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Liste
3851
p. 197-211
LETTRE de M. le C. D. F... à S. Feliou de Pallerols le II. Février.
Début :
Depuis ma Lettre écrite du 25. du mois passé, le [...]
Mots clefs :
Détachement, Troupes, Rebelles, Marine, Llusanés, Saint-Féliu, Comte de Montemart, Duc de Popoli
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. le C. D. F... à S. Feliou de Pallerols le II. Février.
LETTRE ; deM.leC.D.F.. ?
à S. Feliou de Pallerols le II.
Février.
Depuisma Lettreécrite
du 25. du moispassé, le
Comte de Montemart ne
setrouvant pas affé fort avec
le détachement qu'il
avoit pour entrer dans le
Llusanes, s'en fut à Moya,
& delà ayant marché par
Manrefa du côtédeSolsone,
j'aisçu qu'après avoir
rassembléles quartiers dispersées
de Vallejo
, & s'être
joint à lui,il avoit secouru
Bergue &le Château
de Gironelleque les
Rebelles avoient bloqué,
de maniere qu'il n'y pouvoir
rien entrer, & que
les affaires de Llusanes
l'ayant obligé d'y revenir
diligemment il y estoit en- trésansbeaucoup de resistance,
& y avoit bruslé prés
de Llusanes
,
S. Feliou,
Cassera, Orista, plusieurs
autres Villages & plusieurs
Fermes repandus dans le
Pays, il estoit arrivé le 7.
a Austot où il attendoit
de nouveauxordres de M.
de Popoli.
La plaine de Wic paroist
presentement tranquille
parce que nous y touchons
)
M. de Caraffa est
encore à l'Esquerol qui
est à deux lieuës du Pont de
la Roda qui est à l'entrée
de cette plaine, & tient
par là tout le Pays. Il n'y
a que les Villages du
Montfeny qui font encore
les armcs à la main, furtout
depuis qu'Armengol
qui est venu débarquer à
S. Pol avec 600. hommes
les a joint
y ce petit secours
a donné de l'audace a cette
canaille
) & il s'est joint à
lui beaucoup de volontaires
& de Révoltés, je ne
scay si Montemart prendra
la rcfolution d'aller les
chasser & chastier les ViU
lages coupables
,
où d'allerà
Castelciudadouil n'y
avoit le S. que pour quinze
jours de vivres. D'un
autre costé le Marquis de
i Firmacon que j'ayenvoyé
d'icy avec un gros destaj
chement du costé de Campredon
est à S. Jean de
las Vabades, sa marche a
[ fait un tres bon effet; plusieursVallées
& d'autres
t qui avoient pris les armes
font venus demander misericorde
mais toute la vif
guerie de Ripole continuë
dans sa rebellion, &tout
(si retiré dans les montagnes
, en sorte que l'on sera
obligé de les y forcer,
pour les réduire. Pour ce
qui regarde le costé de la
Marine,ily a eu de différentes
actions dans lesquelles
.les Troupes de Sa Majesté
Catholique ont eu l'avantage
, neanmoins le poste
de S. Pol qui nest qu'à trois
quarts de lieuës de Castella
qui est le plus avancéque
nous a yons a esté pris & repris
plusieurs fois. ilest actuellement
aux rebelles qui
qui s'y font si fortifiez qu'il
faut du canon pour le reprendre.
Dom Gabriel Cano
Maréchal de Camp qui
commande sur cetteCoste,
attend un renfort de l'Armée
du Duc de Popoli, &
de l'artillerie pour les y attaquer
& lesenchasser.On
a envoyé Dom Diégo Gonsales
avecun gros détachement
pour empêcher leur
communication avec ceux
qui font au Montseny
,
&
pour les prendre par derriere
dans le temps que M.
de Cano attaquera ce poste.
Les vents d'ER ontesté si
violens depuis plusieurs
jours que jusqu'à present on
n'a pû faire passer le canon
destiné pour l'attaque de
S. Pol,si -
tost qu'ilscesseront,
c'est une affaire de
quatre ou cinq heures.
Mr. de Valouse que
j'avois laissé du côré de la
Marine
* pour veillerà ce
qui se passoit de ce coftélà,
a rassemblé tout ce qui
l'a pû de troupes, & s'est
venu cantonnerà Tordera
pour soutenirOstalric, nos
postes de Pineda-Calella&
Malgrat, & en même tems
ceux de Sancta-Colomba
& autres qui sont vers la
montagne, & pourvoir ce
qui se passe du costé de la
Marine. Jay fait passer
quelques troupes du Roufsillon
à M. Gandolfe pour
conserver les deux Sardaignes,
mais il n'y en a pas
assez pour envoyer à CaC
telciudad qui doit estre bloqué
par tous les Sommetans
de la Conque de Tremp , du Marquisat de Paillas qui
ont pris les armes &, qui
doivent se joindre à ceux
de Baronie de Baga & Portella.
Je ne puis y en envoïer
d'avantage, mais je fuis
persuadé que leComte de
Montemart y marchera
bien-tost ,il a le temps
de le faire,attendu qu'il y
a pour plusde15jours de vivres
dans Castelciudad,lorsque
le Comte de Montemart
fera prest d'y arriver, M.
de Gandolfprofitera de cette
occasion pour y faire entrer
un convoy que l'on a
assemblé à Puïcerda pour y
envoïer.
On assureque Monsieur
de Thouydoit venir incessamment
à Lerida pour
commander depuis Solfone
jusques dans lesmontagnes
de la Conque de Tremp
ôcde Paillas, il doit amener
avec luy les Troupes Walones,
douze Escadrons Se
douze Bataillons de celles
qui font venu d'Estramadure.
Les Lettres de Perpignan
du 16. Février portent que
les Troupes que commande
le Comte de F ennesa-
VOlentcee attaquéespar un
gros corps de Rebellessi à
l'im pourvû qu'ellesavoient
plié d'abord,mais ques'étãt
ralliées
,
ellesavoient mis
les Rebelles en déroute,
qu'il en étoit resté sur la
place plus de trois cens, &
cent trente faits prisonniers.
Celles de Catalogne
portent que les Barcelonois
au nombre de fîx cens hommes
étoient venus attaquer
une redoute occu pée par les
Espagnols du costé des Capucins,
laquelles'étoit bien
deffenduë, quoiqu'il n'y eut
que quarante hommes dedans
dans, les Rebelles ont perdus
cinquante hommes
dans cette action glorieuse
pour les Troupes Espagnoles,
& un grand nombre
blessez.
On écrit de Landau du
14. Février, que le Marquis
de Vieuxpont détacha le12.
deux cens hommes des Grenadiers
qui y font en quartier
,
& un pareil nombre
de Dragons fous les ordres
d'un Colonel: Ils prirent
la route de Spire, où ils
furent joint par un pareil
détachement. Ils marcherente
ensuite - du costé de
Vorms, où ils trouverent
120. Houssards ennemis qui
prirent la fuite à l'arrivée
du détachement de nostre
Garnison; nos Dragons les
poursuivirent, & en prirent
deux qui dirent qu'il estoit
forti de Maïence un Convoi
considerable de toutes
sortes de munitions pour
Philibourg : nostredétachement
marcha ensuite le
long du Rhin,&nousvenons
d'apprendre que la
plûpart de ces bateaux avoient
coulez à fond,& que
les autres avoient regagné
Maïence; on sçaura le détail
au retour du détachement.
On mande de la Haye
du 19.Fevrier que le Com-
A te de Strafford qui y estoit
arrivéavoit eu une longue
conférence avec les Plenipotentiaires
d'Espagne &
ensuite avec les Estats Generaux.
* On écrit du Port de
Scette en Languedoc que
l'on y charge plusieurs Bastimens
de bleds 6c- de
foins pour l'armée d'Espagne.
à S. Feliou de Pallerols le II.
Février.
Depuisma Lettreécrite
du 25. du moispassé, le
Comte de Montemart ne
setrouvant pas affé fort avec
le détachement qu'il
avoit pour entrer dans le
Llusanes, s'en fut à Moya,
& delà ayant marché par
Manrefa du côtédeSolsone,
j'aisçu qu'après avoir
rassembléles quartiers dispersées
de Vallejo
, & s'être
joint à lui,il avoit secouru
Bergue &le Château
de Gironelleque les
Rebelles avoient bloqué,
de maniere qu'il n'y pouvoir
rien entrer, & que
les affaires de Llusanes
l'ayant obligé d'y revenir
diligemment il y estoit en- trésansbeaucoup de resistance,
& y avoit bruslé prés
de Llusanes
,
S. Feliou,
Cassera, Orista, plusieurs
autres Villages & plusieurs
Fermes repandus dans le
Pays, il estoit arrivé le 7.
a Austot où il attendoit
de nouveauxordres de M.
de Popoli.
La plaine de Wic paroist
presentement tranquille
parce que nous y touchons
)
M. de Caraffa est
encore à l'Esquerol qui
est à deux lieuës du Pont de
la Roda qui est à l'entrée
de cette plaine, & tient
par là tout le Pays. Il n'y
a que les Villages du
Montfeny qui font encore
les armcs à la main, furtout
depuis qu'Armengol
qui est venu débarquer à
S. Pol avec 600. hommes
les a joint
y ce petit secours
a donné de l'audace a cette
canaille
) & il s'est joint à
lui beaucoup de volontaires
& de Révoltés, je ne
scay si Montemart prendra
la rcfolution d'aller les
chasser & chastier les ViU
lages coupables
,
où d'allerà
Castelciudadouil n'y
avoit le S. que pour quinze
jours de vivres. D'un
autre costé le Marquis de
i Firmacon que j'ayenvoyé
d'icy avec un gros destaj
chement du costé de Campredon
est à S. Jean de
las Vabades, sa marche a
[ fait un tres bon effet; plusieursVallées
& d'autres
t qui avoient pris les armes
font venus demander misericorde
mais toute la vif
guerie de Ripole continuë
dans sa rebellion, &tout
(si retiré dans les montagnes
, en sorte que l'on sera
obligé de les y forcer,
pour les réduire. Pour ce
qui regarde le costé de la
Marine,ily a eu de différentes
actions dans lesquelles
.les Troupes de Sa Majesté
Catholique ont eu l'avantage
, neanmoins le poste
de S. Pol qui nest qu'à trois
quarts de lieuës de Castella
qui est le plus avancéque
nous a yons a esté pris & repris
plusieurs fois. ilest actuellement
aux rebelles qui
qui s'y font si fortifiez qu'il
faut du canon pour le reprendre.
Dom Gabriel Cano
Maréchal de Camp qui
commande sur cetteCoste,
attend un renfort de l'Armée
du Duc de Popoli, &
de l'artillerie pour les y attaquer
& lesenchasser.On
a envoyé Dom Diégo Gonsales
avecun gros détachement
pour empêcher leur
communication avec ceux
qui font au Montseny
,
&
pour les prendre par derriere
dans le temps que M.
de Cano attaquera ce poste.
Les vents d'ER ontesté si
violens depuis plusieurs
jours que jusqu'à present on
n'a pû faire passer le canon
destiné pour l'attaque de
S. Pol,si -
tost qu'ilscesseront,
c'est une affaire de
quatre ou cinq heures.
Mr. de Valouse que
j'avois laissé du côré de la
Marine
* pour veillerà ce
qui se passoit de ce coftélà,
a rassemblé tout ce qui
l'a pû de troupes, & s'est
venu cantonnerà Tordera
pour soutenirOstalric, nos
postes de Pineda-Calella&
Malgrat, & en même tems
ceux de Sancta-Colomba
& autres qui sont vers la
montagne, & pourvoir ce
qui se passe du costé de la
Marine. Jay fait passer
quelques troupes du Roufsillon
à M. Gandolfe pour
conserver les deux Sardaignes,
mais il n'y en a pas
assez pour envoyer à CaC
telciudad qui doit estre bloqué
par tous les Sommetans
de la Conque de Tremp , du Marquisat de Paillas qui
ont pris les armes &, qui
doivent se joindre à ceux
de Baronie de Baga & Portella.
Je ne puis y en envoïer
d'avantage, mais je fuis
persuadé que leComte de
Montemart y marchera
bien-tost ,il a le temps
de le faire,attendu qu'il y
a pour plusde15jours de vivres
dans Castelciudad,lorsque
le Comte de Montemart
fera prest d'y arriver, M.
de Gandolfprofitera de cette
occasion pour y faire entrer
un convoy que l'on a
assemblé à Puïcerda pour y
envoïer.
On assureque Monsieur
de Thouydoit venir incessamment
à Lerida pour
commander depuis Solfone
jusques dans lesmontagnes
de la Conque de Tremp
ôcde Paillas, il doit amener
avec luy les Troupes Walones,
douze Escadrons Se
douze Bataillons de celles
qui font venu d'Estramadure.
Les Lettres de Perpignan
du 16. Février portent que
les Troupes que commande
le Comte de F ennesa-
VOlentcee attaquéespar un
gros corps de Rebellessi à
l'im pourvû qu'ellesavoient
plié d'abord,mais ques'étãt
ralliées
,
ellesavoient mis
les Rebelles en déroute,
qu'il en étoit resté sur la
place plus de trois cens, &
cent trente faits prisonniers.
Celles de Catalogne
portent que les Barcelonois
au nombre de fîx cens hommes
étoient venus attaquer
une redoute occu pée par les
Espagnols du costé des Capucins,
laquelles'étoit bien
deffenduë, quoiqu'il n'y eut
que quarante hommes dedans
dans, les Rebelles ont perdus
cinquante hommes
dans cette action glorieuse
pour les Troupes Espagnoles,
& un grand nombre
blessez.
On écrit de Landau du
14. Février, que le Marquis
de Vieuxpont détacha le12.
deux cens hommes des Grenadiers
qui y font en quartier
,
& un pareil nombre
de Dragons fous les ordres
d'un Colonel: Ils prirent
la route de Spire, où ils
furent joint par un pareil
détachement. Ils marcherente
ensuite - du costé de
Vorms, où ils trouverent
120. Houssards ennemis qui
prirent la fuite à l'arrivée
du détachement de nostre
Garnison; nos Dragons les
poursuivirent, & en prirent
deux qui dirent qu'il estoit
forti de Maïence un Convoi
considerable de toutes
sortes de munitions pour
Philibourg : nostredétachement
marcha ensuite le
long du Rhin,&nousvenons
d'apprendre que la
plûpart de ces bateaux avoient
coulez à fond,& que
les autres avoient regagné
Maïence; on sçaura le détail
au retour du détachement.
On mande de la Haye
du 19.Fevrier que le Com-
A te de Strafford qui y estoit
arrivéavoit eu une longue
conférence avec les Plenipotentiaires
d'Espagne &
ensuite avec les Estats Generaux.
* On écrit du Port de
Scette en Languedoc que
l'on y charge plusieurs Bastimens
de bleds 6c- de
foins pour l'armée d'Espagne.
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Résumé : LETTRE de M. le C. D. F... à S. Feliou de Pallerols le II. Février.
La lettre de M. le C. D. F. à S. Feliou de Pallerols, datée de février, décrit les mouvements militaires et les événements récents dans diverses régions. Le Comte de Montemart, après avoir échoué à entrer dans Llusanes, a secouru Bergue et le Château de Gironelle, puis a incendié plusieurs villages et fermes avant de se rendre à Austot pour attendre de nouveaux ordres. La plaine de Wic est actuellement calme, mais les villages du Montfeny restent rebelles, renforcés par l'arrivée d'Armengol avec 600 hommes. Le Marquis de Firmacon a eu un impact positif dans plusieurs vallées, mais la rébellion persiste dans la région de Ripole. Sur le front maritime, les troupes espagnoles ont obtenu des succès, mais le poste de S. Pol reste aux mains des rebelles. Dom Gabriel Cano attend des renforts pour attaquer ce poste, mais les vents violents ont empêché le transport du canon nécessaire. M. de Valouse a rassemblé des troupes à Tordera pour soutenir divers postes. Des renforts ont été envoyés à M. Gandolfe pour conserver les Sardaignes, mais il manque de troupes pour bloquer Castelciudad. Le Comte de Montemart est attendu pour cette mission. Monsieur de Thouy doit arriver à Lerida pour commander les troupes dans les montagnes. Des lettres de Perpignan rapportent une victoire des troupes espagnoles contre les rebelles, avec plus de trois cents morts et cent trente prisonniers. À Barcelone, les Espagnols ont repoussé une attaque des Barcelonois. En Allemagne, un détachement français a intercepté un convoi ennemi sur le Rhin. À La Haye, le Comte de Strafford a eu des conférences avec les plénipotentiaires espagnols et les États Généraux. Enfin, des navires sont chargés de blé et de foin pour l'armée d'Espagne au Port de Scette en Languedoc.
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3852
p. 212-216
MORT.
Début :
Mr. Estienne de Bragelongne Capitaine au Regiment des Gardes, Major [...]
Mots clefs :
Étienne de Bragelongne, Paris, Régiment des gardes, Thomas de Bragelongne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORT.
MORT.
Mr. Estienne de Bragelongne
Capitaine au Regiment
des Gardes, Major
general & Brigadier des
Armées du Roy, est mort
le premier Février, il fut
d'abord dés l'âge de cinq
ans reçû Chevalier de Malte,
ilquitta cet Ordre Militaire,
pour épouferfa cou -
fine germaine, commença
à servir en qualité de Cornette
de Cavalerie
, & en
cette qualitéilfut prisprifonnier
ala Bataille de Tréves
à l'âge de quatorze ans,
où il eut trois chevaux tuez
fous luy; ensuite S. M.luy
donna une Enseigne au Régiment
des Gardes, Apres
la bataille de SieinKerque
le Roy lui donna une Compagnie
dans le mesme Régiment,
ensuite le fit Infpecteur
d'Infanterie, Ma- -
jor general, & Brigadier de
ses Armées,ilfut blessé d'un
coup demoufquet à la tête
au Siége de Namur, où il
servoit en qualité de Major
general ; il s'estdiftingué
à plusieurs Siéges &
Batailles
:
Il a esté marié
à Marie
-
Hector de Marle
sa cousine germaine.
Il estoitfils deThomas
de Bagelone Seigneur
d'Enjenville, premier President
au Parlement de
Metz, & de Dame Marie-
Hector de Marle, & frere
de Christophe
- François
de Bragelongne
,
Conseiller
de la grande Chambre
au Parlement de Paris, de
de Geofroy
- Dominique
de Bragelongne ,Vicomte
d'Edeville
,
Maître des Requestes
; de Nicolas de Bragelongne
qui est mort en 1 7 i3,
Doyen & Comte de Sains Julien
de Brionde; dc7, Thomas
de Bragelongne Docteur en
Théologie de la Faculté de Paris,
Chanoine honnoraire de S.
Julien de Brionde
,
Doyen de
Senlis, puis Chanoine de l'Eglise
de Paris, & de quantité
d'autres freres & foeurs,sa mere
ayant eu 17. ou 18enfans
La famillede Bragelogne est
tres considerable dansl'Epée ôc
dans la Robe, dont on ra porte
son origine à GelogneSeigneur
de Bray, Fondateur de la
Terre de Bragelongne que l'on
croit fils puisné de Landry
Comte de Nevers & d'Auxerre;
& de Mathilde de BourgogneComté,
quoy qu'il en soit elle
est tres considerable à Paris depuis
Thomas de Bragelongne
Ecuyer Seigneur de Jouy de
de Brassy &deOuzé,quiépousa
en premieresNôces T-homase
Regnier
,
Seen secondes Nôces
Marie Favier, il eut desenfans
des deux lits , du premier il eut
Martin de Bragelongne Lieutenant
particulier, civil & criminel
au Chastelet de Paris & Pre-
-
vôc des Marchands en 1558. son
frere du 2. lit Thomas de Bragelongnefut
Lieutenant criminel
au Châtelet de Paris laissa postericé
qui est éteinte.
-
Mais de Martin de Bragelongne
son frere aîné toutes les branches de
cette maisonsontsorties. Il eut six
garçons,sçavoir Jean,Jerôme,Thomas,
Marttin,Nicolas & Jacques qui
ont fait chacune une branche qui sõt
raportées justes dans le Morery.
Mr. Estienne de Bragelongne
Capitaine au Regiment
des Gardes, Major
general & Brigadier des
Armées du Roy, est mort
le premier Février, il fut
d'abord dés l'âge de cinq
ans reçû Chevalier de Malte,
ilquitta cet Ordre Militaire,
pour épouferfa cou -
fine germaine, commença
à servir en qualité de Cornette
de Cavalerie
, & en
cette qualitéilfut prisprifonnier
ala Bataille de Tréves
à l'âge de quatorze ans,
où il eut trois chevaux tuez
fous luy; ensuite S. M.luy
donna une Enseigne au Régiment
des Gardes, Apres
la bataille de SieinKerque
le Roy lui donna une Compagnie
dans le mesme Régiment,
ensuite le fit Infpecteur
d'Infanterie, Ma- -
jor general, & Brigadier de
ses Armées,ilfut blessé d'un
coup demoufquet à la tête
au Siége de Namur, où il
servoit en qualité de Major
general ; il s'estdiftingué
à plusieurs Siéges &
Batailles
:
Il a esté marié
à Marie
-
Hector de Marle
sa cousine germaine.
Il estoitfils deThomas
de Bagelone Seigneur
d'Enjenville, premier President
au Parlement de
Metz, & de Dame Marie-
Hector de Marle, & frere
de Christophe
- François
de Bragelongne
,
Conseiller
de la grande Chambre
au Parlement de Paris, de
de Geofroy
- Dominique
de Bragelongne ,Vicomte
d'Edeville
,
Maître des Requestes
; de Nicolas de Bragelongne
qui est mort en 1 7 i3,
Doyen & Comte de Sains Julien
de Brionde; dc7, Thomas
de Bragelongne Docteur en
Théologie de la Faculté de Paris,
Chanoine honnoraire de S.
Julien de Brionde
,
Doyen de
Senlis, puis Chanoine de l'Eglise
de Paris, & de quantité
d'autres freres & foeurs,sa mere
ayant eu 17. ou 18enfans
La famillede Bragelogne est
tres considerable dansl'Epée ôc
dans la Robe, dont on ra porte
son origine à GelogneSeigneur
de Bray, Fondateur de la
Terre de Bragelongne que l'on
croit fils puisné de Landry
Comte de Nevers & d'Auxerre;
& de Mathilde de BourgogneComté,
quoy qu'il en soit elle
est tres considerable à Paris depuis
Thomas de Bragelongne
Ecuyer Seigneur de Jouy de
de Brassy &deOuzé,quiépousa
en premieresNôces T-homase
Regnier
,
Seen secondes Nôces
Marie Favier, il eut desenfans
des deux lits , du premier il eut
Martin de Bragelongne Lieutenant
particulier, civil & criminel
au Chastelet de Paris & Pre-
-
vôc des Marchands en 1558. son
frere du 2. lit Thomas de Bragelongnefut
Lieutenant criminel
au Châtelet de Paris laissa postericé
qui est éteinte.
-
Mais de Martin de Bragelongne
son frere aîné toutes les branches de
cette maisonsontsorties. Il eut six
garçons,sçavoir Jean,Jerôme,Thomas,
Marttin,Nicolas & Jacques qui
ont fait chacune une branche qui sõt
raportées justes dans le Morery.
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Résumé : MORT.
Le texte relate la vie et les exploits de Mr. Estienne de Bragelongne, Capitaine au Régiment des Gardes, Major général et Brigadier des Armées du Roy. Né dans une famille noble, il fut reçu Chevalier de Malte à l'âge de cinq ans, mais quitta cet ordre pour épouser sa cousine germaine. À quatorze ans, il fut pris prisonnier lors de la Bataille de Trèves après avoir eu trois chevaux tués sous lui. Il débuta sa carrière militaire en tant que Cornette de Cavalerie et reçut ensuite une Enseigne au Régiment des Gardes. Après la bataille de Steenkerque, le Roi lui attribua une Compagnie dans le même Régiment. Il fut promu Inspecteur d'Infanterie, Major général et Brigadier des Armées. Blessé à la tête par un coup de mousquet lors du Siège de Namur, il se distingua dans plusieurs sièges et batailles. Il épousa Marie-Hector de Marle, sa cousine germaine. Issu de Thomas de Bragelongne, Seigneur d'Enjenville et Premier Président au Parlement de Metz, et de Dame Marie-Hector de Marle, il avait plusieurs frères et sœurs, sa mère ayant eu dix-sept ou dix-huit enfants. La famille de Bragelongne est notable tant dans l'Épée que dans la Robe, avec des origines remontant à Gelogne, Seigneur de Bray. La lignée est également notable à Paris depuis Thomas de Bragelongne, Écuyer Seigneur de Jouy, de Brassy et d'Ouzé.
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3853
p. 217-261
MEMOIRE sur la circulation du sang des Poissons qui ont des oüies, & sur leur respiration.
Début :
Dans les divers Memoires qu'on a lûs à l'Academie, [...]
Mots clefs :
Eau, Sang, Ouïes, Poissons, Artères, Bouche, Corps, Lames, Poumon, Coeur, Veines, Couvercle, Animaux, Rameaux, Gorge, Capillaires, Carpe, Branches, Mouvement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MEMOIRE sur la circulation du sang des Poissons qui ont des oüies, & sur leur respiration.
MEMOIRE
sur la circulationdusang
des Poissons qui ont des
oùies, &sur leur refi.
piration.
I
~-
DAns les divers Memoires
qu'on a lûs à rA.
1 cademie, on a fait voir qu'elle
! étoit la structure du coeur des
Poissons, & celles de leurs
ouïes. Pour suivre >tierc, cette ma- il està propos de parler
: de leurs usages; Mais pour
les rendre intelligibles à tout
le monde; il est necessaire de
faire ici une brieve recapitulation
de ce que j'ay dit touchant
cette mêmestructure.
On remarquera donc qu'elle
cft differente dans les differentes
especes dePoissons où
l'on trouve ces parties. On a
fait voir à l'Academie des
Exemples de ces differences;
mais je m'arreste aujourd'huy
particulierement à la Carpe
que l'on trouve commodément
& sur laquelle on pourra
avec facilité verifier tout ce
que je vais dire.
Chacun sçait que le coeur
de tous les Poissons qui ne
respirent pas l'air n'a qu'une
cavité, & par consequent
qu'une oreillette à l'embouchure
du vaisseau qui y rapporte
le fang. Celle du coeur
de la Carpe est appliquée au
costé gauche.
La chair du coeur est fore
épaisse, par rapport à son volume,
& ses fibres font trescompactes:
Aussia-t'il bcfoin
d'une forte action pour la circulation
comme on le verra
,
dans la fuite.
: Il n'y a personne qui ne
sçache cc que c'est que des
ouïes; mais tout le monde
ne sçait pas que ce font ces
parties qui fervent de poumons
aux Poissons. Leur
charpente est composée de
quatre costes de chaque costé
qui se meuvent tant sur ellesmêmes
en s'ouvranr & se resserrant
qu'àl'égard de leurs
deux appuis superieur & inferieur
en s'écartant de l'une &
de l'autre, & en s'en raprochant.
Le costé convexe de
chaque coste est chargé sur
ses deux bords de deux especes
de feüillets, chacun desquels
est composé d'un rang
de lames, étroites & rangées
& ferrées l'une contre l'autre
qui forment comme autant
de barbes ou frangessemblables
à celles d'une plume à
écrire; & ce font ces franges
qu'on peut appeller proprement
le poumon desPoissons.
Voila une situation de parties
fortextraordnaire & fore
singuliere. La poitrine est
dans la bouche aussi- bien
que le poumon. Les costes
portent le poumon, & l'animal
respire l'eau-
Les extremitez de ces costes
qui regardent la gorge font
jointesensemble par plusieurs
petits os, qui forment une
cfpecc de sternon, en sorte
néanmoins que les costes ont
un jeu beaucoup plus libre
sur ce sternon & peuvent s'écarter
l'une de l'autre beaucoup
plus facilement que celles
de l'homme, & que ce sternon
peut-estre soulevé & a.
baissé. Les autres extremitez
qui regardent la base du
crane font aussi jointes par
quelques osselets qui s'articulent
avec cette même base &
qui peuvents'en éloigner, ou
s'enapprocher.
Chaque coftc est compofée
de deux pieces jointes par
un cartilage fort fouple, qui
est dans chacune de ces parties
ce que font les charnieres
dans les ouvrages des artisans.
La premiere piece cît
courbée en arc, & sa longueur
est environ la sixiéme portion
du cercle dont elle feroit la
partie.
La seconde décrit à peuprés
une fromaine majuscule.
- La partie convexe de chaque
coste est creusée en goutiere,
& c'est le long de ces
goutieres que coulent les vaisaseaupx
donrt iléferaspa.rléci- Chacune des lames dont
les feüillers font composez,
à la figure du fer d'une faux,
& à sa naissance elle a comme
un pied ou talon qui ne
pose que par son extremité sur
sur le bord de la coste.
Chacun de ces feüillets est
composé de cent trente-cinq
lames j-ainifles seize contiennent
huit mil six cens quarante
surfaces, que je compte icy
parce que les deux surfaces de
chaque lame font revêtuës
dans toute leur étenduë d'une
membrane tres fine, sur laquelle
se font les ramifications
presque innombrables des
vaisseaux capillaires de ces
fortes de poumons.
J'ay fait voir à la compagnie
qu'il y a quarante-six
muscles qui sont employez
aux mouvemens de ces costes;
il y en a huit qui en dilate l'intervale,
& seize qui le resserrent,
six qui élargissent le cintre
de chaque coste, douze
qui le retresissent, & qui en
même temps abaissent le sternon,
& quatre qui le soulevent.
Les ouïes ont une large ou.
verture, sur laquelle cftpaCé
un couvercle composé de
plusieurs pieces d'assemblage,
qui a le même usage que le
panneau d'un fouiller)& chaque
couvercle est formé avec
un tel artifice qu'en s'écartant
l'un de l'autre,ils se voutent
en dehors pour augmenter la
capacité de la bouche, tandis
qu'une de leurs pieces qui
jouë sur une espece de genou
tient fermées les ouvertures
des ouïes, & ne les ouvre que
pour donner passage à l'eau
que l'animal a respiré, ce qui
se fait dans le tems que le
couvercle s'abat & se referre.
I Il ya deux muscles qui servent
à soulever le couvercle,
& trois qui fervent à l'abatre
& à le reserrer.
! On vient de dire que l'assemblage
qui compose la
charpente des couvercles les
rend capables de sevouter en
dehors. On ajoûtera deux
autres circonstances. La premiere
est que la partie de ce
couvercle qui aide à former
le dessous de la gorge est
plié en éventail sur de petites
lames d'os pour fcrvir en se
deployant à la dilatation de la
gorge dans l'inspiration de
l'eau. La seconde que chaque
couvercle est revêtu par dehors
& par dedans d'une peau
qui
*
luy est fort adherente.
Cesdeux peaux s'unissent ensemble,
se prolongent audelà
de la circonference du
couvercle d'environ deux à
trois lignes, & vont toûjours
en diminuant d'épaisseur. Ce
prolongement est beaucoup
plus ample fous la gorge que
vers le haut de la teste. Il
estextrêmementsouple, pour
s'appliquer plus exactement à
l'ouverture sur laquelle il porte,
& pour la tenir ferméeau
premier moment de la dilatation
de la bouche pour la
rcfpiration.
Voila pour ce qui regarde
la structure desoüies ; passons
à present à la distribution de
leurs vaisseaux.
L'Artere qui fort du coeur
se dilate de telle maniere qu'elle , en couvre toute la base
: ensuite se retresissant peu
à peu elle forme une espece
de corne. A l'endroitoù elle
est ainsi dilatée
,
elle est garnie
en dedans de plusieurs
colonnes charnuës qu'on peut
considerer comme autant de
muscles qui font decetendroit
de l'aorte comme un
second coeur, ou du moins
comme nn second ventricule
lequel joignant sa compressîon
à celle du coeur, double
la force necessaire à la distribution
dufang pour la circulation.
Cette artere montant par
l'intervalle que les oüies laissententre-
elles, jette vis-à-vis
,
de chaque paire de côtes de
chaque côté une grosse branche
creusée sur la surface exterieure
de chaque côte& qui
s'étend le long de cette goutiere
d'une extremité à l'autre
du feüillet. Voila tout le corps
de l'Aorte dans ce genre d'animaux.
L'Aorte qui dans les
autres animaux porte le fang
du centre à la circonference
de tout le corps, ne parcoure
de chemin dans ceux- ci que
depuis lecoeurjusqu'à l'extremité
des oüies, où elle finir.
Cette branche fournit alitant
de rameaux qu'il y a de lames
surl'un ou furl'autre bord
de lacôte. La grosse branche
se termine à l'extremitéde la
côte
,
ainsi qu'il a esté dit, &
les rameaux finissent à l'extremité
des lames ausquelles
chacun d'eux se distribuë.
Pour peu que l'on soit instruit
de la circulation & des
Vaisseaux qui y servent, on
fera en peine de sçavoir par
quels autres vaisseaux on a
trouvéun expédient pour animer
& mouvoir tout le corps
depuis le bout d'en bas des
oiïies jusques à l'extremité de
la queuë. Cet expedient paroîtra
clairement dés qu'on
aura conduit le fang jusqu'à
l'extremitédesoüies. -
Chaque
Chaque rameau d'artere
monte le long du bord interieur
de chaque lame des
deux feüillets posez sur chaque
côte,c'est-à dire le long
des deux tranchans des lames
qui se regardent:ces deux rameaux
s'abouchentau milieu
de leur longueur; & continuant
leur route parviennent,
comme j'ay dit, à la pointe
de chaque lame. Là chaque
rameau de l'extremité de l'artere
trouve l'embouchure d'une
veine, & deux embouchures
appliquées l'une à l'autre
immediatement ne faisant
qu'un même canal malgré la
differente consistance des
deux vaisseaux
,
la veine s'abbat
sur le tranchant exterieur
de chaque lame, & parvenuë
au bas de la lame elle verse
son fang dans un gros vaisseau
veineux couché prés de
la branche d'artere danstoute
l'étenduë de la goutiere de
de la côte: mais ce n'est pas
feulement par cet abouchement
immediat des deux extrêmitez
de l'artere &de la
veine que l'arrere se décharge
dans la veine, c'est encore par
toute sa route.
Voici comment le rameau
d'artere dresse sur le tranchant
de chaque lame, jette dans
toute sa route sur le plat de
chaque lame de part & d'autre,
une multitude infinie de
vaisseaux, qui partant deux à
deux de ce rameau l'un d'un
côté de la lame, l'autre de
l'autre
-,
chacun de son côté
vadroit à laveine qui descend
sur le tranchant opposé de la
lame, & s'y abbouche par un
contact immédiat. C'est ainsi
que le fang passe dans ce genre
d'animaux,des arteres de
leur poumon dans leurs vrinés
d'un bout a l'aucre. Les
artères y font de vrayes arteres,
& par leurs corps & par
leur fonctions de recevoir le
fang. Les veines y font de
vrayes retines, & par leur
fonction de recevoir le fang
desarteres & par la delicatefseextrême
de leur consistan-
Ilnty ajusques-là rien qui
ne foie de l'oeconomie ordinaire
: mais ce qu'il y a de singulier
est premièrement l'abbboouucchheemmeennttimimmméeddiiaatt
des
arteres avec les veines, qui (c
trouve àlaverité dans les poumons
d'autres animaux, sur
1 tout dans ceux des grenouilles
&des torcuës: mais qui
n'est pas si manifestequedans
viesoiiies des poissons. 2° La
régularité de la distribution
:
qui rend cet abbouchement
plus vifiblc dans ce genre d'animaux
;car toutes les branchesdarteres
montant le
long des lames dressees sur les
côres
,
font aussi droites &
aussi également distances l'une
de
l'autre
que les lames: les
rameaux transversaux capillaires
qui partent de ces branches
à angles droits
,
font également
distansl'un de l'autre;
de forte que la direction & les
intervales de ces vaisseaux tant
montans que transversaux,
estantanssi réguliers que s'ils
avoient esté dressez à la règle
& espacez au compas ; on les
suit à l'oeil & au microscope.
On voit donc que lesarteres
transversales finissent immédiatement
au corps de la veine
descendante, & chacune
de ces veines descendante
ayant reçu le fang des artères
capillaires tranfverfalles
de part & d'autre de la lame,
s'abbouche à plomb avec le
tronc de la veine couchée
dans la gouttiere.
Il faut avouer que cette
, distribution est fort singuliere
: ce qui fuit l'est encore davantage.
On est en peine dela
distribution du fang pour la
nourriture & la vie des autres
parties du corps de ces animaux.
Nous avons conduit le
fang du coeur par les arteres
«
du poumon dans les veines
du poumon. Le coeur ne jette
point d'autres arteres que celles
du poumon. Que deviendront
les autres parties, le
cerveau, les organes des fensf
Ce qui fuit le fera voir.
Ces troncs de veines pleins
de fang arreriel fartant de
chaque côce par leur extrémité
qui regarde la bafe du
crâne, prennent la consistance
&l'épallfeur darteres & viennent
seréunir deux à deux de
chaque côcé. Celle de la première
côte, fournit avant sa
réunion des branches qui distribuënt
le fang aux organes
des sens, au cerveau & aux
parties voisines, & fait par ce
moyen les fonctions qui appartiennent
à l'aorte ascendante
dans les animaux à quatre
pieds :
ensuite elle fc rejoint
joint à celle de la fccondc
côte; & ces deux ensemblene
font plus qu'un tronc, lequel
coulant le long de la base du
crane reçoit encore de chaque
cote une autre branche formée
par la réunion des veines
de la troisième & quatrième
paires de côtes,& routesensemble
ne font plus qu'un
tronc.
Après cela ce tronc dont
toutes les racines estoient
veines dans le poumon,devenant
artere par sa tunique
& par son office, continue
son cours le long des vertebecs.,
& distribuant le fang
artérielà touteslesautres parties
, fait la fonction d'artère
desccendante&lesang arceuiel
estdistribué parce moyenégakment
à toutes les parties
pourles nourrir & des ani.
mer, &il r£neori«ropartout
des racinesquireprennent le
residu & le rapportant par
plusieurs troncsformezdel'unioh
de toutes q<!s¡acincs'au
reservoircommunquiledoit
rendreaucoeur;c'estainsi que
^achevcfk circulation dans
casiani<iaaux.-,;io r>,\~;x:
>V«oil'aScomîtefitylcs)Vcinri5
,
du potlHion de cegenredeviennent
arteres pour animer
& pour nourrir la teste & le
reste du corps.
Mais ce qui augmente la
singularité,c'est que ces mêmesveines
du poumon sortant
de la goutiere des côtes
par leur extremité qui regarde
la gorge, conservent la tu.
nique & la fonction de veines
en rapportant dans le reservoir
de tout le fang veinal
une portion du fang arteriel
qu'elles ont reçudes arteres
du poumon.
Comme le mouvement
des machines contribue aussi
a la respiration des Poissons,
il ne fera pas hors de propos
defaire remarquer que la fuperieurc
est mobile, qu'elle est
composée de pluficurs pieces
qui font naturellement engaggééeeslselessuunneessddaannssleless
aauu--
tres, de telle manière qu'elles
peuvent en se déployant
dilater & allonger la mâchoire
superieure.
Toutes les pieces qui servent
à la respiration de la
Carpe, montent à un nombre
si surprenant, qu'on ne
fera pas fâché d'en voir icy le
dénombrement.
Les pieces osseuses font au
nombre de quatre milletrois
cens quatre-vingt six
:
il y a
soixante-neufmuscles.
- Les arteres des ouics, outre
leurs huit branches principales,
jettent quatre mille trois
Cent vingt rameaux; & chaque
rameau jette de chaque
lame, une infinité d'arteres
capillaires transversales, donc
le nombre ne fera pas difficile,
& passera de beaucoup tous
ces nombres ensemble.
: Il y a autant de nerfs que
d'arteres
3
les ramifications
des premiers suivant exactement
celles des autres.
Les veines ainsi que les artères,
outre leurs huit branches
principales jettent quatre
mille trois cent vingt rameaux
,
qui font de simples
tuyaux,& qui à la différence
des rameaux des arteres na
jettent point de vaisseux capillaires
tranfver faux.
Le fang qui cft rapporté de
toutes les parties du corps des
poissons,entre du reservoir,
ou se dégorgent toutes les
veines
t
dans l'oreillette
, &
de là dans le cceur;qui par-sa
contraction le pouffe dans
l'aotte, & dans toutes les ramifications
quelle jette sur
les lames des oüies : & comme
à sa nainance elle cft garnie
de plusieurs colonnes charnuës,
fore épaisse, ce qui resserrent
immédiatement après, elle féconde
& fortifie par sa compression
l'action du coeur, qui
est de pousser avec beaucoup
de force le fang dans les rameaux
capillaires transversaux,
situez de part & d'autre,
sur toutes les lames des oüies.!
On a fait observer que cette
artere & ses branches, ne
parcouroient de chemin que
depuis le coeur',-- jusqu'à l'ex.
tremité des oüies, où elles finirent.
Ainsi à coup de piston
redoublé doit suffire, pour
pousser le fang avec irppetuosicé
dans ce nombre infini
d'arterioles si droites & si rcguliere,
où le fang ne trouve
d'autre obstacle que Je simple
contaft,&non le choc & les
reflexions, comme dans les
autres animaux où les arteres
se ramifient en mille manières
,
sur tout dans les demieres
subdivisions.
Voila pour ce qui concerne
le pacage du fang dans k
poumon. Voici comment s'en
fait la préparation.
:. Je suppose que les particules
d'air qui font dans l'eau,
comme l'eau est dans une éponge)
peuvent s'endégager
en plusieurs manières.
1 Par la chaleur ainsiqu'on
le voit dans l'eau qui bout
sur le feu. 2.Q. Par laffoiblisfement
duressors de l'air,qui
presse l'eau où ces particules
d'air sont engagées; comme
on le voit dans la machine du
vuide. 3°. Par le froissement
&l'extrême division del'eau,
sur tout quand elle a quelque
degré de chaleur.
On ne peut pas douter qu'-
il n'y ait beaucoup d'air dans
tout le corps des poissons,&
que cet air ne leur foit fort
ncceflaire. La machine du vui.
de fait voir l'un & l'autre..
J'aymis une Tanche fore
vive dans un vaisseau plein
d'eau que l'on a placé fous le
recipicnt;& aprèsavoir donné
cinq ou six coups de piston on
a remarqué que cette Tanche
était toute couverte d'une iiw
finité de petites bulles d'air qui
sortoient d'entre les écailles,
& que tout le corps paroissoit
perlé.
,
Il en sorcoit aussi un tresgrand
nombre par les oüies
beaucoup plus grosses que
celles de la surface du corps:
Enfinilen fortoir par la bou.
che,maisen moindre quantite.
En recommençant a pomper
tout de nouveau deux ou
trois fois de fuite ,ce qui fut
fait à plusieurs reprises, on
remarquoit que lepoisson s'agitoit
& se tourmentoit ex.
traordinairement,&qu'il reÊ
piroit plus fréquemment:
aprés avoir passé un gros quart
d'heure dans cetestat, il tom.
ba en langueur, toutlecorps
Vi
& même les oiïies n'ayant
bplleu.s aucun mouvement fcnfi-
Pour lots ayant tire le
vaisseau de dessous le recipient,
on jetta le poison dans
de l'eauordinaire, où il commença
à respirer & à nager,
mais foiblement, & il fut
longtemps à revenir à son
cfliatnaturel.
J'ayfait la mêmeexperience
sur une Carpe: jel'ay mise
dans la même machine, 3c
ayant pompel'air trois ou
quatre fois comme on l'avoir
fait à la Tanche, le poisson
- commença d'abord à s'agiter:
toute la surface du corps de-
,
vint, perlée; il sortit par la
bouche & par les oüies une
infinité de bulles d'air foïç
grottes,&larégion de la ves-
Sie d'air s'enfla beaucoup,quoique
cette Carpe fut plus gros-.
se que la Tanche,le battement
desoüies cessaplutost. *Lorsqu'onrecommençoità
pomper, les oüies recommençoient
aussi à battre mais
très-peu de temps,& fort foi.
blcment. Enfin elle demeura
sans aucun mouvement, &
la region de la vessie devint si
gonflée & si tenduë,que la
laittc forcoit en s'éfilant par
l'anus. Cela dura environ trois
quarts d'heure, au bout desquels
elle mourut,estant de*
venuë fortplatte.L'ayantouverte,
.on trouvalavessie: crel
1 i Vée.
On aaussi expetimenté
qu'un poisson mfs dansSit
teaupurgée d'air n'ypeut vivre
longtemps. Outre ces experiences
qu'on peut faire
dans la madonedu vuide,en
voici d'autres qui prouvent
aussi que l'air,qui est mê'Jé'
dans l'eau,alaprincipalepart
à la respiration despoissons
•v
Si vous enfermezdespoisfons
dans unvaisseau de verre
plein d'eau, ils y viventquelque
temps, pourvûquel'eau
ioitlenouveîléc :mais si vous
couvrez le vaisseau,&le'bouchez
en forte que l'air stfy
puificpointcnttet/ikîsjroîfsonsserontéroulfez.
".,Gôlg
prouve bien que j'eau aé fctc
àqlueu'erlfreesapirlataiolni,beqruteéu'tÛanct
peignerd'air.*-•]rV
Mettez lusieurs Lp9iffons
dans un vaisseau qui tic
Ion pas entièrement TciBd!i
ir'cauyfrvous,lefermes?
poissons qui auparavant nageoientenpleine
liberté, & segayoient, s'agiteront & se
presseront à qui prendra le
dessus poutrespirer la portion
de l'eau qui est la plus voisine
delair.
Onremarqueaussiquelorfquela
surface des Etangs cft
gelée, les poissons qui font
dedans, meurent plus ou
moins vite ,durant que l'E.,.
rang a plus ou moins d'étenduë
&de profondeur, & on
observe que quand on casse
la glace en quelque endroit)
les poissonss'y prefenrent
avec
avec empressement pour rcfpirer
cette eau imprégnée
d'un nouvel air. Ces experiences
prouvent manifestement
la necessité de l'air pour
la rcfpiration des poissons.
Voyons maintenant ce qui se
passe dans le temps de cette
rcfpiration-
La bouche, s'ouvre
,
les lèvres
s'avancent,parla la concavité
de la bouche est allongée,
la gorge s'enfle, les couvercles
des oüies
,
qui ont le
même mouvement que les
panneaux d'un souffet, s'écarrant
l'un de l'autre,se voûcent
en dehors parleur milieu
seulement, tandis qu'une de
leurs pieces qui joiic sur une
espece de gomme ,
tientfermées
les ouvertures des ouïes,
en se soulevant toutefois un
peu, sans permettrecependant
à l'eau d'entrer ; parce
que la petite peau qui borde
chaque couvercle, ferme exactement
l'ouverture des ouïes.
Tout cela augmente, &
élargit en tout sens la capacité
de la bouche, & détermine
l'eau à entrer dans &
cavité, de même que l'air entre
par la bouche & les nariDes
dans la crachée artere Se
les poumons , par la dilata,
tion de la poitrine. Dans ce
même temps les costes des
QÇÏÇS s'ouvrent en s'écartanr
lç5 unes des autres, leur cintreestélargi,
le sternon efl;
écarté en s'éloignant du palais
; ainsi tout conspire à faire
entrer l'eau en plus grande
quantité dans la bouche. C'es
ainsi que se fait l'ispiratioa
despoissons, Ensuite la bouche
se ferme, les lévres auparavant
allongées se racourcissent
, sur tout la superieure
qui se plic en éventail, la lévre
inférieure se cole: à la superieure
par le moyen d'une petite
peau en forme de croissant qui
s'abbat comme un rideau de
haut en bas & qui empêche
l'eau de sortir. Le couvercle
s'applatit sur la baye de l'ouverture
desoüies. Dans le même
temps les côtes se ferrent
les unes contre les autres, leur
cintre se retressit, & le sternon
s'abbat sur le Palais.
Tout cela contribuë &
comprime l'eau qui est entrée
par la bouche. Elle se presente
alors pour forrir par tous
les intervalles descôtes & par
ceux de leurs lames, & elle y
passe comme par autant desilieres
; & par ce mouvement la
bordure membraneuse des
couvercles cil: relevée,.& l'eau
pressees'échappe parcette ouverture,
C'est ainsi que fc
fait l'expiration dans les poissons.
On voit par là que l'eau
entre par la bouche, & sortant
par les oüies. Tout au contraire
de ce qui arrive dans les animaux
à quatre pieds dans lesquels
l'air entre & fort alternativemenr
par la trachée artere.
Voila tout ce qui concerne
les mouvemensdelarespiration
des poissons.
sur la circulationdusang
des Poissons qui ont des
oùies, &sur leur refi.
piration.
I
~-
DAns les divers Memoires
qu'on a lûs à rA.
1 cademie, on a fait voir qu'elle
! étoit la structure du coeur des
Poissons, & celles de leurs
ouïes. Pour suivre >tierc, cette ma- il està propos de parler
: de leurs usages; Mais pour
les rendre intelligibles à tout
le monde; il est necessaire de
faire ici une brieve recapitulation
de ce que j'ay dit touchant
cette mêmestructure.
On remarquera donc qu'elle
cft differente dans les differentes
especes dePoissons où
l'on trouve ces parties. On a
fait voir à l'Academie des
Exemples de ces differences;
mais je m'arreste aujourd'huy
particulierement à la Carpe
que l'on trouve commodément
& sur laquelle on pourra
avec facilité verifier tout ce
que je vais dire.
Chacun sçait que le coeur
de tous les Poissons qui ne
respirent pas l'air n'a qu'une
cavité, & par consequent
qu'une oreillette à l'embouchure
du vaisseau qui y rapporte
le fang. Celle du coeur
de la Carpe est appliquée au
costé gauche.
La chair du coeur est fore
épaisse, par rapport à son volume,
& ses fibres font trescompactes:
Aussia-t'il bcfoin
d'une forte action pour la circulation
comme on le verra
,
dans la fuite.
: Il n'y a personne qui ne
sçache cc que c'est que des
ouïes; mais tout le monde
ne sçait pas que ce font ces
parties qui fervent de poumons
aux Poissons. Leur
charpente est composée de
quatre costes de chaque costé
qui se meuvent tant sur ellesmêmes
en s'ouvranr & se resserrant
qu'àl'égard de leurs
deux appuis superieur & inferieur
en s'écartant de l'une &
de l'autre, & en s'en raprochant.
Le costé convexe de
chaque coste est chargé sur
ses deux bords de deux especes
de feüillets, chacun desquels
est composé d'un rang
de lames, étroites & rangées
& ferrées l'une contre l'autre
qui forment comme autant
de barbes ou frangessemblables
à celles d'une plume à
écrire; & ce font ces franges
qu'on peut appeller proprement
le poumon desPoissons.
Voila une situation de parties
fortextraordnaire & fore
singuliere. La poitrine est
dans la bouche aussi- bien
que le poumon. Les costes
portent le poumon, & l'animal
respire l'eau-
Les extremitez de ces costes
qui regardent la gorge font
jointesensemble par plusieurs
petits os, qui forment une
cfpecc de sternon, en sorte
néanmoins que les costes ont
un jeu beaucoup plus libre
sur ce sternon & peuvent s'écarter
l'une de l'autre beaucoup
plus facilement que celles
de l'homme, & que ce sternon
peut-estre soulevé & a.
baissé. Les autres extremitez
qui regardent la base du
crane font aussi jointes par
quelques osselets qui s'articulent
avec cette même base &
qui peuvents'en éloigner, ou
s'enapprocher.
Chaque coftc est compofée
de deux pieces jointes par
un cartilage fort fouple, qui
est dans chacune de ces parties
ce que font les charnieres
dans les ouvrages des artisans.
La premiere piece cît
courbée en arc, & sa longueur
est environ la sixiéme portion
du cercle dont elle feroit la
partie.
La seconde décrit à peuprés
une fromaine majuscule.
- La partie convexe de chaque
coste est creusée en goutiere,
& c'est le long de ces
goutieres que coulent les vaisaseaupx
donrt iléferaspa.rléci- Chacune des lames dont
les feüillers font composez,
à la figure du fer d'une faux,
& à sa naissance elle a comme
un pied ou talon qui ne
pose que par son extremité sur
sur le bord de la coste.
Chacun de ces feüillets est
composé de cent trente-cinq
lames j-ainifles seize contiennent
huit mil six cens quarante
surfaces, que je compte icy
parce que les deux surfaces de
chaque lame font revêtuës
dans toute leur étenduë d'une
membrane tres fine, sur laquelle
se font les ramifications
presque innombrables des
vaisseaux capillaires de ces
fortes de poumons.
J'ay fait voir à la compagnie
qu'il y a quarante-six
muscles qui sont employez
aux mouvemens de ces costes;
il y en a huit qui en dilate l'intervale,
& seize qui le resserrent,
six qui élargissent le cintre
de chaque coste, douze
qui le retresissent, & qui en
même temps abaissent le sternon,
& quatre qui le soulevent.
Les ouïes ont une large ou.
verture, sur laquelle cftpaCé
un couvercle composé de
plusieurs pieces d'assemblage,
qui a le même usage que le
panneau d'un fouiller)& chaque
couvercle est formé avec
un tel artifice qu'en s'écartant
l'un de l'autre,ils se voutent
en dehors pour augmenter la
capacité de la bouche, tandis
qu'une de leurs pieces qui
jouë sur une espece de genou
tient fermées les ouvertures
des ouïes, & ne les ouvre que
pour donner passage à l'eau
que l'animal a respiré, ce qui
se fait dans le tems que le
couvercle s'abat & se referre.
I Il ya deux muscles qui servent
à soulever le couvercle,
& trois qui fervent à l'abatre
& à le reserrer.
! On vient de dire que l'assemblage
qui compose la
charpente des couvercles les
rend capables de sevouter en
dehors. On ajoûtera deux
autres circonstances. La premiere
est que la partie de ce
couvercle qui aide à former
le dessous de la gorge est
plié en éventail sur de petites
lames d'os pour fcrvir en se
deployant à la dilatation de la
gorge dans l'inspiration de
l'eau. La seconde que chaque
couvercle est revêtu par dehors
& par dedans d'une peau
qui
*
luy est fort adherente.
Cesdeux peaux s'unissent ensemble,
se prolongent audelà
de la circonference du
couvercle d'environ deux à
trois lignes, & vont toûjours
en diminuant d'épaisseur. Ce
prolongement est beaucoup
plus ample fous la gorge que
vers le haut de la teste. Il
estextrêmementsouple, pour
s'appliquer plus exactement à
l'ouverture sur laquelle il porte,
& pour la tenir ferméeau
premier moment de la dilatation
de la bouche pour la
rcfpiration.
Voila pour ce qui regarde
la structure desoüies ; passons
à present à la distribution de
leurs vaisseaux.
L'Artere qui fort du coeur
se dilate de telle maniere qu'elle , en couvre toute la base
: ensuite se retresissant peu
à peu elle forme une espece
de corne. A l'endroitoù elle
est ainsi dilatée
,
elle est garnie
en dedans de plusieurs
colonnes charnuës qu'on peut
considerer comme autant de
muscles qui font decetendroit
de l'aorte comme un
second coeur, ou du moins
comme nn second ventricule
lequel joignant sa compressîon
à celle du coeur, double
la force necessaire à la distribution
dufang pour la circulation.
Cette artere montant par
l'intervalle que les oüies laissententre-
elles, jette vis-à-vis
,
de chaque paire de côtes de
chaque côté une grosse branche
creusée sur la surface exterieure
de chaque côte& qui
s'étend le long de cette goutiere
d'une extremité à l'autre
du feüillet. Voila tout le corps
de l'Aorte dans ce genre d'animaux.
L'Aorte qui dans les
autres animaux porte le fang
du centre à la circonference
de tout le corps, ne parcoure
de chemin dans ceux- ci que
depuis lecoeurjusqu'à l'extremité
des oüies, où elle finir.
Cette branche fournit alitant
de rameaux qu'il y a de lames
surl'un ou furl'autre bord
de lacôte. La grosse branche
se termine à l'extremitéde la
côte
,
ainsi qu'il a esté dit, &
les rameaux finissent à l'extremité
des lames ausquelles
chacun d'eux se distribuë.
Pour peu que l'on soit instruit
de la circulation & des
Vaisseaux qui y servent, on
fera en peine de sçavoir par
quels autres vaisseaux on a
trouvéun expédient pour animer
& mouvoir tout le corps
depuis le bout d'en bas des
oiïies jusques à l'extremité de
la queuë. Cet expedient paroîtra
clairement dés qu'on
aura conduit le fang jusqu'à
l'extremitédesoüies. -
Chaque
Chaque rameau d'artere
monte le long du bord interieur
de chaque lame des
deux feüillets posez sur chaque
côte,c'est-à dire le long
des deux tranchans des lames
qui se regardent:ces deux rameaux
s'abouchentau milieu
de leur longueur; & continuant
leur route parviennent,
comme j'ay dit, à la pointe
de chaque lame. Là chaque
rameau de l'extremité de l'artere
trouve l'embouchure d'une
veine, & deux embouchures
appliquées l'une à l'autre
immediatement ne faisant
qu'un même canal malgré la
differente consistance des
deux vaisseaux
,
la veine s'abbat
sur le tranchant exterieur
de chaque lame, & parvenuë
au bas de la lame elle verse
son fang dans un gros vaisseau
veineux couché prés de
la branche d'artere danstoute
l'étenduë de la goutiere de
de la côte: mais ce n'est pas
feulement par cet abouchement
immediat des deux extrêmitez
de l'artere &de la
veine que l'arrere se décharge
dans la veine, c'est encore par
toute sa route.
Voici comment le rameau
d'artere dresse sur le tranchant
de chaque lame, jette dans
toute sa route sur le plat de
chaque lame de part & d'autre,
une multitude infinie de
vaisseaux, qui partant deux à
deux de ce rameau l'un d'un
côté de la lame, l'autre de
l'autre
-,
chacun de son côté
vadroit à laveine qui descend
sur le tranchant opposé de la
lame, & s'y abbouche par un
contact immédiat. C'est ainsi
que le fang passe dans ce genre
d'animaux,des arteres de
leur poumon dans leurs vrinés
d'un bout a l'aucre. Les
artères y font de vrayes arteres,
& par leurs corps & par
leur fonctions de recevoir le
fang. Les veines y font de
vrayes retines, & par leur
fonction de recevoir le fang
desarteres & par la delicatefseextrême
de leur consistan-
Ilnty ajusques-là rien qui
ne foie de l'oeconomie ordinaire
: mais ce qu'il y a de singulier
est premièrement l'abbboouucchheemmeennttimimmméeddiiaatt
des
arteres avec les veines, qui (c
trouve àlaverité dans les poumons
d'autres animaux, sur
1 tout dans ceux des grenouilles
&des torcuës: mais qui
n'est pas si manifestequedans
viesoiiies des poissons. 2° La
régularité de la distribution
:
qui rend cet abbouchement
plus vifiblc dans ce genre d'animaux
;car toutes les branchesdarteres
montant le
long des lames dressees sur les
côres
,
font aussi droites &
aussi également distances l'une
de
l'autre
que les lames: les
rameaux transversaux capillaires
qui partent de ces branches
à angles droits
,
font également
distansl'un de l'autre;
de forte que la direction & les
intervales de ces vaisseaux tant
montans que transversaux,
estantanssi réguliers que s'ils
avoient esté dressez à la règle
& espacez au compas ; on les
suit à l'oeil & au microscope.
On voit donc que lesarteres
transversales finissent immédiatement
au corps de la veine
descendante, & chacune
de ces veines descendante
ayant reçu le fang des artères
capillaires tranfverfalles
de part & d'autre de la lame,
s'abbouche à plomb avec le
tronc de la veine couchée
dans la gouttiere.
Il faut avouer que cette
, distribution est fort singuliere
: ce qui fuit l'est encore davantage.
On est en peine dela
distribution du fang pour la
nourriture & la vie des autres
parties du corps de ces animaux.
Nous avons conduit le
fang du coeur par les arteres
«
du poumon dans les veines
du poumon. Le coeur ne jette
point d'autres arteres que celles
du poumon. Que deviendront
les autres parties, le
cerveau, les organes des fensf
Ce qui fuit le fera voir.
Ces troncs de veines pleins
de fang arreriel fartant de
chaque côce par leur extrémité
qui regarde la bafe du
crâne, prennent la consistance
&l'épallfeur darteres & viennent
seréunir deux à deux de
chaque côcé. Celle de la première
côte, fournit avant sa
réunion des branches qui distribuënt
le fang aux organes
des sens, au cerveau & aux
parties voisines, & fait par ce
moyen les fonctions qui appartiennent
à l'aorte ascendante
dans les animaux à quatre
pieds :
ensuite elle fc rejoint
joint à celle de la fccondc
côte; & ces deux ensemblene
font plus qu'un tronc, lequel
coulant le long de la base du
crane reçoit encore de chaque
cote une autre branche formée
par la réunion des veines
de la troisième & quatrième
paires de côtes,& routesensemble
ne font plus qu'un
tronc.
Après cela ce tronc dont
toutes les racines estoient
veines dans le poumon,devenant
artere par sa tunique
& par son office, continue
son cours le long des vertebecs.,
& distribuant le fang
artérielà touteslesautres parties
, fait la fonction d'artère
desccendante&lesang arceuiel
estdistribué parce moyenégakment
à toutes les parties
pourles nourrir & des ani.
mer, &il r£neori«ropartout
des racinesquireprennent le
residu & le rapportant par
plusieurs troncsformezdel'unioh
de toutes q<!s¡acincs'au
reservoircommunquiledoit
rendreaucoeur;c'estainsi que
^achevcfk circulation dans
casiani<iaaux.-,;io r>,\~;x:
>V«oil'aScomîtefitylcs)Vcinri5
,
du potlHion de cegenredeviennent
arteres pour animer
& pour nourrir la teste & le
reste du corps.
Mais ce qui augmente la
singularité,c'est que ces mêmesveines
du poumon sortant
de la goutiere des côtes
par leur extremité qui regarde
la gorge, conservent la tu.
nique & la fonction de veines
en rapportant dans le reservoir
de tout le fang veinal
une portion du fang arteriel
qu'elles ont reçudes arteres
du poumon.
Comme le mouvement
des machines contribue aussi
a la respiration des Poissons,
il ne fera pas hors de propos
defaire remarquer que la fuperieurc
est mobile, qu'elle est
composée de pluficurs pieces
qui font naturellement engaggééeeslselessuunneessddaannssleless
aauu--
tres, de telle manière qu'elles
peuvent en se déployant
dilater & allonger la mâchoire
superieure.
Toutes les pieces qui servent
à la respiration de la
Carpe, montent à un nombre
si surprenant, qu'on ne
fera pas fâché d'en voir icy le
dénombrement.
Les pieces osseuses font au
nombre de quatre milletrois
cens quatre-vingt six
:
il y a
soixante-neufmuscles.
- Les arteres des ouics, outre
leurs huit branches principales,
jettent quatre mille trois
Cent vingt rameaux; & chaque
rameau jette de chaque
lame, une infinité d'arteres
capillaires transversales, donc
le nombre ne fera pas difficile,
& passera de beaucoup tous
ces nombres ensemble.
: Il y a autant de nerfs que
d'arteres
3
les ramifications
des premiers suivant exactement
celles des autres.
Les veines ainsi que les artères,
outre leurs huit branches
principales jettent quatre
mille trois cent vingt rameaux
,
qui font de simples
tuyaux,& qui à la différence
des rameaux des arteres na
jettent point de vaisseux capillaires
tranfver faux.
Le fang qui cft rapporté de
toutes les parties du corps des
poissons,entre du reservoir,
ou se dégorgent toutes les
veines
t
dans l'oreillette
, &
de là dans le cceur;qui par-sa
contraction le pouffe dans
l'aotte, & dans toutes les ramifications
quelle jette sur
les lames des oüies : & comme
à sa nainance elle cft garnie
de plusieurs colonnes charnuës,
fore épaisse, ce qui resserrent
immédiatement après, elle féconde
& fortifie par sa compression
l'action du coeur, qui
est de pousser avec beaucoup
de force le fang dans les rameaux
capillaires transversaux,
situez de part & d'autre,
sur toutes les lames des oüies.!
On a fait observer que cette
artere & ses branches, ne
parcouroient de chemin que
depuis le coeur',-- jusqu'à l'ex.
tremité des oüies, où elles finirent.
Ainsi à coup de piston
redoublé doit suffire, pour
pousser le fang avec irppetuosicé
dans ce nombre infini
d'arterioles si droites & si rcguliere,
où le fang ne trouve
d'autre obstacle que Je simple
contaft,&non le choc & les
reflexions, comme dans les
autres animaux où les arteres
se ramifient en mille manières
,
sur tout dans les demieres
subdivisions.
Voila pour ce qui concerne
le pacage du fang dans k
poumon. Voici comment s'en
fait la préparation.
:. Je suppose que les particules
d'air qui font dans l'eau,
comme l'eau est dans une éponge)
peuvent s'endégager
en plusieurs manières.
1 Par la chaleur ainsiqu'on
le voit dans l'eau qui bout
sur le feu. 2.Q. Par laffoiblisfement
duressors de l'air,qui
presse l'eau où ces particules
d'air sont engagées; comme
on le voit dans la machine du
vuide. 3°. Par le froissement
&l'extrême division del'eau,
sur tout quand elle a quelque
degré de chaleur.
On ne peut pas douter qu'-
il n'y ait beaucoup d'air dans
tout le corps des poissons,&
que cet air ne leur foit fort
ncceflaire. La machine du vui.
de fait voir l'un & l'autre..
J'aymis une Tanche fore
vive dans un vaisseau plein
d'eau que l'on a placé fous le
recipicnt;& aprèsavoir donné
cinq ou six coups de piston on
a remarqué que cette Tanche
était toute couverte d'une iiw
finité de petites bulles d'air qui
sortoient d'entre les écailles,
& que tout le corps paroissoit
perlé.
,
Il en sorcoit aussi un tresgrand
nombre par les oüies
beaucoup plus grosses que
celles de la surface du corps:
Enfinilen fortoir par la bou.
che,maisen moindre quantite.
En recommençant a pomper
tout de nouveau deux ou
trois fois de fuite ,ce qui fut
fait à plusieurs reprises, on
remarquoit que lepoisson s'agitoit
& se tourmentoit ex.
traordinairement,&qu'il reÊ
piroit plus fréquemment:
aprés avoir passé un gros quart
d'heure dans cetestat, il tom.
ba en langueur, toutlecorps
Vi
& même les oiïies n'ayant
bplleu.s aucun mouvement fcnfi-
Pour lots ayant tire le
vaisseau de dessous le recipient,
on jetta le poison dans
de l'eauordinaire, où il commença
à respirer & à nager,
mais foiblement, & il fut
longtemps à revenir à son
cfliatnaturel.
J'ayfait la mêmeexperience
sur une Carpe: jel'ay mise
dans la même machine, 3c
ayant pompel'air trois ou
quatre fois comme on l'avoir
fait à la Tanche, le poisson
- commença d'abord à s'agiter:
toute la surface du corps de-
,
vint, perlée; il sortit par la
bouche & par les oüies une
infinité de bulles d'air foïç
grottes,&larégion de la ves-
Sie d'air s'enfla beaucoup,quoique
cette Carpe fut plus gros-.
se que la Tanche,le battement
desoüies cessaplutost. *Lorsqu'onrecommençoità
pomper, les oüies recommençoient
aussi à battre mais
très-peu de temps,& fort foi.
blcment. Enfin elle demeura
sans aucun mouvement, &
la region de la vessie devint si
gonflée & si tenduë,que la
laittc forcoit en s'éfilant par
l'anus. Cela dura environ trois
quarts d'heure, au bout desquels
elle mourut,estant de*
venuë fortplatte.L'ayantouverte,
.on trouvalavessie: crel
1 i Vée.
On aaussi expetimenté
qu'un poisson mfs dansSit
teaupurgée d'air n'ypeut vivre
longtemps. Outre ces experiences
qu'on peut faire
dans la madonedu vuide,en
voici d'autres qui prouvent
aussi que l'air,qui est mê'Jé'
dans l'eau,alaprincipalepart
à la respiration despoissons
•v
Si vous enfermezdespoisfons
dans unvaisseau de verre
plein d'eau, ils y viventquelque
temps, pourvûquel'eau
ioitlenouveîléc :mais si vous
couvrez le vaisseau,&le'bouchez
en forte que l'air stfy
puificpointcnttet/ikîsjroîfsonsserontéroulfez.
".,Gôlg
prouve bien que j'eau aé fctc
àqlueu'erlfreesapirlataiolni,beqruteéu'tÛanct
peignerd'air.*-•]rV
Mettez lusieurs Lp9iffons
dans un vaisseau qui tic
Ion pas entièrement TciBd!i
ir'cauyfrvous,lefermes?
poissons qui auparavant nageoientenpleine
liberté, & segayoient, s'agiteront & se
presseront à qui prendra le
dessus poutrespirer la portion
de l'eau qui est la plus voisine
delair.
Onremarqueaussiquelorfquela
surface des Etangs cft
gelée, les poissons qui font
dedans, meurent plus ou
moins vite ,durant que l'E.,.
rang a plus ou moins d'étenduë
&de profondeur, & on
observe que quand on casse
la glace en quelque endroit)
les poissonss'y prefenrent
avec
avec empressement pour rcfpirer
cette eau imprégnée
d'un nouvel air. Ces experiences
prouvent manifestement
la necessité de l'air pour
la rcfpiration des poissons.
Voyons maintenant ce qui se
passe dans le temps de cette
rcfpiration-
La bouche, s'ouvre
,
les lèvres
s'avancent,parla la concavité
de la bouche est allongée,
la gorge s'enfle, les couvercles
des oüies
,
qui ont le
même mouvement que les
panneaux d'un souffet, s'écarrant
l'un de l'autre,se voûcent
en dehors parleur milieu
seulement, tandis qu'une de
leurs pieces qui joiic sur une
espece de gomme ,
tientfermées
les ouvertures des ouïes,
en se soulevant toutefois un
peu, sans permettrecependant
à l'eau d'entrer ; parce
que la petite peau qui borde
chaque couvercle, ferme exactement
l'ouverture des ouïes.
Tout cela augmente, &
élargit en tout sens la capacité
de la bouche, & détermine
l'eau à entrer dans &
cavité, de même que l'air entre
par la bouche & les nariDes
dans la crachée artere Se
les poumons , par la dilata,
tion de la poitrine. Dans ce
même temps les costes des
QÇÏÇS s'ouvrent en s'écartanr
lç5 unes des autres, leur cintreestélargi,
le sternon efl;
écarté en s'éloignant du palais
; ainsi tout conspire à faire
entrer l'eau en plus grande
quantité dans la bouche. C'es
ainsi que se fait l'ispiratioa
despoissons, Ensuite la bouche
se ferme, les lévres auparavant
allongées se racourcissent
, sur tout la superieure
qui se plic en éventail, la lévre
inférieure se cole: à la superieure
par le moyen d'une petite
peau en forme de croissant qui
s'abbat comme un rideau de
haut en bas & qui empêche
l'eau de sortir. Le couvercle
s'applatit sur la baye de l'ouverture
desoüies. Dans le même
temps les côtes se ferrent
les unes contre les autres, leur
cintre se retressit, & le sternon
s'abbat sur le Palais.
Tout cela contribuë &
comprime l'eau qui est entrée
par la bouche. Elle se presente
alors pour forrir par tous
les intervalles descôtes & par
ceux de leurs lames, & elle y
passe comme par autant desilieres
; & par ce mouvement la
bordure membraneuse des
couvercles cil: relevée,.& l'eau
pressees'échappe parcette ouverture,
C'est ainsi que fc
fait l'expiration dans les poissons.
On voit par là que l'eau
entre par la bouche, & sortant
par les oüies. Tout au contraire
de ce qui arrive dans les animaux
à quatre pieds dans lesquels
l'air entre & fort alternativemenr
par la trachée artere.
Voila tout ce qui concerne
les mouvemensdelarespiration
des poissons.
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Résumé : MEMOIRE sur la circulation du sang des Poissons qui ont des oüies, & sur leur respiration.
Le mémoire traite de la circulation sanguine et de la respiration des poissons dotés d'ouïes, en se concentrant particulièrement sur la carpe. Le cœur des poissons, qui ne respirent pas l'air, possède une seule cavité et une seule oreillette. La structure du cœur est épaisse et compacte, nécessitant une forte action pour la circulation sanguine. Les ouïes des poissons servent de poumons et sont composées de quatre côtes de chaque côté, capables de mouvements complexes. Chaque côte est recouverte de feuillets formés de lames étroites et serrées, ressemblant à des barbes de plume, qui constituent le 'poumon' des poissons. Les muscles des ouïes sont nombreux et spécialisés, permettant des mouvements variés pour faciliter la respiration. Les ouïes sont protégées par des couvercles articulés qui s'ouvrent et se ferment pour permettre le passage de l'eau. L'aorte, qui part du cœur, se dilate à la base avant de se rétrécir et de former une corne. Elle est garnie de colonnes charnues agissant comme un second cœur ou ventricule, augmentant la force de la circulation sanguine. L'aorte se divise en branches qui irriguent les lames des ouïes, où se produit un échange gazeux. Les artères et les veines des ouïes sont intimement connectées, permettant au sang de passer des artères aux veines par des vaisseaux capillaires. Cette distribution régulière et ordonnée est unique chez les poissons. Les veines des ouïes deviennent des artères pour irriguer le reste du corps, y compris le cerveau et les organes sensoriels. Enfin, une partie du sang artériel est rapportée au cœur par les veines des ouïes, complétant ainsi la circulation sanguine chez les poissons. Le texte mentionne également la structure de la mâchoire supérieure des poissons, mobile et composée de plusieurs pièces permettant de dilater et allonger la mâchoire. La respiration de la carpe implique un nombre impressionnant de pièces osseuses (4 386) et de muscles (69). Les artères des ouïes, outre leurs huit branches principales, jettent 4 320 rameaux, chacun produisant une infinité de capillaires transversaux. Les veines, de manière similaire, ont des rameaux qui ne produisent pas de capillaires transversaux. Le sang circule du cœur vers les ouïes, où il est filtré et oxygéné avant de retourner au cœur. Des expériences montrent la nécessité de l'air pour la respiration des poissons. Par exemple, des poissons placés dans un récipient sous vide ou dans de l'eau privée d'air montrent des signes de détresse et finissent par mourir. Les poissons cherchent à se rapprocher de la surface de l'eau pour respirer l'air dissous. Les mouvements de respiration des poissons impliquent l'ouverture et la fermeture de la bouche et des ouïes, permettant à l'eau de passer à travers les branchies pour l'oxygénation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3854
p. 262-263
MARIAGE.
Début :
Mre Nicolas Digues, Seigneur de Carlande & d'Interville, Conseiller [...]
Mots clefs :
Nicolas Digues
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGE.
MAF^IAGE.
MIC Nicolas Digues, Seigneur
de Carlande & d'Inter-
Ville-, Conseiller du Roy,
Commissaire General en sa
Cour des Monnoyes, Directeur,
General des Eratons dç
France, passa contrat de mariage
le onze de ce mois, avec
DamoiselleMarieAngclicjue-
Antoinette Bidault, l'une des
vingt - quatre Femmes de
Chambre de Monseigneur le
Dauphin. LeRoy& Monseigneur
leDauphinhonorèrent
ce contrat de leur signature.
* Plusieurs Seigneurs & Dames
de la Cour se firent un plaisir
de le signer aussi.
MIC Nicolas Digues, Seigneur
de Carlande & d'Inter-
Ville-, Conseiller du Roy,
Commissaire General en sa
Cour des Monnoyes, Directeur,
General des Eratons dç
France, passa contrat de mariage
le onze de ce mois, avec
DamoiselleMarieAngclicjue-
Antoinette Bidault, l'une des
vingt - quatre Femmes de
Chambre de Monseigneur le
Dauphin. LeRoy& Monseigneur
leDauphinhonorèrent
ce contrat de leur signature.
* Plusieurs Seigneurs & Dames
de la Cour se firent un plaisir
de le signer aussi.
Fermer
Résumé : MARIAGE.
Le 11 du mois, Nicolas Digues, Seigneur de Carlande et d'Interville, Conseiller du Roy, Commissaire Général des Monnoyes et Directeur Général des Étalons de France, a épousé Marie-Angélique-Antoinette Bidault, Femme de Chambre du Dauphin. Le Roi et le Dauphin ont signé le contrat, ainsi que plusieurs Seigneurs et Dames de la Cour.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3855
p. 263-270
MORTS,
Début :
Mre Henry-François de Candale, Duc de Rendan, Pair de [...]
Mots clefs :
Henry-François de Candale, Comte de Foix, Marquis de Montpeyroux, Enfants, Lieutenant, Duc de Randan
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS,
MORTS. # f l" IA% Henry - François de
Candale
>
Duc de Rendan
Pair de France, Chevalier de
l'Ordre du S. Esprit, Captai
de Buch ; mourut le 22. Fér
vrier. Ce Seigneurdesçend
des anciens Comtes de Foix
du Languedoc par lfabelle.
Çofnteflc deFoix, Vicoinrelfè
de Bearn, soeur & hernicre
de Mathieu Comte de Foix,
qui épousa Archambaud de
Grefly, Captal de Buch
,
qui
estoit descendu de Jean, Seigneur
de Grefly,Vicomte de
Benauge
,
& de Blanche de
Foix, qui estoieElle de Gaston
Comte de Foix, & de Jeanne
d'Artois. Laposterité d'Archambaud
posseda le Comte
de Foix, & en prirent le nom
& les armes, & c'est d'une
branche decerteMaison qu'-
est descendu Mr le Duc de
Foix qui est celle de Candate.
Le Duché de Rendan donc
il estoit en possession fut crigé
gé en Duché Pairie par le Roy
Louis XIV. au mois de Mars
1661.vérifié le15. Décembre
16 6 3. en faveur de Dame
Marie-Catherine de la Rochefaucault,
ComtessedeRendan,
Gouvernance de Sa Majesté,
qui estoitveuve de Henry
de Bauffremont, Marquis de
Senneçay, &aussi en faveur de
Marie-Claire de Beauffremont
fafille unique qui estoiraussi
veuve deJeanBaptiste Gaston
de Flcix. Cette Dame Comtessede
Flcix eut entr'autres z.
enfans mâles, qui furent Jean-
Baptiste de Foix & HenryFrançois
-
Madamela Comtesse
de Randan leur ayeule,
& Madame la Comtesse de
Fleix leur mere, firent la démission
du Duché de Randan
en faveur de Jean
-
Baptiste
Gaston de Foix leurfilsaîné;
ainsi par cette cession. Il fut
Duc de Randan
,
il épou sa
Dame Magdelaine Charlotte
d'Ailly, fille de Henry Louis
d'Ailly, Duc de Chaunes, &
il mourut sans cnfans; & comme
sa mere & son ayeule lors
de la cession du Duché, luy
cederent à charge de reversion
faute d'enfans madcs
~omme par sa mort il n'en
lOEa pas, le Duché revint à
~Madame de Randan & à Maame
sa fille, qui firent une
ouvelle donation en faveur
e Henry François de Foix,
~ere puisné de Jean Baptiste
e Foix Duc de Randan
,
qui
enoit de mourir, ainsi Henry
~François de Foix fut Duc de
landan, & la possedé jusques
sa mort, & comme il nelaisa
point d'enfans deDame
~Marie-Charlotte de Roquéaure
son epouse, ce Duché
~se trouveaujourd 'huy éteint,
& enmême temps tous ceux
du nom de Foix, qui a esté si illustre
pendant plusieurs siecles
Mr le Marquis de Montpeyroux
est mort le ij. Fevricr.
Il se nommoit Eleonor-
François Palatin de Dio, Marquis
de Montpeyroux, Roquefcuil
& Castelnau,Comte
de Saligny, Baron de la Roche
en Berry, Mestre de Camp
de la Cavalerie Legere de
France & Lieutenant General
desArmées du Roy. Il estoit
fils de Noël- Eleonor Palatinde
Dio, Seigneur & Marquis
de Montpeyroux
,
Comte de f
la Roche, de Saligny & de j
i
Roquefeuil;& de Dame Marie
Habeau de Coligny, fille
de Gaspard de Coligny troisiéme
du nom, Marquisd Orne,
Capitaine-Lieutenant des
Gens-d'Armes de la Reine,
quifut tuéà l'attaque de Charenton
le 8 Février 1649. &
de Dame Gilberte de Roquefeuil,
qui après sa mort seremaria
à Mre Charles
- Yves
Marquis d'Alegre
,
dont elle
eut une fille qui fut premiere
femme de Mr le Marquis de
Seignelay. Mr le Marquis de
de Montpeyrouxqui vient de
mourir avoit épousé le io.
Avril1700. DameFrançoise
de Harville
,
fille de Claude-
Antoine de HarvillePaloiseau,
Comtede laSalle, Lieutenant
General du Pays Chartrain
Il en a eu deux fils &
une fille qui sont morts jeU-:
nes ; ainsi il ne laisse pasde
posterité.
Candale
>
Duc de Rendan
Pair de France, Chevalier de
l'Ordre du S. Esprit, Captai
de Buch ; mourut le 22. Fér
vrier. Ce Seigneurdesçend
des anciens Comtes de Foix
du Languedoc par lfabelle.
Çofnteflc deFoix, Vicoinrelfè
de Bearn, soeur & hernicre
de Mathieu Comte de Foix,
qui épousa Archambaud de
Grefly, Captal de Buch
,
qui
estoit descendu de Jean, Seigneur
de Grefly,Vicomte de
Benauge
,
& de Blanche de
Foix, qui estoieElle de Gaston
Comte de Foix, & de Jeanne
d'Artois. Laposterité d'Archambaud
posseda le Comte
de Foix, & en prirent le nom
& les armes, & c'est d'une
branche decerteMaison qu'-
est descendu Mr le Duc de
Foix qui est celle de Candate.
