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1
p. 163-172
Description d'une Horloge extraordinaire presentée au Roy & qui doit estre suspenduë comme un Lustre. [titre d'après la table]
Début :
Les Horloges qui nous font connoistre combien nous avons passé [...]
Mots clefs :
Horloge, Globe, Argent, Heures, Fleur de lis, Pendule, Cercle
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texteReconnaissance textuelle : Description d'une Horloge extraordinaire presentée au Roy & qui doit estre suspenduë comme un Lustre. [titre d'après la table]
Les Horloges qui nous font connoiſtre combien nous
avons paffé d'heures de chaque jour où nous vivons, nepeuvent nous apprendre combien il nous en reſte encor àpaſſer. On en a
GALANT. 103 preſenté une au Roy depuis quelques jours d'une beauté &
d'une invention toute extraordinaire. Il n'y a rien de mieux travailléque cet Ouvrage , & on ne peut affez admirer l'intelli- gence & l'efprit de cette ingé- nieuſe Perſonne qui en a donné l'idée. Cette Horloge faite en Globe a un pied de diametre,
&ſonne les heures & les quarts fur trois Timbres. Elle est àPendule , & en commençant parle bas , on voit les Quarts & les Minutes ſur le plus petit de ſes Cercles. Les Jours dela Semaine
fontmarquez furun plusgrand,
&ſur unautre encor plus grand que ce dernier font les Saiſons avec les Planetes dansleursMaifons. La Lune y paro'ſt : C'eſt une petite Boule tournante qui en montre tous les jours peu à
E iiij
104 LE MERCVRE
peu le croiſſant&le declin, com- me on le découvre dans le Ciel.
Cette petite Lune fuit le premier mobile qui eſt le movement regulier de vingt-quatre heures,
& retrograde chaquejour à pro- portionde cequ'il faut pour fai- reſa révolution entiere en vingt- neufjours &demy. On voit en mefme temps ſon quantiéme,
fon aſpect avec le Soleil , la Ma- -rée & le lieu qu'elle occupe dans les Signes. Le Soleil eſt placé fur un plus grand Cercle.
L'Heurey eft marquée aufli bien que le Jour de l'Année &le De- gré du Signe où il eft , avec ſon lever & fon coucher. Tous ces
Cercles compofent un peu plus que la moitié de ce Globe , & en forment la partie inferieure. II n'y a rien dans celle d'enhaut,
parce qu'ayant eſté fait pour
GALANT. 105 I
el
eftre fufpendu comme un Luf- tre, il auroit eſté inutile d'y mar- quer ce qu'il euſt eſté impoſſible de voir. Le premier Cercle eſt d'argent , leſecond d'or, &ainfi de tous les autres. Le Soleil eft
d'or , grand comme une Piece de Trente fols , pofé ſur une double L d'acier cizelé en relief , & bluy. Un des coſtez de la Lune eſt d'argent , & l'autre eſt d'or émaillé d'azur avec de
petites Etoilles d'or. CetteLune eft comme enfermée à moitié
dans une Boëte qui eſt auſſi d'or,
émaillée d'azur & parfemée de petitesEtoilles dumeſme metal.
UnNuage d'or émaillé la porte.
On diroit à ſa couleur qu'il eſt éclairé du Soleil couchant.L'Aiguille qui montre les Planetes dans leurs Maiſons , eſt faite d'a
Ev
106 LE MERCVRE
cier en relief , & compoſée de deux Arcs & d'une Fleche qu'on regarde comme les armes d'A- pollon. Un Sceptre , un Bafton Royal , & une Couronne de France, forment celle qui mar- que le Jour de la Semaine ; &
celle qui indique les Quarts , a
la figure d'une Fleur de LYS. II y a des branchages d'acier fort délicats qui compoſentunHori- fon pour cacher le Soleil pen- dantla nuit ſous un voile tranf
parent. Le reſtedu Globe qu'on peutnommer la partie ſupérieu- re , eſt rendu parfait par une Caloted'argent, fur laquelle on apercé àjour les fix Signes Me- ridionaux avec les principales Conftellations , & des Etoilles
en confufion. Au deſſus de ce
GlobeparoîtunNüaged'argent remply des principaux Vents
GALAN Τ. 107
e
1
1
qui imitent parfaitementle na- turel. Ce Nüage porte unBuif- fondePalmes&de Lauriersd'or
fur lequel eſt poſée une Medail.
le duRoy enbas relief d'or , &
autour de ce Buiſſon il y a trois Enfans de ronde boffe , dont
l'un merune Couronne de Laurier fur cette Medaille , l'autre
la regarde en foûtenant leBuif- fon, & le troifiéme tient une
Trompette. Pour le dedans du Globe il eſt remply d'environ trois cens Pieces qui forment enſemble dix tres-beaux Mouvemens , dont il y en a la plus grande partie nouvellement trouvée par M' Martinot Hor- logeur du Roy , & Inventeur de ce merveilleux Chef- d'œuvre. Mr Balain Orfévre du Roy,
& Controlleur des Poinçons de France , ya contribué de tout ce
E vj
108 LE MERCVRE
qui dépendoit de fon Art ,& le deffus de la Calote eſt de fon
invention.
avons paffé d'heures de chaque jour où nous vivons, nepeuvent nous apprendre combien il nous en reſte encor àpaſſer. On en a
GALANT. 103 preſenté une au Roy depuis quelques jours d'une beauté &
d'une invention toute extraordinaire. Il n'y a rien de mieux travailléque cet Ouvrage , & on ne peut affez admirer l'intelli- gence & l'efprit de cette ingé- nieuſe Perſonne qui en a donné l'idée. Cette Horloge faite en Globe a un pied de diametre,
&ſonne les heures & les quarts fur trois Timbres. Elle est àPendule , & en commençant parle bas , on voit les Quarts & les Minutes ſur le plus petit de ſes Cercles. Les Jours dela Semaine
fontmarquez furun plusgrand,
&ſur unautre encor plus grand que ce dernier font les Saiſons avec les Planetes dansleursMaifons. La Lune y paro'ſt : C'eſt une petite Boule tournante qui en montre tous les jours peu à
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104 LE MERCVRE
peu le croiſſant&le declin, com- me on le découvre dans le Ciel.
Cette petite Lune fuit le premier mobile qui eſt le movement regulier de vingt-quatre heures,
& retrograde chaquejour à pro- portionde cequ'il faut pour fai- reſa révolution entiere en vingt- neufjours &demy. On voit en mefme temps ſon quantiéme,
fon aſpect avec le Soleil , la Ma- -rée & le lieu qu'elle occupe dans les Signes. Le Soleil eſt placé fur un plus grand Cercle.
L'Heurey eft marquée aufli bien que le Jour de l'Année &le De- gré du Signe où il eft , avec ſon lever & fon coucher. Tous ces
Cercles compofent un peu plus que la moitié de ce Globe , & en forment la partie inferieure. II n'y a rien dans celle d'enhaut,
parce qu'ayant eſté fait pour
GALANT. 105 I
el
eftre fufpendu comme un Luf- tre, il auroit eſté inutile d'y mar- quer ce qu'il euſt eſté impoſſible de voir. Le premier Cercle eſt d'argent , leſecond d'or, &ainfi de tous les autres. Le Soleil eft
d'or , grand comme une Piece de Trente fols , pofé ſur une double L d'acier cizelé en relief , & bluy. Un des coſtez de la Lune eſt d'argent , & l'autre eſt d'or émaillé d'azur avec de
petites Etoilles d'or. CetteLune eft comme enfermée à moitié
dans une Boëte qui eſt auſſi d'or,
émaillée d'azur & parfemée de petitesEtoilles dumeſme metal.
UnNuage d'or émaillé la porte.
On diroit à ſa couleur qu'il eſt éclairé du Soleil couchant.L'Aiguille qui montre les Planetes dans leurs Maiſons , eſt faite d'a
Ev
106 LE MERCVRE
cier en relief , & compoſée de deux Arcs & d'une Fleche qu'on regarde comme les armes d'A- pollon. Un Sceptre , un Bafton Royal , & une Couronne de France, forment celle qui mar- que le Jour de la Semaine ; &
celle qui indique les Quarts , a
la figure d'une Fleur de LYS. II y a des branchages d'acier fort délicats qui compoſentunHori- fon pour cacher le Soleil pen- dantla nuit ſous un voile tranf
parent. Le reſtedu Globe qu'on peutnommer la partie ſupérieu- re , eſt rendu parfait par une Caloted'argent, fur laquelle on apercé àjour les fix Signes Me- ridionaux avec les principales Conftellations , & des Etoilles
en confufion. Au deſſus de ce
GlobeparoîtunNüaged'argent remply des principaux Vents
GALAN Τ. 107
e
1
1
qui imitent parfaitementle na- turel. Ce Nüage porte unBuif- fondePalmes&de Lauriersd'or
fur lequel eſt poſée une Medail.
le duRoy enbas relief d'or , &
autour de ce Buiſſon il y a trois Enfans de ronde boffe , dont
l'un merune Couronne de Laurier fur cette Medaille , l'autre
la regarde en foûtenant leBuif- fon, & le troifiéme tient une
Trompette. Pour le dedans du Globe il eſt remply d'environ trois cens Pieces qui forment enſemble dix tres-beaux Mouvemens , dont il y en a la plus grande partie nouvellement trouvée par M' Martinot Hor- logeur du Roy , & Inventeur de ce merveilleux Chef- d'œuvre. Mr Balain Orfévre du Roy,
& Controlleur des Poinçons de France , ya contribué de tout ce
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108 LE MERCVRE
qui dépendoit de fon Art ,& le deffus de la Calote eſt de fon
invention.
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Résumé : Description d'une Horloge extraordinaire presentée au Roy & qui doit estre suspenduë comme un Lustre. [titre d'après la table]
Le texte décrit une horloge exceptionnelle présentée au roi, remarquable par sa beauté et son ingéniosité. Cette horloge, en forme de globe, mesure un pied de diamètre et sonne les heures et les quarts sur trois timbres. Elle est à pendule et affiche les quarts et les minutes sur un petit cercle, les jours de la semaine sur un cercle plus grand, et les saisons avec les planètes sur un cercle encore plus grand. La Lune, représentée par une petite boule tournante, montre les phases lunaires et suit un mouvement rétrograde pour compléter sa révolution en vingt-neuf jours et demi. Le Soleil est placé sur un cercle plus grand, indiquant l'heure, le jour de l'année, et le degré du signe zodiacal avec son lever et son coucher. Les cercles sont en argent et en or, et les planètes sont marquées par une aiguille en forme d'arc et de flèche. La partie supérieure du globe est ornée de constellations et d'étoiles, avec un nuage argenté représentant les vents. Au sommet, une médaille du roi est posée sur un buisson de palmes et de lauriers, entourée de trois enfants tenant une couronne, regardant la médaille, et tenant une trompette. L'intérieur du globe contient environ trois cents pièces formant dix mouvements, dont plusieurs inventés par M. Martinot, l'horlogeur du roi. M. Balain, orfèvre du roi, a contribué à l'œuvre avec l'invention de la calotte supérieure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 185-217
Liste des Presens pour le Roy de Siam, pour la Princesse Reine, pour M. Constance, & pour les Ambassadeurs qui sont venus en France. [titre d'après la table]
Début :
J'ay poussé trop loin tout ce qui regard[e] l'Ambassade de [...]
Mots clefs :
Ambassade de Siam, Présents, Siam, Travail, Argent, Ouvrages, Pierreries, Lever du soleil, Coucher du soleil, Lune, Diamants, Étoiles fixes, Globe, Cercle, Ligne, Degré, Signes, Sabre, Montres, Horloge, Soleil, Poignée, Pièces de draps, Fourreau, Manière de compter
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texteReconnaissance textuelle : Liste des Presens pour le Roy de Siam, pour la Princesse Reine, pour M. Constance, & pour les Ambassadeurs qui sont venus en France. [titre d'après la table]
J'ay pouffé trop loin tout
ce qui regard l'Ambassadede
Siam en France, pour ne pas
achever, en vous apprenant ce
qu il y a long temps que vis desirez sçavoir & dont il m'a
été impossible d'estreplûtost
nformé de la manière que je
le souhaitois. On peut dire
que c'efl: la feule chose qui
manquoic au Journal de cette
Ambiflade, après les quatre
Lettres que je vous ay écrites
là-dessus,&ce que je vous ay
appris dans ma derniere, rouchant
ce qui s'eil: passé a Brest
avant rembarquement des
Âmbassadeurs
,
& dans le
temps qu'ils se sont embarquez.
Je vous envoye donc
cette Liste des Presens si desirée,
& dont la richessè marque
la grandeur du Roy. Il y
a beaucoup de choses parmy
le grand nombred'Articles
que vous allez voir, qui font
pour la Princessè Reyne.
) Cent cinquante pieces de
Draps de toutes fortes de couleurs,
des plusfins & des plus
baaux qui se soient trouvez en
Europe.
Quatre-vingts pieces de
Draps d'or, & de Brocarda
d'ordedifferens desseins, d'une
grande richdTe) & d'un
grand prix.
Cent Fusils qui tirent chacun
six coups. Ils font d'un
travail tres-singulier. Il y ena
beaucoup dont les ornemens
font d'or; les autres font enrichisd'argent,
& iapiufparc
ontefté faits par M. Piraube.
Vingt paires de Pistolets,
dont plusieurs tirent aussi six
coups, qui font autant de
chefj-d'oeuvrcs de l'art, & de
la magnificence, ainsi qu'un1
très-grand nombre d'autres
armes à feu. Il y a aussi des
Cuirasses
,
& d'autres orneniensde
Guerre d'un tres-beau
travail, & d'une très-grande
beauté, tant a cause des divers,
ouvrages de cizelure, que de
la nouvelle maniéré qu'on a
trouvée dy,appliquer l'or &:
l'argent.î Le tout estgarny
d'une infinité de Pierreries;de
ofrteque le travail, & la richesseles
rendent d'un fort
grand prix., :;!. ;:'neu
Douze Vertes, ou chcmifes,
aFufage des Siamois, pour la
PrincesseReyne. La pluspart
font de Point de France, ôci
toutesd'unepiece. On met,
des écofes d'or, ou de couleur
dcuous, ce qui en fait paroître
le dessein. Les Ouvrages donty
je vous parle, font d'une beau-j
té& d'une delicatesse si surprenante,
qquu'"oonnnn'a'ajajamin~aiiiss rien
vû en Europe de ce travail,
qui en ait approché. Il
Douze Mouchoirs dumêmeOuvrage
, mais dont les.
desseins font differens.
;
Douze Pendules faites par^
M.Turet, entre lesquellesil
yen a trois d'or, cizelées de:
Bas-reliefs d'un tres-beau travail.
Elles montrent le mouvement
annuel,& le diurne
la longueur des jours & des;
nuits pendant toute l'annéen
le lever& le coucher du Soleil]
pour l'horisondeSiam, lage;
de la Lune, & la maniéré de:
compter les filüisàlaSiamjise
par Lunaison, ayant deux
Lunes, dont l'une marque
30, jours, & l'autre 2p. ôc
ainsi successivement.
Quatre Montres d'or, ou
Pendules émaillées de couleursdifférentes.
Deux Horloges sonnantes,
dont les boëtes sont enrichies
de tres-beaux Bas-reliefs. Elles
font émaillées de diverses couleurs,&
montrent l'âge de la
Lune, &la maniere de compter
les mois à la Siamoise.
Trente-six Montres d'or.
de divedes maniérés, enrichies
de Pierreries, avec leurs boëces
garnies de Diamans & dl
clous d'or. t
Deux Globes faits par Bail
thazar Martinot
,
Horlogeu:
de la défunte Reyne mere d
Roy. L'un cit cdelle) & ra
prelente le mouvement d-
Firm,-tiiientoù l'ont attachéa
les Etoiles fixes deplufieun
grandeurs, posé s (Ion leu:
longitude, & 1.tiride. Ce:
Etoiles font d'or & ie relief
&sontappliquée le Glc.":,
bequieHd'argent gravé. O
y voit les Conste a ons
cclJ
stes par figures es ct iieiit po
sécs. Le mouv m AZ V !
Glold
Globe est de tourner sur ses
deux Pôles Artique & Antarctique.
Le Zodiaque est placé
lfur la ligne ccliptique en la
'maniéré ordinaire, sur laquelle
ligne le Soleil fait son touren
(un an, & ainsi il fait son afcen-
-fion oblique d'un Tropique en
,un autre Tropique. Il fait conÈnoiftre
son lever s son coucher
par toute la terre, par le
imoyen d'un cercle déclinant
'êcmobile,quisemes selon la
lliauteur des Climats & des
dieux ou l'on s'en veut servir.
rLeSoleil & la Lune font emportez
en 24. heures avec le
premier Mobile auFirmamenc:
lequel saic Ion cours en 3~<
jours, & par consequent le:
Etoiles fixes ont leur mOUj
vemenc ordinaire, & l'on y
voit leur lever & coucher fui
l'horison, comme les autre:
Planeres. LaLunea sonmoui
vement naturel qui retrogradc:
& se renouvelle tous les vingt:
neufjours & demy ,ce qui tlÍi
connoiilre les afped:s auSolciï
& ses fkuations dans chaque
degré des Signes, par chaque
jour ôc chaque heure. Ce Gloc
be est Cilpendu en l'air par 11
Pôle Areique. il chemine paj
[a pesanteur, & remonte en
Douflânt la mainpar dessous. >premier Meridienestfixe,
klesheures sont posées fixes
iu droit de la Ligne équinoxiae
sur un cercle horisontal, cou-
3e de deux cercles verticaux
lngle droit & d'un cercle oblilue
déclinant,qui sert à conloillre
le passagedes Astres
'ers l'horizon. L'Horloge qui
st dedans, peut souffrir telle
i1meirtation qu'on voudra, &
sur la Mer. Elle marque
es minutes qui peuvent estre
tiles pour la Navigation, &
pourconnoistre les lonritu-^
des & les latitudes.
Le Globe terrestreest d'argen
sur un pied tres-propre ,
où
font gravées en Langue Sia.
moise les principales,Parties du
monde, & ladivision geogra
fique sort exacte. Il ya dedani
une Pendule sonnante qui v.
huit jours,&qui fait mouvoi
par l'endroitdela Ligne équi
noxiale un Zodiaque placé et
Ecliptique, qui est emportée
4. heures On y voit deu
cercles d'argent. L'un porte le
douze Signes, & l'autre Ic:
douze mois à la maniere Sia
moise. Le Soleil estentreeux*
,& fait son cours naturel, parcourant
tous les degrez des Signes
de degré en degré, ôc
faisant connoistre les parties
de la Terre qui sont éclairées
selon les Saisons. A. l'air des
Pôles, quiestl'Antartique,
est un Cadran.d'Horloge qui
marque encore m! inutes,
les heures ,les jours, les tuoi:",
Ôc les Lunes ;. desorte que les
mesmes motions se trouvent
Ce Globe s'arreste comme le
Celeste ;mais les manieres de
mettre en pratique sont fort
différentes. C'est un cravailde
speculation particulière, auquel
MMartinoes'estfort applii
qué)& il a outre ces deux Globes
trois sort belles Pendule:
avec les heures en Siamois,&
plusieurs fort belles Montra
faites par le mesme.
Un Sabre garny de sors
beaux Diamans, de groflfe
Emeraudes, & de très- beaux
Rubis.
Un Sabre dont la poignée esr
d'or massif, & garnie aussibien
que le fourreau, de Turquoises
de la Vieille roche, ôc de
plus de quatre - vingts - dix
Pierres d'une grosseur surprenante.
Un autre Sabre dont la poignée
est aussi d'ormassif, sur
laquelle, auin bien que sur le
fourreau, sont enchassées douze
grosses Emeraudes, divers
gros Diamans
, te beaucoup
d':-,utr s Pierreriess
Cinq Miroirs de cristal de
roche, dont les bordures sont
tres-artistement travaillées, &
garnies de Pierreries.
Plufieurs autres Miroirs,
quantité de Boëtes d'or, &
beaucoup de Poignards dont
les poignées font d'or massif,
& d'or de rapport, faits par
Mr Bains, fort estimé pour ces
sortes d'Ouvrages. f' -*.
Quatre Cabinets, quatre
Ecritoires d'or massif & de
Iiï.iXi'c.r.ni:dor> servant de
-L 1 <- '.- :>. Toul - .-s ) aVvC tolites les garnitures,
qui consistent en un
tres-grand nombre de petites
Boëtes d'or d'un tres-beau travail,
enrichies de Diamans, &;J
de diverses autres Pierreries..
Douze Tasses à prendre du
Thé & du Cassé,& d'autres
liqueurs, faites à l'usage des
Siamois, toutes d'or. Elles
sont émaillées - de plusieurs
couleurs, & garnies de Pierreries,
avec leurs, boëtes. de Filigranne
d'or, & de Vermeil
doré,&d'une très- bellecizetare,
if-a?i:fod
Uri-€ Couronne d'or garnie
de gros Diamant3&de gros.
Rubisd'Orienr, avec un tour
de fort grosses Perles. Cette
Couronne est d'un travail trèsbeau
& tres-delicat, & les Pierreriesenfont
parfaites..
* Plusieurs petits Cabinets
d'Ambre, avec des Bas-reliefs
tres-delicatement travaillez,&
desFigures de mesme matière
qui en font le couronnement
Deux Miroirs à bordure
d'Ambre avec des Glaces des
plus grandes qui se puissent
faire. On ne peut rien ajoutée
à la beauté des bordures, qui
font très-larges. On y voir
une insiuité de Bas-reliefs, &
de figures différences, auOE,.
bien que divers ornemens,
convenant à l'Ambre sur lesquels
ils sont cizelez;car il y
en a de diverses fortes. C'effc
le travail de plusieurs années..
Douze grands Lustres de
Cristal de Roche. .-
;'" Douze Girandoles dumênie
Christal, & fort hautes.
Douze Tapis faits à la Ma-'*
nufacture deChalliotapellée,
Sajvontrk. Ils sont à fonds d'or,
d'un tres-bèau deflcin, & fort
grands.; - 1 !
; Quatre Tentures de Tapisserie
à fond d'or. de la Manufacture
Royale des Gobelins.
Ell s
representent les Maisons
Royales & plusieursHistoires.
t',
Quarante-huit Cartes d'une
inventiontrésrare, toutes
dorrées, & enrichies d'ornemens
extraordinaires par les
plus
ti
habiles Ouvriers du
Royaume.
Unetres-grande quantité
d'Instrumens bde Mathematique,
pour la Navigation, pour
les Eaux, & pourtout ce qui
concerne cette Science, les uns
d'or, lesautresd'argent, ôc
les autres de cuivre doré. Tous
ces Instrumens sont très bien
travaillez.
Quantité de Compas de:
proportion.
Plusieurs Selles, Housses,
& Foureaux de Pistolet, les;
unes brodées d'or, & les autres
d'or, & d'argent;
Plusieurs Brides & autres;
Harnois garnis de pierreries.,
Une HoussedeCheval,& une:
Housse d'Eléphantd'unetrèsbelle
broderie dont une partie
du dessein est formé par un tres
grand nombre de Pierreries.
Plusieurs Juste-au corps,Vesses)
Casaquins&Baudriers à
àla façon des Siamois, tous
délicatement brodez & [ernez
de perles.
Plusieurs Miroirs ardens d'une
construction nouvelle, &
qui bien qu'ils n'ayent qu'un
pied de diametre, font autant
d'effet &ont autant d'achvice
que tous ceux qu'ona veus
jusquapresent. àj
hfii On peut aisémentdistin^
guer parmy ces Articles les
choses qui conviennent à la
-
Princcflè Reyne;commedes
Chemises de Point, des Montrès
,* des Pendules, des Miroirs,
des Ecritoires, des Caffettesjdes
Cabinets, & généralement
tout ce qui regardeI
les toilettes, soit pour l'ufa
ge,foit pour l'ornement.
Comme Mr Confiancecft
Catholique, il y à une tresbelle
Chapelle pour luy avec
quantité d'autrespresens qui
luyconviennent. Il y à aussi
un Habit du Roy pour le meme
Mr Confiance, accompagné
de tout ce qui regardele
reste de l'habillement. Il avoit?
témoigné aux Ambassadeurs
avant leur départ, qu'il souhaitoit
avec passion avoir un
des Habits de ce Prince. Tous
ces presens sont accompagnez
de plusieurs autres, au nom de
MonseigneurleDauphin & de
Madame la Dauphine.
