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1
p. 176-177
De la Rochelle, le 2 Octobre.
Début :
Le 20 Septembre, on apperçut dans l'après-dînée, par le travers de la tour des Baleines, [...]
Mots clefs :
Île de Ré, Flotte anglaise, Canons, Attaque, Navires, Déplacements, Dégâts, Pillages
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texteReconnaissance textuelle : De la Rochelle, le 2 Octobre.
De la Rochelle , le 2 Octobre .
E 20 Septembre , on apperçut dans l'aprèsdînée
, par le travers de la tour des Baleines ,
fur l'ile de Ré , une flotte angloife forte de
80 à 100 voiles , qui entra vers les fix heures
dans le Pertuis d'Antioche , & mouilla du côté
du Platin d'Ars . Cette flotte ne fit que louvoyer
pendant la journée du 21. Le 22 au foir , rat
partie vint mouiller dans la rade des Bafan,
& l'autre partie refta dans le Pertuis. Le 23
fur les huit heures du matin , huit Vaiffeaux fe
détacherent de la flotte , pour venir fur Pe
Daix . A midi , deux de ces vaiffeaux s'étan
avancés à portée du petit fort de cette ill ,
dont les ouvrages n'étoient encore que très - imparfaitement
ébauchés , commencerent à le canonner
vivement le fort y répondit pendant
trois quarts d'heure , au bout defquels il fe rendit.
Trois cens hommes du batillon des Mi
..ces de Poitiers , qui en compofoient la garni
fon , furent faits prifonniers de guerre. Le
NOVEMBRE . 1757. 177
chaloupes de la flotte furent employées les 24 ,
25 , 26 & 27 , à fonder en différens parages ;
quelques- unes s'étant approchées des côtes de
Fifle de Ré & de celle d'Oleron , en furent repouffées.
Le 30 , les Anglois , après avoir jetté
quelques bombes fur le fort Fouras & Pille
Madame , & fait fauter les fortifications de l'ifle
Daix , mirent le feu au corps des cafernes du
fort , ainfi qu'à une maifon au -delà du Village
appellée Beauséjour , qui fut brûlée avec tous
fes meubles & effets. Enfin le 1. octobre la
fotte ayant levé l'ancre fur les neuf heures du
matin , a paffé tout de faite le Pertuis d'Antio
che, & à cinq heures après - midi on l'avoit entiérement
perdue de vue. Les dommages faits par
les Anglois dans l'ifle Daix , fe réduisent à la
démolition du Donjon & d'une partie des fortifications
commencées , qui ont été endommagées
par les mines. Des vingt- quatre pieces de
canon & des huit mortiers qui étoient en batterie
, ils ont emporté deux canons , quatre
mortiers de fonte , & caffé les tourillons des autres
. L'habitant a été pillé , & les Anglois ont
brifé tout ce qu'ils n'ont point emporté. Ils
n'ont pas refpecté les lieux faints : ils ont abattu
le clocher , enlevé les cloches , mis en pieces
le tableau de l'autel , le tabernacle & une ftatue
de la Vierge. Après avoir promené dans le Village
la banniere & la croix , ils les ont brifées
& jettées à la mer.
E 20 Septembre , on apperçut dans l'aprèsdînée
, par le travers de la tour des Baleines ,
fur l'ile de Ré , une flotte angloife forte de
80 à 100 voiles , qui entra vers les fix heures
dans le Pertuis d'Antioche , & mouilla du côté
du Platin d'Ars . Cette flotte ne fit que louvoyer
pendant la journée du 21. Le 22 au foir , rat
partie vint mouiller dans la rade des Bafan,
& l'autre partie refta dans le Pertuis. Le 23
fur les huit heures du matin , huit Vaiffeaux fe
détacherent de la flotte , pour venir fur Pe
Daix . A midi , deux de ces vaiffeaux s'étan
avancés à portée du petit fort de cette ill ,
dont les ouvrages n'étoient encore que très - imparfaitement
ébauchés , commencerent à le canonner
vivement le fort y répondit pendant
trois quarts d'heure , au bout defquels il fe rendit.
Trois cens hommes du batillon des Mi
..ces de Poitiers , qui en compofoient la garni
fon , furent faits prifonniers de guerre. Le
NOVEMBRE . 1757. 177
chaloupes de la flotte furent employées les 24 ,
25 , 26 & 27 , à fonder en différens parages ;
quelques- unes s'étant approchées des côtes de
Fifle de Ré & de celle d'Oleron , en furent repouffées.
Le 30 , les Anglois , après avoir jetté
quelques bombes fur le fort Fouras & Pille
Madame , & fait fauter les fortifications de l'ifle
Daix , mirent le feu au corps des cafernes du
fort , ainfi qu'à une maifon au -delà du Village
appellée Beauséjour , qui fut brûlée avec tous
fes meubles & effets. Enfin le 1. octobre la
fotte ayant levé l'ancre fur les neuf heures du
matin , a paffé tout de faite le Pertuis d'Antio
che, & à cinq heures après - midi on l'avoit entiérement
perdue de vue. Les dommages faits par
les Anglois dans l'ifle Daix , fe réduisent à la
démolition du Donjon & d'une partie des fortifications
commencées , qui ont été endommagées
par les mines. Des vingt- quatre pieces de
canon & des huit mortiers qui étoient en batterie
, ils ont emporté deux canons , quatre
mortiers de fonte , & caffé les tourillons des autres
. L'habitant a été pillé , & les Anglois ont
brifé tout ce qu'ils n'ont point emporté. Ils
n'ont pas refpecté les lieux faints : ils ont abattu
le clocher , enlevé les cloches , mis en pieces
le tableau de l'autel , le tabernacle & une ftatue
de la Vierge. Après avoir promené dans le Village
la banniere & la croix , ils les ont brifées
& jettées à la mer.
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Résumé : De la Rochelle, le 2 Octobre.
Du 20 au 27 septembre, une flotte angloise de 80 à 100 voiles opéra près de l'île de Ré et dans le Pertuis d'Antioche. Le 22 septembre, une partie de la flotte mouilla dans la rade des Basans. Le 23 septembre, huit vaisseaux attaquèrent l'île d'Aix, capturant le petit fort après trois quarts d'heure de combat et faisant 300 prisonniers parmi les Milices de Poitiers. Du 24 au 27 septembre, les chaloupes de la flotte furent employées à diverses opérations. Le 30 septembre, les Anglais bombardèrent le fort Fouras, l'île Madame et l'île d'Aix, détruisant les fortifications et incendiant des bâtiments, dont la maison Beauséjour. Le 1er octobre, la flotte quitta la région. Les dommages sur l'île d'Aix incluaient la démolition du donjon et de certaines fortifications, ainsi que le pillage des habitants. Les Anglais emportèrent deux canons et quatre mortiers, et détruisirent des objets religieux, y compris le clocher, les cloches, et des éléments de l'autel. Ils brûlèrent également la bannière et la croix après les avoir promenées dans le village.
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2
p. 191-192
« La Flotte Angloise ayant paru le 4 du mois de Juin à la côte [...] »
Début :
La Flotte Angloise ayant paru le 4 du mois de Juin à la côte [...]
Mots clefs :
Flotte anglaise, Saint-Malo, Débarquement, Frégates, Combat naval, Capitaine, Troupes, Retraite des ennemis
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texteReconnaissance textuelle : « La Flotte Angloise ayant paru le 4 du mois de Juin à la côte [...] »
La Flotte Angloife ayant paru le 4 du mois de
A
Juin à la côte devant Saint- Malo , elle fit le lendemain
fon débarquement à Cancale . Le Commandant
qui étoit dans le Fort fit une vigoureufe
réfiftance ; mais il fut obligé de céder au feu de
deux Frégates qui avoient ruiné toutes les défenfes
du Fort , & il ſe retira avec fa troupe . Les ennemis
s'étendirent enfuite jufques dans le Fauxbourg
de Saint- Servant ; mais les deux mille hommes
qui y avoient pris pofte , s'en font retirés le 9
avant le jour , & font rentrés dans le camp établi
fur les hauteurs de Paramé . Le Capitaine qui
commandoit dans la redoute du Nés , s'en étant
apperçu , a détaché fon Lieutenant & trente hommes
qui ont pris poſte à la tête du Fauxbourg.
Sur les neuf heures , on a reconnu que la batterie
de mortiers , à laquelle l'ennemi travailloit depuis
plufieurs jours , étoit abandonnée , & qu'il y avoit
un grand mouvement dans le camp. Vers midi ,
a été totalement détendu ; toutes les Troupes fe
font mises en batailles , & à cinq heures elle ont
commencé à défiler vers Cancale. M. le Duc d'Aiguillon
a fait fortir de la Ville , à l'entrée de la
nuit , un Détachement de la Garniſon fous les
ordres de M.leComte de laTour d'Auvergne , compofé
de loixante
Gentilshommes Volontaires ,
d'environ cent cinquante Malouins & de quatre
cents cinquante hommes d'Infanterie , pour éclai
il
192 MERCURE DE FRANCE.
rer la marche des ennemis & entamer leur ar
riere-garde. Ils ont été joints fur les hauteurs de
Paramé par huit cents Gardes- Côtes & deux cents
cinquante Dragons. Le Comte d'Aubigny , Maréchal
de Camp , qui a conduit ce dernier Détachement
, a pris le commandement du tout. Les
Anglois ont laiffé dans leur camp une grande partie
de leurs fubfiftances , & pluſieurs canons encloués.
La retraite précipité des ennemis ne peut être
attribuée qu'à la nouvelle qu'ils ont reçue de la
prochaine arrivée des Troupes qui viennent de
Breft & de l'Orient au fecours de Saint-Malo . On
a fait une diligence incroyable , au moyen des
précautions qu'on a prifes d'établir des chariots
fur la route , pour porter les Soldats fatigués , &
du vin qu'on leur diſtribuoit de diftance en diftance..
A
Juin à la côte devant Saint- Malo , elle fit le lendemain
fon débarquement à Cancale . Le Commandant
qui étoit dans le Fort fit une vigoureufe
réfiftance ; mais il fut obligé de céder au feu de
deux Frégates qui avoient ruiné toutes les défenfes
du Fort , & il ſe retira avec fa troupe . Les ennemis
s'étendirent enfuite jufques dans le Fauxbourg
de Saint- Servant ; mais les deux mille hommes
qui y avoient pris pofte , s'en font retirés le 9
avant le jour , & font rentrés dans le camp établi
fur les hauteurs de Paramé . Le Capitaine qui
commandoit dans la redoute du Nés , s'en étant
apperçu , a détaché fon Lieutenant & trente hommes
qui ont pris poſte à la tête du Fauxbourg.
Sur les neuf heures , on a reconnu que la batterie
de mortiers , à laquelle l'ennemi travailloit depuis
plufieurs jours , étoit abandonnée , & qu'il y avoit
un grand mouvement dans le camp. Vers midi ,
a été totalement détendu ; toutes les Troupes fe
font mises en batailles , & à cinq heures elle ont
commencé à défiler vers Cancale. M. le Duc d'Aiguillon
a fait fortir de la Ville , à l'entrée de la
nuit , un Détachement de la Garniſon fous les
ordres de M.leComte de laTour d'Auvergne , compofé
de loixante
Gentilshommes Volontaires ,
d'environ cent cinquante Malouins & de quatre
cents cinquante hommes d'Infanterie , pour éclai
il
192 MERCURE DE FRANCE.
rer la marche des ennemis & entamer leur ar
riere-garde. Ils ont été joints fur les hauteurs de
Paramé par huit cents Gardes- Côtes & deux cents
cinquante Dragons. Le Comte d'Aubigny , Maréchal
de Camp , qui a conduit ce dernier Détachement
, a pris le commandement du tout. Les
Anglois ont laiffé dans leur camp une grande partie
de leurs fubfiftances , & pluſieurs canons encloués.
La retraite précipité des ennemis ne peut être
attribuée qu'à la nouvelle qu'ils ont reçue de la
prochaine arrivée des Troupes qui viennent de
Breft & de l'Orient au fecours de Saint-Malo . On
a fait une diligence incroyable , au moyen des
précautions qu'on a prifes d'établir des chariots
fur la route , pour porter les Soldats fatigués , &
du vin qu'on leur diſtribuoit de diftance en diftance..
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Résumé : « La Flotte Angloise ayant paru le 4 du mois de Juin à la côte [...] »
Le 4 juin, la flotte anglaise apparut devant Saint-Malo et débarqua à Cancale le lendemain. Le commandant du fort résista mais dut céder face au feu de deux frégates ennemies, ruinant les défenses. Les Anglais avancèrent jusqu'au faubourg de Saint-Servant et se retirèrent le 9 juin avant l'aube, rejoignant leur camp sur les hauteurs de Paramé. Le capitaine de la redoute du Nés envoya des hommes prendre position au faubourg. Vers midi, les troupes ennemies commencèrent à se retirer vers Cancale. Le duc d'Aiguillon envoya un détachement pour éclairer la marche des Anglais et attaquer leur arrière-garde. Ce détachement fut rejoint par des Gardes-Côtes et des Dragons. Les Anglais laissèrent derrière eux des subsistances et des canons encloués, leur retraite étant attribuée à la nouvelle de l'arrivée imminente des troupes de Brest et de l'Orient. Des mesures furent prises pour transporter les soldats fatigués et leur distribuer du vin.
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3
p. 201-206
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le Roi, la Reine, & la Famille Royale, signerent le 11 Juin le Contrat [...]
Mots clefs :
Famille royale, Audiences, Bretagne, Anglais, Duc, Troupes, Munitions, Camp de Granville, Flotte anglaise, Régiments, Nominations, Ordonnance, Maréchal, Conseil, Brigades
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LeRoi , la Reine, & la Famille Royale , figne:
rent le 11 Juin le Contrat de mariage de M. le
Marquis d'Efparbès , avec Mademoiſelle Thoinard
de Jouy , & celui de M. le Comte de Guitaut
avec Mademoiſelle Durey de Meinieres.
Le IS le Prince Xavier de Saxe partit de Ver
failles vers les dix heures du foir pour fe rendre à
Parmée du Roi.
Iw
201 MERCURE DE FRANCE.
Sa Majesté a tenu le Sceau pour la trente-unies
me & trente- deuxieme fois.
Madame la Ducheffe de Rohan-Chabot fut préfentée
le 18 au Roi & à la Reine , & elle prit le tabouret.
Le 19 , M. de Chevert , Lieutenant- Général
des Armées du Roi , arriva ici fur les fept heures
du foir. Il eut une conférence avec M. le Maréchal
Duc de Belle -Ifte , & il partit la nuit même pour
fe rendre à l'Armée de M. le Comte de Clermont.
