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1
p. 135-144
LA FONTAINE de Jouvence.
Début :
Jupiter qui de l'empirée [...]
Mots clefs :
Pluton, Neptune, Jeunesse, Fontaine de jouvence
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texteReconnaissance textuelle : LA FONTAINE de Jouvence.
LA FONTAINE
de Jouvence .
Jupiter qui de l'empirée
Avoit chaffé Saturne &
Rhée ;
Qui par un attentat doublement
criminel
S'étoit faifi fur eux du trôné
paternel ,
Et qui, fuivant le cours de
fa bonne fortune ,
136
MERCURE
Soûmettoit en tyran tout le
monde à fes loix ,
Se vit enfin forcé
par
ton & Neptune
Plu-
De le partager entre eux
trois.
Neptune pour fon lot cut le
fceptre aquatique
,
Et regna fur toutes les mers.
Pluton , content du fien ,
prit le titre emphatique
De grand Monarque des
enfers.
Jupiter , pour fon droit d'aîneffe
,
Eut le refte de l'univers ,
Et feignit même avec adref
Le De
GALANT. 137
De s'en voir fans chagrin
dépouillé des deux
tiers.
Cependant , en fecret outré
de cette perte ,
De ceux qui la caufoient il
vouloit
fe vanger
.
Mais quoy les attaque .
tous deux à force
ouverte
Il y trouvoit trop de danger.
Ainfi recourant à la rufe ,
Il flate Neptune , l'abuſe ,
Et , d'accord avec lui , fait
l'établiſſement
De laFontaine de Jouvence.
M Avril 1714.
138 MERCURE
Cette fource d'abord parut
fans
confequence ,
On s'en loua partout , &
l'on crut feulement
Que propice
à la race humaine
,
Il lui faifoit ce nouveau
don :
Mais elle étoit un fruit de
fon adroite haine ,
Il fe vangeoit par elle , &
par elle Pluton
Eût infenfenfiblement vû
ſaper & détruire
Le fondement de fon em.
pire ;
Car l'homme , quoique né
GALANT. - 139
נ
3
mortel ,
S'y dépouilloir de fa vieilleſſe
,
Et trouvoit dans fes eaux
une verte jeuneſſe
Qui le rendoit comme éternel
:
De forte qu'à la fin les droits
de ce Monarque
Se trouvant affoiblis par le
peu de mourans
Et par l'oifiveté de la fatale
barque ,
Il eût été facile au vainqueur
des Geans
De reprendre fur lui , fans
ſujets , ſans finance ,
Mij
140 MERCURE
Ce
que la feule violence
Avoit arraché de fa main.
Pluton détruit , Neptune
en vain
Eût voulu faire refiftance
;
Ses Monftres marins , fes
Tritons ,
Ses
rochers
menaçans , fes
abimes
profonds
L'auroient vû forcer de lui
rendre
Ces humides Eftats qu'ils
n'auroient pû défendre.
Mais Pluton s'étant apperçû
GALANT. 141
1
Du tort que fon Royaume
avoit déja reçû
De cette fameuſe fontaine
,
Confulta le prudent Minos.
Vôtre Majefté foûterraine ,
Répondit il en peu
mots ,
de
Sçait que jamais un Dieu
n'eft en droit de défaire
Ce qu'une autre Deïté
fait ,
Et qu'il peut feulement en
détruire l'effet ,
Ainfi pour vous tirer d'af
faire ,
142 MERCURE
Mon avis eft , grand Roy,
qu'il ſeroit à propos
De commettre au plus vîte
un dragon à la garde
De ces rajeuniffantes eaux.
Alors je ne crois pas que
quelqu'un fe hazarde
D'en approcher encor ;
la peur qu'on en
aura
Surmontera bientôt celle
de la vieilleſſe ,
Et quelque attrait qu'ait la
jeuneffe ,
Tel qui courroit aprés fur
ſes pas reviendra.
Ce confeil étoit falutaire ;)
GALANT.
143
Le fage Pluton le fuivit ,
Et les hommes enfin que la
frayeur faifit ,
Moururent comme à l'ordinaire.
Ce monftre affreux les fit
trembler
;
Les infirmitez du vieil âge
Leur parurent bien moins
funeftes que la rage ,
Et trouvant à s'en confoler
Par cette conduite prudente
1
I Qui fuit , ou que
les
ans ,
donnent
On les vit , même en che144
MERCURE
veux blancs ,
Sortir d'une façon riante
De la jeuneffe petulante.