-
Je vous ay marqué la manière
galante dont Monsieur
a fait des pre sens quelque
temps avant le départ des Ambaffadeurs.
Un jeune Prince qui n'est
pas moins estimé par son ciprit
que par la grandeur de sa
naissance, a faitaussi un present
crés-confiderabic auRojn
deSiam. C'estungrand Livre
ou toutes les Conquestesdu
Roydepuisiecommencemenc
de [on Regne,sont peintes sun
du Velin, & vis à vis de chaque
Tableau, qui represente»
ou la prise d'une Place, ou le
gain d'une Bataille, ou quelque
action éclatante, & guerriere;
l'Histoire dece Tableau
est écrite, &toute renfermée
dans la page. Il y à une autre
page blanche qu'on à laissée
pour y mettre la Traduction
:qume l'ooniesn.d<oit faire en SiaFRESENSDES.
M.
Aux Ambdjjadeurs.
Plusieurs Portraits du Roy»
d'or émaillé, & garnis de
diamans.
Plusieurs Chaînes d'or avec
la Medaille desa Majesté.
Six Luftrcs de Cristal de
roche à chacun des trois Ambaladeurs.
- Plusieurs pieces de draps fin.;!
de diverses couleurs.
Plusieurs pieces de Draps
d'or &de Brocards d'or.
Plusieurs Fusils, Pistolets
&autres Armes, tres-riches &
cres-curieuses. Une infinité
d'autres, presens à leurufage jj
comme des Sabres & des
Poignards garnis d'or.:
1J Des Tasses d'or àprendrâl
du Thé, & du Caffé.
1, - Des Cartes, des Compas &:.
des Machines de toutes Í()rtesL;
pour lesCieux, pour la N:-*
vigation, pour les Forrifica-a
tions, & pour divers aurress
Arts.
Trois Cabinets de Cristal ddss
roche taillé à facerres, un peui
plus grands que des Calfates
ordinaires,mais beaucoup plus;,
élevez. Ils font encourez de co^
lomncs-de Vermeil d'oré de di-,
versordres d'Archlteâure,&de
plusieurs autres ornemens. Les
dedans font d'une tres -belle
Graveure, parce que la cizelure
y auroit incommodé. Ces
Cabinets, quoy que quarrez
long, ont des couverclesélevez
qui les font paroistre à
demy en DOines) & ne s'ouvrent
que par le dessus.
Plusieurs Tables de Marbre
de diverses couleurs.,& de diverses
maniérés.
Mrs de Croissy & de Segne-
[ay, ont aussi envoyé de trèsbeaux
presens àMrConftance,
qui leur en avoic envoya
de 5um. Parmy ceux qui fonti
partis, i; v a des Miroirs dune
giùnckur, & d'une eaute,
Piufieurs Vases, Buires
Bassins, &: Bocals de Verniei
doré, dont la cizelure eftl
tres-belle. Il y aussi-pluficura1
Ouvrages des Manufactures:
de France, & de tout ce qui:
sby faeit deaplusurare.&de plus-
PRESENS DES JESVlTES
au Roy de Siam.
-Deux'grandes Machines,:
l'une pour les Planettes
)
&
l'autre pourlesEclipse. J'en
ayI donné ?la deCcription, &
celle de leurs effetsdans mi
LettredeSiam, où je parle de
l'Observatoire. On a ajouté a
cette Machine un mouvement
d'Horloge qui donne defoy
même tous les jours la fituation
des Planettesdans le Ciel,
&r'ne laisse pas de faire connoîrre
le pasle & l'avenir, par
l'aat present des Plancttes
dans le Ciel, comme on fai-
Foit aux Machines qui ont précédé
celle-cy.
L Un Globe suspendu allant k"*
par son propre poids.
Deux tres-belles Horloges^
al lant sur un plan incliné.
Quatres grandes Pendules3.
façonnées comme celles de:
rObfervatoire.
Quatre autres portatives.
Un mouvement qu'on nomme
Pàraletique, pour fèrviti
à obfcrver avec de grands Verres
(ans tuyaux, & plufieursc
autres Instrumens de Mathematique,
& d'Âstrologie.
Des Montres qui peuvent
se remonter sans qu'on serti
a pperçoive, & sans qu'ortj
fâche qu'on les remonte, &;
qui se trouvent remontées ,
pourvcu qu'on les ouvre seulement
une fois le jour pour
/oir l'heure. Quand on les
)uvre plus souvent? on ne
es remonte quaproporion
du temps qu'on a été [ans
es ouvrir.
Tous ces Ouvrages ont été
âits par M' Turet, dont le
jenie est admirable pour ces
brtes de choies, & qui n'est
las moins connu & cftimé
hez les Edrangers,qu'il l'cit
n France.Ilsferontconnoistre
ux Peuples d'Orient que les
¡eaux Arts fleunflent beaucoup
plusen ce Royaume qu'a
la Chine & au Japon; ôclei
Indiens qui croyent surpasses
en richesses tous les Peuple;:
de la Terre, verront par le:
Presens du Roy,fortis de 1;
feule Cour de France que le:
Indes n'en fournirent pas aui
tant à toutes les autres Nai
tions pendant des Siecles eru
tiers. La pluspart de tous ce
Ouvrages ont étéveus che::
M Alvarés quia conduit pan
ticulierement ceux qui (on
enrichis de Pierreries>dont:
a fourny unfort grand nonn
bre. Son aaiviré a fait voir fo<
zef
tele^latopt fait mettre dans
des caissesde plomb, scellées
avecd'autre; plomb, de Íorte-)
que tout ce que ces caisses rerq
fermeest- impénétrable à l'air
dehMer
ce qui regard l'Ambassadede
Siam en France, pour ne pas
achever, en vous apprenant ce
qu il y a long temps que vis desirez sçavoir & dont il m'a
été impossible d'estreplûtost
nformé de la manière que je
le souhaitois. On peut dire
que c'efl: la feule chose qui
manquoic au Journal de cette
Ambiflade, après les quatre
Lettres que je vous ay écrites
là-dessus,&ce que je vous ay
appris dans ma derniere, rouchant
ce qui s'eil: passé a Brest
avant rembarquement des
Âmbassadeurs
,
& dans le
temps qu'ils se sont embarquez.
Je vous envoye donc
cette Liste des Presens si desirée,
& dont la richessè marque
la grandeur du Roy. Il y
a beaucoup de choses parmy
le grand nombred'Articles
que vous allez voir, qui font
pour la Princessè Reyne.
) Cent cinquante pieces de
Draps de toutes fortes de couleurs,
des plusfins & des plus
baaux qui se soient trouvez en
Europe.
Quatre-vingts pieces de
Draps d'or, & de Brocarda
d'ordedifferens desseins, d'une
grande richdTe) & d'un
grand prix.
Cent Fusils qui tirent chacun
six coups. Ils font d'un
travail tres-singulier. Il y ena
beaucoup dont les ornemens
font d'or; les autres font enrichisd'argent,
& iapiufparc
ontefté faits par M. Piraube.
Vingt paires de Pistolets,
dont plusieurs tirent aussi six
coups, qui font autant de
chefj-d'oeuvrcs de l'art, & de
la magnificence, ainsi qu'un1
très-grand nombre d'autres
armes à feu. Il y a aussi des
Cuirasses
,
& d'autres orneniensde
Guerre d'un tres-beau
travail, & d'une très-grande
beauté, tant a cause des divers,
ouvrages de cizelure, que de
la nouvelle maniéré qu'on a
trouvée dy,appliquer l'or &:
l'argent.î Le tout estgarny
d'une infinité de Pierreries;de
ofrteque le travail, & la richesseles
rendent d'un fort
grand prix., :;!. ;:'neu
Douze Vertes, ou chcmifes,
aFufage des Siamois, pour la
PrincesseReyne. La pluspart
font de Point de France, ôci
toutesd'unepiece. On met,
des écofes d'or, ou de couleur
dcuous, ce qui en fait paroître
le dessein. Les Ouvrages donty
je vous parle, font d'une beau-j
té& d'une delicatesse si surprenante,
qquu'"oonnnn'a'ajajamin~aiiiss rien
vû en Europe de ce travail,
qui en ait approché. Il
Douze Mouchoirs dumêmeOuvrage
, mais dont les.
desseins font differens.
;
Douze Pendules faites par^
M.Turet, entre lesquellesil
yen a trois d'or, cizelées de:
Bas-reliefs d'un tres-beau travail.
Elles montrent le mouvement
annuel,& le diurne
la longueur des jours & des;
nuits pendant toute l'annéen
le lever& le coucher du Soleil]
pour l'horisondeSiam, lage;
de la Lune, & la maniéré de:
compter les filüisàlaSiamjise
par Lunaison, ayant deux
Lunes, dont l'une marque
30, jours, & l'autre 2p. ôc
ainsi successivement.
Quatre Montres d'or, ou
Pendules émaillées de couleursdifférentes.
Deux Horloges sonnantes,
dont les boëtes sont enrichies
de tres-beaux Bas-reliefs. Elles
font émaillées de diverses couleurs,&
montrent l'âge de la
Lune, &la maniere de compter
les mois à la Siamoise.
Trente-six Montres d'or.
de divedes maniérés, enrichies
de Pierreries, avec leurs boëces
garnies de Diamans & dl
clous d'or. t
Deux Globes faits par Bail
thazar Martinot
,
Horlogeu:
de la défunte Reyne mere d
Roy. L'un cit cdelle) & ra
prelente le mouvement d-
Firm,-tiiientoù l'ont attachéa
les Etoiles fixes deplufieun
grandeurs, posé s (Ion leu:
longitude, & 1.tiride. Ce:
Etoiles font d'or & ie relief
&sontappliquée le Glc.":,
bequieHd'argent gravé. O
y voit les Conste a ons
cclJ
stes par figures es ct iieiit po
sécs. Le mouv m AZ V !
Glold
Globe est de tourner sur ses
deux Pôles Artique & Antarctique.
Le Zodiaque est placé
lfur la ligne ccliptique en la
'maniéré ordinaire, sur laquelle
ligne le Soleil fait son touren
(un an, & ainsi il fait son afcen-
-fion oblique d'un Tropique en
,un autre Tropique. Il fait conÈnoiftre
son lever s son coucher
par toute la terre, par le
imoyen d'un cercle déclinant
'êcmobile,quisemes selon la
lliauteur des Climats & des
dieux ou l'on s'en veut servir.
rLeSoleil & la Lune font emportez
en 24. heures avec le
premier Mobile auFirmamenc:
lequel saic Ion cours en 3~<
jours, & par consequent le:
Etoiles fixes ont leur mOUj
vemenc ordinaire, & l'on y
voit leur lever & coucher fui
l'horison, comme les autre:
Planeres. LaLunea sonmoui
vement naturel qui retrogradc:
& se renouvelle tous les vingt:
neufjours & demy ,ce qui tlÍi
connoiilre les afped:s auSolciï
& ses fkuations dans chaque
degré des Signes, par chaque
jour ôc chaque heure. Ce Gloc
be est Cilpendu en l'air par 11
Pôle Areique. il chemine paj
[a pesanteur, & remonte en
Douflânt la mainpar dessous. >premier Meridienestfixe,
klesheures sont posées fixes
iu droit de la Ligne équinoxiae
sur un cercle horisontal, cou-
3e de deux cercles verticaux
lngle droit & d'un cercle oblilue
déclinant,qui sert à conloillre
le passagedes Astres
'ers l'horizon. L'Horloge qui
st dedans, peut souffrir telle
i1meirtation qu'on voudra, &
sur la Mer. Elle marque
es minutes qui peuvent estre
tiles pour la Navigation, &
pourconnoistre les lonritu-^
des & les latitudes.
Le Globe terrestreest d'argen
sur un pied tres-propre ,
où
font gravées en Langue Sia.
moise les principales,Parties du
monde, & ladivision geogra
fique sort exacte. Il ya dedani
une Pendule sonnante qui v.
huit jours,&qui fait mouvoi
par l'endroitdela Ligne équi
noxiale un Zodiaque placé et
Ecliptique, qui est emportée
4. heures On y voit deu
cercles d'argent. L'un porte le
douze Signes, & l'autre Ic:
douze mois à la maniere Sia
moise. Le Soleil estentreeux*
,& fait son cours naturel, parcourant
tous les degrez des Signes
de degré en degré, ôc
faisant connoistre les parties
de la Terre qui sont éclairées
selon les Saisons. A. l'air des
Pôles, quiestl'Antartique,
est un Cadran.d'Horloge qui
marque encore m! inutes,
les heures ,les jours, les tuoi:",
Ôc les Lunes ;. desorte que les
mesmes motions se trouvent
Ce Globe s'arreste comme le
Celeste ;mais les manieres de
mettre en pratique sont fort
différentes. C'est un cravailde
speculation particulière, auquel
MMartinoes'estfort applii
qué)& il a outre ces deux Globes
trois sort belles Pendule:
avec les heures en Siamois,&
plusieurs fort belles Montra
faites par le mesme.
Un Sabre garny de sors
beaux Diamans, de groflfe
Emeraudes, & de très- beaux
Rubis.
Un Sabre dont la poignée esr
d'or massif, & garnie aussibien
que le fourreau, de Turquoises
de la Vieille roche, ôc de
plus de quatre - vingts - dix
Pierres d'une grosseur surprenante.
Un autre Sabre dont la poignée
est aussi d'ormassif, sur
laquelle, auin bien que sur le
fourreau, sont enchassées douze
grosses Emeraudes, divers
gros Diamans
, te beaucoup
d':-,utr s Pierreriess
Cinq Miroirs de cristal de
roche, dont les bordures sont
tres-artistement travaillées, &
garnies de Pierreries.
Plufieurs autres Miroirs,
quantité de Boëtes d'or, &
beaucoup de Poignards dont
les poignées font d'or massif,
& d'or de rapport, faits par
Mr Bains, fort estimé pour ces
sortes d'Ouvrages. f' -*.
Quatre Cabinets, quatre
Ecritoires d'or massif & de
Iiï.iXi'c.r.ni:dor> servant de
-L 1 <- '.- :>. Toul - .-s ) aVvC tolites les garnitures,
qui consistent en un
tres-grand nombre de petites
Boëtes d'or d'un tres-beau travail,
enrichies de Diamans, &;J
de diverses autres Pierreries..
Douze Tasses à prendre du
Thé & du Cassé,& d'autres
liqueurs, faites à l'usage des
Siamois, toutes d'or. Elles
sont émaillées - de plusieurs
couleurs, & garnies de Pierreries,
avec leurs, boëtes. de Filigranne
d'or, & de Vermeil
doré,&d'une très- bellecizetare,
if-a?i:fod
Uri-€ Couronne d'or garnie
de gros Diamant3&de gros.
Rubisd'Orienr, avec un tour
de fort grosses Perles. Cette
Couronne est d'un travail trèsbeau
& tres-delicat, & les Pierreriesenfont
parfaites..
* Plusieurs petits Cabinets
d'Ambre, avec des Bas-reliefs
tres-delicatement travaillez,&
desFigures de mesme matière
qui en font le couronnement
Deux Miroirs à bordure
d'Ambre avec des Glaces des
plus grandes qui se puissent
faire. On ne peut rien ajoutée
à la beauté des bordures, qui
font très-larges. On y voir
une insiuité de Bas-reliefs, &
de figures différences, auOE,.
bien que divers ornemens,
convenant à l'Ambre sur lesquels
ils sont cizelez;car il y
en a de diverses fortes. C'effc
le travail de plusieurs années..
Douze grands Lustres de
Cristal de Roche. .-
;'" Douze Girandoles dumênie
Christal, & fort hautes.
Douze Tapis faits à la Ma-'*
nufacture deChalliotapellée,
Sajvontrk. Ils sont à fonds d'or,
d'un tres-bèau deflcin, & fort
grands.; - 1 !
; Quatre Tentures de Tapisserie
à fond d'or. de la Manufacture
Royale des Gobelins.
Ell s
representent les Maisons
Royales & plusieursHistoires.
t',
Quarante-huit Cartes d'une
inventiontrésrare, toutes
dorrées, & enrichies d'ornemens
extraordinaires par les
plus
ti
habiles Ouvriers du
Royaume.
Unetres-grande quantité
d'Instrumens bde Mathematique,
pour la Navigation, pour
les Eaux, & pourtout ce qui
concerne cette Science, les uns
d'or, lesautresd'argent, ôc
les autres de cuivre doré. Tous
ces Instrumens sont très bien
travaillez.
Quantité de Compas de:
proportion.
Plusieurs Selles, Housses,
& Foureaux de Pistolet, les;
unes brodées d'or, & les autres
d'or, & d'argent;
Plusieurs Brides & autres;
Harnois garnis de pierreries.,
Une HoussedeCheval,& une:
Housse d'Eléphantd'unetrèsbelle
broderie dont une partie
du dessein est formé par un tres
grand nombre de Pierreries.
Plusieurs Juste-au corps,Vesses)
Casaquins&Baudriers à
àla façon des Siamois, tous
délicatement brodez & [ernez
de perles.
Plusieurs Miroirs ardens d'une
construction nouvelle, &
qui bien qu'ils n'ayent qu'un
pied de diametre, font autant
d'effet &ont autant d'achvice
que tous ceux qu'ona veus
jusquapresent. àj
hfii On peut aisémentdistin^
guer parmy ces Articles les
choses qui conviennent à la
-
Princcflè Reyne;commedes
Chemises de Point, des Montrès
,* des Pendules, des Miroirs,
des Ecritoires, des Caffettesjdes
Cabinets, & généralement
tout ce qui regardeI
les toilettes, soit pour l'ufa
ge,foit pour l'ornement.
Comme Mr Confiancecft
Catholique, il y à une tresbelle
Chapelle pour luy avec
quantité d'autrespresens qui
luyconviennent. Il y à aussi
un Habit du Roy pour le meme
Mr Confiance, accompagné
de tout ce qui regardele
reste de l'habillement. Il avoit?
témoigné aux Ambassadeurs
avant leur départ, qu'il souhaitoit
avec passion avoir un
des Habits de ce Prince. Tous
ces presens sont accompagnez
de plusieurs autres, au nom de
MonseigneurleDauphin & de
Madame la Dauphine.
-
Je vous ay marqué la manière
galante dont Monsieur
a fait des pre sens quelque
temps avant le départ des Ambaffadeurs.
Un jeune Prince qui n'est
pas moins estimé par son ciprit
que par la grandeur de sa
naissance, a faitaussi un present
crés-confiderabic auRojn
deSiam. C'estungrand Livre
ou toutes les Conquestesdu
Roydepuisiecommencemenc
de [on Regne,sont peintes sun
du Velin, & vis à vis de chaque
Tableau, qui represente»
ou la prise d'une Place, ou le
gain d'une Bataille, ou quelque
action éclatante, & guerriere;
l'Histoire dece Tableau
est écrite, &toute renfermée
dans la page. Il y à une autre
page blanche qu'on à laissée
pour y mettre la Traduction
:qume l'ooniesn.d<oit faire en SiaFRESENSDES.
M.
Aux Ambdjjadeurs.
Plusieurs Portraits du Roy»
d'or émaillé, & garnis de
diamans.
Plusieurs Chaînes d'or avec
la Medaille desa Majesté.
Six Luftrcs de Cristal de
roche à chacun des trois Ambaladeurs.
- Plusieurs pieces de draps fin.;!
de diverses couleurs.
Plusieurs pieces de Draps
d'or &de Brocards d'or.
Plusieurs Fusils, Pistolets
&autres Armes, tres-riches &
cres-curieuses. Une infinité
d'autres, presens à leurufage jj
comme des Sabres & des
Poignards garnis d'or.:
1J Des Tasses d'or àprendrâl
du Thé, & du Caffé.
1, - Des Cartes, des Compas &:.
des Machines de toutes Í()rtesL;
pour lesCieux, pour la N:-*
vigation, pour les Forrifica-a
tions, & pour divers aurress
Arts.
Trois Cabinets de Cristal ddss
roche taillé à facerres, un peui
plus grands que des Calfates
ordinaires,mais beaucoup plus;,
élevez. Ils font encourez de co^
lomncs-de Vermeil d'oré de di-,
versordres d'Archlteâure,&de
plusieurs autres ornemens. Les
dedans font d'une tres -belle
Graveure, parce que la cizelure
y auroit incommodé. Ces
Cabinets, quoy que quarrez
long, ont des couverclesélevez
qui les font paroistre à
demy en DOines) & ne s'ouvrent
que par le dessus.
Plusieurs Tables de Marbre
de diverses couleurs.,& de diverses
maniérés.
Mrs de Croissy & de Segne-
[ay, ont aussi envoyé de trèsbeaux
presens àMrConftance,
qui leur en avoic envoya
de 5um. Parmy ceux qui fonti
partis, i; v a des Miroirs dune
giùnckur, & d'une eaute,
Piufieurs Vases, Buires
Bassins, &: Bocals de Verniei
doré, dont la cizelure eftl
tres-belle. Il y aussi-pluficura1
Ouvrages des Manufactures:
de France, & de tout ce qui:
sby faeit deaplusurare.&de plus-
PRESENS DES JESVlTES
au Roy de Siam.
-Deux'grandes Machines,:
l'une pour les Planettes
)
&
l'autre pourlesEclipse. J'en
ayI donné ?la deCcription, &
celle de leurs effetsdans mi
LettredeSiam, où je parle de
l'Observatoire. On a ajouté a
cette Machine un mouvement
d'Horloge qui donne defoy
même tous les jours la fituation
des Planettesdans le Ciel,
&r'ne laisse pas de faire connoîrre
le pasle & l'avenir, par
l'aat present des Plancttes
dans le Ciel, comme on fai-
Foit aux Machines qui ont précédé
celle-cy.
L Un Globe suspendu allant k"*
par son propre poids.
Deux tres-belles Horloges^
al lant sur un plan incliné.
Quatres grandes Pendules3.
façonnées comme celles de:
rObfervatoire.
Quatre autres portatives.
Un mouvement qu'on nomme
Pàraletique, pour fèrviti
à obfcrver avec de grands Verres
(ans tuyaux, & plufieursc
autres Instrumens de Mathematique,
& d'Âstrologie.
Des Montres qui peuvent
se remonter sans qu'on serti
a pperçoive, & sans qu'ortj
fâche qu'on les remonte, &;
qui se trouvent remontées ,
pourvcu qu'on les ouvre seulement
une fois le jour pour
/oir l'heure. Quand on les
)uvre plus souvent? on ne
es remonte quaproporion
du temps qu'on a été [ans
es ouvrir.
Tous ces Ouvrages ont été
âits par M' Turet, dont le
jenie est admirable pour ces
brtes de choies, & qui n'est
las moins connu & cftimé
hez les Edrangers,qu'il l'cit
n France.Ilsferontconnoistre
ux Peuples d'Orient que les
¡eaux Arts fleunflent beaucoup
plusen ce Royaume qu'a
la Chine & au Japon; ôclei
Indiens qui croyent surpasses
en richesses tous les Peuple;:
de la Terre, verront par le:
Presens du Roy,fortis de 1;
feule Cour de France que le:
Indes n'en fournirent pas aui
tant à toutes les autres Nai
tions pendant des Siecles eru
tiers. La pluspart de tous ce
Ouvrages ont étéveus che::
M Alvarés quia conduit pan
ticulierement ceux qui (on
enrichis de Pierreries>dont:
a fourny unfort grand nonn
bre. Son aaiviré a fait voir fo<
zef
tele^latopt fait mettre dans
des caissesde plomb, scellées
avecd'autre; plomb, de Íorte-)
que tout ce que ces caisses rerq
fermeest- impénétrable à l'air
dehMer
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3
p. 253-264
L'HORLOGE DE SABLE, figure du Monde. Poëme.
Début :
Assemblage confus d'une arene mobile, [...]
Mots clefs :
Sable, Monde, Image, Horloge, Grains, Temps
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texteReconnaissance textuelle : L'HORLOGE DE SABLE, figure du Monde. Poëme.
L'HORLOGE DE SABLE
figure du Monde.