Toutes les lettres qu'on reçoit de Bretagne confirment
que les Anglois fe font rembarqués les 1 1 ,
12 & 13 de Juin avec effroi & précipitation . Ils
n'ont point jugé à propos d'attendre l'arrivée des
Troupes que M. le Duc d'Aiguillon avoit fait venir
de divers endroits de la Province , ni celles
que M. le Duc d'Harcourt amenoit de Normandie.
Tout le dommage qu'ils ont caufé s'eft borné
à Saint- Servan , Fauxbourg de Saint - Malo ; ils
n'ont rien ofé entreprendre contre la Vile , ou
l'on avoit fait entrer deux mille hommes de Trou
pes , foutenus par trois mil e Bourgeois bien ar❤
més & d'une grande réfolution . Cette Ville étoit
d'ailleurs bien pourvue de munitions de toute efpece
, & par conféquent en état de faire une vigoureufe
défenfe. Les Troupes ont marqué beaucoup
d'ardeur pour marcher à l'ennemi , & les
Bretons le plus grand zele pour la défenſe de leur
Province. La Nobleffe , plufieurs Préfidens & Con
feillers du Parlement de Rennes faifoient armer
leurs Vaffaux , & les Ecoliers de Droit ne demandoient
des Officiers
que
les conduire contre
pour
les Anglois. L'Amiral Anfon avoit fait fortir le 15
fa flotte de la Baye de Cancale ; mais les vents
contraires l'ont obligé d'y rentrer , & elle y étoit
encore le Dimanche 18. Partout où fe porteront
les Anglois , ils trouveront nos côtes garnies & en
JUILLET. 1758. 203
état de faire échouer toutes leurs entrepriſes.
Une lettre du camp de Granville , en Baffe - Nor
mandie , datée du ro Juin , contient le détail fuivant.
« Le z de Juin vers les neuf heures du ma-
» tin , la Flotte Angloiſe párut à la Folle de Mon
» ville , & le même jour elle entra vers les fix heu
» res du foir dans l'Anfe de Vauville . Au premier
» avis qu'en reçut M. le Comte de Raymond , Ma.
» réchal de Camp , qui commande à Vallogne
>>> cet Officier Général fit marcher les Grenadiers
» du Régiment de Guyenne , avec un Piquet , &
#il envoya des ordres pour raffembler toutes les
» Troupes de ce quartier . Ces difpofitions devin→
rent inutiles par le départ de la flotte , qu'on re-
» vit le à trois heures du matin à la hauteur du
>> Cap Frehel & cette Flotte mouilla le même
» jour à neuf heures du matin fous Cancale. M.
>> le Com e de Coetlogon , Lieutenant- Général ,
» qui commande à Coutances , fit partir les Gre
>> nidiers de Saint - Chamond ; il donna en même-
>> temps des ordres pour faire marcher les Trou-
» pes de la Généralité , & pour les raffembler à
» Granville , où il arriva le lendemain 6 avec le
» Régiment de Saint - Chamond. Il trouva les ha
» bitans de cette Ville , qui étoient ratfurés par la
>>prefence & par les bonnes difpofitions de M. le
» Prince de Robec , dans la plus grande fécurité .
» Le même jour , ce Général alla reconnoître &
» marquer un camp , où toutes les Troupes fe
>> read rent avec la plus grande diligence. Le Sub-
» dé égué de l'Election de Coutances , que ce Gé
néral avoit char é de faire les approvifionne
» mens néc flaires , avoit pr's des metures fi exac-
> res , que le Régiment de Lorraine fut campé le
» 8 & le reste de l'armée le 9. Ce camp formé en
» quatre jours dans le canton le plus ingrat de la
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
Normandie , fut abondamment pourvu de tou
tes chofes , & le bois de campement , ainfi que
le bois de chauffage ,fut fourni fi à propos , que
» le Soldat ne fit pas le moindre défordre . La vian-
» de pour le Soldat , eft ici taxée à trois fols , & le
pain le plus blanc à un fol fix deniers . >>
M. le Marquis de Villeroi a prêté ferment le 25
Juin , entre les mains du Roi , pour la furvivance
de la place de Capitaine des Gardes du Corps ,
dont M. le Duc de Villerei , fon oncle , eft titu→
laire. Il en a fait les fonctions le même jour.
Le Roi a nommé Protecteur des affaires de
France , à Rome , M. le Cardinal Profper Colonna
de Sciarra.
M. le Marquis de Cambis , Colonel d'un Régiment
d'Infanterie , à qui le Roi avoit donné celui
de Nice , vacant par la mort de M. le Comte dela
Queille , ayant défiré de garder le fien , Sa<
Majefté a difpofé de celui de Nice , en faveur
de M. le Vicomte de la Tournelle , Capitaine de
Grenadiers dans le Régiment de Cambis.
Par une nouvelle Ordonnance rendue le premier
Juin dernier , le Roi a accordé une augmentation
de traitement aux Troupes d'Infante
rie Françoife , pour l'entretien du linge & de la
chauffure defdites Troupes.
Le 29. Juin , M. Rouillé , ci- devant Miniftre des
affaires étrangeres , M. le Marquis de Paulmy &
M. de Moras , eurent l'agrément du Roi , pour fe
retirer du Confeil.
Le 30 Juin , M. le Maréchal Duc de Belle- Me
à l'occafion de la mort de M. le Comte de Giſors ,
fon fils , eut l'honneur d'être vifité par le Roi ,
la Reine , Monfeigneur le Dauphin , Madame
Infante & Madame Adelaide. Madame la Dauphine
& Mesdames Victoire, Sophie & Louife
JUILLET. 1758. 201
firent le lendemain premier Juillet , le même honce
Maréchal. neur à
Le 2 Juillet , Sa Majefté admit au Confeil M.
le Maréchal d'Eftrées , & M. de Berryer , qui
étoit déja du Confeil des dépêches . M. le Marquis
de Puyfieulx y reprit auffi féance.
Le même jour , M. le Duc de Trefmes prêta
ferment entre les mains du Roi , pour le Gouver
nement de l'Ile de France .
Le 3 Juillet , le Roi donna les entrées de la
Chambre à M. le Duc de Broglie , Lieutenant-
Général de fes Armées.
Le Roi a difpofé de la charge de Meftre de
Camp-Lieutenant du Régiment des Carabiniers
de Monſeigneur le Comte de Provence , en fa-*
veur de M. le Marquis de Poyanne , Lieutenant-
Général , Infpecteur Général des Troupes de
Cavalerie & de Dragons.
De la Brigade vacante dans le même Régiment
, par la mort de M. de la Tour , en faveur
de M. de Saint - André , Lieutenant- Colonel
de celle de Bovet , avec rang de Meſtre de
Camp.
Et de la Brigade vacante par la retraite de
M. de Maifons , en faveur de M. Poiffon de
Malvoifin , Meftre de Camp de Cavalerie..
Le 28, Juin , M. le Duc de Trefmes fut reçu
au Parlement , Pair de France,
Le 26 Juin , M. de la Curne de Sainte- Palaye ,
élu par l'Académie Françoife , pour remplir la
place vacante par la mort de M. Boiffy , prit
féance dans cette Compagnie , & prononça fon
difcours de remerciment auquel M. l'Abbé Alaric
répondit.
La Tartane que commandoit M. Calais d'Arles
, & dont un Ĉorfaire Anglois s'étoit emparé ,
106 MERCURE DE FRANCE.
a été réprife le premier de Jain , par le Navire
le Saint- Antoine, fur les côtes de Catalogue , &
ramenée dans ce Port.
LeRoi , la Reine, & la Famille Royale , figne:
rent le 11 Juin le Contrat de mariage de M. le
Marquis d'Efparbès , avec Mademoiſelle Thoinard
de Jouy , & celui de M. le Comte de Guitaut
avec Mademoiſelle Durey de Meinieres.
Le IS le Prince Xavier de Saxe partit de Ver
failles vers les dix heures du foir pour fe rendre à
Parmée du Roi.
Iw
201 MERCURE DE FRANCE.
Sa Majesté a tenu le Sceau pour la trente-unies
me & trente- deuxieme fois.
Madame la Ducheffe de Rohan-Chabot fut préfentée
le 18 au Roi & à la Reine , & elle prit le tabouret.
Le 19 , M. de Chevert , Lieutenant- Général
des Armées du Roi , arriva ici fur les fept heures
du foir. Il eut une conférence avec M. le Maréchal
Duc de Belle -Ifte , & il partit la nuit même pour
fe rendre à l'Armée de M. le Comte de Clermont.
Toutes les lettres qu'on reçoit de Bretagne confirment
que les Anglois fe font rembarqués les 1 1 ,
12 & 13 de Juin avec effroi & précipitation . Ils
n'ont point jugé à propos d'attendre l'arrivée des
Troupes que M. le Duc d'Aiguillon avoit fait venir
de divers endroits de la Province , ni celles
que M. le Duc d'Harcourt amenoit de Normandie.
Tout le dommage qu'ils ont caufé s'eft borné
à Saint- Servan , Fauxbourg de Saint - Malo ; ils
n'ont rien ofé entreprendre contre la Vile , ou
l'on avoit fait entrer deux mille hommes de Trou
pes , foutenus par trois mil e Bourgeois bien ar❤
més & d'une grande réfolution . Cette Ville étoit
d'ailleurs bien pourvue de munitions de toute efpece
, & par conféquent en état de faire une vigoureufe
défenfe. Les Troupes ont marqué beaucoup
d'ardeur pour marcher à l'ennemi , & les
Bretons le plus grand zele pour la défenſe de leur
Province. La Nobleffe , plufieurs Préfidens & Con
feillers du Parlement de Rennes faifoient armer
leurs Vaffaux , & les Ecoliers de Droit ne demandoient
des Officiers
que
les conduire contre
pour
les Anglois. L'Amiral Anfon avoit fait fortir le 15
fa flotte de la Baye de Cancale ; mais les vents
contraires l'ont obligé d'y rentrer , & elle y étoit
encore le Dimanche 18. Partout où fe porteront
les Anglois , ils trouveront nos côtes garnies & en
JUILLET. 1758. 203
état de faire échouer toutes leurs entrepriſes.
Une lettre du camp de Granville , en Baffe - Nor
mandie , datée du ro Juin , contient le détail fuivant.
« Le z de Juin vers les neuf heures du ma-
» tin , la Flotte Angloiſe párut à la Folle de Mon
» ville , & le même jour elle entra vers les fix heu
» res du foir dans l'Anfe de Vauville . Au premier
» avis qu'en reçut M. le Comte de Raymond , Ma.
» réchal de Camp , qui commande à Vallogne
>>> cet Officier Général fit marcher les Grenadiers
» du Régiment de Guyenne , avec un Piquet , &
#il envoya des ordres pour raffembler toutes les
» Troupes de ce quartier . Ces difpofitions devin→
rent inutiles par le départ de la flotte , qu'on re-
» vit le à trois heures du matin à la hauteur du
>> Cap Frehel & cette Flotte mouilla le même
» jour à neuf heures du matin fous Cancale. M.
>> le Com e de Coetlogon , Lieutenant- Général ,
» qui commande à Coutances , fit partir les Gre
>> nidiers de Saint - Chamond ; il donna en même-
>> temps des ordres pour faire marcher les Trou-
» pes de la Généralité , & pour les raffembler à
» Granville , où il arriva le lendemain 6 avec le
» Régiment de Saint - Chamond. Il trouva les ha
» bitans de cette Ville , qui étoient ratfurés par la
>>prefence & par les bonnes difpofitions de M. le
» Prince de Robec , dans la plus grande fécurité .
» Le même jour , ce Général alla reconnoître &
» marquer un camp , où toutes les Troupes fe
>> read rent avec la plus grande diligence. Le Sub-
» dé égué de l'Election de Coutances , que ce Gé
néral avoit char é de faire les approvifionne
» mens néc flaires , avoit pr's des metures fi exac-
> res , que le Régiment de Lorraine fut campé le
» 8 & le reste de l'armée le 9. Ce camp formé en
» quatre jours dans le canton le plus ingrat de la
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
Normandie , fut abondamment pourvu de tou
tes chofes , & le bois de campement , ainfi que
le bois de chauffage ,fut fourni fi à propos , que
» le Soldat ne fit pas le moindre défordre . La vian-
» de pour le Soldat , eft ici taxée à trois fols , & le
pain le plus blanc à un fol fix deniers . >>
M. le Marquis de Villeroi a prêté ferment le 25
Juin , entre les mains du Roi , pour la furvivance
de la place de Capitaine des Gardes du Corps ,
dont M. le Duc de Villerei , fon oncle , eft titu→
laire. Il en a fait les fonctions le même jour.
Le Roi a nommé Protecteur des affaires de
France , à Rome , M. le Cardinal Profper Colonna
de Sciarra.
M. le Marquis de Cambis , Colonel d'un Régiment
d'Infanterie , à qui le Roi avoit donné celui
de Nice , vacant par la mort de M. le Comte dela
Queille , ayant défiré de garder le fien , Sa<
Majefté a difpofé de celui de Nice , en faveur
de M. le Vicomte de la Tournelle , Capitaine de
Grenadiers dans le Régiment de Cambis.
Par une nouvelle Ordonnance rendue le premier
Juin dernier , le Roi a accordé une augmentation
de traitement aux Troupes d'Infante
rie Françoife , pour l'entretien du linge & de la
chauffure defdites Troupes.
Le 29. Juin , M. Rouillé , ci- devant Miniftre des
affaires étrangeres , M. le Marquis de Paulmy &
M. de Moras , eurent l'agrément du Roi , pour fe
retirer du Confeil.
Le 30 Juin , M. le Maréchal Duc de Belle- Me
à l'occafion de la mort de M. le Comte de Giſors ,
fon fils , eut l'honneur d'être vifité par le Roi ,
la Reine , Monfeigneur le Dauphin , Madame
Infante & Madame Adelaide. Madame la Dauphine
& Mesdames Victoire, Sophie & Louife
JUILLET. 1758. 201
firent le lendemain premier Juillet , le même honce
Maréchal. neur à
Le 2 Juillet , Sa Majefté admit au Confeil M.
le Maréchal d'Eftrées , & M. de Berryer , qui
étoit déja du Confeil des dépêches . M. le Marquis
de Puyfieulx y reprit auffi féance.
Le même jour , M. le Duc de Trefmes prêta
ferment entre les mains du Roi , pour le Gouver
nement de l'Ile de France .
Le 3 Juillet , le Roi donna les entrées de la
Chambre à M. le Duc de Broglie , Lieutenant-
Général de fes Armées.
