri & fa belle-four furent fiancés
folemnellement en 150;, & le Prince qui
n'avoit alors que douze ans , n'eut pas
plutôt atteint fa quatorziéme année qu'il
it en préſence de plufieurs témoins une
proteftation en forme contre le confentement
qu'il avoit donné. Cette proteſtation
fut tenue fecrette jufqu'à la mort de
Henri VII en 1509 , & le mariage fur
célébré la même année . » Catherine avoit
» des vertus , mais les agrémens de fon
» fexe lui manquerent. Elle n'avoit ni grace
» ni dignité , ni defir de plaire ; fa triftefle
» & fon indolence augmenterent avec l'âge
» & les infirmités . Le dégoût de Henri qui
»> ne l'avoit jamais aimée , devint infen-
» fiblement extrême , & ouvrit le coeur de
» ce Prince à une paffion fort vive pour
» Anne de Boulen.
Anne étoit plus que belle , elle étoit
piquante. Ses traits manquoient de régularité
; il en réfultoit cependant un
enfemble qui furpaffoit la beauté même.
» Une taille parfaite , le goût de la danfe ,
» une voix touchante , & le talent de
jouer avec grace de plufieurs inftru-
» mens , relevoient en elle l'éclat de la
premiere jeuneffe. Quoique la France
ne fût pas alors autant qu'elle l'a été
depuis en poffeffion de fervir de modele
"
Fiiij
128 MERCURE DE FRANCE.
» aux autres peuples , Anne y avoit pris
» des manieres , un ton , des modes , qui
» fixerent fur elle les yeux & prefque l'ad-
» miration de la Cour de Londres. Cette
premiere impreffion fut foutenue par une
» converfation vive & légere , par un enjouement
ingénieux & de tous les inftans.
Les foupçons que pouvoit faire naître
fon air libre & trop carreffant, étoient
détruits par fon âge & par fa diffipation.
Elle ne montroit de l'empreffement
"que pour les plaifirs & pour les fêtes ; &
il paroiffoit fi peu d'art dans fa conduite Ᏺ
qu'il étoit prefque impoffible de lui fup-
»pofer des projets. Sa coquetterie ne fit
pas & ne devoit pas faire des impref-
»lions fâcheufes on la regarda comme
» une fuite de l'éducation frivole qu'elle
avoit reçue , & non comme un vice du
» coeur, ou le fruit de la réflexion . Les
» événemens prouverent que fon caractere
» avoit échappé aux courtifans les plus dé-
» liés : elle fe trouva diffimulée , profonde
, ambitieufe , & fut tout cela à un
» haut dégré & avant vingt ans.
Percy parut le premier fenfible aux char
mes d'Anne , ou fut , fi l'on veut , le premier
féduit par fon adreffe. Ses foins furent
acceptés , & leur union alloit être
confommée fi l'amour du Roi n'y avoit mis
DECEMBRE. 1754. 129
1
obftacle. Percy fut forcé de renoncer à fa
maîtrelle : Henri déclara lui-même à Anne
les fentimens qu'il avoit pour elle , mais
il la trouva plus fiere qu'il ne l'avoit cru.
Eclairée fur la violence de la paffion qu'elle
avoit infpirée , elle parut plus offenfée que
Alattée des propofitions du Prince , & lui
fignifia qu'elle feroit fa femme ou ne lui
feroit rien. C'est à cette époque que les
écrivains Catholiques fixent la premiere
idée qu'eut Henri de faire divorce avec
Catherine ; les Proteftans la font remonter
plus haut. On n'eft pas moins embarraſſé
fur la date précife de la réfolution qu'il
en prit ; on auroit évité de longues & ameres
conteftations , fi on avoit été affez
defintéreffé de part & d'autre , pour voir
que le Cardinal Wolfey étoit l'unique ,
ou du moins la principale caufe de ce
grand événement.
Cet homme célébre , rapidement paffé
de la condition la plus baffe au miniſtere
& à la pourpre , avoit d'abord embraffé le
parti de l'Empereur , & il l'abandonna
enfuite , parce qu'il vit que ce Prince l'avoit
trompé par les fauffes efpérances qu'il
lui avoit données de le placer fur le trône
de l'Eglife . Wolfey voulut humilier Charles-
Quint , en faisant répudier Catherine
d'Arragon fa tante. Ce Cardinal porta
Fv
130 MERCURE DE FRANCE..
dans cet odieux procès plus d'adreffe que :
la paffion n'en permet ordinairement , &
plus de circonfpection qu'on ne l'auroit:
dû efpérer de la hauteur & de l'emporte--
ment de fon caractere. Il commença par
perfuader le Confeffeur du Roi , dont les .
remontrances firent naître des doutes dans
l'efprit de Henri , & ces fcrupules joints à
la décision de quelques Théologiens , le
déciderent entierement pour le divorce..
Sa réfolution ne tarda pas d'éclater. Trois
Ambaffadeurs François étant arrivés en Angleterre
, conclurent fans beaucoup de difficultés
, un traité de paix perpétuelle entre
les deux nations , & ils arrêterent que:
Marie , fille de Henri , épouferoit François
I. ou fon fecond fils le Duc d'Orléans
.
"
"
» L'Evêque de Tarbes , celui des Am-
» baffadeurs qui avoit le plus le talent des
" affaires , & le feul qui eut le fecret de
» celle-là , parut environ huit jours après
la fignature du traité , mécontent d'une
» négociation dont le fuccès éroit regardé
» comme complet. Son chagrin fut remar
» qué comme il le devoit être , & on cher-
» cha à en deviner la caufe . Le public s'é-
" puifa à l'ordinaire en conjectures , & les
gens en place en queftions. Lorfque le
» Prélat crut avoir affez long-tems tenu
DECEMBRE. 1754. 131
les efprits en fufpens , il fe laiffa arra-
» chet fon fecret : il dit avec un certain
embarras affez ordinaire à ceux qui ont
des vérités fâcheufes à annoncer aux
Princes , qu'il craignoit beaucoup qu'u-
»ne partie des liens que venoient de for-
>> mer les deux nations , ne fuffent bien-
» tôt rompus , & qu'en particulier le mariage
projetté ne pût pas s'exécuter. Preffé
» de s'expliquer fur le myftere que renfer-
» moient ces dernieres paroles , il avoua
» qu'il croyoit nulle l'union de Henri &
» de Catherine , & qu'il étoit inftruit que
» les Théologiens les plus habiles ne pen-
» foient pas autrement que lui.
» Le Roi parut frappé de ce difcours
» comme il l'eût été d'un coup de foudre ;
fon but étoit de perfuader par cet éton-
» nement à l'Europe que le premier doute
» fur fon mariage lui étoit venu à cette oc--
» cafion.
Les fcrupules de l'Evêque de Tarbes furent
regardés comme des vérités incontef
tables , & il partit fur le champ pour l'I--
talie un Miniſtre , chargé de folliciter au--
près du Saint Siége la diffolution du ma--
riage avec Catherine .
Člement VII . qui gouvernoit alors , étoit
encore prifonnier au Château Saint - Ange.-
Le fecours prompt & affuré qu'on lui pro-
Fvj
132 MERCURE DE FRANCE.
mit , l'auroit infailliblement déterminé à
faire ce qu'on exigeoit de lui , s'il n'eût
été arrêté par la crainte de Charles - Quint.
Lorfque le Pape fut libre , les négociateurs
Anglois devinrent plus preffans , mais leur
adreffe & leur activité ne purent vaincre
fes irréfolutions. Il vint à bout de faire
naître des obftacles & des incidens fort
naturels , qui reculoient la décifion de cette
affaire . Après bien des détours & des lenteurs
, preflé par les inftances de l'Angleterre
, Clement établit enfin Wolfey juge
de l'affaire du divorce , & on lui donna
pour adjoint le Cardinal de Campege , qui
s'étoit trouvé du goût des deux Cours.
Il n'y avoit qu'à fuivre la négociation
de Campege , pour être convaincu que le
Pape ne donneroit jamais les mains à un
projet contraire aux intérêts de fon Siége
& à ceux de fa maifon , & qu'il vouloit
feulement obtenir par ce moyen un traitement
plus avantageux de Charles. Quint.
L'affaire fe rempliffoit tous les jours de
nouvelles difficultés. Henri que fa paffion
mettoit dans un état violent , fatigué
de tant d'indécifions , envoya de nouveau
à Clément deux Miniftres pour preffer l'exécution
de fon projet ; mais leurs infinuations
n'ayant pas eu le fuccès qu'ils
s'étoient promis , ils eurent recours à des
DECEMBRE. 1754 133
moyens odieux. Ils joignirent aux reproches
les plus humilians , des menaces effrayantes.
On faifoit craindre au Pape d'être déposé ,
fous prétexte que fon élection avoit été
irréguliere ; que l'Angleterre ne fecouât un
joug qui devenoit tous les jours plus dur &
plus injufte , & que l'Europe entiere éclairée
& enhardie par un exemple fi frappant ,
ne renonçât à l'ancien préjugé qui la tenoit
fous la domination du S. Siége. Ces
moyens ne réuffirent pas , & l'affaire du
divorce fut ramenée au tribunal de Wolfey
& de Campege. Les Légats , après l'examen
de cette caufe finguliere , citerent le
Roi & la Reine pour le 18 Juin 1529. La
Reine comparut devant eux , mais les recufa
pour juges , & ne voulut jamais fe
défifter de fa récufation . » On l'auroit peut-
» être crue occupée de fa vengeance , fi
nenfe précipitant devant toute l'aflemblée
" aux pieds du Roi , elle n'avoit fait voir
» qu'il n'y avoit dans fon coeur que le défir
» & peut- être l'efpérance de regagner un
» coeur qu'elle avoit malheureufement perdu.
Cette pofture , fon amour & fes infortunes
lui infpirerent tout ce qu'on
peut imaginer de plus modeste , de plus
» tendre & de plus touchant. Dès qu'elle
» eut fini de parler , elle fe retira , & alla
attendre dans l'obfcurité , dans les lar134
MERCURE DE FRANCE.
" mes & dans l'incertitude les effets d'une
» fcene aufli attendriffante que celle qui
» venoit de fe paller.
» Le denouement de ce coup de théatre
» ne fut pas tel qu'on avoit cru pouvoir
» l'efpérer. Tout l'attendriffement qu'on
avoit remarqué dans le Prince fe réduifoit
à une compaffion ftérile , & à des
éloges vagues. Henri rendit justice à la
» conduite exemplaire , à l'humeur douce ,
» à la foumiffion fans bornes de Cathe-
» rine ; & il parut fâché que la religion &
la confcience ne lui permiffent pas de
finir fes jours avec une Reine malheureufe
, qui n'avoit jamais rien dit ni rien-
»fait que de louable .
