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3101
p. 60-71
LA FAUSSE VALEUR. Par M. l'Abbé Mommenet. Ode qui vient de remporter le prix de Poësie des Jeux Floraux. Quis pacis inennt consilia, cos sequitur gaudium. Prov. 12.
Début :
Princes, qu'une gloire frivole [...]
Mots clefs :
Gloire, Combat, Vertus, Héros, Passions, Désir, Valeurs, Tyran, Honneur
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texteReconnaissance textuelle : LA FAUSSE VALEUR. Par M. l'Abbé Mommenet. Ode qui vient de remporter le prix de Poësie des Jeux Floraux. Quis pacis inennt consilia, cos sequitur gaudium. Prov. 12.
LA FAUSSE VALEUR
Par M. l'Abbé Mommenet.
Ole qui vient de remporter le prix .
de Poelie des Jeux Floraux.
Quipacis ineunt confilia , eos fequi--
tar gaudium: Prov. 12.
PRinces , qu'une gloire
frivole
Anime à chercher les combats ,
Qu'attendez-vous de cette:
Idole ,
Qu'un vain nom aprés le
trépas ?
GALANT.
Ignorez - vous quelles mi
feres
Mars &Bellone fanguinaires
Traînent aprés leurs chars
poudreux ?
Queje vous plains , fi la na
{ sture: V
N'excite en vous aucun
murmure ,
Quand vousfaites des mal
heureux !
#?
Loin du bruit des combats
terribles
Vigilans , au fein du repos ,
Cultivez les vertus paifibles,
62 MERCURE
Elles forment les vraisHe
ros.
Pourquoy faut-il que vôtré
épée
Dans le fang humain ſoit
trempée ,
.
Pour porter le nom de
vainqueur ?
Serez-vous moins couverts
de gloire ,
Si vous remportez la vićtoire
Sur les defirs de vôtre cœur?
Dequel droit ce Grec qu'on
admire.
Enyvré de fes paffions ,
GALANT.
Alla til defoler l'Empire
Des plus tranquilles nations?
Aprés cent combats homil
cides ,
Au gré de ſes defirs avides
C'étoit peu qu'un monde
foûmisdo
Auroit - il manqué d'exercice ,
S'il avoit fçû compter le
vice e
Au nombre de fes ennemis?
Malgré les trompeuſes ma-
.ximes
64 MERCURE
De cent lâches adulateurs ,
Sous de beaux noms les plus
grands crimes
Nous cachent des ufurpa
teurs.
Pleins de l'orgueil qui les
dévore ,
Du couchantjufques à l'aucomb orprore HeronA
On craint ces Rois ambiSortieux
-tieux.
Dans leurs mains gronde le
antonnerre ,
Ce n'eft qu'en ravageant la
terre
Qu'ils ofent s'en croire les
Dieux.
À
GALANT. 65
Adeux Tyrans de leur patrie ,
Soulez du plus beau fang
Romain,
Qui ne fçait que la flaterie
A prodigué le nom d'hu
main ?
Infenfez nous jugeons encore
De ces fantômes qu'elle a
doré
Par un faux éclat qui forz
prend.
Nous admirons fans retenue ,
LeTyran échape à la vûë¸,
May1712.
F.
66 MERCURE
On ne voit que le Conque
ranta
Ainfi de cette ardeur bru
tale
Que n'infpire point le devoir
Nôtreeftime aveugle &fatale
Accredite encor le pouvoir.
Al'afpect des villes enpou
dre ,
Des murs écrafez par la
foudre,
En vain nos yeux font of
frayez.
Victimes d'un honneur bis
zarre
GALANT 67
Nous encenfons la main
barbare
Par qui ces murs font fou
droyez.
Il en eft peu dont la pru
dence
De concertavec labonté
Renferme l'aveugle puif
fance
Dans les bornes de l'équi
τέ;
Qui forcez de prendre les
armes
Pefent & le sag &les larmes
Qu'un triomphe leur va
coûter,
Fij
68 MERCURE.
Et qui retenant leur cou-,
rage ;
Songent à diffiper Forage
Avant qu'onl'entende écla
ter.
Jadis guidé par la fageffe
Salomon, l'amour des mortels , rela
Condamna Forgüeilleufe
yvreffe el ens
A qui nous dreffons dés autels.
Sans s'armer d'un fer redoutable , T
Content de fon cœuréqui
cable,
GALANT. F69
Ses bienfaits étoient fes ex
ploits.
Il fut grand fans être terri↓
ble ,
Et ne ceffa d'être invincible.
Qu'en ceffant d'obferver less
loix.
N'eſt-il plus de ces regnes
calmes
Où les loix fervent de rem
parts?
Oùl'on n'aime à cueillir desi
palmes
Que dans la lice des beaux)
ihearts ; mid s
Qu le commerce & l'abon
dance ,
79 MERCURE
Sources de la magnificen
ce ,
Du citoyen comblent les
vœux ;..
Où la justice revérée
Semble encor du regne:
d'Aftréé
Renouveller le temps heu
reux.
Rends nous cette vie innocente ,
Douce paix , montre à ces
guerriers
Que ton olive bienfaifante
Vaut bien leurs funeftes
lauriers.
GALANT 70:
Fais de la main de ta rivale,
Tomber cette torche fa
tale "
Dont tant de cœurs font
embrafez.
Toy feule en defarmant fa
rage
Effaceras la trifte image f
De tous les maux qu'elle a
caufez....
Par M. l'Abbé Mommenet.
Ole qui vient de remporter le prix .
de Poelie des Jeux Floraux.
Quipacis ineunt confilia , eos fequi--
tar gaudium: Prov. 12.
PRinces , qu'une gloire
frivole
Anime à chercher les combats ,
Qu'attendez-vous de cette:
Idole ,
Qu'un vain nom aprés le
trépas ?
GALANT.
Ignorez - vous quelles mi
feres
Mars &Bellone fanguinaires
Traînent aprés leurs chars
poudreux ?
Queje vous plains , fi la na
{ sture: V
N'excite en vous aucun
murmure ,
Quand vousfaites des mal
heureux !
#?
Loin du bruit des combats
terribles
Vigilans , au fein du repos ,
Cultivez les vertus paifibles,
62 MERCURE
Elles forment les vraisHe
ros.
Pourquoy faut-il que vôtré
épée
Dans le fang humain ſoit
trempée ,
.
Pour porter le nom de
vainqueur ?
Serez-vous moins couverts
de gloire ,
Si vous remportez la vićtoire
Sur les defirs de vôtre cœur?
Dequel droit ce Grec qu'on
admire.
Enyvré de fes paffions ,
GALANT.
Alla til defoler l'Empire
Des plus tranquilles nations?
Aprés cent combats homil
cides ,
Au gré de ſes defirs avides
C'étoit peu qu'un monde
foûmisdo
Auroit - il manqué d'exercice ,
S'il avoit fçû compter le
vice e
Au nombre de fes ennemis?
Malgré les trompeuſes ma-
.ximes
64 MERCURE
De cent lâches adulateurs ,
Sous de beaux noms les plus
grands crimes
Nous cachent des ufurpa
teurs.
Pleins de l'orgueil qui les
dévore ,
Du couchantjufques à l'aucomb orprore HeronA
On craint ces Rois ambiSortieux
-tieux.
Dans leurs mains gronde le
antonnerre ,
Ce n'eft qu'en ravageant la
terre
Qu'ils ofent s'en croire les
Dieux.
À
GALANT. 65
Adeux Tyrans de leur patrie ,
Soulez du plus beau fang
Romain,
Qui ne fçait que la flaterie
A prodigué le nom d'hu
main ?
Infenfez nous jugeons encore
De ces fantômes qu'elle a
doré
Par un faux éclat qui forz
prend.
Nous admirons fans retenue ,
LeTyran échape à la vûë¸,
May1712.
F.
66 MERCURE
On ne voit que le Conque
ranta
Ainfi de cette ardeur bru
tale
Que n'infpire point le devoir
Nôtreeftime aveugle &fatale
Accredite encor le pouvoir.
Al'afpect des villes enpou
dre ,
Des murs écrafez par la
foudre,
En vain nos yeux font of
frayez.
Victimes d'un honneur bis
zarre
GALANT 67
Nous encenfons la main
barbare
Par qui ces murs font fou
droyez.
Il en eft peu dont la pru
dence
De concertavec labonté
Renferme l'aveugle puif
fance
Dans les bornes de l'équi
τέ;
Qui forcez de prendre les
armes
Pefent & le sag &les larmes
Qu'un triomphe leur va
coûter,
Fij
68 MERCURE.
Et qui retenant leur cou-,
rage ;
Songent à diffiper Forage
Avant qu'onl'entende écla
ter.
Jadis guidé par la fageffe
Salomon, l'amour des mortels , rela
Condamna Forgüeilleufe
yvreffe el ens
A qui nous dreffons dés autels.
Sans s'armer d'un fer redoutable , T
Content de fon cœuréqui
cable,
GALANT. F69
Ses bienfaits étoient fes ex
ploits.
Il fut grand fans être terri↓
ble ,
Et ne ceffa d'être invincible.
Qu'en ceffant d'obferver less
loix.
N'eſt-il plus de ces regnes
calmes
Où les loix fervent de rem
parts?
Oùl'on n'aime à cueillir desi
palmes
Que dans la lice des beaux)
ihearts ; mid s
Qu le commerce & l'abon
dance ,
79 MERCURE
Sources de la magnificen
ce ,
Du citoyen comblent les
vœux ;..
Où la justice revérée
Semble encor du regne:
d'Aftréé
Renouveller le temps heu
reux.
Rends nous cette vie innocente ,
Douce paix , montre à ces
guerriers
Que ton olive bienfaifante
Vaut bien leurs funeftes
lauriers.
GALANT 70:
Fais de la main de ta rivale,
Tomber cette torche fa
tale "
Dont tant de cœurs font
embrafez.
Toy feule en defarmant fa
rage
Effaceras la trifte image f
De tous les maux qu'elle a
caufez....
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Résumé : LA FAUSSE VALEUR. Par M. l'Abbé Mommenet. Ode qui vient de remporter le prix de Poësie des Jeux Floraux. Quis pacis inennt consilia, cos sequitur gaudium. Prov. 12.
Le poème 'La fausse valeur' de l'Abbé Mommenet, lauréat du prix de Poésie des Jeux Floraux, critique la quête de gloire frivole à travers les combats et les guerres. Il met en garde contre les conséquences destructrices de ces conflits et souligne que les véritables héros cultivent des vertus pacifiques. Le texte dénonce les tyrans ambitieux qui cherchent à dominer par la force, cachant leurs crimes sous des apparences trompeuses. Il exalte la sagesse et la justice, illustrées par des figures historiques comme Salomon. Le poème appelle à une vie paisible et juste, où la paix et l'abondance prévalent sur les lauriers de la guerre. Il se termine par un appel à la paix, présentée comme supérieure aux triomphes militaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3102
p. 71-73
Errata pour le Memoire des Abeilles du Mercure precedent
Début :
Page 269 ligne 9. metteZ, soient RAK, BL, SCM, &c. [...]
Mots clefs :
Errata, Abeilles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Errata pour le Memoire des Abeilles du Mercure precedent
rrata pour le Memoire des
Abeilles du Mercureprecedent.
Page 269 ligne 19. metteZ,
foient RAK, BL, SEM,
72 MERCURE
མ་
-
Sec. Page 270. ligne 8. mette , qui coupe AR en A,
&6. Page 276. l. 14. étant
1, celui de , &c. Page 27
13. égale à AFG , les . Page
280.1.14, autour de A ,.
E, O. Ligne dern . autour de
B, D , F , puis qu'il. P. 284
LI EA, FG, AG, qui
P.285.. 11 minutes , ou de.
P. 287. 1.9 angles en A,E, F,
&c. chacun de 120 degrez
en. Ligne 13. rayons AB ,
AK, &c. Page 289. 1. prem.
coupant donc les arétes
d'un tuyau quarré. P. 292.
lig. 1. & 2. BCML , EFPQ,
ABLK 2
GALANT. 73
ABLK , DEPN, AFQK,
DCMV , & qui. Lig. 14.
l'exagone RFT de 120 .
Page293. ligne prem, de l'angle TFD lequel. Ligne 3 .
4. l'angle BFT droit ,
& de même FBS. Ainfi.
Ligne 11.65 &R6 Page
297. 1. 8. Dodecaedre , &c.
Page 298, ligne 2. Dodecae
dre.
Abeilles du Mercureprecedent.
Page 269 ligne 19. metteZ,
foient RAK, BL, SEM,
72 MERCURE
མ་
-
Sec. Page 270. ligne 8. mette , qui coupe AR en A,
&6. Page 276. l. 14. étant
1, celui de , &c. Page 27
13. égale à AFG , les . Page
280.1.14, autour de A ,.
E, O. Ligne dern . autour de
B, D , F , puis qu'il. P. 284
LI EA, FG, AG, qui
P.285.. 11 minutes , ou de.
P. 287. 1.9 angles en A,E, F,
&c. chacun de 120 degrez
en. Ligne 13. rayons AB ,
AK, &c. Page 289. 1. prem.
coupant donc les arétes
d'un tuyau quarré. P. 292.
lig. 1. & 2. BCML , EFPQ,
ABLK 2
GALANT. 73
ABLK , DEPN, AFQK,
DCMV , & qui. Lig. 14.
l'exagone RFT de 120 .
Page293. ligne prem, de l'angle TFD lequel. Ligne 3 .
4. l'angle BFT droit ,
& de même FBS. Ainfi.
Ligne 11.65 &R6 Page
297. 1. 8. Dodecaedre , &c.
Page 298, ligne 2. Dodecae
dre.
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Résumé : Errata pour le Memoire des Abeilles du Mercure precedent
Le texte fournit des instructions et des références pour un mémoire sur les abeilles, mentionnant des figures géométriques comme des triangles, des hexagones et des dodécaèdres. Il cite des pages et lignes spécifiques, telles que la page 269 ligne 19 et la page 298 ligne 2. Des angles de 120 degrés et des rayons comme AB et AK sont également mentionnés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3103
p. 73-78
DONS DU ROY,
Début :
Le Roy a donné l'Abbaye de saint Paul, Ordre des [...]
Mots clefs :
Dons, Abbayes, Diocèses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DONS DU ROY,
9750
DONS DU ROY,
Le Roy a donné l'Abbaye de faint Paul , Ordre
des Premonftrez, Dioceſe
deVerdun , à M. de Meaux.
May1712.
G
74 MERCURE
Cet Ordre tire fon origine
de celui de faint Benoît ,
qui fut fondé par l'Evêque
Alberon l'an 1136. qui leur
donna pour premier Abbé
Roger auquel fucceda
Theodoric , fils du Comte
de Salmes , l'ana141
L'Abbaye de fainte Croix
de Bordeaux , Ordre de S.
Benoît , à M. l'Abbé de Beringham. Cette Abbaye a
été fondée par Clovis. Elle
étoit autrefois hors des
murs de la ville: ob oved
SoL'Abbaye de faint Mange, Ordre defaint Auguf
GALANT.
75
tin , Dioceſe de Châlons
à M. l'Abbé du Cambout.
L'Abbaye de ChambreFontaine , Ordre des Premonftrez Diocele de
Meaux , à M. l'Abbe de
Brancas.
91790
L'Abbaye d'Herivaut
Ordre de faint Auguftin,
Dioceſe de Paris, à M. l'Abbé des Champs.
L'Abbaye de la Prée
Ordre de Cîteaux, Dioceſe
de Bourges , à M. l'Abbé
2
de Valory.
sb moa
L'Abbaye de faint ¡ Sever , Ordre de fajin Benoît
-U!
la
Gij
76 MERCURE
Dioceſe de Tarbes , à M.
l'Abbé du Caſteja.
- L'Abbaye de Landtteveneek , Ordre de faint Benoît , Dioceſe de Quimper,
à M. l'Abbé d'Argentrée.
Cette Abbaye eft la plus
ancienne de l'Ordre , elle a
étéfondée par Grallon Roy
de Bretagne.
L'Abbaye de Fontaines ,
Ordre de Citeaux , Dioceſe 2.
de Tours à M. l'Abbé de
Baudry. On a donné le
nom de Fontaines à cette
Abbaye , à caufe de plufieurs fontaines qui font
GALANT.
77
aux environs. Ce lieu étoit
rempli de bois.
L'Abbaye du Tronchet ,
Ordre de faint Benoift ,
Dioceſe de Dol , à M. l'Abbéde Vaugenois. Cette Abbaye eft fituée dans la baſſe
Bretagne. Alan , Senechal
de Dol , la fit bâtir l'an 1150.
L'Abbaye de la Vanvaux, Dioceſe de Vannes ,
à M. l'Abbé de Vauluyre.
L'Abbaye du Rivet , Or
dre de Cîteaux , Diocefe de
Vaft, à DomJean Benoist
Bernardin.
L'Abbaye de fainte Croix
G iij
78 MERCURE
d'Apt , Ordre de Cîteaux ,
à Madame de Marnay de
la Baftie
DONS DU ROY,
Le Roy a donné l'Abbaye de faint Paul , Ordre
des Premonftrez, Dioceſe
deVerdun , à M. de Meaux.
May1712.
G
74 MERCURE
Cet Ordre tire fon origine
de celui de faint Benoît ,
qui fut fondé par l'Evêque
Alberon l'an 1136. qui leur
donna pour premier Abbé
Roger auquel fucceda
Theodoric , fils du Comte
de Salmes , l'ana141
L'Abbaye de fainte Croix
de Bordeaux , Ordre de S.
Benoît , à M. l'Abbé de Beringham. Cette Abbaye a
été fondée par Clovis. Elle
étoit autrefois hors des
murs de la ville: ob oved
SoL'Abbaye de faint Mange, Ordre defaint Auguf
GALANT.
75
tin , Dioceſe de Châlons
à M. l'Abbé du Cambout.
L'Abbaye de ChambreFontaine , Ordre des Premonftrez Diocele de
Meaux , à M. l'Abbe de
Brancas.
91790
L'Abbaye d'Herivaut
Ordre de faint Auguftin,
Dioceſe de Paris, à M. l'Abbé des Champs.
L'Abbaye de la Prée
Ordre de Cîteaux, Dioceſe
de Bourges , à M. l'Abbé
2
de Valory.
sb moa
L'Abbaye de faint ¡ Sever , Ordre de fajin Benoît
-U!
la
Gij
76 MERCURE
Dioceſe de Tarbes , à M.
l'Abbé du Caſteja.
- L'Abbaye de Landtteveneek , Ordre de faint Benoît , Dioceſe de Quimper,
à M. l'Abbé d'Argentrée.
Cette Abbaye eft la plus
ancienne de l'Ordre , elle a
étéfondée par Grallon Roy
de Bretagne.
L'Abbaye de Fontaines ,
Ordre de Citeaux , Dioceſe 2.
de Tours à M. l'Abbé de
Baudry. On a donné le
nom de Fontaines à cette
Abbaye , à caufe de plufieurs fontaines qui font
GALANT.
77
aux environs. Ce lieu étoit
rempli de bois.
L'Abbaye du Tronchet ,
Ordre de faint Benoift ,
Dioceſe de Dol , à M. l'Abbéde Vaugenois. Cette Abbaye eft fituée dans la baſſe
Bretagne. Alan , Senechal
de Dol , la fit bâtir l'an 1150.
L'Abbaye de la Vanvaux, Dioceſe de Vannes ,
à M. l'Abbé de Vauluyre.
L'Abbaye du Rivet , Or
dre de Cîteaux , Diocefe de
Vaft, à DomJean Benoist
Bernardin.
L'Abbaye de fainte Croix
G iij
78 MERCURE
d'Apt , Ordre de Cîteaux ,
à Madame de Marnay de
la Baftie
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Résumé : DONS DU ROY,
En mai 1712, le roi a fait plusieurs dons d'abbayes à divers dignitaires. L'abbaye de Saint-Paul, de l'Ordre des Prémontrés, située dans le diocèse de Verdun, a été donnée à M. de Meaux. L'Ordre des Prémontrés, fondé en 1136 par l'évêque Alberon, a eu Roger comme premier abbé, suivi par Théodoric. L'abbaye de Sainte-Croix de Bordeaux, de l'Ordre de Saint Benoît, fondée par Clovis, a été attribuée à M. l'Abbé de Beringham. L'abbaye de Saint-Mange, de l'Ordre de Saint Augustin, dans le diocèse de Châlons, a été donnée à M. l'Abbé du Cambout. L'abbaye de Chambrefontaine, de l'Ordre des Prémontrés, dans le diocèse de Meaux, a été attribuée à M. l'Abbé de Brancas. L'abbaye d'Herivaut, de l'Ordre de Saint Augustin, dans le diocèse de Paris, a été donnée à M. l'Abbé des Champs. L'abbaye de la Prée, de l'Ordre de Cîteaux, dans le diocèse de Bourges, a été attribuée à M. l'Abbé de Valory. L'abbaye de Saint-Sever, de l'Ordre de Saint Benoît, dans le diocèse de Tarbes, a été donnée à M. l'Abbé du Casteja. L'abbaye de Landtévénec, la plus ancienne de l'Ordre de Saint Benoît, dans le diocèse de Quimper, fondée par Grallon, roi de Bretagne, a été attribuée à M. l'Abbé d'Argentrée. L'abbaye de Fontaines, de l'Ordre de Cîteaux, dans le diocèse de Tours, a été donnée à M. l'Abbé de Baudry. L'abbaye du Tronchet, de l'Ordre de Saint Benoît, dans le diocèse de Dol, fondée en 1150 par Alan, sénéchal de Dol, a été attribuée à M. l'Abbé de Vaugenois. L'abbaye de Vanvaux, dans le diocèse de Vannes, a été donnée à M. l'Abbé de Vauluyre. L'abbaye du Rivet, de l'Ordre de Cîteaux, dans le diocèse de Vast, a été attribuée à Dom Jean Benoist Bernardin. Enfin, l'abbaye de Sainte-Croix d'Apt, de l'Ordre de Cîteaux, a été donnée à Madame de Marnay de la Bastie.
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3104
p. 78-87
« Messire Pierre Rogier du Crevy, nommé au mois d'Avril à l'Evêché [...] »
Début :
Messire Pierre Rogier du Crevy, nommé au mois d'Avril à l'Evêché [...]
Mots clefs :
Famille, Rogier, Bretagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Messire Pierre Rogier du Crevy, nommé au mois d'Avril à l'Evêché [...] »
Meffire Pierre Rogier
du Crevy, nommé au mois
d'Avril àl'Evêché du Mans,
eft d'une ancienne Maiſon
de Bretagne , qui prouve
fa nobleffe de plus de fix
cent ans. 11It y avoit trois
branches de cette Maiſon :
Rogier de Villeneuve , Rogier du Crevy , & Rogier
de Calac. La derniere fut
éteinte en 1630. par la mort
de Meffire Jean Rogier de
GALANT 79
Callac , Confeiller au Parlement , mort fans enfans.
La premiere fe trouve é
teinte en 1675. par la mort
de Meffire Eugene Rogier,
Comte de Villeneuve,Marquis de Kerveno , Baron de
Baud , &c. Prevôt & Grand
Maître des Ceremonies de
l'Ordre du Saint Efprit, qui
avoit époulé Anne de Gailleul, fille du Comtede Gailleul , niece & heritiere de
Meffire Pierre de Bourneuf
de Cucé , premier Prefi
dent du Parlement de Bretagne aprés fon pere , fon
1+
G iiij
80 MERCURE
ayeul & fon bifayeul , revêtus de la même Charge.
La feconde, branche fub.
fifte dans trois enfans de
Meffire François Rogier
du Crevy , Confeiller au
Parlement de Bretagne,
L'aîné s'appelle FrançoisEugene Rogier , Comte du
Crevy , de Villeneuve , &
de la Chapelle. Le fecond,
Pierre Rogier,nomméEvê
que du Mans, aprés avoir
été grand Archidiacre de
Rennes , enfuite Doyen &
grand Vicaire de Nantes,
En troifiéme lieu, leur four
GALANT.-
}
mariée en premieres noces
à feu Monfieur le Marquis
de Genonville du Pleffier ,
Gentilhomme de Picardie
trés- qualifié , dont elle a eu
une fille unique , mariée à
Monfieur de la Faluere ,
Prefident à Mortier au Parlement de Bretagne , fils de
Monfieur de la Faluere,premier Prefident du même
Parlement : en fecondes noces à Meffire Salomon de
la Tulaye , d'une ancienne
nobleffe de Bretagne, Procureur General dans la
Chambre des Comptes de
82 MERCURE
cette Province. Depuis l'u
nion de la Bretagne avec la
France , il fe trouve plufieurs Confeillers , deux
Procureurs Generaux , &
deux Prefidens à Mortier
du nom de Rogier dans ce
Parlement, où les meilleures Maiſons n'ont pas fait
difficulté d'entrer.
Avant l'union de la Bretagne avec la Couronne de
France , les Rogiers ſe font
diftinguez parmi les plus
nobles de leur Province,
par les fervices qu'ils ont
rendus à leurs Souverains.
GALANT. 83
Il fe trouve en 1200. un Vi
ce-Chancelier de Bretagne
Jean Rogier , dont le fils
fut grand Chambellan , lè
petit-fils grand Maître des
Arbalettiers, qui répond au
Colonel general de l'infanterie ; plufieurs Miniftres
4
d'Etat , qu'on nommoit
alors Confeillers au Haut
Confeil , des Ducs , des Of
ficiers generaux d'armée.
Un Pierre Rogier eft marqué dans l'hiftoire de de
Serres entre les plus illuftres prifonniers dans la bataille de Verneuil , du re-
84 MERCURE
gne de Charles feptiéme ;
& le vœu qu'il fit alors de
fonder une Meffe à perpetuité dans l'Eglife des Carmes de Ploërmel , ville fituée à une lieuë du Crevy,
y eft executé encore aujourd'hui par le Seigneur du
Crevy , château confiderable érigé en Comté , annexé à celui de Villeneuve ,
dont une partie de cette
ville Royale releve.
Cette famille eft alliée à
de grandes Maiſons , aux
Comtes de Poitou , Vicomtes de Limoges & de
GALANT. 83
Comminges, aux Seigneurs
de Derval , de Lanniou
d'Avaugour , de Coaiquin,
de Tintenniac , de Canillac , de Rafilly , Defcartes ,
Ferrand , de Lambilly , de
Meneuf, dont il y a prefentement un Prefident à
Mortier au Parlement de
Bretagne , Ferré de la Villéblanc , de Villeblanche
du Halgouet , Foucault
Bonnier , dont il y en a trois
Prefidens à Mortier au Parlement de Bretagne , de la
Grandville , &c. Cette Mar
fonporte pour armes, d'her-
86 MERCURE
mines au greflier de fable
lié de gueules. Le Seigneur
Comte du Crevy a épouſé
en premieres noces Catherine Salieu de Chefdubois ,
fille d'un Confeiller au Parlement , dont il a un fils
Capitaine de cavalerie au
regiment d'Orleans , âgéde
vingt ans, qui s'eft mis dans
le fervice à treize ans ; &
en fecondes noces Therefe
Champion de Cicé , fœur
de l'Evêque de Siam & de
la feue Marquife de Martel , veuve du Marquis de
Martel , Lieutenat general
GALANT.. 87
des armées navales de fa
Majefté, qui ont l'honneur
d'être alliées aux Maifons
de Betune , de Lhoſpital ,
de Monteffon , &c.
du Crevy, nommé au mois
d'Avril àl'Evêché du Mans,
eft d'une ancienne Maiſon
de Bretagne , qui prouve
fa nobleffe de plus de fix
cent ans. 11It y avoit trois
branches de cette Maiſon :
Rogier de Villeneuve , Rogier du Crevy , & Rogier
de Calac. La derniere fut
éteinte en 1630. par la mort
de Meffire Jean Rogier de
GALANT 79
Callac , Confeiller au Parlement , mort fans enfans.
La premiere fe trouve é
teinte en 1675. par la mort
de Meffire Eugene Rogier,
Comte de Villeneuve,Marquis de Kerveno , Baron de
Baud , &c. Prevôt & Grand
Maître des Ceremonies de
l'Ordre du Saint Efprit, qui
avoit époulé Anne de Gailleul, fille du Comtede Gailleul , niece & heritiere de
Meffire Pierre de Bourneuf
de Cucé , premier Prefi
dent du Parlement de Bretagne aprés fon pere , fon
1+
G iiij
80 MERCURE
ayeul & fon bifayeul , revêtus de la même Charge.
La feconde, branche fub.
fifte dans trois enfans de
Meffire François Rogier
du Crevy , Confeiller au
Parlement de Bretagne,
L'aîné s'appelle FrançoisEugene Rogier , Comte du
Crevy , de Villeneuve , &
de la Chapelle. Le fecond,
Pierre Rogier,nomméEvê
que du Mans, aprés avoir
été grand Archidiacre de
Rennes , enfuite Doyen &
grand Vicaire de Nantes,
En troifiéme lieu, leur four
GALANT.-
}
mariée en premieres noces
à feu Monfieur le Marquis
de Genonville du Pleffier ,
Gentilhomme de Picardie
trés- qualifié , dont elle a eu
une fille unique , mariée à
Monfieur de la Faluere ,
Prefident à Mortier au Parlement de Bretagne , fils de
Monfieur de la Faluere,premier Prefident du même
Parlement : en fecondes noces à Meffire Salomon de
la Tulaye , d'une ancienne
nobleffe de Bretagne, Procureur General dans la
Chambre des Comptes de
82 MERCURE
cette Province. Depuis l'u
nion de la Bretagne avec la
France , il fe trouve plufieurs Confeillers , deux
Procureurs Generaux , &
deux Prefidens à Mortier
du nom de Rogier dans ce
Parlement, où les meilleures Maiſons n'ont pas fait
difficulté d'entrer.
Avant l'union de la Bretagne avec la Couronne de
France , les Rogiers ſe font
diftinguez parmi les plus
nobles de leur Province,
par les fervices qu'ils ont
rendus à leurs Souverains.
GALANT. 83
Il fe trouve en 1200. un Vi
ce-Chancelier de Bretagne
Jean Rogier , dont le fils
fut grand Chambellan , lè
petit-fils grand Maître des
Arbalettiers, qui répond au
Colonel general de l'infanterie ; plufieurs Miniftres
4
d'Etat , qu'on nommoit
alors Confeillers au Haut
Confeil , des Ducs , des Of
ficiers generaux d'armée.
Un Pierre Rogier eft marqué dans l'hiftoire de de
Serres entre les plus illuftres prifonniers dans la bataille de Verneuil , du re-
84 MERCURE
gne de Charles feptiéme ;
& le vœu qu'il fit alors de
fonder une Meffe à perpetuité dans l'Eglife des Carmes de Ploërmel , ville fituée à une lieuë du Crevy,
y eft executé encore aujourd'hui par le Seigneur du
Crevy , château confiderable érigé en Comté , annexé à celui de Villeneuve ,
dont une partie de cette
ville Royale releve.
Cette famille eft alliée à
de grandes Maiſons , aux
Comtes de Poitou , Vicomtes de Limoges & de
GALANT. 83
Comminges, aux Seigneurs
de Derval , de Lanniou
d'Avaugour , de Coaiquin,
de Tintenniac , de Canillac , de Rafilly , Defcartes ,
Ferrand , de Lambilly , de
Meneuf, dont il y a prefentement un Prefident à
Mortier au Parlement de
Bretagne , Ferré de la Villéblanc , de Villeblanche
du Halgouet , Foucault
Bonnier , dont il y en a trois
Prefidens à Mortier au Parlement de Bretagne , de la
Grandville , &c. Cette Mar
fonporte pour armes, d'her-
86 MERCURE
mines au greflier de fable
lié de gueules. Le Seigneur
Comte du Crevy a épouſé
en premieres noces Catherine Salieu de Chefdubois ,
fille d'un Confeiller au Parlement , dont il a un fils
Capitaine de cavalerie au
regiment d'Orleans , âgéde
vingt ans, qui s'eft mis dans
le fervice à treize ans ; &
en fecondes noces Therefe
Champion de Cicé , fœur
de l'Evêque de Siam & de
la feue Marquife de Martel , veuve du Marquis de
Martel , Lieutenat general
GALANT.. 87
des armées navales de fa
Majefté, qui ont l'honneur
d'être alliées aux Maifons
de Betune , de Lhoſpital ,
de Monteffon , &c.
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Résumé : « Messire Pierre Rogier du Crevy, nommé au mois d'Avril à l'Evêché [...] »
Le texte présente la famille Rogier, une maison noble bretonne dont la noblesse est attestée depuis plus de six cents ans. La famille se divise en trois branches : Rogier de Villeneuve, Rogier du Crevy et Rogier de Callac. La branche de Callac s'est éteinte en 1630 avec la mort de Jean Rogier de Callac. La branche de Villeneuve a disparu en 1675 avec la mort d'Eugène Rogier, Comte de Villeneuve. La branche de Crevy subsiste avec trois enfants de François Rogier du Crevy, conseiller au Parlement de Bretagne. L'aîné est François-Eugène Rogier, Comte du Crevy. Le second est Pierre Rogier, nommé évêque du Mans après avoir été grand archidiacre de Rennes, doyen et grand vicaire de Nantes. La troisième enfant a été mariée successivement au Marquis de Genonville du Pleffier et à Salomon de la Tulaye. Avant l'union de la Bretagne avec la France, les Rogier se distinguent par leurs services rendus à leurs souverains. La famille compte parmi ses membres un vice-chancelier de Bretagne en 1200, plusieurs ministres d'État, et des officiers généraux. Pierre Rogier est mentionné comme un prisonnier illustre à la bataille de Verneuil. La famille est alliée à de grandes maisons nobles, dont les Comtes de Poitou et les Vicomtes de Limoges. Le Seigneur Comte du Crevy a épousé Catherine Salieu de Chefdubois et Thérèse Champion de Cicé, toutes deux issues de familles nobles.
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3105
p. 87-88
Parodie de l'Engime du Mercure dernier.
Début :
Chevelure je suis souvent entrelassée [...]
Mots clefs :
Parodie, Chevelure, Peigne, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Parodie de l'Engime du Mercure dernier.
Parodie de l'Enigme duMercure dernier.
CHevelure je fuis ſouvent entrelaffée
Avant qu'un peigne m'ait
88 MERCURE
de cent pointes percée ,
Avant quele fer & le feu
Me gênant à leur tour
M'ayent miſe en état de
bien fervir l'amour.
La tête , lieu de ma naif-
.... fance ,
N'eft point par humains
habité,
Pourtant on y raiſonne , on
yrêve , on y penfe.
Pourquoy donc n'ai-je pas
cette proprieté ?
CHevelure je fuis ſouvent entrelaffée
Avant qu'un peigne m'ait
88 MERCURE
de cent pointes percée ,
Avant quele fer & le feu
Me gênant à leur tour
M'ayent miſe en état de
bien fervir l'amour.
La tête , lieu de ma naif-
.... fance ,
N'eft point par humains
habité,
Pourtant on y raiſonne , on
yrêve , on y penfe.
Pourquoy donc n'ai-je pas
cette proprieté ?
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3106
p. 89
Noms de ceux qui ont deviné la Chevelure.
Début :
Loüis le chauve; Marion la mal peignée; feu Madame Voyelle, [...]
Mots clefs :
Chevelure, Noms
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Noms de ceux qui ont deviné la Chevelure.
oms de ceux qui ont deviné
la Chevelure..
Louis le chauve ;, Marion
la mal peignée ; feu Madame Voyelle , & feu Monfieur Diphtongue J. c'eft
pour eux qu'on fonne ; Je
me démêle , l'Abbé ratier ;
la belle Perruquiere.
la Chevelure..
Louis le chauve ;, Marion
la mal peignée ; feu Madame Voyelle , & feu Monfieur Diphtongue J. c'eft
pour eux qu'on fonne ; Je
me démêle , l'Abbé ratier ;
la belle Perruquiere.
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3107
p. 89-92
ENVOY. Par M. Severe.
Début :
Vôtre Enigme à deux mots, [...]
Mots clefs :
Chevelure, Sépulcre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENVOY. Par M. Severe.
EN VOY.
Par M. Severe.
Votre Enigme à deux mots,
May 1712.
H
90 MERCURE
Mercure , ne vaut rien ;
Je la relis , je la reluque ,
Je vois qu'à Chevelure elle
convient fort bien :
Mais elle peut auffi convenir à
perruque.
A l'égard de l'Enigme
lugubre qui eft donnée
dans le même mois , elle a
un défaut tout oppofé ; car
au lieu d'avoir deux mots
je crois qu'elle n'en a point
du tout.
Mercure trouve que
Monfieur Severe peut
}
GALANT. *91
avoir raiſon ; car le mot
de Sepulcre ne convient
à cette Enigme que
parce qu'il n'y en a point
de plus convenable.
*********
Par M. Severe.
Votre Enigme à deux mots,
May 1712.
H
90 MERCURE
Mercure , ne vaut rien ;
Je la relis , je la reluque ,
Je vois qu'à Chevelure elle
convient fort bien :
Mais elle peut auffi convenir à
perruque.
A l'égard de l'Enigme
lugubre qui eft donnée
dans le même mois , elle a
un défaut tout oppofé ; car
au lieu d'avoir deux mots
je crois qu'elle n'en a point
du tout.
Mercure trouve que
Monfieur Severe peut
}
GALANT. *91
avoir raiſon ; car le mot
de Sepulcre ne convient
à cette Enigme que
parce qu'il n'y en a point
de plus convenable.
*********
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Résumé : ENVOY. Par M. Severe.
En mai 1712, M. Severe analyse deux énigmes dans 'EN VOY.' Il juge 'Mercure' inapproprié pour la première énigme, préférant 'Chevelure' ou 'perruque.' La seconde énigme, qualifiée de 'lugubre,' ne respecte pas la condition de contenir deux mots. Mercure suggère 'Sepulcre' pour la seconde énigme, mais reste insatisfait.
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3108
p. 91-94
ENIGME nouvelle.
Début :
Si mâle ou femelle je suis, [...]
Mots clefs :
Anneau ou bague
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME nouvelle.
ENIGME
nouvelle.
1
S1 måle ou femelle je
fuis,
Ceft ce qu'affirmer je ne
puis.
Simple , fans ornement
Hij
92 MERCURE
d'un nom male onm'appelle:
Mais orné richement je
porte un nom femelle.
Commej'aiplus d'un nom,
j'ai bien plus d'un
employ ;
Male on me voit porter
fous moy
Une espece de longue mante i
Femelle legere glißante
Je m'égarefouvent , quel
quefois je me perds
GALANT 93
Ermåle fervant une Retne,,
Uneadorable Souveraine,
Je porte&fais porter fes
fers.
Femelle étant l'objet de
2 maint Seigneur &
Prince;
Chacun d'eux me difpute
ainfi qu'une Province vincentova :
Enpublic le victorieux
De m'avoir et tout glocontio- rieux on t
Enfecret fille vertuenfe
94 MERCURE
De m'avoir eft toute hon
teuſe.
nouvelle.
1
S1 måle ou femelle je
fuis,
Ceft ce qu'affirmer je ne
puis.
Simple , fans ornement
Hij
92 MERCURE
d'un nom male onm'appelle:
Mais orné richement je
porte un nom femelle.
Commej'aiplus d'un nom,
j'ai bien plus d'un
employ ;
Male on me voit porter
fous moy
Une espece de longue mante i
Femelle legere glißante
Je m'égarefouvent , quel
quefois je me perds
GALANT 93
Ermåle fervant une Retne,,
Uneadorable Souveraine,
Je porte&fais porter fes
fers.
Femelle étant l'objet de
2 maint Seigneur &
Prince;
Chacun d'eux me difpute
ainfi qu'une Province vincentova :
Enpublic le victorieux
De m'avoir et tout glocontio- rieux on t
Enfecret fille vertuenfe
94 MERCURE
De m'avoir eft toute hon
teuſe.
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3109
p. 94-96
Questions, [titre d'après la table]
Début :
Comme on m'a envoyé beaucoup de réponses aux questions [...]
Mots clefs :
Questions, Taille, Repas, Amour et haine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Questions, [titre d'après la table]
Comme on m'a envoyébeaucoup de réponfes aux queftions de ce
mois-ci , dont j'ai mis
les meilleures en un autre endroit de ce Mercure,j'ai crû qu'on m'en
envoyeroit encor pour
le mois prochain fur les
mêmes , que je redonne pour ce mois- ci ; non
par pareffe d'en trou
GALANT. 95· ༡༨
ver d'autres , ce n'eft
pas un grand travail :
mais parce qu'il faut au
moins deux mois pour
donner le loifir aux anonymes des Provinces de
les compoſer , & de les
·
envoyer.
Premiere Question.
Si l'on doit preferer
dans un repas les grands
verres aux petits.
96 MERCURE
Seconde question.
Si l'on peut haïr ce
qu'on a une fois bien aimé.
Troifiéme Question.
S'il eft plus avantageux à un homme dêtre d'une grande taille
que d'une petite
mois-ci , dont j'ai mis
les meilleures en un autre endroit de ce Mercure,j'ai crû qu'on m'en
envoyeroit encor pour
le mois prochain fur les
mêmes , que je redonne pour ce mois- ci ; non
par pareffe d'en trou
GALANT. 95· ༡༨
ver d'autres , ce n'eft
pas un grand travail :
mais parce qu'il faut au
moins deux mois pour
donner le loifir aux anonymes des Provinces de
les compoſer , & de les
·
envoyer.
Premiere Question.
Si l'on doit preferer
dans un repas les grands
verres aux petits.
96 MERCURE
Seconde question.
Si l'on peut haïr ce
qu'on a une fois bien aimé.
Troifiéme Question.
S'il eft plus avantageux à un homme dêtre d'une grande taille
que d'une petite
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Résumé : Questions, [titre d'après la table]
Le texte discute des réponses reçues pour des questions publiées dans 'Mercure'. Les meilleures réponses sont compilées dans la même publication. L'auteur réitère les questions pour le mois suivant, notant que le processus prend au moins deux mois pour permettre aux provinciaux anonymes de répondre. Les questions concernent les verres lors des repas, la haine après l'amour et les avantages de la taille d'un homme.
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3110
p. 104-107
Traduction de Patentes.
Début :
Philippe par la grace de Dieu, roy de Castille, de [...]
Mots clefs :
Lettres patentes, Espagne, Services, Honneur, Castille, Traduction
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Traduction de Patentes.
Traduction de Patentes.
PHILIPPE par la grace
de Dieu , Royde Caftille , de
Leon , &c. Voulant faire
connoistre à noftre Couſin
le Duc de Vendofme la réconnoiffance que Nous avons des fignalez fervices
qu'il nous a rendus , depuis
que nous l'avons nommé
Ġeneraliffime de nos Armées , & qu'il les commande en cette qualité en Eſpagne: nous avons crû ne pouvoir mieux luy témoigner
GALANT. ros
nôtre fatisfaction, qu'en luy
accordant dans tous nos Etats & Royaumes une qualité & un rang proportion
né à tout ce qu'il a entrepris
& executé avec tant de fageffe & de conduite pour
nous en affurer la confervation ; & quoy que ſa naiffance luy donne toute forte
de diftinction , & qu'il puiffe
prétendre avec juftice tous
les honneurs & preſceances
qui luy font dûs ; cependant pour donner encore
des marques plus éclaran
tes de l'eftime particuliere
•
106 MERCURE
que nous failons de fa perfonne , & de l'importance
de fes fervices ; nous luy
avons donné & accordé
donnons & accordons par
ces Prefentes , le tang & les
honneurs de Prince de notre
Sang , voulant que comme
tel , & en cette qualité il
foit reconnu dans tous les
Royaumes & Terres de nô
tre obeïffance , & jouiffe de
tousles honneurs , prefceances, prérogatives & privile
ges qui font attachez à unefi
éminente dignité : Mandant
& ordonnant à tous nos Su
GALANT, 107
jets de le reconnoître en cette qualité : Car tel eft noftre
plaifir;& les prefentes feront
enregistrées , lûës & publiées
dans tous nos Confeils &
Jurifdictions fuperieures ,
afin que perfonne n'en prés
tende cauſe d'ignorance. En
foy dequoy nous avons fair
expedier les Prefentes fr
gnées de noftre main , ſcellées de noftre Sceau fecret
& contre fignées de noftret
Secretaire d'Etat. Donné à
Madrid le 23. Mars 1712
Signé , MOY LE ROY
& plus bas , Don Manuel
de Vadillo y Velasco.