Mais le beau fexe moins
poltron ,
Alla toûjours à la fontaine ,
Et de cet infernal dragon
Sans craindre la brûlante
haleine ,
Crut qu'il valoit autant s'expoſer
à perir ,
Que voir , même avant fon
autonne ,
Refroidir les amans que ſon
printemps lui donne ,
lui feul peut retenir.
de Jouvence .
Jupiter qui de l'empirée
Avoit chaffé Saturne &
Rhée ;
Qui par un attentat doublement
criminel
S'étoit faifi fur eux du trôné
paternel ,
Et qui, fuivant le cours de
fa bonne fortune ,
136
MERCURE
Soûmettoit en tyran tout le
monde à fes loix ,
Se vit enfin forcé
par
ton & Neptune
Plu-
De le partager entre eux
trois.
Neptune pour fon lot cut le
fceptre aquatique
,
Et regna fur toutes les mers.
Pluton , content du fien ,
prit le titre emphatique
De grand Monarque des
enfers.
Jupiter , pour fon droit d'aîneffe
,
Eut le refte de l'univers ,
Et feignit même avec adref
Le De
GALANT. 137
De s'en voir fans chagrin
dépouillé des deux
tiers.
Cependant , en fecret outré
de cette perte ,
De ceux qui la caufoient il
vouloit
fe vanger
.
Mais quoy les attaque .
tous deux à force
ouverte
Il y trouvoit trop de danger.
Ainfi recourant à la rufe ,
Il flate Neptune , l'abuſe ,
Et , d'accord avec lui , fait
l'établiſſement
De laFontaine de Jouvence.
M Avril 1714.
138 MERCURE
Cette fource d'abord parut
fans
confequence ,
On s'en loua partout , &
l'on crut feulement
Que propice
à la race humaine
,
Il lui faifoit ce nouveau
don :
Mais elle étoit un fruit de
fon adroite haine ,
Il fe vangeoit par elle , &
par elle Pluton
Eût infenfenfiblement vû
ſaper & détruire
Le fondement de fon em.
pire ;
Car l'homme , quoique né
GALANT. - 139
נ
3
mortel ,
S'y dépouilloir de fa vieilleſſe
,
Et trouvoit dans fes eaux
une verte jeuneſſe
Qui le rendoit comme éternel
:
De forte qu'à la fin les droits
de ce Monarque
Se trouvant affoiblis par le
peu de mourans
Et par l'oifiveté de la fatale
barque ,
Il eût été facile au vainqueur
des Geans
De reprendre fur lui , fans
ſujets , ſans finance ,
Mij
140 MERCURE
Ce
que la feule violence
Avoit arraché de fa main.
Pluton détruit , Neptune
en vain
Eût voulu faire refiftance
;
Ses Monftres marins , fes
Tritons ,
Ses
rochers
menaçans , fes
abimes
profonds
L'auroient vû forcer de lui
rendre
Ces humides Eftats qu'ils
n'auroient pû défendre.
Mais Pluton s'étant apperçû
GALANT. 141
1
Du tort que fon Royaume
avoit déja reçû
De cette fameuſe fontaine
,
Confulta le prudent Minos.
Vôtre Majefté foûterraine ,
Répondit il en peu
mots ,
de
Sçait que jamais un Dieu
n'eft en droit de défaire
Ce qu'une autre Deïté
fait ,
Et qu'il peut feulement en
détruire l'effet ,
Ainfi pour vous tirer d'af
faire ,
142 MERCURE
Mon avis eft , grand Roy,
qu'il ſeroit à propos
De commettre au plus vîte
un dragon à la garde
De ces rajeuniffantes eaux.
Alors je ne crois pas que
quelqu'un fe hazarde
D'en approcher encor ;
la peur qu'on en
aura
Surmontera bientôt celle
de la vieilleſſe ,
Et quelque attrait qu'ait la
jeuneffe ,
Tel qui courroit aprés fur
ſes pas reviendra.
Ce confeil étoit falutaire ;)
GALANT.
143
Le fage Pluton le fuivit ,
Et les hommes enfin que la
frayeur faifit ,
Moururent comme à l'ordinaire.
Ce monftre affreux les fit
trembler
;
Les infirmitez du vieil âge
Leur parurent bien moins
funeftes que la rage ,
Et trouvant à s'en confoler
Par cette conduite prudente
1
I Qui fuit , ou que
les
ans ,
donnent
On les vit , même en che144
MERCURE
veux blancs ,
Sortir d'une façon riante
De la jeuneffe petulante.