Poëme
Asfemblage confus d'une arene mobile,
Que l'art fçut enfermer
dans cevafe fragile ,
Image de mavie , horloge
dont le cours
Regle tous mes devoirs en
mefurant mes jours ;
Puifqu'à te celebrer ma
Mufe eft deſtinée ,
Fais couler pour mes vers
une heure fortunée ;
Février 1712.
Y
3
254 MERCURE
Et vous pour qui le monde.
a de fi douxappas ,
Qui mefme haïffez ceux
qui ne l'aiment pas ;
Mortels, venez icy , je veux
dans cet Ouvrage,
Du monde , tel qu'il eſt ,
vous tracer une image.
Qu'eft le monde en effet ?
c'eft un verre qui luit ,
Qu'unfoufle peut détruire,
& qu'unfouflea produit.
Que renferme le monde a
une vaine pouffiere
Que remue à fon gré le
poids de la matiere, ⠀
Qui tourne , va , revient ,
GALANT. 255
plus vifte que les flots ,
Et par fon mouvement ne
tend qu'à fon repos.
Que font tous les mortels?
autant de grains de fable ™
Qu'anime cependant une
ame raifonnable:
Mais qui du fable feul oc-
*** cupez ardemment
Font leur unique employ
defon accroiffement.
Onl'échange , on le vend,
on l'achete, on l'amaffe ,
Et monceaux fur monceaux l'avarice l'entaffe.
Lemarchand qui ne craint
nyles vents ny les eaux
•
Y ij
#56 MERCURE
Confiant fa fortune à de
frefles vaiffeaux ,
Court aux extremitez de la
plaine liquide.
Vendre un fable brillant
pourunfable folide.
L'Artifan que le fort ou
l'orgueil deshumains
Oblige à fe nourrir du travail de fes mains ,
Ne fait pendant le cours
d'une vie inutile
Que polir , que finir une
arene mobile.
Lefage examinant la nature des corps ,
Leurs caufes , leurs effets ,
GALANT. 257
leurs mutuels rapports ,
Cherchant un vuide en eux
qu'il peut voir en
luy mefme,
Croit embraffer le vray ,
dans une erreur qu'il
aime.
Il ne s'apperçoit pas, feduit
par fon orgueil ,
Qu'en voulant l'éviter , il
tombe dans l'écueil ,
Et quefon efprit faux remplyde vains phantofmes
N'amaffe qu'un trefor de
pouffiere & d'atomes ;
Etvous esclaves , efclavesnez devos propres
Y iij
258 MERCURE
fouhaits ,
Vous, Grands, qui baſtiſſez
de fuperbes palais ,
Que vous fert d'élever un
chafteau periffable
Plus haut que vos voisins.
C'eft mettre un peu
de fable
Qui devenant un jour la
victime des ans
Marquera par fa chute un
efpacede temps.
Quefaites-vous enfin vous,
maiftres de la terre ;
Vous portez en tous lieux
les fureurs de la guerre ,
Vous inondez nos champs
GALANT 259
de bataillons épars ,
Vous livrez des affauts ,
vous forcez des remparts.
D'un trop foible voifin
vous pillez la frontiere ,
Pour luy ravir un peu de
fable &depouffiere
Qui gliffant de vos mains
avec rapidité
Feradu moins connoiftre
la poſterité
Avides de fçavoir vos fuccez, vostraverſes ,
Du temps qui fuit toujours
les époques diverſes.
Mais rangeons - nous aux
« loix del'exacte raiſon,
* MERCURE
Et tafchons d'illuftrer noftre comparaifon.
Ce fable à chaque inſtant
prendde nouvelles
places ,
Et le monde en un jour
change de mille faces.
Ces grains font agitez de
mouvements divers ,
Telsfont auffi les corps de
ce vafte Univers.
Sans liaiſon entr'eux , non
plus que cette arene
Chacun fuit au hazard le
penchant qui l'entraifne ,
Et ce qui d'un peu d'air
dansce vafe eft l'effet ,
GALANT. 261
Levent de la fortune en ce
monde le fait.
Les uns font élevez fur les
débris des autres ,
Lesbiens de nos voisins fe
groffiffent des noſtres.
Dans la foule obfcurcis , les
Princes détronez ,
Contraints à refpecter des
fujets couronnez ,
Sont de triftes jouets du
fort toujours volage.
De fes renversemens noftre
Horloge eft l'image.
On la tourne , & bientoft
le fable fe confond..
Le plus bas monte en haut
262 MERCURE
le plus haut coule au fond ,
Et comme on voit ces grains
agitez dans leur verre
Peu libre dans l'enclos du vafé
qui les ferre ,
Vers leur centre communfaire
un commun effort ,
Et par la voye eftroite atteindre l'autre bord ,
Telle on voit des humains la
cohorte mortelle o
Dans le partage obſcur de la
nuit éternelle
Defes jours malheureux éteindre le flambeau ,
Se pouffer , s'enfoncer dans
l'horreur du tombeau
Nous y voyons tomber , d'unet
chute commune,
Le pauvre & ſon eſpoir , le
riche & fa fortune
GALANT. 261
Les jeunes , les vieillards , les
fujets & les Rois ,
Faits du mefme limon , fubir
les mefmes loix.
que dis - je , ce fablea fur
nous l'avantage ;
Mais
J
Au globe , dont il fort , il retrouve un paffage ,
Et lorfque nous quittons la lumiere du jour ,
Nous la quittons , helas ! fans
eſpoir de retour.
Aprés tant de leçons que fournit noftreHorloge ,
Luy peut- on juftement refufer
un éloge.
A toute la nature elle donne
des loix.
Pourveu qu'il ait des yeux , le
fourd entend ſa voix.
Au Prince , au Magiftrat , à
464 MERCURE
l'Orateur , au Sage ,
fans parler , entendre fon langage ;
Ellefait ,
:
En fufpend les Arrefts , les difcours , les travaux ; {
Annonce à l'Artifan l'heure de
fon repos.
Enfin reglant du temps la durée & l'efpace ,
Elle nous dit qu'il fuit , & qu'
£ avec luy tout paffe ,
Et moyqui tient toujours fur
luy les yeux ouverts ,
Je vois qu'il faut finir mon élo.
ge & ces vers.
figure du Monde.
Poëme
Asfemblage confus d'une arene mobile,
Que l'art fçut enfermer
dans cevafe fragile ,
Image de mavie , horloge
dont le cours
Regle tous mes devoirs en
mefurant mes jours ;
Puifqu'à te celebrer ma
Mufe eft deſtinée ,
Fais couler pour mes vers
une heure fortunée ;
Février 1712.
Y
3
254 MERCURE
Et vous pour qui le monde.
a de fi douxappas ,
Qui mefme haïffez ceux
qui ne l'aiment pas ;
Mortels, venez icy , je veux
dans cet Ouvrage,
Du monde , tel qu'il eſt ,
vous tracer une image.
Qu'eft le monde en effet ?
c'eft un verre qui luit ,
Qu'unfoufle peut détruire,
& qu'unfouflea produit.
Que renferme le monde a
une vaine pouffiere
Que remue à fon gré le
poids de la matiere, ⠀
Qui tourne , va , revient ,
GALANT. 255
plus vifte que les flots ,
Et par fon mouvement ne
tend qu'à fon repos.
Que font tous les mortels?
autant de grains de fable ™
Qu'anime cependant une
ame raifonnable:
Mais qui du fable feul oc-
*** cupez ardemment
Font leur unique employ
defon accroiffement.
Onl'échange , on le vend,
on l'achete, on l'amaffe ,
Et monceaux fur monceaux l'avarice l'entaffe.
Lemarchand qui ne craint
nyles vents ny les eaux
•
Y ij
#56 MERCURE
Confiant fa fortune à de
frefles vaiffeaux ,
Court aux extremitez de la
plaine liquide.
Vendre un fable brillant
pourunfable folide.
L'Artifan que le fort ou
l'orgueil deshumains
Oblige à fe nourrir du travail de fes mains ,
Ne fait pendant le cours
d'une vie inutile
Que polir , que finir une
arene mobile.
Lefage examinant la nature des corps ,
Leurs caufes , leurs effets ,
GALANT. 257
leurs mutuels rapports ,
Cherchant un vuide en eux
qu'il peut voir en
luy mefme,
Croit embraffer le vray ,
dans une erreur qu'il
aime.
Il ne s'apperçoit pas, feduit
par fon orgueil ,
Qu'en voulant l'éviter , il
tombe dans l'écueil ,
Et quefon efprit faux remplyde vains phantofmes
N'amaffe qu'un trefor de
pouffiere & d'atomes ;
Etvous esclaves , efclavesnez devos propres
Y iij
258 MERCURE
fouhaits ,
Vous, Grands, qui baſtiſſez
de fuperbes palais ,
Que vous fert d'élever un
chafteau periffable
Plus haut que vos voisins.
C'eft mettre un peu
de fable
Qui devenant un jour la
victime des ans
Marquera par fa chute un
efpacede temps.
Quefaites-vous enfin vous,
maiftres de la terre ;
Vous portez en tous lieux
les fureurs de la guerre ,
Vous inondez nos champs
GALANT 259
de bataillons épars ,
Vous livrez des affauts ,
vous forcez des remparts.
D'un trop foible voifin
vous pillez la frontiere ,
Pour luy ravir un peu de
fable &depouffiere
Qui gliffant de vos mains
avec rapidité
Feradu moins connoiftre
la poſterité
Avides de fçavoir vos fuccez, vostraverſes ,
Du temps qui fuit toujours
les époques diverſes.
Mais rangeons - nous aux
« loix del'exacte raiſon,
* MERCURE
Et tafchons d'illuftrer noftre comparaifon.
Ce fable à chaque inſtant
prendde nouvelles
places ,
Et le monde en un jour
change de mille faces.
Ces grains font agitez de
mouvements divers ,
Telsfont auffi les corps de
ce vafte Univers.
Sans liaiſon entr'eux , non
plus que cette arene
Chacun fuit au hazard le
penchant qui l'entraifne ,
Et ce qui d'un peu d'air
dansce vafe eft l'effet ,
GALANT. 261
Levent de la fortune en ce
monde le fait.
Les uns font élevez fur les
débris des autres ,
Lesbiens de nos voisins fe
groffiffent des noſtres.
Dans la foule obfcurcis , les
Princes détronez ,
Contraints à refpecter des
fujets couronnez ,
Sont de triftes jouets du
fort toujours volage.
De fes renversemens noftre
Horloge eft l'image.
On la tourne , & bientoft
le fable fe confond..
Le plus bas monte en haut
262 MERCURE
le plus haut coule au fond ,
Et comme on voit ces grains
agitez dans leur verre
Peu libre dans l'enclos du vafé
qui les ferre ,
Vers leur centre communfaire
un commun effort ,
Et par la voye eftroite atteindre l'autre bord ,
Telle on voit des humains la
cohorte mortelle o
Dans le partage obſcur de la
nuit éternelle
Defes jours malheureux éteindre le flambeau ,
Se pouffer , s'enfoncer dans
l'horreur du tombeau
Nous y voyons tomber , d'unet
chute commune,
Le pauvre & ſon eſpoir , le
riche & fa fortune
GALANT. 261
Les jeunes , les vieillards , les
fujets & les Rois ,
Faits du mefme limon , fubir
les mefmes loix.
que dis - je , ce fablea fur
nous l'avantage ;
Mais
J
Au globe , dont il fort , il retrouve un paffage ,
Et lorfque nous quittons la lumiere du jour ,
Nous la quittons , helas ! fans
eſpoir de retour.
Aprés tant de leçons que fournit noftreHorloge ,
Luy peut- on juftement refufer
un éloge.
A toute la nature elle donne
des loix.
Pourveu qu'il ait des yeux , le
fourd entend ſa voix.
Au Prince , au Magiftrat , à
464 MERCURE
l'Orateur , au Sage ,
fans parler , entendre fon langage ;
Ellefait ,
:
En fufpend les Arrefts , les difcours , les travaux ; {
Annonce à l'Artifan l'heure de
fon repos.
Enfin reglant du temps la durée & l'efpace ,
Elle nous dit qu'il fuit , & qu'
£ avec luy tout paffe ,
Et moyqui tient toujours fur
luy les yeux ouverts ,
Je vois qu'il faut finir mon élo.
ge & ces vers.
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Résumé : L'HORLOGE DE SABLE, figure du Monde. Poëme.
Le poème 'L'HORLOGE DE SABLE' utilise la métaphore de l'horloge de sable pour représenter le monde et la vie humaine. L'auteur décrit le monde comme un assemblage confus et mobile, comparable à une horloge fragile qui régule les devoirs et les jours. Le poème invite à célébrer la muse pour inspirer les vers et à tracer une image du monde tel qu'il est. Le monde est comparé à un verre fragile, renfermant une vaine poussière mue par le poids de la matière. Les mortels sont décrits comme des grains de sable animés par une âme raisonnable, mais occupés uniquement par l'accroissement de leur fortune. Le texte critique l'avarice et la quête de richesse, illustrant comment les marchands et les artisans sont soumis à des travaux inutiles pour polir des grains de sable. Les savants, aveuglés par leur orgueil, cherchent en vain à comprendre la nature des corps et tombent dans l'erreur. Les grands et les esclaves de leurs propres désirs bâtissent des palais éphémères. Les maîtres de la terre sèment la guerre et la destruction pour accumuler du sable et de la poussière. Le poème souligne l'instabilité du monde, où les grains de sable changent constamment de place, symbolisant les mouvements divers des corps dans l'univers. Les princes détrônés et les sujets couronnés sont des jouets du sort. L'horloge de sable illustre les renversements constants, où le plus bas monte en haut et le plus haut coule au fond. Tous les humains, qu'ils soient pauvres ou riches, jeunes ou vieux, sont soumis aux mêmes lois et finissent par tomber dans l'horreur du tombeau. Le sable, après avoir quitté la lumière du jour, ne revient jamais. L'horloge de sable donne des lois à toute la nature et rappelle que le temps fuit, emportant tout avec lui. L'auteur conclut en reconnaissant la nécessité de finir son élégie et ses vers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 145-194
REMARQUES sur les inégalitez du Mouvement des Horloges à Pendule.
Début :
Les Astronomes qui ont pris grand soin de regler leurs [...]
Mots clefs :
Pendule, Mouvement de la terre, Air, Vibrations, Eau, Terre, Ligne, Corps, Longueur du pendule, Cayenne, Poids, Pendule simple, Seconde, Gorée, Horloge, Axe, Particules, Cycloïde, Pôles, Expérience
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texteReconnaissance textuelle : REMARQUES sur les inégalitez du Mouvement des Horloges à Pendule.
REMARQUES
Sur les inégalitez du Mouvement
des Horloges à Pendule.
L
Es
Aftronomes qui ont
pris grandfoinde regler
leurs Pendules à ſecon-
1 des , fur le Mouvement des
Aftres , y ont remarqué des
inégalitez , qu'ils n'ont pû réduire
à aucune regle certaine.
J'ay fait quelques remarques
fur ces inégalitez dans le Me.
moire que j'ay lû à l'Acadé-
N Avril
1714.
146 MERCURE
mie , & entr'autres fur celles
par
qui peuvent
venir d'une petite
lame de reffort , que j'avois
miſe à la place de la foye
pour foutenir
le Pendule ; car
j'avois cru que cette lame ,
n'étant pas ſujette aux alterations
qui arrivent
à la foye ,
la féchereffe
& par l'humidité
de l'air , les vibrations
du Pendule
pourroient
eftre
beaucoup
plus égales : Mais
enfin je fus obligé d'ofter la
lame & d'y mettre la foye , à
caufe que j'y remarquois
des
inégalitez
bien plus grandes
qu'auparavant
; & j'ay trouvé
GALANT. 147
depuis que l'Horloge alloit
affez juftement pour ne pas
s'écarter quelques fois du
moyen mouvement d'une
feule feconde dans l'efpace de
quatre jours , où le Pendule
fait 345600. vibrations . Mais
j'ay auffi remarqué quelques
fois , que d'un jour à l'autre
il y avoit des changemens af
fez confiderables pour embarraffer
un Obfervateur exact ,
& pour donner de l'exercice à
un Philofophe qui en voudroit
rechercher la caufe , la.
quelle ne peut
fique.
cftre que Phy-
Nij
148 MERCURE
Les differens états de l'air
femblent eftre les feules caufes
des changemens que nous
remarquons au Mouvement
des Pendules ; car il eſt chaud
ou froid , fec ou humide , leger
ou pefant , rare ou groffier
ou épais ; toutes ces differentes
qualitez fe mêlant enfemble
en differens degrez ,
peuvent caufer de grandes alterations
au Mouvement des
Horloges. Mais pour reconnoiftre
quelque chofe de ce
qui doit arriver , il faut confiderer
féparément ces états
differens .
GALANT 149
7 des
On fuppofe premierement ,
que fi la Cycloïde eft bien
faite fuivant les regles que Mr
Huggens en a données , tout
ce qui peut accelerer ou ralentir
le Mouvement des rouës ,
ne doit apporter aucun changement
à l'Horloge , puifqu'il
n'en pourroit arriver
vibrations plus longues , ou
plus courtes , lefquelles ne
laifferoient pas d'eftre fochrones
ou d'égale durée . Ainfi
le froid pouvant figer en quelque
façon le peu d'huile qui
eft attaché aux pivots des
rouës , fera
que
que leur Mouve-
Niij
So MERCURE
ment fera plus difficile que
dans un temps chaud ou
l'huile fera plus liquide , &
par confequent les vibrations
deviendront plus
courtes ;
elles ne
laifferont pas d'eftre
d'égale durée à celles qui font
plus longues , cftant rectifiées
par la figure de la Cycloïde.
L'humidité qui
s'attachera
aux touës , & aux pivots pourra
caufer à peu prés le même
effet fans qu'il arrive d'inégalité
au Mouvement
.
Mais quoique la Cycloïde
foit la figure neceffaire pour
faire que les vibrations
lonGALANT.
151
gues ou courtes , foient Ifochrones
, il falloit confiderer ,
qu'elle ne pouvoit avoir lieu
que lorsque la fufpenfion n'auroit
aucune groffeur ou épaiffeur,
ce qui eft impoffible dans
l'execution
; c'est pourquoy
,
puifqu'on fe fert d'un fil de
e
foye tortillé , qui eft affezgros
pour foutenir la lentille du
pendillon ou Pendule qui eft
pefante , & qu'on ne doit
rien négliger , de ce qui peur
contribuer à la jufteffe de ce
Mouvement ; il ne faut pas
que la figure foit une Cycloïde
, mais une ligne paralelle à
Niiij
152 MERCURE
la Cycloïde laquelle en foit
éloignée vers la partie concave
de la moitié de
l'épaiffeur du
fil , afin que l'axe où le milieu
de ce fil décrive exactement
la Cycloïde , comme je l'ay expliqué
dans mon Traité des
Epicycloïdes qui doivent fervir
au Mouvement des Machines.
On peut auffi
remarquer
que les petits filets de foye qui
compofent le fil , font fecs &
roides , & qu'ils peuvent par
confequent fouffrir tous enfembles
des alterations confi-
1
derables , & à
peu prés femblables
à celles de la lame de
GALANT . 153
reffort , qui eft plus roide dans
des temps froids , lecs & plus
molle dans des temps chauds ;
mais c'eſt un accident qu'on
ne peut éviter , quand on fe
fert d'une fufpenfion flexible
pour le Pendule ; c'eft pour
quoi on pourroit éprouver
celle que j'ay propofée dans
differens Memoires.
Si l'on confidere les diffe
& rens états de l'air par rapport
au Pendule , & non pas par
rapport au rouage de l'Horloge,
on y remarquera tant de
differens accidens , qu'à peine
pourroit- on croire que l'Hor
7.
154 MERCURE
loge pût aller également une
heure en terre , pendant laquelle
le Pendule fait 3600 .
vibrations ou battemens.
On fçait que la chaleur du
Soleil en Eté eft affezforte pour
échauffer une barre de fer de
fix pieds de longueur , & la
rendre plus longue qu'elle n'étoit
en Hiver , ayant efté expofée
à la gelée, de deux tiers
de ligne , comme je l'ay reconnu
par une experience tresexacte
que j'en ay faite autrefois.
C'est pourquoi ces deux
états differens de l'air fur la
longueur, de la verge du PenGALANT
. 155
-1
dule , qui doit eftre de trois
pieds huit lignes un deuxième
pour battre les fecondes , la
pourroit changer d'un tiers de
ligne , ce qui cauferoit une
difference tres- confiderable
dans la durée des vibrations
du Pendule , puifqu'elle pourroir
aller jufqu'à 32. par jour,
Mais comme ce cas ne pourroit
arriver que lorfque l'Horloge
feroit expofée à l'air , &
au Soleil dans ces deux faifons,
ce qui n'eft pas ordinairement,
on n'y remarque pas de fi
grands changemens . Il arrive
quelque fois d'affez grandes
156 MERCURE
differences de chaleur d'un jour
à l'autre , & de la nuit au jour
pour faire allonger ou racourcir
la verge du Pendule , qui
pourra ralentir ou accelerer
le Mouvement de l'Horloge,
de quelques fecondes , comme
nous le remarquons auffi quel
que fois , ce qui peut venir par
cette feule caufe. C'est pourquoi
dans l'ufage qu'on fait
des Horloges à Pendule pour
les obfervations celeftes , où il
eft neceffaire de connoiftre
l'heure dans la derniere juf
teffe , il faut les placer dans un
lieu où elles foient le plus à la
GALANT. 157
l'abri qu'il eft poffible , de
toutes les injures de l'air.
L'humidité , la féchereffe ,
la denfité , la rareté de l'air peuvent
auffi caufer des alterations
confiderables
auMouve-
3 ment du Pendule. Car lorfque
l'air fera humide , c'est- à- dire
lorſqu'il ſera rempli de quantité
de petites particules d'eau
qui y demeurent
fufpendues ,
ou lorsqu'il eft denfe ou épais,
le Pendule , aura plus de peine
à le fendre , & il femble que
fes vibrations doivent cftre
alors de bien plus longue durée
que lorsqu'il eft fec ou ra 31
158 MERCURE
re. Car nous fçavons par experience
qu'une plume treslegere
tombe dans un tuyau
dont on a pompé l'air,prefque
auffi vite qu'une pierre fait
dans l'air. Mais comme on ne
doit point juger de ce qui
doit arriver dans ces fortes de
rencontres fans en faire l'experience
lorsqu'il eft poffible
de la faire , j'ay cru que fi l'air
humide ou épais peut rendre
les vibrations de plus longue
durée qu'un air fec & rare ,
on devoit appercevoir une
tres grande difference entre le
Mouvement du Pendule dans
GALANT . 159
l'air & dans l'eau . Pour connoistre
ce qui en eftoit , j'ay
fait un Pendule à demi fecondes
avec une bale de plomb
de deux onces de
pefanteur ,
laquelle eftoit fufpenduë à un
fil delié , & je l'ay mis en.
mouvement dans l'eau . J'ay
remarqué dabord que les
grandes vibrations fe racourciffoient
, & que le mouvement
s'arreftoit infenfiblement
aprés une minute & un
peu plus. Mais comme je me
perfuadois que ces vibrations
dans l'eau devoient eftre au
moins d'une feconde chacune ,
160 MERCURE
lefquelles n'eftoient que d'une
demi feconde dans l'air , j'ay
efté fort furpris de voir
qu'elles me paroiffent prefqu'-
auffi promptes ou d'égale durée
à celles qui ſe faifoient
dans l'air. Pour les mefurer
exactement j'ay fair compter
les vibrations du Pendule de
l'Horloge à feconde , pendant
une minute , & à même
temps je comptois les vibrations
du Pendule à demi feconde
, dans l'eau d'un grand
vaiffeau plat , où la balc
eftoit enfoncée d'un demi
pouce environ , & j'ay trouvé
1
aptés
GALANT . 161
1
aprés avoir repeté plufieurs
fois la même experience , que
le Pendule dans l'eau ne faifoit
que 112. vibrations au lieu
des 120. qu'il auroit faites
dans l'air pour une minute.