Le Roi a difpofé de la charge de Meftre de
Camp-Lieutenant du Régiment des Carabiniers
de Monſeigneur le Comte de Provence , en fa-*
veur de M. le Marquis de Poyanne , Lieutenant-
Général , Infpecteur Général des Troupes de
Cavalerie & de Dragons.
De la Brigade vacante dans le même Régiment
, par la mort de M. de la Tour , en faveur
de M. de Saint - André , Lieutenant- Colonel
de celle de Bovet , avec rang de Meſtre de
Camp.
Et de la Brigade vacante par la retraite de
M. de Maifons , en faveur de M. Poiffon de
Malvoifin , Meftre de Camp de Cavalerie..
Le 28, Juin , M. le Duc de Trefmes fut reçu
au Parlement , Pair de France,
Le 26 Juin , M. de la Curne de Sainte- Palaye ,
élu par l'Académie Françoife , pour remplir la
place vacante par la mort de M. Boiffy , prit
féance dans cette Compagnie , & prononça fon
difcours de remerciment auquel M. l'Abbé Alaric
répondit.
La Tartane que commandoit M. Calais d'Arles
, & dont un Ĉorfaire Anglois s'étoit emparé ,
106 MERCURE DE FRANCE.
a été réprife le premier de Jain , par le Navire
le Saint- Antoine, fur les côtes de Catalogue , &
ramenée dans ce Port.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En juin et juillet 1758, plusieurs événements marquants ont eu lieu à la cour de France. Le 11 juin, le roi et la reine ont signé les contrats de mariage du marquis d'Éparbès avec Mademoiselle Thoinard de Jouy, et du comte de Guitaut avec Mademoiselle Durey de Meinieres. Le prince Xavier de Saxe a quitté la cour pour rejoindre l'armée royale. Le roi a exercé ses fonctions de sceau pour la trente-et-unième et trente-deuxième fois. La duchesse de Rohan-Chabot a été présentée au roi et à la reine le 18 juin et a reçu le privilège du tabouret. Le 19 juin, M. de Chevert, lieutenant-général des armées du roi, est arrivé à Paris et a eu une conférence avec le maréchal duc de Belle-Isle avant de partir pour l'armée du comte de Clermont. En Bretagne, les Anglais ont tenté de débarquer à Saint-Malo les 11, 12 et 13 juin, mais ont dû se rembarquer sans attaquer, face à la résistance des troupes et des bourgeois armés. L'amiral Anson a également échoué à sortir sa flotte de la baie de Cancale en raison des vents contraires. En Basse-Normandie, une flotte anglaise est apparue près de Montville le 22 juin et a mouillé sous Cancale. Les troupes françaises se sont préparées et ont campé près de Granville. Le marquis de Villeroi a prêté serment pour la survivance de la place de capitaine des Gardes du Corps. Le roi a nommé le cardinal Prosper Colonna de Sciarra protecteur des affaires de France à Rome et a accordé une augmentation de traitement aux troupes d'infanterie pour l'entretien du linge et du chauffage. Le 29 juin, M. Rouillé, le marquis de Paulmy et M. de Moras ont obtenu l'agrément du roi pour se retirer du Conseil. Le 30 juin, le maréchal duc de Belle-Isle a été visité par le roi et la famille royale à l'occasion de la mort de son fils. Le 2 juillet, le roi a admis au Conseil le maréchal d'Estrées et M. de Berryer, et le duc de Trémoïlle a prêté serment pour le gouvernement de l'île de France. Le duc de Broglie a reçu les entrées de la Chambre. Plusieurs nominations et promotions ont été effectuées dans les régiments de cavalerie et d'infanterie. Le duc de Trémoïlle a été reçu au Parlement en tant que pair de France. M. de la Curne de Sainte-Palaye a été élu à l'Académie Française pour remplacer M. Boissy. Enfin, la tartane commandée par M. Calais d'Arles, capturée par un corsaire anglais, a été reprise et ramenée en Catalogne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 206-212
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
La Frégate du Roi la Comete, partie de l'Isle Royale le 10 Juin, [...]
Mots clefs :
Vaisseaux, Bataillons, Amérique, Flotte anglaise, Combats, Capitaines, Ordonnance du roi, Officier, Courage, Récompense, Camp de Froviller, Marquis, Ennemis, Mouvements des troupes, Duc de Broglie, Prince de Soubise, Attaques, Corsaires , Equipage, Artillerie
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
La Frégate du Roi la Comete , partie de l'iſſe
Royale le 10 Juin , eſt arrivée au Port Louis le 27
du même mois. Elle a apporté les nouvelles ſuivantes.
Depuis les dernieres , qui ont annoncé l'en.
trée des deux Diviſions du Marquis Deſgouttes &
du ſieur Beauffier , il eſt arrivé dans cette Ile plufieurs
Vaiſſeaux du Roi & Bâtimens Marchands
ſçavoir , trois Navires de Saint- Malo , le 14 Mai ;
la Frégate l'Echo , le 27 ; le Vaiſſeau le Bizarre &
la Frégate l'Aréthuſe , le 30. Tous ces Bâtimens
étoient chargés de munitions & de vivres pour la
Colonie.
Les quatre Vaiſſeaux de la Diviſion du ſieurDuchaffault
, qui y tranſportoient le Bataillon de
Cambis, font arrivés en même-temps au Port Dauphin
avec le Vaiſſeau de la Compagnie des Indes
le Brillant. Le Bataillon deCambis s'eſt rendu dans
Louiſbourg.
Le premier Juin la Flotte Angloiſe s'étant montréedans
la Baye de Gabarus , au nombre de cent
treize Voiles , on a renforcé les poſtes de la côte.
Le 8 , à quatre heures du matin , les Anglois ont
commencé leur attaque du côté de la Cormorandiere
avec un grand nombre de bateaux plats chargés
de Troupes ,& des Frégates pour les foutenir.
Ilsyont eſſuyé un feu ſi vif , qu'ils ont perdu mille
àdouze cens hommes ; mais dans le temps qu'on
étoit occupé à empêcher leur deſcente , une par
AOUST. 1758 . 207
tiede leurs Berges s'eſt réfugiée au pied des rochers
eſcarpés ſur la droite de la Cormorandiere ,,
dans un endroit qui avoit paru inacceffible. Les
Anglois ayant trouvé moyen de grimper ſur le
fommet , n'ont été apperçus que lorſqu'ils ſe ſont
trouvés en force. Nos Troupes , après avoir réſiſté
autant qu'elles ont pu , ſe ſont retirées dans la Place
, où l'on ſe prépare à une vigoureuſe défenſe ,
yayant en abondance des munitions de guerre &
des provifions de bouche, Nous avons perdu dans
l'attaque du 8 , les ſieurs Delanglade , Capitaine
des Grenadiers du Bataillon de Bourgogne ; Romainville
, Soulieutenant de lamême Compagnie ; -
Beleſta , Capitaine des Grenadiers du Bataillon
d'Artois , & Savary , Soulieutenant de la même
Compagnie ; un Lieutenant des Volontaires Etrangers
; trois Officiers bleſſés , & environ cent cinquante
Soldats de tous les Corps tués , bleſlés , ou
faitspriſonniers.
Les Vaiſſeaux de guerre ſont toujours maîtres
du Port , que les ennemis n'ont point tenté de
forcer.
Le fieur de Boishebert , Officier de Canada ,
étoit attendu à l'Iſle Royale avec un détachement
des Troupes de Quebec , de Canadiens & de Sauvages.
Le Vaiſſeau du Roi le Formidable. , commandé
par le Comte de Blenac , Chef d'Eſcadre des Armées
Navales, eſt rentré à Breſt.
On a appris par un courier extraordinaire dépêché
le 6 de ce mois par l'Evêque Duc de Laon ,
Ambaſſadeur Extraordinaire du Roi auprès du Saint
Siege , que le même jour le Cardinal Rezzonico.
avoit été elu Pape, & avoit pris le nom de Clément
XIII. On a auſſi reçu la nouvelle que le nouveaus
Pape avoit choiſi pour Secrétaire d'Etat le Cardi
20S MERCURE DE FRANCE.
nal Archinto , qui exerçoit le même emploi ſous
le précédent Pontificat .
Il paroît une Ordonnance du Roi rendue le 10
de ce mois , par laquelle il eſt permis aux Soldats
qui ont déſerté avant le premier Février 1757 , de
s'engager indiſtinctement dans toutes les Troupes
de Sa Majesté , pour jouir de l'Amniſtie qu'il lui a
plu d'accorder par ſon Ordonnance du 20 Avril
de l'année derniere.
Dans le combat du 23 Juin dernier , M. de
Bullioud, âgé de dix-huit ans, Cornette de la Compagnie
de Saint-André dans la Brigade de Bovet ,
du Régiment des Carabiniers , après avoir forcé la
ligne d'Infanterie des ennemis , portant toujours
fon étendard , rallia quelques Carabiniers & des
Maréchaux des Logis , attaqua une batterie que
les ennemis préparoient , coupa les traits des chevaux
, tua pluſieurs Canonniers , & voyant de
l'impoſſibilité à regagner l'Armée du Roi , prit
le parti d'aller en avant par derriere les lignes de
Parmée ennemie , où il fit prifonnier un Colonel
Hanovrien. Il traverſa les marais de la Niers , gagna
Gladbec , petite Ville à quatre lieues de Crévelt
,& ſe trouvant obligé d'y paſſer la nuit , il en
fit fermer & garder les portes , & en partit le lendemain
à la pointe du jour. Après avoir fait un
grand tour , il arriva au camp de Neuff à deux
heures après-midi , & ſe préſenta au ſieur de Bovet
avec un Maréchal des Logis & vingt- cinq Carabiniers
, dont huit bleſſes & avec l'Etendard qu'il
a rapporté à ſa brigade.
Le Roi , en conſidération de l'intelligence , de
la valeur & de la bonne conduite de cejeune Officier
, lui a donné la Croix de Saint Louis & un
Brevet de Capitaine Réformé , à la fuite des Carab
iniers.
1
AOUST . 1758 . 209
M. le Comte de Clermont s'étant démis le huit.
Juillet , du commandement de l'armée , le Roi l'a
donné à M. le Marquis de Contades.
Duſſeldorp a capitulé par ordre exprès de l'Electeur
Palatin , & les Hanovriens y font entrés
le neuf.
Les Lettres du camp de Froviller , en date du
20 de Juillet , marquent que le Prince Ferdinand
deBrunswick eſt toujours campé près de Neuff ,
&que notre armée n'a point changé de poſition.
M. le Marquis de Contades fait conftruire un ſecond
pont près de Cologne. Il étoit campé à
Mungerdorff dans la plaine de Cologne , lorſqu'il
apprit par les Détachemens qu'il avoit ſur la riviere
d'Erff, que le Prince Ferdinand avoit fait un
mouvement pour ſe porter en avant , & qu'il avoit
établi ſon Quartier général à Greveenbrock : il prit
la réſolution de faire marcher l'armée le 1 3 Juiller,
& vint camper à Gleſſeen. Il y fut informé que le
Prince Ferdinand avoit fait paſſer la riviere d'Erff
à ſon armée , ſur pluſieurs ponts , à Greveenbrock
même & au- deſſus , ce qui fit prendre à M. le Marquis
de Contades le parti de marcher le 14 dès la
pointedu jour ſur les hauteurs de Bedbourg , pour
prévenir le Prince Ferdinand. Son avant-garde y
trouvacelle des ennemis qu'elle repouſla ; le reſte
de l'armée qui ſuivoit de près ſur ſept colonnes ,
ſe mit en bataille preſqu'en préſence de celle du
Prince Ferdinand. M. le Marquis de Contades fit
toutes les diſpoſitions néceſſaires pour attaquer
l'ennemi ; mais ce Prince n'oſant pas s'expoſer au
riſque d'une action générale , avoit repaſſé l'Erff
vers les onze heures du ſoir ſur pluſieurs ponts ,
qu'il a fait rompre après ſon paſſage avec tant de
précipitation , qu'il a abandonné une piece de canon
de 18 liv. de balles, L'ennemi s'eſt replié du
210 MERCURE DE FRANCE.
côté de Neuff , ayant la riviere d'Erff devant lui.
M. leMarquisdeContades ſediſpoſe de le ſuivre ,
à la grande fatisfaction de toute l'armée qui brûle
du deſir de combattre. On a reçu avis par l'extrait
d'une lettre de l'armée du Prince de Soubiſe , de
Groos-Lenden , « que ce Prince'a raſſemb é toute
> ſon armée à Freidberg le 12 & le 14 Juillet. Elle a
>> marché en cantonnant , tant à cauſe du mauvais
>> temps que pour la facilité des ſubſiſtances ,jul-
>> qu'au 16 qu'elle eſt venue camper ici. M. le Duc
>> de Broglie commandoit l'avant-garde , & avoit
>> fait marcher en avant un gros Détachement de
> Royal-Naffau & des Troupes de Fiſcher . Nous
>> y avons appris que les ennemis , qui avoient pa-
>> ru vouloir défendre la Fortereſſe de Marburg ,
>> ont cependant pris le parti de l'abandonner au
>> moment que la troupe de Fiſcher ſe diſpoſoit à
>>> l'eſcalader . On a trouvé dans le Château uue'
>> grande quantité de fourrages & d'autres muni-
>> tions,& beaucoup d'artillerie. L'armée n'arrive-
>>ra à Marburg que dans deux jours , d'où elle ſe
> mettra promptement en marche pour Caffel.
>>On ne sçauroit exprimer la bonne volonté &
>> l'ardeur des Troupes » .
M. le Ducde Broglie occupa le 16 JuilletMarpurg
avec l'avant-garde qu'il commande. Cette
Ville eſt une des plus conſidérables de la Heſſe ;
elle est fortifiée , elle a un Château , un-beau Palais
où le Landgrave fait ſouvent ſa réſidence,une
Univerſité , un Hôtel de Ville magnifique & une
belle Place :elle eſt ſituée ſur la Lohn dans un
pays fort agréable. M. le Prince de Soubiſe , informé
de l'état &de la poſition des ennemis , prit
la réſolution de joindre le 18 à Marburg le Corps
de M. le Duc de Broglie. Les ennemis avoient un
camp de cinq à fix mille hommes à Birgel , & ils
AOUST. 1758. 21 F
occupoient le pofte de Kirchayn ſur la riviere de
Lohn. M. le Prince de Soubife fit ſes diſpoſitions
pour les en déloger. Il fit avancer dix Bataillons
&quatre Eſcadrons aux ordres de M. le Marquis
du Meſnil , Lieutenant-Général , près d'Hombourg
, Châ eau ſitué ſur la même riviere; il dé
tacha M. le Marquis de Crillon , LieutenantG- énéral
, à la tête de ſeize Bataillons & de quatre
Eſcadrons , dans les environs d'Allendorff, Ville
remarquable par ſes Salines ſur la Werre , & M.
le Marquis Deffalles , Maréchal de Camp , près
d'Ebſdorff, avec quatre Bataillons & quatre Eſcadrons.