Tandis que Campege éloignoit tant qu'il
pouvoit la décifion de cette affaire , l'Empereur
fit un traité à Barcelone , dans lequel
il traitoit favorablement le S. Siége
dans la vûe de fe venger , fur tout du Roi
d'Angleterre , qui l'infultoit cruellement
dans la perfonne de fa tante. Le Pape immédiatement
après fon raccommodement
avec l'Empereur , évoqua l'affaire du divorce
, & fe rendit par cette démarche foible
& imprudente , l'inftrument d'une hai
ne , d'un orgueil , d'une politique qu'il auroit
dû traverfer , & dont il pouvoit trèsaifément
devenir la victime.
DECEMBRE.
1754. 135
Campege s'en retourna à Rome , & Wol- .
fey fut immolé au reffentiment du Roi ; il
fe vit accablé d'une fuite d'accufations
d'opprobres & de malheurs qui le conduifirent
au tombeau.
Henri dont les contretems ne faifoient
qu'irriter la paffion , fut obligé de chercher
d'autres moyens on lui confeilla deconfulter
toutes les Univerfités de l'Europe.
Celle d'Oxford & de Cambridge étoient
vendues à la Cour , & déclarerent le mariage
nul. Celles de France furent affez
partagées , & la Sorbonne , divifée en plufieurs
factions , ne céda qu'à des vûes d'intérêt
& de politique à la volonté du Roi
& à l'argent d'Angleterre. Le dernier de
ces moyens fut feul affez puiffant pour gagner
les Univerfités d'Italie . La fureur de
fe vendre étoit montée à tel point qu'on
avoit un Théologien pour un écu ; quelquefois
pour deux une Communauté entiere
, & qu'un Couvent de Cordeliers
paffa pour cher parce qu'il en coûtoit dix.
Mais les Théologiens Allemans ne cederent
ni à la féduction ni aux follicitations ,.
& refuferent de fe déclarer pour le divorce.
La Cour de Rome vit ces manoeuvres
avec une indifférence méprifante : c'étoit
un étrange aveuglement de penfer qu'on
136 MERCURE DE FRANCE.
la fubjugueroit par les décisions de quelques
Théologiens . Cette Cour trop intéreffée
depuis long-tems , & trop politique
pour fe conduire par les maximes foibles ,
bornées & incertaines des cafuiftes , regardoit
malheureufement moins la religion
comme fa fin , que comme un moyen d'y
arriver.
Henri qui voyoit avec douleur le peu
de fruit qu'il tiroit de toutes fes démarches
, forma , pour fe venger de Clement ,
le deffein de lui enlever l'Angleterre . Il
commença par défendre , fous des peines
capitales , de recevoir aucune expédition
de Rome qui ne fût appuyée de fon autorité
. Il attaqua les privileges du Clergé , &
dépouilla le Pape de fes droits les plus effentiels.
Dans le même tems , Catherine
preffée de nouveau de confentir au divorce
, & toujours ferme dans ſon refus , fut
obligée de s'éloigner de la Cour , où elle
ne retourna jamais.
Le Roi d'Angleterre voulut enfin terminer
fes irréfolutions , en fuivant le confeil
que lui donna François I. de fe paffer
de la difpenfe du Pape , & d'époufer fans
délai une femme aimable , qui étoit devenue
néceffaire à fon bonheur. Le mariage
fe fit , & demeura fecret jufqu'à la
groffeffe d'Anne de Boulen , qui força de
DECEMBRE . 1754. 137
le rendre public avant même qu'on eût pû
déclarer nul celui de Catherine. Cette derniere
opération fut l'ouvrage de Cranmer ,
Archevêque de Cantorbery , qui engagea
le Clergé d'Angleterre à prononcer fur
l'affaire du divorce ; & malgré la précaution
qu'avoit prife le Pape de fe referver
la connoiffance de ce grand procès , le ma--
riage fut caffé folemnellement. Anne entra
en triomphe dans Londres , & y fut reçue
avec un éclat & une magnificence finguliere
.
Clément apprit avec un dépit fenfible
ce qui venoit de fe paffer : il fit une Bulle
qui excommunioit Henri & Anne de Boulen
, s'ils ne fe quittoient dans quelques
mois ; & après de nouvelles négociations
pour terminer cette affaire , le Pape affembla
fon Confiftoire , & le réfultat fut une
fentence qui obligeoit le Prince à repren
dre Catherine , fous peine d'excommunication
pour lui , & d'interdit pour fon
Royaume. Le Parlement avoit prévenu ce
jugement par une loi qu'il avoit faite quelques
jours aparavant , & qui défendoit de
reconnoître l'autorité du Pape. Henri recueillir
le fruit d'une politique profonde &
fuivie ; & fans faire d'autres changemens
dans la religion , il défendit tout commerce
avec le S. Siége , & voulut être lui -même
138 MERCURE DE FRANCE.
chef de l'Eglife dans fon Royaume . La nation
adopta les idées fchifmatiques qu'on
lui préfentoit ; elle fuivit depuis les opinion
de Zuingle fous Edouard , retourna à
la communion de Rome fous Marie , & fe
forma fous Elizabeth un culte qu'elle profeffe
encore aujourd'hui , fous le nom de
Religion Anglicane.
Hiftoire de la conjuration de Fiefque
en 1546 & 1547.
André Doria délivra en 1528 la République
de Gênes du joug de la France ,
& y établit l'ordre qui fubfifte encore aujourd'hui,
Ce plan de Gouvernement , le feul
peut-être qui pût convenir au caractere
» des Génois , & à la fituation où ils fe
» trouvoient , les devoit raffurer naturelle-
» ment contre les entreprifes de Doria . Si
» ce grand Capitaine eût en réellement
» les vûes que lui ont fuppofées la plupart
" des hiftoriens , ou il auroit laillé fon
"pays dans l'anarchie , ou il y auroit éta-
39
bli des loix mauvaifes , ou il fe feroit
" emparé de la dignité de Doge ; trois
» voies qu'il lui étoit aifé de prendre , &
» dont chacune devoit prefque néceffaire-
» ment le rendre maître de la République.:
33
DECEMBRE. 1754. 139
» Avec un peu d'attention , on démêle
» qu'il ne cherchoit ni à être tyran ni à
» être citoyen , & qu'il vouloit fe venger
» feulement de la France , qu'il avoit bien
fervie , & dont il étoit mal traité. Ce
projet qui étoit connu de tout le monde
, & celui de maintenir la révolution ,
» l'autorifoit , fans qu'on en prît ombrage ,
» à fe charger , comme il fit , du comman
dement des galeres de Charles Quint . 11
eft vrai que ce moyen avoit quelque
» chofe d'équivoque , & qu'il pouvoit fer-
» vir à opprimer la liberté publique auffi
bien qu'à la défendre : mais l'ordre que
» Doria avoit d'abord établi dans l'Etat ,
étoit une preuve de modération , que ce
» qu'il avoit laiffé voir d'ambition ne de-
» voit gueres affoiblir , & que fa conduite
» fortifioit extrêmement. Content de l'em-
» pire que lui donnoient fur les efprits &
>> fur les coeurs les grandes chofes qu'il
» avoit faites , il paroiffoit préférer de
» bonne foi la tranquillité de la vie privée
» à l'embarras des grandes places , & fe
» livrer aux affaires plutôt par zéle que
" par goût. Il y a apparence que des dehors
auffi impofans auroient trouvé une
» confiance entiere , fans la préfomption:
» & les hauteurs d'un parent éloigné qu'il.
avoit adopté pour fils ..
140 MERCURE DE FRANCE.
Ce jeune homme fe nommoit Jeannetin
Doria : condamné dès fes premieres années
à des travaux obfcurs , l'yvreffe où le jetta
le changement de fa fortune lui donna un
orgueil & des manieres qui révolterent
tout ce qui avoit de l'élévation dans l'ame ,
& fingulierement Jean- Louis de Fiefque ,
Comte de Lavagna. Ce jeune Seigneur ,
l'homme le plus riche de la République ,
éroit magnifique , aimable & féduifant :
avec un grand nombre de qualités brillan
res , il avoit l'apparence de plufieurs vertus.
» L'inquiétude qui le pouffoit aux gran-
» des places , venoit du defir qu'il avoit de
» faire de grandes chofes ; l'ambition ne
» lui étoit infpirée que par la gloire. Une
" erreur , qui étoit plutôt un malheur de
» fon âge qu'un défaut de fon efprit , lui
» fit confondre la célébrité avec une répu-
" tation fondée : il alla jufqu'à croire qu'il
» lui fuffiroit d'occuper de lui fes contem-
" porains , pour llaaiiffffeerr uunn grand nom à la
» poftérité. Tous ceux qui l'avoient étu-
» dié & qui fe connoiffoient en hommes ,
» lui trouvoient à vingt- deux ans une po-
»litique très- raffinée & une diffimulation
impénétrable : il leur paroiffoit né pour
» affervir fa patrie ou pour l'illuftrer .
Fiefque ne pouvoit manquer d'être mécontent
de la fituation où fe trouvoit la
DECEMBRE.
1754. 141
République . Il lui parut également indigne
de lui de vivre dans l'obfcurité , ou d'en
fortir par la faveur d'un homme qu'il méprifoit.
» Entre plufieurs moyens que lui
و ر
préfenta une imagination forte & impé-
» tueufe , celui de faire périr les Doria fut
» le feul qui lui parût infaillible , & il s'y
» arrêta avec beaucoup de fang-froid & de
» fermeté. La néceffité de changer la for-
» me du Gouvernement pour foutenir
» une démarche auffi hardie , ne l'effraya
» pas , & fut peut -être fans qu'il s'en dou-
» tât un motif de plus : il devoit paroître
» doux à un homme de fon caractere d'ab-
» battre d'un même coup fes ennemis , &
» de fe placer à la tête d'un Etat affez puif-
» fant. La révolution devoit être l'ouvrage
» du génie feul pour la maintenir , la
force étoit néceflaire , & Fiefque qui le
» vit , penſa à ſe ménager l'appui de la
» France.
Cette Cour entra aifément dans les vûes
de Fiefque ; & dans l'efpérance de fe venger
de Doria & de reprendre le Milanès fur
l'Empereur , elle accorda des fecours confidérables.
Fiefque inftruit que les mêmes
paffions qui lui avoient rendu la Cour de
France favorable , regnoient à celle du
Pape , s'occuppa du foin de les mettre en
jeu. Il alla lui-même à Rome pour négo142
MERCURE DE FRANCE.
cier cette affaire , & il écarta les foupçons
que ce voyage pouvoit faire naître , par,
l'attention qu'il eut au milieu de fes projets
de ne paroître occupé que de fes plaifirs
, & par l'art de cacher des deffeins
profonds fous un air frivole. Il trouva
Paul III. auffi bien difpofé qu'il le fouhaitoit
, & ce Pontife approuva la révolution
avec de grands éloges .
