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51
p. 201-204
ITALIE.
Début :
L'Infante, troisiéme fille de leurs Majestés, est morte le 11 de ce [...]
Mots clefs :
Naples, Rome, Florence, Livourne, Venise, Gênes, Milan, Marquis, Corsaire, Vaisseaux, Sa Majesté
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texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE NAPLES , le 19 Mai.
L'Infante , troifiéme fille de leurs Majeſtés , eft
morte le 11 de ce mois au foir dans le château
de Portici . Cette Princeffe qui fe nommoit Marie-
Anne , étoit née le 3 de Juillet de l'année derniere.
Son corps fut apporté ici le 13 , pour être inhumé:
dans le tombeau de la Famille royale.
LV
202 MERCURE DE FRANCE.
Le Marquis Fogliani dont la fanté eft parfaitement
rétablie , fe difpofe à aller bientôt prendre
poffeffion de la Vice -royauté de Sicile. On
croit que Sa Majesté veut partager entre deux Miniftres
les départemens dont il étoit chargé , en
donnant au Marquis Tanucci celui des Affaires
étrangeres, & au Marquis Gregori ceux de la Guerre
& de la Marine ..
Une felouque a conduit à l'Ile de Nifita vingtdeux
Turcs faits efclaves fur une galiotte qu'elle
a coulée à fond près du canal de Piombino.
Les dernieres nouvelles de Sicile annoncent la
mort du Comte de Grimau , qui y exerçoit par
trim les fonctions de Viceroi .
DE ROME , le 7 Juin.
in-
Le 23 Mai , le Margrave de Bareith prit la route
Naples . La Margrave n'y fuivit ce Prince que
quelques jours après.
Sa Sainteté a accordé au Comte Paul de Canale
la furvivance de la charge de Gouverneur des armes
de l'Etat Eccléfiaftique , poffedée par le Bailli
Antinori.
L'Académie des Arcades vient d'aggréger à fon
corps le Duc Clement- François de Baviere. Elle a
mis auffi au nombre de fes membres l'Abbé de
la Baume , auteur du Poëme en Profe , qui a pour:
titre la Chriftiade , ou le Paradis reconquis.
DE FLORENCE , le 22 Mai.
Des détachemens ont été poftés en différen
endroits le long des côtes de ce Grand Duché ,
particulierement à l'embouchure de l'Arno , pour
soppofer aux defcentes que les Algériens pourroient
tenter. Selon les lettres de Liyourne ,
un
JUILLET . 1755. 203
Feloucon deftiné à protéger la pêche du corail , a
attaqué trois petits bâtimens corfaires de Tripoli.
Deux ont été coulés à fond , & le troifiéme a pris
la fuite . On mande de Viterbe qu'une nuit de la
ſemaine avant la derniere , on y a effuyé trois vio
lentes fecouffes de tremblement de terre . L'allarme
fut telle , que cette même nuit on fit une Proceffion
folemnelle , à laquelle tous les habitans
affifterent pour demander à Dieu d'être délivrés
de ce fléau.
DE LIVOURNE , les Juin.
Il paroît que la croifiere des vaiffeaux de guerre
de l'Empereur en a impofé aux barbarefques . Ces
corfaires , depuis quelque tems , ne s'approchent
plus des parages de ce Grand Duché.
Les lettres de Naples marquent qu'une polacre
d'Alger , qui troubloit la navigation entre la Sicile
& la Calabre , a été prife par le Capitaine
Peppe , commandant un des chabecs de Sa Majesté
Sicilienne. On a fait cinquante efclaves à bord
de ce bâtiment.
DE VENISE , le 18 Mai.
On a été informé par un navire arrivé du Levant
, que le Capitan Pacha croife actuellement
dans l'Archipel , & qu'il a reçu ordre du Grand
Seigneur , d'empêcher que les Algériens n'y trou
blaffent la navigation des vaiffeaux Hollandois.
Le même bâtiment a rapporté que Mehemet Kan,
chef des Aghuans , s'eft mis fur les rangs pour dif
puter la Couronne de Perfe . Ce nouveau compé
titeur eft à la tête d'une armée de cent mille hom
mes. Sa premiere expédition a été contre la ville
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
de Meched , dont la prife lui a frayé le chemin
plufieurs autres fuccès. Il marche vers la capitale
du Royaume , dans le deffein d'y affiéger Azad
Kan , fi ce rival , qui eſt le feul dont il ait à redouter
la concurrence , y demeure renfermé.
DE GENES , le 25 Mai.
Suivant les nouvelles d'Afrique , la Milice s'eft
de nouveau foulevée à Alger , & elle a exigé la
dépofition de quelques membres du Divan. Le.
Dey, craignant les fuites de cette fermentation , a
doublé la garde de fon palais. Les mêmes avis.
portent que tous les corfaires de Tunis , à l'excep¬
tion de deux , font rentrés dans leur port..
DE MILAN , le 27 Mai.
Après une longue féchereffe qui faifoit crain
'dre la perte totale de la récolte , eft enfin furvenue
une pluie abondante. Une maladie épidémique
fait beaucoup de ravages à Novare. Elle fe
manifefte par une fievre ardente , & elle emporte
en quatre ou cinq jours les perfonnes qu'elle at
taque.
DE NAPLES , le 19 Mai.
L'Infante , troifiéme fille de leurs Majeſtés , eft
morte le 11 de ce mois au foir dans le château
de Portici . Cette Princeffe qui fe nommoit Marie-
Anne , étoit née le 3 de Juillet de l'année derniere.
Son corps fut apporté ici le 13 , pour être inhumé:
dans le tombeau de la Famille royale.
LV
202 MERCURE DE FRANCE.
Le Marquis Fogliani dont la fanté eft parfaitement
rétablie , fe difpofe à aller bientôt prendre
poffeffion de la Vice -royauté de Sicile. On
croit que Sa Majesté veut partager entre deux Miniftres
les départemens dont il étoit chargé , en
donnant au Marquis Tanucci celui des Affaires
étrangeres, & au Marquis Gregori ceux de la Guerre
& de la Marine ..
Une felouque a conduit à l'Ile de Nifita vingtdeux
Turcs faits efclaves fur une galiotte qu'elle
a coulée à fond près du canal de Piombino.
Les dernieres nouvelles de Sicile annoncent la
mort du Comte de Grimau , qui y exerçoit par
trim les fonctions de Viceroi .
DE ROME , le 7 Juin.
in-
Le 23 Mai , le Margrave de Bareith prit la route
Naples . La Margrave n'y fuivit ce Prince que
quelques jours après.
Sa Sainteté a accordé au Comte Paul de Canale
la furvivance de la charge de Gouverneur des armes
de l'Etat Eccléfiaftique , poffedée par le Bailli
Antinori.
L'Académie des Arcades vient d'aggréger à fon
corps le Duc Clement- François de Baviere. Elle a
mis auffi au nombre de fes membres l'Abbé de
la Baume , auteur du Poëme en Profe , qui a pour:
titre la Chriftiade , ou le Paradis reconquis.
DE FLORENCE , le 22 Mai.
Des détachemens ont été poftés en différen
endroits le long des côtes de ce Grand Duché ,
particulierement à l'embouchure de l'Arno , pour
soppofer aux defcentes que les Algériens pourroient
tenter. Selon les lettres de Liyourne ,
un
JUILLET . 1755. 203
Feloucon deftiné à protéger la pêche du corail , a
attaqué trois petits bâtimens corfaires de Tripoli.
Deux ont été coulés à fond , & le troifiéme a pris
la fuite . On mande de Viterbe qu'une nuit de la
ſemaine avant la derniere , on y a effuyé trois vio
lentes fecouffes de tremblement de terre . L'allarme
fut telle , que cette même nuit on fit une Proceffion
folemnelle , à laquelle tous les habitans
affifterent pour demander à Dieu d'être délivrés
de ce fléau.
DE LIVOURNE , les Juin.
Il paroît que la croifiere des vaiffeaux de guerre
de l'Empereur en a impofé aux barbarefques . Ces
corfaires , depuis quelque tems , ne s'approchent
plus des parages de ce Grand Duché.
Les lettres de Naples marquent qu'une polacre
d'Alger , qui troubloit la navigation entre la Sicile
& la Calabre , a été prife par le Capitaine
Peppe , commandant un des chabecs de Sa Majesté
Sicilienne. On a fait cinquante efclaves à bord
de ce bâtiment.
DE VENISE , le 18 Mai.
On a été informé par un navire arrivé du Levant
, que le Capitan Pacha croife actuellement
dans l'Archipel , & qu'il a reçu ordre du Grand
Seigneur , d'empêcher que les Algériens n'y trou
blaffent la navigation des vaiffeaux Hollandois.
Le même bâtiment a rapporté que Mehemet Kan,
chef des Aghuans , s'eft mis fur les rangs pour dif
puter la Couronne de Perfe . Ce nouveau compé
titeur eft à la tête d'une armée de cent mille hom
mes. Sa premiere expédition a été contre la ville
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
de Meched , dont la prife lui a frayé le chemin
plufieurs autres fuccès. Il marche vers la capitale
du Royaume , dans le deffein d'y affiéger Azad
Kan , fi ce rival , qui eſt le feul dont il ait à redouter
la concurrence , y demeure renfermé.
DE GENES , le 25 Mai.
Suivant les nouvelles d'Afrique , la Milice s'eft
de nouveau foulevée à Alger , & elle a exigé la
dépofition de quelques membres du Divan. Le.
Dey, craignant les fuites de cette fermentation , a
doublé la garde de fon palais. Les mêmes avis.
portent que tous les corfaires de Tunis , à l'excep¬
tion de deux , font rentrés dans leur port..
DE MILAN , le 27 Mai.
Après une longue féchereffe qui faifoit crain
'dre la perte totale de la récolte , eft enfin furvenue
une pluie abondante. Une maladie épidémique
fait beaucoup de ravages à Novare. Elle fe
manifefte par une fievre ardente , & elle emporte
en quatre ou cinq jours les perfonnes qu'elle at
taque.
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Résumé : ITALIE.
En mai et juin 1755, plusieurs événements politiques et militaires ont marqué l'Italie et ses régions environnantes. À Naples, l'Infante Marie-Anne, troisième fille des souverains, est décédée le 11 mai au château de Portici. Son corps a été transféré à Naples pour être inhumé dans le tombeau de la famille royale. Le Marquis Fogliani, rétabli de sa maladie, se prépare à prendre possession de la vice-royauté de Sicile. Le roi envisage de répartir les départements ministériels entre le Marquis Tanucci, chargé des Affaires étrangères, et le Marquis Gregori, responsable de la Guerre et de la Marine. Une felouque a capturé vingt-deux Turcs esclaves après avoir coulé une galiotte près du canal de Piombino. Les nouvelles de Sicile annoncent la mort du Comte de Grimau, vice-roi de Sicile. À Rome, le Margrave de Bareith et la Margrave ont quitté Naples. Le pape a accordé au Comte Paul de Canale la survivance de la charge de Gouverneur des armes de l'État ecclésiastique. L'Académie des Arcades a accueilli le Duc Clément-François de Bavière et l'Abbé de la Baume, auteur de la 'Christiade'. À Florence, des détachements ont été postés le long des côtes pour prévenir les descentes des Algériens. Un feloucon a attaqué et coulé deux bâtiments corsaires de Tripoli. À Viterbe, des secousses sismiques ont provoqué une procession solennelle. À Livourne, la croisière des vaisseaux de guerre de l'Empereur a dissuadé les barbaresques de s'approcher des côtes. Une polacre d'Alger a été capturée par le Capitaine Peppe, commandant un chébec sicilien. À Venise, un navire a rapporté que le Capitan Pacha croise dans l'Archipel pour empêcher les Algériens de troubler la navigation hollandaise. Mehemet Kan, chef des Aghuans, se prépare à disputer la couronne de Perse contre Azad Kan. À Gênes, la milice s'est soulevée à Alger, exigeant la déposition de membres du Divan. Le Dey a renforcé la garde de son palais. Tous les corsaires de Tunis, sauf deux, sont rentrés dans leur port. À Milan, une pluie abondante a mis fin à une longue sécheresse. Une maladie épidémique fait des ravages à Novare, se manifestant par une fièvre ardente et emportant les personnes en quelques jours.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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52
p. 148-158
Histoire abrégée des guerres des Algériens avec les Hollandois, traduite de l'Allemand, par M. Radix de Sainte-Foy. 1755.
Début :
Selon toute apparence, Alger, ainsi que toute la côte de Barbarie, fut peuplée [...]
Mots clefs :
Vaisseaux, Guerre, Algériens, États généraux , Ennemis, Espagnols, Roi d'Espagne, Barbarie, Hollandais
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texteReconnaissance textuelle : Histoire abrégée des guerres des Algériens avec les Hollandois, traduite de l'Allemand, par M. Radix de Sainte-Foy. 1755.
Hiftoire abrégée des guerres des Algériens avec
les Hollandois , traduite de l'Allemand ,
par M. Radix de Sainte- Foy . 1755 .
Elon toute apparence , Alger, ainfi que
toute la côte de Barbarie , fut peuplée
d'abord par les Egyptiens . Les Pheniciens
y établirent enfuite des colonies , & y bâtirent
Utique & Carthage. Depuis, tous les
petits Princes de la côte furent fubjugués
par les Carthaginois , ou devinrent leurs
tributaires : mais ces Princes , las enfin de
la domination Garthaginoife , s'offrirent
aux Romains pour leur aider à foumettre
Carthage. Ceux- ci refterent maîtres de la
côte jufqu'au cinquiéme fiécle , que les
Vandales s'en emparerent. Les Barbares
furent obligés dans la fuite de rendre leur
AOUST. 1755. 149
conquête aux Empereurs Romains , ou
pour mieux dire , aux Empereurs Grecs ,
qui poffederent cette côte , jufqu'à ce que
les Califes Sarrazins , fucceffeurs de Mahomet
envahirent dans le feptiéme fiécle
toute la partie feptentrionale de l'Afrique,
auquel tems l'Alger que nous connoiffons
devint la ville capitale de la Mauritanie .
Alger dépendit enfuite , premierement de
la ville de Conftantine , & fucceffivement
de Bugie , d'Hyppone , & enfin de Tremecen
, ou Telencin , jufqu'à l'incurfion
des Barbares Mahométans , qui diviferent
la côte de Barbarie en plufieurs royaumes ,
entre lefquels étoient Alger , Tunis & Tripoli
. Quelques fiécles après , la ville d'Alger
devint tributaire du Roi de Tunis ,
qui promit de lui laiffer , comme à une
République , la jouiffance de fes privileges.
L'an 1510 , Alger fe foumit par crainte
du Roi d'Espagne à un riche More ,
nommé Sélim Eutimi ; cependant quelques
années après , Ferdinand , Roi d'Efpagne ,
la prit , bâtit une forte citadelle fur la place
où eft à préfent le port , & y mit une
nombreuſe garnifon. Après la mort de
Ferdinand , les Algériens chercherent à fecouer
le joug des Efpagnols , & vers l'an
1516 ils appellerent à leur fecours le fameux
Pirate Barberouffe qui vint , maffa-
G iij
150 MERCURE DE FRANCE.
cra Eutimi , s'érigea lui - même en Roid'Alger
, & regna jufqu'en l'année 1517 ,
qu'il fut tué dans un combat. Les Algériens
élurent pour leur Roi Héreddin Barberouffe
fon frere ; mais comme il n'étoit
pas en état de faire tête à fes ennemis , &
fur tout aux Efpagnols , il eut recours à
la Porte , & rendit tributaire du Grand
Seigneur Alger , & une grande partie de
la côte de Barbarie .
Les Algériens enflés d'une telle protection
, en devinrent plus audacieux à pillerles
vaiffeaux Chrétiens ; l'on vit de jour
en jour accroître leur infolence. L'Empereur
Charlequint irrité de leurs pirateries,
vint affiéger Alger l'an 1 541 , avec cent
gros vaiffeaux , & dix- huit grandes galeres
qui portoient en tout vingt- deux mille
hommes : mais une tempête violente & un
ouragan terrible qui s'éleverent le 20 Octobre
, firent couler à fond tous les vaiffeaux
& quinze galeres , pendant que les
troupes de débarquement furent pourfuivies
dans leur retraite précipitée . La plus
grande partie fut paffée au fil de l'épée , &
l'Empereur lui -même eût bien de la peine
à regagner la Sicile avec une feule galere.
De ce moment , Alger devint une retraite
formidable de Pirates , & un nid de voleurs
. Sa marine augmenta , & les courfes
A O UST. 1755 15 !
de fes Barbares habitans , firent un grand
tort aux Chrétiens , principalement aux
habitans des Pays-Bas , fur- tout depuis
l'année 1590 que ceux - ci commencerent
à étendre leur commerce par le Détroit de
Gibraltar en Italie , & même jufqu'au Levant.
Enfin au commencement du dix-feptiéme
fiécle le mal devint fi grand que les
Etats Généraux fe déterminerent en 1612
à envoyer à Conftantinople , en qualité
d'Ambaſſadeur , le fieur Cornelius Hage
pour obtenir par un traité , à l'exemple des
autres nations , un commerce libre dans
toutes les provinces dépendantes de la Porte.
Cette Ambaffade eut un fuccès fi heureux
, que les Turcs dans le vingt & unié-.
me article du traité défendirent aux Algé
riens de jamais faire le moindre tort aux
vaiffeaux hollandois , fous quelque prétexte
que ce put être : Mais ceux - ci fe
conformerent mal à cette défenſe , foit
que l'autorité des Turcs fut affez peu refpectée
dans la Barbarie , foit que la Porte
ne pût donner affez de fecours à ceux
d'Alger & de Tunis contre les infultes des
Efpagnols établis à Oran : d'ailleurs , les
premiers repréfenterent que fi on les em →
pêchoit d'aller en courfe , il leur étoit abe
folument impoffible d'entretenir le nombre
G
iiij
152 MERCURE DE FRANCE .
néceſſaire de Janiffaires. La Porte fut donc
obligée de fermer les yeux fur leurs procé
dés , & ils continuerent d'attaquer indifféremment
amis & ennemis.
Cependant en 1617 , à la follicitation
de Cornelius Hage , la Porte renouvella la
défenfe faite aux Algériens , de prendre
les bâtimens hollandois ; mais ils continuerent
à les arrêter , & à s'emparer de
toutes les marchandiſes appartenantes aux
Efpagnols & aux Italiens ; & fur les plaintes
réitérées , en 1619 ils écrivirent aux
Etats Genéraux une lettre , dans laquelle
ils leurs faifoient connoître » qu'ils ne
pouvoient nullement ceffer de vifiter
leurs navires , & d'en enlever toutes les
" marchandiſes des Efpagnols & des Ita
» liens , mais qu'afin qu'ils n'en fouffrif
fent aucun tort , ils leurs promettoient
de leur en payer exactement le fret .
و و
-
Les Etats Généraux leur objecterent
que cette propofition étoit formellement
oppofée au traité fait en 1612 , avec le
Grand Seigneur , & ils les menacerent ,
s'ils refufoient plus long- tems de s'y conformer
, de les traiter en ennemis . En effet
en l'année 1619 leurs Hautes Puiffances
commencerent contre ces Corfaires des
hoftilités ouvertes.
Les Algériens , dans l'efpace de treize
A O UST. 1755. 153
mois,prirent aux Hollandois cent quarantetrois
vaiſſeaux , ceux-ci leur en prirent auffi
plufieurs ; & leur animofité étoit fi forte
contre ces Pirates , que tous ceux qu'ils
prenoient étoient incontinent jettés à la
mer ; mais les Hollandois virent bientôt
que la guerre ne conduifoit pas à leur objet
; ils firent de nouvelles propofitions
aufquelles les Algériens répondirent » que
» leurs Hautes Puiffances pouvoient en-
» voyer quelqu'un avec des vaiffeaux de
»guerre pour emmener les efclaves , &
qu'ils verroient alors que » leur paix
feroit une véritable paix , leur parole une
parole inviolable , & leurs affurances des
furetés. Cependant la fauffeté de cette promeffe
s'eft foutenue jufqu'à préfent.
39
Dans le mois de Juin 1622 , les Etats
Généraux envoyerent le fieur Pinacker
Profeffeur dans l'Univerfité de Groningue,
à Alger , où il arriva le 3 Septembre ; il
fit tant par fes négociations qu'il obtint
que la vifite des vaiffeaux hollandois cefferoit
, & que les prifonniers feroient mis
en liberté & afin d'ôter tout prétexte aux
Pirates , leurs Hautes Puiffances ordonnerent
que tous leurs vaiffeaux deftinés pour
le Détroit de Gibraltar ou pour le Levant ,
feroient munis d'un paffeport , qui déclareroit
que les Capitaines étoient vé-
,
:
»
Gy
154 MERCURE DE FRANCE.
و ر
ritablement Hollandois , & qu'ils avoient
» fait ferment que leurs vaiffeaux , auffi-
» bien que leur chargement , n'apparte-
» noient ni en entier ni en partie aux en-
» nemis du Grand Seigneur.
Leurs Hautes Puiffances publierent dans
la même année une défenfe aux vaiffeaux
marchands de ne plus fortir fans eſcorte.
Malgré ces précautions la paix fut encore
rompue par les Algériens , dont la puiffance
augmenta tellement , qu'en l'année
1659 ils mirent en mer , en différentes
efcadres , feize vaiffeaux de guerre de
vingt quatre à trente- fix piéces de canon ,
de quatre à cinq cens hommes d'équipage
, & deux galeres de vingt- deux à vingthuit
paires de rames , ayant à bord un pareil
nombre d'hommes ; alors les vaiffeaux
de guerre hollandois coururent eux - mêmes
rifque d'être enlevés avec les marchands
auxquels ils fervoient d'efcorte .
On avoit déja employé plufieurs moyens
pour détruire cette ville corfaire , & le fameux
Amiral Ruiter fut envoyé en 1655
pour brûler ces Barbarefques dans leur
port ; cependant ce projet échoua à cauſe
d'un trop grand calme , & c'eft alors que
ce grand Amiral dit , que celui qui voudroit
attaquer la ville ou le port d'Alger , devroit
avoir pour lui le foleil & la lune , le jour &
A O UST. 1755. 155
la nuit , le vent & le tems ; le vent favoiable
pour s'approcher de la ville & pour
s'en éloigner , le tems clair & ferein pour
découvrir l'entrée de la rade , ou au moins
un Pilote habile à qui la fituation des lieux
fut entierement connue fans compter
qu'il faudroit que les habitans de la ville
ignoraflent abfolument ce deffein , parce
que pour peu qu'ils fuffent fur leurs gardes
, il leur feroit facile d'empêcher l'entrée
des vaiffeaux dans leur port.
›
Cependant perfonne n'a attaqué ces
Corfaires avec plus d'avantage , perfonne
ne leur a fait plus de tort que le méme
Amiral Ruiter , & n'a fçu mieux les combattre.
Il les ferra de fi près , & jetta fi
fort l'allarme parmi eux ; que leurs foldats
refufoient de s'embarquer : deforte
qu'en l'année 1662 ils furent obligés de
demander le rétabliffement de la paix aux
mêmes conditions qu'ils venoient de la renouveller
avec les Anglois, c'est- à- dire que
»leurs armateurs, lorfqu'ils rencontreroient
» un vaiffeau Hollandois , feroient obligés
d'envoyer à fon bord deux hommes de leur
Ȏquipage pour demander amiablement s'il
» n'avoit pas des hommes ou des marchan-
» difes qui appartiendroient à leurs ennemis.
Cette ftipulation fut rejettée , &
ils furent fort heureux d'obtenir des Hol
Gvj
156 MERCURE DE FRANCE.
landois la paix le 16 Novembre 1662 fous
cette condition : Vaiffeau libre , marchandifes
libres , nulle vifite .
"
La ville d'Alger & fes châteaux étoient
alors garnis de fept cens quatre - vingtcinq
pieces de canon , dont toutes les bouches
étoient tournées vers la mer , & les
rénégats difoient fecrettement à l'Amiral
Ruiter , que fi les Etats Généraux vou-
» loient que la paix fut bien obſervée , ils
» ne devoient jamais laiffer fortir aucun
vaiffeau marchand fans efcorte , "qu'ils
» devoient avoir un bon nombre de vaif-
"feaux de guerre dans la Méditerranée , &
» les faire voir quelquefois fur la rade d'Alfous
prétexte de faire de l'eau , pour
tenir dans la crainte les ennemis , parce
» que fans cela les Algériens pourroient
facilement enfreindre les traités.
» ger ,
Dans la paix de 662 , la Régence d'Alger
ftipula deux ou trois articles pour prévenir
dans la fuite des tems toute occafion
de différens fâcheux : 1 ° . » Qu'il fe-
» roit défendu à tous les Hollandois de
tirer fur les vaiffeaux algériens qu'ils
» pourroient rencontrer. 2 °. Que les Etats
» Généraux feroient faire un fceau particulier
pour les paffeports de mer , qu'ils
l'enverroient au Conful d'Alger , qui
l'imprimeroit fur tous les pleins pouvoirs
» des Armateurs algériens , afin que ceux-
39
X
AOUST. 1755. 157
ci puffent conftater la vérité des paffe-
» ports , en confrontant le fceau des Hollandois
avec le leur. 3 ° . Que les Etats
» Généraux auroient feuls le droit d'accor-
» der les paffeports de mer.
Ceci eft d'autant plus remarquable que
l'Amiral Ruiter écrivit peu de tems après
aux Etats Généraux , que les Hambour
geois avoient des correfpondans à Amfterdam
, qui pour de l'argent faifoient ferment
que les vaiffeaux appartenoient à des
négocians de cette ville , & qu'il avoit auffi
découvert que plufieurs Confuls ne faifoient
nul fcrupule de délivrer des paſſeports
à des Capitaines de vaiffeaux étrangers
.
Quoiqu'il en foit , la paix ne
ne dura
pas
long- tems ; car dès l'année fuivante 1663 ,
les Algériens vifiterent de nouveau quelques
vaiffeaux hollandois , ils rompirent
par conféquent le traité , & enleverent
diverfes marchandifes , fous le prétexte
qu'elles appartenoient à leurs ennemis , &
que la ratification du traité des Etats Géneraux
, ainfi que le payement de la rançon
des Efclaves hollandois , avoit tardé
trop long tems .
La guerre recommença donc encore
une fois , & l'Amiral Tromp prit le 10
Janvier 1664 deux vaiffeaux algériens
+18 MERCURE DE FRANCE.
qui emmenoient deux prifes avec eux.
Cette perte fit un fi grand tort à ces Pirates
qu'ils promirent de » rendre toutes
» les marchandifes qu'ils avoient enlevées
» fur mer , d'exécuter à l'avenir religieufement
le traité , & même de rompre la
"
paix avec les Anglois , fi les Etats Gé-
» néraux étoient bien difpofés à la faire
» avec eux . Leurs Hautes Puiffances ,
bien loin de prêter l'oreille à ces propoftions
captieufes , propoferent à la France ,
à l'Efpagne & à l'Angleterre de fe joindre
à eux pour envoyer une flotte qui pourfuivroit
par- tour ces Barbares , bloqueroit
leurs ports , & empêcheroit abfolument
leurs croifieres & leurs pirateries , fans
jamais entendre à aucune propofition de
paix de leurs part , mais aucune de ces
trois Puiffances ne voulut s'y prêter ; cependant
les Hollandois envoyerent l'Amiral
Ruiter avec une flotte de douze vaiffeaux
de guerre dans la Méditerranée , &
à Alger pour hâter la conclufion du traité
avec la Régence ; mais les Algériens le
retinrent long- tems fans fujet , & l'amuferent
fous des prétextes frivoles ; deſorte
qu'il fe vit obligé de leur déclarer la guerre
par ordre de leurs Hautes Puiffances.
On donnera lafuite dans le Mercure du
mois prochain.
les Hollandois , traduite de l'Allemand ,
par M. Radix de Sainte- Foy . 1755 .
Elon toute apparence , Alger, ainfi que
toute la côte de Barbarie , fut peuplée
d'abord par les Egyptiens . Les Pheniciens
y établirent enfuite des colonies , & y bâtirent
Utique & Carthage. Depuis, tous les
petits Princes de la côte furent fubjugués
par les Carthaginois , ou devinrent leurs
tributaires : mais ces Princes , las enfin de
la domination Garthaginoife , s'offrirent
aux Romains pour leur aider à foumettre
Carthage. Ceux- ci refterent maîtres de la
côte jufqu'au cinquiéme fiécle , que les
Vandales s'en emparerent. Les Barbares
furent obligés dans la fuite de rendre leur
AOUST. 1755. 149
conquête aux Empereurs Romains , ou
pour mieux dire , aux Empereurs Grecs ,
qui poffederent cette côte , jufqu'à ce que
les Califes Sarrazins , fucceffeurs de Mahomet
envahirent dans le feptiéme fiécle
toute la partie feptentrionale de l'Afrique,
auquel tems l'Alger que nous connoiffons
devint la ville capitale de la Mauritanie .
Alger dépendit enfuite , premierement de
la ville de Conftantine , & fucceffivement
de Bugie , d'Hyppone , & enfin de Tremecen
, ou Telencin , jufqu'à l'incurfion
des Barbares Mahométans , qui diviferent
la côte de Barbarie en plufieurs royaumes ,
entre lefquels étoient Alger , Tunis & Tripoli
. Quelques fiécles après , la ville d'Alger
devint tributaire du Roi de Tunis ,
qui promit de lui laiffer , comme à une
République , la jouiffance de fes privileges.
L'an 1510 , Alger fe foumit par crainte
du Roi d'Espagne à un riche More ,
nommé Sélim Eutimi ; cependant quelques
années après , Ferdinand , Roi d'Efpagne ,
la prit , bâtit une forte citadelle fur la place
où eft à préfent le port , & y mit une
nombreuſe garnifon. Après la mort de
Ferdinand , les Algériens chercherent à fecouer
le joug des Efpagnols , & vers l'an
1516 ils appellerent à leur fecours le fameux
Pirate Barberouffe qui vint , maffa-
G iij
150 MERCURE DE FRANCE.
cra Eutimi , s'érigea lui - même en Roid'Alger
, & regna jufqu'en l'année 1517 ,
qu'il fut tué dans un combat. Les Algériens
élurent pour leur Roi Héreddin Barberouffe
fon frere ; mais comme il n'étoit
pas en état de faire tête à fes ennemis , &
fur tout aux Efpagnols , il eut recours à
la Porte , & rendit tributaire du Grand
Seigneur Alger , & une grande partie de
la côte de Barbarie .
Les Algériens enflés d'une telle protection
, en devinrent plus audacieux à pillerles
vaiffeaux Chrétiens ; l'on vit de jour
en jour accroître leur infolence. L'Empereur
Charlequint irrité de leurs pirateries,
vint affiéger Alger l'an 1 541 , avec cent
gros vaiffeaux , & dix- huit grandes galeres
qui portoient en tout vingt- deux mille
hommes : mais une tempête violente & un
ouragan terrible qui s'éleverent le 20 Octobre
, firent couler à fond tous les vaiffeaux
& quinze galeres , pendant que les
troupes de débarquement furent pourfuivies
dans leur retraite précipitée . La plus
grande partie fut paffée au fil de l'épée , &
l'Empereur lui -même eût bien de la peine
à regagner la Sicile avec une feule galere.
De ce moment , Alger devint une retraite
formidable de Pirates , & un nid de voleurs
. Sa marine augmenta , & les courfes
A O UST. 1755 15 !
de fes Barbares habitans , firent un grand
tort aux Chrétiens , principalement aux
habitans des Pays-Bas , fur- tout depuis
l'année 1590 que ceux - ci commencerent
à étendre leur commerce par le Détroit de
Gibraltar en Italie , & même jufqu'au Levant.
Enfin au commencement du dix-feptiéme
fiécle le mal devint fi grand que les
Etats Généraux fe déterminerent en 1612
à envoyer à Conftantinople , en qualité
d'Ambaſſadeur , le fieur Cornelius Hage
pour obtenir par un traité , à l'exemple des
autres nations , un commerce libre dans
toutes les provinces dépendantes de la Porte.
Cette Ambaffade eut un fuccès fi heureux
, que les Turcs dans le vingt & unié-.
me article du traité défendirent aux Algé
riens de jamais faire le moindre tort aux
vaiffeaux hollandois , fous quelque prétexte
que ce put être : Mais ceux - ci fe
conformerent mal à cette défenſe , foit
que l'autorité des Turcs fut affez peu refpectée
dans la Barbarie , foit que la Porte
ne pût donner affez de fecours à ceux
d'Alger & de Tunis contre les infultes des
Efpagnols établis à Oran : d'ailleurs , les
premiers repréfenterent que fi on les em →
pêchoit d'aller en courfe , il leur étoit abe
folument impoffible d'entretenir le nombre
G
iiij
152 MERCURE DE FRANCE .
néceſſaire de Janiffaires. La Porte fut donc
obligée de fermer les yeux fur leurs procé
dés , & ils continuerent d'attaquer indifféremment
amis & ennemis.
Cependant en 1617 , à la follicitation
de Cornelius Hage , la Porte renouvella la
défenfe faite aux Algériens , de prendre
les bâtimens hollandois ; mais ils continuerent
à les arrêter , & à s'emparer de
toutes les marchandiſes appartenantes aux
Efpagnols & aux Italiens ; & fur les plaintes
réitérées , en 1619 ils écrivirent aux
Etats Genéraux une lettre , dans laquelle
ils leurs faifoient connoître » qu'ils ne
pouvoient nullement ceffer de vifiter
leurs navires , & d'en enlever toutes les
" marchandiſes des Efpagnols & des Ita
» liens , mais qu'afin qu'ils n'en fouffrif
fent aucun tort , ils leurs promettoient
de leur en payer exactement le fret .
و و
-
Les Etats Généraux leur objecterent
que cette propofition étoit formellement
oppofée au traité fait en 1612 , avec le
Grand Seigneur , & ils les menacerent ,
s'ils refufoient plus long- tems de s'y conformer
, de les traiter en ennemis . En effet
en l'année 1619 leurs Hautes Puiffances
commencerent contre ces Corfaires des
hoftilités ouvertes.
Les Algériens , dans l'efpace de treize
A O UST. 1755. 153
mois,prirent aux Hollandois cent quarantetrois
vaiſſeaux , ceux-ci leur en prirent auffi
plufieurs ; & leur animofité étoit fi forte
contre ces Pirates , que tous ceux qu'ils
prenoient étoient incontinent jettés à la
mer ; mais les Hollandois virent bientôt
que la guerre ne conduifoit pas à leur objet
; ils firent de nouvelles propofitions
aufquelles les Algériens répondirent » que
» leurs Hautes Puiffances pouvoient en-
» voyer quelqu'un avec des vaiffeaux de
»guerre pour emmener les efclaves , &
qu'ils verroient alors que » leur paix
feroit une véritable paix , leur parole une
parole inviolable , & leurs affurances des
furetés. Cependant la fauffeté de cette promeffe
s'eft foutenue jufqu'à préfent.
39
Dans le mois de Juin 1622 , les Etats
Généraux envoyerent le fieur Pinacker
Profeffeur dans l'Univerfité de Groningue,
à Alger , où il arriva le 3 Septembre ; il
fit tant par fes négociations qu'il obtint
que la vifite des vaiffeaux hollandois cefferoit
, & que les prifonniers feroient mis
en liberté & afin d'ôter tout prétexte aux
Pirates , leurs Hautes Puiffances ordonnerent
que tous leurs vaiffeaux deftinés pour
le Détroit de Gibraltar ou pour le Levant ,
feroient munis d'un paffeport , qui déclareroit
que les Capitaines étoient vé-
,
:
»
Gy
154 MERCURE DE FRANCE.
و ر
ritablement Hollandois , & qu'ils avoient
» fait ferment que leurs vaiffeaux , auffi-
» bien que leur chargement , n'apparte-
» noient ni en entier ni en partie aux en-
» nemis du Grand Seigneur.
Leurs Hautes Puiffances publierent dans
la même année une défenfe aux vaiffeaux
marchands de ne plus fortir fans eſcorte.
Malgré ces précautions la paix fut encore
rompue par les Algériens , dont la puiffance
augmenta tellement , qu'en l'année
1659 ils mirent en mer , en différentes
efcadres , feize vaiffeaux de guerre de
vingt quatre à trente- fix piéces de canon ,
de quatre à cinq cens hommes d'équipage
, & deux galeres de vingt- deux à vingthuit
paires de rames , ayant à bord un pareil
nombre d'hommes ; alors les vaiffeaux
de guerre hollandois coururent eux - mêmes
rifque d'être enlevés avec les marchands
auxquels ils fervoient d'efcorte .
On avoit déja employé plufieurs moyens
pour détruire cette ville corfaire , & le fameux
Amiral Ruiter fut envoyé en 1655
pour brûler ces Barbarefques dans leur
port ; cependant ce projet échoua à cauſe
d'un trop grand calme , & c'eft alors que
ce grand Amiral dit , que celui qui voudroit
attaquer la ville ou le port d'Alger , devroit
avoir pour lui le foleil & la lune , le jour &
A O UST. 1755. 155
la nuit , le vent & le tems ; le vent favoiable
pour s'approcher de la ville & pour
s'en éloigner , le tems clair & ferein pour
découvrir l'entrée de la rade , ou au moins
un Pilote habile à qui la fituation des lieux
fut entierement connue fans compter
qu'il faudroit que les habitans de la ville
ignoraflent abfolument ce deffein , parce
que pour peu qu'ils fuffent fur leurs gardes
, il leur feroit facile d'empêcher l'entrée
des vaiffeaux dans leur port.
›
Cependant perfonne n'a attaqué ces
Corfaires avec plus d'avantage , perfonne
ne leur a fait plus de tort que le méme
Amiral Ruiter , & n'a fçu mieux les combattre.
Il les ferra de fi près , & jetta fi
fort l'allarme parmi eux ; que leurs foldats
refufoient de s'embarquer : deforte
qu'en l'année 1662 ils furent obligés de
demander le rétabliffement de la paix aux
mêmes conditions qu'ils venoient de la renouveller
avec les Anglois, c'est- à- dire que
»leurs armateurs, lorfqu'ils rencontreroient
» un vaiffeau Hollandois , feroient obligés
d'envoyer à fon bord deux hommes de leur
Ȏquipage pour demander amiablement s'il
» n'avoit pas des hommes ou des marchan-
» difes qui appartiendroient à leurs ennemis.
Cette ftipulation fut rejettée , &
ils furent fort heureux d'obtenir des Hol
Gvj
156 MERCURE DE FRANCE.
landois la paix le 16 Novembre 1662 fous
cette condition : Vaiffeau libre , marchandifes
libres , nulle vifite .
"
La ville d'Alger & fes châteaux étoient
alors garnis de fept cens quatre - vingtcinq
pieces de canon , dont toutes les bouches
étoient tournées vers la mer , & les
rénégats difoient fecrettement à l'Amiral
Ruiter , que fi les Etats Généraux vou-
» loient que la paix fut bien obſervée , ils
» ne devoient jamais laiffer fortir aucun
vaiffeau marchand fans efcorte , "qu'ils
» devoient avoir un bon nombre de vaif-
"feaux de guerre dans la Méditerranée , &
» les faire voir quelquefois fur la rade d'Alfous
prétexte de faire de l'eau , pour
tenir dans la crainte les ennemis , parce
» que fans cela les Algériens pourroient
facilement enfreindre les traités.
» ger ,
Dans la paix de 662 , la Régence d'Alger
ftipula deux ou trois articles pour prévenir
dans la fuite des tems toute occafion
de différens fâcheux : 1 ° . » Qu'il fe-
» roit défendu à tous les Hollandois de
tirer fur les vaiffeaux algériens qu'ils
» pourroient rencontrer. 2 °. Que les Etats
» Généraux feroient faire un fceau particulier
pour les paffeports de mer , qu'ils
l'enverroient au Conful d'Alger , qui
l'imprimeroit fur tous les pleins pouvoirs
» des Armateurs algériens , afin que ceux-
39
X
AOUST. 1755. 157
ci puffent conftater la vérité des paffe-
» ports , en confrontant le fceau des Hollandois
avec le leur. 3 ° . Que les Etats
» Généraux auroient feuls le droit d'accor-
» der les paffeports de mer.
Ceci eft d'autant plus remarquable que
l'Amiral Ruiter écrivit peu de tems après
aux Etats Généraux , que les Hambour
geois avoient des correfpondans à Amfterdam
, qui pour de l'argent faifoient ferment
que les vaiffeaux appartenoient à des
négocians de cette ville , & qu'il avoit auffi
découvert que plufieurs Confuls ne faifoient
nul fcrupule de délivrer des paſſeports
à des Capitaines de vaiffeaux étrangers
.
Quoiqu'il en foit , la paix ne
ne dura
pas
long- tems ; car dès l'année fuivante 1663 ,
les Algériens vifiterent de nouveau quelques
vaiffeaux hollandois , ils rompirent
par conféquent le traité , & enleverent
diverfes marchandifes , fous le prétexte
qu'elles appartenoient à leurs ennemis , &
que la ratification du traité des Etats Géneraux
, ainfi que le payement de la rançon
des Efclaves hollandois , avoit tardé
trop long tems .
La guerre recommença donc encore
une fois , & l'Amiral Tromp prit le 10
Janvier 1664 deux vaiffeaux algériens
+18 MERCURE DE FRANCE.
qui emmenoient deux prifes avec eux.
Cette perte fit un fi grand tort à ces Pirates
qu'ils promirent de » rendre toutes
» les marchandifes qu'ils avoient enlevées
» fur mer , d'exécuter à l'avenir religieufement
le traité , & même de rompre la
"
paix avec les Anglois , fi les Etats Gé-
» néraux étoient bien difpofés à la faire
» avec eux . Leurs Hautes Puiffances ,
bien loin de prêter l'oreille à ces propoftions
captieufes , propoferent à la France ,
à l'Efpagne & à l'Angleterre de fe joindre
à eux pour envoyer une flotte qui pourfuivroit
par- tour ces Barbares , bloqueroit
leurs ports , & empêcheroit abfolument
leurs croifieres & leurs pirateries , fans
jamais entendre à aucune propofition de
paix de leurs part , mais aucune de ces
trois Puiffances ne voulut s'y prêter ; cependant
les Hollandois envoyerent l'Amiral
Ruiter avec une flotte de douze vaiffeaux
de guerre dans la Méditerranée , &
à Alger pour hâter la conclufion du traité
avec la Régence ; mais les Algériens le
retinrent long- tems fans fujet , & l'amuferent
fous des prétextes frivoles ; deſorte
qu'il fe vit obligé de leur déclarer la guerre
par ordre de leurs Hautes Puiffances.
On donnera lafuite dans le Mercure du
mois prochain.
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Résumé : Histoire abrégée des guerres des Algériens avec les Hollandois, traduite de l'Allemand, par M. Radix de Sainte-Foy. 1755.
Le texte 'Histoire abrégée des guerres des Algériens avec les Hollandois' décrit les conflits entre les Algériens et les Hollandais, en situant les événements dans un contexte historique riche. Alger et la côte de Barbarie ont été successivement peuplées par les Égyptiens, les Phéniciens, les Carthaginois, les Romains, les Vandales, les Byzantins, et enfin les Arabes musulmans. Alger est devenue la capitale de la Mauritaine sous les Califes Sarrazins. Au XVIe siècle, Alger est passée sous la domination espagnole avant de se libérer avec l'aide du pirate Barberousse. Sous la protection de l'Empire ottoman, les Algériens ont intensifié leurs attaques contre les navires chrétiens, notamment ceux des Pays-Bas. En 1612, les États Généraux des Provinces-Unies ont envoyé un ambassadeur à Constantinople pour obtenir un traité garantissant la sécurité de leurs navires. Cependant, les Algériens ont continué leurs attaques, menant à des hostilités ouvertes en 1619. Les conflits ont culminé avec des prises de navires des deux côtés. En 1622, un accord a été négocié pour cesser les visites des navires hollandais et libérer les prisonniers. Malgré des précautions, la paix a été rompue à plusieurs reprises. En 1659, la puissance navale algérienne a atteint son apogée, forçant les Hollandais à renforcer leur escorte. L'amiral Ruiter a tenté de détruire Alger en 1655, mais sans succès. En 1662, une paix a été conclue avec des conditions strictes pour éviter les différends futurs. Cependant, la paix n'a pas duré, et les Algériens ont repris leurs attaques en 1663. La guerre a repris, et l'amiral Tromp a capturé des navires algériens en 1664. Les Algériens ont proposé de rendre les marchandises et de respecter le traité, mais les Hollandais ont refusé, préférant une alliance avec d'autres puissances pour contrer les pirates. Par ailleurs, les Algériens ont retenu des individus pendant une longue période sans motif valable, en utilisant des prétextes futiles. Cette situation a conduit à une déclaration de guerre par ordre des autorités supérieures de la partie retenue.
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53
p. 243-245
ESPAGNE.
Début :
Cette Cour se propose de faire peupler par des Portugais [...]
Mots clefs :
Lisbonne, Madrid, Marine, Vaisseaux, Nouveau monde, Don Manuel Diegue Escobedo, Reine Louise-Élisabeth d'Orléans, Roi Louis I, Sa Majesté, Comte de Baschi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAG N E.
DE LISBONNE , le 10 Juin.
Cette Cour le propofe de faire peupler par des
Portugais les pays fitués le long de la riviere de
Sena, autrement appellée la Riviere d'or. En conféquence
, elle a fait publier qu'elle accorderoit
plufieurs avantages aux familles qui voudroient
s'y établir. On y enverra tous les jeunes gens débauchés
de l'un & l'autre fexe , & les gens mariés
qui auront une mauvaiſe conduite. Plufieurs de
ces différentes fortes de perfonnes ont été déja
arrêtées , & l'on doit les embarquer fur le vaiffeau
le Glorieux , appartenant à la nouvelle Compagnie
de Commerce. Il les conduira juſqu'à Mofambique
, dont le Gouverneur eft chargé de leur
affigner des terres , & de leur fournir les maté
riaux néceffaires pour conftruire des habitations.
Deux vaiffeaux de guerre qui ont eſcorté la
Aotte deftinée pour Maranham , revinrent le premier
de ce mois à Cafcaës. Ils n'ont rencontré
aucun Corſaire. Un autre vaiſſeau du Roi fit voile
hier d'ici pour Saint Ubés , d'où il doit conduire
à Cafcaës plufieurs navires Hollandois. Ces navires
, & ceux de la même nation qui font actuel
lement dans ce dernier port , feront enfuite convoyés
par ce vaiffeau & par deux autres , jufqu'à
la hauteur du Cap de Finifterre . On équippe le
nouveau vaiſſeau de l'invention du Préfident de
la marine.
Lij
244 MERCURE DE FRANCE:
Avant-hier , le Comte de Bafchi , Ambaffadeur
de France , fe rendit avec tout fon cortège à Maravilla
, maiſon de plaifance des Patriarches de
Liſbonne. Il y eft traité aux dépens du Roi. Demain
, ce Miniftre fera fon entrée publique en
cette ville. Après qu'il fera de retour en fon hôtel
, le Marquis de Valenza ira le prendre dans
les caroffes du Roi , pour le conduire à l'audience
de Sa Majefté.
DE MADRID , le premier Juillet.
Les vaiffeaux de guerre l'Europe & la Caftille ;
le vaiffeau de regiftre le Dragon , & le paquebot
le Jupiter , font arrivés le 12 Juin à Cadix. Ces
bâtimens font partis le 6 Avril de la Havane avec
les vaiffeaux le Mercure , le Mars , l'Avis & le S.
Jacques , dont ils ont été féparés par un coup de
vent , en débouchant du canal. Don Manuel Diegue
Efcobedo , Intendant de la marine à Saint - Sebastien
, a donné avis à Sa Majeſté , que le 9 le
vaiffeau le Saint- Ignace , de la Compagnie des
Caraques , étoit entré dans le port du Paffage.
Le Roi a appris auffi par des lettres du Comte de
Perelada , for Ambaffadeur en Portugal , l'arrivée
de la frégate le Saint- Sebastien à Liſbonne. La
charge de ces deux derniers bâtimens confifte en
lingots d'argent , en cuirs , en tabac , en cacao ,
& en divers autres marchandiſes.
On célébra le 18 dans la Chapelle du Palais le
fervice annuel pour le repos de l'ame de la Reine
Louife - Elifabeth d'Orléans , épouſe du feu Roi
Louis I. L'Archevêque de Pharfale officia pontificalement
à la Meffe , qui fut chantée par la Mu
fique .
Les vaiffeaux le Mercure le Mars & le Saint
"
AQUST. 1755. 245
ra-
Jacques font auffi arrivés à Cadix. La charge de
ces bâtimens , foit en efpeces d'or & d'argent ,
foit en marchandifes , monte à cent quatre - vingtdix
huit mille quatre cens vingt - trois piaftres .
On a appris que le 10 & le 12 il étoit entré dans
la baye de Cartagene deux polaques , à bord defquelles
étoient trois cens vingt-cinq elclaves ,
chetés à Alger par les Religieux Déchauffes de
P'Ordre de la Trinité . Cent quatre - vingt- onze
de ces captifs ont été échangés contre des Turcs ,
que Sa Majefté a permis de tirer de fes galeres.
Dans le nombre des perfonnes qui doivent leur
liberté aux Peres Rédempteurs , font deux Reli
gieux Francifcains , neuf femmes & neuf enfans .
DE LISBONNE , le 10 Juin.
Cette Cour le propofe de faire peupler par des
Portugais les pays fitués le long de la riviere de
Sena, autrement appellée la Riviere d'or. En conféquence
, elle a fait publier qu'elle accorderoit
plufieurs avantages aux familles qui voudroient
s'y établir. On y enverra tous les jeunes gens débauchés
de l'un & l'autre fexe , & les gens mariés
qui auront une mauvaiſe conduite. Plufieurs de
ces différentes fortes de perfonnes ont été déja
arrêtées , & l'on doit les embarquer fur le vaiffeau
le Glorieux , appartenant à la nouvelle Compagnie
de Commerce. Il les conduira juſqu'à Mofambique
, dont le Gouverneur eft chargé de leur
affigner des terres , & de leur fournir les maté
riaux néceffaires pour conftruire des habitations.
Deux vaiffeaux de guerre qui ont eſcorté la
Aotte deftinée pour Maranham , revinrent le premier
de ce mois à Cafcaës. Ils n'ont rencontré
aucun Corſaire. Un autre vaiſſeau du Roi fit voile
hier d'ici pour Saint Ubés , d'où il doit conduire
à Cafcaës plufieurs navires Hollandois. Ces navires
, & ceux de la même nation qui font actuel
lement dans ce dernier port , feront enfuite convoyés
par ce vaiffeau & par deux autres , jufqu'à
la hauteur du Cap de Finifterre . On équippe le
nouveau vaiſſeau de l'invention du Préfident de
la marine.
Lij
244 MERCURE DE FRANCE:
Avant-hier , le Comte de Bafchi , Ambaffadeur
de France , fe rendit avec tout fon cortège à Maravilla
, maiſon de plaifance des Patriarches de
Liſbonne. Il y eft traité aux dépens du Roi. Demain
, ce Miniftre fera fon entrée publique en
cette ville. Après qu'il fera de retour en fon hôtel
, le Marquis de Valenza ira le prendre dans
les caroffes du Roi , pour le conduire à l'audience
de Sa Majefté.
DE MADRID , le premier Juillet.
Les vaiffeaux de guerre l'Europe & la Caftille ;
le vaiffeau de regiftre le Dragon , & le paquebot
le Jupiter , font arrivés le 12 Juin à Cadix. Ces
bâtimens font partis le 6 Avril de la Havane avec
les vaiffeaux le Mercure , le Mars , l'Avis & le S.
Jacques , dont ils ont été féparés par un coup de
vent , en débouchant du canal. Don Manuel Diegue
Efcobedo , Intendant de la marine à Saint - Sebastien
, a donné avis à Sa Majeſté , que le 9 le
vaiffeau le Saint- Ignace , de la Compagnie des
Caraques , étoit entré dans le port du Paffage.
Le Roi a appris auffi par des lettres du Comte de
Perelada , for Ambaffadeur en Portugal , l'arrivée
de la frégate le Saint- Sebastien à Liſbonne. La
charge de ces deux derniers bâtimens confifte en
lingots d'argent , en cuirs , en tabac , en cacao ,
& en divers autres marchandiſes.
On célébra le 18 dans la Chapelle du Palais le
fervice annuel pour le repos de l'ame de la Reine
Louife - Elifabeth d'Orléans , épouſe du feu Roi
Louis I. L'Archevêque de Pharfale officia pontificalement
à la Meffe , qui fut chantée par la Mu
fique .
Les vaiffeaux le Mercure le Mars & le Saint
"
AQUST. 1755. 245
ra-
Jacques font auffi arrivés à Cadix. La charge de
ces bâtimens , foit en efpeces d'or & d'argent ,
foit en marchandifes , monte à cent quatre - vingtdix
huit mille quatre cens vingt - trois piaftres .
On a appris que le 10 & le 12 il étoit entré dans
la baye de Cartagene deux polaques , à bord defquelles
étoient trois cens vingt-cinq elclaves ,
chetés à Alger par les Religieux Déchauffes de
P'Ordre de la Trinité . Cent quatre - vingt- onze
de ces captifs ont été échangés contre des Turcs ,
que Sa Majefté a permis de tirer de fes galeres.
Dans le nombre des perfonnes qui doivent leur
liberté aux Peres Rédempteurs , font deux Reli
gieux Francifcains , neuf femmes & neuf enfans .
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Résumé : ESPAGNE.
En 1755, plusieurs initiatives diplomatiques et maritimes ont été entreprises en Espagne et au Portugal. La Cour de Lisbonne prévoit de peupler les régions le long de la rivière Sénégal avec des Portugais volontaires, en leur offrant des avantages. Des individus malhonnêtes seront envoyés à Mozambique pour y établir des habitations. Deux vaisseaux de guerre revenus à Cascais ont escorté une flotte vers Maranhão sans incident. Un vaisseau royal se dirige vers Saint-Ubés pour escorter des navires hollandais jusqu'au Cap Finisterre. À Lisbonne, le Comte de Bashi, ambassadeur de France, a été reçu et fera son entrée publique. À Madrid, plusieurs vaisseaux de guerre et de commerce sont arrivés à Cadix après une tempête. Le Roi a été informé de l'arrivée de la frégate Saint-Sébastien à Lisbonne et du Saint-Ignace au port du Passage. Un service annuel a été célébré pour la reine Louise-Élisabeth d'Orléans. Les vaisseaux Mercure, Mars et Saint-Jacques sont arrivés à Cadix avec une cargaison évaluée à cent quatre-vingt-huit mille quatre cent vingt-trois piastres. Deux polaques transportant des esclaves libérés par les Religieux Déchauffes de l'Ordre de la Trinité sont entrés dans la baie de Carthagène, incluant deux religieux franciscains, neuf femmes et neuf enfants.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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54
p. 245-248
ITALIE.
Début :
Un chabec Algérien, monté de dix-huit canons, & dont l'équipage [...]
Mots clefs :
Naples, Rome, Ronciglione, Venise, Milan, Gênes, Vaisseaux, Marquis Fogliani, Marquis Brancaccio, Roi, Père Antoine Bremond, Sénateurs, Roi de Sardaigne, Épidémies, Perse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE NAPLES , le 17 Juin.
Un chabec Algérien , monté de dix - huit ca
nons , & dont l'équipage étoit de quatre - vingt
hommes , ayant été furpris le 28 du mois dernier
par la tempête , eut la hardieffe de ſe réfugier
dans le port de Trapani . Quoique le Capitaine
eût eu la précaution d'arborer pavillon Tofcan
& de mettre la plus grande partie de fon monde
à couvert , on reconnut bientôt que le bâtiment
étoit Barbarefque. Deux galeres s'en emparerent,
& il a été conduit à Palerme. Le Roi a ordonné .
fes vaiffeaux de protéger la navigation des navires
Hollandois , de les convoyer toutes les fois
qu'il feroit néceffaire , & de leur prêter les autres
fecours dont ils auroient befoin. Treize prifonniers
qui étoient détenus à Peſcara , ſe font fauvés
, après avoir affaffiné un Sergent préposé pour
leur garde. Moyennant la diligence dont on a
Liij
246 MERCURE DE FRANCE.
ufé pour courir aprês ces malheureux ; on en a
arrêté quelques- uns .
La Marquis Fogliani ceffa le 10 de ce mois
d'exercer les fonctions de Premier Miniftre. Il
part ces jours- ci pour aller prendre poffeffion de
la Viceroyauté de Sicile . Le Roi vient de créer
une troifiéme charge de Secrétaire d'Etat en fa-
Yeur du Marquis Brancaccio . Ce nouveau Miniftre
aura dans fon département les affaires Ecclé-
Laftiques. En même tems il fera chargé de ce qui
.concerne l'approvifionnement de cette Capitale.
Sa Majesté a donné au Marquis Bracolini la direction
des fpectacles.
DE ROME , le 21 Juin.
1
On repréfenta le 9 à Mondragone dans le magnifique
château qu'y poffede la Maifon Borghefe
, la tragédie de Zaïre , de M. Voltaire ,
traduite en vers Italiens . Ce fpectacle fut fuivi
d'un fouper fplendide , fervi à une table de quatre-
vingt-cinq couverts. Le Margrave de Bareith
affifta à cette fète , ainfi que l'Ambaffadeur de
France , celui de la République de Venife , & les
époufes de ces deux Miniftres .
Le Pere Antoine Bremond , Général des Domi-
-nicains , mourut le 11 à la maiſon de campagne
du Saint Pafteur , àgé de foixante- trois ans. Il
étoit né à Marseille , & il rempliffoit le Généra
-lat de fon Ordre depuis le premier Juin 1748. Son
corps a été tranfporté à Rome, &le 14 il fut inhumé
dans l'églife de Sainte Marie fur la Minerve.
Joachim Befozzi , Cardinal-Prêtre , du titre de
Sainte Croix de Jérufalem , Grand Pénitencier ,
mourut à Tivoli le 18 , âgé de foixante- quinze
ans cinq mois & vingt-fix jours. Il étoit Milanois ,
A O UST. 1755. 247
& il avoit fait profeffion dans l'Ordre de Cîteaux .
Le Pape l'avoit élevé à la pourpre en 1743. Par
la mort de ce Cardinal il vaque un dixiéme chapeau
dans le facré Collège.
DE RONCIGLIONE , le 18 Juin.
Depuis quelques années , les Peres de la Doctrine
Chrétienne ont établi une Académie de Belles
Lettres dans le Collége qu'ils ont en cette
ville. Les Arcades viennent d'aggréger cette Académie
à leur Corps fous le nom de Colonie Cifminia
, & le Pere François Armorini a été déclaré
Président de cette nouvelle Société . Elle tint le
11 de ce mois fa premiere féance publique , &
les Académiciens réciterent plufieurs ouvrages
d'éloquence & de poëfie.
¿ DE VENISE , le premier Juillet.
Il regne ici une telle féchereffe , que les habitans
font réduits à la cruelle extrêmité de manquer
d'eau douce . On a commencé le 9 Juin des
prieres publiques , pout obtenir la ceffation de
ce fléau.
Selon les nouvelles de Smirne , on y a reçu
avis de Perfe , qu'un détachement des troupes
d'Azad Kan avoit défait dix mille hommes de
l'armée de Mehemet , Chefdes Aghuans. Ce dernier
, malgré cet échec , continue de marcher vers
la capitale de ce Royaume . Azad Kan l'attend
dans les plaines voifines de cette ville avec une
armée de foixante - dix mille hommes , & le fait
harceler fans relâche par plufieurs corps de cavalerie.
Liv
248 MERCURE DE FRANCE
DE MILAN , le 17 Juin.
Une maladie épidémique caufe beaucoup de
ravage parmi les beſtiaux dans le Milanez . Elle
fe manifefte par une veffie qui s'éleve fur la langue.
Si l'on ne fe hâte pas de percer cette efpece
de puftule , l'animal meurt en peu de jours.
L'Impératrice Reine & le Duc de Modéné ont
renouvellé pour cinq ans le cartel , par lequel
ils font convenus de fe rendre réciproquement
les criminels qu'ils réclameroient.
DE GENES , le 3 Juillet.
On procéda le 16 de ce mois au ſcrutin pour
l'élection des nouveaux Sénateurs , & le fort eft
tombé fur le Marquis Spinola , Jean - Jacques
Cattaneo , Baptifte Grimaldi , & fur MM. Nicolas
& Vincent Propello.
Il eft arrivé une galere du Roi de Sardaigne ,
avec trois bâtimens , fur lefquels eft la chiourne ,
deftinée pour la galere que ce Prince à fait conftruire
ici.
DE NAPLES , le 17 Juin.
Un chabec Algérien , monté de dix - huit ca
nons , & dont l'équipage étoit de quatre - vingt
hommes , ayant été furpris le 28 du mois dernier
par la tempête , eut la hardieffe de ſe réfugier
dans le port de Trapani . Quoique le Capitaine
eût eu la précaution d'arborer pavillon Tofcan
& de mettre la plus grande partie de fon monde
à couvert , on reconnut bientôt que le bâtiment
étoit Barbarefque. Deux galeres s'en emparerent,
& il a été conduit à Palerme. Le Roi a ordonné .
fes vaiffeaux de protéger la navigation des navires
Hollandois , de les convoyer toutes les fois
qu'il feroit néceffaire , & de leur prêter les autres
fecours dont ils auroient befoin. Treize prifonniers
qui étoient détenus à Peſcara , ſe font fauvés
, après avoir affaffiné un Sergent préposé pour
leur garde. Moyennant la diligence dont on a
Liij
246 MERCURE DE FRANCE.
ufé pour courir aprês ces malheureux ; on en a
arrêté quelques- uns .
La Marquis Fogliani ceffa le 10 de ce mois
d'exercer les fonctions de Premier Miniftre. Il
part ces jours- ci pour aller prendre poffeffion de
la Viceroyauté de Sicile . Le Roi vient de créer
une troifiéme charge de Secrétaire d'Etat en fa-
Yeur du Marquis Brancaccio . Ce nouveau Miniftre
aura dans fon département les affaires Ecclé-
Laftiques. En même tems il fera chargé de ce qui
.concerne l'approvifionnement de cette Capitale.
Sa Majesté a donné au Marquis Bracolini la direction
des fpectacles.
DE ROME , le 21 Juin.
1
On repréfenta le 9 à Mondragone dans le magnifique
château qu'y poffede la Maifon Borghefe
, la tragédie de Zaïre , de M. Voltaire ,
traduite en vers Italiens . Ce fpectacle fut fuivi
d'un fouper fplendide , fervi à une table de quatre-
vingt-cinq couverts. Le Margrave de Bareith
affifta à cette fète , ainfi que l'Ambaffadeur de
France , celui de la République de Venife , & les
époufes de ces deux Miniftres .
Le Pere Antoine Bremond , Général des Domi-
-nicains , mourut le 11 à la maiſon de campagne
du Saint Pafteur , àgé de foixante- trois ans. Il
étoit né à Marseille , & il rempliffoit le Généra
-lat de fon Ordre depuis le premier Juin 1748. Son
corps a été tranfporté à Rome, &le 14 il fut inhumé
dans l'églife de Sainte Marie fur la Minerve.
Joachim Befozzi , Cardinal-Prêtre , du titre de
Sainte Croix de Jérufalem , Grand Pénitencier ,
mourut à Tivoli le 18 , âgé de foixante- quinze
ans cinq mois & vingt-fix jours. Il étoit Milanois ,
A O UST. 1755. 247
& il avoit fait profeffion dans l'Ordre de Cîteaux .
Le Pape l'avoit élevé à la pourpre en 1743. Par
la mort de ce Cardinal il vaque un dixiéme chapeau
dans le facré Collège.
DE RONCIGLIONE , le 18 Juin.
Depuis quelques années , les Peres de la Doctrine
Chrétienne ont établi une Académie de Belles
Lettres dans le Collége qu'ils ont en cette
ville. Les Arcades viennent d'aggréger cette Académie
à leur Corps fous le nom de Colonie Cifminia
, & le Pere François Armorini a été déclaré
Président de cette nouvelle Société . Elle tint le
11 de ce mois fa premiere féance publique , &
les Académiciens réciterent plufieurs ouvrages
d'éloquence & de poëfie.
¿ DE VENISE , le premier Juillet.
Il regne ici une telle féchereffe , que les habitans
font réduits à la cruelle extrêmité de manquer
d'eau douce . On a commencé le 9 Juin des
prieres publiques , pout obtenir la ceffation de
ce fléau.
Selon les nouvelles de Smirne , on y a reçu
avis de Perfe , qu'un détachement des troupes
d'Azad Kan avoit défait dix mille hommes de
l'armée de Mehemet , Chefdes Aghuans. Ce dernier
, malgré cet échec , continue de marcher vers
la capitale de ce Royaume . Azad Kan l'attend
dans les plaines voifines de cette ville avec une
armée de foixante - dix mille hommes , & le fait
harceler fans relâche par plufieurs corps de cavalerie.
Liv
248 MERCURE DE FRANCE
DE MILAN , le 17 Juin.
Une maladie épidémique caufe beaucoup de
ravage parmi les beſtiaux dans le Milanez . Elle
fe manifefte par une veffie qui s'éleve fur la langue.
Si l'on ne fe hâte pas de percer cette efpece
de puftule , l'animal meurt en peu de jours.
L'Impératrice Reine & le Duc de Modéné ont
renouvellé pour cinq ans le cartel , par lequel
ils font convenus de fe rendre réciproquement
les criminels qu'ils réclameroient.
DE GENES , le 3 Juillet.
On procéda le 16 de ce mois au ſcrutin pour
l'élection des nouveaux Sénateurs , & le fort eft
tombé fur le Marquis Spinola , Jean - Jacques
Cattaneo , Baptifte Grimaldi , & fur MM. Nicolas
& Vincent Propello.
Il eft arrivé une galere du Roi de Sardaigne ,
avec trois bâtimens , fur lefquels eft la chiourne ,
deftinée pour la galere que ce Prince à fait conftruire
ici.
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Résumé : ITALIE.
Le 17 juin, un chébec algérien de dix-huit canons, avec un équipage de quatre-vingts hommes, a cherché refuge à Trapani en raison d'une tempête. Reconnu comme un navire barbare malgré les tentatives du capitaine de se faire passer pour un navire turc, il a été conduit à Palerme. Le roi a ordonné la protection et le convoyage des navires hollandais si nécessaire. Treize prisonniers se sont évadés de Pescara après avoir assassiné un sergent, mais certains ont été arrêtés. Le marquis Fogliani a quitté ses fonctions de Premier ministre le 10 juin pour devenir vice-roi de Sicile. Le roi a créé une troisième charge de Secrétaire d'État pour le marquis Brancaccio, chargé des affaires ecclésiastiques et de l'approvisionnement de la capitale. Le marquis Bracolini a été nommé à la direction des spectacles. À Rome, la tragédie 'Zaïre' de Voltaire a été représentée en italien au château de Mondragone le 9 juin, suivie d'un banquet somptueux. Le père Antoine Bremond, Général des Dominicains, est décédé à l'âge de soixante-trois ans et a été inhumé à Rome. Le cardinal Joachim Befozzi, Grand Pénitencier, est mort à Tivoli à l'âge de soixante-quinze ans. À Ronciglione, les Pères de la Doctrine Chrétienne ont fondé une Académie de Belles Lettres, agréée par les Arcades sous le nom de Colonie Cismontia, avec le père François Armorini comme président. L'académie a tenu sa première séance publique le 11 juin. À Venise, une sécheresse sévère a provoqué une pénurie d'eau douce, entraînant des prières publiques depuis le 9 juin. À Smirne, les troupes d'Azad Kan ont vaincu une partie de l'armée de Mehemet, mais ce dernier continue d'avancer vers la capitale. À Milan, une maladie épidémique affecte les bestiaux, causant des ravages. L'impératrice reine et le duc de Modène ont renouvelé un accord pour l'extradition des criminels. À Gênes, le 16 juillet, le marquis Spinola, Jean-Jacques Cattaneo, Baptiste Grimaldi, et MM. Nicolas et Vincent Propello ont été élus sénateurs. Une galère du roi de Sardaigne est arrivée avec des bâtiments destinés à la construction d'une nouvelle galère.
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55
p. 248-250
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Les vaisseaux l'Essex, le Triton, l'Onslow, la Princesse Auguste & le Norfolk, [...]
Mots clefs :
Londres, Compagnie des Indes orientales, Trêve, Traité, Amiral, Gouverneur, Ducs, Vaisseaux
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE- BRETAGNE.
DE LONDRES , le 10 Juillet
Les vaiffeaux l'Effex , le Triton , l'Onflow , la
Princeffe Augufte & le Norfolk , appartenans à la
Compagnie des Indes orientales , font arrivés dans
la Tamife. Les quatre premiers de ces bâtimens
reviennent de la Chine. Le Norfolk vient de Madraff
. M. Saunderfon , Gouverneur de Madraff ,
eft revenu à bord de ce dernier vaiffeau , & a ing
C
A O UST. 1755: 249
formé les Directeurs de la Compagnie , qu'une
feconde treve de trois mois avoit été conclue entre
les François & les Anglois dans l'Inde. Il a en
même tems apporté un projet d'accommodement
que M. Godeheu , Gouverneur de Pondichery ,
concerté avec lui.
Selon ce traité , les troupes de ladite Compa
gnie , ni celles de la comapgnie Angloife , ne ſe
mêleront point de différends qui pourront furvenir
entre les naturels du pays. Suppofé que ces
derniers forment quelque entreprife contre les
établiſſemens de l'une ou l'autre compagnie , les
troupes refpectives fe joindront pour défendre
Pétabliffement attaqué. On fe fournira de part
& d'autre les provifions dont on aura befoin ; &
au défaut d'argent comptant, on prendra des marchandifes
en échange.
L'Amirauté mit encore le 25 en commiffion
dix vaiffeaux de guerre. Douze de ceux qui font
armés à Portsmouth , n'attendent que les derniers
ordres pour mettre à la voile .
Le camp que l'on s'étoit propofé de former en
Irlande , n'aura pas lieu cette année .
Le Duc de Cumberland , accompagné du Lord
Anfon , du Lord Duncannon , de l'Amiral Towns.
hend , & de M. Cléveland , Secrétaire de l'Amirauté
, partit le premier pour aller faire à Spithéad
la revue de la flotte . Le 2 , le Duc de Mire
poix , Ambaffadeur de France , ayant reçu
da Paris
un courier extraordinaire , fe rendit aufli - tôt
chez le Chevalier Robinfon , Secrétaire d'Etat
avec qui il eut une longue conférence .
On n'a point encore de nouvelles de l'arrivée
de l'Efcadre de l'Amiral Bofcawen fur la côte de
l'Amérique feptentrionale. On apprend de Gibraltar
que les Saletins ont rendu le navire An-
TheV
250 MERCURE DE FRANCE.
glois , dont un de leurs Corfaires s'étoit emparé
dernierement la hauteur d'Arzila . A l'arrivée
de ce bâtiment , le Gouverneur de Gibraltar a
donné ordre de remettre en liberté plufieurs
Maures qu'il avoit fait arrêter.
On travaille avec diligence à préparer pour la
mer quinze bâtimens , que le Gouvernement a
frétés depuis peu. Le vaiffeau le Stafford , appartenant
à la Compagnie des Indes orientales , eft
de retour de la Chine . Les navires qui ont été
employés cette année à la pêche de la baleine ,
rentrent fucceffivement dans leurs ports refpectifs.
Les Officiers des troupes fur l'établiſſement
de la Grande- Bretagne ont ordre de ne pas s'abfenter
de leurs corps.
DE LONDRES , le 10 Juillet
Les vaiffeaux l'Effex , le Triton , l'Onflow , la
Princeffe Augufte & le Norfolk , appartenans à la
Compagnie des Indes orientales , font arrivés dans
la Tamife. Les quatre premiers de ces bâtimens
reviennent de la Chine. Le Norfolk vient de Madraff
. M. Saunderfon , Gouverneur de Madraff ,
eft revenu à bord de ce dernier vaiffeau , & a ing
C
A O UST. 1755: 249
formé les Directeurs de la Compagnie , qu'une
feconde treve de trois mois avoit été conclue entre
les François & les Anglois dans l'Inde. Il a en
même tems apporté un projet d'accommodement
que M. Godeheu , Gouverneur de Pondichery ,
concerté avec lui.
Selon ce traité , les troupes de ladite Compa
gnie , ni celles de la comapgnie Angloife , ne ſe
mêleront point de différends qui pourront furvenir
entre les naturels du pays. Suppofé que ces
derniers forment quelque entreprife contre les
établiſſemens de l'une ou l'autre compagnie , les
troupes refpectives fe joindront pour défendre
Pétabliffement attaqué. On fe fournira de part
& d'autre les provifions dont on aura befoin ; &
au défaut d'argent comptant, on prendra des marchandifes
en échange.
L'Amirauté mit encore le 25 en commiffion
dix vaiffeaux de guerre. Douze de ceux qui font
armés à Portsmouth , n'attendent que les derniers
ordres pour mettre à la voile .
Le camp que l'on s'étoit propofé de former en
Irlande , n'aura pas lieu cette année .
Le Duc de Cumberland , accompagné du Lord
Anfon , du Lord Duncannon , de l'Amiral Towns.
hend , & de M. Cléveland , Secrétaire de l'Amirauté
, partit le premier pour aller faire à Spithéad
la revue de la flotte . Le 2 , le Duc de Mire
poix , Ambaffadeur de France , ayant reçu
da Paris
un courier extraordinaire , fe rendit aufli - tôt
chez le Chevalier Robinfon , Secrétaire d'Etat
avec qui il eut une longue conférence .
On n'a point encore de nouvelles de l'arrivée
de l'Efcadre de l'Amiral Bofcawen fur la côte de
l'Amérique feptentrionale. On apprend de Gibraltar
que les Saletins ont rendu le navire An-
TheV
250 MERCURE DE FRANCE.
glois , dont un de leurs Corfaires s'étoit emparé
dernierement la hauteur d'Arzila . A l'arrivée
de ce bâtiment , le Gouverneur de Gibraltar a
donné ordre de remettre en liberté plufieurs
Maures qu'il avoit fait arrêter.
On travaille avec diligence à préparer pour la
mer quinze bâtimens , que le Gouvernement a
frétés depuis peu. Le vaiffeau le Stafford , appartenant
à la Compagnie des Indes orientales , eft
de retour de la Chine . Les navires qui ont été
employés cette année à la pêche de la baleine ,
rentrent fucceffivement dans leurs ports refpectifs.
Les Officiers des troupes fur l'établiſſement
de la Grande- Bretagne ont ordre de ne pas s'abfenter
de leurs corps.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 10 juillet, plusieurs vaisseaux de la Compagnie des Indes orientales sont arrivés à Londres, dont l'Effex, le Triton, l'Onflow, le Princeffe Augufte et le Norfolk. Le Norfolk provenait de Madras et transportait M. Saunderfon, Gouverneur de Madras, qui a informé les Directeurs de la Compagnie d'une seconde trêve de trois mois entre les Français et les Anglais en Inde. Il a également apporté un projet d'accord élaboré par M. Godeheu, Gouverneur de Pondichéry, stipulant que les troupes des deux compagnies ne s'immisceront pas dans les différends locaux mais se joindront pour défendre les établissements attaqués. Les provisions nécessaires seront fournies et des marchandises pourront être échangées en l'absence d'argent comptant. L'Amirauté a mis en commission dix vaisseaux de guerre supplémentaires et douze autres à Portsmouth attendent les ordres pour partir. Le Duc de Cumberland a inspecté la flotte à Spithead. Le Duc de Mirepoix, Ambassadeur de France, a eu une longue conférence avec le Chevalier Robinfon, Secrétaire d'État, après avoir reçu un courrier extraordinaire de Paris. Les Saletins ont rendu un navire anglais capturé près d'Arzila. Le Gouverneur de Gibraltar a ordonné la libération de plusieurs Maures arrêtés. Quinze bâtiments frétés par le Gouvernement sont en cours de préparation. Le vaisseau Stafford de la Compagnie des Indes orientales est de retour de Chine. Les navires de pêche à la baleine rentrent progressivement dans leurs ports respectifs. Les officiers des troupes britanniques ont reçu l'ordre de ne pas s'absenter de leurs corps.
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56
p. 250-251
PAYS-BAS.
Début :
Ce Capitaine Joachim Oujes, Commandant le vaisseau le Keukenhof, a présenté [...]
Mots clefs :
La Haye, Amsterdam, Bruxelles, Loterie, Prince Stadhouder, Indes Hollandaises, Vaisseaux, Tremblements de terre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS - BAS.
DE LA HAYE , le 11 Juillet.
Ce Capitaine Joachim Oujes , Commandant le
vaiffeau le Keukenhof , a préſenté au Prince Stadhouder
, de la part de M. Moffel , Gouverneur
général des Indes hollandoiſes ,un Maure nain , âgé
de dix-huit ans , qui n'a que deux pieds & demi
de haut.
On a expédié aux Commandans de chaque Régiment
une permiffion de détacher un Sergent
& quatre foldats par compagnie , pour aller faire
des récrues dans les pays étrangers. Les Etats Généraux
viennent de rendre une Ordonnance au
fujet de la pêche du hareng.
D'AMSTERDAM , le 8 Juillet.
Selon les nouvelles qu'on a reçues par les vaiſAOUST.
1755. 251
feaux revenus depuis peu des Indes orientales , il
y eut le 18 Août de l'année derniere un affreux
tremblement de terre dans l'ifle d'Amboina , voifine
des Molucques . La terre s'entr'ouvrit en plufieurs
endroits. Les deux églifes , le fort & le
comptoir furent renverfés de fond en comble.
Un grand nombre de perfonnes ont péri fous les
ruines de leurs habitations. Depuis le 18 Août
jufqu'au 22 Septembre , on a fenti quatre- vingtcinq
autres fecouffes.
Les vaiffeaux l'Amiral de Ruyter , l'Overfchie
& le Ruyteveld , appartenans à la Compagnie des
Indes orientales , arriverent le 29 du mois dernier
au Texel. Les deux premiers viennent de la Chine
, & le dernier de Batavia .
DE BRUXELLES , le 28 Juin.
On acheva le 25 de ce mois le tirage de la
trofiéme claffe de la lotterie de cette ville .
Les troupes qui doivent former un camp près
de Malines , s'y affembleront auffi - tôt après la
moiffon.
L'Impératrice Reine a envoyé le Général Baron
d'Anger , pour vifiter les fortifications des
places des Pays - Bas.
DE LA HAYE , le 11 Juillet.
Ce Capitaine Joachim Oujes , Commandant le
vaiffeau le Keukenhof , a préſenté au Prince Stadhouder
, de la part de M. Moffel , Gouverneur
général des Indes hollandoiſes ,un Maure nain , âgé
de dix-huit ans , qui n'a que deux pieds & demi
de haut.
On a expédié aux Commandans de chaque Régiment
une permiffion de détacher un Sergent
& quatre foldats par compagnie , pour aller faire
des récrues dans les pays étrangers. Les Etats Généraux
viennent de rendre une Ordonnance au
fujet de la pêche du hareng.
D'AMSTERDAM , le 8 Juillet.
Selon les nouvelles qu'on a reçues par les vaiſAOUST.
1755. 251
feaux revenus depuis peu des Indes orientales , il
y eut le 18 Août de l'année derniere un affreux
tremblement de terre dans l'ifle d'Amboina , voifine
des Molucques . La terre s'entr'ouvrit en plufieurs
endroits. Les deux églifes , le fort & le
comptoir furent renverfés de fond en comble.
Un grand nombre de perfonnes ont péri fous les
ruines de leurs habitations. Depuis le 18 Août
jufqu'au 22 Septembre , on a fenti quatre- vingtcinq
autres fecouffes.
Les vaiffeaux l'Amiral de Ruyter , l'Overfchie
& le Ruyteveld , appartenans à la Compagnie des
Indes orientales , arriverent le 29 du mois dernier
au Texel. Les deux premiers viennent de la Chine
, & le dernier de Batavia .
DE BRUXELLES , le 28 Juin.
On acheva le 25 de ce mois le tirage de la
trofiéme claffe de la lotterie de cette ville .
Les troupes qui doivent former un camp près
de Malines , s'y affembleront auffi - tôt après la
moiffon.
L'Impératrice Reine a envoyé le Général Baron
d'Anger , pour vifiter les fortifications des
places des Pays - Bas.
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Résumé : PAYS-BAS.
Le 11 juillet à La Haye, le capitaine Joachim Oujes a présenté au Prince Stadhouder un Maure nain de dix-huit ans, offert par M. Moffel, Gouverneur général des Indes hollandoises. Les États Généraux ont émis une ordonnance sur la pêche du hareng et autorisé les commandants de régiment à recruter à l'étranger. Le 8 juillet à Amsterdam, des nouvelles des Indes orientales ont rapporté un tremblement de terre à Amboina le 18 août précédent, causant la destruction des églises, du fort et du comptoir, ainsi que de nombreuses victimes. Quatre-vingt-cinq secousses supplémentaires ont été enregistrées jusqu'au 22 septembre. Les vaisseaux l'Amiral de Ruyter, l'Overfsiche et le Ruyteveld de la Compagnie des Indes orientales sont arrivés au Texel le 29 du mois précédent. Le 28 juin à Bruxelles, le tirage de la troisième classe de la lotterie de la ville a été achevé le 25 du mois. Les troupes pour former un camp près de Malines se rassembleront après la moisson. L'Impératrice Reine a envoyé le Général Baron d'Anger inspecter les fortifications des Pays-Bas.
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57
p. 252-254
« Le onzième tirage de la lotterie, pour le remboursement de partie [...] »
Début :
Le onzième tirage de la lotterie, pour le remboursement de partie [...]
Mots clefs :
Loterie, Rentes, Capitaux, Remboursement, Comtesse d'Egmont, Famille royale, Comtesse de Tessé, Reine, Roi, Vaisseaux, Attaque marine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le onzième tirage de la lotterie, pour le remboursement de partie [...] »
E onzième tirage de la lotterie , pour le rem
rentes
fur la caiffe générale des amortiffemens , fe fit
le 18 du mois de Juin à l'hôtel de Ville , en préfence
des Prévôt des Marchands & Echevins . Les
rembourfemens échus par le fort de la lotterie
montent à la fomme de quatorze cens cinq mille
quatre cens foixante livres . On acquittera les coupons
& les rembourſemens à la caiffe des amortiflemens
chez M. Blondel de Gagny , Tréſorier
de cette caiffe.
On fit le 20 les tirages des lotteries pour le
rembourfement de partie des capitaux des rentes
établies fur les poftes par les Edits des mois de
Novembre 1735 & Juin 1742. Selon le fort il
fera rembourlé trois cens foixante - fept mille
vingt livres fur les capitaux des rentes créées par
le premier de ces Edits , & quatre cens foixantetrois
mille deux cens foixante- cinq fur les capitaux
des rentes créées par le fecond. Les payemens
de ces rembourfemens , ainfi que des arrerages
defdites rentes , fe feront auffi à la caiffe des
amortiffemens.
La Comteffe d'Egmont , feconde douairiere ,
fille du Duc de Villars , prononça le 20 fes derniers
voeux dans le monaftere des Religieufes du
Calvaire , fauxbourg Saint Germain . Le Nonce du
Pape officia à cette cérémonie , & la Prédication
A OUST. 253
1755.4
fut faite par le P. Chapelain , de la Compagnie de
Jefus.
Le 27 Juin , le Roi nomma les femmes defti
nées au fervice du Prince ou de la Princeffe dont
Madame la Dauphine doit accoucher.
La Comteffe de Teffé fut préfentée le 29 à
leurs Majeftés & à la Famille royale. Elle a pris
le tabouret en qualité d'époufe d'un Grand d'Ef
pagne .
On fit le 30 du même mois le fixiéme tirage
de la lotterie pour le rembourſement des capitaux
des rentes , à trois pour cent , établies fur les po
ftes par Edit du mois de Mai 1751. Les payemens
pour ces rembourſemens fe font chez M. Paris de
Montmartel , Garde du Tréfor royal.
Le premier Juillet , le Roi arriva à Compiegne ,
accompagné de Mefdames de France. Sa Majesté ,
en venant de la Meute , fit l'honneur à M. de Ma
chault , Garde des Sceaux , de s'arrêter au château
d'Arnouville .
La Reine eſt arrivée le 2 au foir. Meſdames de
France , après avoir affifté au Salut dans l'Eglife
du Monaftere des Filles de Sainte - Marie , allerent
au- devant de la Reine jufqu'à deux lieues , &
elles revinrent dans le caroffe de Sa Majesté.
Le Roi a difpofé de l'Intendance de Rouen , va
cante par la démiffion de M. de la Bourdonnaye ,
Confeiller d'Etat , en faveur de M. Feydeau de
Brou , Maître des Requêtes , fils de M. Feydeau
de Brou , Confeiller d'Etat ordinaire , & au Confeil
royal.
Le 9 , Monfeigneur le Dauphin arriva de Ver
failles à Compiegne. Ce Prince n'y demeura que
jufqu'au 15.
Les Chanoines Réguliers de l'Abbaye de Sainte
Genevieve ont eu l'honneur de préfenter à leurs
254 MERCURE DE FRANCE.
Majeftés & à la Famille royale une Ode du Pere
Bernard , de leur Congrégation , fur la réconftruction
de leur égife .
On a appris par des lettres de Londres , que le
8 du mois dernier l'Amiral Boscawen a attaqué
avec fon Efcadre fur les bancs de Terre- neuve le
vaiffeau l'Alcide,qu'il a trouvé féparé de l'Eſcadre
Françoiſe , deſtinée pour le Canada , & qu'il s'en
eft emparé après une longue réfiftance de la part
de ce vaiffeau. Ces lettres ajoutent , que cet Amiral
a attaqué le même jour un vaiffeau chargé de
troupes , qui fe trouvoit auffi féparé de l'Eſcadre
du Roi , & fous l'eſcorte de l'Alcide. Auflitôt que
le Roi a été informé de cet événement , Sa Majefté
a envoyé ordre au Duc de Mirepoix , fon Ambaffadeur
à Londres , & à M. de Buffi , fon Miniftre
à Hanovre , de partir fur le champ , fans prende
congé , & de revenir en France.
rentes
fur la caiffe générale des amortiffemens , fe fit
le 18 du mois de Juin à l'hôtel de Ville , en préfence
des Prévôt des Marchands & Echevins . Les
rembourfemens échus par le fort de la lotterie
montent à la fomme de quatorze cens cinq mille
quatre cens foixante livres . On acquittera les coupons
& les rembourſemens à la caiffe des amortiflemens
chez M. Blondel de Gagny , Tréſorier
de cette caiffe.
On fit le 20 les tirages des lotteries pour le
rembourfement de partie des capitaux des rentes
établies fur les poftes par les Edits des mois de
Novembre 1735 & Juin 1742. Selon le fort il
fera rembourlé trois cens foixante - fept mille
vingt livres fur les capitaux des rentes créées par
le premier de ces Edits , & quatre cens foixantetrois
mille deux cens foixante- cinq fur les capitaux
des rentes créées par le fecond. Les payemens
de ces rembourfemens , ainfi que des arrerages
defdites rentes , fe feront auffi à la caiffe des
amortiffemens.
La Comteffe d'Egmont , feconde douairiere ,
fille du Duc de Villars , prononça le 20 fes derniers
voeux dans le monaftere des Religieufes du
Calvaire , fauxbourg Saint Germain . Le Nonce du
Pape officia à cette cérémonie , & la Prédication
A OUST. 253
1755.4
fut faite par le P. Chapelain , de la Compagnie de
Jefus.
Le 27 Juin , le Roi nomma les femmes defti
nées au fervice du Prince ou de la Princeffe dont
Madame la Dauphine doit accoucher.
La Comteffe de Teffé fut préfentée le 29 à
leurs Majeftés & à la Famille royale. Elle a pris
le tabouret en qualité d'époufe d'un Grand d'Ef
pagne .
On fit le 30 du même mois le fixiéme tirage
de la lotterie pour le rembourſement des capitaux
des rentes , à trois pour cent , établies fur les po
ftes par Edit du mois de Mai 1751. Les payemens
pour ces rembourſemens fe font chez M. Paris de
Montmartel , Garde du Tréfor royal.
Le premier Juillet , le Roi arriva à Compiegne ,
accompagné de Mefdames de France. Sa Majesté ,
en venant de la Meute , fit l'honneur à M. de Ma
chault , Garde des Sceaux , de s'arrêter au château
d'Arnouville .
La Reine eſt arrivée le 2 au foir. Meſdames de
France , après avoir affifté au Salut dans l'Eglife
du Monaftere des Filles de Sainte - Marie , allerent
au- devant de la Reine jufqu'à deux lieues , &
elles revinrent dans le caroffe de Sa Majesté.
Le Roi a difpofé de l'Intendance de Rouen , va
cante par la démiffion de M. de la Bourdonnaye ,
Confeiller d'Etat , en faveur de M. Feydeau de
Brou , Maître des Requêtes , fils de M. Feydeau
de Brou , Confeiller d'Etat ordinaire , & au Confeil
royal.
Le 9 , Monfeigneur le Dauphin arriva de Ver
failles à Compiegne. Ce Prince n'y demeura que
jufqu'au 15.
Les Chanoines Réguliers de l'Abbaye de Sainte
Genevieve ont eu l'honneur de préfenter à leurs
254 MERCURE DE FRANCE.
Majeftés & à la Famille royale une Ode du Pere
Bernard , de leur Congrégation , fur la réconftruction
de leur égife .
On a appris par des lettres de Londres , que le
8 du mois dernier l'Amiral Boscawen a attaqué
avec fon Efcadre fur les bancs de Terre- neuve le
vaiffeau l'Alcide,qu'il a trouvé féparé de l'Eſcadre
Françoiſe , deſtinée pour le Canada , & qu'il s'en
eft emparé après une longue réfiftance de la part
de ce vaiffeau. Ces lettres ajoutent , que cet Amiral
a attaqué le même jour un vaiffeau chargé de
troupes , qui fe trouvoit auffi féparé de l'Eſcadre
du Roi , & fous l'eſcorte de l'Alcide. Auflitôt que
le Roi a été informé de cet événement , Sa Majefté
a envoyé ordre au Duc de Mirepoix , fon Ambaffadeur
à Londres , & à M. de Buffi , fon Miniftre
à Hanovre , de partir fur le champ , fans prende
congé , & de revenir en France.
Fermer
Résumé : « Le onzième tirage de la lotterie, pour le remboursement de partie [...] »
Du 18 au 30 juin, plusieurs événements marquants ont eu lieu. Le 18 juin, le onzième tirage de la lotterie pour les rentes de la Caisse générale des amortissements a remboursé 1 405 460 livres, les paiements se faisant chez M. Blondel de Gagny. Le 20 juin, des tirages pour le remboursement partiel des capitaux des rentes établies par les édits de novembre 1735 et juin 1742 ont remboursé respectivement 367 020 et 453 265 livres. La Comtesse d'Egmont a prononcé ses derniers vœux au monastère des Religieuses du Calvaire. Le 27 juin, le Roi a nommé les femmes destinées au service du Prince ou de la Princesse attendu par Madame la Dauphine. Le 29 juin, la Comtesse de Tesse a été présentée à la cour. Le 30 juin, le sixième tirage de la lotterie pour le remboursement des capitaux des rentes à trois pour cent a eu lieu, les paiements se faisant chez M. Paris de Montmartel. Le 1er juillet, le Roi est arrivé à Compiègne avec Mesdames de France, suivi par la Reine le 2 juillet. Le Roi a nommé M. Feydeau de Brou à l'Intendance de Rouen. Le 9 juillet, Monseigneur le Dauphin est arrivé à Compiègne. Des nouvelles de Londres rapportent la capture de deux vaisseaux français par l'Amiral Boscawen. Le Roi a rappelé le Duc de Mirepoix et M. de Buffi en France.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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58
p. 135-156
Suite de l'Histoire abrégée des guerres des Algériens avec les Hollandois, traduite de l'Allemand, par M. Radix de Sainte Foy. 1755.
Début :
A peine la guerre fut-elle déclarée, que les Algériens commencerent à croiser [...]
Mots clefs :
Algériens, Hollandais, Guerre, Paix, Traité de paix, Barbares, Amiral, Escadre, Guerres, Vaisseaux, Vaisseaux de guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite de l'Histoire abrégée des guerres des Algériens avec les Hollandois, traduite de l'Allemand, par M. Radix de Sainte Foy. 1755.
Suite de l'Hiftoire abrégée des guerres des
Algériens avec les Hollandois , traduite.
de l'Allemand , par M. Radix de Sainte
Foy. 1755.
A
Peine la guerre fut- elle déclarée, que
les Algériens commencerent à croifer
fur les Hollandois , à les attaquer &
à les piller. Leur puiffance augmenta fi
fort en quelques années , que dès 1669
ils étoient déja en état , felon le témoignage
de l'Amiral Ruiter même , d'envoyer
en courfe trente- deux à trente - quatre
vaiffeaux bien armés , & bien munis
d'hommes , dont il y en avoit dix huit qui
étoient des vaiffeaux de guerre , de trente
à quarante piéces de canon , outre plufieurs
galeres cela donna tant d'inquié
tude aux Hollandois , qu'ils manderent au
fieur Beuningen leur Ambaffadeur en Angleterre
, de chercher quelques moyens
1
136 MERCURE DE FRANCE.
avec le Miniſtere de cette Cour pour réduire
ces Corfaires. Cet Ambaffadeur
écrivit à l'Amiral Ruiter , & le pria dans
fa lettre de lui mander fon fentiment fur
quelques points aufquels celui- ci réponpar
la lettre fuivante. dit
» Les vaiffeaux corfaires ont plus de
» monde , & font mieux armés qu'aucuns
» des vailleaux Chrétiens . S'il eft un tems
» où ils ont moins de monde , c'est celui
» de l'été , lorfque les Algériens ont be-
» foin de leurs foldats en campagne pour
» recueillir les tributs des Mores , pendant
que leurs grains font encore fur terre.