Le 19 , ces trois Corps ont féjourné dans
ces différens Poftes , & le 20 toute Parmée s'eſt
raſſemblée au poſte de Kirchayn , que les ennemis
avoient abandonné à notre approche , pour ſe retirer
à Guifelberg ſur le grand chemin de Caffel.
Oncompte que l'avant-garde de cette armée fera
rendue le 23 à Caffel. L'allarme eſt grande dans
le Pays; mais on eſpere que la tranquillité s'y rétablira
, par l'exacte diſcipline que M. le Prince
de Soubiſe fait obſerver à ſes Troupes.
Un Corſaire Anglois de 30 canons , ayant
pourſuivi la Pinque l'Expédition , qui venoit de
Smyrne , juſques ſous le canon de Gallipoli ,.
qui a fait fait feu fur ce Corfaire , il s'en eſt emparé
& l'a conduite à Tunis ; mais la Régence
la fait relâcher , & elle eſt de retour à Marseille .
Le Corſaire Arnoux , de cette Ville , a conduit
à Livourne , la Pinque du Capitaine Brilland
de Martigues , qu'il a repriſe ſur les Anglois.
La cargaison de ce Navire , qui étoit
parti de Seyde pour revenir ici , eſt eſtimée
deux cents mille livres.
La Frégate du Roi le Zéphir , commandée
par M. le Chevalier de Ternay , Lieutenant de
212 MERCURE DE FRANCE.
Vaiſſeau , laquelle étoit à la ſuite de l'Eſcadre
commandée par M. Duchaffault ,, qui a relâché
au Port Dauphin ,& qui a porté à Iſle Royale
le Bataillon de Cambis , eſt arrivée à Breſt le 3
Juin. Elle a rapporté que cette Eſcadre compoſé
de quatre Vaiſſeaux y compris le Brillant ,
de la Compagnie des Indes , & de pluſieurs
Navires de tranſport , étoit partie pour Quebec
, & qu'elle étoit à l'entrée du fleuve Saint-
Laurent , lorſque cette Frégate s'en est détachée
pour revenir en France.
,
com- M. Cornic , Lieutenant de Frégate
mandant la Félicité , s'eſt emparé le 3 Juin ,
fur les Glenants , des deux Corſaires de Jerſey
le Prince de Pruſſe , de 80 hommes d'équipage
, & le Cors , de 60 hommes , armés de 10
canons chacun .
La Barque le Saint Joseph , de Tréguier , chargée
de fer , d'eau de vie & de ſavon , a été repriſe
& conduite à l'Ile de Bas , par le Corſaire la
Menette , de l'Orient.
La Frégate du Roi la Comete , partie de l'iſſe
Royale le 10 Juin , eſt arrivée au Port Louis le 27
du même mois. Elle a apporté les nouvelles ſuivantes.
Depuis les dernieres , qui ont annoncé l'en.
trée des deux Diviſions du Marquis Deſgouttes &
du ſieur Beauffier , il eſt arrivé dans cette Ile plufieurs
Vaiſſeaux du Roi & Bâtimens Marchands
ſçavoir , trois Navires de Saint- Malo , le 14 Mai ;
la Frégate l'Echo , le 27 ; le Vaiſſeau le Bizarre &
la Frégate l'Aréthuſe , le 30. Tous ces Bâtimens
étoient chargés de munitions & de vivres pour la
Colonie.
Les quatre Vaiſſeaux de la Diviſion du ſieurDuchaffault
, qui y tranſportoient le Bataillon de
Cambis, font arrivés en même-temps au Port Dauphin
avec le Vaiſſeau de la Compagnie des Indes
le Brillant. Le Bataillon deCambis s'eſt rendu dans
Louiſbourg.
Le premier Juin la Flotte Angloiſe s'étant montréedans
la Baye de Gabarus , au nombre de cent
treize Voiles , on a renforcé les poſtes de la côte.
Le 8 , à quatre heures du matin , les Anglois ont
commencé leur attaque du côté de la Cormorandiere
avec un grand nombre de bateaux plats chargés
de Troupes ,& des Frégates pour les foutenir.
Ilsyont eſſuyé un feu ſi vif , qu'ils ont perdu mille
àdouze cens hommes ; mais dans le temps qu'on
étoit occupé à empêcher leur deſcente , une par
AOUST. 1758 . 207
tiede leurs Berges s'eſt réfugiée au pied des rochers
eſcarpés ſur la droite de la Cormorandiere ,,
dans un endroit qui avoit paru inacceffible. Les
Anglois ayant trouvé moyen de grimper ſur le
fommet , n'ont été apperçus que lorſqu'ils ſe ſont
trouvés en force. Nos Troupes , après avoir réſiſté
autant qu'elles ont pu , ſe ſont retirées dans la Place
, où l'on ſe prépare à une vigoureuſe défenſe ,
yayant en abondance des munitions de guerre &
des provifions de bouche, Nous avons perdu dans
l'attaque du 8 , les ſieurs Delanglade , Capitaine
des Grenadiers du Bataillon de Bourgogne ; Romainville
, Soulieutenant de lamême Compagnie ; -
Beleſta , Capitaine des Grenadiers du Bataillon
d'Artois , & Savary , Soulieutenant de la même
Compagnie ; un Lieutenant des Volontaires Etrangers
; trois Officiers bleſſés , & environ cent cinquante
Soldats de tous les Corps tués , bleſlés , ou
faitspriſonniers.
Les Vaiſſeaux de guerre ſont toujours maîtres
du Port , que les ennemis n'ont point tenté de
forcer.
Le fieur de Boishebert , Officier de Canada ,
étoit attendu à l'Iſle Royale avec un détachement
des Troupes de Quebec , de Canadiens & de Sauvages.
Le Vaiſſeau du Roi le Formidable. , commandé
par le Comte de Blenac , Chef d'Eſcadre des Armées
Navales, eſt rentré à Breſt.
On a appris par un courier extraordinaire dépêché
le 6 de ce mois par l'Evêque Duc de Laon ,
Ambaſſadeur Extraordinaire du Roi auprès du Saint
Siege , que le même jour le Cardinal Rezzonico.
avoit été elu Pape, & avoit pris le nom de Clément
XIII. On a auſſi reçu la nouvelle que le nouveaus
Pape avoit choiſi pour Secrétaire d'Etat le Cardi
20S MERCURE DE FRANCE.
nal Archinto , qui exerçoit le même emploi ſous
le précédent Pontificat .
Il paroît une Ordonnance du Roi rendue le 10
de ce mois , par laquelle il eſt permis aux Soldats
qui ont déſerté avant le premier Février 1757 , de
s'engager indiſtinctement dans toutes les Troupes
de Sa Majesté , pour jouir de l'Amniſtie qu'il lui a
plu d'accorder par ſon Ordonnance du 20 Avril
de l'année derniere.
Dans le combat du 23 Juin dernier , M. de
Bullioud, âgé de dix-huit ans, Cornette de la Compagnie
de Saint-André dans la Brigade de Bovet ,
du Régiment des Carabiniers , après avoir forcé la
ligne d'Infanterie des ennemis , portant toujours
fon étendard , rallia quelques Carabiniers & des
Maréchaux des Logis , attaqua une batterie que
les ennemis préparoient , coupa les traits des chevaux
, tua pluſieurs Canonniers , & voyant de
l'impoſſibilité à regagner l'Armée du Roi , prit
le parti d'aller en avant par derriere les lignes de
Parmée ennemie , où il fit prifonnier un Colonel
Hanovrien. Il traverſa les marais de la Niers , gagna
Gladbec , petite Ville à quatre lieues de Crévelt
,& ſe trouvant obligé d'y paſſer la nuit , il en
fit fermer & garder les portes , & en partit le lendemain
à la pointe du jour. Après avoir fait un
grand tour , il arriva au camp de Neuff à deux
heures après-midi , & ſe préſenta au ſieur de Bovet
avec un Maréchal des Logis & vingt- cinq Carabiniers
, dont huit bleſſes & avec l'Etendard qu'il
a rapporté à ſa brigade.
Le Roi , en conſidération de l'intelligence , de
la valeur & de la bonne conduite de cejeune Officier
, lui a donné la Croix de Saint Louis & un
Brevet de Capitaine Réformé , à la fuite des Carab
iniers.
1
AOUST . 1758 . 209
M. le Comte de Clermont s'étant démis le huit.
Juillet , du commandement de l'armée , le Roi l'a
donné à M. le Marquis de Contades.
Duſſeldorp a capitulé par ordre exprès de l'Electeur
Palatin , & les Hanovriens y font entrés
le neuf.
Les Lettres du camp de Froviller , en date du
20 de Juillet , marquent que le Prince Ferdinand
deBrunswick eſt toujours campé près de Neuff ,
&que notre armée n'a point changé de poſition.
M. le Marquis de Contades fait conftruire un ſecond
pont près de Cologne. Il étoit campé à
Mungerdorff dans la plaine de Cologne , lorſqu'il
apprit par les Détachemens qu'il avoit ſur la riviere
d'Erff, que le Prince Ferdinand avoit fait un
mouvement pour ſe porter en avant , & qu'il avoit
établi ſon Quartier général à Greveenbrock : il prit
la réſolution de faire marcher l'armée le 1 3 Juiller,
& vint camper à Gleſſeen. Il y fut informé que le
Prince Ferdinand avoit fait paſſer la riviere d'Erff
à ſon armée , ſur pluſieurs ponts , à Greveenbrock
même & au- deſſus , ce qui fit prendre à M. le Marquis
de Contades le parti de marcher le 14 dès la
pointedu jour ſur les hauteurs de Bedbourg , pour
prévenir le Prince Ferdinand. Son avant-garde y
trouvacelle des ennemis qu'elle repouſla ; le reſte
de l'armée qui ſuivoit de près ſur ſept colonnes ,
ſe mit en bataille preſqu'en préſence de celle du
Prince Ferdinand. M. le Marquis de Contades fit
toutes les diſpoſitions néceſſaires pour attaquer
l'ennemi ; mais ce Prince n'oſant pas s'expoſer au
riſque d'une action générale , avoit repaſſé l'Erff
vers les onze heures du ſoir ſur pluſieurs ponts ,
qu'il a fait rompre après ſon paſſage avec tant de
précipitation , qu'il a abandonné une piece de canon
de 18 liv. de balles, L'ennemi s'eſt replié du
210 MERCURE DE FRANCE.
côté de Neuff , ayant la riviere d'Erff devant lui.
M. leMarquisdeContades ſediſpoſe de le ſuivre ,
à la grande fatisfaction de toute l'armée qui brûle
du deſir de combattre. On a reçu avis par l'extrait
d'une lettre de l'armée du Prince de Soubiſe , de
Groos-Lenden , « que ce Prince'a raſſemb é toute
> ſon armée à Freidberg le 12 & le 14 Juillet. Elle a
>> marché en cantonnant , tant à cauſe du mauvais
>> temps que pour la facilité des ſubſiſtances ,jul-
>> qu'au 16 qu'elle eſt venue camper ici. M. le Duc
>> de Broglie commandoit l'avant-garde , & avoit
>> fait marcher en avant un gros Détachement de
> Royal-Naffau & des Troupes de Fiſcher . Nous
>> y avons appris que les ennemis , qui avoient pa-
>> ru vouloir défendre la Fortereſſe de Marburg ,
>> ont cependant pris le parti de l'abandonner au
>> moment que la troupe de Fiſcher ſe diſpoſoit à
>>> l'eſcalader . On a trouvé dans le Château uue'
>> grande quantité de fourrages & d'autres muni-
>> tions,& beaucoup d'artillerie. L'armée n'arrive-
>>ra à Marburg que dans deux jours , d'où elle ſe
> mettra promptement en marche pour Caffel.
>>On ne sçauroit exprimer la bonne volonté &
>> l'ardeur des Troupes » .
M. le Ducde Broglie occupa le 16 JuilletMarpurg
avec l'avant-garde qu'il commande. Cette
Ville eſt une des plus conſidérables de la Heſſe ;
elle est fortifiée , elle a un Château , un-beau Palais
où le Landgrave fait ſouvent ſa réſidence,une
Univerſité , un Hôtel de Ville magnifique & une
belle Place :elle eſt ſituée ſur la Lohn dans un
pays fort agréable. M. le Prince de Soubiſe , informé
de l'état &de la poſition des ennemis , prit
la réſolution de joindre le 18 à Marburg le Corps
de M. le Duc de Broglie. Les ennemis avoient un
camp de cinq à fix mille hommes à Birgel , & ils
AOUST. 1758. 21 F
occupoient le pofte de Kirchayn ſur la riviere de
Lohn. M. le Prince de Soubife fit ſes diſpoſitions
pour les en déloger. Il fit avancer dix Bataillons
&quatre Eſcadrons aux ordres de M. le Marquis
du Meſnil , Lieutenant-Général , près d'Hombourg
, Châ eau ſitué ſur la même riviere; il dé
tacha M. le Marquis de Crillon , LieutenantG- énéral
, à la tête de ſeize Bataillons & de quatre
Eſcadrons , dans les environs d'Allendorff, Ville
remarquable par ſes Salines ſur la Werre , & M.
le Marquis Deffalles , Maréchal de Camp , près
d'Ebſdorff, avec quatre Bataillons & quatre Eſcadrons.
Le 19 , ces trois Corps ont féjourné dans
ces différens Poftes , & le 20 toute Parmée s'eſt
raſſemblée au poſte de Kirchayn , que les ennemis
avoient abandonné à notre approche , pour ſe retirer
à Guifelberg ſur le grand chemin de Caffel.
Oncompte que l'avant-garde de cette armée fera
rendue le 23 à Caffel. L'allarme eſt grande dans
le Pays; mais on eſpere que la tranquillité s'y rétablira
, par l'exacte diſcipline que M. le Prince
de Soubiſe fait obſerver à ſes Troupes.
Un Corſaire Anglois de 30 canons , ayant
pourſuivi la Pinque l'Expédition , qui venoit de
Smyrne , juſques ſous le canon de Gallipoli ,.
qui a fait fait feu fur ce Corfaire , il s'en eſt emparé
& l'a conduite à Tunis ; mais la Régence
la fait relâcher , & elle eſt de retour à Marseille .