Fiefque ne s'occupa plus que du foin
de mettre la derniere main à fon entre-"
prife , & il ne put en être détourné
par les
remontrances d'un de fes plus zélés partifans
: c'étoit Vincent Calcagno , homme
d'un certain âge , & qui avoit une efpéce
de paffion pour le jeune Comte. » Comme
" il avoit le fens droit , les grandes entre-
» prifes commencoient par lui être toujours
fufpectes . Il étoit d'ailleurs né timide ,
» & les réflexions ou l'expérience qui chan
» gent quelquefois les caracteres , l'avoient
» affermi dans le fien. Tout ce qui avoit
» l'air trop élevé lui paroiffoit chimérique ,
" & il regardoit comme imprudent tout
» ce qu'on abandonnoit au hazard. Son
imagination étoit plus aifément étonnee
» que fon coeur ; & il étoit ferme jufques
» dans les périls qu'il avoit prévûs & qu'il
ور
و ر
avoit craints.
Le chef de la conjuration forma d'i
DECEMBRE. 1754. 143
bord fon attention à ne pas fe laiffer pénétrer
, & il fe rendit en effet impénétrable.
Sa conduite avoit quelque chofe de fi naturel
& de fiaifé , qu'il n'étoit pas poffible d'y
foupçonner le moindre myftere. André Doria
, malgré la profonde connoiffance qu'il
-avoit des hommes , fe laiffa impofer par ces
apparences , & Jeannetin fut féduit par les
témoignages d'eftime & d'attachement que
Fiefque lui prodigua.
Le Comte fçut fe concilier les négocians
, cette précieufe portion de citoyens
fi honorée dans le gouvernement populaire
, fi opprimée dans le defpotique , fi
négligée dans le monarchique , & fi méprifée
dans l'ariftocratique , en leur exagérant
le tyrannique orgueil des nobles
& en leur laiffant entrevoir la poffibilité
-de s'en délivrer. Par là il s'affuroit du peuple
, qui fuit aveuglément le mouvement
qui lui eft communiqué par ceux qui le font
travailler ou qui le font vivre un extérieur
brillant , des manieres ouvertes & polies
, des bienfaits répandus adroitement ,
acheverent de lui gagner la multitude.
Il ne manquoit à Fiefque que des fol-
' dats. Il eut une occafion favorable , & qui
fe préfentoit naturellement , d'en lever dans
fes terres. Il prit des arrangemens fecrets
avec Pierre- Louis Farnefe Duc de Parme
144 MERCURE DE FRANCE.
& de Plaifance , qui lui promit un fecours
de deux mille hommes. Il fit venir une
galere qui lui appartenoit , dans le port de
Gênes fes amis débaucherent quelques
foldats de la garnifon , & s'affurerent dedix
mille habitans déterminés : avec ces forces
réunies , les conjurés crurent qu'il étoit
tems de prendre une derniere réfolution.
La nuit du premier au fecond Janvier
fut l'inftant arrêté pour l'exécution de leur
projet . L'époque étoit adroitement fixée.
Comme le Doge qui fortoit de place le
premier du mois , ne pouvoit être remplacé
que le quatre , la République devoit fe
trouver dans une eſpèce d'anarchie , dont
il étoit poffible de tirer parti.
Un des chefs de la conjuration , & un
de ceux fur qui Fiefque comptoit le plus ,
étoit Jean Baptifte Verrina , » homme bra-
» ve , impétueux , éloquent : il avoit l'efprit
vafte , mais déréglé ; le coeur élevé ,
» mais corrompu . Son penchant l'entraî
»noit au crime , & le mauvais état de
» fes affaires le lui rendoit prefque indifpenfable.
Une imagination vive &
» forte lui préfentoit fans ceffe des projets
finguliers & hardis , dont il n'examinoit
» jamais ni la juftice ni les refforts , &
» dont il prévoyoit rarement les fuites. Il
étoit ennemi de tout repos , du fien
33
par
inquiétude ,
DÉCEMBRE. 1754. 145
99
inquiétude , de celui des autres par ambition
. Le Gouvernement établi dans fa
patrie lui déplaifoit , précisément parce
qu'il y étoit établi ; & tous ceux qui
» entreprendroient de le changer étoient
fûrs de trouver en lui des confeils dangereux
& des fervices utiles . Ce caractere
»l'avoit rendu cher à Fiefque , dont il régloit
les plaifirs , partageoit la fortune
» & dirigeoit en quelque maniere les paf-
"
fions.
>
Le jour arrêté pour la révolution commençoit
à luire , que les conjurés firent les
dernieres difpofitions. Verrina fe rendit à
l'entrée de la nuit fur la galere de Fieſque
qui étoit fon pofte ; il donna par un coup
de canon le fignal de l'attaque , & l'action
fut auffi - tôt engagée dans l'ordre qui avoit
été projetté. On commença par attaquer
ceux qui défendoient les portes de la ville
les plus effentielles , & dont on ſe rendit
bientôt maître . Jeannetin s'étant éveillé au
bruit , & étant accouru , fut reconnu &
maffacré fur le champ. André Doria euc
le tems de fe fauver dans un château à
quinze mille de Gênes . Cette lâcheté dans
un vieillard célébre par fa valeur , ne doit
furprendre que ceux qui ne connoiffent pas
les hommes .
Les avantages que remporterent les con-
II.Fol, G
146 MERCURE DE FRANCE.
jurés , redoubla leur activité & leur courage
: après s'être fortifiés à la hâte dans les
poftes dont ils s'étoient emparés , ils ſe
répandirent dans les rues en criant , Fiefque
& liberté. Ces deux mots , dont l'un rappelloit
à un grand nombre d'ouvriers le
nom de leur bienfaicteur , & l'autre réveil
loit dans tous les efprits l'idée du plus
grand des biens , féduifirent la populace ,
qui prit auffi-tôt les armes.
Les tentatives que fit le Sénat pour oppofer
la force aux conjurés ayant été funeftes
, il tourna fes'vûes vers la négociation.
Anfaldo Juftiniani , un des Sénateurs
députés , s'avança dans le lieu du tumulte
, & demanda froidement à parler au
nom de la République , au Comte de Fiefque
. Cet homme dangereux n'étoit plus ;
en voulant paffer fur une galere , il étoit
tombé dans la mer , & s'y étoit noyé. » Le
» fecret pouvoit être facilement gardé juf-
» qu'à la fin de l'action , fans la vanité
» puérilę de Jerôme , qui répondit à Juſ
» tiniani qu'il n'y avoit plus d'autre Com-
» te de Fiefque que lui , & qu'il n'écou-
» teroit les propofitions qu'on avoit à lui
faire , que lorfqu'on lui auroit livré le
Palais . Une réponſe auffi imprudente
» eut les fuites qu'elle devoit avoir. Le Sénat
raſſuré par le feul événement qui pût
"
DECEMBRE. 1754. 147.
changer fur le champ & d'une maniere
» ftable la fituation des chofes , montra de
» la fermeté ; & les conjurés , par une rai-
» fon contraire , perdirent toute leur au-
ور
"
dace. A mefure que la mort de leur
» cheffe répandoit , & elle fe répandit fort
» vîte , on voyoit les efprits fe refroidir ,
le-courage expirer dans tous les coeurs ,
& les armes tomber des mains . Ceux
»même que des haines plus vives , de
plus grands intérêts, ou un caractere plus
emporté avoient rendus jufqu'alors plus
» redoutables que les autres , fe laiffoient
» abbattre par la terreur commune. La ré-
» volution fut fi générale , qu'au point du
" jour il n'y avoit pas un feul factieux dans
» les rues de Gênes : ils étoient tous reti-
» rés dans leurs maifons , difperfés dans
» la campagne , ou retranchés dans quel-
» que pofte .
Aing finit cette confpiration , qui par
l'événement établit fur des fondemens prefque
inébranlables l'autorité qu'on avoit
voulu détruire.
politiques de l'Europe , depuis l'élévation
de Charles- Quint au thrône de l'Empire ,
jufqu'au traité d'Aix - la-Chapelle en 1748.
Par M. l'Abbé Raynal , de la Société royale
de Londres , & de l'Académie royale des
Sciences & Belles Lettres de Pruffe . Se
vend chez Durand , au Griffon , rue Saint
-Jacques ; 1754 , 3 vol . in- 8 °.
J'ai déja rendu compte des deux pres
miers volumes de mon ouvrage , je vais
donner l'extrait du troifieme ; il renferme
trois morceaux.
112 MERCURE DE FRANCE.
Hiftoire des révolutions arrivées en Suede
depuis 1515 jufqu'en 1544.
La Suede qui avoit jetté un fi grand éclat ,
lorfque fes habitans , connus fous le nom
de Goths , renverferent l'Empire romain &
changerent la face de l'Europe , étoit retombée
peu -à-peu dans l'obfcurité . Des dif
fenfions domeftiques & les vices du gouvernement
, avoient formé une efpece
d'anarchie , qui auroit cent fois perdu le
Royaume fi les peuples voifins avoient eu
des loix plus fages . Toutes les nations du
Nord languiffoient dans la même barbarie ,
& l'afcendant que les unes pouvoient prendre
fur les autres , ne devoit point venir
de la fupériorité de politique , mais du
bonheur des circonftances ; elles furent
pour le Dannemarc.
Marguerite qui y regnoit , joignoit à
»l'ambition ordinaire à fon fexe , une fui-
» te de vûes qu'il n'a pas fi communément.
» Elle parloit avec grace , & fçavoit em-
»ployer au befoin ce ton de fentiment , qui
» tient fouvent lieu de raifon & qui la rend
toujours plus forte. Contre l'ufage des
» Souverains , elle abandonnoit les appa-
» rences de l'autorité pour l'autorité même ;
» & elle retenoit le Clergé dans fes inté-
» rêts , en lui faifant prendre des déférences
DECEMBRE. 1754 113
»
ور
»
"
pour du crédit. Ce qu'elle faifoit éclater
de magnificence , n'avoit jamais pour ob-
»jet fes goûts , mais fa place ; & foit qu'el-
» le donnât , foit qu'elle récompenfât , c'é
»toit toujours en Reine & au profit de la
Royauté. Lorfque fes projets n'étoient
pas traversés par la loi , elle la faifoit
» obferver avec une fermeté louable ; &
» l'ordre public étoit ce qu'elle aimoit le
» mieux après fes intérêts particuliers . On
» n'a gueres pouffé plus loin qu'elle le faifoit
le talent de paroître redoutable fans
l'être : elle intimidoit fes ennerais par
» d'autres ennemis qu'elle avoit l'art de
» faire croire fes partifans. Ce que fes
» moeurs avoient d'irrégulier étoit réparé
» dans l'efprit des peuples par les dons
» qu'elle faifoit aux Eglifes. Ces facrifices
» coûtoient à fon caractere ; mais fa politique
les faifoit à fa réputation.
"
"
Cette Princeffe entreprit de réunir la
Suede à fes autres Etats , & elle y réuſſit :
mais les Danois ayant abufé de leur fupériorité
, les Suédois trouverent bientôt l'occafion
de fecouer un joug qu'ils déteftoient
, & ils fe donnerent un maître qui
prit le titre d'Aminiftrateur. Les Rois de
Dannemarc n'abandonnerent pas les droits
qu'ils prétendoient avoir fur la Suede , &
ce fut une fource de guerres longues &
114 MERCURE DE FRANCE .
fanglantes entre ces deux Etats.