" Dans ce tems leurs forces maritimes
>> font fur le pied le plus foible : d'ailleurs
» ils font accoutumés à ne jamais licen-
» cier leurs foldats , & à avoir toujours le
» même nombre de troupes. Ils font obligés
de tenir toujours prêts quelques
>> vaiffeaux pour le fervice du Grand Sei-
» gneur. Ils en envoyent auffi quelques-
» uns pour commercer dans le Levant ,
» & le refte qui fait à-peu -près le tiers
» de toutes leurs forces va en courfe .
» Il eft abfolument impoffible de
pour-
» fuivre les vaiffeaux Algériens jufques
»derriere leur môle , parce que , pendant
prefque toute l'année , tous les vaif-
» feaux venant de la mer , & voulant en-
و د
SEPTEMBRE. 1755. 137
>> trer derriere le môle , lorfqu'ils en font
»à une portée de fufil , tombent dans un
» calme que la réverbération de la chaleur
de la ville caufe par fa fituation , & ref-
» tent dans une telle inaction qu'ils font
» obligés de fe faire conduire par de peti-
» tes barques , ou des chaloupes , ou de
» fe faire tirer avec des cordes ; mais cette
opération eft fi lente , qu'elle donne aux
»habitans le tems d'empêcher par des
trains , des chaînes , ou d'autres moyens
» l'entrée des vaiffeaux , quand même on
»les furprendroit tout- à -fait.
อง
و ر
» J'en ai moi - même fait l'expérience ,
» dit-il , en 16.55 , ainfi que l'Amiral Anglois
Sandvich en 1662 ; mais pour mon-
"trer le danger évident qu'il y a toute
» l'année à tenir bloquée la ville d'Alger ,
» je vous ajouterai que pendant l'hiver les
» vents du Nord , Nord- eft , Nord - ouest ,
» Eft-fud-ouest , foufflent avec tant d'impétuofité
, & agitent la mer avec une
» telle violence , qu'il eft très-dangereux
» d'en approcher ; c'eft ce que les Algériens
éprouverent eux - mêmes en Décem-
» bre 1662 , lorfqu'un vent du Nord - eft
» fit périr , même derriere leur môle , qua-
» torze barbarefques avec fept navires
» qu'ils avoient pris. Quand même on bra-
2 veroit tous ces dangers , & fuppofé que
ود
138 MERCURE DE FRANCE.
par un long blocus on les forçât à faire
la paix , fi leur marine n'en eft point
" affoiblie , ils ne tiendront le traité que
jufqu'à ce qu'ils trouvent leur avantage
à le rompre , comme cela est arrivé plufieurs
fois. Je penfe donc que le meil
leur moyen de leur nuire eft de croifer
» conftamment fur eux , parce que la croifiere
eft ce qui peut leur faire le plus de
tort , & peut feule les empêcher d'en
voyer leurs Pirates fur nos côtes. Qu'on
fe précautionne contre la viteffe de leurs
vaiffeaux , que fur le foir on étende les
➡ nôtres à une bonne diſtance les uns des
➡autres , & qu'on les laiffe dans un courant
avec la petite voile ; par cette ma
noeuvre on laffera les Algériens ; & fi
pendant la nuit ou fur le matin on découvre
un ou plufieurs barbarefques ,
❤que l'on coure auffi -tôt deffus , & qu'on
les attaques de cette maniere , dit- il , je
» les ai tellement refferrés , qu'ils ne pou
voient plus fe ranger fur deux lignes ,
» & qu'il leur falloit combattre defavantageufement
, ou fe retirer fous leur mô→
le ; mais il faut pour cela que les vaif-
» feaux qui croifent ne foient point bor
nés dans les ordres qu'ils ont des Etats
Généraux , & qu'ils puiffent agir &
changer leur croifiere felon l'occafions
ย
1
B
SEPTEMBRE. 1753. 139
L'entretien des bons réglemens qui regardent
l'armement & l'équipage des
vaiffeaux , continue - t - il , la conftruction
des Amiraux , & les ordres pour les
> bonnes eſcortes eft bien le feul & le vrai
➜ moyen de couper entierement les vivres
aux Barbares ; parce que s'ils voyoient
» enfin qu'on leur ôtât toutes leurs reffources
, ils pourroient bien faire un effort
» raffembler leurs forces , former une efcadre
, & attaquer alors les efcortes mémest
» & il n'eft pas douteux qu'avec leurs for-
» ces réunies , ils ne puiffent les enlever ,
parce que le tems du départ & du retour
des vaiffeaux chrétiens leur eft connu
ou que du moins ils peuvent toujours
en avoir avis.
»
« Les vaiffeaux de guerre qui croiferont
» ainfi , pourront aifément tenir en bride
les Corfaires , & quoique ces fortes
» d'armemens foient fort couteux , les convois
font cependant en fûreté ; les efcor-
» tes n'ont pas befoin d'être fi bien équi
» pées , & la République eft refpectée des
Barbares , comme les autres puiffances
>> maritimes. Que la Hollande & l'Angle
terre ſe joignent enfemble , que leurs
» efcadres fe tiennent éloignées l'une de
» l'autre , & que chacune ait fon parage
à nettoyer de ces écumeurs de mer , que
140 MERCURE DE FRANCE .
» même , pour prévenir tout fujet de ja
» loufie , les deux flottes changent de pa-
» rage au bout de quelques mois » .
»
« J'ai exhorté plus d'une fois , » dit encore
notre Amiral , « la Régence des Provinces-
Unies à ne jamais laiffer la Médi-
» terranée , fans y avoir des vaiſſeaux de
croifiere , parce que cela pourroit leur
» être très défavantageux dans quelques
» occafions , & qu'ils fe plaindroient lorf-
» qu'ils ne feroient plus en état d'y appor
»
» ter remede . »
La fin de fa lettre contient une espece
de prophétie fur l'avenir , où il y dit , & les
»Hollandois ont profité heureuſement de
» la fureté que les François & les Anglois
avoient établie dans la Méditerranée en
» y tenant une flotte confidérable ; mais
199 que les Anglois viennent à faire la paix
avec les Algériens , comme les François
l'ont déja faite , & que parlà la Répu-
»blique fe trouve feule en guerre avec les
» Barbares , alors elle court rifque de fouffrir
de grandes pertes. "
Les habitans des Provinces- Unies ont
éprouvé peu de tems après , pour leur malheur
, la vérité de ces paroles. Les Anglois
fous leur Vice - Amiral Allen , & les Hollan
dois fous le Vice - Amiral Van- Gent , s'unirent
en 1670, pour croifer fur les Algé,
e
SEPTEMBRE. 1755: 14T
›
riens felon le confeil de Ruiter , ils firent
échouer & brûlerent fix de leurs armateurs
après un combat de fix heures. Les François
d'un autre côté bombarderent deux
fois la ville d'Alger , & la réduifirent en
cendres ; c'eſt-à dire , une fois en 1682 .
fous Duquefne , & une autre fois en
1688. fous le Maréchal d'Eftrées. Il faut
remarquer en même tems que Duquesne
réitéra plus fort fon bombardement en
1683. Cet évenement fit que Baba- Haffan ,
Roi d'Alger , rendit tous les efclaves françois
, ce qui irrita tellement le peuple Algé
rien qu'il maffacra Baba- Haffan , & plaça
fur le trône fon Amiral Mezzomorto.
Les François en 1688. fous d'Estrées ,
jetterent dans la ville dix mille quatrevingt
bombes , & détruifirent les deux
tiers de la ville & deux vaiffeaux qui étoient
dans le port. Les Algériens pour fe venger
mirent le Conful françois tout vivant dans
un mortier , & le tirerent fur la flotte
françoiſe .
Il eft remarquable dans ce que nous ve
nons de dire , que les François malgré ces
infultes , conclurent un traité de paix dans
l'année fuivante 1689. avec les Algériens
pour fe fervir du fecours de ces Barbares
contre les Chrétiens , fçavoir , les Anglois
& les Hollandois , jufqu'à ce qu'enfin les
142 MERCURE DE FRANCE.
premiers firent auffi la paix avec eux ; ainfi
les Hollandois refterent feuls en guerre
avec les Corfaires , & les perres que fouffrirent
alors leur marine & leur commerce
, acheverent de vérifier ce que Ruiter.
avoit annoncé à la fin de fa lettre.
Enfin il fut conclu un traité de paix en
tre les Hollandois & les Algériens , ce fut
en 1712. que les Hollandois ne pouvant
voir plus long tems d'un oeil indifférent
les pirateries étonnantes de ces Barbares ,
la perte d'un nombre infini de leurs vaiffeaux
, la diminution de leur commerce &
de leur navigation , tandis que les Anglois,
les François & les autres nations , s'enri
chifloient de leurs dépouilles , ils réfolurent
de tout rifquer pour forcer les Algé
tiens à la paix.
En conféquence , ils firent les prépara
tifs néceflaires , & ils parurent devant Alger
avec une eſcadre nombreuſe de vaiffeaux
de guerre & de galiotes à bombes ,
prêts à traiter cette ville corfaire comme
les François leur en avoient déja donné
l'exemple ; les Algériens peu préparés à un
pareil évenement , fe prefferent de faire
des propofitions de paix , & dans cette
même année 1712. le traité fut conclu &
figné.
Les Articles de ce traité contenoiens
SEPTEMBRE. 1755. 143
entr'autres : « Que les deux partis ne croi-
» feroient plus l'un fur l'autre , & qu'ils
fe regarderoient à l'avenir comme amis ,
& fe fecoureroient réciproquement ; que
» les Hollandois dans la vente des mar-
» chandifes qu'ils apporteroient à Alger ,
ne payeroient pas plus de cinq pour
❤cent de douane , & que pour celles qu'ils
» en emporteroient , ils n'auroient rien à
payer ; que lorfqu'ils partiroient d'Al-
» ger ; on ne chercheroit point à les rete-
» nir & à arrêter leur départ fous des prétextes
frivoles . Que fi un navire hollan
» dois échouoit ou périffoit fur leurs côtes,
» les Algériens ne feroient aucun mal à
l'équipage , & ne les feroient pas efclaves
, comme ils le faifoient auparavant
Que tous les différends qui pourroient
s'élever , feroient à l'avenir portés devant
le conful de Hollande , réfident à
Alger , & que les Hollandois auroient
chez lui le libre exercice de leur reli-
» gion. »
99
Cependant quelques belles que furent
ces paroles , les Algériens montrerent bientôt
combien on doit faire peu de fond fur
la parole & fur les promeffes d'une nation
barbare , car dès l'année 1716. ils rompi
rent par une trahifon , un traité fi folemnellement
conclu , & ils parurent en mer
144 MERCURE DE FRANCE .
avec des efcadres nombreufes de barbaref
ques ; de forte que les affaires
fe trouverent
fur le même pied qu'elles
font à préfent.
En un mot , le Roy d'alors , ou plutôt
le Dey d'Alger & le Divan forcés par les
murmures & les mécontentemens du peuple
qui ménaçoit de maffacrer le Dey ,
furent obligés de déclarer la guerre aux
Hollandois qui n'y avoient donné nulle
occafion , car les armateurs fe plaignoient
alors comme aujourd'hui , qu'ils ne trou
voient aucune prife à faire pour fubfifter ,
parce qu'ils vivoient en paix avec trop de
Puiffances.
Lorfque les Etats Généraux apprirent
cette déclaration , ils envoyerent auffitôt
en mer quelques vaiffeaux de guerre pour
croifer fur les Algériens , felon le confeil
de Ruiter. Cet Amiral leur fit à la vérité
beaucoup de tort , fans cependant aucun
fuccès décidé , jufqu'en l'année 1721. que
leurs Hautes Puiffances fe déterminerent
à envoyer dans la Méditerranée une efcadre
confidérable pour forcer les Corfaires
à la paix,
Cette efcadre étoit au commencement
compofée de huit vaiffeaux de guerre &
deux Galiotes ; enfuite elle fut augmentée
de deux ou trois vaiffeaux de guerre fous
le
SEPTEMBRE. 1755. 145
le commandement du Vice - Amiral de
Sommelfdick , parce que les Algériens
étoient affez audacieux pour venir jufques
fur les côtes d'Angleterre pour y faire tous
les jours quelque prife fur les Hollandois.
Lorfque l'efcadre de ce Vice-Amiral parut
dans la Mediterranée , le Dey voulut faire
la paix , mais il en fut empêché par une
révolte qui s'éleva parmi les propriétaires
des vaiffeaux corfaires qui le menacerent
de le maffacrer auffitôt , s'il difoit feulement
un mot de paix avec les Hollandois
.
Dans le mois d'Août 1721. trois vaiffeaux
de guerre Efpagnols commandés par
leVice- Amiral Don Antonio Serano qui avoit
reçu ordre du Roy d'Efpagne de croifer
avec les Hollandois fur les Algériens , joignirent
l'Eſcadre Hollandoife qui étoit à
Malaga. De ce moment les Pirates firent
peu de prifes ou même aucune , & ils furent
tellement refferrés , qu'en 1722. ils
fongerent à faire un traité avec le Dey
d'Oran , le Dey de Conftantine & les plus
puiffans de leurs armateurs , par lequel
chacun d'eux devoit fournir un vaiffeau
neuf de foixante à foixante & dix pieces
de canon. Avec ces forces , ils efpéroient
braver l'efcadre chrétienne ; mais ce traité
ne fut pas exécuté , parce qu'il leur falloit
G
1
146 MERCURE DE FRANCE.
trop de tems pour la conftruction & l'armement
de ces vailleaux.
Dans le mois de May , le Capitaine Landgeveld
qui montoit le vaiffeau de guerre
Edam , prit près d'Heiſant un vaiffeau Algérien
de quatorze canons & de cent quarante
hommes d'équipage , qui avoit à
bord fix efclaves chrétiens . Il le mena à
Cadix où les Turcs & les Mores furent
vendus à l'enchere . Ce vaiffeau de guerre
étoit un de ceux du chef d'efcadre Grave ,
qui étoit forti pour ſe joindre à l'eſcadre
du Vice-Amiral efpagnol Serano , & pour
confulter avec lui les moyens de faire le
plus de tort qu'il fe pourroit aux corfaires
d'Alger & de Salé.
Le 11 Juillet 1722. les vaiſſeaux commandés
par le chef d'efcadre Grave , rencontrerent
près de la baye d'Althea l'efcadre
espagnole que montoit le Vice-Amiral
Don Antonio Serano , compofée de neuf
vaiffeaux de guerre . Le chef d'efcadre vint
au bord du Vice - Amiral pour lui dire
« qu'il avoit ordre de leurs Hautes- Puiffances
de croifer avec lui fur les corfai-
» res d'Alger & de Salé » . Le Vice - Amiral
approuva la réunion & demanda au chef
d'Èfcadre Grave fon fentiment fur les
moyens de la faire le plus avantageufement
aux deux nations. Celui- ci lui réponSEPTEMBRE.
1755. 147
و د
dit en ces termes : « Mon fentiment eft que
pour parvenir au but que nous nous fom-
» mes propofés , nous nous rendions fans
perdre de tems , avec nos deux efcadres
» aux places où les corfaires ont coutume
» de fe tenir. Là , felon les forces que nous
» leur connoîtrons , nous nous féparerons
» en trois ou quatre efcadres , & fur le
» foir nous nous tiendrons en panne , fort
❞ étendus , afin
que fi pendant la nuit ,
» ou à la pointe du jour les barbares nous
» attaquoient , nous puiffions tomber fur
» eux de tous côtés , par là nous gagne-
» rons fur eux beaucoup d'avantage , & la
plûpart de leurs prifes tomberont entre
nos mains. Les Algériens , continue- t - il ,
n'ont pas plus de feize vaiffeaux de cour-
» fe , & ils ont à peine deux mille hom-
» mes de mer , fi nous pouvons leur en
» enlever la moitié , & vendre les hommes
» comme efclaves , la force des autres fera
» bien diminuée , d'autant que les propriétaires
des vaiffeaux corfaires font pour la
dont les moyens
plûpart gens
font peu
» confidérables. Qu'on enleve donc quelques-
uns de leurs vaiffeaux , & qu'on
les empêche de faire aucune prife , alors
ils n'auront plus la force , ni l'envie d'en-
» voyer en mer ; ainfi , ce qui leur reftera
» de vaiffeaux , leur deviendra inutile , &
و د
Gij
148 MERCURE DE FRANCE.
33
» pourrira dans leur port . Il dit plus , files
Algériens perdent une fois leurs gens de
» mer , ils ne pourront de long- tems en
inftruire d'autres , parce qu'ils ne font
prefqu'aucun commerce. Mon avis eft
»donc , puifque le Roi d'Efpagne & les
»Etats Généraux ont décidé que nos deux
efcadres agiroient en commun , & que
leurs ordres ne nous fixent fur aucun
» parage , de croiſer quelque tems dans la
Méditerranée , par-là nous mettrons les
Algériens hors d'état , de plufieurs an-
» nées , de faire le moindre tort aux deux
» Puiffances ".
»
ور
"
Le Vice- Amiral Efpagnol lui répondit ,
« que ces réflexions lui paroiffoient juftes ,
» mais qu'il avoit ordre du Roi fon maî-
» tre fitôt que fes vaiffeaux feroient pour-
» vus d'eau , dont ils avoient grand befoin,
» parce qu'il y avoit déja quarante jours
» qu'ils étoient en mer , fans en avoir fait
» de fraiche , & fans avoir vu plus d'un
vaiffeau corfaire , de cingler vers Alger ,
,, & de mouiller devant la ville pour empêcher
la fortie des Pirates , & furtout de
» huit d'entr'eux , qui felon les avis qu'on
» lui en avoit donné , devoient aller joindre
dans le Levant quelques vaiffeaux
» Turcs ; que par cette raiſon , il l'invitoit
» à partir avec lui pour Alger le dix- huit
SEPTEMBRE . 1755. 149
» du mois , auquel jour il efpéroit avoir
» fait fes provifions d'eau » .
Le chef d'efcadre Hollandois répondit :
<< aller mouiller devant Alger , & y tenir
» enfermés les vaiffeaux prêts à en partir ,
c'eft à mon avis , leur faire bien moins
»de tort que fi nous les attaquions & les
» détruifions en pleine mer , d'ailleurs je
» crains fi vous ne fortez
que
pas
de cette
baye avant le 18 , il ne foit alors trop
» tard pour empêcher le départ des Algériens
, parce que felon le témoignage
» unanime de mes prifonniers
, les corfai-
» res ont coutume de fe mettre en mer
» trois ou quatre jours après la premiere
nouvelle lune , qui tombe après la fête
» de leur Bayram , qui finit après- demain .
" Outre cela les vents de l'Eft & de l'Oueft ,
foufflent avec tant d'impétuofité devant
Alger , qu'il eft très- dangereux de fe te-
» nir long- tems dans la rade avec une ef-
» cadre » .
>
Enfin ils convinrent enfemble que Grave
fortiroit de la Baye d'Althea , le jour ſuivant
qui étoit le 12 de Juillet , & qu'il
iroit fe joindre au capitaine Akerfloor
qui avoit eu ordre , auffitôt qu'il auroit
réparé le dommage qu'il avoit effuyé fur
mer , de croifer aux environs de Malaga ;
que l'Amiral Efpagnol cingleroit droit à
Giij
150 MERCURE DE FRANCE.
Alger le 18. qu'il y jetteroit l'ancre , & que
le chef d'efcadre auffitôt qu'il feroit arrivé
au cap Mole , prendroit pareillement la
route d'Alger pour y mouiller auffi .
Ils convinrent auffi que l'efcadre efpagnole
prendroit fa route par le Levant , &
les Hollandois par le Couchant , pour enlever
plus certainement les Pirates qui devroient
être déja partis ; & que lorfqu'ils
feroient arrivés à la rade d'Alger , & qu'ils
auroient vu l'état des vaiffeaux qui y feroient
, ils examineroient davantage ce que
pourroient faire leurs deux efcadres pour
faire le plus de tort aux Barbares.
Cette convention fut fignée par les deux
commandans , enfuite on donna aux capitaines
des deux eſcadres les fignaux néceffaires
pour qu'ils puffent toujours fe reconnoître
au loin , foit le jour , foit la nuit,
& les rendez- vous furent affignés pour fe
raffembler , foit que les vents de l'Eft ou de
l'Oueft les difperfaffent.
Le chef d'efcadre Grave qui avoit mis à
la voile d'Althea pour Alger le 18 , n'y
arriva que le 27, à caufe d'un grand calme
, & il trouva neuf vaiffeaux corfaires
défarmés derriere le Mole qui étoit garni
d'une batterie de vingt- quatre canons , &
les Barbares bâtiffoient encore un fort à la
pointe extérieure de la Baye du côté du
Levant.
SEPTEMBRE. 1755. 1st
L'efcadre Efpagnole ne fe fit pas voir
devant Alger avant le 31 de Juillet , les
Hollandois s'en retournoient déja lorfqu'ils
la rencontrerent , ils convinrent alors que
les Efpagnols croiferoient jufqu'au 15 Septembre
devant Alger & fur les côtes d'Efpagne
& de Barbarie , depuis le cap Martin
, jufqu'au cap de Gata , pendant que
les Hollandois croiferoient jufqu'au même
jour depuis Malaga & le détroit de Gibral
tar , jufqu'au cap S. Vincent & jufqu'aux
côtes de la Mauritanie. Après cette décifion
les deux efcadres fe féparerent . La
croifiere de l'efcadre Hollandoife qui revint
dans le Texel le 27 Novembre , fut
totalement infructueufe , car elle ne vit
prefque aucun corfaire , & n'en prit aucun,
Les Algériens de leur côté ne leur firent
de même aucune prife pendant tout l'été.
Mais en Avril 1723. Ils mirent en mer
toutes leurs forces , & ils prirent deux
vaiffeaux Hollandois , & deux ou trois
Efpagnols ; dans le mois de Juin ils prirent
quatre ou cinq flûtes Hollandoifes , &
firent encore quelques prifes.
La raifon qui avoit porté les Algériens
à mettre en mer toutes leurs forces , étoit
la grande difette de bled & autres vivres
ce qui faifoit que lorfqu'ils prenoient quelques
bâtimens qui en étoient chargés , ces
Giv
152 MERCURE DE FRANCE.
prifes leur étoient d'un grand fecours , parlà
ils firent aux Hollandois fur tout un
tort confidérable , parce comme le bled
manquoit à Malaga & dans tous les autres.
ports d'Espagne & de Portugal , les Hollandois
en envoyoient des vaiffeaux chargés
qui tomboient entre les mains des Corfaires.
En attendant ces prifes , la difette
de bled , d'huile & d'autres chofes néceffaires
à la vie , étoit fi grande à Alger ,
que les Hollandois qui y étoient , penfoient
que l'on réduiroit facilement la ville à
toute extrémité , fi on bloquoit le port
feulement avec fix vaiffeaux de guerre , &
qu'alors maîtres des habitans , on les forceroit
à une paix avantageufe aux Hollandois.
Malgré la quantité de barbarefques
que les Algériens avoient en mer , le mois
de Septembre fe paffa tout entier fans qu'ils
fiffent aucune prife , mais au commencement
de Novembre , un vaiffeau de guerre
Hollandois , monté par le Capitaine de
Graf, que la tempête avoit écarté de l'efcadre
du Commandant Godin , prit un
vaiffeau de guerre Algérien de vingt- quatre
pieces de canons , & de deux cens dix
hommes d'équipage , & il trouva à fon
bord fix efclaves chrétiens .
Cette efcadre continuoit toujours à croifer
fans effet. Dans le mois de Février
SEPTEMBRE. 1755. 153
1724. Elle fut augmentée de deux autres
vaiffeaux & d'une galiote chargée de munitions
de
guerre .
Le fieur Godin reçut avec ce renfort un
ordre de traiter de paix avec la Régence ;
en conféquence , il fit voile vers Alger , &
dans le mois de Mars 1724. il fit faire des
propofitions de paix au Dey qui parut trèsdifpofé
à les écouter. Les Barbares furent
fi irrités de cette prétendue foibleffe de
leur fouverain , que le 18 Mars aprèsmidi
, comme il fe promenoit fur le bord
de la mer , ils tomberent fur lui avec fureur
& le mirent en pieces , ils éleverent à
fa place un certain Ofman , qui le jour
fuivant fit fabrer dix-huit des affaflins de
fon prédéceffeur.
Alors toutes les négociations de paix
devinrent inutiles , & l'efcadre Hollandoife
fut encore augmentée de deux vaiffeaux
de guerre ; malgré ces renforts tout
le butin qu'elle fit pendant cette année
confiftoit en trois ou quatre vaiffeaux corfaires
, & dans le mois de Décembre elle
revint en Zélande après avoir effuyé une
grande tempête.
Dans le mois d'Avril 1725 , es Hollandois
envoyerent une nouvelle efcadre
fous le Vice-Amiral Sommelick , & ls firent
prier , comme ils le font aujourd hui , le
Gy
154 MERCURE DE FRANCE.
Grand Seigneur , par leur Ambaffadeur à
Conftantinople , de vouloir bien engager
à la paix la République d'Alger . Les Algériens
firent de belles promeffes ; la conclufion
du traité traîna néanmoins juſqu'au
8 Septembre 1726 , mais pendant ce délai,
les Hollandois leur firent tout le tort poffible.
Le traité de paix confifte en douze articles.
Les Corfaires s'y obligerent à tenir
tout ce qu'ils n'avoient pas obfervé jufqu'alors
, comme nous allons le voir.
Plus les Algériens ont juré fur les traités
que la néceffité leur a fait conclure ,
moins ils les ont tenus , & il eft étonnant
après cela que les Puiffances Chrétiennes
puiffent y avoir la moindre confiance
mais ils ne fe font joués d'aucune Puiffance
comme des Hollandois , qu'ils n'ont
refpectés , que tant que leurs vaiffeaux ont
croifé fur eux , & bloqué leur Port.
Les Articles de ce traité montrent combien
peu les Corfaires l'ont obfervé , & la
fuite n'a que trop confirmé leur mauvaiſe
foi. Nous les rapporterons pour
abrégé .
finir cet
I. Il y aura une paix conftante entre la
Régence d'Alger & les Hollandois.
II. Les Hollandois feront tenus de payer
cinq pour cent de douane pour les marchanSEPTEMBRE.
1755. 155
difes qu'ils apporteront fuivant le traité de
paix de 1712 .
III. Les munitions de guerre & les autres
marchandises de contrebande ne feront fujettes
à aucuns droits .
IV. Les Etrangers quife trouveront fur les
vaiffeaux Hollandois ne feront nullement inquietés
par les Algériens.
V. Les marchandifes & les effets des vaiffeaux
Hollandois échoués fur les côtes d'Alger,
ne feront point pillés , & les hommes ne
feront pas faits esclaves.
VI. Il ne pourra entrer aucun vaiſſeau Algérien
dans les ports de Hollande.
VII. Si un vaiffeau Hollandois mouille devant
Alger , il fera pourvu des vivres néceffaires.
VIII. Nul Marchand Hollandois ne pourra
être fait esclave dans aucune place appartenante
aux Algériens.
IX . Si un Commerçant Hollandois meurt à
Alger , on nefera point de faifie de fes biens.
X. Les differends qui s'éleveront entre les
Hollandois les Mahometans , feront jugés
on accommodés par le Conful de Hollande.
XI . Le Conful de Hollande jouira d'une
protection entiere de la République , il aura
chez lui le libre exercice de fa Religion , an
quel les efclaves de la même Religion pourront
affifter.
Ġ vj
156 MERCURE DE FRANCE .
XII. Les paffe -ports qu'on donne auxMarchands
Hollandois feront renouvellés tous les
trois ans , & toutes les hoftilités paffées feront
mifes en oubli.
Algériens avec les Hollandois , traduite.
de l'Allemand , par M. Radix de Sainte
Foy. 1755.
A
Peine la guerre fut- elle déclarée, que
les Algériens commencerent à croifer
fur les Hollandois , à les attaquer &
à les piller. Leur puiffance augmenta fi
fort en quelques années , que dès 1669
ils étoient déja en état , felon le témoignage
de l'Amiral Ruiter même , d'envoyer
en courfe trente- deux à trente - quatre
vaiffeaux bien armés , & bien munis
d'hommes , dont il y en avoit dix huit qui
étoient des vaiffeaux de guerre , de trente
à quarante piéces de canon , outre plufieurs
galeres cela donna tant d'inquié
tude aux Hollandois , qu'ils manderent au
fieur Beuningen leur Ambaffadeur en Angleterre
, de chercher quelques moyens
1
136 MERCURE DE FRANCE.
avec le Miniſtere de cette Cour pour réduire
ces Corfaires. Cet Ambaffadeur
écrivit à l'Amiral Ruiter , & le pria dans
fa lettre de lui mander fon fentiment fur
quelques points aufquels celui- ci réponpar
la lettre fuivante. dit
» Les vaiffeaux corfaires ont plus de
» monde , & font mieux armés qu'aucuns
» des vailleaux Chrétiens . S'il eft un tems
» où ils ont moins de monde , c'est celui
» de l'été , lorfque les Algériens ont be-
» foin de leurs foldats en campagne pour
» recueillir les tributs des Mores , pendant
que leurs grains font encore fur terre.
" Dans ce tems leurs forces maritimes
>> font fur le pied le plus foible : d'ailleurs
» ils font accoutumés à ne jamais licen-
» cier leurs foldats , & à avoir toujours le
» même nombre de troupes. Ils font obligés
de tenir toujours prêts quelques
>> vaiffeaux pour le fervice du Grand Sei-
» gneur. Ils en envoyent auffi quelques-
» uns pour commercer dans le Levant ,
» & le refte qui fait à-peu -près le tiers
» de toutes leurs forces va en courfe .
» Il eft abfolument impoffible de
pour-
» fuivre les vaiffeaux Algériens jufques
»derriere leur môle , parce que , pendant
prefque toute l'année , tous les vaif-
» feaux venant de la mer , & voulant en-
و د
SEPTEMBRE. 1755. 137
>> trer derriere le môle , lorfqu'ils en font
»à une portée de fufil , tombent dans un
» calme que la réverbération de la chaleur
de la ville caufe par fa fituation , & ref-
» tent dans une telle inaction qu'ils font
» obligés de fe faire conduire par de peti-
» tes barques , ou des chaloupes , ou de
» fe faire tirer avec des cordes ; mais cette
opération eft fi lente , qu'elle donne aux
»habitans le tems d'empêcher par des
trains , des chaînes , ou d'autres moyens
» l'entrée des vaiffeaux , quand même on
»les furprendroit tout- à -fait.
อง
و ر
» J'en ai moi - même fait l'expérience ,
» dit-il , en 16.55 , ainfi que l'Amiral Anglois
Sandvich en 1662 ; mais pour mon-
"trer le danger évident qu'il y a toute
» l'année à tenir bloquée la ville d'Alger ,
» je vous ajouterai que pendant l'hiver les
» vents du Nord , Nord- eft , Nord - ouest ,
» Eft-fud-ouest , foufflent avec tant d'impétuofité
, & agitent la mer avec une
» telle violence , qu'il eft très-dangereux
» d'en approcher ; c'eft ce que les Algériens
éprouverent eux - mêmes en Décem-
» bre 1662 , lorfqu'un vent du Nord - eft
» fit périr , même derriere leur môle , qua-
» torze barbarefques avec fept navires
» qu'ils avoient pris. Quand même on bra-
2 veroit tous ces dangers , & fuppofé que
ود
138 MERCURE DE FRANCE.
par un long blocus on les forçât à faire
la paix , fi leur marine n'en eft point
" affoiblie , ils ne tiendront le traité que
jufqu'à ce qu'ils trouvent leur avantage
à le rompre , comme cela est arrivé plufieurs
fois. Je penfe donc que le meil
leur moyen de leur nuire eft de croifer
» conftamment fur eux , parce que la croifiere
eft ce qui peut leur faire le plus de
tort , & peut feule les empêcher d'en
voyer leurs Pirates fur nos côtes. Qu'on
fe précautionne contre la viteffe de leurs
vaiffeaux , que fur le foir on étende les
➡ nôtres à une bonne diſtance les uns des
➡autres , & qu'on les laiffe dans un courant
avec la petite voile ; par cette ma
noeuvre on laffera les Algériens ; & fi
pendant la nuit ou fur le matin on découvre
un ou plufieurs barbarefques ,
❤que l'on coure auffi -tôt deffus , & qu'on
les attaques de cette maniere , dit- il , je
» les ai tellement refferrés , qu'ils ne pou
voient plus fe ranger fur deux lignes ,
» & qu'il leur falloit combattre defavantageufement
, ou fe retirer fous leur mô→
le ; mais il faut pour cela que les vaif-
» feaux qui croifent ne foient point bor
nés dans les ordres qu'ils ont des Etats
Généraux , & qu'ils puiffent agir &
changer leur croifiere felon l'occafions
ย
1
B
SEPTEMBRE. 1753. 139
L'entretien des bons réglemens qui regardent
l'armement & l'équipage des
vaiffeaux , continue - t - il , la conftruction
des Amiraux , & les ordres pour les
> bonnes eſcortes eft bien le feul & le vrai
➜ moyen de couper entierement les vivres
aux Barbares ; parce que s'ils voyoient
» enfin qu'on leur ôtât toutes leurs reffources
, ils pourroient bien faire un effort
» raffembler leurs forces , former une efcadre
, & attaquer alors les efcortes mémest
» & il n'eft pas douteux qu'avec leurs for-
» ces réunies , ils ne puiffent les enlever ,
parce que le tems du départ & du retour
des vaiffeaux chrétiens leur eft connu
ou que du moins ils peuvent toujours
en avoir avis.
»
« Les vaiffeaux de guerre qui croiferont
» ainfi , pourront aifément tenir en bride
les Corfaires , & quoique ces fortes
» d'armemens foient fort couteux , les convois
font cependant en fûreté ; les efcor-
» tes n'ont pas befoin d'être fi bien équi
» pées , & la République eft refpectée des
Barbares , comme les autres puiffances
>> maritimes. Que la Hollande & l'Angle
terre ſe joignent enfemble , que leurs
» efcadres fe tiennent éloignées l'une de
» l'autre , & que chacune ait fon parage
à nettoyer de ces écumeurs de mer , que
140 MERCURE DE FRANCE .
» même , pour prévenir tout fujet de ja
» loufie , les deux flottes changent de pa-
» rage au bout de quelques mois » .
»
« J'ai exhorté plus d'une fois , » dit encore
notre Amiral , « la Régence des Provinces-
Unies à ne jamais laiffer la Médi-
» terranée , fans y avoir des vaiſſeaux de
croifiere , parce que cela pourroit leur
» être très défavantageux dans quelques
» occafions , & qu'ils fe plaindroient lorf-
» qu'ils ne feroient plus en état d'y appor
»
» ter remede . »
La fin de fa lettre contient une espece
de prophétie fur l'avenir , où il y dit , & les
»Hollandois ont profité heureuſement de
» la fureté que les François & les Anglois
avoient établie dans la Méditerranée en
» y tenant une flotte confidérable ; mais
199 que les Anglois viennent à faire la paix
avec les Algériens , comme les François
l'ont déja faite , & que parlà la Répu-
»blique fe trouve feule en guerre avec les
» Barbares , alors elle court rifque de fouffrir
de grandes pertes. "
Les habitans des Provinces- Unies ont
éprouvé peu de tems après , pour leur malheur
, la vérité de ces paroles. Les Anglois
fous leur Vice - Amiral Allen , & les Hollan
dois fous le Vice - Amiral Van- Gent , s'unirent
en 1670, pour croifer fur les Algé,
e
SEPTEMBRE. 1755: 14T
›
riens felon le confeil de Ruiter , ils firent
échouer & brûlerent fix de leurs armateurs
après un combat de fix heures. Les François
d'un autre côté bombarderent deux
fois la ville d'Alger , & la réduifirent en
cendres ; c'eſt-à dire , une fois en 1682 .
fous Duquefne , & une autre fois en
1688. fous le Maréchal d'Eftrées. Il faut
remarquer en même tems que Duquesne
réitéra plus fort fon bombardement en
1683. Cet évenement fit que Baba- Haffan ,
Roi d'Alger , rendit tous les efclaves françois
, ce qui irrita tellement le peuple Algé
rien qu'il maffacra Baba- Haffan , & plaça
fur le trône fon Amiral Mezzomorto.
Les François en 1688. fous d'Estrées ,
jetterent dans la ville dix mille quatrevingt
bombes , & détruifirent les deux
tiers de la ville & deux vaiffeaux qui étoient
dans le port. Les Algériens pour fe venger
mirent le Conful françois tout vivant dans
un mortier , & le tirerent fur la flotte
françoiſe .
Il eft remarquable dans ce que nous ve
nons de dire , que les François malgré ces
infultes , conclurent un traité de paix dans
l'année fuivante 1689. avec les Algériens
pour fe fervir du fecours de ces Barbares
contre les Chrétiens , fçavoir , les Anglois
& les Hollandois , jufqu'à ce qu'enfin les
142 MERCURE DE FRANCE.
premiers firent auffi la paix avec eux ; ainfi
les Hollandois refterent feuls en guerre
avec les Corfaires , & les perres que fouffrirent
alors leur marine & leur commerce
, acheverent de vérifier ce que Ruiter.
avoit annoncé à la fin de fa lettre.
Enfin il fut conclu un traité de paix en
tre les Hollandois & les Algériens , ce fut
en 1712. que les Hollandois ne pouvant
voir plus long tems d'un oeil indifférent
les pirateries étonnantes de ces Barbares ,
la perte d'un nombre infini de leurs vaiffeaux
, la diminution de leur commerce &
de leur navigation , tandis que les Anglois,
les François & les autres nations , s'enri
chifloient de leurs dépouilles , ils réfolurent
de tout rifquer pour forcer les Algé
tiens à la paix.
En conféquence , ils firent les prépara
tifs néceflaires , & ils parurent devant Alger
avec une eſcadre nombreuſe de vaiffeaux
de guerre & de galiotes à bombes ,
prêts à traiter cette ville corfaire comme
les François leur en avoient déja donné
l'exemple ; les Algériens peu préparés à un
pareil évenement , fe prefferent de faire
des propofitions de paix , & dans cette
même année 1712. le traité fut conclu &
figné.
Les Articles de ce traité contenoiens
SEPTEMBRE. 1755. 143
entr'autres : « Que les deux partis ne croi-
» feroient plus l'un fur l'autre , & qu'ils
fe regarderoient à l'avenir comme amis ,
& fe fecoureroient réciproquement ; que
» les Hollandois dans la vente des mar-
» chandifes qu'ils apporteroient à Alger ,
ne payeroient pas plus de cinq pour
❤cent de douane , & que pour celles qu'ils
» en emporteroient , ils n'auroient rien à
payer ; que lorfqu'ils partiroient d'Al-
» ger ; on ne chercheroit point à les rete-
» nir & à arrêter leur départ fous des prétextes
frivoles . Que fi un navire hollan
» dois échouoit ou périffoit fur leurs côtes,
» les Algériens ne feroient aucun mal à
l'équipage , & ne les feroient pas efclaves
, comme ils le faifoient auparavant
Que tous les différends qui pourroient
s'élever , feroient à l'avenir portés devant
le conful de Hollande , réfident à
Alger , & que les Hollandois auroient
chez lui le libre exercice de leur reli-
» gion. »
99
Cependant quelques belles que furent
ces paroles , les Algériens montrerent bientôt
combien on doit faire peu de fond fur
la parole & fur les promeffes d'une nation
barbare , car dès l'année 1716. ils rompi
rent par une trahifon , un traité fi folemnellement
conclu , & ils parurent en mer
144 MERCURE DE FRANCE .
avec des efcadres nombreufes de barbaref
ques ; de forte que les affaires
fe trouverent
fur le même pied qu'elles
font à préfent.
En un mot , le Roy d'alors , ou plutôt
le Dey d'Alger & le Divan forcés par les
murmures & les mécontentemens du peuple
qui ménaçoit de maffacrer le Dey ,
furent obligés de déclarer la guerre aux
Hollandois qui n'y avoient donné nulle
occafion , car les armateurs fe plaignoient
alors comme aujourd'hui , qu'ils ne trou
voient aucune prife à faire pour fubfifter ,
parce qu'ils vivoient en paix avec trop de
Puiffances.
Lorfque les Etats Généraux apprirent
cette déclaration , ils envoyerent auffitôt
en mer quelques vaiffeaux de guerre pour
croifer fur les Algériens , felon le confeil
de Ruiter. Cet Amiral leur fit à la vérité
beaucoup de tort , fans cependant aucun
fuccès décidé , jufqu'en l'année 1721. que
leurs Hautes Puiffances fe déterminerent
à envoyer dans la Méditerranée une efcadre
confidérable pour forcer les Corfaires
à la paix,
Cette efcadre étoit au commencement
compofée de huit vaiffeaux de guerre &
deux Galiotes ; enfuite elle fut augmentée
de deux ou trois vaiffeaux de guerre fous
le
SEPTEMBRE. 1755. 145
le commandement du Vice - Amiral de
Sommelfdick , parce que les Algériens
étoient affez audacieux pour venir jufques
fur les côtes d'Angleterre pour y faire tous
les jours quelque prife fur les Hollandois.
Lorfque l'efcadre de ce Vice-Amiral parut
dans la Mediterranée , le Dey voulut faire
la paix , mais il en fut empêché par une
révolte qui s'éleva parmi les propriétaires
des vaiffeaux corfaires qui le menacerent
de le maffacrer auffitôt , s'il difoit feulement
un mot de paix avec les Hollandois
.
Dans le mois d'Août 1721. trois vaiffeaux
de guerre Efpagnols commandés par
leVice- Amiral Don Antonio Serano qui avoit
reçu ordre du Roy d'Efpagne de croifer
avec les Hollandois fur les Algériens , joignirent
l'Eſcadre Hollandoife qui étoit à
Malaga. De ce moment les Pirates firent
peu de prifes ou même aucune , & ils furent
tellement refferrés , qu'en 1722. ils
fongerent à faire un traité avec le Dey
d'Oran , le Dey de Conftantine & les plus
puiffans de leurs armateurs , par lequel
chacun d'eux devoit fournir un vaiffeau
neuf de foixante à foixante & dix pieces
de canon. Avec ces forces , ils efpéroient
braver l'efcadre chrétienne ; mais ce traité
ne fut pas exécuté , parce qu'il leur falloit
G
1
146 MERCURE DE FRANCE.
trop de tems pour la conftruction & l'armement
de ces vailleaux.
Dans le mois de May , le Capitaine Landgeveld
qui montoit le vaiffeau de guerre
Edam , prit près d'Heiſant un vaiffeau Algérien
de quatorze canons & de cent quarante
hommes d'équipage , qui avoit à
bord fix efclaves chrétiens . Il le mena à
Cadix où les Turcs & les Mores furent
vendus à l'enchere . Ce vaiffeau de guerre
étoit un de ceux du chef d'efcadre Grave ,
qui étoit forti pour ſe joindre à l'eſcadre
du Vice-Amiral efpagnol Serano , & pour
confulter avec lui les moyens de faire le
plus de tort qu'il fe pourroit aux corfaires
d'Alger & de Salé.
Le 11 Juillet 1722. les vaiſſeaux commandés
par le chef d'efcadre Grave , rencontrerent
près de la baye d'Althea l'efcadre
espagnole que montoit le Vice-Amiral
Don Antonio Serano , compofée de neuf
vaiffeaux de guerre . Le chef d'efcadre vint
au bord du Vice - Amiral pour lui dire
« qu'il avoit ordre de leurs Hautes- Puiffances
de croifer avec lui fur les corfai-
» res d'Alger & de Salé » . Le Vice - Amiral
approuva la réunion & demanda au chef
d'Èfcadre Grave fon fentiment fur les
moyens de la faire le plus avantageufement
aux deux nations. Celui- ci lui réponSEPTEMBRE.
1755. 147
و د
dit en ces termes : « Mon fentiment eft que
pour parvenir au but que nous nous fom-
» mes propofés , nous nous rendions fans
perdre de tems , avec nos deux efcadres
» aux places où les corfaires ont coutume
» de fe tenir. Là , felon les forces que nous
» leur connoîtrons , nous nous féparerons
» en trois ou quatre efcadres , & fur le
» foir nous nous tiendrons en panne , fort
❞ étendus , afin
que fi pendant la nuit ,
» ou à la pointe du jour les barbares nous
» attaquoient , nous puiffions tomber fur
» eux de tous côtés , par là nous gagne-
» rons fur eux beaucoup d'avantage , & la
plûpart de leurs prifes tomberont entre
nos mains. Les Algériens , continue- t - il ,
n'ont pas plus de feize vaiffeaux de cour-
» fe , & ils ont à peine deux mille hom-
» mes de mer , fi nous pouvons leur en
» enlever la moitié , & vendre les hommes
» comme efclaves , la force des autres fera
» bien diminuée , d'autant que les propriétaires
des vaiffeaux corfaires font pour la
dont les moyens
plûpart gens
font peu
» confidérables. Qu'on enleve donc quelques-
uns de leurs vaiffeaux , & qu'on
les empêche de faire aucune prife , alors
ils n'auront plus la force , ni l'envie d'en-
» voyer en mer ; ainfi , ce qui leur reftera
» de vaiffeaux , leur deviendra inutile , &
و د
Gij
148 MERCURE DE FRANCE.
33
» pourrira dans leur port . Il dit plus , files
Algériens perdent une fois leurs gens de
» mer , ils ne pourront de long- tems en
inftruire d'autres , parce qu'ils ne font
prefqu'aucun commerce. Mon avis eft
»donc , puifque le Roi d'Efpagne & les
»Etats Généraux ont décidé que nos deux
efcadres agiroient en commun , & que
leurs ordres ne nous fixent fur aucun
» parage , de croiſer quelque tems dans la
Méditerranée , par-là nous mettrons les
Algériens hors d'état , de plufieurs an-
» nées , de faire le moindre tort aux deux
» Puiffances ".
»
ور
"
Le Vice- Amiral Efpagnol lui répondit ,
« que ces réflexions lui paroiffoient juftes ,
» mais qu'il avoit ordre du Roi fon maî-
» tre fitôt que fes vaiffeaux feroient pour-
» vus d'eau , dont ils avoient grand befoin,
» parce qu'il y avoit déja quarante jours
» qu'ils étoient en mer , fans en avoir fait
» de fraiche , & fans avoir vu plus d'un
vaiffeau corfaire , de cingler vers Alger ,
,, & de mouiller devant la ville pour empêcher
la fortie des Pirates , & furtout de
» huit d'entr'eux , qui felon les avis qu'on
» lui en avoit donné , devoient aller joindre
dans le Levant quelques vaiffeaux
» Turcs ; que par cette raiſon , il l'invitoit
» à partir avec lui pour Alger le dix- huit
SEPTEMBRE . 1755. 149
» du mois , auquel jour il efpéroit avoir
» fait fes provifions d'eau » .
Le chef d'efcadre Hollandois répondit :
<< aller mouiller devant Alger , & y tenir
» enfermés les vaiffeaux prêts à en partir ,
c'eft à mon avis , leur faire bien moins
»de tort que fi nous les attaquions & les
» détruifions en pleine mer , d'ailleurs je
» crains fi vous ne fortez
que
pas
de cette
baye avant le 18 , il ne foit alors trop
» tard pour empêcher le départ des Algériens
, parce que felon le témoignage
» unanime de mes prifonniers
, les corfai-
» res ont coutume de fe mettre en mer
» trois ou quatre jours après la premiere
nouvelle lune , qui tombe après la fête
» de leur Bayram , qui finit après- demain .
" Outre cela les vents de l'Eft & de l'Oueft ,
foufflent avec tant d'impétuofité devant
Alger , qu'il eft très- dangereux de fe te-
» nir long- tems dans la rade avec une ef-
» cadre » .
>
Enfin ils convinrent enfemble que Grave
fortiroit de la Baye d'Althea , le jour ſuivant
qui étoit le 12 de Juillet , & qu'il
iroit fe joindre au capitaine Akerfloor
qui avoit eu ordre , auffitôt qu'il auroit
réparé le dommage qu'il avoit effuyé fur
mer , de croifer aux environs de Malaga ;
que l'Amiral Efpagnol cingleroit droit à
Giij
150 MERCURE DE FRANCE.
Alger le 18. qu'il y jetteroit l'ancre , & que
le chef d'efcadre auffitôt qu'il feroit arrivé
au cap Mole , prendroit pareillement la
route d'Alger pour y mouiller auffi .
Ils convinrent auffi que l'efcadre efpagnole
prendroit fa route par le Levant , &
les Hollandois par le Couchant , pour enlever
plus certainement les Pirates qui devroient
être déja partis ; & que lorfqu'ils
feroient arrivés à la rade d'Alger , & qu'ils
auroient vu l'état des vaiffeaux qui y feroient
, ils examineroient davantage ce que
pourroient faire leurs deux efcadres pour
faire le plus de tort aux Barbares.
Cette convention fut fignée par les deux
commandans , enfuite on donna aux capitaines
des deux eſcadres les fignaux néceffaires
pour qu'ils puffent toujours fe reconnoître
au loin , foit le jour , foit la nuit,
& les rendez- vous furent affignés pour fe
raffembler , foit que les vents de l'Eft ou de
l'Oueft les difperfaffent.
Le chef d'efcadre Grave qui avoit mis à
la voile d'Althea pour Alger le 18 , n'y
arriva que le 27, à caufe d'un grand calme
, & il trouva neuf vaiffeaux corfaires
défarmés derriere le Mole qui étoit garni
d'une batterie de vingt- quatre canons , &
les Barbares bâtiffoient encore un fort à la
pointe extérieure de la Baye du côté du
Levant.
SEPTEMBRE. 1755. 1st
L'efcadre Efpagnole ne fe fit pas voir
devant Alger avant le 31 de Juillet , les
Hollandois s'en retournoient déja lorfqu'ils
la rencontrerent , ils convinrent alors que
les Efpagnols croiferoient jufqu'au 15 Septembre
devant Alger & fur les côtes d'Efpagne
& de Barbarie , depuis le cap Martin
, jufqu'au cap de Gata , pendant que
les Hollandois croiferoient jufqu'au même
jour depuis Malaga & le détroit de Gibral
tar , jufqu'au cap S. Vincent & jufqu'aux
côtes de la Mauritanie. Après cette décifion
les deux efcadres fe féparerent . La
croifiere de l'efcadre Hollandoife qui revint
dans le Texel le 27 Novembre , fut
totalement infructueufe , car elle ne vit
prefque aucun corfaire , & n'en prit aucun,
Les Algériens de leur côté ne leur firent
de même aucune prife pendant tout l'été.
Mais en Avril 1723. Ils mirent en mer
toutes leurs forces , & ils prirent deux
vaiffeaux Hollandois , & deux ou trois
Efpagnols ; dans le mois de Juin ils prirent
quatre ou cinq flûtes Hollandoifes , &
firent encore quelques prifes.
La raifon qui avoit porté les Algériens
à mettre en mer toutes leurs forces , étoit
la grande difette de bled & autres vivres
ce qui faifoit que lorfqu'ils prenoient quelques
bâtimens qui en étoient chargés , ces
Giv
152 MERCURE DE FRANCE.
prifes leur étoient d'un grand fecours , parlà
ils firent aux Hollandois fur tout un
tort confidérable , parce comme le bled
manquoit à Malaga & dans tous les autres.
ports d'Espagne & de Portugal , les Hollandois
en envoyoient des vaiffeaux chargés
qui tomboient entre les mains des Corfaires.
En attendant ces prifes , la difette
de bled , d'huile & d'autres chofes néceffaires
à la vie , étoit fi grande à Alger ,
que les Hollandois qui y étoient , penfoient
que l'on réduiroit facilement la ville à
toute extrémité , fi on bloquoit le port
feulement avec fix vaiffeaux de guerre , &
qu'alors maîtres des habitans , on les forceroit
à une paix avantageufe aux Hollandois.
Malgré la quantité de barbarefques
que les Algériens avoient en mer , le mois
de Septembre fe paffa tout entier fans qu'ils
fiffent aucune prife , mais au commencement
de Novembre , un vaiffeau de guerre
Hollandois , monté par le Capitaine de
Graf, que la tempête avoit écarté de l'efcadre
du Commandant Godin , prit un
vaiffeau de guerre Algérien de vingt- quatre
pieces de canons , & de deux cens dix
hommes d'équipage , & il trouva à fon
bord fix efclaves chrétiens .
Cette efcadre continuoit toujours à croifer
fans effet. Dans le mois de Février
SEPTEMBRE. 1755. 153
1724. Elle fut augmentée de deux autres
vaiffeaux & d'une galiote chargée de munitions
de
guerre .
Le fieur Godin reçut avec ce renfort un
ordre de traiter de paix avec la Régence ;
en conféquence , il fit voile vers Alger , &
dans le mois de Mars 1724. il fit faire des
propofitions de paix au Dey qui parut trèsdifpofé
à les écouter. Les Barbares furent
fi irrités de cette prétendue foibleffe de
leur fouverain , que le 18 Mars aprèsmidi
, comme il fe promenoit fur le bord
de la mer , ils tomberent fur lui avec fureur
& le mirent en pieces , ils éleverent à
fa place un certain Ofman , qui le jour
fuivant fit fabrer dix-huit des affaflins de
fon prédéceffeur.
Alors toutes les négociations de paix
devinrent inutiles , & l'efcadre Hollandoife
fut encore augmentée de deux vaiffeaux
de guerre ; malgré ces renforts tout
le butin qu'elle fit pendant cette année
confiftoit en trois ou quatre vaiffeaux corfaires
, & dans le mois de Décembre elle
revint en Zélande après avoir effuyé une
grande tempête.
Dans le mois d'Avril 1725 , es Hollandois
envoyerent une nouvelle efcadre
fous le Vice-Amiral Sommelick , & ls firent
prier , comme ils le font aujourd hui , le
Gy
154 MERCURE DE FRANCE.
Grand Seigneur , par leur Ambaffadeur à
Conftantinople , de vouloir bien engager
à la paix la République d'Alger . Les Algériens
firent de belles promeffes ; la conclufion
du traité traîna néanmoins juſqu'au
8 Septembre 1726 , mais pendant ce délai,
les Hollandois leur firent tout le tort poffible.
Le traité de paix confifte en douze articles.
Les Corfaires s'y obligerent à tenir
tout ce qu'ils n'avoient pas obfervé jufqu'alors
, comme nous allons le voir.
Plus les Algériens ont juré fur les traités
que la néceffité leur a fait conclure ,
moins ils les ont tenus , & il eft étonnant
après cela que les Puiffances Chrétiennes
puiffent y avoir la moindre confiance
mais ils ne fe font joués d'aucune Puiffance
comme des Hollandois , qu'ils n'ont
refpectés , que tant que leurs vaiffeaux ont
croifé fur eux , & bloqué leur Port.
Les Articles de ce traité montrent combien
peu les Corfaires l'ont obfervé , & la
fuite n'a que trop confirmé leur mauvaiſe
foi. Nous les rapporterons pour
abrégé .
finir cet
I. Il y aura une paix conftante entre la
Régence d'Alger & les Hollandois.
II. Les Hollandois feront tenus de payer
cinq pour cent de douane pour les marchanSEPTEMBRE.
1755. 155
difes qu'ils apporteront fuivant le traité de
paix de 1712 .
III. Les munitions de guerre & les autres
marchandises de contrebande ne feront fujettes
à aucuns droits .
IV. Les Etrangers quife trouveront fur les
vaiffeaux Hollandois ne feront nullement inquietés
par les Algériens.
V. Les marchandifes & les effets des vaiffeaux
Hollandois échoués fur les côtes d'Alger,
ne feront point pillés , & les hommes ne
feront pas faits esclaves.
VI. Il ne pourra entrer aucun vaiſſeau Algérien
dans les ports de Hollande.
VII. Si un vaiffeau Hollandois mouille devant
Alger , il fera pourvu des vivres néceffaires.
VIII. Nul Marchand Hollandois ne pourra
être fait esclave dans aucune place appartenante
aux Algériens.
IX . Si un Commerçant Hollandois meurt à
Alger , on nefera point de faifie de fes biens.
X. Les differends qui s'éleveront entre les
Hollandois les Mahometans , feront jugés
on accommodés par le Conful de Hollande.
XI . Le Conful de Hollande jouira d'une
protection entiere de la République , il aura
chez lui le libre exercice de fa Religion , an
quel les efclaves de la même Religion pourront
affifter.
Ġ vj
156 MERCURE DE FRANCE .
XII. Les paffe -ports qu'on donne auxMarchands
Hollandois feront renouvellés tous les
trois ans , & toutes les hoftilités paffées feront
mifes en oubli.
Fermer
Résumé : Suite de l'Histoire abrégée des guerres des Algériens avec les Hollandois, traduite de l'Allemand, par M. Radix de Sainte Foy. 1755.
Le texte décrit les conflits entre les Algériens et les Hollandais aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les hostilités débutèrent par des attaques et des pillages de navires hollandais par les Algériens, qui renforcèrent rapidement leur puissance maritime. En 1669, les Algériens possédaient une flotte de trente-deux à trente-quatre vaisseaux bien armés, dont dix-huit vaisseaux de guerre. Cette menace poussa les Hollandais à chercher des moyens de réduire les corsaires algériens. L'Amiral Ruiter conseilla de croiser constamment contre les Algériens, soulignant les difficultés de bloquer Alger en raison des conditions météorologiques et des défenses locales. En 1670, les Hollandais et les Anglais unirent leurs forces pour détruire plusieurs navires algériens. Les Français bombardèrent Alger en 1682 et 1688, mais conclurent un traité de paix en 1689. Les Hollandais, restés seuls en guerre, subirent de lourdes pertes. Un traité de paix fut signé en 1712, mais les Algériens le rompirent en 1716, reprenant leurs attaques. Les Hollandais envoyèrent des vaisseaux pour croiser contre les Algériens, mais sans succès décisif jusqu'en 1721. Cette année-là, une escadre hollandaise, renforcée par des vaisseaux espagnols, força les Algériens à envisager la paix, bien que des révoltes internes empêchèrent sa conclusion immédiate. En 1722, les forces navales hollandaises et espagnoles planifièrent une opération conjointe contre les corsaires d'Alger et de Salé. En mai, le capitaine Landgeveld captura un vaisseau algérien près d'Heisant, libérant des esclaves chrétiens. Le 11 juillet, les vaisseaux du chef d'escadre Grave rencontrèrent l'escadre espagnole du Vice-Amiral Don Antonio Serano près de la baie d'Althea. Ils convinrent de croiser ensemble pour attaquer les corsaires. Les Hollandais arrivèrent à Alger le 27 juillet, trouvant neuf vaisseaux corsaires désarmés. Les Espagnols arrivèrent le 31 juillet, et les deux escadres décidèrent de croiser jusqu'au 15 septembre. La croisière hollandaise revint sans succès en novembre. En avril 1723, les Algériens capturèrent plusieurs vaisseaux hollandais et espagnols. En novembre, un vaisseau hollandais captura un vaisseau algérien avec des esclaves chrétiens à bord. En février 1724, l'escadre hollandaise reçut l'ordre de négocier la paix avec Alger, mais les négociations échouèrent après l'assassinat du Dey. L'escadre revint en Zélande en décembre après avoir capturé quelques vaisseaux corsaires. En avril 1725, une nouvelle escadre hollandaise fut envoyée sous le Vice-Amiral Sommelick, et des négociations de paix furent entamées avec l'aide du Grand Seigneur. Le traité de paix fut signé le 8 septembre 1726, mais les Algériens continuèrent à capturer des vaisseaux hollandais dès que les escadres chrétiennes quittaient la région.
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59
p. 233
ESPAGNE.
Début :
Don Manuel Quintano Bonifaz, Archevêque Titulaire de Pharsale, ci-devant [...]
Mots clefs :
Madrid, Inquisiteur général d'Espagne, Vaisseaux, Argent, Or
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE MADRID , le 22 Juillet.
Don Manuel Quintano Bonifaz , Archevêque
Titulaire de Pharfale , ci- devant Adminiſtrateur
de l'Archevêché de Tolede , a été nommé Inquifiteur
Général d'Eſpagne , à la place de feu Don
François Perez de Prado y Cuefta , Evêque de
Teruel.
Don Etienne-Jofeph d'Abaria , Préfident du Tribunal
de la Contractation , a informé le Roi , que
le 16 de ce mois les vaiffeaux le Condé , la Vigogne ,
le Diamant , & le faint Pafchal , étoient entrés
dans la Baye de Cadix . Les trois premiers viennent
de la Vera- Cruz , & le dernier de Cartagene. Ils
ont apporté , tant en or qu'en argent monnoyé , la
valeur de trois millions de piaftres. Le Vaiffeau
l'aimable Marie , venant des Ports de Callao & de
Valparaifo , eft arrivé le 21 à la même Baye.
DE MADRID , le 22 Juillet.
Don Manuel Quintano Bonifaz , Archevêque
Titulaire de Pharfale , ci- devant Adminiſtrateur
de l'Archevêché de Tolede , a été nommé Inquifiteur
Général d'Eſpagne , à la place de feu Don
François Perez de Prado y Cuefta , Evêque de
Teruel.
Don Etienne-Jofeph d'Abaria , Préfident du Tribunal
de la Contractation , a informé le Roi , que
le 16 de ce mois les vaiffeaux le Condé , la Vigogne ,
le Diamant , & le faint Pafchal , étoient entrés
dans la Baye de Cadix . Les trois premiers viennent
de la Vera- Cruz , & le dernier de Cartagene. Ils
ont apporté , tant en or qu'en argent monnoyé , la
valeur de trois millions de piaftres. Le Vaiffeau
l'aimable Marie , venant des Ports de Callao & de
Valparaifo , eft arrivé le 21 à la même Baye.
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Résumé : ESPAGNE.
Le 22 juillet à Madrid, Don Manuel Quintano Bonifaz a été nommé Inquisiteur Général d'Espagne. Le 16 juillet, quatre vaisseaux sont entrés dans la baie de Cadix, apportant trois millions de piastres en or et en argent. Le 21 juillet, L'Aimable Marie est arrivé de Callao et Valparaíso.
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60
p. 221-224
ITALIE.
Début :
Selon les avis reçus de Sicile, les deux galeres du Roi [...]
Mots clefs :
Naples, Rome, Gênes, La Bastie, Turin, Comte de Noailles, Vaisseaux, Électeur de Cologne, Ouragan, Pascal de Paoli, Rebelles corses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE NAPLES , le 16 Septembre.
Selon les avis reçus de Sicile , les deux galeres
du Roi la Saint- Antoine & la Saint-Janvier ayant
débarqué le 16 du mois dernier à Trapani le Régiment
qu'elles y ont conduit , la plupart des
Matelots des deux équipages defcendirent à terre.
On avoit ôté les chaînes aux Turcs de la galere
la Saint-Antoine , parce qu'ils devoient charrier
de l'eau. Ils affommerent les foldats qui les gardoient
, & ils fe rendirent maîtres du bâtiment.
L'équipage de la Galere la Saint - Jean accourut
pour les remettre aux fers. Auffi - tôt les Forçats de
cette feconde galere fuivirent l'exemple que leur
avoit donné la chiourme de la galere la Saint-
Antoine. Ces efclaves révoltés ont pris la fuite
fur ces deux bâtimens , & il n'a pas été poffible
de les atteindre
Un navire Maltois a apporté la nouvelle , que
les Forçats qui fe font emparés de ces deux galeres
du Roi , les ont conduites à Porto-Farina dans
le Royaume de Tunis. Sur cet avis , le Commandeur
Martinez a mis à la voile avec deux vaiffeaux
de guerre & quatre chabecs , dans la réfolution
, s'il ne peut reprendre ces deux bâtimens ,
de les bruler , ou de les couler à fond.
Les Baillis de Fleury , de Combreux & d'Uhegnas
, Ambaffadeurs extraordinaires de l'Ordre de
Saint Jean de Jérufalem , curent le 7 de ce mois
leur premiere audience publique du Roi , & enfuite
de la Reine . Ils furent accompagnés à ces
audiences par vingt Chevaliers de l'Ordre , arrivés
avec eux de Malte ; par quarante autres Che-
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
valiers établis en cette Capitale , & par les équipages
des deux vaiffaux de guerre & des quatre
galeres de la Religion . Le Roi a fait remettre à
chaque Ambaffadeur une Croix de Malte , enrichie
de diamans . En fortant du palais , ils trouverent
deux cens trente efclaves , dont Sa Majefté
fait préfent au Grand Maître de l'Ordre.
DE ROME, le 27 Septembre .
L'Electeur de Cologne arriva le 24 en cette
capitale avec une nombreufe fuite . Il eft defcen
du au palais Nunez , que le Baron Scarlatti , Miniftre
de Baviere , avoit fait préparer pour le logement
de ce Prince.
Sa Sainteté a approuvé l'Institut & la Regle de
la nouvelle Congrégation de Saint Jean-Baptifte ,
dont les Prêtres fe deftinent à la converfion des
infidéles . La récolte du bled ayant été fort abondante
dans tout l'Etat Eccléfiaftique , le Gouver
nement a permis la fortie des grains .
DE GENES , le 15 Septembre.
Pendant un ouragan violent qui s'éleva ces
jours derniers , on s'apperçut qu'un bâtiment Anglois
couroit quelque rifque dans le milieu de
ce port . On lui envoya les bateaux de fecours
pour le tirer de péril . Le Capinaine refuſa leur
affiftance , & voulut forcer le vent ; mais le navire
alla ſe brifer contre les écueils , qui font
près de l'Arcenal . Heureufement l'équipage fe
fauva. Deux barques Napolitaines ont beaucoup
fouffert du même ouragan.
DE LA BASTIE , le 19 Septembre .
Mattra n'a point vu fans jaloufie l'élévation
NOVEMBRE. 1755. 223
de Pafcal de Paoli au pofte de Général en chef
des Rebelles. Il s'étoit flatté de partager du moins
avec lui la principale autorité . Déchu de fes efpérances
, il a réfolu la perte de ce rival . Cotoni
, Paganelli & les deux Santucci , font entrés
dans les vues de Mattra , & plufieurs Pieves fe
font déclarées pour lui . Avec leur fecours il s'eft
mis en campagne , faifant entendre à la plupart
de fes adhérens , qu'il n'agiffoit que pour s'oppofer
à certains projets dangereux de la faction
de Paoli. Ce dernier qui avoit des forces fupérieures
à celles de fon adverfaire , l'a défait près
d'Aleria , & l'a contraint de s'y réfugier avec les
débris de fes troupes. Mattra a reclamé la protection
du Marquis Jofeph Doria , offrant de rentrer
lui & fes partifans dans l'obéiffance , & de
défendre Aleria pour la République . Afin d'ôter
toute défiance , il a fait conduire ici dans une barque
fa femme & fes enfans pour gages de fa foumiflion
& de fa fidélité . On lui a envoyé des munitions
de guerre & de bouche. Selon les dernieres
nouvelles , Paoli marche avec un fort détachement
pour l'attaquer. Les Rebelles , voulant
intimider ceux que l'exemple de Mattra pourroit
entraîner , l'ont déclaré traître à la patrie , ainfi
que Cotoni , Paganelli & les Santucci. Les Maifons
de ces cinq chefs viennent d'être brulées ,
leurs biens ont été abandonnés au pillage , &
leurs têtes font miſes à prix. Paoli a fait en même
tems publier une amniftie pour tous les autres
Corfes qui ont pris les armes contre lui , & qui
iront le rejoindre dans un tems marqué.
DE TURIN , le 20 Septembre.
Le Comte de Noailles , Ambaffadeur extraor
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
dinaire du Roi de France , eut le 6 de ce mois
fon audience du Roi. Il y fut conduit dans un des
carroffes de Sa Majefté par le Comte de la Roque
, Chevalier de l'Ordre de l'Annonciade . Le
carroffe du Roi fut précédé d'uncarroffe du Comte
de la Roque , où le Grand Maître des cérémonies
étoit avec deux Gentilshommes , & fuivi d'un carroffe
du Chevalier Chauvelin , Ambaſſadeur ordinaire
de Sa Majesté Très - Chrétienne , où étoient
deux Gentilshommes du Comte de Noailles. En
arrivant au palais , le Comte de Noailles trouva
la garde fous les armes , qui rappella. Les Gardes
de la porte , les Cent Suiffes , & dans les appartemens
les Gardes du Corps , étoient pareillement
fous les armes. A la defcente du carroffe on conduifit
le Comte de Noailles à la Salle des Ambaffadeurs.
Quelques minutes après on vint l'y prendre
pour le faire monter chez le Roi . Il y fut
introduit par le Comte de la Roque & par le
Grand Maître des cérémonies , qui fe retirerent
auffi-tôt après qu'il fut entré. Le Roi étoit feul
avec le Chevalier Offorio , Miniftre chargé du
département des affaires étrangeres . Après cette
audience , le Comte de Noailles fut conduit à
celles du Duc de Savoye & de toute la Famille
royale. Il fut enfuite reconduit chez lui avec les
mêmes cérémonies .
Aujourd'hui le Comte de Noailles a eu les audiences
de congé du Roi & de la Famille royale.
Ce Seigneur emporte avec lui l'eftime générale.
Il part après-demain pour fe rendre à Parme . En
repaffant ici , il fera encore fa cour à Sa Majesté,
DE NAPLES , le 16 Septembre.
Selon les avis reçus de Sicile , les deux galeres
du Roi la Saint- Antoine & la Saint-Janvier ayant
débarqué le 16 du mois dernier à Trapani le Régiment
qu'elles y ont conduit , la plupart des
Matelots des deux équipages defcendirent à terre.
On avoit ôté les chaînes aux Turcs de la galere
la Saint-Antoine , parce qu'ils devoient charrier
de l'eau. Ils affommerent les foldats qui les gardoient
, & ils fe rendirent maîtres du bâtiment.
L'équipage de la Galere la Saint - Jean accourut
pour les remettre aux fers. Auffi - tôt les Forçats de
cette feconde galere fuivirent l'exemple que leur
avoit donné la chiourme de la galere la Saint-
Antoine. Ces efclaves révoltés ont pris la fuite
fur ces deux bâtimens , & il n'a pas été poffible
de les atteindre
Un navire Maltois a apporté la nouvelle , que
les Forçats qui fe font emparés de ces deux galeres
du Roi , les ont conduites à Porto-Farina dans
le Royaume de Tunis. Sur cet avis , le Commandeur
Martinez a mis à la voile avec deux vaiffeaux
de guerre & quatre chabecs , dans la réfolution
, s'il ne peut reprendre ces deux bâtimens ,
de les bruler , ou de les couler à fond.
Les Baillis de Fleury , de Combreux & d'Uhegnas
, Ambaffadeurs extraordinaires de l'Ordre de
Saint Jean de Jérufalem , curent le 7 de ce mois
leur premiere audience publique du Roi , & enfuite
de la Reine . Ils furent accompagnés à ces
audiences par vingt Chevaliers de l'Ordre , arrivés
avec eux de Malte ; par quarante autres Che-
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
valiers établis en cette Capitale , & par les équipages
des deux vaiffaux de guerre & des quatre
galeres de la Religion . Le Roi a fait remettre à
chaque Ambaffadeur une Croix de Malte , enrichie
de diamans . En fortant du palais , ils trouverent
deux cens trente efclaves , dont Sa Majefté
fait préfent au Grand Maître de l'Ordre.
DE ROME, le 27 Septembre .
L'Electeur de Cologne arriva le 24 en cette
capitale avec une nombreufe fuite . Il eft defcen
du au palais Nunez , que le Baron Scarlatti , Miniftre
de Baviere , avoit fait préparer pour le logement
de ce Prince.
Sa Sainteté a approuvé l'Institut & la Regle de
la nouvelle Congrégation de Saint Jean-Baptifte ,
dont les Prêtres fe deftinent à la converfion des
infidéles . La récolte du bled ayant été fort abondante
dans tout l'Etat Eccléfiaftique , le Gouver
nement a permis la fortie des grains .
DE GENES , le 15 Septembre.
Pendant un ouragan violent qui s'éleva ces
jours derniers , on s'apperçut qu'un bâtiment Anglois
couroit quelque rifque dans le milieu de
ce port . On lui envoya les bateaux de fecours
pour le tirer de péril . Le Capinaine refuſa leur
affiftance , & voulut forcer le vent ; mais le navire
alla ſe brifer contre les écueils , qui font
près de l'Arcenal . Heureufement l'équipage fe
fauva. Deux barques Napolitaines ont beaucoup
fouffert du même ouragan.
DE LA BASTIE , le 19 Septembre .
Mattra n'a point vu fans jaloufie l'élévation
NOVEMBRE. 1755. 223
de Pafcal de Paoli au pofte de Général en chef
des Rebelles. Il s'étoit flatté de partager du moins
avec lui la principale autorité . Déchu de fes efpérances
, il a réfolu la perte de ce rival . Cotoni
, Paganelli & les deux Santucci , font entrés
dans les vues de Mattra , & plufieurs Pieves fe
font déclarées pour lui . Avec leur fecours il s'eft
mis en campagne , faifant entendre à la plupart
de fes adhérens , qu'il n'agiffoit que pour s'oppofer
à certains projets dangereux de la faction
de Paoli. Ce dernier qui avoit des forces fupérieures
à celles de fon adverfaire , l'a défait près
d'Aleria , & l'a contraint de s'y réfugier avec les
débris de fes troupes. Mattra a reclamé la protection
du Marquis Jofeph Doria , offrant de rentrer
lui & fes partifans dans l'obéiffance , & de
défendre Aleria pour la République . Afin d'ôter
toute défiance , il a fait conduire ici dans une barque
fa femme & fes enfans pour gages de fa foumiflion
& de fa fidélité . On lui a envoyé des munitions
de guerre & de bouche. Selon les dernieres
nouvelles , Paoli marche avec un fort détachement
pour l'attaquer. Les Rebelles , voulant
intimider ceux que l'exemple de Mattra pourroit
entraîner , l'ont déclaré traître à la patrie , ainfi
que Cotoni , Paganelli & les Santucci. Les Maifons
de ces cinq chefs viennent d'être brulées ,
leurs biens ont été abandonnés au pillage , &
leurs têtes font miſes à prix. Paoli a fait en même
tems publier une amniftie pour tous les autres
Corfes qui ont pris les armes contre lui , & qui
iront le rejoindre dans un tems marqué.
DE TURIN , le 20 Septembre.
Le Comte de Noailles , Ambaffadeur extraor
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
dinaire du Roi de France , eut le 6 de ce mois
fon audience du Roi. Il y fut conduit dans un des
carroffes de Sa Majefté par le Comte de la Roque
, Chevalier de l'Ordre de l'Annonciade . Le
carroffe du Roi fut précédé d'uncarroffe du Comte
de la Roque , où le Grand Maître des cérémonies
étoit avec deux Gentilshommes , & fuivi d'un carroffe
du Chevalier Chauvelin , Ambaſſadeur ordinaire
de Sa Majesté Très - Chrétienne , où étoient
deux Gentilshommes du Comte de Noailles. En
arrivant au palais , le Comte de Noailles trouva
la garde fous les armes , qui rappella. Les Gardes
de la porte , les Cent Suiffes , & dans les appartemens
les Gardes du Corps , étoient pareillement
fous les armes. A la defcente du carroffe on conduifit
le Comte de Noailles à la Salle des Ambaffadeurs.
Quelques minutes après on vint l'y prendre
pour le faire monter chez le Roi . Il y fut
introduit par le Comte de la Roque & par le
Grand Maître des cérémonies , qui fe retirerent
auffi-tôt après qu'il fut entré. Le Roi étoit feul
avec le Chevalier Offorio , Miniftre chargé du
département des affaires étrangeres . Après cette
audience , le Comte de Noailles fut conduit à
celles du Duc de Savoye & de toute la Famille
royale. Il fut enfuite reconduit chez lui avec les
mêmes cérémonies .
Aujourd'hui le Comte de Noailles a eu les audiences
de congé du Roi & de la Famille royale.
Ce Seigneur emporte avec lui l'eftime générale.
Il part après-demain pour fe rendre à Parme . En
repaffant ici , il fera encore fa cour à Sa Majesté,
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Résumé : ITALIE.
Le 16 septembre à Naples, deux galères royales, la Saint-Antoine et la Saint-Janvier, ont débarqué un régiment à Trapani. Les matelots ayant quitté les navires, les Turcs enchaînés sur la Saint-Antoine se sont révoltés et ont pris le contrôle du bâtiment. Les forçats de la Saint-Janvier ont imité cet exemple, permettant aux esclaves révoltés de s'échapper avec les deux galères. Un navire maltais a signalé que les forçats avaient conduit les galères à Porto-Farina, dans le Royaume de Tunis. En réponse, le Commandeur Martinez a navigué avec deux vaisseaux de guerre et quatre chabecs pour récupérer ou détruire les galères. À Rome, l'Électeur de Cologne est arrivé le 24 septembre et a été logé au palais Nunez. Le pape a approuvé la création de la Congrégation de Saint Jean-Baptiste, dédiée à la conversion des infidèles, et a autorisé l'exportation de grains en raison d'une récolte abondante. À Gênes, un ouragan a endommagé un bâtiment anglais et deux barques napolitaines. En Corse, Pascal Paoli a été nommé général en chef des rebelles, suscitant la jalousie de Mattra. Ce dernier, soutenu par Cotoni, Paganelli et les Santucci, a été défait par Paoli près d'Aleria. Mattra a demandé la protection du Marquis Joseph Doria et a envoyé sa famille en gage de fidélité. Paoli a publié une amnistie pour les rebelles qui se rendraient. À Turin, le Comte de Noailles, ambassadeur extraordinaire du roi de France, a eu son audience avec le roi de Sardaigne le 6 septembre. Il a été reconduit avec les mêmes cérémonies lors de son audience de congé et partira pour Parme.
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61
p. 228-234
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Le Chevalier d'Abreu, Ministre d'Espagne, & Don Louis d'Acunha, Ministre [...]
Mots clefs :
Londres, Général, Colonel, Amérique, Indiens d'Amérique, Combats, Johnson, Vaisseaux, Français, Amiraux, Chambre des communes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
DE LONDRES
, le 25 Novembre
.
Le Chevalier
d'Abreu
, Miniftre
d'Eſpagne
, &
Don Louis d'Acunha
, Miniftre
de Portugal
, ont
eu le mois paffé de fréquentes
conférences
avec
les Miniftres
du Roi. On affure qu'elles
ont roulé
fur la médiation
offerte par leurs Majeftés
Catholique
& très-fidele , pour accommoder
les différends
furvenus
entre cette Cour & celle de Fran- ce. Le bruit eft général
auffi que la commiffion de Don Mello de Caftro eft relative
à cet objet.
L'Amiral
Byng fit voile de ce port le 14 Octobre
avechuit vaiffeaux
de guerre. Il doit prendre
à Plymouth
quatre
autres vaiffeaux
& quelques
frégates
, & continuer
enfuite
fa route vers la Méditer- ranée. Les dernieres
nouvelles
de l'Amérique
portent
que le Général
Shirley
a commencé
l'âttaque
du Fort de la Couronne
, & que le Gouverneur
de la Virginie
fait lever avec toute la diligence
poffible
un Régiment
de douze cens hom- mes , dont le Colonel
Washington
aura le comDECEMBRE.
1755. 229
"
mandement . Selon les mêmes lettres , les Sauvages
font des courfes continuelles dans cette colonie ,
ainfi que dans la Pensilvanie & dans le Maryland ,
& ils y ont caufé beaucoup de ravages.
Une partie des cargaifons des bâtimens dont
les Anglois fe font emparés , dépériffant à bord ;
les propriétaires ont demandé la permiffion de
s'en défaire , offrant d'en remettre la valeur , fi les
circonstances l'exigent. En conféquence on a
commencé à vendre plufieurs des denrées & des
marchandiſes qui étoient fur ces bâtimens .
Voici les principales particularités que le Gouvernement
a jugé à propos de rendre publiques
au fujet de l'avantage remporté en Amérique par
Johnfon. Quelques Indiens , que ce Major Général
avoit envoyés à la découverte , lui vinrent
annoncer le 7 du mois de Septembre , qu'un détachement
de troupes Françoifes marchoit vers
un pofte avancé , où étoient deux cens cinquante
hommes du Régiment de New Hampshire , &
cinq Compagnies du Régiment de la Nouvelle
Yorck. Auffi-tôt le Sr Johnſon envoya ordre au
Colonel Blanchard , qui commandoit dans ce
pofte , de fe replier avec les troupes. On fut informé
la nuit fuivante , que les François étoient
arrivés à quatre milles en-deçà du pofte du Colonel
Blanchard . Le lendemain matin , on tint
Confeil de guerre. Il fut réfolu de détacher mille
hommes , fous le commandement du Colonel
Williams , pour aller à leur rencontre. Une heure
& demie après le départ de ce détachement ,
auquel fe joignirent deux cens Indiens , on entendit
tirer avec beaucoup de vivacité. On ne
douta point qu'il n'y eût une action d'engagée ,
& l'on jugea qu'elle fe paffoit à trois milles du
camp , où le feur Johnſon étoit rétranché près
230 MERCURE DE FRANCE.
du Lac Ceorges. Les feux des combattans s'ap
prochant peu à peu , il fut aifé de conjecturer
que les troupes du Colonel Williams étoient en
déroute. Le Lieutenant Colonel Colie fut détaché
en conféquence avec trois cens hommes pour favorifer
leur retraite . Entre dix & onze heures elles
revinrent en fort grand céfordre . A onze heures
& demie les François parurent. Ils n'étoient
qu'au nombre de dix - fept cens hommes , fçavoir
deux cens Grenadiers , huit cens Canadiens , &
fept cens Indiens . Ayant fait une courte halte à
cent cinquante toiles des retranchemens du Major
Général Johnſon , ils s'avancerent la bayonette
au bout du fufil , dirigeant leur principale attaque
vers le centre du camp . D'abord ils firent feu par
pelotons. Leurs décharges ne produifirent pas
beaucoup d'effet , parce que les Anglois étoient
Couverts d'un parapet . Ceux- ci commencerent à
faire jouer leur artillerie , & pour lors le combat
devint général . L'attaque des François fur des
plus vives. Ne pouvant entamer le centre du
camp , ils tournerent leurs efforts du côté de la
droite. Après avoir combattu jufqu'à quatre heures
après- midi avec une intrépidité peu commune
, ils furent enfin repouffes. Les Anglois les
voyant ébranlés , fortirent du retranchement , les
pourfuivirent , & firent trente prifonniers , parmi
fefquels eft le fieur de Dieskau , Général des trou
pes arrivées depuis peu de France en Canada. Il eſt
bleffé dangereufement d'un coup de feu à la jambe
, & de deux autres coup dans les deux hanches.
Son Major Général , & le fieur de Saint Pierre qui
commandoit les Indiens , ont été tués . On ne fçait
point au juſte à quoi monte la perte de part &
d'autre. Les uns prétendent que les François ont
perda mille hommes. Selon d'autres ils n'en ont
DECEMBRE.
1755. 231
perdu que fix cens. Du côté des Anglois , le Májor
General Johnſon a reçu un coup de feu dans
la cuifle , & l'on n'a pu retirer la balle de la plaie .
Le Colonel Williams , le Major Ashley , les Capitaines
Ingerzal , Putter , Ferral , Stodder , Mac-
Ginnes & Steven , ont perdu la vie dans le combat
du matin. A la défenſe du camp les Anglois
ont eu cent trente hommes tués , & foixante
bleffés. Le Colonel Titcomb eft du nombre des
premiers.
Les Seigneurs préfenterent le 14 de ce mois.
au Roi l'adreſſe fuivante. « Nous , les fideles Su-
»jets de Votre Majefté , les Loras Spirituels &
Temporels aflemblés en Parlement , deman
» dons la permiffion de la remercier de fa gra
>> cieuſe harangue émanée du trône . L'attention
» paternelle de Votre Majefté pour le bonheur
» de fes peuples , laquelle s'eft fait connoître dans
» toutes les occafions , fe manifefte d'une façon
» bien fenfible , dans cette conjoncture critique ,
» par l'ardent défir que Votre Majesté a montré
» de garantir la Grande Bretagne des calamités
de la guerre , & par la ferme réſolution où eft
» Votre Majesté de n'accepter que des propofi-
» tions raisonnables & honorables d'accommode-
» ment. Quand nous confidérons de quelle im-
>> portance la confervation des poffeffions de la
» Grande- Bretagne en Amérique eft au commer
» ce & à la prospérité de ces Royaumes , nous ne
>> pouvons voir avec indifférence tant d'ufurpa
» tions faites par la France dans le tems d'une pro-
» fonde paix, & contre la foi des traités les plus
>> folemnels. Rien ne peut furpaffer notre étonne
» ment d'une telle conduite , fi ce n'eft la recon-
>> noiffance que nous infpirent les foins pris par
» Votre Majesté pour protéger nos colonies con
232 MERCURE DE FRANCE .
>> tre les invaſions & contre les infultes , & pour
>> recouvrer les pays qui en ont été enlevés fi in-
» juftement. Si quelque Puiffance a pu fe trom-
» per jufqu'au point d'imaginer que Votre Ma-
»jefté & votre Parlement demeuraffent dans l'in-
» action à la vue de tant d'hoftilités que nous ne
> nous fommes point attirées , il y a long- tems
» qu'elle doit être revenue de fon erreur. Nous
reconnoiffons avec bien de la gratitude la fa-
» geffe & la bonté de Votre Majesté , dans la di-
» ligence qu'elle a apportée à multiplier fes ar-
>> memens maritimes , à augmenter les forces de
» terre , de maniere à procurer la fureté de fes
» peuples , fans leur impofer un fardeau trop
» onéreux , & à encourager les braves & fideles
fujets d'Amérique à faire en cette occaſion im-
» portante , tout ce que demandent d'eux leur
» devoir , leur bien- être & leur commun danger.
» Votre Majefté a fuffifamment prouvé qu'elle
» n'eft guidée par aucun motif d'ambition , ni par
>> aucun deffein d'exciter de nouveaux troubles .
» Sa prudence & fa magnanimité éclatent pleine-
>> ment par la difpofition où elle est de prévenir
» tout ce qui pourroit allumer en Europe une
» guerre générale , & de fe borner à pourſuivre
>> les fins falutaires & néceffaires qu'il lui a plu
» de nous expoſer. C'eft avec grand plaifir que
»>nous apprenons la déclaration pacifique de Sa
n Majefté Catholique. Une telle déclaration s'ac-
» corde parfaitement avec la bonne intelligence
>> qui fubfifte entre les deux Couronnes , & avec
» l'intérêt de toute l'Europe . Nous trahirions ce
» que nous devons à Votre Majefté & à notre Pa-
>> trie , fi nous ne promettions avec autant de fin-
» cérité que de zele , de féconder efficacement
» Votre Majesté dans une cauſe juſte & naționale,
DECEMBRE . 1755. 233
» Rien ne
manquera de notre part pour effectuer
» les affurances
que votre Parlement
vous a don-
» nées dans fa derniere feffion . Nous nous re-
» gardons comme obligés par les loix du devoir ,
» de l'honneur
& de la reconnoiffance
, à concou-
>> rir à toutes les mefures fages & indifpenfables
,
» que Votre Majefté a prifes pour la défenſe des
» droits de fa Couronne
, à faire échouer les ten-
» tatives qui pourroient
être faites par la France
» en haine de ces mefures , & à mettre Votre Ma-
» jefté en état de repouffer les entrepriſes
qui fe-
>> ront formées , non feulement
contre les Royau-
» mes , mais même contre fes autres Etats indé-
» pendans de la Couronne de la Grande-Bretagne,
» fuppofé qu'ils foient attaqués
à raifon de la
>> part que Votre Majefté a priſe à l'intérêt effen-
» tiel de cette Couronne . Animés de ces grandes
» & importantes
confidérations
, qu'il nous foit
» permis d'affurer Votre Majefté de notre fidélité
» & de notre attachement
pour fa perfonne
fa-
» crée , & de lui protefter que nous enviſageons
» le maintien de fon Gouvernement
& de la fucceffion
proteftante dans votre Royale Maifon ,
» comme le feul appui de notre Religion & de
» nos Libertés. Notre conduite inébranlable détrompera
quiconque fe feroit vainement flatté
» que des appareils menaçans puffent nous em-
» pêcher d'agir conféquemment à ces principes
» & elle prouvera que , quoique nous foyons bien
» éloignés de penfer à faire injure ou tort à quel-
» qu'un de nos voifins , nous fommes prêts à
» facrifier nos vies & nos fortunes pour la dé-
» fenſe de Votre Majefté , ainsi que pour la con-
» fervation des poffeffions , du commerce & des
» droits de la Grande-Bretagne. » Le Roi répondit
aux Seigneurs , Milords , je vous fais mes fin-
>
234 MERCURE DE FRANCE.
ceres remerciemens des marques d'affection & de
fidélité dont votre Adreffe eft remplie. Je vois avec
la plus grande fatisfaction le zele que vous montrez
pour ma perfonne & pour mon Gouvernement, auſſibien
que pour les véritables intérêts de votre patrie,
que je ne perdrai jamais de vue. Les affurances
que vous me donnez , de défendre méme mes
Etats indépendans de la Couronne de la Grande
Bretagne , font une forte preuve de votre attachement
pour moi, & de l'intérêt que vous prenez à
mon honneur. Rien ne me détournera de poursuivre
les mesures qui peuvent contribuer efficacement à
maintenir les poffeffions & les droits de la Nation ,
à nous procurer un accommodement folide
honorable.
L'adreffe qui fut préfentée le 15 par la Chambre
des Communes , eft conçue à peu - près dans
les mêmes termes que l'Adreffe de la Chambre-
Haute.
Les Amiraux Bofcawen , Moftyn & Holbourne
, font revenus d'Amérique avec leurs Efcadres
, lefquelles doivent être radoubées , afin de
fe remettre en mer , lorfque les circonftances
l'exigeront. Le vaiffeau de guerre François l'Efpérance
, a été conduit à Plymouth. Il a été pris
par l'efcadre de l'Amiral Weft , après avoir foutenu
un combat de quatre heures contre le vaiffeau
l'Orford , qu'il a fort maltraité , & un fecond
combat contre l'Amiral Weft lui- même . Comme
ce vaiffeau étoit fort vieux & criblé de coups ,
on y a mis le feu après en avoir retiré les agrets.
, le 25 Novembre
.
Le Chevalier
d'Abreu
, Miniftre
d'Eſpagne
, &
Don Louis d'Acunha
, Miniftre
de Portugal
, ont
eu le mois paffé de fréquentes
conférences
avec
les Miniftres
du Roi. On affure qu'elles
ont roulé
fur la médiation
offerte par leurs Majeftés
Catholique
& très-fidele , pour accommoder
les différends
furvenus
entre cette Cour & celle de Fran- ce. Le bruit eft général
auffi que la commiffion de Don Mello de Caftro eft relative
à cet objet.
L'Amiral
Byng fit voile de ce port le 14 Octobre
avechuit vaiffeaux
de guerre. Il doit prendre
à Plymouth
quatre
autres vaiffeaux
& quelques
frégates
, & continuer
enfuite
fa route vers la Méditer- ranée. Les dernieres
nouvelles
de l'Amérique
portent
que le Général
Shirley
a commencé
l'âttaque
du Fort de la Couronne
, & que le Gouverneur
de la Virginie
fait lever avec toute la diligence
poffible
un Régiment
de douze cens hom- mes , dont le Colonel
Washington
aura le comDECEMBRE.
1755. 229
"
mandement . Selon les mêmes lettres , les Sauvages
font des courfes continuelles dans cette colonie ,
ainfi que dans la Pensilvanie & dans le Maryland ,
& ils y ont caufé beaucoup de ravages.
Une partie des cargaifons des bâtimens dont
les Anglois fe font emparés , dépériffant à bord ;
les propriétaires ont demandé la permiffion de
s'en défaire , offrant d'en remettre la valeur , fi les
circonstances l'exigent. En conféquence on a
commencé à vendre plufieurs des denrées & des
marchandiſes qui étoient fur ces bâtimens .
Voici les principales particularités que le Gouvernement
a jugé à propos de rendre publiques
au fujet de l'avantage remporté en Amérique par
Johnfon. Quelques Indiens , que ce Major Général
avoit envoyés à la découverte , lui vinrent
annoncer le 7 du mois de Septembre , qu'un détachement
de troupes Françoifes marchoit vers
un pofte avancé , où étoient deux cens cinquante
hommes du Régiment de New Hampshire , &
cinq Compagnies du Régiment de la Nouvelle
Yorck. Auffi-tôt le Sr Johnſon envoya ordre au
Colonel Blanchard , qui commandoit dans ce
pofte , de fe replier avec les troupes. On fut informé
la nuit fuivante , que les François étoient
arrivés à quatre milles en-deçà du pofte du Colonel
Blanchard . Le lendemain matin , on tint
Confeil de guerre. Il fut réfolu de détacher mille
hommes , fous le commandement du Colonel
Williams , pour aller à leur rencontre. Une heure
& demie après le départ de ce détachement ,
auquel fe joignirent deux cens Indiens , on entendit
tirer avec beaucoup de vivacité. On ne
douta point qu'il n'y eût une action d'engagée ,
& l'on jugea qu'elle fe paffoit à trois milles du
camp , où le feur Johnſon étoit rétranché près
230 MERCURE DE FRANCE.
du Lac Ceorges. Les feux des combattans s'ap
prochant peu à peu , il fut aifé de conjecturer
que les troupes du Colonel Williams étoient en
déroute. Le Lieutenant Colonel Colie fut détaché
en conféquence avec trois cens hommes pour favorifer
leur retraite . Entre dix & onze heures elles
revinrent en fort grand céfordre . A onze heures
& demie les François parurent. Ils n'étoient
qu'au nombre de dix - fept cens hommes , fçavoir
deux cens Grenadiers , huit cens Canadiens , &
fept cens Indiens . Ayant fait une courte halte à
cent cinquante toiles des retranchemens du Major
Général Johnſon , ils s'avancerent la bayonette
au bout du fufil , dirigeant leur principale attaque
vers le centre du camp . D'abord ils firent feu par
pelotons. Leurs décharges ne produifirent pas
beaucoup d'effet , parce que les Anglois étoient
Couverts d'un parapet . Ceux- ci commencerent à
faire jouer leur artillerie , & pour lors le combat
devint général . L'attaque des François fur des
plus vives. Ne pouvant entamer le centre du
camp , ils tournerent leurs efforts du côté de la
droite. Après avoir combattu jufqu'à quatre heures
après- midi avec une intrépidité peu commune
, ils furent enfin repouffes. Les Anglois les
voyant ébranlés , fortirent du retranchement , les
pourfuivirent , & firent trente prifonniers , parmi
fefquels eft le fieur de Dieskau , Général des trou
pes arrivées depuis peu de France en Canada. Il eſt
bleffé dangereufement d'un coup de feu à la jambe
, & de deux autres coup dans les deux hanches.