J'ay fait auffi la même experience
avec un Pendule
fimple à fecondes , dont la bale
qui eftoit de plomb , peſoit
cinq onces , & j'ay trouvé
comme dans l'autre que les
grandes vibrations duroient
fort peu de tems , & que
Pendule s'arreftoit prefque entierement
aprés deux minutes ;
mais il ne faifoit dans l'eau
Avril 1714
.
le
162 MERGURE
que
que 114 vibrations pendant
le Pendule de l'Horloge
en faifoit i 20. dans l'air pour
deux minutes. Ainfi le retardement
que l'eau caufe aux
vibrations du Pendule eft de
trois par minute ; j'aurois fouhaité
de faire les obfervations
de ces differences de vibrations
dans l'eau & dans l'air
pendant
20. ou 30, pour connoiftre
plus exactement leur
difference , & voir quel rap
port il y avoit dans le retardement
des vibrations dans
l'eau , fur ces Pendules de difference
longueur ; mais je n'ay
GALANT . 163
pû aller plus loin.
Puifqu'un Pendule à fccondes
perd dans l'eau trois
par minute , il perdroit en un
jour 4320.
Mais fi nous
fuppofons que cette diminution
du mouvement des Pendules
, vient de la denfité du
milieu ; & fi l'air eft denſe , ou
épais par le poids dont il eft
chargé , fans avoir égard au
plus ou au moins de particules
d'eau qui y font mêlées , il
s'enfuivra
que fi la pefanteur
de l'air change feulement d'un
28 , comme on le remarque
affez fouvent dans le Baro-
O ij
164 MERCURE
-
metre, la vingt- huitième partie
de 4320. de retardement du
Pendale dans l'eau pour un
jour , laquelle eft 154. fera
la diminution ou bien le retardement
de l'Horloge dans
l'efpace d'un jour par rapport
à deux differents états de l'air ;
mais on n'a jamais remarqué
dans les Horloges à Pendule ,
une auffi grande difference
que celle- là; on ne peut donc
pass dire , que les differens
poids dont l'air peut eftre
chargé , puiffent caufer ſes differentes
denfitez ne font pas
fur le mouvement d'un PenGALANT
. 165
dule le même cffet que la
denfité de l'eau , ce qui peut
venir de la differente configuration
des parties de ces deux
corps , dont celles de l'air ,
quoique fort ferrées & preffées
, pourront cftre facilement
féparées , & au contraire
celles de l'eau le peuvent être
tres-difficilement , eftant adherentes
les unes aux autres.
On pourroit encore ajouter
que les dernieres vibrations
dans l'eau eftant plus courtes
que les premieres , elles vont
plus vite.
Ce feroit pour cette raiſon
166 MERCURE
que l'air , quoiqu'il fut rempli
de particules d'eau n'apporte
roit que peu ou point de retardement
au mouvement du
Pendule , en ce que toutes ces
particules n'ayant point de
liaifon les unes aux autres ;
mais eftant toutes féparées
par les particules de l'air, pourroient
eftre tres- facilement
deplacées entre les particules
de l'air , où elles font flotan-
>tes .
Maisfices particules d'eau ne
caufent point de retardement
au mouvement du Pendule
pár la difficulté à cftre déplas
GALANT . 167
cées ; elles peuvent y caufer
un changement affez confiderable
par un autre moyen. Si
l'air de fec qu'il devient humide,
il eft certain qu'une tresgrande
quantité de ces particules
d'eau doivent s'attacher
à la fuperficie de la verge , &
à celle du poids du Pendule ,
& même elles peuvent penetrer
un peu cette verge & ce
poids ; & par confequent elles
feront comme un enduit fur
la vergez& fur ia lentille du
poids , qui aura fon centre
Jd'ofcillation different de celui
du compofé de la verge &
168 MERGURE
du poids : c'eft pourquoi le
centre d'ofcillation étant alors
different de ce qu'il eftoit au
paravant
, la durée des vibrations
ne fera pas la même
qu'elle eftoit. Ce n'est pas
qu'on ne puiffe remedier en
quelque façon à cet accident ,
en fe fervant pour Pendule
d'un Cylindre dont la baffe
eftoit petite, ce qui foit homogene
dans toute fa longueur ,
lequel cftant fufpendu par
l'extrémité
de fon axe , auroit
à tres peu prés un même point
pour centre d'ofcillation de fa
fuperficie & de fon corps , &
par
GALANT. 169
par confequent quelque changement
qu'il arrivât à cette ſuperficie
pourvû qu'il fut égal
dans toutes fes parties , le
mouvement du Pendule n'en
feroit point alteré fenfiblement
. Ce feroit la même
chofe , fi au lieu d'un Cylindre
on fe fervoit d'un paralele
lipipede , pourvû qu'il
fut auffi fufpendu par l'extre
mité de fon axe.
Enfin fi la Cycloïde eftoit
mal faite , elle pourroit caufer
de nouvelles irrregularitez au
mouvement du Pendule , fuivant
que ces vibrations fe-
Avril 1714. P
170 MERCURE
roient plus longues ou plus
courtes dont il s'en formeroit
plufieurs autres par leur combinaiſon
, avec les premieres.
Pour ce qui regarde les differentes
longueurs du Pendule
dans differens climats , il
me femble qu'on y peut faire
quelques remarques ; car Mr
Picard avoit obfervé à Vranibourg
, & à Bayonne , où j'étois
avec lui , que la longueur du
Pendule fimple à ſeconde , étoit
exactement la même qu'à
Paris. On fit une grande attention
à cette obfervation de
Bayonne , à cauſe qu'on fçaGALANT.
171
voit ce que Mr Richer en avoit
rapporté de Cayenne. Vrani .
bourg & Bayonne font éloignez
l'un de l'autre en latitude
de plus de douze degrez,
& entre Bayonne & Cayenne ,
la difference de latitude eft
de 38. car Cayenne eſt à peuprés
à 5. de latitude de Borcale
, ce qui donne ſeulement
une difference à peu - prés triple
de la premiere , pour laquelle
on trouve cinq quarts
de ligne de diminution de la
longueur du Pendule . On
doit donc conclure de là que
cette difference de longueur
Pij
172 MERCURE
ne devient fort fenfible qu'en
s'approchant de la ligne.
Mais quelques années aprés
Mrs Varin , des Hayes & de
Glos, ayant été envoyez vers la
ligne , pour y faire quelques
obfervations Aftronomiques
,
trouverent que dans l'Ile de
Gorée , qui eft à 14. de latitude
de Borcale , la longueur
du Pendule fimple à feconde
devoit cftre plus courte qu'en
France de 2. lignes . Les obfervations
faites à Cayenne &
à Gorée , ne laiffent aucun lieu
de douter qu'elles ne foient
tres- certaines & tres - exactes
GALANT. 173
to
par toutes les circonstances
qui y font rapportées . Cependant
fi l'on avoit voulu
conclure cette difference de
longueur du Pendule pour
Gorée par celle de Cayenne ,
on auroit dit que celle de
Gorée devoit eſtre ſeulement
plus courte qu'à Paris de trois
quarts de ligne environ , &
l'obfervation la donne de 2.
lignes entieres. Au contraire ,
fi de celle de Gorée on avoit
conclu celle de Cayenne, on
l'auroit pofée de 3. lignes environ
, & elle n'a efté trouvée
que de cinq quarts de lignes .
Piij
174 MERCURE
Les grandes differences ne
peuvent s'accorder en aucune
façon avec les hypotefes que
Mr Mariette a faites dans fon
Traité du mouvement des Eaux ,
& Mr Huygens dans ſon Traité
de la Lumiere , & il faut en
chercher d'autres pour expliquer
pourquoi la longueur du
Pendule eft la même dans les
latitudes de 55. un quart & de
43. un tiers , & qu'à 14. deux
tiers elle eft de deux lignes plus
courte , & à 5. de cinq quarts
de ligne feulement . Mais ne
pourroit-on point foupçonner
que cette differente lonGALANT.
175
1
1
gueur
du Pendule n'eft point
réelle , mais feulement apparente,
& qu'elle ne vient que de
la mefure dont on s'eft fervi .
Car il est tres - vray que les
métaux , & generalement tous
les corpss s'étendent conſidera
ble ment à la chaleur , & fe
refferent au froid . Mr Picard
dit que fur un pied de longueur
il a obfervé un allongement
d'un quart de ligne ; & par
confequent fur la longueur du
Pendule ce feroit trois quarts
de ligne , au lieu que je n'ay
trouvé qu'un tiers de ligne.
Cette difference pourroit ve-
Piiij
176 MERCURE
nir des manieres differentes
dont les obfervations ont efté
faites ; car Mr Picard ayant
expofé les corps à la gelée , les
mettoient enfuite auprés du
feu ; & pour moy je les ay
feulement expofez au Soleil.
l'Eté fuivant . On pourroit
donc dire que vers la ligne ,
& entre les Tropiques où les
chaleurs font fort grandes , les
métaux s'étendent & s'allon.
gent tres- confiderablement
au- delà de ce qu'ils font dans
ccs Pays - ci , & peut - eſtre encore
par une cauſe particuliere
des vapeurs des exhalaiſons
GALANT 177
1
qui les penetrent , comme on
fçait qu'elles font tres - penetrantes
en ces Pays - là ; & enfin
plus dans un temps que
dans un autre , & plus dans un
lieu que dans un autre . C'eſt
pourquoy ces caufes d'extenfion
qui ne font pas
confiderables
dans ces Pays - ci , peu-
ES vent estre tres- differentes à
Gorée & à Cayenne , & dans
des temps differens , car on eft
I perfuadé que vers les Tropiques
les chaleurs font bien
plus fortes que vers la ligne.
Et fi la verge de fer de trois
pieds mefurée à Paris au temps
178 MERCURE
du départ de Mr Richer , s'eft
allongée à Cayenne de cinq
quarts de lignes , il doit avoir
trouvé la longueur du Pendule
fimple à feconde mefurée
avec cette verge plus courte
qu'à Paris de cinq quarts de
ligne , quoi qu'effectivement
elle ait efté la même dans ces
deux lieux .
De même , fi à Gorée la mefure
s'eft allongée de deux
lignes plus qu'elle n'eftoit à
Paris , la longueur du Pendule
fimple à feconde y aura paru
plus courte qu'à Paris de
deux lignes. C'eft ce qui me
paroift de plus vray - fèmblaGALANT
. 179
ble fur ce Phenomene. Si cela
eftoit ainsi , la meſure univerfelle
du Pendule demeureroit
toûjours la même , &
par toute la terre , & il fau
droit regler les mesures particulieres
fur cette meſure , en
prenant la longueur du Pendule
fimple pour trois pieds
ou pour une demie toife.
Examen de la Démonftration
que Meffieurs Mariotte ,
Huygens donnent des differentes
longueurs du Pendule
fimple à feconde , en differens
endroits de la Terre.
Il ne s'agit ici que de démontrer
fi les corps tombent
180 MERCURE
proplus
lentement fous l'Equinoxial
que par tout aillicurs ; &
s'ils tombent plus vîte à
portion qu'on s'approche plus
des Poles. C'est ce qu'il prétend
faire dans fon Traité
du mouvement des eaux , en
fuppofant le mouvement de
la Terre autour de fon Axe.
Il dit que le mouvement de
la Terre donne à l'air une im .
preffion qui le fait tendre à
s'écarter de fon Axe avec une
viteffe proportionnée à celle
de fon mouvement ; & que ce
mouvement eſtant plus grand
vers l'Equinoxial , que vers
GALANT, 181
les Poles , l'effort qu'il fait
vers l'Equinoxial eft plus
grand que celui qu'il fait vers
fes Poles ; & c'eſt de ce different
effort qu'il conclut que
les corps qui font dans l'air
font repouffez & écartez de
t la terre avec plus de force
proche de l'Equinoxial , pour
d les empêcher de tomber , que
lorfqu'ils font proche des 10
03
Poles.
Ceraifonnement n'eft fonfur
la ſuppoſition que
coll dé
que
uet l'air qui environne la terre, en
ran eft repouffé par fon mouve
ment autour de fon Axe ;
YCD
182 MERCURE
peut- cftre ayant efté perſuadé
de cet effet par une experience
commune , qui eft , que fi l'on
fait mouvoir dans l'air un
corps irregulier , l'air frappé
par fes inégalitez , tend à s'écarter
du corps par des lignes
perpendiculaires au mouvement
du corps : Mais il me
femble qu'il ne peut pas arriver
la même chofe au Globe
de la Terre , enfuppofant fon
mouvement journalier autour
de fon Axe .
Car premierement il y a
trop peu de terres , & leurs inégalitez
font trop petites par
GALANT. 183
•
rapport aux furfaces unies des
eaux pour écarter fenfiblement
l'air de la terre, & par
confequent
le mouvement
feul de la furface de la terre
feroit que tous les corps de
cette furface choqueroient
l'air avec une viteffe auffi ·
་
grande qu'eft celle de ces
corps , laquelle on pourroit
V
prendre pour un vent tresviolent
d'Orient en Occident ,
qui n'auroit pourtant aucune
determination à s'écarter de la
furface de la terre , & les cau-
! fes particulieres des vents ne
pourroient pas avoir aſſez de
•pa
184 MERCURE
force pour lui refilter. Si l'on
apperçoit entre les Tropiques
quelque mouvement d'Orient
en Occident , il y a auffi affez
fouvent de grands calmes , &
l'on pourroit donner d'autres
raifons Phyfiques de cemouvement
, que celuy de la
terre ; & de plus quel rapport
y a- t- il entre la viteffe de ce
vent & celle de la ſurface de
la terre qui fait en un jour
9000 licuës .
Il faut donc demeurer d'accord
que l'Atmoſphere qui
environne la terre de tous côtez
, ne fait que comme un
même
GALANT 185
SC
et
même corps avec elle ; &
dans la fuppofition du mouvement
de la terre autour de
fon Axe l'Atmoſphere eft em
portée comme la furface.
D'où il fuit qu'une pierre qui
tombe dans cette Atmoſphere
ne pourroit recevoir aucune
impreffion du mouvement de
la terre , comme il arriveroit
à une bale de plomb qu'on
laifferoit tomber dans un vaif.
feau plein d'eau , pendant que
le yaiffeau feroit emporté d'un
mouvement Horizontal fort
prompt ; car on ne fait aucun
doute que cette bale ne
Avril 1714. е
186 MERCURE
tombe dans le fond du vaiffeau
au même endroit où elle
tomberoit fi le vaiſſeau eftoit
en repos, puifqu'effectivement
l'eau qui eft contenuë dans le
vaiffeau y eftoit en repos par
rapport à la maffe d'eau , &
aux parois du vaiffeau pendant
qu'il eft en mouvement
Et s'il eftoit poffible que
l'air fut écarté de la furface
de la terre par le mouvement
de la terre , foit par une tangente
qui s'écarteroit de l'Orient
vers l'Occident , ſoit par
un rayon du centre vers la
circonference, il arrivera toûGALANT
187
B
ea
jours que le poids du Pendule
qui defcend & qui remonte
dans la même vibration
, qui va d'un coſté
dans une vibration , & de
l'autre dans la fuivante fera
autant accelerer en remontant
que retardé en defcendant , &
autant accelerer d'un cofté
que regardé de l'autre , d'où
il fuit qu'il ne doit arriver par
cette caufe aucun changement
à la durée des vibrations du
Pendule.
Mais enfin quand on accorderoit
à Mr Mariotre tout
'ce qu'il prétend conclure de
Qij
188 MERCURE
fon Hypothefe , il s'enfuivroit
toûjours que pour les degrez ,
qui feroient plus proches des
Poles , l'augmentation de viteffe
du mouvement du Pendule
feroit beaucoup plus
grande que pour les degrez
qui feroient vers l'Equateur ,
puifque cette augmentation
feroit dans la raifon de la diminution
du mouvement de
la matiere , qui feroit celle des
limes du complement des degrez
de latitude , lefquels diminuënt
bien plus vite en s'aprochant
des Poles que vers
l'Equateur , ce qui eft contre
GALANT . 189
it
d
l'obfervation faite à Vranibourg
& à Bayonne & encore
contre l'irregularité qui s'eft
trouvée entre Cayenne &
Gorée.
Mr Huygens , dans fon
Traité de la lumiere , dit , qu'on
ne peut douter que ce ne foit
une marque que les corps defcendent
plus lentement vers
l'Equinoxial qu'en France.
C'est ce que Mr Mariotte
avoit fuppofé, & pour la dé
VO
DE
monftration , il ajoûte , qu'il
connut auffi- tôt qu'on luy eut
communiqué ce nouveau
Phenomene , que la caufe en
190 MERCURE
pouvoit cftre rapportée au
mouvement de la terre , qui
eftant plus grand en chaque
Pays , felon qu'il approche
plus de la ligne Equinoxiale ,
doit produire un effet plus
grand à rejetter les corps du
centre , & leur ofter par là une
certaine partie de leur pefanteur.
Il eſt facile à voir par
fes propres paroles que je
viens de rapporter , qu'il fe
fert de la même Hypothefe
que Mr Mariotte , & il détermine
enfuite la quantité de la
diminution de cet effort par
fon Theoreme troifiéme de vi
GALANT . 191
che
Set
centrifuga. C'est pourquoi
toutes les raifons que j'ay
rapportées contre l'explication
de ce Phenomene par Mr
Mariotte,ferviroient aufficontre
celle ci , qui ne conclud
que la même choſe du même
principe . D'où enfin je dis
at qu'il doit y avoir quelqu'autre
caufe de cet effet , laquelle ne
dépend point du mouvement
de la terre.
Pour ce qui regarde l'obfervation
il femble d'abord
del qu'elle eft tres facile à faire ,
puifqu'on peut compter les
vibrations du Pendule fimple
•pal
192 MERCURE
pendant uue heure , où il demeure
toûjours en mouvement
aprés qu'il y a çſté mis
d'abord , & que fi le Pendule
devoit eftre plus court de 2 .
lignes , celui qui feroit de 2 .
lignes plus long , feroit en
une heure environ 8. vibrations
de moins que l'autre ,
ce qui eft une trop grande
difference
pour s'y tromper
.
Ce fera la même chofe dans
les autres longueurs
à propor
tion.
Cependant il faut remarquer
que fi l'on fe fert d'un
fil dépite pour foûtenir le
poids
GALANT. 193
ALL
poids , quelque delié que ce
fil puiffe eftre , il est toûjours
plat , & il arrive que les dernieres
vibrations deviennent
ordinairement tournantes de
droites qu'elles eftoient d'abord
comme je l'ay éprouvé,
à caufe que ce fil fendant l'air
obliquement dans ſon mouvement
, écarte le Pendule
'd'un colté en allant , & de
l'autre en revenant , ce qui lui
donne peu à peu une détermi
nation à tourner. Jay aufli ob.
fervé que ces dernieres vibrations
tournantes quidevroient
eftre plus courtes que les
Avril
1714.
R
1
194 MERCURE
premieres , à caufe qu'elles ont
moins d'étendue , font de plus
longue durée que les droites
,
ce qui peut impofer dans l'ob.
fervation.
Sur les inégalitez du Mouvement
des Horloges à Pendule.
L
Es
Aftronomes qui ont
pris grandfoinde regler
leurs Pendules à ſecon-
1 des , fur le Mouvement des
Aftres , y ont remarqué des
inégalitez , qu'ils n'ont pû réduire
à aucune regle certaine.
J'ay fait quelques remarques
fur ces inégalitez dans le Me.
moire que j'ay lû à l'Acadé-
N Avril
1714.
146 MERCURE
mie , & entr'autres fur celles
par
qui peuvent
venir d'une petite
lame de reffort , que j'avois
miſe à la place de la foye
pour foutenir
le Pendule ; car
j'avois cru que cette lame ,
n'étant pas ſujette aux alterations
qui arrivent
à la foye ,
la féchereffe
& par l'humidité
de l'air , les vibrations
du Pendule
pourroient
eftre
beaucoup
plus égales : Mais
enfin je fus obligé d'ofter la
lame & d'y mettre la foye , à
caufe que j'y remarquois
des
inégalitez
bien plus grandes
qu'auparavant
; & j'ay trouvé
GALANT. 147
depuis que l'Horloge alloit
affez juftement pour ne pas
s'écarter quelques fois du
moyen mouvement d'une
feule feconde dans l'efpace de
quatre jours , où le Pendule
fait 345600. vibrations . Mais
j'ay auffi remarqué quelques
fois , que d'un jour à l'autre
il y avoit des changemens af
fez confiderables pour embarraffer
un Obfervateur exact ,
& pour donner de l'exercice à
un Philofophe qui en voudroit
rechercher la caufe , la.
quelle ne peut
fique.
cftre que Phy-
Nij
148 MERCURE
Les differens états de l'air
femblent eftre les feules caufes
des changemens que nous
remarquons au Mouvement
des Pendules ; car il eſt chaud
ou froid , fec ou humide , leger
ou pefant , rare ou groffier
ou épais ; toutes ces differentes
qualitez fe mêlant enfemble
en differens degrez ,
peuvent caufer de grandes alterations
au Mouvement des
Horloges. Mais pour reconnoiftre
quelque chofe de ce
qui doit arriver , il faut confiderer
féparément ces états
differens .
GALANT 149
7 des
On fuppofe premierement ,
que fi la Cycloïde eft bien
faite fuivant les regles que Mr
Huggens en a données , tout
ce qui peut accelerer ou ralentir
le Mouvement des rouës ,
ne doit apporter aucun changement
à l'Horloge , puifqu'il
n'en pourroit arriver
vibrations plus longues , ou
plus courtes , lefquelles ne
laifferoient pas d'eftre fochrones
ou d'égale durée . Ainfi
le froid pouvant figer en quelque
façon le peu d'huile qui
eft attaché aux pivots des
rouës , fera
que
que leur Mouve-
Niij
So MERCURE
ment fera plus difficile que
dans un temps chaud ou
l'huile fera plus liquide , &
par confequent les vibrations
deviendront plus
courtes ;
elles ne
laifferont pas d'eftre
d'égale durée à celles qui font
plus longues , cftant rectifiées
par la figure de la Cycloïde.
L'humidité qui
s'attachera
aux touës , & aux pivots pourra
caufer à peu prés le même
effet fans qu'il arrive d'inégalité
au Mouvement
.
Mais quoique la Cycloïde
foit la figure neceffaire pour
faire que les vibrations
lonGALANT.
151
gues ou courtes , foient Ifochrones
, il falloit confiderer ,
qu'elle ne pouvoit avoir lieu
que lorsque la fufpenfion n'auroit
aucune groffeur ou épaiffeur,
ce qui eft impoffible dans
l'execution
; c'est pourquoy
,
puifqu'on fe fert d'un fil de
e
foye tortillé , qui eft affezgros
pour foutenir la lentille du
pendillon ou Pendule qui eft
pefante , & qu'on ne doit
rien négliger , de ce qui peur
contribuer à la jufteffe de ce
Mouvement ; il ne faut pas
que la figure foit une Cycloïde
, mais une ligne paralelle à
Niiij
152 MERCURE
la Cycloïde laquelle en foit
éloignée vers la partie concave
de la moitié de
l'épaiffeur du
fil , afin que l'axe où le milieu
de ce fil décrive exactement
la Cycloïde , comme je l'ay expliqué
dans mon Traité des
Epicycloïdes qui doivent fervir
au Mouvement des Machines.
On peut auffi
remarquer
que les petits filets de foye qui
compofent le fil , font fecs &
roides , & qu'ils peuvent par
confequent fouffrir tous enfembles
des alterations confi-
1
derables , & à
peu prés femblables
à celles de la lame de
GALANT . 153
reffort , qui eft plus roide dans
des temps froids , lecs & plus
molle dans des temps chauds ;
mais c'eſt un accident qu'on
ne peut éviter , quand on fe
fert d'une fufpenfion flexible
pour le Pendule ; c'eft pour
quoi on pourroit éprouver
celle que j'ay propofée dans
differens Memoires.
Si l'on confidere les diffe
& rens états de l'air par rapport
au Pendule , & non pas par
rapport au rouage de l'Horloge,
on y remarquera tant de
differens accidens , qu'à peine
pourroit- on croire que l'Hor
7.
154 MERCURE
loge pût aller également une
heure en terre , pendant laquelle
le Pendule fait 3600 .
vibrations ou battemens.
On fçait que la chaleur du
Soleil en Eté eft affezforte pour
échauffer une barre de fer de
fix pieds de longueur , & la
rendre plus longue qu'elle n'étoit
en Hiver , ayant efté expofée
à la gelée, de deux tiers
de ligne , comme je l'ay reconnu
par une experience tresexacte
que j'en ay faite autrefois.