PHILIPPE par la grace
de Dieu , Royde Caftille , de
Leon , &c. Voulant faire
connoistre à noftre Couſin
le Duc de Vendofme la réconnoiffance que Nous avons des fignalez fervices
qu'il nous a rendus , depuis
que nous l'avons nommé
Ġeneraliffime de nos Armées , & qu'il les commande en cette qualité en Eſpagne: nous avons crû ne pouvoir mieux luy témoigner
GALANT. ros
nôtre fatisfaction, qu'en luy
accordant dans tous nos Etats & Royaumes une qualité & un rang proportion
né à tout ce qu'il a entrepris
& executé avec tant de fageffe & de conduite pour
nous en affurer la confervation ; & quoy que ſa naiffance luy donne toute forte
de diftinction , & qu'il puiffe
prétendre avec juftice tous
les honneurs & preſceances
qui luy font dûs ; cependant pour donner encore
des marques plus éclaran
tes de l'eftime particuliere
•
106 MERCURE
que nous failons de fa perfonne , & de l'importance
de fes fervices ; nous luy
avons donné & accordé
donnons & accordons par
ces Prefentes , le tang & les
honneurs de Prince de notre
Sang , voulant que comme
tel , & en cette qualité il
foit reconnu dans tous les
Royaumes & Terres de nô
tre obeïffance , & jouiffe de
tousles honneurs , prefceances, prérogatives & privile
ges qui font attachez à unefi
éminente dignité : Mandant
& ordonnant à tous nos Su
GALANT, 107
jets de le reconnoître en cette qualité : Car tel eft noftre
plaifir;& les prefentes feront
enregistrées , lûës & publiées
dans tous nos Confeils &
Jurifdictions fuperieures ,
afin que perfonne n'en prés
tende cauſe d'ignorance. En
foy dequoy nous avons fair
expedier les Prefentes fr
gnées de noftre main , ſcellées de noftre Sceau fecret
& contre fignées de noftret
Secretaire d'Etat. Donné à
Madrid le 23. Mars 1712
Signé , MOY LE ROY
& plus bas , Don Manuel
de Vadillo y Velasco.
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Résumé : Traduction de Patentes.
Le document est une patente royale émise par Philippe, roi de Castille et de León, à son cousin, le Duc de Vendôme. Le roi reconnaît les services rendus par le Duc en tant que généralissime des armées en Espagne. En témoignage de sa satisfaction, Philippe accorde au Duc une qualité et un rang proportionnés à ses mérites, malgré ses distinctions de naissance. Pour manifester davantage son estime, Philippe confère au Duc le titre et les honneurs de Prince de son Sang. Ce titre doit être reconnu dans tous les royaumes et terres sous l'obéissance du roi, avec tous les honneurs, prééminences, prérogatives et privilèges attachés à cette dignité. Le roi ordonne à tous ses sujets de reconnaître le Duc dans cette qualité et commande que la patente soit enregistrée, lue et publiée dans tous les conseils et juridictions supérieures pour éviter toute ignorance. La patente est datée du 23 mars 1712 et signée par le roi et son secrétaire d'État, Don Manuel de Vadillo y Velasco.
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3111
p. 108-116
RELATION.
Début :
Cette Campagne s'ouvre assez favorablement, car dans toutes les [...]
Mots clefs :
Carabiniers, Houssards, Troupes, Chevaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RELATION.
RELATION.
Cette Campagne s'ouvre
affez favorablement , car
dans toutes les petites affaires
de guerre nous reüffiffons:
La derniere qui vient d'arriver en Flanders le 27. du
mois dernier , merite bien
d'eftre detaillée un peu au
long, eftant des plus brillantes & des plus vives , les
Troupes y ayant fait voir
plus de valeur que l'on n'en
auroit pâ efperer quoyqu'il
n'y eût que 36, Carabiniers
GALANT. 109
contre cent Houffards , le
combat ayant duré plus de
deux heures en plaine. Mr
le Marquis de Mezieres allant de fon quartier prés
d'Arras à Dourlens pour y
faire quelque mouvement
dont les troupes avoient les
ordres , ne prit avec luy que
40. Carabiniers pour l'ef
corter ; à deux licuës de là
quatre Carabiniers qui mar,
choient devant , virent quels
que chofe dans un petit bois
& allerent à la decouverte
lorfque tout à coup il fe debufqua 100. Houffards les
t
10 MERCURE
uns aprés les autres qui tiferent fur les 4. Carabiniers,
enblefferent deux, en prireno
un , & l'autre vint dire cette
nouvelle à Mr de Muzierd
qui ayant déja vû ce qui
s'étoit paffé avoir dit fon
deffeintaux Carabiniers &
les nyit en bataille , marcha
aux Houffards qui vincent à
cux en pelorons , » kes:1367
Carabiniers qui rektoient?
chargerent aveo rantde fer→
meté les Houffards , qu'ils
phierent & prirent la fuite à
plus de deux cent pas , puis
faifant de nouvelles difpou
•
GALANT. 11 #
fitions de leur Troupe , les
difperfants en trois bandes,
marcherent avec leurs cris
ordinaires: Mr de Meziere
voyant qu'ils venoient l'at
taquer de tous les côtez ,
ordonna dans le momentau
z. rangde faire un demitour
à droite pour leur faite tête:
& charger dés qu'ils arriveroient , puis faifant revenip
rous enfemble , il leur ora
donnade ne ſepoint debans
der pour quelque chofe que
ce für: cette petite troupe
fit des actions de valeur in
eroyable faifant encoreplica
112 MERGURE
les Houffards & les ayant
obligé de fe difperfer jufqu'à 3. fois , les Houffards.
pour exciter les Carabiniers,
Le debander , vinrent par
petits pelotons feparément.
les attaquer, mais ils ne s'ecartérent pas un feul moment & les repoufferent tou
jours avec la mefmevigueur
quoy qu'ils changeaffent de
manuævre jufqu'à 8, fois,
avec toujours pareil defavantage eftant toujours batus & mis en fuite ; les Houf
fards voyants une fi vigouLeufe fermeté foutenue
GALANT. 113
d'une fi grande difcipline ,
fe mirent en bataille & vinrent encore dans l'efperance
d'enfoncer les noftres , ils
firent leurs décharges de prés
à coup de pistolets & de
moufquetons,puis ils s'avancerent à coups de Sabres ,
mais ils furent toujours reçus avec la meſme fermeté,
& Mr de Mezieres voyant
que c'eftoit la derniere at
taque qu'il avoit à foutenir
ayant des fiens bleffez , il
leur cria, courage Carabi
niers, vous avez eſté créez à
caufe des actions glorieuſes
May 1712. K
114 MERCURE
que vous fires à la bataille
de Fleurus , fouvenez- vous
en , & que l'on vous recon、
noiffe toujours pour ces
mefmes troupes invincibles .
les carabiniets criétent tous;
nous mourons avec vous ,
yous cftes unbrave General,
&donnerent fur les ennemis
avec une bravoure incro
yable & enfoncerent les
Houffards , quia pritent la
fuite , les Carabiniers les fui
virent en ordre jusqu'aux
hayes d'un Village où les
Houlards fe difperferent ,
daiffants derriereeux 30. des
GALANT. 115.
leurs rucz fur la place , 3.
bleffez dont il y avoit un
Officier & plufieurs chevaux
Tucz. Mr de Meziere n'a cû
dans cette affaire qu'un Cárabinieritué fur la place
onze bleffez dangereuſe
menty 5. Chevaux tuez &
douze bléſſez : le Cornére
quiché reçu trois bleffuros
dangereuſes, s'y eft fort difringué, ayant eu deux che
vaux [tucz fous! huy, l'un
defquels appartenoit à Mf
de Meziere le Capitaine
& le Lieutenant quaeq
auffiun cheval tulbushi
Jual nu équibb an
116 MERCURE
y ont auffi tres bien fait , il
n'y a pas un des Carabiniers
qui ne fe foit bien diſtingué
dans cette affaire ; Mr de
Meziere qui a auffi perdu
trois de fes chevaux , a fair
conduire fes bleffez & l'Of
ficier Houffard à Dourlans,
où il a raporté qu'il avoit vû
14. des fiens bleffez àda 4 .
attaque qu'ils avoient fait &
que l'on ne pouvoit donner
C
autant de louange à Mr de
Meziere qu'il en meritoit,
eftant feur que s'il n'avoit
pas commandé ces Carabi
niers , ils ne leur en feroit
pas échapé un ſeul.
Cette Campagne s'ouvre
affez favorablement , car
dans toutes les petites affaires
de guerre nous reüffiffons:
La derniere qui vient d'arriver en Flanders le 27. du
mois dernier , merite bien
d'eftre detaillée un peu au
long, eftant des plus brillantes & des plus vives , les
Troupes y ayant fait voir
plus de valeur que l'on n'en
auroit pâ efperer quoyqu'il
n'y eût que 36, Carabiniers
GALANT. 109
contre cent Houffards , le
combat ayant duré plus de
deux heures en plaine. Mr
le Marquis de Mezieres allant de fon quartier prés
d'Arras à Dourlens pour y
faire quelque mouvement
dont les troupes avoient les
ordres , ne prit avec luy que
40. Carabiniers pour l'ef
corter ; à deux licuës de là
quatre Carabiniers qui mar,
choient devant , virent quels
que chofe dans un petit bois
& allerent à la decouverte
lorfque tout à coup il fe debufqua 100. Houffards les
t
10 MERCURE
uns aprés les autres qui tiferent fur les 4. Carabiniers,
enblefferent deux, en prireno
un , & l'autre vint dire cette
nouvelle à Mr de Muzierd
qui ayant déja vû ce qui
s'étoit paffé avoir dit fon
deffeintaux Carabiniers &
les nyit en bataille , marcha
aux Houffards qui vincent à
cux en pelorons , » kes:1367
Carabiniers qui rektoient?
chargerent aveo rantde fer→
meté les Houffards , qu'ils
phierent & prirent la fuite à
plus de deux cent pas , puis
faifant de nouvelles difpou
•
GALANT. 11 #
fitions de leur Troupe , les
difperfants en trois bandes,
marcherent avec leurs cris
ordinaires: Mr de Meziere
voyant qu'ils venoient l'at
taquer de tous les côtez ,
ordonna dans le momentau
z. rangde faire un demitour
à droite pour leur faite tête:
& charger dés qu'ils arriveroient , puis faifant revenip
rous enfemble , il leur ora
donnade ne ſepoint debans
der pour quelque chofe que
ce für: cette petite troupe
fit des actions de valeur in
eroyable faifant encoreplica
112 MERGURE
les Houffards & les ayant
obligé de fe difperfer jufqu'à 3. fois , les Houffards.
pour exciter les Carabiniers,
Le debander , vinrent par
petits pelotons feparément.
les attaquer, mais ils ne s'ecartérent pas un feul moment & les repoufferent tou
jours avec la mefmevigueur
quoy qu'ils changeaffent de
manuævre jufqu'à 8, fois,
avec toujours pareil defavantage eftant toujours batus & mis en fuite ; les Houf
fards voyants une fi vigouLeufe fermeté foutenue
GALANT. 113
d'une fi grande difcipline ,
fe mirent en bataille & vinrent encore dans l'efperance
d'enfoncer les noftres , ils
firent leurs décharges de prés
à coup de pistolets & de
moufquetons,puis ils s'avancerent à coups de Sabres ,
mais ils furent toujours reçus avec la meſme fermeté,
& Mr de Mezieres voyant
que c'eftoit la derniere at
taque qu'il avoit à foutenir
ayant des fiens bleffez , il
leur cria, courage Carabi
niers, vous avez eſté créez à
caufe des actions glorieuſes
May 1712. K
114 MERCURE
que vous fires à la bataille
de Fleurus , fouvenez- vous
en , & que l'on vous recon、
noiffe toujours pour ces
mefmes troupes invincibles .
les carabiniets criétent tous;
nous mourons avec vous ,
yous cftes unbrave General,
&donnerent fur les ennemis
avec une bravoure incro
yable & enfoncerent les
Houffards , quia pritent la
fuite , les Carabiniers les fui
virent en ordre jusqu'aux
hayes d'un Village où les
Houlards fe difperferent ,
daiffants derriereeux 30. des
GALANT. 115.
leurs rucz fur la place , 3.
bleffez dont il y avoit un
Officier & plufieurs chevaux
Tucz. Mr de Meziere n'a cû
dans cette affaire qu'un Cárabinieritué fur la place
onze bleffez dangereuſe
menty 5. Chevaux tuez &
douze bléſſez : le Cornére
quiché reçu trois bleffuros
dangereuſes, s'y eft fort difringué, ayant eu deux che
vaux [tucz fous! huy, l'un
defquels appartenoit à Mf
de Meziere le Capitaine
& le Lieutenant quaeq
auffiun cheval tulbushi
Jual nu équibb an
116 MERCURE
y ont auffi tres bien fait , il
n'y a pas un des Carabiniers
qui ne fe foit bien diſtingué
dans cette affaire ; Mr de
Meziere qui a auffi perdu
trois de fes chevaux , a fair
conduire fes bleffez & l'Of
ficier Houffard à Dourlans,
où il a raporté qu'il avoit vû
14. des fiens bleffez àda 4 .
attaque qu'ils avoient fait &
que l'on ne pouvoit donner
C
autant de louange à Mr de
Meziere qu'il en meritoit,
eftant feur que s'il n'avoit
pas commandé ces Carabi
niers , ils ne leur en feroit
pas échapé un ſeul.
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Résumé : RELATION.
Le 27 du mois précédent, une bataille s'est déroulée en Flandres entre 36 Carabiniers français et 100 Houffards. Cette confrontation, qui a duré plus de deux heures, a mis en lumière la valeur et la discipline des troupes françaises. Le Marquis de Mezieres, accompagné de 40 Carabiniers, se rendait de son quartier près d'Arras à Dourlens lorsqu'il a été attaqué par les Houffards. Malgré leur infériorité numérique, les Carabiniers ont résisté avec fermeté et discipline. Ils ont repoussé plusieurs attaques des Houffards, qui ont tenté diverses manœuvres pour les déstabiliser. Encouragés par leur général, les Carabiniers ont finalement enfoncé les lignes ennemies, forçant les Houffards à battre en retraite. Les pertes françaises se sont élevées à un Carabinier tué, onze blessés gravement, cinq chevaux tués et douze blessés. Les Houffards ont laissé derrière eux 30 chevaux tués, trois blessés, dont un officier, et plusieurs chevaux capturés. Le Marquis de Mezieres a été loué pour son leadership, sans lequel les Carabiniers n'auraient pas survécu à cette confrontation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3112
p. 117-118
MADRIGAL.
Début :
Loin du rivage où naquit mon amour [...]
Mots clefs :
Rivage, Amour, Ismène, Peine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MADRIGAL.
MADRIGAL.
Loindurivage où naquit
mon amour N
AZile beureux de l'objet
quej'adore,
A chaque inftantje m'y
promene encore
Tout me retrace un fi
charmant féjour.
Mon cœur confond&la
Loire & la Seine
D'un bois chery l'Image
douce & vaine
8 MERCURE
S'offre à mesyeux &la
nuit & le jour.
Je crois fans cess: y rencontrer Ifmene
Ifmene, belas ! dans ce
fatal moment
Tout difparoift comme
( un enchantement,
Etcebeaufonge augmente
encore mapeine.
L'Auteur de ce Madrigal
m'a envoyé un Egloge que
je ne puis donner que le
mois prochain
Loindurivage où naquit
mon amour N
AZile beureux de l'objet
quej'adore,
A chaque inftantje m'y
promene encore
Tout me retrace un fi
charmant féjour.
Mon cœur confond&la
Loire & la Seine
D'un bois chery l'Image
douce & vaine
8 MERCURE
S'offre à mesyeux &la
nuit & le jour.
Je crois fans cess: y rencontrer Ifmene
Ifmene, belas ! dans ce
fatal moment
Tout difparoift comme
( un enchantement,
Etcebeaufonge augmente
encore mapeine.
L'Auteur de ce Madrigal
m'a envoyé un Egloge que
je ne puis donner que le
mois prochain
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Résumé : MADRIGAL.
Le texte décrit un madrigal exprimant l'amour de l'auteur pour un lieu éloigné. Ce lieu, associé à une personne aimée, évoque des souvenirs heureux. L'auteur y voit constamment une figure nommée Ifmene, qui disparaît soudainement, augmentant sa peine. L'auteur a également envoyé une églogue, mais sa publication est prévue pour le mois prochain.
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3113
p. 119
« Messire François Molé Maistre des Requestes, Abbé de Sainte Croix [...] »
Début :
Messire François Molé Maistre des Requestes, Abbé de Sainte Croix [...]
Mots clefs :
Molé, Abbé, Mort
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Messire François Molé Maistre des Requestes, Abbé de Sainte Croix [...] »
Meffire François Molé
Maiftre des Requeftès , Ab
bé de Sainte Croix de Bordeaux , mourut les. May
âgé de 87, ans, il étoit le
dernierdes enfans de Meffice
Mathieu Molé , Procureur
Genetal au Parlement, premier Prefident & Garde des
Sceaux de France qui a rendu de grands fervices à l'Eraty & spendant toutes les
charges , n'a voulu d'autres
biens que celuy detailfor
fon nom & à fa famille
Thonneur d'une fidelité ins
violable pour fa Majeft
Maiftre des Requeftès , Ab
bé de Sainte Croix de Bordeaux , mourut les. May
âgé de 87, ans, il étoit le
dernierdes enfans de Meffice
Mathieu Molé , Procureur
Genetal au Parlement, premier Prefident & Garde des
Sceaux de France qui a rendu de grands fervices à l'Eraty & spendant toutes les
charges , n'a voulu d'autres
biens que celuy detailfor
fon nom & à fa famille
Thonneur d'une fidelité ins
violable pour fa Majeft
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3114
p. 120-121
FRUIT NOUVEAU Du mois de May. Lettre envoyée pour le Mercure Galant par la Gazette veridique du Quartier de la Place Maubert.
Début :
MONSIEUR, Je ne sçay si l'avanture dont je vous fais [...]
Mots clefs :
Fruit nouveau, Fraises, Gazette véridique, Aventure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : FRUIT NOUVEAU Du mois de May. Lettre envoyée pour le Mercure Galant par la Gazette veridique du Quartier de la Place Maubert.
FRUIT NOUVEAU
Du mois de May.
Lettre envoyée pour le
Mercure Galant par la
Gazette veridique du Quartier de la Place Maubert.
MONSIEUR,
Je nefçayfi l'avanture dont
je vous fais part , vaut la
peine qu'on la donne au public,
mais elle aura du moins pour
luy le merite des fruits nowvaux , ce public court fouwent auxfruits vers & nowwaux , preferablement aux
fruits
GALANT 127
fruits murs. Il s'agit icy de
fraifes nouvelles & peut eftre
des premieres qu'on ait vues
Paris cette année ; elles on
caufé dans mon quartier plú☺
fieursjalousies en unjour. La
Pomme de difcorde brouilla
trois Deeffe; enfembles ces Frai?
fes ont brouillé trois ménages,
ne meritent-elles pas bien le
nom de Fraifes de difcorde.
Du mois de May.
Lettre envoyée pour le
Mercure Galant par la
Gazette veridique du Quartier de la Place Maubert.
MONSIEUR,
Je nefçayfi l'avanture dont
je vous fais part , vaut la
peine qu'on la donne au public,
mais elle aura du moins pour
luy le merite des fruits nowvaux , ce public court fouwent auxfruits vers & nowwaux , preferablement aux
fruits
GALANT 127
fruits murs. Il s'agit icy de
fraifes nouvelles & peut eftre
des premieres qu'on ait vues
Paris cette année ; elles on
caufé dans mon quartier plú☺
fieursjalousies en unjour. La
Pomme de difcorde brouilla
trois Deeffe; enfembles ces Frai?
fes ont brouillé trois ménages,
ne meritent-elles pas bien le
nom de Fraifes de difcorde.
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Résumé : FRUIT NOUVEAU Du mois de May. Lettre envoyée pour le Mercure Galant par la Gazette veridique du Quartier de la Place Maubert.
En mai, la Gazette veridique du Quartier de la Place Maubert rapporte la découverte de nouvelles fraises à Paris. Ces fruits ont suscité des jalousies et des disputes entre trois ménages, les qualifiant de 'fraises de discorde'. Le public parisien préfère les fruits nouveaux et verts.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3115
p. 121-[1]36
Fraises de discorde.
Début :
Lundy dernier un jeune amant accordé avec sa Maitresse, luy [...]
Mots clefs :
Fraises, Billet, Agioteur, Avocat, Corbeille, Époux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Fraises de discorde.
Fraifes de difcorde 29715
Lundy dernier un jeune
amantaccordé avec fa Mail
creffe ,luy envoya une petie
May 1712.
L
MERCURE
"
corbeille de Frailes précoffes
auffi fraîches & auſſi nouvelles que leurs amours , &
qui furent reçuës de l'Accordée avecautant de plaifir
que l'Accordé en avoit
cû à les acheter bien cher
ces Fraiſes étoient dans unc
petite corbeille garnie do
deurs . La more qui fut prefente à l'ouverture de la
corbeille les trouva trop
vertes pourles mangeral luy
vint en penſée de s'en faire
benncur , ella referma bien
la corbeille , & l'envoya à
fan Avocat , qu'elle fçavoin
I
GALANT 123,
êtrehommedebonne chere,
perfuadée que ce feroit un
bon plat pour un friand.
Un laquais portele prefens
qui fue receu par un autre
laquais parce que n'y l'Avocat ny fa femme n'étoient
pour lors au logis.
L'Avocat avoit laiffé ce
jour là par haſard la clef à
fon cabiner , le laquais y
porta la corbeille de Fraile
& la cacha meſme derriere
quelques livres fur une ta
blette;la femme étant rentrée la premiere , paffoit
pardevant le cabinet pour
Lij
11 MERCURE
aller à fa chambre ; elle étoit
naturellement jaloufe & par
confequent tres curieufe des
affaires de fon mary, la clef
qu'elle vit au cabinet latenta
d'y entrer, elle y fureta dans
tous •Corbeils les coins , & trouvant
ne douta point
que fon mary n'eût acheté
les fraifes pour les envoyer
à certaine voisine dont elle
eftoit jaloufe. Elle regardoit l
cès fraifes avec fureur , &
remarqua un papier attaché
en dedans au couvercle de
la corbeille ; l'Accordée n'avoit point remarqué ce pa-
GALANT. 1
de fi
125
pier parce que les fleurs le
cachoient & auffi parce
que l'Amour c
n'a pas
bons yeux que la Jaloufic :
fur le papier ces Versétoient
écrits 05 al aprovaɔsioluov
Recevez ces fruits du
Printemps
Le même Amour qui vous les
donne
En trouveroit pour vous
l'Hiver, l'Eté, l'Automne
Pendant cent ans.11.
La femme de l'Avocat
refolut de verifier l'infidelité
Liij
26 MERCURE
2
de fon mary, elle écrivit
unbillet fort tendre où elle
contrefit l'écriture des vers
•& demanda réponse à la
belle foupçonnée à qui elle
vouloitenvoyer la corbeille,
mais n'ofant fe fier au laquais de fon Mary qui
étoit l'unique de la maiſon,
elle alla chrzune de fes amics
à qui elle porta le tout &
la pria d'envoyer ce prefent
par un de fes Grifons , elle la
connoiffoitfemmeà Grifons,
l'amie fe chargea d'envoyer
comme de la part de l'AvoCat &d'avoir réponſe , mais
GALANT. 127
cela ne fut executé que vers
le foir , & elle garda la corbeille dans un endroit où
elle fut trouvée par le mary
de cette derniere , pendant
qu'elle étoit allée jouer au
Lanfquenet, où elle perdit
tant qu'elle oublia la commiffion dont elle s'eftoit
chargée & ne revint qu'à
deux heures aprés minuit ;
en fon abfence le mary jaloux lut. & relut cent fois
les vers qu'il détacha exprés
de la corbeille pour les lire
plus à fon aifeen enrageant,
enfuite il tacha de le refonLiv
128 MERCURE
venir d'une certaine écriture
qui luy avoit paffée par les
mains ; celle des vers luy
paroiffoit toute femblable,
il vouloit par là decouvrir
quel étoit le Galant de fa
femme; ce jaloux étoit un
efpece d'Agioteur honora
ble qui s'étoit mis dans les
affaires.
cet
Le jeune Accordé de qui
eftoient les Vers avoit cu
quelque affaire avec
homme cy qui luy avoit
prefté de l'argent pour fon
mariage ; il vint fur le foir
letrouver pour en avoir en-
GALANT 129
core , &luy fit un billet , qui
luy retraça l'écriture des
Vers. Il eftoit vif & brutal ;
fitoft qu'il eut jetté les yeux
fur le billet , il le déchira de
rage, Lejeune hommeà qui
on alloit compter, de l'argent ,futfort furpris de voir
déchirer à belles dents un
billet qu'il venoit d'écrire,
demandaà l'Agioteur la raifon d'une fureur fi fubite ;
celuy - cy eftoit emporté
mais la poltronnerie moderoit fes emportemens. Nôtre Amant eftoit homme
d'épée ; l'Agioteur fe con-
130 MERCURE
tentade le regarder avec des
yeuxde fureur , & de remettre dans fon Bureau les fats
qu'il alloit compter , aprés
quoyil fortit de fon bureau,
&noftre Emprunteur qui le
fuivoit ne put tirer de luy
que ce mot :Je ne prêtepoint
d'argent àceux qui le dépenfent
à acheterdes fraifes nouvelles.
Le jeune homme ne comprit point par quelle bizar.
reriecet homme aprés avoir
voululuy prêterde l'argent,
prenoit tout d'un coup la
refolution de neluy enpoint
préter , parce qu'il avoit
GALANT. 131
acheté des fraifes. Quefait
à cet homme-là , difoit il en
Tuy même , quej'aye envoyé
desfraifes à mafemme. Il ne
raifonna pas davantage làdeffus :il conclud feulement
que l'Agioreur eftoit fol;
mais il eftoit encore plus
vindicatif qu'extravagant.
Il alla dans ce premier mouvement trouver l'Accordée
& fa mere, & tout furieux
de jaloufie , il leur demanda
felles prétendoient conclurre avec un homme qui
avoit uneintrigue amoureufe avec la femme ; & aprés
132 MERGURE
avoir dit du jeune homme
ce qu'il fçavoit & ce qu'il ne
fçavoit pas , il leur jetta les
Vers fur la table pour
convaincre de ce qu'il difoit,
& fortit un peu confolé de
s'eftre ainfi vengé.
les
La mere & la fille furent
convaincues par ce billet ,
elles en connoiffoient l'écriture , & ne s'étoient point
aperçeuës qu'il fut dans la
corbeille , dont l'Agioteur
neleur avoitpoint parlé n'allant qu'à l'effentiel qui étoit
ce billet , noftre Acordée
fut fi frappée de ce coup
GALANT. 133
1.
qu'lle conjura fa mere de
rompre le mariage , & deffendit dans fa colere qu'on'
laiffat entrer fón Amant
cé foir la , elle ne vouloit
aucun éclairciffement avec
luy , craignant d'eftre affez
foible pour luy pardonner
fi elle le voyoit op ʼn slug
Cette rupture ne pouvoit
pas avoir defuites commeon
peut fe l'imaginer , l'éclair?
eiffement étoit facile : mais!
cela fit paffer unecruelle nuit
à l'Acordée , & l'Acordé ne
F'eut pas meilleure ; voila dés
ja l'une des brouilk ries cau
$34 MERGURE
fées par les fraifes . La femme,
de l'Avocat en atendant la
preuve qu'on ne luy avoit
promis que pour le lendemain , ne laiffa pas de ſevenger dés le foir par une que
relle d'Allemand qu'elle fit à
fon mary & ils pafferent la
nuit à quereller ; mais la
femme de noftre Agioreur
en fut quitte pour trois qu
quatrefoufflets qui furent le
prelude de l'éclairciffement,
qu'il cut avec elle, & tout,
fe calmale lendemain par
un éclairciffement general ,
où l'on reconnut que les
GALANT ***
trois infidelitez pretenduës
n'avoient cité qu'un effet de
la circulation des fraifes
de difcorde.
de
M
Ce petit recit , Monfieur ,
auroit eu befoin d'eftre écrit,
jen'ay ny le loifiny le talent
d'écrire; priez donc les curieux
nouveautezderecevoircellecy comme une ébauche àplume
courante, qui vaudrait peuteftre bien la peine que quelqu'un voulutla mettre en vers
donnez la comme une tâche à
ceux qui vous envoyent: ordi
nairement des Paëfies de leur
façon & des réponſes à des
336 MERCURE
queftions , je propoferay ce petit
travailàun Poëte de mes amis ;
mais je ne vous promet rien ,
ainfije ne vous confeille pas de
rjen prometre au publicfur cet
article.
Lundy dernier un jeune
amantaccordé avec fa Mail
creffe ,luy envoya une petie
May 1712.
L
MERCURE
"
corbeille de Frailes précoffes
auffi fraîches & auſſi nouvelles que leurs amours , &
qui furent reçuës de l'Accordée avecautant de plaifir
que l'Accordé en avoit
cû à les acheter bien cher
ces Fraiſes étoient dans unc
petite corbeille garnie do
deurs . La more qui fut prefente à l'ouverture de la
corbeille les trouva trop
vertes pourles mangeral luy
vint en penſée de s'en faire
benncur , ella referma bien
la corbeille , & l'envoya à
fan Avocat , qu'elle fçavoin
I
GALANT 123,
êtrehommedebonne chere,
perfuadée que ce feroit un
bon plat pour un friand.
Un laquais portele prefens
qui fue receu par un autre
laquais parce que n'y l'Avocat ny fa femme n'étoient
pour lors au logis.
L'Avocat avoit laiffé ce
jour là par haſard la clef à
fon cabiner , le laquais y
porta la corbeille de Fraile
& la cacha meſme derriere
quelques livres fur une ta
blette;la femme étant rentrée la premiere , paffoit
pardevant le cabinet pour
Lij
11 MERCURE
aller à fa chambre ; elle étoit
naturellement jaloufe & par
confequent tres curieufe des
affaires de fon mary, la clef
qu'elle vit au cabinet latenta
d'y entrer, elle y fureta dans
tous •Corbeils les coins , & trouvant
ne douta point
que fon mary n'eût acheté
les fraifes pour les envoyer
à certaine voisine dont elle
eftoit jaloufe. Elle regardoit l
cès fraifes avec fureur , &
remarqua un papier attaché
en dedans au couvercle de
la corbeille ; l'Accordée n'avoit point remarqué ce pa-
GALANT. 1
de fi
125
pier parce que les fleurs le
cachoient & auffi parce
que l'Amour c
n'a pas
bons yeux que la Jaloufic :
fur le papier ces Versétoient
écrits 05 al aprovaɔsioluov
Recevez ces fruits du
Printemps
Le même Amour qui vous les
donne
En trouveroit pour vous
l'Hiver, l'Eté, l'Automne
Pendant cent ans.11.
La femme de l'Avocat
refolut de verifier l'infidelité
Liij
26 MERCURE
2
de fon mary, elle écrivit
unbillet fort tendre où elle
contrefit l'écriture des vers
•& demanda réponse à la
belle foupçonnée à qui elle
vouloitenvoyer la corbeille,
mais n'ofant fe fier au laquais de fon Mary qui
étoit l'unique de la maiſon,
elle alla chrzune de fes amics
à qui elle porta le tout &
la pria d'envoyer ce prefent
par un de fes Grifons , elle la
connoiffoitfemmeà Grifons,
l'amie fe chargea d'envoyer
comme de la part de l'AvoCat &d'avoir réponſe , mais
GALANT. 127
cela ne fut executé que vers
le foir , & elle garda la corbeille dans un endroit où
elle fut trouvée par le mary
de cette derniere , pendant
qu'elle étoit allée jouer au
Lanfquenet, où elle perdit
tant qu'elle oublia la commiffion dont elle s'eftoit
chargée & ne revint qu'à
deux heures aprés minuit ;
en fon abfence le mary jaloux lut. & relut cent fois
les vers qu'il détacha exprés
de la corbeille pour les lire
plus à fon aifeen enrageant,
enfuite il tacha de le refonLiv
128 MERCURE
venir d'une certaine écriture
qui luy avoit paffée par les
mains ; celle des vers luy
paroiffoit toute femblable,
il vouloit par là decouvrir
quel étoit le Galant de fa
femme; ce jaloux étoit un
efpece d'Agioteur honora
ble qui s'étoit mis dans les
affaires.
cet
Le jeune Accordé de qui
eftoient les Vers avoit cu
quelque affaire avec
homme cy qui luy avoit
prefté de l'argent pour fon
mariage ; il vint fur le foir
letrouver pour en avoir en-
GALANT 129
core , &luy fit un billet , qui
luy retraça l'écriture des
Vers. Il eftoit vif & brutal ;
fitoft qu'il eut jetté les yeux
fur le billet , il le déchira de
rage, Lejeune hommeà qui
on alloit compter, de l'argent ,futfort furpris de voir
déchirer à belles dents un
billet qu'il venoit d'écrire,
demandaà l'Agioteur la raifon d'une fureur fi fubite ;
celuy - cy eftoit emporté
mais la poltronnerie moderoit fes emportemens. Nôtre Amant eftoit homme
d'épée ; l'Agioteur fe con-
130 MERCURE
tentade le regarder avec des
yeuxde fureur , & de remettre dans fon Bureau les fats
qu'il alloit compter , aprés
quoyil fortit de fon bureau,
&noftre Emprunteur qui le
fuivoit ne put tirer de luy
que ce mot :Je ne prêtepoint
d'argent àceux qui le dépenfent
à acheterdes fraifes nouvelles.
Le jeune homme ne comprit point par quelle bizar.
reriecet homme aprés avoir
voululuy prêterde l'argent,
prenoit tout d'un coup la
refolution de neluy enpoint
préter , parce qu'il avoit
GALANT. 131
acheté des fraifes. Quefait
à cet homme-là , difoit il en
Tuy même , quej'aye envoyé
desfraifes à mafemme. Il ne
raifonna pas davantage làdeffus :il conclud feulement
que l'Agioreur eftoit fol;
mais il eftoit encore plus
vindicatif qu'extravagant.
Il alla dans ce premier mouvement trouver l'Accordée
& fa mere, & tout furieux
de jaloufie , il leur demanda
felles prétendoient conclurre avec un homme qui
avoit uneintrigue amoureufe avec la femme ; & aprés
132 MERGURE
avoir dit du jeune homme
ce qu'il fçavoit & ce qu'il ne
fçavoit pas , il leur jetta les
Vers fur la table pour
convaincre de ce qu'il difoit,
& fortit un peu confolé de
s'eftre ainfi vengé.
les
La mere & la fille furent
convaincues par ce billet ,
elles en connoiffoient l'écriture , & ne s'étoient point
aperçeuës qu'il fut dans la
corbeille , dont l'Agioteur
neleur avoitpoint parlé n'allant qu'à l'effentiel qui étoit
ce billet , noftre Acordée
fut fi frappée de ce coup
GALANT. 133
1.
qu'lle conjura fa mere de
rompre le mariage , & deffendit dans fa colere qu'on'
laiffat entrer fón Amant
cé foir la , elle ne vouloit
aucun éclairciffement avec
luy , craignant d'eftre affez
foible pour luy pardonner
fi elle le voyoit op ʼn slug
Cette rupture ne pouvoit
pas avoir defuites commeon
peut fe l'imaginer , l'éclair?
eiffement étoit facile : mais!
cela fit paffer unecruelle nuit
à l'Acordée , & l'Acordé ne
F'eut pas meilleure ; voila dés
ja l'une des brouilk ries cau
$34 MERGURE
fées par les fraifes . La femme,
de l'Avocat en atendant la
preuve qu'on ne luy avoit
promis que pour le lendemain , ne laiffa pas de ſevenger dés le foir par une que
relle d'Allemand qu'elle fit à
fon mary & ils pafferent la
nuit à quereller ; mais la
femme de noftre Agioreur
en fut quitte pour trois qu
quatrefoufflets qui furent le
prelude de l'éclairciffement,
qu'il cut avec elle, & tout,
fe calmale lendemain par
un éclairciffement general ,
où l'on reconnut que les
GALANT ***
trois infidelitez pretenduës
n'avoient cité qu'un effet de
la circulation des fraifes
de difcorde.
de
M
Ce petit recit , Monfieur ,
auroit eu befoin d'eftre écrit,
jen'ay ny le loifiny le talent
d'écrire; priez donc les curieux
nouveautezderecevoircellecy comme une ébauche àplume
courante, qui vaudrait peuteftre bien la peine que quelqu'un voulutla mettre en vers
donnez la comme une tâche à
ceux qui vous envoyent: ordi
nairement des Paëfies de leur
façon & des réponſes à des
336 MERCURE
queftions , je propoferay ce petit
travailàun Poëte de mes amis ;
mais je ne vous promet rien ,
ainfije ne vous confeille pas de
rjen prometre au publicfur cet
article.
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Résumé : Fraises de discorde.
Le texte décrit une série de malentendus déclenchés par une corbeille de fraises. Un jeune homme envoie cette corbeille à sa bien-aimée, accompagnée d'un poème. La mère de la jeune femme, jugeant les fraises trop vertes, les envoie à un avocat, connu pour son goût pour la bonne chère. La femme de l'avocat, découvrant le poème, suspecte une infidélité et envoie la corbeille à une voisine qu'elle suspecte. Le mari de cette voisine, trouvant la corbeille et lisant le poème, suspecte également une infidélité. Le jeune homme, auteur du poème, se rend chez l'avocat pour obtenir un prêt. Reconnaissant l'écriture du poème, l'avocat refuse le prêt, accusant le jeune homme de gaspiller son argent pour des fraises. Confus, le jeune homme informe sa bien-aimée et sa mère de l'accusation, ce qui conduit à la rupture de leurs fiançailles. Parallèlement, la femme de l'avocat passe une nuit agitée à cause des soupçons, tandis que la femme de l'usurier est battue pour les mêmes raisons. Le lendemain, un éclaircissement général révèle que les trois infidélités supposées étaient dues à la circulation des fraises. Le narrateur présente ce récit comme une ébauche, espérant qu'un poète puisse en faire une œuvre plus aboutie.
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3116
p. [1]36-142
Nouvelles d'Allemagne.
Début :
L'Archiduc a cassé la Regence de l'Autriche inferieure pour en [...]
Mots clefs :
Allemagne, Troupes, Comte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Allemagne.
Nouvelles d'Allemagne.
L'Archiduca caffé la Regence de l'Autriche infericu
re pour en établir une nouvelle;le Comte SigifmondFrederic de Kevenhiller en a
efté fait Prefident , ila nomméunVice- Prefident & quas
rante Conſeillers ; ce chan
GALANT. 437
gement a fait ungrand nombre de Mécontents , à caufe
que plufieurs perfonnes de
diftinction'en ont efté exi1
lées. Le Comte de Staremberg demande de prompts
& puiffants fecours ; on travaille à luy envoyer le plûtoft qu'il fera poffible de
l'argent & des Troupes. Un
Courrier arrivé de BarcelonInca rapporté que l'Archi-
-ducheffe leftoit entierement
guerie de fon indifpofiition ;
qu'elle attendoit avec impatience l'Eſcadre fur laquelle elle devoir s'embarMay 1712.
M
+38 MERGURE
quer pour retourner à Vien
no. Les Lettres de Conftantinople du 15 Mars affurent
que la guerre avoit cfté de
nouveau refoluë , à moins
que le Czar ne retiré toutes
Les Troupes de Pologne &
d'Ukraine , qu'il n'accorde
au Roy de Suede un libre
paffage par la Pologne ; qu'il
ne le mêle plus des affaitesde ce Royaume- là , & qu'il
-reſticuë à Sa Majeſté Sukdojfe toutes les conqueſtes qu'il
a faites. Commeon ne croit
pas que le Czar confente à
ces demandes , les Turcs
CALANT. 139
font de grands preparatifs.
Ils ont encore envoyé de
grandes ſommes au Roy de
Suede qui fe tient preſt
marcher vers la Pologne le
15. de May avec toutes fes
Troupes , celles du Palatin
de Kiovie & un grand renfort de Turcs & de Tarta
res entreroient en Ukraine
& en Mofcovic. Ces nouvelles donnent beaucoup
d'inquietude , daurant qu'il
ya peu de Troupes en Hongric , que les Places font en
mauvais cftat , qu'il y a un
grand nombre de Mécon
Mij
140 MERCURE
tens. Le Comte de Thaun
continuera cette . Campa
gne
1
de commander en Italic les Troupes Auftrichiennes l'Archiduc a nommé
pour commander fous luy
Je Comte de Thierheim qui
Le prepare à partir pour ce
pais là . Le depart de l'Archiduc pour aller à Pref
bourg , avoit eflé fixé au
o de ce mois, mais on croit
qu'il fera differé jufqu'aprés
la Pentecofte à caufe que le
Danubeeft débordé de nou .
veau ayant inondé la
campagne. On affure que
11
GALANT. 141
le Prince Ragotzi & le Comte Berezini ont fait entendre
à la Cour Orromane que fi
selle leur donnoit un ſecours
mediocre , ils eftoient én
eftat de faire une puiffante
-diverfion.
L'Archiduca caffé la Regence de l'Autriche infericu
re pour en établir une nouvelle;le Comte SigifmondFrederic de Kevenhiller en a
efté fait Prefident , ila nomméunVice- Prefident & quas
rante Conſeillers ; ce chan
GALANT. 437
gement a fait ungrand nombre de Mécontents , à caufe
que plufieurs perfonnes de
diftinction'en ont efté exi1
lées. Le Comte de Staremberg demande de prompts
& puiffants fecours ; on travaille à luy envoyer le plûtoft qu'il fera poffible de
l'argent & des Troupes. Un
Courrier arrivé de BarcelonInca rapporté que l'Archi-
-ducheffe leftoit entierement
guerie de fon indifpofiition ;
qu'elle attendoit avec impatience l'Eſcadre fur laquelle elle devoir s'embarMay 1712.
M
+38 MERGURE
quer pour retourner à Vien
no. Les Lettres de Conftantinople du 15 Mars affurent
que la guerre avoit cfté de
nouveau refoluë , à moins
que le Czar ne retiré toutes
Les Troupes de Pologne &
d'Ukraine , qu'il n'accorde
au Roy de Suede un libre
paffage par la Pologne ; qu'il
ne le mêle plus des affaitesde ce Royaume- là , & qu'il
-reſticuë à Sa Majeſté Sukdojfe toutes les conqueſtes qu'il
a faites. Commeon ne croit
pas que le Czar confente à
ces demandes , les Turcs
CALANT. 139
font de grands preparatifs.
Ils ont encore envoyé de
grandes ſommes au Roy de
Suede qui fe tient preſt
marcher vers la Pologne le
15. de May avec toutes fes
Troupes , celles du Palatin
de Kiovie & un grand renfort de Turcs & de Tarta
res entreroient en Ukraine
& en Mofcovic. Ces nouvelles donnent beaucoup
d'inquietude , daurant qu'il
ya peu de Troupes en Hongric , que les Places font en
mauvais cftat , qu'il y a un
grand nombre de Mécon
Mij
140 MERCURE
tens. Le Comte de Thaun
continuera cette . Campa
gne
1
de commander en Italic les Troupes Auftrichiennes l'Archiduc a nommé
pour commander fous luy
Je Comte de Thierheim qui
Le prepare à partir pour ce
pais là . Le depart de l'Archiduc pour aller à Pref
bourg , avoit eflé fixé au
o de ce mois, mais on croit
qu'il fera differé jufqu'aprés
la Pentecofte à caufe que le
Danubeeft débordé de nou .
veau ayant inondé la
campagne. On affure que
11
GALANT. 141
le Prince Ragotzi & le Comte Berezini ont fait entendre
à la Cour Orromane que fi
selle leur donnoit un ſecours
mediocre , ils eftoient én
eftat de faire une puiffante
-diverfion.
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Résumé : Nouvelles d'Allemagne.
En 1712, plusieurs événements politiques et militaires marquent l'Allemagne et l'Europe de l'Est. En Autriche, l'archiduc destitue la Régence et nomme le Comte Sigismond-Frédéric de Kevenhüller président, suscitant l'insatisfaction de certains notables exclus. Le Comte de Starhemberg sollicite des secours financiers et militaires, en cours d'envoi. L'archiduchesse, rétablie, attend une escadre pour retourner à Vienne. À Constantinople, la guerre menace de reprendre si le Czar ne retire pas ses troupes de Pologne et d'Ukraine, n'accorde pas un libre passage au roi de Suède, et ne restitue pas ses conquêtes. Les Turcs se préparent à la guerre et soutiennent le roi de Suède, qui se prépare à marcher vers la Pologne avec des renforts turcs et tartares. Cette situation inquiète en raison du faible nombre de troupes en Hongrie et de l'état déplorable des places fortes. Le Comte de Thau continuera à commander en Italie, secondé par le Comte de Thierheim. Le départ de l'archiduc pour Presbourg est reporté en raison des inondations du Danube. Enfin, le Prince Ragotzi et le Comte Berezini proposent à la Cour orromane de créer une diversion si un secours leur est accordé.
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3117
p. 142-146
Nouvelles d'Espagne.
Début :
Le Roy a donné au Prince de Masseran, Pere du [...]
