Résultats : 1508 texte(s)
Détail
Liste
551
p. 750-751
« On nous écrit de Florence, qu'on va bien-tôt donner au Public le second Tome [...] »
Début :
On nous écrit de Florence, qu'on va bien-tôt donner au Public le second Tome [...]
Mots clefs :
Florence, Cardinal, Traduction italienne, Comédies, Prélat
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texteReconnaissance textuelle : « On nous écrit de Florence, qu'on va bien-tôt donner au Public le second Tome [...] »
On nous écrit de Florence , qu'on va
bien- tôt donner au Public le second Tome
, in folio , del nuovo Vocabolario della
Crousca. L'Imprimerie établie à Urbain ,
par les soins du Cardinal Annibal Albani ,
continue à donner au Public des Ouvrages
considerables ; on imprime actuellement
une Traduction Italienne , in Verso
sciolto , des Comédies de Terence , par
M. Fortiguerra , dont on loue beaucoup
Fexactitude et l'élegance. Le même Prélat
avoit été chargé par Clement XI . d'exè
traire de la grande collection des Actes.
d'Angleterre par Rimer , tout ce qui pouvoit
être favorable , ou seulement avoir
quelque rapport au S.Siege , et d'y ajoûter
qé ,
AVRIL. 17312 731
quelques Notes. Cet Ouvrage est achevé
, et on assure qu'il ne tardera pas
voir le jour.
bien- tôt donner au Public le second Tome
, in folio , del nuovo Vocabolario della
Crousca. L'Imprimerie établie à Urbain ,
par les soins du Cardinal Annibal Albani ,
continue à donner au Public des Ouvrages
considerables ; on imprime actuellement
une Traduction Italienne , in Verso
sciolto , des Comédies de Terence , par
M. Fortiguerra , dont on loue beaucoup
Fexactitude et l'élegance. Le même Prélat
avoit été chargé par Clement XI . d'exè
traire de la grande collection des Actes.
d'Angleterre par Rimer , tout ce qui pouvoit
être favorable , ou seulement avoir
quelque rapport au S.Siege , et d'y ajoûter
qé ,
AVRIL. 17312 731
quelques Notes. Cet Ouvrage est achevé
, et on assure qu'il ne tardera pas
voir le jour.
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Résumé : « On nous écrit de Florence, qu'on va bien-tôt donner au Public le second Tome [...] »
En avril 1731, la publication du second tome du Vocabolario della Crusca est annoncée. L'imprimerie d'Urbain, dirigée par le Cardinal Annibal Albani, imprime une traduction italienne des comédies de Térence par M. Fortiguerra. Albani a également achevé un ouvrage sur les Actes d'Angleterre, commandé par Clément XI, qui sera bientôt publié.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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552
p. 768-771
« Le Mardi 3. de ce mois, les Comédiens François ouvrirent [...] »
Début :
Le Mardi 3. de ce mois, les Comédiens François ouvrirent [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français, Comédie en vers, Rime, Tragédie, Comédiens-Italiens, Londres, Académie royale de musique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Mardi 3. de ce mois, les Comédiens François ouvrirent [...] »
SPECTACLE S.
E Mardi 3. de ce mois , les Comédiens
François ouvrirent leur Theatre
par la Tragedie de Polyeucte , qui fut
suivie de la Comedie d'Alcibiade. Le
Sieur de Montemenil fit un compliment
au Public qui fut fort bien reçu .
Quelques jours après ils remirent au
theatre la Comédie en vers , et en trois
Actes , de l'Ecole des Amans de M. Joli ,
qu'on revoit avec un extrême plaisir ; car
outre que c'est un très bon ouvrage ,
dont les honnêtes, gens et les gens d'esprit
et de goût font beaucoup de cas ,
on peut dire que cette piece est jouée dans
la plus grande perfection . Le Sieur Quinaut
y joue le principal rôle , et le Sieur
de Grandval celui de son rival . Les
Diles Labat et Quinaut y remplis
sent ceux de la Maîtresse et de la Gouvernante
, et les Sieurs Poisson et Montmenil
, joüent les deux valets.
Il vient de paroître une nouvelle edition
de cette Piece , chez Chaubert , Quai
des Augustins , qui doit faire honneur
au Libraire non seulement la correction
, mais par la beauté du papier
, par
ct
AVRIL. 1731. 769
+
et par la netteté des caracteres .
On apprend dans l'avertissement que
M. Joly , auteur de cette excellente Piece
, a non seulement refondu plusieurs
vers , mais encore rétabli des rimes qui
n'étoient pas exactes. Je sçai , dit- il , que
de celebres Poëtes modernes se croyent en
droit de regarder la rime comme un vain
ornement dont notre Poësie peut se pas
ser , ou plutôt comme une servitude incommode
, dont il sied bien à des esprits
superieurs de secouer le joug : présomption
qui seule les affranchit d'une
regle que nos plus grands Maîtres ont respectée.
Pour moi j'ai suivi autant qu'il
m'a été possible , l'exemple de ceux- ci ,
étant bien persuadé qu'un Auteur dont
les Ouvrages ne sont pas sans défauts ,
doit du moins faire ensorte qu'on ne puisse
pas lui reprocher la négligence ou la
singularité.
C
>
Le 14. Les mêmes Comédiens remirent
au Theatre la Tragedie de Saul ,
de M. l'Abbé Nadal , qui eut un fort
grand succez dans sa nouveauté il y a
25. ans , elle n'en a pas moins aujourd'hui.
Le Sieur Dufresne y joüe le principal
rôle. La Dlle Balicour y remplit
celui de la Pythonisse.
Le 3: Avril les Comédiens Italiens
G firent
770 MERCURE DE FRANCE
firent l'ouverture de leur Theatre par
la Comédie de Timon le Misantrope , avec
tous ses agrémens , elle fut suivie de la
petite Piece de l'Isle des Efclaves. Le
Sieur Sticotti fit le compliment qu'on
fait ordinairement toutes les années à la
rentrée du Theatre.
Le 7. ils représenterent à la Cour la
-Double Inconftance , et Arlequin poli par
l'Amour , et le 21. Arlequin Sauvage et
l'Isle des Efclaves.
Le : 11. ils remirent au Théatre le
Trefor fuppofe , Comédie en trois actes ,
avec dés divertissemens , joüée dans sa
nouveauté en Fevrier 1720 .
>
On a représenté à Londres sur les Thea
tres de Drury- Lane et de Lincolns-
Infields , deux Comedies nouvelles , intitulées
le Reffentiment des femmes , et La
Femme Campagnarde .
Le 3. Avril l'Académie Royale de Musique
donna pour l'ouverture du Thea
tre une représentation de Phaeton avec
un très grand concours ; il paroît que
le public ne se lasse point de revoir
ce magnifique Opera.
Le 12. on donna une représentation
de Thesée pour les Acteurs , comme cela
se pratique toutes les années ; la Die.Camargo
AVR FL. 1731 .
77¹
margo , les Sieurs Blondi et Dumoulins
danserent le pas de Trois à la fin de la Piece
, qui fait toûjours beaucoup de plaisir.
E Mardi 3. de ce mois , les Comédiens
François ouvrirent leur Theatre
par la Tragedie de Polyeucte , qui fut
suivie de la Comedie d'Alcibiade. Le
Sieur de Montemenil fit un compliment
au Public qui fut fort bien reçu .
Quelques jours après ils remirent au
theatre la Comédie en vers , et en trois
Actes , de l'Ecole des Amans de M. Joli ,
qu'on revoit avec un extrême plaisir ; car
outre que c'est un très bon ouvrage ,
dont les honnêtes, gens et les gens d'esprit
et de goût font beaucoup de cas ,
on peut dire que cette piece est jouée dans
la plus grande perfection . Le Sieur Quinaut
y joue le principal rôle , et le Sieur
de Grandval celui de son rival . Les
Diles Labat et Quinaut y remplis
sent ceux de la Maîtresse et de la Gouvernante
, et les Sieurs Poisson et Montmenil
, joüent les deux valets.
Il vient de paroître une nouvelle edition
de cette Piece , chez Chaubert , Quai
des Augustins , qui doit faire honneur
au Libraire non seulement la correction
, mais par la beauté du papier
, par
ct
AVRIL. 1731. 769
+
et par la netteté des caracteres .
On apprend dans l'avertissement que
M. Joly , auteur de cette excellente Piece
, a non seulement refondu plusieurs
vers , mais encore rétabli des rimes qui
n'étoient pas exactes. Je sçai , dit- il , que
de celebres Poëtes modernes se croyent en
droit de regarder la rime comme un vain
ornement dont notre Poësie peut se pas
ser , ou plutôt comme une servitude incommode
, dont il sied bien à des esprits
superieurs de secouer le joug : présomption
qui seule les affranchit d'une
regle que nos plus grands Maîtres ont respectée.
Pour moi j'ai suivi autant qu'il
m'a été possible , l'exemple de ceux- ci ,
étant bien persuadé qu'un Auteur dont
les Ouvrages ne sont pas sans défauts ,
doit du moins faire ensorte qu'on ne puisse
pas lui reprocher la négligence ou la
singularité.
C
>
Le 14. Les mêmes Comédiens remirent
au Theatre la Tragedie de Saul ,
de M. l'Abbé Nadal , qui eut un fort
grand succez dans sa nouveauté il y a
25. ans , elle n'en a pas moins aujourd'hui.
Le Sieur Dufresne y joüe le principal
rôle. La Dlle Balicour y remplit
celui de la Pythonisse.
Le 3: Avril les Comédiens Italiens
G firent
770 MERCURE DE FRANCE
firent l'ouverture de leur Theatre par
la Comédie de Timon le Misantrope , avec
tous ses agrémens , elle fut suivie de la
petite Piece de l'Isle des Efclaves. Le
Sieur Sticotti fit le compliment qu'on
fait ordinairement toutes les années à la
rentrée du Theatre.
Le 7. ils représenterent à la Cour la
-Double Inconftance , et Arlequin poli par
l'Amour , et le 21. Arlequin Sauvage et
l'Isle des Efclaves.
Le : 11. ils remirent au Théatre le
Trefor fuppofe , Comédie en trois actes ,
avec dés divertissemens , joüée dans sa
nouveauté en Fevrier 1720 .
>
On a représenté à Londres sur les Thea
tres de Drury- Lane et de Lincolns-
Infields , deux Comedies nouvelles , intitulées
le Reffentiment des femmes , et La
Femme Campagnarde .
Le 3. Avril l'Académie Royale de Musique
donna pour l'ouverture du Thea
tre une représentation de Phaeton avec
un très grand concours ; il paroît que
le public ne se lasse point de revoir
ce magnifique Opera.
Le 12. on donna une représentation
de Thesée pour les Acteurs , comme cela
se pratique toutes les années ; la Die.Camargo
AVR FL. 1731 .
77¹
margo , les Sieurs Blondi et Dumoulins
danserent le pas de Trois à la fin de la Piece
, qui fait toûjours beaucoup de plaisir.
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Résumé : « Le Mardi 3. de ce mois, les Comédiens François ouvrirent [...] »
Le 3 avril 1731, les Comédiens Français inaugurèrent leur théâtre avec la tragédie 'Polyeucte' et la comédie 'Alcibiade'. Le Sieur de Montemenil reçut un accueil favorable pour son compliment. Quelques jours plus tard, ils reprirent 'L'École des Amants' de M. Joly, avec les rôles principaux interprétés par le Sieur Quinaut et le Sieur de Grandval. Une nouvelle édition de cette pièce, corrigée et améliorée, fut publiée chez Chaubert. Le 14 avril, ils jouèrent la tragédie 'Saul' de l'Abbé Nadal, avec le Sieur Dufresne et la Dame Balicour dans les rôles principaux. Le même jour, les Comédiens Italiens ouvrirent leur théâtre avec 'Timon le Misantrope' et 'L'Île des Esclaves'. Les 7 et 21 avril, ils représentèrent respectivement 'La Double Inconstance' et 'Arlequin Sauvage'. Le 11 avril, ils reprirent 'Le Trésor supposé'. À Londres, deux nouvelles comédies, 'Le Ressentiment des femmes' et 'La Femme Campagnarde', furent jouées sur les théâtres de Drury Lane et de Lincoln's Inn Fields. L'Académie Royale de Musique donna une représentation de 'Phaéton' le 3 avril et joua 'Thésée' le 12 avril, avec des danses des Sieurs Blondi et Dumoulins et de la Dame Camargo.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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553
p. 771-779
Idomenée, Opera remis , Extrait. [titre d'après la table]
Début :
Le 5. Avril on donne la Tragédie d'Idomenée, qui [...]
Mots clefs :
Tragédie, Prologue, Symphonie, Vénus, Dieux, Outrages, Jalousie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Idomenée, Opera remis , Extrait. [titre d'après la table]
Le s . Avril on donna la Tragedie
d'Idomenée , qui avoit été donnée dans sa
-nouveauté le 1 2. Janvier 1712. Le Poëme
est de M. Danchet , et la Musique de
M. Campra.
Au Prologue le Théatre représente les
Antres d'Eole ; ce Dieu y paroît au milieu
des vents , qui sont enchaînés à des
rochers. Ils veulent sortir de leurs prisons
; Eole les y retient malgré eux. Venus
annoncée par une douce symphonie ,
se présente à Eole , et lui parle ainsi :
Un vainqueur des Troyens fend la liquide plaine
;
Des rives de la Créte écarte ses vaisseaux ;
Ordonne aux Aquillons de soulever les eaux
Et de servir ma juste haine.
Eole.
Brisez vos fers ; pártez , vents orageux ;
De la Mere d'Amour allez remplir les voeux.
Les Aquilions sortent des Antres où ils
étoient renfermez , et s'élancent dans les
airs pour aller servir la haine de Venus.
Gij La
772 MERCURE
DE FRANCE
La fête de ce prologue est ordonnée
par Venus : en voici le motif.
Je vai remplir ta Cour
Des Nymphes et des Dieux soumis à ma puissance
;
Tandis que tes sujets exercent ma vengeance ,
Les miens viendront t'offrir les charmes de l'Amour.
?
les Plaisirs Venus appelle l'Amour
et les Jeux. Ce prologue a paru d'autant
plus heureusement imaginé, qu'ilannonce
la Tragedie,
Au premier Acte , le Théatre représente
le magnifique Palais des Rois de Crete,
Ilione , fille d'Agamemnon
, Roy d'Argos
et de Mycene , ouvre la Scene. Elle
fait connoître qu'elle est arrivée en Crete
dans un seul vaisseau que la tempête avoit
séparé de la flotte d'Idomenée ; elle ajoûte
qu'elle a méprisé l'amour de ce Roi , mais
qu'elle n'a pas été aussi insensible à celui
d'Idamante son fils qui ignore encore sa
victoire ; elle appelle la gloire et la fierté
à son secours,
Idamante ordonne à sa suite d'assembler
les Troyens ; il dit à Ilione qu'il est
rassuré sur le sort de son Pere que Minerve
a protegé contre la fureur de Neptune
; il lui annonce qu'il va délivrer les
Troyens
1
AVRIL: 1731. 773
Troyens en attendant le retour du Roi ,
persuadé qu'il les auroit lui-même remis.
en liberté , si les vents lui avoient permis
d'aborder en Créte ; il fui déclare son
amour ; elle en 'paroît offensée ; il lui réproche
l'injustice quelle a de vouloir pu
nir en lui ce qui n'est que le crime des
Dieux , ennemis des Troyens. Les Crétois
et les Troyens font le divertissement
de ce premier Acte ; on brise les chaînes
de ces derniers.
Arbas vient troubler la fête par une
fausse nouvelle de la mort d'Idomenée
qu'il annonce comme certaine . Electre qui
survient trouve fort étrange qu'on ait remis
les Troyens en liberté. Cette Princesse
Grecque , ne doutant point que cette
liberté ne soit l'ouvrage de l'amour d'Idamante
pour Ilione , s'abandonne à sa
jalouse rage, et ne respire que vengeance.
Au second Acte , le Théatre représente
les bords de la mer agitée par une tempê
te affreuse ; tout le fond est rempli de
vaisseaux qui ont fait ou qui vont faire
naufrage. Un choeur de Peuples prêts à
périr , ouvre la scene par ces deux vers :
O Dieux , ô justes Dieux , donnez -nous du se
cours' ;
Les vents , les mers , le ciel , tout menace nes
jours
Ciij Neptun
774 MERGURE DE FRANCE
Neptune sort de la mer , et dit à Idomenée
Ne crains plus les outrages
Des flots et des vents ennemis ;
Mais offre moi sur ces rivages
L'hommage que tu m'as promis.
Idomenée fait entendre à Arcas , qui
s'est sauvé du naufrage comme lui , le
funeste voeu qu'il a fait à Neptune ; voici
comme il s'explique :
Dans l'horreur du naufrage ,
Pour ravir à la mort mes sujets allarmés ,
Apprens les voeux que j'ai formés.
Voeux indiscrets , trop tard vous troublez mon
courage ;
Si Neptune en courroux faisoit cesser l'orage ,
J'ai promis d'immoler le premier des humains
Que je verrai sur le rivage.
Dans le sang innocent dois-je tremper res
mains.
Il voit paroître sa victime ; c'est son
propre fils qu'il ne connoît pas › attendu
la longueur du siege de Troye. Idamante
qui ne peut pas non plus le connoître , et
qui le prend pour un de ces malheureux
qui viennent de faire naufrave , lui offre
genereusement son secours ; la Scene est
trésAVRIL.
1731. 773
très -touchante de part et d'autre, et menagée
avec beaucoup d'art jusqu'au moment
de la reconnoissance. Idomenée saisi
d'horreur et accablé de tristesse , dit à
son fils qui le veut suivre,pour sçavoir ce
qui l'oblige à se refuser à ses embrassemens
:
Gårdez Vous de me suivre.
Pourquoi m'avez vous vû ? craignez de me revoir.
Idamante ne laisse pas de marcher sur
ses pas. Electre qui arrive croi qu'il la fuit;
elle implore Venus . La Déesse fait entendre
à Electre qu'elle va la vanger. Venus
évoque la jalousie qui vient avec sa suite ,
et fait la fête de ce second Acte , qui finit
par ces vers que Venus adresse à la jalousie.
Au coeur d'Idomenée inspirez la terreur
Contre son propre Fils allumez sa fureur,
La décoration du troisiéme Acte représente
le Port de Sydonie,
Idomenée ne se peut résoudre à donner
à Neptune la victime qu'il lui a promise
; de la tendresse de Pere , il passe
à la fureur d'un rival ; la liberté que son
fils a rendue aux Troyens lui persuade
qu'il aime Ilione , Arcas lui conseille d'éloigner
ce Prince ; Idomenće prend ce
G iiij parti ;
776 MERCURE DE FRANCE
parti ; Arcas par ses ordres va tout prépa
rer pour le départ d'Idamante qui selon
ce nouveau projet doit conduire Electre
à Argos et la vanger d'Egyste qui a usurpé
sur elle le thrône de ses yeux.
Ilione vient ; Idomenée la veut fuir
mais il demeure malgré lui ; il n'apprend
que trop ce qu'il avoit voulu ignorer , il
fait entendre à Ilione qu'elle a tout à craindre
pour son Amant , qui n'a pas besoin
pour périt du nom odieux de Rival .
>
Electre vient remercier Idomenée du
secours qu'il lui offre contre ses tyrans
Idomenée la quitte en lui disant que son
fils s'est chargé de la conduire et de la
vanger. Electre s'abandonne à sa joye ; les
Matelots grecs et tous ceux qui doivent
suivre cette Princesse viennent celebrer
leur retour dans leur Patrie après la fête ,
Prothée sort du fond des flots et annonce
à Idamenée la vengeance de Neptune
prête à tomber sur lui pour le punir de
son parjure ; l'orage empêche Electre de
partir ; Idomenée proteste qu'il n'immo .
lera jamais la victime que Neptune lui
demande . Un Monstre sorti de la mer ,
commence la vengeance de ce Dieu irrité.
Au quatriéme Acte , le Theatre représente
une campagne agréable , et dans l'éloignement
le Temple de Neptune.
Ilione
AVRIL. 1731. 777
Ilione fait des imprécations contre les
Crétois, et prie les Dieux de les faire tous
périr par le monstre ; son amour lui fait
excepter Idamante qui veut le combattre.
Idamanre vient faire ses derniers adieut
à Ilione , ne doutant point qu'il ne périsse
dans le projet que son désespoir lui fait
entreprendre ; le péril où ce Prince va
s'exposer , par la seule raison qu'il est
odieux à sa chere Ilione , détermine cette
Princesse à rompre un trop long silence
, et à déclarer son amour ; elle apprend
à son Amant qu'il a un rival re- .
doutable ; Idamante reconnoît par-là que
c'est le Roi.
Idomenée vient offrir un sacrifice à
Neptune ; il éloigne son fils du Temple
de ce Dieu , sans lui déclarer le funeste
voeu qu'il a fait.
Après cette premiere fête , qui consiste
en des hymnes chantez à la gloire de
Neptune , on entend des chants de victoire
derriere le Théatre ; Arcas vient apprendre
à Idomenée que le monstre a suc- ,
combé sous les coups d'Idamante ; Idomenée
se flatte d'avoir fléchi le Dieu des ,
flots,puisqu'il a permis que son fils triom
phât de ce monstre. Des Bergers et des
Bergeres , mêlés avec les habitans de Sydonie
, viennent celebrer la victoire d'I
damante. Après cette derniere fête , Ido-
G vj
menée
1
778 MERCURE DE ERANCE
menée se surmonte lui- même , et forme
la résolution de ceder Ilione à son fils ; il
n'en demeure pas là , il lui cede encore le
Trône , il en explique le motif
vers ;
par
ces
Le Roi seul fit un voeu fatal à tout mon sang ,
Cessons de l'etre ; il faut que mon fils dans mon
rang
:
Ait pour sa sureté la grandeur souveraine.
L'action du dernier Acte se passe dans
un lieu préparé pour le couronnement d'I
damante ; Electre au désespoir de l'hymen
dont on fait les apprêts , déclare sont
amour au Prince de Créte et voyant
qu'il ne l'écoute pas , elle sort pour aller
irriter la colere de Neptune contre tous
les Auteurs des outrages qu'elle a reçus en
ce jour .
Ilione et Idamante s'applaudissent de
leur prochain bonheur. Idomenée déclare
à ses Peuples que c'est son fils qui doit
désormais leur dispenser des loix ' ; il dit
galamment à Ilione qu'il se fait un plus
grand effort en la cedant à son fils , qu'en
lui remettant le pouvoir suprême. Les
Crétois font leur cour à leur nouveau
Maître , par des chants convenables à la
fête. Idomenée dépose sur un carreau son
Sceptre et sa Couronne. Nemesis sort des
Enfers
AVRIL. 1731. 779
1
par ces vers Enfers et trouble la fête
qu'elle adresse à Idomenée :
Du souverain des mers Ennemi temeraire ,
'Penses - tu donc ainsi désarmer sa colere ?
Voi Nemesis , les Dieux m'ont imposé la loi
D'exercer leur vengeance :
Que l'Univers avec effroi
Apprenne à respecter leur suprême puissance .
Nemesis rentre dans les Enfers ; le thrône
se brise , et les furies emportent le
pavillon qui le couvroit. Idomenée devenu
furieux , se croit transporté dans un
lieu où l'on offre un sacrifice à Neptune ;
il veut avoir l'honneur de porter le coup
mortel à la victime ; cette prétendue victime
est son propre fils , qu'il immole
de sa propre main ; après cet affreux
sacrifice , les Dieux lui rendent la
raison , pour lui découvrir son parricide ,
il veut s'en punir ; on lui arrache l'épée.
Ilione finit la Tragedie par ces vers .
Pour le punir , laissez le vivre ;
C'est à moi seul de mourir.
V
lc
Les Comédiens François ont représenté
à Versailles pendant ce mois
Légataire, et la Sérénade. Saul Tragédie
et Attendez - moi sous Porne. L'Ecole des
Amans , et Chrispin Medecin. Andronic ,
et l'Esprit de contradiction . L'Esprit folet ,
et la Comtesse d'Escarbagnas .
d'Idomenée , qui avoit été donnée dans sa
-nouveauté le 1 2. Janvier 1712. Le Poëme
est de M. Danchet , et la Musique de
M. Campra.
Au Prologue le Théatre représente les
Antres d'Eole ; ce Dieu y paroît au milieu
des vents , qui sont enchaînés à des
rochers. Ils veulent sortir de leurs prisons
; Eole les y retient malgré eux. Venus
annoncée par une douce symphonie ,
se présente à Eole , et lui parle ainsi :
Un vainqueur des Troyens fend la liquide plaine
;
Des rives de la Créte écarte ses vaisseaux ;
Ordonne aux Aquillons de soulever les eaux
Et de servir ma juste haine.
Eole.
Brisez vos fers ; pártez , vents orageux ;
De la Mere d'Amour allez remplir les voeux.
Les Aquilions sortent des Antres où ils
étoient renfermez , et s'élancent dans les
airs pour aller servir la haine de Venus.
Gij La
772 MERCURE
DE FRANCE
La fête de ce prologue est ordonnée
par Venus : en voici le motif.
Je vai remplir ta Cour
Des Nymphes et des Dieux soumis à ma puissance
;
Tandis que tes sujets exercent ma vengeance ,
Les miens viendront t'offrir les charmes de l'Amour.
?
les Plaisirs Venus appelle l'Amour
et les Jeux. Ce prologue a paru d'autant
plus heureusement imaginé, qu'ilannonce
la Tragedie,
Au premier Acte , le Théatre représente
le magnifique Palais des Rois de Crete,
Ilione , fille d'Agamemnon
, Roy d'Argos
et de Mycene , ouvre la Scene. Elle
fait connoître qu'elle est arrivée en Crete
dans un seul vaisseau que la tempête avoit
séparé de la flotte d'Idomenée ; elle ajoûte
qu'elle a méprisé l'amour de ce Roi , mais
qu'elle n'a pas été aussi insensible à celui
d'Idamante son fils qui ignore encore sa
victoire ; elle appelle la gloire et la fierté
à son secours,
Idamante ordonne à sa suite d'assembler
les Troyens ; il dit à Ilione qu'il est
rassuré sur le sort de son Pere que Minerve
a protegé contre la fureur de Neptune
; il lui annonce qu'il va délivrer les
Troyens
1
AVRIL: 1731. 773
Troyens en attendant le retour du Roi ,
persuadé qu'il les auroit lui-même remis.
en liberté , si les vents lui avoient permis
d'aborder en Créte ; il fui déclare son
amour ; elle en 'paroît offensée ; il lui réproche
l'injustice quelle a de vouloir pu
nir en lui ce qui n'est que le crime des
Dieux , ennemis des Troyens. Les Crétois
et les Troyens font le divertissement
de ce premier Acte ; on brise les chaînes
de ces derniers.
Arbas vient troubler la fête par une
fausse nouvelle de la mort d'Idomenée
qu'il annonce comme certaine . Electre qui
survient trouve fort étrange qu'on ait remis
les Troyens en liberté. Cette Princesse
Grecque , ne doutant point que cette
liberté ne soit l'ouvrage de l'amour d'Idamante
pour Ilione , s'abandonne à sa
jalouse rage, et ne respire que vengeance.
Au second Acte , le Théatre représente
les bords de la mer agitée par une tempê
te affreuse ; tout le fond est rempli de
vaisseaux qui ont fait ou qui vont faire
naufrage. Un choeur de Peuples prêts à
périr , ouvre la scene par ces deux vers :
O Dieux , ô justes Dieux , donnez -nous du se
cours' ;
Les vents , les mers , le ciel , tout menace nes
jours
Ciij Neptun
774 MERGURE DE FRANCE
Neptune sort de la mer , et dit à Idomenée
Ne crains plus les outrages
Des flots et des vents ennemis ;
Mais offre moi sur ces rivages
L'hommage que tu m'as promis.
Idomenée fait entendre à Arcas , qui
s'est sauvé du naufrage comme lui , le
funeste voeu qu'il a fait à Neptune ; voici
comme il s'explique :
Dans l'horreur du naufrage ,
Pour ravir à la mort mes sujets allarmés ,
Apprens les voeux que j'ai formés.
Voeux indiscrets , trop tard vous troublez mon
courage ;
Si Neptune en courroux faisoit cesser l'orage ,
J'ai promis d'immoler le premier des humains
Que je verrai sur le rivage.
Dans le sang innocent dois-je tremper res
mains.
Il voit paroître sa victime ; c'est son
propre fils qu'il ne connoît pas › attendu
la longueur du siege de Troye. Idamante
qui ne peut pas non plus le connoître , et
qui le prend pour un de ces malheureux
qui viennent de faire naufrave , lui offre
genereusement son secours ; la Scene est
trésAVRIL.
1731. 773
très -touchante de part et d'autre, et menagée
avec beaucoup d'art jusqu'au moment
de la reconnoissance. Idomenée saisi
d'horreur et accablé de tristesse , dit à
son fils qui le veut suivre,pour sçavoir ce
qui l'oblige à se refuser à ses embrassemens
:
Gårdez Vous de me suivre.
Pourquoi m'avez vous vû ? craignez de me revoir.
Idamante ne laisse pas de marcher sur
ses pas. Electre qui arrive croi qu'il la fuit;
elle implore Venus . La Déesse fait entendre
à Electre qu'elle va la vanger. Venus
évoque la jalousie qui vient avec sa suite ,
et fait la fête de ce second Acte , qui finit
par ces vers que Venus adresse à la jalousie.
Au coeur d'Idomenée inspirez la terreur
Contre son propre Fils allumez sa fureur,
La décoration du troisiéme Acte représente
le Port de Sydonie,
Idomenée ne se peut résoudre à donner
à Neptune la victime qu'il lui a promise
; de la tendresse de Pere , il passe
à la fureur d'un rival ; la liberté que son
fils a rendue aux Troyens lui persuade
qu'il aime Ilione , Arcas lui conseille d'éloigner
ce Prince ; Idomenće prend ce
G iiij parti ;
776 MERCURE DE FRANCE
parti ; Arcas par ses ordres va tout prépa
rer pour le départ d'Idamante qui selon
ce nouveau projet doit conduire Electre
à Argos et la vanger d'Egyste qui a usurpé
sur elle le thrône de ses yeux.
Ilione vient ; Idomenée la veut fuir
mais il demeure malgré lui ; il n'apprend
que trop ce qu'il avoit voulu ignorer , il
fait entendre à Ilione qu'elle a tout à craindre
pour son Amant , qui n'a pas besoin
pour périt du nom odieux de Rival .
>
Electre vient remercier Idomenée du
secours qu'il lui offre contre ses tyrans
Idomenée la quitte en lui disant que son
fils s'est chargé de la conduire et de la
vanger. Electre s'abandonne à sa joye ; les
Matelots grecs et tous ceux qui doivent
suivre cette Princesse viennent celebrer
leur retour dans leur Patrie après la fête ,
Prothée sort du fond des flots et annonce
à Idamenée la vengeance de Neptune
prête à tomber sur lui pour le punir de
son parjure ; l'orage empêche Electre de
partir ; Idomenée proteste qu'il n'immo .
lera jamais la victime que Neptune lui
demande . Un Monstre sorti de la mer ,
commence la vengeance de ce Dieu irrité.
Au quatriéme Acte , le Theatre représente
une campagne agréable , et dans l'éloignement
le Temple de Neptune.
Ilione
AVRIL. 1731. 777
Ilione fait des imprécations contre les
Crétois, et prie les Dieux de les faire tous
périr par le monstre ; son amour lui fait
excepter Idamante qui veut le combattre.
Idamanre vient faire ses derniers adieut
à Ilione , ne doutant point qu'il ne périsse
dans le projet que son désespoir lui fait
entreprendre ; le péril où ce Prince va
s'exposer , par la seule raison qu'il est
odieux à sa chere Ilione , détermine cette
Princesse à rompre un trop long silence
, et à déclarer son amour ; elle apprend
à son Amant qu'il a un rival re- .
doutable ; Idamante reconnoît par-là que
c'est le Roi.
Idomenée vient offrir un sacrifice à
Neptune ; il éloigne son fils du Temple
de ce Dieu , sans lui déclarer le funeste
voeu qu'il a fait.
Après cette premiere fête , qui consiste
en des hymnes chantez à la gloire de
Neptune , on entend des chants de victoire
derriere le Théatre ; Arcas vient apprendre
à Idomenée que le monstre a suc- ,
combé sous les coups d'Idamante ; Idomenée
se flatte d'avoir fléchi le Dieu des ,
flots,puisqu'il a permis que son fils triom
phât de ce monstre. Des Bergers et des
Bergeres , mêlés avec les habitans de Sydonie
, viennent celebrer la victoire d'I
damante. Après cette derniere fête , Ido-
G vj
menée
1
778 MERCURE DE ERANCE
menée se surmonte lui- même , et forme
la résolution de ceder Ilione à son fils ; il
n'en demeure pas là , il lui cede encore le
Trône , il en explique le motif
vers ;
par
ces
Le Roi seul fit un voeu fatal à tout mon sang ,
Cessons de l'etre ; il faut que mon fils dans mon
rang
:
Ait pour sa sureté la grandeur souveraine.
L'action du dernier Acte se passe dans
un lieu préparé pour le couronnement d'I
damante ; Electre au désespoir de l'hymen
dont on fait les apprêts , déclare sont
amour au Prince de Créte et voyant
qu'il ne l'écoute pas , elle sort pour aller
irriter la colere de Neptune contre tous
les Auteurs des outrages qu'elle a reçus en
ce jour .
Ilione et Idamante s'applaudissent de
leur prochain bonheur. Idomenée déclare
à ses Peuples que c'est son fils qui doit
désormais leur dispenser des loix ' ; il dit
galamment à Ilione qu'il se fait un plus
grand effort en la cedant à son fils , qu'en
lui remettant le pouvoir suprême. Les
Crétois font leur cour à leur nouveau
Maître , par des chants convenables à la
fête. Idomenée dépose sur un carreau son
Sceptre et sa Couronne. Nemesis sort des
Enfers
AVRIL. 1731. 779
1
par ces vers Enfers et trouble la fête
qu'elle adresse à Idomenée :
Du souverain des mers Ennemi temeraire ,
'Penses - tu donc ainsi désarmer sa colere ?
Voi Nemesis , les Dieux m'ont imposé la loi
D'exercer leur vengeance :
Que l'Univers avec effroi
Apprenne à respecter leur suprême puissance .
Nemesis rentre dans les Enfers ; le thrône
se brise , et les furies emportent le
pavillon qui le couvroit. Idomenée devenu
furieux , se croit transporté dans un
lieu où l'on offre un sacrifice à Neptune ;
il veut avoir l'honneur de porter le coup
mortel à la victime ; cette prétendue victime
est son propre fils , qu'il immole
de sa propre main ; après cet affreux
sacrifice , les Dieux lui rendent la
raison , pour lui découvrir son parricide ,
il veut s'en punir ; on lui arrache l'épée.
Ilione finit la Tragedie par ces vers .
Pour le punir , laissez le vivre ;
C'est à moi seul de mourir.
V
lc
Les Comédiens François ont représenté
à Versailles pendant ce mois
Légataire, et la Sérénade. Saul Tragédie
et Attendez - moi sous Porne. L'Ecole des
Amans , et Chrispin Medecin. Andronic ,
et l'Esprit de contradiction . L'Esprit folet ,
et la Comtesse d'Escarbagnas .
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Résumé : Idomenée, Opera remis , Extrait. [titre d'après la table]
En avril 1731, la tragédie 'Idoménée' a été représentée pour la première fois le 12 janvier 1712. Le poème est de M. Danchet et la musique de M. Campra. L'histoire commence dans les antres d'Éole, où Vénus demande à Éole de libérer les vents pour aider un vainqueur des Troyens. Le premier acte se déroule dans le palais des rois de Crète. Ilione, fille d'Agamemnon, révèle son arrivée en Crète et son mépris pour l'amour du roi Idoménée, mais pas pour celui de son fils Idamante. Idamante déclare son amour à Ilione, qui semble offensée. Arbas annonce faussement la mort d'Idoménée, provoquant la colère d'Électre, jalouse de l'amour entre Idamante et Ilione. Dans le second acte, sur les bords de la mer agitée, Neptune apparaît à Idoménée et lui rappelle un vœu funeste qu'il a fait. Idoménée voit son fils Idamante, qu'il ne reconnaît pas, et qui lui offre son aide. La scène est poignante jusqu'à la reconnaissance. Électre, croyant qu'Idamante la fuit, implore Vénus. Le troisième acte se déroule au port de Sydonie. Idoménée, déchiré entre sa tendresse paternelle et sa jalousie, décide d'éloigner Idamante. Ilione et Électre apparaissent, et Prothée annonce la vengeance de Neptune. Un monstre commence à attaquer. Le quatrième acte se passe dans une campagne agréable. Ilione prie les dieux contre les Crétois. Idamante combat le monstre et survit. Idoménée, croyant avoir apaisé Neptune, décide de céder le trône à Idamante. Le dernier acte se déroule lors du couronnement d'Idamante. Électre, désespérée, sort pour irriter Neptune. Idoménée déclare son abdication en faveur de son fils. Nemesis apparaît et trouble la fête, révélant qu'Idoménée doit payer pour son parricide. Idoménée, rendu furieux, tue son fils par erreur. Les dieux lui rendent la raison pour lui révéler son crime. Ilione conclut la tragédie en demandant que son père vive pour souffrir.
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554
p. 945-949
JUDITH, POEME, Tiré de l'Ecriture sainte. Qui par le jugement de l'Académie des Jeux Floraux a remporté cette année 1731. à Toulouze, le Prix destiné à ce genre de Poësie. Il est de M. l'Abbé Poncy de Neuville.
Début :
Aux cœurs humiliez l'Eternel est propice ; [...]
Mots clefs :
Cœurs humiliés, Justice, Holopherne, Assyrien, Miracles, Illusion
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texteReconnaissance textuelle : JUDITH, POEME, Tiré de l'Ecriture sainte. Qui par le jugement de l'Académie des Jeux Floraux a remporté cette année 1731. à Toulouze, le Prix destiné à ce genre de Poësie. Il est de M. l'Abbé Poncy de Neuville.
JUDITH ,
POEME ,
Tiré de l'Ecriture Sainte ,
Qui parlejugement de l'Académie des Jeux
Floraux a remporté cette année 1731 .
Toulouze , le Prix destiné à ce genre de
Poësie . Il est de M. l'Abbé Poncy de
Neuville.
Ux Aux coeurs humiliez l'Eternel est propice ;
Superbes Conquerans , redoutez sa Justice ,
46 MERCURE DE FRANÇE
Il change quand il veut , pour punir votre or
gueil ,
Les Lauriers en Cyprès et les Fêtes en deüil.
Holopherne , des Juifs méditoit la ruine ,
Sa fureur ravageoit la triste Palestine ,
La seule Bethulie ose lui résister ,
Mais helas ! que peut- elle ? et comment l'arrêter?
La faim , la soif , l'horreur
murailles ,
regnent
dans ses
Et la peste se joint au démon des Batailles.
Déja l'Assirien croit tenir sous ses Loix ,
Ces Juifs si renommez par de nombreux Exploits
Ces Juifs dont la valeur , maîtresse des obstacles ,
Tant de fois enfanta les plus fameux Miracles.
Superbe illusion : ô prophanes Humains ,
Adarez le Très-Haut , respectez ses desseins ;
Plus éloignez de vous que n'est dans sa carriere ;
L'Astre qui fait les jours et répand la lumiere ;
Que ne sont dans leurs cours ces Globes radieux ;
Dont sa magnificence a décéoré les Cieux.
Le Dieu des Juifs n'est point un Juge inexo
rable ,
11 va tendre à son Peuple une main secourable ,
Le cri de leur misere à son Trône est monté ,
Sa Justice s'appaise et cede à sa bonté ;
Mais quoi ! pour dissiper cette innombrable Ar
mée ,
Parmi des tourbillons de flamme et de fumée ,
Dien fera- t'il voler devant lui la terreur ?
En
1
AVRIL 1731. 947
Envoyera -t'il des Cieux l'Ange Exterminate ur ?
Non , non ; mais une Veuve obscure et solitaire ,
S'arrache par son ordre à sa retraite austere .
Judith va devenir l'instrument glorieux ,
Qui doit faire éclater sa grandeur à nos yeux.
De son Esprit Divin , cette Juive remplie ,
Elle seule entreprend de sauver Béthulie ,
Et le Dieu qui l'envoye ajoûte à ses beautez ,
Des riches ornemens les secours empruntez ;
Aux Tentes du Vainqueur elle arrive , il l'admire
Ce farouche Guerrier s'attendrit et soupire ;
Les Hebreux , lui dit- elle , ont mérité vos coups,
Seigneur , n'étendez pas sur moi votre courroux;
J'abandonne des murs que le Ciel abandonne ,
Où réside la mort et qu'un Camp environne.
Je viens vous découvrir des secrets importans.
Le Barbare l'écoute , il l'observe long-temps.
Judith lit dans ses yeux une ardeur témeraire :
Que cette ardeur coupable augmente sa colere !
La nuit succede au jour , un Festin fomptueux ,
Etale du Vainqueur le luxe fastueux
Des mets les plus exquis les tables sont comblées,
Les plus rares odeurs à l'Encens sont mêlées ;
"1Tout anime aux plaisirs ; des vins délicieux ,
Couronnent à l'envi des Vafes précieux .
Le Chef et les Soldats ont déposé leurs armes ,
La molesse triomphe , et ses perfides charmes ,
Enervent les esprits et versent dans les coeurs >
(
F D'un
948 MERCURE DE FRANCE
2
D'un poison dangereux les funestes douceurs.
Le superbe Holopherne ébloui de sa gloire
Va laisser de ses mains échapper la victoire.
Aveugle , il ne sent pas que pour les vrais Héros
Il n'est point d'ennemi pire que le repos.
Dans un calme trompeur , tel un Nocher peu sage,
S'abandonne à la joye et méprise l'orage.
Sur la foi des Zéphirs il dort paisiblement
Sa Nef semble regner sur l'humide Element
Les flots impétueux s'abbaissent devant elle ;
Mais tout à coup quel bruit ! ô disgrace cruelle!
Tous les vents déchaînez troublent le sein des
Mers ,
La nuit d'un voile obscur enveloppe les Airs ;
3 La Tempête , la Foudre et l'Onde mugissante ;
Des Eclairs redoublez la lueur palissante ,
Arrache, mais trop tard , le Nocher au sommeil.
Des fiers Affiriens tel sera le réveil ,
Ils sont ensevelis dans une longue yvresse ,
Les feux sont presque éteints et partout le bruit
cesse.
Judith veille , elle est seule , elle sent la terreur ;
Pour la premiere fois s'emparer de son coeur:
Mais bien-tôt bannissant cette crainte coupable
Elle ose envisager l'Ennemi redoutable ,
Sans suite et sur un lit lâchement étendu ,
Son large Coutelas y brille suspendu ;
Judith le prend , approche et son ame s'écrie ,
Dieu
AVRIL. 1731. 949
•
Dieu puissant , soutiens -moi , dêlivre Béthulie a
Toi dont jamais en vain je n'implorai le nom
Qui jadis mis le Glaive aux mains de Simeon ,
Pour punir de Sichem l'audace criminelle ,
Qui toûjours de ton Peuple embrassant la querelle
,>
Ouvris les vastes Mers à nos Ayeux errans ,
Et réunis leurs flots pour perdre leurs Tyrans
Toi qu'on nomme l'Arbitre et le Dieu des Batailles
;
Toi par qui Jericho vit tomber ses murailles
Jahel de Sisara termina le destin ;
David trancha les jours de l'altier Philistin
Le genereux Ahed illustra sa memoire .
Débora de mon sexe éternisa la gloire ;
Fais tomber sous mes coups dans l'infernale.nuit,
Le superbe vainqueur que ton courroux poursuit.
Que son trépas apprenne à craindre ton Empire.
Elle dit , elle frappe , et ce Vainqueur expire.
L'Hébreu met à son tour l'Idolâtre en ses fers ,
Quand le Ciel est pour nous , que peuvent les
Enfers
Si Deus pro nobis , quis contrà nos ?
POEME ,
Tiré de l'Ecriture Sainte ,
Qui parlejugement de l'Académie des Jeux
Floraux a remporté cette année 1731 .
Toulouze , le Prix destiné à ce genre de
Poësie . Il est de M. l'Abbé Poncy de
Neuville.
Ux Aux coeurs humiliez l'Eternel est propice ;
Superbes Conquerans , redoutez sa Justice ,
46 MERCURE DE FRANÇE
Il change quand il veut , pour punir votre or
gueil ,
Les Lauriers en Cyprès et les Fêtes en deüil.
Holopherne , des Juifs méditoit la ruine ,
Sa fureur ravageoit la triste Palestine ,
La seule Bethulie ose lui résister ,
Mais helas ! que peut- elle ? et comment l'arrêter?
La faim , la soif , l'horreur
murailles ,
regnent
dans ses
Et la peste se joint au démon des Batailles.
Déja l'Assirien croit tenir sous ses Loix ,
Ces Juifs si renommez par de nombreux Exploits
Ces Juifs dont la valeur , maîtresse des obstacles ,
Tant de fois enfanta les plus fameux Miracles.
Superbe illusion : ô prophanes Humains ,
Adarez le Très-Haut , respectez ses desseins ;
Plus éloignez de vous que n'est dans sa carriere ;
L'Astre qui fait les jours et répand la lumiere ;
Que ne sont dans leurs cours ces Globes radieux ;
Dont sa magnificence a décéoré les Cieux.
Le Dieu des Juifs n'est point un Juge inexo
rable ,
11 va tendre à son Peuple une main secourable ,
Le cri de leur misere à son Trône est monté ,
Sa Justice s'appaise et cede à sa bonté ;
Mais quoi ! pour dissiper cette innombrable Ar
mée ,
Parmi des tourbillons de flamme et de fumée ,
Dien fera- t'il voler devant lui la terreur ?
En
1
AVRIL 1731. 947
Envoyera -t'il des Cieux l'Ange Exterminate ur ?
Non , non ; mais une Veuve obscure et solitaire ,
S'arrache par son ordre à sa retraite austere .
Judith va devenir l'instrument glorieux ,
Qui doit faire éclater sa grandeur à nos yeux.
De son Esprit Divin , cette Juive remplie ,
Elle seule entreprend de sauver Béthulie ,
Et le Dieu qui l'envoye ajoûte à ses beautez ,
Des riches ornemens les secours empruntez ;
Aux Tentes du Vainqueur elle arrive , il l'admire
Ce farouche Guerrier s'attendrit et soupire ;
Les Hebreux , lui dit- elle , ont mérité vos coups,
Seigneur , n'étendez pas sur moi votre courroux;
J'abandonne des murs que le Ciel abandonne ,
Où réside la mort et qu'un Camp environne.
Je viens vous découvrir des secrets importans.
Le Barbare l'écoute , il l'observe long-temps.
Judith lit dans ses yeux une ardeur témeraire :
Que cette ardeur coupable augmente sa colere !
La nuit succede au jour , un Festin fomptueux ,
Etale du Vainqueur le luxe fastueux
Des mets les plus exquis les tables sont comblées,
Les plus rares odeurs à l'Encens sont mêlées ;
"1Tout anime aux plaisirs ; des vins délicieux ,
Couronnent à l'envi des Vafes précieux .
Le Chef et les Soldats ont déposé leurs armes ,
La molesse triomphe , et ses perfides charmes ,
Enervent les esprits et versent dans les coeurs >
(
F D'un
948 MERCURE DE FRANCE
2
D'un poison dangereux les funestes douceurs.
Le superbe Holopherne ébloui de sa gloire
Va laisser de ses mains échapper la victoire.
Aveugle , il ne sent pas que pour les vrais Héros
Il n'est point d'ennemi pire que le repos.
Dans un calme trompeur , tel un Nocher peu sage,
S'abandonne à la joye et méprise l'orage.
Sur la foi des Zéphirs il dort paisiblement
Sa Nef semble regner sur l'humide Element
Les flots impétueux s'abbaissent devant elle ;
Mais tout à coup quel bruit ! ô disgrace cruelle!
Tous les vents déchaînez troublent le sein des
Mers ,
La nuit d'un voile obscur enveloppe les Airs ;
3 La Tempête , la Foudre et l'Onde mugissante ;
Des Eclairs redoublez la lueur palissante ,
Arrache, mais trop tard , le Nocher au sommeil.
Des fiers Affiriens tel sera le réveil ,
Ils sont ensevelis dans une longue yvresse ,
Les feux sont presque éteints et partout le bruit
cesse.
Judith veille , elle est seule , elle sent la terreur ;
Pour la premiere fois s'emparer de son coeur:
Mais bien-tôt bannissant cette crainte coupable
Elle ose envisager l'Ennemi redoutable ,
Sans suite et sur un lit lâchement étendu ,
Son large Coutelas y brille suspendu ;
Judith le prend , approche et son ame s'écrie ,
Dieu
AVRIL. 1731. 949
•
Dieu puissant , soutiens -moi , dêlivre Béthulie a
Toi dont jamais en vain je n'implorai le nom
Qui jadis mis le Glaive aux mains de Simeon ,
Pour punir de Sichem l'audace criminelle ,
Qui toûjours de ton Peuple embrassant la querelle
,>
Ouvris les vastes Mers à nos Ayeux errans ,
Et réunis leurs flots pour perdre leurs Tyrans
Toi qu'on nomme l'Arbitre et le Dieu des Batailles
;
Toi par qui Jericho vit tomber ses murailles
Jahel de Sisara termina le destin ;
David trancha les jours de l'altier Philistin
Le genereux Ahed illustra sa memoire .
Débora de mon sexe éternisa la gloire ;
Fais tomber sous mes coups dans l'infernale.nuit,
Le superbe vainqueur que ton courroux poursuit.
Que son trépas apprenne à craindre ton Empire.
Elle dit , elle frappe , et ce Vainqueur expire.
L'Hébreu met à son tour l'Idolâtre en ses fers ,
Quand le Ciel est pour nous , que peuvent les
Enfers
Si Deus pro nobis , quis contrà nos ?
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Résumé : JUDITH, POEME, Tiré de l'Ecriture sainte. Qui par le jugement de l'Académie des Jeux Floraux a remporté cette année 1731. à Toulouze, le Prix destiné à ce genre de Poësie. Il est de M. l'Abbé Poncy de Neuville.
Le poème 'Judith' de l'Abbé Poncy de Neuville a remporté le prix de l'Académie des Jeux Floraux en 1731 à Toulouse. Il s'inspire de l'histoire biblique de Judith, une veuve juive qui sauve sa ville, Bethulie, assiégée par l'armée assyrienne dirigée par Holopherne. Judith utilise sa beauté et son intelligence pour approcher Holopherne, le séduire et finalement le tuer pendant son sommeil, libérant ainsi Bethulie. Le poème met en avant la justice divine et la protection de Dieu envers son peuple. Judith, guidée par Dieu, devient l'instrument de la délivrance de son peuple. La scène culminante montre Judith priant pour obtenir la force de tuer Holopherne, soulignant ainsi son rôle de héros biblique et l'intervention divine dans sa mission.
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555
p. 980-988
METAMORPHOSE DU PRINCE CAULO ET DE LA NIMPHE ORITHIE. Par M. de Verrieres, de l'Académie Royale des Belles Lettres de Caen, lûë dans l'Académie le 18. Janvier 1731.
Début :
Avant que de m'engager dans la lecture de cette Métamorphose, je crois / Au monde il n'est plages si reculées [...]
Mots clefs :
Métamorphose, Histoire poétique, Histoire fabuleuse, Muses, Apollon, Joconde, Amant, Zéphyrs, Asile
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texteReconnaissance textuelle : METAMORPHOSE DU PRINCE CAULO ET DE LA NIMPHE ORITHIE. Par M. de Verrieres, de l'Académie Royale des Belles Lettres de Caen, lûë dans l'Académie le 18. Janvier 1731.
METAMORPHOSE
DU PRINCE CAULO
ET
DE LA NIMPHE ORITHIE.
Par M. de Verrieres , de l'Académie Royale
des Belles Lettres de Caen , lûë dans l'Académie
le 18. Janvier 1731.
A
ir
Vant que de m'engager dans la lecture
de cette Métamorphose , je crois
qu'il ne sera pas inutile de la faire préceder
de quelques Remarques qui pourront servir
à l'intelligence du sujet.
L'Enlevement de la Nimphe Orithie par
Borée , est un point de l'Histoire fabuleuse
si généralement connu , que je croirois blesser
les lumieres des personnes qui m'écoutent
, si j'entrois là- dessus dans le moindre
détail. Je dis même les lumieres des Dames.
Je dois croire que celles qui honorent aujour-
A
1
AVRIL. 1731. 981
jourd'hui l'Académie de leur présence ont
du goût pour les Lettres , et qu'au moins
ne sont elles pas ignorantes dans les Sciences
légeres. C'est ainsi que j'appelle les Sciences
où elles peuvent entrer par des lectures
simplement amusantes ; des lectures , disje
, détachées de ces Sciences abstraites , où
f'on trouve à chaque pas des ronces des
épines , et des terres immenses à défricher ,
avant que de jouir de son travail.
L'Histoire Poëtique, et les Métamorphoses
d'Ovide sont entre les mains de tout le
monde. A la verité elles n'ont pas tout dit.
Quand on veut pousser ses recherches dans
'Histoire fabuleuse , on trouve encore à glaner
abondamment dans d'autres Auteurs .
La Métamorphose dont je viens de lire le
titre est une preuve. Si l'Héroine est géné
ralement connue , il n'en est peut-être pas
de même du Héros . On le chercheroit envain
chez les Grecs et les Romains , source
ordinaire où l'on a recours pour les faits anciens.
Caulo étoit d'un Païs où les uns ni les
autres ne pénetrerent jamais . Le Nord leur
étoit inconnu , et pour leur honneur ils auroient
mieux fait de s'en taire , que d'en rapporter
le peur qu'ils en ont dit sur des Mémoires
qui se refutoient d'eux-mêmes par le
merveilleux incroyable dont ils étoient remplis.
A la verité je dirois peut-être trop , si
Passurois que les peuples de ces Païs glacés
Gvj
ont
982 MERCURE DE FRANCE
1 ont de tout tems cultivé les Sciences : mais au
moins avoient ils soin de ne pas laisser dans
P'oubli les faits mémorables de leur tems
Ils les gravoient sur des rochers pour les
garantir de l'injure des siecles , et les transmettre
à la posterité. Les monumens qui en
restent dans le Nord, en font foi . Ils les
écrivoient en Vers , préjugé favorable pour
eux. Apollon ne dédaignoit pas d'éclairer
ces Climats sauvages , et les Muses y trou
voient des Sectateurs de leur culte. Que
penserai- je de ces Peuples ? L'augure en ess
facile à tirer : Capables de Science , malheu
reux de n'être pas éclairés par des lumieres
supérieures , il ne leur manquoit qu'un Pro+
tecteur éloquent , judicieux , poli , zélé pour
les Lettres , tel enfin que le nôtre , pour
disputer peut-être de prééminence avec l'Académie
si vantée d'Athénes:
Je ne balance point à prendre ici l'affir
mative : Puis- je moins faire pour la mémoi
re de nos ayeux : je dis nos ayeux ; ils le sont
sans doute , et n'est- ce pas de ces Peuples
que nous tirons notre origine ? N'est-ce pas
d'eux qu'est descendu jusqu'à nous ce génie
si propre à cultiver les Muses , et dont la
Province , et cette Ville en particulier , ont
donné tant de grands exemples .
Les Chroniques d'Iflande remontent aux
tems les plus reculés . Elles ont leurs differens
âges , ainsi que l'Histoire des Grecs
avoir
AVRIL. 1731. 983
avoit les siens. Age fabuleux , âge historique.
Il étoit des Herodotes , des Diodores
en Norvege , en Laponie , et dans la fameu
se Thulé , comme il en étoit en Grece et en
Sicile : Ces Chroniques , quoiqu'en partie
défectueuses , subsistent encore , et c'est où
j'ai puisé.mon sujet.
XXXXXXXXXXXXXX**
METAMORPHOSE
DU PRINCE CAULO
ET
DE LA NIMPHE ORITHIE
A
U monde il n'est plages si reculées
Qui de l'Amour ne sentent les ardeurs :
Torrens glacés , neiges amoncelées ,
Ne sont remparts.contre ses traits vainqueurs
Sa chaleur n'est par le froid amartie ,
D'un seul regard il fondroit un glaçon.
Témoin le Dieu qui par rapt fait moisson
Des doux appas de la belle ORITHIE.
Ce fut BORE'E. En des Climats déserts
Il conduisit son amoureuse Proye ,
Climats affreux d'où ce Dieu nous envoye!
Et les frimats et les tristes hivers,
984 MERCURE
DE FRANCE .
Là , par raisons que l'Amour lui dictoit ,
Il essayoit d'aprivoiser la Belle ;
?
Mais sur ce point guéres ne profitoit
Assez galant , ni jeune assez n'étoit
Pour adoucir fillette un peu cruelle
Et sa Captive à ses soupirs rebelle ,
Du rapt commis , toujours se lamentoit.
Tant fit oüir clameurs sur ce rivage ,
A ce's clameurs tant l'Echo répondit
Que l'Heritier d'un Roi du voisinage
Par un beau jour enfin les entendit .
CAULO , c'étoit le nom du personnage :
En son maintien , en sa taille , en son air ,
Caulo n'avoit les graces de JocoNDE ;
Mais sur un corps d'embonpoint peu couvert,
Son col portoit tête massive et ronde ,
3
De coeur au reste et noble et genereux ,
Sensible aussi , trop bien le sçut apprendre ,
Sensible , dis-je , aux tourmens amoureux ,
Plus fortuné s'il eut pû s'en défendre.´
Aux tons plaintifs , aux douloureux accens
Dont bien au loin retentistoit la Rive >
Caulo s'avance , il voit notre Captive ,
Poussant au Ciel mille cris languissans.
L'Amour alors , de la froide Scythie
D'un vol leger traversant les hauts Monts ,
Alloit sous l'Ourse enflammer les Lampons ::
Il voit Caulo contemplant Orithie.
A
AVRIL.
1731. 985
A cet aspect il s'arrête soudain ,
Puis méditant un moment en soi-même, ..
Sur ce mortel essayons notre main ,
Pour Orithie embrasons- lui le sein ,
Qu'il rende homage à mon pouvoir suprême.
Il dit : un trait à l'instant fut lancé.
Du trait fatal déja Caulo blessé ,
Se sent ému de pitié pour la Belle :
Il s'intéresse au sujet de fes pleurs ,
Il s'attendrit , il s'afflige avec elle.
Tandis qu'il plaint son destin , ses malheurs ,
Un feu brûlant qu'il ne peut plus contraindre
Déja l'agite , et trouble son repos :
Son propre mal le force de se plaindre ,
Et pour lui-même il s'explique en ces mots :
Quand trop touché de votre peine extrême ,
Je prens sur moi de vos maux la moitié,
Vos yeux , helas ! me contraignent moi-même
A demander pour moi votre pitié.
Un feu cuisant dans mes veines s'allume ,
Ce feu pour vous me brûle , et me consume
Jusqu'en mon coeur sa flâme s'est fait jour ;
Je sens déja mille ardeurs inquiétes ::
J'ai plaint vós maux , daignez à votre tour
Etre sensible à ceux que vous me faites.
A ce début la Belle resta court
>
Tant se trouva du compliment surprise
Caulo n'étoit formé de telle guise
Là
186 MERCURE DE FRANCE
A faire tôt goûter propos d'Amour.
L'objet cruel de sa pudeur blessée
Par les efforts de son premier Amant ,
Revint d'abord s'offrir à sa pensée ,
Et sans lui dire un adieu seulement ,
Caulo la vit , d'une course empressée j
Bien loin de lui s'enfuir légerement.
Par de longs cris envain il la rapelle ,
Envain il veut par ses pleurs l'arrêter ,
Pour mieux courir , loin de les écouter
Elle reprend une force nouvelle .
Loin d'Orithie , une triste langueur
Saisit Caulo , lui dévore le coeur;'
Tous les matins il venoit sur la rive
Où de la Nimphe il avoit vû les yeux ,
Recommencer en ces sauvages lieux ,
De ses tourmens la légende plaintive.
Que ne peut point une ardeur jeune et vive ,
Quand un Amant sçait se plaindre à propos ›
Caulo croyoit ne parler qu'aux Echos ,
Mais Orithie à ses cris attentive ,
Tout entendoit. Tant et tant en ouit
Que de son coeur la trempe s'amollit.
Comme au hazard elle s'offre à sa vuë
Un vif éclat qui sur son tein brilloit
Effet certain du feu qui la brûloit ,
D'attraits nouveaux sembloit l'avoir pourvûë.
D'un air timide où son amour est peint ,
Caule
AVRIL. 173.1.
Canlo s'approche , à ses genoux il tombe ,
Pressé du mal dont son coeur est atteint :
Est-ce pitié des maux où je succombe ,
Dit cet Amant , qui guide ici vos pas ?
Où venez-vous , peu sensible à mes larmes ,
N'offrir encore à mes yeux tant de charmes
Que pour hâter l'instant de mon trépas.
A ces doux mots plus ne fuit Orithie ;
D'une union par l'Amour assortie ,
: Leurs coeurs déja pressentoient les plaisirs
Lorsque Borée à travers un nuage ,
Dont il venoit de chasser les Zéphirs ,
Jusques aux bords de l'Affriquain rivage ,
Vit nos Amans ,, entendit leurs soupirs.
Dans la fureur dont cet objet l'anime
Ce fier Rival si prompt à s'irriter ,
Fond sur un Chêne , en releve la cime ,
Et mesurant le coup qu'il va porter ,
Prend ORITHIE et CAULO pour
Le bruit fut tel qu'au loin il s'épandit.
Du haut des Cieux Appollon l'entendit
Sur nos Amans ce Dieu jette la vûë.
Ce triste objet sa course suspendit.
Pour eux enfin sa pitié fut émuë.
Des noeuds , dit- il , qui sçurent les unir
Ne laissons pas éteindre la mémoire ,
Par mes bienfaits conservons - en l'histoire ,
t la portons aux siécles à venir,
victime
Que
988 MERCURE DE FRANCE
Qué , chacun d'eux devenu plante utile ,
Ils soient l'honneur des Jardins potagers
Et que tous deux n'ayant qu'un même azile ,
Bravent toujours Borée et ses dangers.
Il dit alors leurs corps se retrécissent
De longs filets leurs jambes se hérissent.
Caulo déja n'est plus en ce moment
Qu'un tronc grossier surmonté pésammen
D'un lourd amas de feuilles entassées ;
Par cent replis entr'elles enlassées.
Aux mêmes loix soumise également ,
La tendre Nimphe encor peu
rassurée
Contre le coup qui vient de l'accabler
Erre sous terre , et và s'y receler ,
Ponr éviter les fureurs de Borée.
Là , de frayeur s'enfonçant jusqu'au cou ,
Tandis que l'autre à ses côtez s'éleve ,
Dans le moment que leur destin s'acheve ,
L'une devient CAROTTE , et l'autre CHOU.
DU PRINCE CAULO
ET
DE LA NIMPHE ORITHIE.
Par M. de Verrieres , de l'Académie Royale
des Belles Lettres de Caen , lûë dans l'Académie
le 18. Janvier 1731.
A
ir
Vant que de m'engager dans la lecture
de cette Métamorphose , je crois
qu'il ne sera pas inutile de la faire préceder
de quelques Remarques qui pourront servir
à l'intelligence du sujet.
L'Enlevement de la Nimphe Orithie par
Borée , est un point de l'Histoire fabuleuse
si généralement connu , que je croirois blesser
les lumieres des personnes qui m'écoutent
, si j'entrois là- dessus dans le moindre
détail. Je dis même les lumieres des Dames.
Je dois croire que celles qui honorent aujour-
A
1
AVRIL. 1731. 981
jourd'hui l'Académie de leur présence ont
du goût pour les Lettres , et qu'au moins
ne sont elles pas ignorantes dans les Sciences
légeres. C'est ainsi que j'appelle les Sciences
où elles peuvent entrer par des lectures
simplement amusantes ; des lectures , disje
, détachées de ces Sciences abstraites , où
f'on trouve à chaque pas des ronces des
épines , et des terres immenses à défricher ,
avant que de jouir de son travail.
L'Histoire Poëtique, et les Métamorphoses
d'Ovide sont entre les mains de tout le
monde. A la verité elles n'ont pas tout dit.
Quand on veut pousser ses recherches dans
'Histoire fabuleuse , on trouve encore à glaner
abondamment dans d'autres Auteurs .
La Métamorphose dont je viens de lire le
titre est une preuve. Si l'Héroine est géné
ralement connue , il n'en est peut-être pas
de même du Héros . On le chercheroit envain
chez les Grecs et les Romains , source
ordinaire où l'on a recours pour les faits anciens.
Caulo étoit d'un Païs où les uns ni les
autres ne pénetrerent jamais . Le Nord leur
étoit inconnu , et pour leur honneur ils auroient
mieux fait de s'en taire , que d'en rapporter
le peur qu'ils en ont dit sur des Mémoires
qui se refutoient d'eux-mêmes par le
merveilleux incroyable dont ils étoient remplis.
A la verité je dirois peut-être trop , si
Passurois que les peuples de ces Païs glacés
Gvj
ont
982 MERCURE DE FRANCE
1 ont de tout tems cultivé les Sciences : mais au
moins avoient ils soin de ne pas laisser dans
P'oubli les faits mémorables de leur tems
Ils les gravoient sur des rochers pour les
garantir de l'injure des siecles , et les transmettre
à la posterité. Les monumens qui en
restent dans le Nord, en font foi . Ils les
écrivoient en Vers , préjugé favorable pour
eux. Apollon ne dédaignoit pas d'éclairer
ces Climats sauvages , et les Muses y trou
voient des Sectateurs de leur culte. Que
penserai- je de ces Peuples ? L'augure en ess
facile à tirer : Capables de Science , malheu
reux de n'être pas éclairés par des lumieres
supérieures , il ne leur manquoit qu'un Pro+
tecteur éloquent , judicieux , poli , zélé pour
les Lettres , tel enfin que le nôtre , pour
disputer peut-être de prééminence avec l'Académie
si vantée d'Athénes:
Je ne balance point à prendre ici l'affir
mative : Puis- je moins faire pour la mémoi
re de nos ayeux : je dis nos ayeux ; ils le sont
sans doute , et n'est- ce pas de ces Peuples
que nous tirons notre origine ? N'est-ce pas
d'eux qu'est descendu jusqu'à nous ce génie
si propre à cultiver les Muses , et dont la
Province , et cette Ville en particulier , ont
donné tant de grands exemples .
Les Chroniques d'Iflande remontent aux
tems les plus reculés . Elles ont leurs differens
âges , ainsi que l'Histoire des Grecs
avoir
AVRIL. 1731. 983
avoit les siens. Age fabuleux , âge historique.
Il étoit des Herodotes , des Diodores
en Norvege , en Laponie , et dans la fameu
se Thulé , comme il en étoit en Grece et en
Sicile : Ces Chroniques , quoiqu'en partie
défectueuses , subsistent encore , et c'est où
j'ai puisé.mon sujet.
XXXXXXXXXXXXXX**
METAMORPHOSE
DU PRINCE CAULO
ET
DE LA NIMPHE ORITHIE
A
U monde il n'est plages si reculées
Qui de l'Amour ne sentent les ardeurs :
Torrens glacés , neiges amoncelées ,
Ne sont remparts.contre ses traits vainqueurs
Sa chaleur n'est par le froid amartie ,
D'un seul regard il fondroit un glaçon.
Témoin le Dieu qui par rapt fait moisson
Des doux appas de la belle ORITHIE.
Ce fut BORE'E. En des Climats déserts
Il conduisit son amoureuse Proye ,
Climats affreux d'où ce Dieu nous envoye!
Et les frimats et les tristes hivers,
984 MERCURE
DE FRANCE .
Là , par raisons que l'Amour lui dictoit ,
Il essayoit d'aprivoiser la Belle ;
?
Mais sur ce point guéres ne profitoit
Assez galant , ni jeune assez n'étoit
Pour adoucir fillette un peu cruelle
Et sa Captive à ses soupirs rebelle ,
Du rapt commis , toujours se lamentoit.
Tant fit oüir clameurs sur ce rivage ,
A ce's clameurs tant l'Echo répondit
Que l'Heritier d'un Roi du voisinage
Par un beau jour enfin les entendit .
CAULO , c'étoit le nom du personnage :
En son maintien , en sa taille , en son air ,
Caulo n'avoit les graces de JocoNDE ;
Mais sur un corps d'embonpoint peu couvert,
Son col portoit tête massive et ronde ,
3
De coeur au reste et noble et genereux ,
Sensible aussi , trop bien le sçut apprendre ,
Sensible , dis-je , aux tourmens amoureux ,
Plus fortuné s'il eut pû s'en défendre.´
Aux tons plaintifs , aux douloureux accens
Dont bien au loin retentistoit la Rive >
Caulo s'avance , il voit notre Captive ,
Poussant au Ciel mille cris languissans.
L'Amour alors , de la froide Scythie
D'un vol leger traversant les hauts Monts ,
Alloit sous l'Ourse enflammer les Lampons ::
Il voit Caulo contemplant Orithie.
A
AVRIL.
1731. 985
A cet aspect il s'arrête soudain ,
Puis méditant un moment en soi-même, ..
Sur ce mortel essayons notre main ,
Pour Orithie embrasons- lui le sein ,
Qu'il rende homage à mon pouvoir suprême.
Il dit : un trait à l'instant fut lancé.
Du trait fatal déja Caulo blessé ,
Se sent ému de pitié pour la Belle :
Il s'intéresse au sujet de fes pleurs ,
Il s'attendrit , il s'afflige avec elle.
Tandis qu'il plaint son destin , ses malheurs ,
Un feu brûlant qu'il ne peut plus contraindre
Déja l'agite , et trouble son repos :
Son propre mal le force de se plaindre ,
Et pour lui-même il s'explique en ces mots :
Quand trop touché de votre peine extrême ,
Je prens sur moi de vos maux la moitié,
Vos yeux , helas ! me contraignent moi-même
A demander pour moi votre pitié.
Un feu cuisant dans mes veines s'allume ,
Ce feu pour vous me brûle , et me consume
Jusqu'en mon coeur sa flâme s'est fait jour ;
Je sens déja mille ardeurs inquiétes ::
J'ai plaint vós maux , daignez à votre tour
Etre sensible à ceux que vous me faites.
A ce début la Belle resta court
>
Tant se trouva du compliment surprise
Caulo n'étoit formé de telle guise
Là
186 MERCURE DE FRANCE
A faire tôt goûter propos d'Amour.
L'objet cruel de sa pudeur blessée
Par les efforts de son premier Amant ,
Revint d'abord s'offrir à sa pensée ,
Et sans lui dire un adieu seulement ,
Caulo la vit , d'une course empressée j
Bien loin de lui s'enfuir légerement.
Par de longs cris envain il la rapelle ,
Envain il veut par ses pleurs l'arrêter ,
Pour mieux courir , loin de les écouter
Elle reprend une force nouvelle .
Loin d'Orithie , une triste langueur
Saisit Caulo , lui dévore le coeur;'
Tous les matins il venoit sur la rive
Où de la Nimphe il avoit vû les yeux ,
Recommencer en ces sauvages lieux ,
De ses tourmens la légende plaintive.
Que ne peut point une ardeur jeune et vive ,
Quand un Amant sçait se plaindre à propos ›
Caulo croyoit ne parler qu'aux Echos ,
Mais Orithie à ses cris attentive ,
Tout entendoit. Tant et tant en ouit
Que de son coeur la trempe s'amollit.
Comme au hazard elle s'offre à sa vuë
Un vif éclat qui sur son tein brilloit
Effet certain du feu qui la brûloit ,
D'attraits nouveaux sembloit l'avoir pourvûë.
D'un air timide où son amour est peint ,
Caule
AVRIL. 173.1.
Canlo s'approche , à ses genoux il tombe ,
Pressé du mal dont son coeur est atteint :
Est-ce pitié des maux où je succombe ,
Dit cet Amant , qui guide ici vos pas ?
Où venez-vous , peu sensible à mes larmes ,
N'offrir encore à mes yeux tant de charmes
Que pour hâter l'instant de mon trépas.
A ces doux mots plus ne fuit Orithie ;
D'une union par l'Amour assortie ,
: Leurs coeurs déja pressentoient les plaisirs
Lorsque Borée à travers un nuage ,
Dont il venoit de chasser les Zéphirs ,
Jusques aux bords de l'Affriquain rivage ,
Vit nos Amans ,, entendit leurs soupirs.
Dans la fureur dont cet objet l'anime
Ce fier Rival si prompt à s'irriter ,
Fond sur un Chêne , en releve la cime ,
Et mesurant le coup qu'il va porter ,
Prend ORITHIE et CAULO pour
Le bruit fut tel qu'au loin il s'épandit.
Du haut des Cieux Appollon l'entendit
Sur nos Amans ce Dieu jette la vûë.
Ce triste objet sa course suspendit.
Pour eux enfin sa pitié fut émuë.
Des noeuds , dit- il , qui sçurent les unir
Ne laissons pas éteindre la mémoire ,
Par mes bienfaits conservons - en l'histoire ,
t la portons aux siécles à venir,
victime
Que
988 MERCURE DE FRANCE
Qué , chacun d'eux devenu plante utile ,
Ils soient l'honneur des Jardins potagers
Et que tous deux n'ayant qu'un même azile ,
Bravent toujours Borée et ses dangers.
Il dit alors leurs corps se retrécissent
De longs filets leurs jambes se hérissent.
Caulo déja n'est plus en ce moment
Qu'un tronc grossier surmonté pésammen
D'un lourd amas de feuilles entassées ;
Par cent replis entr'elles enlassées.
Aux mêmes loix soumise également ,
La tendre Nimphe encor peu
rassurée
Contre le coup qui vient de l'accabler
Erre sous terre , et và s'y receler ,
Ponr éviter les fureurs de Borée.
Là , de frayeur s'enfonçant jusqu'au cou ,
Tandis que l'autre à ses côtez s'éleve ,
Dans le moment que leur destin s'acheve ,
L'une devient CAROTTE , et l'autre CHOU.
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Résumé : METAMORPHOSE DU PRINCE CAULO ET DE LA NIMPHE ORITHIE. Par M. de Verrieres, de l'Académie Royale des Belles Lettres de Caen, lûë dans l'Académie le 18. Janvier 1731.
Le texte 'Métamorphose du Prince Caulo et de la Nymphe Orithie' de M. de Verrières, présenté à l'Académie Royale des Belles Lettres de Caen le 18 janvier 1731, aborde l'enlèvement de la nymphe Orithie par Borée, un thème classique de la mythologie. L'auteur présume que son public, y compris les dames présentes, est familier avec les sciences légères et les métamorphoses d'Ovide. Il introduit ensuite Caulo, un héros méconnu des Grecs et des Romains, originaire du Nord, une région peu connue des anciens. L'histoire narre comment Borée enlève Orithie et tente de l'apprivoiser dans des climats déserts. Les plaintes d'Orithie attirent l'attention de Caulo, un prince au cœur noble et généreux. Ému par la souffrance d'Orithie, Caulo s'éprend d'elle. Après plusieurs tentatives infructueuses pour la séduire, Orithie finit par céder à ses avances. Leur union est interrompue par Borée, jaloux, qui les transforme en plantes. Apollon, touché par leur sort, décide de les métamorphoser en carotte et en chou, leur permettant ainsi de braver les dangers de Borée et de devenir utiles dans les jardins potagers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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556
p. 992
AVIS de l'Auteur des Reflexions à l'occasion du Brutus, &c. inserées dans le dernier Mercure.
Début :
Les Reflexions que l'on a promises dans le Mercure d'Avril, sur la Tragedie de [...]
Mots clefs :
Avis, Réflexions, Brutus , Voltaire, Pièce, Corrections, Perfection
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVIS de l'Auteur des Reflexions à l'occasion du Brutus, &c. inserées dans le dernier Mercure.
AVIS de PAuteur des Reflexions
à Poccasion du Brutus , & c. inserées
dans le dernier Mercure.
>
Es Reflexions que l'on a promises dans
le Mercure d'Avril, sur la Tragedie de
Brutus , sont toutes prêtes. L'Auteur alloit
les donner , lorsqu'il a appris que M. de
Voltaire retouchoit à sa Piece. Comme
M.de Voltaire a toûjours bien réüssi aux
corrections quil a faites à ses differens
Ouvrages , et que l'Auteur des Reflexions
ne critique pas pour le plaisir de critiquer,
il attendra la nouvelle Edition du Brutus,
Si , comme il y a apparence , M. de
Voltaire a reparé les principales fautes
de sa Tragedie , on renfermera sans peine
des
Reflexions qui n'avoient pour princiep
que le desir de voir un bon Ouvrage
devenir meilleur. Si les corrections
ne répondent pas aux Reflexions , quant
aux Vers , et sur tout quant à la conduite
de la Piece , on les donnera toûjours dans
le même motif de
contribuer à la perfec
sion de cet
Ouvrage.
à Poccasion du Brutus , & c. inserées
dans le dernier Mercure.
>
Es Reflexions que l'on a promises dans
le Mercure d'Avril, sur la Tragedie de
Brutus , sont toutes prêtes. L'Auteur alloit
les donner , lorsqu'il a appris que M. de
Voltaire retouchoit à sa Piece. Comme
M.de Voltaire a toûjours bien réüssi aux
corrections quil a faites à ses differens
Ouvrages , et que l'Auteur des Reflexions
ne critique pas pour le plaisir de critiquer,
il attendra la nouvelle Edition du Brutus,
Si , comme il y a apparence , M. de
Voltaire a reparé les principales fautes
de sa Tragedie , on renfermera sans peine
des
Reflexions qui n'avoient pour princiep
que le desir de voir un bon Ouvrage
devenir meilleur. Si les corrections
ne répondent pas aux Reflexions , quant
aux Vers , et sur tout quant à la conduite
de la Piece , on les donnera toûjours dans
le même motif de
contribuer à la perfec
sion de cet
Ouvrage.
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Résumé : AVIS de l'Auteur des Reflexions à l'occasion du Brutus, &c. inserées dans le dernier Mercure.
L'auteur des Réflexions sur la tragédie de Brutus attend la nouvelle édition de la pièce de Voltaire. Si les corrections sont satisfaisantes, les Réflexions ne seront pas publiées. Sinon, elles le seront pour améliorer l'ouvrage, notamment les vers et la conduite de la pièce.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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557
p. 1088
AUTRE LOGOGRYPHE.
Début :
J'ai dix lettres en tout ; laissez les dix entieres, [...]
Mots clefs :
Logogriphe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE LOGOGRYPHE.
AUTRE LOGOGRYPHE.
' Ai dix lettres en tout ; laissez les dix entieres,
Mon origine est Grecque, ou du moins on le dit ,
Chez Mercure j'ai du crédit.
Retranchez mes quatre premieres ,
Lecteur prends garde à toi , si tu n'es aux aguets,
Je te tiens sous ma griffe, à l'ortographe près.
' Ai dix lettres en tout ; laissez les dix entieres,
Mon origine est Grecque, ou du moins on le dit ,
Chez Mercure j'ai du crédit.
Retranchez mes quatre premieres ,
Lecteur prends garde à toi , si tu n'es aux aguets,
Je te tiens sous ma griffe, à l'ortographe près.
Fermer
558
p. 1098-1109
Discours sur la Comedie, &c. [titre d'après la table]
Début :
DISCOURS SUR LA COMEDIE, ou Traité Historique et Dogmatique des Jeux de [...]
Mots clefs :
Comédie, Ecriture Sainte, Antiquité ecclésiastique, Jeux de théâtre, Préface, Théologien, Réfutation, Divertissements comiques, Scolastiques, Danse des pantomimes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours sur la Comedie, &c. [titre d'après la table]
DISCOURS SUR LA COMEDIE , ou Traité
Historique et Dogmatique des Jeux de
Théatre , et autres Divertissemens Comiques
, soufferts ou condamnez depuis le
premier siécle de l'Eglise jusqu'à présent ,
avec un Discours sur les Piéces de Théatre
tirées de l'Ecriture - Sainte . in- 12.
360. pages , sans les Préfaces et la Table
des Matieres. Seconde édition , augmentée
de plus de la moitié . Par le R. P. Le Brun ,
Prêtre de l'Oratoire . A Paris , chez la
veuve Delaune , rae S. Jacques , à l'Empereur
, 1731. in- 12 . de 360 pages , sans
P'Epitre , la Préface et les Tables.
Ĉer Ouvrage avoit déja paru anonime
en 1694. sous ce titre : Discours sur la Comédie
, où l'on voit la Réponse au Théologien
qui la défend , avec l'Histoire du Théatre
, et les sentimens des Docteurs de l'Eglise
MAY. 1731. 1099
se , depuis le premier siécle jusqu'à présent .
C'étoient deux Discours prononcez par
le P. le Brun , au Seminaire de S. Magloire
, le 26 Avril , le 3 et le 7 Mai 1694.
par ordre de M. De Harlay , Archevêque
de Paris , à l'occasion de la Lettre du
P. Caffaro , qui parût à la tête du Théatre
de M. Boursault. Mais quoique le Public
eut bien reçû l'Ouvrage du Pere le
Brun , ce sçavant homme , peu content
de cette ébauche,pensa dès -lors à le perfectionner.
A mesure qu'il étudioit l'Antiquité
Ecclesiastique , il ramassoit ce qui
avoit quelque rapport aux Jeux de Theatre.
C'est ce qui a produit le Traité qu'on
donne aujourd'hui , à l'exception du premier
Discours , où il y a peu d'additions ;
les autres peuvent passer pour entierement
nouveaux par les augmentations considérables
dont ils sont enrichis , l'Auteur
ayant recueilli avec soin ce qu'il a trouvé
depuis Auguste jusqu'à Justinien . L'Editeur
nous apprend qu'il a lui- même inseré
quelques faits que le P. le Brun avoit
oublié , et qu'il a extrait tout ce qui se
trouve contre les divertissemens Comi
dans le Recueil de Rituels et de Statuts
Synodaux , que M. De Launoy a laissé
aux P P. Minimes de la Place Royale.
Le troisiéme Discours , sur les Piéces de
ques
Théa
1100 MERCURE DE FRANCE
Théatre tirées de l'Ecriture , n'avoit point
paru dans la premiere édition , ayant été
prononcé un an après. Il ne contribuë pas
à enrichir celle ci . Donnons une idée
de chacune des parties de cet Ouvrage
en exposant le plan que l'Editeur a
peu
suivi.
>
Après une Préface où l'Editeur rend
compte de plusieurs circonstances nécessaires
à l'intelligence de cet Ouvrage , on
trouve la rétractation que le P. Caffaro
fît de sa Lettre en faveur de la Comédie .
et qu'il envoya à M. De Harlay , dattéc
du 11 Mai 1694. et imprimée à Paris
dans la même année . Comme cette Piéce
est peu connue , et que d'ailleurs l'Ouvrage
du P. Caffaro a fait beaucoup de
bruit , il paroissoit avantageux à la République
des Lettres , et à la mémoire de ce
Theologien , de faire connoître par cette
rétractation et ce désaveu , le mépris qu'il
faisoit lui-même de cet Ouvrage. Et c'est
ce que l'Editeur a fait en la donnant ici
enLatin et enFrançois . Il y a joint une Lettre
du P. le Brun du 20 Mai 1694. dans
laquelle il marque à un de ses amis le
peu d'empressement qu'il avoit à faire
imprimer ses Discours , et où il parle de
la rétractation du P. Caffaro comme d'u
ne Piéce qui le remplit de consolation .
A
M.A Y.
1731 . 1101
l'EA
la suite de cette Letrre est une seconde
Préface , où l'on examine s'il faut , ou
que l'on ferme les Théatres , ouou que
glise cesse de condamner ceux qui les fréquentent
; car tel a été le but du P. le
Brun dans ses Discours de justifier la conduite
de l'Eglise en excommuniant les
Comédiens , et en tolérant ceux qui assistent
aux Spectacles. On y représente le
Théatre comme l'Ecole de l'impureté , la
nourriture des passions , l'assemblage des
ruses du Démon pour les réveiller , où les
yeux sont environnez d'objets séducteurs , les
oreilles ouvertes à des discours souvent obscenes
et toujours prophanes , qui infectent le
coeur et l'esprit.
Cette Préface commence ainsi : Il paroît
bizarre , que dans un Etat Chrétien , on
prêche et on écrive contre la Comédie , qu'on
déclare excommuniez ceux qui font profession
de monter sur le Théatre , et qu'unefoule
de Chrétiens ne laissent pas de s'assembler
presque tous les jours pour applaudir à ces
Excommuniez , & c. Elle est suivie de deux
Discours. Dans le premier , le P. le Brun
s'attache plus particulierement à répondre
à la Lettre du Theologien , défenseur
de la Comédie. Nous souhaitterions que
les bornes d'un Extrait nous permissent
de rapporter ici quelques traits qui fassent
1102 MERCURE DE FRANCE
sent connoître la solidité de cette réfutation.
Nous renvoyons au Livre même , où
le Lecteur verra avec plaisir le Theologien
, défenseur de la Comédie , refuté
en plusieurs endroits par ses propres paroles.
Le second Discours a six parties . Les
trois premieres comprennent l'Histoire
des Jeux de Théatre et autres Divertissemens
Comiques , soufferts ou condamnez
depuis Auguste jusqu'à l'extinction de
l'idolâtrie , au commencement du sixiéme
siècle. La quatriéme comprend le jugement
que les Auteurs , tant sacrés que
profanes ont porté sur les Spectacles , depuis
Auguste jusqu'à Justinien . La cinquiéme
Partie reprend l'Histoire des Jeux
de Théatre à l'extinction de l'idolâtrie , et
la continue jusqu'à la naissance des Scolastiques
; et la derniere comprend l'Histoire
des Jeux de Théatre , depuis les Scholastiques
, c'est-à- dire , depuis le milieu
du XIII . siécle jusqu'à nous.
Le second Discours est suivi d'une Lettre
, où le P. le Brun répond à quelques
difficultez qu'on lui avoit proposées . On
trouve ensuite le troisiéme Discours que
le P. le Brun prononça à S. Magloire en
1695. à l'occasion de la Judith de M. Boyer
de l'Académie Françoise. Il y examine s'il
F
MAY, 1731
1103
y a lieu d'approuver que les Piéces de
Théatre soient tirées de l'Ecriture Sainte.
Ce Discours est divisé en deux parties.
Dans la premiere , le P. le Brun fait voir
que l'Ecriture ne peut paroître sur le
Théatre sans être défigurée et alterée considerablement.
La seconde est employée
à prouver , que quand on feroit quelque
Tragédie où l'Ecriture - Sainte seroit conservée
dans toute sa force et toute sa pureté
, le Théatre des Comédiens ne seroit
point le lieu de les représenter.
,
L'Editeur a placé après ce Discours un
Mandement de M. Fléchier , Evêque de
Nismes , contre les Spectacles , adressé
aux Fideles de son Diocèse le 8 Septembre
1758. On trouve à la fin une Table
Alphabétique des Matieres contenues dans
cer Ouvrage.
On ne peut témoigner à l'Editeur trop
de reconnoissance du soin qu'il a bien
voulu prendre de réunir et de ramasser
des morceaux si précieux. Il est certain
que nous n'avons point encote vû d'ouvrage
plus complet et plus curieux sur
cette matiere ; et on peut dire qu'il fait
honneur à son Auteur , et qu'il répond
parfaitement à la réputation qu'il s'est acquise
d'ailleurs. Nous ne pouvons nous
empêcher de dire en passant que le P. le
Brun
1104 MERCURE DE FRANCE
Brun a refuté par avance le Discours d'un
Auteur récent , défenseur de la Comédie ,
dont nous avons parlé le mois passé. Cet
Auteur qui s'étoit proposé de réfuter
M. le Prince de Conty , M. Bossuet et
M. Nicole , ne les a frappez par aucuns
endroits ; et on remarque qu'il n'a fait ,
pour ainsi dire , que réchauffer et étendre
les raisons du Théologien Apologiste du
Theatre .
L'Editeur avertit le Public dans sa
Préfice qu'il a réservé l'Eloge Historique
du P. le Brun pour un autre Ouvrage du
même Auteur , qui est actuellement sous
presse , et qui a pour titre : Traité du discernement
des effets naturels d'avec ceux qui
ne le sont pas , avec l'Histoire critique des
pratiques superstitieuses qui ont séduit les
Peuples , et qui embarrassent les Sçavans.
Il ajoute qu'outre des augmentations considerables
l'Auteur a refondu entierement
son Ouvrage , et l'a rendu plus . méthodique.
Mais nos Lecteurs ne seroient peut- être
pas contens , si après avoir piqué leur
curiosité sur ce que cet Ouvrage contient
de singulier et de recherché , nous n'entrions
dans quelque détail . Pour les satisfaire
nous allons donner un peu plus
d'étendue à cet Extrait.
›
Dans
>
MAY. 1731. 1105
Dans la premiere partie de l'Histoire
des Jeux de Théatre , l'Auteur remarque
qu'on en vît de très- superbes sous Auguste.
Ce grand Prince les aimoit avec passion
, dit-il , et surtout assûre qu'il ne
dissimuloit pas cette foiblesse. Il inventa
lui- même des Jeux. Pausanias rapporte
au Livre VIII. qu'Auguste fut l'Auteur
de la Danse des Pantomimes , et M. de
Pontac dans les Notes sur la Chronique
d'Eusebe , dit que c'étoit là les Jeux Augustaux
, Ludi Augustales. Cet Empereur
établit quelques Loix touchant les Spectacles.
Il défendit aux jeunes gens de l'un
et de l'autre sexe d'aller à ceux qui se faisoient
la nuit , à moins que de proches
parens âgez ne les y menassent , et il empêcha
que les femmes assistassent jamais
aux Jeux des Athlétes , parce qu'ils combattoient
ordinairement nuds.
A l'égard des Comédiens , il leur prescrivit
des régles , et leur laissa une liberté
dont il ne souffrit pas qu'ils abusassent.
Dès qu'il sçut qu'un Acteur , nommé Stephanion
, avoit pour serviteur une femme
déguisée en garçon , il le fit foüetter par
les trois Théatres de la Ville , et le bannit.
Il ne désaprouvoit pas qu'on siflat les
Acteurs , car il en bannit un de Rome et
de toute l'Italie , pour avoir osé montrer
au
1106 MERCURE DE FRANCE
au doigt un des Spectateurs qui le sifloit,
et on sifloit souvent pour une seule faute
contre la cadence ou contre la quantité.
Quoique Néron ne s'appliquât presque
jamais à mettre l'ordre en aucun endroit,
il se trouva pourtant obligé de chasser
d'Italie tous les Histrions,après leur avoir
donné trop de liberté; mais il voulut aller
lui-même faire le Comédien et le Chantre
dans plusieurs Villes de la Grece, pour
faire paroitre sa belle voix . Il commença
par Naples , qui étoit une Ville Grecque ;
et revenant à Rome , il voulut se montrer
au Théatre. Le Senat , pour éviter l'infamie
dont il s'alloit flétrir , s'il étoit vû sur
la Scene , lui décerna le prix de Musique,
et celui d'Eloquence avant le commencement
des Jeux ; mais Néron prétendoit
l'emporter par son merite , et non pas par
la faveur du Sénat . Il monta donc sur la
Scene , où il récita un Poëme , après quoi
il joüa de la Lyre , obéït à toutes les loix
du Theatre , comme de ne se reposer , de
ne cracher , ni se moucher durant toute
Paction , fléchit un genou et salua l'Assemblée
, en attendant la Sentence des
Juges . Le Peuple , et sur tout les Etrangers
rougirent pour lui d'une telle infamie.
Vespasien témoigna de l'horreur pour
les
MAY. 1731 . 1107
les Jeux des Gladiateurs. Il se plut à ceux
du Théatre , et de son tems les Pantomimes
étoient si fort à la mode , qu'on en
avoit aux funérailles , pour leur faire représenter
les actions de celui qu'on enterroit.
Domitien deffendit aux Danseurs et
Pantomimes de monter sur le Theatre.
Nerva les rétablit . Trajan les supprima
encore , mais on ne sçait pas s'ils furent
bannis des Théatres d'Orient ; on voit
seulement que cet Empereur fit bâtir un
Théatre à Antioche. Cette malheureuse
Ville , si passionnée pour les Spectacles ,
étoit souvent punie par les tremblemens
de terre qui la renversoient presque entierement.
Elle en souffrit un terrible sous
Trajan . En faisant rétablir la Ville , ce
Prince fit aussi rétablir les Théatres.
Adrien batit aussi un grand Théatre aurès
d'Antioche , à la Fontaine de Daphné.
Il avoit fait à cette Fontaine un grand Reservoir
d'eau, qu'on pouvoit voir du Théatre
; et il mit plusieurs Statues en l'honneur
des Naïades , c'est -à- dire des Nimphes
on Déesses de l'eau . Ce fut à ce Réservoir
que l'on s'avisa de faire nager des
femmes pour représenter les Naïades ; ce
que S. Chrysostome condamna avec tant
de zele et d'éloquence ,
HelioT108
MERCURE DE FRANCE
> Heliogabale fit lui - même le Comédien
et ne craignit pas de représenter des fables
avec des nuditez et des peintures deshonêtes
.Il honora les Comédiens, leur donna
des habits de soye , et en choisit un pour
être Prefet du Prétoire.
Alexandre Severe ôta aux Comédiens
les robes précieuses , et ne leur donna ni
or ni argent , mais tout au plus quelques
pieces de monnoye de cuivre. Ce Prince
ne souffrit jamais les divertissemens Sceniques
à sa table. Il aimoit pourtant les
Spectacles , mais sans y faire des largesses ;
il vouloit qu'on traitat toujours comme
des esclaves les Comédiens , et tous ceux
qui servoient aux plaisirs publics.
Les Comédiens eurent un puissant Protecteur
vers la fin du troisiéme siecle , dans
la personne de l'Empereur Carin , etc . Son
regne se distingua par la pompe avec laquelle
il celebra les Jeux Romains . Il y
avoit cent Joueurs de Flute qui s'accordoient
, autant de Sonneurs de Cors , cent
Chantres qui dansoient en même-tems
autant de personnes qui frapoient sur des
Cymbales ,mille Pantomimes et autant de
Luteurs . Le feu ayant pris à une toile
qu'il avoit fait tendre , consuma le Théatre,
que Diocletien fit ensuite rebâtir avec
plus de magnificence. Carin avoit fait venir
MAY. 1731. 1109
nir des Comédiens de tous côtés . Ceux qui
avoient travaillé aux décorations , les Luteurs
, les Histrions , et les Musiciens eurent
en present de l'or et de l'argent , et
des habits de soye .
Ce fut sous l'Empereur Maxime que
Gelasin , Comédien , fut martyrisé à Héliopolis
dans Phénicie . Il s'étoit jetté dans
un bain d'eau tiéde , pour tourner en ridicule
le Baptême des Chrétiens ; au sortir
du bain , il parut habillé de blanc. Alors
il refusa de faire le Comédien ; et adressant
la parole à tout le peuple , il s'écria
qu'il étoit Chrétien , qu'il avoit vu dans
ce bain la redoutable Majesté de Dieu , et
qu'il mourroit Chrétien . Tous les Spectateurs
saisis de fureur , monterent sur le
Théatre , et ayant pris Gelasin , ils le lapiderent.
Nous pourrons donner un second Extrait
de cet Ouvrage, pour ce qui regarde le Theatre
François.
Historique et Dogmatique des Jeux de
Théatre , et autres Divertissemens Comiques
, soufferts ou condamnez depuis le
premier siécle de l'Eglise jusqu'à présent ,
avec un Discours sur les Piéces de Théatre
tirées de l'Ecriture - Sainte . in- 12.
360. pages , sans les Préfaces et la Table
des Matieres. Seconde édition , augmentée
de plus de la moitié . Par le R. P. Le Brun ,
Prêtre de l'Oratoire . A Paris , chez la
veuve Delaune , rae S. Jacques , à l'Empereur
, 1731. in- 12 . de 360 pages , sans
P'Epitre , la Préface et les Tables.
Ĉer Ouvrage avoit déja paru anonime
en 1694. sous ce titre : Discours sur la Comédie
, où l'on voit la Réponse au Théologien
qui la défend , avec l'Histoire du Théatre
, et les sentimens des Docteurs de l'Eglise
MAY. 1731. 1099
se , depuis le premier siécle jusqu'à présent .
C'étoient deux Discours prononcez par
le P. le Brun , au Seminaire de S. Magloire
, le 26 Avril , le 3 et le 7 Mai 1694.
par ordre de M. De Harlay , Archevêque
de Paris , à l'occasion de la Lettre du
P. Caffaro , qui parût à la tête du Théatre
de M. Boursault. Mais quoique le Public
eut bien reçû l'Ouvrage du Pere le
Brun , ce sçavant homme , peu content
de cette ébauche,pensa dès -lors à le perfectionner.
A mesure qu'il étudioit l'Antiquité
Ecclesiastique , il ramassoit ce qui
avoit quelque rapport aux Jeux de Theatre.
C'est ce qui a produit le Traité qu'on
donne aujourd'hui , à l'exception du premier
Discours , où il y a peu d'additions ;
les autres peuvent passer pour entierement
nouveaux par les augmentations considérables
dont ils sont enrichis , l'Auteur
ayant recueilli avec soin ce qu'il a trouvé
depuis Auguste jusqu'à Justinien . L'Editeur
nous apprend qu'il a lui- même inseré
quelques faits que le P. le Brun avoit
oublié , et qu'il a extrait tout ce qui se
trouve contre les divertissemens Comi
dans le Recueil de Rituels et de Statuts
Synodaux , que M. De Launoy a laissé
aux P P. Minimes de la Place Royale.
Le troisiéme Discours , sur les Piéces de
ques
Théa
1100 MERCURE DE FRANCE
Théatre tirées de l'Ecriture , n'avoit point
paru dans la premiere édition , ayant été
prononcé un an après. Il ne contribuë pas
à enrichir celle ci . Donnons une idée
de chacune des parties de cet Ouvrage
en exposant le plan que l'Editeur a
peu
suivi.
>
Après une Préface où l'Editeur rend
compte de plusieurs circonstances nécessaires
à l'intelligence de cet Ouvrage , on
trouve la rétractation que le P. Caffaro
fît de sa Lettre en faveur de la Comédie .
et qu'il envoya à M. De Harlay , dattéc
du 11 Mai 1694. et imprimée à Paris
dans la même année . Comme cette Piéce
est peu connue , et que d'ailleurs l'Ouvrage
du P. Caffaro a fait beaucoup de
bruit , il paroissoit avantageux à la République
des Lettres , et à la mémoire de ce
Theologien , de faire connoître par cette
rétractation et ce désaveu , le mépris qu'il
faisoit lui-même de cet Ouvrage. Et c'est
ce que l'Editeur a fait en la donnant ici
enLatin et enFrançois . Il y a joint une Lettre
du P. le Brun du 20 Mai 1694. dans
laquelle il marque à un de ses amis le
peu d'empressement qu'il avoit à faire
imprimer ses Discours , et où il parle de
la rétractation du P. Caffaro comme d'u
ne Piéce qui le remplit de consolation .
A
M.A Y.
1731 . 1101
l'EA
la suite de cette Letrre est une seconde
Préface , où l'on examine s'il faut , ou
que l'on ferme les Théatres , ouou que
glise cesse de condamner ceux qui les fréquentent
; car tel a été le but du P. le
Brun dans ses Discours de justifier la conduite
de l'Eglise en excommuniant les
Comédiens , et en tolérant ceux qui assistent
aux Spectacles. On y représente le
Théatre comme l'Ecole de l'impureté , la
nourriture des passions , l'assemblage des
ruses du Démon pour les réveiller , où les
yeux sont environnez d'objets séducteurs , les
oreilles ouvertes à des discours souvent obscenes
et toujours prophanes , qui infectent le
coeur et l'esprit.
Cette Préface commence ainsi : Il paroît
bizarre , que dans un Etat Chrétien , on
prêche et on écrive contre la Comédie , qu'on
déclare excommuniez ceux qui font profession
de monter sur le Théatre , et qu'unefoule
de Chrétiens ne laissent pas de s'assembler
presque tous les jours pour applaudir à ces
Excommuniez , & c. Elle est suivie de deux
Discours. Dans le premier , le P. le Brun
s'attache plus particulierement à répondre
à la Lettre du Theologien , défenseur
de la Comédie. Nous souhaitterions que
les bornes d'un Extrait nous permissent
de rapporter ici quelques traits qui fassent
1102 MERCURE DE FRANCE
sent connoître la solidité de cette réfutation.
Nous renvoyons au Livre même , où
le Lecteur verra avec plaisir le Theologien
, défenseur de la Comédie , refuté
en plusieurs endroits par ses propres paroles.
Le second Discours a six parties . Les
trois premieres comprennent l'Histoire
des Jeux de Théatre et autres Divertissemens
Comiques , soufferts ou condamnez
depuis Auguste jusqu'à l'extinction de
l'idolâtrie , au commencement du sixiéme
siècle. La quatriéme comprend le jugement
que les Auteurs , tant sacrés que
profanes ont porté sur les Spectacles , depuis
Auguste jusqu'à Justinien . La cinquiéme
Partie reprend l'Histoire des Jeux
de Théatre à l'extinction de l'idolâtrie , et
la continue jusqu'à la naissance des Scolastiques
; et la derniere comprend l'Histoire
des Jeux de Théatre , depuis les Scholastiques
, c'est-à- dire , depuis le milieu
du XIII . siécle jusqu'à nous.
Le second Discours est suivi d'une Lettre
, où le P. le Brun répond à quelques
difficultez qu'on lui avoit proposées . On
trouve ensuite le troisiéme Discours que
le P. le Brun prononça à S. Magloire en
1695. à l'occasion de la Judith de M. Boyer
de l'Académie Françoise. Il y examine s'il
F
MAY, 1731
1103
y a lieu d'approuver que les Piéces de
Théatre soient tirées de l'Ecriture Sainte.
Ce Discours est divisé en deux parties.
Dans la premiere , le P. le Brun fait voir
que l'Ecriture ne peut paroître sur le
Théatre sans être défigurée et alterée considerablement.
La seconde est employée
à prouver , que quand on feroit quelque
Tragédie où l'Ecriture - Sainte seroit conservée
dans toute sa force et toute sa pureté
, le Théatre des Comédiens ne seroit
point le lieu de les représenter.
,
L'Editeur a placé après ce Discours un
Mandement de M. Fléchier , Evêque de
Nismes , contre les Spectacles , adressé
aux Fideles de son Diocèse le 8 Septembre
1758. On trouve à la fin une Table
Alphabétique des Matieres contenues dans
cer Ouvrage.
On ne peut témoigner à l'Editeur trop
de reconnoissance du soin qu'il a bien
voulu prendre de réunir et de ramasser
des morceaux si précieux. Il est certain
que nous n'avons point encote vû d'ouvrage
plus complet et plus curieux sur
cette matiere ; et on peut dire qu'il fait
honneur à son Auteur , et qu'il répond
parfaitement à la réputation qu'il s'est acquise
d'ailleurs. Nous ne pouvons nous
empêcher de dire en passant que le P. le
Brun
1104 MERCURE DE FRANCE
Brun a refuté par avance le Discours d'un
Auteur récent , défenseur de la Comédie ,
dont nous avons parlé le mois passé. Cet
Auteur qui s'étoit proposé de réfuter
M. le Prince de Conty , M. Bossuet et
M. Nicole , ne les a frappez par aucuns
endroits ; et on remarque qu'il n'a fait ,
pour ainsi dire , que réchauffer et étendre
les raisons du Théologien Apologiste du
Theatre .
L'Editeur avertit le Public dans sa
Préfice qu'il a réservé l'Eloge Historique
du P. le Brun pour un autre Ouvrage du
même Auteur , qui est actuellement sous
presse , et qui a pour titre : Traité du discernement
des effets naturels d'avec ceux qui
ne le sont pas , avec l'Histoire critique des
pratiques superstitieuses qui ont séduit les
Peuples , et qui embarrassent les Sçavans.
Il ajoute qu'outre des augmentations considerables
l'Auteur a refondu entierement
son Ouvrage , et l'a rendu plus . méthodique.
Mais nos Lecteurs ne seroient peut- être
pas contens , si après avoir piqué leur
curiosité sur ce que cet Ouvrage contient
de singulier et de recherché , nous n'entrions
dans quelque détail . Pour les satisfaire
nous allons donner un peu plus
d'étendue à cet Extrait.
›
Dans
>
MAY. 1731. 1105
Dans la premiere partie de l'Histoire
des Jeux de Théatre , l'Auteur remarque
qu'on en vît de très- superbes sous Auguste.
Ce grand Prince les aimoit avec passion
, dit-il , et surtout assûre qu'il ne
dissimuloit pas cette foiblesse. Il inventa
lui- même des Jeux. Pausanias rapporte
au Livre VIII. qu'Auguste fut l'Auteur
de la Danse des Pantomimes , et M. de
Pontac dans les Notes sur la Chronique
d'Eusebe , dit que c'étoit là les Jeux Augustaux
, Ludi Augustales. Cet Empereur
établit quelques Loix touchant les Spectacles.
