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Détail
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1
p. 150-151
AIR NOUVEAU. POUR CRIER LE ROY BOIT.
Début :
Ce mot Roys me fait souvenir d'un Air nouveau, qu'un / Si la Féve par un heureux destin [...]
Mots clefs :
Fête, Fève, Roi, Festin, Boire
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texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU. POUR CRIER LE ROY BOIT.
Ce mot de Roys me fait fouvenir
d'un Air nouveau , qu'un
habile Maître a fait pour la Fête
de Réjouiffance qu'on celebre le
6. de ce mois ,
GALANT.
151
AIR NOUVEAU.
PoUR CRIER LE ROY - BOIT.
la Féve par un heureux deftin
SlaMaintenant nous ordonne
De reverer ce grand Roy du Feftin,
Qui doit regner deffus ta Tonne,
Que chacunfaffe ce qu'il doit,
En criant le Roy boit.
d'un Air nouveau , qu'un
habile Maître a fait pour la Fête
de Réjouiffance qu'on celebre le
6. de ce mois ,
GALANT.
151
AIR NOUVEAU.
PoUR CRIER LE ROY - BOIT.
la Féve par un heureux deftin
SlaMaintenant nous ordonne
De reverer ce grand Roy du Feftin,
Qui doit regner deffus ta Tonne,
Que chacunfaffe ce qu'il doit,
En criant le Roy boit.
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2
p. 72-76
Lettre en Vers, [titre d'après la table]
Début :
L'autre Lettre a esté écrite par l'Autheur à un de ses Amis, / Mon cher Lisis, j'ay receu le Billet [...]
Mots clefs :
Naissance, Mardi gras, Coeur, Joie, Père, Fils, Enfant, Honneur, Festin, Réjouissances
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texteReconnaissance textuelle : Lettre en Vers, [titre d'après la table]
L'autre Lettre a efté écrite.
par l'Autheur à un de fes
Amis,
GALANT. 73
Amis , de qui la Femme accoucha
d'un Garçon le jour
du Mardy Gras.
On cher Lifis , j'ay receu le
Billet
Mo
Que m'aporta ton verdoyant Valet;
Et quoy qu'ennuy de tous coffez m'aboye,
Moncoeur pourtant a treffailly de joye,
Pour avoirfçu que ta chere Moitié,
Apres douleurs qui font moult grand
pitié,
Enfin t'avoit de rechefrendu Père.
l'heureux Fils ! ©fortune profpere!
o Cielbenin , que de contentement
Vous promettez à ce nouvel Enfant!
Un Mardy- Gras éclairefa naiſſances
Les Ieux, les ris, les Feftins, & la
Dance,
Semblent par tout venirfaire la cour
Mars 1685. G
74 MERCURE
Au bel Enfant qui par toy voit lejour.
O qu'ilfera grand amateur d'Epices!
Langues de Boeuf, Saucissons & San
ciffes,
Iambonsfumez, gros & courts Cervelas
Feront unjour l'honneur de fes Repas?
Goute de vin ne lairra dans fa Couppe,
Agrosmonceaux mettra lefel en Soupe,
Et neferajamais dansfon Tonneau,
Pour le remplir,y répandre de l'eau.
Plante, croy-moy , pour cet Enfant infigne
Le meilleurplan de la meilleure Vigne
O quel transport ! O quel plaifant
foulas,
Quand ii verra courber les Echalas
Sous le fardeau de mainte & mainte
Grappe,
Etgros Flacons arangezfur la Nappe!
Mais garde- toy que celle qui nourrit
GALANT. 75
Cet Enfançon à qui Mardy- Grasrit,
Faffe Carefme, & mange de Molüe.
Prens les Chapons les plus gras de la
Müe,
Iarret de Veau, longe, éclanche &
roignon,
Fais fairefauce, ou d'Ail , ou - bien
d'Oignon,
Et
Et fois certain que cette nourriture
Aide beaucoup à la bonne nature,
que l'Enfant qui fucce de ce lait ,
Un temps viendraferamaître Poulet,
Etneferapar amour d'abftinence,
Affront aujour qui luy donna naif-
Sance.
Mais j'en dis trop pour un Homme
chagrin,
Quipourrimer n'eft pas en trop bon
train.
Un malde dents, douleur des plus
cruelle,
Gij
76 MERCURE
Quejour, que nuit me devore & bou
relle .
Atends ; adicu. Si j'obtiens guériſon,
I'iray te voir en ta belle Maifon,
M'yfaluft - il courre à beaupiedfans
Lance;
Onquesje n'eus tant de réjouissance,
Quej'en auray de prendre entre mes
... bras
Ce bel Enfant, ce Fils du Mardy-
Gras.
par l'Autheur à un de fes
Amis,
GALANT. 73
Amis , de qui la Femme accoucha
d'un Garçon le jour
du Mardy Gras.
On cher Lifis , j'ay receu le
Billet
Mo
Que m'aporta ton verdoyant Valet;
Et quoy qu'ennuy de tous coffez m'aboye,
Moncoeur pourtant a treffailly de joye,
Pour avoirfçu que ta chere Moitié,
Apres douleurs qui font moult grand
pitié,
Enfin t'avoit de rechefrendu Père.
l'heureux Fils ! ©fortune profpere!
o Cielbenin , que de contentement
Vous promettez à ce nouvel Enfant!
Un Mardy- Gras éclairefa naiſſances
Les Ieux, les ris, les Feftins, & la
Dance,
Semblent par tout venirfaire la cour
Mars 1685. G
74 MERCURE
Au bel Enfant qui par toy voit lejour.
O qu'ilfera grand amateur d'Epices!
Langues de Boeuf, Saucissons & San
ciffes,
Iambonsfumez, gros & courts Cervelas
Feront unjour l'honneur de fes Repas?
Goute de vin ne lairra dans fa Couppe,
Agrosmonceaux mettra lefel en Soupe,
Et neferajamais dansfon Tonneau,
Pour le remplir,y répandre de l'eau.
Plante, croy-moy , pour cet Enfant infigne
Le meilleurplan de la meilleure Vigne
O quel transport ! O quel plaifant
foulas,
Quand ii verra courber les Echalas
Sous le fardeau de mainte & mainte
Grappe,
Etgros Flacons arangezfur la Nappe!
Mais garde- toy que celle qui nourrit
GALANT. 75
Cet Enfançon à qui Mardy- Grasrit,
Faffe Carefme, & mange de Molüe.
Prens les Chapons les plus gras de la
Müe,
Iarret de Veau, longe, éclanche &
roignon,
Fais fairefauce, ou d'Ail , ou - bien
d'Oignon,
Et
Et fois certain que cette nourriture
Aide beaucoup à la bonne nature,
que l'Enfant qui fucce de ce lait ,
Un temps viendraferamaître Poulet,
Etneferapar amour d'abftinence,
Affront aujour qui luy donna naif-
Sance.
Mais j'en dis trop pour un Homme
chagrin,
Quipourrimer n'eft pas en trop bon
train.
Un malde dents, douleur des plus
cruelle,
Gij
76 MERCURE
Quejour, que nuit me devore & bou
relle .
Atends ; adicu. Si j'obtiens guériſon,
I'iray te voir en ta belle Maifon,
M'yfaluft - il courre à beaupiedfans
Lance;
Onquesje n'eus tant de réjouissance,
Quej'en auray de prendre entre mes
... bras
Ce bel Enfant, ce Fils du Mardy-
Gras.
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Résumé : Lettre en Vers, [titre d'après la table]
L'auteur écrit à un ami pour célébrer la naissance de son fils, survenue le jour du Mardi Gras. Il exprime sa joie malgré un certain ennui et anticipe une vie prospère pour l'enfant. Il imagine un avenir où le garçon sera entouré de festins et de danses, savourant des mets délicats et des vins fins. L'auteur conseille à son ami de bien nourrir l'enfant pour qu'il devienne robuste et évite les privations. Cependant, il mentionne une douleur dentaire persistante qui l'empêche de se réjouir pleinement. Il espère se rétablir pour rendre visite à son ami et voir l'enfant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 225-241
« Au commencement du printems de cette année 1711. Vveteh Officier [...] »
Début :
Au commencement du printems de cette année 1711. Vveteh Officier [...]