Mais le beau fexe moins
poltron ,
Alla toûjours à la fontaine ,
Et de cet infernal dragon
Sans craindre la brûlante
haleine ,
Crut qu'il valoit autant s'expoſer
à perir ,
Que voir , même avant fon
autonne ,
Refroidir les amans que ſon
printemps lui donne ,
lui feul peut retenir.
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Résumé : LA FONTAINE de Jouvence.
Le texte narre une légende concernant Jupiter, Neptune et Pluton. Après avoir renversé Saturne et Rhée, Jupiter partage le monde avec ses frères : Neptune reçoit les mers, Pluton les enfers et Jupiter le reste de l'univers. Insatisfait de cette répartition, Jupiter complote en secret pour se venger. Il crée la Fontaine de Jouvence avec Neptune pour affaiblir Pluton, car cette fontaine rend les hommes éternellement jeunes, réduisant ainsi le nombre de morts et affaiblissant l'empire de Pluton. Ce dernier, conscient du danger, consulte Minos qui lui conseille de placer un dragon pour garder la fontaine. La peur du dragon incite les hommes à accepter leur mortalité naturelle. Cependant, les femmes, moins effrayées, continuent de chercher la fontaine malgré le danger.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 664-667
PARAPHRASE DE L'ODE XIV. DU SECOND LIVRE D'HORACE, Sur la necessité de la Mort.
Début :
Le tems s'écoule incessamment, [...]
Mots clefs :
Mort, Destinées, Pluton, Cercueil, Cyprès
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texteReconnaissance textuelle : PARAPHRASE DE L'ODE XIV. DU SECOND LIVRE D'HORACE, Sur la necessité de la Mort.
PARAPHRASE DE L'ODE XIV .
DU SECOND LIVRE D'HORACE,
Sur la necessité de la Mort.
LEE tems s'écoule incessamment
Tel est l'ordre des destinées ;
La Parque si rapidement ,
Des Humains file les années ,
Que de leurs déplorables jours ,
Souvent dans leur printems se termine le cours
En vain pour nous rendre propices ,
Les Deitez des tristes bords ,
Nous consumons en Sacrifices ,
Nos revenus et nos trésors
A
AVRIL. 1731. 665
A tous nos voeux inexorables ,
Rien ne peut arrêter leurs decrets implacables.
A ce superbe Souverain ,
Atropos ravit la lumiere ,
Un Berger sous la même main ,
Ferme sa mourante paupiere ,
En abordant le Phlegeton ,
Ils sont au même rang sous les Loix de Pluton.
Pourrois- je m'exempter de boire ,
De l'eau dont burent mes Ayeux ?
Ils ont tous passé l'Onde noire ,
Je la dois passer après eux ;
En me transmettant leur fortune ,
Ne m'ont-ils pas soumis à cette Loi commune è
Un Guerrier sort des Champs de Mars ,
Couronné des mains de la Gloire ,
Il a triomphé des hazards ,
Dont on peut payer la victoire ,
Sous une legere langueur ,
Je vois l'instant d'aprés succomber sa valeur.
Remarquez ce Nocher habile ;
Au gré des Matelots contens ,
Eviter et Caribde et Scille ,
Triompher
666 MERCURE DE FRANCE
Triompher des flots et des vents ;
Au Port il revient dans sa Barque ,
Chercher le trait mortel que lui garde la Parque.
Tel échappe au poison fatal ,
Sous une maligne influence ,
Que bien- tôt au Fleuve infernal ,
Précipite une défaillance ;
Heureux s'il sçait sans murmurer ,
Se soumettre à l'Arrêt qu'il ne peut differer !
C'est en vain que sur tes Boccages ,
Ton coeur s'égare avec ton oeil ;
Qu'attends- tu de ton Jardinage ,
Que l'arbre qui fait ton cercueil ?
Seul de sa livide verdure ,
Le funeste Cyprès couvre ta Sépulture.
Hélas ! digne objet de mes voeux ,
Celimene allumoit ma flamme ;
Quel Mortel étoit plus heureux ?
Mon ardeur embrasoit son ame;
Jaloux de ma felicité,
Le Destin la conduit sur les bords du Lethé.
> De tes amis illegitimes ,
Qui n'ont satisfait que tes yeux ,
Quem
AVRIL. 1731. 667
Qu'emportes-tu dans les abîmes ,
Où tu vas trouver tes Ayeux ?