Il défendit aux jeunes gens de l'un
et de l'autre sexe d'aller à ceux qui se faisoient
la nuit , à moins que de proches
parens âgez ne les y menassent , et il empêcha
que les femmes assistassent jamais
aux Jeux des Athlétes , parce qu'ils combattoient
ordinairement nuds.
A l'égard des Comédiens , il leur prescrivit
des régles , et leur laissa une liberté
dont il ne souffrit pas qu'ils abusassent.
Dès qu'il sçut qu'un Acteur , nommé Stephanion
, avoit pour serviteur une femme
déguisée en garçon , il le fit foüetter par
les trois Théatres de la Ville , et le bannit.
Il ne désaprouvoit pas qu'on siflat les
Acteurs , car il en bannit un de Rome et
de toute l'Italie , pour avoir osé montrer
au
1106 MERCURE DE FRANCE
au doigt un des Spectateurs qui le sifloit,
et on sifloit souvent pour une seule faute
contre la cadence ou contre la quantité.
Quoique Néron ne s'appliquât presque
jamais à mettre l'ordre en aucun endroit,
il se trouva pourtant obligé de chasser
d'Italie tous les Histrions,après leur avoir
donné trop de liberté; mais il voulut aller
lui-même faire le Comédien et le Chantre
dans plusieurs Villes de la Grece, pour
faire paroitre sa belle voix . Il commença
par Naples , qui étoit une Ville Grecque ;
et revenant à Rome , il voulut se montrer
au Théatre. Le Senat , pour éviter l'infamie
dont il s'alloit flétrir , s'il étoit vû sur
la Scene , lui décerna le prix de Musique,
et celui d'Eloquence avant le commencement
des Jeux ; mais Néron prétendoit
l'emporter par son merite , et non pas par
la faveur du Sénat . Il monta donc sur la
Scene , où il récita un Poëme , après quoi
il joüa de la Lyre , obéït à toutes les loix
du Theatre , comme de ne se reposer , de
ne cracher , ni se moucher durant toute
Paction , fléchit un genou et salua l'Assemblée
, en attendant la Sentence des
Juges . Le Peuple , et sur tout les Etrangers
rougirent pour lui d'une telle infamie.
Vespasien témoigna de l'horreur pour
les
MAY. 1731 . 1107
les Jeux des Gladiateurs. Il se plut à ceux
du Théatre , et de son tems les Pantomimes
étoient si fort à la mode , qu'on en
avoit aux funérailles , pour leur faire représenter
les actions de celui qu'on enterroit.
Domitien deffendit aux Danseurs et
Pantomimes de monter sur le Theatre.
Nerva les rétablit . Trajan les supprima
encore , mais on ne sçait pas s'ils furent
bannis des Théatres d'Orient ; on voit
seulement que cet Empereur fit bâtir un
Théatre à Antioche. Cette malheureuse
Ville , si passionnée pour les Spectacles ,
étoit souvent punie par les tremblemens
de terre qui la renversoient presque entierement.
Elle en souffrit un terrible sous
Trajan . En faisant rétablir la Ville , ce
Prince fit aussi rétablir les Théatres.
Adrien batit aussi un grand Théatre aurès
d'Antioche , à la Fontaine de Daphné.
Il avoit fait à cette Fontaine un grand Reservoir
d'eau, qu'on pouvoit voir du Théatre
; et il mit plusieurs Statues en l'honneur
des Naïades , c'est -à- dire des Nimphes
on Déesses de l'eau . Ce fut à ce Réservoir
que l'on s'avisa de faire nager des
femmes pour représenter les Naïades ; ce
que S. Chrysostome condamna avec tant
de zele et d'éloquence ,
HelioT108
MERCURE DE FRANCE
> Heliogabale fit lui - même le Comédien
et ne craignit pas de représenter des fables
avec des nuditez et des peintures deshonêtes
.Il honora les Comédiens, leur donna
des habits de soye , et en choisit un pour
être Prefet du Prétoire.
Alexandre Severe ôta aux Comédiens
les robes précieuses , et ne leur donna ni
or ni argent , mais tout au plus quelques
pieces de monnoye de cuivre. Ce Prince
ne souffrit jamais les divertissemens Sceniques
à sa table. Il aimoit pourtant les
Spectacles , mais sans y faire des largesses ;
il vouloit qu'on traitat toujours comme
des esclaves les Comédiens , et tous ceux
qui servoient aux plaisirs publics.
Les Comédiens eurent un puissant Protecteur
vers la fin du troisiéme siecle , dans
la personne de l'Empereur Carin , etc . Son
regne se distingua par la pompe avec laquelle
il celebra les Jeux Romains . Il y
avoit cent Joueurs de Flute qui s'accordoient
, autant de Sonneurs de Cors , cent
Chantres qui dansoient en même-tems
autant de personnes qui frapoient sur des
Cymbales ,mille Pantomimes et autant de
Luteurs . Le feu ayant pris à une toile
qu'il avoit fait tendre , consuma le Théatre,
que Diocletien fit ensuite rebâtir avec
plus de magnificence. Carin avoit fait venir
MAY. 1731. 1109
nir des Comédiens de tous côtés . Ceux qui
avoient travaillé aux décorations , les Luteurs
, les Histrions , et les Musiciens eurent
en present de l'or et de l'argent , et
des habits de soye .
Ce fut sous l'Empereur Maxime que
Gelasin , Comédien , fut martyrisé à Héliopolis
dans Phénicie . Il s'étoit jetté dans
un bain d'eau tiéde , pour tourner en ridicule
le Baptême des Chrétiens ; au sortir
du bain , il parut habillé de blanc. Alors
il refusa de faire le Comédien ; et adressant
la parole à tout le peuple , il s'écria
qu'il étoit Chrétien , qu'il avoit vu dans
ce bain la redoutable Majesté de Dieu , et
qu'il mourroit Chrétien . Tous les Spectateurs
saisis de fureur , monterent sur le
Théatre , et ayant pris Gelasin , ils le lapiderent.
Nous pourrons donner un second Extrait
de cet Ouvrage, pour ce qui regarde le Theatre
François.
Fermer
Résumé : Discours sur la Comedie, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente une œuvre intitulée 'Discours sur la Comédie, ou Traité Historique et Dogmatique des Jeux de Théâtre, et autres Divertissements Comiques', écrite par le Père Le Brun, prêtre de l'Oratoire. Publiée en 1731, cette seconde édition augmentée d'un ouvrage initialement paru anonymement en 1694, explore l'histoire et les jugements des jeux de théâtre depuis le premier siècle de l'Église jusqu'au XVIIIe siècle. Le livre, composé de 360 pages, est structuré en plusieurs parties : une préface, la rétractation du Père Caffaro, une lettre de Le Brun, et deux discours. En 1694, à la demande de l'archevêque de Paris, M. De Harlay, Le Brun a prononcé deux discours au Séminaire de Saint-Magloire en réponse à une lettre du Père Caffaro défendant la comédie. Insatisfait de cette première version, Le Brun a perfectionné son ouvrage en étudiant l'antiquité ecclésiastique et en recueillant des informations sur les jeux de théâtre depuis Auguste jusqu'à Justinien. L'éditeur a ajouté des faits oubliés par Le Brun et des extraits de recueils de rituels et de statuts synodaux. Le premier discours répond à la lettre d'un théologien défenseur de la comédie. Le second discours, en six parties, couvre l'histoire des jeux de théâtre depuis Auguste jusqu'au XVIIIe siècle, ainsi que les jugements des auteurs sacrés et profanes sur les spectacles. Un troisième discours, prononcé en 1695, examine l'opportunité de représenter des pièces de théâtre tirées de l'Écriture Sainte. Le texte mentionne également plusieurs empereurs romains et leurs relations avec les spectacles théâtraux, tels qu'Auguste, Néron, Vespasien, Domitien, Trajan, Adrien, Héliogabale, Alexandre Sévère, et Carin. Chaque empereur est décrit en fonction de son attitude envers les jeux de théâtre, allant de l'approbation à la répression. Par exemple, Carin avait fait venir des comédiens de divers endroits et leur avait offert des présents d'or, d'argent et des habits de soie. Sous l'empereur Maxime, le comédien Gelasin fut martyrisé à Héliopolis en Phénicie pour avoir affirmé sa foi chrétienne après une mise en scène moqueuse du baptême. Le texte se conclut par un mandement de l'évêque de Nîmes contre les spectacles et une table alphabétique des matières.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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559
p. 1109-1118
Alcibiade, Comédie, [titre d'après la table]
Début :
ALCIBIADE, Comédie en trois Actes, par M. Poisson. A Paris, chez Fr. le [...]
Mots clefs :
Comédie, Avertissement, Talents, Acteurs, Athènes, Voyageur, Phrygien, Scène
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Alcibiade, Comédie, [titre d'après la table]
ALCIBIADE , Comédie en trois Actes
, par M. Poisson . A Paris , chez Fr. le
Breton, au bout du Pont- Neuf, près la ruë de
Guenegaud , 1731. in 12. de 80 pages.
Cette Piece est tirée des Amours des
Grands Hommes de Madame de Ville-Dieu :
l'Auteur le dit dans un petit Avertissement,
1110 MERCURE DE FRANCE
ment , et il ajoute qu'il n'a cru en pouvoir
conserver les graces , qu'en conservant la simplicité
du Roman , et en mettant en vers les
pensées et souvent même la Prose de Madame
de Ville- Dieu . M. Poisson n'est pas
moins modeste , en parlant des applaudissemens
donnez à sa Picce. Je me ferois scrupule
, dit- il , d'en tirer aucun avantage ; je
sçai qu'ils ne sont dûs qu'aux beautez de l'original
, et aux talens des Acteurs qui l'ont
representée.
ACTEURS.
Alcibiade , Seigneur
Athénien . Le sieur Dufresne.
Socrate , Philosophe.
Le sieur
Quinault.
Mirto femme de Socrate. La De la Mothe.
Aglaunice, Astrologue.
La Dle Dubreuil.
Timandre , jeune Phrigienne.
La Die Dufresne.
Cephise , Confidente de
Timandre. La De Quinault.
Amicles , Confident
d'Alcibiade. Le sieur Poisson.
Esclaves.
LA SCENE est dans un Bois , près d'Athènes.
ACTE I.
Socrate demande d'abord des nouvelles
à
MA Y. 1731. IIII
à l'Astrologue Aglaunice , de Timandre ,
jeune Phrygienne , dont il est amoureux ;
il lui fait un mystere de cet amour qu'il
doit cacher , d'autant plus que Mirto sa
femme est encore en vie ; il lui fait entendre
que c'est un dépôt précieux qu'un de
ses meilleurs amis lui mit entre les mains
en expirant. Aglaunice lui dit qu'elle a
chargé une Esclave du soin de Timandre ;
elle ajoute que cette Esclave lui a paru
d'autant plus digne de sa confiance , que
son esprit est naturel et sans art . Socrate
témoigne qu'il approuve ce choix , par
ces deux Vers :
Vous avez fort bien fait ; une compagne habile
D'une fille souvent rend la garde inutile.
L'approche d'un voyageur inconnu, les
oblige à se retirer.
Amicles Esclave et Confident d'Alcibia
de , paroît seul ; il ne sçait que penser du
dessein d'Alcibiade , qu'un désir curieux
a porté à se travestir en Phrigien , pour
venir chercher dans ce bois une certaine
Timandre , dont on lui a vanté les appas.
Voici le portrait qu'il fait d'Alcibiade :
Il n'en démordra point , je connois son humeur,
Dans l'espoir de brûler d'une nouvelle ardeur ,
F Quel#
112 MERCURE DE FRANCE
Quelque soit une belle , en un mot , brune ou
blonde ,
Il iroit pour la voir, jusques au bout du monde
etc.
A ses bouillants transports , il ose tout permettre
;
Et parce qu'il est jeune et né pour commander ›
Ce n'est qu'à ses désirs qu'il croit qu'il faut ceder.
Alcibiade vient joindre Amicles ; il lui
explique le sujet de son expédition amoureuse
, qu'il attribue à une simple curiosité
de jeune homme ; il acheve de faire
son portrait, tel que l'Histoire l'a transmis
jusqu'à nous.Voici comment il s'explique:
D'ailleurs regarde- t- on le rang dans une belle ?
C'est la beauté qui frappe , et l'on fait tout pour
'elle.
L'amour dans les douceurs de sa félicité ,
N'a pas besoin du rang ni de la dignité ;
Qu'un tel objet soit né dans le plus simple étage,
Il est charmant , il plaît ; en faut-il davantage
Je puis te dire encore , pour mieux m'ouvrir à
toy ,
Qu'il n'est point de plaisir plus charmant , selon
moy ,
Que celui d'exciter dans un coeur jeune et tendre,
Ces premiers mouvemens qu'il ne sçauroit com
prendre ,
Ces
MAY. 1731. 1113
Ces désordres secrets , ces désirs inconnus
Par la crainte chassés , par l'amour reteaus ,
Et qui font attaquer avec plus de paissance ,
Toute cette pudeur que donne l'innocence,
L'approche de Socrate et de sa femme ,
oblige Alcibiade et Amicles à se retirer.
Mirto fait des reproches à Socrate qui
marquent cette humeur acariâtre, qui , au
rapport de l'Histoire ,a donné tant d'exercice
à la Philosophie de son Epoux . Elle
trouve fort mauvais qu'il prenne soin de
l'éducation d'une jeune fille , plus propre
à être sa Maîtresse que son Ecoliere. Socrate
se justifie autant qu'il lui est possible
; elle n'en est pas radoucie,et le quitte
brusquement , en lui disant :
J'en ai , pour mon malheur , des preuves trop
certaines ,
Et j'en vais de ce pas instruire tout Athénes.
Alcibiade aborde Socrate et l'embarasse
par sa présence ; il le raille pendant tout
Teur entretien , et le fait trembler au seul
nom de Timandre , qu'il prononce malicieusement.
Socrate quitte Alcibiade et
prétexte son départ sur ces deux vers :
Fij J'aime
114 MERCURE DE FRANCE
J'aimerais à rester dans ces endroits rustiques ,
Mais je dois satisfaire à mes leçons publiques .
Alcibiade ne démord point de sa poursuite
amoureuse , commeAmicles l'a prévu
dès le commencement de cet Acte , qu'il
termine par ces vers :
Cette Timandre est belle ; il n'en faut point dou
ter ;
Pour la voir , Amicles , je prétends tout tenter.
Dans Athénes rentrons sans tarder davanrage ;
Je ne veux point donner à Socrate d'ombrage ,
Et dans l'espoir flateur dont je suis agité ,
Sui-moi , je te dirai ce que j'ai projetté.
Timandre ouvre la Scene du second Acte
avec Cephise , qui n'est rien moins que
cet esprit sans art , dont Aglaunice a flatté
Socrate ; elle va d'abord au fait et propose
à Timandre pour premier coup d'essai ,
d'aller courir le monde pour y chercher
de jolis hommes ; elle demande à Timandre
si elle n'a jamais aimé. Timandre lui
confesse ingénûment , qu'elle a vû chez
Socrate un jeune Athénien qui lui parût
tres-aimable.
Aglaunice interrompt cette tendre conversation
,pour venir faire un superbe étar
Jage de son Astrologie; elle chasse Timandre
MAY. 1731 .
irrs
dre et Cephise comme des profanes.
La premiere vûë d'Alcibiade enflamme
Aglaunice comme il lui demande des
nouvelles de Timandre , qu'il dit n'avoir
jamais vûë ; Aglaunice pour profiter de
sa prévention , se donne elle - même pour
cette Timandre , qu'il cherche avec tant
d'ardeur ; Alcibiade étonné de trouver un
objet si défectueux et si contraire aux perfections
qu'on lui avoit fait attendre dans
la personne de Timandre , ne songe plus
qu'à s'en retourner à Athénes. Aglaunice
n'oublie rien pour le retenir ; elle lui
vante sa science. Alcibiade lui en demande
une preuve , et veut sçavoir d'elle ce
que fait actuellement un de ses amis , qui
s'appelle Alcibiade. Aglaunice, après avoir
consulté ses Ephémérides , lui dit hardiment
qu'Alcibiade est presentement en
rendez - vous avec la plus belle femme
d'Athénes. Alcibiade ne peut s'empêcher
d'éclater de rire , et se dispose à partir
pour Athénes.
Aglaunice surprise , lui dit :
Mais quoi vous n'avez donc rien à dire à Ti
mandre ?
Socrate lui répond :
Fiij Ah !
1116 MERCURE DE FRANCE.
Ah ! ma foy , non . Avant que m'offrir à ses yeux ,
Elle seule occupoit mon esprit en ces lieux ;
Et j'avois , il est vrai , cent choses à lui dire ;
Mais j'ai tout oublié , Madame , et me retire.
Aglaunice ne sçait que penser de la
brusque retraite d'Alcibiade , qu'elle ne
connoît point en core . Socrate vient lui
apprendre que c'est à Alcibiade même à
qui elle vient de parler. Aglaunice n'est
pas long- tems à se remettre de sa surprise.
Elle dit à Socrate qu'elle a prudemment
donné le change à Alcibiade , en lui faisant
accroire qu'elle étoit elle- même cette
Timandre qu'il cherchoit avec tant d'empressement.
Socrate s'étant retiré , Aglaunice refléchit
sur le mauvais accueil qu'Alcibiade
lui a fait ; mais elle ne désespere pas de
s'en faire aimer , fondée sur la profondeur
et l'infaillibilité de sa science.
Comme le dernier Acte est le plus chargé
d'action , nous avons crû qu'on nous
dispenseroit d'en donner un détail qui
grossiroit trop cet Extrait ; nous y supplérons
par une espece d'argument : le
voici de la maniere la plus succincte qu'il
nous a été possible.
Timandre apprend à Cephife que ce Cavalier
qu'elles viennent de voir, est ce même
MAY. 1731. Itty
à
me inconnu dont elle lui a parlé , et qui
lui est apparu autrefois avec tant d'avantage
chez Socrate.Cephise soupçonne que
c'est Alcibiade , parce qu'elle a entendu
plusieurs fois prononcer ce nom à Aglaunice,
d'une maniere à lui persuader qu'elle
en est amoureuse . Elle conseille à Timandre
de faire tenir un Billet de sa part
l'objet de son amour. Timandre n'y consent
pas ; mais la maniere dont la fin de
cette Scene est traitée , prépare les Spectateurs
aux effets que ce Billet produit quelque
temps après. En effet il est aporté à
Alcibiade , et mal reçu de lui, parce qu'il
le croit de la fausse Timandre , qui vient
de lui en envoyer un , dont il a fait fi peu
de cas qu'il l'a jetté par terre. Cephise
qui vient lui apporter le Billet de la veritable
, picquée du mauvais accueil qu'il
lui fait,lui répond d'une maniere à le faire
réfléchir ; il ne doute point que celle qui
s'est donnée pour Timandre ne lui en ait
imposé ; il est au désespoir d'avoir refusé
le second Billet. Il ordonne à Amicles de
se travestir , pour tâcher de donner à la
véritable Timandre un Billet qu'il va écrire,
pour lui faire entendre que le mauvais
accueil qu'il a fait à sa Messagere n'est
qu'un effet de son erreur . Ce projet s'exécute
; Amicles se déguise en Marchand
Fiiij Etran18
MERCURE DE FRANCE
•
Etranger. Timandre picquée contre Alcibiadé
, refuse avec fierté la lettre qu'A- micles
veut lui rendre de sa part. Alcibiade
impatient , arrive lui- même ; on s'éclaircit
: Il ne s'agit plus que d'amour d'une et
d'autre part. Socrate arrive ; il trouve Alcibiade
aux pieds de son aimable Ecoliere
; il en essuie quelques railleries qui
l'obligent à prendre son parti de bonne
grace. Aglaunice qui survient, ne soutient
pas cette aventure avec la même Philosophie.
Elle est convaincuë d'amour et d'imposture.
Alcibiade promet à Timandre de
lui faire un destin digne d'elle , par l'Hymen
qu'il lui propose et qu'elle accepte
avec beaucoup de plaisir. Socrate y consent,
et fait entendre qu'il a triomphé de
sa foiblesse.
, par M. Poisson . A Paris , chez Fr. le
Breton, au bout du Pont- Neuf, près la ruë de
Guenegaud , 1731. in 12. de 80 pages.
Cette Piece est tirée des Amours des
Grands Hommes de Madame de Ville-Dieu :
l'Auteur le dit dans un petit Avertissement,
1110 MERCURE DE FRANCE
ment , et il ajoute qu'il n'a cru en pouvoir
conserver les graces , qu'en conservant la simplicité
du Roman , et en mettant en vers les
pensées et souvent même la Prose de Madame
de Ville- Dieu . M. Poisson n'est pas
moins modeste , en parlant des applaudissemens
donnez à sa Picce. Je me ferois scrupule
, dit- il , d'en tirer aucun avantage ; je
sçai qu'ils ne sont dûs qu'aux beautez de l'original
, et aux talens des Acteurs qui l'ont
representée.
ACTEURS.
Alcibiade , Seigneur
Athénien . Le sieur Dufresne.
Socrate , Philosophe.
Le sieur
Quinault.
Mirto femme de Socrate. La De la Mothe.
Aglaunice, Astrologue.
La Dle Dubreuil.
Timandre , jeune Phrigienne.
La Die Dufresne.
Cephise , Confidente de
Timandre. La De Quinault.
Amicles , Confident
d'Alcibiade. Le sieur Poisson.
Esclaves.
LA SCENE est dans un Bois , près d'Athènes.
ACTE I.
Socrate demande d'abord des nouvelles
à
MA Y. 1731. IIII
à l'Astrologue Aglaunice , de Timandre ,
jeune Phrygienne , dont il est amoureux ;
il lui fait un mystere de cet amour qu'il
doit cacher , d'autant plus que Mirto sa
femme est encore en vie ; il lui fait entendre
que c'est un dépôt précieux qu'un de
ses meilleurs amis lui mit entre les mains
en expirant. Aglaunice lui dit qu'elle a
chargé une Esclave du soin de Timandre ;
elle ajoute que cette Esclave lui a paru
d'autant plus digne de sa confiance , que
son esprit est naturel et sans art . Socrate
témoigne qu'il approuve ce choix , par
ces deux Vers :
Vous avez fort bien fait ; une compagne habile
D'une fille souvent rend la garde inutile.
L'approche d'un voyageur inconnu, les
oblige à se retirer.
Amicles Esclave et Confident d'Alcibia
de , paroît seul ; il ne sçait que penser du
dessein d'Alcibiade , qu'un désir curieux
a porté à se travestir en Phrigien , pour
venir chercher dans ce bois une certaine
Timandre , dont on lui a vanté les appas.
Voici le portrait qu'il fait d'Alcibiade :
Il n'en démordra point , je connois son humeur,
Dans l'espoir de brûler d'une nouvelle ardeur ,
F Quel#
112 MERCURE DE FRANCE
Quelque soit une belle , en un mot , brune ou
blonde ,
Il iroit pour la voir, jusques au bout du monde
etc.
A ses bouillants transports , il ose tout permettre
;
Et parce qu'il est jeune et né pour commander ›
Ce n'est qu'à ses désirs qu'il croit qu'il faut ceder.
Alcibiade vient joindre Amicles ; il lui
explique le sujet de son expédition amoureuse
, qu'il attribue à une simple curiosité
de jeune homme ; il acheve de faire
son portrait, tel que l'Histoire l'a transmis
jusqu'à nous.Voici comment il s'explique:
D'ailleurs regarde- t- on le rang dans une belle ?
C'est la beauté qui frappe , et l'on fait tout pour
'elle.
L'amour dans les douceurs de sa félicité ,
N'a pas besoin du rang ni de la dignité ;
Qu'un tel objet soit né dans le plus simple étage,
Il est charmant , il plaît ; en faut-il davantage
Je puis te dire encore , pour mieux m'ouvrir à
toy ,
Qu'il n'est point de plaisir plus charmant , selon
moy ,
Que celui d'exciter dans un coeur jeune et tendre,
Ces premiers mouvemens qu'il ne sçauroit com
prendre ,
Ces
MAY. 1731. 1113
Ces désordres secrets , ces désirs inconnus
Par la crainte chassés , par l'amour reteaus ,
Et qui font attaquer avec plus de paissance ,
Toute cette pudeur que donne l'innocence,
L'approche de Socrate et de sa femme ,
oblige Alcibiade et Amicles à se retirer.
Mirto fait des reproches à Socrate qui
marquent cette humeur acariâtre, qui , au
rapport de l'Histoire ,a donné tant d'exercice
à la Philosophie de son Epoux . Elle
trouve fort mauvais qu'il prenne soin de
l'éducation d'une jeune fille , plus propre
à être sa Maîtresse que son Ecoliere. Socrate
se justifie autant qu'il lui est possible
; elle n'en est pas radoucie,et le quitte
brusquement , en lui disant :
J'en ai , pour mon malheur , des preuves trop
certaines ,
Et j'en vais de ce pas instruire tout Athénes.
Alcibiade aborde Socrate et l'embarasse
par sa présence ; il le raille pendant tout
Teur entretien , et le fait trembler au seul
nom de Timandre , qu'il prononce malicieusement.
Socrate quitte Alcibiade et
prétexte son départ sur ces deux vers :
Fij J'aime
114 MERCURE DE FRANCE
J'aimerais à rester dans ces endroits rustiques ,
Mais je dois satisfaire à mes leçons publiques .
Alcibiade ne démord point de sa poursuite
amoureuse , commeAmicles l'a prévu
dès le commencement de cet Acte , qu'il
termine par ces vers :
Cette Timandre est belle ; il n'en faut point dou
ter ;
Pour la voir , Amicles , je prétends tout tenter.
Dans Athénes rentrons sans tarder davanrage ;
Je ne veux point donner à Socrate d'ombrage ,
Et dans l'espoir flateur dont je suis agité ,
Sui-moi , je te dirai ce que j'ai projetté.
Timandre ouvre la Scene du second Acte
avec Cephise , qui n'est rien moins que
cet esprit sans art , dont Aglaunice a flatté
Socrate ; elle va d'abord au fait et propose
à Timandre pour premier coup d'essai ,
d'aller courir le monde pour y chercher
de jolis hommes ; elle demande à Timandre
si elle n'a jamais aimé. Timandre lui
confesse ingénûment , qu'elle a vû chez
Socrate un jeune Athénien qui lui parût
tres-aimable.
Aglaunice interrompt cette tendre conversation
,pour venir faire un superbe étar
Jage de son Astrologie; elle chasse Timandre
MAY. 1731 .
irrs
dre et Cephise comme des profanes.
La premiere vûë d'Alcibiade enflamme
Aglaunice comme il lui demande des
nouvelles de Timandre , qu'il dit n'avoir
jamais vûë ; Aglaunice pour profiter de
sa prévention , se donne elle - même pour
cette Timandre , qu'il cherche avec tant
d'ardeur ; Alcibiade étonné de trouver un
objet si défectueux et si contraire aux perfections
qu'on lui avoit fait attendre dans
la personne de Timandre , ne songe plus
qu'à s'en retourner à Athénes. Aglaunice
n'oublie rien pour le retenir ; elle lui
vante sa science. Alcibiade lui en demande
une preuve , et veut sçavoir d'elle ce
que fait actuellement un de ses amis , qui
s'appelle Alcibiade. Aglaunice, après avoir
consulté ses Ephémérides , lui dit hardiment
qu'Alcibiade est presentement en
rendez - vous avec la plus belle femme
d'Athénes. Alcibiade ne peut s'empêcher
d'éclater de rire , et se dispose à partir
pour Athénes.
Aglaunice surprise , lui dit :
Mais quoi vous n'avez donc rien à dire à Ti
mandre ?
Socrate lui répond :
Fiij Ah !
1116 MERCURE DE FRANCE.
Ah ! ma foy , non . Avant que m'offrir à ses yeux ,
Elle seule occupoit mon esprit en ces lieux ;
Et j'avois , il est vrai , cent choses à lui dire ;
Mais j'ai tout oublié , Madame , et me retire.
Aglaunice ne sçait que penser de la
brusque retraite d'Alcibiade , qu'elle ne
connoît point en core . Socrate vient lui
apprendre que c'est à Alcibiade même à
qui elle vient de parler. Aglaunice n'est
pas long- tems à se remettre de sa surprise.
Elle dit à Socrate qu'elle a prudemment
donné le change à Alcibiade , en lui faisant
accroire qu'elle étoit elle- même cette
Timandre qu'il cherchoit avec tant d'empressement.
Socrate s'étant retiré , Aglaunice refléchit
sur le mauvais accueil qu'Alcibiade
lui a fait ; mais elle ne désespere pas de
s'en faire aimer , fondée sur la profondeur
et l'infaillibilité de sa science.
Comme le dernier Acte est le plus chargé
d'action , nous avons crû qu'on nous
dispenseroit d'en donner un détail qui
grossiroit trop cet Extrait ; nous y supplérons
par une espece d'argument : le
voici de la maniere la plus succincte qu'il
nous a été possible.
Timandre apprend à Cephife que ce Cavalier
qu'elles viennent de voir, est ce même
MAY. 1731. Itty
à
me inconnu dont elle lui a parlé , et qui
lui est apparu autrefois avec tant d'avantage
chez Socrate.Cephise soupçonne que
c'est Alcibiade , parce qu'elle a entendu
plusieurs fois prononcer ce nom à Aglaunice,
d'une maniere à lui persuader qu'elle
en est amoureuse . Elle conseille à Timandre
de faire tenir un Billet de sa part
l'objet de son amour. Timandre n'y consent
pas ; mais la maniere dont la fin de
cette Scene est traitée , prépare les Spectateurs
aux effets que ce Billet produit quelque
temps après. En effet il est aporté à
Alcibiade , et mal reçu de lui, parce qu'il
le croit de la fausse Timandre , qui vient
de lui en envoyer un , dont il a fait fi peu
de cas qu'il l'a jetté par terre. Cephise
qui vient lui apporter le Billet de la veritable
, picquée du mauvais accueil qu'il
lui fait,lui répond d'une maniere à le faire
réfléchir ; il ne doute point que celle qui
s'est donnée pour Timandre ne lui en ait
imposé ; il est au désespoir d'avoir refusé
le second Billet. Il ordonne à Amicles de
se travestir , pour tâcher de donner à la
véritable Timandre un Billet qu'il va écrire,
pour lui faire entendre que le mauvais
accueil qu'il a fait à sa Messagere n'est
qu'un effet de son erreur . Ce projet s'exécute
; Amicles se déguise en Marchand
Fiiij Etran18
MERCURE DE FRANCE
•
Etranger. Timandre picquée contre Alcibiadé
, refuse avec fierté la lettre qu'A- micles
veut lui rendre de sa part. Alcibiade
impatient , arrive lui- même ; on s'éclaircit
: Il ne s'agit plus que d'amour d'une et
d'autre part. Socrate arrive ; il trouve Alcibiade
aux pieds de son aimable Ecoliere
; il en essuie quelques railleries qui
l'obligent à prendre son parti de bonne
grace. Aglaunice qui survient, ne soutient
pas cette aventure avec la même Philosophie.
Elle est convaincuë d'amour et d'imposture.
Alcibiade promet à Timandre de
lui faire un destin digne d'elle , par l'Hymen
qu'il lui propose et qu'elle accepte
avec beaucoup de plaisir. Socrate y consent,
et fait entendre qu'il a triomphé de
sa foiblesse.
Fermer
Résumé : Alcibiade, Comédie, [titre d'après la table]
La pièce 'Alcibiade' est une comédie en trois actes écrite par M. Poisson, publiée à Paris en 1731. L'auteur a adapté les 'Amours des Grands Hommes' de Madame de Ville-Dieu, conservant la simplicité du roman original et mettant en vers les pensées et la prose de l'œuvre source. M. Poisson attribue les applaudissements reçus aux beautés de l'original et aux talents des acteurs. L'intrigue se déroule dans un bois près d'Athènes et met en scène plusieurs personnages, dont Alcibiade, un seigneur athénien, Socrate, un philosophe, Mirto, femme de Socrate, Aglaunice, une astrologue, Timandre, une jeune Phrygienne, Cephise, confidente de Timandre, Amicles, confident d'Alcibiade, et des esclaves. Dans le premier acte, Socrate demande des nouvelles de Timandre à Aglaunice, cachant son amour pour elle. Amicles révèle la curiosité d'Alcibiade pour Timandre. Alcibiade explique son désir de voir Timandre, motivé par sa beauté. Mirto reproche à Socrate de s'occuper de l'éducation de Timandre. Alcibiade rencontre Socrate et le raille, mentionnant Timandre. Socrate quitte Alcibiade, prétextant ses leçons publiques. Alcibiade décide de poursuivre sa quête amoureuse. Dans le second acte, Timandre et Cephise discutent de leurs sentiments. Aglaunice interrompt leur conversation pour vanter son astrologie. Alcibiade arrive et demande des nouvelles de Timandre. Aglaunice se fait passer pour Timandre, mais Alcibiade, déçu, décide de partir. Aglaunice tente de le retenir en vantant sa science, mais Alcibiade demande des preuves et s'en va après avoir ri de la prédiction d'Aglaunice. Le troisième acte est résumé par un argument : Timandre apprend à Cephise que l'inconnu qu'elles ont vu est celui dont elle est amoureuse. Cephise soupçonne qu'il s'agit d'Alcibiade. Timandre refuse d'envoyer un billet à Alcibiade, mais Cephise le fait malgré tout. Alcibiade, croyant que le billet vient de la fausse Timandre, le rejette. Cephise le confronte, et Alcibiade réalise son erreur. Il envoie un billet à la véritable Timandre via Amicles, mais elle refuse la lettre. Alcibiade arrive et ils s'éclaircissent. Socrate les trouve et accepte leur union. Aglaunice est démasquée et Alcibiade promet à Timandre un destin digne d'elle par le mariage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
560
p. 1128-1132
Livres nouveaux des Pays Etrangers, &c. [titre d'après la table]
Début :
Livres nouveaux, qui se vendent chez André Cailleau, Quai des Augustins, à [...]
Mots clefs :
Livres nouveaux, Histoire, Théâtre italien, Principes de la Nature, Observations, Annales de Tacite, Libraire, Bibliothèque, Volume, Graveurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Livres nouveaux des Pays Etrangers, &c. [titre d'après la table]
Livres nouveaux , qui se
vendent chez
André Cailleau , Quai des Augustins , à
Image saint André.
Histoire du Théatre Italien, depuis la décadence
de la Comédie Latine ; avec un Catalogue des
Tragédies et Comédies Italiennes , imprimées
depuis l'an 1500.jusqu'à l'an 1660 et une Dissertation
sur la Tragédie moderne , avec les
Figures
MA Y. 1731. 1129
Figures qui en représentent leurs différents
habillemens. Par Louis Ricoboni , in 8. 1730.
Suite de l'Histoire du Théatre Italien, avec une
Lettre de M. Rousseau à l'Auteur ; et l'explication
des figures , in 8. sous presse .
Elemens Historiques , ou Méthode courte et facile
pour apprendre l'Histoire aux enfans , par
M. l'Abbé de Maupertuis , in 12. 2.vol 1730 .
Description Historique des Château , Bourg et
Forêt de Fontainebleau , contenant une Explication
historique des Peintures , Tableaux ,
Bas - Reliefs, Statues, Ornemens qui s'y voient ;
et la vie des Architectes , Peintres et Sculpteurs
qui y ont travaillé , avec Plan et Figures , par
M. l'Abbé Guilbert , in 12. 2. vol . 1731 .
LES PRINCIPES de la Nature ou de la Generation
des choses , par feu M. Colomiez ,
in 12.
1731.
OBSERVATIONS curieuses sur toutes les Parties
de la Physique, extraites et recueillies des meilleurs
Mémoires , in 12. 3. vol. 1730
Suite des Annales de Tacite , avec des Notes politiques
et historiques , tom. 5. et 6. par M.L.
C. D. G✶✶✶ 1731.
Charles Guillaume , Libraire à Paris, ruë d'Hurpois
, près le Pont S. Michel , à S. Charles , a
imprimé et débite depuis peu : Le Coureur de
nuit , oɑ L'aventurier nocturne , traduit de
l'Espagnol de Dom Francisco de Quevedo. Le
prompt debit de ce petit Ouvrage l'a engagé de
mettre sous presse le reste des Oeuvres de cet
Auteur,qu'il promet de donner incessamment
Le soin qu'il prend de cet Ouvrage , le fera
préferer à l'édition de Hollande.
Le même Libraire vend la nouvelle Edition des
AvanL130
MERCURE DE FRANCE
Avantures de Dona Rusine , dite la Foüine
de Seville , ou l'Ameçon des Bourses. 2 vol.
in 12. enrichie de Figures en taille douce.
On va imprimer un Ouvrage de M. le Cat , Chirurgien
, qui a pour titre : Essai Medico- Phisique,
sur les effets de la Saignée ; dans lequel
il établit sur les Loix de la Mécanique et de
P'Hydrautique, les principes generaux des effetsde
la Saignée , l'acceleration, la dérivation , la
révulsion, et réfute plusieurs Ouvrages, récemment
publiez , sur la Saignée, entr'autres celui
de M. Quenet.
On vendra incessamment en détail , la Bibliotheque
de feu M. Géoffroy , celebre Medecin
de la Faculté de Paris , Professeur Royal en
Médecine et en Chymie , Associé , Pensionnaire
de l'Académie Royale des Sciences , et de
la Societé Koyale d'Angleterre. Le Catalogue
imprimé de cette Bibliotheque se distribue chez
Gabriel Martin, Libraire, ruëfaint Jacques,
à l'Etoile..
On vient de recevoir le Projet imprimé du
Cabinet Florentin , qui doit être composé de dix
volumes in folio. Il contiendra tout ce qu'il y a
de plus rare en tout genre d'Antiquité ; non seulement
chez le Grand Duc, mais encore chez tous
les particuliers de Florence ,
Le premier volume contiendra les Pierres gravées
en relief , autrement Camei . Le second , les
Pierres gravées en creux. Le troisième , les Statues.
Le quatrième , les Bustes. Le cinquième , les
Cachets de Bronze. Le six , sept et huit , les Médailles.
Le neuf et le dix , les Portraits des Peintres
qui
MAY. 1731 . 1137
qui ont fait eux- mêmes leurs Portraits . Tous ces
volumes peuvent faire des corps séparez . Le premier
et second , pour les Pierres gravées. Le six ,
sept , huit , pour les Médailles. Le neuf et dix ,
pour les Portraits des Peintres , et pourront être
vendus séparément. Chaque volume contiendra
au moins cent Flanches , avec des Observations
ou Explications d'Antoine- François Gori , écrites
en Latin. On promet d'employer les meilleurs
Graveurs, et de ne rien négliger pour donner à cet
important Recueil toutes les beautez dont il peut
être susceptible . Le premier volume est déja imprimé
, et pour faciliter l'impression des autres ,
on propose des Souscriptions , aux conditions
suivantes.On donnera dix - huit écus de Florence ,
qui font à peu près trente- six écus de notre monnoye.
Pour les deux premiers volumes qui seront
vendus un quart
de plus, à ceux qui n'auront pas
souscrit.
On mande de Rome que le Pape vient d'ac
querir toutes les Planches de cuivre qui avoient
servi lorsqu'on imprima la Roma Soiteranea ,du
Bosio et de l'Aringhy.Il a chargé l'Abbé Bottari,
Florentin , de procurer une nouvelle Edition de
ces deux Ouvrages, à laquelle il se trouve en état
de travailler avec succès , d'autant mieux qu'il a
pris sagement le parti de les refondre et de les remanier
entierement .
La seconde Partie du troisiéme volume de la
Bibliotheque Orientale Clémentine , paroît à Rome
depuis peu .
De Venise. On a traduit et on imprime en
Cette Ville PHistoire Romaine du P. Câtrou.
De Florence. L'Edition de l'Eustathe sur Homere
1132 MERCURE DE FRANCE
mere , traduit et enrichi de Notes , par le P. Polity
, s'avance fort à Florence . On en est au troisiéme
Tome.
Les OEuvres du feu Pape Benoît XIII. que le
Cardinal Marini avoit fait imprimer à Ravennes ,
sont actuellement en vente â Rome , en trois volumes
in folio.
vendent chez
André Cailleau , Quai des Augustins , à
Image saint André.
Histoire du Théatre Italien, depuis la décadence
de la Comédie Latine ; avec un Catalogue des
Tragédies et Comédies Italiennes , imprimées
depuis l'an 1500.jusqu'à l'an 1660 et une Dissertation
sur la Tragédie moderne , avec les
Figures
MA Y. 1731. 1129
Figures qui en représentent leurs différents
habillemens. Par Louis Ricoboni , in 8. 1730.
Suite de l'Histoire du Théatre Italien, avec une
Lettre de M. Rousseau à l'Auteur ; et l'explication
des figures , in 8. sous presse .
Elemens Historiques , ou Méthode courte et facile
pour apprendre l'Histoire aux enfans , par
M. l'Abbé de Maupertuis , in 12. 2.vol 1730 .
Description Historique des Château , Bourg et
Forêt de Fontainebleau , contenant une Explication
historique des Peintures , Tableaux ,
Bas - Reliefs, Statues, Ornemens qui s'y voient ;
et la vie des Architectes , Peintres et Sculpteurs
qui y ont travaillé , avec Plan et Figures , par
M. l'Abbé Guilbert , in 12. 2. vol . 1731 .
LES PRINCIPES de la Nature ou de la Generation
des choses , par feu M. Colomiez ,
in 12.
1731.
OBSERVATIONS curieuses sur toutes les Parties
de la Physique, extraites et recueillies des meilleurs
Mémoires , in 12. 3. vol. 1730
Suite des Annales de Tacite , avec des Notes politiques
et historiques , tom. 5. et 6. par M.L.
C. D. G✶✶✶ 1731.
Charles Guillaume , Libraire à Paris, ruë d'Hurpois
, près le Pont S. Michel , à S. Charles , a
imprimé et débite depuis peu : Le Coureur de
nuit , oɑ L'aventurier nocturne , traduit de
l'Espagnol de Dom Francisco de Quevedo. Le
prompt debit de ce petit Ouvrage l'a engagé de
mettre sous presse le reste des Oeuvres de cet
Auteur,qu'il promet de donner incessamment
Le soin qu'il prend de cet Ouvrage , le fera
préferer à l'édition de Hollande.
Le même Libraire vend la nouvelle Edition des
AvanL130
MERCURE DE FRANCE
Avantures de Dona Rusine , dite la Foüine
de Seville , ou l'Ameçon des Bourses. 2 vol.
in 12. enrichie de Figures en taille douce.
On va imprimer un Ouvrage de M. le Cat , Chirurgien
, qui a pour titre : Essai Medico- Phisique,
sur les effets de la Saignée ; dans lequel
il établit sur les Loix de la Mécanique et de
P'Hydrautique, les principes generaux des effetsde
la Saignée , l'acceleration, la dérivation , la
révulsion, et réfute plusieurs Ouvrages, récemment
publiez , sur la Saignée, entr'autres celui
de M. Quenet.
On vendra incessamment en détail , la Bibliotheque
de feu M. Géoffroy , celebre Medecin
de la Faculté de Paris , Professeur Royal en
Médecine et en Chymie , Associé , Pensionnaire
de l'Académie Royale des Sciences , et de
la Societé Koyale d'Angleterre. Le Catalogue
imprimé de cette Bibliotheque se distribue chez
Gabriel Martin, Libraire, ruëfaint Jacques,
à l'Etoile..
On vient de recevoir le Projet imprimé du
Cabinet Florentin , qui doit être composé de dix
volumes in folio. Il contiendra tout ce qu'il y a
de plus rare en tout genre d'Antiquité ; non seulement
chez le Grand Duc, mais encore chez tous
les particuliers de Florence ,
Le premier volume contiendra les Pierres gravées
en relief , autrement Camei . Le second , les
Pierres gravées en creux. Le troisième , les Statues.
Le quatrième , les Bustes. Le cinquième , les
Cachets de Bronze. Le six , sept et huit , les Médailles.
Le neuf et le dix , les Portraits des Peintres
qui
MAY. 1731 . 1137
qui ont fait eux- mêmes leurs Portraits . Tous ces
volumes peuvent faire des corps séparez . Le premier
et second , pour les Pierres gravées. Le six ,
sept , huit , pour les Médailles. Le neuf et dix ,
pour les Portraits des Peintres , et pourront être
vendus séparément. Chaque volume contiendra
au moins cent Flanches , avec des Observations
ou Explications d'Antoine- François Gori , écrites
en Latin. On promet d'employer les meilleurs
Graveurs, et de ne rien négliger pour donner à cet
important Recueil toutes les beautez dont il peut
être susceptible . Le premier volume est déja imprimé
, et pour faciliter l'impression des autres ,
on propose des Souscriptions , aux conditions
suivantes.On donnera dix - huit écus de Florence ,
qui font à peu près trente- six écus de notre monnoye.
Pour les deux premiers volumes qui seront
vendus un quart
de plus, à ceux qui n'auront pas
souscrit.
On mande de Rome que le Pape vient d'ac
querir toutes les Planches de cuivre qui avoient
servi lorsqu'on imprima la Roma Soiteranea ,du
Bosio et de l'Aringhy.Il a chargé l'Abbé Bottari,
Florentin , de procurer une nouvelle Edition de
ces deux Ouvrages, à laquelle il se trouve en état
de travailler avec succès , d'autant mieux qu'il a
pris sagement le parti de les refondre et de les remanier
entierement .
La seconde Partie du troisiéme volume de la
Bibliotheque Orientale Clémentine , paroît à Rome
depuis peu .
De Venise. On a traduit et on imprime en
Cette Ville PHistoire Romaine du P. Câtrou.
De Florence. L'Edition de l'Eustathe sur Homere
1132 MERCURE DE FRANCE
mere , traduit et enrichi de Notes , par le P. Polity
, s'avance fort à Florence . On en est au troisiéme
Tome.
Les OEuvres du feu Pape Benoît XIII. que le
Cardinal Marini avoit fait imprimer à Ravennes ,
sont actuellement en vente â Rome , en trois volumes
in folio.
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Résumé : Livres nouveaux des Pays Etrangers, &c. [titre d'après la table]
Le document présente une liste de livres et d'ouvrages récemment publiés ou en cours d'impression. Parmi les titres notables, on trouve 'Histoire du Théâtre Italien' de Louis Ricoboni, qui inclut un catalogue des tragédies et comédies italiennes imprimées entre 1500 et 1660, ainsi qu'une dissertation sur la tragédie moderne. Une suite de cet ouvrage est également annoncée, accompagnée d'une lettre de M. Rousseau. D'autres publications mentionnées incluent 'Éléments Historiques' de l'Abbé de Maupertuis, une méthode pour enseigner l'histoire aux enfants, et 'Description Historique des Château, Bourg et Forêt de Fontainebleau' de l'Abbé Guilbert, qui explique les œuvres d'art et les architectes ayant travaillé sur ce site. Le document liste également des ouvrages de physique, de médecine, et des traductions d'auteurs espagnols et latins. Des projets éditoriaux importants sont également mentionnés, comme le 'Cabinet Florentin' en dix volumes, et des rééditions d'ouvrages historiques à Rome et à Venise. Enfin, le document annonce la vente de la bibliothèque de feu M. Géoffroy, un célèbre médecin, et la publication des œuvres du pape Benoît XIII.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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561
p. 1132-1135
Enfant illustre par son sçavoir, [titre d'après la table]
Début :
On apprend d'Allemagne, que M. Martini, donne dans une Brochure qu'il a publiée, quelques [...]
Mots clefs :
Brochure, Raisons naturelles, Illustre enfant, Syllabes, Maisons de l'Europe, Ecriture Sainte, Infirme, Lait, Précepteur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Enfant illustre par son sçavoir, [titre d'après la table]
On apprend d'Allemagne , que M. Martini ,
donne dans une Brochure qu'il a publiée , quelques
raisons naturelles de l'extraordinaire сара-
Cité de l'illustre enfant, Chrétien- Henry Heinecken
, né à Lubeck en 1721. et mort en 1725.
Il parloit à dix mois ; et ayant observé les
mouvemens de ceux qui lui expliquoient diverses
figures , suivant le désir qu'il en avoit marqué , il
prononçoit d'après eux les sillabes ; à un an , il
sçavoit les principaux évenemens du Pentateuque
; à treize mois , l'histoire de l'ancien Testament
; à quatorze , celle du Nouveau ; à deux
ans et demi il répondoit pertinemment aux
questions de la Géographie et de l'Histoire ancienne
et moderne ; il parla bien - tôt Latin avec
facilité, puis le François passablement , et à la fin
de sa troisième année , il connoissoit les Généa–
logies des principales Maisons de l'Europe ; il expliquoit
avec esprit et avec jugement les Passages
et les Sentences de l'Ecriture Sainte. Il voyagea en
Dannemack pendant une bonne partie de sa quatriéme
année , et il y harangua de fort bonne
grace le Roy et les Princes du Sang. Au retour
il apprit à écrire , pouvant à peine tenir la Plume.
Il étoit délicat , infirme , souvent malade , et
même dangereusement , il haïssoit tout autre aliment
que le lait , et que celui de sa nourrice ; il ne
fut sevré que peu de mois avant sa mort , qui arriva
MAY. 1731 .
1133
riva le 27 Juin 1725.et qu'il envisagea d'une ma
niere si chrétienne , qu'il étonna encore plus par
cette fermeté, que par l'immensité de ses progrès
pendant une si courte vie. M. Chrétien jde Schoneich
, son Précepteur , a écrit sa vie. M.Behm
aussi publié une Brochure sur son sujet. M. Seclen
a parlé de lui dans un article de ses Selecte
Litteraria.
a
D'Upsal. Que le Docteur Wallin , expose dans
une Dissertation , l'Art d'écrire avec du feu : De
Arte trithemiana scribendi per ignem.
De Dresde. Que M. Faesch , Major des Ingénieurs
, au service du Roy de Pologne , compose
en Allemand , une Bibliotheque Militaire , où il
traitera de tous les Livres qui parlent de ce qui
appartient à cet Art , avec ses observations sur
ceux qu'il a vûs.
De Nuremberg. Que l'on publie la Traduction
en Allemand des Ouvrages du fameux Gerard de
Lairesse , sur le Dessein et la Peinture , écrits en
Hollandois.
Que M. Jean-Jacques Schubler a fait imprimer
depuis peu, quelques Traitez Allemands, sur
la construction des Colomnes , des Fourneaux à
échaufer les Poëles ; et sur une nouvelle maniere
de placer avantageusement de grandes Lucarnes
dans les Gréniers , &c.
De Rostock. Que M. Schultz a publié une longue
Dissertation sur l'usage de la Musique , dans
'Eglise Chrétienne.
L'Académie Royale des Belles-Lettres , établie
1134 MERCURE DE FRANCE
à Marseille , a donné dans le mois d'Avril dernier,
les deux Prix d'Eloquence et de Poësie qu'elle
avoit a distribuer . M. d'Ardene , Associé
étranger, de la même Académie , a remporté l'un
et l'autre .
Cette Académie nous prie d'avertir , que le
Prix d'Eloquence qu'elle distribuera le premier
Mercredy après le Dimanche de Quasimodo , de
l'année prochaine , 1732. a pour sujet ce passage
de Séneque : Que l'adversité n'abat que ceux que
la prosperité avoit aveuglez. Neminem adversa
fortuna comminuit , nisi quem secunda decepit.
Lib. de Const. ad Helv . cap 1. On sçait
que ce Prix consiste en une Médaille d'or , de la
valeur de trois cent livres .
Le Mercredi , onze Avril , Mess. Maraldi et
Grand-Jean ont été élus à l'Académie Royale
des Sciences , pour remplir la place d'Ajoint Astronome
, vacante par M. Gaudin , devenu Associé
depuis quelque temps. Ces deux sujets ont
été choisis par le Roy , l'un pour remplir la place
vácante , et l'autre pour tenir lieu de M. Delisle
de la Croyere , absent depuis plusieurs années ,
par congé de la Cour , sans néanmoins que ce
dernier cesse d'être de l'Académie , mais la premiere
place d'Ajoint Astronome qui viendra à
vaquer , ne sera point remplie.
Le Mercredi 18. Mess. Borave et Morgagni ,
ont été élus , pour remplir la place d'Associé
étranger , vacante par la mort du Comte de
Marsigli. Le choix du Roy est tombé sur Monsieur
Borave .
Le Samedy 28. M. Bourdelin , Ajoint Chimiste
, et M. Grost , externe , ont été élus pour
remplir la place d'Associé Chimiste , vacante
" par
MAY.
1731. ་ ་ ༣ ་
par M. Dufay , devenu Pensionaire depuis quel
que temps. Le choix du Roy est tombé sur Monsieur
Bourdelin.
On écrit de Londres que le 9. de ce mois , le
sieur Wood fit ses expériences pour tirer du Fer de
la Mine de Charbon de terre , en présence du
Comte d'Islay , du Chevalier Charles Wager , du
Chevalier Jean Eyles , et d'autres personnes que
le Conseil Privé du Roy avoit nommées . Il employa
172 livres de cette Mine , et il en retira une
Barre de 35 liy. qui parut être de tres - bon fer .
Ces Lettres ajoutent que le 13 de ce mois , le
Marquis de Braekly , fils aîné du Duc de Brigewater
, âgé d'environ 7 ans , mourut de la petite
Verole , dont on lui avoit fait l'insertion quel
ques jours auparavant, comme à son frere le Lord
Jean , qui est à present hors de danger.
donne dans une Brochure qu'il a publiée , quelques
raisons naturelles de l'extraordinaire сара-
Cité de l'illustre enfant, Chrétien- Henry Heinecken
, né à Lubeck en 1721. et mort en 1725.
Il parloit à dix mois ; et ayant observé les
mouvemens de ceux qui lui expliquoient diverses
figures , suivant le désir qu'il en avoit marqué , il
prononçoit d'après eux les sillabes ; à un an , il
sçavoit les principaux évenemens du Pentateuque
; à treize mois , l'histoire de l'ancien Testament
; à quatorze , celle du Nouveau ; à deux
ans et demi il répondoit pertinemment aux
questions de la Géographie et de l'Histoire ancienne
et moderne ; il parla bien - tôt Latin avec
facilité, puis le François passablement , et à la fin
de sa troisième année , il connoissoit les Généa–
logies des principales Maisons de l'Europe ; il expliquoit
avec esprit et avec jugement les Passages
et les Sentences de l'Ecriture Sainte. Il voyagea en
Dannemack pendant une bonne partie de sa quatriéme
année , et il y harangua de fort bonne
grace le Roy et les Princes du Sang. Au retour
il apprit à écrire , pouvant à peine tenir la Plume.
Il étoit délicat , infirme , souvent malade , et
même dangereusement , il haïssoit tout autre aliment
que le lait , et que celui de sa nourrice ; il ne
fut sevré que peu de mois avant sa mort , qui arriva
MAY. 1731 .
1133
riva le 27 Juin 1725.et qu'il envisagea d'une ma
niere si chrétienne , qu'il étonna encore plus par
cette fermeté, que par l'immensité de ses progrès
pendant une si courte vie. M. Chrétien jde Schoneich
, son Précepteur , a écrit sa vie. M.Behm
aussi publié une Brochure sur son sujet. M. Seclen
a parlé de lui dans un article de ses Selecte
Litteraria.
a
D'Upsal. Que le Docteur Wallin , expose dans
une Dissertation , l'Art d'écrire avec du feu : De
Arte trithemiana scribendi per ignem.
De Dresde. Que M. Faesch , Major des Ingénieurs
, au service du Roy de Pologne , compose
en Allemand , une Bibliotheque Militaire , où il
traitera de tous les Livres qui parlent de ce qui
appartient à cet Art , avec ses observations sur
ceux qu'il a vûs.
De Nuremberg. Que l'on publie la Traduction
en Allemand des Ouvrages du fameux Gerard de
Lairesse , sur le Dessein et la Peinture , écrits en
Hollandois.
Que M. Jean-Jacques Schubler a fait imprimer
depuis peu, quelques Traitez Allemands, sur
la construction des Colomnes , des Fourneaux à
échaufer les Poëles ; et sur une nouvelle maniere
de placer avantageusement de grandes Lucarnes
dans les Gréniers , &c.
De Rostock. Que M. Schultz a publié une longue
Dissertation sur l'usage de la Musique , dans
'Eglise Chrétienne.
L'Académie Royale des Belles-Lettres , établie
1134 MERCURE DE FRANCE
à Marseille , a donné dans le mois d'Avril dernier,
les deux Prix d'Eloquence et de Poësie qu'elle
avoit a distribuer . M. d'Ardene , Associé
étranger, de la même Académie , a remporté l'un
et l'autre .
Cette Académie nous prie d'avertir , que le
Prix d'Eloquence qu'elle distribuera le premier
Mercredy après le Dimanche de Quasimodo , de
l'année prochaine , 1732. a pour sujet ce passage
de Séneque : Que l'adversité n'abat que ceux que
la prosperité avoit aveuglez. Neminem adversa
fortuna comminuit , nisi quem secunda decepit.
Lib. de Const. ad Helv . cap 1. On sçait
que ce Prix consiste en une Médaille d'or , de la
valeur de trois cent livres .
Le Mercredi , onze Avril , Mess. Maraldi et
Grand-Jean ont été élus à l'Académie Royale
des Sciences , pour remplir la place d'Ajoint Astronome
, vacante par M. Gaudin , devenu Associé
depuis quelque temps. Ces deux sujets ont
été choisis par le Roy , l'un pour remplir la place
vácante , et l'autre pour tenir lieu de M. Delisle
de la Croyere , absent depuis plusieurs années ,
par congé de la Cour , sans néanmoins que ce
dernier cesse d'être de l'Académie , mais la premiere
place d'Ajoint Astronome qui viendra à
vaquer , ne sera point remplie.
Le Mercredi 18. Mess. Borave et Morgagni ,
ont été élus , pour remplir la place d'Associé
étranger , vacante par la mort du Comte de
Marsigli. Le choix du Roy est tombé sur Monsieur
Borave .
Le Samedy 28. M. Bourdelin , Ajoint Chimiste
, et M. Grost , externe , ont été élus pour
remplir la place d'Associé Chimiste , vacante
" par
MAY.
1731. ་ ་ ༣ ་
par M. Dufay , devenu Pensionaire depuis quel
que temps. Le choix du Roy est tombé sur Monsieur
Bourdelin.
On écrit de Londres que le 9. de ce mois , le
sieur Wood fit ses expériences pour tirer du Fer de
la Mine de Charbon de terre , en présence du
Comte d'Islay , du Chevalier Charles Wager , du
Chevalier Jean Eyles , et d'autres personnes que
le Conseil Privé du Roy avoit nommées . Il employa
172 livres de cette Mine , et il en retira une
Barre de 35 liy. qui parut être de tres - bon fer .
Ces Lettres ajoutent que le 13 de ce mois , le
Marquis de Braekly , fils aîné du Duc de Brigewater
, âgé d'environ 7 ans , mourut de la petite
Verole , dont on lui avoit fait l'insertion quel
ques jours auparavant, comme à son frere le Lord
Jean , qui est à present hors de danger.
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Résumé : Enfant illustre par son sçavoir, [titre d'après la table]
Le texte relate les exploits exceptionnels de Chrétien-Henry Heinecken, né à Lübeck en 1721 et décédé en 1725. Dès l'âge de dix mois, il parlait et prononçait des syllabes en observant des figures. À un an, il connaissait les principaux événements du Pentateuque. À deux ans et demi, il répondait à des questions de géographie et d'histoire. Il maîtrisait plusieurs langues, y compris le latin et le français, et connaissait les généalogies des principales maisons d'Europe. Il voyagea et harangua le roi et les princes du sang à Dannemack. Malade et délicat, il ne se sevrait que peu avant sa mort en mai 1731. M. Chrétien de Schoneich, son précepteur, et M. Behm ont écrit sur sa vie. Le texte mentionne également diverses publications et activités académiques. À Dresde, M. Faesch compose une Bibliothèque Militaire. À Nuremberg, des traductions des œuvres de Gerard de Lairesse sont publiées. À Rostock, M. Schultz publie une dissertation sur l'usage de la musique dans l'Église chrétienne. L'Académie Royale des Belles-Lettres de Marseille a décerné des prix d'éloquence et de poésie, avec un sujet pour l'année suivante sur un passage de Sénèque. L'Académie Royale des Sciences a élu de nouveaux membres pour des postes vacants. À Londres, le sieur Wood a réalisé des expériences pour extraire du fer de la mine de charbon en présence de dignitaires. Le marquis de Braekly, fils du duc de Brigewater, est mort de la petite vérole à l'âge de sept ans.
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562
p. 1139-1152
Endymion, Extrait, [titre d'après la table]
Début :
Le Jeudi 21. de ce mois, l'Académie Royale de Musique, donna la premiere [...]
Mots clefs :
Académie royale de musique, Scène, Avertissement, Musique, Paroles, Satire, Acte, Fête, Amour, Bergers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Endymion, Extrait, [titre d'après la table]
LRO
E Jeudi 21. de ce mois , l'Académie
Royale de Musique,donna la premiere
Représentation d'Endymion , Pastorale héroïque
, sans Prologue. Les paroles sont
de M. de Fontenelle , et la Musique , de
M.de Blamont. On apprend dans un petit
Avertissement à la tête du Poëme imprimé
, que cette Piece n'est pas entierement
telle que le Public l'avoit depuis longtemps
imprimée avec d'autres Ouvrages
de la même main.
Pan ouvre la Scene , suivi d'un Satyre
et de Lycoris , Confidente de Diane ; ils
tâchent de le détourner de l'amour qu'il
a pour Diane ; il ne se rend pas à leurs sages
conseils , et s'exprime ainsi .
Je ne sens point mon coeur effrayé des obstacles ,
Pour les surmonter tous, il est d'heureux moiens;
Mais quand l'Amour fait des miracles ,
Ce n'est pas en faveur des timides Amans .
Pan se retire ; Diane vient , Lycoris lui
dit qu'elle est heureuse de ne point trouver
Pan qui vient de quitter ces lieux ,
Giij
ct
140 MERCURE DE FRANCE
et qui n'auroit pas manqué de l'entretenir
d'un amour importun .
La Bergere Ismene vient prier Diane
de la recevoir parmi ses Nymphes. L'indifference
d'Endymion , qu'elle aime encore
, quoiqu'elle se flatte de ne le plus
aimer , est le motif qui la porte à cette
résolution ; Diane se défie d'un desseinsi
précipité , et dit à Ismene qu'elle aime
encore Endymion ; Ismene se sentant trop
presser , dit enfin à la Déesse :
Si j'aime encor , helas ! permettez que j'implora
Votre secours pour n'aimer plus.,
Diane appelle ses Nymphes à qui elle
ordonne de recevoir Ismene parmi elles..
La ceremonie de cette reception fait la
Fête de ce premier Acte ; la Déesse `donne
l'Arc et le Carquois à la nouvelle-
Nymphe..
Après la Fête , Diane qui aime en secret
Endymion, fait entendre qu'Ismene choisit
mal son azile , dans une Cour dont
la Souveraine n'a pû se deffendre d'aimer..
Lycoris n'oublie rien pour la dégager
d'un amour indigne d'un coeur aussi
grand que le sien ; elle lui répond :
Je rougis de ma tendresse ,.
Et non pas de son objet.;,
L'aie
MAY. 1147 17312
L'aimable Berger que j'adore ,
N'a pas besoin d'un rang qui s'attire les yeux
Il a mille vertus que lui-même il ignore ,
Et qui feroient l'orgueil des Dieux.
Le premier Acte finit par ces beaux
Diane chante . Vers
que
Un éternel silence ,
Cachera cet amour dont ma gloire s'offense
En secret seulement j'oserai soupirer :
Je languirai sans esperance ,
Et craindrai même d'esperer.
Au second Acte le Théatre représente
un Temple rustique que les Bergers ont
élevé pour Diane , et qui n'est pas encore
consacré.
Endymion fait connoître ce qui l'engage
à consacrer ce Temple à Diane par
ces Vers qu'il dit à Eurylas, son Confident.
Jamais par des soupirs mon amour ne s'exprime;
par des Autels je le marque sans crine ;
Ce détour , ce déguisement ,
Du moins
Convient à mon respect extrême ,
Et mon coeur pour cacher qu'il aime ,
Feint qu'il adore seulement.
Eurylas combat autant qu'il lui est
Giiij possible
1142 MERCURE DE FRANCE
possible , un amour qui ne peut que condamner
son ami à un supplice éternel.
La consécration du Temple fait la Fête
de ce second Acte ; comme les Bergers
pour faire leur cour à l'insensible Déesse ,
déclament contre l'Amour ; elle vient
elle-même leur imposer silence par ces
Vers :
Bergers , jusqu'en ces lieux votre hommage
m'attire ;
De sinceres respects sçavent charmer les Dieux ;
Mais je dois arrêter des chants audacieux ,
Que trop de zele vous inspire.
Il suffit de fuir les Amours ร
Et d'éviter leur esclavage ;
Mais par de superbes discours ,
Il ne faut pas leur faire outrage.
Diane congédie les Bergers , et fait connoître
à Lycoris pourquoi elle vient de
leur imposer silence ; voici comme elle
s'explique :
Endymion ordonnoit cette Fête ,
Lui , dont mon coeur est la conquête ;
En outrageant l'Amour il croyoit me flatter ;
Excuse ma foiblesse ;
Son erreur blessoit ma tendresse ,
Etje n'ai pû la supporter.
Comme
MAY. 1731 . 1143
Comme Lycoris lui fait entendre qu'elle
veut par là enhardir Endymion à soupirer
pour elle ; la Déesse lui répond ;
Pourrois-je le vouloir, Ciel ! quelle honte ! helas!
Du moins si je le veux , ne le penetre pas.
al-
Le Théatre représente un lieu champêtre
au troisiéme Acte . Le silence que
Diane vient d'imposer aux Bergers dans
l'Acte précedent , occasionne ce qui se
passe dans celui- dans celui - cy . Pan se flatte que la
Déesse n'est plus insensible , puisqu'elle
prend le parti de l'Amour , et ne doute
point que ce ne soit lui qui ait produit
ce grand changement dans le plus superbe
de tous les coeurs ; il sort pour
ler préparer une Fête à l'honneur de la
Déesse , dont il se croit aimé. Endymion
qui vient d'être témoin du triomphe chimerique
du Dieu des Bois , a assez de
facilité pour le croire réel ; il ne peut
supporter que Diane ait fait un choix.
si indigne d'elle ; il se détermine à redemander
Ismene à la Déesse , d'autant plus
que cette Nymphe lui avoit été destinée
pour épouse ; voici comment il s'explique
en parlant à Eurylas :
Toi-même, tu m'as dit qu'en épousant Ismene ;
Et son amour , et mon devoir ,
G v Se
1144 MERCURE DE FRANCE
Se seroient opposez au penchant qui m'en
traîne ;
Je veux essayer leur pouvoir ;
Je veux redemander Ismene à la Déesse ;
Heureux si de ses mains je pouvois recevoir ;
Ce qui doit venger, ma tendresse !;
Diane vient ; Endymion lui redemande
Ismene ; la Déesse en est mortellement
frappée mais elle dissimule sa douleur ,,
et dit à Endymion :
;
Allez ,je résoudrai ce qu'il faut que je fasse ;;
Et vous sçaurez mes volontez.
Diane se trouvant seule , exprime sa
douleur er sa jalousie par ce Monologue ,
Ou suis-je ? Endymion pour Ismene soupire !!
Et moi , je me livrois au charme qui m'attire !
Déja je trahissois le secret de mon feu;
Après une foiblesse inutile et honteuse ,,
Après avoir en vain commencé cet aveu.15.
Quelle vengeance rigoureuse. .....
Mais quoi? ne dois- je pas me croire trop heureuse .
Que l'ingrat m'entende si peu , &c..
Elle forme la résolution de ne point
rendre Ismene, de redevenir Diane , c'està-
dire , mortelle ennemie de l'Amour et
des,
MA Y. 1731. 1145
des Amans ; elle finit cette Scene par ces
deux Vers :
Je vois le Dieu des Bois ; faut- il que je l'entende ?
Ma peine ,ô Ciel ! n'est donc pas assez grande.
Pan , suivi des Faunes , des Sylvains:
et des Driades , déclare hautement son
amour à la Déesse ; il la fait reconnoître
pour Souveraine des lieux où il regne
lui- même ; la Fête étant finie , Diane lui
répond froidement ::
A recevoir vos soins j'ai voulu me contraindre ;
Peut-être en les fuyant j'aurois párû les craindre;
Quan don est trop severe, on se croit en danger ::
Je veux vous annoncer d'une ame plus tranquille
Que votre amour est inutile ,
Et qu'il faut vous en dégager..
Diane se retire ; Pan ne respire que
vengeance , mais le Satyre , son Confident,
lui conseille de ne se venger de cette superbe
Déesse , qu'en formant une nouvelle
chaîne.
Ismene commence le quatrième Acte,,
elle expose ce qui se passe dans son coeur
par ce beau Monologue :
Sombres Forêts , qui charmez la Déesse 7 ,
Doux azile ou coulent mes jours ;
Gvj Plaisirs
1143 MERCURE DE FRANCE
1
Plaisirs nouveaux qui vous offrez sans cesse ,
Pourquoi ne pouvez- vous surmonter ma tristesse
Ah ! j'attendois de vous un plus puissant secours.
Qui peut me rendre encor incertaine , inquiéte §
J'aimois un insensible , et ce que j'ai quitté ,
Ne doit pas être regretté ;
Cependant sans sçavoir ce que mon coeur regrette,
Je le sens toujours agité.
Sombres Forêts , & c.
Diane vient annoncer à Ismene qu'En-
'dymion la redemande ; elle lui ordonne
de lui parler sans feinte ; Ismene n'ose
croire ce que la Déesse lui dit : Diane la
de lui dire si elle veut renoncer à
presse
vivre sous ses loix ; Ismene lui répond :
Vous sçavez qu'à jamais je m'y suis asservie ;
Rien ne peut ébranler ma foi :
A suivre d'autres loix , si l'Amour me convie ,
L'Amour , sans votre aveu , ne peut plus rien sur
moi.
Diane la congédie en lui donnant une
esperance équivoque.
Lycoris felicite Diane de la victoire
qu'elle vient de remporter sur l'Amour
Diane fait connoître la violence qu'elle
se fait par des Vers très passionnez .
Endymion vient ; Diane lui dit qu'elle
lui
MAY. 1731. 1117
lui accorde Ismene ; Endymion est frappé
de ce bienfait comme d'un coup mortel
; il se plaint d'avoir obtenu ce qu'il a
demandé ; il fait entendre à la Déesse
qu'elle n'auroit pas dû exaucer des voeux
mal conçûs ; il lui déclare qu'il aime un
objet adorable , mais que du moins il a
tenu son crime secret , et qu'il n'a jamais
été assez audacieux pour en faire l'aveu :
emporté par sa passion , il en dit plus
qu'il ne croit , l'étonnement de Diane
qu'il prend pour un sentiment de colere ,
lui persuade qu'il est criminel à ses yeux;
il l'exprime par ces Vers :
Qu'ai-je dit ? quel transport !
Ciel ai - je rompu le silence ?
L'amour à mon respect a-t'il fait violence ?
Ah ! vos yeux irritez m'instruisant de mon soft
J'y vois tout mon malheur et toute mon offenses
Mon feu s'est découvert , j'ai mérité la mort.
Diane est retirée du doux embarras où
elle se trouve par une des heures de la
nuit , qui vient l'avertir que le Soleil est
prêt à se plonger dans l'Onde et qu'il
est temps qu'elle le remplace pour éclairer
l'Univers ; la D'esse ordonne que son
Char descende , les vents à qui elle commande,
executent ses loix, pendant qu'une
partic
1148 MERCURE DE FRANCE
partie des heures de la nuit prend soin
d'atteler son Char , les autres celebrent
une Fête , dans laquelle son insensibilité
est chantée ; voici comment cet Hymne
est composé ::
Quand la nuit dans les airs répand ses voilea
sombres ,
Vous recommencez votre cours ;:
D'un seul de vos regards vous dissipez les ombres,
Qui favorisoient les Amours .
Du Dieu qui regne dans Gythére ,.
Vous troublez les soins les plus doux
Vous en bannissez le mystere ; .
Vous éclairez les yeux jaloux..
Après la Fête , Diane monte dans son
Char ; Endymion desesperé , forme la résolution
d'aller finir ses jours dans le fond
de quelque Antre affreux ..
La Décoration du cinquiéme Acte ,.
représente un Antre du Mont Latmos .
Les Amours endorment Endymion ; une
clarté qui perce les voiles de la nuit leur
annonce Diane Amante ; ils se retirent de :
peur de l'empêcher de se montrer.
Diane fait connoître le dessein qui l'a--
mene en ces lieux ; elle craint qu'Endymion
ne se livre trop à son desespoir ,.
elle balance entre sa gloire et son amour ;
Ce
M A Y.. 17312 1749
ee dernier l'emporte; Endymion se reveil
le ; à l'aspect de Diane , il ne doute pointque
cette Divinité offensée ne soit venuë
pour le punir de sa témerité ; Diane le
rassure. Leur Dialogue finit par ces Vers
Endymion .
Je ne vois point que vous êtes Déesse .
Diane.
I ne vois point que vous êtes Berger..
Ils forment le dessein de dérober lenre
amours au reste de l'Univers ; l'Amour
paroît , et leur dit qu'il ne veut pas que
l'Univers ignore sa plus brillante victoi
re ; tout ce que Diane peut obtenir de
lui , c'est qu'il ne triomphera que dans
ces lieux témoins de sa tendresse ; il or
donne à l'Antre et à la Nuit de disparoî
tre . Le Theatre change et représente un
Jardin délicieux ; les Amours , les Jeux .
et les Plaisirs , celebrent le triomphe de
l'Amour ; Diane rend graces à l'Amour:
par ces Vers :.
Dieu favorable ,,
Dieu secourable ,,
Dieu des Amants
Que tes biens sont charmants 4 !
Ta douce flamme,
Bannit
1150 MERCURE DE FRANCE
.
Bannit d'une ame ,
Le souvenir de ses tourmens,
Si dans tes chaînes ,
Il est des peines ,
Que de plaisirs ,
Succedent aux soupirs !
Douceur extréme ,
Bonheur supreme
Tu vas plus loin que les desirs
Dieu favorable , &c .
La Dlle. Pelissier et le sieur Tribou
joüent les principaux Roles de cet Opera
avec toute l'intelligence et la finesse pos
sible. Les Roles de Pan et d'Ismene sont
remplis par le sieur Chassé , et par la Dlle.
Julie , ceux de Lycoris et d'Eurylas , par
la Dlle . Petitpas et par le sieur Dun.
Les deux Décorations du cinquième
'Acte sont du Signor Alexandre Mauri ,
Peintre Italien , nouvellement arrivé en
France.
On joua à Londres le 17. du mois dernier
un nouvel Opera Italien sous le
titre de Rénaud et Armide , qui a beaucoup
de succez .
On mande de la même Ville que quelques
jours auparavant on représenta sur
lc
MAY. 17317 115
le Théatre de Lincols - inn - fields , la Comedie
des Fourberies de Scapin , au profit
de la Dlle. Marie Salé , fameuse Danseuse
de l'Opera de Paris , que le Roy , la Reine
et les Princesses honorerent de leur
présence , et que le concours des Spectateurs
fût si grand , que malgré les Echaffauts
dressez sur le Théatre , où quantité
de Dames se placerent , on fût obligé de
renvoyer bien du monde. Cela faisoit un
spectacle des plus agréables , et la noblesse
, les graces , la finesse et l'Art enfin
avec lequel cette excellente Danseuse
executa les Entrées qu'elle dansa dans differens
Caractéres , la firent généralement
applaudir ; outre la recette entiere de
cette Representation , elle a encore receu
quantité de présens considerables . On sera
sans doute bien aise d'apprendre que la
Dlle. Salé reviendra à Paris au mois de
Juillet prochain,
Le samedi 28. du mois dernier , les
Comédiens François joüerent la Tragédie
de Britannicus , dans laquelle la Dlle . Gossin
,jeune Personne qui a joué en Provinet
en dernier lieu sur le Théatre de
ce ?
Lille parut pour la premiere fois , dans
le Rôle de Junie , qu'elle a joué trois fois ,
y a toûjours été de plus en plus
et elle
aplaudie.
152 MERCURE DE FRANCE
aplaudie. Elle est d'une jolie figure , avec
la voix fort agréable et de l'intelligence .
Elle a joué dépuis le Rôle de Chimene
dans le Cid , et elle a fait voir qu'elle
avoit encore plus de talens qu'on n'avoit
crû. Elle a soutenu la bonne opinion qu'on
a de son merite dans le Rôle de Monime ,
dans Mithridate, dans ceux d'Andromaque
et d'Iphigenie , et elle l'a beaucoup augmentée
dans le Rôle d'Agnés de l'Ecole des
Femmes. Elle danse et chante quelques
couplets dans la Comédie nouvelle de
Italie Galante.
E Jeudi 21. de ce mois , l'Académie
Royale de Musique,donna la premiere
Représentation d'Endymion , Pastorale héroïque
, sans Prologue. Les paroles sont
de M. de Fontenelle , et la Musique , de
M.de Blamont. On apprend dans un petit
Avertissement à la tête du Poëme imprimé
, que cette Piece n'est pas entierement
telle que le Public l'avoit depuis longtemps
imprimée avec d'autres Ouvrages
de la même main.
Pan ouvre la Scene , suivi d'un Satyre
et de Lycoris , Confidente de Diane ; ils
tâchent de le détourner de l'amour qu'il
a pour Diane ; il ne se rend pas à leurs sages
conseils , et s'exprime ainsi .
Je ne sens point mon coeur effrayé des obstacles ,
Pour les surmonter tous, il est d'heureux moiens;
Mais quand l'Amour fait des miracles ,
Ce n'est pas en faveur des timides Amans .
Pan se retire ; Diane vient , Lycoris lui
dit qu'elle est heureuse de ne point trouver
Pan qui vient de quitter ces lieux ,
Giij
ct
140 MERCURE DE FRANCE
et qui n'auroit pas manqué de l'entretenir
d'un amour importun .
La Bergere Ismene vient prier Diane
de la recevoir parmi ses Nymphes. L'indifference
d'Endymion , qu'elle aime encore
, quoiqu'elle se flatte de ne le plus
aimer , est le motif qui la porte à cette
résolution ; Diane se défie d'un desseinsi
précipité , et dit à Ismene qu'elle aime
encore Endymion ; Ismene se sentant trop
presser , dit enfin à la Déesse :
Si j'aime encor , helas ! permettez que j'implora
Votre secours pour n'aimer plus.,
Diane appelle ses Nymphes à qui elle
ordonne de recevoir Ismene parmi elles..
La ceremonie de cette reception fait la
Fête de ce premier Acte ; la Déesse `donne
l'Arc et le Carquois à la nouvelle-
Nymphe..
Après la Fête , Diane qui aime en secret
Endymion, fait entendre qu'Ismene choisit
mal son azile , dans une Cour dont
la Souveraine n'a pû se deffendre d'aimer..
Lycoris n'oublie rien pour la dégager
d'un amour indigne d'un coeur aussi
grand que le sien ; elle lui répond :
Je rougis de ma tendresse ,.
Et non pas de son objet.;,
L'aie
MAY. 1147 17312
L'aimable Berger que j'adore ,
N'a pas besoin d'un rang qui s'attire les yeux
Il a mille vertus que lui-même il ignore ,
Et qui feroient l'orgueil des Dieux.
Le premier Acte finit par ces beaux
Diane chante . Vers
que
Un éternel silence ,
Cachera cet amour dont ma gloire s'offense
En secret seulement j'oserai soupirer :
Je languirai sans esperance ,
Et craindrai même d'esperer.
Au second Acte le Théatre représente
un Temple rustique que les Bergers ont
élevé pour Diane , et qui n'est pas encore
consacré.
Endymion fait connoître ce qui l'engage
à consacrer ce Temple à Diane par
ces Vers qu'il dit à Eurylas, son Confident.
Jamais par des soupirs mon amour ne s'exprime;
par des Autels je le marque sans crine ;
Ce détour , ce déguisement ,
Du moins
Convient à mon respect extrême ,
Et mon coeur pour cacher qu'il aime ,
Feint qu'il adore seulement.
Eurylas combat autant qu'il lui est
Giiij possible
1142 MERCURE DE FRANCE
possible , un amour qui ne peut que condamner
son ami à un supplice éternel.
La consécration du Temple fait la Fête
de ce second Acte ; comme les Bergers
pour faire leur cour à l'insensible Déesse ,
déclament contre l'Amour ; elle vient
elle-même leur imposer silence par ces
Vers :
Bergers , jusqu'en ces lieux votre hommage
m'attire ;
De sinceres respects sçavent charmer les Dieux ;
Mais je dois arrêter des chants audacieux ,
Que trop de zele vous inspire.
Il suffit de fuir les Amours ร
Et d'éviter leur esclavage ;
Mais par de superbes discours ,
Il ne faut pas leur faire outrage.
Diane congédie les Bergers , et fait connoître
à Lycoris pourquoi elle vient de
leur imposer silence ; voici comme elle
s'explique :
Endymion ordonnoit cette Fête ,
Lui , dont mon coeur est la conquête ;
En outrageant l'Amour il croyoit me flatter ;
Excuse ma foiblesse ;
Son erreur blessoit ma tendresse ,
Etje n'ai pû la supporter.
Comme
MAY. 1731 . 1143
Comme Lycoris lui fait entendre qu'elle
veut par là enhardir Endymion à soupirer
pour elle ; la Déesse lui répond ;
Pourrois-je le vouloir, Ciel ! quelle honte ! helas!
Du moins si je le veux , ne le penetre pas.
al-
Le Théatre représente un lieu champêtre
au troisiéme Acte . Le silence que
Diane vient d'imposer aux Bergers dans
l'Acte précedent , occasionne ce qui se
passe dans celui- dans celui - cy . Pan se flatte que la
Déesse n'est plus insensible , puisqu'elle
prend le parti de l'Amour , et ne doute
point que ce ne soit lui qui ait produit
ce grand changement dans le plus superbe
de tous les coeurs ; il sort pour
ler préparer une Fête à l'honneur de la
Déesse , dont il se croit aimé. Endymion
qui vient d'être témoin du triomphe chimerique
du Dieu des Bois , a assez de
facilité pour le croire réel ; il ne peut
supporter que Diane ait fait un choix.
si indigne d'elle ; il se détermine à redemander
Ismene à la Déesse , d'autant plus
que cette Nymphe lui avoit été destinée
pour épouse ; voici comment il s'explique
en parlant à Eurylas :
Toi-même, tu m'as dit qu'en épousant Ismene ;
Et son amour , et mon devoir ,
G v Se
1144 MERCURE DE FRANCE
Se seroient opposez au penchant qui m'en
traîne ;
Je veux essayer leur pouvoir ;
Je veux redemander Ismene à la Déesse ;
Heureux si de ses mains je pouvois recevoir ;
Ce qui doit venger, ma tendresse !;
Diane vient ; Endymion lui redemande
Ismene ; la Déesse en est mortellement
frappée mais elle dissimule sa douleur ,,
et dit à Endymion :
;
Allez ,je résoudrai ce qu'il faut que je fasse ;;
Et vous sçaurez mes volontez.
Diane se trouvant seule , exprime sa
douleur er sa jalousie par ce Monologue ,
Ou suis-je ? Endymion pour Ismene soupire !!
Et moi , je me livrois au charme qui m'attire !
Déja je trahissois le secret de mon feu;
Après une foiblesse inutile et honteuse ,,
Après avoir en vain commencé cet aveu.15.
Quelle vengeance rigoureuse. .....
Mais quoi? ne dois- je pas me croire trop heureuse .
Que l'ingrat m'entende si peu , &c..
Elle forme la résolution de ne point
rendre Ismene, de redevenir Diane , c'està-
dire , mortelle ennemie de l'Amour et
des,
MA Y. 1731. 1145
des Amans ; elle finit cette Scene par ces
deux Vers :
Je vois le Dieu des Bois ; faut- il que je l'entende ?
Ma peine ,ô Ciel ! n'est donc pas assez grande.
Pan , suivi des Faunes , des Sylvains:
et des Driades , déclare hautement son
amour à la Déesse ; il la fait reconnoître
pour Souveraine des lieux où il regne
lui- même ; la Fête étant finie , Diane lui
répond froidement ::
A recevoir vos soins j'ai voulu me contraindre ;
Peut-être en les fuyant j'aurois párû les craindre;
Quan don est trop severe, on se croit en danger ::
Je veux vous annoncer d'une ame plus tranquille
Que votre amour est inutile ,
Et qu'il faut vous en dégager..
Diane se retire ; Pan ne respire que
vengeance , mais le Satyre , son Confident,
lui conseille de ne se venger de cette superbe
Déesse , qu'en formant une nouvelle
chaîne.
Ismene commence le quatrième Acte,,
elle expose ce qui se passe dans son coeur
par ce beau Monologue :
Sombres Forêts , qui charmez la Déesse 7 ,
Doux azile ou coulent mes jours ;
Gvj Plaisirs
1143 MERCURE DE FRANCE
1
Plaisirs nouveaux qui vous offrez sans cesse ,
Pourquoi ne pouvez- vous surmonter ma tristesse
Ah ! j'attendois de vous un plus puissant secours.
Qui peut me rendre encor incertaine , inquiéte §
J'aimois un insensible , et ce que j'ai quitté ,
Ne doit pas être regretté ;
Cependant sans sçavoir ce que mon coeur regrette,
Je le sens toujours agité.
Sombres Forêts , & c.
Diane vient annoncer à Ismene qu'En-
'dymion la redemande ; elle lui ordonne
de lui parler sans feinte ; Ismene n'ose
croire ce que la Déesse lui dit : Diane la
de lui dire si elle veut renoncer à
presse
vivre sous ses loix ; Ismene lui répond :
Vous sçavez qu'à jamais je m'y suis asservie ;
Rien ne peut ébranler ma foi :
A suivre d'autres loix , si l'Amour me convie ,
L'Amour , sans votre aveu , ne peut plus rien sur
moi.
Diane la congédie en lui donnant une
esperance équivoque.
Lycoris felicite Diane de la victoire
qu'elle vient de remporter sur l'Amour
Diane fait connoître la violence qu'elle
se fait par des Vers très passionnez .
Endymion vient ; Diane lui dit qu'elle
lui
MAY. 1731. 1117
lui accorde Ismene ; Endymion est frappé
de ce bienfait comme d'un coup mortel
; il se plaint d'avoir obtenu ce qu'il a
demandé ; il fait entendre à la Déesse
qu'elle n'auroit pas dû exaucer des voeux
mal conçûs ; il lui déclare qu'il aime un
objet adorable , mais que du moins il a
tenu son crime secret , et qu'il n'a jamais
été assez audacieux pour en faire l'aveu :
emporté par sa passion , il en dit plus
qu'il ne croit , l'étonnement de Diane
qu'il prend pour un sentiment de colere ,
lui persuade qu'il est criminel à ses yeux;
il l'exprime par ces Vers :
Qu'ai-je dit ? quel transport !
Ciel ai - je rompu le silence ?
L'amour à mon respect a-t'il fait violence ?
Ah ! vos yeux irritez m'instruisant de mon soft
J'y vois tout mon malheur et toute mon offenses
Mon feu s'est découvert , j'ai mérité la mort.
Diane est retirée du doux embarras où
elle se trouve par une des heures de la
nuit , qui vient l'avertir que le Soleil est
prêt à se plonger dans l'Onde et qu'il
est temps qu'elle le remplace pour éclairer
l'Univers ; la D'esse ordonne que son
Char descende , les vents à qui elle commande,
executent ses loix, pendant qu'une
partic
1148 MERCURE DE FRANCE
partie des heures de la nuit prend soin
d'atteler son Char , les autres celebrent
une Fête , dans laquelle son insensibilité
est chantée ; voici comment cet Hymne
est composé ::
Quand la nuit dans les airs répand ses voilea
sombres ,
Vous recommencez votre cours ;:
D'un seul de vos regards vous dissipez les ombres,
Qui favorisoient les Amours .
Du Dieu qui regne dans Gythére ,.
Vous troublez les soins les plus doux
Vous en bannissez le mystere ; .
Vous éclairez les yeux jaloux..
Après la Fête , Diane monte dans son
Char ; Endymion desesperé , forme la résolution
d'aller finir ses jours dans le fond
de quelque Antre affreux ..
La Décoration du cinquiéme Acte ,.
représente un Antre du Mont Latmos .
Les Amours endorment Endymion ; une
clarté qui perce les voiles de la nuit leur
annonce Diane Amante ; ils se retirent de :
peur de l'empêcher de se montrer.
Diane fait connoître le dessein qui l'a--
mene en ces lieux ; elle craint qu'Endymion
ne se livre trop à son desespoir ,.
elle balance entre sa gloire et son amour ;
Ce
M A Y.. 17312 1749
ee dernier l'emporte; Endymion se reveil
le ; à l'aspect de Diane , il ne doute pointque
cette Divinité offensée ne soit venuë
pour le punir de sa témerité ; Diane le
rassure. Leur Dialogue finit par ces Vers
Endymion .
Je ne vois point que vous êtes Déesse .
Diane.
I ne vois point que vous êtes Berger..
Ils forment le dessein de dérober lenre
amours au reste de l'Univers ; l'Amour
paroît , et leur dit qu'il ne veut pas que
l'Univers ignore sa plus brillante victoi
re ; tout ce que Diane peut obtenir de
lui , c'est qu'il ne triomphera que dans
ces lieux témoins de sa tendresse ; il or
donne à l'Antre et à la Nuit de disparoî
tre . Le Theatre change et représente un
Jardin délicieux ; les Amours , les Jeux .
et les Plaisirs , celebrent le triomphe de
l'Amour ; Diane rend graces à l'Amour:
par ces Vers :.
Dieu favorable ,,
Dieu secourable ,,
Dieu des Amants
Que tes biens sont charmants 4 !
Ta douce flamme,
Bannit
1150 MERCURE DE FRANCE
.
Bannit d'une ame ,
Le souvenir de ses tourmens,
Si dans tes chaînes ,
Il est des peines ,
Que de plaisirs ,
Succedent aux soupirs !
Douceur extréme ,
Bonheur supreme
Tu vas plus loin que les desirs
Dieu favorable , &c .
La Dlle. Pelissier et le sieur Tribou
joüent les principaux Roles de cet Opera
avec toute l'intelligence et la finesse pos
sible. Les Roles de Pan et d'Ismene sont
remplis par le sieur Chassé , et par la Dlle.
Julie , ceux de Lycoris et d'Eurylas , par
la Dlle . Petitpas et par le sieur Dun.
Les deux Décorations du cinquième
'Acte sont du Signor Alexandre Mauri ,
Peintre Italien , nouvellement arrivé en
France.
On joua à Londres le 17. du mois dernier
un nouvel Opera Italien sous le
titre de Rénaud et Armide , qui a beaucoup
de succez .
On mande de la même Ville que quelques
jours auparavant on représenta sur
lc
MAY. 17317 115
le Théatre de Lincols - inn - fields , la Comedie
des Fourberies de Scapin , au profit
de la Dlle. Marie Salé , fameuse Danseuse
de l'Opera de Paris , que le Roy , la Reine
et les Princesses honorerent de leur
présence , et que le concours des Spectateurs
fût si grand , que malgré les Echaffauts
dressez sur le Théatre , où quantité
de Dames se placerent , on fût obligé de
renvoyer bien du monde. Cela faisoit un
spectacle des plus agréables , et la noblesse
, les graces , la finesse et l'Art enfin
avec lequel cette excellente Danseuse
executa les Entrées qu'elle dansa dans differens
Caractéres , la firent généralement
applaudir ; outre la recette entiere de
cette Representation , elle a encore receu
quantité de présens considerables . On sera
sans doute bien aise d'apprendre que la
Dlle. Salé reviendra à Paris au mois de
Juillet prochain,
Le samedi 28. du mois dernier , les
Comédiens François joüerent la Tragédie
de Britannicus , dans laquelle la Dlle . Gossin
,jeune Personne qui a joué en Provinet
en dernier lieu sur le Théatre de
ce ?
Lille parut pour la premiere fois , dans
le Rôle de Junie , qu'elle a joué trois fois ,
y a toûjours été de plus en plus
et elle
aplaudie.
152 MERCURE DE FRANCE
aplaudie. Elle est d'une jolie figure , avec
la voix fort agréable et de l'intelligence .
Elle a joué dépuis le Rôle de Chimene
dans le Cid , et elle a fait voir qu'elle
avoit encore plus de talens qu'on n'avoit
crû. Elle a soutenu la bonne opinion qu'on
a de son merite dans le Rôle de Monime ,
dans Mithridate, dans ceux d'Andromaque
et d'Iphigenie , et elle l'a beaucoup augmentée
dans le Rôle d'Agnés de l'Ecole des
Femmes. Elle danse et chante quelques
couplets dans la Comédie nouvelle de
Italie Galante.
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Résumé : Endymion, Extrait, [titre d'après la table]
Le 21 mai, l'Académie Royale de Musique a présenté la première représentation de 'Endymion', une pastorale héroïque sans prologue. Les paroles sont de M. de Fontenelle et la musique de M. de Blamont. Un avertissement précède le poème imprimé, indiquant que cette pièce diffère de ce que le public avait connu jusqu'alors. L'intrigue commence avec Pan, suivi d'un Satyre et de Lycoris, qui tentent de dissuader Pan de son amour pour Diane. Diane apparaît ensuite et Ismene, une bergère amoureuse d'Endymion, demande à Diane de la recevoir parmi ses Nymphes. Diane, bien que sceptique, accepte après qu'Ismene avoue encore aimer Endymion. Diane exprime ensuite son amour secret pour Endymion et met en garde Ismene sur son choix. Dans le second acte, Endymion consacre un temple à Diane, exprimant son amour de manière détournée. Diane impose silence aux bergers qui déclament contre l'amour. Dans le troisième acte, Pan croit que Diane est amoureuse de lui et prépare une fête en son honneur. Endymion, jaloux, décide de redemander Ismene à Diane. Diane, blessée, dissimule sa douleur et refuse de rendre Ismene. Le quatrième acte voit Ismene exprimer sa tristesse et son amour persistant pour Endymion. Diane annonce à Ismene qu'Endymion la redemande, mais Ismene refuse de quitter Diane. Endymion, en obtenant Ismene, est désespéré et révèle son amour pour Diane. Diane, troublée, doit partir pour remplacer le Soleil. Dans le cinquième acte, Diane retrouve Endymion dans une grotte et lui avoue son amour. Ils décident de cacher leur amour au reste du monde. L'Amour apparaît et ordonne que leur amour soit célébré dans ces lieux. La pièce se termine par une célébration de l'amour triomphant. Les rôles principaux sont interprétés par la Dlle. Pelissier et le sieur Tribou, avec des décors du Signor Alexandre Mauri. Par ailleurs, le texte mentionne le retour de Salé à Paris en juillet prochain. Le 28 du mois précédent, les comédiens François ont joué la tragédie de Britannicus. Lors de cette représentation, Mademoiselle Gossin, une jeune actrice ayant récemment joué en province au théâtre de Lille, a interprété le rôle de Junie pour la première fois. Elle a été acclamée par le public, qui a noté son amélioration à chaque représentation. Mademoiselle Gossin est décrite comme ayant une jolie figure, une voix agréable et une grande intelligence. Elle a également joué les rôles de Chimène dans Le Cid, Monime dans Mithridate, Andromaque dans Andromaque, Iphigenie dans Iphigénie, et Agnès dans L'École des femmes. De plus, elle danse et chante des couplets dans la comédie italienne Italie Galante.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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563
p. 1152-1156
L'Italie Galante, ou les Contes, &c. [titre d'après la table]
Début :
Les Comédiens représenterent le 11. de ce mois une Piece nouvelle intitulée [...]
Mots clefs :
Comédiens, Bienséances, Extinction de voix, Tumulte, Divertissement, Fête, Magnificence
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texteReconnaissance textuelle : L'Italie Galante, ou les Contes, &c. [titre d'après la table]
Les Comédiens représenterent le 11.
de ce mois une Piece nouvelle intitulée
PItalie Galante , ou les Contes . Ce sont
trois Comédies differentes , où M. Delamotte
, s'est fait un plaisir d'accomoder
au Théatre , et de ramener aux bonnes
moeurs er aux bienséances , trois Contes
de la Fontaine ; l'Oraison de S. Julien
Richard Minutolo , et le Magnifique.
*
L'Oraison de S. Julien changée en Talisman
, dont on avoit déja vû trois Répre
sentations il y a quelques années , fût r‹ -
ceue avec beaucoup de plaisir.
Le Magnifique en deux Actes , eût le
succès le plus eclatant qu'un Autheur
puisse souhaitter : mais il arriva à Minu
tolo l'inconvenient de n'être pas entendu .
Un
MAY. 1737 TIT
Un des Acteurs principaux , et même le
plus nécessaire pour faire entendre la
Piéce , fût surpris d'une extinction de
voix , qui ne lui permit pas de prononcer
un seul mot de son Rôle : le tumulte que
ce contre-temps excita dans l'Assemblée ,
ne laissa point entendre les autres Acteurs:
ainsi l'on peut dire que la Piéce ne fût
pas representée ce jour- là ; elle le fut deux
jours aprés , et elle fut géneralement aplau
die. Le Public donne de jour en jour de
nouvelles louanges à tout l'ouvrage , et
le trouve digne de son Auteur
Chaque Piéce est ornée d'un Divertis
sement , la Musique est vive , enjoüée ,
ou tendre , selon que les caractéres l'éxigent
: elle est de M. Quinaut. Le Balet est
galand , et comique : il est de M. Dangeville.
La Fête de Renaud d'Ast est un Bal.
Le Vaudeville roule sur les Talismans ,
en voici deux Couplets.
Four surmonter l'Indifference ,
Il est tant de secrets charmants.
Faut il que contre l'Inconstance
L'Amour n'ait point de Talismans.
Pour bon gîte et bonne avanture
Faut-il
1154 MERCURE DE FRANCE
Faut- il des Aneaux et des Sorts ?
Soyez aimable , et je vous jure ,
Vous ne coucherez pas déhors.
La Fête de Minutolo est une Fête cham
pêtre. Le Vaudeville roule fur le bonheur
des Bergers , en voici trois Couplets:
Vous de qui la Richesse
Flate en vain les désirs ,
Vous cherchés les plaisirs ,
Et les manqués sans cesse ;
Nos Amours sont tout nôtre bien
Et nous ne vous envions rien.
Le Ciel a fait aux Hommes
Des Destins differents :
Vous paroissez contens :
Mais c'est nous qui le sommes ,
Nos Amours & c.
Au Parterre .
Si nos soins , pour vous plaire ,
N'avoient pas été vains ,
Vous auriés dans vos mains
Nôtre plus doux salaire ;
Vos
MAY. 1731
1159
Vos plaisirs sont tout nôtre bien
Hors delà nous n'envions rien.
2
La Fête du Magnifique : ce sont differents
Peuples qui offrent à Lucille les Richesses
de leur pays. Le Vaudeville rou
le sur la Magnificence. En voiçi trois
Couplets:
L'Amant avare et tiranique
Verra rebutter ses désirs :
Mais si l'Amour a des plaisirs ;
Ils sont pour l'Amant Magnifique,
Donnés , Amants ; mais donnés bien
Donner mal , c'est ne donner rien.
粥
La maniere ajoûte au service :
Il faut que les dons soient adroits ;
Les présens même quelquefois
Offensent plus que l'avarice .
Donnés , Amants &c.
Au Parters .
ន
W
Soyez avares de Critiques ,
Si vous ne sortés pas contens :
Ce n'est qu'en applaudissemen,
Qu'il
156 MERCURE DE FRANCE
Qu'il vous sied d'être Magnifiques.
Applaudissez pour nôtre bien :
Critiqués , mais si peu que rien.
Ce Couplet , que chante la Dlle. Gossin
avec beaucoup de grace, est fort applaudi :
les autres Couplets sont chantez vivement
et trés-bien exprimez . Les Dilles . Labate .
et Dangeville
font un très grand plaisir
dans le Balet , au milieu duquel la petite
Dlle. Dubreuil, en Sauve-Souris , danse ,
toujours; poursuivie
par ceux qui veulent
l'attrapper. Toutes ces Piéces, au reste,sont
trés bien représentées. Ce qui a fait remarquer
par plusieurs bons connoisseurs
que depuis fort long- temps , il n'y avoit
cu à la Comédie Françoise , tant ni de si
excellens sujets . Nous nous abstenons de
les nommer icy de peur de décourager
ceux dont les talens ne sont pas encore dévelopés
, et dont le Public empêche souvent
les progrés par trop peu d'indulgence.
de ce mois une Piece nouvelle intitulée
PItalie Galante , ou les Contes . Ce sont
trois Comédies differentes , où M. Delamotte
, s'est fait un plaisir d'accomoder
au Théatre , et de ramener aux bonnes
moeurs er aux bienséances , trois Contes
de la Fontaine ; l'Oraison de S. Julien
Richard Minutolo , et le Magnifique.
*
L'Oraison de S. Julien changée en Talisman
, dont on avoit déja vû trois Répre
sentations il y a quelques années , fût r‹ -
ceue avec beaucoup de plaisir.
Le Magnifique en deux Actes , eût le
succès le plus eclatant qu'un Autheur
puisse souhaitter : mais il arriva à Minu
tolo l'inconvenient de n'être pas entendu .
Un
MAY. 1737 TIT
Un des Acteurs principaux , et même le
plus nécessaire pour faire entendre la
Piéce , fût surpris d'une extinction de
voix , qui ne lui permit pas de prononcer
un seul mot de son Rôle : le tumulte que
ce contre-temps excita dans l'Assemblée ,
ne laissa point entendre les autres Acteurs:
ainsi l'on peut dire que la Piéce ne fût
pas representée ce jour- là ; elle le fut deux
jours aprés , et elle fut géneralement aplau
die. Le Public donne de jour en jour de
nouvelles louanges à tout l'ouvrage , et
le trouve digne de son Auteur
Chaque Piéce est ornée d'un Divertis
sement , la Musique est vive , enjoüée ,
ou tendre , selon que les caractéres l'éxigent
: elle est de M. Quinaut. Le Balet est
galand , et comique : il est de M. Dangeville.
La Fête de Renaud d'Ast est un Bal.
Le Vaudeville roule sur les Talismans ,
en voici deux Couplets.
Four surmonter l'Indifference ,
Il est tant de secrets charmants.
Faut il que contre l'Inconstance
L'Amour n'ait point de Talismans.
Pour bon gîte et bonne avanture
Faut-il
1154 MERCURE DE FRANCE
Faut- il des Aneaux et des Sorts ?
Soyez aimable , et je vous jure ,
Vous ne coucherez pas déhors.
La Fête de Minutolo est une Fête cham
pêtre. Le Vaudeville roule fur le bonheur
des Bergers , en voici trois Couplets:
Vous de qui la Richesse
Flate en vain les désirs ,
Vous cherchés les plaisirs ,
Et les manqués sans cesse ;
Nos Amours sont tout nôtre bien
Et nous ne vous envions rien.
Le Ciel a fait aux Hommes
Des Destins differents :
Vous paroissez contens :
Mais c'est nous qui le sommes ,
Nos Amours & c.
Au Parterre .
Si nos soins , pour vous plaire ,
N'avoient pas été vains ,
Vous auriés dans vos mains
Nôtre plus doux salaire ;
Vos
MAY. 1731
1159
Vos plaisirs sont tout nôtre bien
Hors delà nous n'envions rien.
2
La Fête du Magnifique : ce sont differents
Peuples qui offrent à Lucille les Richesses
de leur pays. Le Vaudeville rou
le sur la Magnificence. En voiçi trois
Couplets:
L'Amant avare et tiranique
Verra rebutter ses désirs :
Mais si l'Amour a des plaisirs ;
Ils sont pour l'Amant Magnifique,
Donnés , Amants ; mais donnés bien
Donner mal , c'est ne donner rien.
粥
La maniere ajoûte au service :
Il faut que les dons soient adroits ;
Les présens même quelquefois
Offensent plus que l'avarice .
Donnés , Amants &c.
Au Parters .
ន
W
Soyez avares de Critiques ,
Si vous ne sortés pas contens :
Ce n'est qu'en applaudissemen,
Qu'il
156 MERCURE DE FRANCE
Qu'il vous sied d'être Magnifiques.
Applaudissez pour nôtre bien :
Critiqués , mais si peu que rien.
Ce Couplet , que chante la Dlle. Gossin
avec beaucoup de grace, est fort applaudi :
les autres Couplets sont chantez vivement
et trés-bien exprimez . Les Dilles . Labate .
et Dangeville
font un très grand plaisir
dans le Balet , au milieu duquel la petite
Dlle. Dubreuil, en Sauve-Souris , danse ,
toujours; poursuivie
par ceux qui veulent
l'attrapper. Toutes ces Piéces, au reste,sont
trés bien représentées. Ce qui a fait remarquer
par plusieurs bons connoisseurs
que depuis fort long- temps , il n'y avoit
cu à la Comédie Françoise , tant ni de si
excellens sujets . Nous nous abstenons de
les nommer icy de peur de décourager
ceux dont les talens ne sont pas encore dévelopés
, et dont le Public empêche souvent
les progrés par trop peu d'indulgence.