Son Major Général , & le fieur de Saint Pierre qui
commandoit les Indiens , ont été tués . On ne fçait
point au juſte à quoi monte la perte de part &
d'autre. Les uns prétendent que les François ont
perda mille hommes. Selon d'autres ils n'en ont
DECEMBRE.
1755. 231
perdu que fix cens. Du côté des Anglois , le Májor
General Johnſon a reçu un coup de feu dans
la cuifle , & l'on n'a pu retirer la balle de la plaie .
Le Colonel Williams , le Major Ashley , les Capitaines
Ingerzal , Putter , Ferral , Stodder , Mac-
Ginnes & Steven , ont perdu la vie dans le combat
du matin. A la défenſe du camp les Anglois
ont eu cent trente hommes tués , & foixante
bleffés. Le Colonel Titcomb eft du nombre des
premiers.
Les Seigneurs préfenterent le 14 de ce mois.
au Roi l'adreſſe fuivante. « Nous , les fideles Su-
»jets de Votre Majefté , les Loras Spirituels &
Temporels aflemblés en Parlement , deman
» dons la permiffion de la remercier de fa gra
>> cieuſe harangue émanée du trône . L'attention
» paternelle de Votre Majefté pour le bonheur
» de fes peuples , laquelle s'eft fait connoître dans
» toutes les occafions , fe manifefte d'une façon
» bien fenfible , dans cette conjoncture critique ,
» par l'ardent défir que Votre Majesté a montré
» de garantir la Grande Bretagne des calamités
de la guerre , & par la ferme réſolution où eft
» Votre Majesté de n'accepter que des propofi-
» tions raisonnables & honorables d'accommode-
» ment. Quand nous confidérons de quelle im-
>> portance la confervation des poffeffions de la
» Grande- Bretagne en Amérique eft au commer
» ce & à la prospérité de ces Royaumes , nous ne
>> pouvons voir avec indifférence tant d'ufurpa
» tions faites par la France dans le tems d'une pro-
» fonde paix, & contre la foi des traités les plus
>> folemnels. Rien ne peut furpaffer notre étonne
» ment d'une telle conduite , fi ce n'eft la recon-
>> noiffance que nous infpirent les foins pris par
» Votre Majesté pour protéger nos colonies con
232 MERCURE DE FRANCE .
>> tre les invaſions & contre les infultes , & pour
>> recouvrer les pays qui en ont été enlevés fi in-
» juftement. Si quelque Puiffance a pu fe trom-
» per jufqu'au point d'imaginer que Votre Ma-
»jefté & votre Parlement demeuraffent dans l'in-
» action à la vue de tant d'hoftilités que nous ne
> nous fommes point attirées , il y a long- tems
» qu'elle doit être revenue de fon erreur. Nous
reconnoiffons avec bien de la gratitude la fa-
» geffe & la bonté de Votre Majesté , dans la di-
» ligence qu'elle a apportée à multiplier fes ar-
>> memens maritimes , à augmenter les forces de
» terre , de maniere à procurer la fureté de fes
» peuples , fans leur impofer un fardeau trop
» onéreux , & à encourager les braves & fideles
fujets d'Amérique à faire en cette occaſion im-
» portante , tout ce que demandent d'eux leur
» devoir , leur bien- être & leur commun danger.
» Votre Majefté a fuffifamment prouvé qu'elle
» n'eft guidée par aucun motif d'ambition , ni par
>> aucun deffein d'exciter de nouveaux troubles .
» Sa prudence & fa magnanimité éclatent pleine-
>> ment par la difpofition où elle est de prévenir
» tout ce qui pourroit allumer en Europe une
» guerre générale , & de fe borner à pourſuivre
>> les fins falutaires & néceffaires qu'il lui a plu
» de nous expoſer. C'eft avec grand plaifir que
»>nous apprenons la déclaration pacifique de Sa
n Majefté Catholique. Une telle déclaration s'ac-
» corde parfaitement avec la bonne intelligence
>> qui fubfifte entre les deux Couronnes , & avec
» l'intérêt de toute l'Europe . Nous trahirions ce
» que nous devons à Votre Majefté & à notre Pa-
>> trie , fi nous ne promettions avec autant de fin-
» cérité que de zele , de féconder efficacement
» Votre Majesté dans une cauſe juſte & naționale,
DECEMBRE . 1755. 233
» Rien ne
manquera de notre part pour effectuer
» les affurances
que votre Parlement
vous a don-
» nées dans fa derniere feffion . Nous nous re-
» gardons comme obligés par les loix du devoir ,
» de l'honneur
& de la reconnoiffance
, à concou-
>> rir à toutes les mefures fages & indifpenfables
,
» que Votre Majefté a prifes pour la défenſe des
» droits de fa Couronne
, à faire échouer les ten-
» tatives qui pourroient
être faites par la France
» en haine de ces mefures , & à mettre Votre Ma-
» jefté en état de repouffer les entrepriſes
qui fe-
>> ront formées , non feulement
contre les Royau-
» mes , mais même contre fes autres Etats indé-
» pendans de la Couronne de la Grande-Bretagne,
» fuppofé qu'ils foient attaqués
à raifon de la
>> part que Votre Majefté a priſe à l'intérêt effen-
» tiel de cette Couronne . Animés de ces grandes
» & importantes
confidérations
, qu'il nous foit
» permis d'affurer Votre Majefté de notre fidélité
» & de notre attachement
pour fa perfonne
fa-
» crée , & de lui protefter que nous enviſageons
» le maintien de fon Gouvernement
& de la fucceffion
proteftante dans votre Royale Maifon ,
» comme le feul appui de notre Religion & de
» nos Libertés. Notre conduite inébranlable détrompera
quiconque fe feroit vainement flatté
» que des appareils menaçans puffent nous em-
» pêcher d'agir conféquemment à ces principes
» & elle prouvera que , quoique nous foyons bien
» éloignés de penfer à faire injure ou tort à quel-
» qu'un de nos voifins , nous fommes prêts à
» facrifier nos vies & nos fortunes pour la dé-
» fenſe de Votre Majefté , ainsi que pour la con-
» fervation des poffeffions , du commerce & des
» droits de la Grande-Bretagne. » Le Roi répondit
aux Seigneurs , Milords , je vous fais mes fin-
>
234 MERCURE DE FRANCE.
ceres remerciemens des marques d'affection & de
fidélité dont votre Adreffe eft remplie. Je vois avec
la plus grande fatisfaction le zele que vous montrez
pour ma perfonne & pour mon Gouvernement, auſſibien
que pour les véritables intérêts de votre patrie,
que je ne perdrai jamais de vue. Les affurances
que vous me donnez , de défendre méme mes
Etats indépendans de la Couronne de la Grande
Bretagne , font une forte preuve de votre attachement
pour moi, & de l'intérêt que vous prenez à
mon honneur. Rien ne me détournera de poursuivre
les mesures qui peuvent contribuer efficacement à
maintenir les poffeffions & les droits de la Nation ,
à nous procurer un accommodement folide
honorable.
L'adreffe qui fut préfentée le 15 par la Chambre
des Communes , eft conçue à peu - près dans
les mêmes termes que l'Adreffe de la Chambre-
Haute.
Les Amiraux Bofcawen , Moftyn & Holbourne
, font revenus d'Amérique avec leurs Efcadres
, lefquelles doivent être radoubées , afin de
fe remettre en mer , lorfque les circonftances
l'exigeront. Le vaiffeau de guerre François l'Efpérance
, a été conduit à Plymouth. Il a été pris
par l'efcadre de l'Amiral Weft , après avoir foutenu
un combat de quatre heures contre le vaiffeau
l'Orford , qu'il a fort maltraité , & un fecond
combat contre l'Amiral Weft lui- même . Comme
ce vaiffeau étoit fort vieux & criblé de coups ,
on y a mis le feu après en avoir retiré les agrets.
Fermer
Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 25 novembre, le Chevalier d'Abreu, ministre d'Espagne, et Don Louis d'Acunha, ministre du Portugal, ont tenu des conférences fréquentes avec les ministres du Roi de Grande-Bretagne. Ces discussions portaient sur la médiation proposée par les monarques catholique et fidèle pour résoudre les différends entre la Grande-Bretagne et la France. Il est également mentionné que la commission de Don Mello de Castro est liée à cet objet. En mer, l'Amiral Byng a quitté Londres le 14 octobre avec plusieurs vaisseaux de guerre, devant rejoindre d'autres navires à Plymouth avant de se diriger vers la Méditerranée. En Amérique, le Général Shirley a attaqué le Fort de la Couronne, tandis que le Gouverneur de la Virginie a levé un régiment de douze cents hommes sous le commandement du Colonel Washington. Les Sauvages menaient des raids continus dans les colonies de Virginie, Pennsylvanie et Maryland, causant de nombreux ravages. Certaines cargaisons des bâtiments capturés par les Anglais se détérioraient, et les propriétaires ont demandé la permission de s'en débarrasser, offrant de rembourser leur valeur si nécessaire. Plusieurs denrées et marchandises ont ainsi été mises en vente. Le Gouvernement britannique a rendu publiques les particularités de l'avantage remporté par le Major Général Johnson en Amérique. Des Indiens envoyés en reconnaissance ont informé Johnson de l'approche de troupes françaises. Johnson a ordonné au Colonel Blanchard de se replier. Un conseil de guerre a ensuite décidé d'envoyer mille hommes sous le commandement du Colonel Williams pour intercepter les Français. Une bataille a suivi, au cours de laquelle les Français, au nombre de sept cent soixante-dix hommes, ont été repoussés. Les Britanniques ont fait trente prisonniers, dont le Baron de Dieskau, blessé. Les pertes britanniques incluaient plusieurs officiers et cent trente hommes tués, ainsi que soixante blessés. Les Seigneurs ont présenté au Roi une adresse remerciant Sa Majesté pour sa harangue et exprimant leur soutien aux mesures prises pour garantir la Grande-Bretagne contre les calamités de la guerre. Ils ont souligné l'importance de conserver les possessions britanniques en Amérique et ont promis leur fidélité et leur attachement au Roi et à son Gouvernement. Le Roi a répondu en exprimant sa satisfaction et en réaffirmant son engagement à défendre les droits et les possessions de la Nation. La Chambre des Communes a présenté une adresse similaire le 15 décembre. Les Amiraux Boscawen, Moffyn et Holbourne sont revenus d'Amérique avec leurs escadres, qui doivent être radoubées. Le vaisseau français L'Espérance, pris après un combat contre l'escadre de l'Amiral West, a été incendié en raison de ses dommages.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
62
p. 179-182
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Les Communes délibérerent le 21 Novembre en grand Comité sur le [...]
Mots clefs :
Londres, Chambre des communes, Ministres étrangers, Landgrave de Hesle-Cassel, Vaisseaux, Octroi de fonds
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE- BRETAGNE.
DE LONDRES , le 11 Decembre.
Les Communes délibérerent le 21 Novembre
en grand Comité fur le fubfide , & elles accorderent
au Roi cinquante mille Matelots , en
y comprenant cinq mille cent trente- huit foldats
de marine. Le 26 , cette Chambre régla qu'on
leveroit quatre fchelings par livre fterling fur les
revenus des terres dans toute l'étendue de la Grande-
Bretagne , & que les droits fur la Dréche ſeroient
continués pendant l'année prochaine. Les
traités conclus avec l'Impératrice de Ruffie &
avec le Landgrave de Heffe Caffel furent remis â
la Chambre des Seigneurs par le Comte de Holderneff
, & à celle des Communes par M. Fox .
L'une & l'autre Chambre ont renvoyé à la quinzaine
l'examen de ces traités , & elles ont ordonné
que tous les membres feroient fommés d'y
affifter.
Plufieurs des Miniftres Ettangers furent le 25
Novembre en conférence avec les Miniftres du
Roi. La Compagnie des Indes Orientales tint le
26 une affemblée générale. Il y fut décidé que le
Dividende fur fon fonds capital , à compter du
commencement du mois de Janvier 1756 , feroit
réduit de huit à fix pour cent. Dans une affemblée
que le Corps de la Bourgeoisie de cette ville
tint le 25 Novembre , on propofa de fupplier le
Parlement d'établir en Angleterre une milice générale.
Mais la négative l'emporta à la pluralité
de quatre-vingt-fix voix contre foixante - fix . La
Milice particuliere des provinces méridionales
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
fe leve avec toute la diligence poffible . Le Duc de
Marlbouroug partira dans peu pour aller prendre
le commandement des troupes dans la province
de Kent . Suivant l'arrangement propofé
par le Général Ligonier , chaque Bataillon aura
déformais deux pieces de campagne. Quelques
Bataillons des Gardes à pied & une Compagnie
des Gardes du Corps ont reçu ordre de fe tenir
prêts à marcher. Le Duc de Bedfort a fait offre au
Roi d'entretenir à fes dépens pendant une année
un Corps de dix mille hommes . Des Commiffaires
font chargés d'aller vifiter les fortifications
de toutes les places d'Irlande , & de faire réparer
celies qui en auront befoin .
Quelques vaiffeaux & plufieurs chaloupes croifent
le long de la côte du Comté de Suffex , afin
de s'opposer aux defcentes qu'on pourroit tenter
dans ce te province.
En divers endroits de la Grande- Bretagne on
a obſervé dans les eaux la même agitation qui
s'eft fait remarquer en Hollande , en Allemagne
& en Italie , & qui a caufé de fi terribles ravages
à Cadix & dans le Portugal.
On propofa le 2 de ce mois à la Chambre d'encourager
les Matelots par quelques récompenfes.
extraordinaires , & de requérir que le Roi décla
rât légitimes les prifes faites fur les Francois. Ces
deux propofitions exciterent de longs débats , &
furent enfin rejettées.
On a embarqué ces jours - ci vingt - cinq mille
livres fterlings , & une grande quantité de toutes
fortes de provifions pour le Portugal . En faveur
de ce Royaume défolé on a levé l'embargo qui
avoit été mis dans tous les ports d'Irlande fur les
beftiaux & fur les grains.
Le s,le Comte de Holderneffremit à la Chambre
JANVIER. 1756. 181
les copies qu'elle avoit demandées de plufieurs an
ciens Traités. Elle réfolut de fupplier le Roi de
lai faire communiquer les Mémoires refpectifs
de ce Miniſtere & de celui de France au fujet des
différends qui regardent l'Amérique . Le Roi fe
rendit à la Chambre le ro , & S. M. ayant mandé les
Communes, donna fon confentement au Bill de la
Dréche. Lorsque le Roi fe fut retiré, les Seigneurs
prirent en confidération les deux Traités faits avec
' Impératrice de Ruffie & avec le Landgrave de
Heffe-Caffel. L'un & l'autre furent approuvés à
la pluralité de quatre-vingt - cinq voix contre douze.
Lei , le 6 & le 8 , la Chambre des Communes
examina en Committé le Bill de la taxe fur les ter
res. Il fut ordonné de porter un Bill pour recruter
plus promptement les troupes. La Chambre
a accordé neuf cens trente mille fix cens trois
livres sterlings pour l'entretien des troupes employées
dans la Grande- Bretagne ; deux cens huit
mille cinq cens trente- quatre pour les troupes
d'Amérique , ainfi que pour les garnifons de Ġibraltar
& de Port-Mahon ; cent cinquante- deux
mille quatre cens trente- cinq pour l'artillerie de
terre, cent quarante -fix mille pour les dépenses extraordinaires
que ce département a exigées, & auxquelles
le Parlement n'avoit pas pourvu ; cent
mille pour fecourir les malheureux qui ont été
rainés par la cataſtrophe de Liſbonne.
Le vaiffeau de guerre la Hamptoncourt , de
foixante-dix canons , a fait voile de Portsmouth
pour Lisbonne, chargé de provifions , & de cinquante
mille livres fterlings. Plufieurs autres vaiffeaux
partirone fucceffivement avec de femblables
fecours pour la même deſtination . Le Capitaine
& l'équipage d'un navire , appartenant à MM.
de Godwill & Cotterel ont déclaré que le & No182
MERCURE DE FRANCE.
vembre ils avoient effuyé en pleine mer , à plus
de foixante lieues des côtes du Portugal , une fecouffe
auffi violente que celle du plus fort tremblement
de terre.
DE LONDRES , le 11 Decembre.
Les Communes délibérerent le 21 Novembre
en grand Comité fur le fubfide , & elles accorderent
au Roi cinquante mille Matelots , en
y comprenant cinq mille cent trente- huit foldats
de marine. Le 26 , cette Chambre régla qu'on
leveroit quatre fchelings par livre fterling fur les
revenus des terres dans toute l'étendue de la Grande-
Bretagne , & que les droits fur la Dréche ſeroient
continués pendant l'année prochaine. Les
traités conclus avec l'Impératrice de Ruffie &
avec le Landgrave de Heffe Caffel furent remis â
la Chambre des Seigneurs par le Comte de Holderneff
, & à celle des Communes par M. Fox .
L'une & l'autre Chambre ont renvoyé à la quinzaine
l'examen de ces traités , & elles ont ordonné
que tous les membres feroient fommés d'y
affifter.
Plufieurs des Miniftres Ettangers furent le 25
Novembre en conférence avec les Miniftres du
Roi. La Compagnie des Indes Orientales tint le
26 une affemblée générale. Il y fut décidé que le
Dividende fur fon fonds capital , à compter du
commencement du mois de Janvier 1756 , feroit
réduit de huit à fix pour cent. Dans une affemblée
que le Corps de la Bourgeoisie de cette ville
tint le 25 Novembre , on propofa de fupplier le
Parlement d'établir en Angleterre une milice générale.
Mais la négative l'emporta à la pluralité
de quatre-vingt-fix voix contre foixante - fix . La
Milice particuliere des provinces méridionales
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
fe leve avec toute la diligence poffible . Le Duc de
Marlbouroug partira dans peu pour aller prendre
le commandement des troupes dans la province
de Kent . Suivant l'arrangement propofé
par le Général Ligonier , chaque Bataillon aura
déformais deux pieces de campagne. Quelques
Bataillons des Gardes à pied & une Compagnie
des Gardes du Corps ont reçu ordre de fe tenir
prêts à marcher. Le Duc de Bedfort a fait offre au
Roi d'entretenir à fes dépens pendant une année
un Corps de dix mille hommes . Des Commiffaires
font chargés d'aller vifiter les fortifications
de toutes les places d'Irlande , & de faire réparer
celies qui en auront befoin .
Quelques vaiffeaux & plufieurs chaloupes croifent
le long de la côte du Comté de Suffex , afin
de s'opposer aux defcentes qu'on pourroit tenter
dans ce te province.
En divers endroits de la Grande- Bretagne on
a obſervé dans les eaux la même agitation qui
s'eft fait remarquer en Hollande , en Allemagne
& en Italie , & qui a caufé de fi terribles ravages
à Cadix & dans le Portugal.
On propofa le 2 de ce mois à la Chambre d'encourager
les Matelots par quelques récompenfes.
extraordinaires , & de requérir que le Roi décla
rât légitimes les prifes faites fur les Francois. Ces
deux propofitions exciterent de longs débats , &
furent enfin rejettées.
On a embarqué ces jours - ci vingt - cinq mille
livres fterlings , & une grande quantité de toutes
fortes de provifions pour le Portugal . En faveur
de ce Royaume défolé on a levé l'embargo qui
avoit été mis dans tous les ports d'Irlande fur les
beftiaux & fur les grains.
Le s,le Comte de Holderneffremit à la Chambre
JANVIER. 1756. 181
les copies qu'elle avoit demandées de plufieurs an
ciens Traités. Elle réfolut de fupplier le Roi de
lai faire communiquer les Mémoires refpectifs
de ce Miniſtere & de celui de France au fujet des
différends qui regardent l'Amérique . Le Roi fe
rendit à la Chambre le ro , & S. M. ayant mandé les
Communes, donna fon confentement au Bill de la
Dréche. Lorsque le Roi fe fut retiré, les Seigneurs
prirent en confidération les deux Traités faits avec
' Impératrice de Ruffie & avec le Landgrave de
Heffe-Caffel. L'un & l'autre furent approuvés à
la pluralité de quatre-vingt - cinq voix contre douze.
Lei , le 6 & le 8 , la Chambre des Communes
examina en Committé le Bill de la taxe fur les ter
res. Il fut ordonné de porter un Bill pour recruter
plus promptement les troupes. La Chambre
a accordé neuf cens trente mille fix cens trois
livres sterlings pour l'entretien des troupes employées
dans la Grande- Bretagne ; deux cens huit
mille cinq cens trente- quatre pour les troupes
d'Amérique , ainfi que pour les garnifons de Ġibraltar
& de Port-Mahon ; cent cinquante- deux
mille quatre cens trente- cinq pour l'artillerie de
terre, cent quarante -fix mille pour les dépenses extraordinaires
que ce département a exigées, & auxquelles
le Parlement n'avoit pas pourvu ; cent
mille pour fecourir les malheureux qui ont été
rainés par la cataſtrophe de Liſbonne.
Le vaiffeau de guerre la Hamptoncourt , de
foixante-dix canons , a fait voile de Portsmouth
pour Lisbonne, chargé de provifions , & de cinquante
mille livres fterlings. Plufieurs autres vaiffeaux
partirone fucceffivement avec de femblables
fecours pour la même deſtination . Le Capitaine
& l'équipage d'un navire , appartenant à MM.
de Godwill & Cotterel ont déclaré que le & No182
MERCURE DE FRANCE.
vembre ils avoient effuyé en pleine mer , à plus
de foixante lieues des côtes du Portugal , une fecouffe
auffi violente que celle du plus fort tremblement
de terre.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 21 novembre, les Communes britanniques ont accordé au roi cinquante mille matelots, incluant cinq mille cent trente-huit soldats de marine. Le 26 novembre, elles ont décidé d'imposer une taxe de quatre schellings par livre sterling sur les revenus des terres et de maintenir les droits sur la drêche pour l'année suivante. Les traités avec l'impératrice de Russie et le landgrave de Hesse-Cassel ont été soumis aux Chambres des Lords et des Communes, qui ont reporté leur examen à la quinzaine. Plusieurs ministres étrangers ont rencontré les ministres du roi le 25 novembre. La Compagnie des Indes Orientales a réduit son dividende de huit à six pour cent à partir de janvier 1756. La proposition d'établir une milice générale en Angleterre a été rejetée par la bourgeoisie de Londres. La milice des provinces méridionales est en cours de levée, et le duc de Marlborough doit prendre le commandement des troupes dans le Kent. Le duc de Bedford a proposé d'entretenir un corps de dix mille hommes à ses frais. Des commissaires inspectent les fortifications en Irlande. Des navires patrouillent la côte du Suffolk pour prévenir des descentes ennemies. Des agitations sous-marines similaires à celles observées en Hollande, Allemagne et Italie ont été notées en Grande-Bretagne. La Chambre des Communes a rejeté des propositions de récompenses pour les matelots et de légitimation des prises sur les Français. Des provisions et des fonds ont été envoyés au Portugal, et l'embargo sur les bestiaux et les grains en Irlande a été levé. Le comte de Holderness a remis des copies d'anciens traités à la Chambre, qui a demandé au roi de communiquer les mémoires respectifs concernant les différends en Amérique. Le roi a approuvé le Bill de la drêche. Les Chambres ont examiné et approuvé les traités avec la Russie et la Hesse-Cassel. Des fonds ont été alloués pour l'entretien des troupes en Grande-Bretagne, en Amérique, et pour les garnisons de Gibraltar et de Port-Mahon, ainsi que pour l'artillerie et les dépenses extraordinaires. Des secours ont été envoyés à Lisbonne après le tremblement de terre. Plusieurs navires ont signalé une secousse violente en mer.
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63
p. 207
DU NORD.
Début :
En conséquence d'un Décret qui vient d'être publié, les Vaisseaux soit [...]
Mots clefs :
Copenhague, Décret, Vaisseaux, Cronenbourg
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE
COPPENHAGUE , le IS Avril.
EN conféquence d'un Décret qui vient d'être
publié, les Vaiffeaux foit nationaux foit étrangers,
feront tenus à l'avenir , lorfqu'ils pafferont le
Sund , de baiffer le pavillon pendant cinq minutes
devant la fortereffe de Cronenbourg , fous
peine d'y être contrains par le canon de cette
Fortereffe.
DE
COPPENHAGUE , le IS Avril.
EN conféquence d'un Décret qui vient d'être
publié, les Vaiffeaux foit nationaux foit étrangers,
feront tenus à l'avenir , lorfqu'ils pafferont le
Sund , de baiffer le pavillon pendant cinq minutes
devant la fortereffe de Cronenbourg , fous
peine d'y être contrains par le canon de cette
Fortereffe.
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64
p. 211-212
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
On a reçu la confirmation que l'Escadre Françoise, commandée par M. Perrier de Salvert, [...]
Mots clefs :
Londres, Vaisseaux, Amiral Holbourne, Amérique, Siège du Fort de la Couronne, Tensions, Camps, Français, Fortifications
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE - BRETAGNE.
DE LONDRES , le 22 Avril.
On a reçu la confirmation
que l'Efcadre
Françoife
, commandée
par M. Perrier de Salvert ,
s'étoit emparée de trois Navires Anglois , dont un
a été conduit à Cadix , & les deux autres à Morlaix .
Le Vaiffeau de guerre le Newcastle
, de l'Eſcadre
de l'Amiral Hawke , a enlevé à la hauteur du Cap
Ortugal deux Bâtimens François : l'un de quatorze
canons & de cinquante
- fept hommes d'équipage
,
alloit au Cap Breton ; l'autre , chargé de vin ,
de
farine & de balles de moufquet , étoit deftiné pour
le Canada. L'Amiral
Holbourne
fit voile le is de
Plymouth
pour l'Amérique
avec quelques
Vaiffeaux
de guerre , & avec plufieurs
Bâtimens
de
tranfport
fur lefquels on a fait embarquer
le Régi
ment d'Otway
& celui des Montagnards
Ecoffois.
On équipe à Spithéad
une nouvelle
Efcadre de
huit Vaiffeaux
, dont l'Amiral Bofcawen
aura le
commandement
. Selon les lettres de la Virginie
on doit commencer
dans les premiers
jours du
mois prochain
le fiege du Fort de la Couronne
.
Les mêmes dépêches
affurent qu'on augmente
avec toute la diligence
poffible les fortifications
des principales
Villes des Colonies , & que l'on y
conftruit
divers Forts . On écrit d'Irlande
qu'on y
fait les difpofitions
néceffaires
pour les trois
camps que le Gouvernement
fe propofe d'y
former cette année. Le Lord Barrington
, Secretaire
de la Guerre , a annoncé
publiquement
, par
212 MERCURE DE FRANCE.
ordre du Roi , que la plupart des Régimens étant
complets , Sa Majefté juge à propos de fufpendre
l'exécution du Bill , qui ordonne de lever des foldats
par force.
>
Sa Majefté a fait fçavoir à M. le Chevalier de
Bouville commandant le Vaiffeau de guerre
François l'Espérance , & aux autres Officiers François
, prifonniers à Leycefter , qu'ils pouvoient
porter l'épée & fe promener hors de la Ville ,
pourvu qu'ils y rentraffent les foirs.
Tout le bois de fapin qui a été apporté en dernier
lieu de Norwege , a été acheté & embarqué
pour le Portugal . Les troupes n'attendent pour
camper que l'écoulement des eaux , qui en divers
endroits ont inondé une grande étendue de pays.
Le camp que l'on fe propofe de former dans les
environs de Cantorbery , fera composé de vingtcinq
mille hommes. On prépare des quartiers:
dans le Comte de Hampshire pour les troupes
Hanoveriennes & Heffoifes , qui débarqueront
dans un Port de cette Province.
Un Navire Anglois ayant échoué près de Calais ,
les François fe font emparés de fa cargaifon , &
ont fait l'équipage prifonnier. On équipe à Portf
mouth & à Plymouth deux Efcadres , dont le
public ignore la deſtination .
"
On affure que l'Amiral Byng est arrivé le 26
du mois dernier à Gibraltar. L'Efcadre de cet
Amiral fera renforcée de quatre Vaiffeaux , qui
doivent faire inceffamment voile de Spithéad.
DE LONDRES , le 22 Avril.
On a reçu la confirmation
que l'Efcadre
Françoife
, commandée
par M. Perrier de Salvert ,
s'étoit emparée de trois Navires Anglois , dont un
a été conduit à Cadix , & les deux autres à Morlaix .
Le Vaiffeau de guerre le Newcastle
, de l'Eſcadre
de l'Amiral Hawke , a enlevé à la hauteur du Cap
Ortugal deux Bâtimens François : l'un de quatorze
canons & de cinquante
- fept hommes d'équipage
,
alloit au Cap Breton ; l'autre , chargé de vin ,
de
farine & de balles de moufquet , étoit deftiné pour
le Canada. L'Amiral
Holbourne
fit voile le is de
Plymouth
pour l'Amérique
avec quelques
Vaiffeaux
de guerre , & avec plufieurs
Bâtimens
de
tranfport
fur lefquels on a fait embarquer
le Régi
ment d'Otway
& celui des Montagnards
Ecoffois.
On équipe à Spithéad
une nouvelle
Efcadre de
huit Vaiffeaux
, dont l'Amiral Bofcawen
aura le
commandement
. Selon les lettres de la Virginie
on doit commencer
dans les premiers
jours du
mois prochain
le fiege du Fort de la Couronne
.
Les mêmes dépêches
affurent qu'on augmente
avec toute la diligence
poffible les fortifications
des principales
Villes des Colonies , & que l'on y
conftruit
divers Forts . On écrit d'Irlande
qu'on y
fait les difpofitions
néceffaires
pour les trois
camps que le Gouvernement
fe propofe d'y
former cette année. Le Lord Barrington
, Secretaire
de la Guerre , a annoncé
publiquement
, par
212 MERCURE DE FRANCE.
ordre du Roi , que la plupart des Régimens étant
complets , Sa Majefté juge à propos de fufpendre
l'exécution du Bill , qui ordonne de lever des foldats
par force.
>
Sa Majefté a fait fçavoir à M. le Chevalier de
Bouville commandant le Vaiffeau de guerre
François l'Espérance , & aux autres Officiers François
, prifonniers à Leycefter , qu'ils pouvoient
porter l'épée & fe promener hors de la Ville ,
pourvu qu'ils y rentraffent les foirs.
Tout le bois de fapin qui a été apporté en dernier
lieu de Norwege , a été acheté & embarqué
pour le Portugal . Les troupes n'attendent pour
camper que l'écoulement des eaux , qui en divers
endroits ont inondé une grande étendue de pays.
Le camp que l'on fe propofe de former dans les
environs de Cantorbery , fera composé de vingtcinq
mille hommes. On prépare des quartiers:
dans le Comte de Hampshire pour les troupes
Hanoveriennes & Heffoifes , qui débarqueront
dans un Port de cette Province.
Un Navire Anglois ayant échoué près de Calais ,
les François fe font emparés de fa cargaifon , &
ont fait l'équipage prifonnier. On équipe à Portf
mouth & à Plymouth deux Efcadres , dont le
public ignore la deſtination .
"
On affure que l'Amiral Byng est arrivé le 26
du mois dernier à Gibraltar. L'Efcadre de cet
Amiral fera renforcée de quatre Vaiffeaux , qui
doivent faire inceffamment voile de Spithéad.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 22 avril, des nouvelles rapportent que la frégate française commandée par M. Perrier de Salvert a capturé trois navires anglais. Le vaisseau britannique Newcastle, de l'escadre de l'amiral Hawke, a intercepté deux bâtiments français près du Cap Vertugal. L'amiral Holbourne a quitté Plymouth pour l'Amérique avec plusieurs vaisseaux et régiments. Une escadre de huit vaisseaux, commandée par l'amiral Boscawen, est en cours d'équipement à Spithead. En Virginie, le siège du Fort de la Couronne doit commencer début mai, tandis que les colonies renforcent leurs fortifications. En Irlande, trois camps doivent être formés. Le recrutement forcé des soldats est suspendu. Le roi a permis aux officiers français prisonniers à Leicester de porter l'épée. Tout le bois de sapin importé de Norvège a été acheté pour le Portugal. Les troupes attendent la baisse des eaux pour camper, notamment un camp de vingt-cinq mille hommes près de Cantorbery. Des quartiers sont préparés pour les troupes hanovriennes et hessoises. Un navire anglais échoué près de Calais a été capturé par les Français. Deux escadres sont en cours d'équipement à Portsmouth et Plymouth. L'amiral Byng est arrivé à Gibraltar et son escadre doit être renforcée.
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65
p. 221-226
« Monseigneur le Dauphin, au sortir de l'Abbaye de Pantemont, se rendit avec [...] »
Début :
Monseigneur le Dauphin, au sortir de l'Abbaye de Pantemont, se rendit avec [...]
Mots clefs :
Monseigneur le Dauphin, M. le Chevalier d'Aubigny, Vaisseaux, Vaisseaux anglais, Martinique, Sa Majesté, Comtes, Hôtel des Cheveaux-Légers, Exercices militaires, École militaire, Cavalerie, Infanterie, Artillerie, Cérémonies, Compagnie des Indes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Monseigneur le Dauphin, au sortir de l'Abbaye de Pantemont, se rendit avec [...] »
Monfeigneur le Dauphin, aufortir de l'Abbaye
de Pantemont , fe rendit avec Madame au Palais
de Luxembourg, Madame la Dauphine , & Mef
dames Victoire , Sophie & Louife, y étoient arri
vées deVerfailles quelques momens auparavant
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine
& MefdamesdeFrance , firent un tour dans les
jardins, monterent enfuite à la galerie , & alle
rent delà fe promener fur le Boulevard. Le foir ,
ce Prince & ces Princeffes retournerent à Ver
failles.
Parles Lettres qu'on vient de recevoir de M. le
Chevalier d'Aubigny, Capitaine de Vaiffeau, on a
eula confirmationde la nouvellede laprifeduVaif
feau de guerre Anglois le Warwick; mais les cir
conftances n'en font pas telles qu'elles avoient
été annoncées par quelques Relations particulie
res. C'eft le 11 de Mars que M.leChevalier d'Aubi
gnyrencontra ce Vaiffeau à l'attérage de la Mar
tinique. Dès qu'il en eut connoiffance , il lui
donna chaffe avec le Vaiffeau le Prudent qu'il
monte , & lesFrégates l'Atalante & le Zéphyr,
commandéespar MM. du Chaffault, Capitaine de
Vaiffeau , & la Touche de Tréville , Lieutenant
de Vaiffeau , qui étoient fous fes ordres. 11 tint
un peulevent. M. la Touche de Tréville coupa
fous le vent , & M. du Chaffault qui manœuvra
pour ferrer le Warwick, le trouva après une
heure & demie de chaffe à portée d'engager le
combat par une fort belle manoeuvre. N'étant
qu'à une portée de piftolet de ce Vaiffeau , it
arriva tout à coup , lui donna fa bordée dans la
pouppe, & fe mit fous le vent àlui , afin de pou
voir fe fervir plus facilement de tous les canons,
dont il fit un feu très-vif. M. le Chevalier d'Aubi
gny, quiavoiteu le temps de s'approcher , avoit
déja tiré fes canons de l'avant , lorfque leWar
wick lui envoya toute fa bordée & baiffa fon pa
villon. Ce Vaiffeau , commandé par le Capitaine
Shuldam, eft percé pour foixante- quatre pieces
de canon ; mais il n'en avoit que foixante de
JUILLET.. 1756.
223
montés. Pendant qu'on lui donnoit chaffe , on
apperçut un autre Vaiffeau à trois lieues au vent ;
mais il difparut bientôt , & il ne fut pas poffibie
au Chevalier d'Aubigny d'aller à fa pourfuite.
M. Savalete de Magnanville s'étant démis de
P'Intendance de Touraine , pour prendre la Char
ge de Garde du Tréfor Royal , vacante par la
mort de M. Savalete , fon pere , le Roi a donné
cette Intendance à M. Lefcalopier, Intendant de
la Généralité de Montauban.
Sa Majestéaaccordé àM. leMarquis de Belloy,
l'agrément de la Lieutenance de Roi de la Pro
vince d'Orléannois , dont M. le Marquis d'Ar
bouville a donné fa démiffion.
Le 11Juin , le Roi accompagné de Monfei
gneur le Dauphin, de M. le Comte deClermont,
Prince du Sang; des Miniftres & desprincipaux
Seigneurs de fa Cour, fe rendit à l'Hôtel des
Chevaux-Légers de fa garde ordinaire, pour y
voir une partie des exercices qu'on montre à la
jeune Nobleffe élevée dans ce Corps.
Sa Majesté entra d'abord dans un manege cou
vert, & le plaça dans un balcon , d'où elle vit
plufieurs éleves, qui manierent leurs chevaux avec
beaucoup de grace & d'adreffe.
Le Roi monta enfuite à la falle des exercices.
Sa Majestéy trouva un Bataillon fous les armes,
compofé des plus jeunes Eleves. Ce Bataillon fir
le maniement des armes avec une préciſion fur
prenante , à lafeule meſure de la nouvelle marche
Françoiſe , & aufon d'une mufique guerriere ; il
fit auffi tous les pas prefcrits par l'Ordonnance ,
& les différentes évolutions d'Infanterie que le
terrein pouvoit permettre.
Après que ce Bataillon cût fini tous les mouve
mens , une feconde troupe compofée des plus
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
grands Eleves , coëffés avantageufement d'un
bonnet d'une forme & d'une conftruction nou
velle , guêtrés & armés enguerre, déboucha dans
le fondde lafalle , & fe forma derriere la pre
miere troupe , qui s'ouvrit en bordant la haye de
'droite & de gauche pour démafquer cette fecon
de. Ladivifion , qui étoit à la gauche du Roi
défila devant Sa Majefté , fit le falut du fufil , &
difparut avec la divifion de la droite , pour laiffer
le terrein libre au grand Bataillon : celui-ci fit
l'exercice à la muette & au coup de tambour,
& toutes les autres manoeuvres du petit Bataillon
avec le même fuccès. La divifion de la gauche
défila devant le Roi , & falua fierement & de fort
bonnegrace de l'efponton. Les trompettes , haut
bois , violons , cors-de-chaffe , les timballes &
les tambours, remplirent par des fanfares l'inter
valle du temps, qui étoit néceffaire aux Eleves
pour ſe préparer aux exercices de l'efcrime & du
veltiger.
Soixante Eleves en camifoles blanches & en
fandales , le fleuret à la main , fe formerent en
bataillon au fond de la falle ; ils avancerent au
pas redoublé, firent halte , ouvrirent leurs rangs
à droite & àgauche, fe mirent fur deuxfiles , &
commencerent l'exercice de l'efcrime ; ils donne
rent par des attitudes fort nobles & par une jufte
exécution l'idée de tous les principes de cet art
?
&finirent cet exercice par plufieurs affauts , qui
intérefferent tous les fpectateurs.
Ils firent enfuite tous les tours du voltiger avec
beaucoup de légèreté & d'adreffe fur un cheval
rembourré. Dix-huit Eleves fauterent en felle fur.
unautre cheval conftruit d'après nature, à refforts,
& dela hauteurde quatre pieds neufpouces , les
uns par la croupe, & les autres de côté, tenant la
JUILLET. 1756.
Eriniere. Huit d'entr'eux firent ces fauts en bottes
fortes , enbottes molles , armés en guerre avecle
225
plaftron , le fabre à la main & lefufil en bandou
Liere. Le cheval fut enfin élevé jufqu'à fept pieds:
quelques Eleves y fauterent deffus en felle au
grand étonnement desfpectateurs.
Le Roi defcendit de la falle des exercices dans
celle des plans, où Sa Majefté en vit plufieurs en
relief de différentes Places de guerre , un pare
complet d'artillerie avec toutes les machines &
uftenciles de guerre , même un pont jettéfur une
petite piece d'eau , imitant une riviere & des bat
teries conftruites , le tout réduit dans de juftes
proportionsfelon les Ordonnances. Dans la même
falle , Sa Majefté examina des Deffeins & des
Plans en relieffaits par les Eleves de l'Ecole. De
là , le Roi fe rendit dans une galerie , d'où Sa
Majefté vit dans un grand manege découvert la
courfe des têtes à la lance , au dard , au piſtolet ,
à l'épée , enfabrant , en pointant & en plongeant.
Les Eleves y donnerent une image de la guerre
parplufieurs manoeuvres très-bien exécutées d'at
taque & de défenſe : il y eut des combats entre
deux Corps de Cavalerie , & entre des Corps de
Cavalerie & d'Infanterie. On entendit un bruit
continuel d'artillerie , de moufqueterie & d'inftru
mens de guerre; & ce qui parut étonnant , c'eft
que les chevaux n'en furent point effrayés , &
qu'ils n'en furent pas moins dociles à la main &
aux aides des Cavaliers qui les montoient.
Les différens exercices dont on vient de parler,
formoient unfpectacle digne du grand Roi qui
daignoitles honorer de fa prétence. Auffi a Ma
jefté en parut très-fatisfaite , ainfi que Monfei
gneur le Dauphin. Tous les fpectateurs furent
KY
encore plus touchés de l'attention favorable que
226 MERCURE DE FRANCE.
Sa Majefté& Monfeigneur leDauphin daignerent
yprêter, que du fuccès éclatant de l'exécution.
On nefçauroit donner trop d'éloges à M. le Duc
de Chaulnes fur l'établiſſement qu'il a fait dansle
Corps qu'il commande, d'une Ecole finéceffaire
à laNobleffe , & à laquelle on ne peut rien dé
frer; ni troplouer M. le Comte de Luberfac de
Livron , fous-Lieutenant de la Compagnie des
Chevaux-Légers, qui a dirigé jufqu'àpréfentcette
Ecole , fous les ordres du Ducde Chaulnes avec
une application finguliere. M. deVezannes , Aide
Majoren chefde la Compagnie , & Brigadier des
Armées du Roi , méritebien auffi qu'onfaffe de
lui une mention honorable , par le zele continuel
avec lequel il a contribué au fuccès de cette Ecole.
Le Chevalier Louis Mocenigo , Ambaffadeur
Ordinaire de la République de Venife auprès du
Roi , mourut à Paris le 12 Juin dans la quarante
fixieme année de fon âge.
Le 13 Juin , pendant laMeffedu Roi , les Car
dinaux de Tavannes , de Luynes & de Gefvres,
prêterent un nouveau ferment de fidélité entre les
mains de Sa Majeſté , ainfi qu'il eft d'ufage en
France, lorfque les Prélats y font revêtus de la
pourpre.
Le 16, les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à quinze cens quarantelivres les Billets
delapremiere Loterie Royale , à neufcensdouze ;
& ceux de latroifieme Loterie , à fix cens qua
rante-quatre. Ceux dela fecondeLoterie n'avoient
point de prix fixe.
de Pantemont , fe rendit avec Madame au Palais
de Luxembourg, Madame la Dauphine , & Mef
dames Victoire , Sophie & Louife, y étoient arri
vées deVerfailles quelques momens auparavant
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine
& MefdamesdeFrance , firent un tour dans les
jardins, monterent enfuite à la galerie , & alle
rent delà fe promener fur le Boulevard. Le foir ,
ce Prince & ces Princeffes retournerent à Ver
failles.
Parles Lettres qu'on vient de recevoir de M. le
Chevalier d'Aubigny, Capitaine de Vaiffeau, on a
eula confirmationde la nouvellede laprifeduVaif
feau de guerre Anglois le Warwick; mais les cir
conftances n'en font pas telles qu'elles avoient
été annoncées par quelques Relations particulie
res. C'eft le 11 de Mars que M.leChevalier d'Aubi
gnyrencontra ce Vaiffeau à l'attérage de la Mar
tinique. Dès qu'il en eut connoiffance , il lui
donna chaffe avec le Vaiffeau le Prudent qu'il
monte , & lesFrégates l'Atalante & le Zéphyr,
commandéespar MM. du Chaffault, Capitaine de
Vaiffeau , & la Touche de Tréville , Lieutenant
de Vaiffeau , qui étoient fous fes ordres. 11 tint
un peulevent. M. la Touche de Tréville coupa
fous le vent , & M. du Chaffault qui manœuvra
pour ferrer le Warwick, le trouva après une
heure & demie de chaffe à portée d'engager le
combat par une fort belle manoeuvre. N'étant
qu'à une portée de piftolet de ce Vaiffeau , it
arriva tout à coup , lui donna fa bordée dans la
pouppe, & fe mit fous le vent àlui , afin de pou
voir fe fervir plus facilement de tous les canons,
dont il fit un feu très-vif. M. le Chevalier d'Aubi
gny, quiavoiteu le temps de s'approcher , avoit
déja tiré fes canons de l'avant , lorfque leWar
wick lui envoya toute fa bordée & baiffa fon pa
villon. Ce Vaiffeau , commandé par le Capitaine
Shuldam, eft percé pour foixante- quatre pieces
de canon ; mais il n'en avoit que foixante de
JUILLET.. 1756.
223
montés. Pendant qu'on lui donnoit chaffe , on
apperçut un autre Vaiffeau à trois lieues au vent ;
mais il difparut bientôt , & il ne fut pas poffibie
au Chevalier d'Aubigny d'aller à fa pourfuite.
M. Savalete de Magnanville s'étant démis de
P'Intendance de Touraine , pour prendre la Char
ge de Garde du Tréfor Royal , vacante par la
mort de M. Savalete , fon pere , le Roi a donné
cette Intendance à M. Lefcalopier, Intendant de
la Généralité de Montauban.
Sa Majestéaaccordé àM. leMarquis de Belloy,
l'agrément de la Lieutenance de Roi de la Pro
vince d'Orléannois , dont M. le Marquis d'Ar
bouville a donné fa démiffion.
Le 11Juin , le Roi accompagné de Monfei
gneur le Dauphin, de M. le Comte deClermont,
Prince du Sang; des Miniftres & desprincipaux
Seigneurs de fa Cour, fe rendit à l'Hôtel des
Chevaux-Légers de fa garde ordinaire, pour y
voir une partie des exercices qu'on montre à la
jeune Nobleffe élevée dans ce Corps.
Sa Majesté entra d'abord dans un manege cou
vert, & le plaça dans un balcon , d'où elle vit
plufieurs éleves, qui manierent leurs chevaux avec
beaucoup de grace & d'adreffe.
Le Roi monta enfuite à la falle des exercices.
Sa Majestéy trouva un Bataillon fous les armes,
compofé des plus jeunes Eleves. Ce Bataillon fir
le maniement des armes avec une préciſion fur
prenante , à lafeule meſure de la nouvelle marche
Françoiſe , & aufon d'une mufique guerriere ; il
fit auffi tous les pas prefcrits par l'Ordonnance ,
& les différentes évolutions d'Infanterie que le
terrein pouvoit permettre.
Après que ce Bataillon cût fini tous les mouve
mens , une feconde troupe compofée des plus
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
grands Eleves , coëffés avantageufement d'un
bonnet d'une forme & d'une conftruction nou
velle , guêtrés & armés enguerre, déboucha dans
le fondde lafalle , & fe forma derriere la pre
miere troupe , qui s'ouvrit en bordant la haye de
'droite & de gauche pour démafquer cette fecon
de. Ladivifion , qui étoit à la gauche du Roi
défila devant Sa Majefté , fit le falut du fufil , &
difparut avec la divifion de la droite , pour laiffer
le terrein libre au grand Bataillon : celui-ci fit
l'exercice à la muette & au coup de tambour,
& toutes les autres manoeuvres du petit Bataillon
avec le même fuccès. La divifion de la gauche
défila devant le Roi , & falua fierement & de fort
bonnegrace de l'efponton. Les trompettes , haut
bois , violons , cors-de-chaffe , les timballes &
les tambours, remplirent par des fanfares l'inter
valle du temps, qui étoit néceffaire aux Eleves
pour ſe préparer aux exercices de l'efcrime & du
veltiger.
Soixante Eleves en camifoles blanches & en
fandales , le fleuret à la main , fe formerent en
bataillon au fond de la falle ; ils avancerent au
pas redoublé, firent halte , ouvrirent leurs rangs
à droite & àgauche, fe mirent fur deuxfiles , &
commencerent l'exercice de l'efcrime ; ils donne
rent par des attitudes fort nobles & par une jufte
exécution l'idée de tous les principes de cet art
?
&finirent cet exercice par plufieurs affauts , qui
intérefferent tous les fpectateurs.
Ils firent enfuite tous les tours du voltiger avec
beaucoup de légèreté & d'adreffe fur un cheval
rembourré. Dix-huit Eleves fauterent en felle fur.
unautre cheval conftruit d'après nature, à refforts,
& dela hauteurde quatre pieds neufpouces , les
uns par la croupe, & les autres de côté, tenant la
JUILLET. 1756.
Eriniere. Huit d'entr'eux firent ces fauts en bottes
fortes , enbottes molles , armés en guerre avecle
225
plaftron , le fabre à la main & lefufil en bandou
Liere. Le cheval fut enfin élevé jufqu'à fept pieds:
quelques Eleves y fauterent deffus en felle au
grand étonnement desfpectateurs.
Le Roi defcendit de la falle des exercices dans
celle des plans, où Sa Majefté en vit plufieurs en
relief de différentes Places de guerre , un pare
complet d'artillerie avec toutes les machines &
uftenciles de guerre , même un pont jettéfur une
petite piece d'eau , imitant une riviere & des bat
teries conftruites , le tout réduit dans de juftes
proportionsfelon les Ordonnances. Dans la même
falle , Sa Majefté examina des Deffeins & des
Plans en relieffaits par les Eleves de l'Ecole. De
là , le Roi fe rendit dans une galerie , d'où Sa
Majefté vit dans un grand manege découvert la
courfe des têtes à la lance , au dard , au piſtolet ,
à l'épée , enfabrant , en pointant & en plongeant.
Les Eleves y donnerent une image de la guerre
parplufieurs manoeuvres très-bien exécutées d'at
taque & de défenſe : il y eut des combats entre
deux Corps de Cavalerie , & entre des Corps de
Cavalerie & d'Infanterie. On entendit un bruit
continuel d'artillerie , de moufqueterie & d'inftru
mens de guerre; & ce qui parut étonnant , c'eft
que les chevaux n'en furent point effrayés , &
qu'ils n'en furent pas moins dociles à la main &
aux aides des Cavaliers qui les montoient.
Les différens exercices dont on vient de parler,
formoient unfpectacle digne du grand Roi qui
daignoitles honorer de fa prétence. Auffi a Ma
jefté en parut très-fatisfaite , ainfi que Monfei
gneur le Dauphin. Tous les fpectateurs furent
KY
encore plus touchés de l'attention favorable que
226 MERCURE DE FRANCE.
Sa Majefté& Monfeigneur leDauphin daignerent
yprêter, que du fuccès éclatant de l'exécution.
On nefçauroit donner trop d'éloges à M. le Duc
de Chaulnes fur l'établiſſement qu'il a fait dansle
Corps qu'il commande, d'une Ecole finéceffaire
à laNobleffe , & à laquelle on ne peut rien dé
frer; ni troplouer M. le Comte de Luberfac de
Livron , fous-Lieutenant de la Compagnie des
Chevaux-Légers, qui a dirigé jufqu'àpréfentcette
Ecole , fous les ordres du Ducde Chaulnes avec
une application finguliere. M. deVezannes , Aide
Majoren chefde la Compagnie , & Brigadier des
Armées du Roi , méritebien auffi qu'onfaffe de
lui une mention honorable , par le zele continuel
avec lequel il a contribué au fuccès de cette Ecole.
Le Chevalier Louis Mocenigo , Ambaffadeur
Ordinaire de la République de Venife auprès du
Roi , mourut à Paris le 12 Juin dans la quarante
fixieme année de fon âge.
Le 13 Juin , pendant laMeffedu Roi , les Car
dinaux de Tavannes , de Luynes & de Gefvres,
prêterent un nouveau ferment de fidélité entre les
mains de Sa Majeſté , ainfi qu'il eft d'ufage en
France, lorfque les Prélats y font revêtus de la
pourpre.
Le 16, les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à quinze cens quarantelivres les Billets
delapremiere Loterie Royale , à neufcensdouze ;
& ceux de latroifieme Loterie , à fix cens qua
rante-quatre. Ceux dela fecondeLoterie n'avoient
point de prix fixe.
Fermer
Résumé : « Monseigneur le Dauphin, au sortir de l'Abbaye de Pantemont, se rendit avec [...] »
Le texte relate divers événements impliquant la famille royale française et des nouvelles militaires et administratives. Le Dauphin et Madame se rendirent au Palais de Luxembourg, où Madame la Dauphine et les princesses Victoire, Sophie et Louise les attendaient. Ils se promenèrent dans les jardins, visitèrent la galerie et le Boulevard avant de retourner à Versailles. Le Chevalier d'Aubigny annonça la capture du vaisseau de guerre anglais le Warwick le 11 mars. Le combat eut lieu près de la Martinique, impliquant les vaisseaux français le Prudent, l'Atalante et le Zéphyr. Le Warwick, commandé par le Capitaine Shuldam, était conçu pour soixante-quatre canons mais n'en avait que soixante montés. M. Savalet de Magnanville démissionna de l'Intendance de Touraine pour devenir Garde du Trésor Royal. Le Roi nomma M. Lefcalopier à sa succession. Le Marquis de Belloy obtint l'agrément pour la Lieutenance du Roi en Orléannois, succédant au Marquis d'Arbouville. Le 11 juin, le Roi, accompagné du Dauphin et de plusieurs dignitaires, visita l'Hôtel des Chevaux-Légers pour assister à des exercices militaires. Les élèves démontrèrent des manœuvres équestres, des exercices d'infanterie, d'escrime et de voltige. Le Roi examina également des plans de fortifications et des exercices de tir. L'événement fut apprécié par le Roi, le Dauphin et les spectateurs. Le Chevalier Louis Mocenigo, ambassadeur de Venise, mourut à Paris le 12 juin. Le 13 juin, les cardinaux de Tavannes, de Luynes et de Gesvres prêtèrent un nouveau serment de fidélité au Roi. Le 16 juin, les actions de la Compagnie des Indes étaient cotées à différents prix selon les loteries.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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66
p. 221-224
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
On prépare à Wolwich dix mille bombes, dont le public ignore la destination. [...]
Mots clefs :
Londres, Bombes, Maladies, Amérique, Bataillons, Commerce du blé, Discours du roi, Parlement, Colonies, Chambre des communes, La Haye, Ordonnance, Vaisseaux, Secousses
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 7 Décembre.
On prépare à Wolwich dix mille bombes , dont
le public ignore la deſtination . Il n'y a eu aucun
moyen d'engager les habitans des Provinces de
Kent & de Hampſhire , à recevoir dans les Villes ,
même dans les Villages , les troupes de Hanovre
& de Heffe.
Des dépêches qu'on recut le 20 Novembre
de la Nouvelle Yorck , marquent qu'il regne
beaucoup de maladies parmi les troupes que commande
le Lord Loudon. On a été informé par
les mêmes avis , que ce Lord avoit fait marcher
plufieurs détachemens , pour tâcher d'arrêter les
courfes des Sauvages , qui répandent la terreur dans
toutes les Colonies Angloifes de l'Amérique Septentrionale
.
Les Vaiffeaux de guerre le Kennington & le
Sutherland, partirent le 6 de Corck pour ces Colonies
. Ils ont fous leur convoi quatorze Bâtimens
de tranfport, à bord defquels on a fait embarquer
le Régiment d'Offarel , & les détachemens tirés
des Régimens d'Infanterie fur l'établiſſement d'Irlande.
Quatre Bataillons des troupes Hanoveriennes
s'embarquerent le 24 du mois dernier , pour retourner
en Allemagne. On y fera repaffer fucceffivement
en deux autres divifions le refte de ces troupes
, qui eft encore actuellement campé près de
Maidstone malgré la rigueur de la faifon . Plufieurs
Frégates croiferont cet hyver dans la Manche.L'Amiral
Byng , & le fieur Shirley , ci - devant Gouverneur
de la Nouvelle Angleterre , fubiront dans
peu leurs interrogatoires . Il s'eft tenu ces jours-
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
1
ci un grand Confeil à Whitehall , pour délibérer
fur les moyens de faire baiffer le prix du bled.
Conformément aux réfolutions prifes dans ce Confeil
, on publia le 26 une Proclamation , pour
défendre l'exportation des grains. En plufieurs endroits
ils étoient d'une telle rareté , que la populace
, craignant de manquer de pain , s'eft attroupée
tumultueufement , & a commis de grands défordres.
On n'eft parvenu à la calmer , qu'en recherchant
les perfonnes qui avoient fait fécrettement
des magaſins , & en les contraignant de vendre
à un prix modique tout le bled qu'elles y
avoient amaffé . Le 27 , le Roi nomma le Géné–
ral Blakeney Chevalier de l'Ordre du Bain. Sa
Majefté le même jour , créa ce Général Pair d'Irlande
, fous le titre de Vicomte d'Innitkilling .
L'ouverture du Parlement fe fit le 2 Décembre
avec les cérémonies accoutumées .
ע
Le Roi fit ce difcours : « Milord & Meffieurs ,
je vous ai fait affembler dans une conjoncture
qui requiert particuliérement les délibérations ,
» les avis & le fecours du Parlement , & je me
flatte, moyennant la protection de la divine Pro-
>> vidence , que l'union & la fermeté qui regnent
»parmi mes fideles Sujets , me feront fortir avec
>> honneur de toutes les difficultés , & feront triom-
» pher enfin de l'ancien ennemi de ces Royaumes ,
la dignité de ma Couronne & fes droits incon-
>> teftables. Un des principaux objets de mon at-
>>tention & de mon inquiétude , eft la défenſe &
>> la confervation de nos poffeffions en Amérique.
» Le danger éminent , auquel nos Colonies font
exposées , exige des réfolutions auffi promptes
>>que vigoureufes. Le foin de pourvoir à la fûreté
» de ces trois Royaumes n'occupe pas moins mon
efprit. Dans l'occurrence préfente , je n'ai rien
JANVIER. 1757. 223
»tant à coeur que de ne laiffer à mon peuple fur
>> cet article aucun fujet de mécontentement. A
>> cette fin , une Milice nationale , établie propor-
>>tionnellement aux forces & aux befoins de l'Ewtat
, peut devenir une avantageuſe reſſource
»dans le péril général . Je recommande l'établiffe-
>> ment de cette Milice au zele & à la vigilance de
>> mon Parlement. L'alliance peu naturelle que ,
>> contre toute attente , ont contractée des Puiffan-
>> ces étrangeres ; les malheurs qui , en conféquen-
» ce de cette dangereufe alliance , peuvent , par
» l'entrée de troupes étrangeres dans l'Empire ,
>>porter une funefte atteinte aux conftitutions du
»Corps Germanique , renverfer fon fyftême &
Dentrainer l'oppreffion du parti Proteftant , font
» des événemens qui ont fixé les yeux de l'Europe
>> fur cette nouvelle & dangereufe crife , & qui
»doivent affliger fenfiblement tous les Ordres de
>> la Nation Britannique . J'ai ordonné au corps de
»mes troupes Electorales , que j'avois fait venir
à la réquifition de mon Parlement , de retourner
» dans mes Etats d'Allemagne , me repofant avec
plaifir fur l'affection de mon peuple , & fur fon
» zele pour la défenfe de ma perfonne & de mes
>>Royaumes . Meffieurs de la Chambre des Com-
»munes : Je ferai remettre devant vous , lorfqu'il
» en fera temps , l'état des dépenfes . J'attends de
>>votre fageffe que vous préférerez le parti de ne
» rien épargner pour foutenir la guerre avec vi-
»gueur , au parti de vous expofer à la rendre plus
»coûteufe par la fuite , en employant pour le
»préfent des efforts moins efficaces . Je vous ai
>>montré les dangers & les befoins de l'Etat . C'eſt
Ȉ votre prudence de chercher les moyens de
»rendre à mon peuple , les moins onéreux qu'il
»fera poffible , les fardeaux que vous jugerez
K iv
224 MERCURE DE FRANCE.
indifpenfables de lui impofer. Mylords & Meffieurs
, Je ne puis négliger de mettre devant
>vos yeux tout ce que les pauvres fouffrent de la
»cherté des grains , & les inconvéniens qui en
>>peuvent réfulter. Je vous recommande de pren-
>>dre les mesures convenables , pour prévenir à
» cet égard dans la fuite les mauvaiſes mancupvres.
Mes Sujets , à l'occafion du malheureux
»fuccès de nos armes dans la Méditerranée ,
» m'ont donné des preuves éclatantes de l'intérêt
qu'ils prennent à mon honneur & à celui de ma
>> Couronne. Ils éprouveront de ma part un jufle
>> retour par mes foins infatiguables & mes efforts
>> continuels pour la gloire & le bonheur de la
>>>Nation . >>
DE LA HAYE , le 22 Novembre.
Une nouvelle Ordonnance des Etats Généraux
enjoint à tous les Vaiffeaux de guerre & Armateurs
étrangers , qui relâcheront dans les Ports & Rades
de cette République , d'arborer en s'y préfentant
le Pavillon de la Puiffance à laquelle ils
appartiennent ; de ne point y entrer fans une
permiffion de l'Amirauté du lieu , & de n'y donner
ni aux habitans , ni aux étrangers aucun fujet
de fe plaindre. Il eft défendu par la même Ordonnance
aux sujets de la République , d'acheter
aucuns effets des prifes qui feront faites par les
Armateurs , & les contrevenans feront condamnés
à mille florins d'amende.
On apprend de Cologne qu'il y eût le 19 de ce
mois , à trois heures du matin , une fecouffe de
tremblement de terre , qui ne dura qu'environ
trente fecondes , mais qui fut très - violente . Elle
s'eft fait fentir à Bonn , à Limbourg , à Malmedy,
& dans plufieurs autres lieux.
DE LONDRES , le 7 Décembre.
On prépare à Wolwich dix mille bombes , dont
le public ignore la deſtination . Il n'y a eu aucun
moyen d'engager les habitans des Provinces de
Kent & de Hampſhire , à recevoir dans les Villes ,
même dans les Villages , les troupes de Hanovre
& de Heffe.
Des dépêches qu'on recut le 20 Novembre
de la Nouvelle Yorck , marquent qu'il regne
beaucoup de maladies parmi les troupes que commande
le Lord Loudon. On a été informé par
les mêmes avis , que ce Lord avoit fait marcher
plufieurs détachemens , pour tâcher d'arrêter les
courfes des Sauvages , qui répandent la terreur dans
toutes les Colonies Angloifes de l'Amérique Septentrionale
.
Les Vaiffeaux de guerre le Kennington & le
Sutherland, partirent le 6 de Corck pour ces Colonies
. Ils ont fous leur convoi quatorze Bâtimens
de tranfport, à bord defquels on a fait embarquer
le Régiment d'Offarel , & les détachemens tirés
des Régimens d'Infanterie fur l'établiſſement d'Irlande.
Quatre Bataillons des troupes Hanoveriennes
s'embarquerent le 24 du mois dernier , pour retourner
en Allemagne. On y fera repaffer fucceffivement
en deux autres divifions le refte de ces troupes
, qui eft encore actuellement campé près de
Maidstone malgré la rigueur de la faifon . Plufieurs
Frégates croiferont cet hyver dans la Manche.L'Amiral
Byng , & le fieur Shirley , ci - devant Gouverneur
de la Nouvelle Angleterre , fubiront dans
peu leurs interrogatoires . Il s'eft tenu ces jours-
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
1
ci un grand Confeil à Whitehall , pour délibérer
fur les moyens de faire baiffer le prix du bled.
Conformément aux réfolutions prifes dans ce Confeil
, on publia le 26 une Proclamation , pour
défendre l'exportation des grains. En plufieurs endroits
ils étoient d'une telle rareté , que la populace
, craignant de manquer de pain , s'eft attroupée
tumultueufement , & a commis de grands défordres.
On n'eft parvenu à la calmer , qu'en recherchant
les perfonnes qui avoient fait fécrettement
des magaſins , & en les contraignant de vendre
à un prix modique tout le bled qu'elles y
avoient amaffé . Le 27 , le Roi nomma le Géné–
ral Blakeney Chevalier de l'Ordre du Bain. Sa
Majefté le même jour , créa ce Général Pair d'Irlande
, fous le titre de Vicomte d'Innitkilling .
L'ouverture du Parlement fe fit le 2 Décembre
avec les cérémonies accoutumées .
ע
Le Roi fit ce difcours : « Milord & Meffieurs ,
je vous ai fait affembler dans une conjoncture
qui requiert particuliérement les délibérations ,
» les avis & le fecours du Parlement , & je me
flatte, moyennant la protection de la divine Pro-
>> vidence , que l'union & la fermeté qui regnent
»parmi mes fideles Sujets , me feront fortir avec
>> honneur de toutes les difficultés , & feront triom-
» pher enfin de l'ancien ennemi de ces Royaumes ,
la dignité de ma Couronne & fes droits incon-
>> teftables. Un des principaux objets de mon at-
>>tention & de mon inquiétude , eft la défenſe &
>> la confervation de nos poffeffions en Amérique.
» Le danger éminent , auquel nos Colonies font
exposées , exige des réfolutions auffi promptes
>>que vigoureufes. Le foin de pourvoir à la fûreté
» de ces trois Royaumes n'occupe pas moins mon
efprit. Dans l'occurrence préfente , je n'ai rien
JANVIER. 1757. 223
»tant à coeur que de ne laiffer à mon peuple fur
>> cet article aucun fujet de mécontentement. A
>> cette fin , une Milice nationale , établie propor-
>>tionnellement aux forces & aux befoins de l'Ewtat
, peut devenir une avantageuſe reſſource
»dans le péril général . Je recommande l'établiffe-
>> ment de cette Milice au zele & à la vigilance de
>> mon Parlement. L'alliance peu naturelle que ,
>> contre toute attente , ont contractée des Puiffan-
>> ces étrangeres ; les malheurs qui , en conféquen-
» ce de cette dangereufe alliance , peuvent , par
» l'entrée de troupes étrangeres dans l'Empire ,
>>porter une funefte atteinte aux conftitutions du
»Corps Germanique , renverfer fon fyftême &
Dentrainer l'oppreffion du parti Proteftant , font
» des événemens qui ont fixé les yeux de l'Europe
>> fur cette nouvelle & dangereufe crife , & qui
»doivent affliger fenfiblement tous les Ordres de
>> la Nation Britannique . J'ai ordonné au corps de
»mes troupes Electorales , que j'avois fait venir
à la réquifition de mon Parlement , de retourner
» dans mes Etats d'Allemagne , me repofant avec
plaifir fur l'affection de mon peuple , & fur fon
» zele pour la défenfe de ma perfonne & de mes
>>Royaumes . Meffieurs de la Chambre des Com-
»munes : Je ferai remettre devant vous , lorfqu'il
» en fera temps , l'état des dépenfes . J'attends de
>>votre fageffe que vous préférerez le parti de ne
» rien épargner pour foutenir la guerre avec vi-
»gueur , au parti de vous expofer à la rendre plus
»coûteufe par la fuite , en employant pour le
»préfent des efforts moins efficaces . Je vous ai
>>montré les dangers & les befoins de l'Etat . C'eſt
Ȉ votre prudence de chercher les moyens de
»rendre à mon peuple , les moins onéreux qu'il
»fera poffible , les fardeaux que vous jugerez
K iv
224 MERCURE DE FRANCE.
indifpenfables de lui impofer. Mylords & Meffieurs
, Je ne puis négliger de mettre devant
>vos yeux tout ce que les pauvres fouffrent de la
»cherté des grains , & les inconvéniens qui en
>>peuvent réfulter. Je vous recommande de pren-
>>dre les mesures convenables , pour prévenir à
» cet égard dans la fuite les mauvaiſes mancupvres.
Mes Sujets , à l'occafion du malheureux
»fuccès de nos armes dans la Méditerranée ,
» m'ont donné des preuves éclatantes de l'intérêt
qu'ils prennent à mon honneur & à celui de ma
>> Couronne. Ils éprouveront de ma part un jufle
>> retour par mes foins infatiguables & mes efforts
>> continuels pour la gloire & le bonheur de la
>>>Nation . >>
DE LA HAYE , le 22 Novembre.
Une nouvelle Ordonnance des Etats Généraux
enjoint à tous les Vaiffeaux de guerre & Armateurs
étrangers , qui relâcheront dans les Ports & Rades
de cette République , d'arborer en s'y préfentant
le Pavillon de la Puiffance à laquelle ils
appartiennent ; de ne point y entrer fans une
permiffion de l'Amirauté du lieu , & de n'y donner
ni aux habitans , ni aux étrangers aucun fujet
de fe plaindre. Il eft défendu par la même Ordonnance
aux sujets de la République , d'acheter
aucuns effets des prifes qui feront faites par les
Armateurs , & les contrevenans feront condamnés
à mille florins d'amende.
On apprend de Cologne qu'il y eût le 19 de ce
mois , à trois heures du matin , une fecouffe de
tremblement de terre , qui ne dura qu'environ
trente fecondes , mais qui fut très - violente . Elle
s'eft fait fentir à Bonn , à Limbourg , à Malmedy,
& dans plufieurs autres lieux.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
En décembre 1756, plusieurs événements marquants se sont produits en Grande-Bretagne et en Europe. À Londres, la préparation de dix mille bombes, dont la destination reste inconnue, est en cours. Dans les provinces de Kent et de Hampshire, les habitants refusent d'accueillir les troupes de Hanovre et de Hesse. En Nouvelle-York, des dépêches signalent des maladies parmi les troupes du Lord Loudon, qui a envoyé des détachements pour contrer les attaques des Amérindiens. Les vaisseaux de guerre Kennington et Sutherland, accompagnés de quatorze bâtiments de transport, ont quitté Cork pour l'Amérique du Nord avec des régiments embarqués. Quatre bataillons de troupes hanovriennes sont rentrés en Allemagne, et d'autres divisions suivront. Plusieurs frégates patrouilleront dans la Manche. L'amiral Byng et l'ancien gouverneur de la Nouvelle-Angleterre, Shirley, doivent subir des interrogatoires. Un grand conseil à Whitehall a délibéré sur la hausse du prix du blé, menant à une proclamation interdisant l'exportation des grains. Des émeutes ont éclaté en raison de la rareté du blé, calmées par la vente forcée des réserves. Le roi a nommé le général Blakeney chevalier de l'Ordre du Bain et pair d'Irlande. Le Parlement a été ouvert le 2 décembre, et le roi a prononcé un discours sur la défense des possessions américaines, la sécurité des royaumes, et la création d'une milice nationale. Il a également mentionné l'alliance dangereuse des puissances étrangères et les menaces pour le Corps Germanique. Le roi a ordonné le retour des troupes électorales en Allemagne, se reposant sur l'affection de son peuple. Il a recommandé au Parlement de soutenir la guerre avec vigueur et de prendre des mesures contre la cherté des grains. À La Haye, une ordonnance des États Généraux régule l'entrée des vaisseaux étrangers dans les ports. Un tremblement de terre a été ressenti à Cologne et dans les environs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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67
p. 208-217
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Il n'est point d'image assez expressive, pour bien peindre la douleur, [...]
Mots clefs :
Blessure du roi, Prières, Lettres innombrables, Attentat contre le roi, Saumur, Régiment de Poitou, Régiment du roi, Célébrations, Te Deum, Royaume, Voeux de santé, Fêtes, Nominations, Fête de la Purification de la Sainte Vierge, Comtes, Princes, Ducs, Marquis, Princes, Vaisseaux, Marchandises, Corsaires , Capitaines, Navires anglais
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
Il n'eft point d'image affez expreffive , pour
bien peindre la douleur , la confternation & les
allarmes , que la bleffure du Roi a caufées dans
tout le Royaume . Partout , dans les Villes &
dans les campagnes , les habitans ont fufpendu
leurs travaux ont oublié même le foin de leurs
maifons & de leurs enfans , pour courir aux Eglifes
demander la guériſon de Sa Majefté. Les bornes
de cet article ne nous permettent pas d'inférer
les Relations que nous avons reçues à ce fujet de
divers endroits du Royaume. D'ailleurs , il feroit
difficile de faire ufage de ces Relations , fans
fe répéter. Toutes préfentent le même tableau.
On voit dans toutes , le Clergé , la Nobleffe , les
Magiftrats , les troupes & le peuple , adreffer
avec la même ferveur les mêmes voeux au Ciel , &
s'efforcer de le fléchir par les mêmes actes de
MARS. 1757: 209
piété & de charité. La Ville de Saumur s'eft principalement
diftinguée . Auffitôt après l'horrible
attentat commis contre la Perfonne Sacrée du
Roi , Mefdames de France dépêcherent le fieur
Primois , Officier de leur Chambre , pour porter
à l'Abbaye de Fontevrault cette fatale nouvelle.
Ces Princeffes , pendant le féjour qu'elles ont fait
dans cette Abbaye où elles ont été élevées , fe
font concilié généralement le reſpect & l'amour de
toute la Province. C'étoit , pour les peuples qui
l'habitent , un nouveau motif de donner des
preuves éclatantes de leur zele. Outre les prieres
ordonnées par l'Evêque d'Angers dans toute l'étendue
de fon Dioceſe , le Clergé & les habitans
de la Ville de Saumur & de tous les lieux voiſins
ont fait des proceffions pendant neufjours confécutifs.
Ils ont terminé la neuvaine par une proceffion
générale , à laquelle la Nobleffe , la Magiftrature
& le Corps de Ville , ont affifté. Les aumônes
ont été fi abondantes , qu'elles ont fuffi
pour fecourir cinq cens pauvres familles .
comman-
Le 16 Janvier , le Régiment de Poitou , qui
eft en garnifon à Bethune , y fit chanter une
Meffe folemnelle dans l'Eglife paroiffiale de
Saint Waft , en action de grace du prompt
rétabliffement du Roi. M. de Fais ,
dant ce Régiment , donna un magnifique dîner
à toute la Nobleffe. L'après- midi , le Te Deum
fut chanté en mufique. On alluma enfuite un bu
cher , que le Régiment avoit fait dreffer fur la
principale Place , & auquel M. de Grimaldi ,
Lieutenant de Roi , mit le feu . Le Régiment fit
trois falves de moufqueterie , entremêlées de fix
falves de canon. Sur les dix heures du foir , commença
un bal , qui dura toute la nuit .
Les Officiers du Régiment du Roi , Cavalerie ,
210 MERCURE DE FRANCE.
célébrerent le 19 à Saint - Dizier , par une fête magnifique,
la convalefcence de Sa Majeſté. Ils firent
diftribuer des cocardes à tout le Régiment , &
trente fols à chaque Cavalier. Après le Te Deum ,
qui fut chanté au bruit de plufieurs falves d'artillerie
& de moufqueterie , il y eut feu d'artifice ,
illumination , fouper & bal. Quatre fontaines de
vin coulerent pour le peuple.
On écrit d'Avelnes , qu'à la même occafion le
Régiment de Cavalerie de Beauvillier a fait éclater
fon zele. M. de Chouppes , Major de ce
Régiment , s'eft diftingué en particulier par un re
pas fplendide , qu'il a donné à tous les Militaires
qui fe font trouvés dans la Ville .
res ,
Les lettres de la Ville d'Eu marquent que le 30
le Régiment d'Artois y a fait auffi chanter le Te
Deum. Ce Régiment , non content de témoigner
fon attachement à la Perfonne du Roi par des priea
donné des marques de fa charité , en faifant
diftribuer abondamment du pain à tous les
pauvres de la Ville & des Paroiffes voisines . Monfear
Jourdain , qui commande le Régiment , à
fait inviter au Te Deum toutes les perfonnes de
diftinction.
Les Juifs Portugais de Bordeaux & de Bayonne
fe font empreffés à l'envi d'adreffer des voeux aut
Ciel pour la guérifon du Roi , & de célébrer la
convalefcence de Sa Majefté. Leurs prieres pour
la confervation du Monarque & pour la profpérité
du Royaume font marquées au coin de la fidélité
& de la reconnoiffance. A Bayonne , ainfi qu'à
Bordeaux , les jours de leurs prieres & de leurs
actions de graces , ils ont fermé leurs Comptoirs
& leurs Boutiques , fe font abftenus de toute
forte d'affaires , ont obfervé un jeûne 24 heures ,
& ont diftribué d'abondantes aumônes.
MAR S. 1757 217
Le 3 Février , les Régimens de Royal Ecoffois
& d'Ogilvy , qui font partie de la Garniſon de
Berg- Saint-Vinox , firent chanter à cinq heures.
du foir , dans l'Abbaye de Saint-Vinox, un TeDeum
en mufique , en action de graces de la confervation
du Roi. L'Abbé de Saint - Vinox y officia en habits
pontificaux. Le Gouverneur & les Magiftrats de la
Ville , ainfi que tous les Officiers du Régiment de
l'Ile de France & des Dragons de la Reine , y
avoient été invités , & y affifterent . Au fortir de
P'Eglife , la compagnie fe rendit à l'Hôtel de Ville
, où le bal s'ouvrit dans une Salle extrêmement
décorée. Ce bal fut interrompu à neuf heures
& l'on paffa dans une autre Salle , où un magnifique
ambigu fut fervi fur plufieurs tables. Après
le repas , on rentra dans la Salle du bal ; il dura
jufqu'à fept heures du matin , & l'on y diftribua en
abondance toute forte de rafraîchiffemens. Cette
fête , qui a été complette en tous points , s'eft
faite aux dépens des Officiers des deux Régimens
Etrangers.
Selon les lettres écrites de Saint -Sauveur- le Vicomte
, le Régiment de Cavalerie de Caraman ,
& en particulier M. du Verger , Lieutenant - Colonel
de ce Corps , ont fignalé auffi leur zele par
une fête très- brillante .
Le Régiment des Cuiraffiers & celui de Royal
Rouffillon , à Haguenau ; la feconde Brigade du
Corps des Volontaires Etrangers , à Avranches
& les Officiers du Bataillon de Senlis , à Rocroy ,
n'ont pas célébré avec moins d'éclat le rétabliffe.
ment de la fanté de Sa Majeſté.
La nuit du 21 au 22 Janvier , à Provins en
Brie , toute la Ville Baſſe ſe trouva fubitement
inondée par la fonte des neiges . En plufieurs endroits
, il y avoit jufqu'à ſept pieds d'eau . Par
212 MERCURE DE FRANCE .
malheur , on avoit amaffé une grande quantité de
chaux dans quatre tanneries du quartier des Bénédictines.
L'eau a allumé cette chaux ; & cet accident
a produit un affreux incendie . Il y a eu plufieurs
maifons de brûlées. Le refte de la Ville ne
doit fon falut qu'à l'activité des Maire & Echevins
, & au zele avec lequel le Régiment de Vatan
a porté du fecours partout où il étoit nécef
faire.
Diverſes lettres annoncent que le 18 on a
fenti quelques fecouffes de tremblement de terre
en Franche-Comté & dans une partie de l'Alface.
Madame la Ducheffe de Coffé- Briffac fut préfentée
le 30 Janvier à Leurs Majeftés , & prit le
tabouret.
Le Roi a mis Madame la Vicomteffe de Choifeul
au nombre des Dames nommées pour ac
compagner Madame la Dauphine.
Le premier Février , M. le Comte de Saint -Florentin
, Miniftre & Secrétaire d'Etat , alla de la
part du Roi redemander les Sceaux à M. de Machault
, avec la démiffion de ſa Charge de Secretaire
d'Etat de la Marine. M. le Comte de Saint-
Florentin a reporté les Sceaux au Roi . M. de M.
de Machault s'eſt retiré à ſa terre d'Arnouville.
Le même jour , M. Rouillé , Miniftre & Secretaire
d'Etat , alla auffi de la part du Roi demander
au Comte d'Argenfon , Miniftre & Secretaire
d'Etat de la Guerre , la démiffion de fa charge.
Le Comte d'Argenfon eft parti pour fa terre des
Ormes- Saint -Martin , fituée en Touraine.
Le 31 Janvier , le Roi affifta au Service qui fut
célébré dans la Chapelle pour le repos des ames
des Chevaliers de l'Ordre du Saint-Elprit , morts
dans le cours de l'année derniere. L'Evêque de
Strafbourg , Prélat - Commandeur , officia à la
MARS. 1757. 213
Meffe , & elle fut chantée par la Mufique.
Le jour de la Purification de la Sainte Vierge ,
les Chevaliers Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint- Efprit , s'étant affemblés vers les
onze heures du matin dans le cabinet du Roi , Sa
Majeſté tint un Chapitre . La profeffion de Foi ,
& l'information des vie & moeurs du Prince de
Beauvau , du Marquis de Gontaut , du Comte de
Maillebois , du Marquis de Bethune , du Marquis
d'Aubeterre & du Comte de Broglie , qui avoient
été proposés le premier Janvier pour être Chevaliers
ayant été admifes , ils furent introduits dans
le cabinet de Sa Majeſté , & reçus Chevaliers de
l'Ordre de Saint Michel. Le Roi fortit enfuite de
fon appartement pour aller à la Chapelle . Sa Majefté
devant laquelle les deux Huiffiers de la
Chambre portoient leurs Maffes , étoit en manteau
, le collier de l'Ordre pardeffus , ainfi que
celui de l'Ordre de la Toifon d'or. Elle étoit
précédée de Monſeigneur le Dauphin , du Prince
de Condé , du Comte de Charolois , du Comte
de Clermont , du Prince de Conty , du Comte de
la Marche , du Comte d'Eu , du Duc de Penthievre
, & des Chevaliers , Commandeurs & Officiers
de l'Ordre. Les nouveaux Chevaliers en
habits de Novices , marchoient entre les Chevaliers
& les Officiers . Le Roi affifta à la Bénédic
tion des Cierges & à la Proceffion qui fe fit dans
la Chapelle. Après la grand'Meffe , célébrée par
l'Evêque Duc de Langres , Prélat- Commandeur ,
Sa Majesté monta à fon trône , & revêtit des
marques de l'Ordre du Saint- Efprit les nouveaux
Chevaliers . Le Prince de Beauvau , le Marquis de
Gontaut & le Comte de Maillebois , eurent pour
Farreins le Duc d'Ayen & le Maréchal Duc de
Belle-Ifle. Les parreins du Marquis de Béthune ,
214 MERCURE DE FRANCE.
du Marquis d'Aubeterre & du Comte de Broglie ,
furent le Comte de Lautrec & le Marquis de
Montal. Cette cérémonie étant finie , le Roi fut
reconduit à fon appartement en la maniere accoutumée.
Le 6 , le Roi admit à fon Confeil d'Etat , en
qualité de Miniftres , M. le Marquis de Paulmy ,
Secretaire d'Etat ayant le Département de la
Guerre , & M. de Moras , Contrôleur Général
des Finances.
Sa Majefté a donné à M. le Comte de Saint-
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , le Département
de Paris , dont étoit chargé M. le
Comte d'Argenſon.
Elle a difpofé de la charge de Secretaire d'Etat
au Département de la Marine , en faveur de M.
de Moras , à qui Elle conferve en même temps la
place de Contrôleur Général des Finances.
Le Roi a confervé par un brevet à M. de Machault
tous les honneurs attachés à la Dignité de
Garde des Sceaux de France.
On a célébré le 10 Février dans l'Eglife de la
Paroiffe du Château , pour le repos de l'ame de
Madame Henriette de France , le Service fondé
par Monfeigneur le Dauphin. Ce Prince , Madame
la Dauphine , Madame , & Mefdames Victoire
, Sophie & Louife , y ont affifté.
Le 12 , M. le Duc de Duras fut reçu & prit
féance au Parlement , en qualité de Pair de France.
M. le Duc d'Orléans , M. le Prince de Condé
, M. le Comte de Clermont , M. le Prince de
Conty , le Comte de la Marche , Prince du Sang ,
& MM. les Ducs d'Uzés , de Luynes , Maréchal
Duc de Richelieu , de la Force , de Luxembourg ,
de Villeroi , de Saint- Aignan , Maréchal Duc de
Noialles , d'Aumont , de Fitz -James , d'Antin ,
1
MARS. 1757. 215
de Chaulnes , Prince de Soubize , Duc de Rohan-
Rohan , de Villars - Brancas Lauraguais , Prince
de Monaco , Duc de Valentinois , de Biron , de
la Valliere , de Fleury , Maréchal de Belle - Ifle
Duc de Gifors , fe trouverent à fa réception.
On a reçu avis que les Vaiffeaux le Lys & le Neptune
, de la Compagnie des Indes , étoient arrivés
l'un le 7,
l'autre le ro de Février , au Port de
P'Orient ; & que le Vaiffeau le Duc d'Aquitaine ,
appartenant à la même Compagnie , avoit rélâché
le 10 du mois dernier à Liſbonne. Ainfi la
nouvelle de la prife de ce dernier Bâtiment
Anglois étoit fans fondement.
par les
Ŏn mande de Dunkerque , que le Capitaine
Dhondt , commandant le Corfaire le Comte de
Saint Germain , de ce Port , y a conduit les Navires
Anglois la Penelope , de 180 tonneaux , chargé
de cacao , de bois pour teinture , de vin & de
fruits , & l'Anne- Elifabeth , de 120 tonneaux
chargé de beurre & de biere,
Le même Corfaire s'eft emparé de deux autres
Bâtimens Anglois , appellés l'un le Triton , de
120 tonneaux ; l'autre le Hennefey , de 100 tonneaux
, qui ont été conduits au Havre , & qui
font tous deux chargés de bled , d'orge & d'autres
grains.
Le Corfaire le Duc de Penthievre , de Dunker
que , commandé par le Capitaine de Lifle , s'eft
rendu maître du Brigantin Anglois le Jean &
Jeanne , de 70 tonneaux , chargé de farine & de
couperofe , & l'a fait conduire à Calais,
Le Capitaine Louis Bray , commandant le Cor
faire le Marquis de Villequier , de Boulogne , a
auffi conduit à Calais les Navires Anglois le
Hampfire , de so tonneaux , chargé de vin , &
PEléonore , de 120 tonneaux , dont le charge
216 MERCURE DE FRANCE.
ment confifte en 126 boucauts de tabac.
On apprend encore par des lettres écrites de
Calais , que le Corfaire le Danglemont , de ce
Port, y eft rentré avec le Navire Anglois le Jean
Anne, de 70 tonneaux , chargé de 252 barrils de
faumon falé .
Les Navires Anglois le Mindhede , de 140 tonneaux
, chargé de fucre , & l'Amitié , de 100 tonneaux
, dont le chargement eft compofé de beurre
, de cuirs & de morue feche , ont été pris par
le Corfaire le Machault , de Granville , dont eft
Capitaine le fieur Magnonnet ; & ils font arrivés ,
le premier à Granville , & l'autre au Havre.
>
Il est arrivé à Dieppe deux Bâtimens Anglois
appellés , l'un le Démontant , de Londres , de 80
tonneaux ; l'autre l'Eliſabeth , de so tonneaux
ayant chacun un chargement compofé de grains.
Ils ont été pris par les Corfaires le Gros Thomas ,
de Boulogne , & le Hardi Mendiant , de Dunkerque.
Le Capitaine Canon , commandant le Corfaire
le Prince de Soubize , de ce Port , s'eft rendu maî .
tre du Navire le Williams de Cork , de 180 tonneaux
, chargé de beurre & de boeuf , qui a été
conduit àSaint- Vallery fur Somme.
à
Le Navire Anglois le Prince de Galles , de 200
tonneaux , richement chargé , a fait naufrage
deux lieues de Boulogne. L'équipage compofé de
treize hommes a été fauvé , & l'on efpere que la
cargaiſon fera recouvrée en entier .
Le Petit Jean , autre Navire Anglois , chargé
de foude , de raifins , d'anil & d'amandes , a été
conduit à la Rochelle par le Corfaite le Mentrofier ,
de de Port.
On a été informé que le Capitaine Gautier , qui
commande le Corfaire le Furet , de Bordeaux ,
s'eft
MARS. 1757. 217
s'eft emparé d'un Navire Anglois de 3 50 tonneaux,
armé de 10 canons , chargé d'indigo , de fucre ,
de bois de campeche & de coton.
Il n'eft point d'image affez expreffive , pour
bien peindre la douleur , la confternation & les
allarmes , que la bleffure du Roi a caufées dans
tout le Royaume . Partout , dans les Villes &
dans les campagnes , les habitans ont fufpendu
leurs travaux ont oublié même le foin de leurs
maifons & de leurs enfans , pour courir aux Eglifes
demander la guériſon de Sa Majefté. Les bornes
de cet article ne nous permettent pas d'inférer
les Relations que nous avons reçues à ce fujet de
divers endroits du Royaume. D'ailleurs , il feroit
difficile de faire ufage de ces Relations , fans
fe répéter. Toutes préfentent le même tableau.
On voit dans toutes , le Clergé , la Nobleffe , les
Magiftrats , les troupes & le peuple , adreffer
avec la même ferveur les mêmes voeux au Ciel , &
s'efforcer de le fléchir par les mêmes actes de
MARS. 1757: 209
piété & de charité. La Ville de Saumur s'eft principalement
diftinguée . Auffitôt après l'horrible
attentat commis contre la Perfonne Sacrée du
Roi , Mefdames de France dépêcherent le fieur
Primois , Officier de leur Chambre , pour porter
à l'Abbaye de Fontevrault cette fatale nouvelle.
Ces Princeffes , pendant le féjour qu'elles ont fait
dans cette Abbaye où elles ont été élevées , fe
font concilié généralement le reſpect & l'amour de
toute la Province. C'étoit , pour les peuples qui
l'habitent , un nouveau motif de donner des
preuves éclatantes de leur zele. Outre les prieres
ordonnées par l'Evêque d'Angers dans toute l'étendue
de fon Dioceſe , le Clergé & les habitans
de la Ville de Saumur & de tous les lieux voiſins
ont fait des proceffions pendant neufjours confécutifs.
Ils ont terminé la neuvaine par une proceffion
générale , à laquelle la Nobleffe , la Magiftrature
& le Corps de Ville , ont affifté. Les aumônes
ont été fi abondantes , qu'elles ont fuffi
pour fecourir cinq cens pauvres familles .
comman-
Le 16 Janvier , le Régiment de Poitou , qui
eft en garnifon à Bethune , y fit chanter une
Meffe folemnelle dans l'Eglife paroiffiale de
Saint Waft , en action de grace du prompt
rétabliffement du Roi. M. de Fais ,
dant ce Régiment , donna un magnifique dîner
à toute la Nobleffe. L'après- midi , le Te Deum
fut chanté en mufique. On alluma enfuite un bu
cher , que le Régiment avoit fait dreffer fur la
principale Place , & auquel M. de Grimaldi ,
Lieutenant de Roi , mit le feu . Le Régiment fit
trois falves de moufqueterie , entremêlées de fix
falves de canon. Sur les dix heures du foir , commença
un bal , qui dura toute la nuit .
Les Officiers du Régiment du Roi , Cavalerie ,
210 MERCURE DE FRANCE.
célébrerent le 19 à Saint - Dizier , par une fête magnifique,
la convalefcence de Sa Majeſté. Ils firent
diftribuer des cocardes à tout le Régiment , &
trente fols à chaque Cavalier. Après le Te Deum ,
qui fut chanté au bruit de plufieurs falves d'artillerie
& de moufqueterie , il y eut feu d'artifice ,
illumination , fouper & bal. Quatre fontaines de
vin coulerent pour le peuple.
On écrit d'Avelnes , qu'à la même occafion le
Régiment de Cavalerie de Beauvillier a fait éclater
fon zele. M. de Chouppes , Major de ce
Régiment , s'eft diftingué en particulier par un re
pas fplendide , qu'il a donné à tous les Militaires
qui fe font trouvés dans la Ville .
res ,
Les lettres de la Ville d'Eu marquent que le 30
le Régiment d'Artois y a fait auffi chanter le Te
Deum. Ce Régiment , non content de témoigner
fon attachement à la Perfonne du Roi par des priea
donné des marques de fa charité , en faifant
diftribuer abondamment du pain à tous les
pauvres de la Ville & des Paroiffes voisines . Monfear
Jourdain , qui commande le Régiment , à
fait inviter au Te Deum toutes les perfonnes de
diftinction.
Les Juifs Portugais de Bordeaux & de Bayonne
fe font empreffés à l'envi d'adreffer des voeux aut
Ciel pour la guérifon du Roi , & de célébrer la
convalefcence de Sa Majefté. Leurs prieres pour
la confervation du Monarque & pour la profpérité
du Royaume font marquées au coin de la fidélité
& de la reconnoiffance. A Bayonne , ainfi qu'à
Bordeaux , les jours de leurs prieres & de leurs
actions de graces , ils ont fermé leurs Comptoirs
& leurs Boutiques , fe font abftenus de toute
forte d'affaires , ont obfervé un jeûne 24 heures ,
& ont diftribué d'abondantes aumônes.