Fruits et principes de tout crime ,
Tes avides neveux t'en rendent la victime.
Gardois- tu pour tes heritiers ,
Tes vins délicats de Falerne ?
Pour eux s'enfoncent tes Celliers ,
Pour toi s'ouvre le sombre Averne ;
La mort te frappe ce matin ,
Ce soir sur ton Cercueil ils feront un festin.
Le Chevalier de Montador.
DU SECOND LIVRE D'HORACE,
Sur la necessité de la Mort.
LEE tems s'écoule incessamment
Tel est l'ordre des destinées ;
La Parque si rapidement ,
Des Humains file les années ,
Que de leurs déplorables jours ,
Souvent dans leur printems se termine le cours
En vain pour nous rendre propices ,
Les Deitez des tristes bords ,
Nous consumons en Sacrifices ,
Nos revenus et nos trésors
A
AVRIL. 1731. 665
A tous nos voeux inexorables ,
Rien ne peut arrêter leurs decrets implacables.
A ce superbe Souverain ,
Atropos ravit la lumiere ,
Un Berger sous la même main ,
Ferme sa mourante paupiere ,
En abordant le Phlegeton ,
Ils sont au même rang sous les Loix de Pluton.
Pourrois- je m'exempter de boire ,
De l'eau dont burent mes Ayeux ?
Ils ont tous passé l'Onde noire ,
Je la dois passer après eux ;
En me transmettant leur fortune ,
Ne m'ont-ils pas soumis à cette Loi commune è
Un Guerrier sort des Champs de Mars ,
Couronné des mains de la Gloire ,
Il a triomphé des hazards ,
Dont on peut payer la victoire ,
Sous une legere langueur ,
Je vois l'instant d'aprés succomber sa valeur.
Remarquez ce Nocher habile ;
Au gré des Matelots contens ,
Eviter et Caribde et Scille ,
Triompher
666 MERCURE DE FRANCE
Triompher des flots et des vents ;
Au Port il revient dans sa Barque ,
Chercher le trait mortel que lui garde la Parque.
Tel échappe au poison fatal ,
Sous une maligne influence ,
Que bien- tôt au Fleuve infernal ,
Précipite une défaillance ;
Heureux s'il sçait sans murmurer ,
Se soumettre à l'Arrêt qu'il ne peut differer !
C'est en vain que sur tes Boccages ,
Ton coeur s'égare avec ton oeil ;
Qu'attends- tu de ton Jardinage ,
Que l'arbre qui fait ton cercueil ?
Seul de sa livide verdure ,
Le funeste Cyprès couvre ta Sépulture.
Hélas ! digne objet de mes voeux ,
Celimene allumoit ma flamme ;
Quel Mortel étoit plus heureux ?
Mon ardeur embrasoit son ame;
Jaloux de ma felicité,
Le Destin la conduit sur les bords du Lethé.
> De tes amis illegitimes ,
Qui n'ont satisfait que tes yeux ,
Quem
AVRIL. 1731. 667
Qu'emportes-tu dans les abîmes ,
Où tu vas trouver tes Ayeux ?
Fruits et principes de tout crime ,
Tes avides neveux t'en rendent la victime.
Gardois- tu pour tes heritiers ,
Tes vins délicats de Falerne ?
Pour eux s'enfoncent tes Celliers ,
Pour toi s'ouvre le sombre Averne ;
La mort te frappe ce matin ,
Ce soir sur ton Cercueil ils feront un festin.
Le Chevalier de Montador.
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Résumé : PARAPHRASE DE L'ODE XIV. DU SECOND LIVRE D'HORACE, Sur la necessité de la Mort.
Le texte paraphrase l'Ode XIV du second livre d'Horace, abordant la nécessité de la mort. Il souligne que le temps passe inévitablement et que la mort frappe sans distinction, que ce soit un souverain ou un simple berger. Tous les êtres humains sont soumis aux mêmes lois de la mort, symbolisées par Atropos, l'une des Parques. Le texte mentionne des exemples variés, comme un guerrier triomphant ou un marin habile, pour illustrer que personne ne peut échapper à la mort. Il met en garde contre la vanité des biens terrestres et des plaisirs, rappelant que la mort égalise tous les hommes. Le poème se conclut par une réflexion sur la perte d'un être cher, Célimène, et sur les conséquences des actions humaines, soulignant que les biens accumulés peuvent devenir une source de malheur pour les héritiers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 212-215
PLUTON AMOUREUX, CANTATE.