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Résumé : L'Italie Galante, ou les Contes, &c. [titre d'après la table]
Le 11 mai 1737, les Comédiens ont présenté une pièce intitulée 'L'Italie Galante, ou les Contes'. Cette œuvre est composée de trois comédies adaptées par M. Delamotte à partir de contes de La Fontaine : 'L'Oraison de S. Julien', 'Richard Minutolo' et 'Le Magnifique'. La première comédie, 'L'Oraison de S. Julien', rebaptisée 'Le Talisman', a été bien accueillie après trois représentations précédentes. La deuxième comédie, 'Le Magnifique', en deux actes, a connu un succès remarquable malgré un incident lors de la première représentation où un acteur principal a perdu sa voix, rendant la pièce inaudible. La représentation a été reprise deux jours plus tard et a été applaudie. Chaque pièce est accompagnée de divertissements musicaux et chorégraphiques. La musique, composée par M. Quinaut, est adaptée aux caractères des pièces, tandis que le ballet, créé par M. Dangeville, est galant et comique. Les vaudevilles accompagnant les pièces traitent des thèmes des talismans, du bonheur des bergers et de la magnificence. Les représentations ont été saluées pour leur excellence, et le public a loué les talents des acteurs et des auteurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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564
p. 1167-1168
LETTRE écrite de Turin le 19. May, par M. L . D.
Début :
La part que vous prenez aux progrès de la Scene Françoise, Monsieur, me fait esperer [...]
Mots clefs :
Turin, Troupe de comédiens français, Cour, Noblesse, Prince de Carignan
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Turin le 19. May, par M. L . D.
LEFTRE écrite de Turin le 19. May ,
par M. L. D.
Α
LA partque vous prenez aux progrès de la
Scene Françoise , Monsieur , me fait esperer
que vous recevrez avec plaisir la Lettre que j'ai
l'honneur de vous écrire , et que vous aurez la
bonté d'en faire usage dans le Mercure de ce mois.
Nous avons à Turin une Troupe de Comédiens
François , recommandable par le choix et par
le nombre des Acteurs et des Actrices qui
a composent cette Troupe a é é demandée
pour la troisiéme fois dans cette Cour ; clie
y est goutée plus que jamais , et notre Noblesse
voit avec plaisir représenter les Chefs - d'oeuvres
qu'elle a admirez autrefois en les lisant. Le Roi
Hv les
1168 MERCURE DE FRANCE
les honore très -souvent de sa presence au Théatre
du Prince de Carignan , et l'on a fait construire
un Théatre magnifique dans les Appartemens
du Palais , pour en donner le divertissement
à la Reine , à qui ils ont eu le bonheur de plaire .
Ils y représentent deux fois la semaine , et Sa
Majesté n'a cessé de les voir que par son heureux
accouchement d'un Prince , qui nâquit Jeu
dy 17. May ; il fut nommé le lendemain sur les
Fonts , joseph- Charles- Emmanuel , par le Prince
Louis de Carignan , et par la Princesse sa:
soeur. Nos Comédiens , pour marquer la partqu'ils
prennent au bonheur public , donnent aujourd'hui
19. la Comedie gratis . J'ai l'honneur:
d'être , &c..
par M. L. D.
Α
LA partque vous prenez aux progrès de la
Scene Françoise , Monsieur , me fait esperer
que vous recevrez avec plaisir la Lettre que j'ai
l'honneur de vous écrire , et que vous aurez la
bonté d'en faire usage dans le Mercure de ce mois.
Nous avons à Turin une Troupe de Comédiens
François , recommandable par le choix et par
le nombre des Acteurs et des Actrices qui
a composent cette Troupe a é é demandée
pour la troisiéme fois dans cette Cour ; clie
y est goutée plus que jamais , et notre Noblesse
voit avec plaisir représenter les Chefs - d'oeuvres
qu'elle a admirez autrefois en les lisant. Le Roi
Hv les
1168 MERCURE DE FRANCE
les honore très -souvent de sa presence au Théatre
du Prince de Carignan , et l'on a fait construire
un Théatre magnifique dans les Appartemens
du Palais , pour en donner le divertissement
à la Reine , à qui ils ont eu le bonheur de plaire .
Ils y représentent deux fois la semaine , et Sa
Majesté n'a cessé de les voir que par son heureux
accouchement d'un Prince , qui nâquit Jeu
dy 17. May ; il fut nommé le lendemain sur les
Fonts , joseph- Charles- Emmanuel , par le Prince
Louis de Carignan , et par la Princesse sa:
soeur. Nos Comédiens , pour marquer la partqu'ils
prennent au bonheur public , donnent aujourd'hui
19. la Comedie gratis . J'ai l'honneur:
d'être , &c..
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Résumé : LETTRE écrite de Turin le 19. May, par M. L . D.
Le 19 mai, M. L. D. écrit depuis Turin pour informer des progrès de la scène française dans cette ville. Turin accueille une troupe de comédiens français, reconnue pour la qualité et le nombre de ses membres. Cette troupe a été invitée trois fois à la cour et y est bien accueillie. La noblesse locale apprécie les représentations des œuvres qu'elle connaît déjà. Le roi assiste fréquemment aux spectacles au théâtre du Prince de Carignan. Un théâtre somptueux a été construit dans les appartements du palais pour divertir la reine, qui a apprécié les représentations. La troupe joue deux fois par semaine, sauf le 17 mai, jour de l'accouchement de la reine, qui a donné naissance à un prince nommé Joseph-Charles-Emmanuel. Pour célébrer cet événement, les comédiens offrent une représentation gratuite le 19 mai.
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565
p. 1173-1175
« Le premier May, les Hautbois de la Chambre du Roy joüerent au levé de [...] »
Début :
Le premier May, les Hautbois de la Chambre du Roy joüerent au levé de [...]
Mots clefs :
Roi, Chanter, Symphonie, Concert, Reine, Ballet, Entrée, Fête, Motet, Destouches
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texteReconnaissance textuelle : « Le premier May, les Hautbois de la Chambre du Roy joüerent au levé de [...] »
Le premier May , les Hautbois de la
Chambre du Roy joüerent au levé de :
Sa Majesté , plusieurs airs de Symphonie
de M. de Lully , et les 24. Violons
de la Chambre donnerent au diné du Roy
une suite de symphonie de la composition
de
1174 MERCURE DE FRANCE
de M. Destouches Sur Intendant de la
Musique du Roy en Semestre , dont l'execution
fût trés brillante .
Le s . il y eût Concert à Marly , on y
chanta les deux derniers Actes de l'Opera'd'Atys.
Le 7 , on chanta devant la Reyne le
Prologue du Balet des Stratagêmes de
l'Amour , dont les vers sont de M. Roy ,
et la Musique de M. Destouches . Ce Prologue
, fait à l'occasion du mariage de L.
M. fut chanté par la Dile. Lenner qui fit
le Rôle de la Prétresse de la Gloire , avec
tout le succès qu'on en pouvoit attendre ,
les Choeur et les Symphonies firent le
même plaisir.
Le 16 , on chanta devant la Reyne la
premiere Entrée du même Balet , intitulée
Scamandre , dont le Rôle fût rempli
par le sieur d'Angerville , et celui de-
Callirée par la Die Barbier , ces deux sujets
rendirent ccs Caractéres avec beaud'Art.
coup
·
Le 19 , on donna la seconde Entrée ,
qui a pour titre les Abderites , le sieur
Guedon y chinta le Rôle de Timante , le
sieurLe Prince celuy d'Iphis , et la Dlle
Couvassier c lui d'Irene , dans lequelelle
plût infiniment.
Le 21 , on finit le Balet par la troisiéme
MAY. 1735. 1175
me Entrée intitulée la Fête de Philotis ; la
Die Lenner et le sieur d'Argervile chanterent
les Rôles d'Albine et d'Emile au
contentement de la Reyne et de toute la
Cour , et le sieur Le Prince fit le Rôle de
Lycas , avec autant de précision que de
legereté .
Le 3. jour Fêre de l'Ascension , et le 1 3 .
Fête de la Pentecôte , il y eût Concert spirituel
au Château des Thuilleries ; on y
chanta differents Motets de M. de la Lande
qui furent parfaitement bien executés,
de même que d'autres petits Motets à une
et deux voix de differents Auteurs.
Le 24 , jour de la Fête- Dieu , on chanta
Exaltabo te Deus , Motet de M. de la
Lande , et Venite exultemus , du sieur du
Bous et. Les Diles. Erremens et Lenner ,
chanterent O Sacrum convivium , Motet
de M. Mouret , qui fût trés aplaudi , de
même qu'un autre petit Motet de M. le
Maire , chanté par la Dlle . Petit- pas ; ce
dernier Concert fût terminé par le Te
Deum de M. de la Lande ,avec Timballes
et Trompettes , précedé d'une trés belle
Symphonie.
Le 8. de ce mois , les Officiers des Gardes
du Corps allerent par la premiere fois
prendre l'Ordre de M. le Dauphin , en
l'absence du Roy.
Chambre du Roy joüerent au levé de :
Sa Majesté , plusieurs airs de Symphonie
de M. de Lully , et les 24. Violons
de la Chambre donnerent au diné du Roy
une suite de symphonie de la composition
de
1174 MERCURE DE FRANCE
de M. Destouches Sur Intendant de la
Musique du Roy en Semestre , dont l'execution
fût trés brillante .
Le s . il y eût Concert à Marly , on y
chanta les deux derniers Actes de l'Opera'd'Atys.
Le 7 , on chanta devant la Reyne le
Prologue du Balet des Stratagêmes de
l'Amour , dont les vers sont de M. Roy ,
et la Musique de M. Destouches . Ce Prologue
, fait à l'occasion du mariage de L.
M. fut chanté par la Dile. Lenner qui fit
le Rôle de la Prétresse de la Gloire , avec
tout le succès qu'on en pouvoit attendre ,
les Choeur et les Symphonies firent le
même plaisir.
Le 16 , on chanta devant la Reyne la
premiere Entrée du même Balet , intitulée
Scamandre , dont le Rôle fût rempli
par le sieur d'Angerville , et celui de-
Callirée par la Die Barbier , ces deux sujets
rendirent ccs Caractéres avec beaud'Art.
coup
·
Le 19 , on donna la seconde Entrée ,
qui a pour titre les Abderites , le sieur
Guedon y chinta le Rôle de Timante , le
sieurLe Prince celuy d'Iphis , et la Dlle
Couvassier c lui d'Irene , dans lequelelle
plût infiniment.
Le 21 , on finit le Balet par la troisiéme
MAY. 1735. 1175
me Entrée intitulée la Fête de Philotis ; la
Die Lenner et le sieur d'Argervile chanterent
les Rôles d'Albine et d'Emile au
contentement de la Reyne et de toute la
Cour , et le sieur Le Prince fit le Rôle de
Lycas , avec autant de précision que de
legereté .
Le 3. jour Fêre de l'Ascension , et le 1 3 .
Fête de la Pentecôte , il y eût Concert spirituel
au Château des Thuilleries ; on y
chanta differents Motets de M. de la Lande
qui furent parfaitement bien executés,
de même que d'autres petits Motets à une
et deux voix de differents Auteurs.
Le 24 , jour de la Fête- Dieu , on chanta
Exaltabo te Deus , Motet de M. de la
Lande , et Venite exultemus , du sieur du
Bous et. Les Diles. Erremens et Lenner ,
chanterent O Sacrum convivium , Motet
de M. Mouret , qui fût trés aplaudi , de
même qu'un autre petit Motet de M. le
Maire , chanté par la Dlle . Petit- pas ; ce
dernier Concert fût terminé par le Te
Deum de M. de la Lande ,avec Timballes
et Trompettes , précedé d'une trés belle
Symphonie.
Le 8. de ce mois , les Officiers des Gardes
du Corps allerent par la premiere fois
prendre l'Ordre de M. le Dauphin , en
l'absence du Roy.
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Résumé : « Le premier May, les Hautbois de la Chambre du Roy joüerent au levé de [...] »
Du 1er au 24 juin, plusieurs événements musicaux eurent lieu à la cour du Roi. Le 1er mai, les Hautbois de la Chambre du Roi jouèrent des symphonies de Lully au lever du Roi, et les Violons de la Chambre exécutèrent une suite de symphonies de Destouches lors du dîner du Roi. Le 5 mai, un concert à Marly présenta les deux derniers actes de l'opéra 'Atys'. Le 7 mai, le Prologue du Ballet des Stratagèmes de l'Amour, avec des vers de Roy et la musique de Destouches, fut chanté devant la Reine par Lenner. Les 16, 19 et 21 mai, différentes entrées du même ballet furent interprétées devant la Reine, avec des rôles joués par plusieurs artistes. Le 3 juin, jour de l'Ascension, et le 13 juin, jour de la Pentecôte, des concerts spirituels eurent lieu aux Tuileries avec des motets de La Lande et d'autres auteurs. Le 24 juin, jour de la Fête-Dieu, plusieurs motets furent chantés, dont ceux de La Lande, Du Bousset et Mouret, interprétés par Erremens et Lenner. Le concert se termina par le Te Deum de La Lande avec timbales et trompettes. Le 8 juin, les Officiers des Gardes du Corps prirent l'Ordre du Dauphin en l'absence du Roi.
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566
p. 1224-1235
LETTRE de la Marquise de .... au Chevalier de ....
Début :
Je ne doute point, Monsieur, que vous n'ayez été surpris du long silence que [...]
Mots clefs :
Nouvelliste du Parnasse, Amour propre, Lettre, Tragédie, Actrices, Rhétorique, Hymen, Hémistiche
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE de la Marquise de .... au Chevalier de ....
LETTRE de la Marquise de ....
au Chevalier de ...
L
C
E ne doute point , Monsieur , que vous
été que
j'ai gardé au sujet de la septiéme Lettre
du Nouvelliste du Parnasse , que vous
m'aviez sans doute envoyée pour morti
fier mon amour propre ; vous m'aviez
raillée sur quelques larmes que je n'a
vois pû retenir à la premiere representa
tion de la reprise d'Amasis ; je vous sou
tins avec une espece de dépit , ¡que mes.
¿
V
C
t
2
(
1. Vol .
pleurs
JUIN. 1731. 7225
pleurs ne couloient jamais à faux , et que
j'osois garantir la Piece bonne , sur la foi
de ma sensibilité. Nous nous separâmes
assez mécontents l'un de l'autre ; vous ne
fûtes pas long-tems à trouver une occa→
sion de vous vanger de la hauteur avec
laquelle j'avois décidé en faveur d'une
Piece qui n'avoit pas le bonheur de vous
plaire ; et vous ne crûtes le pouvoir mieux
qu'en m'envoyant la Lettre en question.
J'y aurois répondu sur le champ , si je
me fusses trouvée assez de sang froid ,
pour ne pas ressembler à votre impétueux
Nouvelliste , persuadée que la critique
perd infiniment de son prix , quand elle
est dictée par la passion ; me voilà donc,
Monsieur , dans un état assez tranquille
pour ne rien hazarder sans refléxion.
Le début de cette septiéme Lettre de
vroit rendre son Auteur suspect , puis
qu'il n'est établi que sur une fausse hypo
these : Piece, dit- il, en parlant de la Trage
die d'Amasis , jufqu'ici ignorée ou peu van
tée. Notre Ariftarque mal instruit se fon
de , sans doute , sur le peu de representa
tions que cette Tragedie eut dans sa nais
sance ; mais s'il avoit pris la peine de re
monter jusqu'au temps où elle fut donnée
pour la premiere fois , il auroit appris
qu'elle fut accueillie avec autant d'équité,
I. Vol. qu'elle
1226 MERCURE DE FRANCE
qu'elle l'est aujourd'hui > et que par
consequent elle n'a dû être , ni ignorée
ni peu vantée : les meilleurs Ouvrages du
Theatre ne sont pas à l'épreuve des Sai
sons , et le froid extréme qui alors empêcha
le Public d'aller aux Spectacles , fit partager
à ce même Public , aussi bien qu'à M. de
la Grange , le regret de la prompte dispa
rition d'Amasis , sans compter quelque
aigreur entre l'Auteur et une des princi
pales Actrices de ce tems-là , qui ne par
loit jamais de la Piece que pour la dé
- crier.
Ainsi c'est admettre un mauvais Prin
cipe que de dire
que cette Piece est gou
tée aujourd'hui par la même raison qui
a fait dédaigner Brutus. A Dieu ne plaise
que je traite assez mal le Public pour croi
re qu'il a dédaigné cette derniere Trage
die ; le mépris ne sçauroit être le partage
d'un Auteur tel qu'est M. de Voltaire ,
sans commettre la plus criante de toutes
les injustices ; tout le monde s'accorde à
la mettre au rang des meilleurs versifica
teurs de notre siecle ; rien n'eft plus digne
d'admiration que le beau feu qui anime
toutes ses Poesies , et j'ose avancer qu'il
seroit à souhaiter qu'il en eût quelquefois
un peu moins ; il ne s'y laisseroit pas en
traîner si rapidement dans des Ouvrages
I. Vol.
qui
JUIN. 1731. 1227
qui demandent plus de raison que d'an
tousiasme.Revenons à nôtre Archiloque.
Après avoir dit que la Tragedie d'A
masis est remplie de situations & d'évenemens
bizares qui se succedent à chaque instant ;
il lui fait la grace d'avouer , qu'elle ne lais
se pas de conserver une espece d'unité. Com
bien cette verité a- t'elle de peine à sortir
de sa plume ! On en juge par tous les
termes dont il se sert pour faire cet aveu
forcé ; elle ne laiffe pas : quoi de plus mé
prisant ? de conserver. Quelle continua
tion de mépris une espece d'unité ; quel
malin diminutif; je suis surprise qu'il n'ait
pas dit quellefaçon d'unité . Il craint mê
me d'avoir été trop favorable à l'Auteur,
et de peur qu'on ne prenne le change sur
ses expressions , il ajoûte aussi-tôt aprés ,
que cette espece d'unité a bien l'apparence de
la multiplicité , quel rafinement !
→
Quels blasphêmes ne profere - t- il pas con
tre le respectable Parterrel? En voici un : le
Parterre moderne , si je l'ose dire , fent et ne
pense point; Au reste, on doit lui tenir com
pte du Correctif, c'est unefigure de Retho
rique dont il fait rarement ufage.
Voici le second blasphême : dès qu'une
piece lui plaît , il s'imagine qu'elle a droit de
lui plaire , et qu'elle tient cet avantage , non
de son ignorance & de fon mauvais goût
1. Vol. B mai
1228 MERCURE DE FRANCE
mais du merite qu'elle a , parce qu'il se sup
pose infaillible. Quels traits plus deshono
rans ! ignorance , mauvais goût , présom
ption ; l'Auteur de cette Lettre ne seroit- il
pas dans le cas de ces Plaideurs , qui di
sent que rien n'est plus injuste que la Jus
tice , quand ils viennent de perdre une
cause dont la bonté ne subsistoit que dans
leur imagination ? Je crains , Monsieur ,
de sortir du sang froid , dont je me suis
vantée ; tâchons de le reprendre , je ne
puis mieux punir l'adversaire d'Amasis
qu'en me réduisant à faire simplement
l'apologie d'une Piece qu'il attaque avec
tant d'acharnement ; mes éloges lui tien
dront lieu d'invectives.
>
Il reproche à Sesostris de n'être occupé que
du dessein qu'il a de se défaire d' Amasis par
une trahison, Je réponds tranquillement
à cela , que si c'est être perfide que de
vouloir vanger la mort d'un Pere cruelle
ment assassiné , et d'employer l'artifice
au deffaut de la force ouverte , pour re
monter sur un Trône usurpé , je passe con
damnation sur la trahison si injustement
imputée au Heros de cette Tragedie.
il l'accuse encore d'un desir impa
tient de voir sa Mere , et traite de puéri
lité ce que la nature inspire à tous les hom
mes. Sesostris brûle d'impatience de voir
I. Vol,
sa
E
JUIN. 1731. 1229
sa Mere ; quoi de plus digne d'un Fils
vertueux et d'un digne Successeur du
grand Apriès ? Ce qu'il y a de plus remar
quable dans cette Critique, c'est l'endroit
où l'Auteur s'avise de la placer. Il vient
de convenir de la meilleure foi du monde ,
que l'entretien de Sesostris avec Nitocris a
quelque chose de touchant ; et il ajoûte , mais
pourquoi a- t-il un desirsi violent et fi pen
fondé de la voir & de l'entretenir ? Peut- on
prendre plus mal son champ de Bataille ?
Si cette Scene a fait tant de plaisir aux
Spectateurs , pourquoi y a-t-il du regret ?
il y a des situations si touchantes , qu'il
faudroit les acheter mêmes aux dépens de
quelques fautes , mais qu'il s'en faut que
celle- ci ait besoin de l'indulgence dont
je parle ! Sesostris ne craint rientant ici
que de voir une Mere desolée à qui il doit
porter un coup mortel , en lui montrant
le poignard qu'elle croit tout degoutant
encore du sang de son Fils , il voudroit
l'éviter , et l'éviteroit en effet si un sa
ge confident ne lui faisoit entendre
qu'après l'ordre exprès d'Amasis , il ne
peut lui desobeïr sans se rendre suspect ,
et sans exposer lesjours de sa mere avec les
*siens ¿
"
"
La confidence que Nitocris fait à Arte
nice n'est pas si déraisonnable que notre
1. Vol.
Bij severe
1230 MERCURE DE FRANCE
severe Nouvelliste prétend le persuader.
En effet , pourquoi doit- elle se défier
d'une jeune personne qui vient de lui dé
clarer l'aversion invincible qu'elle a pour
l'Hymen que le Tyran lui propose ? Elle
est fille de Phanès , mais ce Phanès n'a pas
paru jusqu'à ce jour le mortel ennemi de
Nitocris , comme notre Censeur le supo
se cela est si peu marqué dans la Piece ,
que lorsque Phanès vient si à propos in
terrompre la Scene où Sesostris est prêt à se
faire reconnoître à sa Mere éperdue , elle
témoigne sa surprise sur ce que tout la
trahit jusqu'à Phanès i d'où il est naturel
de conclure, qu'elle ne l'a pas consideré
commeson mortel ennemi. Il ne me seroit
pas moins facile de justifier le caractére
d'Amasis , qu'on traite gratuitement de
sot & d'aveugle,
›
Au reste , ce qui fait que les Spectateurs
prennent quelquefois le change sur les
differentes actions qui se passent sous leurs
yeux ; c'est qu'ils supposent que les per
sonnages qu'ils accusent de donner dans
des pieges grossiers est aussi instruit
qu'eux- mêmes . En effet , nous sçavons
que Phanès conspire contre Amasis , par
ce qu'il nous l'a fait entendre ; mais l'a-t- il
fait connoître à Amasis ? Ce Tyran établit
d'abord son caractére de la maniere du
J. Vol,
mon
JUIN. 1731. 1231
monde , qui puisse faire le plus d'hon
neur à l'Auteur de la Tragedie. Il ne dit
rien qui ne marque sa défiance : il pousse
même l'ingenuité jusqu'à dire à Phanès
qu'il y a des momens où il lui devient
suspect lui-même malgré tous les témoi
gnages de fidélité qu'il lui rend ; fidélité
d'autant moins sincere , qu'il ne croit pas
l'avoir méritée; il ajoûte que ce Fils même,
qui lui est si cher , lui a inspiré des mou
vemens d'aversion à son premier aspect ,
et' qu'il fremit de l'aceuil qu'il lui auroit
fait , s'il ne s'étoit pas fait reconnoître à
des signes incontestables , tels que la
Lettre de sa femme.
Voici encore le Public attaqué ; je ne
crois pas pouvoir me dispenser de dé
fendre sa cause . L'Auteur de la Lettre
s'explique en ces termes : C'estpar rapport
à cette Piece ,plus qu'à l'égard d'aucune autre
que le Public distrait & inattentif, fait usa
ge d'une maxime pernicieuse à laquelle tous
les mauvais Auteurs s'efforcent de donner
Cours , qui est , que le langage pur & éle
gant , le stile noble & correct & la beauté
de la versification sont inutiles sur le Théa
tre.
Peut-on rien dire de plus injurieux pour
ce Public respectable , que d'oser avancer
qu'il fait usage d'une maxime si deraison
I. Vol.
B iij
nable
1232 MERCURE DE FRANCE
•
{ .
nable, s'il étoit dans un pareil sentiment
viendroit- il en foule aux Tragedies de
Racine , et balanceroit -il un seul moment
entre Corneille et lui ? il n'y a personne
qui ne convienne que Corneille l'empor
te autant sur Racine par l'action que Ra
cine l'emporte sur Corneille par la dic
tion ; cependant l'un ne fait pas negliger
l'autre ; il n'eft donc pas vrai de dire que
le langage pur et élegant , le stile noble et cor
rect et la beauté de la versification , sont ju
gez par le Public inutiles au Théatre .
Si M. de la Grange se dément quelque
fois dans sa maniere de versifier , ce n'est
point là ce que le Public aplaudit dans ses
Ouvrages de Théatres ; ou plutôt s'il lui
passe quelques negligences de diction , ce
n'est qu'en faveur des beautez frappantes
qui se tecedent dans ses Pieces par rapport
aux situations dont elles sont remplies .
Je ne conviens pas pourtant , Mon
sieur , que l'Amasis soit écrit avec toute la
négligence , la rudesse et la barbarie possibles;
je suis bien éloignée d'adopter des termes
si familiers au Nouvelliste ; il cite çes trois
Vers , pour prouver ce qu'il avance.
C
Il recule , j'avance ; il se débat , il tombe ;
Là , sans être touché de son sort abbatu ,
Mon bras de l'achever , se fait une vertu.
1. Vol. · J'a
JUIN. 1731. 1233
J'avoue que le dernier hemistiche du se
cond vers , n'est pas le plus heureux du
monde ; mais si les grands exemples suffi
soient pour autoriser des fautes , Corneil
le et l'Auteur même de Brutus m'en four
niroient d'ailleurs , sort abbatu , est au
rang de ces figures par lesquelles on attri
bue à la cause ce qui n'appartient qu'à
l'effet , et puisqu'on dit un sort malheu
reux , quoique le malheur ne soit que
l'effet , et point du tout la cause du sort ,
pourquoi l'épithete d'abbatu attachée
au sort , ne jouiroit - elle pas du même pri
vilege ?
Voila à peu près , c'est le Nouvelliste
qui parle , comme sont faits tous les Vers de
la Piece ; non-seulement , ajoute - t-il , on
est aujourd'hui indulgent au Théatre par
rapport aux mauvais Vers , et au mauvais
langage , mais encore on y applaudit ; Voici
comment il le prouve on se récrie , par
exemple , à ce vers de Nitocris.
Menace moi de vivre , et non pas de mourir.
Si c'est-là un de ces Vers que le Nou
velliste appelle negligés , rudes et barbares
j'avoue à ma honte que j'ai terriblement
pris le change ; mais ce qui me console ,
c'est que tout le Public l'a pris comme moi :
Voici encore de la dialectique de l'Adver
›
I. Vol. B iiij saire
1234
MERCURE
DE FRANCE
saire d'Amasis Le Verbe qui suit celui de
menace ne se rapporte- t - il pas toûjours à la
personne qui menace ! Ces paroles , pour
suit-il avec un air de triomphe ; menace
moi de vivre et non pas de mourir , signi
fient donc proprement et grammaticalement
menace-moi que tu vivras & non que tu
.
mourras.
Après cette décision , il semble qu'il n'y
ait plus qu'à admirer ; mais je n'en suis
pas réduite -là , ce Vers m'a trop bien af
fectée pour le placer au rang des mauvais
et des barbares ; ceux qu'Amasis dit aupa
ravant , nous portent naturellement à un
sens tout contraire à celui qu'une mau
vaise Grammaire lui prête contre toutes
les regles , vivre et mourir sont ici au lieu de
vie & de mort ; et le Vers attaqué ne veut
dire autre chose que menace-moi de la vie et
non pas de la mort la vie étant regardée
par Nitocris comme un supplice , & la mort
comme une grace ; un Regent de Rethorique
que j'ai consulté là - dessus , m'a dit que ce
prétendu Barbarisme n'est tout au plus
qu'un Latinisme il a fait sur cela un
Vers Latin qu'il m'a donné par écrit : le
voici ,
;
:
Mortem minaris proximam ! vitamjube.
Mais je ne m'apperçois pas que ma
I. Vol. Let
JUIN
. 1731. 1235
Lettre commence à devenir longue et
peut-être ennuyeuse , je la finis brus
quement pour ne point abuser de votre
patience ; Je suis , &c.
au Chevalier de ...
L
C
E ne doute point , Monsieur , que vous
été que
j'ai gardé au sujet de la septiéme Lettre
du Nouvelliste du Parnasse , que vous
m'aviez sans doute envoyée pour morti
fier mon amour propre ; vous m'aviez
raillée sur quelques larmes que je n'a
vois pû retenir à la premiere representa
tion de la reprise d'Amasis ; je vous sou
tins avec une espece de dépit , ¡que mes.
¿
V
C
t
2
(
1. Vol .
pleurs
JUIN. 1731. 7225
pleurs ne couloient jamais à faux , et que
j'osois garantir la Piece bonne , sur la foi
de ma sensibilité. Nous nous separâmes
assez mécontents l'un de l'autre ; vous ne
fûtes pas long-tems à trouver une occa→
sion de vous vanger de la hauteur avec
laquelle j'avois décidé en faveur d'une
Piece qui n'avoit pas le bonheur de vous
plaire ; et vous ne crûtes le pouvoir mieux
qu'en m'envoyant la Lettre en question.
J'y aurois répondu sur le champ , si je
me fusses trouvée assez de sang froid ,
pour ne pas ressembler à votre impétueux
Nouvelliste , persuadée que la critique
perd infiniment de son prix , quand elle
est dictée par la passion ; me voilà donc,
Monsieur , dans un état assez tranquille
pour ne rien hazarder sans refléxion.
Le début de cette septiéme Lettre de
vroit rendre son Auteur suspect , puis
qu'il n'est établi que sur une fausse hypo
these : Piece, dit- il, en parlant de la Trage
die d'Amasis , jufqu'ici ignorée ou peu van
tée. Notre Ariftarque mal instruit se fon
de , sans doute , sur le peu de representa
tions que cette Tragedie eut dans sa nais
sance ; mais s'il avoit pris la peine de re
monter jusqu'au temps où elle fut donnée
pour la premiere fois , il auroit appris
qu'elle fut accueillie avec autant d'équité,
I. Vol. qu'elle
1226 MERCURE DE FRANCE
qu'elle l'est aujourd'hui > et que par
consequent elle n'a dû être , ni ignorée
ni peu vantée : les meilleurs Ouvrages du
Theatre ne sont pas à l'épreuve des Sai
sons , et le froid extréme qui alors empêcha
le Public d'aller aux Spectacles , fit partager
à ce même Public , aussi bien qu'à M. de
la Grange , le regret de la prompte dispa
rition d'Amasis , sans compter quelque
aigreur entre l'Auteur et une des princi
pales Actrices de ce tems-là , qui ne par
loit jamais de la Piece que pour la dé
- crier.
Ainsi c'est admettre un mauvais Prin
cipe que de dire
que cette Piece est gou
tée aujourd'hui par la même raison qui
a fait dédaigner Brutus. A Dieu ne plaise
que je traite assez mal le Public pour croi
re qu'il a dédaigné cette derniere Trage
die ; le mépris ne sçauroit être le partage
d'un Auteur tel qu'est M. de Voltaire ,
sans commettre la plus criante de toutes
les injustices ; tout le monde s'accorde à
la mettre au rang des meilleurs versifica
teurs de notre siecle ; rien n'eft plus digne
d'admiration que le beau feu qui anime
toutes ses Poesies , et j'ose avancer qu'il
seroit à souhaiter qu'il en eût quelquefois
un peu moins ; il ne s'y laisseroit pas en
traîner si rapidement dans des Ouvrages
I. Vol.
qui
JUIN. 1731. 1227
qui demandent plus de raison que d'an
tousiasme.Revenons à nôtre Archiloque.
Après avoir dit que la Tragedie d'A
masis est remplie de situations & d'évenemens
bizares qui se succedent à chaque instant ;
il lui fait la grace d'avouer , qu'elle ne lais
se pas de conserver une espece d'unité. Com
bien cette verité a- t'elle de peine à sortir
de sa plume ! On en juge par tous les
termes dont il se sert pour faire cet aveu
forcé ; elle ne laiffe pas : quoi de plus mé
prisant ? de conserver. Quelle continua
tion de mépris une espece d'unité ; quel
malin diminutif; je suis surprise qu'il n'ait
pas dit quellefaçon d'unité . Il craint mê
me d'avoir été trop favorable à l'Auteur,
et de peur qu'on ne prenne le change sur
ses expressions , il ajoûte aussi-tôt aprés ,
que cette espece d'unité a bien l'apparence de
la multiplicité , quel rafinement !
→
Quels blasphêmes ne profere - t- il pas con
tre le respectable Parterrel? En voici un : le
Parterre moderne , si je l'ose dire , fent et ne
pense point; Au reste, on doit lui tenir com
pte du Correctif, c'est unefigure de Retho
rique dont il fait rarement ufage.
Voici le second blasphême : dès qu'une
piece lui plaît , il s'imagine qu'elle a droit de
lui plaire , et qu'elle tient cet avantage , non
de son ignorance & de fon mauvais goût
1. Vol. B mai
1228 MERCURE DE FRANCE
mais du merite qu'elle a , parce qu'il se sup
pose infaillible. Quels traits plus deshono
rans ! ignorance , mauvais goût , présom
ption ; l'Auteur de cette Lettre ne seroit- il
pas dans le cas de ces Plaideurs , qui di
sent que rien n'est plus injuste que la Jus
tice , quand ils viennent de perdre une
cause dont la bonté ne subsistoit que dans
leur imagination ? Je crains , Monsieur ,
de sortir du sang froid , dont je me suis
vantée ; tâchons de le reprendre , je ne
puis mieux punir l'adversaire d'Amasis
qu'en me réduisant à faire simplement
l'apologie d'une Piece qu'il attaque avec
tant d'acharnement ; mes éloges lui tien
dront lieu d'invectives.
>
Il reproche à Sesostris de n'être occupé que
du dessein qu'il a de se défaire d' Amasis par
une trahison, Je réponds tranquillement
à cela , que si c'est être perfide que de
vouloir vanger la mort d'un Pere cruelle
ment assassiné , et d'employer l'artifice
au deffaut de la force ouverte , pour re
monter sur un Trône usurpé , je passe con
damnation sur la trahison si injustement
imputée au Heros de cette Tragedie.
il l'accuse encore d'un desir impa
tient de voir sa Mere , et traite de puéri
lité ce que la nature inspire à tous les hom
mes. Sesostris brûle d'impatience de voir
I. Vol,
sa
E
JUIN. 1731. 1229
sa Mere ; quoi de plus digne d'un Fils
vertueux et d'un digne Successeur du
grand Apriès ? Ce qu'il y a de plus remar
quable dans cette Critique, c'est l'endroit
où l'Auteur s'avise de la placer. Il vient
de convenir de la meilleure foi du monde ,
que l'entretien de Sesostris avec Nitocris a
quelque chose de touchant ; et il ajoûte , mais
pourquoi a- t-il un desirsi violent et fi pen
fondé de la voir & de l'entretenir ? Peut- on
prendre plus mal son champ de Bataille ?
Si cette Scene a fait tant de plaisir aux
Spectateurs , pourquoi y a-t-il du regret ?
il y a des situations si touchantes , qu'il
faudroit les acheter mêmes aux dépens de
quelques fautes , mais qu'il s'en faut que
celle- ci ait besoin de l'indulgence dont
je parle ! Sesostris ne craint rientant ici
que de voir une Mere desolée à qui il doit
porter un coup mortel , en lui montrant
le poignard qu'elle croit tout degoutant
encore du sang de son Fils , il voudroit
l'éviter , et l'éviteroit en effet si un sa
ge confident ne lui faisoit entendre
qu'après l'ordre exprès d'Amasis , il ne
peut lui desobeïr sans se rendre suspect ,
et sans exposer lesjours de sa mere avec les
*siens ¿
"
"
La confidence que Nitocris fait à Arte
nice n'est pas si déraisonnable que notre
1. Vol.
Bij severe
1230 MERCURE DE FRANCE
severe Nouvelliste prétend le persuader.
En effet , pourquoi doit- elle se défier
d'une jeune personne qui vient de lui dé
clarer l'aversion invincible qu'elle a pour
l'Hymen que le Tyran lui propose ? Elle
est fille de Phanès , mais ce Phanès n'a pas
paru jusqu'à ce jour le mortel ennemi de
Nitocris , comme notre Censeur le supo
se cela est si peu marqué dans la Piece ,
que lorsque Phanès vient si à propos in
terrompre la Scene où Sesostris est prêt à se
faire reconnoître à sa Mere éperdue , elle
témoigne sa surprise sur ce que tout la
trahit jusqu'à Phanès i d'où il est naturel
de conclure, qu'elle ne l'a pas consideré
commeson mortel ennemi. Il ne me seroit
pas moins facile de justifier le caractére
d'Amasis , qu'on traite gratuitement de
sot & d'aveugle,
›
Au reste , ce qui fait que les Spectateurs
prennent quelquefois le change sur les
differentes actions qui se passent sous leurs
yeux ; c'est qu'ils supposent que les per
sonnages qu'ils accusent de donner dans
des pieges grossiers est aussi instruit
qu'eux- mêmes . En effet , nous sçavons
que Phanès conspire contre Amasis , par
ce qu'il nous l'a fait entendre ; mais l'a-t- il
fait connoître à Amasis ? Ce Tyran établit
d'abord son caractére de la maniere du
J. Vol,
mon
JUIN. 1731. 1231
monde , qui puisse faire le plus d'hon
neur à l'Auteur de la Tragedie. Il ne dit
rien qui ne marque sa défiance : il pousse
même l'ingenuité jusqu'à dire à Phanès
qu'il y a des momens où il lui devient
suspect lui-même malgré tous les témoi
gnages de fidélité qu'il lui rend ; fidélité
d'autant moins sincere , qu'il ne croit pas
l'avoir méritée; il ajoûte que ce Fils même,
qui lui est si cher , lui a inspiré des mou
vemens d'aversion à son premier aspect ,
et' qu'il fremit de l'aceuil qu'il lui auroit
fait , s'il ne s'étoit pas fait reconnoître à
des signes incontestables , tels que la
Lettre de sa femme.
Voici encore le Public attaqué ; je ne
crois pas pouvoir me dispenser de dé
fendre sa cause . L'Auteur de la Lettre
s'explique en ces termes : C'estpar rapport
à cette Piece ,plus qu'à l'égard d'aucune autre
que le Public distrait & inattentif, fait usa
ge d'une maxime pernicieuse à laquelle tous
les mauvais Auteurs s'efforcent de donner
Cours , qui est , que le langage pur & éle
gant , le stile noble & correct & la beauté
de la versification sont inutiles sur le Théa
tre.
Peut-on rien dire de plus injurieux pour
ce Public respectable , que d'oser avancer
qu'il fait usage d'une maxime si deraison
I. Vol.
B iij
nable
1232 MERCURE DE FRANCE
•
{ .
nable, s'il étoit dans un pareil sentiment
viendroit- il en foule aux Tragedies de
Racine , et balanceroit -il un seul moment
entre Corneille et lui ? il n'y a personne
qui ne convienne que Corneille l'empor
te autant sur Racine par l'action que Ra
cine l'emporte sur Corneille par la dic
tion ; cependant l'un ne fait pas negliger
l'autre ; il n'eft donc pas vrai de dire que
le langage pur et élegant , le stile noble et cor
rect et la beauté de la versification , sont ju
gez par le Public inutiles au Théatre .
Si M. de la Grange se dément quelque
fois dans sa maniere de versifier , ce n'est
point là ce que le Public aplaudit dans ses
Ouvrages de Théatres ; ou plutôt s'il lui
passe quelques negligences de diction , ce
n'est qu'en faveur des beautez frappantes
qui se tecedent dans ses Pieces par rapport
aux situations dont elles sont remplies .
Je ne conviens pas pourtant , Mon
sieur , que l'Amasis soit écrit avec toute la
négligence , la rudesse et la barbarie possibles;
je suis bien éloignée d'adopter des termes
si familiers au Nouvelliste ; il cite çes trois
Vers , pour prouver ce qu'il avance.
C
Il recule , j'avance ; il se débat , il tombe ;
Là , sans être touché de son sort abbatu ,
Mon bras de l'achever , se fait une vertu.
1. Vol. · J'a
JUIN. 1731. 1233
J'avoue que le dernier hemistiche du se
cond vers , n'est pas le plus heureux du
monde ; mais si les grands exemples suffi
soient pour autoriser des fautes , Corneil
le et l'Auteur même de Brutus m'en four
niroient d'ailleurs , sort abbatu , est au
rang de ces figures par lesquelles on attri
bue à la cause ce qui n'appartient qu'à
l'effet , et puisqu'on dit un sort malheu
reux , quoique le malheur ne soit que
l'effet , et point du tout la cause du sort ,
pourquoi l'épithete d'abbatu attachée
au sort , ne jouiroit - elle pas du même pri
vilege ?
Voila à peu près , c'est le Nouvelliste
qui parle , comme sont faits tous les Vers de
la Piece ; non-seulement , ajoute - t-il , on
est aujourd'hui indulgent au Théatre par
rapport aux mauvais Vers , et au mauvais
langage , mais encore on y applaudit ; Voici
comment il le prouve on se récrie , par
exemple , à ce vers de Nitocris.
Menace moi de vivre , et non pas de mourir.
Si c'est-là un de ces Vers que le Nou
velliste appelle negligés , rudes et barbares
j'avoue à ma honte que j'ai terriblement
pris le change ; mais ce qui me console ,
c'est que tout le Public l'a pris comme moi :
Voici encore de la dialectique de l'Adver
›
I. Vol. B iiij saire
1234
MERCURE
DE FRANCE
saire d'Amasis Le Verbe qui suit celui de
menace ne se rapporte- t - il pas toûjours à la
personne qui menace ! Ces paroles , pour
suit-il avec un air de triomphe ; menace
moi de vivre et non pas de mourir , signi
fient donc proprement et grammaticalement
menace-moi que tu vivras & non que tu
.
mourras.
Après cette décision , il semble qu'il n'y
ait plus qu'à admirer ; mais je n'en suis
pas réduite -là , ce Vers m'a trop bien af
fectée pour le placer au rang des mauvais
et des barbares ; ceux qu'Amasis dit aupa
ravant , nous portent naturellement à un
sens tout contraire à celui qu'une mau
vaise Grammaire lui prête contre toutes
les regles , vivre et mourir sont ici au lieu de
vie & de mort ; et le Vers attaqué ne veut
dire autre chose que menace-moi de la vie et
non pas de la mort la vie étant regardée
par Nitocris comme un supplice , & la mort
comme une grace ; un Regent de Rethorique
que j'ai consulté là - dessus , m'a dit que ce
prétendu Barbarisme n'est tout au plus
qu'un Latinisme il a fait sur cela un
Vers Latin qu'il m'a donné par écrit : le
voici ,
;
:
Mortem minaris proximam ! vitamjube.
Mais je ne m'apperçois pas que ma
I. Vol. Let
JUIN
. 1731. 1235
Lettre commence à devenir longue et
peut-être ennuyeuse , je la finis brus
quement pour ne point abuser de votre
patience ; Je suis , &c.
Fermer
Résumé : LETTRE de la Marquise de .... au Chevalier de ....
La Marquise de... écrit au Chevalier de... pour répondre à une critique de la septième lettre du Nouvelliste du Parnasse concernant la tragédie 'Amasis' de Voltaire. La Marquise conteste les accusations du critique, affirmant que ses larmes lors de la représentation n'étaient pas injustifiées et que la pièce est bien accueillie par le public. Elle critique la fausse hypothèse du critique selon laquelle 'Amasis' était ignorée ou peu vantée à ses débuts, expliquant que les conditions météorologiques et des conflits personnels avaient limité les représentations. La Marquise défend également la qualité littéraire et la sensibilité de Voltaire, tout en critiquant la partialité et l'exagération du critique. Elle réfute les accusations de bizarrerie et de manque d'unité dans la pièce, et défend les choix artistiques de Voltaire. La Marquise conclut en soulignant l'injustice des critiques du public et en affirmant que 'Amasis' mérite son succès. La lettre est datée de juin 1731 et inclut une phrase en latin : 'Mortem minaris proximam! vitamjube.' L'auteur exprime ensuite qu'il ne souhaite pas que sa lettre devienne trop longue et ennuyeuse, et décide de la terminer abruptement pour ne pas abuser de la patience du destinataire. La lettre se conclut par une formule de politesse : 'Je suis, &c.'
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
567
p. 1254-1256
EXTRAIT d'une Lettre de M. Miget, ancien Avocat du Roy à Pontarlier en Franche-Comté, le 15. May, contenant un Fait singulier et un Avis aux Gens de Lettres.
Début :
Aggréez, Monsieur, que je vous envoye la longueur et la grosseur (a) [...]
Mots clefs :
Lame d'épée, Tête, Querelle, Acousmate, Volumes, Manuscrits, Érudition
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre de M. Miget, ancien Avocat du Roy à Pontarlier en Franche-Comté, le 15. May, contenant un Fait singulier et un Avis aux Gens de Lettres.
EXT AIT d'une Lettre de M. Miget ;
ancien Avocat du Roy à Pontarlier en
Franche- Comté , le 15. May , contenant
un Fait singulier et un Avis aux Gens
1
de Lettres.
A
Ggréez , Monsieur , que je vous en
voye la longueur et la grosseur (a)
d'une pointe de lame d'épée en carrelet ,
(a) Ce tronçon de l
mi de longueur , et
sposé à la pointe. 7
-is pouces et de
**ge du côté
I. Vol.
qui
JUI N. 1731
1255
qui est restée dant la tête d'un de nos
Bourgeois , dépuis la S. Martin derniere
jusqu'au 4. de May, sans en ressentir au
cune incommodité. Dans une querelle
qu'il eût à Besançon , on luy porta un
coup qu'il tâcha de parer avec le bras :
mais ce ne fut que pour le recevoir dans
le côté gauche du nez , entre l'os et le car
tilage , entre lesquels l'épée se rompit ,
sans pouvoir deviner pour lors ce que cet
te pointe étoit devenuë. Si cet évenement
qui a paru trés singulier , merite l'atten
tion des Curieux , je vous enverray un.
détail bien circonstancié de cet accident ;
et si dans la suite vous le trouvés bon
je vous informeray de tout ce qui arri
vera d'extraordinaire dans ces montagnes,
et dans le pays voisin .
Je viens d'apprendre , qu'à une journée
de cette Ville , on parle d'un Evênement
aussi incroyable , et pour le moins aussi
curieux que l'Akousmate dont vous avez
fait mention ; si la relation que j'en de
mande à gens dignes de foy se trouve
conforme à tout ce qu'on m'en a conté
je ne manquerai pas de vous la commu
niquer.
>
J'ajoute , avant que de finir , que j'ay
vingt volumes en petit in folio , ou en
grand in 4° . partie manuscrits , et partie
1. Vol.
Ciij imprimés,
1256 MERCURE DE FRANCE
imprimés , des ouvrages d'un de mes On
cles , Chanoine du Chapitre de la Metro
politaine de Bezançon , qui , en qualité
d'Avocat des Saints , travailloit en son
tems à Rome avec le fameux Pierre de
Rossi , Fiscal de la Rote , connu sous le
nom de Petrus de Rubeis. La plupart de
ces Pieces n'ont jamais vû le jour; et com
me je présume que vôtre travail ne peut
Vous dispenser de quelque liaison avec
les personnes d'érudition , et les princi
paux Libraires , j'ai cru que vous ne
désaprouverez pas que je m'addresse à vous
pour leur faire entendre que je suis dans
le dessein de m'en defaire , pour les rem
placer par d'autres livres de mon goût
et au cas que quelqu'un ait la pensée d'en
connoître le sujet et les matieres . je vous
serai trés obligé de vouloir bien donner
mon adresse ; et lorsqu'on le desirera , je
donnerai les éclaircissemens nécessaires »
par un extrait du contenu en chacun de
ces volumes..
ancien Avocat du Roy à Pontarlier en
Franche- Comté , le 15. May , contenant
un Fait singulier et un Avis aux Gens
1
de Lettres.
A
Ggréez , Monsieur , que je vous en
voye la longueur et la grosseur (a)
d'une pointe de lame d'épée en carrelet ,
(a) Ce tronçon de l
mi de longueur , et
sposé à la pointe. 7
-is pouces et de
**ge du côté
I. Vol.
qui
JUI N. 1731
1255
qui est restée dant la tête d'un de nos
Bourgeois , dépuis la S. Martin derniere
jusqu'au 4. de May, sans en ressentir au
cune incommodité. Dans une querelle
qu'il eût à Besançon , on luy porta un
coup qu'il tâcha de parer avec le bras :
mais ce ne fut que pour le recevoir dans
le côté gauche du nez , entre l'os et le car
tilage , entre lesquels l'épée se rompit ,
sans pouvoir deviner pour lors ce que cet
te pointe étoit devenuë. Si cet évenement
qui a paru trés singulier , merite l'atten
tion des Curieux , je vous enverray un.
détail bien circonstancié de cet accident ;
et si dans la suite vous le trouvés bon
je vous informeray de tout ce qui arri
vera d'extraordinaire dans ces montagnes,
et dans le pays voisin .
Je viens d'apprendre , qu'à une journée
de cette Ville , on parle d'un Evênement
aussi incroyable , et pour le moins aussi
curieux que l'Akousmate dont vous avez
fait mention ; si la relation que j'en de
mande à gens dignes de foy se trouve
conforme à tout ce qu'on m'en a conté
je ne manquerai pas de vous la commu
niquer.
>
J'ajoute , avant que de finir , que j'ay
vingt volumes en petit in folio , ou en
grand in 4° . partie manuscrits , et partie
1. Vol.
Ciij imprimés,
1256 MERCURE DE FRANCE
imprimés , des ouvrages d'un de mes On
cles , Chanoine du Chapitre de la Metro
politaine de Bezançon , qui , en qualité
d'Avocat des Saints , travailloit en son
tems à Rome avec le fameux Pierre de
Rossi , Fiscal de la Rote , connu sous le
nom de Petrus de Rubeis. La plupart de
ces Pieces n'ont jamais vû le jour; et com
me je présume que vôtre travail ne peut
Vous dispenser de quelque liaison avec
les personnes d'érudition , et les princi
paux Libraires , j'ai cru que vous ne
désaprouverez pas que je m'addresse à vous
pour leur faire entendre que je suis dans
le dessein de m'en defaire , pour les rem
placer par d'autres livres de mon goût
et au cas que quelqu'un ait la pensée d'en
connoître le sujet et les matieres . je vous
serai trés obligé de vouloir bien donner
mon adresse ; et lorsqu'on le desirera , je
donnerai les éclaircissemens nécessaires »
par un extrait du contenu en chacun de
ces volumes..
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre de M. Miget, ancien Avocat du Roy à Pontarlier en Franche-Comté, le 15. May, contenant un Fait singulier et un Avis aux Gens de Lettres.
Dans une lettre datée du 15 mai 1731, M. Miget, ancien avocat du roi à Pontarlier en Franche-Comté, décrit un incident survenu à Besançon. Un bourgeois de Pontarlier a reçu une pointe de lame d'épée dans la tête lors d'une querelle. La pointe, mesurant sept pouces de longueur et un pouce d'épaisseur, est restée logée entre l'os et le cartilage du nez du blessé depuis la Saint-Martin jusqu'au 4 mai, sans lui causer de douleur. M. Miget propose de fournir plus de détails sur cet accident et de signaler d'autres événements extraordinaires dans la région. Il possède vingt volumes, en partie manuscrits et en partie imprimés, écrits par un de ses oncles, chanoine du Chapitre de la Métropolitaine de Besançon, qui avait collaboré avec Pierre de Rossi à Rome. M. Miget souhaite se défaire de ces ouvrages pour les remplacer par d'autres de son goût et offre de fournir des éclaircissements sur leur contenu à ceux qui en feraient la demande.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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568
p. 1284-1303
REPONSE à la Lettre inserée dans le Mercure de Novembre 1730. sur la gloire des Orateurs et des Poëtes.
Début :
N'y aura t'il personne, Monsieur, qui veüille prendre en main les interêts [...]
Mots clefs :
Éloquence, Orateurs, Poètes, Empire des Lettres, Modernes, Anciens, Ouvrages
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE à la Lettre inserée dans le Mercure de Novembre 1730. sur la gloire des Orateurs et des Poëtes.
REPONSE à la Lettre.inserée dans le
Mercure de Novembre 1739, sur la gloi
re des Orateurs et des Poëtes.
aura t'il
N'qui veuille prendre en main les in
erêts de l'Eloquence , attaquée dans le
Ja Vola
Mer
JUIN De 1731. 1285
Mercure de Novembre dernier ? On y a
donné la préférence aux Poëtes sur les
Orateurs , et c'est là - dessus que je sens
réveiller toute l'ardeur de mon zele ; je
me vois obligé presque malgré moi à
vous déclarer mes sentimens : je dis mal
gré moi , n'aimant pas naturellement à
me produire aux yeux du Public , outre
que la cause qu'il s'agit de soutenir me
paroît fort superieure à la foiblesse de
mes forces ; mais aprés tout , ce seroit ,
à mon avis , une lâcheté que de laisser dé
grader l'Eloquence du haut rang qu'elle a
tenu jusqu'ici , et qu'elle a dû tenir dans
l'Empire des Lettres , soit parmi les An
ciens , soit parmi les Modernes. J'ent e
prens donc de faire valoir les droits de l'E
loquence , et de repondre à tout ce que
l'Auteur de la Lettre , inserée dans le
Mercure, a dit en faveur de la Poësie. Que
si je ne m'acquite pas tout à fait de ce que
j'entreprens , il ne tiendra qu'à vous de
supléer par vôtre pétration et par vos
lumieres , à ce qui manquera à mes Re
flexions et à mes paroles.
On ne me fera point un crime de join
dre ici les Letrres Françoises avec les
Grecques et les Latines : car quelque res
pect que l'on doive aux Anciens , on est ,
ce me semble , convenu dans ce siecle
I. Val.
D vj que
1286 MERCURE DE FRANCE
que les Modernes en approchent d'assés
prés , pour ne leur être point tout à fait
inferieurs. En effet , nous avons d'aussi
habiles Orateurs , et d'aussi grands Poë
tes que l'Antiquité en a eu , non pas tout
à fait , si l'on veut , dans le Poëme Epique,
qui est le seul genre , dans lequel l'Auteur
de la Lettre a fait un préjugé incontesta
ble en faveur des Anciens contre les Mo
dernes , mais dans les autres especes de
Poësie , telles que sont la Tragedie , fa
Comedie , la Satyre , les Fables , dans les
quelles il est certain que nos Auteurs
ont égalé , pour ne pas dire , surpassé les
'Anciens..
Mais , comme il faut se renfermer ici
dans le seul parallele des Orateurs et des
Poëtes , afin de repondre précisement à
la Lettre inserée dans le Mercure , jose
dire hardiment , et sans crainte d'être dé
menti par les connoisseurs habiles et ju
dicieux , que l'Eloquence est en toute
maniere préferable à la Poësie , et voici
sur quelles raisons je fonde la solidité de
mon sentiment.
J'avance premierement , que l'Elo
quence est d'un usage plus utile , plus
étendu , plus important que la Poësie ,
parcequ'elle estproprement et par un titre
particulier , l'arbitre du bon sens , de la
J.Kol verité
JUIN. 1731. 1287
verité , et de la raison ; au lieu que la Poë
sie n'est, à le bien prendre, que l'ouvrage
de l'invention et de l'imagination humai
ne : Car on convient que le but principal
et même unique des Poëtes , est de plaire
par la beauté des images, par les hardiesses
figurées de l'expression et du langage .
C'est ce qu'on peut voir dans le discours
que M. de la Motte a fait sur la Poësie
en general , et qu'il a mis à la tête de ses
Odes : mais l'Eloquence a non seulement
pour objet l'art de plaire , elle triomphe
des Passions , elle se rend maitresse des
volontez ; Ce qui est beaucoup plus no
ble , plus difficile , et demande de plus
grands efforts de la part des Orateurs ,
que de celle des Poëtes qui ne touchent et
ne meuvent que par occasion , et , pour
ainsi dire , par hazard , par la raison qu'ils
ne s'attachent qu'à flatter , qu'à favoriser
les passions , plutôt qu'à les combattre..
En un mot , tout ce qu'il y a de sçavans
hommes demeurent d'accord , que la
Poësie n'est presque qu'un amusement de
PEsprit humain ; que son unique partage
est d'embellir les objets qu'elle represente,
d'où vient que par un abus qui lui est
propre , elle s'employe plus souvent à
farder le vice , qu'à honorer la vertu ;:
mais ils conviennent tous que l'avantage
L. Vol.
de
# 288 MERCURE DE FRANCE
de l'Eloquence est de regner sur l'esprit
des Princes , des Magistrats , et des Peu
ples entiers , de soutenir la raison et la
justice , de faire vouloir aux hommes ce
qu'ils ne vouloient pas , de donner enfin
la Loy aux Coeurs les plus obstinez et les
plus rebelles .
Il s'agit maintenant de ce qu'a dit l'Au
teur de la Lettre , qui rapporte le témoi
gnage de Ciceron , pour faire voir que la
Poësie est un Art divin , qui éleve l'hom
me au dessus de lui-même , et que c'est
dans cette vue qu'il a écrit que les Poëtes
étoient comme animez d'un souffle et
d'un esprit divin , Spiritu quodam divino
affati. Mais à ce témoignage de Ciceron,
j'en oppose un autre qui n'est pas moins
respectable , et qui lui est trés- avantageux
à lui même et à l'Eloquence. C'est celui
du celebre Longin , qui dans le Traité
du Sublime , que M. Despréaux a si bien
traduit en notre langue , a donné la plus
grande idée du merite de Ciceron et de
Demosthéne. Il compare le premier à un
grand embrasement qui dévore et consume
tout ce qu'il rencontre , avec un feu qui ne
s'eteint point , qu'il répand diversement danș
ses ouvrages , et qui à mesure qu'il s'avance,
prend toujours de nouvelles forces. Et pour
Le second , c'est - à-dire , Demosthéne , il le
I. Vol.
compare
JUIN. 1731. 1289
ra
compare à une tempête et à un foudre , à
cause de la violence , de la rapidité , de la
force , et de la vehemence avec laquelle il
vage ,pour ainsi dire,et emporte tout. Demos
théne , dit - il , ayant ramassé en soi toutes les
qualitez d'un Orateur veritablement né aw
sublime , et entierement perfectionné par l'étu
de ; ce ton de majesté , et de grandeur , ces
mouvemens animez , cette fertilité , cette
adresse , cette promptitude , et ce qu'on doit
sur tout estimer en luy , cette force et cette ve
bemence , dont jamais personne n'a pû ap
procher. Par toutes ces divines qualitez ,
que je regarde en effet , dit il , comme autant
derares presens qu'il avoit reçus des Dieux¸et
qu'il ne m'est pas permis d'appeller des qua
linez humaines , il a effacé tout ce qu'il y
a eu d'Orateurs celebres dans tous les siecles,
les laissant comme abbatus ct éblouis , pour
ainsi dire , de ses tonnerres et de ses éclairs ;
car dans les parties où il excelle , il est tel
lement élevé au dessus d'eux , qu'il repare
entierement par là celles qui lui manquent.
Et certainement , ajoute- t'il , il est plus aisé
d'envisager fixement et les yeux ouverts , les
foudres qui tombent du Ciel , que de n'être
point ému des violentes passions qui regnent
en foule dans ses ouvrages .
Tel est le passage de Longin , traduit
dans toute sa force par M. Despreaux
Jo Vola
Quel
1290 MERCURE DE FRANCE
Quelles reflexions ne peut- on pas faire
là dessus ? voilà l'Eloquence traitée de
qualité plus qu'humaine , de qualité divi
ne. la voilà comparée à ce qu'il y a de plus
fort , de plus puissant dans la nature , je
veux dire , aux tempêtes , et aux foudres .
A t'on jamais attribué quelque chose de
semblable à la Poësie ? Et n'est- il pas évi
dent que l'Eloquence a par cet endroit
là un avantage que tous les charmes et
les agrémens de la Poësie ne sçauroient
égaler .
On n'a qu'à se rappeller ici les grands
fuccès qui accompagnoient l'Eloquence de
Ciceron. Ignore- t'on l'avantage qu'il eur,.
en faisant l'Apologie de Ligarius , en pre
sence de Jules - Cesar , son ennemi declaré
, et qui avoit résolu de le proscrire ?
C'étoit dans ce dessein qu'il s'étoit rendu
au Senat ; et malgré tous les mouvemerrs
de sa haine et de son ambition , on vit
eet Empereur , aussi distingué par son
esprit que par ses armes victorieuses ,
rendre hommage, pour ainsi dire , à l'Elo
quence de Ciceron ; laisser tomber le pa
pier qu'il tenoit dans sa main , par la sur
prise où il étoit de voir justifier comme in
nocent celui qu'il avoit regardé comme
coupable.
C'est ainsi que l'Eloquence sçait se ren.
Lo.Vol.
dre ,
JUIN. 1731. 12.9
dre maîtresse des volontez ; et qu'on ne
dise pas que Ciceron ne dût ce succès
qu'à la vehemence de sa prononciation.
Ce n'étoit point le sentiment du grand
Prince de Condé ; Ce Prince aussi céle
bre que Cesar par son génie et par ses
Conquêtes , soutenoit qu'on ne pouvoit
lire les Ouvrages de Ciceron sans en être
ému ; cela fait voir que le talent même
de la prononciation , dont là plûpart des
Poëtes ne font nul usage , n'empêche pas
que les Discours des Orateurs , par la lec
ture qu'on en fait , ne triomphent dans
tous les Pays et dans tous les siecles.
Que dire après cela , du mépris que
l'Auteur de la Lettre fait de la Prose :
qu'il met au - dessous de la versification et
de l'harmonie de la Poësie , comme si
cette harmonie étoit particuliere aux Pdë
tes , et qu'il ne fût pas possible aux Ora
teurs d'enchanter les esprits par les char
mes de la parole ? on sçait , sans doute, ce
qui arriva au fameux Alphonse Roy d'Ar
ragon. Attaqué d'une maladie de lan
gueur qui paroissoit incurable aux Mede
cins , il recouvra sa santé par la lecture
de l'Histoire de Quint Curce : a t'on ja
mais crû que les Histoires appartiennent
à la Poësie ? ne sont-elles pas uniquement
du ressort de l'Eloquence qui sçait ramas
I. Vol
ser
1292 MERCURE DE FRANCE
ser quand elle veut , et les agrémens du
Discours, et les images les plus vives de la
nature.
Quant à ce que l'Auteur a dit de l'en
tousiasme de David et des Prophetes , qui
se sont servis du langage de la Poësie pour
exprimer leurs sentimens , il est aisé de ré
pondre que ce Saint Roy n'écrivit ces
Oracles en vers , que parce qu'il voulut
qu'ils fussent chantez dans les assemblées
du Peuple , et l'on sçait bien que le chant
ne peut se passer de la cadence de la Poë
sie ; mais il ne s'ensuit pas delà , que les
Exhortations des Prophetes n'ayent eu
de la force que parce qu'elles étoient en
vers : au contraire, plusieurs d'entr'eux se
sont servis de la Prose pour parler aux
Peuples , et l'on sent encore, en les lisant
que rien ne manque à la grandeur et à
la majesté qui convenoit à Dieu même
qui les inspiroit.
Il est tems de venir aux Modernes , et
à l'Eloquence de notre siecle. Est- il pos
sible que l'Auteur de la lettre ait si fort.
méconnu le merite de nos Orateurs et de
nos Ecrivains , que de leur préferer les
agrémens de la Poësie ? Croit -il avoir ga
gné sa cause en établissant sur le senti
ment du P. Bouhours , du P. Rapin , de
M. D'Aubignac, que le Poëme Epique est
I. Vola le
JUIN. 1731. 1293
>
le Chef- d'oeuvre de l'esprit humain ? Je
le surpre ndrai bien plus , quand je luy
dirai qu'il y a tel Discours en nôtre lan
gue , tel Panegyrique , telle Harangue
qui est un Chef-d'oeuvre de l'esprit hu
main : et cela est d'autant plus vrai , que
sans avoir recours aux Fables , aux sup
positions , aux chimeres de la Poësie , on
s'en trouve charmé par la seule verité
par la seule force de la parole. Je le re- .
péte: il y a dans ces Discours dont je par
le , autant d'art , de vivacité , de gran
deur , et quelquefois plus , que dans tous.
les Poëmes anciens et modernes.
Que dis - je ? l'Eloquence n'a - t'elle pas
plus de force ordinairement par la liber
té qu'elle a de se tourner de tous côtés ;
de pousser ou de moderer la vigueur et
la rapidité de son style , selon les occa
sions , ou les passions qu'elle fait agir ; on
sçait que dans la Poësie la raison se trouve
enchainée par les loix rigoureuses de la
versification : les plus excellens Poëtes s'en
sont plaints , et ils n'ont pû dissimuler
leur contrainte : mais dans la Prose l'esprit
peut prendre tout son essor , il a le choix
de ces images vives , justes et agréables ,
qui par un doux charme saisissent l'esprit
et le coeur. Dans la Poësie , la nature est
quelquefois si envelopée sous des figures
8
1
3
1
1
1. Vol.
étrangeres ,
1294 MERCURE DE FRANCE
étrangeres , qu'on a de la peine à la récon
noître mais l'Eloquence présente toûjours
une fidele image de la nature , et il n'ap
partient qu'à elle de faire bien valoir la
verité et la raison .
L'Auteur a crû beaucoup avancer en
rapportant quelques endroits d'Homere
et de Racine , qu'il défie nos Ecrivains de
mettre en Prose avec le même succés , mais
il se fait illusion à lui-même. S'il y a des
traits dans les Poëtes que la Prose ne puis
se égaler , on en voit aussi dans les Ora
teurs où la Poësie ne sçauroit atteindre :
cela dépend de la justesse et de la préci
sion avec laquelle les uns et les autres se
sont exprimés . Il est certain que ce qui est
exprimé fortement et noblement dans
une langue ou dans un genre , ne peut
passer avec la même grace dans un autre.
On en voit des preuves dans toutes les
Traductions qu'on a faites des ouvrages
des Anciens et des Modernes : et on a tou
jours été convaincu que les Traductions
mêmes de nos Auteurs François ne valent
pas les Originaux ; il en est de même des
Orateurs et des Poëtes ; mais il ne s'ensuit
point de ce parallele que la Poësie ait au
cun avantage sur l'Eloquence .
Puisque l'Auteur de la Lettre a employé
les citations en faveur de la Poësie , il nous
I. Vol
doit
JUIN. 1731. 1295
par
E doit être permis de les employer aussi
pour l'Eloquence : en voici une d'un Ora
teur celebre qui a été en son temps une
lumiere de l'Eglise ; je parle de M. Bos
suet Evêque de Meaux ; on l'a comparé
à Demosthéne. C'est dans l'Oraison fune
bre de la Reine d'Angleterre
, Epouse
du Roy Charles premier , où ce grand
Prélat , aprés avoir marqué tous les mal
heurs qui arriverent à ce Prince , et sa
détention les Ennemis
de sa person
ne et de son Royaume , s'exprime ainsi .
Le Roy est mené de captivité en captivi
té: et la Reine remue en vain la France ,
la Hollande , la Pologne même , et les Puis
sances du Nord les plus éloignées : elle ranime
les Ecossois , qui arment trente mille hom
mes ; ellefait avec le Duc de Lorraine une
entreprise pour la delivrance du Roy , dont
le succés paroit infaillible , tant le concert en
est justes elle retire ses chers enfans , l'uni
que esperance de sa maison , et confesse cette
fois , que parmi les plus mortelles douleurs ,
on est encore capable de joye : elle console
le Roy , qui lui écrit de saprison même , qu'elle
seule soutient son esprit , et qu'il ne faut
craindre de lui aucune bassesse , parceque
sans cesse il se souvient qu'il est à elle. O
Mere ! O Femme ! O Reine admirable !
et digne d'une meilleure Fortune , si les For
དྲ
3
S
$
i
5
*
I. Vol.
tunes
1296 MERCURE DE FRANCE
tunes de la Terre éroient quelque chose ! en
fin , il faut ceder à vôtre sort ; vous avez as
sés soutenu l'Etat qui est attaqué par uneforce
invincible et divine ; il ne reste plus désor
mais sinon que vous teniez ferme parmi fes
ruines.
Qui cependant , continua t- il , pourroit
exprimer ses juftes douleurs ? Qui pourroit ra
conter ses plaintes t Non , Messieurs , Jere
mie lui-même , qui seul semble être capable
d'égaler les lamentations aux calamitez , ne
suffiroit pas à de tels regrets . Elle s'écrie avec
eeProphéte : Voyez , Seigneur , mon affliction ;
mon ennemi s'est fortifié , et mes enfans sont
perdus ; le cruel amis sa main sacrilege surce
qui m'étoit le plus cher ; la Royauté a été pro
fanée , et les Princes sont foulez aux pieds ;
baiffez-moi , je pleurerai amérement ; n'en
trepenez pas de me consoler : Le glaive afra
pé au dehors , mais je sens en moi - même une
mort semblable.
Voilà l'endroit de M. Boffuet , qu'on
a été obligé de rapporter tout entier , quoi
qu'un peu long. Quelle foule de paffions
& de mouvemens ne voit- on pas dans
cette Description du malheur de ce Prince?
mais quelle addreffe , de s'arrêter tout
d'un coup , pour ne pas raconter la funefte
mort qu'on lui fit souffrir & de relever
par son silence , ce qu'il sentoit bien ne
I. Vel pou
E JUIN. 1731 . 1297
To
T
#
TE
+
"
1
7
pouvoir égaler par fon discours , de passer
enfin à cette apoftrophe imprevûë , par
laquelle il s'écrie , comme s'il eût été hors
de lui- même , O mere ! O femme ! O
Reine admirable , & digne d'une meilleure
fortune , fi les fortunes de la Terre étoient
quelque chose .... On doit admirer encore
l'application merveilleuse qu'il fait à cette
Reine , des expressions de Jeremie , qui
repreſentent fi fortement la grandeur de
son infortune et de ses douleurs . Peut- on
rien voir de plus frappant ? que la Poësie
s'efforce de mettre en Vers cet en
droit , & plufieurs autres qui se trouvent
dans cette Oraison funebre , & dans celle
de la Duchesse d'Orleans qui la suit
immediatement , elle n'en viendra ja
mais à bout.
>
On peut encore se souvenir de celle
du Grand Prince de Condé faite par le
même Prélat , où tout ce que la Guerre
a de plus héroïque , tout ce que l'esprit
& le coeur ont de plus grand se trouve
renfermé de la maniere du monde la plus
vive , sans parler du détail qu'il y fait de
la mort de ce Héros , Ouvrage immor
tel , où l'on a dit avec raison , que cet
admirable Orateur s'étoit surpaffé lui-mê
me. Tout cela est fort au - deffus des agré
mens de la Poësie .
1. Vol.
Que
1298 MERCURE DE FRANCE
Que s'il faut passer aux Orateurs de
notre siécle , qu'y a- t'il de plus beau , de
plus éloquent , de plus sublime , que les
Eloges funebres , composez par M. Fle
chier , Evêque de Nîmes. On sçait qu'il
a porté l'Art de la louange à un point de
perfection , où les Anciens ni les Moder
nes n'ont presque pû atteindre . On n'a
qu'à lire ces Eloges , on y trouvera une
infinité d'endroits que les plus grands
Poëtes auroient bien de la peine à égaler.
Entr'autres , celui - ci qui se voit à la fin de
P'Oraison funebre de la Reine,
Que lui restoit-il à demander à Dieu , dit
il , ou à desirer sur la terre ? Elle voyoit le
Roy au comble des prosperitez humaines ; ai
mé des uns , craint des autres , estimé de tous;
pouvant tout ce qu'il veut , et ne voulant que
ce qu'il doit ; au dessus de tout par sa
gloire , et par sa moderation au dessus de sa
gloire même.
Quelle précision ! Quelle grandeur ! dans
ce peu de mots , qui comprennent tout ce
qu'on a dit de plus beau à la gloire de
Louis le Grand ? mais quelle cadence !
quelle harmonic ! en peut- on trouver da
vantage dans les Poëtes les plus confom
mez ?
Il ne faut qu'ouvrir l'Eloge funebre
qu'il a fait du Grand Turenne. C'est- là
1. Vol.
qu'il
JUIN. 1731. X299
W
qu'il a déployé toute la force de son Art.
Il s'y est élevé aussi haut que la gloire du
Heros qu'il vouloit loüer. En voici des
traits inimitables .
Oùbrillent, dit- il, avecplus d'éclat les effets
glorieux de la vertu Militaire conduites
d'Armées, Sieges de Places , Prises de Villes
Passages de Rivieres : Attaques hardies , Re
traites honorables , Campemens bien ordon
nez , Combats soutenus , Batailles gagnées ,
Ennemis vaincus par la force , dissipez par
Paddresse, lassez et consumez par une sage et
noble patience où peut-on trouver tant et de
si puissans exemples , que dans les actions
d'un Homme sage , liberal , desinterressé
dévoué au Service du Prince & de la Patrie;
grand dans l'adversité par son courage
dans la prosperité par sa modestie , dans.
les difficultez par sa prudence , dans les
perils par sa valeur , dans la Religion par
sa pieté ? ...
Villes , que nos Ennemis s'étoient déja
partagées , vous êtes encore dans l'enceinte de
notre Empire. Provinces qu'ils avoient déja
ravagées dans le desir et dans la pensée , vous
avez encore recueilli vos moissons. Vous du
rez encore , Places que l'Art et la Nature a
fortifiées , et qu'ils avoient dessein de démo
lir et vous n'avez tremblé que sous de
projets frivoles d'un Vainqueur en idée , qui
I.Vol. - E 1 comp
.
333107
1300 MERCURE DE FRANCE .
comptoit le nombre de nos Soldats et qui
ne songeoit pas à la sagesse de leur Capi
taine
د
....
Ilparle , chacun écoute ses Oracles : il com
mande , chacun avec joye suit ses ordres ; il
marche , chacun croit courir à la gloire. On
diroit qu'il va combattre des Rois , confe
derez avec sa seule Maison comme un au
tre Abraham ; que ceux qui le suivent sont
ses Soldats et ses Domestiques , et qu'il est
General et Pere de Famille tout ensem
ble ....
Il se cache ; mais sa réputation le décou
vresilmarche sans suite et sans équipage,mais
chacun dans son esprit le met sur un Char
de Triomphe : On compte en le voyant les
ennemis qu'il a vaincus, nonpas les Serviteurs
qui le suivent tout seul qu'il est , on se figure
autour de lui ses vertus et ses victoires qui
Paccompagnent ; il y a je ne sçai quoi de no
ble dans cette honnête simplicité , et moins
il est superbe , plus il devient venerable ...
L'enviefut étouffée , ou par le mépris qu'il
en fit , ou par des accroissemens perpetuels
d'honneur et de gloire : le merite l'avoit fait
naître , le merite la fit mourir. Ceux qui
lui étoient moins favorables
combien il étoit necessaire à l'Etat ceux
qui ne pouvoient souffrir son élevation se
srurent enfin oblige d'y consentir , et n'o
ont reconnu
د
I. Vol. sens
JUIN. 1731. 1301
sans s'affliger de la prosperité d'un Hom
me qui ne leur avoit jamais donné la mise
rable consolation de se réjouir de quelqu'une
de ses fautes , ils joignirent leur voix à la voix
publique et crurent qu'être fon Ennemi
>
c'étoit l'Etre de toute la France ...
En voilà bien assez , et un peu trop ,
pour faire repentir l'Auteur de la Lettre
du mépris qu'il a fait de l'Eloquence , fion
a cité un peu au long cet éloge de M. de
Turenne c'est que tout le monde con
vient que c'est un chef - d'oeuvre de
l'Esprit humain , et que M. Fléchier s'eſt
immortalisé lui-même , en immortalisant
le Heros .
›
>
On ne dira rien ici du Panegyrique
du Roy par M. Pelisson , qui a été traduit
en toutes sortes de Langues de l'Europe
à l'honneur de la nôtre ni de tant
de Harangues prononcées , soit à l'Aca
demie , soit ailleurs ; cela nous meneroit
trop loin ; mais qu'eft-il besoin de s'é
tendre davantage ? Quel a été jusqu'ici
le but de l'Académie Françoise ? Eft - ce
de cultiver principalement la Poësie , &
de la préferer à l'Eloquence ? qu'on le
demande aux sçavans Hommes qui l'a
composent , Ils diront que c'est l'Elo
quence qui a toujours fait le principal
objet de leurs soins ; qu'ils n'ont rien ou
1. Vol
E ij blié
יכ
LVLM JP 1 дауUD
blié
par leurs
Ecrits
, pour
la rendre
su
blime
, touchante
, et digne
enfin
de toute
la gloire
de
notre
Siècle
. Ils
diront
qu'ils
connoissent
tous
le
mérite
de
la Poësie
.
qu'ils
couronnent
tous
les ans
par
des
prix
;
mais
qu'ils
sont
persuadez
que
l'Eloquence
qui
est
aussi
couronnée
par
leurs
mains
,
est
d'un
usage
plus
étendu
, plus
utile
,
plus
noble
et plus
importants
que
l'on
di
se après
cela
que
la Poësie
eft le langage
des
Dieux
, on répond
que
l'Eloquence
,étant
le
langage
des
Hommes
, & des
Hommes
les
plus
distinguez
, elle
a plus
de droit
sur
leur
estime
, & qu'on
doit
s'attacher
avec
plus
de soin
à la cultiver
et à la maintenir
dans
sa
perfection
.
On doit conclure de tout ce qu'il vient
d'être dit , que la Poësie ne regardant que
le plaisir de l'esprit , et l'Eloquence ayant
pour objet la vérité , la juftice , la vertu et
la sagesse , elle mérite par conséquent
d'être préférée à la Poësie.
On n'a pas eu le tems de s'étendre sur
ce qu'a dit l'Auteur de la Lettre au sujet
des Prédicateurs , qu'il prétend être fades
et ennuyeux , un Amateur des Théatres
et des Operas doit avoir quelque peine à
les gouter ; mais il ne laisse pas d'être vrai
que
que l'Eloquence de la Chaire a été portée
de nos jours à une très grande perfection ;
I. Vol. et
JUIN. 1731. 1303
et qu'on ne sçauroit mépriser les Prédica
teurs , sans se moquer des Saints Peres qui
'en sont les modéles , un Ambroise , un
Cyprien , un Auguſtin , un Chrysostome
que nos Orateurs Chrétiens suivent de
fort près : Ces Grands Hommes ont été
infiniment au dessus de tous les Poëtes.
Le 3. Janvier 1731.
Mercure de Novembre 1739, sur la gloi
re des Orateurs et des Poëtes.
aura t'il
N'qui veuille prendre en main les in
erêts de l'Eloquence , attaquée dans le
Ja Vola
Mer
JUIN De 1731. 1285
Mercure de Novembre dernier ? On y a
donné la préférence aux Poëtes sur les
Orateurs , et c'est là - dessus que je sens
réveiller toute l'ardeur de mon zele ; je
me vois obligé presque malgré moi à
vous déclarer mes sentimens : je dis mal
gré moi , n'aimant pas naturellement à
me produire aux yeux du Public , outre
que la cause qu'il s'agit de soutenir me
paroît fort superieure à la foiblesse de
mes forces ; mais aprés tout , ce seroit ,
à mon avis , une lâcheté que de laisser dé
grader l'Eloquence du haut rang qu'elle a
tenu jusqu'ici , et qu'elle a dû tenir dans
l'Empire des Lettres , soit parmi les An
ciens , soit parmi les Modernes. J'ent e
prens donc de faire valoir les droits de l'E
loquence , et de repondre à tout ce que
l'Auteur de la Lettre , inserée dans le
Mercure, a dit en faveur de la Poësie. Que
si je ne m'acquite pas tout à fait de ce que
j'entreprens , il ne tiendra qu'à vous de
supléer par vôtre pétration et par vos
lumieres , à ce qui manquera à mes Re
flexions et à mes paroles.
On ne me fera point un crime de join
dre ici les Letrres Françoises avec les
Grecques et les Latines : car quelque res
pect que l'on doive aux Anciens , on est ,
ce me semble , convenu dans ce siecle
I. Val.
D vj que
1286 MERCURE DE FRANCE
que les Modernes en approchent d'assés
prés , pour ne leur être point tout à fait
inferieurs. En effet , nous avons d'aussi
habiles Orateurs , et d'aussi grands Poë
tes que l'Antiquité en a eu , non pas tout
à fait , si l'on veut , dans le Poëme Epique,
qui est le seul genre , dans lequel l'Auteur
de la Lettre a fait un préjugé incontesta
ble en faveur des Anciens contre les Mo
dernes , mais dans les autres especes de
Poësie , telles que sont la Tragedie , fa
Comedie , la Satyre , les Fables , dans les
quelles il est certain que nos Auteurs
ont égalé , pour ne pas dire , surpassé les
'Anciens..
Mais , comme il faut se renfermer ici
dans le seul parallele des Orateurs et des
Poëtes , afin de repondre précisement à
la Lettre inserée dans le Mercure , jose
dire hardiment , et sans crainte d'être dé
menti par les connoisseurs habiles et ju
dicieux , que l'Eloquence est en toute
maniere préferable à la Poësie , et voici
sur quelles raisons je fonde la solidité de
mon sentiment.
J'avance premierement , que l'Elo
quence est d'un usage plus utile , plus
étendu , plus important que la Poësie ,
parcequ'elle estproprement et par un titre
particulier , l'arbitre du bon sens , de la
J.Kol verité
JUIN. 1731. 1287
verité , et de la raison ; au lieu que la Poë
sie n'est, à le bien prendre, que l'ouvrage
de l'invention et de l'imagination humai
ne : Car on convient que le but principal
et même unique des Poëtes , est de plaire
par la beauté des images, par les hardiesses
figurées de l'expression et du langage .
C'est ce qu'on peut voir dans le discours
que M. de la Motte a fait sur la Poësie
en general , et qu'il a mis à la tête de ses
Odes : mais l'Eloquence a non seulement
pour objet l'art de plaire , elle triomphe
des Passions , elle se rend maitresse des
volontez ; Ce qui est beaucoup plus no
ble , plus difficile , et demande de plus
grands efforts de la part des Orateurs ,
que de celle des Poëtes qui ne touchent et
ne meuvent que par occasion , et , pour
ainsi dire , par hazard , par la raison qu'ils
ne s'attachent qu'à flatter , qu'à favoriser
les passions , plutôt qu'à les combattre..
En un mot , tout ce qu'il y a de sçavans
hommes demeurent d'accord , que la
Poësie n'est presque qu'un amusement de
PEsprit humain ; que son unique partage
est d'embellir les objets qu'elle represente,
d'où vient que par un abus qui lui est
propre , elle s'employe plus souvent à
farder le vice , qu'à honorer la vertu ;:
mais ils conviennent tous que l'avantage
L. Vol.
de
# 288 MERCURE DE FRANCE
de l'Eloquence est de regner sur l'esprit
des Princes , des Magistrats , et des Peu
ples entiers , de soutenir la raison et la
justice , de faire vouloir aux hommes ce
qu'ils ne vouloient pas , de donner enfin
la Loy aux Coeurs les plus obstinez et les
plus rebelles .
Il s'agit maintenant de ce qu'a dit l'Au
teur de la Lettre , qui rapporte le témoi
gnage de Ciceron , pour faire voir que la
Poësie est un Art divin , qui éleve l'hom
me au dessus de lui-même , et que c'est
dans cette vue qu'il a écrit que les Poëtes
étoient comme animez d'un souffle et
d'un esprit divin , Spiritu quodam divino
affati. Mais à ce témoignage de Ciceron,
j'en oppose un autre qui n'est pas moins
respectable , et qui lui est trés- avantageux
à lui même et à l'Eloquence. C'est celui
du celebre Longin , qui dans le Traité
du Sublime , que M. Despréaux a si bien
traduit en notre langue , a donné la plus
grande idée du merite de Ciceron et de
Demosthéne. Il compare le premier à un
grand embrasement qui dévore et consume
tout ce qu'il rencontre , avec un feu qui ne
s'eteint point , qu'il répand diversement danș
ses ouvrages , et qui à mesure qu'il s'avance,
prend toujours de nouvelles forces. Et pour
Le second , c'est - à-dire , Demosthéne , il le
I. Vol.
compare
JUIN. 1731. 1289
ra
compare à une tempête et à un foudre , à
cause de la violence , de la rapidité , de la
force , et de la vehemence avec laquelle il
vage ,pour ainsi dire,et emporte tout. Demos
théne , dit - il , ayant ramassé en soi toutes les
qualitez d'un Orateur veritablement né aw
sublime , et entierement perfectionné par l'étu
de ; ce ton de majesté , et de grandeur , ces
mouvemens animez , cette fertilité , cette
adresse , cette promptitude , et ce qu'on doit
sur tout estimer en luy , cette force et cette ve
bemence , dont jamais personne n'a pû ap
procher. Par toutes ces divines qualitez ,
que je regarde en effet , dit il , comme autant
derares presens qu'il avoit reçus des Dieux¸et
qu'il ne m'est pas permis d'appeller des qua
linez humaines , il a effacé tout ce qu'il y
a eu d'Orateurs celebres dans tous les siecles,
les laissant comme abbatus ct éblouis , pour
ainsi dire , de ses tonnerres et de ses éclairs ;
car dans les parties où il excelle , il est tel
lement élevé au dessus d'eux , qu'il repare
entierement par là celles qui lui manquent.
Et certainement , ajoute- t'il , il est plus aisé
d'envisager fixement et les yeux ouverts , les
foudres qui tombent du Ciel , que de n'être
point ému des violentes passions qui regnent
en foule dans ses ouvrages .
Tel est le passage de Longin , traduit
dans toute sa force par M. Despreaux
Jo Vola
Quel
1290 MERCURE DE FRANCE
Quelles reflexions ne peut- on pas faire
là dessus ? voilà l'Eloquence traitée de
qualité plus qu'humaine , de qualité divi
ne. la voilà comparée à ce qu'il y a de plus
fort , de plus puissant dans la nature , je
veux dire , aux tempêtes , et aux foudres .
A t'on jamais attribué quelque chose de
semblable à la Poësie ? Et n'est- il pas évi
dent que l'Eloquence a par cet endroit
là un avantage que tous les charmes et
les agrémens de la Poësie ne sçauroient
égaler .
On n'a qu'à se rappeller ici les grands
fuccès qui accompagnoient l'Eloquence de
Ciceron. Ignore- t'on l'avantage qu'il eur,.
en faisant l'Apologie de Ligarius , en pre
sence de Jules - Cesar , son ennemi declaré
, et qui avoit résolu de le proscrire ?
C'étoit dans ce dessein qu'il s'étoit rendu
au Senat ; et malgré tous les mouvemerrs
de sa haine et de son ambition , on vit
eet Empereur , aussi distingué par son
esprit que par ses armes victorieuses ,
rendre hommage, pour ainsi dire , à l'Elo
quence de Ciceron ; laisser tomber le pa
pier qu'il tenoit dans sa main , par la sur
prise où il étoit de voir justifier comme in
nocent celui qu'il avoit regardé comme
coupable.
C'est ainsi que l'Eloquence sçait se ren.
Lo.Vol.
dre ,
JUIN. 1731. 12.9
dre maîtresse des volontez ; et qu'on ne
dise pas que Ciceron ne dût ce succès
qu'à la vehemence de sa prononciation.
Ce n'étoit point le sentiment du grand
Prince de Condé ; Ce Prince aussi céle
bre que Cesar par son génie et par ses
Conquêtes , soutenoit qu'on ne pouvoit
lire les Ouvrages de Ciceron sans en être
ému ; cela fait voir que le talent même
de la prononciation , dont là plûpart des
Poëtes ne font nul usage , n'empêche pas
que les Discours des Orateurs , par la lec
ture qu'on en fait , ne triomphent dans
tous les Pays et dans tous les siecles.
Que dire après cela , du mépris que
l'Auteur de la Lettre fait de la Prose :
qu'il met au - dessous de la versification et
de l'harmonie de la Poësie , comme si
cette harmonie étoit particuliere aux Pdë
tes , et qu'il ne fût pas possible aux Ora
teurs d'enchanter les esprits par les char
mes de la parole ? on sçait , sans doute, ce
qui arriva au fameux Alphonse Roy d'Ar
ragon. Attaqué d'une maladie de lan
gueur qui paroissoit incurable aux Mede
cins , il recouvra sa santé par la lecture
de l'Histoire de Quint Curce : a t'on ja
mais crû que les Histoires appartiennent
à la Poësie ? ne sont-elles pas uniquement
du ressort de l'Eloquence qui sçait ramas
I. Vol
ser
1292 MERCURE DE FRANCE
ser quand elle veut , et les agrémens du
Discours, et les images les plus vives de la
nature.
Quant à ce que l'Auteur a dit de l'en
tousiasme de David et des Prophetes , qui
se sont servis du langage de la Poësie pour
exprimer leurs sentimens , il est aisé de ré
pondre que ce Saint Roy n'écrivit ces
Oracles en vers , que parce qu'il voulut
qu'ils fussent chantez dans les assemblées
du Peuple , et l'on sçait bien que le chant
ne peut se passer de la cadence de la Poë
sie ; mais il ne s'ensuit pas delà , que les
Exhortations des Prophetes n'ayent eu
de la force que parce qu'elles étoient en
vers : au contraire, plusieurs d'entr'eux se
sont servis de la Prose pour parler aux
Peuples , et l'on sent encore, en les lisant
que rien ne manque à la grandeur et à
la majesté qui convenoit à Dieu même
qui les inspiroit.
Il est tems de venir aux Modernes , et
à l'Eloquence de notre siecle. Est- il pos
sible que l'Auteur de la lettre ait si fort.
méconnu le merite de nos Orateurs et de
nos Ecrivains , que de leur préferer les
agrémens de la Poësie ? Croit -il avoir ga
gné sa cause en établissant sur le senti
ment du P. Bouhours , du P. Rapin , de
M. D'Aubignac, que le Poëme Epique est
I. Vola le
JUIN. 1731. 1293
>
le Chef- d'oeuvre de l'esprit humain ? Je
le surpre ndrai bien plus , quand je luy
dirai qu'il y a tel Discours en nôtre lan
gue , tel Panegyrique , telle Harangue
qui est un Chef-d'oeuvre de l'esprit hu
main : et cela est d'autant plus vrai , que
sans avoir recours aux Fables , aux sup
positions , aux chimeres de la Poësie , on
s'en trouve charmé par la seule verité
par la seule force de la parole. Je le re- .
péte: il y a dans ces Discours dont je par
le , autant d'art , de vivacité , de gran
deur , et quelquefois plus , que dans tous.
les Poëmes anciens et modernes.
Que dis - je ? l'Eloquence n'a - t'elle pas
plus de force ordinairement par la liber
té qu'elle a de se tourner de tous côtés ;
de pousser ou de moderer la vigueur et
la rapidité de son style , selon les occa
sions , ou les passions qu'elle fait agir ; on
sçait que dans la Poësie la raison se trouve
enchainée par les loix rigoureuses de la
versification : les plus excellens Poëtes s'en
sont plaints , et ils n'ont pû dissimuler
leur contrainte : mais dans la Prose l'esprit
peut prendre tout son essor , il a le choix
de ces images vives , justes et agréables ,
qui par un doux charme saisissent l'esprit
et le coeur. Dans la Poësie , la nature est
quelquefois si envelopée sous des figures
8
1
3
1
1
1. Vol.
étrangeres ,
1294 MERCURE DE FRANCE
étrangeres , qu'on a de la peine à la récon
noître mais l'Eloquence présente toûjours
une fidele image de la nature , et il n'ap
partient qu'à elle de faire bien valoir la
verité et la raison .
L'Auteur a crû beaucoup avancer en
rapportant quelques endroits d'Homere
et de Racine , qu'il défie nos Ecrivains de
mettre en Prose avec le même succés , mais
il se fait illusion à lui-même. S'il y a des
traits dans les Poëtes que la Prose ne puis
se égaler , on en voit aussi dans les Ora
teurs où la Poësie ne sçauroit atteindre :
cela dépend de la justesse et de la préci
sion avec laquelle les uns et les autres se
sont exprimés . Il est certain que ce qui est
exprimé fortement et noblement dans
une langue ou dans un genre , ne peut
passer avec la même grace dans un autre.
On en voit des preuves dans toutes les
Traductions qu'on a faites des ouvrages
des Anciens et des Modernes : et on a tou
jours été convaincu que les Traductions
mêmes de nos Auteurs François ne valent
pas les Originaux ; il en est de même des
Orateurs et des Poëtes ; mais il ne s'ensuit
point de ce parallele que la Poësie ait au
cun avantage sur l'Eloquence .
Puisque l'Auteur de la Lettre a employé
les citations en faveur de la Poësie , il nous
I. Vol
doit
JUIN. 1731. 1295
par
E doit être permis de les employer aussi
pour l'Eloquence : en voici une d'un Ora
teur celebre qui a été en son temps une
lumiere de l'Eglise ; je parle de M. Bos
suet Evêque de Meaux ; on l'a comparé
à Demosthéne. C'est dans l'Oraison fune
bre de la Reine d'Angleterre
, Epouse
du Roy Charles premier , où ce grand
Prélat , aprés avoir marqué tous les mal
heurs qui arriverent à ce Prince , et sa
détention les Ennemis
de sa person
ne et de son Royaume , s'exprime ainsi .
Le Roy est mené de captivité en captivi
té: et la Reine remue en vain la France ,
la Hollande , la Pologne même , et les Puis
sances du Nord les plus éloignées : elle ranime
les Ecossois , qui arment trente mille hom
mes ; ellefait avec le Duc de Lorraine une
entreprise pour la delivrance du Roy , dont
le succés paroit infaillible , tant le concert en
est justes elle retire ses chers enfans , l'uni
que esperance de sa maison , et confesse cette
fois , que parmi les plus mortelles douleurs ,
on est encore capable de joye : elle console
le Roy , qui lui écrit de saprison même , qu'elle
seule soutient son esprit , et qu'il ne faut
craindre de lui aucune bassesse , parceque
sans cesse il se souvient qu'il est à elle. O
Mere ! O Femme ! O Reine admirable !
et digne d'une meilleure Fortune , si les For
དྲ
3
S
$
i
5
*
I. Vol.
tunes
1296 MERCURE DE FRANCE
tunes de la Terre éroient quelque chose ! en
fin , il faut ceder à vôtre sort ; vous avez as
sés soutenu l'Etat qui est attaqué par uneforce
invincible et divine ; il ne reste plus désor
mais sinon que vous teniez ferme parmi fes
ruines.
Qui cependant , continua t- il , pourroit
exprimer ses juftes douleurs ? Qui pourroit ra
conter ses plaintes t Non , Messieurs , Jere
mie lui-même , qui seul semble être capable
d'égaler les lamentations aux calamitez , ne
suffiroit pas à de tels regrets . Elle s'écrie avec
eeProphéte : Voyez , Seigneur , mon affliction ;
mon ennemi s'est fortifié , et mes enfans sont
perdus ; le cruel amis sa main sacrilege surce
qui m'étoit le plus cher ; la Royauté a été pro
fanée , et les Princes sont foulez aux pieds ;
baiffez-moi , je pleurerai amérement ; n'en
trepenez pas de me consoler : Le glaive afra
pé au dehors , mais je sens en moi - même une
mort semblable.
Voilà l'endroit de M. Boffuet , qu'on
a été obligé de rapporter tout entier , quoi
qu'un peu long. Quelle foule de paffions
& de mouvemens ne voit- on pas dans
cette Description du malheur de ce Prince?
mais quelle addreffe , de s'arrêter tout
d'un coup , pour ne pas raconter la funefte
mort qu'on lui fit souffrir & de relever
par son silence , ce qu'il sentoit bien ne
I. Vel pou
E JUIN. 1731 . 1297
To
T
#
TE
+
"
1
7
pouvoir égaler par fon discours , de passer
enfin à cette apoftrophe imprevûë , par
laquelle il s'écrie , comme s'il eût été hors
de lui- même , O mere ! O femme ! O
Reine admirable , & digne d'une meilleure
fortune , fi les fortunes de la Terre étoient
quelque chose .... On doit admirer encore
l'application merveilleuse qu'il fait à cette
Reine , des expressions de Jeremie , qui
repreſentent fi fortement la grandeur de
son infortune et de ses douleurs . Peut- on
rien voir de plus frappant ? que la Poësie
s'efforce de mettre en Vers cet en
droit , & plufieurs autres qui se trouvent
dans cette Oraison funebre , & dans celle
de la Duchesse d'Orleans qui la suit
immediatement , elle n'en viendra ja
mais à bout.
>
On peut encore se souvenir de celle
du Grand Prince de Condé faite par le
même Prélat , où tout ce que la Guerre
a de plus héroïque , tout ce que l'esprit
& le coeur ont de plus grand se trouve
renfermé de la maniere du monde la plus
vive , sans parler du détail qu'il y fait de
la mort de ce Héros , Ouvrage immor
tel , où l'on a dit avec raison , que cet
admirable Orateur s'étoit surpaffé lui-mê
me. Tout cela est fort au - deffus des agré
mens de la Poësie .
1. Vol.
Que
1298 MERCURE DE FRANCE
Que s'il faut passer aux Orateurs de
notre siécle , qu'y a- t'il de plus beau , de
plus éloquent , de plus sublime , que les
Eloges funebres , composez par M. Fle
chier , Evêque de Nîmes. On sçait qu'il
a porté l'Art de la louange à un point de
perfection , où les Anciens ni les Moder
nes n'ont presque pû atteindre . On n'a
qu'à lire ces Eloges , on y trouvera une
infinité d'endroits que les plus grands
Poëtes auroient bien de la peine à égaler.
Entr'autres , celui - ci qui se voit à la fin de
P'Oraison funebre de la Reine,
Que lui restoit-il à demander à Dieu , dit
il , ou à desirer sur la terre ? Elle voyoit le
Roy au comble des prosperitez humaines ; ai
mé des uns , craint des autres , estimé de tous;
pouvant tout ce qu'il veut , et ne voulant que
ce qu'il doit ; au dessus de tout par sa
gloire , et par sa moderation au dessus de sa
gloire même.
Quelle précision ! Quelle grandeur ! dans
ce peu de mots , qui comprennent tout ce
qu'on a dit de plus beau à la gloire de
Louis le Grand ? mais quelle cadence !
quelle harmonic ! en peut- on trouver da
vantage dans les Poëtes les plus confom
mez ?
Il ne faut qu'ouvrir l'Eloge funebre
qu'il a fait du Grand Turenne. C'est- là
1. Vol.
qu'il
JUIN. 1731. X299
W
qu'il a déployé toute la force de son Art.
Il s'y est élevé aussi haut que la gloire du
Heros qu'il vouloit loüer. En voici des
traits inimitables .
Oùbrillent, dit- il, avecplus d'éclat les effets
glorieux de la vertu Militaire conduites
d'Armées, Sieges de Places , Prises de Villes
Passages de Rivieres : Attaques hardies , Re
traites honorables , Campemens bien ordon
nez , Combats soutenus , Batailles gagnées ,
Ennemis vaincus par la force , dissipez par
Paddresse, lassez et consumez par une sage et
noble patience où peut-on trouver tant et de
si puissans exemples , que dans les actions
d'un Homme sage , liberal , desinterressé
dévoué au Service du Prince & de la Patrie;
grand dans l'adversité par son courage
dans la prosperité par sa modestie , dans.
les difficultez par sa prudence , dans les
perils par sa valeur , dans la Religion par
sa pieté ? ...
Villes , que nos Ennemis s'étoient déja
partagées , vous êtes encore dans l'enceinte de
notre Empire. Provinces qu'ils avoient déja
ravagées dans le desir et dans la pensée , vous
avez encore recueilli vos moissons. Vous du
rez encore , Places que l'Art et la Nature a
fortifiées , et qu'ils avoient dessein de démo
lir et vous n'avez tremblé que sous de
projets frivoles d'un Vainqueur en idée , qui
I.Vol. - E 1 comp
.
333107
1300 MERCURE DE FRANCE .
comptoit le nombre de nos Soldats et qui
ne songeoit pas à la sagesse de leur Capi
taine
د
....
Ilparle , chacun écoute ses Oracles : il com
mande , chacun avec joye suit ses ordres ; il
marche , chacun croit courir à la gloire. On
diroit qu'il va combattre des Rois , confe
derez avec sa seule Maison comme un au
tre Abraham ; que ceux qui le suivent sont
ses Soldats et ses Domestiques , et qu'il est
General et Pere de Famille tout ensem
ble ....
Il se cache ; mais sa réputation le décou
vresilmarche sans suite et sans équipage,mais
chacun dans son esprit le met sur un Char
de Triomphe : On compte en le voyant les
ennemis qu'il a vaincus, nonpas les Serviteurs
qui le suivent tout seul qu'il est , on se figure
autour de lui ses vertus et ses victoires qui
Paccompagnent ; il y a je ne sçai quoi de no
ble dans cette honnête simplicité , et moins
il est superbe , plus il devient venerable ...
L'enviefut étouffée , ou par le mépris qu'il
en fit , ou par des accroissemens perpetuels
d'honneur et de gloire : le merite l'avoit fait
naître , le merite la fit mourir. Ceux qui
lui étoient moins favorables
combien il étoit necessaire à l'Etat ceux
qui ne pouvoient souffrir son élevation se
srurent enfin oblige d'y consentir , et n'o
ont reconnu
د
I. Vol. sens
JUIN. 1731. 1301
sans s'affliger de la prosperité d'un Hom
me qui ne leur avoit jamais donné la mise
rable consolation de se réjouir de quelqu'une
de ses fautes , ils joignirent leur voix à la voix
publique et crurent qu'être fon Ennemi
>
c'étoit l'Etre de toute la France ...
En voilà bien assez , et un peu trop ,
pour faire repentir l'Auteur de la Lettre
du mépris qu'il a fait de l'Eloquence , fion
a cité un peu au long cet éloge de M. de
Turenne c'est que tout le monde con
vient que c'est un chef - d'oeuvre de
l'Esprit humain , et que M. Fléchier s'eſt
immortalisé lui-même , en immortalisant
le Heros .
›
>
On ne dira rien ici du Panegyrique
du Roy par M. Pelisson , qui a été traduit
en toutes sortes de Langues de l'Europe
à l'honneur de la nôtre ni de tant
de Harangues prononcées , soit à l'Aca
demie , soit ailleurs ; cela nous meneroit
trop loin ; mais qu'eft-il besoin de s'é
tendre davantage ? Quel a été jusqu'ici
le but de l'Académie Françoise ? Eft - ce
de cultiver principalement la Poësie , &
de la préferer à l'Eloquence ? qu'on le
demande aux sçavans Hommes qui l'a
composent , Ils diront que c'est l'Elo
quence qui a toujours fait le principal
objet de leurs soins ; qu'ils n'ont rien ou
1. Vol
E ij blié
יכ
LVLM JP 1 дауUD
blié
par leurs
Ecrits
, pour
la rendre
su
blime
, touchante
, et digne
enfin
de toute
la gloire
de
notre
Siècle
. Ils
diront
qu'ils
connoissent
tous
le
mérite
de
la Poësie
.
qu'ils
couronnent
tous
les ans
par
des
prix
;
mais
qu'ils
sont
persuadez
que
l'Eloquence
qui
est
aussi
couronnée
par
leurs
mains
,
est
d'un
usage
plus
étendu
, plus
utile
,
plus
noble
et plus
importants
que
l'on
di
se après
cela
que
la Poësie
eft le langage
des
Dieux
, on répond
que
l'Eloquence
,étant
le
langage
des
Hommes
, & des
Hommes
les
plus
distinguez
, elle
a plus
de droit
sur
leur
estime
, & qu'on
doit
s'attacher
avec
plus
de soin
à la cultiver
et à la maintenir
dans
sa
perfection
.
On doit conclure de tout ce qu'il vient
d'être dit , que la Poësie ne regardant que
le plaisir de l'esprit , et l'Eloquence ayant
pour objet la vérité , la juftice , la vertu et
la sagesse , elle mérite par conséquent
d'être préférée à la Poësie.