Le Duché de Rendan donc
il estoit en possession fut crigé
gé en Duché Pairie par le Roy
Louis XIV. au mois de Mars
1661.vérifié le15. Décembre
16 6 3. en faveur de Dame
Marie-Catherine de la Rochefaucault,
ComtessedeRendan,
Gouvernance de Sa Majesté,
qui estoitveuve de Henry
de Bauffremont, Marquis de
Senneçay, &aussi en faveur de
Marie-Claire de Beauffremont
fafille unique qui estoiraussi
veuve deJeanBaptiste Gaston
de Flcix. Cette Dame Comtessede
Flcix eut entr'autres z.
enfans mâles, qui furent Jean-
Baptiste de Foix & HenryFrançois
-
Madamela Comtesse
de Randan leur ayeule,
& Madame la Comtesse de
Fleix leur mere, firent la démission
du Duché de Randan
en faveur de Jean
-
Baptiste
Gaston de Foix leurfilsaîné;
ainsi par cette cession. Il fut
Duc de Randan
,
il épou sa
Dame Magdelaine Charlotte
d'Ailly, fille de Henry Louis
d'Ailly, Duc de Chaunes, &
il mourut sans cnfans; & comme
sa mere & son ayeule lors
de la cession du Duché, luy
cederent à charge de reversion
faute d'enfans madcs
~omme par sa mort il n'en
lOEa pas, le Duché revint à
~Madame de Randan & à Maame
sa fille, qui firent une
ouvelle donation en faveur
e Henry François de Foix,
~ere puisné de Jean Baptiste
e Foix Duc de Randan
,
qui
enoit de mourir, ainsi Henry
~François de Foix fut Duc de
landan, & la possedé jusques
sa mort, & comme il nelaisa
point d'enfans deDame
~Marie-Charlotte de Roquéaure
son epouse, ce Duché
~se trouveaujourd 'huy éteint,
& enmême temps tous ceux
du nom de Foix, qui a esté si illustre
pendant plusieurs siecles
Mr le Marquis de Montpeyroux
est mort le ij. Fevricr.
Il se nommoit Eleonor-
François Palatin de Dio, Marquis
de Montpeyroux, Roquefcuil
& Castelnau,Comte
de Saligny, Baron de la Roche
en Berry, Mestre de Camp
de la Cavalerie Legere de
France & Lieutenant General
desArmées du Roy. Il estoit
fils de Noël- Eleonor Palatinde
Dio, Seigneur & Marquis
de Montpeyroux
,
Comte de f
la Roche, de Saligny & de j
i
Roquefeuil;& de Dame Marie
Habeau de Coligny, fille
de Gaspard de Coligny troisiéme
du nom, Marquisd Orne,
Capitaine-Lieutenant des
Gens-d'Armes de la Reine,
quifut tuéà l'attaque de Charenton
le 8 Février 1649. &
de Dame Gilberte de Roquefeuil,
qui après sa mort seremaria
à Mre Charles
- Yves
Marquis d'Alegre
,
dont elle
eut une fille qui fut premiere
femme de Mr le Marquis de
Seignelay. Mr le Marquis de
de Montpeyrouxqui vient de
mourir avoit épousé le io.
Avril1700. DameFrançoise
de Harville
,
fille de Claude-
Antoine de HarvillePaloiseau,
Comtede laSalle, Lieutenant
General du Pays Chartrain
Il en a eu deux fils &
une fille qui sont morts jeU-:
nes ; ainsi il ne laisse pasde
posterité.
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Résumé : MORTS,
Le texte rapporte le décès de deux nobles : Henry-François de Foix, Duc de Randan, et Éléonor-François Palatin de Dio, Marquis de Montpeyroux. Henry-François de Foix, descendant des Comtes de Foix et des Vicomtes de Bearn, était Chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit et Capitaine de Buch. Il mourut le 22 février sans héritier, ce qui entraîna l'extinction du Duché de Randan, créé en 1661 par Louis XIV. Éléonor-François Palatin de Dio, Maître de Camp de la Cavalerie Légère de France et Lieutenant Général des Armées du Roi, décéda également en février. Fils de Noël-Éléonor Palatin de Dio et de Marie Habeau de Coligny, il épousa Françoise de Harville en 1700 mais n'eut pas de postérité survivante.
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3856
p. 270-275
Supplement aux Nouvelles.
Début :
Les Lettres de Hambourg du 16. portent que les Habitans [...]
Mots clefs :
Garnison, Vivres, Colonel, Canon, Tönning
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texteReconnaissance textuelle : Supplement aux Nouvelles.
Supplement aux Nouvelles.
Les Lettres de Hambourg
du 16. portent que les Habitans
& la Garnison de Tonningen estant
réduits à la dernicre
extremité faute de vivres
, le Colonel Wolf qui y
commandoit, fut obligé d'envoyer
le 7. à Tottembuttel,
au Brigadier Kneil qui commandent
le Blocus de la Place,
pour demander à capituler.
Que la Capitulation fut
regléele 8. en pluficurs Articles.
Sçavoir :
Que la Garnison fortiroit
, avec toutes les marques d'honneur
deux picces de canon de
six livres de bale & des munitions
pour tirer douze coups; Qu'on lui fourniroit quatrevingt
un Chariots à quatre
chevaux, pour porter les
bagages;
Qu'elle seroit conduite à
Eurin, ne faisant que deux
lieuës par jour, & séjournant
le troisiéme.
Qu'aucun soldat ne seroit
forcé à prendre parti.
Qu'on fourniroit en payant
des remedes aux Officiers &
aux solatsmalades jusquàleur
entiere guerison.
Que les personnes qui sont
au fcrvice du Duc de Hostein
pourront librement se retirer
de la Ville, ou y rester.
Que les effets qui ont esté
retirez dans la Ville seront
rendus de bonne foy.
Que la Ville & son diftrict
conservera les priviléges
& seraexemte de contributions,
& les Bourgeois pareillement;
& que ceux qui sont
prisonniers feront relaschez
sans payer rançon, &c.
Le 1o, la Garnison sortit
au nombre de trois cent cinquante
hommes portans armes,
outre plus de quatre
cent malades restez dans la
place, dont le Colonel Arnoldi
a esté fait Commandant.
On y a trouvez cent quarante
pieces de canon, vingt-cinq
mortiers, & cent soixantefcize
milliers de poudre; mais
si peu de vivres qu'il n'y restoit
que seize mesures de farine.
On mande de Stokholm
que les Erats de Suede continuent
leurs séances avec
beaucoup d'union, qu'ils travailloient
à augmenterl'Arméejusqu'à
soixante ou soixante-
dix mille hommes, &à
faire prendre les armes aux
Ministres pour estre en état
de repousser les Danois & les
Moscovites qui se préparent
à attaquer la Suede en même
tems du costé du Pays de la
Finlande.
On écrit de Vienne que le
Ministre du Roy de Sicile a
esté congédié, & qu'il se prépare
à partir incessamment
pour retourner en Italie, &
qu'on a envoyé un Mandement
à Ausbourg au Comte
de Borgole, Ministre du
même Prince, avec ordre de
forcir de la Ville dans deux
jours, & dans quinze jours
des Terres de l'Empire.
Les Lettres de Hambourg
du 16. portent que les Habitans
& la Garnison de Tonningen estant
réduits à la dernicre
extremité faute de vivres
, le Colonel Wolf qui y
commandoit, fut obligé d'envoyer
le 7. à Tottembuttel,
au Brigadier Kneil qui commandent
le Blocus de la Place,
pour demander à capituler.
Que la Capitulation fut
regléele 8. en pluficurs Articles.
Sçavoir :
Que la Garnison fortiroit
, avec toutes les marques d'honneur
deux picces de canon de
six livres de bale & des munitions
pour tirer douze coups; Qu'on lui fourniroit quatrevingt
un Chariots à quatre
chevaux, pour porter les
bagages;
Qu'elle seroit conduite à
Eurin, ne faisant que deux
lieuës par jour, & séjournant
le troisiéme.
Qu'aucun soldat ne seroit
forcé à prendre parti.
Qu'on fourniroit en payant
des remedes aux Officiers &
aux solatsmalades jusquàleur
entiere guerison.
Que les personnes qui sont
au fcrvice du Duc de Hostein
pourront librement se retirer
de la Ville, ou y rester.
Que les effets qui ont esté
retirez dans la Ville seront
rendus de bonne foy.
Que la Ville & son diftrict
conservera les priviléges
& seraexemte de contributions,
& les Bourgeois pareillement;
& que ceux qui sont
prisonniers feront relaschez
sans payer rançon, &c.
Le 1o, la Garnison sortit
au nombre de trois cent cinquante
hommes portans armes,
outre plus de quatre
cent malades restez dans la
place, dont le Colonel Arnoldi
a esté fait Commandant.
On y a trouvez cent quarante
pieces de canon, vingt-cinq
mortiers, & cent soixantefcize
milliers de poudre; mais
si peu de vivres qu'il n'y restoit
que seize mesures de farine.
On mande de Stokholm
que les Erats de Suede continuent
leurs séances avec
beaucoup d'union, qu'ils travailloient
à augmenterl'Arméejusqu'à
soixante ou soixante-
dix mille hommes, &à
faire prendre les armes aux
Ministres pour estre en état
de repousser les Danois & les
Moscovites qui se préparent
à attaquer la Suede en même
tems du costé du Pays de la
Finlande.
On écrit de Vienne que le
Ministre du Roy de Sicile a
esté congédié, & qu'il se prépare
à partir incessamment
pour retourner en Italie, &
qu'on a envoyé un Mandement
à Ausbourg au Comte
de Borgole, Ministre du
même Prince, avec ordre de
forcir de la Ville dans deux
jours, & dans quinze jours
des Terres de l'Empire.
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Résumé : Supplement aux Nouvelles.
Le document relate des événements militaires et diplomatiques. À Tonningen, la garnison et les habitants, affamés, ont capitulé. Le colonel Wolf a négocié avec le brigadier Kneil, commandant le blocus. Les termes incluaient une sortie honorable, des chariots pour les bagages, une marche vers Eurin à rythme modéré, et la liberté pour les soldats de ne pas prendre parti. Les malades recevraient des soins jusqu'à guérison. Les privilèges de la ville et des bourgeois seraient maintenus, et les prisonniers libérés sans rançon. La garnison, composée de 350 hommes armés et plus de 400 malades, a quitté la ville, laissant des armements mais peu de vivres. En Suède, les États se préparent à augmenter leur armée pour repousser les Danois et les Moscovites. À Vienne, le ministre du roi de Sicile a été congédié et doit retourner en Italie, tandis que le comte de Borgole a reçu l'ordre de quitter Augsbourg et les terres de l'Empire.
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3857
p. 275-278
MORTS.
Début :
Damoiselle Claude Elizabeth le Ragois de Bretonvilliers, fille de feu [...]
Mots clefs :
Le Ragois de Bretonvilliers, Maison du Harlay, Comte de Miossens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Damoiselle Claude Elizabeth
le Ragois de Bretonvilliers,
fille de feu Mre Benigne
le Ragois
)
Sr de BretonvilBretonvillieis,
President en la
Chambre des Comptes, mourut
le2. Février en sa17.année.
Dame Artemire de Resmond
,épousede tvilffirc Jean
Louis de Rafin, Chevalier
Seigneur d'Hauterive, Brigadierr)
des ArméesduRoy,o&
Commandant pour sa Majesté
à Sedan, mourut le j.
Février.
Messire Louis François AchillesdeHarlay,
Abbé de S.
Colombe de Sens, mourut le
14. Février. Il estoit fils puisné
de feu Messire Nicolas Auguste
de Harlay, Seigneur de
Boneüil& de Cély, Conseiller
d'Etat ordinaire, & Plenipotentiaire
à la Paix de Riswick,
& de Dame Anne-Françoise
Loüise-Marie Boucherat. On
a si souvent parlé de laMaifon
du Harlay qu'on renvoye le
Lecteur aux precedens Mercures.
Dame Elizabeth de Pons ,
veuve de François Amanieu
d'Albret,Comte de Miossens,
mourut le 23.Février dans
son appartement au Palaisdu
Luxembourg, âgée de 78.
ans. On a promis pour le
Mercure prochain un Memoire
sur cette Maison.
Damoiselle Claude Elizabeth
le Ragois de Bretonvilliers,
fille de feu Mre Benigne
le Ragois
)
Sr de BretonvilBretonvillieis,
President en la
Chambre des Comptes, mourut
le2. Février en sa17.année.
Dame Artemire de Resmond
,épousede tvilffirc Jean
Louis de Rafin, Chevalier
Seigneur d'Hauterive, Brigadierr)
des ArméesduRoy,o&
Commandant pour sa Majesté
à Sedan, mourut le j.
Février.
Messire Louis François AchillesdeHarlay,
Abbé de S.
Colombe de Sens, mourut le
14. Février. Il estoit fils puisné
de feu Messire Nicolas Auguste
de Harlay, Seigneur de
Boneüil& de Cély, Conseiller
d'Etat ordinaire, & Plenipotentiaire
à la Paix de Riswick,
& de Dame Anne-Françoise
Loüise-Marie Boucherat. On
a si souvent parlé de laMaifon
du Harlay qu'on renvoye le
Lecteur aux precedens Mercures.
Dame Elizabeth de Pons ,
veuve de François Amanieu
d'Albret,Comte de Miossens,
mourut le 23.Février dans
son appartement au Palaisdu
Luxembourg, âgée de 78.
ans. On a promis pour le
Mercure prochain un Memoire
sur cette Maison.
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Résumé : MORTS.
En février, plusieurs décès notables ont été enregistrés. Claude Elizabeth le Ragois de Bretonvilliers, fille de feu Mre Benigne le Ragois, seigneur de Bretonvilliers et président à la Chambre des Comptes, est décédée le 2 février à l'âge de 17 ans. Dame Artemire de Resmond, épouse de Jean Louis de Rafin, chevalier seigneur d'Hauterive, brigadier des Armées du Roy et commandant à Sedan, est décédée le 1 février. Messire Louis François Achilles de Harlay, abbé de Saint-Colombe de Sens, fils puîné de feu Messire Nicolas Auguste de Harlay et de Dame Anne-Françoise Louise-Marie Boucherat, est décédé le 14 février. Dame Elizabeth de Pons, veuve de François Amanieu d'Albret, comte de Miossens, est décédée le 23 février à l'âge de 78 ans dans son appartement au Palais du Luxembourg. Un mémoire sur la maison de Pons est annoncé pour le prochain Mercure.
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3858
p. 278-280
Nouvelles d'Espagne. [titre d'après la table]
Début :
Les Lettres de Madrid du 18 portent que la Reine étoit [...]
Mots clefs :
Madrid, Barcelone, Roi, Reine, Lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Espagne. [titre d'après la table]
Les Lettres de Madrid du
18 portent que la Reine étoit
morte le 14. On parlera dans
le Mercure de Mars de la more
de cette Princesse.
Le Roy a nommé le Cardinal
del Giudice. avec le
Marquis de Mejorada., &
Don Joseph Grimaldo, Secretaire
d Etat, pour expedier
durant quelques jours les affaires
ordinaires,& même les
plus importantes auxquelles
le retardement pourroit apporter
préjudice.
Les Lettres de Catalogne
portent que la Flote du Roy
estoitarrivée le premier de ce
mois devant Barcelone; qu'- elleavoitmouillé à l'embouchure
du Llobregat, & du
Besos : que ce même jour on
devoit débarquer les munitions
de guerre & les provisions
destinées pour l'Armée
& pour le Siege de Barcelone
: que depuis quelques jours
il en estoit venus plusieurs deferteurs
qui assuroient que les
Habirans souffroient extrêmement
faute de vivres: &
que les Détachemens envoyez
par le Duc de Popoli contre
les Rebelles, les avoient pour
la pluspart détruits & diffipez.
18 portent que la Reine étoit
morte le 14. On parlera dans
le Mercure de Mars de la more
de cette Princesse.
Le Roy a nommé le Cardinal
del Giudice. avec le
Marquis de Mejorada., &
Don Joseph Grimaldo, Secretaire
d Etat, pour expedier
durant quelques jours les affaires
ordinaires,& même les
plus importantes auxquelles
le retardement pourroit apporter
préjudice.
Les Lettres de Catalogne
portent que la Flote du Roy
estoitarrivée le premier de ce
mois devant Barcelone; qu'- elleavoitmouillé à l'embouchure
du Llobregat, & du
Besos : que ce même jour on
devoit débarquer les munitions
de guerre & les provisions
destinées pour l'Armée
& pour le Siege de Barcelone
: que depuis quelques jours
il en estoit venus plusieurs deferteurs
qui assuroient que les
Habirans souffroient extrêmement
faute de vivres: &
que les Détachemens envoyez
par le Duc de Popoli contre
les Rebelles, les avoient pour
la pluspart détruits & diffipez.
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Résumé : Nouvelles d'Espagne. [titre d'après la table]
Le 14 du mois, la Reine est décédée. Le Roi a nommé le Cardinal del Giudice, le Marquis de Mejorada et Don Joseph Grimaldo pour gérer les affaires courantes. La flotte royale est arrivée devant Barcelone le 1er du mois. Les habitants de Barcelone souffrent de famine. Les troupes du Duc de Popoli ont dispersé les rebelles.
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3859
p. 280-282
Nouvelles d'Angleterre. [titre d'après la table]
Début :
On écrit de Londres qu'on travailloit à mettre au net le [...]
Mots clefs :
Reine, Commission, Comte de Crawford, Londres, Commerce
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Angleterre. [titre d'après la table]
On écrie de Londres qu'on
travailloità mettre au net le
Traité de Commerce entre
l'Espagne & la Grande Bretagne,
qu'on avoit reçu par un
Exprés arrivé d'Utrecht, pour
estreratissé par la Reine. Sa
Majesté a figné la Commission
du sieurJeanHart, nommeau
Gouvernement de Maryland.
Le sieur Jean Wetham a esté
fait Commissaire de l'Excise.
La Reine a conféré la dignité
gnité de Chevalier Baronet de
la Grande Breragne au ifeur
Guillaume Desbowreries.
Le Comte Marshal
)
Pair
d'Ecosse, a esté fait Capitaine
de laSeconde Compagnie des
Grenadiers cheval Ecossois
dela Garde;à la place du feu
Comte deCrawford. t
-
La Reine a accordéau Duc
de Shrewsbury la permission
de revenir en Angleterre, 84
elle a ordonné de dresser une
Commissîon pour établir Regents
en son absencel'Archevêque
d'ArrnaghJ le ifrur
Phips, Chanceliery& l'Arche.
veque de Tuam.
travailloità mettre au net le
Traité de Commerce entre
l'Espagne & la Grande Bretagne,
qu'on avoit reçu par un
Exprés arrivé d'Utrecht, pour
estreratissé par la Reine. Sa
Majesté a figné la Commission
du sieurJeanHart, nommeau
Gouvernement de Maryland.
Le sieur Jean Wetham a esté
fait Commissaire de l'Excise.
La Reine a conféré la dignité
gnité de Chevalier Baronet de
la Grande Breragne au ifeur
Guillaume Desbowreries.
Le Comte Marshal
)
Pair
d'Ecosse, a esté fait Capitaine
de laSeconde Compagnie des
Grenadiers cheval Ecossois
dela Garde;à la place du feu
Comte deCrawford. t
-
La Reine a accordéau Duc
de Shrewsbury la permission
de revenir en Angleterre, 84
elle a ordonné de dresser une
Commissîon pour établir Regents
en son absencel'Archevêque
d'ArrnaghJ le ifrur
Phips, Chanceliery& l'Arche.
veque de Tuam.
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Résumé : Nouvelles d'Angleterre. [titre d'après la table]
Le texte mentionne plusieurs décisions royales en Grande-Bretagne. Un traité de commerce avec l'Espagne est en cours de ratification. La Reine a nommé Jean Hart au gouvernement du Maryland et Jean Wetham Commissaire de l'Excise. Elle a également anobli Guillaume Desbowreries. Le Comte Marshal a été nommé Capitaine des Grenadiers cheval Ecossois. Le Duc de Shrewsbury a été autorisé à revenir en Angleterre. Une commission de régents, incluant l'Archevêque d'Armagh et l'Archevêque de Tuam, a été ordonnée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3860
p. 282
Nouvelles de Versailles. [titre d'après la table]
Début :
On mande de Versailles que le Roy avoit pris le deüil [...]
Mots clefs :
Reine d'Espagne, Roi, Deuil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Versailles. [titre d'après la table]
On mande de Versailles
que le Roy avoit pris le deüil
- pour la mort de la Reine d'Espagne.
Les Lettres Patentes pour
renregiftrement de la Constitution
du Pape, acceptée par
l'Assemblée des Prclats convoquez
extraordinairement
par Sa Majesté, & qui porte
condamnation d'un Livre intitulé
: Le Nouveau Testament
en François, avec des Reflexions
que le Roy avoit pris le deüil
- pour la mort de la Reine d'Espagne.
Les Lettres Patentes pour
renregiftrement de la Constitution
du Pape, acceptée par
l'Assemblée des Prclats convoquez
extraordinairement
par Sa Majesté, & qui porte
condamnation d'un Livre intitulé
: Le Nouveau Testament
en François, avec des Reflexions
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3861
s. p.
TABLE.
Début :
Avanture nouvelle. 3 De la necessité de la Critique, ou [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TABLE.
De la necessité de la Critique,
ou le grandPrevcfl du Parna/
te 4*
Nouvelles. 24
Obsfetuvatibon istuer .un1e 1m4ort
Article des Enigmes.124
Ccremonie du Couronnement du
Roy & de la Reine de Sicile,
faite à Palerme. 140
LaCritique,Ode. 145
L'Indien 0* le Soleil,Fable. 160
Lettre de Catalogne. 1Cf
Mariagede MonsieurHenault, Epitaldme.174
Lettre de Madrid. 194
Lettre de M. L. C. de F. a
Saint Falioii de Palletcol, le
11.Février. 197
Morts. ut
Memoire sur la circulation du
fang des PoijSms qui ont des
ouies
y & sur leur respiration.
ily
Mariage. 161,
Morts. a.(13
Suptêmentaux Nouvelles.170
Morts. 7J.
Nouvelles d'Espagne. 278
Nouvelles d'Angleterre.280
ou le grandPrevcfl du Parna/
te 4*
Nouvelles. 24
Obsfetuvatibon istuer .un1e 1m4ort
Article des Enigmes.124
Ccremonie du Couronnement du
Roy & de la Reine de Sicile,
faite à Palerme. 140
LaCritique,Ode. 145
L'Indien 0* le Soleil,Fable. 160
Lettre de Catalogne. 1Cf
Mariagede MonsieurHenault, Epitaldme.174
Lettre de Madrid. 194
Lettre de M. L. C. de F. a
Saint Falioii de Palletcol, le
11.Février. 197
Morts. ut
Memoire sur la circulation du
fang des PoijSms qui ont des
ouies
y & sur leur respiration.
ily
Mariage. 161,
Morts. a.(13
Suptêmentaux Nouvelles.170
Morts. 7J.
Nouvelles d'Espagne. 278
Nouvelles d'Angleterre.280
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Résumé : TABLE.
Le document liste divers articles et sections d'une revue ou journal. Il inclut des critiques littéraires, des nouvelles diverses, des cérémonies officielles, des poèmes, des fables, des lettres de correspondants, des épitaphes et des mémoires scientifiques. Les sujets notables sont le couronnement du roi et de la reine de Sicile, une ode intitulée 'La Critique', une fable intitulée 'L'Indien ou le Soleil', et des lettres de Catalogne, Madrid et Saint-Falier de Palletcol. Il mentionne aussi des sections sur les mariages et les décès, ainsi que des suppléments et des nouvelles d'Espagne et d'Angleterre.
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3862
p. 3-16
TRAIT D'HISTOIRE Arabe.
Début :
Hataya, Poëte, raconte de lui-même, qu'ayant renoncé à la poësie, [...]
Mots clefs :
Calife, Dieu, Poète, Vieillard, Poésie, Prison, Vers, Prophète, Frayeur, Hataya, Hacler
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TRAIT D'HISTOIRE Arabe.
TRAIT D'HISTOIRE
Arabe.
Ataya , Poëte ,
raconte de lui-
H même, qu'ayant
DE
LA
VILLE
noncé à la poëfie , le
Calife ordonna qu'on le
Mars 1714.
A ij
4 MERCURE
mit dans la prifon des
criminels. En entrant ,
dit- il , dans cette prifon ,
j'apperçus un vieillard ,
qui me parut un honnête
homme ; car les caracteres
de la vertu paroiffoient
fur fon viſage .
J'allai m'affeoir auprés
de lui fans le faluer ,
tant le chagrin & la
frayeur m'avoient troublé
l'efprit. Je demeurai
quelque temps en cet
état : mais le vieillard ,
GALANT .
S
pour diffiper ma frayeur,
me recita ces deux diftiques.
Les adverfitez
viennent de Dieu , &
l'impatience vient de
nous . Dieu m'a ôté ce
EZ
qui venoit de moy ,
m'a laiffé ce qui venoit
de luis c'est ce qui mefait
fouffrir
avec joye. Pourquoy
donc es-tu trifte ?
Entate
voyant
que j'étois
frapé de ce diftique
,
il me dit : fe fuis prêt
d'être condamné
à mort ,
A iij
6 MERCURE
,
€5 aprés ma mortje n'aurai
plus befoin de patien
се je te la laiſſe , 5
commence à enjouir pendant
ta vie à mon exemple.
Je rappellai mes tens
& mes efprits , & je le
priai de continuer à me
confoler. Ifmaël , me répondit
le vieillard , commencez
par me rendre le
falut & la civilité que .
vous devez aux Mufulmans
. Alors m'étant excufe
fur ma frayeur &
GALANT. 7
mon étonnement , il reilareprit
: On va m'appeller
tout à l'heure , pour me
demander où eft Hyla de
la race du Prophete . Si
je dis où il eft , j'offenferai
Dieu ; & fi je ne
le dis pas , on me fera
mourir. Ainfi je devrois
être dans un plus grand
étonnement que vous :
cependant vous voyez
ma patience & ma refignation
à la volonté de
Dieu. Je lui répondis :
A iiij
8 MERCURE
Que Dieu vous confole,
il vous fuffit. Je ne vous
reprendrai plus , me dit
le vieillard , & vous repeterai
le diftique autant
que vous le fouhaiterez ;
ce qu'il fit , & me dit
enfuite : Qui vous a
obligé de quitter la poëfie
, qui faifoit vôtre fortune
auprés des Grands ?
Il faut que vous continuiez
à faire des vers ,
& que vous leur donniez
cette fatisfaction ;
GALANT . 9
vous leur devez cette reconnoiffance
, & vous la
devez à vôtre
reputation
. A peine cut - il fini
ce difcours , qu'on nous
appella l'un & l'autre ,
& l'on nous mena dans
la chambre du Calife .
Quand nous fumes en ſa
prefence , il dit à Hacler :
(c'étoit le nom du vicillard
) Où eft Hila ? Vous
m'avez fait mettre en
prifon , répondit Hacler,
comment pourrois - je
io MERCURE
#
fçavoir de ſes nouvelles ?
Aprés quelques autres ,
demandes Almohdi en
colere dit à Hacler : Vous
m'indiquerez où il eft ,
ou bien je vais vous faire
couper la tête. Vous ferez
de moy tout ce qu'il
vous plaira , répondit
Hacler , je ne vous dirai
point où eft le fils du Prophete
; je ne veux point
offenfer Dieu ni le Prophete
en trahiffant fon
fils , & quand mefine il
GALANT . I
feroit entre ma chemiſe
& ma peau , je ne vous
dirois pas où il eft. Qu'-
on lui coupe la tefte, dit
le Calife , & auffitôt cela
fut executé. Enfuite ce
Prince me fit approcher
& me dit : Ou vous ferez
des vers , ou je vous
traiterai comme j'ai fait
Hacler. Je lui répondis :
Seigneur , fçais - tu ce
que c'est que poëfie ?
Sçais- tu que poëſie n'eſt
point ouvrage de main
12 MERCURE
mecanique qui fe puiſſe
faire de commande? Ainfi
, en te defobciffant je
ne fais point coupable :
un Poëte eft un homme
infpiré, non par fon Prince
, mais par le Seigneur
des genies ; cette infpration
ne vient que par
periodes. Tout ce que je
puis , c'eft de te promettre
de faire des vers
quand elle viendra. Hé
bien , répondit le Calife ,
retourne en priſon juſGALANT.
13
qu'à ce qu'elle te foit
venuë. Mais , repliqua le
Poëte , tu me permets
donc auffi de fuivre mon
infpiration telle qu'elle
me viendra , bonne ou
mauvaiſe , tu t'en contenteras
, & me donneras
la liberté ? Oui je te
le promets , répondit le
Calife. Le Poete rentra
dans la prifon d'où l'on
venoit de tirer Hacler à
aqui on avoit coupé la
tefte. Il prit ce fujer pour
14 MERCURE
fa poefie , & fit une fatyre
violente & inftructive
fur ce fujet , pour
blâmer la cruauté du Calife
, & auffitoft fe fit
mener devant lui , & lui
recita fa fatyre , lui difant
: Ton action injufte
contre Hacler m'a frapé
fi fort l'imagination dans
¡ce moment, que la verve
abondante eft venue qui
a inondé ma raiſon & ma
timidité ; maintenant je
fuis un infenfé qui ne
GALANT . 15
crains point la mort ;
fais- la moy donner , &
corrige - toy .Je ne regretteray
point la vie , fi j'ap
prens là - haut que c'eſt
la derniere dont tu auras
difpofé injuftement.
Cette
magnanimité de
Hataya toucha fi fort
le Calife , qu'il devint
plus humain , & recompenfa
magnifiquement
le Pocte , en faifant
pourtant brûler fes
vers , afin qu'on oubliât
16 MERCURE
entierement fes cruau
tez paffées.
Arabe.
Ataya , Poëte ,
raconte de lui-
H même, qu'ayant
DE
LA
VILLE
noncé à la poëfie , le
Calife ordonna qu'on le
Mars 1714.
A ij
4 MERCURE
mit dans la prifon des
criminels. En entrant ,
dit- il , dans cette prifon ,
j'apperçus un vieillard ,
qui me parut un honnête
homme ; car les caracteres
de la vertu paroiffoient
fur fon viſage .
J'allai m'affeoir auprés
de lui fans le faluer ,
tant le chagrin & la
frayeur m'avoient troublé
l'efprit. Je demeurai
quelque temps en cet
état : mais le vieillard ,
GALANT .
S
pour diffiper ma frayeur,
me recita ces deux diftiques.
Les adverfitez
viennent de Dieu , &
l'impatience vient de
nous . Dieu m'a ôté ce
EZ
qui venoit de moy ,
m'a laiffé ce qui venoit
de luis c'est ce qui mefait
fouffrir
avec joye. Pourquoy
donc es-tu trifte ?
Entate
voyant
que j'étois
frapé de ce diftique
,
il me dit : fe fuis prêt
d'être condamné
à mort ,
A iij
6 MERCURE
,
€5 aprés ma mortje n'aurai
plus befoin de patien
се je te la laiſſe , 5
commence à enjouir pendant
ta vie à mon exemple.
Je rappellai mes tens
& mes efprits , & je le
priai de continuer à me
confoler. Ifmaël , me répondit
le vieillard , commencez
par me rendre le
falut & la civilité que .
vous devez aux Mufulmans
. Alors m'étant excufe
fur ma frayeur &
GALANT. 7
mon étonnement , il reilareprit
: On va m'appeller
tout à l'heure , pour me
demander où eft Hyla de
la race du Prophete . Si
je dis où il eft , j'offenferai
Dieu ; & fi je ne
le dis pas , on me fera
mourir. Ainfi je devrois
être dans un plus grand
étonnement que vous :
cependant vous voyez
ma patience & ma refignation
à la volonté de
Dieu. Je lui répondis :
A iiij
8 MERCURE
Que Dieu vous confole,
il vous fuffit. Je ne vous
reprendrai plus , me dit
le vieillard , & vous repeterai
le diftique autant
que vous le fouhaiterez ;
ce qu'il fit , & me dit
enfuite : Qui vous a
obligé de quitter la poëfie
, qui faifoit vôtre fortune
auprés des Grands ?
Il faut que vous continuiez
à faire des vers ,
& que vous leur donniez
cette fatisfaction ;
GALANT . 9
vous leur devez cette reconnoiffance
, & vous la
devez à vôtre
reputation
. A peine cut - il fini
ce difcours , qu'on nous
appella l'un & l'autre ,
& l'on nous mena dans
la chambre du Calife .
Quand nous fumes en ſa
prefence , il dit à Hacler :
(c'étoit le nom du vicillard
) Où eft Hila ? Vous
m'avez fait mettre en
prifon , répondit Hacler,
comment pourrois - je
io MERCURE
#
fçavoir de ſes nouvelles ?
Aprés quelques autres ,
demandes Almohdi en
colere dit à Hacler : Vous
m'indiquerez où il eft ,
ou bien je vais vous faire
couper la tête. Vous ferez
de moy tout ce qu'il
vous plaira , répondit
Hacler , je ne vous dirai
point où eft le fils du Prophete
; je ne veux point
offenfer Dieu ni le Prophete
en trahiffant fon
fils , & quand mefine il
GALANT . I
feroit entre ma chemiſe
& ma peau , je ne vous
dirois pas où il eft. Qu'-
on lui coupe la tefte, dit
le Calife , & auffitôt cela
fut executé. Enfuite ce
Prince me fit approcher
& me dit : Ou vous ferez
des vers , ou je vous
traiterai comme j'ai fait
Hacler. Je lui répondis :
Seigneur , fçais - tu ce
que c'est que poëfie ?
Sçais- tu que poëſie n'eſt
point ouvrage de main
12 MERCURE
mecanique qui fe puiſſe
faire de commande? Ainfi
, en te defobciffant je
ne fais point coupable :
un Poëte eft un homme
infpiré, non par fon Prince
, mais par le Seigneur
des genies ; cette infpration
ne vient que par
periodes. Tout ce que je
puis , c'eft de te promettre
de faire des vers
quand elle viendra. Hé
bien , répondit le Calife ,
retourne en priſon juſGALANT.
13
qu'à ce qu'elle te foit
venuë. Mais , repliqua le
Poëte , tu me permets
donc auffi de fuivre mon
infpiration telle qu'elle
me viendra , bonne ou
mauvaiſe , tu t'en contenteras
, & me donneras
la liberté ? Oui je te
le promets , répondit le
Calife. Le Poete rentra
dans la prifon d'où l'on
venoit de tirer Hacler à
aqui on avoit coupé la
tefte. Il prit ce fujer pour
14 MERCURE
fa poefie , & fit une fatyre
violente & inftructive
fur ce fujet , pour
blâmer la cruauté du Calife
, & auffitoft fe fit
mener devant lui , & lui
recita fa fatyre , lui difant
: Ton action injufte
contre Hacler m'a frapé
fi fort l'imagination dans
¡ce moment, que la verve
abondante eft venue qui
a inondé ma raiſon & ma
timidité ; maintenant je
fuis un infenfé qui ne
GALANT . 15
crains point la mort ;
fais- la moy donner , &
corrige - toy .Je ne regretteray
point la vie , fi j'ap
prens là - haut que c'eſt
la derniere dont tu auras
difpofé injuftement.
Cette
magnanimité de
Hataya toucha fi fort
le Calife , qu'il devint
plus humain , & recompenfa
magnifiquement
le Pocte , en faifant
pourtant brûler fes
vers , afin qu'on oubliât
16 MERCURE
entierement fes cruau
tez paffées.
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Résumé : TRAIT D'HISTOIRE Arabe.
Le texte relate l'histoire d'Ataya, un poète arabe emprisonné sur ordre du Calife pour avoir renoncé à la poésie. En prison, Ataya rencontre un vieillard nommé Hacler, qui lui enseigne la patience et la résignation face à l'adversité. Hacler refuse de révéler la cachette de Hila, fils du Prophète, même sous la menace de mort, préférant mourir plutôt que de trahir sa foi. Le Calife fait exécuter Hacler et propose à Ataya de choisir entre écrire des vers ou subir le même sort. Ataya explique que la poésie ne se commande pas et promet de composer des vers lorsqu'il sera inspiré. Le Calife accepte et libère Ataya après qu'il ait écrit une satire contre la cruauté du Calife. Touché par la magnanimité d'Ataya, le Calife le récompense et fait brûler ses vers pour effacer ses cruautés passées.
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3863
p. 16-18
Parodie de la premiere Enigme, dont le mot est une Montre.
Début :
La montre en douze parts partage, [...]
Mots clefs :
Montre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Parodie de la premiere Enigme, dont le mot est une Montre.
Parodie de la premiere
Enigme , dont le mot
elt une Montre.
La montre en douze
parts partage ,
Comme on coupe un gâ→
teau des Rois.
Celui quifait tant de ra
vage,
C'eft
GALANT. 17
C'est à dire le temps qui
met l'homme aux
abois.
La montre à belles dents
mange le temps ,
qui mange
,
En prenant la revange ,
Et la montre & l'étui ,
Faifant envie à tous.
Montre n'a nulle
envie,
Et va tambourinant fa
vie i
Car montre vit par fon
tambour.
Mars 1714. B
18 MERCURE
On la
réveille aprés fon
tour.
Brune , blonde , brun &
blondin
La femme defoeuvrée ,
ou le jeune badin ,
Qui trés-fouvent n'aime
que ma parure ',
M'enchaîne , defenchaî
ne , t m'ote ma
coifure ,
Et perd fon temps à me
lorgner ,
Sans les coups qu'avec
lui jerrifque degagner.
Enigme , dont le mot
elt une Montre.
La montre en douze
parts partage ,
Comme on coupe un gâ→
teau des Rois.
Celui quifait tant de ra
vage,
C'eft
GALANT. 17
C'est à dire le temps qui
met l'homme aux
abois.
La montre à belles dents
mange le temps ,
qui mange
,
En prenant la revange ,
Et la montre & l'étui ,
Faifant envie à tous.
Montre n'a nulle
envie,
Et va tambourinant fa
vie i
Car montre vit par fon
tambour.
Mars 1714. B
18 MERCURE
On la
réveille aprés fon
tour.
Brune , blonde , brun &
blondin
La femme defoeuvrée ,
ou le jeune badin ,
Qui trés-fouvent n'aime
que ma parure ',
M'enchaîne , defenchaî
ne , t m'ote ma
coifure ,
Et perd fon temps à me
lorgner ,
Sans les coups qu'avec
lui jerrifque degagner.
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Résumé : Parodie de la premiere Enigme, dont le mot est une Montre.
Le texte est une parodie satirique centrée sur une montre personnifiée, divisée en douze parties. Elle symbolise le temps, décrit comme un animal qui le consomme. La montre est enviée mais reste indifférente, fonctionnant grâce à son tambour. Elle interagit de manière humoristique avec divers personnages. Le texte se conclut par une référence à Mars 1714 et au Mercure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3864
p. 19-21
Parodie de la seconde Enigme, dont le mot est aussi la Montre.
Début :
D'un pere sedentaire étant fille ambulante, [...]
Mots clefs :
Montre
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texteReconnaissance textuelle : Parodie de la seconde Enigme, dont le mot est aussi la Montre.
Parodie de la feconde
Enigme , dont le mot
cft auffi la Montre.
D'un pere fedentaire étant
fille ambulante ,
Defa nature auffijefuis
participantes.
Me promenantfort bien
fans fortir de chez
may,
Mepromenant auffipar
campagne & par
ville ,
Bij
20 MERCURE
A qui dort je fuis inutile
j
S'il ne veut s'éveiller
matini
Pour lors je deviens fon
lutin .
Je dirige qui me dirige,
Avec les fous j'ai le vertige,
Je fuis propre à monter
,
Et non pas à defcendre.
Avec moy quelquefois on
•
GALANT 21
s'amufe à compter.
Ce que je ne fçai pas de
moy tu peux l'apprendre.
Qui prend Montre à la
mine a torti
Car il en eft de nous
·comme des hypocrites
,
Des femmes & des chatemites
,
Belle montre & peu de
rapport.
Enigme , dont le mot
cft auffi la Montre.
D'un pere fedentaire étant
fille ambulante ,
Defa nature auffijefuis
participantes.
Me promenantfort bien
fans fortir de chez
may,
Mepromenant auffipar
campagne & par
ville ,
Bij
20 MERCURE
A qui dort je fuis inutile
j
S'il ne veut s'éveiller
matini
Pour lors je deviens fon
lutin .
Je dirige qui me dirige,
Avec les fous j'ai le vertige,
Je fuis propre à monter
,
Et non pas à defcendre.
Avec moy quelquefois on
•
GALANT 21
s'amufe à compter.
Ce que je ne fçai pas de
moy tu peux l'apprendre.
Qui prend Montre à la
mine a torti
Car il en eft de nous
·comme des hypocrites
,
Des femmes & des chatemites
,
Belle montre & peu de
rapport.
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Résumé : Parodie de la seconde Enigme, dont le mot est aussi la Montre.
Le texte décrit une montre sous forme d'énigme. Elle est utile aux personnes éveillées et actives, les accompagne partout et mesure le temps. La montre peut amuser en comptant les heures. Le texte met en garde contre les apparences trompeuses, comparant certaines montres à des hypocrites ou des femmes peu fiables.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3865
p. 22-23
ENIGME nouvelle.
Début :
Je suis un corps qui n'ai ni pieds ni mains, [...]
Mots clefs :
Échecs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME nouvelle.
ENIGME
nouvelle .
Je fuis un corps qui n'ai
ni pieds ni mains ,
Fai le ventrefarci d'individus
humains ,
Je retourne avec eux
dans le fein de ma
mere ,
Lorfque je ne leur fuis
nullement necef
faire.
Les pauvres trés -fouGALANT
.
23
vent méprifent ma
beauté ,
Les
riches
avec moy fe
piquent
d'incon
ſtance
.
Quand on me prend en
liberté,
On n'a pas decente pre-
Stance.
nouvelle .
Je fuis un corps qui n'ai
ni pieds ni mains ,
Fai le ventrefarci d'individus
humains ,
Je retourne avec eux
dans le fein de ma
mere ,
Lorfque je ne leur fuis
nullement necef
faire.
Les pauvres trés -fouGALANT
.
23
vent méprifent ma
beauté ,
Les
riches
avec moy fe
piquent
d'incon
ſtance
.
Quand on me prend en
liberté,
On n'a pas decente pre-
Stance.
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3866
p. 23-25
Seconde Enigme.
Début :
Je suis lourd & grossier quand mon pere m'engendre, [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Seconde Enigme.
Seconde
Enigme .
Je suis lourd & groffier
quand mon pere
m'engendre ,
24 MERCURE
Etcomme le phenixje renais
de ma cendre.
Ma mere m'aformé vite
comme le vent ,
Et l'hyver me détruit
vite comme la
grêle.
Tel qui de me baifer fe
mêle
,
Tombe parfois le nez
devant.
Je prens fur le jour 15
fur l'ombre ,
Fobfcurcis l'un fans être
fombres
Quand
GALANT. 25
Quand je deviens mercurial
,
Mon employ change , il
eft moins trivial.
Enigme .
Je suis lourd & groffier
quand mon pere
m'engendre ,
24 MERCURE
Etcomme le phenixje renais
de ma cendre.
Ma mere m'aformé vite
comme le vent ,
Et l'hyver me détruit
vite comme la
grêle.
Tel qui de me baifer fe
mêle
,
Tombe parfois le nez
devant.
Je prens fur le jour 15
fur l'ombre ,
Fobfcurcis l'un fans être
fombres
Quand
GALANT. 25
Quand je deviens mercurial
,
Mon employ change , il
eft moins trivial.
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3867
p. 25-31
A Mademoiselle de *** en lui donnant une copie de l'art d'aimer, faite sur la sienne, que l'on a gardée : par M. Michel.
Début :
Iris, voila cet art & d'aimer & de plaire, [...]
Mots clefs :
Traits, Raison, Coeur, Aimer, Amants, L'Art d'aimer, Iris
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Mademoiselle de *** en lui donnant une copie de l'art d'aimer, faite sur la sienne, que l'on a gardée : par M. Michel.
A Mademoiſelle de*** en
lui donnant une copic
de l'art d'aimer , faite lur
la fienne , que l'on a gardée
par M. Michel.
:
IRis , voila cet art
d'aimer & de plaire
Qu'unheritierd'Ovide ,
habitant de Cithere ,
C
Mars
1714.
26 MERCURE
En faveur des amans
autrefois a tracé.
L'auteur en fes leçons
trop difcret & trop
fage ,
Ny met les gens qu'à
IA , B , C ;
Tout ce qu'il dit en fon
ouvrage ,
A force d'être trop fensé,
N'eft pointfaitpour l'ufage
D'un
malheureux que
l'amour a bleẞé.
GALANT.
27
Vos yeux en apprendroient
mille fois davantage
,
Et par eux embrasé
Enfait de paffion le coeur
le plus fauvage
Seroit bien mieux apprivoisé.
Ce n'est pas de ces vers
que trop promt à médire
,
Fe veüille ici les ravaler;
Ilsfont pleins de traits
que j'admire,
Cij
28 MERCURE
Le coeur avec l'efprit ne
ceffe d'y parler,
Les fentimens fontpurs ,
l'objet qui les fit
naître
Pour les meriter devoit
être
Plus charmant que Venus
, même vous reffembler.
Mais je ne puis fouffrir
qu'un maître de tendreffe
Veuille former des amans
fansfoibleffe ,
GALANT. 29
Et que nous impofant
la loy
De trop de retenue &
de delicateffe
,
Il donne à la raifon le
chimerique employ
Dereglertous nos pas auprés
d'une maîtrelle.
Où l'amourfe fait place
elle perd tous fes
droits ,
Et dés
qu'on
s'engage
une fois
Au gré des defirs & de
l'âge
C iij
30 MERCURE
A voyager dans l'empire
amoureux ,
La raifon n'eft pas du
voyage,
Ou le voyage eft malheureux
.
Vous en qui la nature a
formé l'aſſemblage
De fes dons les plus précieux
,
Daignez , charmante
Iris , lire encor cet
ouvrage
Sous les traits
étrangers
qui l'offrent à vos
yeuxi
GALANT .
3r
Ces traits font de ma
main , je conferve
les vôtres ,
Un Dieu qu'ilfaut contenter
Ma donné ce confeil ;
il m'en donne bien
d'autres
Qu'auprés de vous je
n'ofe executer.
lui donnant une copic
de l'art d'aimer , faite lur
la fienne , que l'on a gardée
par M. Michel.
:
IRis , voila cet art
d'aimer & de plaire
Qu'unheritierd'Ovide ,
habitant de Cithere ,
C
Mars
1714.
26 MERCURE
En faveur des amans
autrefois a tracé.
L'auteur en fes leçons
trop difcret & trop
fage ,
Ny met les gens qu'à
IA , B , C ;
Tout ce qu'il dit en fon
ouvrage ,
A force d'être trop fensé,
N'eft pointfaitpour l'ufage
D'un
malheureux que
l'amour a bleẞé.
GALANT.
27
Vos yeux en apprendroient
mille fois davantage
,
Et par eux embrasé
Enfait de paffion le coeur
le plus fauvage
Seroit bien mieux apprivoisé.
Ce n'est pas de ces vers
que trop promt à médire
,
Fe veüille ici les ravaler;
Ilsfont pleins de traits
que j'admire,
Cij
28 MERCURE
Le coeur avec l'efprit ne
ceffe d'y parler,
Les fentimens fontpurs ,
l'objet qui les fit
naître
Pour les meriter devoit
être
Plus charmant que Venus
, même vous reffembler.
Mais je ne puis fouffrir
qu'un maître de tendreffe
Veuille former des amans
fansfoibleffe ,
GALANT. 29
Et que nous impofant
la loy
De trop de retenue &
de delicateffe
,
Il donne à la raifon le
chimerique employ
Dereglertous nos pas auprés
d'une maîtrelle.
Où l'amourfe fait place
elle perd tous fes
droits ,
Et dés
qu'on
s'engage
une fois
Au gré des defirs & de
l'âge
C iij
30 MERCURE
A voyager dans l'empire
amoureux ,
La raifon n'eft pas du
voyage,
Ou le voyage eft malheureux
.
Vous en qui la nature a
formé l'aſſemblage
De fes dons les plus précieux
,
Daignez , charmante
Iris , lire encor cet
ouvrage
Sous les traits
étrangers
qui l'offrent à vos
yeuxi
GALANT .
3r
Ces traits font de ma
main , je conferve
les vôtres ,
Un Dieu qu'ilfaut contenter
Ma donné ce confeil ;
il m'en donne bien
d'autres
Qu'auprés de vous je
n'ofe executer.
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Résumé : A Mademoiselle de *** en lui donnant une copie de l'art d'aimer, faite sur la sienne, que l'on a gardée : par M. Michel.
En 1714, une lettre est adressée à Mademoiselle de*** et contient une copie de 'L'art d'aimer' d'Ovide, adaptée par M. Michel. L'auteur critique cette œuvre, la trouvant trop discrète et sage, inadaptée pour un cœur blessé par l'amour. Il exalte les yeux de la destinataire, affirmant qu'ils enseignent mieux l'amour que les vers. La lettre loue la pureté des sentiments exprimés dans l'œuvre, tout en critiquant la retenue et la délicatesse excessives qu'Ovide préconise. L'auteur soutient que la raison n'a pas sa place dans l'amour et encourage la destinataire à lire l'ouvrage, soulignant que les conseils proviennent d'un dieu qu'il faut contenter. Il conclut en affirmant qu'il conserve les traits de la destinataire et est prêt à exécuter les conseils divins en sa présence.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3868
p. 32-44
L'AMOUR POETE. ALLEGORIE. Par M. de la F...
Début :
Deux jours y a que sur le Mont Parnasse [...]
Mots clefs :
Iris, Amour, Sujet, Vers, Parnasse, Lyre, Apollon, Rimeurs, Laurier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'AMOUR POETE. ALLEGORIE. Par M. de la F...
Le lecteur doit être d'autant plus
favorable à la Piece Luivante , qu'elle
a été composée par un auteur de dixhuit
ans. Il eft natif de Dijon..
C iiij
32 MERCURE
L'AMOUR
POETE.
ALLEGORIE.
Par M. de la F...
DEux jours y a que
fur le Mont Par
naffe
Fut convoqué le Confeil
d'Apollon ,
"Pour inftaler ( lors váquoit
une place)
Un Candidat dans le
GALANT.
33
Sacré Vallon.
Or , comme
on fçait , felon
le vieux adage
,
Que l'ouvrier
fe connoît
à
l'ouvrage
,
Decidé
fut que fur fujet
donné
Les pretendans exerceroient
leur veine ;
Que le vainqueur des
mains de Melpomene
Seroitfoudain de laurier
couronné.
34
MERCURE
De cet arrêt content ne
fut Horace :
Quoy je verrai , dit- il ,
en nôtre rang
Fades rimeurs éleve
fur Parnaffe ?
Point ne fera , de ce je
fuis garant.
Le fort voulut , comme
il donnait carriere
A fon chagrin , qu'Apollon
juftement
Le deputa pour donner
la matiere
Auxpretendans . Defon
"
GALANT.
35
reffentiment
Rien ne fçavoit s car le
rusé Lyrique
Feignoit toujours d'approuver
le projet.
Bon , dit Horace , ils auront
tel fujet
Que pour traiter de tout
l'art poëtique
Befoin fera. Sitôt il def
cendit
Dans le Valon , où prés
de
l'Hipocrene ,
Gens de tout ordre
de tout acabit
36 MERCURE
Par mille voeux fatiguoient
Melpomene.
Vous , leur dit - il , qui
de la gloire épris ,
Sur l'Helicon voulezoccuper
place ,
Je viens ici , juge de
vos écrits
Fournir un champ à vôtre
noble audace :
Sur deux fujets
pouvez
vous exercer >
Ou contre Iris écrire une
Satyre ,
Et dans vos vers aigreGALANT.
37
ment la vexer ,
Ou pour Doris accorder
vôtre lyre
.
Il dit. Soudain rimeurs
de s'efcrimer ,
Ronger leurs doigts , fe
mondre leur Minerve
En cent façons fe poindre
, s'animer.
Rien
n'opera
étoit la ver-
Vei
retive
Bref, pour neant aucun
ne put rimer
38
MERCURE
En cet état avint qu'ils
remarquerent
L'Enfant ailé riant de
leurs efforts
Les exceder , troubler
tous leurs accords ;
Dont vers Phebus un
d'entr'eux deputerent
Qui par detail l'avanture
conta .
De leur fujet Apollon
s'enquêta i
Puis dit foudain : Certes
je ne m'étonne
GALANT.
39
De ce mechef,
moymême
en perfonne
Je n'euffe osé , je ne veux
me brouiller
Avec l'Amours il y va
trop du nôtre.
Rimeurs fans luy ne
font que barbouiller
,
Et de Parnaffe il fut
toûjours l'Apotre
.
Vous avez mal vôtre
fujet compris ,
40 MERCURE
F
L'Amour n'a tort à ceftoit
contre Doris
Que vous deviel lancer
traits de fatyre
,
Et pour Iris accorder
vôtre lyre.
Phebusparlaidont l'Enfant
de Cypris
S'ebaudiffant defa gloire
nouvelle ,
Ores chantoit gavote &
vilanelle i
Ores frifoit l'onde du
bout de l'aile ,
Puis
GALANT.
Puis retournoit nicher ès
yeux d'Iris ,
D'où decochant flamboyantes
fagettes
,
De feu vermeil animoit
les Poëtes..
Bientôt auffi Balades ,
Virelais
D'entrer en jeu ; bien- ·
tôt euffiez vû naître
Fleurs d'Helicon , Rondeaux
& Triolets.
'Mars 1714.
D
42 MERCURE
}
L'aurois juré , ne
ne fut
onque tel Maitre
.
Defes leçons fi bienfeus
profiter ,
Que je croyois déja fur
le Parnaffe
Prés de Pindare aller
prendre ma place ,
Quandparces mots Phebus
vint m'arrêter.
Ami , n'attens guerdon
de ton
ouvrages
GALANT.
43
Le Mont facré n'eft ou
vert aux amans ,
Qui des neufSoeurs empruntant
le langage,
Pouffent en vers leurs
tendres fentimens
.
Or fi ta verve a rendu
fon hommage
Aton Iris , n'attens point
monfuffrage ,
C'est à l'Amour à te
larier.
Sa-
Adieu vous dis ,je quitte
Dij
44 MERCURE
le métier ,
Repris -je enfeusfi ma
lyre fredonne ,
C'eftpour Iris ,je ne puis
varier:
Or reprenez
& laurier
couronne ,
Mon choix eft fait , le
myrthe qu'Amour ·
donne
Meft mille fois plus
cher
que
le laurier.
favorable à la Piece Luivante , qu'elle
a été composée par un auteur de dixhuit
ans. Il eft natif de Dijon..
C iiij
32 MERCURE
L'AMOUR
POETE.
ALLEGORIE.
Par M. de la F...
DEux jours y a que
fur le Mont Par
naffe
Fut convoqué le Confeil
d'Apollon ,
"Pour inftaler ( lors váquoit
une place)
Un Candidat dans le
GALANT.
33
Sacré Vallon.
Or , comme
on fçait , felon
le vieux adage
,
Que l'ouvrier
fe connoît
à
l'ouvrage
,
Decidé
fut que fur fujet
donné
Les pretendans exerceroient
leur veine ;
Que le vainqueur des
mains de Melpomene
Seroitfoudain de laurier
couronné.
34
MERCURE
De cet arrêt content ne
fut Horace :
Quoy je verrai , dit- il ,
en nôtre rang
Fades rimeurs éleve
fur Parnaffe ?
Point ne fera , de ce je
fuis garant.
Le fort voulut , comme
il donnait carriere
A fon chagrin , qu'Apollon
juftement
Le deputa pour donner
la matiere
Auxpretendans . Defon
"
GALANT.
35
reffentiment
Rien ne fçavoit s car le
rusé Lyrique
Feignoit toujours d'approuver
le projet.
Bon , dit Horace , ils auront
tel fujet
Que pour traiter de tout
l'art poëtique
Befoin fera. Sitôt il def
cendit
Dans le Valon , où prés
de
l'Hipocrene ,
Gens de tout ordre
de tout acabit
36 MERCURE
Par mille voeux fatiguoient
Melpomene.
Vous , leur dit - il , qui
de la gloire épris ,
Sur l'Helicon voulezoccuper
place ,
Je viens ici , juge de
vos écrits
Fournir un champ à vôtre
noble audace :
Sur deux fujets
pouvez
vous exercer >
Ou contre Iris écrire une
Satyre ,
Et dans vos vers aigreGALANT.
37
ment la vexer ,
Ou pour Doris accorder
vôtre lyre
.
Il dit. Soudain rimeurs
de s'efcrimer ,
Ronger leurs doigts , fe
mondre leur Minerve
En cent façons fe poindre
, s'animer.
Rien
n'opera
étoit la ver-
Vei
retive
Bref, pour neant aucun
ne put rimer
38
MERCURE
En cet état avint qu'ils
remarquerent
L'Enfant ailé riant de
leurs efforts
Les exceder , troubler
tous leurs accords ;
Dont vers Phebus un
d'entr'eux deputerent
Qui par detail l'avanture
conta .
De leur fujet Apollon
s'enquêta i
Puis dit foudain : Certes
je ne m'étonne
GALANT.
39
De ce mechef,
moymême
en perfonne
Je n'euffe osé , je ne veux
me brouiller
Avec l'Amours il y va
trop du nôtre.
Rimeurs fans luy ne
font que barbouiller
,
Et de Parnaffe il fut
toûjours l'Apotre
.
Vous avez mal vôtre
fujet compris ,
40 MERCURE
F
L'Amour n'a tort à ceftoit
contre Doris
Que vous deviel lancer
traits de fatyre
,
Et pour Iris accorder
vôtre lyre.
Phebusparlaidont l'Enfant
de Cypris
S'ebaudiffant defa gloire
nouvelle ,
Ores chantoit gavote &
vilanelle i
Ores frifoit l'onde du
bout de l'aile ,
Puis
GALANT.
Puis retournoit nicher ès
yeux d'Iris ,
D'où decochant flamboyantes
fagettes
,
De feu vermeil animoit
les Poëtes..
Bientôt auffi Balades ,
Virelais
D'entrer en jeu ; bien- ·
tôt euffiez vû naître
Fleurs d'Helicon , Rondeaux
& Triolets.
'Mars 1714.
D
42 MERCURE
}
L'aurois juré , ne
ne fut
onque tel Maitre
.
Defes leçons fi bienfeus
profiter ,
Que je croyois déja fur
le Parnaffe
Prés de Pindare aller
prendre ma place ,
Quandparces mots Phebus
vint m'arrêter.
Ami , n'attens guerdon
de ton
ouvrages
GALANT.
43
Le Mont facré n'eft ou
vert aux amans ,
Qui des neufSoeurs empruntant
le langage,
Pouffent en vers leurs
tendres fentimens
.
Or fi ta verve a rendu
fon hommage
Aton Iris , n'attens point
monfuffrage ,
C'est à l'Amour à te
larier.
Sa-
Adieu vous dis ,je quitte
Dij
44 MERCURE
le métier ,
Repris -je enfeusfi ma
lyre fredonne ,
C'eftpour Iris ,je ne puis
varier:
Or reprenez
& laurier
couronne ,
Mon choix eft fait , le
myrthe qu'Amour ·
donne
Meft mille fois plus
cher
que
le laurier.
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Résumé : L'AMOUR POETE. ALLEGORIE. Par M. de la F...
Un concours poétique est organisé par Apollon sur le Mont Parnasse pour attribuer une place parmi les poètes. Les candidats doivent choisir entre écrire une satire contre Iris ou un poème en l'honneur de Doris. Aucun poète ne parvient à composer un vers. Un jeune garçon ailé et rieur surpasse les efforts des candidats, intriguant Apollon. Ce dernier révèle que l'Amour est essentiel à la poésie et que les poètes sans inspiration amoureuse ne peuvent réussir. Le jeune garçon, originaire de Dijon et âgé de dix-huit ans, a composé une pièce intitulée 'L'Amour Poète' qui a été bien accueillie. Apollon explique que le Mont Parnasse n'est pas destiné aux amants, mais qu'il peut être couronné par l'Amour. Le jeune poète décide alors de quitter le métier poétique pour se consacrer à l'amour, préférant le myrthe donné par l'Amour au laurier du Parnasse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3869
p. 45-55
Harangue de la Reine d'Angleterre à son Parlement le 13. Mars 1714.
Début :
Milords & Messieurs, J'ai beaucoup de satisfaction de me [...]
Mots clefs :
Paix, Parlement, Chambre des pairs, Succession protestante, Peuple, Europe, Reine d'Angleterre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Harangue de la Reine d'Angleterre à son Parlement le 13. Mars 1714.
Harangue de la Reine d'An
gleterre à fon Parlement le
13. Mars 1714 .
Milords & Meffieurs ,
les
J'ai beaucoup de fatisfaction
de me voir , à l'ouverture
de ce Parlement ,
en état de vous dire
que
ratifications des traitez de
paix & de commerce avec
Ï'Eſpagne font échangées.
Par e paix mes ſujets
feront mieux en état que
jamais d'augmenrer & d'é46
MERCURE
tendre leur
negoce ; les
avantages
qui ne leur é
toient que tolerez
, leur font
prefentement
affurez
par
ce traité , & tous les Marchands
de la Grande Bretagne
en jouiront également
fans diftinction .
Il a plû à Dieu de benir
mes efforts pour obtenir
une paix honorable & avantageuſe
à mon peuple & à
la plus grande partie de
mes alliez ; il ne fera rien
omis de ce qui eſt en mon
pouvoir pour la rendre univerfelle
, & je me perfuade
GALANT.
47
qu'avec vôtre affiftance ,
mon entrepriſe pourra contribuer
à rétablir le repos
de
l'Europe.
En attendant , je me rejoüis
avec mes ſujets de le
voir delivré d'une guerre
ruïneufe , & entré dans une
paix dont les bons effets ne
peuvent être troublez que
par des divifions inteftines.
Les plus fages & les plus
grands d'entre mes predeceffeurs
faifoient leur gloire
de tenir la balance de l'Europe
, & de la maintenir
égale , en fourniſſant au
48 MERCURE
poids lors qu'il étoit necef
faire ; par cette conduite ils
ont enrichi le Royaume ,
& fe font rendus redoutables
à leurs ennemis & utiles
à leurs amis . J'ai agi ſur
les mêmes principes , & je
ne doute point que mes fucceffeurs
ne fuivent ces mê.
mes exemples.
Nôtre fituatió nous montre
affez quel eft nôtre veritable
interêt . Ce pays ne
peut fleurir que par
que par le commerce
, & il fera trés formidable
par la juſte application
de nos forces fur mer.
MefGALANT.
49%
Meffieurs de la Chambre
des
Communes ,
J'ai
donné ordre qu'on
vous expofe des choles qui
vous feront voir quelle a
été vôtre fituation à la conclufion
de cette paix , vous
ferez par là mieux en état
de juger des fecours qui
font
neceffaires. Je ne vous
on
demande que pour le
fervice de cette année , &
pour l'acquit des dettes que
vous trouverez raiſonna
bles & juftes, funny weete
Mars
1714.
E
so MERCURE
Milords & Meffieurs ,
Je vois par la joye fi generale
du rétabliſſement de
ma fanté & de mon arrivée
en cette ville , avec com ..
bien d'ardeur mon peuple
répond à la tendre affection
que j'ai toûjours euë pour
lui.
Je voudrois qu'on cût)
travaillé à faire fupprimer ,
comme je l'ai fouvent defiré
, ces écrits feditieux &
ces pernicieuſes infinua
tions par où des mal- intenGALANT.
tionnez ont lçû affoiblir le
credit public & faire fouffrir
l'innocent .
Il y en a qui font prevenus
jufqu'au point de malice
de vouloir infinuer que
la Succeffion Proteftante
dans la Maifon d'Hanovre
eft en danger fous mon regne.
Ceux qui travaillent de
la forte à effrayer les efprits
imaginaires , n'ont en vûë
que de troubler la tranquilité
prefente , & de nous
attirer des maux réels .
Aprés tout ce que j'ai fair
Eij
52
MERCURE
pour la fûreté de nôtre Re-:
ligion & de nos libertez , &
pour la tranfmettre à la pofterité
, je ne puis parler de
ces procedez fans quelque
émotion , & je compte que
vous demeurerez tous d'accord
avec moy que les at
tentats pour affoiblir mon
autorité , ou pour me rendre
la poffeffion de la couronne
penible , ne peuvent
jamais être des moyens
propres à fortifier la Succeffion
Proteftante.
J'ai fait , & je continuërai
de faire de mon mieux
GALANT.
53
pour le bien de tous mes
fujets ; faifons nos efforts
pour unir tous nos differens
, non pas en nous écartant
de la conftitution
de
nôtre Egliſe & de nôtre
Etat , mais en obfervant
nous-mêmes les loix , & en
·les faifant obferver
aux autres
.
Une longue guerre a non
feulement appauvri le public
, quoy qu'elle ait enrichi
quelques particuliers :
mais elle a encore alteré
beaucoup le gouvernement
même.
E iij
$4
MERCURE
Que vôtre plus grand ſoin
foit de profiter de la conjoncture
pour établir des fondemens
propres à vous relever
de ces defordres.
Le dernier Parlement a
concouru avec moy pour
faire la paix , que ce foit
l'honneur de celui - ci de
m'aider à obtenir les fruits
propres à nous attirer des
benedictions non feulement
dans le fiecle prefent
, mais encore à la der
niere pofterité.
Auffitôt que Sa Majeſté
GALANT.
SS
eut ceffé de parler, la Chambre
des Pairs refolut de lui
preſenter une Adreſſe pour
l'en remercier. Les Communes
en firent autant
& nommerent un Comité
pour la dreffer.
gleterre à fon Parlement le
13. Mars 1714 .
Milords & Meffieurs ,
les
J'ai beaucoup de fatisfaction
de me voir , à l'ouverture
de ce Parlement ,
en état de vous dire
que
ratifications des traitez de
paix & de commerce avec
Ï'Eſpagne font échangées.
Par e paix mes ſujets
feront mieux en état que
jamais d'augmenrer & d'é46
MERCURE
tendre leur
negoce ; les
avantages
qui ne leur é
toient que tolerez
, leur font
prefentement
affurez
par
ce traité , & tous les Marchands
de la Grande Bretagne
en jouiront également
fans diftinction .
Il a plû à Dieu de benir
mes efforts pour obtenir
une paix honorable & avantageuſe
à mon peuple & à
la plus grande partie de
mes alliez ; il ne fera rien
omis de ce qui eſt en mon
pouvoir pour la rendre univerfelle
, & je me perfuade
GALANT.
47
qu'avec vôtre affiftance ,
mon entrepriſe pourra contribuer
à rétablir le repos
de
l'Europe.
En attendant , je me rejoüis
avec mes ſujets de le
voir delivré d'une guerre
ruïneufe , & entré dans une
paix dont les bons effets ne
peuvent être troublez que
par des divifions inteftines.
Les plus fages & les plus
grands d'entre mes predeceffeurs
faifoient leur gloire
de tenir la balance de l'Europe
, & de la maintenir
égale , en fourniſſant au
48 MERCURE
poids lors qu'il étoit necef
faire ; par cette conduite ils
ont enrichi le Royaume ,
& fe font rendus redoutables
à leurs ennemis & utiles
à leurs amis . J'ai agi ſur
les mêmes principes , & je
ne doute point que mes fucceffeurs
ne fuivent ces mê.
mes exemples.
Nôtre fituatió nous montre
affez quel eft nôtre veritable
interêt . Ce pays ne
peut fleurir que par
que par le commerce
, & il fera trés formidable
par la juſte application
de nos forces fur mer.
MefGALANT.
49%
Meffieurs de la Chambre
des
Communes ,
J'ai
donné ordre qu'on
vous expofe des choles qui
vous feront voir quelle a
été vôtre fituation à la conclufion
de cette paix , vous
ferez par là mieux en état
de juger des fecours qui
font
neceffaires. Je ne vous
on
demande que pour le
fervice de cette année , &
pour l'acquit des dettes que
vous trouverez raiſonna
bles & juftes, funny weete
Mars
1714.
E
so MERCURE
Milords & Meffieurs ,
Je vois par la joye fi generale
du rétabliſſement de
ma fanté & de mon arrivée
en cette ville , avec com ..
bien d'ardeur mon peuple
répond à la tendre affection
que j'ai toûjours euë pour
lui.
Je voudrois qu'on cût)
travaillé à faire fupprimer ,
comme je l'ai fouvent defiré
, ces écrits feditieux &
ces pernicieuſes infinua
tions par où des mal- intenGALANT.
tionnez ont lçû affoiblir le
credit public & faire fouffrir
l'innocent .
Il y en a qui font prevenus
jufqu'au point de malice
de vouloir infinuer que
la Succeffion Proteftante
dans la Maifon d'Hanovre
eft en danger fous mon regne.
Ceux qui travaillent de
la forte à effrayer les efprits
imaginaires , n'ont en vûë
que de troubler la tranquilité
prefente , & de nous
attirer des maux réels .
Aprés tout ce que j'ai fair
Eij
52
MERCURE
pour la fûreté de nôtre Re-:
ligion & de nos libertez , &
pour la tranfmettre à la pofterité
, je ne puis parler de
ces procedez fans quelque
émotion , & je compte que
vous demeurerez tous d'accord
avec moy que les at
tentats pour affoiblir mon
autorité , ou pour me rendre
la poffeffion de la couronne
penible , ne peuvent
jamais être des moyens
propres à fortifier la Succeffion
Proteftante.
J'ai fait , & je continuërai
de faire de mon mieux
GALANT.
53
pour le bien de tous mes
fujets ; faifons nos efforts
pour unir tous nos differens
, non pas en nous écartant
de la conftitution
de
nôtre Egliſe & de nôtre
Etat , mais en obfervant
nous-mêmes les loix , & en
·les faifant obferver
aux autres
.
Une longue guerre a non
feulement appauvri le public
, quoy qu'elle ait enrichi
quelques particuliers :
mais elle a encore alteré
beaucoup le gouvernement
même.
E iij
$4
MERCURE
Que vôtre plus grand ſoin
foit de profiter de la conjoncture
pour établir des fondemens
propres à vous relever
de ces defordres.
Le dernier Parlement a
concouru avec moy pour
faire la paix , que ce foit
l'honneur de celui - ci de
m'aider à obtenir les fruits
propres à nous attirer des
benedictions non feulement
dans le fiecle prefent
, mais encore à la der
niere pofterité.
Auffitôt que Sa Majeſté
GALANT.
SS
eut ceffé de parler, la Chambre
des Pairs refolut de lui
preſenter une Adreſſe pour
l'en remercier. Les Communes
en firent autant
& nommerent un Comité
pour la dreffer.
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Résumé : Harangue de la Reine d'Angleterre à son Parlement le 13. Mars 1714.
Le 13 mars 1714, la reine d'Angleterre annonce au Parlement l'échange des ratifications des traités de paix et de commerce avec l'Espagne. Cette paix permet aux sujets britanniques d'améliorer et d'étendre leur commerce, offrant des avantages à tous les marchands sans distinction. La reine exprime sa satisfaction d'avoir obtenu une paix honorable et avantageuse pour son peuple et ses alliés, et elle s'engage à œuvrer pour une paix universelle avec l'aide du Parlement. Elle se réjouit de la fin d'une guerre ruineuse et de l'entrée dans une paix dont les bénéfices pourraient être troublés par des divisions internes. La reine rappelle que ses prédécesseurs ont enrichi le royaume en maintenant l'équilibre européen et en utilisant leurs forces maritimes. Elle souligne que le véritable intérêt de la nation réside dans le commerce et la puissance navale. Elle ordonne également de présenter aux Communes des comptes détaillant leur situation à la conclusion de la paix, afin de juger des secours nécessaires pour l'année en cours et le paiement des dettes. La reine condamne les écrits séditieux et les influences pernicieuses visant à affaiblir le crédit public et à nuire aux innocents. Elle dénonce ceux qui cherchent à troubler la tranquillité en semant la peur concernant la succession protestante dans la maison d'Hanovre. Elle appelle à l'union et au respect des lois pour renforcer la succession protestante et le bien-être de tous ses sujets. Enfin, elle encourage le Parlement à profiter de la conjoncture pour rétablir les désordres causés par la longue guerre et à obtenir les fruits de la paix pour les générations futures.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3870
p. 55-63
MORTS.
Début :
Dame Elisabeth de Pons, veuve de François Amanieu d'Albret, [...]
Mots clefs :
Duc de La Ferté, Maison de Pons, Maison d'Albret
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Dame Elifabeth de Pons,
veuve de François Amanicu
d'Albret , Comte de
Mioffens , mourut le 23. Fevrier
, dans fon appartement
au Palais du Luxembourg
, âgée de 78. ans .
E iiij
36 MERCURE
François Amanieu d'Albret
, dit le Chevalier d'Albret
, puis Comte de Mioffens
, fut tué fur le bord de
la Garonne vers l'an 1671.
fans laiffer de pofterité
:
ainfi cette Maiſon eft à
prefent éteinte.
Il étoit frere de Cefar-
Phoebus d'Albret , Comte
de Mioffens , Maréchal de
France, qui mourut en 1676.
Les Comtes de Mioffens
font une branche de l'illuf
tre Maiſon d'Albret , qui a
donné deux Rois à la Navarre
, fçavoir Jean & HenGALANT
. 57
ry II. lequel Henry II . fut
pere de Jeanne d'Albret
Reine de Navarre , qui porta
cette couronne à Antoine
de Bourbon , à cauſe
d'elle Roy de Navarre , pere
-de Henry IV. du nom , Roy
de France & de Navarre ,
ayeul du Roy Louis XIV.
du nom , dit le Grand .
Le Comté de Mioffens
a été apporté dans la Maifon
d'Albret en 1510. par le
mariage de Françoiſe de
Bearn , Dame de Mioſſens,
qui époufa Eftienne - Armand
d'Albret , de laquelle
58 MERCURE
il cut Jean d'Albret , Baron
de Mioffens , qui époufa
Suſanne de Bourbon Buf
tet , Gouvernante de la perfonne
du Roy Henry IV,
La Maifon de Pons eft
auffi trés- illuftre & trésancienne
, & elle eft connuë
dés le onzieme fiecle.
Bernard Sire de Pons vivoit
en 1160. & épouſa Eliſabeth
de Tolofe.
Cette Maiſon eft divifée
en plufieurs branches ; fçavoir
celle de Mirambeau ,
& celle des Marquis de la
Cale .
GALANT.
59
Dame Madeleine d'Angennes
, Dame de la Loupe
, veuve de Henry II . du
nom Seigneur de Senectaire
, Duc de la Ferté , Pair &
Maréchal de France , &
Chevalier des Ordres du
Roy , mourut le 16. Mars ,
âgée de 85. ans . Elle étoit -
fille de Charles d'Angennes
, Baron de la Loupe .
Cette Maiſon d'Angennes
eft trés- illuftre ; il en eft
forti quatre Chevaliers de
l'Ordre du Saint Esprit ,
dont trois ont été faits par
le Roy Henry III . fçavoir
60 MERCURE
Nicolas d'Angennes , Seigneur
de Rambouillet
Louis Seigneur de Maintenon
, & Jean Seigneur de
Poigny. Charles d'Angennes,
Marquis de Ramboüillet
, eft le quatrieme Chevalier
des Ordres , qui fut
fait par le Roy Louis XIII .
à la promotion de 1619. épouſa
Catherine de Vivonne
, Marquise de Piſany ,
pere & mere de Dame Julie
Lucie d'Angennes , Marquife
de Rambouiller & de
Pifany , Gouvernante de
Monfeigneur le Dauphin ,
GALANT. 61
à
depuis premiere Dame
d'honneur de la Reine Marie-
Therefe d'Autriche, laquelle
fut mariée en 1645 .
Charles de fainte Maure
Duc de Montaufier , Pair
de France , Chevalier des
Ordres du Saint Efprit.
La maifon du Maréchal
de la Ferté eft auffi trés- ancienne
, elle defcend de
Louis Seigneur de Senectaire
en Auvergne , qui vivoit
en 1231. qui a donné
des perfonnes de diſtinction.
Henry 2. du nom , Seigneur
de Senectaire , Dục
62 MERCURE
de la Ferté,fut fait Maréchal
de Fráce en 1651. Chevalier
desOrdres en 1661. & Duc &
Pair de France en 1665. Il eft
mort en 1681. âgé de 8z . ans .
Son épouſe lui a furvêcu 33 .
ans & a eu de fon mariage
plufieurs enfans, entr'autres
Henry François de la Ferté ,
du nom , Louis de Senectaire,
Seigneur de la Loupe,
qui fe rendit Jefuite en 1677 .
Henry -François Duc de
*
la Ferté , troifiéme du nom ,
époufa en 1675. Marie- Ifa
belle Gabrielle de la Motte
, fille du Maréchal de la
GALANT. 63
Motte Houdancourt , de
laquelle il a eu trois filles ;
fçavoir Madame la Marquife
de Mirepoix , Madame
la Marquiſe de la Carte
, & une autre morte fans
alliance ; ainfi cette branche
des Ducs de la Ferté
eft éteinte , & fi le R. P. de
la Ferté Jefuite étoit reſté
dans le monde , il feroit aujourd'hui
Duc de la Ferté.
Dame Elifabeth de Pons,
veuve de François Amanicu
d'Albret , Comte de
Mioffens , mourut le 23. Fevrier
, dans fon appartement
au Palais du Luxembourg
, âgée de 78. ans .
E iiij
36 MERCURE
François Amanieu d'Albret
, dit le Chevalier d'Albret
, puis Comte de Mioffens
, fut tué fur le bord de
la Garonne vers l'an 1671.
fans laiffer de pofterité
:
ainfi cette Maiſon eft à
prefent éteinte.
Il étoit frere de Cefar-
Phoebus d'Albret , Comte
de Mioffens , Maréchal de
France, qui mourut en 1676.
Les Comtes de Mioffens
font une branche de l'illuf
tre Maiſon d'Albret , qui a
donné deux Rois à la Navarre
, fçavoir Jean & HenGALANT
. 57
ry II. lequel Henry II . fut
pere de Jeanne d'Albret
Reine de Navarre , qui porta
cette couronne à Antoine
de Bourbon , à cauſe
d'elle Roy de Navarre , pere
-de Henry IV. du nom , Roy
de France & de Navarre ,
ayeul du Roy Louis XIV.
du nom , dit le Grand .
Le Comté de Mioffens
a été apporté dans la Maifon
d'Albret en 1510. par le
mariage de Françoiſe de
Bearn , Dame de Mioſſens,
qui époufa Eftienne - Armand
d'Albret , de laquelle
58 MERCURE
il cut Jean d'Albret , Baron
de Mioffens , qui époufa
Suſanne de Bourbon Buf
tet , Gouvernante de la perfonne
du Roy Henry IV,
La Maifon de Pons eft
auffi trés- illuftre & trésancienne
, & elle eft connuë
dés le onzieme fiecle.
Bernard Sire de Pons vivoit
en 1160. & épouſa Eliſabeth
de Tolofe.
Cette Maiſon eft divifée
en plufieurs branches ; fçavoir
celle de Mirambeau ,
& celle des Marquis de la
Cale .
GALANT.
59
Dame Madeleine d'Angennes
, Dame de la Loupe
, veuve de Henry II . du
nom Seigneur de Senectaire
, Duc de la Ferté , Pair &
Maréchal de France , &
Chevalier des Ordres du
Roy , mourut le 16. Mars ,
âgée de 85. ans . Elle étoit -
fille de Charles d'Angennes
, Baron de la Loupe .
Cette Maiſon d'Angennes
eft trés- illuftre ; il en eft
forti quatre Chevaliers de
l'Ordre du Saint Esprit ,
dont trois ont été faits par
le Roy Henry III . fçavoir
60 MERCURE
Nicolas d'Angennes , Seigneur
de Rambouillet
Louis Seigneur de Maintenon
, & Jean Seigneur de
Poigny. Charles d'Angennes,
Marquis de Ramboüillet
, eft le quatrieme Chevalier
des Ordres , qui fut
fait par le Roy Louis XIII .
à la promotion de 1619. épouſa
Catherine de Vivonne
, Marquise de Piſany ,
pere & mere de Dame Julie
Lucie d'Angennes , Marquife
de Rambouiller & de
Pifany , Gouvernante de
Monfeigneur le Dauphin ,
GALANT. 61
à
depuis premiere Dame
d'honneur de la Reine Marie-
Therefe d'Autriche, laquelle
fut mariée en 1645 .
Charles de fainte Maure
Duc de Montaufier , Pair
de France , Chevalier des
Ordres du Saint Efprit.
La maifon du Maréchal
de la Ferté eft auffi trés- ancienne
, elle defcend de
Louis Seigneur de Senectaire
en Auvergne , qui vivoit
en 1231. qui a donné
des perfonnes de diſtinction.
Henry 2. du nom , Seigneur
de Senectaire , Dục
62 MERCURE
de la Ferté,fut fait Maréchal
de Fráce en 1651. Chevalier
desOrdres en 1661. & Duc &
Pair de France en 1665. Il eft
mort en 1681. âgé de 8z . ans .
Son épouſe lui a furvêcu 33 .
ans & a eu de fon mariage
plufieurs enfans, entr'autres
Henry François de la Ferté ,
du nom , Louis de Senectaire,
Seigneur de la Loupe,
qui fe rendit Jefuite en 1677 .
Henry -François Duc de
*
la Ferté , troifiéme du nom ,
époufa en 1675. Marie- Ifa
belle Gabrielle de la Motte
, fille du Maréchal de la
GALANT. 63
Motte Houdancourt , de
laquelle il a eu trois filles ;
fçavoir Madame la Marquife
de Mirepoix , Madame
la Marquiſe de la Carte
, & une autre morte fans
alliance ; ainfi cette branche
des Ducs de la Ferté
eft éteinte , & fi le R. P. de
la Ferté Jefuite étoit reſté
dans le monde , il feroit aujourd'hui
Duc de la Ferté.
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Résumé : MORTS.