Mots clefs :
Espagne, Roi, Troupes, Portugais, Armée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Espagne.
Nouvelles d'Espagne. T
Le Roy adonné au Prince
de Mafferan , Pere du Marquis de Crevecoeur , la Grandeffe de la premiere Claffe
&à DonFranciſco Antonio
de Salcedo & Aguirré Corredigor de Cordoue , le titre
de Caftille & la Surintendance generale des revenus
142 MERCURE
du Roy en Andaloufic.
Le Roy a fait donner
quatre mille piftolles auMarquis deMonteleon troifiéme
Plenipotentiaire de Sa Majesté qui eft parti pour aller
à Paris joindre les deux autres Plenipotentiaire accom
pagné du Duc d'Atri & de
plufieurs perfonnes dequalité. On mandede Catalogne
que les Troupes du Roy y
joüiffent dune grande tran-
•quilité , que le Duc de Ven
dome fait la vifite des places
qui font fur les côtes du
Royaume de Valence &
GALANT. 143
qu'on attend fon arrivée en
Catalogne pour commencer la Campagne, que les
Troupes Angloifes vendoient tous leurs Equipages
-& n'attendent que les Vailfeauxpour s'embarquer. On
mande d'Eftramadure que
l'Armées'aflemble & qu'elle
doit camper le premier de
May en front de bandiere
tau voifinage de Badajoz au
nombre de trente- cinq baraillons & de foizante oréize
Escadrons pour commencer
Ja Campagne. Onvécrit de
Valencequele Duc de Vent
144 MERCURE
dome y étoit arrivé , où ila
été reçû avec des acclamations extraordinaires , il a
logé au Palais de l'Archevefque où il n'a refté que
deux jours étant allé demcurer au Grao entre la Ville &
la mere. On mande de Cartagene qu'on a vu paffer une
Elcadre Françoile commandée par le fieur Caffart compofée de douze Vaiffeaux de
guerre avec deux Galliotes
a bombes & quinze cens
hommes de débarquement
faifant voile vers le Détroit.
Les lettres de Cadix affurent
7
quel
GALANT. 145
que cette Escadre étoit entréé dans le Port fans qu'on
fçût fon deffein , qu'il y
étoit auffi arrivé un Vaiffeau
Portugais pris du côté de
l'Ile de Madere avec cent
Francois prifonniers de
guerre qu'il amenoit à Lif
bonne. On mande de Ca17
talogne que les ennemis
avoient faits avancer quel
ques troupes vers Mequinenca à l'embouchure de la
Segre pour empêcher la
navigation fur l'Ebro , mais
le Comte de Muret Lieute
nant general fe preparoit à
May 1712.
N
146 MERCURE
les combattre. Les lettres
d'Eftramadure allurent que
dés le 25. d'Avril quelques
Regiments étoient campez
présde Badajoz , que le refte
des troupes étoient en marche pour les joindre , que
les Portugais s'affembloient
aux environs d Eftremoz.
On mande de Cadix qu'-
outre l'Eſcadre Francoife
commandée par le fieur,
Caffard qui étoit dans ce
port , il y en étoit encore
arrivé un autre dans les
ports de l'Ocean fans qu'on
fsut pour quel deffein
Le Roy adonné au Prince
de Mafferan , Pere du Marquis de Crevecoeur , la Grandeffe de la premiere Claffe
&à DonFranciſco Antonio
de Salcedo & Aguirré Corredigor de Cordoue , le titre
de Caftille & la Surintendance generale des revenus
142 MERCURE
du Roy en Andaloufic.
Le Roy a fait donner
quatre mille piftolles auMarquis deMonteleon troifiéme
Plenipotentiaire de Sa Majesté qui eft parti pour aller
à Paris joindre les deux autres Plenipotentiaire accom
pagné du Duc d'Atri & de
plufieurs perfonnes dequalité. On mandede Catalogne
que les Troupes du Roy y
joüiffent dune grande tran-
•quilité , que le Duc de Ven
dome fait la vifite des places
qui font fur les côtes du
Royaume de Valence &
GALANT. 143
qu'on attend fon arrivée en
Catalogne pour commencer la Campagne, que les
Troupes Angloifes vendoient tous leurs Equipages
-& n'attendent que les Vailfeauxpour s'embarquer. On
mande d'Eftramadure que
l'Armées'aflemble & qu'elle
doit camper le premier de
May en front de bandiere
tau voifinage de Badajoz au
nombre de trente- cinq baraillons & de foizante oréize
Escadrons pour commencer
Ja Campagne. Onvécrit de
Valencequele Duc de Vent
144 MERCURE
dome y étoit arrivé , où ila
été reçû avec des acclamations extraordinaires , il a
logé au Palais de l'Archevefque où il n'a refté que
deux jours étant allé demcurer au Grao entre la Ville &
la mere. On mande de Cartagene qu'on a vu paffer une
Elcadre Françoile commandée par le fieur Caffart compofée de douze Vaiffeaux de
guerre avec deux Galliotes
a bombes & quinze cens
hommes de débarquement
faifant voile vers le Détroit.
Les lettres de Cadix affurent
7
quel
GALANT. 145
que cette Escadre étoit entréé dans le Port fans qu'on
fçût fon deffein , qu'il y
étoit auffi arrivé un Vaiffeau
Portugais pris du côté de
l'Ile de Madere avec cent
Francois prifonniers de
guerre qu'il amenoit à Lif
bonne. On mande de Ca17
talogne que les ennemis
avoient faits avancer quel
ques troupes vers Mequinenca à l'embouchure de la
Segre pour empêcher la
navigation fur l'Ebro , mais
le Comte de Muret Lieute
nant general fe preparoit à
May 1712.
N
146 MERCURE
les combattre. Les lettres
d'Eftramadure allurent que
dés le 25. d'Avril quelques
Regiments étoient campez
présde Badajoz , que le refte
des troupes étoient en marche pour les joindre , que
les Portugais s'affembloient
aux environs d Eftremoz.
On mande de Cadix qu'-
outre l'Eſcadre Francoife
commandée par le fieur,
Caffard qui étoit dans ce
port , il y en étoit encore
arrivé un autre dans les
ports de l'Ocean fans qu'on
fsut pour quel deffein
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Résumé : Nouvelles d'Espagne.
En 1712, plusieurs événements militaires et politiques marquent l'Espagne. Le roi accorde la Grandeffe de la première classe à Don Francisco Antonio de Salcedo et Aguirre, ainsi que le titre de Castille et la surintendance générale des revenus du roi en Andalousie. Le marquis de Monteleon, plénipotentiaire de Sa Majesté, se rend à Paris avec le duc d'Atri. En Catalogne, les troupes royales maintiennent la tranquillité, tandis que le duc de Vendôme inspecte les places sur les côtes du royaume de Valence. Les troupes anglaises se préparent à embarquer. En Estrémadure, l'armée se rassemble près de Badajoz. À Valence, le duc de Vendôme est accueilli avec enthousiasme. À Carthagène, une escadre française de douze vaisseaux de guerre et quinze cents hommes de débarquement se dirige vers le Détroit. À Cadix, cette escadre entre dans le port, accompagnée d'un vaisseau portugais capturant des prisonniers français. En Catalogne, les ennemis avancent vers Mequinenza pour bloquer la navigation sur l'Èbre, mais le comte de Muret se prépare à les combattre. En Estrémadure, des régiments campent près de Badajoz et les Portugais se rassemblent près d'Estremoz. À Cadix, une autre escadre française arrive dans les ports de l'Océan.
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3118
p. 147-152
Nouvelles d'Angleterre.
Début :
On a imposé une taxe sur chaque feüille de parchemin [...]
Mots clefs :
Angleterre, Comte, Gouverneur, Londres, Régiments
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Angleterre.
Nouvelles d'Angleterre.
12On a impofé une taxe
fur chaque feuille de parche
min ou papier qui feront
employées dans les Contrats
ou Actes qui fe feront dans
toute la grande Bretagne.
Une autre taxe fur chaque
feülle employée à la vente
des actions fur les fonds pug
blics que les acquereurs feront tenus de payer. Une
fur les Feuilles de nouvelles
manufcrites ou imprimées.
Une fur les cartes & les
Nij
148 MERCURE
1
dez , & une fur les Cartons
d'Angleterre & Etrangers ,
qu'on levera ces taxes durant trente deux ans Sa
Majefté Britannique a nom
mé dans fon Confeil le Duc
de Shrewsbury , Grand
Chambellan de la maifon
de fa Majefté pour eftre
Gouverneur du Comté de
Salop à la place du Comte
de Bradford.
Le Duc de Northumberland , Gouverneur du
Comté de Berks , à la place
du Comte de Craven."
1
Le Comte de Thaner ,
GALANT. 149
Gouverneur des Comtéz de
Cumberland & de Weftmorlandà la place du Comte
de Carlifle, en
Le Comte d'Avingdon,
Gouverneur du Comté
d'Oxford ,' à la place de Mylord Marlbourough.
L'Evêque de Durham , à
la place du Comte de Scar
bourough, chu 10/0
Le Vicomte Cheyne ,
Gouverneur du Comté de
Buckingham à la place du
Comte de Bridgewater ,
Gendre de Milord Marl
bouroug
N iij
MERCURE 150
1
Tous ces Seigneurs font
fort attachez à l'Eglife Anglicane.
On confirme que la Reine
a envoyé ordre en Irlande
de caffer deux Regiments
dont les Soldats feront in
corporez en d'autres corps
que Sa Majesté a donné de
pareils ordres pour refor
mer une partie des troupes
qui font en Angleterre &
celles qui ont fervi à l'expedition du Canada, afin de
rendre complettes les Gat
nifons des places d'Ecoffe au
lieu de Regiments Ecoffois
GALANT Ĵ
qui y font & qui doivent
venir en Angleterre.
Les lettres de Londres
affurent qu'il s'eft formé
une focieté de vingt -une
perfonnes de qualité &
riches pour favorifer les
fciences & les arts , en rel
compenfant & procurant
des emplois à ceux qui fe
diftingueront par leurs ou
vrages.
12On a impofé une taxe
fur chaque feuille de parche
min ou papier qui feront
employées dans les Contrats
ou Actes qui fe feront dans
toute la grande Bretagne.
Une autre taxe fur chaque
feülle employée à la vente
des actions fur les fonds pug
blics que les acquereurs feront tenus de payer. Une
fur les Feuilles de nouvelles
manufcrites ou imprimées.
Une fur les cartes & les
Nij
148 MERCURE
1
dez , & une fur les Cartons
d'Angleterre & Etrangers ,
qu'on levera ces taxes durant trente deux ans Sa
Majefté Britannique a nom
mé dans fon Confeil le Duc
de Shrewsbury , Grand
Chambellan de la maifon
de fa Majefté pour eftre
Gouverneur du Comté de
Salop à la place du Comte
de Bradford.
Le Duc de Northumberland , Gouverneur du
Comté de Berks , à la place
du Comte de Craven."
1
Le Comte de Thaner ,
GALANT. 149
Gouverneur des Comtéz de
Cumberland & de Weftmorlandà la place du Comte
de Carlifle, en
Le Comte d'Avingdon,
Gouverneur du Comté
d'Oxford ,' à la place de Mylord Marlbourough.
L'Evêque de Durham , à
la place du Comte de Scar
bourough, chu 10/0
Le Vicomte Cheyne ,
Gouverneur du Comté de
Buckingham à la place du
Comte de Bridgewater ,
Gendre de Milord Marl
bouroug
N iij
MERCURE 150
1
Tous ces Seigneurs font
fort attachez à l'Eglife Anglicane.
On confirme que la Reine
a envoyé ordre en Irlande
de caffer deux Regiments
dont les Soldats feront in
corporez en d'autres corps
que Sa Majesté a donné de
pareils ordres pour refor
mer une partie des troupes
qui font en Angleterre &
celles qui ont fervi à l'expedition du Canada, afin de
rendre complettes les Gat
nifons des places d'Ecoffe au
lieu de Regiments Ecoffois
GALANT Ĵ
qui y font & qui doivent
venir en Angleterre.
Les lettres de Londres
affurent qu'il s'eft formé
une focieté de vingt -une
perfonnes de qualité &
riches pour favorifer les
fciences & les arts , en rel
compenfant & procurant
des emplois à ceux qui fe
diftingueront par leurs ou
vrages.
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Résumé : Nouvelles d'Angleterre.
Le texte décrit plusieurs décisions administratives et fiscales en Angleterre. Une taxe a été imposée sur chaque feuille de parchemin ou de papier utilisée dans les contrats et actes en Grande-Bretagne. Des taxes supplémentaires ont été instaurées sur les feuilles utilisées pour la vente d'actions sur les fonds publics, les nouvelles manuscrites ou imprimées, les cartes et les cartons d'origine anglaise ou étrangère. Ces taxes seront levées pendant trente-deux ans. Le roi britannique a nommé plusieurs nouveaux gouverneurs de comtés : le Duc de Shrewsbury pour le comté de Salop, le Duc de Northumberland pour le comté de Berks, le Comte de Thanet pour les comtés de Cumberland et de Westmorland, le Comte d'Avingdon pour le comté d'Oxford, l'Évêque de Durham, et le Vicomte Cheyne pour le comté de Buckingham. Tous ces seigneurs sont fortement attachés à l'Église anglicane. La reine a ordonné la dissolution de deux régiments en Irlande, dont les soldats seront incorporés dans d'autres corps. Des ordres similaires ont été donnés pour réformer certaines troupes en Angleterre et celles ayant servi lors de l'expédition du Canada, afin de compléter les garnisons des places fortes. Enfin, une société de vingt-et-une personnes de qualité et riches s'est formée à Londres pour favoriser les sciences et les arts, en récompensant et en procurant des emplois à ceux qui se distingueront par leurs œuvres.
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3119
p. 151-153
MARIAGE.
Début :
Mr le Marquis de Bissy Brigadier, Mestre de Camp de [...]
Mots clefs :
Marquis de Bissy, Auxonne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGE.
MARIAGE.
Mr le Marquis de Biffy
Brigadier, Meftre de Camp
Niiij.
52 MERGURE
de Cavalerie , fils de Mr le
Marquis de Biffy , Lieute
nant General des Armées du
Roy, Gouverneur d'Auxonne , a épousé Mademoifelle Chauvelin , fille de Mr
Chauvelin Confeiller d'Etat
Ordinaire.
Le Roy a accordé à Mr
le Marquis de Biffy Brigadier le Gouvernement des
Villes & Chafteau d'Auxonne que poffede Mr fon pere
& que Mr de Biffy fon
grand pere Lieutenant general des Armées de Sa
Majefté , Commandeur des
GALANT. 153
Ordres du Roy, & Commandeur pour Sa Majesté
dans le Païs de Mets , Toul
& Verdun, avoit auſſi
poffedé.
Mr le Marquis de Biffy
Brigadier, Meftre de Camp
Niiij.
52 MERGURE
de Cavalerie , fils de Mr le
Marquis de Biffy , Lieute
nant General des Armées du
Roy, Gouverneur d'Auxonne , a épousé Mademoifelle Chauvelin , fille de Mr
Chauvelin Confeiller d'Etat
Ordinaire.
Le Roy a accordé à Mr
le Marquis de Biffy Brigadier le Gouvernement des
Villes & Chafteau d'Auxonne que poffede Mr fon pere
& que Mr de Biffy fon
grand pere Lieutenant general des Armées de Sa
Majefté , Commandeur des
GALANT. 153
Ordres du Roy, & Commandeur pour Sa Majesté
dans le Païs de Mets , Toul
& Verdun, avoit auſſi
poffedé.
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Résumé : MARIAGE.
Le mariage entre Monsieur le Marquis de Biffy, Brigadier et Maître de Camp, et Mademoiselle Chauvelin est annoncé. Monsieur le Marquis de Biffy est le fils du Lieutenant Général des Armées du Roi et Gouverneur d'Auxonne. Mademoiselle Chauvelin est la fille de Monsieur Chauvelin, Conseiller d'État Ordinaire. Le Roi a accordé à Monsieur le Marquis de Biffy le Gouvernement des Villes et Château d'Auxonne.
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3120
p. 153-168
LE CIDRE. ODE.
Début :
Qu'elles sont ces voix indiscrettes [...]
Mots clefs :
Cidre, Vin de Bourgogne, Vin de Champagne, Bacchus, Vignes, Poètes
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texteReconnaissance textuelle : LE CIDRE. ODE.
Le fieur Grenan , Bourguignon , Profeffeur de Seconde au College d'Harcour a fait une Ode latine à
la loüange du Vin de Bourgogne ; Mr Coffin Champenois Profeffeur de Secon
de au College de Beauvais,
répondit à l'Ode du fieur
Grenan, par une Ode pour la
défenſe du Vin de Bourgo.
gne,M' Duhamel Normand
154 MERCURE
Profeffeur de Rhetorique
au College des Graffins a
fait une Ode latine , fur le
Cidre en voicy la tra
duction.
LE CIDRE
ODE.
Qu'ellesfont ces voix
indifcrettes
Qui fe font entendre en
tous lieux?
Quoy, Mufes deuxfa
meux Poëtes
S'ofent quereller à vos
GALANT. 155
yeux?
Pourquelfujet leurvaine
audace.
Allarme-t-elle du ParI
naffe
Lespacifiques Habitans?
Pour du Vin ?je le crois
à
peine.
Quoy des buveurs de
L'Hippocrene
Le Vin feroit des combattans ?
Poëtes la Guerre eft
fatalle
156 MERGURE
Que caufe un vain entêtement:
La faute entre vous est
égálle
Pareilfera le chaftiment.
Car, pourquoy par vos
Vers infignes VV
Louer fi hautement, vos
Vignes
Et blafmerles autres Liqueurs?
Commefi Bourgogne &
Champagne
Seules du Pais de
Cocagne.
GALANT: 157
Renfermoient toutes les
douceurs.
Je veux bien que Bacchus excite
Le phlegme d'un trop
froid rimeur
Et que
irrite
du Guerrier il
Quelquesfois l'indolente
bumeur
Mais ce feu de peu de
durée
N'a qu'une ardeur accelerée
158 MERCURE
Qui naist & peris à la
fois
Et fi les deftins trop faciles
Laiffent vieillir ces imbecilles
La goutte
Babois.
les met aux
23
Mais Pomone tes
Privileges
Signalent bien mieux ta
liqueur
Tu mets dans ceux que
tu proteges
GALANT, 159
Un efpritfolide,ungrand
cœur
Témoins ces Heros dont
la gloire
Gravel au Temple de
memoire
Honore leur pofterité
Témoins les fçavans
dont la plume
Afçuparplus d'un beau
volume
S'acquerir l'immortalité.
Dieux, quelle Affemblée éclatante
160 MERCURE
D'eloquens & braves
CeZars !
Mufe, leur nombre m'épouvante,
Sauvons - nous, fuyons
les hazards.
Ce n'eft pas à mesfoibles
rithmes
A tracer les vertus fublimes
De ces grands foutiens
des Etats
Et vouloirfans voix &
Jansforce
Suivre une fi flateuſe
GALANT. 161
amorce
C'eſt courir fans fer
aux combats
Vous chers favoris de
Pom one
Qui beuvez fon jus à
longs traits
Contents des biens qu'elle
vous donne
Pour vous leVin eftfans
attraits Ne
Vous évitez cesfucs perfides
Qui rendent leurs beuMay 1712. O
162 MERCURE
veurs stupides
Ouquirenversefaraifon,
Et la liqueur traitreffe
&dure
Qui tranche & rompt.
mainte cointure
Eft pour vous un fatal
poifon.
Mais tels qu'une belle
Prairie
Qu'arrose un paisible
ruißeauties 20
Toujours verte toujours
fleurie Jackson is
TYM
JOIN
GALANT. 163
1.
N'offre rien aux yeux
que de beau,
Tels arrofez, du jus des
Pommes
Les Normand's entre
tous les hommes
Sontrobuftes &gracieux
Et grand gente en fa
2
courſe
Eft unfleuve qui dés la
fource
N'a rien eu que de
merveilleux
Ⓒ Cidre ! o celefte Ambroifie
O ij
164 MERCURE
Des dons que les Dieux
nous ontfaits ,
Quinteßence, Elixir de
vie ,
C'eft toy qui produis ces.
effets.
Poëtes , dans cette mer
d'ambre,
Dans ce charmant fus
de Septembre ,
Voyez fe jouer les Saphirs
Dieux, quelle exhalaifon
divine
S'elevant decettePifcine,
GALANT. 167
Mouille les ailes des Ze-
·
phirs.
Faut-il s'étonner fi la
Trouppe
Des Mufes, ces divines
Sœurs ,
Ayantgoûtédecette couppe...
En eftima tant les douceurs,
Side fon pays exilée
Elle enfut bien-toftconA folee, a
Ayantfait unplus digne
WM choixus
166 MERCURE
Enfinfifareconnoiffan
ce
Au Cidre donna lapuif
Cance
Que l'Hippocrene eut autrefois ?
學
Depuis cette heureuſe
arrivée
Le Cidre empreint d'un
feu divin
De lanature dépravée
Corrige le mauvais levain.
Dés-lors chez vous , belle
Neuftrie
GALANT. 167
Et la Sageße & Induf
trie
Trouverent uncharmant
Séjour.
Et l'on voit de vos riches
plages
Sortir de tous rangs , de
tous ages con
Mille grands hommes
chaque jour.
230
C'est ainsi, Deeßefincere's
Que vous répandez vos
faveurs
168 MERCURE
Sur chaque mortel qui
prefere
VoftreFus aux autres liqueurs.
Loin defouffrirqu'aucun
des vostres
Géde jamais la palme à
d'autres,
Vous comble leurs plus
douxfouhaits.
Vous, qui méprifez nos
breuvages ,
Poëtes dans le vin pew
fages,
Dorme , & n'écrivez
jamais.
la loüange du Vin de Bourgogne ; Mr Coffin Champenois Profeffeur de Secon
de au College de Beauvais,
répondit à l'Ode du fieur
Grenan, par une Ode pour la
défenſe du Vin de Bourgo.
gne,M' Duhamel Normand
154 MERCURE
Profeffeur de Rhetorique
au College des Graffins a
fait une Ode latine , fur le
Cidre en voicy la tra
duction.
LE CIDRE
ODE.
Qu'ellesfont ces voix
indifcrettes
Qui fe font entendre en
tous lieux?
Quoy, Mufes deuxfa
meux Poëtes
S'ofent quereller à vos
GALANT. 155
yeux?
Pourquelfujet leurvaine
audace.
Allarme-t-elle du ParI
naffe
Lespacifiques Habitans?
Pour du Vin ?je le crois
à
peine.
Quoy des buveurs de
L'Hippocrene
Le Vin feroit des combattans ?
Poëtes la Guerre eft
fatalle
156 MERGURE
Que caufe un vain entêtement:
La faute entre vous est
égálle
Pareilfera le chaftiment.
Car, pourquoy par vos
Vers infignes VV
Louer fi hautement, vos
Vignes
Et blafmerles autres Liqueurs?
Commefi Bourgogne &
Champagne
Seules du Pais de
Cocagne.
GALANT: 157
Renfermoient toutes les
douceurs.
Je veux bien que Bacchus excite
Le phlegme d'un trop
froid rimeur
Et que
irrite
du Guerrier il
Quelquesfois l'indolente
bumeur
Mais ce feu de peu de
durée
N'a qu'une ardeur accelerée
158 MERCURE
Qui naist & peris à la
fois
Et fi les deftins trop faciles
Laiffent vieillir ces imbecilles
La goutte
Babois.
les met aux
23
Mais Pomone tes
Privileges
Signalent bien mieux ta
liqueur
Tu mets dans ceux que
tu proteges
GALANT, 159
Un efpritfolide,ungrand
cœur
Témoins ces Heros dont
la gloire
Gravel au Temple de
memoire
Honore leur pofterité
Témoins les fçavans
dont la plume
Afçuparplus d'un beau
volume
S'acquerir l'immortalité.
Dieux, quelle Affemblée éclatante
160 MERCURE
D'eloquens & braves
CeZars !
Mufe, leur nombre m'épouvante,
Sauvons - nous, fuyons
les hazards.
Ce n'eft pas à mesfoibles
rithmes
A tracer les vertus fublimes
De ces grands foutiens
des Etats
Et vouloirfans voix &
Jansforce
Suivre une fi flateuſe
GALANT. 161
amorce
C'eſt courir fans fer
aux combats
Vous chers favoris de
Pom one
Qui beuvez fon jus à
longs traits
Contents des biens qu'elle
vous donne
Pour vous leVin eftfans
attraits Ne
Vous évitez cesfucs perfides
Qui rendent leurs beuMay 1712. O
162 MERCURE
veurs stupides
Ouquirenversefaraifon,
Et la liqueur traitreffe
&dure
Qui tranche & rompt.
mainte cointure
Eft pour vous un fatal
poifon.
Mais tels qu'une belle
Prairie
Qu'arrose un paisible
ruißeauties 20
Toujours verte toujours
fleurie Jackson is
TYM
JOIN
GALANT. 163
1.
N'offre rien aux yeux
que de beau,
Tels arrofez, du jus des
Pommes
Les Normand's entre
tous les hommes
Sontrobuftes &gracieux
Et grand gente en fa
2
courſe
Eft unfleuve qui dés la
fource
N'a rien eu que de
merveilleux
Ⓒ Cidre ! o celefte Ambroifie
O ij
164 MERCURE
Des dons que les Dieux
nous ontfaits ,
Quinteßence, Elixir de
vie ,
C'eft toy qui produis ces.
effets.
Poëtes , dans cette mer
d'ambre,
Dans ce charmant fus
de Septembre ,
Voyez fe jouer les Saphirs
Dieux, quelle exhalaifon
divine
S'elevant decettePifcine,
GALANT. 167
Mouille les ailes des Ze-
·
phirs.
Faut-il s'étonner fi la
Trouppe
Des Mufes, ces divines
Sœurs ,
Ayantgoûtédecette couppe...
En eftima tant les douceurs,
Side fon pays exilée
Elle enfut bien-toftconA folee, a
Ayantfait unplus digne
WM choixus
166 MERCURE
Enfinfifareconnoiffan
ce
Au Cidre donna lapuif
Cance
Que l'Hippocrene eut autrefois ?
學
Depuis cette heureuſe
arrivée
Le Cidre empreint d'un
feu divin
De lanature dépravée
Corrige le mauvais levain.
Dés-lors chez vous , belle
Neuftrie
GALANT. 167
Et la Sageße & Induf
trie
Trouverent uncharmant
Séjour.
Et l'on voit de vos riches
plages
Sortir de tous rangs , de
tous ages con
Mille grands hommes
chaque jour.
230
C'est ainsi, Deeßefincere's
Que vous répandez vos
faveurs
168 MERCURE
Sur chaque mortel qui
prefere
VoftreFus aux autres liqueurs.
Loin defouffrirqu'aucun
des vostres
Géde jamais la palme à
d'autres,
Vous comble leurs plus
douxfouhaits.
Vous, qui méprifez nos
breuvages ,
Poëtes dans le vin pew
fages,
Dorme , & n'écrivez
jamais.
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Résumé : LE CIDRE. ODE.
Le texte décrit une dispute littéraire entre trois professeurs de rhétorique concernant les mérites respectifs du vin de Bourgogne, du vin de Champagne et du cidre. Le professeur Grenan, originaire de Bourgogne, a composé une ode latine en l'honneur du vin de Bourgogne. En réponse, le professeur Coffin, Champenois, a écrit une ode pour défendre le vin de Champagne. Le professeur Duhamel, Normand, a ensuite composé une ode latine en faveur du cidre, dont une traduction est fournie. Dans son ode, Duhamel critique les querelles entre les poètes et souligne que les disputes sur le vin ne devraient pas diviser les habitants pacifiques. Il reconnaît que le vin peut exciter les passions, mais il souligne que ces effets sont de courte durée. Duhamel vante ensuite les mérites du cidre, affirmant qu'il procure un esprit solide et un grand cœur. Il cite des héros et des savants illustres qui ont bénéficié des bienfaits du cidre. Duhamel compare le cidre à une belle prairie toujours verte et fleurie, et loue les Normands pour leur robustesse et leur grâce. Il décrit le cidre comme une ambroisie, une quintessence de vie, capable de corriger les mauvaises mœurs. Il conclut en affirmant que le cidre répand ses faveurs sur tous ceux qui le préfèrent aux autres breuvages, et que ceux qui méprisent le cidre ne devraient pas écrire de poésie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3121
p. 169-183
RESPONSE à la question du Mercure précedent. Par Mr de Rau.....
Début :
Les Passions sont differentes par leur nature, & à l'égard [...]
Mots clefs :
Amour et haine, Coeur, Colère, Passions, Amant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RESPONSE à la question du Mercure précedent. Par Mr de Rau.....
RESPONSE
à la queſtion du Mercure
précedent.
Par Mrde Rau.....
Si on peut hair ce qu'on a une
fois bien aimé.
LEs Paffions font differentes par leur nature , &à
l'égard de l'objet qui les
fait naiftre. Il y en a de
promptes &de paſſageres ,
dont l'effet eft violent ,
mais elles durent peu , &
ne laiffent prefque aucun
veftige dans l'ame de ceux
May 1712.
P
170 MERCURE
quiles ontreffenties . L'ob
jet paffe , & l'idée s'en efface d'abord, Telles font
la joye & la colere. Ces
paffions fe fuccedent les
unesaux autres , & un mef
me objet peut leur fournir
de matiere. Mais les paffions fortes & de longue.
durée , faifant plus d'impreffion fur noftre ame, y
laiffent un caractere & une
image de leur objet , qu'il
eft malaisé d'effacer. Telles font la trifteffe & la
douleur , maisfur tout , l'a
mour & la haine.
1
GALANT. 171
Il eft certain encore que
toutes les paffions quifont
opposées, maiftrifent rarement le cœur de l'homme
à l'égard du mefme objer ;
car outre qu'il y en a tousjours une qui eft dominante , l'objet qui a frappé le
premier noftre imagination,ylaiffe tousjours quelque obftacle à l'effet
la paffion contraire y veut
produire. Cet obftacle n'eft
autre chofe que l'habitude
de la paffion qui forme des
traces profondes dans lefquelles retombent tousque
Pij
172 MERCURE
jours l'imagination quand
elle fe reprefente l'objet
qui les a tracées.
Si l'objet aimé nous offense,
Nous a trahi , nous préfere
un rival
Par dépit , colere , on vangeance ,
Sans le hair nous luy voulons
du mal.
On ne le par peut haïr
antipathie. Quelque défaut qu'on y découvre ,
quelque injure que nous
en resevions , il a tousjours
je ne çay quoy qui nous
GALANT. 173
porte vers luy , & qui nous
y attache malgré toutes les
violences que nous nous
faifons , dans le deffein de
nous en feparer.
Se vangerde l'objet qu'on aime,
C'eftfe vangercontrefoy- mefme.
Ecoutez ce que fait dire
le plus fçavant Interprete
de l'amour à la defolée
Ocone, lorfqu'elle voit Helene entre les bras de Pâris. Elle devoit fe vanger
de cet Infidelle. Cepen
dant
P iij
174 MERCURE
A cet indigne objet je perdis
patience ,
Je me frappay le fein , j'arrachay mes cheveux,
Et tournay contre moy lafeve
re vangeance
Quej'avois deftinée àl'objet de
mes vœux.
Tant il eft vray qu'on ne
peut hair ce qu'on a une
fois bien aimé , & qu'on
fe prend à foy- mefme de
l'injure qu'il nous a faite.
On fuppofe , en difant
tout cecy, qu'il s'agit d'un
veritable amour , & file
GALANT. 175
veritable amour vient d'un
certain rapport des efprits
de l'Amant & de l'objet
aimé, qui peut rompre cette charmante harmonie ?
Si les chofes font dignes
d'eftre aimées , ce feroit
agir contre la raiſon que
de les haïr , & ces mouve.
mens eftant involontaires,
ne peuvent détruire l'amour,
Nous nous formons ordinairement une image
odieufe de ce que nous
haïffons. Cette image nous
fuit par tout. Elle détruit
Piiij
176 MERCURE
dans noftre efprit toutes
fes belles qualitez , & tout
ce qu'il a d'aimable eſt
plus dans ce qu'elle aime
que dans ce qu'elle anime ,
comment pourroit - elle
quitter le lieu de fon repos
& de fa complaifance ?
Quoy qu'il en foit , il eſt
tousjours vray que l'amour
laiffe en nous ces traces
de l'objet aimé , qui non
feulement font capables de
fermer nos cœurs à la hai
ne, mais encore de rallu
mer une plus forte paffion
qu'auparavant ; & ce font
GALANT. 177
ces restes de l'amour qu'on
appelle un feu caché fous
la cendre.
Amant , c'est une chofe feure
Quand l'amourfait une bleffure
La marque en demeure tousjours.
Eloignez vous d'Iris , abandonnez Aminte
Implorez le divinfecours ,
Si voftre ame en eft bien at
teinte ,
Fuyez-les tant qu'il vous plaira ,
Famais de vostre cœur l'amour
ne fortira.
178 MERCURE
Quelques -uns croyent
que la haine peut venir
d'un amour laffé , d'un
amour irrité ; mais en ce
cas on peut fouftenir que
c'cft parce qu'on n'a jamais bien aimé, & ainfi il
n'y a plus de Queſtion
refoudre..
La colere eft une vapeur qui peut offufquer
l'amour , mais qui ne peut
l'étouffer. Elle va quelquefois jufqu'à ſe vanger ,
mais jamais juſqu'à le détruire. Elle garde mefme
des mefures pour l'objet
"
GALANT. 179
aimé dans les plus grands
emportemens , & c'eft ce
qui faifoit dire à Hipfipile
écrivant à Jafon qui l'abandonnoit pour Mcdée.
Contre toy ma colere afes bor
nes prefcrites ,
Elle t'euft épargné, non que tu
le merites ;
Mais quelque duretéqui regne
dans ton cœur ,
Ma bonté va plus loin encor
que ta rigueur.
Et qui eft l'Amant qui
ignore que toutes les coleres en amour l'augmen
180 MERCURE
tent plus qu'elles ne le di
minuent , & qu'aprés une
rupture on s'aime fouvent
encore plus qu'on ne faiLoit auparavant ?
Ceux qui n'aiment gueres , font lujets au dégouſt
& à linconftance , mais
ils ne vont pas jufqu'à la
haine. Pour haïr ce qu'on
a bien aimé , fi cela fe peut,
il faut aimerencore. Cette
efpece de haine vient d'un
trop violent amour. On
aime ce qu'on croit haïr ,
& tous ces emportements
nefont que de foibles mar-
GALANT. 181
ques d'une fauffe haine.
Il y a eu des Amans
cruels & barbares , dont
l'amour s'eft changé en fu
reur; mais c'eftoient moins
des Amans que des Bourreaux. Mahomet II. ab
batit d'un coup de cimeterre la tefte de fa Maif
treffe , mais l'ambition feule luy fit faire ce grand fa
crifice. La haine n'y eut
point de part , & fon cœur
paya cherement l'excez de
fa brutale vanité.
pourquoy citer Mahomet?
Un Barbare eft-il capable
d'aimer? Non, non, un veMais
182 MERCURE
ritable Amant aime tousjours fa Maistreffe . Qu'elle foit fiere , qu'elle foit inhumaine , qu'elle foit infidelle , elle eſt tousjours aimable , il ne la fçauroit
haïr.
>
Mais enfin quelle apparence de renverfer l'Idole
que nous avons adorée ,
d'abbattre l'Autel où nous
avons facrifié , d'arracher
de noftre cœur ce qui en
faifoit les delices ? Quel
chaftiment doit attendre
de l'amour un infidelle qui
paffe de la legereté à l'in-
GALANT. 183
gratitude & à la haine ? Je
conclus donc avec le Proverbe , Qu'on ne peut hair
ce qu'on a une fois bien
aimé.
R
à la queſtion du Mercure
précedent.
Par Mrde Rau.....
Si on peut hair ce qu'on a une
fois bien aimé.
LEs Paffions font differentes par leur nature , &à
l'égard de l'objet qui les
fait naiftre. Il y en a de
promptes &de paſſageres ,
dont l'effet eft violent ,
mais elles durent peu , &
ne laiffent prefque aucun
veftige dans l'ame de ceux
May 1712.
P
170 MERCURE
quiles ontreffenties . L'ob
jet paffe , & l'idée s'en efface d'abord, Telles font
la joye & la colere. Ces
paffions fe fuccedent les
unesaux autres , & un mef
me objet peut leur fournir
de matiere. Mais les paffions fortes & de longue.
durée , faifant plus d'impreffion fur noftre ame, y
laiffent un caractere & une
image de leur objet , qu'il
eft malaisé d'effacer. Telles font la trifteffe & la
douleur , maisfur tout , l'a
mour & la haine.
1
GALANT. 171
Il eft certain encore que
toutes les paffions quifont
opposées, maiftrifent rarement le cœur de l'homme
à l'égard du mefme objer ;
car outre qu'il y en a tousjours une qui eft dominante , l'objet qui a frappé le
premier noftre imagination,ylaiffe tousjours quelque obftacle à l'effet
la paffion contraire y veut
produire. Cet obftacle n'eft
autre chofe que l'habitude
de la paffion qui forme des
traces profondes dans lefquelles retombent tousque
Pij
172 MERCURE
jours l'imagination quand
elle fe reprefente l'objet
qui les a tracées.
Si l'objet aimé nous offense,
Nous a trahi , nous préfere
un rival
Par dépit , colere , on vangeance ,
Sans le hair nous luy voulons
du mal.
On ne le par peut haïr
antipathie. Quelque défaut qu'on y découvre ,
quelque injure que nous
en resevions , il a tousjours
je ne çay quoy qui nous
GALANT. 173
porte vers luy , & qui nous
y attache malgré toutes les
violences que nous nous
faifons , dans le deffein de
nous en feparer.
Se vangerde l'objet qu'on aime,
C'eftfe vangercontrefoy- mefme.
Ecoutez ce que fait dire
le plus fçavant Interprete
de l'amour à la defolée
Ocone, lorfqu'elle voit Helene entre les bras de Pâris. Elle devoit fe vanger
de cet Infidelle. Cepen
dant
P iij
174 MERCURE
A cet indigne objet je perdis
patience ,
Je me frappay le fein , j'arrachay mes cheveux,
Et tournay contre moy lafeve
re vangeance
Quej'avois deftinée àl'objet de
mes vœux.
Tant il eft vray qu'on ne
peut hair ce qu'on a une
fois bien aimé , & qu'on
fe prend à foy- mefme de
l'injure qu'il nous a faite.
On fuppofe , en difant
tout cecy, qu'il s'agit d'un
veritable amour , & file
GALANT. 175
veritable amour vient d'un
certain rapport des efprits
de l'Amant & de l'objet
aimé, qui peut rompre cette charmante harmonie ?
Si les chofes font dignes
d'eftre aimées , ce feroit
agir contre la raiſon que
de les haïr , & ces mouve.
mens eftant involontaires,
ne peuvent détruire l'amour,
Nous nous formons ordinairement une image
odieufe de ce que nous
haïffons. Cette image nous
fuit par tout. Elle détruit
Piiij
176 MERCURE
dans noftre efprit toutes
fes belles qualitez , & tout
ce qu'il a d'aimable eſt
plus dans ce qu'elle aime
que dans ce qu'elle anime ,
comment pourroit - elle
quitter le lieu de fon repos
& de fa complaifance ?
Quoy qu'il en foit , il eſt
tousjours vray que l'amour
laiffe en nous ces traces
de l'objet aimé , qui non
feulement font capables de
fermer nos cœurs à la hai
ne, mais encore de rallu
mer une plus forte paffion
qu'auparavant ; & ce font
GALANT. 177
ces restes de l'amour qu'on
appelle un feu caché fous
la cendre.
Amant , c'est une chofe feure
Quand l'amourfait une bleffure
La marque en demeure tousjours.
Eloignez vous d'Iris , abandonnez Aminte
Implorez le divinfecours ,
Si voftre ame en eft bien at
teinte ,
Fuyez-les tant qu'il vous plaira ,
Famais de vostre cœur l'amour
ne fortira.
178 MERCURE
Quelques -uns croyent
que la haine peut venir
d'un amour laffé , d'un
amour irrité ; mais en ce
cas on peut fouftenir que
c'cft parce qu'on n'a jamais bien aimé, & ainfi il
n'y a plus de Queſtion
refoudre..
La colere eft une vapeur qui peut offufquer
l'amour , mais qui ne peut
l'étouffer. Elle va quelquefois jufqu'à ſe vanger ,
mais jamais juſqu'à le détruire. Elle garde mefme
des mefures pour l'objet
"
GALANT. 179
aimé dans les plus grands
emportemens , & c'eft ce
qui faifoit dire à Hipfipile
écrivant à Jafon qui l'abandonnoit pour Mcdée.
Contre toy ma colere afes bor
nes prefcrites ,
Elle t'euft épargné, non que tu
le merites ;
Mais quelque duretéqui regne
dans ton cœur ,
Ma bonté va plus loin encor
que ta rigueur.
Et qui eft l'Amant qui
ignore que toutes les coleres en amour l'augmen
180 MERCURE
tent plus qu'elles ne le di
minuent , & qu'aprés une
rupture on s'aime fouvent
encore plus qu'on ne faiLoit auparavant ?
Ceux qui n'aiment gueres , font lujets au dégouſt
& à linconftance , mais
ils ne vont pas jufqu'à la
haine. Pour haïr ce qu'on
a bien aimé , fi cela fe peut,
il faut aimerencore. Cette
efpece de haine vient d'un
trop violent amour. On
aime ce qu'on croit haïr ,
& tous ces emportements
nefont que de foibles mar-
GALANT. 181
ques d'une fauffe haine.
Il y a eu des Amans
cruels & barbares , dont
l'amour s'eft changé en fu
reur; mais c'eftoient moins
des Amans que des Bourreaux. Mahomet II. ab
batit d'un coup de cimeterre la tefte de fa Maif
treffe , mais l'ambition feule luy fit faire ce grand fa
crifice. La haine n'y eut
point de part , & fon cœur
paya cherement l'excez de
fa brutale vanité.
pourquoy citer Mahomet?
Un Barbare eft-il capable
d'aimer? Non, non, un veMais
182 MERCURE
ritable Amant aime tousjours fa Maistreffe . Qu'elle foit fiere , qu'elle foit inhumaine , qu'elle foit infidelle , elle eſt tousjours aimable , il ne la fçauroit
haïr.
>
Mais enfin quelle apparence de renverfer l'Idole
que nous avons adorée ,
d'abbattre l'Autel où nous
avons facrifié , d'arracher
de noftre cœur ce qui en
faifoit les delices ? Quel
chaftiment doit attendre
de l'amour un infidelle qui
paffe de la legereté à l'in-
GALANT. 183
gratitude & à la haine ? Je
conclus donc avec le Proverbe , Qu'on ne peut hair
ce qu'on a une fois bien
aimé.
R
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Résumé : RESPONSE à la question du Mercure précedent. Par Mr de Rau.....
Le texte publié dans le Mercure de mai 1712 examine la nature des passions humaines, en se concentrant particulièrement sur l'amour et la haine. Les passions sont divisées en deux catégories : celles qui sont promptes et passagères, comme la joie et la colère, et celles qui sont fortes et durables, comme la tristesse et la douleur. L'amour et la haine sont décrits comme des passions opposées mais rarement simultanées envers un même objet. L'habitude de la passion dominante laisse des traces profondes dans l'imagination, rendant difficile l'émergence de la passion contraire. Le texte soutient qu'il est impossible de haïr véritablement quelqu'un que l'on a profondément aimé. Même en cas d'offense ou de trahison, des sentiments résiduels persistent, empêchant une haine totale. L'exemple d'Oconée, qui se venge contre elle-même plutôt que contre Pâris, illustre cette impossibilité. L'amour laisse des traces indélébiles, capables de rallumer une passion plus forte qu'auparavant, même après une rupture. La colère, bien que pouvant obscurcir l'amour, ne peut le détruire complètement. Elle conserve des mesures pour l'objet aimé, même dans les moments de grande colère. Les auteurs citent des exemples littéraires pour montrer que la haine supposée après une rupture est souvent une manifestation d'un amour persistant. Le texte conclut en affirmant que la haine véritable envers un ancien amour est rare et souvent masquée par des sentiments amoureux résiduels. Même les actes cruels, comme celui de Mahomet II, sont attribués à d'autres motivations que la haine pure. Le proverbe 'On ne peut haïr ce qu'on a une fois bien aimé' résume cette idée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3122
p. 183-184
RESPONSES à la seconde Question du Mercure précedent. / Chanson par Mr de Tr...
Début :
Verres grands & petits, sont dignes de louange, [...]
Mots clefs :
Verres à boire, Taille, Vin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RESPONSES à la seconde Question du Mercure précedent. / Chanson par Mr de Tr...