Chriftiern étoit monté fur le thrône de
Dannemarc ; c'étoit un monftre , qui prefque
au fortir de l'enfance avoit pouffé aux
derniers excès tous les vices , & n'avoit
pas même le mafque d'une vertu . Il ne
chercha point à rapprocher les Suedois du
traité d'union des deux Royaumes , il ne
chercha qu'à les foumettre. Le mécontentement
du Clergé de Suede étoit une difpofition
favorable pour ce Prince. Les Evêques
avoient joui d'une autorité fi étendue
fous les Rois Danois , qu'ils croyoient
ne devoir rien oublier pour ramener les
mêmes circonftances. L'Adminiftrateur
étant mort , ils voulurent mettre à fa place
Elric Trolle , vieillard timide , indolent
irréfolu , & qu'ils auroient fait fervir à
leurs vûes ; mais ce projet échoua. Stenon ,
fils du dernier Adminiftrateur , fut élu , &
il fit conférer l'Archevêché d'Upfal au fils
de Trolle ; démarche qu'il crut propre ,
fans doute , à confoler fon rival de fon
exclufion . Ĉe bienfait politique n'eut pas
le fuccès qu'il en attendoit . Trolle plus humilié
que touché du tendre & généreux
intérêt que ce Prince avoit pris à lui , fit
éclater un reffentiment qui allarma égale
ment pour Stenon & pour la patrie. Le
jeune Prélat ne pouvoit pas fe conføler de
DECEM BR E. 1754. 115
n'être que le fecond dans un état qu'il avoit
compté gouverner d'abord ſous le nom de
fon pere , & dans la fuite fous le fien . Son
mécontentement éclata bientôt.Il fe mit à la
tête du Clergé , s'unit avec les Danois , &
corrompit le Gouverneur de quelques places
fortes. Stenon inftruit de tout ce qui
fe tramoit contre l'Etat , convoqua le Sénat
, & Trolle fut reconnu pour l'auteur
& le chef de la confpiration. L'Archevêque
déterminé à la ruine de fon pays , par
un reffentiment que les contretems rendoient
plus vif, ne daigna ni juftifier fa
conduite , ni fe plaindre de fes complices :
il fe retira dans le châreau de Steke , en
attendant du fecours de Chriftiern. A perne
l'Adminiftrateur eut - il commencé le
fiége de cette place , que les Danois vinrent
faire une defcente près de Stockolm ;
Stenon y marcha avec une partie de fon
armée , & il fe livra un combat auffi fanglant
qu'il devoit l'être au commencement
d'une campagne entre deux nations rivales
, dans une occafion décifive & pour de
grands intérêts. La victoire fe déclara pour
La Suede , les Danois regagnerent leurs
vaiſſeaux , & l'Archevêque fut obligé de
fe rendre. Les Etats le déclarerent ennemi
de la patrie , l'obligerent de renoncer à fa
dignité , & le condamnerent à finir fés
jours dans un cloître.
116 MERCURE DE FRANCE.
"
23
» Quand le Pape n'auroit pas été follicité
par le Prélat dépofé & par Chriftiern
» de s'élever contre ce jugement , il l'au- |
» roit fait. La Cour de Rome dont les droits
» n'avoient pas été auffi bien éclaircis
» qu'ils l'ont été depuis , appuyoit indiffé-
» remment le Clergé dans toutes les affai-
» res , avec une vivacité & une fierté qui
» ne fe démentirent pas en cette occaſion .
» Elle fit menacer les Etats & l'Adminif
» trateur des cenfures de l'Eglife , s'il ne
rétabliffoient fans tarder l'Archevêque
fur fon fiége , & dans tous les avantages
» dont on l'avoit privé.
"
» Il eft glorieux pour l'humanité que
» dans un fiécle où la Philofophie avoit fait
» fi peu de progrès , un peuple entier ait
» diftingué l'autorité légitime du chef de
» la religion , de l'abus qu'il en peut faire.
» Les Suédois en marquant beaucoup de
» refpect au Souverain Pontife , parurent
» affez tranquilles fur les foudres qu'il préparoit
contr'eux. Ils témoignerent de la
répugnance à lui defobéir ; mais enfin ils
» lui defobéirent , & ils aimerent mieux
» l'avoir pour ennemi que de rifquer de
» rallumer dans leur patrie le feu des
» guerres civiles qu'ils avoient eu tant de
peine à éteindre. Si cette généreufe réfolution
avoit été accompagnée d'un ex-
"
و د
DECEMBRE. 1754 117
cès d'emportement , Rome fe feroit trou-
» vée heureufe : dans la réfolution où elle
» étoit de pouffer les chofes à l'extrêmité ,
elle auroit voula paroître forcée à des
❞ violences par des outrages qui les juftifiaffent.
L'impoffibilité de mettre les apparences
de fon côté , ne lui fit pas aban-
» donner fes vûes : elle mit en interdit la
» Suede , excommunia l'Administrateur &
» le Sénat , ordonna le rétabliſſement de
» Trolle , & pour comble d'injuftice , chargea
le Roi de Dannemarc de procurer
" par la voie des armes l'exécution d'une
Bulle fi odieufe.
و د
Chriſtiern étoit & fe montra digne d'une
telle commiffion. Il entra en Suede , & mit
tout à feu & à fang ; après bien des ravages
& bien des cruautés , les Suédois furent
défaits dans une bataille où Stenon fut
rué ; cet événement fit la deftinée de la
Suede ; tout tomba dans une confufion
horrible. Trolle qui avoit profité des malheurs
publics pour remonter fur fon fiége ,
convoqua les Etats. La craintelou la féduc
tion y firent reconnoître fans obftacle l'au
torité de Chriftiern , qui commença par
immoler à fon reffentiment & à fon ambition
tout ce qui auroit pu lui faire quelque
ombrage. Il fit maffacrer les Seigneurs
les plus diftingués de Suede & tout ce qui
118 MERCURE DE FRANCE.
reltoit d'hommes puiffans affectionnés à
leur patrie , ou aimés des peuples. Avec ces
victimes expira l'efpérance & prefque le
defir de la liberté. Les loix anciennes furent
abrogées , le defpotifme porté au dernier
période , & il ne fe fit aucun mouve
ment . Rien ne caufoit & ne pouvoit caufer
d'inquiétude à Chriftiern que la
fonne de Guftave Vaſa.
per-
Ce jeune Seigneur defcendoit des anciens
Rois de Suede , & s'étoit fignalé dans
plufieurs occafions ; c'étoit un homme fupérieur
, né pour l'honneur de fa nation
& de fon fiécle , qui n'eut point de vices ,
peu de défauts , de grandes vertus & encore
plus de grands talens.
Retenu en Dannemarc par une perfidie ,
il avoit trouvé l'occafion de s'échapper des
mains de Chriftiern , & s'étoit caché dans
les montagnes de la Dalecarlie. Après avoir
erré long- tems , forcé par le befoin de travailler
aux mines , il trouva enfin chez un
Curé un afyle , qui devint le berceâu de la
liberté , de la gloire & du bonheur de la
Suede. De concert avec cet Eccléfiaftique ,
homme fage , defintéreffé , inftruit , accrédité
, zélé pour fa patrie , Guftave commença
par échauffer les efprits , & il profita
du premier feu de l'enthoufiafme qu'il fit
aaître pour fe faire un parti. A la tête de
DECEMBRE. 1754. 119
par
quatre cens hommes il emporta d'affaut
une place commandée le Gouverneur
de la province ; fes premiers fuccès donnerent
de l'audace ; fa petite armée s'accrut
à vûe d'oeil , & il n'eût qu'à fe montrer
dans les provinces voisines de la Dalecarlie
pour les foulever. La timidité & l'indolence
du Viceroi que Chriftiern avoit
laiffé en Suede , donna à Guſtave le tems
de faire des progrès plus confidérables , de
groffir & de difcipliner fes troupes . Trolle
faifit le tems où les Dalecarliens s'étoient
retirés dans leurs pays pour faire la moiffon
; il fe mit à la tête de quatre mille
hommes , & alla attaquer brufquement
Guftave , qui n'étoit pas affez fort pour
l'attendre. Ce léger échec fut bientôt réparé
par Guftave , qui l'attaqua à fon tour
fi vivement , que l'Archevêque échappa à
peine avec la dixieme partie de fes troupes.
Les vainqueurs marcherent droit à Stockholm
; le Viceroi & l'Archevêque , dans la
crainte que quelque malheureux hazard
ne les fit tomber entre les mains de leurs
ennemis , s'enfuirent en Dannemarc . Leur
retraite fut un événement décifif pour
mécontens. L'indépendance du Royaume
parut affez affurée
pour qu'on crût pouvoir
convoquer fans rifque les Etats Généraux
, & donner quelque forme à un
,
les
120 MERCURE DE FRANCE.
Gouvernement qui n'en avoit point .
» L'affemblée ne fut pas nombreufe ; il
ne s'y trouva de Députés que ceux que
» l'amour de la patrie & la haine des tyrans
» élevoient au - deffus de tous les périls.
» Les réfolutions des hommes de ce carac-
» tere ne pouvoient manquer d'être har-
» dies & leurs démarches vigoureufes . Ils
» renoncerent folemnellement à l'obéïffan
» ce qu'ils avoient promife à Chriftiern ,
» éleverent leur Général , qui n'avoit dû
» jufqu'alors for autorité qu'à fon coura-
» ge , à la dignité d'Adminiftrateur , & ar-
» rêterent qu'on continueroit à faire une
» guerre vive & fanglante.
Tandis que Guftave reprenoit fur les
Danois les places qui leur reftoient en Suede
& qu'il formoit le fiége de Stockholm ;
la révolution qui fe fit en Dannemarc affûra
l'indépendance de la Suede. La tyrannie
& les excès de Chriftiern révolterent fes
fujets , & leur infpirerent une réfolution
violente . Ils déthrônerent ce Prince , qui
fe retira auprès de Charles - Quint fon beaufrere
, & ils placerent fur le thrône Frideric
, Duc de Holſtein.
Cet événement ôta aux Danois , qui
étoient encore en Suede , le courage , l'efpérance
& la force de s'y maintenir. Ceux
qui défendoient Stockholm offrirent de
capituler;
DECEMBRE . 1754. 125
capituler ; mais l'Adminiftrateur laiffa traîner
le fiége , fous prétexte de le finir d'une
maniere plus honorable , mais en effet pour
obliger par ce fantôme de péril les Etats
Généraux de lui déférer la couronne . Cette
politique étoit plus artificieufe que néceffaire.