Mots clefs :
Sauvages, Québec, Anglais, Acadie, Festin, Anakis
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texteReconnaissance textuelle : « Au commencement du printems de cette année 1711. Vveteh Officier [...] »
iintems de cette année
1711. Vveteh Officier Anglois prit le parti de s'engager dans la flote que l'on
équipoit à Baston pour assiéger Quebec,ayant quelque connoissance de la riviere S. Laurent:il quitta
pour -cetre, eSecrAcadie
&le Port-Royal que François Nicholsonavoit pris
au commencement d'Octobre de l'année 1710, Ir ôe
que l'on auroit repris, si
le Gouverneur François
qui commandoit dans ce
pays & dans cette derniere
place ne l'eût rendue un
peu trop vîte, luy qui l'avoit si bien deffenduë en
1707. Les Anglois se sont
-
vûs depuis laprisemême de
PortRoyal réduits plus d'une fois à nous y
laisser rentrer, si M. le Marquis de
Vaudreiiil, qui avoit déja
envoyé des Officiers de
distinction & du premier
rang, avec un corps de
Canadiens alertes & braves pour aider les Acadiens
restes fidelesauRoy, pour
reprendre le Port-Royal,
n'eût été oblige de survenir en les rappellant, à ce
qui étoit de plus pressé, je
veux dire à la lureté de
Quebec, de l'Isle de Montreal. : Vers la fin de Juin de la
même année les Anglois
( sirent un détachement sous
la conduite de Rith. qui
sur menacer quelques ha~
bitansde l'Acadie de les
passer tous au fil de l'epee.
Sur cette menace un
chef des Sauvages appellé l'Aimable,assembla aus
sitôt trente de ceux de fou
village des plus braves, &
les exhorta (les Chefs parmi les Sauvages de l'Amerique septentrionale exhortent & prient ceux qui
les ont choisis pour leur
Chef plutôt qu'ils ne leur
commandent) de se ranger
tous & chacun derriere des
arbres le long d'une riviere
voisine du chemin, qu'il
jugeoit que le Capitaine
R. devoir tenir. En effet les
Angloisayant peu detems
après paru dans leurs canots, le Chef des Abnakis
les iomma hardiment de
se rendre & de mettre bas
les armes, les Anglois aucontraire se mirent en devoir de faire une décharge
sur les Sauvages. Ceux-ci
bien instruits par leur Chef
avant le premier coup de
fusil se trouverenttous ventre contre terre; la décharge des Anglois faite, les
Abnakis la firent à leur
tour:mais en choisissant
chacun leur homme qu'ils
nemanquèrent point; puis
ayant prit leurs haches en
main,ils tombèrent sur le
reste, qu'ils couperent en
morceaux. A peine quelques-uns de ces Anglois se
sauverent jusqu'au fort; ce
qui est de remarquable
c'est qu'aucun des Sauvages ne fut blessé. Ruh.fut
pris avec deux autres Officiers de la garnison de
Port-Royal, & cinq ou six
soldats. Ruh. ayant supplié le Chef des Anakis de
luy laisser la liberté d'aller
prendre au fort de quoi
subvenir à ses besoins à
Quebec, où il voyoit bien
qu'on alloit le mener, le
Sauvage ne luy accorda
que vingt- quatre heures
pour cela,lequel tems expiré s'il ne * se rendoit auprés de lui ponctuellement,
ille menaça de casser la tête aux Officiers & aux (oldats compagnons de sa
captivité, & quiplus est, de
- ne faire jamais quartier à
!
qui que ce soit de la nation
Angloise s'il manquoit à sa
parole.
Le Capitaine Ruh. revint exadement,l'aimable
,
chef des Sauvages
Anakis de l'Acadie étant
arrivé à Quebec avec sept
prisonniers, après une marche telle que la font les
gens de la sorte, c'est à
dire à
travers d'épaisses forests, des rivieres ou des
Lacs
5
d'affreux deserts, alloit souvent visiter le Capitaine R. son principal
prisonnier dans une bonne
auberge à Quebec, car on
luy avoit donné cette ville
pour prison.L'Aimable qui
trouvoit les ragoûts de son
auberge meilleurs que ses
chaudieres sauvages, buvoit
& mangeoit si fréquemment avec luy, que cet Ofsicier
sicier ayant voulu s'en
plaindre leSauvagelui dit:
oh oh tu devrais plûtot me
remercier de ce que je t'en
laisse manger ta part,
la
mangerois-tu si je ne t'avois
pas laissé la vie,& me diroistu cela que tu me dis sije t'avois arraché la Unvue qui
t*ai•dJe a, manger ces vivres?
La garnison du PortRoyal d'Acadie ayant fait
un nouveau détachement,
qui menaçoit les Anakis,
l'Aimable qui s'étoit rendu chez luy, tomba dessus
brusquement, le défit & le
tailla en pieces, excepte
quatre ou cinq qu'il fit
prisonniers, dont même ;
deux ou trois se trouverent i
blessés. Ce Chefdes Sauvages s'étant saisi des provisions & des vivres de ses
ennemis, il y
découvrit de
l'eau de vie, qu'il distribua
avec beaucoup de sagesse
à
ceux de sa nation qui 1avoient aidé dans le combat; car après leur en avoir
donné feulement un coup
à boire il jetta le reste dans
la Riviere
,
de peur qu'ils
n'en abusassent & ne sus- !
fent par là exposés à la surprise des ennemis. L'Aimable voyant les blessés
en danger envoya dire au fort de Port-Royal, que
l'on pouvoit envoyer un
Chirurgien pour panser les
blessés,& que cela lui donneroit la gloire de les tuer
encore une autre fois.
Au milieu du Printems
le nommé Frenay étant
arrivéde Plaisance enTerre-neuve à Quebec
,
apporta des lettres de M. de
Costebelle,Gouverneur de
cette place, à M. de Vau-
dreüil. M. le Comte de
Ponrchartrain luy marquant que les Anglois préparant un gros armement
pours'emparer de Plaisance en l'Isle deTerre. neuve,
ou même de Quebec
,
il
falloit se tenir sur ses gar- des.
Nos Ambassadeurs ou
envoyés chés les différentes nations Sauvages d'enhaut, je veux dire du côté
des grands Lacs
,
n'ont
point mal réussi dans leurs
négociations,puisqu'ils en
ont amené environ quatre
cent. On y
voyoit des Hurons, des Missisalagues & des
Sauteurs Sauvages de la
nation des Outaouaes, ou
des néspercés; des Sakis,
desNipissings,des Miamis,
des Kikapoux,des Outagamis ou Renards, des Pontcouatamis, desMaskoutens
ou de la nation du feu, des
Malommis. Meilleurs de
Longueil,Joncaire ôc de la
Chauvinerie amenerent
des anciens ou Chefs d'entres les Iroquois des villages de Sononthouan,d'Onnonthagué, d'Onciout, ôc
de Goiogouen. Je crois
que vous ne ferez point fâché de sçavoir comment
on les reçut à Montréal,
le rendés-vous ordinaire
des Sauvages d'en-haut.
Les mots Sauvages de Nequarré, la Chaudiere est
cuite, & de Gag,nfnovouryJ
le Chien est cuit, furent repetez bien des fois durant
le festin qu'on leur fit.
Le jour du festin de ces
Sauvages assemblés fut le
7. jour d'Aoust. Comme
les SauvagesChrétiens que
nous avons icy dans nos
millions tantde Mrs de S.
Sulpice que des Reverends Pere Jesuites & des
Recolets, y
furent appelles, & que les femmes &
leurs enfans letrouverent
de la partie, quoique seulement pour voir danser les
hommes,n'y ayant chez les
Sauvages que les guerriers
qui puissent de droit danser
aux festins de guerre, le
nombre des conviés montoit a environ quinze cent.
La scene fut devant la maison de M. le Marquis de
Vaudreüil nôtre General,
& proche les bords du
grand Fleuve S. Laurent.