RESPONSES
à la feconde Queſtion du
Mercureprécedent.
Si dans un repas on doit
préferer les grands Verres
aux petits.
Chanfon par Mrde Tr...
Verres grands & petits , font
dignes de louange ,
Il m'en faut des plus grands
184 MERCURE
pour me defalterer :
Quandje voy le buffet bien
garni de coulange ;
Mais quand j'ay peu de vin,
vifte qu'on me les change
Fay recours aux petits pour le
faire durer
à la feconde Queſtion du
Mercureprécedent.
Si dans un repas on doit
préferer les grands Verres
aux petits.
Chanfon par Mrde Tr...
Verres grands & petits , font
dignes de louange ,
Il m'en faut des plus grands
184 MERCURE
pour me defalterer :
Quandje voy le buffet bien
garni de coulange ;
Mais quand j'ay peu de vin,
vifte qu'on me les change
Fay recours aux petits pour le
faire durer
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3123
p. 184-186
AUTRE RESPONSE par Madame la C....
Début :
On a bien moins de plaisir en beuvant dans un [...]
Mots clefs :
Verres à boire, Taille, Vin, Plaisir
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE RESPONSE par Madame la C....
'AUTRE RESPONSE
par Madame la C....
On a bien moins de
plaifir en beuvant dans un
petit Verre , on ne boit
que du bout des lévres , à
peine le palais eft - il atteint par quelques goutes ,
qu'il n'en reste plus pour
fucceder
1
GALANT. 185
fucceder à celles la ; &
quand le vin commence à
entrer dans le gofier , le
palais eft à fec. Mais en
beuvant dans un grand
Verre , je fens une traifnée
de plaifirs depuis les lévres jufqu'au fond du gofier; un petit Verre à pei
ne fatisfait - il un de mes
fens qui eft le gouft ; mais
dans un grand mon nez y
plonge , & mes yeux s'y
delectent. Je vois, je flaire,
& j'avale en beuvant , le
vin réjouit en mefmetems
le gouft , l'odorat & la
-May 1712. e
186 MERCURE
veuë , voila trois fens aut
moins de fatisfaits ; car le
toucher ne laiffe pas d'avoir la part au plaifir qu'on
a d'empoigner un grand
Verre , & peut- eftre que
Foüie peut jouir encore du
glou glou que forment les
rafades quand on les avale
àlongs traits.
par Madame la C....
On a bien moins de
plaifir en beuvant dans un
petit Verre , on ne boit
que du bout des lévres , à
peine le palais eft - il atteint par quelques goutes ,
qu'il n'en reste plus pour
fucceder
1
GALANT. 185
fucceder à celles la ; &
quand le vin commence à
entrer dans le gofier , le
palais eft à fec. Mais en
beuvant dans un grand
Verre , je fens une traifnée
de plaifirs depuis les lévres jufqu'au fond du gofier; un petit Verre à pei
ne fatisfait - il un de mes
fens qui eft le gouft ; mais
dans un grand mon nez y
plonge , & mes yeux s'y
delectent. Je vois, je flaire,
& j'avale en beuvant , le
vin réjouit en mefmetems
le gouft , l'odorat & la
-May 1712. e
186 MERCURE
veuë , voila trois fens aut
moins de fatisfaits ; car le
toucher ne laiffe pas d'avoir la part au plaifir qu'on
a d'empoigner un grand
Verre , & peut- eftre que
Foüie peut jouir encore du
glou glou que forment les
rafades quand on les avale
àlongs traits.
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Résumé : AUTRE RESPONSE par Madame la C....
Madame la C... compare la consommation de vin dans un petit et un grand verre. Dans un petit verre, seul le plaisir des lèvres et du palais est atteint. Dans un grand verre, les lèvres, le palais, le gosier, l'odorat et la vue sont sollicités. Le toucher, par la prise en main, et l'ouïe, par le bruit des gorgées, sont également impliqués.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3124
p. 186-187
RESPONSE par le bon Convive
Début :
Les petits Verres font jaser [...]
Mots clefs :
Verres à boire, Taille, Boire
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texteReconnaissance textuelle : RESPONSE par le bon Convive
RESPONSE
parle bon Convive
Les petits Verres font jaſer
Dans le commerce de la table ,
Ils fervent à nous amuſer,
Et c'est ce que le vin a de plus
GALANT. 187
agreable.
Boire à grands coups c'est
abuſer
D'une liqueurfi delectable.
parle bon Convive
Les petits Verres font jaſer
Dans le commerce de la table ,
Ils fervent à nous amuſer,
Et c'est ce que le vin a de plus
GALANT. 187
agreable.
Boire à grands coups c'est
abuſer
D'une liqueurfi delectable.
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3125
p. 187
AUTRE RESPONSE par un Avare.
Début :
J'aime mieux qu'on ne boive chez moy que [...]
Mots clefs :
Avare, Verres à boire, Taille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE RESPONSE par un Avare.
AUTRE RESPONSE
par un Avare.
i J'aime mieux qu'on ne
boive chez moy que dans
de petits Verres , cela fait
qu'on n'en caffe point de
grands.
par un Avare.
i J'aime mieux qu'on ne
boive chez moy que dans
de petits Verres , cela fait
qu'on n'en caffe point de
grands.
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3126
p. 188-189
RESPONSES aux Questions par le mesme
Début :
Un Yvrogne boiroit volontiers au tonneau, [...]
Mots clefs :
Amour et haine, Taille, Verres à boire
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texteReconnaissance textuelle : RESPONSES aux Questions par le mesme
RESPONSES
aux Queſtions par le
mefme.
Premiere Queſtion.
Si l'on doit préferer dans
un repas les grands Verres
aux petits.
UnYvrogneboiroit volontiers
au tonneau ,
Un vaste gobelet ne peut le
fatisfaire;
Pour moy plus délicať, je croy
beaucoup mieux faire
Quandje vuide fouvent fans
cau›
GALANT. 18
霰
Grande bouteille , &petit
Verre.
SECONDE QUESTION.
Si l'on peut haïr ce qu'on
a une fois bien aimé,
Refponſe.
Quand d'une trahifon la cou
pable noirceur
Vient arracher la tendresse
d'un cœur ,
L'amourfait place à lafureur.
Pour un cœur delicat la maxime eft certaine ,
Aquifceut bien aimer , il n'eft
point de retour ,
Et la mesure de l'amour
Fait la mesure de la haine
aux Queſtions par le
mefme.
Premiere Queſtion.
Si l'on doit préferer dans
un repas les grands Verres
aux petits.
UnYvrogneboiroit volontiers
au tonneau ,
Un vaste gobelet ne peut le
fatisfaire;
Pour moy plus délicať, je croy
beaucoup mieux faire
Quandje vuide fouvent fans
cau›
GALANT. 18
霰
Grande bouteille , &petit
Verre.
SECONDE QUESTION.
Si l'on peut haïr ce qu'on
a une fois bien aimé,
Refponſe.
Quand d'une trahifon la cou
pable noirceur
Vient arracher la tendresse
d'un cœur ,
L'amourfait place à lafureur.
Pour un cœur delicat la maxime eft certaine ,
Aquifceut bien aimer , il n'eft
point de retour ,
Et la mesure de l'amour
Fait la mesure de la haine
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Résumé : RESPONSES aux Questions par le mesme
Le texte discute de deux sujets. Premièrement, l'auteur préfère les petits verres pour éviter l'excès lors des repas. Deuxièmement, il explique que la trahison peut transformer l'amour en haine. Pour un cœur délicat, l'intensité de l'amour initial détermine celle de la haine ultérieure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3127
p. 190-191
PARODIE de la seconde Enigme du Mercure précdent, Par Madame de G....
Début :
Porte-feüille contient des thresors de science, [...]
Mots clefs :
Portefeuille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PARODIE de la seconde Enigme du Mercure précdent, Par Madame de G....
PARODIE
de la feconde Enigme
du Mercure précedent ,
Par Madame de G...
Portefeuille contient
des threfors de fcience ,
Poëte, Docteur & Greffier,
Se plaifent à remplir fa
panfe:
Porte feuilles ouverts font
utiles en France ;
Portefeuilles fermez plai
fent à l'ufurier :
Car rareté d'argent leur
produitl'abondance ,
GALANT. 191
Leporte-feuille enfin porté par l'écolier ,
Souftient les hommes de
finance
de la feconde Enigme
du Mercure précedent ,
Par Madame de G...
Portefeuille contient
des threfors de fcience ,
Poëte, Docteur & Greffier,
Se plaifent à remplir fa
panfe:
Porte feuilles ouverts font
utiles en France ;
Portefeuilles fermez plai
fent à l'ufurier :
Car rareté d'argent leur
produitl'abondance ,
GALANT. 191
Leporte-feuille enfin porté par l'écolier ,
Souftient les hommes de
finance
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3128
p. 191-192
Response à la Question,
Début :
Il n'est rien tel que les grands hommes, [...]
Mots clefs :
Taille, Homme, Ragotin
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texteReconnaissance textuelle : Response à la Question,
Refponfe à la Queſtion ,
S'il eft plus avantageux à
un homme d'eftre d'une grande
taille que d'une petite .
Il n'est rien tel que les
grands hommes,
Pour bien cueillir poires
&
pommes :
Pour cueillir fraiſes aux
bois vivent les plus petits.
Petits dépensent moins en
192 MERCURE
vivres , en habits ;
Et les grands en fouliers ,
la cauſe en eft abftraite ,
C'est qu'ils font moins de
pas dans une égale traite.
Ergo les plus petits battent
plus le pavé,
Baguenaudiere haut élevé,
Dans unſpectacle a l'avantage ,
Pendant que Ragotin enrage ;
Mais auffi Ragotin derrie
re un parapet ,
Sans faire le plongeon ;
craint bien moins le mouf
quer.
R
S'il eft plus avantageux à
un homme d'eftre d'une grande
taille que d'une petite .
Il n'est rien tel que les
grands hommes,
Pour bien cueillir poires
&
pommes :
Pour cueillir fraiſes aux
bois vivent les plus petits.
Petits dépensent moins en
192 MERCURE
vivres , en habits ;
Et les grands en fouliers ,
la cauſe en eft abftraite ,
C'est qu'ils font moins de
pas dans une égale traite.
Ergo les plus petits battent
plus le pavé,
Baguenaudiere haut élevé,
Dans unſpectacle a l'avantage ,
Pendant que Ragotin enrage ;
Mais auffi Ragotin derrie
re un parapet ,
Sans faire le plongeon ;
craint bien moins le mouf
quer.
R
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Résumé : Response à la Question,
Le texte compare les avantages et inconvénients des personnes de grande et petite taille. Les grands sont mieux pour cueillir des fruits élevés, tandis que les petits sont plus efficaces pour les fruits bas. Les petits dépensent moins pour les vivres et habits, mais usent plus le pavé. Dans un spectacle, les petits voient mieux, mais les grands se protègent plus facilement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3129
p. 193-198
Reflexions sur la maniere d'empescher l'eau d'entrer dans les caves,
Début :
Par Mr Duguet qui a esté envoyé de la Cour [...]
Mots clefs :
Eau, Caves, Inondations, Litres, Hydraulique
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texteReconnaissance textuelle : Reflexions sur la maniere d'empescher l'eau d'entrer dans les caves,
Reflexionsfurla maniere d'empefcher l'eau d'entrer dans
Les caves ,
Par Mr Duguet qui a eſté
envoyé de la Cour dans
les ports de mer , pour des
découvertes hydrauliques ,
& qui eft auffi l'autheur
des machines accouſtiques
propres à faire entendre
ceux qui ont l'oüye dure.
Premierement , on fçait
que l'eau filtre à travers
des terres , & paffe par deffous les fondements des
maifons pour entrer dans
May. 1712 .
R
194 MERCURE
les caves en cherchantfon
niveau. Ainfi lorſque l'on
veut deffecher une cave
avant l'écoulement de toutes les eaux qui l'environnent , on s'apperçoit qu'il
furvient autant d'eau dans
la cave que l'on en a retiré.
Aux caves où il n'entre
qu'environ un pied d'eau ,
il n'eft pas beſoin de
chercher d'autres moyens pour les deffecher que
d'adjoufter du fable pour
hauffer leur niveau.
2. On peut empefcher
l'eau d'entrer dans les ca
GALANT. 195
ves malgré fes plus hautes
recreuës , en adjouſtant un
corps qui luy ferve de digue , mais on rifqueroit de
faire une dépenſe inutile
fi l'on ne comptoit pas fur
l'effort de l'eau qui eft tousjours proportionnée à fa
hauteur perpendiculaire
& au diamettre de la bafe
de fon volume.
Suivant ce principe receu , il fera neceffaire de
rendre le corps que l'on
adjouftera , pour empefcher l'eau d'entrer dans
une cave , affez pefant ou
Rij
196 MERCURE
affez bien retenu pour refifter à la preffion que l'eau
luy fera par deffous ou par
les coftez pour l'enlever
ou pour le percer ; cette
preflion fera proportionnée à la quantité d'eau qui
entreroit dans la cave pour
chercher fon niveau dans
les plus grandes recreuës ,
s'il n'y avoit point d'oppofition.
En une cave de trois
toifes de longueur fur quatre de largeur , où il entreroit fix pieds d'eau
on doit s'attendre que le
>
GALANT. 197
guc
corps qui ferviroit de dià une maffe d'eau pareille , fouftiendroit le fardeau de 816480. liv. fupposé que le pied cube d'eau
des caves ne pefe que 70.
livres.
La plus forte dépenſe
ne paffera pas la fomme de
cinquante livres par toife quarrée.
Il eft de l'intereſt public , auffi bien que des
proprietaires des maiſons
baſties ou à baftir , de prévenir les accidens que peuvent caufer les frequenR iij
198 MERCURE
tes innondations qui arrivent à prefent , foit par
rapport à la ruine des fondements de leurs maiſons ,
foit à caufe des mauvaiſes
exhalaifons des eaux qui
fe corrompent dans les caves , qui peuvent empoifonner l'air , & produire
des maladies contagieufes
Les caves ,
Par Mr Duguet qui a eſté
envoyé de la Cour dans
les ports de mer , pour des
découvertes hydrauliques ,
& qui eft auffi l'autheur
des machines accouſtiques
propres à faire entendre
ceux qui ont l'oüye dure.
Premierement , on fçait
que l'eau filtre à travers
des terres , & paffe par deffous les fondements des
maifons pour entrer dans
May. 1712 .
R
194 MERCURE
les caves en cherchantfon
niveau. Ainfi lorſque l'on
veut deffecher une cave
avant l'écoulement de toutes les eaux qui l'environnent , on s'apperçoit qu'il
furvient autant d'eau dans
la cave que l'on en a retiré.
Aux caves où il n'entre
qu'environ un pied d'eau ,
il n'eft pas beſoin de
chercher d'autres moyens pour les deffecher que
d'adjoufter du fable pour
hauffer leur niveau.
2. On peut empefcher
l'eau d'entrer dans les ca
GALANT. 195
ves malgré fes plus hautes
recreuës , en adjouſtant un
corps qui luy ferve de digue , mais on rifqueroit de
faire une dépenſe inutile
fi l'on ne comptoit pas fur
l'effort de l'eau qui eft tousjours proportionnée à fa
hauteur perpendiculaire
& au diamettre de la bafe
de fon volume.
Suivant ce principe receu , il fera neceffaire de
rendre le corps que l'on
adjouftera , pour empefcher l'eau d'entrer dans
une cave , affez pefant ou
Rij
196 MERCURE
affez bien retenu pour refifter à la preffion que l'eau
luy fera par deffous ou par
les coftez pour l'enlever
ou pour le percer ; cette
preflion fera proportionnée à la quantité d'eau qui
entreroit dans la cave pour
chercher fon niveau dans
les plus grandes recreuës ,
s'il n'y avoit point d'oppofition.
En une cave de trois
toifes de longueur fur quatre de largeur , où il entreroit fix pieds d'eau
on doit s'attendre que le
>
GALANT. 197
guc
corps qui ferviroit de dià une maffe d'eau pareille , fouftiendroit le fardeau de 816480. liv. fupposé que le pied cube d'eau
des caves ne pefe que 70.
livres.
La plus forte dépenſe
ne paffera pas la fomme de
cinquante livres par toife quarrée.
Il eft de l'intereſt public , auffi bien que des
proprietaires des maiſons
baſties ou à baftir , de prévenir les accidens que peuvent caufer les frequenR iij
198 MERCURE
tes innondations qui arrivent à prefent , foit par
rapport à la ruine des fondements de leurs maiſons ,
foit à caufe des mauvaiſes
exhalaifons des eaux qui
fe corrompent dans les caves , qui peuvent empoifonner l'air , & produire
des maladies contagieufes
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Résumé : Reflexions sur la maniere d'empescher l'eau d'entrer dans les caves,
M. Duguet, envoyé par la Cour pour des découvertes hydrauliques, explique dans 'Réflexions sur la manière d’empêcher l’eau d’entrer dans les caves' que l’eau pénètre dans les caves en filtrant à travers les terres et en cherchant son niveau. Pour assécher une cave, il faut retirer toute l’eau environnante, mais l’eau continue de s’infiltrer en quantité égale à celle retirée. Pour des caves avec environ un pied d’eau, ajouter du sable pour élever leur niveau est suffisant. Pour empêcher l’eau d’entrer malgré les hautes marées, il est possible d’ajouter un corps servant de digue. Cette solution nécessite de calculer l’effort de l’eau, proportionnel à sa hauteur et au diamètre de sa base. Le corps ajouté doit être suffisamment pesant ou bien retenu pour résister à la pression de l’eau. Par exemple, dans une cave de trois toises de longueur sur quatre de largeur, avec six pieds d’eau, le corps doit supporter une masse d’eau équivalente à 816 480 livres, supposant que le pied cube d’eau pèse 70 livres. La dépense maximale ne dépassera pas cinquante livres par toise carrée. Prévenir les inondations fréquentes est dans l’intérêt public et des propriétaires, car elles peuvent ruiner les fondations des maisons et provoquer des exhalaisons nocives dans les caves, potentiellement sources de maladies contagieuses.
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3130
p. 198-211
Les Eaux de T....
Début :
Madame, Les eaux de ce pays ont cela de merveilleux [...]
Mots clefs :
Eaux , Guérir, Fontaine, Vapeurs, Magicien, Grande-Bretagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Eaux de T....
Les Eaux de T.....
MADAME,
Les eaux de ce pays ont
cela de merveilleux qu'el-
GALANT. 199
les font également filutaires à ceux qui font malades , qui croyent l'eftre ,
ou qui veulent l'eſtre , ou
qui le feront un jour , ou
qui l'ont efté il y a longtemps : ferieuſement c'eft
un des plus charmants remedes qu'on puiffe prendre , fur tout pour guerir
de l'ennuy & du chagrin.
Charmantes eaux ceux qui les
prennent ,
Dans leurs infirmitez doucement s'entretiennent ,
Trouvant le remede fi bon
R iiij
200 MERCURE
Qu'une trop prompte guerifon
Les chagrineroit fort eux &
ceux qu'ils y menent.
On boit , on rit , on jafe , on
s'abftient de raiſon ,
Deferieux & de contrainte ,
Et d'inquietude & de crainte
Qui troubleroient des eaux
1 l'effet lenifiant ,
Tranquilifant, dulcifiant ;
Autour de la fontaine on voit
mainte Nayade ,
Qui dans fon negligé pare la
promenade
Et l'on trouveroit en ce lieu
Plus difficilement un visage
malade ,
GALANT. 201
Qu'un bon vifage à l'HoſtelDieu.
Comme j'estois furpris
devoir tous ces malades en
bonne fanté , je demandois
avecempreffement de quel
mal cette fontaine gueriffoit ; mais je n'en pus eftre
éclairci, car pour toute refponſe , les uns me hauf
foient les épaules , les autres merioient au nez ; &
j'en ferois revenu tresmalinformé, fans un honnefte homme , qui me connoiffant eftranger , me tira à l'écart , &me dit , vous
202 MERCURE
avez raiſon , Mr , de vous
eftonner de tout ce que
Vous voyez icy ; c'eft un
myſtere , & quand je vous
l'auray revelé vous en ferez voſtre profit fi vous
pouvez. Vous voyez dans
ce lieu , pourfuit- il,un refte
des enchantemens jadis fi
communs en ce pays ; c'eſt
en cet endroit qu'Amadis
& Oriane commencerent
autrefois leur mariage , &
pour conferver une memoire éternelle des plaifirs qu'ils prirent , l'Enchanteur qui les aimoit a
GALANT. 203
donne à ces eaux une vertu merveilleufe.
Ces eaux portent au cœur
fi douces vapeurs ,
Qu'une belle en beuvant , mefmefans qu'elle y penſe ;
Guerit en un moment de toutes
fes rigueurs,
Et le galant defafouffrance.
Vous voyez bien , Me,'
que fçachant cela , je n'avois garde de fouffrir que
Mademoiſelle de R....en
buft fans voftré ordonnance , n'y ayant là perfonne
qui puft luy faire raifon
par un contrat. C'est pour1
204 MERCURE
quoy nous la tiraſmes à
l'écart au plus viſte , car
pour dire le vray , outre le
charme de ces eaux dont
onnous avoit avertis , nous
jugeaſmes mefme
Acent petites bagatelles ,
Qu'on nepeut dire , &qu'on
voit mieux
Que l'air qu'on refpire en ces
lieux ,
Eft fort mal fain pour les
pucelles.
Nous la menerons au
premier jour à Wintfon ,
lieu charmant où le bon
Roy Lifvard tient main-
GALANT. 205
tenant Cour pleniere. Elle
prétend luy demander un
don , qui eft le reſtabliſſement de la Chevalerie
pour quelques jours. Elle
voudroit voir , mais feulement par repreſentation ,
comme à l'Opera , comment les Chevaliers des.
Courtois enlevoient les
Princeffes , & comment les
Amadis les délivroient.
Nous la menerons aujourd'huy voir un beau chaf
teau fait & embelli par
Fées , pour le fejour ordinaire des Graces`, & la
les
206 MERCURE
retraitte des plus tendres
amours ; plus beau fans
comparaison que la ...
de Niphée. Je ne vous diray rien des dehors qui
font faits , comme il plaiſt
à Dieu , qui en fçait bien
plus que le grand decorateur des jardins , qui vous
a donnéun deffein pour....
La nature en ce lieu de mille
"
attraits pourvenë,
Seprefente auxyeux toute nuë,
Et pour fe mieux faire ad- mirer ,
A negligé defe parer..
GALANT. 207
Le Ciel eft exempt de nuages ,
S'il enparoift ilsfont brillants ,
Et fervent à former des levants , des couchants ;
Ou pour plaire Apollon prend
tous les avantages ,
Un beau vert peint les prez ,
les , cofteaux , les bocages
Tout vous enchante , & l'art
humain
Refpectant de fi beaux où-vrages ,
N'ofe pas y mettre la main.
Il a fallu que Mademoifelle de R...fe contentaft
de ce fpectacle , car le bon
Roy Lifvart n'a rien fait
208 MERCURE
pour elle , & dans tout le
chemin que nous avons
fait nous n'avons pas encoretrouvéune feule aventure , pas un feul pont , ny
une feule barriere deffenduë ; point de torts à redreffer , ny de felons à punir ; enfin pas mefme le
le moindre Geant à combattre , mais bien un petit
Pigmée qu'on nomme Cupidon , & qui ne laiſſe pas
d'avoir une force gigantefque ; nous avons pourtant veu quelques Demoifelles en palefroi qu'on
rencontre
GALANT. 209
rencontre de temps en
temps à la chaffe , je n'aurois jamais creu eftre dans
le Royaume de la Grande
Bretagne , tant j'y trouve
tout changé depuis le regne du Roy Artus ; o
entend plus parler de Veuves ny d'Infantes enlevées.
Artus ; on n'y
Ce n'estpas qu'à l'amour moins
de belles s'addonnent :
Mais je ne fçais fi c'est que
l'on craint plus les loix ,
Ouft c'est qu'aprefent les Demoiselles donnent
Ce qu'on leur voloit autrefois.
May. 1712.
S
210 MERCURE
Quoyqu'il en foit nulle
ne fe plaint , & je les trouve mille fois plus honneftes que ces babillardes du
temps paffé qui crioient
comme des perduës , &
attiroient des quatre coins
du monde des Chevaliers
errans pour les venger des
gens qui leur avoient fait
plus d'honneur qu'elles ne
meritoient. Enfin , Madame, ce pays eft fi beau &
fi bon ,
que fi par hafard
quelque Magicien , felon
l'ancienne couftume , m'y
retient enchanté pendant
GALANT. 211
'deux ou trois mille ans
je vous prie de ne meplaindre point, & d'attendre patiemment mon retour , &
fans inquietude.
Cette Ville eft pour moy toute
pleine d'apas , and
Je n'y vois ny procez , ny luxe,
ny miferes
Onyfonne tres peu , l'on n'y
travaille guerel, onin
Et l'ony fait de longs repas.
MADAME,
Les eaux de ce pays ont
cela de merveilleux qu'el-
GALANT. 199
les font également filutaires à ceux qui font malades , qui croyent l'eftre ,
ou qui veulent l'eſtre , ou
qui le feront un jour , ou
qui l'ont efté il y a longtemps : ferieuſement c'eft
un des plus charmants remedes qu'on puiffe prendre , fur tout pour guerir
de l'ennuy & du chagrin.
Charmantes eaux ceux qui les
prennent ,
Dans leurs infirmitez doucement s'entretiennent ,
Trouvant le remede fi bon
R iiij
200 MERCURE
Qu'une trop prompte guerifon
Les chagrineroit fort eux &
ceux qu'ils y menent.
On boit , on rit , on jafe , on
s'abftient de raiſon ,
Deferieux & de contrainte ,
Et d'inquietude & de crainte
Qui troubleroient des eaux
1 l'effet lenifiant ,
Tranquilifant, dulcifiant ;
Autour de la fontaine on voit
mainte Nayade ,
Qui dans fon negligé pare la
promenade
Et l'on trouveroit en ce lieu
Plus difficilement un visage
malade ,
GALANT. 201
Qu'un bon vifage à l'HoſtelDieu.
Comme j'estois furpris
devoir tous ces malades en
bonne fanté , je demandois
avecempreffement de quel
mal cette fontaine gueriffoit ; mais je n'en pus eftre
éclairci, car pour toute refponſe , les uns me hauf
foient les épaules , les autres merioient au nez ; &
j'en ferois revenu tresmalinformé, fans un honnefte homme , qui me connoiffant eftranger , me tira à l'écart , &me dit , vous
202 MERCURE
avez raiſon , Mr , de vous
eftonner de tout ce que
Vous voyez icy ; c'eft un
myſtere , & quand je vous
l'auray revelé vous en ferez voſtre profit fi vous
pouvez. Vous voyez dans
ce lieu , pourfuit- il,un refte
des enchantemens jadis fi
communs en ce pays ; c'eſt
en cet endroit qu'Amadis
& Oriane commencerent
autrefois leur mariage , &
pour conferver une memoire éternelle des plaifirs qu'ils prirent , l'Enchanteur qui les aimoit a
GALANT. 203
donne à ces eaux une vertu merveilleufe.
Ces eaux portent au cœur
fi douces vapeurs ,
Qu'une belle en beuvant , mefmefans qu'elle y penſe ;
Guerit en un moment de toutes
fes rigueurs,
Et le galant defafouffrance.
Vous voyez bien , Me,'
que fçachant cela , je n'avois garde de fouffrir que
Mademoiſelle de R....en
buft fans voftré ordonnance , n'y ayant là perfonne
qui puft luy faire raifon
par un contrat. C'est pour1
204 MERCURE
quoy nous la tiraſmes à
l'écart au plus viſte , car
pour dire le vray , outre le
charme de ces eaux dont
onnous avoit avertis , nous
jugeaſmes mefme
Acent petites bagatelles ,
Qu'on nepeut dire , &qu'on
voit mieux
Que l'air qu'on refpire en ces
lieux ,
Eft fort mal fain pour les
pucelles.
Nous la menerons au
premier jour à Wintfon ,
lieu charmant où le bon
Roy Lifvard tient main-
GALANT. 205
tenant Cour pleniere. Elle
prétend luy demander un
don , qui eft le reſtabliſſement de la Chevalerie
pour quelques jours. Elle
voudroit voir , mais feulement par repreſentation ,
comme à l'Opera , comment les Chevaliers des.
Courtois enlevoient les
Princeffes , & comment les
Amadis les délivroient.
Nous la menerons aujourd'huy voir un beau chaf
teau fait & embelli par
Fées , pour le fejour ordinaire des Graces`, & la
les
206 MERCURE
retraitte des plus tendres
amours ; plus beau fans
comparaison que la ...
de Niphée. Je ne vous diray rien des dehors qui
font faits , comme il plaiſt
à Dieu , qui en fçait bien
plus que le grand decorateur des jardins , qui vous
a donnéun deffein pour....
La nature en ce lieu de mille
"
attraits pourvenë,
Seprefente auxyeux toute nuë,
Et pour fe mieux faire ad- mirer ,
A negligé defe parer..
GALANT. 207
Le Ciel eft exempt de nuages ,
S'il enparoift ilsfont brillants ,
Et fervent à former des levants , des couchants ;
Ou pour plaire Apollon prend
tous les avantages ,
Un beau vert peint les prez ,
les , cofteaux , les bocages
Tout vous enchante , & l'art
humain
Refpectant de fi beaux où-vrages ,
N'ofe pas y mettre la main.
Il a fallu que Mademoifelle de R...fe contentaft
de ce fpectacle , car le bon
Roy Lifvart n'a rien fait
208 MERCURE
pour elle , & dans tout le
chemin que nous avons
fait nous n'avons pas encoretrouvéune feule aventure , pas un feul pont , ny
une feule barriere deffenduë ; point de torts à redreffer , ny de felons à punir ; enfin pas mefme le
le moindre Geant à combattre , mais bien un petit
Pigmée qu'on nomme Cupidon , & qui ne laiſſe pas
d'avoir une force gigantefque ; nous avons pourtant veu quelques Demoifelles en palefroi qu'on
rencontre
GALANT. 209
rencontre de temps en
temps à la chaffe , je n'aurois jamais creu eftre dans
le Royaume de la Grande
Bretagne , tant j'y trouve
tout changé depuis le regne du Roy Artus ; o
entend plus parler de Veuves ny d'Infantes enlevées.
Artus ; on n'y
Ce n'estpas qu'à l'amour moins
de belles s'addonnent :
Mais je ne fçais fi c'est que
l'on craint plus les loix ,
Ouft c'est qu'aprefent les Demoiselles donnent
Ce qu'on leur voloit autrefois.
May. 1712.
S
210 MERCURE
Quoyqu'il en foit nulle
ne fe plaint , & je les trouve mille fois plus honneftes que ces babillardes du
temps paffé qui crioient
comme des perduës , &
attiroient des quatre coins
du monde des Chevaliers
errans pour les venger des
gens qui leur avoient fait
plus d'honneur qu'elles ne
meritoient. Enfin , Madame, ce pays eft fi beau &
fi bon ,
que fi par hafard
quelque Magicien , felon
l'ancienne couftume , m'y
retient enchanté pendant
GALANT. 211
'deux ou trois mille ans
je vous prie de ne meplaindre point, & d'attendre patiemment mon retour , &
fans inquietude.
Cette Ville eft pour moy toute
pleine d'apas , and
Je n'y vois ny procez , ny luxe,
ny miferes
Onyfonne tres peu , l'on n'y
travaille guerel, onin
Et l'ony fait de longs repas.
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Résumé : Les Eaux de T....
Le texte décrit les eaux miraculeuses d'un pays, célèbres pour leurs vertus thérapeutiques et leur capacité à apaiser l'ennui et le chagrin. Ces eaux ont un effet apaisant et doux, permettant aux malades de maintenir un état de santé modéré sans guérison trop rapide. Autour de la fontaine, l'atmosphère est joyeuse et détendue, avec des nymphes (Nayades) se promenant négligemment. Un homme explique à un étranger que ces eaux doivent leurs pouvoirs à un enchantement lié au mariage d'Amadis et Oriane, enchantement donné par un enchanteur. L'auteur mentionne qu'il a empêché Mademoiselle de R... de boire ces eaux sans ordonnance, craignant les effets charmants et les influences malvenues sur les jeunes filles. Ils décident de l'emmener à Wintfon, où le roi Lifvard tient cour, et ensuite à un château enchanté par les fées. Le paysage est décrit comme enchanteur, avec une nature luxuriante et un ciel clair. L'auteur note l'absence d'aventures chevaleresques et de dangers, contrairement aux récits anciens. Il observe que les mœurs ont changé, les jeunes filles ne se plaignant plus des enlèvements comme autrefois. L'auteur conclut en exprimant son désir de rester dans ce pays paisible et agréable, où il n'y a ni procès, ni luxe, ni misères, et où la vie est douce et sans tracas.
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3131
p. 212-217
LE TEMPLE de l'Effronterie. Cantate nouvelle. Par Mr AUBOUYN.
Début :
Je me jette, en tremblant au pied de tes autels, [...]
Mots clefs :
Effronterie, Autels, Temple, Fortune
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texteReconnaissance textuelle : LE TEMPLE de l'Effronterie. Cantate nouvelle. Par Mr AUBOUYN.
LE TEMPLE
de l'Effronteric.
Cantate nouvelle.
Par Mr AUBOUYN.
JEmejette, en tremblanı,
sau pied de tes autels ,
Seule reffource des mor
tels ,
Reine de ces climats , utile
EFFRONTERIE :
Je tevouëaujourd'huy mes
foins & mon ardeur >
Mais c'eſt en vain que je te
prie ,
On ne t'approche point ;
GALANT. 213
conduit par la pudeur.
Quel mortel icy fe prefente ,
Quel abord bruyant , quel
éclat !
La voix haute , l'ame coutente ...
Je le reconnois , c'eſt un
fat.
Suivons - le , j'entre , quels
myftetes ,
Quels fecrets inconnus fe
revelent à moy !
Sageffe , modeftic , au bonheur fi contraires ,
214 MERCURE
Loin de moy , loin vertus
vulgaires ;
On ne vous fouffre point
aux lieux où je me voy.
Une extreme confiance
Y regne dans les efprits :
L'orgueil & la fuffilance
A tout y donnent le prix.
La vanité fait le langage ,
Qu'on y debite avec hauteur :
On n'yvoit point d'obſcur
autheur ,
On n'y lit point de foible
ouvrage ;
Le plus fol's'y donne pour
fage,
GALANT. 2i5
Le poltron pour homme
de cœur,
La fortune,aveugle Déeffe,
Eft affife au milieu de ce
peuple impofteur :
De fon culte inconftant ,
fouveraine Preftreffe ,
L'Impudence , luy fçait
faire agréer fans ceffe
Quelque nouvel adorateur.
Rarement le merite au
premier rang s'efleve ,
De trop de retenuë on lë
voit combattu ;
Atout moment l'audace
216 MERCURE
enleve
Ce l'on doitàla vertu.
que
Par quels détours , quelle
baffeffe
Obtient- on ces honneurs ,
dont nos yeux font
déçus ?
Il faut fe déguifer fans
ceffe ,
Devorer mille affronts ,
effuyer cent refus :
Dans le mépris , cacher le
dépit qui nous preffe ...
Mais tu fremis, mon cœur,
au feul nom de mépris ,
Et tu ne voudrois pas du
bonheur
GALANT. 217
bonheur à ce prix.
Modeftie, ô vertu , qu'un
moment j'ay quittée
Pour ce vain éclat , que je
haïs,
La Fortune avec ces bienfaits
Par tant de lafchetez feroit
trop achetée ,
Dans mon obſcurité je
rentre pour jamais
de l'Effronteric.
Cantate nouvelle.
Par Mr AUBOUYN.
JEmejette, en tremblanı,
sau pied de tes autels ,
Seule reffource des mor
tels ,
Reine de ces climats , utile
EFFRONTERIE :
Je tevouëaujourd'huy mes
foins & mon ardeur >
Mais c'eſt en vain que je te
prie ,
On ne t'approche point ;
GALANT. 213
conduit par la pudeur.
Quel mortel icy fe prefente ,
Quel abord bruyant , quel
éclat !
La voix haute , l'ame coutente ...
Je le reconnois , c'eſt un
fat.
Suivons - le , j'entre , quels
myftetes ,
Quels fecrets inconnus fe
revelent à moy !
Sageffe , modeftic , au bonheur fi contraires ,
214 MERCURE
Loin de moy , loin vertus
vulgaires ;
On ne vous fouffre point
aux lieux où je me voy.
Une extreme confiance
Y regne dans les efprits :
L'orgueil & la fuffilance
A tout y donnent le prix.
La vanité fait le langage ,
Qu'on y debite avec hauteur :
On n'yvoit point d'obſcur
autheur ,
On n'y lit point de foible
ouvrage ;
Le plus fol's'y donne pour
fage,
GALANT. 2i5
Le poltron pour homme
de cœur,
La fortune,aveugle Déeffe,
Eft affife au milieu de ce
peuple impofteur :
De fon culte inconftant ,
fouveraine Preftreffe ,
L'Impudence , luy fçait
faire agréer fans ceffe
Quelque nouvel adorateur.
Rarement le merite au
premier rang s'efleve ,
De trop de retenuë on lë
voit combattu ;
Atout moment l'audace
216 MERCURE
enleve
Ce l'on doitàla vertu.
que
Par quels détours , quelle
baffeffe
Obtient- on ces honneurs ,
dont nos yeux font
déçus ?
Il faut fe déguifer fans
ceffe ,
Devorer mille affronts ,
effuyer cent refus :
Dans le mépris , cacher le
dépit qui nous preffe ...
Mais tu fremis, mon cœur,
au feul nom de mépris ,
Et tu ne voudrois pas du
bonheur
GALANT. 217
bonheur à ce prix.
Modeftie, ô vertu , qu'un
moment j'ay quittée
Pour ce vain éclat , que je
haïs,
La Fortune avec ces bienfaits
Par tant de lafchetez feroit
trop achetée ,
Dans mon obſcurité je
rentre pour jamais
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Résumé : LE TEMPLE de l'Effronterie. Cantate nouvelle. Par Mr AUBOUYN.
La cantate 'Le Temple de l'Effronterie' de Mr Aubouyn célèbre l'Effronterie comme la ressource ultime des mortels. Le narrateur souhaite lui rendre hommage mais reconnaît son inaccessibilité, car elle est guidée par la pudeur. Un personnage arrogant, qualifié de fat, pénètre dans le temple où règnent l'orgueil, la suffisance et la vanité. La sagesse et la modestie y sont absentes, et la fortune y est aveugle. L'impudence y est couronnée, et l'audace éclipse souvent le mérite. Obtenir des honneurs nécessite de supporter des affronts et des refus. Le narrateur exprime son dégoût pour ce système et préfère la modestie, choisissant de rester dans l'obscurité plutôt que d'accepter un bonheur acquis par l'effronterie.
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3132
p. 217-253
CEREMONIES funebres.
Début :
Le Mardy dixiéme May se fit à Nostre-Dame le Service [...]
Mots clefs :
Dauphin, Madame la Dauphine, Marbre, Service funèbre, Devises, Église
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texteReconnaissance textuelle : CEREMONIES funebres.
CEREMONIES
funebres.
Le Mardy dixiéme May
fe fit à Noftre - Dame
Service de feu MonfeiMay 1712.
T
218 MERCURE
gneur le Dauphin , & de
feue Madame la Dauphi
ne: je ne vous en ferayicy
aucun détail parce que la
cérémonie a efté toute pareille à celle de S. Denys.
Al'occafionde cette ceremonie, on donneicyune
peinture plus exacte de la
decoration du Chœur de
faint Denys , qui a paru
affez belle pour meriter
qu'on reforme dans ce
Mercure-cy ce qu'on en
avoit dit dans l'autre.
En entrant dans le Chœur
faifoit face une grande re-
GALANT. 219
preſentation en forme de
baldaquin , eflevé devingtcinq à vingt- fix pieds fur
douze pieds de large , &
dix huit de long.
L'Eftrade formoit un
quarré long , dont les pans
eftoient coupez par des
piedeftaux , & fe terminoit en eſcalier de cinq
marches , faifant un plan
ovale par les deux bouts.
Lefdits piedeftaux faifoient reffaut & plan rond
fur lesquels eftoient quatre
courbes en forme de confoles fort enlevées , &quaTij
220 MERCURE
tre grandesfigures de mar
bre blanc au pied de chaque confole fur les reffauts
des piedeſtaux , ces figures reprefentoient quatre
Vertus ; fçavoir la Reli
gion , la Charité , la Prudence , & la Juſtice.
Toute l'Eftrade eftoit de
marbre noir veiné de
blanc , & de blanc veiné
de noir. Les piedeſtaux ornez de mefme d'agraffes
& cartouches de bronze
doré les coftez de l'Eftrade eftoient auffi ornez de
medailles & trophez,
GALANT. 221.
Adroite eftoit les Chiffres de Monfeigneur le
Dauphin, & àgauche ceux
de Madame la Dauphine,
de bronze doréfur du marbre.
Les confoles eftoient de
marbre blanc , & les corps
de porte or, qui formoient
des panneaux ornez de feftons de laurier, portant des
chapiteaux Ioniques qui
couronnoient lesdites confoles. Sur les premieres
courbes eftoient des Dauphins, dont la queue couloit le long des confoles ,
T iij
222 MERCURE
&portoientfur la tefte chacun une girandole_ronde en forme de vaſe qui
portoit beaucoup de lauriers.
Les confoles par le bas
formoient une grande volute qui portoit une tefte
de Cherubim , les ailes levez fur la tefte comme fi
elles fouftenoient les confoles , & d'autres ailes en
forme d'agraphes qui embraffoient les volutes , du
milieu defquelles partoit
de chaque cofté une grande girandole à cinq brang
GALANT. 223
ches garnies de flambeaux.
Les confoles eftoientprofilez de petites branches
portant chacunes un lys
dans lequel eftoit un flambeau qui faifoit une grande lumiere.
Les confoles portoient
une corniche architravede
marbre blanc orné de modillons de bronze doré.
Ladite corniche eſtoit à
pans , & portoit un focle
de marbre de brayer d'où
partoit un doſme qui faifoit mefme plan orné de
bandeaux & trophez d'or
Tiiij
224 MERCURE
fur des fonds de marbre
blanc & noir.
Le focle dudit dofme faifoit reffaut fur les pans , &
portoit quatre vafes de vermeil tout à jour, d'où partoiết quantité de lumieres.
Au deffus du doſme eftoit un dez orné d'agraphes en forme de confoles qui portoit une couronne de Dauphins en or.
Sur les quatre faces de la
corniche eftoit un grand
cartouche de bronze doré
orné de teftes de morts
&autres attributs,
GALANT.
225
1
Lefdits cartouches eftoient couronnez d'une
groffe girandole à cinq
Branches portant des lumieres. 4
Au deffous de la corniche entre les confoles, pendoit une pente en broderie
d'or,
enrichie de fleurs de
lys , de Dauphins , & de
gros glands d'or.
Le fond du dolme eftoit
noir fleurdelylé d'or , &
d'une croix de moire d'argent.
Le dedans des confoles
formoit un corps de mar
226 MERCURE
bre noir fleurdelisé d'or.
Dans le milieu de l'eftrade , on avoit enlevé un
tombeau de porte d'or fur
un focle enrichi de confoles qui fe terminoit par
des griffes qui portoient
fur le focle du cofté droit
les armes de Monseigneur
le Dauphin en relief, ornées des colliers & couronnes; & du cofté gauche les
armes de mefme de Madame la Dauphine.
Sur les coftez de l'eftrade , il y avoit une herſe en
vermeil , ornée de fleurs
GALANT. 227
de lys , & de branches qui
portoient quantité de flambeaux.. Lefdites herfes fe
terminoient par les bouts
par une groffe girandole
en forme d'agraffe qui portoit plufieurs lumieres , &
une groffe fleur de lys qui
portoit auffi plufieurs lumieres , deforte que cela
faifoit une clarté , & donnoitungrandéclat au tombeau.
Sur ledit tombeau on
avoit posé les deux cercuëils fçavoir Monfeigneur le Dauphin à droite,
>
228 MERCURE
de
& celuy de Madame la
Dauphine à gauche. Elle
eftoit couverte d'un poil
noir couvert d'une grande
croix de moire d'argent ,
& brodé d'hermine; celuy
Monfeigneur le Dauphin eftoit couvert de poële de la Couronne, qui eft
de drap d'or , couvert de
deux grandes armes à droite,de Monfeigneur le Dauphin , & à gauche, deux de
Madame la Dauphine
brodé en or,avec une grandecroix demoire d'argent,
& bordé d'hermine , lequel
GALANT. 229
couvroit les deux corps.
Sur chaque corps eftoit
un manteau à la Royale de
velours violet , avec quatre
rangs de fleurs de lys d'or ;
fur celuy de Monfeigneur
le Dauphin eftoit fon collier de l'Ordre & fa couronne fur un carreau couvert d'un crefpe , & fur celuy de Madame la Dauphi
ne eftoit fa couronne couverte de mefme.