On n'a pas eu le tems de s'étendre sur
ce qu'a dit l'Auteur de la Lettre au sujet
des Prédicateurs , qu'il prétend être fades
et ennuyeux , un Amateur des Théatres
et des Operas doit avoir quelque peine à
les gouter ; mais il ne laisse pas d'être vrai
que
que l'Eloquence de la Chaire a été portée
de nos jours à une très grande perfection ;
I. Vol. et
JUIN. 1731. 1303
et qu'on ne sçauroit mépriser les Prédica
teurs , sans se moquer des Saints Peres qui
'en sont les modéles , un Ambroise , un
Cyprien , un Auguſtin , un Chrysostome
que nos Orateurs Chrétiens suivent de
fort près : Ces Grands Hommes ont été
infiniment au dessus de tous les Poëtes.
Le 3. Janvier 1731.
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Résumé : REPONSE à la Lettre inserée dans le Mercure de Novembre 1730. sur la gloire des Orateurs et des Poëtes.
Le texte est une réponse à une lettre publiée dans le Mercure de Novembre 1739, qui accordait la préférence aux poètes sur les orateurs. L'auteur, bien que réticent à s'exprimer publiquement, se sent obligé de défendre l'éloquence contre cette dépréciation. Il affirme que l'éloquence a toujours occupé une place supérieure dans l'Empire des Lettres, tant chez les Anciens que chez les Modernes. L'auteur soutient que l'éloquence est plus utile et plus importante que la poésie, car elle est l'arbitre du bon sens, de la vérité et de la raison. Contrairement à la poésie, qui se limite à plaire par la beauté des images et l'imagination, l'éloquence triomphe des passions et maîtrise les volontés. Il cite des exemples comme Cicéron, dont l'éloquence a su convaincre Jules César, et Démosthène, comparé à une tempête par Longin. Le texte critique également l'idée que la poésie est un art divin, en opposant le témoignage de Cicéron à celui de Longin sur Démosthène. Il souligne que l'éloquence a un pouvoir supérieur, capable de régner sur les esprits des princes, des magistrats et des peuples. En ce qui concerne les Modernes, l'auteur affirme que les orateurs et écrivains français sont aussi habiles que les Anciens. Il mentionne que des discours en prose peuvent être des chefs-d'œuvre de l'esprit humain, sans recourir aux fables et aux suppositions de la poésie. Il conclut en affirmant que l'éloquence a plus de force et de liberté d'expression que la poésie, qui est contrainte par les lois de la versification. Le texte présente également des exemples d'orateurs célèbres, comme Bossuet, évêque de Meaux, comparé à Démosthène, et son oraison funèbre pour la reine d'Angleterre, épouse du roi Charles Ier. Bossuet y décrit les malheurs du roi, sa captivité et les efforts vains de la reine pour le libérer. Il exprime l'admiration pour la reine et la force de son esprit malgré les épreuves. Le texte souligne également l'éloquence de Bossuet dans d'autres discours, comme celui pour le prince de Condé, où il dépeint héroïquement la guerre et la mort du héros. Le texte mentionne ensuite Flechier, évêque de Nîmes, et ses éloges funèbres, notamment celui de la reine et du maréchal Turenne, où il atteint une grande perfection dans l'art de la louange. Il insiste sur la supériorité de l'éloquence sur la poésie, car elle traite de la vérité, de la justice, de la vertu et de la sagesse, contrairement à la poésie qui se limite au plaisir de l'esprit. Il conclut en affirmant que l'éloquence est plus utile et noble, et qu'elle mérite d'être cultivée avec soin. Enfin, il mentionne brièvement la perfection atteinte par l'éloquence de la chaire et les grands prédicateurs chrétiens.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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569
p. 1307-1308
Méthode pour commencer les Humanitez Grecques et Latines, [titre d'après la table]
Début :
La nuit du 24. au 25. Mars 200. Janissaires allerent enfoncer la maison du Janissaire [...]
Mots clefs :
Humanités grecques et latines, Collèges, Université de Paris
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Méthode pour commencer les Humanitez Grecques et Latines, [titre d'après la table]
DES BEAUX ARTS , &c. 3
M *
ETHODE pour commencer les
Humanitez Grecques et Latines
contenant des avis très judicieux et fort
utiles aux Regens , Précepteurs et au
tres personnes employées à former les
Enfans aux Belles - Lettres . Par M. le Fe
vre de Saumur. Avec des Notes et des
Lettres sur la maniere de les enseigner
dans les Colleges , par M. Gaullyer , Pro
fesseur en l'Université de Paris , au Col
lege du Plessis - Sorbonne. A Paris , che
la Veuve J. Bapt. Brocas , rue S. Jacques ,
et Claude Simon , rue Haute-feüille, 1731
in 12. de 136. pages , prix 15. sols.
Dans un Avertissement de deux pages,
on apprend que c'est ici une nouvelle
I. Vol E v Edition
1308 MERCURE DE FRANCE
Edition du Livre de M. le Févre . M, Gaul
lyer y a ajoûté quelques Notes , tant pour
l'éclaircissement de quelques endroits
que pour justifier la pratique des Colle
ges , dont M. le Févre parle assez libre
ment et assez peu favorablement. M. G..
espere de faire voir clairement que dans
les meilleurs la méthode d'enseigner les
Humanitez est aussi bonne que celle de
M. le F. et même , ajoûte-t'il , elle y a été
rendue plus parfaite en plusieurs points..
M *
ETHODE pour commencer les
Humanitez Grecques et Latines
contenant des avis très judicieux et fort
utiles aux Regens , Précepteurs et au
tres personnes employées à former les
Enfans aux Belles - Lettres . Par M. le Fe
vre de Saumur. Avec des Notes et des
Lettres sur la maniere de les enseigner
dans les Colleges , par M. Gaullyer , Pro
fesseur en l'Université de Paris , au Col
lege du Plessis - Sorbonne. A Paris , che
la Veuve J. Bapt. Brocas , rue S. Jacques ,
et Claude Simon , rue Haute-feüille, 1731
in 12. de 136. pages , prix 15. sols.
Dans un Avertissement de deux pages,
on apprend que c'est ici une nouvelle
I. Vol E v Edition
1308 MERCURE DE FRANCE
Edition du Livre de M. le Févre . M, Gaul
lyer y a ajoûté quelques Notes , tant pour
l'éclaircissement de quelques endroits
que pour justifier la pratique des Colle
ges , dont M. le Févre parle assez libre
ment et assez peu favorablement. M. G..
espere de faire voir clairement que dans
les meilleurs la méthode d'enseigner les
Humanitez est aussi bonne que celle de
M. le F. et même , ajoûte-t'il , elle y a été
rendue plus parfaite en plusieurs points..
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Résumé : Méthode pour commencer les Humanitez Grecques et Latines, [titre d'après la table]
Le document décrit une méthode pour enseigner les humanités grecques et latines, destinée aux régents, précepteurs et autres éducateurs. Rédigé par M. le Fèvre de Saumur, l'ouvrage inclut des notes et des lettres de M. Gaullyer, professeur à l'Université de Paris au Collège du Plessis-Sorbonne. Publié à Paris en 1731 par la Veuve J. Bapt. Brocas et Claude Simon, le livre compte 136 pages et est vendu 15 sols. L'avertissement initial mentionne qu'il s'agit d'une nouvelle édition du livre de M. le Fèvre. M. Gaullyer a ajouté des notes pour éclaircir certains passages et justifier les pratiques des collèges, que M. le Fèvre critique de manière défavorable. M. Gaullyer vise à démontrer que la méthode d'enseignement des humanités dans les meilleurs collèges est aussi bonne, voire plus parfaite que celle proposée par M. le Fèvre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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570
p. 1308-1310
Amusemens de l'Amitié, [titre d'après la table]
Début :
LES AMUSEMENS DE L'AMITIÉ, rendus utiles et interessans. Recueil de Lettres [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Amusemens de l'Amitié, [titre d'après la table]
LES AMUSEMENS DE L'AMITIE' , rendus
utiles et interessans. Recueil de Lettres
écrites de la Cour vers la fin du egne
de Louis XIV . A Paris , chez Langlois
ruë S. Etienne d'Egrès , Julien- Michel
Gandouin , Quay de Conty , et Henry
ruë S. Jacques , 1729. in 12. de 416. pages..
Ces Lettres sont écrites sans façon , d'un
stile aisé ; elles renferment des Maximes ;
de morale , des leçons de sçavoir vivre
et une grande varieté d'instructions pour
se conduire dans tous les états et dans
toutes les circonstances de la vie . M. l'Ab
bé Couture , qui en est l'Approbateur ,
dit- que l'Auteur y. tient plus qu'il n'a
promis. Il n'a annoncé que des amuse
mens , et je trouve dans ces Lettres , dit- il,
plusieurs belles leçons et plusieurs grands
2.
I. Vol. exem
JUIN. 1731 1309
exemples de vertu et de Religion , le tout
assaisonné d'une politesse fine , d'un lan
gage pur et d'une liberté honnête.
TRAITE ' DE LA CHARITE ' ENVERS DIEU'S
ou de l'Amour de Dieu , et de ses vrai
Caracteres , tiré des Livres saints. Dédié
aux Evêques de France , par un Prieur Be
nedictin . A Paris , chez Joseph Bullot , et
Henry , rue S. Facques , 1729. in 12. de
535. pages , sans l'Epitre et l'Avertis
şememt.
TRAITE' DES HORLOGES pour les Mon
tres et les Pendules , contenant le Calcul
des Nombres propres à toutes sortes de
mouvemens ; la maniere de faire et de :
noter les carillons , de changer et de corri
ger le mouvement du Pendule ; l'Histoire :
ancienne et moderne de l'Horlogerie ;.
plusieurs Tables toutes calculées , et au
tres matieres curieuses et utiles . Tradui
tes de l'Anglois de M. Derham F. R. S. L
Chez Gregoire Dupuis , rue S. Jacques
in 12. avec figures ..
ச7
PARAPHRASE DES PSEAUMES DE DAVID ,
et des Cantiques de l'Eglise , avec appli
cation suivie de chaque Pseaume et de :
chaque Cantique , à un sujet particulier
I..Vol. Evi propre
1310 MERCURE DE FRANCE
propre à servir d'entretien avec Dieu . Par
le P. Th. Bern. Fellon , Jesuite. A Lyon
et se trouve à Paris , chez H. L. Guerin ,
ruë S. Jacques , 4. vol . in 12 .
On trouve cette Paraphrase écrite avec
une grande noblesse de stile et beaucoup
d'onction .
>
"
HISTOIRE DE S. DOMINGUE , &c. par
le R. P. Charlevoix , Jesuite. 2. vol . in 4.
avec 16. Cartes. A Paris , chez Guerin
aîné , rue S. Jacques , et Guerin le Jeune ,
Quay des Augustins..
On délivre actuellement aux Souscrip
teurs les Tomes suivans des anciens Mé
moires de l'Académie des Sciences ; sça
voir , le Tome IV . qui contient l'Histoire
des Plantes , avec 38. Planches , très- pro
prement gravées ; et le Tome III . des
Tables des Matieres , qui contiennent
celles des années 1711. jusqu'en 1720. On
donnera incessamment l'Histoire des Ani
maux , et tout le reste de cette Collection.
A Paris , chez Martin , Montalant , Coi
gnard fils et Guerin aîné.
utiles et interessans. Recueil de Lettres
écrites de la Cour vers la fin du egne
de Louis XIV . A Paris , chez Langlois
ruë S. Etienne d'Egrès , Julien- Michel
Gandouin , Quay de Conty , et Henry
ruë S. Jacques , 1729. in 12. de 416. pages..
Ces Lettres sont écrites sans façon , d'un
stile aisé ; elles renferment des Maximes ;
de morale , des leçons de sçavoir vivre
et une grande varieté d'instructions pour
se conduire dans tous les états et dans
toutes les circonstances de la vie . M. l'Ab
bé Couture , qui en est l'Approbateur ,
dit- que l'Auteur y. tient plus qu'il n'a
promis. Il n'a annoncé que des amuse
mens , et je trouve dans ces Lettres , dit- il,
plusieurs belles leçons et plusieurs grands
2.
I. Vol. exem
JUIN. 1731 1309
exemples de vertu et de Religion , le tout
assaisonné d'une politesse fine , d'un lan
gage pur et d'une liberté honnête.
TRAITE ' DE LA CHARITE ' ENVERS DIEU'S
ou de l'Amour de Dieu , et de ses vrai
Caracteres , tiré des Livres saints. Dédié
aux Evêques de France , par un Prieur Be
nedictin . A Paris , chez Joseph Bullot , et
Henry , rue S. Facques , 1729. in 12. de
535. pages , sans l'Epitre et l'Avertis
şememt.
TRAITE' DES HORLOGES pour les Mon
tres et les Pendules , contenant le Calcul
des Nombres propres à toutes sortes de
mouvemens ; la maniere de faire et de :
noter les carillons , de changer et de corri
ger le mouvement du Pendule ; l'Histoire :
ancienne et moderne de l'Horlogerie ;.
plusieurs Tables toutes calculées , et au
tres matieres curieuses et utiles . Tradui
tes de l'Anglois de M. Derham F. R. S. L
Chez Gregoire Dupuis , rue S. Jacques
in 12. avec figures ..
ச7
PARAPHRASE DES PSEAUMES DE DAVID ,
et des Cantiques de l'Eglise , avec appli
cation suivie de chaque Pseaume et de :
chaque Cantique , à un sujet particulier
I..Vol. Evi propre
1310 MERCURE DE FRANCE
propre à servir d'entretien avec Dieu . Par
le P. Th. Bern. Fellon , Jesuite. A Lyon
et se trouve à Paris , chez H. L. Guerin ,
ruë S. Jacques , 4. vol . in 12 .
On trouve cette Paraphrase écrite avec
une grande noblesse de stile et beaucoup
d'onction .
>
"
HISTOIRE DE S. DOMINGUE , &c. par
le R. P. Charlevoix , Jesuite. 2. vol . in 4.
avec 16. Cartes. A Paris , chez Guerin
aîné , rue S. Jacques , et Guerin le Jeune ,
Quay des Augustins..
On délivre actuellement aux Souscrip
teurs les Tomes suivans des anciens Mé
moires de l'Académie des Sciences ; sça
voir , le Tome IV . qui contient l'Histoire
des Plantes , avec 38. Planches , très- pro
prement gravées ; et le Tome III . des
Tables des Matieres , qui contiennent
celles des années 1711. jusqu'en 1720. On
donnera incessamment l'Histoire des Ani
maux , et tout le reste de cette Collection.
A Paris , chez Martin , Montalant , Coi
gnard fils et Guerin aîné.
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Résumé : Amusemens de l'Amitié, [titre d'après la table]
Le document de 1729 présente divers ouvrages. 'Les Amusemens de l'Amitié' est un recueil de lettres de la cour de Louis XIV, offrant des maximes morales, des conseils de savoir-vivre et des instructions pour diverses situations. L'abbé Couture loue cet ouvrage pour ses leçons de vertu et de religion, ainsi que pour sa politesse et son langage pur. 'Traité de la Charité envers Dieu' est dédié aux évêques de France et explore l'amour de Dieu à travers les Livres saints. 'Traité des Horloges' est une traduction d'un ouvrage anglais sur les montres et pendules, incluant des calculs et des instructions pour les carillons. 'Paraphrase des Psaumes de David' du Père Th. Bern. Fellon applique chaque psaume à un sujet particulier. 'Histoire de S. Domingue' du Père Charlevoix est un ouvrage en deux volumes avec seize cartes. Le document mentionne également la distribution des tomes des anciens Mémoires de l'Académie des Sciences, notamment le Tome IV sur l'histoire des plantes et le Tome III des Tables des Matieres couvrant les années 1711 à 1720, avec des planches gravées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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571
p. 1310-1315
Porte-Feuille du Chr . de R.... [titre d'après la table]
Début :
LE PORTE-FEUILLE du Chr. de R... Premier Cayer, de ce qu'il y a de remarquable [...]
Mots clefs :
Arles, Portefeuille, Premier Président et Intendant de Province, Dictionnaire universel de la France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Porte-Feuille du Chr . de R.... [titre d'après la table]
LE PORTE-FEUILLE du Chr. de R...
Premier Cayer , de ce qu'il y a de re
marquable à Arles . A Arles , chez Gas
I,Vol
pard
JUIN. 1731. 13 kr
pard Mesnier , Imprimeur du Roy , de
M. l'Archevêque et de la Ville , 1726.
Brochure in 4. d'environ 8o. pages .
C'est M. le Chevalier de Romieu qui
est l'Auteur des Mémoires contenus dans
ce Livre. Voici l'occasion qui l'a engagé à
lès écrire . M. le Bret , Premier President
et Intendant de Provence , envoya il y a
quelque temps à ses Subdéleguez un Pro
jet d'Instruction , contenant plusieurs de
mandes sur le nom , l'antiquité de cha
que Ville , son état present , &c. pour
servir à la perfection du Dictionnaire
Universel de la France , publié depuis ,
et qui se vend ici chez les freres Saugrain
et Prault , Libraires ,
M. de Romieu fut chargé de satisfaire
à ce Projet d'instruction dans ce qui con
cernoit la Ville d'Arles , et il s'en ac
quitta avec toute l'exactitude possible.
Tout le monde connoît sa capacité , son
amour pour les Lettres et son zele
pour
le Bien public . Ayant trouvé que le Dic
tionnaire Universel n'avoit point suivi .
ses Memoires dans l'article de la Ville
d'Arles , et que de plus les Auteurs du
Dictionnaire se plaignoient de n'avoir re
çû des Provinces que des réponses très
legeres aux demandes qu'ils avoient fai
tes , M.. de Romieu entreprit dans cet
I.Volg
Ecrit
13T2 MERCURE DE FRANCE
Ecrit qu'il fit imprimer à Arles dans la
même année , de justifier les Memoires
qu'il avoit envoyez aux Auteurs du Dic
tionnaire Universel : il n'a fait que les .
étendre un peu davantage qu'il n'avoit
fait , lorsqu'il les avoit destinez pour un
Dictionnaire. Nous ne ferons qu'indiquer
ce qu'il y a de plus remarquable dans cet
Ouvrage.
L'Auteur commence par Etimologie
du nom d'Arles , en Latin Arelas ou Are
late. Il en rapporte plusieurs qui y peu
vent convenir , sans se déterminer pour
aucune. Il explique ensuite les épithetes
qu'on lui a données. Elle étoit appellée.
Arelas Mammillaria , parce qu'elle nour
rissoit plusieurs autres Villes , et qu'elle:
leur fournissoit des grains , et Arelas Mil
liaria , parce que les Colonnes milliaires
qui conduisoient à Rome et dans les gran
des Villes , commençoient à Arles . L'Au
teur rapporte là- dessus une Inscription
trouvée à Arles sur une Colonne où il
est marqué que là commence le premier
Milliaire. Nous ne suivrons pas M. de
Romieu , dans ce qu'il dit du Port d'Ar
les et du nouveau Canal auquel on tra
vaille par ordre du Roi , à six lieues de
aette Ville , et qui aboutit à la Mer.
Arles est une Métropole des plus ancien
I. Vol.. nes
JUIN. 173.18 1313
nes. Elle a aujourd'hui pour suffragans les
Evêques de Marseille , de Toulon , de
Saint-Paul-trois- Châteaux et d'Orange..
C'est tout ce qui lui reste de son ancienne
et vaste Jurisdiction . L'Auteur expose:
ensuite la Tradition de certe Eglise sur
l'Epoque de sa Fondation contre Grégoire:
de Tours et contre M. de Launoy . l'E
glise d'Arles la rapporte à S. Trophime ,
Disciple de S. Paul , et envoyé par S. Pierre
dans les Gaules. Grégoire de Tours ,,
au contraire , ne la fait remonter qu'à un
autre Trophime très - posterieur au Dis
ciple de S. Paul. M. de Romieu s'étend
ensuite sur les Conciles qui ont été te
nus à Arles , sur les saints Prélats qui ont
rempli ce Siege , sur la Primatie que d'au
tres Sieges ont partagée depuis , sur les
Paroisses de cette Ville , et sur l'ancienne
Abbaye de Montmajor , de l'Ordre de
S. Benoît , qui fait un Article particulier..
L'an 1667. Louis XIV . établit dans cette
Ville une Académie de Belles - Lettres ;
mais elle ne s'est point soutenuë , et ne
subsiste plus aujourd'hui.
L'Auteur passe aux Antiquitez d'Arles .
Il croit vrai- semblable que cette Ville fut
construite par les Gaulois dans le 4º sie
cle après le Déluge . Elle a appartenu à
beaucoup de Maîtres ; aux Gaulois , aux
L..Vol .
Grecs ,ܕ
1314 MERCURE DE FRANCE
Grecs , aux Romains , aux Goths , aux
François ; les Comtes d'Ardennes en fu
rent Rois. Elle devint ensuite Républi
que , puis elle tomba sous la domination
des Comtes de Provence , enfin elle fut
réünie à la Couronne sous Louis XI. On
Y découvre encore plusieurs restes de son
ancienne magnificence , comme des Tom
beaux antiques de Marbre , avec leurs Ins
criptions , de superbes Colonnes , des dé
bris de Temples et de Théatre , des Ther
mes qui étoient les Bains chauds des An
ciens , des Aqueducs , &c. Nous souhai
terions que les bornes d'un Extrait nous
permissent de dire quelque chose du ma
gnifique Amphithéatre qu'on voit encore
Arles , au moins en partie , du fameux
Obelisque qui y est élevé , des Champs
Elisées , de la celebre Venus qui y fut
trouvée , et que Louis XIV. a fait placer
à Versailles , de l'ancien Aqueduc , fait
par les Romains , de l'Hôtel de Ville , qui
est un Ouvrage moderne ; du Territoire
de cette Ville , que l'Auteur appelle Ter
roir ; du génie et des moeurs de ses Ha
bitans , &c. Nous renvoyons sur tous ces
articles au Livre de M. de Romieu . Nous
avertirons seulement que l'Auteur a eu
soin de redresser en plusieurs endroits
les Auteurs du Dictionnaire Universel ,
I. Vol
qui
JUIN. 1731. 1315
qui se sont , dit-il , égarez sur l'article
d'Arles , faute d'avoir suivi les Memoires
qui viennent d'être rendus publics .
LA MORT DES JUSTES , ou la maniere
de bien mourir ; par Jean de la Placette.
Troisiéme Edition considerablement
augmentée. A la Haye , Ger. Vander
Poël. 1729. 2. vol. in 8. de près de 600 .
pages , avec la Préface et la Table.
Premier Cayer , de ce qu'il y a de re
marquable à Arles . A Arles , chez Gas
I,Vol
pard
JUIN. 1731. 13 kr
pard Mesnier , Imprimeur du Roy , de
M. l'Archevêque et de la Ville , 1726.
Brochure in 4. d'environ 8o. pages .
C'est M. le Chevalier de Romieu qui
est l'Auteur des Mémoires contenus dans
ce Livre. Voici l'occasion qui l'a engagé à
lès écrire . M. le Bret , Premier President
et Intendant de Provence , envoya il y a
quelque temps à ses Subdéleguez un Pro
jet d'Instruction , contenant plusieurs de
mandes sur le nom , l'antiquité de cha
que Ville , son état present , &c. pour
servir à la perfection du Dictionnaire
Universel de la France , publié depuis ,
et qui se vend ici chez les freres Saugrain
et Prault , Libraires ,
M. de Romieu fut chargé de satisfaire
à ce Projet d'instruction dans ce qui con
cernoit la Ville d'Arles , et il s'en ac
quitta avec toute l'exactitude possible.
Tout le monde connoît sa capacité , son
amour pour les Lettres et son zele
pour
le Bien public . Ayant trouvé que le Dic
tionnaire Universel n'avoit point suivi .
ses Memoires dans l'article de la Ville
d'Arles , et que de plus les Auteurs du
Dictionnaire se plaignoient de n'avoir re
çû des Provinces que des réponses très
legeres aux demandes qu'ils avoient fai
tes , M.. de Romieu entreprit dans cet
I.Volg
Ecrit
13T2 MERCURE DE FRANCE
Ecrit qu'il fit imprimer à Arles dans la
même année , de justifier les Memoires
qu'il avoit envoyez aux Auteurs du Dic
tionnaire Universel : il n'a fait que les .
étendre un peu davantage qu'il n'avoit
fait , lorsqu'il les avoit destinez pour un
Dictionnaire. Nous ne ferons qu'indiquer
ce qu'il y a de plus remarquable dans cet
Ouvrage.
L'Auteur commence par Etimologie
du nom d'Arles , en Latin Arelas ou Are
late. Il en rapporte plusieurs qui y peu
vent convenir , sans se déterminer pour
aucune. Il explique ensuite les épithetes
qu'on lui a données. Elle étoit appellée.
Arelas Mammillaria , parce qu'elle nour
rissoit plusieurs autres Villes , et qu'elle:
leur fournissoit des grains , et Arelas Mil
liaria , parce que les Colonnes milliaires
qui conduisoient à Rome et dans les gran
des Villes , commençoient à Arles . L'Au
teur rapporte là- dessus une Inscription
trouvée à Arles sur une Colonne où il
est marqué que là commence le premier
Milliaire. Nous ne suivrons pas M. de
Romieu , dans ce qu'il dit du Port d'Ar
les et du nouveau Canal auquel on tra
vaille par ordre du Roi , à six lieues de
aette Ville , et qui aboutit à la Mer.
Arles est une Métropole des plus ancien
I. Vol.. nes
JUIN. 173.18 1313
nes. Elle a aujourd'hui pour suffragans les
Evêques de Marseille , de Toulon , de
Saint-Paul-trois- Châteaux et d'Orange..
C'est tout ce qui lui reste de son ancienne
et vaste Jurisdiction . L'Auteur expose:
ensuite la Tradition de certe Eglise sur
l'Epoque de sa Fondation contre Grégoire:
de Tours et contre M. de Launoy . l'E
glise d'Arles la rapporte à S. Trophime ,
Disciple de S. Paul , et envoyé par S. Pierre
dans les Gaules. Grégoire de Tours ,,
au contraire , ne la fait remonter qu'à un
autre Trophime très - posterieur au Dis
ciple de S. Paul. M. de Romieu s'étend
ensuite sur les Conciles qui ont été te
nus à Arles , sur les saints Prélats qui ont
rempli ce Siege , sur la Primatie que d'au
tres Sieges ont partagée depuis , sur les
Paroisses de cette Ville , et sur l'ancienne
Abbaye de Montmajor , de l'Ordre de
S. Benoît , qui fait un Article particulier..
L'an 1667. Louis XIV . établit dans cette
Ville une Académie de Belles - Lettres ;
mais elle ne s'est point soutenuë , et ne
subsiste plus aujourd'hui.
L'Auteur passe aux Antiquitez d'Arles .
Il croit vrai- semblable que cette Ville fut
construite par les Gaulois dans le 4º sie
cle après le Déluge . Elle a appartenu à
beaucoup de Maîtres ; aux Gaulois , aux
L..Vol .
Grecs ,ܕ
1314 MERCURE DE FRANCE
Grecs , aux Romains , aux Goths , aux
François ; les Comtes d'Ardennes en fu
rent Rois. Elle devint ensuite Républi
que , puis elle tomba sous la domination
des Comtes de Provence , enfin elle fut
réünie à la Couronne sous Louis XI. On
Y découvre encore plusieurs restes de son
ancienne magnificence , comme des Tom
beaux antiques de Marbre , avec leurs Ins
criptions , de superbes Colonnes , des dé
bris de Temples et de Théatre , des Ther
mes qui étoient les Bains chauds des An
ciens , des Aqueducs , &c. Nous souhai
terions que les bornes d'un Extrait nous
permissent de dire quelque chose du ma
gnifique Amphithéatre qu'on voit encore
Arles , au moins en partie , du fameux
Obelisque qui y est élevé , des Champs
Elisées , de la celebre Venus qui y fut
trouvée , et que Louis XIV. a fait placer
à Versailles , de l'ancien Aqueduc , fait
par les Romains , de l'Hôtel de Ville , qui
est un Ouvrage moderne ; du Territoire
de cette Ville , que l'Auteur appelle Ter
roir ; du génie et des moeurs de ses Ha
bitans , &c. Nous renvoyons sur tous ces
articles au Livre de M. de Romieu . Nous
avertirons seulement que l'Auteur a eu
soin de redresser en plusieurs endroits
les Auteurs du Dictionnaire Universel ,
I. Vol
qui
JUIN. 1731. 1315
qui se sont , dit-il , égarez sur l'article
d'Arles , faute d'avoir suivi les Memoires
qui viennent d'être rendus publics .
LA MORT DES JUSTES , ou la maniere
de bien mourir ; par Jean de la Placette.
Troisiéme Edition considerablement
augmentée. A la Haye , Ger. Vander
Poël. 1729. 2. vol. in 8. de près de 600 .
pages , avec la Préface et la Table.
Fermer
Résumé : Porte-Feuille du Chr . de R.... [titre d'après la table]
Le texte présente une brochure intitulée 'Le Porte-Feuille du Chr. de R...' publiée en juin 1731 à Arles par Mesnier, imprimeur du Roi, de l'Archevêque et de la Ville. Cette brochure, rédigée par le Chevalier de Romieu, contient des mémoires sur la ville d'Arles. L'occasion de ces mémoires est un projet d'instruction envoyé par M. le Bret, Premier Président et Intendant de Provence, visant à recueillir des informations sur les villes de Provence pour le Dictionnaire Universel de la France. Romieu a été chargé de fournir des détails sur Arles, qu'il a fait avec exactitude. Romieu a entrepris d'écrire cet ouvrage après avoir constaté que le Dictionnaire Universel n'avait pas suivi ses mémoires et que les réponses reçues des provinces étaient légères. Il a donc décidé de justifier et d'étendre ses mémoires, qui ont été imprimés à Arles la même année. L'ouvrage de Romieu commence par l'étymologie du nom d'Arles, expliquant les épithètes données à la ville et son rôle historique. Il mentionne également les épiscopats suffragants d'Arles, les conciles tenus dans la ville, et les saints prélats qui ont occupé ce siège. Romieu discute aussi de l'Académie de Belles-Lettres établie par Louis XIV en 1667, bien qu'elle n'existe plus. Le texte aborde également les antiquités d'Arles, croyant que la ville a été construite par les Gaulois au 4ème siècle après le Déluge. Il mentionne les différents maîtres de la ville au fil de l'histoire, ainsi que les vestiges de son ancienne magnificence, comme des tombeaux antiques, des colonnes, des débris de temples et de théâtres, des thermes, et des aqueducs. Romieu corrige plusieurs erreurs trouvées dans le Dictionnaire Universel concernant Arles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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572
p. 1315-1317
Lettres serieuses et badines, &c. [titre d'après la table]
Début :
LETTRES ET SÉRIEUSES ET BADINES, sur un Livre intitulé : État present de la République [...]
Mots clefs :
Lettres, Journal, Bienheureux serviteur de Dieu, Courroux du ciel
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettres serieuses et badines, &c. [titre d'après la table]
LETTRES SERIEUSES ET BADINES , sur un
Livre intitulé : Etat present de la Républi
que des Provinces- Unies. Par M. F. M.
Janiçon ; et sur d'autres Ouvrages . Pre
miere Partie ; Nec unus in te ego hos animos
gessis longus post me ordo idem petentium
decus. Tit. Liv. Decad. 1. Lib. 1. A la
Haye , che Jean Wanduren , 1729. in 12.
de 273. pages , sans compter l'Epitre , la
Préface , l'Avis du Libraire et quantité de
Tables , de Listes et de Catalogues qui
en contiennent environ 90.
Ces Lettres sont un Journal d'une nou
velle espece , comme le dit l'Auteur dans
la Préface ; on verra bien , dit- il , que je
les ai écrites avec assez d'enjoument et de
liberté. Les suivantes seront de même, & c.
On apprend dans la dixiéme Lettre
1
I. Vol. qu'on
1316 MERCURE DE FRANCE
qu'on a imprimé à Venise un Livre sous
ce titre : Trattato dell' Arte Cavalleresca ,
dove si essaminano molte questioni curiosis
sime in tornoalle Bastonate . Vinegia , apresse
li Tremati. Le Marquis Gio Pirro de Mar
di Luogo , qui en est Auteur , s'efforce
d'y prouver que les coups de bâton ne
deshonorent point , et qu'on peut sans
honte aller boire avec celui de qui on les
a reçus.
Après ce titre de Livre , dont l'Auteur
n'affirme pas tout- à - fait l'existence , il
en rapporte un autre Espagnol , duquel
il dit avoir bien ri à Séville. En voici
le titre Exclamacion à la héroica y
Christiana paciencia , &c. Eloge de la
patience héroïque de ce grand Serviteur de
Dieu, Don Jean Rufo Medroso , où l'on
voit les choses merveilleuses qu'il dit en re
cevant des coups de bâton à la porte
la generosité
incomparable avec laquelle il jetta son épée
à terre , pour ne pas faire mal à son ennemi,
et sa prudente fuite. A Seville , par le Pere
Juan de Picas , Religieux de l'Ordre des
Humiliez , 1569.
Comédie , sa contenance modeste e de la
En voici un Passage qui a été traduit :
Le Bienheureux Serviteur de Dieu inter
rogé par son ami Don Pedro del Campo ,
pourquoi il ne s'étoit pas deffendu , lui
I. Vol. ré
JUIN. 1731. 1317
répondit avec son humilité ordinaire. Fe
vous ai déja raconté comment Don Miguel
me surprit ; j'ajoûte qu'il me pressa avec tant
d'ardeur, que je n'eus pas le loisir de résou
dre divers doutes qui me vinrent d'abord
dans l'esprit. Je ne sçavois si je pouvois en
conscience me servir d'une épée que j'avois
vouée à Nuestra Señora de la Paz. Je ne
sçavois si , étant Gentilhomme , il m'étoit per
mis de me battre avec une canne . Je ne sça
vois si mon Adversaire , étant Gentilhomme
comme moi , j'avois droit de le frapper avec
une canne. D'un autre côté , je songeai qu'on
pourroit faire passer cette rencontre pour un
Duel , et que notre sainte Mere Eglise excom
munie les Duellistes. Ce n'est pas tout encore.
Je veux, en vous découvrant jusqu'au fond de
mon coeur , vous faire voir à quel point mes
pechez ont attiré sur moi le couroux du Ciel.
Scache donc que comme par ces énormes
pechez je suis devenu l'enfant du diable ;
en un mot , je tremble comme lui , dès que je
vois seulement une épée nuë.
Livre intitulé : Etat present de la Républi
que des Provinces- Unies. Par M. F. M.
Janiçon ; et sur d'autres Ouvrages . Pre
miere Partie ; Nec unus in te ego hos animos
gessis longus post me ordo idem petentium
decus. Tit. Liv. Decad. 1. Lib. 1. A la
Haye , che Jean Wanduren , 1729. in 12.
de 273. pages , sans compter l'Epitre , la
Préface , l'Avis du Libraire et quantité de
Tables , de Listes et de Catalogues qui
en contiennent environ 90.
Ces Lettres sont un Journal d'une nou
velle espece , comme le dit l'Auteur dans
la Préface ; on verra bien , dit- il , que je
les ai écrites avec assez d'enjoument et de
liberté. Les suivantes seront de même, & c.
On apprend dans la dixiéme Lettre
1
I. Vol. qu'on
1316 MERCURE DE FRANCE
qu'on a imprimé à Venise un Livre sous
ce titre : Trattato dell' Arte Cavalleresca ,
dove si essaminano molte questioni curiosis
sime in tornoalle Bastonate . Vinegia , apresse
li Tremati. Le Marquis Gio Pirro de Mar
di Luogo , qui en est Auteur , s'efforce
d'y prouver que les coups de bâton ne
deshonorent point , et qu'on peut sans
honte aller boire avec celui de qui on les
a reçus.
Après ce titre de Livre , dont l'Auteur
n'affirme pas tout- à - fait l'existence , il
en rapporte un autre Espagnol , duquel
il dit avoir bien ri à Séville. En voici
le titre Exclamacion à la héroica y
Christiana paciencia , &c. Eloge de la
patience héroïque de ce grand Serviteur de
Dieu, Don Jean Rufo Medroso , où l'on
voit les choses merveilleuses qu'il dit en re
cevant des coups de bâton à la porte
la generosité
incomparable avec laquelle il jetta son épée
à terre , pour ne pas faire mal à son ennemi,
et sa prudente fuite. A Seville , par le Pere
Juan de Picas , Religieux de l'Ordre des
Humiliez , 1569.
Comédie , sa contenance modeste e de la
En voici un Passage qui a été traduit :
Le Bienheureux Serviteur de Dieu inter
rogé par son ami Don Pedro del Campo ,
pourquoi il ne s'étoit pas deffendu , lui
I. Vol. ré
JUIN. 1731. 1317
répondit avec son humilité ordinaire. Fe
vous ai déja raconté comment Don Miguel
me surprit ; j'ajoûte qu'il me pressa avec tant
d'ardeur, que je n'eus pas le loisir de résou
dre divers doutes qui me vinrent d'abord
dans l'esprit. Je ne sçavois si je pouvois en
conscience me servir d'une épée que j'avois
vouée à Nuestra Señora de la Paz. Je ne
sçavois si , étant Gentilhomme , il m'étoit per
mis de me battre avec une canne . Je ne sça
vois si mon Adversaire , étant Gentilhomme
comme moi , j'avois droit de le frapper avec
une canne. D'un autre côté , je songeai qu'on
pourroit faire passer cette rencontre pour un
Duel , et que notre sainte Mere Eglise excom
munie les Duellistes. Ce n'est pas tout encore.
Je veux, en vous découvrant jusqu'au fond de
mon coeur , vous faire voir à quel point mes
pechez ont attiré sur moi le couroux du Ciel.
Scache donc que comme par ces énormes
pechez je suis devenu l'enfant du diable ;
en un mot , je tremble comme lui , dès que je
vois seulement une épée nuë.
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Résumé : Lettres serieuses et badines, &c. [titre d'après la table]
Le document traite de l'ouvrage 'Lettres sérieuses et badines', publié en 1729 à La Haye. L'auteur y décrit son journal comme une collection de lettres écrites avec enjouement et liberté. Dans la dixième lettre, il mentionne un livre imprimé à Venise, 'Trattato dell' Arte Cavalleresca', où le Marquis Gio Pirro de Mar di Luogo tente de prouver que les coups de bâton ne déshonorent pas. L'auteur cite également un ouvrage espagnol, 'Exclamacion à la héroica y Christiana paciencia', qui éloge la patience héroïque de Don Jean Rufo Medroso face aux coups de bâton. Un passage traduit de cet ouvrage montre Don Jean Rufo expliquant pourquoi il ne s'est pas défendu, évoquant des doutes sur l'usage de l'épée et la peur de l'excommunication pour duel.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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573
p. 1317-1321
Œuvres mêlées du C. Hamilton, [titre d'après la table]
Début :
OEUVRES MESLÉES en Prose et en Vers. Par M. le Comte Antoine Hamilton. [...]
Mots clefs :
Épîtres, Chansons, Muses, Amour, Tendresse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Œuvres mêlées du C. Hamilton, [titre d'après la table]
OEUVRES MESLE'ES en Prose et en
Vers.Par M.le Comte Antoine Hamilton.
A Paris , rue S. Jacques , chez J. Fr. Fosse,
1731. in 12. de to5 . pages pour les Poë
sies , 156. pour les Lettres et Epitres.
94. pour les Chansons , et 131. pour
'Histoire de Zeneyde ;. &c..
1318 MERCURE DE FRANCE
Nous prendrons presque au hazard quel
ques morceaux dans ce Livre pour met
tre le Lecteur en état de juger , ou avoir
au moins quelque idée de ce Recueil.
LETTRE de Madame Thibergeau ;
à M. Hamilton.
Les Muses et l'Amour veulent de la jeunesse.
Je rimois autrefois , et rimois assez bien ,
Aujourd'hui le Parnasse , et la douce tendresse ,
Sont étrangers pour moi ; je n'y connois plus rien .
Ces quatre Vers , en Prose rimée , ne
font que trop foi de cette verité ; cepen
dant une Muse que j'avois flattée de voir
arriver ici le celebre Ant. Hamilton , s'é
toit engagée à ne me point abandonner
tant qu'il seroit avec moi , et à me four
nir encore assez de feu et de nobles pen
sées , pour chanter le preux Chevalier qui
doit metrre à chef l'entreprise de l'Ifla
d'Albion ; mais comme cet Antoine , Fa
vori du Parnasse , n'a point paru , la Muse
sur laquelle je comptois , m'a impitoya
blement refusé son secours et a pris son
vol vers la Lorraine , où , dit- elle , on
trouve en la personne de plusieurs belles
Chanoinesses , de veritables Muses . Le
brave Richard plaint ma peine, je l'aime,
je le goûte , je l'estime ; mais il ne m'ins
›
I. Vol. pire
JUI N. 1731 1319
pire rien de la part d'Apollon . Ainsi ré
duite à la Prose et à la simple amitié ,
mes Ecrits ne peuvent plus être que fa
des ou sérieux , et je prise trop notre il
lustre Hamilton , et les charmantes Da
mes de Poussay , pour ajoûter ici rien
de plus.
Réponse de M. Hamilton , à Madame
Thibergeau.
Il né falloit pas , Madame , nous en
voyer leş Vers du monde les mieux tour
nez , pour nous prouver que vous n'en
sçavez plus faire . O ! que ces quatre Vers
renfermeroient de belles leçons pour moi,
si par malheur je n'étois incorrigible.
S'il faut par un Arrêt fatal ,
Que les charmes de la jeunesse ,
Et les doux soins de la tendresse ,
Marchent chez nous d'un pas égal ,
Pour nous guinder sur le cheval ,
Qui voltige autour du Permesse ;
Malheur à qui dans la vieillesse ,
Des Fâcheux , triste Original ,
A l'insolence , ou à la foiblesse ,
De piquer le Docte Animal !
Et qui va sans que
rien l'en presse ,
Toujours rimant quelque Maîtresse,
I. Vol. Pour
1320 MERCURE DE FRANCE
Pour divertir quelque Rival.
Dans le cas suis , je le confesse
Plus important que B´....
Je chante quelque Iris sans cesse
Mais aussi je la chante mal.
>
Et afin que vous n'en puissiez douter ,
je vous envoye quatre Couplets assez
nouveaux que j'ai faits pour mon Iris
d'à - present , qui par son nom de guerre ,
ou de confirmation , s'appelle Pincette.
Au reste , Madame , les aimables Mu
ses de Poussay ne sçauroient consentir au
dégoût qui semble venu pour leur Or
dre ; j'entens en qualité de Muses ; et voi
cy ce qu'elles me dictent pour vous sur
ce sujet ;
>
O vous , ornement d'une Race ,
Où le bon goût regna toûjours ,
Pourquoi renoncer au Parnasse ?
Dans le plus charmant des séjours ,
Quel autre soin vous embarasse ?
Qu'avez-vous besoin du secours
De la tendresse ou des beaux jours ?
On en trouve par tout la trace ,
Dans vos Vers , dans les heureux tours ;
Sur eux la Mere des Amours ,
Semble avoir répandu sa grace ,
I. Vol. Et
H
1321
JUIN. 1731.
1
J
1
Et la rime , sans vains détours ,
Sous votre main court et se place.
A M. l'Abbé Abeille.
Il y a quelques jours , Monsieur , qu'on
me fit voir une Epigramme habillée en
Madrigal , où l'on prétend critiquer cer
tains endroits de votre Ode ; il y avoit un
de mes amis avec moi , qui trouvant
votre Ode fort belle , & la Critique fort
mauvaise , y fit la Réponse que je vous
envoye .
Jadis le Grec Archilochus ,
Mit par un Vaudeville Iambe
Pour certains griefs prétendus , )
Néobulé , la belle , et son Pere Lycambe
Au Catalogue des pendus ;
Mais aujourd'hui pour se deffendre ,
Contre les attentats divers ,
D'Epigrammes sans sel , de Madrigaux pervers ,
On se contente de les rendre ;
Car c'est au Censeur à se pendre ,
Lorsque son esprit à l'envers ,
Veut enseigner au lieu d'apprendre ,
Fait des fautes pour les reprendre ,
Et qu'il médit en méchans Vers.
Vers.Par M.le Comte Antoine Hamilton.
A Paris , rue S. Jacques , chez J. Fr. Fosse,
1731. in 12. de to5 . pages pour les Poë
sies , 156. pour les Lettres et Epitres.
94. pour les Chansons , et 131. pour
'Histoire de Zeneyde ;. &c..
1318 MERCURE DE FRANCE
Nous prendrons presque au hazard quel
ques morceaux dans ce Livre pour met
tre le Lecteur en état de juger , ou avoir
au moins quelque idée de ce Recueil.
LETTRE de Madame Thibergeau ;
à M. Hamilton.
Les Muses et l'Amour veulent de la jeunesse.
Je rimois autrefois , et rimois assez bien ,
Aujourd'hui le Parnasse , et la douce tendresse ,
Sont étrangers pour moi ; je n'y connois plus rien .
Ces quatre Vers , en Prose rimée , ne
font que trop foi de cette verité ; cepen
dant une Muse que j'avois flattée de voir
arriver ici le celebre Ant. Hamilton , s'é
toit engagée à ne me point abandonner
tant qu'il seroit avec moi , et à me four
nir encore assez de feu et de nobles pen
sées , pour chanter le preux Chevalier qui
doit metrre à chef l'entreprise de l'Ifla
d'Albion ; mais comme cet Antoine , Fa
vori du Parnasse , n'a point paru , la Muse
sur laquelle je comptois , m'a impitoya
blement refusé son secours et a pris son
vol vers la Lorraine , où , dit- elle , on
trouve en la personne de plusieurs belles
Chanoinesses , de veritables Muses . Le
brave Richard plaint ma peine, je l'aime,
je le goûte , je l'estime ; mais il ne m'ins
›
I. Vol. pire
JUI N. 1731 1319
pire rien de la part d'Apollon . Ainsi ré
duite à la Prose et à la simple amitié ,
mes Ecrits ne peuvent plus être que fa
des ou sérieux , et je prise trop notre il
lustre Hamilton , et les charmantes Da
mes de Poussay , pour ajoûter ici rien
de plus.
Réponse de M. Hamilton , à Madame
Thibergeau.
Il né falloit pas , Madame , nous en
voyer leş Vers du monde les mieux tour
nez , pour nous prouver que vous n'en
sçavez plus faire . O ! que ces quatre Vers
renfermeroient de belles leçons pour moi,
si par malheur je n'étois incorrigible.
S'il faut par un Arrêt fatal ,
Que les charmes de la jeunesse ,
Et les doux soins de la tendresse ,
Marchent chez nous d'un pas égal ,
Pour nous guinder sur le cheval ,
Qui voltige autour du Permesse ;
Malheur à qui dans la vieillesse ,
Des Fâcheux , triste Original ,
A l'insolence , ou à la foiblesse ,
De piquer le Docte Animal !
Et qui va sans que
rien l'en presse ,
Toujours rimant quelque Maîtresse,
I. Vol. Pour
1320 MERCURE DE FRANCE
Pour divertir quelque Rival.
Dans le cas suis , je le confesse
Plus important que B´....
Je chante quelque Iris sans cesse
Mais aussi je la chante mal.
>
Et afin que vous n'en puissiez douter ,
je vous envoye quatre Couplets assez
nouveaux que j'ai faits pour mon Iris
d'à - present , qui par son nom de guerre ,
ou de confirmation , s'appelle Pincette.
Au reste , Madame , les aimables Mu
ses de Poussay ne sçauroient consentir au
dégoût qui semble venu pour leur Or
dre ; j'entens en qualité de Muses ; et voi
cy ce qu'elles me dictent pour vous sur
ce sujet ;
>
O vous , ornement d'une Race ,
Où le bon goût regna toûjours ,
Pourquoi renoncer au Parnasse ?
Dans le plus charmant des séjours ,
Quel autre soin vous embarasse ?
Qu'avez-vous besoin du secours
De la tendresse ou des beaux jours ?
On en trouve par tout la trace ,
Dans vos Vers , dans les heureux tours ;
Sur eux la Mere des Amours ,
Semble avoir répandu sa grace ,
I. Vol. Et
H
1321
JUIN. 1731.
1
J
1
Et la rime , sans vains détours ,
Sous votre main court et se place.
A M. l'Abbé Abeille.
Il y a quelques jours , Monsieur , qu'on
me fit voir une Epigramme habillée en
Madrigal , où l'on prétend critiquer cer
tains endroits de votre Ode ; il y avoit un
de mes amis avec moi , qui trouvant
votre Ode fort belle , & la Critique fort
mauvaise , y fit la Réponse que je vous
envoye .
Jadis le Grec Archilochus ,
Mit par un Vaudeville Iambe
Pour certains griefs prétendus , )
Néobulé , la belle , et son Pere Lycambe
Au Catalogue des pendus ;
Mais aujourd'hui pour se deffendre ,
Contre les attentats divers ,
D'Epigrammes sans sel , de Madrigaux pervers ,
On se contente de les rendre ;
Car c'est au Censeur à se pendre ,
Lorsque son esprit à l'envers ,
Veut enseigner au lieu d'apprendre ,
Fait des fautes pour les reprendre ,
Et qu'il médit en méchans Vers.
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Résumé : Œuvres mêlées du C. Hamilton, [titre d'après la table]
Le texte présente un recueil d'œuvres du Comte Antoine Hamilton, publié à Paris en 1731. Cet ouvrage est composé de 105 pages de poèmes, 156 pages de lettres et épîtres, 94 pages de chansons, et 131 pages consacrées à l'histoire de Zeneyde. Le Mercure de France en extrait quelques morceaux pour offrir un aperçu du recueil. Une lettre de Madame Thibergeau à Hamilton exprime son regret de ne plus pouvoir écrire des vers, bien qu'elle ait espéré être inspirée par la présence de Hamilton. Elle indique que ses écrits se limitent désormais à la prose et à l'amitié. Hamilton répond en soulignant que la jeunesse et la tendresse sont essentielles pour la poésie. Il envoie des couplets récents dédiés à une certaine 'Pincette' et mentionne les Muses de Poussay, qui encouragent Madame Thibergeau à ne pas abandonner la poésie. Le texte inclut également une épigramme en réponse à une critique de l'ode de l'Abbé Abeille. Cette épigramme défend la beauté de l'œuvre contre des critiques jugées mauvaises.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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574
p. 1322-1324
CATALOGUE des Ouvrages du Marquis SCIPION MAFFEI , Illustre Sçavant de Veronne.
Début :
Della Scienza chiamata Cavalleresca. En trois Livres in 4 °. à Rome 1710. on [...]
Mots clefs :
Catalogue, Savant, Commentaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CATALOGUE des Ouvrages du Marquis SCIPION MAFFEI , Illustre Sçavant de Veronne.
CATALOGUE des Ouvrages du Mar
quis SCIPION MAFFEI , Illustre
Sçavant de Veronne.
Della Scienza chiamata Cavalleresca. En
trois Livres in 4 ° . à Rome 1710. on
en a fait depuis six Editions . La der
niere avec des notes en commentaires
du P. Paoli , de l'Académie des Arcadi.
L'Auteur attaque dans cet ouvrage
les fausses maximes et les faux préjugez
du point d'honneur.
Rime et Prose & c. Recueil des Discours
Lettres , Dissertations , et autres Pie
ces composées en divers temps par le
Marquis Maffei , et qui avoient déja
paru séparément . On en est redevable
à M. le Docteur Colleti , qui le fit im
primer à Venise en 1719. in 4º .
Merope , Tragedie. Cerimanie , Comedie.
La fida Ninfa: Drame mis en Musique.
Ces trois Pieces ont été nouvellement
réimprimées à Verone en un même vo
lume , avec l'explication de quelques
Antiquités qui appartiennent au Thea
tre.LaTragedie deMerope fut imprimée
pour la premiere fois en 1710. et dans
1
"
}
I.Vol.
l'espace
JUIN. 1731. 1323
l'espace de moins de dix années il s'en
est fait en Italie , ou dans les Pays
étrangers , plus de douze Editions. Ja
mais Tragedie n'a eu un applaudisse
ment si universel, et ne le merita mieux.
Il en a paru des Traductions en Alle
mand , en Anglois , en Castillan , et
trois differentes en François.
· Tradutori Italiani , &c. Ouvrage où l'on
donne une connoissance de toutes les
Traductions qui ont été faites en Lan
gne Toscane , des anciens Auteurs
Grecs et Latins .
Dell amica Condizion di Verona. Le Mar
quis Maffei publia certe Dissertation
pour la déffense de Verone sa Patrie ,
contre un Auteur qui avoit entrepris
de prouver que Brescia avoit été la
Capitale des Cenomans , et que Verone
lui avoit été soumise. Il y prouve d'une
maniere claire et solide , que ce vers
Brixia Verona mater amata mea.
n'est point de Catulle. On a décou
vert depuis la publication de cet Ou
vrage deux anciens Manuscrits des
Oeuvres de ce Poëte , où en effet ce vers
ne se trouve pas.
Cassiodiori Complexiones, &c. Ces opuscu
les de Cassiodore qui n'avoient point
encore été publiés , furent imprimés à
I.Vol. F Florence
1324 MERCURE DE FRANCE
Florence en 1721. accompagnés de
Sçavantes Notes.
Supplementum Acacionum. Ce sont trois
Lettres de Felix I I I. jusqu'alors non
publiées. On les a inserées dans le 5.To
me de l'Edition des Conciles , qu'on
fait à Venise.
Historia Diplomatica &c. Histoire Diplo
matique pour servir d'introduction à .
l'art critique sur cette matiere , avec
un Recueil de documens qui n'avoient
pas encore été publiés. On a de plus
dans ce même volume , un Discours
sur l'origine des Vers Rithmiques.
Une Dissertation sur les premiers ha
bitans d'Italie ; la Lettre de S. Chri
sostome à Cesarius expliquée , et quel
ques autres Monumens.
*
·C
Il Theatro Italiano. C'est un Recueil des
plus belles Tragedies qui ayent été re
presentées sur les Theatres d'Italie.
Opere di Giorgio Trissino raccolte. Ce Re
cüeil est précedé d'une sçavante Preface.
De gli Amphiteatri &c. Traité des Amphi
theatres , et en particulier de celui de
Veronne. Il paroitra de nouveau dans
un ouvrage plus considerable , qui est
déja sous Presse , et qui aura pour titre
Verona illustrata.
quis SCIPION MAFFEI , Illustre
Sçavant de Veronne.
Della Scienza chiamata Cavalleresca. En
trois Livres in 4 ° . à Rome 1710. on
en a fait depuis six Editions . La der
niere avec des notes en commentaires
du P. Paoli , de l'Académie des Arcadi.
L'Auteur attaque dans cet ouvrage
les fausses maximes et les faux préjugez
du point d'honneur.
Rime et Prose & c. Recueil des Discours
Lettres , Dissertations , et autres Pie
ces composées en divers temps par le
Marquis Maffei , et qui avoient déja
paru séparément . On en est redevable
à M. le Docteur Colleti , qui le fit im
primer à Venise en 1719. in 4º .
Merope , Tragedie. Cerimanie , Comedie.
La fida Ninfa: Drame mis en Musique.
Ces trois Pieces ont été nouvellement
réimprimées à Verone en un même vo
lume , avec l'explication de quelques
Antiquités qui appartiennent au Thea
tre.LaTragedie deMerope fut imprimée
pour la premiere fois en 1710. et dans
1
"
}
I.Vol.
l'espace
JUIN. 1731. 1323
l'espace de moins de dix années il s'en
est fait en Italie , ou dans les Pays
étrangers , plus de douze Editions. Ja
mais Tragedie n'a eu un applaudisse
ment si universel, et ne le merita mieux.
Il en a paru des Traductions en Alle
mand , en Anglois , en Castillan , et
trois differentes en François.
· Tradutori Italiani , &c. Ouvrage où l'on
donne une connoissance de toutes les
Traductions qui ont été faites en Lan
gne Toscane , des anciens Auteurs
Grecs et Latins .
Dell amica Condizion di Verona. Le Mar
quis Maffei publia certe Dissertation
pour la déffense de Verone sa Patrie ,
contre un Auteur qui avoit entrepris
de prouver que Brescia avoit été la
Capitale des Cenomans , et que Verone
lui avoit été soumise. Il y prouve d'une
maniere claire et solide , que ce vers
Brixia Verona mater amata mea.
n'est point de Catulle. On a décou
vert depuis la publication de cet Ou
vrage deux anciens Manuscrits des
Oeuvres de ce Poëte , où en effet ce vers
ne se trouve pas.
Cassiodiori Complexiones, &c. Ces opuscu
les de Cassiodore qui n'avoient point
encore été publiés , furent imprimés à
I.Vol. F Florence
1324 MERCURE DE FRANCE
Florence en 1721. accompagnés de
Sçavantes Notes.
Supplementum Acacionum. Ce sont trois
Lettres de Felix I I I. jusqu'alors non
publiées. On les a inserées dans le 5.To
me de l'Edition des Conciles , qu'on
fait à Venise.
Historia Diplomatica &c. Histoire Diplo
matique pour servir d'introduction à .
l'art critique sur cette matiere , avec
un Recueil de documens qui n'avoient
pas encore été publiés. On a de plus
dans ce même volume , un Discours
sur l'origine des Vers Rithmiques.
Une Dissertation sur les premiers ha
bitans d'Italie ; la Lettre de S. Chri
sostome à Cesarius expliquée , et quel
ques autres Monumens.
*
·C
Il Theatro Italiano. C'est un Recueil des
plus belles Tragedies qui ayent été re
presentées sur les Theatres d'Italie.
Opere di Giorgio Trissino raccolte. Ce Re
cüeil est précedé d'une sçavante Preface.
De gli Amphiteatri &c. Traité des Amphi
theatres , et en particulier de celui de
Veronne. Il paroitra de nouveau dans
un ouvrage plus considerable , qui est
déja sous Presse , et qui aura pour titre
Verona illustrata.
Fermer
Résumé : CATALOGUE des Ouvrages du Marquis SCIPION MAFFEI , Illustre Sçavant de Veronne.
Le texte présente un catalogue des œuvres du marquis Scipion Maffei, savant de Vérone. Parmi ses travaux notables, 'Della Scienza chiamata Cavalleresca', publié en 1710 à Rome, critique les fausses maximes et préjugés du point d'honneur. Maffei a également compilé un recueil de discours, lettres et dissertations, imprimé à Venise en 1719. Ses pièces de théâtre, telles que 'Merope' (tragédie), 'Cerimanie' (comédie) et 'La fida Ninfa' (drame musical), ont connu un grand succès, avec plusieurs éditions et traductions en diverses langues. 'Merope' a été particulièrement acclamée, avec plus de douze éditions en moins de dix ans et des traductions en allemand, anglais, castillan et français. Maffei a écrit 'Tradutori Italiani', un ouvrage sur les traductions des anciens auteurs grecs et latins en langue toscane. Il a défendu Vérone dans 'Dell amica Condizion di Verona' contre des affirmations erronées sur la capitale des Cénomans. De plus, il a publié des œuvres de Cassiodore avec des notes savantes, des lettres de Félix III, et une 'Historia Diplomatica' contenant divers documents et dissertations historiques. Enfin, il a compilé un recueil des meilleures tragédies italiennes et un traité sur les amphithéâtres, notamment celui de Vérone.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
575
p. 1324-1334
Giornale de Litterati d'Italia : Journal de Venise, [titre d'après la table]
Début :
GIORNALE DE LETTERA TI D'ITALIA Tomo primo. Anno MDCCX. All' Altezza [...]
Mots clefs :
Italie, Journal de Venise, Cardinal Massimi, Modène, Journal de Ferrare, Journal de Florence, Galerie de Minerve
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Giornale de Litterati d'Italia : Journal de Venise, [titre d'après la table]
GIORNALE DE LETTERA TI D'ITALIA
Tomo primo. Anno MDCCX. All' Al
JUIN. 1731 . 1325
tezza serenissima di Ferdinando . IIL
Principe di Toscana . InVenezia MDCCX.
Appresso Gio. Gabriello Ertz , Con Licen
za de Superiori , E Privilegio. Vol. in 12.
de 467. pages. L'Epitre , la Preface et la
Table comprises .
L'Italie vit en 1658. le premier Jour
nal écrit en sa langue. M. l'Abbé Nazari
soutint cette entreprise jusqu'en 16 81. avec
beaucoup de gloire . Il s'imprimoit à Rome
sous les auspices du Cardinal Massimi,
Le Journal de Venise commença en
1671. et finit en même temps que le Jour
nal de Rome. Les Auteurs étoient Pier
re Moretti , et François Miketti. L'An
1686. le P. Gaudence Roberti Car
me , et le P. Benoit Bacchini, Benedictin
du Mont- Cassin , entreprirent à Parme
un Journal qu'ils ne continuerent que
pendant quatre ans. On commença en
1692. d'en donner une continuation
imprimée à Modéne , mais elle n'eut pas
beaucoup de suite.
Le Journal de Ferrare entrepris par
l'Abbé della Corce , fameux Antiquaire ,
et commencé en l'année 1691. fût aussi
d'une courte durée .
Le Journal de Florence , intitulé: Saggi
di naturale esperienze fatte nel Academia
del cimento , se borna aux matieres de
I. Vol.
Fij Physique
1326 MERCURE DE FRANCE
Physique. Nous ne sommes pas assés ins
truits de ses progrez.
Albrizi commença d'imprimer à Ve
nise en 1696. La Galerie de Minerve , ce
Journal étoit l'ouvrage d'une Societé de
Gens de Lettres , dont M. Apostolozeno
étoit le Sécretaire. Mais le Journal dont
nous avons à parler ici , que ce Sçavant
Italien commença avec l'année 1710 .
sous les Auspices du Grand Prince de
Toscane, a presque fait disparoître la Gal
lerie de Minerve le dessein de ce Jour
nal est plus regulier. Il s'imprime à Veni
se , et il en paroît tous les trois mois un
volume. On sçait que plusieurs Ecrivains
d'un grand merite ont part à cette En
treprise. Entre- autres , le Seigneur Ber
nardo Trevizani , noble Venitien et grand
Philosophe , le Cavalier Maffei , une des
meilleures plumes d'Italie , qui joint l'é
rudition à la politesse ; M. Vallisnieri
et Morgagni , célebres par des ouvrages
estimés sur la Physique , la Medecine , et
l'Anatomie , et M. Patarol , qui a une
grande connoissance des Belles-Lettres et
de l'Antiquité , outre cela les Auteurs
de ce Journal , qui n'a eu encore aucune
interruption , ont eu , dès le commence
ment, une liaison particuliere avec l'Illus
treMarquisOrsi et avec le fameuxM.Ma
ag
I. Vel. gliabecchi
JU IN .
1731. 1327
I
1
ES
of
gliabecchi , ce qui doit achever d'en donner
une idée avantageuse .
AGNELLI qui et ANDREAS Abbatis
S. Mariae ad Blachernas et S. Bartolomei
Ravennatis , Liber Pontificalis , sive vita
Pontificum Ravennatum &c.Mutinæ 1708 .
2. vol . 4º. Les Journalistes remarquent
que ceux de Paris , en anonçant l'impres
sion de cet Ouvrage, (a) on dit expressé
ment qu'Agnellus a donné les Vies des
Archevêques de Modéne , ce qui n'est pas
exact , la Ville de Modène n'a jamais eu
d'Archevêques , mais seulement des Evê
ques , et dans le livre d'Agnellus il s'agit
des Evêques , et des Archevêques de Ra
venne , c'est ce qui paroît par le titre
même de l'Ouvrage.
CONSIDERAZIONI ad Asperienze in torno
al creduto cervello di bue impietrito , viven.
te encor l'animale , presentato dal Sig. Ver
ney ilgiovane , all' Accademia Real di Pa
rigi , fatte da ANTONIO VALLISNIERI & C.
in Padoua 1720. in 4° . di pag. ƒI . 10.
Tavole in rame.
•
Ces considerations roulent sur l'obser
servation qu'avoit faite M. Duvernay le
jeune, d'un Boeuf qui avoit vêcu ayant le
Cerveau pétrifié ( a ) M. Vallisnieri sou
(a) Suplem. du Journ. des Sçav.Sept.1708 et
Mars 1709 .
1. Vol. tient
Fiij
1328 MERCURE DE FRANCE
tient que ce n'est point une chose aussi
rare que l'Auteur François l'a crû , et ik
en donne plusieurs exemples remarqua
bles. En second lieu , que tous ces pré
tendus cervaux pétrifiés ne sont que de
simples concrétions de matiere osseuse
pierreuse , qui descend quelquefois du
crâne dans sa cavité , et s'y étant affermi
ressemble grossiérement au cerveau , soit
par la blancheur et par l'inégalité de la
superficie.
Rime di BuONACCORSO MONTEMAGNO
in Bologna 1756. in 12. p . 47 .
Rime di AGOSTINO STACCOLI da Urbino
in Bologna 1709. in 12. p . 45 .
Rime di Monsig". GIOVANNI GUIDIC
CIONE . in Balogna 1709 , in 12. p . 99 .
Rime d'ANGELO DI COSTANSO, in Bo
logna 1709. in 12. p. 93. &c. Au sujet
de ces nouvelles Editions , les Journa
listes font cette réflexion , ( b) lorsque les
François et les autres Etrangers , exami
nent le gout des Italiens dans cette sorte
de Poësie , que communément nous ap
pellons Lirique , ils croyent que nous.
n'aimons que l'enflure , l'affectation , les
jeux de mots , et pareilles choses , qui , à
$
(a) Histoire de l'Academie des Sciences . An.
1703 .
( b ) Pag. 179
1. Vol. la
JUIN. 1731. 1329
AR
la verité , n'ont pas cu moins de cours en
Italie qu'en d'autres Pays ; mais ce fut
seulement pendant quelque temps dans
le dernier siecle . Pour cette raison ils con
siderent le Marini , l'Achillini et sem
blables Auteurs , comme les seuls qui ayent
tenu le premier rang parmi nos Poëtes ,
et croyent en découvrant la foiblesse de
ceux-ci , convaincre tous les autres de
mauvais gout ; la chose n'est pas pour
tant telle qu'ils se l'imaginent.Quoiqu'on
ait vû dans les dernieres années plu
sieurs Livres de régles et de pratique ,
qui démontrent clairement que nos Vers
Liriques sont d'aussi bon aloi que nos au
tres Poësies , et qu'ils sont à l'épreuve de
la critique la plus rigoureuse ; cependant
quelques personnes judicieuses et intel
ligentes ont voulu faire revivre et re
cueillir les ouvrages de quelques Poëtes
Liriques tant des siecles passés que de celui
où nous vivons , afin que leurs exemples
donnent de l'émulation aux uns, et servent
à détromper les autres . Ils ajoutent , page
212. qu'à Naples on commença à s'appli
quer à la Poësie en langue vulgaire dés sa
premiere Enfance , c'est - à- dire, du tems de
P'EmpereurFederic II . et de Pier dalle vigne
son Secretaire ; mais ayant décliné dans le
15. siécle , elle ne se releva point autre
I. Kal. Fiii
part
1330 MERCURE DE FRANCE
part avec autant d'éclat qu'en cette belle
Contrée de l'Italie , par les ouvrages de
Seraphino, de Sannazar, de Coriteo et au
tres. Le siecle suivant fut si abondant en
Poëtes Italiens ,que de leurs seules Poësies
détachées on forma des volumes entiers , et´
d'amples recueils. Il est bien vrai qu'elle
perdit beaucoup de son ancien lustre au
commencement du XVI . siecle par la nou
veauté qu'y introduisit le Cavalier Giam
batista Marini , Napolitain ; de sorte que
presque tous nos Poëtes imiterent cette
maniere licentieuse , seduits par les ap
plaudissemens qu'on donnoit alors géné -
Talement à certaines puerilités , à certai
nes enflures , qui , pour dire trop , ne
disent rien ; de cette Ecole , sortit , prin
ripalement à Naples une Populace de
mauvais Poëtes , qui eurent beaucoup de
vogue et qui firent dans notre langue va
loir,à l'envi , des Grecismes et des Latinis
mes affectés , et hors de propos , aban
donnant ces mots et ces locutions qui
rendent le stile , châtié , clair et élegant .
On commença vers le milieu du même
siecle à ouvrir les yeux , on reconnut en
fin l'erreur, et on peut dire que la Ville de
Naples pour reparer le mal que quelques
uns des siens avoient causé à la Foësie ,
fut la premiere qui eût la gloire de don
I. Vol. ner
JUIN. 1731 .
"
1331
ner de nouveaux et de meilleurs modeles.
à imiter ; tels furent Pirro Schettini , Carlo
Buragna , et autres excellens Poëtes.
VITA e Profezie del Brandano Sanese
volgarmenta detto, il pazzodi Cristo , nova
mente publicate e racolte da i Codici piu
autore voli et dedicate a Madonna Reveren
dissima la SibillaTiburtina.InTivoli. Nella
Stamperia dell' Indovino. 1710. in 4º .
GEMME ANTICHE figurate , date in lu
ce da Dominico de ' Rossi, colle Sposizio
ni di PAOLO- ALESSANDRO MAFFEI &c.
Parte prima & c. in Roma 1707 , in 4º..
reale , le gemme sono 1c6 , le pag. delle.
note 130.
NUOVE e maravigliose e Scoperte dell
origine di motti animalucci su le foglio de.
Cavoli , come di molti insetti dentro gl in
setti etc. c'est une Lettre de 14. pages de
Diecinto Cestoni Livornese , qu'on a im
primé à la suite du Tratatto de' Rimedii per
le malattie del corpo umano. Tradotto da
Francese, &c. in Padona 1709. in 4. di
pag. 376. oltre le tavole in rame.
M. Cestoni rend compte dans cette Let
tre , de plusieurs insectes qu'il a observés
sur les feuilles de chou , entre-autres d'une
espece de petits Papillons blancs , qui .
n'ont point encore été remarqués par
aucun Jardinier , ni même par aucun Ecri
I. Vol.
Fy vain
7332 MERCURE DE FRANCE
vain de l'Histoire naturelle , étant pres
que invisibles , et qui vûs dans le Mi
croscope ressemblent parfaitement en
toutes leurs parties aux grands Papillons..
Un jour il en mit ensemble plusieurs
douzaines , qui ne pûrent faire le poids:
d'un grain , il en faudroit pour cela plus.
de deux cent. Il vir que la génération:
s'en faisoit comme des grands Papillons ,
c'est-à dire par le concours du Masle et de
la Femelle , laquelle devenue pleine trouve
dans la partie de dessous des feuilles.
de chou les plus tendres une petite fosse ,
où elle forme une place blanche , qui pa
roit enfarinée , et y dépose ses oeufs , or
dinairement en demi cercle , au nombre
de dix jusqu'à seize . Il décrit avec exacti
tude ces oeufs , vûs dans le Microscope ,
leurs changemens , ensuite le ver qui en
sort , lequel a sur le dos une espece de
laine blanche comme les Brebis , et c'est
pour cela qu'iNui donne le nom de peti
te Brebis. Ces vers rampent séparément
de côté et d'autre , mais avec tant de len
teur qu'ils employent une journée entiere
à parcourir un espace grand comme l'on
gle ; arrivés où ils doivent ou veulent s'ar
rêter , ils se reposent et se rangent de ma
niere qu'en croissant ils ne puissent se tou
cher , et vûs alors dans le Microscope, ils
I. Vol. paroissent
JUIN. 1731. 1333
paroissent autant de Brebis immobiles ré
pandues dans une Prairie. Ainsi formés et
attachés ils croissent pendant quatorze
jours.Ensuite on ne les voit plus croître, ni
changer de couleur,restant toujoursblancs.
Il ne s'est point apperçu non plus qu'ils
changeassent de forme , ni qu'ils eussent
le moindre mouvement , demeurant tou
jours comme ces coquillages de Mer quis
sont étroitement attachés aux Rochers.
Aprés dix ou douze jours ces petites:
Brebis se dépouillent de leur toison et
sortent Papillons tout formés , qui trois
jours aprés s'accouplent et de cette ma
niere continuent leur generation , jusques
là que, comme les Pigeons domestiques
ils mutiplient tous les mois leur espece ..
Il finit sa Lettre par la Description de
leur cruel ennemi qu'il nomme Loup ,
ne vivant d'autre chose que de ces pau
vres petites Brebis , avant leur Metamor
phose . C'est une espece de moucheron
noir , sauvage , et carnacier ; il les
a remarqués avec une patience merveil
leuse , tournant continuellement autour
de ces Brebis. Les uns s'attachant aux plus
tendres , en succent peu à peu toute la
substance , etne leur laissent que la Peau ;;
les autres se posent sur les plus grosses et
y demeurent assés longtemps.Ce qui ayant
23
3+
L..Vol . F vi excité
2334 MERCURE DE FRANCE
excité son attention , il observa que ces
Moucherons aprés avoir percé le dos des
petits vers sur lesquels ils s'étoient mis ,
déposoient dans le trou un oeuf , dont il
s'apperçût quelque tems aprés qu'il se
formoit un ver , qui commençoit à son
tour à devorer sa Brebis , et qu'il en arri
va ainsi de toutes les autres dans lesquelles
les Moucherons avoient fait leurs oeufs.
Il décrit exactement à quoi l'on peut
connoître qu'elles ont l'ennemi chez elles .
Ces cruels Hôtes ayant pris leur crois
sance dans le corps de ces Brebis , s'y ren
ferment ( a ) comme font tous les autres
vers lorsqu'ils doivent se changer en
Papillons ; en effet par le moyen du Mi
croscope on les voit distinctement enve
lopés de la peau de ces petits corps dont
ils ont dévoré le dedans. Ils restent ainsi.
environ vingt jours plus que les petits.
Papillons, aprés quoi déchirant cette peau,
ils sortent Moucherons tout formés.
La suite pour le Mercure prochain.
Tomo primo. Anno MDCCX. All' Al
JUIN. 1731 . 1325
tezza serenissima di Ferdinando . IIL
Principe di Toscana . InVenezia MDCCX.
Appresso Gio. Gabriello Ertz , Con Licen
za de Superiori , E Privilegio. Vol. in 12.
de 467. pages. L'Epitre , la Preface et la
Table comprises .
L'Italie vit en 1658. le premier Jour
nal écrit en sa langue. M. l'Abbé Nazari
soutint cette entreprise jusqu'en 16 81. avec
beaucoup de gloire . Il s'imprimoit à Rome
sous les auspices du Cardinal Massimi,
Le Journal de Venise commença en
1671. et finit en même temps que le Jour
nal de Rome. Les Auteurs étoient Pier
re Moretti , et François Miketti. L'An
1686. le P. Gaudence Roberti Car
me , et le P. Benoit Bacchini, Benedictin
du Mont- Cassin , entreprirent à Parme
un Journal qu'ils ne continuerent que
pendant quatre ans. On commença en
1692. d'en donner une continuation
imprimée à Modéne , mais elle n'eut pas
beaucoup de suite.
Le Journal de Ferrare entrepris par
l'Abbé della Corce , fameux Antiquaire ,
et commencé en l'année 1691. fût aussi
d'une courte durée .
Le Journal de Florence , intitulé: Saggi
di naturale esperienze fatte nel Academia
del cimento , se borna aux matieres de
I. Vol.
Fij Physique
1326 MERCURE DE FRANCE
Physique. Nous ne sommes pas assés ins
truits de ses progrez.
Albrizi commença d'imprimer à Ve
nise en 1696. La Galerie de Minerve , ce
Journal étoit l'ouvrage d'une Societé de
Gens de Lettres , dont M. Apostolozeno
étoit le Sécretaire. Mais le Journal dont
nous avons à parler ici , que ce Sçavant
Italien commença avec l'année 1710 .
sous les Auspices du Grand Prince de
Toscane, a presque fait disparoître la Gal
lerie de Minerve le dessein de ce Jour
nal est plus regulier. Il s'imprime à Veni
se , et il en paroît tous les trois mois un
volume. On sçait que plusieurs Ecrivains
d'un grand merite ont part à cette En
treprise. Entre- autres , le Seigneur Ber
nardo Trevizani , noble Venitien et grand
Philosophe , le Cavalier Maffei , une des
meilleures plumes d'Italie , qui joint l'é
rudition à la politesse ; M. Vallisnieri
et Morgagni , célebres par des ouvrages
estimés sur la Physique , la Medecine , et
l'Anatomie , et M. Patarol , qui a une
grande connoissance des Belles-Lettres et
de l'Antiquité , outre cela les Auteurs
de ce Journal , qui n'a eu encore aucune
interruption , ont eu , dès le commence
ment, une liaison particuliere avec l'Illus
treMarquisOrsi et avec le fameuxM.Ma
ag
I. Vel. gliabecchi
JU IN .
1731. 1327
I
1
ES
of
gliabecchi , ce qui doit achever d'en donner
une idée avantageuse .
AGNELLI qui et ANDREAS Abbatis
S. Mariae ad Blachernas et S. Bartolomei
Ravennatis , Liber Pontificalis , sive vita
Pontificum Ravennatum &c.Mutinæ 1708 .
2. vol . 4º. Les Journalistes remarquent
que ceux de Paris , en anonçant l'impres
sion de cet Ouvrage, (a) on dit expressé
ment qu'Agnellus a donné les Vies des
Archevêques de Modéne , ce qui n'est pas
exact , la Ville de Modène n'a jamais eu
d'Archevêques , mais seulement des Evê
ques , et dans le livre d'Agnellus il s'agit
des Evêques , et des Archevêques de Ra
venne , c'est ce qui paroît par le titre
même de l'Ouvrage.
CONSIDERAZIONI ad Asperienze in torno
al creduto cervello di bue impietrito , viven.
te encor l'animale , presentato dal Sig. Ver
ney ilgiovane , all' Accademia Real di Pa
rigi , fatte da ANTONIO VALLISNIERI & C.
in Padoua 1720. in 4° . di pag. ƒI . 10.
Tavole in rame.
•
Ces considerations roulent sur l'obser
servation qu'avoit faite M. Duvernay le
jeune, d'un Boeuf qui avoit vêcu ayant le
Cerveau pétrifié ( a ) M. Vallisnieri sou
(a) Suplem. du Journ. des Sçav.Sept.1708 et
Mars 1709 .
1. Vol. tient
Fiij
1328 MERCURE DE FRANCE
tient que ce n'est point une chose aussi
rare que l'Auteur François l'a crû , et ik
en donne plusieurs exemples remarqua
bles. En second lieu , que tous ces pré
tendus cervaux pétrifiés ne sont que de
simples concrétions de matiere osseuse
pierreuse , qui descend quelquefois du
crâne dans sa cavité , et s'y étant affermi
ressemble grossiérement au cerveau , soit
par la blancheur et par l'inégalité de la
superficie.
Rime di BuONACCORSO MONTEMAGNO
in Bologna 1756. in 12. p . 47 .
Rime di AGOSTINO STACCOLI da Urbino
in Bologna 1709. in 12. p . 45 .
Rime di Monsig". GIOVANNI GUIDIC
CIONE . in Balogna 1709 , in 12. p . 99 .
Rime d'ANGELO DI COSTANSO, in Bo
logna 1709. in 12. p. 93. &c. Au sujet
de ces nouvelles Editions , les Journa
listes font cette réflexion , ( b) lorsque les
François et les autres Etrangers , exami
nent le gout des Italiens dans cette sorte
de Poësie , que communément nous ap
pellons Lirique , ils croyent que nous.
n'aimons que l'enflure , l'affectation , les
jeux de mots , et pareilles choses , qui , à
$
(a) Histoire de l'Academie des Sciences . An.
1703 .
( b ) Pag. 179
1. Vol. la
JUIN. 1731. 1329
AR
la verité , n'ont pas cu moins de cours en
Italie qu'en d'autres Pays ; mais ce fut
seulement pendant quelque temps dans
le dernier siecle . Pour cette raison ils con
siderent le Marini , l'Achillini et sem
blables Auteurs , comme les seuls qui ayent
tenu le premier rang parmi nos Poëtes ,
et croyent en découvrant la foiblesse de
ceux-ci , convaincre tous les autres de
mauvais gout ; la chose n'est pas pour
tant telle qu'ils se l'imaginent.Quoiqu'on
ait vû dans les dernieres années plu
sieurs Livres de régles et de pratique ,
qui démontrent clairement que nos Vers
Liriques sont d'aussi bon aloi que nos au
tres Poësies , et qu'ils sont à l'épreuve de
la critique la plus rigoureuse ; cependant
quelques personnes judicieuses et intel
ligentes ont voulu faire revivre et re
cueillir les ouvrages de quelques Poëtes
Liriques tant des siecles passés que de celui
où nous vivons , afin que leurs exemples
donnent de l'émulation aux uns, et servent
à détromper les autres . Ils ajoutent , page
212. qu'à Naples on commença à s'appli
quer à la Poësie en langue vulgaire dés sa
premiere Enfance , c'est - à- dire, du tems de
P'EmpereurFederic II . et de Pier dalle vigne
son Secretaire ; mais ayant décliné dans le
15. siécle , elle ne se releva point autre
I. Kal. Fiii
part
1330 MERCURE DE FRANCE
part avec autant d'éclat qu'en cette belle
Contrée de l'Italie , par les ouvrages de
Seraphino, de Sannazar, de Coriteo et au
tres. Le siecle suivant fut si abondant en
Poëtes Italiens ,que de leurs seules Poësies
détachées on forma des volumes entiers , et´
d'amples recueils. Il est bien vrai qu'elle
perdit beaucoup de son ancien lustre au
commencement du XVI . siecle par la nou
veauté qu'y introduisit le Cavalier Giam
batista Marini , Napolitain ; de sorte que
presque tous nos Poëtes imiterent cette
maniere licentieuse , seduits par les ap
plaudissemens qu'on donnoit alors géné -
Talement à certaines puerilités , à certai
nes enflures , qui , pour dire trop , ne
disent rien ; de cette Ecole , sortit , prin
ripalement à Naples une Populace de
mauvais Poëtes , qui eurent beaucoup de
vogue et qui firent dans notre langue va
loir,à l'envi , des Grecismes et des Latinis
mes affectés , et hors de propos , aban
donnant ces mots et ces locutions qui
rendent le stile , châtié , clair et élegant .
On commença vers le milieu du même
siecle à ouvrir les yeux , on reconnut en
fin l'erreur, et on peut dire que la Ville de
Naples pour reparer le mal que quelques
uns des siens avoient causé à la Foësie ,
fut la premiere qui eût la gloire de don
I. Vol. ner
JUIN. 1731 .
"
1331
ner de nouveaux et de meilleurs modeles.
à imiter ; tels furent Pirro Schettini , Carlo
Buragna , et autres excellens Poëtes.
VITA e Profezie del Brandano Sanese
volgarmenta detto, il pazzodi Cristo , nova
mente publicate e racolte da i Codici piu
autore voli et dedicate a Madonna Reveren
dissima la SibillaTiburtina.InTivoli. Nella
Stamperia dell' Indovino. 1710. in 4º .
GEMME ANTICHE figurate , date in lu
ce da Dominico de ' Rossi, colle Sposizio
ni di PAOLO- ALESSANDRO MAFFEI &c.
Parte prima & c. in Roma 1707 , in 4º..
reale , le gemme sono 1c6 , le pag. delle.
note 130.
NUOVE e maravigliose e Scoperte dell
origine di motti animalucci su le foglio de.
Cavoli , come di molti insetti dentro gl in
setti etc. c'est une Lettre de 14. pages de
Diecinto Cestoni Livornese , qu'on a im
primé à la suite du Tratatto de' Rimedii per
le malattie del corpo umano. Tradotto da
Francese, &c. in Padona 1709. in 4. di
pag. 376. oltre le tavole in rame.
M. Cestoni rend compte dans cette Let
tre , de plusieurs insectes qu'il a observés
sur les feuilles de chou , entre-autres d'une
espece de petits Papillons blancs , qui .
n'ont point encore été remarqués par
aucun Jardinier , ni même par aucun Ecri
I. Vol.
Fy vain
7332 MERCURE DE FRANCE
vain de l'Histoire naturelle , étant pres
que invisibles , et qui vûs dans le Mi
croscope ressemblent parfaitement en
toutes leurs parties aux grands Papillons..
Un jour il en mit ensemble plusieurs
douzaines , qui ne pûrent faire le poids:
d'un grain , il en faudroit pour cela plus.
de deux cent. Il vir que la génération:
s'en faisoit comme des grands Papillons ,
c'est-à dire par le concours du Masle et de
la Femelle , laquelle devenue pleine trouve
dans la partie de dessous des feuilles.
de chou les plus tendres une petite fosse ,
où elle forme une place blanche , qui pa
roit enfarinée , et y dépose ses oeufs , or
dinairement en demi cercle , au nombre
de dix jusqu'à seize . Il décrit avec exacti
tude ces oeufs , vûs dans le Microscope ,
leurs changemens , ensuite le ver qui en
sort , lequel a sur le dos une espece de
laine blanche comme les Brebis , et c'est
pour cela qu'iNui donne le nom de peti
te Brebis. Ces vers rampent séparément
de côté et d'autre , mais avec tant de len
teur qu'ils employent une journée entiere
à parcourir un espace grand comme l'on
gle ; arrivés où ils doivent ou veulent s'ar
rêter , ils se reposent et se rangent de ma
niere qu'en croissant ils ne puissent se tou
cher , et vûs alors dans le Microscope, ils
I. Vol. paroissent
JUIN. 1731. 1333
paroissent autant de Brebis immobiles ré
pandues dans une Prairie. Ainsi formés et
attachés ils croissent pendant quatorze
jours.Ensuite on ne les voit plus croître, ni
changer de couleur,restant toujoursblancs.
Il ne s'est point apperçu non plus qu'ils
changeassent de forme , ni qu'ils eussent
le moindre mouvement , demeurant tou
jours comme ces coquillages de Mer quis
sont étroitement attachés aux Rochers.
Aprés dix ou douze jours ces petites:
Brebis se dépouillent de leur toison et
sortent Papillons tout formés , qui trois
jours aprés s'accouplent et de cette ma
niere continuent leur generation , jusques
là que, comme les Pigeons domestiques
ils mutiplient tous les mois leur espece ..
Il finit sa Lettre par la Description de
leur cruel ennemi qu'il nomme Loup ,
ne vivant d'autre chose que de ces pau
vres petites Brebis , avant leur Metamor
phose . C'est une espece de moucheron
noir , sauvage , et carnacier ; il les
a remarqués avec une patience merveil
leuse , tournant continuellement autour
de ces Brebis. Les uns s'attachant aux plus
tendres , en succent peu à peu toute la
substance , etne leur laissent que la Peau ;;
les autres se posent sur les plus grosses et
y demeurent assés longtemps.Ce qui ayant
23
3+
L..Vol . F vi excité
2334 MERCURE DE FRANCE
excité son attention , il observa que ces
Moucherons aprés avoir percé le dos des
petits vers sur lesquels ils s'étoient mis ,
déposoient dans le trou un oeuf , dont il
s'apperçût quelque tems aprés qu'il se
formoit un ver , qui commençoit à son
tour à devorer sa Brebis , et qu'il en arri
va ainsi de toutes les autres dans lesquelles
les Moucherons avoient fait leurs oeufs.
Il décrit exactement à quoi l'on peut
connoître qu'elles ont l'ennemi chez elles .
Ces cruels Hôtes ayant pris leur crois
sance dans le corps de ces Brebis , s'y ren
ferment ( a ) comme font tous les autres
vers lorsqu'ils doivent se changer en
Papillons ; en effet par le moyen du Mi
croscope on les voit distinctement enve
lopés de la peau de ces petits corps dont
ils ont dévoré le dedans. Ils restent ainsi.
environ vingt jours plus que les petits.
Papillons, aprés quoi déchirant cette peau,
ils sortent Moucherons tout formés.
La suite pour le Mercure prochain.
Fermer
Résumé : Giornale de Litterati d'Italia : Journal de Venise, [titre d'après la table]
Le texte, extrait du 'GIORNALE DE LETTERA TI D'ITALIA' publié en 1731, retrace l'histoire des journaux en Italie. En 1658, le premier journal en langue italienne fut publié à Rome sous le patronage du Cardinal Massimi et dirigé par l'Abbé Nazari jusqu'en 1681. Le 'Journal de Venise' débuta en 1671 et cessa en même temps que celui de Rome. En 1686, les pères Gaudence Roberti Carme et Benoit Bacchini lancèrent un journal à Parme, qui dura quatre ans. D'autres journaux, comme ceux de Modène, Ferrare et Florence, eurent également des durées limitées. En 1696, Albrizi commença à imprimer 'La Galerie de Minerve' à Venise. Le journal mentionné dans le texte, commencé en 1710 sous les auspices du Grand Prince de Toscane, est imprimé à Venise et paraît tous les trois mois. Il compte parmi ses contributeurs des écrivains renommés tels que Bernardo Trevizani, le Cavalier Maffei, Vallisnieri, Morgagni et Patarol. Le texte mentionne également des ouvrages spécifiques, comme le 'Liber Pontificalis' d'Agnellus et les 'Considerazioni' de Vallisnieri sur une observation scientifique. Enfin, il aborde la poésie italienne, soulignant que les critiques étrangers ont souvent mal jugé le goût des Italiens pour la poésie lyrique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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576
p. 1334-1339
Discours Latin du P. Porée, [titre d'après la table]
Début :
Le Reverend Pere Porée, Jesuite, prononça le neuf de Février, devant une illustre [...]
Mots clefs :
Révérend, Discours, Orateur, Critiques, Républiques des Lettres, Rhéteurs, Grammairiens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours Latin du P. Porée, [titre d'après la table]
Le Reverend Pere Porée , Jesuite , pro
nonça le neufde Février , devant une 11
lustre Assemblée un Discours Latin
fort éloquent sur les Critiques , dans le
College de Louis le Grand . L'Orateur
(a) L'Incrisalidano.
1. Vol. COR
JUIN. 1731. 133
convenant , qu'il y a aujourd'hui plus de
Critiques que d'Ouvrages à critiquer , et
que la licence de ceux qui se mêlent de
critiquer , a rendu la Critique aussi odieu
se que ses Auteurs , prétend néanmoins
qu'on ne doit pas proscrire de la Répu
blique des Lettres toute sorte de Critique,
mais qu'on doit seulement en corriger
les abus. Il partage donc son Discours , et
entreprend dans la premiere. Partie de
prouver la necessité de la Critique : dans
la seconde , il parle des qualitez d'un bon
Critique.
Par tout où il y a des procès , dit le
P. Porée , par tout où il se commet des
crimes , par tout où on entreprend d'in
troduire la licence , il faut des Juges
pour terminer ces procès , punir ces cri
mes et s'opposer à cette licence . Or tout
cela a lieu dans la Litterature . L'Orateur
laiffe peu de chose à dire sur les sujets
de querelle & de procès , qui divisent
les Gens de Lettres de toutes les sortes
Rhéteurs , Grammairiens , Philosophes ,
Géometres mêmes.. Desorte que tout ce
qu'il y a, ce semble, de plus propre à éclai
rer les Hommes & à les polir , devient
par l'abus qu'ils en font , une source de.
guerre et de discorde , & d'une guerre.
le plus souvent pleine de bassesse et de
I.Vol. mali
#336 MERCURE DE FRANCE
malignité. C'est pour terminer cette guerre
et décider ces procès , que le R. P. Po
rée croit les Gritiques nécessaires , sans
doute , comme le sont les Avocats pour
plaider et pour instruire l'Affaire dont le
Public seul est Juge sans appel . Que
fçait-on même s'il y auroit beaucoup de
procès dans la Litterature , supposé qu'il
n'y eut point de Critiques.
Le second chef des crimes Litteraires
eft bien traité. Que de fautes introduites
dans les Livres des Anciens par l'igno
rance ou la négligence des Libraires ou
des Copistes ! Quelle obligation n'a-t'on
donc pas aux Turnebes , aux Budées , aux
Murets , qui ont pris la peine de purger
ces Livres ? Quelle Chronologie aurions
nous , sans les Scaligers , les Ussers , les
Petaus ? La Céographie ne seroit qu'un
cahos , sans les Cluviers , les Briets , les
Samsons ? Et c'est le même de toutes les
autres parties de la Litterature . Le P.
Porée s'étend beaucoup sur les vols Litte
raires , que c'est aux Critiques de demas
Il s'en fait tous les jours plus qu'on:
quer.
ne pense. La diversité des langues en oc
casionne plusieurs. Souvent un Ami in
fidéle , dépositaire des Ecrits de son Ami
mort , se les attribuë , & c.
La troisiéme raison de la néceffité des
1. Vol .
Cri
JUIN. 1731. 1337
Critiques , est prise de la licence que se
donnent des demi-Sçavans d'altérer les
Sciences , sous pretexte de les enrichir ,
de les réduire , de les embellir , de les per
fectionner. Rien n'eft plus éloquent ni
plus judicieux que le Morceau , où l'O
rateur , rappellant la Coutume des Ro
mains , qui dans le tems orageux , aver
tissoient les Consuls de veiller que la Ré
publique ne souffrit aucun dommage
avertit dans les mêmes termes , les Cri
tiques de veiller que la Théologie , la
Philosophie , l'Histoire , les Mathéma
tiques , les Belles-Lettres , ne souffrent
aucun dommage de la part des demi-Sça
vans. Il est fâcheux que la République
Litteraire , n'ait pas ses Critiques auto
risez comme la République Romaine avoit
ses Consuls , & qu'une foule de Censeurs
sans aveu , plus ennemis des Auteurs que
des Ouvrages , plus malíns à reprendre ,
que judicieux à corriger , puissent pren
dre pour eux un Avertissement que le
P. Porée n'addresse qu'à des Critiques .
sçavans , prudens , & pleins de probité ,,
tels qu'il les caractérise dans la seconde
partie de son Discours.
25
Aujourd'hui tout homme qui se sent in
capable d'écrire sur aucun sujet, et qui vent
pourtant écrire , prend le parti de la Criti
L. Vol. que
T338 MERCURE DE FRANCE
que. Carpour affirmer,il faut avouer quet
que chose ; pour nier il suffit de ne rien sça
voir. On ne sçauroit traiter un sujet , mais
on scait suivre un Auteur qui l'a traité; on
sçait aboyer après lui , le mordre et le dé
chirer. Le sage Orateur croit-il persuader
quelqu'un , lorsqu'il exige d'un Critique,
une science immense , une vaste érudi
tion , une connoissance éxacte de toutes.
choses un Critique a renoncé à être
sçavant , & un véritable
communément si critique .
sçavant
n'est pas
.
La science ne suffit pas ; un Critique a
besoin de beaucoup de prudence , de dis
cernement de sagacité pour porter un
jugement sain, juste etdéfinitif. Mais sur
tout la probité est absolument necessaire
à un Critique. Celui que l'amitié séduit
ou que la haine emporte , ne sçauroit être
un Juge sain & éclairé. C'est pourtant- là
ce qui décide de la plupart des Critiques ,
et l'envie en est ordinairement le premier
mobile ; mais le Public qui est le Juge
Souverain en dernier ressort , et des Criti
ques , et des Ouvrages critiqués , fait et
rend justice aux uns & aux autres , et une
passion tropvive n'impose qu'à celui qui
en est atteint, et tout au plus à ceux qui en
sont complices. Toute critique que la
cabale a dictée , rentre bien- tôt dans le
L. Vol.
néant
,
JUIN. 1731. 1339
néant , d'où elle est à peine sortie , et laisse
en possession de l'immortalité , l'Ouvrage
& l'Auteur qu'elle avoit attaqué avec plus
de véhemence qué de force et de sagesse.
3
Le R. P. Porée dévoilé tous les arti
fices que l'envie , la haine , la partialité
les préjugez inspirent à des Critiques qui
n'ont pas toute la bonne foi que la Pro
bité inspire, et que la Religion exige avec
rigueur. Ilse déclare avec force contre un
Livre assez moderne , qui est effective
ment très- dangereux ; & d'autant plus
dangereux , que l'Auteur ne semble s'y
piquer de probité , que pour porter des
coups plus assurés à la Religion , d'im
partialité , que pour décrier tous les par
tis sans en excepter le bon , de discer
nement que pour rejetter tout , de non
crédulité que pour établir l'incrédulité.
L'Orateur en bon Critique loie ce que
cet Ouvrage a de bon , en blâmant`ce
qu'il a de mauvais.
.
:
On imprime chez Laisnel au. Chef
S. Jean rue S. Jacques , un Livre inti
tulé : Analyse de la Dissertation de M. Mo
rand sur la Taille au haut Appareil , ou Re
ponse aux Reflexions Anatomistes de M.
Rameau sur cet Ouvrage , in 8 °. par M. le
Cat.
nonça le neufde Février , devant une 11
lustre Assemblée un Discours Latin
fort éloquent sur les Critiques , dans le
College de Louis le Grand . L'Orateur
(a) L'Incrisalidano.
1. Vol. COR
JUIN. 1731. 133
convenant , qu'il y a aujourd'hui plus de
Critiques que d'Ouvrages à critiquer , et
que la licence de ceux qui se mêlent de
critiquer , a rendu la Critique aussi odieu
se que ses Auteurs , prétend néanmoins
qu'on ne doit pas proscrire de la Répu
blique des Lettres toute sorte de Critique,
mais qu'on doit seulement en corriger
les abus. Il partage donc son Discours , et
entreprend dans la premiere. Partie de
prouver la necessité de la Critique : dans
la seconde , il parle des qualitez d'un bon
Critique.
Par tout où il y a des procès , dit le
P. Porée , par tout où il se commet des
crimes , par tout où on entreprend d'in
troduire la licence , il faut des Juges
pour terminer ces procès , punir ces cri
mes et s'opposer à cette licence . Or tout
cela a lieu dans la Litterature . L'Orateur
laiffe peu de chose à dire sur les sujets
de querelle & de procès , qui divisent
les Gens de Lettres de toutes les sortes
Rhéteurs , Grammairiens , Philosophes ,
Géometres mêmes.. Desorte que tout ce
qu'il y a, ce semble, de plus propre à éclai
rer les Hommes & à les polir , devient
par l'abus qu'ils en font , une source de.
guerre et de discorde , & d'une guerre.
le plus souvent pleine de bassesse et de
I.Vol. mali
#336 MERCURE DE FRANCE
malignité. C'est pour terminer cette guerre
et décider ces procès , que le R. P. Po
rée croit les Gritiques nécessaires , sans
doute , comme le sont les Avocats pour
plaider et pour instruire l'Affaire dont le
Public seul est Juge sans appel . Que
fçait-on même s'il y auroit beaucoup de
procès dans la Litterature , supposé qu'il
n'y eut point de Critiques.
Le second chef des crimes Litteraires
eft bien traité. Que de fautes introduites
dans les Livres des Anciens par l'igno
rance ou la négligence des Libraires ou
des Copistes ! Quelle obligation n'a-t'on
donc pas aux Turnebes , aux Budées , aux
Murets , qui ont pris la peine de purger
ces Livres ? Quelle Chronologie aurions
nous , sans les Scaligers , les Ussers , les
Petaus ? La Céographie ne seroit qu'un
cahos , sans les Cluviers , les Briets , les
Samsons ? Et c'est le même de toutes les
autres parties de la Litterature . Le P.
Porée s'étend beaucoup sur les vols Litte
raires , que c'est aux Critiques de demas
Il s'en fait tous les jours plus qu'on:
quer.
ne pense. La diversité des langues en oc
casionne plusieurs. Souvent un Ami in
fidéle , dépositaire des Ecrits de son Ami
mort , se les attribuë , & c.
La troisiéme raison de la néceffité des
1. Vol .
Cri
JUIN. 1731. 1337
Critiques , est prise de la licence que se
donnent des demi-Sçavans d'altérer les
Sciences , sous pretexte de les enrichir ,
de les réduire , de les embellir , de les per
fectionner. Rien n'eft plus éloquent ni
plus judicieux que le Morceau , où l'O
rateur , rappellant la Coutume des Ro
mains , qui dans le tems orageux , aver
tissoient les Consuls de veiller que la Ré
publique ne souffrit aucun dommage
avertit dans les mêmes termes , les Cri
tiques de veiller que la Théologie , la
Philosophie , l'Histoire , les Mathéma
tiques , les Belles-Lettres , ne souffrent
aucun dommage de la part des demi-Sça
vans. Il est fâcheux que la République
Litteraire , n'ait pas ses Critiques auto
risez comme la République Romaine avoit
ses Consuls , & qu'une foule de Censeurs
sans aveu , plus ennemis des Auteurs que
des Ouvrages , plus malíns à reprendre ,
que judicieux à corriger , puissent pren
dre pour eux un Avertissement que le
P. Porée n'addresse qu'à des Critiques .
sçavans , prudens , & pleins de probité ,,
tels qu'il les caractérise dans la seconde
partie de son Discours.
25
Aujourd'hui tout homme qui se sent in
capable d'écrire sur aucun sujet, et qui vent
pourtant écrire , prend le parti de la Criti
L. Vol. que
T338 MERCURE DE FRANCE
que. Carpour affirmer,il faut avouer quet
que chose ; pour nier il suffit de ne rien sça
voir. On ne sçauroit traiter un sujet , mais
on scait suivre un Auteur qui l'a traité; on
sçait aboyer après lui , le mordre et le dé
chirer. Le sage Orateur croit-il persuader
quelqu'un , lorsqu'il exige d'un Critique,
une science immense , une vaste érudi
tion , une connoissance éxacte de toutes.
choses un Critique a renoncé à être
sçavant , & un véritable
communément si critique .
sçavant
n'est pas
.
La science ne suffit pas ; un Critique a
besoin de beaucoup de prudence , de dis
cernement de sagacité pour porter un
jugement sain, juste etdéfinitif. Mais sur
tout la probité est absolument necessaire
à un Critique. Celui que l'amitié séduit
ou que la haine emporte , ne sçauroit être
un Juge sain & éclairé. C'est pourtant- là
ce qui décide de la plupart des Critiques ,
et l'envie en est ordinairement le premier
mobile ; mais le Public qui est le Juge
Souverain en dernier ressort , et des Criti
ques , et des Ouvrages critiqués , fait et
rend justice aux uns & aux autres , et une
passion tropvive n'impose qu'à celui qui
en est atteint, et tout au plus à ceux qui en
sont complices. Toute critique que la
cabale a dictée , rentre bien- tôt dans le
L. Vol.
néant
,
JUIN. 1731. 1339
néant , d'où elle est à peine sortie , et laisse
en possession de l'immortalité , l'Ouvrage
& l'Auteur qu'elle avoit attaqué avec plus
de véhemence qué de force et de sagesse.
3
Le R. P. Porée dévoilé tous les arti
fices que l'envie , la haine , la partialité
les préjugez inspirent à des Critiques qui
n'ont pas toute la bonne foi que la Pro
bité inspire, et que la Religion exige avec
rigueur. Ilse déclare avec force contre un
Livre assez moderne , qui est effective
ment très- dangereux ; & d'autant plus
dangereux , que l'Auteur ne semble s'y
piquer de probité , que pour porter des
coups plus assurés à la Religion , d'im
partialité , que pour décrier tous les par
tis sans en excepter le bon , de discer
nement que pour rejetter tout , de non
crédulité que pour établir l'incrédulité.
L'Orateur en bon Critique loie ce que
cet Ouvrage a de bon , en blâmant`ce
qu'il a de mauvais.
.
:
On imprime chez Laisnel au. Chef
S. Jean rue S. Jacques , un Livre inti
tulé : Analyse de la Dissertation de M. Mo
rand sur la Taille au haut Appareil , ou Re
ponse aux Reflexions Anatomistes de M.
Rameau sur cet Ouvrage , in 8 °. par M. le
Cat.
Fermer
Résumé : Discours Latin du P. Porée, [titre d'après la table]
Le 9 février, le Père Porée, jésuite, prononça un discours en latin au Collège de Louis le Grand, abordant les critiques littéraires. Il souligna la nécessité de la critique tout en dénonçant ses abus potentiels. Le discours se structurait en deux parties : la première justifiait l'importance de la critique, tandis que la seconde décrivait les qualités requises pour être un bon critique. Le Père Porée expliqua que la critique est indispensable pour régler les querelles et les procès dans le monde littéraire, où les disputes entre rhéteurs, grammairiens, philosophes et géomètres sont fréquentes. Il compara les critiques aux juges et aux avocats, essentiels pour instruire et décider les affaires littéraires. Il mentionna également les erreurs introduites dans les livres anciens par l'ignorance ou la négligence des libraires et des copistes, soulignant l'importance des critiques comme Turnèbe, Budée et Muret qui ont corrigé ces erreurs. Il aborda aussi les vols littéraires et la licence prise par les demi-savants d'altérer les sciences. Pour être un bon critique, le Père Porée insista sur la nécessité de la prudence, du discernement et de la probité. Il dénonça les critiques motivées par l'envie ou la haine, affirmant que le public, en dernier ressort, rend justice aux critiques et aux ouvrages critiqués. Il se déclara contre un livre moderne dangereux, critiquant son manque de probité et d'impartialité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
577
p. 1340-1345
Essay Médicophysique sur la Saignée, [titre d'après la table]
Début :
On va imprimer du même Auteur, un autre Livre intitulé : Essai de la Medicophysique [...]
Mots clefs :
Médicophysique, Lois de la mécanique, Saignée, Révulsion, Pulsation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Essay Médicophysique sur la Saignée, [titre d'après la table]
On va imprimer du même Auteur , un
autre Livre intitulé : Essai de la Medico
physique sur les effets de la Saignée . Cet Essai
a 3. parties .