On comptoit au festin
sauvage douze grandes
chaudieres,quiauraient pu
ce me semble faire quelque comparaison avec
quelques-unes de celles des
Gobelins à Paris; elles étoient pleines de fort longs
quartiers de Bœufs, de
Moutons, de Cochons, &
de l'élite des plus gros
Chiens, dont on voyoit les
têtes se promener dans ces
vastesreceptacles de viandes, que l'on faisoit boüillir
lir à grand feu en attifant
des moitiez d'arbres bout
à bout, l'assaisonnement de
ces differens mets étoit de
pois fort gros & de différentes especes, que l'on jettoit avec des péles à longs
manches dans les Chaudieres.
Maisfinissonscedétail. On
m'apromispour lemois prochain dessingularitezsurle
repas des Sauvages, que je
joindrayaureste de cette relation qui efi trop longue pour
être mise dans un seul Mercure
1711. Vveteh Officier Anglois prit le parti de s'engager dans la flote que l'on
équipoit à Baston pour assiéger Quebec,ayant quelque connoissance de la riviere S. Laurent:il quitta
pour -cetre, eSecrAcadie
&le Port-Royal que François Nicholsonavoit pris
au commencement d'Octobre de l'année 1710, Ir ôe
que l'on auroit repris, si
le Gouverneur François
qui commandoit dans ce
pays & dans cette derniere
place ne l'eût rendue un
peu trop vîte, luy qui l'avoit si bien deffenduë en
1707. Les Anglois se sont
-
vûs depuis laprisemême de
PortRoyal réduits plus d'une fois à nous y
laisser rentrer, si M. le Marquis de
Vaudreiiil, qui avoit déja
envoyé des Officiers de
distinction & du premier
rang, avec un corps de
Canadiens alertes & braves pour aider les Acadiens
restes fidelesauRoy, pour
reprendre le Port-Royal,
n'eût été oblige de survenir en les rappellant, à ce
qui étoit de plus pressé, je
veux dire à la lureté de
Quebec, de l'Isle de Montreal. : Vers la fin de Juin de la
même année les Anglois
( sirent un détachement sous
la conduite de Rith. qui
sur menacer quelques ha~
bitansde l'Acadie de les
passer tous au fil de l'epee.
Sur cette menace un
chef des Sauvages appellé l'Aimable,assembla aus
sitôt trente de ceux de fou
village des plus braves, &
les exhorta (les Chefs parmi les Sauvages de l'Amerique septentrionale exhortent & prient ceux qui
les ont choisis pour leur
Chef plutôt qu'ils ne leur
commandent) de se ranger
tous & chacun derriere des
arbres le long d'une riviere
voisine du chemin, qu'il
jugeoit que le Capitaine
R. devoir tenir. En effet les
Angloisayant peu detems
après paru dans leurs canots, le Chef des Abnakis
les iomma hardiment de
se rendre & de mettre bas
les armes, les Anglois aucontraire se mirent en devoir de faire une décharge
sur les Sauvages. Ceux-ci
bien instruits par leur Chef
avant le premier coup de
fusil se trouverenttous ventre contre terre; la décharge des Anglois faite, les
Abnakis la firent à leur
tour:mais en choisissant
chacun leur homme qu'ils
nemanquèrent point; puis
ayant prit leurs haches en
main,ils tombèrent sur le
reste, qu'ils couperent en
morceaux. A peine quelques-uns de ces Anglois se
sauverent jusqu'au fort; ce
qui est de remarquable
c'est qu'aucun des Sauvages ne fut blessé. Ruh.fut
pris avec deux autres Officiers de la garnison de
Port-Royal, & cinq ou six
soldats. Ruh. ayant supplié le Chef des Anakis de
luy laisser la liberté d'aller
prendre au fort de quoi
subvenir à ses besoins à
Quebec, où il voyoit bien
qu'on alloit le mener, le
Sauvage ne luy accorda
que vingt- quatre heures
pour cela,lequel tems expiré s'il ne * se rendoit auprés de lui ponctuellement,
ille menaça de casser la tête aux Officiers & aux (oldats compagnons de sa
captivité, & quiplus est, de
- ne faire jamais quartier à
!
qui que ce soit de la nation
Angloise s'il manquoit à sa
parole.
Le Capitaine Ruh. revint exadement,l'aimable
,
chef des Sauvages
Anakis de l'Acadie étant
arrivé à Quebec avec sept
prisonniers, après une marche telle que la font les
gens de la sorte, c'est à
dire à
travers d'épaisses forests, des rivieres ou des
Lacs
5
d'affreux deserts, alloit souvent visiter le Capitaine R. son principal
prisonnier dans une bonne
auberge à Quebec, car on
luy avoit donné cette ville
pour prison.L'Aimable qui
trouvoit les ragoûts de son
auberge meilleurs que ses
chaudieres sauvages, buvoit
& mangeoit si fréquemment avec luy, que cet Ofsicier
sicier ayant voulu s'en
plaindre leSauvagelui dit:
oh oh tu devrais plûtot me
remercier de ce que je t'en
laisse manger ta part,
la
mangerois-tu si je ne t'avois
pas laissé la vie,& me diroistu cela que tu me dis sije t'avois arraché la Unvue qui
t*ai•dJe a, manger ces vivres?
La garnison du PortRoyal d'Acadie ayant fait
un nouveau détachement,
qui menaçoit les Anakis,
l'Aimable qui s'étoit rendu chez luy, tomba dessus
brusquement, le défit & le
tailla en pieces, excepte
quatre ou cinq qu'il fit
prisonniers, dont même ;
deux ou trois se trouverent i
blessés. Ce Chefdes Sauvages s'étant saisi des provisions & des vivres de ses
ennemis, il y
découvrit de
l'eau de vie, qu'il distribua
avec beaucoup de sagesse
à
ceux de sa nation qui 1avoient aidé dans le combat; car après leur en avoir
donné feulement un coup
à boire il jetta le reste dans
la Riviere
,
de peur qu'ils
n'en abusassent & ne sus- !
fent par là exposés à la surprise des ennemis. L'Aimable voyant les blessés
en danger envoya dire au fort de Port-Royal, que
l'on pouvoit envoyer un
Chirurgien pour panser les
blessés,& que cela lui donneroit la gloire de les tuer
encore une autre fois.
Au milieu du Printems
le nommé Frenay étant
arrivéde Plaisance enTerre-neuve à Quebec
,
apporta des lettres de M. de
Costebelle,Gouverneur de
cette place, à M. de Vau-
dreüil. M. le Comte de
Ponrchartrain luy marquant que les Anglois préparant un gros armement
pours'emparer de Plaisance en l'Isle deTerre. neuve,
ou même de Quebec
,
il
falloit se tenir sur ses gar- des.
Nos Ambassadeurs ou
envoyés chés les différentes nations Sauvages d'enhaut, je veux dire du côté
des grands Lacs
,
n'ont
point mal réussi dans leurs
négociations,puisqu'ils en
ont amené environ quatre
cent. On y
voyoit des Hurons, des Missisalagues & des
Sauteurs Sauvages de la
nation des Outaouaes, ou
des néspercés; des Sakis,
desNipissings,des Miamis,
des Kikapoux,des Outagamis ou Renards, des Pontcouatamis, desMaskoutens
ou de la nation du feu, des
Malommis. Meilleurs de
Longueil,Joncaire ôc de la
Chauvinerie amenerent
des anciens ou Chefs d'entres les Iroquois des villages de Sononthouan,d'Onnonthagué, d'Onciout, ôc
de Goiogouen. Je crois
que vous ne ferez point fâché de sçavoir comment
on les reçut à Montréal,
le rendés-vous ordinaire
des Sauvages d'en-haut.
Les mots Sauvages de Nequarré, la Chaudiere est
cuite, & de Gag,nfnovouryJ
le Chien est cuit, furent repetez bien des fois durant
le festin qu'on leur fit.
Le jour du festin de ces
Sauvages assemblés fut le
7. jour d'Aoust. Comme
les SauvagesChrétiens que
nous avons icy dans nos
millions tantde Mrs de S.