Guftave fut proclamé Roi avec une
unanimité & un enthouſiaſme qui étoient
fûrement les fuites de la plus vive admiration
& d'une efpece d'idolâtrie . L'union
que fit ce Prince avec Frideric , acheva
d'établir la tranquillité , la gloire & l'indépendance
de la Suede. Guftave ne fongea
plus qu'à réformer l'intérieur du Royaume
, en fubftituant de bonnes loix à la barbarie
ancienne, & une police fage aux abus
introduits par les troubles civils. Il fut
éclairé , foutenu & dirigé dans fes vûes
par un homme célebre , qu'il eft important
de connoître à fond.
Ce confident habile fe nommoit Larz-
Anderfon , né de parens obfcurs & fans
fortune. Il avoit commencé à fe diftinguer
dans l'Eglife ; mais dégoûté d'une carriere
où l'on n'avançoit que par les fuffrages de
la multitude , il s'attacha à la Cour. » Guftave
démêla bientôt dans la foule des
» courtifans empreffés à lui plaire, un hom-
» me propre à le fervir ; & dédaignant
»toutes ces petites expériences fi néceffai-
11. Fol.
و د
F
22 MERCURE DE FRANCE.
» res aux Princes médiocres , & qui ne leur
»fuffifent même pas , il l'éleva tout de
» fuite au premier pofte du Royaume , &
» le fit fon Chancelier,
و ر
» Anderſon juſtifia cette hardieffe . C'é-
» toit un génie que la nature avoit fait pro-
» fond , & que les réflexions avoient étendu,
Quoiqu'il eut l'ambition des grandes
places , il avoit encore plus l'ambition
» des grandes chofes , & il aimoit mieux
voir croître fa réputation que fon crédit.
» Il n'étoit pas citoyen dans ce fens qu'il fe
» fût facrifié pour fa patrie ; mais il méri-
>> toit ce beau nom , fi on veut l'accorder
» aux Miniftres qui ont des idées aflez juf-
» tes pour croire que leur gloire eft infé-
»parable de celle de leur Roi & de leur na-
» tion. L'exemple de ceux qui l'avoient pré-
» cédé ni le jugement de ceux qui le devoient
» fuivre , n'étoient pas la régle de fa con-
»duite ; fes projets n'étoient cités qu'à fon
» tribunal & à celui de fon maître. Cette
» indépendance qui ne peut être fentie que
» par ceux qui l'ont , étoit accompagnée
» d'une fagacité qui faififfoit tout , depuis
»les premiers principes jufqu'aux dernie-
" res conféquences , & d'une lumiere qui
» fourniffoit des vûes fublimes & les expédiens
propres à les faire réuffir . Letalent
» de hâter les événemens fans les précipi
ter lui étoit comme naturel ; & en par
و د
39
DECEMBRE. 1754 123
-99
93
و د
roiffant céder quelquefois aux difficultés,
il venoit toujours à bout de les furmonter.
L'étude de l'hiftoire & fes réflexions
» l'avoient affermi contre les murmures ,
les tumultes , les révoltes même ; & il
» étoit convaincu qu'avec du courage , du
fang froid & de la politique on vient
» tôt ou tard à bout de fubjuguer les hom-
" mes & de les ramener à leurs intérêts. Il
fçavoit le détail des loix comme un Ma-
» giftrat , & en poffédoit l'efprit en Légiflateur.
On réfiftoit d'autant moins à fon
éloquence , qu'elle partoit d'une raifon
» forte . Ce Miniftre appartenoit plus à un
autre âge qu'à celui où il vivoit ; & fes
» contemporains qui n'étoient pas à beau-
>> coup près auffi avancés que lui , n'apperçurent
pas toute l'élévation de fon ca-
» ractere , ni l'influence qu'il eut fur les
» révolutions qu'éprouva la Suede .
บ
93
"
Ce Royaume étoit la proye des Eccléfiaftiques
: leur autorité pouvoit exciter de
nouveaux troubles , & ils poffédoient tout
l'argent , toutes les richeffes de la Suede . I
falloit trouver un prétexte pour les dépouiller.
Anderſon en imagina un ; c'étoit
d'introduire le Luthéranifme , qui faifoit
des progrès rapides en Allemagne , & qu'il
avoit adopté par cet efprit d'inquiétude fi
ordinaire à ceux qui font nés plus grands
Fij
124 MERCURE DE FRANCE .
que leur condition. Guſtave adopta les
vûes de fon Chancelier ; mais cette révolution
ne pouvoit fe faire que par dégrés :
on laiffa le tems au Luthéranifme de s'établir
dans le Royaume. Des Docteurs de
réputation qu'on fit venir d'Allemagne , lui
donnerent de l'éclat ; la faveur qu'ils parurent
avoir, leurs déclamations, le goût de la
nouveauté entraînerent bientôt une partie
de la nation . A mefure que le Luthéranifme
faifoit des conquêtes fur le Royaume ,
Guftave en faifoit fur le Clergé. Il commença
par abolir une efpece d'impôt que
les Curés avoient mis fur certains péchés .
Il ôta aux Evêques le droit qu'ils avoient
ufurpé d'hériter de tous les Eccléfiaftiques
du fecond ordre. Les troupes furent mifes
en quartier d'hiver fur les terres du Clergé ,
ce qui étoit fans exemple : enfin il propofa
de prendre les deux tiers des dîmes pour
l'entretien des troupes , & une partie de
l'argenterie & des cloches des Eglifes riches
pour abolir , en payant les étrangers ,
les privileges odieux dont ils jouiffoient.
Ces expédiens furent généralement approuvés
; & s'il y eut quelque mécontentement
, il n'éclata pas.
Guftave mit la derniere main à fes grands
deffeins, en convoquant les Etats Généraux
à Vefteras en 1527. Les innovations qu'il
DECEMBRE . 1754. 125
propofa pour achever d'écrafer la puiffance
du Clergé , parurent trop hardies , &
le ton de defpotifine qu'il prit étoit trop
nouveaupour ne pas exciter quelques mou.
vemens ; mais ils n'eurent point de fuites .
Les troubles furent bientôt appaifés , & ce
que les Etats avoient arrêté fut établi fans
obftacle. » Le mépris pour la Communion
» Romaine fuivit la ruine & l'aviliffement
» du Clergé , qui avoient été le but de tou-
» tes les innovations qu'on venoit d'intro-
» duire. Guftave fe déclara enfin Luthe-
» rien , & toute la nation voulut être de
» la religion du Prince . Rien ne prouve
» les progrès de l'efprit de fervitude dans
» un Etat , comme l'influence du Souverain
fur la croyance des peuples. Le facrifice
de fes opinions qui coûte fi peu à
» la Cour , où on n'a proprement que des
préjugés , eft fi grand à la ville & dans
» les provinces où on a des principes ,
» qu'il prépare à tous les autres facrifices ,
» & même les affure . Auffi lorfque Guf-
» tave demanda aux Etats en 1544 , que
» la Couronne qui avoit toujours été élec-
» tive fû: déclarée héréditaire , il n'éprou
» ya point de contradictions .
" Tel fut le dernier acte d'un des regnes
les plus éclatans que le Nord ai vû ;
» nous ajouterions d'un des plus heureux ,
Fiij
126 MERCURE DE FRANCE.
»fi Guſtave avoit été auffi jufte qu'il étoir
»grand , & fi en faifant par fon caractere
»le bonheur de la génération qu'il gou-
» vernoit , il n'avoit pas préparé le mal-
» heur de celles qui devoient la fuivre ,
en établiffant un defpotifme dont fes fuc-
»ceffeurs ne pouvoient manquer d'abuſer .
Hiftoire du divorce de Henri VIII. Roi
d'Angleterre , & de Catherine d' Arragon ,
depuis 1527 jufqu'en 1534.
Henri VII , furnommé dans l'hiftoire le
Salomon de l'Angleterre , voulut rendre à
fa couronne , par une alliance avantageufe,
l'éclat que les guerres civiles lui avoient
fait perdre , & il obtint pour le Prince de
Galles fon fils , Catherine d'Arragon . Ce
mariage ne fut pas heureux ; le jeune Prince
mourut un an après , à l'âge de quinze
ou de feize ans. Cet événement pouvoit
Fompre les liens qui uniffoient l'Espagne
& l'Angleterre , & qui les rendoient redoutables
à tous leurs voifins. Pour calmer
les inquiétudes des deux Puiffances , il fut
arrêté que le nouveau Prince de Galles
épouferoit la veuve de fon frere . Pour former
ces nouveaux noeuds , on eut befoin
d'une difpenfe , & le Pape Jules fecond
l'accorda,
DECEMBRE. 1754. 127
Henri & fa belle-four furent fiancés
folemnellement en 150;, & le Prince qui
n'avoit alors que douze ans , n'eut pas
plutôt atteint fa quatorziéme année qu'il
it en préſence de plufieurs témoins une
proteftation en forme contre le confentement
qu'il avoit donné. Cette proteſtation
fut tenue fecrette jufqu'à la mort de
Henri VII en 1509 , & le mariage fur
célébré la même année . » Catherine avoit
» des vertus , mais les agrémens de fon
» fexe lui manquerent. Elle n'avoit ni grace
» ni dignité , ni defir de plaire ; fa triftefle
» & fon indolence augmenterent avec l'âge
» & les infirmités . Le dégoût de Henri qui
»> ne l'avoit jamais aimée , devint infen-
» fiblement extrême , & ouvrit le coeur de
» ce Prince à une paffion fort vive pour
» Anne de Boulen.
Anne étoit plus que belle , elle étoit
piquante. Ses traits manquoient de régularité
; il en réfultoit cependant un
enfemble qui furpaffoit la beauté même.
» Une taille parfaite , le goût de la danfe ,
» une voix touchante , & le talent de
jouer avec grace de plufieurs inftru-
» mens , relevoient en elle l'éclat de la
premiere jeuneffe. Quoique la France
ne fût pas alors autant qu'elle l'a été
depuis en poffeffion de fervir de modele
"
Fiiij
128 MERCURE DE FRANCE.
» aux autres peuples , Anne y avoit pris
» des manieres , un ton , des modes , qui
» fixerent fur elle les yeux & prefque l'ad-
» miration de la Cour de Londres. Cette
premiere impreffion fut foutenue par une
» converfation vive & légere , par un enjouement
ingénieux & de tous les inftans.
Les foupçons que pouvoit faire naître
fon air libre & trop carreffant, étoient
détruits par fon âge & par fa diffipation.
Elle ne montroit de l'empreffement
"que pour les plaifirs & pour les fêtes ; &
il paroiffoit fi peu d'art dans fa conduite Ᏺ
qu'il étoit prefque impoffible de lui fup-
»pofer des projets. Sa coquetterie ne fit
pas & ne devoit pas faire des impref-
»lions fâcheufes on la regarda comme
» une fuite de l'éducation frivole qu'elle
avoit reçue , & non comme un vice du
» coeur, ou le fruit de la réflexion . Les
» événemens prouverent que fon caractere
» avoit échappé aux courtifans les plus dé-
» liés : elle fe trouva diffimulée , profonde
, ambitieufe , & fut tout cela à un
» haut dégré & avant vingt ans.