MAR S. 1757 217
Le 3 Février , les Régimens de Royal Ecoffois
& d'Ogilvy , qui font partie de la Garniſon de
Berg- Saint-Vinox , firent chanter à cinq heures.
du foir , dans l'Abbaye de Saint-Vinox, un TeDeum
en mufique , en action de graces de la confervation
du Roi. L'Abbé de Saint - Vinox y officia en habits
pontificaux. Le Gouverneur & les Magiftrats de la
Ville , ainfi que tous les Officiers du Régiment de
l'Ile de France & des Dragons de la Reine , y
avoient été invités , & y affifterent . Au fortir de
P'Eglife , la compagnie fe rendit à l'Hôtel de Ville
, où le bal s'ouvrit dans une Salle extrêmement
décorée. Ce bal fut interrompu à neuf heures
& l'on paffa dans une autre Salle , où un magnifique
ambigu fut fervi fur plufieurs tables. Après
le repas , on rentra dans la Salle du bal ; il dura
jufqu'à fept heures du matin , & l'on y diftribua en
abondance toute forte de rafraîchiffemens. Cette
fête , qui a été complette en tous points , s'eft
faite aux dépens des Officiers des deux Régimens
Etrangers.
Selon les lettres écrites de Saint -Sauveur- le Vicomte
, le Régiment de Cavalerie de Caraman ,
& en particulier M. du Verger , Lieutenant - Colonel
de ce Corps , ont fignalé auffi leur zele par
une fête très- brillante .
Le Régiment des Cuiraffiers & celui de Royal
Rouffillon , à Haguenau ; la feconde Brigade du
Corps des Volontaires Etrangers , à Avranches
& les Officiers du Bataillon de Senlis , à Rocroy ,
n'ont pas célébré avec moins d'éclat le rétabliffe.
ment de la fanté de Sa Majeſté.
La nuit du 21 au 22 Janvier , à Provins en
Brie , toute la Ville Baſſe ſe trouva fubitement
inondée par la fonte des neiges . En plufieurs endroits
, il y avoit jufqu'à ſept pieds d'eau . Par
212 MERCURE DE FRANCE .
malheur , on avoit amaffé une grande quantité de
chaux dans quatre tanneries du quartier des Bénédictines.
L'eau a allumé cette chaux ; & cet accident
a produit un affreux incendie . Il y a eu plufieurs
maifons de brûlées. Le refte de la Ville ne
doit fon falut qu'à l'activité des Maire & Echevins
, & au zele avec lequel le Régiment de Vatan
a porté du fecours partout où il étoit nécef
faire.
Diverſes lettres annoncent que le 18 on a
fenti quelques fecouffes de tremblement de terre
en Franche-Comté & dans une partie de l'Alface.
Madame la Ducheffe de Coffé- Briffac fut préfentée
le 30 Janvier à Leurs Majeftés , & prit le
tabouret.
Le Roi a mis Madame la Vicomteffe de Choifeul
au nombre des Dames nommées pour ac
compagner Madame la Dauphine.
Le premier Février , M. le Comte de Saint -Florentin
, Miniftre & Secrétaire d'Etat , alla de la
part du Roi redemander les Sceaux à M. de Machault
, avec la démiffion de ſa Charge de Secretaire
d'Etat de la Marine. M. le Comte de Saint-
Florentin a reporté les Sceaux au Roi . M. de M.
de Machault s'eſt retiré à ſa terre d'Arnouville.
Le même jour , M. Rouillé , Miniftre & Secretaire
d'Etat , alla auffi de la part du Roi demander
au Comte d'Argenfon , Miniftre & Secretaire
d'Etat de la Guerre , la démiffion de fa charge.
Le Comte d'Argenfon eft parti pour fa terre des
Ormes- Saint -Martin , fituée en Touraine.
Le 31 Janvier , le Roi affifta au Service qui fut
célébré dans la Chapelle pour le repos des ames
des Chevaliers de l'Ordre du Saint-Elprit , morts
dans le cours de l'année derniere. L'Evêque de
Strafbourg , Prélat - Commandeur , officia à la
MARS. 1757. 213
Meffe , & elle fut chantée par la Mufique.
Le jour de la Purification de la Sainte Vierge ,
les Chevaliers Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint- Efprit , s'étant affemblés vers les
onze heures du matin dans le cabinet du Roi , Sa
Majeſté tint un Chapitre . La profeffion de Foi ,
& l'information des vie & moeurs du Prince de
Beauvau , du Marquis de Gontaut , du Comte de
Maillebois , du Marquis de Bethune , du Marquis
d'Aubeterre & du Comte de Broglie , qui avoient
été proposés le premier Janvier pour être Chevaliers
ayant été admifes , ils furent introduits dans
le cabinet de Sa Majeſté , & reçus Chevaliers de
l'Ordre de Saint Michel. Le Roi fortit enfuite de
fon appartement pour aller à la Chapelle . Sa Majefté
devant laquelle les deux Huiffiers de la
Chambre portoient leurs Maffes , étoit en manteau
, le collier de l'Ordre pardeffus , ainfi que
celui de l'Ordre de la Toifon d'or. Elle étoit
précédée de Monſeigneur le Dauphin , du Prince
de Condé , du Comte de Charolois , du Comte
de Clermont , du Prince de Conty , du Comte de
la Marche , du Comte d'Eu , du Duc de Penthievre
, & des Chevaliers , Commandeurs & Officiers
de l'Ordre. Les nouveaux Chevaliers en
habits de Novices , marchoient entre les Chevaliers
& les Officiers . Le Roi affifta à la Bénédic
tion des Cierges & à la Proceffion qui fe fit dans
la Chapelle. Après la grand'Meffe , célébrée par
l'Evêque Duc de Langres , Prélat- Commandeur ,
Sa Majesté monta à fon trône , & revêtit des
marques de l'Ordre du Saint- Efprit les nouveaux
Chevaliers . Le Prince de Beauvau , le Marquis de
Gontaut & le Comte de Maillebois , eurent pour
Farreins le Duc d'Ayen & le Maréchal Duc de
Belle-Ifle. Les parreins du Marquis de Béthune ,
214 MERCURE DE FRANCE.
du Marquis d'Aubeterre & du Comte de Broglie ,
furent le Comte de Lautrec & le Marquis de
Montal. Cette cérémonie étant finie , le Roi fut
reconduit à fon appartement en la maniere accoutumée.
Le 6 , le Roi admit à fon Confeil d'Etat , en
qualité de Miniftres , M. le Marquis de Paulmy ,
Secretaire d'Etat ayant le Département de la
Guerre , & M. de Moras , Contrôleur Général
des Finances.
Sa Majefté a donné à M. le Comte de Saint-
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , le Département
de Paris , dont étoit chargé M. le
Comte d'Argenſon.
Elle a difpofé de la charge de Secretaire d'Etat
au Département de la Marine , en faveur de M.
de Moras , à qui Elle conferve en même temps la
place de Contrôleur Général des Finances.
Le Roi a confervé par un brevet à M. de Machault
tous les honneurs attachés à la Dignité de
Garde des Sceaux de France.
On a célébré le 10 Février dans l'Eglife de la
Paroiffe du Château , pour le repos de l'ame de
Madame Henriette de France , le Service fondé
par Monfeigneur le Dauphin. Ce Prince , Madame
la Dauphine , Madame , & Mefdames Victoire
, Sophie & Louife , y ont affifté.
Le 12 , M. le Duc de Duras fut reçu & prit
féance au Parlement , en qualité de Pair de France.
M. le Duc d'Orléans , M. le Prince de Condé
, M. le Comte de Clermont , M. le Prince de
Conty , le Comte de la Marche , Prince du Sang ,
& MM. les Ducs d'Uzés , de Luynes , Maréchal
Duc de Richelieu , de la Force , de Luxembourg ,
de Villeroi , de Saint- Aignan , Maréchal Duc de
Noialles , d'Aumont , de Fitz -James , d'Antin ,
1
MARS. 1757. 215
de Chaulnes , Prince de Soubize , Duc de Rohan-
Rohan , de Villars - Brancas Lauraguais , Prince
de Monaco , Duc de Valentinois , de Biron , de
la Valliere , de Fleury , Maréchal de Belle - Ifle
Duc de Gifors , fe trouverent à fa réception.
On a reçu avis que les Vaiffeaux le Lys & le Neptune
, de la Compagnie des Indes , étoient arrivés
l'un le 7,
l'autre le ro de Février , au Port de
P'Orient ; & que le Vaiffeau le Duc d'Aquitaine ,
appartenant à la même Compagnie , avoit rélâché
le 10 du mois dernier à Liſbonne. Ainfi la
nouvelle de la prife de ce dernier Bâtiment
Anglois étoit fans fondement.
par les
Ŏn mande de Dunkerque , que le Capitaine
Dhondt , commandant le Corfaire le Comte de
Saint Germain , de ce Port , y a conduit les Navires
Anglois la Penelope , de 180 tonneaux , chargé
de cacao , de bois pour teinture , de vin & de
fruits , & l'Anne- Elifabeth , de 120 tonneaux
chargé de beurre & de biere,
Le même Corfaire s'eft emparé de deux autres
Bâtimens Anglois , appellés l'un le Triton , de
120 tonneaux ; l'autre le Hennefey , de 100 tonneaux
, qui ont été conduits au Havre , & qui
font tous deux chargés de bled , d'orge & d'autres
grains.
Le Corfaire le Duc de Penthievre , de Dunker
que , commandé par le Capitaine de Lifle , s'eft
rendu maître du Brigantin Anglois le Jean &
Jeanne , de 70 tonneaux , chargé de farine & de
couperofe , & l'a fait conduire à Calais,
Le Capitaine Louis Bray , commandant le Cor
faire le Marquis de Villequier , de Boulogne , a
auffi conduit à Calais les Navires Anglois le
Hampfire , de so tonneaux , chargé de vin , &
PEléonore , de 120 tonneaux , dont le charge
216 MERCURE DE FRANCE.
ment confifte en 126 boucauts de tabac.
On apprend encore par des lettres écrites de
Calais , que le Corfaire le Danglemont , de ce
Port, y eft rentré avec le Navire Anglois le Jean
Anne, de 70 tonneaux , chargé de 252 barrils de
faumon falé .
Les Navires Anglois le Mindhede , de 140 tonneaux
, chargé de fucre , & l'Amitié , de 100 tonneaux
, dont le chargement eft compofé de beurre
, de cuirs & de morue feche , ont été pris par
le Corfaire le Machault , de Granville , dont eft
Capitaine le fieur Magnonnet ; & ils font arrivés ,
le premier à Granville , & l'autre au Havre.
>
Il est arrivé à Dieppe deux Bâtimens Anglois
appellés , l'un le Démontant , de Londres , de 80
tonneaux ; l'autre l'Eliſabeth , de so tonneaux
ayant chacun un chargement compofé de grains.
Ils ont été pris par les Corfaires le Gros Thomas ,
de Boulogne , & le Hardi Mendiant , de Dunkerque.
Le Capitaine Canon , commandant le Corfaire
le Prince de Soubize , de ce Port , s'eft rendu maî .
tre du Navire le Williams de Cork , de 180 tonneaux
, chargé de beurre & de boeuf , qui a été
conduit àSaint- Vallery fur Somme.
à
Le Navire Anglois le Prince de Galles , de 200
tonneaux , richement chargé , a fait naufrage
deux lieues de Boulogne. L'équipage compofé de
treize hommes a été fauvé , & l'on efpere que la
cargaiſon fera recouvrée en entier .
Le Petit Jean , autre Navire Anglois , chargé
de foude , de raifins , d'anil & d'amandes , a été
conduit à la Rochelle par le Corfaite le Mentrofier ,
de de Port.
On a été informé que le Capitaine Gautier , qui
commande le Corfaire le Furet , de Bordeaux ,
s'eft
MARS. 1757. 217
s'eft emparé d'un Navire Anglois de 3 50 tonneaux,
armé de 10 canons , chargé d'indigo , de fucre ,
de bois de campeche & de coton.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
La blessure du Roi a suscité une grande inquiétude à travers le Royaume. Les habitants, qu'ils soient en ville ou à la campagne, ont suspendu leurs activités pour prier dans les églises pour sa guérison. La ville de Saumur s'est particulièrement distinguée en organisant des processions et des prières pendant neuf jours consécutifs, terminées par une procession générale à laquelle ont assisté la noblesse, la magistrature et le corps de ville. Des aumônes abondantes ont été distribuées pour secourir cinq cents pauvres familles. Plusieurs régiments ont célébré la convalescence du Roi par des messes solennelles, des Te Deum, des feux d'artifice et des bals. Le Régiment de Poitou à Béthune, le Régiment du Roi à Saint-Dizier, et d'autres régiments à Avranches, Rocroy et Haguenau ont participé à ces célébrations. Les Juifs Portugais de Bordeaux et de Bayonne ont également prié pour la guérison du Roi et ont distribué des aumônes. À Berg-Saint-Vincent, les régiments de Royal Écossais et d'Ogilvy ont chanté un Te Deum, suivi d'un bal et d'un repas. Le Régiment de Cavalerie de Caraman et d'autres unités ont également célébré le rétablissement du Roi par des fêtes brillantes. À Provins, une inondation et un incendie ont causé des dégâts, mais l'intervention rapide des autorités et du Régiment de Vatan a limité les pertes. Des tremblements de terre ont été ressentis en Franche-Comté et en Alsace. La Duchesse de Cossé-Brissac a été présentée au Roi, et plusieurs changements ministériels ont eu lieu, notamment la démission de Machault et d'Argenson, remplacés par Saint-Florentin et Moras. Le Roi a assisté à une messe pour les âmes des Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit décédés et a reçu de nouveaux Chevaliers. Il a également admis Paulmy et Moras au Conseil d'État. Un service a été célébré pour l'âme de Madame Henriette de France, et le Duc de Duras a été reçu au Parlement en tant que Pair de France. En mars 1757, plusieurs événements maritimes notables ont été rapportés. Deux bâtiments anglais, le Démontant et l'Elisabeth, chargés de grains, ont été capturés par les corsaires français le Gros Thomas et le Hardi Mendiant. Le capitaine Canon, à bord du corsaire le Prince de Soubize, a pris le contrôle du navire Williams de Cork, chargé de beurre et de bœuf, et l'a conduit à Saint-Valery-sur-Somme. Le navire anglais le Prince de Galles, richement chargé, a fait naufrage à deux lieues de Boulogne, mais son équipage de treize hommes a été sauvé et la cargaison est espérée récupérée en entier. Le Petit Jean, un autre navire anglais chargé de soude, de raisins, d'anil et d'amandes, a été conduit à La Rochelle par le corsaire le Mentorier. De plus, le capitaine Gautier, commandant le corsaire le Furet de Bordeaux, s'est emparé d'un navire anglais de 350 tonneaux, armé de 10 canons et chargé d'indigo, de sucre, de bois de Campeche et de coton.
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68
p. 185-186
ITALIE.
Début :
Plusieurs Tartanes, ayant à bord le Régiment Royal Italien, ont fait voile [...]
Mots clefs :
Naples, Tartanes, Vaisseaux, Combat naval, La Bastie, Rebelles, Paoli, Marta, Affrontements
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texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE NAPLES , les Mai.
Plufieurs Tartanes , ayant à bord le Régiment
Royal Italien , ont fait voile de Gaete pour Palerme
fous l'escorte d'un Vaiffeau de guerre. Un des
Chabecs du Roi a conduit ici un Corfaire d'Alger ,
de dix canons , & de cent hommes d'équipage.
On a appris que Don Jofeph de Martinez a pris
un Corfaire de Tripoli , fur lequel il y avoit cent
vingt-huit hommes , & qui étoit armé de douze
canons. Ce Bâtiment Barbarefque s'eft défendu
pendant un jour entier. Quatre-vingt- dix- neuf
hommes de fon équipage ont été tuées dans le
combat.
DE LA BASTIE , le 9୨ Mai.
Depuis long- temps , les Rebelles étoient divifés
en deux factions. Celle de Paoli étoit devenue la
plus puiffante ; mais la feconde , à la tête de la
quelle étoit Matra , ne laiffoit pas d'être encore
nombreuſe. Elle tenoit le Fort Aleria , & quelques
autres poftes qu'il étoit difficile de forcer.
Paoli a eurecours à la rufe , pour abattre le parti
qui lui étoit contraire. Il a feint d'être abandonné
de la plupart de fes adhérens , & il s'eft retiré
dans le Couvent de Bofio , comme pour fauver fa
vie. Matra , étant allé l'y attaquer , s'eft trouvé
enveloppé par les troupes que Paoli avoit mifes
en embuscade. Prefque tous les affiégeans ont été
186 MERCURE DE FRANCE.
taillés en pieces. Trois de leurs chefs ont été pris.
Paoli les a fait paffer par les armes. Matra , en
fuyant , a été tué.
DE NAPLES , les Mai.
Plufieurs Tartanes , ayant à bord le Régiment
Royal Italien , ont fait voile de Gaete pour Palerme
fous l'escorte d'un Vaiffeau de guerre. Un des
Chabecs du Roi a conduit ici un Corfaire d'Alger ,
de dix canons , & de cent hommes d'équipage.
On a appris que Don Jofeph de Martinez a pris
un Corfaire de Tripoli , fur lequel il y avoit cent
vingt-huit hommes , & qui étoit armé de douze
canons. Ce Bâtiment Barbarefque s'eft défendu
pendant un jour entier. Quatre-vingt- dix- neuf
hommes de fon équipage ont été tuées dans le
combat.
DE LA BASTIE , le 9୨ Mai.
Depuis long- temps , les Rebelles étoient divifés
en deux factions. Celle de Paoli étoit devenue la
plus puiffante ; mais la feconde , à la tête de la
quelle étoit Matra , ne laiffoit pas d'être encore
nombreuſe. Elle tenoit le Fort Aleria , & quelques
autres poftes qu'il étoit difficile de forcer.
Paoli a eurecours à la rufe , pour abattre le parti
qui lui étoit contraire. Il a feint d'être abandonné
de la plupart de fes adhérens , & il s'eft retiré
dans le Couvent de Bofio , comme pour fauver fa
vie. Matra , étant allé l'y attaquer , s'eft trouvé
enveloppé par les troupes que Paoli avoit mifes
en embuscade. Prefque tous les affiégeans ont été
186 MERCURE DE FRANCE.
taillés en pieces. Trois de leurs chefs ont été pris.
Paoli les a fait paffer par les armes. Matra , en
fuyant , a été tué.
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Résumé : ITALIE.
Le texte décrit deux événements historiques distincts. Premièrement, plusieurs tartanes transportant le Régiment Royal Italien ont quitté Gaète pour Palerme sous l'escorte d'un vaisseau de guerre. Parallèlement, un navire du roi a conduit à Naples un corsaire algérien de dix canons et cent hommes d'équipage. De plus, Don Joseph de Martinez a capturé un corsaire de Tripoli, armé de douze canons et transportant cent vingt-huit hommes. Ce navire s'est défendu pendant un jour entier, entraînant la mort de quatre-vingt-dix-neuf membres de son équipage. Deuxièmement, en Corse, les rebelles étaient divisés en deux factions. La faction de Paoli était la plus puissante, mais celle dirigée par Matra contrôlait le Fort Aleria et d'autres postes stratégiques. Paoli a utilisé une ruse en feignant l'abandon de ses partisans et en se retirant dans le couvent de Boscogna. Matra, tentant de l'attaquer, a été pris en embuscade par les troupes de Paoli. La plupart des assaillants ont été tués, trois de leurs chefs capturés et exécutés, et Matra a été tué en fuyant.
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69
p. 186-187
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Les Vaisseaux du Roi, & nos Armateurs, se sont emparés depuis peu de [...]
Mots clefs :
Londres, Vaisseaux, Navires français, Chambres du parlement, Message du roi, Amérique, Amiral Holbourne
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 24 Mai.
Les Vaiffeaux du Roi , & nos Armateurs , fe
font emparés depuis peu de fept Navires François
partis de Bordeaux . Selon les Lettres de la Jamaïque
, le Chevalier de Bauffremont , avec quatre
Vaiffeaux & trois Frégates , bloque le Port-
Royal. Les mêmes nouvelles ajoutent , que ce
Chef d'Efcadre s'eft rendu maître du Vaiffeau de
guerre le Greenwich , de so canons , qui étoit
employé à eſcorter les Navires Marchands au paſfage
du vent.
•
On remit le 17 de ce mois aux deux Chambres
du Parlement un Meffage du Roi , portant que ,
comme il pourroit furvenir des événemens de la
derniere importance , qui auroient les fuites les plus
funeftes fi l'on ne recouroit promptement aux
moyens de les prévenir ; Sa Majesté défiroit quefon
Parlement la miten état de fournir aux dépenses extraordinaires
, faites ou à faire pour la guerre
pendant cette année , & de prendre toutes les mefures
que les circonstances exigeront pour s'opposer aux
entreprises des ennemis. La Chambre des Communes
prit le lendemain en confidération le Meffage
du Roi , & elle réfolut d'accorder à Sa Majesté un
million fterling. Le 20 , elle décida que ce million
fe leveroit par emprunt ou par des billets de
l'Echiquier , payables fur le fubfide de l'année
1758. On affure que l'Amiral Holbourne eft
chargée de faire , à fon arrivée en Amérique ,
des
JUI N. 1757 .
187
recherches pour découvrir deux Corfaires , l'un
d'Hallifax , l'autre de la nouvelle Angleterre
qui ont exercé diverfes déprédations contre les Efpagnols.
DE LONDRES , le 24 Mai.
Les Vaiffeaux du Roi , & nos Armateurs , fe
font emparés depuis peu de fept Navires François
partis de Bordeaux . Selon les Lettres de la Jamaïque
, le Chevalier de Bauffremont , avec quatre
Vaiffeaux & trois Frégates , bloque le Port-
Royal. Les mêmes nouvelles ajoutent , que ce
Chef d'Efcadre s'eft rendu maître du Vaiffeau de
guerre le Greenwich , de so canons , qui étoit
employé à eſcorter les Navires Marchands au paſfage
du vent.
•
On remit le 17 de ce mois aux deux Chambres
du Parlement un Meffage du Roi , portant que ,
comme il pourroit furvenir des événemens de la
derniere importance , qui auroient les fuites les plus
funeftes fi l'on ne recouroit promptement aux
moyens de les prévenir ; Sa Majesté défiroit quefon
Parlement la miten état de fournir aux dépenses extraordinaires
, faites ou à faire pour la guerre
pendant cette année , & de prendre toutes les mefures
que les circonstances exigeront pour s'opposer aux
entreprises des ennemis. La Chambre des Communes
prit le lendemain en confidération le Meffage
du Roi , & elle réfolut d'accorder à Sa Majesté un
million fterling. Le 20 , elle décida que ce million
fe leveroit par emprunt ou par des billets de
l'Echiquier , payables fur le fubfide de l'année
1758. On affure que l'Amiral Holbourne eft
chargée de faire , à fon arrivée en Amérique ,
des
JUI N. 1757 .
187
recherches pour découvrir deux Corfaires , l'un
d'Hallifax , l'autre de la nouvelle Angleterre
qui ont exercé diverfes déprédations contre les Efpagnols.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 24 mai, des navires britanniques ont capturé sept navires français à Bordeaux. Parallèlement, le Chevalier de Bauffremont, à la tête d'une flotte de quatre vaisseaux et trois frégates, bloque le Port-Royal et s'empare du vaisseau britannique Greenwich, armé de 50 canons. Le 17 mai, le roi a adressé un message aux deux Chambres du Parlement, soulignant la nécessité de prévenir des événements graves et de se préparer à couvrir les dépenses extraordinaires liées à la guerre. La Chambre des Communes a examiné ce message le lendemain et a décidé d'accorder un million de sterling au roi. Le 20 mai, elle a décidé que ce montant serait levé par emprunt ou par des billets de l'Échiquier, payables sur le subside de l'année 1758. Par ailleurs, l'amiral Holbourne est chargé de rechercher deux corsaires, l'un d'Halifax et l'autre de la Nouvelle-Angleterre, ayant commis des déprédations contre les Espagnols.
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70
p. 207-210
ALLEMAGNE.
Début :
L'Impératrice de Russie a envoyé à tous ses Ministres dans les [...]
Mots clefs :
Dantzig, Impératrice de Russie, Ministres, Roi de Prusse, Attaques, Riposte, Vaisseaux, Dresde, Ordonnance, Recrues, Ordonnances du roi de Prusse, Francfort, Haut-Palatinat, Prise de la ville, Fuite des habitants, Warendorf, Maréchal d'Estrées, Camps militaires, Ennemis
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE DANTZICK , le 24 Mai.
L'IMPERATRICE de Ruffie a envoyé à tous fes
Miniftres dans les Cours Etrangeres le refcrit fuivant
. « Ayant déja témoigné fuffisamment par
» plufieurs Déclarations à toutes les Cours , com-
» bien Nous fommes mécontente de la maniere
» dont le Roi de Pruffe attaque nos Alliés , & que
» Nous fommes réfolue de faire une puiffante di-
» verfion pour leur fecours ; Nous ne le répéteront
point ici. Mais comme on ne peut aider
» nofdits Alliés ni détourner de chez eux le
» fléau de la guerre , qu'en attaquant pareille-
>> ment le Roi de Pruffe dans fes poffeffions ,
» Nous avons ordonné de bloquer d'abord tous
» les Ports de fon Royaume , afin d'y empêcher
» toute entrée & fortie de provifions , & même
» tout commerce , fuivant Pufage de la guerre.
» Ainfi S. M. Imp. charge tous fes Miniftres dans
» les Cours Etrangeres , de communiquer ceci ,
» en ajoutant que nonn--ffeulement on ne permettra
» à aucun Bâtiment d'entrer dans les Ports Pruf-
» fiens ; mais que même , fi quelque Maître de
Navire fe laiffoit employer pour y tranfporter
» des troupes Pruffiennes , de l'artillerie ou des
munitions de guerre, le Bâtiment fera , felon les
208 MERCURE DE FRANCE.
» loix de la guerre , déclaré de bonne prife , fans
» autre formalité. Et l'on a donné en conféquence
>> une note à tous les Miniftres Etrangers , qui
» réfident à Petersbourg. »
Conformement à ce recit , plufieurs Vaiffaux
de l'Impératrice de Ruffie croifent depuis quelques
jours devant les Ports de Memel & de Pillau
, & dans les environs de l'Ile de Hela , fituée
à l'embouchure de la Viftule. Ils fe font emparés
de quatre Navires Pruffiens , dont deux alloient de
Konifberg à Stettin. Les équipages de quelques
Bâtimens ont rapporté qu'ils avoient rencontré
dix-huit Galeres chargées de troupes Ruffiennes ,
faifant route vers la Poméranie .
DE DRESDE , le 2 Juin.
Par une nouvelle Ordonnance , qui vient d'être
fignifiée aux différens cercles de cet Electorat ,
le Directoire Général de Torgau leur demande
une nouvelle fourniture de recrues , montant à
quatre mille deux cens hommes. Il exige que chaque
homme ait au moins cinq preds cing pouces
de hauteur , & qu'aucun ne foit au-deffous de
vingt ans , ni au-deffus de trente ; & qu'ils foient
tout- prêts à être livrés dans trois ſemaines.
On affure que la nuit du 27 au 28 du mois dernier
les troupes Autrichiennes , qui font dans
Prague , ont fait une feconde fortie. Divers avis
confirment que dans celle du 24 elles ont tué
beaucoup de monde aux Pruffiens.
Il paroît deux nouvelles Ordonnances du Roi
de Pruffe. Par la premiere , ce Prince demande
à la Nobleffe de l'Electorat de Saxe une avance de
fix cens mille écus , qu'il promet de rembourfer
après la guerre. La feconde porte que , fi léshaJUILLET.
1757. 209
bitans de Léipfick ne fourniffent pas fans délai la
fomme qui leur a été impofée , on arrêtera dix
d'entr'eux , pris en partie parmi les Magiftrats ,
en partie dans le Corps des Négocians , & que
ces dix perfonnes feront détenues en priſon jufqu'à
l'entier paiement de cette fomme.
DE FRANC FORT , les Juin .
Par les lettres reçues du haut- Palatinat , on a
appris qu'un Corps de 1500 Pruffiens s'eft emparé
de la petite ville de Scwabach , appartenante au
Margrave d'Anfpach , & qu'enfuite ce Corps s'étant
préfenté aux portes de Nuremberg , il a demandé
que les habitans de cette derniere Ville
euffent à déclarer s'ils étoient amis ou ennemis ,
& au cas qu'ils priffent le premier parti , qu'ils
remiffent toute l'artillerie de la Place , finon
qu'on agiroit hoftilement contr'eux. Les villes
de Bamberg & d'Aichfted font dans la derniere
frayeur. Prefque tous les habitans prennent la
fuite. Cependant le bruit vient de fe répandre que
ce détachement Pruffien s'étoit retiré . pour fe
porter dans la Principauté d'Anſpach.
DE WAREN DORFF , le 7 Juin.
9
Le Maréchal d'Eftrées a porté l'armée du Roi
fur l'Embs où elle eft campée en différens
Corps , dont les mouvemens ont été fucceffifs . Il
a laiffé à Tellight une réſerve de huit Bataillons de
Grenadiers Royaux , & d'un Régiment de Dragons.
L'abondance des pluies a tellement gâté les
chemins , que ce Géneral n'a pu encore être joint
par le Corps féparé , que commande le Prince de
Soubize.
Les ennemis fe font raffemblés à Brackwede . Ils
campent fur deux lignes , ayant devant leur cen210
MERCURE DE FRANCE.
tré ce village , & en avant un ruiffeau & des ma→ :
rais. Le Duc de Cumberland a laiffé douze cens
hommes dans Rittberg , dont les abords font
aufà très marécageux.
DE DANTZICK , le 24 Mai.
L'IMPERATRICE de Ruffie a envoyé à tous fes
Miniftres dans les Cours Etrangeres le refcrit fuivant
. « Ayant déja témoigné fuffisamment par
» plufieurs Déclarations à toutes les Cours , com-
» bien Nous fommes mécontente de la maniere
» dont le Roi de Pruffe attaque nos Alliés , & que
» Nous fommes réfolue de faire une puiffante di-
» verfion pour leur fecours ; Nous ne le répéteront
point ici. Mais comme on ne peut aider
» nofdits Alliés ni détourner de chez eux le
» fléau de la guerre , qu'en attaquant pareille-
>> ment le Roi de Pruffe dans fes poffeffions ,
» Nous avons ordonné de bloquer d'abord tous
» les Ports de fon Royaume , afin d'y empêcher
» toute entrée & fortie de provifions , & même
» tout commerce , fuivant Pufage de la guerre.
» Ainfi S. M. Imp. charge tous fes Miniftres dans
» les Cours Etrangeres , de communiquer ceci ,
» en ajoutant que nonn--ffeulement on ne permettra
» à aucun Bâtiment d'entrer dans les Ports Pruf-
» fiens ; mais que même , fi quelque Maître de
Navire fe laiffoit employer pour y tranfporter
» des troupes Pruffiennes , de l'artillerie ou des
munitions de guerre, le Bâtiment fera , felon les
208 MERCURE DE FRANCE.
» loix de la guerre , déclaré de bonne prife , fans
» autre formalité. Et l'on a donné en conféquence
>> une note à tous les Miniftres Etrangers , qui
» réfident à Petersbourg. »
Conformement à ce recit , plufieurs Vaiffaux
de l'Impératrice de Ruffie croifent depuis quelques
jours devant les Ports de Memel & de Pillau
, & dans les environs de l'Ile de Hela , fituée
à l'embouchure de la Viftule. Ils fe font emparés
de quatre Navires Pruffiens , dont deux alloient de
Konifberg à Stettin. Les équipages de quelques
Bâtimens ont rapporté qu'ils avoient rencontré
dix-huit Galeres chargées de troupes Ruffiennes ,
faifant route vers la Poméranie .
DE DRESDE , le 2 Juin.
Par une nouvelle Ordonnance , qui vient d'être
fignifiée aux différens cercles de cet Electorat ,
le Directoire Général de Torgau leur demande
une nouvelle fourniture de recrues , montant à
quatre mille deux cens hommes. Il exige que chaque
homme ait au moins cinq preds cing pouces
de hauteur , & qu'aucun ne foit au-deffous de
vingt ans , ni au-deffus de trente ; & qu'ils foient
tout- prêts à être livrés dans trois ſemaines.
On affure que la nuit du 27 au 28 du mois dernier
les troupes Autrichiennes , qui font dans
Prague , ont fait une feconde fortie. Divers avis
confirment que dans celle du 24 elles ont tué
beaucoup de monde aux Pruffiens.
Il paroît deux nouvelles Ordonnances du Roi
de Pruffe. Par la premiere , ce Prince demande
à la Nobleffe de l'Electorat de Saxe une avance de
fix cens mille écus , qu'il promet de rembourfer
après la guerre. La feconde porte que , fi léshaJUILLET.
1757. 209
bitans de Léipfick ne fourniffent pas fans délai la
fomme qui leur a été impofée , on arrêtera dix
d'entr'eux , pris en partie parmi les Magiftrats ,
en partie dans le Corps des Négocians , & que
ces dix perfonnes feront détenues en priſon jufqu'à
l'entier paiement de cette fomme.
DE FRANC FORT , les Juin .
Par les lettres reçues du haut- Palatinat , on a
appris qu'un Corps de 1500 Pruffiens s'eft emparé
de la petite ville de Scwabach , appartenante au
Margrave d'Anfpach , & qu'enfuite ce Corps s'étant
préfenté aux portes de Nuremberg , il a demandé
que les habitans de cette derniere Ville
euffent à déclarer s'ils étoient amis ou ennemis ,
& au cas qu'ils priffent le premier parti , qu'ils
remiffent toute l'artillerie de la Place , finon
qu'on agiroit hoftilement contr'eux. Les villes
de Bamberg & d'Aichfted font dans la derniere
frayeur. Prefque tous les habitans prennent la
fuite. Cependant le bruit vient de fe répandre que
ce détachement Pruffien s'étoit retiré . pour fe
porter dans la Principauté d'Anſpach.
DE WAREN DORFF , le 7 Juin.
9
Le Maréchal d'Eftrées a porté l'armée du Roi
fur l'Embs où elle eft campée en différens
Corps , dont les mouvemens ont été fucceffifs . Il
a laiffé à Tellight une réſerve de huit Bataillons de
Grenadiers Royaux , & d'un Régiment de Dragons.
L'abondance des pluies a tellement gâté les
chemins , que ce Géneral n'a pu encore être joint
par le Corps féparé , que commande le Prince de
Soubize.
Les ennemis fe font raffemblés à Brackwede . Ils
campent fur deux lignes , ayant devant leur cen210
MERCURE DE FRANCE.
tré ce village , & en avant un ruiffeau & des ma→ :
rais. Le Duc de Cumberland a laiffé douze cens
hommes dans Rittberg , dont les abords font
aufà très marécageux.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En 1757, l'impératrice de Russie a exprimé son mécontentement face aux attaques du roi de Prusse contre ses alliés. Elle a ordonné le blocus des ports prussiens, empêchant toute entrée ou sortie de provisions et de commerce. Des vaisseaux russes patrouillaient devant Memel, Pillau et l'île de Hela, capturant quatre navires prussiens. Des troupes russes se dirigeaient vers la Poméranie. À Dresde, le Directoire Général de Torgau a réclamé 4 200 nouvelles recrues, âgées de 20 à 30 ans et mesurant au moins cinq pieds cinq pouces. Les troupes autrichiennes à Prague avaient lancé des sorties contre les Prussiens. Le roi de Prusse a exigé des avances financières de la noblesse saxonne et des habitants de Leipzig, menaçant d'arrestations en cas de refus. À Francfort, un corps de 1 500 Prussiens avait pris la ville de Schwabach et menacé Nuremberg, avant de se retirer vers la Principauté d'Anspach. À Waren Dorff, le maréchal d'Estrées a déplacé l'armée du roi sur l'Embs, malgré des conditions météorologiques défavorables. Les ennemis étaient rassemblés à Brackwede, et le duc de Cumberland avait laissé 1 200 hommes à Rittberg.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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71
p. 210-211
GRANDE BRETAGNE.
Début :
La Compagnie des Indes vient de recevoir des nouvelles très-facheuses [...]
Mots clefs :
Londres, Compagnie des Indes, Vaisseaux, Conflits, Pillages, Gouverneur, Equipage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 7 Juin.
La Compagnie des Indes vient de recevoir des
nouvelles très-facheufes par fes Vaiffeaux le Portfield
, l'Edgcote & le Chefterfield. Selon le rapport,
JUILLET. 1757. 211
des équipages de ces Bâtimens , qui reviennent
des côtes de Malabar & de Coromandel , Sourajée
Doulah , petit- fils & fucceffeur de feu Aliverdée
Kan , Nabab de Bengale , a demandé des
fommes confidérables aux Anglois établis dans le
voisinage de fes états. Les Anglois n'y ayant point
fatisfait , il a marché dans le mois de Juin de l'année
derniere avec foixante mille hommes à Calécut
, dont il s'eft rendu maître , ainfi que de tous
les autres établiffemens de la compagnie fur la
côte. Il y a exterminé tout ce qu'il y a rencontré
, & il a enlevé l'argent & les marchandiſes de
tous les comtoirs. Les Gouverneurs de Madras &
de Bombay ont fait partir fur l'Eſcadre de l'Amiral
Wafton un Corps de troupes , pour tâcher de
rétablir le Fort Guillaume , que le Nabab a détruit.
On a été informé par les mêmes équipages
que le Vaiffeau le Doddington , appartenant à la
Compagnie , avoit fait naufrage près du Cap de
Bonne-Efperance , & qu'on n'avoit pu fauver que
vingt-fept des perfonnes qui étoient à bord. Un
autre Vaiffeau de la Compagnie nommé le
Protecteur , & armé en courfe , s'eft emparé d'un
Navire François , parti de Pondichery.
DE LONDRES , le 7 Juin.
La Compagnie des Indes vient de recevoir des
nouvelles très-facheufes par fes Vaiffeaux le Portfield
, l'Edgcote & le Chefterfield. Selon le rapport,
JUILLET. 1757. 211
des équipages de ces Bâtimens , qui reviennent
des côtes de Malabar & de Coromandel , Sourajée
Doulah , petit- fils & fucceffeur de feu Aliverdée
Kan , Nabab de Bengale , a demandé des
fommes confidérables aux Anglois établis dans le
voisinage de fes états. Les Anglois n'y ayant point
fatisfait , il a marché dans le mois de Juin de l'année
derniere avec foixante mille hommes à Calécut
, dont il s'eft rendu maître , ainfi que de tous
les autres établiffemens de la compagnie fur la
côte. Il y a exterminé tout ce qu'il y a rencontré
, & il a enlevé l'argent & les marchandiſes de
tous les comtoirs. Les Gouverneurs de Madras &
de Bombay ont fait partir fur l'Eſcadre de l'Amiral
Wafton un Corps de troupes , pour tâcher de
rétablir le Fort Guillaume , que le Nabab a détruit.
On a été informé par les mêmes équipages
que le Vaiffeau le Doddington , appartenant à la
Compagnie , avoit fait naufrage près du Cap de
Bonne-Efperance , & qu'on n'avoit pu fauver que
vingt-fept des perfonnes qui étoient à bord. Un
autre Vaiffeau de la Compagnie nommé le
Protecteur , & armé en courfe , s'eft emparé d'un
Navire François , parti de Pondichery.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
La Compagnie des Indes a reçu des nouvelles alarmantes via les vaisseaux Portfield, Edgcote et Chesterfield. Sourajée Doulah, successeur d'Aliverdi Khan, Nabab de Bengale, a exigé des sommes considérables des Anglais établis près de ses États. Après leur refus, il a attaqué et pris Calicut ainsi que tous les établissements de la compagnie sur les côtes de Malabar et de Coromandel en juin de l'année précédente, exterminant les occupants et pillant les biens. Les gouverneurs de Madras et de Bombay ont envoyé des troupes à bord de l'escadre de l'amiral Waston pour tenter de rétablir le Fort Guillaume, détruit par le Nabab. Par ailleurs, le vaisseau Doddington a fait naufrage près du Cap de Bonne-Espérance, ne sauvant que vingt-sept personnes. Le vaisseau Protecteur a capturé un navire français parti de Pondichéry.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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72
p. 189-196
« Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...] »
Début :
Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...]
Mots clefs :
Princes, Princesses, Sa Majesté, Armée prussienne, Armée de l'Impératrice, Combats, Camps militaires, Fortifications, Attaques, Troupes, Maréchaux, Ennemis, Comtes, Artillerie, Canons, Vaisseaux, Marchandises, Corsaires , Navires anglais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...] »
Le 11 Décembre , les Princes & les Princeffes
du Sang rendirent , en cérémonie , à l'occafion
190 MERCURE DE FRANCE.
de la mort de la Reine de Pologne , Electrice de
Saxe , leurs refpects à Monfeigneur le Dauphin
& à Madame la Dauphine. Les Seigneurs & Dames
de la Cour , en habits de grand deuil , s'acquitterent
du même devoir.
Le Roi a tenu le Sceau pour la dix-huitieme &
dix-neuvieme fois.
Sa Majefté a difpofé du régiment de Cavalerie ,
vacant par la mort de M. le Duc de Beauvillier
en faveur de M. le Chevalier de Saint -Aignan fon
frere , Colonel dans le régiment des Grenadiers de
France ; & d'une place de Colonel dans le regiment
des mêmes Grenadiers , en faveur de M. le
Marquis d'Eftampes , Lieutenant en ſecond dans
le régiment du Roi , Infanterie.
On a été informé que le Prince Charles a dépêché
au Roi le sieur de Boifgeflin , pour faire part à
Sa Majefté de la prife de Schweidnitz qui a capitulé
le 12 Novembre.
Les Pruffiens ont perdu , pendant le cours de ce
fiege , environ dix-huit cens hommes. La garnifon
qui étoit encore forte de quatre mille fept
cens hommes , eft prifonniere de guerre , & fera
conduite où l'Impératrice Reine jugera à propos
de l'envoyer.
Les Autrichiens ont trouvé dans la place cent
foixante quatre pieces de canon , quatorze mortiers
, beaucoup de munitions , des vivres , du fourage
en abondance , & un million d'écus d'Allemagne
, dans la caiffe militaire .
On a reçu avis que l'armée Pruffienne arrivée
fous Breflau depuis fept femaines entieres , y occupoit
un camp très -fort par lui même qu'elle
avoit encore fortifié de toutes parts & avec le plus
grand foin ; il n'avoit que le défaut d'être trop
étendu, pour le nombre de troupes qui devoient le
JANVIER. 1758. 191
défendre ; fans cela il cût été impoffible d'y pénétrer
.
S. A. R. ayant reconnu ce défaut , & voulant à
quelque prix que ce fût attaquer l'ennemi , fit une
difpofition qui fait l'éloge de fes talens militaires .
Elle jugea que la façon la plus fûre de pénétrer
dans cette Fortereffe , étoit d'attaquer vivement
l'ennemi par le centre & par les extrêmités . Elle
ajouta même à cette difpofition d'autres attaques
intermédiaires , afin de faire une plus grande diverfion
, & de mettre plus fûrement la confufion
dans les manoeuvres de l'ennemi.
Le camp retranché avoit fa droite appuyée visà-
vis le village de Pilnitz , dont les ennemis
avoient fait une citadelle ; il falloit même paffer
la riviere de l'Oh , avant que d'arriver à fes retranchemens.
Son flanc étoit couvert par des bois
immenfes & par la riviere de l'Oder. Sa gauche
étoit appuyée à une hauteur qui eft à cinq cens
pas ou environ des Fauxbours de Breſlau . Elle étoit
fortifiée d'une excellente redoute garnie de fon
plus gros canon. Il avoit dans l'étendue du fronr
de fon camp , les villages de Smidfeld , d'Effichen
, & de Klein - morberg , également bien
fortifiés. La riviere de l'Oh bordoit le front de fa
pofition dans prefque toute fon étendue. Heureufement
pour Parmée Impériale , il s'en étoit un
peu trop éloigné vers le centre , & c'eſt- là où
S. A. R. fit le plan de porter les coups qu'elle devoit
frapper de la main .
La difpofition de l'attaque fe borna donc à quatre
point effentiels ; l'un entre les fauxbourgs de
Breau & le village de Klein- burg , l'autre vis-à
vis de Klein- morberg ; le troifieme entre Smidfeld
& Effichen , & le quatrieme à Pilnitz , fans
compter une divifion qui fut faite de l'autre côté
192 MERCURE DE FRANCE :
de la riviere de l'Oder par un corps de cinq à fix
mille hommes qui menaçoit la retraite de l'ennemi
, en cas qu'il fût forcé par fa droite , & qu'on
pût couper la communication avec Breĺau,
Les ordres ayant été donnés le 21 pour attaquer
l'ennemi le lendemain , l'armée de l'impératrice
qui étoit campée en ligne fe divifa à la pointe du
jour ; chaque troupe le rendit à la deftination
& dès que tout fut prêt , on commença à dix heures
une canonnade terrible , qui dura juſqu'à midi;
alors le fignal fut donné pour que chacun fît fes
pents fur la riviere , & pour attaquer en même
temps. Les ponts du centre furent les premiers
conftruits , c'étoit l'attaque où étoit placés S. A. R.
& le Feld- Maréchal Comte de Daun ; il y en eut
fept jettés en moins d'une demi - heure , malgré le
feu de l'ennemi ; à peine furent - ils finis , que
treate compagnies de Grenadiers pafferent , foutenues
de deux mille chevaux d'élite , des bataillons
de l'aîle droite de l'armée , & de plufieurs
efcadrons.
Ces troupes fe formerent , malgré le feu le plus
vif, avec une viteffe fi finguliere , que l'ennemi ne
put porter des troupes pour nous charger, que dans
l'inftant où nous commencions, à être formés.
S- A. R. s'étant apperçue du deffein qu'il avoit de
nous charger en flanc , fit avancer fort vîte quatre
pieces de canon chargées à cartouche , foutenues
de quatre bataillons qui prirent en flanc l'ennemi
lui-même , & l'obligerent de s'arrêter . Les retranchemens
qui étoient alors devant nous , & qui enveloppoient
le village de Klein- morberg étoient
redoutables. Nous avions d'ailleurs fur notre flanc
droit le corps de troupes dont on vient de parler ,
fans compter celui qui faifoit face à notre attaque de
la droite. Nous reftâmes ainfi pendant plus d'une
heure
JANVIER 1758. 195'
heure entiere à effuyer & à rendre le feu le plus
vif.Les ennemis chercherent plus d'une fois à nous
attaquer de front & de flanc ; mais les troupes &
P'artillerie firent de tels prodiges , que les Pruffiens
, malgré leurs efforts , ne nous firent pas
perdre un pouce de terrein . Nous enlevâmes au
contraire les retranchemens de Klein-morberg ,
& pendant que nous combattions ainfi , celles de
nos troupes qui attaquoient Pilnitz & Neikirck
faifoient de leur côté des merveilles ; mais ayant
trouvé plus de difficultés que nous dans le paffage
de la riviere , elles ne purent dépofter l'ennemi
auffi promptement que nous l'avions fait .
La nuit qui farvint fit finit le combat. C'eft une
journée qui comble d'honneur l'armée de l'Impératrice,
& qui n'en fait pas moins à S. A. R. & au
Feld- Maréchal Comte de Daun.
L'armée Impériale a eu quatre mille hommes
tués ou bleffés , dans le nombre defquels ſont fix
Généraux , dont un de tué.
Les ennemis ont perdu beaucoup plus du double
, & ont eu plus de trois mille prifonniers ou
déferteurs. Prefque tous leurs Généraux ont été
tués , bleffés , ou faits prifonniers. Le Prince de
Beverne , qui commandoit l'armée , eft du nombre
de ces derniers. Le Prince Ferdinand , frere
du Roi de Pruffe , a reçu une légere bleffure. Le
Prince de Brunſwick & celui de Wirtemberg font
auffi bleffés. Nous avons pris trente - neuf pieces
de canon , trois mortiers , & huit drapeaux , & la
ville de Breſlau s'eft rendue au vainqueur. En un
mot , l'action du 22 eft moins une bataille qu'une
défaite ; mais ce qui doit plaire le plus à Sa Majefté
Impériale , eft l'ardeur que fon armée entiere
a montré pour combattre fes ennemis. S, A. R.
& le Feld-Maréchal Comte de Daun , ne doivent
I.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
pas être moins flattés de la confiance des troupes ,
qui fe nourrit dans le foldat par la bonne opinion
qu'il a de fes chefs.
Les Princes de Saxe fe font diftingués par leur
valeur , comme ils le font dans toutes les occafions,
Lorfque la ville de Breflau s'eft rendue , & que
la garnifon de neuf Bataillons eft fortie avec les
honneurs de la guerre , il n'y a eu que trois cens
hommes en tout qui ayent accompagné les drapeaux
: tout le refte , Officiers & Soldats , a déferté
ouvertement ou fécretement. Il en eft venu
mille quatre-vingts dans une feule journée au quartier
de S. A. R. fans compter ceux qui auront été
à celui du Comte de Nadafty , ou ceux encore que
ramènera le Général Beck , qui eft à la pourfuite
du refte de l'armée Pruffienne. Cette armée étoit
plus forte que nous ne l'avions cru. On nous a
affuré que les ennemis montoient à plus de quarante
mille hommes : ils en ont perdu fûrement
vingt mille , y compris les déferteurs. Le nombre
des bleffés eft auffi plus grand que nous ne penfions.
Les Vaiffeaux du Roi le Célebre & le Bizarre ,
fe font rendus maîtres du Corfaire Anglois ci-devant
la Grande - Biche , de Saint -Malo , armé de
28 canons , de 14 pierriers , & de 109 hommes
d'équipage , ainsi que d'un autre bâtiment armé
de 6 canons , 10 pierriers , & de 39 hommes d'é- `
quipage.
-neaux ,
Le Navire Anglois le Matthy , de 350 tonvenant
de Saint- Chriftophe, avec une cargaifon
compofée de différentes marchandiſes , a
été pris par la Frégate du Roi la Calypfo , & eft arrivé
à Breft .
On a été informé par des lettres écrites de Bergue
en Norwege de l'arrivée en çe Port des NaviJANVIER.
1758.
195 .
res Anglois le Rolland & Jeanne , de Neufchâtel,
PHelene , la Marie - Betty , la Dorothée , de Witthaven
, la Marianne de Dublin , & le Hamkinfon
de Lancaftre. Ces fix Bâtimens qui revenoient,
les uns de Riga , les autres de Petersbourg , chacun
avec un chargement de chanvre , de lin , de
fer , de toiles à voiles , & d'autres marchandiſes
ont été pris par le capitaine Charles- François Robert
, commandant le Corfaire la Comteffe de la
Serre , de Dunkerque .
>
L'Actif, autre Corfaire de ce Port , s'eft emparé
d'un navire Anglois d'environ 100 tonneaux,
armé de 12 canons & de 80 hommes d'équipage,
dont la cargaifon eft compofée de différentes marchandifes
du cru de la Jamaïque , d'où il revenoit.
Ce Bâtiment a été conduit à Breft.
Le Capitaine Monnier, commandant le Corfaire
la Revanche , de Dunkerque , a pris & conduit
en ce port les navires Anglois l'Ardent , la Providence
& le Norwich , chargés de charbon de
terre..Il a rançonné pour 620 guinées deux autres
bâtimens Anglois , dont il s'eft rendu maître.
L'Hyrondelle , Corfaire du même port , a relâ–
ché, moyennant une rançon de 100 livres fterlings
, un bateau Anglois qu'il avoit pris .
Les navires Anglois le Nancy, de Bofton , chargé
de 600 barrils de goudron , & la Marie , dont
la cargaifon eft compofée de bois de conftruction
, ont été pris par le Corfaire le Voltigeur ,
de Boulogne, & font arrivés, l'un à Calais , & l'autre
au Havre.
On mande de Cherbourg que le Corfaire le
Conquérant de ce port , a pris & y a conduit un bâtiment
Anglois de 80 tonneaux , ayant pour chargement
du fel , de l'avoine , quelques ballots , &
autres marchandiſes.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
Les Corfaires les Deux-Freres & le Faucon , de
Marſeille , fe font emparés des navires Anglois le
Ligny , le Lottéa & le Nelly , de Cork , qui ont
été conduits à Cadix. Ils font chargés , le premier
de diverfes marchandiſes , le fecond de morue
, & le troifieme de beurre , de viandes falées
& de chandelle.
Trois autres navires Anglois , fçavoir le Nancy,
dont le chargement confifte en falaifons , en
cuirs & en chandelle , le Charmeng-Betty , chargé
de charbon de terre , & le Royal - Georges , chargé
de fardines , ont auffi été conduits à Cadix , &
ont été pris par les Corfaires François la Bagatelle
, la Jacqueline , le Saint- Antoine, & les Ames,
de Mahon.
du Sang rendirent , en cérémonie , à l'occafion
190 MERCURE DE FRANCE.
de la mort de la Reine de Pologne , Electrice de
Saxe , leurs refpects à Monfeigneur le Dauphin
& à Madame la Dauphine. Les Seigneurs & Dames
de la Cour , en habits de grand deuil , s'acquitterent
du même devoir.
Le Roi a tenu le Sceau pour la dix-huitieme &
dix-neuvieme fois.
Sa Majefté a difpofé du régiment de Cavalerie ,
vacant par la mort de M. le Duc de Beauvillier
en faveur de M. le Chevalier de Saint -Aignan fon
frere , Colonel dans le régiment des Grenadiers de
France ; & d'une place de Colonel dans le regiment
des mêmes Grenadiers , en faveur de M. le
Marquis d'Eftampes , Lieutenant en ſecond dans
le régiment du Roi , Infanterie.
On a été informé que le Prince Charles a dépêché
au Roi le sieur de Boifgeflin , pour faire part à
Sa Majefté de la prife de Schweidnitz qui a capitulé
le 12 Novembre.
Les Pruffiens ont perdu , pendant le cours de ce
fiege , environ dix-huit cens hommes. La garnifon
qui étoit encore forte de quatre mille fept
cens hommes , eft prifonniere de guerre , & fera
conduite où l'Impératrice Reine jugera à propos
de l'envoyer.
Les Autrichiens ont trouvé dans la place cent
foixante quatre pieces de canon , quatorze mortiers
, beaucoup de munitions , des vivres , du fourage
en abondance , & un million d'écus d'Allemagne
, dans la caiffe militaire .
On a reçu avis que l'armée Pruffienne arrivée
fous Breflau depuis fept femaines entieres , y occupoit
un camp très -fort par lui même qu'elle
avoit encore fortifié de toutes parts & avec le plus
grand foin ; il n'avoit que le défaut d'être trop
étendu, pour le nombre de troupes qui devoient le
JANVIER. 1758. 191
défendre ; fans cela il cût été impoffible d'y pénétrer
.
S. A. R. ayant reconnu ce défaut , & voulant à
quelque prix que ce fût attaquer l'ennemi , fit une
difpofition qui fait l'éloge de fes talens militaires .
Elle jugea que la façon la plus fûre de pénétrer
dans cette Fortereffe , étoit d'attaquer vivement
l'ennemi par le centre & par les extrêmités . Elle
ajouta même à cette difpofition d'autres attaques
intermédiaires , afin de faire une plus grande diverfion
, & de mettre plus fûrement la confufion
dans les manoeuvres de l'ennemi.
Le camp retranché avoit fa droite appuyée visà-
vis le village de Pilnitz , dont les ennemis
avoient fait une citadelle ; il falloit même paffer
la riviere de l'Oh , avant que d'arriver à fes retranchemens.
Son flanc étoit couvert par des bois
immenfes & par la riviere de l'Oder. Sa gauche
étoit appuyée à une hauteur qui eft à cinq cens
pas ou environ des Fauxbours de Breſlau . Elle étoit
fortifiée d'une excellente redoute garnie de fon
plus gros canon. Il avoit dans l'étendue du fronr
de fon camp , les villages de Smidfeld , d'Effichen
, & de Klein - morberg , également bien
fortifiés. La riviere de l'Oh bordoit le front de fa
pofition dans prefque toute fon étendue. Heureufement
pour Parmée Impériale , il s'en étoit un
peu trop éloigné vers le centre , & c'eſt- là où
S. A. R. fit le plan de porter les coups qu'elle devoit
frapper de la main .
La difpofition de l'attaque fe borna donc à quatre
point effentiels ; l'un entre les fauxbourgs de
Breau & le village de Klein- burg , l'autre vis-à
vis de Klein- morberg ; le troifieme entre Smidfeld
& Effichen , & le quatrieme à Pilnitz , fans
compter une divifion qui fut faite de l'autre côté
192 MERCURE DE FRANCE :
de la riviere de l'Oder par un corps de cinq à fix
mille hommes qui menaçoit la retraite de l'ennemi
, en cas qu'il fût forcé par fa droite , & qu'on
pût couper la communication avec Breĺau,
Les ordres ayant été donnés le 21 pour attaquer
l'ennemi le lendemain , l'armée de l'impératrice
qui étoit campée en ligne fe divifa à la pointe du
jour ; chaque troupe le rendit à la deftination
& dès que tout fut prêt , on commença à dix heures
une canonnade terrible , qui dura juſqu'à midi;
alors le fignal fut donné pour que chacun fît fes
pents fur la riviere , & pour attaquer en même
temps. Les ponts du centre furent les premiers
conftruits , c'étoit l'attaque où étoit placés S. A. R.
& le Feld- Maréchal Comte de Daun ; il y en eut
fept jettés en moins d'une demi - heure , malgré le
feu de l'ennemi ; à peine furent - ils finis , que
treate compagnies de Grenadiers pafferent , foutenues
de deux mille chevaux d'élite , des bataillons
de l'aîle droite de l'armée , & de plufieurs
efcadrons.
Ces troupes fe formerent , malgré le feu le plus
vif, avec une viteffe fi finguliere , que l'ennemi ne
put porter des troupes pour nous charger, que dans
l'inftant où nous commencions, à être formés.
S- A. R. s'étant apperçue du deffein qu'il avoit de
nous charger en flanc , fit avancer fort vîte quatre
pieces de canon chargées à cartouche , foutenues
de quatre bataillons qui prirent en flanc l'ennemi
lui-même , & l'obligerent de s'arrêter . Les retranchemens
qui étoient alors devant nous , & qui enveloppoient
le village de Klein- morberg étoient
redoutables. Nous avions d'ailleurs fur notre flanc
droit le corps de troupes dont on vient de parler ,
fans compter celui qui faifoit face à notre attaque de
la droite. Nous reftâmes ainfi pendant plus d'une
heure
JANVIER 1758. 195'
heure entiere à effuyer & à rendre le feu le plus
vif.Les ennemis chercherent plus d'une fois à nous
attaquer de front & de flanc ; mais les troupes &
P'artillerie firent de tels prodiges , que les Pruffiens
, malgré leurs efforts , ne nous firent pas
perdre un pouce de terrein . Nous enlevâmes au
contraire les retranchemens de Klein-morberg ,
& pendant que nous combattions ainfi , celles de
nos troupes qui attaquoient Pilnitz & Neikirck
faifoient de leur côté des merveilles ; mais ayant
trouvé plus de difficultés que nous dans le paffage
de la riviere , elles ne purent dépofter l'ennemi
auffi promptement que nous l'avions fait .
La nuit qui farvint fit finit le combat. C'eft une
journée qui comble d'honneur l'armée de l'Impératrice,
& qui n'en fait pas moins à S. A. R. & au
Feld- Maréchal Comte de Daun.
L'armée Impériale a eu quatre mille hommes
tués ou bleffés , dans le nombre defquels ſont fix
Généraux , dont un de tué.
Les ennemis ont perdu beaucoup plus du double
, & ont eu plus de trois mille prifonniers ou
déferteurs. Prefque tous leurs Généraux ont été
tués , bleffés , ou faits prifonniers. Le Prince de
Beverne , qui commandoit l'armée , eft du nombre
de ces derniers. Le Prince Ferdinand , frere
du Roi de Pruffe , a reçu une légere bleffure. Le
Prince de Brunſwick & celui de Wirtemberg font
auffi bleffés. Nous avons pris trente - neuf pieces
de canon , trois mortiers , & huit drapeaux , & la
ville de Breſlau s'eft rendue au vainqueur. En un
mot , l'action du 22 eft moins une bataille qu'une
défaite ; mais ce qui doit plaire le plus à Sa Majefté
Impériale , eft l'ardeur que fon armée entiere
a montré pour combattre fes ennemis. S, A. R.
& le Feld-Maréchal Comte de Daun , ne doivent
I.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
pas être moins flattés de la confiance des troupes ,
qui fe nourrit dans le foldat par la bonne opinion
qu'il a de fes chefs.
Les Princes de Saxe fe font diftingués par leur
valeur , comme ils le font dans toutes les occafions,
Lorfque la ville de Breflau s'eft rendue , & que
la garnifon de neuf Bataillons eft fortie avec les
honneurs de la guerre , il n'y a eu que trois cens
hommes en tout qui ayent accompagné les drapeaux
: tout le refte , Officiers & Soldats , a déferté
ouvertement ou fécretement. Il en eft venu
mille quatre-vingts dans une feule journée au quartier
de S. A. R. fans compter ceux qui auront été
à celui du Comte de Nadafty , ou ceux encore que
ramènera le Général Beck , qui eft à la pourfuite
du refte de l'armée Pruffienne. Cette armée étoit
plus forte que nous ne l'avions cru. On nous a
affuré que les ennemis montoient à plus de quarante
mille hommes : ils en ont perdu fûrement
vingt mille , y compris les déferteurs. Le nombre
des bleffés eft auffi plus grand que nous ne penfions.
Les Vaiffeaux du Roi le Célebre & le Bizarre ,
fe font rendus maîtres du Corfaire Anglois ci-devant
la Grande - Biche , de Saint -Malo , armé de
28 canons , de 14 pierriers , & de 109 hommes
d'équipage , ainsi que d'un autre bâtiment armé
de 6 canons , 10 pierriers , & de 39 hommes d'é- `
quipage.
-neaux ,
Le Navire Anglois le Matthy , de 350 tonvenant
de Saint- Chriftophe, avec une cargaifon
compofée de différentes marchandiſes , a
été pris par la Frégate du Roi la Calypfo , & eft arrivé
à Breft .
On a été informé par des lettres écrites de Bergue
en Norwege de l'arrivée en çe Port des NaviJANVIER.
1758.
195 .
res Anglois le Rolland & Jeanne , de Neufchâtel,
PHelene , la Marie - Betty , la Dorothée , de Witthaven
, la Marianne de Dublin , & le Hamkinfon
de Lancaftre. Ces fix Bâtimens qui revenoient,
les uns de Riga , les autres de Petersbourg , chacun
avec un chargement de chanvre , de lin , de
fer , de toiles à voiles , & d'autres marchandiſes
ont été pris par le capitaine Charles- François Robert
, commandant le Corfaire la Comteffe de la
Serre , de Dunkerque .
>
L'Actif, autre Corfaire de ce Port , s'eft emparé
d'un navire Anglois d'environ 100 tonneaux,
armé de 12 canons & de 80 hommes d'équipage,
dont la cargaifon eft compofée de différentes marchandifes
du cru de la Jamaïque , d'où il revenoit.
Ce Bâtiment a été conduit à Breft.
Le Capitaine Monnier, commandant le Corfaire
la Revanche , de Dunkerque , a pris & conduit
en ce port les navires Anglois l'Ardent , la Providence
& le Norwich , chargés de charbon de
terre..Il a rançonné pour 620 guinées deux autres
bâtimens Anglois , dont il s'eft rendu maître.
L'Hyrondelle , Corfaire du même port , a relâ–
ché, moyennant une rançon de 100 livres fterlings
, un bateau Anglois qu'il avoit pris .
Les navires Anglois le Nancy, de Bofton , chargé
de 600 barrils de goudron , & la Marie , dont
la cargaifon eft compofée de bois de conftruction
, ont été pris par le Corfaire le Voltigeur ,
de Boulogne, & font arrivés, l'un à Calais , & l'autre
au Havre.
On mande de Cherbourg que le Corfaire le
Conquérant de ce port , a pris & y a conduit un bâtiment
Anglois de 80 tonneaux , ayant pour chargement
du fel , de l'avoine , quelques ballots , &
autres marchandiſes.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
Les Corfaires les Deux-Freres & le Faucon , de
Marſeille , fe font emparés des navires Anglois le
Ligny , le Lottéa & le Nelly , de Cork , qui ont
été conduits à Cadix. Ils font chargés , le premier
de diverfes marchandiſes , le fecond de morue
, & le troifieme de beurre , de viandes falées
& de chandelle.
Trois autres navires Anglois , fçavoir le Nancy,
dont le chargement confifte en falaifons , en
cuirs & en chandelle , le Charmeng-Betty , chargé
de charbon de terre , & le Royal - Georges , chargé
de fardines , ont auffi été conduits à Cadix , &
ont été pris par les Corfaires François la Bagatelle
, la Jacqueline , le Saint- Antoine, & les Ames,
de Mahon.
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Résumé : « Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...] »
Le 11 décembre, les Princes et Princesses du Sang ont rendu hommage au Dauphin et à la Dauphine à l'occasion du décès de la Reine de Pologne, Electrice de Saxe. Les membres de la Cour ont également exprimé leurs respects en habits de grand deuil. Le Roi a exercé ses prérogatives en tenant le Sceau pour la dix-huitième et dix-neuvième fois. Il a attribué le régiment de Cavalerie vacant après la mort du Duc de Beauvillier au Chevalier de Saint-Aignan et une place de Colonel dans le régiment des Grenadiers de France au Marquis d'Estampes. Le Prince Charles a envoyé le sieur de Boisfgelin au Roi pour annoncer la prise de Schweidnitz, qui a capitulé le 12 novembre. Lors de ce siège, les Prussiens ont perdu environ 1800 hommes, et la garnison, composée de 4700 hommes, est devenue prisonnière de guerre. Les Autrichiens ont trouvé dans la place 164 pièces de canon, 14 mortiers, des munitions, des vivres, du fourrage et un million d'écus. L'armée prussienne, installée à Breslau depuis sept semaines, occupait un camp fortifié. L'armée impériale, sous le commandement de Son Altesse Royale, a attaqué ce camp le 22 décembre en exploitant ses faiblesses. L'attaque a été menée sur quatre points essentiels, avec une division supplémentaire menaçant la retraite ennemie. Malgré une résistance acharnée, les Prussiens ont subi de lourdes pertes, avec plus de 3000 prisonniers ou déserteurs. L'armée impériale a capturé 39 pièces de canon, 3 mortiers et 8 drapeaux, et la ville de Breslau s'est rendue. Par ailleurs, les navires français ont capturé plusieurs bâtiments anglais, notamment le corsaire la Grande-Biche et le navire le Matthy, ainsi que d'autres navires chargés de diverses marchandises. Plusieurs corsaires français ont également pris des navires anglais dans différentes régions, comme Brest, Calais, Le Havre et Cadix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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73
p. 179-187
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
M. le Maréchal Duc de Richelieu ayant depuis longtemps demandé au Roi [...]
Mots clefs :
Roi de France, Nominations, Fonctions, Escadre, Capitaine, Guinée, Saint-Domingue, Expéditions, Ennemis, Attaques, Canons, Vaisseaux, M. de Kersaint, Corsaires , Marchandises
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
M. le Maréchal Duc de Richelieu ayant depuis
longtemps demandé au Roi la permiffion de revenir
en France , pour travailler au rétabliſſement
de fa fanté ; Sa Majeſté a donné le commandement
de l'armée , à M. le Comte de Clermont
Prince du Sang.
Le Roi a difpofé de l'Aide -Majorité de la Gendarmerie
, vacante par la mort de M. le Comte de
Talaru, en faveur de M. le Chevalier de Ray, Major
du Régiment de Cavalerie d'Harcourt.
Sa Majesté a fait Lieutenant - Général de fes Armées
M. le Marquis de Pereufe , Maréchal de
Camp , qui commandoit dans Harbourg .
>
M. le Marquis de Lugeac , Brigadier , Colonel
du Régiment de Beauvoifis , Icfanterie a
obtenu les honneurs de Commandeur de l'Ordre
Militaire de Saint - Louis ; & le Roi a accordé le
Gouvernement du Fort Louis du Rhin , vacant
par la mort du Marquis de la Chétardie , à M. le
Marquis de Contades , Lieutenant - Général de fes
armées , & Inspecteur Général d'Infanterie.
MM . les Préfidens des Enquêtes & des Requêtes
font fupprimés par un Edit du Roi , qui a été
enrégiftré au Parlement le 29 du mois dernier , &
le prix de leurs charges leur fera inceffamment
rembourfé . Le Roi nommera à leur place , dans
les Chambres des Enquêtes & des Requêtes , deux
Confeillers pour préfider à chacune.
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
On a reçu avis du retour à Breft de l'Eſcadre du
Roi , commandée par M. de Kerfaint , Capitaine
de Vaiffeau .
Cette Efcadre partit de ce port au mois de Novembre
1756 , & fit voile directement pour les
côtes de Guinée , en deux divifions ; l'une compofée
du Vaiffeau l'Intrépide , monté par M. de
Kerfaint ; du Vaiffeau l'Opiniâtre , que commandoit
M. de Moëlien , Capitaine ; de la Frégate la
Licorne, commandée par M. Dugué - Lambert ,
Lieutenant , & de la Corvette la Calipfo , par le
Chevalier Defcours , Enfeigne ; l'autre fous les
ordres de M. de Caumont , Capitaine , qui commandoit
le Vaiffeau le Saint - Michel , auquel
étoient jointe la Frégate l'Améthiffe , commandée
par M. le Chevalier d'Herlye , Capitaine.
Ces deux divifions , après avoir croifé fur différentes
parties de ces côtes , & y avoir détruit le
commerce des ennemis , tant par l'inquiétude &
le dommage qu'elles cauferent à leurs établiffemens
, que par la priſe de tous les Navires qu'elles
y rencontrerent avec des chargemens de Negres
& de marchandifes , fe réunirent à la Martinique
au mois de Juin dernier. M. de Kerfaint y laiffa
M. de Caumont avec la divifion , & paffa avec la
fienne à Saint- Domingue , où il tranfporta ceux
des Negres provenans des prifes , qui n'avoient
pas été débarqués à la Martinique.
Il fe rendit au port de Saint-Louis , fitué dans
la côte du Sud de Saint-Domingue ; il y trouva
le Vaiffeau l'Achille , appartenant à la Compa
gnie des Indes , lequel y avoit relâché plufieurs
mois auparavant en revenant des Indes en France !
il mit ce Vaiffeau en état de le fuivre & après
avoir croifé fur les côtes de la même fle , & pris
fous fon eſcorte les Navires Marchands qui
FEVRIER. 1758. 181
il
étoient dans les Ports de la partie de l'Oueft ,
ſe rendit au Cap , d'où il devoit faire fon retour
en France , convoyant tous les Bâtimens de commerce
qui s'étoient raflemblés dans ce Port .
Son Eſcadre étoit alors compofée des deux Vaiffeaux
l'Intrépide , de 74 canons , & de l'Opiniâtre,
de 64 ; de la Frégate la Licorne , du Vaiffeau Anglois
le Greenvich, de so canons , dont l'Eſcadre ,
commandée par M. le Chevalier de Bauffiemont ,
s'étoit emparée au mois de Mars de l'année derniere
, & qui avoit été armé au Cap fous le conmandement
de M. Foucault , Capitaine de Vaiffeau
, & de la Frégate la Sauvage , cominandée
par M. de Saint- Victoret , que M. le Chevalier de
Bauffremont avoit laiffé à Saint- Domingue.
M. de Kerfaint fut bientôt informé que les
ennemis l'attendoient au nombre de cinq à fix
Vaiffeaux de guerre , avec près de quarante Corfaires
qu'ils avoient raffemblés pour l'attaquer ,
lorfqu'il feroit en mer avec la Flotte qu'il devoit
escorter , & que dans cette vue ils formoient une
chaîne depuis l'endroit appellé la Grange , juf
qu'au débouquement des Caïques. Il prit des
mefares pour être inftruit de leurs manoeuvres , &
pour pouvoir y régler les fiennes avec les précaut .
tions convenables. La nuit du 20 au 21 đ’Octobre
, il fe détermina à fortir avec fon Efcadre . II
prit feulement le Vaiffeau du Roi le Sceptre , armé
& chargé en Flûte , & commandé par M. Clavel ,
Lieutenant de Port , avec la Flûte l'Outarde , qui
avoit auffi fon chargement , & il donna par rap
port à la Flotte des ordres relatifs aux différens
événemens que pouvoit avoir l'entreprife qu'il
méditoit. Dès la pointe du jour , il découvrit le
Commandant de l'Eſcadre ennemie qui étoit alors
avec trois Vaiffeaux ; & ayant coupé entre luive
182 MERCURE DE FRANCE .
les Caïques , il le ferra dans le vent pour l'empê
cher de rejoindre les forces qu'il devoit avoir dans
la partie du Nord- oueft. A huit heures , les ennemis
prirent chaffe , & manoeuvrerent pour conferver
l'avantage du vent. M. de Kerfaint faifoit
de fon côté tout ce qu'il pouvoit pour le gagner,
& il commençoit à efpérer d'y parvenir , lorfqu'à
quatre heures après - midi les ennemis ſe déterminerent
enfin à fe préfenter au combat. Leurs
Vaiffeaux étoient l'Edimbourg , de 70 canons , la
Princeffe Augufte & le Dreadnought , de 60 canons
chacun. Ils s'approchérent tous trois fur la même
ligne , en prenant par la tête l'Eſcadre du Roi.
L'Intrépide faifoit l'avant- garde ; il étoit ſuivi da
Greenvich , du Sceptre & de l'Opiniâtre , & ce
dernier faifoit l'arriere-garde ; la Flûte & les deux
Frégates étoient fur les aîles. Le combat commença
par trois coups de canon que M. de Kerfaint
fit tirer de fa batterie baffe fur celui des trois
Vaiffeaux ennemis qui lui étoit oppofé , & qui
étoit le Commandant. Ce Vaiffeau lui ayant fur
le champ ripofté par fes batteries haute & baffe ,
dès la feconde volée le dégréa totalement de fes
deux huniers & de fon perroquet de fougue , &
lui mit beaucoup de monde hors de combat. M.
de Kerfaint fit cependant le feu le plus vif. Son
Vaiffeau étant hors d'état d'obéir aux manoeuvres
néceffaires pour l'abordage , M. de Kerfaint ne
put faire que d'inutiles efforts pour y parvenir.
Ayant reçu trois bleffures , qu'on crut d'abord
mortelles , on fut obligé de l'emporter pour le
panfer ; mais il ſe trouvà bientôt en état de remonter
fur le pont. Il trouva que fa mifaine qu'il
avoit fait fervir avoit été mife en lambeaux , & les
manoeuvres coupées. Le Commandant Anglois
avoit un peu gagné de l'avant , & un fecond Vaif
FEVRIER. 1758. 183
feau chauffoit l'Intrépide par la hanche . Dans ce
moment M. de Kerfaint fut obligé , pour faire
place à un de fes Vaiffeaux , de déranger fon feu ,
& fe trouva par-là expofé à celui des trois Vailfeaux
ennemis , qui , par leur mitraille , acheverent
de le dégréer. Il trouva cependant le
moyen de revenir au vent , & fit quitter prife au
Vaiffeau ennemi qui avoit pris la place du Commandant.
L'Opiniâtre , qui de fon côté le trouvoit
un peu éloigné au commencement du combat ,
étoit venu promptement fe mettre en ligne ; il
faifoit un feu terrible & occupoit deux Vaiffeaux.
il avoit dégagé le Sceptre , qui , quoique chargé ,
& n'ayant que fa feconde batterie , avoit foutenu
durant quelque temps le feu de ces deux Vailfeaux.
Le Greenvich qui , avec le Sceptre , avoit
entamé le combat contre deux Vaiſſeaux , dans le
temps que l'Intrépide le battoit contre le Commandant
ennemi , fe trouvoit fous le vent par
les différentes manoeuvres des Vaiffeaux , & faifoit
fes efforts pour fe rapprocher. Sur ces entrefaites
, le Commandant Anglois , qui s'étoit laiffé
culer , fe trouva par le travers de l'Intrépide ; celui-
ci lui envoya la bordée de fa batterie baffe &
tous les canons parurent porter. Un autre Vaifſeau
ennemi arrivoit derriere l'Intrépide comme
pour le canonner en pouppe . M. de Kerfaint fit
paffer les canons de retraite dont il lui tira deux
ou trois coups . Il n'en reçut que deux de ce Vaiffeau.
Lorsqu'il s'attendoit à recommencer le combat
contre le Commandant , il le vit mettre un
pavillon & une flamme ; à ce fignal les trois Vaiffeaux
tinrent le vent , & en profiterent pour fe retirer
à toutes voiles. Il étoit alors environ fix heures
& demie , le combat ayant duré plus de deux
heures. Il commençoit à faire nuit , l'Intrépide
184 MERCURE DE FRANCE .
& l'Opiniâtre le trouvoient totalement dégréés , la
mer étoit groffe & il y avoit apparence de mauvais
temps . M. de Kerfaint , hors d'état par-là de pour
fuivre les trois Vaiffeaux ennemis , s'occupa des
moyens de réparer le fien , pour combattre les
autres Vaiffeaux qui pourroient le préfenter. Outre
fon dégréement , l'Intrépide avoit fix coups de
canon à l'eau & en faifoit beaucoup . Mais M. de
Kerfaint ayant appris fur les dix heures que l'Opiniâtre
venoit de démâter & ſe trouvoit abfolument
hors d'état de manoeuvrer , il donna ordre aux
deux Frégates & à la Flûte l'Outarde de lui donner
les fecours néceffaires , & prit le parti de faire
rentrer l'Eſcadre au Cap . On doit toutes fortes
d'éloges à la bonne conduite de M. de Kerfaint ,
qui a donné en cette occafion les plus belles marques
de valeur , d'expériences & de capacité. I
a été parfaitement fecondé à tous égards par M.
de Moëlien. M. Clavel s'eft diftingué , quoique
fon Vaiffeau n'eût , comme on l'a déja dit , que fa
feconde batterie , & fût chargé en flûte. M. Foucault
a fait tout ce qu'on pouvoit attendre de la
mauvaiſe matche de fon Vaiffeau , & de la pofirion
où il s'est trouvé. Les deux Frégates & la
Flûte ont exécuté les ordres de M. de Kerfaint qui
a trouvé pareillement la plus grande ardeur dans
tous les Officiers , & la plus grande volonté dans
tous les équipages . Un événement affez extraor
dinaire a irrité particuliérement leur intrépidité.
Dès le commencement du combat , on s'eſt apperçu
que les canons des ennemis étoient chargés
de boulets enchaînés , de chaînes tranchantes ,
de valets fouffrés , & de toutes fortes de mitrailles
compofées d'artifice & de matieres combuſtibles
qui mettoient le feu partout . Un Officier de l'In-
Trepide ayant été renverfé par un de fés valers foufFEVRIER.
1758.
185
frés qui l'avoit atteint fur le dos , le derriere de
fon habit fut confumé par le feu , & parmi les
morts & les bleffés , il y en a plufieurs qui ont été
réellement brûlés. Ainfi il ne doit pas paroître
furprenant que dans un combat de cette efpece ,
les Vaiffeaux l'Intrépide & l'Opiniâtre ayent été fi
fort maltraités. MM. Defontenu , Enfeigne de
Vaiffeau , & de Gouillon , Garde de la Marine ,
fur l'Intrépide ; MM. Gargiau & de la Tulaye ,
Gardes de la Marine fur l'Opiniâtre , & M. Durbourcq
, Officier bleu fur le Gréenvich , ont été
tués , ainfi que 27 hommes fur l'Intrépide , 19
fur l'Opiniâtre , 7 fur le Gréenvich , & 6 fur le
Sceptre. Les Officiers bleffés font : fur l'Intrépide
MM . de Kerfaint de 9 bleffures différentes , dont
quelques-unes confidérables , mais aucune de dangereufe
: d'Argouges , Lieutenant , de 2 bleffures
à mitraille au bras droit , avec des contufions
confidérables ; de Saint- Denis , Lieutenant , d'une
bleffure à mitraille au vifage ; M. de Leliorme
Officier Suédois , d'une pareille au bras
gauche avec contufion fur l'articulation de ce bras ;
& M. de Guernifac , Garde- Marine , fur le même
Vaiffeau , a eu la main brûlée . Sur l'Opiniâtre ,
M. de Moëlien a eu un éclat à la jambe droite ,
dont les mufcles ont été offenfés ; M. Longchamp,
Lieutenant , à été bleffé de plufieurs éclats qui ont
pénétré les muſcles de la jambe droite , & M.
d'Aigremont , Enfeigne , a reçu une balle à la
cuiffe droite. Le nombre des bleffés dans les équipages
, eft de 123 fur l'Intrépide , de 70 fur l'Opiniâtre
, de 25 fur le Gréenvich , & de 12 fur le
Sceptre.
M. de Kerfaint après la rentrée au Cap , a tra
vaillé à la réparation de fon Efcadre , & le 13 de
Novembre il s'eft trouvé en état d'en partit avec
186 MERCURE DE FRANCE.
une Flotte de 41 bâtimens , fans que les ennemis
ayent reparu fur la côte. On a fçu que les trois
Vaiffeaux qui avoient combattu étoient en fi mau.
vais état , qu'ils avoient été obligés de fe faire remorquer
par des Corfaires , pour fe rendre à la Jamaïque
, & que leur perte étoit infiniment plus
confidérable que celle des Vaiffeaux du Roi. Leurs
équipages s'étoient auffi trouvés beaucoup plus
nombreux , parce qu'ils les avoient fortifiées autant
qu'ils avoient jugé à propos avec ceux de leurs
Corfaires.
M. de Kerfaint a effuyé de fort mauvais temps
aux atterrages . Son Efcadre & fon convoi ont été
féparés. Le Sceptre, l'Opiniâtre & l'Intrépide , font
entrés fucceffivement à Breft ; les Frégates la
Sauvage & la Licorne , & la Flûte l'Outarde , ont
mouillé à Morlaix . Quelques Navires marchands
font entrés auffi dans ces deux Ports ; & l'on eft
informé qu'il y en a plufieurs qui fe font déja
rendus dans d'autres Ports . Le Greenvich a échoué
auprès du Conquet . L'Opiniâtre étoit rentré heureufement
le i de ce mois à Breft ; mais un coup
de vent des plus violens qui s'eft élevé la nuit du
13 au 14 , ayant fait rompre les cables de ce
Vaiffeau , il a éprouvé le même accident que le
Greenvich. On travailloit à les relever l'un & l'autre
.
A l'égard du Vaiffeau l'Achille , de la Compagnie
des Indes , il a été condamné au Cap , & fa
cargaifon , dont l'objet eft de plus de cinq millions
, à été verfée fur les Vaiffeaux & Flûtes da
Roi.
On a reçu auffi la nouvelle que l'Eſcadre de Sa
Majefté , de trois Vaiffeaux & de quatre Frégates
commandée par M. de Sarabran - Grammont ,
Capitaine de Vaiffeau , étoit rentreé heureuſeFEVRIER.
1758. 187
ment le 10 de ce mois à Toulon , efcortant un
convoi de dix-fept bâtimens de commerce , venans
du Levant , très-richement chargés .
Un Corfaire de Dunkerque a pris & conduit ici
avant-hier le Paquebot de Douvres pour Fleffingue.
Mais le Capitaine , avant que de fe rendre ,
avoit eu la précaution de jetter àla mer la malle du
16 de ce mois qui étoit à bord de ce bâtiment .
Le Corfaire la Marquise de Parail , de ce Port ,
commandé par le Capitaine Gerard . Morel , s'eft
emparé du Navire Anglois l'Elifabeth , allant de
la Virginie à Aberdeen en Ecoffe , avec une cargaifon
de 192 boucauts de tabac , de 20 milliers
de fer cru , & de 8 à 10 mille douves. Cette prife
a été conduite à Bergue en Norwege.
M. le Maréchal Duc de Richelieu ayant depuis
longtemps demandé au Roi la permiffion de revenir
en France , pour travailler au rétabliſſement
de fa fanté ; Sa Majeſté a donné le commandement
de l'armée , à M. le Comte de Clermont
Prince du Sang.
Le Roi a difpofé de l'Aide -Majorité de la Gendarmerie
, vacante par la mort de M. le Comte de
Talaru, en faveur de M. le Chevalier de Ray, Major
du Régiment de Cavalerie d'Harcourt.
Sa Majesté a fait Lieutenant - Général de fes Armées
M. le Marquis de Pereufe , Maréchal de
Camp , qui commandoit dans Harbourg .
>
M. le Marquis de Lugeac , Brigadier , Colonel
du Régiment de Beauvoifis , Icfanterie a
obtenu les honneurs de Commandeur de l'Ordre
Militaire de Saint - Louis ; & le Roi a accordé le
Gouvernement du Fort Louis du Rhin , vacant
par la mort du Marquis de la Chétardie , à M. le
Marquis de Contades , Lieutenant - Général de fes
armées , & Inspecteur Général d'Infanterie.
MM . les Préfidens des Enquêtes & des Requêtes
font fupprimés par un Edit du Roi , qui a été
enrégiftré au Parlement le 29 du mois dernier , &
le prix de leurs charges leur fera inceffamment
rembourfé . Le Roi nommera à leur place , dans
les Chambres des Enquêtes & des Requêtes , deux
Confeillers pour préfider à chacune.
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
On a reçu avis du retour à Breft de l'Eſcadre du
Roi , commandée par M. de Kerfaint , Capitaine
de Vaiffeau .
Cette Efcadre partit de ce port au mois de Novembre
1756 , & fit voile directement pour les
côtes de Guinée , en deux divifions ; l'une compofée
du Vaiffeau l'Intrépide , monté par M. de
Kerfaint ; du Vaiffeau l'Opiniâtre , que commandoit
M. de Moëlien , Capitaine ; de la Frégate la
Licorne, commandée par M. Dugué - Lambert ,
Lieutenant , & de la Corvette la Calipfo , par le
Chevalier Defcours , Enfeigne ; l'autre fous les
ordres de M. de Caumont , Capitaine , qui commandoit
le Vaiffeau le Saint - Michel , auquel
étoient jointe la Frégate l'Améthiffe , commandée
par M. le Chevalier d'Herlye , Capitaine.
Ces deux divifions , après avoir croifé fur différentes
parties de ces côtes , & y avoir détruit le
commerce des ennemis , tant par l'inquiétude &
le dommage qu'elles cauferent à leurs établiffemens
, que par la priſe de tous les Navires qu'elles
y rencontrerent avec des chargemens de Negres
& de marchandifes , fe réunirent à la Martinique
au mois de Juin dernier. M. de Kerfaint y laiffa
M. de Caumont avec la divifion , & paffa avec la
fienne à Saint- Domingue , où il tranfporta ceux
des Negres provenans des prifes , qui n'avoient
pas été débarqués à la Martinique.
Il fe rendit au port de Saint-Louis , fitué dans
la côte du Sud de Saint-Domingue ; il y trouva
le Vaiffeau l'Achille , appartenant à la Compa
gnie des Indes , lequel y avoit relâché plufieurs
mois auparavant en revenant des Indes en France !
il mit ce Vaiffeau en état de le fuivre & après
avoir croifé fur les côtes de la même fle , & pris
fous fon eſcorte les Navires Marchands qui
FEVRIER. 1758. 181
il
étoient dans les Ports de la partie de l'Oueft ,
ſe rendit au Cap , d'où il devoit faire fon retour
en France , convoyant tous les Bâtimens de commerce
qui s'étoient raflemblés dans ce Port .
Son Eſcadre étoit alors compofée des deux Vaiffeaux
l'Intrépide , de 74 canons , & de l'Opiniâtre,
de 64 ; de la Frégate la Licorne , du Vaiffeau Anglois
le Greenvich, de so canons , dont l'Eſcadre ,
commandée par M. le Chevalier de Bauffiemont ,
s'étoit emparée au mois de Mars de l'année derniere
, & qui avoit été armé au Cap fous le conmandement
de M. Foucault , Capitaine de Vaiffeau
, & de la Frégate la Sauvage , cominandée
par M. de Saint- Victoret , que M. le Chevalier de
Bauffremont avoit laiffé à Saint- Domingue.
M. de Kerfaint fut bientôt informé que les
ennemis l'attendoient au nombre de cinq à fix
Vaiffeaux de guerre , avec près de quarante Corfaires
qu'ils avoient raffemblés pour l'attaquer ,
lorfqu'il feroit en mer avec la Flotte qu'il devoit
escorter , & que dans cette vue ils formoient une
chaîne depuis l'endroit appellé la Grange , juf
qu'au débouquement des Caïques. Il prit des
mefares pour être inftruit de leurs manoeuvres , &
pour pouvoir y régler les fiennes avec les précaut .
tions convenables. La nuit du 20 au 21 đ’Octobre
, il fe détermina à fortir avec fon Efcadre . II
prit feulement le Vaiffeau du Roi le Sceptre , armé
& chargé en Flûte , & commandé par M. Clavel ,
Lieutenant de Port , avec la Flûte l'Outarde , qui
avoit auffi fon chargement , & il donna par rap
port à la Flotte des ordres relatifs aux différens
événemens que pouvoit avoir l'entreprife qu'il
méditoit. Dès la pointe du jour , il découvrit le
Commandant de l'Eſcadre ennemie qui étoit alors
avec trois Vaiffeaux ; & ayant coupé entre luive
182 MERCURE DE FRANCE .
les Caïques , il le ferra dans le vent pour l'empê
cher de rejoindre les forces qu'il devoit avoir dans
la partie du Nord- oueft. A huit heures , les ennemis
prirent chaffe , & manoeuvrerent pour conferver
l'avantage du vent. M. de Kerfaint faifoit
de fon côté tout ce qu'il pouvoit pour le gagner,
& il commençoit à efpérer d'y parvenir , lorfqu'à
quatre heures après - midi les ennemis ſe déterminerent
enfin à fe préfenter au combat. Leurs
Vaiffeaux étoient l'Edimbourg , de 70 canons , la
Princeffe Augufte & le Dreadnought , de 60 canons
chacun. Ils s'approchérent tous trois fur la même
ligne , en prenant par la tête l'Eſcadre du Roi.
L'Intrépide faifoit l'avant- garde ; il étoit ſuivi da
Greenvich , du Sceptre & de l'Opiniâtre , & ce
dernier faifoit l'arriere-garde ; la Flûte & les deux
Frégates étoient fur les aîles. Le combat commença
par trois coups de canon que M. de Kerfaint
fit tirer de fa batterie baffe fur celui des trois
Vaiffeaux ennemis qui lui étoit oppofé , & qui
étoit le Commandant. Ce Vaiffeau lui ayant fur
le champ ripofté par fes batteries haute & baffe ,
dès la feconde volée le dégréa totalement de fes
deux huniers & de fon perroquet de fougue , &
lui mit beaucoup de monde hors de combat. M.
de Kerfaint fit cependant le feu le plus vif. Son
Vaiffeau étant hors d'état d'obéir aux manoeuvres
néceffaires pour l'abordage , M. de Kerfaint ne
put faire que d'inutiles efforts pour y parvenir.
Ayant reçu trois bleffures , qu'on crut d'abord
mortelles , on fut obligé de l'emporter pour le
panfer ; mais il ſe trouvà bientôt en état de remonter
fur le pont. Il trouva que fa mifaine qu'il
avoit fait fervir avoit été mife en lambeaux , & les
manoeuvres coupées. Le Commandant Anglois
avoit un peu gagné de l'avant , & un fecond Vaif
FEVRIER. 1758. 183
feau chauffoit l'Intrépide par la hanche . Dans ce
moment M. de Kerfaint fut obligé , pour faire
place à un de fes Vaiffeaux , de déranger fon feu ,
& fe trouva par-là expofé à celui des trois Vailfeaux
ennemis , qui , par leur mitraille , acheverent
de le dégréer. Il trouva cependant le
moyen de revenir au vent , & fit quitter prife au
Vaiffeau ennemi qui avoit pris la place du Commandant.
L'Opiniâtre , qui de fon côté le trouvoit
un peu éloigné au commencement du combat ,
étoit venu promptement fe mettre en ligne ; il
faifoit un feu terrible & occupoit deux Vaiffeaux.
il avoit dégagé le Sceptre , qui , quoique chargé ,
& n'ayant que fa feconde batterie , avoit foutenu
durant quelque temps le feu de ces deux Vailfeaux.
Le Greenvich qui , avec le Sceptre , avoit
entamé le combat contre deux Vaiſſeaux , dans le
temps que l'Intrépide le battoit contre le Commandant
ennemi , fe trouvoit fous le vent par
les différentes manoeuvres des Vaiffeaux , & faifoit
fes efforts pour fe rapprocher. Sur ces entrefaites
, le Commandant Anglois , qui s'étoit laiffé
culer , fe trouva par le travers de l'Intrépide ; celui-
ci lui envoya la bordée de fa batterie baffe &
tous les canons parurent porter. Un autre Vaifſeau
ennemi arrivoit derriere l'Intrépide comme
pour le canonner en pouppe . M. de Kerfaint fit
paffer les canons de retraite dont il lui tira deux
ou trois coups . Il n'en reçut que deux de ce Vaiffeau.