Le texte évoque plusieurs décès et les lignées des familles concernées. Dame Élisabeth de Pons, veuve de François Amanieu d'Albret, Comte de Mioffens, est décédée le 23 février à 78 ans. François Amanieu d'Albret, dit le Chevalier d'Albret, a été tué vers 1671 sans descendance, entraînant l'extinction de cette branche. Il était le frère de César-Phoebus d'Albret, Comte de Mioffens et Maréchal de France, décédé en 1676. Les Comtes de Mioffens, branche de la Maison d'Albret, ont fourni deux rois à la Navarre : Jean et Henri II, père de Jeanne d'Albret et grand-père d'Henri IV. Le Comté de Mioffens a été intégré à la Maison d'Albret en 1510. La Maison de Pons, connue depuis le onzième siècle, est divisée en plusieurs branches. Dame Madeleine d'Angennes, veuve de Henry II de Senectaire, Duc de la Ferté et Maréchal de France, est décédée le 16 mars à 85 ans. La Maison d'Angennes compte quatorze Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit. Henry II de Senectaire, Duc de la Ferté, a été Maréchal de France en 1651 et Duc et Pair de France en 1665. Il est décédé en 1681 à 82 ans. Sa veuve lui a survécu 33 ans et ils ont eu plusieurs enfants, dont Henry-François de la Ferté, dont la branche s'est éteinte.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3871
p. 63-68
« M. Chevillard, Genealogiste du Roy & Historiographe de France, qui [...] »
Début :
M. Chevillard, Genealogiste du Roy & Historiographe de France, qui [...]
Mots clefs :
Reine Élisabeth, Rois d'Angleterre, Roi d'Écosse, Guillaume de Conquérant, Maison d'Anjou
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « M. Chevillard, Genealogiste du Roy & Historiographe de France, qui [...] »
M. Chevillard , Genealogifte
du Roy & Hiftoriographe
de France , qui a
mis au jour quantité d'ous
64 MERCURE
vrages de Blaſon , de Cronologie
& d'Hiftoire, vient
de faire paroître une Carte
cronologique
& hiſtorique
de tous les Rois & Reines
d'Angleterre
, depuis Egbert
, qui fut établi par les
Saxons occidentaux
d'An-..
gleterre en 801. pour leur
Roy , qui fubjugua les anciens
Bretons & les autres
Rois de l'Ifle , ordonna qu
elle feroit appellée Angleterre
& les peuples Anglois,
& qu'ainfi on doit regarder
comme le premier Roy
d'Angleterre
. Cette Carte
ན་
eft
GALANT.
eft divifée en deux races des
Rois d'Angleterre , fçavoir
les Rois d'Angleterre Sa
xons , & les Rois d'Angleterre
Normands , lefquels
Rois Normands font de
pluſieurs branches , toutes
forties de Guillaume , dit
le Bâtard, Duc de Normandie
, qui conquit le Royaume
d'Angletere ; pourquoy
.il fut furnommé Guillaume
le Conquerant. Il eut deux
enfans qui ont porté la couronne
d'Angleterre ; fçavoir
Guillaume fecond , &
Henry premier,dont la fille
Mars
1714.
F
66 MERCURE
Mahaud , Reine d'Angle
terre, porta cette couronné
dans la Maiſon d'Anjou
par fon mariage avec Geoffroy
dit Plantegeneſt , cinz
quieme du nom , Comté
d'Anjou , dans laquelle elle
a été jufques au Roy Ri
chard troifieme; aprés quoy
elle a paffé dans la Maiſon
de Juder , par Elifabeth fille
du Roy Edouard quatrics .
me qui époufa Henry
Comte de Richemont
, qui
fut feptieme du nom Roy
d'Angleterre & aprés la
mort de la Reine Elifabeth ,
軍
GALANT
67
derniere Reine de cette
branche , elle a paffé dans la
Maiſon des Stuart Rois d'Ecoffe
, qui joignirent l'Ecoffe
& l'Irlande avec l'Angleterre
, & Jacques fixiéme
du nom , Roy d'Ecoffe,
qui fucceda à la Reine Elifabeth
, fut le premier du
nom , Roy d'Angleterre ,
& prit le titre de Roy de
la grande Bretagne , comme
ayant uni tous ces
Royaumes enfemble. C'eſt
dans cette Maiſon de Stuart
où elle eft aujourd'hui .
Cet auteur prepare quan-
Fij
68 MERCURE
tité d'autres
ouvrages, qu'il
donnera
inceffamment
au
public , & tout de fuite.
du Roy & Hiftoriographe
de France , qui a
mis au jour quantité d'ous
64 MERCURE
vrages de Blaſon , de Cronologie
& d'Hiftoire, vient
de faire paroître une Carte
cronologique
& hiſtorique
de tous les Rois & Reines
d'Angleterre
, depuis Egbert
, qui fut établi par les
Saxons occidentaux
d'An-..
gleterre en 801. pour leur
Roy , qui fubjugua les anciens
Bretons & les autres
Rois de l'Ifle , ordonna qu
elle feroit appellée Angleterre
& les peuples Anglois,
& qu'ainfi on doit regarder
comme le premier Roy
d'Angleterre
. Cette Carte
ན་
eft
GALANT.
eft divifée en deux races des
Rois d'Angleterre , fçavoir
les Rois d'Angleterre Sa
xons , & les Rois d'Angleterre
Normands , lefquels
Rois Normands font de
pluſieurs branches , toutes
forties de Guillaume , dit
le Bâtard, Duc de Normandie
, qui conquit le Royaume
d'Angletere ; pourquoy
.il fut furnommé Guillaume
le Conquerant. Il eut deux
enfans qui ont porté la couronne
d'Angleterre ; fçavoir
Guillaume fecond , &
Henry premier,dont la fille
Mars
1714.
F
66 MERCURE
Mahaud , Reine d'Angle
terre, porta cette couronné
dans la Maiſon d'Anjou
par fon mariage avec Geoffroy
dit Plantegeneſt , cinz
quieme du nom , Comté
d'Anjou , dans laquelle elle
a été jufques au Roy Ri
chard troifieme; aprés quoy
elle a paffé dans la Maiſon
de Juder , par Elifabeth fille
du Roy Edouard quatrics .
me qui époufa Henry
Comte de Richemont
, qui
fut feptieme du nom Roy
d'Angleterre & aprés la
mort de la Reine Elifabeth ,
軍
GALANT
67
derniere Reine de cette
branche , elle a paffé dans la
Maiſon des Stuart Rois d'Ecoffe
, qui joignirent l'Ecoffe
& l'Irlande avec l'Angleterre
, & Jacques fixiéme
du nom , Roy d'Ecoffe,
qui fucceda à la Reine Elifabeth
, fut le premier du
nom , Roy d'Angleterre ,
& prit le titre de Roy de
la grande Bretagne , comme
ayant uni tous ces
Royaumes enfemble. C'eſt
dans cette Maiſon de Stuart
où elle eft aujourd'hui .
Cet auteur prepare quan-
Fij
68 MERCURE
tité d'autres
ouvrages, qu'il
donnera
inceffamment
au
public , & tout de fuite.
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Résumé : « M. Chevillard, Genealogiste du Roy & Historiographe de France, qui [...] »
M. Chevillard, généalogiste et historiographe de France, a publié une carte chronologique et historique des rois et reines d'Angleterre, débutant avec Egbert, proclamé roi par les Saxons occidentaux en 801. Egbert soumit les anciens Bretons et les autres rois de l'île, nommant le pays Angleterre et ses habitants Anglois, se désignant ainsi comme le premier roi d'Angleterre. La carte distingue deux lignées royales : les rois saxons et les rois normands. Ces derniers descendent de Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, qui conquit l'Angleterre et fut surnommé Guillaume le Conquérant. Deux de ses fils, Guillaume II et Henri Ier, régnèrent sur l'Angleterre. La fille d'Henri Ier, Mathilde, transmit la couronne à la maison d'Anjou par son mariage avec Geoffroy Plantagenêt. La lignée passa ensuite à la maison de Judd via Élisabeth, fille du roi Édouard IV, qui épousa Henri VII. Après la mort d'Élisabeth, la couronne revint à la maison des Stuart, rois d'Écosse, unifiant l'Écosse, l'Irlande et l'Angleterre. Jacques VI d'Écosse, devenu Jacques Ier d'Angleterre, fut le premier roi de Grande-Bretagne. La maison des Stuart règne encore à ce jour. Chevillard prépare également d'autres ouvrages pour une publication prochaine.
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3872
p. 68-70
Extrait d'une lettre de Gironne le 6. Mars.
Début :
M. de Fiennes a envoyé ici dix des principaux chefs [...]
Mots clefs :
Gérone, Chefs, Siège, Duc de Popoli
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une lettre de Gironne le 6. Mars.
Extrait d'une lettre de Gironne
le 6. Mars.
M. de Fiennes a envoyé
ici dix des principaux chefs
des revoltez , lefquels pourront
être pendus . Tout eft
tranquile dans la plaine de
Vich , il y a cependant des
mutins dans le Luzanes ,
quoique Don Jofeph Vallejo
en a défait une partie
qui rodoit dans la campaGALANT.
69
gne , & pris leurs chefs ,
qu'il a fait conduire à Solfone.
On a eu avis que la
Alote a debarqué tous les
vivres & munitions de guerre
pour le fiege de Barcelonne
, & que l'on n'y attendoit
plus que l'arrivée
de M. du Caffe avec les
vaiffeaux qu'il a armez à
Toulon , lefquels menent
une groffe artillerie pour
ce fiege..
1
Les deferteurs ont affuré
le Duc de Popoli qu'il y
avoit de grandes divifions
entre les chefs , les uns
)
70
MERCURE
voulant fe foûmettre , &
d'autres voulant fe défendre.
Ces derniers firent une
fortie le premier de ce
mois , qui leur fut avantageufe
; ils s'emparerent de
deux poftes avancez , défendus
par quarante hommes
chacun , qui s'enfuirent
aprés une grande défenſe
: mais le Duc de Popoly
y ayant envoyé fix
cent grenadiers & deux
cent dragons , ils les chaf
ferent avec perte de deux
cens hommes .
le 6. Mars.
M. de Fiennes a envoyé
ici dix des principaux chefs
des revoltez , lefquels pourront
être pendus . Tout eft
tranquile dans la plaine de
Vich , il y a cependant des
mutins dans le Luzanes ,
quoique Don Jofeph Vallejo
en a défait une partie
qui rodoit dans la campaGALANT.
69
gne , & pris leurs chefs ,
qu'il a fait conduire à Solfone.
On a eu avis que la
Alote a debarqué tous les
vivres & munitions de guerre
pour le fiege de Barcelonne
, & que l'on n'y attendoit
plus que l'arrivée
de M. du Caffe avec les
vaiffeaux qu'il a armez à
Toulon , lefquels menent
une groffe artillerie pour
ce fiege..
1
Les deferteurs ont affuré
le Duc de Popoli qu'il y
avoit de grandes divifions
entre les chefs , les uns
)
70
MERCURE
voulant fe foûmettre , &
d'autres voulant fe défendre.
Ces derniers firent une
fortie le premier de ce
mois , qui leur fut avantageufe
; ils s'emparerent de
deux poftes avancez , défendus
par quarante hommes
chacun , qui s'enfuirent
aprés une grande défenſe
: mais le Duc de Popoly
y ayant envoyé fix
cent grenadiers & deux
cent dragons , ils les chaf
ferent avec perte de deux
cens hommes .
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Résumé : Extrait d'une lettre de Gironne le 6. Mars.
Le 6 mars, M. de Fiennes a fait exécuter dix chefs rebelles à Gironne. La plaine de Vich est calme, mais des mutins sont actifs dans le Luzanes. Don José Vallejo a vaincu une partie de ces mutins et capturé leurs chefs, qui ont été conduits à Solfone. Des renseignements indiquent que l'Alote a livré des vivres et des munitions pour le siège de Barcelone, en attendant l'arrivée de M. du Caffarelli avec des vaisseaux armés à Toulon, transportant une grosse artillerie. Les déserteurs ont informé le Duc de Popoli de divisions parmi les chefs, certains souhaitant se soumettre, d'autres se défendre. Le 1er mars, les défenseurs ont lancé une sortie réussie, capturant deux postes avancés défendus par quarante hommes chacun. Cependant, six cents grenadiers et deux cents dragons envoyés par le Duc de Popoli ont été repoussés, subissant une perte de deux cents hommes.
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3873
p. 71
A Genes le premier.
Début :
L'Envoyé Turc a eu son audiance de congé du [...]
Mots clefs :
Gênes, Envoyé turc, Doge
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Genes le premier.
A Genes le premier.
L'Envoyé Turc a eu
fon audiance de congé du
Doge. On affure qu'il partira
la femaine prochaine
par Toulon. Ses- lettres
de creance font du Sul
can.
Les Allemans font fortifier
les places du Milanés
& du Mantouan , & y font
de gros magaſins .
L'Envoyé Turc a eu
fon audiance de congé du
Doge. On affure qu'il partira
la femaine prochaine
par Toulon. Ses- lettres
de creance font du Sul
can.
Les Allemans font fortifier
les places du Milanés
& du Mantouan , & y font
de gros magaſins .
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3874
p. 72
A Marseille le 9.
Début :
On a eu ordre de la Cour d'armer promptement douze [...]
Mots clefs :
Marseille, Monsieur du Casse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Marseille le 9.
A Marſeille le 9.
On á eu ordre de la Cour
d'armer promptement douze
galeres .
M. du Caffe a fait voile
le onze de Toulon , avec
les vaiffeaux que l'on y a
armez , pour aller devant
Barcelonne.
On á eu ordre de la Cour
d'armer promptement douze
galeres .
M. du Caffe a fait voile
le onze de Toulon , avec
les vaiffeaux que l'on y a
armez , pour aller devant
Barcelonne.
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3875
p. 73-134
Remarques sur l'eau de la pluie, & sur l'origine des fontaines ; avec quelques particularitez sur la construction des cîternes.
Début :
Tout ce qui regarde les eaux, tant pour les necessitez [...]
Mots clefs :
Eau, Terre, Pluie, Citernes, Fontaines, Neiges, Eaux , Superficie, Vapeurs, Mer, Cuvette, Rochers, Herbes, Expériences, Rivières, Tuyau, Vent, Plomb, Fiole, Pinte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Remarques sur l'eau de la pluie, & sur l'origine des fontaines ; avec quelques particularitez sur la construction des cîternes.
Remarquesfur l'eau de lapluie ,
fur l'origine des fontaines
; avec quelques particu
laritez fur la conftruction
des cîternes.
Tout ce qui regarde les
caux , tant pour les neceffitez
de la vie , que pour l'ornement
des Palais & des
Jardins , a toûjours été regardé
comme une des principales
connoiffances qui
fuffent neceffaires aux hommes.
On s'eft appliqué avec
grand foin à rendre de trés-
Mars 1714.
G
74
MERCURE
petites rivieres capables de
porter de grands bateaux ,
& de joindre par ce moyen
des mers fort eloignées l'une
de l'autre. On a conduit
des fontaines trés - abondantes
par de longs détours
& fur des aqueducs trés- élevez,
jufques dans des lieux,
où la nature avoit refufé
d'en donner. On a enfin inventé
un grand nombre de
machines propres à élever
T'eau , & la porter juſqu'au
haut des montagnes
, pour
la diftribuer enfuite fous
mille figures differentes ,
GALANT.
75
avec des mouvemens furnaturels
, & en donner un
fpectacle digne d'admiration.
inistrot as
C'en étoit affez pour le
commun des hommes :
mais la curiofité de ceux
qui recherchent
les fecrets
de la nature, n'étoit pas encore
fatisfaite , il faloit connoître
l'origine de ces fources
d'eau fi abondantes quon
rencontre par toute la
terre , & même fur des rochers
fort élevez ; & c'eſt
ce qui a donné tant d'exercice
aux Philofophes an-
Gij
76 MERCURE
cie ns & modernes.
Nous voyons deux principales
opinions fur l'origine
des fontaines , qui font fondées
chacune fur des experiences
dont il femble qu'on
ne puiffe pas douter ; car il
eft évident que plufieurs
fontaines ont pour principe
l'eau de la pluie & la fonte
des neiges fur les montagnes
: mais comment ces
pluies & ces neiges , qui
font trés-rares fur, des rochers
efcarpez & fort élevez
, & dans des pays fort
chauds , pourront- elles y ›
GALANT.
77
fournir des fontaines trésabondantes
&
permanentes
qu'on y voit en plufieurs
endroits ?
C'eft la plus forte objection
que faffent ceux qui ne
font du
fentiment que
pas
les pluies font les fontaines
, & ils admettent feulement
des cavitez foûterraines
en forme d'alembic ,
où les vapeurs des eaux qui
coulent dans la terre à la
hauteur de la mer , s'élevent
par les fentes des rochers
&fe condenfent par le froid
de la fuperficie de la terre.
Giij
78 MERCURE
M. N ** qui a fuivi l'opinion
des premiers qui
prennent le parti de la pluie,
a fait un examen trés particulier
de l'eau de pluie &
de neige qui tombe fur l'étendue
de la terre, qui fournit
fes eaux à la riviere de
Seine ; & il trouve par fon
calcul qu'il y en a beaucoup
plus qu'il ne feroit necelfaire
pour entretenir la riviere
dans fon état moyen
pendant tout le cours d'une
année.
En examinant le Traité
de l'origine des Fontaines de
1
79
GALANT.
M. Plot Anglois , qui a été
imprimé en 1685. j'y fis plufieurs
remarques , & j'entrepris
de reconnoître par
moy- même ce que les eaux
de pluie & de neige pouvoient
fournir aux fontaines
& aux rivieres . Je commençai
d'abord à rechercher
quelle étoit la quantité
d'eau de pluie qui tomboit
fur la terre pendant toute
une anné , & j'en ai donné
depuis des memoires à l'Academie
à la fin de chaque
année ; ce qui fait connoître
que la hauteur de l'eau
Giiij .
80 MERCURE
qui tombe à l'Obſervatoire
Royal , où j'ai fait mes obſervations
, feroit dans une
année moyenne de dix- neuf
à vingt pouces , à peu prés
comme M. N** l'avoit fuppofé
dans fon examen .
Mais comme je doutois
que ce fût fur cette quantité
d'eau qu'on dût compter
pour l'origine des fontaines,
je fis les experiences
fuivantes pour m'en affurer.
Je choifis un endroit de
la terraffe baffe de l'Obfervatoire
, & fis mettre dans
T
GALANT . 81
terre , à huit pieds de profondeur,
un baffin de plomb
de quatre pieds de fuperficie.
Ce baffin avoit des
bords de fix pouces de hauteur
, & étoit un peu incliné
vers l'un de fes angles , où
j'avois fait fouder un tuyau
de plomb de douze pieds.
de longueur, qui ayant auffi
une pente affez conſiderable
, entroit dans un caveau
par
fon extremité . Ce baf
fin étoit éloigné du mur de
la cave , afin qu'il fût environné
d'une plus grande
quantité de terre femblable
82 MERCURE
à celle qui étoit au deffus ,
& qu'elle ne pût pas fe lecher
par la proximité du
mur. Je mis dans le baffin
ou cuvette de plomb , à l'endroit
de l'ouverture qui répondoit
au tuyau , plufieurs
cailloux de differentes groffeurs
, afin que cette ouverture
ne pût pas fe boucher
quand la terre auroit été
remiſe pardeffus à la hauteur
du terrein , c'eſt à dire
de huit pieds de hauteur.
Ce terrein eft d'une nature
moyenne entre le fable &
la terre franche , en forte
GALANT.
83
que l'eau le peut penetrer
affez facilement , & la fuperficie
exterieure eſt de niveau.
Je penfois que fi les eaux
de pluie & de neige fonduë
penetrent la terre juſqu'à
ce qu'elles rencontrent un
cufou une terre argilleuſe ,
qui ne la laiffe point paffer ,
comme difent ceux qui fuivent
la premiere opinion
de l'origine des fontaines ,
il devoit arriver la même
chofe à la cuvette de plomb
que j'avois enterrée , & qu'
enfin je devois avoir une
84 MERCURE
eſpece de fource d'eau , qui
devoit couler par le tuyau
qui répondoit dans le caveau.
Mais comme je n'étois
pas perſuadé que cela pût
arriver , je mis encore dans
le même temps une autre
machine en experience à
huit pouces feulement de
profondeur en terre. C'étoit
une cuvette qui avoit
foixante quatre pouces en
fuperficie , & des rebords
de huit pouces de hauteur.
J'avois choifi un lieu où le
foleil ni le vent ne donGALANT.
85
noient point , & j'avois eu
grand foin d'ôter toutes les
herbes qui croiffoient fur
la terre au deffus de cette
cuvette, afin que toute l'eau
qui tomberoit fur la terre
pût paffer fans empêchement
jufqu'au fond de la
cuvette , où il y avoit un
petit trou & un tuyau qui
portoit dans un vaiffeau
toute l'eau qui pouvoit penetrer
la terre. Cette cuvette
n'étoit pas expoſée à
l'air : mais elle étoit enterrée
dans une trés - grande
quaiffe remplie par les cô86
MERCURE
tez & par deffous de la même
terre qui étoit au dedans
, afin que la terre de
la cuvette ne pût pas fe défecher
par l'air.
Je remarquai premierement
dans certe petite cuvette
, que depuis le 12. Juin
juſqu'au 19. Février fuivant
l'eau n'avoit point coulé par
le tuyau au deffous de la
-cuvette , & qu'elle y coula
feulement alors , à cauſe
d'une grande quantité de
neige qui étoit fur la terre
& qui fe fondoit. Depuis ce
temps - là la terre de certe
GALANT. 87
cuvette étoit toûjours fort.
humide : mais l'eau ne couloit
point que quelques
-heures aprés qu'il avoit plû,
& elle ceffoit de couler
quand ce qui étoit tombé
étoit épuilé ; car il en reftoit
toûjours dans la terre
une certaine quantité , qui
ne palloit point à moins
qu'il n'y en cût de nouvelle
au deffus de la terre.
<
Un an aprés je refis la
même experience dans la
petite cuvette : mais je la
mis à feize pouces avant
dans terre , qui étoit une
88 MERCURE
锣
fois plus qu'elle n'étoit d'abord.
Il n'y avoit point
d'herbes fur la terre , & elle
étoit encore à l'abri du foleil
& du vent. Il arriva à
peu prés la même chose que
dans la precedente , excepté
feulement que lors
qu'il fe paffoit un temps
confiderable fans pleuvoir ,
la terre fe défechoit unpeu,
& une mediocre pluie qui
furvenoit enfuite , n'étoit
pas capable de l'humecter
fuffifamment avec ce qui
y reftoit pour la faire couler.
Enfin
GALANT. 89
il
:
Enfin je planta quel
ques herbes fur la terre au
deffus de la cuvette mais
quand les plantes furent un
peu fortes , non feulement
ne couloit point d'eau àprés
la pluie ; mais toute
celle qui tomboit n'étoit
pas fuffifante toute feule
pour les nourrir , & elles fe
fanoient & fechoient , à
moins qu'on ne les arrosât
de temps en temps.
Il me vint alors en penfée
de meſurer la diffipation
ou évaporation de l'eau au
travers des feuilles des plan-
Mars 1714.
H
90 MERCURE
tes , quand elles font expo- .
fées au foleil & au vent. Le
30. Juin , à cinq heures du
matin , je mis dans une
phiole de verre , dont l'ouverture
étoit petite , une livre
d'eau pefée fort exactement
avec la phiole , & je
cueillis deux feuilles de figuier
de mediocre grandeur
, lefquelles pefoient
enfemble 5. gros 48. grains,
& j'en fis tremper le bout
des queues dans l'eau de la
phiole. Ces feuilles étoient
trés fraîches & fermes
quand je les cueillis . EnGALANT.
St
fuite j'expofai la phiole &
les feuilles au ſoleil , qui
étoit clair & chaud , & en
un lieu où il faifoit un peu
de vent , & je bouchai exactement
avec du papier le
refte du col de la phiole ,
qui n'étoit pas occupé par
les queues des feuilles , afin
que l'eau de la phiole ne
pût pas s'évaporer par cette
ouverture .
A onze heures du matin
je pefai le tout enſemble ,
& je trouvai qu'il y avoit
une diminution de poids de
deux gros , que l'air & le
Hij
92 MERCURE
foleil avoient tiré d'eau de
cette feuille , laquelle ne
peut être reparée quand la
feuille eft attachée à l'arbre
, que par l'humidité de
la terre qui paffe par les racines.
Je fis auffi pluſieurs autres
experiences fur des
plantes , & je trouvai toûjours
une trés - grande difſipation
d'humidité ; & aprés
avoir mefuré la fuperficie
des feuilles , & avoir confideré
ce qui en couvre ordinairement
la terre , j'ai jugé
que l'eau de la pluie
GALANT .
93
fur. tout en été , quoy qu'
elle foit alors trés- abondante
, n'eft pas capable de
les entretenir fans un fecours
tiré d'ailleurs . Il eſt
vrai que l'air de la nuit fournit
aux grands arbres , &
même aux plantes , une
grande quantité d'humidité
qu'on voit preſque toûjours
fur les feuilles vers le
lever du foleil , laquelle paffant
juſques dans les racines
, peut entretenir ces
plantes une partie du jour :
mais cette humidité toute
ſeule ne pourroit pas ſuf.
94
MERCURE
fire pour leur nourriture ,
fi elles n'en tiroient de la
terre même & des pluies
qui y entrent , comme je
l'ai remarqué dans mes experiences
que je viens de
rapporter.
Toutes ces experiences
m'ont fait connoître que
l'eau des pluies qui tombent
fur la terre , où il où il y a toûjours
quelques herbes &
des arbres , ne peut pas la
penetrer jufqu'à deux pieds,
à moins qu'elle n'ait été ramaffée
dans des lieux fablonneux
& pierreux , qui
*
.
GALANT .
95
A
la laiffent paffer facilement:
mais ce ne peut être que
des cas particuliers , dont
on ne peut tirer de confequence
generale. On en
peut voir un exemple au
rocher de la fainte Baume
en Provence , où la pluie qui
tombe fur ce rocher , qui
eft tout fendu & crevaffé ,
& où il n'y a point d'herbes
, penetre dans la grotte
en trés- peu d'heures à foi
xante- fept toiles au deffous
de la fuperficie du rocher ,
& y forme une trés - belle
cîterne, qui feroit enfin une
a
96 MERCURE
fontaine quand la cîterne
feroit remplie ; & lors qu'il
fe rencontre fur de femblables
rochers & dans
ces fonds confiderables de
grandes quantitez de neiges
qui fe fondent en été
à la feule chaleur du foleil ,
on remarque de grands
écoulemens de l'eau de
fontaine pendant quelques
heures d'un même jour , &
même à pluſieurs repriſes ,
fi le foleil ne donne fur ces
neiges qu'à quelques heures
differentes de la jour
née , le refte du temps ces
neiges
GALANT. 97
neiges étant à l'ombre des
pointes des rochers , & ne
pouvant
pas fe fondre facilement.
C'eft fans doute la
raiion de ce qu'on a rapporté
, qu'il y avoit des fontaines
au milieu des terres
qui avoient un flux & reflux
comme la mer.
Ces experiences m'ont
perfuadé que je ne devois
point attendre que les eaux
de la pluie & des neiges
paffaffent au travers des
huit pieds de terre qui étoient
au deffus de la cuvette
de plomb que j'avois
Mars
1714.
I
98 MERCURE
enterrée fur une terraffe ;
auffi il n'eft pas coulé une
feule goutte d'eau par le
tuyau depuis quinze années.
On voit donc par là qu'il
ne peut y avoir que tréspeu
de fontaines qui tirent
leur origine des pluies &
des neiges , & il faut neceffairement
avoir recours
d'autres cauſes pour expli.
quer comment il fe peut
rencontrer des fources trésabondantes
dans des lieux
élevez , & à très- peu de pro.
fondeur dans terre , com
HEQUE
ME
LA
THÈQUE
DE
OPON
;
GALANT.
me eft celle de Rungis res
de Paris , qu'on ne peut
tribuer à ces grottes ou
alembics foûterrains , qui
fervent à faire diftiler l'eau
des vapeurs condenfées
car il n'y a point de rochers
dans les
environs
, comme
je l'ai reconnu par plufieurs
puits que j'y ai fait faire ,
& le terrain eft ſeulement
un peu élevé , où l'on a fait
quelques puits , dont l'eau
eft fort proche de la furface
de la terre , & plus éle
vée que l'endroit où l'on a
ramaffé les eaux. Cette four.
I ij.
100 MERCURE
ce fournit cinquante pouces
d'eau environ , qui coule
toûjours & qui fouffre peu
de changement , & tout
l'efpace de terre d'où elle
peut venir n'elt pas
affez
grand pour fournir l'eau
de cette fource en ramaffant
celle de la pluye, quand
il ne s'en diffiperoit point ;
& de plus il eft toûjours cultivé
& couvert d'herbes &
de blé . Il y a quelques vallons
affez proche de ce lieu,
où il faut creuſer fort bas
pour trouver l'eau.
On a crû pouvoir expli
GALANT. ΙΘΙ
quer ces fortes de fources
par des tuyaux & des canaux
naturels , qui conduifent
l'eau de quelque
petite
riviere élevée , & qui
paffant par des lieux hauts
& bas , & même au deſſous
de quelques rivieres qui les
traverſent , font fi bien foudez
& bouchez
, qu'ils ne
laiffent point échaper cette
cau en chemin , pour la
conduire jufqu'au lieu où
elle doit fortir hors de terre.
Mais quand il pourroit
fe rencontrer de ces lieux
foûterrains
, je fuis perfuadé
1 iij
102 MERCURE
qu'ils auroient ſeulement
une pente neceffaire pour
laiffer couler l'eau entre les
terres fur un fond de tufou
d'argille : mais pour s'imaginer
des tuyaux naturels
hauts & bas , c'est tout ce
que peut faire l'art dans l'étenduë
d'un petit jardin ;
encore y a t-il fouvent à refaire
à ces conduites .
Il me femble qu'on peut
faire encore une objection
confiderable à cette hypothefe.
Car fi ces grandes
fources élevées tirent leur
origine de quelques rivicGALANT.
103
rés , ces mêmes rivieres doivent
auffi tirer leurs eaux
d'autres fources encore plus
élevées; car celles des pluies
& des neiges fondues dans
les lieux dont le fond feroit
ferme , ne peuvent former
que quelques torrens qui
ne durent que peu de tems,
& qui ne peuvent pas fournir
à l'écoulement
continuel
de ces rivieres. Les
grands ramas d'eau , comme
des étangs qui font à la
tête des petites rivieres , ne
prouvent rien pour l'origi .
ne des rivieres ; car nous
I iiij
104 MERCURE
avons fait plufieurs experiences
, qui nous font connoître
qu'il fe diffipe beaucoup
plus d'eau de celle
qui cft exposée à l'air dans
un vaiffeau fort large , qu'il
n'y en peut tomber du ciel.
Il ne refte donc qu'un
feul moyen pour expliquer
comment ces fources abondantes
peuvent fe former
dans terre , encore s'y rencontre
- t- il quelques difficultez.
Il faut s'imaginer
qu'au travers de la terre il
paffe une grande quantité
de vapeurs , qui s'élevent
GALANT.
105
des eaux qui y font ordinairement
a la hauteur des
rivieres les plus proches ,
ou de la mer ; que ces vapeurs
paffent d'autant plus
facilement , qu'elles rencontrent
un terrein plus facile
à être penetré , comme
on le remarque en hyver à
l'ouverture de quelques caves
fort profondes . Les particules
de ces vapeurs peuvent
fe joindre enfemble ,
le froid de la fuperou
par
ficie
de la terre
, quand
elles
commencent
à s'en
approcher
, ou
quand
elles
106 MERCURE
rencontrent un terrein qui
eſt déja rempli d'eau à laquelle
elles fe joignent , ou
enfin fi elles trouvent quelque
matiere qui foit propre
à les fixer , comme nous
voyons que les fels étant expolez
à l'air retiennent les
particules d'eau qui y voltigent
C'eft alors que cette
eau qui s'augmente toû
jours , en rencontrant un
fond affez folide pour la
foûtenir , coule entre les
terres fur ce fond , jufqu'à
ce qu'elle s'échape ſur la
fuperficie de la terre où ce
GALANT. 107
fond fe termine, ou retombe
dans quelque lieu plus bas
en terre , s'il y a quelques
ouvertures à la ggllaaiiſſee ou au
tuf qui la foûtient. C'eſt
tout ce que je trouve de
plus vraisemblable dans ce
cas , encore faut il que
vapeurs ayent des conduits
particuliers pour paffer , par
ces
leſquels l'eau qu'elles forment
ne puiffe pas s'échaper.
J'ai voulu voir par experience
ce qu'on pouvoit
efperer de la maniere
de
condenfer les vapeurs de
108 MERCURE
l'eau lors qu'elles s'attacheroient
dans la terre contre
des pierres qui feroient
remplies de quelques iels ;
car c'étoit une pentée nouvelle
que j'avois eue pour
expliquer de quelle maniere
les eaux des vapeurs
qui font en terre pourroient
le ramaffer.
Je mis dans un des caveaux
du fond de la carriere
de l'Obfervatoire un
vaſe de verre , & j'attachai
fur le bord du vaſe un morceau
de linge que j'avois
trempé dans un peu d'eau ,
GALANT . 109
où j'avois fait diffoudre du
fel de tartre. Je choifis ce
fel , parce que je crus qu'il
étoit plus propre à fixer les
vapeurs que tout autre. Le
lieu paroît fort humide ,.
fur - tout en été. Quelque
temps aprés je trouvai au
fond du vafe une quantité
affez confiderable de liqueur
, qui n'étoit que l'eau
de la vapeur de l'air , laquelle
s'étoit attachée contre
le linge , & en ayant
été rempli , le furplus , qui
augmentoit toûjours , avoit
coulé au long des côtez du
110 MERCURE
vafe. J'aurois pouffé cette
experience plus loin , pour
voir fi fa liqueur auroit
continué de couler , & fi le
fel qui étoit dans le linge
auroit été entierement em.
porté par l'eau qui en couloit
, quoy qu'il puiffe arri
ver que des pierres qui auroient
des fels propres 3
fixer les vapeurs , auroient
pû conſerver toûjours leur
fel , & même s'en charger
de nouveau : mais on entra
dans le caveau en mon
abſence , on rompit le vaſe,
& mon experience fut interrompuë.
GALANT.
Je ne parle point de
quelques fontaines particulieres
& extraordinaires ,
qui fe trouvent , à ce qu'on
dit , fur le bord de la mer
& fur des rochers élevez ,
lefquelles ont un flux & un
reflux femblable à celui de
la mer , & qui ne laiſſent
pas d'être des eaux fort
douces. J'ai expliqué mecaniquement
de quelle maniere
cela fe pourroit faire ,
en ſuppoſant des reſervoirs
foûterrains un peu élevez
au deffus du niveau de la
mer , & que la cavité où
112 MERCURE
ces refervoirs font placez
ait communication par le
moyen de quelques canaux
avec la mer. Car il doit arriver
que lofque la mer
monte , elle comprime l'air
qui eſt dans cette cavité ,
lequel preffè l'eau du reſervoir
, & l'oblige de s'écha
per , & même de s'élever
par quelques fentes ou conduits
de ces rochers jufques
fur la fuperficie de la terre ,
où elle forme une fontaine
qui doit diminuer peu à peu
la mer fe re- à meſure que
tire , & que l'air comprimé
qui
GALANT. 113
qui la forçoit de monter fe
rétablit dans fon premier
état. Mais pour peu qu'on
fçache de mecanique , &
qu'on entende bien les
effets des corps liquides ,
on ne manquera pas de
moyens pour expliquer non
feulement les merveilles
qu'on voit dans la nature
fur cette mariere , mais
encore tout ce qu'on pourroit
imaginer.
1
C'eft affez parler de l'origine
des fontaines ; il me
faut maintenant expliquer
quelques remarques parti-
Mars
1714.
K
114 MERCURE
culieres que j'ai faites à
cette occafion fur l'utilité
qu'on peut retirer de l'eau
des pluies. L'avantage le
plus confiderable de l'eau
de la pluie , c'eft de la ra
maſſer dans des refervoirs
foûterrains qu'on appelle
citernes , où quand elle a été
purifiée en paffant au travers
du fable de riviere , elle
fe conferve plufieurs années
fans le corrompre. Cette
eau eft ordinairement la
meilleure de toutes celles
dont on peut ufer , foit ppour
l'employer dans plufieurs
"GALANT.
ufages , comme pour le
blanchiffage & pour les
teintures, en ce qu'elle n'eft
point mêlée d'aucun fel de
la terre , comme font preſque
toutes les eaux de fontaines,
& même celles qu'on
cftime les meilleures. Ces
cîternes font d'une trésgrande
utilité dans les lieux
où l'on n'a point d'eau de
fource , ou bien lorfque
toutes les eaux de puits font
mauvaiſes. Ce n'eſt pas ici
le lieu de parler de la conftruction
des cîternes , ni
du choix des materiaux
Kij
116 MERCURE
qu'on y doit employer ;
puis qu'il ne s'agit que d'avoir
un lieu qui tienne bien
l'eau , & que les pierres &
le mortier dont elles font
jointes , ne puiffent donner
aucune mauvaiſe qualité à
l'eau , qui y fejourne pendant
un temps confiderable.
Ceux qui ont des cîternes
, & qui font curieux
d'avoir de bonne eau , obfervent
foigneufement de
ne laiffer point entrer l'eau
des neiges fonduës dans la
cîterne , ni celles des pluies
GALANT.
117
d'orage. Pour ce qui eft de
celle des neiges fonduës ,
je crois qu'on a quelque
raifon de les exclure des
cîternes , non pas à cauſe
des fels qu'on s'imagine qui
font enfermez , & mêlez
avec les particules de la
neige: mais feulement parce
que ces neiges demeurent
ordinairement
C
plufieurs
jours , & quelquefois des
mois entiers fur les toits
des maiſons , où elles fe
corrompent par la fiente
des oifeaux & des animaux ,
& bien plus par le long
118 MERCURE
féjour qu'elles font fur les
tuiles qui font toûjours fort
fales . C'est pour cette raiſon
que lors qu'il commence à
pleuvoir , je voudrois que
la premiere eau qui vient
du toit , & qui doit entrer
dans la cîterne , fût rejettée
comme mauvaiſe , n'ayant
fervi qu'à laver les toits ,
qui font couverts de la pouffiere
qui s'éleve de bouës
défechées dans les ruës &
dans les grands chemins ,
& qu'on ne reçût ſeulement
dans la cîterne que celle
qui vient enfuite.
GALANT . 19
Il y a une autre remarque
fort confiderable pour les
eaux qu'on doit rejetter des
cîternes , & que le ſeul hazard
m'a fait connoître. Il
y a quelque temps que je
fus curieux de ramaffer de
F'eau de pluie qui tomboit
à
l'Obfervatoire , par le
moyen de la cuvette dont
je me fers pour meſurer la
quantité d'eau qui tombe
pendant l'année . Cette cu
vette eft de fer blanc bien
étamé , elle a quatre pieds
de fuperficie, & des rebords
de fix pouces de hauteur.
120 MERCURE
Il y a un trou & un petit
tuyau qui y eft foudé vers
l'un des angles par où l'eau
qui tombe dans la cuvette ,
qui eft un peu inclinée vers
cet angle , eft portée dans
un vaiffeau qui la reçoit ,
pour la meſurer enfuite , &
connoître par ce moyen la
quantité qui en eft tombée.
Je nettoyai & lavai la cuvette
& le vaiſſeau qui reçoit
l'eau , le plus proprement
qu'il me fut poffible ,
áu commencement d'une
pluie qui paroiffoit abondante,
& je ramaſſai enfuite
l'eau
GALANT. 121
l'eau dans des bouteilles de
verre bien nettes pour la
conferver. Mais comme je
voulus goûter de cette eau,
je fus furpris de ce qu'elle
avoit un fort mauvais goût,
& qu'elle fentoit la fumée :
ce qui me parut fort extraordinaire
; car j'en avois
fouvent goûté de celle qui
étoit ramaffée de la même
maniere , laquelle n'avoit
pas ce même goût. Je ne
voyois rien qui eût pû communiquer
cette odeur de
fumée à l'eau de pluie ; car
le lieu où je la ramaffe ef
Mars
1714
L
122 MERCURE
fort à découvert & élevé,
fort
& il n'y a point de fumée
qui n'en foit fort éloignée.
Mais enfin je confiderai
que cette eau de pluie étoit
tombée avec un vent du
nord ; ce qui n'eſt pas
ordinaire ; car il pleut rarement
de ce vent ; & comme
toute la ville eft au nord
de l'Obfervatoire, la fumée
des cheminées s'étoit mêlée
avec l'eau qui tomboit , &
qui paffoit enfuite pardeffus
le lieu où je la ramaffois ,
& qu'enfin c'étoit la vraye
caufe de la mauvaiſe odeur
GALANT.
123
de l'eau ; car on ſçait par
plufieurs
experiences que
l'eau prend trés facilement
l'odeur de la fumée En effet
je m'en affurai quelque
temps aprés car ayant
encore ramaffé de l'eau de
pluie qui tomboit avec un
vent de midi ou de fudoüeft
, je n'y remarquai rien
de femblable pour le goût ;
car il n'y a que de grandes
campagnes qui s'étendent
vers le midi de l'Obferva
toire.
30 Je conclus de là qu'on
doit aufli rejetter des cîter-
Lij
124
MERCURE
nes toutes les eaux de pluie
qui font apportées par des
vents fur des lieux infectez
de quelque mauvaiſe
odeur , comme des égoûts ,
des voiries , & même des
grandes villes à cauſe de la
fumée , comme je viens de
remarquer ; car les exhalaifons
& les mauvaiſes vapeurs
qui fe mêlent avec
l'eau qui entre dans la cîterne
, doivent corrompre
celle qui y eft entrée dans
un autre temps.
$ Enfin puifquel'on ne peut
pas douter par toutes les ex
GALANT .
-125
periences & par toutes les
épreuves qu'on a faites, que
l'eau de la pluie qui a été purifiée
dans du fable de riviere
, pour lui ôter le limon &
une odeur de terre qu'elle a
en tombant du ciel , ne foit
la meilleure & la plus faine
de toutes celles dont on
puiffe ſe ſervir , j'ai penſé de
quelle maniere on pourroit
pratiquer dans toutes les
maifons des cîternes qui
fourniroient affez d'eau
pour l'ufage de ceux qui y
demeurent.
Premierement il eft cer-
Liij
126 MERCURE
tain qu'une maiſon ordinaire
, qui auroit en fuperficie
quarantes toiſes , lef
quelles feroient couvertes
de toits , peut ramaſſfer chaque
année 2160. pieds cubiques
d'eau , en prenant
feulement dix huit pouces
pour la hauteur de ce qu'il
en tombe , qui eft la moindre
hauteur que j'aye obfervé
. Mais ces 2160. pieds
cubiques valent 75600. pintes
d'eau , à raifon de 35.
pintes par pied , qui eſt la
jufte mefure pour la pinte
de Paris, Si l'on diviſe donc
GALANT. 127
ce nombre de pintes par
les 365. jours de l'année
on trouvera 200. pintes par
jour. On voit par là que
quand il y auroit dans une
maiſon , comme celle que
je fuppofe , vingt - cinq perfonnes
, elles auroient huit
pintes d'eau chacune à dépenſer
, qui eſt plus d'un
feau de ceux d'ordinaire ,
& ce qui eft plus que fuffifant
pour tous les uſages de
la vie.
Il ne me reste plus qu'à
donner un avis fur le lieu
& fur la maniere de con-
Liiij
128 MERCURE
,
a
ftruire ces fortes de cîternes
dans les maiſons particulieres.
On voit dans plufieurs
villes de Flandres ,
vers les bords de la mer
où toutes les eaux des puits
font falées & ameres
cauſe que le terrain n'eft.
qu'un fable leger au travers
duquel l'eau de la mer ne
f purifie pas , que l'on fait
des cîternes dans chaque
maiſon pour ſon uſage particulier.
Mais ces cîternes
font enterrées , & ne font
que des caveaux où l'on
croit que l'eau le conferve
GALANT. 129
mieux qu'à l'air. Il eſt vrai
que l'eau , & fur- tout celle
de pluie , ne fe conferve pas
à l'air à caule du limon dont
elle eft remplie , & qu'elle
ne depofe pas entierement
en paffant par le fable , &
qu'elle fe corrompt , & qu'il
s'y engendre une espece de
mouffe verte qui la couvre
entierement. C'est pourquoy
je voudrois qu'on pratiquât
dans chaque mailon
un petit lieu dont le plancher
feroit élevé au deffus
du rez de chauffée de fix
pieds environ ; que ce lieu
130 MERCURE
n'eût tout au plus que la
quarantieme ou cinquantieme
partie de la fuperficie
de la maiſon , & qui feroit
dans nôtre exemple d'une
toife à peu prés. Ce lieu
pourroit être élevé de huit
à dix pieds , & bien vouté
avec des murs fort épais.
Ce feroit dans ce lieu où je
placerois un refervoir de
plomb , qui recevroit toute
l'eau de pluie aprés
qu'elle auroit paffé au travers
du fable. Il ne faudroit
à ce lieu qu'une tréspetite
porte bien épaiffe &
GALANT. 131
bien garnie de natte de
paille , pour empêcher que
la gelée ne pût penetrer
jufqu'à l'eau. Par ce moyen
on pourroit diſtribuer facilement
de trés bonne eau
dans les cuifines & les lavoirs.
Cette eau étant bien
enfermée ne fe corromproit
pas plus que fi elle étoit fous
terre, & ne geleroit jamais.
Son peu d'élevation au def
fus du rez de chauffée ferviroit
affez à la commodité
de fa diftribution dans tous
les lieux bas du logis.Ce reſervoir
pourroit être placé
132
MERCURE
dans un endroit où il n'incommoderoit
par fon humidité
, qu'autant que ceux
d'eau de fontaine qui font
dans plufieurs maiſons.
J'ai examiné depuis peu
les differentes eaux de pluie
que j'avois ramaffées autrefois
, & que j'avois confervées
dans des bouteilles de
verre. J'ai trouvé qu'il y en
avoit quelques - unes qui
étoient d'un mauvais goût,
& je ne fçaurois affurer fi
ce font celles qui avoient
d'abord une odeur de fumée
quand je les ai miſes
GALANT. 133
dans la bouteille ; les autres
étoient affez bonnes & agreables
, elles n'avoient
plus le goût de terre , qu'ont
toutes les eaux de pluie , &
c'étoit peut être parce qu'-
elles avoient dépolé un
certain limon , qu'on voit
ordinairement au fond des
vaſes où l'on a laiſſé pendant
quelque temps des
caux de pluie.
Jajoûterais encore une
remarque que j'ai faite fur
les eaux de fontaine qui font
fur le côteau de la butte de
Montmartre vers le fepten134
MERCURE
trion. Ces eaux font fort
claires & affez bonnes pour
boire. Cependant fi l'on
fait cuire de la viande &
des herbes à potage avec
cette eau , le bouillon eſt
d'une grande amertume ;
ce qu'on ne peut pas attribuer
à la nature des herbes
du lieu , puifque fi l'on
fe fert d'eau de pluie pour
faire le bouillon , il eſt trésbon
& n'a aucune amertume.
fur l'origine des fontaines
; avec quelques particu
laritez fur la conftruction
des cîternes.
Tout ce qui regarde les
caux , tant pour les neceffitez
de la vie , que pour l'ornement
des Palais & des
Jardins , a toûjours été regardé
comme une des principales
connoiffances qui
fuffent neceffaires aux hommes.
On s'eft appliqué avec
grand foin à rendre de trés-
Mars 1714.
G
74
MERCURE
petites rivieres capables de
porter de grands bateaux ,
& de joindre par ce moyen
des mers fort eloignées l'une
de l'autre. On a conduit
des fontaines trés - abondantes
par de longs détours
& fur des aqueducs trés- élevez,
jufques dans des lieux,
où la nature avoit refufé
d'en donner. On a enfin inventé
un grand nombre de
machines propres à élever
T'eau , & la porter juſqu'au
haut des montagnes
, pour
la diftribuer enfuite fous
mille figures differentes ,
GALANT.
75
avec des mouvemens furnaturels
, & en donner un
fpectacle digne d'admiration.
inistrot as
C'en étoit affez pour le
commun des hommes :
mais la curiofité de ceux
qui recherchent
les fecrets
de la nature, n'étoit pas encore
fatisfaite , il faloit connoître
l'origine de ces fources
d'eau fi abondantes quon
rencontre par toute la
terre , & même fur des rochers
fort élevez ; & c'eſt
ce qui a donné tant d'exercice
aux Philofophes an-
Gij
76 MERCURE
cie ns & modernes.
Nous voyons deux principales
opinions fur l'origine
des fontaines , qui font fondées
chacune fur des experiences
dont il femble qu'on
ne puiffe pas douter ; car il
eft évident que plufieurs
fontaines ont pour principe
l'eau de la pluie & la fonte
des neiges fur les montagnes
: mais comment ces
pluies & ces neiges , qui
font trés-rares fur, des rochers
efcarpez & fort élevez
, & dans des pays fort
chauds , pourront- elles y ›
GALANT.
77
fournir des fontaines trésabondantes
&
permanentes
qu'on y voit en plufieurs
endroits ?
C'eft la plus forte objection
que faffent ceux qui ne
font du
fentiment que
pas
les pluies font les fontaines
, & ils admettent feulement
des cavitez foûterraines
en forme d'alembic ,
où les vapeurs des eaux qui
coulent dans la terre à la
hauteur de la mer , s'élevent
par les fentes des rochers
&fe condenfent par le froid
de la fuperficie de la terre.
Giij
78 MERCURE
M. N ** qui a fuivi l'opinion
des premiers qui
prennent le parti de la pluie,
a fait un examen trés particulier
de l'eau de pluie &
de neige qui tombe fur l'étendue
de la terre, qui fournit
fes eaux à la riviere de
Seine ; & il trouve par fon
calcul qu'il y en a beaucoup
plus qu'il ne feroit necelfaire
pour entretenir la riviere
dans fon état moyen
pendant tout le cours d'une
année.
En examinant le Traité
de l'origine des Fontaines de
1
79
GALANT.
M. Plot Anglois , qui a été
imprimé en 1685. j'y fis plufieurs
remarques , & j'entrepris
de reconnoître par
moy- même ce que les eaux
de pluie & de neige pouvoient
fournir aux fontaines
& aux rivieres . Je commençai
d'abord à rechercher
quelle étoit la quantité
d'eau de pluie qui tomboit
fur la terre pendant toute
une anné , & j'en ai donné
depuis des memoires à l'Academie
à la fin de chaque
année ; ce qui fait connoître
que la hauteur de l'eau
Giiij .
80 MERCURE
qui tombe à l'Obſervatoire
Royal , où j'ai fait mes obſervations
, feroit dans une
année moyenne de dix- neuf
à vingt pouces , à peu prés
comme M. N** l'avoit fuppofé
dans fon examen .
Mais comme je doutois
que ce fût fur cette quantité
d'eau qu'on dût compter
pour l'origine des fontaines,
je fis les experiences
fuivantes pour m'en affurer.
Je choifis un endroit de
la terraffe baffe de l'Obfervatoire
, & fis mettre dans
T
GALANT . 81
terre , à huit pieds de profondeur,
un baffin de plomb
de quatre pieds de fuperficie.
Ce baffin avoit des
bords de fix pouces de hauteur
, & étoit un peu incliné
vers l'un de fes angles , où
j'avois fait fouder un tuyau
de plomb de douze pieds.
de longueur, qui ayant auffi
une pente affez conſiderable
, entroit dans un caveau
par
fon extremité . Ce baf
fin étoit éloigné du mur de
la cave , afin qu'il fût environné
d'une plus grande
quantité de terre femblable
82 MERCURE
à celle qui étoit au deffus ,
& qu'elle ne pût pas fe lecher
par la proximité du
mur. Je mis dans le baffin
ou cuvette de plomb , à l'endroit
de l'ouverture qui répondoit
au tuyau , plufieurs
cailloux de differentes groffeurs
, afin que cette ouverture
ne pût pas fe boucher
quand la terre auroit été
remiſe pardeffus à la hauteur
du terrein , c'eſt à dire
de huit pieds de hauteur.
Ce terrein eft d'une nature
moyenne entre le fable &
la terre franche , en forte
GALANT.
83
que l'eau le peut penetrer
affez facilement , & la fuperficie
exterieure eſt de niveau.
Je penfois que fi les eaux
de pluie & de neige fonduë
penetrent la terre juſqu'à
ce qu'elles rencontrent un
cufou une terre argilleuſe ,
qui ne la laiffe point paffer ,
comme difent ceux qui fuivent
la premiere opinion
de l'origine des fontaines ,
il devoit arriver la même
chofe à la cuvette de plomb
que j'avois enterrée , & qu'
enfin je devois avoir une
84 MERCURE
eſpece de fource d'eau , qui
devoit couler par le tuyau
qui répondoit dans le caveau.
Mais comme je n'étois
pas perſuadé que cela pût
arriver , je mis encore dans
le même temps une autre
machine en experience à
huit pouces feulement de
profondeur en terre. C'étoit
une cuvette qui avoit
foixante quatre pouces en
fuperficie , & des rebords
de huit pouces de hauteur.
J'avois choifi un lieu où le
foleil ni le vent ne donGALANT.
85
noient point , & j'avois eu
grand foin d'ôter toutes les
herbes qui croiffoient fur
la terre au deffus de cette
cuvette, afin que toute l'eau
qui tomberoit fur la terre
pût paffer fans empêchement
jufqu'au fond de la
cuvette , où il y avoit un
petit trou & un tuyau qui
portoit dans un vaiffeau
toute l'eau qui pouvoit penetrer
la terre. Cette cuvette
n'étoit pas expoſée à
l'air : mais elle étoit enterrée
dans une trés - grande
quaiffe remplie par les cô86
MERCURE
tez & par deffous de la même
terre qui étoit au dedans
, afin que la terre de
la cuvette ne pût pas fe défecher
par l'air.
Je remarquai premierement
dans certe petite cuvette
, que depuis le 12. Juin
juſqu'au 19. Février fuivant
l'eau n'avoit point coulé par
le tuyau au deffous de la
-cuvette , & qu'elle y coula
feulement alors , à cauſe
d'une grande quantité de
neige qui étoit fur la terre
& qui fe fondoit. Depuis ce
temps - là la terre de certe
GALANT. 87
cuvette étoit toûjours fort.
humide : mais l'eau ne couloit
point que quelques
-heures aprés qu'il avoit plû,
& elle ceffoit de couler
quand ce qui étoit tombé
étoit épuilé ; car il en reftoit
toûjours dans la terre
une certaine quantité , qui
ne palloit point à moins
qu'il n'y en cût de nouvelle
au deffus de la terre.
<
Un an aprés je refis la
même experience dans la
petite cuvette : mais je la
mis à feize pouces avant
dans terre , qui étoit une
88 MERCURE
锣
fois plus qu'elle n'étoit d'abord.
Il n'y avoit point
d'herbes fur la terre , & elle
étoit encore à l'abri du foleil
& du vent. Il arriva à
peu prés la même chose que
dans la precedente , excepté
feulement que lors
qu'il fe paffoit un temps
confiderable fans pleuvoir ,
la terre fe défechoit unpeu,
& une mediocre pluie qui
furvenoit enfuite , n'étoit
pas capable de l'humecter
fuffifamment avec ce qui
y reftoit pour la faire couler.
Enfin
GALANT. 89
il
:
Enfin je planta quel
ques herbes fur la terre au
deffus de la cuvette mais
quand les plantes furent un
peu fortes , non feulement
ne couloit point d'eau àprés
la pluie ; mais toute
celle qui tomboit n'étoit
pas fuffifante toute feule
pour les nourrir , & elles fe
fanoient & fechoient , à
moins qu'on ne les arrosât
de temps en temps.
Il me vint alors en penfée
de meſurer la diffipation
ou évaporation de l'eau au
travers des feuilles des plan-
Mars 1714.
H
90 MERCURE
tes , quand elles font expo- .
fées au foleil & au vent. Le
30. Juin , à cinq heures du
matin , je mis dans une
phiole de verre , dont l'ouverture
étoit petite , une livre
d'eau pefée fort exactement
avec la phiole , & je
cueillis deux feuilles de figuier
de mediocre grandeur
, lefquelles pefoient
enfemble 5. gros 48. grains,
& j'en fis tremper le bout
des queues dans l'eau de la
phiole. Ces feuilles étoient
trés fraîches & fermes
quand je les cueillis . EnGALANT.
St
fuite j'expofai la phiole &
les feuilles au ſoleil , qui
étoit clair & chaud , & en
un lieu où il faifoit un peu
de vent , & je bouchai exactement
avec du papier le
refte du col de la phiole ,
qui n'étoit pas occupé par
les queues des feuilles , afin
que l'eau de la phiole ne
pût pas s'évaporer par cette
ouverture .
A onze heures du matin
je pefai le tout enſemble ,
& je trouvai qu'il y avoit
une diminution de poids de
deux gros , que l'air & le
Hij
92 MERCURE
foleil avoient tiré d'eau de
cette feuille , laquelle ne
peut être reparée quand la
feuille eft attachée à l'arbre
, que par l'humidité de
la terre qui paffe par les racines.
Je fis auffi pluſieurs autres
experiences fur des
plantes , & je trouvai toûjours
une trés - grande difſipation
d'humidité ; & aprés
avoir mefuré la fuperficie
des feuilles , & avoir confideré
ce qui en couvre ordinairement
la terre , j'ai jugé
que l'eau de la pluie
GALANT .
93
fur. tout en été , quoy qu'
elle foit alors trés- abondante
, n'eft pas capable de
les entretenir fans un fecours
tiré d'ailleurs . Il eſt
vrai que l'air de la nuit fournit
aux grands arbres , &
même aux plantes , une
grande quantité d'humidité
qu'on voit preſque toûjours
fur les feuilles vers le
lever du foleil , laquelle paffant
juſques dans les racines
, peut entretenir ces
plantes une partie du jour :
mais cette humidité toute
ſeule ne pourroit pas ſuf.
94
MERCURE
fire pour leur nourriture ,
fi elles n'en tiroient de la
terre même & des pluies
qui y entrent , comme je
l'ai remarqué dans mes experiences
que je viens de
rapporter.
Toutes ces experiences
m'ont fait connoître que
l'eau des pluies qui tombent
fur la terre , où il où il y a toûjours
quelques herbes &
des arbres , ne peut pas la
penetrer jufqu'à deux pieds,
à moins qu'elle n'ait été ramaffée
dans des lieux fablonneux
& pierreux , qui
*
.
GALANT .
95
A
la laiffent paffer facilement:
mais ce ne peut être que
des cas particuliers , dont
on ne peut tirer de confequence
generale. On en
peut voir un exemple au
rocher de la fainte Baume
en Provence , où la pluie qui
tombe fur ce rocher , qui
eft tout fendu & crevaffé ,
& où il n'y a point d'herbes
, penetre dans la grotte
en trés- peu d'heures à foi
xante- fept toiles au deffous
de la fuperficie du rocher ,
& y forme une trés - belle
cîterne, qui feroit enfin une
a
96 MERCURE
fontaine quand la cîterne
feroit remplie ; & lors qu'il
fe rencontre fur de femblables
rochers & dans
ces fonds confiderables de
grandes quantitez de neiges
qui fe fondent en été
à la feule chaleur du foleil ,
on remarque de grands
écoulemens de l'eau de
fontaine pendant quelques
heures d'un même jour , &
même à pluſieurs repriſes ,
fi le foleil ne donne fur ces
neiges qu'à quelques heures
differentes de la jour
née , le refte du temps ces
neiges
GALANT. 97
neiges étant à l'ombre des
pointes des rochers , & ne
pouvant
pas fe fondre facilement.
C'eft fans doute la
raiion de ce qu'on a rapporté
, qu'il y avoit des fontaines
au milieu des terres
qui avoient un flux & reflux
comme la mer.
Ces experiences m'ont
perfuadé que je ne devois
point attendre que les eaux
de la pluie & des neiges
paffaffent au travers des
huit pieds de terre qui étoient
au deffus de la cuvette
de plomb que j'avois
Mars
1714.
I
98 MERCURE
enterrée fur une terraffe ;
auffi il n'eft pas coulé une
feule goutte d'eau par le
tuyau depuis quinze années.
On voit donc par là qu'il
ne peut y avoir que tréspeu
de fontaines qui tirent
leur origine des pluies &
des neiges , & il faut neceffairement
avoir recours
d'autres cauſes pour expli.
quer comment il fe peut
rencontrer des fources trésabondantes
dans des lieux
élevez , & à très- peu de pro.
fondeur dans terre , com
HEQUE
ME
LA
THÈQUE
DE
OPON
;
GALANT.
me eft celle de Rungis res
de Paris , qu'on ne peut
tribuer à ces grottes ou
alembics foûterrains , qui
fervent à faire diftiler l'eau
des vapeurs condenfées
car il n'y a point de rochers
dans les
environs
, comme
je l'ai reconnu par plufieurs
puits que j'y ai fait faire ,
& le terrain eft ſeulement
un peu élevé , où l'on a fait
quelques puits , dont l'eau
eft fort proche de la furface
de la terre , & plus éle
vée que l'endroit où l'on a
ramaffé les eaux. Cette four.
I ij.
100 MERCURE
ce fournit cinquante pouces
d'eau environ , qui coule
toûjours & qui fouffre peu
de changement , & tout
l'efpace de terre d'où elle
peut venir n'elt pas
affez
grand pour fournir l'eau
de cette fource en ramaffant
celle de la pluye, quand
il ne s'en diffiperoit point ;
& de plus il eft toûjours cultivé
& couvert d'herbes &
de blé . Il y a quelques vallons
affez proche de ce lieu,
où il faut creuſer fort bas
pour trouver l'eau.
On a crû pouvoir expli
GALANT. ΙΘΙ
quer ces fortes de fources
par des tuyaux & des canaux
naturels , qui conduifent
l'eau de quelque
petite
riviere élevée , & qui
paffant par des lieux hauts
& bas , & même au deſſous
de quelques rivieres qui les
traverſent , font fi bien foudez
& bouchez
, qu'ils ne
laiffent point échaper cette
cau en chemin , pour la
conduire jufqu'au lieu où
elle doit fortir hors de terre.
Mais quand il pourroit
fe rencontrer de ces lieux
foûterrains
, je fuis perfuadé
1 iij
102 MERCURE
qu'ils auroient ſeulement
une pente neceffaire pour
laiffer couler l'eau entre les
terres fur un fond de tufou
d'argille : mais pour s'imaginer
des tuyaux naturels
hauts & bas , c'est tout ce
que peut faire l'art dans l'étenduë
d'un petit jardin ;
encore y a t-il fouvent à refaire
à ces conduites .
Il me femble qu'on peut
faire encore une objection
confiderable à cette hypothefe.
Car fi ces grandes
fources élevées tirent leur
origine de quelques rivicGALANT.
103
rés , ces mêmes rivieres doivent
auffi tirer leurs eaux
d'autres fources encore plus
élevées; car celles des pluies
& des neiges fondues dans
les lieux dont le fond feroit
ferme , ne peuvent former
que quelques torrens qui
ne durent que peu de tems,
& qui ne peuvent pas fournir
à l'écoulement
continuel
de ces rivieres. Les
grands ramas d'eau , comme
des étangs qui font à la
tête des petites rivieres , ne
prouvent rien pour l'origi .
ne des rivieres ; car nous
I iiij
104 MERCURE
avons fait plufieurs experiences
, qui nous font connoître
qu'il fe diffipe beaucoup
plus d'eau de celle
qui cft exposée à l'air dans
un vaiffeau fort large , qu'il
n'y en peut tomber du ciel.
Il ne refte donc qu'un
feul moyen pour expliquer
comment ces fources abondantes
peuvent fe former
dans terre , encore s'y rencontre
- t- il quelques difficultez.
Il faut s'imaginer
qu'au travers de la terre il
paffe une grande quantité
de vapeurs , qui s'élevent
GALANT.
105
des eaux qui y font ordinairement
a la hauteur des
rivieres les plus proches ,
ou de la mer ; que ces vapeurs
paffent d'autant plus
facilement , qu'elles rencontrent
un terrein plus facile
à être penetré , comme
on le remarque en hyver à
l'ouverture de quelques caves
fort profondes . Les particules
de ces vapeurs peuvent
fe joindre enfemble ,
le froid de la fuperou
par
ficie
de la terre
, quand
elles
commencent
à s'en
approcher
, ou
quand
elles
106 MERCURE
rencontrent un terrein qui
eſt déja rempli d'eau à laquelle
elles fe joignent , ou
enfin fi elles trouvent quelque
matiere qui foit propre
à les fixer , comme nous
voyons que les fels étant expolez
à l'air retiennent les
particules d'eau qui y voltigent
C'eft alors que cette
eau qui s'augmente toû
jours , en rencontrant un
fond affez folide pour la
foûtenir , coule entre les
terres fur ce fond , jufqu'à
ce qu'elle s'échape ſur la
fuperficie de la terre où ce
GALANT. 107
fond fe termine, ou retombe
dans quelque lieu plus bas
en terre , s'il y a quelques
ouvertures à la ggllaaiiſſee ou au
tuf qui la foûtient. C'eſt
tout ce que je trouve de
plus vraisemblable dans ce
cas , encore faut il que
vapeurs ayent des conduits
particuliers pour paffer , par
ces
leſquels l'eau qu'elles forment
ne puiffe pas s'échaper.
J'ai voulu voir par experience
ce qu'on pouvoit
efperer de la maniere
de
condenfer les vapeurs de
108 MERCURE
l'eau lors qu'elles s'attacheroient
dans la terre contre
des pierres qui feroient
remplies de quelques iels ;
car c'étoit une pentée nouvelle
que j'avois eue pour
expliquer de quelle maniere
les eaux des vapeurs
qui font en terre pourroient
le ramaffer.
Je mis dans un des caveaux
du fond de la carriere
de l'Obfervatoire un
vaſe de verre , & j'attachai
fur le bord du vaſe un morceau
de linge que j'avois
trempé dans un peu d'eau ,
GALANT . 109
où j'avois fait diffoudre du
fel de tartre. Je choifis ce
fel , parce que je crus qu'il
étoit plus propre à fixer les
vapeurs que tout autre. Le
lieu paroît fort humide ,.
fur - tout en été. Quelque
temps aprés je trouvai au
fond du vafe une quantité
affez confiderable de liqueur
, qui n'étoit que l'eau
de la vapeur de l'air , laquelle
s'étoit attachée contre
le linge , & en ayant
été rempli , le furplus , qui
augmentoit toûjours , avoit
coulé au long des côtez du
110 MERCURE
vafe. J'aurois pouffé cette
experience plus loin , pour
voir fi fa liqueur auroit
continué de couler , & fi le
fel qui étoit dans le linge
auroit été entierement em.
porté par l'eau qui en couloit
, quoy qu'il puiffe arri
ver que des pierres qui auroient
des fels propres 3
fixer les vapeurs , auroient
pû conſerver toûjours leur
fel , & même s'en charger
de nouveau : mais on entra
dans le caveau en mon
abſence , on rompit le vaſe,
& mon experience fut interrompuë.
GALANT.
Je ne parle point de
quelques fontaines particulieres
& extraordinaires ,
qui fe trouvent , à ce qu'on
dit , fur le bord de la mer
& fur des rochers élevez ,
lefquelles ont un flux & un
reflux femblable à celui de
la mer , & qui ne laiſſent
pas d'être des eaux fort
douces. J'ai expliqué mecaniquement
de quelle maniere
cela fe pourroit faire ,
en ſuppoſant des reſervoirs
foûterrains un peu élevez
au deffus du niveau de la
mer , & que la cavité où
112 MERCURE
ces refervoirs font placez
ait communication par le
moyen de quelques canaux
avec la mer. Car il doit arriver
que lofque la mer
monte , elle comprime l'air
qui eſt dans cette cavité ,
lequel preffè l'eau du reſervoir
, & l'oblige de s'écha
per , & même de s'élever
par quelques fentes ou conduits
de ces rochers jufques
fur la fuperficie de la terre ,
où elle forme une fontaine
qui doit diminuer peu à peu
la mer fe re- à meſure que
tire , & que l'air comprimé
qui
GALANT. 113
qui la forçoit de monter fe
rétablit dans fon premier
état. Mais pour peu qu'on
fçache de mecanique , &
qu'on entende bien les
effets des corps liquides ,
on ne manquera pas de
moyens pour expliquer non
feulement les merveilles
qu'on voit dans la nature
fur cette mariere , mais
encore tout ce qu'on pourroit
imaginer.
1
C'eft affez parler de l'origine
des fontaines ; il me
faut maintenant expliquer
quelques remarques parti-
Mars
1714.
K
114 MERCURE
culieres que j'ai faites à
cette occafion fur l'utilité
qu'on peut retirer de l'eau
des pluies. L'avantage le
plus confiderable de l'eau
de la pluie , c'eft de la ra
maſſer dans des refervoirs
foûterrains qu'on appelle
citernes , où quand elle a été
purifiée en paffant au travers
du fable de riviere , elle
fe conferve plufieurs années
fans le corrompre. Cette
eau eft ordinairement la
meilleure de toutes celles
dont on peut ufer , foit ppour
l'employer dans plufieurs
"GALANT.
ufages , comme pour le
blanchiffage & pour les
teintures, en ce qu'elle n'eft
point mêlée d'aucun fel de
la terre , comme font preſque
toutes les eaux de fontaines,
& même celles qu'on
cftime les meilleures. Ces
cîternes font d'une trésgrande
utilité dans les lieux
où l'on n'a point d'eau de
fource , ou bien lorfque
toutes les eaux de puits font
mauvaiſes. Ce n'eſt pas ici
le lieu de parler de la conftruction
des cîternes , ni
du choix des materiaux
Kij
116 MERCURE
qu'on y doit employer ;
puis qu'il ne s'agit que d'avoir
un lieu qui tienne bien
l'eau , & que les pierres &
le mortier dont elles font
jointes , ne puiffent donner
aucune mauvaiſe qualité à
l'eau , qui y fejourne pendant
un temps confiderable.
Ceux qui ont des cîternes
, & qui font curieux
d'avoir de bonne eau , obfervent
foigneufement de
ne laiffer point entrer l'eau
des neiges fonduës dans la
cîterne , ni celles des pluies
GALANT.
117
d'orage. Pour ce qui eft de
celle des neiges fonduës ,
je crois qu'on a quelque
raifon de les exclure des
cîternes , non pas à cauſe
des fels qu'on s'imagine qui
font enfermez , & mêlez
avec les particules de la
neige: mais feulement parce
que ces neiges demeurent
ordinairement
C
plufieurs
jours , & quelquefois des
mois entiers fur les toits
des maiſons , où elles fe
corrompent par la fiente
des oifeaux & des animaux ,
& bien plus par le long
118 MERCURE
féjour qu'elles font fur les
tuiles qui font toûjours fort
fales . C'est pour cette raiſon
que lors qu'il commence à
pleuvoir , je voudrois que
la premiere eau qui vient
du toit , & qui doit entrer
dans la cîterne , fût rejettée
comme mauvaiſe , n'ayant
fervi qu'à laver les toits ,
qui font couverts de la pouffiere
qui s'éleve de bouës
défechées dans les ruës &
dans les grands chemins ,
& qu'on ne reçût ſeulement
dans la cîterne que celle
qui vient enfuite.
GALANT . 19
Il y a une autre remarque
fort confiderable pour les
eaux qu'on doit rejetter des
cîternes , & que le ſeul hazard
m'a fait connoître. Il
y a quelque temps que je
fus curieux de ramaffer de
F'eau de pluie qui tomboit
à
l'Obfervatoire , par le
moyen de la cuvette dont
je me fers pour meſurer la
quantité d'eau qui tombe
pendant l'année . Cette cu
vette eft de fer blanc bien
étamé , elle a quatre pieds
de fuperficie, & des rebords
de fix pouces de hauteur.
120 MERCURE
Il y a un trou & un petit
tuyau qui y eft foudé vers
l'un des angles par où l'eau
qui tombe dans la cuvette ,
qui eft un peu inclinée vers
cet angle , eft portée dans
un vaiffeau qui la reçoit ,
pour la meſurer enfuite , &
connoître par ce moyen la
quantité qui en eft tombée.
Je nettoyai & lavai la cuvette
& le vaiſſeau qui reçoit
l'eau , le plus proprement
qu'il me fut poffible ,
áu commencement d'une
pluie qui paroiffoit abondante,
& je ramaſſai enfuite
l'eau
GALANT. 121
l'eau dans des bouteilles de
verre bien nettes pour la
conferver. Mais comme je
voulus goûter de cette eau,
je fus furpris de ce qu'elle
avoit un fort mauvais goût,
& qu'elle fentoit la fumée :
ce qui me parut fort extraordinaire
; car j'en avois
fouvent goûté de celle qui
étoit ramaffée de la même
maniere , laquelle n'avoit
pas ce même goût. Je ne
voyois rien qui eût pû communiquer
cette odeur de
fumée à l'eau de pluie ; car
le lieu où je la ramaffe ef
Mars
1714
L
122 MERCURE
fort à découvert & élevé,
fort
& il n'y a point de fumée
qui n'en foit fort éloignée.
Mais enfin je confiderai
que cette eau de pluie étoit
tombée avec un vent du
nord ; ce qui n'eſt pas
ordinaire ; car il pleut rarement
de ce vent ; & comme
toute la ville eft au nord
de l'Obfervatoire, la fumée
des cheminées s'étoit mêlée
avec l'eau qui tomboit , &
qui paffoit enfuite pardeffus
le lieu où je la ramaffois ,
& qu'enfin c'étoit la vraye
caufe de la mauvaiſe odeur
GALANT.
123
de l'eau ; car on ſçait par
plufieurs
experiences que
l'eau prend trés facilement
l'odeur de la fumée En effet
je m'en affurai quelque
temps aprés car ayant
encore ramaffé de l'eau de
pluie qui tomboit avec un
vent de midi ou de fudoüeft
, je n'y remarquai rien
de femblable pour le goût ;
car il n'y a que de grandes
campagnes qui s'étendent
vers le midi de l'Obferva
toire.
30 Je conclus de là qu'on
doit aufli rejetter des cîter-
Lij
124
MERCURE
nes toutes les eaux de pluie
qui font apportées par des
vents fur des lieux infectez
de quelque mauvaiſe
odeur , comme des égoûts ,
des voiries , & même des
grandes villes à cauſe de la
fumée , comme je viens de
remarquer ; car les exhalaifons
& les mauvaiſes vapeurs
qui fe mêlent avec
l'eau qui entre dans la cîterne
, doivent corrompre
celle qui y eft entrée dans
un autre temps.
$ Enfin puifquel'on ne peut
pas douter par toutes les ex
GALANT .
-125
periences & par toutes les
épreuves qu'on a faites, que
l'eau de la pluie qui a été purifiée
dans du fable de riviere
, pour lui ôter le limon &
une odeur de terre qu'elle a
en tombant du ciel , ne foit
la meilleure & la plus faine
de toutes celles dont on
puiffe ſe ſervir , j'ai penſé de
quelle maniere on pourroit
pratiquer dans toutes les
maifons des cîternes qui
fourniroient affez d'eau
pour l'ufage de ceux qui y
demeurent.
Premierement il eft cer-
Liij
126 MERCURE
tain qu'une maiſon ordinaire
, qui auroit en fuperficie
quarantes toiſes , lef
quelles feroient couvertes
de toits , peut ramaſſfer chaque
année 2160. pieds cubiques
d'eau , en prenant
feulement dix huit pouces
pour la hauteur de ce qu'il
en tombe , qui eft la moindre
hauteur que j'aye obfervé
. Mais ces 2160. pieds
cubiques valent 75600. pintes
d'eau , à raifon de 35.
pintes par pied , qui eſt la
jufte mefure pour la pinte
de Paris, Si l'on diviſe donc
GALANT. 127
ce nombre de pintes par
les 365. jours de l'année
on trouvera 200. pintes par
jour. On voit par là que
quand il y auroit dans une
maiſon , comme celle que
je fuppofe , vingt - cinq perfonnes
, elles auroient huit
pintes d'eau chacune à dépenſer
, qui eſt plus d'un
feau de ceux d'ordinaire ,
& ce qui eft plus que fuffifant
pour tous les uſages de
la vie.
Il ne me reste plus qu'à
donner un avis fur le lieu
& fur la maniere de con-
Liiij
128 MERCURE
,
a
ftruire ces fortes de cîternes
dans les maiſons particulieres.
On voit dans plufieurs
villes de Flandres ,
vers les bords de la mer
où toutes les eaux des puits
font falées & ameres
cauſe que le terrain n'eft.
qu'un fable leger au travers
duquel l'eau de la mer ne
f purifie pas , que l'on fait
des cîternes dans chaque
maiſon pour ſon uſage particulier.
Mais ces cîternes
font enterrées , & ne font
que des caveaux où l'on
croit que l'eau le conferve
GALANT. 129
mieux qu'à l'air. Il eſt vrai
que l'eau , & fur- tout celle
de pluie , ne fe conferve pas
à l'air à caule du limon dont
elle eft remplie , & qu'elle
ne depofe pas entierement
en paffant par le fable , &
qu'elle fe corrompt , & qu'il
s'y engendre une espece de
mouffe verte qui la couvre
entierement. C'est pourquoy
je voudrois qu'on pratiquât
dans chaque mailon
un petit lieu dont le plancher
feroit élevé au deffus
du rez de chauffée de fix
pieds environ ; que ce lieu
130 MERCURE
n'eût tout au plus que la
quarantieme ou cinquantieme
partie de la fuperficie
de la maiſon , & qui feroit
dans nôtre exemple d'une
toife à peu prés. Ce lieu
pourroit être élevé de huit
à dix pieds , & bien vouté
avec des murs fort épais.
Ce feroit dans ce lieu où je
placerois un refervoir de
plomb , qui recevroit toute
l'eau de pluie aprés
qu'elle auroit paffé au travers
du fable. Il ne faudroit
à ce lieu qu'une tréspetite
porte bien épaiffe &
GALANT. 131
bien garnie de natte de
paille , pour empêcher que
la gelée ne pût penetrer
jufqu'à l'eau. Par ce moyen
on pourroit diſtribuer facilement
de trés bonne eau
dans les cuifines & les lavoirs.
Cette eau étant bien
enfermée ne fe corromproit
pas plus que fi elle étoit fous
terre, & ne geleroit jamais.
Son peu d'élevation au def
fus du rez de chauffée ferviroit
affez à la commodité
de fa diftribution dans tous
les lieux bas du logis.Ce reſervoir
pourroit être placé
132
MERCURE
dans un endroit où il n'incommoderoit
par fon humidité
, qu'autant que ceux
d'eau de fontaine qui font
dans plufieurs maiſons.
J'ai examiné depuis peu
les differentes eaux de pluie
que j'avois ramaffées autrefois
, & que j'avois confervées
dans des bouteilles de
verre. J'ai trouvé qu'il y en
avoit quelques - unes qui
étoient d'un mauvais goût,
& je ne fçaurois affurer fi
ce font celles qui avoient
d'abord une odeur de fumée
quand je les ai miſes
GALANT. 133
dans la bouteille ; les autres
étoient affez bonnes & agreables
, elles n'avoient
plus le goût de terre , qu'ont
toutes les eaux de pluie , &
c'étoit peut être parce qu'-
elles avoient dépolé un
certain limon , qu'on voit
ordinairement au fond des
vaſes où l'on a laiſſé pendant
quelque temps des
caux de pluie.
Jajoûterais encore une
remarque que j'ai faite fur
les eaux de fontaine qui font
fur le côteau de la butte de
Montmartre vers le fepten134
MERCURE
trion. Ces eaux font fort
claires & affez bonnes pour
boire. Cependant fi l'on
fait cuire de la viande &
des herbes à potage avec
cette eau , le bouillon eſt
d'une grande amertume ;
ce qu'on ne peut pas attribuer
à la nature des herbes
du lieu , puifque fi l'on
fe fert d'eau de pluie pour
faire le bouillon , il eſt trésbon
& n'a aucune amertume.
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Résumé : Remarques sur l'eau de la pluie, & sur l'origine des fontaines ; avec quelques particularitez sur la construction des cîternes.
Le texte explore l'importance historique de la gestion de l'eau, tant pour les besoins quotidiens que pour l'ornementation des palais et jardins. Les hommes ont toujours cherché à rendre les rivières navigables et à construire des aqueducs pour transporter l'eau sur de longues distances. Ils ont également inventé des machines pour élever et distribuer l'eau de manière spectaculaire. Deux principales théories expliquent l'origine des fontaines. La première attribue les fontaines à l'eau de pluie et à la fonte des neiges, tandis que la seconde propose des cavités souterraines où les vapeurs des eaux se condensent. M. N** a calculé que l'eau de pluie et de neige fournit suffisamment d'eau pour entretenir les rivières comme la Seine. L'auteur a mené des expériences pour vérifier ces théories. Il a enterré des cuvettes de plomb à différentes profondeurs pour observer la pénétration de l'eau de pluie. Les résultats ont montré que l'eau ne pénètre pas profondément dans la terre, sauf dans des terrains sableux et pierreux. Les expériences ont également révélé que les plantes absorbent une grande quantité d'humidité, ce qui limite la pénétration de l'eau dans le sol. L'auteur conclut que peu de fontaines tirent leur origine des pluies et des neiges. Le texte traite également de l'origine des sources et de l'utilisation de l'eau de pluie. Il propose une explication des sources par des tuyaux et canaux naturels conduisant l'eau de rivières élevées, mais cette hypothèse est contestée. L'auteur suggère que les sources proviennent de vapeurs s'élevant des eaux des rivières ou de la mer, se condensant et s'écoulant à travers des terrains perméables. Il relate une expérience où il a recueilli de l'eau de vapeur dans un vase pour démontrer la formation des sources. L'auteur aborde l'utilité des citernes pour collecter et conserver l'eau de pluie, soulignant que cette eau est souvent de meilleure qualité que celle des fontaines ou des puits. Il recommande de ne pas collecter l'eau des neiges fondues ou des pluies d'orage, ainsi que celle apportée par des vents passant au-dessus de lieux infectés par des mauvaises odeurs. Il calcule la quantité d'eau de pluie que peut collecter une maison ordinaire et conclut que cela suffit amplement pour les besoins quotidiens des habitants. Enfin, le texte mentionne la construction de citernes dans les maisons particulières, notamment dans les villes de Flandres où les eaux des puits sont salées et amères en raison de la proximité de la mer. L'auteur propose un réservoir élevé au-dessus du rez-de-chaussée, couvert et bien isolé pour éviter la contamination et le gel. Ce réservoir recueillerait l'eau de pluie filtrée à travers un sable léger, permettant une distribution facile dans les cuisines et lavoirs sans risque de corruption ou de gel.