C'est pourquoi ces deux
états differens de l'air fur la
longueur, de la verge du PenGALANT
. 155
-1
dule , qui doit eftre de trois
pieds huit lignes un deuxième
pour battre les fecondes , la
pourroit changer d'un tiers de
ligne , ce qui cauferoit une
difference tres- confiderable
dans la durée des vibrations
du Pendule , puifqu'elle pourroir
aller jufqu'à 32. par jour,
Mais comme ce cas ne pourroit
arriver que lorfque l'Horloge
feroit expofée à l'air , &
au Soleil dans ces deux faifons,
ce qui n'eft pas ordinairement,
on n'y remarque pas de fi
grands changemens . Il arrive
quelque fois d'affez grandes
156 MERCURE
differences de chaleur d'un jour
à l'autre , & de la nuit au jour
pour faire allonger ou racourcir
la verge du Pendule , qui
pourra ralentir ou accelerer
le Mouvement de l'Horloge,
de quelques fecondes , comme
nous le remarquons auffi quel
que fois , ce qui peut venir par
cette feule caufe. C'est pourquoi
dans l'ufage qu'on fait
des Horloges à Pendule pour
les obfervations celeftes , où il
eft neceffaire de connoiftre
l'heure dans la derniere juf
teffe , il faut les placer dans un
lieu où elles foient le plus à la
GALANT. 157
l'abri qu'il eft poffible , de
toutes les injures de l'air.
L'humidité , la féchereffe ,
la denfité , la rareté de l'air peuvent
auffi caufer des alterations
confiderables
auMouve-
3 ment du Pendule. Car lorfque
l'air fera humide , c'est- à- dire
lorſqu'il ſera rempli de quantité
de petites particules d'eau
qui y demeurent
fufpendues ,
ou lorsqu'il eft denfe ou épais,
le Pendule , aura plus de peine
à le fendre , & il femble que
fes vibrations doivent cftre
alors de bien plus longue durée
que lorsqu'il eft fec ou ra 31
158 MERCURE
re. Car nous fçavons par experience
qu'une plume treslegere
tombe dans un tuyau
dont on a pompé l'air,prefque
auffi vite qu'une pierre fait
dans l'air. Mais comme on ne
doit point juger de ce qui
doit arriver dans ces fortes de
rencontres fans en faire l'experience
lorsqu'il eft poffible
de la faire , j'ay cru que fi l'air
humide ou épais peut rendre
les vibrations de plus longue
durée qu'un air fec & rare ,
on devoit appercevoir une
tres grande difference entre le
Mouvement du Pendule dans
GALANT . 159
l'air & dans l'eau . Pour connoistre
ce qui en eftoit , j'ay
fait un Pendule à demi fecondes
avec une bale de plomb
de deux onces de
pefanteur ,
laquelle eftoit fufpenduë à un
fil delié , & je l'ay mis en.
mouvement dans l'eau . J'ay
remarqué dabord que les
grandes vibrations fe racourciffoient
, & que le mouvement
s'arreftoit infenfiblement
aprés une minute & un
peu plus. Mais comme je me
perfuadois que ces vibrations
dans l'eau devoient eftre au
moins d'une feconde chacune ,
160 MERCURE
lefquelles n'eftoient que d'une
demi feconde dans l'air , j'ay
efté fort furpris de voir
qu'elles me paroiffent prefqu'-
auffi promptes ou d'égale durée
à celles qui ſe faifoient
dans l'air. Pour les mefurer
exactement j'ay fair compter
les vibrations du Pendule de
l'Horloge à feconde , pendant
une minute , & à même
temps je comptois les vibrations
du Pendule à demi feconde
, dans l'eau d'un grand
vaiffeau plat , où la balc
eftoit enfoncée d'un demi
pouce environ , & j'ay trouvé
1
aptés
GALANT . 161
1
aprés avoir repeté plufieurs
fois la même experience , que
le Pendule dans l'eau ne faifoit
que 112. vibrations au lieu
des 120. qu'il auroit faites
dans l'air pour une minute.
J'ay fait auffi la même experience
avec un Pendule
fimple à fecondes , dont la bale
qui eftoit de plomb , peſoit
cinq onces , & j'ay trouvé
comme dans l'autre que les
grandes vibrations duroient
fort peu de tems , & que
Pendule s'arreftoit prefque entierement
aprés deux minutes ;
mais il ne faifoit dans l'eau
Avril 1714
.
le
162 MERGURE
que
que 114 vibrations pendant
le Pendule de l'Horloge
en faifoit i 20. dans l'air pour
deux minutes. Ainfi le retardement
que l'eau caufe aux
vibrations du Pendule eft de
trois par minute ; j'aurois fouhaité
de faire les obfervations
de ces differences de vibrations
dans l'eau & dans l'air
pendant
20. ou 30, pour connoiftre
plus exactement leur
difference , & voir quel rap
port il y avoit dans le retardement
des vibrations dans
l'eau , fur ces Pendules de difference
longueur ; mais je n'ay
GALANT . 163
pû aller plus loin.
Puifqu'un Pendule à fccondes
perd dans l'eau trois
par minute , il perdroit en un
jour 4320.
Mais fi nous
fuppofons que cette diminution
du mouvement des Pendules
, vient de la denfité du
milieu ; & fi l'air eft denſe , ou
épais par le poids dont il eft
chargé , fans avoir égard au
plus ou au moins de particules
d'eau qui y font mêlées , il
s'enfuivra
que fi la pefanteur
de l'air change feulement d'un
28 , comme on le remarque
affez fouvent dans le Baro-
O ij
164 MERCURE
-
metre, la vingt- huitième partie
de 4320. de retardement du
Pendale dans l'eau pour un
jour , laquelle eft 154. fera
la diminution ou bien le retardement
de l'Horloge dans
l'efpace d'un jour par rapport
à deux differents états de l'air ;
mais on n'a jamais remarqué
dans les Horloges à Pendule ,
une auffi grande difference
que celle- là; on ne peut donc
pass dire , que les differens
poids dont l'air peut eftre
chargé , puiffent caufer ſes differentes
denfitez ne font pas
fur le mouvement d'un PenGALANT
. 165
dule le même cffet que la
denfité de l'eau , ce qui peut
venir de la differente configuration
des parties de ces deux
corps , dont celles de l'air ,
quoique fort ferrées & preffées
, pourront cftre facilement
féparées , & au contraire
celles de l'eau le peuvent être
tres-difficilement , eftant adherentes
les unes aux autres.
On pourroit encore ajouter
que les dernieres vibrations
dans l'eau eftant plus courtes
que les premieres , elles vont
plus vite.
Ce feroit pour cette raiſon
166 MERCURE
que l'air , quoiqu'il fut rempli
de particules d'eau n'apporte
roit que peu ou point de retardement
au mouvement du
Pendule , en ce que toutes ces
particules n'ayant point de
liaifon les unes aux autres ;
mais eftant toutes féparées
par les particules de l'air, pourroient
eftre tres- facilement
deplacées entre les particules
de l'air , où elles font flotan-
>tes .
Maisfices particules d'eau ne
caufent point de retardement
au mouvement du Pendule
pár la difficulté à cftre déplas
GALANT . 167
cées ; elles peuvent y caufer
un changement affez confiderable
par un autre moyen. Si
l'air de fec qu'il devient humide,
il eft certain qu'une tresgrande
quantité de ces particules
d'eau doivent s'attacher
à la fuperficie de la verge , &
à celle du poids du Pendule ,
& même elles peuvent penetrer
un peu cette verge & ce
poids ; & par confequent elles
feront comme un enduit fur
la vergez& fur ia lentille du
poids , qui aura fon centre
Jd'ofcillation different de celui
du compofé de la verge &
168 MERGURE
du poids : c'eft pourquoi le
centre d'ofcillation étant alors
different de ce qu'il eftoit au
paravant
, la durée des vibrations
ne fera pas la même
qu'elle eftoit. Ce n'est pas
qu'on ne puiffe remedier en
quelque façon à cet accident ,
en fe fervant pour Pendule
d'un Cylindre dont la baffe
eftoit petite, ce qui foit homogene
dans toute fa longueur ,
lequel cftant fufpendu par
l'extrémité
de fon axe , auroit
à tres peu prés un même point
pour centre d'ofcillation de fa
fuperficie & de fon corps , &
par
GALANT. 169
par confequent quelque changement
qu'il arrivât à cette ſuperficie
pourvû qu'il fut égal
dans toutes fes parties , le
mouvement du Pendule n'en
feroit point alteré fenfiblement
. Ce feroit la même
chofe , fi au lieu d'un Cylindre
on fe fervoit d'un paralele
lipipede , pourvû qu'il
fut auffi fufpendu par l'extre
mité de fon axe.
Enfin fi la Cycloïde eftoit
mal faite , elle pourroit caufer
de nouvelles irrregularitez au
mouvement du Pendule , fuivant
que ces vibrations fe-
Avril 1714. P
170 MERCURE
roient plus longues ou plus
courtes dont il s'en formeroit
plufieurs autres par leur combinaiſon
, avec les premieres.
Pour ce qui regarde les differentes
longueurs du Pendule
dans differens climats , il
me femble qu'on y peut faire
quelques remarques ; car Mr
Picard avoit obfervé à Vranibourg
, & à Bayonne , où j'étois
avec lui , que la longueur du
Pendule fimple à ſeconde , étoit
exactement la même qu'à
Paris. On fit une grande attention
à cette obfervation de
Bayonne , à cauſe qu'on fçaGALANT.
171
voit ce que Mr Richer en avoit
rapporté de Cayenne. Vrani .
bourg & Bayonne font éloignez
l'un de l'autre en latitude
de plus de douze degrez,
& entre Bayonne & Cayenne ,
la difference de latitude eft
de 38. car Cayenne eſt à peuprés
à 5. de latitude de Borcale
, ce qui donne ſeulement
une difference à peu - prés triple
de la premiere , pour laquelle
on trouve cinq quarts
de ligne de diminution de la
longueur du Pendule . On
doit donc conclure de là que
cette difference de longueur
Pij
172 MERCURE
ne devient fort fenfible qu'en
s'approchant de la ligne.
Mais quelques années aprés
Mrs Varin , des Hayes & de
Glos, ayant été envoyez vers la
ligne , pour y faire quelques
obfervations Aftronomiques
,
trouverent que dans l'Ile de
Gorée , qui eft à 14. de latitude
de Borcale , la longueur
du Pendule fimple à feconde
devoit cftre plus courte qu'en
France de 2. lignes . Les obfervations
faites à Cayenne &
à Gorée , ne laiffent aucun lieu
de douter qu'elles ne foient
tres- certaines & tres - exactes
GALANT. 173
to
par toutes les circonstances
qui y font rapportées . Cependant
fi l'on avoit voulu
conclure cette difference de
longueur du Pendule pour
Gorée par celle de Cayenne ,
on auroit dit que celle de
Gorée devoit eſtre ſeulement
plus courte qu'à Paris de trois
quarts de ligne environ , &
l'obfervation la donne de 2.
lignes entieres. Au contraire ,
fi de celle de Gorée on avoit
conclu celle de Cayenne, on
l'auroit pofée de 3. lignes environ
, & elle n'a efté trouvée
que de cinq quarts de lignes .
Piij
174 MERCURE
Les grandes differences ne
peuvent s'accorder en aucune
façon avec les hypotefes que
Mr Mariette a faites dans fon
Traité du mouvement des Eaux ,
& Mr Huygens dans ſon Traité
de la Lumiere , & il faut en
chercher d'autres pour expliquer
pourquoi la longueur du
Pendule eft la même dans les
latitudes de 55. un quart & de
43. un tiers , & qu'à 14. deux
tiers elle eft de deux lignes plus
courte , & à 5. de cinq quarts
de ligne feulement . Mais ne
pourroit-on point foupçonner
que cette differente lonGALANT.
175
1
1
gueur
du Pendule n'eft point
réelle , mais feulement apparente,
& qu'elle ne vient que de
la mefure dont on s'eft fervi .
Car il est tres - vray que les
métaux , & generalement tous
les corpss s'étendent conſidera
ble ment à la chaleur , & fe
refferent au froid . Mr Picard
dit que fur un pied de longueur
il a obfervé un allongement
d'un quart de ligne ; & par
confequent fur la longueur du
Pendule ce feroit trois quarts
de ligne , au lieu que je n'ay
trouvé qu'un tiers de ligne.
Cette difference pourroit ve-
Piiij
176 MERCURE
nir des manieres differentes
dont les obfervations ont efté
faites ; car Mr Picard ayant
expofé les corps à la gelée , les
mettoient enfuite auprés du
feu ; & pour moy je les ay
feulement expofez au Soleil.
l'Eté fuivant . On pourroit
donc dire que vers la ligne ,
& entre les Tropiques où les
chaleurs font fort grandes , les
métaux s'étendent & s'allon.
gent tres- confiderablement
au- delà de ce qu'ils font dans
ccs Pays - ci , & peut - eſtre encore
par une cauſe particuliere
des vapeurs des exhalaiſons
GALANT 177
1
qui les penetrent , comme on
fçait qu'elles font tres - penetrantes
en ces Pays - là ; & enfin
plus dans un temps que
dans un autre , & plus dans un
lieu que dans un autre . C'eſt
pourquoy ces caufes d'extenfion
qui ne font pas
confiderables
dans ces Pays - ci , peu-
ES vent estre tres- differentes à
Gorée & à Cayenne , & dans
des temps differens , car on eft
I perfuadé que vers les Tropiques
les chaleurs font bien
plus fortes que vers la ligne.
Et fi la verge de fer de trois
pieds mefurée à Paris au temps
178 MERCURE
du départ de Mr Richer , s'eft
allongée à Cayenne de cinq
quarts de lignes , il doit avoir
trouvé la longueur du Pendule
fimple à feconde mefurée
avec cette verge plus courte
qu'à Paris de cinq quarts de
ligne , quoi qu'effectivement
elle ait efté la même dans ces
deux lieux .
De même , fi à Gorée la mefure
s'eft allongée de deux
lignes plus qu'elle n'eftoit à
Paris , la longueur du Pendule
fimple à feconde y aura paru
plus courte qu'à Paris de
deux lignes. C'eft ce qui me
paroift de plus vray - fèmblaGALANT
. 179
ble fur ce Phenomene. Si cela
eftoit ainsi , la meſure univerfelle
du Pendule demeureroit
toûjours la même , &
par toute la terre , & il fau
droit regler les mesures particulieres
fur cette meſure , en
prenant la longueur du Pendule
fimple pour trois pieds
ou pour une demie toife.
Examen de la Démonftration
que Meffieurs Mariotte ,
Huygens donnent des differentes
longueurs du Pendule
fimple à feconde , en differens
endroits de la Terre.
Il ne s'agit ici que de démontrer
fi les corps tombent
180 MERCURE
proplus
lentement fous l'Equinoxial
que par tout aillicurs ; &
s'ils tombent plus vîte à
portion qu'on s'approche plus
des Poles. C'est ce qu'il prétend
faire dans fon Traité
du mouvement des eaux , en
fuppofant le mouvement de
la Terre autour de fon Axe.
Il dit que le mouvement de
la Terre donne à l'air une im .
preffion qui le fait tendre à
s'écarter de fon Axe avec une
viteffe proportionnée à celle
de fon mouvement ; & que ce
mouvement eſtant plus grand
vers l'Equinoxial , que vers
GALANT, 181
les Poles , l'effort qu'il fait
vers l'Equinoxial eft plus
grand que celui qu'il fait vers
fes Poles ; & c'eſt de ce different
effort qu'il conclut que
les corps qui font dans l'air
font repouffez & écartez de
t la terre avec plus de force
proche de l'Equinoxial , pour
d les empêcher de tomber , que
lorfqu'ils font proche des 10
03
Poles.
Ceraifonnement n'eft fonfur
la ſuppoſition que
coll dé
que
uet l'air qui environne la terre, en
ran eft repouffé par fon mouve
ment autour de fon Axe ;
YCD
182 MERCURE
peut- cftre ayant efté perſuadé
de cet effet par une experience
commune , qui eft , que fi l'on
fait mouvoir dans l'air un
corps irregulier , l'air frappé
par fes inégalitez , tend à s'écarter
du corps par des lignes
perpendiculaires au mouvement
du corps : Mais il me
femble qu'il ne peut pas arriver
la même chofe au Globe
de la Terre , enfuppofant fon
mouvement journalier autour
de fon Axe .
Car premierement il y a
trop peu de terres , & leurs inégalitez
font trop petites par
GALANT. 183
•
rapport aux furfaces unies des
eaux pour écarter fenfiblement
l'air de la terre, & par
confequent
le mouvement
feul de la furface de la terre
feroit que tous les corps de
cette furface choqueroient
l'air avec une viteffe auffi ·
་
grande qu'eft celle de ces
corps , laquelle on pourroit
V
prendre pour un vent tresviolent
d'Orient en Occident ,
qui n'auroit pourtant aucune
determination à s'écarter de la
furface de la terre , & les cau-
! fes particulieres des vents ne
pourroient pas avoir aſſez de
•pa
184 MERCURE
force pour lui refilter. Si l'on
apperçoit entre les Tropiques
quelque mouvement d'Orient
en Occident , il y a auffi affez
fouvent de grands calmes , &
l'on pourroit donner d'autres
raifons Phyfiques de cemouvement
, que celuy de la
terre ; & de plus quel rapport
y a- t- il entre la viteffe de ce
vent & celle de la ſurface de
la terre qui fait en un jour
9000 licuës .
Il faut donc demeurer d'accord
que l'Atmoſphere qui
environne la terre de tous côtez
, ne fait que comme un
même
GALANT 185
SC
et
même corps avec elle ; &
dans la fuppofition du mouvement
de la terre autour de
fon Axe l'Atmoſphere eft em
portée comme la furface.
D'où il fuit qu'une pierre qui
tombe dans cette Atmoſphere
ne pourroit recevoir aucune
impreffion du mouvement de
la terre , comme il arriveroit
à une bale de plomb qu'on
laifferoit tomber dans un vaif.
feau plein d'eau , pendant que
le yaiffeau feroit emporté d'un
mouvement Horizontal fort
prompt ; car on ne fait aucun
doute que cette bale ne
Avril 1714. е
186 MERCURE
tombe dans le fond du vaiffeau
au même endroit où elle
tomberoit fi le vaiſſeau eftoit
en repos, puifqu'effectivement
l'eau qui eft contenuë dans le
vaiffeau y eftoit en repos par
rapport à la maffe d'eau , &
aux parois du vaiffeau pendant
qu'il eft en mouvement
Et s'il eftoit poffible que
l'air fut écarté de la furface
de la terre par le mouvement
de la terre , foit par une tangente
qui s'écarteroit de l'Orient
vers l'Occident , ſoit par
un rayon du centre vers la
circonference, il arrivera toûGALANT
187
B
ea
jours que le poids du Pendule
qui defcend & qui remonte
dans la même vibration
, qui va d'un coſté
dans une vibration , & de
l'autre dans la fuivante fera
autant accelerer en remontant
que retardé en defcendant , &
autant accelerer d'un cofté
que regardé de l'autre , d'où
il fuit qu'il ne doit arriver par
cette caufe aucun changement
à la durée des vibrations du
Pendule.
Mais enfin quand on accorderoit
à Mr Mariotre tout
'ce qu'il prétend conclure de
Qij
188 MERCURE
fon Hypothefe , il s'enfuivroit
toûjours que pour les degrez ,
qui feroient plus proches des
Poles , l'augmentation de viteffe
du mouvement du Pendule
feroit beaucoup plus
grande que pour les degrez
qui feroient vers l'Equateur ,
puifque cette augmentation
feroit dans la raifon de la diminution
du mouvement de
la matiere , qui feroit celle des
limes du complement des degrez
de latitude , lefquels diminuënt
bien plus vite en s'aprochant
des Poles que vers
l'Equateur , ce qui eft contre
GALANT . 189
it
d
l'obfervation faite à Vranibourg
& à Bayonne & encore
contre l'irregularité qui s'eft
trouvée entre Cayenne &
Gorée.
Mr Huygens , dans fon
Traité de la lumiere , dit , qu'on
ne peut douter que ce ne foit
une marque que les corps defcendent
plus lentement vers
l'Equinoxial qu'en France.
C'est ce que Mr Mariotte
avoit fuppofé, & pour la dé
VO
DE
monftration , il ajoûte , qu'il
connut auffi- tôt qu'on luy eut
communiqué ce nouveau
Phenomene , que la caufe en
190 MERCURE
pouvoit cftre rapportée au
mouvement de la terre , qui
eftant plus grand en chaque
Pays , felon qu'il approche
plus de la ligne Equinoxiale ,
doit produire un effet plus
grand à rejetter les corps du
centre , & leur ofter par là une
certaine partie de leur pefanteur.
Il eſt facile à voir par
fes propres paroles que je
viens de rapporter , qu'il fe
fert de la même Hypothefe
que Mr Mariotte , & il détermine
enfuite la quantité de la
diminution de cet effort par
fon Theoreme troifiéme de vi
GALANT . 191
che
Set
centrifuga. C'est pourquoi
toutes les raifons que j'ay
rapportées contre l'explication
de ce Phenomene par Mr
Mariotte,ferviroient aufficontre
celle ci , qui ne conclud
que la même choſe du même
principe . D'où enfin je dis
at qu'il doit y avoir quelqu'autre
caufe de cet effet , laquelle ne
dépend point du mouvement
de la terre.
Pour ce qui regarde l'obfervation
il femble d'abord
del qu'elle eft tres facile à faire ,
puifqu'on peut compter les
vibrations du Pendule fimple
•pal
192 MERCURE
pendant uue heure , où il demeure
toûjours en mouvement
aprés qu'il y a çſté mis
d'abord , & que fi le Pendule
devoit eftre plus court de 2 .
lignes , celui qui feroit de 2 .
lignes plus long , feroit en
une heure environ 8. vibrations
de moins que l'autre ,
ce qui eft une trop grande
difference
pour s'y tromper
.
Ce fera la même chofe dans
les autres longueurs
à propor
tion.
Cependant il faut remarquer
que fi l'on fe fert d'un
fil dépite pour foûtenir le
poids
GALANT. 193
ALL
poids , quelque delié que ce
fil puiffe eftre , il est toûjours
plat , & il arrive que les dernieres
vibrations deviennent
ordinairement tournantes de
droites qu'elles eftoient d'abord
comme je l'ay éprouvé,
à caufe que ce fil fendant l'air
obliquement dans ſon mouvement
, écarte le Pendule
'd'un colté en allant , & de
l'autre en revenant , ce qui lui
donne peu à peu une détermi
nation à tourner. Jay aufli ob.
fervé que ces dernieres vibrations
tournantes quidevroient
eftre plus courtes que les
Avril
1714.
R
1
194 MERCURE
premieres , à caufe qu'elles ont
moins d'étendue , font de plus
longue durée que les droites
,
ce qui peut impofer dans l'ob.
fervation.
Fermer
Résumé : REMARQUES sur les inégalitez du Mouvement des Horloges à Pendule.