Lorsqu'il s'attendoit à recommencer le combat
contre le Commandant , il le vit mettre un
pavillon & une flamme ; à ce fignal les trois Vaiffeaux
tinrent le vent , & en profiterent pour fe retirer
à toutes voiles. Il étoit alors environ fix heures
& demie , le combat ayant duré plus de deux
heures. Il commençoit à faire nuit , l'Intrépide
184 MERCURE DE FRANCE .
& l'Opiniâtre le trouvoient totalement dégréés , la
mer étoit groffe & il y avoit apparence de mauvais
temps . M. de Kerfaint , hors d'état par-là de pour
fuivre les trois Vaiffeaux ennemis , s'occupa des
moyens de réparer le fien , pour combattre les
autres Vaiffeaux qui pourroient le préfenter. Outre
fon dégréement , l'Intrépide avoit fix coups de
canon à l'eau & en faifoit beaucoup . Mais M. de
Kerfaint ayant appris fur les dix heures que l'Opiniâtre
venoit de démâter & ſe trouvoit abfolument
hors d'état de manoeuvrer , il donna ordre aux
deux Frégates & à la Flûte l'Outarde de lui donner
les fecours néceffaires , & prit le parti de faire
rentrer l'Eſcadre au Cap . On doit toutes fortes
d'éloges à la bonne conduite de M. de Kerfaint ,
qui a donné en cette occafion les plus belles marques
de valeur , d'expériences & de capacité. I
a été parfaitement fecondé à tous égards par M.
de Moëlien. M. Clavel s'eft diftingué , quoique
fon Vaiffeau n'eût , comme on l'a déja dit , que fa
feconde batterie , & fût chargé en flûte. M. Foucault
a fait tout ce qu'on pouvoit attendre de la
mauvaiſe matche de fon Vaiffeau , & de la pofirion
où il s'est trouvé. Les deux Frégates & la
Flûte ont exécuté les ordres de M. de Kerfaint qui
a trouvé pareillement la plus grande ardeur dans
tous les Officiers , & la plus grande volonté dans
tous les équipages . Un événement affez extraor
dinaire a irrité particuliérement leur intrépidité.
Dès le commencement du combat , on s'eſt apperçu
que les canons des ennemis étoient chargés
de boulets enchaînés , de chaînes tranchantes ,
de valets fouffrés , & de toutes fortes de mitrailles
compofées d'artifice & de matieres combuſtibles
qui mettoient le feu partout . Un Officier de l'In-
Trepide ayant été renverfé par un de fés valers foufFEVRIER.
1758.
185
frés qui l'avoit atteint fur le dos , le derriere de
fon habit fut confumé par le feu , & parmi les
morts & les bleffés , il y en a plufieurs qui ont été
réellement brûlés. Ainfi il ne doit pas paroître
furprenant que dans un combat de cette efpece ,
les Vaiffeaux l'Intrépide & l'Opiniâtre ayent été fi
fort maltraités. MM. Defontenu , Enfeigne de
Vaiffeau , & de Gouillon , Garde de la Marine ,
fur l'Intrépide ; MM. Gargiau & de la Tulaye ,
Gardes de la Marine fur l'Opiniâtre , & M. Durbourcq
, Officier bleu fur le Gréenvich , ont été
tués , ainfi que 27 hommes fur l'Intrépide , 19
fur l'Opiniâtre , 7 fur le Gréenvich , & 6 fur le
Sceptre. Les Officiers bleffés font : fur l'Intrépide
MM . de Kerfaint de 9 bleffures différentes , dont
quelques-unes confidérables , mais aucune de dangereufe
: d'Argouges , Lieutenant , de 2 bleffures
à mitraille au bras droit , avec des contufions
confidérables ; de Saint- Denis , Lieutenant , d'une
bleffure à mitraille au vifage ; M. de Leliorme
Officier Suédois , d'une pareille au bras
gauche avec contufion fur l'articulation de ce bras ;
& M. de Guernifac , Garde- Marine , fur le même
Vaiffeau , a eu la main brûlée . Sur l'Opiniâtre ,
M. de Moëlien a eu un éclat à la jambe droite ,
dont les mufcles ont été offenfés ; M. Longchamp,
Lieutenant , à été bleffé de plufieurs éclats qui ont
pénétré les muſcles de la jambe droite , & M.
d'Aigremont , Enfeigne , a reçu une balle à la
cuiffe droite. Le nombre des bleffés dans les équipages
, eft de 123 fur l'Intrépide , de 70 fur l'Opiniâtre
, de 25 fur le Gréenvich , & de 12 fur le
Sceptre.
M. de Kerfaint après la rentrée au Cap , a tra
vaillé à la réparation de fon Efcadre , & le 13 de
Novembre il s'eft trouvé en état d'en partit avec
186 MERCURE DE FRANCE.
une Flotte de 41 bâtimens , fans que les ennemis
ayent reparu fur la côte. On a fçu que les trois
Vaiffeaux qui avoient combattu étoient en fi mau.
vais état , qu'ils avoient été obligés de fe faire remorquer
par des Corfaires , pour fe rendre à la Jamaïque
, & que leur perte étoit infiniment plus
confidérable que celle des Vaiffeaux du Roi. Leurs
équipages s'étoient auffi trouvés beaucoup plus
nombreux , parce qu'ils les avoient fortifiées autant
qu'ils avoient jugé à propos avec ceux de leurs
Corfaires.
M. de Kerfaint a effuyé de fort mauvais temps
aux atterrages . Son Efcadre & fon convoi ont été
féparés. Le Sceptre, l'Opiniâtre & l'Intrépide , font
entrés fucceffivement à Breft ; les Frégates la
Sauvage & la Licorne , & la Flûte l'Outarde , ont
mouillé à Morlaix . Quelques Navires marchands
font entrés auffi dans ces deux Ports ; & l'on eft
informé qu'il y en a plufieurs qui fe font déja
rendus dans d'autres Ports . Le Greenvich a échoué
auprès du Conquet . L'Opiniâtre étoit rentré heureufement
le i de ce mois à Breft ; mais un coup
de vent des plus violens qui s'eft élevé la nuit du
13 au 14 , ayant fait rompre les cables de ce
Vaiffeau , il a éprouvé le même accident que le
Greenvich. On travailloit à les relever l'un & l'autre
.
A l'égard du Vaiffeau l'Achille , de la Compagnie
des Indes , il a été condamné au Cap , & fa
cargaifon , dont l'objet eft de plus de cinq millions
, à été verfée fur les Vaiffeaux & Flûtes da
Roi.
On a reçu auffi la nouvelle que l'Eſcadre de Sa
Majefté , de trois Vaiffeaux & de quatre Frégates
commandée par M. de Sarabran - Grammont ,
Capitaine de Vaiffeau , étoit rentreé heureuſeFEVRIER.
1758. 187
ment le 10 de ce mois à Toulon , efcortant un
convoi de dix-fept bâtimens de commerce , venans
du Levant , très-richement chargés .
Un Corfaire de Dunkerque a pris & conduit ici
avant-hier le Paquebot de Douvres pour Fleffingue.
Mais le Capitaine , avant que de fe rendre ,
avoit eu la précaution de jetter àla mer la malle du
16 de ce mois qui étoit à bord de ce bâtiment .
Le Corfaire la Marquise de Parail , de ce Port ,
commandé par le Capitaine Gerard . Morel , s'eft
emparé du Navire Anglois l'Elifabeth , allant de
la Virginie à Aberdeen en Ecoffe , avec une cargaifon
de 192 boucauts de tabac , de 20 milliers
de fer cru , & de 8 à 10 mille douves. Cette prife
a été conduite à Bergue en Norwege.
Fermer
Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le texte décrit plusieurs événements militaires et nominations à la cour française. Le maréchal duc de Richelieu a obtenu la permission de revenir en France pour rétablir sa santé, et le commandement de l'armée a été confié au comte de Clermont. Le roi a nommé le chevalier de Ray à l'aide-majorité de la gendarmerie et le marquis de Perreuse lieutenant-général des armées. Le marquis de Lugeac a reçu les honneurs de commandeur de l'Ordre militaire de Saint-Louis, et le marquis de Contades a été nommé gouverneur du Fort Louis du Rhin. Un édit royal a supprimé les charges de présidents des enquêtes et des requêtes, qui seront remboursées. Le roi nommera deux conseillers pour les remplacer. Par ailleurs, l'escadre royale commandée par M. de Kerfaint est revenue à Brest après une mission en Guinée et aux Antilles. Cette escadre, divisée en deux groupes, a perturbé le commerce ennemi et capturé plusieurs navires. À Saint-Domingue, M. de Kerfaint a affronté une escadre ennemie composée de cinq à six vaisseaux de guerre et de nombreux corsaires. Malgré des pertes importantes, notamment sur les vaisseaux l'Intrépide et l'Opiniâtre, l'escadre française a réussi à repousser l'ennemi. Après le combat, M. de Kerfaint a réparé son escadre et est retourné à Brest avec une flotte de 41 bâtiments, évitant les ennemis sur la côte. Les vaisseaux sont arrivés à Brest et Morlaix, tandis que le Greenvich a échoué près du Conquet. En février 1758, deux vaisseaux, le Vaiffeau et le Greenvich, ont subi des accidents similaires et étaient en cours de réparation. Le Vaiffeau, ainsi que l'Achille de la Compagnie des Indes, a été condamné au Cap. Sa cargaison, évaluée à plus de cinq millions, a été transférée sur les vaisseaux et flûtes du roi. L'escadre de Sa Majesté, composée de trois vaisseaux et quatre frégates sous le commandement de M. de Sarabran-Grammont, est rentrée à Toulon le 10 février après avoir escorté un convoi de dix-sept bâtiments de commerce provenant du Levant, chargés de riches marchandises. Un corsaire de Dunkerque a intercepté et conduit à Dunkerque le paquebot de Douvres pour Flessingue. Le capitaine de ce paquebot avait jeté à la mer la malle du 16 février avant l'interception. De plus, le corsaire La Marquise de Parail, commandé par le Capitaine Gérard Morel, a capturé le navire anglais l'Élisabeth, en route de Virginie à Aberdeen avec une cargaison de 192 barils de tabac, 20 milliers de fer brut et 8 à 10 mille douves. Cette prise a été conduite à Bergue en Norvège.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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74
p. 191-203
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
M. Bernard de Boulinvilliers prêta serment entre les mains du Roi [...]
Mots clefs :
Serment, Ordonnance du roi, Nominations, Démissions, Marquis, Officiers, Recrues, Lieutenants, Comtes, Chevalier, Maréchal, Commémorations, Cérémonies, Messes, Église, Navires anglais, Vaisseaux, Capitaines, Corsaires , Marchandises, Saint-Domingue, Tonneaux, Compagnie des Indes
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
M. Bernard de Boulinvilliers prêta ferment entre
les maine du Roi pour la charge de Provôt ,
192 MERCURE DE FRANCE .
Maître des Cérémonies de l'Ordre Royal & Mili
taire de S. Louis , dont il a été revêtu fur la démiffion
de M. de Lamoignon.
Par une Ordonnance du Roi rendue le premier
Février , les Volontaires du Dauphiné vont être
confidérablement augmentés. Ce corps qui étoit
de cent vingt hommes , en fix Compagnies de
vingt hommes chacune , dont cinq d'Infanterie &
une de Dragons , fera porté à quatre cens vinge
hommes en fix Compagnies , chacune de foixantedix
hommes , dont quarante d'Infanterie & trente
de Dragons. Il aura dorénavant le titre de Régi
ment des Volontaires du Dauphiné.
M. le Marquis de Paulniy ayant obtenu du Roi
la permiffion de fe démettre de la charge de Secretaire
d'Etat au département de la Guerre , Sa
Majefté a nommé M. le Maréchal de Belle- Ifle
pour le remplacer.
Sa Majefté a difpofé du Régiment de Mailly en
faveur de M, le Marquis de Talaru , & de celui de
Talaru en faveur de M. le Duc de Mazarin.
M. le Marquis de Pons a obtenu du Roi l'agrément
de Colonel en fecond du Régiment de Dragons
d'Orléans .
Le 7 Mars , le Roi fit dans la plaine des Sablons
la revue du Rég ment des Gardes Françoiles , &
de celui des Gardes Suiffes . Ces deux Kégimens ,
après avoir fait l'exercice , défilerent en préſence
de Sa Majesté. Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Madame Infante , Madame , &
Mefdames Victoire , Sophie & Louife , affifterent
à cette revue.
Par une Ordonnance du Roi du 20 Février dernier
, il eft enjoint aux Officiers des troupes des
armées du Roi en Allemagne ; qui fe font rendus
,en France fur des paffeports , pour y travailler
aux
AVRIL. 1758. 193
aux recres de leurs corps , de s'acheminer dans le
courant de ce mois , des lieux où ils font aux quar
tiers généraux à portée de la frontiere affignés à
chaque corps pour y raffembler fes recrues , &
d'y être rendus au premier Avril prochain au plus
tard. Veut Sa Majeſté , 1 ° . Que lesdites recrues ,
ainfi que les chevaux de remonte des régimens de
Cavalerie , de Huffards , de Dragons & de Troupes
légeres , foient conduits par lefdits Officiers
abfens , & que ceux qui pour cet effet ne ſe trou→
veront pas rendus auxdits quartiers au premier
Avril , foient punis & privés en outre de leurs appointemens
, pour tout le temps de leur abfence s
2°. Les Officiers qui auront joint leur corps avec
lefdites recrues dans le mois d'Avril ou dans les
premiers jours de Mai , fuivant l'éloignement
defdits corps , feront employés préfens dans les
revues qui feront faites par les Commiffaires des
Guerres , & y feront rappellés pour être payés du
temps de leur abfence , grace dont feront privés
ceux qui n'auront pas joint ; 3 ° . Si quelques- uns
defdies Officiers abfens s'étoient mis en route
pour rejoindre leurs corps , & y arrivoient avant le
temps ci -deffus marqué , ils feront auffi rappellés
dans lefdites revues , pour les mois précédens de
leur abſence.
Le Roi a fait Maréchaux de France M. le Comte
de Bercheny, Lieutenant général , & M. le Comte
de Conflans , Vice Amiral.
Sa Majefté a tenu le Sceau pour la 23 , 24 & 250
fois.
Les Lieutenans Généraux nommés par le Roi
pour fervir pendant la préfente campagne dans
l'armée commandée par M. le Comte de Clermont
, font MM. le Marquis de Villemeur , le
Duc de Randan , le Marquis de Contades , le
1.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE. NO
>
Comté de Mortaigne , le Marquis d'Armentieres →
les Ducs de Briffac & de Chevreufe , les Marquis
d'Anlezy , de Morangies & de Sourches le
Comte de Fitz- James , le Chevalier de Nicolai
le Duc de Fitz- James , le fieur de Chevert , le
Comte de Noailles , le Duc de Broglie , le Chevalier
de May , le Comte de Lorges , le Duc de Lauraguais
, les Comtes d'Andlau & de Guerchy , le
Duc d'Havrey , le Marquis de Saint- Pern , le
Comte de Saint Germain & le Marquis de Valiere.
Les Maréchaux de Camp font , MM. les Marquis
de Crillon & de Torcy , le Chevalier du Châtelet¸
le Marquis de Poyanne , le Comte de Montmo
tency, le Chevalier de Fontenay , les Comtes de
Vogué & d'Orlick , les fieurs de Planta , Caftella
& Boccard , le Comte de Lutzelbourg , les Mar
quis d'Auvet , d'Efcars , de Dreux & des Salles
les Comtes de Champignelles & de Raugrave , le
fieur de Beaufobre , les Comtes de Vence & de
Bergeyck , le Marquis de Voyer , le Chevalier de
la Touche , les Marquis de Laval & de Monteynard
, le Prince de Beauveau , le Comte de la Gui◄
the , le Chevalier de Pons , les Marquis de Maupeou
& de Béthune , le Comte de Ségur , les Marquis
de Leyde , de Roquépine , de Monty , de
Traifnel , & le Comte d'Egmont.
Le Roi, par Edit de ce mois , enregistré au Partement
, a créé dix nouvelles charges de Payeurs ,
& autant de Contrôleurs des Rentes fur PHôtel
de Ville de Paris . La finance de chacune des pre
mieres eft de trois cens einquante mille livres , &
celle de chaque charge de Contrôleur , de quatre
vingt-dix mille livres.
On mande de Toulouſe , que le feu prit le 21
Février à huit heures du foir en certe Ville , au
quartier des Pénitens noirs , que l'incendie a duré
jufqu'au matin du jour fuivant , qu'il a confumé
J
AVRIL. 1758. 195
huit maiſons , avec une grande quantité de meubles;
mais qu'heureufement il n'a péri perfonne.
Le Janvier , les Pénitens Blancs, de Montpellier
ont célébré l'Anniverſaire de la fondation
qu'ils ont établie par délibération du 6 février
1757 , pour la confervation des jours facrés du
Roi. Cette délibération fut exécutée pour la premiere
fois le 11 février de la même année avec
tant de ferveur , que le produit des offrandes pro
cura la liberté de deux Prifonniers. C'eft fans
doute à cette preuve d'amour & de fidélité , que
cette Compagnie eft redevable de la permiffion
qu'elle obtint au mois de mars fuivant , d'avoir un
Suiffe à la grande livrée du Roi.
•
E
Ce fut le 4 janvier de cette année , que la cloche
à l'heure de midi annonça l'anniverſaire de
cette folemnité. On pofa les armoiries du Roi
avec banderolles fur le portail de la Chapelles
les Freres s'affemblerent au Choeur à trois heures.
Un de Meffieurs les Syndics crut ne pouvoir choi
fir un temps plus propre pour faire part de la let→
tre de M. le Comte de Saint Florentin , par la
quelle ce Miniftre veut bien honorer cette Com
pagnie de fon aggrégation . Les freres déja affectés
par l'objet qui les raffembloit , furent péné
trés de la plus vive reconnoiffance , & le TeDeum
fut chanté en actions de graces : on chanta enfuite
les premieres vêpres de la Trinité avec folemnité
à l'iffue des vêpres la cloche fonna jufqu'à l'entrée
de la nuit.
Le lendemain , les freres artifans s'abftinrent
de toutes oeuvres ferviles , chaque frere voulant
prendre dans fon état & dans fa profeffion des momens
f précieux pour fatisfaire fon inclination
pour
le meilleur des Rois .
Le Saint Sacrement fut expofé às heures du
Dalij C
196 MERCURE DE FRANCE.
matin avec la permiffion de M. l'Evêque de Mont
pellier qui a bien voulu concourir au zele & à la
fidélité des Pénitens par fon approbation ; on célébra
fans ceffe des Meffes depuis l'heure de cinq
heures jufqu'à 10 , auxquelles affifta un concours de
peuple & d'ames fidelles qui y firent leur dévotion
avec une édification qui exprimoir leurs ſentimens
, les freres s'affemblerent à 8 heures pour
chanter l'office de la Trinité ; l'augufte affemblée
des Etats de la Province de Languedoc fe forma à
onze heures,à la maiſon de l'Oratoire, en habit de
cérémonies , fuivant la délibération du 3, pour af
fifter à la grande-Meffe des Pénitens Blancs , après
en avoir été invités par les députés de cette compagnie;
M, l'ancien Prieur en l'absence de M. le Prieur
en charge fut à l'Oratoire avec une députation pour
complimenter l'affemblée des Etats en la perfonne
de M. l'Archevêque de Narbonne , & pour leur diftribuer
des exemplaires de la délibération du 6 février
1757. Les Etats en corps furent enfuite à la
Chapelle des Pénitens , & M. l'ancien Prieur eut
l'honneur de leur préfenter l'eau bénite , Mrs. les
Commiffaires du Roi qui avoient été également
invités par les Pénitens , fe rendirent enfuite à
ladite Chapelle en habit de cérémonie , & M. l'ancien
Prieur eut l'honneur de leur préfenter l'eau
bénite , & de les complimenter en la perfonne de
M. le Maréchal Comte de Thomont , Comman
dant en Chef dans la Province ,
La grande Meffe fut célébrée par M. l'Evêque
de Montpellier , affifté des dignités de fon Chapitre
, & fut chantée par la mufique des Etats , la
piété & la modeftie des freres lors de l'offrande au
nombre de près de 300 , & le recueillement de
ceux qui communierent , mériterent les éloges
de l'affemblée , ainfi que le bon ordre dans une
Chapelle d'une très- petite étendue. Les perfonnes
AVRIL. 1758. 197
en place & de la premiere diftinction qui n'avoient
pu être placées dans l'Eglife , occupoient
les tribunes ; la décoration de cette Chapelle en
bois peint , doré & en tableau , ne permirent pas
d'autre décoration : l'autel fut fimplement , mais
noblement décoré fuivant l'ufage de cette compagnie
, par 12 cierges à la Parifienne de 10 pieds
de hauteur , portés par des grands & magnifiques
chandeliers d'argent. A la fin de la Meffe , les
freres chanterent en faux bourdon l'Exaudiat, pendanr
lequel on tira un nombre de boîtes , afin
d'inviter les Citoyens à unir leurs voeux aux chants
& prieres des Pénitens. Mrs. les Commiffaires du
Roi furent accompagnés jufqu'à la porte de l'Eglife
, par les députés de la Compagnie , ainfi que
l'affemblée des Etats ; le Saint Sacrement fut toujours
exposé à la piété des fideles : les freres fe
releverent de demi-heures en demi heures, pour y
faire ftation : les vêpres étant chantées à 3 heures
avec la même folemnité , la bénédiction fur
donnée par M. d'Ufés , M. l'Evêque de Montpellier
s'en étant exempté fur la fatigue du matin.
M. l'Archevêque de Narbonne fatisfait d'un établiffement
fi conforme à fes fentimens , a bien
voulu honorer cette Compagnie de fon aggrégation
après avoir célébré là Meffe de Communauté
le jour des Rois , & n'a pu refufer aux empreffemens
de Mrs, les Pénitens pénétrés de l'honneur
qu'ils avoient reçu la veille par la préſence des
Etats , de leur permettre d'aggréger cette augufte
affemblée dans la participation de leurs prieres &
bonnes oeuvres , ce qui a été approuvé par accla
mation , par délibération des Etats dudit jour du
même mois.
Tel a été l'événement , & telles font les fuites
honorables d'une cérémonie qui , renouvellée cha
Liij
198 MERCURE DE FRANCE.
que année, tranfmettra à la poftérité , que le regne
de Louis le bien aimé fut pour cette compagnie
un temps de ferveur. Le ciel fera propice à fes
voeux en multipliant les jours facrés de Louis le
bien-aimé , & cette compagnie fe glorifiera toujours
d'avoir la priorité parmi les différens établi
femens faits dans la même intention.
Nous apprenons de Marfeille , que le Capitaine
Chin , commandant la Barque le Saint- Esprit ,
& venant du Cap François , ayant rencontré le
janvier , dans le Golfe de Verre , près de Carthagene,
la Tartane du Patron Jean- Baptifte d'Agde
dont les Anglois s'étoient emparé , il l'a reprife
& renvoyée dans ce port , où elle eft arrivée le
26. Le même a appris à Alicante , où il a touché ,
que l'Eſcadre du fieur de la Clue s'eft emparé en
route de dix Navires Anglois.
Les Navires Anglois Alouette , chargé de
chanvre & de lin , la Rofe , de Stockton , ayant
ane cargaifon compofée de différentes marchandifes
, & le Bateau les Trois Soeurs , allant à Londres
avec des morues fraîches , ont été pris par le
Corfaire le Moiffonneur de Dunkerque.
Le Capitaine Antoine Vaffe , commandant l'A
wenturier , autre Corfaire de Dunkerque , s'eft
emparé des Navires Anglois le May , de Leith &
le Frederic , de Londres. Cette derniere prife ,
qui alloit de Peterſbourg à Corck , avec un chargement
de chanvre & de fer , a été conduite en
Norwege.
Les Corfaires le Machault & le Comte de Saint-
Germain , de Dunkerque ; y ont conduit les Na
vires Anglois le Succès , & le Marchand , de Stoc
kholm , l'Elifabeth , l'Anne & le Marchand , d'E
dimbourg , & le Marchand , de Rotterdam. Ces
fix bâtimens font chargés de charbon de terre,
AVRIL. 1758, 199
1 eft encore arrivé à Dunkerque un Brigantin
Anglois appellé la Jeanne & Marguerite , done
la cargaifon eft compofée de différentes marchandifes
, & qui a été pris par le Corfaire le Comte
Ayen , de Boulogne,
Les Navires Anglois le Franchip , de Corck ;
chargé de fruit & de fel , & le Javan , chargé
d'indigo , de fucre , de café & de bois de Campeche
, ont été pris par les Corfaires le Mefnil &
la Nymphe , de Granville . Le Javan a été conduit
dans ce dernier port ; l'autre prife eft arrivée à
Morlaix.
Le Capitaine Defvalons- Macé, commandant le
Corfaire l'Helene , de Saint-Malo , y a conduit le
Navire Anglois la Parfaite Union , de 360 tonneaux
, venant de Rhode- Inland , & allant à Londres,
avec une cargaifon d'indigo , de café , de
bois de campeche , de gayac , d'huile de baleine
, & d'autres marchandifes, Cette prife eft eftimée
plus de trois cens mille livres,
Le fieur de Gouyen , commandant le Corfaire
la Ducheffe de Fitz- James , de Saint - Malo , s'eft
renda maître d'un Corfaire de Jerzey , armé de
8 canons & de 40 hommes d'équipage , qui eft ar
rivé à Cherbourg.
Le Groignard , autre Corfaire de Saint- Malo ,
a conduit dans le même port de Cherbourg un
Brigantin Anglois de 200 tonneaux , chargé de
charbon de terre.
Le Navire François le Polly , chargé de fucre
& de café , a été enlevé par le Corfaire le Moras ,
de Saint-Malo , à un Corfaire de Briſtol , qui s'en
étoit,emparé,
On mande de Saint-Jean- de-Luz , qu'il y eft
arrivé un Navire Anglois appellé la Priory , de
Pool, qui a pour chargement 930 quintaux de
1 iv
200 MERCURE DE FRANCE.
morues , & 28 demi-barriques d'huile de poiffon:
Ce Bâtiment a été pris par le Corfaire la Baſquaife
, de ce port.
Les Capitaines Rondemy & Jean Olive , com
mandans , l'un le Corfaire le Roi Gaſpard , de
Marſeille , l'autre la Barque la Marie Diligente ,
de Martigue , armée en guerre & en marchandi
fes , fe font rendus maîtres , le premier , du Corfaire
Anglois le Osborne , armé de 80 hommes
d'équipage , le fecond , du Senaw l'Anne Betine ,
chargé de chanvre & de graine de lin.
:
Par les lettres venues de Saint- Domingue , on
apprend que les Corfaires de cette ifle y ont conduit
foixante-deux Navires Anglois qui font fa
Goëlette , le Jean- de- Nancy ; an Bateau Hollandois
repris fur les Anglois ; le Bateau , la Fleur
de la mer; le Brigantin , le Severn ; le Bateau ',
le Guilleaume ; le Brigantin , le Poli ; un Corfaire
repris fur les Anglois ; le Brigantin , l'Elifan
beth ; le Corfaire , les Deux Freres ; la Goëlette ,
la Jeanne ; le Bateau , le Diamant ; le Brigan
tin , la Marie-Marthe ; la Goëlette , la Fortune ;
la Goëlette , la Charmante- Folie ; la Goëlette
te Roi Georges ; le Corfaire , la Revanche ; le Cor
faire , le George ; le Corfaire , la Tarte ; la Goë-
Jette , le Loup , avec un Bateau ; le Bateau , la
Marie-Jofeph ; le Navire , le Munety ; le Bateau- ,
Ja Charmante- Bedfy ; le Bateau , PAmitié ; le
Brigantin , le Roi Georges ; le Senaw , le Derfor ;
de Bateau , les Deux-Freres ; le Brigantin , l'Afritain
; la Goëlette , la Norwege ; le Brigantin ,
ta Suzanne ; la Goëlette , le Ringeard ; le Sela
Rebecca ; le Brigantin , du même nom ;
le Bateau , le Diamant ; le Senaw , le Grandifon
le Bateau , le Guillaume ; le Brigantin , le Jean
de Greenoeck ; la Goëlette , Lancop de Lencefter
t
naw ,
"
AVRIL 1758. 201
Je François ; le Brigantin , le Dauphin ; la Goëlette
, l'Anne; le Navire , le Cigne ; une Barque
repriſe fur les Anglois ; le Bateau , l'Hirondelle ;
le Bateau , le Thomas ; le Bateau , la Bonite ; le
Bateau , l'Efther; le Brigantin ; l'Ame ; le Prince-
Sauvage , Navire Negrier , de Bristol ; le Pa→
quebot , le Duc de Falmouth ; le Navire , le Sucès
; la Goëlette , la Pauline ; le Senaw , la Syrene;
le Navire , le Tanger ; le Senaw , le Succès
; le Navire , l'Ifabelle- Marie ; le Bateau , le
Thomas ; la Goëlette , le Saint Etienne ; le Bateau ,
le Dauphin & le Hardewichele Brigantin , l'Hi
Tondelle ; le Senaw , l'Unifé ; le Brigantia , PA
mable-Jeanne ; le Bateau , la Bonne- Aventure.
Tous ces Bâtimens avoient des cargaiſons confi
dérables , à l'exception des Corfaires.
Le fieur Canon , commandant la Frégate dis
Roi la Valeur , s'eft rendu maître du Corfaire
Anglois le Vernon , de Londres , armé de 12 canons
, 16 pierriers , & 43 hommes d'équipage ,
il l'a conduit à Dunkerque.
La Revanche , Corfaire de Dunkerque , commandé
par le Capitaine Monnier , s'eft emparé de
la Frégate Angloife la Van- Anna , de 200 tonneaux
, chargée de coton , d'huile d'olive , de raifins
& de bled. Cette prife a été conduite à Diep
pe. Le même Corfaire a rançonné pour 750 gui .
aées les Navires Anglois l'Anfon le William
dont il s'étoit rendu maître.
Le Corfaire l'Emerillon , de Calais > a pris&
conduit dans ce port le Navire Anglois le Hellen ,
de Montroſe , ayant pour chargement 182 bar
ils de faumon.
Le Sloop Anglois la Providence , chargé de
grains , a été pris par le Corfaire le Villemur , de
Dieppe , qui l'a conduit au Havre.
I w
202 MERCURE DE FRANCE:
"
Il eft arrivé à Dieppe un Navire Anglois , dont
le Corfaire la Marquise de Leede , de Boulogne ,
s'eft emparé , & qui n'a pour chargement que des
pierres de taille plattes.
On apprend par des lettres écrites de Saint-Malo
, que le Capitaine Avice , commandant le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , de ce port , y a
conduit deux prifes : l'une eft le Navire Anglois le
Fantyn , de 220 tonneaux , chargé d'environ 200
boucauts de fucre , de 7 boucauts de café , de
gingembre , de bois de Campeche & de dents
d'Eléphant l'autre eft le Corfaire le Prince
Edouard , de Grenezey , ( ci- devant la Sauterelle
, de Breft , ) armé de 14 canons , & de 80 hommes
d'équipage.
Le Bateau le Georges , de Jerzey , chargé de
balots de bas , a été pris par le Corſaire l'Eclair
de Saint Malo , qui l'a fait conduire à Cherbourg.
Le Corfaire le Samfon , de Bayonne , s'eft rea-
'du maître du Corfaire le Keirke , de Grenezey ,
armé de 10 canons , 12 pierriers , & 45 hommes
d'équipage.
On mande du paffage qu'il y eft arrivé un Navire
Anglois qui a été pris par le Corfaire le La
bour , de Saint-Jean-de-Luz , & dont la cargai
fon confifte en 401. boucauts de fucre , 150 barriques
de vin de Madere , & autres marchandiſes.
Les Vaiffeaux la Compagnie des Indes & le Duc
de Bethune , venant des Indes Orientales richement
chargés , l'un en marchandiſes de la Chine
Pautre en marchandifes de la côte de Coromandel
& de Bengale , font arrivés au port de l'Orient
en. Bretagne les 10 & 12 de ce mois .
Le Vaiffeau la Compagnie des Indes , aux átté-
#ages des côtes de Bretagne , a été atteint par un
Corfaire Anglois de 14 canons , contre lequel il
AVRIL. 1758. 203
eft battu pendant plufieurs heures ; fa bonne contenance
a fait lâcher prife à ce Corfaire.
Le Vaiffeau le Duc de Bethune, a auffi été attaqué
à la hauteur de 40 degrés de latitude Nord ,
par un Corfaire Anglois de 30 canons de 10livres
de balle , & nonobftant la foibleffe de ce Vailfeau
, qui n'étoit monté que de 16 canons , il a
forcé le Corfaire Anglois de l'abandonner . Le
fieur Sainromain , qui le commandoit , a été bleffé
au bras de deux coups de feu , & il a eu huit hom
mes de fon équipage tués & plufieurs bleflés.
La Compagnie à reçu , par le Vaiffeau le Duc
de Béthune , la nouvelle de l'arrivée de plufieursde
fes vaiffeaux à Pondichery , où ils ont remis
les munitions & les fecours dont cette place pouvoit
avoir befoin.
écrit de Marfeille que le Capitaine Gaffin
de Martigues , de cette Ville , commandant le
Brigantin le Fameux , a fait dans les différentes
croifieres douze prifes qu'il a conduites à Cadix ,
à l'exception d'une feule qui lui a été enlevée.
M. Bernard de Boulinvilliers prêta ferment entre
les maine du Roi pour la charge de Provôt ,
192 MERCURE DE FRANCE .
Maître des Cérémonies de l'Ordre Royal & Mili
taire de S. Louis , dont il a été revêtu fur la démiffion
de M. de Lamoignon.
Par une Ordonnance du Roi rendue le premier
Février , les Volontaires du Dauphiné vont être
confidérablement augmentés. Ce corps qui étoit
de cent vingt hommes , en fix Compagnies de
vingt hommes chacune , dont cinq d'Infanterie &
une de Dragons , fera porté à quatre cens vinge
hommes en fix Compagnies , chacune de foixantedix
hommes , dont quarante d'Infanterie & trente
de Dragons. Il aura dorénavant le titre de Régi
ment des Volontaires du Dauphiné.
M. le Marquis de Paulniy ayant obtenu du Roi
la permiffion de fe démettre de la charge de Secretaire
d'Etat au département de la Guerre , Sa
Majefté a nommé M. le Maréchal de Belle- Ifle
pour le remplacer.
Sa Majefté a difpofé du Régiment de Mailly en
faveur de M, le Marquis de Talaru , & de celui de
Talaru en faveur de M. le Duc de Mazarin.
M. le Marquis de Pons a obtenu du Roi l'agrément
de Colonel en fecond du Régiment de Dragons
d'Orléans .
Le 7 Mars , le Roi fit dans la plaine des Sablons
la revue du Rég ment des Gardes Françoiles , &
de celui des Gardes Suiffes . Ces deux Kégimens ,
après avoir fait l'exercice , défilerent en préſence
de Sa Majesté. Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Madame Infante , Madame , &
Mefdames Victoire , Sophie & Louife , affifterent
à cette revue.
Par une Ordonnance du Roi du 20 Février dernier
, il eft enjoint aux Officiers des troupes des
armées du Roi en Allemagne ; qui fe font rendus
,en France fur des paffeports , pour y travailler
aux
AVRIL. 1758. 193
aux recres de leurs corps , de s'acheminer dans le
courant de ce mois , des lieux où ils font aux quar
tiers généraux à portée de la frontiere affignés à
chaque corps pour y raffembler fes recrues , &
d'y être rendus au premier Avril prochain au plus
tard. Veut Sa Majeſté , 1 ° . Que lesdites recrues ,
ainfi que les chevaux de remonte des régimens de
Cavalerie , de Huffards , de Dragons & de Troupes
légeres , foient conduits par lefdits Officiers
abfens , & que ceux qui pour cet effet ne ſe trou→
veront pas rendus auxdits quartiers au premier
Avril , foient punis & privés en outre de leurs appointemens
, pour tout le temps de leur abfence s
2°. Les Officiers qui auront joint leur corps avec
lefdites recrues dans le mois d'Avril ou dans les
premiers jours de Mai , fuivant l'éloignement
defdits corps , feront employés préfens dans les
revues qui feront faites par les Commiffaires des
Guerres , & y feront rappellés pour être payés du
temps de leur abfence , grace dont feront privés
ceux qui n'auront pas joint ; 3 ° . Si quelques- uns
defdies Officiers abfens s'étoient mis en route
pour rejoindre leurs corps , & y arrivoient avant le
temps ci -deffus marqué , ils feront auffi rappellés
dans lefdites revues , pour les mois précédens de
leur abſence.
Le Roi a fait Maréchaux de France M. le Comte
de Bercheny, Lieutenant général , & M. le Comte
de Conflans , Vice Amiral.
Sa Majefté a tenu le Sceau pour la 23 , 24 & 250
fois.
Les Lieutenans Généraux nommés par le Roi
pour fervir pendant la préfente campagne dans
l'armée commandée par M. le Comte de Clermont
, font MM. le Marquis de Villemeur , le
Duc de Randan , le Marquis de Contades , le
1.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE. NO
>
Comté de Mortaigne , le Marquis d'Armentieres →
les Ducs de Briffac & de Chevreufe , les Marquis
d'Anlezy , de Morangies & de Sourches le
Comte de Fitz- James , le Chevalier de Nicolai
le Duc de Fitz- James , le fieur de Chevert , le
Comte de Noailles , le Duc de Broglie , le Chevalier
de May , le Comte de Lorges , le Duc de Lauraguais
, les Comtes d'Andlau & de Guerchy , le
Duc d'Havrey , le Marquis de Saint- Pern , le
Comte de Saint Germain & le Marquis de Valiere.
Les Maréchaux de Camp font , MM. les Marquis
de Crillon & de Torcy , le Chevalier du Châtelet¸
le Marquis de Poyanne , le Comte de Montmo
tency, le Chevalier de Fontenay , les Comtes de
Vogué & d'Orlick , les fieurs de Planta , Caftella
& Boccard , le Comte de Lutzelbourg , les Mar
quis d'Auvet , d'Efcars , de Dreux & des Salles
les Comtes de Champignelles & de Raugrave , le
fieur de Beaufobre , les Comtes de Vence & de
Bergeyck , le Marquis de Voyer , le Chevalier de
la Touche , les Marquis de Laval & de Monteynard
, le Prince de Beauveau , le Comte de la Gui◄
the , le Chevalier de Pons , les Marquis de Maupeou
& de Béthune , le Comte de Ségur , les Marquis
de Leyde , de Roquépine , de Monty , de
Traifnel , & le Comte d'Egmont.
Le Roi, par Edit de ce mois , enregistré au Partement
, a créé dix nouvelles charges de Payeurs ,
& autant de Contrôleurs des Rentes fur PHôtel
de Ville de Paris . La finance de chacune des pre
mieres eft de trois cens einquante mille livres , &
celle de chaque charge de Contrôleur , de quatre
vingt-dix mille livres.
On mande de Toulouſe , que le feu prit le 21
Février à huit heures du foir en certe Ville , au
quartier des Pénitens noirs , que l'incendie a duré
jufqu'au matin du jour fuivant , qu'il a confumé
J
AVRIL. 1758. 195
huit maiſons , avec une grande quantité de meubles;
mais qu'heureufement il n'a péri perfonne.
Le Janvier , les Pénitens Blancs, de Montpellier
ont célébré l'Anniverſaire de la fondation
qu'ils ont établie par délibération du 6 février
1757 , pour la confervation des jours facrés du
Roi. Cette délibération fut exécutée pour la premiere
fois le 11 février de la même année avec
tant de ferveur , que le produit des offrandes pro
cura la liberté de deux Prifonniers. C'eft fans
doute à cette preuve d'amour & de fidélité , que
cette Compagnie eft redevable de la permiffion
qu'elle obtint au mois de mars fuivant , d'avoir un
Suiffe à la grande livrée du Roi.
•
E
Ce fut le 4 janvier de cette année , que la cloche
à l'heure de midi annonça l'anniverſaire de
cette folemnité. On pofa les armoiries du Roi
avec banderolles fur le portail de la Chapelles
les Freres s'affemblerent au Choeur à trois heures.
Un de Meffieurs les Syndics crut ne pouvoir choi
fir un temps plus propre pour faire part de la let→
tre de M. le Comte de Saint Florentin , par la
quelle ce Miniftre veut bien honorer cette Com
pagnie de fon aggrégation . Les freres déja affectés
par l'objet qui les raffembloit , furent péné
trés de la plus vive reconnoiffance , & le TeDeum
fut chanté en actions de graces : on chanta enfuite
les premieres vêpres de la Trinité avec folemnité
à l'iffue des vêpres la cloche fonna jufqu'à l'entrée
de la nuit.
Le lendemain , les freres artifans s'abftinrent
de toutes oeuvres ferviles , chaque frere voulant
prendre dans fon état & dans fa profeffion des momens
f précieux pour fatisfaire fon inclination
pour
le meilleur des Rois .
Le Saint Sacrement fut expofé às heures du
Dalij C
196 MERCURE DE FRANCE.
matin avec la permiffion de M. l'Evêque de Mont
pellier qui a bien voulu concourir au zele & à la
fidélité des Pénitens par fon approbation ; on célébra
fans ceffe des Meffes depuis l'heure de cinq
heures jufqu'à 10 , auxquelles affifta un concours de
peuple & d'ames fidelles qui y firent leur dévotion
avec une édification qui exprimoir leurs ſentimens
, les freres s'affemblerent à 8 heures pour
chanter l'office de la Trinité ; l'augufte affemblée
des Etats de la Province de Languedoc fe forma à
onze heures,à la maiſon de l'Oratoire, en habit de
cérémonies , fuivant la délibération du 3, pour af
fifter à la grande-Meffe des Pénitens Blancs , après
en avoir été invités par les députés de cette compagnie;
M, l'ancien Prieur en l'absence de M. le Prieur
en charge fut à l'Oratoire avec une députation pour
complimenter l'affemblée des Etats en la perfonne
de M. l'Archevêque de Narbonne , & pour leur diftribuer
des exemplaires de la délibération du 6 février
1757. Les Etats en corps furent enfuite à la
Chapelle des Pénitens , & M. l'ancien Prieur eut
l'honneur de leur préfenter l'eau bénite , Mrs. les
Commiffaires du Roi qui avoient été également
invités par les Pénitens , fe rendirent enfuite à
ladite Chapelle en habit de cérémonie , & M. l'ancien
Prieur eut l'honneur de leur préfenter l'eau
bénite , & de les complimenter en la perfonne de
M. le Maréchal Comte de Thomont , Comman
dant en Chef dans la Province ,
La grande Meffe fut célébrée par M. l'Evêque
de Montpellier , affifté des dignités de fon Chapitre
, & fut chantée par la mufique des Etats , la
piété & la modeftie des freres lors de l'offrande au
nombre de près de 300 , & le recueillement de
ceux qui communierent , mériterent les éloges
de l'affemblée , ainfi que le bon ordre dans une
Chapelle d'une très- petite étendue. Les perfonnes
AVRIL. 1758. 197
en place & de la premiere diftinction qui n'avoient
pu être placées dans l'Eglife , occupoient
les tribunes ; la décoration de cette Chapelle en
bois peint , doré & en tableau , ne permirent pas
d'autre décoration : l'autel fut fimplement , mais
noblement décoré fuivant l'ufage de cette compagnie
, par 12 cierges à la Parifienne de 10 pieds
de hauteur , portés par des grands & magnifiques
chandeliers d'argent. A la fin de la Meffe , les
freres chanterent en faux bourdon l'Exaudiat, pendanr
lequel on tira un nombre de boîtes , afin
d'inviter les Citoyens à unir leurs voeux aux chants
& prieres des Pénitens. Mrs. les Commiffaires du
Roi furent accompagnés jufqu'à la porte de l'Eglife
, par les députés de la Compagnie , ainfi que
l'affemblée des Etats ; le Saint Sacrement fut toujours
exposé à la piété des fideles : les freres fe
releverent de demi-heures en demi heures, pour y
faire ftation : les vêpres étant chantées à 3 heures
avec la même folemnité , la bénédiction fur
donnée par M. d'Ufés , M. l'Evêque de Montpellier
s'en étant exempté fur la fatigue du matin.
M. l'Archevêque de Narbonne fatisfait d'un établiffement
fi conforme à fes fentimens , a bien
voulu honorer cette Compagnie de fon aggrégation
après avoir célébré là Meffe de Communauté
le jour des Rois , & n'a pu refufer aux empreffemens
de Mrs, les Pénitens pénétrés de l'honneur
qu'ils avoient reçu la veille par la préſence des
Etats , de leur permettre d'aggréger cette augufte
affemblée dans la participation de leurs prieres &
bonnes oeuvres , ce qui a été approuvé par accla
mation , par délibération des Etats dudit jour du
même mois.
Tel a été l'événement , & telles font les fuites
honorables d'une cérémonie qui , renouvellée cha
Liij
198 MERCURE DE FRANCE.
que année, tranfmettra à la poftérité , que le regne
de Louis le bien aimé fut pour cette compagnie
un temps de ferveur. Le ciel fera propice à fes
voeux en multipliant les jours facrés de Louis le
bien-aimé , & cette compagnie fe glorifiera toujours
d'avoir la priorité parmi les différens établi
femens faits dans la même intention.
Nous apprenons de Marfeille , que le Capitaine
Chin , commandant la Barque le Saint- Esprit ,
& venant du Cap François , ayant rencontré le
janvier , dans le Golfe de Verre , près de Carthagene,
la Tartane du Patron Jean- Baptifte d'Agde
dont les Anglois s'étoient emparé , il l'a reprife
& renvoyée dans ce port , où elle eft arrivée le
26. Le même a appris à Alicante , où il a touché ,
que l'Eſcadre du fieur de la Clue s'eft emparé en
route de dix Navires Anglois.
Les Navires Anglois Alouette , chargé de
chanvre & de lin , la Rofe , de Stockton , ayant
ane cargaifon compofée de différentes marchandifes
, & le Bateau les Trois Soeurs , allant à Londres
avec des morues fraîches , ont été pris par le
Corfaire le Moiffonneur de Dunkerque.
Le Capitaine Antoine Vaffe , commandant l'A
wenturier , autre Corfaire de Dunkerque , s'eft
emparé des Navires Anglois le May , de Leith &
le Frederic , de Londres. Cette derniere prife ,
qui alloit de Peterſbourg à Corck , avec un chargement
de chanvre & de fer , a été conduite en
Norwege.
Les Corfaires le Machault & le Comte de Saint-
Germain , de Dunkerque ; y ont conduit les Na
vires Anglois le Succès , & le Marchand , de Stoc
kholm , l'Elifabeth , l'Anne & le Marchand , d'E
dimbourg , & le Marchand , de Rotterdam. Ces
fix bâtimens font chargés de charbon de terre,
AVRIL. 1758, 199
1 eft encore arrivé à Dunkerque un Brigantin
Anglois appellé la Jeanne & Marguerite , done
la cargaifon eft compofée de différentes marchandifes
, & qui a été pris par le Corfaire le Comte
Ayen , de Boulogne,
Les Navires Anglois le Franchip , de Corck ;
chargé de fruit & de fel , & le Javan , chargé
d'indigo , de fucre , de café & de bois de Campeche
, ont été pris par les Corfaires le Mefnil &
la Nymphe , de Granville . Le Javan a été conduit
dans ce dernier port ; l'autre prife eft arrivée à
Morlaix.
Le Capitaine Defvalons- Macé, commandant le
Corfaire l'Helene , de Saint-Malo , y a conduit le
Navire Anglois la Parfaite Union , de 360 tonneaux
, venant de Rhode- Inland , & allant à Londres,
avec une cargaifon d'indigo , de café , de
bois de campeche , de gayac , d'huile de baleine
, & d'autres marchandifes, Cette prife eft eftimée
plus de trois cens mille livres,
Le fieur de Gouyen , commandant le Corfaire
la Ducheffe de Fitz- James , de Saint - Malo , s'eft
renda maître d'un Corfaire de Jerzey , armé de
8 canons & de 40 hommes d'équipage , qui eft ar
rivé à Cherbourg.
Le Groignard , autre Corfaire de Saint- Malo ,
a conduit dans le même port de Cherbourg un
Brigantin Anglois de 200 tonneaux , chargé de
charbon de terre.
Le Navire François le Polly , chargé de fucre
& de café , a été enlevé par le Corfaire le Moras ,
de Saint-Malo , à un Corfaire de Briſtol , qui s'en
étoit,emparé,
On mande de Saint-Jean- de-Luz , qu'il y eft
arrivé un Navire Anglois appellé la Priory , de
Pool, qui a pour chargement 930 quintaux de
1 iv
200 MERCURE DE FRANCE.
morues , & 28 demi-barriques d'huile de poiffon:
Ce Bâtiment a été pris par le Corfaire la Baſquaife
, de ce port.
Les Capitaines Rondemy & Jean Olive , com
mandans , l'un le Corfaire le Roi Gaſpard , de
Marſeille , l'autre la Barque la Marie Diligente ,
de Martigue , armée en guerre & en marchandi
fes , fe font rendus maîtres , le premier , du Corfaire
Anglois le Osborne , armé de 80 hommes
d'équipage , le fecond , du Senaw l'Anne Betine ,
chargé de chanvre & de graine de lin.
:
Par les lettres venues de Saint- Domingue , on
apprend que les Corfaires de cette ifle y ont conduit
foixante-deux Navires Anglois qui font fa
Goëlette , le Jean- de- Nancy ; an Bateau Hollandois
repris fur les Anglois ; le Bateau , la Fleur
de la mer; le Brigantin , le Severn ; le Bateau ',
le Guilleaume ; le Brigantin , le Poli ; un Corfaire
repris fur les Anglois ; le Brigantin , l'Elifan
beth ; le Corfaire , les Deux Freres ; la Goëlette ,
la Jeanne ; le Bateau , le Diamant ; le Brigan
tin , la Marie-Marthe ; la Goëlette , la Fortune ;
la Goëlette , la Charmante- Folie ; la Goëlette
te Roi Georges ; le Corfaire , la Revanche ; le Cor
faire , le George ; le Corfaire , la Tarte ; la Goë-
Jette , le Loup , avec un Bateau ; le Bateau , la
Marie-Jofeph ; le Navire , le Munety ; le Bateau- ,
Ja Charmante- Bedfy ; le Bateau , PAmitié ; le
Brigantin , le Roi Georges ; le Senaw , le Derfor ;
de Bateau , les Deux-Freres ; le Brigantin , l'Afritain
; la Goëlette , la Norwege ; le Brigantin ,
ta Suzanne ; la Goëlette , le Ringeard ; le Sela
Rebecca ; le Brigantin , du même nom ;
le Bateau , le Diamant ; le Senaw , le Grandifon
le Bateau , le Guillaume ; le Brigantin , le Jean
de Greenoeck ; la Goëlette , Lancop de Lencefter
t
naw ,
"
AVRIL 1758. 201
Je François ; le Brigantin , le Dauphin ; la Goëlette
, l'Anne; le Navire , le Cigne ; une Barque
repriſe fur les Anglois ; le Bateau , l'Hirondelle ;
le Bateau , le Thomas ; le Bateau , la Bonite ; le
Bateau , l'Efther; le Brigantin ; l'Ame ; le Prince-
Sauvage , Navire Negrier , de Bristol ; le Pa→
quebot , le Duc de Falmouth ; le Navire , le Sucès
; la Goëlette , la Pauline ; le Senaw , la Syrene;
le Navire , le Tanger ; le Senaw , le Succès
; le Navire , l'Ifabelle- Marie ; le Bateau , le
Thomas ; la Goëlette , le Saint Etienne ; le Bateau ,
le Dauphin & le Hardewichele Brigantin , l'Hi
Tondelle ; le Senaw , l'Unifé ; le Brigantia , PA
mable-Jeanne ; le Bateau , la Bonne- Aventure.
Tous ces Bâtimens avoient des cargaiſons confi
dérables , à l'exception des Corfaires.
Le fieur Canon , commandant la Frégate dis
Roi la Valeur , s'eft rendu maître du Corfaire
Anglois le Vernon , de Londres , armé de 12 canons
, 16 pierriers , & 43 hommes d'équipage ,
il l'a conduit à Dunkerque.
La Revanche , Corfaire de Dunkerque , commandé
par le Capitaine Monnier , s'eft emparé de
la Frégate Angloife la Van- Anna , de 200 tonneaux
, chargée de coton , d'huile d'olive , de raifins
& de bled. Cette prife a été conduite à Diep
pe. Le même Corfaire a rançonné pour 750 gui .
aées les Navires Anglois l'Anfon le William
dont il s'étoit rendu maître.
Le Corfaire l'Emerillon , de Calais > a pris&
conduit dans ce port le Navire Anglois le Hellen ,
de Montroſe , ayant pour chargement 182 bar
ils de faumon.
Le Sloop Anglois la Providence , chargé de
grains , a été pris par le Corfaire le Villemur , de
Dieppe , qui l'a conduit au Havre.
I w
202 MERCURE DE FRANCE:
"
Il eft arrivé à Dieppe un Navire Anglois , dont
le Corfaire la Marquise de Leede , de Boulogne ,
s'eft emparé , & qui n'a pour chargement que des
pierres de taille plattes.
On apprend par des lettres écrites de Saint-Malo
, que le Capitaine Avice , commandant le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , de ce port , y a
conduit deux prifes : l'une eft le Navire Anglois le
Fantyn , de 220 tonneaux , chargé d'environ 200
boucauts de fucre , de 7 boucauts de café , de
gingembre , de bois de Campeche & de dents
d'Eléphant l'autre eft le Corfaire le Prince
Edouard , de Grenezey , ( ci- devant la Sauterelle
, de Breft , ) armé de 14 canons , & de 80 hommes
d'équipage.
Le Bateau le Georges , de Jerzey , chargé de
balots de bas , a été pris par le Corſaire l'Eclair
de Saint Malo , qui l'a fait conduire à Cherbourg.
Le Corfaire le Samfon , de Bayonne , s'eft rea-
'du maître du Corfaire le Keirke , de Grenezey ,
armé de 10 canons , 12 pierriers , & 45 hommes
d'équipage.
On mande du paffage qu'il y eft arrivé un Navire
Anglois qui a été pris par le Corfaire le La
bour , de Saint-Jean-de-Luz , & dont la cargai
fon confifte en 401. boucauts de fucre , 150 barriques
de vin de Madere , & autres marchandiſes.
Les Vaiffeaux la Compagnie des Indes & le Duc
de Bethune , venant des Indes Orientales richement
chargés , l'un en marchandiſes de la Chine
Pautre en marchandifes de la côte de Coromandel
& de Bengale , font arrivés au port de l'Orient
en. Bretagne les 10 & 12 de ce mois .
Le Vaiffeau la Compagnie des Indes , aux átté-
#ages des côtes de Bretagne , a été atteint par un
Corfaire Anglois de 14 canons , contre lequel il
AVRIL. 1758. 203
eft battu pendant plufieurs heures ; fa bonne contenance
a fait lâcher prife à ce Corfaire.
Le Vaiffeau le Duc de Bethune, a auffi été attaqué
à la hauteur de 40 degrés de latitude Nord ,
par un Corfaire Anglois de 30 canons de 10livres
de balle , & nonobftant la foibleffe de ce Vailfeau
, qui n'étoit monté que de 16 canons , il a
forcé le Corfaire Anglois de l'abandonner . Le
fieur Sainromain , qui le commandoit , a été bleffé
au bras de deux coups de feu , & il a eu huit hom
mes de fon équipage tués & plufieurs bleflés.
La Compagnie à reçu , par le Vaiffeau le Duc
de Béthune , la nouvelle de l'arrivée de plufieursde
fes vaiffeaux à Pondichery , où ils ont remis
les munitions & les fecours dont cette place pouvoit
avoir befoin.
écrit de Marfeille que le Capitaine Gaffin
de Martigues , de cette Ville , commandant le
Brigantin le Fameux , a fait dans les différentes
croifieres douze prifes qu'il a conduites à Cadix ,
à l'exception d'une feule qui lui a été enlevée.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En 1758, plusieurs événements et nominations ont marqué la cour de France. Bernard de Boulinvilliers a été nommé Provôt et Maître des Cérémonies de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis. Une ordonnance royale du 1er février a augmenté les Volontaires du Dauphiné, portant leur effectif à quatre cent vingt hommes répartis en six compagnies. Le Marquis de Paulmy a démissionné de sa charge de Secrétaire d'État à la Guerre, remplacé par le Maréchal de Belle-Isle. Le Roi a réorganisé plusieurs régiments, nommant le Marquis de Talaru et le Duc de Mazarin à des postes clés. Le Marquis de Pons a obtenu l'agrément de Colonel en second du Régiment de Dragons d'Orléans. Le 7 mars, le Roi a passé en revue les régiments des Gardes Françaises et des Gardes Suisses en présence de la famille royale. Une ordonnance du 20 février a ordonné aux officiers des troupes en Allemagne de rejoindre leurs quartiers pour rassembler les recrues. Le Roi a nommé les Comtes de Bercheny et de Conflans Maréchaux de France, ainsi que plusieurs Lieutenants Généraux et Maréchaux de camp pour la campagne militaire. Par un édit, le Roi a créé dix nouvelles charges de Payeurs et de Contrôleurs des Rentes à l'Hôtel de Ville de Paris. À Toulouse, un incendie a détruit huit maisons sans faire de victimes. À Montpellier, les Pénitents Blancs ont célébré l'anniversaire de la fondation de leur compagnie, marquée par des cérémonies religieuses et la présence des États de la Province de Languedoc. En avril 1758, des corsaires français ont capturé plusieurs navires anglais et hollandais. Parmi les prises notables, on trouve un corsaire de Jersey armé de 8 canons et 40 hommes d'équipage à Cherbourg, un brigantin anglais de 200 tonneaux chargé de charbon, et divers autres navires chargés de marchandises variées comme du sucre, du café, des morues, et de l'huile de poisson. Les corsaires français ont également repris plusieurs navires anglais et hollandais qui avaient été capturés par les Anglais. À Saint-Domingue, les corsaires ont conduit soixante-deux navires anglais, principalement des goélettes et des brigantins. Des frégates et des corsaires français ont également pris des navires anglais dans divers ports comme Dunkerque, Dieppe, et Le Havre. Les vaisseaux de la Compagnie des Indes, le Duc de Béthune et un autre vaisseau, ont résisté avec succès à des attaques de corsaires anglais malgré leur infériorité en armement. Le Duc de Béthune a également apporté des nouvelles de l'arrivée de plusieurs vaisseaux à Pondichéry. Enfin, le capitaine Gaffin de Martigues a réalisé douze prises avec son brigantin le Fameux, les conduisant principalement à Cadix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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75
p. 184-196
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
M. l'Abbé d'Agoult, Chanoine & nouveau Doyen de l'Eglise de Paris, [...]
Mots clefs :
Cérémonies, Famille royale, Église, Parlement, Déclaration du roi, Fêtes religieuses, Siège de Minden, Armée, Lieutenant, Mouvements des troupes, Ennemis, Duc, Comte, Audience du roi, Gendarmerie, Officiers, Nominations, Vaisseaux, Corsaires , Navires anglais, Marchandises
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
M. l'Abbé Agoult , Chanoine & nouveaut
Doyen de l'Eglife de Paris , fut préſenté au Rož
le 17 Mars.
Le 19 , Dimanche des Rameaux , le Roi , ac
compagné de Monfeigneur le Dauphin , de Ma→
dame la Dauphine , de Madame Infante , de Ma
dame , & de Mefdames Victoire , Sophie & Louife
, affifta à la Bénédiction des Palmes . Cette céré
honie fut faite par M. l'Abbé Gergoy , Chapelain
ordinaire de la Chapelle- Mufique , qui préfenta
ane palme à Sa Majefté. Le Roi affifta de même à
la Proceffion & à l'adoration de la Croix. Enfuite
Sa Majesté entendit la grand'Meffe , qui fut aufft
célébrée par M. l'Abbé Gergoy , & chantée par la
Mufique.
La Reine affifta dans fa tribune à l'Office.
Le Roi ayant donné fon agrément à M. le Marquis
de Gefvres pour fon mariage avec Damoifelle
Françoife-Marie du Guefclin , Leurs Majeftés & la
Famille Royale, en fignerent le contrat le 19 Mars.
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Gefvres la
furvivance du Gouvernement de l'Ile de France
de la Capitainerie Royale de Montceaux , & dis
Brevet de retenue de cinquante mille écus accor
dé au Duc de Trefmes fon pere.
AVRIL. 1758. 189
Leurs Majeftés & la Famille Royale fignerent
auffi le même jour le contrat de mariage de M.
Hérault de Séchelles , Colonel du Régiment de
Rouergue , avec la Demoiſelle de la Lande-
Magon,
Le jeudi-faint , M. l'Evêque de Dol ayant fait
l'Abfoute , & le Roi ayant entendu le Sermon de
la Cêne du Pere Boule , Religieux Cordelier , Sa
Majefté à lavé les pieds à douze pauvres , & les a
fervis à table. M. le Prince de Condé , Grand-
Maître de la Maiſon du Roi , étoit à la tête des
Maîtres d'Hôtel , & il précédoit le fervice. Les
plats étoient portés par Monfeigneur le Dauphin ,
MM. le Duc d'Orléans , le Prince de Conty , le
Comte de la Marche , le Comte d'Eu , le Duc de
Penthievre , & par les principaux Officiers de Sa
Majefté . Après cette cérémonie , le Roi & la Reine
fe font rendus à la Chapelle , où Leurs Majeftés
ont entendu la grand'Meffe , & ont enfuite affifté
à la Proceffion.
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Mont
mort , Major de fes Gardes , l'expectative de Comi
mandeur honoraire de l'Ordre de Saint Louis . Sa
Majefté lui a donné , en attendant , la permiffion
d'en porter les honneurs.
Quatre Bataillons des Gardes Françoiſes font
partis d'ici les 9, 11 , 13 & 15 de Mars pour Saint.
Omer , où ils doivent être rendus en dix jours , &
deux Bataillons des Gardes Suiffes le font mis en
marche le 9 & le 11 pour la ville d'Aire , où ils
ont dû être rendus dans le même eſpace de
temps.
Le Parlement a enrégiftré le ro de Mars deux
nouvelles Déclarations du Roi : la premiere , por
tant Réglement fur la diftribution & le jugement
des procès ou inftances qui étoient pendans dans
186 MERCURE DE FRANCE:
:
les quatrieme & cinquieme Chambres des Enquée
tes du Parlement de Paris , lors de la fuppreffion
d'icelles la feconde , concernant le rembourfement
de foixante Offices de Confeillers Laïcs , de
quatre Offices de Confeillers - Clercs , & d'une
Commiffion des Requêtes du Palais , vacans ou
fupprimés en exécution de l'Edit du mois de Décembre
1756.
La difette exceffive des fourrages a déterminé
M. le Comte de Clermont à paffer le Wefer, pour
fe porter fur Paderbon , & ce Prince s'eft mis en
marche le 17 de Mars.
Le 23 , la Reine entendit le Sermon de la
Cêne de M. l'Abbé d'Eſpiard , Chanoine de la
Métropole de Befançon , & Confeiller Clerc au
Parlement de la même Ville. M. l'Evêque de Dol
fit enfuite l'Abfoute , après laquelle Sa Majefté
lava les pieds à douze pauvres filles & les fervit à
table .M. le Marquis de Chalmazel , premier Maî
tre d'Hôtel de la Reine , précédoit le ſervice , dont
les plats étoient portés par Madame la Dauphine ,
Madame Infante , Madame , Madame Sophie ,
Madame la Princeffe de Condé , les Dames du Palais
, & plufieurs autres Dames de la Cour .
LeursMajeftés & la Famille Royale ſe rendirent
le même jour für les dix heures du ſoir à la Chapelle
du Château , & firent leurs prieres devant
'Autel où le Saint Sacrement étoit en dépôt.
Le 24 , jour du vendredi - faint , le Roi & la
Reine , accompagnés de Monfeigneur le Dauphin
, Madame la Dauphine , Madame Infante ;
Madame , & de Mefdames Victoire , Sophie &
Louife , entendirent le fermon de la paffion du
Pere Chapelain , Jéfaite .
Le 26 , Fête de Pâques , le Roi , la Reine &
la Famille Royale , entendirent la grande Meffe
AVRIL. 1758. 187
célébrée pontificalement par M. l'Evêque de Dol';
& chantée par la mufique.
Le 28 , le Roi , la Reine & la Famille Royale
fignerent le contrat de mariage de M. le Marquis
de Damas- Dantlezy avec Demoifelle Tillieres , &
celui de M. de Lamoignon de Baville , avec la
Demoiſelle Berryer .
Le même jour , le Roi tint le Sceau
vingt-fixieme fois.
pour la
Sa Majesté a donné le Régiment de la Couronne
, vacant par la démiffion du Comte de Pólaftron
, au Comte de Montbarey , Colonel dans le
Régiment des Grenadiers de France , & la place
de Colonel dans le même Régiment , à M. le Mar
quis de Montefquiou , Capitaine dans le Régiment
du Roi , Cavalerie.
Voici le détail qu'on a reçu du fiége de Minden
Le 4 du mois de Mars , l'armée Hanovrienne
déboucha des bois de Thaudozen & y campa le
lendemain 5.Le Prince Héréditaire de Brunſwick
& M. Dauberg , Lieutenant- Colonel , chargés du
fiége , envoyerent fommer M. le Marquis de Morangies
, Lieutenant - Général des Armées du Roi ,
qui commandoit dans Minden , de ſe rendre , en
lui offrant la capitulation qu'il pourroit défirer ..
M. le Marquis de Morangies refufa toute propofition
, & répondit qu'il vouloit fe défendre. Le
même jour , la place fut inveftie par toute l'armée.
Le 6 , le Prince Ferdinand de Brunſwick s'empara
des gorges en avant de Minden , & établit fon
Quartier Général à Hill . La nuit du 6 au 7 , Pennemi
ouvrit la tranchée devant la place hors de la
portée du canon , & dans la nuit du 7 il perfectionna
la premiere parallele. Le 8 , M. le Marquis
de Morangies ordonna une fortie de so Volontaires
d'Infanterie & de sa Volontaires de Hay
188 MERCURE DE FRANCE.
nault à cheval , pour aller enlever dans les Villa
ges voisins , où l'ennemi avoit des poftes de ca
valerie , des moutons , des boeufs , des , vaches &
d'autres provifions ; ce qui fut exécuté fans peine ,
parce que les ennemis fe retirerent à l'approche
du détachement qu'ils crurent plus nombreux:
ainfi le convoi entra dans la place fans aucun inconvénient.
Le 9 , les affiégeans poufferent deux
zigzags en avant dans la premiere parallele. Le
10 , ils formerent la feconde parallele & acheverent
d'embraffer le front de l'attaque. Le même
jour , M. le Marquis de Morangies ordonna une
fortie de 100 hommes , pour faire entrer du bois
dans la place , dont la garnifon paffoit toutes les
nuits au bivouac , ainfi que pour reconnoître en
même temps les travaux des ennemis & les tâter.
Le feu fut affez vif de part & d'autre ; on leur tua
10 à 12 hommes , & les deux objets furent remplis.
Le 11 , les ennemis poufferent deux zigzags
en avant de la feconde parallele , & ils établirent
deux batteries de trois pieces de canon chacune ,
qui tirerent avec fi peu de fuccès , qu'ils firent
ceffer. Dans l'après-midi du même jour , ils éta
blirent une autre batterie de trois pieces de canon
qui tira fur la place : cette batterie fut bientôt
éteinte par le feu fupérieur de notre artillerie . Lé
12 , les ennemis établirent cinq batteries de fix
pieces de canon de 17 & de 33 , & une batterie
de fix mortiers , qui jettoient des bombes de huit
pouces. Toutes ces batteries furent en état de tirer
Le matin , à la réſerve d'une feule qu'ils ne démaf
querent point : quelques maifons du rempart furent
endommagées ; cependant leur feu n'eut pas.
un grand fuccès , parce qu'on leur oppofa un feu
d'artillerie qui les incommoda beaucoup . Le mê
me jour , on commanda cinq Compagnies de Gre↓
AVRIL. 1758. 189
nadiers & cinquante Volontaires , pour faire une
fortie & pour attaquer la tranchée. L'ennemi fa
trouva partout en force , parce que précisément
alors on relevoit la tranchée. Le 13 , les ennemis
firent la troisieme parallele & rapprocherent leurs
batteries à so toifes de la contrefcarpe ; ils firent
pendant toute la journée un feu terrible , & ils jetterent
une fi prodigieufe quantité de bombes dans
la Ville , qu'ils y mirent feu . Le foir , nos batte
ries fe trouverent en mauvais ordre & la poudre
manqua. Dans cette extrêmité , les Commandans
des Corps s'affemblerent chez M. le Marquis de
Morangies , où il fut conclu de rendre la place.
Pat la capitulation , qui fut fignée le 14 , la Garni
fon a été faite prifonniere de guerre.
M. le Duc de Broglie a évacué Caffel , & il s'eft
mis en marche le 23 avec toutes les Troupes qui
fent fous les ordres , pour joindre l'armée de M.
le Comte de Clermont. Il n'y a aucun Corps ennemi
à portée de s'opposer à cette jonction.
Le onzième tirage de la premiere Loterie
Royale , fe fit le 16 du mois dernier & les jours
faivans. Le principal lot eft échu au numero 376393
le fecond lot au numero 27416 , & la prime de
20000 livres au numero 19214.
Le Roi , la Reine , & la Famille Royale fignerent
le 2 d'Avril , le contrat de mariage de M.
le Marquis de Chauvelin , Lieutenant- Général
des Armées de Sa Majefté , & fon Ambaffadeur
auprès du Roi de Sardaigne , avec la Demoiſelle
Mazade d'Argeville , & celui de M. le Marquis
d'Avarey , avec Angélique- Adélaïde Sophie de
Mailly-de Rubempre.
Le trois Avril , le Duc d'Aumont , Premier
Gentilhomme de la Chambre , & la Ducheffe de
Luynes , Dame d'Honneur de la Reine , tinrent
190 MERCURE DE FRANCE.
au nom du Roi & de la Reine fur les fonts de Bap
tême , à la Paroiffe du Château , l'enfant du fieur
Chatelain , Contrôleur ordinaire de la Bouche du
Roi.
Le cinq , le Baron de Lichtenſtein , Miniſ
tre Plénipotentiaire du Duc de Saxe-Gotha , eur
une audience particuliére du Roi , dans laquelle il
préfenta à Sa Majefté ſes Lettres de rappel. Il fut
conduit à cette audience , ainſi qu'à celles de la
Reine , de Monfeigneur le Dauphin , de Madame
la Dauphine , de Monfeigneur le Duc de Bourgo
gne , de Monſeigneur le Duc de Berry , de Monfeigneur
le Comte de Provence , de Madame Infante
, de Madame , & de Meſdames Victoire , So.
phie & Louife , par le fieur Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs.
Le même jour , M. l'Evêque d'Orleans prêta ferment
entre les mains du Roi , pour l'Evêché de
Condom ; & M. l'Evêque de Digne , pour l'Evê,
ché d'Orleans.
Suivant la difpofition faite par le Roi des emplois
de la Gendarmerie , la Soulieutenance des
Gendarmes de Flandres eſt donnée à M. le Cointe
de Saint-Chamans, premier Cornette ; la premiere
Cornette des Chevaux- Légers de Bourgogne, à M.
le Baron de Breteuil , Guidon ; le Guidon des Gendarmes
d'Orléans , à M. le Comte de Noé , Capitaine
dans le Régiment de Cavalerie de Viefville ;
la Soulieutenance des Chevaux- Légers d'Orléans ,
à M. le Comte de Fougieres , Enſeigne ; l'Enfeigne
des Gendarmes d'Orléans , à M. le Comte de
Choifeul-Savigny , fecond Cornette ; la feconde
Cornette des Chevaux - Légers de la Reine , à M.
de Marquis de Crenolles , Lieutenant dans le Régiment
d'Infanterie du Roi,; .la Compagnie des
Chevaux-Légers de Bourgogne , à M. le Comte
A VRIL. 1758. 191
Herbouville , Soulieutenant ; la Soulieutenance
des Gendarmes d'Aquitaine , à M. le Comte de Cuf
tines de Guermnage, Enfeigne; l'Enſeigne des Gendarmes
de Flandres , à M.le Comte de Roncé fecond
Cornette; la feconde Cornette des Chevaux - Légers
d'Orléans , à M. le Baron de Choiſeul- Buffiere
Lieutenant dans le Régiment du Roi , Infanterie ;
le Guidon des Gendarmes Ecoffois , à M. le Comte
de Saiffeval , Guidon des Gendarmes de Berry ;
le Guidon des Gendarmes de Berry , à M. le Mar
quis le Veneur , Moufquetaire ; le Guidon des
Gendarmes Bourguignons , à M. le Marquis de
Valençay , Capitaine dans le Régiment du Commiffaire
Général de la Cavalerie ; la Soulieute
nance des Gendarmes Bourguignons , à M. le
Marquis de Carvoifin d'Achy , Enſeigne ; l'Enfeigne
des Gendarmes Dauphins , à M. le Comte
de Caftellane , fecond Cornette ; l'Enfeigne des
Gendarmes de Bourgogne , à M. le Marquis de
Seran , Guidon ; le Guidon des Gendarmes Dauphins
, à M. le Comte Dauvet , Aide- Major dans
le Régiment des Gardes Françoifes ; la feconde
Cornette des Chevaux- Légers d'Aquitaine , à M.
le Marquis de Lambertie , Moufquetaire , & le.
Guidon des Gendarmes de Flandres , à M. le Mar
quis d'Houdetot , Lieutenant en fecond dans le
Régiment du Roi , Infanterie.
Sa Majesté vient d'accorder des Croix de Saint
Louis & différentes graces aux Officiers qui ſe font
diftingués à l'attaque du pont de Weiffenfels , fous
les ordres de M. le Marquis de Crillon . Les Gre
nadiers des deux Compagnies du Régiment de
Saint Chamond , qui dans cette action ont mar
qué beaucoup de valeur , ont auffi reçu du Roi
chacun une gratification.
Le Roi a nommé Brigadier d'Infanterie M. de
2192 MERCURE DE FRANCE.
Buffy , qui , depuis fept ans , commande en chef
les Troupes Françoifes dans le Dekan aux Indes
Occidentales.
L'Armée du Comte de Clermont eſt arrivée à
Wezel , fans avoir été inquiétée dans fa marche.
Les Troupes qui étoient dans Caffel & dans le
pays de Hefle , font actuellement à Duffeldorp ,
Capitale du Duché de Bergues , & dans les environs
de cette Ville . Elles s'y font rendues , fans
rencontrer le moindre obſtacle de la part des ennemis.
La nuit du 3 Mars au premier Avril , M. le
Comte de Clermont fut attaqué d'une violente &
douloureuſe efquinancie , qui a mis ſa vie en danger.
Il a été faigné trois fois dans le même jour ,
& on a employé fi à propos les remedes convenables
, que la fanté de ce Prince eft parfaitement
Tétablie.
Les Gazettes d'Angleterre font monter le nombre
des vaiffeaux que les François leur ont pris ,
depuis le 29 Octobre 1757 , juſqu'au 10 Janvier
dernier , à cent cinquante-deux , non compris
plufieurs autres bâtimens , comme chaloupes &
Bateaux de Pêcheurs , & le nombre des vailleaux
François pris par les Anglois , pendant le même
temps , à cent navires. Ainfi , felon eux , nos prifes
excedent les leurs d'environ foixante vaiffeaux.
Le Capitaine Guitton , commandant le Corfaire
le Don de Dieu , de Calais , a rançonné pour
125 guinées deux bâteaux Anglois dont il s'étoit
emparé!
Le Corfaire le Machault , de Granville , a pris
& conduit à Saint- Malo le Navire Anglois le Sa-
Pisbary , de Liverpool, qui alloit à la côte de
Guinée avec une cargaifon d'eau - de- vie , de fer ,
de poudre de guerre , de fufils , de pistolets de
toiles
AVRIL. 1758. 193
toiles peintes , & autres marchandifes propres
pour la traite des Negres.
Le même Corfaire s'eft rendu maître des Navites
Anglois le Recovry & l'Europe , & il les a rançonnés
pour 19 mille livres.
Le Capitaine le Tourneur , commandant le
Mefny , autre Corſaire du même port , y a conduit
un Bateau Anglois chargé de vin de Florence ,
d'huile d'olive & de raiſins .
Le Navire Anglois le Samuel , de 300 tonneaux ,
allant de Saint - Chriftophe à Londres , avec un
chargement compofé de 366 boucaurs de fucre ,
& de 10 bottes de vin de Madere , a été pris par
le Capitaine le Roi , commandant.le Corfaire le
Comte de Langeron de Saint- Malo , où il a été
conduit.
Le Navire Anglois le Laurier, pris par le Cor
faire la Revanche de Dunkerque , a été conduit
dans le port d'Abreuvaç en Bretagne. Il eſt chargé
de tabac , de favon & d'autres marchandiſes.
Les Frégates du Roi , la Calypfo & l'Eclair , ſe
font emparés du Corfaire Anglois le Tartare , de
Briftol , armé de 12 canons , 10 pierriers , 71
hommes d'équipage , & elles l'ont conduit dans
la rade de l'ile Daix.
Le Corfaire la Comteffe de la Serre , de Dunkerque
, y a conduit le Navire Anglois lá Lady-
Liveſtown , de 60 tonneaux , chargé de vin , d'eaude-
vie & de graine de lin.
Le Senaw Anglois la Providence , de 120 tonneaux
, ayant pour cargaifon 8 à 10 barriques
d'eau- de-vie , go barriqués de vieux fer , 7 balles
de lin , & 30 petits barrils de falpêtre , a été pris
par le Corfaire le Moiffonneur , de Calais.
Deux autres Corfaires de ce port , appellés ;
P'un le Don de Dieu , l'autre le Bart, ont remis à
11. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
Dunkerque les ôtages qu'ils ont pris , pour affu
rer le paiement de quatre rançons montant enfemble
à 375 guinées .
Le Navire Anglois les Amis , de 200 tonneaux ,
chargé de farine , de biere , & d'autres vivres &
marchandifes deftinées pour Gibraltar , a été pris
par le Corfaire la Revanche , de Dunkerque , qui
l'a fait conduire au Havre.
Le Corfaire la Bellone , de Saint - Malo , a pris
& conduit à Cherbourg le Navire Anglois le Butterfly
, de 70 tonneaux , chargé de 130 futailles
de vin de Madere .
Il est arrivé à Saint -Malo deux prifes faites par
le Corfaire l'Augufte , de ce port : l'une eft le Senaw
l'Anne , de 120 tonneaux , chargé de riz ,
d'indigo & de bois d'Acajou ; l'autre eft le Sloup
l'Endeavour , de so tonneaux , allant de Briſtol
à la nouvelle Angleterre , avec un chargement de
vivres & d'autres denrées , deſtinés pour cette Colonie.
Le Capitaine Naguille , commandant le Corfaire
le Labourt , de Saint- Jean-de-Luz , a pris &
conduit à Bayonne le Navire Anglois la Liffe , de
Liverpool , ayant pour cargaison 296 boucauts de
fucre , 12 barriques de taffia , 10 barriques d'indigo
, 10 barriques de café , &c. & un autre bâtiment
chargé de goudron.
Le Chevalier Barrot , autre Corſaire de Bayonne
, a conduit à Saint-Sébaſtien un Navire Anglois
chargé de 450 barrils de riz & de quelques pelleteries.
1 I
On écrit du Havre de Grace , que le Corſaire
la Comteffe de Filtz-James , de 30 canons , a relâché
à Granville , après s'être longtemps battu
contre un Vaiffeau de guerre ennemi de o cas
Aons , qui n'a pu s'en rendre maître.
AVRIL. 1758. 195
eLe Capitaine Robert , commandant le Corfairela
Comtelle de la Serre , de Dunkerque , y a fait
conduire un Bâtiment , dont la cargaifon compofée
d'indigo , de fucre , de café & d'autres marchandiſes
, eft eftimée plus de trois cents mille
livres.
Le Navire Anglois la Prospérité , de Dublin , a
été pris par le Corfaire la Marquise de Mazelet ,
de Boulogne , qui l'a rançonné pour fept mille
deux cents livres.
Le Comte de Valence , autre Corſaire du même
port , a pris & conduit à Cherbourg un Bâtiment
Anglois chargé de laine , de fer , de taffia , & de
quelques barriques de fucre.
Il est arrivé à Saint- Malo un Corfaire Anglois
appellé la Défiance , de Jerzey, armé de 6 canons ,
6 pierriers & 74 hommes d'équipages : c'eft le
Corfaire la Bellone , de ce port , qui s'en eft rendu
maître.
On mande de Bayonne , que les Capitaines
Guillaume Lavernis & Pierre-Denis Labat , commandant
les Corfaires l'Aurore & le Chevalier
Barrau , de ce port , y ont fait conduire , l'un
le Navire Anglois le Guillaume , dont la cargaifon
confifte en huile de poiffon & en merrains ;
Pautre , un Bâtiment appellé le Tom , de Philadelphie
, chargé de riz.
1.
Le Capitaine de Laire , commandant le Corfaire
la Marquife de Nazelle , de Boulogne , s'eft
emparé des Bateaux Anglois le Moineau & la Bonne-
Amie, & il les a rançonnés , l'un pour so ,
l'autre pour 60 livres fterlings.
Les Corfaires le Comte de Valence & le Comte
d'Ayen , de Boulogne , ont fait conduire à Cherbourg
un petit Navire Anglois chargé de bled.
Le Navire Anglois la Providence , de Bristol ,
I ij
196 , MERCURE DE FRANCE.
armné de 8 canons , & ayant pour chargement 210
boucauts de fucre blanc , 20 tonneaux de gingem
bre , & 200 dents d'éléphant , a été pris par le
Corfaire le Macbault, de Grandville , & conduit
à Morlaix. 2
Le Capitaine Deftouches , commandant le Mara
quis de Marigny , autre Corfaire de Granville , a
rançonné pour 17000 livres un Navire Anglois
dont il s'étoit emparé.
Le Corfaire le Moras , de S. Malo , s'eft rendu
maître du Navire Anglois le Bafton , de 199 100-
neaux , dont la cargaison confifte en 1400 barrils
de goudron , so barrils de brai , & quelques doug
velles .
On mande de Bayonne qu'il y eft arrivé un Nad
vire Anglois appellé le Pemberton , de 450 ton
neaux , armé de 18 canons & de 4s hommes d'é
quipage , dont le Corfaire le Machault , de ce
Port , s'eft rendu maître .
M. l'Abbé Agoult , Chanoine & nouveaut
Doyen de l'Eglife de Paris , fut préſenté au Rož
le 17 Mars.
Le 19 , Dimanche des Rameaux , le Roi , ac
compagné de Monfeigneur le Dauphin , de Ma→
dame la Dauphine , de Madame Infante , de Ma
dame , & de Mefdames Victoire , Sophie & Louife
, affifta à la Bénédiction des Palmes . Cette céré
honie fut faite par M. l'Abbé Gergoy , Chapelain
ordinaire de la Chapelle- Mufique , qui préfenta
ane palme à Sa Majefté. Le Roi affifta de même à
la Proceffion & à l'adoration de la Croix. Enfuite
Sa Majesté entendit la grand'Meffe , qui fut aufft
célébrée par M. l'Abbé Gergoy , & chantée par la
Mufique.
La Reine affifta dans fa tribune à l'Office.
Le Roi ayant donné fon agrément à M. le Marquis
de Gefvres pour fon mariage avec Damoifelle
Françoife-Marie du Guefclin , Leurs Majeftés & la
Famille Royale, en fignerent le contrat le 19 Mars.
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Gefvres la
furvivance du Gouvernement de l'Ile de France
de la Capitainerie Royale de Montceaux , & dis
Brevet de retenue de cinquante mille écus accor
dé au Duc de Trefmes fon pere.
AVRIL. 1758. 189
Leurs Majeftés & la Famille Royale fignerent
auffi le même jour le contrat de mariage de M.
Hérault de Séchelles , Colonel du Régiment de
Rouergue , avec la Demoiſelle de la Lande-
Magon,
Le jeudi-faint , M. l'Evêque de Dol ayant fait
l'Abfoute , & le Roi ayant entendu le Sermon de
la Cêne du Pere Boule , Religieux Cordelier , Sa
Majefté à lavé les pieds à douze pauvres , & les a
fervis à table. M. le Prince de Condé , Grand-
Maître de la Maiſon du Roi , étoit à la tête des
Maîtres d'Hôtel , & il précédoit le fervice. Les
plats étoient portés par Monfeigneur le Dauphin ,
MM. le Duc d'Orléans , le Prince de Conty , le
Comte de la Marche , le Comte d'Eu , le Duc de
Penthievre , & par les principaux Officiers de Sa
Majefté . Après cette cérémonie , le Roi & la Reine
fe font rendus à la Chapelle , où Leurs Majeftés
ont entendu la grand'Meffe , & ont enfuite affifté
à la Proceffion.
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Mont
mort , Major de fes Gardes , l'expectative de Comi
mandeur honoraire de l'Ordre de Saint Louis . Sa
Majefté lui a donné , en attendant , la permiffion
d'en porter les honneurs.
Quatre Bataillons des Gardes Françoiſes font
partis d'ici les 9, 11 , 13 & 15 de Mars pour Saint.
Omer , où ils doivent être rendus en dix jours , &
deux Bataillons des Gardes Suiffes le font mis en
marche le 9 & le 11 pour la ville d'Aire , où ils
ont dû être rendus dans le même eſpace de
temps.
Le Parlement a enrégiftré le ro de Mars deux
nouvelles Déclarations du Roi : la premiere , por
tant Réglement fur la diftribution & le jugement
des procès ou inftances qui étoient pendans dans
186 MERCURE DE FRANCE:
:
les quatrieme & cinquieme Chambres des Enquée
tes du Parlement de Paris , lors de la fuppreffion
d'icelles la feconde , concernant le rembourfement
de foixante Offices de Confeillers Laïcs , de
quatre Offices de Confeillers - Clercs , & d'une
Commiffion des Requêtes du Palais , vacans ou
fupprimés en exécution de l'Edit du mois de Décembre
1756.
La difette exceffive des fourrages a déterminé
M. le Comte de Clermont à paffer le Wefer, pour
fe porter fur Paderbon , & ce Prince s'eft mis en
marche le 17 de Mars.
Le 23 , la Reine entendit le Sermon de la
Cêne de M. l'Abbé d'Eſpiard , Chanoine de la
Métropole de Befançon , & Confeiller Clerc au
Parlement de la même Ville. M. l'Evêque de Dol
fit enfuite l'Abfoute , après laquelle Sa Majefté
lava les pieds à douze pauvres filles & les fervit à
table .M. le Marquis de Chalmazel , premier Maî
tre d'Hôtel de la Reine , précédoit le ſervice , dont
les plats étoient portés par Madame la Dauphine ,
Madame Infante , Madame , Madame Sophie ,
Madame la Princeffe de Condé , les Dames du Palais
, & plufieurs autres Dames de la Cour .
LeursMajeftés & la Famille Royale ſe rendirent
le même jour für les dix heures du ſoir à la Chapelle
du Château , & firent leurs prieres devant
'Autel où le Saint Sacrement étoit en dépôt.
Le 24 , jour du vendredi - faint , le Roi & la
Reine , accompagnés de Monfeigneur le Dauphin
, Madame la Dauphine , Madame Infante ;
Madame , & de Mefdames Victoire , Sophie &
Louife , entendirent le fermon de la paffion du
Pere Chapelain , Jéfaite .
Le 26 , Fête de Pâques , le Roi , la Reine &
la Famille Royale , entendirent la grande Meffe
AVRIL. 1758. 187
célébrée pontificalement par M. l'Evêque de Dol';
& chantée par la mufique.
Le 28 , le Roi , la Reine & la Famille Royale
fignerent le contrat de mariage de M. le Marquis
de Damas- Dantlezy avec Demoifelle Tillieres , &
celui de M. de Lamoignon de Baville , avec la
Demoiſelle Berryer .
Le même jour , le Roi tint le Sceau
vingt-fixieme fois.
pour la
Sa Majesté a donné le Régiment de la Couronne
, vacant par la démiffion du Comte de Pólaftron
, au Comte de Montbarey , Colonel dans le
Régiment des Grenadiers de France , & la place
de Colonel dans le même Régiment , à M. le Mar
quis de Montefquiou , Capitaine dans le Régiment
du Roi , Cavalerie.
Voici le détail qu'on a reçu du fiége de Minden
Le 4 du mois de Mars , l'armée Hanovrienne
déboucha des bois de Thaudozen & y campa le
lendemain 5.Le Prince Héréditaire de Brunſwick
& M. Dauberg , Lieutenant- Colonel , chargés du
fiége , envoyerent fommer M. le Marquis de Morangies
, Lieutenant - Général des Armées du Roi ,
qui commandoit dans Minden , de ſe rendre , en
lui offrant la capitulation qu'il pourroit défirer ..
M. le Marquis de Morangies refufa toute propofition
, & répondit qu'il vouloit fe défendre. Le
même jour , la place fut inveftie par toute l'armée.
Le 6 , le Prince Ferdinand de Brunſwick s'empara
des gorges en avant de Minden , & établit fon
Quartier Général à Hill . La nuit du 6 au 7 , Pennemi
ouvrit la tranchée devant la place hors de la
portée du canon , & dans la nuit du 7 il perfectionna
la premiere parallele. Le 8 , M. le Marquis
de Morangies ordonna une fortie de so Volontaires
d'Infanterie & de sa Volontaires de Hay
188 MERCURE DE FRANCE.
nault à cheval , pour aller enlever dans les Villa
ges voisins , où l'ennemi avoit des poftes de ca
valerie , des moutons , des boeufs , des , vaches &
d'autres provifions ; ce qui fut exécuté fans peine ,
parce que les ennemis fe retirerent à l'approche
du détachement qu'ils crurent plus nombreux:
ainfi le convoi entra dans la place fans aucun inconvénient.
Le 9 , les affiégeans poufferent deux
zigzags en avant dans la premiere parallele. Le
10 , ils formerent la feconde parallele & acheverent
d'embraffer le front de l'attaque. Le même
jour , M. le Marquis de Morangies ordonna une
fortie de 100 hommes , pour faire entrer du bois
dans la place , dont la garnifon paffoit toutes les
nuits au bivouac , ainfi que pour reconnoître en
même temps les travaux des ennemis & les tâter.
Le feu fut affez vif de part & d'autre ; on leur tua
10 à 12 hommes , & les deux objets furent remplis.
Le 11 , les ennemis poufferent deux zigzags
en avant de la feconde parallele , & ils établirent
deux batteries de trois pieces de canon chacune ,
qui tirerent avec fi peu de fuccès , qu'ils firent
ceffer. Dans l'après-midi du même jour , ils éta
blirent une autre batterie de trois pieces de canon
qui tira fur la place : cette batterie fut bientôt
éteinte par le feu fupérieur de notre artillerie . Lé
12 , les ennemis établirent cinq batteries de fix
pieces de canon de 17 & de 33 , & une batterie
de fix mortiers , qui jettoient des bombes de huit
pouces. Toutes ces batteries furent en état de tirer
Le matin , à la réſerve d'une feule qu'ils ne démaf
querent point : quelques maifons du rempart furent
endommagées ; cependant leur feu n'eut pas.
un grand fuccès , parce qu'on leur oppofa un feu
d'artillerie qui les incommoda beaucoup . Le mê
me jour , on commanda cinq Compagnies de Gre↓
AVRIL. 1758. 189
nadiers & cinquante Volontaires , pour faire une
fortie & pour attaquer la tranchée. L'ennemi fa
trouva partout en force , parce que précisément
alors on relevoit la tranchée. Le 13 , les ennemis
firent la troisieme parallele & rapprocherent leurs
batteries à so toifes de la contrefcarpe ; ils firent
pendant toute la journée un feu terrible , & ils jetterent
une fi prodigieufe quantité de bombes dans
la Ville , qu'ils y mirent feu . Le foir , nos batte
ries fe trouverent en mauvais ordre & la poudre
manqua. Dans cette extrêmité , les Commandans
des Corps s'affemblerent chez M. le Marquis de
Morangies , où il fut conclu de rendre la place.
Pat la capitulation , qui fut fignée le 14 , la Garni
fon a été faite prifonniere de guerre.
M. le Duc de Broglie a évacué Caffel , & il s'eft
mis en marche le 23 avec toutes les Troupes qui
fent fous les ordres , pour joindre l'armée de M.
le Comte de Clermont. Il n'y a aucun Corps ennemi
à portée de s'opposer à cette jonction.
Le onzième tirage de la premiere Loterie
Royale , fe fit le 16 du mois dernier & les jours
faivans. Le principal lot eft échu au numero 376393
le fecond lot au numero 27416 , & la prime de
20000 livres au numero 19214.
Le Roi , la Reine , & la Famille Royale fignerent
le 2 d'Avril , le contrat de mariage de M.
le Marquis de Chauvelin , Lieutenant- Général
des Armées de Sa Majefté , & fon Ambaffadeur
auprès du Roi de Sardaigne , avec la Demoiſelle
Mazade d'Argeville , & celui de M. le Marquis
d'Avarey , avec Angélique- Adélaïde Sophie de
Mailly-de Rubempre.
Le trois Avril , le Duc d'Aumont , Premier
Gentilhomme de la Chambre , & la Ducheffe de
Luynes , Dame d'Honneur de la Reine , tinrent
190 MERCURE DE FRANCE.
au nom du Roi & de la Reine fur les fonts de Bap
tême , à la Paroiffe du Château , l'enfant du fieur
Chatelain , Contrôleur ordinaire de la Bouche du
Roi.
Le cinq , le Baron de Lichtenſtein , Miniſ
tre Plénipotentiaire du Duc de Saxe-Gotha , eur
une audience particuliére du Roi , dans laquelle il
préfenta à Sa Majefté ſes Lettres de rappel. Il fut
conduit à cette audience , ainſi qu'à celles de la
Reine , de Monfeigneur le Dauphin , de Madame
la Dauphine , de Monfeigneur le Duc de Bourgo
gne , de Monſeigneur le Duc de Berry , de Monfeigneur
le Comte de Provence , de Madame Infante
, de Madame , & de Meſdames Victoire , So.
phie & Louife , par le fieur Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs.
Le même jour , M. l'Evêque d'Orleans prêta ferment
entre les mains du Roi , pour l'Evêché de
Condom ; & M. l'Evêque de Digne , pour l'Evê,
ché d'Orleans.