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3876
p. 135-144
Mort de la Reine d'Espagne.
Début :
Marie-Loüise-Gabrielle de Savoye, épouse de Philippe V. du [...]
Mots clefs :
Reine d'Espagne, Philippe V, Maison de Savoie, Roi de Chypre, Duc de Savoie, Royaume, Prince Amédée, Venise, Sicile
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texteReconnaissance textuelle : Mort de la Reine d'Espagne.
Mort de la Reine d'Efpagne.
Marie- Loüife. Gabrielle
de Savoye , épouſe de Philippe
V. du nom, Roy d'Ef
pagne , mourut le quatorze
Fevrier 1714. Cette grande
& vertueufe Princeffe étoit
fille de Victor - Amé , fe
cond du nom , Roy de Si
cile & de Chypre , Duc de
Savoye , d'Aouft, Chablais,
&c. & d'Anne d'Orleans
Ducheffe de Valois. Elle
étoit née le 17. Septembre
136 MERCURE
1688. & fut mariée à Turin
par Procureur le onze
Septembre 1701. Elle laiffe
de fon mariage trois enfans
: Louis - Philippe d'Eſpagne,
Prince des Afturies ,
né le 25.
Philippe Infant d'Elpagne ,
né le 7. Juin 1712. Don Ferdinand
infant d'Eſpagne ,
né à Madrid le 23 Septembre
1713.
Août 1707. Don
La Maiſon de Savoye eft
trés-ancienne & trés - illuf
tre. Elle defcend de Berthold
ou Berold Marquis
d'Italie , premier Comte
dc
GALANT . 137
de Savoye & de Maurien
ne , qui étoit un Prince
Allemand , qui vint s'établir
à la Cour de Rodolphe
Roy de Bourgogne & de
Provence . Il fut fait Lieutenant
general de fon
Royaume , & les fervices
qu'il lui rendit furent recompenfez
par Rodolphe
de la Savoye & de la Maurienne
l'an 1000. Il mourut
Fan 1023. & Humbert ,
furnommé aux blanches.
mains , fon fils , lui fucceda .
De lui eft defcendu en ligne
directe , pendant le
Mars
1714.
M
138 MERCURE
cours de vingt - deux de
grez de generations , lc
Roy de Sicile , Duc de Savoye
, Victor - Amedée fecond
du nom , qui fe rencontre
le trente- troiſieme
Comte de Savoye depuis
Berthold , & le quinzieme
Duc depuis Amée huitić .
me , par
en fa faveur l'Empereur
Sigifmond
du Comté
de Savoye
en Duché
le dix - neuf
Fevrier
1416. Louis Duc de
Savoye
fon fils ayant époufé
en 1433. Anne de Ĉhypre
, fille de Janus Roy de
l'érection que fit
GALANT. 139
de pre-
Chypre , & de Charlotte de
Bourbon , leur a donné
droit fur ce Royaume
, &
en ont porté le titre de Rois
dans la fuite , & en ont pris
les armes au premier quartier
de leur éuffon ; ce qui
ne leur a fervi que
tention , par la raison que
Louis de Savoye , fon fecond
fils , frere d'Amedée
neuvieme , époufa Charlotte
, fille unique de Jean
fecond du nom , Roy de
Chypre , prit le titre comme
fon époufe de Roy de
Chypre
, qui lui apparte
Mij
140 MERCURE
para
noit : mais il lui fut difputé
par Jacques de Chypre fon
frere naturel , qui s'emdu
Royaume avec l'aide
du Soudan d'Egypte , &
de Marc Cornaro Gentilhomme
Venitien , qui lui
fit épouser fa fille , qui fur
adoptée par la Seigneurie
de Venife , qui lui conftitua
une grande dot. Jacques
étant mort à trente- trois
ans , laiffa fa femme enceinte
, & la declara pour
fon heritiere , en cas qu'elle
furvêquît au fruit qu'elle
portoit dans fes entrailles.
GALANT . 141
Elle accoucha d'un fils , qui
mourut deux ans aprés , &
par cette mort elle demeura
Reine de Chypre , protegée
de la Republique de
Venife, à laquelle elle abandonna
le
gouvernement
lui fit don de la couronne ,
& fe retira à Venife , où elle
paffa le refte de fes jours .
Tout ceci fe paffa au prejudice
de la Reine Charlotte
, qui fut contrainte de
fe retirer à Rome , où elle
mourut. Pendant la vie
voyant qu'elle ne pouvoit
rentrer dans les Etats , elle
142 MERCURE
fit don de fa couronne , en
prefence du Pape & des
Cardinaux , à Amedée IX.
du nom , fon beau - frere, & à
fes fucceffeurs Ducs de Savoye
; ce qui leur donna le
droit
inconteftable qu'ils
ont fur ce Royaume, & leur
fit avoir de grands differens
avec les Venitiens , qui furent
terminez par Selim ,
Empereur des Turcs , qui
s'empara de ce Royaume
en 1571.
Les Ducs de Savoye ont
pris le titre de Rois de Chypre
depuis ce temps , & auGALANT.
143
jourd'hui Sa Majesté Sicilienne
a un autre droit fur la
Sicile, en ce qu'il deſcend de
Catherine- Michelle d'Autriche
, fille du Roy d'Efpagne
Philippe II , qui épouſa
Charles Emmanuel Duc de
Savoye & Roy de Chypre ,
bifayeule de Sa Majeſté , &
foeur de Philippe III. Roy
d'Espagne , laquelle étoit,
grande-tante du Roy Charles
II . mort fans enfans , &
dont la fucceffion a troublé
toute l'Europe : mais prefque
toutes les conteſtations
touchát cette fucceffion ont
144 MERCURE
été reglées par le traité d'Utrecht
, & M. le Duc de Savoye
a eu pour les pretentions
le Royaume de Sicile ,
dont il a été facré & couronné
Roy à Palerme le 24.
Decembre
1713.
द Cette Maifon de Savoye
a eu de grands hommes
dans toutes les conditions
& s'eft divifée en quantité
de branches , d'une def
quelles defcend le Prince
Eugene de Savoye, qui a eu
beaucoup de part à toutes
les affaires du temps.
Marie- Loüife. Gabrielle
de Savoye , épouſe de Philippe
V. du nom, Roy d'Ef
pagne , mourut le quatorze
Fevrier 1714. Cette grande
& vertueufe Princeffe étoit
fille de Victor - Amé , fe
cond du nom , Roy de Si
cile & de Chypre , Duc de
Savoye , d'Aouft, Chablais,
&c. & d'Anne d'Orleans
Ducheffe de Valois. Elle
étoit née le 17. Septembre
136 MERCURE
1688. & fut mariée à Turin
par Procureur le onze
Septembre 1701. Elle laiffe
de fon mariage trois enfans
: Louis - Philippe d'Eſpagne,
Prince des Afturies ,
né le 25.
Philippe Infant d'Elpagne ,
né le 7. Juin 1712. Don Ferdinand
infant d'Eſpagne ,
né à Madrid le 23 Septembre
1713.
Août 1707. Don
La Maiſon de Savoye eft
trés-ancienne & trés - illuf
tre. Elle defcend de Berthold
ou Berold Marquis
d'Italie , premier Comte
dc
GALANT . 137
de Savoye & de Maurien
ne , qui étoit un Prince
Allemand , qui vint s'établir
à la Cour de Rodolphe
Roy de Bourgogne & de
Provence . Il fut fait Lieutenant
general de fon
Royaume , & les fervices
qu'il lui rendit furent recompenfez
par Rodolphe
de la Savoye & de la Maurienne
l'an 1000. Il mourut
Fan 1023. & Humbert ,
furnommé aux blanches.
mains , fon fils , lui fucceda .
De lui eft defcendu en ligne
directe , pendant le
Mars
1714.
M
138 MERCURE
cours de vingt - deux de
grez de generations , lc
Roy de Sicile , Duc de Savoye
, Victor - Amedée fecond
du nom , qui fe rencontre
le trente- troiſieme
Comte de Savoye depuis
Berthold , & le quinzieme
Duc depuis Amée huitić .
me , par
en fa faveur l'Empereur
Sigifmond
du Comté
de Savoye
en Duché
le dix - neuf
Fevrier
1416. Louis Duc de
Savoye
fon fils ayant époufé
en 1433. Anne de Ĉhypre
, fille de Janus Roy de
l'érection que fit
GALANT. 139
de pre-
Chypre , & de Charlotte de
Bourbon , leur a donné
droit fur ce Royaume
, &
en ont porté le titre de Rois
dans la fuite , & en ont pris
les armes au premier quartier
de leur éuffon ; ce qui
ne leur a fervi que
tention , par la raison que
Louis de Savoye , fon fecond
fils , frere d'Amedée
neuvieme , époufa Charlotte
, fille unique de Jean
fecond du nom , Roy de
Chypre , prit le titre comme
fon époufe de Roy de
Chypre
, qui lui apparte
Mij
140 MERCURE
para
noit : mais il lui fut difputé
par Jacques de Chypre fon
frere naturel , qui s'emdu
Royaume avec l'aide
du Soudan d'Egypte , &
de Marc Cornaro Gentilhomme
Venitien , qui lui
fit épouser fa fille , qui fur
adoptée par la Seigneurie
de Venife , qui lui conftitua
une grande dot. Jacques
étant mort à trente- trois
ans , laiffa fa femme enceinte
, & la declara pour
fon heritiere , en cas qu'elle
furvêquît au fruit qu'elle
portoit dans fes entrailles.
GALANT . 141
Elle accoucha d'un fils , qui
mourut deux ans aprés , &
par cette mort elle demeura
Reine de Chypre , protegée
de la Republique de
Venife, à laquelle elle abandonna
le
gouvernement
lui fit don de la couronne ,
& fe retira à Venife , où elle
paffa le refte de fes jours .
Tout ceci fe paffa au prejudice
de la Reine Charlotte
, qui fut contrainte de
fe retirer à Rome , où elle
mourut. Pendant la vie
voyant qu'elle ne pouvoit
rentrer dans les Etats , elle
142 MERCURE
fit don de fa couronne , en
prefence du Pape & des
Cardinaux , à Amedée IX.
du nom , fon beau - frere, & à
fes fucceffeurs Ducs de Savoye
; ce qui leur donna le
droit
inconteftable qu'ils
ont fur ce Royaume, & leur
fit avoir de grands differens
avec les Venitiens , qui furent
terminez par Selim ,
Empereur des Turcs , qui
s'empara de ce Royaume
en 1571.
Les Ducs de Savoye ont
pris le titre de Rois de Chypre
depuis ce temps , & auGALANT.
143
jourd'hui Sa Majesté Sicilienne
a un autre droit fur la
Sicile, en ce qu'il deſcend de
Catherine- Michelle d'Autriche
, fille du Roy d'Efpagne
Philippe II , qui épouſa
Charles Emmanuel Duc de
Savoye & Roy de Chypre ,
bifayeule de Sa Majeſté , &
foeur de Philippe III. Roy
d'Espagne , laquelle étoit,
grande-tante du Roy Charles
II . mort fans enfans , &
dont la fucceffion a troublé
toute l'Europe : mais prefque
toutes les conteſtations
touchát cette fucceffion ont
144 MERCURE
été reglées par le traité d'Utrecht
, & M. le Duc de Savoye
a eu pour les pretentions
le Royaume de Sicile ,
dont il a été facré & couronné
Roy à Palerme le 24.
Decembre
1713.
द Cette Maifon de Savoye
a eu de grands hommes
dans toutes les conditions
& s'eft divifée en quantité
de branches , d'une def
quelles defcend le Prince
Eugene de Savoye, qui a eu
beaucoup de part à toutes
les affaires du temps.
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Résumé : Mort de la Reine d'Espagne.
Marie-Louise-Gabrielle de Savoie, épouse de Philippe V d'Espagne, est décédée le 14 février 1714. Née le 17 septembre 1688, elle était la fille de Victor-Amédée II, duc de Savoie, et d'Anne d'Orléans. Elle s'est mariée par procuration à Turin le 11 septembre 1701 et a eu trois enfants : Louis-Philippe d'Espagne, né le 25 août 1707, Philippe d'Espagne, né le 7 juin 1712, et Ferdinand d'Espagne, né le 23 septembre 1713. La Maison de Savoie est une famille ancienne et illustre, descendant de Berthold, premier comte de Savoie et de Maurienne. Berthold s'est établi à la cour de Rodolphe, roi de Bourgogne et de Provence, et a été récompensé par Rodolphe en obtenant la Savoie et la Maurienne en l'an 1000. Victor-Amédée II, duc de Savoie, est le trente-troisième comte de Savoie et le quinzième duc depuis Amédée VIII. La Maison de Savoie possède également des droits sur le royaume de Chypre, acquis par le mariage de Louis de Savoie avec Anne de Chypre. Ces droits ont été confirmés par Catherine-Michelle d'Autriche, fille de Philippe II d'Espagne, et reconnus par le traité d'Utrecht. Victor-Amédée II a été couronné roi de Sicile à Palerme le 24 décembre 1713. La Maison de Savoie a produit de grands hommes dans diverses conditions et s'est divisée en plusieurs branches, dont descend le prince Eugène de Savoie.
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3877
p. 145-151
ESTAMPES.
Début :
Voicy la plus nombreuse suite de modes Etrangeres, & en [...]
Mots clefs :
Estampes, Tableaux, Turcs, Femmes, Filles, Monsieur de Ferriol, Suite, Officiers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESTAMPES.
ESTAMPES.
V
Oicy la plus nombreu
fe fuite de modes Etran
geres , & en même temps la
plus finguliere qui ait encore
paru .
2
Elle eft compofée de cent
Planches differentes qui ont
chacunes treize pouces & demi
de hauteur , fur environ
neuf pouces de largeur.
Chaque Planche contient,
une , deux , trois ou quatre Fi-
N
Mars
1714.
146 MERCURE
gures , qui font toutes accom.
pagnées de fonds & de chofes
convenables à leurs habits &
à leurs dignitez ...
Cette fuite ne comprend
pas feulement le Grand Seigneur
, la Sultane Reine , les
principaux Officiers du Serail
en habit de ceremonie; mais
auffi le Moufti & tous les
gens de Loy , le Grand Vifir
& les Officiers de guerre de
Terre , le Capitant Pacha &
les Officiers de Marinebit
Aprés ceux-cy viennent les
differentes conditions des
Tures , des femmes & filles
K
GALANT , 147
Turques , des Marchands ,
Aprés quoy font les Juifs,
& Juives & autres fujets Tributaires
ou voifins des Turcs
en Europe , comme font les
Patriarches & autres Grecs ;
des femmes & filles Grecques,
les Hongrois & Hongroifes ,
Bulgares, Valaques , Albanois,
Tartares de Crimée , & entreautres
des filles de plufieurs
Ifles de l'Archipel , dont les
habits extraordinaires font un
fingulier plaifir à voir.
Differents Habitans d'Afie
viennent enfuite Arabes Armeniens
, Perfans & Indiens ,
Nij
148 MERCURE
& enfin des Afriquains & Afriquaines.
Chaque Eftampe de cette
grande fuite eft imprimée ſur
une demie feuille du plus beau
Papier du Nom de Jefus , à
la referve de la derniere Eftampe
qui eft imprimée fur une
Feuille entiere ; elle reprefente
la ceremonic d'un Mariage
Turc.
Monfieur de Ferriol , Ambaffadeur
Extraordinaire de
Sa Majesté à Conftantinople
par une curiofité toute louable
fit peindre d'ap és nature
& à grands frais ces differents
GALANT 149
habillemens en 1707. &
1708. par le fieur Vanmour
habile Peintre Flamand qui
les peignit avec tout le foin
& la fidelité imaginable ; &
aprés que ces Tableaux furent
achevez , Monfieur de Ferriol
les fic expofer à la cenfure pu
blique avant fon départ de
Conftantinople.
C'eft fur ces Tableaux O
riginaux que les Estampes qui
compofent ce Recücil ont été
gravées par les foins de Monfieur
le Hay , qui y a employe
d'excellens Graveurs. L'on
trouvera ce Recücil chez luy ,
Niij
119 MERCURE
4
ruë de Grenelle , Fauxbourg
S. Germain , proche la rue de
la Chaife , & chez Monfieur
du Change, Graveur du Roy,
ruë S. Jacques ; l'on y trouve,
ra auffi la même fuite enluminée
d'aprés les Tableaux
Originaux ; ce qui fera non
feulement connoiftre la forme
, mais encore la veritable
couleur de toutes les differentes
& riches étoffes , dont ces
habillemens font faits ; & l'on
mettra tous les foins poffibles
pour enluminer ces Eftampes
avec intelligence , afin de
leurs donner la verité & le
in
GALANT. 151
merite des Tableaux.
Cette fuite d'Eftampes
pourra fervir à orner des Cabinets
, des Galleries & des
Maifons de Campagne : on
efpere que les Sçavans , les
Curieux & le Gens de gouft
en feront affez de cas , pour
leur donner place dans leurs
porte feuilles ou dans leurs
Bibliotheques.
V
Oicy la plus nombreu
fe fuite de modes Etran
geres , & en même temps la
plus finguliere qui ait encore
paru .
2
Elle eft compofée de cent
Planches differentes qui ont
chacunes treize pouces & demi
de hauteur , fur environ
neuf pouces de largeur.
Chaque Planche contient,
une , deux , trois ou quatre Fi-
N
Mars
1714.
146 MERCURE
gures , qui font toutes accom.
pagnées de fonds & de chofes
convenables à leurs habits &
à leurs dignitez ...
Cette fuite ne comprend
pas feulement le Grand Seigneur
, la Sultane Reine , les
principaux Officiers du Serail
en habit de ceremonie; mais
auffi le Moufti & tous les
gens de Loy , le Grand Vifir
& les Officiers de guerre de
Terre , le Capitant Pacha &
les Officiers de Marinebit
Aprés ceux-cy viennent les
differentes conditions des
Tures , des femmes & filles
K
GALANT , 147
Turques , des Marchands ,
Aprés quoy font les Juifs,
& Juives & autres fujets Tributaires
ou voifins des Turcs
en Europe , comme font les
Patriarches & autres Grecs ;
des femmes & filles Grecques,
les Hongrois & Hongroifes ,
Bulgares, Valaques , Albanois,
Tartares de Crimée , & entreautres
des filles de plufieurs
Ifles de l'Archipel , dont les
habits extraordinaires font un
fingulier plaifir à voir.
Differents Habitans d'Afie
viennent enfuite Arabes Armeniens
, Perfans & Indiens ,
Nij
148 MERCURE
& enfin des Afriquains & Afriquaines.
Chaque Eftampe de cette
grande fuite eft imprimée ſur
une demie feuille du plus beau
Papier du Nom de Jefus , à
la referve de la derniere Eftampe
qui eft imprimée fur une
Feuille entiere ; elle reprefente
la ceremonic d'un Mariage
Turc.
Monfieur de Ferriol , Ambaffadeur
Extraordinaire de
Sa Majesté à Conftantinople
par une curiofité toute louable
fit peindre d'ap és nature
& à grands frais ces differents
GALANT 149
habillemens en 1707. &
1708. par le fieur Vanmour
habile Peintre Flamand qui
les peignit avec tout le foin
& la fidelité imaginable ; &
aprés que ces Tableaux furent
achevez , Monfieur de Ferriol
les fic expofer à la cenfure pu
blique avant fon départ de
Conftantinople.
C'eft fur ces Tableaux O
riginaux que les Estampes qui
compofent ce Recücil ont été
gravées par les foins de Monfieur
le Hay , qui y a employe
d'excellens Graveurs. L'on
trouvera ce Recücil chez luy ,
Niij
119 MERCURE
4
ruë de Grenelle , Fauxbourg
S. Germain , proche la rue de
la Chaife , & chez Monfieur
du Change, Graveur du Roy,
ruë S. Jacques ; l'on y trouve,
ra auffi la même fuite enluminée
d'aprés les Tableaux
Originaux ; ce qui fera non
feulement connoiftre la forme
, mais encore la veritable
couleur de toutes les differentes
& riches étoffes , dont ces
habillemens font faits ; & l'on
mettra tous les foins poffibles
pour enluminer ces Eftampes
avec intelligence , afin de
leurs donner la verité & le
in
GALANT. 151
merite des Tableaux.
Cette fuite d'Eftampes
pourra fervir à orner des Cabinets
, des Galleries & des
Maifons de Campagne : on
efpere que les Sçavans , les
Curieux & le Gens de gouft
en feront affez de cas , pour
leur donner place dans leurs
porte feuilles ou dans leurs
Bibliotheques.
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Résumé : ESTAMPES.
Le texte décrit une collection d'estampes intitulée 'Estampes', publiée en mars 1714. Cette collection se distingue par sa diversité et son caractère unique, comprenant cent planches de treize pouces et demi de hauteur sur environ neuf pouces de largeur. Chaque planche présente une à quatre figures, accompagnées de fonds et d'objets adaptés à leurs habits et dignités. La collection ne se limite pas aux figures du Grand Seigneur, de la Sultane Reine et des principaux officiers du Sérail, mais inclut également des personnages variés tels que le Moufti, des gens de loi, le Grand Vizir, des officiers de guerre et de marine, ainsi que des Turcs, des femmes et filles turques, des marchands, des Juifs, des Grecs, des Hongrois, des Bulgares, des Valaques, des Albanais, des Tartares de Crimée, des habitants de l'Archipel, des Arabes, des Arméniens, des Persans, des Indiens, des Africains et des Africaines. Les estampes sont basées sur des tableaux peints sur nature par le peintre flamand Vanmour, à la demande de Monsieur de Ferriol, ambassadeur à Constantinople en 1707 et 1708. Elles ont été gravées par Monsieur le Hay et ses graveurs. La collection est disponible chez Monsieur le Hay et chez Monsieur du Change, graveur du Roi. Une version enluminée permet de connaître les couleurs des étoffes utilisées dans les habits. Destinée à orner des cabinets, des galeries et des maisons de campagne, cette collection s'adresse aux savants, aux curieux et aux gens de goût, qui peuvent l'inclure dans leurs portefeuilles ou bibliothèques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3878
p. 151-168
NOUVELLES.
Début :
Les Lettres de Hambourg du premier Mars portent que la [...]
Mots clefs :
Hambourg, Madrid, Troupes, Guerre, Place, Roi du Danemark, Marquis de Valdecañas, Général, Duc de Popoli, Prince, Pièces de canon, Roi de Prusse, Portugal, Hollande
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES.
NOUVELLES.
Les Lettres de Hambourg
du premier Mars portent que
la maladie contagieufe dimi-
N iiij
*; * MERCURE
"
nuoit fort, & qu'on efpere.
que le Commerce fera bientoft
entierement rétabli avec
les Etats voisins ; que les Danois
rafoient les Lignes
& les autres ouvrages qu'il
avoient faits pour le blocus
de Tonningen. Que le Colonel
Wolf, qui commandoit
dans cette Place , eftoit allé à
Stokholm pour rendre compte
au jeune Duc de Holſtein-
Gottorp , de tout ce qui s'y
étoit paffé & de l'extrême neneceflité
qui l'a obligé de la
rendre par Capitulation au
Roy de Dannemark. La GarGALANT
133
nifon qui en eft fortie a efté
conduite à Eutin. Les malades
font reftez dans la Place
juſqu'à leur entiere guerifon ,
avec un Commiffaire pour en
prendre foin , & les Troupes
Danoifes qui en formoient le
blocus fe font mifes en matche
pour aller aux quartiers
d'hyver qui leur ont efté affi
gnez . Deux bataillons Danois
font entrez en garnifon
dans Tonningen , où l'on
conduit à prefent des provifions
en abondance . Les Of
ficiers Danois travaillent avec
empreſſement à faire leurs re114
MERCURE
crues , & à fe pourvoir de
chevaux de remonte. Ils ont
ordre de fe tenir preſts à marcher
au premier commandement
, & on établit de grands
Magafins à Segoberg ; ce qui
donne lieu de croire que le
Roy de Dannemark a deſſein
de faire le fiege de Wilmat.
Celles de Berlin portent que
le Roy de Pruffe ayant appris
la reddition de Tonningen ,
avoit tenu un grand Confeil ;
qu'il faifoit continuer fes
levées : qu'il avoit fait le Baron
de Loben Lieutenant General ,
fon grand Chambellan , & le
GALANT $ s $
fieur de Cameck , fon grand
Treforier ; que le fieur Lintelo
, envoyé des Etats Generaux
des Provinces unies , luy
avoit prefenté un Memoire
touchant quelques Places que
les Troupes avoient occupées
dans les Pays - Bas.
Les Lettres de Conftantinople
du 16. Janvier portent
que l'Ambaffadeur de France
avoit cu Audiance du grand
Vifir le 6. qu'il avoit complimenté
fur fon arrivéc &
fur fon élevation à la dignité
de premier Miniftre de l'Empire
Othoman : que l'Ambaf
56 MERCURE
fadeur de la Grande Bretagne
avoit cu Audiance fur le même
fujet le 8. le Baile de Venife
le 13. & l'Ambaffadeur
.
de Hollande le 15. Que les
Envoyez du Sultan & du Kan
des Tartares qui étoient allez
en Pologne , n'eftoient
pas
encore revenus. Que les
Commiffaires deftinez pour
regler les Limites de l'Ukraine
& les dépendances
d'Azak
avec les Commiffaires
Polonois
& Mofcovites
, eftoient
partis depuis quelques jours
pour le rendre fur la Frontiere.
Qu'on continuoit
à
GALANT , 117
D'autres
faire de grands preparatifs de
guerre par Mer & Terre
par
fans qu'on fçû à quoy ils
eftoient deftinez.
Lettres du 20. confirment que
les troubles d'Afe cftoient ap
paifez par la défaite des rebelles
. Que le Bacha d'Alepayant
affemblé fes Troupes & celles
des environs , avoit attaqué
leur armée , en avoit taillé en
pieces la plus grande partic , &
avoit fait empaler cent quarante
des principaux auteurs
de la revolte & rétabli le calme
en ces Pays là.
Les avis de Madrid portent que
iss MERCURE
a
fitoft que le Roy cut appris
que la Reine étoit expirée , il
feretira avec le Prince & les
deux Infants au Palais du Duc
de Medina- Celi . Sa Majesté
a refolu de ne point retourner
au Palais , on a fait quelques
changemens à celuy de Medina
Celi pour le rendre plus
commode. Elle a laiffé pour
quinze jours le foin du Gouvernement
au Cardinal Def-
Giudice , comme il l'avoit reglé
avant le decés de la Reine .
La Princeffe des Urfins a efté
déclarée Gouvernante
du
Prince & des deux Infants.
GALANT. 139
Le Prince Pio , Marquis de
Caftel -Rodrigo qui depuis
quelques jours eft arrivé de Si .
cile , a efté fait Capitaine Ge
neral & Gouverneur de Madrid
& de fon Territoire avec
douze mille écus d'appointement
, il aura fous luy quatre
cens hommes , pour veiller à
la fureté & à la tranquilité de la
Ville , avec quatre Officiers de
Juftice qui lui feront fubordonnez
, & qui jugeront envingt-
quatre heures les caufes
des malfaiteurs
Les Lettres du Camp devant
Barcelonne portent qu'on
160 MERCURE
continuoitde de barquer vers
l'embouchure du l'Obregat
les Troupes & les provifions
, & que le Marquis de
Valdecannas y avoit auffi mit
sy
pied à terre , & qu'il devoit
commander en chef dans les
Vigueries de Tarragone , de
Monblanc & de Tortofe , que
200. rebelles s'étant fortifiez
à Saint Paul fur la cofte , entre
Mataro & Blancs , le
Duc de Popoli y envoya un
détachement avec quatre
picces de canon fous 1 cmmandement
de Don- Gabriel
Cano, Maréchal de Camp. II
fic
GALANT. 161.
fit battre la Place le 12. & le
13. Février ; & la bréché é
tant faite , les Affiegez furent
obligez de fe rendre à difcre
tion , offrant pour fauver leur
vie de faire rendre tous les
Officiers qui fe trouvoient prifonniers
à Cardone . On leur
avoit envoyé de Barcelone
une Galiote chargée d'un
fecours de Troupes , de
munitions de guerre & de
vivres ; mais elle fut prife par
les Galeres du Roy. Le Comte
de Montemar avec fon détach
ment a battu les rebelles
en diver fes occafions enforte
Ma's 1714.
16 MERCURE
qu'ils commencent à le foumettre
à l'obeïffance de Sa
Majesté. On a envoyé au
Camp fous une bonne efcorte
trente mille Pistoles pour
payer les Troupes, avec ordre
de preffer les preparatifs du
Siege de Barcelone , auquel
le Duc de Popoli comman
dera .
Le Comte de Fiennes commandera
du cofté de Girone.
Le Marquis de Valdecannas
du cofté de Tarragonne, & le
Marquis de Thouy du coſté
de Lerida :de maniere que l'attaque
de la Place fe fera tranGALANT
163
quillement fans qu'elle puiffe
cftre fecourue ni par Terre ny
par Mer.
On mande de Cadix que
le 21. Février l'Amiral General
Don . Andres de Pez avoit
fait voile pour aller joindre
la Flote fur les Coftes de Ca
talogne , avec trois Vaiffeaux
de guerre dont un eſt monté
de loixante- dix pieces de canon
& un autre de cinquante ,
qu'on avoit fait embarquer
onze cent foldats choifis , &
une grande quantite d'orge &
d'avoine , pour la fubfiftance
de la Cavalerie de l'Armée :
Oij
164 MERCURE
qu'il étoit entré dans la
Baye un Vaiffeau François ,
un Anglois , un Suedois &
deux de Bifcaye , l'un defquels
avoit efté attaqué vers les
Berlingues fur les coftes de
Portugal par deux Corſaires
Turcs de quarante & de cinquante
pieces de canon : mais
que leur ayant montré un
Paffeport de France , & fait
paroistre un paffager François,
ils l'avoient laille paffer , &
luy avoient donné du biſcuit ,
pour lequel on leur rendit du
goudron.
On écrit de Londres que
GALANT. 169
le General Hill a reçû ordre
de partir inceffamment pour
retourner à Dunkerque done
il cft Commandant , afin de
mettre la Garnifon en état
d'abandonner cette
auffi toft que les Fortifications
auront efté entierement démolies
& de marcher vers
Place
Gand & Bruges , afin de renforcer
les Garnifons de ces
Villes que la Reine prétend
garder , jufqu'à ce que los
Hollandois foient convenus
par un Traité avec l'Empereur
de luy remettre les Pays - Bas
Espagnols. Le ficur Keith ,
166 MERCURE
fils du Chevalier . Guillaume
Keith a efté fait Intendanc
General de la Colonie de Ma
ryland , dont le fieur Hart a
efté fait Gouverneur. Ils ne
doivent partir pour aller prendre
poffeffion de ces charges
qu'aprés l'arrivée de l Evêque
de Londres pour nommer à
plufieurs Benefices vacants en
cePaïs là , qui dépendent de fon
Evêché. On charge un Vaiffeau
fur la Tamife , pour porter
cent cinquante tonneaux
de provifions à la Garnifon
de Gibraltar qui en manque.
Oa fait la recherche des Frans
GALANT . 167
çois refugiez qui ont des penfions
furl Irlande , & on les oblige
à donner un état de leurs
biens & de leurs familles . On
mande de Lisbone que le Roy
de Portugal avoit nommé le
jeune Comte Ribeyra fon
Ambaffadeur auprés du Roy
Tres-Chreftien , & que le
fieur de Laval , Envoyé de Sa
Majesté Britannique en Por
tugal s'étoit embarqué fur le
Vaiffeau de guerre le Ludlow-
Caſtle, & avoit fait voilele.12.
Janvier pour retourner à Lon
dres ; que le fieur Worley qui
lui doit fucceder en la même
蕊
168 MERCURE
qualité , cft retenu par les
vents contraires à la Rade de
l'Ifle de Wight.
Les Lettres de Hollande
portent qu'on eft fort inquiet
touchant les prétentions du
Roy de Pruffe , fur les Terres
de la fucceffion de la Maifon
d'Orange . Ce Prince voulant
occuper la Baronie de Herftal
au Pays de Liege ; fes
Troupes ont trouvez que cclles
des Hollandois s'étoient
poſtées dans l'Hoftel de Ville,
& elles fe font retranchées aux
avenues des principales, ruës.
Les Lettres de Hambourg
du premier Mars portent que
la maladie contagieufe dimi-
N iiij
*; * MERCURE
"
nuoit fort, & qu'on efpere.
que le Commerce fera bientoft
entierement rétabli avec
les Etats voisins ; que les Danois
rafoient les Lignes
& les autres ouvrages qu'il
avoient faits pour le blocus
de Tonningen. Que le Colonel
Wolf, qui commandoit
dans cette Place , eftoit allé à
Stokholm pour rendre compte
au jeune Duc de Holſtein-
Gottorp , de tout ce qui s'y
étoit paffé & de l'extrême neneceflité
qui l'a obligé de la
rendre par Capitulation au
Roy de Dannemark. La GarGALANT
133
nifon qui en eft fortie a efté
conduite à Eutin. Les malades
font reftez dans la Place
juſqu'à leur entiere guerifon ,
avec un Commiffaire pour en
prendre foin , & les Troupes
Danoifes qui en formoient le
blocus fe font mifes en matche
pour aller aux quartiers
d'hyver qui leur ont efté affi
gnez . Deux bataillons Danois
font entrez en garnifon
dans Tonningen , où l'on
conduit à prefent des provifions
en abondance . Les Of
ficiers Danois travaillent avec
empreſſement à faire leurs re114
MERCURE
crues , & à fe pourvoir de
chevaux de remonte. Ils ont
ordre de fe tenir preſts à marcher
au premier commandement
, & on établit de grands
Magafins à Segoberg ; ce qui
donne lieu de croire que le
Roy de Dannemark a deſſein
de faire le fiege de Wilmat.
Celles de Berlin portent que
le Roy de Pruffe ayant appris
la reddition de Tonningen ,
avoit tenu un grand Confeil ;
qu'il faifoit continuer fes
levées : qu'il avoit fait le Baron
de Loben Lieutenant General ,
fon grand Chambellan , & le
GALANT $ s $
fieur de Cameck , fon grand
Treforier ; que le fieur Lintelo
, envoyé des Etats Generaux
des Provinces unies , luy
avoit prefenté un Memoire
touchant quelques Places que
les Troupes avoient occupées
dans les Pays - Bas.
Les Lettres de Conftantinople
du 16. Janvier portent
que l'Ambaffadeur de France
avoit cu Audiance du grand
Vifir le 6. qu'il avoit complimenté
fur fon arrivéc &
fur fon élevation à la dignité
de premier Miniftre de l'Empire
Othoman : que l'Ambaf
56 MERCURE
fadeur de la Grande Bretagne
avoit cu Audiance fur le même
fujet le 8. le Baile de Venife
le 13. & l'Ambaffadeur
.
de Hollande le 15. Que les
Envoyez du Sultan & du Kan
des Tartares qui étoient allez
en Pologne , n'eftoient
pas
encore revenus. Que les
Commiffaires deftinez pour
regler les Limites de l'Ukraine
& les dépendances
d'Azak
avec les Commiffaires
Polonois
& Mofcovites
, eftoient
partis depuis quelques jours
pour le rendre fur la Frontiere.
Qu'on continuoit
à
GALANT , 117
D'autres
faire de grands preparatifs de
guerre par Mer & Terre
par
fans qu'on fçû à quoy ils
eftoient deftinez.
Lettres du 20. confirment que
les troubles d'Afe cftoient ap
paifez par la défaite des rebelles
. Que le Bacha d'Alepayant
affemblé fes Troupes & celles
des environs , avoit attaqué
leur armée , en avoit taillé en
pieces la plus grande partic , &
avoit fait empaler cent quarante
des principaux auteurs
de la revolte & rétabli le calme
en ces Pays là.
Les avis de Madrid portent que
iss MERCURE
a
fitoft que le Roy cut appris
que la Reine étoit expirée , il
feretira avec le Prince & les
deux Infants au Palais du Duc
de Medina- Celi . Sa Majesté
a refolu de ne point retourner
au Palais , on a fait quelques
changemens à celuy de Medina
Celi pour le rendre plus
commode. Elle a laiffé pour
quinze jours le foin du Gouvernement
au Cardinal Def-
Giudice , comme il l'avoit reglé
avant le decés de la Reine .
La Princeffe des Urfins a efté
déclarée Gouvernante
du
Prince & des deux Infants.
GALANT. 139
Le Prince Pio , Marquis de
Caftel -Rodrigo qui depuis
quelques jours eft arrivé de Si .
cile , a efté fait Capitaine Ge
neral & Gouverneur de Madrid
& de fon Territoire avec
douze mille écus d'appointement
, il aura fous luy quatre
cens hommes , pour veiller à
la fureté & à la tranquilité de la
Ville , avec quatre Officiers de
Juftice qui lui feront fubordonnez
, & qui jugeront envingt-
quatre heures les caufes
des malfaiteurs
Les Lettres du Camp devant
Barcelonne portent qu'on
160 MERCURE
continuoitde de barquer vers
l'embouchure du l'Obregat
les Troupes & les provifions
, & que le Marquis de
Valdecannas y avoit auffi mit
sy
pied à terre , & qu'il devoit
commander en chef dans les
Vigueries de Tarragone , de
Monblanc & de Tortofe , que
200. rebelles s'étant fortifiez
à Saint Paul fur la cofte , entre
Mataro & Blancs , le
Duc de Popoli y envoya un
détachement avec quatre
picces de canon fous 1 cmmandement
de Don- Gabriel
Cano, Maréchal de Camp. II
fic
GALANT. 161.
fit battre la Place le 12. & le
13. Février ; & la bréché é
tant faite , les Affiegez furent
obligez de fe rendre à difcre
tion , offrant pour fauver leur
vie de faire rendre tous les
Officiers qui fe trouvoient prifonniers
à Cardone . On leur
avoit envoyé de Barcelone
une Galiote chargée d'un
fecours de Troupes , de
munitions de guerre & de
vivres ; mais elle fut prife par
les Galeres du Roy. Le Comte
de Montemar avec fon détach
ment a battu les rebelles
en diver fes occafions enforte
Ma's 1714.
16 MERCURE
qu'ils commencent à le foumettre
à l'obeïffance de Sa
Majesté. On a envoyé au
Camp fous une bonne efcorte
trente mille Pistoles pour
payer les Troupes, avec ordre
de preffer les preparatifs du
Siege de Barcelone , auquel
le Duc de Popoli comman
dera .
Le Comte de Fiennes commandera
du cofté de Girone.
Le Marquis de Valdecannas
du cofté de Tarragonne, & le
Marquis de Thouy du coſté
de Lerida :de maniere que l'attaque
de la Place fe fera tranGALANT
163
quillement fans qu'elle puiffe
cftre fecourue ni par Terre ny
par Mer.
On mande de Cadix que
le 21. Février l'Amiral General
Don . Andres de Pez avoit
fait voile pour aller joindre
la Flote fur les Coftes de Ca
talogne , avec trois Vaiffeaux
de guerre dont un eſt monté
de loixante- dix pieces de canon
& un autre de cinquante ,
qu'on avoit fait embarquer
onze cent foldats choifis , &
une grande quantite d'orge &
d'avoine , pour la fubfiftance
de la Cavalerie de l'Armée :
Oij
164 MERCURE
qu'il étoit entré dans la
Baye un Vaiffeau François ,
un Anglois , un Suedois &
deux de Bifcaye , l'un defquels
avoit efté attaqué vers les
Berlingues fur les coftes de
Portugal par deux Corſaires
Turcs de quarante & de cinquante
pieces de canon : mais
que leur ayant montré un
Paffeport de France , & fait
paroistre un paffager François,
ils l'avoient laille paffer , &
luy avoient donné du biſcuit ,
pour lequel on leur rendit du
goudron.
On écrit de Londres que
GALANT. 169
le General Hill a reçû ordre
de partir inceffamment pour
retourner à Dunkerque done
il cft Commandant , afin de
mettre la Garnifon en état
d'abandonner cette
auffi toft que les Fortifications
auront efté entierement démolies
& de marcher vers
Place
Gand & Bruges , afin de renforcer
les Garnifons de ces
Villes que la Reine prétend
garder , jufqu'à ce que los
Hollandois foient convenus
par un Traité avec l'Empereur
de luy remettre les Pays - Bas
Espagnols. Le ficur Keith ,
166 MERCURE
fils du Chevalier . Guillaume
Keith a efté fait Intendanc
General de la Colonie de Ma
ryland , dont le fieur Hart a
efté fait Gouverneur. Ils ne
doivent partir pour aller prendre
poffeffion de ces charges
qu'aprés l'arrivée de l Evêque
de Londres pour nommer à
plufieurs Benefices vacants en
cePaïs là , qui dépendent de fon
Evêché. On charge un Vaiffeau
fur la Tamife , pour porter
cent cinquante tonneaux
de provifions à la Garnifon
de Gibraltar qui en manque.
Oa fait la recherche des Frans
GALANT . 167
çois refugiez qui ont des penfions
furl Irlande , & on les oblige
à donner un état de leurs
biens & de leurs familles . On
mande de Lisbone que le Roy
de Portugal avoit nommé le
jeune Comte Ribeyra fon
Ambaffadeur auprés du Roy
Tres-Chreftien , & que le
fieur de Laval , Envoyé de Sa
Majesté Britannique en Por
tugal s'étoit embarqué fur le
Vaiffeau de guerre le Ludlow-
Caſtle, & avoit fait voilele.12.
Janvier pour retourner à Lon
dres ; que le fieur Worley qui
lui doit fucceder en la même
蕊
168 MERCURE
qualité , cft retenu par les
vents contraires à la Rade de
l'Ifle de Wight.
Les Lettres de Hollande
portent qu'on eft fort inquiet
touchant les prétentions du
Roy de Pruffe , fur les Terres
de la fucceffion de la Maifon
d'Orange . Ce Prince voulant
occuper la Baronie de Herftal
au Pays de Liege ; fes
Troupes ont trouvez que cclles
des Hollandois s'étoient
poſtées dans l'Hoftel de Ville,
& elles fe font retranchées aux
avenues des principales, ruës.
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Résumé : NOUVELLES.
Le 1er mars, les nouvelles de Hambourg indiquent une diminution de la maladie contagieuse, permettant une reprise prochaine du commerce avec les États voisins. Les Danois ont levé le blocus de Tonningen, où les garnisons danoises ont pris possession de la place et des provisions sont acheminées. Les officiers danois se préparent à une possible attaque de Wilmat. À Berlin, le roi de Prusse, informé de la reddition de Tonningen, a tenu un conseil et poursuivi ses levées. Il a nommé le baron de Loben lieutenant général et le seigneur de Cameck grand trésorier. L'envoyé des Provinces-Unies a présenté un mémoire concernant des places occupées dans les Pays-Bas. À Constantinople, les ambassadeurs de France, de Grande-Bretagne, de Venise et de Hollande ont été reçus par le grand vizir. Des commissaires sont partis régler les limites de l'Ukraine et les dépendances d'Azov avec les commissaires polonais et moscovites. Des préparatifs de guerre sont en cours par mer et par terre. En Asie, les troubles ont été apaisés par la défaite des rebelles, avec le bacha d'Alep ayant rassemblé ses troupes pour attaquer les rebelles. À Madrid, le roi s'est retiré avec le prince et les deux infants au palais du duc de Medina-Celi après le décès de la reine. La princesse des Ursins a été nommée gouvernante du prince et des deux infants, et le prince Pio a été nommé capitaine général et gouverneur de Madrid. Les troupes et provisions continuent d'être acheminées vers l'embouchure de l'Obregat pour le siège de Barcelone. Les rebelles ont été battus et contraints de se rendre. À Cadix, l'amiral général Don Andrés de Pez a fait voile pour rejoindre la flotte sur les côtes de Catalogne avec des vaisseaux de guerre et des soldats. Un vaisseau français a été attaqué par des corsaires turcs mais a pu passer après avoir montré un passeport français. À Londres, le général Hill a reçu l'ordre de retourner à Dunkerque pour démolir les fortifications et renforcer les garnisons de Gand et Bruges. Le seigneur Keith a été nommé intendant général de la colonie de Maryland, et un vaisseau est chargé de porter des provisions à la garnison de Gibraltar. En Hollande, des inquiétudes sont exprimées concernant les prétentions du roi de Prusse sur les terres de la succession de la maison d'Orange. Les troupes prussiennes et hollandaises se sont affrontées à Liège.
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3879
p. 169-171
LIVRE NOUVEAU.
Début :
Il paroist un Livre nouveau, qui a pour Titre, Epigrammes, [...]
Mots clefs :
Livre nouveau, Nation, Monsieur Le Brun
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LIVRE NOUVEAU.
LIVRE NOUVEAU.
་
M
Il paroift un Livre nouveau ,
qui a pour Titre, Epigrammes,
Madrigaux & Chanfons , par·
Monfieur le Brun . L'Auteur
eft connu par plufieurs ouvrages
qu'il a donné au public.
Ce dernier dont il enrichicla
Republique des Lettres,
peur paffer pour Original en
noftre langue. Nous n'avons
point de Poëte François qui
ait donné un Volume auffi
rempli que celui- ci , ny qui
ait excellé dans ce gepre de
Mars
1714.
Р
170 } MERCURE
Poëfie , dont on a prefque
perdu le goût , ou du moins
l'uſage. Il feroic à ſouhaiter
que l'un & l'autre ſe rétablit.
Ces Poëfies font amufantes ,
agréables & inftructives . Leur
peu d'étendue & leur varieté
conviennent au genie de nôtre
Nation , & que les ouvrages
longs, quoique beaux , courent
rifquent d'ennuier. La Galanterie
& la Satire , qui font l'ame
de la Poëfic , & dont l'auteur
affaifonne la fienne , réveillent
& piquent l'efprit &
l'attention des lecteurs, On
doit fçavoir bon gré à MonGALANT.
170
Lieur le Brun de frayer un
chemin fi peu battu en ce Païs,
& de tâcher de remettre en
vogue un Poëme fi utile & fi
convenable à noftre Nation
& dont les plus beaux genies
& les plus grands hommes de
l'antiquité ont fait leurs delices.
On peut juger du refte
du Livre , par ces échantillons..
Ce Livre fe vend fur le
Quay des Auguftins , chez
Nicolas le Breton , à la Fortune.
་
M
Il paroift un Livre nouveau ,
qui a pour Titre, Epigrammes,
Madrigaux & Chanfons , par·
Monfieur le Brun . L'Auteur
eft connu par plufieurs ouvrages
qu'il a donné au public.
Ce dernier dont il enrichicla
Republique des Lettres,
peur paffer pour Original en
noftre langue. Nous n'avons
point de Poëte François qui
ait donné un Volume auffi
rempli que celui- ci , ny qui
ait excellé dans ce gepre de
Mars
1714.
Р
170 } MERCURE
Poëfie , dont on a prefque
perdu le goût , ou du moins
l'uſage. Il feroic à ſouhaiter
que l'un & l'autre ſe rétablit.
Ces Poëfies font amufantes ,
agréables & inftructives . Leur
peu d'étendue & leur varieté
conviennent au genie de nôtre
Nation , & que les ouvrages
longs, quoique beaux , courent
rifquent d'ennuier. La Galanterie
& la Satire , qui font l'ame
de la Poëfic , & dont l'auteur
affaifonne la fienne , réveillent
& piquent l'efprit &
l'attention des lecteurs, On
doit fçavoir bon gré à MonGALANT.
170
Lieur le Brun de frayer un
chemin fi peu battu en ce Païs,
& de tâcher de remettre en
vogue un Poëme fi utile & fi
convenable à noftre Nation
& dont les plus beaux genies
& les plus grands hommes de
l'antiquité ont fait leurs delices.
On peut juger du refte
du Livre , par ces échantillons..
Ce Livre fe vend fur le
Quay des Auguftins , chez
Nicolas le Breton , à la Fortune.
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Résumé : LIVRE NOUVEAU.
Le texte annonce la publication du livre 'Epigrammes, Madrigaux & Chanfons' par Monsieur le Brun, un auteur déjà connu pour plusieurs ouvrages. Cet ouvrage, publié en mars 1714, est le premier du genre en langue française. Il vise à rétablir la poésie, dont le goût et l'usage se sont presque perdus. Les poèmes sont décrits comme amusants, agréables et instructifs, convenant au génie de la nation française. Ils sont courts et variés, évitant ainsi l'ennui des œuvres longues. La galanterie et la satire présents dans ces poèmes stimulent l'esprit et l'attention des lecteurs. L'auteur est loué pour avoir exploré un genre poétique peu pratiqué en France et pour avoir tenté de le remettre en vogue. Le livre est disponible à la vente sur le Quay des Augustins, chez Nicolas le Breton, à la Fortune.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3880
p. 172-179
LE MARY MALADE.
Début :
Malgré les soins des suppôts d'Esculape [...]
Mots clefs :
Mari, Malade, Lubin, Coquette, Thersite, Femme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE MARY MALADE.
LE MARY MALADE .
Malgré les foins des
Suppots d'Efculape
Davegémit, & fent des
maux affreux.
Sa femme en fouffre ; ils
craignent tous les deux,
Lui , qu'il n'en meure , elle,
qu'il n'en réchape.
Anne jeune femme
>
coquete .
Tu prêtois dés dix ans
l'oreille à la Fleurete.
GALANT. 173
Quoique tu fois encor dans
ta jeune faiſon ,
Life , on t'appelle avec
raifon,
Jeune femme , & vieille
Coquete.
La
A CELIE .
En te voyant , laide
Celie ,
peau de la couleur des
plumes d'un Corbeau ,
On te croiroit d'Ethiopie
,
Si tu n'avois
les dents plus
noires que lapeau
.
Piij
174 MERGURE
A la Coquete Alix .
Sur tous mes rivaux
voftre coeur ,
Alix , me cede la Victoire
:
Vous le jurez fur vostre
honneur ;
Sur ce ferment doit - on
vous croire
?
Le Parafite diligent.
Chez Therfite , Lubin
ce pauore Parafite ,
Aſouper étoit invité :
GALANT. 175.
Itpart dés le matin d'un
pasprécipité
Se rend au logis de Therfite
,
Et dit qu'il vient fouper :
Lubin ,
Dit Therfite , ce foir je
tiendray ma promeffe :
Lubin répond , la faim me
presse ,
·Faites - moifouper ce matin.
Sur le même
Lubin ce Parafite étrange
Piiij
276 MERCURE
Mange beaucoup , chacun
le voit :
Il boit encor plus qu'il ne
mange,
Et parle encore plus qu'il·
ne boit.
La voix horrible.
Quand par tes chants
Arcadiens
Ta voix ébranle - nos organes
,
Tu fais aboïer tous les
chiens ,
Et tu fais braire tous les
ânes.
GALANT. 177.
La douleur d'une veuve
toûjours fufpecte.
Artemife en pleurs , défolée,
Fait élever un Mauſolée
A l'époux dont fes yeux
regretent le trépas :
Mais à ce monument
que fa douleur lui
dreffe ?
La
vanité n'at-elle pas
Autant de part que la tendreffe
?
778 MERCURE
La beautéfans l'efprit n'eft
qu'un foible avantage.
! Quand une beauté que
l'on aime , C
N'a point d'enjouement ,
d'esprit ,
L'amour qu'on a, fut- il
·En
extrême ,
pew
nouit :
de tems s'éva
Le coeur eft bien - toft infidelle,
Ilfent le dégoût , & l'ennui
;
GALANT. 179
Et la raifon brife avec
lui
Les nauds qu'il a formé
fans elle.
Malgré les foins des
Suppots d'Efculape
Davegémit, & fent des
maux affreux.
Sa femme en fouffre ; ils
craignent tous les deux,
Lui , qu'il n'en meure , elle,
qu'il n'en réchape.
Anne jeune femme
>
coquete .
Tu prêtois dés dix ans
l'oreille à la Fleurete.
GALANT. 173
Quoique tu fois encor dans
ta jeune faiſon ,
Life , on t'appelle avec
raifon,
Jeune femme , & vieille
Coquete.
La
A CELIE .
En te voyant , laide
Celie ,
peau de la couleur des
plumes d'un Corbeau ,
On te croiroit d'Ethiopie
,
Si tu n'avois
les dents plus
noires que lapeau
.
Piij
174 MERGURE
A la Coquete Alix .
Sur tous mes rivaux
voftre coeur ,
Alix , me cede la Victoire
:
Vous le jurez fur vostre
honneur ;
Sur ce ferment doit - on
vous croire
?
Le Parafite diligent.
Chez Therfite , Lubin
ce pauore Parafite ,
Aſouper étoit invité :
GALANT. 175.
Itpart dés le matin d'un
pasprécipité
Se rend au logis de Therfite
,
Et dit qu'il vient fouper :
Lubin ,
Dit Therfite , ce foir je
tiendray ma promeffe :
Lubin répond , la faim me
presse ,
·Faites - moifouper ce matin.
Sur le même
Lubin ce Parafite étrange
Piiij
276 MERCURE
Mange beaucoup , chacun
le voit :
Il boit encor plus qu'il ne
mange,
Et parle encore plus qu'il·
ne boit.
La voix horrible.
Quand par tes chants
Arcadiens
Ta voix ébranle - nos organes
,
Tu fais aboïer tous les
chiens ,
Et tu fais braire tous les
ânes.
GALANT. 177.
La douleur d'une veuve
toûjours fufpecte.
Artemife en pleurs , défolée,
Fait élever un Mauſolée
A l'époux dont fes yeux
regretent le trépas :
Mais à ce monument
que fa douleur lui
dreffe ?
La
vanité n'at-elle pas
Autant de part que la tendreffe
?
778 MERCURE
La beautéfans l'efprit n'eft
qu'un foible avantage.
! Quand une beauté que
l'on aime , C
N'a point d'enjouement ,
d'esprit ,
L'amour qu'on a, fut- il
·En
extrême ,
pew
nouit :
de tems s'éva
Le coeur eft bien - toft infidelle,
Ilfent le dégoût , & l'ennui
;
GALANT. 179
Et la raifon brife avec
lui
Les nauds qu'il a formé
fans elle.
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Résumé : LE MARY MALADE.
Le texte décrit plusieurs scènes et personnages dans un style littéraire ancien. Un homme nommé Mary endure des souffrances malgré les soins médicaux, et sa femme, bien que coquette, partage ses peines. Alix, une jeune femme coquette, est courtisée par un galant. Lubin, un homme glouton et bavard, est invité à souper chez Thériste. Célie est critiquée pour sa laideur et la couleur de sa peau. Artémise, une veuve, érige un mausolée pour son époux défunt, mais sa vanité égale sa tendresse. Le texte souligne également que la beauté sans esprit est un faible avantage, car elle ne suffit pas à maintenir l'amour à long terme, le cœur étant sujet à l'infidélité et à l'ennui.
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3881
p. 182-184
Articles de Paix, [titre d'après la table]
Début :
Le sieur de Contade, Maréchal de Camp, Major General de [...]
Mots clefs :
Traité, Paix, Empereur, Guerre, Majesté, Empire
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texteReconnaissance textuelle : Articles de Paix, [titre d'après la table]
Le fieur de Contade , Maréchal
de Camp , Major General
de l'Infanterie , arriva
icy le 12. de ce mois , appor
tant au Roy le Traité de Paix
entre Sa Majefté & l'Empereur
, figné à Raftat le 6 .
par
le Maréchal de Villars, & par
le Prince Eugene de Savoye.
Les principales conditions de
ce Traité fontdu cofté de l'Allemagne
, le rétabliſſement du
Traité de Rifwick , & la reftitution
entiere des Electeurs
de Cologne & de Baviere
dans tous leurs Etats , rangs ,
prérogatives , regaux , biens ,
·
GALANT: 183
3
effers & dignitez , comme ils
en joüiffoient avant la guerre.
Du cofté des Païs Bas , les
chofes demeurent : par toute
la frontiere du Royaume ,
dans le même état , qui a cfté
reglé par le Traité d'Utrecht.
Et à l'égard de l'Italie , toutes
chofes y demeurant dans l'état
où elles font , l'Empereur
promet de rendre juſtice à
ceux qui ont efté privez de
leurs Etats & biens , pendant
le cours de la guerre ,. fans
qu'il foit permis de part ny
d'autre d'y reprendre les armes
ou d'y exercer aucune
184 MERCURE
hoftilité , fous quelque prétexte
que ce foit. Il y aura
un lieu d'affemblée en Suiffe ,
où les Plenipotentiaires de Sa
Majefté fe rendront avec ceux
de l'Empereur & de l'Empire ,
pour regler & pour mettre en
forme le Traité avec l'Empire.
Les conferences doivent commencer
le Avril ou le 1'
1.5.
May au plus tard , & fe terminer
dans le cours de deux
mois ou de trois mois au
plus.
de Camp , Major General
de l'Infanterie , arriva
icy le 12. de ce mois , appor
tant au Roy le Traité de Paix
entre Sa Majefté & l'Empereur
, figné à Raftat le 6 .
par
le Maréchal de Villars, & par
le Prince Eugene de Savoye.
Les principales conditions de
ce Traité fontdu cofté de l'Allemagne
, le rétabliſſement du
Traité de Rifwick , & la reftitution
entiere des Electeurs
de Cologne & de Baviere
dans tous leurs Etats , rangs ,
prérogatives , regaux , biens ,
·
GALANT: 183
3
effers & dignitez , comme ils
en joüiffoient avant la guerre.
Du cofté des Païs Bas , les
chofes demeurent : par toute
la frontiere du Royaume ,
dans le même état , qui a cfté
reglé par le Traité d'Utrecht.
Et à l'égard de l'Italie , toutes
chofes y demeurant dans l'état
où elles font , l'Empereur
promet de rendre juſtice à
ceux qui ont efté privez de
leurs Etats & biens , pendant
le cours de la guerre ,. fans
qu'il foit permis de part ny
d'autre d'y reprendre les armes
ou d'y exercer aucune
184 MERCURE
hoftilité , fous quelque prétexte
que ce foit. Il y aura
un lieu d'affemblée en Suiffe ,
où les Plenipotentiaires de Sa
Majefté fe rendront avec ceux
de l'Empereur & de l'Empire ,
pour regler & pour mettre en
forme le Traité avec l'Empire.
Les conferences doivent commencer
le Avril ou le 1'
1.5.
May au plus tard , & fe terminer
dans le cours de deux
mois ou de trois mois au
plus.
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Résumé : Articles de Paix, [titre d'après la table]
Le maréchal de Contade, Maréchal de Camp et Major Général de l'Infanterie, a apporté au roi le Traité de Paix entre Sa Majesté et l'Empereur, signé à Rastatt le 6 du mois par le maréchal de Villars et le prince Eugène de Savoie. Les principales conditions du traité incluent le rétablissement du Traité de Ryswick en Allemagne, avec la restitution complète des Électeurs de Cologne et de Bavière dans leurs États, rangs, prérogatives, biens, offices et dignités antérieurs à la guerre. En Pays-Bas, les dispositions du Traité d'Utrecht restent en vigueur. En Italie, la situation reste inchangée, avec la promesse de l'Empereur de rendre justice aux personnes privées de leurs États et biens pendant la guerre, sans reprise des hostilités. Un lieu d'assemblée en Suisse est prévu pour les Plénipotentiaires du roi et ceux de l'Empereur et de l'Empire afin de régler et formaliser le traité. Les conférences doivent commencer au plus tard le 1er mai et se terminer dans un délai de deux à trois mois.
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3882
p. 185-192
RELATION de Catalogne. A Ripouilh le 22. Mars.
Début :
Depuis le secours & le ravitaillement de Bergue, les rebelles [...]
Mots clefs :
Rebelles, Troupes, Cahier, États généraux , Artois, Catalogne, Cardonne, Roi, Bracamonte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RELATION de Catalogne. A Ripouilh le 22. Mars.
RELATION
de Catalogne.
A Ripouilh le 22. Mars.
DEpuis
le fecours
& le
ravitaillement de Bergue
, les rebelles qui s'étoient
raffemblez au Pont de Miralle
, s'eftant difperfez dans
le Luzanes & aux environs de
Cardonne , je marchay d'icy
à Alot avec les Troupes pour
les renvoyer
dans leurs quartiers
, & m'en retourner à
Mars 1714
.
186 MERCURE
Gironne , laiffant feulement
quelques fufiliers des Mon--
tagnes à porté de cette Ville
obferver ce qui fe paſſepour
roit de ce cofté.cy & m'en
rendre compte ; mais à peine
les Troupes furent- elles retournez
dans leurs quartiers
que j'appris que 4000. rebelles
partant des environs de
Cardonne eftoient venus icy
pour faire foulever cette
Montagne & attaquer noftre
pofte de Campredon , & aller
enfuite en Cerdaigne par le
Val de Rives & de Toffa ,
qui eft le feul paffage par on
GALANT . 187
on y peut entrer prefentement
à caufe des neiges qu'il
ya dans cette Montagne ; il
m'a paru même qu'ils avoient
deffein de s'établir ici ; ils avoient
tout difpofé pour cela
, ainfi il n'y avoit pas de
temps à perdre à raffembler
les Troupes & à marcher à
eux , ce que j'ay fait . Le 20. je.
me mis en marche & ne put
venir en un jour à caufe des
mauvais chemins & neiges
qu'il tomboit ; le Col de
Canes par où je devois paffer
en eftoit rempli . Le 20. je
continuay ma route ; mais
Qij
188 MERCURE
j'appris par les Confuls de
cette Ville que les rebelles en
eftoient fortis & avoient pris
le chemin de S. Guiry , j'avois
prié Monfieur de Bracamonte
de marcher de fon
cofté par la Gravelofa & S.
Guiry pour tacher de les mertre
entre nous - deux ou de
les couper dans leur retraite ;
mais les rebelles le croyant
foible marcherent
en partant
d'icy pour l'aller attaquer, Mr
de Bracamonte eftant averty
-les chargea fi à propos , qu'il
mit leur avant- garde en déroute;
il y en cut plus de cent
GALANT. 189
pi: fur la place ; il a fait des priafonniers
, & que cette Troupe
s'étoit retirée en grand defordre
vers la Guardia où ils fe ,
raffemblerent toute la nuit.
Ils ont marché depuis vers
S. Roy dans le Luzanes , &
de-là ils doivent aller à Centeillas,
dans la Plaine de Vich,
à ce qu'ils difent.
J'apprends par des Lettres
de S. Filiou , Quiyols & Blanes
du 18. que l'on y voyoit paffer
l'Elcadre de Mr du Caffe ,
avec un vent trés favorable.
On le prepare ferieuſement au
Siege de Barcelonne ; mais on
190 MERCURE
affure que la tranchée ne fera
ouverte au pluſtoſt que le
15. du mois prochain.
Le Roy répondit au difcours
que l'Evêque d'Arras fic
le 19. du mois à Sa Majefté,
en lui prefentant le Cayer
des Etats d'Artois , en ces
termes :
MESSIEURS ,
J'examineray voftre Cayer
& l'état de mes affaires ;
jay cu de la peine des maux
que vous avez fouffert penGALANT.
191
dant cette guerre ; mais je
n'ay pas efté le maistre de les
empefcher. Je me ſouviens de
vous avoir promis d'y avoir
égard quand l'état de mes
affaires me le permettroit , &
je fuis fort fafché qu'il ne
m'ait point encore permis de
vous foulager autant que je
l'ay fouhaité à prefent. La
Paix eft faite , mais les chofe
rétabliffent pas tout
d'un coup : Cependant aprés
avoir examiné voftre Cayer
je verray ce que je pourray
faire pour vous , & vous don
neray des marques de mon
fes ne
192 MERCURE
eftime & de mon affection.
Je vous prie, Meffieurs , d'en
affurer mes peuples d'Artois.
de Catalogne.
A Ripouilh le 22. Mars.
DEpuis
le fecours
& le
ravitaillement de Bergue
, les rebelles qui s'étoient
raffemblez au Pont de Miralle
, s'eftant difperfez dans
le Luzanes & aux environs de
Cardonne , je marchay d'icy
à Alot avec les Troupes pour
les renvoyer
dans leurs quartiers
, & m'en retourner à
Mars 1714
.
186 MERCURE
Gironne , laiffant feulement
quelques fufiliers des Mon--
tagnes à porté de cette Ville
obferver ce qui fe paſſepour
roit de ce cofté.cy & m'en
rendre compte ; mais à peine
les Troupes furent- elles retournez
dans leurs quartiers
que j'appris que 4000. rebelles
partant des environs de
Cardonne eftoient venus icy
pour faire foulever cette
Montagne & attaquer noftre
pofte de Campredon , & aller
enfuite en Cerdaigne par le
Val de Rives & de Toffa ,
qui eft le feul paffage par on
GALANT . 187
on y peut entrer prefentement
à caufe des neiges qu'il
ya dans cette Montagne ; il
m'a paru même qu'ils avoient
deffein de s'établir ici ; ils avoient
tout difpofé pour cela
, ainfi il n'y avoit pas de
temps à perdre à raffembler
les Troupes & à marcher à
eux , ce que j'ay fait . Le 20. je.
me mis en marche & ne put
venir en un jour à caufe des
mauvais chemins & neiges
qu'il tomboit ; le Col de
Canes par où je devois paffer
en eftoit rempli . Le 20. je
continuay ma route ; mais
Qij
188 MERCURE
j'appris par les Confuls de
cette Ville que les rebelles en
eftoient fortis & avoient pris
le chemin de S. Guiry , j'avois
prié Monfieur de Bracamonte
de marcher de fon
cofté par la Gravelofa & S.
Guiry pour tacher de les mertre
entre nous - deux ou de
les couper dans leur retraite ;
mais les rebelles le croyant
foible marcherent
en partant
d'icy pour l'aller attaquer, Mr
de Bracamonte eftant averty
-les chargea fi à propos , qu'il
mit leur avant- garde en déroute;
il y en cut plus de cent
GALANT. 189
pi: fur la place ; il a fait des priafonniers
, & que cette Troupe
s'étoit retirée en grand defordre
vers la Guardia où ils fe ,
raffemblerent toute la nuit.
Ils ont marché depuis vers
S. Roy dans le Luzanes , &
de-là ils doivent aller à Centeillas,
dans la Plaine de Vich,
à ce qu'ils difent.
J'apprends par des Lettres
de S. Filiou , Quiyols & Blanes
du 18. que l'on y voyoit paffer
l'Elcadre de Mr du Caffe ,
avec un vent trés favorable.
On le prepare ferieuſement au
Siege de Barcelonne ; mais on
190 MERCURE
affure que la tranchée ne fera
ouverte au pluſtoſt que le
15. du mois prochain.
Le Roy répondit au difcours
que l'Evêque d'Arras fic
le 19. du mois à Sa Majefté,
en lui prefentant le Cayer
des Etats d'Artois , en ces
termes :
MESSIEURS ,
J'examineray voftre Cayer
& l'état de mes affaires ;
jay cu de la peine des maux
que vous avez fouffert penGALANT.
191
dant cette guerre ; mais je
n'ay pas efté le maistre de les
empefcher. Je me ſouviens de
vous avoir promis d'y avoir
égard quand l'état de mes
affaires me le permettroit , &
je fuis fort fafché qu'il ne
m'ait point encore permis de
vous foulager autant que je
l'ay fouhaité à prefent. La
Paix eft faite , mais les chofe
rétabliffent pas tout
d'un coup : Cependant aprés
avoir examiné voftre Cayer
je verray ce que je pourray
faire pour vous , & vous don
neray des marques de mon
fes ne
192 MERCURE
eftime & de mon affection.
Je vous prie, Meffieurs , d'en
affurer mes peuples d'Artois.
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Résumé : RELATION de Catalogne. A Ripouilh le 22. Mars.
En mars 1714, des opérations militaires eurent lieu en Catalogne. Après avoir dispersé des rebelles près du Pont de Miralle, les troupes se dirigèrent vers Alot puis retournèrent à Gironne. Environ 4 000 rebelles des environs de Cardonne menacèrent de soulever la montagne et d'attaquer le poste de Campredon. Les troupes se rassemblèrent pour les affronter. Le 20 mars, malgré les mauvais chemins et les neiges, elles avancèrent. Les rebelles, croyant les forces de Monsieur de Bracamonte faibles, les attaquèrent mais furent repoussés avec des pertes significatives. Ils se retirèrent ensuite vers S. Roy dans le Luzanes, en direction de Centeillas. Parallèlement, des préparatifs pour le siège de Barcelone étaient en cours, avec une tranchée prévue pour être ouverte le 15 du mois suivant. Le roi répondit à l'évêque d'Arras concernant les souffrances des habitants d'Artois pendant la guerre, promettant d'examiner leur situation et de les soulager dès que possible.
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3883
p. 193-219
HISTORIETTE.
Début :
Il y auroit plus d'Amans heureux que l'on en voit, [...]
Mots clefs :
Amants, Marquis, Conseiller, Comte, Jeune héritière, Soeur, Parente, Coeur, Pouvoir, Amant, Mariage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HISTORIETTE.
HISTORIETTE,
IL y auroit plus d'Amans
heureux que l'on n'en voit
fi on laiffoit l'amour mail
tre de fes entrepriſes , mais
s'il peut toucher les coeurs
quand il luy plaiſt , il n'a
pas toûjours le pouvoir de
les unir. Des obftacles invincibles
renverfent fouvent
fes plus grands deffeins
, & ce qui eft le plus
chagrinant , c'eft qu'il fe
Mars
1714.
R
194 MERCURE
rencontre des occafions où
il fe nuit par luy même.
Un jeune Homme de qualité
, qui ayant un Marquifat
eftoit Marquis à bon titre,
devint amoureux d'une
des plus aimables Perfonnes
de la Ville où il demeuroit.
Elle eftoit d'une Famille
de Robe , & un Frere
unique qu'elle avoit
eftoit Confeiller au Parlement
de fa Province
mais il s'attendoit bien à
monter avec l'âge dans des
Charges plus confidéra-
Eles. Ce Frere eftoit alors
GALANT. 195
fur le point de revenir d'un
voyage d'Italie , & quoy
que fon retour fuft fort
proche , le Marquis nelaiffa
pas de faire affez de progrés
dans le coeur de cette
Belle , avant qu'il fuft revenu.
Elle eftoit vive naturel.
lement,, pleine de foins &
de zele pour ce qu'elle aimoit
, & fi fenfible à l'amitié
qu'on luy témoignoit
,
qu'il y avoit fujet d'efperer
que les empreffemens
de
l'amour ne luy feroient pas
indifférens
. Elle trouva le
Marquis affez aimable
Rij
196 MERCURE
>
pour le perfuader qu'elle
en pourroit eftre aimée , &
elle eftoit trop fincere pour
douter long- temps de la
fincerité des autres fur
tout quand ils eftoient agréables
. Enfin de la ma.
niere dont le Confeiller
vit les chofes difpofées à
fon retour
il jugea bien
qu'il ne feroit plus chargé
de fa Soeur , qu'autant que
des Articles de mariage à
regler le demanderoient
car elle ne dépendoit que
de luy. Le Marquis fit tous.
les pas neceffaires , & les
GALANT
* . 197
Amans alloient eftre heureux
, s'il n'y euft point eu
d'autre amour que le leur
dans leur Famille . Le Marquis
avoit une Couſine germaine
, qui eftoit demeurée
feule Heritiere d'un
grand Ben , par la mort
de fon Pere & de fa Mere.
Elle eftoit tombée fous fa
Tutelle , parce qu'un autre
Tuteur qu'elle avoit eu
d'abord , cftoit mort depuis
fix mois. C'eftoit au jeune
Tuteur à difpofer de fa jeu
ne Pupille ; mais elle avoit
difpofé elle mefme de fon
FR iij
198 MERCURE
coeur , fans avis de Parens .
Un Gentilhomme fort fpirituel
, & qui avoit affez
de naiffance , pour pouvoir
prendre le titre de Comte ,
avoit entrepris de plaire à
la Belle , & luy avoit plû.
Il avoit fait diverfes Campagnes
avec beaucoup de
dépenfe , & affez de réputation
. Cela ébloüiffoit fort:
l'aimable Héritiere
avoit le coeur tres - bien placé
. Par malheur pour le
Marquis , le Confeiller la
vit trop fouvent , & fon
coeur en fut touché. Elle
qui
THEQUE
GALANT.
BIBLIO
avoit tout l'air d'une
LY
BAD
DE
LA
VILLE
de naiſſance , une certain e
fierté qui luy feyoit bien ,
moins de beauté que de
manieres agréables , & un
art particulier de fe faire
extrémement valoir , fans
avoir pourtant d'orgueil
qui choquaft . Peut - eftre
auroit - il choqué dans une
Perfonne, qui cuft eu moins
de naiffance , moins de jeuneffe
, & moins de Bien .
Elle ne regardoit guére les
Hommes qu'avec une efpece
de dédain . Le Comre
eftoit le plus excepté ; en-
R iiij
200 MERCURE
core le traitoit elle quelquefois
comme les autres
, quand elle en avoit
envie . Tout cela charma
le Confeiller, Ileftoit affez
riche pour ne devoir pas
eftre foupçonné d'aimer la
jeune Heritiere pour fon
Bien. Cependant il ne laif
fa peut eft e pas d'avoir
quelques veues de ce coftélà.
Ce qui luy parut d'un
fort bon augure pour fa
paffion , ce fut l'amour du
Marquis & de fa Soeur. 11
trouvoit mefme quelque
chofe d'agréable à s'imaGALANT
. 201
giner la double alliance de
leurs Maifons , & l'échange
qu'elles ferojent entreelles
de ces deux jeunes
Perfonnes . Il découvrit fon
deffein au Marquis , & luy
exagera fort le plaifir qu'il
fe feroit de devenir fon
Coufin-germain , en mef
me temps qu'il deviendroit
fon Beau -frere . Le Marquis
ne reçût point cette
propofition avec autant de
joye qu'il euft dû naturellement
la recevoir . Il luy
parut auffi - toft , fans qu'il
fçuft trop pourquoy , que
202 MERCURE
4
c'eftoit une difficulté furvenue
à fes affaires il
euft beaucoup mieux aimé
qu'on n'euft parlé que d'une
alliance. Cependant
quand il y eut fait refléxion
, il ne trouva pas que
le mariage du Confeiller
avec la Parente , duft cftre
une chofe fi malaisée , &
it fe perfuada , ou il tâcha
de fe le perfuader que
quand mefme il ne fe feroit
pas , cela n'apportéroit
point d'obſtacle à fon
bonheur. Il alla donc propofer
le Confeiller à fa
.
GALANT. 103
Coufine , avec toute l'addreffe
dont fa paffion le
rendoit capable ; mais elle
luy fit connoiftre combien
elle eftoit peu difpofée à
fonger à ce Party . Il pric
encore trois ou quatre fois
le temps le plus favorable
qu'il put , pour traiter la
mefme matiere mais ce
fut toûjours inutilement .
Le Comte n'eftoit point
trop connu pour un Amant
de la Parente du Marquis ,
& moins encore pour un
Amant qu'elle aimaſt . Elle
avoit avec luy une manie-
>
204 MERCURE
re d'agir fi inégale , que
l'on eftoit bien embaraffé à
pouvoir juger de ce qui
eftoit entre eux . Ainfi le
Marquis ne fceut pas précifement
s'il devoit fe prendre
au Comte , de l'éloi
gnement que fa Coufine
montroit pour leConfeiller,
ou s'il ne devoit s'en pren
dre qu'au peu d'inclination
qu'elle faifoit voir en general
pour la Robe , ce qui
femblait eftre affez natu
rel à une jeune Perfonne ,
dont les yeux font plus fla
tez de l'équipage d'un Ca.
GALANT.
205
valier , que de celuy d'un
Magiftrat , & dont les oreilles
fe plaifent davantage au
récit d'une Campagne
qu'à celuy du jugement
d'un Procés. Le Marquis
fit entendre au Confeiller .
le plus honneftement qu'il
luy fur poffible , le mauvais
fuccés de fa négotiation. 11
ne luy en dit qu'un partie ,
pour l'accoûtumer douce
ment au déplaifir d'être refufé
, & il quita ce difcours
fort vifte , pour luy parler
de ce qui le regardoit
mais le Confeiller luy parut
206 MERCURE
fort refroidy fur le mariage
de fa Soeur , & le Marquis
jugea bien déflors qu'il auroit
de la peine à eftre le
Beau- frere du Confeiller ,
s'il ne devenoit auffi fon
Coufin. Il fit de nouveaux
efforts fur fa Parente , qui
luy parut toûjours moins
difpofée à faire ce qu'il
vouloit. Il loüa le Confeiller
& toute la Robe & dit
tout le mal qu'il put des
Gens d'Epée . Il alla meſme
jufqu'à tourner le Comte
en ridicule , & juſqu'à
le décrier , fans épargner
•
GALANT . 207
que fon nom ; mais tout
cela ne gagna rien fur cette
Parente . A la fin voyant
qu'il ne pouvoit luy donner
de gouft pour le Confeiller
, il crut devoir le dégoûter
d'elle . Il luy dit en confidence
qu'elle n'eftoit pas
d'une humeur aiſée , & qu'-
elle donneroit aſſez de peine
à un Mary ; que mefme
elle n'avoit pas autant de
Bien qu'on s'imaginoit ,
qu'il le fçavoit mieux qu'un
autre , puis qu'il eftoit fon`
Tuteur ; mais le Confeiller
ne fe rendit point à ces ar-
&
208 MERCURE
tifices . Il foupçonna que le
Marquis ne les employoit
que pour ſe diſpenſer de le
fervir de tout fon pouvoir ,
& dans l'humeur chagrine
où il fe trouva , il luy déclara
fort nettement que le
feul moyen d'obtenir la
Soeur , eftoit de le faire aimer
de fa Parente . Le Marquis
qui eftoit fort amoureux
, fut au défefpoir. Il
repréſenta au Confeiller ,
avec toute la force & toute
la vivacité imaginable
qu'il ne devoit pas eftre
puny des bizarreries de fa
Pupille
GALANT. 209
Pupille ; mais le Confeiller
fut inexorable
. Sa Soeur
commença
à fentir pour
la jeune Heritiere
, toute la
haine qu'elle euft pû avoir
pour une Rivale . Elle n'en
parloit jamais que comme
d'une Demoifelle de Campagne
, qu'une fierté ridicule
rendoit infuportable
par tout , & qui fe croyoit
d'une meilleure Maifon
qu'une autre , parce que
fes Parens n'avoient pas
coûtume de demeurer dans
les Villes . Le Comte eftoit
charmé de la réfiftance
Mars 1714.
"
S
110 MERCURE
qu'on faiſoit pour luy aux
volontez du Marquis ; mais
il fut au déſeſpoir , quand
le Marquis dit un jour à
fa Coufine , d'un ton ferme
& prefque abfolu , que
fi c'eftoit à caufe du Comte
'qu'elle refufoit le Confeiller
, elle devoit s'affeurer
qu'il s'oppoferoit toûjours
de tout fon pouvoir aux
prétentions de cet Amant.
Elle nia que le Comte fuft
fon Amant , & qu'elle l'euft
jamais regardé fur ce piedlà
. Le Comte qui vit fes
affaires en défordre , s'aviGALANT.
21I
fa d'un expédient affez extraordinaire
. Il confidera
qui s'il pouvoit rompre l'u
nion du Marquis & de l'aimable
Perfonne à qui il
eftoit fi fort attaché , le
Marquis ne s'obſtineroit
plus à vouloir donner fa
Parente au Conſeiller ;
mais comment mettre mal
enfemble deux Perfonnes
qui s'aimoient fi tendrement
1 eftoit entreprenant
ne défefperoit jamais
de rien , & fur tout
il comptoit beaucoup fur
l'inconftance des Femmes.
,
Sij
212 MERCURE
Ainfi de concert avec la
jeune Heritiere , il réfolut
de fe feindre Amant de la
Soeur du Confeiller , & de
la conduire à faire une infidélité
au Marquis . Il fe
rendit peu à peu & fans
marque d'affectation , plus
affidu à la voir. Comme il
n'eftoit pas Amant déclaré
de l'Heritiere , fa conduite
ne parut pas fi étrange.
Le Confeiller luy - mefme
qui le foupçonnoit d'eftre
fon Rival , eftoit bien - aiſe
de commencer à avoir lieu
d'en douter. L'Heritiere de
GALANT . 20:3
fon cofté , qui vouloit favorifer
les affiduitez du
Comte chez la Soeur du
Confeiller , recevoit le Confeiller
bien plus agréablement
, depuis que le Comte
alloit moins fouvent chez
elle . Ainfi il n'y ayoit que le
Marquis à qui le nouvel attachement
du Comte ne
plaifoit pas trop. Elle eftoit
née pour la tendreffe , mais
non pas pour la conftance.
Elle avoit un coeur qui recevoit
des impreffions affez
vivement mais encore plus
facilement . Enfin elle eftoit
214 MERCURE
faite comme la plupart des
Femmes ont accoûtumé de
l'eftre . Le Comte avoit de
l'aſcendant ſur le Marquis.ll
l'étoufoit , & l'empefchant
de paroiftre en fa préfence ,
il pouffoit la converſation
jufqu'à un ton de gayeté &
d'enjouëment , où le Marquis
ne pouvoit aller , &
avoit l'adreſſe de mettre
toujours fon Rival hors de
fon génie naturel . La diférence
qui eftoit entre - eux ,
frapoit trop les yeux de la
Belle pour nnee la pas déterminer
en faveur du Com-
3
GALANT .
215
te. D'abord elle luy applaudiffoit
bien plus qu'au
Marquis. Enfuite elle le
trouva beaucoup plus à dire
quand il n'eftoit pas chez
elle , que quand le Marquis
n'y eftoit pas. Enfin
foit par fes regards , foit par
fes manieres, elle luy donna
une préference fi viſible ,
que le Marquis , aprés plufieurs
plaintes qui furent
affez mal reçûës , ne pút
douter qu'il ne fuft trahy.