Sulpice que des Reverends Pere Jesuites & des
Recolets, y
furent appelles, & que les femmes &
leurs enfans letrouverent
de la partie, quoique seulement pour voir danser les
hommes,n'y ayant chez les
Sauvages que les guerriers
qui puissent de droit danser
aux festins de guerre, le
nombre des conviés montoit a environ quinze cent.
La scene fut devant la maison de M. le Marquis de
Vaudreüil nôtre General,
& proche les bords du
grand Fleuve S. Laurent.
On comptoit au festin
sauvage douze grandes
chaudieres,quiauraient pu
ce me semble faire quelque comparaison avec
quelques-unes de celles des
Gobelins à Paris; elles étoient pleines de fort longs
quartiers de Bœufs, de
Moutons, de Cochons, &
de l'élite des plus gros
Chiens, dont on voyoit les
têtes se promener dans ces
vastesreceptacles de viandes, que l'on faisoit boüillir
lir à grand feu en attifant
des moitiez d'arbres bout
à bout, l'assaisonnement de
ces differens mets étoit de
pois fort gros & de différentes especes, que l'on jettoit avec des péles à longs
manches dans les Chaudieres.
Maisfinissonscedétail. On
m'apromispour lemois prochain dessingularitezsurle
repas des Sauvages, que je
joindrayaureste de cette relation qui efi trop longue pour
être mise dans un seul Mercure
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Résumé : « Au commencement du printems de cette année 1711. Vveteh Officier [...] »
En 1711, un officier anglais s'engagea dans la flotte préparée à Boston pour assiéger Québec, grâce à sa connaissance de la rivière Saint-Laurent. Il quitta Port-Royal, récemment pris par François Nicholson en octobre 1710, mais que le gouverneur français avait rendu trop rapidement. Les Anglais avaient été contraints de laisser les Français reprendre Port-Royal à plusieurs reprises. Le marquis de Vaudreuil rappela ses officiers pour défendre Québec et l'île de Montréal. Vers la fin juin, les Anglais envoyèrent un détachement sous la conduite du capitaine R. qui menaça des habitants acadiens. En réponse, un chef abénakis appelé l'Aimable rassembla des guerriers pour tendre une embuscade aux Anglais. Lors de l'affrontement, les Abénakis, bien instruits par leur chef, se cachèrent et ripostèrent efficacement, tuant plusieurs Anglais et capturant le capitaine R. et d'autres officiers. L'Aimable amena les prisonniers à Québec, où il visita régulièrement le capitaine R. dans une auberge. Plus tard, un nouveau détachement anglais menaça les Abénakis, mais l'Aimable les attaqua et les défit, capturant quelques prisonniers et distribuant de l'eau-de-vie à ses guerriers avec prudence. Au printemps, Frenay arriva de Plaisance en Terre-Neuve à Québec avec des lettres de Costebelle, avertissant de la préparation anglaise pour attaquer Plaisance ou Québec. Les ambassadeurs français réussirent à rallier environ quatre cents autochtones de diverses nations, qui furent reçus à Montréal le 7 août. Un grand festin fut organisé, avec des chaudrons remplis de viandes diverses, et des danses de guerre furent exécutées par les guerriers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 11-36
« On a grand tort de faire des excuses d'un repas [...] »
Début :
On a grand tort de faire des excuses d'un repas [...]
Mots clefs :
Table, Festin, Repas, Frugalité, Cordialité, Anciens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On a grand tort de faire des excuses d'un repas [...] »
Ona grand tort de faire
des excufes d'un repas fru
gal: les repas où l'on mange peu , ne font pas ceux
où l'on parle le plus , mais
ceux où l'on parle mieux.
Il femble que la frugalité
fourniffe les converfations
I2 MERCURE
de table les plus cenfées ,
& les plus agreables. J'entends par frugalité celle du
vin auffi bien que celles
des viandes ; on fçait affez
que le vin pris juſqu'à certain degré nous donne de
l'enjoüement , de l'efprit
& de la cordialité pour les
convives , mais que tout
cela degenere en beſtiſe ,
& en brutalité quand on
boit trop. Ainfi comme on
ne doit aimer la table qu'-
autant qu'elle contribue à
la douceur de la focieté &
de l'union , le repas frugal
GALANT. 13
eft tousjours le plus aimable.
Plutarque définit la table une focieté , qui par le
commerce du plaifir & du
vin, & l'entremise des graces , fe termine en amitié;
c'en eft auffi bien la définition que la fin. Elle augmente la bienveillance
dans les amis , par la meſme raifon qu'elle l'engendre dans les ennemis. Les
Anciens , dit Athenée,l'ont
appellée agape , charité.
Pour cette raiſon , on ne
doit venir à table que pour
14 MERCURE
y gagner l'amitié de quelqu'un des conviez. Levin,
dit Athenée , eft le filtre
de l'amitié ; il femble que
la meſme nourriture pro-,
duifant les mefmes qualitez dans le ſang & dans les
efprits , produit la fimpathie entre les convicz ; les
efprits y font montez fur
le mefme ton 2 & par ce
moyendeviennentun meſme corps & une mefme
ame. Les effets contraires
fe remarquent dans les
hommes & dans les animaux qui vivent de diffe-
GALANT.
rentes nourritures. Voyez.
cet homme extraordinaire
qui fe met au deffus de
toutes les bienféances , &
de tous les devoirs , qui
oublie mefme en voltre
prefence que vous foyez
au monde. Mettez une
bouteille de bon vin entre
vous & luy , le voila fociable , vous diriez qu'il vous
mais ce n'eſt pas
cela , ce font les efprits du
vin qui fe réuniffent , &
qui le lient avec vous ; l'effet du vin paffé , il ne ſonge plus à vous : hors la
aime
16 MERCURE
table n'attendez de luy ny
politeffe ny honnefteté
vous ne le retrouverez qu'à
la premiere bouteille que
vous boirez enfemble.
Les Anciens avoient raifon de croire menfa Deos
Tone
adeffe,felonle rapportd'Ovide & de Caftor. Afclepiade rapporte que Paufanias eftoit bien fondé de
dire qu'un repas fage &
bien entendu eftoit un
conciliabule des Dieux fociables , puifque l'amitié ,
la gayeté , & l'élevation
d'efprit , qu'on nommefageffe ,
GALANT. 17
geffe. , font les Dieux tutelaires des hommes qui
y préſident , & en font
l'efprit.
Les Anciens regardo ent
la table comme une chofe
facrée. Arnobe dit que les
Romains y eftabliſſoient
I'Idole d'un Dieu qu'ils regardoient commeprotecteur
&genie de la table , dit . il ,
Sam, ad
facitis menfas falinorum.appofitu , & fimulacris Deorum
ils invoquoient les Dieux
en s'y mettant adifti- menquam cùm venire cupimus , Deas invocamus , die
Juin 1712.
B
18 MERCURE
Quint. declamar. 30-1 . Ils
faifoient des libations au
commencement & à la fin
de la table , ils facrifioient
à Mercure les langues des
facrifices avec libation..
Dans Stuch 287. les libations ne ſe faifoient qu'avec duvin pur, & qui n'eftoit point forti d'une vigne fouillée par le tonnerre
par un pied bleffé , par un
pendu , &c. Id. 283. Les
habitans de Nacrale ville
d'Egypte , aux differens
fervices qu'on apportoit à
table , fe mettoient à ge-
GALANT. 19
noux , faifant des prieres ,
& fe raffeyoient , dit Athenée.
Paufanias affure , fur la
foy des anciennes Annales que les premiers Ançiens n'eftoient point plus
de trois à table à caufe du
nombre ternaire qu'ils croyent facré. La Loy Faunia
à Rome , regloit ce nombre à trois dans la maiſon ,
& cinq inforo Le nombre
de fept fut enfuite de leur
gouſt , d'où eft venu le proverbe , feptem conviviunt
novem concutiunt. Agamem
Bij
20 MERCURE
non dans l'Iliade prie ce
nombre à difner , Menelaus y vient de furcroift.