Suivant la difpofition faite par le Roi des emplois
de la Gendarmerie , la Soulieutenance des
Gendarmes de Flandres eſt donnée à M. le Cointe
de Saint-Chamans, premier Cornette ; la premiere
Cornette des Chevaux- Légers de Bourgogne, à M.
le Baron de Breteuil , Guidon ; le Guidon des Gendarmes
d'Orléans , à M. le Comte de Noé , Capitaine
dans le Régiment de Cavalerie de Viefville ;
la Soulieutenance des Chevaux- Légers d'Orléans ,
à M. le Comte de Fougieres , Enſeigne ; l'Enfeigne
des Gendarmes d'Orléans , à M. le Comte de
Choifeul-Savigny , fecond Cornette ; la feconde
Cornette des Chevaux - Légers de la Reine , à M.
de Marquis de Crenolles , Lieutenant dans le Régiment
d'Infanterie du Roi,; .la Compagnie des
Chevaux-Légers de Bourgogne , à M. le Comte
A VRIL. 1758. 191
Herbouville , Soulieutenant ; la Soulieutenance
des Gendarmes d'Aquitaine , à M. le Comte de Cuf
tines de Guermnage, Enfeigne; l'Enſeigne des Gendarmes
de Flandres , à M.le Comte de Roncé fecond
Cornette; la feconde Cornette des Chevaux - Légers
d'Orléans , à M. le Baron de Choiſeul- Buffiere
Lieutenant dans le Régiment du Roi , Infanterie ;
le Guidon des Gendarmes Ecoffois , à M. le Comte
de Saiffeval , Guidon des Gendarmes de Berry ;
le Guidon des Gendarmes de Berry , à M. le Mar
quis le Veneur , Moufquetaire ; le Guidon des
Gendarmes Bourguignons , à M. le Marquis de
Valençay , Capitaine dans le Régiment du Commiffaire
Général de la Cavalerie ; la Soulieute
nance des Gendarmes Bourguignons , à M. le
Marquis de Carvoifin d'Achy , Enſeigne ; l'Enfeigne
des Gendarmes Dauphins , à M. le Comte
de Caftellane , fecond Cornette ; l'Enfeigne des
Gendarmes de Bourgogne , à M. le Marquis de
Seran , Guidon ; le Guidon des Gendarmes Dauphins
, à M. le Comte Dauvet , Aide- Major dans
le Régiment des Gardes Françoifes ; la feconde
Cornette des Chevaux- Légers d'Aquitaine , à M.
le Marquis de Lambertie , Moufquetaire , & le.
Guidon des Gendarmes de Flandres , à M. le Mar
quis d'Houdetot , Lieutenant en fecond dans le
Régiment du Roi , Infanterie.
Sa Majesté vient d'accorder des Croix de Saint
Louis & différentes graces aux Officiers qui ſe font
diftingués à l'attaque du pont de Weiffenfels , fous
les ordres de M. le Marquis de Crillon . Les Gre
nadiers des deux Compagnies du Régiment de
Saint Chamond , qui dans cette action ont mar
qué beaucoup de valeur , ont auffi reçu du Roi
chacun une gratification.
Le Roi a nommé Brigadier d'Infanterie M. de
2192 MERCURE DE FRANCE.
Buffy , qui , depuis fept ans , commande en chef
les Troupes Françoifes dans le Dekan aux Indes
Occidentales.
L'Armée du Comte de Clermont eſt arrivée à
Wezel , fans avoir été inquiétée dans fa marche.
Les Troupes qui étoient dans Caffel & dans le
pays de Hefle , font actuellement à Duffeldorp ,
Capitale du Duché de Bergues , & dans les environs
de cette Ville . Elles s'y font rendues , fans
rencontrer le moindre obſtacle de la part des ennemis.
La nuit du 3 Mars au premier Avril , M. le
Comte de Clermont fut attaqué d'une violente &
douloureuſe efquinancie , qui a mis ſa vie en danger.
Il a été faigné trois fois dans le même jour ,
& on a employé fi à propos les remedes convenables
, que la fanté de ce Prince eft parfaitement
Tétablie.
Les Gazettes d'Angleterre font monter le nombre
des vaiffeaux que les François leur ont pris ,
depuis le 29 Octobre 1757 , juſqu'au 10 Janvier
dernier , à cent cinquante-deux , non compris
plufieurs autres bâtimens , comme chaloupes &
Bateaux de Pêcheurs , & le nombre des vailleaux
François pris par les Anglois , pendant le même
temps , à cent navires. Ainfi , felon eux , nos prifes
excedent les leurs d'environ foixante vaiffeaux.
Le Capitaine Guitton , commandant le Corfaire
le Don de Dieu , de Calais , a rançonné pour
125 guinées deux bâteaux Anglois dont il s'étoit
emparé!
Le Corfaire le Machault , de Granville , a pris
& conduit à Saint- Malo le Navire Anglois le Sa-
Pisbary , de Liverpool, qui alloit à la côte de
Guinée avec une cargaifon d'eau - de- vie , de fer ,
de poudre de guerre , de fufils , de pistolets de
toiles
AVRIL. 1758. 193
toiles peintes , & autres marchandifes propres
pour la traite des Negres.
Le même Corfaire s'eft rendu maître des Navites
Anglois le Recovry & l'Europe , & il les a rançonnés
pour 19 mille livres.
Le Capitaine le Tourneur , commandant le
Mefny , autre Corſaire du même port , y a conduit
un Bateau Anglois chargé de vin de Florence ,
d'huile d'olive & de raiſins .
Le Navire Anglois le Samuel , de 300 tonneaux ,
allant de Saint - Chriftophe à Londres , avec un
chargement compofé de 366 boucaurs de fucre ,
& de 10 bottes de vin de Madere , a été pris par
le Capitaine le Roi , commandant.le Corfaire le
Comte de Langeron de Saint- Malo , où il a été
conduit.
Le Navire Anglois le Laurier, pris par le Cor
faire la Revanche de Dunkerque , a été conduit
dans le port d'Abreuvaç en Bretagne. Il eſt chargé
de tabac , de favon & d'autres marchandiſes.
Les Frégates du Roi , la Calypfo & l'Eclair , ſe
font emparés du Corfaire Anglois le Tartare , de
Briftol , armé de 12 canons , 10 pierriers , 71
hommes d'équipage , & elles l'ont conduit dans
la rade de l'ile Daix.
Le Corfaire la Comteffe de la Serre , de Dunkerque
, y a conduit le Navire Anglois lá Lady-
Liveſtown , de 60 tonneaux , chargé de vin , d'eaude-
vie & de graine de lin.
Le Senaw Anglois la Providence , de 120 tonneaux
, ayant pour cargaifon 8 à 10 barriques
d'eau- de-vie , go barriqués de vieux fer , 7 balles
de lin , & 30 petits barrils de falpêtre , a été pris
par le Corfaire le Moiffonneur , de Calais.
Deux autres Corfaires de ce port , appellés ;
P'un le Don de Dieu , l'autre le Bart, ont remis à
11. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
Dunkerque les ôtages qu'ils ont pris , pour affu
rer le paiement de quatre rançons montant enfemble
à 375 guinées .
Le Navire Anglois les Amis , de 200 tonneaux ,
chargé de farine , de biere , & d'autres vivres &
marchandifes deftinées pour Gibraltar , a été pris
par le Corfaire la Revanche , de Dunkerque , qui
l'a fait conduire au Havre.
Le Corfaire la Bellone , de Saint - Malo , a pris
& conduit à Cherbourg le Navire Anglois le Butterfly
, de 70 tonneaux , chargé de 130 futailles
de vin de Madere .
Il est arrivé à Saint -Malo deux prifes faites par
le Corfaire l'Augufte , de ce port : l'une eft le Senaw
l'Anne , de 120 tonneaux , chargé de riz ,
d'indigo & de bois d'Acajou ; l'autre eft le Sloup
l'Endeavour , de so tonneaux , allant de Briſtol
à la nouvelle Angleterre , avec un chargement de
vivres & d'autres denrées , deſtinés pour cette Colonie.
Le Capitaine Naguille , commandant le Corfaire
le Labourt , de Saint- Jean-de-Luz , a pris &
conduit à Bayonne le Navire Anglois la Liffe , de
Liverpool , ayant pour cargaison 296 boucauts de
fucre , 12 barriques de taffia , 10 barriques d'indigo
, 10 barriques de café , &c. & un autre bâtiment
chargé de goudron.
Le Chevalier Barrot , autre Corſaire de Bayonne
, a conduit à Saint-Sébaſtien un Navire Anglois
chargé de 450 barrils de riz & de quelques pelleteries.
1 I
On écrit du Havre de Grace , que le Corſaire
la Comteffe de Filtz-James , de 30 canons , a relâché
à Granville , après s'être longtemps battu
contre un Vaiffeau de guerre ennemi de o cas
Aons , qui n'a pu s'en rendre maître.
AVRIL. 1758. 195
eLe Capitaine Robert , commandant le Corfairela
Comtelle de la Serre , de Dunkerque , y a fait
conduire un Bâtiment , dont la cargaifon compofée
d'indigo , de fucre , de café & d'autres marchandiſes
, eft eftimée plus de trois cents mille
livres.
Le Navire Anglois la Prospérité , de Dublin , a
été pris par le Corfaire la Marquise de Mazelet ,
de Boulogne , qui l'a rançonné pour fept mille
deux cents livres.
Le Comte de Valence , autre Corſaire du même
port , a pris & conduit à Cherbourg un Bâtiment
Anglois chargé de laine , de fer , de taffia , & de
quelques barriques de fucre.
Il est arrivé à Saint- Malo un Corfaire Anglois
appellé la Défiance , de Jerzey, armé de 6 canons ,
6 pierriers & 74 hommes d'équipages : c'eft le
Corfaire la Bellone , de ce port , qui s'en eft rendu
maître.
On mande de Bayonne , que les Capitaines
Guillaume Lavernis & Pierre-Denis Labat , commandant
les Corfaires l'Aurore & le Chevalier
Barrau , de ce port , y ont fait conduire , l'un
le Navire Anglois le Guillaume , dont la cargaifon
confifte en huile de poiffon & en merrains ;
Pautre , un Bâtiment appellé le Tom , de Philadelphie
, chargé de riz.
1.
Le Capitaine de Laire , commandant le Corfaire
la Marquife de Nazelle , de Boulogne , s'eft
emparé des Bateaux Anglois le Moineau & la Bonne-
Amie, & il les a rançonnés , l'un pour so ,
l'autre pour 60 livres fterlings.
Les Corfaires le Comte de Valence & le Comte
d'Ayen , de Boulogne , ont fait conduire à Cherbourg
un petit Navire Anglois chargé de bled.
Le Navire Anglois la Providence , de Bristol ,
I ij
196 , MERCURE DE FRANCE.
armné de 8 canons , & ayant pour chargement 210
boucauts de fucre blanc , 20 tonneaux de gingem
bre , & 200 dents d'éléphant , a été pris par le
Corfaire le Macbault, de Grandville , & conduit
à Morlaix. 2
Le Capitaine Deftouches , commandant le Mara
quis de Marigny , autre Corfaire de Granville , a
rançonné pour 17000 livres un Navire Anglois
dont il s'étoit emparé.
Le Corfaire le Moras , de S. Malo , s'eft rendu
maître du Navire Anglois le Bafton , de 199 100-
neaux , dont la cargaison confifte en 1400 barrils
de goudron , so barrils de brai , & quelques doug
velles .
On mande de Bayonne qu'il y eft arrivé un Nad
vire Anglois appellé le Pemberton , de 450 ton
neaux , armé de 18 canons & de 4s hommes d'é
quipage , dont le Corfaire le Machault , de ce
Port , s'eft rendu maître .
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En mars 1758, plusieurs événements significatifs se déroulèrent à la cour de France. Le 17 mars, l'abbé Agoult fut présenté au roi en tant que nouveau doyen de l'église de Paris. Le 19 mars, jour des Rameaux, le roi et la famille royale assistèrent à la bénédiction des palmes et à la grand-messe célébrée par l'abbé Gergoy. Le roi approuva le mariage du marquis de Gesvres avec Françoise-Marie du Guesclin et signa leur contrat de mariage. Il accorda également au marquis de Gesvres la survivance du gouvernement de l'Île-de-France et de la capitainerie royale de Montceaux, ainsi qu'un brevet de retenue de cinquante mille écus au duc de Trémoïlle. Le 18 avril, la famille royale signa le contrat de mariage de M. Hérault de Séchelles avec la demoiselle de la Lande-Magon. Le jeudi saint, le roi lava les pieds de douze pauvres et assista à la grand-messe. Quatre bataillons des Gardes Françaises et deux bataillons des Gardes Suisses furent envoyés en renfort à Saint-Omer et Aire. Le Parlement enregistra deux déclarations royales concernant la distribution des procès et le remboursement d'offices vacants. Le 23 mars, la reine écouta le sermon de la Cène de l'abbé d'Espiard et lava les pieds de douze pauvres filles. Le 24 mars, le roi et la reine assistèrent au sermon de la Passion. Le 26 mars, à Pâques, ils assistèrent à la grand-messe célébrée par l'évêque de Dol. Le 28 mars, ils signèrent les contrats de mariage du marquis de Damas-Dantelzy et de M. de Lamoignon de Baville. Le roi nomma le comte de Montbarey au régiment de la Couronne et le marquis de Montesquiou au régiment des Grenadiers de France. Sur le front militaire, le siège de Minden fut marqué par des échanges intenses entre les forces françaises et hanovriennes. La place fut capitulée le 14 avril. Le duc de Broglie évacua Cassel et rejoignit l'armée du comte de Clermont à Wezel. Diverses nominations et distinctions furent accordées aux officiers pour leurs actions distinguées. Le roi nomma également plusieurs officiers à des postes dans la gendarmerie. Sur le front maritime, les troupes françaises se déplacèrent à Duffeldorp, capitale du Duché de Bergues, sans rencontrer de résistance. Le comte de Clermont fut gravement malade le 3 mars mais fut soigné avec succès. Les gazettes anglaises rapportèrent que les Français avaient capturé 152 vaisseaux britanniques entre le 29 octobre 1757 et le 10 janvier 1758, tandis que les Britanniques en avaient capturé 100. Plusieurs corsaires français réalisèrent des prises notables, notamment le capitaine Guitton qui rançonna deux bateaux anglais pour 125 guinées. Divers corsaires capturèrent des navires britanniques chargés de marchandises variées, telles que de l'eau-de-vie, du fer, des armes, du sucre, du tabac, et des denrées alimentaires. Plusieurs de ces prises furent conduites dans des ports français comme Saint-Malo, Cherbourg, et Bayonne. Les frégates royales françaises capturèrent également un corsaire anglais, le Tartare. Plusieurs corsaires français rançonnèrent ou conduisirent à port des navires anglais, augmentant ainsi les prises françaises.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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76
p. 198-203
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 9 du mois d'Avril, M. le Marquis de Paulmy, Ministre d'Etat, [...]
Mots clefs :
Marquis, Maréchal, Roi de France, Parlement, Escadre anglaise, Vaisseaux, Canons, Marchandises, Frégates, Attaque, Princesse, Ducs, Serment, Chevalier, Évêques, Mademoiselle de Charolois, Cérémonie funèbre, Édit du roi, Rentes, Taxes, Capitaines, Corsaires , Combat naval
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &G.
Lag du mois d'Avril, M. le Marquis de Paulmy,
Miniftre d'Etat , prêta ferment entre les mains du
Roi , pour la charge de Tréforier de l'Ordre du
Saint-Efprit.
Les deux nouveaux Maréchaux de France ( MM.
les Comces de Bercheny & de Conflans ) prêterent
auffi ferment le même jour en cette qualité.
Le Roi ayant fait choix de M. le Maréchal Duc
de Befle- Ifle pour remplir la charge de Secrétaire
d'Etat au Département de la Guerre , Sa Majefté
a appellé près de fa perfonne M. de Crémille ,
Lieutenant- Général de fes Armées , pour aider
M. le Maréchal de Belle-Ifle dans les fonctions &
dans les détails de fon Département , & fous les
ordres.
La Vacance du Parlement ayant obligé de remettre
la Proceffion qui fe fait tous les ans le 22
de Mars , en mémoire de la réduction de certe
Capitale fous Pobéiffance de Henry IV , elle fe
fr en la maniere accoutumée le 7 de ce mois. Les
Lettres du Roi avoient été portées la veille aux
Compagnies , dont la préfence y eft requiſe , fuivant
l'ufage , par M. de Gizeux , Maître des cérémonies
de France en furvivance.
L'Efcadre Angloife , commandée par l'Amiral
Hawke , eft entrée le 4 Avril après-midi aux ra
des de la Rochelle , & a mouillé le 5 dans celle
de l'Ifle. Daix . Elle en eft repartie le 7 au matin
M A 1. 1758. 199
Cette Efcadre étoit compofée de fept Vaiffeaux de
ligne le Ramillies , de yo canons , le Royal-
Georges & le Royal- Guillaume , de 100 canons
chacun ; le Torbay , de 74 ; le Bedford , de 70 ;
l'Intrépide , de 64 ; & le Windſor , de 60 , avec
trois Frégates & un Senaw. L'Amiral Hauke a fait
débarquer quelque monde à l'ifle Daix , & y a
fait brûler les plattes formes , outils de travailleurs
, tombereaux , charettes , fauciffons , fafcinages
, ponts , & généralement tout ce qui s'eft
trouvé de combuftible dans les fortifications provifionnelles
que l'on y exécutoir. Tous les habitans
& ouvriers qui étoient à l'Iſle Daix , s'en étoient
retirés à Fouras dans le moment où l'Eſcadre Angloife
a paru , & il n'y étoit resté que quelques
Soldats. Les Anglois en ont emmené fept ou huit
avec eux. Les Vaiffeaux du Roi le Floriffant , le
Dragón , le Sphinx , le Hardy & le Warwick , qui
étoient en rade avec quelques Frégates , n'étant
point en état de réfilter à des forces fi fupérieures ,
fe font réfugiés dans la Charente entre Fouras &
l'Iſle Madame , & ils s'y font entraversé de maniere
à empêcher Pentrée de la riviere à l'Efcadre
Angloife , fi elle eût fair quelques tentatives pour
forcer le paffage. On avoit fait des difpofitions à
Rochefort , pour nuire par tous les moyens praticables
aux Vaiffeaux Anglois , s'ils n'en avoient
pas prévenu l'effet par leur retraite . Cependant les
Chaloupes canonnieres Anguille & l'Aventure ,
armées chacune d'un canon de 24 , & comman→
dées par les fieurs de Kergariou & de Camiran
Enfeignes de Vaiffeau, ont fort incommodé le
Vaiffeau Anglois l'Intrépide , qui étoit échoué fur
le banc de Boyard , & qui attendoit la haute mer
pour le mettre à flor. Nos Chaloupes feroient même
parvenues à le défemparer , fans le Vaiffeau le
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
Windfor & quelques Frégates qui ont mis fours
voile pour le dégager . Les Fregates . la Thetis
l'Anemone & l'Ecureuil , commandées par les
fieurs de Goimpy , de Feuquieres , Lieutenant de
Vaiffeau , du Guafpern & de Queralbeau , Enfeignes
, conduifoient un convoi de Navires de commerce
de Breft à Rochefort . L'Anemone a gagné
l'entrée de la Charente avec une partie du convoi
, & le refte s'eft mis fous la protection de la
Citadelle de Saint-Martin de Ré , avec les Fregates
la Thetis & l'Ecureuil. Cette premiere s'eft même
emparé dans le Pertuis - Breton du Corſaire Anglois
le Franc-Maçon , de 10 carrons & de 70 hommes
d'équipage , & l'a fait entrer à Saint -Martin
de Ré à la vue de l'Efcadre Angloiſe.
Le 14 Avril , le Roi tint le Sceau pour la vingtfeptieme
fois.
Sa Majefté , à l'occafion de la mort de Mademoiſelle
de Charolois , alla le même jour rendre
vifite à la Princeffe de Conty , & à Mademoiſelle
de Sens , chez qui fe trouverent le Prince & la
Princeffe de Condé .
La Reine , Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfeigneur le Duc de Bourgogne,
Monſeigneur le Duc de Berry , Monfeigneur le
Comte de Provence , Madame Infante , Madame
& Mefdames Victoire & Louiſe , vifiterent auffi
ces Princeffes .
Le 15 , la Princeffe de Conty & Mademoiſelle
de Sens , allerent faire leurs révérences au Roi , à
la Reine & à la Famille Royale.
Le même jour , Madame Louife donna le voile
à la Dame de Ziner , dans l'Abbaye de Saint Cyr.
Le 19 , MM. l'Evêque de Digne & l'Evêquè
d'Aire prêterent ferment entre les mains du Roi .
Les fieurs Guyot de Saint- Amand & de Gangy
MA 1.1758. 201
4
prêterent ferment entre les mains du Roi le 9 du
même mois ; le premier , pour la charge de Lieutenant
de Roi de la Province du Chalonnois ; le
fecond , pour la charge de Lieutenant de Roi au
Département & Sénéchauffée de Poitiers & de Lu
fignan.
Le Roi reçut le même jour Chevaliers de l'Ordre
Royal & Militaire de Saint Louis , M. le Marquis
de Foffeufe , Capitaine- Lieutenant des Gendarmes
de la Reine , Menin de Monfeigneur le
Dauphin , & MM. les ) Comtes de Biernay , Soulieutenant
des Gendarmes de Berry ; de Lordat ,
Soulieutenant des Chevaux- Légers de Bretagne ;
de Murinais , premier Cornette des Chevaux - Legers
d'Aquitaine ; de Noé & de Saiffeval , Guidons
de Gendarmerie.
M. PEyêque de Digne a été facré le 16 Avril
dans l'Eglife des Miffions Etrangeres , par M.
l'Archevêque d'Embrun , affifté des Evêques de
Dol & de Vence,
M. l'Evêque d'Aire,a été facré le même jour à
Meaux par l'Evêque de cette derniere Ville , affifté
de l'ancien Evêque de Troyes & de celui de
Condom.
L'Académie Royale des Sciences ayant élu le
feur Bezout & le Comte de Lauragais , pour remplir
les deux places d'Adjoints - Méchaniciens , va
cantes par la promotion de M. le Chevalier d'Arcy
& de M. Yaucanfon à celles d'Affociés Ordinaires
, le Roi a bien voulu agréer fon choix.
Le Corps de Mademoiſelle de Charolois , après
avoir été embaumé , a été expofé pendant plufeurs
jours dans une Chambre de parade , éclairée.
par un grand nombre de lumieres , & tendue de
blanc. Il fut porté le 13 Avril au Couvent des
Carmelites du Fauxbourg Saint Jacques , pour y
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
être inhumé. Le cortège du Convoi étoit compoft
de cent Pauvres , couverts de draps gris , & tenant
chacun un fambeau ; des Officiers , des Suiffes &
des Valets de Chambre de la Princeffe à cheval
de plus de cent cinquante Valers de pieds , de fept
Carroffes drapés à fix chevaux harnachés & capa
raçonnés de noir , qui étoient remplis par les
Ecuyers , les Gentilshommes , les principaux Of
heiers , & les Femmes de Chambres ; & de deux
Carroles à huit chevaux. Dans le premier de ces
deux Carroffes , étoit le Corps de la Princeffe
avec les deur Aumôniers. La Princeffe de Condé
étoit dans le fecond avec la Princeffe de Rohan
la Dame de Renty , fa Dame d'Honneur , la Dame
du Guefelin , fa Dame de Compagnie , & les
Dames attachées à la Princeffe défunte. Lorsqu'on
fut aux Carmelites , le Corps fat defcendu du Carroffe
par les huit Valers de Chambre, & porté fous
le portique intérieur de l'Eglife , ou les Religieufes
, tenant chacune un cierge à la main , étoient
rangées à droite & à gauche avec trente Eeclefiafriques
, le Supérieur de la Maifon à leur tête. L'Evêque
de Valence en camail & en rochet , accom
pagné du Curé de Saint Sulpice en étole ; en préfentant
le Corps & le Coeur de la Princeffe aux
Carmelites , leur fit un difcours auquel le Supé
rieur répondit , enfuite ces Religieufes commencerent
l'Office des Morts. Les prietes finies , les
hair Valets de Chambre porterent le Corps près de
la foffe , & Py ayant defeende , le Ceur fur pofe
fur la croix du cerceuil . La Princeffe de Condé qui
menoit le deuil , étoit en longue mante , dont la
queue étoit portée par le fieur de Tourailles , for
fecond Ecuyer.
On vient de publier un Edit du Roi portant
création de trois millions deur cens mille livres
MAI. 1758.
203
actuelles & effectives de Rentes héréditaires à
quatre pour cent fur les Aydes & Gabelles , par
forme de remplacement des Rentes créées par
l'Edit de Juin 1720. Chaque conſtitution particuliere
defdites Rentes ne pourra être moindre que
de mille livres de principal , qui produiront quarante
livres de rente. Il n'y aura fur ces Rentes
aucune retenue de vingtieme ni des deux fols pour
livre du dixieme , & de toutes autres impofitions.
Les Communautés Eccléfiaftiques , les Hôpitaux ,
& tous gens de main- morte , ainfi que les Etran
gers non-naturalifés & ceux mêmes qui demeure-
Font hots du Royaume , pourront acquérir lefdites
Rentes & en jouir , fans être obligés à aucune
formalité, ni payer aucuns droits d'amortiffemens.
On pourra en tranfmettre la propriété à d'autres
par voie de réconftitution. A commencer du premier
Janvier 1760 , on remboursera tous les ans
en deniers comptans une partie des capitaux defdites
Rentes jufqu'à leur extinétion totale , & ce
remboursement fe fera par la voie du fort , en
forme de Loterie , en la maniere qu'il eft porté &
expliqué par l'Edit . Les capitaux desdites Rentes
feront fournis moitié en argent, moitié en contrats .
Les lettres de Livourne annoncent que la Frégate
la Rofe , de 16 canons , commandée par le
feur de Sade , Capitaine de Vaiffeau , a conduit
à Malte le 9 Mars le Corſaire Anglois le Léopard,
de 36 canons , dont elle s'eft emparé après um
long combat.
•
Le Capitaine Ferdinand de Renaud , qui commande
le Corfaire le Duc d'Ayen , de Boulogne ,
s'eft rendu maître des Brigantins Anglois le Sal
tens, chargéd'orge & de farine,& laFortune, ayant
pour cargaifon du fucre ,du fel , des vins , des fruits,
&c. & il les a fait conduire à Dunkerque. Le mê-
I vj
204 MERCURE DE FRANCE .
me Corfaire a pris un troifieme Bâtiment Anglois
chargé de charbon de terre , qui s'est échoué aux
environs d'Oftende .
Le Navire Anglois le Thomlefon , d'Antigues ,
'de 200 tonneaux , chargé de fucre & de coton
eft arrivé à Morlaix : il a été pris par le Corfaire
le Comte de Langeron , de Saint -Malo..
On mande de Marfeille , qu'il y a été conduit
un Brigantin Anglois appellé le Conftant , chargé
raifins fecs , qui a été pris par les Corfaires la
Conftance & le Charron , de ce port .
Le Corfaire la Ville- Helio , de Vannes , ayant
rencontré le 17 Juillet dernier au Cap Finiſtere
le Navire Anglois l'Elifabeth , forti de Roterdam
le 2 du même mois fous pavillon Hollandois , le
fomma d'amener & d'exhiber fes papiers . Ce Bâtiment
ayant refuſé d'amener , le Corſaire François
l'attaqua , & après un combat fanglant , s'en rendit
maître à l'abordage . Cette prife fi légitime a
fait l'objet d'une conteftation qui a été jugée le 8
de ce mois au Confeil des Prifes , en faveur du
Corfaire de Vannes. Elle eft eftimée plus de quatre
cens mille livres.
Le Capitaine Adrien de Lille , commandant le
Corfaire la Fulvie , de Dunkerque , s'eft rendu
maître des Navires Anglois l'Ellis , de Liverpool ,
de 200 tonneaux , armé de 4 canons & de 15 hommes
, & la Providence , de Briſtol , de 350 tonneaux
, armé de 24 canons & de 60 hommes. Ces
deux Bâtimens , qui alloient à la Jamaïque chacun
avec un chargement confiftant en vivres & en
marchandifes feches , ont été conduits à Morlaix .
Le Capitaine de Lille , en fociété avec le Corſaire
le Maurepas , de Dunkerque , a fait de plus pour
environ cinquante mille livres de rançons.
Le Navire Anglois l'Ulyffe , de la Nouvelle .
MA I. 1758 . 203
Yorck, d'où il venoit avec un chargement compofé
de bois de campêche, & de 80 barrils de goudron
, a été pris par le Corfaire l'Espérance , de
Bayonne, où il eft arrivé.
Le Capitaine Durbecq- de la Ciotat , commandant
la Galliote la Curieufe , qui a été armée en
courſe à Marſeille au mois de Janvier dernier , s'eft
rendu maître à la hauteur de Malaga , d'un Navire
Anglois dont le Capitaine a offert deux mille livres
fterlings pour fa rançon .
Lag du mois d'Avril, M. le Marquis de Paulmy,
Miniftre d'Etat , prêta ferment entre les mains du
Roi , pour la charge de Tréforier de l'Ordre du
Saint-Efprit.
Les deux nouveaux Maréchaux de France ( MM.
les Comces de Bercheny & de Conflans ) prêterent
auffi ferment le même jour en cette qualité.
Le Roi ayant fait choix de M. le Maréchal Duc
de Befle- Ifle pour remplir la charge de Secrétaire
d'Etat au Département de la Guerre , Sa Majefté
a appellé près de fa perfonne M. de Crémille ,
Lieutenant- Général de fes Armées , pour aider
M. le Maréchal de Belle-Ifle dans les fonctions &
dans les détails de fon Département , & fous les
ordres.
La Vacance du Parlement ayant obligé de remettre
la Proceffion qui fe fait tous les ans le 22
de Mars , en mémoire de la réduction de certe
Capitale fous Pobéiffance de Henry IV , elle fe
fr en la maniere accoutumée le 7 de ce mois. Les
Lettres du Roi avoient été portées la veille aux
Compagnies , dont la préfence y eft requiſe , fuivant
l'ufage , par M. de Gizeux , Maître des cérémonies
de France en furvivance.
L'Efcadre Angloife , commandée par l'Amiral
Hawke , eft entrée le 4 Avril après-midi aux ra
des de la Rochelle , & a mouillé le 5 dans celle
de l'Ifle. Daix . Elle en eft repartie le 7 au matin
M A 1. 1758. 199
Cette Efcadre étoit compofée de fept Vaiffeaux de
ligne le Ramillies , de yo canons , le Royal-
Georges & le Royal- Guillaume , de 100 canons
chacun ; le Torbay , de 74 ; le Bedford , de 70 ;
l'Intrépide , de 64 ; & le Windſor , de 60 , avec
trois Frégates & un Senaw. L'Amiral Hauke a fait
débarquer quelque monde à l'ifle Daix , & y a
fait brûler les plattes formes , outils de travailleurs
, tombereaux , charettes , fauciffons , fafcinages
, ponts , & généralement tout ce qui s'eft
trouvé de combuftible dans les fortifications provifionnelles
que l'on y exécutoir. Tous les habitans
& ouvriers qui étoient à l'Iſle Daix , s'en étoient
retirés à Fouras dans le moment où l'Eſcadre Angloife
a paru , & il n'y étoit resté que quelques
Soldats. Les Anglois en ont emmené fept ou huit
avec eux. Les Vaiffeaux du Roi le Floriffant , le
Dragón , le Sphinx , le Hardy & le Warwick , qui
étoient en rade avec quelques Frégates , n'étant
point en état de réfilter à des forces fi fupérieures ,
fe font réfugiés dans la Charente entre Fouras &
l'Iſle Madame , & ils s'y font entraversé de maniere
à empêcher Pentrée de la riviere à l'Efcadre
Angloife , fi elle eût fair quelques tentatives pour
forcer le paffage. On avoit fait des difpofitions à
Rochefort , pour nuire par tous les moyens praticables
aux Vaiffeaux Anglois , s'ils n'en avoient
pas prévenu l'effet par leur retraite . Cependant les
Chaloupes canonnieres Anguille & l'Aventure ,
armées chacune d'un canon de 24 , & comman→
dées par les fieurs de Kergariou & de Camiran
Enfeignes de Vaiffeau, ont fort incommodé le
Vaiffeau Anglois l'Intrépide , qui étoit échoué fur
le banc de Boyard , & qui attendoit la haute mer
pour le mettre à flor. Nos Chaloupes feroient même
parvenues à le défemparer , fans le Vaiffeau le
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
Windfor & quelques Frégates qui ont mis fours
voile pour le dégager . Les Fregates . la Thetis
l'Anemone & l'Ecureuil , commandées par les
fieurs de Goimpy , de Feuquieres , Lieutenant de
Vaiffeau , du Guafpern & de Queralbeau , Enfeignes
, conduifoient un convoi de Navires de commerce
de Breft à Rochefort . L'Anemone a gagné
l'entrée de la Charente avec une partie du convoi
, & le refte s'eft mis fous la protection de la
Citadelle de Saint-Martin de Ré , avec les Fregates
la Thetis & l'Ecureuil. Cette premiere s'eft même
emparé dans le Pertuis - Breton du Corſaire Anglois
le Franc-Maçon , de 10 carrons & de 70 hommes
d'équipage , & l'a fait entrer à Saint -Martin
de Ré à la vue de l'Efcadre Angloiſe.
Le 14 Avril , le Roi tint le Sceau pour la vingtfeptieme
fois.
Sa Majefté , à l'occafion de la mort de Mademoiſelle
de Charolois , alla le même jour rendre
vifite à la Princeffe de Conty , & à Mademoiſelle
de Sens , chez qui fe trouverent le Prince & la
Princeffe de Condé .
La Reine , Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfeigneur le Duc de Bourgogne,
Monſeigneur le Duc de Berry , Monfeigneur le
Comte de Provence , Madame Infante , Madame
& Mefdames Victoire & Louiſe , vifiterent auffi
ces Princeffes .
Le 15 , la Princeffe de Conty & Mademoiſelle
de Sens , allerent faire leurs révérences au Roi , à
la Reine & à la Famille Royale.
Le même jour , Madame Louife donna le voile
à la Dame de Ziner , dans l'Abbaye de Saint Cyr.
Le 19 , MM. l'Evêque de Digne & l'Evêquè
d'Aire prêterent ferment entre les mains du Roi .
Les fieurs Guyot de Saint- Amand & de Gangy
MA 1.1758. 201
4
prêterent ferment entre les mains du Roi le 9 du
même mois ; le premier , pour la charge de Lieutenant
de Roi de la Province du Chalonnois ; le
fecond , pour la charge de Lieutenant de Roi au
Département & Sénéchauffée de Poitiers & de Lu
fignan.
Le Roi reçut le même jour Chevaliers de l'Ordre
Royal & Militaire de Saint Louis , M. le Marquis
de Foffeufe , Capitaine- Lieutenant des Gendarmes
de la Reine , Menin de Monfeigneur le
Dauphin , & MM. les ) Comtes de Biernay , Soulieutenant
des Gendarmes de Berry ; de Lordat ,
Soulieutenant des Chevaux- Légers de Bretagne ;
de Murinais , premier Cornette des Chevaux - Legers
d'Aquitaine ; de Noé & de Saiffeval , Guidons
de Gendarmerie.
M. PEyêque de Digne a été facré le 16 Avril
dans l'Eglife des Miffions Etrangeres , par M.
l'Archevêque d'Embrun , affifté des Evêques de
Dol & de Vence,
M. l'Evêque d'Aire,a été facré le même jour à
Meaux par l'Evêque de cette derniere Ville , affifté
de l'ancien Evêque de Troyes & de celui de
Condom.
L'Académie Royale des Sciences ayant élu le
feur Bezout & le Comte de Lauragais , pour remplir
les deux places d'Adjoints - Méchaniciens , va
cantes par la promotion de M. le Chevalier d'Arcy
& de M. Yaucanfon à celles d'Affociés Ordinaires
, le Roi a bien voulu agréer fon choix.
Le Corps de Mademoiſelle de Charolois , après
avoir été embaumé , a été expofé pendant plufeurs
jours dans une Chambre de parade , éclairée.
par un grand nombre de lumieres , & tendue de
blanc. Il fut porté le 13 Avril au Couvent des
Carmelites du Fauxbourg Saint Jacques , pour y
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
être inhumé. Le cortège du Convoi étoit compoft
de cent Pauvres , couverts de draps gris , & tenant
chacun un fambeau ; des Officiers , des Suiffes &
des Valets de Chambre de la Princeffe à cheval
de plus de cent cinquante Valers de pieds , de fept
Carroffes drapés à fix chevaux harnachés & capa
raçonnés de noir , qui étoient remplis par les
Ecuyers , les Gentilshommes , les principaux Of
heiers , & les Femmes de Chambres ; & de deux
Carroles à huit chevaux. Dans le premier de ces
deux Carroffes , étoit le Corps de la Princeffe
avec les deur Aumôniers. La Princeffe de Condé
étoit dans le fecond avec la Princeffe de Rohan
la Dame de Renty , fa Dame d'Honneur , la Dame
du Guefelin , fa Dame de Compagnie , & les
Dames attachées à la Princeffe défunte. Lorsqu'on
fut aux Carmelites , le Corps fat defcendu du Carroffe
par les huit Valers de Chambre, & porté fous
le portique intérieur de l'Eglife , ou les Religieufes
, tenant chacune un cierge à la main , étoient
rangées à droite & à gauche avec trente Eeclefiafriques
, le Supérieur de la Maifon à leur tête. L'Evêque
de Valence en camail & en rochet , accom
pagné du Curé de Saint Sulpice en étole ; en préfentant
le Corps & le Coeur de la Princeffe aux
Carmelites , leur fit un difcours auquel le Supé
rieur répondit , enfuite ces Religieufes commencerent
l'Office des Morts. Les prietes finies , les
hair Valets de Chambre porterent le Corps près de
la foffe , & Py ayant defeende , le Ceur fur pofe
fur la croix du cerceuil . La Princeffe de Condé qui
menoit le deuil , étoit en longue mante , dont la
queue étoit portée par le fieur de Tourailles , for
fecond Ecuyer.
On vient de publier un Edit du Roi portant
création de trois millions deur cens mille livres
MAI. 1758.
203
actuelles & effectives de Rentes héréditaires à
quatre pour cent fur les Aydes & Gabelles , par
forme de remplacement des Rentes créées par
l'Edit de Juin 1720. Chaque conſtitution particuliere
defdites Rentes ne pourra être moindre que
de mille livres de principal , qui produiront quarante
livres de rente. Il n'y aura fur ces Rentes
aucune retenue de vingtieme ni des deux fols pour
livre du dixieme , & de toutes autres impofitions.
Les Communautés Eccléfiaftiques , les Hôpitaux ,
& tous gens de main- morte , ainfi que les Etran
gers non-naturalifés & ceux mêmes qui demeure-
Font hots du Royaume , pourront acquérir lefdites
Rentes & en jouir , fans être obligés à aucune
formalité, ni payer aucuns droits d'amortiffemens.
On pourra en tranfmettre la propriété à d'autres
par voie de réconftitution. A commencer du premier
Janvier 1760 , on remboursera tous les ans
en deniers comptans une partie des capitaux defdites
Rentes jufqu'à leur extinétion totale , & ce
remboursement fe fera par la voie du fort , en
forme de Loterie , en la maniere qu'il eft porté &
expliqué par l'Edit . Les capitaux desdites Rentes
feront fournis moitié en argent, moitié en contrats .
Les lettres de Livourne annoncent que la Frégate
la Rofe , de 16 canons , commandée par le
feur de Sade , Capitaine de Vaiffeau , a conduit
à Malte le 9 Mars le Corſaire Anglois le Léopard,
de 36 canons , dont elle s'eft emparé après um
long combat.
•
Le Capitaine Ferdinand de Renaud , qui commande
le Corfaire le Duc d'Ayen , de Boulogne ,
s'eft rendu maître des Brigantins Anglois le Sal
tens, chargéd'orge & de farine,& laFortune, ayant
pour cargaifon du fucre ,du fel , des vins , des fruits,
&c. & il les a fait conduire à Dunkerque. Le mê-
I vj
204 MERCURE DE FRANCE .
me Corfaire a pris un troifieme Bâtiment Anglois
chargé de charbon de terre , qui s'est échoué aux
environs d'Oftende .
Le Navire Anglois le Thomlefon , d'Antigues ,
'de 200 tonneaux , chargé de fucre & de coton
eft arrivé à Morlaix : il a été pris par le Corfaire
le Comte de Langeron , de Saint -Malo..
On mande de Marfeille , qu'il y a été conduit
un Brigantin Anglois appellé le Conftant , chargé
raifins fecs , qui a été pris par les Corfaires la
Conftance & le Charron , de ce port .
Le Corfaire la Ville- Helio , de Vannes , ayant
rencontré le 17 Juillet dernier au Cap Finiſtere
le Navire Anglois l'Elifabeth , forti de Roterdam
le 2 du même mois fous pavillon Hollandois , le
fomma d'amener & d'exhiber fes papiers . Ce Bâtiment
ayant refuſé d'amener , le Corſaire François
l'attaqua , & après un combat fanglant , s'en rendit
maître à l'abordage . Cette prife fi légitime a
fait l'objet d'une conteftation qui a été jugée le 8
de ce mois au Confeil des Prifes , en faveur du
Corfaire de Vannes. Elle eft eftimée plus de quatre
cens mille livres.
Le Capitaine Adrien de Lille , commandant le
Corfaire la Fulvie , de Dunkerque , s'eft rendu
maître des Navires Anglois l'Ellis , de Liverpool ,
de 200 tonneaux , armé de 4 canons & de 15 hommes
, & la Providence , de Briſtol , de 350 tonneaux
, armé de 24 canons & de 60 hommes. Ces
deux Bâtimens , qui alloient à la Jamaïque chacun
avec un chargement confiftant en vivres & en
marchandifes feches , ont été conduits à Morlaix .
Le Capitaine de Lille , en fociété avec le Corſaire
le Maurepas , de Dunkerque , a fait de plus pour
environ cinquante mille livres de rançons.
Le Navire Anglois l'Ulyffe , de la Nouvelle .
MA I. 1758 . 203
Yorck, d'où il venoit avec un chargement compofé
de bois de campêche, & de 80 barrils de goudron
, a été pris par le Corfaire l'Espérance , de
Bayonne, où il eft arrivé.
Le Capitaine Durbecq- de la Ciotat , commandant
la Galliote la Curieufe , qui a été armée en
courſe à Marſeille au mois de Janvier dernier , s'eft
rendu maître à la hauteur de Malaga , d'un Navire
Anglois dont le Capitaine a offert deux mille livres
fterlings pour fa rançon .
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En avril 1758, plusieurs événements significatifs se sont déroulés à la cour de France. Le Marquis de Paulmy a prêté serment pour la charge de Trésorier de l'Ordre du Saint-Esprit. Les Comtes de Bercheny et de Conflans ont été nommés Maréchaux de France et ont également prêté serment. Le Roi a nommé le Maréchal Duc de Belle-Isle au Département de la Guerre et a appelé M. de Crémille pour l'assister. La procession annuelle en mémoire de la réduction de Paris sous Henri IV a été reportée au 7 avril. Sur le plan militaire, l'escadre anglaise commandée par l'Amiral Hawke est entrée dans la rade de l'île d'Aix le 4 avril, composée de sept vaisseaux de ligne et de trois frégates. Les vaisseaux français se sont réfugiés dans la Charente pour éviter un affrontement. Les chaloupes canonnières françaises ont attaqué le vaisseau anglais l'Intrépide, échoué sur le banc de Boyard. Plusieurs frégates françaises ont protégé un convoi de navires de commerce. Le Roi a tenu le Sceau pour la vingt-septième fois le 14 avril. À l'occasion de la mort de Mademoiselle de Charolois, le Roi et la famille royale ont rendu visite à la Princesse de Conty et à Mademoiselle de Sens. Le corps de Mademoiselle de Charolois a été inhumé au couvent des Carmélites du Faubourg Saint-Jacques. Des nominations et promotions ont eu lieu, notamment celles des Évêques de Digne et d'Aire, et de plusieurs officiers. L'Académie Royale des Sciences a élu les sieurs Bezout et le Comte de Lauragais comme Adjoints-Mécaniciens. Un édit royal a créé trois millions de livres de rentes héréditaires à quatre pour cent. En mer, plusieurs prises de navires anglais par des corsaires français ont été signalées, notamment par le Capitaine de Renaud et le Capitaine Adrien de Lille. Ces prises ont été conduites à Dunkerque et à Morlaix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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77
p. 190-191
GRANDE BRETAGNE.
Début :
On a reçu par la voie de Bengale de fâcheuses nouvelles de quelques-uns [...]
Mots clefs :
Londres, Indes orientales, Troupes françaises, Colonisation, Attaques, Compagnie des Indes, Vaisseaux, Incendie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 24 Mai.
On a reçu par la voie de Bengale de fâcheuſes
nouvelles de quelques- uns de nos établiflemens
dans les Indes Orientales. Elles portent qu'un
corps de Troupes Françoiſes , aux ordres de M.
de Saint- Paul , s'eft emparé dans le mois de Mai
de l'année derniere de Mellipelly & de Bander-
Malanca , établiffemens Anglois fur la riviere
d'Yanaon ou d'Ingeram , à la côte d'Orixa , au
Nord de la côte de Coromandel . Après la prife de
ces deux Comptoirs , M. de Saint- Paul a marché
vers le Nord avec ſon Détachement , & s'eft joint
près de Chicacole à un autre corps de troupes
Françoifes commandé par M. de Buffi. Ces deux
corps réunis fe font portés fur Vifigapatam , autre
établiffement Anglois , fitué pareillement à la côte
d'Orixa , où il y avoit cent quarante Européens
de garnifon , & environ quatre cens vingt foldats
des troupes du pays. La Ville & le Fort ont capitulé
le 17 Juin 1757. Les Troupes & les Employés
de la Compagnie des Indes ont été faits prifonniers
de guerre. Par cette expédition , nous avons
perdu tous les établiffemens que nous avions au
Nord de Madras , & où nous faifions un commerce
très- confidérable de toile de coton ,
dont la qua-
Jité eft fupérieure à celle des toiles qui fe tirent
de la côte de Coromandel.
La Compagnie des Indes a reçu en même temps
avis que ceux de ſes Vaiffeaux qui ont été l'année
dernière à la Chine , ont manqué leur paffage en
Europe.
Par des lettres de Barbade , datées du 2 Avril
JUILLET. 1758 .
191
dernier , nous apprenons qu'un incendie a confumé
plus de cent maiſons dans la ville de Bridgetown
, capitale de l'Iſe.
DE LONDRES , le 24 Mai.
On a reçu par la voie de Bengale de fâcheuſes
nouvelles de quelques- uns de nos établiflemens
dans les Indes Orientales. Elles portent qu'un
corps de Troupes Françoiſes , aux ordres de M.
de Saint- Paul , s'eft emparé dans le mois de Mai
de l'année derniere de Mellipelly & de Bander-
Malanca , établiffemens Anglois fur la riviere
d'Yanaon ou d'Ingeram , à la côte d'Orixa , au
Nord de la côte de Coromandel . Après la prife de
ces deux Comptoirs , M. de Saint- Paul a marché
vers le Nord avec ſon Détachement , & s'eft joint
près de Chicacole à un autre corps de troupes
Françoifes commandé par M. de Buffi. Ces deux
corps réunis fe font portés fur Vifigapatam , autre
établiffement Anglois , fitué pareillement à la côte
d'Orixa , où il y avoit cent quarante Européens
de garnifon , & environ quatre cens vingt foldats
des troupes du pays. La Ville & le Fort ont capitulé
le 17 Juin 1757. Les Troupes & les Employés
de la Compagnie des Indes ont été faits prifonniers
de guerre. Par cette expédition , nous avons
perdu tous les établiffemens que nous avions au
Nord de Madras , & où nous faifions un commerce
très- confidérable de toile de coton ,
dont la qua-
Jité eft fupérieure à celle des toiles qui fe tirent
de la côte de Coromandel.
La Compagnie des Indes a reçu en même temps
avis que ceux de ſes Vaiffeaux qui ont été l'année
dernière à la Chine , ont manqué leur paffage en
Europe.
Par des lettres de Barbade , datées du 2 Avril
JUILLET. 1758 .
191
dernier , nous apprenons qu'un incendie a confumé
plus de cent maiſons dans la ville de Bridgetown
, capitale de l'Iſe.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 24 mai, des nouvelles ont rapporté que des troupes françaises, dirigées par M. de Saint-Paul, avaient pris possession des établissements anglais de Mellipelly et de Bander-Malanca en mai 1756. Ces établissements se situent sur la rivière d'Yanaon, sur la côte d'Orixa, au nord de la côte de Coromandel. M. de Saint-Paul a ensuite rejoint M. de Bussy près de Chicacole et ensemble, ils ont attaqué Vifigapatam, un autre établissement anglais. La ville et le fort ont capitulé le 17 juin 1757, entraînant la capture des troupes et des employés de la Compagnie des Indes. Cette expédition a conduit à la perte de tous les établissements britanniques au nord de Madras, où un commerce important de toile de coton de haute qualité était effectué. Par ailleurs, la Compagnie des Indes a appris que ses vaisseaux destinés à la Chine avaient manqué leur passage en Europe. De plus, un incendie a détruit plus de cent maisons à Bridgetown, capitale de l'île de Barbade, le 2 avril 1758.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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78
p. 192-201
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Brunoy, la charge de premier [...]
Mots clefs :
Roi, Nominations, Marquis, Ordonnances du roi, Troupes, Rations des soldats, Ingénieur, Régiments, Amérique, Victoires françaises, Marquis de Vaudreuil, Les sauvages, Expéditions, Fort Carillon, Vaisseaux, Corsaires , Navires anglais, Marchandises
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE Roi a accordé à M. le Marquis de Brunoy, la
charge de premier Maître d'Hôtel de Sa Majesté ,
vacante par la mort de M. le Marquis de Livry.
Le 21 Mai , M. le Comte de. Fouquet , nommé
Lieutenant-Général du Pays Meffin , prêta ferment
entre les mains du Roi.
24 Sa Majesté a nommé M. le Marquis d'Efears,
Menin de Monfeigneur le Dauphin.
፡ Il y a trois nouvelles Ordonnances du Roi concernant
les Troupes.
La premiere , du premier Mai , accorde une
augmentation de quatre onces par chaque ration
de pain de munition , dont la fourniture fera faite ,
fant en campagne que dans les garniſons , à commen
cer
JUILLET. 1798. 193
Γ
mencer du premier Juillet prochain , aux Troupes
de Sa Majefté , Françoifes & Etrangeres ; à
l'exception des Officiers auxquels le pain continuera
d'être fourni en campagne fur le pied de
vingt- quatre onces par ration .
Par la feconde , du même jour , il eft réglé que
dans les cas où par la difficulté des fourrages la
ration de Cavalerie ne pourra être compofée de
dix-huit livres de foin , ou de quinze livres de
foin & de cinq livres de paille , elle le fera de
douze livres de foin & de dix livres de paille ,
ou de neufliv. de foin , & de quinze liv. de paille.
Que la ration d'Infanterie fera , dans le même cas',
réduite de feize livres de foin , ou de douze livres
de foin & de huit livres de paille , à dix livres
de foin & dix livres de paille , ou à fept livres
de foin & quinze livres de paille . Que dans tous
les cas où l'avoine exiftant dans les magaſins ,
ne pourroit fuffire pour la confommation de la
Cavalérie & de l'Infanterie , on en fera la diftribution
de préférence à la Cavalerie , & qu'ily fera
fuppléé par rapport à l'Infanterie , avec du feigle ,
de l'orge ou de l'efpaute en paille , & par préférence
avec cette dernier efpece.
La troifieme , dus Mai , porte que les Ingé
nieurs qui avoient été réunis par l'Ordonnance
du 8 Décembre 1755 , au Corps de l'Artillerie ,
fous la dénomination de Corps Royal de l'Artillerie
& du Génie , en feront défunis pour former
un Corps féparé fous la dénomination du Corps
des Ingénieurs. En conféquence les In énieurs
qui ont été incorporés dans les Bataillons du Corps
Royal , en vertu de l'Ordonnance du premier Dé
cembre 1756 , quitteront les charges & emplois
qu'ils rempliffent dans les Bataillons , & fe rendront
dans les réfidences qui leur feront affignées;
LVol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
Ils ne feront dans les places & dans les armées ;
que le fervice d'Ingénieurs , & ne s'occuperont
plus à l'avenir des détails de l'Artillerie . Leur uniforme
fera de drap couleur bleu de Roi , paremens
de velours noirs , doublure de ferge rouge
vefte & culotte rouges ; l'habit fera garni jufqu'à
la taille de boutons de cuivre doré , cinq
fur chaque poche , & autant fur les manches.
teau ,
>
Dans la féance de l'Académie Françoiſe , tennuele
22 Mai , M. de la Curne de Sainte- Palaye,
de l'Académie des Infcriptions,à été élu pour remplir
la place vacante par la mort de M. de Boiffy.
Le Roi fit le 30 de Mai , dans la cour du Châla
revue des deux Compagnies des Moufquetaires
de fa Garde. Sa Majefté paffa dans les
rangs , & après que les deux Compagnies eurent
fait l'exercice à pied , Elle les vit défiler à cheval.
Monfeigneur le Dauphin accompagnoit le
Roi. La Reine , Madame la Dauphine , Madame
& Mefdames Victoire , Sophie & Louiſe , virent
larevue d'un des appartemens du Château.
Sa Majefté tint le même jour le fceau , pour la
trentieme fois.
M. de Moras ayant donné fa démiffion de la
charge de Secrétaire d'Etat au Département de la
Marine , le Roi a confié ce Département à M.
de Maffiac , Lieutenant- Général de fes Armées
Navales , qui prêta ferment entre les mains de
Sa Majefté le premier de ce mois. Le Roi a confervé
à M. de Moras fa place dans les Confeils.
Le Roi a donné le Régiment de Cavalerie de
Lenoncourt à M. le Marquis de Touftain de Viray
, Capitaine de Cavalerie dans le Régiment
Royal- Pologne.
Le Roi a donné le Régiment de Champagne ,
vacant par la nomination de M. le Comte de
Gifors , à l'emploi de Meftre de Camp- Lieute◄
JUILLET. 1758. 195
nant du Régiment des Carabiniers , à M. le Marquis
de Juigné , Colonel dans les Grenadiers de
France.
Celui de Nice , vacant par la mort de M. le
le Comte de la Queuille , à M. le Vicomte de
Cambis , Colonel d'un Régiment d'Infanterie.
Celui de Cambis , à M. le Vicomte de la Tournelle
, Capitaine de Grenadiers dans le même Régiment.
Celui de Cambrefis , vacant par la démiffion
de M. le Marquis de la Châtre , à M. de la Galiffonniere
, Capitaine Aide-Major dans le Régi
ment du Roi , Infanterie.
Celui de Foix , vacant par la promotion de
M. le Chevalier de Grollier au grade de Maréchal
de Camp , à M. le Comte de Rougé
Capitaine dans le Régiment de Vermandois ;
Et celui de Berwick , Irlandois , vacant par la
mort de M. le Comte de Filts - James , au fecond
fils de M. le Duc de Filtz - James , à condition
qu'il n'en prendra le commandement
que lorfqu'il aura rempli le temps de fervice
exigé par le Réglement que le Roi a donné le
29 Avril dernier.
Le Roi a donné à M. le Baron de Wurmfer ,
l'Inſpection des Troupes Allemandes dans fes
Armées .
Sa Majefté a fait choix de M. le Normant
de Mezy , Intendant des Armées Navales , pour
aider M. de Maffiac , Secrétaire d'Etat au Département
de la Marine , dans les fonctions &
dans les détails de ce Département , & fous fes
ordres , avec le titre d'Intendant Général de la
Marine & des Colonies.
Les de Juin , la Maifon de Sorbonne fit dans
fon Eglife un Service folemnel pour Benoît XIV,
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
MM. le Cardinal de Tavannes , le Nonce , &
l'Archevêque d'Embrun y affifterent avec toute
la Maiſon en corps. La Maifon de Sorbonne
n'eft point dans l'ufage de faire des Services à
la mort des Papes ; mais elle a reçu tant de
bienfaits de Benoît XIV , qu'elle a cru devoir
en cette occafion donner des marques particu
lieres de fa reconnoiffance pour lui , & de fon
attachement au Saint Siege. Le feu Pape a fair
préfent à la Maifon de Sorbonne de fon Portrait
, & de tous les Ouvrages.
Le Roi a nommé M. le Comte de Murinais
, premier Cornette des Chevaux - Légers
d'Aquitaine , a la Soulieutenance des Gendarmes
Anglois , vacante par la promotion de M.
le Comte de Bouville , au grade de Maréchal
de Camp.
M. le Comte de Coffé , Guidon des Gendar.
mes d'Aquitaine , à la premiere Cornette des
Chevaux- Legers d'Aquitaine ;
Et M. le Marquis de Montauban , Lieutenant
en fecond dans le Régiment d'Infanterie
du Roi , au Guidon des Gendarmes d'Aquitaine,
On vient d'apprendre par une Goelette expédiée
de Québec , qui a apporté des lettres du
Canada en date du 3 Mai dernier , les nouvelles
fuivantes.
Quoique les expéditions de cet hiver n'ayent
pas été confidérables , cependant les François
ont eu la fupériorité dans toutes les rencon
contres qu'ils ont eues avec les Anglois , foit
par les établiſſemens qu'ils leur ont détruites ,
Toit par les chevelures que leurs Sauvages ont
enlevées. Parmi une infinité de petites entreprifes
, on n'en rapportera que deux , qui ſuffitont
pour faire juger de la bravoure des Canadiens
& des Sauvages nos Alliés .
JUILLET. 1758. 197
M. le Marquis de Vandreuil s'étant détermi
né à faire attaquer le Village Anglois des
Emigrans , fitué fur la riviere de Corlak , fervant
d'entrepôt an ennemis , & rempli de toutes
fortes d'effets & munitions , y envoya M. de
Beletre , Lieutenant des Troupes de la Colonie
, avec un Détachement de trois cens Ca
nadiens & Sauvages. Malgré la rigueur de la
faifon , M. de Beletre arriva près de Corlak
après des peines incroyables ; il ramaffa fur fa
route plufieurs Sauvages des cinq Nations Iroquoifes
& des Onneyoutes qui fe joignirent à
lui , & ayant paffé la riviere , moitié à la nage
& moitié dans l'eau jufqu'au col , il fit tour
de fuite fon plan d'attaque. Le Village étoit
couvert de cinq petits Forts que les Anglois
avoient été contraints d'abandonner depuis la
démolition de Choueguen , mais dont ils s'étoient
remis en poffeffion . M. de Beletre entreprit
de les emporter d'affaut l'un après Pautre
, & il y réuffit part l'épouvante qu'il jetta
parmi les Anglois. Le Chef du Village , qui
commandoit dans le premier , s'étant rendu à
difcrétion , M. de Beletre fe rendit bientôt maître
des autres , & il y fit mettre le feu. Pendant
cete opération , une partie de fa Troupe
s'attacha à piller & à brûler le Village compofé
d'environ foixante maifons . Le pillage fut
très-confidérable : outre une grande quantité de
farines , & de toutes fortes de grains , de munitions
& d'effets de toute efpece , on prit quatre
mille bêtes à cornes , trois mille moutons
autant de cochons , & cinq cents chevaux ; ce
qui ne doit pas furprendre , attendu que les
Anglois avoient formé dans ce Village un magafin
, pour la traite des cinq Nations Iroquoi
Liij
198 MERCURE DE FRANCE.
fes & de celles d'enhaut. On affure que le Chef
feul a fait une perte de quatre cents mille livres
. Une partie de la Garniſon du Fort Kouary
s'étant miſe en marche , pour venir au fecours
des Anglois , fut contrainte de repaffer la riviere
à la nage , après avoir effuyé plufieurs décharges
de moufqueterie . Cette petite expédition
s'eft faite le 13 Novembre dernier , & elle
a été d'autant plus avantageufe , qu'elle a produit
un bon effet fur l'efprit des Sauvages . Les
Anglois y ont perdu cinquante hommes , & on
Jeur a fait cent foixante-dix prifonniers , dont
plufieurs Officiers . La perte des François a été
fort peu confidérable.
La deuxieme expédition s'eſt paffée du côté du
Fort Carillon . M. le Marquis de Vaudreuil ayant
été informé que les Anglois méditoient une entreprife
fur ce Fort , en fit fortir un détachement
d'environ deux cens Canadiens & Sauvages , fous
le commandement de M. du Rentay , Cadet dans
les troupes de la Colonie. A peine M. du Rentay
fut en campagne , qu'il apperçut un détachement
Anglois , dont le nombre étoit prefqu'égal au fien,
qui étoit pofté fur la montage Pelée : c'étoit un
détachement de Troupes d'élite & de coureurs de
bois , commandés par le Major Robert Roger ,
fameux Partifan . Malgré la pofition avantageuſe
de l'ennemi , M. du Rentay l'attaqua , & par une
fuite fimulée , engagea le Major Robert à defcendre
fur lui ; celui - ci donna dans le piege , & defcendit
de la montagne avec précipitation , croyant
pourſuivre des fuyards ; mais il fut bientôt enveloppé.
Le combat fut très-vif , & dura pendant
quatre heures ; les Sauvages leverent la chevelure
au Major Robert Roger , à huit Officiers & à cent
quarante Anglois . On croit que le refte du déta
JUILLET. 1758. 199
chement a péri miférablement , deux Officiers Anglois
ayant été obligés de venir fe réfugier dans
le Fort Carillon. Cette action eft d'autant plus
belle , qu'elle a été conduite par un Cadet , & que
fes camarades , ainfi que les Ĉanadiens & les Sauvages
, ont combattu fous fes ordres avec toute la
valeur & la fubordination poffibles . Il y a eu treize
Iroquois & un Népiffingue tués , & deux Cadets ,
quinze Iroquois , un Abenakife & un Canadien
bleffés dangereufement.
M. le Duc de Modene pour reconnoître les
bons fervices que M. le Comte de Mozone , fon
Plénipotentiaire au Congrès d'Aix- la Chapelle , &
fon Miniftre à la Cour de France , vient d'accorà
Madame la Comteffe de Mozone , fa veuve ,
5000 liv . de rente .
Le Vaiffeau du Roi le Triton & la Frégate la
Minerve , ont pris & conduit à Toulon un Corfaire
Anglois armé de 18 canons , & de 107 hommes
d'équipage .
Deux autres Corfaires Anglois appellés , l'un
la Minerve , de Jerzey , de 10 canons & de 70
hommes d'équipage ; l'autre le Mercure , du même
port , armé de 4 canons & de 31 hommes d'équipage
, ont été pris par la Frégate du Roi la
Félicité, & la Corvette la Tourterelle . Il y avoit fur
le premier de ces Corfaires cinq ôtages provenans
d'un pareil nombre de bâtiment François qu'il
avoit rançonnés.
Le Navire Anglois l'Heureux Retour , de 115
tonneaux , charg de charbon de terre , a été pris
par le Corfaire le Duc d'Ayen , de Boulogne , qui
l'a fait conduire au Havre.
Les Corfaires le Conquérant & l'Agrippe , de
Cherbourg , ont pris & conduit en ce port , l'un
un Brigantin Anglois chargé de lin , l'autre un
liv
200 MERCURE DE FRANCE.
Navire de 90 tonneaux chargé de tuiles.
Il eft de plus arrivé à Cherbourg un Navire
Anglois de 90 tonneaux , qui a été pris par le
Corfaire le Printemps , de Dunkerque , & qui eft
chargé de bled.
Les Corfaires le Comte de la Riviere & le Mefny,
de Granville , ont fait deux rançons , l'une de
200 livres fterlings , l'autre de 700 guinées.
Le Corfaire la Menette , de l'Orient , a pris &
conduit à Morlaix trois Bateaux Anglois , dont un
eft chargé de poiffon frais , & les deux autres de
grains.
>
Le Navire Anglois le Menavé , de 80 tonneaux,
chargé de boeuf, de lard & de beurre d'Irlande
a été pris par le Corfaire la Comteffe de Bentheim ,
qui l'a fait conduire au Port- Louis.
Le Capitaine Anglade , commandant le Corfaire
la Françoife , de Bayonne , a rançonné pour
2500 livres fterlings un Navire Anglois , dont il
s'étoit rendu maître..
La Gentille , autre Corfaire de Bayonne , s'eft
emparé d'un Navire Anglois chargé de harengs ,
qui a été conduit par relâche dans un port d'Efpagne.
La Frégate du Roi la Danaé , & la Corvette
l'Harmonie , fe font emparé d'un petit Corſaire
de Jerzey , armé de 4 canons , qui a été conduit
au Havre.
Le Senaw Anglois le Mairg , de 140 tonneaux
chargé de charbon de terre , a été pris par le
Corfaire l'Aventurier , de Dunkerque , où il eft
arrivé.
Le Corfaire le Don de Dieu y a auffi fait con
duire un Bateau Anglois qui étoit fur fon left , &
il a rançonné pour quatre - vingts- quinze guinées
un autre Bâtiment dont il s'étoit emparé..
JUILLET. 1758. ΣΟΥ
Le Corfaire le Duc d'Ayen a pris & conduit au
Havre le Navire Anglois le Prince Frédéric , de
120 tonneaux , chargé de raifins & de tartre.
On mande de Granville , que le Corfaire le
Machault , de ce port , a rançonné pour cinq
mille livres sterlings le Navire Anglois la Marie
dont il s'eft emparé.
Le Capitaine Avice , commandant le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , s'eft rendu maître du
Corfaire Anglois la Tartare , de Briſtol , armé
de 24 canons & de 100 hommes d'équipage , & il
P'a fait conduire à Cherbourg.
Le même Corfaire a pris & conduit à Saint-
Malo le Navire Anglois la Conformation , de 275
tonneaux , chargé de 997 barrils de riz & de bois
d'acajou .
Il eft arrivé à Morlaix un Senaw Anglois appellé
la Bety , de 180 tonneaux , chargé de tabac ,
de merrain & de fer. Ce Bâtiment a été pris par
le Capitaine de Lille , commandant le Corfaire la
Fulvie , de Dunkerque.
LE Roi a accordé à M. le Marquis de Brunoy, la
charge de premier Maître d'Hôtel de Sa Majesté ,
vacante par la mort de M. le Marquis de Livry.
Le 21 Mai , M. le Comte de. Fouquet , nommé
Lieutenant-Général du Pays Meffin , prêta ferment
entre les mains du Roi.
24 Sa Majesté a nommé M. le Marquis d'Efears,
Menin de Monfeigneur le Dauphin.
፡ Il y a trois nouvelles Ordonnances du Roi concernant
les Troupes.
La premiere , du premier Mai , accorde une
augmentation de quatre onces par chaque ration
de pain de munition , dont la fourniture fera faite ,
fant en campagne que dans les garniſons , à commen
cer
JUILLET. 1798. 193
Γ
mencer du premier Juillet prochain , aux Troupes
de Sa Majefté , Françoifes & Etrangeres ; à
l'exception des Officiers auxquels le pain continuera
d'être fourni en campagne fur le pied de
vingt- quatre onces par ration .
Par la feconde , du même jour , il eft réglé que
dans les cas où par la difficulté des fourrages la
ration de Cavalerie ne pourra être compofée de
dix-huit livres de foin , ou de quinze livres de
foin & de cinq livres de paille , elle le fera de
douze livres de foin & de dix livres de paille ,
ou de neufliv. de foin , & de quinze liv. de paille.
Que la ration d'Infanterie fera , dans le même cas',
réduite de feize livres de foin , ou de douze livres
de foin & de huit livres de paille , à dix livres
de foin & dix livres de paille , ou à fept livres
de foin & quinze livres de paille . Que dans tous
les cas où l'avoine exiftant dans les magaſins ,
ne pourroit fuffire pour la confommation de la
Cavalérie & de l'Infanterie , on en fera la diftribution
de préférence à la Cavalerie , & qu'ily fera
fuppléé par rapport à l'Infanterie , avec du feigle ,
de l'orge ou de l'efpaute en paille , & par préférence
avec cette dernier efpece.
La troifieme , dus Mai , porte que les Ingé
nieurs qui avoient été réunis par l'Ordonnance
du 8 Décembre 1755 , au Corps de l'Artillerie ,
fous la dénomination de Corps Royal de l'Artillerie
& du Génie , en feront défunis pour former
un Corps féparé fous la dénomination du Corps
des Ingénieurs. En conféquence les In énieurs
qui ont été incorporés dans les Bataillons du Corps
Royal , en vertu de l'Ordonnance du premier Dé
cembre 1756 , quitteront les charges & emplois
qu'ils rempliffent dans les Bataillons , & fe rendront
dans les réfidences qui leur feront affignées;
LVol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
Ils ne feront dans les places & dans les armées ;
que le fervice d'Ingénieurs , & ne s'occuperont
plus à l'avenir des détails de l'Artillerie . Leur uniforme
fera de drap couleur bleu de Roi , paremens
de velours noirs , doublure de ferge rouge
vefte & culotte rouges ; l'habit fera garni jufqu'à
la taille de boutons de cuivre doré , cinq
fur chaque poche , & autant fur les manches.
teau ,
>
Dans la féance de l'Académie Françoiſe , tennuele
22 Mai , M. de la Curne de Sainte- Palaye,
de l'Académie des Infcriptions,à été élu pour remplir
la place vacante par la mort de M. de Boiffy.
Le Roi fit le 30 de Mai , dans la cour du Châla
revue des deux Compagnies des Moufquetaires
de fa Garde. Sa Majefté paffa dans les
rangs , & après que les deux Compagnies eurent
fait l'exercice à pied , Elle les vit défiler à cheval.
Monfeigneur le Dauphin accompagnoit le
Roi. La Reine , Madame la Dauphine , Madame
& Mefdames Victoire , Sophie & Louiſe , virent
larevue d'un des appartemens du Château.
Sa Majefté tint le même jour le fceau , pour la
trentieme fois.
M. de Moras ayant donné fa démiffion de la
charge de Secrétaire d'Etat au Département de la
Marine , le Roi a confié ce Département à M.
de Maffiac , Lieutenant- Général de fes Armées
Navales , qui prêta ferment entre les mains de
Sa Majefté le premier de ce mois. Le Roi a confervé
à M. de Moras fa place dans les Confeils.
Le Roi a donné le Régiment de Cavalerie de
Lenoncourt à M. le Marquis de Touftain de Viray
, Capitaine de Cavalerie dans le Régiment
Royal- Pologne.
Le Roi a donné le Régiment de Champagne ,
vacant par la nomination de M. le Comte de
Gifors , à l'emploi de Meftre de Camp- Lieute◄
JUILLET. 1758. 195
nant du Régiment des Carabiniers , à M. le Marquis
de Juigné , Colonel dans les Grenadiers de
France.
Celui de Nice , vacant par la mort de M. le
le Comte de la Queuille , à M. le Vicomte de
Cambis , Colonel d'un Régiment d'Infanterie.
Celui de Cambis , à M. le Vicomte de la Tournelle
, Capitaine de Grenadiers dans le même Régiment.
Celui de Cambrefis , vacant par la démiffion
de M. le Marquis de la Châtre , à M. de la Galiffonniere
, Capitaine Aide-Major dans le Régi
ment du Roi , Infanterie.
Celui de Foix , vacant par la promotion de
M. le Chevalier de Grollier au grade de Maréchal
de Camp , à M. le Comte de Rougé
Capitaine dans le Régiment de Vermandois ;
Et celui de Berwick , Irlandois , vacant par la
mort de M. le Comte de Filts - James , au fecond
fils de M. le Duc de Filtz - James , à condition
qu'il n'en prendra le commandement
que lorfqu'il aura rempli le temps de fervice
exigé par le Réglement que le Roi a donné le
29 Avril dernier.
Le Roi a donné à M. le Baron de Wurmfer ,
l'Inſpection des Troupes Allemandes dans fes
Armées .
Sa Majefté a fait choix de M. le Normant
de Mezy , Intendant des Armées Navales , pour
aider M. de Maffiac , Secrétaire d'Etat au Département
de la Marine , dans les fonctions &
dans les détails de ce Département , & fous fes
ordres , avec le titre d'Intendant Général de la
Marine & des Colonies.
Les de Juin , la Maifon de Sorbonne fit dans
fon Eglife un Service folemnel pour Benoît XIV,
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
MM. le Cardinal de Tavannes , le Nonce , &
l'Archevêque d'Embrun y affifterent avec toute
la Maiſon en corps. La Maifon de Sorbonne
n'eft point dans l'ufage de faire des Services à
la mort des Papes ; mais elle a reçu tant de
bienfaits de Benoît XIV , qu'elle a cru devoir
en cette occafion donner des marques particu
lieres de fa reconnoiffance pour lui , & de fon
attachement au Saint Siege. Le feu Pape a fair
préfent à la Maifon de Sorbonne de fon Portrait
, & de tous les Ouvrages.
Le Roi a nommé M. le Comte de Murinais
, premier Cornette des Chevaux - Légers
d'Aquitaine , a la Soulieutenance des Gendarmes
Anglois , vacante par la promotion de M.
le Comte de Bouville , au grade de Maréchal
de Camp.
M. le Comte de Coffé , Guidon des Gendar.
mes d'Aquitaine , à la premiere Cornette des
Chevaux- Legers d'Aquitaine ;
Et M. le Marquis de Montauban , Lieutenant
en fecond dans le Régiment d'Infanterie
du Roi , au Guidon des Gendarmes d'Aquitaine,
On vient d'apprendre par une Goelette expédiée
de Québec , qui a apporté des lettres du
Canada en date du 3 Mai dernier , les nouvelles
fuivantes.
Quoique les expéditions de cet hiver n'ayent
pas été confidérables , cependant les François
ont eu la fupériorité dans toutes les rencon
contres qu'ils ont eues avec les Anglois , foit
par les établiſſemens qu'ils leur ont détruites ,
Toit par les chevelures que leurs Sauvages ont
enlevées. Parmi une infinité de petites entreprifes
, on n'en rapportera que deux , qui ſuffitont
pour faire juger de la bravoure des Canadiens
& des Sauvages nos Alliés .
JUILLET. 1758. 197
M. le Marquis de Vandreuil s'étant détermi
né à faire attaquer le Village Anglois des
Emigrans , fitué fur la riviere de Corlak , fervant
d'entrepôt an ennemis , & rempli de toutes
fortes d'effets & munitions , y envoya M. de
Beletre , Lieutenant des Troupes de la Colonie
, avec un Détachement de trois cens Ca
nadiens & Sauvages. Malgré la rigueur de la
faifon , M. de Beletre arriva près de Corlak
après des peines incroyables ; il ramaffa fur fa
route plufieurs Sauvages des cinq Nations Iroquoifes
& des Onneyoutes qui fe joignirent à
lui , & ayant paffé la riviere , moitié à la nage
& moitié dans l'eau jufqu'au col , il fit tour
de fuite fon plan d'attaque. Le Village étoit
couvert de cinq petits Forts que les Anglois
avoient été contraints d'abandonner depuis la
démolition de Choueguen , mais dont ils s'étoient
remis en poffeffion . M. de Beletre entreprit
de les emporter d'affaut l'un après Pautre
, & il y réuffit part l'épouvante qu'il jetta
parmi les Anglois. Le Chef du Village , qui
commandoit dans le premier , s'étant rendu à
difcrétion , M. de Beletre fe rendit bientôt maître
des autres , & il y fit mettre le feu. Pendant
cete opération , une partie de fa Troupe
s'attacha à piller & à brûler le Village compofé
d'environ foixante maifons . Le pillage fut
très-confidérable : outre une grande quantité de
farines , & de toutes fortes de grains , de munitions
& d'effets de toute efpece , on prit quatre
mille bêtes à cornes , trois mille moutons
autant de cochons , & cinq cents chevaux ; ce
qui ne doit pas furprendre , attendu que les
Anglois avoient formé dans ce Village un magafin
, pour la traite des cinq Nations Iroquoi
Liij
198 MERCURE DE FRANCE.
fes & de celles d'enhaut. On affure que le Chef
feul a fait une perte de quatre cents mille livres
. Une partie de la Garniſon du Fort Kouary
s'étant miſe en marche , pour venir au fecours
des Anglois , fut contrainte de repaffer la riviere
à la nage , après avoir effuyé plufieurs décharges
de moufqueterie . Cette petite expédition
s'eft faite le 13 Novembre dernier , & elle
a été d'autant plus avantageufe , qu'elle a produit
un bon effet fur l'efprit des Sauvages . Les
Anglois y ont perdu cinquante hommes , & on
Jeur a fait cent foixante-dix prifonniers , dont
plufieurs Officiers . La perte des François a été
fort peu confidérable.
La deuxieme expédition s'eſt paffée du côté du
Fort Carillon . M. le Marquis de Vaudreuil ayant
été informé que les Anglois méditoient une entreprife
fur ce Fort , en fit fortir un détachement
d'environ deux cens Canadiens & Sauvages , fous
le commandement de M. du Rentay , Cadet dans
les troupes de la Colonie. A peine M. du Rentay
fut en campagne , qu'il apperçut un détachement
Anglois , dont le nombre étoit prefqu'égal au fien,
qui étoit pofté fur la montage Pelée : c'étoit un
détachement de Troupes d'élite & de coureurs de
bois , commandés par le Major Robert Roger ,
fameux Partifan . Malgré la pofition avantageuſe
de l'ennemi , M. du Rentay l'attaqua , & par une
fuite fimulée , engagea le Major Robert à defcendre
fur lui ; celui - ci donna dans le piege , & defcendit
de la montagne avec précipitation , croyant
pourſuivre des fuyards ; mais il fut bientôt enveloppé.
Le combat fut très-vif , & dura pendant
quatre heures ; les Sauvages leverent la chevelure
au Major Robert Roger , à huit Officiers & à cent
quarante Anglois . On croit que le refte du déta
JUILLET. 1758. 199
chement a péri miférablement , deux Officiers Anglois
ayant été obligés de venir fe réfugier dans
le Fort Carillon. Cette action eft d'autant plus
belle , qu'elle a été conduite par un Cadet , & que
fes camarades , ainfi que les Ĉanadiens & les Sauvages
, ont combattu fous fes ordres avec toute la
valeur & la fubordination poffibles . Il y a eu treize
Iroquois & un Népiffingue tués , & deux Cadets ,
quinze Iroquois , un Abenakife & un Canadien
bleffés dangereufement.
M. le Duc de Modene pour reconnoître les
bons fervices que M. le Comte de Mozone , fon
Plénipotentiaire au Congrès d'Aix- la Chapelle , &
fon Miniftre à la Cour de France , vient d'accorà
Madame la Comteffe de Mozone , fa veuve ,
5000 liv . de rente .
Le Vaiffeau du Roi le Triton & la Frégate la
Minerve , ont pris & conduit à Toulon un Corfaire
Anglois armé de 18 canons , & de 107 hommes
d'équipage .
Deux autres Corfaires Anglois appellés , l'un
la Minerve , de Jerzey , de 10 canons & de 70
hommes d'équipage ; l'autre le Mercure , du même
port , armé de 4 canons & de 31 hommes d'équipage
, ont été pris par la Frégate du Roi la
Félicité, & la Corvette la Tourterelle . Il y avoit fur
le premier de ces Corfaires cinq ôtages provenans
d'un pareil nombre de bâtiment François qu'il
avoit rançonnés.
Le Navire Anglois l'Heureux Retour , de 115
tonneaux , charg de charbon de terre , a été pris
par le Corfaire le Duc d'Ayen , de Boulogne , qui
l'a fait conduire au Havre.
Les Corfaires le Conquérant & l'Agrippe , de
Cherbourg , ont pris & conduit en ce port , l'un
un Brigantin Anglois chargé de lin , l'autre un
liv
200 MERCURE DE FRANCE.
Navire de 90 tonneaux chargé de tuiles.
Il eft de plus arrivé à Cherbourg un Navire
Anglois de 90 tonneaux , qui a été pris par le
Corfaire le Printemps , de Dunkerque , & qui eft
chargé de bled.
Les Corfaires le Comte de la Riviere & le Mefny,
de Granville , ont fait deux rançons , l'une de
200 livres fterlings , l'autre de 700 guinées.
Le Corfaire la Menette , de l'Orient , a pris &
conduit à Morlaix trois Bateaux Anglois , dont un
eft chargé de poiffon frais , & les deux autres de
grains.
>
Le Navire Anglois le Menavé , de 80 tonneaux,
chargé de boeuf, de lard & de beurre d'Irlande
a été pris par le Corfaire la Comteffe de Bentheim ,
qui l'a fait conduire au Port- Louis.
Le Capitaine Anglade , commandant le Corfaire
la Françoife , de Bayonne , a rançonné pour
2500 livres fterlings un Navire Anglois , dont il
s'étoit rendu maître..
La Gentille , autre Corfaire de Bayonne , s'eft
emparé d'un Navire Anglois chargé de harengs ,
qui a été conduit par relâche dans un port d'Efpagne.
La Frégate du Roi la Danaé , & la Corvette
l'Harmonie , fe font emparé d'un petit Corſaire
de Jerzey , armé de 4 canons , qui a été conduit
au Havre.
Le Senaw Anglois le Mairg , de 140 tonneaux
chargé de charbon de terre , a été pris par le
Corfaire l'Aventurier , de Dunkerque , où il eft
arrivé.
Le Corfaire le Don de Dieu y a auffi fait con
duire un Bateau Anglois qui étoit fur fon left , &
il a rançonné pour quatre - vingts- quinze guinées
un autre Bâtiment dont il s'étoit emparé..
JUILLET. 1758. ΣΟΥ
Le Corfaire le Duc d'Ayen a pris & conduit au
Havre le Navire Anglois le Prince Frédéric , de
120 tonneaux , chargé de raifins & de tartre.
On mande de Granville , que le Corfaire le
Machault , de ce port , a rançonné pour cinq
mille livres sterlings le Navire Anglois la Marie
dont il s'eft emparé.
Le Capitaine Avice , commandant le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , s'eft rendu maître du
Corfaire Anglois la Tartare , de Briſtol , armé
de 24 canons & de 100 hommes d'équipage , & il
P'a fait conduire à Cherbourg.
Le même Corfaire a pris & conduit à Saint-
Malo le Navire Anglois la Conformation , de 275
tonneaux , chargé de 997 barrils de riz & de bois
d'acajou .
Il eft arrivé à Morlaix un Senaw Anglois appellé
la Bety , de 180 tonneaux , chargé de tabac ,
de merrain & de fer. Ce Bâtiment a été pris par
le Capitaine de Lille , commandant le Corfaire la
Fulvie , de Dunkerque.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le document relate divers événements et nominations à la cour du roi. Le marquis de Brunoy a été nommé premier Maître d'Hôtel du roi, succédant au marquis de Livry. Le comte de Fouquet a prêté serment en tant que Lieutenant-Général du Pays Meffin, et le marquis d'Effears a été nommé Menin du Dauphin. Trois ordonnances royales concernant les troupes ont été publiées : la première augmente la ration de pain, la deuxième régule les rations de fourrage en cas de difficulté, et la troisième rétablit le corps des Ingénieurs séparément de l'Artillerie. À l'Académie Française, de la Curne de Sainte-Palaye a été élu pour remplacer Boiffy. Le roi a passé en revue les Mousquetaires et a tenu le sceau pour la trentième fois. Plusieurs changements ont eu lieu dans les départements et régiments, notamment au Département de la Marine avec Moras et Massiac, et dans divers régiments de cavalerie et d'infanterie. Des nouvelles du Canada rapportent des succès militaires des Français contre les Anglais. Le duc de Modène a accordé une rente à la veuve du comte de Mozone. Plusieurs prises de navires anglais par des vaisseaux français sont également mentionnées. En juillet 1758, plusieurs actions navales impliquant des corsaires français ont été rapportées. La Gentille, un corsaire de Bayonne, a capturé un navire anglais chargé de harengs, lequel a été conduit dans un port espagnol. La frégate royale Danaé et la corvette l'Harmonie ont pris un petit corsaire de Jersey armé de quatre canons, conduit au Havre. Le corsaire l'Aventurier, de Dunkerque, a capturé le senau anglais le Mairg, chargé de charbon, et l'a ramené à Dunkerque. Le corsaire le Don de Dieu a conduit un bateau anglais et a rançonné un autre bâtiment pour quatre-vingt-quinze guinées. Le corsaire le Duc d'Ayen a pris le navire anglais le Prince Frédéric, chargé de raisins et de tartre, et l'a conduit au Havre. À Granville, le corsaire le Machault a rançonné le navire anglais la Marie pour cinq mille livres sterlings. Le capitaine Avice, commandant le corsaire la Comtesse de Bentheim, a capturé le corsaire anglais la Tartare, armé de vingt-quatre canons et cent hommes d'équipage, et l'a conduit à Cherbourg. Le même corsaire a également pris le navire anglais la Conformation, chargé de riz et de bois d'acajou, et l'a conduit à Saint-Malo. Enfin, le corsaire la Fulvie, de Dunkerque, a capturé le senau anglais la Bety, chargé de tabac, de merrain et de fer, lequel a été conduit à Morlaix.
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79
p. 205
PAYS-BAS.
Début :
Des Corsaires Anglois ayant rencontré dans la traversée de Rouen [...]
Mots clefs :
Amsterdam, Corsaires anglais, Equipage, Vaisseaux, Pillages
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS - BAS.
D'AMSTERDAM , le II Juillet.
DesCorſaires Anglois ayant rencontré dans la
traverſée de Rouen à Rotterdam , le Vaiſſeau du
Capitaine Hollandois Warner Pieters qui avoit
àbord les équipages & quelques domeſtiques de
l'Ambaſſadeur nommé par le Roi d'Eſpagne pour
réſider à la Cour de Danemarck , ils n'ont reſpecté
ni la neutralité du Vaiſſeau ni celle des paſſagers
qu'il portoit. Ils ont volé pour plus de vingt mille
écus d'effets appartenans à l'Ambaſſadeur , ont mis
en pieces & ont jetté à la mer fon carroffe , un
autel & des ornemens d'Eglife , ont maltraité ſes
domeſtiques , & leur ont jetté au viſage les hofties
que contenoient les vaſes ſacrés.
D'AMSTERDAM , le II Juillet.
DesCorſaires Anglois ayant rencontré dans la
traverſée de Rouen à Rotterdam , le Vaiſſeau du
Capitaine Hollandois Warner Pieters qui avoit
àbord les équipages & quelques domeſtiques de
l'Ambaſſadeur nommé par le Roi d'Eſpagne pour
réſider à la Cour de Danemarck , ils n'ont reſpecté
ni la neutralité du Vaiſſeau ni celle des paſſagers
qu'il portoit. Ils ont volé pour plus de vingt mille
écus d'effets appartenans à l'Ambaſſadeur , ont mis
en pieces & ont jetté à la mer fon carroffe , un
autel & des ornemens d'Eglife , ont maltraité ſes
domeſtiques , & leur ont jetté au viſage les hofties
que contenoient les vaſes ſacrés.
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Résumé : PAYS-BAS.
Le 2 juillet, des corsaires anglais ont intercepté le vaisseau du capitaine Warner Pieters entre Rouen et Rotterdam. Le vaisseau transportait l'équipage et les domestiques de l'ambassadeur espagnol pour le Danemark. Les corsaires ont volé des biens d'une valeur de plus de vingt mille écus, détruit des objets religieux et maltraité les domestiques.
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80
p. 206-212
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
La Frégate du Roi la Comete, partie de l'Isle Royale le 10 Juin, [...]
Mots clefs :
Vaisseaux, Bataillons, Amérique, Flotte anglaise, Combats, Capitaines, Ordonnance du roi, Officier, Courage, Récompense, Camp de Froviller, Marquis, Ennemis, Mouvements des troupes, Duc de Broglie, Prince de Soubise, Attaques, Corsaires , Equipage, Artillerie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
La Frégate du Roi la Comete , partie de l'iſſe
Royale le 10 Juin , eſt arrivée au Port Louis le 27
du même mois. Elle a apporté les nouvelles ſuivantes.
Depuis les dernieres , qui ont annoncé l'en.
trée des deux Diviſions du Marquis Deſgouttes &
du ſieur Beauffier , il eſt arrivé dans cette Ile plufieurs
Vaiſſeaux du Roi & Bâtimens Marchands
ſçavoir , trois Navires de Saint- Malo , le 14 Mai ;
la Frégate l'Echo , le 27 ; le Vaiſſeau le Bizarre &
la Frégate l'Aréthuſe , le 30. Tous ces Bâtimens
étoient chargés de munitions & de vivres pour la
Colonie.
Les quatre Vaiſſeaux de la Diviſion du ſieurDuchaffault
, qui y tranſportoient le Bataillon de
Cambis, font arrivés en même-temps au Port Dauphin
avec le Vaiſſeau de la Compagnie des Indes
le Brillant. Le Bataillon deCambis s'eſt rendu dans
Louiſbourg.
Le premier Juin la Flotte Angloiſe s'étant montréedans
la Baye de Gabarus , au nombre de cent
treize Voiles , on a renforcé les poſtes de la côte.
Le 8 , à quatre heures du matin , les Anglois ont
commencé leur attaque du côté de la Cormorandiere
avec un grand nombre de bateaux plats chargés
de Troupes ,& des Frégates pour les foutenir.
Ilsyont eſſuyé un feu ſi vif , qu'ils ont perdu mille
àdouze cens hommes ; mais dans le temps qu'on
étoit occupé à empêcher leur deſcente , une par
AOUST. 1758 . 207
tiede leurs Berges s'eſt réfugiée au pied des rochers
eſcarpés ſur la droite de la Cormorandiere ,,
dans un endroit qui avoit paru inacceffible. Les
Anglois ayant trouvé moyen de grimper ſur le
fommet , n'ont été apperçus que lorſqu'ils ſe ſont
trouvés en force. Nos Troupes , après avoir réſiſté
autant qu'elles ont pu , ſe ſont retirées dans la Place
, où l'on ſe prépare à une vigoureuſe défenſe ,
yayant en abondance des munitions de guerre &
des provifions de bouche, Nous avons perdu dans
l'attaque du 8 , les ſieurs Delanglade , Capitaine
des Grenadiers du Bataillon de Bourgogne ; Romainville
, Soulieutenant de lamême Compagnie ; -
Beleſta , Capitaine des Grenadiers du Bataillon
d'Artois , & Savary , Soulieutenant de la même
Compagnie ; un Lieutenant des Volontaires Etrangers
; trois Officiers bleſſés , & environ cent cinquante
Soldats de tous les Corps tués , bleſlés , ou
faitspriſonniers.
Les Vaiſſeaux de guerre ſont toujours maîtres
du Port , que les ennemis n'ont point tenté de
forcer.
Le fieur de Boishebert , Officier de Canada ,
étoit attendu à l'Iſle Royale avec un détachement
des Troupes de Quebec , de Canadiens & de Sauvages.
Le Vaiſſeau du Roi le Formidable. , commandé
par le Comte de Blenac , Chef d'Eſcadre des Armées
Navales, eſt rentré à Breſt.
On a appris par un courier extraordinaire dépêché
le 6 de ce mois par l'Evêque Duc de Laon ,
Ambaſſadeur Extraordinaire du Roi auprès du Saint
Siege , que le même jour le Cardinal Rezzonico.
avoit été elu Pape, & avoit pris le nom de Clément
XIII. On a auſſi reçu la nouvelle que le nouveaus
Pape avoit choiſi pour Secrétaire d'Etat le Cardi
20S MERCURE DE FRANCE.
nal Archinto , qui exerçoit le même emploi ſous
le précédent Pontificat .
Il paroît une Ordonnance du Roi rendue le 10
de ce mois , par laquelle il eſt permis aux Soldats
qui ont déſerté avant le premier Février 1757 , de
s'engager indiſtinctement dans toutes les Troupes
de Sa Majesté , pour jouir de l'Amniſtie qu'il lui a
plu d'accorder par ſon Ordonnance du 20 Avril
de l'année derniere.
Dans le combat du 23 Juin dernier , M. de
Bullioud, âgé de dix-huit ans, Cornette de la Compagnie
de Saint-André dans la Brigade de Bovet ,
du Régiment des Carabiniers , après avoir forcé la
ligne d'Infanterie des ennemis , portant toujours
fon étendard , rallia quelques Carabiniers & des
Maréchaux des Logis , attaqua une batterie que
les ennemis préparoient , coupa les traits des chevaux
, tua pluſieurs Canonniers , & voyant de
l'impoſſibilité à regagner l'Armée du Roi , prit
le parti d'aller en avant par derriere les lignes de
Parmée ennemie , où il fit prifonnier un Colonel
Hanovrien. Il traverſa les marais de la Niers , gagna
Gladbec , petite Ville à quatre lieues de Crévelt
,& ſe trouvant obligé d'y paſſer la nuit , il en
fit fermer & garder les portes , & en partit le lendemain
à la pointe du jour. Après avoir fait un
grand tour , il arriva au camp de Neuff à deux
heures après-midi , & ſe préſenta au ſieur de Bovet
avec un Maréchal des Logis & vingt- cinq Carabiniers
, dont huit bleſſes & avec l'Etendard qu'il
a rapporté à ſa brigade.
Le Roi , en conſidération de l'intelligence , de
la valeur & de la bonne conduite de cejeune Officier
, lui a donné la Croix de Saint Louis & un
Brevet de Capitaine Réformé , à la fuite des Carab
iniers.
1
AOUST . 1758 . 209
M. le Comte de Clermont s'étant démis le huit.
Juillet , du commandement de l'armée , le Roi l'a
donné à M. le Marquis de Contades.
Duſſeldorp a capitulé par ordre exprès de l'Electeur
Palatin , & les Hanovriens y font entrés
le neuf.
Les Lettres du camp de Froviller , en date du
20 de Juillet , marquent que le Prince Ferdinand
deBrunswick eſt toujours campé près de Neuff ,
&que notre armée n'a point changé de poſition.