Au deffus eftoit ungrand
pavillon à pans dorez , femé par deffus de fleurs de
lys d'or.
230 MERCURE
Il y avoit autour unë
grande pente en broderie
d'or, où pendoient de gros
glands d'or.
Quatre grandes queuës
fortoient de deffous femées
de fleurs de lys d'or , &
doublées d'hermine retrouffée enl'air par les quatre coins avec un gros
nœud.
Dans le fond dudit pavillon eftoit une grande
croix de moire d'argent ,
avec quatre grandes armes
dans les quatre coins.
Il y avoit deffus quatre
GALANT. 231
grands bouquets de plumesnoires & blanches.
Aux quatre coins du
corps eftoient quatre Heraults d'armes & quatre
Gardes fous les armes , devant eftoit le Roy d'armes
entre les deux Maiftres des
ceremonies.
En face eftoit l'Autel orné de fes ornemens ordinaires , qui eft d'or , garny
detrois groffes pierres prétieuſes. Dans le milieu en
haur eftoit une grande
croix d'or émaillée, & garnie auffi de tres- groffes
1
232 MERCURE
pierres
fines.
Au deffus eftoit ungrand
dais garni de pentes en
broderie d'or dedans & dehors , garni de gros glands
d'or , dont le fond eftoit
garni d'une croix de moire
d'argent avec quatre grandes armes , deux de Monfeigneur le Dauphin , &
deux de Madame la Dauphine.
Aux deux coftez eftoient
deux grands rideaux noirs
fleurdelifez en or , doublez
d'hermine , retrouffez par
de grands cordons d'or
garnis
GALANT. 235
garnis de gros glands fur
deux pillaftres qui portoient ledit dais ; il eftoit
femé par deffus de fleurs.
de lys d'or , & garni de ,
huit gros bouquets de plumes blanches & noires.
Lefdits pillaftres eftoient
d'or, qui portoient chacun
deux medailles, où eftoient.
en haut celles de Monfeigneur le Dauphin , & en
bas celles de Madame la
Dauphine , le champeſtoit
femé de fleurs de lys , &
chaque medaille portoit
unegirandole à cinq bran,
May. 1712. V
234 MERCURE
ches. Aux deux coftez eftoient deux grandes piramides en or , avec unfond
de mofaïque de fleurs de
lys , qui portoient chacune
une grande arme de Monfeigneur le Dauphin , au
bas defquels eftoient une
grande girandole à plufieurs branches , & quantité de branches qui portoient des lumieres.
A la pointe de la piramide eftoit une groffe fleur
de lys , qui portoit une
groffe girandole à cinq
branches.
GALANT. 235
Au deffus eftoit un architrave doré qui regnoit
tout autour du Chœur avec
un lay de velours ſemé de
fleurs de lys , de larmes , de
Dauphins, &decroix blanches, qui eftoient attachez
à une grande corniche dorée qui regnoit autour de
l'Eglife qui formoit une
frife.
Sur les pentes & rideaux
eftoient les armes , en haut
de Monſeigneur le Dauphin , & en bas fur les rideaux , celles de Madame
la Dauphine le tout brodé
en or, Vij
236 MERCURE
Le tour du Chœur eftoit
tout garni de noir jufqu'
aux vitraux. Au deffus des
ftates eftoit un lay d'hermine par feftons , qui re
gnoit autour du Chœur
fur lequel , de diſtance en
diſtance , eftoient les chiffres de Monfeigneur & de
Madamela Dauphinedans
des medailles dorées.
Au deffus du lay d'hermine eftoit un lay de velours femé de fleurs de lys ,
de larmes , de Dauphins,
& de croix blanches , qui
eftoit attaché à une corni
GALANT. 237
che, qui portoit des girandoles à cinq branches , &
tout le long eftoient des
fleurs de lys garnies de lumieres.
Au deffus eftoient fix arcades de chaque colté , &
deux dans le Jubé , dans
lefquels eftoient des amphitheatres , où eftoient
placez des gens de quali
té. Ladite décoration eftoit composée de quatorze
arcades , avec des pillaftres :
de vingt pieds de haut fur
quatre pieds de large, de›
marbre blanc , avec des
238 MERCURE
panneaux dans les milieux,
de marbre pal or, avec des
moulures d'or. Ils portoient chacun une grande
medaille où eſtoient reprefentées treize Vertus , à la
gloire du Prince & de la
Princeffe , le tour en or.
Les Vertus eftoient la
Foy chreftienne , la Picté ,
l'acte vertueux , Defirs envers Dicu, Juftice invioli :
ble , Commandement fur
foy- melme , Sageffe humaine , Concorde , Concorde conjugale , Gloire
des Princes , Egalité, Bien-
GALANT. 239
veillance , & Amour de la
patrie , ils portoient chacunes une grande girandole de plufieurs lumieres.
Au bas de chaque pilaf
tre eftoit un fcabellon doré, qui portoit une girandole à cinq branches.
-
Et au deffus des pilaftres
regnoit un architrave doré , qui portoit le ſecond
lay de velours qui fermoit
une frife , fur laquelle eftoient femées des fleurs de
lys , des Dauphins, des larmes, & des croix , attachée
à lagrandecornichequi re-
240 MERCURE
gnoit à l'entour du Chœur,
dorée, qui portoit au deffus
au droit des pilaftres un›
couronnement en forme
de medaille furunfocle de
marbre blanc , enrichi de:
feftons & de chiffres de
Monſeigneur , & de Madame la Dauphine alternativement , & le long de ladite corniche eftoient des:
fleurs de lys & lys garnis
de lumieres. Les pilaftres;
fe terminoient fous l'ar--
chitrave parune agraffe en
formedeconfole, qui portoit unegrande girandole.
Dans
GALANT. 241
Dans les angles de l'Autel & du Jubé eftoient deux
pilaftres chacuns , qui faifoient retour, fçavoir ceux
de l'Autel eftoient comme ceux qui portoient le
grand Dais , & ceux du
Jubé portoient feulement.
chacun une medaille où
eftoit un chiffre de Monfeigneur le Dauphin, & de
Madame la Dauphine , attaché à des feftons de
feuilles , le tout en or.
Au milieu de chaque arcade , eftoit , fçavoir aux
deux premieres du cofté.
May, 17120 X
242 MERCURE
de l'Autel , une grande arme de Monfeigneur le
Dauphin fort ellevée ſouftenue par deux Renommées, enrichies de trophez
de bronze doré , au deffous
defquels eftoient deux
grands rideaux noirs ſemez de fleurs de lys , &
doublez d'hermine retrouſſez en feftons fur les
deux arriere-corps , & au
bas des armes pendoit une
cheute defdits rideaux , ſemez de fleurs de lys , &
doublez d'hermine.
Au bas defdites armes
GALANT. 243
pendoit à chacune une
grande medaille en or , où
eftoient reprefentées, dans
une, la pureté , & dans l'autre , la Religion , & au bas
une girandole à pluſieurs
branches.
Aux deux fecondes arcades eftoit un grand pavillon de relief fort eflevé ,
couronné d'une couronne
de Dauphin , avec des pentes en broderie d'or , où
pendoient de gros glands ,
au deffous defquels fortoient deux grands rideaux
retrouſſez par feftons ſur
$
X ij .
244 MERCURE
les deux arriere. corps , fe
mez auffi de fleurs de lys ,
& doublez d'hermine.
Au deffous deſdits pavillons eftoient de grandes
armes de Madame la Dauphine , garnies de palmes
& de lauriers , & fouftenuës par deux Anges , au
bas defquels eftoient à cha
cun deux girandoles à plu--
fieurs branches , le tout de
bronze doré.
Au deffous des armes
cftoit un timpan bas de
marbre blanc , & les mouleures d'or , qui fervoient
GALANT. 245
comme d'appuy , où eftoit
repreſentée une groffe tefte de mort avec les attributs , & des feftons de cyprez , le fond defdits timpans eftoit femé de larmes
d'argent fur un fond de
marbre noir , & tout le refte en or.
Ils portoient au deffus un
vafe en forme de lampe
antique avec deux groffes
lumieres , & eftoient lesdits
timpans profilez de branches de lumieres en grand
nombre.
༡
Aux deux troifiémes arX iij
246 MERCURE
cades eftoit de meſme eflevée fort haut une grande
arme , d'où fortoient de
grands rideaux retrouffez ,
au bas defquels eftoit un
grand timpan de marbre
blanc avec des mouleures
d'or , où eftoit un chiffre
de Monſeigneur le Dauphin , & de Madame la
Dauphine , entrelaffé avec
des lauriers & des palmes ,
fouftenu par deux enfans
qui pleuroient , & qui eftoient entrelaffez de feftons de cyprez , & deux
gros Dauphins fur les proX
GALANT. 247
fils defdits timpans , fur
leſquels eftoient attachées
des branches qui portoient
des lumieres , & au deffus
eftoit une groffe fleur de
lys , qui portoit une lumie+
les autres.
re plus forte que
Aux deux coftez eſtoient
deux vafes qui portoient
de mefme deux lumieres
plus fortes que les autres.
Aux quatrièmes arcades
recommençoient les pavillons avec les armes de
Madame la Dauphine
comme cy devant , & aux
cinquièmes, des armes de
X iiij
248 MERCURE
Monſeigneur le Dauphin ,
de mefme qu'au troiſième.
Aufixiéme des pavillons
les armes de Madame la
Dauphine , & aux deux
feptièmes au deffus du Jubé, les armes de Monfeigneurle Dauphin , ellevés
comme les autres avec des
rideaux retrouffez fans timpans deffous à cauſe de la
mufique.
Devant le Jubé eftoit
une balustrade de marbre
blanc veiné , dans le milieu de laquelle eftoient les
chiffres de Monfeigneur le
E
GALANT. 249
Dauphin , avec des trophez.
Les balustrades eftoient
dorées fort richement.,
Servicefolemnel à Notre Da
me de Paris. j
Le dix de ce mois on fit
dans l'Eglife Metropolitai
ne un Service folemnel
pour Monſeigneur le Dauphin , & Madame la Dauphine. Le Cardinal de
Noailles Archevefque de
Paris officia , & le Pere
Gaillard Jefuite prononça
l'Oraifon funebre. Mon-
250 MERCURE
feigneur le Duc de Berry ,
Madame la Ducheffe de
Berry , Monfieur le Duc
d'Orleans , Monfieur le
Comte de Charolois , Mademoiſelle de Bourbon ,
& Mademoiſelle de Charolois , eftoient les Princes
& Princeffes du dueil , &
ils allerent àl'offrande chacun felon fon rang , conduits alternativement par
le Marquis de Dreux Maiftre des ceremonies.
Le Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes, l'Univerfité &
GALANT. 251
le Corps de Ville y affifterent , ayant efté invitez par
ordre du Roy.
Laceremonie faite Monfieur le Cardinal de Noailles eut l'honneur de donner à difner dans l'Archevefché à Monfeigneur le
Duc de Berry , à Madame
la Ducheffe de Berry , accompagnez de Monfieur
'le Duc d'Orleans, de Monfieur le Comte de Charolois , de Mademoiſelle de
Bourbon , &de Mademoifelle de Charolois : le repas
fut magnifique , & fort
252 MERCURE
bien fervi , les Princes &
les Princeffes en furent fort
contents , il y eut auffi plufieurs tables fervies pour
les Seigneurs , & principaux Officiers de leur
fuite.
Enfin Monfieur le Cardinal de Noailles agit en
cette occafion , comme il
agit en toutes felon fon
caractere. On fçait qu'il
eft auffi noble & auffi magnifique pour les autres ,
qu'il eft fimple & modefte
en ce qui ne regarde que
La perfonne.
319
GALANT. 253
pour
On a celebré le fept de
ce mois ,un Service folemnel dans l'Eglife du College de Louis Le Grand ,
Monteigneur le Dauphin & Madame la Dauphine ; le Pere Sanadon ,
un des Profeffeurs de Rhetorique , prononça le foir
l'Eloge funebre en latin ,
avec beaucoup de fatisfaction de toute l'affemblée ,
?
compofée de plufieurs Prélats & autres perfonnes de
diſtinction , la Salle eftoit
éclairée de quantité de lumieres,&ornée de devifes
funebres.
Le Mardy dixiéme May
fe fit à Noftre - Dame
Service de feu MonfeiMay 1712.
T
218 MERCURE
gneur le Dauphin , & de
feue Madame la Dauphi
ne: je ne vous en ferayicy
aucun détail parce que la
cérémonie a efté toute pareille à celle de S. Denys.
Al'occafionde cette ceremonie, on donneicyune
peinture plus exacte de la
decoration du Chœur de
faint Denys , qui a paru
affez belle pour meriter
qu'on reforme dans ce
Mercure-cy ce qu'on en
avoit dit dans l'autre.
En entrant dans le Chœur
faifoit face une grande re-
GALANT. 219
preſentation en forme de
baldaquin , eflevé devingtcinq à vingt- fix pieds fur
douze pieds de large , &
dix huit de long.
L'Eftrade formoit un
quarré long , dont les pans
eftoient coupez par des
piedeftaux , & fe terminoit en eſcalier de cinq
marches , faifant un plan
ovale par les deux bouts.
Lefdits piedeftaux faifoient reffaut & plan rond
fur lesquels eftoient quatre
courbes en forme de confoles fort enlevées , &quaTij
220 MERCURE
tre grandesfigures de mar
bre blanc au pied de chaque confole fur les reffauts
des piedeſtaux , ces figures reprefentoient quatre
Vertus ; fçavoir la Reli
gion , la Charité , la Prudence , & la Juſtice.
Toute l'Eftrade eftoit de
marbre noir veiné de
blanc , & de blanc veiné
de noir. Les piedeſtaux ornez de mefme d'agraffes
& cartouches de bronze
doré les coftez de l'Eftrade eftoient auffi ornez de
medailles & trophez,
GALANT. 221.
Adroite eftoit les Chiffres de Monfeigneur le
Dauphin, & àgauche ceux
de Madame la Dauphine,
de bronze doréfur du marbre.
Les confoles eftoient de
marbre blanc , & les corps
de porte or, qui formoient
des panneaux ornez de feftons de laurier, portant des
chapiteaux Ioniques qui
couronnoient lesdites confoles. Sur les premieres
courbes eftoient des Dauphins, dont la queue couloit le long des confoles ,
T iij
222 MERCURE
&portoientfur la tefte chacun une girandole_ronde en forme de vaſe qui
portoit beaucoup de lauriers.
Les confoles par le bas
formoient une grande volute qui portoit une tefte
de Cherubim , les ailes levez fur la tefte comme fi
elles fouftenoient les confoles , & d'autres ailes en
forme d'agraphes qui embraffoient les volutes , du
milieu defquelles partoit
de chaque cofté une grande girandole à cinq brang
GALANT. 223
ches garnies de flambeaux.
Les confoles eftoientprofilez de petites branches
portant chacunes un lys
dans lequel eftoit un flambeau qui faifoit une grande lumiere.
Les confoles portoient
une corniche architravede
marbre blanc orné de modillons de bronze doré.
Ladite corniche eſtoit à
pans , & portoit un focle
de marbre de brayer d'où
partoit un doſme qui faifoit mefme plan orné de
bandeaux & trophez d'or
Tiiij
224 MERCURE
fur des fonds de marbre
blanc & noir.
Le focle dudit dofme faifoit reffaut fur les pans , &
portoit quatre vafes de vermeil tout à jour, d'où partoiết quantité de lumieres.
Au deffus du doſme eftoit un dez orné d'agraphes en forme de confoles qui portoit une couronne de Dauphins en or.
Sur les quatre faces de la
corniche eftoit un grand
cartouche de bronze doré
orné de teftes de morts
&autres attributs,
GALANT.
225
1
Lefdits cartouches eftoient couronnez d'une
groffe girandole à cinq
Branches portant des lumieres. 4
Au deffous de la corniche entre les confoles, pendoit une pente en broderie
d'or,
enrichie de fleurs de
lys , de Dauphins , & de
gros glands d'or.
Le fond du dolme eftoit
noir fleurdelylé d'or , &
d'une croix de moire d'argent.
Le dedans des confoles
formoit un corps de mar
226 MERCURE
bre noir fleurdelisé d'or.
Dans le milieu de l'eftrade , on avoit enlevé un
tombeau de porte d'or fur
un focle enrichi de confoles qui fe terminoit par
des griffes qui portoient
fur le focle du cofté droit
les armes de Monseigneur
le Dauphin en relief, ornées des colliers & couronnes; & du cofté gauche les
armes de mefme de Madame la Dauphine.
Sur les coftez de l'eftrade , il y avoit une herſe en
vermeil , ornée de fleurs
GALANT. 227
de lys , & de branches qui
portoient quantité de flambeaux.. Lefdites herfes fe
terminoient par les bouts
par une groffe girandole
en forme d'agraffe qui portoit plufieurs lumieres , &
une groffe fleur de lys qui
portoit auffi plufieurs lumieres , deforte que cela
faifoit une clarté , & donnoitungrandéclat au tombeau.
Sur ledit tombeau on
avoit posé les deux cercuëils fçavoir Monfeigneur le Dauphin à droite,
>
228 MERCURE
de
& celuy de Madame la
Dauphine à gauche. Elle
eftoit couverte d'un poil
noir couvert d'une grande
croix de moire d'argent ,
& brodé d'hermine; celuy
Monfeigneur le Dauphin eftoit couvert de poële de la Couronne, qui eft
de drap d'or , couvert de
deux grandes armes à droite,de Monfeigneur le Dauphin , & à gauche, deux de
Madame la Dauphine
brodé en or,avec une grandecroix demoire d'argent,
& bordé d'hermine , lequel
GALANT. 229
couvroit les deux corps.
Sur chaque corps eftoit
un manteau à la Royale de
velours violet , avec quatre
rangs de fleurs de lys d'or ;
fur celuy de Monfeigneur
le Dauphin eftoit fon collier de l'Ordre & fa couronne fur un carreau couvert d'un crefpe , & fur celuy de Madame la Dauphi
ne eftoit fa couronne couverte de mefme.
Au deffus eftoit ungrand
pavillon à pans dorez , femé par deffus de fleurs de
lys d'or.
230 MERCURE
Il y avoit autour unë
grande pente en broderie
d'or, où pendoient de gros
glands d'or.
Quatre grandes queuës
fortoient de deffous femées
de fleurs de lys d'or , &
doublées d'hermine retrouffée enl'air par les quatre coins avec un gros
nœud.
Dans le fond dudit pavillon eftoit une grande
croix de moire d'argent ,
avec quatre grandes armes
dans les quatre coins.
Il y avoit deffus quatre
GALANT. 231
grands bouquets de plumesnoires & blanches.
Aux quatre coins du
corps eftoient quatre Heraults d'armes & quatre
Gardes fous les armes , devant eftoit le Roy d'armes
entre les deux Maiftres des
ceremonies.
En face eftoit l'Autel orné de fes ornemens ordinaires , qui eft d'or , garny
detrois groffes pierres prétieuſes. Dans le milieu en
haur eftoit une grande
croix d'or émaillée, & garnie auffi de tres- groffes
1
232 MERCURE
pierres
fines.
Au deffus eftoit ungrand
dais garni de pentes en
broderie d'or dedans & dehors , garni de gros glands
d'or , dont le fond eftoit
garni d'une croix de moire
d'argent avec quatre grandes armes , deux de Monfeigneur le Dauphin , &
deux de Madame la Dauphine.
Aux deux coftez eftoient
deux grands rideaux noirs
fleurdelifez en or , doublez
d'hermine , retrouffez par
de grands cordons d'or
garnis
GALANT. 235
garnis de gros glands fur
deux pillaftres qui portoient ledit dais ; il eftoit
femé par deffus de fleurs.
de lys d'or , & garni de ,
huit gros bouquets de plumes blanches & noires.
Lefdits pillaftres eftoient
d'or, qui portoient chacun
deux medailles, où eftoient.
en haut celles de Monfeigneur le Dauphin , & en
bas celles de Madame la
Dauphine , le champeſtoit
femé de fleurs de lys , &
chaque medaille portoit
unegirandole à cinq bran,
May. 1712. V
234 MERCURE
ches. Aux deux coftez eftoient deux grandes piramides en or , avec unfond
de mofaïque de fleurs de
lys , qui portoient chacune
une grande arme de Monfeigneur le Dauphin , au
bas defquels eftoient une
grande girandole à plufieurs branches , & quantité de branches qui portoient des lumieres.
A la pointe de la piramide eftoit une groffe fleur
de lys , qui portoit une
groffe girandole à cinq
branches.
GALANT. 235
Au deffus eftoit un architrave doré qui regnoit
tout autour du Chœur avec
un lay de velours ſemé de
fleurs de lys , de larmes , de
Dauphins, &decroix blanches, qui eftoient attachez
à une grande corniche dorée qui regnoit autour de
l'Eglife qui formoit une
frife.
Sur les pentes & rideaux
eftoient les armes , en haut
de Monſeigneur le Dauphin , & en bas fur les rideaux , celles de Madame
la Dauphine le tout brodé
en or, Vij
236 MERCURE
Le tour du Chœur eftoit
tout garni de noir jufqu'
aux vitraux. Au deffus des
ftates eftoit un lay d'hermine par feftons , qui re
gnoit autour du Chœur
fur lequel , de diſtance en
diſtance , eftoient les chiffres de Monfeigneur & de
Madamela Dauphinedans
des medailles dorées.
Au deffus du lay d'hermine eftoit un lay de velours femé de fleurs de lys ,
de larmes , de Dauphins,
& de croix blanches , qui
eftoit attaché à une corni
GALANT. 237
che, qui portoit des girandoles à cinq branches , &
tout le long eftoient des
fleurs de lys garnies de lumieres.
Au deffus eftoient fix arcades de chaque colté , &
deux dans le Jubé , dans
lefquels eftoient des amphitheatres , où eftoient
placez des gens de quali
té. Ladite décoration eftoit composée de quatorze
arcades , avec des pillaftres :
de vingt pieds de haut fur
quatre pieds de large, de›
marbre blanc , avec des
238 MERCURE
panneaux dans les milieux,
de marbre pal or, avec des
moulures d'or. Ils portoient chacun une grande
medaille où eſtoient reprefentées treize Vertus , à la
gloire du Prince & de la
Princeffe , le tour en or.
Les Vertus eftoient la
Foy chreftienne , la Picté ,
l'acte vertueux , Defirs envers Dicu, Juftice invioli :
ble , Commandement fur
foy- melme , Sageffe humaine , Concorde , Concorde conjugale , Gloire
des Princes , Egalité, Bien-
GALANT. 239
veillance , & Amour de la
patrie , ils portoient chacunes une grande girandole de plufieurs lumieres.
Au bas de chaque pilaf
tre eftoit un fcabellon doré, qui portoit une girandole à cinq branches.
-
Et au deffus des pilaftres
regnoit un architrave doré , qui portoit le ſecond
lay de velours qui fermoit
une frife , fur laquelle eftoient femées des fleurs de
lys , des Dauphins, des larmes, & des croix , attachée
à lagrandecornichequi re-
240 MERCURE
gnoit à l'entour du Chœur,
dorée, qui portoit au deffus
au droit des pilaftres un›
couronnement en forme
de medaille furunfocle de
marbre blanc , enrichi de:
feftons & de chiffres de
Monſeigneur , & de Madame la Dauphine alternativement , & le long de ladite corniche eftoient des:
fleurs de lys & lys garnis
de lumieres. Les pilaftres;
fe terminoient fous l'ar--
chitrave parune agraffe en
formedeconfole, qui portoit unegrande girandole.
Dans
GALANT. 241
Dans les angles de l'Autel & du Jubé eftoient deux
pilaftres chacuns , qui faifoient retour, fçavoir ceux
de l'Autel eftoient comme ceux qui portoient le
grand Dais , & ceux du
Jubé portoient feulement.
chacun une medaille où
eftoit un chiffre de Monfeigneur le Dauphin, & de
Madame la Dauphine , attaché à des feftons de
feuilles , le tout en or.
Au milieu de chaque arcade , eftoit , fçavoir aux
deux premieres du cofté.
May, 17120 X
242 MERCURE
de l'Autel , une grande arme de Monfeigneur le
Dauphin fort ellevée ſouftenue par deux Renommées, enrichies de trophez
de bronze doré , au deffous
defquels eftoient deux
grands rideaux noirs ſemez de fleurs de lys , &
doublez d'hermine retrouſſez en feftons fur les
deux arriere-corps , & au
bas des armes pendoit une
cheute defdits rideaux , ſemez de fleurs de lys , &
doublez d'hermine.
Au bas defdites armes
GALANT. 243
pendoit à chacune une
grande medaille en or , où
eftoient reprefentées, dans
une, la pureté , & dans l'autre , la Religion , & au bas
une girandole à pluſieurs
branches.
Aux deux fecondes arcades eftoit un grand pavillon de relief fort eflevé ,
couronné d'une couronne
de Dauphin , avec des pentes en broderie d'or , où
pendoient de gros glands ,
au deffous defquels fortoient deux grands rideaux
retrouſſez par feftons ſur
$
X ij .
244 MERCURE
les deux arriere. corps , fe
mez auffi de fleurs de lys ,
& doublez d'hermine.
Au deffous deſdits pavillons eftoient de grandes
armes de Madame la Dauphine , garnies de palmes
& de lauriers , & fouftenuës par deux Anges , au
bas defquels eftoient à cha
cun deux girandoles à plu--
fieurs branches , le tout de
bronze doré.
Au deffous des armes
cftoit un timpan bas de
marbre blanc , & les mouleures d'or , qui fervoient
GALANT. 245
comme d'appuy , où eftoit
repreſentée une groffe tefte de mort avec les attributs , & des feftons de cyprez , le fond defdits timpans eftoit femé de larmes
d'argent fur un fond de
marbre noir , & tout le refte en or.
Ils portoient au deffus un
vafe en forme de lampe
antique avec deux groffes
lumieres , & eftoient lesdits
timpans profilez de branches de lumieres en grand
nombre.
༡
Aux deux troifiémes arX iij
246 MERCURE
cades eftoit de meſme eflevée fort haut une grande
arme , d'où fortoient de
grands rideaux retrouffez ,
au bas defquels eftoit un
grand timpan de marbre
blanc avec des mouleures
d'or , où eftoit un chiffre
de Monſeigneur le Dauphin , & de Madame la
Dauphine , entrelaffé avec
des lauriers & des palmes ,
fouftenu par deux enfans
qui pleuroient , & qui eftoient entrelaffez de feftons de cyprez , & deux
gros Dauphins fur les proX
GALANT. 247
fils defdits timpans , fur
leſquels eftoient attachées
des branches qui portoient
des lumieres , & au deffus
eftoit une groffe fleur de
lys , qui portoit une lumie+
les autres.
re plus forte que
Aux deux coftez eſtoient
deux vafes qui portoient
de mefme deux lumieres
plus fortes que les autres.
Aux quatrièmes arcades
recommençoient les pavillons avec les armes de
Madame la Dauphine
comme cy devant , & aux
cinquièmes, des armes de
X iiij
248 MERCURE
Monſeigneur le Dauphin ,
de mefme qu'au troiſième.
Aufixiéme des pavillons
les armes de Madame la
Dauphine , & aux deux
feptièmes au deffus du Jubé, les armes de Monfeigneurle Dauphin , ellevés
comme les autres avec des
rideaux retrouffez fans timpans deffous à cauſe de la
mufique.
Devant le Jubé eftoit
une balustrade de marbre
blanc veiné , dans le milieu de laquelle eftoient les
chiffres de Monfeigneur le
E
GALANT. 249
Dauphin , avec des trophez.
Les balustrades eftoient
dorées fort richement.,
Servicefolemnel à Notre Da
me de Paris. j
Le dix de ce mois on fit
dans l'Eglife Metropolitai
ne un Service folemnel
pour Monſeigneur le Dauphin , & Madame la Dauphine. Le Cardinal de
Noailles Archevefque de
Paris officia , & le Pere
Gaillard Jefuite prononça
l'Oraifon funebre. Mon-
250 MERCURE
feigneur le Duc de Berry ,
Madame la Ducheffe de
Berry , Monfieur le Duc
d'Orleans , Monfieur le
Comte de Charolois , Mademoiſelle de Bourbon ,
& Mademoiſelle de Charolois , eftoient les Princes
& Princeffes du dueil , &
ils allerent àl'offrande chacun felon fon rang , conduits alternativement par
le Marquis de Dreux Maiftre des ceremonies.
Le Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes, l'Univerfité &
GALANT. 251
le Corps de Ville y affifterent , ayant efté invitez par
ordre du Roy.
Laceremonie faite Monfieur le Cardinal de Noailles eut l'honneur de donner à difner dans l'Archevefché à Monfeigneur le
Duc de Berry , à Madame
la Ducheffe de Berry , accompagnez de Monfieur
'le Duc d'Orleans, de Monfieur le Comte de Charolois , de Mademoiſelle de
Bourbon , &de Mademoifelle de Charolois : le repas
fut magnifique , & fort
252 MERCURE
bien fervi , les Princes &
les Princeffes en furent fort
contents , il y eut auffi plufieurs tables fervies pour
les Seigneurs , & principaux Officiers de leur
fuite.
Enfin Monfieur le Cardinal de Noailles agit en
cette occafion , comme il
agit en toutes felon fon
caractere. On fçait qu'il
eft auffi noble & auffi magnifique pour les autres ,
qu'il eft fimple & modefte
en ce qui ne regarde que
La perfonne.
319
GALANT. 253
pour
On a celebré le fept de
ce mois ,un Service folemnel dans l'Eglife du College de Louis Le Grand ,
Monteigneur le Dauphin & Madame la Dauphine ; le Pere Sanadon ,
un des Profeffeurs de Rhetorique , prononça le foir
l'Eloge funebre en latin ,
avec beaucoup de fatisfaction de toute l'affemblée ,
?
compofée de plufieurs Prélats & autres perfonnes de
diſtinction , la Salle eftoit
éclairée de quantité de lumieres,&ornée de devifes
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Résumé : CEREMONIES funebres.
Le texte relate les cérémonies funèbres du 10 mai 1712 à Notre-Dame, en mémoire du Dauphin et de la Dauphine. La cérémonie, similaire à celle tenue à Saint-Denis, se déroula dans un chœur somptueusement décoré. Une grande représentation en forme de baldaquin, haute de vingt-cinq à vingt-six pieds, était ornée de marbre noir et blanc, de bronze doré, et comportait des figures de Vertus (Religion, Charité, Prudence, Justice) ainsi que des emblèmes des Dauphin et Dauphine. L'estrade, en forme de carré long, se terminait par un escalier de cinq marches et était ornée de médailles et de trophées. Les consoles, en marbre blanc, portaient des dauphins et des girandoles. Le dôme, en marbre de Bray, était décoré de bandeaux et de trophées d'or. Au-dessus du dôme, une couronne de dauphins en or surmontait une croix de moire d'argent. Le tombeau, placé au centre de l'estrade, était orné de herse en vermeil et de girandoles. Les cercueils du Dauphin et de la Dauphine étaient recouverts de poêles et de manteaux violets brodés de lys d'or, surmontés d'un grand pavillon doré fermé par des lys d'or. L'autel, orné de ses ornements ordinaires, était garni de pierres précieuses et d'une croix d'or émaillée. Un dais, garni de pentes en broderie d'or, surmontait l'autel. Des rideaux noirs fleurdelisés en or doublés d'hermine encadraient l'autel, flanqué de pyramides en or avec les armes du Dauphin. Le chœur était entièrement garni de noir jusqu'aux vitraux, avec des lés d'hermine et de velours semés de lys, de larmes, de dauphins et de croix blanches. Des arcades et des amphithéâtres accueillaient des personnes de qualité. Les pilastres, en marbre blanc, portaient des médailles représentant des Vertus. Des girandoles et des fleurs de lys garnies de lumières ornaient l'ensemble de la décoration. Le 10 mai, un service solennel fut organisé dans l'église métropolitaine, officié par le Cardinal de Noailles, archevêque de Paris. Le Père Gaillard, jésuite, prononça l'oraison funèbre. Les princes et princesses du deuil, incluant Monseigneur le Duc de Berry, Madame la Duchesse de Berry, Monsieur le Duc d'Orléans, Monsieur le Comte de Charolais, Mademoiselle de Bourbon et Mademoiselle de Charolais, assistèrent à l'offrande. Le Parlement, la Chambre des Comptes, la Cour des Aydes, l'Université et le Corps de Ville étaient également présents. Après la cérémonie, le Cardinal de Noailles invita les princes et princesses à dîner à l'archevêché, où un repas magnifique fut servi. Le 27 mai, un autre service solennel fut célébré dans l'église du Collège de Louis Le Grand, avec un éloge funèbre en latin prononcé par le Père Sanadon, professeur de rhétorique.
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3133
p. 254-259
MORTS.
Début :
Le 22. d'Avril dernier mourut icy haut & puissant [...]
Mots clefs :
Noailles, Bailli, Ordre de saint Jean de Jerusalem, Malte
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texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Le 22. d'Avril dernier
mourut icy haut &puiſſant
& Religieux Seigneur Frere Jacques de Noailles ,
Bailly , Grand Croix de
l'Ordre de faint Jean de
Jerufalem , Commandeur
des Commanderies de S.
Thomas de Trinquetaille
en Provence , & de la Croix
en Brie , & Ambaffadeur ;
de Malthe pres Sa Majeſté,
il eftoit fils de feu Monfieur le Duc de Noailles ,
frere de feu Monfieur le
GALANT. 255
Marefchal de Noailles ,
frere de Monfieur le Cardinal de Noailles Archevefque de Paris, & de Monfieur l'Evefque Comte de
Chalons , Pair de France.
L'ancienneté de cette Maifon eft fi connue à la Cour,
& dans tout le Royaume ,'
qu'il feroit inutile de vous
en faire un détail ; je me
contenteray de vous dire
que celuy dont je parle ,
eftoit néen Octobre 1653 .
qu'il fut fait Chevalier de
Malthe en tres bas âge ,
Madame la Ducheffe fa 2
256 MERCURE
mere eftant bien aife d'a
voir un de les fils dans cet
Ordre, dont Aloph de Vignacourt fon grand Oncle , avoit efté Grand Mailtre , place où elle a veu depuis Adrien de Vignacourt
fon oncle , Prédeceffeur de
celuy qui regne aujourd'huy ; le jeune Chevalier ,
aprés avoir fait les caravannes , fe trouvant accou
ftumé à la mer , fut deſtiné
à ce fervice par Monfieur
le Ducfon Pere. Il fut fait
Capitaine de Vaiffeau ;
enfuite il eut la Charge
de
GALANT. 257
de Lieutenant General
des Galeres de France
qu'il a exercée pendant
vingt cinq Campagnes ,
ayant commandé les Galeres du Roy en cette qualité par tout où elles ont
eu ordre d'aller , à Alger ,
au bombardement de Gennes , à la priſe de Barcelonne , où il mit pied à terre , & monta la tranchée
en qualité de Lieutenant
General des armées de fa
Majefté; & enfin par tout
ailleurs où elles ont fervi
jufqu'en 1704. que Mr le
May 1712.
Y
258 MERCURE
Bailly deHautefeuille Ambaffadeur de Malthe eftant
décedé , fa Majefté trouva
bon que Monfieur le Bailly
de Noailles acceptaſt cette
Ambaffade que fon Ordre
luy propofoit, &qu'il a gardée juſqu'à ſa mort.
Il fut enterré le lendemain de fon deceds , dans
la Chapelle que la Maiſon
de Noailles a en l'Eglife
de Noftre - Dame , & Meffieurs de Malthe firent celebrer pour luy le 7. May
fuivant un Service folemnel dans leur Egliſe du
GALANT. 259
Temple , où tous les Commandeurs & Chevaliers af
fifterent avec Monfieur le
Cardinal de Noailles , &
les Seigneurs & Dames de
fa famille.
Le 22. d'Avril dernier
mourut icy haut &puiſſant
& Religieux Seigneur Frere Jacques de Noailles ,
Bailly , Grand Croix de
l'Ordre de faint Jean de
Jerufalem , Commandeur
des Commanderies de S.
Thomas de Trinquetaille
en Provence , & de la Croix
en Brie , & Ambaffadeur ;
de Malthe pres Sa Majeſté,
il eftoit fils de feu Monfieur le Duc de Noailles ,
frere de feu Monfieur le
GALANT. 255
Marefchal de Noailles ,
frere de Monfieur le Cardinal de Noailles Archevefque de Paris, & de Monfieur l'Evefque Comte de
Chalons , Pair de France.
L'ancienneté de cette Maifon eft fi connue à la Cour,
& dans tout le Royaume ,'
qu'il feroit inutile de vous
en faire un détail ; je me
contenteray de vous dire
que celuy dont je parle ,
eftoit néen Octobre 1653 .
qu'il fut fait Chevalier de
Malthe en tres bas âge ,
Madame la Ducheffe fa 2
256 MERCURE
mere eftant bien aife d'a
voir un de les fils dans cet
Ordre, dont Aloph de Vignacourt fon grand Oncle , avoit efté Grand Mailtre , place où elle a veu depuis Adrien de Vignacourt
fon oncle , Prédeceffeur de
celuy qui regne aujourd'huy ; le jeune Chevalier ,
aprés avoir fait les caravannes , fe trouvant accou
ftumé à la mer , fut deſtiné
à ce fervice par Monfieur
le Ducfon Pere. Il fut fait
Capitaine de Vaiffeau ;
enfuite il eut la Charge
de
GALANT. 257
de Lieutenant General
des Galeres de France
qu'il a exercée pendant
vingt cinq Campagnes ,
ayant commandé les Galeres du Roy en cette qualité par tout où elles ont
eu ordre d'aller , à Alger ,
au bombardement de Gennes , à la priſe de Barcelonne , où il mit pied à terre , & monta la tranchée
en qualité de Lieutenant
General des armées de fa
Majefté; & enfin par tout
ailleurs où elles ont fervi
jufqu'en 1704. que Mr le
May 1712.
Y
258 MERCURE
Bailly deHautefeuille Ambaffadeur de Malthe eftant
décedé , fa Majefté trouva
bon que Monfieur le Bailly
de Noailles acceptaſt cette
Ambaffade que fon Ordre
luy propofoit, &qu'il a gardée juſqu'à ſa mort.
Il fut enterré le lendemain de fon deceds , dans
la Chapelle que la Maiſon
de Noailles a en l'Eglife
de Noftre - Dame , & Meffieurs de Malthe firent celebrer pour luy le 7. May
fuivant un Service folemnel dans leur Egliſe du
GALANT. 259
Temple , où tous les Commandeurs & Chevaliers af
fifterent avec Monfieur le
Cardinal de Noailles , &
les Seigneurs & Dames de
fa famille.
Fermer
Résumé : MORTS.
Jacques de Noailles, haut seigneur et religieux, membre de l'Ordre de Saint Jean de Jérusalem, est décédé le 22 avril. Il occupait les fonctions de Bailly, Grand Croix, Commandeur des Commanderies de Saint Thomas de Trinquetaille en Provence et de la Croix en Brie, ainsi qu'Ambaffadeur de Malthe auprès du roi. Né en octobre 1653, il était fils du Duc de Noailles et frère du Maréchal de Noailles, du Cardinal de Noailles, Archevêque de Paris, et de l'Évêque Comte de Chalons, Pair de France. Jacques de Noailles fut fait Chevalier de Malthe à un jeune âge, à la demande de sa mère, la Duchesse. Il devint Capitaine de Vaisseau et Lieutenant Général des Galères de France, poste qu'il occupa pendant vingt-cinq campagnes. Il participa à diverses missions, notamment à Alger, lors du bombardement de Gênes, et à la prise de Barcelone. En 1712, il succéda à Monsieur le Bailly de Hautefeuille comme Ambaffadeur de Malthe, fonction qu'il exerça jusqu'à sa mort. Jacques de Noailles fut enterré le lendemain de son décès dans la chapelle de la Maison de Noailles à l'église Notre-Dame. Un service solennel en sa mémoire fut célébré le 7 mai suivant dans l'église du Temple par les membres de l'Ordre de Malthe, en présence du Cardinal de Noailles et des membres de sa famille.
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3134
p. 259-263
PROMOTION de Cardinaux.
Début :
Le 18. le Pape a remply les dix huit places [...]
Mots clefs :
Promotion, Cardinaux, Pape, Sacré Collège
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PROMOTION de Cardinaux.
PROMOTION
de Cardinaux.
Le 18. le Pape a remply
les dix huit places vacantes dans le Sacré College ;
fçavoir , les onze faits fuivans , & il ena retenu ſept
in petto,
Y ij
260 MERCURE
MESSIEURS
Davia.
Cufani.
Piaffa , Nonce à Vienne.
Zondedari.
De Rohan , Evefque de
Strasbourg , pour la
.. France.
Acuna de Afeide , pour le
Portugal.
,
Scofembach Evefque
d'Olmuts , pour Vienne.
Prioli , Auditeur de Rote ,
pour Venife.
Tolames ,Jefuite.
Thomafi , Theatin.
Caffini , Capucin , Prédi
GALANT. 261
cateur du Palais Apoftolique.
Les fept retenus in petto
font :
Celuy pour l'Espagne , &
les trois du Palais ; fçavoir:
Corradini , Miniftre de la
Chambre.
Pico , Majordome.
Oriaghi , Secretaire de la
Chambre. Ces quatre
font feurs.
L'Abbé de Polignac eſt
le cinquième felon toute
apparence , l'Evefque de
Barcelonne le fixiéme.
262 MERCURE
Mr Buffi Nonce de Pologne le ſeptiéme.
Un pareil article merite bien qu'on l'eftende
beaucoup mais je reçois
cette Lettre fur la fin de
l'impreffion du Mercure ;
je vous donne toujours cecy comme nouvelle fraifche , ce qui n'empefchera
pas que pour le Mercure
prochain je ne recherche
avec foin des memoires
curieux fur les perfonnes.
illuftres qui ont eſté nommées , & fi je puis quelque
érudition fur les élections
GALANT. 263
des Cardinaux en general.
de Cardinaux.
Le 18. le Pape a remply
les dix huit places vacantes dans le Sacré College ;
fçavoir , les onze faits fuivans , & il ena retenu ſept
in petto,
Y ij
260 MERCURE
MESSIEURS
Davia.
Cufani.
Piaffa , Nonce à Vienne.
Zondedari.
De Rohan , Evefque de
Strasbourg , pour la
.. France.
Acuna de Afeide , pour le
Portugal.
,
Scofembach Evefque
d'Olmuts , pour Vienne.
Prioli , Auditeur de Rote ,
pour Venife.
Tolames ,Jefuite.
Thomafi , Theatin.
Caffini , Capucin , Prédi
GALANT. 261
cateur du Palais Apoftolique.
Les fept retenus in petto
font :
Celuy pour l'Espagne , &
les trois du Palais ; fçavoir:
Corradini , Miniftre de la
Chambre.
Pico , Majordome.
Oriaghi , Secretaire de la
Chambre. Ces quatre
font feurs.
L'Abbé de Polignac eſt
le cinquième felon toute
apparence , l'Evefque de
Barcelonne le fixiéme.
262 MERCURE
Mr Buffi Nonce de Pologne le ſeptiéme.
Un pareil article merite bien qu'on l'eftende
beaucoup mais je reçois
cette Lettre fur la fin de
l'impreffion du Mercure ;
je vous donne toujours cecy comme nouvelle fraifche , ce qui n'empefchera
pas que pour le Mercure
prochain je ne recherche
avec foin des memoires
curieux fur les perfonnes.
illuftres qui ont eſté nommées , & fi je puis quelque
érudition fur les élections
GALANT. 263
des Cardinaux en general.
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Résumé : PROMOTION de Cardinaux.
Le 18 du mois, le Pape a comblé dix-huit places vacantes au sein du Sacré Collège. Onze nominations ont été rendues publiques, incluant Davia, Cufani, Piaffa (Nonce à Vienne), Zondedari, De Rohan (Évêque de Strasbourg pour la France), Acuna de Afeide (pour le Portugal), Scofembach (Évêque d'Olmuts pour Vienne), Prioli (Auditeur de Rote pour Venise), Tolames (Jésuite), Thomasi (Théatin) et Caffini (Capucin, Prédicateur du Palais Apostolique). Sept autres nominations ont été gardées secrètes, parmi lesquelles celle pour l'Espagne, Corradini (Ministre de la Chambre), Pico (Majordome), Oriaghi (Secrétaire de la Chambre), tous laïcs, l'Abbé de Polignac, l'Évêque de Barcelone et Monsieur Buffi, Nonce de Pologne. L'auteur n'a pas pu développer davantage en raison de la fin de l'impression mais prévoit d'ajouter des informations supplémentaires dans le prochain numéro du Mercure.