Dans la premiere , on établit sur les
Loix de la Mechanique & de l'Hydrauli
que , les principes généraux des Effets de
la Saignée. L'acceleration , la dérivation
et la révulsion . Dans la seconde , on dé
termine les Effets de chaque Saignée en
particulier , et on donne le calcul de la
quantité de ces Effets . Le dernier article de
cette deuxième partie , contient la Des
cription d'une machine inventée par l'Au
teur , laquelle copie non-seulement les
organes de la circulation naturelle , mais
même en imite les Phénomenes , comme
le battement du coeur , la pulsation des
Arteres , et la circulation réelle d'une Li
queur contenue dans cette Machine . L'Au
teur prétend par cette même machine dé
terminer méchaniquement les Effets de
chaque Saignée ; il en donne les moyens.
Il promet d'ajoûter dans l'exécution , les
fonctions & les filtrations dans les prin
cipaux Visceres ; d'où il résultera une es
pece d'homme artificiel . Enfin dans la
troisième partie , il réfute quelques Ou
vrages récemment publiés sur cette Ma
tiere.
end
iL. Vol.
Re
JUIN. 1731.
1341
1
RECUEIL de Danses de Ville
, pour
l'Année 1731. de la composition de M.
Blondy , Compositeur de Ballets de l'A
cadémie Royale de Musique , et Pension
naire du Roy ; mis au jour par le fieur
Rameau , seul Privilegié du Roy pour la
correction et augmentation de la Choré
graphie. La Musique est gravée parJ. L.
Renou. Prix 1. 1. 10. f. A Paris , Chez
l'Auteur , Faubourg Saint Germain , ruë de
Bussi , à la Cour Imperiale : le sieur Boivin ,
ruë Saint Honoré , à la Régle d'Or : le fieur
Le Clerc , rue du Roule , à la Croix d'Or.
L'Abbé de la Grive , Auteur du Nou
veau Plan de Paris en six feuilles , vient
de mettre au jour , la seconde Feuille de
sa Carte des Environs de Paris , qui com
prend le Cours de la Marne , jusqu'à cinq
lieuës de cette Ville , et 57. tant Villages
que Hameaux , grosses Fermes et Cha
teaux détachés , depuis le Château de
Vincennes jusqu'à Torcy , d'Occident en
Orient , et depuis la Forêt de Livri ; jus
qu'au Bois de S. Martin en Brie , du Nord
au Midy ; avec les chemins qui commu
niquent des uns aux autres. Le tout levé
sur les lieux , et détaillé de sorte qu'on
y reconnoît distinctement les Plans des
belles Maisons comprises dans cette
1.Vel étenduë.
1342 MERCURE DE FRANCE
étendue. Elle se vend chez l'Auteur , Cloî
tre S. Benoît. Il donnera à la fin de cette
année , la troisiéme feüille qui compren
dra le côté de la Brie.
>
M. Servandoni , Peintre d'Architec
ture et de Perspective , Florentin , Eleve
du Signor Jean Paul Panini , fut reçû à
l'Académie Royale de Peinture et de Scul
ture le 26. du mois dernier avec toute
la distinction que merite son habileté. II
s'eft fait une grande réputation , par
plusieurs Ouvrages généralement esti
mezzentr'autres par ses belles Décorations
d'Opera , et en dernier lieu , par celle
du Palais du Soleil , qui a été admirée
de tout le monde.
M. Servandoni , qui a été reçu sur ua
très - beau Tableau en hauteur , représen
tantjun Temple et des ruines , que l'Aca
démie garde , travaille actuellement à un
Plan , Profil et Elevation d'une Eglise ,
avec tout le dévelopement , en dessein et
en relief , pour être reçu à l'Académie
Royale d'Architecture.
.
Il fut posé le 17. Mars dernier , sur le
Maîtte Hôtel de l'Eglise de S. Jean en
Gréve , un groupe de Marbre , repré
sentant le Baptême , que Jesus- Chrift obli
1. Vol gc
JUI N. 1731 1343
e SaintJean de lui donner ; chaque fi
gure ayant cinq pieds neuf pouces de
proportion. Notre Seigneur est du côté
de l'Evangile , un genouil sur le coin d'u
ne Roche , les mains croisées sur l'estomac,
s'inclinant vers Saint Jean pour recevoir
le Baptême. Saint Jean est debout de
l'autre côté , versant de l'Eau avec une
coquille sur la Tête du Sauveur. Il paroît
dans un respectueux étonnement de ce
que son Maître lui demande ce qu'il de
vroit recevoir de lui . Ces deux Figures
se groupent avec le Rocher d'où sort la
Source du Jourdain : ce qui fait un excel
lent morceau dans le grand et dans le
simple , dont les connoisseurs les plus
délicats sont satisfaits . On saisit surtout
avec plaisir l'expression que l'habile Scul
pteur a sçû mettre dans la Teste du Christ
et de S. Jean , pour marquer sensible
`ment , et sans outrer , la difference de la
natute divine & de la nature humaine.
Ce monument dont M. Esnault , Curé
de la Paroisse de Saint Jean , a voulu dé
corer son Eglise , a été fait par Jean- Bap
ptiste le Moyne Fils , Sculpteur de l'Aca
démie Royale , agé de vingt six ans , le
quel n'a été que deux ans et demi à faire
cet Ouvrage.
Le Sieur le Moyne vient d'être choisi
I. Vol.
pour
7344 MERCURE DE FRANCE
pour fondre une Statue Equestre du Roy
que la Ville de Bordeaux doit faire éle
ver dans une place que l'on construit ex
près , et dont M. Gabriel , Premier Ar
chitecte du Roy , a donné les desseins.
Lorsque que cet Ouvrage sera plus avan
cé nous en donnerons une Description .
Nous sommes priez de demander
aux personnes versées dans les étymo
logies ou origines de certaines expres
sions , qui sont d'un usage familier dans
notre langue , la raison ou le fonde
ment des termes suivans. De longue main.
Qui refuse muse. Couper l'herbe sous les pieds.
Lafoire n'est pas sur le Pont. J'ai une dent
contre lui. Il ont eu castille ensemble . Faire
des Châteaux en Espagne . Tourner la Truye
aufoin. La vache a bon pied. Nul n'est
Prophete en son Païs , &c. et autres comme
venu la gueule enfarinée . Connu comme le
Loupgris , et autres semblables manieres
de parler , dont la taison , ou l'allegoric
ne se presente pas à l'esprit.
On apprend d'Amsterdam , qu'on y vendra
publiquement le 15. Aoust prochain , le fameux
Cabinet de feu M. Jacob Walravin , consistant
en une collection d'Agathes Orientales , aussi ra
res que belles , peintes interieurement par arti
fice , et non peintes , plaques et autres Pieces ex
=
I. Vol. traor
JUIN. 1731 . 1345
traordinaire. Pierres gravées en creux et en relief,
& c.
JEAN SWART , Libraire à la Haye , y ven
dra publiquement au mois de Septembre prochain,
un fameux Cabinet de Coquilles , Ecailles Co
rails , Plantes et insectes Maritimes , des Coquil
les ou Ecailles très-bien et très - ingênieusement
gravées par le célebre Belleguin, de très belles Fi
gures en Yvoire et en Bois , de Pierres antiques en
agathe, onix,sardoine , cornalines,sur tout des Tê
tes ; Bassins et Soucoupes d'Agathe et de Jaspe ;
quantité de Mineraux , &c Les Curieux qui
voudront acheter quelques morceaux à la main ,
pourront s'addresser au sieur Swart , qui leur en
fera bonne composition.
On donne Avis au Pablic , que le sieur Pierre
Martin , Négociant à Cette , vient de composer
une Liqueur,qu'on appelle Eau délicieuse , qui est
supérieure en bonté à toutes celles qu'on a faites
jusqu'à present ; elle imite parfaitement bien la
véritable Eau de Barbarde , et elle est admirable
pour les meaux d'Estomac et pour la Colique , elle
ne se vend que IS. fla Bouteille, qui contient en
viron le demi - Septier de Paris , et la demi- Bou
teille 8. f. Ceux qui en souhaiteront , pourront
s'addresser à quelqu'un à Cette , ou à Montpel
lier , ou à droiture au Sieur Martin , qui leur en
fera tenir à l'endroit où ils voudront.
1346 MERCURE DE FRANCE
*** $$3
MUSETTE EN RONDEAU.
CHarmantes Harmantes Prairies ,
Fleuries ,
Azile des Amours ,
De nos Bergeries
Cheries ,
Vous faites les beaux jours .
J
Le matin , dès l'Aurore ,
Sur vos Gazons naissans ,
On voit éclore ,
Les presens de Flore ,
Doux objets de nos sens :
Et sous ce frais Bocage ,
On entend le ramage
Des Oiseaux innocens.
Charmantes Prairies ,
Fleuries , &c.
Dans ces beaux lieux paisibles ,
Nous vivons heureux ;
Les Bergeres sensibles ,
Ecoutent nos voeux ,
I. Vol.
Et
Juin
Du
Buisson.
Artist
THE
NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY
ASTOR
, LENOX
AND
TILDEN
FOUNDATIONS
,
17
CORK
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND
TILDEN
FOUNDATIONS
,
DLS
Si
1
C
A
C
V
R
C
Jo
a
ti
1
JUIN.
*347 1731.
Et sans allarmes ,
Nous goutons les charmes ,
De nos tendres feux.
Charmantes Prairies , &c.
Dans ces libres Retraites ,
Les Bergers d'alentour ,
Sur leurs douces Musettes ,
Répetent tour
Charmantes Prairies ,
à tour >
Fleuries ,
Aziles des Amours ,
De nos Bergeries ,
Cheries ,
Vous faites les beaux jours.
autre Livre intitulé : Essai de la Medico
physique sur les effets de la Saignée . Cet Essai
a 3. parties .
Dans la premiere , on établit sur les
Loix de la Mechanique & de l'Hydrauli
que , les principes généraux des Effets de
la Saignée. L'acceleration , la dérivation
et la révulsion . Dans la seconde , on dé
termine les Effets de chaque Saignée en
particulier , et on donne le calcul de la
quantité de ces Effets . Le dernier article de
cette deuxième partie , contient la Des
cription d'une machine inventée par l'Au
teur , laquelle copie non-seulement les
organes de la circulation naturelle , mais
même en imite les Phénomenes , comme
le battement du coeur , la pulsation des
Arteres , et la circulation réelle d'une Li
queur contenue dans cette Machine . L'Au
teur prétend par cette même machine dé
terminer méchaniquement les Effets de
chaque Saignée ; il en donne les moyens.
Il promet d'ajoûter dans l'exécution , les
fonctions & les filtrations dans les prin
cipaux Visceres ; d'où il résultera une es
pece d'homme artificiel . Enfin dans la
troisième partie , il réfute quelques Ou
vrages récemment publiés sur cette Ma
tiere.
end
iL. Vol.
Re
JUIN. 1731.
1341
1
RECUEIL de Danses de Ville
, pour
l'Année 1731. de la composition de M.
Blondy , Compositeur de Ballets de l'A
cadémie Royale de Musique , et Pension
naire du Roy ; mis au jour par le fieur
Rameau , seul Privilegié du Roy pour la
correction et augmentation de la Choré
graphie. La Musique est gravée parJ. L.
Renou. Prix 1. 1. 10. f. A Paris , Chez
l'Auteur , Faubourg Saint Germain , ruë de
Bussi , à la Cour Imperiale : le sieur Boivin ,
ruë Saint Honoré , à la Régle d'Or : le fieur
Le Clerc , rue du Roule , à la Croix d'Or.
L'Abbé de la Grive , Auteur du Nou
veau Plan de Paris en six feuilles , vient
de mettre au jour , la seconde Feuille de
sa Carte des Environs de Paris , qui com
prend le Cours de la Marne , jusqu'à cinq
lieuës de cette Ville , et 57. tant Villages
que Hameaux , grosses Fermes et Cha
teaux détachés , depuis le Château de
Vincennes jusqu'à Torcy , d'Occident en
Orient , et depuis la Forêt de Livri ; jus
qu'au Bois de S. Martin en Brie , du Nord
au Midy ; avec les chemins qui commu
niquent des uns aux autres. Le tout levé
sur les lieux , et détaillé de sorte qu'on
y reconnoît distinctement les Plans des
belles Maisons comprises dans cette
1.Vel étenduë.
1342 MERCURE DE FRANCE
étendue. Elle se vend chez l'Auteur , Cloî
tre S. Benoît. Il donnera à la fin de cette
année , la troisiéme feüille qui compren
dra le côté de la Brie.
>
M. Servandoni , Peintre d'Architec
ture et de Perspective , Florentin , Eleve
du Signor Jean Paul Panini , fut reçû à
l'Académie Royale de Peinture et de Scul
ture le 26. du mois dernier avec toute
la distinction que merite son habileté. II
s'eft fait une grande réputation , par
plusieurs Ouvrages généralement esti
mezzentr'autres par ses belles Décorations
d'Opera , et en dernier lieu , par celle
du Palais du Soleil , qui a été admirée
de tout le monde.
M. Servandoni , qui a été reçu sur ua
très - beau Tableau en hauteur , représen
tantjun Temple et des ruines , que l'Aca
démie garde , travaille actuellement à un
Plan , Profil et Elevation d'une Eglise ,
avec tout le dévelopement , en dessein et
en relief , pour être reçu à l'Académie
Royale d'Architecture.
.
Il fut posé le 17. Mars dernier , sur le
Maîtte Hôtel de l'Eglise de S. Jean en
Gréve , un groupe de Marbre , repré
sentant le Baptême , que Jesus- Chrift obli
1. Vol gc
JUI N. 1731 1343
e SaintJean de lui donner ; chaque fi
gure ayant cinq pieds neuf pouces de
proportion. Notre Seigneur est du côté
de l'Evangile , un genouil sur le coin d'u
ne Roche , les mains croisées sur l'estomac,
s'inclinant vers Saint Jean pour recevoir
le Baptême. Saint Jean est debout de
l'autre côté , versant de l'Eau avec une
coquille sur la Tête du Sauveur. Il paroît
dans un respectueux étonnement de ce
que son Maître lui demande ce qu'il de
vroit recevoir de lui . Ces deux Figures
se groupent avec le Rocher d'où sort la
Source du Jourdain : ce qui fait un excel
lent morceau dans le grand et dans le
simple , dont les connoisseurs les plus
délicats sont satisfaits . On saisit surtout
avec plaisir l'expression que l'habile Scul
pteur a sçû mettre dans la Teste du Christ
et de S. Jean , pour marquer sensible
`ment , et sans outrer , la difference de la
natute divine & de la nature humaine.
Ce monument dont M. Esnault , Curé
de la Paroisse de Saint Jean , a voulu dé
corer son Eglise , a été fait par Jean- Bap
ptiste le Moyne Fils , Sculpteur de l'Aca
démie Royale , agé de vingt six ans , le
quel n'a été que deux ans et demi à faire
cet Ouvrage.
Le Sieur le Moyne vient d'être choisi
I. Vol.
pour
7344 MERCURE DE FRANCE
pour fondre une Statue Equestre du Roy
que la Ville de Bordeaux doit faire éle
ver dans une place que l'on construit ex
près , et dont M. Gabriel , Premier Ar
chitecte du Roy , a donné les desseins.
Lorsque que cet Ouvrage sera plus avan
cé nous en donnerons une Description .
Nous sommes priez de demander
aux personnes versées dans les étymo
logies ou origines de certaines expres
sions , qui sont d'un usage familier dans
notre langue , la raison ou le fonde
ment des termes suivans. De longue main.
Qui refuse muse. Couper l'herbe sous les pieds.
Lafoire n'est pas sur le Pont. J'ai une dent
contre lui. Il ont eu castille ensemble . Faire
des Châteaux en Espagne . Tourner la Truye
aufoin. La vache a bon pied. Nul n'est
Prophete en son Païs , &c. et autres comme
venu la gueule enfarinée . Connu comme le
Loupgris , et autres semblables manieres
de parler , dont la taison , ou l'allegoric
ne se presente pas à l'esprit.
On apprend d'Amsterdam , qu'on y vendra
publiquement le 15. Aoust prochain , le fameux
Cabinet de feu M. Jacob Walravin , consistant
en une collection d'Agathes Orientales , aussi ra
res que belles , peintes interieurement par arti
fice , et non peintes , plaques et autres Pieces ex
=
I. Vol. traor
JUIN. 1731 . 1345
traordinaire. Pierres gravées en creux et en relief,
& c.
JEAN SWART , Libraire à la Haye , y ven
dra publiquement au mois de Septembre prochain,
un fameux Cabinet de Coquilles , Ecailles Co
rails , Plantes et insectes Maritimes , des Coquil
les ou Ecailles très-bien et très - ingênieusement
gravées par le célebre Belleguin, de très belles Fi
gures en Yvoire et en Bois , de Pierres antiques en
agathe, onix,sardoine , cornalines,sur tout des Tê
tes ; Bassins et Soucoupes d'Agathe et de Jaspe ;
quantité de Mineraux , &c Les Curieux qui
voudront acheter quelques morceaux à la main ,
pourront s'addresser au sieur Swart , qui leur en
fera bonne composition.
On donne Avis au Pablic , que le sieur Pierre
Martin , Négociant à Cette , vient de composer
une Liqueur,qu'on appelle Eau délicieuse , qui est
supérieure en bonté à toutes celles qu'on a faites
jusqu'à present ; elle imite parfaitement bien la
véritable Eau de Barbarde , et elle est admirable
pour les meaux d'Estomac et pour la Colique , elle
ne se vend que IS. fla Bouteille, qui contient en
viron le demi - Septier de Paris , et la demi- Bou
teille 8. f. Ceux qui en souhaiteront , pourront
s'addresser à quelqu'un à Cette , ou à Montpel
lier , ou à droiture au Sieur Martin , qui leur en
fera tenir à l'endroit où ils voudront.
1346 MERCURE DE FRANCE
*** $$3
MUSETTE EN RONDEAU.
CHarmantes Harmantes Prairies ,
Fleuries ,
Azile des Amours ,
De nos Bergeries
Cheries ,
Vous faites les beaux jours .
J
Le matin , dès l'Aurore ,
Sur vos Gazons naissans ,
On voit éclore ,
Les presens de Flore ,
Doux objets de nos sens :
Et sous ce frais Bocage ,
On entend le ramage
Des Oiseaux innocens.
Charmantes Prairies ,
Fleuries , &c.
Dans ces beaux lieux paisibles ,
Nous vivons heureux ;
Les Bergeres sensibles ,
Ecoutent nos voeux ,
I. Vol.
Et
Juin
Du
Buisson.
Artist
THE
NEW
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LIBRARY
ASTOR
, LENOX
AND
TILDEN
FOUNDATIONS
,
17
CORK
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.
ASTOR
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FOUNDATIONS
,
DLS
Si
1
C
A
C
V
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C
Jo
a
ti
1
JUIN.
*347 1731.
Et sans allarmes ,
Nous goutons les charmes ,
De nos tendres feux.
Charmantes Prairies , &c.
Dans ces libres Retraites ,
Les Bergers d'alentour ,
Sur leurs douces Musettes ,
Répetent tour
Charmantes Prairies ,
à tour >
Fleuries ,
Aziles des Amours ,
De nos Bergeries ,
Cheries ,
Vous faites les beaux jours.
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Résumé : Essay Médicophysique sur la Saignée, [titre d'après la table]
En juin 1731, plusieurs publications et événements marquants sont rapportés. Un ouvrage intitulé 'Essai de la Médico-physique sur les effets de la Saignée' est annoncé. Cet essai, structuré en trois parties, examine les principes mécaniques et hydrauliques des effets de la saignée, les impacts spécifiques de chaque saignée, et conteste des ouvrages récents sur le sujet. L'auteur y décrit également une machine reproduisant la circulation naturelle et les phénomènes associés, tels que le battement du cœur et la pulsation des artères. Par ailleurs, le 'Recueil de Danses de Ville pour l'Année 1731' est publié par M. Blondy, avec la musique gravée par J. L. Renou. L'Abbé de la Grive publie la seconde feuille de sa carte des environs de Paris, couvrant le cours de la Marne et divers villages. Dans le domaine des arts, M. Servandoni, peintre et architecte, est reçu à l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture pour ses œuvres, notamment les décorations d'opéra. Une sculpture représentant le baptême de Jésus par Saint Jean est installée dans l'église de Saint-Jean-en-Grève, réalisée par Jean-Baptiste le Moyne Fils. Le texte mentionne également des collections de pierres précieuses et de coquillages mises en vente à Amsterdam et à La Haye. Enfin, une liqueur appelée 'Eau délicieuse' est annoncée par le sieur Pierre Martin, présentée comme efficace contre les maux d'estomac et la colique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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578
p. 1347-1348
« Les Comédiens François donnerent le Mardi 12. de ce mois, la seiziéme [...] »
Début :
Les Comédiens François donnerent le Mardi 12. de ce mois, la seiziéme [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français, Troupe des comédiens italiens, Académie royale de musique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Les Comédiens François donnerent le Mardi 12. de ce mois, la seiziéme [...] »
L >
Es Comédiens François donnerent
le Mardi 12. de ce mois , la seizième
Représentation de l'Italie Galante ou les
Contes , que le Public goûte tous les
jours de plus en plus. Ils la reprendront
au retour de Fontainebleau , où une par
tie de la Troupe a été mandée , ainsi que
la Troupe des Comédiens Italiens.
Le Samedi 16 , on donna sur le Thea
I. Vol.
G tre
1548 MERCURE
DE FRANCE
tre François , la premiere Représentation
Comedie
nouvelle
du Faux Sincere >
en Vers , en cinq Actes
en cinq Actes , de feu M.
Dufresni , qui fut fort bien représentée
et très-applaudie. Le Sieur de Montmenil
y joue le principal Rôle, dont le caractére
est admirable
, avec beaucoup
d'intelli
gence. Nous en parlerons plus au long.
L'Académie
Royale de Musique don
na le 29. May , la septième et derniere
Représentation
de la Pastorale Héroïque
d'Endymion , dont on a parlé dans le
même mois. Elle reprit le premier Juin
Idomenée , et en a donné fix Représen
tations .
Le 14.
Es Comédiens François donnerent
le Mardi 12. de ce mois , la seizième
Représentation de l'Italie Galante ou les
Contes , que le Public goûte tous les
jours de plus en plus. Ils la reprendront
au retour de Fontainebleau , où une par
tie de la Troupe a été mandée , ainsi que
la Troupe des Comédiens Italiens.
Le Samedi 16 , on donna sur le Thea
I. Vol.
G tre
1548 MERCURE
DE FRANCE
tre François , la premiere Représentation
Comedie
nouvelle
du Faux Sincere >
en Vers , en cinq Actes
en cinq Actes , de feu M.
Dufresni , qui fut fort bien représentée
et très-applaudie. Le Sieur de Montmenil
y joue le principal Rôle, dont le caractére
est admirable
, avec beaucoup
d'intelli
gence. Nous en parlerons plus au long.
L'Académie
Royale de Musique don
na le 29. May , la septième et derniere
Représentation
de la Pastorale Héroïque
d'Endymion , dont on a parlé dans le
même mois. Elle reprit le premier Juin
Idomenée , et en a donné fix Représen
tations .
Le 14.
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Résumé : « Les Comédiens François donnerent le Mardi 12. de ce mois, la seiziéme [...] »
Le 12, les Comédiens Français ont joué 'L'Italie Galante'. Le 16, ils ont présenté 'Le Faux Sincère' de Dufresni, avec Montmenil dans le rôle principal. Le 29 mai, l'Académie Royale de Musique a donné la dernière représentation d''Endymion'. Le 1er juin, elle a repris 'Idoménée' pour six représentations.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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579
p. 1348-1350
Balet des Fêtes Venitiennes, [titre d'après la table]
Début :
Le 14. on remit au Theatre le Balet des Fêtes Venitiennes, dont les paroles sont de [...]
Mots clefs :
Ballet, Entrées, Rôles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Balet des Fêtes Venitiennes, [titre d'après la table]
Le 14. on remit au Theatre le Balet des
Fêtes Venitiennes
, dont les paroles sont de
M. Danchet , & la Musique
de M. Cam
pra. Ce Balet , composé de plusieurs
Er
trées , avoit été donné la premiere
fois en
Juin 1710. et la derniere Reprise en Juil
let 1721. On joüe aujourd'hui
le Prologue
et trois Entrées ; sçavoir , les Devins de la
Place S. Marc , l'Amour Saltinbanque
, et
le Bal.
Les deux principaux Rôles du Prologue,
qui sont le Carnaval et la Folie , qui
avoient été joués en 1721. par le fieur le
Mire , et la Dile Souris , sont remplacez
I. Vole
par
'JU IN. 1731. 7349
par le sieur Dun , et la Dlc Erremens.
Les trois Rôles de la premiere Entrée
de Leandre , Cavalier
François , Zelie ,
jeune Vénitienne
et une Bohémienne
, qui
avoient été jouées par le fieur Thevenard
,
par la De Antier , et par la Dlle Lambert ,
sont remplis par le fieur Chassé , par
Dile Pellissier
, et la Dlle Julie.
la
Dans la deuxième Entrée de l'Amour
Saltinbanque , le fieur Dun chante le Rôle
du Chef des Saltinbanques , à la place du
fieur du Bourg ; celui d'Eraste,jeune, Fran
çois , Amant de Leonore, est chanté par le
S Tribou , à la place du S Muraire , celui
de Leonore , par la Dile le Maure , au lieu
de la Dile Tulon , et celui de la Surveil
lante de Leonore , par le fieur Cuvillier ,
qui a remplacé le sieur Mantienne . Le
Rôle de l'Amour Saltinbanque , qui avoit
été joüé par la Dlle Minier ," est exécuté
par la Dile Petitpas.
•
Le Rôle d'Alamir , Prince Polonois , dans
la 3º Entrée , est chanté par le St Chassé ,
à la place du S Thevenard ; le St Dumas
joue celui du Gentilhomme du Prince ,
qui avoit été chanté par le fieur Ariand ;
celui d'Iphise , par la Dule Pelissier , à la
place de la Dile Antier , et les deux Rô.
les , aussi originaux que singuliers , du
Maître de Musique , et du Maître de
1. Vol. Gij Dan
1350 MERCURE
DE FRANCE
Danse , sont joüez par les fieurs Tribou et
Dupré , qui ont remplacé les sieurs Man
desorte tienne et Marcel.; que tous les
Acteurs & Actrices qui joüoient dans cet
Operaily a dix ans , sont totalement
rem
placez. Au reste , ce Balet qui eft remis
d'une maniere très-brillante , est très -bien
executé , et tous les principaux
Rôles sont
remplis par differens Sujets , qui en ren
dent parfaitement
les caracteres . On n'a
rien épargné pour le bon goût , le brillant
des Habits , et la beauté du Spectacle. Les
Danses composées
par le fieur Blondi ,
sont bien caracterisćes
, variées et inge
nieuses. Le Public témoigne par des ap
plaudissemens
et de nombreuses
Assem
blées , le plaisir que lui fait cet Opera .
Fêtes Venitiennes
, dont les paroles sont de
M. Danchet , & la Musique
de M. Cam
pra. Ce Balet , composé de plusieurs
Er
trées , avoit été donné la premiere
fois en
Juin 1710. et la derniere Reprise en Juil
let 1721. On joüe aujourd'hui
le Prologue
et trois Entrées ; sçavoir , les Devins de la
Place S. Marc , l'Amour Saltinbanque
, et
le Bal.
Les deux principaux Rôles du Prologue,
qui sont le Carnaval et la Folie , qui
avoient été joués en 1721. par le fieur le
Mire , et la Dile Souris , sont remplacez
I. Vole
par
'JU IN. 1731. 7349
par le sieur Dun , et la Dlc Erremens.
Les trois Rôles de la premiere Entrée
de Leandre , Cavalier
François , Zelie ,
jeune Vénitienne
et une Bohémienne
, qui
avoient été jouées par le fieur Thevenard
,
par la De Antier , et par la Dlle Lambert ,
sont remplis par le fieur Chassé , par
Dile Pellissier
, et la Dlle Julie.
la
Dans la deuxième Entrée de l'Amour
Saltinbanque , le fieur Dun chante le Rôle
du Chef des Saltinbanques , à la place du
fieur du Bourg ; celui d'Eraste,jeune, Fran
çois , Amant de Leonore, est chanté par le
S Tribou , à la place du S Muraire , celui
de Leonore , par la Dile le Maure , au lieu
de la Dile Tulon , et celui de la Surveil
lante de Leonore , par le fieur Cuvillier ,
qui a remplacé le sieur Mantienne . Le
Rôle de l'Amour Saltinbanque , qui avoit
été joüé par la Dlle Minier ," est exécuté
par la Dile Petitpas.
•
Le Rôle d'Alamir , Prince Polonois , dans
la 3º Entrée , est chanté par le St Chassé ,
à la place du S Thevenard ; le St Dumas
joue celui du Gentilhomme du Prince ,
qui avoit été chanté par le fieur Ariand ;
celui d'Iphise , par la Dule Pelissier , à la
place de la Dile Antier , et les deux Rô.
les , aussi originaux que singuliers , du
Maître de Musique , et du Maître de
1. Vol. Gij Dan
1350 MERCURE
DE FRANCE
Danse , sont joüez par les fieurs Tribou et
Dupré , qui ont remplacé les sieurs Man
desorte tienne et Marcel.; que tous les
Acteurs & Actrices qui joüoient dans cet
Operaily a dix ans , sont totalement
rem
placez. Au reste , ce Balet qui eft remis
d'une maniere très-brillante , est très -bien
executé , et tous les principaux
Rôles sont
remplis par differens Sujets , qui en ren
dent parfaitement
les caracteres . On n'a
rien épargné pour le bon goût , le brillant
des Habits , et la beauté du Spectacle. Les
Danses composées
par le fieur Blondi ,
sont bien caracterisćes
, variées et inge
nieuses. Le Public témoigne par des ap
plaudissemens
et de nombreuses
Assem
blées , le plaisir que lui fait cet Opera .
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Résumé : Balet des Fêtes Venitiennes, [titre d'après la table]
Le 14, la pièce 'Le Ballet des Fêtes Vénitiennes' a été représentée au Théâtre. Ce ballet, créé en juin 1710 et repris pour la dernière fois en juillet 1721, comprend plusieurs entrées. Lors de cette représentation, le prologue et trois entrées ont été jouées : 'Les Devins de la Place S. Marc', 'L'Amour Saltinbanque' et 'Le Bal'. Les rôles principaux du prologue, Carnaval et Folie, initialement interprétés par le sieur Le Mire et la Dlle Souris, sont désormais joués par le sieur Dun et la Dlle Erremens. Dans la première entrée, les rôles de Leandre, Zelie et une Bohémienne sont interprétés respectivement par le sieur Chassé, la Dlle Pellissier et la Dlle Julie. Dans la deuxième entrée, le sieur Dun remplace le sieur du Bourg, le sieur Tribou remplace le sieur Muraire, la Dlle le Maure remplace la Dlle Tulon, et le sieur Cuvillier remplace le sieur Mantienne. La Dlle Petitpas remplace la Dlle Minier dans le rôle de l'Amour Saltinbanque. Dans la troisième entrée, le rôle d'Alamir est interprété par le sieur Chassé, et le rôle du Gentilhomme du Prince est joué par le sieur Dumas. La Dlle Pellissier remplace la Dlle Antier dans le rôle d'Iphise. Les rôles du Maître de Musique et du Maître de Danse sont joués par les sieurs Tribou et Dupré. Tous les acteurs et actrices ayant joué dans ce ballet il y a dix ans ont été remplacés. La représentation est brillante et bien exécutée, avec des danses composées par le sieur Blondi. Le public exprime son plaisir par des applaudissements et des assemblées nombreuses.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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580
p. 1350-1363
LETTRE écrite de Londres, sur quelques Poëtes Dramatiques Anglois, &c.
Début :
Je continue, Monsieur, de vous donner ce que je vous ai promis sur le [...]
Mots clefs :
Corneille d'Angleterre, Comédies, Tragédies, Réformer , Critique du théâtre anglais, Trois unités, Poètes modernes, Shakespeare
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Londres, sur quelques Poëtes Dramatiques Anglois, &c.
LETTRE écrite de Londres , sur quel
Poëtes Dramatiques Anglois , &c. ques
J
E continue , Monsieur , de vous don
ner ce que je vous ai promis sur le
Theatre Anglois et sur les Auteurs qui y
ont le plus brillé.
Benjamin Johnson, concurrent
de Shakes
pear , fleurissoit
sous les Régnes de Jac
I. et de Charles I. .
Cet Auteur fameux , qu'on appelloit
ici le Corneille d'Angleterre , entreptit
de
I, Vol.
JUIN. 1731. ·
135 %
•
de réformer le Theatre Anglois , & le fic
avec beaucoup de succès. Ses Comédies
sont admirables , et surpassent de beau
coup ses Tragédies. On a eû de lui.
Catilina , Traged.
Sejan , id.
Bartholomew-Fair , Comedie , où l'on voit
representé comiquement ce qui se passe de
ridicule dans les Lieux publics.
Le Fox , c'est- à-dire le Renard , Comedie .
L'Alchimiste , Comed .
La Femme excellente. Comed.
Tout par Amour , où le Monde bien perdu
Comedie . &c.*
Ce Catalogue deviendroit trop long.
On pourra voir le Recueil de ses Pieces
de Théatre , imprimé l'an 1718. à Lɔn
dres , en 6. Vol. in 8 ° .
Cet Auteur passe avec raison pour un
de nos meilleurs Poëtes , dit M. Collier
dans sa Critique du Théatre Anglois ; il
est beaucoup plus retenu dans ses Pieces
que ne le sont nos Poëtes modernes . Il se
déclare hautement pour la modestie . Un
Auteur sage , dit- il , doit éviter avec soin
d'écrire d'une maniere sale. Lorsque les
moeurs sont corrompues , le langage l'est com
munément aussi ; et comme le plus grand ex
sès des Fêtes et des Spectacles , sont les mar
ques d'un Etat qui tombe en décadence , aussi
I. Vol.
Gij un
1352 MERCURE DE FRANCE
un langage trop libre et impur , marque un
esprit qui commence à se gâter.
Les trois unitez de tems , de lieu et
d'action , ne sont pas fort observées par
les Poëtes Anglois en général , car l'ac
tion est souvent double ; mais les plus
habiles Critiques ne trouvent pas que ce
soit un défaut dans Ben- Johnson. Il fait
entrer deux Sujets , fi naturellement l'un
dans l'autre , que l'attention des Spec
tateurs est soûtenue par cette agréable
variété.
pas Selon M. Collier , cet Auteur n'est
tout-à-fait exempt du Galimathias conti
nuel qui regne dans les Comédies An
gloises , quoiqu'au sentiment de Saint
Evremont , il soit comparable à notre
Moliere.
"
Au contraire de Shakespear , Johnson
a fait paroître beaucoup de sçavoir.
On trouve dans ses Piéces de Théatre
Aristophane , Plaute et Terence , sans
compter beaucoup de beautez , tirées des
autres Auteurs classiques . Tous ses ca
racteres sont fort justes et bien maintenus.
On regarde le Fox ou le Renard , PAI
chimiste & la Femme Silente , comme
ses trois meilleurs Pieces.
Il avoit un génie admirable , et un ta
lent particulier pour peindre les passions
J. Kel. de
JUIN. 1731. 1353
et les foiblesses des hommes . On le met
de Niveau avec Moliere , à qui les Anciens
avoient inspiré le bon esprit de la Co
médie. Ils ont sçû l'un et l'autre repré
senter parfaitement les diverses humeurs
et les differentes manieres des Hommes ,
en conservant dans leurs Peintures , unt
juste rapport avec le genie de leur Na
tion . M. de Saint- Evremont croit qu'ils
ont été plus loin que les Anciens à cet
égard ; mais on ne sçauroit nier qu'ils
n'ayent eû plus d'égard aux Caracteres ,
qu'au gros des Sujets , dont la suite pour
roit être aussi mieux liée , et le dénoue
ment plus naturel.
La Tragédie de Samson Agoniste , est du
célebre Milton , Auteur du fameux Poëme
Le Paradis perdu.
Le Poëte Jean Dryden , Ecuyer , mort
en 1700. est un des plus estimez de sa
Nation. Il n'est pas plus modeste que la
plupart de ses Confreres , ni moins pla
giaire ; il ose traiter de crême fouettée les
Ouvrages de Corneille même ; et cepen
dant on n'a qu'à confronter son Oedipe
avec celui de ce Poëte François, pour voir
que tout ce qu'il y a de plus beau en est
pillé , et même que des Scénes entieres y
sont copiées , par une Traduction presque
Litterale
I.Vot Giiij M..
1354 MERCURE DE FRANCE
M. Dryden a tâché de se purger de
Paccusation qu'on lui a faite de recom
penser le vice dans ses Comédies . La ré
gle contraire , disoit- il , ne regarde que
la Tragedie. Dans le Comique qu'est- ce
que le vice ? foiblesse humaine , saillie de
jeunesse , bagatelle . Quelle morale ! quoy !
l'Atheisme , l'Impieté , l'Adultere : les
Souhaits du parricide , ne sont que
des
minuties ; est- il donc permis d'affoiblir
par des plaisanteries , l'horreur que la
nature nous en donne ? Mais , dit M.
Dryden , le principal but du Poëme Comi
que est de divertir. Je doute si l'instruction
doit y entrer. Si elle y entre , elle n'en est
que la seconde fin. Quand on conviendroit
du Principe , s'ensuit-il qu'on ne puisse
réjouir le Spectateur , qu'en rendant le
vice heureux ? La friponnerie et la mé
chanceté tournées en ridicule , donne
roient- elles de la fadeur à des Pieces Co.
miques , si d'ailleurs elles étoient inge
nieuses pour être divertissant ne doit
on plaire qu'à la cupidité ? ne peut- on
pas réjouir la raison et le bon sens aux
dépens des vicieux ? Mais où a - t'on pris
que l'Instruction n'est pas la principale
fin de la Comedie , comme de la Trage
die ? ce sont deux soeurs qui n'ont que le
même terme ; mais qui l'atteignent par
1. Val.
des
JUIN. 1731. 7359
des routes differentes. Leur but est de
persuader la vertu et de rendre le vice
odieux .
On doit cependant cette justice à M.
Dryden , de faire remarquer aux Lec
teurs , que par une conversion sincere à
la Religion Catholique , et par une vie
exemplaire et penitente , il a réparé au
tant qu'il a pû des desordres qu'on luy a
si justement réprochez.
Ses Tragédies valent mieux que ses
Comédies , comme je l'ai déja rémarqué.
Les Anglois éclairés disent , que cet Au
teur a beaucoup écrit , fort bien et fort
mal. C'est un des Poëtes de Theatre de cet
te nation qui a le plus travaillé . On joüe
presque toutes ses Pieces , quoique parmi
le grand nombre il y en ait quelques- unes
qui sont beaucoup plus estimées , et
qu'on joue plus souvent que les autres
Ses Pieces de Theatre , contenant ces
Comédies , Tragédies et Opera & c. sont
imprimées en 2. Vol . in fol. à Londres.
1721. Cet ouvrage posthume de Dry
den , écrit en Anglois , est divisé par les
Editeurs en deux Parties. La premiere
comprend les Poëmes Dramatiques sui
vans l'Amant farouche , les Femmes
jalouses , l'Empereur Indien , ou la Con
quête du Mexique , l'Amour secret DA
I. Vol.
G V Martine
1356 MERCURE DE FRANCE
Martin Marr-all , ou la feinte Innocence ;
la Tempête , l'Amour Tyran , Almanzor
et Almahide , le Mariage à la mode
l'Amour dans le Cloître , Amboyne ..
.
La seconde Partie contient , Aureng
zebe , ou le Grand Mogol , Tout pour
l'Amour , Limberhain , ou le Garde
Commode , Oedipe , Tvoile et Cresside ,
ou la Verité tard découverte , le Double
Dénoument , le Duc de Guise , Albion
et Albanius, Sebastien, Roy de Portugal
Amphytrion , Cleomene , ou le Heros
de Sparte , le Roy Arthus , l'Amour
Triomphant.
A la tête de tout l'Ouvrage est une
Dissertation de Dryden sur la Poësie Dra
matiques cette Dissertation est une dis
pute en forme de Dialogue , dont les
Interlocuteurs sont Crites , Eugene , Lip
side et Neandre. L'Auteur Dryden paroît
caché sous ce derniet nom.. La dis
pute roule sur le merite des Anciens et
des Modernes Poëtes Dramatiques , et
en particulier Anglois. On y parle aussi .
en passant du Poëme Epique , et du Ly
rique. Les Principaux Poëtes Anglois y
passent en révuë ; Crites donne la pré
férence aux Anciens ; Eugene la donne
aux Modernes & c . Cette Dissertation est
si longue , et descend dans un si grand
>.
3.
و د
1. Vol.
détail
JUIN. 173T. 1357
détail , qu'il faut la voir dans l'Original
ou du moins traduire à loisir tout ce qui
en est rapporté fort au long dans le Jour
nal de Leipsic. Janvier 1702. pag. 34.
Chaque Piece de Dryden est accom
pagnée d'une Dedicace , et d'une Preface
sçavante et curieuse .
Dryden aécrit d'autres Ouvrages , et sur
tout des Fables anciennes et modernes , & c.
Voici quelques autres Pieces du même
Auteur qui sont venues à ma connois
Sance.
Phedre et Hypolite , Trag.
L'Etat de l'Innocence , ou la chûte de
l'Homme , Trag .
L'Amour du Soir , ou le faux Astrolo
gue.Comed, 1691. Ce n'est presque qu'une
Traduction du feint Astrologue de Th..
Corneille cependant dans la Preface de
- cette Piece , l'Auteur y parle en ces ter
mes , remarquables par leur impudence..
Il faut avouer , dit- il , que la plupart
» des Comédies que l'on écrit depuis peu ,
» tiennent trop de la Farce ; mais ceci
» doit arriver necessairement jusqu'à ce
» qu'on s'abstienne de traduire les Picces
>> des François ; car leurs Poëtes , n'ayant
» pas assés de jugement pour peindre:
d'aprés nature , sont obligés de supléer
» à ce défaut- par des postures extravagan
>>
I..Vol.. G vj
>> tes
1358 MERCURE DE FRANCE
{
» tes et par des grimaces ridicules. A- t'on
jamais vû de Plagiaire si insolent et si
bas ?
Le Moine Espagnol , ou la double De
couverte. Tragi - Comedie.
Le Theatre Espagnol ne représente
guére de Farces , qu'on n'y voye un Rô
le de Prêtre , de Chapelain ou de Reli
gieux. Icy Dryden à été le Maître de
former le caractére de son principal Per
sonnage tel qu'il a voulu ; il en a fait un
Scelerat , et par le secours des fictions ,
il a peint un Moine trés déréglé , et ré
pandu sur le corps des Religieux tout
le ridicule et les excés , que le préjugé et
l'esprit de parti peuvent inspirer à un
Auteur fougueux .
Le Chevalier Gâte - tout , ou la fausse
Innocence , Comedie de Dryden .
Quand par des vols pitoyables , les
Anglois reussissent à faire d'une ou de
deux bonnes Pieces Françoises , une Co
medie à leur maniere , qui ne vaut rien ,
ils ont encore trop d'orgueil pour recon
noître leur larcin. Jamais ces Pieces ne
sont traduites ; elles sont toujours faites
par tel ou tel. A la verité on insinue quel
quefois dans la Preface que le Sujet vient
de France , mais on ne daigne pas nom
mer l'Auteur à qui on en est rédevable.
*
I. Vela
Ils
JUIN. 1731 .
1-3 59'
·
Ils voudroient faire croire qu'ils en agis
sent à peu prés avec ces petits Poëtes Fran
çois , comme un Maitre qui s'exerce sur
un Sujet qu'un Ecolier a traité , et qui
n'a d'autre dessein que de lui faire voir
comme il falloit s'y prendre pour réus
sir.
Quelques-uns de ces M. se contentent
de piller l'intrigue d'un ouvrage Fran
çois , et d'y en ajoûter une seconde de
leur invention , pour paroître du moins
feconds à multiplier les Sujets de leurs
Pieces. C'est comme en a agi l'Auteur
de la Comêdie dont je parle. Ce sont
deux Comédies en une , dont la moitié
est à fort peu de chose prés , l'Etourdy
de Moliere.
Philips , autre Poëte , passe pour avoir
un trés beau genie , une grande connois
sance des régles du Theatre , et une idée
fort juste du merite que peuvent avoir
les Pieces Dramatiques des differentes
Nations.
.
La Tragédie d'Andromaque , qui est
une imitation de celle de Racine , est le
plus bel ouvrage de cet Auteur et le
plus propre à faire goûter aux Angleis
la régularité Françoise . Cette Copie est
digne de son excellent Original , sur
lequel , ce qui paroit très difficile ,
*
I. Vel. elle
T360 MERCURE DE FRANCE
elle encherit quelquefois. Il est vrai que
des personnes judicieuses , ne jugent pas
ainsi de quelques Scénes ajoutées à la fin
de la Piece ; on y voit revenir Andro
maque sur le Theatre aprés la mort de
Pyrrhus et les fureurs d'Oreste.CettePrin
cesse , venuë de nouveau , ne sçauroit
exciter dans cet endroit des passions
qui repondent à la force de celles qui
viennent d'émouvoir le Spectateur ; la
bienséance , et le sentiment des services .
que lui a rendus Pyrrhus , doivent natu
rellement l'empêcher de témoigner sa
joye sur l'heureux changement de son
état , et sur la conservation de son fils..
Il faut laisser le Spectateur dans tout le
trouble qu'excitent en lui les malheurs
des gens vertueux ; à moins qu'on ne
fasse succeder à cette pitié une satisfac
tion parfaite , de voir triompher entiere
ment de toutes les attaques du sort , less
personnes pour qui on s'interesse : dimi
nuer seulement la passion qui est le but
de toute une Tragédie , sans la changer
dans une passion également forte ; c'est
faire languir le Spectateur dans l'endroit ,
où il se plaît à être le plus émû.
Ron ou Row . Ce Poëte a fait piusieurs
Pieces , qui , bien qu'elles pêchent con
tre les Règles d'Aristore , s'accordent gé
L.. Vols. neralement
*
JUIN. 1731. 1361
neralement aux régles du bon sens. Elles.
ont d'ailleurs un feu qui ne paroît infe
rieur , selon quelques- uns , à celui de ses
Prédeceffeurs , que parce qu'il est mieux
réglé. Ses idées sont grandes et son stile :
sublime..
Il a traduit Lucain , qu'il a , dit- on ,
surpassé en plusieurs endroits . Ses . Pieces
de Theatre sont imprimées en 3. vol .
Il mourut en Angleterre depuis environ
dix ans.
Les Pieces qu'on connoît le plus de cet
Auteur , sont Tamerlan , Tragedie fort es
timée , Ulisse , Trag. la Belle Pénitente ,.
Jeanne Shore , Jeanne Grey ; cette inno
cente victime de sa Religion er de l'ambi
tion des autres , fournit le sujet de cette
Tragédie.
Quoi qu'elle peche contre plusieurs des
regles , et que la mort du jeune Edouard:
paroisse y jetter un double sujet ; ce Poë
me est pourtant essentiellement beau , le
bon sens y regne dans tout le détail qui
est si pathétique , que le Spectateur le plus
insensible , ne peut s'empêcher de payer:
tribut à l'humanité. "
Joseph Addison , Poëte Anglois , fils.de
Lancelot Addison , né en 1671. mort en
1729.
Il n'a écrit qu'en Latin et en Anglois .
I.. Vol.. Ses
1362 MERCURE DE FRANCE
Ses Ouvrages sont le Recueil connu
sous le titre de Muse Anglicane.
Son Poëme à l'honneur de Guillaume III.
en 1695 .
La Paix de Riswick.
La Resurrection , Description d'un Ta
bleau.
Ode à M. Burnet , sur la Théorie Sacrés
de la Terre.
Odes à M. Hannes.
La Description du Baromettre.
Les Marionnettes.
Le Combat des Grues et des Pigmées.
Dissertation sur les illustres Poëtes La
tins .
Poëme sur la Campagne de 1704.
Caractére des Poëtes Anglois.
Poëme à M. Dryden sur ses Traductions .
Ode pour la Fête de Sainte Cecile.
Traductions de quelques Livres de l'E
neide et des Métamorphoses.
Poëme sur Myladi Manchester.
Lettres en Vers à la Princesse de Galles , en
lui envoyant sa Tragédie de Caton , re
presentée en 1712 .
Lettre en Vers , sur le Portrair du Roy
George I.
L'Opera de Rosemonde.
Le Livre connu sous le nom du Sujet libre
ou de celui qui prend un Franc-Fief,
I.Vol. et
JUIN. 1731 . 1363
et quantité de feuilles volentes du Ba
billard , du Spectateur , du Tuteur ou
Curateur , &c.
Congreve , Poëte Comique , celebre en
Angleterre , Gentilhomme Anglois. Il
est devenu aveugle , et vivoit en 1721.
Ses Pieces de Théatre et autres Ouvra
ges , sont imprimés en 3. Vol. in 8 ° . à
Londres en 1710. On les joue très-sou
vent , et toujours avec grand concours de
Spectateurs , sur tout des Dames . Ces
Pieces petillent d'esprit que l'Auteur
,
diftribue indifferemment à tous ses Per
sonnages ; de sorte qu'il ne fait autre
chose que se peindre lui- même sous dif
ferens noms. La plupart de ses Comédies
sont en Prose .
Les meilleurs Ouvrages de cet Auteur
sont :
Le vieux Garçon ,
L'Homme de mauvaise foi.
Amourpour Amour.
La maniere de bien agir du monde..
Le Deuil de la nouvelle Mariée , Tragé
die .
Je suis Monsieur , &c.
Poëtes Dramatiques Anglois , &c. ques
J
E continue , Monsieur , de vous don
ner ce que je vous ai promis sur le
Theatre Anglois et sur les Auteurs qui y
ont le plus brillé.
Benjamin Johnson, concurrent
de Shakes
pear , fleurissoit
sous les Régnes de Jac
I. et de Charles I. .
Cet Auteur fameux , qu'on appelloit
ici le Corneille d'Angleterre , entreptit
de
I, Vol.
JUIN. 1731. ·
135 %
•
de réformer le Theatre Anglois , & le fic
avec beaucoup de succès. Ses Comédies
sont admirables , et surpassent de beau
coup ses Tragédies. On a eû de lui.
Catilina , Traged.
Sejan , id.
Bartholomew-Fair , Comedie , où l'on voit
representé comiquement ce qui se passe de
ridicule dans les Lieux publics.
Le Fox , c'est- à-dire le Renard , Comedie .
L'Alchimiste , Comed .
La Femme excellente. Comed.
Tout par Amour , où le Monde bien perdu
Comedie . &c.*
Ce Catalogue deviendroit trop long.
On pourra voir le Recueil de ses Pieces
de Théatre , imprimé l'an 1718. à Lɔn
dres , en 6. Vol. in 8 ° .
Cet Auteur passe avec raison pour un
de nos meilleurs Poëtes , dit M. Collier
dans sa Critique du Théatre Anglois ; il
est beaucoup plus retenu dans ses Pieces
que ne le sont nos Poëtes modernes . Il se
déclare hautement pour la modestie . Un
Auteur sage , dit- il , doit éviter avec soin
d'écrire d'une maniere sale. Lorsque les
moeurs sont corrompues , le langage l'est com
munément aussi ; et comme le plus grand ex
sès des Fêtes et des Spectacles , sont les mar
ques d'un Etat qui tombe en décadence , aussi
I. Vol.
Gij un
1352 MERCURE DE FRANCE
un langage trop libre et impur , marque un
esprit qui commence à se gâter.
Les trois unitez de tems , de lieu et
d'action , ne sont pas fort observées par
les Poëtes Anglois en général , car l'ac
tion est souvent double ; mais les plus
habiles Critiques ne trouvent pas que ce
soit un défaut dans Ben- Johnson. Il fait
entrer deux Sujets , fi naturellement l'un
dans l'autre , que l'attention des Spec
tateurs est soûtenue par cette agréable
variété.
pas Selon M. Collier , cet Auteur n'est
tout-à-fait exempt du Galimathias conti
nuel qui regne dans les Comédies An
gloises , quoiqu'au sentiment de Saint
Evremont , il soit comparable à notre
Moliere.
"
Au contraire de Shakespear , Johnson
a fait paroître beaucoup de sçavoir.
On trouve dans ses Piéces de Théatre
Aristophane , Plaute et Terence , sans
compter beaucoup de beautez , tirées des
autres Auteurs classiques . Tous ses ca
racteres sont fort justes et bien maintenus.
On regarde le Fox ou le Renard , PAI
chimiste & la Femme Silente , comme
ses trois meilleurs Pieces.
Il avoit un génie admirable , et un ta
lent particulier pour peindre les passions
J. Kel. de
JUIN. 1731. 1353
et les foiblesses des hommes . On le met
de Niveau avec Moliere , à qui les Anciens
avoient inspiré le bon esprit de la Co
médie. Ils ont sçû l'un et l'autre repré
senter parfaitement les diverses humeurs
et les differentes manieres des Hommes ,
en conservant dans leurs Peintures , unt
juste rapport avec le genie de leur Na
tion . M. de Saint- Evremont croit qu'ils
ont été plus loin que les Anciens à cet
égard ; mais on ne sçauroit nier qu'ils
n'ayent eû plus d'égard aux Caracteres ,
qu'au gros des Sujets , dont la suite pour
roit être aussi mieux liée , et le dénoue
ment plus naturel.
La Tragédie de Samson Agoniste , est du
célebre Milton , Auteur du fameux Poëme
Le Paradis perdu.
Le Poëte Jean Dryden , Ecuyer , mort
en 1700. est un des plus estimez de sa
Nation. Il n'est pas plus modeste que la
plupart de ses Confreres , ni moins pla
giaire ; il ose traiter de crême fouettée les
Ouvrages de Corneille même ; et cepen
dant on n'a qu'à confronter son Oedipe
avec celui de ce Poëte François, pour voir
que tout ce qu'il y a de plus beau en est
pillé , et même que des Scénes entieres y
sont copiées , par une Traduction presque
Litterale
I.Vot Giiij M..
1354 MERCURE DE FRANCE
M. Dryden a tâché de se purger de
Paccusation qu'on lui a faite de recom
penser le vice dans ses Comédies . La ré
gle contraire , disoit- il , ne regarde que
la Tragedie. Dans le Comique qu'est- ce
que le vice ? foiblesse humaine , saillie de
jeunesse , bagatelle . Quelle morale ! quoy !
l'Atheisme , l'Impieté , l'Adultere : les
Souhaits du parricide , ne sont que
des
minuties ; est- il donc permis d'affoiblir
par des plaisanteries , l'horreur que la
nature nous en donne ? Mais , dit M.
Dryden , le principal but du Poëme Comi
que est de divertir. Je doute si l'instruction
doit y entrer. Si elle y entre , elle n'en est
que la seconde fin. Quand on conviendroit
du Principe , s'ensuit-il qu'on ne puisse
réjouir le Spectateur , qu'en rendant le
vice heureux ? La friponnerie et la mé
chanceté tournées en ridicule , donne
roient- elles de la fadeur à des Pieces Co.
miques , si d'ailleurs elles étoient inge
nieuses pour être divertissant ne doit
on plaire qu'à la cupidité ? ne peut- on
pas réjouir la raison et le bon sens aux
dépens des vicieux ? Mais où a - t'on pris
que l'Instruction n'est pas la principale
fin de la Comedie , comme de la Trage
die ? ce sont deux soeurs qui n'ont que le
même terme ; mais qui l'atteignent par
1. Val.
des
JUIN. 1731. 7359
des routes differentes. Leur but est de
persuader la vertu et de rendre le vice
odieux .
On doit cependant cette justice à M.
Dryden , de faire remarquer aux Lec
teurs , que par une conversion sincere à
la Religion Catholique , et par une vie
exemplaire et penitente , il a réparé au
tant qu'il a pû des desordres qu'on luy a
si justement réprochez.
Ses Tragédies valent mieux que ses
Comédies , comme je l'ai déja rémarqué.
Les Anglois éclairés disent , que cet Au
teur a beaucoup écrit , fort bien et fort
mal. C'est un des Poëtes de Theatre de cet
te nation qui a le plus travaillé . On joüe
presque toutes ses Pieces , quoique parmi
le grand nombre il y en ait quelques- unes
qui sont beaucoup plus estimées , et
qu'on joue plus souvent que les autres
Ses Pieces de Theatre , contenant ces
Comédies , Tragédies et Opera & c. sont
imprimées en 2. Vol . in fol. à Londres.
1721. Cet ouvrage posthume de Dry
den , écrit en Anglois , est divisé par les
Editeurs en deux Parties. La premiere
comprend les Poëmes Dramatiques sui
vans l'Amant farouche , les Femmes
jalouses , l'Empereur Indien , ou la Con
quête du Mexique , l'Amour secret DA
I. Vol.
G V Martine
1356 MERCURE DE FRANCE
Martin Marr-all , ou la feinte Innocence ;
la Tempête , l'Amour Tyran , Almanzor
et Almahide , le Mariage à la mode
l'Amour dans le Cloître , Amboyne ..
.
La seconde Partie contient , Aureng
zebe , ou le Grand Mogol , Tout pour
l'Amour , Limberhain , ou le Garde
Commode , Oedipe , Tvoile et Cresside ,
ou la Verité tard découverte , le Double
Dénoument , le Duc de Guise , Albion
et Albanius, Sebastien, Roy de Portugal
Amphytrion , Cleomene , ou le Heros
de Sparte , le Roy Arthus , l'Amour
Triomphant.
A la tête de tout l'Ouvrage est une
Dissertation de Dryden sur la Poësie Dra
matiques cette Dissertation est une dis
pute en forme de Dialogue , dont les
Interlocuteurs sont Crites , Eugene , Lip
side et Neandre. L'Auteur Dryden paroît
caché sous ce derniet nom.. La dis
pute roule sur le merite des Anciens et
des Modernes Poëtes Dramatiques , et
en particulier Anglois. On y parle aussi .
en passant du Poëme Epique , et du Ly
rique. Les Principaux Poëtes Anglois y
passent en révuë ; Crites donne la pré
férence aux Anciens ; Eugene la donne
aux Modernes & c . Cette Dissertation est
si longue , et descend dans un si grand
>.
3.
و د
1. Vol.
détail
JUIN. 173T. 1357
détail , qu'il faut la voir dans l'Original
ou du moins traduire à loisir tout ce qui
en est rapporté fort au long dans le Jour
nal de Leipsic. Janvier 1702. pag. 34.
Chaque Piece de Dryden est accom
pagnée d'une Dedicace , et d'une Preface
sçavante et curieuse .
Dryden aécrit d'autres Ouvrages , et sur
tout des Fables anciennes et modernes , & c.
Voici quelques autres Pieces du même
Auteur qui sont venues à ma connois
Sance.
Phedre et Hypolite , Trag.
L'Etat de l'Innocence , ou la chûte de
l'Homme , Trag .
L'Amour du Soir , ou le faux Astrolo
gue.Comed, 1691. Ce n'est presque qu'une
Traduction du feint Astrologue de Th..
Corneille cependant dans la Preface de
- cette Piece , l'Auteur y parle en ces ter
mes , remarquables par leur impudence..
Il faut avouer , dit- il , que la plupart
» des Comédies que l'on écrit depuis peu ,
» tiennent trop de la Farce ; mais ceci
» doit arriver necessairement jusqu'à ce
» qu'on s'abstienne de traduire les Picces
>> des François ; car leurs Poëtes , n'ayant
» pas assés de jugement pour peindre:
d'aprés nature , sont obligés de supléer
» à ce défaut- par des postures extravagan
>>
I..Vol.. G vj
>> tes
1358 MERCURE DE FRANCE
{
» tes et par des grimaces ridicules. A- t'on
jamais vû de Plagiaire si insolent et si
bas ?
Le Moine Espagnol , ou la double De
couverte. Tragi - Comedie.
Le Theatre Espagnol ne représente
guére de Farces , qu'on n'y voye un Rô
le de Prêtre , de Chapelain ou de Reli
gieux. Icy Dryden à été le Maître de
former le caractére de son principal Per
sonnage tel qu'il a voulu ; il en a fait un
Scelerat , et par le secours des fictions ,
il a peint un Moine trés déréglé , et ré
pandu sur le corps des Religieux tout
le ridicule et les excés , que le préjugé et
l'esprit de parti peuvent inspirer à un
Auteur fougueux .
Le Chevalier Gâte - tout , ou la fausse
Innocence , Comedie de Dryden .
Quand par des vols pitoyables , les
Anglois reussissent à faire d'une ou de
deux bonnes Pieces Françoises , une Co
medie à leur maniere , qui ne vaut rien ,
ils ont encore trop d'orgueil pour recon
noître leur larcin. Jamais ces Pieces ne
sont traduites ; elles sont toujours faites
par tel ou tel. A la verité on insinue quel
quefois dans la Preface que le Sujet vient
de France , mais on ne daigne pas nom
mer l'Auteur à qui on en est rédevable.
*
I. Vela
Ils
JUIN. 1731 .
1-3 59'
·
Ils voudroient faire croire qu'ils en agis
sent à peu prés avec ces petits Poëtes Fran
çois , comme un Maitre qui s'exerce sur
un Sujet qu'un Ecolier a traité , et qui
n'a d'autre dessein que de lui faire voir
comme il falloit s'y prendre pour réus
sir.
Quelques-uns de ces M. se contentent
de piller l'intrigue d'un ouvrage Fran
çois , et d'y en ajoûter une seconde de
leur invention , pour paroître du moins
feconds à multiplier les Sujets de leurs
Pieces. C'est comme en a agi l'Auteur
de la Comêdie dont je parle. Ce sont
deux Comédies en une , dont la moitié
est à fort peu de chose prés , l'Etourdy
de Moliere.
Philips , autre Poëte , passe pour avoir
un trés beau genie , une grande connois
sance des régles du Theatre , et une idée
fort juste du merite que peuvent avoir
les Pieces Dramatiques des differentes
Nations.
.
La Tragédie d'Andromaque , qui est
une imitation de celle de Racine , est le
plus bel ouvrage de cet Auteur et le
plus propre à faire goûter aux Angleis
la régularité Françoise . Cette Copie est
digne de son excellent Original , sur
lequel , ce qui paroit très difficile ,
*
I. Vel. elle
T360 MERCURE DE FRANCE
elle encherit quelquefois. Il est vrai que
des personnes judicieuses , ne jugent pas
ainsi de quelques Scénes ajoutées à la fin
de la Piece ; on y voit revenir Andro
maque sur le Theatre aprés la mort de
Pyrrhus et les fureurs d'Oreste.CettePrin
cesse , venuë de nouveau , ne sçauroit
exciter dans cet endroit des passions
qui repondent à la force de celles qui
viennent d'émouvoir le Spectateur ; la
bienséance , et le sentiment des services .
que lui a rendus Pyrrhus , doivent natu
rellement l'empêcher de témoigner sa
joye sur l'heureux changement de son
état , et sur la conservation de son fils..
Il faut laisser le Spectateur dans tout le
trouble qu'excitent en lui les malheurs
des gens vertueux ; à moins qu'on ne
fasse succeder à cette pitié une satisfac
tion parfaite , de voir triompher entiere
ment de toutes les attaques du sort , less
personnes pour qui on s'interesse : dimi
nuer seulement la passion qui est le but
de toute une Tragédie , sans la changer
dans une passion également forte ; c'est
faire languir le Spectateur dans l'endroit ,
où il se plaît à être le plus émû.
Ron ou Row . Ce Poëte a fait piusieurs
Pieces , qui , bien qu'elles pêchent con
tre les Règles d'Aristore , s'accordent gé
L.. Vols. neralement
*
JUIN. 1731. 1361
neralement aux régles du bon sens. Elles.
ont d'ailleurs un feu qui ne paroît infe
rieur , selon quelques- uns , à celui de ses
Prédeceffeurs , que parce qu'il est mieux
réglé. Ses idées sont grandes et son stile :
sublime..
Il a traduit Lucain , qu'il a , dit- on ,
surpassé en plusieurs endroits . Ses . Pieces
de Theatre sont imprimées en 3. vol .
Il mourut en Angleterre depuis environ
dix ans.
Les Pieces qu'on connoît le plus de cet
Auteur , sont Tamerlan , Tragedie fort es
timée , Ulisse , Trag. la Belle Pénitente ,.
Jeanne Shore , Jeanne Grey ; cette inno
cente victime de sa Religion er de l'ambi
tion des autres , fournit le sujet de cette
Tragédie.
Quoi qu'elle peche contre plusieurs des
regles , et que la mort du jeune Edouard:
paroisse y jetter un double sujet ; ce Poë
me est pourtant essentiellement beau , le
bon sens y regne dans tout le détail qui
est si pathétique , que le Spectateur le plus
insensible , ne peut s'empêcher de payer:
tribut à l'humanité. "
Joseph Addison , Poëte Anglois , fils.de
Lancelot Addison , né en 1671. mort en
1729.
Il n'a écrit qu'en Latin et en Anglois .
I.. Vol.. Ses
1362 MERCURE DE FRANCE
Ses Ouvrages sont le Recueil connu
sous le titre de Muse Anglicane.
Son Poëme à l'honneur de Guillaume III.
en 1695 .
La Paix de Riswick.
La Resurrection , Description d'un Ta
bleau.
Ode à M. Burnet , sur la Théorie Sacrés
de la Terre.
Odes à M. Hannes.
La Description du Baromettre.
Les Marionnettes.
Le Combat des Grues et des Pigmées.
Dissertation sur les illustres Poëtes La
tins .
Poëme sur la Campagne de 1704.
Caractére des Poëtes Anglois.
Poëme à M. Dryden sur ses Traductions .
Ode pour la Fête de Sainte Cecile.
Traductions de quelques Livres de l'E
neide et des Métamorphoses.
Poëme sur Myladi Manchester.
Lettres en Vers à la Princesse de Galles , en
lui envoyant sa Tragédie de Caton , re
presentée en 1712 .
Lettre en Vers , sur le Portrair du Roy
George I.
L'Opera de Rosemonde.
Le Livre connu sous le nom du Sujet libre
ou de celui qui prend un Franc-Fief,
I.Vol. et
JUIN. 1731 . 1363
et quantité de feuilles volentes du Ba
billard , du Spectateur , du Tuteur ou
Curateur , &c.
Congreve , Poëte Comique , celebre en
Angleterre , Gentilhomme Anglois. Il
est devenu aveugle , et vivoit en 1721.
Ses Pieces de Théatre et autres Ouvra
ges , sont imprimés en 3. Vol. in 8 ° . à
Londres en 1710. On les joue très-sou
vent , et toujours avec grand concours de
Spectateurs , sur tout des Dames . Ces
Pieces petillent d'esprit que l'Auteur
,
diftribue indifferemment à tous ses Per
sonnages ; de sorte qu'il ne fait autre
chose que se peindre lui- même sous dif
ferens noms. La plupart de ses Comédies
sont en Prose .
Les meilleurs Ouvrages de cet Auteur
sont :
Le vieux Garçon ,
L'Homme de mauvaise foi.
Amourpour Amour.
La maniere de bien agir du monde..
Le Deuil de la nouvelle Mariée , Tragé
die .
Je suis Monsieur , &c.
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Résumé : LETTRE écrite de Londres, sur quelques Poëtes Dramatiques Anglois, &c.
La lettre, écrite à Londres en juin 1731, discute des poètes dramatiques anglais. L'auteur mentionne Benjamin Johnson, contemporain de Shakespeare, qui a brillé sous les règnes de Jacques I et de Charles I. Surnommé le 'Corneille d'Angleterre', Johnson a tenté de réformer le théâtre anglais avec succès. Ses comédies, telles que 'Bartholomew-Fair' et 'Le Renard', sont particulièrement admirées. Johnson est reconnu pour sa modestie et son évitement des sujets impurs. Ses pièces respectent les unités de temps, de lieu et d'action, bien que les critiques anglais ne considèrent pas cela comme un défaut. Johnson est comparé à Molière pour sa capacité à peindre les passions humaines. Le texte évoque également John Milton, auteur de 'Samson Agoniste' et du 'Paradis perdu'. Jean Dryden, poète dramatique anglais mort en 1700, est mentionné pour ses œuvres, bien que certaines soient accusées de plagiat. Dryden a écrit des tragédies et des comédies, et a tenté de justifier la représentation du vice dans ses œuvres. Il a également écrit une dissertation sur la poésie dramatique, discutant des mérites des anciens et des modernes. D'autres poètes comme Philips et Row sont mentionnés pour leurs contributions au théâtre anglais. Philips est connu pour sa tragédie 'Andromaque', une imitation de celle de Racine. Row, quant à lui, a écrit plusieurs pièces respectant les règles du bon sens, bien qu'elles pèche contre les règles d'Aristote. Joseph Addison, poète anglais né en 1671 et mort en 1729, est le fils de Lancelot Addison. Il a écrit en latin et en anglais. Ses œuvres principales incluent le recueil 'Muse Anglicane', des poèmes comme 'La Paix de Riswick', 'La Résurrection', et des traductions de l'Énéide et des Métamorphoses. Addison a également écrit des lettres en vers, des odes, et des dissertations sur des sujets variés. Ses écrits sont marqués par un bon sens et une sensibilité qui touchent même les spectateurs les plus insensibles. Addison a également contribué à des publications comme le 'Spectateur' et le 'Tuteur'. William Congreve, poète comique anglais, est célèbre pour ses pièces de théâtre. Aveugle et vivant en 1721, ses œuvres sont souvent jouées avec un grand succès, notamment auprès des dames. Ses pièces, imprimées en trois volumes en 1710, sont connues pour leur esprit et leur capacité à peindre différents personnages. Parmi ses meilleures œuvres, on trouve 'Le vieux Garçon', 'L'Homme de mauvaise foi', 'Amour pour Amour', et 'Le Deuil de la nouvelle Mariée'.
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581
p. 1533-1535
Le Théatre des Passions et de la Fortune, [titre d'après la table]
Début :
LE THEATRE DES PASSIONS ET DE LA FORTUNE, ou les Aventures surprenantes [...]
Mots clefs :
Aventures, Peinture des passions, Vertu
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texteReconnaissance textuelle : Le Théatre des Passions et de la Fortune, [titre d'après la table]
NOUVELLES LITTERAIRES
DES BEAUX ARTS , &c.
LF
E THEATRE DES PASSIONS ET DE LA
FORTUNE , ou les Avantures surpre
nantes de Rosamidor et de Théoglaphyre ,
Histoire Australe. Par M. de Castera. A
Paris , rue S. Jacques , chez Henry , 1731 .
in 12.de 352. pages , sans l'Epitre au Com
te de Clermont , et sans la Préface.
Ce Livre est un tissu d'Avantures assez
nouvelles ; l'Auteur s'est proposé d'y faire
une peinture des Passions les plus vives ,
qui puissent agiter le coeur humain , et
de montrer dans quels précipices elles
nous entraînent , lorsqu'aucun frein ne
les arrête ; mais comme dans un Tableau
les ombres et le clair se prêtent mutuel
lement de la force , il a pris soin d'op
II. Vol, F poser
1534 MERCURE DE FRANCE
poser au vice differens caracteres de vertu ,
afin qu'en voyant ce qu'on doit imiter ,
on envisage avec plus d'horreur les éga
remens qu'on doit fuir ; au reste , ceci
n'est point un Roman , c'est un Recueil
de plusieurs évenemens veritables , dont
les principaux ont été puisez dans l'His
toire Anecdote du quinziéme siecle , mais
ils sont rapportez sous des noms qui les
déguisent , et qui pour la plûpart dérivent
du Grec et du Latin ; ainsi ces noms ont
une valeur secrette , qui est proportion
née aux lieux ou aux personnages dont il
s'agit ; par exemple , on a nommé Charles
Quint Laocrator , comme qui diroit Mo
narque , qui tient beaucoup de peuples
sous sa domination . Le Corsaire Barbe
rousse , est appellé Rufopogon , mot qui
signifie effectivement Barberousse , ainsi
des autres. En cela on a suivi la Méthode
de Thomas Morus , dans son Utopie , et
Barclay dans le fameux Roman d'Agénis .
Les Sçavans auront le plaisir de dévelop
per le sens de ces noms , qui ne sont point
jettez au hazard , et d'en faire une juste
application ; ceux qui n'entendent ni
Grec ni Latin , n'auront qu'à les prendre
pour des noms imaginaires , tels que ceux
qu'on trouve souvent dans Cléopatre
dans Pharamond et dans la Cassandre ;
1
*
II. Vol.
cela
JUIN. 1731. 1535
cela ne les arrêtera point dans leur lecture;
le style est poëtique , parce que tout l'Ou
vrage n'est qu'une narration faite par un
Philosophe Indien à un jeune Roi qu'il
veut instruire en l'amusant ; chacun sçait
que les Orientaux aiment l'emphase et les
expressions figurées.
ELOGE DE L'AMOUR , dédié à Cupidon .
Par M. A. C ** A Paris , chez Charles
Guillaume, rue du Hurepoix , au Pont sains
Michel , 1731.
DES BEAUX ARTS , &c.
LF
E THEATRE DES PASSIONS ET DE LA
FORTUNE , ou les Avantures surpre
nantes de Rosamidor et de Théoglaphyre ,
Histoire Australe. Par M. de Castera. A
Paris , rue S. Jacques , chez Henry , 1731 .
in 12.de 352. pages , sans l'Epitre au Com
te de Clermont , et sans la Préface.
Ce Livre est un tissu d'Avantures assez
nouvelles ; l'Auteur s'est proposé d'y faire
une peinture des Passions les plus vives ,
qui puissent agiter le coeur humain , et
de montrer dans quels précipices elles
nous entraînent , lorsqu'aucun frein ne
les arrête ; mais comme dans un Tableau
les ombres et le clair se prêtent mutuel
lement de la force , il a pris soin d'op
II. Vol, F poser
1534 MERCURE DE FRANCE
poser au vice differens caracteres de vertu ,
afin qu'en voyant ce qu'on doit imiter ,
on envisage avec plus d'horreur les éga
remens qu'on doit fuir ; au reste , ceci
n'est point un Roman , c'est un Recueil
de plusieurs évenemens veritables , dont
les principaux ont été puisez dans l'His
toire Anecdote du quinziéme siecle , mais
ils sont rapportez sous des noms qui les
déguisent , et qui pour la plûpart dérivent
du Grec et du Latin ; ainsi ces noms ont
une valeur secrette , qui est proportion
née aux lieux ou aux personnages dont il
s'agit ; par exemple , on a nommé Charles
Quint Laocrator , comme qui diroit Mo
narque , qui tient beaucoup de peuples
sous sa domination . Le Corsaire Barbe
rousse , est appellé Rufopogon , mot qui
signifie effectivement Barberousse , ainsi
des autres. En cela on a suivi la Méthode
de Thomas Morus , dans son Utopie , et
Barclay dans le fameux Roman d'Agénis .
Les Sçavans auront le plaisir de dévelop
per le sens de ces noms , qui ne sont point
jettez au hazard , et d'en faire une juste
application ; ceux qui n'entendent ni
Grec ni Latin , n'auront qu'à les prendre
pour des noms imaginaires , tels que ceux
qu'on trouve souvent dans Cléopatre
dans Pharamond et dans la Cassandre ;
1
*
II. Vol.
cela
JUIN. 1731. 1535
cela ne les arrêtera point dans leur lecture;
le style est poëtique , parce que tout l'Ou
vrage n'est qu'une narration faite par un
Philosophe Indien à un jeune Roi qu'il
veut instruire en l'amusant ; chacun sçait
que les Orientaux aiment l'emphase et les
expressions figurées.
ELOGE DE L'AMOUR , dédié à Cupidon .
Par M. A. C ** A Paris , chez Charles
Guillaume, rue du Hurepoix , au Pont sains
Michel , 1731.
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Résumé : Le Théatre des Passions et de la Fortune, [titre d'après la table]
Le texte présente deux ouvrages littéraires. Le premier, 'Le Théâtre des Passions et de la Fortune, ou les Aventures surprenantes de Rosamidor et de Théoglaphyre', est une histoire australe écrite par M. de Castera et publiée à Paris en 1731. Ce livre relate des aventures nouvelles et vise à dépeindre les passions humaines les plus intenses et leurs conséquences. L'auteur oppose le vice à divers caractères de vertu pour souligner les comportements à imiter et à éviter. Bien que présenté comme un recueil d'événements véridiques, les principaux faits sont tirés de l'histoire anecdotique du quinzième siècle, mais sont narrés sous des noms grecs et latins pour les déguiser. Par exemple, Charles Quint est nommé Laocrator, et le corsaire Barberousse est appelé Rufopogon. Cette méthode de nomination suit les exemples de Thomas Morus et Barclay. Le style de l'ouvrage est poétique, car il s'agit d'une narration faite par un philosophe indien à un jeune roi. Le second ouvrage mentionné est 'Éloge de l'Amour, dédié à Cupidon', écrit par M. A. C ** et publié à Paris en 1731.
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582
p. 1545-1551
Giornale de Litterati d'Italia, Tomo II. [titre d'après la table]
Début :
GIORNALE DE' LETTERATI D'ITALIA, Tomo II, Anno 1710. Copia di [...]
Mots clefs :
Critique, Poème héroïque, Journalistes de Trévoux, Imitation, Langue italienne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Giornale de Litterati d'Italia, Tomo II. [titre d'après la table]
GIORNALE DE' LETTERATI D'ITALIA. ,
Tomo I I. Anno 1710 .
Copia di LETTERA del Sig. LORENSQ
BELLINI , scritta al sig . Antonio Vallisnieri
nella quale mette in chiaro le vie dell' aria
che si trovano in ogni vuovo , notate ne?
heoi opuscoli nella digressione che fa , de
ovo , ovi aere , et respiratione in genere. ,
dopo la proposizione ottava.
JUSTI FONTANINI Forojuliensis , in Ro
mano Archigymnasio publici Eloquentia
Professoris , vindicia antiquorum diploma
tum adversus Bartholomai Germonii discep
tationem de veteribus Regum Francorum Di
plomatibus & c. Romæ 1705. in 49 .. Pag.
287.
pen
CONSIDERAZIONI sopra un famoso libro
franzese intitolato , la maniere de bien
ser dans les Ouvrages d'esprit &c. divise
in sette Dialoghi ne' quali s'agitano alcune
quistioni Rettoriche e Poetiche , e si difen
dono molti passi di Poeti , e di prosatori Ita
liani condannati dall' Autore Franzese, in
Bologna 1739. in 8º . Pag. 832 .
Le Marquis Gio : Giuseppe orsi , Au
teur de cet Ouvrage , s'attache principa
lement à déffendre les Auteurs de sa na
tion , de la critique qu'en a fait le P. Boù
hours dans sa maniere de bien penser sur
les ouvrages d'esprit. Il prétend prouver
II. Vol
qo
1546 MERCURE DE FRANCE
que ce Critique avoit peu de connoissan
ce des Auteurs Italiens , en faisant d'abord
remarquer , premierement que de tous
leurs Poëtes il n'a nommé qu'une fois en
passant Petrarque , et qu'au contraite il
allegue trés -souvent le Cavalier Marin
et plusieurs autres de plus mauvaise trem
pe , et que parmi les Prosateurs , il n'a
attaqué que ceux qui n'ont aucune ré
putation , secondement › par la bevûë
énorme qu'il a faite d'atribuer à l'Arioste
ces deux vers.
Cosi colui , del colpo nom accorto ,
Andava combattendo , ed era mortos
2
Qui sont du Bornia , ce qui fait tomber
toute sa Critique , puisque ce qui seroit
ridicule dans un Poëme heroïque , peut
fort bien trouver place dans un Poëme
Burlesque.
Della perfetta Poësia Italiana , spiegata:
e dimostrata con varie osservasioni da
LODOVICO ANTONIO MURATORI , tom pri
mo, in Modena 1705. in 4. pag. 599.
tom. secondo ivi , pag. 483 ..
Sur ce que M. Muratori avance ici que
c'est de France que le Cavalier Marini a
aporté en Italie le mauvais goût des.
pointes et des Concerti car ce fut là , dit
il , qu'il composa les ouvrages qui sont le
II. Vol. plus
JUIN . 1731 1547
plus en vogue ; les Journalistes de Tre
voux , dans l'Extrait qu'ils donnerent
pour lors (a ) de ce livre , firent cette ré
fléxion. » On ne peut s'empêcher de se
>> récrier contre l'injustice de cette con
» jecture : que l'on compare les Larmes
» de S. Pierre , traduites par Malherbe de
» l'Italien de Tensile avec les autres Ou
» vrages du Poëte François , on distingue
» ra bientôt le goût de la France des ma
» nieres Italienes . Le Cavalier Marini
» n'a gardé aucune mesure dans l'usage
» des faux brillans : mais il en avoit dans
» le Tasse même des modeles , qu'aucun
»Poëte François ne pouvoit lui fournir.
Là dessus le Journaliste Italien fait cette
digréssion . On avance ici , dit il , ( b )
autant d'erreurs que de paroles . Il est
hors de dout que le Cavalier Marin a
que
écrit en France la plus grande partie de
ses ouvrages , comme l'Alone , la Sam
pogna , la Galleria &c. de plus il est cer
tain qu'ils sont plus remplis d'aff· cta
tions , que ceux qu'il avoit composés:
auparavant , principalement les deux
premieres parties de la Lira dans lesquel
les il s'est moins écarté que dans les au
tres du bon goût Italien. Il est très cer
(a) Octob. 1707. Pag. 1817»
(b) Pag. 166.
11. Vol.
7548 MERCURE DE FRANCE
›
tain encore que quand il passa en France ,
il y trouva genéralement en usage une
maniere de Poësie enflée , pleine de poin
tes d'antitèses , de Latinismes et de
Grecismes , qu'on ne connoissoit point
encore en Italie. On en demeurera con
vaincu si on lit l'Auteur moderne ( a ).
de l'Histoire de la Poësie Françoise . Des
Portes , bon Poëte pour le tems où il a
écrit , fut le moins affecté de tous les
François qui l'avoient précedé , et ses
vers furent plus estimés que ceux de Ron
sard et des autres , parceque dans son
Voyage d'Italie il puisa le bon goût , et
P'apporta en France , où loin d'être con
nu , on n'en avoit pas seulement l'idée
ainsi pour un mauvais troc , nous donnâ
mes au François le bon de nôtre Poësie ,
et eux en échange , nous donnerent le
mauvais de la leur. A l'égard de ce que
les Journalistes disent des Larmes de S.
Pierre traduites par Malherbe , je réponds.
1 °. Que ce Poëme n'est pas veritable
men un ouvrage du Tansille sous le nom
duquel nous l'avons. Il commença à l'é
crire d'un stile trés- pur , comme on voit
par plusieurs Stances qu'il fit imprimer
de son vivant , mais il ne le finit point.
(a) L'Abbé Mervesin. Hist. de la Poësic
Fr. Paris . 1706 .
XI. Vol. Aprés
JUIN. 1731 . 1549
Aprés sa mort , un autre y mit la main ,
et l'acheva du mieux qu'il pût , juste
ment dans le tems que la réputation du
Marin commençoit à corrompre le genie
des Italiens . J'ajoûte que la version qu'en
fit Malherbe , ami intime du Cavalier
Marin , est un des amusemens de sa jeu
nesse , et qu'il a désavoüé dans la suite ,
(a ) et deplus qu'il y abien de la difference
à faire entre les ouvrages qu'un bon Au
teur a travaillés de source , et ceux qu'il
n'a fait que traduire. Enfin , qu'on fasse
attention que ce qu'il y a de meilleur
dans les Poësies de Malherbe , est une
imitation de nos bons Poëtes , Menage
en a allegué plusieurs exemples dans ses
Observations sur cet Auteur , comme
il a connu mieux qu'aucun François , la
beauté et la force de la Langue Italienne ,
aussi lui a t'il rendu plus de justice qu'au
cun autre. pour le Tasse , on a si bien
répondu aux critiques qu'on a faites de lui
sans raison , qu'il seroit inutile d'y rien
ajoûter.
-
Panegyrica Orationes veterum Oratorum .
Notis , ac Numismatibus illustravit , et Ita
licam Interpretationem adjecit LAURENTIUS
PATAROL Venetus. Venetiis , 1708. in 8º .
pag. 156.
(a) Menag. Observat. sur le x, liv. de Ma!
1
Gemme herbe.
1550 MERCURE DE FRANCE
Gemme antiche figurate , date ni lua
da Domenico de' Rossi colle sposizioni di
PAOLO ALESSANDRO MAFFEI , parte 2.
in Roma 1707. in 4. reale. le gemme so
no 103.le pag. 234.
On avertit à la fin de ce second volume
duJournal de Venise , que la vie de Bran
dano laquelle dans le premier on avoit
dit être imprimée , ne l'est point encore
par quelque empêchement qui est sur
venu .
-
La vie de Mahomet , traduite et com
pilée de l'Alcoran , des Traditions au
thentiques de la Sonna , et des meilleurs
Auteurs Arabes , par M. Jean Gagner,
Professeur des Langues Orientales à Ox
ford . A Amsterdam , chez les Wetsteins et
Smisth. 1731. 2. vol . in 12.
François Changuien , Libraire à Ams
terdam , a imprimé et débite une nou
velle édition des Caracteres deTheophraste ,
avec les Caracteres ou les moeurs de ce
Siecle. Par M. de la Bruyere , augmentée
de la déffense de M. de la Bruyere et de
ses caracteres , par M. Coste , 2. volume
in 12.
OEUVRES DE NIC - BOILEAU DESPREAUX ,
I
(
II. Vol. avec
JUIN. 17314 1551
avec des éclaircissemens Historiques don
nés par lui -même , nouvelle Edition
revue , corrigée et augmentée de diver
ses Remarques , enrichie de figures nou
vellement gravées par Bernard Picart le
Romain , 2. vol . in fol . et 4. vol . in 12 .
Amsterd, chez le même.
On nous écrit de Venise , qu'on vient
d'imprimer en cette Ville toutes les Oeu
vres du Cardinal Bembe , 3. vol . in folio ,
et que cette Edition est magnifique.
D'Aix en Provence. Il a passé ici un Ita
lien chargé de 240. Medaillons en Or , en
Argent et en Bronze , d'une beauté et d'u
ne conservation ( admirables. Ils viennent
des Cabinets Carpegna, de Maximis , Saba
tini &c. Il n'y a gueres que des Princes
ou des grands Seigneurs qui puissent ac
querir ce Trésor d'Antiquité car on
ne veut point les partager , et on de
mande trois mille Louis d'or du total.
Tomo I I. Anno 1710 .
Copia di LETTERA del Sig. LORENSQ
BELLINI , scritta al sig . Antonio Vallisnieri
nella quale mette in chiaro le vie dell' aria
che si trovano in ogni vuovo , notate ne?
heoi opuscoli nella digressione che fa , de
ovo , ovi aere , et respiratione in genere. ,
dopo la proposizione ottava.
JUSTI FONTANINI Forojuliensis , in Ro
mano Archigymnasio publici Eloquentia
Professoris , vindicia antiquorum diploma
tum adversus Bartholomai Germonii discep
tationem de veteribus Regum Francorum Di
plomatibus & c. Romæ 1705. in 49 .. Pag.
287.
pen
CONSIDERAZIONI sopra un famoso libro
franzese intitolato , la maniere de bien
ser dans les Ouvrages d'esprit &c. divise
in sette Dialoghi ne' quali s'agitano alcune
quistioni Rettoriche e Poetiche , e si difen
dono molti passi di Poeti , e di prosatori Ita
liani condannati dall' Autore Franzese, in
Bologna 1739. in 8º . Pag. 832 .
Le Marquis Gio : Giuseppe orsi , Au
teur de cet Ouvrage , s'attache principa
lement à déffendre les Auteurs de sa na
tion , de la critique qu'en a fait le P. Boù
hours dans sa maniere de bien penser sur
les ouvrages d'esprit. Il prétend prouver
II. Vol
qo
1546 MERCURE DE FRANCE
que ce Critique avoit peu de connoissan
ce des Auteurs Italiens , en faisant d'abord
remarquer , premierement que de tous
leurs Poëtes il n'a nommé qu'une fois en
passant Petrarque , et qu'au contraite il
allegue trés -souvent le Cavalier Marin
et plusieurs autres de plus mauvaise trem
pe , et que parmi les Prosateurs , il n'a
attaqué que ceux qui n'ont aucune ré
putation , secondement › par la bevûë
énorme qu'il a faite d'atribuer à l'Arioste
ces deux vers.
Cosi colui , del colpo nom accorto ,
Andava combattendo , ed era mortos
2
Qui sont du Bornia , ce qui fait tomber
toute sa Critique , puisque ce qui seroit
ridicule dans un Poëme heroïque , peut
fort bien trouver place dans un Poëme
Burlesque.
Della perfetta Poësia Italiana , spiegata:
e dimostrata con varie osservasioni da
LODOVICO ANTONIO MURATORI , tom pri
mo, in Modena 1705. in 4. pag. 599.
tom. secondo ivi , pag. 483 ..
Sur ce que M. Muratori avance ici que
c'est de France que le Cavalier Marini a
aporté en Italie le mauvais goût des.
pointes et des Concerti car ce fut là , dit
il , qu'il composa les ouvrages qui sont le
II. Vol. plus
JUIN . 1731 1547
plus en vogue ; les Journalistes de Tre
voux , dans l'Extrait qu'ils donnerent
pour lors (a ) de ce livre , firent cette ré
fléxion. » On ne peut s'empêcher de se
>> récrier contre l'injustice de cette con
» jecture : que l'on compare les Larmes
» de S. Pierre , traduites par Malherbe de
» l'Italien de Tensile avec les autres Ou
» vrages du Poëte François , on distingue
» ra bientôt le goût de la France des ma
» nieres Italienes . Le Cavalier Marini
» n'a gardé aucune mesure dans l'usage
» des faux brillans : mais il en avoit dans
» le Tasse même des modeles , qu'aucun
»Poëte François ne pouvoit lui fournir.
Là dessus le Journaliste Italien fait cette
digréssion . On avance ici , dit il , ( b )
autant d'erreurs que de paroles . Il est
hors de dout que le Cavalier Marin a
que
écrit en France la plus grande partie de
ses ouvrages , comme l'Alone , la Sam
pogna , la Galleria &c. de plus il est cer
tain qu'ils sont plus remplis d'aff· cta
tions , que ceux qu'il avoit composés:
auparavant , principalement les deux
premieres parties de la Lira dans lesquel
les il s'est moins écarté que dans les au
tres du bon goût Italien. Il est très cer
(a) Octob. 1707. Pag. 1817»
(b) Pag. 166.
11. Vol.
7548 MERCURE DE FRANCE
›
tain encore que quand il passa en France ,
il y trouva genéralement en usage une
maniere de Poësie enflée , pleine de poin
tes d'antitèses , de Latinismes et de
Grecismes , qu'on ne connoissoit point
encore en Italie. On en demeurera con
vaincu si on lit l'Auteur moderne ( a ).
de l'Histoire de la Poësie Françoise . Des
Portes , bon Poëte pour le tems où il a
écrit , fut le moins affecté de tous les
François qui l'avoient précedé , et ses
vers furent plus estimés que ceux de Ron
sard et des autres , parceque dans son
Voyage d'Italie il puisa le bon goût , et
P'apporta en France , où loin d'être con
nu , on n'en avoit pas seulement l'idée
ainsi pour un mauvais troc , nous donnâ
mes au François le bon de nôtre Poësie ,
et eux en échange , nous donnerent le
mauvais de la leur. A l'égard de ce que
les Journalistes disent des Larmes de S.
Pierre traduites par Malherbe , je réponds.
1 °. Que ce Poëme n'est pas veritable
men un ouvrage du Tansille sous le nom
duquel nous l'avons. Il commença à l'é
crire d'un stile trés- pur , comme on voit
par plusieurs Stances qu'il fit imprimer
de son vivant , mais il ne le finit point.
(a) L'Abbé Mervesin. Hist. de la Poësic
Fr. Paris . 1706 .
XI. Vol. Aprés
JUIN. 1731 . 1549
Aprés sa mort , un autre y mit la main ,
et l'acheva du mieux qu'il pût , juste
ment dans le tems que la réputation du
Marin commençoit à corrompre le genie
des Italiens . J'ajoûte que la version qu'en
fit Malherbe , ami intime du Cavalier
Marin , est un des amusemens de sa jeu
nesse , et qu'il a désavoüé dans la suite ,
(a ) et deplus qu'il y abien de la difference
à faire entre les ouvrages qu'un bon Au
teur a travaillés de source , et ceux qu'il
n'a fait que traduire. Enfin , qu'on fasse
attention que ce qu'il y a de meilleur
dans les Poësies de Malherbe , est une
imitation de nos bons Poëtes , Menage
en a allegué plusieurs exemples dans ses
Observations sur cet Auteur , comme
il a connu mieux qu'aucun François , la
beauté et la force de la Langue Italienne ,
aussi lui a t'il rendu plus de justice qu'au
cun autre. pour le Tasse , on a si bien
répondu aux critiques qu'on a faites de lui
sans raison , qu'il seroit inutile d'y rien
ajoûter.
-
Panegyrica Orationes veterum Oratorum .
Notis , ac Numismatibus illustravit , et Ita
licam Interpretationem adjecit LAURENTIUS
PATAROL Venetus. Venetiis , 1708. in 8º .
pag. 156.
(a) Menag. Observat. sur le x, liv. de Ma!
1
Gemme herbe.
1550 MERCURE DE FRANCE
Gemme antiche figurate , date ni lua
da Domenico de' Rossi colle sposizioni di
PAOLO ALESSANDRO MAFFEI , parte 2.
in Roma 1707. in 4. reale. le gemme so
no 103.le pag. 234.
On avertit à la fin de ce second volume
duJournal de Venise , que la vie de Bran
dano laquelle dans le premier on avoit
dit être imprimée , ne l'est point encore
par quelque empêchement qui est sur
venu .
-
La vie de Mahomet , traduite et com
pilée de l'Alcoran , des Traditions au
thentiques de la Sonna , et des meilleurs
Auteurs Arabes , par M. Jean Gagner,
Professeur des Langues Orientales à Ox
ford . A Amsterdam , chez les Wetsteins et
Smisth. 1731. 2. vol . in 12.
François Changuien , Libraire à Ams
terdam , a imprimé et débite une nou
velle édition des Caracteres deTheophraste ,
avec les Caracteres ou les moeurs de ce
Siecle. Par M. de la Bruyere , augmentée
de la déffense de M. de la Bruyere et de
ses caracteres , par M. Coste , 2. volume
in 12.
OEUVRES DE NIC - BOILEAU DESPREAUX ,
I
(
II. Vol. avec
JUIN. 17314 1551
avec des éclaircissemens Historiques don
nés par lui -même , nouvelle Edition
revue , corrigée et augmentée de diver
ses Remarques , enrichie de figures nou
vellement gravées par Bernard Picart le
Romain , 2. vol . in fol . et 4. vol . in 12 .
Amsterd, chez le même.
On nous écrit de Venise , qu'on vient
d'imprimer en cette Ville toutes les Oeu
vres du Cardinal Bembe , 3. vol . in folio ,
et que cette Edition est magnifique.
D'Aix en Provence. Il a passé ici un Ita
lien chargé de 240. Medaillons en Or , en
Argent et en Bronze , d'une beauté et d'u
ne conservation ( admirables. Ils viennent
des Cabinets Carpegna, de Maximis , Saba
tini &c. Il n'y a gueres que des Princes
ou des grands Seigneurs qui puissent ac
querir ce Trésor d'Antiquité car on
ne veut point les partager , et on de
mande trois mille Louis d'or du total.
Fermer
Résumé : Giornale de Litterati d'Italia, Tomo II. [titre d'après la table]
Le 'GIORNALE DE' LETTERATI D'ITALIA' de 1710 présente diverses publications et correspondances littéraires. Lorenzo Bellini écrit à Antonio Vallisnieri pour discuter des voies de l'air dans les œufs. Plusieurs ouvrages sont mentionnés, dont un de Justi Fontanini sur les diplômes anciens et un livre intitulé 'CONSIDERAZIONI' qui répond à un ouvrage français critiquant des auteurs italiens. Le Marquis Gio: Giuseppe Orsi défend les auteurs italiens contre les critiques du Père Bouhours. Lodovico Antonio Muratori publie un ouvrage sur la poésie italienne, alimentant les débats sur le goût littéraire entre la France et l'Italie. Le texte évoque également des réflexions sur le Cavalier Marin et son influence. Plusieurs traductions et éditions de livres sont notées, notamment les 'ŒUVRES DE NICOLAS BOILEAU DESPRÉAUX' et les œuvres du Cardinal Bembe. Enfin, il est mentionné le passage en Provence d'un Italien transportant des médaillons précieux provenant de collections prestigieuses.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
583
p. 1551-1557
Lettres sérieuses et badines, &c. [titre d'après la table]
Début :
LETTRES SERIEUSES ET BADINES sur les Ouvrages des Sçavans, et sur d'autres [...]
Mots clefs :
Savants, Livre anglais, Lettre sérieuse, Langue anglaise, Pièces satiriques et ironiques, Athéisme, Images riantes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettres sérieuses et badines, &c. [titre d'après la table]
LETTRES SERIEUSES ET BADINES sur
les Ouvrages des Sçavans , et sur d'autres
Matieres. Tome 2. premiere partie .
Ecce iterum Crispinus , et est mihi sape vo
candus
Ad partes &c. .
A la Haye , chez Jean , Vanduren 1729.
Juven. Sat. IV .
II Vol
in
• ·
यं
1552 MERCURE DE FRANCE
in 12. de 267. pages , sans la Préface ,
l'avis du Libraire et la Table , &c.
Ce volume est composé de 12. Lettres ;
la 6. contient l'Extrait d'un Livre An
glois in 8. 2. volumes de prés de 600 .
pages , sous le titre d'Ouvrages mélan
gés de l'ingénieux Docteur Jean Swift.
Aprés une Epitre Dédicatoire et une Pre
face dans le goût de celles qui sont à la
tête du Comte du Tonneau , vient une
Lettre serieuse à un Lord , sur les moyens
de perfectionner la Langue Angloise .
Aprés quoy on lit cinq ou six Pieces Sa
tyriques et Ironiques , comme
Traité Histori- Theo - Phisico- Logique , sus
les grands desavantages de la connoissan
ce de soi -même : Déffense modeste du
Concubinage et de l'adultere. Panegyrique
des Nouvelistes : Le moyen de parvenir sans
Science et sans vertus : Eloge historique et
moral des Auteurs de Satyres.
sont ,
Dans ses pensées diverses , le même
Docteur dit , que si une Loi Parlemen
taire établissoit l'Athéisme , ceux qui se
donnent aujourd'hui pour Athées , fe
roient demain profession ouverte de croi
re en Dieu .
Sur le nombre ternaire , le Docteur dit
ironiquement ; »> que l'amour que les
» hommes ont pour le nombre trois , les
II.Vol. »faït
JUIN
. 1731 .
1553
39
fait agir sans qu'ils le sentent. Cet
» amour continuë t'il , a fait croire à
» Louis B.... y qu'on étoit bien quali
» fié à écrire quand on avoit ces trois
» choses , de la pauvreté , de l'impu
» dence et de la malice. Cet amour est cau
» se que l'Auteur du troisiéme Tome de
Gulliver n'a voulu pour faire ce livre
» que trois choses , du papier, de l'encre ,
» et une plume , et a réfusé d'y joindre
l'esprit et le jugement , & c.
99
Sur le point d'honneur , il rapporte
cette contestation arrivée dans la Pro
vince de Sussex. Un homme qui avoit
beaucoup d'esprit , mais qui n'entendoit
pas autrement la Logique de nos Moder
nes , se plaignoit à un d'eux d'une injus
tice qu'il en avoit reçûë . C'est assez , in
terrompit l'autre , vous êtes offensé , vous
avez de la noblesse , vous portez une épée :
je vous donnerai satisfaction demain au ma
tin en tel endroit. Ce terrible Logicien se
retira en même- tems ; après qu'il fut sorti ,
l'autre qui étoit resté avec un de ses amis,
et qui étoit demeuré tout interdit , dès
qu'il fut un peu revenu de sa premiere
surprise : Quelle brutalité , s'écria - t'il en
s'adressant à cet ami ! Ce Monsieur con
vient qu'il m'a offensé , et il me promet de
faire de son mieux pour ne offenser demain
.
II. Vol.
encore
1554 MERCURE DE FRANCE
!
encore davantage. C'est- là , selon lui , une
satisfaction qui doit me paroîttre suffisante.Fe
suis Gentilhomme, ajoûte - t'il, doncje dois re
noncer à la raison et a la Religion , et me
sacrifier à un ridicule point d'honneur. Je
porte l'épée , donc je dois m'en servir pour
faire un meurtre . J'aimerais autant qu'il me
dit : Je vous ai blessé dans votre hon
>> neur , c'est-à- dire , dans une chose que
>> vous devez estimer plus que la vie ; mais
» je suis trop honnête homme pour ne pas
»réparer le mal , autant qu'il m'est pos
» sible . Trouvez - vous donc demain en tel
» endroit avec une épée. Comme je sçai
> mieux la manier que vous , il y a grande
apparence que je vous la passerai au tra
>> vers du corps. Cependant cela ne doit
»pas faire de peine à un homme qui a de
» la naissance ; il sera toûjours vrai que
» vous m'aurez demandé satisfaction ,
» et que je vous l'aurai donnée , et c'est
» tout ce que vous pouvez exiger de vo
» tre serviteur .
و د
A l'occasion des Oeuvres diverses de
M. de la Fontaine , imprimées à la Haye,
on fait ce Portrait de cet illustre Poëte ;
il étoit spirituel , assez sçavant , naif , le
coeur bon et droit , des manieres ouver
tes , aimant les plaisirs de la table et les
rendant plus aimables par son enjouement,
II. Vol. constant
JUIN. 1731 1555
constant et genereux ami , tendre et dé
licat Amant. D'ailleurs , paresseux , dis
trait , négligeant un peu trop ses affaires
domestiques , et pensant assez mal de la
Religion , soit parce qu'à son entrée dans
le monde , il avoit été entraîné par l'e
xemple et par les plaisanteries des esprits
forts , ou parce qu'il n'avoit jamais trou
vé de ces hommes sages qui sçavent trai
ter les choses saintes avec un air de di
gnité qui les fait respecter , ou peut- être
parce qu'il craignoit le travail de l'exa
men , et la connoissance de ses devoirs.
En un mot , une certaine indolence molle
et voluptueuse étoit le fond de son carac
tere , et il n'eut que les vertus et les défauts
qui pouvoient s'accorder avec ce penchant
Favori .
Avec un tel caractere il ne pouvoit qu'é
crire naturellement et gracieusement . Il
ne couroit point après les brillans , il ne se
mettoit point en peine de chercher des pen
sées, ni de leur donner un tour nouveau ;
enfin il ne paroissoit ni affecté, ni précieux.
Ses Ouvrages étoient remplis d'images
riantes , de tendres sentimens , et d'éle
gantes naïvetez.
Quelques-unes des Pieces qui compo
sent ses Ouvrages , avoient déja paru et
les autres paroissent aujourd'hui pour la
11. Vol.
premiere
1555 MERCURE DE FRANCE
premiere fois. On trouve dans le premier
Tome cinq Poëmes , Adonis , la Capti
vité de S. Malc , le Quinquina , Philemon
et Baucis , et les filles de Minée et 85.
autres Pieces. Dans les trois autres Vo
lumes , ses Lettres en Prose et en Vers ,
son Discours à l'Académie Françoise ,
deux Comedies , Climene et l'Eunuque
l'Opera de Daphné , Astrée , Tragedie , le
Florentin , Comedie , des fragmens de Ga
lathée , Opera , Je vous prends sans vert ,
Comedie , les Amours de Psiché et de Cu
pidon et de Venus et Adonis.
>
Pour dire quelque chose de plus par
ticulier de ce naïf et ingénieux Poëte ,
donnons ici la fin d'une Epitre de sa fa
çon au Duc de Vendôme.
Sur ce je finirai ,
Vous assurant que je suis et serai ,
De votre Altesse , humble servant et Poëte ,
Qui tous honneurs et tous biens vous souhaite.
Ce mot de biens , ce n'est pas un trésor ,`
Car chacun sçait que vous méprisez l'or ;
J'en fais grand cas , aussi fait Sire Pierre ;
Et Sire Paul , enfin toute la Terre :
Toute la Terre a peut -être raison.
Si je sçavois quelque bonne Oraison ,
Pour en avoir , tant que la Paix se fasse ;
11. Vol.
Jc
JUIN.
1557 1731.
Je la dirois de la meilleure grace ,
Que j'en dis onc : grande sterilité,
Sur le Parnasse en a toûjours été.
Qu'y feroit-on ? Seigneur , Je me console
Si vers Noel l'Abbé me tient parole
Je serai Roi: le Sage l'est-il pas ?
Souhaiter l'or , est - ce l'être è ce cas
Mérite bien qu'à vous je m'en rapporte.