M. le Marquis de Contades fait conftruire un ſecond
pont près de Cologne. Il étoit campé à
Mungerdorff dans la plaine de Cologne , lorſqu'il
apprit par les Détachemens qu'il avoit ſur la riviere
d'Erff, que le Prince Ferdinand avoit fait un
mouvement pour ſe porter en avant , & qu'il avoit
établi ſon Quartier général à Greveenbrock : il prit
la réſolution de faire marcher l'armée le 1 3 Juiller,
& vint camper à Gleſſeen. Il y fut informé que le
Prince Ferdinand avoit fait paſſer la riviere d'Erff
à ſon armée , ſur pluſieurs ponts , à Greveenbrock
même & au- deſſus , ce qui fit prendre à M. le Marquis
de Contades le parti de marcher le 14 dès la
pointedu jour ſur les hauteurs de Bedbourg , pour
prévenir le Prince Ferdinand. Son avant-garde y
trouvacelle des ennemis qu'elle repouſla ; le reſte
de l'armée qui ſuivoit de près ſur ſept colonnes ,
ſe mit en bataille preſqu'en préſence de celle du
Prince Ferdinand. M. le Marquis de Contades fit
toutes les diſpoſitions néceſſaires pour attaquer
l'ennemi ; mais ce Prince n'oſant pas s'expoſer au
riſque d'une action générale , avoit repaſſé l'Erff
vers les onze heures du ſoir ſur pluſieurs ponts ,
qu'il a fait rompre après ſon paſſage avec tant de
précipitation , qu'il a abandonné une piece de canon
de 18 liv. de balles, L'ennemi s'eſt replié du
210 MERCURE DE FRANCE.
côté de Neuff , ayant la riviere d'Erff devant lui.
M. leMarquisdeContades ſediſpoſe de le ſuivre ,
à la grande fatisfaction de toute l'armée qui brûle
du deſir de combattre. On a reçu avis par l'extrait
d'une lettre de l'armée du Prince de Soubiſe , de
Groos-Lenden , « que ce Prince'a raſſemb é toute
> ſon armée à Freidberg le 12 & le 14 Juillet. Elle a
>> marché en cantonnant , tant à cauſe du mauvais
>> temps que pour la facilité des ſubſiſtances ,jul-
>> qu'au 16 qu'elle eſt venue camper ici. M. le Duc
>> de Broglie commandoit l'avant-garde , & avoit
>> fait marcher en avant un gros Détachement de
> Royal-Naffau & des Troupes de Fiſcher . Nous
>> y avons appris que les ennemis , qui avoient pa-
>> ru vouloir défendre la Fortereſſe de Marburg ,
>> ont cependant pris le parti de l'abandonner au
>> moment que la troupe de Fiſcher ſe diſpoſoit à
>>> l'eſcalader . On a trouvé dans le Château uue'
>> grande quantité de fourrages & d'autres muni-
>> tions,& beaucoup d'artillerie. L'armée n'arrive-
>>ra à Marburg que dans deux jours , d'où elle ſe
> mettra promptement en marche pour Caffel.
>>On ne sçauroit exprimer la bonne volonté &
>> l'ardeur des Troupes » .
M. le Ducde Broglie occupa le 16 JuilletMarpurg
avec l'avant-garde qu'il commande. Cette
Ville eſt une des plus conſidérables de la Heſſe ;
elle est fortifiée , elle a un Château , un-beau Palais
où le Landgrave fait ſouvent ſa réſidence,une
Univerſité , un Hôtel de Ville magnifique & une
belle Place :elle eſt ſituée ſur la Lohn dans un
pays fort agréable. M. le Prince de Soubiſe , informé
de l'état &de la poſition des ennemis , prit
la réſolution de joindre le 18 à Marburg le Corps
de M. le Duc de Broglie. Les ennemis avoient un
camp de cinq à fix mille hommes à Birgel , & ils
AOUST. 1758. 21 F
occupoient le pofte de Kirchayn ſur la riviere de
Lohn. M. le Prince de Soubife fit ſes diſpoſitions
pour les en déloger. Il fit avancer dix Bataillons
&quatre Eſcadrons aux ordres de M. le Marquis
du Meſnil , Lieutenant-Général , près d'Hombourg
, Châ eau ſitué ſur la même riviere; il dé
tacha M. le Marquis de Crillon , LieutenantG- énéral
, à la tête de ſeize Bataillons & de quatre
Eſcadrons , dans les environs d'Allendorff, Ville
remarquable par ſes Salines ſur la Werre , & M.
le Marquis Deffalles , Maréchal de Camp , près
d'Ebſdorff, avec quatre Bataillons & quatre Eſcadrons.
Le 19 , ces trois Corps ont féjourné dans
ces différens Poftes , & le 20 toute Parmée s'eſt
raſſemblée au poſte de Kirchayn , que les ennemis
avoient abandonné à notre approche , pour ſe retirer
à Guifelberg ſur le grand chemin de Caffel.
Oncompte que l'avant-garde de cette armée fera
rendue le 23 à Caffel. L'allarme eſt grande dans
le Pays; mais on eſpere que la tranquillité s'y rétablira
, par l'exacte diſcipline que M. le Prince
de Soubiſe fait obſerver à ſes Troupes.
Un Corſaire Anglois de 30 canons , ayant
pourſuivi la Pinque l'Expédition , qui venoit de
Smyrne , juſques ſous le canon de Gallipoli ,.
qui a fait fait feu fur ce Corfaire , il s'en eſt emparé
& l'a conduite à Tunis ; mais la Régence
la fait relâcher , & elle eſt de retour à Marseille .
Le Corſaire Arnoux , de cette Ville , a conduit
à Livourne , la Pinque du Capitaine Brilland
de Martigues , qu'il a repriſe ſur les Anglois.
La cargaison de ce Navire , qui étoit
parti de Seyde pour revenir ici , eſt eſtimée
deux cents mille livres.
La Frégate du Roi le Zéphir , commandée
par M. le Chevalier de Ternay , Lieutenant de
212 MERCURE DE FRANCE.
Vaiſſeau , laquelle étoit à la ſuite de l'Eſcadre
commandée par M. Duchaffault ,, qui a relâché
au Port Dauphin ,& qui a porté à Iſle Royale
le Bataillon de Cambis , eſt arrivée à Breſt le 3
Juin. Elle a rapporté que cette Eſcadre compoſé
de quatre Vaiſſeaux y compris le Brillant ,
de la Compagnie des Indes , & de pluſieurs
Navires de tranſport , étoit partie pour Quebec
, & qu'elle étoit à l'entrée du fleuve Saint-
Laurent , lorſque cette Frégate s'en est détachée
pour revenir en France.
,
com- M. Cornic , Lieutenant de Frégate
mandant la Félicité , s'eſt emparé le 3 Juin ,
fur les Glenants , des deux Corſaires de Jerſey
le Prince de Pruſſe , de 80 hommes d'équipage
, & le Cors , de 60 hommes , armés de 10
canons chacun .
La Barque le Saint Joseph , de Tréguier , chargée
de fer , d'eau de vie & de ſavon , a été repriſe
& conduite à l'Ile de Bas , par le Corſaire la
Menette , de l'Orient.
La Frégate du Roi la Comete , partie de l'iſſe
Royale le 10 Juin , eſt arrivée au Port Louis le 27
du même mois. Elle a apporté les nouvelles ſuivantes.
Depuis les dernieres , qui ont annoncé l'en.
trée des deux Diviſions du Marquis Deſgouttes &
du ſieur Beauffier , il eſt arrivé dans cette Ile plufieurs
Vaiſſeaux du Roi & Bâtimens Marchands
ſçavoir , trois Navires de Saint- Malo , le 14 Mai ;
la Frégate l'Echo , le 27 ; le Vaiſſeau le Bizarre &
la Frégate l'Aréthuſe , le 30. Tous ces Bâtimens
étoient chargés de munitions & de vivres pour la
Colonie.
Les quatre Vaiſſeaux de la Diviſion du ſieurDuchaffault
, qui y tranſportoient le Bataillon de
Cambis, font arrivés en même-temps au Port Dauphin
avec le Vaiſſeau de la Compagnie des Indes
le Brillant. Le Bataillon deCambis s'eſt rendu dans
Louiſbourg.
Le premier Juin la Flotte Angloiſe s'étant montréedans
la Baye de Gabarus , au nombre de cent
treize Voiles , on a renforcé les poſtes de la côte.
Le 8 , à quatre heures du matin , les Anglois ont
commencé leur attaque du côté de la Cormorandiere
avec un grand nombre de bateaux plats chargés
de Troupes ,& des Frégates pour les foutenir.
Ilsyont eſſuyé un feu ſi vif , qu'ils ont perdu mille
àdouze cens hommes ; mais dans le temps qu'on
étoit occupé à empêcher leur deſcente , une par
AOUST. 1758 . 207
tiede leurs Berges s'eſt réfugiée au pied des rochers
eſcarpés ſur la droite de la Cormorandiere ,,
dans un endroit qui avoit paru inacceffible. Les
Anglois ayant trouvé moyen de grimper ſur le
fommet , n'ont été apperçus que lorſqu'ils ſe ſont
trouvés en force. Nos Troupes , après avoir réſiſté
autant qu'elles ont pu , ſe ſont retirées dans la Place
, où l'on ſe prépare à une vigoureuſe défenſe ,
yayant en abondance des munitions de guerre &
des provifions de bouche, Nous avons perdu dans
l'attaque du 8 , les ſieurs Delanglade , Capitaine
des Grenadiers du Bataillon de Bourgogne ; Romainville
, Soulieutenant de lamême Compagnie ; -
Beleſta , Capitaine des Grenadiers du Bataillon
d'Artois , & Savary , Soulieutenant de la même
Compagnie ; un Lieutenant des Volontaires Etrangers
; trois Officiers bleſſés , & environ cent cinquante
Soldats de tous les Corps tués , bleſlés , ou
faitspriſonniers.
Les Vaiſſeaux de guerre ſont toujours maîtres
du Port , que les ennemis n'ont point tenté de
forcer.
Le fieur de Boishebert , Officier de Canada ,
étoit attendu à l'Iſle Royale avec un détachement
des Troupes de Quebec , de Canadiens & de Sauvages.
Le Vaiſſeau du Roi le Formidable. , commandé
par le Comte de Blenac , Chef d'Eſcadre des Armées
Navales, eſt rentré à Breſt.
On a appris par un courier extraordinaire dépêché
le 6 de ce mois par l'Evêque Duc de Laon ,
Ambaſſadeur Extraordinaire du Roi auprès du Saint
Siege , que le même jour le Cardinal Rezzonico.
avoit été elu Pape, & avoit pris le nom de Clément
XIII. On a auſſi reçu la nouvelle que le nouveaus
Pape avoit choiſi pour Secrétaire d'Etat le Cardi
20S MERCURE DE FRANCE.
nal Archinto , qui exerçoit le même emploi ſous
le précédent Pontificat .
Il paroît une Ordonnance du Roi rendue le 10
de ce mois , par laquelle il eſt permis aux Soldats
qui ont déſerté avant le premier Février 1757 , de
s'engager indiſtinctement dans toutes les Troupes
de Sa Majesté , pour jouir de l'Amniſtie qu'il lui a
plu d'accorder par ſon Ordonnance du 20 Avril
de l'année derniere.
Dans le combat du 23 Juin dernier , M. de
Bullioud, âgé de dix-huit ans, Cornette de la Compagnie
de Saint-André dans la Brigade de Bovet ,
du Régiment des Carabiniers , après avoir forcé la
ligne d'Infanterie des ennemis , portant toujours
fon étendard , rallia quelques Carabiniers & des
Maréchaux des Logis , attaqua une batterie que
les ennemis préparoient , coupa les traits des chevaux
, tua pluſieurs Canonniers , & voyant de
l'impoſſibilité à regagner l'Armée du Roi , prit
le parti d'aller en avant par derriere les lignes de
Parmée ennemie , où il fit prifonnier un Colonel
Hanovrien. Il traverſa les marais de la Niers , gagna
Gladbec , petite Ville à quatre lieues de Crévelt
,& ſe trouvant obligé d'y paſſer la nuit , il en
fit fermer & garder les portes , & en partit le lendemain
à la pointe du jour. Après avoir fait un
grand tour , il arriva au camp de Neuff à deux
heures après-midi , & ſe préſenta au ſieur de Bovet
avec un Maréchal des Logis & vingt- cinq Carabiniers
, dont huit bleſſes & avec l'Etendard qu'il
a rapporté à ſa brigade.
Le Roi , en conſidération de l'intelligence , de
la valeur & de la bonne conduite de cejeune Officier
, lui a donné la Croix de Saint Louis & un
Brevet de Capitaine Réformé , à la fuite des Carab
iniers.
1
AOUST . 1758 . 209
M. le Comte de Clermont s'étant démis le huit.
Juillet , du commandement de l'armée , le Roi l'a
donné à M. le Marquis de Contades.
Duſſeldorp a capitulé par ordre exprès de l'Electeur
Palatin , & les Hanovriens y font entrés
le neuf.
Les Lettres du camp de Froviller , en date du
20 de Juillet , marquent que le Prince Ferdinand
deBrunswick eſt toujours campé près de Neuff ,
&que notre armée n'a point changé de poſition.
M. le Marquis de Contades fait conftruire un ſecond
pont près de Cologne. Il étoit campé à
Mungerdorff dans la plaine de Cologne , lorſqu'il
apprit par les Détachemens qu'il avoit ſur la riviere
d'Erff, que le Prince Ferdinand avoit fait un
mouvement pour ſe porter en avant , & qu'il avoit
établi ſon Quartier général à Greveenbrock : il prit
la réſolution de faire marcher l'armée le 1 3 Juiller,
& vint camper à Gleſſeen. Il y fut informé que le
Prince Ferdinand avoit fait paſſer la riviere d'Erff
à ſon armée , ſur pluſieurs ponts , à Greveenbrock
même & au- deſſus , ce qui fit prendre à M. le Marquis
de Contades le parti de marcher le 14 dès la
pointedu jour ſur les hauteurs de Bedbourg , pour
prévenir le Prince Ferdinand. Son avant-garde y
trouvacelle des ennemis qu'elle repouſla ; le reſte
de l'armée qui ſuivoit de près ſur ſept colonnes ,
ſe mit en bataille preſqu'en préſence de celle du
Prince Ferdinand. M. le Marquis de Contades fit
toutes les diſpoſitions néceſſaires pour attaquer
l'ennemi ; mais ce Prince n'oſant pas s'expoſer au
riſque d'une action générale , avoit repaſſé l'Erff
vers les onze heures du ſoir ſur pluſieurs ponts ,
qu'il a fait rompre après ſon paſſage avec tant de
précipitation , qu'il a abandonné une piece de canon
de 18 liv. de balles, L'ennemi s'eſt replié du
210 MERCURE DE FRANCE.
côté de Neuff , ayant la riviere d'Erff devant lui.
M. leMarquisdeContades ſediſpoſe de le ſuivre ,
à la grande fatisfaction de toute l'armée qui brûle
du deſir de combattre. On a reçu avis par l'extrait
d'une lettre de l'armée du Prince de Soubiſe , de
Groos-Lenden , « que ce Prince'a raſſemb é toute
> ſon armée à Freidberg le 12 & le 14 Juillet. Elle a
>> marché en cantonnant , tant à cauſe du mauvais
>> temps que pour la facilité des ſubſiſtances ,jul-
>> qu'au 16 qu'elle eſt venue camper ici. M. le Duc
>> de Broglie commandoit l'avant-garde , & avoit
>> fait marcher en avant un gros Détachement de
> Royal-Naffau & des Troupes de Fiſcher . Nous
>> y avons appris que les ennemis , qui avoient pa-
>> ru vouloir défendre la Fortereſſe de Marburg ,
>> ont cependant pris le parti de l'abandonner au
>> moment que la troupe de Fiſcher ſe diſpoſoit à
>>> l'eſcalader . On a trouvé dans le Château uue'
>> grande quantité de fourrages & d'autres muni-
>> tions,& beaucoup d'artillerie. L'armée n'arrive-
>>ra à Marburg que dans deux jours , d'où elle ſe
> mettra promptement en marche pour Caffel.
>>On ne sçauroit exprimer la bonne volonté &
>> l'ardeur des Troupes » .
M. le Ducde Broglie occupa le 16 JuilletMarpurg
avec l'avant-garde qu'il commande. Cette
Ville eſt une des plus conſidérables de la Heſſe ;
elle est fortifiée , elle a un Château , un-beau Palais
où le Landgrave fait ſouvent ſa réſidence,une
Univerſité , un Hôtel de Ville magnifique & une
belle Place :elle eſt ſituée ſur la Lohn dans un
pays fort agréable. M. le Prince de Soubiſe , informé
de l'état &de la poſition des ennemis , prit
la réſolution de joindre le 18 à Marburg le Corps
de M. le Duc de Broglie. Les ennemis avoient un
camp de cinq à fix mille hommes à Birgel , & ils
AOUST. 1758. 21 F
occupoient le pofte de Kirchayn ſur la riviere de
Lohn. M. le Prince de Soubife fit ſes diſpoſitions
pour les en déloger. Il fit avancer dix Bataillons
&quatre Eſcadrons aux ordres de M. le Marquis
du Meſnil , Lieutenant-Général , près d'Hombourg
, Châ eau ſitué ſur la même riviere; il dé
tacha M. le Marquis de Crillon , LieutenantG- énéral
, à la tête de ſeize Bataillons & de quatre
Eſcadrons , dans les environs d'Allendorff, Ville
remarquable par ſes Salines ſur la Werre , & M.
le Marquis Deffalles , Maréchal de Camp , près
d'Ebſdorff, avec quatre Bataillons & quatre Eſcadrons.
Le 19 , ces trois Corps ont féjourné dans
ces différens Poftes , & le 20 toute Parmée s'eſt
raſſemblée au poſte de Kirchayn , que les ennemis
avoient abandonné à notre approche , pour ſe retirer
à Guifelberg ſur le grand chemin de Caffel.
Oncompte que l'avant-garde de cette armée fera
rendue le 23 à Caffel. L'allarme eſt grande dans
le Pays; mais on eſpere que la tranquillité s'y rétablira
, par l'exacte diſcipline que M. le Prince
de Soubiſe fait obſerver à ſes Troupes.
Un Corſaire Anglois de 30 canons , ayant
pourſuivi la Pinque l'Expédition , qui venoit de
Smyrne , juſques ſous le canon de Gallipoli ,.
qui a fait fait feu fur ce Corfaire , il s'en eſt emparé
& l'a conduite à Tunis ; mais la Régence
la fait relâcher , & elle eſt de retour à Marseille .
Le Corſaire Arnoux , de cette Ville , a conduit
à Livourne , la Pinque du Capitaine Brilland
de Martigues , qu'il a repriſe ſur les Anglois.
La cargaison de ce Navire , qui étoit
parti de Seyde pour revenir ici , eſt eſtimée
deux cents mille livres.
La Frégate du Roi le Zéphir , commandée
par M. le Chevalier de Ternay , Lieutenant de
212 MERCURE DE FRANCE.
Vaiſſeau , laquelle étoit à la ſuite de l'Eſcadre
commandée par M. Duchaffault ,, qui a relâché
au Port Dauphin ,& qui a porté à Iſle Royale
le Bataillon de Cambis , eſt arrivée à Breſt le 3
Juin. Elle a rapporté que cette Eſcadre compoſé
de quatre Vaiſſeaux y compris le Brillant ,
de la Compagnie des Indes , & de pluſieurs
Navires de tranſport , étoit partie pour Quebec
, & qu'elle étoit à l'entrée du fleuve Saint-
Laurent , lorſque cette Frégate s'en est détachée
pour revenir en France.
,
com- M. Cornic , Lieutenant de Frégate
mandant la Félicité , s'eſt emparé le 3 Juin ,
fur les Glenants , des deux Corſaires de Jerſey
le Prince de Pruſſe , de 80 hommes d'équipage
, & le Cors , de 60 hommes , armés de 10
canons chacun .
La Barque le Saint Joseph , de Tréguier , chargée
de fer , d'eau de vie & de ſavon , a été repriſe
& conduite à l'Ile de Bas , par le Corſaire la
Menette , de l'Orient.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En 1758, plusieurs événements militaires et navals marquants ont eu lieu. La frégate royale 'La Comète' est arrivée à Port-Louis le 27 juin après avoir quitté l'Isle Royale le 10 juin, apportant des nouvelles de l'arrivée de divers vaisseaux et bâtiments marchands à l'île, chargés de munitions et de vivres pour la colonie. Parmi ces navires figuraient trois vaisseaux de Saint-Malo : les frégates 'L'Écho' et 'L'Aréthuse', et le vaisseau 'Le Bizarre'. La division du sieur Duchaffault, transportant le Bataillon de Cambis, est arrivée au Port Dauphin avec le vaisseau 'Le Brillant' de la Compagnie des Indes, et le bataillon s'est ensuite rendu à Louisbourg. Le 1er juin, une flotte anglaise de 113 voiles a été repérée dans la baie de Gabarus, ce qui a conduit au renforcement des postes côtiers. Le 8 juin, les Anglais ont attaqué du côté de la Cormorandière, subissant de lourdes pertes mais réussissant à prendre position sur des rochers escarpés. Les troupes françaises se sont retirées dans la place forte, préparant une défense vigoureuse. Les pertes françaises incluaient plusieurs officiers et environ cent cinquante soldats tués, blessés ou prisonniers. Les vaisseaux de guerre français contrôlaient toujours le port. Le sieur de Boishebert, officier du Canada, était attendu à l'Isle Royale avec des troupes de Québec, des Canadiens et des autochtones. Le vaisseau 'Le Formidable', commandé par le Comte de Blenac, est rentré à Brest. Sur le plan diplomatique, le Cardinal Rezzonico a été élu Pape, prenant le nom de Clément XIII, et le Cardinal Archinto a été nommé Secrétaire d'État. Une ordonnance royale permettait aux déserteurs de s'engager à nouveau dans les troupes du roi. Plusieurs actions militaires ont été détaillées, notamment le combat du 23 juin où M. de Bullioud, âgé de dix-huit ans, a montré un grand courage en ralliant des troupes et capturant un colonel hanovrien. Pour cet exploit, il a reçu la Croix de Saint Louis et un brevet de capitaine réformé. Des changements de commandement ont été notés, comme la démission du Comte de Clermont et la nomination du Marquis de Contades à la tête de l'armée. Des mouvements de troupes et des batailles ont été décrits, notamment autour de Düsseldorf, de Neuff et de Marburg, où les armées françaises et ennemies se sont affrontées ou préparées à le faire. Enfin, des actions navales ont été rapportées, comme la capture de corsaires anglais et la libération de navires français par des corsaires français. La frégate 'Le Zéphir' a rapporté que l'escadre commandée par M. Duchaffault se dirigeait vers Québec.
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81
p. 203-204
DE LA HAYE, le 12. Décembre.
Début :
La Ville d'Amsterdam a envoyé cinq Députés à Alphen, où ils vont [...]
Mots clefs :
Députés, Vaisseaux, Anglais, Négociants, Mémoire, Audience, Princesse gouvernante, Troupes, Vaisseaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LA HAYE, le 12. Décembre.
DE LA HAYE , le 12. Décembre:
La Ville d'Amfterdam a envoyé cinq Députés ,
Alphen , où ils ont trouvé cinq autres Députés
de la Ville de Rotterdam . L'objet de cette députation
étoit de délibérer enſemble fur ce qu'il
convenoit de faire dans la conjoncture préfente.
Il n'y a aucune efpérance que les Vaiffeaux pris
par les Anglois , foient rendus. L'infenfibilité du
Ministére de Londres aux plaintes de nos Négociants
, a déterminé à préfenter un nouveau
Mémoire à la Princeffe Gouvernante qui n'y a répondu
que par de foibles affurances de protec
tion.
Le 6. de ce mois il artiva une quatriéme Dé--
putation des Négociants , plus nombreuſe que
les précédentes. Les Députés , après avoir con
féré d'abord avec le Président de femaine & les
autres Membres de l'Etat , fe rendirent à l'Au--
dience de la Princeffe Gouvernante , & lur préfenterent
un nouveau Mémoire ou les griefs ,
dont on s'eft déja plein tant de fois , étoient exprimés
avec beaucoup d'énergie. Ce Mémoire
dont il s'eft répandu des copies , a fait ici de
fortes impreffions. Le Général York s'eſt donné
de grands mouvements pour les détruire , il
dit qu'il avoit reçu ordre de fa Cour , d'entre
a
Lvj
204 MERCURE DE FRANCE.
en Négociation avec leurs Hautes fuifances, pour
donner aux Intéreffés la fatisfaction qu'ils demandoient
; & il a propofé de nommer des Commiffaires
chargés fpécialement de traiter cette
affaire avec lui.
On eft convaincu que cette démarche de fa
part n'eft qu'un moyen imaginé pour fufpendre
le bon effet du Mémoire ; & qu'il n'a parlé de
négociation , que dans l'efpérance de faire naître
des incidents & des longueurs propres à anéantir
les difpofitions où l'on paroît être de ſe faire
juſtice .
Du 26.
Les Etats Généraux ont écrit une Lettre aux
Etats de Hollande & de Weftfrife fur l'augmen
cation des troupes. Cette Lettre , en date du 11 .
Décembre , porte en fubftance : que la Princefle
Gouvernante s'étoit préſentée à l'Aſſemblée afin
d'expofer combien il étoit important de prendre
une derniere réfolution fur l'augmentation des
troupes de terre , néceffaire à la fureté du Pays ,
& fur l'équipement des Vailleaux , vivement
follicité par les Négociants ; qu'il paroît en effet
que la tranquillité de la République exige , qu'on
fe décide promptement fur ces deux points ;
& que le feul moyen de les remplir efficacement ,
c'eft de mettre plus de concert qu'il y en a eu
jufqu'à préfent dans les délibérations particuliéres
des Provinces-Unies , & d'empêcher que leurs
vue's oppofées ne produifent un Schifme dont
les fuites ne pourroient être que funeſtes. La Princeffe
Gouvernante eft fort mal. Sa maladie eft
une Hydropifie que les Médecins jugent d'une
efpéce très-dangereuſe.
La Ville d'Amfterdam a envoyé cinq Députés ,
Alphen , où ils ont trouvé cinq autres Députés
de la Ville de Rotterdam . L'objet de cette députation
étoit de délibérer enſemble fur ce qu'il
convenoit de faire dans la conjoncture préfente.
Il n'y a aucune efpérance que les Vaiffeaux pris
par les Anglois , foient rendus. L'infenfibilité du
Ministére de Londres aux plaintes de nos Négociants
, a déterminé à préfenter un nouveau
Mémoire à la Princeffe Gouvernante qui n'y a répondu
que par de foibles affurances de protec
tion.
Le 6. de ce mois il artiva une quatriéme Dé--
putation des Négociants , plus nombreuſe que
les précédentes. Les Députés , après avoir con
féré d'abord avec le Président de femaine & les
autres Membres de l'Etat , fe rendirent à l'Au--
dience de la Princeffe Gouvernante , & lur préfenterent
un nouveau Mémoire ou les griefs ,
dont on s'eft déja plein tant de fois , étoient exprimés
avec beaucoup d'énergie. Ce Mémoire
dont il s'eft répandu des copies , a fait ici de
fortes impreffions. Le Général York s'eſt donné
de grands mouvements pour les détruire , il
dit qu'il avoit reçu ordre de fa Cour , d'entre
a
Lvj
204 MERCURE DE FRANCE.
en Négociation avec leurs Hautes fuifances, pour
donner aux Intéreffés la fatisfaction qu'ils demandoient
; & il a propofé de nommer des Commiffaires
chargés fpécialement de traiter cette
affaire avec lui.
On eft convaincu que cette démarche de fa
part n'eft qu'un moyen imaginé pour fufpendre
le bon effet du Mémoire ; & qu'il n'a parlé de
négociation , que dans l'efpérance de faire naître
des incidents & des longueurs propres à anéantir
les difpofitions où l'on paroît être de ſe faire
juſtice .
Du 26.
Les Etats Généraux ont écrit une Lettre aux
Etats de Hollande & de Weftfrife fur l'augmen
cation des troupes. Cette Lettre , en date du 11 .
Décembre , porte en fubftance : que la Princefle
Gouvernante s'étoit préſentée à l'Aſſemblée afin
d'expofer combien il étoit important de prendre
une derniere réfolution fur l'augmentation des
troupes de terre , néceffaire à la fureté du Pays ,
& fur l'équipement des Vailleaux , vivement
follicité par les Négociants ; qu'il paroît en effet
que la tranquillité de la République exige , qu'on
fe décide promptement fur ces deux points ;
& que le feul moyen de les remplir efficacement ,
c'eft de mettre plus de concert qu'il y en a eu
jufqu'à préfent dans les délibérations particuliéres
des Provinces-Unies , & d'empêcher que leurs
vue's oppofées ne produifent un Schifme dont
les fuites ne pourroient être que funeſtes. La Princeffe
Gouvernante eft fort mal. Sa maladie eft
une Hydropifie que les Médecins jugent d'une
efpéce très-dangereuſe.
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Résumé : DE LA HAYE, le 12. Décembre.
Le 12 décembre à La Haye, des députés d'Amsterdam et de Rotterdam se sont réunis pour discuter de la situation actuelle. Les vaisseaux pris par les Anglais ne seront pas rendus malgré les plaintes des négociants. Un nouveau mémoire a été présenté à la princesse gouvernante, qui a répondu par des assurances de protection jugées insuffisantes. Le 6 décembre, une quatrième délégation de négociants a présenté un mémoire énergique à la princesse gouvernante, suscitant de fortes impressions. Le général York a proposé une négociation pour suspendre l'effet du mémoire. Le 26 décembre, les États Généraux ont demandé aux États de Hollande et de Westfrise d'augmenter les troupes et d'équiper les vaisseaux, sollicité par les négociants. La princesse gouvernante a souligné l'importance de ces mesures pour la sûreté du pays et a appelé à une plus grande unité dans les délibérations des Provinces-Unies. La princesse gouvernante est gravement malade, souffrant d'une hydropisie jugée très dangereuse par les médecins.
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82
p. 205
D'AMSTERDAM, le 26. Décembre.
Début :
Tandis que nous croyons que le Ministere Anglois se disposoit à nous faire [...]
Mots clefs :
Ministère anglais, Vaisseaux, Attaques, Corsaires , Pillages, Capitaines, Cargaison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : D'AMSTERDAM, le 26. Décembre.
D'AMSTERDAM , le 26. Décembre.
Tandis que nous croyons que le Miniſtere
Anglois fe diſpoſoit à nous faire juſtice des pirateries
exercés contre nos Vaiffeaux , nous avons
appris qu'un Navire de Rotterdam chargé à
Hambourg pour Liſbonne , a été attaqué dans
la Manche par trois Corfaires Anglois . Ila lui
ont enlevé pour douze mille florins de toiles
-& de cotton ; un quatriéme Corſaire eft furvenu
& s'eft emparé de tous les effets qu'il a
trouvé à ſa bienséance . Pour exécuter ce pillage
plus librement , il a fait écarter l'équipage du
Navire à coup de fabre , & a fait eſſuyer au
Pilote les plus indignes traitements.
Ce qui eft arrivé à deux Vaiffeaux partis de
Saint-Eustache pour Fleffingue , eſt encore plus
extraordinaire. Ces Vaiffeaux furent pris dans la
traversée par un Corfaire Anglois , & menés à
Saint-Janshaven. Quelque tems après le Juge
du lieu fit appeller les Capitaines , & leur fignifia
, que par les derniers Bâtimens venus d'Angleterre
il avoit reçu ordre de confifquer leur
cargaifon. Les Capitaines s'efforcerent en vain
de reclamer contre l'injuftice de ce procédé. On
leur répondit que leurs difcours étoient inutiles
qu'il falloit fe foumettre à la ſentence de confifcation
, dont le motif étoit que leurs Vaiffeaux
avoient été chargés pour le fervice de
la France. Le même jour le Juge envoya deux
Gardes à bord de ces Vaiffeaux , & fit mettre
le fcellé fur les écoutilles . Les jours fuivants il
fit décharger les marchandiſes , après quoi on
permit aux deux Capitaines de faire voile pour
Fleffingue. Les Propriétaires de ces deux Vaiffeaux
offrent de produire des certificats où l'on atteftera
avec ferment , que leur cargaiſons étoient pour
le compte des Sujets de la République , & non
pour celui des François.
Tandis que nous croyons que le Miniſtere
Anglois fe diſpoſoit à nous faire juſtice des pirateries
exercés contre nos Vaiffeaux , nous avons
appris qu'un Navire de Rotterdam chargé à
Hambourg pour Liſbonne , a été attaqué dans
la Manche par trois Corfaires Anglois . Ila lui
ont enlevé pour douze mille florins de toiles
-& de cotton ; un quatriéme Corſaire eft furvenu
& s'eft emparé de tous les effets qu'il a
trouvé à ſa bienséance . Pour exécuter ce pillage
plus librement , il a fait écarter l'équipage du
Navire à coup de fabre , & a fait eſſuyer au
Pilote les plus indignes traitements.
Ce qui eft arrivé à deux Vaiffeaux partis de
Saint-Eustache pour Fleffingue , eſt encore plus
extraordinaire. Ces Vaiffeaux furent pris dans la
traversée par un Corfaire Anglois , & menés à
Saint-Janshaven. Quelque tems après le Juge
du lieu fit appeller les Capitaines , & leur fignifia
, que par les derniers Bâtimens venus d'Angleterre
il avoit reçu ordre de confifquer leur
cargaifon. Les Capitaines s'efforcerent en vain
de reclamer contre l'injuftice de ce procédé. On
leur répondit que leurs difcours étoient inutiles
qu'il falloit fe foumettre à la ſentence de confifcation
, dont le motif étoit que leurs Vaiffeaux
avoient été chargés pour le fervice de
la France. Le même jour le Juge envoya deux
Gardes à bord de ces Vaiffeaux , & fit mettre
le fcellé fur les écoutilles . Les jours fuivants il
fit décharger les marchandiſes , après quoi on
permit aux deux Capitaines de faire voile pour
Fleffingue. Les Propriétaires de ces deux Vaiffeaux
offrent de produire des certificats où l'on atteftera
avec ferment , que leur cargaiſons étoient pour
le compte des Sujets de la République , & non
pour celui des François.
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Résumé : D'AMSTERDAM, le 26. Décembre.
Le 26 décembre à Amsterdam, des attaques de corsaires anglais ont été signalées contre des navires néerlandais. Un navire de Rotterdam, chargé à Hambourg pour Lisbonne, a été attaqué dans la Manche par trois corsaires anglais, qui ont dérobé des marchandises d'une valeur de douze mille florins en toiles et coton. Un quatrième corsaire a ensuite pris le contrôle du navire, malmenant l'équipage et le pilote. Par ailleurs, deux navires partis de Saint-Eustache à destination de Flessingue ont été capturés par un corsaire anglais et conduits à Saint-Janshaven. Le juge local a ordonné la confiscation de leur cargaison, prétendant qu'elle était destinée au service de la France. Malgré les protestations des capitaines, la confiscation a été maintenue et les marchandises ont été déchargées. Les capitaines ont ensuite été autorisés à repartir pour Flessingue. Les propriétaires des navires affirment pouvoir fournir des certificats prouvant que les cargaisons étaient destinées aux sujets de la République, et non à la France.
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83
p. 204-207
DE LONDRES, le 14 Janvier.
Début :
L'Escadre qui doit partir pour les Indes Orientales, escortera les Vaisseaux [...]
Mots clefs :
Indes orientales, Escadre, Vaisseaux, Sénégal, Détachement des troupes, New York, Armateur français, Port, Gouvernement, Ministres, Bengale, Lettres, Compagnie des Indes, Attaques, Amiral, Général Forbes, Combats, Fortifications, Résistance, Prisonniers de guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 14 Janvier.
DE LONDRES , le 14 Janvier.
L'Efcadre qui doit partir pour les Indes Orientales
, eſcortera les Vaiffeaux de la Compagnie. On
arme à Portsmouth quinze Vaifieaux de ligne , &
plufieurs autres Bâtimens fur lefquels on fait embarquer
des vivres pour huit mois. Un gros détachement
du corps de l'artillerie , qui a eu ordre
de partir de Wolwich le 8 de ce mois fera employé
fur cette flotte commandée par le Général
Bofcawen. On affure que ce grand armement a
pour objet uue expédition fecrette & étrangere au
plan d'opérations qui a été annoncé.
On a reçu des Lettres du Sénégal fur les côtes
MARS. 1759. 205
d'Afrique ces Lettres portent qu'un détache
ment de nos troupes ayant eu ordre de marcher
contre une Nation du Pays , qui eft fort attachée
aux François , avoit été battu , contraint de prendre
la fuite avec précipitation , après avoir eu
vingt- quatre hommes tués & vingt- fept bleffés ,
& que le Commandant en fecond a été du nombre
des morts.
Nous avons appris par des Lettres de la Nouvelle
York , qu'un Armateur François nommé
Chatileau , a établi fa croiſière le long des côtes
de cette Province , & qu'il s'y eft rendu fi redou
table , que tous les bâtimens fe tiennent renfermés
dans les Ports , par l'impoffibilité d'éviter la
rencontre. En deux mois de temps il a fait vingttrois
prifes confidérables . Le dernier navire dont
i s'eft emparé tranfportoit à Bofton cinquante
foldats avec leurs femmes. Ce Corfaire , après
l'avoir pillé a contraint le Capitaine de lui payer
deux cens livres fterlings de rançon .
Du 19
La Cour reçut dernierement des lettres de la
Haye , dans lesquelles le Général York rend compte.
des conférences qu'il a eues avec quelques Membres
du Gouvernement des Provinces Unies. II
paroît que les conteftations qui fe font élevées
au fujet de l'enlévement des Navires Hollandois
par nos Armateurs , s'aigriffent de plus en plus.
Notre Ministère voudroit bien terminer ce différend
a l'amiable ; mais il perlévére a exiger pour
condition , que les Etats- Généraux interdiront à
leurs Sujets un comm rce auquel il n'eft pas
à
préfumer qu'ils veuillent renoncer.
Les lettres écrites de Bengale en date du mois
de Mars 1758 , nous ont appris que dix vaiffeaux.
François arriverent à la rade de Pondicheri au
mois de Septembre 1757 , & y débarquerent le
206 MERCURE DE FRANCE.
Régiment de Lorraine , & qu'enfuite ces vaiffeaux
retournerent à l'Ile Maurice pour y prendre
d'autres troupes qu'ils y avoient laiffées. On
ajoute dans cette lettre que la fupériorité des
troupes Françoifes dans l'Inde donne beaucoup
à craindre pour nos établiffemens ; qu'on eſt
perfuadé que les François méditent quelque
grande entreprise , d'autant plus qu'à l'arrivée
des vaiffeaux de leur Compagnie des Indes , leur
marine ne fera point inférieure à la nôtre.
Nous avons été informés par des Lettres venues
de Guinée , qu'un Corfaire François avoit
foutenu un combat de quatre heures contre un
de nos vaiffeaux de guerre de 64 canons & une
de nos frégates de 28. Ce bâtiment nommé le
Comte de Saint Florentin , croifoit depuis quelque
temps le long de la Côte de Guinée , à deffein
d'enlever les navires Anglois employés à la traite
des Négres.
L'Amiral Saunders commandera la flotte qui
doit partir incellamment pour l'Amérique Sepsentrionnale.
Cette flotte eft compofée de qua
torze vaiffeaux de ligne & de deux frégates.
Le 20
>
Du 29.
an Courrier arrivé de la Haye apporta
la nouvelle de la mort de la Princelle
Anne , Fille aînée du Roi & Gouvernante des
Provinces- Unies.
Le 20 Décembre dernier on a appris par les
Lettres du Général Forbes , en date du 30 Novembre
1758 , que le
24
du même mois les Indiens
qui faifoient partie de la Garnifon Françoiſe
du Fort du Quefne , avoient pris querelle avec
les autres troupes de cette garnifon , & que leur
mécontentement avoit été fi grand , qu'ils étoient
fortis du Fort pour fe retirer bien avant dans les
terres ; qu'alors les François affoiblis par cette
MARS 1759.
207
déſertion , avoient pris le parti de faire fauter les
ouvrages , d'emmener l'artillerie & les munitions
, & de s'embarquer fur l'Ohio pour ſe rapprocher
des établiffemens qu'ils ont fur le Miffiffipi.
Ces Lettres ajoutent que le Général Forbes
averti de leur retraite , s'avança auffitốt pour
prendre poffeffion de la Place , qu'il en trouva
toutes les fortifications détruites & tous les effets
enlevés ; qu'il détacha quelque cavalerie légère
pour aller à la pourfuite des ennemis ; mais qu'on
ne put jamais les atteindre. Ainfi les François ont
perdu un Fort , & nos troupes n'ont gagné que
des ruines .
Du 3 Février.
Une chaloupe de guerre arrivée le 26. à Portf
mouth , nous a appris le fuccès de l'expédition
du fieur Keppel , Chef d'Eſcadre , fur les côtes
d'Afrique. Dans la route il effuya une tempête
violente qui difperfa fon efcadre , & trois des
navires qui la compofoient firent naufrage fur
les côtes de Barbarie ; mais cet accident ne l'empêcha
point de fuivre fon objet . Il arriva le 28
Décembre avec le refte de fon efcadre à la hauteur
de l'Ile de Gorée . Dès le jour fuiyant il attaqua
les forts occupés dans cette Ille par les
François. La réfiftance fut d'abord affez vive ;
mais l'attaque ayant continué avec ardeur , les
trois cens hommes qui étoient dans l'Ifle furent
contraints de fe rendre prifonniers de guerre.
L'Efcadre qui doit partir pour les Indes Orientales
, eſcortera les Vaiffeaux de la Compagnie. On
arme à Portsmouth quinze Vaifieaux de ligne , &
plufieurs autres Bâtimens fur lefquels on fait embarquer
des vivres pour huit mois. Un gros détachement
du corps de l'artillerie , qui a eu ordre
de partir de Wolwich le 8 de ce mois fera employé
fur cette flotte commandée par le Général
Bofcawen. On affure que ce grand armement a
pour objet uue expédition fecrette & étrangere au
plan d'opérations qui a été annoncé.
On a reçu des Lettres du Sénégal fur les côtes
MARS. 1759. 205
d'Afrique ces Lettres portent qu'un détache
ment de nos troupes ayant eu ordre de marcher
contre une Nation du Pays , qui eft fort attachée
aux François , avoit été battu , contraint de prendre
la fuite avec précipitation , après avoir eu
vingt- quatre hommes tués & vingt- fept bleffés ,
& que le Commandant en fecond a été du nombre
des morts.
Nous avons appris par des Lettres de la Nouvelle
York , qu'un Armateur François nommé
Chatileau , a établi fa croiſière le long des côtes
de cette Province , & qu'il s'y eft rendu fi redou
table , que tous les bâtimens fe tiennent renfermés
dans les Ports , par l'impoffibilité d'éviter la
rencontre. En deux mois de temps il a fait vingttrois
prifes confidérables . Le dernier navire dont
i s'eft emparé tranfportoit à Bofton cinquante
foldats avec leurs femmes. Ce Corfaire , après
l'avoir pillé a contraint le Capitaine de lui payer
deux cens livres fterlings de rançon .
Du 19
La Cour reçut dernierement des lettres de la
Haye , dans lesquelles le Général York rend compte.
des conférences qu'il a eues avec quelques Membres
du Gouvernement des Provinces Unies. II
paroît que les conteftations qui fe font élevées
au fujet de l'enlévement des Navires Hollandois
par nos Armateurs , s'aigriffent de plus en plus.
Notre Ministère voudroit bien terminer ce différend
a l'amiable ; mais il perlévére a exiger pour
condition , que les Etats- Généraux interdiront à
leurs Sujets un comm rce auquel il n'eft pas
à
préfumer qu'ils veuillent renoncer.
Les lettres écrites de Bengale en date du mois
de Mars 1758 , nous ont appris que dix vaiffeaux.
François arriverent à la rade de Pondicheri au
mois de Septembre 1757 , & y débarquerent le
206 MERCURE DE FRANCE.
Régiment de Lorraine , & qu'enfuite ces vaiffeaux
retournerent à l'Ile Maurice pour y prendre
d'autres troupes qu'ils y avoient laiffées. On
ajoute dans cette lettre que la fupériorité des
troupes Françoifes dans l'Inde donne beaucoup
à craindre pour nos établiffemens ; qu'on eſt
perfuadé que les François méditent quelque
grande entreprise , d'autant plus qu'à l'arrivée
des vaiffeaux de leur Compagnie des Indes , leur
marine ne fera point inférieure à la nôtre.
Nous avons été informés par des Lettres venues
de Guinée , qu'un Corfaire François avoit
foutenu un combat de quatre heures contre un
de nos vaiffeaux de guerre de 64 canons & une
de nos frégates de 28. Ce bâtiment nommé le
Comte de Saint Florentin , croifoit depuis quelque
temps le long de la Côte de Guinée , à deffein
d'enlever les navires Anglois employés à la traite
des Négres.
L'Amiral Saunders commandera la flotte qui
doit partir incellamment pour l'Amérique Sepsentrionnale.
Cette flotte eft compofée de qua
torze vaiffeaux de ligne & de deux frégates.
Le 20
>
Du 29.
an Courrier arrivé de la Haye apporta
la nouvelle de la mort de la Princelle
Anne , Fille aînée du Roi & Gouvernante des
Provinces- Unies.
Le 20 Décembre dernier on a appris par les
Lettres du Général Forbes , en date du 30 Novembre
1758 , que le
24
du même mois les Indiens
qui faifoient partie de la Garnifon Françoiſe
du Fort du Quefne , avoient pris querelle avec
les autres troupes de cette garnifon , & que leur
mécontentement avoit été fi grand , qu'ils étoient
fortis du Fort pour fe retirer bien avant dans les
terres ; qu'alors les François affoiblis par cette
MARS 1759.
207
déſertion , avoient pris le parti de faire fauter les
ouvrages , d'emmener l'artillerie & les munitions
, & de s'embarquer fur l'Ohio pour ſe rapprocher
des établiffemens qu'ils ont fur le Miffiffipi.
Ces Lettres ajoutent que le Général Forbes
averti de leur retraite , s'avança auffitốt pour
prendre poffeffion de la Place , qu'il en trouva
toutes les fortifications détruites & tous les effets
enlevés ; qu'il détacha quelque cavalerie légère
pour aller à la pourfuite des ennemis ; mais qu'on
ne put jamais les atteindre. Ainfi les François ont
perdu un Fort , & nos troupes n'ont gagné que
des ruines .
Du 3 Février.
Une chaloupe de guerre arrivée le 26. à Portf
mouth , nous a appris le fuccès de l'expédition
du fieur Keppel , Chef d'Eſcadre , fur les côtes
d'Afrique. Dans la route il effuya une tempête
violente qui difperfa fon efcadre , & trois des
navires qui la compofoient firent naufrage fur
les côtes de Barbarie ; mais cet accident ne l'empêcha
point de fuivre fon objet . Il arriva le 28
Décembre avec le refte de fon efcadre à la hauteur
de l'Ile de Gorée . Dès le jour fuiyant il attaqua
les forts occupés dans cette Ille par les
François. La réfiftance fut d'abord affez vive ;
mais l'attaque ayant continué avec ardeur , les
trois cens hommes qui étoient dans l'Ifle furent
contraints de fe rendre prifonniers de guerre.
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Résumé : DE LONDRES, le 14 Janvier.
Le 14 janvier, une flotte doit partir de Portsmouth pour escorter les vaisseaux de la Compagnie des Indes vers les Indes Orientales. Cette flotte, composée de quinze vaisseaux de ligne et plusieurs autres bâtiments, est armée pour une durée de huit mois. Elle est commandée par le Général Boscawen et rejoint par un détachement de l'artillerie parti de Woolwich le 8 janvier. Cette expédition semble cacher des intentions secrètes. Au Sénégal, un détachement de troupes françaises a été battu lors d'une opération contre une nation alliée des Français, subissant 24 morts et 27 blessés, dont le commandant en second. À New York, le corsaire français Chatileau terrorise les côtes en capturant 23 navires en deux mois, dont un transportant 50 soldats et leurs femmes vers Boston. Des tensions existent entre la France et les Provinces Unies concernant la capture de navires hollandais par des armateurs français. La France souhaite une résolution amiable mais exige que les États-Généraux interdisent ce commerce. En Inde, des lettres de Bengale signalent l'arrivée de dix vaisseaux français à Pondichéry en septembre 1757, débarquant le Régiment de Lorraine. Cette présence française est perçue comme une menace. En Guinée, un corsaire français a combattu pendant quatre heures contre un vaisseau de guerre britannique de 64 canons et une frégate de 28 canons. L'Amiral Saunders doit commander une flotte de 14 vaisseaux de ligne et 2 frégates pour l'Amérique du Nord. Le 29 décembre, un courrier de La Haye annonce la mort de la Princesse Anne, fille aînée du Roi et gouvernante des Provinces-Unies. Le 20 décembre, des lettres du Général Forbes rapportent qu'une mutinerie d'Indiens a forcé les Français à abandonner le Fort Duquesne. Le Général Forbes a pris possession des ruines mais n'a pas pu capturer les fugitifs. Le 3 février, une chaloupe de guerre rapporte le succès de l'expédition du Sieur Keppel en Afrique. Malgré une tempête ayant causé la perte de trois navires, Keppel a capturé l'île de Gorée, prenant 300 prisonniers français.
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84
p. 208
D'AMSTERDAM, le 19 Janvier.
Début :
La Lettre attribuée au Général York vient d'être pleinement réfutée dans [...]
Mots clefs :
Général York, Lettre, Assemblée des états, Hollande, Vaisseaux, Armements
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texteReconnaissance textuelle : D'AMSTERDAM, le 19 Janvier.
D'AMSTERDAM , le 19 Janvier.
La lettre attribuée au Général York vient d'être.
pleinement réfutée dans un écrit que l'on a rendu
public . On fait fentir dans cet écrit que les Hollandois
n'ont pas be oin que les Anglois lear apprennent
en quoi confifte le folide intérêt de la
République.
Il paroît certain que la révolution priſe le 11
de ce mois dans l'Allemblée des Etats de Hollande
& de Weftfrife, d'équiper vingt- cinq Vaiffeaux de
Guerre , a été confirmée le 13 , par leurs Nobles
Puillances . On allure que les ordres viennent d'être
envoyées aux Colleges de l'Amirauté , pour faire
travailler avec diligence à cet armement.
La lettre attribuée au Général York vient d'être.
pleinement réfutée dans un écrit que l'on a rendu
public . On fait fentir dans cet écrit que les Hollandois
n'ont pas be oin que les Anglois lear apprennent
en quoi confifte le folide intérêt de la
République.
Il paroît certain que la révolution priſe le 11
de ce mois dans l'Allemblée des Etats de Hollande
& de Weftfrife, d'équiper vingt- cinq Vaiffeaux de
Guerre , a été confirmée le 13 , par leurs Nobles
Puillances . On allure que les ordres viennent d'être
envoyées aux Colleges de l'Amirauté , pour faire
travailler avec diligence à cet armement.
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Résumé : D'AMSTERDAM, le 19 Janvier.
Le 19 janvier à Amsterdam, une lettre attribuée au Général York a été réfutée. Un écrit public affirme que les Hollandais n'ont pas caché leurs intérêts à la République. Le 11 janvier, une révolution dans l'Assemblée des États de Hollande et de Westfrisie a été approuvée le 13 janvier pour équiper vingt-cinq vaisseaux de guerre. Des ordres ont été envoyés pour accélérer cet armement.
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85
p. 200-201
DE WESEL, le 12 Février.
Début :
Le sieur Castellas, Maréchal-de-Camp, qui commande dans cette Ville, [...]
Mots clefs :
Régiments suisses, Inspection, Officiers, Convention, Sa Majesté britannique, Roi de Prusse, Alliance, Traité de Westminster, Paiement, Matelots, Naufrage, Vaisseaux
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texteReconnaissance textuelle : DE WESEL, le 12 Février.
DE WESEL, le 12 Février.
Le fieur Caftellas , Maréchal- de-Camp , qui
commande dans cette Ville , vient d'être nommé
Infpecteur-général des Régimens Suiffes qui font
au fervice de France. S. M. Très- Chrétienne a
voulu par cette grace récompenfer les fervices
de cet Officier , & donner une nouvelle marque
d'égard à la Nation Suiffe.
Du 14.
La nouvelle convention entre Sa Majeſté Britannique
& le Roi de Pruffe , fut fignée ici le 7
·Décembre dernier. Les deux Rois font convenus ,
1.° De renouveller l'alliance qu'ils avoient contractée
par le Traité de Weſtminſter , du 16 Janvier
1756 , & par la Convention du 11 Avril
1758. 2. Que le Roi d'Angleterre , immédiatement
après l'échange des ratifications , fera remettre
au Roi de Pruffe la fomme de 670000.
livres fterlings , en un feul payement. 3.° Que le
Roi de Prufle emploiera cette famme à l'entretien
& à l'augmentation de fes armées . 4.° Que le
Roi d'Angleterre & le Roi de Prufle ne conclueront
aucun Traité de paix ou de trève , avec les
Puiffances engagées dans la guerre préfente, que
d'un commun confentement , & en s'y comprenant
expreffément l'un & l'autre,
Une pareille convention fut fignée le 17 du
mois dernier entre le Roi d'Angleterre & le Landgrave
de Heffe - Caffel .
*
On contin ue d'enlever les Matelots par force ,
pour compléter les équipages des Vaiffeaux du
Roi.
On a appris par une lettre du fieur Barton ,
Commandant du Vaiffeau de Guerre le Lichtfield,
le détail du naufrage de ce Vaiffeau fur les côtes
AVRIL 1759. 201
du Royaume de Maroc . Un bâtiment de tranfport
chargé de troupes , & une galiote à bombes
ont eu le même fort.
Le fieur Caftellas , Maréchal- de-Camp , qui
commande dans cette Ville , vient d'être nommé
Infpecteur-général des Régimens Suiffes qui font
au fervice de France. S. M. Très- Chrétienne a
voulu par cette grace récompenfer les fervices
de cet Officier , & donner une nouvelle marque
d'égard à la Nation Suiffe.
Du 14.
La nouvelle convention entre Sa Majeſté Britannique
& le Roi de Pruffe , fut fignée ici le 7
·Décembre dernier. Les deux Rois font convenus ,
1.° De renouveller l'alliance qu'ils avoient contractée
par le Traité de Weſtminſter , du 16 Janvier
1756 , & par la Convention du 11 Avril
1758. 2. Que le Roi d'Angleterre , immédiatement
après l'échange des ratifications , fera remettre
au Roi de Pruffe la fomme de 670000.
livres fterlings , en un feul payement. 3.° Que le
Roi de Prufle emploiera cette famme à l'entretien
& à l'augmentation de fes armées . 4.° Que le
Roi d'Angleterre & le Roi de Prufle ne conclueront
aucun Traité de paix ou de trève , avec les
Puiffances engagées dans la guerre préfente, que
d'un commun confentement , & en s'y comprenant
expreffément l'un & l'autre,
Une pareille convention fut fignée le 17 du
mois dernier entre le Roi d'Angleterre & le Landgrave
de Heffe - Caffel .
*
On contin ue d'enlever les Matelots par force ,
pour compléter les équipages des Vaiffeaux du
Roi.
On a appris par une lettre du fieur Barton ,
Commandant du Vaiffeau de Guerre le Lichtfield,
le détail du naufrage de ce Vaiffeau fur les côtes
AVRIL 1759. 201
du Royaume de Maroc . Un bâtiment de tranfport
chargé de troupes , & une galiote à bombes
ont eu le même fort.
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Résumé : DE WESEL, le 12 Février.
Le 12 février à De Wesel, le maréchal de camp Caftellas a été nommé inspecteur-général des régiments suisses au service de France, en reconnaissance de ses services et de l'égard du roi de France envers la nation suisse. Le 14 février, la nouvelle convention entre le roi de Grande-Bretagne et le roi de Prusse, signée le 7 décembre précédent, a été annoncée. Cette convention renouvelle leur alliance, prévoit un paiement de 670 000 livres sterling par le roi d'Angleterre pour l'entretien et l'augmentation des armées prussiennes, et interdit toute conclusion de traité de paix ou de trêve sans accord mutuel. Une convention similaire a été signée le 17 janvier entre le roi d'Angleterre et le landgrave de Hesse-Cassel. Par ailleurs, des matelots continuent d'être enlevés de force pour compléter les équipages des vaisseaux du roi. Une lettre du commandant du vaisseau de guerre le Lichtfield a rapporté le naufrage de ce vaisseau ainsi que celui d'un bâtiment de transport chargé de troupes et d'une galiote à bombes sur les côtes du Royaume du Maroc.
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86
p. *201-201
De la Haye le 5 Mars.
Début :
Le 26 du mois dernier les Etats Genéraux furent assemblés pour prendre [...]
Mots clefs :
États généraux , Armements, Vaisseaux, Anglais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De la Haye le 5 Mars.
De la Haye les Mars.
Le 26 du mois dernier les Etats Genéraux furrent
affemblés pour prendre une dernière éfolution
au ſujet de l'armement des vingt- cing Vaif
feau de Guerre , & cet armement fut décidé . Les
Anglois ont levé le mafque en déclarant , par une
délibération folemnelle , vingt-fept de nos Vailfeaux
de bonne prife, par la feule raiſon que tou-
» tes les Marchandifes dont ils font chargés doiventêtre
prefumées appartenir au Roi de France,
>> à fes Vallaux & c. & que de cette manière ou
» d'autres , elles font fujettes à confifcation, »
Le 26 du mois dernier les Etats Genéraux furrent
affemblés pour prendre une dernière éfolution
au ſujet de l'armement des vingt- cing Vaif
feau de Guerre , & cet armement fut décidé . Les
Anglois ont levé le mafque en déclarant , par une
délibération folemnelle , vingt-fept de nos Vailfeaux
de bonne prife, par la feule raiſon que tou-
» tes les Marchandifes dont ils font chargés doiventêtre
prefumées appartenir au Roi de France,
>> à fes Vallaux & c. & que de cette manière ou
» d'autres , elles font fujettes à confifcation, »
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Résumé : De la Haye le 5 Mars.
Le 26 du mois précédent, les États Généraux ont décidé d'armer vingt-cinq vaisseaux de guerre. En réponse, les Anglais ont confisqué vingt-sept de nos vaisseaux, justifiant cette mesure par l'appartenance présumée des marchands au Roi de France.
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87
p. 206-208
Extrait du Journal de l'Escadre des Indes, commandée par le Comte Daché, Chef d'Escadre des Armées Navales.
Début :
Le 27 Janvier de l'année dernière, l'Escadre commandée par le Comte Daché, [...]
Mots clefs :
Comte Daché, Escadre des Indes, Vaisseaux, Forts, Frégates, Combats, Pondichéry, Vivres, Commandant, Blessés, Navigation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait du Journal de l'Escadre des Indes, commandée par le Comte Daché, Chef d'Escadre des Armées Navales.
Extrait du Journal de l'Efcadre des Indes ;
commandée par le Comte Daché , Chef d'Eſcadre
des Armées Navales .
Le 27 Janvier de l'année derniere , l'Eſcadre
commandée par le Comte Daché , partit de l'lflede-
France pour fe rendre dans l'Inde. Elle étoit
alors compofée d'un Vaiffeau du Roi , de huit
Vaiffeaux de la Compagnie des Indes & de deux
Frégates.
Le 28 Avril cette Eſcadre parut à la côte de Coromandel
, devant la Ville de Gondelour & le Fort
Saint-David à quatre lieues de Pondichery . Deux
Frégates Angloiles qui étoient à l'ancre , le jetterent
à la côte & s'y brûlerent. ( On a reçu depuis
que ces deux Frégates étoient le Brigdwater & le
Triton , chacune de 20 canons. )
Quoique l'Escadre eût befoin de rafraîchiffement
& d'eau , il fut réfolu de profiter de la confternation
que fon arrivée devant Gondelour mettoit
dans la Ville , pour la bloquer par mer ,
tandis que le fieur de Lally qui pafferoit à Pondichery,
y prendroit des Troupes , pour venir l'inveftir
par terre ; & en conféquence le Vaiffeau le
Comte de Provence , avec la frégate la Diligente ,
furent détachés à Pondichery avec le fieur de
Lally.
44 ,
Le lendemain 29 , la frégate la Silphyde , qui
faifoit la découverte , fit fignal d'une Efcadre de
neuf vaiffeaux. Elle étoit compofée de quatre
vaiffeaux de 70 canons , de trois de 60 , d'un de
& d'un de 20. Le combat fut engagé à
deux heures après - midi. Il fut très - vif de parc
& d'autre jusqu'à la nuit , fans que le vailleau le
Comte de Provence & la frégate la Diligente , qui
<arriverent alors de Pondichery ,, ayent pû être
d'aucun renfort. On s'attendoit le lendemain à
+
AVRIL 1759. 207
un fecond combat ; mais l'Efcadre Angloife maltraitée
s'étoit retirée vers Madras pour s'y réparer.
L'Eſcadre Françoiſe fe trouva le 30 Avril devant
Alemparvé , à fept lieues de Pondichery. Le
vaiffeau le Bien-Aimé , dont le cable fe rompit
dans la nuit , fut obligé de faire côte , & le perdit
; mais tout l'équipage fut fauvé.
Le 7 Mai l'Efcadre arriva à Pondichery , & y
débarqua les troupes , les munitions de guerre ,
& l'argent dont elle étoit chargée ; elle fe rendit
le lendemain 2 Juin devant Goudelour & le
Fort Saint- David , qui n'étant point fecouru par
l'Eſcadre Angloife , fut réduit à capituler.
L'Eſcadre parut le 4 Juin devant Divicottey ,
dont le Fort le rendit fans faire de réfiſtance.
Du 9 au 17 Juin , que l'Eſcadre revint à Pondichery
, elle a croifé fur l'Ifle de Ceylan & devant
Negapatnam & Karical . Elle s'eft emparée
dans fa croifiere d'un brigantin Anglois nommé
l'Expériment , Capitaine Whiteway , qui fut tout
de fuite envoyé à Pondichery.
Du 17 au 27 Juillet l'Eſcadre eft reſtée devant,
Pondichery à le réparer & ſe pourvoir de vivres.
Mais l'Ecadre Angloiſe ayant paru , le Comte Daché
fe mit fous voile, ayant avec lui le même nombre
de Vaiffeaux que dans le premier combat;
fi ce n'eft qu'au lieu du Vaiffeau le Bien- Aimé
qui avoit péri , & de la Frégate la Silphyde qui
étoit défarmée , il avoit pris le Vaiffeau le Comte
de Provence & la Frégate la Diligente.
Le 3 Août : ce jour - là le combat s'eft enga
gé avec la plus grande vivacité à une heure
après-midi , & a duré de la même force pendant
plus de deux heures . L'Eſcadre Angloife étoit
très-maltraitée ; & le Comte Daché auroit eu
tout l'avantage dans le fecond combat fans les
accidens qui furvinrent fur fon vaiffeau & fug
208 MERCURE DE FRANCE.
le Comte de Provence , par des artifices que les'
Anglois y jettèrent contre toutes les régles
& ufages de la guerre. Le Vaiffeau le Comte de
Provence en fur le premier maltraité ; le feu
prit à toutes les voiles & au mât d'artimon ; il
gagnoit la dunette , & auroit confumé le vaiffeau ,
fipar une manoeuvre hardie du fieur Bouvet, Commandant
le Duc de Bourgogne , celui - ci ne fût
venu le placer entre le Comte de Provence & le
vaiffeau Anglois , qui après lui avoir jetté les artifices
, continuoit de lui tirer fes bordées . Ce n'eſt
qu'avec des peines infinies que le fieur la Chaife
a pu parvenir à éteindre le feu des artifices. Il
en a été de même fur le Zodiaque ; avec cette
différence que les artifices des Anglois ayant
gagné la route aux poudres , le vaiffeau a été fur
le point de fauter en l'air. Les foins des Officiers,
& ceux du fieur Guillemain , Ecrivain , ont fauvé
le vaiffeau du danger où il étoit : mais après ces
accidens , l'Efcadre a été forcée de faire retraite ,
le Zodiaque formant l'arriere- garde ; & l'Eſcadre
étant venue mouiller le 4 devant Pondichery ,
s'y eſt emboffée en ligne , fans que les Anglois
foient venus l'attaquer de nouveau.
Les Vaiffeaux s'étant réparés dans le courant du
mois d'Août , le Comte Daché , a mis à la voile
de Pondichery le 3 Septembre , & eft arrivé le
13 Novembre à l'Ile de France , où il a trouvé
les Vaiffeaux du Roi le Minotaure , l'Illuftre &
Actifcommandés par les fieurs Froger de l'Eguille
, Chevalier de Ruis , & d'Ifle- Beauchaine ,
Lefquels fe font joints à l'Eſcadre.
*
Le Comte Daché a dépêché en France la Frégate
la Diligente , avec le fieur Earhantel , Enfeigne
de Vaiffeau , fur le Zodiaque , qui a ap
porté ce détail . Il y a eu fur l'Eſcadre 251 hom
imes tués , & 602 bleffés,
commandée par le Comte Daché , Chef d'Eſcadre
des Armées Navales .
Le 27 Janvier de l'année derniere , l'Eſcadre
commandée par le Comte Daché , partit de l'lflede-
France pour fe rendre dans l'Inde. Elle étoit
alors compofée d'un Vaiffeau du Roi , de huit
Vaiffeaux de la Compagnie des Indes & de deux
Frégates.
Le 28 Avril cette Eſcadre parut à la côte de Coromandel
, devant la Ville de Gondelour & le Fort
Saint-David à quatre lieues de Pondichery . Deux
Frégates Angloiles qui étoient à l'ancre , le jetterent
à la côte & s'y brûlerent. ( On a reçu depuis
que ces deux Frégates étoient le Brigdwater & le
Triton , chacune de 20 canons. )
Quoique l'Escadre eût befoin de rafraîchiffement
& d'eau , il fut réfolu de profiter de la confternation
que fon arrivée devant Gondelour mettoit
dans la Ville , pour la bloquer par mer ,
tandis que le fieur de Lally qui pafferoit à Pondichery,
y prendroit des Troupes , pour venir l'inveftir
par terre ; & en conféquence le Vaiffeau le
Comte de Provence , avec la frégate la Diligente ,
furent détachés à Pondichery avec le fieur de
Lally.
44 ,
Le lendemain 29 , la frégate la Silphyde , qui
faifoit la découverte , fit fignal d'une Efcadre de
neuf vaiffeaux. Elle étoit compofée de quatre
vaiffeaux de 70 canons , de trois de 60 , d'un de
& d'un de 20. Le combat fut engagé à
deux heures après - midi. Il fut très - vif de parc
& d'autre jusqu'à la nuit , fans que le vailleau le
Comte de Provence & la frégate la Diligente , qui
<arriverent alors de Pondichery ,, ayent pû être
d'aucun renfort. On s'attendoit le lendemain à
+
AVRIL 1759. 207
un fecond combat ; mais l'Efcadre Angloife maltraitée
s'étoit retirée vers Madras pour s'y réparer.
L'Eſcadre Françoiſe fe trouva le 30 Avril devant
Alemparvé , à fept lieues de Pondichery. Le
vaiffeau le Bien-Aimé , dont le cable fe rompit
dans la nuit , fut obligé de faire côte , & le perdit
; mais tout l'équipage fut fauvé.
Le 7 Mai l'Efcadre arriva à Pondichery , & y
débarqua les troupes , les munitions de guerre ,
& l'argent dont elle étoit chargée ; elle fe rendit
le lendemain 2 Juin devant Goudelour & le
Fort Saint- David , qui n'étant point fecouru par
l'Eſcadre Angloife , fut réduit à capituler.
L'Eſcadre parut le 4 Juin devant Divicottey ,
dont le Fort le rendit fans faire de réfiſtance.
Du 9 au 17 Juin , que l'Eſcadre revint à Pondichery
, elle a croifé fur l'Ifle de Ceylan & devant
Negapatnam & Karical . Elle s'eft emparée
dans fa croifiere d'un brigantin Anglois nommé
l'Expériment , Capitaine Whiteway , qui fut tout
de fuite envoyé à Pondichery.
Du 17 au 27 Juillet l'Eſcadre eft reſtée devant,
Pondichery à le réparer & ſe pourvoir de vivres.
Mais l'Ecadre Angloiſe ayant paru , le Comte Daché
fe mit fous voile, ayant avec lui le même nombre
de Vaiffeaux que dans le premier combat;
fi ce n'eft qu'au lieu du Vaiffeau le Bien- Aimé
qui avoit péri , & de la Frégate la Silphyde qui
étoit défarmée , il avoit pris le Vaiffeau le Comte
de Provence & la Frégate la Diligente.
Le 3 Août : ce jour - là le combat s'eft enga
gé avec la plus grande vivacité à une heure
après-midi , & a duré de la même force pendant
plus de deux heures . L'Eſcadre Angloife étoit
très-maltraitée ; & le Comte Daché auroit eu
tout l'avantage dans le fecond combat fans les
accidens qui furvinrent fur fon vaiffeau & fug
208 MERCURE DE FRANCE.
le Comte de Provence , par des artifices que les'
Anglois y jettèrent contre toutes les régles
& ufages de la guerre. Le Vaiffeau le Comte de
Provence en fur le premier maltraité ; le feu
prit à toutes les voiles & au mât d'artimon ; il
gagnoit la dunette , & auroit confumé le vaiffeau ,
fipar une manoeuvre hardie du fieur Bouvet, Commandant
le Duc de Bourgogne , celui - ci ne fût
venu le placer entre le Comte de Provence & le
vaiffeau Anglois , qui après lui avoir jetté les artifices
, continuoit de lui tirer fes bordées . Ce n'eſt
qu'avec des peines infinies que le fieur la Chaife
a pu parvenir à éteindre le feu des artifices. Il
en a été de même fur le Zodiaque ; avec cette
différence que les artifices des Anglois ayant
gagné la route aux poudres , le vaiffeau a été fur
le point de fauter en l'air. Les foins des Officiers,
& ceux du fieur Guillemain , Ecrivain , ont fauvé
le vaiffeau du danger où il étoit : mais après ces
accidens , l'Efcadre a été forcée de faire retraite ,
le Zodiaque formant l'arriere- garde ; & l'Eſcadre
étant venue mouiller le 4 devant Pondichery ,
s'y eſt emboffée en ligne , fans que les Anglois
foient venus l'attaquer de nouveau.
Les Vaiffeaux s'étant réparés dans le courant du
mois d'Août , le Comte Daché , a mis à la voile
de Pondichery le 3 Septembre , & eft arrivé le
13 Novembre à l'Ile de France , où il a trouvé
les Vaiffeaux du Roi le Minotaure , l'Illuftre &
Actifcommandés par les fieurs Froger de l'Eguille
, Chevalier de Ruis , & d'Ifle- Beauchaine ,
Lefquels fe font joints à l'Eſcadre.
*
Le Comte Daché a dépêché en France la Frégate
la Diligente , avec le fieur Earhantel , Enfeigne
de Vaiffeau , fur le Zodiaque , qui a ap
porté ce détail . Il y a eu fur l'Eſcadre 251 hom
imes tués , & 602 bleffés,
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Résumé : Extrait du Journal de l'Escadre des Indes, commandée par le Comte Daché, Chef d'Escadre des Armées Navales.
En janvier de l'année précédente, l'escadre commandée par le Comte Daché quitta l'île de France pour se rendre en Inde. Elle était composée d'un vaisseau du Roi, de huit vaisseaux de la Compagnie des Indes et de deux frégates. Le 28 avril, l'escadre arriva devant la côte de Coromandel, près de Gondelour et du Fort Saint-David, à quatre lieues de Pondichéry. Deux frégates anglaises, le Brigdwater et le Triton, se jetèrent à la côte et s'y brûlèrent. Malgré le besoin de rafraîchissement et d'eau, il fut décidé de bloquer Gondelour par mer, tandis que le sieur de Lally, à Pondichéry, rassemblait des troupes pour investir la ville par terre. Le vaisseau le Comte de Provence et la frégate la Diligente furent envoyés à Pondichéry avec le sieur de Lally. Le 29 avril, la frégate la Sylphide signala une escadre anglaise de neuf vaisseaux. Un combat s'engagea à deux heures de l'après-midi et dura jusqu'à la nuit. L'escadre anglaise, maltraitée, se retira vers Madras. Le 30 avril, l'escadre française se trouva devant Alemparvé, à sept lieues de Pondichéry. Le vaisseau le Bien-Aimé fut perdu après que son câble se rompit, mais l'équipage fut sauvé. Le 7 mai, l'escadre arriva à Pondichéry et débarqua les troupes, les munitions et l'argent. Le 2 juin, elle se rendit devant Gondelour et le Fort Saint-David, qui capitulèrent. Le 4 juin, l'escadre apparut devant Divicottey, dont le fort se rendit sans résistance. Du 9 au 17 juin, l'escadre croisa devant l'île de Ceylan et les côtes de Negapatnam et Karical, capturant un brigantin anglais, l'Expériment. Du 17 au 27 juillet, l'escadre resta à Pondichéry pour se réparer et se ravitailler. Le 3 août, un second combat s'engagea avec l'escadre anglaise. Malgré les dommages causés par des artifices jetés par les Anglais, l'escadre française dut se retirer. Les vaisseaux se réparèrent en août, et le Comte Daché mit à la voile le 3 septembre, arrivant à l'île de France le 13 novembre. La frégate la Diligente fut envoyée en France avec des détails sur les combats, signalant 251 hommes tués et 602 blessés.
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88
p. 209-211
De Londres le 18 Avril.
Début :
L'escadre de l'Amiral Cornish, composée de quatre vaisseaux de guerre & de sept [...]
Mots clefs :
Escadre, Amiral, Vaisseaux, Guadeloupe, Port, Équipages, Recrutement, Violences, Députés, Ministres, Corsaires , Armements, Envoyé extraordinaire, Invasion, Général, Parlement, Emprunt
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texteReconnaissance textuelle : De Londres le 18 Avril.
DE LONDRES le 18 Avril.
L'efcadre de l'Amiral Cornish , compofée de
quatre vaiffeaux de guerre & de fept vaiffeaux de
la Compagnie des Indes , partit le 14 du port de
Sainte-Helene. Nous ignorons abfolument le
fuccès de l'entrepriſe fur la Guadeloupe.
L'Amiral Bofcawen eft parti de Portsmouth
avec fix vaiffeaux de guerre pour le rendre à Plymouth
, où fon efcadre doit fe renforcer de quelques
autres bâtimens. Enfuite il mettra à la voile
& ira établir fa croifiere à la hauteur de Breft ,
pour obferver les mouvemens de la flote nombreufe
que les François arment dans ce port , &
qu'on affure devoir inceffamment mettre en
mer.
Du 20,
La néceffité de completter promptement les équi
pages de nos efcadres , continue de rencontrer de
grandes difficultés , & donne lieu à des violences
anouies. Comme on ne trouve plus perfonne à
enlever fur terre , on a pris le parti de fe jetter fur
tous les navires qui arrivent , pour en prendre de
force les matelots. Cette conduite a déja occafioné
du tumulte en divers endroits...
210 MERCURE DE FRANCE.
Du 4 Mai.
Lés Députés extraordinaires des Etats Généraux
ont de fréquentes conférences avec nos Miniftres.
Ils preffent vivement la reftitution des prifes. Elle
a été promife ; mais elle ne s'effectue point. Il s'eft
formé ici un parti confidérable pour foutenir les
intérêts des Corfaires Anglois , contre les plaintes
& les follicitations des propriétaires des navires,
enlevés à la Hollande.
La fâcheufe nouvelle de la bataille de Berghen ,
nous fut apportée le 24. Elle a répandu ici une
vraie confternation .
On continue à Portsmouth l'armement de la
flotte qui doit agir fur les côtes de France , & dont
l'Amiral Anfon prendra le commandement. C'eſt
fur le Royal-Georges que cet Amiral doit arborer,
fon pavilion . Ce vaiffeau de cent canons n'eft pas
encore tout-à-fait équipé , non - plus que quelques
autres qui feront partie de cette flotte . On efpere
cependant qu'elle fera en état de mettre à la voile
le 20 de ce mois.
Le Baron de Kniphaufen , Envoyé extraordinaire
du Roi de Pruffe , propofa dernierement
aux Miniftres du Roi de faire paffer en Allemagne
douze bataillons de nos troupes pour renforcer
l'armée des Alliés. Mais cette propofition fut rejettée
d'une maniere affez vive , par la raison que
l'Angleterre a befoin de toutes les forces pour les
oppofer aux projets d'invaſion dont elle eft me-
!
nacée.
On mande d'Edimbourg , qu'on y a reçu avis
que le Général Hopfon , après avoir détruit les
fortifications de Baffeterre dans l'Ifle de la Guadeloupe
, avoit fait rembarquer les troupes , & qu'il
fe difpofoit à les ramener en Angleterre.
On affure que le Parlement fera obligé de re
voquer la foufcription qui a été ouverte pour un
JUIN 1759 :
21 f
emprunt de fix millions fix cent mille livres fterlings.
On fe propofe de lui fubftituer un emprunt
રે quatre pour cent d'intérêt.
L'efcadre de l'Amiral Cornish , compofée de
quatre vaiffeaux de guerre & de fept vaiffeaux de
la Compagnie des Indes , partit le 14 du port de
Sainte-Helene. Nous ignorons abfolument le
fuccès de l'entrepriſe fur la Guadeloupe.
L'Amiral Bofcawen eft parti de Portsmouth
avec fix vaiffeaux de guerre pour le rendre à Plymouth
, où fon efcadre doit fe renforcer de quelques
autres bâtimens. Enfuite il mettra à la voile
& ira établir fa croifiere à la hauteur de Breft ,
pour obferver les mouvemens de la flote nombreufe
que les François arment dans ce port , &
qu'on affure devoir inceffamment mettre en
mer.
Du 20,
La néceffité de completter promptement les équi
pages de nos efcadres , continue de rencontrer de
grandes difficultés , & donne lieu à des violences
anouies. Comme on ne trouve plus perfonne à
enlever fur terre , on a pris le parti de fe jetter fur
tous les navires qui arrivent , pour en prendre de
force les matelots. Cette conduite a déja occafioné
du tumulte en divers endroits...
210 MERCURE DE FRANCE.
Du 4 Mai.
Lés Députés extraordinaires des Etats Généraux
ont de fréquentes conférences avec nos Miniftres.
Ils preffent vivement la reftitution des prifes. Elle
a été promife ; mais elle ne s'effectue point. Il s'eft
formé ici un parti confidérable pour foutenir les
intérêts des Corfaires Anglois , contre les plaintes
& les follicitations des propriétaires des navires,
enlevés à la Hollande.
La fâcheufe nouvelle de la bataille de Berghen ,
nous fut apportée le 24. Elle a répandu ici une
vraie confternation .
On continue à Portsmouth l'armement de la
flotte qui doit agir fur les côtes de France , & dont
l'Amiral Anfon prendra le commandement. C'eſt
fur le Royal-Georges que cet Amiral doit arborer,
fon pavilion . Ce vaiffeau de cent canons n'eft pas
encore tout-à-fait équipé , non - plus que quelques
autres qui feront partie de cette flotte . On efpere
cependant qu'elle fera en état de mettre à la voile
le 20 de ce mois.
Le Baron de Kniphaufen , Envoyé extraordinaire
du Roi de Pruffe , propofa dernierement
aux Miniftres du Roi de faire paffer en Allemagne
douze bataillons de nos troupes pour renforcer
l'armée des Alliés. Mais cette propofition fut rejettée
d'une maniere affez vive , par la raison que
l'Angleterre a befoin de toutes les forces pour les
oppofer aux projets d'invaſion dont elle eft me-
!
nacée.
On mande d'Edimbourg , qu'on y a reçu avis
que le Général Hopfon , après avoir détruit les
fortifications de Baffeterre dans l'Ifle de la Guadeloupe
, avoit fait rembarquer les troupes , & qu'il
fe difpofoit à les ramener en Angleterre.
On affure que le Parlement fera obligé de re
voquer la foufcription qui a été ouverte pour un
JUIN 1759 :
21 f
emprunt de fix millions fix cent mille livres fterlings.
On fe propofe de lui fubftituer un emprunt
રે quatre pour cent d'intérêt.
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Résumé : De Londres le 18 Avril.
Le 18 avril, l'escadre de l'Amiral Cornish a quitté Sainte-Hélène pour la Guadeloupe, tandis que l'Amiral Boscawen s'est dirigé vers Plymouth pour renforcer son escadre et surveiller la flotte française au large de Brest. Le 20 avril, des difficultés ont surgi pour compléter les équipages, entraînant des violences et des enlèvements forcés de matelots. Le 4 mai, les députés des États Généraux ont pressé la restitution des prises promises mais non effectuées, et la nouvelle de la bataille de Berghen a causé une consternation générale. À Portsmouth, l'armement de la flotte pour agir sur les côtes de France continue, sous le commandement de l'Amiral Anson à bord du Royal-Georges, avec une date de départ prévue le 20 mai. Le Baron de Kniphausen a proposé de transférer des troupes anglaises en Allemagne, mais cette proposition a été rejetée en raison des besoins de défense nationale. Le Général Hopkins a détruit les fortifications de Basse-Terre en Guadeloupe et se prépare à ramener ses troupes en Angleterre. Enfin, le Parlement envisage de révoquer un emprunt de six millions six cent mille livres sterling pour un emprunt à quatre pour cent d'intérêt.
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89
p. *217-217
DE TOULON, le 14 Juin.
Début :
Deux de nos Frégates, la Pleyade & l'Oiseau étant sur le point de rentrer dans [...]
Mots clefs :
Frégates, Port, Vaisseaux, Canon, Blessés et morts, Attaque
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texteReconnaissance textuelle : DE TOULON, le 14 Juin.
DE TOULON , le 14 Juin.
Deux de nos Frégates , la Pleyade & l'Oiseau
étant ſur le point de rentrer dans le Port , furent
arrêtées ces jours paflés par un vent contraire.
Trois Vailleaux Anglois détachés de la Flotte de
l'Amiral Broderick ayant découvert leur embarras
s'approcherent pour les combattre . Les Frégates
firent force de voile pour ſe mettre fous la protection
des Forts qui font à l'entrée de la grande rade.
Les Vailleaux Anglois les pourfuivirent & leur lâcherent
leurs bordées. Mais le canon des Forts &
des Batteries qui bordent le rivage , firent ſur eux
un feu fi vif , que l'un des trois vailleaux fut dé-
: mâté , & un autre eut la poupe fracatlée , ce qui
·les obligea de fe retirer très-promptement. Les
deux Frégates font rentrées dans le Port , n'ayant
eu en tout que neuf hommes tués & cinq
bleflés .
Deux de nos Frégates , la Pleyade & l'Oiseau
étant ſur le point de rentrer dans le Port , furent
arrêtées ces jours paflés par un vent contraire.
Trois Vailleaux Anglois détachés de la Flotte de
l'Amiral Broderick ayant découvert leur embarras
s'approcherent pour les combattre . Les Frégates
firent force de voile pour ſe mettre fous la protection
des Forts qui font à l'entrée de la grande rade.
Les Vailleaux Anglois les pourfuivirent & leur lâcherent
leurs bordées. Mais le canon des Forts &
des Batteries qui bordent le rivage , firent ſur eux
un feu fi vif , que l'un des trois vailleaux fut dé-
: mâté , & un autre eut la poupe fracatlée , ce qui
·les obligea de fe retirer très-promptement. Les
deux Frégates font rentrées dans le Port , n'ayant
eu en tout que neuf hommes tués & cinq
bleflés .
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Résumé : DE TOULON, le 14 Juin.
Le 14 juin, deux frégates françaises, la Pleyade et l'Oiseau, furent immobilisées par un vent contraire près de Toulon. Trois vaisseaux anglais les attaquèrent. Les frégates se réfugièrent sous la protection des forts. Les batteries côtières ripostèrent, endommageant deux vaisseaux anglais. Les frégates rentrèrent au port avec neuf morts et cinq blessés.
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90
p. 206-207
DE LONDRES, le 16 Juin.
Début :
Le vaisseau le Grantham, appartenant à la Compagnie des Indes, a été pris à la hauteur du [...]
Mots clefs :
Vaisseaux, Cap de Bonne-Espérance, Cargaison, Colonel, Capitaine, Guadeloupe, Artillerie, Retraite des ennemis, Combat, Capitulation, Escadre, Secours, Frégates, Amiral Hawke
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texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 16 Juin.
DE LONDRES , le 16 Juin.
Le vaiffeau le Grantham , appartenant à la
Compagnie des Indes , a été pris à la hauteur
du Cap de Bonne- Efperance par deux vaiſſeaux
de guerre François . On évalue la cargaiſon de
ce bâtiment à deux cens mille livres fterlings.
Le Colonel Clavering & le Capitaine Leffie
arriverent ici le 13 , envoyés par le Général Baringthon
, pour apporter la nouvelle de la prife
de la Guadeloupe. Le 12 Avril , ce Général envøya
à Arnouville un détachement de quinze
cens hommes avec quatre piéces de canon &
deux obufers. Les ennemis fe retirerent dans
leurs retranchemens au- delà de la riviere & s'y
défendirent avec fermeté. Le 16 ils abandonnerent
le pofte de la Baye. Mahant , & celui de-
Goyave , pour le replier fur Sainte-Marie. Nos.
troupes y marcherent le zo , & après un combat
SY
affez difputé , ils forcerent les ennemis de fe retirer
dans les montagnes où ils fe font tenus
JUILLET. 1759.
207
renfermés , jufqu'à ce que le défaut de vivres
les ait mis dans la néceffité de capituler. C'eſt
le premier de Mai que la capitulation a été
fignée. On a accordé aux troupes les honneurs
de la guerre , & des bâtimens pour les tranfporporter
à la Martinique. On a promis aux habitans
de maintenir leurs priviléges dans toute
leur étenḍue. Une heure après que la capitulation
fut fignée , les François furent avertis qu'un
fecours de fix cens hommes de troupes réglées
& de deux mille Boucaniers , commandés par le
fieur de Beauharnois , venoit de débarquer à.
Sainte Anne avec de l'artillerie & des armes.
pour deux mille hommes. L'Eſcadre du fieur de
Bompart avoit eſcorté ce convoi ; mais comme.
la capitulation étoit fignée , le fecours fut reme
barqué fur le champ.
Du 24.
-Nos frégates ne ceffent de parcourir les côtes
entre Breſt & Dunkerque , pour obferver les
mouvemens des François. Tous les avis qu'elles
nous donnent augmentent les appréhenfions
cauſées par leur armement , & en repréſentent
les effets comme très - prochains. La flotte de
l'Amiral Hawke tient ferme dans fa croifiere
fur la côte Occidentale de la Bretagne. La tempête
qu'elle a effuyée le r2 de ce mois , a confidérablement
endommagé quelques-uns de fes
vaiſſeaux. Le Héros a perdu tous les mats ; le
Temple a rompu fon mat d'artimon & ſon beaupré
; le Montagu a beaucoup fouffert dans fes
manoeuvres. Ces trois vaiſſeaux ont été obligés
de revenir à Plymouth pour ſe réparer.
Le vaiffeau le Grantham , appartenant à la
Compagnie des Indes , a été pris à la hauteur
du Cap de Bonne- Efperance par deux vaiſſeaux
de guerre François . On évalue la cargaiſon de
ce bâtiment à deux cens mille livres fterlings.
Le Colonel Clavering & le Capitaine Leffie
arriverent ici le 13 , envoyés par le Général Baringthon
, pour apporter la nouvelle de la prife
de la Guadeloupe. Le 12 Avril , ce Général envøya
à Arnouville un détachement de quinze
cens hommes avec quatre piéces de canon &
deux obufers. Les ennemis fe retirerent dans
leurs retranchemens au- delà de la riviere & s'y
défendirent avec fermeté. Le 16 ils abandonnerent
le pofte de la Baye. Mahant , & celui de-
Goyave , pour le replier fur Sainte-Marie. Nos.
troupes y marcherent le zo , & après un combat
SY
affez difputé , ils forcerent les ennemis de fe retirer
dans les montagnes où ils fe font tenus
JUILLET. 1759.
207
renfermés , jufqu'à ce que le défaut de vivres
les ait mis dans la néceffité de capituler. C'eſt
le premier de Mai que la capitulation a été
fignée. On a accordé aux troupes les honneurs
de la guerre , & des bâtimens pour les tranfporporter
à la Martinique. On a promis aux habitans
de maintenir leurs priviléges dans toute
leur étenḍue. Une heure après que la capitulation
fut fignée , les François furent avertis qu'un
fecours de fix cens hommes de troupes réglées
& de deux mille Boucaniers , commandés par le
fieur de Beauharnois , venoit de débarquer à.
Sainte Anne avec de l'artillerie & des armes.
pour deux mille hommes. L'Eſcadre du fieur de
Bompart avoit eſcorté ce convoi ; mais comme.
la capitulation étoit fignée , le fecours fut reme
barqué fur le champ.
Du 24.
-Nos frégates ne ceffent de parcourir les côtes
entre Breſt & Dunkerque , pour obferver les
mouvemens des François. Tous les avis qu'elles
nous donnent augmentent les appréhenfions
cauſées par leur armement , & en repréſentent
les effets comme très - prochains. La flotte de
l'Amiral Hawke tient ferme dans fa croifiere
fur la côte Occidentale de la Bretagne. La tempête
qu'elle a effuyée le r2 de ce mois , a confidérablement
endommagé quelques-uns de fes
vaiſſeaux. Le Héros a perdu tous les mats ; le
Temple a rompu fon mat d'artimon & ſon beaupré
; le Montagu a beaucoup fouffert dans fes
manoeuvres. Ces trois vaiſſeaux ont été obligés
de revenir à Plymouth pour ſe réparer.
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Résumé : DE LONDRES, le 16 Juin.
Le 16 juin, le vaisseau britannique Grantham a été capturé par deux navires français au large du Cap de Bonne-Espérance. Sa cargaison était évaluée à deux cent mille livres sterlings. Le Colonel Clavering et le Capitaine Leffie sont arrivés à Londres le 13 juin pour annoncer la prise de la Guadeloupe par le Général Baringthon. Le 12 avril, Baringthon a envoyé un détachement de cent cinquante hommes à Arnouville. Les ennemis se sont retirés au-delà de la rivière et ont résisté fermement. Le 16 avril, ils ont abandonné les postes de la Baye-Mahault et de Goyave pour se replier sur Sainte-Marie. Nos troupes ont pris Sainte-Marie le 20 avril après un combat. Les ennemis, manquant de vivres, ont capitulé le 1er mai. Ils ont obtenu les honneurs de la guerre et des bâtiments pour être transportés à la Martinique. Les habitants ont reçu la promesse de maintien de leurs privilèges. Une heure après la capitulation, les Français ont appris l'arrivée d'un secours à Sainte-Anne, mais celui-ci a été rembarqué immédiatement. Du 24 juillet, les frégates britanniques surveillent les côtes entre Brest et Dunkerque. La flotte de l'Amiral Hawke, endommagée par une tempête le 12 juillet, a vu plusieurs vaisseaux revenir à Plymouth pour réparations.
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91
p. 210-211
DU HAVRE, le 5 Septembre.
Début :
On a appris par un courrier arrivé de Cadix, que l'Escadre du Roi commandée par [...]
Mots clefs :
Escadre, Vaisseaux, Anglais, Frégates, Vents violents, Commandant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU HAVRE, le 5 Septembre.
DU HAVRE
, le 5
Septembre
.
On
a
appris
par un
courier arrivé
de Cadix
,
que
l'Eſcadre
du Roi
commandée
par
le fieur
de
la Clue
,
après avoir paſſé le détroit
,
a effuyé
un
coup de vent
la nuit
du 16 au 17 du mois der
OCTOBRE
.
1759.
211
2
nier qui l'a féparée. Les cinq vaiffeaux le Fan-
tafque , le Lyon , le Triton , le Fier , & l'Ori
flame , avec les frégates la Chimere , la Minerve
& la Gracieufe , ont relâché à Cadix . Le refte de
l'Escadre ayant été attaqué par les Efcadres
réunies des Amiraux Boscawen & Broderick , les
vailleaux Centaure & le Téméraire ont été pris , &.
Océan & le Redoutable ont été brûlés à la côte
de Lagos. Au départ du courier on ignoroit le
fort des trois autres vaiffeaux le Guerrier, le Sou
verain , & le Modefte.
Le 24 du mois dernier , les Anglois n'avoient
fait aucunes difpofitions pour attaquer le Havre.
Leur Efcadre étoit mouillée dans la grande rade,
à l'exception de trois frégates & d'une bombarde
qui étoient venues mouiller au pied des hauts de
la rade. C'eft à-peu- près le même endroit où
étoient placées les galiotes à bombes lors du
bombardement.
Nos chaloupes canonnieres s'en approcherent
le 28 après midi. Il y eut des coups de canon de
part & d'autre.
Du
11
.
Les vaiffeaux Anglois ont beaucoup fouffert de
la variation & de la violence des vents. Ils font
encore mouillés dans la même poſition. Le 10 , à
une heure & demie , le vaiffeau Commandant a
tiré trois coups de canon ; mais la brume épaiffe
qui s'eft élevée a empêché de voir l'effet de ce
fignal. On a remarqué un navire Eſpagnol que
les deux frégates & les deux quaiches qui font
continuellement en croifiere , ont arrêté , & que
les ennemis retiennent.
, le 5
Septembre
.
On
a
appris
par un
courier arrivé
de Cadix
,
que
l'Eſcadre
du Roi
commandée
par
le fieur
de
la Clue
,
après avoir paſſé le détroit
,
a effuyé
un
coup de vent
la nuit
du 16 au 17 du mois der
OCTOBRE
.