Le Corſaire Arnoux , de cette Ville , a conduit
à Livourne , la Pinque du Capitaine Brilland
de Martigues , qu'il a repriſe ſur les Anglois.
La cargaison de ce Navire , qui étoit
parti de Seyde pour revenir ici , eſt eſtimée
deux cents mille livres.
La Frégate du Roi le Zéphir , commandée
par M. le Chevalier de Ternay , Lieutenant de
212 MERCURE DE FRANCE.
Vaiſſeau , laquelle étoit à la ſuite de l'Eſcadre
commandée par M. Duchaffault ,, qui a relâché
au Port Dauphin ,& qui a porté à Iſle Royale
le Bataillon de Cambis , eſt arrivée à Breſt le 3
Juin. Elle a rapporté que cette Eſcadre compoſé
de quatre Vaiſſeaux y compris le Brillant ,
de la Compagnie des Indes , & de pluſieurs
Navires de tranſport , étoit partie pour Quebec
, & qu'elle étoit à l'entrée du fleuve Saint-
Laurent , lorſque cette Frégate s'en est détachée
pour revenir en France.
,
com- M. Cornic , Lieutenant de Frégate
mandant la Félicité , s'eſt emparé le 3 Juin ,
fur les Glenants , des deux Corſaires de Jerſey
le Prince de Pruſſe , de 80 hommes d'équipage
, & le Cors , de 60 hommes , armés de 10
canons chacun .
La Barque le Saint Joseph , de Tréguier , chargée
de fer , d'eau de vie & de ſavon , a été repriſe
& conduite à l'Ile de Bas , par le Corſaire la
Menette , de l'Orient.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En 1758, plusieurs événements militaires et navals marquants ont eu lieu. La frégate royale 'La Comète' est arrivée à Port-Louis le 27 juin après avoir quitté l'Isle Royale le 10 juin, apportant des nouvelles de l'arrivée de divers vaisseaux et bâtiments marchands à l'île, chargés de munitions et de vivres pour la colonie. Parmi ces navires figuraient trois vaisseaux de Saint-Malo : les frégates 'L'Écho' et 'L'Aréthuse', et le vaisseau 'Le Bizarre'. La division du sieur Duchaffault, transportant le Bataillon de Cambis, est arrivée au Port Dauphin avec le vaisseau 'Le Brillant' de la Compagnie des Indes, et le bataillon s'est ensuite rendu à Louisbourg. Le 1er juin, une flotte anglaise de 113 voiles a été repérée dans la baie de Gabarus, ce qui a conduit au renforcement des postes côtiers. Le 8 juin, les Anglais ont attaqué du côté de la Cormorandière, subissant de lourdes pertes mais réussissant à prendre position sur des rochers escarpés. Les troupes françaises se sont retirées dans la place forte, préparant une défense vigoureuse. Les pertes françaises incluaient plusieurs officiers et environ cent cinquante soldats tués, blessés ou prisonniers. Les vaisseaux de guerre français contrôlaient toujours le port. Le sieur de Boishebert, officier du Canada, était attendu à l'Isle Royale avec des troupes de Québec, des Canadiens et des autochtones. Le vaisseau 'Le Formidable', commandé par le Comte de Blenac, est rentré à Brest. Sur le plan diplomatique, le Cardinal Rezzonico a été élu Pape, prenant le nom de Clément XIII, et le Cardinal Archinto a été nommé Secrétaire d'État. Une ordonnance royale permettait aux déserteurs de s'engager à nouveau dans les troupes du roi. Plusieurs actions militaires ont été détaillées, notamment le combat du 23 juin où M. de Bullioud, âgé de dix-huit ans, a montré un grand courage en ralliant des troupes et capturant un colonel hanovrien. Pour cet exploit, il a reçu la Croix de Saint Louis et un brevet de capitaine réformé. Des changements de commandement ont été notés, comme la démission du Comte de Clermont et la nomination du Marquis de Contades à la tête de l'armée. Des mouvements de troupes et des batailles ont été décrits, notamment autour de Düsseldorf, de Neuff et de Marburg, où les armées françaises et ennemies se sont affrontées ou préparées à le faire. Enfin, des actions navales ont été rapportées, comme la capture de corsaires anglais et la libération de navires français par des corsaires français. La frégate 'Le Zéphir' a rapporté que l'escadre commandée par M. Duchaffault se dirigeait vers Québec.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 204-212
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 15 Août, Fête de l'Assomption de la Sainte Vierge, la Procession [...]
Mots clefs :
Fête de l'Ascension, Assemblée générale, Marquis, Duc, Ennemis, Armée, Mouvements des troupes, Prince de Soubise, Commandement, Généraux, Flotte anglaise, Normandie, Attaque, Retraite, Défense, Amérique, Fortifications, Capitaine, Élection pontificale, Pape Clément XIII
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE 15 Août , Fête de l'Aſſomption de la Sainte
Vierge, la Procefſion ſolemnelle , qui ſe fait tous
les ans à pareil jour , en exécution du Voeu de
Louis XIII , ſe fit avec les cérémonies accoutumées.
M. l'Abbé d'Agoult , Doyen du Chapitre
de l'Egliſe Métropolitaine , y officia. Le Parlement
, la Chambre des Comptes , la Cour des Aydes
, & le Corps de Ville , y aſſiſterent .
Dans l'Aſſemblé générale tenue le 16 par le
Corpsde Ville , M. Camus-de Pontcarré-de Viarmes
, Conſeiller d'Etat , a été élu Prevôt des Marchands
, & MM. Boutray , Confeiller de la Ville
&André , Avocat ès Conſeils du Roi , ont été élus
Echevins.
,
Le Roi prit le même jour le divertiſſement de
la chaſſe dans la plaine de Grenelle , & Sa Majeſté
fit l'honneur à M. le Duc de la Valliere de
fouper chez lui à Montrouge.
M. le Marquis de Broglie eſt mort à Caſſel des
bleſſures qu'il avoit reçues au combat de Sunderhaufen.
Par un extrait d'une lettre de l'Armée du bas-
Rhin , le 16 Août 1758 , on a reçu avis que M. le
Marquis de Contades ayant mis le Prince Ferdinand
dans l'impoſſibilité de paſſer le Rhin à Rhinberg
, comme il l'avoit projetté , ce Prince a été
obligé , manquant de vivres , de forcer ſes marchespour
gagner ſes ponts de Rées & d'Emme,
SEPTEMBRE. 1758 . 205
rick. Il a confidérablement perdu , ayant été continuellement
harcelé par nos troupes légeres , &
par le Corps que commandoit M. le Duc de Chevreuſe
ſousGueldres. L'armée de M. le Marquis
de Contades n'a pu ſuivre à cauſe du pain qu'il
falloit tirer par des convois de Cologne , la navigation
du Rhin étant interceptée par la Garniſon
ennemie de Duſſeldorp .
Les ennemis qui avoient détaché des troupes
pour ſoutenir la queue de leur pont de Rées , ont
été obligés de deſcendre au deſſous d'Emmerick ,
où leur armée a achevé de paſſer à la rive droite
du Rhin le 9 & le 10.
Notre armée a ſéjourné à Alpen le 10 & le 11 ,
tant pour ſe repoſer , que pour conſtruire nos
ponts à Weſel . Il n'y en a eu qu'un d'achevé le 12 :
une partie de l'armée l'a paſſé le même jour ;
mais un oragan extrêmement violent a retardé le
reſte , qui n'a pu achever de le paſſer en entier
que le 13 & le 14. Ily a apparence que nous ne
tarderons pas à marcher pour nous rapprocher de
l'armée du Prince de Soubife .
La tête de l'armée des ennemis étoit campée
les à Boicholt , où elle doit être jointe par les
Anglois , qui ont débarqué à Embden .
On a appris le 10 à midi , au camp d'Alpen ,
par un Officier dépêché à M. le Marquis de Contades,
par M. le Marquis de Caraman , que M.
d'Hardenberg , Général Hanovrien , qui commandoit
dans Duſſeldorp , dont la garniſon étoit
d'environ deux mille hommes , avoit évacué cette
Place le même jour au matin. M. le Marquis de
Caraman l'a ſuivi avec un gros détachement , &
a fait cent cinquante prifonniers. Cet abandon eſt
la ſuite des bonnes manoeuvres de notre Général ,
qui a empêché le Prince Ferdinand de pouvoir
paſſer àRhinberg.
206 MERCURE DE FRANCE.
M. de Chevert , qui avoit été détaché de Colo
gnepour ſe rendre par la rive droite à Weſel , ne
putyarriver que le 4 à cauſe des débordemens de
la Roer , de l'Ems , de la Lippe , & de tous les
ruiſſeaux ; ce qui a fait qu'il n'a pu marcher que
les avec cinq à fix millehommes extrêmement
fatigués , &la plus grande partie de Milices. Ce
retardement l'a empêché de ſurprendre le Corps
commandé par le Général Imhoff , qui couvroitle
pont de Rées à la rive droite , & qui avoit été
confidérablement renforcé par les garniſons de
Cleves , de Moeurs , & par un détachement de
l'armée du Prince Ferdinand. M. de Chevert a
trouvé ces troupes ſi bien poſtées , qu'il n'a pu les
forcer. Il s'eſt mis du déſordre dans les troupes
deſagauche preſque toutes compoſée de Milices;
cequi l'a obligé de ſe retirer , après avoir perdu
cent quatre-vingt-quatorze hommes de tués ou
reftés dans la retraite , trois cens trente-quatre
bleſſés , & fix pieces de petit canon dont les chevaux
avoient été tués.
On a appris de l'Armée du Prince de Soubiſe à
Caffel , le 9 Août 1758 , les nouvelles ſuivantes.
M. Fiſcher, avec un gros détachement , a pouffé
fort avant au de là de la Verra dans le pays d'Ha
novte , où il a établi des contributions.
Nous avons un Corps ſous le commandement
deM. le Marquis de Caſtries à Gottingen , qui a
obligé le Prince d'iſembourg de ſe retirer partie
à Fimbeck , d'où il a envoyé ſes équipages & fes
malades à Hamelen. M. le Marquis Dumeſnil a
marché avec notre avant-garde à Warbourg le 7,
d'où il a pouffé des détachemens à Paderborn.
On aſſure que nous allons tous nous raſſembler
en avant, & marcher à la rencontre de notre
grande armée , pour exécuter les opérations pro
SEPTEMBRE. 1758 .. 207
jettées par nosGénéraux. On ne ſçauroit exprimer
la bonne volonté de toutes les troupes , qui n'afpirent
qu'à joindre l'ennemi .
Les dix mille Saxons ſont déja arrivés àAnder
nach , & vont inceſſamment joindre l'armée. Ce
renfort ſera ſupérieur à celui des Anglois , qui ne
monte qu'à huit mille hommes. Ces Saxonsſeront
commandés par M. le Comte de Luſace , qui
s'eſt acquis l'eſtime générale de toute l'armée, &
l'affection de tous les Officiers .
Une flotte Angloiſe a reparu ſur les côtes de
Normandie. Le 7 , les Anglois débarquerent au
nombre de dix mille par l'anſe d'Arville , ſituée à
une lieue&demie de Cherbourg. M.le Comte de
Raymond , Maréchal de Camp , qui commande
dans cette partie de la Normandie , n'avoit pour
lors que les deux Régimens de Clare & d'Horion.
Ces deux Corps demandoient avec la plus vive
ardeur de combattre les Anglois; mais M. le
Comte de Raymond jugea qu'ils étoient trop inférieurs
pour s'oppofer à l'ennemi , protégé d'ailleurs
par le feu des canons de la Flotte , & que ce
feroit les expoſer à une deſtruction certaine. It fie
fa retraite pour couvrir Valogne , & pour raffembler
les Régimens qui font ſous ſes ordres. Les
ennemis ſont maîtres de Cherbourg. Il font campés
ſur la hauteur du Roule , s'étendant du côté
deTour-la-Ville & d'Igauville d'une part , & de
Pautre , du côté de Noinville- Oeteville & de Martinwaſt.
Toutes les troupes que nous avons fur
ces côtes , ſont en mouvement pour venir au ſecours
,& forcer l'ennemi de ſe rembarquer , ou au
moins pour le reſſerrer de façon que la priſe de
Cherbourg lui devienne inutile. M. le Duc d'Har
court, Lieutenant-Général des armées du Roi &
de la Province , & qui y commande en chef, s'eft
208 MERCURE DE FRANCE.
:
porté en toute diligence à Tamerville , ainſi que
MM. les Marquis de Brancas & de Braffac , Maréchaux
de camp. M. le Maréchal de Luxembourg ,
Gouverneur de la province , partit le 12 pour aller
prendre le commandement des troupes.
M. le Marquis Deſgouttes a fait partir de Louifbourg
le quinze Juillet dernier , M. du Drefnay
des Roches , Capitaine de vaiſſeau , fur la Frégate
l'Aréthuſe , avec les paquets de la Colonie. Cette
Frégate a relâché à Saint-Ander en Eſpagne , d'où
M. du Dreſnay s'eſt rendu à Verſailles .
Les Lettres qu'il a remiſes portent , que depuis
le 20 Juin les Anglois avoient été plus occupés à
fortifier leurs retranchemens & à faire des lignes
de communication , qu'à s'approcher de la Place ,
dont ils étoient encore éloignés d'environ quatre
cens toiſes ; & qu'il paroiſſoit que leur deſſein
étoit de réduire la ville par le feu des canons &
des mortiers , en établiſſant des batteries ſur toutes
les hauteurs qui la dominent , & eny employant
le feu de leurs vaiſſeaux du côté de la mer. Celui
de leurs batteries eſt très-vif , & il n'y a point
d'endroit dans la ville qui n'y ſois expoſé ; cependant
on y travaille avec une ardeur ſans égale
àéteindre le feu , & à réparer les dommages que
les bombes & les boulets y cauſent. Il y a eu deux
Religieux de la Charité & un Chirurgien tués à
l'hôpital , ainſi que pluſieurs malades.
Pour rendre l'entrée du Port plus difficile aux
vaiſſeaux Anglois , en cas qu'ils vouluſſent la forcer
, on a coulé à fond trois bâtimens du Roi
&trois navires marchands , dans la paſſe du côté
de la batterie du Fanal. On continue à faire fortir
tous les jours des détachemens de volontaires ,
pour reconnoître les travaux des ennemis , & les
inquiéter dans leurs opérations.
1
SEPTEMBRE. 1758 . 209
La nuit du 8 au 9 Juillet , on fit une fortie compoſée
de pluſieurs piquets commandés par M.