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3135
p. 263-264
« Monsieur l'Abbé de Vauginnois, dont on a desja parlé, a [...] »
Début :
Monsieur l'Abbé de Vauginnois, dont on a desja parlé, a [...]
Mots clefs :
Abbé, Vauginnois, Ordre de Saint Benoît, Fyot
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texteReconnaissance textuelle : « Monsieur l'Abbé de Vauginnois, dont on a desja parlé, a [...] »
Monfieur l'Abbé de Vauginnois , dont on a desja
parlé , a eu de Sa Majeſté
l'Abbaye de Noftre- Dame
du Tronchet en Bretagne,
Dioceſe de Dol , Ordre de
faint Benoift.
Monfieur l'Abbé de Vauginnois eft de la famille
de Fyot , une des plus anciennes du Parlement de
Bourgogne , fils de Monfieur de Vauginnois Préſident aux Requeſtes du Pa-
264 MERCURE
lais à Dijon neveu d'un
Abbé de fon nom , ancien
Aumofnier du Roy , Confeiller d'honneur en ce Parlement , & Abbé de faint
Eftienne de Dijon , & neveu auffi de Monfieur le
Marquis de Mimeure, Marechal des Camps & Armées du Roy , qui a eſté
Gentilhomme de la Chambre, & Menin de feu Monfeigneur le Dauphin.
parlé , a eu de Sa Majeſté
l'Abbaye de Noftre- Dame
du Tronchet en Bretagne,
Dioceſe de Dol , Ordre de
faint Benoift.
Monfieur l'Abbé de Vauginnois eft de la famille
de Fyot , une des plus anciennes du Parlement de
Bourgogne , fils de Monfieur de Vauginnois Préſident aux Requeſtes du Pa-
264 MERCURE
lais à Dijon neveu d'un
Abbé de fon nom , ancien
Aumofnier du Roy , Confeiller d'honneur en ce Parlement , & Abbé de faint
Eftienne de Dijon , & neveu auffi de Monfieur le
Marquis de Mimeure, Marechal des Camps & Armées du Roy , qui a eſté
Gentilhomme de la Chambre, & Menin de feu Monfeigneur le Dauphin.
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Résumé : « Monsieur l'Abbé de Vauginnois, dont on a desja parlé, a [...] »
L'Abbé de Vauginnonis, membre de la famille de Fyot, a reçu l'Abbaye de Notre-Dame du Tronchet en Bretagne. Il est le fils du Président aux Requestes du Palais à Dijon et neveu de l'abbé de Saint-Étienne de Dijon et du Marquis de Mimeure, Maréchal des Camps et Armées du Roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3136
p. 265-284
Extrait d'une Lettre de M. Galiczon, Evêque d'Agathople, & Coadjuteur de Babylone, à M... A Teflis ce 3. Août 1711.
Début :
Monsieur, J'ai eu l'honneur de vous écrire vers [...]
Mots clefs :
Géorgie, Arméniens, Agathople, Babylone, Teflis, Catholique, Christianisme
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texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une Lettre de M. Galiczon, Evêque d'Agathople, & Coadjuteur de Babylone, à M... A Teflis ce 3. Août 1711.
Extrait d'une Lettre de M.
Galiczon , Evêque d'Aga
thople , Coadjuteur de
Babylone, à M.....
A Teflis ce 3. Août 1711,
MONSIEUR,
J'ai eu l'honneur de vous
écrire vers le 15. Juin à nôtre débarquement de la
Mer noire , en un lieu où
rade appellée Arkaval, dans
le Bachalie ou GouverneMANY 7
266 MERCURE
ment de Calfikais , qui faifoit une partie de l'ancien
Royaume de Georgie , de
laquelle les Turcs ont prefque banni la Religion
Chrétienne à force d'impôts & d'avanies qu'ils ont
exercez fur les habitans.
Nous avons été obligez de
prendre cette route pour
paffer en Perfe ; & le 16. Juin
au matin nous montâmes
fur de méchans chevaux du
pays avec leurs bats , conduits par des Turcs , dont
un particulier , qui étoit
leur Mouffa , penfa , fur les
1
GALANT. 267.
deux heures aprés midi, fur
une coline entre des bois,
tuer M. Richard d'une grof
fe pierre , & nous faire affaffiner par tous ces infide
les. Il n'y a que les hommes
& les chevaux du pays qui
puiffent paffer par les montagnes affreufes , les bois
entrecoupez, les torrens , &
les routes eſcarpées par lef
quelles ces gens - là nous
menerent pendant plu
fieurs jours. Nous arrivâmes enfin à Calfikais le
Mercredi, Nos caracteres
n'étoient point connus , &
1
Zij
268 MERCURE
nous paſſions comme de
pauvres Marchands François ; ce qui nous avoit obligez de laiffer tout à Conftantinople,principalement
nos livres & breviaires.
A nôtre arrivée à Calfikais , quantité d'Armeniens
Catholiques en avoient rencontré deux de nôtre troupe , qui , quoique Schiſmatiques , nous avoient été
d'un grand fecours dans
plufieurs occafions dangereuſes. Dansune prairie un
Douannier vifita nos harJes , & nous contraignit de
GALANT. 269
lui donner dix piaftres ,
quoique nous n'euffions
rien qu'à nôtre uſage. Enfuite ces Armeniens nous
menerent à un endroit prés
les murailles , où nôtre gui-.
de nous étoit allé prendre
un logement chez une pauvre veuve , afin que nous
ne fuffions point obligez de
paroître dans la ville. Nôtre guide nous avoit fait
faire des prefens que nous
avions achetez à la femme
& au fils du Bacha , qu'il
leur étoit allé porter fur la "
route à une maiſon de camZ iij .
270 MERCURE
ई
pagne , & dont il tira une
lettre de recommandation
pour le Muffalem qui commandoit dans l'abſence du
Bacha. Cette lettre , nôtre
ferment , & nôtre bojour
dy, les prefens que nôtre
guide nous fit auffi faire au
Doüannier, au Muffalem &
au Soubachi , n'empêcherent pas tous ces gens- là de
nous avanizer étrangement, & principalement le
Muffalem , qui aprés avoir
reçû nos prefens nous prit
pour des efpions , & crut
volontiers les Armeniens.
GALANT. 271
Schifmatiques, qui ne manquerent pas d'aller lui dire
que nous voulions paffer
en Georgie pour nous rendre chez les Mofcovites ,
& que nôtre deffein étoit
d'exciter à la revolte les
Armeniens Catholiques ,
quifont à Calfikais au nombre d'environ foixante familles. Nous fûmes gardez
à vûë , on nous retint nôtre
ferment & nôtre bojourdy,
on nous voulut obliger
d'attendre le retour du Bacha ; enfin on ne nous laiffa
paffer qu'à force d'argent ,
Z iiij
272 MERCURE
& fi on eût découvert qui
nous étions , jamais nous
n'euffions paffé.
Nous partîmes la nuit du
. 28. au 29. à minuit : mais
comme nous montions à
cheval , il vint deux Janiffaires le coûteau tiré fur
nous , que nous ne pûmes
appailer qu'avec de l'ar
gent.
Le 30. fête de faint Paul ,
nous entrâmes fur les ter-.
res de Georgie , qui eſt un
pays Chrétien dépendant
du Roy de Perfe. La joye
que nous eûmes de retrou
1.
GALANT. 273
ver la Croix dans le che-.
min , des Eglifes Chrétiennes en chaque village , &
des habitans tous Chré-.
tiens , nous remit un peude
nos fatigues. Nous arrivâmes le 2. de Juillet à Teflis ,
Capitale de Georgie , où
les Peres Capucins Italiens,
qui vinrent avec beaucoup
de Catholiques au devant
de nous , nous menerent logerrchez eux. Ils étoient ra-.
vis d'y voir un Evêque Latin , n'y en ayant jamais eu
depuis foixante ans qu'ils .
font établis. Ils m'ont fait
274 MERCURE
officier le Dimanche cinq
Juillet , & le Vendredi fuivant , aufquels ils folemnifent la Nativité de faint
Jean- Baptifte & la fête de
faint Pierre & faint Paul ,
felon le vieux Calendrier
qu'ils fuivent avec les Georgiens & Armeniens.
Ils m'ont mené faluer le
Prince de Georgie , qui
commande à la place de
fon frere , qui eft Generaliffime du Roy de Perfe au
fiege de la fortereſſe de
Candahar , qu'il eſt allé reprendre vers le Mogol. J'ai
GALANT. 275
vû aufli ſon autre frere , &
plufieurs perfonnes de la
famille Royale , tous Chrétiens , & qui nous demandent des nouvelles des guerres de la Chrétienté. Ils furent affligez de la mort de
l'Empereur , dont la nouvelle vint à
Conftantinople
à nôtre départ.
Onapreffé plufieurs fois
le Prince qui commande
de fe faire Mahometan :
mais il eft toûjours demeuré ferme , offrant de quitter
plûtôt le commandement
que la Religion Chrétien
$
276 MERCURE
ne, & s'excufant auprés du
Roy de Perfe fur un vœu
particulier qu'il avoit fait
de la profeffer toûjours. Le
nom de ce Prince eft Vak--
tank..
C'eft une chofe confolante de voir qu'un pays
auffi refferré que la Geor--
gie par les Infideles , s'eft
toûjours confervé dans le
Chriftianifme depuis que
les Perfans l'ont fubjugué..
On compte à Teflis treize:
Eglifes Georgiennes , &
neufArmeniennes , & celle:
des Peres Capucins , qui eſt:
GALANT. 277
affez grande & tous lesjours
remplie de Catholiques. Il
y a dans la Citadelle , qui
eft vafte, fept Eglifes Georgiennes mais comme les
Mahometans feuls y de
meurent , ils les ont profanées. Ils y ont feulement
deux Molquées , & deux
dans la ville , mais fans minarets ou tours pour appeller à leurs prieres ; au
lieu que nous entendons de
côté & d'autre les cloches
des Chrétiens , qui ont de
grands clochers ou tours
depierres fur une partie de
278 MERCURE
leurs Eglifes. Les Georgiens le difent defcendus
des Iberiens venus d'Efpagne.
J'ai vu officier le 11. Juillet leur Catholicos , qui à
fous lui cinquante - deux
Archevêques ou Evêques.
Il y avoit trois Archevêques.
& neuf Prêtres qui celebroient la Meſſe avec lui :
le refte du Clergé y ſervoit
& les Chantres laïques
ayant un Prêtre ou Religieux à leur tête, faifoient
une fymphonie affez grave
dans la nefà côté gauche.
GALANT. 279
Le Prince ayant fçûlaveille
que je devois aller voir of
ficier le Catholicos , qui eſt
fon frere , avoit donné ordre que j'y euffe toute la
fatisfaction que je pourrois
defirer.
Maplus grande peine à
Teflis a été d'entendre à
mon arrivée les plaintes
des Miffionnaires fur le pitoyable état de leur Mif
fion : ils medirent qu'à peine M. Michel , Envoyé du
Royà la Cour de Perfe , où
il leuravoit obtenu & à toutes les Miffions plufieurs
a
280 MERCURE
commandemens favora
bles , étoit forti du Royaume,que la perfecution avoit
recommencé. Les Armeniens vinrent affieger l'Eglife & la maifon des Peres , qu'ils vouloient tuer :
ne pouvant y reuſfir , ils allerent piller dix-huit maifons des Catholiques , &en
battirent pluſieurs , qu'ils
laifferent comme morts
fans qu'on en pût avoir juſtice.
1
Les Armeniens font venus pour fermer la porte
de l'Eglife des Peres de TeAlis .
GALANT. 281
>
Alis & celle de Gori en
Georgie, qui n'attend que
le moment de l'être , comme le font déja celles de
Gangia , de Chamoké , &
de Tauris.
Celle de Gangia fouffre
depuis ce temps - là une fi
cruelle perfecution , que le
Superieur aété mis plufieurs
fois fous le bâton , & avanizé de trés- groſſe ſomme.
Enfin l'ayant été encore depuis peu , il a été obligé de
s'enfuir vers la Mofcovie ,
&fon compagnonà Teflis,
où il fe refugia en ma pre-
·May 1712.
Aa
282 MERCURE
fence chez les Peres..
La Miffion de Tauris ,
poffedée par les Reverends
Peres Capucins de la Province de Touraine , aprés
plufieurs perfecutions , fut
fermée le 11. Janvier , en
forte que les Peres font demeurez fans communica
tion &fans fecours ; & j'ap
prends que le Patriarche
veutdonnerle dernier coup
aux Miffions , & chaffer en
tierement les Miffionnaires. Ce Patriarche a tellement le deffus , que dans le
Ragan ou écrit qu'il a ob-
GALANT. 283
tenu , il eſt marqué que fi
le Patriarche ne voulant pas
qu'ils reftent dans les lieux
où ils font , & qui font fpecifiez , comme Hifpahan ,
Jutpha , Hamadan , Chiras , Tauris , Gangia, Chamaquiés, Teflis, &tous autres qui font dans le Royaume, & s'il a deffem d'acheter
leurs maiſons , il pourra les
faire vendre fuivant l'efti
mation du Juge de la ville.
Le Prince de Teflis m'a
donné mille marques d'affection ; il m'a donné un
repas à fa maiſon de plaiAa ij
284 MERCURE
fance avec , avec quantité de
Prelats & Seigneurs de ſa
Cour , & m'a fait preſent
d'un cheval , &c. V. S.
SHQIP
Cette Lettre eft trés- -
curieufe , en ce qu'elle
fait voir naïvement l'é
tat où eft à preſent le
Chriftianifme dans ces
pays- là , d'où l'on reçoit
peu de nouvelles auffi
certaines que celles- ci
Galiczon , Evêque d'Aga
thople , Coadjuteur de
Babylone, à M.....
A Teflis ce 3. Août 1711,
MONSIEUR,
J'ai eu l'honneur de vous
écrire vers le 15. Juin à nôtre débarquement de la
Mer noire , en un lieu où
rade appellée Arkaval, dans
le Bachalie ou GouverneMANY 7
266 MERCURE
ment de Calfikais , qui faifoit une partie de l'ancien
Royaume de Georgie , de
laquelle les Turcs ont prefque banni la Religion
Chrétienne à force d'impôts & d'avanies qu'ils ont
exercez fur les habitans.
Nous avons été obligez de
prendre cette route pour
paffer en Perfe ; & le 16. Juin
au matin nous montâmes
fur de méchans chevaux du
pays avec leurs bats , conduits par des Turcs , dont
un particulier , qui étoit
leur Mouffa , penfa , fur les
1
GALANT. 267.
deux heures aprés midi, fur
une coline entre des bois,
tuer M. Richard d'une grof
fe pierre , & nous faire affaffiner par tous ces infide
les. Il n'y a que les hommes
& les chevaux du pays qui
puiffent paffer par les montagnes affreufes , les bois
entrecoupez, les torrens , &
les routes eſcarpées par lef
quelles ces gens - là nous
menerent pendant plu
fieurs jours. Nous arrivâmes enfin à Calfikais le
Mercredi, Nos caracteres
n'étoient point connus , &
1
Zij
268 MERCURE
nous paſſions comme de
pauvres Marchands François ; ce qui nous avoit obligez de laiffer tout à Conftantinople,principalement
nos livres & breviaires.
A nôtre arrivée à Calfikais , quantité d'Armeniens
Catholiques en avoient rencontré deux de nôtre troupe , qui , quoique Schiſmatiques , nous avoient été
d'un grand fecours dans
plufieurs occafions dangereuſes. Dansune prairie un
Douannier vifita nos harJes , & nous contraignit de
GALANT. 269
lui donner dix piaftres ,
quoique nous n'euffions
rien qu'à nôtre uſage. Enfuite ces Armeniens nous
menerent à un endroit prés
les murailles , où nôtre gui-.
de nous étoit allé prendre
un logement chez une pauvre veuve , afin que nous
ne fuffions point obligez de
paroître dans la ville. Nôtre guide nous avoit fait
faire des prefens que nous
avions achetez à la femme
& au fils du Bacha , qu'il
leur étoit allé porter fur la "
route à une maiſon de camZ iij .
270 MERCURE
ई
pagne , & dont il tira une
lettre de recommandation
pour le Muffalem qui commandoit dans l'abſence du
Bacha. Cette lettre , nôtre
ferment , & nôtre bojour
dy, les prefens que nôtre
guide nous fit auffi faire au
Doüannier, au Muffalem &
au Soubachi , n'empêcherent pas tous ces gens- là de
nous avanizer étrangement, & principalement le
Muffalem , qui aprés avoir
reçû nos prefens nous prit
pour des efpions , & crut
volontiers les Armeniens.
GALANT. 271
Schifmatiques, qui ne manquerent pas d'aller lui dire
que nous voulions paffer
en Georgie pour nous rendre chez les Mofcovites ,
& que nôtre deffein étoit
d'exciter à la revolte les
Armeniens Catholiques ,
quifont à Calfikais au nombre d'environ foixante familles. Nous fûmes gardez
à vûë , on nous retint nôtre
ferment & nôtre bojourdy,
on nous voulut obliger
d'attendre le retour du Bacha ; enfin on ne nous laiffa
paffer qu'à force d'argent ,
Z iiij
272 MERCURE
& fi on eût découvert qui
nous étions , jamais nous
n'euffions paffé.
Nous partîmes la nuit du
. 28. au 29. à minuit : mais
comme nous montions à
cheval , il vint deux Janiffaires le coûteau tiré fur
nous , que nous ne pûmes
appailer qu'avec de l'ar
gent.
Le 30. fête de faint Paul ,
nous entrâmes fur les ter-.
res de Georgie , qui eſt un
pays Chrétien dépendant
du Roy de Perfe. La joye
que nous eûmes de retrou
1.
GALANT. 273
ver la Croix dans le che-.
min , des Eglifes Chrétiennes en chaque village , &
des habitans tous Chré-.
tiens , nous remit un peude
nos fatigues. Nous arrivâmes le 2. de Juillet à Teflis ,
Capitale de Georgie , où
les Peres Capucins Italiens,
qui vinrent avec beaucoup
de Catholiques au devant
de nous , nous menerent logerrchez eux. Ils étoient ra-.
vis d'y voir un Evêque Latin , n'y en ayant jamais eu
depuis foixante ans qu'ils .
font établis. Ils m'ont fait
274 MERCURE
officier le Dimanche cinq
Juillet , & le Vendredi fuivant , aufquels ils folemnifent la Nativité de faint
Jean- Baptifte & la fête de
faint Pierre & faint Paul ,
felon le vieux Calendrier
qu'ils fuivent avec les Georgiens & Armeniens.
Ils m'ont mené faluer le
Prince de Georgie , qui
commande à la place de
fon frere , qui eft Generaliffime du Roy de Perfe au
fiege de la fortereſſe de
Candahar , qu'il eſt allé reprendre vers le Mogol. J'ai
GALANT. 275
vû aufli ſon autre frere , &
plufieurs perfonnes de la
famille Royale , tous Chrétiens , & qui nous demandent des nouvelles des guerres de la Chrétienté. Ils furent affligez de la mort de
l'Empereur , dont la nouvelle vint à
Conftantinople
à nôtre départ.
Onapreffé plufieurs fois
le Prince qui commande
de fe faire Mahometan :
mais il eft toûjours demeuré ferme , offrant de quitter
plûtôt le commandement
que la Religion Chrétien
$
276 MERCURE
ne, & s'excufant auprés du
Roy de Perfe fur un vœu
particulier qu'il avoit fait
de la profeffer toûjours. Le
nom de ce Prince eft Vak--
tank..
C'eft une chofe confolante de voir qu'un pays
auffi refferré que la Geor--
gie par les Infideles , s'eft
toûjours confervé dans le
Chriftianifme depuis que
les Perfans l'ont fubjugué..
On compte à Teflis treize:
Eglifes Georgiennes , &
neufArmeniennes , & celle:
des Peres Capucins , qui eſt:
GALANT. 277
affez grande & tous lesjours
remplie de Catholiques. Il
y a dans la Citadelle , qui
eft vafte, fept Eglifes Georgiennes mais comme les
Mahometans feuls y de
meurent , ils les ont profanées. Ils y ont feulement
deux Molquées , & deux
dans la ville , mais fans minarets ou tours pour appeller à leurs prieres ; au
lieu que nous entendons de
côté & d'autre les cloches
des Chrétiens , qui ont de
grands clochers ou tours
depierres fur une partie de
278 MERCURE
leurs Eglifes. Les Georgiens le difent defcendus
des Iberiens venus d'Efpagne.
J'ai vu officier le 11. Juillet leur Catholicos , qui à
fous lui cinquante - deux
Archevêques ou Evêques.
Il y avoit trois Archevêques.
& neuf Prêtres qui celebroient la Meſſe avec lui :
le refte du Clergé y ſervoit
& les Chantres laïques
ayant un Prêtre ou Religieux à leur tête, faifoient
une fymphonie affez grave
dans la nefà côté gauche.
GALANT. 279
Le Prince ayant fçûlaveille
que je devois aller voir of
ficier le Catholicos , qui eſt
fon frere , avoit donné ordre que j'y euffe toute la
fatisfaction que je pourrois
defirer.
Maplus grande peine à
Teflis a été d'entendre à
mon arrivée les plaintes
des Miffionnaires fur le pitoyable état de leur Mif
fion : ils medirent qu'à peine M. Michel , Envoyé du
Royà la Cour de Perfe , où
il leuravoit obtenu & à toutes les Miffions plufieurs
a
280 MERCURE
commandemens favora
bles , étoit forti du Royaume,que la perfecution avoit
recommencé. Les Armeniens vinrent affieger l'Eglife & la maifon des Peres , qu'ils vouloient tuer :
ne pouvant y reuſfir , ils allerent piller dix-huit maifons des Catholiques , &en
battirent pluſieurs , qu'ils
laifferent comme morts
fans qu'on en pût avoir juſtice.
1
Les Armeniens font venus pour fermer la porte
de l'Eglife des Peres de TeAlis .
GALANT. 281
>
Alis & celle de Gori en
Georgie, qui n'attend que
le moment de l'être , comme le font déja celles de
Gangia , de Chamoké , &
de Tauris.
Celle de Gangia fouffre
depuis ce temps - là une fi
cruelle perfecution , que le
Superieur aété mis plufieurs
fois fous le bâton , & avanizé de trés- groſſe ſomme.
Enfin l'ayant été encore depuis peu , il a été obligé de
s'enfuir vers la Mofcovie ,
&fon compagnonà Teflis,
où il fe refugia en ma pre-
·May 1712.
Aa
282 MERCURE
fence chez les Peres..
La Miffion de Tauris ,
poffedée par les Reverends
Peres Capucins de la Province de Touraine , aprés
plufieurs perfecutions , fut
fermée le 11. Janvier , en
forte que les Peres font demeurez fans communica
tion &fans fecours ; & j'ap
prends que le Patriarche
veutdonnerle dernier coup
aux Miffions , & chaffer en
tierement les Miffionnaires. Ce Patriarche a tellement le deffus , que dans le
Ragan ou écrit qu'il a ob-
GALANT. 283
tenu , il eſt marqué que fi
le Patriarche ne voulant pas
qu'ils reftent dans les lieux
où ils font , & qui font fpecifiez , comme Hifpahan ,
Jutpha , Hamadan , Chiras , Tauris , Gangia, Chamaquiés, Teflis, &tous autres qui font dans le Royaume, & s'il a deffem d'acheter
leurs maiſons , il pourra les
faire vendre fuivant l'efti
mation du Juge de la ville.
Le Prince de Teflis m'a
donné mille marques d'affection ; il m'a donné un
repas à fa maiſon de plaiAa ij
284 MERCURE
fance avec , avec quantité de
Prelats & Seigneurs de ſa
Cour , & m'a fait preſent
d'un cheval , &c. V. S.
SHQIP
Cette Lettre eft trés- -
curieufe , en ce qu'elle
fait voir naïvement l'é
tat où eft à preſent le
Chriftianifme dans ces
pays- là , d'où l'on reçoit
peu de nouvelles auffi
certaines que celles- ci
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Résumé : Extrait d'une Lettre de M. Galiczon, Evêque d'Agathople, & Coadjuteur de Babylone, à M... A Teflis ce 3. Août 1711.
La lettre de M. Galiczon, Évêque d'Aga thople et Coadjuteur de Babylone, datée du 3 août 1711 à Teflis, relate les péripéties de son voyage depuis la Mer Noire jusqu'à Teflis. Après avoir débarqué à Arkaval dans le Bachalie, une région de l'ancien Royaume de Géorgie dominée par les Turcs, Galiczon et son groupe ont dû emprunter cette route pour atteindre la Perse. Le 16 juin, M. Richard fut tué par un Turc, obligeant le groupe à continuer son chemin à travers des montagnes et des forêts dangereuses. À Calfikais, ils se firent passer pour des marchands français pour éviter les ennuis. Des Arméniens catholiques les aidèrent à plusieurs reprises, mais ils furent contraints de payer des pots-de-vin à divers officiels, y compris un douanier et un Mouffa, qui les soupçonnaient d'être des espions. Après avoir payé des sommes importantes, ils furent autorisés à partir. Le 30 juin, ils entrèrent en Géorgie, un pays chrétien dépendant du roi de Perse. Ils furent accueillis par des Pères Capucins italiens à Teflis, où ils célébrèrent plusieurs messes. Galiczon rencontra le prince de Géorgie, Vak-tank, et d'autres membres de la famille royale, tous chrétiens. Ces derniers exprimèrent leur tristesse concernant la mort de l'empereur et leur intérêt pour les guerres de la chrétienté. La Géorgie, malgré sa domination par les infidèles, a conservé sa foi chrétienne. Teflis compte treize églises géorgiennes, neuf arméniennes et une des Pères Capucins. Les missionnaires y subissent des persécutions, notamment de la part des Arméniens. La mission de Tauris a été fermée, et le patriarche cherche à chasser les missionnaires. Le prince de Teflis montra beaucoup d'affection à Galiczon, lui offrant un repas et des présents.
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3137
p. 285-290
PIECE NOUVELLE. LA VIOLETTE.
Début :
Je fus jadis une Nymphe assez belle [...]
Mots clefs :
Nymphe, Violette, Berger, Amour, Amant, Vertu, Séduire
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texteReconnaissance textuelle : PIECE NOUVELLE. LA VIOLETTE.
PIECE NOUVELLE
LA VIOLETTE.
JE. fus jadis une Nymphe
affez belle
Pour charmer Apollon &
n'attirer les vœux : ... ^.
Mais aux loix du devoir je
fus affez fidelle
Pourdemeurer toûjours infenfible aà fes feux..
Exilé du fejour celefte
Il paiffoit les troupeaux du
riche époux d'Alceſte.
Comme Berger , l'Amour
286 MERCURE
eut des droits fur fon
cœur;
Et comme Dieu , fon rang
& fa naiffance
Lui donnoient trop de confiance
Pour cacher long- temps
tofonardeur.
'Aux champs Theffaliens fi
j'allois chercher Flore,
Je n'y trouvois que lui :
Je le fuis dans les bois , Dia
ne que j'implore
Y devient mon appui.
Evitez , me dit-elle , évitez
·les montagnes ,
Evitez les vaftes campa
gnes,
GALANT. 287
Ces lieux font trop ouverts
aux regards d'Apollon.
A ces mots tremblante ,
certaine ,
inJe croyois me cacher au
bord d'une fontaine ,
Dans unbuiffon épais, dans
le creux d'un vallon ,
Afiles fûrs , s'il eût été pof
fible
D'en trouver contre un tel
Amant ,
De l'un de ſes tranſports
portant le châtiment ,
Periffent les attraits qui
l'ont rendu fenfible ,
M'écriai- je , Diane , exauce
288 MERCURE
mes fouhaits ,
Je quitte fans regret ma
blancheur éclatante ,
D'un voile prefque noir
j'obfcurcis mesattraits ,
Et modefte & rampante
Je tombe vers la terre , &
deviens une fleur.f
ADiane j'en fuis plus chere,,
Lavertu dont je garde en
cor le caractere
M'a confervé ma douce
odeur ::
C'eft à ce titre que j'efpere
Chez toy, fage Uranie, un
favorable accueil.
Simodefte aumilieu de tout
ces
GALANT. 289
ce qui peut faire
Le fujet du plus juſte orgüeil ,
Aux applaudiffemens ton
cœur fçait fe fouftraire ;
Sil'Amour te trouva moins.
fevere que moy,
C'eſt que la vertu même
en demandant ta foy,
Anima les ardeurs de qui
vouloit te plaire...!
Mais à tes côtez j'apperçoy
L'Amant qui cauſe ma colere :
Que dis-je ? ce n'eſt plus le
Berger temeraire ,
C'eft le Dieu tutelaire
May1712.
Bb
190 MERCURE
Des fages , des fçavans qu'il
range fous taloy.
Il ne cherche plus à feduire
Quiconque voudra l'écou
ter ;
S'il veut charmer, c'eft pour
inftruire ,
De tes fages leçons il a fçû
profiter.
LA VIOLETTE.
JE. fus jadis une Nymphe
affez belle
Pour charmer Apollon &
n'attirer les vœux : ... ^.
Mais aux loix du devoir je
fus affez fidelle
Pourdemeurer toûjours infenfible aà fes feux..
Exilé du fejour celefte
Il paiffoit les troupeaux du
riche époux d'Alceſte.
Comme Berger , l'Amour
286 MERCURE
eut des droits fur fon
cœur;
Et comme Dieu , fon rang
& fa naiffance
Lui donnoient trop de confiance
Pour cacher long- temps
tofonardeur.
'Aux champs Theffaliens fi
j'allois chercher Flore,
Je n'y trouvois que lui :
Je le fuis dans les bois , Dia
ne que j'implore
Y devient mon appui.
Evitez , me dit-elle , évitez
·les montagnes ,
Evitez les vaftes campa
gnes,
GALANT. 287
Ces lieux font trop ouverts
aux regards d'Apollon.
A ces mots tremblante ,
certaine ,
inJe croyois me cacher au
bord d'une fontaine ,
Dans unbuiffon épais, dans
le creux d'un vallon ,
Afiles fûrs , s'il eût été pof
fible
D'en trouver contre un tel
Amant ,
De l'un de ſes tranſports
portant le châtiment ,
Periffent les attraits qui
l'ont rendu fenfible ,
M'écriai- je , Diane , exauce
288 MERCURE
mes fouhaits ,
Je quitte fans regret ma
blancheur éclatante ,
D'un voile prefque noir
j'obfcurcis mesattraits ,
Et modefte & rampante
Je tombe vers la terre , &
deviens une fleur.f
ADiane j'en fuis plus chere,,
Lavertu dont je garde en
cor le caractere
M'a confervé ma douce
odeur ::
C'eft à ce titre que j'efpere
Chez toy, fage Uranie, un
favorable accueil.
Simodefte aumilieu de tout
ces
GALANT. 289
ce qui peut faire
Le fujet du plus juſte orgüeil ,
Aux applaudiffemens ton
cœur fçait fe fouftraire ;
Sil'Amour te trouva moins.
fevere que moy,
C'eſt que la vertu même
en demandant ta foy,
Anima les ardeurs de qui
vouloit te plaire...!
Mais à tes côtez j'apperçoy
L'Amant qui cauſe ma colere :
Que dis-je ? ce n'eſt plus le
Berger temeraire ,
C'eft le Dieu tutelaire
May1712.
Bb
190 MERCURE
Des fages , des fçavans qu'il
range fous taloy.
Il ne cherche plus à feduire
Quiconque voudra l'écou
ter ;
S'il veut charmer, c'eft pour
inftruire ,
De tes fages leçons il a fçû
profiter.
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Résumé : PIECE NOUVELLE. LA VIOLETTE.
La pièce 'La Violette' narre l'histoire d'une nymphe autrefois belle et aimée. Par fidélité à son devoir, elle repousse les avances d'Apollon et est exilée, devenant bergère. Elle rencontre l'Amour, qui la séduit. Pour échapper à l'Amour, elle se réfugie dans les bois et implore Diane. Diane lui conseille d'éviter les lieux ouverts aux regards d'Apollon. Désespérée, la nymphe souhaite perdre sa beauté. Diane exauce son vœu, et elle se transforme en violette, conservant une douce odeur. La violette espère l'accueil favorable de la sage Uranie, malgré la présence de l'Amour, désormais protecteur des sages et des savants, cherchant à instruire plutôt qu'à séduire.
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3138
p. 290-300
Nouvelles de Flandres.
Début :
Les armées de Flandres sont assez tranquilles de part & [...]
Mots clefs :
Flandre, Armées, Bouchain, Arras, Tournay, Ypres, Utrecht
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Flandres.
Nouvelles de Flandres.
Les armées de Flandres ſont aſſez tranquilles de part & d'autre ; ce
qu'on attribue à la di-
GALANT. 291
1 ne
fette de fourrages , & à
ce que toutes les troupes
n'étoient point encore.
arrivées. Les regimens
de cuiraffiers de Lobkovvitz & defainte Croix,
qui font la tête des troupes Auftrichiennes ,
partirent que le 9. de ce
mois des environs de
Bruxelles , où elles ont
fejourné, étant fatiguées
de leur longue marche
& du mauvais temps.
Ceux qui la fuivent n'éBb ij
292 MERCURE
tant gueres en meilleur
état , fejournent auffi
prés la même ville. On
necroit pas qu'elles puiſ
fent joindre l'armée avant le vingt - cinq du
mois. holandish
Le Duc d'Ormond
partit le neuf de Gand
pour l'armée. Les lettres
de Lifle & de Tournay
affurent que les Anglois
étoient encore campeż
à Bailieu que le Prince
Eugene n'est parti de
GALANT 293
Tournay , pour aller
joindre l'armée , que le
dix. ch
:
On écrit de Bouchain,
que l'armée des Alliez
étoit toûjours tranquille neanmoins on croit
qu'elle ſe mettra bientôt en mouvement , à
caufe que l'artillerie &
les munitions y font arrivées , & que le reſte
des troupes de l'Electeur Palatin & de l'Archiduc doivent joindre
B biij
294 MERCURE
avant la fin de ce mois.
On mande d'Arras ,
望
qu'on continuë de voiturer en cette ville des
farines , de l'avoine , &
du fourrage fec. L'armée du Royoccupe tou
jours les mêmes poftes
le long de l'Efcaut , de
la Senfée , & de la Scarpe. LeMaréchal de Villars afait faire deux éclufes à Cambray : l'une
pour remplir les foffez
de l'eau de l'Escaut ; l'au-
GALANT. 295
tre pour retenir l'eau de
cette riviere , qui innonde & fe répand des deux
côtez un quart de lieuë
au- deffus de la ville.
On écrit de Tournay,
que le Duc d'Ormond a
affifté aux confeils de
guerre qui s'y font tenus. Il a fait la revuë
des troupes Angloiſes ,
quicampoient entre Baifieu , fur le chemin de
Tournay à Lifle , d'où
elles allerent le 19 joinBb iiij
296 MERCURE
dre la grande armée
qui eft toujours campée
à la Vvarde & à Lieu
faint Amand , prés de
Bouchain. Le Prince
Eugene , le Duc d'Ormond , & les autres Generaux s'y rendirent le
vingt.
On écrit d'Ypres, qu'-
un detachement de la
garniſon a battu quelques partis des ennemis ,
dont l'un conduifoit à
leur armée un grand
GALANT 297
nombre de beftiaux ,
qu'on leur a enlevez.
Les lettres d'Utrecht
affurent qu'il n'y a point
eu d'affemblée generale
le trente Avril , ni le
quatre de ce mois , à
caufe que les Plenipotentiaires de France n'avoient point receu d'inftructions pour répondre aux demandes fpecifiques des Alliez.
Le Sieur Menager eut
le vingt- neuf une con-
298 MERCURE
ference particuliere avec
le Sieur Buis , l'un des
Plenipotentiaires
Provinces Unies.
des
Le Maréchal d'Uxelles eut une autre conference avec le Comte de
Sinzendorf, Plenipotentiaire de l'Archiduc.
Le Comte de la Corfana , fecond Plenipotentiaire de l'Archiduc ,
fe rendit àUtrecht le 5,
où les Miniftres des deux
partis fe vifitent fre-
GALANT. 299
quemment. Il y a eudes
conferences entre ceux
des Alliez mais il n'y
en a point eu de generale le quatre , le fept ,
& le onze. On croit qu'-
il n'y en aura point jufqu'à ce que les Plenipotentiaires de France
ayent receu de nouveaux
ordres.
Les lettres d'Utrecht
affurent qu'il n'y a point.
eu de conference generale le quatorze , ni le
300 MERCURE
dix - huit , à cause que
les Plenipotentiaires de
France n'avoient point
encore receu de nouveaux ordres.
Les armées de Flandres ſont aſſez tranquilles de part & d'autre ; ce
qu'on attribue à la di-
GALANT. 291
1 ne
fette de fourrages , & à
ce que toutes les troupes
n'étoient point encore.
arrivées. Les regimens
de cuiraffiers de Lobkovvitz & defainte Croix,
qui font la tête des troupes Auftrichiennes ,
partirent que le 9. de ce
mois des environs de
Bruxelles , où elles ont
fejourné, étant fatiguées
de leur longue marche
& du mauvais temps.
Ceux qui la fuivent n'éBb ij
292 MERCURE
tant gueres en meilleur
état , fejournent auffi
prés la même ville. On
necroit pas qu'elles puiſ
fent joindre l'armée avant le vingt - cinq du
mois. holandish
Le Duc d'Ormond
partit le neuf de Gand
pour l'armée. Les lettres
de Lifle & de Tournay
affurent que les Anglois
étoient encore campeż
à Bailieu que le Prince
Eugene n'est parti de
GALANT 293
Tournay , pour aller
joindre l'armée , que le
dix. ch
:
On écrit de Bouchain,
que l'armée des Alliez
étoit toûjours tranquille neanmoins on croit
qu'elle ſe mettra bientôt en mouvement , à
caufe que l'artillerie &
les munitions y font arrivées , & que le reſte
des troupes de l'Electeur Palatin & de l'Archiduc doivent joindre
B biij
294 MERCURE
avant la fin de ce mois.
On mande d'Arras ,
望
qu'on continuë de voiturer en cette ville des
farines , de l'avoine , &
du fourrage fec. L'armée du Royoccupe tou
jours les mêmes poftes
le long de l'Efcaut , de
la Senfée , & de la Scarpe. LeMaréchal de Villars afait faire deux éclufes à Cambray : l'une
pour remplir les foffez
de l'eau de l'Escaut ; l'au-
GALANT. 295
tre pour retenir l'eau de
cette riviere , qui innonde & fe répand des deux
côtez un quart de lieuë
au- deffus de la ville.
On écrit de Tournay,
que le Duc d'Ormond a
affifté aux confeils de
guerre qui s'y font tenus. Il a fait la revuë
des troupes Angloiſes ,
quicampoient entre Baifieu , fur le chemin de
Tournay à Lifle , d'où
elles allerent le 19 joinBb iiij
296 MERCURE
dre la grande armée
qui eft toujours campée
à la Vvarde & à Lieu
faint Amand , prés de
Bouchain. Le Prince
Eugene , le Duc d'Ormond , & les autres Generaux s'y rendirent le
vingt.
On écrit d'Ypres, qu'-
un detachement de la
garniſon a battu quelques partis des ennemis ,
dont l'un conduifoit à
leur armée un grand
GALANT 297
nombre de beftiaux ,
qu'on leur a enlevez.
Les lettres d'Utrecht
affurent qu'il n'y a point
eu d'affemblée generale
le trente Avril , ni le
quatre de ce mois , à
caufe que les Plenipotentiaires de France n'avoient point receu d'inftructions pour répondre aux demandes fpecifiques des Alliez.
Le Sieur Menager eut
le vingt- neuf une con-
298 MERCURE
ference particuliere avec
le Sieur Buis , l'un des
Plenipotentiaires
Provinces Unies.
des
Le Maréchal d'Uxelles eut une autre conference avec le Comte de
Sinzendorf, Plenipotentiaire de l'Archiduc.
Le Comte de la Corfana , fecond Plenipotentiaire de l'Archiduc ,
fe rendit àUtrecht le 5,
où les Miniftres des deux
partis fe vifitent fre-
GALANT. 299
quemment. Il y a eudes
conferences entre ceux
des Alliez mais il n'y
en a point eu de generale le quatre , le fept ,
& le onze. On croit qu'-
il n'y en aura point jufqu'à ce que les Plenipotentiaires de France
ayent receu de nouveaux
ordres.
Les lettres d'Utrecht
affurent qu'il n'y a point.
eu de conference generale le quatorze , ni le
300 MERCURE
dix - huit , à cause que
les Plenipotentiaires de
France n'avoient point
encore receu de nouveaux ordres.
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Résumé : Nouvelles de Flandres.
Le texte décrit la situation militaire et diplomatique dans les Flandres. Les armées des deux camps sont relativement calmes en raison de la pénurie de fourrages et de l'arrivée progressive des troupes. Les régiments de cuirassiers de Lobkowitz et de la Fainte Croix ont quitté Bruxelles le 9 du mois pour se reposer. Le duc d'Ormond a quitté Gand pour rejoindre l'armée, tandis que les Anglais étaient encore campés à Bailieu. Le prince Eugène est parti de Tournai pour rejoindre l'armée le 10. À Bouchain, l'armée des Alliés attend les troupes de l'Électeur Palatin et de l'Archiduc, prévues avant la fin du mois. L'armée du Roi occupe toujours les mêmes positions le long de l'Escaut, de la Senne et de la Scarpe. Le maréchal de Villars a effectué des écluses à Cambray pour réguler l'eau de l'Escaut. Le duc d'Ormond a participé aux conseils de guerre à Tournai et a revu les troupes anglaises. Un détachement d'Ypres a battu des partisans ennemis. À Utrecht, les conférences générales entre les plénipotentiaires sont suspendues en attendant de nouvelles instructions des plénipotentiaires français, mais plusieurs conférences particulières ont eu lieu entre les ministres des deux parties.
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3139
p. 300-303
Nouvelles de Paris.
Début :
Le vingt-deux de ce mois l'Abbé Fagon fut sacré [...]
Mots clefs :
Paris, Évêque, Rhin, Dauphin, Dauphiné
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Paris.
Nouvelles de Paris.
Le vingt-deux de ce
mois l'Abbé Fagon fut
facré Evefque de Lombez dans la Chapelle de
l'Archevefché , par le
Cardinal de Noailles ,
Archevefque de Paris ,
GALANT. 301
qui eut pour Affiftans
l'ancien Evefque de
Condom , & l'Evefque
de Saint Omer.
On a eu avis que le
Capitaine Bournonville
ayant paffé le Rhin avco
deux cent cinquante
hommesdes compagnies
franches du Brigadier
la Croix , étoit tombé la
nuitdu trente Avrildans
la Vveteravie , fur le
quartier de cinqe regimensde l'Archiduc, qu'il
302 MERCURE
avoit mis en un trésgrand defordre , y en
ayant eudans la ſurpriſe
pluſieurs tuez & bleſſez ;
& qu'il s'étoit retiré avec environ · foixante
chevaux , avec une perte peu confiderable ,
n'ayant eu en cette occaſion qu'un homme tué
& quelques bleffez.
Le vingt- quatre on
celebra un Service folemnel à la Sainte Chapelle du Palais pour
GALANT. 303,
Monſeigneur le Dauphin & Madamela Dauphine. L'Abbé de Champigny , Treſorier decette Eglife , officia pontificalement. Le Pere de
la RueJefuite prononçar
l'Oraifon funebre. La
Chambre des Comptes.
y affifta en Corps.
Le vingt-deux de ce
mois l'Abbé Fagon fut
facré Evefque de Lombez dans la Chapelle de
l'Archevefché , par le
Cardinal de Noailles ,
Archevefque de Paris ,
GALANT. 301
qui eut pour Affiftans
l'ancien Evefque de
Condom , & l'Evefque
de Saint Omer.
On a eu avis que le
Capitaine Bournonville
ayant paffé le Rhin avco
deux cent cinquante
hommesdes compagnies
franches du Brigadier
la Croix , étoit tombé la
nuitdu trente Avrildans
la Vveteravie , fur le
quartier de cinqe regimensde l'Archiduc, qu'il
302 MERCURE
avoit mis en un trésgrand defordre , y en
ayant eudans la ſurpriſe
pluſieurs tuez & bleſſez ;
& qu'il s'étoit retiré avec environ · foixante
chevaux , avec une perte peu confiderable ,
n'ayant eu en cette occaſion qu'un homme tué
& quelques bleffez.
Le vingt- quatre on
celebra un Service folemnel à la Sainte Chapelle du Palais pour
GALANT. 303,
Monſeigneur le Dauphin & Madamela Dauphine. L'Abbé de Champigny , Treſorier decette Eglife , officia pontificalement. Le Pere de
la RueJefuite prononçar
l'Oraifon funebre. La
Chambre des Comptes.
y affifta en Corps.
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Résumé : Nouvelles de Paris.