Je tiens la chose à résoudre un peu
forte.
les Ouvrages des Sçavans , et sur d'autres
Matieres. Tome 2. premiere partie .
Ecce iterum Crispinus , et est mihi sape vo
candus
Ad partes &c. .
A la Haye , chez Jean , Vanduren 1729.
Juven. Sat. IV .
II Vol
in
• ·
यं
1552 MERCURE DE FRANCE
in 12. de 267. pages , sans la Préface ,
l'avis du Libraire et la Table , &c.
Ce volume est composé de 12. Lettres ;
la 6. contient l'Extrait d'un Livre An
glois in 8. 2. volumes de prés de 600 .
pages , sous le titre d'Ouvrages mélan
gés de l'ingénieux Docteur Jean Swift.
Aprés une Epitre Dédicatoire et une Pre
face dans le goût de celles qui sont à la
tête du Comte du Tonneau , vient une
Lettre serieuse à un Lord , sur les moyens
de perfectionner la Langue Angloise .
Aprés quoy on lit cinq ou six Pieces Sa
tyriques et Ironiques , comme
Traité Histori- Theo - Phisico- Logique , sus
les grands desavantages de la connoissan
ce de soi -même : Déffense modeste du
Concubinage et de l'adultere. Panegyrique
des Nouvelistes : Le moyen de parvenir sans
Science et sans vertus : Eloge historique et
moral des Auteurs de Satyres.
sont ,
Dans ses pensées diverses , le même
Docteur dit , que si une Loi Parlemen
taire établissoit l'Athéisme , ceux qui se
donnent aujourd'hui pour Athées , fe
roient demain profession ouverte de croi
re en Dieu .
Sur le nombre ternaire , le Docteur dit
ironiquement ; »> que l'amour que les
» hommes ont pour le nombre trois , les
II.Vol. »faït
JUIN
. 1731 .
1553
39
fait agir sans qu'ils le sentent. Cet
» amour continuë t'il , a fait croire à
» Louis B.... y qu'on étoit bien quali
» fié à écrire quand on avoit ces trois
» choses , de la pauvreté , de l'impu
» dence et de la malice. Cet amour est cau
» se que l'Auteur du troisiéme Tome de
Gulliver n'a voulu pour faire ce livre
» que trois choses , du papier, de l'encre ,
» et une plume , et a réfusé d'y joindre
l'esprit et le jugement , & c.
99
Sur le point d'honneur , il rapporte
cette contestation arrivée dans la Pro
vince de Sussex. Un homme qui avoit
beaucoup d'esprit , mais qui n'entendoit
pas autrement la Logique de nos Moder
nes , se plaignoit à un d'eux d'une injus
tice qu'il en avoit reçûë . C'est assez , in
terrompit l'autre , vous êtes offensé , vous
avez de la noblesse , vous portez une épée :
je vous donnerai satisfaction demain au ma
tin en tel endroit. Ce terrible Logicien se
retira en même- tems ; après qu'il fut sorti ,
l'autre qui étoit resté avec un de ses amis,
et qui étoit demeuré tout interdit , dès
qu'il fut un peu revenu de sa premiere
surprise : Quelle brutalité , s'écria - t'il en
s'adressant à cet ami ! Ce Monsieur con
vient qu'il m'a offensé , et il me promet de
faire de son mieux pour ne offenser demain
.
II. Vol.
encore
1554 MERCURE DE FRANCE
!
encore davantage. C'est- là , selon lui , une
satisfaction qui doit me paroîttre suffisante.Fe
suis Gentilhomme, ajoûte - t'il, doncje dois re
noncer à la raison et a la Religion , et me
sacrifier à un ridicule point d'honneur. Je
porte l'épée , donc je dois m'en servir pour
faire un meurtre . J'aimerais autant qu'il me
dit : Je vous ai blessé dans votre hon
>> neur , c'est-à- dire , dans une chose que
>> vous devez estimer plus que la vie ; mais
» je suis trop honnête homme pour ne pas
»réparer le mal , autant qu'il m'est pos
» sible . Trouvez - vous donc demain en tel
» endroit avec une épée. Comme je sçai
> mieux la manier que vous , il y a grande
apparence que je vous la passerai au tra
>> vers du corps. Cependant cela ne doit
»pas faire de peine à un homme qui a de
» la naissance ; il sera toûjours vrai que
» vous m'aurez demandé satisfaction ,
» et que je vous l'aurai donnée , et c'est
» tout ce que vous pouvez exiger de vo
» tre serviteur .
و د
A l'occasion des Oeuvres diverses de
M. de la Fontaine , imprimées à la Haye,
on fait ce Portrait de cet illustre Poëte ;
il étoit spirituel , assez sçavant , naif , le
coeur bon et droit , des manieres ouver
tes , aimant les plaisirs de la table et les
rendant plus aimables par son enjouement,
II. Vol. constant
JUIN. 1731 1555
constant et genereux ami , tendre et dé
licat Amant. D'ailleurs , paresseux , dis
trait , négligeant un peu trop ses affaires
domestiques , et pensant assez mal de la
Religion , soit parce qu'à son entrée dans
le monde , il avoit été entraîné par l'e
xemple et par les plaisanteries des esprits
forts , ou parce qu'il n'avoit jamais trou
vé de ces hommes sages qui sçavent trai
ter les choses saintes avec un air de di
gnité qui les fait respecter , ou peut- être
parce qu'il craignoit le travail de l'exa
men , et la connoissance de ses devoirs.
En un mot , une certaine indolence molle
et voluptueuse étoit le fond de son carac
tere , et il n'eut que les vertus et les défauts
qui pouvoient s'accorder avec ce penchant
Favori .
Avec un tel caractere il ne pouvoit qu'é
crire naturellement et gracieusement . Il
ne couroit point après les brillans , il ne se
mettoit point en peine de chercher des pen
sées, ni de leur donner un tour nouveau ;
enfin il ne paroissoit ni affecté, ni précieux.
Ses Ouvrages étoient remplis d'images
riantes , de tendres sentimens , et d'éle
gantes naïvetez.
Quelques-unes des Pieces qui compo
sent ses Ouvrages , avoient déja paru et
les autres paroissent aujourd'hui pour la
11. Vol.
premiere
1555 MERCURE DE FRANCE
premiere fois. On trouve dans le premier
Tome cinq Poëmes , Adonis , la Capti
vité de S. Malc , le Quinquina , Philemon
et Baucis , et les filles de Minée et 85.
autres Pieces. Dans les trois autres Vo
lumes , ses Lettres en Prose et en Vers ,
son Discours à l'Académie Françoise ,
deux Comedies , Climene et l'Eunuque
l'Opera de Daphné , Astrée , Tragedie , le
Florentin , Comedie , des fragmens de Ga
lathée , Opera , Je vous prends sans vert ,
Comedie , les Amours de Psiché et de Cu
pidon et de Venus et Adonis.
>
Pour dire quelque chose de plus par
ticulier de ce naïf et ingénieux Poëte ,
donnons ici la fin d'une Epitre de sa fa
çon au Duc de Vendôme.
Sur ce je finirai ,
Vous assurant que je suis et serai ,
De votre Altesse , humble servant et Poëte ,
Qui tous honneurs et tous biens vous souhaite.
Ce mot de biens , ce n'est pas un trésor ,`
Car chacun sçait que vous méprisez l'or ;
J'en fais grand cas , aussi fait Sire Pierre ;
Et Sire Paul , enfin toute la Terre :
Toute la Terre a peut -être raison.
Si je sçavois quelque bonne Oraison ,
Pour en avoir , tant que la Paix se fasse ;
11. Vol.
Jc
JUIN.
1557 1731.
Je la dirois de la meilleure grace ,
Que j'en dis onc : grande sterilité,
Sur le Parnasse en a toûjours été.
Qu'y feroit-on ? Seigneur , Je me console
Si vers Noel l'Abbé me tient parole
Je serai Roi: le Sage l'est-il pas ?
Souhaiter l'or , est - ce l'être è ce cas
Mérite bien qu'à vous je m'en rapporte.
Je tiens la chose à résoudre un peu
forte.
Fermer
Résumé : Lettres sérieuses et badines, &c. [titre d'après la table]
Le document est un extrait du 'Mercure de France' publié entre 1729 et 1731, qui présente des informations sur diverses publications et auteurs. Il mentionne un ouvrage intitulé 'Lettres sérieuses et badines', publié à La Haye en 1729, composé de deux volumes et contenant 12 lettres. La sixième lettre de cet ouvrage inclut un extrait d'un livre anglais de Jonathan Swift, intitulé 'Ouvrages mélangés'. Ce livre contient des pièces satiriques et ironiques, telles qu'un 'Traité Histori-Theo-Physico-Logique' et un 'Panegyrique des Nouvelistes'. Le texte discute des opinions de Swift sur divers sujets, notamment l'athéisme et le point d'honneur. Swift ironise sur l'amour des hommes pour le nombre trois et critique les duels. Le document présente également un portrait de Jean de La Fontaine, le décrivant comme un poète spirituel, aimant les plaisirs de la table, et ayant un caractère indolent et voluptueux. Ses œuvres incluent des poèmes, des lettres, des comédies et des tragédies. Le texte se termine par un extrait d'une épître de La Fontaine adressée au Duc de Vendôme.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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584
p. 1557-1560
NOUVEAU REGLEMENT pour le Palinod de l'Université de Caën, et Avis aux Poëtes.
Début :
Les Poëtes les plus distingués se sont fait dans tous les tems un honneur d'envoyer des pieces [...]
Mots clefs :
Poètes, Ode alcaïque, Ode Iambique, Chant, Sonnet, Dizain, Ode française, Ballade
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOUVEAU REGLEMENT pour le Palinod de l'Université de Caën, et Avis aux Poëtes.
NOUVEAU REGLEMENT
pour le Palinod de l'Université de Caën ,
et Avis aux Poëtes.
›
LES
Es Poëtes les plus distingués se sont fait dans
tous les tems un honneur d'envoyer des pieces
remporter des Prix au Palinod , entr'au
tres les Marot les Corneille , les Huet , les
Duc de Saint Aignan , les Segrais , &c...
et de
>
Pour rendre cette Cérémonie plus interessante,
et pour exciter l'émulation des Poëtes qui parois
soit un peu se ralentir , l'Université vient de sta◄
tuer , le 19. Mai 1731. ) qu'à l'avenir les Prix
seront distribuez le jour même que se tient le Pa
finod , c'est- à - dire , le jour de la Conception de
la Sainte Vierge : on ne lira sur le Pui , que les
Pieces qui auront remporté les Prix , et celles qui
en auront approché ; Aussi - tôt après on fera
imprimer les Pieces couronnées , et quelques -unes
des meilleures à la suite , si elles sont jugées di
gnes de l'impression.
En consequence du même Reglement, les Poë
tes envoyeront leurs Pieces depuis le commence
II. Vol.
ment G
1558 MERCURE DE FRANCÈ
ment d'Octobre , jusqu'à la . Saint Martin , lequel
tems expiré , on n'en recevra plus pour le pro
chain Palinod. Ils les adresseront au Secretaire
de l'Université , quien donnera son récépissé , el
les seront affranchies de port , faute de quoi el
les seront mises au rebut , sans être iûes : ils ne
mettront point leur nom à leurs Pieces , mais seu
lement une Sentence et quelques chiffres , sans se
faire connoître avant le jugement , à peine de
perdre le prix ; et pour se faire connoître avant
le jugement , ils présenteront ou feront présenter
les mêmes Sentences et chiffres écrits de la même
main.
Le jour du Palinod , les Prix seront donnés
immédiatement après la lecture des Pieces , si les
Auteurs sont présens et qu'ils se fassent connoître ;
sinon ils resteront entre les mains du Secretaire
de l'Université , pour être distribués , à l'ordre de
M. le Recteur, lorsque les Auteurs seront connus.
Il y a lieu d'efperer que les Poëtes furs d'ê
tre récompenfez promptement & publique
ment , vont travailler avec une nouvelle ar
deur ; on a cru devoir ajoûter ce qui fuit en fa
veur de ceux qui ne feroient pas au fait des
ufages de cet établissement..
2
Il y a des Prix fondés pour huit sortes de Pie
ces , Epigramme Latine Chant Royal , Bal
lade , Sonner , Dizain , Ode Françoise , Ode en
Vers Alcaïques , et Ode en Vers Iambes.
Les Poëtes doivent prendre pour argument de
leurs Pieces , quelque sujet qui puisse faire al
lusion à l'Immaculée Conception de la Sainte
Vierge ; par exemple , si l'on prend pour sujet de
l'Epigramme Latine , Jonas in utero Ceri inco
lumis , l'allusion pourra être , Bellua nil vati
nocuit , nil culpa Maria
11. Vol. L'Epigramme
JUIN. 1731
T
1559
L'Epigramme Latine doit être de trente
Vers , ni plus ni moins , y compris l'allusion .
Le Chint Royal doit être de cinq Strophes ,non
comprise l'allusion , chaque Strophe est compo
sée d'onze Vers de dix syllabes ; le dernier Vers,
qui est le refrein doit être feminin ; il doit y avoir
un repos à la fin des cinquième et huitiéme Vers.
L'usage est que le cinquième Vers soit masculin ;
les sixième et septiéme feminins et de même ri
me , et tous les autres entremêléz à la volonté du
Poëte. L'allusion peut contenir une sixieme stro
phe entiere , ou du moins une derniere moitié de
Strophe , qui est de six Vers. Il n'est pas be
soin d'avertir que toutes les strophes doivent se
ressembler pour les rimes , et leur arrangement.
La Ballade est de trois strophes , non com
prise l'allusion qui doit être une quatriéme stro
phe entiere, ou du moins une moitié de strophe ;
chaque strophe est composée de 2 quatrains , dont
les Vers sont de huit syllabes ; l'usage est que les
quatre premiers soient de rimes entremêlées ,
de sorte que le premier et le quatriéme soient de
même rime, masculins ou feminins , à la volonté
du Poëte ; et les quatre derniers entremêlés , de→
sorte que le dernier , qui est le refrein , soit femi
nin, et rime avec le sixième. Toutes les strophes ,
comme l'on sçait , doivent se ressembler pour les
rimés , tant des premiers que
des seconds qua
trains.
Le Sonnet est toujours composé de grands
Vers.
Le Dizain est composé , le plus ordinaire
ment , de grands et petits Vers entremêlés.
L'Ode Françoife est de dix strophes , y com
prise l'allusion ; chaque strophe de dix Vers
de huit syllabes. On sçair assez que ce seroit un
II. Vol. G .. grand
1,60 MERCURE DE FRANCE
grand défaut , s'll ne se trouvoit pas un repos
la fin des quatrième et septiéme Vers.
L'Ode Alcaïque est de douze strophes , y com
prise l'allusion .
$
L'Ode Iambique'est de quarante- huit Vers , y
comprise l'allusion ; à l'imitation de la quatriéme
Fable du quatriéme Livre de Phedre qui com
mence par ces mots : Plus esse in uno fæpe ,
quam in turbâ boni.
Les Prix de ces Pieces, sont pour l'Epigramme ;
premier Prix,les Armes de l'Université; deuxiéme
Prix l'Anneau d'or. Chant Royal , premier Prix ,
les Armes du Fondateur ; second Prix , la Palme ;
Balade , premier Prix , les Armes du Fondateur
second Prix , l'Etoile. Sonnet , premier Prix ,
les
Armes du Fondateur ; second Prix , la branche de
Laurier. Dixain , la Plume d'argent.
Tous ces Prix font redimez par d'autres Prix
d'honnête valeur.
+
Le Prix de l'Ode Françoise est une bourse de
Jettons d'argent , celui de l'Ode Alcaïque est de
vingt livres fet celui de l'Ode lambique de même.
L'Univerfité fouhaiteroit fort que tous ces Pri
fuffent bien plus confiderables 3 poury Supplées
Autant qu'il lui fera poffible , elle n'omettra riem
de tout ce qui pourra faire honneur aux Poëte
victorieux ; & à ceux qui les auront fuivis e 2
plus prés. Ils sont très -inftamment priez d'en .
voyer leurs Pieces pour la fin d'Octobre ou a
commencement de Novembre , tant de la pr
sente année 1731. que des fuivantes
pour le Palinod de l'Université de Caën ,
et Avis aux Poëtes.
›
LES
Es Poëtes les plus distingués se sont fait dans
tous les tems un honneur d'envoyer des pieces
remporter des Prix au Palinod , entr'au
tres les Marot les Corneille , les Huet , les
Duc de Saint Aignan , les Segrais , &c...
et de
>
Pour rendre cette Cérémonie plus interessante,
et pour exciter l'émulation des Poëtes qui parois
soit un peu se ralentir , l'Université vient de sta◄
tuer , le 19. Mai 1731. ) qu'à l'avenir les Prix
seront distribuez le jour même que se tient le Pa
finod , c'est- à - dire , le jour de la Conception de
la Sainte Vierge : on ne lira sur le Pui , que les
Pieces qui auront remporté les Prix , et celles qui
en auront approché ; Aussi - tôt après on fera
imprimer les Pieces couronnées , et quelques -unes
des meilleures à la suite , si elles sont jugées di
gnes de l'impression.
En consequence du même Reglement, les Poë
tes envoyeront leurs Pieces depuis le commence
II. Vol.
ment G
1558 MERCURE DE FRANCÈ
ment d'Octobre , jusqu'à la . Saint Martin , lequel
tems expiré , on n'en recevra plus pour le pro
chain Palinod. Ils les adresseront au Secretaire
de l'Université , quien donnera son récépissé , el
les seront affranchies de port , faute de quoi el
les seront mises au rebut , sans être iûes : ils ne
mettront point leur nom à leurs Pieces , mais seu
lement une Sentence et quelques chiffres , sans se
faire connoître avant le jugement , à peine de
perdre le prix ; et pour se faire connoître avant
le jugement , ils présenteront ou feront présenter
les mêmes Sentences et chiffres écrits de la même
main.
Le jour du Palinod , les Prix seront donnés
immédiatement après la lecture des Pieces , si les
Auteurs sont présens et qu'ils se fassent connoître ;
sinon ils resteront entre les mains du Secretaire
de l'Université , pour être distribués , à l'ordre de
M. le Recteur, lorsque les Auteurs seront connus.
Il y a lieu d'efperer que les Poëtes furs d'ê
tre récompenfez promptement & publique
ment , vont travailler avec une nouvelle ar
deur ; on a cru devoir ajoûter ce qui fuit en fa
veur de ceux qui ne feroient pas au fait des
ufages de cet établissement..
2
Il y a des Prix fondés pour huit sortes de Pie
ces , Epigramme Latine Chant Royal , Bal
lade , Sonner , Dizain , Ode Françoise , Ode en
Vers Alcaïques , et Ode en Vers Iambes.
Les Poëtes doivent prendre pour argument de
leurs Pieces , quelque sujet qui puisse faire al
lusion à l'Immaculée Conception de la Sainte
Vierge ; par exemple , si l'on prend pour sujet de
l'Epigramme Latine , Jonas in utero Ceri inco
lumis , l'allusion pourra être , Bellua nil vati
nocuit , nil culpa Maria
11. Vol. L'Epigramme
JUIN. 1731
T
1559
L'Epigramme Latine doit être de trente
Vers , ni plus ni moins , y compris l'allusion .
Le Chint Royal doit être de cinq Strophes ,non
comprise l'allusion , chaque Strophe est compo
sée d'onze Vers de dix syllabes ; le dernier Vers,
qui est le refrein doit être feminin ; il doit y avoir
un repos à la fin des cinquième et huitiéme Vers.
L'usage est que le cinquième Vers soit masculin ;
les sixième et septiéme feminins et de même ri
me , et tous les autres entremêléz à la volonté du
Poëte. L'allusion peut contenir une sixieme stro
phe entiere , ou du moins une derniere moitié de
Strophe , qui est de six Vers. Il n'est pas be
soin d'avertir que toutes les strophes doivent se
ressembler pour les rimes , et leur arrangement.
La Ballade est de trois strophes , non com
prise l'allusion qui doit être une quatriéme stro
phe entiere, ou du moins une moitié de strophe ;
chaque strophe est composée de 2 quatrains , dont
les Vers sont de huit syllabes ; l'usage est que les
quatre premiers soient de rimes entremêlées ,
de sorte que le premier et le quatriéme soient de
même rime, masculins ou feminins , à la volonté
du Poëte ; et les quatre derniers entremêlés , de→
sorte que le dernier , qui est le refrein , soit femi
nin, et rime avec le sixième. Toutes les strophes ,
comme l'on sçait , doivent se ressembler pour les
rimés , tant des premiers que
des seconds qua
trains.
Le Sonnet est toujours composé de grands
Vers.
Le Dizain est composé , le plus ordinaire
ment , de grands et petits Vers entremêlés.
L'Ode Françoife est de dix strophes , y com
prise l'allusion ; chaque strophe de dix Vers
de huit syllabes. On sçair assez que ce seroit un
II. Vol. G .. grand
1,60 MERCURE DE FRANCE
grand défaut , s'll ne se trouvoit pas un repos
la fin des quatrième et septiéme Vers.
L'Ode Alcaïque est de douze strophes , y com
prise l'allusion .
$
L'Ode Iambique'est de quarante- huit Vers , y
comprise l'allusion ; à l'imitation de la quatriéme
Fable du quatriéme Livre de Phedre qui com
mence par ces mots : Plus esse in uno fæpe ,
quam in turbâ boni.
Les Prix de ces Pieces, sont pour l'Epigramme ;
premier Prix,les Armes de l'Université; deuxiéme
Prix l'Anneau d'or. Chant Royal , premier Prix ,
les Armes du Fondateur ; second Prix , la Palme ;
Balade , premier Prix , les Armes du Fondateur
second Prix , l'Etoile. Sonnet , premier Prix ,
les
Armes du Fondateur ; second Prix , la branche de
Laurier. Dixain , la Plume d'argent.
Tous ces Prix font redimez par d'autres Prix
d'honnête valeur.
+
Le Prix de l'Ode Françoise est une bourse de
Jettons d'argent , celui de l'Ode Alcaïque est de
vingt livres fet celui de l'Ode lambique de même.
L'Univerfité fouhaiteroit fort que tous ces Pri
fuffent bien plus confiderables 3 poury Supplées
Autant qu'il lui fera poffible , elle n'omettra riem
de tout ce qui pourra faire honneur aux Poëte
victorieux ; & à ceux qui les auront fuivis e 2
plus prés. Ils sont très -inftamment priez d'en .
voyer leurs Pieces pour la fin d'Octobre ou a
commencement de Novembre , tant de la pr
sente année 1731. que des fuivantes
Fermer
Résumé : NOUVEAU REGLEMENT pour le Palinod de l'Université de Caën, et Avis aux Poëtes.
Le nouveau règlement du Palinod de l'Université de Caen, promulgué le 19 mai 1731, a pour objectif de rendre la cérémonie plus attrayante et de stimuler la compétition entre les poètes. Les prix seront désormais attribués le jour de la Conception de la Sainte Vierge. Seules les œuvres primées et celles ayant approché du prix seront lues lors de la cérémonie. Les poètes doivent soumettre leurs œuvres entre le début du mois d'octobre et la Saint-Martin, sans indiquer leur nom. Pour l'identification, ils doivent utiliser une sentence et des chiffres. Les prix seront remis immédiatement après la lecture si les auteurs sont présents, sinon ils seront conservés par le secrétaire de l'Université. Le règlement spécifie les types de pièces acceptées : épigramme latine, chant royal, ballade, sonnet, dizain, ode française, ode en vers alcaïques et ode en vers iambiques. Chaque type de pièce a des règles spécifiques concernant la structure et le contenu, notamment une allusion obligatoire à l'Immaculée Conception de la Sainte Vierge. Les prix varient en fonction du type de pièce, allant des armes de l'Université à des bourses de jetons d'argent. L'Université espère que ces mesures inciteront les poètes à participer avec plus d'enthousiasme.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
585
p. 1568-1575
Les Fêtes Venitiennes, Balet, [titre d'après la table]
Début :
Le Balet des Fêtes Venitiennes, dont nous avons déja parlé dans le premier [...]
Mots clefs :
Opéra, Ballet, Carnaval
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Fêtes Venitiennes, Balet, [titre d'après la table]
LE
E Balet des Fêtes Venitiennes , dont
nous avons déja parlé dans le premier
volume du Mercure de ce mois , est tou
jours extrémement goûté du Public. Au
Prologue , le Théatre représente le Port
de Venise. Le Carnaval y paroît au mi
lieu d'une troupe de Masques . Il annon
ce le sujet par ces Vers :
L'éclat de ce séjour , tranquile au sein des Mers ,,
Attire cent Peuples divers ,
Charmez de sa magnificence :
Mais il n'est jamais plus pompeux
Que lorsque les Ris et les Jeux ,
Sy rassemblent par ma presence , &c.
La Folie vient se joindre au Carnaval
pour rendre la Fête plus vive , elle s'ex
prime ainsi :.
O
Accourez , hâtez-vous ;
Goutez les charmes de la vie ;
II..Vol. Je
. ا
r539
JUIN 1732:
Je les dispense tous :
Il n'en est point sans la Folie.
La Suite de la Folie se joint à celle du
Carnaval ; elles composent le. Balet- du
Prologue..
Dans la premiere Entrée qui a pour
titre les Devins de la Place de S. Marc
le Théatre représente cette Place . Zelie,
jeune Vénitienne , masquée en Bohemien
ne , veut apprendre à la faveur de ce
déguisement , si Leandre , Cavalier Fran
çois , ne lui fait point d'infidelité ; elle
se retire voyant approcher Léandre , et
fait connoître son dessein par ces Vers :
>
C'est lui qui vient , pour le surprendre,,
Je veux l'observer et l'entendre.
Léandre expose son caractere par ces
Vers :
Amour , favorise mes voeux;
Ne sois point offensé si mon coeur est vol age ;
Prendre souvent de nouveaux noeuds ,
C'est te rendre souvent hommage.
Zelie vient parler à Léandre sous le
masque , et lui dit en dansant avec un
Tambour de Basque :
Jeune Etranger, veux-tu sçavoir,
II. Vol..
Ta
1570 MERCURE DE FRANCE
Ta bonne ou mauvaise fortune ?
Ma science n'est point commune ,
Dans le grand Art de tout prévoir.
Leandre n'ajoute d'abord point de fot
à la prétendue science de la fausse Bohé
mienne ; mais il commence à la croire
après avoir entendu ces Vers :
Que voy-je dans ces lieux ?
A combien de Beautez tu promets tą tendresse !
Tu sçais parler d'amour , tu l'exprime des mieux,
Sans que d'un trait constant jamais ce Dieu te
blesse.
" Il lui repond :
Il est vrai je suis infidele ;
Par tout ce qui me plaît je me sens arrêté ;
Le coeur ne fut jamais le tribut d'une Belle
C'est le tribut de la Beauté.
Zelie le quitte après lui avoir dit
Ecoute , par mon Art ce que je vais prédire :
Aujourd'hui dans nos Jeux ,
Tu verras l'objet de tes voeux ;
Lui-même aura soin de t'instruire ,"
Du succès de tes feux.
Les Devins et les Bohémiennes de la
II. Vol.
Place
A
JUIN. 1731. 7575
Place de S. Marc , font le divertissement
de cette premiere Entrée ; Zelie vient se
faire connoître à Leandre , et fait le dé
noüement par ces deux Vers :
Tu m'offrois de dangereux liens ,
Je sçais tes sentimens , tu peux juger des miens.
Dans la deuxième Entrée , intitulée l'A
mourSaltinbanque , Filindo , Chef des Sal
tinbanques , promet son secours à Eraste ,
jeune François habillé à la Venitienne et
amoureux de Leonore ; il lui dit que cette
Belle vient souvent voir leurs Jeux , et
qu'à la faveur de la foule des Spectateurs
qu'ils attirent , il pourra lui parler de
son amour.
Eraste se retire voyant paroître Leono
re suivie de Nerine , sa Surveillante ; Ne
rine ne cesse point d'exhorter l'aimable
Venitienne dont la garde lui est commise,
à se défendre des pieges de tous les Amans;
elle lui témoigne sur tout sa défiance sur
un jeune François ; Leonore lui répond
ingenûment , que sans ces remontran
ces , hors de saison , elle ne se seroit peut
être jamais apperçuë ni du merite ni de
l'amour de ce François.
Une troupe de Saltinbanques arrive ; on
apperçoit un Char qui s'entr'ouvre et qui
II. Vol. se
572 MERCURE DE FRANCE
se présente en forme de Théatre. L'Amout
y paroît avec tous les ornemens d'un Sal
tinbanque , il n'est caracterisé que par unt
Arc qu'il tient dans sa main ; les Plaisirs et
l'ès Jeux sont autour de lui sous des figu
res comiques , et composent le Balet .
Filindo et les Choeurs annoncent la
Fête par ces Vers :
Hâtez-vous , accourez , volez de toutes parts ☀
Nous vous amenons de Cythere ,
"
Ce qui peut charmer vos regards ;
Notre soin vous est necessaire :
Hâtez-vous , accourez , volez de toutes parts.
L'Amour expose less sujets de sa venuë
par ces Vers :
Venez tous , venez faire emplette ;
Je vends le secret d'être heureux :
Je fais dispenser ma recette ,
Par les Plaisirs et par les Jeux , &c. ·
A la faveur de la Fête , Eraste s'appro
che de Leonore , et lui parle malgré tous
les soins de sa Surveillante ; elle les sur
prend enfin ; Eraste la met dins leurs in
terêts par ces paroles :
Ne contraint plus nos feux ;"
Gesse de nous être contraire ; .
LI Vol. Obres
JUIN.
3573 1731.
Obtenons l'aveu de son Pere ;
Espere tout de moi si je deviens heureux .
&
La troisiéme Entrée de cet Opera Balet
est appellée le Bal. La Scene est dans un
Palais de Venise ; le Théatre représente
un lieu préparé pour un Bal.
Alamir , Prince Polonois , amoureux
d'une jeune Venitienne , ne veut passer,
auprès d'elle que pour un simple Gentil
homme pour gouter le doux plaisir de
s'en faire aimer sans emprunter le se
cours d'un rang illustre ; Themir , son
Confident , qu'il fait passer pour son
Maître , lui dit qu'il est temps de se
donner pour ce qu'il est en effet , puisque
sa chere Iphise l'aime , tout simple Gen
tilhomme qu'elle le croit , tandis que lui
Thémir , prétendu Prince , ne s'attire pas
le moindre regard favorable ; il finit cette
premiere Scene par ces Vers qui annon
cent la Fête:
Par vos ordres exprès je donne un Bal pompeux;
Deux Maîtres renommez , qu'à vû naître là:
France ,
Doivent en préparer et les chants et la danse :
Vous y verrez l'objet de vos plus tendres voeux..?
Alamir lui répond :
Tu sçais par quel moyen tu me feras connoître
11. Vol.
-Les
1574 MERCURE DE FRANCE
Les Ordonnateurs du Bal étalent aux
yeux du Prince , à l'envi l'un de l'autre ,
tout ce que leur Art a de plus brillant.
Tout ce que chante le Maître de Musique
est une fine Critique dont on reconnoît
les objets. Cette Scene est suivie d'une au
tre , dans laquelle Alamir conseille à sa
chere Iphise d'aimer son prétendu Rival,
qui la veut placer dans un rang glorieux,
au lieu qu'il n'a à lui offrir que son amour
et sa constance ; cette charmante Scene
finit par ce bout de Dialogue.:
Ah ! j'ai perdu votre tendresse ;
Ce vain discours est une adresse ,
Qui cache un changement fatal :
Non , il n'est pas possible ,
Qu'un Amant bien sensible ,
Parle pour son Rival.
Alamir.
Aimez un Prince , aimez ....
Iphise.
Tu le veux donc , perfide ?
Alamir.
Si vous ne l'aimez pas , je ne puis être heureux.
Iphise.
C'en est fait , je suivrai le transport qui me guide;
5
1.1. Vol. Pour
JUIN. 1731. 1575
"
Pour me vanger de toi , j'approuverai ses feux ;
Mon juste désespoir ... je le voi qui s'avance ;
Ingrat , je t'aime encor malgré ton inconstance.
L'arrivée du Prince prétendu , qui fait
connoître Alamir pour le veritable , dé
noiie agréablement l'action ; le Bal qui
survient , finit cette derniere Entrée ,
dont les applaudissemens redoublez mar
quent le plaisir qu'elle fait.
On a appris de Naples , que le 27. du
mois dernier , on y représenta pour la
premiere fois le nouvel Opera d'Argene ,
qui fut generalement applaudi et honoré
de la présence du Chevalier de S. George
et de la principale Noblesse de la Ville.
E Balet des Fêtes Venitiennes , dont
nous avons déja parlé dans le premier
volume du Mercure de ce mois , est tou
jours extrémement goûté du Public. Au
Prologue , le Théatre représente le Port
de Venise. Le Carnaval y paroît au mi
lieu d'une troupe de Masques . Il annon
ce le sujet par ces Vers :
L'éclat de ce séjour , tranquile au sein des Mers ,,
Attire cent Peuples divers ,
Charmez de sa magnificence :
Mais il n'est jamais plus pompeux
Que lorsque les Ris et les Jeux ,
Sy rassemblent par ma presence , &c.
La Folie vient se joindre au Carnaval
pour rendre la Fête plus vive , elle s'ex
prime ainsi :.
O
Accourez , hâtez-vous ;
Goutez les charmes de la vie ;
II..Vol. Je
. ا
r539
JUIN 1732:
Je les dispense tous :
Il n'en est point sans la Folie.
La Suite de la Folie se joint à celle du
Carnaval ; elles composent le. Balet- du
Prologue..
Dans la premiere Entrée qui a pour
titre les Devins de la Place de S. Marc
le Théatre représente cette Place . Zelie,
jeune Vénitienne , masquée en Bohemien
ne , veut apprendre à la faveur de ce
déguisement , si Leandre , Cavalier Fran
çois , ne lui fait point d'infidelité ; elle
se retire voyant approcher Léandre , et
fait connoître son dessein par ces Vers :
>
C'est lui qui vient , pour le surprendre,,
Je veux l'observer et l'entendre.
Léandre expose son caractere par ces
Vers :
Amour , favorise mes voeux;
Ne sois point offensé si mon coeur est vol age ;
Prendre souvent de nouveaux noeuds ,
C'est te rendre souvent hommage.
Zelie vient parler à Léandre sous le
masque , et lui dit en dansant avec un
Tambour de Basque :
Jeune Etranger, veux-tu sçavoir,
II. Vol..
Ta
1570 MERCURE DE FRANCE
Ta bonne ou mauvaise fortune ?
Ma science n'est point commune ,
Dans le grand Art de tout prévoir.
Leandre n'ajoute d'abord point de fot
à la prétendue science de la fausse Bohé
mienne ; mais il commence à la croire
après avoir entendu ces Vers :
Que voy-je dans ces lieux ?
A combien de Beautez tu promets tą tendresse !
Tu sçais parler d'amour , tu l'exprime des mieux,
Sans que d'un trait constant jamais ce Dieu te
blesse.
" Il lui repond :
Il est vrai je suis infidele ;
Par tout ce qui me plaît je me sens arrêté ;
Le coeur ne fut jamais le tribut d'une Belle
C'est le tribut de la Beauté.
Zelie le quitte après lui avoir dit
Ecoute , par mon Art ce que je vais prédire :
Aujourd'hui dans nos Jeux ,
Tu verras l'objet de tes voeux ;
Lui-même aura soin de t'instruire ,"
Du succès de tes feux.
Les Devins et les Bohémiennes de la
II. Vol.
Place
A
JUIN. 1731. 7575
Place de S. Marc , font le divertissement
de cette premiere Entrée ; Zelie vient se
faire connoître à Leandre , et fait le dé
noüement par ces deux Vers :
Tu m'offrois de dangereux liens ,
Je sçais tes sentimens , tu peux juger des miens.
Dans la deuxième Entrée , intitulée l'A
mourSaltinbanque , Filindo , Chef des Sal
tinbanques , promet son secours à Eraste ,
jeune François habillé à la Venitienne et
amoureux de Leonore ; il lui dit que cette
Belle vient souvent voir leurs Jeux , et
qu'à la faveur de la foule des Spectateurs
qu'ils attirent , il pourra lui parler de
son amour.
Eraste se retire voyant paroître Leono
re suivie de Nerine , sa Surveillante ; Ne
rine ne cesse point d'exhorter l'aimable
Venitienne dont la garde lui est commise,
à se défendre des pieges de tous les Amans;
elle lui témoigne sur tout sa défiance sur
un jeune François ; Leonore lui répond
ingenûment , que sans ces remontran
ces , hors de saison , elle ne se seroit peut
être jamais apperçuë ni du merite ni de
l'amour de ce François.
Une troupe de Saltinbanques arrive ; on
apperçoit un Char qui s'entr'ouvre et qui
II. Vol. se
572 MERCURE DE FRANCE
se présente en forme de Théatre. L'Amout
y paroît avec tous les ornemens d'un Sal
tinbanque , il n'est caracterisé que par unt
Arc qu'il tient dans sa main ; les Plaisirs et
l'ès Jeux sont autour de lui sous des figu
res comiques , et composent le Balet .
Filindo et les Choeurs annoncent la
Fête par ces Vers :
Hâtez-vous , accourez , volez de toutes parts ☀
Nous vous amenons de Cythere ,
"
Ce qui peut charmer vos regards ;
Notre soin vous est necessaire :
Hâtez-vous , accourez , volez de toutes parts.
L'Amour expose less sujets de sa venuë
par ces Vers :
Venez tous , venez faire emplette ;
Je vends le secret d'être heureux :
Je fais dispenser ma recette ,
Par les Plaisirs et par les Jeux , &c. ·
A la faveur de la Fête , Eraste s'appro
che de Leonore , et lui parle malgré tous
les soins de sa Surveillante ; elle les sur
prend enfin ; Eraste la met dins leurs in
terêts par ces paroles :
Ne contraint plus nos feux ;"
Gesse de nous être contraire ; .
LI Vol. Obres
JUIN.
3573 1731.
Obtenons l'aveu de son Pere ;
Espere tout de moi si je deviens heureux .
&
La troisiéme Entrée de cet Opera Balet
est appellée le Bal. La Scene est dans un
Palais de Venise ; le Théatre représente
un lieu préparé pour un Bal.
Alamir , Prince Polonois , amoureux
d'une jeune Venitienne , ne veut passer,
auprès d'elle que pour un simple Gentil
homme pour gouter le doux plaisir de
s'en faire aimer sans emprunter le se
cours d'un rang illustre ; Themir , son
Confident , qu'il fait passer pour son
Maître , lui dit qu'il est temps de se
donner pour ce qu'il est en effet , puisque
sa chere Iphise l'aime , tout simple Gen
tilhomme qu'elle le croit , tandis que lui
Thémir , prétendu Prince , ne s'attire pas
le moindre regard favorable ; il finit cette
premiere Scene par ces Vers qui annon
cent la Fête:
Par vos ordres exprès je donne un Bal pompeux;
Deux Maîtres renommez , qu'à vû naître là:
France ,
Doivent en préparer et les chants et la danse :
Vous y verrez l'objet de vos plus tendres voeux..?
Alamir lui répond :
Tu sçais par quel moyen tu me feras connoître
11. Vol.
-Les
1574 MERCURE DE FRANCE
Les Ordonnateurs du Bal étalent aux
yeux du Prince , à l'envi l'un de l'autre ,
tout ce que leur Art a de plus brillant.
Tout ce que chante le Maître de Musique
est une fine Critique dont on reconnoît
les objets. Cette Scene est suivie d'une au
tre , dans laquelle Alamir conseille à sa
chere Iphise d'aimer son prétendu Rival,
qui la veut placer dans un rang glorieux,
au lieu qu'il n'a à lui offrir que son amour
et sa constance ; cette charmante Scene
finit par ce bout de Dialogue.:
Ah ! j'ai perdu votre tendresse ;
Ce vain discours est une adresse ,
Qui cache un changement fatal :
Non , il n'est pas possible ,
Qu'un Amant bien sensible ,
Parle pour son Rival.
Alamir.
Aimez un Prince , aimez ....
Iphise.
Tu le veux donc , perfide ?
Alamir.
Si vous ne l'aimez pas , je ne puis être heureux.
Iphise.
C'en est fait , je suivrai le transport qui me guide;
5
1.1. Vol. Pour
JUIN. 1731. 1575
"
Pour me vanger de toi , j'approuverai ses feux ;
Mon juste désespoir ... je le voi qui s'avance ;
Ingrat , je t'aime encor malgré ton inconstance.
L'arrivée du Prince prétendu , qui fait
connoître Alamir pour le veritable , dé
noiie agréablement l'action ; le Bal qui
survient , finit cette derniere Entrée ,
dont les applaudissemens redoublez mar
quent le plaisir qu'elle fait.
On a appris de Naples , que le 27. du
mois dernier , on y représenta pour la
premiere fois le nouvel Opera d'Argene ,
qui fut generalement applaudi et honoré
de la présence du Chevalier de S. George
et de la principale Noblesse de la Ville.
Fermer
Résumé : Les Fêtes Venitiennes, Balet, [titre d'après la table]
Le ballet des Fêtes Vénitiennes est un spectacle très apprécié du public. Le prologue se déroule au port de Venise, où les personnages du Carnaval et de la Folie annoncent le début de la fête. La première entrée, intitulée 'Les Devins de la Place de S. Marc', met en scène Zelie, une jeune Vénitienne déguisée en bohémienne. Zelie surveille son amant Leandre et découvre son infidélité. Elle se révèle alors à lui. La deuxième entrée, 'L'Amour Saltinbanque', présente Eraste, un jeune Français amoureux de Leonore. Avec l'aide de Filindo, chef des saltimbanques, Eraste parvient à parler à Leonore malgré la surveillance de Nerine. La troisième entrée, 'Le Bal', se déroule dans un palais vénitien. Alamir, un prince polonais amoureux d'Iphise, se fait passer pour un simple gentilhomme. Thémir, son confident, lui conseille de révéler son véritable rang. Alamir finit par avouer son amour à Iphise, qui accepte finalement de l'aimer. Le ballet se conclut par un bal et des applaudissements. Par ailleurs, le texte mentionne la représentation à Naples de l'opéra d'Argene, acclamé par le public et la noblesse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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586
p. 1575-1597
Le Faux Sincere, Comédie Nouvelle, Extrait, [titre d'après la table]
Début :
Le 16. de ce mois, les Comédiens François donnerent la premiere représentation [...]
Mots clefs :
Comédie, Auteur, Caractères, Chevalier, Charles Dufresny, Marquise
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texteReconnaissance textuelle : Le Faux Sincere, Comédie Nouvelle, Extrait, [titre d'après la table]
Le 16. de ce mois , les Comédiens Fran
çois donnerent la premiere représentation
du Faux Sincere , Comedie , en Vers et
en cinq Actes , de feu M. Dufresni , Au
teur très-connu par quantité de bons et
de singuliers Ouvrages . Celui -cy est tous
les jours plus gouté et plus applaudi par
la maniere originale , naïve et précise avec
laquelle les caracteres sont exprimez , er
par les traits saillants et inattendus dont
la Piece est semée. Nous allons tâcher de
mettre le Lecteur en état d'en juger.
II. Vol. L'Au
1576 MERCURE DE FRANCE
L'Auteur ne s'est attaché dans le prez.
mier Acte , qu'à exposer la situation pré
sente des Acteurs qu'il veut faire agir ,
il y donne aussi une idée des Caracteres ,
&c. Madame Argante a deux filles , An
gelique est l'ainée , et Marianne , la cadet
te ; Angelique ne faisant que de sortir du
Convent , a vû un jeune homme , soir
disant le Chevalier Valere , et c'est le
Heros de la Piece , à sçavoir le Faux Sin
cere. Marianne , qui a été long- tems chez
une de ses parentes , aime Dorante ; Mada
me Argante , prévenuë en faveur du Che
valier , vient dire à ses deux filles , qu'elle
a fait un projet de mariage ; elle veut don
ner Angelique à M. Franchard , à qui Ma
rianne avoit été promise autrefois et Ange
lique au Chevalier Valere . Ce M. Fran
chard est un riche Négociant , dont l'hu
meur franche contraste parfaitement avec
celle du Chevalier ; Madame Argante a
résolu de donner Angelique au Cheva
Tier Valere ; par-là Angelique est aussi sa
tisfaite que Marianne est mécontente.
Pour ce qui concerne les caracteres ,
Voici ce que Dorante ,Amant deMarianne,
dit du Chevalier Valere dès la premiere
Scene :
Cet homme me chagrine" ;
II. Vol. Je
JUIN.
17318 577
Je connois votre mere ; il prendra son esprit,
Il est très-dangereux. Hier il me surprit ;
Voulant lier , dit - il , avec moi connoissance ,
Il exige d'abord entiere confidence ;
Il me dit ses deffauts , et ceux qu'il trouve en moi.
Mais il les adoucit , et dans l'instant je voi ,
Que par le même tour il me blâme et me loue ,'
Qu'en blâmant avec art , habilement il joüe ,
Sous le jeu d'un Censeur , celui d'un complaisant;
Il n'est point flatteur , non , c'est un ton diffe
rent ;
Il paroît s'échapper par des traits véridiques ;
Mais chaque mot le mene à ses fins politiques :
Quand il vous trouve en garde il se découvre
un peu ,
Pour vous faire avancer et se donner beau jeu :
Profitant de l'amour qu'on a pour la franchise ,
Fait parade du vrai qu'il farde et qu'il déguise ;
Faux , même en disant vrai ; faux sincere ...
Il semble que M. du Fresni , ait craint
qu'on ne confondit le caractere qu'il
alloit traiter , avec celui du Flatteur , ou
du Tartuffe il en a justifié jusqu'au nom
voici ce que Dorante ajoute :
;
Caractere de coeur : j'entends par faux sincere ,
Celui qui sçait piper par la sincerité ,
Comme un fin courtisan fait par la probité ;
Il. Vol
Qui
1578 MERCURE DE FRANCE
Qui dit vrais trente fois , pour pouvoir mentir
une
Dans une occasion qui fasse sa fortune ;
Hipocrite en franchise est a peu prés le mot ;
Pourquoy pas faux sincere ? on dit bien faux
devot.
t Pour ce qui regarde le caractére con
trastant qui est celui de M. Franchard ,
l'Auteur le fait exposer en peu de mots
par le Chevalier Valere , parlant à une
Marquise qu'il feint d'aimer :
Vous me voyez charmé de ce bon commerçant ;
Il semble en arrivant ici de Picardie ,
Ramener à Paris la probité bannie.
De son accueil gaulois la liberté vous rit >
Sa cordialité qui lui tient lieu d'esprit
९
Ravit , enchante , au moins moy , qui toûjours
préfere ,
A tout l'esprit du monde un trait naif , sincere.
Sa candeur rend pour moi ses discours élog
• quents ?
Sur son visage ouvert on lit ses sentimens ;
Au premier entretien tout son coeur se déploye,&c.
La Marquise est une veuve qui se croit
aimée de ce faux Sincere. Elle n'est pas
encore riche , mais elle attend une suc
cession de cent mille écus , qui est dépo
II. Vol. sée
NCE
1579
JUI
N.
1731
.
H
sée entre les mains de M. Franchard.
Le Chevalier n'en sçait rien , et c'est par
le conseil de Laurette , sa Suivante , que
la Marquise lui en a fait mistere ; voici le
motif de Laurette :
Il faut de son amour une preuve certaine.
Des Indes il vous vient cent mille écus d'aubaine;
Cette succession arrivant en secret ,
Vous m'aidez , j'en conviens , à suivre le projet
Que j'ai conçu d'avoir aujourd'hui quelque
preuve ,
S'il aime en vous , Madame , ou l'argent , ou la
veuve.
Il ne reste plus dans ce premier Acte
qu'à faire connoître aux Spectateurs la
qualité et le coeur du Chevalier : voici
par où il finit l'Acte lui- même , en par
lant du Contrat que la Marquise lui a
proposé.
Je ne veux pas encor presser la signature ;
Ce n'est qu'un pis aller depuis mon avanture]
La Marquise m'a dit qu'elle a trés- peu de bien
Chez ce riche Marchand venant chercher le
mien ,
Quel bonheur d'y trouver une riche alliance !
Pourquoy cachois- je ici mon nom et ma nais
sance ?
* II. Vol.
Rapin
580 MERCURE
DE FRANCE
1
Rapin, fils d'un Marchand,pour eux eût été bong
Mais avec la Marquise ayant pris un beau nom
Sur celui de Rapin il a fallu me taire &C.
On voit par ces differentes expositions
que la Piece sera trés implexe ; nous
n'oublierons rien pour y mettre de la
clarté .
፡
Un Caissier du Banquier Franchard ,
ouvre la Scene du II. Acte , avec un
nouveau Rapin , Cousin du faux Valere,
On auroit souhaitté que ce dernier en
eut parlé à la fin du premier Acte. Ce
second Rapin apprend du Caissier ,
qu'un certain Chevalier Valere , se dit
Agent de Rapin ce qui oblige le nou
veau Rapin à faire arrêt sur la somme ;
le Caissier n'en est point fâché et se re
tire.
Laurette reconnoit Rapin , qu'elle a
vû autrefois à Rouen ; Rapin aprés avoir
quelque temps nié à Laurette qu'il soit
l'ancien ami dont elle lui parle , lui
avoue enfin qu'il est Rapin , et qu'il
vient d'apprendre qu'un certain Cheva
lier Valere , se donne pour son Agent
aux yeux de M. Franchard , pour lui en
lever sa succession ; il prend le parti de
cacher son nom et de prendre celui de
Valere on convient que l'Auteur a assés
11. Vel biea
JUIN. 1731. 1581
1
bien motivé l'incognito par ces deux
vers :
Ouy , courons nous parer : dans le siécle où nous
sommes ›
La parure du moins aide à parler aux hommes,
Mais on ne comprend point , pour
quoi le nouveau Rapin veut passer pour
un second Valere ; et l'on en conclut que
ce Valere doublé est plutot parti du cer
veau de l'Auteur que du fond du Sujet.
Laurette et Rapin s'étant retirés , le
Chevalier Valere , ou pour mieux dire ,
le Faux Sincere vient. A peine a-t'il dit
quelques mots qui ne font rien à la Piece,
qu'on voit paroître Madame Argante .
Valere , pour faire parade de sincerité ,
feint d'être fâché contre Madame Argan
te , de ce qu'elle l'a loüé sans cesse ; il lui
dit d'un ton d'homme mécontent :
Je m'en plains , et voici là -dessus mes scrupules ,
Que gens moins délicats trouveront ridicules ;
Je blâme tout ami qui me flatte d'abord ,
Et dit que j'ai raison sans sçavoir si j'ai tort ;
Qui prend trop mon parti contre la médisance ;
En me justifiant sans m'entendre, il m'offense ;
Car je ne veux point être innocent par faveur ;
Je veux que la raison me juge , et non le coeur :
II. Vol. Je H
1582 MERCURE DE FRANCE
Je veux qu'on se défie , et qu'on approfondisse ;
Ensuite , quel plaisir quand on me rend justice !
3
Aprés quelques autres traits de fausse
sincerité , Valere dit à Madame Argante
de parler d'affaire : elle lui confirme la
promesse qu'elle lui a déja faite de lui
donner Marianne; le Chevalier lui témoi
gne quelque crainte sur le choix que
M. Franchard en a fait pour lui - même ;
elle le rassure , par l'humeur de M.
Franchard qui n'y regarde pas de si prés ,
et qui se tourne facilement à tout ce
qu'on veut. M. Franchard confirme bien
tôt au Chevalier ce que Madame Argan
te lui a dit de son humeur ; car sur la
demande que Valere lui fait des vûës
qu'il peut avoir pour Marianne ; il lui ré
pond franchement ;
Pour elle je n'ai point eu de vûë autrement ;
Si ce n'est que je veux l'épouser seulement,
Mais , lui dit le Chevalier; vous aimez
aussi son aînée ; M. Franchard lui répond
avec la même franchise :
Ouy , je l'aime ,
Et d'abord je voulois l'épouser tout de même ;
Pas tant pourtant; je vais expliquer tout cela &e,
I
IL Vel
En
JUIN.:
1583 1731 .
En un mot comme en cent de ces deux Filles- ci ,
L'une est ce qui me faut ; mais l'autre l'est aussi,
Il conclut enfin par vouloir épouser
Marianne, ce qui oblige Valere à rabbat
tre sur Angelique en sage politique.
Madame Argante lui amene Marianne ,
qu'Angelique suit , non par simple curio
sité , comme dit sa mère , mais par le
tendre interêt qui l'attache au Cheva
lier.
Valere est fort embarrassé sur ce que
Madame Argante attend de lui, en faveur
de Marianne , pour qui M. Franchard
vient de se déclarer ; le compliment qu'il
fait à Marianne est si froid qu'elle en est
vivement picquée ; elle lui declare qu'elle
lui sera contraire , le Chevalier s'en con
sole par l'esperance d'obtenir Angelique ,
à qui il donne la préference. Madame
Argante n'est point fachée de ce change
ment , parceque cette derniere lui ressem
ble aussi bien que Marianne . Elle sort avec
le Chevalier et Angelique , pour aller
faire dresser le Contrat , et dit à Marianne
de prendre patience avec M. Franchard
qui la doit épouser . Marianne se détermi
ne à se venger du compliment injurieux
que le Chevalier vient de lui faire , et
II. Vol. Hij quol
584 MERCURE DE FRANCE
quoiqu'elle aime Dorante , elle ne laisse
pas de supporter impatiemment qu'on
ait préferé sa soeur à elle. Laurette veut
la consoler de ce chagrin par la promesse
de se venger du Chevalier , fondée sur les
découvertes qu'elle a faites .
Le III. Acte a paru le plus beau de la
Piece. Dorante et Marianne le commen
cent. Ils se flattent de faire tomber le
masque aux Faux- Sincere , en le mettant
aux prises avec la Marquise et avec An
gelique , toutes deux mécontentes de lui ;
mais avant que d'entrer dans cette Scene
d'où il se tire avec toute l'adresse pos
sible , il n'est pas hors de propos d'exami
ner un point que quelques connoisseurs
ont remarqué , et dont l'Auteur semble
avoir voulu prévenir la critique. Quel
interêt, a- t'on dit , peuvent avoir Doran
te et Marianne à confondre le Faux - Sin
cere ? il n'en veut plus à Marianne ; ainsi
il ne tiendra pas à lui qu'elle ne soit ma
riée avec Dorante ; les voilà donc tous
deux hors d'interest du côté du Chevalier;
Dorante n'a plus d'autre Rival
que M.
Franchart; et en démasquant le Faux - Sin
cere , il n'empêchera pas que ce bon com
merçant ne lui enléve sa Maitresse . Il
ya apparence que M. du Fresni a prévû
L'objection , puisqu'il la met dans la bou
1 1. Vol . che
JUIN. 1731. 1584
che du Chevalier ; voici comment il le
fait parler à Dorante et à Marianne :
#
Pourquoi sur nos desseins ne nous pas concerter
Quand nous n'avons ici rien à nous disputer !
A Dorante.
Sommes- nous Rivaux ? non , nous n'aimons pas
la même ;
J'aime , je suis aimé , vous aimez , on vous aime ;
Monsieur Franchard pourroit par accomode
ment
Aux Pupilles laisser , chacune son- Amant ;
Mais de gayeté de coeur vous voulez me détruire.
Voilà donc , par l'aveu même de l'Au
teur , deux Amants qui ne vont pas à
leur fin ; ils agissent donc par tout autre
motif que celui de leur amour. L'Ob
jection est assés forte ; mais peut-être
ne l'auroit-on pas faite si l'Auteur n'eut
pris soin lui-même d'en faire la premiere
ouverture ; d'ailleurs on peut y répondre
pour lui , en disant que la haine que Do
rante et Marianne ont conçue contre le
Faux-Sincere est la plus forte en eux ;
que leur but principal est de le confon
dre , et que l'aveu sincere qu'il semble
leur faire , couvre quelque piege darts
LI. Vol.
Hij lequel
1586 MERCURE DE FRANCE
lequel il veut les faire donner ; en effet ,
quand il leur dit :
Voyons ; concertons- nous sur cent moyens fa
ciles ;
Entrons dans les détails :.+3
--Dorante lui répond :
Détails trés-inutiles.
Marianne dit quelque chose de plus :
Vous le sçavez trop bien ; mais vôtre intention
C'est d'échauffer d'abord la conversation ,
Afin
que , parlant trop à l'envi l'un de l'autre ,
Nous cachant vos secrets vous démêliez le
nôtre.
Un interêt plus fort justifie Marianne
dans cette occasion ; le Chevalier lui a
préferé sa soeur , et ces sortes d'outrages
ne se pardonnent jamais. Passons à la
Scene qui fait tant de plaisir , elle est en
tre le Chevalier , la Marquise et Ange
Jique. Ces deux Rivales l'accusent égale
ment d'avoir démenti sa prétendue sin
cerité à leur égard ; il leur répond qu'il
n'a besoin que d'elles- mêmes pour le
justifier ; voici ses propres mots :
II. Vol. Que
JUIN. 1731 ..
1587
Que chacune redise
Les faits simples , les faits ; par ce que vous dirés
L'une à l'autre , sans moi , vous me justifierés.
En effet , il convient avec la Marquise
qu'il lui a promis de s'arranger avec elle
par un mariage , et quand Angelique
lui reproche d'avoir proposé un mariage
à sa Rivale , aprés lui avoir montré
l'amour le plus ardent , il lui dit que
tien n'est plus vray, et qu'il brûle encore
du même amour ; il ajoûte que c'est ce
violent amour qui l'a forcé et qui le force
encore à retirer la parole qu'il avoit don
née à la Marquise : oui , poursuit- il en
parlant à la Marquise :
Tantôt j'ai dit ; j'épouse ;
t
A present je dis j'aime : en fussiez-vous jalouse
Madame , vous prouvez , vous , de vôtre côté ,
Qu'un arrangement seul entre nous concerté
Ne peut me rendre ici coupable d'inconstance.
Si cet amour subit et dont la violence
Vient troubler en un jour tous mes arrange
mens ,
Entre vous deux m'agite et me tient en suspens ,
Sans que j'aye encor pû parler , me réconnoî
tre ,
-
11. Vol. En
Hiiij
r588 MERCURE DE FRANCE
En quoy suis-je coupable ? où puis -je le pa
roître 2
Et comme Marianne qui est présente à
la conversation , vient à la charge en lui
disant , que cet amour subit fait tout au
moins un ingrat , et qu'il lui fait manquer
de parole , . il répond :
Et non pas de franchise ;
Fai promis de l'estime , et rien plus ; qu'on le
dise :
Le voilà donc parfaittement justifié
dans l'esprit d'Angelique ; mais un nou
vel incident va le réplonger dans l'em
barras . M. Franchard lui vient annoncer
un second Chevalier Valere ; c'est le
Rapin dont nous avons parlé dans l'Acte
précedent on n'a pas bien compris ,
comme nous l'avons déja remarqué , la
raison qui l'a porté à doubler Valere ,
ayant tout autre nom à prendre ,. on
convient que cela produit de l'improglio ;
mais on voudroit que ce Comique fut
appuyé sur quelque motif. Ce n'est pas
là
la le seul coup dont notre Faux-Sincere
est frappé ce nouveau chevalier Valere
se donne encore pour un Agent de Ra
pin ; M. Franchard ne voit en tout cela
C
1
II: Võt que
• JUIN. 1731. 1589
و د
"
ULV
que des brouillards , que ce second Agent
de Rapin lui promet de dissiper , papier
sur table . Ce dernier se retire.
M. Franchard commence à se défier
du Faux- Sincere , à quoy ce dernier ne
répond que par des brusqueries , coup
sur coup , par lesquelles il prétend lui
faire voir qu'il lui ressemble autant en
vivacité qu'en franchise ; en effet , aprés
s'être long- tems emporté contre lui , il se
radoucit et lui faisant rémarquer la con
formité d'humeur qui est entr'eux , il
dit finement :.
"
Nous nous ressemblerons encore sur ce points
Je pardonne d'abord :
M. Franchard lui répond , que pour
lui , il pardonne sur l'heure; il ajoute avec
une agréable surprise :
Mais , c'est tout comme moy ; j'en avois bie'n
cherché.
Des gens qui fussent faits tout justes à ma ma
niere :
Vous voilà tout trouvé ; car ressemblance ere
tiere ;
Dire tout ce qui vient , brusquer , parler bien
fort ,
Se facher tout d'an coup , puis pardonner
d'abord ;
11. Vol Hv N'est
}
1590 MERCURE DE FRANCE
N'est-il pas vrai Monsieur ? mon portrait est
le vôtre &c.
Plus de Dorante donc ; finissons au plutôt :
Deux contrats pour nous deux , c'est autant
qu'il en faut.
M. Franchard , Dorante , Marianne
et Angelique commencent le quatriéme
Acte. Le but de la premiere Scene est
de faire entendre à M. Franchard , que
ceChevalier qu'il croit vraiement sincere,
n'est rien moins que ce qu'il paroît à
ses yeux qu'il se dit Gentil - homme ,
quoiqu'il soit roturier ; et qu'il se vante
d'avoir beaucoup de biens , quoiqu'il
n'ait rien du tout. M. Franchard leur
dit qu'il lui demandera tout cela..
Le Chevalier dit en arrivant qu'il ne
doute point qu'on ne complotte contre
lui , mais que sa sincerité l'exempte de
toute crainte. M. Franchard lui demande
avec sa franchise ordinaire s'il est riche
ou non ; le Chevalier lui répond aussi
franchement qu'il n'a rien ; c'est toujouts
quelque chose , dit Franchard ; Valere
ajouteadroitement.
Par cet aveu sans doute au refus je m'èxpose ;
Mais quoy ? vous citerois- je ici comme un bien
clair
11. Vol
que
JUIN 1731 4597
OPL
MO
21
15
Quelques successions qui sont peut- être en Fair ?
Des terres en decret dont je ne suis plus maitre ?
Que quelque argent comptant dégageroit peut
être ?
Mais un bien en litige au fond est - il le mien ?
Non ; repetons - le donc encore , je n'ai rien .
Cette adroite franchise acheve de ga
gner le coeur à Franchard . Dorante re
vient pourtant à la charge , et dit qu'il
y a un second Valere , qui s'interesse
aussi la succession de Rapin , et
qu'il faut démêler qui des deux est le ve
ritable M.Franchard y consent , mais
il leur dit qu'aprés cette derniere épreu
ve , il n'écoutera plus rien .
pour
:
Laurette vient de porter le plus sen
sible coup au Chevalier , en disant à M.
Franchard que Madame la Marquise vient
chercher les cent mille écus qu'il doit
lui livrer ; M. Franchard lui répond qu'ils
sont prêts , et rentre pour aller compter
la somme à la Marquise. Le Chevalier
resté seul , fait ce court Monologue :
Ce revers est picquant.
L'ai- je pû deviner ? cent mille écus comptants
Je les perds ; dans quel temps quand tout me
déconcerte ;
3
II. Vol
Quand H vj
1592 MERCURE DE FRANCE
Quand cet autre Valere ici cause ma perte.
L'approche de la Marquise lui rend
quelques esperances , il se flatte qu'elle
l'aime encore , et qu'elle cherche à ré
noüer avec lui ; voici comme il s'y prend
pour lui faire entendre qu'il flatte encore :
entre Angelique et elle ::
Je suis comme j'étois , incertain , indécis ;
Tantôt passionné , tantôt de sens rassis.
Vois-je l'objet je suis la pante qu'Amour don
ne ;
Vous revois-je ? aussi-tôt je suspens, je raisonne
A me déterminer il faut que vous m'aidiez ;
En bonne amie , il faut que vous me conseilliez ,
Qu'en cette occasion vous me serviez de guide ;
Je crains de me flatter , ou d'être ttop rigide ,
De croire mon amour plus ou moins fort qu'il
n'est.
Se connoît-on ? peut-être en secret l'interêt
Sur vos biens augmentez à mon insçu m'a
buse ,
Me fait voir mon amour moins fort ; je m'en.
accuse ; :
De peur
de vous tromper , je me donne le tort. ,
Prés d'Angelique aussi peut- être ai-je d'abord ·
Exageré l'amour d'une façon trop forte ;
Car d'un objet brillant la présence transporte.
II, Vol. Il
JUIN 773
1593
Il n'a pas tenu à l'Autheur que la
Marquise n'ait donné dans un piége si
finement tendu , tant il a pris soin de
couvrir la fourberie d'un voile specieux:
de sincerité ; mais là Marquise avoit trop
bien pris son parti avant que d'avoir ce
dernier entretien avec lui ; elle le quitte ,
aprés lui avoir parlé ainsi.
Je ne vois plus en vous que feinte et politique ;
L'interest vous a fait adorer Angelique ;
L'interest à present vous fait changer de ton..
Si vous faites ceder l'amour à la raison ·
De mon côté , je dois devenir raisonnable ;
Car vôtre amour pour elle est faux , ou veri
table ;
Veritable , il me fait trembler pour vôtre coeur ,
Et s'il est faux , je dois rompre avec un trom
peur.
Ce dilemme acheve de désesperer nôtre
Faux - Sincere voyant venir le second
Valere , il le soupçonne d'être son Cou
sin Rapin , et sur ce soupçon il va chan
ger de Batterie.
Les deux Valeres se reconnoissent pour
deux Rapins , mais le Faux - Sincere voyant
que celui qui le double , ne se rend point
aux sentimens de la nature , lui promet
de lui abandonner la succession toute en
:
11, Vol. tiere. ;.
1594 MERCURE DE FRANCE
tiere ; à cette parole sympatique son Co
heritier l'embrasse cordialement , et lui
promet de le servir auprés de M. Fran
chard et de Madame Argante contre tous
ceux qui s'opposent à son mariage avec
Angelique .
Madame Argante arrive , le second Ra
pin lui dit qu'il est vrayement son Cousin
Valere ; Madame Argante les invite à aller
dire hautement ce qui s'est passé dans
leur reconnoissance ; le Chevalier dit
modestement qu'il n'y veut pas être , de
peur que sa présence n'empêche son Cou
sin de dire les choses avec toute la sin
cerité qu'il exige .
Nous abrégerons l'Extrait du 5. Acte ,
parceque les autres nous ont menés plus
loin que nous n'avions crû. Valere , tout
traversé qu'il a été jusqu'ici , voit relever
ses espérances abbatuës ; Madame Argan
te lui annonce que le Contrat se dresse
actuellement. C'est là ce qui occasione
l'aveu que ce Faux - Sincere lui fait de ce
qui pourroir venir à sa connoissance ;
sçavoir de s'être dit Gentil - homme, quoi
qu'il ne fut que le fils d'un Marchand
et d'avoir pris un faux nom ; Madame
Argante est charmée de cette derniere
sincerité ; mais il n'en est pas de même
de M. Franchard qui n'est déja que trop
[
J
II. Vol
informé
JUIN. 1731. 1595
鼻
12
Informé de la qualité supposée et du faux
nom. Deux Valeres et deux Agents de
Rapin lui paroissent un complot , et il dt
à Valere , d'un ton fâché , qu'il ne veut
point de comploteurs chez lui . Madame
Argante a beau le déffendre , en disant
qu'il lui avoit déja avoué la supposition
de nom et de qualité Laurerte , qui
dès le commencement du second Acte ,
a reconnu l'un des Rapins , ne doute
point qu'il n'y en ait deux sous le nom
de Valere ; elle fait entendre que le Che
valier ne l'a informée que d'une chose
déja connuë de tout le monde , et qu'elle
aété la dupe d'un autre prétendu' Valere.
Madame Argante ne peut souffrir pa
tiemment que le Chvalier l'ait jouée
Angelique désabusée par la Marquise à
laquelle son fourbe d'Amant avoit voulu
révenir , grace aux cent mille écus dont
nous avons parlé dans l'Acte précedent ,
lui déclare hautement qu'elle ne voit plus
en lui qu'un fourbe et qu'un imposteur
interessés tout cela tombant sur lui , coup
sur coup , il en est si accablé , qu'il se re
tire , en disant fierement , qu'il ne veut
d'autre Apologiste que son coeur ; tous
les Spectateurs ont été surpris de lui voir
quitter la partie , avec autant de ressour
ces qu'il en a fait esperer dans le cours
II. Vol.
de
1596 MERCURE DE FRANCE
de la Piece. On peut répondre à la déchar
ge de M. du Fresni qu'il n'avoit pas en
Gore mis la derniere main à sa Comédie ,
et qu'il y travailloit encore peu
de tems
avant sa Mort. Un double hymen entre
M. Franchard et Angelique , de même
qu'entre Dorante et Marianne , finissent
la Piece , et renvoyent les Spectateurs
infiniment plus satisfaits que mécontens.
Tout le monde connoit que l'intrigue est
un peu confuse et surchargée ; mais que
l'ouvrage fait briller par tout ces traits
saillants , qui ont toujours caracterisé et
distingué cet agréable Auteur , la versi
fication est un peu forcée ; mais on peut
juger par les morceaux que nous venons
d'en citer , que M. du Fresni y auroit
pû exceller , s'il en eut fait une plus lon
gue habitude ; en effet , ce n'a été que
dans ces dernieres Pieces , qu'il a voulu
assujettir à la contrainte de la rime , le
beau feu de Poësie dont la nature l'avoit
animé.
Cette Piece , qui a été représentée
pour la dixième fois le 30. de ce mois ,
et qui fait grand plaisir au Public , est
actuellement sous Presse , chez Briasson ,
ruë S. Jacques.
Les Comédiens François ont reçu dé
6
II. Vol.
puis
JUIN. 1731. 1597
puis peu une Comédie en vers , avec un
Prologue , de la composition de M. le
Fort , intitulée le Temple de la Paresse ,
qu'on jouera incessamment.
Le 28. l'ouverture de la Foire S. Lau
rent fut faite par le Lieutenant Géneral
de Police en la maniere accoutumée.
Le même jour l'Opéra Comique fit
aussi l'ouverture de son Théatre par une
Piece nouvelle en Vaudeville , et en trois
Actes avec des Divertissemens , qui a
pour titre la France Galante ; cette Piece
est suivie d'un Divertissement composé
de Scenes muettes , figurées en Balet , in
titulées la Guinguette Angloise ; il est
executé par les Sieurs Roger , Renton ,
et Haugthon , trois excellens danseurs
Pantomimes , nouvellement arrivés d'An
gleterre , qui sont géneralement applau
dis la figure du sieur Roger qui avoit
déja été vuë ici il y a deux ans , paroît
toujours- trés-originale ; on ne se lasse
point de le voir.
çois donnerent la premiere représentation
du Faux Sincere , Comedie , en Vers et
en cinq Actes , de feu M. Dufresni , Au
teur très-connu par quantité de bons et
de singuliers Ouvrages . Celui -cy est tous
les jours plus gouté et plus applaudi par
la maniere originale , naïve et précise avec
laquelle les caracteres sont exprimez , er
par les traits saillants et inattendus dont
la Piece est semée. Nous allons tâcher de
mettre le Lecteur en état d'en juger.
II. Vol. L'Au
1576 MERCURE DE FRANCE
L'Auteur ne s'est attaché dans le prez.
mier Acte , qu'à exposer la situation pré
sente des Acteurs qu'il veut faire agir ,
il y donne aussi une idée des Caracteres ,
&c. Madame Argante a deux filles , An
gelique est l'ainée , et Marianne , la cadet
te ; Angelique ne faisant que de sortir du
Convent , a vû un jeune homme , soir
disant le Chevalier Valere , et c'est le
Heros de la Piece , à sçavoir le Faux Sin
cere. Marianne , qui a été long- tems chez
une de ses parentes , aime Dorante ; Mada
me Argante , prévenuë en faveur du Che
valier , vient dire à ses deux filles , qu'elle
a fait un projet de mariage ; elle veut don
ner Angelique à M. Franchard , à qui Ma
rianne avoit été promise autrefois et Ange
lique au Chevalier Valere . Ce M. Fran
chard est un riche Négociant , dont l'hu
meur franche contraste parfaitement avec
celle du Chevalier ; Madame Argante a
résolu de donner Angelique au Cheva
Tier Valere ; par-là Angelique est aussi sa
tisfaite que Marianne est mécontente.
Pour ce qui concerne les caracteres ,
Voici ce que Dorante ,Amant deMarianne,
dit du Chevalier Valere dès la premiere
Scene :
Cet homme me chagrine" ;
II. Vol. Je
JUIN.
17318 577
Je connois votre mere ; il prendra son esprit,
Il est très-dangereux. Hier il me surprit ;
Voulant lier , dit - il , avec moi connoissance ,
Il exige d'abord entiere confidence ;
Il me dit ses deffauts , et ceux qu'il trouve en moi.
Mais il les adoucit , et dans l'instant je voi ,
Que par le même tour il me blâme et me loue ,'
Qu'en blâmant avec art , habilement il joüe ,
Sous le jeu d'un Censeur , celui d'un complaisant;
Il n'est point flatteur , non , c'est un ton diffe
rent ;
Il paroît s'échapper par des traits véridiques ;
Mais chaque mot le mene à ses fins politiques :
Quand il vous trouve en garde il se découvre
un peu ,
Pour vous faire avancer et se donner beau jeu :
Profitant de l'amour qu'on a pour la franchise ,
Fait parade du vrai qu'il farde et qu'il déguise ;
Faux , même en disant vrai ; faux sincere ...
Il semble que M. du Fresni , ait craint
qu'on ne confondit le caractere qu'il
alloit traiter , avec celui du Flatteur , ou
du Tartuffe il en a justifié jusqu'au nom
voici ce que Dorante ajoute :
;
Caractere de coeur : j'entends par faux sincere ,
Celui qui sçait piper par la sincerité ,
Comme un fin courtisan fait par la probité ;
Il. Vol
Qui
1578 MERCURE DE FRANCE
Qui dit vrais trente fois , pour pouvoir mentir
une
Dans une occasion qui fasse sa fortune ;
Hipocrite en franchise est a peu prés le mot ;
Pourquoy pas faux sincere ? on dit bien faux
devot.
t Pour ce qui regarde le caractére con
trastant qui est celui de M. Franchard ,
l'Auteur le fait exposer en peu de mots
par le Chevalier Valere , parlant à une
Marquise qu'il feint d'aimer :
Vous me voyez charmé de ce bon commerçant ;
Il semble en arrivant ici de Picardie ,
Ramener à Paris la probité bannie.
De son accueil gaulois la liberté vous rit >
Sa cordialité qui lui tient lieu d'esprit
९
Ravit , enchante , au moins moy , qui toûjours
préfere ,
A tout l'esprit du monde un trait naif , sincere.
Sa candeur rend pour moi ses discours élog
• quents ?
Sur son visage ouvert on lit ses sentimens ;
Au premier entretien tout son coeur se déploye,&c.
La Marquise est une veuve qui se croit
aimée de ce faux Sincere. Elle n'est pas
encore riche , mais elle attend une suc
cession de cent mille écus , qui est dépo
II. Vol. sée
NCE
1579
JUI
N.
1731
.
H
sée entre les mains de M. Franchard.
Le Chevalier n'en sçait rien , et c'est par
le conseil de Laurette , sa Suivante , que
la Marquise lui en a fait mistere ; voici le
motif de Laurette :
Il faut de son amour une preuve certaine.
Des Indes il vous vient cent mille écus d'aubaine;
Cette succession arrivant en secret ,
Vous m'aidez , j'en conviens , à suivre le projet
Que j'ai conçu d'avoir aujourd'hui quelque
preuve ,
S'il aime en vous , Madame , ou l'argent , ou la
veuve.
Il ne reste plus dans ce premier Acte
qu'à faire connoître aux Spectateurs la
qualité et le coeur du Chevalier : voici
par où il finit l'Acte lui- même , en par
lant du Contrat que la Marquise lui a
proposé.
Je ne veux pas encor presser la signature ;
Ce n'est qu'un pis aller depuis mon avanture]
La Marquise m'a dit qu'elle a trés- peu de bien
Chez ce riche Marchand venant chercher le
mien ,
Quel bonheur d'y trouver une riche alliance !
Pourquoy cachois- je ici mon nom et ma nais
sance ?
* II. Vol.
Rapin
580 MERCURE
DE FRANCE
1
Rapin, fils d'un Marchand,pour eux eût été bong
Mais avec la Marquise ayant pris un beau nom
Sur celui de Rapin il a fallu me taire &C.
On voit par ces differentes expositions
que la Piece sera trés implexe ; nous
n'oublierons rien pour y mettre de la
clarté .
፡
Un Caissier du Banquier Franchard ,
ouvre la Scene du II. Acte , avec un
nouveau Rapin , Cousin du faux Valere,
On auroit souhaitté que ce dernier en
eut parlé à la fin du premier Acte. Ce
second Rapin apprend du Caissier ,
qu'un certain Chevalier Valere , se dit
Agent de Rapin ce qui oblige le nou
veau Rapin à faire arrêt sur la somme ;
le Caissier n'en est point fâché et se re
tire.
Laurette reconnoit Rapin , qu'elle a
vû autrefois à Rouen ; Rapin aprés avoir
quelque temps nié à Laurette qu'il soit
l'ancien ami dont elle lui parle , lui
avoue enfin qu'il est Rapin , et qu'il
vient d'apprendre qu'un certain Cheva
lier Valere , se donne pour son Agent
aux yeux de M. Franchard , pour lui en
lever sa succession ; il prend le parti de
cacher son nom et de prendre celui de
Valere on convient que l'Auteur a assés
11. Vel biea
JUIN. 1731. 1581
1
bien motivé l'incognito par ces deux
vers :
Ouy , courons nous parer : dans le siécle où nous
sommes ›
La parure du moins aide à parler aux hommes,
Mais on ne comprend point , pour
quoi le nouveau Rapin veut passer pour
un second Valere ; et l'on en conclut que
ce Valere doublé est plutot parti du cer
veau de l'Auteur que du fond du Sujet.
Laurette et Rapin s'étant retirés , le
Chevalier Valere , ou pour mieux dire ,
le Faux Sincere vient. A peine a-t'il dit
quelques mots qui ne font rien à la Piece,
qu'on voit paroître Madame Argante .
Valere , pour faire parade de sincerité ,
feint d'être fâché contre Madame Argan
te , de ce qu'elle l'a loüé sans cesse ; il lui
dit d'un ton d'homme mécontent :
Je m'en plains , et voici là -dessus mes scrupules ,
Que gens moins délicats trouveront ridicules ;
Je blâme tout ami qui me flatte d'abord ,
Et dit que j'ai raison sans sçavoir si j'ai tort ;
Qui prend trop mon parti contre la médisance ;
En me justifiant sans m'entendre, il m'offense ;
Car je ne veux point être innocent par faveur ;
Je veux que la raison me juge , et non le coeur :
II. Vol. Je H
1582 MERCURE DE FRANCE
Je veux qu'on se défie , et qu'on approfondisse ;
Ensuite , quel plaisir quand on me rend justice !
3
Aprés quelques autres traits de fausse
sincerité , Valere dit à Madame Argante
de parler d'affaire : elle lui confirme la
promesse qu'elle lui a déja faite de lui
donner Marianne; le Chevalier lui témoi
gne quelque crainte sur le choix que
M. Franchard en a fait pour lui - même ;
elle le rassure , par l'humeur de M.
Franchard qui n'y regarde pas de si prés ,
et qui se tourne facilement à tout ce
qu'on veut. M. Franchard confirme bien
tôt au Chevalier ce que Madame Argan
te lui a dit de son humeur ; car sur la
demande que Valere lui fait des vûës
qu'il peut avoir pour Marianne ; il lui ré
pond franchement ;
Pour elle je n'ai point eu de vûë autrement ;
Si ce n'est que je veux l'épouser seulement,
Mais , lui dit le Chevalier; vous aimez
aussi son aînée ; M. Franchard lui répond
avec la même franchise :
Ouy , je l'aime ,
Et d'abord je voulois l'épouser tout de même ;
Pas tant pourtant; je vais expliquer tout cela &e,
I
IL Vel
En
JUIN.:
1583 1731 .
En un mot comme en cent de ces deux Filles- ci ,
L'une est ce qui me faut ; mais l'autre l'est aussi,
Il conclut enfin par vouloir épouser
Marianne, ce qui oblige Valere à rabbat
tre sur Angelique en sage politique.
Madame Argante lui amene Marianne ,
qu'Angelique suit , non par simple curio
sité , comme dit sa mère , mais par le
tendre interêt qui l'attache au Cheva
lier.
Valere est fort embarrassé sur ce que
Madame Argante attend de lui, en faveur
de Marianne , pour qui M. Franchard
vient de se déclarer ; le compliment qu'il
fait à Marianne est si froid qu'elle en est
vivement picquée ; elle lui declare qu'elle
lui sera contraire , le Chevalier s'en con
sole par l'esperance d'obtenir Angelique ,
à qui il donne la préference. Madame
Argante n'est point fachée de ce change
ment , parceque cette derniere lui ressem
ble aussi bien que Marianne . Elle sort avec
le Chevalier et Angelique , pour aller
faire dresser le Contrat , et dit à Marianne
de prendre patience avec M. Franchard
qui la doit épouser . Marianne se détermi
ne à se venger du compliment injurieux
que le Chevalier vient de lui faire , et
II. Vol. Hij quol
584 MERCURE DE FRANCE
quoiqu'elle aime Dorante , elle ne laisse
pas de supporter impatiemment qu'on
ait préferé sa soeur à elle. Laurette veut
la consoler de ce chagrin par la promesse
de se venger du Chevalier , fondée sur les
découvertes qu'elle a faites .
Le III. Acte a paru le plus beau de la
Piece. Dorante et Marianne le commen
cent. Ils se flattent de faire tomber le
masque aux Faux- Sincere , en le mettant
aux prises avec la Marquise et avec An
gelique , toutes deux mécontentes de lui ;
mais avant que d'entrer dans cette Scene
d'où il se tire avec toute l'adresse pos
sible , il n'est pas hors de propos d'exami
ner un point que quelques connoisseurs
ont remarqué , et dont l'Auteur semble
avoir voulu prévenir la critique. Quel
interêt, a- t'on dit , peuvent avoir Doran
te et Marianne à confondre le Faux - Sin
cere ? il n'en veut plus à Marianne ; ainsi
il ne tiendra pas à lui qu'elle ne soit ma
riée avec Dorante ; les voilà donc tous
deux hors d'interest du côté du Chevalier;
Dorante n'a plus d'autre Rival
que M.
Franchart; et en démasquant le Faux - Sin
cere , il n'empêchera pas que ce bon com
merçant ne lui enléve sa Maitresse . Il
ya apparence que M. du Fresni a prévû
L'objection , puisqu'il la met dans la bou
1 1. Vol . che
JUIN. 1731. 1584
che du Chevalier ; voici comment il le
fait parler à Dorante et à Marianne :
#
Pourquoi sur nos desseins ne nous pas concerter
Quand nous n'avons ici rien à nous disputer !
A Dorante.
Sommes- nous Rivaux ? non , nous n'aimons pas
la même ;
J'aime , je suis aimé , vous aimez , on vous aime ;
Monsieur Franchard pourroit par accomode
ment
Aux Pupilles laisser , chacune son- Amant ;
Mais de gayeté de coeur vous voulez me détruire.
Voilà donc , par l'aveu même de l'Au
teur , deux Amants qui ne vont pas à
leur fin ; ils agissent donc par tout autre
motif que celui de leur amour. L'Ob
jection est assés forte ; mais peut-être
ne l'auroit-on pas faite si l'Auteur n'eut
pris soin lui-même d'en faire la premiere
ouverture ; d'ailleurs on peut y répondre
pour lui , en disant que la haine que Do
rante et Marianne ont conçue contre le
Faux-Sincere est la plus forte en eux ;
que leur but principal est de le confon
dre , et que l'aveu sincere qu'il semble
leur faire , couvre quelque piege darts
LI. Vol.
Hij lequel
1586 MERCURE DE FRANCE
lequel il veut les faire donner ; en effet ,
quand il leur dit :
Voyons ; concertons- nous sur cent moyens fa
ciles ;
Entrons dans les détails :.+3
--Dorante lui répond :
Détails trés-inutiles.
Marianne dit quelque chose de plus :
Vous le sçavez trop bien ; mais vôtre intention
C'est d'échauffer d'abord la conversation ,
Afin
que , parlant trop à l'envi l'un de l'autre ,
Nous cachant vos secrets vous démêliez le
nôtre.
Un interêt plus fort justifie Marianne
dans cette occasion ; le Chevalier lui a
préferé sa soeur , et ces sortes d'outrages
ne se pardonnent jamais. Passons à la
Scene qui fait tant de plaisir , elle est en
tre le Chevalier , la Marquise et Ange
Jique. Ces deux Rivales l'accusent égale
ment d'avoir démenti sa prétendue sin
cerité à leur égard ; il leur répond qu'il
n'a besoin que d'elles- mêmes pour le
justifier ; voici ses propres mots :
II. Vol. Que
JUIN. 1731 ..
1587
Que chacune redise
Les faits simples , les faits ; par ce que vous dirés
L'une à l'autre , sans moi , vous me justifierés.
En effet , il convient avec la Marquise
qu'il lui a promis de s'arranger avec elle
par un mariage , et quand Angelique
lui reproche d'avoir proposé un mariage
à sa Rivale , aprés lui avoir montré
l'amour le plus ardent , il lui dit que
tien n'est plus vray, et qu'il brûle encore
du même amour ; il ajoûte que c'est ce
violent amour qui l'a forcé et qui le force
encore à retirer la parole qu'il avoit don
née à la Marquise : oui , poursuit- il en
parlant à la Marquise :
Tantôt j'ai dit ; j'épouse ;
t
A present je dis j'aime : en fussiez-vous jalouse
Madame , vous prouvez , vous , de vôtre côté ,
Qu'un arrangement seul entre nous concerté
Ne peut me rendre ici coupable d'inconstance.
Si cet amour subit et dont la violence
Vient troubler en un jour tous mes arrange
mens ,
Entre vous deux m'agite et me tient en suspens ,
Sans que j'aye encor pû parler , me réconnoî
tre ,
-
11. Vol. En
Hiiij
r588 MERCURE DE FRANCE
En quoy suis-je coupable ? où puis -je le pa
roître 2
Et comme Marianne qui est présente à
la conversation , vient à la charge en lui
disant , que cet amour subit fait tout au
moins un ingrat , et qu'il lui fait manquer
de parole , . il répond :
Et non pas de franchise ;
Fai promis de l'estime , et rien plus ; qu'on le
dise :
Le voilà donc parfaittement justifié
dans l'esprit d'Angelique ; mais un nou
vel incident va le réplonger dans l'em
barras . M. Franchard lui vient annoncer
un second Chevalier Valere ; c'est le
Rapin dont nous avons parlé dans l'Acte
précedent on n'a pas bien compris ,
comme nous l'avons déja remarqué , la
raison qui l'a porté à doubler Valere ,
ayant tout autre nom à prendre ,. on
convient que cela produit de l'improglio ;
mais on voudroit que ce Comique fut
appuyé sur quelque motif. Ce n'est pas
là
la le seul coup dont notre Faux-Sincere
est frappé ce nouveau chevalier Valere
se donne encore pour un Agent de Ra
pin ; M. Franchard ne voit en tout cela
C
1
II: Võt que
• JUIN. 1731. 1589
و د
"
ULV
que des brouillards , que ce second Agent
de Rapin lui promet de dissiper , papier
sur table . Ce dernier se retire.
M. Franchard commence à se défier
du Faux- Sincere , à quoy ce dernier ne
répond que par des brusqueries , coup
sur coup , par lesquelles il prétend lui
faire voir qu'il lui ressemble autant en
vivacité qu'en franchise ; en effet , aprés
s'être long- tems emporté contre lui , il se
radoucit et lui faisant rémarquer la con
formité d'humeur qui est entr'eux , il
dit finement :.
"
Nous nous ressemblerons encore sur ce points
Je pardonne d'abord :
M. Franchard lui répond , que pour
lui , il pardonne sur l'heure; il ajoute avec
une agréable surprise :
Mais , c'est tout comme moy ; j'en avois bie'n
cherché.
Des gens qui fussent faits tout justes à ma ma
niere :
Vous voilà tout trouvé ; car ressemblance ere
tiere ;
Dire tout ce qui vient , brusquer , parler bien
fort ,
Se facher tout d'an coup , puis pardonner
d'abord ;
11. Vol Hv N'est
}
1590 MERCURE DE FRANCE
N'est-il pas vrai Monsieur ? mon portrait est
le vôtre &c.
Plus de Dorante donc ; finissons au plutôt :
Deux contrats pour nous deux , c'est autant
qu'il en faut.
M. Franchard , Dorante , Marianne
et Angelique commencent le quatriéme
Acte. Le but de la premiere Scene est
de faire entendre à M. Franchard , que
ceChevalier qu'il croit vraiement sincere,
n'est rien moins que ce qu'il paroît à
ses yeux qu'il se dit Gentil - homme ,
quoiqu'il soit roturier ; et qu'il se vante
d'avoir beaucoup de biens , quoiqu'il
n'ait rien du tout. M. Franchard leur
dit qu'il lui demandera tout cela..
Le Chevalier dit en arrivant qu'il ne
doute point qu'on ne complotte contre
lui , mais que sa sincerité l'exempte de
toute crainte. M. Franchard lui demande
avec sa franchise ordinaire s'il est riche
ou non ; le Chevalier lui répond aussi
franchement qu'il n'a rien ; c'est toujouts
quelque chose , dit Franchard ; Valere
ajouteadroitement.
Par cet aveu sans doute au refus je m'èxpose ;
Mais quoy ? vous citerois- je ici comme un bien
clair
11. Vol
que
JUIN 1731 4597
OPL
MO
21
15
Quelques successions qui sont peut- être en Fair ?
Des terres en decret dont je ne suis plus maitre ?
Que quelque argent comptant dégageroit peut
être ?
Mais un bien en litige au fond est - il le mien ?
Non ; repetons - le donc encore , je n'ai rien .
Cette adroite franchise acheve de ga
gner le coeur à Franchard . Dorante re
vient pourtant à la charge , et dit qu'il
y a un second Valere , qui s'interesse
aussi la succession de Rapin , et
qu'il faut démêler qui des deux est le ve
ritable M.Franchard y consent , mais
il leur dit qu'aprés cette derniere épreu
ve , il n'écoutera plus rien .
pour
:
Laurette vient de porter le plus sen
sible coup au Chevalier , en disant à M.
Franchard que Madame la Marquise vient
chercher les cent mille écus qu'il doit
lui livrer ; M. Franchard lui répond qu'ils
sont prêts , et rentre pour aller compter
la somme à la Marquise. Le Chevalier
resté seul , fait ce court Monologue :
Ce revers est picquant.
L'ai- je pû deviner ? cent mille écus comptants
Je les perds ; dans quel temps quand tout me
déconcerte ;
3
II. Vol
Quand H vj
1592 MERCURE DE FRANCE
Quand cet autre Valere ici cause ma perte.
L'approche de la Marquise lui rend
quelques esperances , il se flatte qu'elle
l'aime encore , et qu'elle cherche à ré
noüer avec lui ; voici comme il s'y prend
pour lui faire entendre qu'il flatte encore :
entre Angelique et elle ::
Je suis comme j'étois , incertain , indécis ;
Tantôt passionné , tantôt de sens rassis.
Vois-je l'objet je suis la pante qu'Amour don
ne ;
Vous revois-je ? aussi-tôt je suspens, je raisonne
A me déterminer il faut que vous m'aidiez ;
En bonne amie , il faut que vous me conseilliez ,
Qu'en cette occasion vous me serviez de guide ;
Je crains de me flatter , ou d'être ttop rigide ,
De croire mon amour plus ou moins fort qu'il
n'est.
Se connoît-on ? peut-être en secret l'interêt
Sur vos biens augmentez à mon insçu m'a
buse ,
Me fait voir mon amour moins fort ; je m'en.
accuse ; :
De peur
de vous tromper , je me donne le tort. ,
Prés d'Angelique aussi peut- être ai-je d'abord ·
Exageré l'amour d'une façon trop forte ;
Car d'un objet brillant la présence transporte.
II, Vol. Il
JUIN 773
1593
Il n'a pas tenu à l'Autheur que la
Marquise n'ait donné dans un piége si
finement tendu , tant il a pris soin de
couvrir la fourberie d'un voile specieux:
de sincerité ; mais là Marquise avoit trop
bien pris son parti avant que d'avoir ce
dernier entretien avec lui ; elle le quitte ,
aprés lui avoir parlé ainsi.
Je ne vois plus en vous que feinte et politique ;
L'interest vous a fait adorer Angelique ;
L'interest à present vous fait changer de ton..
Si vous faites ceder l'amour à la raison ·
De mon côté , je dois devenir raisonnable ;
Car vôtre amour pour elle est faux , ou veri
table ;
Veritable , il me fait trembler pour vôtre coeur ,
Et s'il est faux , je dois rompre avec un trom
peur.
Ce dilemme acheve de désesperer nôtre
Faux - Sincere voyant venir le second
Valere , il le soupçonne d'être son Cou
sin Rapin , et sur ce soupçon il va chan
ger de Batterie.
Les deux Valeres se reconnoissent pour
deux Rapins , mais le Faux - Sincere voyant
que celui qui le double , ne se rend point
aux sentimens de la nature , lui promet
de lui abandonner la succession toute en
:
11, Vol. tiere. ;.
1594 MERCURE DE FRANCE
tiere ; à cette parole sympatique son Co
heritier l'embrasse cordialement , et lui
promet de le servir auprés de M. Fran
chard et de Madame Argante contre tous
ceux qui s'opposent à son mariage avec
Angelique .
Madame Argante arrive , le second Ra
pin lui dit qu'il est vrayement son Cousin
Valere ; Madame Argante les invite à aller
dire hautement ce qui s'est passé dans
leur reconnoissance ; le Chevalier dit
modestement qu'il n'y veut pas être , de
peur que sa présence n'empêche son Cou
sin de dire les choses avec toute la sin
cerité qu'il exige .
Nous abrégerons l'Extrait du 5. Acte ,
parceque les autres nous ont menés plus
loin que nous n'avions crû. Valere , tout
traversé qu'il a été jusqu'ici , voit relever
ses espérances abbatuës ; Madame Argan
te lui annonce que le Contrat se dresse
actuellement. C'est là ce qui occasione
l'aveu que ce Faux - Sincere lui fait de ce
qui pourroir venir à sa connoissance ;
sçavoir de s'être dit Gentil - homme, quoi
qu'il ne fut que le fils d'un Marchand
et d'avoir pris un faux nom ; Madame
Argante est charmée de cette derniere
sincerité ; mais il n'en est pas de même
de M. Franchard qui n'est déja que trop
[
J
II. Vol
informé
JUIN. 1731. 1595
鼻
12
Informé de la qualité supposée et du faux
nom. Deux Valeres et deux Agents de
Rapin lui paroissent un complot , et il dt
à Valere , d'un ton fâché , qu'il ne veut
point de comploteurs chez lui . Madame
Argante a beau le déffendre , en disant
qu'il lui avoit déja avoué la supposition
de nom et de qualité Laurerte , qui
dès le commencement du second Acte ,
a reconnu l'un des Rapins , ne doute
point qu'il n'y en ait deux sous le nom
de Valere ; elle fait entendre que le Che
valier ne l'a informée que d'une chose
déja connuë de tout le monde , et qu'elle
aété la dupe d'un autre prétendu' Valere.
Madame Argante ne peut souffrir pa
tiemment que le Chvalier l'ait jouée
Angelique désabusée par la Marquise à
laquelle son fourbe d'Amant avoit voulu
révenir , grace aux cent mille écus dont
nous avons parlé dans l'Acte précedent ,
lui déclare hautement qu'elle ne voit plus
en lui qu'un fourbe et qu'un imposteur
interessés tout cela tombant sur lui , coup
sur coup , il en est si accablé , qu'il se re
tire , en disant fierement , qu'il ne veut
d'autre Apologiste que son coeur ; tous
les Spectateurs ont été surpris de lui voir
quitter la partie , avec autant de ressour
ces qu'il en a fait esperer dans le cours
II. Vol.
de
1596 MERCURE DE FRANCE
de la Piece. On peut répondre à la déchar
ge de M. du Fresni qu'il n'avoit pas en
Gore mis la derniere main à sa Comédie ,
et qu'il y travailloit encore peu
de tems
avant sa Mort. Un double hymen entre
M. Franchard et Angelique , de même
qu'entre Dorante et Marianne , finissent
la Piece , et renvoyent les Spectateurs
infiniment plus satisfaits que mécontens.
Tout le monde connoit que l'intrigue est
un peu confuse et surchargée ; mais que
l'ouvrage fait briller par tout ces traits
saillants , qui ont toujours caracterisé et
distingué cet agréable Auteur , la versi
fication est un peu forcée ; mais on peut
juger par les morceaux que nous venons
d'en citer , que M. du Fresni y auroit
pû exceller , s'il en eut fait une plus lon
gue habitude ; en effet , ce n'a été que
dans ces dernieres Pieces , qu'il a voulu
assujettir à la contrainte de la rime , le
beau feu de Poësie dont la nature l'avoit
animé.
Cette Piece , qui a été représentée
pour la dixième fois le 30. de ce mois ,
et qui fait grand plaisir au Public , est
actuellement sous Presse , chez Briasson ,
ruë S. Jacques.
Les Comédiens François ont reçu dé
6
II. Vol.
puis
JUIN. 1731. 1597
puis peu une Comédie en vers , avec un
Prologue , de la composition de M. le
Fort , intitulée le Temple de la Paresse ,
qu'on jouera incessamment.
Le 28. l'ouverture de la Foire S. Lau
rent fut faite par le Lieutenant Géneral
de Police en la maniere accoutumée.
Le même jour l'Opéra Comique fit
aussi l'ouverture de son Théatre par une
Piece nouvelle en Vaudeville , et en trois
Actes avec des Divertissemens , qui a
pour titre la France Galante ; cette Piece
est suivie d'un Divertissement composé
de Scenes muettes , figurées en Balet , in
titulées la Guinguette Angloise ; il est
executé par les Sieurs Roger , Renton ,
et Haugthon , trois excellens danseurs
Pantomimes , nouvellement arrivés d'An
gleterre , qui sont géneralement applau
dis la figure du sieur Roger qui avoit
déja été vuë ici il y a deux ans , paroît
toujours- trés-originale ; on ne se lasse
point de le voir.
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Résumé : Le Faux Sincere, Comédie Nouvelle, Extrait, [titre d'après la table]
Le 16 juin, les Comédiens Français ont présenté la première représentation de 'Le Faux Sincère', une comédie en vers et en cinq actes écrite par le défunt M. Dufresny. Cette œuvre est appréciée pour son originalité, sa naïveté et la précision avec laquelle les caractères sont exprimés, ainsi que pour les traits saillants et inattendus qui parsèment la pièce. Dans le premier acte, l'auteur expose la situation des personnages principaux. Madame Argante a deux filles, Angelique et Marianne. Angelique, récemment sortie du couvent, a rencontré le Chevalier Valère, le héros de la pièce. Marianne, qui a passé du temps chez une parente, aime Dorante. Madame Argante prévoit de marier Angelique à M. Franchard, un riche négociant, et Marianne au Chevalier Valère. Angelique est satisfaite de ce projet, tandis que Marianne est mécontente. Dorante décrit le Chevalier Valère comme un homme dangereux et manipulateur, capable de dire la vérité pour mieux mentir. Le Chevalier Valère est caractérisé par sa fausse sincérité, qu'il utilise pour manipuler les autres à son avantage. M. Franchard, quant à lui, est décrit comme un homme franc et honnête, contrastant avec le Chevalier. La pièce se complexifie avec l'introduction de nouveaux personnages et de situations intrigantes. Par exemple, un caissier du banquier Franchard et un nouveau Rapin, cousin du faux Valère, apparaissent dans le second acte. Laurette, la suivante de la Marquise, joue un rôle clé en révélant des secrets et en ourdissant des plans de vengeance. Le troisième acte est considéré comme le plus beau de la pièce. Dorante et Marianne cherchent à démasquer le faux sincère en le mettant aux prises avec la Marquise et Angelique, toutes deux mécontentes de lui. La pièce explore les motivations et les manipulations des personnages, révélant les intrigues et les conflits qui les opposent. La pièce se termine par deux mariages : M. Franchard avec Angelique, et Dorante avec Marianne. Malgré une intrigue confuse, la pièce est appréciée pour ses traits saillants et la versification de M. Dufresny. La pièce a été représentée à plusieurs reprises et est actuellement sous presse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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587
p. 1615-1618
Nouvelle de la Cour, de Paris, &c.
Début :
La Cour est toûjours trés-nombreuse à Fontainebleau, où les plaisirs et [...]
Mots clefs :
Fontainebleau, Plaisirs et amusements, Comédie française et italienne, Chasse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelle de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelle de la Cour , de Paris , &c...
L
A Cour est toûjours trés -nombreuse
à Fontainebleau , où les plaisirs et
les amusemens se succedent & regnent
tour à tour divers jours de la Semaine sont
marqués pour le Jeu , le Concert , la
Comédie Françoise et Italienne , & d'au
tres pour la Promenade à pied , à cheval ,
en carosse & carioles découvertes , et pour
la Chasse du Vol , du Cerf , du Sanglier ,
du Loup , du Chevreuil , &c .
Le 26. de ce mois , le Roy prit le Deüil
pour la mort de la Princesse Douairiere de
Toscane , Veuve du Prince Ferdinand de
Medicis .
Le Roi a accordé au Chevalier de Ni
colaï le Regiment de Dragons , vacant par
la démission volontaire de son Frere aîné,
Le 18. Juin , il y eût concert à Fontaine-
Beau , on chanta dans l'Antichambre de la
Reine , le Prologue et le premier Acte
Amadis de Gaule.
Le 20. M. Destouches , Sur-Intendant ™
BL Volt
I vi de
1616 MERCURE DE FRANCE
de la Musique du Roy , fit executer par
ordre de la Reine , le Prologue , le premier
et le second Acte du Ballet des Elemens ,
qu'on continua le 25. L'éxecution de ce
Divertissement fut très- brillante . Les De
moiselles Courvasier , Lenners , et Bar
bier , chanterent avec succès les Rôles de
Funon et de Leucosie dans le Prologue . Le
fieur d'Angerville chanta ceux du Destin
et d'Ixion , et le St Guesdon celui d'Arion
La Demoiselle Lenner rendit parfaite
ment le Rôle d'Emilie , dans le troisiéme
Acte , ainsi que celui de Valere , chanté
par le fieur d'Angerville. Le sieur le
Prince fit avec applaudissement le Rôle
de Vertumne au quatriéme Acte , de même
que la Demoiselle Barbier dans celui de
Pomone. Les Choeurs et toutes les sim
phonies furent si bien exécutez , que la
Reine eût la bonté d'en marquer sa sa
tisfaction à M. Destouches.
Le 27. on chanta devant la Reine ;
le Prologue et le premier Acte de l'Opera
de Roland.
Le 19. Juin , les Comédiens François
représenterent à Fontainebleau , la Tra
gedie d'Amasis qui fut suivie de la petite
Piece du Concert Ridicule ; le 21 la Co
médie de l'Etourdi ; le 26. le Trage
die d'Andromaque , et la Comédie des
II. Vol. Fâcheux
JUIN. 1731. 1617
Fâcheux ; et le 28. le Dépit Amoureux..
Ces Pieces furent très bien exécutées et .
firent beaucoup de plaisir.
>
>
›
Le vingt-trois Juin , les Comédiens
Italiens représenterent Démocrite , pré
tendu Fou ,Comedie en Vers , de M. Au.
treau les De et pour petite Piéce
buts suivie de l'Intermede ou Paro
die de Lesbina et Dom Micco jouée
sur le Théatre de l'Opera , au mois
d'Aoust 1729. laquelle n'avoit pas en
core été représentée à la Cour. La De
moiselle Silvia et le fieur Theveneau qui
jouent ces deux Rôles , les exécuterent
en perfection .
Le 30 ?
ils représenterent la Tragi
Comedie de Samson , qui fut fort goû
tée. La Chûte du Temple fut parfaite
ment bien executée par le fieur le Maire
qui en est l'Auteur.
د
Le 25. la Lotterie de la Compagnie
des Indes pour le remboursement des
Actions , fut tirée en la maniere accou
tumée à l'Hôtel de la Compagnie. La
Liste des Numero gagnans des Actions.
et dixiéme d'Actions qui doivent être
remboursées , a été rendue publique ,
faisant en tout le nombre de 294. Ac
tions qui ont été remboursées..
II. Vol. M.
1618 MERCURE DE FRANCE
M. Bonnier de Lamosson , ancien
Colonel du Régiment de Dragons Dau
phin , ayant
, ayant obtenu du Roy l'agrément
pour la Charge de Capitaine des Chasses
de la Plaine de S. Denis , autrement dite
là Varenne des Thuilleries , dont il a traité
avec le Comte de Sainte Maure , qui
étoit pourvû de cette Charge , eut l'hon
neur d'en remercier S. Mi le 2. de ce
mois , et le 8 il tint sa premiere audiènce
en qualité de Capitaine des Chasses
aprés avoir été reçu par les Officiers de
la Capitainerie , dans la Galerie du Châs
teau des Thailleries , où les Audiences
se tiendront dorénavant.