Le texte aborde les inégalités observées dans le mouvement des horloges à pendule par les astronomes. Ces inégalités, impossibles à réduire à une règle certaine, ont été notées lors de la régulation des pendules sur le mouvement des astres. L'auteur a présenté des remarques sur ces inégalités dans un mémoire lu à l'Académie en avril 1714. Il a expérimenté avec une lame de ressort pour remplacer la fibre du pendule, mais a constaté des inégalités plus grandes et a dû réintroduire la fibre. L'horloge a ensuite montré une grande précision, ne s'écartant que rarement du mouvement moyen d'une seconde sur quatre jours. Les variations de l'air, telles que la chaleur, le froid, l'humidité et la densité, semblent être les principales causes des changements dans le mouvement des pendules. L'auteur suppose que si la cycloïde est bien réalisée, elle devrait corriger les accélérations ou ralentissements du mouvement des roues. Cependant, la fibre utilisée pour suspendre le pendule présente des variations en fonction des conditions climatiques, affectant ainsi la régularité des vibrations. L'auteur a également mené des expériences pour mesurer les vibrations du pendule dans l'eau et dans l'air, notant des différences significatives. Il a conclu que les particules d'eau dans l'air peuvent s'attacher à la verge et au poids du pendule, modifiant ainsi le centre d'oscillation et la durée des vibrations. Pour remédier à ces problèmes, il suggère d'utiliser un cylindre ou un parallélépipède homogène suspendu par son axe. Enfin, une cycloïde mal réalisée peut également introduire des irrégularités dans le mouvement du pendule. Le texte traite également des observations et des débats scientifiques concernant la longueur du pendule à secondes dans différentes latitudes. Monsieur Picard a observé que la longueur du pendule à Vranibourg et à Bayonne était identique à celle de Paris. Cette observation est notable en raison des rapports de Monsieur Richer sur les différences observées à Cayenne. Vranibourg et Bayonne sont séparés par plus de douze degrés de latitude, tandis que la différence entre Bayonne et Cayenne est de 38 degrés. Les observations à Cayenne et à Gorée montrent des variations dans la longueur du pendule, avec des différences de cinq quarts de ligne à Cayenne et de deux lignes à Gorée. Les différences de longueur du pendule ne sont pas expliquées par les hypothèses de Monsieur Mariotte et de Monsieur Huygens. Les variations pourraient être dues à des erreurs de mesure, car les métaux s'étendent à la chaleur et se contractent au froid. Monsieur Picard et l'auteur du texte ont observé des allongements différents en exposant les métaux à des conditions variées. Les observations à Gorée et à Cayenne soulèvent des questions sur la précision des mesures. L'auteur suggère que les variations de longueur du pendule pourraient être apparentes plutôt que réelles, en raison des différences de température et des conditions locales. Il propose que la mesure universelle du pendule reste constante et que les mesures locales soient ajustées en conséquence.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 1312-1326
NOUVELLE Maniere de construire de grosses Horloges, non-seulement plus simples que celles que l'on a faites jusqu'à present, mais encore d'un meilleur usage et à meilleur marché. Memoire lû à la Société des Arts le 29. Mars dernier, par M. Julien le Roy, Horloger du Roy et de la même soiciété.
Début :
Quand on s'applique à consider une Machine à dessein [...]
Mots clefs :
Société des arts, Julien Leroy, Machine, Horloge, Cage, Balancier, Roues, Bascule, Axe, Poids
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texteReconnaissance textuelle : NOUVELLE Maniere de construire de grosses Horloges, non-seulement plus simples que celles que l'on a faites jusqu'à present, mais encore d'un meilleur usage et à meilleur marché. Memoire lû à la Société des Arts le 29. Mars dernier, par M. Julien le Roy, Horloger du Roy et de la même soiciété.
NOUVELLE Maniere de construire de
grosses Horloges , non- seulement plus simples que celles que l'on a faites jusqu'à
present, mais encore d'un meilleur usage
et à meilleur marché. Memoire la à la
Societé des Arts le 23. Mars dernier,
par M.Julien le Roy, Horloger du Roy.
et de la même Societé.
Q
Uand on s'applique à considerer une
Machine à dessein de la perfectionner , il n'est guere en notre pouvoir de
nous former des idées pour réussir dans
le projet et dans l'execution , et cela à
cause que nous ne pouvons nous repré- senter les idées que nous n'avons jamais II. Vol. euës
JUIN. 1732. 1313
eues ; au contraire , il est très- aisé de nous
rappeller celles dont nous avons déja eu
la connoissance ; de- là vient qu'il est si
aisé de copier la plupart des Machines
et qu'il est si difficile et si rare d'en inventer de nouvelles..
>
Si notre imagination et nos lumieres
ne peuvent pas toûjours nous fournir des
idées neuves et de quelque usage , et que
ce soit presque toûjours le hazard qui
nous les fasse appercevoir , on ne doit
point être surpris si les progrès des Arts
sont si lents , puisque ces mêmes progrès
sont le plus souvent l'ouvrage du hazard,
que la refléxion met en œuvre. Cette nouvelle construction est un exemple sensible de ce que je viens d'avancer , elle est
si simple et si avantageuse , qu'on doit
être surpris qu'elle ait échappé à tant
d'habiles Horlogers qui ont travaillé et
médité avant moi sur cette matiere.
proQuoiqu'il soit aisé d'appercevoir tous
les avantages qui se trouvent réunis
par la nouvelle maniere , je ne la
poserai qu'après avoir donné une description en abregé de celle qui est en usage afin qu'on soit en état de les comparer l'une avec l'autre , et de juger laquelle
mérite la préference.
>
II. Vol. C v Des-
1314 MERCURE DE FRANCE
Description en abregé d'une grosse Horloge
telle que celle de l'Hôtel de Ville ou de
S. Paul, de Paris.
Le Corps de l'Horloge est composé
d'une Cage qui contient huit Roiies ,
quatre pour le Mouvement , et quatre
pour la Sonnerie, il y a de plus la Détente , la Bascule , la Verge des Palettes et
le Volant.
Les Roues duMouvement sont la grande Roue , la Roue du Remontoir , la
Roie moyenne et la Roiie de rencontre.
Les Roues de la sonnerie sont la grande
Roiie , celle du Remontoir , la Roue
moyenne ou de Cercle , et la Roue de
Compte.
La Bascule est faite à peu près comme
le fleau d'une balance , elle sert à élever
un Marteau plus ou moins gros , selon
la cloche sur laquelle il doit frapper.
La Détente est composée de son Arbre
et de trois branches , dont la premiere se
nommePied de- Biche , à cause qu'elle est
brisée par le bout , une cheville attachée
à la croisée de la grande Roue du Mouvement sert à lever le Pied- de- Biche à
toutes les heures pour faire sonner l'Hor
loge.
La deuxième branche se nomme le Coq ;
II. Vol son
JUIN. 1732.
*
1315
son usage est d'arrêter la sonnerie immé--
diatementaprès que les heures ont sonné.
La troisiéme branche dont le bout est
formé en crochet , s'appelle Compteur ,
elle s'appuye sur la Roue de Compte , à
la circonference de laquelle il y a des entailles distantes les unes des autres , suivant les nombres naturels 1.2.3.jusqu'à 12.
Tant que le Compteur s'appuye sur la circonference de la Roue de Compte, l'Horloge continuë de sonner jusqu'à ce que
ce même Compteur soit entré dans l'une des douze entailles de ladite Roüe. Je ne
décrirai point les Pignons ou Lenternes ,
parce que leur usage est assez connu.
La Cage est composée de onze pieces ;
sçavoir , de quatre Pilliers , de deux Chas
sis , l'un superieur et l'autre inferieur ,
lesquels je nommerai dans la suite ( Pa
rallelogramme rectangle , ) et de cinq"
Montans. Chaque Chassis ou Rectangle
a une mortoise ou entaillé à chacun de
ses Angles propres pour recevoir d'autres mortoises ou entailles , faites auxi
extremitez de chaque Pillier ; desorte
que les Pilliers s'enclavent dans les deux
Rectangles , au moyen de quatre clavettes
qui servent à serrer le Rectangle superieur contre les Pilliers. Au milieu de
chaque Rectangle est placée une traverse
14 Volo Cvj. qui
1316 MERCURE DE FRANCE
qui sert à affermir le Montant du milieu.
Deux autres Montans sont placez au
milieu des petits côtez des Rectangles ;
desorte que ces trois Montans sont placez
sur la même ligne et vis-à- vis les úns des
autres leur usage , est de soutenir les
Roues de la sonnerie et celles du Mouvêment.
Le quatriéme Montant est placé sur
l'un des deux grands côtez des Rectangles ; son usage est de soutenir la Roue de
Compte et le Pignon qui la fait tourner.
La Verge des Palettes est soutenuë par
deux Coqs , à une distance convenable
de la Roue de rencontre ; l'un de ces
Coqs soutient aussi la Verge du Pendule.
Le cinquiéme Montant est opposé au
Montant qui porte la Roue de Compte ;
son usage est de porter la Roue de Cadran et l'Etoile qui doit la faire tourner.
Je finis cette Description par le Volant,
c'est un Arbre qui porte un Pignon à
l'un de ses bouts , et à l'autre il y a un
Pivot qui débordé le Montant du côté
de la sonnerie ; sur ce Pivot tournent
deux Palettes de taule , lesquelles sont
plus ou moins grandes , suivant qu'on
veut faire sonner l'Horloge plus vite ou
plus lentement.
"
II. Vol. Now-
JUIN. 1732. 13177
Nouvelle construction de grosses Horloges ,
dans lesquelles tous les Arbres des Roues.
sont placez sur un Rectangle posé hori- sontalement.
Pour distinguer les deux constructions,
je nommerai celle qui est en usage , Horloge Verticale , à cause que les Roiies y
sont placées entre des plans verticaux , et
la nouvelle horisontale , à cause , que ses
Roues sont placées sur un Parallelograme rectangle , posé horisontalement.
En posant toutes les Roües sur un Rec--
tangle , de onze pieces , dont la Cage est
composée dans la construction ordinaire,
j'en supprime dix , et je ne retiens que le
Rectangle inferieur , que je fais un peu
plus grand , en donnant seulement plus
de longueur aux deux petits côtez ; ce
Rectangle , quoique plus grand , sera plus
aisé à faire que dans la construction verticale , parce qu'on le fera toûjours de
quatre pieces , sans que pour cela il en
soit moins solide. Il n'en est pas de même dans la construction ordinaire , car
on est obligé de faire ce Rectangle d'une
seule piece , afin de lui donner toute la
solidité qu'il doit avoir. Les dix Pieces
supprimées par la nouvelle construction,
sont les quatre Pilliers , les cinq Montans,
11. Vol. Je
1218 MERCURE DEFRANCE
le Cercle ou Chassis superieur , toutes ces
pieces sont non-seulement difficiles à faire
par elles-mêmes , mais encore difficiles à
ajuster pour les faire cadrer avec solidité
et précision , les unes avec les autres.
Outre la suppression des pieces dont
je viens de parler , il y a encore une diminution d'ouvrage assez considerable
dans les Chappes des Remontoirs et dans
les Coqs qui soutiennent la verge des
palettes ; desorte que dans l'Horloge ho
risontale composée de roues de même
grandeur, il y aura environ un tiers moins
d'ouvrages que dans le Vertical ; d'où il §
s'ensuit que le premier ne coûtera que
deux mille livres , lorsque le dernier en couteroit trois.
ཏི
Non-seulement la nouvelle Horloge
est plus simple, mais encoreelle est meil
leure et de plus longue durée que l'an
cienne, à cause que les frottemens y sont considerablement diminuez , et c'est ce
que jespere démontrer par le Problêmequi suit, et que j'appliquerai à la nouvelle construction.
Problême de Mécanique.
Une rone étant donnée avec son tambour
on Cilindre de même diametre , dont l'Arbre sera posé horisontalement, trouver deux
M. Vola points
JUIN. 17320 1373
points à la circonference de la roue , ausquels on・puisse placer un pignon , de telle
sorte que dans l'un l'action d'un poids ap
pliqué au cilindre par le moyen d'une cor- de soit zero sur l'arbre de la roue ,
et
dans l'autre que l'action de ce même poids
soit double de sa pesanteur sur le même
arbre.
.
passer une
Je suppose que la roue A. B. est don
née et que son Arbre est posé horisontalement; si par le centre et la circonfes
rence de cette Rože , on fait
ligne horisontale prolongée de part et
d'autre je dis que cette ligne conpera la circonference de la Rone aux deux points.
requis par les conditions du Problême.
FIG. I. Il est évident que les cordes
qui soutiennent des poids sont toûjours
Verticales , donc la corde A. C. qui soutient le poids P. est perpendiculaire à la -
ligne horizontale. B.
Ayant supposé le diametre du Tambour ;
égal au diametre de la Roue , je puis ap pliquer la corde à la circonference de la
Roue , sans rien changer à la proposi
tion.
FIG. II. La Róüe A. B. ayant son
point d'appui sur le pignon D. et au
point S. il s'ensuit necessairement que
l'action du poids P. sera zero sur l'Axe
Ila Vol de
1320 MERCURE DE FRANCE
de la Roüe , puisque la ligne de direction de la corde passe par le point S.
point d'appui de la Roue.
FIG. III. La même Roue A. B. ayant
son point d'appui sur le même Pignon
D. transporté au côté opposé , il s'ensuivra necessairement que l'action du
poids P. ( sur l'Arbre de la Roüe ) sera
du double de sa pesanteur; cela est évident, puisque la ligne S. A. est double
de la ligne S. E. ce qu'il falloit démontrer..
Premier Corolaire.
Il suit évidemment de ce qui vient
d'être démontré , que le Pignon étant
placé dans un point quelconque de la
demi-circonference A. A. l'action du poids.
sur l'Axe E. sera toûjours moindre que
sa pesanteur absoluë.
Au contraire le Pignon étant placé
dans un point quelconque de la demi- cir
conference opposée , l'action du poids sur
l'Axe E. sera plus grande que sa pesanteur absolue , d'où il suit encore qu'on
doit toûjours faire passer la corde entre
l'Axe du Pignon et celui de la Roüe , et
perpendiculairement à un plan qui passeroit par les deux Axes. Cette disposition de la corde est si avantageuse, qu'on
doit la mettre en usage , non seulement:
II. Vol. dans.
JUIN. 1732 1327
Fig.10.
€
E
Fig.2.
B
B E
Fig.3.
B
E
A
A
dans les Horloges et les pendules à poids,.. mais encore dans toutes les Machines à
II. Vol.
roles
322 MERCURE DE FRANCE
roües et à poids , excepté celles qui n'ont
qu'un ressort simple , enfermé dans un barillet , comme sont les Pendules à ressort
Deuxième Corolaire.
Il suit encore que l'Axe de la Roue sera
plus ou moins chargé par le poids , suivant le diametre du Cilindre ; desorte
que la corde passant entre les deux Axes ,
celui de la grande Roue sera toûjours
chargé d'une quantité plus petite que la
totalité du poids au contraire , en fai
sant passer la corde du côté opposé , l'Axe
de la Roüe sera toûjours chargé d'une
plus grande quantité que la totalité du
poids.
Comme dans l'Horloge horisontale les
'Axes des Roues sont dans la situation requise par le Problême , il s'ensuivra necessairement que le frottement sur les
Pivots des grandes Roues , sera moins
grand qu'en toute autre position. Cette´
circonstance seule est plus que suffisante
pour rendre la nouvelle construction ab
solument préferable à l'ancienne ; car il
ya de grosses Horloges dont chaque
poids est de mille à douze cens livres
pesant , plus ou moins , selon leur grosseur; il est aisé de s'imaginer que de tels
poids doivent produire de grands frotte1. Vol. mens
JUIN. 1732 13238
mens , et parconsequent une usure continuelle , laquelle détruisant sans cesse
les rapports des engrenages des grandes
Roues d'avec les Roues moyennes , oblige
à des réparations fréquentes , comme de
faire remonter les grandes Roües en rebouchant les troux de leurs Pivots.
de
L'Horloge horisontale ne sera nulle
ment sujette aux réparations que je viens
remarquer , on pourra même l'incliner de quelques degrez, afin que les poids
dirigeant toujours les grandes Roues vers
les Roues moyennes , ils rétablissent sans
cesse l'usure causée par le frottement des
dents des grandes Roües.
Par ce qui vient d'être dit , on doit remarquer que la nouvelle Horloge étant
moins sujette à l'usure, il en coûtera moins
pour l'entretien ; par exemple , si une
Horloge ordinaire coûte par an cent liv.
d'entretien , celle-·cy: n'en coûtera pas -
cinquante:
J'ajoûterai encore qu'elle sera incom--
parablement plus aisée à nettoyer , à cause qu'on pourra démonter les Routes les
unes après les autres ; au lieu que dans
l'ordinaire on est obligé de déplacer trois
Roues et le Montant tout à la fois ; on
est encore obligé de soutenir toutes ces
Pieces avec la main , et dans le même
11. Vol. -temps
1324 MERCURE DE FRANCE
temps , ce qui est assez difficile sur tout
pour les grandes Horloges dont les premieres Roües seules avec leurs fusées , pe
sent quelquefois jusqu'à deux cens livres
desorte qu'il faut plusieurs hommes pour
en démonter une.
Remarques.
La solution du Problême est exactement vraye dans le cas où le Pignon est
dans un repos absolu , mais lorsqu'il tourne , le frottement diminue sur l'Axe de
là Roue , à mesure que la vitesse du Piè
gnon est augmentée.
Comme cette circonstance ne touche
aucun des avantages réunis dans la position horisontale , j'ai négligé d'y avoir
égard dans la résolution du Problême ,
afin de le simplifier ; cependant je croi
qu'il est à propos de mettre sous les yeux
la question dont il s'agit , quoiqu'elle ne
soit ici que de pure curiosité.
10. Je suppose que la résistance du
Pignon est zero , et que le poids qui le
fait tourner au moyen de la Rouie , tombe aussi vite qu'il le feroit , s'il tomboit
dans l'air libre.
2°. Je suppose qu'un poids tombant
dans l'air libre , a une vitesse uniforme
et que cette vitesse est égale à celle du
5
II. Vol son ,
JUIN. 1732. 1325
son, laquelle parcourt environ 90. toises
par seconde.
39, Je suppose que le Pignon appliqué
à la Roue de sonnerie fait un tour en
deux secondes, et que le même Pignon
appliqué au mouvement, fait son tour en un demi quart d'heure.
par
En place des differentes résistances que
le Pignon oppose à être mû , je substi
tuerai la suite les espaces parcourus
par le poids , il est évident que cette substitution ne changera rien à l'état de la
proposition.
Or si le poids appliqué à la Roiie de
sonnerie parcourt trois pouces en deux
secondes , et si tombant dans l'air libreil parcourt dans le même temps 180..
toises , on aura par le calcul 30 égal à la
diminution du frottement sur l'Axe de
la Roue de sonnerie.
Si le poids appliqué à la Roue du
mouvement , parcourt trois pouces en
un demi quart d'heure , tombant dans
l'air libre , il parcourra dans le même
temps 13500. toises , ce qui donnera par
le calcul 972200 égal à la diminution du
frottement sur la Roue du mouvement.
3
Comme il est évidemment très-avantageux de faire les Horloges aux quarts ,
suivant la nouvelle construction , j'ai crû
11. Vol qu'il
326 MERCURE DE FRANCE
2 qu'il étoit inutile d'en faire un article
separé , à cause qu'il est très-aisé de s’imaginer que pour faire une Horloge aux
quarts , suivant la construction horisontale , il ne faut que le seul Chassis inferieur d'une Horloge aux quarts , mais un
peu plus grand que dans la construction
ordinaire , et placer toutes les Roües dessus , comme dans l'Horloge simple, D'ail
leurs ceux qui souhaiteront avoir des instructions plus particulieres ou faire faire
de ces sortes d'Ouvrages , pourront en
voir un Modele , ( rue Bribouché ) chez
M. Roussel , qui est très habile Horloger er generalement versé dans tout ce
qui concerne les Horloges dont je viens
de parler.
grosses Horloges , non- seulement plus simples que celles que l'on a faites jusqu'à
present, mais encore d'un meilleur usage
et à meilleur marché. Memoire la à la
Societé des Arts le 23. Mars dernier,
par M.Julien le Roy, Horloger du Roy.
et de la même Societé.
Q
Uand on s'applique à considerer une
Machine à dessein de la perfectionner , il n'est guere en notre pouvoir de
nous former des idées pour réussir dans
le projet et dans l'execution , et cela à
cause que nous ne pouvons nous repré- senter les idées que nous n'avons jamais II. Vol. euës
JUIN. 1732. 1313
eues ; au contraire , il est très- aisé de nous
rappeller celles dont nous avons déja eu
la connoissance ; de- là vient qu'il est si
aisé de copier la plupart des Machines
et qu'il est si difficile et si rare d'en inventer de nouvelles..
>
Si notre imagination et nos lumieres
ne peuvent pas toûjours nous fournir des
idées neuves et de quelque usage , et que
ce soit presque toûjours le hazard qui
nous les fasse appercevoir , on ne doit
point être surpris si les progrès des Arts
sont si lents , puisque ces mêmes progrès
sont le plus souvent l'ouvrage du hazard,
que la refléxion met en œuvre. Cette nouvelle construction est un exemple sensible de ce que je viens d'avancer , elle est
si simple et si avantageuse , qu'on doit
être surpris qu'elle ait échappé à tant
d'habiles Horlogers qui ont travaillé et
médité avant moi sur cette matiere.
proQuoiqu'il soit aisé d'appercevoir tous
les avantages qui se trouvent réunis
par la nouvelle maniere , je ne la
poserai qu'après avoir donné une description en abregé de celle qui est en usage afin qu'on soit en état de les comparer l'une avec l'autre , et de juger laquelle
mérite la préference.
>
II. Vol. C v Des-
1314 MERCURE DE FRANCE
Description en abregé d'une grosse Horloge
telle que celle de l'Hôtel de Ville ou de
S. Paul, de Paris.
Le Corps de l'Horloge est composé
d'une Cage qui contient huit Roiies ,
quatre pour le Mouvement , et quatre
pour la Sonnerie, il y a de plus la Détente , la Bascule , la Verge des Palettes et
le Volant.
Les Roues duMouvement sont la grande Roue , la Roue du Remontoir , la
Roie moyenne et la Roiie de rencontre.
Les Roues de la sonnerie sont la grande
Roiie , celle du Remontoir , la Roue
moyenne ou de Cercle , et la Roue de
Compte.
La Bascule est faite à peu près comme
le fleau d'une balance , elle sert à élever
un Marteau plus ou moins gros , selon
la cloche sur laquelle il doit frapper.
La Détente est composée de son Arbre
et de trois branches , dont la premiere se
nommePied de- Biche , à cause qu'elle est
brisée par le bout , une cheville attachée
à la croisée de la grande Roue du Mouvement sert à lever le Pied- de- Biche à
toutes les heures pour faire sonner l'Hor
loge.
La deuxième branche se nomme le Coq ;
II. Vol son
JUIN. 1732.
*
1315
son usage est d'arrêter la sonnerie immé--
diatementaprès que les heures ont sonné.
La troisiéme branche dont le bout est
formé en crochet , s'appelle Compteur ,
elle s'appuye sur la Roue de Compte , à
la circonference de laquelle il y a des entailles distantes les unes des autres , suivant les nombres naturels 1.2.3.jusqu'à 12.
Tant que le Compteur s'appuye sur la circonference de la Roue de Compte, l'Horloge continuë de sonner jusqu'à ce que
ce même Compteur soit entré dans l'une des douze entailles de ladite Roüe. Je ne
décrirai point les Pignons ou Lenternes ,
parce que leur usage est assez connu.
La Cage est composée de onze pieces ;
sçavoir , de quatre Pilliers , de deux Chas
sis , l'un superieur et l'autre inferieur ,
lesquels je nommerai dans la suite ( Pa
rallelogramme rectangle , ) et de cinq"
Montans. Chaque Chassis ou Rectangle
a une mortoise ou entaillé à chacun de
ses Angles propres pour recevoir d'autres mortoises ou entailles , faites auxi
extremitez de chaque Pillier ; desorte
que les Pilliers s'enclavent dans les deux
Rectangles , au moyen de quatre clavettes
qui servent à serrer le Rectangle superieur contre les Pilliers. Au milieu de
chaque Rectangle est placée une traverse
14 Volo Cvj. qui
1316 MERCURE DE FRANCE
qui sert à affermir le Montant du milieu.
Deux autres Montans sont placez au
milieu des petits côtez des Rectangles ;
desorte que ces trois Montans sont placez
sur la même ligne et vis-à- vis les úns des
autres leur usage , est de soutenir les
Roues de la sonnerie et celles du Mouvêment.
Le quatriéme Montant est placé sur
l'un des deux grands côtez des Rectangles ; son usage est de soutenir la Roue de
Compte et le Pignon qui la fait tourner.
La Verge des Palettes est soutenuë par
deux Coqs , à une distance convenable
de la Roue de rencontre ; l'un de ces
Coqs soutient aussi la Verge du Pendule.
Le cinquiéme Montant est opposé au
Montant qui porte la Roue de Compte ;
son usage est de porter la Roue de Cadran et l'Etoile qui doit la faire tourner.