Le Confeiller qui fe crut
heureux , fur ce qu'il ne
trouvoit plus le Comte en
216
MERCURE
fon chemin , & qui s'apper- '
eevoit qu'il eftoit micux
dans l'efprit de l'Heritiere ,
s'imagina que
le
temps
eftoit favorable pour pref
fer le Marquis d'achever
ce qu'il avoit commencé ;
mais le Marquis luy répondit
léchement , que fa Soeur
avoit changé , qu'elle l'avoit
quitté pour un autre , qu'il
ne fongeoit plus à elle ; &
vous ne devez pas trouver
mauvais , pourfuivir - il , que
je vous redile ce que vous
m'avez dit fi fouvent , que
nous ne pouvons faire aucunc
GALANT. 217
>
cune alliance , fi nous n'en
faifons deux à la fois. Jamais
le Confeiller ne fut
plus furpris . Il querella fa
Soeur , & luy fit mille reproches
. Il éloigna tout- àfait
le Comte de chez luy
& de Comte en fut trescontent.
La Seur meſme
qui foupçonna quelque
trahison ; auroit fouhaité
de tout fon coeur fe raccommoder
avec le Marquis.
Le Confeiller y travailla
de tout fon pouvoir ;
mais le Marquis ne put digerer
l'injure qu'on luy
Mars
1714.
T
218
MERCURE
pas
;
avoit faite . Le Comte , qui
eftoit caufe de toute cette
révolution , ne fut pas plus
heureux que les autres . Son
deffein luy avoit paru plai
fant à imaginer , & à executer
mais il n'en avoit
bien préveu les fuites.
Le Marquis conceur pour
luy toute la haine que l'on
peut avoir pour un Rival.
il mit bon ordre à empef
cher qu'il ne put voir fouvent
la jeune Heritiere , &
il fouleva tellement toute
la Parenté contre luy >
qu'il n'auroit pas efté bien
GALANT .• 0219
receu à parler de Mariage .
Ainfi perfonne ne ſe maria ;
ce ne fut que divifion de
tous coftez. Peut - eftre
quand la belle Heritiere
fera en âge de difpofer
d'elle , elle fera choix du
Comte qui l'aime toujours
; mais dans le temps
qu'il faudra attendre , c'eſt
grande merveille , fi l'une
des deux paffions ne s'affoiblit.
Aprés tout pour
tant , elles pourront ne s'affoiblir
pas , car les deux
Amans ne fe voyent guére.
IL y auroit plus d'Amans
heureux que l'on n'en voit
fi on laiffoit l'amour mail
tre de fes entrepriſes , mais
s'il peut toucher les coeurs
quand il luy plaiſt , il n'a
pas toûjours le pouvoir de
les unir. Des obftacles invincibles
renverfent fouvent
fes plus grands deffeins
, & ce qui eft le plus
chagrinant , c'eft qu'il fe
Mars
1714.
R
194 MERCURE
rencontre des occafions où
il fe nuit par luy même.
Un jeune Homme de qualité
, qui ayant un Marquifat
eftoit Marquis à bon titre,
devint amoureux d'une
des plus aimables Perfonnes
de la Ville où il demeuroit.
Elle eftoit d'une Famille
de Robe , & un Frere
unique qu'elle avoit
eftoit Confeiller au Parlement
de fa Province
mais il s'attendoit bien à
monter avec l'âge dans des
Charges plus confidéra-
Eles. Ce Frere eftoit alors
GALANT. 195
fur le point de revenir d'un
voyage d'Italie , & quoy
que fon retour fuft fort
proche , le Marquis nelaiffa
pas de faire affez de progrés
dans le coeur de cette
Belle , avant qu'il fuft revenu.
Elle eftoit vive naturel.
lement,, pleine de foins &
de zele pour ce qu'elle aimoit
, & fi fenfible à l'amitié
qu'on luy témoignoit
,
qu'il y avoit fujet d'efperer
que les empreffemens
de
l'amour ne luy feroient pas
indifférens
. Elle trouva le
Marquis affez aimable
Rij
196 MERCURE
>
pour le perfuader qu'elle
en pourroit eftre aimée , &
elle eftoit trop fincere pour
douter long- temps de la
fincerité des autres fur
tout quand ils eftoient agréables
. Enfin de la ma.
niere dont le Confeiller
vit les chofes difpofées à
fon retour
il jugea bien
qu'il ne feroit plus chargé
de fa Soeur , qu'autant que
des Articles de mariage à
regler le demanderoient
car elle ne dépendoit que
de luy. Le Marquis fit tous.
les pas neceffaires , & les
GALANT
* . 197
Amans alloient eftre heureux
, s'il n'y euft point eu
d'autre amour que le leur
dans leur Famille . Le Marquis
avoit une Couſine germaine
, qui eftoit demeurée
feule Heritiere d'un
grand Ben , par la mort
de fon Pere & de fa Mere.
Elle eftoit tombée fous fa
Tutelle , parce qu'un autre
Tuteur qu'elle avoit eu
d'abord , cftoit mort depuis
fix mois. C'eftoit au jeune
Tuteur à difpofer de fa jeu
ne Pupille ; mais elle avoit
difpofé elle mefme de fon
FR iij
198 MERCURE
coeur , fans avis de Parens .
Un Gentilhomme fort fpirituel
, & qui avoit affez
de naiffance , pour pouvoir
prendre le titre de Comte ,
avoit entrepris de plaire à
la Belle , & luy avoit plû.
Il avoit fait diverfes Campagnes
avec beaucoup de
dépenfe , & affez de réputation
. Cela ébloüiffoit fort:
l'aimable Héritiere
avoit le coeur tres - bien placé
. Par malheur pour le
Marquis , le Confeiller la
vit trop fouvent , & fon
coeur en fut touché. Elle
qui
THEQUE
GALANT.
BIBLIO
avoit tout l'air d'une
LY
BAD
DE
LA
VILLE
de naiſſance , une certain e
fierté qui luy feyoit bien ,
moins de beauté que de
manieres agréables , & un
art particulier de fe faire
extrémement valoir , fans
avoir pourtant d'orgueil
qui choquaft . Peut - eftre
auroit - il choqué dans une
Perfonne, qui cuft eu moins
de naiffance , moins de jeuneffe
, & moins de Bien .
Elle ne regardoit guére les
Hommes qu'avec une efpece
de dédain . Le Comre
eftoit le plus excepté ; en-
R iiij
200 MERCURE
core le traitoit elle quelquefois
comme les autres
, quand elle en avoit
envie . Tout cela charma
le Confeiller, Ileftoit affez
riche pour ne devoir pas
eftre foupçonné d'aimer la
jeune Heritiere pour fon
Bien. Cependant il ne laif
fa peut eft e pas d'avoir
quelques veues de ce coftélà.
Ce qui luy parut d'un
fort bon augure pour fa
paffion , ce fut l'amour du
Marquis & de fa Soeur. 11
trouvoit mefme quelque
chofe d'agréable à s'imaGALANT
. 201
giner la double alliance de
leurs Maifons , & l'échange
qu'elles ferojent entreelles
de ces deux jeunes
Perfonnes . Il découvrit fon
deffein au Marquis , & luy
exagera fort le plaifir qu'il
fe feroit de devenir fon
Coufin-germain , en mef
me temps qu'il deviendroit
fon Beau -frere . Le Marquis
ne reçût point cette
propofition avec autant de
joye qu'il euft dû naturellement
la recevoir . Il luy
parut auffi - toft , fans qu'il
fçuft trop pourquoy , que
202 MERCURE
4
c'eftoit une difficulté furvenue
à fes affaires il
euft beaucoup mieux aimé
qu'on n'euft parlé que d'une
alliance. Cependant
quand il y eut fait refléxion
, il ne trouva pas que
le mariage du Confeiller
avec la Parente , duft cftre
une chofe fi malaisée , &
it fe perfuada , ou il tâcha
de fe le perfuader que
quand mefme il ne fe feroit
pas , cela n'apportéroit
point d'obſtacle à fon
bonheur. Il alla donc propofer
le Confeiller à fa
.
GALANT. 103
Coufine , avec toute l'addreffe
dont fa paffion le
rendoit capable ; mais elle
luy fit connoiftre combien
elle eftoit peu difpofée à
fonger à ce Party . Il pric
encore trois ou quatre fois
le temps le plus favorable
qu'il put , pour traiter la
mefme matiere mais ce
fut toûjours inutilement .
Le Comte n'eftoit point
trop connu pour un Amant
de la Parente du Marquis ,
& moins encore pour un
Amant qu'elle aimaſt . Elle
avoit avec luy une manie-
>
204 MERCURE
re d'agir fi inégale , que
l'on eftoit bien embaraffé à
pouvoir juger de ce qui
eftoit entre eux . Ainfi le
Marquis ne fceut pas précifement
s'il devoit fe prendre
au Comte , de l'éloi
gnement que fa Coufine
montroit pour leConfeiller,
ou s'il ne devoit s'en pren
dre qu'au peu d'inclination
qu'elle faifoit voir en general
pour la Robe , ce qui
femblait eftre affez natu
rel à une jeune Perfonne ,
dont les yeux font plus fla
tez de l'équipage d'un Ca.
GALANT.
205
valier , que de celuy d'un
Magiftrat , & dont les oreilles
fe plaifent davantage au
récit d'une Campagne
qu'à celuy du jugement
d'un Procés. Le Marquis
fit entendre au Confeiller .
le plus honneftement qu'il
luy fur poffible , le mauvais
fuccés de fa négotiation. 11
ne luy en dit qu'un partie ,
pour l'accoûtumer douce
ment au déplaifir d'être refufé
, & il quita ce difcours
fort vifte , pour luy parler
de ce qui le regardoit
mais le Confeiller luy parut
206 MERCURE
fort refroidy fur le mariage
de fa Soeur , & le Marquis
jugea bien déflors qu'il auroit
de la peine à eftre le
Beau- frere du Confeiller ,
s'il ne devenoit auffi fon
Coufin. Il fit de nouveaux
efforts fur fa Parente , qui
luy parut toûjours moins
difpofée à faire ce qu'il
vouloit. Il loüa le Confeiller
& toute la Robe & dit
tout le mal qu'il put des
Gens d'Epée . Il alla meſme
jufqu'à tourner le Comte
en ridicule , & juſqu'à
le décrier , fans épargner
•
GALANT . 207
que fon nom ; mais tout
cela ne gagna rien fur cette
Parente . A la fin voyant
qu'il ne pouvoit luy donner
de gouft pour le Confeiller
, il crut devoir le dégoûter
d'elle . Il luy dit en confidence
qu'elle n'eftoit pas
d'une humeur aiſée , & qu'-
elle donneroit aſſez de peine
à un Mary ; que mefme
elle n'avoit pas autant de
Bien qu'on s'imaginoit ,
qu'il le fçavoit mieux qu'un
autre , puis qu'il eftoit fon`
Tuteur ; mais le Confeiller
ne fe rendit point à ces ar-
&
208 MERCURE
tifices . Il foupçonna que le
Marquis ne les employoit
que pour ſe diſpenſer de le
fervir de tout fon pouvoir ,
& dans l'humeur chagrine
où il fe trouva , il luy déclara
fort nettement que le
feul moyen d'obtenir la
Soeur , eftoit de le faire aimer
de fa Parente . Le Marquis
qui eftoit fort amoureux
, fut au défefpoir. Il
repréſenta au Confeiller ,
avec toute la force & toute
la vivacité imaginable
qu'il ne devoit pas eftre
puny des bizarreries de fa
Pupille
GALANT. 209
Pupille ; mais le Confeiller
fut inexorable
. Sa Soeur
commença
à fentir pour
la jeune Heritiere
, toute la
haine qu'elle euft pû avoir
pour une Rivale . Elle n'en
parloit jamais que comme
d'une Demoifelle de Campagne
, qu'une fierté ridicule
rendoit infuportable
par tout , & qui fe croyoit
d'une meilleure Maifon
qu'une autre , parce que
fes Parens n'avoient pas
coûtume de demeurer dans
les Villes . Le Comte eftoit
charmé de la réfiftance
Mars 1714.
"
S
110 MERCURE
qu'on faiſoit pour luy aux
volontez du Marquis ; mais
il fut au déſeſpoir , quand
le Marquis dit un jour à
fa Coufine , d'un ton ferme
& prefque abfolu , que
fi c'eftoit à caufe du Comte
'qu'elle refufoit le Confeiller
, elle devoit s'affeurer
qu'il s'oppoferoit toûjours
de tout fon pouvoir aux
prétentions de cet Amant.
Elle nia que le Comte fuft
fon Amant , & qu'elle l'euft
jamais regardé fur ce piedlà
. Le Comte qui vit fes
affaires en défordre , s'aviGALANT.
21I
fa d'un expédient affez extraordinaire
. Il confidera
qui s'il pouvoit rompre l'u
nion du Marquis & de l'aimable
Perfonne à qui il
eftoit fi fort attaché , le
Marquis ne s'obſtineroit
plus à vouloir donner fa
Parente au Conſeiller ;
mais comment mettre mal
enfemble deux Perfonnes
qui s'aimoient fi tendrement
1 eftoit entreprenant
ne défefperoit jamais
de rien , & fur tout
il comptoit beaucoup fur
l'inconftance des Femmes.
,
Sij
212 MERCURE
Ainfi de concert avec la
jeune Heritiere , il réfolut
de fe feindre Amant de la
Soeur du Confeiller , & de
la conduire à faire une infidélité
au Marquis . Il fe
rendit peu à peu & fans
marque d'affectation , plus
affidu à la voir. Comme il
n'eftoit pas Amant déclaré
de l'Heritiere , fa conduite
ne parut pas fi étrange.
Le Confeiller luy - mefme
qui le foupçonnoit d'eftre
fon Rival , eftoit bien - aiſe
de commencer à avoir lieu
d'en douter. L'Heritiere de
GALANT . 20:3
fon cofté , qui vouloit favorifer
les affiduitez du
Comte chez la Soeur du
Confeiller , recevoit le Confeiller
bien plus agréablement
, depuis que le Comte
alloit moins fouvent chez
elle . Ainfi il n'y ayoit que le
Marquis à qui le nouvel attachement
du Comte ne
plaifoit pas trop. Elle eftoit
née pour la tendreffe , mais
non pas pour la conftance.
Elle avoit un coeur qui recevoit
des impreffions affez
vivement mais encore plus
facilement . Enfin elle eftoit
214 MERCURE
faite comme la plupart des
Femmes ont accoûtumé de
l'eftre . Le Comte avoit de
l'aſcendant ſur le Marquis.ll
l'étoufoit , & l'empefchant
de paroiftre en fa préfence ,
il pouffoit la converſation
jufqu'à un ton de gayeté &
d'enjouëment , où le Marquis
ne pouvoit aller , &
avoit l'adreſſe de mettre
toujours fon Rival hors de
fon génie naturel . La diférence
qui eftoit entre - eux ,
frapoit trop les yeux de la
Belle pour nnee la pas déterminer
en faveur du Com-
3
GALANT .
215
te. D'abord elle luy applaudiffoit
bien plus qu'au
Marquis. Enfuite elle le
trouva beaucoup plus à dire
quand il n'eftoit pas chez
elle , que quand le Marquis
n'y eftoit pas. Enfin
foit par fes regards , foit par
fes manieres, elle luy donna
une préference fi viſible ,
que le Marquis , aprés plufieurs
plaintes qui furent
affez mal reçûës , ne pút
douter qu'il ne fuft trahy.
Le Confeiller qui fe crut
heureux , fur ce qu'il ne
trouvoit plus le Comte en
216
MERCURE
fon chemin , & qui s'apper- '
eevoit qu'il eftoit micux
dans l'efprit de l'Heritiere ,
s'imagina que
le
temps
eftoit favorable pour pref
fer le Marquis d'achever
ce qu'il avoit commencé ;
mais le Marquis luy répondit
léchement , que fa Soeur
avoit changé , qu'elle l'avoit
quitté pour un autre , qu'il
ne fongeoit plus à elle ; &
vous ne devez pas trouver
mauvais , pourfuivir - il , que
je vous redile ce que vous
m'avez dit fi fouvent , que
nous ne pouvons faire aucunc
GALANT. 217
>
cune alliance , fi nous n'en
faifons deux à la fois. Jamais
le Confeiller ne fut
plus furpris . Il querella fa
Soeur , & luy fit mille reproches
. Il éloigna tout- àfait
le Comte de chez luy
& de Comte en fut trescontent.
La Seur meſme
qui foupçonna quelque
trahison ; auroit fouhaité
de tout fon coeur fe raccommoder
avec le Marquis.
Le Confeiller y travailla
de tout fon pouvoir ;
mais le Marquis ne put digerer
l'injure qu'on luy
Mars
1714.
T
218
MERCURE
pas
;
avoit faite . Le Comte , qui
eftoit caufe de toute cette
révolution , ne fut pas plus
heureux que les autres . Son
deffein luy avoit paru plai
fant à imaginer , & à executer
mais il n'en avoit
bien préveu les fuites.
Le Marquis conceur pour
luy toute la haine que l'on
peut avoir pour un Rival.
il mit bon ordre à empef
cher qu'il ne put voir fouvent
la jeune Heritiere , &
il fouleva tellement toute
la Parenté contre luy >
qu'il n'auroit pas efté bien
GALANT .• 0219
receu à parler de Mariage .
Ainfi perfonne ne ſe maria ;
ce ne fut que divifion de
tous coftez. Peut - eftre
quand la belle Heritiere
fera en âge de difpofer
d'elle , elle fera choix du
Comte qui l'aime toujours
; mais dans le temps
qu'il faudra attendre , c'eſt
grande merveille , fi l'une
des deux paffions ne s'affoiblit.
Aprés tout pour
tant , elles pourront ne s'affoiblir
pas , car les deux
Amans ne fe voyent guére.
Fermer
Résumé : HISTORIETTE.
Au début du XVIIIe siècle, une histoire d'amour complexe se déroule entre plusieurs personnages de la noblesse et de la robe. Un jeune marquis s'éprend d'une femme issue d'une famille de robe, dont le frère unique est conseiller au Parlement. Bien que le marquis fasse des progrès dans le cœur de cette femme, des obstacles surgissent. Le conseiller, de retour d'Italie, approuve l'union de sa sœur avec le marquis. Cependant, il est lui-même amoureux de la cousine germaine du marquis, une jeune héritière sous la tutelle de ce dernier. Cette héritière est éprise d'un comte spirituel et réputé. Le conseiller espère une double alliance et propose au marquis d'épouser l'héritière, mais celle-ci refuse. Pour faciliter son propre mariage, le comte tente de semer la discorde entre le marquis et sa bien-aimée en se faisant passer pour son amant. Cette manœuvre échoue, et les relations entre les familles se dégradent. Finalement, personne ne se marie, et les passions restent vives, bien que les amants ne se voient plus fréquemment.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3884
p. 220-239
RELATION d'Espagne.
Début :
On a parlé cy dessus du jour de la mort de la Reine [...]
Mots clefs :
Reine d'Espagne, Corps de la reine, Roi, Marquise de Crèvecoeur, Gardes du corps, Mules, Gentilshommes, Cercueil, Maison du roi, Chapelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RELATION d'Espagne.
RELATION
d'Espagne.
ON a parlé cy deffus dị
jour de la mort de la Reine
qui arriva le 14. Février
fur les huit heures trois
quarts du matin ; une demie
heure avant elle avoit
encore reçu le Viatique
avec une parfaite connoif
fance. C'eftoit pour la troifiéme
fois depuis un mois
qu'elle avoit eu recours à
ce divin remede , le lendemain
on ouvrit & on emGALANT
. 221
Meffeibauma
le corps de cette
Princeffe , c'estoit à Madame
la Princeffe comme
Cameira Major , de ne le
point abbandonner juſqu'à
ce qu'il fut depofé au Panteon
de l'Efcurial ; mais
les foins que la charge de
Gouvernante de
gneurs les Princes exigent
de S. A. ne lui permirent
pas de les quitter ; Madame
la Marquiſe de Crevecoeur
fut nommée pour
tenir fa place en cette funefte
occafion Les Dames
du Palais aidées des
Tiij
222 MERCURE
Camariftes habillerent le
Corps d'un des plus beaux
habits de fa Majefté. On
difpofa une Eftrade dans
le Sallon neuf appellé de
l'Hymenée , elle eftoit haute
d'un pied & demi , & en
pente comme les amphithéatres
des Salles deftinées
aux Spectacles publics : on
y dreffa un Lit à colonnes
dont les plantes & le ciel
eftoient de groffe broderie
d'or des plus magnifiques
un riche Dais furmontoit
le lit : on mit fur
ce lit le Corps de la Reine :
GALANT 223
>
elle eftoit coëffée en che-
Veux telle qu'elle cftoït
aux jours folennels. Elle
paroiffoit comme endormie
, on la reconnoilloit :
fes traits on'ftoient point
changes Elle avoit des
gands blancs à fes mains
avec lefquels elle tenoit une
Croix de Caravaca. L'EC
trade & tout le Sallon eftoient
couverts des plus
beaux tapis de pieds qu'on
puiffe voir ; Il eftoit tendu
d'une belle rapiflerie à l'an-
:
tique , qu'on nomme de
Gorillas à la tefte droite
Tij
224 MERCURE
du lit , un Exempt des
Gardes du Corps eftoit en
pied vêtu de noir , fon bâton
à la main : il avoit auprés
de luy deux des Gardes
qu'on appelle , los Monteros
de Espinoffa. Vers le
milieu du lit du mefme
cofté Madame la Marquife
de Crevecoeur en grand
deüil , un voile transparant
fur les yeux , eftoit affife
fur un Carreau . Madame
de Robeck eftoit du cofté
gauche avec un pareil nom
bre de ces Gardes .. Ces
Dames avoient chacune au
GALANT . 225
prés d'elles une des Veuves
du Palais qu'on appelle
Damas de honor , au pied du
lit fur la droite , un de ces
Monteros, dont on vient de
Parler eftoit debout comme
les autres , & tenoit
une Couronne fermée , de
vermeil doré ; & un de fes
camarades eftoit fur la
gauche tenant un Sceptre
qui paroiffoit de mefme
métail brillant de pierres
précieuſes , en forme d'une
boule de cristal . Le Manteau
Royal pendoit au milieu
des pieds. du lit.. Au
226 MERCURE
*
bas de l'eftrade , il y avoit
un Autel Ifolé à la Romaine
garni d'un grand Crueifix
& de fix grands Chan
deliers d'argent : à droite il
y avoit trois autres Autels
garnis de même & autant à
gauche. Du cofté de l'Evangile
du premier Autel eftoit
le pliant du Conneftable
, & le Banc des Grands
de la meſme maniere qu'on
le voit à la Chapelle, & de
l'autre cofté étoit le banc
des Chapelains d'honneur ,
à l'autre bout du Sallon il y
avoit un petit Cancel defti
GALANT . 227
né pour les Chantres & la
mufique. Tout ce Sallon
ainſi diſpoſé étoit éclairé
par 16. chandeliers de pied
fort elevés & tous d'argent ,
placés fur l'eftrade , & autour
du lit , garnis chacun
d'un flambeau de cire jaune.
Les chandeliers des 7.autels
garnis de gros cierges de la
même circ; de forte que tout
le Sallon eftoit éclairé par
58. lumieres. Le Dimanche.
13 . Février aprés midy
le Corps de la Reine qui
eftoit expofé fur un lit de
parade depuis trois fois 24,
228 MERCURE
heures , fut mis dans un
cercueil de plomb avec
l'habit magnifique de tiffu
à fonds d'or à fleurs naturelles
, dont il eftoit vêtu :
H fut pour cela configné
par Madame la Marquifede
Crevecoeur qui faifoit
les fonctions de Cameiramajor
au Duc d'Escalone
Grand Maiffre de la Maifon
du Roy fuivant l'étiquete
, en preſence du Patriarche
triarche des Indes , des Pre-
Latschofis pour les fonctions
ecclefiaftiques de l'enter
rement , afliſté des Grands ,
GALANT. 229
des Gentils hommes de la
Chambre des Majordomes
du Roy, & des Dames de la
Reine,& comme le Corps de
fa Majefté ne rempliffoit
pas tout le cercueil on y
mit des oreillers pour l'empefcher
de vaciller. LeCercueil
de plomb fut mis dans
un autre de bois , & l'un
& l'autre de ces Cercuëils
avoit une ouverture vis-àvis
de la tefte comme une
petite feneftre fermant à
clef. Le cercueil de bois
eftoit couvert & garni partout
d'un tiffu couleur de
230 MERCURE
chair à fond d'argent. Le
Corps fut ainfi deſcendu de
l'Appartement où il eftoit
par l'Escalier qui aboutit
au Zaguan , C'eſt à- dire au
Parvis qui eft au bas d'un
des petits Escaliers du Palais
. Là il fut mis par les
Majordomes & par les Gentils.
hommes de la Maifon
du Roy fur une litiere portée
deux Mules capapar
raçonnées d'une riche etoffe
pareille à celle dont le
cercueil de bois étoit garni,
& alors la marche commença
de la maniere qui
fuit.
GALANT. 231
Les Arguacils de la
Cour au nombre de douzé
marchoient à la tefte ; enfuite
on vit paroître douze
Religieux Carmes chauffés,
12. Auguftins.
12. Francifcains.
12. Dominicains.
Tous ces Religieux eftoient
à Cheval , ayant chacun
un Flambeau à la main ,
2 . Alcades de Cour.
12. Gentils-hommes de
la Maiſon Royale.
Les Officiers de l'Ecurie
du
Roy.
12. Gentilshommes de
la bouche.
22 MERCURE
La Croix de la Chapelle
Royale portée par un Preftre
en furplis qui étoit à
cheval.
Un Fourrier de la Chapelle.
Un Aide de l'Oratoire.
12. Chapelains du Roy.
Les Majordomes.
Les Grands d'Eſpagne
au nombres de quinze ou
feize.
Quatre Trompettes des
Gardes du Corps fonnans
avec des fourdines ..
La Litiere avec le Corps.
Madame la Marquiſe de
Crevecoeur
GALANT . 233.
a
Crevecoeur faifant les fonctions
de Cameira major eltoit
dans un Caroffe à fix
Mules , mais le Caroffe ni
les Mules n'eftoient point
drappés.
12. Pages avec des flambeaux
.
12. Monteros de Efpinoffa.
Le Prélat en Caroffe à
fix Mules qui n'eftoit point
drapé.
Le Grand Maistre de la
Maiſon du Roy auffi dans
un Caroffe à fix mules non
drapé.
Mars
1714.
ལ
a
234 MERCURE
Les Gentils hommes de
la Chambre.
Une Litiere de reſpect
ou pluftoft de rechange.
Un Lieutenant des Gardes
du Corps fuivi de 60 .
de ces Gardes qui fermoient
la marche .
On remarqua que les
Grands & les autres Seigneurs
eftoient fimpleni
ment vêtus de noir en cravate
& fans manteau
houffes traînantes , & qu'ils
eftoient precedés chacun
de deux de leurs laquais à
pied & avec des flambeaux
GALANT. 235
pour les éclairer à l'exception
du Doc d'Efcalone
Grand Maiftre de la Maifon
du Roy , qui eftoit en
capuche de grand dueil avec un
manteau à longue queuë.
Ce cortege marcha toute
la nuit. Il arriva le lundyfur
les fept heures du matin 19 .
Fevrier au portique de FELcurial.
Le Corps de la Reine
fur mis fur une table . Madame
de Crevecoeur donna
les clefs des Cercueils
au Grand Maiftre de la
Maiſon du Roy. Ce Seigheur
tine toujours dans
Vij
236 MERCURE
cette pompe la premiere
place , & c'eft proprement
lui qui mena le deüil. Il en
ouvrit la premiere petite
fenêtre & fit voir le visage
de fa Maiftreffe au Prieur
& à la Communauté des
Jeromiſtes de ce magnifique
Convent.
Ils s'étoient avancés proceffionnellement
jufqu'à ce
Portique pour recevoir le
Corps . Enfuite les clefs furent
remifes à Madame de
Crevecoeur , & fept Grands
porterent le Corps de la
Reine jufqu'au pied du
GALANT. 237
Mauſolée qui avoit été elevé
au milieu de l'Eglife de
l'Efcurial. Les Moines let
placerent au haut de ce
Maufolée , la Couronne &
le Sceptre furent mis fur
des couffins a cofté du
Corps de fa Majeſté , & le
Mauſolée fut entourré de
tous ceux qui efſtoient dy
cortége felon leur rang.
Madame de Crevecoeur.
eftoit affiſe ſur un Carreau
à la tefte du Maufolée accompagnée
de deux Dames
d'honneur de la Rei
ne.
238 MERCURE
Alors l'Office commen
ça par les Vigiles des
Morts , enfuite le Prélat
dit la Meffe , affifté feu
lement d'un Diacre & d'un
Soudiacre. Aprés la Meſſe
on fit les encencemens . Le
Corps fut defcendu du
Maufolée . Les clefs des
deux cercueils furent remifes
par Madame de Cre
vecoeur au Grand Maistre .
La premiere feneftre fut
ouverte , & le corps fut reconnu
une feconde fois
par les Moines & defcendu
par eux & par les Grands
GALANT. 239
1
au petit , Pantheon ou les
Corps des Rois & Reines
d'Espagne qui ont eu des
enfans , demeurent des
douze & quinze ans , pour
eftre defféchés & mis enfuite
dans les Urnes du
grand Pantheon qui leur
font deftinées. Ceux du
Roy Charles H. & de la
Reine Marianne n'y ont
été mis qu'à la fin de 1713 ,
d'Espagne.
ON a parlé cy deffus dị
jour de la mort de la Reine
qui arriva le 14. Février
fur les huit heures trois
quarts du matin ; une demie
heure avant elle avoit
encore reçu le Viatique
avec une parfaite connoif
fance. C'eftoit pour la troifiéme
fois depuis un mois
qu'elle avoit eu recours à
ce divin remede , le lendemain
on ouvrit & on emGALANT
. 221
Meffeibauma
le corps de cette
Princeffe , c'estoit à Madame
la Princeffe comme
Cameira Major , de ne le
point abbandonner juſqu'à
ce qu'il fut depofé au Panteon
de l'Efcurial ; mais
les foins que la charge de
Gouvernante de
gneurs les Princes exigent
de S. A. ne lui permirent
pas de les quitter ; Madame
la Marquiſe de Crevecoeur
fut nommée pour
tenir fa place en cette funefte
occafion Les Dames
du Palais aidées des
Tiij
222 MERCURE
Camariftes habillerent le
Corps d'un des plus beaux
habits de fa Majefté. On
difpofa une Eftrade dans
le Sallon neuf appellé de
l'Hymenée , elle eftoit haute
d'un pied & demi , & en
pente comme les amphithéatres
des Salles deftinées
aux Spectacles publics : on
y dreffa un Lit à colonnes
dont les plantes & le ciel
eftoient de groffe broderie
d'or des plus magnifiques
un riche Dais furmontoit
le lit : on mit fur
ce lit le Corps de la Reine :
GALANT 223
>
elle eftoit coëffée en che-
Veux telle qu'elle cftoït
aux jours folennels. Elle
paroiffoit comme endormie
, on la reconnoilloit :
fes traits on'ftoient point
changes Elle avoit des
gands blancs à fes mains
avec lefquels elle tenoit une
Croix de Caravaca. L'EC
trade & tout le Sallon eftoient
couverts des plus
beaux tapis de pieds qu'on
puiffe voir ; Il eftoit tendu
d'une belle rapiflerie à l'an-
:
tique , qu'on nomme de
Gorillas à la tefte droite
Tij
224 MERCURE
du lit , un Exempt des
Gardes du Corps eftoit en
pied vêtu de noir , fon bâton
à la main : il avoit auprés
de luy deux des Gardes
qu'on appelle , los Monteros
de Espinoffa. Vers le
milieu du lit du mefme
cofté Madame la Marquife
de Crevecoeur en grand
deüil , un voile transparant
fur les yeux , eftoit affife
fur un Carreau . Madame
de Robeck eftoit du cofté
gauche avec un pareil nom
bre de ces Gardes .. Ces
Dames avoient chacune au
GALANT . 225
prés d'elles une des Veuves
du Palais qu'on appelle
Damas de honor , au pied du
lit fur la droite , un de ces
Monteros, dont on vient de
Parler eftoit debout comme
les autres , & tenoit
une Couronne fermée , de
vermeil doré ; & un de fes
camarades eftoit fur la
gauche tenant un Sceptre
qui paroiffoit de mefme
métail brillant de pierres
précieuſes , en forme d'une
boule de cristal . Le Manteau
Royal pendoit au milieu
des pieds. du lit.. Au
226 MERCURE
*
bas de l'eftrade , il y avoit
un Autel Ifolé à la Romaine
garni d'un grand Crueifix
& de fix grands Chan
deliers d'argent : à droite il
y avoit trois autres Autels
garnis de même & autant à
gauche. Du cofté de l'Evangile
du premier Autel eftoit
le pliant du Conneftable
, & le Banc des Grands
de la meſme maniere qu'on
le voit à la Chapelle, & de
l'autre cofté étoit le banc
des Chapelains d'honneur ,
à l'autre bout du Sallon il y
avoit un petit Cancel defti
GALANT . 227
né pour les Chantres & la
mufique. Tout ce Sallon
ainſi diſpoſé étoit éclairé
par 16. chandeliers de pied
fort elevés & tous d'argent ,
placés fur l'eftrade , & autour
du lit , garnis chacun
d'un flambeau de cire jaune.
Les chandeliers des 7.autels
garnis de gros cierges de la
même circ; de forte que tout
le Sallon eftoit éclairé par
58. lumieres. Le Dimanche.
13 . Février aprés midy
le Corps de la Reine qui
eftoit expofé fur un lit de
parade depuis trois fois 24,
228 MERCURE
heures , fut mis dans un
cercueil de plomb avec
l'habit magnifique de tiffu
à fonds d'or à fleurs naturelles
, dont il eftoit vêtu :
H fut pour cela configné
par Madame la Marquifede
Crevecoeur qui faifoit
les fonctions de Cameiramajor
au Duc d'Escalone
Grand Maiffre de la Maifon
du Roy fuivant l'étiquete
, en preſence du Patriarche
triarche des Indes , des Pre-
Latschofis pour les fonctions
ecclefiaftiques de l'enter
rement , afliſté des Grands ,
GALANT. 229
des Gentils hommes de la
Chambre des Majordomes
du Roy, & des Dames de la
Reine,& comme le Corps de
fa Majefté ne rempliffoit
pas tout le cercueil on y
mit des oreillers pour l'empefcher
de vaciller. LeCercueil
de plomb fut mis dans
un autre de bois , & l'un
& l'autre de ces Cercuëils
avoit une ouverture vis-àvis
de la tefte comme une
petite feneftre fermant à
clef. Le cercueil de bois
eftoit couvert & garni partout
d'un tiffu couleur de
230 MERCURE
chair à fond d'argent. Le
Corps fut ainfi deſcendu de
l'Appartement où il eftoit
par l'Escalier qui aboutit
au Zaguan , C'eſt à- dire au
Parvis qui eft au bas d'un
des petits Escaliers du Palais
. Là il fut mis par les
Majordomes & par les Gentils.
hommes de la Maifon
du Roy fur une litiere portée
deux Mules capapar
raçonnées d'une riche etoffe
pareille à celle dont le
cercueil de bois étoit garni,
& alors la marche commença
de la maniere qui
fuit.
GALANT. 231
Les Arguacils de la
Cour au nombre de douzé
marchoient à la tefte ; enfuite
on vit paroître douze
Religieux Carmes chauffés,
12. Auguftins.
12. Francifcains.
12. Dominicains.
Tous ces Religieux eftoient
à Cheval , ayant chacun
un Flambeau à la main ,
2 . Alcades de Cour.
12. Gentils-hommes de
la Maiſon Royale.
Les Officiers de l'Ecurie
du
Roy.
12. Gentilshommes de
la bouche.
22 MERCURE
La Croix de la Chapelle
Royale portée par un Preftre
en furplis qui étoit à
cheval.
Un Fourrier de la Chapelle.
Un Aide de l'Oratoire.
12. Chapelains du Roy.
Les Majordomes.
Les Grands d'Eſpagne
au nombres de quinze ou
feize.
Quatre Trompettes des
Gardes du Corps fonnans
avec des fourdines ..
La Litiere avec le Corps.
Madame la Marquiſe de
Crevecoeur
GALANT . 233.
a
Crevecoeur faifant les fonctions
de Cameira major eltoit
dans un Caroffe à fix
Mules , mais le Caroffe ni
les Mules n'eftoient point
drappés.
12. Pages avec des flambeaux
.
12. Monteros de Efpinoffa.
Le Prélat en Caroffe à
fix Mules qui n'eftoit point
drapé.
Le Grand Maistre de la
Maiſon du Roy auffi dans
un Caroffe à fix mules non
drapé.
Mars
1714.
ལ
a
234 MERCURE
Les Gentils hommes de
la Chambre.
Une Litiere de reſpect
ou pluftoft de rechange.
Un Lieutenant des Gardes
du Corps fuivi de 60 .
de ces Gardes qui fermoient
la marche .
On remarqua que les
Grands & les autres Seigneurs
eftoient fimpleni
ment vêtus de noir en cravate
& fans manteau
houffes traînantes , & qu'ils
eftoient precedés chacun
de deux de leurs laquais à
pied & avec des flambeaux
GALANT. 235
pour les éclairer à l'exception
du Doc d'Efcalone
Grand Maiftre de la Maifon
du Roy , qui eftoit en
capuche de grand dueil avec un
manteau à longue queuë.
Ce cortege marcha toute
la nuit. Il arriva le lundyfur
les fept heures du matin 19 .
Fevrier au portique de FELcurial.
Le Corps de la Reine
fur mis fur une table . Madame
de Crevecoeur donna
les clefs des Cercueils
au Grand Maiftre de la
Maiſon du Roy. Ce Seigheur
tine toujours dans
Vij
236 MERCURE
cette pompe la premiere
place , & c'eft proprement
lui qui mena le deüil. Il en
ouvrit la premiere petite
fenêtre & fit voir le visage
de fa Maiftreffe au Prieur
& à la Communauté des
Jeromiſtes de ce magnifique
Convent.
Ils s'étoient avancés proceffionnellement
jufqu'à ce
Portique pour recevoir le
Corps . Enfuite les clefs furent
remifes à Madame de
Crevecoeur , & fept Grands
porterent le Corps de la
Reine jufqu'au pied du
GALANT. 237
Mauſolée qui avoit été elevé
au milieu de l'Eglife de
l'Efcurial. Les Moines let
placerent au haut de ce
Maufolée , la Couronne &
le Sceptre furent mis fur
des couffins a cofté du
Corps de fa Majeſté , & le
Mauſolée fut entourré de
tous ceux qui efſtoient dy
cortége felon leur rang.
Madame de Crevecoeur.
eftoit affiſe ſur un Carreau
à la tefte du Maufolée accompagnée
de deux Dames
d'honneur de la Rei
ne.
238 MERCURE
Alors l'Office commen
ça par les Vigiles des
Morts , enfuite le Prélat
dit la Meffe , affifté feu
lement d'un Diacre & d'un
Soudiacre. Aprés la Meſſe
on fit les encencemens . Le
Corps fut defcendu du
Maufolée . Les clefs des
deux cercueils furent remifes
par Madame de Cre
vecoeur au Grand Maistre .
La premiere feneftre fut
ouverte , & le corps fut reconnu
une feconde fois
par les Moines & defcendu
par eux & par les Grands
GALANT. 239
1
au petit , Pantheon ou les
Corps des Rois & Reines
d'Espagne qui ont eu des
enfans , demeurent des
douze & quinze ans , pour
eftre defféchés & mis enfuite
dans les Urnes du
grand Pantheon qui leur
font deftinées. Ceux du
Roy Charles H. & de la
Reine Marianne n'y ont
été mis qu'à la fin de 1713 ,
Fermer
Résumé : RELATION d'Espagne.
La Reine d'Espagne est décédée le 14 février à huit heures et demie du matin. Elle avait reçu le Viatique une demi-heure avant son décès, ce qui était la troisième fois en un mois. Le lendemain, son corps fut préparé pour les funérailles. Madame la Princesse, en tant que Cameira Major, aurait dû veiller sur le corps jusqu'à son dépôt au Panthéon de l'Escurial, mais ses responsabilités de gouvernante l'en empêchèrent. Madame la Marquise de Crevecoeur fut nommée pour la remplacer. Le corps de la Reine fut habillé d'un de ses plus beaux habits et exposé dans le Salon neuf de l'Hymenée, sur un lit richement décoré. Elle était coiffée en cheveux, comme aux jours solennels, et tenait une Croix de Caravaca. L'estrade et le salon étaient couverts de beaux tapis et tendus de rapisserie antique. Des gardes et des dames du palais, accompagnées de veuves du palais appelées Damas de honor, veillaient autour du lit. Le 13 février, après-midi, le corps de la Reine, exposé depuis trois jours, fut placé dans un cercueil de plomb, puis dans un cercueil de bois, tous deux ornés de tissu. Le cercueil fut descendu et placé sur une litière portée par deux mules, et le cortège funéraire commença. Ce cortège, composé de divers dignitaires, religieux, et gardes, marcha toute la nuit et arriva le 19 février au portique de l'Escurial. Le corps fut ensuite placé dans un mausolée au milieu de l'église de l'Escurial, où une messe fut célébrée. Après la messe, le corps fut descendu dans le petit Panthéon pour y rester douze à quinze ans avant d'être placé dans les urnes du grand Panthéon.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3885
p. 240-277
LES ROCHES DE SALISBURY. ALLEGORIE.
Début :
Cette Isle noble antique renommée, [...]
Mots clefs :
Jeune roi, Albion, Noble, Palais, Prince Artus, Paix, Sage, Chevalier, Débats, Sang, Éclat, Roches, Salisbury, Peuple, Vieillard, Coeur, Amour, Justice, Lumière
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES ROCHES DE SALISBURY. ALLEGORIE.
LES ROCHES
DE SALISBURY.
ALLEGORIE.
CEtte Ille noble antique
renommée ,
Qui de Neptune à tel point
fut aimée
Qu'un de fes Fils voulut s'y
renfermer ,
Et de fon nom , Albion la
nommer.
Mainte merveille en fon
fein fait reluire
Qu'en ces vers - cy je ne
pretend
GALANT. 241
pretend déduire
Par le menus les Chroni
queurs paffés
En leurs recueils le deduifent
affez ;
Pour le prefent fuffit d'en
citer une
Sans plus , mais qui peut
mieux
qu'aucune ;
Paffer pour rare & que je
garentis
Sur le rapport de ces recuëils
gentils ;
Ge font ces Rocs autre
ment gons de pierre
Qu'on voir femez en cette
noble terre
Mars
1714.
!
X
242 MERCURE
Tout au travers d'un
champ vert & fleury
Que gens du lieu nomment
Saliſbury , ci să
Et que Merlin jadis par
fon genie
Fit transporter des mar
ches d'Ibernie ,
Car tels Rochers ne fcauroient
bonnement
Se trouver la fors par ensachantement.
of C
Orifmoterés qu'entre ces
roches nües , ⠀
Quia pars magie en ces
lieux font venuës
X
GALANT 243
S'en trouvent fept , trois
de
chacune part
Une au deffus , le tout fait
popar tel art
Qu'il
reprefente une porte
effective ,
Porte vraïment bien faite
& bien naïve
Mais c'eft le tout , car qui
voudroit y voir i
Tours & Châtels , doit
Cailleurs fe pourvoir ,
Et ne fçait-on encor pour
Do quel office
Ce haut Portail eft là fans
médifice.
Mais ces fecrets arcanes
X ij]
244 MERCURE
& facrés
Ja ne font faits pour eftre
penetrés ,
Fors de ceux- là que
lance autorife ,
vail-
A pour chaffer vertueufe
entrepriſe
L'Epée au poing , fendant
juſqu'au talons ..
Traitres , Geans , Endriaques
felons
Tant que pareux foit mis
hors de fervage ,
Quelque Empereur ou Roy
de franc lignage ,
Entre ceux- là eftoit prifé
jadis ,
GALANT 245
Agefilan , Florifel , Amadis
,
Et maints encor de qui
Dieu
par fa grace
Jufques à nous a conſervé
la
race ,
Temoin celuy que je vas
publier ,
Sage entre tous , & difcret
Chevalier
Qui merita par fa force invincible
D'eftre introduit dans la
grote invifible ;
Si le tient-on iffu felon la
chair
De Palmerin le Chevalier
X iij
246 MERCURE
fans Pair ,
Iceluy preux vers les roches
décrites
Alloit chantant les vertus
& merites ,
Du Prince Artus , des bons
tant regretté ,
Et recitoit fur fon Luth
argenté
Celui plaintif. O Rives
Britanniques !
O Roy dompteur des Saxons
tyraniques
Si comme on dit par don
furnaturels
Tu dois revoir ce monde
temporel ,
GALANT. 247
Et revenir chaffer hors de
nos terres
Rebellions , debats , troubles
& Guerres .
Que tardes- tu viens revoir
ton Palais
viens de prifon tirer la
douce paix ,
Qui t'as helas ! defolée &
chetive
Chez faction languit tousjours
plaintive.
Ainfi chantoit le Chevalier
dolentejust
Lors fur lui fembla, qu'une
voix l'appellant
X iiij
248 MERCURE
Par fon vrai nom lui parla
de la forte ,
Si les efprits qui gardent
cette porte
En paroiffant n'effarou
chent
tes yeux
,
Tu peux entrer , le Pala
din joyeux
A qui frayeur n'entra ja
mais dans l'ame ,
Prend fon Ecu , fe commande
à ſa Dame
Approche , arrive , & Demons
de hurler
De tempefter , crier fiffler,
voler
,
Mais pour néant car fans
GALANT . 249
merite ni doute
Le Champion pourſuit toujours
fa route
Si qu'euffiez vû tous ces
diables cadets
Larves , Lutins , Lemures,
farfaders
Spectres volans , Tene
brions , Genies ,
En moins de rien ceffer
leurs lytanies ,
& s'éclipfer à tout leur cas
rillon
Comme étourneaux devant
l'émerillon :
Eux départis , ô merveille
imprevuë !
50 MERCURE
2 La terre s'ouvre & ne s'of
fre à la vûë
Qu'un antre noir
mé caverneux ,
en
fu
Ou d'un Bandon l'éclat
fuligineux
Semble éclairer par fes
lueurs funebres
L'affreux manoir du Prince
des Tenebres ;
A la clarté du flambeau
ftygial
Par cent degrés le Che-
> valier loyal
Defcend au creux de la
fpelunque obfcure ..
Et trouve enfin pour l'hif
1
GALANT. __258
toire conclure ,
Un huis fermé qui s'ouvre
fur l'inftant
Et lúi decouvre un Palais
éclatant ;
Palais , non pas ? mais gro
te emerveillable
Tel que l'oeil ne voit onc
de femblable ,
Et que jamais fage n'ob
tint pour don
Telle demeure , hormis
Apollidon.
Car c'eft Illec que la troupe
de Gnomes
Dòminateurs des terref
trés royaumes
252 MERCURE
A raffemblé
pour
prince honorer
leur
Tout ce qui peut fon féjour
decorer ,
Ambre Corail , yvoire ;
marguerites ,
Perles , faphirs , hyacintes ,
Chrifolites
Riches métaux , bronze
Corinthien ,,
Jaſpe , porphire , & marbre
Phrygien ,
Sans oublier mainte belle
efcarboucle
Et
diamans
proprement
mis en boucle
Tout à l'entour , de qui
GALANT.
253
l'éclat riant
Pâlir feroit le Soleil d'Orient.
Or entendes qu'en ce lieu
de lumiere
Où l'art encore ſurpaſſe
la matiere
Brille fur tant de rubis
eftoilé
Un fiége d'or finement
cizelé ,
Ou repofoit le tres noble
Prophete
Qui cette Grote a choifi
pour retraite
Et fut jadis fous le Roy
254 MERCURE
Pendragon
Des Enchanteurs clame le
Bien
Parangon ,
paroiffoit iceluy
grand prud- homme ,
Prince de ceux que fage on
renomme
Tant à le voir fembloit
homme de biens
Vieillard honneſte & de
noble maintien ,
Si qu'eux, voyans feulealment
fon viſager 20
Euffent pour chef accepté
cettuy fage ,
Qui tout a l'heure en fon
féant dreffé VA
GALANT . 255
Ayant trois fois eternué
touffé ,
Les yeux luifans comme
12 deux Girandoles
Au Damoifel addreffa fes
paroles.
Je fuis Merlin qu'en vulpingaire
fermon
0: 0
Vos
vieuxconteurs pre
chent né du
démon ,
Attribuant par
malice grof
-1997
fiere
L'extraction des enfans de
lumiere ,
A la vertu de cet efprit
In enam vilain
Qui de l'Enfer fut créé
ม
256 MERCURE
Châtelain ,
J'ay visité la haut vos Colonies
,
Suivant les us de nous autres
Genies ,
Er fut long -tems Prophete
en Albion
Dont je plorai l'inique
oppreflion ,
Quand Vortiger dans le
fein Britanique
Eut attiré le ferpent Germanique
,
O mon païs ! ô peuples redoutés.
Deffiés -vous de ferpens allaités
.
Aux
GALANT. 257
Aux bords Germains , fuïés
leur
parentage,
Car c'eft d'iceux qu'eft né
vôtre éclavage ;
Je difparus dans ce conflict
amer 霉
Et par mon art tranſporté
d'outre mer
Ces hauts rochers qui fervent
de barriere ,
A cette grotte où bornant
ma carriere ,
Demogorgon
nôtre Roy
fouverain
,
Me fit ſeigneur du peuple
foûterrain.
C'eſt cette gent , dont l'eſ,
Mars 1714. Y
238 MERCURE
prit tutelaire
Va parcourant vôtre mon--
de populaire : -
Où je l'envoye en invifibles
corps ,
Examiner les troubles &
difcors ,
Qui , par l'engin du pere
de l'impofture,
Vont affligéant l'humaine
créature.
Par eux à donc m'ont efté
raportés.
Tous vos débats , maux &
calamités :
Qui par revolte & rufes infernales
,
GALANT 252
Ont affolé vos Provinces
natales .
Si que la Paix onques n'y
peut meurir ,
Tant qu'y verrés iniquités
Aleurir ,
Car ne croyés pouvoir par
smot vartifices
Paix rétablir fans l'aide de
juſtice ,
Par qui d'abord détruire
100% vous convient ,
L'enchantement ou fraude
2 la détient ,
Fraude fans qui rebelle féabpillonie
o
N'ût engendré fuperbe ty-
Y ij
260 MERCURE
rannie :
Et faction mere de tous les
maux ,
Qui font fortis des palais
infernaux ;
Or puis qu'en toy n'eft encore
effacée
La fouvenance & memoire
paffée
Du Prince Artus lá merveille
des Rois .
Je veux du fort t'interpreter
les loix ,
Et t'expliquer les divins ca
racteres
qui font enclos au livre des
myfteres.
GALANT . 261
Ces mots finis le vieillard
s'arrefta
Puis fe fignant quelques
mots marmota ,
En feüillerant fon grand
antiphonaire
Ou par comment & glofe
interlinaire
Se touche au doigt & fe
montre éclairci
Tout l'avenir , lors , pour
fuivit ainsi ,
Ce brave Roy de qui l'ar
dente efpée
Au fang Germain tant de
fois fut trempée
262 MERCURE
De fes hauts faits le monde
récreant ,
Ufurpateurs eut mis tous à
néant
Si d'Atropos la colere felone
N'uft d'Albion renversé la
Colonne
Ah male- mort ! tes larroneffes
mains
Nous ont tollu le plus grand
des humains
Et rien n'y font ceux -là
dont le bon zele
Dans les hauts Cieux comme
Enoch le récele
Doit quelque jour à les oüir
GALANT . 263
narrer
H reviendra fon pays bien
heurer
;
Tous ces rebus d'antiques
propheties
Ne font qu'amas de vieilles
faceties ,
Dont le droit fens &
myftere caché
Eft fans emblême en ce li
vre epluché.
De ce bon Roy l'heroïque.
lignée
Au fond des bois reduite.
& confignée
Donna long- tems aux fi
264 MERCURE
deles Gallois
Chefs Souverains & magnanimes
Rois ,
Tant qu'une Soeur de ces
genereux
Princes
Dont le Germain
detenoit
les Provinces
Le Grand Walter en fes
Alancs enfánta
Qui leur vrai fang chez les
Pictes porta
,
Icy d'Artus fa tige eſt mipartie
Entre les Rois de l'antique
Scotie
Puis fe rejoint dans le fang
bien-aimé
Du
GALANT . 265:
Du bon Henry le fage furnommé
Qui s'uniffant à la royale
race
Dupreux Walter fçut enfuivre
la trace
Des Rois Bretons , dans la
double union
De l'Albanie au regne d'Albion
;
Or entend moy quoique
maint docte livre
ي ف
Conte qu'un jour Artus
doive revivre ,
Pour le deftin de voſtre Ifle
amenderA
CA
Si ne devés ce difcours re-
Z
Mars
1714.
266 MERCURE
garder
Que comme un type ou
fermon prothetique
Qui vous décrit l'evenement
implique
D'un jeune Roy de fon
fang defcendu
Qui par juftice à fon peuple
rendu ,
Doit extirper difcordes inteftines
Guerre ; debats , fcandales ,
& rapines ,
Si que pourrés par lui re-
9 voir encor
En Albion triompher l'âge
d'or
GALANT. 267
Et retourner profperité richeffe
Dilection , paix , amour &
lieffe .
Il de nos bords en naiſſant
diſparu
Terres & Meres dès l'enfance
à couru
Et s'eft appris par épreuve
importune
A fupporter l'une & l'autre
fortune
,
Afin qu'un jour par fon
exemple inftruit
De tout le mal qu'impieté
produit
Juftice & droit à tous il
Zij
168 MERCURE
fache rendre
Aider le foible & l'opprimé
deffendre ,
La noble Fée & le fage
Devin
Qui de ce Prince ont par
vouloir divin
J'ufqu'à ce jour regi la
deftinée
Ja des long- tems fa nail
fance ont ornée
L'une des dons qui le Corps
font chérir
L'autre de ceux qui font
l'ame fleurir
Tant qu'à le voir on ne
peut prefque dire
GALANT 269
Lequel en lui plus de tendreffe
infpire ,
Grace ou vertu ne qui
reüffit mieux
A l'admirer ou le coeur ou
les yeux
.
Déja le Dieu qui les combats
décide
De prés a vû comment ce
jeune Alcide
Sçait manier javelines &
dards
Ecus , haubergs , lances &
braquemars
Et méprifer dans le Champ
de Batailles
Z iij
270 MERCURE
Repos oififs , perils & funerailles
Dont aisément fe peut
imaginer
Comme en fon tems il
Laura gouverner
Ses ennemis , fi quelqu'un
s'en efcrime
Non pas les fiens ; car fon
coeur magnanime
Ne connoiftra pour fes
vrais ennemis
Que ceux du peuple en fa
garde remis
Auffi dans peu ce peu ple
refractaire
GALANT . 271
Reparera fa coulpe involontaire
Et pour bien toft faction
enterrer
Ce jeune Roy n'aura qu'à
ſe montrer ;
Car quel efprit tant foit - il
intraitable
Et fors iffu de manoir delectable
D'entendement , pourroit à
fon aſpect
N'eftre fajfi d'amour & de
respect ,
Eftil Lyon , Tigre ou Serpent
d'Affrique
Qui contemplant le regard
272 MERCURE
heroyque
Le noble éclat de fa douce
fierté
Qui fur ce front rempli de
Majefté
Marque fi bien ce qu'il eft ,
& doit eftre
Ne s'amollit , & reconnut
fon maiſtre
Partant croyés que contre
fes regards
Point ne tiendront les gen
tils Leopards
>
Tous feront bons tous
feront beaux & fages
GALANT . 173
Antiques
moeurs
il reffufci
tera
Gloire & vertu triompher
il fera ,
Que dirai je plus , il ferme
ra le Temple
Du vieux Janus , pour eſtre
à fon exemple
Des bons l'amour
& des
méchans
Feffroy
Finalement
ce legitime
Roy
Fera par tout fleurir paix
& juſtice
Juftice & paix , meres de
tout délice ,
Sans qui richeſſe , honneur
274 MERCURE
profperité
Fait plus de mal que
& pauvreté.
honte
Alors banquets & feltins
domeſtiques
Dances , chanfons , & pe
nices ruftiques ,
Tournois , Behours
tous autres ébats
>
&
Retournent
francs de
noifes & débats ,
Et durera cette joye eftablie
En Albion jufqu'au retour
d'Elic ;
O de tous biens principe &
fondement
GALANT. 275
O Lots en terre & non
point autrement ,
Repos , douceur , allegref
fe , innocence
Deduit , foulas , defir , &
joüiffance
Levés vos coeurs & tendés
vos efprits
Peuples heureux à ſes ordres
preſcrits
Par le vouloir de la Fée
immortelle
Qui vos deftins a pris en fa
tutelle
A tant fe tut le vieillard
nompareil
Lors s'inclina le Chevalier
276 MERCURE
vermeil ,
Qui méditant en extafe
profonde
Le grand Oracle , & myſ
tere où le fonde
Tout gentil coeur ami de
fon devoir
Fut transferé par magique
pouvoir
Dans le Palais de la haute
Pairie
Palais ou git tout l'art de
faërie
Comme celuy qui fait par
fa fplendeur
De toute l'lfle admirer la
grandeur ,.
GALANT . 277
Mais qui pourtant quoy
qu'il joigne & raffemble
De ce Climâ : tous les Sages
enſemble
Si ne reluit , & n'a d'éclat
en foy
Que par le Trofne & les
yeux de fon Roy,
DE SALISBURY.
ALLEGORIE.
CEtte Ille noble antique
renommée ,
Qui de Neptune à tel point
fut aimée
Qu'un de fes Fils voulut s'y
renfermer ,
Et de fon nom , Albion la
nommer.
Mainte merveille en fon
fein fait reluire
Qu'en ces vers - cy je ne
pretend
GALANT. 241
pretend déduire
Par le menus les Chroni
queurs paffés
En leurs recueils le deduifent
affez ;
Pour le prefent fuffit d'en
citer une
Sans plus , mais qui peut
mieux
qu'aucune ;
Paffer pour rare & que je
garentis
Sur le rapport de ces recuëils
gentils ;
Ge font ces Rocs autre
ment gons de pierre
Qu'on voir femez en cette
noble terre
Mars
1714.
!
X
242 MERCURE
Tout au travers d'un
champ vert & fleury
Que gens du lieu nomment
Saliſbury , ci să
Et que Merlin jadis par
fon genie
Fit transporter des mar
ches d'Ibernie ,
Car tels Rochers ne fcauroient
bonnement
Se trouver la fors par ensachantement.
of C
Orifmoterés qu'entre ces
roches nües , ⠀
Quia pars magie en ces
lieux font venuës
X
GALANT 243
S'en trouvent fept , trois
de
chacune part
Une au deffus , le tout fait
popar tel art
Qu'il
reprefente une porte
effective ,
Porte vraïment bien faite
& bien naïve
Mais c'eft le tout , car qui
voudroit y voir i
Tours & Châtels , doit
Cailleurs fe pourvoir ,
Et ne fçait-on encor pour
Do quel office
Ce haut Portail eft là fans
médifice.
Mais ces fecrets arcanes
X ij]
244 MERCURE
& facrés
Ja ne font faits pour eftre
penetrés ,
Fors de ceux- là que
lance autorife ,
vail-
A pour chaffer vertueufe
entrepriſe
L'Epée au poing , fendant
juſqu'au talons ..
Traitres , Geans , Endriaques
felons
Tant que pareux foit mis
hors de fervage ,
Quelque Empereur ou Roy
de franc lignage ,
Entre ceux- là eftoit prifé
jadis ,
GALANT 245
Agefilan , Florifel , Amadis
,
Et maints encor de qui
Dieu
par fa grace
Jufques à nous a conſervé
la
race ,
Temoin celuy que je vas
publier ,
Sage entre tous , & difcret
Chevalier
Qui merita par fa force invincible
D'eftre introduit dans la
grote invifible ;
Si le tient-on iffu felon la
chair
De Palmerin le Chevalier
X iij
246 MERCURE
fans Pair ,
Iceluy preux vers les roches
décrites
Alloit chantant les vertus
& merites ,
Du Prince Artus , des bons
tant regretté ,
Et recitoit fur fon Luth
argenté
Celui plaintif. O Rives
Britanniques !
O Roy dompteur des Saxons
tyraniques
Si comme on dit par don
furnaturels
Tu dois revoir ce monde
temporel ,
GALANT. 247
Et revenir chaffer hors de
nos terres
Rebellions , debats , troubles
& Guerres .
Que tardes- tu viens revoir
ton Palais
viens de prifon tirer la
douce paix ,
Qui t'as helas ! defolée &
chetive
Chez faction languit tousjours
plaintive.
Ainfi chantoit le Chevalier
dolentejust
Lors fur lui fembla, qu'une
voix l'appellant
X iiij
248 MERCURE
Par fon vrai nom lui parla
de la forte ,
Si les efprits qui gardent
cette porte
En paroiffant n'effarou
chent
tes yeux
,
Tu peux entrer , le Pala
din joyeux
A qui frayeur n'entra ja
mais dans l'ame ,
Prend fon Ecu , fe commande
à ſa Dame
Approche , arrive , & Demons
de hurler
De tempefter , crier fiffler,
voler
,
Mais pour néant car fans
GALANT . 249
merite ni doute
Le Champion pourſuit toujours
fa route
Si qu'euffiez vû tous ces
diables cadets
Larves , Lutins , Lemures,
farfaders
Spectres volans , Tene
brions , Genies ,
En moins de rien ceffer
leurs lytanies ,
& s'éclipfer à tout leur cas
rillon
Comme étourneaux devant
l'émerillon :
Eux départis , ô merveille
imprevuë !
50 MERCURE
2 La terre s'ouvre & ne s'of
fre à la vûë
Qu'un antre noir
mé caverneux ,
en
fu
Ou d'un Bandon l'éclat
fuligineux
Semble éclairer par fes
lueurs funebres
L'affreux manoir du Prince
des Tenebres ;
A la clarté du flambeau
ftygial
Par cent degrés le Che-
> valier loyal
Defcend au creux de la
fpelunque obfcure ..
Et trouve enfin pour l'hif
1
GALANT. __258
toire conclure ,
Un huis fermé qui s'ouvre
fur l'inftant
Et lúi decouvre un Palais
éclatant ;
Palais , non pas ? mais gro
te emerveillable
Tel que l'oeil ne voit onc
de femblable ,
Et que jamais fage n'ob
tint pour don
Telle demeure , hormis
Apollidon.
Car c'eft Illec que la troupe
de Gnomes
Dòminateurs des terref
trés royaumes
252 MERCURE
A raffemblé
pour
prince honorer
leur
Tout ce qui peut fon féjour
decorer ,
Ambre Corail , yvoire ;
marguerites ,
Perles , faphirs , hyacintes ,
Chrifolites
Riches métaux , bronze
Corinthien ,,
Jaſpe , porphire , & marbre
Phrygien ,
Sans oublier mainte belle
efcarboucle
Et
diamans
proprement
mis en boucle
Tout à l'entour , de qui
GALANT.
253
l'éclat riant
Pâlir feroit le Soleil d'Orient.
Or entendes qu'en ce lieu
de lumiere
Où l'art encore ſurpaſſe
la matiere
Brille fur tant de rubis
eftoilé
Un fiége d'or finement
cizelé ,
Ou repofoit le tres noble
Prophete
Qui cette Grote a choifi
pour retraite
Et fut jadis fous le Roy
254 MERCURE
Pendragon
Des Enchanteurs clame le
Bien
Parangon ,
paroiffoit iceluy
grand prud- homme ,
Prince de ceux que fage on
renomme
Tant à le voir fembloit
homme de biens
Vieillard honneſte & de
noble maintien ,
Si qu'eux, voyans feulealment
fon viſager 20
Euffent pour chef accepté
cettuy fage ,
Qui tout a l'heure en fon
féant dreffé VA
GALANT . 255
Ayant trois fois eternué
touffé ,
Les yeux luifans comme
12 deux Girandoles
Au Damoifel addreffa fes
paroles.
Je fuis Merlin qu'en vulpingaire
fermon
0: 0
Vos
vieuxconteurs pre
chent né du
démon ,
Attribuant par
malice grof
-1997
fiere
L'extraction des enfans de
lumiere ,
A la vertu de cet efprit
In enam vilain
Qui de l'Enfer fut créé
ม
256 MERCURE
Châtelain ,
J'ay visité la haut vos Colonies
,
Suivant les us de nous autres
Genies ,
Er fut long -tems Prophete
en Albion
Dont je plorai l'inique
oppreflion ,
Quand Vortiger dans le
fein Britanique
Eut attiré le ferpent Germanique
,
O mon païs ! ô peuples redoutés.
Deffiés -vous de ferpens allaités
.
Aux
GALANT. 257
Aux bords Germains , fuïés
leur
parentage,
Car c'eft d'iceux qu'eft né
vôtre éclavage ;
Je difparus dans ce conflict
amer 霉
Et par mon art tranſporté
d'outre mer
Ces hauts rochers qui fervent
de barriere ,
A cette grotte où bornant
ma carriere ,
Demogorgon
nôtre Roy
fouverain
,
Me fit ſeigneur du peuple
foûterrain.
C'eſt cette gent , dont l'eſ,
Mars 1714. Y
238 MERCURE
prit tutelaire
Va parcourant vôtre mon--
de populaire : -
Où je l'envoye en invifibles
corps ,
Examiner les troubles &
difcors ,
Qui , par l'engin du pere
de l'impofture,
Vont affligéant l'humaine
créature.
Par eux à donc m'ont efté
raportés.
Tous vos débats , maux &
calamités :
Qui par revolte & rufes infernales
,
GALANT 252
Ont affolé vos Provinces
natales .
Si que la Paix onques n'y
peut meurir ,
Tant qu'y verrés iniquités
Aleurir ,
Car ne croyés pouvoir par
smot vartifices
Paix rétablir fans l'aide de
juſtice ,
Par qui d'abord détruire
100% vous convient ,
L'enchantement ou fraude
2 la détient ,
Fraude fans qui rebelle féabpillonie
o
N'ût engendré fuperbe ty-
Y ij
260 MERCURE
rannie :
Et faction mere de tous les
maux ,
Qui font fortis des palais
infernaux ;
Or puis qu'en toy n'eft encore
effacée
La fouvenance & memoire
paffée
Du Prince Artus lá merveille
des Rois .
Je veux du fort t'interpreter
les loix ,
Et t'expliquer les divins ca
racteres
qui font enclos au livre des
myfteres.
GALANT . 261
Ces mots finis le vieillard
s'arrefta
Puis fe fignant quelques
mots marmota ,
En feüillerant fon grand
antiphonaire
Ou par comment & glofe
interlinaire
Se touche au doigt & fe
montre éclairci
Tout l'avenir , lors , pour
fuivit ainsi ,
Ce brave Roy de qui l'ar
dente efpée
Au fang Germain tant de
fois fut trempée
262 MERCURE
De fes hauts faits le monde
récreant ,
Ufurpateurs eut mis tous à
néant
Si d'Atropos la colere felone
N'uft d'Albion renversé la
Colonne
Ah male- mort ! tes larroneffes
mains
Nous ont tollu le plus grand
des humains
Et rien n'y font ceux -là
dont le bon zele
Dans les hauts Cieux comme
Enoch le récele
Doit quelque jour à les oüir
GALANT . 263
narrer
H reviendra fon pays bien
heurer
;
Tous ces rebus d'antiques
propheties
Ne font qu'amas de vieilles
faceties ,
Dont le droit fens &
myftere caché
Eft fans emblême en ce li
vre epluché.
De ce bon Roy l'heroïque.
lignée
Au fond des bois reduite.
& confignée
Donna long- tems aux fi
264 MERCURE
deles Gallois
Chefs Souverains & magnanimes
Rois ,
Tant qu'une Soeur de ces
genereux
Princes
Dont le Germain
detenoit
les Provinces
Le Grand Walter en fes
Alancs enfánta
Qui leur vrai fang chez les
Pictes porta
,
Icy d'Artus fa tige eſt mipartie
Entre les Rois de l'antique
Scotie
Puis fe rejoint dans le fang
bien-aimé
Du
GALANT . 265:
Du bon Henry le fage furnommé
Qui s'uniffant à la royale
race
Dupreux Walter fçut enfuivre
la trace
Des Rois Bretons , dans la
double union
De l'Albanie au regne d'Albion
;
Or entend moy quoique
maint docte livre
ي ف
Conte qu'un jour Artus
doive revivre ,
Pour le deftin de voſtre Ifle
amenderA
CA
Si ne devés ce difcours re-
Z
Mars
1714.
266 MERCURE
garder
Que comme un type ou
fermon prothetique
Qui vous décrit l'evenement
implique
D'un jeune Roy de fon
fang defcendu
Qui par juftice à fon peuple
rendu ,
Doit extirper difcordes inteftines
Guerre ; debats , fcandales ,
& rapines ,
Si que pourrés par lui re-
9 voir encor
En Albion triompher l'âge
d'or
GALANT. 267
Et retourner profperité richeffe
Dilection , paix , amour &
lieffe .
Il de nos bords en naiſſant
diſparu
Terres & Meres dès l'enfance
à couru
Et s'eft appris par épreuve
importune
A fupporter l'une & l'autre
fortune
,
Afin qu'un jour par fon
exemple inftruit
De tout le mal qu'impieté
produit
Juftice & droit à tous il
Zij
168 MERCURE
fache rendre
Aider le foible & l'opprimé
deffendre ,
La noble Fée & le fage
Devin
Qui de ce Prince ont par
vouloir divin
J'ufqu'à ce jour regi la
deftinée
Ja des long- tems fa nail
fance ont ornée
L'une des dons qui le Corps
font chérir
L'autre de ceux qui font
l'ame fleurir
Tant qu'à le voir on ne
peut prefque dire
GALANT 269
Lequel en lui plus de tendreffe
infpire ,
Grace ou vertu ne qui
reüffit mieux
A l'admirer ou le coeur ou
les yeux
.
Déja le Dieu qui les combats
décide
De prés a vû comment ce
jeune Alcide
Sçait manier javelines &
dards
Ecus , haubergs , lances &
braquemars
Et méprifer dans le Champ
de Batailles
Z iij
270 MERCURE
Repos oififs , perils & funerailles
Dont aisément fe peut
imaginer
Comme en fon tems il
Laura gouverner
Ses ennemis , fi quelqu'un
s'en efcrime
Non pas les fiens ; car fon
coeur magnanime
Ne connoiftra pour fes
vrais ennemis
Que ceux du peuple en fa
garde remis
Auffi dans peu ce peu ple
refractaire
GALANT . 271
Reparera fa coulpe involontaire
Et pour bien toft faction
enterrer
Ce jeune Roy n'aura qu'à
ſe montrer ;
Car quel efprit tant foit - il
intraitable
Et fors iffu de manoir delectable
D'entendement , pourroit à
fon aſpect
N'eftre fajfi d'amour & de
respect ,
Eftil Lyon , Tigre ou Serpent
d'Affrique
Qui contemplant le regard
272 MERCURE
heroyque
Le noble éclat de fa douce
fierté
Qui fur ce front rempli de
Majefté
Marque fi bien ce qu'il eft ,
& doit eftre
Ne s'amollit , & reconnut
fon maiſtre
Partant croyés que contre
fes regards
Point ne tiendront les gen
tils Leopards
>
Tous feront bons tous
feront beaux & fages
GALANT . 173
Antiques
moeurs
il reffufci
tera
Gloire & vertu triompher
il fera ,
Que dirai je plus , il ferme
ra le Temple
Du vieux Janus , pour eſtre
à fon exemple
Des bons l'amour
& des
méchans
Feffroy
Finalement
ce legitime
Roy
Fera par tout fleurir paix
& juſtice
Juftice & paix , meres de
tout délice ,
Sans qui richeſſe , honneur
274 MERCURE
profperité
Fait plus de mal que
& pauvreté.
honte
Alors banquets & feltins
domeſtiques
Dances , chanfons , & pe
nices ruftiques ,
Tournois , Behours
tous autres ébats
>
&
Retournent
francs de
noifes & débats ,
Et durera cette joye eftablie
En Albion jufqu'au retour
d'Elic ;
O de tous biens principe &
fondement
GALANT. 275
O Lots en terre & non
point autrement ,
Repos , douceur , allegref
fe , innocence
Deduit , foulas , defir , &
joüiffance
Levés vos coeurs & tendés
vos efprits
Peuples heureux à ſes ordres
preſcrits
Par le vouloir de la Fée
immortelle
Qui vos deftins a pris en fa
tutelle
A tant fe tut le vieillard
nompareil
Lors s'inclina le Chevalier
276 MERCURE
vermeil ,
Qui méditant en extafe
profonde
Le grand Oracle , & myſ
tere où le fonde
Tout gentil coeur ami de
fon devoir
Fut transferé par magique
pouvoir
Dans le Palais de la haute
Pairie
Palais ou git tout l'art de
faërie
Comme celuy qui fait par
fa fplendeur
De toute l'lfle admirer la
grandeur ,.
GALANT . 277
Mais qui pourtant quoy
qu'il joigne & raffemble
De ce Climâ : tous les Sages
enſemble
Si ne reluit , & n'a d'éclat
en foy
Que par le Trofne & les
yeux de fon Roy,
Fermer
Résumé : LES ROCHES DE SALISBURY. ALLEGORIE.
Le texte décrit les Roches de Salisbury, une île antique et noble, aimée par Neptune et nommée Albion par l'un de ses fils. Cette île est célèbre pour ses merveilles, notamment des rochers transportés par Merlin depuis les marches d'Ibernie. Ces rochers forment une porte mystérieuse dans un champ vert et fleuri près de Salisbury, gardée par des esprits et des démons. Seule une personne vertueuse et autorisée peut franchir cette porte. Un chevalier nommé Palmerin se rend à ces rochers et chante les vertus du prince Arthur. Une voix l'invite à entrer, et il découvre une grotte éclairée par un flambeau funèbre menant à un palais éblouissant décoré de pierres précieuses et de métaux rares. Dans ce palais repose Merlin, le prophète. Merlin explique qu'il a été prophète en Albion et a transporté les rochers pour protéger l'île. Il révèle également que l'île est affligée par des troubles et des révoltes, et que seule la justice peut rétablir la paix. Merlin prophétise le retour d'un jeune roi de la lignée d'Arthur, qui apportera justice et paix en Albion. Ce roi, élevé par une fée et un devin, est destiné à gouverner avec sagesse et à triompher de ses ennemis. Son règne verra le retour de la prospérité, de la paix et de l'amour. Après cette révélation, Merlin se tait, et le chevalier est transporté dans le palais de la haute pairie, où il contemple l'art de la féerie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3886
p. 277-284
ARTICLE des Nouvelles.
Début :
On escrit de Livourne du 20. Fevrier qu'il y estoit [...]
Mots clefs :
Livourne, Roi Stanislas, Bruxelles, Tempêtes, Orages, La Haye, Constantinople
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARTICLE des Nouvelles.
ARTICLE
des Nouvelles.
ON efcrit de Livourne
du zo . Fevrier qu'il y eftoit
arrivé le 19. un baſtiment
Anglois venant de
Palerme , qui à rapporté
278 MERCURE
que le Roy de Sicile en
eftoit parti pour aller à
Meffine où on avoit fait de
grands préparatifs pour le
recevoir
publier une amniſtie generale
pour tous les criminels,
qui fe trouvoient dans les
prifons du Royaume meſme
pour crimes d'Eſtat
& que dans la Calabre il
y avoit eu des orages terribles
de vents de pluyes de
greles & de tonnerre , dont
plufieurs perfonnes ont eſté
efcrafées.
qu'il avoit fait
Les Orages n'ont pas
GALANT. 279-
efté moins fréquents dans
nos Mers , & un Corſaire
de Tunis avec deux Jayques
Turcs en ont eſté
fubmergés dans le Canal
de Malte , avec tous les
Equipages.
A Bruxelles le 10. Mars .
La Marche des Troupes
de Pruffe vers Dieft , inquiette
beaucoup
noftre
Regence , dans
l'apprehenfion
qu'elles ne s'emarent
de ce pofte , elles
ont auffi entrées dans les
280 MERCURE
Eftats de Limbourg , les
vents impetueux , qui ont
regnés pendant quelques
jours , ont caufés de grands
dommages dans le Brabant
, & beaucoup de nauf
la
frage fur mer , on apprend
mefme d'Oftende , que
toute la baffe - Ville en a
efté fubmergée , & que
cofte à eſté vûë couverte
de cadavres & de débris de
Vaiffeaux .
Les tempeftes ont efté
auffi tres - fréquentes dans
le Nord , & ont faits périr
dans la mer Baltique plufieurs
GALANT. 281
fieurs baftimens , entre autre
un Danois qui revenoit
des Indes richement chargé
, & dont il ne s'eft fauvé
que deux Matelots .
On efcrit de la Haye du
11. Mars , que les Plenipotentiaires
d'Efpagne ef
toient retournés à Utrecht
avec le Comte de Strasfort
pour mettre la derniere .
main au Traitté de Paix .
avec le Roy de Portugal
& les Eftats Generaux.
ces
On
affure
que
Plenipotentiaires
ont reçû
ordre
de s'en
revenir
fi
A a
Mars
1714.
282
MERCURE
dans ce mois les Hollan
dois ne font point leur
paix.
Ce 17. Mars 1714. Mr.
des Alleures Ambaffadeur
du Roy à Conftantinople
efcrit du premier du mois
paffé , que les Turcs nonobftant
l'accomodement
qu'ils avoient faits avec les
Mofcovites , continuoient à
lever des troupes , & à faire
faire de gros magazins de
vivres & munitions de guerre,
que les troupes, qui marchoient
en Afie avoient
efté contremandées fur
GALANT. 283
l'avis qu'on a eu que les
troubles y eftoient appailes
par la deffaite entière des
mutins , qu'il ſe faifoit dans
l'Archipel un gros armement
naval , lequel devoit
eftre preft pour le mois de
May , qu'il feroit compoſé
de 32 Sultanes de 20. Galleaffes
& d'autant de Gallères
, lequel armement
feroit commandé par le
Capitan Bacha , & qu'il y
avoit apparence que le Roi
de Suede s'embarqueroit
au Printemps à Theffalonique
pour retourner par
A a 11
284 MERCURE
mer dans fes Eftats avec
le Roy Stanillas.
des Nouvelles.
ON efcrit de Livourne
du zo . Fevrier qu'il y eftoit
arrivé le 19. un baſtiment
Anglois venant de
Palerme , qui à rapporté
278 MERCURE
que le Roy de Sicile en
eftoit parti pour aller à
Meffine où on avoit fait de
grands préparatifs pour le
recevoir
publier une amniſtie generale
pour tous les criminels,
qui fe trouvoient dans les
prifons du Royaume meſme
pour crimes d'Eſtat
& que dans la Calabre il
y avoit eu des orages terribles
de vents de pluyes de
greles & de tonnerre , dont
plufieurs perfonnes ont eſté
efcrafées.
qu'il avoit fait
Les Orages n'ont pas
GALANT. 279-
efté moins fréquents dans
nos Mers , & un Corſaire
de Tunis avec deux Jayques
Turcs en ont eſté
fubmergés dans le Canal
de Malte , avec tous les
Equipages.
A Bruxelles le 10. Mars .
La Marche des Troupes
de Pruffe vers Dieft , inquiette
beaucoup
noftre
Regence , dans
l'apprehenfion
qu'elles ne s'emarent
de ce pofte , elles
ont auffi entrées dans les
280 MERCURE
Eftats de Limbourg , les
vents impetueux , qui ont
regnés pendant quelques
jours , ont caufés de grands
dommages dans le Brabant
, & beaucoup de nauf
la
frage fur mer , on apprend
mefme d'Oftende , que
toute la baffe - Ville en a
efté fubmergée , & que
cofte à eſté vûë couverte
de cadavres & de débris de
Vaiffeaux .
Les tempeftes ont efté
auffi tres - fréquentes dans
le Nord , & ont faits périr
dans la mer Baltique plufieurs
GALANT. 281
fieurs baftimens , entre autre
un Danois qui revenoit
des Indes richement chargé
, & dont il ne s'eft fauvé
que deux Matelots .
On efcrit de la Haye du
11. Mars , que les Plenipotentiaires
d'Efpagne ef
toient retournés à Utrecht
avec le Comte de Strasfort
pour mettre la derniere .
main au Traitté de Paix .
avec le Roy de Portugal
& les Eftats Generaux.
ces
On
affure
que
Plenipotentiaires
ont reçû
ordre
de s'en
revenir
fi
A a
Mars
1714.
282
MERCURE
dans ce mois les Hollan
dois ne font point leur
paix.
Ce 17. Mars 1714. Mr.
des Alleures Ambaffadeur
du Roy à Conftantinople
efcrit du premier du mois
paffé , que les Turcs nonobftant
l'accomodement
qu'ils avoient faits avec les
Mofcovites , continuoient à
lever des troupes , & à faire
faire de gros magazins de
vivres & munitions de guerre,
que les troupes, qui marchoient
en Afie avoient
efté contremandées fur
GALANT. 283
l'avis qu'on a eu que les
troubles y eftoient appailes
par la deffaite entière des
mutins , qu'il ſe faifoit dans
l'Archipel un gros armement
naval , lequel devoit
eftre preft pour le mois de
May , qu'il feroit compoſé
de 32 Sultanes de 20. Galleaffes
& d'autant de Gallères
, lequel armement
feroit commandé par le
Capitan Bacha , & qu'il y
avoit apparence que le Roi
de Suede s'embarqueroit
au Printemps à Theffalonique
pour retourner par
A a 11
284 MERCURE
mer dans fes Eftats avec
le Roy Stanillas.
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Résumé : ARTICLE des Nouvelles.