On écrit de Bayeux qu'il y a fait surs
fa fin du mois de Juin des Tonnerres
et des Eclairs si épouvantables , que de
mémoire d'homme on n'en a vû de
pareils,
et sans qu'il soit tombé une goute de
pluye. Le Tonnerre , tombé plusieurs fois >
sur divers Bâtimens de la Ville , a causé
beaucoup de dommage , et a tué même
et blessé plusieurs personnes.
a
On apprend de Liege , que le Couvent
des Franciscains de cette Ville avoits
été réduit en cendre par le Tonnerre .
L
A Cour est toûjours trés -nombreuse
à Fontainebleau , où les plaisirs et
les amusemens se succedent & regnent
tour à tour divers jours de la Semaine sont
marqués pour le Jeu , le Concert , la
Comédie Françoise et Italienne , & d'au
tres pour la Promenade à pied , à cheval ,
en carosse & carioles découvertes , et pour
la Chasse du Vol , du Cerf , du Sanglier ,
du Loup , du Chevreuil , &c .
Le 26. de ce mois , le Roy prit le Deüil
pour la mort de la Princesse Douairiere de
Toscane , Veuve du Prince Ferdinand de
Medicis .
Le Roi a accordé au Chevalier de Ni
colaï le Regiment de Dragons , vacant par
la démission volontaire de son Frere aîné,
Le 18. Juin , il y eût concert à Fontaine-
Beau , on chanta dans l'Antichambre de la
Reine , le Prologue et le premier Acte
Amadis de Gaule.
Le 20. M. Destouches , Sur-Intendant ™
BL Volt
I vi de
1616 MERCURE DE FRANCE
de la Musique du Roy , fit executer par
ordre de la Reine , le Prologue , le premier
et le second Acte du Ballet des Elemens ,
qu'on continua le 25. L'éxecution de ce
Divertissement fut très- brillante . Les De
moiselles Courvasier , Lenners , et Bar
bier , chanterent avec succès les Rôles de
Funon et de Leucosie dans le Prologue . Le
fieur d'Angerville chanta ceux du Destin
et d'Ixion , et le St Guesdon celui d'Arion
La Demoiselle Lenner rendit parfaite
ment le Rôle d'Emilie , dans le troisiéme
Acte , ainsi que celui de Valere , chanté
par le fieur d'Angerville. Le sieur le
Prince fit avec applaudissement le Rôle
de Vertumne au quatriéme Acte , de même
que la Demoiselle Barbier dans celui de
Pomone. Les Choeurs et toutes les sim
phonies furent si bien exécutez , que la
Reine eût la bonté d'en marquer sa sa
tisfaction à M. Destouches.
Le 27. on chanta devant la Reine ;
le Prologue et le premier Acte de l'Opera
de Roland.
Le 19. Juin , les Comédiens François
représenterent à Fontainebleau , la Tra
gedie d'Amasis qui fut suivie de la petite
Piece du Concert Ridicule ; le 21 la Co
médie de l'Etourdi ; le 26. le Trage
die d'Andromaque , et la Comédie des
II. Vol. Fâcheux
JUIN. 1731. 1617
Fâcheux ; et le 28. le Dépit Amoureux..
Ces Pieces furent très bien exécutées et .
firent beaucoup de plaisir.
>
>
›
Le vingt-trois Juin , les Comédiens
Italiens représenterent Démocrite , pré
tendu Fou ,Comedie en Vers , de M. Au.
treau les De et pour petite Piéce
buts suivie de l'Intermede ou Paro
die de Lesbina et Dom Micco jouée
sur le Théatre de l'Opera , au mois
d'Aoust 1729. laquelle n'avoit pas en
core été représentée à la Cour. La De
moiselle Silvia et le fieur Theveneau qui
jouent ces deux Rôles , les exécuterent
en perfection .
Le 30 ?
ils représenterent la Tragi
Comedie de Samson , qui fut fort goû
tée. La Chûte du Temple fut parfaite
ment bien executée par le fieur le Maire
qui en est l'Auteur.
د
Le 25. la Lotterie de la Compagnie
des Indes pour le remboursement des
Actions , fut tirée en la maniere accou
tumée à l'Hôtel de la Compagnie. La
Liste des Numero gagnans des Actions.
et dixiéme d'Actions qui doivent être
remboursées , a été rendue publique ,
faisant en tout le nombre de 294. Ac
tions qui ont été remboursées..
II. Vol. M.
1618 MERCURE DE FRANCE
M. Bonnier de Lamosson , ancien
Colonel du Régiment de Dragons Dau
phin , ayant
, ayant obtenu du Roy l'agrément
pour la Charge de Capitaine des Chasses
de la Plaine de S. Denis , autrement dite
là Varenne des Thuilleries , dont il a traité
avec le Comte de Sainte Maure , qui
étoit pourvû de cette Charge , eut l'hon
neur d'en remercier S. Mi le 2. de ce
mois , et le 8 il tint sa premiere audiènce
en qualité de Capitaine des Chasses
aprés avoir été reçu par les Officiers de
la Capitainerie , dans la Galerie du Châs
teau des Thailleries , où les Audiences
se tiendront dorénavant.
On écrit de Bayeux qu'il y a fait surs
fa fin du mois de Juin des Tonnerres
et des Eclairs si épouvantables , que de
mémoire d'homme on n'en a vû de
pareils,
et sans qu'il soit tombé une goute de
pluye. Le Tonnerre , tombé plusieurs fois >
sur divers Bâtimens de la Ville , a causé
beaucoup de dommage , et a tué même
et blessé plusieurs personnes.
a
On apprend de Liege , que le Couvent
des Franciscains de cette Ville avoits
été réduit en cendre par le Tonnerre .
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Résumé : Nouvelle de la Cour, de Paris, &c.
Le texte décrit la vie à la cour de Fontainebleau, marquée par une succession de plaisirs et de divertissements. Les activités varient selon les jours de la semaine et incluent des jeux, des concerts, des comédies françaises et italiennes, ainsi que des promenades et des chasses. Le 26 juin, le roi a observé un deuil pour la mort de la princesse douairière de Toscane. Il a également nommé le chevalier de Nicolaï à la tête du régiment de dragons, vacant après la démission de son frère aîné. Le 18 juin, un concert a présenté le prologue et le premier acte d'Amadis de Gaule. Le 20 juin, M. Destouches, sur-intendant de la musique du roi, a exécuté le prologue, le premier et le second acte du ballet des Éléments, sur ordre de la reine. Cette performance a été poursuivie le 25 juin. Les demoiselles Courvasier, Lenners et Barbier, ainsi que les sieurs d'Angerville et Saint-Guesdon, ont interprété divers rôles avec succès, suscitant la satisfaction de la reine. Le 27 juin, le prologue et le premier acte de l'opéra de Roland ont été chantés devant la reine. Les comédiens français ont joué plusieurs pièces à Fontainebleau, notamment la tragédie d'Amasis, la comédie de l'Étourdi, la tragédie d'Andromaque, la comédie des Fâcheux et le Dépit Amoureux. Les comédiens italiens ont présenté Démocrite, prétendu fou, suivie de la parodie de Lesbina et Dom Micco, ainsi que la tragicomédie de Samson. Le 25 juin, la lotterie de la Compagnie des Indes pour le remboursement des actions a été tirée. M. Bonnier de Lamosson a obtenu l'agrément du roi pour la charge de capitaine des chasses de la plaine de Saint-Denis et a tenu sa première audience le 8 juin. Des phénomènes météorologiques violents, incluant des tonnerres et des éclairs, ont causé des dommages à Bayeux et tué plusieurs personnes. À Liège, le couvent des Franciscains a été détruit par le tonnerre.
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Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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588
p. 1669
AUTRE ÉPITAPHE D'UN PRÉTENDU BEL ESPRIT. Par la Même.
Début :
Cy gît qui s'estimoit l'Arbitre des Arbitres ; [...]
Mots clefs :
Épitaphe, Bel esprit, Arbitre, Almanachs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE ÉPITAPHE D'UN PRÉTENDU BEL ESPRIT. Par la Même.
AUTRE EPITAPHE
D'UN PRETENDU BEL ESPRIT.
Par la Même.
CYgit qui s'estimoit l'Arbitre des Arbitres ;
De la Langue au hazard il décidoit les cas ;
Qui le contredisoit ne s'y connoissoit pas ;
Des Livres il sçût tous les titres ,
Et ne lût que les Almanachs .
D'UN PRETENDU BEL ESPRIT.
Par la Même.
CYgit qui s'estimoit l'Arbitre des Arbitres ;
De la Langue au hazard il décidoit les cas ;
Qui le contredisoit ne s'y connoissoit pas ;
Des Livres il sçût tous les titres ,
Et ne lût que les Almanachs .
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589
p. 1719-1721
LETTRE de M. de Voltaire, écrite à M. de la R. le 30. Juin 1731. de Fakner, prés de Londres.
Début :
Je n'ay jamais jusqu'à present repondu, Monsieur, à aucune des brochure [...]
Mots clefs :
Lettre, Critiques, Justice, Brochure satirique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. de Voltaire, écrite à M. de la R. le 30. Juin 1731. de Fakner, prés de Londres.
LETTRE de M. de Voltaire , écrite à M.
de la R. le 30. Juin 1731. de Fakner ,
prés de Londres.
J
E n'ay jamais jusqu'à present repondu
, Monsieur, à aucune des brochures
que l'on a imprimées contre moy , ou qui
ont été inserées dans les Journaux. J'ay
toujours cru que si les Critiques étoient
mauvaises , le Public en ferait justice
sans moy , et que si elles étoient bonnés,
je ne devois y répondre qu'en corrigean t
mes fautes.
D'ailleurs je n'ay jamais pû prendre
sur moy , de déffendre des ouvrages que
je n'ay jamais donnés qu'avec beaucoup
de défiance , et que je voudrois n'avoir
jamais hazardés dans le Public. Je suis
forcé aujourd'hui contre mon inclination
de vous prier de vouloir bien faire inserer
dans le Mercure cette réponse à Mr
les Auteurs du Nouveliste du Parnasse
et que j'ai l'honneur de vous envoyer.
"
Je
1720 MERCURE DE FRANCE
Je sçai combien peu il importe au Public
de sçavoir si j'ay fait ou non une.
brochure Satirique contre M. Capistron.
Mais j'ay cru devoir détromper ceux qui
lisent les Nouvelles Litteraires , j'ay cru
devoir à mon honneur , et à la verité ,
d'imposer du moins une fois en ma vie ,
un silence forcé à la calomnie. Ce n'est
pas d'aujourd'hui que la seule recompen-.
se de ceux qui cultivent les beaux Arts .
est d'être accusés d'ouvrages indignes
d'eux . On m'a souvent attribué des Pieces
soit mediocres , soit absolument mauvaises
, telles , que je ne sçai quelle Satire
intitulée Jay vu , une miserable Ode ou
l'on attaquoit indignement un Ministre
respectable. Je connois les Auteurs de
ces lâches ouvrages . Je ne leur fais point
la confusion de les nommer , il me suffit
de défier la calomnie d'oser avancer que
j'aye jamais ou fait , ou montré , ou approuvé
un seul ouvrage Satirique. C'est
une déclaration authentique que je fais
dans cette Lettre aux Auteurs du Nouveliste
, et j'espere fermer la bouche pour
jamais à ceux qui m'imputent ces sottises ,
de même que j'invite les sages et vrais
Critiques à continuer d'éclairer les beaux
Arts par leurs reflexions. Je m'éleve contre
le Calomniateur , mais j'encourage
tous
JUILLET. 1731. 1721
tous mes Censeurs , et je me flate d'avoir
donné moy-même dans ce petit Ecrit
l'exemple d'une Critique pleine au moins
de bienséance , si elle ne l'est pas de raison.
Je me flatte , Monsieur , que vous la
ferez paroître dans le Mercure , d'autant
plus volontiers que vous n'y avez jamais
inseré aucune Satire , et que vous
avés trouvé le secret de plaire à tout le
monde , sans offenser personne. Le Mercure
, regardé autrefois comme un ou.
vrage frivole et méprisable , est devenu
entre vos mains un livre choisi , plein de
monuments curieux et necessaires à quiconque
veut sçavoir dans son Siecle l'Histoire
de l'Esprit humain . La Lettre que
je vous envoye ne merite d'y avoir place
qu'autant qu'elle est pleine de cet esprit
de verité que vous aimez . Je suis &c.
de la R. le 30. Juin 1731. de Fakner ,
prés de Londres.
J
E n'ay jamais jusqu'à present repondu
, Monsieur, à aucune des brochures
que l'on a imprimées contre moy , ou qui
ont été inserées dans les Journaux. J'ay
toujours cru que si les Critiques étoient
mauvaises , le Public en ferait justice
sans moy , et que si elles étoient bonnés,
je ne devois y répondre qu'en corrigean t
mes fautes.
D'ailleurs je n'ay jamais pû prendre
sur moy , de déffendre des ouvrages que
je n'ay jamais donnés qu'avec beaucoup
de défiance , et que je voudrois n'avoir
jamais hazardés dans le Public. Je suis
forcé aujourd'hui contre mon inclination
de vous prier de vouloir bien faire inserer
dans le Mercure cette réponse à Mr
les Auteurs du Nouveliste du Parnasse
et que j'ai l'honneur de vous envoyer.
"
Je
1720 MERCURE DE FRANCE
Je sçai combien peu il importe au Public
de sçavoir si j'ay fait ou non une.
brochure Satirique contre M. Capistron.
Mais j'ay cru devoir détromper ceux qui
lisent les Nouvelles Litteraires , j'ay cru
devoir à mon honneur , et à la verité ,
d'imposer du moins une fois en ma vie ,
un silence forcé à la calomnie. Ce n'est
pas d'aujourd'hui que la seule recompen-.
se de ceux qui cultivent les beaux Arts .
est d'être accusés d'ouvrages indignes
d'eux . On m'a souvent attribué des Pieces
soit mediocres , soit absolument mauvaises
, telles , que je ne sçai quelle Satire
intitulée Jay vu , une miserable Ode ou
l'on attaquoit indignement un Ministre
respectable. Je connois les Auteurs de
ces lâches ouvrages . Je ne leur fais point
la confusion de les nommer , il me suffit
de défier la calomnie d'oser avancer que
j'aye jamais ou fait , ou montré , ou approuvé
un seul ouvrage Satirique. C'est
une déclaration authentique que je fais
dans cette Lettre aux Auteurs du Nouveliste
, et j'espere fermer la bouche pour
jamais à ceux qui m'imputent ces sottises ,
de même que j'invite les sages et vrais
Critiques à continuer d'éclairer les beaux
Arts par leurs reflexions. Je m'éleve contre
le Calomniateur , mais j'encourage
tous
JUILLET. 1731. 1721
tous mes Censeurs , et je me flate d'avoir
donné moy-même dans ce petit Ecrit
l'exemple d'une Critique pleine au moins
de bienséance , si elle ne l'est pas de raison.
Je me flatte , Monsieur , que vous la
ferez paroître dans le Mercure , d'autant
plus volontiers que vous n'y avez jamais
inseré aucune Satire , et que vous
avés trouvé le secret de plaire à tout le
monde , sans offenser personne. Le Mercure
, regardé autrefois comme un ou.
vrage frivole et méprisable , est devenu
entre vos mains un livre choisi , plein de
monuments curieux et necessaires à quiconque
veut sçavoir dans son Siecle l'Histoire
de l'Esprit humain . La Lettre que
je vous envoye ne merite d'y avoir place
qu'autant qu'elle est pleine de cet esprit
de verité que vous aimez . Je suis &c.
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Résumé : LETTRE de M. de Voltaire, écrite à M. de la R. le 30. Juin 1731. de Fakner, prés de Londres.
Dans une lettre du 30 juin 1731, Voltaire explique qu'il n'a jamais répondu aux critiques contre lui, préférant laisser le public juger. Il exprime sa réticence à défendre ses œuvres publiées avec prudence. Cependant, il se sent obligé de répondre aux auteurs du 'Nouveliste du Parnasse' pour démentir des accusations de brochures satiriques, notamment contre M. Capistron. Voltaire nie avoir écrit des œuvres médiocres ou mauvaises, comme une satire intitulée 'Jay vu' ou une ode attaquant un ministre respectable. Il défie ses détracteurs de prouver le contraire et invite les critiques sincères à continuer leur travail. Il espère que sa réponse, pleine de bienséance, sera publiée dans le 'Mercure de France', qu'il considère comme un ouvrage respecté et utile pour l'histoire de l'esprit humain.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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590
p. 1721-1736
LETTRE de M. de Voltaire, à Messieurs les Auteurs du Nouvelliste.
Début :
MESSIEURS, On m'a fait tenir à la Campagne où je suis près de Canterbury, depuis quatre [...]
Mots clefs :
Nouvelliste, Canterbury, Lettres, Jalousie, Politesse française, Vérité, Ouvrages, Mémoire, Scène française
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. de Voltaire, à Messieurs les Auteurs du Nouvelliste.
LETTRE de M. de Voltaire , à Messieurs
les Auteurs du Nouvellifte.
.
MESSIEURS
t
On m'a fait tenir à la Campagne où
E
je
1722 MERCURE
DE FRANCE
je suis près de Canterbury , depuis quatre
mois , les Lettres que vous publiez
avec succès en France depuis environ ce
tems.
J'ai vu dans votre dix - huitiéme Lettre
, des plaintes injurieuses que l'on vous
addresse contre moi , sur lesquelles il
est juste que j'aye l'honneur de vous écrire
, moins pour ma propre justification ,
que pour l'intérêt de la vérité.
Un ami , ou peut-être un parent de feu
M. de Campistron , me fait des reproches
pleins d'amertume et de dureté , de
ce que j'ai , dit il , insulté à la mémoire
de cet illustre Ecrivain dans une brochure
de ma façon , et que je me suis servi
de ces termes indécens de pauvre Campistron.
Il auroit, sans doute, raison de me
faire ce reproche , et vous Messieurs , de
l'imprimer, si j'avois , en effet , été coupa
ble d'une groffiereté si éloignée de mes
mours. C'a été pour moi une surprise
également vive et douloureuse , de voir
que l'on m'impute de pareilles sottises.
Je ne sçai ce que c'est que cette brochure
, je n'en ai jamais entendu parler.
Je n'ai fait aucune brochure en ma vie ;
et si jamais homme devoit être à l'abri
d'une pareille accusation , j'ose dire que
c'étoit moi , Messieurs.
DeJUILLET.
1731. 1723
Depuis l'âge de seize ans , où quel
ques Vers un peu satyriques , et par conséquent
très -condamnables avoient échapé
à l'imprudence de mon âge , et au
ressentiment d'une injuftice , je me suis
imposé la loi de ne jamais tomber dans
ce déteftable genre d'écrire. Je passe mes
jours dans les souffrances continuelles de
corps qui m'accablent , et dans l'étude
des bons Livres qui me console : j'apprens
quelquefois dans mon lit que l'on m'impute
à Paris des Pieces fugitives que je n'ai
jamais vûës , et que je ne verrai jamais ;
je ne puis attribuer ces accusations frivoles
à aucune jalousie d'Auteur ; car
qui pourroit être jaloux de moy ! mais
quelque motif qu'on ait pû avoir pour
me charger de pareils Ecrits , je déclare ici
une bonne fois pour toutes , qu'il n'y a
personne en France qui puisse dire que je
lui aye jamais fait voir , depuis que j'suis
hors de l'enfance , aucun Ecrit satyrique
en vers ou en prose. Et celui- là se
montre qui puisse seulement avancer que
j'aye jamais applaudi un seul de ces Ecrits ,
dont le mérite consiste à flater la malignité
humaine.
que
Non- seulement je ne me suis jamais
servi de termes injurieux , soit de bouche,
soit par écrit , en citant feu M. de Campistron
E ij
1724 MEAU
FRANCE DE
pistron , dont la mémoire ne doit pas être
indifferente aux Gens de Lettres , mais je,
me suis toûjours revolté contre cette coutume
impolie qu'ont prise plusieurs jeunes
Gens , d'appeller par leur simple
pom des Auteurs illuftres qui méritent
des égards.
›
J'ai trouvé toûjours indigne de la politesse
Françoise , et du respect que les
Hommes se doivent les uns aux autres ,
de dire Fontenelles , Chaulieu , Crebillon,
la Motte , Raimond , &c. et j'ose dire que
j'ai corrigé quelques personnes de ces manieres
indécentes de parler , qui sont toûjours
insultantes pour les vivans , et dont
on ne doit se servir envers les morts que
quand ils commencent à devenir anciens
pour nous. Le peu de Curieux qui pourront
jetter les yeux sur les Préfaces de
quelques Pieces de Théatre que j'ai hazardées
, verront que je dis toûjours le Grand
Corneille , qui a pour nous le mérite de
l'antiquité ; et je dis M. Racine et M. Despreaux
, parce qu'ils sont presque mes
contemporains .
Il est vrai que dans la Préface d'une
Tragédie addressée à Mylord Bullingbrooke
rendant compte à cet illustre
Anglois des défauts et des beautez de
notre Théatre , je me suis plaint avec justice
JUILLET. 1731. 1725
tice que la galanterie dégrade parmi nous
la dignité de la Scene ; j'ai dit , et je le
dis encore , que l'on avoit applaudi ces
Vers de l'Alcibiade indignes de la Tragédie.
Hélas ! qu'eſt - il besoin de m'en entretenir ?
Mon penchant à l'amour, je l'avouerai fans peine,
Fut de tous mes malheurs la cause trop certainé:
Mais bien qu'il m'ait causé des chagrins , des
soupirs ,
Je n'ai pu refuser mon ame à ses plaisirs :
Car enfin , Amintas , quoi qu'on en puisse dire ,'
Il n'eft rien de semblable à ce qu'il nous inspire
Où trouve-t- on ailleurs cette vive douceur
Capable d'enlever et de calmer un coeur ?
Ah! lorsque penetré d'un amour véritable ,
Et gémissant aux pieds d'un objet adorable ,
J'ai connu dans ses yeux timides ou distraits
Que mes soins de son coeur avoient troublé la
·
paix ;
Que par l'aveu secret d'une ardeur mutuelle
La mienne a pris encore une force nouvelle ;
Dans ces tendres instans j'ai toujours éprouvé
Qu'un mortel peut sentir un honheur achevé .
J'aurois pû dire avec la même vérité ,
que les derniers Ouvrages du Grand Cor
'neille sont indignes de lui et fort infé-
E iij rieurs
1726 MERCURE DE FRANCE
rieurs à cet Alcibiade , et que la Berenice
de M. Racine n'eft qu'une Elegie bien
écrite , sans offenser la mémoire de ces
grands Hommes. Ce sont les fautes des
Ecrivains illustres qui nous instruisent ;
j'ai crû même faire honneur à M. de Campistron
en le citant à des Etrangers à qui
je parlois de la Scéne Françoise , de même
que je croirois rendre hommage à la mémoire
de l'inimitable Moliere , si pour
faire sentir les défauts de notre Scéne comique
, je disois que d'ordinaire les intrigues
de nos Comédies ne sont ménagées
que par des Valets , que les plaisanteries
ne sont presque jamais dans la bouche des
Maîtres , et que j'apportasse en preuve la
plupart des Pieces de ce charmant génie ,
qui malgré ce défaut et celui de ses dénouëmens
, est si au- dessus de Plaute et
de Terence .
J'ai ajoûté qu'Alcibiade est une Piece
suivie , mais foiblement écrite ; le défenseur
de M. de Campistron m'en fait un
crime ; mais qu'il me soit permis de me
servir de la réponse d'Horace.
Nempe incomposito dixi pede currere versus
Lucili quis tam lucili fautor inepte eft
Ut non hoc fateatur ?
JUILLET. 1731 1727
·
On me demande ce que j'entends par
un stile foible , je pourrois répondre , le
mien. Mais je vais tâcher de débrouiller
cette idée , afin que cet Ecrit ne soit pas
absolument inutile , et que ne pouvant
- par mon exemple prouver ce que c'est
qu'un stile noble et fort , j'essaye au moins
d'expliquer mes conjectures , et de justifier
ce que je pense en général d'un ftile de
la Tragedie d'Alcibiade.
Le stile fort et vigoureux , tel qu'il
convient à la Tragedie , est celui qui ne
dit ni trop ni trop peu , et qui fait toujours
des Tableaux à l'esprit , sans s'écarter
un moment de la passion.
Ainsi Cléopâtre dans la Rodogune
s'écrie :
> Trône , à t'abandonner je ne puis consentir
Par un coup de tonnere il en vaut mieux fortir
Tombe sur moi le Ciel pourvû que je me vange.
.. Voilà du stile très- fort , et peut être
trop.
Le Vers qui suit
Il vaut mieux meriter le sort le plus étrange ,
est du stile le plus foible.
> Le stile foible , non- seulement en Tra
gédie , mais en toute Poësie , consiste en-
E. iiij
core
1728
MERCURE DE FRANCE
core à laisser tomber ses Vers deux à deux;
sans entremêler de longues périodes et de
courtes , et sans varier la mesure , à rimer
trop en épithetes , à prodiguer des
expressions trop communes , à répéter
souvent les mêmes mots , à ne pas se servir
à propos des
conjonctions qui paroissent
inutiles aux esprits peu instruits , et
qui
contribuent cependant beaucoup à l'élegance
du Discours.
Tantumferiesjuncturaque pollent.
Ce sont toutes ces finesses
imperceptibles
qui font en même tems la difficulté
et la perfection de l'Art. In tenui labor
at tenuis non gloria.
J'ouvre dans ce moment le Volume
des Tragedies de M. de
Campistron , et
je vois à la premiere Scéne de l'Alcibiade .
Quelle que soit pour nous la tendresse des Rois ,
Un moment leur suffit pour faire un autre choix .
Je dis que ces Vers sans être absolument
mauvais , sont foibles et sans beauté.
Pierre Corneille ayant la même chose à
dire ,
s'exprime ainsi :
Et malgré ce pouvoir dont l'éclat nous séduir,
Si-tôt qu'il nous veut perdre, un coup d'oeil nous
détruit ,
Ce
JUILLET. 1731. 1729
Ce quelle que soit de l'Alcibiade fait languir
le Vers ; de plus , Un moment leur
suffit pourfaire un autre choix , ne fait pas à
beaucoup près une peinture si vive que ce
Vers ; Si-tôt qu'il nous veut perdre , un coup
d'oeil nous détruit.
Je vois dans ces premieres Scénes d'Alcibiade
:
Mille exemples connus de ces fameux revers.
Affoiblit notre empire ; et dans mille combats,
Nous cache mille soins dont il est agité.
El a mille vertus dignes du diadême.
Le sort le plus cruel , mille tourmens affreux.
Je dis que ce mot mille si souvent rế-
peté , et sur tout dans des Vers assez läches
, affoiblit le stile au point de le gâter;
que la Piece est pleine de ces termes oisifs
, qui remplissent languissamment l'Emistiche
des Vers : je m'offre de prouver
à qui voudra , que presque tous les Vers
de cet Ouvrage sont énervez par ces pe
tits défauts de détail , qui répandent leur
langueur sur toute la diction. Si j'avois
vécu du tems de M. de Campistron , et
que j'eusse eû l'honneur d'être son ami , je
lui aurois dit à lui-même ce que je dis ici
au Public , et j'aurois fait tous mes efforts.
pour obtenir de lui qu'il retouchât le stile
E v de
1730 MERCURE DE FRANCE
de cette Piece , qui seroit devenue avec
plus de soin un très - bon Ouvrage. En
un mor , je lui aurois parlé , comme je
fais ici , pour la perfection d'un Art qu'il
cultivoit d'ailleurs avec succès.
Le fameux Acteur qui représenta si
long- tems Alcibiade , cachoit toutes les
foiblesses de la diction par les charmes:
de son recit : en effet , l'on peut dire d'une
Tragedie comme d'une Histoire : Historia
quoque modo scripta benè legitur,et Tragedia
quoque modo scripta benè representatur,
mais les yeux duLecteur sont des juges plus.
difficiles que les oreilles du Spectateur.
Celui qui lit ces Vers d'Alcibiade.
Je répondrai , Seigneur , avec la liberté ,
D'un Grec qui ne sçait pas cacher la verité.
se ressouvient à l'instant de ces deux beaux
Vers de Britannicus ..
e répondrai , Madame , avec la liberté ,.
D'un Soldat qui sçait mal farder la vérité..
Il voit d'abord que les Vers de M. Ra-.
cine sont pleins d'une harmonie singu
liere , qui caractérise en quelque façon
par cette cesure coupée , d'un Soldat
, au lieu que les Vers d'Alcibiade sont
rampans et sans force. En second lieu , il
Burrus
cft
JUILLET. 1731. 1731
est choqué d'une imitation si marquée.
En troisiéme lieu , il ne peut
souffrir que
le citoyen d'un pays renommé par l'Eloquence
et par l'artifice , donne à ces
mêmes Grecs un caractére qu'ils n'avoient
pas.
Vous allez attaquer des peubles indomptables , "
Sur leurs propres foyers plus qu'ailleurs redou
tables..
On voit par tout la même langeur de
stile. Ces rimes d'Epithetes indomptables
redoutables , choquent l'oreille délicate du
connoisseur qui veut des choses , et qui
ne trouve que des sons. Sur leurs propres
foyers plus qu'ailleurs , est trop simple même
pour de la Prose..
Je n'ai trouvé aucun homme de Lettres
qui n'ait été de mon avis , et qui ne soit
convenu avec moi que le stile de cette
Piece est en général très-languissant. J'ajoûterai
même que c'eft la diction seule
qui abbaisse M. de Campistron au des
sous de Monsieur Racine . J'ai toûjours
soutenu que les Pieces de M. de
Campistron étoient pour le moins aussi
régulierement conduites , que toutes celles
de l'illustre Racine ; mais il n'y a que
la Poësie de stile qui fasse la perfection :
des Ouvrages en vers. M. de Campistrom
E vj.
l'ai
#732 MERCURE DE FRANCE
l'a toûjours trop negligée , il n'a imité ſe
coloris de M. Racine que d'un pinceau timide
; il manque à cet Auteur , d'ailleurs
judicieux et tendre , ces beautés de détail
, et ces expressions heureuses qui sont
l'ame de la Poësie , et qui font le mérite
des Homere , des Virgile , des Tasse , des
Milton , des Pope , des Corneille , des Racine
, des Boileau..
Je n'ai donc avancé qu'une verité , et
même une verité utile pour les Belles- Lettres
, et c'est parce qu'elle est vérité qu'elle
m'attire des injures.
vante que
L'Anonime ( quel qu'il soit ) me dit à
la suite de plusieurs personnalitez , que je
suis un trés- mauvais modéle . Mais au
moins il ne le dit qu'après moi , je ne me
de connoître mon art et mon
impuissance. Il dit d'ailleurs ( ce qui n'est
point une injure , mais une Critique
permise , que ma Tragedie de Brutus est
très-défectueuse. Qui le sçait mieux que
moi ? C'est parce que j'étois très- convaincu
des défauts de cette Piece , que je la
refusai constamment un an entier aux
Comédiens. Depuis même je l'ai fort retouchée
, j'ai retourné ce terrain ingrat où
j'avois travaillé si long- tems avec tant de
peine et si peu de fruit. Il n'y a aucun de
mes foibles Ouvrages , que je ne corrige
tous
JUILLET. 1731. 1733
-
tous les jours dans les intervalles de mes
maladies. Non seulement je vois mes
fautes , mais j'ai obligation à ceux qui
m'en reprennent , et je n'ai jamais répondu
à une Critique , qu'en tâchant de me
corriger.
Cette verité que j'aime dans les autres,.
j'ai droit d'exiger que les autres la souffrent
en moi . M. de la Motte sçait avec
quelle franchise je lui ai parlé , et que je
l'estime assez pour lui dire , quand j'ai
l'honneur de le voir , quelques défauts
que je crois appercevoir dans ses ingénieux
Ouvrages. Il seroit honteux que la flaterie
infectât le petit nombre d'hommes qui
pensent. Mais plus j'aime la verité
plus je haïs et dédaigne la Satire , qui n'est
jamais que le langage de l'envie. Les Auteurs
qui veulent apprendre à penser aux
autres hommes , doivent leur donner des
exemples de politesse comme d'éloquence
, et joindre les bienséances de la société
à celles du stile. Faut- il que ceux qui cherchent
la gloire , courent à la honte par
leurs querelles litteraires , et que les Gens
d'esprit deviennent souvent la risée des
sots !
On m'a souvent envoyé en Angleterre
des Epigrammes et des petites Satyres contre
M. de Fontenelle ; j'ai eu soin de dire
pous
1734 MERCURE DE FRANCE
pour l'honneur de mes compatriotes , que
ces petits traits qu'on lui décoche , ressemblent
aux injures que l'esclave disoit autrefois
aux triomphateurs. Je crois que c'est
être bon François de détourner autant qu'il
est en moi, le soupçon qu'on a dans les Païs
étrangers , que les François ne rendent jamais
justice à leurs contemporains. Soyons:
justes , Messieurs , ne craignons ni de blâmer
, ni surtout de louer , ce qui le mérite.
Ne lisons point Pertharite , mais
pleurons à Polieucte . Oublions avec M. de
Fontenelle des Lettres composées dans sa
jeunesse , mais apprenons par coeur , s'il
est possible , les Mondes , la Préface de
l'Académie des Sciences , & c. Disons si
vous voulez , à M. de la Motte , qu'il n'a
pas assez bien traduit l'Iliade , mais n'oublions
pas un mot des belles Odes et des
autres Pieces heureuses qu'il a faites. C'est
ne pas payer ses dettes , que de refuser de
justes louanges . Elles sont l'unique récompense
des Gens de Lettres , et qui
Leur payera ce tribut : si- non nous , qui
courant à peu près la même carriere , de
vons connoître mieux que d'autres la difficulté
et le prix d'un bon Ouvrage ?
J'ai entendu dire souvent en France que
tout est dégénéré , et qu'il y a en tout
genre une disette d'hommes étonnante..
Les
JUILLET. 1737 1735
Les Etrangers n'entendent à Paris que
ces discours ; et ils nous croient aisément
sur notre parole cependant quel est le
siécle où l'esprit humain ait fait plus de
progrès que parmi nous ? Voici un jeune
homme de seize ans qui exécute en effet
ce qu'on a dit autrefois de M. Pascal , et
qui donne un Traité sur les Courbes qui
feroit honneuraux plus grands Géometres ..
L'esprit de raison pénetre si bien dans les
Ecoles , qu'elles commencent à rejetter
également , et les absurditez inintelligi
bles d'Aristote , et les chiméres ingénieuses
de Descartes. Combien d'excellentes
Hisroires n'avons nous pas depuis trente
ans ? Il y en a telle qui se lit avec plus de:
plaisir que Philippes de Comines ; il est
vrai qu'on n'ose l'avouer tout haut , parce
que l'Aureur est encore vivant , et le
moyen d'estimer un contemporain autant
qu'un homme mort il y a plus de deux
cens ans !
Ploravêre suis non respondere favorem
Speratum meritis .
Personne n'ose convenir franchement
des richesses de son siècle . Nous sommes.
comme les avares qui disent toûjours que
le tems est dur. J'abuse de votre patience ,,
Messieurs
JJ
1736 MERCURE DE FRANCE
Messieurs , pardonnez cette longue Lettre
et toutes ces réflexions , au devoir d'un
honnête homme qui a dû se justifier, et à
mon amour extrême pour les Lettres
pour ma Patrie et pour la vérité. Je suis ,
Messieurs , &c. VOLTAIRE.
A Fakener , près de Canterbury , ce 20.
Fuin. 1. Juillet.
les Auteurs du Nouvellifte.
.
MESSIEURS
t
On m'a fait tenir à la Campagne où
E
je
1722 MERCURE
DE FRANCE
je suis près de Canterbury , depuis quatre
mois , les Lettres que vous publiez
avec succès en France depuis environ ce
tems.
J'ai vu dans votre dix - huitiéme Lettre
, des plaintes injurieuses que l'on vous
addresse contre moi , sur lesquelles il
est juste que j'aye l'honneur de vous écrire
, moins pour ma propre justification ,
que pour l'intérêt de la vérité.
Un ami , ou peut-être un parent de feu
M. de Campistron , me fait des reproches
pleins d'amertume et de dureté , de
ce que j'ai , dit il , insulté à la mémoire
de cet illustre Ecrivain dans une brochure
de ma façon , et que je me suis servi
de ces termes indécens de pauvre Campistron.
Il auroit, sans doute, raison de me
faire ce reproche , et vous Messieurs , de
l'imprimer, si j'avois , en effet , été coupa
ble d'une groffiereté si éloignée de mes
mours. C'a été pour moi une surprise
également vive et douloureuse , de voir
que l'on m'impute de pareilles sottises.
Je ne sçai ce que c'est que cette brochure
, je n'en ai jamais entendu parler.
Je n'ai fait aucune brochure en ma vie ;
et si jamais homme devoit être à l'abri
d'une pareille accusation , j'ose dire que
c'étoit moi , Messieurs.
DeJUILLET.
1731. 1723
Depuis l'âge de seize ans , où quel
ques Vers un peu satyriques , et par conséquent
très -condamnables avoient échapé
à l'imprudence de mon âge , et au
ressentiment d'une injuftice , je me suis
imposé la loi de ne jamais tomber dans
ce déteftable genre d'écrire. Je passe mes
jours dans les souffrances continuelles de
corps qui m'accablent , et dans l'étude
des bons Livres qui me console : j'apprens
quelquefois dans mon lit que l'on m'impute
à Paris des Pieces fugitives que je n'ai
jamais vûës , et que je ne verrai jamais ;
je ne puis attribuer ces accusations frivoles
à aucune jalousie d'Auteur ; car
qui pourroit être jaloux de moy ! mais
quelque motif qu'on ait pû avoir pour
me charger de pareils Ecrits , je déclare ici
une bonne fois pour toutes , qu'il n'y a
personne en France qui puisse dire que je
lui aye jamais fait voir , depuis que j'suis
hors de l'enfance , aucun Ecrit satyrique
en vers ou en prose. Et celui- là se
montre qui puisse seulement avancer que
j'aye jamais applaudi un seul de ces Ecrits ,
dont le mérite consiste à flater la malignité
humaine.
que
Non- seulement je ne me suis jamais
servi de termes injurieux , soit de bouche,
soit par écrit , en citant feu M. de Campistron
E ij
1724 MEAU
FRANCE DE
pistron , dont la mémoire ne doit pas être
indifferente aux Gens de Lettres , mais je,
me suis toûjours revolté contre cette coutume
impolie qu'ont prise plusieurs jeunes
Gens , d'appeller par leur simple
pom des Auteurs illuftres qui méritent
des égards.
›
J'ai trouvé toûjours indigne de la politesse
Françoise , et du respect que les
Hommes se doivent les uns aux autres ,
de dire Fontenelles , Chaulieu , Crebillon,
la Motte , Raimond , &c. et j'ose dire que
j'ai corrigé quelques personnes de ces manieres
indécentes de parler , qui sont toûjours
insultantes pour les vivans , et dont
on ne doit se servir envers les morts que
quand ils commencent à devenir anciens
pour nous. Le peu de Curieux qui pourront
jetter les yeux sur les Préfaces de
quelques Pieces de Théatre que j'ai hazardées
, verront que je dis toûjours le Grand
Corneille , qui a pour nous le mérite de
l'antiquité ; et je dis M. Racine et M. Despreaux
, parce qu'ils sont presque mes
contemporains .
Il est vrai que dans la Préface d'une
Tragédie addressée à Mylord Bullingbrooke
rendant compte à cet illustre
Anglois des défauts et des beautez de
notre Théatre , je me suis plaint avec justice
JUILLET. 1731. 1725
tice que la galanterie dégrade parmi nous
la dignité de la Scene ; j'ai dit , et je le
dis encore , que l'on avoit applaudi ces
Vers de l'Alcibiade indignes de la Tragédie.
Hélas ! qu'eſt - il besoin de m'en entretenir ?
Mon penchant à l'amour, je l'avouerai fans peine,
Fut de tous mes malheurs la cause trop certainé:
Mais bien qu'il m'ait causé des chagrins , des
soupirs ,
Je n'ai pu refuser mon ame à ses plaisirs :
Car enfin , Amintas , quoi qu'on en puisse dire ,'
Il n'eft rien de semblable à ce qu'il nous inspire
Où trouve-t- on ailleurs cette vive douceur
Capable d'enlever et de calmer un coeur ?
Ah! lorsque penetré d'un amour véritable ,
Et gémissant aux pieds d'un objet adorable ,
J'ai connu dans ses yeux timides ou distraits
Que mes soins de son coeur avoient troublé la
·
paix ;
Que par l'aveu secret d'une ardeur mutuelle
La mienne a pris encore une force nouvelle ;
Dans ces tendres instans j'ai toujours éprouvé
Qu'un mortel peut sentir un honheur achevé .
J'aurois pû dire avec la même vérité ,
que les derniers Ouvrages du Grand Cor
'neille sont indignes de lui et fort infé-
E iij rieurs
1726 MERCURE DE FRANCE
rieurs à cet Alcibiade , et que la Berenice
de M. Racine n'eft qu'une Elegie bien
écrite , sans offenser la mémoire de ces
grands Hommes. Ce sont les fautes des
Ecrivains illustres qui nous instruisent ;
j'ai crû même faire honneur à M. de Campistron
en le citant à des Etrangers à qui
je parlois de la Scéne Françoise , de même
que je croirois rendre hommage à la mémoire
de l'inimitable Moliere , si pour
faire sentir les défauts de notre Scéne comique
, je disois que d'ordinaire les intrigues
de nos Comédies ne sont ménagées
que par des Valets , que les plaisanteries
ne sont presque jamais dans la bouche des
Maîtres , et que j'apportasse en preuve la
plupart des Pieces de ce charmant génie ,
qui malgré ce défaut et celui de ses dénouëmens
, est si au- dessus de Plaute et
de Terence .
J'ai ajoûté qu'Alcibiade est une Piece
suivie , mais foiblement écrite ; le défenseur
de M. de Campistron m'en fait un
crime ; mais qu'il me soit permis de me
servir de la réponse d'Horace.
Nempe incomposito dixi pede currere versus
Lucili quis tam lucili fautor inepte eft
Ut non hoc fateatur ?
JUILLET. 1731 1727
·
On me demande ce que j'entends par
un stile foible , je pourrois répondre , le
mien. Mais je vais tâcher de débrouiller
cette idée , afin que cet Ecrit ne soit pas
absolument inutile , et que ne pouvant
- par mon exemple prouver ce que c'est
qu'un stile noble et fort , j'essaye au moins
d'expliquer mes conjectures , et de justifier
ce que je pense en général d'un ftile de
la Tragedie d'Alcibiade.
Le stile fort et vigoureux , tel qu'il
convient à la Tragedie , est celui qui ne
dit ni trop ni trop peu , et qui fait toujours
des Tableaux à l'esprit , sans s'écarter
un moment de la passion.
Ainsi Cléopâtre dans la Rodogune
s'écrie :
> Trône , à t'abandonner je ne puis consentir
Par un coup de tonnere il en vaut mieux fortir
Tombe sur moi le Ciel pourvû que je me vange.
.. Voilà du stile très- fort , et peut être
trop.
Le Vers qui suit
Il vaut mieux meriter le sort le plus étrange ,
est du stile le plus foible.
> Le stile foible , non- seulement en Tra
gédie , mais en toute Poësie , consiste en-
E. iiij
core
1728
MERCURE DE FRANCE
core à laisser tomber ses Vers deux à deux;
sans entremêler de longues périodes et de
courtes , et sans varier la mesure , à rimer
trop en épithetes , à prodiguer des
expressions trop communes , à répéter
souvent les mêmes mots , à ne pas se servir
à propos des
conjonctions qui paroissent
inutiles aux esprits peu instruits , et
qui
contribuent cependant beaucoup à l'élegance
du Discours.
Tantumferiesjuncturaque pollent.
Ce sont toutes ces finesses
imperceptibles
qui font en même tems la difficulté
et la perfection de l'Art. In tenui labor
at tenuis non gloria.
J'ouvre dans ce moment le Volume
des Tragedies de M. de
Campistron , et
je vois à la premiere Scéne de l'Alcibiade .
Quelle que soit pour nous la tendresse des Rois ,
Un moment leur suffit pour faire un autre choix .
Je dis que ces Vers sans être absolument
mauvais , sont foibles et sans beauté.
Pierre Corneille ayant la même chose à
dire ,
s'exprime ainsi :
Et malgré ce pouvoir dont l'éclat nous séduir,
Si-tôt qu'il nous veut perdre, un coup d'oeil nous
détruit ,
Ce
JUILLET. 1731. 1729
Ce quelle que soit de l'Alcibiade fait languir
le Vers ; de plus , Un moment leur
suffit pourfaire un autre choix , ne fait pas à
beaucoup près une peinture si vive que ce
Vers ; Si-tôt qu'il nous veut perdre , un coup
d'oeil nous détruit.
Je vois dans ces premieres Scénes d'Alcibiade
:
Mille exemples connus de ces fameux revers.
Affoiblit notre empire ; et dans mille combats,
Nous cache mille soins dont il est agité.
El a mille vertus dignes du diadême.
Le sort le plus cruel , mille tourmens affreux.
Je dis que ce mot mille si souvent rế-
peté , et sur tout dans des Vers assez läches
, affoiblit le stile au point de le gâter;
que la Piece est pleine de ces termes oisifs
, qui remplissent languissamment l'Emistiche
des Vers : je m'offre de prouver
à qui voudra , que presque tous les Vers
de cet Ouvrage sont énervez par ces pe
tits défauts de détail , qui répandent leur
langueur sur toute la diction. Si j'avois
vécu du tems de M. de Campistron , et
que j'eusse eû l'honneur d'être son ami , je
lui aurois dit à lui-même ce que je dis ici
au Public , et j'aurois fait tous mes efforts.
pour obtenir de lui qu'il retouchât le stile
E v de
1730 MERCURE DE FRANCE
de cette Piece , qui seroit devenue avec
plus de soin un très - bon Ouvrage. En
un mor , je lui aurois parlé , comme je
fais ici , pour la perfection d'un Art qu'il
cultivoit d'ailleurs avec succès.
Le fameux Acteur qui représenta si
long- tems Alcibiade , cachoit toutes les
foiblesses de la diction par les charmes:
de son recit : en effet , l'on peut dire d'une
Tragedie comme d'une Histoire : Historia
quoque modo scripta benè legitur,et Tragedia
quoque modo scripta benè representatur,
mais les yeux duLecteur sont des juges plus.
difficiles que les oreilles du Spectateur.
Celui qui lit ces Vers d'Alcibiade.
Je répondrai , Seigneur , avec la liberté ,
D'un Grec qui ne sçait pas cacher la verité.
se ressouvient à l'instant de ces deux beaux
Vers de Britannicus ..
e répondrai , Madame , avec la liberté ,.
D'un Soldat qui sçait mal farder la vérité..
Il voit d'abord que les Vers de M. Ra-.
cine sont pleins d'une harmonie singu
liere , qui caractérise en quelque façon
par cette cesure coupée , d'un Soldat
, au lieu que les Vers d'Alcibiade sont
rampans et sans force. En second lieu , il
Burrus
cft
JUILLET. 1731. 1731
est choqué d'une imitation si marquée.
En troisiéme lieu , il ne peut
souffrir que
le citoyen d'un pays renommé par l'Eloquence
et par l'artifice , donne à ces
mêmes Grecs un caractére qu'ils n'avoient
pas.
Vous allez attaquer des peubles indomptables , "
Sur leurs propres foyers plus qu'ailleurs redou
tables..
On voit par tout la même langeur de
stile. Ces rimes d'Epithetes indomptables
redoutables , choquent l'oreille délicate du
connoisseur qui veut des choses , et qui
ne trouve que des sons. Sur leurs propres
foyers plus qu'ailleurs , est trop simple même
pour de la Prose..
Je n'ai trouvé aucun homme de Lettres
qui n'ait été de mon avis , et qui ne soit
convenu avec moi que le stile de cette
Piece est en général très-languissant. J'ajoûterai
même que c'eft la diction seule
qui abbaisse M. de Campistron au des
sous de Monsieur Racine . J'ai toûjours
soutenu que les Pieces de M. de
Campistron étoient pour le moins aussi
régulierement conduites , que toutes celles
de l'illustre Racine ; mais il n'y a que
la Poësie de stile qui fasse la perfection :
des Ouvrages en vers. M. de Campistrom
E vj.
l'ai
#732 MERCURE DE FRANCE
l'a toûjours trop negligée , il n'a imité ſe
coloris de M. Racine que d'un pinceau timide
; il manque à cet Auteur , d'ailleurs
judicieux et tendre , ces beautés de détail
, et ces expressions heureuses qui sont
l'ame de la Poësie , et qui font le mérite
des Homere , des Virgile , des Tasse , des
Milton , des Pope , des Corneille , des Racine
, des Boileau..
Je n'ai donc avancé qu'une verité , et
même une verité utile pour les Belles- Lettres
, et c'est parce qu'elle est vérité qu'elle
m'attire des injures.
vante que
L'Anonime ( quel qu'il soit ) me dit à
la suite de plusieurs personnalitez , que je
suis un trés- mauvais modéle . Mais au
moins il ne le dit qu'après moi , je ne me
de connoître mon art et mon
impuissance. Il dit d'ailleurs ( ce qui n'est
point une injure , mais une Critique
permise , que ma Tragedie de Brutus est
très-défectueuse. Qui le sçait mieux que
moi ? C'est parce que j'étois très- convaincu
des défauts de cette Piece , que je la
refusai constamment un an entier aux
Comédiens. Depuis même je l'ai fort retouchée
, j'ai retourné ce terrain ingrat où
j'avois travaillé si long- tems avec tant de
peine et si peu de fruit. Il n'y a aucun de
mes foibles Ouvrages , que je ne corrige
tous
JUILLET. 1731. 1733
-
tous les jours dans les intervalles de mes
maladies. Non seulement je vois mes
fautes , mais j'ai obligation à ceux qui
m'en reprennent , et je n'ai jamais répondu
à une Critique , qu'en tâchant de me
corriger.
Cette verité que j'aime dans les autres,.
j'ai droit d'exiger que les autres la souffrent
en moi . M. de la Motte sçait avec
quelle franchise je lui ai parlé , et que je
l'estime assez pour lui dire , quand j'ai
l'honneur de le voir , quelques défauts
que je crois appercevoir dans ses ingénieux
Ouvrages. Il seroit honteux que la flaterie
infectât le petit nombre d'hommes qui
pensent. Mais plus j'aime la verité
plus je haïs et dédaigne la Satire , qui n'est
jamais que le langage de l'envie. Les Auteurs
qui veulent apprendre à penser aux
autres hommes , doivent leur donner des
exemples de politesse comme d'éloquence
, et joindre les bienséances de la société
à celles du stile. Faut- il que ceux qui cherchent
la gloire , courent à la honte par
leurs querelles litteraires , et que les Gens
d'esprit deviennent souvent la risée des
sots !
On m'a souvent envoyé en Angleterre
des Epigrammes et des petites Satyres contre
M. de Fontenelle ; j'ai eu soin de dire
pous
1734 MERCURE DE FRANCE
pour l'honneur de mes compatriotes , que
ces petits traits qu'on lui décoche , ressemblent
aux injures que l'esclave disoit autrefois
aux triomphateurs. Je crois que c'est
être bon François de détourner autant qu'il
est en moi, le soupçon qu'on a dans les Païs
étrangers , que les François ne rendent jamais
justice à leurs contemporains. Soyons:
justes , Messieurs , ne craignons ni de blâmer
, ni surtout de louer , ce qui le mérite.
Ne lisons point Pertharite , mais
pleurons à Polieucte . Oublions avec M. de
Fontenelle des Lettres composées dans sa
jeunesse , mais apprenons par coeur , s'il
est possible , les Mondes , la Préface de
l'Académie des Sciences , & c. Disons si
vous voulez , à M. de la Motte , qu'il n'a
pas assez bien traduit l'Iliade , mais n'oublions
pas un mot des belles Odes et des
autres Pieces heureuses qu'il a faites. C'est
ne pas payer ses dettes , que de refuser de
justes louanges . Elles sont l'unique récompense
des Gens de Lettres , et qui
Leur payera ce tribut : si- non nous , qui
courant à peu près la même carriere , de
vons connoître mieux que d'autres la difficulté
et le prix d'un bon Ouvrage ?
J'ai entendu dire souvent en France que
tout est dégénéré , et qu'il y a en tout
genre une disette d'hommes étonnante..
Les
JUILLET. 1737 1735
Les Etrangers n'entendent à Paris que
ces discours ; et ils nous croient aisément
sur notre parole cependant quel est le
siécle où l'esprit humain ait fait plus de
progrès que parmi nous ? Voici un jeune
homme de seize ans qui exécute en effet
ce qu'on a dit autrefois de M. Pascal , et
qui donne un Traité sur les Courbes qui
feroit honneuraux plus grands Géometres ..
L'esprit de raison pénetre si bien dans les
Ecoles , qu'elles commencent à rejetter
également , et les absurditez inintelligi
bles d'Aristote , et les chiméres ingénieuses
de Descartes. Combien d'excellentes
Hisroires n'avons nous pas depuis trente
ans ? Il y en a telle qui se lit avec plus de:
plaisir que Philippes de Comines ; il est
vrai qu'on n'ose l'avouer tout haut , parce
que l'Aureur est encore vivant , et le
moyen d'estimer un contemporain autant
qu'un homme mort il y a plus de deux
cens ans !
Ploravêre suis non respondere favorem
Speratum meritis .
Personne n'ose convenir franchement
des richesses de son siècle . Nous sommes.
comme les avares qui disent toûjours que
le tems est dur. J'abuse de votre patience ,,
Messieurs
JJ
1736 MERCURE DE FRANCE
Messieurs , pardonnez cette longue Lettre
et toutes ces réflexions , au devoir d'un
honnête homme qui a dû se justifier, et à
mon amour extrême pour les Lettres
pour ma Patrie et pour la vérité. Je suis ,
Messieurs , &c. VOLTAIRE.
A Fakener , près de Canterbury , ce 20.
Fuin. 1. Juillet.
Fermer
Résumé : LETTRE de M. de Voltaire, à Messieurs les Auteurs du Nouvelliste.
Voltaire, depuis Canterbury, répond aux accusations publiées dans le Mercure de France. Un ami ou parent de feu M. de Campistron l'accuse d'avoir insulté la mémoire de cet écrivain dans une brochure. Voltaire nie catégoriquement avoir écrit cette brochure et affirme n'avoir jamais produit d'écrits satiriques depuis l'âge de seize ans. Il souligne qu'il passe ses jours dans les souffrances physiques et l'étude des bons livres, et qu'il n'a jamais été impliqué dans des écrits injurieux. Voltaire explique qu'il respecte la mémoire des auteurs illustres et qu'il a toujours évité d'utiliser des termes impolis pour parler des écrivains. Il mentionne avoir critiqué la pièce 'Alcibiade' de Campistron pour son style faible, mais sans intention d'insulter l'auteur. Il compare des vers de Campistron à ceux de Corneille et Racine pour illustrer ses points sur la qualité du style. Voltaire conclut en affirmant qu'il n'a fait que dire la vérité sur les défauts de la pièce, ce qui lui a attiré des injures. Il reconnaît les défauts de ses propres œuvres et les corrige constamment. Dans une autre lettre, Voltaire exprime son attachement à la vérité et son aversion pour la satire, qu'il considère comme le langage de l'envie. Il souligne l'importance de la politesse et des bienséances dans les écrits littéraires. Voltaire mentionne avoir reçu des épigrammes contre M. de Fontenelle et affirme que ces attaques ressemblent aux insultes d'un esclave envers un triomphateur. Il encourage à rendre justice aux contemporains et à louer les œuvres méritantes, citant des exemples comme les 'Mondes' de Fontenelle et les traductions de M. de la Motte. Voltaire conteste l'idée que la France manque d'hommes de talent, citant des progrès récents en mathématiques et en histoire. Il critique ceux qui se plaignent de la dégénérescence de leur époque et affirme que le siècle actuel a vu des avancées significatives. Il conclut en se justifiant pour la longueur de sa lettre, motivée par son amour pour les lettres, la patrie et la vérité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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591
p. 1739-1741
« CRITIQUE de la Bibliothèque des Auteurs Ecclesiastiques de M. du [...] »
Début :
CRITIQUE de la Bibliothèque des Auteurs Ecclesiastiques de M. du [...]
Mots clefs :
Critique, Auteurs ecclésiastiques , Nouvelle traduction
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texteReconnaissance textuelle : « CRITIQUE de la Bibliothèque des Auteurs Ecclesiastiques de M. du [...] »
CR
RITIQUE de la Bibliotheque des
Auteurs Ecclesiastiques de M. du
Pin, par feu M. Richard Simon. A Paris,
rue S.Jacques , chez Ganeau , 1730. 4. vol.
in 8.
NOUVELLE TRADUCTION du Livre unique
des Lettres de Ciceron à M. J.Brutus,
avec des Remarques Historiques et Critiques,
dédiée à Monseigneur le Dauphin..
Par M. de Laval . A Paris , Quay des Augustins
, chez Guill. Denis David , 1731.
2. vol. in 12.
OSTEOLOGIE , ou Traité des Os , dans
lequel on considere chaque Os par rapport
1740 MERCURE DE FRANCE
port aux Parties qui le composent , aux
cavitez qui s'y trouvent , et à ses joncfions
aux autres Os. Par M. Jean Baget ,
Chirurgien Juré à Paris , Démonstrateur
en Anatomie et Chirurgie. Rue S. Jacques
, chez Louis d'Hotelfort. In 12 .
HISTOIRE NATURELLE , Civile et Ecclesiastique
de l'Empire du Japon , composée
en Allemand , par Engelbert Kampfer,
Docteur en Médecine à Lemgow ;
et traduite en françois sur la version Angloise
de Jean Gaspard Scheuchzer
Membre de la Societé Royale, et du College
des Médecins à Londres. Ouvrage
enrichi de quantité de Figures dessinées
d'aprés le naturel par l'Auteur même.
A la Haye chez P. Gosse et J. Neaulme.
1729. in fol. z. vol . Tom. I. pag. 217 .
Tome 2. pp . 313. sans l'Appendix de
96. pag. et les Preliminaires de 52. pag. ·
Planch. détach. 45 .
REFLEXIONS POLITIQUES de Balthasar
Gracian sur les plus grands Princes , et
particulierement sur Ferdinand le Catholique.
Ouvrage traduit de l'Espagnol
avec des Notes historiques et critiques.
A Paris chez Barthelemy Alix , rue Saint-
Facques 1730. in 12. pag. 350. sans la
Preface et les Tables .
LETTRES
JUILLET . 1731. 174 *
LETTRES CRITIQUES , à M. le Comte
***, sur le Paradis perdu et reconquis
de Milton . Par R. **. A Paris chez
Cailleau, Place du Pont S. Michel. 1731 ,
in 12.
RECUEIL de Pieces d'Histoire et de
Litterature Tome 1. A Paris Quay des
Augustins , chez, Chaubert . 1731 .
RITIQUE de la Bibliotheque des
Auteurs Ecclesiastiques de M. du
Pin, par feu M. Richard Simon. A Paris,
rue S.Jacques , chez Ganeau , 1730. 4. vol.
in 8.
NOUVELLE TRADUCTION du Livre unique
des Lettres de Ciceron à M. J.Brutus,
avec des Remarques Historiques et Critiques,
dédiée à Monseigneur le Dauphin..
Par M. de Laval . A Paris , Quay des Augustins
, chez Guill. Denis David , 1731.
2. vol. in 12.
OSTEOLOGIE , ou Traité des Os , dans
lequel on considere chaque Os par rapport
1740 MERCURE DE FRANCE
port aux Parties qui le composent , aux
cavitez qui s'y trouvent , et à ses joncfions
aux autres Os. Par M. Jean Baget ,
Chirurgien Juré à Paris , Démonstrateur
en Anatomie et Chirurgie. Rue S. Jacques
, chez Louis d'Hotelfort. In 12 .
HISTOIRE NATURELLE , Civile et Ecclesiastique
de l'Empire du Japon , composée
en Allemand , par Engelbert Kampfer,
Docteur en Médecine à Lemgow ;
et traduite en françois sur la version Angloise
de Jean Gaspard Scheuchzer
Membre de la Societé Royale, et du College
des Médecins à Londres. Ouvrage
enrichi de quantité de Figures dessinées
d'aprés le naturel par l'Auteur même.
A la Haye chez P. Gosse et J. Neaulme.
1729. in fol. z. vol . Tom. I. pag. 217 .
Tome 2. pp . 313. sans l'Appendix de
96. pag. et les Preliminaires de 52. pag. ·
Planch. détach. 45 .
REFLEXIONS POLITIQUES de Balthasar
Gracian sur les plus grands Princes , et
particulierement sur Ferdinand le Catholique.
Ouvrage traduit de l'Espagnol
avec des Notes historiques et critiques.
A Paris chez Barthelemy Alix , rue Saint-
Facques 1730. in 12. pag. 350. sans la
Preface et les Tables .
LETTRES
JUILLET . 1731. 174 *
LETTRES CRITIQUES , à M. le Comte
***, sur le Paradis perdu et reconquis
de Milton . Par R. **. A Paris chez
Cailleau, Place du Pont S. Michel. 1731 ,
in 12.
RECUEIL de Pieces d'Histoire et de
Litterature Tome 1. A Paris Quay des
Augustins , chez, Chaubert . 1731 .
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Résumé : « CRITIQUE de la Bibliothèque des Auteurs Ecclesiastiques de M. du [...] »
Le document recense des publications parues entre 1729 et 1740. En 1729, 'Histoire Naturelle, Civile et Ecclesiastique de l'Empire du Japon' d'Engelbert Kaempfer, traduite de l'allemand via l'anglais par Jean Gaspard Scheuchzer, est publiée à La Haye. En 1730, 'Critique de la Bibliotheque des Auteurs Ecclesiastiques' de Richard Simon et les 'Reflexions Politiques' de Balthasar Gracian sur les princes, traduites de l'espagnol, sont publiées à Paris. En 1731, plusieurs ouvrages paraissent à Paris : 'Nouvelle Traduction du Livre unique des Lettres de Ciceron à M. J. Brutus' de M. de Laval, dédiée au Dauphin, 'Lettres Critiques' sur 'Le Paradis perdu et reconquis' de Milton par R. **, et un 'Recueil de Pieces d'Histoire et de Littérature'. En 1740, 'Ostéologie, ou Traité des Os' de Jean Baget, chirurgien et démonstrateur en anatomie, est publié à Paris.
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592
p. 1741-1755
Discours sur la Comedie, ou Traité, &c. [titre d'après la table]
Début :
DISCOURS SUR LA COMEDIE, ou Traité Historique et Dogmatique des Jeux de [...]
Mots clefs :
Jeux, Poètes, Parlement, Paris, Théâtre
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texteReconnaissance textuelle : Discours sur la Comedie, ou Traité, &c. [titre d'après la table]
DISCOURS SUR LA COMEDIE , ou Traité
Historique et Dogmatique des Jeux de
Théatre & c. 2. Edition , augmentée de
plus de la moitié. par le P. le Brun de l'Oratoire
, rue S. Jacques , chez la veuve
Delaulne. 1731 .
>
Aprés l'Extrait que nous avons donné
de la premiere moitié de cet Ouvrage
sur les anciens Jeux de Théatre &c. Il
nous reste à dire quelque chose des Spectacles
et des Pieces de Théatre en France
, de leur origine , de leur succès &c.
Au treizieme Siecle , il y eut en France
beaucoup de Poëtes , et les Provenceaux
furent ceux qu'on estima dayantage.
On faisoit beaucoup de cas de la
Langue Provençale que l'on appelloit la
Langue Romaine , à cause qu'elle en
approchoit beaucoup , et que la Provence
seule avoit retenu le nom de Province ,
eu Province des Romains , qu'on don
noit
1742 MERCURE DE FRANCE
noit à toute la Gaule Narbonnoise , qui
comprenoit Toulouse et Genéve , c'està-
dire , tout ce que les Romains possedoient
dans les Gaulès , lorsque Cesar y
vint pour la premiere fois.
Depuis le X. Siecle on se piquoit presque
dans toutes les Cours de l'Europe
de parler Provençal , et les Pieces d'esprit
ne paroissoient ordinairement qu'en cette
Langue , ce qui fit qu'on appella ces Pieces
des Romans , ou Romances , à cause
qu'elles étoient écrites en langage Romain
, ou Romance , c'est - à- dire Provençal.
Comme le François se perfectionna depuis
Philippe Auguste , on voit au XIII .
Siecle par la Bible de Guiart des Moulins,
que le langage de Paris s'appelloit indifferemment
le François ou le Romain.
Quoiqu'il en soit , le desir de parler purement
Provençal , porta plusieurs Princes
à appeller des Poëtes Provençaux dans
leur Cour. Il en sortit , en effet , un assez
grand nombre de Provence , et la plupart
étoient des personnes distinguées par
leur naissance et par leur génie. Le Poëte
Foulquet qui écrivoit à Marseille au commencement
du XIII . siecle , à qui on
a attribué la gloire d'avoir le premier
donné et observé les regles de bien rimer ,
s'étant
JUILLET. 1731. 1643
•
s'étant retiré dans un Monastere , fut fait
Evêque de Marseille , puis de Toulouse ,
et plusieurs autres s'avançoient beaucoup
auprès des Princes .
Alphonse Comte de Poitiers et de Toulouse
, frere de S.Louis , avoit auprès de lui
plusieurs de ces Poëtes , et par tout on les
recherchoit avec empressement, et on leur
isoit des présens magnifiques . Ceux qui
' étoient pas fixes dans quelques Cours
Composoient de petites bandes de trois
ɔu quatre amis , Poëtes , Chantres et
Joueurs d'Instrumens , et alloient de Ville
n Ville , ou plutôt de Château en Château
, réciter leurs Ouvrages , et c'étoit
à ceux qu'on appelloit communément
les Auteurs de la Science guaye , les Troubadours
ou les Trouveres , c'est-à - dire
Inventeurs.
La plupart de ces Bouffons s'appelloient
Ministerales , Minetrales , Ministrelli
d'où est venu le nom de Menetrier. Ils
ne s'appliquoient pas seulement à réjoüir
les Princes par leurs plaisanteries , mais
encore ils chantoient au son des Instrumens
leurs loüanges et celles de leurs Ancêtres
. Quelquefois ils déclamoient agréablement
les Exploits des Héros , ou les
chantoient , jouant en même- tems du
Violon ou de quelqu'autre Instrument ,
excitant
1744 MERCURE DE FRANCE
excitant ainsi à la vertu ceux qui les écoutoient.
On voit au même endroit que dans
un Festin d'Apparat,donné par LouisVIII.
pere de S. Louis , parut un de ces Menetriers
, qui chanta les louanges du Roi au
son de la Lyre.
Ces personnes ne pouvoient pas être
censées infames , par les loix qui déclarent
que ceux qui n'avoient représenté
que dans des Maisons particulieres , ne
seront pas déclarez infames. Pline le
jeune , louant la vie d'un homme fort
distingué , dit qu'il faisoit souvent venir
à sa table un Comédien pour entendre
quelque chose de bon pendant le repas.
On trouve jusqu'au milieu du XIV . Siecle
environ cent Poëtes Provençaux des
plus distinguez , dont les vies ont été
écrites par le sçavant Cibo , Moine de L'erins
, par Huges de S. Cesaire , Moine
de Montmajour, par Rostang de Brignole,
Moine de S Victor de Marseille , et par
Jean et César Nostradamus .
Ce dernier Historien en 1344. compte
90. Poëtes , dont le Roi Robert fit recueillir
les Ouvrages . Le Cardinal de Richelieu
a fait aussi rechercher en Provence
plusieurs Pieces de cette nature , et ce
sont peut- être celles qu'on conserve dans
la Bibliotheque Royale.
Vers
JUILLET . 1731. 1745
Vers le milieu du XV. siecle , les Poëtes
Provençaux se négligerent , et leur
langue ne fut plus cultivée comme elle
l'avoit été durant quelques siecles . Mais
les Italiens , que le séjour des Papes àAvignon
avoit attirez en Provence , y étoient
devenus Poëtes . On en voyoit déja parmi
eux un grand nombre , tant bons que
méchans ; et comme en Italie on a toujours
eu beaucoup de disposition à être
Saltinbanque , il y eut bientôt plusieurs
Poëtes qui prirent le parti de monter sur
des Theatres . Les moins polis se distinguerent
par le choix de quelques Sujets
de pieté , et tels furent ces Pelerins que
M. Despréaux a dépeints ainsi dans le
troisiéme Chant de l'Art Poëtique.
Chez nos dévots Ayeux le Théatre abhorré ,
Fut long- temps dans la France un plaisir ignoré;
De Pelerins , dit-on , une Troupe grossiere ,
En public à Paris y monta la premiere ,
Et sottement zelée en sa simplicité ,
Joua les Saints , la Vierge, et Dieu par pieté.
Ces dévots Comédiens vinrent à Paris
au commencement du XIV. siecle ; et
le Cardinal le Moine , Fondateur du College
qui porte son nom , acheta l'Hôtel
de Bourgogne et le leur donna ,à condition
F qu'ils
1745 MERCURE DE FRANCE
qu'ils ne représenteroient jamais que des
Pieces pieuses. Cependant ces Jeux n'ont
pas toujours continué , comme plusieurs
semblent le croire.
Dans un Arrêt du Parlement de Paris,
donné sous François I. en 1541. il est
parlé de ces prétendues Pieces de dévotion
comme d'un usage qui ne s'étoit introduit
que depuis deux ou trois ans ,
et que le Parlement ne pouvoit tolerer.
Il l'interdit en effet sous de rigoureuses
peines par le même Arrêt , dont quelques-
uns des motifs sont , 19. Que pour
réjouir le peuple on mêle ordinairement à ces
sortes de feux des Farces ou Comédies dérisoires
, qui sont choses deffendues par les
saints Canons. 2 ° . Que les Auteurs de ces
Piecesjouant pour le gain , ils devoient pas
ser pour Histrions , Joculateurs on Bateleurs.
3. Que les Assemblées de ces Jeux donnoient
lieu à des parties ou d'assignations d'adultere
et de fornication . 4. Que cela fait dépenser
de l'argent mal à propos aux Bourgeois
et aux Artisans de la Ville.
Ces motifs montrent assez qu'il n'y
avcit pas alors d'autres Jeux de Théatre
à Paris. Il paroît que ces Comédies pieuses
furent encore jouées pendant quelque
emps. Dans une Requête présentée au
Parlement , les Auteurs de ces Jeux disent
JUILLET. 1731. 2747
sent qu'ils les faisoientjouer de temps immemorial
et par des privileges confirmez par
les Rois de France , à l'édification du commun
populaire sans offense generale ou particuliere.
Ce ne fut qu'en 1545. que leurs Jeux
cesserent , le Parlement ayant converti
en logement pour les pauvres , la Salle
de la Passion. Trois ans après , ils acheterent
une nouvelle Salle , et demanderent
que suivant lesdits Privileges , il leur
fût permis de continuer la représentation
desdits Misteres , du profit desquels , disentils
, étoit entretenu le Service divin en la
Chapelle de ladite Confrairie , avec deffenses
à tous autres de jouer à l'avenir , tant
en la Ville que Fauxbourgs et Banlieuë de
Cette Ville , sinon que ce fut sous le titre de
la dite Confrairie. Voici les termes de l'Arrêt
: La Cour a inhibé et deffendu , inhibe
et deffend ausdits Suppliants de jouer le
Mystere de la Passion de N. Sauveur , ne
autres Mysteres sacrez , sur peine d'amende
arbitraire , leur permettant neantmoins de
pouvoirjouer autres Mysteres profanes , honnêtes
et licites , sans offenser et injurier aucunes
personnes , et deffend ladite Cour de
jouer ou représenter dorénavant aucuns Jeux
ou Mysteres , tant en la Ville et Fauxbourg's ,
que Banlieue de Paris , sinon que sous le
Fij nom
1743 MERCURE DE FRANCE
nom ladite Confrairie et au profit d'icelle.
Le Parlement ne voulant point souffrir
d'autres Jeux que ceux de ces Confreres
de la Passion , la Chambre des Vacations
s'éleva le 15. Septembre 1531. contre une
Troupe de Comédiens qui depuis quelque
temps joüoient des Farces et des Jeux
publics , et avoient à ce sujet exigé de
ceux qui y avoient assisté , quatre , cinq
et six sols , somme excessive et non accoutumée
d'être levée en tel cas , qui est espece
d'exaction sur le pauvre peuple. La Cour
leur deffendit de jouer à l'avenir des Farces
sans permission , sous peine de prison et
de punition corporelle , et à tous les Manans
et Habitans de Paris et des Faux-'
bourgs , de quelque état et qualité qu'ils
fussent , d'assister à ces Jeux , sous peine
de dix livres parisis.
Cette Confrairie eût un demêlé avec
Maître René Benoît , Curé de S. Eustache
, lequel obtint de la Chambre séante
au Châtelet , que les Confreres de la
Passion n'ouvriroient les portes de leurs
Jeux , sinon aprés les Vespres dites . Ces
Confreres représenterent au Parlement
que cette Ordonnance rendoit leurs Privileges
illusoires et sans effet , parcequ'il
leur seroit impossible , étant les jours
Courts , vaquer à leursdits Jeux , pour â
les
JUILLET . 1731. 1749
les préparatifs desquels ils auroient fait
une infinité de frais . Ils disent dans cette
Requête , qu'ils payoient cent écus de
rente à la Recette du Roi pour le Logis ,
et 300. liv . Tournois de rente aux Enfans
de la Trinité , tant pour le Service divin
que pour l'entretien des Pauvres . Ils
demanderent qu'il leur fût permis d'ouvrir
les portes de leurs Jeux pour les
allans et venans en la maniere accoutumée
, à la charge toutefois qu'ils ne commenceront
leurs Jeux qu'à trois heures
sonnées , à laquelle heure les Vespres
avoient accoutumées d'être dites . Le Parlement
leur accorda ce qu'ils demandoient
, mais à condition qu'ils repondroient
des scandales qui pourroient leur
arriver. Cet Arrêt fut confirmé par un
autre rendu le 20. Septembre 1577.
Cependant dès l'an 1551. sous Henry
II. les Poëtes François avoit commencé
à faire des Tragédies et des Comédies
et Jodelle fut le premier qui en fit repré
senter , comme nous l'apprend Ronsard
dans les vers que Pasquier a cités au 7.
Livre de ses Recherches , Chap . 7•
Aprés amour la France abandonna ;
Et lors Jodelle heureusement sonna
D'une voix humble et d'une voix hardie ,
F iij
La
1750 MERCURE DE FRANCE
La Comédie avec la Tragédie ,
Et d'un ton double , ore bas , ore haut ,
Remplit premier le François Echafaut.
Sous le Regne d'Henry III , dit Mezeray
, le luxe qui cherchóit par tout des
divertissemens , appella du fond de l'Italie
, une bande de Comédiens , dont les
Pieces , toutes d'intrigues , d'amourettes
et d'inventions agréables , pour exciter
et chatouiller les plus douces passions
étoient de pernicieuses leçons d'impudicité.
Ils obtinrent des Lettres Patentes
pour leur établissement , comme si c'eut
été quelque celebre Compagnie. Le Parlement
les rebuta comme personnes que
les bonnes moeurs , les SS. Canons , les
PP. de l'Eglise , et nos Rois mêmes ,
avoient toujours reputés infames
leur deffendit de jouer , ni de plus obte
nir de semblables Lettres ; et néanmoins,
dès que la Cour fut de retour de Poitiers
le Roy voulut qu'ils ouvrissent leur
Theatre.
و et
Le Concile de Bâle , dont l'autorité
est si grande en France , dans la Sess.
XX. en l'an 1435. se plaint que dans
quelques Eglises , pendant certaines Fêtes,
on voyoit des gens en habits pontifi-
'caux ,
JUILLET. 1731. 1751
caux , avec une Crosse et une Mitre ,
donner la Benediction comme les Evêques
; que d'autres s'habilloient en Rois
ou en Ducs , ce qu'on appelle dans quelques
endroits , la Fête des Foux , des
Innocens ou des Enfans, et que quelquesans
représentoient des Jeux de Theatre ,
faisoient des mascarades et des danses
d'hommes et de femmes. Ce Concile
aprés avoir exprimé l'horreur qu'il a
pour toutes ces extravagances , ordonne
aux Evêques , aux Doyens et aux Curés ,
sous peine de suspense et de privation
de leurs revenus Ecclesiastiques pendant
trois mois , de ne pas permettre à l'ave
nir de semblables bouffonneries .
. Le Concile de Tolede tenu en 1565 .
fait la même déffense . ( C'étoit principalement
le jour de la Fête des SS. Inãocens
qu'on créoit ces faux Evêques . )
Un Concile de la Province de Bordeaux
tenu à Copriniacum en 1215. et non pas
en 1260. comme le veut le P. Hardouin ,
avoit déffendu sous peine d'excommunication
, les danses qui se faisoient ce
jour- là , aussi bien que cette burlesque
création d'Evêques . Predictas balleationes
ulterius sub intimatione Anathematis fieri
prohibemus : nec non et Episcopos in predicto
Festo creari. Avec quelle force ,
Fij
continue
1752 MERCURE DE FRANCE
continue l'Auteur , ces Conciles se seroient-
ils élevé contre de Comiques
Processions semblables à celle qu'on fait
tous les ans à Aix le jour de la Fête- Dieu
où les Misteres de l'ancien et du nouveau
Testament sont deshonorez par
des Farces et des Répresentations indecentes
?
Il paroît par un Concile de Sens de
l'an 1486. que ces danses et ces répresentations
Comiques se faisoient dans les
Eglises et autres lieux sacrés.
On apprend par les Statuts Synodaux
du Diocèse de Beauvais , publiés en 1554.
que lorsque les Prêtres disoient leur
premiere
Messe , on faisoit venir des Bouffons
, des Histrions , des Joueurs d'Ins
trumens et differens autres Farceurs ; ce
desordre est severement déffendu aussi
bien que les danses et les représentations
des Spectacles dans les Eglises et les Cimetieres
. La même déffense se trouve
dans les Statuts Synodaux du Diocèse de
Soissons , imprimés en 1561. Les danses
se faisoient quelquefois devant l'Eglise .
Un autre abus aussi pernicieux , condamné
dans un Synode de Paris tenu en
1557. par Eustache du Bellay ; c'est que
les jours de Fêtes de certaines Confrairies
, on alloit avec des Images attachées
sur
JUILLET. 1731. 1783
sur des batons, aux Maisons des Laïques ;
ces burlesques Processions étoient composées
de Prêtres , de femmes et de Bouf
fons ; le Synode les déffend sous peine
d'excommunication et d'une amande arbitraire
, ordonnant aux Clercs de ne
prendre aucune part à ces folies.
En 1980. S. Charles Borromée qui
avoit long- tems travaillé à chasser les
Comédiens de son Diocèse , obtint enfin
d'un Gouverneur de Milan qu'on ne souf
friroit aucune Piece qui n'eut été examinée
et trouvée.conforme à la Morale
chrétienne , et qu'on n'en réprésenteroit
jamais ni le vendredy , ni les jours de
Fête .
eut
Le Parlement de Paris garda toujours
la même severité à l'égard des Comédiens
, jusqu'à ce que le Cardinal de Richelieu
, passionné pour la Poësie ,
fait esperer qu'on verroit des Comédies
où il n'y auroit rien qui ne fut dans la
bienséance. Par son ordre , Desmarets ,
Corneille et Colletet composerent quel
ques Pieces assés honnêtes , et en 1641
il fit enregistrer au Parlement une Déclaration
du Roy , par laquelle aprés
avoir renouvellé les peines ordinaires
contre les Comédiens , qui useront d'aucunes
paroles lascives ou à double entente
F v qui
1754 MERCURE DE FRANCE
qui puisse blesser l'honnêteté publique , it
est dit , qu'au cas qu'ils observent ces conditions
, ils ne seront pas à l'avenir notés.
d'infamie.
"
A la page 287. l'Auteur cite cette
maxime, prise , dit-il , d'un petit livre:
qui lui est tombé entre les mains , par où
nous finirons cet Extrait. Tous les grands:
divertiffemens sont dangereux pour la vie
chrétienne ; mais entre tous ceux que le monde
a inventés , il n'y en a point qui soit
plus à craindre que la Comédie. C'est une
peinture fi naturelle et fi délicate des passions
, qu'elle les anime et les fait naître
dans notre coeur , et surtout celle de l'amour
principalement lorsqu'on se represente qu'il
est chaste etfort honnête : car plus il paroît
innocent aux ames innocentes , plus elles:
sont capables d'en étre touchées . On je fait
en même-temps une conscience fondée fur
Phonnêteté de ces sentimens ; et on s'imagine
que ce n'eft pas bleffer la pureté , que d'ai
mer d'un amour fi sage. Ainsi on sort de la
Comédie le coeur si rempli de toutes les dou
ceurs de l'amour , et l'esprit si persuadé de
son innocence , qu'on eft tout préparé à recevoir
ses premieres impreffions , ou plutôt à:
chercher Poccasion de les faire naître dans.
Le coeur de quelqu'un , pour recevoir les mêmes
plaifirs et les mêmes sacrifices qu'on a
•
uns
JUILLET. 1731 1755
vus fi bien réprefentés fur le Theatre.
MEDITATIONS SUR L'EVANGILE
Ouvrage posthume de M. Jacques Benigne
Bossuet , Evêque de Meaux , Conseiller
du Roy en ses Conseils , et ordinaire
en son Conseil d'Etat, Precepteur de
Monseigneur le Dauphin , premier Aumônier
des deux derniers Dauphins. A
Paris , chez P. J. Mariette ,rue S.Jacques,.
1731. 4. volumes in 12. premier vol.
pp. 519. 2. vol . pp. 464. 3. vol . pp. 454.
4. vol . pp. 506. sans compter un Mandement
de M. l'Evêque de Troyes pour
recommander la lecture de cet Ouvrage
aux Fideles de son Diocèse , de 62. pag .
et sans les Tables .
LES VEILLE' ES DE THESSALIE . Premiere et
seconde Veillées . Rue S. Jacques , chez J.
F. Josse 1731. 2. vol. in 12 ..
La lecture de cet Ouvrage , qui est trés
bien écrit , est fort amusante. Le Librai--
re en promet la suite .
Historique et Dogmatique des Jeux de
Théatre & c. 2. Edition , augmentée de
plus de la moitié. par le P. le Brun de l'Oratoire
, rue S. Jacques , chez la veuve
Delaulne. 1731 .
>
Aprés l'Extrait que nous avons donné
de la premiere moitié de cet Ouvrage
sur les anciens Jeux de Théatre &c. Il
nous reste à dire quelque chose des Spectacles
et des Pieces de Théatre en France
, de leur origine , de leur succès &c.
Au treizieme Siecle , il y eut en France
beaucoup de Poëtes , et les Provenceaux
furent ceux qu'on estima dayantage.
On faisoit beaucoup de cas de la
Langue Provençale que l'on appelloit la
Langue Romaine , à cause qu'elle en
approchoit beaucoup , et que la Provence
seule avoit retenu le nom de Province ,
eu Province des Romains , qu'on don
noit
1742 MERCURE DE FRANCE
noit à toute la Gaule Narbonnoise , qui
comprenoit Toulouse et Genéve , c'està-
dire , tout ce que les Romains possedoient
dans les Gaulès , lorsque Cesar y
vint pour la premiere fois.
Depuis le X. Siecle on se piquoit presque
dans toutes les Cours de l'Europe
de parler Provençal , et les Pieces d'esprit
ne paroissoient ordinairement qu'en cette
Langue , ce qui fit qu'on appella ces Pieces
des Romans , ou Romances , à cause
qu'elles étoient écrites en langage Romain
, ou Romance , c'est - à- dire Provençal.
Comme le François se perfectionna depuis
Philippe Auguste , on voit au XIII .
Siecle par la Bible de Guiart des Moulins,
que le langage de Paris s'appelloit indifferemment
le François ou le Romain.
Quoiqu'il en soit , le desir de parler purement
Provençal , porta plusieurs Princes
à appeller des Poëtes Provençaux dans
leur Cour. Il en sortit , en effet , un assez
grand nombre de Provence , et la plupart
étoient des personnes distinguées par
leur naissance et par leur génie. Le Poëte
Foulquet qui écrivoit à Marseille au commencement
du XIII . siecle , à qui on
a attribué la gloire d'avoir le premier
donné et observé les regles de bien rimer ,
s'étant
JUILLET. 1731. 1643
•
s'étant retiré dans un Monastere , fut fait
Evêque de Marseille , puis de Toulouse ,
et plusieurs autres s'avançoient beaucoup
auprès des Princes .
Alphonse Comte de Poitiers et de Toulouse
, frere de S.Louis , avoit auprès de lui
plusieurs de ces Poëtes , et par tout on les
recherchoit avec empressement, et on leur
isoit des présens magnifiques . Ceux qui
' étoient pas fixes dans quelques Cours
Composoient de petites bandes de trois
ɔu quatre amis , Poëtes , Chantres et
Joueurs d'Instrumens , et alloient de Ville
n Ville , ou plutôt de Château en Château
, réciter leurs Ouvrages , et c'étoit
à ceux qu'on appelloit communément
les Auteurs de la Science guaye , les Troubadours
ou les Trouveres , c'est-à - dire
Inventeurs.
La plupart de ces Bouffons s'appelloient
Ministerales , Minetrales , Ministrelli
d'où est venu le nom de Menetrier. Ils
ne s'appliquoient pas seulement à réjoüir
les Princes par leurs plaisanteries , mais
encore ils chantoient au son des Instrumens
leurs loüanges et celles de leurs Ancêtres
. Quelquefois ils déclamoient agréablement
les Exploits des Héros , ou les
chantoient , jouant en même- tems du
Violon ou de quelqu'autre Instrument ,
excitant
1744 MERCURE DE FRANCE
excitant ainsi à la vertu ceux qui les écoutoient.
On voit au même endroit que dans
un Festin d'Apparat,donné par LouisVIII.
pere de S. Louis , parut un de ces Menetriers
, qui chanta les louanges du Roi au
son de la Lyre.
Ces personnes ne pouvoient pas être
censées infames , par les loix qui déclarent
que ceux qui n'avoient représenté
que dans des Maisons particulieres , ne
seront pas déclarez infames. Pline le
jeune , louant la vie d'un homme fort
distingué , dit qu'il faisoit souvent venir
à sa table un Comédien pour entendre
quelque chose de bon pendant le repas.
On trouve jusqu'au milieu du XIV . Siecle
environ cent Poëtes Provençaux des
plus distinguez , dont les vies ont été
écrites par le sçavant Cibo , Moine de L'erins
, par Huges de S. Cesaire , Moine
de Montmajour, par Rostang de Brignole,
Moine de S Victor de Marseille , et par
Jean et César Nostradamus .
Ce dernier Historien en 1344. compte
90. Poëtes , dont le Roi Robert fit recueillir
les Ouvrages . Le Cardinal de Richelieu
a fait aussi rechercher en Provence
plusieurs Pieces de cette nature , et ce
sont peut- être celles qu'on conserve dans
la Bibliotheque Royale.
Vers
JUILLET . 1731. 1745
Vers le milieu du XV. siecle , les Poëtes
Provençaux se négligerent , et leur
langue ne fut plus cultivée comme elle
l'avoit été durant quelques siecles . Mais
les Italiens , que le séjour des Papes àAvignon
avoit attirez en Provence , y étoient
devenus Poëtes . On en voyoit déja parmi
eux un grand nombre , tant bons que
méchans ; et comme en Italie on a toujours
eu beaucoup de disposition à être
Saltinbanque , il y eut bientôt plusieurs
Poëtes qui prirent le parti de monter sur
des Theatres . Les moins polis se distinguerent
par le choix de quelques Sujets
de pieté , et tels furent ces Pelerins que
M. Despréaux a dépeints ainsi dans le
troisiéme Chant de l'Art Poëtique.
Chez nos dévots Ayeux le Théatre abhorré ,
Fut long- temps dans la France un plaisir ignoré;
De Pelerins , dit-on , une Troupe grossiere ,
En public à Paris y monta la premiere ,
Et sottement zelée en sa simplicité ,
Joua les Saints , la Vierge, et Dieu par pieté.
Ces dévots Comédiens vinrent à Paris
au commencement du XIV. siecle ; et
le Cardinal le Moine , Fondateur du College
qui porte son nom , acheta l'Hôtel
de Bourgogne et le leur donna ,à condition
F qu'ils
1745 MERCURE DE FRANCE
qu'ils ne représenteroient jamais que des
Pieces pieuses. Cependant ces Jeux n'ont
pas toujours continué , comme plusieurs
semblent le croire.
Dans un Arrêt du Parlement de Paris,
donné sous François I. en 1541. il est
parlé de ces prétendues Pieces de dévotion
comme d'un usage qui ne s'étoit introduit
que depuis deux ou trois ans ,
et que le Parlement ne pouvoit tolerer.
Il l'interdit en effet sous de rigoureuses
peines par le même Arrêt , dont quelques-
uns des motifs sont , 19. Que pour
réjouir le peuple on mêle ordinairement à ces
sortes de feux des Farces ou Comédies dérisoires
, qui sont choses deffendues par les
saints Canons. 2 ° . Que les Auteurs de ces
Piecesjouant pour le gain , ils devoient pas
ser pour Histrions , Joculateurs on Bateleurs.
3. Que les Assemblées de ces Jeux donnoient
lieu à des parties ou d'assignations d'adultere
et de fornication . 4. Que cela fait dépenser
de l'argent mal à propos aux Bourgeois
et aux Artisans de la Ville.
Ces motifs montrent assez qu'il n'y
avcit pas alors d'autres Jeux de Théatre
à Paris. Il paroît que ces Comédies pieuses
furent encore jouées pendant quelque
emps. Dans une Requête présentée au
Parlement , les Auteurs de ces Jeux disent
JUILLET. 1731. 2747
sent qu'ils les faisoientjouer de temps immemorial
et par des privileges confirmez par
les Rois de France , à l'édification du commun
populaire sans offense generale ou particuliere.
Ce ne fut qu'en 1545. que leurs Jeux
cesserent , le Parlement ayant converti
en logement pour les pauvres , la Salle
de la Passion. Trois ans après , ils acheterent
une nouvelle Salle , et demanderent
que suivant lesdits Privileges , il leur
fût permis de continuer la représentation
desdits Misteres , du profit desquels , disentils
, étoit entretenu le Service divin en la
Chapelle de ladite Confrairie , avec deffenses
à tous autres de jouer à l'avenir , tant
en la Ville que Fauxbourgs et Banlieuë de
Cette Ville , sinon que ce fut sous le titre de
la dite Confrairie. Voici les termes de l'Arrêt
: La Cour a inhibé et deffendu , inhibe
et deffend ausdits Suppliants de jouer le
Mystere de la Passion de N. Sauveur , ne
autres Mysteres sacrez , sur peine d'amende
arbitraire , leur permettant neantmoins de
pouvoirjouer autres Mysteres profanes , honnêtes
et licites , sans offenser et injurier aucunes
personnes , et deffend ladite Cour de
jouer ou représenter dorénavant aucuns Jeux
ou Mysteres , tant en la Ville et Fauxbourg's ,
que Banlieue de Paris , sinon que sous le
Fij nom
1743 MERCURE DE FRANCE
nom ladite Confrairie et au profit d'icelle.
Le Parlement ne voulant point souffrir
d'autres Jeux que ceux de ces Confreres
de la Passion , la Chambre des Vacations
s'éleva le 15. Septembre 1531. contre une
Troupe de Comédiens qui depuis quelque
temps joüoient des Farces et des Jeux
publics , et avoient à ce sujet exigé de
ceux qui y avoient assisté , quatre , cinq
et six sols , somme excessive et non accoutumée
d'être levée en tel cas , qui est espece
d'exaction sur le pauvre peuple. La Cour
leur deffendit de jouer à l'avenir des Farces
sans permission , sous peine de prison et
de punition corporelle , et à tous les Manans
et Habitans de Paris et des Faux-'
bourgs , de quelque état et qualité qu'ils
fussent , d'assister à ces Jeux , sous peine
de dix livres parisis.
Cette Confrairie eût un demêlé avec
Maître René Benoît , Curé de S. Eustache
, lequel obtint de la Chambre séante
au Châtelet , que les Confreres de la
Passion n'ouvriroient les portes de leurs
Jeux , sinon aprés les Vespres dites . Ces
Confreres représenterent au Parlement
que cette Ordonnance rendoit leurs Privileges
illusoires et sans effet , parcequ'il
leur seroit impossible , étant les jours
Courts , vaquer à leursdits Jeux , pour â
les
JUILLET . 1731. 1749
les préparatifs desquels ils auroient fait
une infinité de frais . Ils disent dans cette
Requête , qu'ils payoient cent écus de
rente à la Recette du Roi pour le Logis ,
et 300. liv . Tournois de rente aux Enfans
de la Trinité , tant pour le Service divin
que pour l'entretien des Pauvres . Ils
demanderent qu'il leur fût permis d'ouvrir
les portes de leurs Jeux pour les
allans et venans en la maniere accoutumée
, à la charge toutefois qu'ils ne commenceront
leurs Jeux qu'à trois heures
sonnées , à laquelle heure les Vespres
avoient accoutumées d'être dites . Le Parlement
leur accorda ce qu'ils demandoient
, mais à condition qu'ils repondroient
des scandales qui pourroient leur
arriver. Cet Arrêt fut confirmé par un
autre rendu le 20. Septembre 1577.
Cependant dès l'an 1551. sous Henry
II. les Poëtes François avoit commencé
à faire des Tragédies et des Comédies
et Jodelle fut le premier qui en fit repré
senter , comme nous l'apprend Ronsard
dans les vers que Pasquier a cités au 7.
Livre de ses Recherches , Chap . 7•
Aprés amour la France abandonna ;
Et lors Jodelle heureusement sonna
D'une voix humble et d'une voix hardie ,
F iij
La
1750 MERCURE DE FRANCE
La Comédie avec la Tragédie ,
Et d'un ton double , ore bas , ore haut ,
Remplit premier le François Echafaut.
Sous le Regne d'Henry III , dit Mezeray
, le luxe qui cherchóit par tout des
divertissemens , appella du fond de l'Italie
, une bande de Comédiens , dont les
Pieces , toutes d'intrigues , d'amourettes
et d'inventions agréables , pour exciter
et chatouiller les plus douces passions
étoient de pernicieuses leçons d'impudicité.
Ils obtinrent des Lettres Patentes
pour leur établissement , comme si c'eut
été quelque celebre Compagnie. Le Parlement
les rebuta comme personnes que
les bonnes moeurs , les SS. Canons , les
PP. de l'Eglise , et nos Rois mêmes ,
avoient toujours reputés infames
leur deffendit de jouer , ni de plus obte
nir de semblables Lettres ; et néanmoins,
dès que la Cour fut de retour de Poitiers
le Roy voulut qu'ils ouvrissent leur
Theatre.
و et
Le Concile de Bâle , dont l'autorité
est si grande en France , dans la Sess.
XX. en l'an 1435. se plaint que dans
quelques Eglises , pendant certaines Fêtes,
on voyoit des gens en habits pontifi-
'caux ,
JUILLET. 1731. 1751
caux , avec une Crosse et une Mitre ,
donner la Benediction comme les Evêques
; que d'autres s'habilloient en Rois
ou en Ducs , ce qu'on appelle dans quelques
endroits , la Fête des Foux , des
Innocens ou des Enfans, et que quelquesans
représentoient des Jeux de Theatre ,
faisoient des mascarades et des danses
d'hommes et de femmes. Ce Concile
aprés avoir exprimé l'horreur qu'il a
pour toutes ces extravagances , ordonne
aux Evêques , aux Doyens et aux Curés ,
sous peine de suspense et de privation
de leurs revenus Ecclesiastiques pendant
trois mois , de ne pas permettre à l'ave
nir de semblables bouffonneries .
. Le Concile de Tolede tenu en 1565 .
fait la même déffense . ( C'étoit principalement
le jour de la Fête des SS. Inãocens
qu'on créoit ces faux Evêques . )
Un Concile de la Province de Bordeaux
tenu à Copriniacum en 1215. et non pas
en 1260. comme le veut le P. Hardouin ,
avoit déffendu sous peine d'excommunication
, les danses qui se faisoient ce
jour- là , aussi bien que cette burlesque
création d'Evêques . Predictas balleationes
ulterius sub intimatione Anathematis fieri
prohibemus : nec non et Episcopos in predicto
Festo creari. Avec quelle force ,
Fij
continue
1752 MERCURE DE FRANCE
continue l'Auteur , ces Conciles se seroient-
ils élevé contre de Comiques
Processions semblables à celle qu'on fait
tous les ans à Aix le jour de la Fête- Dieu
où les Misteres de l'ancien et du nouveau
Testament sont deshonorez par
des Farces et des Répresentations indecentes
?
Il paroît par un Concile de Sens de
l'an 1486. que ces danses et ces répresentations
Comiques se faisoient dans les
Eglises et autres lieux sacrés.
On apprend par les Statuts Synodaux
du Diocèse de Beauvais , publiés en 1554.
que lorsque les Prêtres disoient leur
premiere
Messe , on faisoit venir des Bouffons
, des Histrions , des Joueurs d'Ins
trumens et differens autres Farceurs ; ce
desordre est severement déffendu aussi
bien que les danses et les représentations
des Spectacles dans les Eglises et les Cimetieres
. La même déffense se trouve
dans les Statuts Synodaux du Diocèse de
Soissons , imprimés en 1561. Les danses
se faisoient quelquefois devant l'Eglise .
Un autre abus aussi pernicieux , condamné
dans un Synode de Paris tenu en
1557. par Eustache du Bellay ; c'est que
les jours de Fêtes de certaines Confrairies
, on alloit avec des Images attachées
sur
JUILLET. 1731. 1783
sur des batons, aux Maisons des Laïques ;
ces burlesques Processions étoient composées
de Prêtres , de femmes et de Bouf
fons ; le Synode les déffend sous peine
d'excommunication et d'une amande arbitraire
, ordonnant aux Clercs de ne
prendre aucune part à ces folies.
En 1980. S. Charles Borromée qui
avoit long- tems travaillé à chasser les
Comédiens de son Diocèse , obtint enfin
d'un Gouverneur de Milan qu'on ne souf
friroit aucune Piece qui n'eut été examinée
et trouvée.conforme à la Morale
chrétienne , et qu'on n'en réprésenteroit
jamais ni le vendredy , ni les jours de
Fête .
eut
Le Parlement de Paris garda toujours
la même severité à l'égard des Comédiens
, jusqu'à ce que le Cardinal de Richelieu
, passionné pour la Poësie ,
fait esperer qu'on verroit des Comédies
où il n'y auroit rien qui ne fut dans la
bienséance. Par son ordre , Desmarets ,
Corneille et Colletet composerent quel
ques Pieces assés honnêtes , et en 1641
il fit enregistrer au Parlement une Déclaration
du Roy , par laquelle aprés
avoir renouvellé les peines ordinaires
contre les Comédiens , qui useront d'aucunes
paroles lascives ou à double entente
F v qui
1754 MERCURE DE FRANCE
qui puisse blesser l'honnêteté publique , it
est dit , qu'au cas qu'ils observent ces conditions
, ils ne seront pas à l'avenir notés.
d'infamie.
"
A la page 287. l'Auteur cite cette
maxime, prise , dit-il , d'un petit livre:
qui lui est tombé entre les mains , par où
nous finirons cet Extrait. Tous les grands:
divertiffemens sont dangereux pour la vie
chrétienne ; mais entre tous ceux que le monde
a inventés , il n'y en a point qui soit
plus à craindre que la Comédie. C'est une
peinture fi naturelle et fi délicate des passions
, qu'elle les anime et les fait naître
dans notre coeur , et surtout celle de l'amour
principalement lorsqu'on se represente qu'il
est chaste etfort honnête : car plus il paroît
innocent aux ames innocentes , plus elles:
sont capables d'en étre touchées . On je fait
en même-temps une conscience fondée fur
Phonnêteté de ces sentimens ; et on s'imagine
que ce n'eft pas bleffer la pureté , que d'ai
mer d'un amour fi sage. Ainsi on sort de la
Comédie le coeur si rempli de toutes les dou
ceurs de l'amour , et l'esprit si persuadé de
son innocence , qu'on eft tout préparé à recevoir
ses premieres impreffions , ou plutôt à:
chercher Poccasion de les faire naître dans.
Le coeur de quelqu'un , pour recevoir les mêmes
plaifirs et les mêmes sacrifices qu'on a
•
uns
JUILLET. 1731 1755
vus fi bien réprefentés fur le Theatre.
MEDITATIONS SUR L'EVANGILE
Ouvrage posthume de M. Jacques Benigne
Bossuet , Evêque de Meaux , Conseiller
du Roy en ses Conseils , et ordinaire
en son Conseil d'Etat, Precepteur de
Monseigneur le Dauphin , premier Aumônier
des deux derniers Dauphins. A
Paris , chez P. J. Mariette ,rue S.Jacques,.
1731. 4. volumes in 12. premier vol.
pp. 519. 2. vol . pp. 464. 3. vol . pp. 454.
4. vol . pp. 506. sans compter un Mandement
de M. l'Evêque de Troyes pour
recommander la lecture de cet Ouvrage
aux Fideles de son Diocèse , de 62. pag .
et sans les Tables .
LES VEILLE' ES DE THESSALIE . Premiere et
seconde Veillées . Rue S. Jacques , chez J.
F. Josse 1731. 2. vol. in 12 ..
La lecture de cet Ouvrage , qui est trés
bien écrit , est fort amusante. Le Librai--
re en promet la suite .
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Résumé : Discours sur la Comedie, ou Traité, &c. [titre d'après la table]
Le texte 'Discours sur la Comédie' explore l'histoire des jeux de théâtre en France, en se concentrant sur les XIIIe au XVe siècles. Au XIIIe siècle, la France comptait de nombreux poètes, les Provençaux étant particulièrement estimés. La langue provençale, appelée langue romaine, était valorisée pour sa proximité avec le latin et était parlée dans la Gaule Narbonnaise, incluant Toulouse et Genève. Depuis le Xe siècle, le provençal était utilisé dans les cours européennes pour les pièces d'esprit, appelées romans ou romances. Avec le perfectionnement du français sous Philippe Auguste, le langage de Paris devint indifféremment appelé français ou romain. Plusieurs princes invitèrent des poètes provençaux à leurs cours, comme Alphonse, comte de Poitiers et frère de Saint Louis. Ces poètes, appelés troubadours ou trouvères, se déplaçaient en bandes pour réciter leurs œuvres et jouer de la musique. Ils étaient également connus sous le nom de ménétriers ou ministeriales et chantaient les louanges des princes et des héros. Au milieu du XIVe siècle, environ cent poètes provençaux distingués étaient répertoriés. Leur langue commença à décliner au milieu du XVe siècle, mais les Italiens, attirés par le séjour des papes à Avignon, devinrent des poètes en Provence. Certains d'entre eux commencèrent à monter sur des théâtres pour jouer des pièces de piété. À Paris, au début du XIVe siècle, des comédiens dévots jouèrent des pièces pieuses, comme la Passion du Christ, dans l'Hôtel de Bourgogne. Cependant, ces représentations furent interdites par le Parlement en 1541 en raison de leur mélange avec des farces et des comportements immoraux. Les comédiens pieux continuèrent leurs représentations jusqu'en 1545, date à laquelle le Parlement leur interdit de jouer des mystères sacrés, leur permettant seulement des mystères profanes. En 1551, sous Henri II, les poètes français commencèrent à écrire des tragédies et des comédies. Jodelle fut le premier à en faire représenter. Sous Henri III, des comédiens italiens furent invités à la cour, mais le Parlement les interdit en raison de leur réputation d'infamie. Malgré cela, le roi permit leur établissement à son retour de Poitiers. Les conciles de Bâle (1435), de Tolède (1565) et de Bordeaux (1215) condamnèrent les jeux de théâtre et les mascarades, notamment les fêtes des fous et des innocents, où des personnes se déguisaient en évêques ou en rois. Ces conciles ordonnèrent aux autorités ecclésiastiques de prohiber ces pratiques sous peine de sanctions. Le texte traite également des abus et des désordres liés aux représentations comiques et aux danses dans les lieux sacrés en France, ainsi que des mesures prises pour les interdire. En 1486, un concile de Sens condamna les danses et les représentations comiques dans les églises. Les statuts synodaux des diocèses de Beauvais (1554) et de Soissons (1561) interdirent les bouffons, histrions, et autres farceurs lors des premières messes des prêtres, ainsi que les danses et spectacles dans les églises et cimetières. Un synode de Paris en 1557 condamna les processions burlesques impliquant des prêtres, des femmes et des bouffons. Saint Charles Borromée obtint en 1580 que les pièces de théâtre soient examinées pour leur conformité à la morale chrétienne et interdites les vendredis et jours de fête. Le Parlement de Paris, sous l'influence du Cardinal de Richelieu, autorisa les comédies à condition qu'elles respectent la bienséance et n'incluent pas de paroles lascives ou à double sens.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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593
p. 1755-1762
Journal Litteraire d'Italie, &c. [titre d'après la table]
Début :
GIORNALE DE LETTERATI D'ITALIA Tomo III. An. 1710, Analecta de [...]