Percy parut le premier fenfible aux char
mes d'Anne , ou fut , fi l'on veut , le premier
féduit par fon adreffe. Ses foins furent
acceptés , & leur union alloit être
confommée fi l'amour du Roi n'y avoit mis
DECEMBRE. 1754. 129
1
obftacle. Percy fut forcé de renoncer à fa
maîtrelle : Henri déclara lui-même à Anne
les fentimens qu'il avoit pour elle , mais
il la trouva plus fiere qu'il ne l'avoit cru.
Eclairée fur la violence de la paffion qu'elle
avoit infpirée , elle parut plus offenfée que
Alattée des propofitions du Prince , & lui
fignifia qu'elle feroit fa femme ou ne lui
feroit rien. C'est à cette époque que les
écrivains Catholiques fixent la premiere
idée qu'eut Henri de faire divorce avec
Catherine ; les Proteftans la font remonter
plus haut. On n'eft pas moins embarraſſé
fur la date précife de la réfolution qu'il
en prit ; on auroit évité de longues & ameres
conteftations , fi on avoit été affez
defintéreffé de part & d'autre , pour voir
que le Cardinal Wolfey étoit l'unique ,
ou du moins la principale caufe de ce
grand événement.
Cet homme célébre , rapidement paffé
de la condition la plus baffe au miniſtere
& à la pourpre , avoit d'abord embraffé le
parti de l'Empereur , & il l'abandonna
enfuite , parce qu'il vit que ce Prince l'avoit
trompé par les fauffes efpérances qu'il
lui avoit données de le placer fur le trône
de l'Eglife . Wolfey voulut humilier Charles-
Quint , en faisant répudier Catherine
d'Arragon fa tante. Ce Cardinal porta
Fv
130 MERCURE DE FRANCE..
dans cet odieux procès plus d'adreffe que :
la paffion n'en permet ordinairement , &
plus de circonfpection qu'on ne l'auroit:
dû efpérer de la hauteur & de l'emporte--
ment de fon caractere. Il commença par
perfuader le Confeffeur du Roi , dont les .
remontrances firent naître des doutes dans
l'efprit de Henri , & ces fcrupules joints à
la décision de quelques Théologiens , le
déciderent entierement pour le divorce..
Sa réfolution ne tarda pas d'éclater. Trois
Ambaffadeurs François étant arrivés en Angleterre
, conclurent fans beaucoup de difficultés
, un traité de paix perpétuelle entre
les deux nations , & ils arrêterent que:
Marie , fille de Henri , épouferoit François
I. ou fon fecond fils le Duc d'Orléans
.
"
"
» L'Evêque de Tarbes , celui des Am-
» baffadeurs qui avoit le plus le talent des
" affaires , & le feul qui eut le fecret de
» celle-là , parut environ huit jours après
la fignature du traité , mécontent d'une
» négociation dont le fuccès éroit regardé
» comme complet. Son chagrin fut remar
» qué comme il le devoit être , & on cher-
» cha à en deviner la caufe . Le public s'é-
" puifa à l'ordinaire en conjectures , & les
gens en place en queftions. Lorfque le
» Prélat crut avoir affez long-tems tenu
DECEMBRE. 1754. 131
les efprits en fufpens , il fe laiffa arra-
» chet fon fecret : il dit avec un certain
embarras affez ordinaire à ceux qui ont
des vérités fâcheufes à annoncer aux
Princes , qu'il craignoit beaucoup qu'u-
»ne partie des liens que venoient de for-
>> mer les deux nations , ne fuffent bien-
» tôt rompus , & qu'en particulier le mariage
projetté ne pût pas s'exécuter. Preffé
» de s'expliquer fur le myftere que renfer-
» moient ces dernieres paroles , il avoua
» qu'il croyoit nulle l'union de Henri &
» de Catherine , & qu'il étoit inftruit que
» les Théologiens les plus habiles ne pen-
» foient pas autrement que lui.
» Le Roi parut frappé de ce difcours
» comme il l'eût été d'un coup de foudre ;
fon but étoit de perfuader par cet éton-
» nement à l'Europe que le premier doute
» fur fon mariage lui étoit venu à cette oc--
» cafion.
Les fcrupules de l'Evêque de Tarbes furent
regardés comme des vérités incontef
tables , & il partit fur le champ pour l'I--
talie un Miniſtre , chargé de folliciter au--
près du Saint Siége la diffolution du ma--
riage avec Catherine .
Člement VII . qui gouvernoit alors , étoit
encore prifonnier au Château Saint - Ange.-
Le fecours prompt & affuré qu'on lui pro-
Fvj
132 MERCURE DE FRANCE.
mit , l'auroit infailliblement déterminé à
faire ce qu'on exigeoit de lui , s'il n'eût
été arrêté par la crainte de Charles - Quint.
Lorfque le Pape fut libre , les négociateurs
Anglois devinrent plus preffans , mais leur
adreffe & leur activité ne purent vaincre
fes irréfolutions. Il vint à bout de faire
naître des obftacles & des incidens fort
naturels , qui reculoient la décifion de cette
affaire . Après bien des détours & des lenteurs
, preflé par les inftances de l'Angleterre
, Clement établit enfin Wolfey juge
de l'affaire du divorce , & on lui donna
pour adjoint le Cardinal de Campege , qui
s'étoit trouvé du goût des deux Cours.
Il n'y avoit qu'à fuivre la négociation
de Campege , pour être convaincu que le
Pape ne donneroit jamais les mains à un
projet contraire aux intérêts de fon Siége
& à ceux de fa maifon , & qu'il vouloit
feulement obtenir par ce moyen un traitement
plus avantageux de Charles. Quint.
L'affaire fe rempliffoit tous les jours de
nouvelles difficultés. Henri que fa paffion
mettoit dans un état violent , fatigué
de tant d'indécifions , envoya de nouveau
à Clément deux Miniftres pour preffer l'exécution
de fon projet ; mais leurs infinuations
n'ayant pas eu le fuccès qu'ils
s'étoient promis , ils eurent recours à des
DECEMBRE. 1754 133
moyens odieux. Ils joignirent aux reproches
les plus humilians , des menaces effrayantes.
On faifoit craindre au Pape d'être déposé ,
fous prétexte que fon élection avoit été
irréguliere ; que l'Angleterre ne fecouât un
joug qui devenoit tous les jours plus dur &
plus injufte , & que l'Europe entiere éclairée
& enhardie par un exemple fi frappant ,
ne renonçât à l'ancien préjugé qui la tenoit
fous la domination du S. Siége. Ces
moyens ne réuffirent pas , & l'affaire du
divorce fut ramenée au tribunal de Wolfey
& de Campege. Les Légats , après l'examen
de cette caufe finguliere , citerent le
Roi & la Reine pour le 18 Juin 1529. La
Reine comparut devant eux , mais les recufa
pour juges , & ne voulut jamais fe
défifter de fa récufation . » On l'auroit peut-
» être crue occupée de fa vengeance , fi
nenfe précipitant devant toute l'aflemblée
" aux pieds du Roi , elle n'avoit fait voir
» qu'il n'y avoit dans fon coeur que le défir
» & peut- être l'efpérance de regagner un
» coeur qu'elle avoit malheureufement perdu.
Cette pofture , fon amour & fes infortunes
lui infpirerent tout ce qu'on
peut imaginer de plus modeste , de plus
» tendre & de plus touchant. Dès qu'elle
» eut fini de parler , elle fe retira , & alla
attendre dans l'obfcurité , dans les lar134
MERCURE DE FRANCE.
" mes & dans l'incertitude les effets d'une
» fcene aufli attendriffante que celle qui
» venoit de fe paller.
» Le denouement de ce coup de théatre
» ne fut pas tel qu'on avoit cru pouvoir
» l'efpérer. Tout l'attendriffement qu'on
avoit remarqué dans le Prince fe réduifoit
à une compaffion ftérile , & à des
éloges vagues. Henri rendit justice à la
» conduite exemplaire , à l'humeur douce ,
» à la foumiffion fans bornes de Cathe-
» rine ; & il parut fâché que la religion &
la confcience ne lui permiffent pas de
finir fes jours avec une Reine malheureufe
, qui n'avoit jamais rien dit ni rien-
»fait que de louable .
Tandis que Campege éloignoit tant qu'il
pouvoit la décifion de cette affaire , l'Empereur
fit un traité à Barcelone , dans lequel
il traitoit favorablement le S. Siége
dans la vûe de fe venger , fur tout du Roi
d'Angleterre , qui l'infultoit cruellement
dans la perfonne de fa tante. Le Pape immédiatement
après fon raccommodement
avec l'Empereur , évoqua l'affaire du divorce
, & fe rendit par cette démarche foible
& imprudente , l'inftrument d'une hai
ne , d'un orgueil , d'une politique qu'il auroit
dû traverfer , & dont il pouvoit trèsaifément
devenir la victime.
DECEMBRE.
1754. 135
Campege s'en retourna à Rome , & Wol- .
fey fut immolé au reffentiment du Roi ; il
fe vit accablé d'une fuite d'accufations
d'opprobres & de malheurs qui le conduifirent
au tombeau.
Henri dont les contretems ne faifoient
qu'irriter la paffion , fut obligé de chercher
d'autres moyens on lui confeilla deconfulter
toutes les Univerfités de l'Europe.
Celle d'Oxford & de Cambridge étoient
vendues à la Cour , & déclarerent le mariage
nul. Celles de France furent affez
partagées , & la Sorbonne , divifée en plufieurs
factions , ne céda qu'à des vûes d'intérêt
& de politique à la volonté du Roi
& à l'argent d'Angleterre. Le dernier de
ces moyens fut feul affez puiffant pour gagner
les Univerfités d'Italie . La fureur de
fe vendre étoit montée à tel point qu'on
avoit un Théologien pour un écu ; quelquefois
pour deux une Communauté entiere
, & qu'un Couvent de Cordeliers
paffa pour cher parce qu'il en coûtoit dix.
Mais les Théologiens Allemans ne cederent
ni à la féduction ni aux follicitations ,.
& refuferent de fe déclarer pour le divorce.
La Cour de Rome vit ces manoeuvres
avec une indifférence méprifante : c'étoit
un étrange aveuglement de penfer qu'on
136 MERCURE DE FRANCE.
la fubjugueroit par les décisions de quelques
Théologiens . Cette Cour trop intéreffée
depuis long-tems , & trop politique
pour fe conduire par les maximes foibles ,
bornées & incertaines des cafuiftes , regardoit
malheureufement moins la religion
comme fa fin , que comme un moyen d'y
arriver.
Henri qui voyoit avec douleur le peu
de fruit qu'il tiroit de toutes fes démarches
, forma , pour fe venger de Clement ,
le deffein de lui enlever l'Angleterre . Il
commença par défendre , fous des peines
capitales , de recevoir aucune expédition
de Rome qui ne fût appuyée de fon autorité
. Il attaqua les privileges du Clergé , &
dépouilla le Pape de fes droits les plus effentiels.