En février et mars 1714, plusieurs événements marquants ont été rapportés. À Livourne, un navire anglais a signalé que le roi de Sicile s'était rendu à Messine, où des préparatifs importants avaient été faits pour son accueil. Une amnistie générale a été proclamée pour les criminels, y compris ceux incarcérés pour crimes d'État. En Calabre, des orages violents ont causé plusieurs victimes, et des tempêtes ont submergé un corsaire de Tunis et deux navires turcs dans le canal de Malte. À Bruxelles, l'avancée des troupes prussiennes vers Diest inquiète la régence, qui craint une occupation de cette position stratégique. Des vents impétueux ont causé des dommages importants au Brabant, submergeant une partie de la ville d'Ostende. Dans la mer Baltique, plusieurs navires ont péri, dont un bateau danois revenant des Indes. À La Haye, les plénipotentiaires espagnols sont retournés à Utrecht avec le comte de Strasfort pour finaliser un traité de paix avec le roi du Portugal et les États généraux. Cependant, il est assuré que les Hollandais ne signeront pas la paix ce mois-ci. À Constantinople, l'ambassadeur du roi rapporte que les Turcs continuent de lever des troupes et de stocker des vivres et des munitions malgré un accord avec les Moscovites. Des troubles en Asie ont été apaisés par la défaite des mutins, et un important armement naval est en préparation dans l'Archipel, commandé par le Capitan Bacha. Le roi de Suède pourrait s'embarquer au printemps pour retourner dans ses États via la mer, accompagné du roi Stanillas.
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3887
p. 284
TABLE.
Début :
Trait d'Histoire Arabe. 3 Article des Enigmes, 16. [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TABLE.
TABLE
16 .
en
TRait d'Hiftoire Arabe. 3
Article des
Enigmes ,
A Mademoiſelle
de ***
lui donnant une copie de l'art
d'aimer faitefur la fienne ,
que l'on a gardé par Mon-
THEQUE
LYON
Four Michel ,
Amour poëte ,
25.
32-
Harangue de la Reine d'An-
BIBLIO
TABLE
.
gleterre àfon Parlement
, 45.
Morts , 35.
Extrait d'une Lettre de Gironne
,.
68.
Remarque
fur l'eau de la pluye,
& fur l'origine
des Fontaines
; avec quelques parti ›
cularitez fur la conftruction
des Citernes , 73
Mort de la Reine d'Eſpag. 135.
Estampes,
145
Nouvelles , ISI.
Livre nouveau ,
169
Le
mary
malade 172.
Enigme ,
179.
Articles de Paix , 182.
Relation de Catalogne , 185.
TABLE.
•Hiftoriette ,
Relation d'Espagne ,
193.
220 .
Les Roches de Salisbury , 240 .
Article des Nouvelles , 277.
FIN.
16 .
en
TRait d'Hiftoire Arabe. 3
Article des
Enigmes ,
A Mademoiſelle
de ***
lui donnant une copie de l'art
d'aimer faitefur la fienne ,
que l'on a gardé par Mon-
THEQUE
LYON
Four Michel ,
Amour poëte ,
25.
32-
Harangue de la Reine d'An-
BIBLIO
TABLE
.
gleterre àfon Parlement
, 45.
Morts , 35.
Extrait d'une Lettre de Gironne
,.
68.
Remarque
fur l'eau de la pluye,
& fur l'origine
des Fontaines
; avec quelques parti ›
cularitez fur la conftruction
des Citernes , 73
Mort de la Reine d'Eſpag. 135.
Estampes,
145
Nouvelles , ISI.
Livre nouveau ,
169
Le
mary
malade 172.
Enigme ,
179.
Articles de Paix , 182.
Relation de Catalogne , 185.
TABLE.
•Hiftoriette ,
Relation d'Espagne ,
193.
220 .
Les Roches de Salisbury , 240 .
Article des Nouvelles , 277.
FIN.
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Résumé : TABLE.
La table des matières d'un ouvrage historique inclut des articles sur l'histoire arabe, des énigmes, une harangue de la reine d'Angleterre, des remarques sur l'eau de pluie et les citernes, la mort de la reine d'Espagne, des estampes, des nouvelles, des articles de paix, des relations de Catalogne et d'Espagne, et les roches de Salisbury.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3888
p. 3-79
AVANTURE nouvelle.
Début :
Un jeune Comte, d'une des meilleures Maisons du Royaume, [...]
Mots clefs :
Comte, Marquise , Conseiller, Amant, Coeur, Mari, Passion, Amour, Reproches, Monde, Liberté, Parti, Italien, Maîtresse, Caractère, Charmes, Mérite, Prétexte, Heureux, Colère, Jeu, Espérer, Nouvelles, Lettre, Campagne, Faveur, Commerce, Fidélité, Femmes, Raison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVANTURE nouvelle.
AVANTUR
nouvelle.
U
LYON
N jeune Comte ,
d'une des meilleures
Maifons
du Royaume , s'étant
nouvellement établi das
Avril 1714. A ij
4 MERCURE
un quartier où le jeu &
la galanterie regnoient
également , fut obligé
d'y prendre parti comme
les autres ; & parce
que fon coeur avoit des
engagemens ailleurs , il
fe declara pour le jeu ,
comme pour fa paffion
dominante mais le peu
d'empreffement qu'il y
avoit , faifoit affez voir
qu'il fe contraignoit , &
l'on jugea que c'étoir un
homme qui ne s'attaGALANT
.
S
choit à rien , & qui dans
la neceffité de choiſir
avoit encore mieux aimé
cet amuſement, que
de dire à quelque belle
ce qu'il ne fentoit pas .
Un jour une troupe de
jeunes Dames qui ne
joüoient point , l'entreprit
fur fon humeur indifferente.
Il s'en défendit
le mieux qu'il put ,
alleguant fon peu de
merite , & le peu d'ef
perance qu'il auroit d'ê-
A iij
6 MERCURE
tre heureux en amour :
mais on lui dit que
quand il fe connoîtroit
affez mal pour avoir une
fi méchante opinion de
lui - même , cette raiſon
feroit foible contre la
vûë d'une belle perfonne
; & là - deffus on le
menaça des charmes d'u
ne jeune Marquife , qui
demeuroit dans le voifinage
, & qu'on attendoit.
Il ne manqua pas de leur
repartir qu'elles-mêmes
GALANT.
7.
ne fe connoiffoient point
affez , & que s'il pouvoit
échaper au peril où il
fe trouvoit alors , il ne
devoit plus rien craindre
pour fon coeur . Pour
réponse à fa galanterie ,
elles lui montrerent la
Dame dont il étoit queftion
, qui entroit dans
ce moment . Nous parlions
de vous , Madame ,
lui dirent - elles en l'appercevant
. Voici un indifferent
que nous vous
A iiij
8 MERCURE
donnons à convertir :
Vous y êtes engagée
d'honneur ; car il femble
yous défier auffi - bien
que nous. La Dame &
le jeune Comte ſe reconnurent
, pour s'être
vûs quelquefois à la campagne
chez une de leurs
amies . Elle étoit fort convaincuë
qu'il ne meritoit
rien moins que le
reproche qu'on luy faifoit
, & il n'étoit que
trop ſenſible à ſon gré :
GALANT. 9
mais elle avoit les raifons
pour feindre de croire
ce qu'on lui difoit.
C'étoit une occafion de
commerce avec un homme
, fur lequel depuis
long - temps elle avoit
fait des deffeins qu'elle
n'avoit pû executer . Elle
lui trouvoit de l'efprit
& de l'enjouement , &
elle avoit hazardé des
complaisāces pour beaucoup
de gens qui afſurément
ne le valoient
to MERCURE
pas : mais fon plus grand
merite étoit l'opinion
qu'elle avoit qu'il fût aimé
d'une jeune Demoifelle
qu'elle haïffoit , &
dont elle vouloit fe vanger.
Elle prit donc fans
balancer le parti qu'on
lui offroit ; & aprés lui
avoit dit qu'il faloit qu'-
on ne le crût pas bien
endurci , puis qu'on s'adreffoit
à elle pour le
toucher , elle entreprit
de faire un infidele , fous
GALANT . 11
pretexte de convertir un
indifferent. Le Comte
aimoit paffionsément la
Demoiſelle dont on le
croyoit aimé, & il tenoit
à elle par des
engagemens
fi puiffans
, qu'il
ne craignoit
pas que rien
l'en pût détacher
. Sur
tout il fe croyoit
fort en
fûreté contre les charmes
de la Marquife. Il
la connoiffoit pour une
de ces coquettes de profeffion
qui veulent , à
12 MERCURE
quelque prix que ce ſoit ,
engager tout le monde ,
& qui ne trouvent rien
de plus honteux que de
manquer une conquête .
Il fçavoit encore quedepuis
peu elle avoit un
amant , dont la nouveauté
faifoit le plus grand
merite , & pour qui elle
avoit rompu avec un
autre qu'elle aimoit depuis
long - temps , & à
qui elle avoit des obligations
effentielles . Ces
と
GALANT .
13
connoiffances lui fmbloient
un remede affuré
contre les tentations
les plus preffantes. La
Dame l'avoit affez veu
pour connoître quel étoit
fon éloignement
pour des femmes
de fon
caractere
: mais cela ne
fit que flater fa vanité.
Elle trouva plus de gloire
à triompher
d'un
coeur qui devoit être fi
bien défendu. Elle lui
fit d'abord
des reproches
14 MERCURE
de ne l'eftre pas venu
voir depuis qu'il étoit
dans le quartier , & l'engagea
à reparer fa faute
dés le lendemain . Il
alla chez elle , & s'y fit
introduire par un Confeiller
de fes amis , avec
qui il logcoit , & qui
avoit des liaiſons étroites
avec le mari de la
Marquife, Les honneftetez
qu'elle lui fit l'obligerent
enfuite d'y aller
plufieurs fois fans inGALANT.
15
troducteur ; & à chaque
yifite la Dame mit en
ufage tout ce qu'elle
crut de plus propre à .
l'engager. Elle trouva
d'abord toute la refiftance
qu'elle avoit attendue.
Ses foins , loin .
de faire effet , ne lui attirerent
pas feulement
une parole qui tendît à
une declaration : mais
elle ne defefpera point
pour cela du pouvoir de
fes charmes ; ils l'avoient
16 MERCURE
fervie trop fidelement en
d'autres occafions
, pour
ne lui donner pas lieu
de fe flater d'un pareil
fuccés en celle - ci ; elle
crut mefme remarquer
bientôt qu'elle ne s'étoit
pas trompée. Les vifites
du Comte furent
plus frequentes : elle lui
trouvoit un enjouëment
que l'on n'a point quand
on n'a aucun deffein de
plaire.Mille railleries divertissantes
qu'il faifoit
fur
+
GALANT . 17
für fon nouvel amant ;
le chagrin qu'il témoignoit
quand il ne pouvoit
eftre feul avec elle ;
Fattention qu'il preftoit.
aux moindres chofes
qu'il luy voyoit faire :
tout cela lui parut d'un
augure merveilleux , &
il eft certain que fi elle
n'avoit pas encore le
coeur de ce pretendu indifferent
, elle occupoit.
du moins fon efprit . Ih
alloit plus rarement chez
Avril 1714. B :
18 MERCURE
la Demoiſelle qu'il aimoit
, & quand il étoit
avec elle, il n'avoit point
d'autre foin , que de faire
tomber le difcours fur
la Marquife . Il aimoit
mieux railler d'elle que
de n'en rien dire . Enfin
foit qu'il fût feul , ou
en compagnie , fon idée
ne l'abandonnoit jamais
. Quel dommage ,
difoit - il quelquefois
que le Ciel ait répandu
tant de graces dans une
,
GALANT . 19
coquette ? Faut - il que la
voyant fi aimable , on
ait tant de raiſon de ne
point l'aimer ? Il ne pouvoit
lui pardonner tous
fes charmes ; & plus il
lui en trouvoit , plus il
croyoit la haïr. Il s'oublia
même un foir jufques
à lui reprocher fa
conduite , mais avec une
aigreur qu'elle n'auroit,
pas ofé efperer fitoft. A
quoy bon , lui dit- il ,
Madame , toutes ces oil-
Bij
20 MERCURE
lades & ces manieres étu
diées que chacun regarde
, & dont tant de gens
fe donnent le droit de
parler Ces foins de
chercher à plaire à tout
le monde , ne font pardonnables
qu'à celles à
qui ils tiennent lieu de
beauté . Croyez - moy ,
Madame , quittez des
affectations qui font indignes
de vous. C'étoit
où on l'attendoit . La
Dame étoit trop habile
GALANT. 2ม1
pour ne diftinguer past
les confeils de l'amitié
des reproches de la jaloufie
. Elle lui en marqua
de la reconnoiſſance
, & tâcha enfuite de
lui perfuader que ce qui
paroiffoit coquetterie ,
n'étoit en elle que la
crainte
d'un veritable
attachement ; que du
naturel dont elle fe connoiffoit
, elle ne pourroit
être heureufe dans.
un engagement , parce
22 MERCURE
qu'elle ne ſe verroit jamais
aimée , ni avec la
même fincerité , ni avec
la même delicateſſe dont
elle fouhaiteroit de l'être
, & dont elle fçavoit
bien qu'elle aimeroit .
Enfin elle lui fit an faux
portrait de fon coeur , qui
fut pour lui un veritable
poifon. Il ne pouvoit
croire tout à fait qu'elle
fût fincere : mais il ne
pouvoit s'empefcher de
le fouhaiter. Il cherGALANT.
23
choit des
apparences
ce qu'elle
lui difoit , &
il lui rappelloit
mille actions
qu'il lui avoit vû
faire , afin qu'elle les juſtifiât
; & en effet , fe fervant
du pouvoir qu'elle
commençoit à prendre
fur lui , elle y donna
des couleurs qui diffiperent
une partie de fes
foupçons mais qui
pourtant n'auroient pas
trompé un homme qui
cuft moins fouhaité de
24 MERCURE
l'eftre. Cependant, ajouta-
t- elle d'un air enjoüé ,
je ne veux pas tout à fait
difconvenir d'un défaut
qui peut me donner lieu
de vous avoir quelque
obligation . Vous fçavez
ce que j'ai entrepris pour
vous corriger de celui
qu'on vous reprochoit .
Le peu de fuccés que j'ai
eu ne vous diſpenſe pas
de reconnoître mes bonnes
intentions , & vous
me devez les mefmes
foins.
GALANT. 25
foins . Voyons fi vous ne
ferez pas plus heureux à
fixer une inconftante ,
que je l'ay été à toucher
un infenfible. Cette propofition
, quoique faite
en riant , le fit rentrer en
lui - mefme , & alarma
d'abord fa fidelité . Il vit
qu'elle n'avoit peut - eftre
que trop reüffi dans
fon entrepriſe , & il reconnut
le danger où il
étoit : mais fon penchant
commençant à lui ren-
Avril 1714.
C
26 MERCURE
dre ces reflexions facheuſes
, il tâcha bientôt
à s'en délivrer . Il
penfa avec plaifir que fa
crainte étoit indigne de
lui , & de la perfonne
qu'il aimoit depuis fi
long- temps . Sa delicateffe
alla meſme juſqu'à
fe la reprocher
comme
une infidelité
; & aprés
s'eftre dit à foy- meſme
,
que c'étoit déja eſtre inconftant
que de craindre
de changer , il embraſſa
GALANT . 27
avec joye le parti qu'on
lui offroit . Ce fut un
commerce fort agreable
de part & d'autre. Le
pretexte qu'ils prenoient
rendant leur empreffement
un jeu , ils goutoient
des plaifirs qui
n'étoient troublez d'aucuns
fcrupules. L'Italien
, qu'ils fçavoient tous
deux , étoit l'interprete :
de leurs tendres fentimens.
Ils ne fe voyoient
jamais qu'ils n'euffent à
Cij
28 MERCURE
fe donner un billet en
cette langue ; car pour
plus grande feureté, ils
étoient convenus qu'ils
ne s'enverroient jamais
leurs lettres . Sur - tout
elle lui avoit défendu dé
parler de leur commerce
au Confeiller avec qui
il logcoit , parce qu'il
étoit beaucoup plus des
amis de fon mari que des
fiens , & qu'autrefois ,
fur de moindres apparences,
il lui avoit donné
GALANT . 29
des foupçons d'elle fort
defavantageux . Elle lui
marqua même des heures
où il pouvoit le moins
craindre de les rencontrer
chez elle l'un ou
l'autre , & ils convinrent
de certains fignes d'intelligence
pour les temps
qu'ilsyferoient. Cemyf
tere étoit un nouveau
charme pour le jeune
Comte. La Marquife
prit enfuite des manieres
fiéloignées d'une co-
C
iij
30 MERCURE
quette , qu'elle acheva
bientoft
de le perdre
.
Jufques là elle avoit eu
un de ces caracteres enjoüez
, qui reviennent
quafi à tout le monde ,
mais qui deſeſperent un
amant ; & elle le quitta
pour en prendre un tout
oppofé , fans le lui faire
valoir comme un facri.
fice . Elle écarta fon nouvel
amant , qui étoit un
Cavalier fort bien fait .
Enfin loin d'aimer l'éGALANT.
31
clat , toute fon application
étoit d'empêcher
qu'on ne s'apperçût de
l'attachement que le
Comte avoit pour elle :
mais malgré tous fes
foins, il tomba unjour de
ſes poches une lettre que
fon mari ramaffa fans
qu'elle y prît garde . 11
n'en connut point le caractere
, & n'en entendit
pas le langage : mais ne
doutant pas que ce ne
fût de l'Italien , il courut
Ciiij
32 MERCURE
chez le Conſeiller , qu'il
fçavoit bien n'être pas
chez lui , feignant de lui
vouloir
communiquer
quelque affaire . C'étoit
afin d'avoir occafion de
parler au Comte , qu'il
ne foupçonnoit point
d'être l'auteur de la lettre
, parce qu'elle étoit
d'une autre main. Pour
prévenir les malheurs
qui arrivent quelquefois
des lettres perduës , le
Comte faifoit écrire touGALANT
. 33
tes celles qu'il donnoit à
la Marquise par une perfonne
dont le caractere
étoit inconnu . Il lui avoit
porté le jour precedent
le billet Italien
dont il s'agiffoit. Il étoit
écrit fur ce qu'elle avoit
engagé le Confeiller à
lui donner
à fouper ce
même jour- là ; & parce
qu'elle avoit fçû qu'il
devoit aller avec fon mari
à deux lieuës de Paris
l'apréfdînée , & qu'ils
34 MERCURE
n'en reviendroient que
fort tard , elle étoit convenue
avec ſon amant
qu'elle fe rendroit chez
lui avant leur retour. La
lettre du Comte étoit
pour l'en faire fouvenir ,
& comme un avantgoût
de la fatisfaction qu'ils
promettoient cette fe
foirée. Le mari n'ayant
point trouvé le Confeiller
, demanda le Comte .
Dés qu'il le vit , il tira
de fa poche d'un air emGALANT
.
35
preffé quantité de papiers
, & le pria de les
lui remettre quand il
féroit revenu. Parmi ces
papiers étoit celui qui
lui donnoit tant d'agitation
. En voici un , lui
dit- il en feignant de s'être
mépris , qui n'en eſt
pas. Je ne fçai ce que
c'eft , voyez fi vous l'entendrez
mieux que moy :
& l'ayant ouvert , il en
lut lui - mefme les premie-i
res lignes , de peur que
36 MERCURE
le Comte
jettant les
yeux fur la fuite , ne connût
la part que la Marquife
y pouvoit avoir ,
& que la crainte de lui
apprendre de fâcheufes
nouvelles , ne l'obligeât
à lui déguifer la verité.
Le Comte fut fort furpris
quand il reconnut
fa lettre. Untrouble foudain
s'empara de fon efprit
, & il eut befoin que
le mari fût occupé de fa
lecture , pour lui donner
(
GALANT. 37
le temps de fe remettre .
Aprés en avoir entendu
le commencement : Voila
, dit - il , contrefaifant
¡ l'étonné , ce que je chersche
depuis long - temps .
C'est le rôle d'une fille
qui ne fçait que l'Italien ,
- & qui parle à ſon amant
qui ne l'entend pas . Vous
a
aurez veu cela dans une
Comedie Françoiſe qui
a paru cet hyver. Mille
gens me l'ont demandé ,
& il faut que vous me
38.
MERCURE
faffiez le plaifir de me
le laiffer. J'y confens , lui
répondit le mari , pourveu
que vous le rendiez
à ma femme , car je croy
qu'il eft à elle. Quand le
jeune Comte crut avoir
porté affez loin la crédulité
du mari , il n'y
eut pas un mot dans ce
prétendu rôle Italien ,
dont il ne lui voulût faire
entendre l'explication
: mais le mari ayant
ce qu'il fouhaitoit , béGALANT.
39
nit le Ciel en lui - mefme
de s'être trompé fi
heureuſement , & s'en
alla où l'appelloient fes
affaires . Auffitôt qu'il
e fut forti , le Comte courut
à l'Eglife , où il étoit
fûr de trouver la Dame ,
qu'il avertit par un bilelet
, qu'il lui donna ſecretement
, de ce qui ve-
-noit de fe paffer , & de
1
l'artifice dont il s'étoit
fervi pour retirer fa let
tre. Elle ne fut pas fitôt
40 MERCURE
rentrée chez elle , qu'elle
.mit tous les domeſtiques
à la quête du papier , &
fon mari étant de retour,
elle lui demanda . Il lui
avoüa qu'il l'avoit trouvé
, & que le Comte en
ayant beſoin , il lui avoit
laiffé entre les mains .
Me voyez- vous des curiofitez
femblables pour
les lettres que vous recevez
, lui répondit- elle
d'un ton qui faifoit paroître
un peu de colere ?
Si
GALANT 41
Si c'étoit un billet tendre
, fi c'étoit un rendezvous
que l'on me donnât
, feroit - il , agréable.
que vous nous vinffiez
troubler ? Son mari lui
dic en l'embraffant , qu'il
fçavoit fort bien ce que
c'étoit ; & pour l'empêcher
de croire qu'il l'eût
foupçonnée , il l'affura
qu'il avoit cru ce papier
à lui lors qu'il l'avoit ramaffe.
La Dame ne borna
pas fon reffentiment
Avril 1714. D
42 MERCURE
à une raillerie de cette
nature . Elle fe rendit
chez le Comte de meilleure
heure qu'elle n'auroit
fait . La commodité
d'un jardin dans cette
maiſon étoit un
pretexte
pour y aller avant le
temps du foupé. La jaloufie
dans un mari eft
un défaut fi blâmable ,
quand elle n'eft pas bien
fondée , qu'elle fe fit un
devoir de juftifier ce que
le fien lui en avoit fait
J
GALANT. 43
paroître. Tout favorifoit
un fi beau deffein ;
toutes fortes de témoins
étoient éloignez , & le
Comte & la Marquiſe
pouvoient le parler en
liberté. Ce n'étoit plus
par des lettres & par des
fignes qu'ils exprimoient
leur tendreffe . Loin d'avoir
recours à une langue
étrangere , à peine
trouvoient - ils qu'ils
fçuffent affez bien le
François pour fe dire
Dij
44 MERCURE
tout ce qu'ils fentoient ;
& la défiance du mari
leur rendant tout légitime
, la Dame eut des
complaifances pour le
jeune Comte , qu'il n'auroit
pas ofé efperer. Le
mari & le Confeiller étant
arrivez fort tard ,
leur firent de grandes excufes
de les avoir fait fi
long - temps attendre.
On n'eut pas de peine à
les recevoir
, parce que
jamais on ne
s'étoit
4.
GALANT . 45
moins impatienté . Pendant
le foupé leurs yeux
firent leur devoir admirablement
; & la contrainte
où ils fe trouvoient
par la préſence
de deux témoins incommodes
, prêtoit à leurs
regards une éloquence
qui les confoloit de ne
pouvoir s'expliquer avec
plus de liberté. Le mari :
gea
ayant quelque chofe à
dire au Comte
, l'engaà
venir faire avec lui
46 MERCURE
un tour de jardin . Le
Comte en marqua par
un coup d'oeil fon déplaifir
à la Dame , & la.
Dame lui fit connoître
par un autre figne combien
l'entretien du Confeiller
alloit la faire fouffrir.
On fe fepara . Jamais
le Comte n'avoit
trouvé de fi doux momens
que ceux qu'il paffa
dans fon tête - à - tête
avec la Marquife . Il la
quitta fatisfait au derGALANT
. 47
nier point :mais dés qu'il
fut ſeul , il ne put s'abandonner
à lui mefme
fans reffentir les plus
cruelles agitations. Que
n'eut- il point à fe dire
fur l'état où il furprenoit
fon coeur ! Il n'en étoit
pas à connoître que fon
trop de confiance lui avoit
fait faire plus de
chemin qu'il ne lui étoit
permis : mais il s'étoit
imaginé jufques là qu'-
un amuſement avec une
48 MERCURE
coquete ne pouvoit bleffer
en rien la fidelité qu'il
devoit à fa maîtreffe
. Il
s'étoit toujours repofé
fur ce qu'une femme qui
ne pourroit lui donner
qu'un coeur partagé , ne
feroit jamais capable
d'inſpirer au fien un vrai
amour ; & alors il commença
à voir que ce qu'il
avoit traité d'amufement
, étoit devenu une
paffion dont il n'étoit
plus le maitre. Aprés ce
qui
GALANT 49
qui s'étoit paffé avec la
Marquife
, il fe fût flaté
inutilement de l'efperance
de n'en être point
aimé uniquement , & de
bonne foy: Peut - être
même que des doutes
là - deffus auroient été
d'un foible fecours . Il
fongeoit fans ceffe à tout
ce qu'il lupavoit trouvé
de paffion , à cet air vif
& touchant qu'elle don-*
noit à toutes les actions ;
& 'ces réflexions enfin
Avril 1714.
*
E
fo MERCURE
jointes au peu de fuccés
qu'il avoit eu dans l'attachement
qu'il avoit
pris pour la premiere
maîtreffe , mirent fa raifon
dans le parti de fon
coeur, & diffiperent tous
fes remords. Ainfi il s'abandonna
fans fcrupule
à ſon penchant , & ne
fongea plus qu'à fe ménager
mille nouvelles
douceurs avec la Marquife
; mais la jalouſic
les vinte troubler lors
GALANT. S1
qu'il s'y étoit le moins
attendu. Un jour il la
furprit feule avec l'amant
qu'il croyoit qu'el
le cût banni ; & le Cavalier
ne l'eut pas fitôt
quittée , qu'il lui en fic
des reproches , comme
d'un outrage qui ne pouvoit
être pardonné . Vous
n'avez pû long - temps
vous démentir , lui ditil
, Madame. Lorfque
vous m'avez crû affez
engagé , vous avez cellé
E ij
52 MERCURE
de vous faire violence .
J'avoue que j'applaudif
fois à ma paſſion , d'avoir
pû changer vôtre
naturel ; mais des femmes
comme
vous ne
changent jamais. J'avois
tort d'efperer un miracle
en ma faveur . Il la pria
enfuite de ne ſe plus contraindre
pour lui , & l'aſfura
qu'il la laifferoit en
liberté de recevoir toutes
les vifites qu'il lui
plairoit . La Dame fe
GALANT.
$3
connoiffoit trop bien en
dépit , pour rien apprehender
de celui - là . Elle
en tira de nouvelles affurances
de fon pouvoir
fur le jeune Comte ; &
affectant une colere qu'-
elle n'avoit pas , elle lui
fic comprendre qu'elle
ne daignoit pas ſe juſtifier
, quoy qu'elle eût de
bonnes raifons , qu'elle
lui cachoit pour le punir.
Elle lui fit même
promettre plus pofitive-
E iij
$4 MERCURE
ment qc'il n'avoit fait ,
de ne plus revenir chez
elle. Ce fut là où il put
s'appercevoir combien il
étoit peu maître de ſa
paffion . Dans un moment
il fe trouva le feul
criminel ; & plus affligé
de l'avoir irritée par les
reproches , que de la trahifon
qu'il penfoit lui
eftre faite , il fe jetta à
fes genoux , trop heureux
de pouvoir efperer
le pardon , qu'il croyoit
GALANT .
$$
auparavant qu'on lui devoit
demander
. Par quelles
foumiffions ne tâcha
t- il point de le meriter !
Bien loin de lui remetles
tre devant les yeux
marques de paffion qu'il
avoit reçues d'elle , &
qui fembloient lui donner
le droit de ſe plaindre
, il paroiffoit les avoir
oubliées , ou s'il s'en
refſouvenoit , ce n'étoit
que pour le trouver cent
fois plus coupable . Il
E mij
56 MERCURE
n'alleguoit que l'excés
de fon amour qui le faifoit
ceder à la jalousie ,
& quien de pareilles occafions
ne s'explique jamais
mieux que par la
colere. Quand elle crut
avoir pouffé fon triomphe
affez loin , elle lui
jetta un regard plein de
douceur , qui en un moment
rendit à fon ame
toute fa tranquilité . C'eft
affez me contraindre ,
lui dit- elle ; auffi bien ma
•
"
GALANT. SZ
joye & mon amour commencent
à me trahir.
Non , mon cher Comte
, ne craignez point
que je me plaigne de vôtre
colere. Je me plaindrois
bien plutôt fi vous
n'en aviez point eu . Vos
reproches il est vrai ,
>
bleffent ma fidelité : mais
je leur pardonne ce qu'ils
ont d'injurieux , en faveur
de ce qu'ils ont de
paffionné. Ces affurances
de vôtre tendreffe m'é58
MERCURE
toient fi cheres , qu'elles
ont arrefté jufqu'ici l'im
patience que j'avois de
me juftifier. Là - deffus
elle lui fit connoître
combien ſes ſoupçons étoient
indignes d'elle &
de lui ; que n'ayant point
défendu au Cavalier de
venir chez elle , elle n'avoit
pu refufer de le voir;
qu'un tel refus auroit été
une faveur pour lui ; que.
s'il le
fouhaitoit pourtant
, elle lui défendroit
V
GALANT. 59
fa maiſon pour jamais :
mais qu'il confiderât
combien il feroit peu
agreable pour elle , qu'-
un homme de cette forte
s'allât vanter dans le
monde qu'elle cuft rompu
avec lui , & laiſsât
croire qu'il y euft des
gens à qui il donnoit de
l'ombrage. L'amoureux
Comte étoit fi touché
des marques de tendreſſe
qu'on venoit de lui donner
, qu'il ſe feroit vo60
MERCURE
>
lontiers payé d'une plus
méchante raiſon . Il eut
honte de fes foupçons ,
& la pria lui- meſine de
ne point changer de conduite
. Il paffa ainfi quelques
jours à recevoir fans
ceffe de nouvelles affurances
qu'il étoit aimé ,
& il merita dans peu
qu'on lui accordât une
entrevue fecrete la nuit .
Le mari étoit à la campagne
pour quelque
temps ; & la Marquife ,
*
1
GALANT. 61
maîtreffe alors d'ellemeſme
, ne voulut pas
perdre une occafion fi
favorable de voir fon a
mant avec liberté . Le
jour que le Comte étoit
attendu chez elle fur les
neuf heures du foir , le
Confeiller foupant avec
lui , ( ce qu'il faifoit fort
fouvent ) voulut le mener
à une affemblée de
femmes du voisinage ,
qu'on regaloit d'un concert
de voix & d'inftru62
MERCURE
mens. Le Comte s'en
excufa , & ayant laiffé
fortir le Confeiller , qui
le preffa inutilement de
venir jouir de ce regal ,
il fe rendit chez la Dame
, qui les reçut avec
beaucoup de marques
d'amour
. Aprés quatre
heures d'une converfation
trés-tendre , il falut
fe féparer. Le Comte cut
fait à peine dix pas dans
la ruë , qu'il ſe vit ſuivi
d'un homme qui avoit le
GALANT. 63
vifage envelopé d'un
manteau . Il marcha toujours
; & s'il le regarda
comme un efpion , il eut
du moins le plaifir de
remarquer
qu'il étoit
trop grand pour être le
mari de la Marquife . En
rentrant chez lui , il trouva
encore le pretendu
cfpion , qu'il reconnut
enfin pour le Confeiller.
Les refus du jeune Comte
touchant le concert
de voix , lui avoit fait
64 MERCURE
croire qu'il avoit un rendez-
vous. Il le foupçonnoit
déja d'aimer la Marquife
, & fur ce foupçon
il etoit venu l'attendre à
quelques pas de fa porte
, & l'avoit vû fe couler
chez elle. Il y avoit
frapé auffitôt , & la fui-:
vante lui étoit venu dire
de la part de fa maîtreffe,
qu'un grand mal de tête
l'obligeoit à fe coucher ,
& qu'il lui étoit impoffible
de le recevoir. Par
cette
GALANT. 65
cette réponſe il avoit
compris tout le myftere.
Il fuivit le Comte dans
fa chambre , & lui ayam
declaré ce qu'il avoit fait
depuis qu'ils s'étoient
quittez : Vous avez pris ,
lui dit - il , de l'engagement
pour la Marquife ;
il faut qu'en fincere ami
je vous la faffe connoître.
J'ai commencé à l'aimer
avant que vous yinfficz
loger avec moy , &
quand elle a fçû nôtre
Avril 1714.
F
66 MERCURE
liaifon , elle m'a fait promettre
par tant de fermens
, que je vous ferois
un fecret de cet amour ,
que je n'ai ofé vous en
parler . Vous fçavez , me
difoit - elle , qu'il aime
une perfonne qui me hait
mortellement . Il ne manquera
jamais de lui apprendre
combien mon
coeur eft foible pour
vous. La diſcretion qu'-
on doit à un ami ne tient
guere contre la joye que
GALANT. 67
l'on a quand on croit
pouvoir divertir une
maîtreffe. La perfide
vouloit même que je lui
fuffe obligé de ce qu'elle
conſentoit à recevoir
vos vifites. Elle me recommandoit
fans ceffe
de n'aller jamais la voir
avec vous ; & quand
vous arriviez , elle affectoit
un air chagrin dont
je me plaignois quelquefois
à elle , & qu'apparemment
elle vous laif,
F ij
68 MERCURE
foit expliquer favorablement
pour vous . Mille
fignes & mille geſtes ,
qu'elle faifoit dans ces
temps - là , nous étoient
t
fans doute communs . Je
rappelle préfentement
une infinité de chofes
que je croyois alors indifferentes
, & je ne doute
point qu'elle ne fe foit
fait un merite auprés de
vous , de la partie qu'elle
fit il y a quelque temps
de fouper ici . Cependant
GALANT . 69
quand elle vous vit engagé
dans le jardin avec
fon mari , quels tendres
reproches ne me fit- elle
point d'être revenu ' fi
tard de la campagne , &
de l'avoir laiffée filongtemps
avec un homme
qu'elle n'aimoit pas !
Hier même encore qu'-
elle me préparoit avec
vous une trahiſon ſi noire
elle eut le front de
vous faire porteur d'une
lettre , par laquelle elle
70 MERCURE
me donnoit un rendezvous
pour ce matin ,
vous difant que c'étoit
un papier que fon mari
l'avoit chargée en partant
de me remettre. Le
Comte étoit fi troublé
de tout ce que le Confeiller
lui difoit , qu'il
n'eut pas la force de l'interrompre.
Dés qu'il fut
remis , il lui apprit comme
fon amour au commencement
n'étoit qu'
un jeu , & comme dés
GALANT. 71
S
lors la Marquife lui avoit
fait les mêmes loix
de difcretion qu'à lui.
Ils firent enfuite d'autres
éclairciffemens , qui
découvrirent au Comte
qu'il ne devoit qu'à la
coquetterie de la Dame
ce qu'il croyoit devoir à
fa paffion ; car c'étoit le
Confeiller qui avoit exigé
d'elle qu'elle ne vît
plus tant de monde , &
fur- tout qu'elle éloignât
fon troifiéme amant ; &
72 MERCURE
ils trouverent que quand
elle l'eut rappellé , elle
avoit allegué le même
pretexte
au Confeiller
qu'au Comte , pour continuer
de le voir. Il n'y
a gueres
d'amour
à l'épreuve
d'une telle perfidie
; auffi ne fe piquerent-
ils pas de conftance
pour une femme qui la
méritoit fi peu . Le Comte
honteux de la trahifon
qui'l avoit faite à fa premiere
maitreſſe , refolut
de
GALANT .
73
de n'avoir plus d'affiduitez
que pour elle feule ,
& le Confeiller fut bientôt
determiné fur les mefures
qu'il avoit à prendre
mais quelque promeffe
qu'ils fe fillent l'un
à l'autre de ne plus voir
la Marquife , ils ne purent
fe refufer le foulagement
de lui faire des reproches.
Dés qu'il leur
parut qu'ils la trouveroient
levée , ils fe tendirent
chez elle . Le
Avril
1714.
G
74 MERCURE
Comte lui dit d'abord ,
que le Confeiller étant
fon ami , l'avoit voulu
faire profiter du rendezvous
qu'elle lui avoit
donné , & qu'ainſi elle
ne devoit pas s'étonner
s'ils venoient enſemble .
Le Conſeiller prit aufſi.
tôt la parole , & n'oublia
rien de tout ce qu'il
crut capable de faire
honte à la Dame , & de
le vanger de fon infidelité.
Il lui remit devant
M
GALANT . 75
les yeux l'ardeur fincere
avec laquelle il l'avoit
aimée , les marques de
paffion qu'il avoit reçûës
d'elle , & les fermens
: qu'elle lui avoit tant de
I fois reiterez de n'aimer
jamais que lui . Elle l'écouta
fans l'interrompre
; & ayant pris fon
parti pendant qu'il parloit
: Il eft vrai , lui ré-
#pondit - elle d'un air
moins embaraffé que jamais
, je vous avois pro-
Gij
76 MERCURE
mis de n'aimer que vous :
mais vous avez attiré
Monfieur le Comte dans
ce quartier , vous l'avez
amené chez moy , & il
eft venu à m'aimer .D'ailleurs
, de quoy pouvezvous
vous plaindre ?
Tout ce qui a dépendu
de moy pour vous rendre
heureux , je l'ai fait.
Vous fçavez vous - même
quelles précautions
j'ai prifes pour vous cacher
l'un à l'autre vôtre
GALANT . 77
paffion . Si vous l'aviez
fçûë , vôtre amitié vous
auroit coûté des violences
ou des remords , que
ma bonté & ma prudence
vous ont épargnez .
N'eft- il pas vrai qu'avant
cette nuit , que vous aviez
épić Monfieur le
Comte , vous étiez tous
deux les amans du monde
les plus contens ? Suisje
coupable de vôtre indifcrétion
Pourquoy me
venir chercher le foir ?
Giij
78 MERCURE
Ne vous avois - je pas averti
par une lettre que
je donnai à Monfieur le
Comte , de ne venir que
ce matin ? Tout cela fut
dit d'une maniere fi lipeu
déconcerbre
, &
fi
tée
, que
ce
trait
leur
fit
connoître la Dame encore
mieux qu'ils n'avoient
fait . Ils admirerent
un caractere fi particulier
, & laifferent à
qui le voulut la liberté
d'en être la dupe . La
"
GALANT. 79
Marquife fe confola de
leur perte , en faiſant
croire au troifieme amant
nouvellement rappellé
, qu'elle les avoit
bannis pour lui ; & comme
elle ne pouvoit vivre
fans intrigue , elle en fit
· bientôt une nouvelle .
nouvelle.
U
LYON
N jeune Comte ,
d'une des meilleures
Maifons
du Royaume , s'étant
nouvellement établi das
Avril 1714. A ij
4 MERCURE
un quartier où le jeu &
la galanterie regnoient
également , fut obligé
d'y prendre parti comme
les autres ; & parce
que fon coeur avoit des
engagemens ailleurs , il
fe declara pour le jeu ,
comme pour fa paffion
dominante mais le peu
d'empreffement qu'il y
avoit , faifoit affez voir
qu'il fe contraignoit , &
l'on jugea que c'étoir un
homme qui ne s'attaGALANT
.
S
choit à rien , & qui dans
la neceffité de choiſir
avoit encore mieux aimé
cet amuſement, que
de dire à quelque belle
ce qu'il ne fentoit pas .
Un jour une troupe de
jeunes Dames qui ne
joüoient point , l'entreprit
fur fon humeur indifferente.
Il s'en défendit
le mieux qu'il put ,
alleguant fon peu de
merite , & le peu d'ef
perance qu'il auroit d'ê-
A iij
6 MERCURE
tre heureux en amour :
mais on lui dit que
quand il fe connoîtroit
affez mal pour avoir une
fi méchante opinion de
lui - même , cette raiſon
feroit foible contre la
vûë d'une belle perfonne
; & là - deffus on le
menaça des charmes d'u
ne jeune Marquife , qui
demeuroit dans le voifinage
, & qu'on attendoit.
Il ne manqua pas de leur
repartir qu'elles-mêmes
GALANT.
7.
ne fe connoiffoient point
affez , & que s'il pouvoit
échaper au peril où il
fe trouvoit alors , il ne
devoit plus rien craindre
pour fon coeur . Pour
réponse à fa galanterie ,
elles lui montrerent la
Dame dont il étoit queftion
, qui entroit dans
ce moment . Nous parlions
de vous , Madame ,
lui dirent - elles en l'appercevant
. Voici un indifferent
que nous vous
A iiij
8 MERCURE
donnons à convertir :
Vous y êtes engagée
d'honneur ; car il femble
yous défier auffi - bien
que nous. La Dame &
le jeune Comte ſe reconnurent
, pour s'être
vûs quelquefois à la campagne
chez une de leurs
amies . Elle étoit fort convaincuë
qu'il ne meritoit
rien moins que le
reproche qu'on luy faifoit
, & il n'étoit que
trop ſenſible à ſon gré :
GALANT. 9
mais elle avoit les raifons
pour feindre de croire
ce qu'on lui difoit.
C'étoit une occafion de
commerce avec un homme
, fur lequel depuis
long - temps elle avoit
fait des deffeins qu'elle
n'avoit pû executer . Elle
lui trouvoit de l'efprit
& de l'enjouement , &
elle avoit hazardé des
complaisāces pour beaucoup
de gens qui afſurément
ne le valoient
to MERCURE
pas : mais fon plus grand
merite étoit l'opinion
qu'elle avoit qu'il fût aimé
d'une jeune Demoifelle
qu'elle haïffoit , &
dont elle vouloit fe vanger.
Elle prit donc fans
balancer le parti qu'on
lui offroit ; & aprés lui
avoit dit qu'il faloit qu'-
on ne le crût pas bien
endurci , puis qu'on s'adreffoit
à elle pour le
toucher , elle entreprit
de faire un infidele , fous
GALANT . 11
pretexte de convertir un
indifferent. Le Comte
aimoit paffionsément la
Demoiſelle dont on le
croyoit aimé, & il tenoit
à elle par des
engagemens
fi puiffans
, qu'il
ne craignoit
pas que rien
l'en pût détacher
. Sur
tout il fe croyoit
fort en
fûreté contre les charmes
de la Marquife. Il
la connoiffoit pour une
de ces coquettes de profeffion
qui veulent , à
12 MERCURE
quelque prix que ce ſoit ,
engager tout le monde ,
& qui ne trouvent rien
de plus honteux que de
manquer une conquête .
Il fçavoit encore quedepuis
peu elle avoit un
amant , dont la nouveauté
faifoit le plus grand
merite , & pour qui elle
avoit rompu avec un
autre qu'elle aimoit depuis
long - temps , & à
qui elle avoit des obligations
effentielles . Ces
と
GALANT .
13
connoiffances lui fmbloient
un remede affuré
contre les tentations
les plus preffantes. La
Dame l'avoit affez veu
pour connoître quel étoit
fon éloignement
pour des femmes
de fon
caractere
: mais cela ne
fit que flater fa vanité.
Elle trouva plus de gloire
à triompher
d'un
coeur qui devoit être fi
bien défendu. Elle lui
fit d'abord
des reproches
14 MERCURE
de ne l'eftre pas venu
voir depuis qu'il étoit
dans le quartier , & l'engagea
à reparer fa faute
dés le lendemain . Il
alla chez elle , & s'y fit
introduire par un Confeiller
de fes amis , avec
qui il logcoit , & qui
avoit des liaiſons étroites
avec le mari de la
Marquife, Les honneftetez
qu'elle lui fit l'obligerent
enfuite d'y aller
plufieurs fois fans inGALANT.
15
troducteur ; & à chaque
yifite la Dame mit en
ufage tout ce qu'elle
crut de plus propre à .
l'engager. Elle trouva
d'abord toute la refiftance
qu'elle avoit attendue.
Ses foins , loin .
de faire effet , ne lui attirerent
pas feulement
une parole qui tendît à
une declaration : mais
elle ne defefpera point
pour cela du pouvoir de
fes charmes ; ils l'avoient
16 MERCURE
fervie trop fidelement en
d'autres occafions
, pour
ne lui donner pas lieu
de fe flater d'un pareil
fuccés en celle - ci ; elle
crut mefme remarquer
bientôt qu'elle ne s'étoit
pas trompée. Les vifites
du Comte furent
plus frequentes : elle lui
trouvoit un enjouëment
que l'on n'a point quand
on n'a aucun deffein de
plaire.Mille railleries divertissantes
qu'il faifoit
fur
+
GALANT . 17
für fon nouvel amant ;
le chagrin qu'il témoignoit
quand il ne pouvoit
eftre feul avec elle ;
Fattention qu'il preftoit.
aux moindres chofes
qu'il luy voyoit faire :
tout cela lui parut d'un
augure merveilleux , &
il eft certain que fi elle
n'avoit pas encore le
coeur de ce pretendu indifferent
, elle occupoit.
du moins fon efprit . Ih
alloit plus rarement chez
Avril 1714. B :
18 MERCURE
la Demoiſelle qu'il aimoit
, & quand il étoit
avec elle, il n'avoit point
d'autre foin , que de faire
tomber le difcours fur
la Marquife . Il aimoit
mieux railler d'elle que
de n'en rien dire . Enfin
foit qu'il fût feul , ou
en compagnie , fon idée
ne l'abandonnoit jamais
. Quel dommage ,
difoit - il quelquefois
que le Ciel ait répandu
tant de graces dans une
,
GALANT . 19
coquette ? Faut - il que la
voyant fi aimable , on
ait tant de raiſon de ne
point l'aimer ? Il ne pouvoit
lui pardonner tous
fes charmes ; & plus il
lui en trouvoit , plus il
croyoit la haïr. Il s'oublia
même un foir jufques
à lui reprocher fa
conduite , mais avec une
aigreur qu'elle n'auroit,
pas ofé efperer fitoft. A
quoy bon , lui dit- il ,
Madame , toutes ces oil-
Bij
20 MERCURE
lades & ces manieres étu
diées que chacun regarde
, & dont tant de gens
fe donnent le droit de
parler Ces foins de
chercher à plaire à tout
le monde , ne font pardonnables
qu'à celles à
qui ils tiennent lieu de
beauté . Croyez - moy ,
Madame , quittez des
affectations qui font indignes
de vous. C'étoit
où on l'attendoit . La
Dame étoit trop habile
GALANT. 2ม1
pour ne diftinguer past
les confeils de l'amitié
des reproches de la jaloufie
. Elle lui en marqua
de la reconnoiſſance
, & tâcha enfuite de
lui perfuader que ce qui
paroiffoit coquetterie ,
n'étoit en elle que la
crainte
d'un veritable
attachement ; que du
naturel dont elle fe connoiffoit
, elle ne pourroit
être heureufe dans.
un engagement , parce
22 MERCURE
qu'elle ne ſe verroit jamais
aimée , ni avec la
même fincerité , ni avec
la même delicateſſe dont
elle fouhaiteroit de l'être
, & dont elle fçavoit
bien qu'elle aimeroit .
Enfin elle lui fit an faux
portrait de fon coeur , qui
fut pour lui un veritable
poifon. Il ne pouvoit
croire tout à fait qu'elle
fût fincere : mais il ne
pouvoit s'empefcher de
le fouhaiter. Il cherGALANT.
23
choit des
apparences
ce qu'elle
lui difoit , &
il lui rappelloit
mille actions
qu'il lui avoit vû
faire , afin qu'elle les juſtifiât
; & en effet , fe fervant
du pouvoir qu'elle
commençoit à prendre
fur lui , elle y donna
des couleurs qui diffiperent
une partie de fes
foupçons mais qui
pourtant n'auroient pas
trompé un homme qui
cuft moins fouhaité de
24 MERCURE
l'eftre. Cependant, ajouta-
t- elle d'un air enjoüé ,
je ne veux pas tout à fait
difconvenir d'un défaut
qui peut me donner lieu
de vous avoir quelque
obligation . Vous fçavez
ce que j'ai entrepris pour
vous corriger de celui
qu'on vous reprochoit .
Le peu de fuccés que j'ai
eu ne vous diſpenſe pas
de reconnoître mes bonnes
intentions , & vous
me devez les mefmes
foins.
GALANT. 25
foins . Voyons fi vous ne
ferez pas plus heureux à
fixer une inconftante ,
que je l'ay été à toucher
un infenfible. Cette propofition
, quoique faite
en riant , le fit rentrer en
lui - mefme , & alarma
d'abord fa fidelité . Il vit
qu'elle n'avoit peut - eftre
que trop reüffi dans
fon entrepriſe , & il reconnut
le danger où il
étoit : mais fon penchant
commençant à lui ren-
Avril 1714.
C
26 MERCURE
dre ces reflexions facheuſes
, il tâcha bientôt
à s'en délivrer . Il
penfa avec plaifir que fa
crainte étoit indigne de
lui , & de la perfonne
qu'il aimoit depuis fi
long- temps . Sa delicateffe
alla meſme juſqu'à
fe la reprocher
comme
une infidelité
; & aprés
s'eftre dit à foy- meſme
,
que c'étoit déja eſtre inconftant
que de craindre
de changer , il embraſſa
GALANT . 27
avec joye le parti qu'on
lui offroit . Ce fut un
commerce fort agreable
de part & d'autre. Le
pretexte qu'ils prenoient
rendant leur empreffement
un jeu , ils goutoient
des plaifirs qui
n'étoient troublez d'aucuns
fcrupules. L'Italien
, qu'ils fçavoient tous
deux , étoit l'interprete :
de leurs tendres fentimens.
Ils ne fe voyoient
jamais qu'ils n'euffent à
Cij
28 MERCURE
fe donner un billet en
cette langue ; car pour
plus grande feureté, ils
étoient convenus qu'ils
ne s'enverroient jamais
leurs lettres . Sur - tout
elle lui avoit défendu dé
parler de leur commerce
au Confeiller avec qui
il logcoit , parce qu'il
étoit beaucoup plus des
amis de fon mari que des
fiens , & qu'autrefois ,
fur de moindres apparences,
il lui avoit donné
GALANT . 29
des foupçons d'elle fort
defavantageux . Elle lui
marqua même des heures
où il pouvoit le moins
craindre de les rencontrer
chez elle l'un ou
l'autre , & ils convinrent
de certains fignes d'intelligence
pour les temps
qu'ilsyferoient. Cemyf
tere étoit un nouveau
charme pour le jeune
Comte. La Marquife
prit enfuite des manieres
fiéloignées d'une co-
C
iij
30 MERCURE
quette , qu'elle acheva
bientoft
de le perdre
.
Jufques là elle avoit eu
un de ces caracteres enjoüez
, qui reviennent
quafi à tout le monde ,
mais qui deſeſperent un
amant ; & elle le quitta
pour en prendre un tout
oppofé , fans le lui faire
valoir comme un facri.
fice . Elle écarta fon nouvel
amant , qui étoit un
Cavalier fort bien fait .
Enfin loin d'aimer l'éGALANT.
31
clat , toute fon application
étoit d'empêcher
qu'on ne s'apperçût de
l'attachement que le
Comte avoit pour elle :
mais malgré tous fes
foins, il tomba unjour de
ſes poches une lettre que
fon mari ramaffa fans
qu'elle y prît garde . 11
n'en connut point le caractere
, & n'en entendit
pas le langage : mais ne
doutant pas que ce ne
fût de l'Italien , il courut
Ciiij
32 MERCURE
chez le Conſeiller , qu'il
fçavoit bien n'être pas
chez lui , feignant de lui
vouloir
communiquer
quelque affaire . C'étoit
afin d'avoir occafion de
parler au Comte , qu'il
ne foupçonnoit point
d'être l'auteur de la lettre
, parce qu'elle étoit
d'une autre main. Pour
prévenir les malheurs
qui arrivent quelquefois
des lettres perduës , le
Comte faifoit écrire touGALANT
. 33
tes celles qu'il donnoit à
la Marquise par une perfonne
dont le caractere
étoit inconnu . Il lui avoit
porté le jour precedent
le billet Italien
dont il s'agiffoit. Il étoit
écrit fur ce qu'elle avoit
engagé le Confeiller à
lui donner
à fouper ce
même jour- là ; & parce
qu'elle avoit fçû qu'il
devoit aller avec fon mari
à deux lieuës de Paris
l'apréfdînée , & qu'ils
34 MERCURE
n'en reviendroient que
fort tard , elle étoit convenue
avec ſon amant
qu'elle fe rendroit chez
lui avant leur retour. La
lettre du Comte étoit
pour l'en faire fouvenir ,
& comme un avantgoût
de la fatisfaction qu'ils
promettoient cette fe
foirée. Le mari n'ayant
point trouvé le Confeiller
, demanda le Comte .
Dés qu'il le vit , il tira
de fa poche d'un air emGALANT
.
35
preffé quantité de papiers
, & le pria de les
lui remettre quand il
féroit revenu. Parmi ces
papiers étoit celui qui
lui donnoit tant d'agitation
. En voici un , lui
dit- il en feignant de s'être
mépris , qui n'en eſt
pas. Je ne fçai ce que
c'eft , voyez fi vous l'entendrez
mieux que moy :
& l'ayant ouvert , il en
lut lui - mefme les premie-i
res lignes , de peur que
36 MERCURE
le Comte
jettant les
yeux fur la fuite , ne connût
la part que la Marquife
y pouvoit avoir ,
& que la crainte de lui
apprendre de fâcheufes
nouvelles , ne l'obligeât
à lui déguifer la verité.
Le Comte fut fort furpris
quand il reconnut
fa lettre. Untrouble foudain
s'empara de fon efprit
, & il eut befoin que
le mari fût occupé de fa
lecture , pour lui donner
(
GALANT. 37
le temps de fe remettre .
Aprés en avoir entendu
le commencement : Voila
, dit - il , contrefaifant
¡ l'étonné , ce que je chersche
depuis long - temps .
C'est le rôle d'une fille
qui ne fçait que l'Italien ,
- & qui parle à ſon amant
qui ne l'entend pas . Vous
a
aurez veu cela dans une
Comedie Françoiſe qui
a paru cet hyver. Mille
gens me l'ont demandé ,
& il faut que vous me
38.
MERCURE
faffiez le plaifir de me
le laiffer. J'y confens , lui
répondit le mari , pourveu
que vous le rendiez
à ma femme , car je croy
qu'il eft à elle. Quand le
jeune Comte crut avoir
porté affez loin la crédulité
du mari , il n'y
eut pas un mot dans ce
prétendu rôle Italien ,
dont il ne lui voulût faire
entendre l'explication
: mais le mari ayant
ce qu'il fouhaitoit , béGALANT.
39
nit le Ciel en lui - mefme
de s'être trompé fi
heureuſement , & s'en
alla où l'appelloient fes
affaires . Auffitôt qu'il
e fut forti , le Comte courut
à l'Eglife , où il étoit
fûr de trouver la Dame ,
qu'il avertit par un bilelet
, qu'il lui donna ſecretement
, de ce qui ve-
-noit de fe paffer , & de
1
l'artifice dont il s'étoit
fervi pour retirer fa let
tre. Elle ne fut pas fitôt
40 MERCURE
rentrée chez elle , qu'elle
.mit tous les domeſtiques
à la quête du papier , &
fon mari étant de retour,
elle lui demanda . Il lui
avoüa qu'il l'avoit trouvé
, & que le Comte en
ayant beſoin , il lui avoit
laiffé entre les mains .
Me voyez- vous des curiofitez
femblables pour
les lettres que vous recevez
, lui répondit- elle
d'un ton qui faifoit paroître
un peu de colere ?
Si
GALANT 41
Si c'étoit un billet tendre
, fi c'étoit un rendezvous
que l'on me donnât
, feroit - il , agréable.
que vous nous vinffiez
troubler ? Son mari lui
dic en l'embraffant , qu'il
fçavoit fort bien ce que
c'étoit ; & pour l'empêcher
de croire qu'il l'eût
foupçonnée , il l'affura
qu'il avoit cru ce papier
à lui lors qu'il l'avoit ramaffe.
La Dame ne borna
pas fon reffentiment
Avril 1714. D
42 MERCURE
à une raillerie de cette
nature . Elle fe rendit
chez le Comte de meilleure
heure qu'elle n'auroit
fait . La commodité
d'un jardin dans cette
maiſon étoit un
pretexte
pour y aller avant le
temps du foupé. La jaloufie
dans un mari eft
un défaut fi blâmable ,
quand elle n'eft pas bien
fondée , qu'elle fe fit un
devoir de juftifier ce que
le fien lui en avoit fait
J
GALANT. 43
paroître. Tout favorifoit
un fi beau deffein ;
toutes fortes de témoins
étoient éloignez , & le
Comte & la Marquiſe
pouvoient le parler en
liberté. Ce n'étoit plus
par des lettres & par des
fignes qu'ils exprimoient
leur tendreffe . Loin d'avoir
recours à une langue
étrangere , à peine
trouvoient - ils qu'ils
fçuffent affez bien le
François pour fe dire
Dij
44 MERCURE
tout ce qu'ils fentoient ;
& la défiance du mari
leur rendant tout légitime
, la Dame eut des
complaifances pour le
jeune Comte , qu'il n'auroit
pas ofé efperer. Le
mari & le Confeiller étant
arrivez fort tard ,
leur firent de grandes excufes
de les avoir fait fi
long - temps attendre.
On n'eut pas de peine à
les recevoir
, parce que
jamais on ne
s'étoit
4.
GALANT . 45
moins impatienté . Pendant
le foupé leurs yeux
firent leur devoir admirablement
; & la contrainte
où ils fe trouvoient
par la préſence
de deux témoins incommodes
, prêtoit à leurs
regards une éloquence
qui les confoloit de ne
pouvoir s'expliquer avec
plus de liberté. Le mari :
gea
ayant quelque chofe à
dire au Comte
, l'engaà
venir faire avec lui
46 MERCURE
un tour de jardin . Le
Comte en marqua par
un coup d'oeil fon déplaifir
à la Dame , & la.
Dame lui fit connoître
par un autre figne combien
l'entretien du Confeiller
alloit la faire fouffrir.
On fe fepara . Jamais
le Comte n'avoit
trouvé de fi doux momens
que ceux qu'il paffa
dans fon tête - à - tête
avec la Marquife . Il la
quitta fatisfait au derGALANT
. 47
nier point :mais dés qu'il
fut ſeul , il ne put s'abandonner
à lui mefme
fans reffentir les plus
cruelles agitations. Que
n'eut- il point à fe dire
fur l'état où il furprenoit
fon coeur ! Il n'en étoit
pas à connoître que fon
trop de confiance lui avoit
fait faire plus de
chemin qu'il ne lui étoit
permis : mais il s'étoit
imaginé jufques là qu'-
un amuſement avec une
48 MERCURE
coquete ne pouvoit bleffer
en rien la fidelité qu'il
devoit à fa maîtreffe
. Il
s'étoit toujours repofé
fur ce qu'une femme qui
ne pourroit lui donner
qu'un coeur partagé , ne
feroit jamais capable
d'inſpirer au fien un vrai
amour ; & alors il commença
à voir que ce qu'il
avoit traité d'amufement
, étoit devenu une
paffion dont il n'étoit
plus le maitre. Aprés ce
qui
GALANT 49
qui s'étoit paffé avec la
Marquife
, il fe fût flaté
inutilement de l'efperance
de n'en être point
aimé uniquement , & de
bonne foy: Peut - être
même que des doutes
là - deffus auroient été
d'un foible fecours . Il
fongeoit fans ceffe à tout
ce qu'il lupavoit trouvé
de paffion , à cet air vif
& touchant qu'elle don-*
noit à toutes les actions ;
& 'ces réflexions enfin
Avril 1714.
*
E
fo MERCURE
jointes au peu de fuccés
qu'il avoit eu dans l'attachement
qu'il avoit
pris pour la premiere
maîtreffe , mirent fa raifon
dans le parti de fon
coeur, & diffiperent tous
fes remords. Ainfi il s'abandonna
fans fcrupule
à ſon penchant , & ne
fongea plus qu'à fe ménager
mille nouvelles
douceurs avec la Marquife
; mais la jalouſic
les vinte troubler lors
GALANT. S1
qu'il s'y étoit le moins
attendu. Un jour il la
furprit feule avec l'amant
qu'il croyoit qu'el
le cût banni ; & le Cavalier
ne l'eut pas fitôt
quittée , qu'il lui en fic
des reproches , comme
d'un outrage qui ne pouvoit
être pardonné . Vous
n'avez pû long - temps
vous démentir , lui ditil
, Madame. Lorfque
vous m'avez crû affez
engagé , vous avez cellé
E ij
52 MERCURE
de vous faire violence .
J'avoue que j'applaudif
fois à ma paſſion , d'avoir
pû changer vôtre
naturel ; mais des femmes
comme
vous ne
changent jamais. J'avois
tort d'efperer un miracle
en ma faveur . Il la pria
enfuite de ne ſe plus contraindre
pour lui , & l'aſfura
qu'il la laifferoit en
liberté de recevoir toutes
les vifites qu'il lui
plairoit . La Dame fe
GALANT.
$3
connoiffoit trop bien en
dépit , pour rien apprehender
de celui - là . Elle
en tira de nouvelles affurances
de fon pouvoir
fur le jeune Comte ; &
affectant une colere qu'-
elle n'avoit pas , elle lui
fic comprendre qu'elle
ne daignoit pas ſe juſtifier
, quoy qu'elle eût de
bonnes raifons , qu'elle
lui cachoit pour le punir.
Elle lui fit même
promettre plus pofitive-
E iij
$4 MERCURE
ment qc'il n'avoit fait ,
de ne plus revenir chez
elle. Ce fut là où il put
s'appercevoir combien il
étoit peu maître de ſa
paffion . Dans un moment
il fe trouva le feul
criminel ; & plus affligé
de l'avoir irritée par les
reproches , que de la trahifon
qu'il penfoit lui
eftre faite , il fe jetta à
fes genoux , trop heureux
de pouvoir efperer
le pardon , qu'il croyoit
GALANT .
$$
auparavant qu'on lui devoit
demander
. Par quelles
foumiffions ne tâcha
t- il point de le meriter !
Bien loin de lui remetles
tre devant les yeux
marques de paffion qu'il
avoit reçues d'elle , &
qui fembloient lui donner
le droit de ſe plaindre
, il paroiffoit les avoir
oubliées , ou s'il s'en
refſouvenoit , ce n'étoit
que pour le trouver cent
fois plus coupable . Il
E mij
56 MERCURE
n'alleguoit que l'excés
de fon amour qui le faifoit
ceder à la jalousie ,
& quien de pareilles occafions
ne s'explique jamais
mieux que par la
colere. Quand elle crut
avoir pouffé fon triomphe
affez loin , elle lui
jetta un regard plein de
douceur , qui en un moment
rendit à fon ame
toute fa tranquilité . C'eft
affez me contraindre ,
lui dit- elle ; auffi bien ma
•
"
GALANT. SZ
joye & mon amour commencent
à me trahir.
Non , mon cher Comte
, ne craignez point
que je me plaigne de vôtre
colere. Je me plaindrois
bien plutôt fi vous
n'en aviez point eu . Vos
reproches il est vrai ,
>
bleffent ma fidelité : mais
je leur pardonne ce qu'ils
ont d'injurieux , en faveur
de ce qu'ils ont de
paffionné. Ces affurances
de vôtre tendreffe m'é58
MERCURE
toient fi cheres , qu'elles
ont arrefté jufqu'ici l'im
patience que j'avois de
me juftifier. Là - deffus
elle lui fit connoître
combien ſes ſoupçons étoient
indignes d'elle &
de lui ; que n'ayant point
défendu au Cavalier de
venir chez elle , elle n'avoit
pu refufer de le voir;
qu'un tel refus auroit été
une faveur pour lui ; que.
s'il le
fouhaitoit pourtant
, elle lui défendroit
V
GALANT. 59
fa maiſon pour jamais :
mais qu'il confiderât
combien il feroit peu
agreable pour elle , qu'-
un homme de cette forte
s'allât vanter dans le
monde qu'elle cuft rompu
avec lui , & laiſsât
croire qu'il y euft des
gens à qui il donnoit de
l'ombrage. L'amoureux
Comte étoit fi touché
des marques de tendreſſe
qu'on venoit de lui donner
, qu'il ſe feroit vo60
MERCURE
>
lontiers payé d'une plus
méchante raiſon . Il eut
honte de fes foupçons ,
& la pria lui- meſine de
ne point changer de conduite
. Il paffa ainfi quelques
jours à recevoir fans
ceffe de nouvelles affurances
qu'il étoit aimé ,
& il merita dans peu
qu'on lui accordât une
entrevue fecrete la nuit .
Le mari étoit à la campagne
pour quelque
temps ; & la Marquife ,
*
1
GALANT. 61
maîtreffe alors d'ellemeſme
, ne voulut pas
perdre une occafion fi
favorable de voir fon a
mant avec liberté . Le
jour que le Comte étoit
attendu chez elle fur les
neuf heures du foir , le
Confeiller foupant avec
lui , ( ce qu'il faifoit fort
fouvent ) voulut le mener
à une affemblée de
femmes du voisinage ,
qu'on regaloit d'un concert
de voix & d'inftru62
MERCURE
mens. Le Comte s'en
excufa , & ayant laiffé
fortir le Confeiller , qui
le preffa inutilement de
venir jouir de ce regal ,
il fe rendit chez la Dame
, qui les reçut avec
beaucoup de marques
d'amour
. Aprés quatre
heures d'une converfation
trés-tendre , il falut
fe féparer. Le Comte cut
fait à peine dix pas dans
la ruë , qu'il ſe vit ſuivi
d'un homme qui avoit le
GALANT. 63
vifage envelopé d'un
manteau . Il marcha toujours
; & s'il le regarda
comme un efpion , il eut
du moins le plaifir de
remarquer
qu'il étoit
trop grand pour être le
mari de la Marquife . En
rentrant chez lui , il trouva
encore le pretendu
cfpion , qu'il reconnut
enfin pour le Confeiller.
Les refus du jeune Comte
touchant le concert
de voix , lui avoit fait
64 MERCURE
croire qu'il avoit un rendez-
vous. Il le foupçonnoit
déja d'aimer la Marquife
, & fur ce foupçon
il etoit venu l'attendre à
quelques pas de fa porte
, & l'avoit vû fe couler
chez elle. Il y avoit
frapé auffitôt , & la fui-:
vante lui étoit venu dire
de la part de fa maîtreffe,
qu'un grand mal de tête
l'obligeoit à fe coucher ,
& qu'il lui étoit impoffible
de le recevoir. Par
cette
GALANT. 65
cette réponſe il avoit
compris tout le myftere.
Il fuivit le Comte dans
fa chambre , & lui ayam
declaré ce qu'il avoit fait
depuis qu'ils s'étoient
quittez : Vous avez pris ,
lui dit - il , de l'engagement
pour la Marquife ;
il faut qu'en fincere ami
je vous la faffe connoître.
J'ai commencé à l'aimer
avant que vous yinfficz
loger avec moy , &
quand elle a fçû nôtre
Avril 1714.
F
66 MERCURE
liaifon , elle m'a fait promettre
par tant de fermens
, que je vous ferois
un fecret de cet amour ,
que je n'ai ofé vous en
parler . Vous fçavez , me
difoit - elle , qu'il aime
une perfonne qui me hait
mortellement . Il ne manquera
jamais de lui apprendre
combien mon
coeur eft foible pour
vous. La diſcretion qu'-
on doit à un ami ne tient
guere contre la joye que
GALANT. 67
l'on a quand on croit
pouvoir divertir une
maîtreffe. La perfide
vouloit même que je lui
fuffe obligé de ce qu'elle
conſentoit à recevoir
vos vifites. Elle me recommandoit
fans ceffe
de n'aller jamais la voir
avec vous ; & quand
vous arriviez , elle affectoit
un air chagrin dont
je me plaignois quelquefois
à elle , & qu'apparemment
elle vous laif,
F ij
68 MERCURE
foit expliquer favorablement
pour vous . Mille
fignes & mille geſtes ,
qu'elle faifoit dans ces
temps - là , nous étoient
t
fans doute communs . Je
rappelle préfentement
une infinité de chofes
que je croyois alors indifferentes
, & je ne doute
point qu'elle ne fe foit
fait un merite auprés de
vous , de la partie qu'elle
fit il y a quelque temps
de fouper ici . Cependant
GALANT . 69
quand elle vous vit engagé
dans le jardin avec
fon mari , quels tendres
reproches ne me fit- elle
point d'être revenu ' fi
tard de la campagne , &
de l'avoir laiffée filongtemps
avec un homme
qu'elle n'aimoit pas !
Hier même encore qu'-
elle me préparoit avec
vous une trahiſon ſi noire
elle eut le front de
vous faire porteur d'une
lettre , par laquelle elle
70 MERCURE
me donnoit un rendezvous
pour ce matin ,
vous difant que c'étoit
un papier que fon mari
l'avoit chargée en partant
de me remettre. Le
Comte étoit fi troublé
de tout ce que le Confeiller
lui difoit , qu'il
n'eut pas la force de l'interrompre.
Dés qu'il fut
remis , il lui apprit comme
fon amour au commencement
n'étoit qu'
un jeu , & comme dés
GALANT. 71
S
lors la Marquife lui avoit
fait les mêmes loix
de difcretion qu'à lui.
Ils firent enfuite d'autres
éclairciffemens , qui
découvrirent au Comte
qu'il ne devoit qu'à la
coquetterie de la Dame
ce qu'il croyoit devoir à
fa paffion ; car c'étoit le
Confeiller qui avoit exigé
d'elle qu'elle ne vît
plus tant de monde , &
fur- tout qu'elle éloignât
fon troifiéme amant ; &
72 MERCURE
ils trouverent que quand
elle l'eut rappellé , elle
avoit allegué le même
pretexte
au Confeiller
qu'au Comte , pour continuer
de le voir. Il n'y
a gueres
d'amour
à l'épreuve
d'une telle perfidie
; auffi ne fe piquerent-
ils pas de conftance
pour une femme qui la
méritoit fi peu . Le Comte
honteux de la trahifon
qui'l avoit faite à fa premiere
maitreſſe , refolut
de
GALANT .
73
de n'avoir plus d'affiduitez
que pour elle feule ,
& le Confeiller fut bientôt
determiné fur les mefures
qu'il avoit à prendre
mais quelque promeffe
qu'ils fe fillent l'un
à l'autre de ne plus voir
la Marquife , ils ne purent
fe refufer le foulagement
de lui faire des reproches.
Dés qu'il leur
parut qu'ils la trouveroient
levée , ils fe tendirent
chez elle . Le
Avril
1714.
G
74 MERCURE
Comte lui dit d'abord ,
que le Confeiller étant
fon ami , l'avoit voulu
faire profiter du rendezvous
qu'elle lui avoit
donné , & qu'ainſi elle
ne devoit pas s'étonner
s'ils venoient enſemble .
Le Conſeiller prit aufſi.
tôt la parole , & n'oublia
rien de tout ce qu'il
crut capable de faire
honte à la Dame , & de
le vanger de fon infidelité.
Il lui remit devant
M
GALANT . 75
les yeux l'ardeur fincere
avec laquelle il l'avoit
aimée , les marques de
paffion qu'il avoit reçûës
d'elle , & les fermens
: qu'elle lui avoit tant de
I fois reiterez de n'aimer
jamais que lui . Elle l'écouta
fans l'interrompre
; & ayant pris fon
parti pendant qu'il parloit
: Il eft vrai , lui ré-
#pondit - elle d'un air
moins embaraffé que jamais
, je vous avois pro-
Gij
76 MERCURE
mis de n'aimer que vous :
mais vous avez attiré
Monfieur le Comte dans
ce quartier , vous l'avez
amené chez moy , & il
eft venu à m'aimer .D'ailleurs
, de quoy pouvezvous
vous plaindre ?
Tout ce qui a dépendu
de moy pour vous rendre
heureux , je l'ai fait.
Vous fçavez vous - même
quelles précautions
j'ai prifes pour vous cacher
l'un à l'autre vôtre
GALANT . 77
paffion . Si vous l'aviez
fçûë , vôtre amitié vous
auroit coûté des violences
ou des remords , que
ma bonté & ma prudence
vous ont épargnez .
N'eft- il pas vrai qu'avant
cette nuit , que vous aviez
épić Monfieur le
Comte , vous étiez tous
deux les amans du monde
les plus contens ? Suisje
coupable de vôtre indifcrétion
Pourquoy me
venir chercher le foir ?
Giij
78 MERCURE
Ne vous avois - je pas averti
par une lettre que
je donnai à Monfieur le
Comte , de ne venir que
ce matin ? Tout cela fut
dit d'une maniere fi lipeu
déconcerbre
, &
fi
tée
, que
ce
trait
leur
fit
connoître la Dame encore
mieux qu'ils n'avoient
fait . Ils admirerent
un caractere fi particulier
, & laifferent à
qui le voulut la liberté
d'en être la dupe . La
"
GALANT. 79
Marquife fe confola de
leur perte , en faiſant
croire au troifieme amant
nouvellement rappellé
, qu'elle les avoit
bannis pour lui ; & comme
elle ne pouvoit vivre
fans intrigue , elle en fit
· bientôt une nouvelle .
Fermer
Résumé : AVANTURE nouvelle.
En avril 1714, un jeune comte, issu d'une famille prestigieuse du Royaume, s'installe dans un quartier de Lyon où le jeu et la galanterie dominent. Bien qu'il préfère le jeu, il n'y joue pas avec passion. Un groupe de jeunes dames tente de l'intéresser à l'amour, mais il se défend en invoquant son manque de mérite et d'espoir en amour. Elles lui parlent alors d'une jeune marquise voisine qu'elles attendent. Un jour, les jeunes dames montrent au comte la marquise en question, qui entre dans la pièce. Le comte et la marquise se reconnaissent, ayant déjà été présentés à la campagne chez une amie commune. La marquise, convaincue que le comte ne mérite pas les reproches qu'on lui fait, décide de profiter de cette occasion pour engager une relation avec lui. Elle voit en lui un homme d'esprit et d'enjouement, et elle est motivée par le désir de se venger d'une jeune demoiselle qu'elle hait et dont elle croit que le comte est amoureux. Le comte, quant à lui, est passionnément amoureux de cette demoiselle et ne craint pas de se laisser séduire par la marquise, qu'il connaît pour une coquette professionnelle. Cependant, la marquise, flattée par le défi, entreprend de le séduire. Elle l'invite chez elle et utilise divers stratagèmes pour le charmer. Le comte, malgré ses résistances initiales, finit par se laisser séduire par les attentions de la marquise. La marquise utilise des billets en italien pour communiquer avec le comte, évitant ainsi les soupçons. Elle prend des précautions pour éviter que leur relation ne soit découverte, notamment en fixant des heures où ils peuvent se voir sans risque. Le comte, de son côté, fait écrire ses lettres par une personne dont l'écriture est inconnue pour éviter les malentendus. Un jour, le mari de la marquise trouve une lettre italienne dans les poches de sa femme. Ne comprenant pas l'italien, il la montre au comte, feignant de ne pas savoir de quoi il s'agit. Le comte, pris de court, doit improviser une explication. La lettre est en réalité un message du comte à la marquise, lui rappelant un rendez-vous qu'ils doivent avoir. Le mari, sans se douter de la vérité, remet la lettre au comte, qui doit alors trouver une manière de se sortir de cette situation délicate. Le mari, un conseiller, découvre la liaison en suivant le comte jusqu'à la maison de la marquise. Il confronte le comte et révèle qu'il aime également la marquise depuis longtemps. Le comte est troublé mais apprend que la marquise avait imposé la discrétion à tous deux. Ils décident de clarifier leurs sentiments et leurs actions passées. La marquise avait été contrainte par le conseiller de se séparer de son troisième amant, mais elle avait continué à le voir en utilisant le même prétexte auprès du conseiller et du comte. Lorsque le comte et le conseiller découvrirent cette perfidie, ils décidèrent de ne plus avoir confiance en elle. Le comte, honteux de sa trahison envers sa première maîtresse, résolut de n'avoir plus d'attache que pour elle. Le conseiller prit également des mesures, mais malgré leurs promesses de ne plus voir la marquise, ils ne purent s'empêcher de lui faire des reproches.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3889
p. 79-95
DONS DU ROY.
Début :
Le 31. Mars le Roy nomma à l'Archevêché de Vienne [...]
Mots clefs :
Diocèse, Vence, Vienne, Abbaye, Évêché, Ordre de Saint Benoît, Chanoines, Archidiacre, Romains, Grenoble
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texteReconnaissance textuelle : DONS DU ROY.
DONS DU ROY.
Le 31. Mars le Roy nom
ma à l'Archevêché de Vien
ne M. Berton de Crillon ,
Evêque de Vence.
Giiij
80 MERCURE
Vienne , Capitale du bas
Dauphiné , eft fituée au
bord du Rhône , à cinq
lieuës de Lion , & treize de
Grenoble.
L'hiſtoire nous apprend
qu'elle eft fi ancienne , que
les Romains l'ont habitée
cinq cens ans avant la venuë
de Jeius . Chrift . Auffi
y voit- on encore en divers
endroits quelques reftes
d'amphiteatres
, de murailles
, de grands Palais , & autres
antiquitez. Du temps
des Empereurs Romains il
y avoit une Univerſité fort
GALANT. 81
•
eft
celebre La Cathedrale , dediée
à faint Maurice
confiderable par fa largeur
& par fa hauteur. On voit
devant l'autel un tombeau
fous lequel eft le coeur du
Dauphin François , fils aîné
de François Premier Roy
de France . Il n'y a dans
cette Egliſe ni tapiſſeries , ni
tableaux , en quoy les Chanoines
imitent ceux de faint
Jean de Lion . Les murailles.
du Cloître de cette Eglife
font bâties de pierre de marbre,
de morceaux de colonnes
, & de quelques figures .
82 MERCURE
Le Chapitre eft compofé
d'un Doyen , d'un Archidiacre
, d'un Procureur ,
d'un Sacriftain , d'un Ouvrier
, & de vingt Chanoines.
Le Dioceſe renferme
une partie du Dauphiné, du
Lionnois , du Forez & du
Vivarez , & comprend trois
cent trente- cinq Paroiffes.
L'Archevêque, qui fe pretend
Primat des Primats , a
pour fuffragans les Evêques
de Grenoble , de Die , de
Viviers & de Geneve . On
ne doute point que les Allobroges
n'ayent été les
GALANT. 83
Vienne ; ce qui la fait
peller Vienna Allobrogum .
Depuis que les Romains ſe
furent rendus maîtres du
fondateurs de la ville de
ap-
Dauphiné , ils la furnommerent
Senatoria, pour marque
de la grandeur & de la
fouveraineté
de leur Senat .
Tiberius Gracchus paffant
en Gaule, y fit faire un pont
l'an 576. de Rome , & les
deux bouts de ce pont furent
fortifiez de deux châteaux
pour la défenſe du
paffage. Cefar y fit faire
des greniers & des maga84
MERCURE
fins pour les proviſions de
guerre , & dit lui - même
dans le feptieme livre de
fes Commentaires , qu'y étant
allé en diligence , il y
rencontra une cavalerie
toute fraîche , qu'il y avoit
envoyée plufieurs jours auparavant.
Augufte la fit Colonie du
Droit Italique , & ce fut en
ce temps- là qu'on y relegua
Pilate & Archelaüs, fils
d'Herodote .Tibere lui donna
les privileges de la Cité
Romaine , & Gallus l'honora
de grandes faveurs.
GALANT .
83
Vitellius y étant au Tribunal
de Juſtice , un coq vola
fur fes épaules , & enfuite
fur fa tête ; ce qui fut pris
pour un pronoftic qu'un
Gaulois le feroit tomber
dans quelque difgrace. La
chofe arriva comme elle lui
avoit été prédite , puifque
le premier qui le défit fut
un Antoine natif de Toulouſe
; cui Tolofa nato , dit
Suetone .
Conftantin érigea Vienne
en Metropole de la Gaule
Narbonnoife , & aprés
Honorius elle fut la Capi86
MERCURE
tale du Royaume des Bourguignons.
Saint Creſcent ,
diſciple de faint Paul , a été
le premier Evêque. Le Pape
Gregoire II . l'érigea en Archevêché
fous Auftrobert.
Le Pape Clement V. y aſfembla
un Concile univerfel
en 1311.
M. du Mont , dans le
premier tome de ſes voyages
, dit ce qui fuit de la
ville de Vienne. L'Eglife de
faint Severe eft bâtie dans un
endroit où l'on adoroit les
Dieux , fous un grand arbre
qui fervoit de Temple . Saint
GALANT. 87
.
Severe le fit couper & déra
ciner , comme le témoignent ces
mots écritsfur une colonne :
Arborem Deos Severus evertit
Centum Deorum.
Pilate , Gouverneur de
Jerufalem , fous lequel Nô .
tre Seigneur fut condamné
à la mort , fut envoyé de
puis à Vienne , où l'on voit
encore le Pretoire où il
rendoit la justice . On montre
auffi une tour quarrée
où l'on veut qu'il ait été
detenu priſonnier l'eſpace
88 MERCURE
de fept ans , & qu'il y foit
mort. Cependant Euſebe
affure que peu aprés l'injufte
jugement qu'il rendit
contre le Sauveur du monde
, l'Empereur
Tibere lui
ôta fon Gouvernement , &
l'envoya en exilà Lion , qui
étoit le lieu de fa naiſſance
afin que le vif chagrin de
fe voir expofé au mépris de
fes parens & de fes compatriotes
, lui rendît la vie
plus infupportable. Auffi
dit on qu'il fut tellement
touché des infultes qu'il recevoit
de ſes ennemis , fans
en
GALANT . 89
en pouvoir tirer aucune
vengeance , qu'il ſe tua de
La propre main. Il main . Il y en a
toutefois qui tiennent qu'il
fit penitence & mourut
Chrétien , Dieu s'étant fervi
de fa femme pour le convertir.