Je finis cette Description par le Volant,
c'est un Arbre qui porte un Pignon à
l'un de ses bouts , et à l'autre il y a un
Pivot qui débordé le Montant du côté
de la sonnerie ; sur ce Pivot tournent
deux Palettes de taule , lesquelles sont
plus ou moins grandes , suivant qu'on
veut faire sonner l'Horloge plus vite ou
plus lentement.
"
II. Vol. Now-
JUIN. 1732. 13177
Nouvelle construction de grosses Horloges ,
dans lesquelles tous les Arbres des Roues.
sont placez sur un Rectangle posé hori- sontalement.
Pour distinguer les deux constructions,
je nommerai celle qui est en usage , Horloge Verticale , à cause que les Roiies y
sont placées entre des plans verticaux , et
la nouvelle horisontale , à cause , que ses
Roues sont placées sur un Parallelograme rectangle , posé horisontalement.
En posant toutes les Roües sur un Rec--
tangle , de onze pieces , dont la Cage est
composée dans la construction ordinaire,
j'en supprime dix , et je ne retiens que le
Rectangle inferieur , que je fais un peu
plus grand , en donnant seulement plus
de longueur aux deux petits côtez ; ce
Rectangle , quoique plus grand , sera plus
aisé à faire que dans la construction verticale , parce qu'on le fera toûjours de
quatre pieces , sans que pour cela il en
soit moins solide. Il n'en est pas de même dans la construction ordinaire , car
on est obligé de faire ce Rectangle d'une
seule piece , afin de lui donner toute la
solidité qu'il doit avoir. Les dix Pieces
supprimées par la nouvelle construction,
sont les quatre Pilliers , les cinq Montans,
11. Vol. Je
1218 MERCURE DEFRANCE
le Cercle ou Chassis superieur , toutes ces
pieces sont non-seulement difficiles à faire
par elles-mêmes , mais encore difficiles à
ajuster pour les faire cadrer avec solidité
et précision , les unes avec les autres.
Outre la suppression des pieces dont
je viens de parler , il y a encore une diminution d'ouvrage assez considerable
dans les Chappes des Remontoirs et dans
les Coqs qui soutiennent la verge des
palettes ; desorte que dans l'Horloge ho
risontale composée de roues de même
grandeur, il y aura environ un tiers moins
d'ouvrages que dans le Vertical ; d'où il §
s'ensuit que le premier ne coûtera que
deux mille livres , lorsque le dernier en couteroit trois.
ཏི
Non-seulement la nouvelle Horloge
est plus simple, mais encoreelle est meil
leure et de plus longue durée que l'an
cienne, à cause que les frottemens y sont considerablement diminuez , et c'est ce
que jespere démontrer par le Problêmequi suit, et que j'appliquerai à la nouvelle construction.
Problême de Mécanique.
Une rone étant donnée avec son tambour
on Cilindre de même diametre , dont l'Arbre sera posé horisontalement, trouver deux
M. Vola points
JUIN. 17320 1373
points à la circonference de la roue , ausquels on・puisse placer un pignon , de telle
sorte que dans l'un l'action d'un poids ap
pliqué au cilindre par le moyen d'une cor- de soit zero sur l'arbre de la roue ,
et
dans l'autre que l'action de ce même poids
soit double de sa pesanteur sur le même
arbre.
.
passer une
Je suppose que la roue A. B. est don
née et que son Arbre est posé horisontalement; si par le centre et la circonfes
rence de cette Rože , on fait
ligne horisontale prolongée de part et
d'autre je dis que cette ligne conpera la circonference de la Rone aux deux points.
requis par les conditions du Problême.
FIG. I. Il est évident que les cordes
qui soutiennent des poids sont toûjours
Verticales , donc la corde A. C. qui soutient le poids P. est perpendiculaire à la -
ligne horizontale. B.
Ayant supposé le diametre du Tambour ;
égal au diametre de la Roue , je puis ap pliquer la corde à la circonference de la
Roue , sans rien changer à la proposi
tion.
FIG. II. La Róüe A. B. ayant son
point d'appui sur le pignon D. et au
point S. il s'ensuit necessairement que
l'action du poids P. sera zero sur l'Axe
Ila Vol de
1320 MERCURE DE FRANCE
de la Roüe , puisque la ligne de direction de la corde passe par le point S.
point d'appui de la Roue.
FIG. III. La même Roue A. B. ayant
son point d'appui sur le même Pignon
D. transporté au côté opposé , il s'ensuivra necessairement que l'action du
poids P. ( sur l'Arbre de la Roüe ) sera
du double de sa pesanteur; cela est évident, puisque la ligne S. A. est double
de la ligne S. E. ce qu'il falloit démontrer..
Premier Corolaire.
Il suit évidemment de ce qui vient
d'être démontré , que le Pignon étant
placé dans un point quelconque de la
demi-circonference A. A. l'action du poids.
sur l'Axe E. sera toûjours moindre que
sa pesanteur absoluë.
Au contraire le Pignon étant placé
dans un point quelconque de la demi- cir
conference opposée , l'action du poids sur
l'Axe E. sera plus grande que sa pesanteur absolue , d'où il suit encore qu'on
doit toûjours faire passer la corde entre
l'Axe du Pignon et celui de la Roüe , et
perpendiculairement à un plan qui passeroit par les deux Axes. Cette disposition de la corde est si avantageuse, qu'on
doit la mettre en usage , non seulement:
II. Vol. dans.
JUIN. 1732 1327
Fig.10.
€
E
Fig.2.
B
B E
Fig.3.
B
E
A
A
dans les Horloges et les pendules à poids,.. mais encore dans toutes les Machines à
II. Vol.
roles
322 MERCURE DE FRANCE
roües et à poids , excepté celles qui n'ont
qu'un ressort simple , enfermé dans un barillet , comme sont les Pendules à ressort
Deuxième Corolaire.
Il suit encore que l'Axe de la Roue sera
plus ou moins chargé par le poids , suivant le diametre du Cilindre ; desorte
que la corde passant entre les deux Axes ,
celui de la grande Roue sera toûjours
chargé d'une quantité plus petite que la
totalité du poids au contraire , en fai
sant passer la corde du côté opposé , l'Axe
de la Roüe sera toûjours chargé d'une
plus grande quantité que la totalité du
poids.
Comme dans l'Horloge horisontale les
'Axes des Roues sont dans la situation requise par le Problême , il s'ensuivra necessairement que le frottement sur les
Pivots des grandes Roues , sera moins
grand qu'en toute autre position. Cette´
circonstance seule est plus que suffisante
pour rendre la nouvelle construction ab
solument préferable à l'ancienne ; car il
ya de grosses Horloges dont chaque
poids est de mille à douze cens livres
pesant , plus ou moins , selon leur grosseur; il est aisé de s'imaginer que de tels
poids doivent produire de grands frotte1. Vol. mens
JUIN. 1732 13238
mens , et parconsequent une usure continuelle , laquelle détruisant sans cesse
les rapports des engrenages des grandes
Roues d'avec les Roues moyennes , oblige
à des réparations fréquentes , comme de
faire remonter les grandes Roües en rebouchant les troux de leurs Pivots.
de
L'Horloge horisontale ne sera nulle
ment sujette aux réparations que je viens
remarquer , on pourra même l'incliner de quelques degrez, afin que les poids
dirigeant toujours les grandes Roues vers
les Roues moyennes , ils rétablissent sans
cesse l'usure causée par le frottement des
dents des grandes Roües.
Par ce qui vient d'être dit , on doit remarquer que la nouvelle Horloge étant
moins sujette à l'usure, il en coûtera moins
pour l'entretien ; par exemple , si une
Horloge ordinaire coûte par an cent liv.
d'entretien , celle-·cy: n'en coûtera pas -
cinquante:
J'ajoûterai encore qu'elle sera incom--
parablement plus aisée à nettoyer , à cause qu'on pourra démonter les Routes les
unes après les autres ; au lieu que dans
l'ordinaire on est obligé de déplacer trois
Roues et le Montant tout à la fois ; on
est encore obligé de soutenir toutes ces
Pieces avec la main , et dans le même
11. Vol. -temps
1324 MERCURE DE FRANCE
temps , ce qui est assez difficile sur tout
pour les grandes Horloges dont les premieres Roües seules avec leurs fusées , pe
sent quelquefois jusqu'à deux cens livres
desorte qu'il faut plusieurs hommes pour
en démonter une.
Remarques.
La solution du Problême est exactement vraye dans le cas où le Pignon est
dans un repos absolu , mais lorsqu'il tourne , le frottement diminue sur l'Axe de
là Roue , à mesure que la vitesse du Piè
gnon est augmentée.
Comme cette circonstance ne touche
aucun des avantages réunis dans la position horisontale , j'ai négligé d'y avoir
égard dans la résolution du Problême ,
afin de le simplifier ; cependant je croi
qu'il est à propos de mettre sous les yeux
la question dont il s'agit , quoiqu'elle ne
soit ici que de pure curiosité.
10. Je suppose que la résistance du
Pignon est zero , et que le poids qui le
fait tourner au moyen de la Rouie , tombe aussi vite qu'il le feroit , s'il tomboit
dans l'air libre.
2°. Je suppose qu'un poids tombant
dans l'air libre , a une vitesse uniforme
et que cette vitesse est égale à celle du
5
II. Vol son ,
JUIN. 1732. 1325
son, laquelle parcourt environ 90. toises
par seconde.
39, Je suppose que le Pignon appliqué
à la Roue de sonnerie fait un tour en
deux secondes, et que le même Pignon
appliqué au mouvement, fait son tour en un demi quart d'heure.
par
En place des differentes résistances que
le Pignon oppose à être mû , je substi
tuerai la suite les espaces parcourus
par le poids , il est évident que cette substitution ne changera rien à l'état de la
proposition.
Or si le poids appliqué à la Roiie de
sonnerie parcourt trois pouces en deux
secondes , et si tombant dans l'air libreil parcourt dans le même temps 180..
toises , on aura par le calcul 30 égal à la
diminution du frottement sur l'Axe de
la Roue de sonnerie.
Si le poids appliqué à la Roue du
mouvement , parcourt trois pouces en
un demi quart d'heure , tombant dans
l'air libre , il parcourra dans le même
temps 13500. toises , ce qui donnera par
le calcul 972200 égal à la diminution du
frottement sur la Roue du mouvement.
3
Comme il est évidemment très-avantageux de faire les Horloges aux quarts ,
suivant la nouvelle construction , j'ai crû
11. Vol qu'il
326 MERCURE DE FRANCE
2 qu'il étoit inutile d'en faire un article
separé , à cause qu'il est très-aisé de s’imaginer que pour faire une Horloge aux
quarts , suivant la construction horisontale , il ne faut que le seul Chassis inferieur d'une Horloge aux quarts , mais un
peu plus grand que dans la construction
ordinaire , et placer toutes les Roües dessus , comme dans l'Horloge simple, D'ail
leurs ceux qui souhaiteront avoir des instructions plus particulieres ou faire faire
de ces sortes d'Ouvrages , pourront en
voir un Modele , ( rue Bribouché ) chez
M. Roussel , qui est très habile Horloger er generalement versé dans tout ce
qui concerne les Horloges dont je viens
de parler.
Fermer
Résumé : NOUVELLE Maniere de construire de grosses Horloges, non-seulement plus simples que celles que l'on a faites jusqu'à present, mais encore d'un meilleur usage et à meilleur marché. Memoire lû à la Société des Arts le 29. Mars dernier, par M. Julien le Roy, Horloger du Roy et de la même soiciété.
M. Julien le Roy, horloger du Roi et membre de la Société des Arts, propose une nouvelle méthode de construction des grandes horloges, plus simple, efficace et économique que les précédentes. Il souligne la difficulté d'innovation dans les arts mécaniques, souvent due au manque d'imagination et à la dépendance au hasard. Les grandes horloges traditionnelles, comme celles de l'Hôtel de Ville ou de Saint-Paul à Paris, sont composées de huit roues (quatre pour le mouvement et quatre pour la sonnerie) et divers mécanismes tels que la bascule, la détente, la verge des palettes et le volant. La nouvelle méthode, appelée 'horloge horizontale', simplifie cette structure en supprimant dix des onze pièces de la cage traditionnelle, ne conservant que le rectangle inférieur. Cette simplification réduit les frottements et l'usure, augmentant ainsi la durée de vie de l'horloge et diminuant les coûts d'entretien. La disposition horizontale des roues minimise les forces de frottement, comme démontré par un problème de mécanique. L'horloge horizontale est également plus facile à démonter et à nettoyer, facilitant les réparations et l'entretien. Le Roy affirme que cette nouvelle méthode est préférable à l'ancienne, tant en termes de coût que de durabilité. L'auteur reconnaît avoir simplifié le problème en négligeant certains avantages de la position horizontale. Il présente plusieurs hypothèses pour résoudre ce problème : la résistance du pignon est nulle, un poids tombant dans l'air libre a une vitesse uniforme de 90 toises par seconde, et le pignon appliqué à la roue de sonnerie fait un tour en deux secondes, tandis que celui appliqué au mouvement fait un tour en un demi-quart d'heure. Il substitue les différentes résistances du pignon par les espaces parcourus par le poids, ce qui ne change pas l'état de la proposition. Il calcule la diminution du frottement sur l'axe de la roue de sonnerie et sur la roue du mouvement. Il conclut qu'il est avantageux de construire des horloges aux quarts selon la nouvelle méthode horizontale et fournit des informations sur où obtenir des instructions ou des modèles de ces horloges.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
6
p. 1390-1395
LETTRE écrite de Sens le 10. Mai 1732. à l'occasion d'une grosse Horloge nouvellement construite dans cette Ville.
Début :
Je serai charmé, Monsieur, si je puis satisfaire votre curiosité [...]
Mots clefs :
Horloge, Sens, M. le Faucheur, Pilastre, Cage, Cadran
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Sens le 10. Mai 1732. à l'occasion d'une grosse Horloge nouvellement construite dans cette Ville.
LETTRE écrite de Sens le ro. Mai
1732 à l'occafion d'une grosse Horloge
nouvellement construite dans cette Ville.
E serai charmé , "Monsieur , si je puis:
satisfaire votre curiosité , en vous donnant une simple idée de notre nouvelleHorloge de Sens , et si vous trouvez du
raport avec ce qu'on vous en a.dejà dit ;
* je ne doute point que vous ne continuïez
d'admirer ce bel Ouvrage , dont le merite consiste plus dans une juste proportion de toutes les parties , et dans une
soigneuse recherche de l'Art , pour la
perfection et la durée d'une Horloge de
clocher , que dans une multiplicité de
machines , qui sont ou doivent être regardées comme étrangeres à l'horlogerie.
L'auteur ( M. le Faucheur , Maître
Horloger de Paris , rue de la Verrerie au
Roi de France ) s'est principalement at
taché , dans sa composition , à pouvoir
satisfaire les personnes les plus difficiles
à l'égard de la mesure du tems , qui est ,
selon moi , tout ce qu'on doit exiger ; elle
marque le tems vrai , et le tems moyen
par son grand cadran qui orne toute la
fate du portail de notre Eglise Cathe
dr ale.
11. Koh L'Hor
JUIN. 1732. 1393
L'Horloge a été placée à la fin de l'année derniere dans le même lieu qu'étoit
l'ancienne la cage est tres- propre , chaque pilastre est orné d'une base et
d'un chapiteau d'Architecture
:
-
avec و
un vase au dessus. Les roues sont
aussi de cuivre , et tres fortes , bien
écrouées , tournées et polies sur leurs arbres , dont les pivots , pignons et lanternes sont d'acier , tournés , finis et finis et po
lis avec tout le soin possible , pour éviter les frotemens et pour donner une
plus grande facilité à toutes les piéces de mouvoir.
- L'échapement , aussi bon qu'ingénieux,
est à rocher , composé de deux leviers ,
chacun sur une verge, ou arbre different,
faisant un angle d'environ 45. degrez ;.
ces deux leviers ou palettes , qui portent
près de 5. pouces et demi de longueur ,
agissent l'un après l'autre par le moyen
de deux portions de roues qui engren
nent l'une dans l'autre ; l'arbre d'un de.
ces leviers porte la fourchette ; la longueur du Pendule est de plus de six pieds
et la lentille pese environ 30. livres ,.
avec une suspension tres solide et naturelle , sans que l'on ressente de dureté
dans les vibrations ; cet échapement est
tres-doux et marche avec tres-peu de
II. Vol. poids3
1393 MERCURE DE FRANCE
poids ; la piéce va également avec différentes pesanteurs , c'est- à- dire , depuis 14.
livres jusqu'à plus de 100. Je puis l'assurer, en ayant vu faire l'expérience dans
le tems que M. le Faucheur la regioit
ce qui est une preuve évidente que les
frottemens ne produiront aucune varia
tion par la régularité de celle- cy ; puisque differentes forces ne produisent au
cun effet sur le Pendule.
Le mouvement peut aller plus de 100 heures sans le remonter ; il conduit 4
Cadrans à la fois dont le principal est
éloigné de 150. pieds au moins ; et quoique les conduites fassent beaucoup d'équerre ou angle , excepté celles de naissance ; il n'y a ni roues ni molertes , afin
d'éviter le jeu qu'elles donneroient à l'Eguille par leur multiplication ; ce sont
deux demi Cercles rivez sur les Tringles
qui portent dans leur section les Pivots
d'une Croix , et qui tournent à chaque
Angle , sans prendre aucun jeu ; ce qu'on
ne peut pas éviter avec les engrenages.
Le grand Cadran est curieux par sa
construction nouvelle et solide , par sa
grandeur et par ses effets ; il est de treize
pieds et demi de diamettre ; les heures:
sont d'une composition d'Email- et de
Fayence , en 12 cartouches et 12. autres
LI. Vol. petits
JUIN.. 1732. 1397
petits pour les demies ; les chiffres sont
bleus sur fond blanc et portent près de
30. pouces ; chaque Cartouche est armé -
de fer et retenu par des vis et des écrous dés
tout le reste est à jour rempli d'ornemens
de Serrurerie et Fleurons de Cuivre doré;
le fond du milieu est de même matiere
pour résister aux injures du temps. On
peint dessus un Paysage et des Montagnes en lointain , au-dessus desquelles
paroît la Lune , qui a 2. pieds de diamétre et marque ses differentes faces , et son
quantiéme , avec beaucoup de régularité,
faisant sa révolution en 29. jours et demi
45. minutes.
Au- dessous de ce grand Cadran , entre
les deux Tours , il y a une grande Ro--
sette , et de chaque côté deux especes de
Vitraux , dans lesquels on a fait au milieu une ouverture perpendiculaire d'en
viron 13. à 14. pieds de hauteur , sur
4. pouces de largeur pour passer un arbre de fer , qui porte un Soleil de Cuivre
doré, lequel parcourant dans une année
cette ouverture , marque d'un côté à chaque jour,l'heure qu'il se leve et se couche,
et de l'autre côté Equation de l'Horloge ; c'est- à- dire , les avances ou retards.
que fait chaque jour le Soleil en passant par le Meridien ; ce qui fait la
II. Vol. diffe
1394 MERCURE DE FRANCE
difference du temps vrai et du temps
moyen; la quadrature qui fait mouvoir tout
cela est très-curieuse ; ce sont deux grands
Leviers de fer qui portent d'un bout une
portion de Cercle , et de l'autre bout une
Poulie de Métail , qui , en appuyant sur
une Courbe fixée à la grande Roüe an-.
nuelle , donne chaque jour les variations
solaires pour l'Equation d'un côté , et le
lever et le coucher de l'autre. Cette Roue
annuelle a 4 pieds 2. pouces de diamétre.
les Mois et les Signes sont marquez sur son
Cercle , divisez par quantiéme et par degrez ; ainsi on peut voir dans quel Signe
entre le Soleil et à quel degré de hauteur il est chaque jour.
Afin de soulager le Mouvement de
l'Horloge dans la conduite de ces differentes Machines , il y a un Rouleau sur
F'arbre de la roue annuelle , avec un poids
qui fait marcher toute la quadrature et les
conduites , ainsi le Mouvement n'a aucune peine et va avec très - peu de poids:-
car avec 60. livres moufflées , il a marché
très- régulierement pendant quatre mois,
quoiqu'il menât toutes les conduites des
Cadrans et la quadrature de la Lune ,
qui est fort pesante ; enfin il faut avoüer
que tout est bien ajusté et bien libre , il
y a plusieurs grandes Poulies jointes aux II. Vol. Leviers
JUIN. 17321 1393
Leviers dont je ne vous parle point , pour
abreger.
Je puis dire,à la loüange de M* Baudry,
notre Maire de Ville , et de Mr ses Col
legues , que nous verrons peu de leur
successeurs, chercher avec autant de soin,
les commoditez et l'embellissement de la
Ville qu'ils l'ont fait dans cette occasion ,
sans qu'il en coûte rien au public. Je suis,
Monsieur , &c.
1732 à l'occafion d'une grosse Horloge
nouvellement construite dans cette Ville.
E serai charmé , "Monsieur , si je puis:
satisfaire votre curiosité , en vous donnant une simple idée de notre nouvelleHorloge de Sens , et si vous trouvez du
raport avec ce qu'on vous en a.dejà dit ;
* je ne doute point que vous ne continuïez
d'admirer ce bel Ouvrage , dont le merite consiste plus dans une juste proportion de toutes les parties , et dans une
soigneuse recherche de l'Art , pour la
perfection et la durée d'une Horloge de
clocher , que dans une multiplicité de
machines , qui sont ou doivent être regardées comme étrangeres à l'horlogerie.
L'auteur ( M. le Faucheur , Maître
Horloger de Paris , rue de la Verrerie au
Roi de France ) s'est principalement at
taché , dans sa composition , à pouvoir
satisfaire les personnes les plus difficiles
à l'égard de la mesure du tems , qui est ,
selon moi , tout ce qu'on doit exiger ; elle
marque le tems vrai , et le tems moyen
par son grand cadran qui orne toute la
fate du portail de notre Eglise Cathe
dr ale.
11. Koh L'Hor
JUIN. 1732. 1393
L'Horloge a été placée à la fin de l'année derniere dans le même lieu qu'étoit
l'ancienne la cage est tres- propre , chaque pilastre est orné d'une base et
d'un chapiteau d'Architecture
:
-
avec و
un vase au dessus. Les roues sont
aussi de cuivre , et tres fortes , bien
écrouées , tournées et polies sur leurs arbres , dont les pivots , pignons et lanternes sont d'acier , tournés , finis et finis et po
lis avec tout le soin possible , pour éviter les frotemens et pour donner une
plus grande facilité à toutes les piéces de mouvoir.
- L'échapement , aussi bon qu'ingénieux,
est à rocher , composé de deux leviers ,
chacun sur une verge, ou arbre different,
faisant un angle d'environ 45. degrez ;.
ces deux leviers ou palettes , qui portent
près de 5. pouces et demi de longueur ,
agissent l'un après l'autre par le moyen
de deux portions de roues qui engren
nent l'une dans l'autre ; l'arbre d'un de.
ces leviers porte la fourchette ; la longueur du Pendule est de plus de six pieds
et la lentille pese environ 30. livres ,.
avec une suspension tres solide et naturelle , sans que l'on ressente de dureté
dans les vibrations ; cet échapement est
tres-doux et marche avec tres-peu de
II. Vol. poids3
1393 MERCURE DE FRANCE
poids ; la piéce va également avec différentes pesanteurs , c'est- à- dire , depuis 14.
livres jusqu'à plus de 100. Je puis l'assurer, en ayant vu faire l'expérience dans
le tems que M. le Faucheur la regioit
ce qui est une preuve évidente que les
frottemens ne produiront aucune varia
tion par la régularité de celle- cy ; puisque differentes forces ne produisent au
cun effet sur le Pendule.
Le mouvement peut aller plus de 100 heures sans le remonter ; il conduit 4
Cadrans à la fois dont le principal est
éloigné de 150. pieds au moins ; et quoique les conduites fassent beaucoup d'équerre ou angle , excepté celles de naissance ; il n'y a ni roues ni molertes , afin
d'éviter le jeu qu'elles donneroient à l'Eguille par leur multiplication ; ce sont
deux demi Cercles rivez sur les Tringles
qui portent dans leur section les Pivots
d'une Croix , et qui tournent à chaque
Angle , sans prendre aucun jeu ; ce qu'on
ne peut pas éviter avec les engrenages.