Marin , Lieutenant- Colonel du bataillon de Bourgogne.
Ce détachement ſe porta ſur la partie des
ouvrages des ennemis , entre le Cap Noir & la
Pointe Blanche. Nos troupes ont raſé une partie
de leurs travaux , leur ont tué beaucoup de monde
, & auroient remporté un avantage des plus
confidérables , fi elles ne s'étoient pas un peu trop
preſſées. Outre le monde qu'on leur a tué , on
leur a fait priſonniers un Ingénieur & un autre
Officier , avec trente grenadiers. Nous avons perdu
de notre côté M. de Chauvelin , capitaine dans
le bataillon de Bourgogne , M. de Garſemes , capitaine
dans les troupes de la Colonie , & environ
cinquante hommes tués ou bleſſés. M. de Jarnage
, Lieutenant des grenadiers d'Artois , a eu la
jambe caſſée dans la retraite , & a été fait prifonnier.
M. de Boishébert eſt à Miray avec ſa troupe ,
d'où il ne tardera pas de venir attaquer les ennemis.
On a reçu la confirmation de la mort de Mefſieurs
la Gardepayan , Lieutenant de vaiſſeau ;
Rouillé d'Orfeuil , Enſeigne ; & Dubois , Garde
de la Marine , qui ont été tués ſur les vaiſſeaux
par le canon des ennemis.
La Frégate l'Arethuse , commandée par M. Vauquelin,
Lieutenant de Frégate , s'eſt diſtinguée
par la fermeté avec laquelle elle a ſoutenu le feu
de pluſieurs batteries des ennemis , vis-a- vis defquelles
elle s'étoit emboſſée dans le Port , pour
interrompre leurs travaux ; & tous les Officiers en
général ont donné les plus grandes preuves de
zele dans les différentes occaſions où ils ont été
employés.
210 MERCURE DE FRANCE.
Par un Courier arrivé à Parme le 9. du mois au
matin , & expédié de Rome , à Milan au Comte
Deila Torre Rezzonico , neveu & coufin du Cardinal
Rezzonico , on a appris que le 6 Juillet ce
Cardinal a été élu unanimement , & avec une joie
univerſelle de toute laVille de Rome, Souverain
Pontife. Ce Pape est né à Veniſe le 7 Mars 1693
de Jean-Baptifte Rezzonico , Patricien , &Décurion
de la Cité de Côme , noble Vénitien , & Barondu
Saint Empire Romain , mort l'année derniere
, qui avoit rempli les emplois les plus diftingués
de la République. Sa mere , qui eft encore
vivante, ſe nomme Victoire Barbarigo ,& elle est
foeur du feu Patriarche de Veniſe Barbarigo. Don
Aurelle Rezzonico , frere de Sa Sainteté , eſt ace
tuellement Sénateur de Venife. En 1723 il fut Podeftat
de Bergame , où l'on conſerve encore la
mémoire de ſon adminiſtration , généralement applaudie.
Dans le même temps il rempliffoit encore
l'emploi de Grand Capitaine: il avoit épousé
Anne Juftiniani , dont la Maiſon deſcend des Empereurs
de Conftantinople. Les neveux du Pape
font Charles Rezzonico , Vicaire de Saint Marc ,
& élu de la Chambre , lequel a déja été Préſident
de la Chambre Apoftolique. Louis Rezzonico , qui
a étéGrand Capitaine à Vicenze , & qui a épousé
depuis peu la Comteſſe de Savorgnan. Quintilia
Rezzonico , niece de Sa Sainteté , eſt mariée au
Seigneur Louis Vidman , Comte du Saint Empire
Romain , & noble Vénitien. Toutes ces familles
font non-feulement des plus diftinguées de Venife
, mais font très- connues dans toute l'Europe,
La Maiſon de Rezzonico deſcend de celle de la
Torre , qui étoit en poſſeſſion de Milan &de Côme
avant les Viſcomti. Cette famille eſt nombreufe&
des plus illuftrées par les dignités de robe &
SEPTEMBRE. 1758. 210
d'épée, les Ordres de Malthe & autres Ordres Militaires
dont elle a été revêtue : elle eſt d'ailleurs
liée étroitement de pluſieurs côtés à celle d'Innocent
XI. Le Pape , nouveau Pontife , eſt Docteur
de la Collégiale de Come. Son extrême libéralité
pour les pauvres & la douceur de ſes moeurs , l'avoient
fait paſſer par les premieres charges de l'Eglife
: il a étéGouverneur de Fano , Protonotaire
Apoftolique des Participans , Référendairedes deux
Signatures , & enſuite Auditeur de Rote pour la
République de Veniſe. Il fut créé Cardinal par le
Pape Clément XII , dans la nomination des Couronnes
, le 20 Décembre 1737. Le 11 Mars 1743
il fut nommé Evêque de Padoue par le défunt Pape
Benoît XIV , & la Bulle d'Election ſuffit pour
faire fon éloge. C'eſt dans les fonctions de cet
Epifcopat , qu'ayant été choiſi par la République
de Venise , pour traiter devant le Pape du Patriar
chat d'Aquilée , il ſçut habilement terminer les
différends qui s'étoient élevés entre cette Répu
blique & l'Auguſte Maiſon d'Autriche. Lorſqu'il
partit dePadoue pour le Conclave , tout le peuplé
l'accompagna en le félicitant & en le pleurant ,
parce qu'on s'attendoit bien qu'il ne retourneroit
plus dans cette Ville , & que tout le monde avoir
un preſſentiment qu'il feroit élu Pape ; ainſi la
joie de le voir élevé à la plus haute Dignité de l'Eglife
, étoit altérée par la douleur de perdre un
Prince&un Evêque , qui avoit toujours été le pere
des pauvres, desorphelins, des veuves & des pupilles
, diſpoſitions qui font justement eſpérer que
fon gouvernement ſera très heureux. Cette relation
a été imprimée à Parme , & nous a été communiquée
par M. le Duc de Montpezat , qui eft
de retour de ſes voyages d'Italie , & qui eft parti
pour aller conclure le mariage de Mademoiselle
212 MERCURE DE FRANCE .
deMontpezat , ſa fille , avec M.le Duc des Iſſarts ,
dont il a obtenu l'agrément de Madame la Dauphine&
de la Cour.
LE 15 Août , Fête de l'Aſſomption de la Sainte
Vierge, la Procefſion ſolemnelle , qui ſe fait tous
les ans à pareil jour , en exécution du Voeu de
Louis XIII , ſe fit avec les cérémonies accoutumées.
M. l'Abbé d'Agoult , Doyen du Chapitre
de l'Egliſe Métropolitaine , y officia. Le Parlement
, la Chambre des Comptes , la Cour des Aydes
, & le Corps de Ville , y aſſiſterent .
Dans l'Aſſemblé générale tenue le 16 par le
Corpsde Ville , M. Camus-de Pontcarré-de Viarmes
, Conſeiller d'Etat , a été élu Prevôt des Marchands
, & MM. Boutray , Confeiller de la Ville
&André , Avocat ès Conſeils du Roi , ont été élus
Echevins.
,
Le Roi prit le même jour le divertiſſement de
la chaſſe dans la plaine de Grenelle , & Sa Majeſté
fit l'honneur à M. le Duc de la Valliere de
fouper chez lui à Montrouge.
M. le Marquis de Broglie eſt mort à Caſſel des
bleſſures qu'il avoit reçues au combat de Sunderhaufen.
Par un extrait d'une lettre de l'Armée du bas-
Rhin , le 16 Août 1758 , on a reçu avis que M. le
Marquis de Contades ayant mis le Prince Ferdinand
dans l'impoſſibilité de paſſer le Rhin à Rhinberg
, comme il l'avoit projetté , ce Prince a été
obligé , manquant de vivres , de forcer ſes marchespour
gagner ſes ponts de Rées & d'Emme,
SEPTEMBRE. 1758 . 205
rick. Il a confidérablement perdu , ayant été continuellement
harcelé par nos troupes légeres , &
par le Corps que commandoit M. le Duc de Chevreuſe
ſousGueldres. L'armée de M. le Marquis
de Contades n'a pu ſuivre à cauſe du pain qu'il
falloit tirer par des convois de Cologne , la navigation
du Rhin étant interceptée par la Garniſon
ennemie de Duſſeldorp .
Les ennemis qui avoient détaché des troupes
pour ſoutenir la queue de leur pont de Rées , ont
été obligés de deſcendre au deſſous d'Emmerick ,
où leur armée a achevé de paſſer à la rive droite
du Rhin le 9 & le 10.
Notre armée a ſéjourné à Alpen le 10 & le 11 ,
tant pour ſe repoſer , que pour conſtruire nos
ponts à Weſel . Il n'y en a eu qu'un d'achevé le 12 :
une partie de l'armée l'a paſſé le même jour ;
mais un oragan extrêmement violent a retardé le
reſte , qui n'a pu achever de le paſſer en entier
que le 13 & le 14. Ily a apparence que nous ne
tarderons pas à marcher pour nous rapprocher de
l'armée du Prince de Soubife .
La tête de l'armée des ennemis étoit campée
les à Boicholt , où elle doit être jointe par les
Anglois , qui ont débarqué à Embden .
On a appris le 10 à midi , au camp d'Alpen ,
par un Officier dépêché à M. le Marquis de Contades,
par M. le Marquis de Caraman , que M.
d'Hardenberg , Général Hanovrien , qui commandoit
dans Duſſeldorp , dont la garniſon étoit
d'environ deux mille hommes , avoit évacué cette
Place le même jour au matin. M. le Marquis de
Caraman l'a ſuivi avec un gros détachement , &
a fait cent cinquante prifonniers. Cet abandon eſt
la ſuite des bonnes manoeuvres de notre Général ,
qui a empêché le Prince Ferdinand de pouvoir
paſſer àRhinberg.
206 MERCURE DE FRANCE.
M. de Chevert , qui avoit été détaché de Colo
gnepour ſe rendre par la rive droite à Weſel , ne
putyarriver que le 4 à cauſe des débordemens de
la Roer , de l'Ems , de la Lippe , & de tous les
ruiſſeaux ; ce qui a fait qu'il n'a pu marcher que
les avec cinq à fix millehommes extrêmement
fatigués , &la plus grande partie de Milices. Ce
retardement l'a empêché de ſurprendre le Corps
commandé par le Général Imhoff , qui couvroitle
pont de Rées à la rive droite , & qui avoit été
confidérablement renforcé par les garniſons de
Cleves , de Moeurs , & par un détachement de
l'armée du Prince Ferdinand. M. de Chevert a
trouvé ces troupes ſi bien poſtées , qu'il n'a pu les
forcer. Il s'eſt mis du déſordre dans les troupes
deſagauche preſque toutes compoſée de Milices;
cequi l'a obligé de ſe retirer , après avoir perdu
cent quatre-vingt-quatorze hommes de tués ou
reftés dans la retraite , trois cens trente-quatre
bleſſés , & fix pieces de petit canon dont les chevaux
avoient été tués.
On a appris de l'Armée du Prince de Soubiſe à
Caffel , le 9 Août 1758 , les nouvelles ſuivantes.
M. Fiſcher, avec un gros détachement , a pouffé
fort avant au de là de la Verra dans le pays d'Ha
novte , où il a établi des contributions.
Nous avons un Corps ſous le commandement
deM. le Marquis de Caſtries à Gottingen , qui a
obligé le Prince d'iſembourg de ſe retirer partie
à Fimbeck , d'où il a envoyé ſes équipages & fes
malades à Hamelen. M. le Marquis Dumeſnil a
marché avec notre avant-garde à Warbourg le 7,
d'où il a pouffé des détachemens à Paderborn.
On aſſure que nous allons tous nous raſſembler
en avant, & marcher à la rencontre de notre
grande armée , pour exécuter les opérations pro
SEPTEMBRE. 1758 .. 207
jettées par nosGénéraux. On ne ſçauroit exprimer
la bonne volonté de toutes les troupes , qui n'afpirent
qu'à joindre l'ennemi .
Les dix mille Saxons ſont déja arrivés àAnder
nach , & vont inceſſamment joindre l'armée. Ce
renfort ſera ſupérieur à celui des Anglois , qui ne
monte qu'à huit mille hommes. Ces Saxonsſeront
commandés par M. le Comte de Luſace , qui
s'eſt acquis l'eſtime générale de toute l'armée, &
l'affection de tous les Officiers .
Une flotte Angloiſe a reparu ſur les côtes de
Normandie. Le 7 , les Anglois débarquerent au
nombre de dix mille par l'anſe d'Arville , ſituée à
une lieue&demie de Cherbourg. M.le Comte de
Raymond , Maréchal de Camp , qui commande
dans cette partie de la Normandie , n'avoit pour
lors que les deux Régimens de Clare & d'Horion.
Ces deux Corps demandoient avec la plus vive
ardeur de combattre les Anglois; mais M. le
Comte de Raymond jugea qu'ils étoient trop inférieurs
pour s'oppofer à l'ennemi , protégé d'ailleurs
par le feu des canons de la Flotte , & que ce
feroit les expoſer à une deſtruction certaine. It fie
fa retraite pour couvrir Valogne , & pour raffembler
les Régimens qui font ſous ſes ordres. Les
ennemis ſont maîtres de Cherbourg. Il font campés
ſur la hauteur du Roule , s'étendant du côté
deTour-la-Ville & d'Igauville d'une part , & de
Pautre , du côté de Noinville- Oeteville & de Martinwaſt.
Toutes les troupes que nous avons fur
ces côtes , ſont en mouvement pour venir au ſecours
,& forcer l'ennemi de ſe rembarquer , ou au
moins pour le reſſerrer de façon que la priſe de
Cherbourg lui devienne inutile. M. le Duc d'Har
court, Lieutenant-Général des armées du Roi &
de la Province , & qui y commande en chef, s'eft
208 MERCURE DE FRANCE.
:
porté en toute diligence à Tamerville , ainſi que
MM. les Marquis de Brancas & de Braffac , Maréchaux
de camp. M. le Maréchal de Luxembourg ,
Gouverneur de la province , partit le 12 pour aller
prendre le commandement des troupes.