Ce qu'il y a de certain
, c'eft que ce pays- là ne
lui étoit pas étranger , &
qu'il en avoit été tiré vers
l'an 15 de notre falut , pour
être Gouverneur de Jeru-
I falem.
A l'Evêché de Vence
l'Abbé de Brochenu, grand
Avril 1714.
H
་
90 MERCURE
Vicaire de Grenoble.
Vence , ville de Provence
, eft fituée à trois lieuës
de Gratz Son Evêché eft
fuffragant de l'Archevêché
d'Ambrun, & la Cathedrale
eſt conſacrée à la Vierge.
Il y a dans fon Chapitre un
Prevôt , un Archidiacre ,
un Sacriftain , un Theologal
, & cinq Chanoines . Le
Dioceſe de Vence eft feparé
du Comté de Nice par
le Var, du Dioceſe de Gratz
par la petite riviere du
Loup . On n'y compte que
vingt-trois Paroiffes , dont
GALANT. GI
il y en a trois dans le Comté
de Nice. Le Domaine temporel
eft partagé entre l'E.
vêque & le Baron de Vence
; & comme l'étendue de
ce Dioceſe eft trés petite ,
le Siege en avoit été uni
avec celui de Gratz : mais
on l'en a feparé depuis.Saint
Euſebe eft le plus ancien de
fes Evêques , faint Lambert
& faint Veran ont été au
nombre de fes fucceffeurs.
Vence fut autrefois fort.
confiderable
; elle appartenoit
aux Nerufiens. Les
Romains voulant confer-
Hij
92 MERCURE
*
ver un paffage dans les Alpes
, la firent fortifier , &
long - temps aprés Augufte
la comprit dans la Viennoife
quatrième
, qu'on appelloit
autrement la Province
des Alpes maritimes .
A l'Evêché de faint Paul
Trois Châteaux l'Abbé du
Chaffaud , grand Vicaire
d'Aix .
Saint Paul Trois Châ
reaux , ville du Valentinois
dans le Dauphiné , eft fituée
à une lieue du Rhône & du
Saint Efprit. Son Evêché eft
GALANT.
93
:
fuffragant de l'Archevêché
d'Arles faint Sulpice en a
été le premier Evêque . L'Eglife
Cathedrale eft confacrée
à l'Affomption de la
Vierge , & le Chapitre eft
compofé d'un Prevôt , d'un
Archidiacre , d'un Sacrif
tain , d'un Theologal , &
de fix Chanoines . Il
y a
trente - trois Paroiffes & une
Abbaye dans ce Dioceſe .
Les anciens ont nommé la
ville Lenomagus , ou Neomagas.
Auguſte en fit une Colonie
Romaine , & voulut
qu'on l'apellât Augufta Tri-,
caftinorum .
94
MERCURE
Le Roy donna auffi l'Ab .
baye de fainte Colombe de
Sens , Ordre de faint Benoît
, à M. l'Abbé de Choifeul
, Aumonier du Roy.
L'Abbaye de Nerlac, Ordre
de Cîteaux , Dioceſe de
Bourges , à l'Abbé d'Orillac
.
La Coadjutorerie de
l'Abbaye de Hafnon , Ordre
de faint Benoît , Diocefe
d'Arras , à Dom N.
Pouillaude.
GALANT.
95
L'Abbaye de Felixpré ,
Ordre de faint Benoît, Dioceſe
de Liege , à la Dame
Daubrebis.
Et la Coadjutorerie de
l'Abbaye d'Origny , Ordre
de faint Benoît , Dioceſe de
Laon , à la Dame N. de Rohan.
Le 31. Mars le Roy nom
ma à l'Archevêché de Vien
ne M. Berton de Crillon ,
Evêque de Vence.
Giiij
80 MERCURE
Vienne , Capitale du bas
Dauphiné , eft fituée au
bord du Rhône , à cinq
lieuës de Lion , & treize de
Grenoble.
L'hiſtoire nous apprend
qu'elle eft fi ancienne , que
les Romains l'ont habitée
cinq cens ans avant la venuë
de Jeius . Chrift . Auffi
y voit- on encore en divers
endroits quelques reftes
d'amphiteatres
, de murailles
, de grands Palais , & autres
antiquitez. Du temps
des Empereurs Romains il
y avoit une Univerſité fort
GALANT. 81
•
eft
celebre La Cathedrale , dediée
à faint Maurice
confiderable par fa largeur
& par fa hauteur. On voit
devant l'autel un tombeau
fous lequel eft le coeur du
Dauphin François , fils aîné
de François Premier Roy
de France . Il n'y a dans
cette Egliſe ni tapiſſeries , ni
tableaux , en quoy les Chanoines
imitent ceux de faint
Jean de Lion . Les murailles.
du Cloître de cette Eglife
font bâties de pierre de marbre,
de morceaux de colonnes
, & de quelques figures .
82 MERCURE
Le Chapitre eft compofé
d'un Doyen , d'un Archidiacre
, d'un Procureur ,
d'un Sacriftain , d'un Ouvrier
, & de vingt Chanoines.
Le Dioceſe renferme
une partie du Dauphiné, du
Lionnois , du Forez & du
Vivarez , & comprend trois
cent trente- cinq Paroiffes.
L'Archevêque, qui fe pretend
Primat des Primats , a
pour fuffragans les Evêques
de Grenoble , de Die , de
Viviers & de Geneve . On
ne doute point que les Allobroges
n'ayent été les
GALANT. 83
Vienne ; ce qui la fait
peller Vienna Allobrogum .
Depuis que les Romains ſe
furent rendus maîtres du
fondateurs de la ville de
ap-
Dauphiné , ils la furnommerent
Senatoria, pour marque
de la grandeur & de la
fouveraineté
de leur Senat .
Tiberius Gracchus paffant
en Gaule, y fit faire un pont
l'an 576. de Rome , & les
deux bouts de ce pont furent
fortifiez de deux châteaux
pour la défenſe du
paffage. Cefar y fit faire
des greniers & des maga84
MERCURE
fins pour les proviſions de
guerre , & dit lui - même
dans le feptieme livre de
fes Commentaires , qu'y étant
allé en diligence , il y
rencontra une cavalerie
toute fraîche , qu'il y avoit
envoyée plufieurs jours auparavant.
Augufte la fit Colonie du
Droit Italique , & ce fut en
ce temps- là qu'on y relegua
Pilate & Archelaüs, fils
d'Herodote .Tibere lui donna
les privileges de la Cité
Romaine , & Gallus l'honora
de grandes faveurs.
GALANT .
83
Vitellius y étant au Tribunal
de Juſtice , un coq vola
fur fes épaules , & enfuite
fur fa tête ; ce qui fut pris
pour un pronoftic qu'un
Gaulois le feroit tomber
dans quelque difgrace. La
chofe arriva comme elle lui
avoit été prédite , puifque
le premier qui le défit fut
un Antoine natif de Toulouſe
; cui Tolofa nato , dit
Suetone .
Conftantin érigea Vienne
en Metropole de la Gaule
Narbonnoife , & aprés
Honorius elle fut la Capi86
MERCURE
tale du Royaume des Bourguignons.
Saint Creſcent ,
diſciple de faint Paul , a été
le premier Evêque. Le Pape
Gregoire II . l'érigea en Archevêché
fous Auftrobert.
Le Pape Clement V. y aſfembla
un Concile univerfel
en 1311.
M. du Mont , dans le
premier tome de ſes voyages
, dit ce qui fuit de la
ville de Vienne. L'Eglife de
faint Severe eft bâtie dans un
endroit où l'on adoroit les
Dieux , fous un grand arbre
qui fervoit de Temple . Saint
GALANT. 87
.
Severe le fit couper & déra
ciner , comme le témoignent ces
mots écritsfur une colonne :
Arborem Deos Severus evertit
Centum Deorum.
Pilate , Gouverneur de
Jerufalem , fous lequel Nô .
tre Seigneur fut condamné
à la mort , fut envoyé de
puis à Vienne , où l'on voit
encore le Pretoire où il
rendoit la justice . On montre
auffi une tour quarrée
où l'on veut qu'il ait été
detenu priſonnier l'eſpace
88 MERCURE
de fept ans , & qu'il y foit
mort. Cependant Euſebe
affure que peu aprés l'injufte
jugement qu'il rendit
contre le Sauveur du monde
, l'Empereur
Tibere lui
ôta fon Gouvernement , &
l'envoya en exilà Lion , qui
étoit le lieu de fa naiſſance
afin que le vif chagrin de
fe voir expofé au mépris de
fes parens & de fes compatriotes
, lui rendît la vie
plus infupportable. Auffi
dit on qu'il fut tellement
touché des infultes qu'il recevoit
de ſes ennemis , fans
en
GALANT . 89
en pouvoir tirer aucune
vengeance , qu'il ſe tua de
La propre main. Il main . Il y en a
toutefois qui tiennent qu'il
fit penitence & mourut
Chrétien , Dieu s'étant fervi
de fa femme pour le convertir.
Ce qu'il y a de certain
, c'eft que ce pays- là ne
lui étoit pas étranger , &
qu'il en avoit été tiré vers
l'an 15 de notre falut , pour
être Gouverneur de Jeru-
I falem.
A l'Evêché de Vence
l'Abbé de Brochenu, grand
Avril 1714.
H
་
90 MERCURE
Vicaire de Grenoble.
Vence , ville de Provence
, eft fituée à trois lieuës
de Gratz Son Evêché eft
fuffragant de l'Archevêché
d'Ambrun, & la Cathedrale
eſt conſacrée à la Vierge.
Il y a dans fon Chapitre un
Prevôt , un Archidiacre ,
un Sacriftain , un Theologal
, & cinq Chanoines . Le
Dioceſe de Vence eft feparé
du Comté de Nice par
le Var, du Dioceſe de Gratz
par la petite riviere du
Loup . On n'y compte que
vingt-trois Paroiffes , dont
GALANT. GI
il y en a trois dans le Comté
de Nice. Le Domaine temporel
eft partagé entre l'E.
vêque & le Baron de Vence
; & comme l'étendue de
ce Dioceſe eft trés petite ,
le Siege en avoit été uni
avec celui de Gratz : mais
on l'en a feparé depuis.Saint
Euſebe eft le plus ancien de
fes Evêques , faint Lambert
& faint Veran ont été au
nombre de fes fucceffeurs.
Vence fut autrefois fort.
confiderable
; elle appartenoit
aux Nerufiens. Les
Romains voulant confer-
Hij
92 MERCURE
*
ver un paffage dans les Alpes
, la firent fortifier , &
long - temps aprés Augufte
la comprit dans la Viennoife
quatrième
, qu'on appelloit
autrement la Province
des Alpes maritimes .
A l'Evêché de faint Paul
Trois Châteaux l'Abbé du
Chaffaud , grand Vicaire
d'Aix .
Saint Paul Trois Châ
reaux , ville du Valentinois
dans le Dauphiné , eft fituée
à une lieue du Rhône & du
Saint Efprit. Son Evêché eft
GALANT.
93
:
fuffragant de l'Archevêché
d'Arles faint Sulpice en a
été le premier Evêque . L'Eglife
Cathedrale eft confacrée
à l'Affomption de la
Vierge , & le Chapitre eft
compofé d'un Prevôt , d'un
Archidiacre , d'un Sacrif
tain , d'un Theologal , &
de fix Chanoines . Il
y a
trente - trois Paroiffes & une
Abbaye dans ce Dioceſe .
Les anciens ont nommé la
ville Lenomagus , ou Neomagas.
Auguſte en fit une Colonie
Romaine , & voulut
qu'on l'apellât Augufta Tri-,
caftinorum .
94
MERCURE
Le Roy donna auffi l'Ab .
baye de fainte Colombe de
Sens , Ordre de faint Benoît
, à M. l'Abbé de Choifeul
, Aumonier du Roy.
L'Abbaye de Nerlac, Ordre
de Cîteaux , Dioceſe de
Bourges , à l'Abbé d'Orillac
.
La Coadjutorerie de
l'Abbaye de Hafnon , Ordre
de faint Benoît , Diocefe
d'Arras , à Dom N.
Pouillaude.
GALANT.
95
L'Abbaye de Felixpré ,
Ordre de faint Benoît, Dioceſe
de Liege , à la Dame
Daubrebis.
Et la Coadjutorerie de
l'Abbaye d'Origny , Ordre
de faint Benoît , Dioceſe de
Laon , à la Dame N. de Rohan.
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Résumé : DONS DU ROY.
Le 31 mars, le roi nomma M. Berton de Crillon, évêque de Vence, à l'Archevêché de Vienne. Vienne, capitale du Bas-Dauphiné, est située au bord du Rhône, à cinq lieues de Lyon et treize de Grenoble. Fondée avant l'arrivée de Jésus-Christ, elle fut habitée par les Romains pendant cinq cents ans. On y trouve encore des vestiges d'amphithéâtres, de murailles et de palais antiques. Sous les Empereurs Romains, Vienne possédait une université renommée. La cathédrale Saint-Maurice, dédiée à saint Maurice, est notable pour sa largeur et sa hauteur. Elle abrite le cœur du Dauphin François, fils aîné de François Ier. Le chapitre de la cathédrale est composé d'un doyen, d'un archidiacre, d'un procureur, d'un sacrificateur, d'un ouvrier et de vingt chanoines. Le diocèse de Vienne inclut des parties du Dauphiné, du Lyonnais, du Forez et du Vivarais, et comprend trois cent trente-cinq paroisses. L'archevêque de Vienne se prétend Primat des Primats et a pour suffragants les évêques de Grenoble, de Die, de Viviers et de Genève. Les Allobroges sont considérés comme les fondateurs de Vienne, qui fut surnommée 'Vienna Allobrogum' par les Romains. Tibère Gracchus y fit construire un pont en 576 de Rome. César y établit des greniers pour les provisions de guerre. Auguste en fit une colonie du droit italique, et Tibère lui accorda les privilèges de la cité romaine. Constantin érigea Vienne en métropole de la Gaule Narbonnaise, et après Honorius, elle devint la capitale du royaume des Bourguignons. Saint Crescent, disciple de saint Paul, fut le premier évêque de Vienne. Le pape Grégoire II érigea Vienne en archevêché sous Austrobald. Le pape Clément V y convoqua un concile universel en 1311. La ville de Vence, située à trois lieues de Grasse, est sous la juridiction de l'archevêché d'Ambrun. Son diocèse est séparé du comté de Nice par le Var et de celui de Grasse par la rivière du Loup, et compte vingt-trois paroisses. Saint Eusèbe fut l'un des premiers évêques de Vence. Saint Paul Trois Châteaux, ville du Valentinois dans le Dauphiné, est située à une lieue du Rhône et du Saint-Esprit. Son diocèse, suffragant de l'archevêché d'Arles, compte trente-trois paroisses et une abbaye. Les rois ont également fait des dons à diverses abbayes, notamment l'abbaye de Sainte-Colombe de Sens à l'abbé de Choiseul, l'abbaye de Nercat à l'abbé d'Orillac, et la coadjutorerie de l'abbaye de Hasnon à Dom Pouillaude.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3890
p. 96-102
LES DELICES de la vie champêtre. Ode anacreontique. Par Monsieur de B....
Début :
Le faste & le luxe pompeux [...]
Mots clefs :
Amour, Bergers, Délices, Amant, Vie champêtre
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texteReconnaissance textuelle : LES DELICES de la vie champêtre. Ode anacreontique. Par Monsieur de B....
LES DELICES
de la vie champêtre.
Ode anacreontique.
Par Monfieur le B....
LE fafte & le luxe pompeux
Ne brillent point dans les
afyles ;
Nous y vivons toûjours
heureux ,
Toûjours contens, toûjours
tranquiles.
De la fortune nos defirs
Nc
GALANT.
97
Ne briguent jamais les careffes
;
Nos bergers font nos plaifirs
,
Et nos troupeaux font nos
richeffes .
N'est- ce pas nous qui tous
les ans
,
Cheris de Flore & de Pomone
,
Goûtons les premiers des
prefens
Et du printemps & de l'automne
?
Exempts de tous les foins
Avril
1714
I
98
MERCURE
TARQUE
fâcheux ,
Sans ambition , fans envie ,
Parmi les ris , les chants ,
les jeux
Nous paffons une douce
vie.
Tantôt au bord d'un clair
ruiffeau ,
Tantôt à l'ombre d'une
treille ,
Où nous joüons du chalumeau
,
Où nous careffons la bouteille.
Conftans fous l'amoureuſe
loy ,
LYON
DE
ندینش
BIBLIOTHE
THÈQUE
GALANT.
Diſcrets , reconnoiffam ;
finceres ,
Rien ne nous fait trahir la
foy
Que nous jurons à nos ber
geres.
Rien tandis que nous fommeillons
,
Ne nous réveille en ces bocages
,
Que l'aurore par les rayons,
Ou les oifeaux par leurs ramages.
TELA VILLE
De mets fomptueux , delig
cats
I ij
100 MERCURE
Nos tables ne font point
couvertest:
Mais du tombeau par nos
repas
Les portes ne font point ou
vertes,
On boit , on aime en liberté
Dans ces agreables
retraites
;
Môtre vin n'eſt pas frelaté ,
Nos belles ne font point
coquettes
. ano
Jamais d'un trait envenimé
Le Dieu de l'amour ne nous
frape ;
GALANT. 10г
Ici jamais amant aimé
N'a befoin de l'art d'Efcu
lape.
Parmi nous l'amant & l'é
poux
Brûlent des ardeurs les plus
belles
;
L'amour n'y voit point de
jaloux ,
L'hymen n'y fait pas d'infi
delles.
Nos bergers ne font point
de choix
Que l'inconftance defayouë
,
I iij
102 MERCURE
Et les delices de nos bois
Valent bien celles de Capouë
.
de la vie champêtre.
Ode anacreontique.
Par Monfieur le B....
LE fafte & le luxe pompeux
Ne brillent point dans les
afyles ;
Nous y vivons toûjours
heureux ,
Toûjours contens, toûjours
tranquiles.
De la fortune nos defirs
Nc
GALANT.
97
Ne briguent jamais les careffes
;
Nos bergers font nos plaifirs
,
Et nos troupeaux font nos
richeffes .
N'est- ce pas nous qui tous
les ans
,
Cheris de Flore & de Pomone
,
Goûtons les premiers des
prefens
Et du printemps & de l'automne
?
Exempts de tous les foins
Avril
1714
I
98
MERCURE
TARQUE
fâcheux ,
Sans ambition , fans envie ,
Parmi les ris , les chants ,
les jeux
Nous paffons une douce
vie.
Tantôt au bord d'un clair
ruiffeau ,
Tantôt à l'ombre d'une
treille ,
Où nous joüons du chalumeau
,
Où nous careffons la bouteille.
Conftans fous l'amoureuſe
loy ,
LYON
DE
ندینش
BIBLIOTHE
THÈQUE
GALANT.
Diſcrets , reconnoiffam ;
finceres ,
Rien ne nous fait trahir la
foy
Que nous jurons à nos ber
geres.
Rien tandis que nous fommeillons
,
Ne nous réveille en ces bocages
,
Que l'aurore par les rayons,
Ou les oifeaux par leurs ramages.
TELA VILLE
De mets fomptueux , delig
cats
I ij
100 MERCURE
Nos tables ne font point
couvertest:
Mais du tombeau par nos
repas
Les portes ne font point ou
vertes,
On boit , on aime en liberté
Dans ces agreables
retraites
;
Môtre vin n'eſt pas frelaté ,
Nos belles ne font point
coquettes
. ano
Jamais d'un trait envenimé
Le Dieu de l'amour ne nous
frape ;
GALANT. 10г
Ici jamais amant aimé
N'a befoin de l'art d'Efcu
lape.
Parmi nous l'amant & l'é
poux
Brûlent des ardeurs les plus
belles
;
L'amour n'y voit point de
jaloux ,
L'hymen n'y fait pas d'infi
delles.
Nos bergers ne font point
de choix
Que l'inconftance defayouë
,
I iij
102 MERCURE
Et les delices de nos bois
Valent bien celles de Capouë
.
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Résumé : LES DELICES de la vie champêtre. Ode anacreontique. Par Monsieur de B....
Le texte 'Les Délices de la vie champêtre' est une ode qui exalte la vie simple et heureuse à la campagne. Les habitants des campagnes vivent heureux, contents et tranquilles, sans ambition ni envie. Ils trouvent leurs plaisirs dans leurs bergers et leurs troupeaux, et profitent des fruits des saisons. Exempts de soucis, ils passent leur temps entre rires, chants et jeux, souvent au bord d'un ruisseau ou à l'ombre d'une treille. Ils sont fidèles à leurs bergères et rien ne les réveille dans les bocages, sauf l'aurore ou les oiseaux. Leur table n'est pas chargée de mets somptueux, mais ils mangent et boivent en liberté. L'amour y est sincère et sans jalousie, et les bergers ne changent pas facilement d'affection. Les délices de leurs bois valent bien celles de Capoue.
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3891
p. 102-129
LIVRE NOUVEAU. Memoires de la Vie du Comte de Grammont, qui contient particulierement l'Histoire amoureuse de la Cour d'Angleterre, sous le regne de Charles II. Imprimez à Cologne.
Début :
Ce Livre doit faire plaisir à ceux qui aiment les [...]
Mots clefs :
Lettre, Nuit, Mari, Jardin, Porte, Nuit, Campagne, Jaloux, Femme, Angleterre, Chesterfield
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texteReconnaissance textuelle : LIVRE NOUVEAU. Memoires de la Vie du Comte de Grammont, qui contient particulierement l'Histoire amoureuse de la Cour d'Angleterre, sous le regne de Charles II. Imprimez à Cologne.
LIVRE NOUVEAU.
Memoires de la Vie du Comte
de Grammont , qui contient
particulierement l'Hiftoire
amoureufe de la Cour d'Angleterre
, fous le regne
Charles II. Imprimez à Code
logne.
Ce Livre doit faire
plaifir à ceux qui aiment
les portraits vifs & naturels
, le ftile noble &
GALANT. 103
leger. Pour en donner
une idée , on a mis ici
une des avantures qu'il
contient.
Pour être au fait de
cette avanture détachée ,
il faut fçavoir que Madame
Chesterfield ayant
été foupçonnée mal à
propos d'une galanterie ,
& fon mari jaloux en
ayant fait confidence au
galant Hamilton qui en
• étoit
amoureux cet amant
, auffi jaloux
que
I iiij
104 MERCURE
le mari , lui confeilla
d'emmener fa femme à
la campagne
. C'eſt de
cette campagne
que Madame
de Chesterfield
écrit
à l'amoureux
& jaloux
Hamilton
la lettre
qui fuit.
Vous ferez auffifurpris de
cette lettre , que je la fus de
Fair impitoyable dont vous
vites mon départ. Je veux
croire que vous vous êtes imaginé
des raisons quijuftifioient
dans votre esprit un procedé
GALANT.
jos
fi peu concevable. Si vous êtes
encore dans la dureté de ces
fentimens , ce fera vous faire
plaifir , que de vous apprendre
ce que je fouffre dans la
plus affreufe des prifons . Tout
ce qu'une campagne a de plus
trifte dans cette faifon s'offre
par- tout à ma vûë. Affiegée
d'impenetrables bouës , dune
fenêtre je vois des rochers ,
de l'autre des precipices : mais
de quelque côté que je tourne
mes regards dans la maiſon ,
jy rencontre ceux d'un jaloux,
moins fupportables encore que
tes triftes objets qui m'envipar
106 MERCURE
ronnent . J'ajoûterois aux malbeurs
de ma vie celui de pa-.
roître criminelle
aux yeux
d'un
homme , qui devroit m'avoir
juftifiée contre les apparences
convaincantes, fi par une innocence
averée j'étois en droit
de me plaindre , ou de faire
des reproches. Mais comment
fe juftifier de fi loin ? & comment
fe flater que la defcription
d'un fejour épouvantable
ne vous empêchera pas de m'écouter
? Mais êtes- vous digne
que je le fouhaite ? Ciel !
que je vous haïrois , ſi je ne
vous aimois à la fureur. VeGALANT
107
nez donc me voir une feulė
fois , pour entendre ma juftification
; je fuis perfuadée
que fi vous me trouvez coupable
aprés cette vifite , ce ne
fera pas envers vous . Nôtre
Argus part demain pour un
procés , qui le retiendra huit
jours à Cheſter. Fe
le gagnera : mais je ſçai bien
qu'il ne tiendra qu'à vous
qu'il en perde un , qui lui tient
pour le moins autant au coeur
que celui qu'il va folliciter.
ne fçai s'il
Il y avoit dans cette lettre
de quoy faire donner
108 MERCURE
tête baiffée dans une avan
ture plus temeraire que
celle qu'on lui propoſoit ,
quoy qu'elle fût affez gaillarde.
Il ne voyoit pas trop
bien comment elle feroit
pour ſe juſtifier ; mais elle
l'affaroit qu'il feroit content
du voyage , & c'étoit
tout ce qu'il demandoit
pour lors.
Il avoit une parente au
prés de Madame de Chef.
terfield. Cette parente ,
qui l'avoit bien voulu fuivre
dans fon exil , étoit entrée
quelque peu dans leur
GALANT. 109
confidence. Ce fut par elle
qu'il reçut cette lettre, avec
toutes les inftructions neceffaires
fur fon départ &
fur fon arrivée. Dans ces
fortes d'expeditions le fet
cret eft neceffaire,du moins
1 avant que d'avoir mis l'avanture
à fin. Il prit la pof
te , & partit de nuit , animé
d'efperances fi tendres & fi
flateufes , qu'en moins de
rien , en comparaiſon du
temps & des chemins , il
eut fait cinquante mortelles
lieuës. A la derniere pof
te il renvoya difcretement
110 MERCURE
fon poftillon . Il n'étoit pas
encore jour ; & de peur des
rochers & des precipices ,
dont elle avoit fait mention
, il marchoit avec affez
de prudence pour un
homme amoureux.
Il evita done heureufement
tous les mauvais pas
& , fuivant fes inftructions ,
il mit pied à terre à certaine
petite cabane , qui joignoit
les murs du parc . Le lieu
n'étoit pas magnifique :
mais comme il avoit befoin
de repos, il y trouva ce qu'il
faloit pour cela. Il ne fe
GALANT. In
foucioit point de voir le
jour , & fe foucioit encore
moins d'en être vû ; c'eft
pourquoy s'etant renfermé
dans cette retraite obfcure,
il y dormit d'un profond
fommeil jufqu'à la moitié
du jour. Comme il ſentoit
une grande faim à fon ré
veil , il mangea fort & ferme
; & comme c'étoit
l'homme de la Cour le plus
e propre , & que la femme
d'Angleterre la plus propre
l'attendoit , il paffa le refte
de la journée à fe décraffer
, & à fe faire toutes les
112 MERCURE
preparations que le temps
& le lieu permettoient, fans
daigner ni mettre la tête un
moment dehors , ni faire
la moindre queftion à fes
hôtes. Enfin les ordres qu'il
attendoit avec
impatience
arriverent à l'entrée de la
nuit , par une espece de grifon
, qui lui fervant de guide
, aprés avoir erré pendant
une demi- heure dans
les boues d'un parc d'une
vafte étendue , le fit enfin
entrer dans un jardin , où
donnoit la porte d'une falle
baffe. Il fut pofté vis à vis
de
GALANT. 113
de cette porte , par laquelle
on devoir bientôt l'intro
duire dans des lieux plus:
agreables. Son guide lui
donna le bon foir la nuit .
fe ferma , mais la porte ne
s'ouvrit point.
1. On étoit à la fin de l'hy
ver ; cependant il fembloit
qu'on ne fûr qu'au commencement
du froid . Ilé.
toit croté juſques aux ge…]
noux , & fentoit que pour
peu qu'il prît encore l'air !
dans ce jardin, la gelée met
troit toute cette crore à fech
Ce commencement d'une
Avril
1714
- K
114
MERCURE
nuit fort âpre & fort obſcu
re eût été rude pour un au
tre: mais ce n'étoit rien pour
un homme qui fe flatoit
d'en paffer fi delicieufe
ment la fin. Il ne laiſſa pas
de s'étonner de tant de precautions
dans l'abfence du
mari . Son imagination
, que
mille tendres idées réchauf
foient , le foûtiac quelque
temps contre les cruautez
de l'impatience , & contre
les rigueurs du froid : mais
il la fentit peu à peu refroi
dir ; & deux heures , qui lui
parurent deux ficcles s'é
GALANT. 115
tant paffées fans qu'on lui
donnât le moindre figne de
vie ni de la porte , ni des fenêtres,
il ſe mit à faire quelques
raifonnemens en luimême
fur l'état prefent de
fes afaires , & fur le parti qu'il
yavoit à prendre dans cette
conjoncture. Si nousfrapions
à cette maudite porte, difoit il ;
I carencore eft-il plus honorable,
file malheur m'en veut, de perir
dans la maifon, que de mourir
de froid dans le jardin. Il
eft vrai, reprenoit,il , que ce
parti peut expofer une perfonne
, que quelque accident im
Kij
116 MERCURE
prévû met peut-être à l'heure
qu'il eft encore plus au defefpoir
que moy. Cette penſée
le munit de tout ce qu'il
pouvoit avoir de patience
& de fermeté contre les ennemis
qui le combattoient
.
Il fe mit à fe promener
à
grands pas , refolu d'attendre
le plus long temps qu'il
feroit poffible fans en mourir
la fin d'une avanture
qui commençoit
fi triſte
ment Tout cela fut inutile,
& , quelques mouvemens
qu'il fe donnât , envelopé
d'un gros manteau , l'enGALANT.
117
gourdiffement commençoit
à le faifir de tous cô.
tez, & le froid dominoit en
depit de tout ce que les empreffemens
de l'amour ont
de plus vif. Le jour n'étoit
pas loin ; & dans l'état où
la nuit l'avoit mís , jugeant
que ce feroit deformais inutilement
que cette porte enforcelée
s'ouvriroit , il re
gagna du mieux qu'il put
l'endroit d'où il étoit parti .
pour cette merveilleufe ex
pedition.
Il falut tous les fagots de
la petite maiſon pour le déc
118 MERCURE
geler. Plus il fongeoit à fon
avanture , plus les circonf
tances lui en paroiffoient ,
bizarres &
incomprehenſi-
,
bles. Mais loin de s'en prendre
à la charmante Chefterfield
, il avoit mille differentes
inquietudes pour elle.
Tantôt il s'amaginoit,
que fon mari pouvoit être
inopinément revenu ; tantôt
que quelque mal fubit
l'avoit faifie , enfin que quelque
obftacle s'étoit mal
heureulement mis à la traverfe
pour s'opposer à fon
bonheur ,juftement au fort
GALANT. 119
des bonnes
intentions qu'
on avoit pour lui. Mais
difoit- il , pourquoy m'avoir,
oublié dans ce maudit jardin ?
Quoy ! ne pas trouver un petit
moment pour mefaire au moins
quelque figne , puis qu'on ne
pouvoit ni me parler , ni me
recevoir ? Il ne fçavoir à laquelle
de ces conjectures
s'en tenir , ni que répondre
aux queftions qu'il s'étoit
faites mais comme il fe
flata que tout iroit mieux la
nuit fuivante , aprés avoir
fait vau de ne plus remertre
le pied dans ce malen
120 MERCURE
contreux jardin , il ordonna
qu'on l'avertît d'abord qu'-
on demanderoit
à lui parler
, fe coucha dans le plus
méchant lit du monde , &
ne laiffa pas de s'endormir
comme il eût fait dans le
meilleur. Il avoit compté
de n'être réveillé que par
quelque lettre , ou quelque
meffage de Madame de
Chesterfield : mais il n'avoit
pas dormi deux heures ,
qu'il le fut par un grand
bruit de cors & de chiens!
La chaumiere , qui lui fer
voit de retraite , touchoir ,
comGALANT.
121
me nous avons dit , les murailles
du parc. Il appella
fon hôte , pour fçavoir un
peu que diable c'étoit que
cette chaffe , qui fembloit
être au milieu de fa chambre
, tant le bruit augmentoit
en approchant. On lui
dit que c'étoit Monseigneur
qui couroit le lievre dans fon
parc. QuelMonfeigneur , ditil
tout étonné ? Monfeigneur
le Comte de Chesterfield , répondit
le payfan. Il fut fi
frapé de cette nouvelle ,
que dans fa premiere ſurprife
il mit la tête fous les
Avril 1714.
L
122 MERCURE
couvertures , croyant déja
le voir entrer avec tous fes
chiens. Mais dés qu'il fut
un peu revenu de fon étonnement
, il fe mit à maudire
les caprices de la fortune
, ne doutant pas que
le retour inopiné d'un ja
loux importun n'eût caufé
toutes les tribulations de la
nuit precedente.
Il n'y eut plus moyen de
fe rendormir aprés une telle
alarme. Il ſe leva , pour repaſſer
dans ſon eſprit tous .
les ftratagêmes qu'on a
coûtume d'employer pour
GALANT.
123
tromper , ou pour éloigner
un vilain mari , qui s'avifoit
de negliger fon procés pour
obfeder fa femme. Il achevoit
de s'habiller , & com- .
mençoit à queftionner ſon
hôte , lorfque le même grifon
qui l'avoit conduit au
jardin , lui rendit une lettre
, & difparut fans attendre
la réponſe . Cette lettre
étoit de fa parente , & voici
ce qu'elle contenoit .
Je fuis au defefpoir d'avoir
innocemment contribué à vous
attirer dans un licu où l'on ne
Lij
124 MERCURE
eût part :
vous fait venir que pour fe
・moquer de vous. Je m'étois opposée
au projet de ce voyage ,
quoique je fuffe perfuadée que
fa tendreffe feule y
mais elle vient de m'en defabufer.
Elle triomphe dans le
tour qu'elle vous a joué. Non
feulement fon mari n'a bougé
d'ici , mais il y refte par com-·
plaifance. Il la traite le mieux
du monde , c'est dans leur
raccommodement qu'elle afçû
que vous lui aviez confeillé de
la mener à la
t
campagne
. Elle
en a conçu tant de depit
d'averfion pour vous , que
de
GALANT. 125
la maniere dont elle m'en vient
de parler , fes reffentimens ne ..
font pas encorefatisfaits . Confolez-
vous de la haine d'une
creature dont le coeur ne meritoit
pas votre tendreffe . Partez
un plus longfejour ici ne
feroit que vous attirer quelque
nouvelle difgrace. Je n'y ref
terai pas long - temps . Je la
connois , Dieu merci. Je ne me
repens pas de la compaffion que
j'en ai d'abord enë : mais je
fuis dégoûtée d'un commerce
qui ne convient gueres à mon
humeur.
Liij
126 MERCURE
L'étonnement , la honte ,
le depit , & la fureur s'emparerent
de fon coeur áprés
cette lecture . Les menaces
enfuite , les invectives , &
les defirs de vengeance exciterent
tour à tour fon aigreur
& fes reſſentimens :
mais aprés y avoir bien
penſé , tout cela fe reduifit
à prendre doucement fon
petit cheval de pofte , pour
remporter à Londres un
bon rhume pardeffus les defirs
& les tendres empreffemens
qu'il en avoit ap
portez. Il s'éloigna de ces
GALANT . 127
5
perfides lieux avec un peu
plus de vîteffe qu'il n'y étoit
arrivé , quoy qu'il n'eût pas
à beaucoup prés la tête remplie
d'auffi agreables penfées.
Cependant quand il
fe crut hors de portée de
rencontrerMilord Chefterfield
& fa chaffe , il voulut
un peu fe retourner , pour
avoir au moins le plaifir de
voir la priſon où cette méchante
bête étoit renfermée
mais il fut bien furpris
de voir une trés belle
maiſon , fituée ſur le bord
d'une riviere , au milieu d'u-
:
Liiij
128 MERCURE
ne campagne la plus agreable
& la plus riante qu'on
pût voir. Au diable le precipice
, ou le rocher qu'il y
vit ; ils n'étoient que dans
la lettre de la perfide . Nouveau
fujet de reffentiment
& de confufion pour un
homme qui s'étoit crû fçavant
dans les rufes , auffi
bien que dans les foibleffes
du beau fexe , & qui ſe
voyoit la dupe d'une coquette
, qui fe raccommodoit
avec un époux pour
vanger d'un amant.
Il regagna la bonne ville,
fe
GALANT. 129
ل
prêt à foûtenir contre tous ,
qu'il faut être de bon nafe
fier à la ten- turel
pour
dreffe d'une femme qui
nous a déja trompez : mais
qu'il faut être fou pour courir
aprés.
Memoires de la Vie du Comte
de Grammont , qui contient
particulierement l'Hiftoire
amoureufe de la Cour d'Angleterre
, fous le regne
Charles II. Imprimez à Code
logne.
Ce Livre doit faire
plaifir à ceux qui aiment
les portraits vifs & naturels
, le ftile noble &
GALANT. 103
leger. Pour en donner
une idée , on a mis ici
une des avantures qu'il
contient.
Pour être au fait de
cette avanture détachée ,
il faut fçavoir que Madame
Chesterfield ayant
été foupçonnée mal à
propos d'une galanterie ,
& fon mari jaloux en
ayant fait confidence au
galant Hamilton qui en
• étoit
amoureux cet amant
, auffi jaloux
que
I iiij
104 MERCURE
le mari , lui confeilla
d'emmener fa femme à
la campagne
. C'eſt de
cette campagne
que Madame
de Chesterfield
écrit
à l'amoureux
& jaloux
Hamilton
la lettre
qui fuit.
Vous ferez auffifurpris de
cette lettre , que je la fus de
Fair impitoyable dont vous
vites mon départ. Je veux
croire que vous vous êtes imaginé
des raisons quijuftifioient
dans votre esprit un procedé
GALANT.
jos
fi peu concevable. Si vous êtes
encore dans la dureté de ces
fentimens , ce fera vous faire
plaifir , que de vous apprendre
ce que je fouffre dans la
plus affreufe des prifons . Tout
ce qu'une campagne a de plus
trifte dans cette faifon s'offre
par- tout à ma vûë. Affiegée
d'impenetrables bouës , dune
fenêtre je vois des rochers ,
de l'autre des precipices : mais
de quelque côté que je tourne
mes regards dans la maiſon ,
jy rencontre ceux d'un jaloux,
moins fupportables encore que
tes triftes objets qui m'envipar
106 MERCURE
ronnent . J'ajoûterois aux malbeurs
de ma vie celui de pa-.
roître criminelle
aux yeux
d'un
homme , qui devroit m'avoir
juftifiée contre les apparences
convaincantes, fi par une innocence
averée j'étois en droit
de me plaindre , ou de faire
des reproches. Mais comment
fe juftifier de fi loin ? & comment
fe flater que la defcription
d'un fejour épouvantable
ne vous empêchera pas de m'écouter
? Mais êtes- vous digne
que je le fouhaite ? Ciel !
que je vous haïrois , ſi je ne
vous aimois à la fureur. VeGALANT
107
nez donc me voir une feulė
fois , pour entendre ma juftification
; je fuis perfuadée
que fi vous me trouvez coupable
aprés cette vifite , ce ne
fera pas envers vous . Nôtre
Argus part demain pour un
procés , qui le retiendra huit
jours à Cheſter. Fe
le gagnera : mais je ſçai bien
qu'il ne tiendra qu'à vous
qu'il en perde un , qui lui tient
pour le moins autant au coeur
que celui qu'il va folliciter.
ne fçai s'il
Il y avoit dans cette lettre
de quoy faire donner
108 MERCURE
tête baiffée dans une avan
ture plus temeraire que
celle qu'on lui propoſoit ,
quoy qu'elle fût affez gaillarde.
Il ne voyoit pas trop
bien comment elle feroit
pour ſe juſtifier ; mais elle
l'affaroit qu'il feroit content
du voyage , & c'étoit
tout ce qu'il demandoit
pour lors.
Il avoit une parente au
prés de Madame de Chef.
terfield. Cette parente ,
qui l'avoit bien voulu fuivre
dans fon exil , étoit entrée
quelque peu dans leur
GALANT. 109
confidence. Ce fut par elle
qu'il reçut cette lettre, avec
toutes les inftructions neceffaires
fur fon départ &
fur fon arrivée. Dans ces
fortes d'expeditions le fet
cret eft neceffaire,du moins
1 avant que d'avoir mis l'avanture
à fin. Il prit la pof
te , & partit de nuit , animé
d'efperances fi tendres & fi
flateufes , qu'en moins de
rien , en comparaiſon du
temps & des chemins , il
eut fait cinquante mortelles
lieuës. A la derniere pof
te il renvoya difcretement
110 MERCURE
fon poftillon . Il n'étoit pas
encore jour ; & de peur des
rochers & des precipices ,
dont elle avoit fait mention
, il marchoit avec affez
de prudence pour un
homme amoureux.
Il evita done heureufement
tous les mauvais pas
& , fuivant fes inftructions ,
il mit pied à terre à certaine
petite cabane , qui joignoit
les murs du parc . Le lieu
n'étoit pas magnifique :
mais comme il avoit befoin
de repos, il y trouva ce qu'il
faloit pour cela. Il ne fe
GALANT. In
foucioit point de voir le
jour , & fe foucioit encore
moins d'en être vû ; c'eft
pourquoy s'etant renfermé
dans cette retraite obfcure,
il y dormit d'un profond
fommeil jufqu'à la moitié
du jour. Comme il ſentoit
une grande faim à fon ré
veil , il mangea fort & ferme
; & comme c'étoit
l'homme de la Cour le plus
e propre , & que la femme
d'Angleterre la plus propre
l'attendoit , il paffa le refte
de la journée à fe décraffer
, & à fe faire toutes les
112 MERCURE
preparations que le temps
& le lieu permettoient, fans
daigner ni mettre la tête un
moment dehors , ni faire
la moindre queftion à fes
hôtes. Enfin les ordres qu'il
attendoit avec
impatience
arriverent à l'entrée de la
nuit , par une espece de grifon
, qui lui fervant de guide
, aprés avoir erré pendant
une demi- heure dans
les boues d'un parc d'une
vafte étendue , le fit enfin
entrer dans un jardin , où
donnoit la porte d'une falle
baffe. Il fut pofté vis à vis
de
GALANT. 113
de cette porte , par laquelle
on devoir bientôt l'intro
duire dans des lieux plus:
agreables. Son guide lui
donna le bon foir la nuit .
fe ferma , mais la porte ne
s'ouvrit point.
1. On étoit à la fin de l'hy
ver ; cependant il fembloit
qu'on ne fûr qu'au commencement
du froid . Ilé.
toit croté juſques aux ge…]
noux , & fentoit que pour
peu qu'il prît encore l'air !
dans ce jardin, la gelée met
troit toute cette crore à fech
Ce commencement d'une
Avril
1714
- K
114
MERCURE
nuit fort âpre & fort obſcu
re eût été rude pour un au
tre: mais ce n'étoit rien pour
un homme qui fe flatoit
d'en paffer fi delicieufe
ment la fin. Il ne laiſſa pas
de s'étonner de tant de precautions
dans l'abfence du
mari . Son imagination
, que
mille tendres idées réchauf
foient , le foûtiac quelque
temps contre les cruautez
de l'impatience , & contre
les rigueurs du froid : mais
il la fentit peu à peu refroi
dir ; & deux heures , qui lui
parurent deux ficcles s'é
GALANT. 115
tant paffées fans qu'on lui
donnât le moindre figne de
vie ni de la porte , ni des fenêtres,
il ſe mit à faire quelques
raifonnemens en luimême
fur l'état prefent de
fes afaires , & fur le parti qu'il
yavoit à prendre dans cette
conjoncture. Si nousfrapions
à cette maudite porte, difoit il ;
I carencore eft-il plus honorable,
file malheur m'en veut, de perir
dans la maifon, que de mourir
de froid dans le jardin. Il
eft vrai, reprenoit,il , que ce
parti peut expofer une perfonne
, que quelque accident im
Kij
116 MERCURE
prévû met peut-être à l'heure
qu'il eft encore plus au defefpoir
que moy. Cette penſée
le munit de tout ce qu'il
pouvoit avoir de patience
& de fermeté contre les ennemis
qui le combattoient
.
Il fe mit à fe promener
à
grands pas , refolu d'attendre
le plus long temps qu'il
feroit poffible fans en mourir
la fin d'une avanture
qui commençoit
fi triſte
ment Tout cela fut inutile,
& , quelques mouvemens
qu'il fe donnât , envelopé
d'un gros manteau , l'enGALANT.
117
gourdiffement commençoit
à le faifir de tous cô.
tez, & le froid dominoit en
depit de tout ce que les empreffemens
de l'amour ont
de plus vif. Le jour n'étoit
pas loin ; & dans l'état où
la nuit l'avoit mís , jugeant
que ce feroit deformais inutilement
que cette porte enforcelée
s'ouvriroit , il re
gagna du mieux qu'il put
l'endroit d'où il étoit parti .
pour cette merveilleufe ex
pedition.
Il falut tous les fagots de
la petite maiſon pour le déc
118 MERCURE
geler. Plus il fongeoit à fon
avanture , plus les circonf
tances lui en paroiffoient ,
bizarres &
incomprehenſi-
,
bles. Mais loin de s'en prendre
à la charmante Chefterfield
, il avoit mille differentes
inquietudes pour elle.
Tantôt il s'amaginoit,
que fon mari pouvoit être
inopinément revenu ; tantôt
que quelque mal fubit
l'avoit faifie , enfin que quelque
obftacle s'étoit mal
heureulement mis à la traverfe
pour s'opposer à fon
bonheur ,juftement au fort
GALANT. 119
des bonnes
intentions qu'
on avoit pour lui. Mais
difoit- il , pourquoy m'avoir,
oublié dans ce maudit jardin ?
Quoy ! ne pas trouver un petit
moment pour mefaire au moins
quelque figne , puis qu'on ne
pouvoit ni me parler , ni me
recevoir ? Il ne fçavoir à laquelle
de ces conjectures
s'en tenir , ni que répondre
aux queftions qu'il s'étoit
faites mais comme il fe
flata que tout iroit mieux la
nuit fuivante , aprés avoir
fait vau de ne plus remertre
le pied dans ce malen
120 MERCURE
contreux jardin , il ordonna
qu'on l'avertît d'abord qu'-
on demanderoit
à lui parler
, fe coucha dans le plus
méchant lit du monde , &
ne laiffa pas de s'endormir
comme il eût fait dans le
meilleur. Il avoit compté
de n'être réveillé que par
quelque lettre , ou quelque
meffage de Madame de
Chesterfield : mais il n'avoit
pas dormi deux heures ,
qu'il le fut par un grand
bruit de cors & de chiens!
La chaumiere , qui lui fer
voit de retraite , touchoir ,
comGALANT.
121
me nous avons dit , les murailles
du parc. Il appella
fon hôte , pour fçavoir un
peu que diable c'étoit que
cette chaffe , qui fembloit
être au milieu de fa chambre
, tant le bruit augmentoit
en approchant. On lui
dit que c'étoit Monseigneur
qui couroit le lievre dans fon
parc. QuelMonfeigneur , ditil
tout étonné ? Monfeigneur
le Comte de Chesterfield , répondit
le payfan. Il fut fi
frapé de cette nouvelle ,
que dans fa premiere ſurprife
il mit la tête fous les
Avril 1714.
L
122 MERCURE
couvertures , croyant déja
le voir entrer avec tous fes
chiens. Mais dés qu'il fut
un peu revenu de fon étonnement
, il fe mit à maudire
les caprices de la fortune
, ne doutant pas que
le retour inopiné d'un ja
loux importun n'eût caufé
toutes les tribulations de la
nuit precedente.
Il n'y eut plus moyen de
fe rendormir aprés une telle
alarme. Il ſe leva , pour repaſſer
dans ſon eſprit tous .
les ftratagêmes qu'on a
coûtume d'employer pour
GALANT.
123
tromper , ou pour éloigner
un vilain mari , qui s'avifoit
de negliger fon procés pour
obfeder fa femme. Il achevoit
de s'habiller , & com- .
mençoit à queftionner ſon
hôte , lorfque le même grifon
qui l'avoit conduit au
jardin , lui rendit une lettre
, & difparut fans attendre
la réponſe . Cette lettre
étoit de fa parente , & voici
ce qu'elle contenoit .
Je fuis au defefpoir d'avoir
innocemment contribué à vous
attirer dans un licu où l'on ne
Lij
124 MERCURE
eût part :
vous fait venir que pour fe
・moquer de vous. Je m'étois opposée
au projet de ce voyage ,
quoique je fuffe perfuadée que
fa tendreffe feule y
mais elle vient de m'en defabufer.
Elle triomphe dans le
tour qu'elle vous a joué. Non
feulement fon mari n'a bougé
d'ici , mais il y refte par com-·
plaifance. Il la traite le mieux
du monde , c'est dans leur
raccommodement qu'elle afçû
que vous lui aviez confeillé de
la mener à la
t
campagne
. Elle
en a conçu tant de depit
d'averfion pour vous , que
de
GALANT. 125
la maniere dont elle m'en vient
de parler , fes reffentimens ne ..
font pas encorefatisfaits . Confolez-
vous de la haine d'une
creature dont le coeur ne meritoit
pas votre tendreffe . Partez
un plus longfejour ici ne
feroit que vous attirer quelque
nouvelle difgrace. Je n'y ref
terai pas long - temps . Je la
connois , Dieu merci. Je ne me
repens pas de la compaffion que
j'en ai d'abord enë : mais je
fuis dégoûtée d'un commerce
qui ne convient gueres à mon
humeur.
Liij
126 MERCURE
L'étonnement , la honte ,
le depit , & la fureur s'emparerent
de fon coeur áprés
cette lecture . Les menaces
enfuite , les invectives , &
les defirs de vengeance exciterent
tour à tour fon aigreur
& fes reſſentimens :
mais aprés y avoir bien
penſé , tout cela fe reduifit
à prendre doucement fon
petit cheval de pofte , pour
remporter à Londres un
bon rhume pardeffus les defirs
& les tendres empreffemens
qu'il en avoit ap
portez. Il s'éloigna de ces
GALANT . 127
5
perfides lieux avec un peu
plus de vîteffe qu'il n'y étoit
arrivé , quoy qu'il n'eût pas
à beaucoup prés la tête remplie
d'auffi agreables penfées.
Cependant quand il
fe crut hors de portée de
rencontrerMilord Chefterfield
& fa chaffe , il voulut
un peu fe retourner , pour
avoir au moins le plaifir de
voir la priſon où cette méchante
bête étoit renfermée
mais il fut bien furpris
de voir une trés belle
maiſon , fituée ſur le bord
d'une riviere , au milieu d'u-
:
Liiij
128 MERCURE
ne campagne la plus agreable
& la plus riante qu'on
pût voir. Au diable le precipice
, ou le rocher qu'il y
vit ; ils n'étoient que dans
la lettre de la perfide . Nouveau
fujet de reffentiment
& de confufion pour un
homme qui s'étoit crû fçavant
dans les rufes , auffi
bien que dans les foibleffes
du beau fexe , & qui ſe
voyoit la dupe d'une coquette
, qui fe raccommodoit
avec un époux pour
vanger d'un amant.
Il regagna la bonne ville,
fe
GALANT. 129
ل
prêt à foûtenir contre tous ,
qu'il faut être de bon nafe
fier à la ten- turel
pour
dreffe d'une femme qui
nous a déja trompez : mais
qu'il faut être fou pour courir
aprés.
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Résumé : LIVRE NOUVEAU. Memoires de la Vie du Comte de Grammont, qui contient particulierement l'Histoire amoureuse de la Cour d'Angleterre, sous le regne de Charles II. Imprimez à Cologne.
Le texte extrait des 'Mémoires de la Vie du Comte de Grammont' relate une aventure amoureuse à la cour d'Angleterre sous le règne de Charles II. L'histoire se concentre sur Madame de Chesterfield, injustement soupçonnée d'infidélité par son mari jaloux. Ce dernier, influencé par Hamilton, un amant jaloux de Madame de Chesterfield, lui conseille de l'emmener à la campagne pour la surveiller. Madame de Chesterfield écrit à Hamilton une lettre désespérée, se décrivant prisonnière dans un lieu affreux, entouré de boues, de rochers et de précipices, et surveillée par son mari jaloux. Elle exprime son amour pour Hamilton et le supplie de venir la voir pour qu'elle puisse se justifier. Hamilton, malgré ses doutes, décide de se rendre à la campagne, guidé par une parente de Madame de Chesterfield. À son arrivée, Hamilton attend toute la nuit dans un jardin glacial, sans que la porte de la maison s'ouvre. Le matin, il retourne à sa retraite, perplexe et engourdi par le froid. Il est réveillé par la chasse du Comte de Chesterfield, ce qui le plonge dans la confusion. Il reçoit ensuite une lettre de sa parente, révélant que Madame de Chesterfield s'est moquée de lui et s'est réconciliée avec son mari. Hamilton, furieux et humilié, retourne à Londres. Il découvre alors que la maison de Madame de Chesterfield est en réalité belle et agréable, contrairement à la description de la lettre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3892
p. 129-132
ENIGME.
Début :
Voici deux soeurs des plus aimables, [...]
Mots clefs :
Rose et le lis
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
ENIGM E.
Voici deux foeurs des
plus aimables ,
Dont l'une eft Reine ,
Z l'autre Roys
Leurs appasfont divins ,
fi l'on en croit les
し
130 MERCURE
fables ,
Et fans eux , ou fans
leurs femblables
,
Vousquipouvez de bonne
foy
A mille coeurs donner la
loy ,
Jeunes beautez ( que de
deuil de larmes ! )
Vous n'auriez pas la
moitié de vos charmes
.
:
En faveur de leurs
grands attraits
GALANT . 131
On les aime par toute
terre ,
L'une furtout en France,
5 l'autre en Angleterre
,
Et ces Etats en ontgrand
nombre de
portraits
Des plus riches des
mieux faits.
Le Roy fe foûtient de
lui- même ,
Il eft grand , droit
vigoureux i
La Reine eft foible &
132 MERCURE
tendre , merite
qu'on l'aimes
Auffi fon air eft amoureux
:
Mais la belle a des gardes
Arme de bonnes hallebardes
,
Pour la défendre , ou la
vanger
De l'étourdi qui la veut
outrager.
Voici deux foeurs des
plus aimables ,
Dont l'une eft Reine ,
Z l'autre Roys
Leurs appasfont divins ,
fi l'on en croit les
し
130 MERCURE
fables ,
Et fans eux , ou fans
leurs femblables
,
Vousquipouvez de bonne
foy
A mille coeurs donner la
loy ,
Jeunes beautez ( que de
deuil de larmes ! )
Vous n'auriez pas la
moitié de vos charmes
.
:
En faveur de leurs
grands attraits
GALANT . 131
On les aime par toute
terre ,
L'une furtout en France,
5 l'autre en Angleterre
,
Et ces Etats en ontgrand
nombre de
portraits
Des plus riches des
mieux faits.
Le Roy fe foûtient de
lui- même ,
Il eft grand , droit
vigoureux i
La Reine eft foible &
132 MERCURE
tendre , merite
qu'on l'aimes
Auffi fon air eft amoureux
:
Mais la belle a des gardes
Arme de bonnes hallebardes
,
Pour la défendre , ou la
vanger
De l'étourdi qui la veut
outrager.
Fermer
3893
p. 133-135
Autre Enigme.
Début :
Quiconque s'est servi de moy, [...]
Mots clefs :
Éventail
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Autre Enigme.
Autre
Enigme.
Quiconque s'eftfervi de
moy ,
Scait combien à prefent
utile eft mon employ.
Mon corps eft fimple &
froid autant qu'on
le peut être ;
Il est pourvû de plufieurs
bras ,
Dont le nombre ne doit
faire aucun embarras
.
134 MERCURE
Qu'il fuffife
au lecteur
qui cherche
à meconnoître
Que demoyfans cela on
feroit peu de cas.
Il nefaut point que l'on
s'étonne
Si ce que je n'ai pas ,
quand on veut je
le donne :
De moy-mêmeje ne puis
rien ,
Parle fecours d'autrui je
rends le mien utile
Et je ne fais ni mal ni
bien
GALANT . 135
Tandis qu'on me laiſſe
inutile.
Enigme.
Quiconque s'eftfervi de
moy ,
Scait combien à prefent
utile eft mon employ.
Mon corps eft fimple &
froid autant qu'on
le peut être ;
Il est pourvû de plufieurs
bras ,
Dont le nombre ne doit
faire aucun embarras
.
134 MERCURE
Qu'il fuffife
au lecteur
qui cherche
à meconnoître
Que demoyfans cela on
feroit peu de cas.
Il nefaut point que l'on
s'étonne
Si ce que je n'ai pas ,
quand on veut je
le donne :
De moy-mêmeje ne puis
rien ,
Parle fecours d'autrui je
rends le mien utile
Et je ne fais ni mal ni
bien
GALANT . 135
Tandis qu'on me laiſſe
inutile.
Fermer
3894
p. 135-144
LA FONTAINE de Jouvence.
Début :
Jupiter qui de l'empirée [...]
Mots clefs :
Pluton, Neptune, Jeunesse, Fontaine de jouvence
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA FONTAINE de Jouvence.
LA FONTAINE
de Jouvence .
Jupiter qui de l'empirée
Avoit chaffé Saturne &
Rhée ;
Qui par un attentat doublement
criminel
S'étoit faifi fur eux du trôné
paternel ,
Et qui, fuivant le cours de
fa bonne fortune ,
136
MERCURE
Soûmettoit en tyran tout le
monde à fes loix ,
Se vit enfin forcé
par
ton & Neptune
Plu-
De le partager entre eux
trois.
Neptune pour fon lot cut le
fceptre aquatique
,
Et regna fur toutes les mers.
Pluton , content du fien ,
prit le titre emphatique
De grand Monarque des
enfers.
Jupiter , pour fon droit d'aîneffe
,
Eut le refte de l'univers ,
Et feignit même avec adref
Le De
GALANT. 137
De s'en voir fans chagrin
dépouillé des deux
tiers.
Cependant , en fecret outré
de cette perte ,
De ceux qui la caufoient il
vouloit
fe vanger
.
Mais quoy les attaque .
tous deux à force
ouverte
Il y trouvoit trop de danger.
Ainfi recourant à la rufe ,
Il flate Neptune , l'abuſe ,
Et , d'accord avec lui , fait
l'établiſſement
De laFontaine de Jouvence.
M Avril 1714.
138 MERCURE
Cette fource d'abord parut
fans
confequence ,
On s'en loua partout , &
l'on crut feulement
Que propice
à la race humaine
,
Il lui faifoit ce nouveau
don :
Mais elle étoit un fruit de
fon adroite haine ,
Il fe vangeoit par elle , &
par elle Pluton
Eût infenfenfiblement vû
ſaper & détruire
Le fondement de fon em.
pire ;
Car l'homme , quoique né
GALANT. - 139
נ
3
mortel ,
S'y dépouilloir de fa vieilleſſe
,
Et trouvoit dans fes eaux
une verte jeuneſſe
Qui le rendoit comme éternel
:
De forte qu'à la fin les droits
de ce Monarque
Se trouvant affoiblis par le
peu de mourans
Et par l'oifiveté de la fatale
barque ,
Il eût été facile au vainqueur
des Geans
De reprendre fur lui , fans
ſujets , ſans finance ,
Mij
140 MERCURE
Ce
que la feule violence
Avoit arraché de fa main.
Pluton détruit , Neptune
en vain
Eût voulu faire refiftance
;
Ses Monftres marins , fes
Tritons ,
Ses
rochers
menaçans , fes
abimes
profonds
L'auroient vû forcer de lui
rendre
Ces humides Eftats qu'ils
n'auroient pû défendre.
Mais Pluton s'étant apperçû
GALANT. 141
1
Du tort que fon Royaume
avoit déja reçû
De cette fameuſe fontaine
,
Confulta le prudent Minos.
Vôtre Majefté foûterraine ,
Répondit il en peu
mots ,
de
Sçait que jamais un Dieu
n'eft en droit de défaire
Ce qu'une autre Deïté
fait ,
Et qu'il peut feulement en
détruire l'effet ,
Ainfi pour vous tirer d'af
faire ,
142 MERCURE
Mon avis eft , grand Roy,
qu'il ſeroit à propos
De commettre au plus vîte
un dragon à la garde
De ces rajeuniffantes eaux.
Alors je ne crois pas que
quelqu'un fe hazarde
D'en approcher encor ;
la peur qu'on en
aura
Surmontera bientôt celle
de la vieilleſſe ,
Et quelque attrait qu'ait la
jeuneffe ,
Tel qui courroit aprés fur
ſes pas reviendra.
Ce confeil étoit falutaire ;)
GALANT.
143
Le fage Pluton le fuivit ,
Et les hommes enfin que la
frayeur faifit ,
Moururent comme à l'ordinaire.
Ce monftre affreux les fit
trembler
;
Les infirmitez du vieil âge
Leur parurent bien moins
funeftes que la rage ,
Et trouvant à s'en confoler
Par cette conduite prudente
1
I Qui fuit , ou que
les
ans ,
donnent
On les vit , même en che144
MERCURE
veux blancs ,
Sortir d'une façon riante
De la jeuneffe petulante.
Mais le beau fexe moins
poltron ,
Alla toûjours à la fontaine ,
Et de cet infernal dragon
Sans craindre la brûlante
haleine ,
Crut qu'il valoit autant s'expoſer
à perir ,
Que voir , même avant fon
autonne ,
Refroidir les amans que ſon
printemps lui donne ,
lui feul peut retenir.
de Jouvence .
Jupiter qui de l'empirée
Avoit chaffé Saturne &
Rhée ;
Qui par un attentat doublement
criminel
S'étoit faifi fur eux du trôné
paternel ,
Et qui, fuivant le cours de
fa bonne fortune ,
136
MERCURE
Soûmettoit en tyran tout le
monde à fes loix ,
Se vit enfin forcé
par
ton & Neptune
Plu-
De le partager entre eux
trois.
Neptune pour fon lot cut le
fceptre aquatique
,
Et regna fur toutes les mers.
Pluton , content du fien ,
prit le titre emphatique
De grand Monarque des
enfers.
Jupiter , pour fon droit d'aîneffe
,
Eut le refte de l'univers ,
Et feignit même avec adref
Le De
GALANT. 137
De s'en voir fans chagrin
dépouillé des deux
tiers.
Cependant , en fecret outré
de cette perte ,
De ceux qui la caufoient il
vouloit
fe vanger
.
Mais quoy les attaque .
tous deux à force
ouverte
Il y trouvoit trop de danger.
Ainfi recourant à la rufe ,
Il flate Neptune , l'abuſe ,
Et , d'accord avec lui , fait
l'établiſſement
De laFontaine de Jouvence.
M Avril 1714.
138 MERCURE
Cette fource d'abord parut
fans
confequence ,
On s'en loua partout , &
l'on crut feulement
Que propice
à la race humaine
,
Il lui faifoit ce nouveau
don :
Mais elle étoit un fruit de
fon adroite haine ,
Il fe vangeoit par elle , &
par elle Pluton
Eût infenfenfiblement vû
ſaper & détruire
Le fondement de fon em.
pire ;
Car l'homme , quoique né
GALANT. - 139
נ
3
mortel ,
S'y dépouilloir de fa vieilleſſe
,
Et trouvoit dans fes eaux
une verte jeuneſſe
Qui le rendoit comme éternel
:
De forte qu'à la fin les droits
de ce Monarque
Se trouvant affoiblis par le
peu de mourans
Et par l'oifiveté de la fatale
barque ,
Il eût été facile au vainqueur
des Geans
De reprendre fur lui , fans
ſujets , ſans finance ,
Mij
140 MERCURE
Ce
que la feule violence
Avoit arraché de fa main.
Pluton détruit , Neptune
en vain
Eût voulu faire refiftance
;
Ses Monftres marins , fes
Tritons ,
Ses
rochers
menaçans , fes
abimes
profonds
L'auroient vû forcer de lui
rendre
Ces humides Eftats qu'ils
n'auroient pû défendre.
Mais Pluton s'étant apperçû
GALANT. 141
1
Du tort que fon Royaume
avoit déja reçû
De cette fameuſe fontaine
,
Confulta le prudent Minos.
Vôtre Majefté foûterraine ,
Répondit il en peu
mots ,
de
Sçait que jamais un Dieu
n'eft en droit de défaire
Ce qu'une autre Deïté
fait ,
Et qu'il peut feulement en
détruire l'effet ,
Ainfi pour vous tirer d'af
faire ,
142 MERCURE
Mon avis eft , grand Roy,
qu'il ſeroit à propos
De commettre au plus vîte
un dragon à la garde
De ces rajeuniffantes eaux.
Alors je ne crois pas que
quelqu'un fe hazarde
D'en approcher encor ;
la peur qu'on en
aura
Surmontera bientôt celle
de la vieilleſſe ,
Et quelque attrait qu'ait la
jeuneffe ,
Tel qui courroit aprés fur
ſes pas reviendra.
Ce confeil étoit falutaire ;)
GALANT.
143
Le fage Pluton le fuivit ,
Et les hommes enfin que la
frayeur faifit ,
Moururent comme à l'ordinaire.
Ce monftre affreux les fit
trembler
;
Les infirmitez du vieil âge
Leur parurent bien moins
funeftes que la rage ,
Et trouvant à s'en confoler
Par cette conduite prudente
1
I Qui fuit , ou que
les
ans ,
donnent
On les vit , même en che144
MERCURE
veux blancs ,
Sortir d'une façon riante
De la jeuneffe petulante.
Mais le beau fexe moins
poltron ,
Alla toûjours à la fontaine ,
Et de cet infernal dragon
Sans craindre la brûlante
haleine ,
Crut qu'il valoit autant s'expoſer
à perir ,
Que voir , même avant fon
autonne ,
Refroidir les amans que ſon
printemps lui donne ,
lui feul peut retenir.
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Résumé : LA FONTAINE de Jouvence.
Le texte narre une légende concernant Jupiter, Neptune et Pluton. Après avoir renversé Saturne et Rhée, Jupiter partage le monde avec ses frères : Neptune reçoit les mers, Pluton les enfers et Jupiter le reste de l'univers. Insatisfait de cette répartition, Jupiter complote en secret pour se venger. Il crée la Fontaine de Jouvence avec Neptune pour affaiblir Pluton, car cette fontaine rend les hommes éternellement jeunes, réduisant ainsi le nombre de morts et affaiblissant l'empire de Pluton. Ce dernier, conscient du danger, consulte Minos qui lui conseille de placer un dragon pour garder la fontaine. La peur du dragon incite les hommes à accepter leur mortalité naturelle. Cependant, les femmes, moins effrayées, continuent de chercher la fontaine malgré le danger.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3895
p. 145-194
REMARQUES sur les inégalitez du Mouvement des Horloges à Pendule.
Début :
Les Astronomes qui ont pris grand soin de regler leurs [...]
Mots clefs :
Pendule, Mouvement de la terre, Air, Vibrations, Eau, Terre, Ligne, Corps, Longueur du pendule, Cayenne, Poids, Pendule simple, Seconde, Gorée, Horloge, Axe, Particules, Cycloïde, Pôles, Expérience
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texteReconnaissance textuelle : REMARQUES sur les inégalitez du Mouvement des Horloges à Pendule.
REMARQUES
Sur les inégalitez du Mouvement
des Horloges à Pendule.
L
Es
Aftronomes qui ont
pris grandfoinde regler
leurs Pendules à ſecon-
1 des , fur le Mouvement des
Aftres , y ont remarqué des
inégalitez , qu'ils n'ont pû réduire
à aucune regle certaine.
J'ay fait quelques remarques
fur ces inégalitez dans le Me.
moire que j'ay lû à l'Acadé-
N Avril
1714.
146 MERCURE
mie , & entr'autres fur celles
par
qui peuvent
venir d'une petite
lame de reffort , que j'avois
miſe à la place de la foye
pour foutenir
le Pendule ; car
j'avois cru que cette lame ,
n'étant pas ſujette aux alterations
qui arrivent
à la foye ,
la féchereffe
& par l'humidité
de l'air , les vibrations
du Pendule
pourroient
eftre
beaucoup
plus égales : Mais
enfin je fus obligé d'ofter la
lame & d'y mettre la foye , à
caufe que j'y remarquois
des
inégalitez
bien plus grandes
qu'auparavant
; & j'ay trouvé
GALANT. 147
depuis que l'Horloge alloit
affez juftement pour ne pas
s'écarter quelques fois du
moyen mouvement d'une
feule feconde dans l'efpace de
quatre jours , où le Pendule
fait 345600. vibrations . Mais
j'ay auffi remarqué quelques
fois , que d'un jour à l'autre
il y avoit des changemens af
fez confiderables pour embarraffer
un Obfervateur exact ,
& pour donner de l'exercice à
un Philofophe qui en voudroit
rechercher la caufe , la.
quelle ne peut
fique.
cftre que Phy-
Nij
148 MERCURE
Les differens états de l'air
femblent eftre les feules caufes
des changemens que nous
remarquons au Mouvement
des Pendules ; car il eſt chaud
ou froid , fec ou humide , leger
ou pefant , rare ou groffier
ou épais ; toutes ces differentes
qualitez fe mêlant enfemble
en differens degrez ,
peuvent caufer de grandes alterations
au Mouvement des
Horloges. Mais pour reconnoiftre
quelque chofe de ce
qui doit arriver , il faut confiderer
féparément ces états
differens .
GALANT 149
7 des
On fuppofe premierement ,
que fi la Cycloïde eft bien
faite fuivant les regles que Mr
Huggens en a données , tout
ce qui peut accelerer ou ralentir
le Mouvement des rouës ,
ne doit apporter aucun changement
à l'Horloge , puifqu'il
n'en pourroit arriver
vibrations plus longues , ou
plus courtes , lefquelles ne
laifferoient pas d'eftre fochrones
ou d'égale durée . Ainfi
le froid pouvant figer en quelque
façon le peu d'huile qui
eft attaché aux pivots des
rouës , fera
que
que leur Mouve-
Niij
So MERCURE
ment fera plus difficile que
dans un temps chaud ou
l'huile fera plus liquide , &
par confequent les vibrations
deviendront plus
courtes ;
elles ne
laifferont pas d'eftre
d'égale durée à celles qui font
plus longues , cftant rectifiées
par la figure de la Cycloïde.
L'humidité qui
s'attachera
aux touës , & aux pivots pourra
caufer à peu prés le même
effet fans qu'il arrive d'inégalité
au Mouvement
.
Mais quoique la Cycloïde
foit la figure neceffaire pour
faire que les vibrations
lonGALANT.
151
gues ou courtes , foient Ifochrones
, il falloit confiderer ,
qu'elle ne pouvoit avoir lieu
que lorsque la fufpenfion n'auroit
aucune groffeur ou épaiffeur,
ce qui eft impoffible dans
l'execution
; c'est pourquoy
,
puifqu'on fe fert d'un fil de
e
foye tortillé , qui eft affezgros
pour foutenir la lentille du
pendillon ou Pendule qui eft
pefante , & qu'on ne doit
rien négliger , de ce qui peur
contribuer à la jufteffe de ce
Mouvement ; il ne faut pas
que la figure foit une Cycloïde
, mais une ligne paralelle à
Niiij
152 MERCURE
la Cycloïde laquelle en foit
éloignée vers la partie concave
de la moitié de
l'épaiffeur du
fil , afin que l'axe où le milieu
de ce fil décrive exactement
la Cycloïde , comme je l'ay expliqué
dans mon Traité des
Epicycloïdes qui doivent fervir
au Mouvement des Machines.
On peut auffi
remarquer
que les petits filets de foye qui
compofent le fil , font fecs &
roides , & qu'ils peuvent par
confequent fouffrir tous enfembles
des alterations confi-
1
derables , & à
peu prés femblables
à celles de la lame de
GALANT . 153
reffort , qui eft plus roide dans
des temps froids , lecs & plus
molle dans des temps chauds ;
mais c'eſt un accident qu'on
ne peut éviter , quand on fe
fert d'une fufpenfion flexible
pour le Pendule ; c'eft pour
quoi on pourroit éprouver
celle que j'ay propofée dans
differens Memoires.
Si l'on confidere les diffe
& rens états de l'air par rapport
au Pendule , & non pas par
rapport au rouage de l'Horloge,
on y remarquera tant de
differens accidens , qu'à peine
pourroit- on croire que l'Hor
7.
154 MERCURE
loge pût aller également une
heure en terre , pendant laquelle
le Pendule fait 3600 .
vibrations ou battemens.
On fçait que la chaleur du
Soleil en Eté eft affezforte pour
échauffer une barre de fer de
fix pieds de longueur , & la
rendre plus longue qu'elle n'étoit
en Hiver , ayant efté expofée
à la gelée, de deux tiers
de ligne , comme je l'ay reconnu
par une experience tresexacte
que j'en ay faite autrefois.
C'est pourquoi ces deux
états differens de l'air fur la
longueur, de la verge du PenGALANT
. 155
-1
dule , qui doit eftre de trois
pieds huit lignes un deuxième
pour battre les fecondes , la
pourroit changer d'un tiers de
ligne , ce qui cauferoit une
difference tres- confiderable
dans la durée des vibrations
du Pendule , puifqu'elle pourroir
aller jufqu'à 32. par jour,
Mais comme ce cas ne pourroit
arriver que lorfque l'Horloge
feroit expofée à l'air , &
au Soleil dans ces deux faifons,
ce qui n'eft pas ordinairement,
on n'y remarque pas de fi
grands changemens . Il arrive
quelque fois d'affez grandes
156 MERCURE
differences de chaleur d'un jour
à l'autre , & de la nuit au jour
pour faire allonger ou racourcir
la verge du Pendule , qui
pourra ralentir ou accelerer
le Mouvement de l'Horloge,
de quelques fecondes , comme
nous le remarquons auffi quel
que fois , ce qui peut venir par
cette feule caufe. C'est pourquoi
dans l'ufage qu'on fait
des Horloges à Pendule pour
les obfervations celeftes , où il
eft neceffaire de connoiftre
l'heure dans la derniere juf
teffe , il faut les placer dans un
lieu où elles foient le plus à la
GALANT. 157
l'abri qu'il eft poffible , de
toutes les injures de l'air.
L'humidité , la féchereffe ,
la denfité , la rareté de l'air peuvent
auffi caufer des alterations
confiderables
auMouve-
3 ment du Pendule. Car lorfque
l'air fera humide , c'est- à- dire
lorſqu'il ſera rempli de quantité
de petites particules d'eau
qui y demeurent
fufpendues ,
ou lorsqu'il eft denfe ou épais,
le Pendule , aura plus de peine
à le fendre , & il femble que
fes vibrations doivent cftre
alors de bien plus longue durée
que lorsqu'il eft fec ou ra 31
158 MERCURE
re. Car nous fçavons par experience
qu'une plume treslegere
tombe dans un tuyau
dont on a pompé l'air,prefque
auffi vite qu'une pierre fait
dans l'air. Mais comme on ne
doit point juger de ce qui
doit arriver dans ces fortes de
rencontres fans en faire l'experience
lorsqu'il eft poffible
de la faire , j'ay cru que fi l'air
humide ou épais peut rendre
les vibrations de plus longue
durée qu'un air fec & rare ,
on devoit appercevoir une
tres grande difference entre le
Mouvement du Pendule dans
GALANT . 159
l'air & dans l'eau . Pour connoistre
ce qui en eftoit , j'ay
fait un Pendule à demi fecondes
avec une bale de plomb
de deux onces de
pefanteur ,
laquelle eftoit fufpenduë à un
fil delié , & je l'ay mis en.
mouvement dans l'eau . J'ay
remarqué dabord que les
grandes vibrations fe racourciffoient
, & que le mouvement
s'arreftoit infenfiblement
aprés une minute & un
peu plus. Mais comme je me
perfuadois que ces vibrations
dans l'eau devoient eftre au
moins d'une feconde chacune ,
160 MERCURE
lefquelles n'eftoient que d'une
demi feconde dans l'air , j'ay
efté fort furpris de voir
qu'elles me paroiffent prefqu'-
auffi promptes ou d'égale durée
à celles qui ſe faifoient
dans l'air. Pour les mefurer
exactement j'ay fair compter
les vibrations du Pendule de
l'Horloge à feconde , pendant
une minute , & à même
temps je comptois les vibrations
du Pendule à demi feconde
, dans l'eau d'un grand
vaiffeau plat , où la balc
eftoit enfoncée d'un demi
pouce environ , & j'ay trouvé
1
aptés
GALANT . 161
1
aprés avoir repeté plufieurs
fois la même experience , que
le Pendule dans l'eau ne faifoit
que 112. vibrations au lieu
des 120. qu'il auroit faites
dans l'air pour une minute.
J'ay fait auffi la même experience
avec un Pendule
fimple à fecondes , dont la bale
qui eftoit de plomb , peſoit
cinq onces , & j'ay trouvé
comme dans l'autre que les
grandes vibrations duroient
fort peu de tems , & que
Pendule s'arreftoit prefque entierement
aprés deux minutes ;
mais il ne faifoit dans l'eau
Avril 1714
.
le
162 MERGURE
que
que 114 vibrations pendant
le Pendule de l'Horloge
en faifoit i 20. dans l'air pour
deux minutes. Ainfi le retardement
que l'eau caufe aux
vibrations du Pendule eft de
trois par minute ; j'aurois fouhaité
de faire les obfervations
de ces differences de vibrations
dans l'eau & dans l'air
pendant
20. ou 30, pour connoiftre
plus exactement leur
difference , & voir quel rap
port il y avoit dans le retardement
des vibrations dans
l'eau , fur ces Pendules de difference
longueur ; mais je n'ay
GALANT . 163
pû aller plus loin.
Puifqu'un Pendule à fccondes
perd dans l'eau trois
par minute , il perdroit en un
jour 4320.
Mais fi nous
fuppofons que cette diminution
du mouvement des Pendules
, vient de la denfité du
milieu ; & fi l'air eft denſe , ou
épais par le poids dont il eft
chargé , fans avoir égard au
plus ou au moins de particules
d'eau qui y font mêlées , il
s'enfuivra
que fi la pefanteur
de l'air change feulement d'un
28 , comme on le remarque
affez fouvent dans le Baro-
O ij
164 MERCURE
-
metre, la vingt- huitième partie
de 4320. de retardement du
Pendale dans l'eau pour un
jour , laquelle eft 154. fera
la diminution ou bien le retardement
de l'Horloge dans
l'efpace d'un jour par rapport
à deux differents états de l'air ;
mais on n'a jamais remarqué
dans les Horloges à Pendule ,
une auffi grande difference
que celle- là; on ne peut donc
pass dire , que les differens
poids dont l'air peut eftre
chargé , puiffent caufer ſes differentes
denfitez ne font pas
fur le mouvement d'un PenGALANT
. 165
dule le même cffet que la
denfité de l'eau , ce qui peut
venir de la differente configuration
des parties de ces deux
corps , dont celles de l'air ,
quoique fort ferrées & preffées
, pourront cftre facilement
féparées , & au contraire
celles de l'eau le peuvent être
tres-difficilement , eftant adherentes
les unes aux autres.
On pourroit encore ajouter
que les dernieres vibrations
dans l'eau eftant plus courtes
que les premieres , elles vont
plus vite.
Ce feroit pour cette raiſon
166 MERCURE
que l'air , quoiqu'il fut rempli
de particules d'eau n'apporte
roit que peu ou point de retardement
au mouvement du
Pendule , en ce que toutes ces
particules n'ayant point de
liaifon les unes aux autres ;
mais eftant toutes féparées
par les particules de l'air, pourroient
eftre tres- facilement
deplacées entre les particules
de l'air , où elles font flotan-
>tes .
Maisfices particules d'eau ne
caufent point de retardement
au mouvement du Pendule
pár la difficulté à cftre déplas
GALANT . 167
cées ; elles peuvent y caufer
un changement affez confiderable
par un autre moyen. Si
l'air de fec qu'il devient humide,
il eft certain qu'une tresgrande
quantité de ces particules
d'eau doivent s'attacher
à la fuperficie de la verge , &
à celle du poids du Pendule ,
& même elles peuvent penetrer
un peu cette verge & ce
poids ; & par confequent elles
feront comme un enduit fur
la vergez& fur ia lentille du
poids , qui aura fon centre
Jd'ofcillation different de celui
du compofé de la verge &
168 MERGURE
du poids : c'eft pourquoi le
centre d'ofcillation étant alors
different de ce qu'il eftoit au
paravant
, la durée des vibrations
ne fera pas la même
qu'elle eftoit. Ce n'est pas
qu'on ne puiffe remedier en
quelque façon à cet accident ,
en fe fervant pour Pendule
d'un Cylindre dont la baffe
eftoit petite, ce qui foit homogene
dans toute fa longueur ,
lequel cftant fufpendu par
l'extrémité
de fon axe , auroit
à tres peu prés un même point
pour centre d'ofcillation de fa
fuperficie & de fon corps , &
par
GALANT. 169
par confequent quelque changement
qu'il arrivât à cette ſuperficie
pourvû qu'il fut égal
dans toutes fes parties , le
mouvement du Pendule n'en
feroit point alteré fenfiblement
. Ce feroit la même
chofe , fi au lieu d'un Cylindre
on fe fervoit d'un paralele
lipipede , pourvû qu'il
fut auffi fufpendu par l'extre
mité de fon axe.
Enfin fi la Cycloïde eftoit
mal faite , elle pourroit caufer
de nouvelles irrregularitez au
mouvement du Pendule , fuivant
que ces vibrations fe-
Avril 1714. P
170 MERCURE
roient plus longues ou plus
courtes dont il s'en formeroit
plufieurs autres par leur combinaiſon
, avec les premieres.
Pour ce qui regarde les differentes
longueurs du Pendule
dans differens climats , il
me femble qu'on y peut faire
quelques remarques ; car Mr
Picard avoit obfervé à Vranibourg
, & à Bayonne , où j'étois
avec lui , que la longueur du
Pendule fimple à ſeconde , étoit
exactement la même qu'à
Paris. On fit une grande attention
à cette obfervation de
Bayonne , à cauſe qu'on fçaGALANT.