Le grand Cadran est curieux par sa
construction nouvelle et solide , par sa
grandeur et par ses effets ; il est de treize
pieds et demi de diamettre ; les heures:
sont d'une composition d'Email- et de
Fayence , en 12 cartouches et 12. autres
LI. Vol. petits
JUIN.. 1732. 1397
petits pour les demies ; les chiffres sont
bleus sur fond blanc et portent près de
30. pouces ; chaque Cartouche est armé -
de fer et retenu par des vis et des écrous dés
tout le reste est à jour rempli d'ornemens
de Serrurerie et Fleurons de Cuivre doré;
le fond du milieu est de même matiere
pour résister aux injures du temps. On
peint dessus un Paysage et des Montagnes en lointain , au-dessus desquelles
paroît la Lune , qui a 2. pieds de diamétre et marque ses differentes faces , et son
quantiéme , avec beaucoup de régularité,
faisant sa révolution en 29. jours et demi
45. minutes.
Au- dessous de ce grand Cadran , entre
les deux Tours , il y a une grande Ro--
sette , et de chaque côté deux especes de
Vitraux , dans lesquels on a fait au milieu une ouverture perpendiculaire d'en
viron 13. à 14. pieds de hauteur , sur
4. pouces de largeur pour passer un arbre de fer , qui porte un Soleil de Cuivre
doré, lequel parcourant dans une année
cette ouverture , marque d'un côté à chaque jour,l'heure qu'il se leve et se couche,
et de l'autre côté Equation de l'Horloge ; c'est- à- dire , les avances ou retards.
que fait chaque jour le Soleil en passant par le Meridien ; ce qui fait la
II. Vol. diffe
1394 MERCURE DE FRANCE
difference du temps vrai et du temps
moyen; la quadrature qui fait mouvoir tout
cela est très-curieuse ; ce sont deux grands
Leviers de fer qui portent d'un bout une
portion de Cercle , et de l'autre bout une
Poulie de Métail , qui , en appuyant sur
une Courbe fixée à la grande Roüe an-.
nuelle , donne chaque jour les variations
solaires pour l'Equation d'un côté , et le
lever et le coucher de l'autre. Cette Roue
annuelle a 4 pieds 2. pouces de diamétre.
les Mois et les Signes sont marquez sur son
Cercle , divisez par quantiéme et par degrez ; ainsi on peut voir dans quel Signe
entre le Soleil et à quel degré de hauteur il est chaque jour.
Afin de soulager le Mouvement de
l'Horloge dans la conduite de ces differentes Machines , il y a un Rouleau sur
F'arbre de la roue annuelle , avec un poids
qui fait marcher toute la quadrature et les
conduites , ainsi le Mouvement n'a aucune peine et va avec très - peu de poids:-
car avec 60. livres moufflées , il a marché
très- régulierement pendant quatre mois,
quoiqu'il menât toutes les conduites des
Cadrans et la quadrature de la Lune ,
qui est fort pesante ; enfin il faut avoüer
que tout est bien ajusté et bien libre , il
y a plusieurs grandes Poulies jointes aux II. Vol. Leviers
JUIN. 17321 1393
Leviers dont je ne vous parle point , pour
abreger.
Je puis dire,à la loüange de M* Baudry,
notre Maire de Ville , et de Mr ses Col
legues , que nous verrons peu de leur
successeurs, chercher avec autant de soin,
les commoditez et l'embellissement de la
Ville qu'ils l'ont fait dans cette occasion ,
sans qu'il en coûte rien au public. Je suis,
Monsieur , &c.
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Résumé : LETTRE écrite de Sens le 10. Mai 1732. à l'occasion d'une grosse Horloge nouvellement construite dans cette Ville.
La lettre du 17 mai 1732 relate la construction d'une nouvelle horloge à Sens, réalisée par M. le Faucheur, Maître Horloger de Paris. Cette horloge se distingue par sa juste proportion des parties et sa recherche de perfection et de durée. Elle indique à la fois le temps vrai et le temps moyen grâce à un grand cadran situé sur le portail de l'église cathédrale. Installée à la fin de l'année précédente, l'horloge remplace une ancienne horloge au même emplacement. La cage de l'horloge est soignée, avec des pilastres ornés de bases et de chapiteaux architecturaux, et des vases au-dessus. Les roues sont en cuivre, robustes et bien polies, avec des pivots, pignons et lanternes en acier pour minimiser les frottements. L'échapement, de type à rocher, est composé de deux leviers agissant l'un après l'autre, assurant une marche douce et régulière. Le pendule mesure plus de six pieds et pèse environ 30 livres, avec une suspension solide et naturelle. L'horloge peut fonctionner plus de 100 heures sans remontage et conduit quatre cadrans simultanément, dont le principal est éloigné de 150 pieds. Le grand cadran, de treize pieds et demi de diamètre, est remarquable par sa construction solide et ses ornements. Il affiche les heures en émail et faïence, avec des chiffres bleus sur fond blanc. Une rosace et des vitraux encadrent un arbre de fer portant un soleil doré, marquant l'heure de lever et de coucher du soleil ainsi que l'équation de l'horloge. La quadrature, composée de deux grands leviers, permet de suivre les variations solaires et la position du soleil dans les signes zodiacaux. Un rouleau avec un poids soulage le mouvement de l'horloge, permettant une marche régulière avec peu de poids. La lettre loue également M. Baudry, le maire de Sens, et ses collègues pour leur soin apporté à l'embellissement de la ville sans coût pour le public.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 2817-2822
OBSERVATION sur l'impossibilité du Mouvement perpetuel.
Début :
Pour produire un Mouvement perptuel il faut une force infinie. [...]
Mots clefs :
Mouvement perpétuel, Force, Machines, Pendule, Action, Expérience, Horloge, Poids, Conserver , Principes des mécaniques
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : OBSERVATION sur l'impossibilité du Mouvement perpetuel.
OBSERVATION sur l'impossibilité
du Mouvement perpetuel.
Our produire um Mouvement perpetuel Poil faut une force infinie.
Je prouverai cette proposition après
avoir marqué quelques suppositions que
je crois nécessaires à mon sujet.
Je suppose , 1. que pour construire un
II. Vol.
Mou.
2818 MERCURE DE FRANCE
>
Mouvement perpetuel , selon l'idée que
tout le monde en a on ne peut se servir des Elemens que dans une action
qu'on leur donne , et non pas dans celle
qu'ils ont naturellement ; par exemple ,
qui mettroit une roüe sur un Fleuve , ou
une voile au vent , n'auroit pas trouvé
pour cela le Mouvement perpetuel ; il faut que ce mouvement vienne de l'industrie des hommes et non pas de la
nature des choses. On voit par là que
le feu n'est pas propre à ce sujet , parce
qu'il exige toûjours une nouvelle maticre à consumer. La Terre n'y peut servir tout au plus que pour soutenir les Machines que l'on pourroit faire à cette
occasion ; il ne reste donc que les corps
solides inanimez , l'eau et l'air , dont il
faut encore exclure les eaux courantes
et les Vents.
2°. Que dans toutes les Machines qu'on
pourroit faire pour conserver le Mouvement , il faut nécessairement qu'une partie fasse mouvoir l'autre , commele Tambour fait mouvoir lePendule, et l'eau chasse l'air d'un Scyphon , &c. car autrement
si aucune partie ne poussoit l'autre , ou
il n'y auroit aucun Mouvement , ou chacune agiroit par sa propre force , et alors
ce Mouvement ne tireroit pas son prin
cipe de l'industrie des hommes.
DECEMBRE. 1732. 2819
39. Que tous les corps tendent naturellement au centre de la terre , et que
pour qu'un corps en puisse éloigner un autre , il faut que celui-là contienne une
plus grande force que celui- ci, parce qu'il
lui faut la force d'élever l'autre et de s'élever lui-même , d'où je conclus qu'on ne
trouvera jamais le Mouvement perpetuel
par deux corps qui agissent réciproquement l'un contre l'autre.
non que
4°. Que force perpetuelle et force infinie , sont une même chose ; car quelle
idée avons- nous d'une force infinie , sic'est une force qui souffrant sans
cesse une dissipation et un écoulement
d'une portion d'elle-même , ne peut ccpendant jamais être epuisée ? mais cette
même idée ne convient- elle pas à la force
perpetuelle , puisque nous comprenons
que dans tous les siecles des siecles avenir on ne sçauroit jamais l'épuiser ?
5°. Que qui dit Mouvement , dit action , donc , qui dit Mouvement perpetuel , dit action perp tuelle.
6°. Que qui dit action' , dit force , donc
qui dit action perpetuelle , dit force perpetuelle ou infinie ; car ce n'est qu'une
même chose. Je vais prouver maintenant que pour construire une Machine dont
quelque partie soit ou puisse être dans
II. Vol.
1820 MERCURE DE FRANCE
un Mouvement perpetuel , il faut qu'elle
renferme une force perpetuelle ou infinie.
Pour produire , dans quelque genre que
ce soit , un Mouvement d'une minute , il
faut un certain degré de force , et pour
en produire un de deux minutes , ou pour
conserver le premier dans la seconde minute , il faut deux degrez de force , ou
une force d'un degré de force renouvellée. Pour un Mouvement de quinze minutes , il faut quinze degrez de force ;
donc pour conserver un Mouvement pen
dant une infinité de minutes , il faudra
une infinité de degrez de force , ou une
force infinie.
L'experience est parfaitement conforme à ce que je viens d'avancer. Ayez une
Horloge à poids , laquelle étant posée à
une certaine hauteur et tirée par un juste
poids de 8. livres , puisse conserver son
Mouvement pendant 24. heures ; si vous
voulez gagner du temps et faire que de
la même hauteur le poids reste deux jours
à descendre , la chose n'est pas difficile ,
et on le peut en trois manieres ; sçavoir ,
en ajoutant une roue moyenne , ou en
allongeant la Verge de Pendule , ou enfin en ajoûtant une ou plusieurs poulies;
mais de quelque biais que vous vous y
preniez , pourvû que vous conserviez
II. Vol. toûjours
DECEMBR E. 1732. 2820
toujours la même Lentille qui est au bout
du Pendule , vous ne ferez jamais mar
cher votre Horloge deux jours , que vous
ne doubliez le poids , et si vous voulez
qu'elle aille 8. jours , il vous faudra de
toute necessité au moins 64. livres pesant;
d'où je conclus que la force doit toujours être proportionnée à la durée du
Mouvement, et que si le Mouvement doit
durer toujours, la force doitagir toujours.
Elle ne le peut si elle n'est ou infinic ou
renouvellée , et ce dernier mot est opposé
à l'idée du Mouvement perpetuel.
l'on
Il est encore certain que si jamais le
Mouvement perpetuel pouvoit se trouver,
ce seroit toujours suivant les principes
des Méchaniques , c'est-à-dire , en employant la force contre la force ; or le
principe universel des Méchaniques ,
prouve également l'impossibilité du Mouvement perpetuel , le voici : ce que
gagne en temps et en espace ,
on le
perd en force et ce que l'on gagne en
force on le perd en temps et en espace :
expliquons ce principe dans le cas de
l'Horloge , et nous tirerons ensuite une
conséquence toute naturelle. Votre Horloge n'alloit qu'un jour et elle en va 8.
vous avez gagné 7. jours de temps , mais
vous avez perdu en force 7. fois la pe- 11. Vol. santeur
2822 MERCURE DE FRANCE
santeur du premier poids , puisqu'au liett
de 8 livres pesant , il en faut 64. De ce
principe je conclus que celui qui voudra
gagner infiniment en temps , perdra infiniment en force , et que le Mouvement
perpetuel ne peut être l'effet que d'une
force infinie ; il est donc absolument impossible , puisque tous les hommes ensemble ne sont pas capables de former
une force infinie.
D'ailleurs les vaines recherches qu'en
ont faites jusques ici tant de personnes
sçavantes , forment une preuve morale
de son impossibilité ; les differens moyens
d'y parvenir qu'on a souvent proposez
et qui ont disparu d'abord après , autorisent mon opinion , et j'ose ici prédire à
tous ceux qui travailleront à le cherher ,
qu'ils perdront immanquablement les uns
leur temps et les autres leur réputation ,
s'ils hazardent sur cette matiere de donner un jour quelque chose au Public, Si
quelqu'un vouloit faire l'honneur de proposer quelque difficulté à l'Auteur de
ces Refléxions il ose promettre d'y
répondre. Il fait son séjour à Villeneuvskez- Avignon. Le 21 Août 1732.
›
B. L. S.
du Mouvement perpetuel.
Our produire um Mouvement perpetuel Poil faut une force infinie.
Je prouverai cette proposition après
avoir marqué quelques suppositions que
je crois nécessaires à mon sujet.
Je suppose , 1. que pour construire un
II. Vol.
Mou.
2818 MERCURE DE FRANCE
>
Mouvement perpetuel , selon l'idée que
tout le monde en a on ne peut se servir des Elemens que dans une action
qu'on leur donne , et non pas dans celle
qu'ils ont naturellement ; par exemple ,
qui mettroit une roüe sur un Fleuve , ou
une voile au vent , n'auroit pas trouvé
pour cela le Mouvement perpetuel ; il faut que ce mouvement vienne de l'industrie des hommes et non pas de la
nature des choses. On voit par là que
le feu n'est pas propre à ce sujet , parce
qu'il exige toûjours une nouvelle maticre à consumer. La Terre n'y peut servir tout au plus que pour soutenir les Machines que l'on pourroit faire à cette
occasion ; il ne reste donc que les corps
solides inanimez , l'eau et l'air , dont il
faut encore exclure les eaux courantes
et les Vents.
2°. Que dans toutes les Machines qu'on
pourroit faire pour conserver le Mouvement , il faut nécessairement qu'une partie fasse mouvoir l'autre , commele Tambour fait mouvoir lePendule, et l'eau chasse l'air d'un Scyphon , &c. car autrement
si aucune partie ne poussoit l'autre , ou
il n'y auroit aucun Mouvement , ou chacune agiroit par sa propre force , et alors
ce Mouvement ne tireroit pas son prin
cipe de l'industrie des hommes.
DECEMBRE. 1732. 2819
39. Que tous les corps tendent naturellement au centre de la terre , et que
pour qu'un corps en puisse éloigner un autre , il faut que celui-là contienne une
plus grande force que celui- ci, parce qu'il
lui faut la force d'élever l'autre et de s'élever lui-même , d'où je conclus qu'on ne
trouvera jamais le Mouvement perpetuel
par deux corps qui agissent réciproquement l'un contre l'autre.
non que
4°. Que force perpetuelle et force infinie , sont une même chose ; car quelle
idée avons- nous d'une force infinie , sic'est une force qui souffrant sans
cesse une dissipation et un écoulement
d'une portion d'elle-même , ne peut ccpendant jamais être epuisée ? mais cette
même idée ne convient- elle pas à la force
perpetuelle , puisque nous comprenons
que dans tous les siecles des siecles avenir on ne sçauroit jamais l'épuiser ?
5°. Que qui dit Mouvement , dit action , donc , qui dit Mouvement perpetuel , dit action perp tuelle.
6°. Que qui dit action' , dit force , donc
qui dit action perpetuelle , dit force perpetuelle ou infinie ; car ce n'est qu'une
même chose. Je vais prouver maintenant que pour construire une Machine dont
quelque partie soit ou puisse être dans
II. Vol.
1820 MERCURE DE FRANCE
un Mouvement perpetuel , il faut qu'elle
renferme une force perpetuelle ou infinie.
Pour produire , dans quelque genre que
ce soit , un Mouvement d'une minute , il
faut un certain degré de force , et pour
en produire un de deux minutes , ou pour
conserver le premier dans la seconde minute , il faut deux degrez de force , ou
une force d'un degré de force renouvellée. Pour un Mouvement de quinze minutes , il faut quinze degrez de force ;
donc pour conserver un Mouvement pen
dant une infinité de minutes , il faudra
une infinité de degrez de force , ou une
force infinie.
L'experience est parfaitement conforme à ce que je viens d'avancer. Ayez une
Horloge à poids , laquelle étant posée à
une certaine hauteur et tirée par un juste
poids de 8. livres , puisse conserver son
Mouvement pendant 24. heures ; si vous
voulez gagner du temps et faire que de
la même hauteur le poids reste deux jours
à descendre , la chose n'est pas difficile ,
et on le peut en trois manieres ; sçavoir ,
en ajoutant une roue moyenne , ou en
allongeant la Verge de Pendule , ou enfin en ajoûtant une ou plusieurs poulies;
mais de quelque biais que vous vous y
preniez , pourvû que vous conserviez
II. Vol. toûjours
DECEMBR E. 1732. 2820
toujours la même Lentille qui est au bout
du Pendule , vous ne ferez jamais mar
cher votre Horloge deux jours , que vous
ne doubliez le poids , et si vous voulez
qu'elle aille 8. jours , il vous faudra de
toute necessité au moins 64. livres pesant;
d'où je conclus que la force doit toujours être proportionnée à la durée du
Mouvement, et que si le Mouvement doit
durer toujours, la force doitagir toujours.
Elle ne le peut si elle n'est ou infinic ou
renouvellée , et ce dernier mot est opposé
à l'idée du Mouvement perpetuel.
l'on
Il est encore certain que si jamais le
Mouvement perpetuel pouvoit se trouver,
ce seroit toujours suivant les principes
des Méchaniques , c'est-à-dire , en employant la force contre la force ; or le
principe universel des Méchaniques ,
prouve également l'impossibilité du Mouvement perpetuel , le voici : ce que
gagne en temps et en espace ,
on le
perd en force et ce que l'on gagne en
force on le perd en temps et en espace :
expliquons ce principe dans le cas de
l'Horloge , et nous tirerons ensuite une
conséquence toute naturelle. Votre Horloge n'alloit qu'un jour et elle en va 8.
vous avez gagné 7. jours de temps , mais
vous avez perdu en force 7. fois la pe- 11. Vol. santeur
2822 MERCURE DE FRANCE
santeur du premier poids , puisqu'au liett
de 8 livres pesant , il en faut 64. De ce
principe je conclus que celui qui voudra
gagner infiniment en temps , perdra infiniment en force , et que le Mouvement
perpetuel ne peut être l'effet que d'une
force infinie ; il est donc absolument impossible , puisque tous les hommes ensemble ne sont pas capables de former
une force infinie.
D'ailleurs les vaines recherches qu'en
ont faites jusques ici tant de personnes
sçavantes , forment une preuve morale
de son impossibilité ; les differens moyens
d'y parvenir qu'on a souvent proposez
et qui ont disparu d'abord après , autorisent mon opinion , et j'ose ici prédire à
tous ceux qui travailleront à le cherher ,
qu'ils perdront immanquablement les uns
leur temps et les autres leur réputation ,
s'ils hazardent sur cette matiere de donner un jour quelque chose au Public, Si
quelqu'un vouloit faire l'honneur de proposer quelque difficulté à l'Auteur de
ces Refléxions il ose promettre d'y
répondre. Il fait son séjour à Villeneuvskez- Avignon. Le 21 Août 1732.
›
B. L. S.
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Résumé : OBSERVATION sur l'impossibilité du Mouvement perpetuel.
Le texte traite de l'impossibilité du mouvement perpétuel. L'auteur affirme que la création d'un tel mouvement requiert une force infinie. Pour appuyer cette thèse, il présente plusieurs arguments. Premièrement, il souligne que la réalisation d'un mouvement perpétuel dépend de l'ingéniosité humaine plutôt que des forces naturelles des éléments. Deuxièmement, dans toute machine conçue pour maintenir un mouvement, une partie doit en actionner une autre. Troisièmement, tous les corps tendent naturellement vers le centre de la Terre, rendant impossible un mouvement perpétuel basé sur l'action réciproque de deux corps. Quatrièmement, une force perpétuelle est équivalente à une force infinie, car elle ne peut jamais être épuisée. Cinquièmement, un mouvement perpétuel implique une action perpétuelle, donc une force perpétuelle ou infinie. Enfin, pour maintenir un mouvement perpétuel, il faut une force infinie, car la durée du mouvement est proportionnelle à la force nécessaire. L'auteur utilise l'exemple d'une horloge à poids pour illustrer son propos. Il montre que pour prolonger la durée du mouvement de l'horloge, il est nécessaire d'augmenter la force appliquée. Il conclut que le mouvement perpétuel est impossible car il nécessiterait une force infinie, que les humains ne peuvent pas produire. Les recherches infructueuses menées jusqu'alors renforcent cette conclusion.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 911-912
AUTRE.
Début :
Je marche sans changer de place, [...]
Mots clefs :
Horloge
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE.
AUTR E.
E marche sans changer de place ,
Et suis sans cesse en mouvement ,
Sans pour cela que je me lasse ,
Et je vais toujours rondement.
Tantôt legere et tantôt plus pesante ,
Suivant que j'ai le corps plus grand ou plus petit;
Il est certains lieux où je chante ,
Ailleurs je marche à petit bruit.
Sans parler je me fais entendre ,
Et fais mouvoir tous les humains ,
D iiij Je
12 MERCURE DE FRANCE
Je les conduis sans jamais les attendre ,
Reglant presque tous leurs desseins.
Partout où je suis je domine ,
Afin de mieux les commander;"
Là , tel par mon ordre chemine ,
Qui bien tôt va se reposer.
Un autre ici se met à table ,
Que je forcerai d'en sortir ;
Pour tel devoir indispensable ,
Dont je le ferai souvenir .
Sujets de l'amoureux Empire ,
Près de vous j'ai mon agrémentt ;
Plus d'un coeur après moi soupire ,
Comme maîtresse du moment
Où son tendre désir aspire ,
Et par la j'ai plus d'un Amant.
Là , c'est un Criminel qui tremble ;
Je puis précipiter son sort.
Un Peuple nombreux qui s'assemble ,
N'attend que moi pour
voir sa mort.
Ma démarche , Lecteur , est imprudente ou sage
Selon que l'on me fait aller ;
Mais c'est à toi de me regler ,
Puisque je suis ton propre ouvrage.
E marche sans changer de place ,
Et suis sans cesse en mouvement ,
Sans pour cela que je me lasse ,
Et je vais toujours rondement.
Tantôt legere et tantôt plus pesante ,
Suivant que j'ai le corps plus grand ou plus petit;
Il est certains lieux où je chante ,
Ailleurs je marche à petit bruit.
Sans parler je me fais entendre ,
Et fais mouvoir tous les humains ,
D iiij Je
12 MERCURE DE FRANCE
Je les conduis sans jamais les attendre ,
Reglant presque tous leurs desseins.
Partout où je suis je domine ,
Afin de mieux les commander;"
Là , tel par mon ordre chemine ,
Qui bien tôt va se reposer.
Un autre ici se met à table ,
Que je forcerai d'en sortir ;
Pour tel devoir indispensable ,
Dont je le ferai souvenir .
Sujets de l'amoureux Empire ,
Près de vous j'ai mon agrémentt ;
Plus d'un coeur après moi soupire ,
Comme maîtresse du moment
Où son tendre désir aspire ,
Et par la j'ai plus d'un Amant.
Là , c'est un Criminel qui tremble ;
Je puis précipiter son sort.
Un Peuple nombreux qui s'assemble ,
N'attend que moi pour
voir sa mort.
Ma démarche , Lecteur , est imprudente ou sage
Selon que l'on me fait aller ;
Mais c'est à toi de me regler ,
Puisque je suis ton propre ouvrage.
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9
p. 1151-1152
« Les Enigmes du mois de May doivent s'expliquer par l'Oye qu'on tire à Paris, [...] »
Début :
Les Enigmes du mois de May doivent s'expliquer par l'Oye qu'on tire à Paris, [...]
Mots clefs :
Oie, Horloge, Remi, Coucou, Porc
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Les Enigmes du mois de May doivent s'expliquer par l'Oye qu'on tire à Paris, [...] »
Les Enigmes du mois de May doivent
s'expliquer par l'Oye qu'on tire à Paris ,
E vj et I. Vol.
1152 MERCURE DE FRANCE
et l'Horloge ; et les Logogryphes par Remi,
qui contient Rime , Mer , Ré , Mi ; et
Coucou , et Porc.
s'expliquer par l'Oye qu'on tire à Paris ,
E vj et I. Vol.
1152 MERCURE DE FRANCE
et l'Horloge ; et les Logogryphes par Remi,
qui contient Rime , Mer , Ré , Mi ; et
Coucou , et Porc.
Fermer