Le 22 avril, l'Abbé Fagon fut nommé évêque de Lombez par le Cardinal de Noailles, archevêque de Paris, en présence de l'ancien évêque de Condom et de l'évêque de Saint Omer. Le 30 avril, le capitaine Bournonville, à la tête de 250 hommes des compagnies franches du Brigadier la Croix, traversa le Rhin et attaqua le quartier de cinq régiments de l'Archiduc, causant un grand désordre et plusieurs pertes parmi les ennemis. Bournonville se retira avec environ soixante chevaux, subissant une perte minime avec un homme tué et quelques blessés. Le 24 avril, un service solennel fut célébré à la Sainte-Chapelle du Palais en mémoire du Dauphin et de la Dauphine. L'Abbé de Champigny officia et le Père de la Rue, jésuite, prononça l'oraison funèbre. La Chambre des Comptes assista à cette cérémonie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3140
p. 303-305
Nouvelles extraites de plusieurs Lettres.
Début :
Les lettres de Londres portent qu'un vaisseau Anglois [...]
Mots clefs :
Londres, Café, Naples
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles extraites de plusieurs Lettres.
Nouvelles extraites de
plufieurs Lettres.
Les lettres de Lon-
304 MERCURE
dres portent qu'un vaiffeau Anglois arrivé de
Moca, chargé de caffé ,
a raporté que le vaiſſeau'
le Godolfin avoit été pris
a:1x Indes Orientales par
les François, & que l'Oxford qui appartenoit à
pluſieurs particuliers ,
s'étoit brifé contre des
rochers.
La Diligence Galley ,
armée en courſe , étant
arrivée de Naples dans la
Tamife, chargée d'huile
&
GALANT. 305
& d'autres marchandifes , perit le dix : le feu
s'y étant pris par accident , la fit fauter. On a
eu le temps de fauver
l'équipage.
FIN
plufieurs Lettres.
Les lettres de Lon-
304 MERCURE
dres portent qu'un vaiffeau Anglois arrivé de
Moca, chargé de caffé ,
a raporté que le vaiſſeau'
le Godolfin avoit été pris
a:1x Indes Orientales par
les François, & que l'Oxford qui appartenoit à
pluſieurs particuliers ,
s'étoit brifé contre des
rochers.
La Diligence Galley ,
armée en courſe , étant
arrivée de Naples dans la
Tamife, chargée d'huile
&
GALANT. 305
& d'autres marchandifes , perit le dix : le feu
s'y étant pris par accident , la fit fauter. On a
eu le temps de fauver
l'équipage.
FIN
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Résumé : Nouvelles extraites de plusieurs Lettres.
Des incidents maritimes ont été rapportés à Londres. Le Godolfin a été capturé par les Français aux Indes Orientales. L'Oxford s'est échoué contre des rochers. La Diligence Galley, arrivée de Naples, a pris feu et sombré, mais son équipage a été sauvé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3141
s. p.
TABLE.
Début :
La constance des femmes, page 3. Memoire pour une Assemblée [...]
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texteReconnaissance textuelle : TABLE.
ABLE.
L▲ conftance des femmes ,
page 3 .
Memoirepour une Aſſemblée
de Droit ,
Morts,
Mariage,
36
42
47
Nouvelles de Flandres , 49
Nouvelles d'Angleterre , sz
56
Nouvelles d'Espagne ,
Nouvelles du Levant , 58
La fauffe Valeur,
60
Erratapour le Memoire des
TABLE.
Abeilles du Mercure pre
cedent , C 71.
Dons du Roy , 73
Articles des Enigmes , 87
Noms de ceux qui ont deviné
la Chevelure, 89
Enigme nouvelle , 91
Questions , 95
Patentes Espagnoles , 98
Relation ,
Madrigal,
Traduction des Patentes , 104
Fruit nouveau du mois de
108
117
May,
120
Fraifes de difcorde ,
121
Nouvelles, 136
Odefur le Cidre, SI
Ccij
TABLE.
Réponse à la question du Mer
cure precedent ,
Autre réponse ,
169
184
Réponses aux questions , 188
Parodie de la feconde Enigme du Mercureprecedent,
190
Reflexions fur la maniere
d'empêcher l'eau d'entrer
dans les caves ,
Les Eaux de T.
193
198
Le Temple de l'Effronterie ,
3 212
Ceremonies funebres , 217
Extrait d'une Lettre de Monfieur GalicZon , Evêque
d'Agathople, & Coadju
TABLE.
teur de Babylone , à M.
265
Piece nouvelle 285
Nouvelles de Flandres , 290
Nouvelles de Paris ,
300
Nouvelles extraites de plufieurs lettres, 303
A
Fin de la Table.
L▲ conftance des femmes ,
page 3 .
Memoirepour une Aſſemblée
de Droit ,
Morts,
Mariage,
36
42
47
Nouvelles de Flandres , 49
Nouvelles d'Angleterre , sz
56
Nouvelles d'Espagne ,
Nouvelles du Levant , 58
La fauffe Valeur,
60
Erratapour le Memoire des
TABLE.
Abeilles du Mercure pre
cedent , C 71.
Dons du Roy , 73
Articles des Enigmes , 87
Noms de ceux qui ont deviné
la Chevelure, 89
Enigme nouvelle , 91
Questions , 95
Patentes Espagnoles , 98
Relation ,
Madrigal,
Traduction des Patentes , 104
Fruit nouveau du mois de
108
117
May,
120
Fraifes de difcorde ,
121
Nouvelles, 136
Odefur le Cidre, SI
Ccij
TABLE.
Réponse à la question du Mer
cure precedent ,
Autre réponse ,
169
184
Réponses aux questions , 188
Parodie de la feconde Enigme du Mercureprecedent,
190
Reflexions fur la maniere
d'empêcher l'eau d'entrer
dans les caves ,
Les Eaux de T.
193
198
Le Temple de l'Effronterie ,
3 212
Ceremonies funebres , 217
Extrait d'une Lettre de Monfieur GalicZon , Evêque
d'Agathople, & Coadju
TABLE.
teur de Babylone , à M.
265
Piece nouvelle 285
Nouvelles de Flandres , 290
Nouvelles de Paris ,
300
Nouvelles extraites de plufieurs lettres, 303
A
Fin de la Table.
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Résumé : TABLE.
Le document est la table des matières d'un ouvrage intitulé 'ABLE'. Il présente une liste structurée des sections et des sujets abordés. Les principaux points incluent des mémoires sur divers droits, des nouvelles de différentes régions telles que la Flandre, l'Angleterre, l'Espagne et le Levant, ainsi que des articles sur des énigmes, des questions et des réponses. Le texte mentionne également des dons royaux, des traductions de patentes espagnoles, des réflexions sur des problèmes pratiques comme l'infiltration d'eau dans les caves, et des cérémonies funèbres. Des lettres et des pièces nouvelles sont également incluses, ainsi que des nouvelles de Flandre et de Paris. La table des matières se termine par une section intitulée 'Fin de la Table'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3142
p. 3-11
La mauvaise Honte.
Début :
Ce n'est pas d'aujourd'huy que pauvreté fait honte: [...]
Mots clefs :
Vin, Honte, Cuisinier, Pauvreté, Viande
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texteReconnaissance textuelle : La mauvaise Honte.
La mauvaiſe Honte.
CE n'est pas d'aujour
d'huyque pauvreté
fait bonte :
Unjour certain Marquis
ou Comte ,
Juin 1712.
A ij
MERCURE
a
Tres bon enfant d'ailleurs,
maispauvre &glorieux,
Parnouspique d'honneur,
nepouvantfaire mieux,
Confent à regaler noftre
bachique troupes
Averty des la veille il
* nous donne fafcupe
Soupefimple, mais de bon
goufi,
Un bon bouilli , point de
ragouft.
Son Cuifinier (dit-il , car
c'eftoit une excuſe
De Cuisinier jamais il
GALANT:
nafe)
Mon Cuifinier, dit- ilfur
qui j'avois compté
Juftement à midy du mal
caduc tombe
Nous oblige , Meffieurs ,
à vivre de regime ,
Tant mieux,refpond quel
qu'un , c'est la bonne·
maxime ,
Viandefimple , bon pain ,
bon vin ,
Bon cœur & liberté font
un repas divin.
Noftre hofte rougiffant de
Aiij
5 MERCURE
fon excufefade ,
Autre excufe nous donne
avec une falade ,
Excufe de n'avoir d'autre
roft qu'ungigots
On ne croit point les
en ce cas à leur mot
ད
gens
Tel ne s'excuſe ainsi que
parfanfaronade,
Nous efperions du moins
oupoulets oupigeons
Sur ce petit efpoir lentement nous mangeons ,
Pendant qu'il nous promet , mais pour l'autre
GALANT. 7
femaine,
Vingt pieces de gibier qui
Tuy viendront du
Maine ,
Jurant qu'en unfeuljour
tour nous fera fervi :
Ce prodigue ferment à
l'inftantfut fuivi
D'une langue de bœuf,
quefuivoit unfromage,
A cet afpect d'abord je
fais en hommefage ,
Arreft fur le gigot qu'on
veut nous enlever ,
Il eftoit merveilleux , chaAiiij
* MERCURE
cun veut l'achever...
C'a quel vin boirons-nous,
dit-il , pour duChampagne
Je croy que nous n'en avons pas
Mon vin de Bourgogne
eft au bas
Maisil me vient demain
d'excellent vin d'Ef
pagne,
Paffons-nous aujourd'huy
de ce vinde moncro
Il eftoit bon, il en fut bu
Contrit , konteux le pau-
GALANT.
vre Comte ,
Alongs traits avalloitfa
Fonte:
Afa konte qui s'evada.
La finceritefucceda,
Trouble d'une fincere yvreſſe ,
Il nous dit où le baft le
bleffe:
Helas ! dit-il , aprés quel
ques foupirs vineux
Pauvrete c'est mon tort ,
j'en eftois konteux ,
Voyantjufqu'à quelpoint
pauvreté deshonore:
10 MERCURE
Par ce mauvais repas .
ony j'aimois mieux.
encore
Que l'on me foupçonnaft
d'eftre avaricieux;
Dans le vin je raifonne
mieux
Lapauvreté n'eft pas un
vice ,
Et c'en eft unque
rice :
LavaMais puis qu'apresent
chacun croit
Ce que je croyois defang
froid ,
GALANT.
BI
Qu'argent honore plus que
vertu , que nobleffe ,
Croire autrement c'est une
yureffe ,
C'est ce qu'a décidéle vice
revefti
Desdépouilles de la vertu
CE n'est pas d'aujour
d'huyque pauvreté
fait bonte :
Unjour certain Marquis
ou Comte ,
Juin 1712.
A ij
MERCURE
a
Tres bon enfant d'ailleurs,
maispauvre &glorieux,
Parnouspique d'honneur,
nepouvantfaire mieux,
Confent à regaler noftre
bachique troupes
Averty des la veille il
* nous donne fafcupe
Soupefimple, mais de bon
goufi,
Un bon bouilli , point de
ragouft.
Son Cuifinier (dit-il , car
c'eftoit une excuſe
De Cuisinier jamais il
GALANT:
nafe)
Mon Cuifinier, dit- ilfur
qui j'avois compté
Juftement à midy du mal
caduc tombe
Nous oblige , Meffieurs ,
à vivre de regime ,
Tant mieux,refpond quel
qu'un , c'est la bonne·
maxime ,
Viandefimple , bon pain ,
bon vin ,
Bon cœur & liberté font
un repas divin.
Noftre hofte rougiffant de
Aiij
5 MERCURE
fon excufefade ,
Autre excufe nous donne
avec une falade ,
Excufe de n'avoir d'autre
roft qu'ungigots
On ne croit point les
en ce cas à leur mot
ད
gens
Tel ne s'excuſe ainsi que
parfanfaronade,
Nous efperions du moins
oupoulets oupigeons
Sur ce petit efpoir lentement nous mangeons ,
Pendant qu'il nous promet , mais pour l'autre
GALANT. 7
femaine,
Vingt pieces de gibier qui
Tuy viendront du
Maine ,
Jurant qu'en unfeuljour
tour nous fera fervi :
Ce prodigue ferment à
l'inftantfut fuivi
D'une langue de bœuf,
quefuivoit unfromage,
A cet afpect d'abord je
fais en hommefage ,
Arreft fur le gigot qu'on
veut nous enlever ,
Il eftoit merveilleux , chaAiiij
* MERCURE
cun veut l'achever...
C'a quel vin boirons-nous,
dit-il , pour duChampagne
Je croy que nous n'en avons pas
Mon vin de Bourgogne
eft au bas
Maisil me vient demain
d'excellent vin d'Ef
pagne,
Paffons-nous aujourd'huy
de ce vinde moncro
Il eftoit bon, il en fut bu
Contrit , konteux le pau-
GALANT.
vre Comte ,
Alongs traits avalloitfa
Fonte:
Afa konte qui s'evada.
La finceritefucceda,
Trouble d'une fincere yvreſſe ,
Il nous dit où le baft le
bleffe:
Helas ! dit-il , aprés quel
ques foupirs vineux
Pauvrete c'est mon tort ,
j'en eftois konteux ,
Voyantjufqu'à quelpoint
pauvreté deshonore:
10 MERCURE
Par ce mauvais repas .
ony j'aimois mieux.
encore
Que l'on me foupçonnaft
d'eftre avaricieux;
Dans le vin je raifonne
mieux
Lapauvreté n'eft pas un
vice ,
Et c'en eft unque
rice :
LavaMais puis qu'apresent
chacun croit
Ce que je croyois defang
froid ,
GALANT.
BI
Qu'argent honore plus que
vertu , que nobleffe ,
Croire autrement c'est une
yureffe ,
C'est ce qu'a décidéle vice
revefti
Desdépouilles de la vertu
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Résumé : La mauvaise Honte.
En juin 1712, un marquis ou comte invite des amis à un repas modeste, s'excusant d'avance pour le menu simple : une soupe et un bouilli sans ragout, en raison de la maladie de son cuisinier. Un convive répond que la simplicité, le bon pain, le bon vin, le bon cœur et la liberté suffisent pour un repas divin. L'hôte, gêné, s'excuse de nouveau pour le manque de viande, promettant du gibier pour la semaine suivante. Il sert ensuite une langue de bœuf avec du fromage. Un convive tente de garder le gigot et demande quel vin ils boiront. L'hôte propose son vin de Bourgogne, attendant du vin d'Espagne. Après le repas, le comte avoue sa honte face à sa pauvreté, préférant être soupçonné d'avarice. Il exprime sa tristesse de voir que la pauvreté déshonore plus que l'avarice et que la société valorise l'argent plus que la vertu.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3143
p. 11-36
« On a grand tort de faire des excuses d'un repas [...] »
Début :
On a grand tort de faire des excuses d'un repas [...]
Mots clefs :
Table, Festin, Repas, Frugalité, Cordialité, Anciens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On a grand tort de faire des excuses d'un repas [...] »
Ona grand tort de faire
des excufes d'un repas fru
gal: les repas où l'on mange peu , ne font pas ceux
où l'on parle le plus , mais
ceux où l'on parle mieux.
Il femble que la frugalité
fourniffe les converfations
I2 MERCURE
de table les plus cenfées ,
& les plus agreables. J'entends par frugalité celle du
vin auffi bien que celles
des viandes ; on fçait affez
que le vin pris juſqu'à certain degré nous donne de
l'enjoüement , de l'efprit
& de la cordialité pour les
convives , mais que tout
cela degenere en beſtiſe ,
& en brutalité quand on
boit trop. Ainfi comme on
ne doit aimer la table qu'-
autant qu'elle contribue à
la douceur de la focieté &
de l'union , le repas frugal
GALANT. 13
eft tousjours le plus aimable.
Plutarque définit la table une focieté , qui par le
commerce du plaifir & du
vin, & l'entremise des graces , fe termine en amitié;
c'en eft auffi bien la définition que la fin. Elle augmente la bienveillance
dans les amis , par la meſme raifon qu'elle l'engendre dans les ennemis. Les
Anciens , dit Athenée,l'ont
appellée agape , charité.
Pour cette raiſon , on ne
doit venir à table que pour
14 MERCURE
y gagner l'amitié de quelqu'un des conviez. Levin,
dit Athenée , eft le filtre
de l'amitié ; il femble que
la meſme nourriture pro-,
duifant les mefmes qualitez dans le ſang & dans les
efprits , produit la fimpathie entre les convicz ; les
efprits y font montez fur
le mefme ton 2 & par ce
moyendeviennentun meſme corps & une mefme
ame. Les effets contraires
fe remarquent dans les
hommes & dans les animaux qui vivent de diffe-
GALANT.
rentes nourritures. Voyez.
cet homme extraordinaire
qui fe met au deffus de
toutes les bienféances , &
de tous les devoirs , qui
oublie mefme en voltre
prefence que vous foyez
au monde. Mettez une
bouteille de bon vin entre
vous & luy , le voila fociable , vous diriez qu'il vous
mais ce n'eſt pas
cela , ce font les efprits du
vin qui fe réuniffent , &
qui le lient avec vous ; l'effet du vin paffé , il ne ſonge plus à vous : hors la
aime
16 MERCURE
table n'attendez de luy ny
politeffe ny honnefteté
vous ne le retrouverez qu'à
la premiere bouteille que
vous boirez enfemble.
Les Anciens avoient raifon de croire menfa Deos
Tone
adeffe,felonle rapportd'Ovide & de Caftor. Afclepiade rapporte que Paufanias eftoit bien fondé de
dire qu'un repas fage &
bien entendu eftoit un
conciliabule des Dieux fociables , puifque l'amitié ,
la gayeté , & l'élevation
d'efprit , qu'on nommefageffe ,
GALANT. 17
geffe. , font les Dieux tutelaires des hommes qui
y préſident , & en font
l'efprit.
Les Anciens regardo ent
la table comme une chofe
facrée. Arnobe dit que les
Romains y eftabliſſoient
I'Idole d'un Dieu qu'ils regardoient commeprotecteur
&genie de la table , dit . il ,
Sam, ad
facitis menfas falinorum.appofitu , & fimulacris Deorum
ils invoquoient les Dieux
en s'y mettant adifti- menquam cùm venire cupimus , Deas invocamus , die
Juin 1712.
B
18 MERCURE
Quint. declamar. 30-1 . Ils
faifoient des libations au
commencement & à la fin
de la table , ils facrifioient
à Mercure les langues des
facrifices avec libation..
Dans Stuch 287. les libations ne ſe faifoient qu'avec duvin pur, & qui n'eftoit point forti d'une vigne fouillée par le tonnerre
par un pied bleffé , par un
pendu , &c. Id. 283. Les
habitans de Nacrale ville
d'Egypte , aux differens
fervices qu'on apportoit à
table , fe mettoient à ge-
GALANT. 19
noux , faifant des prieres ,
& fe raffeyoient , dit Athenée.
Paufanias affure , fur la
foy des anciennes Annales que les premiers Ançiens n'eftoient point plus
de trois à table à caufe du
nombre ternaire qu'ils croyent facré. La Loy Faunia
à Rome , regloit ce nombre à trois dans la maiſon ,
& cinq inforo Le nombre
de fept fut enfuite de leur
gouſt , d'où eft venu le proverbe , feptem conviviunt
novem concutiunt. Agamem
Bij
20 MERCURE
non dans l'Iliade prie ce
nombre à difner , Menelaus y vient de furcroift.
Le nombre de dix plaiſt
à Homere. Beaucoup de
villes bien policées ont
reglé le nombre , il y avoit un Officier appellé
chez les Romains Nomenclateur , Commis pour
les compter , l'hiftoire du
parafite dans
en fait foy. L'Officier ,
aprés avoir compré , dit au
parafite qui eft it le dernier à table , de fe retirer
parce qu'il eftoit le tren-
•
GALANT. ZT
te-uniéme contre la Loy
qui n'en permettoit que
trente : recomprez , dit le
parafite , & commencez
par moy , & vous verrez
que je ne fuis point furnumeraire. Stuch 146.
Parafite eftoit chez les
Anciens celuy qui avoit le'
foin de chofir les mets
pour les feftins facrez , ce
qui leur donna occafion
de prendre les droits fur
tous les marchands de
vivres >
& d'eftre appellez à tous les repas ;
ainfi cet employ d'hon-
22 MERCURE
nefte qu'il eftoit d'abord ,
devint honteux.
Les anciens Hebreux
felon le nouveau Teftament , lavoient les pieds,
avant le repas. Homere dit
la mefme chofe , & adjoufte avec Virgile , qu'ils lavoient auffi les mains devant & aprés le repas , per
fingula fercula , apparemment dans tous les fervices chez les Romains, comme il paroift dans Lampridius , qui dit que Heliogabale faifoit fervir des mets
de cire & de marbre à fes
GALANT 23
parafites , & leur faifoit laver les mains perfingula fercula quafi fi comediffent. Ils
ne faifoient que fe tourner
fans fe lever de table. Retrorfufqueconverfus , tanquam
monitus aquam poftularent.
On mettoit du nitre dans
cette eau pour mieux dé
craffer , & des odeurs. Les
Lacedemoniens fe nettoyoient les mains à table
avec une mie de pain , il
en eft fait mention dans
Homere.
Chez les Grecs , les Hilarodes ou Chanteurs de
24 MERCURE
chanfons agreables , & qui
exerçoient la fcience gaye
des Provençaux , eſtoient
placez au milieu des conviez dans le feftin. Il paroift que ces Chanteurs
eftoient fort estimez chez
les Anciens. Demofthenes
difoit , qu'ils meritoient
d'eftre honorez par tout le
monde, & loriqu'il fit main
baffe fur les amants de Penelope , il laiffa la vie au
Chantre Fenecus par la
mefme railon. Les Gau
lois honoroient de la mef
mefaçon leurs Trouveres
4
•
Ou
GALANT. 25
oubaladins , & aprés qu'ils
en avoient efté divertis à
table & dans leurs feftins ,
ils fe dépouilloient de leurs
leur donnoient
plus belles robes , & les
champ.
fur le
Socrate , dans le Protagoras , traitte d'ignorants ,
& de miferables qui n'ont
rien à dire , ceux qui met,
tent la Mufique & les Baladins à la place de la converfation. C'est pourquoy
dans ce noble banquet de
Platon , la chanteuse en eft
exclue & renvoyée pour
Juin 1712.
C
26 MERCURE
chanter aux femmes. 'D'un
autre cofté Xenophon
7
dans fon banquet , où Socrate & Anthiftenes font
conviez , Philippe boufon
y eft introduit , & aprés le
repas une jolie fille & un
joli garçon danferent.
Socrate dans Xenophon
dit qu'il faut éviter ce qui
excite à manger & à
boire fans faim & fans
foif. On peut adjouſter
qu'il faut faire le contrai -
re pour la converſation ,
c'eſt à- dire , chercher des
difccurs qui reveillent l'ap-
GALANT. 27
petit & la curiofité languiffante de l'efprit ; il
faut épargner la raillerie
à table , & ménager des
efprits échauffez de vin.
Il ne faut entreprendre
dans une réjoüiffance que
ce qu'on peut dire & faire
agreablement, felon la couftume des Lacedemoniens
qui aimoient le plaifir de
la table & la danſe. Antiochus ayant dansé armé
avec les amis , quand ce
vint au tour de Hegefianacte , au lieu de danſer il
fe fauva , & dit à haute
Cij
28 MERCURE
t
voix , Choififfez , Antiochus , ou de me voir mal
danfer , ou de m'entendre
reciter des vers que je me
fens en difpofition de faire
fur le champ à voſtre honneur. Le Prince ayant accepté ce dernier party ,
Hegefianacte charma toute la compagnie &le Roy
particulierement , qui luy
fit de grandes liberalitez, & le retint depuis ce
temps là au nombre de fes
amis.
Les Heros d'Homere ne
mangeoient que du bœuf,
150
GALANT. 29
mefme le delicat Alcinous ;
pour honorer Ajax on leur
fert fur une affiette longa
terga boum , &c. Ils ne le
mangeoient que rofti &
fans fauce. Ces Heros ne
mangeoient que ce qu'ils
avoient apprefté eux meſmes ; & Homere parlant
d'Ulyffe, dit qu'il eftoit habile cuifinier , & qu'il fçavoit allumer le feu auffibien que perfonne du monde.
Dans les repas à Athenes on lavoit les mains
avant le deſſerts Un jeune
C iij
30 MERCURE
garçon apportoit une eau
de fenteur , un autre apportoit des couronnes de
rofes ,enfuite on fervoit du
fruit , comme poires , pommes, raifins , fraiſes , tourtes , &c. aprés quoy entroient deux courtisanes
preftigiatrices , legeres à la
danfe comme des oifeaux.
Chez les propreté
extréme , grande vaiſſelle
d'argent , ferviteurs habillez magnifiquement , &
fervantes jolies pendant
leur jeuneſſe.
Chez le Roy des Parthes
GALANT. 31
l'amy convié eft à terre , &
le Roy luy jette à manger
d'un lit eflevé. Pour la
moindre faute on l'enleve ,
& on le foüette jufqu'au
fang , & profterné à terre
il remercie celuy qui la
foüerté, comme d'unbienfait & d'une grace du Roy.
Chez les Egyptiens qui
faifoient grande chere , on
portoit les plats à la ronde
fans table. LeRoy d'Egypte eftant prifonnier d'O
chus Roy de Perfe , fe mocqua de fes repas , & luy demanda permiffion de luy
C iiij
3:2 MERCURE
montrer avec les cuifiniers,
4
Egyptiens , comment on
devoit traitter un grand
Prince. Ochus voyant fa
bonne chere , les Dieux te
confondent , Egyptien, dire
il , qui as quitté de fi bons
repas pourvenirrifquer les
miens.
Cleomene Royde Sparte , Marc- Antoine , &c.
faifoient reciter des ouvra
ges à table.
Nourriture. Table. Feftins.
Seneque appelle fon déjeuner prandium. Augufte
GALANT. 331
le nommetout de mefme ,
ce qui verifie la remarque
de Servius, que les Anciens
ne connoiffoient point noftre difner, & ne prenoient
leur repas qu'avant le coucher du Soleil. Cependant
Filemon donne aux Anciens nos quatre mefmes
repas.
Les anciens Romains ne
portoient jamais de robbe
noire à table , fur tout pendant le regne d'Augufte
Ily avoit dans tous leurs
feſtins un Roy de la table
qu'ils appelloient arbiter bie
38 MERCURE
bendi. Chacun avoit fon
plat à table , & tiroit au
fort la part qu'il devoit
a
avoir.
Au commencement les
nappes leur fervoient de
ferviettes , mais dans la
fuite ils ne fervirent plus
que pour couvrir la table,
& chacun apportoit fa ferviette.
Les Romains n'oftoient
point la table vuide , &
n'éteignoient point la lampe par principe d'humanité , pour dire qu'ils en laif.
foient aux autres.
CALANT.
Chez les Macedoniens
nul n'avoit droit d'eftre
couché à table qu'il n'euft
tué un fanglier hors des
toiles , c'eft pourquoy Caf
fandre y eftoit affis à cofté
de fon pere couché.
Nos Rois avoient auffi
couftume de faire de
grands feftins publics aux
feftes folemnelles. En Angleterre on faifoit des largeffes confiderables au peuple. Les grands Seigneurs.
en ufoient de mefme cnvers leurs vaffaux.
Convivorum numerus inci-
36 MERCURE
pere oportet à Græcorum numero , progredi ad Mufarum numerum. Il y avoit chez
les Romains & les Grecs
des prix à remporter pour
des Questions proposées à
table. A propos de Queftions de table il m'en vient
une pour le mois prochain. Je prie ceux qui
ont refpondu à celles du
mois dernier , de refpondre
à celle- cy
des excufes d'un repas fru
gal: les repas où l'on mange peu , ne font pas ceux
où l'on parle le plus , mais
ceux où l'on parle mieux.
Il femble que la frugalité
fourniffe les converfations
I2 MERCURE
de table les plus cenfées ,
& les plus agreables. J'entends par frugalité celle du
vin auffi bien que celles
des viandes ; on fçait affez
que le vin pris juſqu'à certain degré nous donne de
l'enjoüement , de l'efprit
& de la cordialité pour les
convives , mais que tout
cela degenere en beſtiſe ,
& en brutalité quand on
boit trop. Ainfi comme on
ne doit aimer la table qu'-
autant qu'elle contribue à
la douceur de la focieté &
de l'union , le repas frugal
GALANT. 13
eft tousjours le plus aimable.
Plutarque définit la table une focieté , qui par le
commerce du plaifir & du
vin, & l'entremise des graces , fe termine en amitié;
c'en eft auffi bien la définition que la fin. Elle augmente la bienveillance
dans les amis , par la meſme raifon qu'elle l'engendre dans les ennemis. Les
Anciens , dit Athenée,l'ont
appellée agape , charité.
Pour cette raiſon , on ne
doit venir à table que pour
14 MERCURE
y gagner l'amitié de quelqu'un des conviez. Levin,
dit Athenée , eft le filtre
de l'amitié ; il femble que
la meſme nourriture pro-,
duifant les mefmes qualitez dans le ſang & dans les
efprits , produit la fimpathie entre les convicz ; les
efprits y font montez fur
le mefme ton 2 & par ce
moyendeviennentun meſme corps & une mefme
ame. Les effets contraires
fe remarquent dans les
hommes & dans les animaux qui vivent de diffe-
GALANT.
rentes nourritures. Voyez.
cet homme extraordinaire
qui fe met au deffus de
toutes les bienféances , &
de tous les devoirs , qui
oublie mefme en voltre
prefence que vous foyez
au monde. Mettez une
bouteille de bon vin entre
vous & luy , le voila fociable , vous diriez qu'il vous
mais ce n'eſt pas
cela , ce font les efprits du
vin qui fe réuniffent , &
qui le lient avec vous ; l'effet du vin paffé , il ne ſonge plus à vous : hors la
aime
16 MERCURE
table n'attendez de luy ny
politeffe ny honnefteté
vous ne le retrouverez qu'à
la premiere bouteille que
vous boirez enfemble.
Les Anciens avoient raifon de croire menfa Deos
Tone
adeffe,felonle rapportd'Ovide & de Caftor. Afclepiade rapporte que Paufanias eftoit bien fondé de
dire qu'un repas fage &
bien entendu eftoit un
conciliabule des Dieux fociables , puifque l'amitié ,
la gayeté , & l'élevation
d'efprit , qu'on nommefageffe ,
GALANT. 17
geffe. , font les Dieux tutelaires des hommes qui
y préſident , & en font
l'efprit.
Les Anciens regardo ent
la table comme une chofe
facrée. Arnobe dit que les
Romains y eftabliſſoient
I'Idole d'un Dieu qu'ils regardoient commeprotecteur
&genie de la table , dit . il ,
Sam, ad
facitis menfas falinorum.appofitu , & fimulacris Deorum
ils invoquoient les Dieux
en s'y mettant adifti- menquam cùm venire cupimus , Deas invocamus , die
Juin 1712.
B
18 MERCURE
Quint. declamar. 30-1 . Ils
faifoient des libations au
commencement & à la fin
de la table , ils facrifioient
à Mercure les langues des
facrifices avec libation..
Dans Stuch 287. les libations ne ſe faifoient qu'avec duvin pur, & qui n'eftoit point forti d'une vigne fouillée par le tonnerre
par un pied bleffé , par un
pendu , &c. Id. 283. Les
habitans de Nacrale ville
d'Egypte , aux differens
fervices qu'on apportoit à
table , fe mettoient à ge-
GALANT. 19
noux , faifant des prieres ,
& fe raffeyoient , dit Athenée.
Paufanias affure , fur la
foy des anciennes Annales que les premiers Ançiens n'eftoient point plus
de trois à table à caufe du
nombre ternaire qu'ils croyent facré. La Loy Faunia
à Rome , regloit ce nombre à trois dans la maiſon ,
& cinq inforo Le nombre
de fept fut enfuite de leur
gouſt , d'où eft venu le proverbe , feptem conviviunt
novem concutiunt. Agamem
Bij
20 MERCURE
non dans l'Iliade prie ce
nombre à difner , Menelaus y vient de furcroift.
Le nombre de dix plaiſt
à Homere. Beaucoup de
villes bien policées ont
reglé le nombre , il y avoit un Officier appellé
chez les Romains Nomenclateur , Commis pour
les compter , l'hiftoire du
parafite dans
en fait foy. L'Officier ,
aprés avoir compré , dit au
parafite qui eft it le dernier à table , de fe retirer
parce qu'il eftoit le tren-
•
GALANT. ZT
te-uniéme contre la Loy
qui n'en permettoit que
trente : recomprez , dit le
parafite , & commencez
par moy , & vous verrez
que je ne fuis point furnumeraire. Stuch 146.
Parafite eftoit chez les
Anciens celuy qui avoit le'
foin de chofir les mets
pour les feftins facrez , ce
qui leur donna occafion
de prendre les droits fur
tous les marchands de
vivres >
& d'eftre appellez à tous les repas ;
ainfi cet employ d'hon-
22 MERCURE
nefte qu'il eftoit d'abord ,
devint honteux.
Les anciens Hebreux
felon le nouveau Teftament , lavoient les pieds,
avant le repas. Homere dit
la mefme chofe , & adjoufte avec Virgile , qu'ils lavoient auffi les mains devant & aprés le repas , per
fingula fercula , apparemment dans tous les fervices chez les Romains, comme il paroift dans Lampridius , qui dit que Heliogabale faifoit fervir des mets
de cire & de marbre à fes
GALANT 23
parafites , & leur faifoit laver les mains perfingula fercula quafi fi comediffent. Ils
ne faifoient que fe tourner
fans fe lever de table. Retrorfufqueconverfus , tanquam
monitus aquam poftularent.
On mettoit du nitre dans
cette eau pour mieux dé
craffer , & des odeurs. Les
Lacedemoniens fe nettoyoient les mains à table
avec une mie de pain , il
en eft fait mention dans
Homere.
Chez les Grecs , les Hilarodes ou Chanteurs de
24 MERCURE
chanfons agreables , & qui
exerçoient la fcience gaye
des Provençaux , eſtoient
placez au milieu des conviez dans le feftin. Il paroift que ces Chanteurs
eftoient fort estimez chez
les Anciens. Demofthenes
difoit , qu'ils meritoient
d'eftre honorez par tout le
monde, & loriqu'il fit main
baffe fur les amants de Penelope , il laiffa la vie au
Chantre Fenecus par la
mefme railon. Les Gau
lois honoroient de la mef
mefaçon leurs Trouveres
4
•
Ou
GALANT. 25
oubaladins , & aprés qu'ils
en avoient efté divertis à
table & dans leurs feftins ,
ils fe dépouilloient de leurs
leur donnoient
plus belles robes , & les
champ.
fur le
Socrate , dans le Protagoras , traitte d'ignorants ,
& de miferables qui n'ont
rien à dire , ceux qui met,
tent la Mufique & les Baladins à la place de la converfation. C'est pourquoy
dans ce noble banquet de
Platon , la chanteuse en eft
exclue & renvoyée pour
Juin 1712.
C
26 MERCURE
chanter aux femmes. 'D'un
autre cofté Xenophon
7
dans fon banquet , où Socrate & Anthiftenes font
conviez , Philippe boufon
y eft introduit , & aprés le
repas une jolie fille & un
joli garçon danferent.
Socrate dans Xenophon
dit qu'il faut éviter ce qui
excite à manger & à
boire fans faim & fans
foif. On peut adjouſter
qu'il faut faire le contrai -
re pour la converſation ,
c'eſt à- dire , chercher des
difccurs qui reveillent l'ap-
GALANT. 27
petit & la curiofité languiffante de l'efprit ; il
faut épargner la raillerie
à table , & ménager des
efprits échauffez de vin.
Il ne faut entreprendre
dans une réjoüiffance que
ce qu'on peut dire & faire
agreablement, felon la couftume des Lacedemoniens
qui aimoient le plaifir de
la table & la danſe. Antiochus ayant dansé armé
avec les amis , quand ce
vint au tour de Hegefianacte , au lieu de danſer il
fe fauva , & dit à haute
Cij
28 MERCURE
t
voix , Choififfez , Antiochus , ou de me voir mal
danfer , ou de m'entendre
reciter des vers que je me
fens en difpofition de faire
fur le champ à voſtre honneur. Le Prince ayant accepté ce dernier party ,
Hegefianacte charma toute la compagnie &le Roy
particulierement , qui luy
fit de grandes liberalitez, & le retint depuis ce
temps là au nombre de fes
amis.
Les Heros d'Homere ne
mangeoient que du bœuf,
150
GALANT. 29
mefme le delicat Alcinous ;
pour honorer Ajax on leur
fert fur une affiette longa
terga boum , &c. Ils ne le
mangeoient que rofti &
fans fauce. Ces Heros ne
mangeoient que ce qu'ils
avoient apprefté eux meſmes ; & Homere parlant
d'Ulyffe, dit qu'il eftoit habile cuifinier , & qu'il fçavoit allumer le feu auffibien que perfonne du monde.
Dans les repas à Athenes on lavoit les mains
avant le deſſerts Un jeune
C iij
30 MERCURE
garçon apportoit une eau
de fenteur , un autre apportoit des couronnes de
rofes ,enfuite on fervoit du
fruit , comme poires , pommes, raifins , fraiſes , tourtes , &c. aprés quoy entroient deux courtisanes
preftigiatrices , legeres à la
danfe comme des oifeaux.
Chez les propreté
extréme , grande vaiſſelle
d'argent , ferviteurs habillez magnifiquement , &
fervantes jolies pendant
leur jeuneſſe.
Chez le Roy des Parthes
GALANT. 31
l'amy convié eft à terre , &
le Roy luy jette à manger
d'un lit eflevé. Pour la
moindre faute on l'enleve ,
& on le foüette jufqu'au
fang , & profterné à terre
il remercie celuy qui la
foüerté, comme d'unbienfait & d'une grace du Roy.
Chez les Egyptiens qui
faifoient grande chere , on
portoit les plats à la ronde
fans table. LeRoy d'Egypte eftant prifonnier d'O
chus Roy de Perfe , fe mocqua de fes repas , & luy demanda permiffion de luy
C iiij
3:2 MERCURE
montrer avec les cuifiniers,
4
Egyptiens , comment on
devoit traitter un grand
Prince. Ochus voyant fa
bonne chere , les Dieux te
confondent , Egyptien, dire
il , qui as quitté de fi bons
repas pourvenirrifquer les
miens.
Cleomene Royde Sparte , Marc- Antoine , &c.
faifoient reciter des ouvra
ges à table.
Nourriture. Table. Feftins.
Seneque appelle fon déjeuner prandium. Augufte
GALANT. 331
le nommetout de mefme ,
ce qui verifie la remarque
de Servius, que les Anciens
ne connoiffoient point noftre difner, & ne prenoient
leur repas qu'avant le coucher du Soleil. Cependant
Filemon donne aux Anciens nos quatre mefmes
repas.
Les anciens Romains ne
portoient jamais de robbe
noire à table , fur tout pendant le regne d'Augufte
Ily avoit dans tous leurs
feſtins un Roy de la table
qu'ils appelloient arbiter bie
38 MERCURE
bendi. Chacun avoit fon
plat à table , & tiroit au
fort la part qu'il devoit
a
avoir.
Au commencement les
nappes leur fervoient de
ferviettes , mais dans la
fuite ils ne fervirent plus
que pour couvrir la table,
& chacun apportoit fa ferviette.
Les Romains n'oftoient
point la table vuide , &
n'éteignoient point la lampe par principe d'humanité , pour dire qu'ils en laif.
foient aux autres.
CALANT.
Chez les Macedoniens
nul n'avoit droit d'eftre
couché à table qu'il n'euft
tué un fanglier hors des
toiles , c'eft pourquoy Caf
fandre y eftoit affis à cofté
de fon pere couché.
Nos Rois avoient auffi
couftume de faire de
grands feftins publics aux
feftes folemnelles. En Angleterre on faifoit des largeffes confiderables au peuple. Les grands Seigneurs.
en ufoient de mefme cnvers leurs vaffaux.
Convivorum numerus inci-
36 MERCURE
pere oportet à Græcorum numero , progredi ad Mufarum numerum. Il y avoit chez
les Romains & les Grecs
des prix à remporter pour
des Questions proposées à
table. A propos de Queftions de table il m'en vient
une pour le mois prochain. Je prie ceux qui
ont refpondu à celles du
mois dernier , de refpondre
à celle- cy
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Résumé : « On a grand tort de faire des excuses d'un repas [...] »
Le texte explore le rôle des repas dans la société antique, en soulignant l'importance de la frugalité et de la modération. Les repas frugaux favorisent des conversations plus sensées et agréables. Le vin, consommé avec modération, peut apporter de l'enjouement et de l'esprit, mais en excès, il mène à la bestialité. Plutarque définit la table comme un lieu de société où le plaisir et le vin peuvent se terminer en amitié. Les Anciens considéraient la table comme un lieu sacré, où l'on invoquait les dieux et faisait des libations. Le nombre de convives était souvent réglementé, et les repas suivaient des rites spécifiques, comme le lavage des mains et des pieds. Les anciens Grecs et Romains avaient des pratiques particulières lors des repas. Par exemple, ils invitaient souvent des chanteurs ou des bouffons pour divertir les convives. Le texte mentionne également des héros comme ceux d'Homère, qui mangeaient du bœuf rôti sans sauce et préparaient eux-mêmes leur nourriture. Les repas étaient souvent accompagnés de danses et de récitations. Les Romains avaient des coutumes spécifiques, comme l'interdiction de porter des robes noires à table et l'usage de serviettes personnelles. Les grands festins publics étaient courants chez les rois et les nobles, et des prix étaient parfois offerts pour des questions posées lors des repas.
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3144
p. 37-3[8]
QUESTION. S'il est plus dangereux & plus blamable de parler trop à table, que d'y parler trop peu.
Début :
Cette question sur le trop parler, me fait faire attention [...]
Mots clefs :
Repas, Table, Parler, Appétit
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texteReconnaissance textuelle : QUESTION. S'il est plus dangereux & plus blamable de parler trop à table, que d'y parler trop peu.
QUESTION.
S'il eft plus dangereux &
plus blamable de par-
"ler trop à table , que
d'y parler trop peu.
Cette queſtionfur le trop
parler , me fait faire attention à la longueur de la digreffion qui la précede. Je
ne fçay comment , à propos d'un repas en vers , je
me fuis engagé à cette
morale de table; mais commeonmange fouvent plus
34 MERCURE
qu'on ne veut à un repas,
on parle auffi plus qu'on
ne devroit dans les digreffions d'un Mercure , où la
varieté des matieres excite
l'appetit de parler , appetit
qui eft quelquefois tres raffafiant pour le Lecteur.
Paffons donc à une petite
Lettre badine que je reçois
dans le moment d'Angleterre , avec une autre hiftoriette en Anglois , qu'on
traduira pour le mois prochain.
S'il eft plus dangereux &
plus blamable de par-
"ler trop à table , que
d'y parler trop peu.
Cette queſtionfur le trop
parler , me fait faire attention à la longueur de la digreffion qui la précede. Je
ne fçay comment , à propos d'un repas en vers , je
me fuis engagé à cette
morale de table; mais commeonmange fouvent plus
34 MERCURE
qu'on ne veut à un repas,
on parle auffi plus qu'on
ne devroit dans les digreffions d'un Mercure , où la
varieté des matieres excite
l'appetit de parler , appetit
qui eft quelquefois tres raffafiant pour le Lecteur.
Paffons donc à une petite
Lettre badine que je reçois
dans le moment d'Angleterre , avec une autre hiftoriette en Anglois , qu'on
traduira pour le mois prochain.
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Résumé : QUESTION. S'il est plus dangereux & plus blamable de parler trop à table, que d'y parler trop peu.
Le texte discute des dangers de parler trop ou trop peu à table, comparant cela aux digressions dans une publication comme le Mercure. Ces digressions peuvent fatiguer le lecteur. L'auteur mentionne ensuite une lettre badine reçue d'Angleterre avec une histoire en anglais à traduire plus tard.
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3145
p. 39-47
DE LONDRES.
Début :
Dans l'esperance d'une paix prochaine je prends la [...]
Mots clefs :
Londres, Aventure, Anglaise, Amant, Tabatière, Saignée, Maladie
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texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES.
DE LONDRES
MONSONSIEUR,
Dans l'efperance d'une paix
prochaine je prends la liberté
de vous demander un com
merce de Lettres , &pour vous
y exciter je vous envoiray les
petites avantures Angloifes qui
viendront à ma connoiffance ;
ce qui fuit n'en est pas une , ce
n'eft qu'un petit fait qui ne
vaut peut - eftre pas la peine
d'eftre escrit. Je vous en promets deplus divertiffants.