M. le Marquis Deſgouttes a fait partir de Louifbourg
le quinze Juillet dernier , M. du Drefnay
des Roches , Capitaine de vaiſſeau , fur la Frégate
l'Aréthuſe , avec les paquets de la Colonie. Cette
Frégate a relâché à Saint-Ander en Eſpagne , d'où
M. du Dreſnay s'eſt rendu à Verſailles .
Les Lettres qu'il a remiſes portent , que depuis
le 20 Juin les Anglois avoient été plus occupés à
fortifier leurs retranchemens & à faire des lignes
de communication , qu'à s'approcher de la Place ,
dont ils étoient encore éloignés d'environ quatre
cens toiſes ; & qu'il paroiſſoit que leur deſſein
étoit de réduire la ville par le feu des canons &
des mortiers , en établiſſant des batteries ſur toutes
les hauteurs qui la dominent , & eny employant
le feu de leurs vaiſſeaux du côté de la mer. Celui
de leurs batteries eſt très-vif , & il n'y a point
d'endroit dans la ville qui n'y ſois expoſé ; cependant
on y travaille avec une ardeur ſans égale
àéteindre le feu , & à réparer les dommages que
les bombes & les boulets y cauſent. Il y a eu deux
Religieux de la Charité & un Chirurgien tués à
l'hôpital , ainſi que pluſieurs malades.
Pour rendre l'entrée du Port plus difficile aux
vaiſſeaux Anglois , en cas qu'ils vouluſſent la forcer
, on a coulé à fond trois bâtimens du Roi
&trois navires marchands , dans la paſſe du côté
de la batterie du Fanal. On continue à faire fortir
tous les jours des détachemens de volontaires ,
pour reconnoître les travaux des ennemis , & les
inquiéter dans leurs opérations.
1
SEPTEMBRE. 1758 . 209
La nuit du 8 au 9 Juillet , on fit une fortie compoſée
de pluſieurs piquets commandés par M.
Marin , Lieutenant- Colonel du bataillon de Bourgogne.
Ce détachement ſe porta ſur la partie des
ouvrages des ennemis , entre le Cap Noir & la
Pointe Blanche. Nos troupes ont raſé une partie
de leurs travaux , leur ont tué beaucoup de monde
, & auroient remporté un avantage des plus
confidérables , fi elles ne s'étoient pas un peu trop
preſſées. Outre le monde qu'on leur a tué , on
leur a fait priſonniers un Ingénieur & un autre
Officier , avec trente grenadiers. Nous avons perdu
de notre côté M. de Chauvelin , capitaine dans
le bataillon de Bourgogne , M. de Garſemes , capitaine
dans les troupes de la Colonie , & environ
cinquante hommes tués ou bleſſés. M. de Jarnage
, Lieutenant des grenadiers d'Artois , a eu la
jambe caſſée dans la retraite , & a été fait prifonnier.
M. de Boishébert eſt à Miray avec ſa troupe ,
d'où il ne tardera pas de venir attaquer les ennemis.
On a reçu la confirmation de la mort de Mefſieurs
la Gardepayan , Lieutenant de vaiſſeau ;
Rouillé d'Orfeuil , Enſeigne ; & Dubois , Garde
de la Marine , qui ont été tués ſur les vaiſſeaux
par le canon des ennemis.
La Frégate l'Arethuse , commandée par M. Vauquelin,
Lieutenant de Frégate , s'eſt diſtinguée
par la fermeté avec laquelle elle a ſoutenu le feu
de pluſieurs batteries des ennemis , vis-a- vis defquelles
elle s'étoit emboſſée dans le Port , pour
interrompre leurs travaux ; & tous les Officiers en
général ont donné les plus grandes preuves de
zele dans les différentes occaſions où ils ont été
employés.
210 MERCURE DE FRANCE.
Par un Courier arrivé à Parme le 9. du mois au
matin , & expédié de Rome , à Milan au Comte
Deila Torre Rezzonico , neveu & coufin du Cardinal
Rezzonico , on a appris que le 6 Juillet ce
Cardinal a été élu unanimement , & avec une joie
univerſelle de toute laVille de Rome, Souverain
Pontife. Ce Pape est né à Veniſe le 7 Mars 1693
de Jean-Baptifte Rezzonico , Patricien , &Décurion
de la Cité de Côme , noble Vénitien , & Barondu
Saint Empire Romain , mort l'année derniere
, qui avoit rempli les emplois les plus diftingués
de la République. Sa mere , qui eft encore
vivante, ſe nomme Victoire Barbarigo ,& elle est
foeur du feu Patriarche de Veniſe Barbarigo. Don
Aurelle Rezzonico , frere de Sa Sainteté , eſt ace
tuellement Sénateur de Venife. En 1723 il fut Podeftat
de Bergame , où l'on conſerve encore la
mémoire de ſon adminiſtration , généralement applaudie.
Dans le même temps il rempliffoit encore
l'emploi de Grand Capitaine: il avoit épousé
Anne Juftiniani , dont la Maiſon deſcend des Empereurs
de Conftantinople. Les neveux du Pape
font Charles Rezzonico , Vicaire de Saint Marc ,
& élu de la Chambre , lequel a déja été Préſident
de la Chambre Apoftolique. Louis Rezzonico , qui
a étéGrand Capitaine à Vicenze , & qui a épousé
depuis peu la Comteſſe de Savorgnan. Quintilia
Rezzonico , niece de Sa Sainteté , eſt mariée au
Seigneur Louis Vidman , Comte du Saint Empire
Romain , & noble Vénitien. Toutes ces familles
font non-feulement des plus diftinguées de Venife
, mais font très- connues dans toute l'Europe,
La Maiſon de Rezzonico deſcend de celle de la
Torre , qui étoit en poſſeſſion de Milan &de Côme
avant les Viſcomti. Cette famille eſt nombreufe&
des plus illuftrées par les dignités de robe &
SEPTEMBRE. 1758. 210
d'épée, les Ordres de Malthe & autres Ordres Militaires
dont elle a été revêtue : elle eſt d'ailleurs
liée étroitement de pluſieurs côtés à celle d'Innocent
XI. Le Pape , nouveau Pontife , eſt Docteur
de la Collégiale de Come. Son extrême libéralité
pour les pauvres & la douceur de ſes moeurs , l'avoient
fait paſſer par les premieres charges de l'Eglife
: il a étéGouverneur de Fano , Protonotaire
Apoftolique des Participans , Référendairedes deux
Signatures , & enſuite Auditeur de Rote pour la
République de Veniſe. Il fut créé Cardinal par le
Pape Clément XII , dans la nomination des Couronnes
, le 20 Décembre 1737. Le 11 Mars 1743
il fut nommé Evêque de Padoue par le défunt Pape
Benoît XIV , & la Bulle d'Election ſuffit pour
faire fon éloge. C'eſt dans les fonctions de cet
Epifcopat , qu'ayant été choiſi par la République
de Venise , pour traiter devant le Pape du Patriar
chat d'Aquilée , il ſçut habilement terminer les
différends qui s'étoient élevés entre cette Répu
blique & l'Auguſte Maiſon d'Autriche. Lorſqu'il
partit dePadoue pour le Conclave , tout le peuplé
l'accompagna en le félicitant & en le pleurant ,
parce qu'on s'attendoit bien qu'il ne retourneroit
plus dans cette Ville , & que tout le monde avoir
un preſſentiment qu'il feroit élu Pape ; ainſi la
joie de le voir élevé à la plus haute Dignité de l'Eglife
, étoit altérée par la douleur de perdre un
Prince&un Evêque , qui avoit toujours été le pere
des pauvres, desorphelins, des veuves & des pupilles
, diſpoſitions qui font justement eſpérer que
fon gouvernement ſera très heureux. Cette relation
a été imprimée à Parme , & nous a été communiquée
par M. le Duc de Montpezat , qui eft
de retour de ſes voyages d'Italie , & qui eft parti
pour aller conclure le mariage de Mademoiselle
212 MERCURE DE FRANCE .
deMontpezat , ſa fille , avec M.le Duc des Iſſarts ,
dont il a obtenu l'agrément de Madame la Dauphine&
de la Cour.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le 15 août 1758, une procession solennelle en l'honneur de l'Assomption de la Sainte Vierge a été organisée à Paris, conformément au vœu de Louis XIII. L'Abbé d'Agoult, Doyen du Chapitre de l'Église Métropolitaine, a officié. Le Parlement, la Chambre des Comptes, la Cour des Aydes et le Corps de Ville étaient présents. Le 16 août, Camus-de Pontcarré-de Viarmes a été élu Prévôt des Marchands, et Boutray et André ont été élus Échevins. Le Roi a chassé dans la plaine de Grenelle et a dîné chez le Duc de la Vallière à Montrouge. Le Marquis de Broglie est décédé à Cassel des suites de blessures reçues au combat de Sunderhaufen. L'armée du bas-Rhin a rapporté que le Marquis de Contades a empêché le Prince Ferdinand de passer le Rhin à Rhinberg, le forçant à se replier. Cependant, l'armée de Contades n'a pu poursuivre en raison des difficultés de ravitaillement. En septembre, les ennemis ont dû se replier en dessous d'Emmerick. L'armée française s'est reposée à Alpen et a construit des ponts à Wesel. Les troupes ennemies étaient campées à Boicholt, attendant des renforts anglais débarqués à Embden. Le Général Hanovrien d'Hardenberg a évacué Dusseldorp, permettant au Marquis de Caraman de faire cent cinquante prisonniers. Le Comte de Chevert, détaché de Cologne, n'a pu surprendre le Corps commandé par le Général Imhoff en raison des inondations et des renforts ennemis, subissant des pertes significatives. L'armée du Prince de Soubise a rapporté des mouvements et des contributions en Hanovte. Les Saxons, commandés par le Comte de Lusace, ont rejoint l'armée, surpassant en nombre les renforts anglais. En Normandie, une flotte anglaise a débarqué et pris Cherbourg. Les troupes françaises se sont mobilisées sous le commandement du Duc d'Harcourt et du Maréchal de Luxembourg. À Louisbourg, les Anglais ont fortifié leurs positions et bombardé la ville. Les défenseurs ont réparé les dommages et effectué des sorties contre les ennemis. La frégate l'Aréthuse s'est distinguée face aux batteries ennemies. Le Cardinal Rezzonico a été élu Pape à Rome le 6 juillet 1758. Issu d'une famille vénitienne distinguée, il a occupé diverses charges ecclésiastiques avant son élection. Le Duc de Montpezat a rapporté des dispositions en faveur des pauvres, des orphelins, des veuves et des pupilles en Italie, laissant espérer un gouvernement heureux. Il est également parti conclure le mariage de sa fille, Mademoiselle de Montpezat, avec le Duc des Issarts, obtenant l'agrément de Madame la Dauphine et de la Cour.
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6
p. 198-199
DU HAVRE, le 7 Juillet.
Début :
Le 2 de ce mois on apperçut de cette Ville trois Frégates Angloises. [...]
Mots clefs :
Frégates, Flotte anglaise, Ennemis, Attaques, Bombes, Citadelle, Bateaux, Port, Dégâts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU HAVRE, le 7 Juillet.
DU HAVRE , le 7 Juillet.
Le 2 de ce mois on apperçut de cette Ville
trois Frégates Angloiſes. Le 3 à fix heures du ma-
tin la flotte Angloife parut : les Ennemis tirèrent
cinq bombes pour en effayer la portée. Le 4 ils
s'approchèrent à la pointe du jour avec leurs tro
bombardes , dont l'une fut établie vis-à-vis de la
jettée , & les deux autres en face du Chantier où
Ï'on conftruit les batteaux. Ils commencèrent à
trois heures & demie du matin à jetter des bom-
bes de tous côtés. Plusieurs tombèrent dans la
Ville & dans la Citadelle fans caufer de dom-
mage. Ils tirèrent jufqu'à minuit ; mais pendant
cet intervalle , leur feu fe rallentiffoit de temps
à autre. Ils recommencerent à tirer les à trois
heures du matin : leur feu continua juſqu'à ſept
heures du ſoir. A neuf heures ils appareillerent,
·
A
·
OUST
.
1759
.
199
&
ils
replièrent la
moitié
de
leur
ligne
fur
leur
gauche
.
A
onze
heures
du
foir
ils
recommence-
rent
leur
fen
,
&
ne
jettèrent
pendant
la
nuit
qu'en-
viron
une douzaine de
bombes
,
fans
beaucoup
de
fuccès
.
Leur
feu
cella
entièrement
le
6
au
matin
.
A
midi
on
apperçut
qu'ils
faifoient
beaucoup
de
mouvemens
.
Les
Ennemis
ont gardé
leur
pofi-tion
jufqu'au ſept
à
neuf
heures
du
matin
,
ayane
leur
droite
à
la hauteur
du
Cap
de
la
Have
,
&
fans
jetter
aucune
bombe
.
Les Ouvriers
ont
repris
le
travail
fur
le chantier
,
&
l'on
doit
mettre
l'eau
aujourd'hui
trois
nouveaux
bateaux
calfatés
.
Les
Anglois ont
appareillé à
dix
heures
du
matin
.
Le
vent
fait
juger
qu'ils
tiennent
route
de
départ
.
A
trois
heures
après
midi
ils
étoient
déja
à
quatre
lieues
,
faifant
route
vraisemblablement
pour
ren-
trer
dans
leur
ports
.
Le
dommage
n'a
pas
été
,
à
beauconp
près
,
autfi
confidérable
qu'il
auroit
.
pû
l'être
,
eu égard
à
la
quantité prodigieufe
de
bombes
qu'ils
ont
jettées
.
Le
feu a été
éteint
avec
la
plus
grande promptitude par
les
troupes
&
les
Ouvriers
de
la
Marine
.
On
évalue
à
très
-
peu
de
choſe
la
perte
cauſée
par
le
feu
de l'Enne-
mi
dans
les
chantiers
de
conſtruction
.
Elle
a
été
réparée fur
le
champ
.
Il
eft
à
préfumer que
les
bombardes
des
Ennemis
ont
été
miſes hors
de
combat
,
tant
par
le
feu
qu'elles
ont
effuyé
denos
batteries
,
que
par
les efforts
de
leurs
pro-pres
mortiers
,
qui
étoient
chargés de
trente
à
trente
-
fix livres
de poudre
.
Le 2 de ce mois on apperçut de cette Ville
trois Frégates Angloiſes. Le 3 à fix heures du ma-
tin la flotte Angloife parut : les Ennemis tirèrent
cinq bombes pour en effayer la portée. Le 4 ils
s'approchèrent à la pointe du jour avec leurs tro
bombardes , dont l'une fut établie vis-à-vis de la
jettée , & les deux autres en face du Chantier où
Ï'on conftruit les batteaux. Ils commencèrent à
trois heures & demie du matin à jetter des bom-
bes de tous côtés. Plusieurs tombèrent dans la
Ville & dans la Citadelle fans caufer de dom-
mage. Ils tirèrent jufqu'à minuit ; mais pendant
cet intervalle , leur feu fe rallentiffoit de temps
à autre. Ils recommencerent à tirer les à trois
heures du matin : leur feu continua juſqu'à ſept
heures du ſoir. A neuf heures ils appareillerent,
·
A
·
OUST
.