Le nombre de dix plaiſt
à Homere. Beaucoup de
villes bien policées ont
reglé le nombre , il y avoit un Officier appellé
chez les Romains Nomenclateur , Commis pour
les compter , l'hiftoire du
parafite dans
en fait foy. L'Officier ,
aprés avoir compré , dit au
parafite qui eft it le dernier à table , de fe retirer
parce qu'il eftoit le tren-
•
GALANT. ZT
te-uniéme contre la Loy
qui n'en permettoit que
trente : recomprez , dit le
parafite , & commencez
par moy , & vous verrez
que je ne fuis point furnumeraire. Stuch 146.
Parafite eftoit chez les
Anciens celuy qui avoit le'
foin de chofir les mets
pour les feftins facrez , ce
qui leur donna occafion
de prendre les droits fur
tous les marchands de
vivres >
& d'eftre appellez à tous les repas ;
ainfi cet employ d'hon-
22 MERCURE
nefte qu'il eftoit d'abord ,
devint honteux.
Les anciens Hebreux
felon le nouveau Teftament , lavoient les pieds,
avant le repas. Homere dit
la mefme chofe , & adjoufte avec Virgile , qu'ils lavoient auffi les mains devant & aprés le repas , per
fingula fercula , apparemment dans tous les fervices chez les Romains, comme il paroift dans Lampridius , qui dit que Heliogabale faifoit fervir des mets
de cire & de marbre à fes
GALANT 23
parafites , & leur faifoit laver les mains perfingula fercula quafi fi comediffent. Ils
ne faifoient que fe tourner
fans fe lever de table. Retrorfufqueconverfus , tanquam
monitus aquam poftularent.
On mettoit du nitre dans
cette eau pour mieux dé
craffer , & des odeurs. Les
Lacedemoniens fe nettoyoient les mains à table
avec une mie de pain , il
en eft fait mention dans
Homere.
Chez les Grecs , les Hilarodes ou Chanteurs de
24 MERCURE
chanfons agreables , & qui
exerçoient la fcience gaye
des Provençaux , eſtoient
placez au milieu des conviez dans le feftin. Il paroift que ces Chanteurs
eftoient fort estimez chez
les Anciens. Demofthenes
difoit , qu'ils meritoient
d'eftre honorez par tout le
monde, & loriqu'il fit main
baffe fur les amants de Penelope , il laiffa la vie au
Chantre Fenecus par la
mefme railon. Les Gau
lois honoroient de la mef
mefaçon leurs Trouveres
4
•
Ou
GALANT. 25
oubaladins , & aprés qu'ils
en avoient efté divertis à
table & dans leurs feftins ,
ils fe dépouilloient de leurs
leur donnoient
plus belles robes , & les
champ.
fur le
Socrate , dans le Protagoras , traitte d'ignorants ,
& de miferables qui n'ont
rien à dire , ceux qui met,
tent la Mufique & les Baladins à la place de la converfation. C'est pourquoy
dans ce noble banquet de
Platon , la chanteuse en eft
exclue & renvoyée pour
Juin 1712.
C
26 MERCURE
chanter aux femmes. 'D'un
autre cofté Xenophon
7
dans fon banquet , où Socrate & Anthiftenes font
conviez , Philippe boufon
y eft introduit , & aprés le
repas une jolie fille & un
joli garçon danferent.
Socrate dans Xenophon
dit qu'il faut éviter ce qui
excite à manger & à
boire fans faim & fans
foif. On peut adjouſter
qu'il faut faire le contrai -
re pour la converſation ,
c'eſt à- dire , chercher des
difccurs qui reveillent l'ap-
GALANT. 27
petit & la curiofité languiffante de l'efprit ; il
faut épargner la raillerie
à table , & ménager des
efprits échauffez de vin.
Il ne faut entreprendre
dans une réjoüiffance que
ce qu'on peut dire & faire
agreablement, felon la couftume des Lacedemoniens
qui aimoient le plaifir de
la table & la danſe. Antiochus ayant dansé armé
avec les amis , quand ce
vint au tour de Hegefianacte , au lieu de danſer il
fe fauva , & dit à haute
Cij
28 MERCURE
t
voix , Choififfez , Antiochus , ou de me voir mal
danfer , ou de m'entendre
reciter des vers que je me
fens en difpofition de faire
fur le champ à voſtre honneur. Le Prince ayant accepté ce dernier party ,
Hegefianacte charma toute la compagnie &le Roy
particulierement , qui luy
fit de grandes liberalitez, & le retint depuis ce
temps là au nombre de fes
amis.
Les Heros d'Homere ne
mangeoient que du bœuf,
150
GALANT. 29
mefme le delicat Alcinous ;
pour honorer Ajax on leur
fert fur une affiette longa
terga boum , &c. Ils ne le
mangeoient que rofti &
fans fauce. Ces Heros ne
mangeoient que ce qu'ils
avoient apprefté eux meſmes ; & Homere parlant
d'Ulyffe, dit qu'il eftoit habile cuifinier , & qu'il fçavoit allumer le feu auffibien que perfonne du monde.
Dans les repas à Athenes on lavoit les mains
avant le deſſerts Un jeune
C iij
30 MERCURE
garçon apportoit une eau
de fenteur , un autre apportoit des couronnes de
rofes ,enfuite on fervoit du
fruit , comme poires , pommes, raifins , fraiſes , tourtes , &c. aprés quoy entroient deux courtisanes
preftigiatrices , legeres à la
danfe comme des oifeaux.
Chez les propreté
extréme , grande vaiſſelle
d'argent , ferviteurs habillez magnifiquement , &
fervantes jolies pendant
leur jeuneſſe.
Chez le Roy des Parthes
GALANT. 31
l'amy convié eft à terre , &
le Roy luy jette à manger
d'un lit eflevé. Pour la
moindre faute on l'enleve ,
& on le foüette jufqu'au
fang , & profterné à terre
il remercie celuy qui la
foüerté, comme d'unbienfait & d'une grace du Roy.
Chez les Egyptiens qui
faifoient grande chere , on
portoit les plats à la ronde
fans table. LeRoy d'Egypte eftant prifonnier d'O
chus Roy de Perfe , fe mocqua de fes repas , & luy demanda permiffion de luy
C iiij
3:2 MERCURE
montrer avec les cuifiniers,
4
Egyptiens , comment on
devoit traitter un grand
Prince. Ochus voyant fa
bonne chere , les Dieux te
confondent , Egyptien, dire
il , qui as quitté de fi bons
repas pourvenirrifquer les
miens.
Cleomene Royde Sparte , Marc- Antoine , &c.
faifoient reciter des ouvra
ges à table.
Nourriture. Table. Feftins.
Seneque appelle fon déjeuner prandium. Augufte
GALANT. 331
le nommetout de mefme ,
ce qui verifie la remarque
de Servius, que les Anciens
ne connoiffoient point noftre difner, & ne prenoient
leur repas qu'avant le coucher du Soleil. Cependant
Filemon donne aux Anciens nos quatre mefmes
repas.
Les anciens Romains ne
portoient jamais de robbe
noire à table , fur tout pendant le regne d'Augufte
Ily avoit dans tous leurs
feſtins un Roy de la table
qu'ils appelloient arbiter bie
38 MERCURE
bendi. Chacun avoit fon
plat à table , & tiroit au
fort la part qu'il devoit
a
avoir.
Au commencement les
nappes leur fervoient de
ferviettes , mais dans la
fuite ils ne fervirent plus
que pour couvrir la table,
& chacun apportoit fa ferviette.
Les Romains n'oftoient
point la table vuide , &
n'éteignoient point la lampe par principe d'humanité , pour dire qu'ils en laif.
foient aux autres.
CALANT.
Chez les Macedoniens
nul n'avoit droit d'eftre
couché à table qu'il n'euft
tué un fanglier hors des
toiles , c'eft pourquoy Caf
fandre y eftoit affis à cofté
de fon pere couché.
Nos Rois avoient auffi
couftume de faire de
grands feftins publics aux
feftes folemnelles. En Angleterre on faifoit des largeffes confiderables au peuple. Les grands Seigneurs.
en ufoient de mefme cnvers leurs vaffaux.