Début :
Arbitre souverain de la Terre et des Cieux, [...]
Mots clefs :
Amour, Pluton, Hymen
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texteReconnaissance textuelle : PLUTON AMOUREUX, CANTATE.
PLUTON AMOUREUX,
CANTATE.
Arbitre souverain de la Terre et des Cieux ;
L'Amour voulut tenter des conquêtes nouvelles
Et perçant des Enfers les voutes éternelles ,
Porter au sein des Morts ses Traits victorieux :
Ce Projet n'a rien qui l'étonne ;
Il quitte le séjour de l'aimable Paphos ,
Et volant vers les bords que l'Erebe environne,
De l'éternelle nuit il perce le cahos ;
Là bientôt par ses soins le Dieu des sombres Rives ,
Trouble par ces clameurs plaintives ,
Des Manes effrayés l'immuable repos.
L'Amour a triomphé de ma foiblesse extrême
Ombres , en de plus dignes mains ,
Remettez le pouvoir suprême ;
Je ne puis plus regner sur les pâles Humains ¿→
Je ne regne plus sur moi- même.
Je n'ose recouvrer ma liberté ravie ;
L'aimable erreur qui me séduit ,
Fait
FEVRIER. 1732 213
Fait seule ma plus douce envie ;
Loin de fuir l'esclavage où je me vois réduit
J'aime la chaîne qui me lie.
L'Amour, atriomphé de ma foiblesse extrême
Ombres , en de plus dignes mains ,-
Remettez le pouvoir suprême ;
Je ne puis plus regner sur les pâles humains
Je ne regne plus sur moi- même.
Idit , et Cupidon fait naître dans son cœur
D'un Hymen fortuné les desirs légitimes ,
Et docile à la voix de ce tendre vainqueur,
De la Terre entr'ouverte il franchit les abîmes ;
Bien- tôt laissant les Bords , où le Pere du jour
Répand ses feux féconds sur tout ce qui respire
Il atteint le sommet du Celeste séjour ,
Où Jupiter exerce un souverain Empire ,
Et ne connoît de Loix que celles de l'Amour.'
Il arrive ; on se tait , on l'écoute , il soupire ;
Et déclare en ces mots ce que son cœur desire.
Lorsque l'Hymen , d'une main liberale ›
Aux autres Dieux prodigue ses faveurs,
Le seul Pluton , par une loi fatale ,
Ne pourra donc éprouver ses douceurs ?
Maitre
214 MERCURE DE FRANCE
Maître des Dieux , que ta bonté propice ,/
Consente enfin à ma felicité ;
Ou si tu veux prolonger mon supplice ,
Délivre-moi de l'immortalité.
Lorsque l'Hymen d'une main liberale ,
Aux autres Dieux prodigue ses faveurs ,
Le seul Pluton , par une loi fatale ,
Ne pourra donc éprouver ses douceurs. "
Le Dieu qui lance le Tonnere ,
De son frere amoureux approuve les projets 3
Pluton vole et des Cieux descendu sur la Terre,
Il penetre soudain Pasile de Cerés ;
Proserpine d'abord se présente à sa vûë;
I hésite , il approche ; elle fuit éperduë ;
La peur la précipite à travers les Forêts;
C'est en vain qu'elle espere éviter sa furie , ›
Il la suit , il l'attend , il l'enleve , elle crië ; ·
Mais , ô cris ! ô pleurs superflus !
Elle part, et déja Cerés ne l'entend plus.
L'Amour veut nous attendrir;
Ne tardons pas à nous rendre ;
S'est s'exposer à souffrir,
Que de vouloir s'en deffendre.
Mais
FEVRIER. 1732. 215
Mais quand on suit la douceur ,
Du penchant qui nous entraîne ,
On sçait tirer son bonheur ,
Du sein même de sa peine.
L'Amour veut nous attendrir ,
Ne tardons pas a nous rendre ;
C'est s'exposer àતે souffrir,
Que de vouloir s'en deffendre.
Par J. M. GAULTIER , Auteur de Valsain Vangé , Cantate , inserée dans le Mer
cure de May 1731%
CANTATE.