Dans le même tems , Catherine
preffée de nouveau de confentir au divorce
, & toujours ferme dans ſon refus , fut
obligée de s'éloigner de la Cour , où elle
ne retourna jamais.
Le Roi d'Angleterre voulut enfin terminer
fes irréfolutions , en fuivant le confeil
que lui donna François I. de fe paffer
de la difpenfe du Pape , & d'époufer fans
délai une femme aimable , qui étoit devenue
néceffaire à fon bonheur. Le mariage
fe fit , & demeura fecret jufqu'à la
groffeffe d'Anne de Boulen , qui força de
DECEMBRE . 1754. 137
le rendre public avant même qu'on eût pû
déclarer nul celui de Catherine. Cette derniere
opération fut l'ouvrage de Cranmer ,
Archevêque de Cantorbery , qui engagea
le Clergé d'Angleterre à prononcer fur
l'affaire du divorce ; & malgré la précaution
qu'avoit prife le Pape de fe referver
la connoiffance de ce grand procès , le ma--
riage fut caffé folemnellement. Anne entra
en triomphe dans Londres , & y fut reçue
avec un éclat & une magnificence finguliere
.
Clément apprit avec un dépit fenfible
ce qui venoit de fe paffer : il fit une Bulle
qui excommunioit Henri & Anne de Boulen
, s'ils ne fe quittoient dans quelques
mois ; & après de nouvelles négociations
pour terminer cette affaire , le Pape affembla
fon Confiftoire , & le réfultat fut une
fentence qui obligeoit le Prince à repren
dre Catherine , fous peine d'excommunication
pour lui , & d'interdit pour fon
Royaume. Le Parlement avoit prévenu ce
jugement par une loi qu'il avoit faite quelques
jours aparavant , & qui défendoit de
reconnoître l'autorité du Pape. Henri recueillir
le fruit d'une politique profonde &
fuivie ; & fans faire d'autres changemens
dans la religion , il défendit tout commerce
avec le S. Siége , & voulut être lui -même
138 MERCURE DE FRANCE.
chef de l'Eglife dans fon Royaume . La nation
adopta les idées fchifmatiques qu'on
lui préfentoit ; elle fuivit depuis les opinion
de Zuingle fous Edouard , retourna à
la communion de Rome fous Marie , & fe
forma fous Elizabeth un culte qu'elle profeffe
encore aujourd'hui , fous le nom de
Religion Anglicane.
Hiftoire de la conjuration de Fiefque
en 1546 & 1547.
André Doria délivra en 1528 la République
de Gênes du joug de la France ,
& y établit l'ordre qui fubfifte encore aujourd'hui,
Ce plan de Gouvernement , le feul
peut-être qui pût convenir au caractere
» des Génois , & à la fituation où ils fe
» trouvoient , les devoit raffurer naturelle-
» ment contre les entreprifes de Doria . Si
» ce grand Capitaine eût en réellement
» les vûes que lui ont fuppofées la plupart
" des hiftoriens , ou il auroit laillé fon
"pays dans l'anarchie , ou il y auroit éta-
39
bli des loix mauvaifes , ou il fe feroit
" emparé de la dignité de Doge ; trois
» voies qu'il lui étoit aifé de prendre , &
» dont chacune devoit prefque néceffaire-
» ment le rendre maître de la République.:
33
DECEMBRE. 1754. 139
» Avec un peu d'attention , on démêle
» qu'il ne cherchoit ni à être tyran ni à
» être citoyen , & qu'il vouloit fe venger
» feulement de la France , qu'il avoit bien
fervie , & dont il étoit mal traité. Ce
projet qui étoit connu de tout le monde
, & celui de maintenir la révolution ,
» l'autorifoit , fans qu'on en prît ombrage ,
» à fe charger , comme il fit , du comman
dement des galeres de Charles Quint . 11
eft vrai que ce moyen avoit quelque
» chofe d'équivoque , & qu'il pouvoit fer-
» vir à opprimer la liberté publique auffi
bien qu'à la défendre : mais l'ordre que
» Doria avoit d'abord établi dans l'Etat ,
étoit une preuve de modération , que ce
» qu'il avoit laiffé voir d'ambition ne de-
» voit gueres affoiblir , & que fa conduite
» fortifioit extrêmement. Content de l'em-
» pire que lui donnoient fur les efprits &
>> fur les coeurs les grandes chofes qu'il
» avoit faites , il paroiffoit préférer de
» bonne foi la tranquillité de la vie privée
» à l'embarras des grandes places , & fe
» livrer aux affaires plutôt par zéle que
" par goût. Il y a apparence que des dehors
auffi impofans auroient trouvé une
» confiance entiere , fans la préfomption:
» & les hauteurs d'un parent éloigné qu'il.
avoit adopté pour fils ..
140 MERCURE DE FRANCE.
Ce jeune homme fe nommoit Jeannetin
Doria : condamné dès fes premieres années
à des travaux obfcurs , l'yvreffe où le jetta
le changement de fa fortune lui donna un
orgueil & des manieres qui révolterent
tout ce qui avoit de l'élévation dans l'ame ,
& fingulierement Jean- Louis de Fiefque ,
Comte de Lavagna. Ce jeune Seigneur ,
l'homme le plus riche de la République ,
éroit magnifique , aimable & féduifant :
avec un grand nombre de qualités brillan
res , il avoit l'apparence de plufieurs vertus.
» L'inquiétude qui le pouffoit aux gran-
» des places , venoit du defir qu'il avoit de
» faire de grandes chofes ; l'ambition ne
» lui étoit infpirée que par la gloire. Une
" erreur , qui étoit plutôt un malheur de
» fon âge qu'un défaut de fon efprit , lui
» fit confondre la célébrité avec une répu-
" tation fondée : il alla jufqu'à croire qu'il
» lui fuffiroit d'occuper de lui fes contem-
" porains , pour llaaiiffffeerr uunn grand nom à la
» poftérité. Tous ceux qui l'avoient étu-
» dié & qui fe connoiffoient en hommes ,
» lui trouvoient à vingt- deux ans une po-
»litique très- raffinée & une diffimulation
impénétrable : il leur paroiffoit né pour
» affervir fa patrie ou pour l'illuftrer .
Fiefque ne pouvoit manquer d'être mécontent
de la fituation où fe trouvoit la
DECEMBRE.
1754. 141
République . Il lui parut également indigne
de lui de vivre dans l'obfcurité , ou d'en
fortir par la faveur d'un homme qu'il méprifoit.
» Entre plufieurs moyens que lui
و ر
préfenta une imagination forte & impé-
» tueufe , celui de faire périr les Doria fut
» le feul qui lui parût infaillible , & il s'y
» arrêta avec beaucoup de fang-froid & de
» fermeté. La néceffité de changer la for-
» me du Gouvernement pour foutenir
» une démarche auffi hardie , ne l'effraya
» pas , & fut peut -être fans qu'il s'en dou-
» tât un motif de plus : il devoit paroître
» doux à un homme de fon caractere d'ab-
» battre d'un même coup fes ennemis , &
» de fe placer à la tête d'un Etat affez puif-
» fant. La révolution devoit être l'ouvrage
» du génie feul pour la maintenir , la
force étoit néceflaire , & Fiefque qui le
» vit , penſa à ſe ménager l'appui de la
» France.
Cette Cour entra aifément dans les vûes
de Fiefque ; & dans l'efpérance de fe venger
de Doria & de reprendre le Milanès fur
l'Empereur , elle accorda des fecours confidérables.
Fiefque inftruit que les mêmes
paffions qui lui avoient rendu la Cour de
France favorable , regnoient à celle du
Pape , s'occuppa du foin de les mettre en
jeu. Il alla lui-même à Rome pour négo142
MERCURE DE FRANCE.
cier cette affaire , & il écarta les foupçons
que ce voyage pouvoit faire naître , par,
l'attention qu'il eut au milieu de fes projets
de ne paroître occupé que de fes plaifirs
, & par l'art de cacher des deffeins
profonds fous un air frivole. Il trouva
Paul III. auffi bien difpofé qu'il le fouhaitoit
, & ce Pontife approuva la révolution
avec de grands éloges .
Fiefque ne s'occupa plus que du foin
de mettre la derniere main à fon entre-"
prife , & il ne put en être détourné
par les
remontrances d'un de fes plus zélés partifans
: c'étoit Vincent Calcagno , homme
d'un certain âge , & qui avoit une efpéce
de paffion pour le jeune Comte. » Comme
" il avoit le fens droit , les grandes entre-
» prifes commencoient par lui être toujours
fufpectes . Il étoit d'ailleurs né timide ,
» & les réflexions ou l'expérience qui chan
» gent quelquefois les caracteres , l'avoient
» affermi dans le fien. Tout ce qui avoit
» l'air trop élevé lui paroiffoit chimérique ,
" & il regardoit comme imprudent tout
» ce qu'on abandonnoit au hazard. Son
imagination étoit plus aifément étonnee
» que fon coeur ; & il étoit ferme jufques
» dans les périls qu'il avoit prévûs & qu'il
ور
و ر
avoit craints.
Le chef de la conjuration forma d'i
DECEMBRE. 1754. 143
bord fon attention à ne pas fe laiffer pénétrer
, & il fe rendit en effet impénétrable.
Sa conduite avoit quelque chofe de fi naturel
& de fiaifé , qu'il n'étoit pas poffible d'y
foupçonner le moindre myftere. André Doria
, malgré la profonde connoiffance qu'il
-avoit des hommes , fe laiffa impofer par ces
apparences , & Jeannetin fut féduit par les
témoignages d'eftime & d'attachement que
Fiefque lui prodigua.
Le Comte fçut fe concilier les négocians
, cette précieufe portion de citoyens
fi honorée dans le gouvernement populaire
, fi opprimée dans le defpotique , fi
négligée dans le monarchique , & fi méprifée
dans l'ariftocratique , en leur exagérant
le tyrannique orgueil des nobles
& en leur laiffant entrevoir la poffibilité
-de s'en délivrer. Par là il s'affuroit du peuple
, qui fuit aveuglément le mouvement
qui lui eft communiqué par ceux qui le font
travailler ou qui le font vivre un extérieur
brillant , des manieres ouvertes & polies
, des bienfaits répandus adroitement ,
acheverent de lui gagner la multitude.
Il ne manquoit à Fiefque que des fol-
' dats. Il eut une occafion favorable , & qui
fe préfentoit naturellement , d'en lever dans
fes terres. Il prit des arrangemens fecrets
avec Pierre- Louis Farnefe Duc de Parme
144 MERCURE DE FRANCE.
& de Plaifance , qui lui promit un fecours
de deux mille hommes. Il fit venir une
galere qui lui appartenoit , dans le port de
Gênes fes amis débaucherent quelques
foldats de la garnifon , & s'affurerent dedix
mille habitans déterminés : avec ces forces
réunies , les conjurés crurent qu'il étoit
tems de prendre une derniere réfolution.