Convivorum numerus inci-
36 MERCURE
pere oportet à Græcorum numero , progredi ad Mufarum numerum. Il y avoit chez
les Romains & les Grecs
des prix à remporter pour
des Questions proposées à
table. A propos de Queftions de table il m'en vient
une pour le mois prochain. Je prie ceux qui
ont refpondu à celles du
mois dernier , de refpondre
à celle- cy
des excufes d'un repas fru
gal: les repas où l'on mange peu , ne font pas ceux
où l'on parle le plus , mais
ceux où l'on parle mieux.
Il femble que la frugalité
fourniffe les converfations
I2 MERCURE
de table les plus cenfées ,
& les plus agreables. J'entends par frugalité celle du
vin auffi bien que celles
des viandes ; on fçait affez
que le vin pris juſqu'à certain degré nous donne de
l'enjoüement , de l'efprit
& de la cordialité pour les
convives , mais que tout
cela degenere en beſtiſe ,
& en brutalité quand on
boit trop. Ainfi comme on
ne doit aimer la table qu'-
autant qu'elle contribue à
la douceur de la focieté &
de l'union , le repas frugal
GALANT. 13
eft tousjours le plus aimable.
Plutarque définit la table une focieté , qui par le
commerce du plaifir & du
vin, & l'entremise des graces , fe termine en amitié;
c'en eft auffi bien la définition que la fin. Elle augmente la bienveillance
dans les amis , par la meſme raifon qu'elle l'engendre dans les ennemis. Les
Anciens , dit Athenée,l'ont
appellée agape , charité.
Pour cette raiſon , on ne
doit venir à table que pour
14 MERCURE
y gagner l'amitié de quelqu'un des conviez. Levin,
dit Athenée , eft le filtre
de l'amitié ; il femble que
la meſme nourriture pro-,
duifant les mefmes qualitez dans le ſang & dans les
efprits , produit la fimpathie entre les convicz ; les
efprits y font montez fur
le mefme ton 2 & par ce
moyendeviennentun meſme corps & une mefme
ame. Les effets contraires
fe remarquent dans les
hommes & dans les animaux qui vivent de diffe-
GALANT.
rentes nourritures. Voyez.
cet homme extraordinaire
qui fe met au deffus de
toutes les bienféances , &
de tous les devoirs , qui
oublie mefme en voltre
prefence que vous foyez
au monde. Mettez une
bouteille de bon vin entre
vous & luy , le voila fociable , vous diriez qu'il vous
mais ce n'eſt pas
cela , ce font les efprits du
vin qui fe réuniffent , &
qui le lient avec vous ; l'effet du vin paffé , il ne ſonge plus à vous : hors la
aime
16 MERCURE
table n'attendez de luy ny
politeffe ny honnefteté
vous ne le retrouverez qu'à
la premiere bouteille que
vous boirez enfemble.
Les Anciens avoient raifon de croire menfa Deos
Tone
adeffe,felonle rapportd'Ovide & de Caftor. Afclepiade rapporte que Paufanias eftoit bien fondé de
dire qu'un repas fage &
bien entendu eftoit un
conciliabule des Dieux fociables , puifque l'amitié ,
la gayeté , & l'élevation
d'efprit , qu'on nommefageffe ,
GALANT. 17
geffe. , font les Dieux tutelaires des hommes qui
y préſident , & en font
l'efprit.
Les Anciens regardo ent
la table comme une chofe
facrée. Arnobe dit que les
Romains y eftabliſſoient
I'Idole d'un Dieu qu'ils regardoient commeprotecteur
&genie de la table , dit . il ,
Sam, ad
facitis menfas falinorum.appofitu , & fimulacris Deorum
ils invoquoient les Dieux
en s'y mettant adifti- menquam cùm venire cupimus , Deas invocamus , die
Juin 1712.
B
18 MERCURE
Quint. declamar. 30-1 . Ils
faifoient des libations au
commencement & à la fin
de la table , ils facrifioient
à Mercure les langues des
facrifices avec libation..
Dans Stuch 287. les libations ne ſe faifoient qu'avec duvin pur, & qui n'eftoit point forti d'une vigne fouillée par le tonnerre
par un pied bleffé , par un
pendu , &c. Id. 283. Les
habitans de Nacrale ville
d'Egypte , aux differens
fervices qu'on apportoit à
table , fe mettoient à ge-
GALANT. 19
noux , faifant des prieres ,
& fe raffeyoient , dit Athenée.
Paufanias affure , fur la
foy des anciennes Annales que les premiers Ançiens n'eftoient point plus
de trois à table à caufe du
nombre ternaire qu'ils croyent facré. La Loy Faunia
à Rome , regloit ce nombre à trois dans la maiſon ,
& cinq inforo Le nombre
de fept fut enfuite de leur
gouſt , d'où eft venu le proverbe , feptem conviviunt
novem concutiunt. Agamem
Bij
20 MERCURE
non dans l'Iliade prie ce
nombre à difner , Menelaus y vient de furcroift.
Le nombre de dix plaiſt
à Homere. Beaucoup de
villes bien policées ont
reglé le nombre , il y avoit un Officier appellé
chez les Romains Nomenclateur , Commis pour
les compter , l'hiftoire du
parafite dans
en fait foy. L'Officier ,
aprés avoir compré , dit au
parafite qui eft it le dernier à table , de fe retirer
parce qu'il eftoit le tren-
•
GALANT. ZT
te-uniéme contre la Loy
qui n'en permettoit que
trente : recomprez , dit le
parafite , & commencez
par moy , & vous verrez
que je ne fuis point furnumeraire. Stuch 146.
Parafite eftoit chez les
Anciens celuy qui avoit le'
foin de chofir les mets
pour les feftins facrez , ce
qui leur donna occafion
de prendre les droits fur
tous les marchands de
vivres >
& d'eftre appellez à tous les repas ;
ainfi cet employ d'hon-
22 MERCURE
nefte qu'il eftoit d'abord ,
devint honteux.
Les anciens Hebreux
felon le nouveau Teftament , lavoient les pieds,
avant le repas. Homere dit
la mefme chofe , & adjoufte avec Virgile , qu'ils lavoient auffi les mains devant & aprés le repas , per
fingula fercula , apparemment dans tous les fervices chez les Romains, comme il paroift dans Lampridius , qui dit que Heliogabale faifoit fervir des mets
de cire & de marbre à fes
GALANT 23
parafites , & leur faifoit laver les mains perfingula fercula quafi fi comediffent. Ils
ne faifoient que fe tourner
fans fe lever de table. Retrorfufqueconverfus , tanquam
monitus aquam poftularent.
On mettoit du nitre dans
cette eau pour mieux dé
craffer , & des odeurs. Les
Lacedemoniens fe nettoyoient les mains à table
avec une mie de pain , il
en eft fait mention dans
Homere.
Chez les Grecs , les Hilarodes ou Chanteurs de
24 MERCURE
chanfons agreables , & qui
exerçoient la fcience gaye
des Provençaux , eſtoient
placez au milieu des conviez dans le feftin. Il paroift que ces Chanteurs
eftoient fort estimez chez
les Anciens. Demofthenes
difoit , qu'ils meritoient
d'eftre honorez par tout le
monde, & loriqu'il fit main
baffe fur les amants de Penelope , il laiffa la vie au
Chantre Fenecus par la
mefme railon. Les Gau
lois honoroient de la mef
mefaçon leurs Trouveres
4
•
Ou
GALANT. 25
oubaladins , & aprés qu'ils
en avoient efté divertis à
table & dans leurs feftins ,
ils fe dépouilloient de leurs
leur donnoient
plus belles robes , & les
champ.
fur le
Socrate , dans le Protagoras , traitte d'ignorants ,
& de miferables qui n'ont
rien à dire , ceux qui met,
tent la Mufique & les Baladins à la place de la converfation. C'est pourquoy
dans ce noble banquet de
Platon , la chanteuse en eft
exclue & renvoyée pour
Juin 1712.