1759
.
199
&
ils
replièrent la
moitié
de
leur
ligne
fur
leur
gauche
.
A
onze
heures
du
foir
ils
recommence-
rent
leur
fen
,
&
ne
jettèrent
pendant
la
nuit
qu'en-
viron
une douzaine de
bombes
,
fans
beaucoup
de
fuccès
.
Leur
feu
cella
entièrement
le
6
au
matin
.
A
midi
on
apperçut
qu'ils
faifoient
beaucoup
de
mouvemens
.
Les
Ennemis
ont gardé
leur
pofi-tion
jufqu'au ſept
à
neuf
heures
du
matin
,
ayane
leur
droite
à
la hauteur
du
Cap
de
la
Have
,
&
fans
jetter
aucune
bombe
.
Les Ouvriers
ont
repris
le
travail
fur
le chantier
,
&
l'on
doit
mettre
l'eau
aujourd'hui
trois
nouveaux
bateaux
calfatés
.
Les
Anglois ont
appareillé à
dix
heures
du
matin
.
Le
vent
fait
juger
qu'ils
tiennent
route
de
départ
.
A
trois
heures
après
midi
ils
étoient
déja
à
quatre
lieues
,
faifant
route
vraisemblablement
pour
ren-
trer
dans
leur
ports
.
Le
dommage
n'a
pas
été
,
à
beauconp
près
,
autfi
confidérable
qu'il
auroit
.
pû
l'être
,
eu égard
à
la
quantité prodigieufe
de
bombes
qu'ils
ont
jettées
.
Le
feu a été
éteint
avec
la
plus
grande promptitude par
les
troupes
&
les
Ouvriers
de
la
Marine
.
On
évalue
à
très
-
peu
de
choſe
la
perte
cauſée
par
le
feu
de l'Enne-
mi
dans
les
chantiers
de
conſtruction
.
Elle
a
été
réparée fur
le
champ
.
Il
eft
à
préfumer que
les
bombardes
des
Ennemis
ont
été
miſes hors
de
combat
,
tant
par
le
feu
qu'elles
ont
effuyé
denos
batteries
,
que
par
les efforts
de
leurs
pro-pres
mortiers
,
qui
étoient
chargés de
trente
à
trente
-
fix livres
de poudre
.
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Résumé : DU HAVRE, le 7 Juillet.
Du 2 au 7 juillet, Le Havre fut la cible d'attaques navales britanniques. Le 2 juillet, trois frégates anglaises furent repérées. Le 3 juillet, la flotte anglaise apparut et testa ses armes. Le 4 juillet, trois bombardes ennemies commencèrent à bombarder la ville et la citadelle dès 3h30 du matin, avec des pauses intermittentes jusqu'à 19 heures. Les attaques reprirent à 21 heures et 23 heures, sans causer de dommages significatifs. Le 6 juillet, le bombardement cessa. Le 7 juillet, les navires anglais quittèrent la zone. Les dégâts furent minimes, les incendies furent rapidement maîtrisés par les troupes et les ouvriers. Les pertes dans les chantiers de construction furent légères et réparées immédiatement. Les bombardes ennemies furent probablement neutralisées par le feu des batteries françaises et leurs propres mortiers.
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7
p. 195-197
DE LONDRES, le 11 Novembre.
Début :
L'expédition tentée contre Sutatte a eu le succès qu'on desiroit. [...]
Mots clefs :
Flotte anglaise, Bombay, Débarquement, Troupes, Attaque, Désertion, Parlement, Discours, Succès des armes, Sa Majesté anglaise, Caroline, Sauvages, Colonies, Attaques, Forts, Capitaine, New York, Français, Expéditions, Officiers, Québec
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 11 Novembre.
DE LONDRES , le 11 Novembre.
L'expédition tentée contre Suratte a eu le fuccès
qu'on defiroit. La flotte partit de Bombai à la fin
de Février. Les troupes de débarquement étoient
comparées de huit cens Européens & de trois
mille Cipayes. On arriva heureuſement ſur la
côte; mais quand il fut queftion d'entrer dans la
riviere , on ne pût faire aucun ulage des gros
vaiffeaux . On eut beaucoup de peine à faire avancer
jufqu'à la ville un bâtiment de vingt pièces
de canon , & quatre galiotes à bombes. Les troupes
débarquèrent ; elles attaquèrent la place , &
furent repouffées deux fois avec beaucoup de
perte. La défertion , qui devint confidérable , en
diminua encore le nombre. On tenta un dernier
effort. Le bâtiment & les galiotes eurent ordre
de rompre la chaîne qui fermoir l'entrée du port.
Dès que la chaîne fut rompue , on reprit l'attaque
de la place , & dans l'efpace de quatre heures
ony jetta quarante - deux bombes & cinq cens
boulets. La garnifon répondit à ce feu violent par
celui de quatre batteries, qui tuèrent ou bleſsèrent
près de la moitié des équipages de nos bâtimens.
Le 2 Mars le Château capitula , & nos troupes
entrèrent dans la place .
Du 16.
Le 13 de ce mois , le Parlement fut aſſemblé.
Les féances commencèrent dans les deux Cham-
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
bres par la lecture d'un Difcours qui leur fut
adreffé de la part du Roi. Ce Difcours rappelle
les principaux fuccès qui ont couronné les armes
de Sa Majesté. Le Roi déclare que comme il n'a
point commencé la guerre par des vues d'ambi
tion , il eft fort éloigné de la continuer par un
motif de reffentiment ; qu'il defire fincèrement de
voir la paix rétablie , & qu'il écoutera volontiers
les propofitions qui pourront lui être faites , pourvu
qu'elles foient honorables pour Sa Majesté &
pour les Alliés.
Du 30.
Nous venons de recevoir les nouvelles fuivantes
de Charleſtown dans la Caroline . Les François
ont mis en mouvement la Nation Indienne
des Chorokées . Ces Sauvages au nombre de trois
mille hommes ont pénétré dans quelques - unes
de nos Colonies. Ils ont paru dans le voisinage
du Fort Laudon , & ont enlevé la chevelure à
quelques foldats de la garnison de ce Fort. Les
habitans de ces contrées ont pris l'épouvante à
leur approche , & ont cherché un afyle dans le
Fort Prince-George. Ils ont rencontré dans les
bois plufieurs partis de ces Sauvages , dont ils
n'ont évité la fureur qu'en abandonnant la plus
grande partie de leurs effets . Plufieurs des Indiens
qui avoient marqué le plus de zèle pour
nos intérêts , font juftement foupçonnés de fomenter
la guerre. Plufieurs établiflemens de
grande valeur ont été abandonnés . Les Fermiers
& les Cultivateurs ont pris la fuite , pour ne
pas demeurer expofés à la cruauté des Sauvages.
Le Capitaine , Stuart marche avec un Corps
de troupes vers le pays des Cherokées . On efpere
beaucoup de l'habileté & de la bravoure de
cet Officier. Les Compagnies Provinciales & fes
Milices ont ordre de fe tenir prêtes à marcher.
JANVIER. 1966 . 197
Ön mande de la nouvelle York les détails
fuivans. Les troupes aux ordres du Général Amherft
ont été occupées jufqu'au 10 Octobre à
fortifier la pointe de la Couronne . On a entrepris
d'y conftruire trois Forts fur les hauteurs
qui commandent cette Place. Dès les premiers
jours d'Octobre , le Général Amherst fit fes dif
pofitions pour traverfer le Lac Champlin. Toutes
les difpofitions étant faites pour l'embarquement,
les troupes au nombre de quatre mille cinq cens
hommes , fe rendirent à bord des bateaux . Le
11 Novembre la flotte mit à la voile , & quelques
jours après elle mouilla à la hauteur du
Fort Saint Jean. Trois bâtimens François étoient
fur cette côte. Le Général Amherſt les fit attaquer.
Deux furent coulés à fond , & le troifiéme
échoua . Les vents contraires empêcherent ce Général
de poursuivre fon expédition ; & le 21 , il
fut obligé de revenir à la pointe de la Couronne .
Un corps de dix mille hommes de troupes fran
çoifes occupe différens poftes , & ne laifle aucune
fureté entre Québec & la pointe de la Couronne.
Le Général Amherſt a beaucoup à craindre
d'un Corps i nombreux. Les Officiers qui le
commandoient , annoncent faas diffimulation ,
qu'auffitôt que la glace fera affez forte pour porter
leur artillerie , ils paroîtront fur les murs de
Québec.
L'expédition tentée contre Suratte a eu le fuccès
qu'on defiroit. La flotte partit de Bombai à la fin
de Février. Les troupes de débarquement étoient
comparées de huit cens Européens & de trois
mille Cipayes. On arriva heureuſement ſur la
côte; mais quand il fut queftion d'entrer dans la
riviere , on ne pût faire aucun ulage des gros
vaiffeaux . On eut beaucoup de peine à faire avancer
jufqu'à la ville un bâtiment de vingt pièces
de canon , & quatre galiotes à bombes. Les troupes
débarquèrent ; elles attaquèrent la place , &
furent repouffées deux fois avec beaucoup de
perte. La défertion , qui devint confidérable , en
diminua encore le nombre. On tenta un dernier
effort. Le bâtiment & les galiotes eurent ordre
de rompre la chaîne qui fermoir l'entrée du port.
Dès que la chaîne fut rompue , on reprit l'attaque
de la place , & dans l'efpace de quatre heures
ony jetta quarante - deux bombes & cinq cens
boulets. La garnifon répondit à ce feu violent par
celui de quatre batteries, qui tuèrent ou bleſsèrent
près de la moitié des équipages de nos bâtimens.
Le 2 Mars le Château capitula , & nos troupes
entrèrent dans la place .
Du 16.
Le 13 de ce mois , le Parlement fut aſſemblé.
Les féances commencèrent dans les deux Cham-
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
bres par la lecture d'un Difcours qui leur fut
adreffé de la part du Roi. Ce Difcours rappelle
les principaux fuccès qui ont couronné les armes
de Sa Majesté. Le Roi déclare que comme il n'a
point commencé la guerre par des vues d'ambi
tion , il eft fort éloigné de la continuer par un
motif de reffentiment ; qu'il defire fincèrement de
voir la paix rétablie , & qu'il écoutera volontiers
les propofitions qui pourront lui être faites , pourvu
qu'elles foient honorables pour Sa Majesté &
pour les Alliés.
Du 30.
Nous venons de recevoir les nouvelles fuivantes
de Charleſtown dans la Caroline . Les François
ont mis en mouvement la Nation Indienne
des Chorokées . Ces Sauvages au nombre de trois
mille hommes ont pénétré dans quelques - unes
de nos Colonies. Ils ont paru dans le voisinage
du Fort Laudon , & ont enlevé la chevelure à
quelques foldats de la garnison de ce Fort. Les
habitans de ces contrées ont pris l'épouvante à
leur approche , & ont cherché un afyle dans le
Fort Prince-George. Ils ont rencontré dans les
bois plufieurs partis de ces Sauvages , dont ils
n'ont évité la fureur qu'en abandonnant la plus
grande partie de leurs effets . Plufieurs des Indiens
qui avoient marqué le plus de zèle pour
nos intérêts , font juftement foupçonnés de fomenter
la guerre. Plufieurs établiflemens de
grande valeur ont été abandonnés . Les Fermiers
& les Cultivateurs ont pris la fuite , pour ne
pas demeurer expofés à la cruauté des Sauvages.
Le Capitaine , Stuart marche avec un Corps
de troupes vers le pays des Cherokées . On efpere
beaucoup de l'habileté & de la bravoure de
cet Officier. Les Compagnies Provinciales & fes
Milices ont ordre de fe tenir prêtes à marcher.
JANVIER. 1966 . 197
Ön mande de la nouvelle York les détails
fuivans. Les troupes aux ordres du Général Amherft
ont été occupées jufqu'au 10 Octobre à
fortifier la pointe de la Couronne . On a entrepris
d'y conftruire trois Forts fur les hauteurs
qui commandent cette Place. Dès les premiers
jours d'Octobre , le Général Amherst fit fes dif
pofitions pour traverfer le Lac Champlin. Toutes
les difpofitions étant faites pour l'embarquement,
les troupes au nombre de quatre mille cinq cens
hommes , fe rendirent à bord des bateaux . Le
11 Novembre la flotte mit à la voile , & quelques
jours après elle mouilla à la hauteur du
Fort Saint Jean. Trois bâtimens François étoient
fur cette côte. Le Général Amherſt les fit attaquer.
Deux furent coulés à fond , & le troifiéme
échoua . Les vents contraires empêcherent ce Général
de poursuivre fon expédition ; & le 21 , il
fut obligé de revenir à la pointe de la Couronne .
Un corps de dix mille hommes de troupes fran
çoifes occupe différens poftes , & ne laifle aucune
fureté entre Québec & la pointe de la Couronne.
Le Général Amherſt a beaucoup à craindre
d'un Corps i nombreux. Les Officiers qui le
commandoient , annoncent faas diffimulation ,
qu'auffitôt que la glace fera affez forte pour porter
leur artillerie , ils paroîtront fur les murs de
Québec.
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Résumé : DE LONDRES, le 11 Novembre.
Le 11 novembre, une expédition contre Suratte a réussi. La flotte, partie de Bombay fin février, comprenait huit cents Européens et trois mille Cipayes. Après un débarquement réussi, les troupes ont rencontré des difficultés avec les gros vaisseaux pour avancer vers la ville. Un bâtiment de vingt pièces de canon et quatre galiotes à bombes ont été utilisés pour rompre la chaîne fermant l'entrée du port. Après un assaut intense de quatre heures, la garnison a capitulé le 2 mars, permettant aux troupes d'entrer dans la place. Le 16 novembre, le Parlement a été assemblé et les féances ont commencé par la lecture d'un discours du roi. Ce discours rappelait les succès militaires et exprimait le désir du roi de rétablir la paix de manière honorable. Le 30 novembre, des nouvelles de Charlestown en Caroline ont rapporté que les Français avaient incité la nation indienne des Cherokées à attaquer les colonies. Trois mille Sauvages ont pénétré dans les colonies, semant la peur parmi les habitants. Le Capitaine Stuart a été envoyé avec des troupes pour contrer cette menace. À New York, les troupes du Général Amherst ont fortifié la pointe de la Couronne et ont tenté de traverser le Lac Champlain. Cependant, des vents contraires ont obligé le Général à revenir. Un corps de dix mille troupes françaises occupe divers postes entre Québec et la pointe de la Couronne, posant une menace significative.
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