La nuit du premier au fecond Janvier
fut l'inftant arrêté pour l'exécution de leur
projet . L'époque étoit adroitement fixée.
Comme le Doge qui fortoit de place le
premier du mois , ne pouvoit être remplacé
que le quatre , la République devoit fe
trouver dans une eſpèce d'anarchie , dont
il étoit poffible de tirer parti.
Un des chefs de la conjuration , & un
de ceux fur qui Fiefque comptoit le plus ,
étoit Jean Baptifte Verrina , » homme bra-
» ve , impétueux , éloquent : il avoit l'efprit
vafte , mais déréglé ; le coeur élevé ,
» mais corrompu . Son penchant l'entraî
»noit au crime , & le mauvais état de
» fes affaires le lui rendoit prefque indifpenfable.
Une imagination vive &
» forte lui préfentoit fans ceffe des projets
finguliers & hardis , dont il n'examinoit
» jamais ni la juftice ni les refforts , &
» dont il prévoyoit rarement les fuites. Il
étoit ennemi de tout repos , du fien
33
par
inquiétude ,
DÉCEMBRE. 1754. 145
99
inquiétude , de celui des autres par ambition
. Le Gouvernement établi dans fa
patrie lui déplaifoit , précisément parce
qu'il y étoit établi ; & tous ceux qui
» entreprendroient de le changer étoient
fûrs de trouver en lui des confeils dangereux
& des fervices utiles . Ce caractere
»l'avoit rendu cher à Fiefque , dont il régloit
les plaifirs , partageoit la fortune
» & dirigeoit en quelque maniere les paf-
"
fions.
>
Le jour arrêté pour la révolution commençoit
à luire , que les conjurés firent les
dernieres difpofitions. Verrina fe rendit à
l'entrée de la nuit fur la galere de Fieſque
qui étoit fon pofte ; il donna par un coup
de canon le fignal de l'attaque , & l'action
fut auffi - tôt engagée dans l'ordre qui avoit
été projetté. On commença par attaquer
ceux qui défendoient les portes de la ville
les plus effentielles , & dont on ſe rendit
bientôt maître . Jeannetin s'étant éveillé au
bruit , & étant accouru , fut reconnu &
maffacré fur le champ. André Doria euc
le tems de fe fauver dans un château à
quinze mille de Gênes . Cette lâcheté dans
un vieillard célébre par fa valeur , ne doit
furprendre que ceux qui ne connoiffent pas
les hommes .
Les avantages que remporterent les con-
II.Fol, G
146 MERCURE DE FRANCE.
jurés , redoubla leur activité & leur courage
: après s'être fortifiés à la hâte dans les
poftes dont ils s'étoient emparés , ils ſe
répandirent dans les rues en criant , Fiefque
& liberté. Ces deux mots , dont l'un rappelloit
à un grand nombre d'ouvriers le
nom de leur bienfaicteur , & l'autre réveil
loit dans tous les efprits l'idée du plus
grand des biens , féduifirent la populace ,
qui prit auffi-tôt les armes.
Les tentatives que fit le Sénat pour oppofer
la force aux conjurés ayant été funeftes
, il tourna fes'vûes vers la négociation.
Anfaldo Juftiniani , un des Sénateurs
députés , s'avança dans le lieu du tumulte
, & demanda froidement à parler au
nom de la République , au Comte de Fiefque
. Cet homme dangereux n'étoit plus ;
en voulant paffer fur une galere , il étoit
tombé dans la mer , & s'y étoit noyé. » Le
» fecret pouvoit être facilement gardé juf-
» qu'à la fin de l'action , fans la vanité
» puérilę de Jerôme , qui répondit à Juſ
» tiniani qu'il n'y avoit plus d'autre Com-
» te de Fiefque que lui , & qu'il n'écou-
» teroit les propofitions qu'on avoit à lui
faire , que lorfqu'on lui auroit livré le
Palais . Une réponſe auffi imprudente
» eut les fuites qu'elle devoit avoir. Le Sénat
raſſuré par le feul événement qui pût
"
DECEMBRE. 1754. 147.
changer fur le champ & d'une maniere
» ftable la fituation des chofes , montra de
» la fermeté ; & les conjurés , par une rai-
» fon contraire , perdirent toute leur au-
ور
"
dace. A mefure que la mort de leur
» cheffe répandoit , & elle fe répandit fort
» vîte , on voyoit les efprits fe refroidir ,
le-courage expirer dans tous les coeurs ,
& les armes tomber des mains . Ceux
»même que des haines plus vives , de
plus grands intérêts, ou un caractere plus
emporté avoient rendus jufqu'alors plus
» redoutables que les autres , fe laiffoient
» abbattre par la terreur commune. La ré-
» volution fut fi générale , qu'au point du
" jour il n'y avoit pas un feul factieux dans
» les rues de Gênes : ils étoient tous reti-
» rés dans leurs maifons , difperfés dans
» la campagne , ou retranchés dans quel-
» que pofte .
Aing finit cette confpiration , qui par
l'événement établit fur des fondemens prefque
inébranlables l'autorité qu'on avoit
voulu détruire.
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Résumé : « MEMOIRES historiques, militaires & politiques de l'Europe, depuis l'élévation [...] »
Le texte extrait des 'Mémoires historiques, militaires & politiques de l'Europe' de l'Abbé Raynal couvre la période de l'élévation de Charles Quint au trône de l'Empire jusqu'au traité d'Aix-la-Chapelle en 1748. Il se concentre sur les révolutions en Suède de 1515 à 1544. La Suède, autrefois puissante sous les Goths, était retombée dans l'obscurité en raison de divisions internes et de vices gouvernementaux. Marguerite, reine du Danemark, ambitieuse et politique, chercha à réunir la Suède à ses autres États. Les Suédois se rebellèrent contre le joug danois et se donnèrent un administrateur. Les conflits entre la Suède et le Danemark s'intensifièrent sous le règne de Christiern, un monarque cruel et tyrannique. Christiern chercha à soumettre les Suédois et exploita les mécontentements du clergé. Stenon, fils du dernier administrateur, fut élu pour succéder à l'administrateur décédé, mais des conspirations menées par Trolle, un archevêque déchu, compliquèrent la situation. Stenon dut faire face à une rébellion soutenue par les Danois et le clergé. Après une victoire suédoise, Trolle fut déclaré ennemi de la patrie et exilé. Le pape, sollicité par Trolle et Christiern, menaça les Suédois d'excommunication s'ils ne rétablissaient pas Trolle. Les Suédois refusèrent de se soumettre pour éviter des guerres civiles. Rome excommunia alors l'administrateur et le Sénat, et ordonna à Christiern de rétablir Trolle par la force. Christiern envahit la Suède, semant la destruction et la cruauté. Stenon fut tué, et Christiern établit une tyrannie en Suède. Cependant, Gustave Vasa, descendant des anciens rois de Suède, s'échappa du Danemark et rallia les Suédois. Avec l'aide d'un curé, Gustave mobilisa les Dalécarliens et remporta plusieurs victoires, forçant Christiern à fuir. Gustave fut proclamé administrateur et continua la guerre contre les Danois. Une révolution au Danemark déposa Christiern, et Frédéric de Holstein monta sur le trône. Gustave fut finalement proclamé roi de Suède avec l'unanimité du peuple. Il se consacra à réformer le royaume, substituant de bonnes lois à la barbarie ancienne et introduisant une police sage. Il fut soutenu dans ses réformes par Lars-Anderfon, un homme célèbre et habile. Parallèlement, Henri VIII, roi d'Angleterre, chercha à divorcer de Catherine d'Arragon pour épouser Anne Boleyn. Le cardinal Wolsey joua un rôle clé dans cette décision. Henri consulta les universités européennes, certaines déclarant le mariage nul, d'autres refusant. Henri finit par se passer de la dispense papale et épousa Anne Boleyn. Le pape excommunia Henri, mais le Parlement anglais défendit l'autorité papale. Henri devint chef de l'Église en Angleterre, initiant la Réforme anglicane. Le texte décrit également une conjuration à Gênes en décembre 1754, orchestrée par le Comte Fiesque. Fiesque, timide et prudent, réussit à gagner la confiance des négociants et du peuple. Il conclut un arrangement secret avec Pierre-Louis Farnèse, Duc de Parme et de Plaisance, qui lui promit un soutien militaire. La nuit du 1er au 2 janvier fut choisie pour l'exécution du projet. L'attaque débuta par la prise des portes de la ville les plus essentielles. Les conjurés prirent rapidement le contrôle des rues en criant 'Fiesque et liberté'. Cependant, Fiesque mourut en tombant à la mer, ce qui refroidit les ardeurs des conjurés, qui se dispersèrent. La conjuration échoua, renforçant ainsi l'autorité qu'elle avait voulu détruire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 183
De COPPENHAGUE, le 18 Juin 1763.
Début :
Le Baron de Gleicken, Chambellan du Roi, est parti le 13 pour [...]
Mots clefs :
Baron, Chambellan, Cour de France, Envoyé extraordinaire, Danemark
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De COPPENHAGUE, le 18 Juin 1763.
De COPPENHAGUE , le 18 Juin 1763.
LaBaron de Gleicken , Chambellan du Roi ,
eft parti le 13 pour la Cour de France , où il va
remplacer le Comte de Wedelfrys , en qualité
d'Envoyé Extraordinaire de Danemarck.
LaBaron de Gleicken , Chambellan du Roi ,
eft parti le 13 pour la Cour de France , où il va
remplacer le Comte de Wedelfrys , en qualité
d'Envoyé Extraordinaire de Danemarck.
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15
p. 191
De STOCKOLM, le 6 Décembre 1763.
Début :
Le Baron de Breteuil, Ambassadeur de Sa Majesté Très-Chrétienne auprès du Roi, [...]
Mots clefs :
Baron, Capitale, Danemark, Ministre, Ambassadeur
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texteReconnaissance textuelle : De STOCKOLM, le 6 Décembre 1763.
De STOCKOLM , le 6 Décembre 1763.
Le Baron de Breteuil Ambafladeur de Sa
Majefté Très- Chrétienne auprès du Roi , vient
d'arriver en cette Capitale avec la Baronne fon
époule. En paffant par les Etats de Dannemarck,
ce Miniftre fut préfenté le 18 Novembre à Leurs
Majeftés , qui étoient à Friedensbourg , par le
Préfident Ogier , Ambaffadeur de Sa Majefté :
Très-Chrétienne auprès du Roi de Dannemarck .
Le Baron de Breteuil Ambafladeur de Sa
Majefté Très- Chrétienne auprès du Roi , vient
d'arriver en cette Capitale avec la Baronne fon
époule. En paffant par les Etats de Dannemarck,
ce Miniftre fut préfenté le 18 Novembre à Leurs
Majeftés , qui étoient à Friedensbourg , par le
Préfident Ogier , Ambaffadeur de Sa Majefté :
Très-Chrétienne auprès du Roi de Dannemarck .
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