Arbitre souverain de la Terre et des Cieux ;
L'Amour voulut tenter des conquêtes nouvelles
Et perçant des Enfers les voutes éternelles ,
Porter au sein des Morts ses Traits victorieux :
Ce Projet n'a rien qui l'étonne ;
Il quitte le séjour de l'aimable Paphos ,
Et volant vers les bords que l'Erebe environne,
De l'éternelle nuit il perce le cahos ;
Là bientôt par ses soins le Dieu des sombres Rives ,
Trouble par ces clameurs plaintives ,
Des Manes effrayés l'immuable repos.
L'Amour a triomphé de ma foiblesse extrême
Ombres , en de plus dignes mains ,
Remettez le pouvoir suprême ;
Je ne puis plus regner sur les pâles Humains ¿→
Je ne regne plus sur moi- même.
Je n'ose recouvrer ma liberté ravie ;
L'aimable erreur qui me séduit ,
Fait
FEVRIER. 1732 213
Fait seule ma plus douce envie ;
Loin de fuir l'esclavage où je me vois réduit
J'aime la chaîne qui me lie.
L'Amour, atriomphé de ma foiblesse extrême
Ombres , en de plus dignes mains ,-
Remettez le pouvoir suprême ;
Je ne puis plus regner sur les pâles humains
Je ne regne plus sur moi- même.
Idit , et Cupidon fait naître dans son cœur
D'un Hymen fortuné les desirs légitimes ,
Et docile à la voix de ce tendre vainqueur,
De la Terre entr'ouverte il franchit les abîmes ;
Bien- tôt laissant les Bords , où le Pere du jour
Répand ses feux féconds sur tout ce qui respire
Il atteint le sommet du Celeste séjour ,
Où Jupiter exerce un souverain Empire ,
Et ne connoît de Loix que celles de l'Amour.'
Il arrive ; on se tait , on l'écoute , il soupire ;
Et déclare en ces mots ce que son cœur desire.
Lorsque l'Hymen , d'une main liberale ›
Aux autres Dieux prodigue ses faveurs,
Le seul Pluton , par une loi fatale ,
Ne pourra donc éprouver ses douceurs ?
Maitre
214 MERCURE DE FRANCE
Maître des Dieux , que ta bonté propice ,/
Consente enfin à ma felicité ;
Ou si tu veux prolonger mon supplice ,
Délivre-moi de l'immortalité.
Lorsque l'Hymen d'une main liberale ,
Aux autres Dieux prodigue ses faveurs ,
Le seul Pluton , par une loi fatale ,
Ne pourra donc éprouver ses douceurs. "
Le Dieu qui lance le Tonnere ,
De son frere amoureux approuve les projets 3
Pluton vole et des Cieux descendu sur la Terre,
Il penetre soudain Pasile de Cerés ;
Proserpine d'abord se présente à sa vûë;
I hésite , il approche ; elle fuit éperduë ;
La peur la précipite à travers les Forêts;
C'est en vain qu'elle espere éviter sa furie , ›
Il la suit , il l'attend , il l'enleve , elle crië ; ·
Mais , ô cris ! ô pleurs superflus !
Elle part, et déja Cerés ne l'entend plus.
L'Amour veut nous attendrir;
Ne tardons pas à nous rendre ;
S'est s'exposer à souffrir,
Que de vouloir s'en deffendre.
Mais
FEVRIER. 1732. 215
Mais quand on suit la douceur ,
Du penchant qui nous entraîne ,
On sçait tirer son bonheur ,
Du sein même de sa peine.
L'Amour veut nous attendrir ,
Ne tardons pas a nous rendre ;
C'est s'exposer àતે souffrir,
Que de vouloir s'en deffendre.
Par J. M. GAULTIER , Auteur de Valsain Vangé , Cantate , inserée dans le Mer
cure de May 1731%
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Résumé : PLUTON AMOUREUX, CANTATE.
La cantate 'Pluton Amoureux' narre la décision de l'Amour de conquérir les Enfers. L'Amour perturbe le repos des âmes et provoque Pluton, le dieu des Enfers, qui ressent alors des désirs légitimes de mariage. Vaincu par l'Amour, Pluton se rend sur Terre et enlève Proserpine, la fille de Cérès, malgré ses tentatives de fuite. La cantate explore les sentiments de Pluton, prêt à abandonner son pouvoir suprême et son immortalité pour connaître les douceurs de l'Hymen, comme les autres dieux. Jupiter, le maître des dieux, approuve les projets amoureux de Pluton. Le texte se conclut par une réflexion sur la nature de l'amour, soulignant qu'il est préférable de se rendre à ses charmes plutôt que de tenter de s'en défendre.
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