171
voit ce que Mr Richer en avoit
rapporté de Cayenne. Vrani .
bourg & Bayonne font éloignez
l'un de l'autre en latitude
de plus de douze degrez,
& entre Bayonne & Cayenne ,
la difference de latitude eft
de 38. car Cayenne eſt à peuprés
à 5. de latitude de Borcale
, ce qui donne ſeulement
une difference à peu - prés triple
de la premiere , pour laquelle
on trouve cinq quarts
de ligne de diminution de la
longueur du Pendule . On
doit donc conclure de là que
cette difference de longueur
Pij
172 MERCURE
ne devient fort fenfible qu'en
s'approchant de la ligne.
Mais quelques années aprés
Mrs Varin , des Hayes & de
Glos, ayant été envoyez vers la
ligne , pour y faire quelques
obfervations Aftronomiques
,
trouverent que dans l'Ile de
Gorée , qui eft à 14. de latitude
de Borcale , la longueur
du Pendule fimple à feconde
devoit cftre plus courte qu'en
France de 2. lignes . Les obfervations
faites à Cayenne &
à Gorée , ne laiffent aucun lieu
de douter qu'elles ne foient
tres- certaines & tres - exactes
GALANT. 173
to
par toutes les circonstances
qui y font rapportées . Cependant
fi l'on avoit voulu
conclure cette difference de
longueur du Pendule pour
Gorée par celle de Cayenne ,
on auroit dit que celle de
Gorée devoit eſtre ſeulement
plus courte qu'à Paris de trois
quarts de ligne environ , &
l'obfervation la donne de 2.
lignes entieres. Au contraire ,
fi de celle de Gorée on avoit
conclu celle de Cayenne, on
l'auroit pofée de 3. lignes environ
, & elle n'a efté trouvée
que de cinq quarts de lignes .
Piij
174 MERCURE
Les grandes differences ne
peuvent s'accorder en aucune
façon avec les hypotefes que
Mr Mariette a faites dans fon
Traité du mouvement des Eaux ,
& Mr Huygens dans ſon Traité
de la Lumiere , & il faut en
chercher d'autres pour expliquer
pourquoi la longueur du
Pendule eft la même dans les
latitudes de 55. un quart & de
43. un tiers , & qu'à 14. deux
tiers elle eft de deux lignes plus
courte , & à 5. de cinq quarts
de ligne feulement . Mais ne
pourroit-on point foupçonner
que cette differente lonGALANT.
175
1
1
gueur
du Pendule n'eft point
réelle , mais feulement apparente,
& qu'elle ne vient que de
la mefure dont on s'eft fervi .
Car il est tres - vray que les
métaux , & generalement tous
les corpss s'étendent conſidera
ble ment à la chaleur , & fe
refferent au froid . Mr Picard
dit que fur un pied de longueur
il a obfervé un allongement
d'un quart de ligne ; & par
confequent fur la longueur du
Pendule ce feroit trois quarts
de ligne , au lieu que je n'ay
trouvé qu'un tiers de ligne.
Cette difference pourroit ve-
Piiij
176 MERCURE
nir des manieres differentes
dont les obfervations ont efté
faites ; car Mr Picard ayant
expofé les corps à la gelée , les
mettoient enfuite auprés du
feu ; & pour moy je les ay
feulement expofez au Soleil.
l'Eté fuivant . On pourroit
donc dire que vers la ligne ,
& entre les Tropiques où les
chaleurs font fort grandes , les
métaux s'étendent & s'allon.
gent tres- confiderablement
au- delà de ce qu'ils font dans
ccs Pays - ci , & peut - eſtre encore
par une cauſe particuliere
des vapeurs des exhalaiſons
GALANT 177
1
qui les penetrent , comme on
fçait qu'elles font tres - penetrantes
en ces Pays - là ; & enfin
plus dans un temps que
dans un autre , & plus dans un
lieu que dans un autre . C'eſt
pourquoy ces caufes d'extenfion
qui ne font pas
confiderables
dans ces Pays - ci , peu-
ES vent estre tres- differentes à
Gorée & à Cayenne , & dans
des temps differens , car on eft
I perfuadé que vers les Tropiques
les chaleurs font bien
plus fortes que vers la ligne.
Et fi la verge de fer de trois
pieds mefurée à Paris au temps
178 MERCURE
du départ de Mr Richer , s'eft
allongée à Cayenne de cinq
quarts de lignes , il doit avoir
trouvé la longueur du Pendule
fimple à feconde mefurée
avec cette verge plus courte
qu'à Paris de cinq quarts de
ligne , quoi qu'effectivement
elle ait efté la même dans ces
deux lieux .
De même , fi à Gorée la mefure
s'eft allongée de deux
lignes plus qu'elle n'eftoit à
Paris , la longueur du Pendule
fimple à feconde y aura paru
plus courte qu'à Paris de
deux lignes. C'eft ce qui me
paroift de plus vray - fèmblaGALANT
. 179
ble fur ce Phenomene. Si cela
eftoit ainsi , la meſure univerfelle
du Pendule demeureroit
toûjours la même , &
par toute la terre , & il fau
droit regler les mesures particulieres
fur cette meſure , en
prenant la longueur du Pendule
fimple pour trois pieds
ou pour une demie toife.
Examen de la Démonftration
que Meffieurs Mariotte ,
Huygens donnent des differentes
longueurs du Pendule
fimple à feconde , en differens
endroits de la Terre.
Il ne s'agit ici que de démontrer
fi les corps tombent
180 MERCURE
proplus
lentement fous l'Equinoxial
que par tout aillicurs ; &
s'ils tombent plus vîte à
portion qu'on s'approche plus
des Poles. C'est ce qu'il prétend
faire dans fon Traité
du mouvement des eaux , en
fuppofant le mouvement de
la Terre autour de fon Axe.
Il dit que le mouvement de
la Terre donne à l'air une im .
preffion qui le fait tendre à
s'écarter de fon Axe avec une
viteffe proportionnée à celle
de fon mouvement ; & que ce
mouvement eſtant plus grand
vers l'Equinoxial , que vers
GALANT, 181
les Poles , l'effort qu'il fait
vers l'Equinoxial eft plus
grand que celui qu'il fait vers
fes Poles ; & c'eſt de ce different
effort qu'il conclut que
les corps qui font dans l'air
font repouffez & écartez de
t la terre avec plus de force
proche de l'Equinoxial , pour
d les empêcher de tomber , que
lorfqu'ils font proche des 10
03
Poles.
Ceraifonnement n'eft fonfur
la ſuppoſition que
coll dé
que
uet l'air qui environne la terre, en
ran eft repouffé par fon mouve
ment autour de fon Axe ;
YCD
182 MERCURE
peut- cftre ayant efté perſuadé
de cet effet par une experience
commune , qui eft , que fi l'on
fait mouvoir dans l'air un
corps irregulier , l'air frappé
par fes inégalitez , tend à s'écarter
du corps par des lignes
perpendiculaires au mouvement
du corps : Mais il me
femble qu'il ne peut pas arriver
la même chofe au Globe
de la Terre , enfuppofant fon
mouvement journalier autour
de fon Axe .
Car premierement il y a
trop peu de terres , & leurs inégalitez
font trop petites par
GALANT. 183
•
rapport aux furfaces unies des
eaux pour écarter fenfiblement
l'air de la terre, & par
confequent
le mouvement
feul de la furface de la terre
feroit que tous les corps de
cette furface choqueroient
l'air avec une viteffe auffi ·
་
grande qu'eft celle de ces
corps , laquelle on pourroit
V
prendre pour un vent tresviolent
d'Orient en Occident ,
qui n'auroit pourtant aucune
determination à s'écarter de la
furface de la terre , & les cau-
! fes particulieres des vents ne
pourroient pas avoir aſſez de
•pa
184 MERCURE
force pour lui refilter. Si l'on
apperçoit entre les Tropiques
quelque mouvement d'Orient
en Occident , il y a auffi affez
fouvent de grands calmes , &
l'on pourroit donner d'autres
raifons Phyfiques de cemouvement
, que celuy de la
terre ; & de plus quel rapport
y a- t- il entre la viteffe de ce
vent & celle de la ſurface de
la terre qui fait en un jour
9000 licuës .
Il faut donc demeurer d'accord
que l'Atmoſphere qui
environne la terre de tous côtez
, ne fait que comme un
même
GALANT 185
SC
et
même corps avec elle ; &
dans la fuppofition du mouvement
de la terre autour de
fon Axe l'Atmoſphere eft em
portée comme la furface.
D'où il fuit qu'une pierre qui
tombe dans cette Atmoſphere
ne pourroit recevoir aucune
impreffion du mouvement de
la terre , comme il arriveroit
à une bale de plomb qu'on
laifferoit tomber dans un vaif.
feau plein d'eau , pendant que
le yaiffeau feroit emporté d'un
mouvement Horizontal fort
prompt ; car on ne fait aucun
doute que cette bale ne
Avril 1714. е
186 MERCURE
tombe dans le fond du vaiffeau
au même endroit où elle
tomberoit fi le vaiſſeau eftoit
en repos, puifqu'effectivement
l'eau qui eft contenuë dans le
vaiffeau y eftoit en repos par
rapport à la maffe d'eau , &
aux parois du vaiffeau pendant
qu'il eft en mouvement
Et s'il eftoit poffible que
l'air fut écarté de la furface
de la terre par le mouvement
de la terre , foit par une tangente
qui s'écarteroit de l'Orient
vers l'Occident , ſoit par
un rayon du centre vers la
circonference, il arrivera toûGALANT
187
B
ea
jours que le poids du Pendule
qui defcend & qui remonte
dans la même vibration
, qui va d'un coſté
dans une vibration , & de
l'autre dans la fuivante fera
autant accelerer en remontant
que retardé en defcendant , &
autant accelerer d'un cofté
que regardé de l'autre , d'où
il fuit qu'il ne doit arriver par
cette caufe aucun changement
à la durée des vibrations du
Pendule.
Mais enfin quand on accorderoit
à Mr Mariotre tout
'ce qu'il prétend conclure de
Qij
188 MERCURE
fon Hypothefe , il s'enfuivroit
toûjours que pour les degrez ,
qui feroient plus proches des
Poles , l'augmentation de viteffe
du mouvement du Pendule
feroit beaucoup plus
grande que pour les degrez
qui feroient vers l'Equateur ,
puifque cette augmentation
feroit dans la raifon de la diminution
du mouvement de
la matiere , qui feroit celle des
limes du complement des degrez
de latitude , lefquels diminuënt
bien plus vite en s'aprochant
des Poles que vers
l'Equateur , ce qui eft contre
GALANT . 189
it
d
l'obfervation faite à Vranibourg
& à Bayonne & encore
contre l'irregularité qui s'eft
trouvée entre Cayenne &
Gorée.
Mr Huygens , dans fon
Traité de la lumiere , dit , qu'on
ne peut douter que ce ne foit
une marque que les corps defcendent
plus lentement vers
l'Equinoxial qu'en France.
C'est ce que Mr Mariotte
avoit fuppofé, & pour la dé
VO
DE
monftration , il ajoûte , qu'il
connut auffi- tôt qu'on luy eut
communiqué ce nouveau
Phenomene , que la caufe en
190 MERCURE
pouvoit cftre rapportée au
mouvement de la terre , qui
eftant plus grand en chaque
Pays , felon qu'il approche
plus de la ligne Equinoxiale ,
doit produire un effet plus
grand à rejetter les corps du
centre , & leur ofter par là une
certaine partie de leur pefanteur.
Il eſt facile à voir par
fes propres paroles que je
viens de rapporter , qu'il fe
fert de la même Hypothefe
que Mr Mariotte , & il détermine
enfuite la quantité de la
diminution de cet effort par
fon Theoreme troifiéme de vi
GALANT . 191
che
Set
centrifuga. C'est pourquoi
toutes les raifons que j'ay
rapportées contre l'explication
de ce Phenomene par Mr
Mariotte,ferviroient aufficontre
celle ci , qui ne conclud
que la même choſe du même
principe . D'où enfin je dis
at qu'il doit y avoir quelqu'autre
caufe de cet effet , laquelle ne
dépend point du mouvement
de la terre.
Pour ce qui regarde l'obfervation
il femble d'abord
del qu'elle eft tres facile à faire ,
puifqu'on peut compter les
vibrations du Pendule fimple
•pal
192 MERCURE
pendant uue heure , où il demeure
toûjours en mouvement
aprés qu'il y a çſté mis
d'abord , & que fi le Pendule
devoit eftre plus court de 2 .
lignes , celui qui feroit de 2 .
lignes plus long , feroit en
une heure environ 8. vibrations
de moins que l'autre ,
ce qui eft une trop grande
difference
pour s'y tromper
.
Ce fera la même chofe dans
les autres longueurs
à propor
tion.
Cependant il faut remarquer
que fi l'on fe fert d'un
fil dépite pour foûtenir le
poids
GALANT. 193
ALL
poids , quelque delié que ce
fil puiffe eftre , il est toûjours
plat , & il arrive que les dernieres
vibrations deviennent
ordinairement tournantes de
droites qu'elles eftoient d'abord
comme je l'ay éprouvé,
à caufe que ce fil fendant l'air
obliquement dans ſon mouvement
, écarte le Pendule
'd'un colté en allant , & de
l'autre en revenant , ce qui lui
donne peu à peu une détermi
nation à tourner. Jay aufli ob.
fervé que ces dernieres vibrations
tournantes quidevroient
eftre plus courtes que les
Avril
1714.
R
1
194 MERCURE
premieres , à caufe qu'elles ont
moins d'étendue , font de plus
longue durée que les droites
,
ce qui peut impofer dans l'ob.
fervation.
Sur les inégalitez du Mouvement
des Horloges à Pendule.
L
Es
Aftronomes qui ont
pris grandfoinde regler
leurs Pendules à ſecon-
1 des , fur le Mouvement des
Aftres , y ont remarqué des
inégalitez , qu'ils n'ont pû réduire
à aucune regle certaine.
J'ay fait quelques remarques
fur ces inégalitez dans le Me.
moire que j'ay lû à l'Acadé-
N Avril
1714.
146 MERCURE
mie , & entr'autres fur celles
par
qui peuvent
venir d'une petite
lame de reffort , que j'avois
miſe à la place de la foye
pour foutenir
le Pendule ; car
j'avois cru que cette lame ,
n'étant pas ſujette aux alterations
qui arrivent
à la foye ,
la féchereffe
& par l'humidité
de l'air , les vibrations
du Pendule
pourroient
eftre
beaucoup
plus égales : Mais
enfin je fus obligé d'ofter la
lame & d'y mettre la foye , à
caufe que j'y remarquois
des
inégalitez
bien plus grandes
qu'auparavant
; & j'ay trouvé
GALANT. 147
depuis que l'Horloge alloit
affez juftement pour ne pas
s'écarter quelques fois du
moyen mouvement d'une
feule feconde dans l'efpace de
quatre jours , où le Pendule
fait 345600. vibrations . Mais
j'ay auffi remarqué quelques
fois , que d'un jour à l'autre
il y avoit des changemens af
fez confiderables pour embarraffer
un Obfervateur exact ,
& pour donner de l'exercice à
un Philofophe qui en voudroit
rechercher la caufe , la.
quelle ne peut
fique.
cftre que Phy-
Nij
148 MERCURE
Les differens états de l'air
femblent eftre les feules caufes
des changemens que nous
remarquons au Mouvement
des Pendules ; car il eſt chaud
ou froid , fec ou humide , leger
ou pefant , rare ou groffier
ou épais ; toutes ces differentes
qualitez fe mêlant enfemble
en differens degrez ,
peuvent caufer de grandes alterations
au Mouvement des
Horloges. Mais pour reconnoiftre
quelque chofe de ce
qui doit arriver , il faut confiderer
féparément ces états
differens .
GALANT 149
7 des
On fuppofe premierement ,
que fi la Cycloïde eft bien
faite fuivant les regles que Mr
Huggens en a données , tout
ce qui peut accelerer ou ralentir
le Mouvement des rouës ,
ne doit apporter aucun changement
à l'Horloge , puifqu'il
n'en pourroit arriver
vibrations plus longues , ou
plus courtes , lefquelles ne
laifferoient pas d'eftre fochrones
ou d'égale durée . Ainfi
le froid pouvant figer en quelque
façon le peu d'huile qui
eft attaché aux pivots des
rouës , fera
que
que leur Mouve-
Niij
So MERCURE
ment fera plus difficile que
dans un temps chaud ou
l'huile fera plus liquide , &
par confequent les vibrations
deviendront plus
courtes ;
elles ne
laifferont pas d'eftre
d'égale durée à celles qui font
plus longues , cftant rectifiées
par la figure de la Cycloïde.
L'humidité qui
s'attachera
aux touës , & aux pivots pourra
caufer à peu prés le même
effet fans qu'il arrive d'inégalité
au Mouvement
.
Mais quoique la Cycloïde
foit la figure neceffaire pour
faire que les vibrations
lonGALANT.
151
gues ou courtes , foient Ifochrones
, il falloit confiderer ,
qu'elle ne pouvoit avoir lieu
que lorsque la fufpenfion n'auroit
aucune groffeur ou épaiffeur,
ce qui eft impoffible dans
l'execution
; c'est pourquoy
,
puifqu'on fe fert d'un fil de
e
foye tortillé , qui eft affezgros
pour foutenir la lentille du
pendillon ou Pendule qui eft
pefante , & qu'on ne doit
rien négliger , de ce qui peur
contribuer à la jufteffe de ce
Mouvement ; il ne faut pas
que la figure foit une Cycloïde
, mais une ligne paralelle à
Niiij
152 MERCURE
la Cycloïde laquelle en foit
éloignée vers la partie concave
de la moitié de
l'épaiffeur du
fil , afin que l'axe où le milieu
de ce fil décrive exactement
la Cycloïde , comme je l'ay expliqué
dans mon Traité des
Epicycloïdes qui doivent fervir
au Mouvement des Machines.
On peut auffi
remarquer
que les petits filets de foye qui
compofent le fil , font fecs &
roides , & qu'ils peuvent par
confequent fouffrir tous enfembles
des alterations confi-
1
derables , & à
peu prés femblables
à celles de la lame de
GALANT . 153
reffort , qui eft plus roide dans
des temps froids , lecs & plus
molle dans des temps chauds ;
mais c'eſt un accident qu'on
ne peut éviter , quand on fe
fert d'une fufpenfion flexible
pour le Pendule ; c'eft pour
quoi on pourroit éprouver
celle que j'ay propofée dans
differens Memoires.
Si l'on confidere les diffe
& rens états de l'air par rapport
au Pendule , & non pas par
rapport au rouage de l'Horloge,
on y remarquera tant de
differens accidens , qu'à peine
pourroit- on croire que l'Hor
7.
154 MERCURE
loge pût aller également une
heure en terre , pendant laquelle
le Pendule fait 3600 .
vibrations ou battemens.
On fçait que la chaleur du
Soleil en Eté eft affezforte pour
échauffer une barre de fer de
fix pieds de longueur , & la
rendre plus longue qu'elle n'étoit
en Hiver , ayant efté expofée
à la gelée, de deux tiers
de ligne , comme je l'ay reconnu
par une experience tresexacte
que j'en ay faite autrefois.
C'est pourquoi ces deux
états differens de l'air fur la
longueur, de la verge du PenGALANT
. 155
-1
dule , qui doit eftre de trois
pieds huit lignes un deuxième
pour battre les fecondes , la
pourroit changer d'un tiers de
ligne , ce qui cauferoit une
difference tres- confiderable
dans la durée des vibrations
du Pendule , puifqu'elle pourroir
aller jufqu'à 32. par jour,
Mais comme ce cas ne pourroit
arriver que lorfque l'Horloge
feroit expofée à l'air , &
au Soleil dans ces deux faifons,
ce qui n'eft pas ordinairement,
on n'y remarque pas de fi
grands changemens . Il arrive
quelque fois d'affez grandes
156 MERCURE
differences de chaleur d'un jour
à l'autre , & de la nuit au jour
pour faire allonger ou racourcir
la verge du Pendule , qui
pourra ralentir ou accelerer
le Mouvement de l'Horloge,
de quelques fecondes , comme
nous le remarquons auffi quel
que fois , ce qui peut venir par
cette feule caufe. C'est pourquoi
dans l'ufage qu'on fait
des Horloges à Pendule pour
les obfervations celeftes , où il
eft neceffaire de connoiftre
l'heure dans la derniere juf
teffe , il faut les placer dans un
lieu où elles foient le plus à la
GALANT. 157
l'abri qu'il eft poffible , de
toutes les injures de l'air.
L'humidité , la féchereffe ,
la denfité , la rareté de l'air peuvent
auffi caufer des alterations
confiderables
auMouve-
3 ment du Pendule. Car lorfque
l'air fera humide , c'est- à- dire
lorſqu'il ſera rempli de quantité
de petites particules d'eau
qui y demeurent
fufpendues ,
ou lorsqu'il eft denfe ou épais,
le Pendule , aura plus de peine
à le fendre , & il femble que
fes vibrations doivent cftre
alors de bien plus longue durée
que lorsqu'il eft fec ou ra 31
158 MERCURE
re. Car nous fçavons par experience
qu'une plume treslegere
tombe dans un tuyau
dont on a pompé l'air,prefque
auffi vite qu'une pierre fait
dans l'air. Mais comme on ne
doit point juger de ce qui
doit arriver dans ces fortes de
rencontres fans en faire l'experience
lorsqu'il eft poffible
de la faire , j'ay cru que fi l'air
humide ou épais peut rendre
les vibrations de plus longue
durée qu'un air fec & rare ,
on devoit appercevoir une
tres grande difference entre le
Mouvement du Pendule dans
GALANT . 159
l'air & dans l'eau . Pour connoistre
ce qui en eftoit , j'ay
fait un Pendule à demi fecondes
avec une bale de plomb
de deux onces de
pefanteur ,
laquelle eftoit fufpenduë à un
fil delié , & je l'ay mis en.
mouvement dans l'eau . J'ay
remarqué dabord que les
grandes vibrations fe racourciffoient
, & que le mouvement
s'arreftoit infenfiblement
aprés une minute & un
peu plus. Mais comme je me
perfuadois que ces vibrations
dans l'eau devoient eftre au
moins d'une feconde chacune ,
160 MERCURE
lefquelles n'eftoient que d'une
demi feconde dans l'air , j'ay
efté fort furpris de voir
qu'elles me paroiffent prefqu'-
auffi promptes ou d'égale durée
à celles qui ſe faifoient
dans l'air. Pour les mefurer
exactement j'ay fair compter
les vibrations du Pendule de
l'Horloge à feconde , pendant
une minute , & à même
temps je comptois les vibrations
du Pendule à demi feconde
, dans l'eau d'un grand
vaiffeau plat , où la balc
eftoit enfoncée d'un demi
pouce environ , & j'ay trouvé
1
aptés
GALANT . 161
1
aprés avoir repeté plufieurs
fois la même experience , que
le Pendule dans l'eau ne faifoit
que 112. vibrations au lieu
des 120. qu'il auroit faites
dans l'air pour une minute.
J'ay fait auffi la même experience
avec un Pendule
fimple à fecondes , dont la bale
qui eftoit de plomb , peſoit
cinq onces , & j'ay trouvé
comme dans l'autre que les
grandes vibrations duroient
fort peu de tems , & que
Pendule s'arreftoit prefque entierement
aprés deux minutes ;
mais il ne faifoit dans l'eau
Avril 1714
.
le
162 MERGURE
que
que 114 vibrations pendant
le Pendule de l'Horloge
en faifoit i 20. dans l'air pour
deux minutes. Ainfi le retardement
que l'eau caufe aux
vibrations du Pendule eft de
trois par minute ; j'aurois fouhaité
de faire les obfervations
de ces differences de vibrations
dans l'eau & dans l'air
pendant
20. ou 30, pour connoiftre
plus exactement leur
difference , & voir quel rap
port il y avoit dans le retardement
des vibrations dans
l'eau , fur ces Pendules de difference
longueur ; mais je n'ay
GALANT . 163
pû aller plus loin.
Puifqu'un Pendule à fccondes
perd dans l'eau trois
par minute , il perdroit en un
jour 4320.
Mais fi nous
fuppofons que cette diminution
du mouvement des Pendules
, vient de la denfité du
milieu ; & fi l'air eft denſe , ou
épais par le poids dont il eft
chargé , fans avoir égard au
plus ou au moins de particules
d'eau qui y font mêlées , il
s'enfuivra
que fi la pefanteur
de l'air change feulement d'un
28 , comme on le remarque
affez fouvent dans le Baro-
O ij
164 MERCURE
-
metre, la vingt- huitième partie
de 4320. de retardement du
Pendale dans l'eau pour un
jour , laquelle eft 154. fera
la diminution ou bien le retardement
de l'Horloge dans
l'efpace d'un jour par rapport
à deux differents états de l'air ;
mais on n'a jamais remarqué
dans les Horloges à Pendule ,
une auffi grande difference
que celle- là; on ne peut donc
pass dire , que les differens
poids dont l'air peut eftre
chargé , puiffent caufer ſes differentes
denfitez ne font pas
fur le mouvement d'un PenGALANT
. 165
dule le même cffet que la
denfité de l'eau , ce qui peut
venir de la differente configuration
des parties de ces deux
corps , dont celles de l'air ,
quoique fort ferrées & preffées
, pourront cftre facilement
féparées , & au contraire
celles de l'eau le peuvent être
tres-difficilement , eftant adherentes
les unes aux autres.
On pourroit encore ajouter
que les dernieres vibrations
dans l'eau eftant plus courtes
que les premieres , elles vont
plus vite.
Ce feroit pour cette raiſon
166 MERCURE
que l'air , quoiqu'il fut rempli
de particules d'eau n'apporte
roit que peu ou point de retardement
au mouvement du
Pendule , en ce que toutes ces
particules n'ayant point de
liaifon les unes aux autres ;
mais eftant toutes féparées
par les particules de l'air, pourroient
eftre tres- facilement
deplacées entre les particules
de l'air , où elles font flotan-
>tes .
Maisfices particules d'eau ne
caufent point de retardement
au mouvement du Pendule
pár la difficulté à cftre déplas
GALANT . 167
cées ; elles peuvent y caufer
un changement affez confiderable
par un autre moyen. Si
l'air de fec qu'il devient humide,
il eft certain qu'une tresgrande
quantité de ces particules
d'eau doivent s'attacher
à la fuperficie de la verge , &
à celle du poids du Pendule ,
& même elles peuvent penetrer
un peu cette verge & ce
poids ; & par confequent elles
feront comme un enduit fur
la vergez& fur ia lentille du
poids , qui aura fon centre
Jd'ofcillation different de celui
du compofé de la verge &
168 MERGURE
du poids : c'eft pourquoi le
centre d'ofcillation étant alors
different de ce qu'il eftoit au
paravant
, la durée des vibrations
ne fera pas la même
qu'elle eftoit. Ce n'est pas
qu'on ne puiffe remedier en
quelque façon à cet accident ,
en fe fervant pour Pendule
d'un Cylindre dont la baffe
eftoit petite, ce qui foit homogene
dans toute fa longueur ,
lequel cftant fufpendu par
l'extrémité
de fon axe , auroit
à tres peu prés un même point
pour centre d'ofcillation de fa
fuperficie & de fon corps , &
par
GALANT. 169
par confequent quelque changement
qu'il arrivât à cette ſuperficie
pourvû qu'il fut égal
dans toutes fes parties , le
mouvement du Pendule n'en
feroit point alteré fenfiblement
. Ce feroit la même
chofe , fi au lieu d'un Cylindre
on fe fervoit d'un paralele
lipipede , pourvû qu'il
fut auffi fufpendu par l'extre
mité de fon axe.
Enfin fi la Cycloïde eftoit
mal faite , elle pourroit caufer
de nouvelles irrregularitez au
mouvement du Pendule , fuivant
que ces vibrations fe-
Avril 1714. P
170 MERCURE
roient plus longues ou plus
courtes dont il s'en formeroit
plufieurs autres par leur combinaiſon
, avec les premieres.
Pour ce qui regarde les differentes
longueurs du Pendule
dans differens climats , il
me femble qu'on y peut faire
quelques remarques ; car Mr
Picard avoit obfervé à Vranibourg
, & à Bayonne , où j'étois
avec lui , que la longueur du
Pendule fimple à ſeconde , étoit
exactement la même qu'à
Paris. On fit une grande attention
à cette obfervation de
Bayonne , à cauſe qu'on fçaGALANT.
171
voit ce que Mr Richer en avoit
rapporté de Cayenne. Vrani .
bourg & Bayonne font éloignez
l'un de l'autre en latitude
de plus de douze degrez,
& entre Bayonne & Cayenne ,
la difference de latitude eft
de 38. car Cayenne eſt à peuprés
à 5. de latitude de Borcale
, ce qui donne ſeulement
une difference à peu - prés triple
de la premiere , pour laquelle
on trouve cinq quarts
de ligne de diminution de la
longueur du Pendule . On
doit donc conclure de là que
cette difference de longueur
Pij
172 MERCURE
ne devient fort fenfible qu'en
s'approchant de la ligne.
Mais quelques années aprés
Mrs Varin , des Hayes & de
Glos, ayant été envoyez vers la
ligne , pour y faire quelques
obfervations Aftronomiques
,
trouverent que dans l'Ile de
Gorée , qui eft à 14. de latitude
de Borcale , la longueur
du Pendule fimple à feconde
devoit cftre plus courte qu'en
France de 2. lignes . Les obfervations
faites à Cayenne &
à Gorée , ne laiffent aucun lieu
de douter qu'elles ne foient
tres- certaines & tres - exactes
GALANT. 173
to
par toutes les circonstances
qui y font rapportées . Cependant
fi l'on avoit voulu
conclure cette difference de
longueur du Pendule pour
Gorée par celle de Cayenne ,
on auroit dit que celle de
Gorée devoit eſtre ſeulement
plus courte qu'à Paris de trois
quarts de ligne environ , &
l'obfervation la donne de 2.
lignes entieres. Au contraire ,
fi de celle de Gorée on avoit
conclu celle de Cayenne, on
l'auroit pofée de 3. lignes environ
, & elle n'a efté trouvée
que de cinq quarts de lignes .
Piij
174 MERCURE
Les grandes differences ne
peuvent s'accorder en aucune
façon avec les hypotefes que
Mr Mariette a faites dans fon
Traité du mouvement des Eaux ,
& Mr Huygens dans ſon Traité
de la Lumiere , & il faut en
chercher d'autres pour expliquer
pourquoi la longueur du
Pendule eft la même dans les
latitudes de 55. un quart & de
43. un tiers , & qu'à 14. deux
tiers elle eft de deux lignes plus
courte , & à 5. de cinq quarts
de ligne feulement . Mais ne
pourroit-on point foupçonner
que cette differente lonGALANT.
175
1
1
gueur
du Pendule n'eft point
réelle , mais feulement apparente,
& qu'elle ne vient que de
la mefure dont on s'eft fervi .
Car il est tres - vray que les
métaux , & generalement tous
les corpss s'étendent conſidera
ble ment à la chaleur , & fe
refferent au froid . Mr Picard
dit que fur un pied de longueur
il a obfervé un allongement
d'un quart de ligne ; & par
confequent fur la longueur du
Pendule ce feroit trois quarts
de ligne , au lieu que je n'ay
trouvé qu'un tiers de ligne.
Cette difference pourroit ve-
Piiij
176 MERCURE
nir des manieres differentes
dont les obfervations ont efté
faites ; car Mr Picard ayant
expofé les corps à la gelée , les
mettoient enfuite auprés du
feu ; & pour moy je les ay
feulement expofez au Soleil.
l'Eté fuivant . On pourroit
donc dire que vers la ligne ,
& entre les Tropiques où les
chaleurs font fort grandes , les
métaux s'étendent & s'allon.
gent tres- confiderablement
au- delà de ce qu'ils font dans
ccs Pays - ci , & peut - eſtre encore
par une cauſe particuliere
des vapeurs des exhalaiſons
GALANT 177
1
qui les penetrent , comme on
fçait qu'elles font tres - penetrantes
en ces Pays - là ; & enfin
plus dans un temps que
dans un autre , & plus dans un
lieu que dans un autre . C'eſt
pourquoy ces caufes d'extenfion
qui ne font pas
confiderables
dans ces Pays - ci , peu-
ES vent estre tres- differentes à
Gorée & à Cayenne , & dans
des temps differens , car on eft
I perfuadé que vers les Tropiques
les chaleurs font bien
plus fortes que vers la ligne.
Et fi la verge de fer de trois
pieds mefurée à Paris au temps
178 MERCURE
du départ de Mr Richer , s'eft
allongée à Cayenne de cinq
quarts de lignes , il doit avoir
trouvé la longueur du Pendule
fimple à feconde mefurée
avec cette verge plus courte
qu'à Paris de cinq quarts de
ligne , quoi qu'effectivement
elle ait efté la même dans ces
deux lieux .
De même , fi à Gorée la mefure
s'eft allongée de deux
lignes plus qu'elle n'eftoit à
Paris , la longueur du Pendule
fimple à feconde y aura paru
plus courte qu'à Paris de
deux lignes. C'eft ce qui me
paroift de plus vray - fèmblaGALANT
. 179
ble fur ce Phenomene. Si cela
eftoit ainsi , la meſure univerfelle
du Pendule demeureroit
toûjours la même , &
par toute la terre , & il fau
droit regler les mesures particulieres
fur cette meſure , en
prenant la longueur du Pendule
fimple pour trois pieds
ou pour une demie toife.
Examen de la Démonftration
que Meffieurs Mariotte ,
Huygens donnent des differentes
longueurs du Pendule
fimple à feconde , en differens
endroits de la Terre.
Il ne s'agit ici que de démontrer
fi les corps tombent
180 MERCURE
proplus
lentement fous l'Equinoxial
que par tout aillicurs ; &
s'ils tombent plus vîte à
portion qu'on s'approche plus
des Poles. C'est ce qu'il prétend
faire dans fon Traité
du mouvement des eaux , en
fuppofant le mouvement de
la Terre autour de fon Axe.
Il dit que le mouvement de
la Terre donne à l'air une im .
preffion qui le fait tendre à
s'écarter de fon Axe avec une
viteffe proportionnée à celle
de fon mouvement ; & que ce
mouvement eſtant plus grand
vers l'Equinoxial , que vers
GALANT, 181
les Poles , l'effort qu'il fait
vers l'Equinoxial eft plus
grand que celui qu'il fait vers
fes Poles ; & c'eſt de ce different
effort qu'il conclut que
les corps qui font dans l'air
font repouffez & écartez de
t la terre avec plus de force
proche de l'Equinoxial , pour
d les empêcher de tomber , que
lorfqu'ils font proche des 10
03
Poles.
Ceraifonnement n'eft fonfur
la ſuppoſition que
coll dé
que
uet l'air qui environne la terre, en
ran eft repouffé par fon mouve
ment autour de fon Axe ;
YCD
182 MERCURE
peut- cftre ayant efté perſuadé
de cet effet par une experience
commune , qui eft , que fi l'on
fait mouvoir dans l'air un
corps irregulier , l'air frappé
par fes inégalitez , tend à s'écarter
du corps par des lignes
perpendiculaires au mouvement
du corps : Mais il me
femble qu'il ne peut pas arriver
la même chofe au Globe
de la Terre , enfuppofant fon
mouvement journalier autour
de fon Axe .
Car premierement il y a
trop peu de terres , & leurs inégalitez
font trop petites par
GALANT. 183
•
rapport aux furfaces unies des
eaux pour écarter fenfiblement
l'air de la terre, & par
confequent
le mouvement
feul de la furface de la terre
feroit que tous les corps de
cette furface choqueroient
l'air avec une viteffe auffi ·
་
grande qu'eft celle de ces
corps , laquelle on pourroit
V
prendre pour un vent tresviolent
d'Orient en Occident ,
qui n'auroit pourtant aucune
determination à s'écarter de la
furface de la terre , & les cau-
! fes particulieres des vents ne
pourroient pas avoir aſſez de
•pa
184 MERCURE
force pour lui refilter. Si l'on
apperçoit entre les Tropiques
quelque mouvement d'Orient
en Occident , il y a auffi affez
fouvent de grands calmes , &
l'on pourroit donner d'autres
raifons Phyfiques de cemouvement
, que celuy de la
terre ; & de plus quel rapport
y a- t- il entre la viteffe de ce
vent & celle de la ſurface de
la terre qui fait en un jour
9000 licuës .
Il faut donc demeurer d'accord
que l'Atmoſphere qui
environne la terre de tous côtez
, ne fait que comme un
même
GALANT 185
SC
et
même corps avec elle ; &
dans la fuppofition du mouvement
de la terre autour de
fon Axe l'Atmoſphere eft em
portée comme la furface.
D'où il fuit qu'une pierre qui
tombe dans cette Atmoſphere
ne pourroit recevoir aucune
impreffion du mouvement de
la terre , comme il arriveroit
à une bale de plomb qu'on
laifferoit tomber dans un vaif.
feau plein d'eau , pendant que
le yaiffeau feroit emporté d'un
mouvement Horizontal fort
prompt ; car on ne fait aucun
doute que cette bale ne
Avril 1714. е
186 MERCURE
tombe dans le fond du vaiffeau
au même endroit où elle
tomberoit fi le vaiſſeau eftoit
en repos, puifqu'effectivement
l'eau qui eft contenuë dans le
vaiffeau y eftoit en repos par
rapport à la maffe d'eau , &
aux parois du vaiffeau pendant
qu'il eft en mouvement
Et s'il eftoit poffible que
l'air fut écarté de la furface
de la terre par le mouvement
de la terre , foit par une tangente
qui s'écarteroit de l'Orient
vers l'Occident , ſoit par
un rayon du centre vers la
circonference, il arrivera toûGALANT
187
B
ea
jours que le poids du Pendule
qui defcend & qui remonte
dans la même vibration
, qui va d'un coſté
dans une vibration , & de
l'autre dans la fuivante fera
autant accelerer en remontant
que retardé en defcendant , &
autant accelerer d'un cofté
que regardé de l'autre , d'où
il fuit qu'il ne doit arriver par
cette caufe aucun changement
à la durée des vibrations du
Pendule.
Mais enfin quand on accorderoit
à Mr Mariotre tout
'ce qu'il prétend conclure de
Qij
188 MERCURE
fon Hypothefe , il s'enfuivroit
toûjours que pour les degrez ,
qui feroient plus proches des
Poles , l'augmentation de viteffe
du mouvement du Pendule
feroit beaucoup plus
grande que pour les degrez
qui feroient vers l'Equateur ,
puifque cette augmentation
feroit dans la raifon de la diminution
du mouvement de
la matiere , qui feroit celle des
limes du complement des degrez
de latitude , lefquels diminuënt
bien plus vite en s'aprochant
des Poles que vers
l'Equateur , ce qui eft contre
GALANT . 189
it
d
l'obfervation faite à Vranibourg
& à Bayonne & encore
contre l'irregularité qui s'eft
trouvée entre Cayenne &
Gorée.
Mr Huygens , dans fon
Traité de la lumiere , dit , qu'on
ne peut douter que ce ne foit
une marque que les corps defcendent
plus lentement vers
l'Equinoxial qu'en France.
C'est ce que Mr Mariotte
avoit fuppofé, & pour la dé
VO
DE
monftration , il ajoûte , qu'il
connut auffi- tôt qu'on luy eut
communiqué ce nouveau
Phenomene , que la caufe en
190 MERCURE
pouvoit cftre rapportée au
mouvement de la terre , qui
eftant plus grand en chaque
Pays , felon qu'il approche
plus de la ligne Equinoxiale ,
doit produire un effet plus
grand à rejetter les corps du
centre , & leur ofter par là une
certaine partie de leur pefanteur.
Il eſt facile à voir par
fes propres paroles que je
viens de rapporter , qu'il fe
fert de la même Hypothefe
que Mr Mariotte , & il détermine
enfuite la quantité de la
diminution de cet effort par
fon Theoreme troifiéme de vi
GALANT . 191
che
Set
centrifuga. C'est pourquoi
toutes les raifons que j'ay
rapportées contre l'explication
de ce Phenomene par Mr
Mariotte,ferviroient aufficontre
celle ci , qui ne conclud
que la même choſe du même
principe . D'où enfin je dis
at qu'il doit y avoir quelqu'autre
caufe de cet effet , laquelle ne
dépend point du mouvement
de la terre.
Pour ce qui regarde l'obfervation
il femble d'abord
del qu'elle eft tres facile à faire ,
puifqu'on peut compter les
vibrations du Pendule fimple
•pal
192 MERCURE
pendant uue heure , où il demeure
toûjours en mouvement
aprés qu'il y a çſté mis
d'abord , & que fi le Pendule
devoit eftre plus court de 2 .
lignes , celui qui feroit de 2 .
lignes plus long , feroit en
une heure environ 8. vibrations
de moins que l'autre ,
ce qui eft une trop grande
difference
pour s'y tromper
.
Ce fera la même chofe dans
les autres longueurs
à propor
tion.
Cependant il faut remarquer
que fi l'on fe fert d'un
fil dépite pour foûtenir le
poids
GALANT. 193
ALL
poids , quelque delié que ce
fil puiffe eftre , il est toûjours
plat , & il arrive que les dernieres
vibrations deviennent
ordinairement tournantes de
droites qu'elles eftoient d'abord
comme je l'ay éprouvé,
à caufe que ce fil fendant l'air
obliquement dans ſon mouvement
, écarte le Pendule
'd'un colté en allant , & de
l'autre en revenant , ce qui lui
donne peu à peu une détermi
nation à tourner. Jay aufli ob.
fervé que ces dernieres vibrations
tournantes quidevroient
eftre plus courtes que les
Avril
1714.
R
1
194 MERCURE
premieres , à caufe qu'elles ont
moins d'étendue , font de plus
longue durée que les droites
,
ce qui peut impofer dans l'ob.
fervation.
Fermer
Résumé : REMARQUES sur les inégalitez du Mouvement des Horloges à Pendule.
Le texte aborde les inégalités observées dans le mouvement des horloges à pendule par les astronomes. Ces inégalités, impossibles à réduire à une règle certaine, ont été notées lors de la régulation des pendules sur le mouvement des astres. L'auteur a présenté des remarques sur ces inégalités dans un mémoire lu à l'Académie en avril 1714. Il a expérimenté avec une lame de ressort pour remplacer la fibre du pendule, mais a constaté des inégalités plus grandes et a dû réintroduire la fibre. L'horloge a ensuite montré une grande précision, ne s'écartant que rarement du mouvement moyen d'une seconde sur quatre jours. Les variations de l'air, telles que la chaleur, le froid, l'humidité et la densité, semblent être les principales causes des changements dans le mouvement des pendules. L'auteur suppose que si la cycloïde est bien réalisée, elle devrait corriger les accélérations ou ralentissements du mouvement des roues. Cependant, la fibre utilisée pour suspendre le pendule présente des variations en fonction des conditions climatiques, affectant ainsi la régularité des vibrations. L'auteur a également mené des expériences pour mesurer les vibrations du pendule dans l'eau et dans l'air, notant des différences significatives. Il a conclu que les particules d'eau dans l'air peuvent s'attacher à la verge et au poids du pendule, modifiant ainsi le centre d'oscillation et la durée des vibrations. Pour remédier à ces problèmes, il suggère d'utiliser un cylindre ou un parallélépipède homogène suspendu par son axe. Enfin, une cycloïde mal réalisée peut également introduire des irrégularités dans le mouvement du pendule. Le texte traite également des observations et des débats scientifiques concernant la longueur du pendule à secondes dans différentes latitudes. Monsieur Picard a observé que la longueur du pendule à Vranibourg et à Bayonne était identique à celle de Paris. Cette observation est notable en raison des rapports de Monsieur Richer sur les différences observées à Cayenne. Vranibourg et Bayonne sont séparés par plus de douze degrés de latitude, tandis que la différence entre Bayonne et Cayenne est de 38 degrés. Les observations à Cayenne et à Gorée montrent des variations dans la longueur du pendule, avec des différences de cinq quarts de ligne à Cayenne et de deux lignes à Gorée. Les différences de longueur du pendule ne sont pas expliquées par les hypothèses de Monsieur Mariotte et de Monsieur Huygens. Les variations pourraient être dues à des erreurs de mesure, car les métaux s'étendent à la chaleur et se contractent au froid. Monsieur Picard et l'auteur du texte ont observé des allongements différents en exposant les métaux à des conditions variées. Les observations à Gorée et à Cayenne soulèvent des questions sur la précision des mesures. L'auteur suggère que les variations de longueur du pendule pourraient être apparentes plutôt que réelles, en raison des différences de température et des conditions locales. Il propose que la mesure universelle du pendule reste constante et que les mesures locales soient ajustées en conséquence.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3896
p. 194-202
Extrait d'une Lettre de Gironne le 16 Avril.
Début :
Aprés avoir chassé les rebelles de Repoüilh, & avoir établi [...]
Mots clefs :
Rebelles, Troupes, Plaine de Vic, Bracamonte, Quartiers, Barcelone, Pays, Montagnes, Gérone
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texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une Lettre de Gironne le 16 Avril.
Extrait d'une Lettre de Gironne
le 16 Avril.
Aprés avoir chaffé les rebelles
de Repoülh , & avoir
établi des quartiers depuis Ollot
& Campredon julqu'à
cette ville là , pour contenir.
cette Montagne & conferver
la communication avec la
Cerdagne , & avoir un corps
GALANT 195
à portée de foûtenir la Plaine
de Vich , voyant que les rebelles
s'eftoient difperfez
dans tout le Luzanez pour
fubfifter , & eftoient dans les
endroits les plus difficiles à
aborder. Je marchay à Ollot
pour renvoyer les troupes
dans leurs quartiers
; mais
j'appris en y arrivant que les
rebelles s'eftoient raffemblez
à Conga , c'est le chemin de
Vich à Barcelone
, & qu'ils y
eftoient en grand nombre ;
Mr de Bracamonte
me mande
qu'ils eftoient même def-
¿cendus dans la Plaine , &
W
Rij
196 MERCURE
avoient brûlé plufieurs maifons
dépendantes de Centeillas
, qui eft un endroit tresfilele
, qu'il marchoit à eux
avec toutes les troupes , &
qu'il me prioit d'envoyer un
gros détachement pour contenir
cette Place pendant fon
abfence. J'y allay moy même ,
je marchay à la Roda , c'eft
l'endroit où eft le Pont fur le
Ter qu'on doit paffer pour en-
'trer dans la Plaine de Vich afin
de pouvoir mieux impoler
aux rebelles. A peine y fus je
aivé que j'appris que les rebelles
s'eltoient retirez fur les
GALANT 197
c't
Tur
urd
ha
pos
fus
les to
urle
Con
hautes Montagnes & dans
des endroits impraticables ,Mr
de Bracamonte ne les y pou
vant attaquer revint à Vich ,
avec les troupes , le lendemain
de mon arrivée , & me propo
fa de chaſtier avec luy Afbu
cas & le Village de Montfeny,
d'où cette canaille tiroit la
fubfiftance , & que c'eftoit le
moyen de les faire fortir d'où
ils eftoient ; au furplus il me
dit qu'il avoit ordre de faire
un exemple de tous ces endroits
- là , ayant taillé en
pieces les deux bataillons
Wallons que l'on envoyoit
Riij.
+98 MERCURE
à fon fervice , & qu'il ne le
pouvoit pas faire dans un Pays
auffi difficile fi je ne me mettois
en état de le favorifer dans
faretraite , commeje voisque ce
feroit toûjours à recommencer
, auffi- toft que les troupes
s'éloignerent de Vich , &
que les rebelles dans le Montfeny
m'inquietoient pour nos
poftes & nos quartiers dans la
Plaine & de la Marine , je ne
balançay pas d'aller à Velladrace
pour favorifer Mr de
Bracamonte , & dans le temps
qu'il marchoit à Aſbuſcas dans
un Pays difficile , j'avançay du
THEQUE
DELA
yad
n
na
des
GALANTY
mienpour aller jufqu
lieuë de- là , & fis occuper
hauteurs de Montagnes par
nos fufiliers des Montagnes.
Tous les rebelles qui comproient
ce Pays imprenable ,
s'enfuirent à la vue de nos
Troupes avec tous les Payfans
qui avoient pris les armes, en
forte que M' de Bracamonte
y arriva tres facilement , ce
Village & plufieurs autres furent
pillez & bruflez . Je vous
puis affurer que Sa Majeſté
Catholique a efté bien vangée
de la perfidie de ces peuples ,
l'on y trouva beaucoup de
R iiij
200 MERCURE
provifions de toutes fortes ;
& je fuis perfuadé que cette
execution a fort dérangé leurs
projets , ils le font jettez depuis
ce temps là du coſté de
la Marine , & comme ils n'étoient
qu'à trois quarts de
lieuë d'Oftalrick & au haut de
nos poftes les plus avancez , je
manday à Mr de Valoufe ,
d'affembler quelques Troupes
de celles qui font de ce coſtélà
afin de s'opposer à leurs
deffeins ; mais leurs féjours ne
leurs a fervi qu'à éxiger des
fubfiftances en vivres & en
argent de plufieurs Villages
GALANT . 201
UT
er
où ils s'eftoient mis , ils font
prefentement répandus de
Tous coftez pour vivre plus fa
cilement , & j'apprens que
400. s'eftoient retirez à Saint
Barthelemy Delgrace , c'est le
chemin de le Luzanez à la
Plaine de Vich , & demanderent
des Sommetans de tous
coftez pour engager une fe
conde fois les Payfans à prendre
les armes pour les faire
paffer vers la Montagne de
Saint Jerome.
Il y a quelques jours que
le mauvais chemin ayant obligé
les Vaiffeaux qui font
202 MERCURE
devant Barcelone de s'en éloigner
, les Barcelonois profiterent
de ce moment pour en
faire fortir so.
Barques & -2 .
Vaiffeaux chargez de familles
qui fe retirent à
Mayorque.
J'appris hier que Mr le
Duc de Popoly faifoit bombarder
Barcelone , & qu'il y
avoit déja beaucoup de maifons
ruuinées , & même le
meilleur quartier.
le 16 Avril.
Aprés avoir chaffé les rebelles
de Repoülh , & avoir
établi des quartiers depuis Ollot
& Campredon julqu'à
cette ville là , pour contenir.
cette Montagne & conferver
la communication avec la
Cerdagne , & avoir un corps
GALANT 195
à portée de foûtenir la Plaine
de Vich , voyant que les rebelles
s'eftoient difperfez
dans tout le Luzanez pour
fubfifter , & eftoient dans les
endroits les plus difficiles à
aborder. Je marchay à Ollot
pour renvoyer les troupes
dans leurs quartiers
; mais
j'appris en y arrivant que les
rebelles s'eftoient raffemblez
à Conga , c'est le chemin de
Vich à Barcelone
, & qu'ils y
eftoient en grand nombre ;
Mr de Bracamonte
me mande
qu'ils eftoient même def-
¿cendus dans la Plaine , &
W
Rij
196 MERCURE
avoient brûlé plufieurs maifons
dépendantes de Centeillas
, qui eft un endroit tresfilele
, qu'il marchoit à eux
avec toutes les troupes , &
qu'il me prioit d'envoyer un
gros détachement pour contenir
cette Place pendant fon
abfence. J'y allay moy même ,
je marchay à la Roda , c'eft
l'endroit où eft le Pont fur le
Ter qu'on doit paffer pour en-
'trer dans la Plaine de Vich afin
de pouvoir mieux impoler
aux rebelles. A peine y fus je
aivé que j'appris que les rebelles
s'eltoient retirez fur les
GALANT 197
c't
Tur
urd
ha
pos
fus
les to
urle
Con
hautes Montagnes & dans
des endroits impraticables ,Mr
de Bracamonte ne les y pou
vant attaquer revint à Vich ,
avec les troupes , le lendemain
de mon arrivée , & me propo
fa de chaſtier avec luy Afbu
cas & le Village de Montfeny,
d'où cette canaille tiroit la
fubfiftance , & que c'eftoit le
moyen de les faire fortir d'où
ils eftoient ; au furplus il me
dit qu'il avoit ordre de faire
un exemple de tous ces endroits
- là , ayant taillé en
pieces les deux bataillons
Wallons que l'on envoyoit
Riij.
+98 MERCURE
à fon fervice , & qu'il ne le
pouvoit pas faire dans un Pays
auffi difficile fi je ne me mettois
en état de le favorifer dans
faretraite , commeje voisque ce
feroit toûjours à recommencer
, auffi- toft que les troupes
s'éloignerent de Vich , &
que les rebelles dans le Montfeny
m'inquietoient pour nos
poftes & nos quartiers dans la
Plaine & de la Marine , je ne
balançay pas d'aller à Velladrace
pour favorifer Mr de
Bracamonte , & dans le temps
qu'il marchoit à Aſbuſcas dans
un Pays difficile , j'avançay du
THEQUE
DELA
yad
n
na
des
GALANTY
mienpour aller jufqu
lieuë de- là , & fis occuper
hauteurs de Montagnes par
nos fufiliers des Montagnes.
Tous les rebelles qui comproient
ce Pays imprenable ,
s'enfuirent à la vue de nos
Troupes avec tous les Payfans
qui avoient pris les armes, en
forte que M' de Bracamonte
y arriva tres facilement , ce
Village & plufieurs autres furent
pillez & bruflez . Je vous
puis affurer que Sa Majeſté
Catholique a efté bien vangée
de la perfidie de ces peuples ,
l'on y trouva beaucoup de
R iiij
200 MERCURE
provifions de toutes fortes ;
& je fuis perfuadé que cette
execution a fort dérangé leurs
projets , ils le font jettez depuis
ce temps là du coſté de
la Marine , & comme ils n'étoient
qu'à trois quarts de
lieuë d'Oftalrick & au haut de
nos poftes les plus avancez , je
manday à Mr de Valoufe ,
d'affembler quelques Troupes
de celles qui font de ce coſtélà
afin de s'opposer à leurs
deffeins ; mais leurs féjours ne
leurs a fervi qu'à éxiger des
fubfiftances en vivres & en
argent de plufieurs Villages
GALANT . 201
UT
er
où ils s'eftoient mis , ils font
prefentement répandus de
Tous coftez pour vivre plus fa
cilement , & j'apprens que
400. s'eftoient retirez à Saint
Barthelemy Delgrace , c'est le
chemin de le Luzanez à la
Plaine de Vich , & demanderent
des Sommetans de tous
coftez pour engager une fe
conde fois les Payfans à prendre
les armes pour les faire
paffer vers la Montagne de
Saint Jerome.
Il y a quelques jours que
le mauvais chemin ayant obligé
les Vaiffeaux qui font
202 MERCURE
devant Barcelone de s'en éloigner
, les Barcelonois profiterent
de ce moment pour en
faire fortir so.
Barques & -2 .
Vaiffeaux chargez de familles
qui fe retirent à
Mayorque.
J'appris hier que Mr le
Duc de Popoly faifoit bombarder
Barcelone , & qu'il y
avoit déja beaucoup de maifons
ruuinées , & même le
meilleur quartier.
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Résumé : Extrait d'une Lettre de Gironne le 16 Avril.
Le texte est un extrait d'une lettre datée du 16 avril, relatant les opérations militaires contre des rebelles dans la région de Gironne. Les forces royales ont d'abord repoussé les rebelles à Repoülh et établi des quartiers entre Ollot, Campredon et Gironne. Leur objectif est de sécuriser la communication avec la Cerdagne et de protéger la plaine de Vich. Les rebelles, initialement dispersés dans le Luzanez, se regroupent à Conga, sur la route de Vich à Barcelone, et incendient des maisons à Centeillas. Les troupes, dirigées par Mr de Bracamonte, se dirigent vers les rebelles, mais ceux-ci se retirent dans des montagnes inaccessibles. Mr de Bracamonte propose de punir les villages d'Asbuscas et Montfeny pour couper les approvisionnements des rebelles. Les forces royales avancent et occupent des hauteurs stratégiques, forçant les rebelles à fuir. Plusieurs villages sont pillés et brûlés, perturbant les projets des rebelles. Ces derniers se déplacent ensuite vers la marine et exigent des subsistances dans divers villages. Les Barcelonois profitent d'une opportunité pour faire sortir des barques et des vaisseaux chargés de familles se retirant à Majorque. Enfin, il est rapporté que le Duc de Popoly bombarde Barcelone, causant des destructions significatives.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3897
p. 203-204
Parodie de l'Egnigme [sic], dont le mot est les Echecqs.
Début :
Je suis un Corps qui n'ay ni pieds ni mains, [...]
Mots clefs :
Échecs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Parodie de l'Egnigme [sic], dont le mot est les Echecqs.
Parodie de l'Egnigme ,
dont le mot eſt
les
Echecqs
.
fe fuis un Corps qui
n'aynipieds ni mains,
Fay le ventre farci d'individus
humains ,
Je retourne avec eux dans
le fein de ma Mere
Lorfque je ne leur fuis nullement
necessaire
.
Les pauvres tres -fouvent
méprifent ma beauté,
204 MERCURE
Les
riches avec
moy fe
piquent
d'inconftance
Quand on me
prend en
liberté,
On n'a pas décente preftance.
dont le mot eſt
les
Echecqs
.
fe fuis un Corps qui
n'aynipieds ni mains,
Fay le ventre farci d'individus
humains ,
Je retourne avec eux dans
le fein de ma Mere
Lorfque je ne leur fuis nullement
necessaire
.
Les pauvres tres -fouvent
méprifent ma beauté,
204 MERCURE
Les
riches avec
moy fe
piquent
d'inconftance
Quand on me
prend en
liberté,
On n'a pas décente preftance.
Fermer
3898
p. 204-211
LES ECHECQS.
Début :
Le bois est le pere des Echecqs, où il y a trente-deux [...]
Mots clefs :
Pièces, Reine, Roi, Échecs, Jeu
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES ECHECQS.
LES
ECHECOS.
Le bois eft le
pere des
Echecqs , où il y a trentedeux
pieces ; ils font tournez
ſouvent en un mêine
jour, ils font ordinairement
fort polis , ce qui fait
leur beauté.
GALANT. 205
Les deux Chefs differens
font les deux Rois qui femblent
commander deux Ar
mées , felon les Anciens ,
qui vouloient préparer l'efprit
des jeunes gens aux
noms d'armée , leur livrée
eft de deux couleurs, blanc
& noir , pour les diftinguer.
I
Ils font les Images de
l’Inimitié mortelle qu'il y
a entre les Armées ; cependant
, le Jeu étant fini
( ou la guerre ) on les met
206 MERCURE
coucher en une même
boete ou maifon ( Image
d'Amis ) d'où l'on ne les
tire que pour jouer.
Le Roy ne fait jamais
qu'un pas à la fois ou
qu'une marque fur l'Echiquier
, fi ce n'eſt qu'il roc ;
c'eſt- à - dire qu'ayant reçû
un Echecq , ou par la
crainte de le recevoir , il
change de place & ſe met
à celle d'une Tour , & la
Tour fe met à la fienne.
Dans ce changement de
GALANT. 207
14-
e
d
place avec la Tour il évite
l'Echecq , qui eft un coup
fouvent de partie . Il craint
la prifon parce que lorf
qu'il ne peut marcher fans
s'expofer à un Echecq , il
eft dit en priſon.
Ily a dans chaque Armée
une Reine qui a la marche
de toutes les pieces
( excepté celle du Cavalier)
& en cela elle imite les Amazones
qui alloient courageufement
en guerre .
Le courageux Soldat eft
208 MERCURE
un de ces Prons qui venant
jufqu'au dernier rang de
l'Echicquier de l'ennemi ,
a droit de demander la
piece la plus haute qui
manque dans fon jeu , noir
ou blanc , & s'il manque
de la Reine i l'a demande
, ainfi de Pion ( qui eft
mafculin , ou Soldar ) il
devient Reine , & change
de
fexe,
le combat
parce que le Roy en reçoit
l'échec émat , il faut le fuppofer
ainfi.
Où
GALANT. 209
q
70%
que
20
ef
Ο
Où cette Reine prend
tant de pieces qu'elle gågne
la partie.
Pour rendre aux Auteurs
des Pieces la juftice
qui leur eft due , & mettre
le Public au fait , je ſouhai
terois que ceux qui me
donnent leurs Vers , ne me
laiffaffent point ignorer
leur noms ; mais fouvent
les reçois par des voyes
indirectes ; de - là mon
ignorance.
je
Avril 1714. S
210 MERCURE
On a eu deux Epitalames
de Mr le Prefident Henault
, ami des Mufes comme
il eft , elles ne pouvoient
luy refufer des complimens
fur fon Mariage.
La premiere Piece qui
commence par ces Vers ,
Par un beau jour de la
nouvelle Année ,
eft de Mr de Caux.
La deuxième , dont
voicy le premier Vers,
GALANT. 211
T
er
ot
*
L'autre jour c'eftoit fifte
aux rives du Permeffe ,
eft de Mr le Roy ,
ECHECOS.
Le bois eft le
pere des
Echecqs , où il y a trentedeux
pieces ; ils font tournez
ſouvent en un mêine
jour, ils font ordinairement
fort polis , ce qui fait
leur beauté.
GALANT. 205
Les deux Chefs differens
font les deux Rois qui femblent
commander deux Ar
mées , felon les Anciens ,
qui vouloient préparer l'efprit
des jeunes gens aux
noms d'armée , leur livrée
eft de deux couleurs, blanc
& noir , pour les diftinguer.
I
Ils font les Images de
l’Inimitié mortelle qu'il y
a entre les Armées ; cependant
, le Jeu étant fini
( ou la guerre ) on les met
206 MERCURE
coucher en une même
boete ou maifon ( Image
d'Amis ) d'où l'on ne les
tire que pour jouer.
Le Roy ne fait jamais
qu'un pas à la fois ou
qu'une marque fur l'Echiquier
, fi ce n'eſt qu'il roc ;
c'eſt- à - dire qu'ayant reçû
un Echecq , ou par la
crainte de le recevoir , il
change de place & ſe met
à celle d'une Tour , & la
Tour fe met à la fienne.
Dans ce changement de
GALANT. 207
14-
e
d
place avec la Tour il évite
l'Echecq , qui eft un coup
fouvent de partie . Il craint
la prifon parce que lorf
qu'il ne peut marcher fans
s'expofer à un Echecq , il
eft dit en priſon.
Ily a dans chaque Armée
une Reine qui a la marche
de toutes les pieces
( excepté celle du Cavalier)
& en cela elle imite les Amazones
qui alloient courageufement
en guerre .
Le courageux Soldat eft
208 MERCURE
un de ces Prons qui venant
jufqu'au dernier rang de
l'Echicquier de l'ennemi ,
a droit de demander la
piece la plus haute qui
manque dans fon jeu , noir
ou blanc , & s'il manque
de la Reine i l'a demande
, ainfi de Pion ( qui eft
mafculin , ou Soldar ) il
devient Reine , & change
de
fexe,
le combat
parce que le Roy en reçoit
l'échec émat , il faut le fuppofer
ainfi.
Où
GALANT. 209
q
70%
que
20
ef
Ο
Où cette Reine prend
tant de pieces qu'elle gågne
la partie.
Pour rendre aux Auteurs
des Pieces la juftice
qui leur eft due , & mettre
le Public au fait , je ſouhai
terois que ceux qui me
donnent leurs Vers , ne me
laiffaffent point ignorer
leur noms ; mais fouvent
les reçois par des voyes
indirectes ; de - là mon
ignorance.
je
Avril 1714. S
210 MERCURE
On a eu deux Epitalames
de Mr le Prefident Henault
, ami des Mufes comme
il eft , elles ne pouvoient
luy refufer des complimens
fur fon Mariage.
La premiere Piece qui
commence par ces Vers ,
Par un beau jour de la
nouvelle Année ,
eft de Mr de Caux.
La deuxième , dont
voicy le premier Vers,
GALANT. 211
T
er
ot
*
L'autre jour c'eftoit fifte
aux rives du Permeffe ,
eft de Mr le Roy ,
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Résumé : LES ECHECQS.
Le texte décrit les échecs, un jeu originaire du bois, composé de 32 pièces. Les deux rois, distingués par des couleurs différentes (blanc et noir), dirigent deux armées opposées. À la fin de la partie, les pièces sont rangées ensemble, symbolisant la réconciliation. Le roi se déplace d'une case à la fois, sauf lors du roque, où il échange de place avec une tour pour éviter un échec. La reine peut se déplacer comme n'importe quelle autre pièce, sauf le cavalier. Un pion, en atteignant la dernière rangée, peut être promu à une pièce manquante, souvent la reine. Le texte mentionne également des épithalames de Monsieur le Président Henault et des auteurs de pièces anonymes.
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3899
p. 211-[2]16
MORTS.
Début :
Messire Gilles-Michel de Marescot, Chevalier Seigneur de Thoiry, &c. [...]
Mots clefs :
Jeanne de Saveuse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Meffire Gilles - Michel de
Marefcot , Chevalier Seigneur
de Thoiry , & c. Chevalier de
l'Ordre de S. Louis & de S.
Lazare de Jerufalem , Colonel
& Maréchal des Logis
General de la Cavalerie de
France , mourut le 8. Mars
en fa 67° année , laiffant une
fiile unique
.
Sij
212 MERCURE
#
Meffire Nicolas de Paris ,
Seigneur de Branfcourt de
Machau , Pafquy , &c. Confeiller
au Parlement , mourut
le 13. Mars,
Dame Jeanne de Guenegaud
, veuve de Meffire Louis
Bazin , Chevalier Seigneur de
Bezons , Confeiller d'Etat ordinaire
, mourut le 24. Mars
1714.
Dame Anne de Lameth ,
veuve de Meffire Jean de Senicourt
, Chevalier Marquis
de Seffeval , âgée de 82. ans,
mourut le 24. Avril 1714.
Elle eftoit fille de N. de La
GALANT. 213
Mi
Οι
ak
cá
A
4
2
meth , Chevalier Seigneur de
Beaurepaire, Gouverneur de la
Baftille , & Favori de Louis
XIII. & de Dame N. Defchapelles
. Elle laiffe pour fon unique
heritiere Dame N. de
Seffeval , épouſe du Comte de
Lameth, d'une des meilleures
-Maifons de Picardie .
>
Charlotte Amelie de Heffe-
Caffel , qui avoit épousé le
25. Juin 1667. Chriftian ,
cinquiéme Roy de Dannemarck
, mort le 4. Septembre
1699. mourut à Coppenhale
27. Mars 1714 en la
64 année , dont eſt flu Fre
gue
214 MERCURE
deric , quatrieme Roy de
Dannemarck , aujourd'huy
regnant .
e
Antoine Ulric de Brunfwick
, Duc de Wolfembutel ,
Chef de la branche aînée de
cette ancienne Maifon , né le
4. Octobre 163 3. mourut le
27. Mars 1714. en fa 81 ° année
, aprés avoir reçûles Sacremens
de l'Eglife Catholique ,
dont il faifoit profeffion depuis
quelques années . Le
Prince Augufte Guillaume ,
fon fils aine luy fuccede.
Dame Jeanne de Saveuſe ,
veuve de Meflire Henry RoGALANT.
215
J
bert de la Marck , Comte de
la Marck & de Braine , Prince
de Jametz , Baron de Serignan
, de Pontarcytac , Maréchal
des Camps & Armées
du Roy , Colonel du Regiment
de Picardie , tué au
combat de Confarbrick , prés
Treves le 11. Aouſt. 1675 .
âgé de 30. ans , mourut le 12 .
Avril 1714. laiffant
pour
fille
unique Loüife Magdelaine de
la Marck , veuve de Jacques
Henry , Duc de Duras , fils
aîné du Maréchal de Duras.
Meffire Jean François Chamillard
, Evefque de Senlis ,
316 MERCURE
Premier Aumolnier de Ma
dame la Dauphine , mourut à
Paris le 16. Avril 1714. âgé de
57. d'où fon Corps a efté
porté à Senlis.
Metlire Nicolas - Louis de
Bailleul, Marquis de Chasteaugontier
, Prefident à Mortier ,
mourut le 17. Avril âgé de
63. ans .
Meffire Bernard de Beon ,
du Milfez de Luxembourg ,
Marquis de Boutteville , cydevant
Enfant d'honneur du
Roy , mourut fans alliance le
17. Avril 1714.
Meffire Gilles - Michel de
Marefcot , Chevalier Seigneur
de Thoiry , & c. Chevalier de
l'Ordre de S. Louis & de S.
Lazare de Jerufalem , Colonel
& Maréchal des Logis
General de la Cavalerie de
France , mourut le 8. Mars
en fa 67° année , laiffant une
fiile unique
.
Sij
212 MERCURE
#
Meffire Nicolas de Paris ,
Seigneur de Branfcourt de
Machau , Pafquy , &c. Confeiller
au Parlement , mourut
le 13. Mars,
Dame Jeanne de Guenegaud
, veuve de Meffire Louis
Bazin , Chevalier Seigneur de
Bezons , Confeiller d'Etat ordinaire
, mourut le 24. Mars
1714.
Dame Anne de Lameth ,
veuve de Meffire Jean de Senicourt
, Chevalier Marquis
de Seffeval , âgée de 82. ans,
mourut le 24. Avril 1714.
Elle eftoit fille de N. de La
GALANT. 213
Mi
Οι
ak
cá
A
4
2
meth , Chevalier Seigneur de
Beaurepaire, Gouverneur de la
Baftille , & Favori de Louis
XIII. & de Dame N. Defchapelles
. Elle laiffe pour fon unique
heritiere Dame N. de
Seffeval , épouſe du Comte de
Lameth, d'une des meilleures
-Maifons de Picardie .
>
Charlotte Amelie de Heffe-
Caffel , qui avoit épousé le
25. Juin 1667. Chriftian ,
cinquiéme Roy de Dannemarck
, mort le 4. Septembre
1699. mourut à Coppenhale
27. Mars 1714 en la
64 année , dont eſt flu Fre
gue
214 MERCURE
deric , quatrieme Roy de
Dannemarck , aujourd'huy
regnant .
e
Antoine Ulric de Brunfwick
, Duc de Wolfembutel ,
Chef de la branche aînée de
cette ancienne Maifon , né le
4. Octobre 163 3. mourut le
27. Mars 1714. en fa 81 ° année
, aprés avoir reçûles Sacremens
de l'Eglife Catholique ,
dont il faifoit profeffion depuis
quelques années . Le
Prince Augufte Guillaume ,
fon fils aine luy fuccede.
Dame Jeanne de Saveuſe ,
veuve de Meflire Henry RoGALANT.
215
J
bert de la Marck , Comte de
la Marck & de Braine , Prince
de Jametz , Baron de Serignan
, de Pontarcytac , Maréchal
des Camps & Armées
du Roy , Colonel du Regiment
de Picardie , tué au
combat de Confarbrick , prés
Treves le 11. Aouſt. 1675 .
âgé de 30. ans , mourut le 12 .
Avril 1714. laiffant
pour
fille
unique Loüife Magdelaine de
la Marck , veuve de Jacques
Henry , Duc de Duras , fils
aîné du Maréchal de Duras.
Meffire Jean François Chamillard
, Evefque de Senlis ,
316 MERCURE
Premier Aumolnier de Ma
dame la Dauphine , mourut à
Paris le 16. Avril 1714. âgé de
57. d'où fon Corps a efté
porté à Senlis.
Metlire Nicolas - Louis de
Bailleul, Marquis de Chasteaugontier
, Prefident à Mortier ,
mourut le 17. Avril âgé de
63. ans .
Meffire Bernard de Beon ,
du Milfez de Luxembourg ,
Marquis de Boutteville , cydevant
Enfant d'honneur du
Roy , mourut fans alliance le
17. Avril 1714.
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Résumé : MORTS.
Le texte énumère des décès survenus en 1714 et en 1699. Meffire Gilles-Michel de Marefcot, Chevalier Seigneur de Thoiry, Chevalier de l'Ordre de S. Louis et de S. Lazare de Jérusalem, Colonel et Maréchal des Logis Général de la Cavalerie de France, est décédé le 8 mars à 67 ans, laissant une fille unique. Meffire Nicolas de Paris, Seigneur de Branfcourt de Machau, Pafquy, et Conseiller au Parlement, est mort le 13 mars. Dame Jeanne de Guenegaud, veuve de Meffire Louis Bazin, Chevalier Seigneur de Bezons et Conseiller d'État ordinaire, est décédée le 24 mars. Dame Anne de Lameth, veuve de Meffire Jean de Senicourt, Chevalier Marquis de Seffeval, âgée de 82 ans, est morte le 24 avril, laissant pour unique héritière Dame N. de Seffeval, épouse du Comte de Lameth. Charlotte Amelie de Heffe-Cassel, épouse de Christian, cinquième Roi de Dannemarck, est décédée à Coppenhale le 27 mars à 64 ans. Antoine Ulric de Brunswick, Duc de Wolfembutel, est mort le 27 mars à 81 ans, après avoir reçu les sacrements de l'Église Catholique. Le Prince Auguste Guillaume, son fils aîné, lui a succédé. Dame Jeanne de Saveuse, veuve de Meffire Henry de la Marck, Comte de la Marck et de Braine, est décédée le 12 avril, laissant pour fille unique Loüise Magdelaine de la Marck, veuve de Jacques Henry, Duc de Duras. Meffire Jean François Chamillard, Évêque de Senlis et Premier Aumônier de Madame la Dauphine, est mort à Paris le 16 avril à 57 ans. Meffire Nicolas-Louis de Bailleul, Marquis de Chasteaugontier et Président à Mortier, est décédé le 17 avril à 63 ans. Meffire Bernard de Beon, du Milfez de Luxembourg, Marquis de Boutteville et ancien Enfant d'honneur du Roy, est mort sans alliance le 17 avril.
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3900
p. 217-225
LA FRANCE AU ROY SUR LA PAIX Faite au mois de Mars 1714.
Début :
GRAND ROY, dont le pouvoir, la profonde sagesse, [...]
Mots clefs :
Paix, Empire, Roi, Gloire, Villars
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA FRANCE AU ROY SUR LA PAIX Faite au mois de Mars 1714.
LA FRANCE
AU ROY
SUR LA PAIX
Faite au mois de Mars 1714.
**
I
GRAND ROY , dont
le pouvoir , la profonde : T
fageffe ,
"
Malgré tes envieux , me
redonnent la Paix ,
Sincerement unie avec A
cette Déeffe ,
Avril 1714
. T
218 MERCURE
Serre fi bien nos noeuds ,
qu'ils durent à jamais ,
米米
Fais plus : pour mieux joüir
du doux fruit de tes
peines ,
Précipite , à l'inſtant , la
Difcorde aux Enfers ,
Puiffe t'elle y gémir fous
les plus dures chaînes ,
Tandis que tu feras l'amour
de l'Univers !
Ses lâches favoris , liguez
contre sta gloire ,
"2
Auroient pû m'accabler
d'un Monde d'Ennemis ,
GALANT. 219
Si
Villars ,
qu'accompagne
en tous lieux la Victoire ,
Ne les eût diviſez , batus ,
pris , ou foûmis
.
**
Attentif à ta voix , guidé
par tes Oracles
Inftruit par tes projets fi
prudemment
dictez ,
Chaque jour , fa valeur en
fantoit les Miracles ,
Qui font & fon triomphe ';
& mes
profpéritez...
Bior
**
A peine , Denain pris , il
Tij
220 MERCURE
court forcer Marchiennes
i
S'empare de Douay , du
Quefnoy , de Bouchain ,
Pouffe les Efcadrons , qui
bloquoient Valenciennes
Et fait fuir , à la fois ,
& Batave , & Germain,
**
L'affreux Hyver l'arrefte
& fon Armée altiére ,
Avide de la Gloire , & craignant
le repos ,
En murmure ; & l'on void
par cette audace fiére ,
GALANT. 221
Que de tous mes foldats il
a fait des Héros.
Une treve furvient , la Paix
fuit .
L'Allemagne
La refuſe ; & l'Anglois l'en
follicite en vain :
Elle veut éprouver le fort
d'une Campagne
,
Et fe croid forte affez , pour
deffendre le Rhin.
20
A.
L'actif Villars y vole : il fe
faifit de Spire ,
Arbore mes Drapeaux
Tiij
222 MERCURE
I
fur le fort de Manheim ,
Attaque , prend Landau
défole tout l'Empire ,
Se porte fous Mayence ,
& fait trembler le Mein,
3
Keiferloutre eft repris ;
tandis que l'on s'apprefte
,
Pour couronner fonfront
de plus brillans lauriers 】
A faire de Fribourg l'importante
conquefte ,
Quoy qu'il foit foûtenu par
cent milles Guerriers.
GALANT. 223
un
Vaubonne oppofe
Camp , il le force , il
l'en chaffe
Marche , affiége , fait tefte
à mes fiers Ennemis ,
Qui loin de tout rifquer ,
pour fauver cette place ,
Confentent qu'en fes mains
tous les forts foient remis .
బల
Ainfi Fribourg réduit
tout l'Empire & fes
Princes
N'ayant
plus de barriere
à
mettre entre eux & moy ,
Dans la crainte de voir en-
T iiij
224 MERCURE
vahir leurs Provinces ,
Te demandent la Paix ,
pour calmer leur effroy.
En Vainqueur modéré , tu
la rends à la Terre ,
Et pour combler Villars
d'un bonheur fouverain ,
Tu veux , puifque fon bras
a terminé la Guerre ,
Que la Paix foit encor l'ou
vrage de fa main.
20
Chargé luy feul , Grand
Roy , de cet honneur
infigne ,
GALANT. 225
Il la traite , & l'acheve, en
Héros Glorieux ;
,
Plus d'un de tes ſujets pouvoit
en eſtre digne
Mais perfonne à mon gré,
n'eût pû la faire mieux.
AU ROY
SUR LA PAIX
Faite au mois de Mars 1714.
**
I
GRAND ROY , dont
le pouvoir , la profonde : T
fageffe ,
"
Malgré tes envieux , me
redonnent la Paix ,
Sincerement unie avec A
cette Déeffe ,
Avril 1714
. T
218 MERCURE
Serre fi bien nos noeuds ,
qu'ils durent à jamais ,
米米
Fais plus : pour mieux joüir
du doux fruit de tes
peines ,
Précipite , à l'inſtant , la
Difcorde aux Enfers ,
Puiffe t'elle y gémir fous
les plus dures chaînes ,
Tandis que tu feras l'amour
de l'Univers !
Ses lâches favoris , liguez
contre sta gloire ,
"2
Auroient pû m'accabler
d'un Monde d'Ennemis ,
GALANT. 219
Si
Villars ,
qu'accompagne
en tous lieux la Victoire ,
Ne les eût diviſez , batus ,
pris , ou foûmis
.
**
Attentif à ta voix , guidé
par tes Oracles
Inftruit par tes projets fi
prudemment
dictez ,
Chaque jour , fa valeur en
fantoit les Miracles ,
Qui font & fon triomphe ';
& mes
profpéritez...
Bior
**
A peine , Denain pris , il
Tij
220 MERCURE
court forcer Marchiennes
i
S'empare de Douay , du
Quefnoy , de Bouchain ,
Pouffe les Efcadrons , qui
bloquoient Valenciennes
Et fait fuir , à la fois ,
& Batave , & Germain,
**
L'affreux Hyver l'arrefte
& fon Armée altiére ,
Avide de la Gloire , & craignant
le repos ,
En murmure ; & l'on void
par cette audace fiére ,
GALANT. 221
Que de tous mes foldats il
a fait des Héros.
Une treve furvient , la Paix
fuit .
L'Allemagne
La refuſe ; & l'Anglois l'en
follicite en vain :
Elle veut éprouver le fort
d'une Campagne
,
Et fe croid forte affez , pour
deffendre le Rhin.
20
A.
L'actif Villars y vole : il fe
faifit de Spire ,
Arbore mes Drapeaux
Tiij
222 MERCURE
I
fur le fort de Manheim ,
Attaque , prend Landau
défole tout l'Empire ,
Se porte fous Mayence ,
& fait trembler le Mein,
3
Keiferloutre eft repris ;
tandis que l'on s'apprefte
,
Pour couronner fonfront
de plus brillans lauriers 】
A faire de Fribourg l'importante
conquefte ,
Quoy qu'il foit foûtenu par
cent milles Guerriers.
GALANT. 223
un
Vaubonne oppofe
Camp , il le force , il
l'en chaffe
Marche , affiége , fait tefte
à mes fiers Ennemis ,
Qui loin de tout rifquer ,
pour fauver cette place ,
Confentent qu'en fes mains
tous les forts foient remis .
బల
Ainfi Fribourg réduit
tout l'Empire & fes
Princes
N'ayant
plus de barriere
à
mettre entre eux & moy ,
Dans la crainte de voir en-
T iiij
224 MERCURE
vahir leurs Provinces ,
Te demandent la Paix ,
pour calmer leur effroy.
En Vainqueur modéré , tu
la rends à la Terre ,
Et pour combler Villars
d'un bonheur fouverain ,
Tu veux , puifque fon bras
a terminé la Guerre ,
Que la Paix foit encor l'ou
vrage de fa main.
20
Chargé luy feul , Grand
Roy , de cet honneur
infigne ,
GALANT. 225
Il la traite , & l'acheve, en
Héros Glorieux ;
,
Plus d'un de tes ſujets pouvoit
en eſtre digne
Mais perfonne à mon gré,
n'eût pû la faire mieux.
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Résumé : LA FRANCE AU ROY SUR LA PAIX Faite au mois de Mars 1714.
En mars 1714, une paix est signée, célébrant les exploits militaires du maréchal de Villars au service du roi de France. Le roi exprime sa gratitude pour la paix retrouvée et loue la valeur de Villars, qui a divisé, battu et soumis les ennemis. Villars a mené plusieurs campagnes victorieuses, prenant des villes comme Denain, Douay, Bouchain et Landau, et repoussant les forces ennemies. Malgré une trêve et les tentatives de paix refusées par l'Allemagne et l'Angleterre, Villars a continué ses offensives, forçant les ennemis à demander la paix. Le roi, reconnaissant les mérites de Villars, lui confie la tâche d'achever la paix, soulignant que personne n'aurait pu mieux accomplir cette mission.
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