40 MERCURE
Une jeune Angloiſe qui
devoit épouser le parent
d'un Milord , luy vouloit
faire quitter l'habitude du
:
tabac, parce qu'elle s'imaginoit que l'odeur du tabac luy donnoit des vapeurs. La complaiſance de
fon Amant alloit bien juſ
qu'à n'en point prendre devant elle mais elle s'imagina qu'il pouvoit avoir
une tabatiere dans fa poche , & cette imagination
luy fit croire qu'elle alloit
s'évanouir , il fe trouva
qu'en effet il en avoit une.
Le
GALANT. 41
Lelendemainil trouva moyen d'en mettre une pleine de tabac dans la poche
de ſa maiſtreſſe ſans qu'elle le fçuft , & elle la porta
fans le fçavoir jufqu'au lendemain. Dés qu'elle vit entrerfonAmant, elle lui cria:
ahje fens que vous avez aujourd'huy voftre tabatiere
dans voftre poche , le jeune Anglois , homme de
fang froid luy refpondit :
Vous y avez mis bon ordre
Mademoiſelle
la priftes l'autre jour , &
vous me l'avezgardée dans la
Fuin 17120
>
car vous me
D
42 MERGURE
voftre depuis ce temps- là La
delicate Angloife trouvant
réellement la tabatiere fur
elle,voulut s'évanouiir, mais
elle ne put jamais, &le tout
fe tourna en plaifanterie ,
elle luy dit qu'elle luy pardonnoit puifque par là elle
fe voyoit guerie de cette
foibleffe ; mais elle luy revalut ce tour- là car l'Anglois ayant efté incommodépendant quelques jours ,
les medecins le preffoient
de fe faire faigner pour
éviter une grande maladie,
mais il ne voulut jamais ;
GALANT. 43
car il avoit une antipathie
fi grande pour la faignée ,
que cet appareil feulement
le faifoit évanouir. Il racontoit cela luy - mefme
chez fa maiftreffe , lorf
qu'enbadinant elle luy dit :
mais fi une perfonne que
vous aimeriez eftoit affez
adroite pourvous faigner ?
ah je luy preſenterois mes
deux bras , luy dit - il en
riant , les deux pieds & la
gorge encore , & deuffayd
je en mourir je fouffrirois
cent faignées d'elle. La
jeune Angloiſe continua
Dij
44 MERCURE
la plaifanterie , & luy dit:
donnez moy feulementun
bras , elle luy mit le bras à
nud en prefence d'une
compagnie affez bonne :
quelqu'un prefta une jartiere pourfervir de bande ,
elle dechira un mouchoir
pour faire une compreffe ;
ce badinage ne faifoit aucun mauvais effet fur le
Cavalier , à qui elle demandoit à chaque préparatif:
hé bien cet appareil vous
fera-t-il évanouir ? Non ,
refpondit il , il mefait pluſ
toft rire ; enfin cette badi-
GALANT. 45
ne perfonne pouffa la ceremonie jufqu'à tirer de
fon tiroir un eftuy , & de
cet eftuy une lancette , car
elle avoit en effet le talent
de faigner à merveille.
L'amant palit à cet aſpect ,
mais il fe piqua de fermeté Angloiſe , onapporta un
vafe de porcelaine pour recevoir le fang , & la faignée fut plantureuſe. Elle
le guerit non feulement de
fon incommodité mais auf
fi de fa foibleffe. C'eft ainfi, luy dit la jeune Angloiſe,
que ceux que le lien duma.
46 MERCURE
riage unit , devoient fe corriger mutuellement
leurs foibleffes.
le
de
Fauray quelque avanture
plus intereffante à envoyerpour
le mois prochain , cette jeune
Angloife pourra mesme me
fournir celle de fes amours avec
parent du Milord, car quoy
qu'avec tout le merite poffible ;
il s'eft trouvé qu'elle eftoit fille
d'un Chirurgien de Douvres.
C'est pour cela qu'elle fçavoit
fi bien faigner. On avoit mis
de grands obftacles à ce mariage, ces obftacles ont donné
lieu à une intrigue fecrette en-
GALANT 47
tre ces deux jeunes amants ,
dont on m'a promis les particu-.
laritez romanefques , quoyque
vrayes, pour pouvoir meriter
L'impreffion
MONSONSIEUR,
Dans l'efperance d'une paix
prochaine je prends la liberté
de vous demander un com
merce de Lettres , &pour vous
y exciter je vous envoiray les
petites avantures Angloifes qui
viendront à ma connoiffance ;
ce qui fuit n'en est pas une , ce
n'eft qu'un petit fait qui ne
vaut peut - eftre pas la peine
d'eftre escrit. Je vous en promets deplus divertiffants.
40 MERCURE
Une jeune Angloiſe qui
devoit épouser le parent
d'un Milord , luy vouloit
faire quitter l'habitude du
:
tabac, parce qu'elle s'imaginoit que l'odeur du tabac luy donnoit des vapeurs. La complaiſance de
fon Amant alloit bien juſ
qu'à n'en point prendre devant elle mais elle s'imagina qu'il pouvoit avoir
une tabatiere dans fa poche , & cette imagination
luy fit croire qu'elle alloit
s'évanouir , il fe trouva
qu'en effet il en avoit une.
Le
GALANT. 41
Lelendemainil trouva moyen d'en mettre une pleine de tabac dans la poche
de ſa maiſtreſſe ſans qu'elle le fçuft , & elle la porta
fans le fçavoir jufqu'au lendemain. Dés qu'elle vit entrerfonAmant, elle lui cria:
ahje fens que vous avez aujourd'huy voftre tabatiere
dans voftre poche , le jeune Anglois , homme de
fang froid luy refpondit :
Vous y avez mis bon ordre
Mademoiſelle
la priftes l'autre jour , &
vous me l'avezgardée dans la
Fuin 17120
>
car vous me
D
42 MERGURE
voftre depuis ce temps- là La
delicate Angloife trouvant
réellement la tabatiere fur
elle,voulut s'évanouiir, mais
elle ne put jamais, &le tout
fe tourna en plaifanterie ,
elle luy dit qu'elle luy pardonnoit puifque par là elle
fe voyoit guerie de cette
foibleffe ; mais elle luy revalut ce tour- là car l'Anglois ayant efté incommodépendant quelques jours ,
les medecins le preffoient
de fe faire faigner pour
éviter une grande maladie,
mais il ne voulut jamais ;
GALANT. 43
car il avoit une antipathie
fi grande pour la faignée ,
que cet appareil feulement
le faifoit évanouir. Il racontoit cela luy - mefme
chez fa maiftreffe , lorf
qu'enbadinant elle luy dit :
mais fi une perfonne que
vous aimeriez eftoit affez
adroite pourvous faigner ?
ah je luy preſenterois mes
deux bras , luy dit - il en
riant , les deux pieds & la
gorge encore , & deuffayd
je en mourir je fouffrirois
cent faignées d'elle. La
jeune Angloiſe continua
Dij
44 MERCURE
la plaifanterie , & luy dit:
donnez moy feulementun
bras , elle luy mit le bras à
nud en prefence d'une
compagnie affez bonne :
quelqu'un prefta une jartiere pourfervir de bande ,
elle dechira un mouchoir
pour faire une compreffe ;
ce badinage ne faifoit aucun mauvais effet fur le
Cavalier , à qui elle demandoit à chaque préparatif:
hé bien cet appareil vous
fera-t-il évanouir ? Non ,
refpondit il , il mefait pluſ
toft rire ; enfin cette badi-
GALANT. 45
ne perfonne pouffa la ceremonie jufqu'à tirer de
fon tiroir un eftuy , & de
cet eftuy une lancette , car
elle avoit en effet le talent
de faigner à merveille.
L'amant palit à cet aſpect ,
mais il fe piqua de fermeté Angloiſe , onapporta un
vafe de porcelaine pour recevoir le fang , & la faignée fut plantureuſe. Elle
le guerit non feulement de
fon incommodité mais auf
fi de fa foibleffe. C'eft ainfi, luy dit la jeune Angloiſe,
que ceux que le lien duma.
46 MERCURE
riage unit , devoient fe corriger mutuellement
leurs foibleffes.
le
de
Fauray quelque avanture
plus intereffante à envoyerpour
le mois prochain , cette jeune
Angloife pourra mesme me
fournir celle de fes amours avec
parent du Milord, car quoy
qu'avec tout le merite poffible ;
il s'eft trouvé qu'elle eftoit fille
d'un Chirurgien de Douvres.
C'est pour cela qu'elle fçavoit
fi bien faigner. On avoit mis
de grands obftacles à ce mariage, ces obftacles ont donné
lieu à une intrigue fecrette en-
GALANT 47
tre ces deux jeunes amants ,
dont on m'a promis les particu-.
laritez romanefques , quoyque
vrayes, pour pouvoir meriter
L'impreffion
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Résumé : DE LONDRES.
L'auteur écrit une lettre à Londres, espérant une paix prochaine et proposant un échange de lettres. Il raconte l'histoire d'une jeune Anglaise et de son fiancé, parent d'un lord. La jeune femme voulait que son fiancé cesse de consommer du tabac, croyant que l'odeur lui causait des vapeurs. Bien qu'il évitât de fumer en sa présence, elle imaginait qu'il portait une tabatière sur lui, ce qui la faisait s'évanouir. Un jour, il plaça une tabatière pleine de tabac dans la poche de sa maîtresse sans qu'elle le sache. Lorsqu'elle la découvrit, elle voulut s'évanouir mais ne put le faire, transformant la situation en plaisanterie. Plus tard, la jeune femme décida de le faire saigner pour le guérir d'une maladie, malgré son aversion pour les saignées. Elle simula la procédure de manière ludique, mais finit par le faire réellement, le guérissant ainsi. Elle conclut que les couples mariés doivent se corriger mutuellement leurs faiblesses. L'auteur mentionne également qu'il pourrait recevoir des détails plus intéressants sur les amours de la jeune Anglaise, fille d'un chirurgien de Douvres, et les obstacles rencontrés pour leur mariage.
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3146
p. 47-48
MARIAGE.
Début :
Monsieur le Marquis de Mesmes, connu cy-devant sous le [...]
Mots clefs :
Marquis de Mesmes, Ravignan
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGE.
MARIAGE.
Monfieur le Marquis de
Mefmes, connu cy- devant
fous le nom de Ravignan,
Senechal du Marfan , Marefchal des Camps & Ar
mées du Roy , Inspecteur
general d'Infanterie, fils de
feu Meffire Alcibiades de
Mefmes Marquis de Ravignan, Senechal & Gouver
48 MERCURE
neurdu Marfan, & de feue
Dame Marie de Vignes , a
épousé Mademoiſelle Racine fille de MeffireMichel
Racine Efcuyer , Receveur
general des finances d'Alençon , & de Dame Petronille Vanderlinde. Je ne
parle pas de la famille de
Mr le Marquis de Meſmes ,
je renvoye le Lecteur à ce
que j'en ay dit au fujet de
Monfieur le Premier Préfident dans le Mercure de:
Janvier 1712. page 22
Monfieur le Marquis de
Mefmes, connu cy- devant
fous le nom de Ravignan,
Senechal du Marfan , Marefchal des Camps & Ar
mées du Roy , Inspecteur
general d'Infanterie, fils de
feu Meffire Alcibiades de
Mefmes Marquis de Ravignan, Senechal & Gouver
48 MERCURE
neurdu Marfan, & de feue
Dame Marie de Vignes , a
épousé Mademoiſelle Racine fille de MeffireMichel
Racine Efcuyer , Receveur
general des finances d'Alençon , & de Dame Petronille Vanderlinde. Je ne
parle pas de la famille de
Mr le Marquis de Meſmes ,
je renvoye le Lecteur à ce
que j'en ay dit au fujet de
Monfieur le Premier Préfident dans le Mercure de:
Janvier 1712. page 22
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Résumé : MARIAGE.
Le texte annonce le mariage entre le Marquis de Mesmes, dit Ravignan, et Mademoiselle Racine. Le Marquis est Sénéchal du Marfan, Maréchal des Camps et Armées du Roy, Inspecteur général d'Infanterie. Mademoiselle Racine est la fille de Michel Racine, Receveur général des finances d'Alençon. Le texte renvoie à une précédente publication du Mercure de janvier 1712 pour plus d'informations.
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3147
p. 49-53
LE VIEIL OYSEAU. Fable.
Début :
Un vieux Rossignol de ce bois [...]
Mots clefs :
Oiseau, Cocuage, Mariage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE VIEIL OYSEAU. Fable.
LE VIEIL OYSEAU.
FABLE.
UNvieux Roffignol de
ce bois
Laiffa femmejeune & fringante :
Auffitôt d'amans plus de
trente ,
Et chacun d'étaler fa voix ,
On ne vit onc mufique fi
charmante.
Pas un ne plut pourtant,c'étoient oyfeaux de Cour,
Juin 1712 E
.
MERCURE
Leftes d'atour,
Le col beau , la plume luifante ,
Au furplus pas un fol de
rente.
La belle aimoit l'argent , &
qui n'en avoit pas
Eftoit elle fans appas. pour
Tendres regards , douces
paroles
N'y faifoient rien, il faloit
des piftoles.
Ce fut par là qu'en vint à
bouti
Un riche oyfeau de ce bocage;
Richeje dis,car c'étoir tout:
GALANT.
Durefte vieux , de noir plu
mage ,
Oyfeau d'un étrange jargon ,
Caron dit qu'il parloitGaſIl n'étoit femine un peu jolie
Dans tous nos bois ,
A quicent fois / m
Enfon patois
Il n'eût conté fon amou
reuſe envie.odi
L'affreuſe pieyo emmc0
Et la fauyette tour à tour
Avoient écouté fon amour,
Sans en avoir l'ame atten
drie. Eij
4
"
152 MERCURE
Mais enfin il plaît en ce
jour,
Et fans retour
Il fe marie :
L'affaire fe conclut, dit-on,
Avant que le printemps expire.
Tous les oyfeaux n'en font
que rire ,
Et s'en vont chantant fur
ce ton :
Quand on a l'âge
De foixante ans ,
Comme l'oyfeau du noir
plumage ,
Plus de bon temps ;
En mariage
GALANT 33
Le cocủage
N'eft pas le mal
Le plus fatal ;
Ce qu'on doit craindre da
vantage
En mariage
Quand on a l'âge
De foixante ans ,
Eft d'aller voir en peu de
remps
Le noir rivag
FABLE.
UNvieux Roffignol de
ce bois
Laiffa femmejeune & fringante :
Auffitôt d'amans plus de
trente ,
Et chacun d'étaler fa voix ,
On ne vit onc mufique fi
charmante.
Pas un ne plut pourtant,c'étoient oyfeaux de Cour,
Juin 1712 E
.
MERCURE
Leftes d'atour,
Le col beau , la plume luifante ,
Au furplus pas un fol de
rente.
La belle aimoit l'argent , &
qui n'en avoit pas
Eftoit elle fans appas. pour
Tendres regards , douces
paroles
N'y faifoient rien, il faloit
des piftoles.
Ce fut par là qu'en vint à
bouti
Un riche oyfeau de ce bocage;
Richeje dis,car c'étoir tout:
GALANT.
Durefte vieux , de noir plu
mage ,
Oyfeau d'un étrange jargon ,
Caron dit qu'il parloitGaſIl n'étoit femine un peu jolie
Dans tous nos bois ,
A quicent fois / m
Enfon patois
Il n'eût conté fon amou
reuſe envie.odi
L'affreuſe pieyo emmc0
Et la fauyette tour à tour
Avoient écouté fon amour,
Sans en avoir l'ame atten
drie. Eij
4
"
152 MERCURE
Mais enfin il plaît en ce
jour,
Et fans retour
Il fe marie :
L'affaire fe conclut, dit-on,
Avant que le printemps expire.
Tous les oyfeaux n'en font
que rire ,
Et s'en vont chantant fur
ce ton :
Quand on a l'âge
De foixante ans ,
Comme l'oyfeau du noir
plumage ,
Plus de bon temps ;
En mariage
GALANT 33
Le cocủage
N'eft pas le mal
Le plus fatal ;
Ce qu'on doit craindre da
vantage
En mariage
Quand on a l'âge
De foixante ans ,
Eft d'aller voir en peu de
remps
Le noir rivag
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Résumé : LE VIEIL OYSEAU. Fable.
La fable 'Le Vieil Oiseau' relate l'histoire d'un vieux rossignol vivant dans un bois, marié à une jeune et joyeuse épouse. De nombreux prétendants, tous des oiseaux de cour, tentent de séduire la jeune femme avec leurs chants et leurs apparences soignées, mais elle préfère l'argent. Un riche rossignol du bocage, bien que laid et parlant un langage étrange, parvient à la séduire grâce à sa richesse. Malgré les moqueries des autres oiseaux, le couple se marie avant l'arrivée du printemps. La morale de la fable est que, à un âge avancé, le cocuage n'est pas le pire mal en mariage, mais plutôt le risque de mourir rapidement après le mariage.
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3148
p. 54-64
Relation envoyée par M. le Comte de Fienne, Lieutenant general des armées du Roy.
Début :
Les ennemis ayant eu avis que les douze bataillons que [...]
Mots clefs :
Troupes, Ennemis, Relation, Miquelets, Gérone, Lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Relation envoyée par M. le Comte de Fienne, Lieutenant general des armées du Roy.
A Perpignanle 11. May 1712.
Relation envoyée par M. le
Comte de Fienne , Lieutenant general des armées du
Roy.
LEs ennemis ayant eu
avis que les douze bataillons que l'on avoit envoyez
ici du Dauphiné, étoient en
marche pour y retourner
affemblerent deux corps de
troupes : l'un du côté d'Oftalrich , & l'autre du côté
d'Olot.
GALANT.
dut
Le premier étoit commandé par le Baron de
Vvetzel : il paffa le 30.
mois dernier le Ter à Tor
reilles de Mongry , où il
campa. Le premierde May
il continua fa marche , &
fuivant unchemin coupé de
canaux &de vifieres , il arriva le même jour à faint
Pierre Pefcador de bonne
heure.
L'autre , qui étoit commandé par Don Louis de
Cordoua enl'abfence de Picalquez , defcendit le 29. à
Befalce , vint camper le 30-
E iiij
36 MERCURE
au pont d'Esponella , s'a
vança le premier vers Na
yatta , & envoya un gros,
detachement à Figuieres.
Le premier marchoit fun
moy , & l'autre fuivoit la
montagne , pour tâcher de
me couper la communication avec le Rouffillon. Ils
avoient même déja envoyé
tous leurs, Miquelets & les
Soumettans , pour tâchen
d'en occuper les paffages.
J'avois été obligé de me
mettre à Caſtillon & à Peyralade , derriere la Muga ,
aprés avoir retiré les poſtes.
GALANT.
queje ne pouvois foûtenir,
& renforcé ceux qui pou
voient fe défendre.
Je fis marcher la nuit du
premier au fecond tous les
équipages à unelieuë delà ,
au pied de la montagne,
pour être à portée de paffer
en Rouffillon ; & je les fui
vis lorfque je vis ces deux
corps en mouvement pour
venir auxquartiers que j'oc
cupois.
Le 2. je les fs paffer de
grand matin , & j'en fis l'ar
Fieregarde avec ce que j'avois de troupes , conſiſtant
گیا
38 MERCURE
en 2000. hommes , cavale
rie , infanterie, ou dragons,
tant bons que mauvais. J'arz
rivai le mêmejour à Bañols,
où je diſtribuai les troupes
dans des quartiers à portée
des paffages , pour y attendre celles qui nous arrivent
de France.
a
Ils avoient envoyé tous
leurs Miquelets pour s'emparer des defilez , & m'attaquer dans une retraite :
mais toutes les hauteurs &
le's poftes furent fi bien occupez , qu'elle fe fit fans
qu'ils ofaffent paroître.
GALANT 59
J'avois envoyé deux jours
auparavant M. de Caraffa ,
Maréchal des Camps des
armées de Sa Majesté Catholique, pour commandër
dans Rofes. Il y a dans cette
place deux bataillons François, unbataillon Eſpagnol,
& un d'infanterie Vvallonne : elle eft très bien pour
vûëde munitions de guerre
& de bouche.
Il y a dans Gironne huit
bataillons François , deux
Vvallons , cent chevaux ,
& des fufiliers de monta
gne. Cette place eft pareil-
60 MERCURE
lement bien pourvûë de
tout ce dont on peut avoir
befoin
Quoique les ennemis di
fent qu'ils font 10000. hommes dans ces deux corps ;
neanmoins , par l'état que
jai des regimens qui les
compofent, & de leur for
ce , je vois certainement
qu'ils ne font pas plus de
7000.
Hs publient que lorsque:
les troupes qui leur viennentd'Italieferont arrivées,,
ils doivent faire quelque
entrepriſe confiderable ::
GALANT. 61
mais comme il y a beau
coup d'apparence que ces
troupes ne peuvent arriver
plûtôt qu'au commencement de Juin ; que dans ce
temps- là M. le Ducde Ven
dôme ſe diſpoſera à entrer
&
que
les en campagne ,
troupes qui viennent de
France ence pays- ci ſeront
arrivées , j'efpere que tous
leurs deffeins fe borneront
à manger le pays. Ils attaquent l'Eſcale depuis le s
celui qui eft dans ce pofte
s'y défend bien.
Unregiment Napolitain
62 MERCURE
avoit eu ordre de fe rendre
maître du château de Madignan , prés de Gironne :
mais un detachement de la
garnifon de cette place l'a
obligé de fe retirer avec
precipitation , &avec perte
de plus de cinquante hommes , & de quelques Officiers.
* Les lettres de Perpignan
du 20. May portent que
tout eft fort tranquile dans
le Lampourdan , que le 16.
Ja garnifon de Gironne fit
une courfe jufqu'auprés
d'Oftalric fans trouver
GALANT. 63
d'ennemis. L'on a appris par
des deſerteurs qu'ils fe font
retirez à Barcelone , où le
Comte de Staremberg les
faifoit camper, & qu'ils y
fouffroient une grande difette de toutes choſes , ne
pouvant avoir de ſubſiſtance que du côté de la mer
le pays étant entierement
ruïné &inculte. Ces lettres
ajoûtent que le General
Strembergs'eft determiné
à mettre toute fon infante,
rie dans les places qui lui
reftent , & de tenir la campagne avec la cavalerie ,
64 MERCURE
confiftant en 5. ou 6000.
chevaux, la plupart enmauvais état , juſqu'à ce que le
puiffant fecours qui lui doit
venir d'Italie foit arrivé.
On mande de Valence,
qu'on continue d'envoyer
à Vinaros , fur les frontie
res de Catalogne , des ha
bits pour les foldats , & des
felles pour les chevaux.
Les lettres du Rhin portent feulement que les deux
armées ne font aucun mouvement , & qu'on croit qu'
on y fera fur la défenfiv
Relation envoyée par M. le
Comte de Fienne , Lieutenant general des armées du
Roy.
LEs ennemis ayant eu
avis que les douze bataillons que l'on avoit envoyez
ici du Dauphiné, étoient en
marche pour y retourner
affemblerent deux corps de
troupes : l'un du côté d'Oftalrich , & l'autre du côté
d'Olot.
GALANT.
dut
Le premier étoit commandé par le Baron de
Vvetzel : il paffa le 30.
mois dernier le Ter à Tor
reilles de Mongry , où il
campa. Le premierde May
il continua fa marche , &
fuivant unchemin coupé de
canaux &de vifieres , il arriva le même jour à faint
Pierre Pefcador de bonne
heure.
L'autre , qui étoit commandé par Don Louis de
Cordoua enl'abfence de Picalquez , defcendit le 29. à
Befalce , vint camper le 30-
E iiij
36 MERCURE
au pont d'Esponella , s'a
vança le premier vers Na
yatta , & envoya un gros,
detachement à Figuieres.
Le premier marchoit fun
moy , & l'autre fuivoit la
montagne , pour tâcher de
me couper la communication avec le Rouffillon. Ils
avoient même déja envoyé
tous leurs, Miquelets & les
Soumettans , pour tâchen
d'en occuper les paffages.
J'avois été obligé de me
mettre à Caſtillon & à Peyralade , derriere la Muga ,
aprés avoir retiré les poſtes.
GALANT.
queje ne pouvois foûtenir,
& renforcé ceux qui pou
voient fe défendre.
Je fis marcher la nuit du
premier au fecond tous les
équipages à unelieuë delà ,
au pied de la montagne,
pour être à portée de paffer
en Rouffillon ; & je les fui
vis lorfque je vis ces deux
corps en mouvement pour
venir auxquartiers que j'oc
cupois.
Le 2. je les fs paffer de
grand matin , & j'en fis l'ar
Fieregarde avec ce que j'avois de troupes , conſiſtant
گیا
38 MERCURE
en 2000. hommes , cavale
rie , infanterie, ou dragons,
tant bons que mauvais. J'arz
rivai le mêmejour à Bañols,
où je diſtribuai les troupes
dans des quartiers à portée
des paffages , pour y attendre celles qui nous arrivent
de France.
a
Ils avoient envoyé tous
leurs Miquelets pour s'emparer des defilez , & m'attaquer dans une retraite :
mais toutes les hauteurs &
le's poftes furent fi bien occupez , qu'elle fe fit fans
qu'ils ofaffent paroître.
GALANT 59
J'avois envoyé deux jours
auparavant M. de Caraffa ,
Maréchal des Camps des
armées de Sa Majesté Catholique, pour commandër
dans Rofes. Il y a dans cette
place deux bataillons François, unbataillon Eſpagnol,
& un d'infanterie Vvallonne : elle eft très bien pour
vûëde munitions de guerre
& de bouche.
Il y a dans Gironne huit
bataillons François , deux
Vvallons , cent chevaux ,
& des fufiliers de monta
gne. Cette place eft pareil-
60 MERCURE
lement bien pourvûë de
tout ce dont on peut avoir
befoin
Quoique les ennemis di
fent qu'ils font 10000. hommes dans ces deux corps ;
neanmoins , par l'état que
jai des regimens qui les
compofent, & de leur for
ce , je vois certainement
qu'ils ne font pas plus de
7000.
Hs publient que lorsque:
les troupes qui leur viennentd'Italieferont arrivées,,
ils doivent faire quelque
entrepriſe confiderable ::
GALANT. 61
mais comme il y a beau
coup d'apparence que ces
troupes ne peuvent arriver
plûtôt qu'au commencement de Juin ; que dans ce
temps- là M. le Ducde Ven
dôme ſe diſpoſera à entrer
&
que
les en campagne ,
troupes qui viennent de
France ence pays- ci ſeront
arrivées , j'efpere que tous
leurs deffeins fe borneront
à manger le pays. Ils attaquent l'Eſcale depuis le s
celui qui eft dans ce pofte
s'y défend bien.
Unregiment Napolitain
62 MERCURE
avoit eu ordre de fe rendre
maître du château de Madignan , prés de Gironne :
mais un detachement de la
garnifon de cette place l'a
obligé de fe retirer avec
precipitation , &avec perte
de plus de cinquante hommes , & de quelques Officiers.
* Les lettres de Perpignan
du 20. May portent que
tout eft fort tranquile dans
le Lampourdan , que le 16.
Ja garnifon de Gironne fit
une courfe jufqu'auprés
d'Oftalric fans trouver
GALANT. 63
d'ennemis. L'on a appris par
des deſerteurs qu'ils fe font
retirez à Barcelone , où le
Comte de Staremberg les
faifoit camper, & qu'ils y
fouffroient une grande difette de toutes choſes , ne
pouvant avoir de ſubſiſtance que du côté de la mer
le pays étant entierement
ruïné &inculte. Ces lettres
ajoûtent que le General
Strembergs'eft determiné
à mettre toute fon infante,
rie dans les places qui lui
reftent , & de tenir la campagne avec la cavalerie ,
64 MERCURE
confiftant en 5. ou 6000.
chevaux, la plupart enmauvais état , juſqu'à ce que le
puiffant fecours qui lui doit
venir d'Italie foit arrivé.
On mande de Valence,
qu'on continue d'envoyer
à Vinaros , fur les frontie
res de Catalogne , des ha
bits pour les foldats , & des
felles pour les chevaux.
Les lettres du Rhin portent feulement que les deux
armées ne font aucun mouvement , & qu'on croit qu'
on y fera fur la défenfiv
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Résumé : Relation envoyée par M. le Comte de Fienne, Lieutenant general des armées du Roy.
Le 11 mai 1712, le comte de Fienne, lieutenant général des armées du roi, rapporte que les ennemis, ayant appris le retour des douze bataillons du Dauphiné, ont rassemblé deux corps de troupes. Le premier, commandé par le baron de Vvetzel, a traversé le Ter et campé à Torrelles de Mongry avant de continuer vers Saint-Pierre-Pescador. Le second, dirigé par Don Louis de Cordoua, a descendu à Besalce et campé au pont d'Esponella, envoyant un détachement à Figueres. En réponse, le comte de Fienne a dû se replier à Castillon et Peyralade derrière la Muga, renforçant les postes défensifs. Il a également fait passer les équipages en Roussillon pour éviter d'être coupé des communications. Le 2 mai, il a fait traverser les troupes à Bañols, où elles ont été déployées pour défendre les passages. Les ennemis ont tenté de s'emparer des défilés, mais les hauteurs et les postes ont été bien occupés, empêchant toute attaque. Le comte de Fienne mentionne également la présence de troupes à Roses et Girone, bien pourvues en munitions. Il estime que les ennemis ne sont pas plus de 7000 hommes, malgré leurs déclarations. Les lettres de Perpignan du 20 mai indiquent une tranquillité dans le Roussillon. Les ennemis se sont retirés à Barcelone, souffrant de grandes difficultés de subsistance. Le général Staremberg prévoit de placer son infanterie dans les places fortes et de maintenir la cavalerie en campagne jusqu'à l'arrivée de renforts d'Italie. Des habits et des selles continuent d'être envoyés à Vinaros pour les soldats et les chevaux. Les armées du Rhin ne montrent aucun mouvement significatif.
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3149
p. 65-70
Nouvelles de Pologne.
Début :
Les lettres de Pologne portent que les Moscovites traitent plus [...]
Mots clefs :
Tartares, Tsar, Moscovites, Dantzig, Russie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Pologne.
Nouvelles de Pologne.
Les lettres de Pologne
portent que les Mofcovites
traitent plus moderément.
les peuples de la Pruffe
Royale ; que le General
Bruz qui les commande ,
menace d'attaquer la ville
de Dantzik , ou au moins
de la bombarder , fi elle
n'accorde les fommes que
le Czar lui a fait demander.
Les dernieres lettres de
Dantzikportent que les differends de cette ville - là
Juin 1712.
h
66 MERCURE
avec le Czarfont terminez,
à condition qu'au lieu de la
fomme confiderable qu'il
lui demandoit , elle fournira une certaine quantité
de grains pour la fubfiftancalde fes troupes, quinq
Les lettres de Saxe & de!
Vienne affurent qu'on avoit
appris par differentes letu
tres de Conftantinople, que
fur les inftances des ambafh
fadeurs d'Angleterre & de
Hollande , la paix avoit été
conclue entre les Turcsead
les Mofcovites , avec de
nouvelles conditions ; en-
GALANT 67
tr'autres , que le Czar aban
donneraentierement la Po
logne & l'Ukraine.q obsiz
Qu'il payera un tributou
penfion annuelle au Kan
des Tartares , cinq cent
mille ducats au Grand Sei
gneur, pour le dédomma
ger en partie des frais de
la guerre, & quele Royde
Suede fera efcorté jufqu'en
Pomeranie par une armée
dans laquelle il
mille Tartares. On ajoûte
quece traité n'a pas encore
été fignéni publié Des nou?
velles méritent confirmag
y aura dix
Fij
68 MERCURE
tion , d'autant plus qu'on
en a pluſieurs fois fait courir de pareilles qui n'ont eu
aucune fuite.
Les lettres de Bender
plus recentes afſurent que
tous les Bachas, marchent
avec leurs troupes vers le
Danube; que le Grand Seigneur devoit partir le 20.
d'Avril de Conftantinople
pour aller joindre fon armée. L'incertitude où l'on
eft depuis long -temps fur
ce fujet , nepeut plus durer
que quelques femaines
parce que les herbes étant
"
6
GALANT 69
grandes , les armées ſe mettront en campagne , fi la
paix n'eft pas conclue &
publiée..
Onmande de Ruffie, que
le detachement de quatre
mille hommes des troupes,
du Palatin de Kiovie , com,
mandé par le Sieur Rudzinski , s'étoit avancé , qu'il,
devoit être joint par vingt
compagnies de l'armée de
Lituanie , que le Palatimde
Kiovie étoit en marche
pour le joindre avec le refte
de les troupes , & qu'il étoit
fuivi par le Roy de Suede
70 MERCURE
avec une grande armée
A *
pendant que les Turcs &
"
les Tartares fe preparoient
à agir d'un autre côté. Toutes ces nouvelles deman
dent confirmation.
› L'inondation cauféé par
le debordement de l'Elbe a
fait des dommages confiderables dans l'Electorat
de Saxe.
Les lettres de Pologne
portent que les Mofcovites
traitent plus moderément.
les peuples de la Pruffe
Royale ; que le General
Bruz qui les commande ,
menace d'attaquer la ville
de Dantzik , ou au moins
de la bombarder , fi elle
n'accorde les fommes que
le Czar lui a fait demander.
Les dernieres lettres de
Dantzikportent que les differends de cette ville - là
Juin 1712.
h
66 MERCURE
avec le Czarfont terminez,
à condition qu'au lieu de la
fomme confiderable qu'il
lui demandoit , elle fournira une certaine quantité
de grains pour la fubfiftancalde fes troupes, quinq
Les lettres de Saxe & de!
Vienne affurent qu'on avoit
appris par differentes letu
tres de Conftantinople, que
fur les inftances des ambafh
fadeurs d'Angleterre & de
Hollande , la paix avoit été
conclue entre les Turcsead
les Mofcovites , avec de
nouvelles conditions ; en-
GALANT 67
tr'autres , que le Czar aban
donneraentierement la Po
logne & l'Ukraine.q obsiz
Qu'il payera un tributou
penfion annuelle au Kan
des Tartares , cinq cent
mille ducats au Grand Sei
gneur, pour le dédomma
ger en partie des frais de
la guerre, & quele Royde
Suede fera efcorté jufqu'en
Pomeranie par une armée
dans laquelle il
mille Tartares. On ajoûte
quece traité n'a pas encore
été fignéni publié Des nou?
velles méritent confirmag
y aura dix
Fij
68 MERCURE
tion , d'autant plus qu'on
en a pluſieurs fois fait courir de pareilles qui n'ont eu
aucune fuite.
Les lettres de Bender
plus recentes afſurent que
tous les Bachas, marchent
avec leurs troupes vers le
Danube; que le Grand Seigneur devoit partir le 20.
d'Avril de Conftantinople
pour aller joindre fon armée. L'incertitude où l'on
eft depuis long -temps fur
ce fujet , nepeut plus durer
que quelques femaines
parce que les herbes étant
"
6
GALANT 69
grandes , les armées ſe mettront en campagne , fi la
paix n'eft pas conclue &
publiée..
Onmande de Ruffie, que
le detachement de quatre
mille hommes des troupes,
du Palatin de Kiovie , com,
mandé par le Sieur Rudzinski , s'étoit avancé , qu'il,
devoit être joint par vingt
compagnies de l'armée de
Lituanie , que le Palatimde
Kiovie étoit en marche
pour le joindre avec le refte
de les troupes , & qu'il étoit
fuivi par le Roy de Suede
70 MERCURE
avec une grande armée
A *
pendant que les Turcs &
"
les Tartares fe preparoient
à agir d'un autre côté. Toutes ces nouvelles deman
dent confirmation.
› L'inondation cauféé par
le debordement de l'Elbe a
fait des dommages confiderables dans l'Electorat
de Saxe.
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Résumé : Nouvelles de Pologne.
Les nouvelles de Pologne rapportent que les Moscovites traitent plus modérément les peuples de la Prusse Royale. Le général Bruz menace Dantzig de bombardement si elle ne fournit pas les sommes demandées par le tsar. Les différends entre Dantzig et le tsar se sont résolus en juin 1712, la ville fournissant des grains pour les troupes du tsar. Les lettres de Saxe et de Vienne indiquent une paix conclue entre les Turcs et les Moscovites, facilitée par les ambassadeurs d'Angleterre et de Hollande. Les nouvelles conditions incluent l'abandon par le tsar de la Pologne et de l'Ukraine, un tribut annuel au Khan des Tartares, et une pension au Grand Seigneur. Le roi de Suède serait escorté jusqu'en Poméranie par une armée incluant des Tartares, mais ce traité n'est pas encore signé ni publié. Les lettres de Bender signalent que les Bachas avancent vers le Danube avec leurs troupes, et que le Grand Seigneur doit rejoindre son armée. Les armées se préparent à entrer en campagne si la paix n'est pas conclue. En Russie, un détachement de quatre mille hommes, commandé par Rudzinski, s'est avancé et doit être rejoint par des troupes de Lituanie. Le palatin de Kiovie, suivi par le roi de Suède et une grande armée, est en marche. Les Turcs et les Tartares se préparent également à agir. Toutes ces nouvelles nécessitent confirmation. Par ailleurs, une inondation de l'Elbe a causé des dommages considérables dans l'Électorat de Saxe.
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3150
p. 70-76
Nouvelles d'Allemagne.
Début :
Le départ de l'Archiduc pour aller en Hongrie a été [...]
Mots clefs :
Comte, Archiduc, Hongrie, Couronnement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Allemagne.
Nouvelles d'Allemagne.
Le départ de l'Archiduc
pour aller en Hongrie a
été fixé au 18. de May. 11
GALANT.
על
22
fera fon entrée à Prefbourg
le 19. & il fera couronné le
la ratifié tout ce que
Imperatrice fa Mere avoit
accordé aux Hongrois.
- LeComte Nicolas Illief
hafi a été confirmé dans la
Charge de Chancelier de la
Cour duRoyaume de Hongrie , qu'il avoit exercée
fous le feu Empereur Jo
feph. Ona envoyé plufieurs
Ingenieurs en Hongrie
pour faire reparer les pla
ces & faire de nouvelles
fortifications à celles qu'ils
jugeront en avoir befoin.
>
72 MERCURE
Les lettres de Presbourg,
portent que le Prince Ra
gotzi & le Comte Berzini
avoient fait délivrer à la
Diete une proteftation contre le couronnement de
L'Archiduc , à caufe que la!
depofition du feu Roy Jo
feph s'étoit faite à Onoth
du confentement de tous
les Etats du Royaume, &
que fi le couronnement ne
fe faifoit de la même ma
niere dans une Diete libre
il feroit abfolument nul...
L'Archiduc partit de cette ville le 18. il alla coucher
au
GALANT. 73
e
3
au château de Petronel, qui
appartient au Comte de
Traun. Il s'avança le 19. jufqu'à Vvolfftal , où il fut
complimenté de la part des
.3
Etats par le Comte Emerie
Czaki , Archevêque de Colocza , le Comte de Telekefi Evêque d'Agria , le
Comte Sigifmond Czaki ,
le ComteEftienne Budiani;
de la Table ou Chambre
haute des Etats , & par douze Deputez de la Table baf
fe. Al'entrée du Royaume
il rencontra le refte des Etats de Hongrie , qui , fuiJuin 1712.
G
74 MERCURE
vant l'ordre qu'il avoit donné , n'avoient point amené,
felon l'ancienne coûtume ,
leurs troupes armées avec
leurs Officiers , leurs timbales & leurs trompettes
de crainte qu'il ne ſe fit
quelque defordre. Il n'y avoit que le regiment de cavalerie de Rabutin. Aprés
avoir reçû leurs compli
mens , il monta à cheval ,
&traverfa le Danube fur le
pont debarques , gardépar
le regiment d'infanterie de
Neubourg. Il continua ſa
marche vers la ville , où les
GALANT 75
Magiftrats lui preſenterent
les clefs. Les Bourgeois ar
mez étoient rangez depuis
le pont jufqu'à la porte par
où l'on va au châteaur , ou
al entra au bruit d'une dé
charge de toute l'artillerie.
Il fut d'abord à la Chapelle,
oùl'on chanta le Te Deum.
Le 20. aprés que le Cardinal de Saze Zeits , Archevêque de Strigonie , et ce
kelebré la Meffe du Saint EL
ar
prit , il monta fur le Trône,
doù leComteIlleshafi , Chancelier de Hongrie , fit en
peu de. mots aux Etats du
G ij
76 MERCURE
Royaume les propofitions
de l'Archiduc aprés quoy
ce Prince remit entre les
mains du Cardinal Zeits un
paquet cacheté , où ces mêmes propofitions étoient
plus amplementexpliquées.
Le départ de l'Archiduc
pour aller en Hongrie a
été fixé au 18. de May. 11
GALANT.
על
22
fera fon entrée à Prefbourg
le 19. & il fera couronné le
la ratifié tout ce que
Imperatrice fa Mere avoit
accordé aux Hongrois.
- LeComte Nicolas Illief
hafi a été confirmé dans la
Charge de Chancelier de la
Cour duRoyaume de Hongrie , qu'il avoit exercée
fous le feu Empereur Jo
feph. Ona envoyé plufieurs
Ingenieurs en Hongrie
pour faire reparer les pla
ces & faire de nouvelles
fortifications à celles qu'ils
jugeront en avoir befoin.
>
72 MERCURE
Les lettres de Presbourg,
portent que le Prince Ra
gotzi & le Comte Berzini
avoient fait délivrer à la
Diete une proteftation contre le couronnement de
L'Archiduc , à caufe que la!
depofition du feu Roy Jo
feph s'étoit faite à Onoth
du confentement de tous
les Etats du Royaume, &
que fi le couronnement ne
fe faifoit de la même ma
niere dans une Diete libre
il feroit abfolument nul...
L'Archiduc partit de cette ville le 18. il alla coucher
au
GALANT. 73
e
3
au château de Petronel, qui
appartient au Comte de
Traun. Il s'avança le 19. jufqu'à Vvolfftal , où il fut
complimenté de la part des
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Etats par le Comte Emerie
Czaki , Archevêque de Colocza , le Comte de Telekefi Evêque d'Agria , le
Comte Sigifmond Czaki ,
le ComteEftienne Budiani;
de la Table ou Chambre
haute des Etats , & par douze Deputez de la Table baf
fe. Al'entrée du Royaume
il rencontra le refte des Etats de Hongrie , qui , fuiJuin 1712.
G
74 MERCURE
vant l'ordre qu'il avoit donné , n'avoient point amené,
felon l'ancienne coûtume ,
leurs troupes armées avec
leurs Officiers , leurs timbales & leurs trompettes
de crainte qu'il ne ſe fit
quelque defordre. Il n'y avoit que le regiment de cavalerie de Rabutin. Aprés
avoir reçû leurs compli
mens , il monta à cheval ,
&traverfa le Danube fur le
pont debarques , gardépar
le regiment d'infanterie de
Neubourg. Il continua ſa
marche vers la ville , où les
GALANT 75
Magiftrats lui preſenterent
les clefs. Les Bourgeois ar
mez étoient rangez depuis
le pont jufqu'à la porte par
où l'on va au châteaur , ou
al entra au bruit d'une dé
charge de toute l'artillerie.
Il fut d'abord à la Chapelle,
oùl'on chanta le Te Deum.
Le 20. aprés que le Cardinal de Saze Zeits , Archevêque de Strigonie , et ce
kelebré la Meffe du Saint EL
ar
prit , il monta fur le Trône,
doù leComteIlleshafi , Chancelier de Hongrie , fit en
peu de. mots aux Etats du
G ij
76 MERCURE
Royaume les propofitions
de l'Archiduc aprés quoy
ce Prince remit entre les
mains du Cardinal Zeits un
paquet cacheté , où ces mêmes propofitions étoient
plus amplementexpliquées.
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Résumé : Nouvelles d'Allemagne.
Le texte décrit les événements entourant le départ et le couronnement de l'Archiduc en Hongrie. Le départ de l'Archiduc a été fixé au 18 mai. Il a passé la nuit au château de Petronel, propriété du Comte de Traun, avant de continuer son voyage jusqu'à Vvolfftal, où il a été accueilli par des dignitaires religieux et politiques. À l'entrée du royaume, il a rencontré les États de Hongrie, qui n'avaient pas amené leurs troupes armées par crainte de désordre. L'Archiduc a ensuite traversé le Danube et est entré dans la ville, accueilli par les magistrats et les bourgeois armés. Le 20 mai, après une messe célébrée par le Cardinal de Saze Zeits, l'Archiduc a été couronné. Le Comte Illeshafi, Chancelier de Hongrie, a présenté les propositions de l'Archiduc aux États du royaume, détaillées dans un paquet cacheté remis au Cardinal Zeits. Le Comte Nicolas Illeshafi a été confirmé dans sa charge de Chancelier. Plusieurs ingénieurs ont été envoyés pour réparer et fortifier les places nécessaires. Les Princes Ragotzi et le Comte Berzini ont protesté contre le couronnement, estimant que la déposition du roi Joseph s'était faite avec le consentement de tous les États et que le couronnement devait se faire dans une Diète libre.
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