1759.
211
2
nier qui l'a féparée. Les cinq vaiffeaux le Fan-
tafque , le Lyon , le Triton , le Fier , & l'Ori
flame , avec les frégates la Chimere , la Minerve
& la Gracieufe , ont relâché à Cadix . Le refte de
l'Escadre ayant été attaqué par les Efcadres
réunies des Amiraux Boscawen & Broderick , les
vailleaux Centaure & le Téméraire ont été pris , &.
Océan & le Redoutable ont été brûlés à la côte
de Lagos. Au départ du courier on ignoroit le
fort des trois autres vaiffeaux le Guerrier, le Sou
verain , & le Modefte.
Le 24 du mois dernier , les Anglois n'avoient
fait aucunes difpofitions pour attaquer le Havre.
Leur Efcadre étoit mouillée dans la grande rade,
à l'exception de trois frégates & d'une bombarde
qui étoient venues mouiller au pied des hauts de
la rade. C'eft à-peu- près le même endroit où
étoient placées les galiotes à bombes lors du
bombardement.
Nos chaloupes canonnieres s'en approcherent
le 28 après midi. Il y eut des coups de canon de
part & d'autre.
Du
11
.
Les vaiffeaux Anglois ont beaucoup fouffert de
la variation & de la violence des vents. Ils font
encore mouillés dans la même poſition. Le 10 , à
une heure & demie , le vaiffeau Commandant a
tiré trois coups de canon ; mais la brume épaiffe
qui s'eft élevée a empêché de voir l'effet de ce
fignal. On a remarqué un navire Eſpagnol que
les deux frégates & les deux quaiches qui font
continuellement en croifiere , ont arrêté , & que
les ennemis retiennent.
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Résumé : DU HAVRE, le 5 Septembre.
Le 5 septembre 1759, un courrier de Cadix a rapporté que l'escadre royale, dirigée par le chevalier de la Clue, a subi un coup de vent dans la nuit du 16 au 17 octobre. Cinq vaisseaux et trois frégates ont dû se réfugier à Cadix. Le reste de l'escadre a été attaqué par les amiraux Boscawen et Broderick. Les vaisseaux Centaure et Téméraire ont été capturés, tandis que l'Océan et le Redoutable ont été brûlés près de Lagos. Le sort des vaisseaux Guerrier, Souverain et Modeste était inconnu. Le 24 août, les Anglais n'avaient pas attaqué Le Havre. Leur escadre était ancrée dans la grande rade, sauf trois frégates et une bombarde. Le 28 août, des chaloupes canonnières françaises ont échangé des coups de canon avec les vaisseaux anglais, immobilisés par des vents violents. Le 10 septembre, un signal a été donné par le vaisseau commandant, mais la brume a empêché d'en voir l'effet. Un navire espagnol a été arrêté par des frégates et des chaïques ennemies.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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92
p. 212
DE PARIS, le 20 Octobre.
Début :
Les vaisseaux du Roi le Guerrier & le Souverain, chacun de 74 canons, [...]
Mots clefs :
Vaisseaux, Escadre, Canons, Lieutenant, Combat naval, Archevêque, Famille royale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 20 Octobre.
DE PARIS , le 20 Octobre.
Les vaiffeaux du Roi le Guerrier & le Souverain,
chacun de 74 canons , qui faifoient partie de l'Efcadre
commandée par le fieur de la Clue , & qui
s'en étoient féparés après le combat du 17 Août
dernier , font arrivés au port de Rochefort , l'un
le 28 Septembre , & l'autre le 11 de ce mois.
Le fieur de Village de Villevieille , Lieutenant
de vaiffeau, a été tué dans le combat du 17 à bord
du Guerrier , ainfi que 13 Soldats ; 46 ont été
bleffés.
Le fieur de Paul , Sous -Brigadier des Gardes,
de la Marine , a été tué dans le même combar
à bord du Souverain. La perte de l'équipage de ce
vaiffeau a été de 17 hommes tués, & de 54 bleffés.
Le Souverain a rencontré aux atterrages un
vaiſſeau Anglois de même force ; il a eu contre
ce vaiffeau un combat très vif , dans lequel fix
hommes de fon équipage ont été tués , & 34
bleffés . Il a été obligé de l'abandonner à l'approche
de plufieurs autres vaiffeaux Anglois qui
venoient à fon fecours.
Du 27.
L'Archevêque de Paris ayant eu permiſſion du
Roi de revenir dans fon Diocèfe , arriva à Verfailles
le 20 de ce mois , & eut l'honneur de voir
Sa Majefté le même jour . Il rendit enfuite fes
reſpects à la Reine & à la Famille Royale. Il vint
en cette Ville le lendemain 21 , fur les neufheures
du foir.
Les vaiffeaux du Roi le Guerrier & le Souverain,
chacun de 74 canons , qui faifoient partie de l'Efcadre
commandée par le fieur de la Clue , & qui
s'en étoient féparés après le combat du 17 Août
dernier , font arrivés au port de Rochefort , l'un
le 28 Septembre , & l'autre le 11 de ce mois.
Le fieur de Village de Villevieille , Lieutenant
de vaiffeau, a été tué dans le combat du 17 à bord
du Guerrier , ainfi que 13 Soldats ; 46 ont été
bleffés.
Le fieur de Paul , Sous -Brigadier des Gardes,
de la Marine , a été tué dans le même combar
à bord du Souverain. La perte de l'équipage de ce
vaiffeau a été de 17 hommes tués, & de 54 bleffés.
Le Souverain a rencontré aux atterrages un
vaiſſeau Anglois de même force ; il a eu contre
ce vaiffeau un combat très vif , dans lequel fix
hommes de fon équipage ont été tués , & 34
bleffés . Il a été obligé de l'abandonner à l'approche
de plufieurs autres vaiffeaux Anglois qui
venoient à fon fecours.
Du 27.
L'Archevêque de Paris ayant eu permiſſion du
Roi de revenir dans fon Diocèfe , arriva à Verfailles
le 20 de ce mois , & eut l'honneur de voir
Sa Majefté le même jour . Il rendit enfuite fes
reſpects à la Reine & à la Famille Royale. Il vint
en cette Ville le lendemain 21 , fur les neufheures
du foir.
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Résumé : DE PARIS, le 20 Octobre.
Le 20 octobre, les vaisseaux français le Guerrier et le Souverain, chacun armé de 74 canons, sont arrivés au port de Rochefort après s'être séparés de l'escadre commandée par le sieur de la Clue suite au combat du 17 août. Le Guerrier est arrivé le 28 septembre et le Souverain le 11 octobre. Lors du combat du 17 août, le sieur de Village de Villevieille, lieutenant de vaisseau, et 13 soldats ont été tués à bord du Guerrier, tandis que 46 autres ont été blessés. À bord du Souverain, le sieur de Paul, sous-brigadier des Gardes de la Marine, a été tué, et la perte totale de l'équipage s'est élevée à 17 hommes tués et 54 blessés. Le Souverain a ensuite affronté un vaisseau anglais de même force, subissant six hommes tués et 34 blessés, avant d'abandonner le combat face à plusieurs autres vaisseaux anglais. Par ailleurs, l'Archevêque de Paris, ayant obtenu la permission du Roi de revenir dans son diocèse, est arrivé à Versailles le 20 octobre et a rencontré Sa Majesté le même jour. Il a ensuite rendu ses respects à la Reine et à la Famille Royale, et est arrivé à Paris le lendemain, le 21 octobre, vers neuf heures du matin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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93
p. 199-204
DE LONDRES, le 20 Octobre.
Début :
La Cour a reçu plusieurs lettres du Canada, dont le contenu vient d'être [...]
Mots clefs :
Canada, Troupes, Général, Bataillons, Ennemis, Camp, Indiens d'Amérique, Français, Débarquement, Siège de Québec, Attaques, Blessés et morts, Grenadiers, Avantages, Commandant, Vaisseaux, Amiral, Forts, Capitaine, Courrier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 20 Octobre.
De
LONDRES , le 20 Octobre.
La Cour a reçu plufieurs lettres du Canada ,
dont le contenu vient d'être rendu public , Elles
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
portent en fubftance les nouvelles fuivantes :
Les troupes aux ordres du Général Wolf dé
barquerent le 2 Juin dans l'Ifle d'Orléans. Deux
jours après , le fieur Monckton , Brigadier , fut
détaché avec quatre bataillons pour déloger quel→
ques troupes ennemies , qui occupoient la pointe
de Lévi. Il fit cette entrepriſe le 30 , tandis qu'un
fecond détachement commandé par le Colonel
Carleton s'établiffoit à la pointe occidentale de
l'Ifle. On travailla aufſitôt à conſtruire des batte
ries à la pointe de Lévi . Seize cens Ennemis tra
verferent le fleuve dans l'intention de détruire
nos ouvrages ; mais ils furent repouffés & obligés
de fe retirer avec perte, La Compagnie du Capi +
taine Dancks , qui avoit éte poftée dans les bois
pour couvrir nos travailleurs , fut attaquée par
un corps d'Indiens , & entierement détruite.
Le camp du Général Wolf n'étoit féparé de celui
du Marquis de Montcalm ,que par la riviere de
Montmorenci. Nos troupes firent pluſieurs tenta
tives pour paffer cette riviere;mais elles trouverent
le bod oppofé tout-à-fait inacceffible ; & les Indiens
qui le gardoient leur tuerent une quarantaine
d'hommes. Le 31 Juillet le Général Wolf fir
embarquer à la pointe de Lévi un détachement
fur les efquifs de la flotte. Le vaiffeau le Centurion
entra dans le canal pour protéger les troupes
contre le feu des batteries de l'Ennemi . On gar
nit d'artillerie les hauteurs. Treize Compagnies
de Grenadiers aborderent avec deux cens hommes
du ſecond bataillon Américain . Ils avoient
ordre de ne commencer l'attaque que lorsqu'ils
verroient les brigades des fieurs Monckton &
Townshend à portée de les foutenir. Leur ardeur
ne leur permit pas d'attendre ce fecours.
Ils attaquerent une redoute , & furent foudrøyés
par le feu des François. Il fallut les rappeller , &.
DECEMBRE . 1759. 201
renoncer à cette attaque , où nous avons eu deux
cens hommes tués , & près de fept cens bleffés.
Quelques jours après le Général Wolf envoya
à Chambaud un détachement de douze cen's
hommes , & le magafin que les ennemis y avoient
formé fut brûlé . Ce Général , de concert avec
l'Amiral Saunders , reconnut attentivement l'état
de la place , & la pofition de l'armée Françoife
qui occupoit un camp retranché le long de la
côte de Beauport , depuis la riviere de Saint-
Charles,jufqu'au faut de Montmorency : Il jugea
qu'il étoit impoffible de réuffir dans le fiége de
Québec , à moins qu'on ne vînt à bout de tirer
l'armée Françoile de fa pofition & de l'engager
à une bataille. Après avoir pris l'avis des Officiers-
Généraux , il fut réfolu qu'une partie de la flotte
remonteroit la riviere pour attaquer les vailleaux
ennemis , & que les bateaux plats feroient employés
à débarquer les troupes à trois milles au
dellas de la ville. Cette réfolution fut exécutée le
8 Septembre.
Le débarquement fe fit le 11 une heure avant
le jour à quelque diſtance du Cap Diamant . Le
lendemain l'action s'engagea. Le front de l'ennemi
étoit couvert par des brouffail es. Les François
commencerent l'attaque & chargerent notre
droite avec beaucoup de vivacité . Cette attaque
devint funefte aux deux Généraux. Le Marquis
de Montcalm fut tué à la tête de fes bataillons.
Le Général Wolf eut le même fort ; & les Commandans
en fecond des deux troupes furent
dangereufement bleffés . On fe battit de part &
d'autre avec acharnement. Nos Grenadiers for--
dirent fur l'ennemi la bayonnette au bout du
fufil , & le firent plier de toute part. L'attaque
Fut moins vive à notre gauche. L'Ennemi tenta
plufieurs fois de prendre en flancs mais fes
Iy
202 MERCURE DE FRANCE.
mouvemens furent toujours arrêtés par l'activité
de nos troupes : enfin reſtés maîtres du champ de
bataille , nous nous emparâmes d'une pièce de
canon , & nous fimes quatorze Officiers prifonniers
de guerre.
Notre avantage avoit été confidérable , mais
il n'étoit pas décifif. Nos Généraux prirent toutes
les mesures néceffaires pour bien fortifier leur
camp. Le 17 , nous n'avions point encore de
batterie établie , & les travaux de la tranchée
étoient à peine commencés . Sur le foir , contre
notre attente , le Commandant de la Place
demanda à capituler. Les articles furent dreffés
pendant la nuit , & fignés le jour fuivant à huit
heures du matin. Nos Généraux ont accordé à
la garniſon tous les honneurs de la guerre. Les
habitans ont été maintenus dans leurs poffeffions ,
& dans la jouiffance de leurs priviléges . On s'eft
engagé à leur conferver le libre exercice de leur
religion . On s'eft déterminé à leur accorder toutes
leurs demandes , parce que la faifon étoit déjà
bien avancée , & qu'on craignoit qu'une plus
longue résistance de leur part n'expofât les
troupes & furtout la flotte à de fâcheux accidens .
La garniſon vient d'être embarquée fur plufieurs
de nos bâtimens , qui doivent la conduire
en France , où elle a demandé d'être tranfportée.
Nous avons trouvé dans la ville fix petits
canons de bronze , cent quatre-vingt-dix canons
de fer , feize mortiers, & quantité de bombes , de
boulets & de munitions. ( L'arrivée des Officiers
François les met à portée de détruire la mauvaile
impreffion que les papiers Anglois ont pu donner
fur leur conduite. )
Du 28.
L'Amiral Saunders a fait embarquer la Garni
fon Françoile de Quebec , avec tous les priſonDECEMBRE.
1759. 203
niers que nos troupes ont fait dans le Canada. Il
mande qu'il a eu avis que les François ont abandonné
tous les Forts qu'ils avoient fur l'Ohio ,
après les avoir démolis ; & qu'ils ont fait dire aux
Indiens qu'ils étoient obligés de fe rapprocher de
Montréal , mais qu'ils efpéroient de retourner
fur l'Ohio l'année prochaine .
Du 6 Novembre.
Depuis qu'on a été informé que le Capitaine
Thurot étoit parti de Dunkerque, on a été trèsattentif
à découvrir la route de fon eſcadre , & à
prendre des mefures pour faire échouer fes def
Teins que l'on ignore. Quelques bâtimens Hollandois
qui font entrés dans nos Ports ont déclaré
qu'ils avoient apperçu cette efcadre à la hauteur
de Texel , faifant voile vers le Nord. Le Chef
d'Efcadre Boys a ordre de la poursuivre. Il arriva
le 25 du mois dernier à Edimbourg , où il s'arrêta
quelques heures pour renouveller fes provifions ;
& il en partit enfuite pour aller à la recherche de
cet ennemi. On a détaché plufieurs corvettes qui
ont ordre de croifer le long des Côtes orientales
d'Angleterre & d'Ecoffe. Le Chevalier Brett doit
fe porter inceffamment fur la Côte d'Irlande ,
pour veiller à la fureté de ce Royaume.
L'Amiral Broderick continue de croifer à la
hauteur de Cadix , pour empêcher la fortie des
vaiffeaux qui faifoient partie de l'efcadre du fieur
de la Clue , & qui ont relâché dans ce Port. Le
Chef d'Elcadre Duff eft avec dix vailleaux devant
la baye de Quiberon en Bretagne.
L'Amiral Hawke eft devant Breft avec vingtun
vaiffeaux de ligne. Il a informé la Cour que
le Maréchal de Conflans avoit reçu des ordres
pofitifs de mettre à la voile, & qu'on doit s'at
tendre qu'il les exécutera inceffamment . L'efca
dre de l'Amiral Hawke a été affoiblie par l'e
I vj
204 MERCURE DE FRANCE..
détachementqu'il a eu ordre de faire de quelques
vaiffeaux de guerre qui font partis pour aller
croifer à la hauteur du Cap de Finiftere. L'objet
de ce détachement eft d'arrêter l'efcadre du fieur
de Bompart , qui eft en route pour revenir fur
les Côtes de France.
150
Le 31 , on dépêcha un Courier au Roi de Pruffe.
On le dit chargé de porter à ce Prince le renouvellement
du Traité de Subfide entre les Cours
de Londres & de Berlin. Le fubfi te accordé à Sa
Majefté Pruffienne pour l'année prochaine , eft
d'un million de livres fterling. On affure que le
Traité avec le Landgrave de Helle- Caffel fera renouvellé
incellamment , & que ce Prince fournira
un nouveau corps de fix mille hommes à la
folde de l'Angleterre .
Un Courier arriva de Petersbourg ce même
jour. On n'a rien publié jufqu'à prélent du contenu
de les dépêches . Mais on fçait que le fieur
Keith , Miniftre du Roi à la Cour de Ruffie , a été
trompé dans l'efpérance qu'il avoit conçue d'engager
cette Couronne à retirer les troupes.
LONDRES , le 20 Octobre.
La Cour a reçu plufieurs lettres du Canada ,
dont le contenu vient d'être rendu public , Elles
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
portent en fubftance les nouvelles fuivantes :
Les troupes aux ordres du Général Wolf dé
barquerent le 2 Juin dans l'Ifle d'Orléans. Deux
jours après , le fieur Monckton , Brigadier , fut
détaché avec quatre bataillons pour déloger quel→
ques troupes ennemies , qui occupoient la pointe
de Lévi. Il fit cette entrepriſe le 30 , tandis qu'un
fecond détachement commandé par le Colonel
Carleton s'établiffoit à la pointe occidentale de
l'Ifle. On travailla aufſitôt à conſtruire des batte
ries à la pointe de Lévi . Seize cens Ennemis tra
verferent le fleuve dans l'intention de détruire
nos ouvrages ; mais ils furent repouffés & obligés
de fe retirer avec perte, La Compagnie du Capi +
taine Dancks , qui avoit éte poftée dans les bois
pour couvrir nos travailleurs , fut attaquée par
un corps d'Indiens , & entierement détruite.
Le camp du Général Wolf n'étoit féparé de celui
du Marquis de Montcalm ,que par la riviere de
Montmorenci. Nos troupes firent pluſieurs tenta
tives pour paffer cette riviere;mais elles trouverent
le bod oppofé tout-à-fait inacceffible ; & les Indiens
qui le gardoient leur tuerent une quarantaine
d'hommes. Le 31 Juillet le Général Wolf fir
embarquer à la pointe de Lévi un détachement
fur les efquifs de la flotte. Le vaiffeau le Centurion
entra dans le canal pour protéger les troupes
contre le feu des batteries de l'Ennemi . On gar
nit d'artillerie les hauteurs. Treize Compagnies
de Grenadiers aborderent avec deux cens hommes
du ſecond bataillon Américain . Ils avoient
ordre de ne commencer l'attaque que lorsqu'ils
verroient les brigades des fieurs Monckton &
Townshend à portée de les foutenir. Leur ardeur
ne leur permit pas d'attendre ce fecours.
Ils attaquerent une redoute , & furent foudrøyés
par le feu des François. Il fallut les rappeller , &.
DECEMBRE . 1759. 201
renoncer à cette attaque , où nous avons eu deux
cens hommes tués , & près de fept cens bleffés.
Quelques jours après le Général Wolf envoya
à Chambaud un détachement de douze cen's
hommes , & le magafin que les ennemis y avoient
formé fut brûlé . Ce Général , de concert avec
l'Amiral Saunders , reconnut attentivement l'état
de la place , & la pofition de l'armée Françoife
qui occupoit un camp retranché le long de la
côte de Beauport , depuis la riviere de Saint-
Charles,jufqu'au faut de Montmorency : Il jugea
qu'il étoit impoffible de réuffir dans le fiége de
Québec , à moins qu'on ne vînt à bout de tirer
l'armée Françoile de fa pofition & de l'engager
à une bataille. Après avoir pris l'avis des Officiers-
Généraux , il fut réfolu qu'une partie de la flotte
remonteroit la riviere pour attaquer les vailleaux
ennemis , & que les bateaux plats feroient employés
à débarquer les troupes à trois milles au
dellas de la ville. Cette réfolution fut exécutée le
8 Septembre.
Le débarquement fe fit le 11 une heure avant
le jour à quelque diſtance du Cap Diamant . Le
lendemain l'action s'engagea. Le front de l'ennemi
étoit couvert par des brouffail es. Les François
commencerent l'attaque & chargerent notre
droite avec beaucoup de vivacité . Cette attaque
devint funefte aux deux Généraux. Le Marquis
de Montcalm fut tué à la tête de fes bataillons.
Le Général Wolf eut le même fort ; & les Commandans
en fecond des deux troupes furent
dangereufement bleffés . On fe battit de part &
d'autre avec acharnement. Nos Grenadiers for--
dirent fur l'ennemi la bayonnette au bout du
fufil , & le firent plier de toute part. L'attaque
Fut moins vive à notre gauche. L'Ennemi tenta
plufieurs fois de prendre en flancs mais fes
Iy
202 MERCURE DE FRANCE.
mouvemens furent toujours arrêtés par l'activité
de nos troupes : enfin reſtés maîtres du champ de
bataille , nous nous emparâmes d'une pièce de
canon , & nous fimes quatorze Officiers prifonniers
de guerre.
Notre avantage avoit été confidérable , mais
il n'étoit pas décifif. Nos Généraux prirent toutes
les mesures néceffaires pour bien fortifier leur
camp. Le 17 , nous n'avions point encore de
batterie établie , & les travaux de la tranchée
étoient à peine commencés . Sur le foir , contre
notre attente , le Commandant de la Place
demanda à capituler. Les articles furent dreffés
pendant la nuit , & fignés le jour fuivant à huit
heures du matin. Nos Généraux ont accordé à
la garniſon tous les honneurs de la guerre. Les
habitans ont été maintenus dans leurs poffeffions ,
& dans la jouiffance de leurs priviléges . On s'eft
engagé à leur conferver le libre exercice de leur
religion . On s'eft déterminé à leur accorder toutes
leurs demandes , parce que la faifon étoit déjà
bien avancée , & qu'on craignoit qu'une plus
longue résistance de leur part n'expofât les
troupes & furtout la flotte à de fâcheux accidens .
La garniſon vient d'être embarquée fur plufieurs
de nos bâtimens , qui doivent la conduire
en France , où elle a demandé d'être tranfportée.
Nous avons trouvé dans la ville fix petits
canons de bronze , cent quatre-vingt-dix canons
de fer , feize mortiers, & quantité de bombes , de
boulets & de munitions. ( L'arrivée des Officiers
François les met à portée de détruire la mauvaile
impreffion que les papiers Anglois ont pu donner
fur leur conduite. )
Du 28.
L'Amiral Saunders a fait embarquer la Garni
fon Françoile de Quebec , avec tous les priſonDECEMBRE.
1759. 203
niers que nos troupes ont fait dans le Canada. Il
mande qu'il a eu avis que les François ont abandonné
tous les Forts qu'ils avoient fur l'Ohio ,
après les avoir démolis ; & qu'ils ont fait dire aux
Indiens qu'ils étoient obligés de fe rapprocher de
Montréal , mais qu'ils efpéroient de retourner
fur l'Ohio l'année prochaine .
Du 6 Novembre.
Depuis qu'on a été informé que le Capitaine
Thurot étoit parti de Dunkerque, on a été trèsattentif
à découvrir la route de fon eſcadre , & à
prendre des mefures pour faire échouer fes def
Teins que l'on ignore. Quelques bâtimens Hollandois
qui font entrés dans nos Ports ont déclaré
qu'ils avoient apperçu cette efcadre à la hauteur
de Texel , faifant voile vers le Nord. Le Chef
d'Efcadre Boys a ordre de la poursuivre. Il arriva
le 25 du mois dernier à Edimbourg , où il s'arrêta
quelques heures pour renouveller fes provifions ;
& il en partit enfuite pour aller à la recherche de
cet ennemi. On a détaché plufieurs corvettes qui
ont ordre de croifer le long des Côtes orientales
d'Angleterre & d'Ecoffe. Le Chevalier Brett doit
fe porter inceffamment fur la Côte d'Irlande ,
pour veiller à la fureté de ce Royaume.
L'Amiral Broderick continue de croifer à la
hauteur de Cadix , pour empêcher la fortie des
vaiffeaux qui faifoient partie de l'efcadre du fieur
de la Clue , & qui ont relâché dans ce Port. Le
Chef d'Elcadre Duff eft avec dix vailleaux devant
la baye de Quiberon en Bretagne.
L'Amiral Hawke eft devant Breft avec vingtun
vaiffeaux de ligne. Il a informé la Cour que
le Maréchal de Conflans avoit reçu des ordres
pofitifs de mettre à la voile, & qu'on doit s'at
tendre qu'il les exécutera inceffamment . L'efca
dre de l'Amiral Hawke a été affoiblie par l'e
I vj
204 MERCURE DE FRANCE..
détachementqu'il a eu ordre de faire de quelques
vaiffeaux de guerre qui font partis pour aller
croifer à la hauteur du Cap de Finiftere. L'objet
de ce détachement eft d'arrêter l'efcadre du fieur
de Bompart , qui eft en route pour revenir fur
les Côtes de France.
150
Le 31 , on dépêcha un Courier au Roi de Pruffe.
On le dit chargé de porter à ce Prince le renouvellement
du Traité de Subfide entre les Cours
de Londres & de Berlin. Le fubfi te accordé à Sa
Majefté Pruffienne pour l'année prochaine , eft
d'un million de livres fterling. On affure que le
Traité avec le Landgrave de Helle- Caffel fera renouvellé
incellamment , & que ce Prince fournira
un nouveau corps de fix mille hommes à la
folde de l'Angleterre .
Un Courier arriva de Petersbourg ce même
jour. On n'a rien publié jufqu'à prélent du contenu
de les dépêches . Mais on fçait que le fieur
Keith , Miniftre du Roi à la Cour de Ruffie , a été
trompé dans l'efpérance qu'il avoit conçue d'engager
cette Couronne à retirer les troupes.
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Résumé : DE LONDRES, le 20 Octobre.
En 1759, des événements militaires significatifs se sont déroulés au Canada. Le 2 juin, les troupes du Général Wolfe ont débarqué sur l'île d'Orléans. Le Brigadier Monckton a été chargé de déloger des troupes ennemies à la pointe de Lévi, tandis que le Colonel Carleton établissait une position à l'ouest de l'île. Les Britanniques ont construit des batteries à la pointe de Lévi, repoussant une attaque ennemie de 160 hommes. Cependant, une compagnie britannique a été détruite par des Indiens. Le 31 juillet, Wolfe a tenté une attaque sur les lignes françaises mais a subi de lourdes pertes. Quelques jours plus tard, un détachement britannique a brûlé un magasin ennemi à Chambaud. Wolfe et l'Amiral Saunders ont décidé d'attaquer Québec en remontant la rivière et en débarquant les troupes à trois milles de la ville. Le 11 septembre, les troupes ont débarqué près du Cap Diamant et ont engagé le combat le lendemain. Les généraux Wolfe et Montcalm ont été tués. Les Britanniques ont pris le contrôle du champ de bataille, capturant des prisonniers et des canons. Le commandant français a demandé à capituler le 17 septembre. Les Britanniques ont accordé à la garnison les honneurs de la guerre et ont embarqué les prisonniers pour la France. Par ailleurs, l'Amiral Saunders a reçu des informations sur l'abandon des forts français sur l'Ohio. En Europe, des mesures ont été prises pour contrer les mouvements de l'escadre française du Capitaine Thurot. Divers amiraux britanniques surveillaient les côtes pour empêcher les sorties de vaisseaux français. Un traité de subside entre l'Angleterre et la Prusse a été renouvelé, et un courier a été envoyé à Petersbourg sans que le contenu des dépêches soit divulgué.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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94
p. 207-210
DE VERSAILLES le 8 Novembre.
Début :
Le 2 de ce mois, le Roi tint le Sceau. Sa Majesté a disposé en faveur [...]
Mots clefs :
Nominations, Comte, Abbaye, Diocèse, Ordre, Gouvernement, Maréchal, Arrêt du Conseil d'État, Monnaies, Remboursement, Finances, Parlement, Cérémonie d'ouverture, Vaisseaux, Escadre, Martinique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE VERSAILLES le 8 Novembre.
DE VERSAILLES le 8 Novembre.
LE2
E 2 de ce mois , le Roi tint le Sceau.
Sa Majefté a difpofé en faveur du Comte d'Erce
de la charge de Sénéchal & Gouverneur du
Neboufan vacante par la mort du Marquis
d'Espagne.
>
-
Du 15.
Le Roi a accordé au fieur Fremyn de Fontenille
, Sous Brigadier de la feconde Compagnie
des Moufquetaires , le Gouvernement de
Rhetel Mazarin en Champagne , vacant par la
mort du fieur Fremyn de Fontenille , fon frere ,
Meftre - de- Camp & Capitaine au Régiment de
Marcieu , Cavalerie , tué à la bataille du premier
Août.
Sa Majefté a donné l'Abbaye d'Airveaux, Ordre
de S. Auguftin , Diocèle de la Rochelle ,
l'Abbé de Stoupy , Chanoine de l'Eglife de Liége
& Vicaire Général de ce Diocèfe.
Celle de Bugue , Ordre de S. Benoît , Diocèfe
de Périgueux , à la Dame d'Aubullon , Religieufe
& Prieure de la même Abbaye..
Et celle de Fontaine- Guérard , Ordre de Citeaux
, Diocèle de Rouen , à la Dame de Chateaumo
rand , Religieufe aux Filles de Notre-Da
me de Linioges .
208 MERCURE DE FRANCE.
Les Maréchaux d'Eftrées & de Contades font
arrivés ici le ro de ce mois & ont eu l'hon
neur de faluer le Roi.
>
Le Grand - Maître de Malthe a accordé au
Comte de Maulevrier du Fay la permiffion de
porter la Croix de l'Ordre , en reconnoiffance des
Tervices rendus par les ancêtres en 1645 , lorf
que l'Ifle fur menacée d'être affiégée .
On lit dans le Mercure précédent que le
Grand - Maître de Malthe a accordé le même
honneur au Marquis de Montpefat ; il faut lire ,
au Duc de Montpefat. Il portoit le titre de Marquis
avant que le feu Pape dont il étoit fujet
fui eût accordé celui de Duc ou de Prince , de
même qu'à fes defcendans.
110 116 11 Du 17
On vient de publier un Arrêt du Confeil d'Etat
du Roi, en date du 6 de ce mois , où il eft dit
que Sa Majefté a vu avec la plus grande fenfibilité
le zèle & l'empreffement de les fidèles Sujets
à prévenir fes defirs , en portant leurs vaiffelles
à l'Hôtel des Monnoies , avant l'enregistrement
& la publication des Lettres patentes du 26 du
mois dernier & youlant pourvoir à ce qu'il
ne fe commette point d'abus au fujet des reconnoiffances
qui doivent être données par les Direc
teurs des Monnoies , & affurer d'une façon inva
fiable le remboursement de ces reconnoiffances
ainfi que le payement des indemnités qui y font
attribuées , le Roi ordonne qu'au 8 Janvier prochain
, l'état des vaiffelles & argenteries portées
dans chaque Monnoie , & des reconnoiffances
délivrées en conféquence , fera arrêté & figné par
les Directeurs & Contrôleurs , vife dans les Provinces
par les Juges- Gardes , & dans les Villes
de Paris & de Lyon , par les Premiers Prélidens
& Procureurs Généraux Commiffaires des Mon
DECEMBRE. 1759. 200
noies. Cet état fera envoyé au Contrôleur Géné
ral des Finances ; & l'Adjudicataire des Fermes
générales aura ordre de payer entre les mains
des Directeurs des Monnoies , en deniers comp
rans, fur le prix de fon bail , par préférence à
la partie du Tréfor Royal , les fommes néceſſai→
res pour le remboursement des reconnoiffances
& des indemnités qui y font attribuées , conformément
aux états qui feront arrêtés chaque
année au Conſeil de Sa Majeſté.
Le 8 les Docteurs de la maifon & fociété de
Sorbonne ont tenu affemblée pour l'élection de
leur Proviſeur , & ils ont élu unanimement l'Arthevêque
de Paris.
Le 12 , l'ouverture du Parlement fe fit avec
les cérémonies accoutumées par une meffe folemnelle
, à laquelle le fieur Molé , Premier Préfident
, & les Chambres affifterent , & qui fut cé
lébrée par l'Abbé de Sailly , Chantre de la Sainte
Chapelle, & Aumônier de Madame la Dauphine.
On apprend de Breft que le vaiffeau du Roi,
l'Achille , commandé par le fieur de Marimires,
Capitaine de vailleau , eft arrivé dans ce porr
les de ce mois , avec les frégates le Zephire &
la Syrenne , commandées par les Sieurs Chevalier
de Graffe , de Bar & de Brofley du Maz , revenant
du Cap de Bonne- Efpérance & de la baye de tous
les Saints .
Le 7 l'efcadre commandée par le fieur de
Bompart , Chef d'Efcadre des armées navales , a
auffi mouillé à la rade de Breft . Elle eſt composée
des vaifleaux le Défenfeur , qu'il commande ; de
L'Hector, commandé par le Comte de Roquefeuille
; du Courageux , par le Comte de Coulage ;
du Diademe , par le fieur de Rofily de Meros ; du
Prothée , par le Chevalier Fouquet ; du Sage , par
le fieur Guichen , Capitaines de vailleau ; de Am
110 MERCURE DE FRANCE.
phion , par le fieur Riouffe ; & de la Fleur-de-lys ,
par le Chevalier d'Oify , Lieutenant de vailleau.
Cette efcadre qui revient de la Martinique & de
Saint Domingue , a apporté une quantité confidérable
de fucre , d'indigo & de caffé pour le
compte du commerce.
LE2
E 2 de ce mois , le Roi tint le Sceau.
Sa Majefté a difpofé en faveur du Comte d'Erce
de la charge de Sénéchal & Gouverneur du
Neboufan vacante par la mort du Marquis
d'Espagne.
>
-
Du 15.
Le Roi a accordé au fieur Fremyn de Fontenille
, Sous Brigadier de la feconde Compagnie
des Moufquetaires , le Gouvernement de
Rhetel Mazarin en Champagne , vacant par la
mort du fieur Fremyn de Fontenille , fon frere ,
Meftre - de- Camp & Capitaine au Régiment de
Marcieu , Cavalerie , tué à la bataille du premier
Août.
Sa Majefté a donné l'Abbaye d'Airveaux, Ordre
de S. Auguftin , Diocèle de la Rochelle ,
l'Abbé de Stoupy , Chanoine de l'Eglife de Liége
& Vicaire Général de ce Diocèfe.
Celle de Bugue , Ordre de S. Benoît , Diocèfe
de Périgueux , à la Dame d'Aubullon , Religieufe
& Prieure de la même Abbaye..
Et celle de Fontaine- Guérard , Ordre de Citeaux
, Diocèle de Rouen , à la Dame de Chateaumo
rand , Religieufe aux Filles de Notre-Da
me de Linioges .
208 MERCURE DE FRANCE.
Les Maréchaux d'Eftrées & de Contades font
arrivés ici le ro de ce mois & ont eu l'hon
neur de faluer le Roi.
>
Le Grand - Maître de Malthe a accordé au
Comte de Maulevrier du Fay la permiffion de
porter la Croix de l'Ordre , en reconnoiffance des
Tervices rendus par les ancêtres en 1645 , lorf
que l'Ifle fur menacée d'être affiégée .
On lit dans le Mercure précédent que le
Grand - Maître de Malthe a accordé le même
honneur au Marquis de Montpefat ; il faut lire ,
au Duc de Montpefat. Il portoit le titre de Marquis
avant que le feu Pape dont il étoit fujet
fui eût accordé celui de Duc ou de Prince , de
même qu'à fes defcendans.
110 116 11 Du 17
On vient de publier un Arrêt du Confeil d'Etat
du Roi, en date du 6 de ce mois , où il eft dit
que Sa Majefté a vu avec la plus grande fenfibilité
le zèle & l'empreffement de les fidèles Sujets
à prévenir fes defirs , en portant leurs vaiffelles
à l'Hôtel des Monnoies , avant l'enregistrement
& la publication des Lettres patentes du 26 du
mois dernier & youlant pourvoir à ce qu'il
ne fe commette point d'abus au fujet des reconnoiffances
qui doivent être données par les Direc
teurs des Monnoies , & affurer d'une façon inva
fiable le remboursement de ces reconnoiffances
ainfi que le payement des indemnités qui y font
attribuées , le Roi ordonne qu'au 8 Janvier prochain
, l'état des vaiffelles & argenteries portées
dans chaque Monnoie , & des reconnoiffances
délivrées en conféquence , fera arrêté & figné par
les Directeurs & Contrôleurs , vife dans les Provinces
par les Juges- Gardes , & dans les Villes
de Paris & de Lyon , par les Premiers Prélidens
& Procureurs Généraux Commiffaires des Mon
DECEMBRE. 1759. 200
noies. Cet état fera envoyé au Contrôleur Géné
ral des Finances ; & l'Adjudicataire des Fermes
générales aura ordre de payer entre les mains
des Directeurs des Monnoies , en deniers comp
rans, fur le prix de fon bail , par préférence à
la partie du Tréfor Royal , les fommes néceſſai→
res pour le remboursement des reconnoiffances
& des indemnités qui y font attribuées , conformément
aux états qui feront arrêtés chaque
année au Conſeil de Sa Majeſté.
Le 8 les Docteurs de la maifon & fociété de
Sorbonne ont tenu affemblée pour l'élection de
leur Proviſeur , & ils ont élu unanimement l'Arthevêque
de Paris.
Le 12 , l'ouverture du Parlement fe fit avec
les cérémonies accoutumées par une meffe folemnelle
, à laquelle le fieur Molé , Premier Préfident
, & les Chambres affifterent , & qui fut cé
lébrée par l'Abbé de Sailly , Chantre de la Sainte
Chapelle, & Aumônier de Madame la Dauphine.
On apprend de Breft que le vaiffeau du Roi,
l'Achille , commandé par le fieur de Marimires,
Capitaine de vailleau , eft arrivé dans ce porr
les de ce mois , avec les frégates le Zephire &
la Syrenne , commandées par les Sieurs Chevalier
de Graffe , de Bar & de Brofley du Maz , revenant
du Cap de Bonne- Efpérance & de la baye de tous
les Saints .
Le 7 l'efcadre commandée par le fieur de
Bompart , Chef d'Efcadre des armées navales , a
auffi mouillé à la rade de Breft . Elle eſt composée
des vaifleaux le Défenfeur , qu'il commande ; de
L'Hector, commandé par le Comte de Roquefeuille
; du Courageux , par le Comte de Coulage ;
du Diademe , par le fieur de Rofily de Meros ; du
Prothée , par le Chevalier Fouquet ; du Sage , par
le fieur Guichen , Capitaines de vailleau ; de Am
110 MERCURE DE FRANCE.
phion , par le fieur Riouffe ; & de la Fleur-de-lys ,
par le Chevalier d'Oify , Lieutenant de vailleau.
Cette efcadre qui revient de la Martinique & de
Saint Domingue , a apporté une quantité confidérable
de fucre , d'indigo & de caffé pour le
compte du commerce.
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Résumé : DE VERSAILLES le 8 Novembre.
En novembre 1759, plusieurs événements marquants ont eu lieu à la cour de France. Le 2 novembre, le roi a nommé le Comte d'Erce au poste de Sénéchal et Gouverneur du Neboufan, succédant au Marquis d'Espagne décédé. Le 15 novembre, le Sieur Fremyn de Fontenille, Sous Brigadier des Mousquetaires, a été désigné Gouverneur de Rhetel Mazarin en Champagne, après le décès de son frère. Le roi a également attribué diverses abbayes : l'Abbaye d'Airveaux à l'Abbé de Stoupy, celle de Bugue à la Dame d'Aubullon, et celle de Fontaine-Guérard à la Dame de Chateaumorand. Les Maréchaux d'Estrées et de Contades ont été reçus par le roi le 10 novembre. Le Grand Maître de Malthe a autorisé le Comte de Maulevrier du Fay à porter la Croix de l'Ordre, en reconnaissance des services rendus par ses ancêtres en 1645. Un arrêt du Conseil d'État, daté du 6 novembre, a été publié pour réguler le dépôt des vaisselles à l'Hôtel des Monnoies et assurer le remboursement des reconnaissances. Le 8 novembre, les Docteurs de la maison et société de Sorbonne ont élu l'Archevêque de Paris comme leur Proviseur. Le 12 novembre, le Parlement a été ouvert par une messe solennelle célébrée par l'Abbé de Sailly. Par ailleurs, des vaisseaux royaux, l'Achille et une escadre commandée par le Sieur de Bompart, sont revenus de missions en Afrique et aux Antilles, apportant des marchandises pour le commerce.
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95
p. 199-201
DE PARIS, le 1 Décembre.
Début :
Le 20 du mois dernier, l'Escadre aux ordres du Maréchal de Conflans [...]
Mots clefs :
Escadre, Maréchal, Amiral Hawke, Bretagne, Vaisseaux, Capitaine, Combat, Artillerie, Maréchal Daun, Ordre, Enrôlement, Garnison, Capitulation
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texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 1 Décembre.
De PARIS , le 1 Décembre.
Le zo du mois dernier , l'Eſcadre aux ordres
du Maréchal de Conflans fut rencontrée à la hauteur
de Belle- Ifle par celle de l'Amiral Hawke ,
renforcée de tous les vaiffeaux que les Anglois
avoient à la côte de Bretagne. La mer étoit fort
grofle , il y a eu des changemens de vent par
grains dans la journée , ce qui n'a permis à aucune
des deux Efcadres de fe mettre en ligne . Cependant
le combat s'engagea vers deux heures aprèsmidi
entre les vaiffeaux de l'arriere garde , qui
étoient le Magnifique , le Héros & le Formidable
, lefquels furent attaqués & environnés
par huit ou dix vaiffeaux Anglois. Peu de tems
après le combat devint général , mais fans ordre
de part & d'autre. Le Formidable commandé par
le fieur de Saint-André du Verger , Chef d'Efcadre
des armées navales , eft le feul vaiffeau qui ait été
pris. On a eu le malheur de perdre le vaiffeau le
Théfée & le Superbe , commandés par les fieurs de
Kerfaint & de Montalais , Capitaines de Vaiffeau.
Ils ont coulé à fond dans le combat , pen
dant lequel un Vaiffeau de l'Eſcadre Angloife
dont on ignore le nom , a auffi coulé à fond. Le
Vailleau le Soleil Royal , que montoit le Maréchal
de Conflans , s'eſt brûlé à la côte du Croific
le 21 , après qu'on a eu fauvé l'équipage . Le
Héros , commandé par le Vicomte de Sanfay ,
qui a eu trente hommes tués , & quatre-vingt-fix
bleffés dans le combat , s'eſt brûlé au même en-
Liv
200 MERCURE DE FRANCE.
droit. Le Jufte , commandé par le fieur de Saint-
Allouarn , Capitaine de Vaiffeau , tué dans le combat,
& après lui par le fieur Rofmader de Saint-
Allouarn , fon frere , auffi tué dans le combat , a
péri à l'ance d'Ecoublas à l'entrée de la Loire , &
on a fauvé une partie de l'équipage . Les vaiffeaux
Anglois la Réfolution , de foixante- quatorze canons
, & l'Effex de foixante - dix , ont péri à la
côte du Croilic. Un autre vaiffeau Anglois dont
on ignore lenom a aufli péri à l'entrée de la Loire.
Une partie des vaiffeaux de l'efcadre de Breſt eſt à
la rade de l'lfle d'Aix , & les autres font dans la
rivière de Vilaine.
Le fieur Galibert , dépêché par le Comte de
Montazet, apporta la nouvelle fuivante . Le Maréchal
de Daun attaqua le 20 Novembre un corps
de Pruffiens d'environ vingt-quatre mille hommes
commandés par les Généraux Finck "
Wunsch & Rebentiſch. Le combat s'eft donné
à Maxen à deux lieues de Pyrna & à trois lieues
de Drefde. Il a commencé à midi & n'a fini
qu'a la nuit Les Prufliens ayant été dépoftés des
hauteurs qu'il occupoient & forcés de ſe retirer
dans un fond , ont perdu dans cette occafion
la plus grande partie de leur artillerie & toutes
leurs munitions.
Le Maréchal de Daun avoit fait fes difpofitions,
de maniere que ce Corps d'Arinée étoit entouré
par les troupes Autrichiennes & par celles de
l'Empire. Le lendemain le Général Rebentiſch fur
envoyé au Maréchal de Daun par le Général
Finck , pour capituler. Le Maréchal de Daun exigea
que cette armée mit les arines bas , & fe rendit
prifonniere de guerre ; & il ne donna que
quatre minutes pour fe déterminer . Les Pruffiens
ont été forcés de fubir ces conditions . On les a fait
partir ce même jour pour la Bohême . Il y avoit
JANVIER. 1760 .
201
dans ce corps d'armée fix mille hommes de Cavalerie.
On aifure que le Roi de Pruffe & le Prince
Henri étoient à quatre lieues du champ de bataille
avec trente mille hommes.
On affure auffi qu'il a envoyé ordre dans tous
fes Etats d'enrôler tout ce qu'il y refte d'hommes
depuis l'âge de 14 ans jufqu'à celui de 60 .
Du 8.
La garnifon de Munfter a capitulé le 21 du
mois dernier. Elle a obtenu les honneurs de la
guerre Les ennemis ont donné toutes fortes de
marques de confidérations aux troupes qui la
compofent ainsi qu'au Marquis de Gayon , Maréchal-
de-camp , qui la commande , & au fieur de
Boisclaireau , Lieutenant de Roi & de la Ville,
La garnifon eft arrivée à Wefel le 26 .
Le zo du mois dernier , l'Eſcadre aux ordres
du Maréchal de Conflans fut rencontrée à la hauteur
de Belle- Ifle par celle de l'Amiral Hawke ,
renforcée de tous les vaiffeaux que les Anglois
avoient à la côte de Bretagne. La mer étoit fort
grofle , il y a eu des changemens de vent par
grains dans la journée , ce qui n'a permis à aucune
des deux Efcadres de fe mettre en ligne . Cependant
le combat s'engagea vers deux heures aprèsmidi
entre les vaiffeaux de l'arriere garde , qui
étoient le Magnifique , le Héros & le Formidable
, lefquels furent attaqués & environnés
par huit ou dix vaiffeaux Anglois. Peu de tems
après le combat devint général , mais fans ordre
de part & d'autre. Le Formidable commandé par
le fieur de Saint-André du Verger , Chef d'Efcadre
des armées navales , eft le feul vaiffeau qui ait été
pris. On a eu le malheur de perdre le vaiffeau le
Théfée & le Superbe , commandés par les fieurs de
Kerfaint & de Montalais , Capitaines de Vaiffeau.
Ils ont coulé à fond dans le combat , pen
dant lequel un Vaiffeau de l'Eſcadre Angloife
dont on ignore le nom , a auffi coulé à fond. Le
Vailleau le Soleil Royal , que montoit le Maréchal
de Conflans , s'eſt brûlé à la côte du Croific
le 21 , après qu'on a eu fauvé l'équipage . Le
Héros , commandé par le Vicomte de Sanfay ,
qui a eu trente hommes tués , & quatre-vingt-fix
bleffés dans le combat , s'eſt brûlé au même en-
Liv
200 MERCURE DE FRANCE.
droit. Le Jufte , commandé par le fieur de Saint-
Allouarn , Capitaine de Vaiffeau , tué dans le combat,
& après lui par le fieur Rofmader de Saint-
Allouarn , fon frere , auffi tué dans le combat , a
péri à l'ance d'Ecoublas à l'entrée de la Loire , &
on a fauvé une partie de l'équipage . Les vaiffeaux
Anglois la Réfolution , de foixante- quatorze canons
, & l'Effex de foixante - dix , ont péri à la
côte du Croilic. Un autre vaiffeau Anglois dont
on ignore lenom a aufli péri à l'entrée de la Loire.
Une partie des vaiffeaux de l'efcadre de Breſt eſt à
la rade de l'lfle d'Aix , & les autres font dans la
rivière de Vilaine.
Le fieur Galibert , dépêché par le Comte de
Montazet, apporta la nouvelle fuivante . Le Maréchal
de Daun attaqua le 20 Novembre un corps
de Pruffiens d'environ vingt-quatre mille hommes
commandés par les Généraux Finck "
Wunsch & Rebentiſch. Le combat s'eft donné
à Maxen à deux lieues de Pyrna & à trois lieues
de Drefde. Il a commencé à midi & n'a fini
qu'a la nuit Les Prufliens ayant été dépoftés des
hauteurs qu'il occupoient & forcés de ſe retirer
dans un fond , ont perdu dans cette occafion
la plus grande partie de leur artillerie & toutes
leurs munitions.
Le Maréchal de Daun avoit fait fes difpofitions,
de maniere que ce Corps d'Arinée étoit entouré
par les troupes Autrichiennes & par celles de
l'Empire. Le lendemain le Général Rebentiſch fur
envoyé au Maréchal de Daun par le Général
Finck , pour capituler. Le Maréchal de Daun exigea
que cette armée mit les arines bas , & fe rendit
prifonniere de guerre ; & il ne donna que
quatre minutes pour fe déterminer . Les Pruffiens
ont été forcés de fubir ces conditions . On les a fait
partir ce même jour pour la Bohême . Il y avoit
JANVIER. 1760 .
201
dans ce corps d'armée fix mille hommes de Cavalerie.
On aifure que le Roi de Pruffe & le Prince
Henri étoient à quatre lieues du champ de bataille
avec trente mille hommes.
On affure auffi qu'il a envoyé ordre dans tous
fes Etats d'enrôler tout ce qu'il y refte d'hommes
depuis l'âge de 14 ans jufqu'à celui de 60 .
Du 8.
La garnifon de Munfter a capitulé le 21 du
mois dernier. Elle a obtenu les honneurs de la
guerre Les ennemis ont donné toutes fortes de
marques de confidérations aux troupes qui la
compofent ainsi qu'au Marquis de Gayon , Maréchal-
de-camp , qui la commande , & au fieur de
Boisclaireau , Lieutenant de Roi & de la Ville,
La garnifon eft arrivée à Wefel le 26 .
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Résumé : DE PARIS, le 1 Décembre.
Le 1er décembre, une bataille navale a opposé les escadres française et anglaise près de Belle-Île. La mer agitée et les changements de vent ont perturbé les manœuvres. Le vaisseau français Formidable a été capturé, tandis que les Thésée et Superbe ont coulé, ainsi qu'un vaisseau anglais inconnu. Le Soleil Royal, commandé par le Maréchal de Conflans, s'est échoué et a brûlé. Le Héros et le Juste ont également brûlé après de lourdes pertes. Plusieurs vaisseaux anglais ont été perdus. Sur le front terrestre, le Maréchal de Daun a attaqué un corps prussien de 24 000 hommes près de Maxen le 20 novembre. Les Prussiens ont été délogés et ont perdu une grande partie de leur artillerie et munitions. Le lendemain, le Général Rebentisch a négocié la capitulation, et les Prussiens ont été faits prisonniers et envoyés en Bohême. Le Roi de Prusse et le Prince Henri étaient proches avec 30 000 hommes. La garnison de Münster a capitulé le 21 novembre, obtenant les honneurs de la guerre, et est arrivée à Wesel le 26 novembre.
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96
p. 206
DE LISBONNE, le 30 Décembre 1759.
Début :
Le 13, on essuya une violente tempête, qui a causé beaucoup de dommage parmi les [...]
Mots clefs :
Tempête, Dégâts, Vaisseaux, Cargaison, Forteresse, Afrique, Prisonniers, Rebelles
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texteReconnaissance textuelle : DE LISBONNE, le 30 Décembre 1759.
De LISBONE , le 30 Décembre 1759.
Le 13 , on effuya une violente tempête , qui a
caufé beaucoup de dommage parmi les vaiffeaux
qui étoient dans la Baye. Quelques - uns ont péri ,
d'autres ont échoué, & ont eu feur cargaiſon fort
endommagée. Cependant la perte eft beaucoup
moins grande qu'on ne l'avoit d'abord eftimée,
On a embarqué , pour la fortereffe de Mafagan
en Affrique , plufieurs prifonniers d'Etat:
c'étoient, fuivant les conjectures , des coupables
de la derniere conjuration .
Le 13 , on effuya une violente tempête , qui a
caufé beaucoup de dommage parmi les vaiffeaux
qui étoient dans la Baye. Quelques - uns ont péri ,
d'autres ont échoué, & ont eu feur cargaiſon fort
endommagée. Cependant la perte eft beaucoup
moins grande qu'on ne l'avoit d'abord eftimée,
On a embarqué , pour la fortereffe de Mafagan
en Affrique , plufieurs prifonniers d'Etat:
c'étoient, fuivant les conjectures , des coupables
de la derniere conjuration .
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97
p. 207-208
DE LONDRES, le 8 Janvier.
Début :
On est toujours dans l'inquiétude au sujet du sieur Thurot, & de sa petite [...]
Mots clefs :
Escadre, Norvège, Vaisseaux, Amiral, Tempête, Prince Ferdinand , Chambre des communes, Emprunt, Georges l'Aveugle, Décès
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texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 8 Janvier.
De LONDRES , le 8 Janvier.
On est toujours dans l'inquiétude au fujet dur
fieur Thurot, & de fa petite efcadre. Quelques avis
venus des Côtes de Norwege , vers la fin du mois
dernier , apprenoient qu'il croifoit fur ces Côtes ,
& qu'il avoit intercepté plufieurs vaiffeaux Anglois.
On dépêcha auffitôt un Courier au Chef
d'efcadre Boys , qui étoit ftationné dans la rade
de Leith en Ecoffe , avec ordre de fe remettre à fa
pourfuite. I fit à l'inftant fes difpofitions pour
appareiller au premier vent favorable , & il fit
prendre les devans aux canots le Scourge & l'Ai
gle. On n'en a plus eu de nouvelles depuis.
On a appris,du 30 , que l'Amiral Saunders eft,
fur fon départ pour aller relever l'Amiral Brode
208 MERCURE DE FRANCE.
rick , qui eft forti de Cadix le 4 du mois dernier.
Il a été de nouveau accueilli par une violente
tempête , qui l'a obligé de fe réfugier en trèsmauvais
état à Gibraltar . On eftime ici qu'il a
été heureux d'être fi près de ce port : car l'eſcadre
Françoife , compofée de cinq vaiffeaux de ligne, &
de trois frégates , eft fortie bientôt après , On
fçait qu'elle a paffé fans oppofition le détroit ,
failant voile pour Toulon .
Après bien des conteftations , la Chambre des
Communes donna , le 23 de ce mois , fon approbation
au Bill concernant l'emprunt de huit millions
de livres sterling , par annuités ; & il vient
feulement d'être arrêté . On dit , qu'on portera.
jufqu'à vingt mille hommes , le corps de troupes
deftiné à renforcer le Prince Ferdinand , fous lesordres
des Généraux Barington & Honeywood.
Il eft mort, à Lithe , dans le Comté de Weftmerland
, un aveugle dès l'enfance , qui par fes
connoiffances pouvoit être réputé l'émule du
célèbre Saunderfon . Il fe nommoit Georges Bercket
, ou , plus vulgairement ,Georges l'Aveugle.
La privation de la vue ne l'avoit pas empêché
de faire dans la Théologie , la Morale , la Métaphyfique
, la Mufique & la Philofophie naturelle ,
des progrès qui étonnoient ceux même qui étoient
le plus verfés dans ces fciences .
On est toujours dans l'inquiétude au fujet dur
fieur Thurot, & de fa petite efcadre. Quelques avis
venus des Côtes de Norwege , vers la fin du mois
dernier , apprenoient qu'il croifoit fur ces Côtes ,
& qu'il avoit intercepté plufieurs vaiffeaux Anglois.
On dépêcha auffitôt un Courier au Chef
d'efcadre Boys , qui étoit ftationné dans la rade
de Leith en Ecoffe , avec ordre de fe remettre à fa
pourfuite. I fit à l'inftant fes difpofitions pour
appareiller au premier vent favorable , & il fit
prendre les devans aux canots le Scourge & l'Ai
gle. On n'en a plus eu de nouvelles depuis.
On a appris,du 30 , que l'Amiral Saunders eft,
fur fon départ pour aller relever l'Amiral Brode
208 MERCURE DE FRANCE.
rick , qui eft forti de Cadix le 4 du mois dernier.
Il a été de nouveau accueilli par une violente
tempête , qui l'a obligé de fe réfugier en trèsmauvais
état à Gibraltar . On eftime ici qu'il a
été heureux d'être fi près de ce port : car l'eſcadre
Françoife , compofée de cinq vaiffeaux de ligne, &
de trois frégates , eft fortie bientôt après , On
fçait qu'elle a paffé fans oppofition le détroit ,
failant voile pour Toulon .
Après bien des conteftations , la Chambre des
Communes donna , le 23 de ce mois , fon approbation
au Bill concernant l'emprunt de huit millions
de livres sterling , par annuités ; & il vient
feulement d'être arrêté . On dit , qu'on portera.
jufqu'à vingt mille hommes , le corps de troupes
deftiné à renforcer le Prince Ferdinand , fous lesordres
des Généraux Barington & Honeywood.
Il eft mort, à Lithe , dans le Comté de Weftmerland
, un aveugle dès l'enfance , qui par fes
connoiffances pouvoit être réputé l'émule du
célèbre Saunderfon . Il fe nommoit Georges Bercket
, ou , plus vulgairement ,Georges l'Aveugle.
La privation de la vue ne l'avoit pas empêché
de faire dans la Théologie , la Morale , la Métaphyfique
, la Mufique & la Philofophie naturelle ,
des progrès qui étonnoient ceux même qui étoient
le plus verfés dans ces fciences .
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Résumé : DE LONDRES, le 8 Janvier.
Le 8 janvier, une inquiétude grandit à Londres face aux activités du flibustier Thurot et de son escadre, repérés en Norvège après avoir intercepté plusieurs vaisseaux anglais. Le chef d'escadre Boys, basé à Leith en Écosse, a reçu l'ordre de les poursuivre avec les navires Scourge et Aigle, dont les nouvelles sont absentes depuis. L'amiral Saunders, en route pour remplacer l'amiral Bodewick à Cadix, a dû se réfugier à Gibraltar en raison d'une tempête. L'escadre française, composée de cinq vaisseaux de ligne et trois frégates, a traversé le détroit de Gibraltar sans obstacle, direction Toulon. La Chambre des Communes a validé un emprunt de huit millions de livres sterling et prévoit de renforcer les troupes du Prince Ferdinand à vingt mille hommes, sous les ordres des généraux Barington et Honeywood. Par ailleurs, Georges Bercket, un aveugle de naissance connu pour ses connaissances en théologie, morale, métaphysique, musique et philosophie naturelle, est décédé à Lithe dans le comté de Weftmerland.
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98
p. 213-216
DE PARIS, le 19 Janvier 1760, & jours suivans.
Début :
Le 15 de ce mois, on fit dans l'Eglise Métropolitaine de cette Ville, [...]
Mots clefs :
Service religieux, Repos de l'âme, Roi d'Espagne, Madame, Cérémonies, Église, Décorations, Autel, Oraison funèbre, Marbre, Voûte, Colonne, Lumières, Registres publics, Décès, Mariages, Baptêmes, Tremblement de terre, Secousses, Vaisseaux, Combat, Loterie de l'école royale militaire, Tirage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 19 Janvier 1760, & jours suivans.
De PARIS , le 19 Janvier 1760 , &jours fuivans .
Le 1s de ce mois , on fit dans l'Eglife Métropolitaine
de cette Ville , un Service folemnel , par
ordre du Roi , pour le repos de l'ame de Ferdinand
, VI du nom , Roi d'Espagne , & de Marie-
Madelaine de Portugal , Reine d'Espagne , fon
époufe . Sa Majefté avoit nommé pour le grand
deuil du Roi d'Eſpagne, Monfeigneur le Dauphin ,
le Duc d'Orléans , le Prince de Condé ; & pour
celui de la Reine d'Espagne , Madame la Dauphine
, Madame , & Madame Victoire . Ces Princes
& Princeffes s'étant rendus à l'Archevêché , où
le Marquis de Dreux, Grand Maître des Cérémonies
, & le fieur de Nantouillet , Maître des Cérémonies
en furvivance , allerent les prendre ,
lorfque tout fut prêt. Ils les conduifirent à l'Eglife ;
ils entrèrent par la grande porte , & furent pla
cés dans les hautes Italles , à droite & à gauche.
Plusieurs Archevêques & Evêques affiftèrent à
cette cérémonie , ainfi que le Parlement , la
Chambre des Comptes , la Cour des Aides , l'Univerfité
, & le Corps de Ville. L'Archevêque de
Paris y officia pontificalement. L'Evêque de Vence
prononça l'Oraifon funèbre.
Le portail de l'Eglife étoit tendu en noir , avec
trois lès de velours, chargés d'écuffons , entre lelquels
étoient placés trois cartels chargés des
armes & des chiffres du Roi & de la Reine d'ELpagne
Le pourtour du choeur , étoit décoré d'un ordre
Ionique , en pilaftres & arcades , furmonté d'un
entablement , dont la frife étoit femée de fleursde-
lys d'or. Cette architecture étoit figurée en
marbre antique, & tous les ornemens étoient
dorés. Ses arcades étoient garnies de rideaux
noirs , rayés d'hermine , retroulés avec des cordons
treffés en or. Au-deffus de l'entablement ,
214 MERCURE DE FRANCE.
étoit un attique , orné à l'aplomb des arcades ,
de grands écullons aux armes d'Espagne , foutenus
par des lions , entourés de palmes & de guirlandes
en or , accompagnés de chiffres du Roi &
de la Rei e d'Espagne , fur un fond d'azur , groupés
de branches de cyprès.
L'Autel , élevé de plufieurs marches , étoit au
pied d'une niche , en marbre blanc. Le fond de
la niche étoit rempli par le fymbole de la Divinité
, entouré de nuages & de grands rayons dorés.
Au haut de l'attique , terminé en fronton, un
grand dais étoit placé en baldaquin , avec des
rideaux pendans & retrouffés , rayés d'hermine.
Le Catafalque , placé à l'entrée du choeur , étoit
fur un plan quarré long. Aux quatre angles, s'élevoient
quatre focles ,; d'où partoient , quatre
corps folides . Deux colonnes , d'ordre Ionique ,
étoient engagées dans chacun de ces corps , &
portoient un entablement pareil à celui de l'architecture
du choeur. Les deux petites faces de ce monument
, étoient difpofées en arcades . Les deux
grands côtés étoient terminés , quarrément , par
la plate-bande de l'entablement . Les colonnes de
verd antique , avoient leurs bafes & leurs chapiteaux
en or. Les corps folides étoient en marbre
jaune antique , avec des encadremens renfoncés ,
chargés de trophées militaires , & de médaillons
en or , liés par des guirlandes de lauriers.
Une pyramide de brêche violette, portée par un
piédeſtal de même marbre , terminoit le monument.
Sur les quatre faces de ce piédeſtal, étoient
les Ecuffons d'Eſpagne en relief, fupportés par
deux lions ; & fur les faces de la pyramide , des
Ecuffons d'Anjou , en or.
Sous la voute du Catafalque , fur une eſtrade
élevée de fix marches , pofoit un focle de verd
campan , chargé fur fes faces de bas-reliefs & de
agures de marbre en ronde boffe. Au-deffus du foFEVRIER
. 1760. 215
cle & fur les griffes de lion , étoit un farcophage
de porphire , couvert d'un drap mortuaire en or,
chargé des écuffons d'Eſpagne en broderie d'or ,
avec deux couronnes voilées d'un crêpe .
Le Catafalque étoit couvert d'un grand poêle à
quatre rideaux pendans & retrouflés , noirs , &
rayés d'hermine.
Toute cette décoration étoit dans le goût antique.
Ses ornemens , étoient du meilleur choix.
Leur éclat étoit relevé par le grand nombre &
par l'heureufe difpofition des lumieres. Il y avoit
beaucoup de richeffe dans les détails , beaucoup
de nobleſſe & de magnificence dans l'enfemble.
Cette pompe funèbre , ordonnée de la part de
Sa Majesté , par le Duc de Duras , Pair de France ,
premier Gentilhomme de la Chambre du Roi ,
a été dirigée par le fieur de la Ferté , Intendant
des Menus- plaifirs du Roi , fur les deffeins du fieur
Michel Ange Slodtz , Deffinateur ordinaire de la
Chambre & du Cabinet de Sa Majeſté .
Suivant les regiftres publics des Eglifes Paroiffiales
de cette Ville , il eft mort , pendant le cours
de l'année derniére , 18446 perfonnes ; il s'y eſt
fait 4059 mariages ; il y a eu 19058 baptêmes ; &
le nombre des enfans trouvés monte à 5 264.
Le 20 Janvier, on a reſſenti ici , à dix heures & un
quart du foir , une légère ſecoufle de tremblement
de terre ; mais elle a été fi peu fenfible , que trèspeu
de perfonnes s'en font apperçues . On l'a reffentie
plus diftinctement , à Verlailles. On a appris
depuis, que ce tremblement de terre a été fenti
à Amfterdam , à Leyde & à Utrecht. Les lettres
de Bruxelles & de Cologne , parlent de quelques
fecoufles qui le précédèrent le 19. Il a été affez
violent dans ces deux Villes . Suivant les lettres de
Cologne , on a reffenti une nouvelle fecouffe le
21 , vers les quatre heures du matin. A Peronne,
les fecouffes du 20 au foir, durerent deux ou trois
216 MERCURE DE FRANCE.
minutes , & effrayerent plufieurs perfonnes , qui
fortirent précipitamment de leurs maifons , de
crainte d'être écralées fur leurs ruines. On a ap .
pris auffi , que le 22 de Décembre , la fecouffe di
tremblement de terre s'étoit faite fentir dans la
Norwege & dans le Duché de Holſtein . Cette fecoulle
a été précédée , en divers , endroits par un
violent coup de tonnerre.L'ébranlement a été confidérable,
à Hadersleben. Dans quelques villes, routes
les tuilles ont été jettées par terre. Cet accident
n'a pas eu d'autres fuites.
Le 1 Février , le fieur Gigot , Recteur de l'Uni-¸
verfité , accompagné des Doyens des quatre Facultés
& des Procureurs des Nations , ſe rendit à Verfailles
; & fuivant l'ancien ufage, il préſenta un
cierge au Roi , à la Reine , à Monfeigneur le Dauphin
, à Madame la Dauphine , & à Monfeigneur
le Duc de Bourgogne.
Le mêmejour, le Pere Aubert, Docteur de Sorbonne
, & Commandeur de l'Ordre de Notre
Dame de la Mercy , Rédemption des Captifs, accompagné
de trois Religieux de cet Ordre , eut
l'honneur de préfenter à la Reine un cierge , en
hommage & en reconnoillance de leur établiſſement
à Paris , par la feue Reine Marie de Médicis.
On a reçu avis de Toulon , que les vaiffeaux &
les frégates , qui étoient à Cadix depuis le combat
du fieur de la Clue , font rentrés dans le premier
de ces deux ports , au nombre de cinq vaiſſeaux &
trois frégates. Ils étoient fortis de Cadix immédiatement
après la tempête qui avoit difperfé l'Efcadre
Angloife.
Le tirage de la Loterie de l'Ecole Royale Militaire
, s'eft fait le s de Février , en la manière
accoutumée. Les Numéros fortis de la roue de
fortune font 39 , 30 , 64 , 28 , 56. Le prochain
tirage fe fera le 6 du mois de Mars.
Le 1s de ce mois , on fit dans l'Eglife Métropolitaine
de cette Ville , un Service folemnel , par
ordre du Roi , pour le repos de l'ame de Ferdinand
, VI du nom , Roi d'Espagne , & de Marie-
Madelaine de Portugal , Reine d'Espagne , fon
époufe . Sa Majefté avoit nommé pour le grand
deuil du Roi d'Eſpagne, Monfeigneur le Dauphin ,
le Duc d'Orléans , le Prince de Condé ; & pour
celui de la Reine d'Espagne , Madame la Dauphine
, Madame , & Madame Victoire . Ces Princes
& Princeffes s'étant rendus à l'Archevêché , où
le Marquis de Dreux, Grand Maître des Cérémonies
, & le fieur de Nantouillet , Maître des Cérémonies
en furvivance , allerent les prendre ,
lorfque tout fut prêt. Ils les conduifirent à l'Eglife ;
ils entrèrent par la grande porte , & furent pla
cés dans les hautes Italles , à droite & à gauche.
Plusieurs Archevêques & Evêques affiftèrent à
cette cérémonie , ainfi que le Parlement , la
Chambre des Comptes , la Cour des Aides , l'Univerfité
, & le Corps de Ville. L'Archevêque de
Paris y officia pontificalement. L'Evêque de Vence
prononça l'Oraifon funèbre.
Le portail de l'Eglife étoit tendu en noir , avec
trois lès de velours, chargés d'écuffons , entre lelquels
étoient placés trois cartels chargés des
armes & des chiffres du Roi & de la Reine d'ELpagne
Le pourtour du choeur , étoit décoré d'un ordre
Ionique , en pilaftres & arcades , furmonté d'un
entablement , dont la frife étoit femée de fleursde-
lys d'or. Cette architecture étoit figurée en
marbre antique, & tous les ornemens étoient
dorés. Ses arcades étoient garnies de rideaux
noirs , rayés d'hermine , retroulés avec des cordons
treffés en or. Au-deffus de l'entablement ,
214 MERCURE DE FRANCE.
étoit un attique , orné à l'aplomb des arcades ,
de grands écullons aux armes d'Espagne , foutenus
par des lions , entourés de palmes & de guirlandes
en or , accompagnés de chiffres du Roi &
de la Rei e d'Espagne , fur un fond d'azur , groupés
de branches de cyprès.
L'Autel , élevé de plufieurs marches , étoit au
pied d'une niche , en marbre blanc. Le fond de
la niche étoit rempli par le fymbole de la Divinité
, entouré de nuages & de grands rayons dorés.
Au haut de l'attique , terminé en fronton, un
grand dais étoit placé en baldaquin , avec des
rideaux pendans & retrouffés , rayés d'hermine.
Le Catafalque , placé à l'entrée du choeur , étoit
fur un plan quarré long. Aux quatre angles, s'élevoient
quatre focles ,; d'où partoient , quatre
corps folides . Deux colonnes , d'ordre Ionique ,
étoient engagées dans chacun de ces corps , &
portoient un entablement pareil à celui de l'architecture
du choeur. Les deux petites faces de ce monument
, étoient difpofées en arcades . Les deux
grands côtés étoient terminés , quarrément , par
la plate-bande de l'entablement . Les colonnes de
verd antique , avoient leurs bafes & leurs chapiteaux
en or. Les corps folides étoient en marbre
jaune antique , avec des encadremens renfoncés ,
chargés de trophées militaires , & de médaillons
en or , liés par des guirlandes de lauriers.
Une pyramide de brêche violette, portée par un
piédeſtal de même marbre , terminoit le monument.
Sur les quatre faces de ce piédeſtal, étoient
les Ecuffons d'Eſpagne en relief, fupportés par
deux lions ; & fur les faces de la pyramide , des
Ecuffons d'Anjou , en or.
Sous la voute du Catafalque , fur une eſtrade
élevée de fix marches , pofoit un focle de verd
campan , chargé fur fes faces de bas-reliefs & de
agures de marbre en ronde boffe. Au-deffus du foFEVRIER
. 1760. 215
cle & fur les griffes de lion , étoit un farcophage
de porphire , couvert d'un drap mortuaire en or,
chargé des écuffons d'Eſpagne en broderie d'or ,
avec deux couronnes voilées d'un crêpe .
Le Catafalque étoit couvert d'un grand poêle à
quatre rideaux pendans & retrouflés , noirs , &
rayés d'hermine.
Toute cette décoration étoit dans le goût antique.
Ses ornemens , étoient du meilleur choix.
Leur éclat étoit relevé par le grand nombre &
par l'heureufe difpofition des lumieres. Il y avoit
beaucoup de richeffe dans les détails , beaucoup
de nobleſſe & de magnificence dans l'enfemble.
Cette pompe funèbre , ordonnée de la part de
Sa Majesté , par le Duc de Duras , Pair de France ,
premier Gentilhomme de la Chambre du Roi ,
a été dirigée par le fieur de la Ferté , Intendant
des Menus- plaifirs du Roi , fur les deffeins du fieur
Michel Ange Slodtz , Deffinateur ordinaire de la
Chambre & du Cabinet de Sa Majeſté .
Suivant les regiftres publics des Eglifes Paroiffiales
de cette Ville , il eft mort , pendant le cours
de l'année derniére , 18446 perfonnes ; il s'y eſt
fait 4059 mariages ; il y a eu 19058 baptêmes ; &
le nombre des enfans trouvés monte à 5 264.
Le 20 Janvier, on a reſſenti ici , à dix heures & un
quart du foir , une légère ſecoufle de tremblement
de terre ; mais elle a été fi peu fenfible , que trèspeu
de perfonnes s'en font apperçues . On l'a reffentie
plus diftinctement , à Verlailles. On a appris
depuis, que ce tremblement de terre a été fenti
à Amfterdam , à Leyde & à Utrecht. Les lettres
de Bruxelles & de Cologne , parlent de quelques
fecoufles qui le précédèrent le 19. Il a été affez
violent dans ces deux Villes . Suivant les lettres de
Cologne , on a reffenti une nouvelle fecouffe le
21 , vers les quatre heures du matin. A Peronne,
les fecouffes du 20 au foir, durerent deux ou trois
216 MERCURE DE FRANCE.
minutes , & effrayerent plufieurs perfonnes , qui
fortirent précipitamment de leurs maifons , de
crainte d'être écralées fur leurs ruines. On a ap .
pris auffi , que le 22 de Décembre , la fecouffe di
tremblement de terre s'étoit faite fentir dans la
Norwege & dans le Duché de Holſtein . Cette fecoulle
a été précédée , en divers , endroits par un
violent coup de tonnerre.L'ébranlement a été confidérable,
à Hadersleben. Dans quelques villes, routes
les tuilles ont été jettées par terre. Cet accident
n'a pas eu d'autres fuites.
Le 1 Février , le fieur Gigot , Recteur de l'Uni-¸
verfité , accompagné des Doyens des quatre Facultés
& des Procureurs des Nations , ſe rendit à Verfailles
; & fuivant l'ancien ufage, il préſenta un
cierge au Roi , à la Reine , à Monfeigneur le Dauphin
, à Madame la Dauphine , & à Monfeigneur
le Duc de Bourgogne.
Le mêmejour, le Pere Aubert, Docteur de Sorbonne
, & Commandeur de l'Ordre de Notre
Dame de la Mercy , Rédemption des Captifs, accompagné
de trois Religieux de cet Ordre , eut
l'honneur de préfenter à la Reine un cierge , en
hommage & en reconnoillance de leur établiſſement
à Paris , par la feue Reine Marie de Médicis.
On a reçu avis de Toulon , que les vaiffeaux &
les frégates , qui étoient à Cadix depuis le combat
du fieur de la Clue , font rentrés dans le premier
de ces deux ports , au nombre de cinq vaiſſeaux &
trois frégates. Ils étoient fortis de Cadix immédiatement
après la tempête qui avoit difperfé l'Efcadre
Angloife.
Le tirage de la Loterie de l'Ecole Royale Militaire
, s'eft fait le s de Février , en la manière
accoutumée. Les Numéros fortis de la roue de
fortune font 39 , 30 , 64 , 28 , 56. Le prochain
tirage fe fera le 6 du mois de Mars.
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Résumé : DE PARIS, le 19 Janvier 1760, & jours suivans.
Le 1er janvier 1760, un service solennel fut organisé dans l'église métropolitaine de Paris pour honorer la mémoire de Ferdinand VI, roi d'Espagne, et de Marie-Madeleine de Portugal, reine d'Espagne. Ce service fut ordonné par le roi de France, qui désigna le Dauphin, le Duc d'Orléans et le Prince de Condé pour le grand deuil du roi d'Espagne, et Madame la Dauphine, Madame et Madame Victoire pour celui de la reine d'Espagne. Les princes et princesses furent conduits à l'église par le Marquis de Dreux et le sieur de Nantouillet. La cérémonie fut assistée par plusieurs archevêques, évêques, ainsi que par le Parlement, la Chambre des Comptes, la Cour des Aides, l'Université et le Corps de Ville. L'archevêque de Paris officia pontificalement, et l'évêque de Vence prononça l'oraison funèbre. L'église était somptueusement décorée : le portail était tendu de noir avec des écussons, le chœur orné d'un ordre ionique en pilastres et arcades, et un catafalque richement décoré. La décoration, dirigée par le sieur de la Ferté et conçue par Michel Ange Slodtz, était dans le goût antique et d'une grande magnificence. Les registres publics des églises paroissiales de Paris indiquèrent 18 446 décès, 4 059 mariages, 19 058 baptêmes et 5 264 enfants trouvés pour l'année précédente. Le 20 janvier, une légère secousse de tremblement de terre fut ressentie à Paris, plus distinctement à Versailles, et signalée à Amsterdam, Leyde, Utrecht, Bruxelles et Cologne. Des secousses furent également ressenties en Norvège et dans le Duché de Holstein. Le 1er février, le sieur Gigot, recteur de l'Université, présenta un cierge au roi, à la reine et à d'autres membres de la famille royale à Versailles. Le même jour, le Père Aubert présenta un cierge à la reine en reconnaissance de l'établissement de l'Ordre de Notre Dame de la Mercy à Paris. Des nouvelles de Toulon indiquèrent le retour de vaisseaux et de frégates à Cadix après une tempête. Enfin, le tirage de la loterie de l'École Royale Militaire eut lieu le 6 février, avec les numéros 39, 30, 64, 28 et 56.
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99
p. 199-202
DE PARIS, le 16 Février.
Début :
Le Samedi 9, le Sieur Vattelet, Receveur général des Finances, présenta à [...]
Mots clefs :
Académie de peinture, Art, Poème, Duc, Gouverneur de Paris, Prince, Service religieux, Princesse, Madame, Oraison funèbre, Chambre des comptes, Décorations, Choeur, Sarcophage, Lumières, Pompe funèbre, Vaisseaux, Tremblement de terre, Compagnie des Indes, Marchandises
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 16 Février.
De PARIS , le 16 Février.
2
Le Samedi 9 , le Sieur Vattelet , Receveur général
des Finances préfenta à l'Académie de
Peinture , fon Poëme Didactique , fur l'art de
peindre. On attendoit avec empreffement l'impreffion
d'un ouvrage fi utile , & fi bien annoncé
au Public , par le bon goût & par le talent de
l'Auteur.
Le , le Duc de Luynes , Gouverneur de Paris ,
fut reçu & prit féance au Parlement , en qualité
' de Pair de France. Le Prince de Condé , le Comte
de Clermont , le Prince de Conti , le Comte de
la Marche , Princes du Sang , l'Evêque Duc de
Langres, & les Ducs d'Uzès , de Briffac , de Richelieu
, de Rohan - Chabot , de Luxembourg , de
Saint- Aignan , de Trefmes , d'Harcourt , de Filtz
James , de Villars - Brancas , de Chaulnes , de
Rohan - Rohan , Prince de Soubiſe , de la Valliere
de Fleury , de Duras & de Choiſeul , aſſiſtèrent
à fa réception.
On célébra le 12 , dans l'Eglife Métropolitaine
de cette Ville , un fervice folemnel , que le Roi
avoit ordonné,pour le repos del'âme de feueMadame
Louiſe-Elifabeth de France , Infante d'Espagne,
I iv
200 MERCURE DE FRANCE .
Duchelle de Parme , de Plaifance & de Guaſtalla ,
Fille ainée de Sa Majesté . Le Roi avoit nommé ,
pour faire le grand deuil à cette cérémonie , Madame
la Dauphine , Madame , & Madame Victoire ;
& pour conduire les Princes & les Princeffes ,
Monfeigneur le Dauphin , le Duc d'Orléans , &
le Prince de Condé . Ces Princes & Princeffes ,
qui s'étoient d'abord rendus à l'Archevêché , le
mirent en marche pour aller à l'Eglife , lorfque
tout fut en état . Ils y furent conduits par le
Marquis de Dieux , Grand- Maître , & par le fieur
de Nantouillet , Maître des Cérémonies . Madame
la Dauphine , Madame , & Madame Victoire ,
menées par les Princes , pafferent par le dehors
de l'Eglife , & entrerent par la grande porte ; ils
furent placés dans les hautes ftalles , à droite & à
gauche. Un grand nombre d'Archevêques & Evêques
, affiftèrent à cette cérémonie , ainfi que le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes, l'Univerfité , & le Corps de Ville. L'Archevêque
de Paris officia pontificalement ; &
l'ancien Evêque de Troyes , prononça l'Oraiſon
funèbre. Toutes les perfonnes qui compofoient
la maifon de Madame Intante , affiftèrent , en
grand deuil , à cette cérémonie , ainfi qu'aux Vêpres
des Morts , qui s'étoient dites la veille .
Le Portail de l'Eglife, étoit tendu de noir ; deux
lez de velours , femés de larmes & d'écuffons ,
& trois grands cartels , chargés des armes & des
chiffres de Madame Infante , ornoient cette tenzure
funèbre.
La décoration de l'intérieur du Choeur , étoit
une ordonnance ionique de pilaftres & d'arcades,
furmontée d'un attique. La frife de l'entablement
étoit femée de fleurs -de - lys , de lions , de tours
d'aigles , & de larmes , de même que la plattebande
qui couronnoit les ſtalles.
MARS. 1760. 201
1
Le Catafalque , placé à l'entrée du Choeur ,
repréfentoit un tombeau , élevé fur un piédeftal.
Quatre marches conduifoient à ce piédeſtal , qui
étoit de marbre verd d'Egypte . Il étoit décoré de
huit colonnes doriques , de porphyre , dont les
bafes & les chapiteaux étoient en or . L'entablement
étoit pareillement de porphyre ; & la frife
étoit ornée de fleurs- de- lys , dans les métopes.
Le farcophage , placé fur le piédeſtal , étoit de
marbre verd antique , & couvert du manteau
ducal. Il étoit accompagné de quatre figures
affiles , emblêmes des vertus de la Princeffe . Tout
le monument étoit couronné d'un vaſte pavillon ,
à rideaux doublés d'hermine , femés de larmes ,
& retrouffés.
La quantité de lumières , diftribuées avec art
dans toutes les parties de cette décoration ; l'éclat
des dorures & des bronzes ; la variété des
couleurs des marbres, alliées avec harmonie , formoient
un enfemble également magnifique , &
bien entendu .
Cette pompe funèbre , ordonnée de la part de
Sa Majefté , par le Duc de Fleury , Pair de France ,
& premier Gentilhomme de la Chambre , a été
conduite par le fieur de Fontpertuis , Intendant des
Menus - plaifirs du Roi , fur les deffeins du fieur
Michel - Ange Slodtz , Deffinateur ordinaire du
Cabinet de Sa Majesté.
Un Vailleau , arrivé du Levant à Marseille , a
apporté la nouvelle , que la ville de Saphet , en
Paleftine , a été renversée & abîmée par un tremblement
de terre ; de même que quantité de villages
des environs. Cette Ville , que l'on croit être
l'ancienne Béthulie , étoit fituée fur une haute
de diftance montagne , à peu de la mer , entre
Sey de , ou l'ancienne Sidon , & Saint Jean d'Acre.
Elle étoit fort révérée des Juifs , dont plufieurs s'y
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
rendoient de toutes les parties du monde , pour
finir leurs jours dans la terre de leurs peres.
La Compagnie des Indes , a reçu avis que les
quatre Vailleaux qu'elle attendoit des Indes , font
arrivés heureuſement , le Maffiac à l'Orient , deux
autres a Rochefort , & le quatriéme à la Corogne.
Tous ces Vaiffeaux font richement chargés .
2
Le Samedi 9 , le Sieur Vattelet , Receveur général
des Finances préfenta à l'Académie de
Peinture , fon Poëme Didactique , fur l'art de
peindre. On attendoit avec empreffement l'impreffion
d'un ouvrage fi utile , & fi bien annoncé
au Public , par le bon goût & par le talent de
l'Auteur.
Le , le Duc de Luynes , Gouverneur de Paris ,
fut reçu & prit féance au Parlement , en qualité
' de Pair de France. Le Prince de Condé , le Comte
de Clermont , le Prince de Conti , le Comte de
la Marche , Princes du Sang , l'Evêque Duc de
Langres, & les Ducs d'Uzès , de Briffac , de Richelieu
, de Rohan - Chabot , de Luxembourg , de
Saint- Aignan , de Trefmes , d'Harcourt , de Filtz
James , de Villars - Brancas , de Chaulnes , de
Rohan - Rohan , Prince de Soubiſe , de la Valliere
de Fleury , de Duras & de Choiſeul , aſſiſtèrent
à fa réception.
On célébra le 12 , dans l'Eglife Métropolitaine
de cette Ville , un fervice folemnel , que le Roi
avoit ordonné,pour le repos del'âme de feueMadame
Louiſe-Elifabeth de France , Infante d'Espagne,
I iv
200 MERCURE DE FRANCE .
Duchelle de Parme , de Plaifance & de Guaſtalla ,
Fille ainée de Sa Majesté . Le Roi avoit nommé ,
pour faire le grand deuil à cette cérémonie , Madame
la Dauphine , Madame , & Madame Victoire ;
& pour conduire les Princes & les Princeffes ,
Monfeigneur le Dauphin , le Duc d'Orléans , &
le Prince de Condé . Ces Princes & Princeffes ,
qui s'étoient d'abord rendus à l'Archevêché , le
mirent en marche pour aller à l'Eglife , lorfque
tout fut en état . Ils y furent conduits par le
Marquis de Dieux , Grand- Maître , & par le fieur
de Nantouillet , Maître des Cérémonies . Madame
la Dauphine , Madame , & Madame Victoire ,
menées par les Princes , pafferent par le dehors
de l'Eglife , & entrerent par la grande porte ; ils
furent placés dans les hautes ftalles , à droite & à
gauche. Un grand nombre d'Archevêques & Evêques
, affiftèrent à cette cérémonie , ainfi que le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes, l'Univerfité , & le Corps de Ville. L'Archevêque
de Paris officia pontificalement ; &
l'ancien Evêque de Troyes , prononça l'Oraiſon
funèbre. Toutes les perfonnes qui compofoient
la maifon de Madame Intante , affiftèrent , en
grand deuil , à cette cérémonie , ainfi qu'aux Vêpres
des Morts , qui s'étoient dites la veille .
Le Portail de l'Eglife, étoit tendu de noir ; deux
lez de velours , femés de larmes & d'écuffons ,
& trois grands cartels , chargés des armes & des
chiffres de Madame Infante , ornoient cette tenzure
funèbre.
La décoration de l'intérieur du Choeur , étoit
une ordonnance ionique de pilaftres & d'arcades,
furmontée d'un attique. La frife de l'entablement
étoit femée de fleurs -de - lys , de lions , de tours
d'aigles , & de larmes , de même que la plattebande
qui couronnoit les ſtalles.
MARS. 1760. 201
1
Le Catafalque , placé à l'entrée du Choeur ,
repréfentoit un tombeau , élevé fur un piédeftal.
Quatre marches conduifoient à ce piédeſtal , qui
étoit de marbre verd d'Egypte . Il étoit décoré de
huit colonnes doriques , de porphyre , dont les
bafes & les chapiteaux étoient en or . L'entablement
étoit pareillement de porphyre ; & la frife
étoit ornée de fleurs- de- lys , dans les métopes.
Le farcophage , placé fur le piédeſtal , étoit de
marbre verd antique , & couvert du manteau
ducal. Il étoit accompagné de quatre figures
affiles , emblêmes des vertus de la Princeffe . Tout
le monument étoit couronné d'un vaſte pavillon ,
à rideaux doublés d'hermine , femés de larmes ,
& retrouffés.
La quantité de lumières , diftribuées avec art
dans toutes les parties de cette décoration ; l'éclat
des dorures & des bronzes ; la variété des
couleurs des marbres, alliées avec harmonie , formoient
un enfemble également magnifique , &
bien entendu .
Cette pompe funèbre , ordonnée de la part de
Sa Majefté , par le Duc de Fleury , Pair de France ,
& premier Gentilhomme de la Chambre , a été
conduite par le fieur de Fontpertuis , Intendant des
Menus - plaifirs du Roi , fur les deffeins du fieur
Michel - Ange Slodtz , Deffinateur ordinaire du
Cabinet de Sa Majesté.
Un Vailleau , arrivé du Levant à Marseille , a
apporté la nouvelle , que la ville de Saphet , en
Paleftine , a été renversée & abîmée par un tremblement
de terre ; de même que quantité de villages
des environs. Cette Ville , que l'on croit être
l'ancienne Béthulie , étoit fituée fur une haute
de diftance montagne , à peu de la mer , entre
Sey de , ou l'ancienne Sidon , & Saint Jean d'Acre.
Elle étoit fort révérée des Juifs , dont plufieurs s'y
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
rendoient de toutes les parties du monde , pour
finir leurs jours dans la terre de leurs peres.
La Compagnie des Indes , a reçu avis que les
quatre Vailleaux qu'elle attendoit des Indes , font
arrivés heureuſement , le Maffiac à l'Orient , deux
autres a Rochefort , & le quatriéme à la Corogne.
Tous ces Vaiffeaux font richement chargés .
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Résumé : DE PARIS, le 16 Février.
Le 9 février, le Sieur Vattelet, Receveur général des Finances, présenta à l'Académie de Peinture un poème didactique sur l'art de peindre, suscitant une grande attente du public. Le même jour, le Duc de Luynes, Gouverneur de Paris, fut reçu au Parlement en qualité de Pair de France, en présence de plusieurs princes du sang et ducs, dont le Prince de Condé, le Comte de Clermont et le Prince de Conti. Le 12 février, un service solennel fut célébré dans l'église métropolitaine de Paris pour le repos de l'âme de la défunte Madame Louise-Élisabeth de France, Infante d'Espagne et Duchesse de Parme, de Plaisance et de Guastalla, fille aînée du roi. Le roi avait désigné Madame la Dauphine, Madame, et Madame Victoire pour faire le grand deuil, et Monseigneur le Dauphin, le Duc d'Orléans, et le Prince de Condé pour conduire les princes et princesses. La cérémonie fut marquée par la présence de nombreux archevêques, évêques, et représentants des institutions parisiennes. L'Archevêque de Paris officia, et l'ancien Évêque de Troyes prononça l'oraison funèbre. La décoration de l'église était somptueuse, avec un portail tendu de noir, des rideaux de velours ornés de larmes et d'écussons, et des cartels chargés des armes et des chiffres de Madame Infante. L'intérieur du chœur était décoré d'une ordonnance ionique de pilastres et d'arcades, surmontée d'un attique. Le catafalque, placé à l'entrée du chœur, représentait un tombeau élevé sur un piédestal de marbre verd d'Égypte, décoré de colonnes doriques en porphyre et d'or. Le sarcophage était couvert du manteau ducal et accompagné de figures symbolisant les vertus de la princesse. La quantité de lumières, les dorures, et la variété des couleurs des marbres contribuaient à la magnificence de la décoration. Par ailleurs, un vaisseau arrivé à Marseille rapporta qu'un tremblement de terre avait détruit la ville de Saphet en Palestine, ainsi que plusieurs villages environnants. La Compagnie des Indes reçut la nouvelle de l'arrivée de quatre vaisseaux chargés de riches marchandises à l'Orient, Rochefort, et La Corogne.
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p. 198
DE PETERSBOURG, le 16 Mars 1760.
Début :
L'armement des Anglois pour la mer Baltique, se confirme de plus en plus ; [...]
Mots clefs :
Armements, Mer baltique, Anglais, Ports, Vaisseaux, Campagne militaire, Maréchal, Forces armées, Diligence
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texteReconnaissance textuelle : DE PETERSBOURG, le 16 Mars 1760.
De PETERSBOURG , le 16 Mars 1760 .
L'ARMEME 'ARMEMENT des Anglois pour la mer Balti
que , fe confirme de plus en plus ; on prend ici
les mcfures les plus férieufes pour s'y oppofer.
On travaille en diligence dans nos ports, à équiper
des vailleaux . Nous aurons inceffament une flotte
allez puillante , pour leur difputer le paffage
du Sund. On dit que te fieur Keith , Miniftre de
Sa Majesté Britannique dans cette Cour , eft fur le
point de fe retirer.
Le plan de la campagne prochaine , eft arrêté.
Le Maréchal Comte de Soltikoff , ſe diſpoſe à
partir dans peu pour l'armée.
Il paroît ici , un état des forces de cet Empire.
Elles montent à 28284133 hommes.
L'ARMEME 'ARMEMENT des Anglois pour la mer Balti
que , fe confirme de plus en plus ; on prend ici
les mcfures les plus férieufes pour s'y oppofer.
On travaille en diligence dans nos ports, à équiper
des vailleaux . Nous aurons inceffament une flotte
allez puillante , pour leur difputer le paffage
du Sund. On dit que te fieur Keith , Miniftre de
Sa Majesté Britannique dans cette Cour , eft fur le
point de fe retirer.
Le plan de la campagne prochaine , eft arrêté.
Le Maréchal Comte de Soltikoff , ſe diſpoſe à
partir dans peu pour l'armée.
Il paroît ici , un état des forces de cet Empire.
Elles montent à 28284133 hommes.
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Résumé : DE PETERSBOURG, le 16 Mars 1760.
Le 16 mars 1760, des informations révèlent l'armement anglais en mer Baltique. La Russie prépare sa flotte pour contrer cette menace. Le ministre britannique Keith quitte la cour. Le maréchal comte de Soltikoff se prépare pour la campagne. L'Empire russe compte 28 284 133 hommes.
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