C
26 MERCURE
chanter aux femmes. 'D'un
autre cofté Xenophon
7
dans fon banquet , où Socrate & Anthiftenes font
conviez , Philippe boufon
y eft introduit , & aprés le
repas une jolie fille & un
joli garçon danferent.
Socrate dans Xenophon
dit qu'il faut éviter ce qui
excite à manger & à
boire fans faim & fans
foif. On peut adjouſter
qu'il faut faire le contrai -
re pour la converſation ,
c'eſt à- dire , chercher des
difccurs qui reveillent l'ap-
GALANT. 27
petit & la curiofité languiffante de l'efprit ; il
faut épargner la raillerie
à table , & ménager des
efprits échauffez de vin.
Il ne faut entreprendre
dans une réjoüiffance que
ce qu'on peut dire & faire
agreablement, felon la couftume des Lacedemoniens
qui aimoient le plaifir de
la table & la danſe. Antiochus ayant dansé armé
avec les amis , quand ce
vint au tour de Hegefianacte , au lieu de danſer il
fe fauva , & dit à haute
Cij
28 MERCURE
t
voix , Choififfez , Antiochus , ou de me voir mal
danfer , ou de m'entendre
reciter des vers que je me
fens en difpofition de faire
fur le champ à voſtre honneur. Le Prince ayant accepté ce dernier party ,
Hegefianacte charma toute la compagnie &le Roy
particulierement , qui luy
fit de grandes liberalitez, & le retint depuis ce
temps là au nombre de fes
amis.
Les Heros d'Homere ne
mangeoient que du bœuf,
150
GALANT. 29
mefme le delicat Alcinous ;
pour honorer Ajax on leur
fert fur une affiette longa
terga boum , &c. Ils ne le
mangeoient que rofti &
fans fauce. Ces Heros ne
mangeoient que ce qu'ils
avoient apprefté eux meſmes ; & Homere parlant
d'Ulyffe, dit qu'il eftoit habile cuifinier , & qu'il fçavoit allumer le feu auffibien que perfonne du monde.
Dans les repas à Athenes on lavoit les mains
avant le deſſerts Un jeune
C iij
30 MERCURE
garçon apportoit une eau
de fenteur , un autre apportoit des couronnes de
rofes ,enfuite on fervoit du
fruit , comme poires , pommes, raifins , fraiſes , tourtes , &c. aprés quoy entroient deux courtisanes
preftigiatrices , legeres à la
danfe comme des oifeaux.
Chez les propreté
extréme , grande vaiſſelle
d'argent , ferviteurs habillez magnifiquement , &
fervantes jolies pendant
leur jeuneſſe.
Chez le Roy des Parthes
GALANT. 31
l'amy convié eft à terre , &
le Roy luy jette à manger
d'un lit eflevé. Pour la
moindre faute on l'enleve ,
& on le foüette jufqu'au
fang , & profterné à terre
il remercie celuy qui la
foüerté, comme d'unbienfait & d'une grace du Roy.
Chez les Egyptiens qui
faifoient grande chere , on
portoit les plats à la ronde
fans table. LeRoy d'Egypte eftant prifonnier d'O
chus Roy de Perfe , fe mocqua de fes repas , & luy demanda permiffion de luy
C iiij
3:2 MERCURE
montrer avec les cuifiniers,
4
Egyptiens , comment on
devoit traitter un grand
Prince. Ochus voyant fa
bonne chere , les Dieux te
confondent , Egyptien, dire
il , qui as quitté de fi bons
repas pourvenirrifquer les
miens.
Cleomene Royde Sparte , Marc- Antoine , &c.
faifoient reciter des ouvra
ges à table.
Nourriture. Table. Feftins.
Seneque appelle fon déjeuner prandium. Augufte
GALANT. 331
le nommetout de mefme ,
ce qui verifie la remarque
de Servius, que les Anciens
ne connoiffoient point noftre difner, & ne prenoient
leur repas qu'avant le coucher du Soleil. Cependant
Filemon donne aux Anciens nos quatre mefmes
repas.
Les anciens Romains ne
portoient jamais de robbe
noire à table , fur tout pendant le regne d'Augufte
Ily avoit dans tous leurs
feſtins un Roy de la table
qu'ils appelloient arbiter bie
38 MERCURE
bendi. Chacun avoit fon
plat à table , & tiroit au
fort la part qu'il devoit
a
avoir.
Au commencement les
nappes leur fervoient de
ferviettes , mais dans la
fuite ils ne fervirent plus
que pour couvrir la table,
& chacun apportoit fa ferviette.
Les Romains n'oftoient
point la table vuide , &
n'éteignoient point la lampe par principe d'humanité , pour dire qu'ils en laif.
foient aux autres.
CALANT.
Chez les Macedoniens
nul n'avoit droit d'eftre
couché à table qu'il n'euft
tué un fanglier hors des
toiles , c'eft pourquoy Caf
fandre y eftoit affis à cofté
de fon pere couché.
Nos Rois avoient auffi
couftume de faire de
grands feftins publics aux
feftes folemnelles. En Angleterre on faifoit des largeffes confiderables au peuple. Les grands Seigneurs.
en ufoient de mefme cnvers leurs vaffaux.
Convivorum numerus inci-
36 MERCURE
pere oportet à Græcorum numero , progredi ad Mufarum numerum. Il y avoit chez
les Romains & les Grecs
des prix à remporter pour
des Questions proposées à
table. A propos de Queftions de table il m'en vient
une pour le mois prochain. Je prie ceux qui
ont refpondu à celles du
mois dernier , de refpondre
à celle- cy
Fermer
Résumé : « On a grand tort de faire des excuses d'un repas [...] »
Le texte explore le rôle des repas dans la société antique, en soulignant l'importance de la frugalité et de la modération. Les repas frugaux favorisent des conversations plus sensées et agréables. Le vin, consommé avec modération, peut apporter de l'enjouement et de l'esprit, mais en excès, il mène à la bestialité. Plutarque définit la table comme un lieu de société où le plaisir et le vin peuvent se terminer en amitié. Les Anciens considéraient la table comme un lieu sacré, où l'on invoquait les dieux et faisait des libations. Le nombre de convives était souvent réglementé, et les repas suivaient des rites spécifiques, comme le lavage des mains et des pieds. Les anciens Grecs et Romains avaient des pratiques particulières lors des repas. Par exemple, ils invitaient souvent des chanteurs ou des bouffons pour divertir les convives. Le texte mentionne également des héros comme ceux d'Homère, qui mangeaient du bœuf rôti sans sauce et préparaient eux-mêmes leur nourriture. Les repas étaient souvent accompagnés de danses et de récitations. Les Romains avaient des coutumes spécifiques, comme l'interdiction de porter des robes noires à table et l'usage de serviettes personnelles. Les grands festins publics étaient courants chez les rois et les nobles, et des prix étaient parfois offerts pour des questions posées lors des repas.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 134-143
Traduction d'un Poëme Anglois, Sur le Bal que M. le D** d** a donné à Londres le 17. Août 1713.
Début :
Pour connoître les moeurs, les goûts, les habitudes [...]
Mots clefs :
Mœurs , Habitudes , Peuples, Voyage, Palais, Dieux, Héros, Beauté, Festin, Divinité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Traduction d'un Poëme Anglois, Sur le Bal que M. le D** d** a donné à Londres le 17. Août 1713.
Traduction d'unPoëme
Anglois,
Sur le Bal que M. le n**'d**
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:' , £" :, ,4 U I?IJ. ,"",'-;.\1 ï;'Aout>1713.>;
P our conoître les moeurs,
les goûts, les habitudes
De cent & cent peuples di-
~\W\*Â\V-,\ ^crs,* ,',' "',
iVU grédeleurs inquietudes
Les mortelsinconstans parcourent
l'univers: 9 Pourmoy, libre des foins
qu'entraînent les voyages
,
Loin de vouloir braver les
flots capricieux, 1
Et sans m'exposer aux orages,
Ici je satisfais mes desirs curieux.
Daumont dans son Palais
represente à nos yeux
Les Heros & les mêmes
Dieux
Dont autrefois dansleurs
ouvrages
Les Poëtes ingenieux
J Ne tracerent quelesimages.
Par-toutvous yvoyezer, rans
Les habitans du ciel, de la
terre & de l'onde,
Ettous les hommes differens
Dont les Dieux ont peuplé
tous les climats du
monde.
Suivi de sa brillante cour
Jqupuitierttpéour s'y rendre a l'empirée;
Alecton fort du noir séjour
Avec sa cohorte effarée;
Des humides Tritons Amphitrite
entourée
Reçoit
Reçoit les voeux du Dieu
dont elle est ado-
-
rée,
Et l'on voit errer à l'entour
Les jeunes filles de Nerée.
Mars aux genoux de Citerée
Se laisse dérober ses armes
par l'Amour;
Dans le sein de Thetis le
brillant Dieu du
jour
Fixe sa course mesurée.
Là Dianeparoît artifte-,
: ment parée, -i *v4
L'Amour n'est plusfon ennemi;
Et si j'en croisles soins où
je la voislivrée,
Sa fiere vertumoderée
Cherche un Endimion qui
soit moins endormi.
»
A chaque beauté qui s'avance
Mercure offreà l'instant
des secours seduccteurs,
Par des traits galans & flateurs
Ilsignaleson éloquence.
De toutes parts sont répandus
Princes,Dieux, Rois, mêlez
& confondus
Avec Démons, Bergers,
Nymphes, Geans,
Pigmées.
-
<
L'implacable Nocher des
ondes enflamees*
Soûrit à des objets & plus
doux & plus beaux;
Les Morts suiventses pasy
couverts de leurs
lambeaux.
Ici c'estle Hibou, là c'est
l'Aigle iraraor-•
- iC lierai.*-• J'
On voit le Corbeau, trop
fidele, SJ
D'un noir plumage revê-
,
tu,
Et les oiseaux par leur ramage
.PPoouurrlleessbbeelllleessffoonnttuunnpprreé--
,: ,- sage --,q
De la chûte de leur ver-
,.' tu.
On y voit folâtrer des No-
,- nes peu severes,
Sans reliques Çc sans rosaires.
r Le grave senateur prend
un air gracieux,
De l'austere Themis ou,
bliant le langage,
De son art desormais il ne
veut faire usage
Qu'au tribunal de deux
beaux yeux.
Le triste Medecin déguise
sa presence
Sous un appareil affecp
té.
Le luxe avec la volupté
Empruntent un habit de
pieuse apparence.
Ici cette jeune beauté,
Qui de mille galans tour
a tour est maîtrèfle.-,
Affeâcla(implicite t 1 D'unevertueule Koacresse.
On-voit dans le Palais chacunse
transfor-
.,>; mer,
Daumont seul n'y prend
point une formeem-
*
pruntée.
Quelleautre lui seroit prêtée,
Qui? G: bienquela sienne
eût le don de char- -* mefï1'*
Ainsi dans un festin quand
laTroupe immorîtelle^
Autour de Jupiter se range
avec splendeur,
Il se déguise point sa forme
naturelle;
Ce Dieu s'offre dans sa
grandeur:
Mais lorsque fous le tendre
empire
Dequelque mortelle beauté
Ce Souverain des Dieux
soûpire,
Il voile sa Divinité.
Anglois,
Sur le Bal que M. le n**'d**
a donnéà Londres le17.
:' , £" :, ,4 U I?IJ. ,"",'-;.\1 ï;'Aout>1713.>;
P our conoître les moeurs,
les goûts, les habitudes
De cent & cent peuples di-
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iVU grédeleurs inquietudes
Les mortelsinconstans parcourent
l'univers: 9 Pourmoy, libre des foins
qu'entraînent les voyages
,
Loin de vouloir braver les
flots capricieux, 1
Et sans m'exposer aux orages,
Ici je satisfais mes desirs curieux.
Daumont dans son Palais
represente à nos yeux
Les Heros & les mêmes
Dieux
Dont autrefois dansleurs
ouvrages
Les Poëtes ingenieux
J Ne tracerent quelesimages.
Par-toutvous yvoyezer, rans
Les habitans du ciel, de la
terre & de l'onde,
Ettous les hommes differens
Dont les Dieux ont peuplé
tous les climats du
monde.
Suivi de sa brillante cour
Jqupuitierttpéour s'y rendre a l'empirée;
Alecton fort du noir séjour
Avec sa cohorte effarée;
Des humides Tritons Amphitrite
entourée
Reçoit
Reçoit les voeux du Dieu
dont elle est ado-
-
rée,
Et l'on voit errer à l'entour
Les jeunes filles de Nerée.
Mars aux genoux de Citerée
Se laisse dérober ses armes
par l'Amour;
Dans le sein de Thetis le
brillant Dieu du
jour
Fixe sa course mesurée.
Là Dianeparoît artifte-,
: ment parée, -i *v4
L'Amour n'est plusfon ennemi;
Et si j'en croisles soins où
je la voislivrée,
Sa fiere vertumoderée
Cherche un Endimion qui
soit moins endormi.
»
A chaque beauté qui s'avance
Mercure offreà l'instant
des secours seduccteurs,
Par des traits galans & flateurs
Ilsignaleson éloquence.
De toutes parts sont répandus
Princes,Dieux, Rois, mêlez
& confondus
Avec Démons, Bergers,
Nymphes, Geans,
Pigmées.
-
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L'implacable Nocher des
ondes enflamees*
Soûrit à des objets & plus
doux & plus beaux;
Les Morts suiventses pasy
couverts de leurs
lambeaux.
Ici c'estle Hibou, là c'est
l'Aigle iraraor-•
- iC lierai.*-• J'
On voit le Corbeau, trop
fidele, SJ
D'un noir plumage revê-
,
tu,
Et les oiseaux par leur ramage
.PPoouurrlleessbbeelllleessffoonnttuunnpprreé--
,: ,- sage --,q
De la chûte de leur ver-
,.' tu.
On y voit folâtrer des No-
,- nes peu severes,
Sans reliques Çc sans rosaires.
r Le grave senateur prend
un air gracieux,
De l'austere Themis ou,
bliant le langage,
De son art desormais il ne
veut faire usage
Qu'au tribunal de deux
beaux yeux.
Le triste Medecin déguise
sa presence
Sous un appareil affecp
té.
Le luxe avec la volupté
Empruntent un habit de
pieuse apparence.
Ici cette jeune beauté,
Qui de mille galans tour
a tour est maîtrèfle.-,
Affeâcla(implicite t 1 D'unevertueule Koacresse.
On-voit dans le Palais chacunse
transfor-
.,>; mer,
Daumont seul n'y prend
point une formeem-
*
pruntée.
Quelleautre lui seroit prêtée,
Qui? G: bienquela sienne
eût le don de char- -* mefï1'*
Ainsi dans un festin quand
laTroupe immorîtelle^
Autour de Jupiter se range
avec splendeur,
Il se déguise point sa forme
naturelle;
Ce Dieu s'offre dans sa
grandeur:
Mais lorsque fous le tendre
empire
Dequelque mortelle beauté
Ce Souverain des Dieux
soûpire,
Il voile sa Divinité.
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Résumé : Traduction d'un Poëme Anglois, Sur le Bal que M. le D** d** a donné à Londres le 17. Août 1713.
Le texte est une traduction d'un poème anglais décrivant un bal organisé par un noble à Londres le 17 août 1713. Le poète souhaite découvrir les mœurs et les habitudes de divers peuples sans voyager. Le bal se déroule au palais de Daumont, où sont représentés des héros, des dieux, ainsi que des habitants du ciel, de la terre et des mers. Le poème mentionne plusieurs personnages mythologiques et divins, tels que Jupiter, Alecton, les Tritons, Amphitrite, Mars, Thétis, Diane et l'Amour. Mercure offre son éloquence à chaque beauté présente. Le bal rassemble princes, dieux, rois, démons, bergers, nymphes, géants et pygmées. Les invités, comme le sénateur, le médecin et une jeune beauté, adoptent des comportements et des apparences différents. Daumont, quant à lui, ne change pas d'apparence, contrairement à Jupiter qui se déguise sous l'empire d'une mortelle beauté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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