Mots clefs :
Manière de bien penser, Journalistes, Querelle littéraire, Rome, Mouvements du soleil, Académie royale des sciences de Paris
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Journal Litteraire d'Italie, &c. [titre d'après la table]
GIORNALE DE LETTERATI D'ITALIA
Tomo III. An . 1710,
Analecta de calamitate Litteratorum :
PETRI ALBYNOII Medices Legatus , sive
de Exilio libri duo : accessere Jo. PIERIUS
VALERIANUS et CORNELIUS TOLLIUS de
infelicitate Litteratorum , ut et JOSEPHUST
E vj BAR1756
MERCURE DE FRANCE
BARBERIUS de miseria Poëtarum Gracorum
cum Præfatione Jo . BURCHARDII
MENKENII , et Indice copioso . Lipsia
1707. in 12. pag. 593 .
Les réflexions du Marquis Orsi sur le
Livre de la maniere de bien penser , du
P. Bouhours , ayant donné occasion à
plusieurs Ecrits de part et d'autre. Les
Journalistes font (a ) un Article particulier
de cette querelle Litteraire. Ils
rendent compte avec la même exactitude
de plusieurs autres disputes qui se sont
élevées , l'une ( b ) au sujet du Livre intitulé
Acta Passionis SS . Crescii et Sociorum
Martyrum ex mmss . Codd. Bibliotheca
Medicco- Laurentiane , Metropolitana
Ecclesia Florentina , et Sapientia Romane
, nunc primum edita , et à Jacobo Laderchio
, Congregationis Oratorii urbis Presbytero
, asserta et illustrata Florentie 1707.
Fautre ( è ) au sujet delle Vindicie del sig.
Abate Giusto Fontanini et la troisiéme (d)
à l'occasion du Livre de M. Muratori della
perfetto Poesia Italiana.
Istoria della Republica di Venezia , in
tempo della Sacra lega contra Maometto IV .
( a ) P. 77.
( b ) P. 1946
( c ) P. 287.
( A) P. 357.
JUILLET. 1757 1731 .
' e tre suoi successori , di PIETRO GARSONI
Senatore in Venezia 1705. in 4. grande
pag. 838 .
Gemme Antiche figurate , date in luce d'a
Dominico de Rossi , colle sposizioni di
PAOLO-ALESSANDRO MAFFEI Patrizco Volterrano
, &c. Parte terza in Roma 1708. in
4. reale. le gemme sono 102. e le pag
224.
GIORNALE DE LITTERALI D'ITALIA
Tomo IV. 1710.
Della Scienza chiamata Cavalleresca li
bri tre. in Roma 1710. in 4° . pag. sos . le
Marquis Scipion Maffei est l'Auteur de
cet Ouvrage.
Relazione della linea Meridiana Oriszontale
, et della Elissi Polare fabricata in Ro
ma l'anno 1702 ..
Pour tracer à Rome cette Meridiene
et prévenir les variations qu'a essuyé celle
de Boulogne , on a choisi l'Eglise des
Chartreux , qui fut anciennement la principale
Salle des Thermes deDiocletien , parce
que les murs en étant très- solides et
ayant depuis tant de siécles fait leur effet ,
on ne doit plus craindre qu'ils surbaissent
et quittent leur aplomb. Cette ligne horizontale
est de bronze , longue de 205.
Palmes Romains , et incrustée dans de
Far1758
MERCURE DE FRANCE
larges carreaux de Marbre , placez au niveau
, avec toutes les divisions necessaires
pour mésurer exactement les mouvemens
du Soleil , de la Lune et des Etoiles fixes .
Ce sont Mrs Bianchini et Maraldi , tous:
deux de l'Académie Royale des Sciences
de Paris , qui l'ont tracée avec toute la
justesse possible.
Opere di Monsig. GIOVANNI DELL A
CASA , con una copiosa Giunta di Scritture
non piu stampate , &c. in Firenze 1707;
in-4°.
Gymnasii Ticinensis Historia , et vindicie
à sæculo V. ad finem XV. et plura de ejusdem
urbis antiqua nobilitate . Authore ANTONIO
GATTO , in eodem Gymnasio Antecessore,.
&c. Mediolani 1704. in-8 ° . grande pag.
166.*
RELAZIONE e notizia dell' Accademia del
Disegno in Roma.
Cette Societé fut établie dès l'année
478. sous le nom de la Compagnie de
aint Luc. Mais en 1595. elle acquit le
titre et la forme d'Academie . Girolamo
Muziani de Bresse en fut le principal
Promoteur , et Federigo Zuccari le premier
President. On avoit coutume alors
de faire quelques fonctions sólemnelles etd'exciter
des jeunes Gens par des prix que
l'on proposoit , cela se fit particulierement
JUILLET 1731. 1759
ment en 1695. année seculaire de l'Académie.
Mais cette Cérémonie n'arrivoit
que rarement , et se faisoit inter privatos
parietes. Clement XI . considerant la
gloire et l'utilité qu'aportent les beaux
Arts , ordonna que ces Assemblées se
tinssent tous les ans dans une des Salles
du Capitole , et fonda et augmenta le
nombre des Prix , sçavoir trois pour la
Peinture , trois pour la Sculpture et trois
pour l'Architecture , ils consistent en des
Médaillons que ceux qui en sont juges dignes
reçoivent de la main des Cardinaux
qui se trouvent d'ordinaire en grand nombre
à ces Assemblées . Les Sujets sont tirez
de l'Histoire Romaine , et proposez
par les Officiers de l'Académie qui en sont
aussi les Juges.
Gemme antiche figurate , date in luce da
Domenico de' Rossi , colle Sposizioni de
PAOLO- ALESSANDRO MAFFEI , & c . parte:
quarta , in Roma 1709. in - 4 ° . reale. le
Gemme sono 100. e le pagg. delle note:
206.
On ne sçauroit trop estimer ce Recuëil
, dont voici la quatrième Partie ,
les explications du Comte Paul Alexandre
Maffei répondent parfaitement à de
si grands Sujets , et se fontlire avec a utant
de plaisir que d'utilité.
On.
160 MERCURE DE FRANCE
On apprend de Rome que la traduction:
des Comédies de Terence in versi Sciolti,
par M. Fortiguerra , est achevée , et que,
le Cardinal Albani s'est chargé de la faire
imprimer magnifiquement à Urbin , avec
le Texte Latin , tel qu'il se trouve dans le
célébre Manuscrit du Vatican. On fera
graver soigneusement les Figures en miniature
qui se trouvent dans ce Manuscrit,
et qui représentent les Habits et les Masques
dont se servoient les anciens Comiques
Latins.
De Verone , que Tummormanni , Libraire
, a sous presse , Theatro del Signor
Marchese Scipione Maffei ; cioe la Tragedia
, la Comedia e il Dramma non pin
Stampato. Agiunta la Spiegazione d'alcune
antichita pertinential Teatro..
On écrit aussi de Rome que l'Abbé
Georgi , Bibliotécaire du Cardinal Impe◄
riali , a donné au Public le premier Volume
du Rituel des Papes;c'est un in-4.dédié
à Sa Sainteté . Les Ministres du Saint
Office ont fait depuis peu une recherche
exacte dans les Synagogues des Juifs , ils
y ont enlevé cinq Ballots d'une nouvelle
édition du Talmud , faite en Allemagne ,
et remplie de plus de visions et d'extravagances
que les précedentes .
Од
JUILLET. 1731. 1761
On a imprimé à Madrid un Volume
in- Folio, sous le titre de Pictor Christianus
eruditus. Ce sont des Instructions pour
le Costume , dont la plupart des Peintres
ont grand besoin.
On a imprimé à Turin une Relation
sur tout ce qui s'est passé pendant ledernier
Pontificat entre la Cour de Rome et le
Roi de Sardaigne . On croit qu'il y aura
une Réponse de la part du S. Siege.
On mande de Naples que M. Simonetti
, Nonce du Pape , va toutes les Semaines
à Pouzol respirer l'air sulphureux
de cet endroit , que les Medecins croyent
salutaire pour ses maux de Poitrine.
On écrit de Londres qu'on y avoit
appris de Reading dans le Comté de
Berks , qu'on y voyoit actuellement un
enfant agé de cinq ans , fils d'un Paysan
, nommé Benjamin Loder , lequel a
cinq pieds de haut. Il est assez fort à cet
âge pour porter 260. livres pesant , pour
lever d'une main un poids de cent livres
et d'un doigt un poids de cinquante. On
doit amener cet enfant à Londres , pour
le faire voir à la Famille Royale.
Nous
1762 MERCURE DE FRANCE
1
Nous sommes priez d'annoncer au Public
qu'il y a une suite des Médailles Imperiales
d'argent à vendre de la Succession
de M. de Chezelles , Lieutenant général
de Police de Montluçon , décedé en 1730.
Cette suite est de plus de mille Médailles ,
d'une Antiquité indubitable, et d'une trèsgrande
conservation. Il y a à la tête des
Médailles Imperiales , environ soixante
Médailles Consulaires , aussi très- bien
conservées. Il y a encore six belles Urnes
antiques de Verre , d'une forme singuliere
et toutes differentes , avec une Statuë
d'Hercule en Bronze , pesant 17 livres.
On s'addressera à l'Abbaye Sainte Geneviéve
de Paris , au R. P. Prévôt, Bibliotécaire
, et au R. P. Dupineau , Antiquaire
de cette Maison.
Gabriel Martin , Libraire , distribue le
Catalogue de la Bibliotéque de feu M. Bonnet
, Curé de Saint Nicolas des Champs ,
dont la vente a été commencée le 23 .
uillet. Le même Libraire imprime le
Catalogue des Livres de feu M. Dodart
Premier Médecin du Roi , dont la vente
se fera incessamment en détail .
Tomo III. An . 1710,
Analecta de calamitate Litteratorum :
PETRI ALBYNOII Medices Legatus , sive
de Exilio libri duo : accessere Jo. PIERIUS
VALERIANUS et CORNELIUS TOLLIUS de
infelicitate Litteratorum , ut et JOSEPHUST
E vj BAR1756
MERCURE DE FRANCE
BARBERIUS de miseria Poëtarum Gracorum
cum Præfatione Jo . BURCHARDII
MENKENII , et Indice copioso . Lipsia
1707. in 12. pag. 593 .
Les réflexions du Marquis Orsi sur le
Livre de la maniere de bien penser , du
P. Bouhours , ayant donné occasion à
plusieurs Ecrits de part et d'autre. Les
Journalistes font (a ) un Article particulier
de cette querelle Litteraire. Ils
rendent compte avec la même exactitude
de plusieurs autres disputes qui se sont
élevées , l'une ( b ) au sujet du Livre intitulé
Acta Passionis SS . Crescii et Sociorum
Martyrum ex mmss . Codd. Bibliotheca
Medicco- Laurentiane , Metropolitana
Ecclesia Florentina , et Sapientia Romane
, nunc primum edita , et à Jacobo Laderchio
, Congregationis Oratorii urbis Presbytero
, asserta et illustrata Florentie 1707.
Fautre ( è ) au sujet delle Vindicie del sig.
Abate Giusto Fontanini et la troisiéme (d)
à l'occasion du Livre de M. Muratori della
perfetto Poesia Italiana.
Istoria della Republica di Venezia , in
tempo della Sacra lega contra Maometto IV .
( a ) P. 77.
( b ) P. 1946
( c ) P. 287.
( A) P. 357.
JUILLET. 1757 1731 .
' e tre suoi successori , di PIETRO GARSONI
Senatore in Venezia 1705. in 4. grande
pag. 838 .
Gemme Antiche figurate , date in luce d'a
Dominico de Rossi , colle sposizioni di
PAOLO-ALESSANDRO MAFFEI Patrizco Volterrano
, &c. Parte terza in Roma 1708. in
4. reale. le gemme sono 102. e le pag
224.
GIORNALE DE LITTERALI D'ITALIA
Tomo IV. 1710.
Della Scienza chiamata Cavalleresca li
bri tre. in Roma 1710. in 4° . pag. sos . le
Marquis Scipion Maffei est l'Auteur de
cet Ouvrage.
Relazione della linea Meridiana Oriszontale
, et della Elissi Polare fabricata in Ro
ma l'anno 1702 ..
Pour tracer à Rome cette Meridiene
et prévenir les variations qu'a essuyé celle
de Boulogne , on a choisi l'Eglise des
Chartreux , qui fut anciennement la principale
Salle des Thermes deDiocletien , parce
que les murs en étant très- solides et
ayant depuis tant de siécles fait leur effet ,
on ne doit plus craindre qu'ils surbaissent
et quittent leur aplomb. Cette ligne horizontale
est de bronze , longue de 205.
Palmes Romains , et incrustée dans de
Far1758
MERCURE DE FRANCE
larges carreaux de Marbre , placez au niveau
, avec toutes les divisions necessaires
pour mésurer exactement les mouvemens
du Soleil , de la Lune et des Etoiles fixes .
Ce sont Mrs Bianchini et Maraldi , tous:
deux de l'Académie Royale des Sciences
de Paris , qui l'ont tracée avec toute la
justesse possible.
Opere di Monsig. GIOVANNI DELL A
CASA , con una copiosa Giunta di Scritture
non piu stampate , &c. in Firenze 1707;
in-4°.
Gymnasii Ticinensis Historia , et vindicie
à sæculo V. ad finem XV. et plura de ejusdem
urbis antiqua nobilitate . Authore ANTONIO
GATTO , in eodem Gymnasio Antecessore,.
&c. Mediolani 1704. in-8 ° . grande pag.
166.*
RELAZIONE e notizia dell' Accademia del
Disegno in Roma.
Cette Societé fut établie dès l'année
478. sous le nom de la Compagnie de
aint Luc. Mais en 1595. elle acquit le
titre et la forme d'Academie . Girolamo
Muziani de Bresse en fut le principal
Promoteur , et Federigo Zuccari le premier
President. On avoit coutume alors
de faire quelques fonctions sólemnelles etd'exciter
des jeunes Gens par des prix que
l'on proposoit , cela se fit particulierement
JUILLET 1731. 1759
ment en 1695. année seculaire de l'Académie.
Mais cette Cérémonie n'arrivoit
que rarement , et se faisoit inter privatos
parietes. Clement XI . considerant la
gloire et l'utilité qu'aportent les beaux
Arts , ordonna que ces Assemblées se
tinssent tous les ans dans une des Salles
du Capitole , et fonda et augmenta le
nombre des Prix , sçavoir trois pour la
Peinture , trois pour la Sculpture et trois
pour l'Architecture , ils consistent en des
Médaillons que ceux qui en sont juges dignes
reçoivent de la main des Cardinaux
qui se trouvent d'ordinaire en grand nombre
à ces Assemblées . Les Sujets sont tirez
de l'Histoire Romaine , et proposez
par les Officiers de l'Académie qui en sont
aussi les Juges.
Gemme antiche figurate , date in luce da
Domenico de' Rossi , colle Sposizioni de
PAOLO- ALESSANDRO MAFFEI , & c . parte:
quarta , in Roma 1709. in - 4 ° . reale. le
Gemme sono 100. e le pagg. delle note:
206.
On ne sçauroit trop estimer ce Recuëil
, dont voici la quatrième Partie ,
les explications du Comte Paul Alexandre
Maffei répondent parfaitement à de
si grands Sujets , et se fontlire avec a utant
de plaisir que d'utilité.
On.
160 MERCURE DE FRANCE
On apprend de Rome que la traduction:
des Comédies de Terence in versi Sciolti,
par M. Fortiguerra , est achevée , et que,
le Cardinal Albani s'est chargé de la faire
imprimer magnifiquement à Urbin , avec
le Texte Latin , tel qu'il se trouve dans le
célébre Manuscrit du Vatican. On fera
graver soigneusement les Figures en miniature
qui se trouvent dans ce Manuscrit,
et qui représentent les Habits et les Masques
dont se servoient les anciens Comiques
Latins.
De Verone , que Tummormanni , Libraire
, a sous presse , Theatro del Signor
Marchese Scipione Maffei ; cioe la Tragedia
, la Comedia e il Dramma non pin
Stampato. Agiunta la Spiegazione d'alcune
antichita pertinential Teatro..
On écrit aussi de Rome que l'Abbé
Georgi , Bibliotécaire du Cardinal Impe◄
riali , a donné au Public le premier Volume
du Rituel des Papes;c'est un in-4.dédié
à Sa Sainteté . Les Ministres du Saint
Office ont fait depuis peu une recherche
exacte dans les Synagogues des Juifs , ils
y ont enlevé cinq Ballots d'une nouvelle
édition du Talmud , faite en Allemagne ,
et remplie de plus de visions et d'extravagances
que les précedentes .
Од
JUILLET. 1731. 1761
On a imprimé à Madrid un Volume
in- Folio, sous le titre de Pictor Christianus
eruditus. Ce sont des Instructions pour
le Costume , dont la plupart des Peintres
ont grand besoin.
On a imprimé à Turin une Relation
sur tout ce qui s'est passé pendant ledernier
Pontificat entre la Cour de Rome et le
Roi de Sardaigne . On croit qu'il y aura
une Réponse de la part du S. Siege.
On mande de Naples que M. Simonetti
, Nonce du Pape , va toutes les Semaines
à Pouzol respirer l'air sulphureux
de cet endroit , que les Medecins croyent
salutaire pour ses maux de Poitrine.
On écrit de Londres qu'on y avoit
appris de Reading dans le Comté de
Berks , qu'on y voyoit actuellement un
enfant agé de cinq ans , fils d'un Paysan
, nommé Benjamin Loder , lequel a
cinq pieds de haut. Il est assez fort à cet
âge pour porter 260. livres pesant , pour
lever d'une main un poids de cent livres
et d'un doigt un poids de cinquante. On
doit amener cet enfant à Londres , pour
le faire voir à la Famille Royale.
Nous
1762 MERCURE DE FRANCE
1
Nous sommes priez d'annoncer au Public
qu'il y a une suite des Médailles Imperiales
d'argent à vendre de la Succession
de M. de Chezelles , Lieutenant général
de Police de Montluçon , décedé en 1730.
Cette suite est de plus de mille Médailles ,
d'une Antiquité indubitable, et d'une trèsgrande
conservation. Il y a à la tête des
Médailles Imperiales , environ soixante
Médailles Consulaires , aussi très- bien
conservées. Il y a encore six belles Urnes
antiques de Verre , d'une forme singuliere
et toutes differentes , avec une Statuë
d'Hercule en Bronze , pesant 17 livres.
On s'addressera à l'Abbaye Sainte Geneviéve
de Paris , au R. P. Prévôt, Bibliotécaire
, et au R. P. Dupineau , Antiquaire
de cette Maison.
Gabriel Martin , Libraire , distribue le
Catalogue de la Bibliotéque de feu M. Bonnet
, Curé de Saint Nicolas des Champs ,
dont la vente a été commencée le 23 .
uillet. Le même Libraire imprime le
Catalogue des Livres de feu M. Dodart
Premier Médecin du Roi , dont la vente
se fera incessamment en détail .
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Résumé : Journal Litteraire d'Italie, &c. [titre d'après la table]
Le texte compile des publications et événements littéraires et scientifiques entre 1705 et 1762. Parmi les ouvrages notables, les 'Analecta de calamitate Litteratorum' analysent la condition des littérateurs, tandis que le Marquis Orsi critique le 'Livre de la maniere de bien penser' du Père Bouhours. Les journaux littéraires comme le 'GIORNALE DE LETTERATI D'ITALIA' et le 'MERCURE DE FRANCE' rapportent diverses disputes littéraires et scientifiques, notamment celles concernant les 'Acta Passionis SS. Crescii' et les 'Vindicie del sig. Abate Giusto Fontanini'. Des publications historiques et artistiques sont également mentionnées, telles que l''Istoria della Republica di Venezia' de Pietro Garsoni et les 'Gemme Antiche figurate' de Domenico de Rossi. Des travaux scientifiques, comme la 'Relazione della linea Meridiana Oriszontale' tracée par Bianchini et Maraldi, sont détaillés. Le texte évoque aussi des événements culturels variés, comme la traduction des comédies de Terence par Fortiguerra et la recherche dans les synagogues des Juifs par les Ministres du Saint Office.
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594
p. 1764-1767
Académie des Jeux Floraux, [titre d'après la table]
Début :
L'Académie des Jeux Floraux distribuëra la troisiéme jour du mois de May de l'année 1732. [...]
Mots clefs :
Académie des jeux floraux, Amarante d'or, Violette d'argent, Églantine d'argent, Prix
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Académie des Jeux Floraux, [titre d'après la table]
L'Académie des Jeux Floraux distribuëra la
troisiéme jour du mois de May de l'année 1732 .
les
quatre Prix ou Fleurs qu'elle doit donner chaque
année.
Le premier de ees Prix est une Amaranthe d'or,
de la valeur de 400 liv. qui est destiné à une Ode.
Le second est une Violette d'Argent , de la vafeur
de 250 liv. qui est destiné à un Poëme de 60
Vers au moins , ou de cent Vers au plus. Le sujet
de ce genre de Poësie doit être héroïque .
Le troisième prix est une Eglantine d'argent
de la valeur de 250 liv.qui est destinée à unePiéce
de Prose , d'un quart d'heure ou d'une petite
demie-heure de lecture , dont le sujet sera pour
l'année 173.2 .
LE SAGE PROFITE DE SES FAUTES.
Le quatriéme Prix est un Souci d'argent , de la
valeur de 200 liv. qui est destiné à une Elegie , à
une Eglogue , ou à une Idyle,
La
JUILLET. 1731. 1765
Le sujet de tous les Ouvrages de Poësie est au
choix des Auteurs ; les Poëmes , les Eglogues , les
Idyles et les Elegies doivent être en Vers Alexandrins
ou à rimes plates .
Les Ouvrages qui ne seront que des imitations,
ceux que l'on reconnoîtra avoit déjà paru,ou qui
traiteront des sujets donnez par d'autres Académies
, ceux qui auront quelque chose de burlesde
contraire aux que , de satirique , d'indécent oy
moeurs , n'entreronr point dans le concours pour
les Prix , non plus que les Ouvrages dont les Auteurs
se seront fait connoître , et pour lesquels ils
auront fait solliciter ou sollicité eux-mêmes. Les
Auteurs qui traiteront des matieres Théologiques
doivent accompagner leurs Ouvrages de l'Appro
bation de deux Docteurs en Théologie.
On doit remettre dans tous le mois de Janvier
de l'année 1732. à M. le Chevalier de Catellan
Secretaire perpetuel des Jeux Floraux , logé près
de la Place du Salin , à Toulouse , trois Copies
bien lisibles de chaque Ouvrage. Le mois de Janvier
expiré , il n'en recevra plus .
L'Académie a délibéré d'observer à la lettre
P'Article dixiéme de ses Statuts , à l'égard de la
- maniere en laquelle les Ouvrages que l'on présente
pour les Prix doivent être remis à M. le Se
cretaire perpetuel, Les Auteurs sont donc avertis
de s'adresser à une personne domiciliée àToulousé
, pour faire remettre leurs Ouvrages à M. le
Secretaire, lequel recevant les trois Copies de chaque
Ouvrage,, en écrira dans son Registre la Sen
tence , aussi- bien que le nom de celui qui le lui
aura remis , qui sera tenu d'en signer le Registre ;
après quoi M. le Secretaire lui délivrera le Recepissé
de l'Ouvrage en la forme accoûtumée .
Ceux qui auront remporté des Prix seront obligcz
1766 MERCURE DE FRANCE
gez de venir les recevoir eux-mêmes , s'ils sont à
Toulouse, l'après midi du troisiéme jour du mois
de May , dans l'Assemblée publique de la distribution
des Prix , au grand Consistoire de l'Hôtel
de Ville ; et s'ils sont hors de portée de venir les
recevoir , ils doivent envoyer une Procuration en
bonne forme , à une personne domiciliée à Toulouse
, qui en la remettant à M. le Secretaire,avec
le Recepissé de l'Ouvrage , recevra le Prix. Après
que les Auteurs se seront fait connoître , on leur
donnera des Attestations , portant qu'un tel , une
telle année , pour tel Ouvrage par lui composé ,
a remporté un tel Prix ; et l'Ouvrage en Original
y sera attaché sous le Contre- Scel des Jeux .
Les Auteurs ne peuvent remporter que trois fois
en leur vie les Prix destinez à chaque genre d'Ouvrage
, après quoi ils ne doivent plus entrer en
lice.
Celui qui aura remporté trois Prix , l'un desquels
sera l'Amaranthe , pourra obtenir des Lettres
de Maître des Jeux Floraux , et il sera toute
sa vie du Corps des Jeux , avec droit d'assister et
d'opiner comme Juge , avec le Chancelier , les
Mainteneurs et les autres Maîtres , aux Aseemblées
publiques et particulieres , qui regarderont
le jugement des Ouvrages présentez pour les Prix.
On avertit que les Recueils des Pieces d'Eloquence
et de Poësie , qui ont été présentées à
l'Academie des Jeux Floraux , pour la di tribution
des Prix de chique année , depuis 1710. fe
trouveront à Toulouse , chez le fieur Lecamus ,
Imprimeur du Roy et de l'Académie des Jeux
Floraux , rue de la Porteries chez le fieur
Huart l'aîné , Marchand Libraise à Paris , ruë
S. Jacques , proche la Fontaine S. Severin , et
cbez
JUILLET . 1731. 1767
ez le fieur Nicolas Lacourt l'aîné , Impri-
* ur du Roy , à Bordeaux , ruë S. James.
troisiéme jour du mois de May de l'année 1732 .
les
quatre Prix ou Fleurs qu'elle doit donner chaque
année.
Le premier de ees Prix est une Amaranthe d'or,
de la valeur de 400 liv. qui est destiné à une Ode.
Le second est une Violette d'Argent , de la vafeur
de 250 liv. qui est destiné à un Poëme de 60
Vers au moins , ou de cent Vers au plus. Le sujet
de ce genre de Poësie doit être héroïque .
Le troisième prix est une Eglantine d'argent
de la valeur de 250 liv.qui est destinée à unePiéce
de Prose , d'un quart d'heure ou d'une petite
demie-heure de lecture , dont le sujet sera pour
l'année 173.2 .
LE SAGE PROFITE DE SES FAUTES.
Le quatriéme Prix est un Souci d'argent , de la
valeur de 200 liv. qui est destiné à une Elegie , à
une Eglogue , ou à une Idyle,
La
JUILLET. 1731. 1765
Le sujet de tous les Ouvrages de Poësie est au
choix des Auteurs ; les Poëmes , les Eglogues , les
Idyles et les Elegies doivent être en Vers Alexandrins
ou à rimes plates .
Les Ouvrages qui ne seront que des imitations,
ceux que l'on reconnoîtra avoit déjà paru,ou qui
traiteront des sujets donnez par d'autres Académies
, ceux qui auront quelque chose de burlesde
contraire aux que , de satirique , d'indécent oy
moeurs , n'entreronr point dans le concours pour
les Prix , non plus que les Ouvrages dont les Auteurs
se seront fait connoître , et pour lesquels ils
auront fait solliciter ou sollicité eux-mêmes. Les
Auteurs qui traiteront des matieres Théologiques
doivent accompagner leurs Ouvrages de l'Appro
bation de deux Docteurs en Théologie.
On doit remettre dans tous le mois de Janvier
de l'année 1732. à M. le Chevalier de Catellan
Secretaire perpetuel des Jeux Floraux , logé près
de la Place du Salin , à Toulouse , trois Copies
bien lisibles de chaque Ouvrage. Le mois de Janvier
expiré , il n'en recevra plus .
L'Académie a délibéré d'observer à la lettre
P'Article dixiéme de ses Statuts , à l'égard de la
- maniere en laquelle les Ouvrages que l'on présente
pour les Prix doivent être remis à M. le Se
cretaire perpetuel, Les Auteurs sont donc avertis
de s'adresser à une personne domiciliée àToulousé
, pour faire remettre leurs Ouvrages à M. le
Secretaire, lequel recevant les trois Copies de chaque
Ouvrage,, en écrira dans son Registre la Sen
tence , aussi- bien que le nom de celui qui le lui
aura remis , qui sera tenu d'en signer le Registre ;
après quoi M. le Secretaire lui délivrera le Recepissé
de l'Ouvrage en la forme accoûtumée .
Ceux qui auront remporté des Prix seront obligcz
1766 MERCURE DE FRANCE
gez de venir les recevoir eux-mêmes , s'ils sont à
Toulouse, l'après midi du troisiéme jour du mois
de May , dans l'Assemblée publique de la distribution
des Prix , au grand Consistoire de l'Hôtel
de Ville ; et s'ils sont hors de portée de venir les
recevoir , ils doivent envoyer une Procuration en
bonne forme , à une personne domiciliée à Toulouse
, qui en la remettant à M. le Secretaire,avec
le Recepissé de l'Ouvrage , recevra le Prix. Après
que les Auteurs se seront fait connoître , on leur
donnera des Attestations , portant qu'un tel , une
telle année , pour tel Ouvrage par lui composé ,
a remporté un tel Prix ; et l'Ouvrage en Original
y sera attaché sous le Contre- Scel des Jeux .
Les Auteurs ne peuvent remporter que trois fois
en leur vie les Prix destinez à chaque genre d'Ouvrage
, après quoi ils ne doivent plus entrer en
lice.
Celui qui aura remporté trois Prix , l'un desquels
sera l'Amaranthe , pourra obtenir des Lettres
de Maître des Jeux Floraux , et il sera toute
sa vie du Corps des Jeux , avec droit d'assister et
d'opiner comme Juge , avec le Chancelier , les
Mainteneurs et les autres Maîtres , aux Aseemblées
publiques et particulieres , qui regarderont
le jugement des Ouvrages présentez pour les Prix.
On avertit que les Recueils des Pieces d'Eloquence
et de Poësie , qui ont été présentées à
l'Academie des Jeux Floraux , pour la di tribution
des Prix de chique année , depuis 1710. fe
trouveront à Toulouse , chez le fieur Lecamus ,
Imprimeur du Roy et de l'Académie des Jeux
Floraux , rue de la Porteries chez le fieur
Huart l'aîné , Marchand Libraise à Paris , ruë
S. Jacques , proche la Fontaine S. Severin , et
cbez
JUILLET . 1731. 1767
ez le fieur Nicolas Lacourt l'aîné , Impri-
* ur du Roy , à Bordeaux , ruë S. James.
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Résumé : Académie des Jeux Floraux, [titre d'après la table]
L'Académie des Jeux Floraux a annoncé la distribution de ses quatre prix annuels le 3 mai 1732. Les prix attribués sont les suivants : une Amaranthe d'or de 400 livres pour une ode, une Violette d'argent de 250 livres pour un poème héroïque de 60 à 100 vers, une Églantine d'argent de 250 livres pour une pièce de prose sur le sujet 'Le Sage profite de ses fautes', et un Souci d'argent de 200 livres pour une élégie, une églogue ou une idylle. Les sujets des œuvres poétiques sont laissés au choix des auteurs. Les participants doivent soumettre trois copies de leurs œuvres avant la fin du mois de janvier 1732 à M. le Chevalier de Catellan, secrétaire perpétuel des Jeux Floraux. Les œuvres doivent être remises par une personne domiciliée à Toulouse. Les lauréats doivent venir recevoir leurs prix en personne ou envoyer une procuration. Les auteurs ne peuvent remporter qu'un maximum de trois fois chaque prix au cours de leur vie. Les recueils des pièces présentées depuis 1710 sont disponibles chez plusieurs imprimeurs à Toulouse, Paris et Bordeaux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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595
p. 1787-1788
LES VESTALES.
Début :
Pour garder le feu de Vesta, [...]
Mots clefs :
Vestales, Feu
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES VESTALES.
LES VESTALES.
Pour garder le feu de Vesta ,
Crédules Romaines ,
Ah ! que de peines ,
Que de gênes ,
Il vous en coûta !
Nourrir le feu d'un tendre amour ,.
Est un emploi bien plus facile ,
Et plus utile :
Son ardeur brille ,
Et sans aucun soin s'accroît de jour en jour.
Sa puissance est divine ;
Elle détermine ,
Tous nos desirs.
Elle est la seule origine ,
De tous nos plaisirs ;
Elle agit et domine ,
Sur l'Univers ,
Et remplit la Terre , les Mers ,
Les vastes Airs.
M. Dornel , Maître de Musique et Organiste
de sainte Geneviève , qui a fait l'Air de ces paroles
, s'est déja fait connoître par divers bons Ouvrages
Il vient de publier encore un Livre qui contient
48 Pieces de Clavecin fort estimées et de très - facile
execution. Ce Livre se vend chez l'Auteur,
Mon1788
MERCURE DE FRANCE
Montagne sainte Genevieve , au Mont Parnas–
se , ruë S. Jean de Beauvais , ruë S. Honoré ,
la Regle d'Or , et rue du Roulle, à la Croix d'Or.
Pour garder le feu de Vesta ,
Crédules Romaines ,
Ah ! que de peines ,
Que de gênes ,
Il vous en coûta !
Nourrir le feu d'un tendre amour ,.
Est un emploi bien plus facile ,
Et plus utile :
Son ardeur brille ,
Et sans aucun soin s'accroît de jour en jour.
Sa puissance est divine ;
Elle détermine ,
Tous nos desirs.
Elle est la seule origine ,
De tous nos plaisirs ;
Elle agit et domine ,
Sur l'Univers ,
Et remplit la Terre , les Mers ,
Les vastes Airs.
M. Dornel , Maître de Musique et Organiste
de sainte Geneviève , qui a fait l'Air de ces paroles
, s'est déja fait connoître par divers bons Ouvrages
Il vient de publier encore un Livre qui contient
48 Pieces de Clavecin fort estimées et de très - facile
execution. Ce Livre se vend chez l'Auteur,
Mon1788
MERCURE DE FRANCE
Montagne sainte Genevieve , au Mont Parnas–
se , ruë S. Jean de Beauvais , ruë S. Honoré ,
la Regle d'Or , et rue du Roulle, à la Croix d'Or.
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Résumé : LES VESTALES.
Le texte évoque les Vestales, prêtresses romaines gardant le feu sacré de Vesta. Il compare cette tâche à l'entretien d'un amour tendre, doté d'une puissance divine. Il mentionne M. Dornel, Maître de Musique et Organiste de sainte Geneviève, auteur de 48 pièces de clavecin disponibles à Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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596
p. 1788
« Les Comédiens François, ont remis au Théatre au commencement de ce [...] »
Début :
Les Comédiens François, ont remis au Théatre au commencement de ce [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Les Comédiens François, ont remis au Théatre au commencement de ce [...] »
LES
Es Comédiens François , ont remis
au Théatre au commencement de ce
mois une petite Comédie d'un Acte en
Prose , avec un Divertissement du feu
sieur Dancourt , intitulée , les Eaux de
Bourbon , qui eut un très- grand succès
dans sa nouveauté au mois d'Octobre
1696. mais les temps sont bien changez
et le goût des Spectateurs bien autrement
rafiné et blen plus difficile à satisfaire :
certe Piece n'a pas fait grand plaisir. Dans .
leBallet, deux personnages équipez en malades
beuveurs d'eau , paroissent dancer
dans des Fauteuils , ce qui fait une singularité
réjouissante .
Au contraire de la Piece dont on vient
de parler , la Comédie du Distrait , de
feu M.Renard, n'ayant eu que troisReprésentations
dans sa nouveauté , au mois
de Decembre 1697. est aujourd'hui assez
goûtée pour attirer bien du monde . Le .
sieur de Montmesnil y joüe fort bien le
principal
JUILLET. 1731. 1789
principal Rôle , & les autres y sont aussi
très -bien remplis.
Cette singularité nous engage à faire
ici quelques reflexions sur cette Piece.
Es Comédiens François , ont remis
au Théatre au commencement de ce
mois une petite Comédie d'un Acte en
Prose , avec un Divertissement du feu
sieur Dancourt , intitulée , les Eaux de
Bourbon , qui eut un très- grand succès
dans sa nouveauté au mois d'Octobre
1696. mais les temps sont bien changez
et le goût des Spectateurs bien autrement
rafiné et blen plus difficile à satisfaire :
certe Piece n'a pas fait grand plaisir. Dans .
leBallet, deux personnages équipez en malades
beuveurs d'eau , paroissent dancer
dans des Fauteuils , ce qui fait une singularité
réjouissante .
Au contraire de la Piece dont on vient
de parler , la Comédie du Distrait , de
feu M.Renard, n'ayant eu que troisReprésentations
dans sa nouveauté , au mois
de Decembre 1697. est aujourd'hui assez
goûtée pour attirer bien du monde . Le .
sieur de Montmesnil y joüe fort bien le
principal
JUILLET. 1731. 1789
principal Rôle , & les autres y sont aussi
très -bien remplis.
Cette singularité nous engage à faire
ici quelques reflexions sur cette Piece.
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Résumé : « Les Comédiens François, ont remis au Théatre au commencement de ce [...] »
En juillet 1731, les Comédiens Français ont représenté 'Les Eaux de Bourbon', une comédie en prose accompagnée d'un divertissement de Dancourt. Cette pièce avait connu un grand succès en octobre 1696, mais les goûts du public avaient évolué, rendant la pièce moins appréciée. Le ballet de la pièce mettait en scène deux personnages déguisés en malades buveurs d'eau, dansant dans des fauteuils, ce qui était perçu comme une singularité réjouissante. En contraste, 'Le Distrait' de Regnard, qui n'avait eu que trois représentations en décembre 1697, est aujourd'hui bien accueilli et attire un large public. Le rôle principal est interprété avec succès par le sieur de Montmesnil, et les autres acteurs remplissent également leurs rôles de manière remarquable. Cette évolution dans la réception des pièces incite à réfléchir sur les changements dans les préférences du public.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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597
p. 1788-1800
Le Distrait, Comédie, [titre d'après la table]
Début :
Au contraire de la Piece dont on vient de parler, la Comédie du Distrait, de [...]
Mots clefs :
Comédie, Rôle, Farce, Critique, Jugement, Distraction, Tragédies, Acteurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Distrait, Comédie, [titre d'après la table]
Au contraire de la Piece dont on vient
de parler , la Comédie du Distrait , de
feu M.Renard, n'ayant eu que troisReprésentations
dans sa nouveauté , au mois
de Decembre 1697. est aujourd'hui assez
goûtée pour attirer bien du monde . Le .
sieur de Montmesnil y joüe fort bien le
principal
JUILLET. 1731. 1789
principal Rôle , & les autres y sont aussi
très -bien remplis.
Cette singularité nous engage à faire
ici quelques reflexions sur cette Piece.
On ne sçauroit justifier le jugement
qu'on semble porter aujourd'hui du Distrait
, sans condamner en quelque maniere
celui qu'on en porta autrefois ; on
peut cependant prendre un temperament
entre deux décisions si opposées , en disant
que la Piece n'est pas trouvée meilleure
qu'elle l'a parû dans sa naissance ;
mais qu'on s'y divertit davantage , parce
qu'on ne la revoit que comme une farce
pleine de gayeté ; au lieu que l'Auteur
avoit , sans doute , prétendu la donner
comme une Comédie dans les formes ;
ainsi la Critique ayant déja prononcé sur
la maniere dont les Connoisseurs devoient
la recevoir , nous n'y apportons
plus cette séverité qui l'avoit proscrite;
l'indulgence des Spectateurs fait grace
M. Renard , du peu de soin qu'il a pris
d'observer les regles , et le livre tout entiers
au plaisir qui résulte de cette irréu
larité.
à
En effet tout le monde convient que le
plus,honnête personnage de la Piece est cefui
deLéandre, dont l'Auteur a vouluétaler
le prétendu ridicule; nous disons prétendu ,
parce
1790 MERCURE DE FRANCE
parce qu'il ne dépend non - plus de nous de
n-être point distraits , qu'il n'est au pouvoir
d'un aveugle de jouir de la lumierczon
ne doit pas considerer la distraction comme
un vice, et l'Auteur même en convient
par ces Vers qu'il met à la bouche du Distrait
, dans le quatriéme Acte , Scene VII .
Ma maniere est fort bonne , et n'en veux point
changer.
Je ne ressemble point aux hommes de notre âge ,
Qui masquent en tout temps leurs coeurs et leur
visage ,
Mon deffaut prétendu , mon peu d'attention ,
Fait la sincerité de mon intention.
Je ne prépare point avec effronteric ,
Dans le fond de mon coeur d'indigne menterie į
Je dis ce que je pense et sans déguisement ;
Je suis sans refléchir mon premier mouvement.
Un esprit naturel me conduit et m'anime ;
Je suis un peu distrait , mais ce n'est pas un crime,
Leandre est bien modeste de se contenter
de conclure que sa distraction n'est pas
un crime ; il auroit pû avancer hardiment
qu'elle n'est pas un vice , puisqu'il en faiț
une vertu dans tous les Vers precedents.
Madame Grognac , qui prétend devenir
sa belle-mere , en parle à peu près de même
au premier Acte , où elle dir :
Je
JUILLE T.
1799 1731
Je sçais bien qu'à parler de lui sans passion ,
Il est particulier dans sa distraction .
Il répond rarement à ce qu'on lui propose ;
On ne le voit jamais à lui dans mille choses ;
Mais ce n'est pas un crime en lui d'être ainsi fait;
On peut être , à mon sens , homme sage et distrait,
Voilà quel est notre Distrait, selon luimême
et selon sa prétenduë future bellenere
; il est un peu moins bien dans l'esprit
de son Valet Carlin. Voici le Portrait
qu'il en fait ;
C'est un homme étonnant et rare en son espece ;
I rêve fort à rien ; il s'égare sans cesse ;
Il cherche , il trouve , il broüille , il regarde sans
voir ;
Quand on lui parle blanc , souvent il répond
noir ;
Il vous dit non pour cüi , oüi pour non ; il ape
pelle ,
Une femme Monsieur , et moi Mademoiselle ;
Prend souvent l'un pour l'autre ; il va sans sçavoir
où ;
On dit qu'il est distrait ; mais moi , je le tiens fou.'"
Dailleurs fort honnête homme , à ses devoirs
austere ,
Exact et bon ami , genereux , doux , sincṛte ;
Aimant
1792 MERCURE DE FRANCE
Aimant , comme j'ai dit , sa Maîtresse in Heros;,
Il est et sage et fou; voilà l'homme en deux mots
Ce portrait de Carlin paroît le plus
ressemblant ; mais , ni comme sage , ni
comme fou , il ne peut être le sujet d'une
Comédie ; le sage ne doit pas être joué ,
et le fou ne peut pas être corrigé.
D'où il est aisé de conclure que M. Renard
n'a choisi ce caractere que pour ouvrir
un champ plus vaste à son imagination
les incidens naissant en foule dans un sujet
si fécond en quiproquo ; en faut-il davantage
pour faire réussir une Piece où
l'on ne se propose point d'autre fin que
de faire rire ?
Nous passerons plus legerement sur les
autres caracteres , ils sont défectueux jusqu'à
révolter les personnes les moins délicates.
Le Chevalier que l'Auteur a prétendu
opposer au Distrait , est un étourdi , ou
plutôt un fou à mettre aux petites Maisons
, et de plus , de très-mauvaises moeurs ;
on en peut juger par la correction que son
oncle lui fait ; la voici :
Vous vous faites honneurd'être un franc libertin,'
Vous mettez votre gloire à bien tenir du vin ;
Et lorsque tout fumant d'une vineuse haleine ,
Sur
JUILLET. 1731. 1793
Sur vos pieds chancelants vous vous tenez à peine,
Sur un Théatre alors vous venez vous montrer ;
Là , parmi vos pareils on vous voit folâtrer ;
Vous allez vous baiser comme des Demoiselles ,
Et pour vous faire voir jusque sur les chandelles ,
Poussant l'un , heurtant l'autre , et contant vos
exploits ,
Plus haut que les Acteurs , vous élevez la voix ;
Et tout Paris témoin de vos traits de folie ,
Kit plus cent fois de vous que de la Comédie.
L'oncle ne charge point le caractere ?
c'est ce que le neveu va justifier lui-même
en sa presence.
Mais que fais-je donc tant , Monsieur , ne vous
déplaise ,
Pour trouver ma conduite à tel excès mauvaise ?
J'aime , je bois , je joue , et ne vois en cela
Rien qui puisse attirer ces réprimandes-là , &c .
De -là je pars sans bruit ,
Quand le jour diminuë et fait place à la nuit ,
Avec quelques amis , et nombre de bouteilles ,
Que nous faisons porter pour adoucir nos veilles,
Chez des femmes de bien dont l'honneur est entier
,
Et qui de leur vertu parfument le quartier.
Là, nous perçons la nuit d'une ardeur sans égale;
H Nous
1-94 MERCURE DE FRANCE
Nous sortons au grand jour pour ôter tout scandale
,
Et chacun en bon ordre aussi sage que moi ,
Sans bruit au petit pas se retire chez soi.
Cette vie innocente est - elle condamnée ?
Ne faire qu'un repas dans toute une journée !
Un malade , entre nous , se conduiroit- il mieux ?
Ce qu'il y a de plus déreglé dans la
Piece , c'est que l'oncle n'aspire qu'à rendre
heureux un neveu si indigne de l'être,
ce qui ne sçauroit faire qu'un troisiéme
caractere très - vicieux .
→
Pour celui de Madame Grognac , il n'a
rien de beau que d'être conforme à son
nom ; elle est d'une gronderie et d'une misantropie
tout- à- fait insupportable ; elle a
des duretez pour Isabelle sa fille , qui ne
sont rachetées par aucune complaisance ,
mais ce n'est point là ce qu'il y a de plus
déplorable pour cette pauvre innocente ;
l'amour que le Chevalier lui a inspiré ,
excite pour elle la pitié des Spectateurs ;
on la plaint de la voir aussi malheureuse
en Amant qu'en Mere , et c'est- là peutêtre
le seul interêt qui regne dans la Piece .
Clarice aussi heureuse qu'Isabelle , est
menacée d'être malheureuse ; elle aime
Léandre , dont tout le deffaut est d'être
distrait , deffaut qui devroit la faire tenir
en
JUILLET. 1731. -1795
en garde contre les effets qu'il produit sur
elle , puisqu'elle lui dit elle- même , après 、
une justification sur une prétenduë infidelité.
Quels que soient vos discours pour me persuader,
J'aime trop pour ne pas toûjours appréhender.
Mais ces distractions qui vous sont naturelles ,
Me rassurant un peu de mes frayeurs mortelles ;
Je vous juge innocent, et crois que votre erreur,
Provient de votre esprit plus que de votre coeur.
On voit bien par les deux premiers
Vers de ce sizain , que l'Auteur est allé
au- devant de l'objection , en attribuant les
craintes de Clarice à l'excès de son amour.
Pour ce qui regarde l'intrigue de la Piece
, on peut dire qu'il n'en a guere coûté
à l'imagination de l'Auteur pour la produire
, le caractere qu'il traite suffit, comme
nous l'avons déja dit , pour en faire
le noeud par les incidens qu'il fait naître,
et le dénoüment est une mauvaise copie
de celui des Femmes Sçavantes ; voici en .
peu de mots toute l'intrigue.
Madame Grognac , mere d'Isabelle
fondée sur un dédit signé entre elle et un
oncle de Léandre , veut que ce Léandre
épouse sa fille ; elle ne veut point
absolument du Chevalier pour son gen-
Hij
dre ;
1796 MERCURE DE FRANCE
dre ; ce dernier , outre les deffauts révoltans
dont nous avons ppaarrlléé ,, lui manque
de respect jusqu'à lui faire danser une
Courante malgré elle ; Valere , oncle du
Chevalier et de Clarice , veut faire un
double mariage entre ces Amans , et ce
mariage est au gré de leurs desirs , puisque
Clarice aime Léandre et en est aimée,
et que le Chevalier et Isabelle s'aiment
aussi réciproquement 5 Valere réserve une
dot de cinquante mille écus à Clarice sa
niece , et donne le reste de son bien au
Chevalier , son indigne neveu voilà le
noeud de la Piece , en voici le dénouement,
Carlin , Valet de Léandre, feint d'arriver
rout fraîchement et tout botté , d'un voyage
qu'il avoit fait avec son Maître , dont
T'oncle étoit à l'extremité; il anonce hardiment
que cet oncle vient de mourir, et qu'il
a desherité son neveu, parce qu'il a appris
qu'il ne vouloit pas épouser Isabelle, malgré
le dédit fait entre Madame Grognac sa
mere , et lui , oncle de Léandre. Madame
Grognac devient le Trissotin de la Piece;
elle n'a pas plutôt appris que Léandre n'a
rien , qu'elle lui dit qu'il peut chercher
fortune ailleurs. L'oncle du Chevalier
profite
de cette conjoncture pour lui faire
accepter son neveu pour gendre ; elle se
contents
JUILLET 1731. 1797
contente de dire qu'il est bien étourdi ,
et qu'elle a encore sur le coeur la Courante
qu'il lui a fait danser ; elle signe
le Contrat à condition qu'il se corrige-
Fa , et que son oncle lui en répondra . Le
Contrat signé , Valere donne Clarice , sa
niece,à Léandre ; Madame Grognac trouve
fort étrange qu'il marie sa niéce à un
homme qui vient d'être desherité , il lui
avouë la petite fourberie qu'on lui a faite
pour la faire consentir au mariage qu'elle
vient de signer ; et comme elle fait éclater
sa mauvaise humeur contre sa fille
son nouveau gendre lui dit :
J'ai , si vous la grondez , un Menuet tout prêt ,
La Piece finit par un dernier trait de
distraction. Le voicy .
Léandre à Carlin.
Toi , Carlin , à l'instant prépare ce qu'il faut ,
Pour aller voir mon oncle et partir au plutôt.
Carlin.
Laissez votre oncle en paix ; quel diantre de lan
gage ?
Vous devez cette nuit faire un autre voyage ;
Vous n'y songez donc plus ; vous êtes marié.
Léandre.
Tu m'en fais souvenir ; je l'avois oublié .
Hij Voilà
1799 MERCURE DE FRANCE
Voilà une partie des Refléxions qu'on
a faites sur la Comédie du Distrait ; cette
Piece n'a peut- être mérité ni de tomber
aussi brusquement qu'elle fit autrefois , ni
de réussir aussi heureusement qu'elle fait
aujourd'hui , cela n'empêche pas qu'on
ne doive rendre à M. Regnard la justice
qui lui est due c'est que personne n'a
mieux possedé que lui le talent de faire
rireset c'est par là que ses Pieces de Théatre
sont plus aimées qu'elles ne sont estimées.
Le 7 , l'Opera Comique donna une
Piece d'un Acte en Vaudeville , intitulée
Monde Renversé. Elle avoit été représentée
dans sa nouveauté à la Foire S. Laurent en
1718. Cette Piece est suivie de deux Aczes
de la France Galante et terminée parla
Guinguette Angloise , exécutée par les mêmes
Danseurs dont on a déja parlé dans le
premier Volume de Juin.
Le 1 2. on supprima un des deux Actes
de la France Galante , et on donna à la płace
l'Isle des Amazones , autre ancienne
Piece d'un Acte faite en 1718. On en peut
voir le sujet dans le Recueil du Théatre
de la Foire.
Jamais le goût pour les Spectacles n'a
été si général , et jamais tant de jeunes.
Gens
JUILLET. 1731. 1799
Gens ,depuis le Bourgeois jusqu'aux Personnes
de la plus grande qualité , ne se sont
appliquez avec tant d'ardeur à l'Art de la
Déclamation , auquel quelques- uns réüssisent
avec un naturel , des graces et une
finesse admirable. Dans plusieurs Maisons
de Paris , des personnes de mérite et de
bon goût , d'un même quartier , s'assemblent
, et se font un plaisir de représenter
des Tragédies et des Comédies des meilleurs
Auteurs ,avec beaucoup de justesse et
de précision , ce qui donne une grande satisfaction
au petit nombre de Spectateurs
choisis qu'on veut bien admettre dans ces
agréables amusemens.
Parmi ces Sociétez , il en est une qui
merite assurément d'être distinguée : les
Acteurs , dont le nombre n'est pas grand ,
s'attachent à ne représenter que des Pieces
que quelques uns d'entr'eux ont
composées eux -mêmes , et comme le mérite
et les talents se trouvent réunis dans
-
cette Societé , on ne craint point de
dire à l'égard de ces petites Comédies
que pour l'imagination
, la sagesse des
moeurs , et la finesse de l'exécution , elles
pourroient donner de la jalousie aux plus
babiles de l'Art.
3.
Dans quelques - unes des plus belles maisons
aux environs de Paris , on a dressé
Hij des
1800 MERCURE DE FRANCE
de petits Théatres fort bien ajustez et
ornez avec gout , où les meilleures Pieces
qu'on voit au Théatre François , sont
souvent représentées par de très - bons Sujets
, en présence de très- nombreuses et
très brillantes Assemblées.
*
Cette inclination pour le Théatre doit
être plus étenduë qu'on ne croit , car on.
apprend de Bruxelles que le 27. May
le Duc de Lorraine , à qui on avoit déja
donné quantité de Fêtes , assista à la Comedie
, intitulée , la Critique de l'Europe
Galante , ou le Mariage d' Arlequin , représentée
par des Bourgeois Flamands.
de parler , la Comédie du Distrait , de
feu M.Renard, n'ayant eu que troisReprésentations
dans sa nouveauté , au mois
de Decembre 1697. est aujourd'hui assez
goûtée pour attirer bien du monde . Le .
sieur de Montmesnil y joüe fort bien le
principal
JUILLET. 1731. 1789
principal Rôle , & les autres y sont aussi
très -bien remplis.
Cette singularité nous engage à faire
ici quelques reflexions sur cette Piece.
On ne sçauroit justifier le jugement
qu'on semble porter aujourd'hui du Distrait
, sans condamner en quelque maniere
celui qu'on en porta autrefois ; on
peut cependant prendre un temperament
entre deux décisions si opposées , en disant
que la Piece n'est pas trouvée meilleure
qu'elle l'a parû dans sa naissance ;
mais qu'on s'y divertit davantage , parce
qu'on ne la revoit que comme une farce
pleine de gayeté ; au lieu que l'Auteur
avoit , sans doute , prétendu la donner
comme une Comédie dans les formes ;
ainsi la Critique ayant déja prononcé sur
la maniere dont les Connoisseurs devoient
la recevoir , nous n'y apportons
plus cette séverité qui l'avoit proscrite;
l'indulgence des Spectateurs fait grace
M. Renard , du peu de soin qu'il a pris
d'observer les regles , et le livre tout entiers
au plaisir qui résulte de cette irréu
larité.
à
En effet tout le monde convient que le
plus,honnête personnage de la Piece est cefui
deLéandre, dont l'Auteur a vouluétaler
le prétendu ridicule; nous disons prétendu ,
parce
1790 MERCURE DE FRANCE
parce qu'il ne dépend non - plus de nous de
n-être point distraits , qu'il n'est au pouvoir
d'un aveugle de jouir de la lumierczon
ne doit pas considerer la distraction comme
un vice, et l'Auteur même en convient
par ces Vers qu'il met à la bouche du Distrait
, dans le quatriéme Acte , Scene VII .
Ma maniere est fort bonne , et n'en veux point
changer.
Je ne ressemble point aux hommes de notre âge ,
Qui masquent en tout temps leurs coeurs et leur
visage ,
Mon deffaut prétendu , mon peu d'attention ,
Fait la sincerité de mon intention.
Je ne prépare point avec effronteric ,
Dans le fond de mon coeur d'indigne menterie į
Je dis ce que je pense et sans déguisement ;
Je suis sans refléchir mon premier mouvement.
Un esprit naturel me conduit et m'anime ;
Je suis un peu distrait , mais ce n'est pas un crime,
Leandre est bien modeste de se contenter
de conclure que sa distraction n'est pas
un crime ; il auroit pû avancer hardiment
qu'elle n'est pas un vice , puisqu'il en faiț
une vertu dans tous les Vers precedents.
Madame Grognac , qui prétend devenir
sa belle-mere , en parle à peu près de même
au premier Acte , où elle dir :
Je
JUILLE T.
1799 1731
Je sçais bien qu'à parler de lui sans passion ,
Il est particulier dans sa distraction .
Il répond rarement à ce qu'on lui propose ;
On ne le voit jamais à lui dans mille choses ;
Mais ce n'est pas un crime en lui d'être ainsi fait;
On peut être , à mon sens , homme sage et distrait,
Voilà quel est notre Distrait, selon luimême
et selon sa prétenduë future bellenere
; il est un peu moins bien dans l'esprit
de son Valet Carlin. Voici le Portrait
qu'il en fait ;
C'est un homme étonnant et rare en son espece ;
I rêve fort à rien ; il s'égare sans cesse ;
Il cherche , il trouve , il broüille , il regarde sans
voir ;
Quand on lui parle blanc , souvent il répond
noir ;
Il vous dit non pour cüi , oüi pour non ; il ape
pelle ,
Une femme Monsieur , et moi Mademoiselle ;
Prend souvent l'un pour l'autre ; il va sans sçavoir
où ;
On dit qu'il est distrait ; mais moi , je le tiens fou.'"
Dailleurs fort honnête homme , à ses devoirs
austere ,
Exact et bon ami , genereux , doux , sincṛte ;
Aimant
1792 MERCURE DE FRANCE
Aimant , comme j'ai dit , sa Maîtresse in Heros;,
Il est et sage et fou; voilà l'homme en deux mots
Ce portrait de Carlin paroît le plus
ressemblant ; mais , ni comme sage , ni
comme fou , il ne peut être le sujet d'une
Comédie ; le sage ne doit pas être joué ,
et le fou ne peut pas être corrigé.
D'où il est aisé de conclure que M. Renard
n'a choisi ce caractere que pour ouvrir
un champ plus vaste à son imagination
les incidens naissant en foule dans un sujet
si fécond en quiproquo ; en faut-il davantage
pour faire réussir une Piece où
l'on ne se propose point d'autre fin que
de faire rire ?
Nous passerons plus legerement sur les
autres caracteres , ils sont défectueux jusqu'à
révolter les personnes les moins délicates.
Le Chevalier que l'Auteur a prétendu
opposer au Distrait , est un étourdi , ou
plutôt un fou à mettre aux petites Maisons
, et de plus , de très-mauvaises moeurs ;
on en peut juger par la correction que son
oncle lui fait ; la voici :
Vous vous faites honneurd'être un franc libertin,'
Vous mettez votre gloire à bien tenir du vin ;
Et lorsque tout fumant d'une vineuse haleine ,
Sur
JUILLET. 1731. 1793
Sur vos pieds chancelants vous vous tenez à peine,
Sur un Théatre alors vous venez vous montrer ;
Là , parmi vos pareils on vous voit folâtrer ;
Vous allez vous baiser comme des Demoiselles ,
Et pour vous faire voir jusque sur les chandelles ,
Poussant l'un , heurtant l'autre , et contant vos
exploits ,
Plus haut que les Acteurs , vous élevez la voix ;
Et tout Paris témoin de vos traits de folie ,
Kit plus cent fois de vous que de la Comédie.
L'oncle ne charge point le caractere ?
c'est ce que le neveu va justifier lui-même
en sa presence.
Mais que fais-je donc tant , Monsieur , ne vous
déplaise ,
Pour trouver ma conduite à tel excès mauvaise ?
J'aime , je bois , je joue , et ne vois en cela
Rien qui puisse attirer ces réprimandes-là , &c .
De -là je pars sans bruit ,
Quand le jour diminuë et fait place à la nuit ,
Avec quelques amis , et nombre de bouteilles ,
Que nous faisons porter pour adoucir nos veilles,
Chez des femmes de bien dont l'honneur est entier
,
Et qui de leur vertu parfument le quartier.
Là, nous perçons la nuit d'une ardeur sans égale;
H Nous
1-94 MERCURE DE FRANCE
Nous sortons au grand jour pour ôter tout scandale
,
Et chacun en bon ordre aussi sage que moi ,
Sans bruit au petit pas se retire chez soi.
Cette vie innocente est - elle condamnée ?
Ne faire qu'un repas dans toute une journée !
Un malade , entre nous , se conduiroit- il mieux ?
Ce qu'il y a de plus déreglé dans la
Piece , c'est que l'oncle n'aspire qu'à rendre
heureux un neveu si indigne de l'être,
ce qui ne sçauroit faire qu'un troisiéme
caractere très - vicieux .
→
Pour celui de Madame Grognac , il n'a
rien de beau que d'être conforme à son
nom ; elle est d'une gronderie et d'une misantropie
tout- à- fait insupportable ; elle a
des duretez pour Isabelle sa fille , qui ne
sont rachetées par aucune complaisance ,
mais ce n'est point là ce qu'il y a de plus
déplorable pour cette pauvre innocente ;
l'amour que le Chevalier lui a inspiré ,
excite pour elle la pitié des Spectateurs ;
on la plaint de la voir aussi malheureuse
en Amant qu'en Mere , et c'est- là peutêtre
le seul interêt qui regne dans la Piece .
Clarice aussi heureuse qu'Isabelle , est
menacée d'être malheureuse ; elle aime
Léandre , dont tout le deffaut est d'être
distrait , deffaut qui devroit la faire tenir
en
JUILLET. 1731. -1795
en garde contre les effets qu'il produit sur
elle , puisqu'elle lui dit elle- même , après 、
une justification sur une prétenduë infidelité.
Quels que soient vos discours pour me persuader,
J'aime trop pour ne pas toûjours appréhender.
Mais ces distractions qui vous sont naturelles ,
Me rassurant un peu de mes frayeurs mortelles ;
Je vous juge innocent, et crois que votre erreur,
Provient de votre esprit plus que de votre coeur.
On voit bien par les deux premiers
Vers de ce sizain , que l'Auteur est allé
au- devant de l'objection , en attribuant les
craintes de Clarice à l'excès de son amour.
Pour ce qui regarde l'intrigue de la Piece
, on peut dire qu'il n'en a guere coûté
à l'imagination de l'Auteur pour la produire
, le caractere qu'il traite suffit, comme
nous l'avons déja dit , pour en faire
le noeud par les incidens qu'il fait naître,
et le dénoüment est une mauvaise copie
de celui des Femmes Sçavantes ; voici en .
peu de mots toute l'intrigue.
Madame Grognac , mere d'Isabelle
fondée sur un dédit signé entre elle et un
oncle de Léandre , veut que ce Léandre
épouse sa fille ; elle ne veut point
absolument du Chevalier pour son gen-
Hij
dre ;
1796 MERCURE DE FRANCE
dre ; ce dernier , outre les deffauts révoltans
dont nous avons ppaarrlléé ,, lui manque
de respect jusqu'à lui faire danser une
Courante malgré elle ; Valere , oncle du
Chevalier et de Clarice , veut faire un
double mariage entre ces Amans , et ce
mariage est au gré de leurs desirs , puisque
Clarice aime Léandre et en est aimée,
et que le Chevalier et Isabelle s'aiment
aussi réciproquement 5 Valere réserve une
dot de cinquante mille écus à Clarice sa
niece , et donne le reste de son bien au
Chevalier , son indigne neveu voilà le
noeud de la Piece , en voici le dénouement,
Carlin , Valet de Léandre, feint d'arriver
rout fraîchement et tout botté , d'un voyage
qu'il avoit fait avec son Maître , dont
T'oncle étoit à l'extremité; il anonce hardiment
que cet oncle vient de mourir, et qu'il
a desherité son neveu, parce qu'il a appris
qu'il ne vouloit pas épouser Isabelle, malgré
le dédit fait entre Madame Grognac sa
mere , et lui , oncle de Léandre. Madame
Grognac devient le Trissotin de la Piece;
elle n'a pas plutôt appris que Léandre n'a
rien , qu'elle lui dit qu'il peut chercher
fortune ailleurs. L'oncle du Chevalier
profite
de cette conjoncture pour lui faire
accepter son neveu pour gendre ; elle se
contents
JUILLET 1731. 1797
contente de dire qu'il est bien étourdi ,
et qu'elle a encore sur le coeur la Courante
qu'il lui a fait danser ; elle signe
le Contrat à condition qu'il se corrige-
Fa , et que son oncle lui en répondra . Le
Contrat signé , Valere donne Clarice , sa
niece,à Léandre ; Madame Grognac trouve
fort étrange qu'il marie sa niéce à un
homme qui vient d'être desherité , il lui
avouë la petite fourberie qu'on lui a faite
pour la faire consentir au mariage qu'elle
vient de signer ; et comme elle fait éclater
sa mauvaise humeur contre sa fille
son nouveau gendre lui dit :
J'ai , si vous la grondez , un Menuet tout prêt ,
La Piece finit par un dernier trait de
distraction. Le voicy .
Léandre à Carlin.
Toi , Carlin , à l'instant prépare ce qu'il faut ,
Pour aller voir mon oncle et partir au plutôt.
Carlin.
Laissez votre oncle en paix ; quel diantre de lan
gage ?
Vous devez cette nuit faire un autre voyage ;
Vous n'y songez donc plus ; vous êtes marié.
Léandre.
Tu m'en fais souvenir ; je l'avois oublié .
Hij Voilà
1799 MERCURE DE FRANCE
Voilà une partie des Refléxions qu'on
a faites sur la Comédie du Distrait ; cette
Piece n'a peut- être mérité ni de tomber
aussi brusquement qu'elle fit autrefois , ni
de réussir aussi heureusement qu'elle fait
aujourd'hui , cela n'empêche pas qu'on
ne doive rendre à M. Regnard la justice
qui lui est due c'est que personne n'a
mieux possedé que lui le talent de faire
rireset c'est par là que ses Pieces de Théatre
sont plus aimées qu'elles ne sont estimées.
Le 7 , l'Opera Comique donna une
Piece d'un Acte en Vaudeville , intitulée
Monde Renversé. Elle avoit été représentée
dans sa nouveauté à la Foire S. Laurent en
1718. Cette Piece est suivie de deux Aczes
de la France Galante et terminée parla
Guinguette Angloise , exécutée par les mêmes
Danseurs dont on a déja parlé dans le
premier Volume de Juin.
Le 1 2. on supprima un des deux Actes
de la France Galante , et on donna à la płace
l'Isle des Amazones , autre ancienne
Piece d'un Acte faite en 1718. On en peut
voir le sujet dans le Recueil du Théatre
de la Foire.
Jamais le goût pour les Spectacles n'a
été si général , et jamais tant de jeunes.
Gens
JUILLET. 1731. 1799
Gens ,depuis le Bourgeois jusqu'aux Personnes
de la plus grande qualité , ne se sont
appliquez avec tant d'ardeur à l'Art de la
Déclamation , auquel quelques- uns réüssisent
avec un naturel , des graces et une
finesse admirable. Dans plusieurs Maisons
de Paris , des personnes de mérite et de
bon goût , d'un même quartier , s'assemblent
, et se font un plaisir de représenter
des Tragédies et des Comédies des meilleurs
Auteurs ,avec beaucoup de justesse et
de précision , ce qui donne une grande satisfaction
au petit nombre de Spectateurs
choisis qu'on veut bien admettre dans ces
agréables amusemens.
Parmi ces Sociétez , il en est une qui
merite assurément d'être distinguée : les
Acteurs , dont le nombre n'est pas grand ,
s'attachent à ne représenter que des Pieces
que quelques uns d'entr'eux ont
composées eux -mêmes , et comme le mérite
et les talents se trouvent réunis dans
-
cette Societé , on ne craint point de
dire à l'égard de ces petites Comédies
que pour l'imagination
, la sagesse des
moeurs , et la finesse de l'exécution , elles
pourroient donner de la jalousie aux plus
babiles de l'Art.
3.
Dans quelques - unes des plus belles maisons
aux environs de Paris , on a dressé
Hij des
1800 MERCURE DE FRANCE
de petits Théatres fort bien ajustez et
ornez avec gout , où les meilleures Pieces
qu'on voit au Théatre François , sont
souvent représentées par de très - bons Sujets
, en présence de très- nombreuses et
très brillantes Assemblées.
*
Cette inclination pour le Théatre doit
être plus étenduë qu'on ne croit , car on.
apprend de Bruxelles que le 27. May
le Duc de Lorraine , à qui on avoit déja
donné quantité de Fêtes , assista à la Comedie
, intitulée , la Critique de l'Europe
Galante , ou le Mariage d' Arlequin , représentée
par des Bourgeois Flamands.
Fermer
Résumé : Le Distrait, Comédie, [titre d'après la table]
La pièce 'Le Distrait' de M. Renard, représentée pour la première fois en décembre 1697, a connu un succès croissant malgré des débuts modestes avec seulement trois représentations. Aujourd'hui, elle attire un large public grâce à la performance du sieur de Montmesnil dans le rôle principal et à la qualité des autres acteurs. Initialement conçue comme une comédie classique, la pièce est désormais appréciée comme une farce pleine de gaieté. La critique a évolué, passant d'une sévérité initiale à une indulgence qui pardonne les écarts aux règles théâtrales, privilégiant le plaisir du public. Le personnage principal, Léandre, est décrit comme distrait mais sincère, un trait que l'auteur et Madame Grognac, sa future belle-mère, ne considèrent pas comme un vice. Le valet Carlin voit Léandre comme un homme honnête mais fou. La pièce exploite les quiproquos nés de la distraction de Léandre pour générer des situations comiques. Les autres personnages, comme le Chevalier, sont jugés défectueux et révoltants. Le Chevalier est décrit comme un libertin et un fou, tandis que Madame Grognac est grincheuse et misanthrope. L'intrigue repose sur les malentendus et les quiproquos, avec un dénouement qui rappelle celui des 'Femmes savantes'. La pièce se termine par un trait de distraction de Léandre, oubliant son mariage récent. Le texte souligne le talent de M. Renard pour faire rire, bien que ses pièces soient plus aimées qu'estimées. Il mentionne également l'engouement pour les spectacles et la déclamation à Paris, avec des sociétés privées représentant des pièces avec beaucoup de justesse et de précision. Une société en particulier est distinguée pour ses comédies originales, appréciées pour leur imagination, leur sagesse et leur finesse d'exécution. Les petits théâtres sont décrits comme élégamment aménagés et décorés avec goût, où les meilleures pièces du théâtre français sont fréquemment jouées par d'excellents acteurs devant un public nombreux et brillant. Cette passion pour le théâtre semble plus répandue qu'on ne le pense. Par exemple, à Bruxelles, le 27 mai, le Duc de Lorraine a assisté à la comédie intitulée 'La Critique de l'Europe Galante, ou le Mariage d'Arlequin', interprétée par des bourgeois flamands.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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598
p. 1816-1822
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 3 Juillet, les Comédiens François représenterent à la Cour la Tragédie [...]
Mots clefs :
Cour, Comédiens-Français, Tragédie, Comédiens-Italiens, Concert, Ballet
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
E 3 Juillet , les Comédiens François
Lrepresenterent à la Cour la Tragédie
de Phédre et Hipolite , qui fut suivie de la
petite Comédie de l'Eté des Coquetes.
Les , la Mere Coquette.
Le 10, Radamiste et Zénobie : Tragédie
de
JUILLET. 1731. 1817
de M. Crébillon , qui fut suivie de l'Eté
des Coquetes , que la Cour fut bien - aise de
voir.
Le 12 , la Comédie du Joueur.
Le 17 , Astrate , Tragédie de M. Quinaut
, et le François à Londres.
Le 19 , le Muet.
Le 24 , le Cid et l'Amour Medecin.
La Dile Gossin joüa pour la premiere
fois à la Cour le rôle de Chimene.Elle fut
fort applaudie
.
Le 28. l'Italie Galante. Ce sont trois
petites Piéces de M.de la Motte , qui ont
été fort goûtées , et tres- bien joüées , par
les Comédiens François de la Cour et de
Paris.
Le Mardi 31. le Faux Sincere,Comédie
nouvelle , ens actes , par feu M. Dufreni,
qui a été fort goûtée , et les trois Cousines
par les Comédiens qui étoient restez à
Paris , et qui joueront pendant le reste du
voyage de Fontainebleau , à la place de
ceux qui avoient suivi la Cour.
Le 7 Juillet , les Comédiens Italiens représenterent
le Jeu de l'Amour et du Hazard
, qui fut suivi de la petite Comédie
du Retour de Tendresse.
Le 14 , Arlequin Muet par crainte ; Pié-
I ce
1818 MERCURE DE FRANCE :
ce Italienne , qui fit beaucoup de plaisir ,
et pour petite Piéce , le Portrait.
Le 21 , Arlequin Sauvage et Arlequin
Hulla.
Le 26 , l'Embarras des Richesses et Arlequin
Phaeton , Parodie. Il y a eu une nouvelleDécoration
,et un nouveauSoleil faits
à Fontainebleau , par le sieur Lemaire ,
Auteur de la premiere Décoration qu'on
a vû à l'Hôtel de Bourgogne. On en poutra
parler plus au long.
Le 4 Juillet , il y eut Concert chez la
Reine. M. de Blamont , Sur -Intendant
de la Musique du Roy , de Sémestre , fit
chanter le second et le troisiéme Acte de
l'Opera de Roland , qui fut continué le
9,par le 4 et le dernier Acte.
Le 11 , on chanta le Prologue et le premier
Acte du Balet des Fêtes Venitiennes,
de M. Campra.
Le 15 , il y eut Promenade et une gran
de Simphonie sur le Canal. La Reine
étoit en Gondole , avec les Princesses et
les Dames du Palais , & c.
,
Le 18 , on exécuta les deux derniers
Actes du même Balet des Fêtes Vénitiennes ,
qui sont l'Amour Saltinbanque et le Bal.
Le 23 , il y eut Promenade , Symphonie
et Collation sur l'Etang du Jardin neuf ,
et
JUILLET. 1731. 1819
et le 30 , on chanta le Prologue et le
mier Acte de Bellerophon.
pre-
Le Roy a donné le Gouvernement du
Prat-de-Mouliou en Roussillon , à M.de
Beaupuy,Commandant duRegiment d'Infanterie
de Toulouse. M. le Marquis de la
Vieuville qui l'avoit , s'est retiré avec une
pension de 2000 liv.
On a appris des côtes de Barbarie que
M. Duguai-Trouin , Lieutenant General
des Armées Navales du Roy , étoit sur son
départ , dans la Rade d'Alger , avec les
quatre Vaisseaux de Guerre qu'il commande
, et que la Régence lui avoit fait
rendre 29 Esclaves, tant François que Gênois,
qu'il avoit redemandez, et qui avoient
été priscontre la teneur des Traitez .
Le 18 de ce mois , l'Académie François
se fit faire dans 1 Eglise des Cordeliers du
Grand Couvent, un Service pour le repos
de l'ame de feu M. de la Faye .
Le
24 la
Lotterie
de la
Compagnie
des
Indes
, établie
pour
le remboursement
des
Actions
, fut
tirée
en
la maniere
accoûtumée
, à l'Hôtel
de
la
Compagnie
. La
Liste
des
Numero
gagnans
des
Actions
et Dixiémes
I ij
1820 MERCURE DE FRANCE
xièmes d'Actions , qui doivent être remboursées
, a été renduë publique , faisant
en tout le nombre de 309 Actions.
Le Roy a accordé à la Ville de Valencienne
un Marché franc , qui se tiendra le
16 de chaque mois . Toutes sortes de personnes
, tant Etrangers qu'autres , pourront
y aller librement , pour vendre, acheter
et troquer des Chevaux, Boeufs, Moutons
et autres Bestiaux , et retourner sans
payer aucun droit , et sans que leurs personnes
ou marchandises puissent être arrêtées
ou saisies , Ce Marché franc commencera
le 16 du mois d'Août , auquel
jour on distribuera trois Prix : Un pour
le
plus beau Cheval de Selle ; le second , pour
Ja plus belle couple de Chevaux de Carosse
; et le troisiéme , pour le plus beau
Cheval de trait,
Après la mort du Marquis de Goussainville
, Conseiller au Parlement , reçû
en survivance dans la Charge de son pere ,
premier Président de la Chambre des
Comptes , le Roy a accordé le Regiment
de Dragons du Marquis de Nicolai , à
present son fils aîné , à son frere , Chevalier
de Malthe , qui étoit Capitaine dans
le même Regiment,lequel a un autre frere
aussi
JUILLET. 1731. 1821
aussi Chevalier de Malthe . C'est à ce sujet
que les Vers suivans ont été envoïez au
Marquis de Nicolai , qui a repris le parti
de la Robe , ayant été reçû Avocat avant
d'être Colonel.
Thémis reprend ses droits
avec elle ,
Mars d'accord
Consent qu'en imitant vos illustres Ayeux ,
Vous remplissiez un jour le destin glorieux ;
Où la Déesse vous appelle.
Il est jaloux de la faveur nouvelle ,
Qui lui ravit en vous un sujet belliqueux
Mais il ne perdra rien de sa Cour militaire.
Pour deux freres , jeunes guerriers ,
Dont la vertu paroît hereditaire ,
Il réservera les Lauriers ,
Qu'ils cueilleront dans leur noble carriere ,
Ainsi par votre nom , il est dédommagé ,
Et l'on dira de vous , Cedant Arma Toga.
M. D. M.
Le ri de ce mois Aly Mehemet , Mahométan
, natif d'Alger , âgé de 31 ans ,
a été baptisé à Moulins , ville capitale du
Bourbonnois , dans l'Eglise Parroissiale de
S. Jean ; il a été instruit pendant près
d'un an des veritez de la Religion chré-
I iij
tienne ,
1822 MERCURE DE FRANCE
tienne , par M. le Maître , Curé de la même
Paroisse , et Official de M. l'Evêque
d'Autun.
Ce Baptême se fit sur les 4 heures après
midi , les Administrateurs de l'Hôpital .
General , où ce Cathécumene avoit trouvé
un azile secourable , le conduisirent à l'Eglise.
Le Parrain fut M.de Vanolles, Maître
des Requêtes , Intendant de la Province
; et la Marraine , Madame d'Alençon
, épouse de M. d'Alençon , cy- devant
Colonel d'Infanterie , au service du Roy
Stanislas. Les cérémonies furent faites
avec beaucoup d'ordre et de dignité ; la
Maréchaussée étoit rangée aux Portes et
avenues de l'Eglise ; les Tambours de la
Ville et des Instrumens de toute espece
augmenterent encore la pompe de cette
Fête ; Madame l'Intendante , les principaux
Magistrats , plusieurs personnes de
l'un et l'autre sexe , tant du Corps de la
Noblesse , que des autres Etats les plus
distinguez de la Ville , y assisterent. Il y cut
le soir à l'Intendance un grand souper, on
y servit deux Tables avec autant de délicatesse
que de propreté.
E 3 Juillet , les Comédiens François
Lrepresenterent à la Cour la Tragédie
de Phédre et Hipolite , qui fut suivie de la
petite Comédie de l'Eté des Coquetes.
Les , la Mere Coquette.
Le 10, Radamiste et Zénobie : Tragédie
de
JUILLET. 1731. 1817
de M. Crébillon , qui fut suivie de l'Eté
des Coquetes , que la Cour fut bien - aise de
voir.
Le 12 , la Comédie du Joueur.
Le 17 , Astrate , Tragédie de M. Quinaut
, et le François à Londres.
Le 19 , le Muet.
Le 24 , le Cid et l'Amour Medecin.
La Dile Gossin joüa pour la premiere
fois à la Cour le rôle de Chimene.Elle fut
fort applaudie
.
Le 28. l'Italie Galante. Ce sont trois
petites Piéces de M.de la Motte , qui ont
été fort goûtées , et tres- bien joüées , par
les Comédiens François de la Cour et de
Paris.
Le Mardi 31. le Faux Sincere,Comédie
nouvelle , ens actes , par feu M. Dufreni,
qui a été fort goûtée , et les trois Cousines
par les Comédiens qui étoient restez à
Paris , et qui joueront pendant le reste du
voyage de Fontainebleau , à la place de
ceux qui avoient suivi la Cour.
Le 7 Juillet , les Comédiens Italiens représenterent
le Jeu de l'Amour et du Hazard
, qui fut suivi de la petite Comédie
du Retour de Tendresse.
Le 14 , Arlequin Muet par crainte ; Pié-
I ce
1818 MERCURE DE FRANCE :
ce Italienne , qui fit beaucoup de plaisir ,
et pour petite Piéce , le Portrait.
Le 21 , Arlequin Sauvage et Arlequin
Hulla.
Le 26 , l'Embarras des Richesses et Arlequin
Phaeton , Parodie. Il y a eu une nouvelleDécoration
,et un nouveauSoleil faits
à Fontainebleau , par le sieur Lemaire ,
Auteur de la premiere Décoration qu'on
a vû à l'Hôtel de Bourgogne. On en poutra
parler plus au long.
Le 4 Juillet , il y eut Concert chez la
Reine. M. de Blamont , Sur -Intendant
de la Musique du Roy , de Sémestre , fit
chanter le second et le troisiéme Acte de
l'Opera de Roland , qui fut continué le
9,par le 4 et le dernier Acte.
Le 11 , on chanta le Prologue et le premier
Acte du Balet des Fêtes Venitiennes,
de M. Campra.
Le 15 , il y eut Promenade et une gran
de Simphonie sur le Canal. La Reine
étoit en Gondole , avec les Princesses et
les Dames du Palais , & c.
,
Le 18 , on exécuta les deux derniers
Actes du même Balet des Fêtes Vénitiennes ,
qui sont l'Amour Saltinbanque et le Bal.
Le 23 , il y eut Promenade , Symphonie
et Collation sur l'Etang du Jardin neuf ,
et
JUILLET. 1731. 1819
et le 30 , on chanta le Prologue et le
mier Acte de Bellerophon.
pre-
Le Roy a donné le Gouvernement du
Prat-de-Mouliou en Roussillon , à M.de
Beaupuy,Commandant duRegiment d'Infanterie
de Toulouse. M. le Marquis de la
Vieuville qui l'avoit , s'est retiré avec une
pension de 2000 liv.
On a appris des côtes de Barbarie que
M. Duguai-Trouin , Lieutenant General
des Armées Navales du Roy , étoit sur son
départ , dans la Rade d'Alger , avec les
quatre Vaisseaux de Guerre qu'il commande
, et que la Régence lui avoit fait
rendre 29 Esclaves, tant François que Gênois,
qu'il avoit redemandez, et qui avoient
été priscontre la teneur des Traitez .
Le 18 de ce mois , l'Académie François
se fit faire dans 1 Eglise des Cordeliers du
Grand Couvent, un Service pour le repos
de l'ame de feu M. de la Faye .
Le
24 la
Lotterie
de la
Compagnie
des
Indes
, établie
pour
le remboursement
des
Actions
, fut
tirée
en
la maniere
accoûtumée
, à l'Hôtel
de
la
Compagnie
. La
Liste
des
Numero
gagnans
des
Actions
et Dixiémes
I ij
1820 MERCURE DE FRANCE
xièmes d'Actions , qui doivent être remboursées
, a été renduë publique , faisant
en tout le nombre de 309 Actions.
Le Roy a accordé à la Ville de Valencienne
un Marché franc , qui se tiendra le
16 de chaque mois . Toutes sortes de personnes
, tant Etrangers qu'autres , pourront
y aller librement , pour vendre, acheter
et troquer des Chevaux, Boeufs, Moutons
et autres Bestiaux , et retourner sans
payer aucun droit , et sans que leurs personnes
ou marchandises puissent être arrêtées
ou saisies , Ce Marché franc commencera
le 16 du mois d'Août , auquel
jour on distribuera trois Prix : Un pour
le
plus beau Cheval de Selle ; le second , pour
Ja plus belle couple de Chevaux de Carosse
; et le troisiéme , pour le plus beau
Cheval de trait,
Après la mort du Marquis de Goussainville
, Conseiller au Parlement , reçû
en survivance dans la Charge de son pere ,
premier Président de la Chambre des
Comptes , le Roy a accordé le Regiment
de Dragons du Marquis de Nicolai , à
present son fils aîné , à son frere , Chevalier
de Malthe , qui étoit Capitaine dans
le même Regiment,lequel a un autre frere
aussi
JUILLET. 1731. 1821
aussi Chevalier de Malthe . C'est à ce sujet
que les Vers suivans ont été envoïez au
Marquis de Nicolai , qui a repris le parti
de la Robe , ayant été reçû Avocat avant
d'être Colonel.
Thémis reprend ses droits
avec elle ,
Mars d'accord
Consent qu'en imitant vos illustres Ayeux ,
Vous remplissiez un jour le destin glorieux ;
Où la Déesse vous appelle.
Il est jaloux de la faveur nouvelle ,
Qui lui ravit en vous un sujet belliqueux
Mais il ne perdra rien de sa Cour militaire.
Pour deux freres , jeunes guerriers ,
Dont la vertu paroît hereditaire ,
Il réservera les Lauriers ,
Qu'ils cueilleront dans leur noble carriere ,
Ainsi par votre nom , il est dédommagé ,
Et l'on dira de vous , Cedant Arma Toga.
M. D. M.
Le ri de ce mois Aly Mehemet , Mahométan
, natif d'Alger , âgé de 31 ans ,
a été baptisé à Moulins , ville capitale du
Bourbonnois , dans l'Eglise Parroissiale de
S. Jean ; il a été instruit pendant près
d'un an des veritez de la Religion chré-
I iij
tienne ,
1822 MERCURE DE FRANCE
tienne , par M. le Maître , Curé de la même
Paroisse , et Official de M. l'Evêque
d'Autun.
Ce Baptême se fit sur les 4 heures après
midi , les Administrateurs de l'Hôpital .
General , où ce Cathécumene avoit trouvé
un azile secourable , le conduisirent à l'Eglise.
Le Parrain fut M.de Vanolles, Maître
des Requêtes , Intendant de la Province
; et la Marraine , Madame d'Alençon
, épouse de M. d'Alençon , cy- devant
Colonel d'Infanterie , au service du Roy
Stanislas. Les cérémonies furent faites
avec beaucoup d'ordre et de dignité ; la
Maréchaussée étoit rangée aux Portes et
avenues de l'Eglise ; les Tambours de la
Ville et des Instrumens de toute espece
augmenterent encore la pompe de cette
Fête ; Madame l'Intendante , les principaux
Magistrats , plusieurs personnes de
l'un et l'autre sexe , tant du Corps de la
Noblesse , que des autres Etats les plus
distinguez de la Ville , y assisterent. Il y cut
le soir à l'Intendance un grand souper, on
y servit deux Tables avec autant de délicatesse
que de propreté.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En juillet 1731, plusieurs événements culturels et administratifs ont marqué la Cour. Les Comédiens Français ont présenté diverses tragédies et comédies, notamment 'Phèdre et Hippolyte' suivie de 'L'Été des Coquettes', 'Radamiste et Zénobie' de Crébillon, 'Astrate' de Quinaut, 'Le Cid', et 'L'Italie Galante' de La Motte. La comédienne Dile Gossin a été particulièrement applaudie dans le rôle de Chimène. Les Comédiens Italiens ont également donné des représentations, comme 'Le Jeu de l'Amour et du Hazard' et 'Arlequin Muet par crainte'. Des concerts et des promenades ont été organisés, incluant un concert chez la Reine avec des extraits de l'opéra 'Roland' et des représentations du ballet 'Les Fêtes Vénitiennes'. Le Roi a pris plusieurs décisions administratives, telles que l'attribution du gouvernement du Prat-de-Mouliou à M. de Beaupuy et une pension à M. de la Vieuville. M. Duguay-Trouin a négocié la libération d'esclaves à Alger. L'Académie Française a rendu hommage à M. de la Faye. La lotterie de la Compagnie des Indes a été tirée, remboursant 309 actions. Le Roi a accordé un marché franc à la ville de Valenciennes. Après le décès du Marquis de Goussainville, le régiment de dragons a été transmis au Chevalier de Malthe. Aly Mehemet, un Algérien, a été baptisé à Moulins après avoir été instruit dans la foi chrétienne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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599
p. 1862-1864
ADIEUX AUX MUSES.
Début :
Double Mont où ma Lyre enfanta quelques sons, [...]
Mots clefs :
Lyre, Muses, Filles savantes, Rimeurs, Jeunesse, Fontaine, Asile champêtre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ADIEUX AUX MUSES.
ADIEUX AUX MUSES .
Ouble Mont où ma Lyre enfanta quelque
Double sons >
Je te quitte , Phébus , et vous filles sçavantes ,
Je ne puis suivre vos leçons ;
Il me faut un métier qui me fasse des rentes,
Un Cadet de famille , être au rang des Rimeurs
C'est d'un esprit leger la preuve non legere ;
SurA
O
UST. 1863 1731.
Sur tout quant au pauvret il ne manque qu'un
frere ,
Pour en avoir autant que vous êtes de soeurs,
Je vous ai consacrẻ ma premiere jeunesse ;
Le beau fruit que j'en tire est d'avoir fait des Versy
Que m'importe qu'ils soient au bout de l'Univers
Cette frivole gloire , est une sotte yvresse.
Rimer est un métier qui ne convient qu'à ceux
Dont l'esprit est né pour la rime.
Autrement on nous mésestime .
l'on parle de nous comme d'un cerveau creux)
On dit qu'il est une Fontaine ,
Dont l'eau miraculeuse a le vrai
gout
du vin i
S'il en étoit ainsi de l'eau de l'Hypocrêne ;
Si la gloire appaisoit la faim ;
M
Si sur ce Mont que j'abandonne ,
Une herbe salutaire et des arbres fruitiers ;
Croissoient comme les fleurs à l'ombre des Lat
riers ;
Enfin s'il y regnoit et Cerés et Pomone
Je
Bij
1864 MERCURE DE FRANCE
Je n'aurois , doctes Soeurs , aucune passion ,
Que celle de vous plaire , afin d'y toujours être.
Je cours à la fortune , et mon ambition ,
N'a pourtant d'autre objet qu'un azile champêtre.
D'Hautefeuille.
Ouble Mont où ma Lyre enfanta quelque
Double sons >
Je te quitte , Phébus , et vous filles sçavantes ,
Je ne puis suivre vos leçons ;
Il me faut un métier qui me fasse des rentes,
Un Cadet de famille , être au rang des Rimeurs
C'est d'un esprit leger la preuve non legere ;
SurA
O
UST. 1863 1731.
Sur tout quant au pauvret il ne manque qu'un
frere ,
Pour en avoir autant que vous êtes de soeurs,
Je vous ai consacrẻ ma premiere jeunesse ;
Le beau fruit que j'en tire est d'avoir fait des Versy
Que m'importe qu'ils soient au bout de l'Univers
Cette frivole gloire , est une sotte yvresse.
Rimer est un métier qui ne convient qu'à ceux
Dont l'esprit est né pour la rime.
Autrement on nous mésestime .
l'on parle de nous comme d'un cerveau creux)
On dit qu'il est une Fontaine ,
Dont l'eau miraculeuse a le vrai
gout
du vin i
S'il en étoit ainsi de l'eau de l'Hypocrêne ;
Si la gloire appaisoit la faim ;
M
Si sur ce Mont que j'abandonne ,
Une herbe salutaire et des arbres fruitiers ;
Croissoient comme les fleurs à l'ombre des Lat
riers ;
Enfin s'il y regnoit et Cerés et Pomone
Je
Bij
1864 MERCURE DE FRANCE
Je n'aurois , doctes Soeurs , aucune passion ,
Que celle de vous plaire , afin d'y toujours être.
Je cours à la fortune , et mon ambition ,
N'a pourtant d'autre objet qu'un azile champêtre.
D'Hautefeuille.
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Résumé : ADIEUX AUX MUSES.
Dans 'Adieux aux Muses', l'auteur exprime son intention de renoncer à la poésie pour des raisons pratiques. Il considère cette activité comme frivole et non rentable, inappropriée pour un cadet de famille devant subvenir à ses besoins. L'absence de frère pour partager les charges familiales le pousse à chercher un métier plus lucratif. Il critique la vanité de la gloire poétique, la comparant à une ivresse sotte. L'auteur mentionne la Fontaine de l'Hypocrène, dont l'eau inspire la poésie mais ne nourrit pas. Il souhaite plaire aux muses tout en aspirant à une vie champêtre et à la fortune, révélant ainsi son dilemme entre ambition poétique et nécessité économique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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600
p. 1873-1882
LETTRE écrite de Marseille, le 1. Juillet 1731. A M. de la R. au sujet des Discours du P. le Brun sur la Comédie.
Début :
Je n'ay pû lire sans étonnement, Monsieur, les Eloges avec lesquels [...]
Mots clefs :
Comédie, Éloges, Molière, Nourriture des passions, Assemblage des ruses, Obscènes, Profanes, Anathèmes, Tolérance, Conciles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Marseille, le 1. Juillet 1731. A M. de la R. au sujet des Discours du P. le Brun sur la Comédie.
LETTRE écrite de Marseille , le 1.
Juillet 1731. A M. de la R. au sujet
des Discours du P. le Brun sur la Comédie.
E n'ay pû lire sans étonnement ,
Monsieur , les Eloges avec lesquels
vous annoncés dans votre Mercure du
mois de May dernier les Discours du P.
le Brun sur la Comédie. Si le P.. le Brun
a refuté si solidement la Lettre du P.
Caffaro, qui a justifié les Comédies telles
qu'on les représente depuis Moliere , si
le P. le Brun a raison de dépeindre nôtre
>> Théatre comme l'Ecole de l'impureté
» la nourriture des passions , l'assem
» blage des ruses du Demon pour les re-
» veiller , ou les yeux sont environnés
» d'objets seducteurs , les oreilles ouvertes
à des Discours souvent obscénes .
et toujours prophanes , qui infectent »
9
» le
1874 MERCURE DE FRANCE
» le coeur , et l'esprit , pourquoy , homme
pieux et rigoriste , comme vous le
paroissés dans cet Extrait , nous donnezvous
dans tous vos Mercures des Analises
de toutes les pieces de Théatre , si vives
, et si expressives , que vous engagez
la plupart de vos Lecteurs à aller partieiper
à ces Spectacles que le P. le Brun
soutient si pernicieux et si criminels ?
une personne d'esprit doit toujours parler
, et agir par principes. La Comédie
telle qu'on la représente depuis plus de
30. ans sur nôtre Théatre est un mal en
elle-même , ou elle n'en est pas un . Si elleest
encore un mal en elle-même , comme
elle étoit lorsque les Peres de l'Eglise et
les Conciles Pont condamnée avec tant
sagesse , non seulement les Comédiens
meritent toujours les Anathémes que
PEglise a autrefois prononcés contre eux ,
mais la conduite de quelques Rigoristes
qui refusent d'absoudre tous ceux qui assistent
à la Comédie est reguliere , et doit
absolument être suivie par tous les Directeurs.
La tolerance du P. le Brun qui n'ose:
condamner ceux qui y assistent , est donc
contraire aux principes , puisqu'il n'a
pu ignorer qu'une chose qui est crimi
nelle en elle - même , ne doit jamais être
tolerée et l'on seroit mieux fondé à lu
de
demander
A O UST. 1731. 1.877
demander une retractation , s'il vivoit
encore , qu'on ne l'a été à en exiger
une du P. Caffaro , qui après avoir éta
bli et démontré , par des principes , et
par des faits incontestables , que nôtre
Comédie n'est pas un mal en elle - même
a conclu qu'on y pouvoit assister très - innocemment.
Si la Comédie épurée et châtiée , comme
elle est sur nôtre Théatre , n'est plus
un mal en elle -même , ceux qui la représentent
ne meritent plus les foudres de
PEglise , et ils sont en droit depuis longtems
de faire à ce sujet de très-humbles
remontrances à ceux de nos Evêques qui
continuent à faire prononcer contre eux
des Anathémes dans les Eglises Paroissia
les de leurs Diocèses.
Le P. Caffaro n'a entrepris de justifier
nos Comédies qu'en faisant un juste pa
rallele entre les anciennes et celles de notre
tems. Il a mis en fait que les Peres et
les Conciles n'ont prononcé des Anathémes
contre les Comédies , que parce
que ce n'étoient de leur tems que des
assemblées d'impudicité , où l'on n'approuvoit
que ce qui étoit vicieux , où
Les Acteurs jouoient avec les gestes les
plus honteux , où les hommes et les femes
méprisoient toutes les regles de la
pudeus,
1876 MERCURE DE FRANCE
pudeur, et où l'on prononçoit souvent des
blasphemes contre le saint Nom de Dieu :
ce qu'il a prouvé par les témoignages
de Tertulien , de Salvien , de Lactance
de S. Cyprien , et de S. Chrisostome. It a
remarqué qu'à mesure que le Théatre
s'est purgé de ses ordures , et de ses impietés
, les Peres de l'Eglise l'ont traité
avec plus d'indulgence que S. Thomas
dans la 2. partie de sa Somme , art. 2 .
quest. 168. soutient que dans les jeux
et les divertissemens , lorsqu'ils sont modérez
, non seulement il n'y croît point
de mal , mais même qu'il y trouve quelque
bien , parcequ'il est necessaire
l'homme relâche quelquefois son esprit
trop attaché aux affaires : que ce Pere
ajoute que ce délassement de l'esprit ne
se fait que par des paroles ou des actions
divertissantes ou ingenieuses. Ce que j'ai
trouvé en effet dans sa conclusion , où il
dit précisement : Sed ista remissio anime à
rebus agendis fit per ludicra verba et facta ;
'd'où ce Docteur de l'Eglise , qui dans un
autre endroit justifie l'emploi des Comédiens
, conclut que la Comédie , qui ne
consiste qu'en de pareils divertissemens
ne sçauroit passer pour criminelle , pourvû
qu ' lle soit renferniée dans les bornes
de la pudeur , et de la moderation : que
que
A O UST . 1731. 1877
S.Bonaventure , Dist. 16. Dub . 13. dit
formellement que les Spectacles sons
bons , et permis , s'ils s'ont accompagnés
des précautions nécessaires : Doctrine
qu'il avoit apprise de son Maître Albert
le Grand , qui l'a publié hautement
dans ses ouvrages : que S. Antonin decide
la même chose que S. François de
Sales , ce grand Directeur des ames devotes
ne deffendoit point les Comédies , quofqu'elles
fussent très - communes de son
tems : et que l'illustre S. Charles Borromée
les permit dans son Diocèse par une
Ordonnance de 1583. à condition qu'elles
seroient examinées et approuvées par
son grand Vicaire , afin qu'il ne s'y glissat
rien de deshonnête. A quoy il auroit
pû ajouter que la plupart des Casuistes
modernes les plus éclairés ont soutenu
que la Comédie étoit permise , entre
autres les Cardinaux de Turrecremata ,
et Cajetan , Jean Viguier , Medina , Silvester
, Comitolius , Henriques , Bonacina
, Tabiena : et que les Censeurs Rcmains
ont condamné dans l'Histoire Ecelesiastique
du P. Alexandre cette proposition
Comedia sunt illicita.
Le P. Caffaro a mis aussi en fait que
la Comédie étoit à present si châtiée et
si épurée sur le Théatre François , qu'il
n'y
1878 MERCURE DE FRANCE
n'y avoit rien que les oreilles les plus
chastes ne pussent entendre , et qu'elle
étoit même capable de corriger beaucoup
de vices et d'abus dans la conduite des
hommes.
*
Le P. le Brun ne pouvoit refuter solidement
la Lettre du P. Caffaro qu'en démontrant
la fausseté de tous ces faits .
et en prouvant que nos Comédies sont
encore aussi dissolues , et aussi impies ,
que celles qu'on représentoit dans les
tems que les Peres de l'Eglise les ont anathematisées.
L'a- t- il fait ? l'a- t-il pû faire?
je vous en laisse juge vous - même , et
toutes les personnes éclairées qui se trou
vent dans le Public.
Le P. le Brun , que j'ai connu particu
fierement , avoit beaucoup de zele , et de
pieté. Il a professé avec succès la Théologie
positive à S. Magloire , où il parloit
facilement et avec beaucoup de netteté ;
mais il ne s'étoit pas accoutumé à raisonner
par principes : et il n'avoit jamais étudié
la bonne Phisique , comme il n'a que
trop paru dans le Traité qu'il composa
sur la baguette divinatoire , au sujet de
l'Avanture du fameux Jacques Aimard ,
arrivée à Lyon en 1692. qu'il ne put
expliquer qu'en l'attribuant au pouvoir
duDemon . C'est cet ouvrage dont on nous
promer
A O UST. 1731. 1879
promet une seconde Edition sous le titre
de Traité du Discernement des effets naturels
d'avec ceux qui ne le sont pas.
Pour en juger sçavamment il faut lire la
Phisique occulte de l'Abbé de Vallemont,
qui raisonne sur des Principes bien diffe
rens , et qui connoissant les ressorts se
crets de la nature , et ses agens invisibles
, n'a pas eu besoin du secours du
Prince des ténebres pour expliquer cet
évenement , non plus qu'une infinité
d'autres des plus extraordinaires.
Mais pour vous convaincre entierement
du peu de justesse des invectives
du P. le Brun contre notre Théatre
qu'il me soit permis , Monsieur , d'ajoûter
encore quelques Reflexions sur ce su→
jet , qui est d'autant plus important , que
ce Traité sur la Comédie , qui vous a
paru si solide , pourroit causer du scrupule
, et de l'embarras à plusieurs de nos
Directeurs , qui croyant comme l'auteur ,
que notre Comédie est une des plus pernicieuses
inventions du Demon , pourroient
ne pas croire comme lui qu'on la
puisse tolerer , et permettre aux Chré
tiens d'y assister .
Quoy de plus grand ! quoy de plus noble
que tous les sentimens qui regnent
dans les Tragedies de Corneille , et ide
Racine
1880 MERCURE DE FRANCE
›
Racine , où l'on voit toujours la vertu
applaudie , et triomphante ? toutes les
Pieces de Moliere , et des autres Auteurs
modernes , ont- elles d'autre but que de
combattre les vices , en les représentant
aux yeux des Spectateurs avec tous les
traits capables de les rendre ridicules , et
odieux ; mais , disent le P.le Brun et quelques
autres Rigoristes , il n'y a point de
Tragedie , ni de Comédie où il n'y ait
quelque intrigue d'Amour , et où l'ambition
, la jalousie , la vangeance , ou la harne
ne paroissent dans tout leur jour. Cette
objection se détruit en remarquant
que toutes ces passions ne sont étalées sur
notre Théatre que pour les rendre odieuses
: et que quand elles seroient capables
de faire impression dans quelque coeur
foible , il faut bien distinguer les choses
qui peuvent par hazard exciter les passions
, d'avec celles qui naturellement
les excitent en effet. Les dernieres sont
criminelles , et déffendues : mais pour
les premieres , il faudroit fuir dans les
deserts pour les éviter. On ne sçauroit
faire un pas , entrer dans les lieux les
plus saints , lire un Livre d'Histoire ,
enfin vivre dans le monde , sans rencontrer
mille objets capables d'exciter les
passions. Faut- il qu'une belle femme
'aille
A O UST. 1731. 1881
n'aille jamais aux promenades , ni même
à l'Eglise que les personnes de la Cour
les Prelats , et les personnes constituées
en dignité quittent un éclat qui leur est
à présent de bienséance , et même de necessité
? et que personne ne porte d'épée,
à cause des mauvais effets que tout cela
peut produire ? cette pensée seroit ridicnle.
Faut-il , disoit le sage Licurgus ,
arracher les vignes , parcequ'il se trouve
des personnes qui boivent trop de leur
jus ? faut- il aussi deffendre la Comédie
qui sert aux hommes d'un honnête divertissement
, parce qu'il y a quelques
personnes qui ne la peuvent voir sans
ressentir interieurement les passions qu'on
y représente ?
On doit donc conclure que la Comédie
, avec les conditions marquées par
S. Charles , et par les autres Docteurs
que nous avons citez , est de sa nature
indifferente , et même a son utilité : que
les personnes trop susceptibles , à qui
elle est dangereuse , la doivent éviter :
et que les autres ne se la doivent permettre
que comme un plaisir innocent pour
se délasser de leurs occupations.
Enfin une derniere raison sans replique
contre les invectives du P. le Brun
c'est que dans un Royaume aussi Chrétien
que
882 MERCURE DE FRANCE
que la France , dans une Ville aussi bien
policée que Paris , sous les yeux de differens
Evêques recommandables
par leurs
lumieres et par leur zele , de tant de Magistrats
si graves et si vertueux , et
en particulier
de celui qui préside à la
Police , dont la pieté est aussi connue
que
l'étendue
de ses lumieres , la Comédie
établie par Lettres Patentes dès l'an 1402 .
et autorisée par Arrêts du Parlement
, ne seroit pas entretenue
aux dépens du Roy ,
et soutenue comme un établissement
necessaire
au bien public , et que leurs Majestés
si récommandables
par leur religion
, et
par leur vertu exemplaire
, ne la feroient
pas représenter
devant elles fi elle
étoit regardée
comme une pernicieuse
invention
du demon . Je suis toujours
Monsieur
, avec toute l'estime possible ,
Votre très humble & c. P. D. L. Ì.
Juillet 1731. A M. de la R. au sujet
des Discours du P. le Brun sur la Comédie.
E n'ay pû lire sans étonnement ,
Monsieur , les Eloges avec lesquels
vous annoncés dans votre Mercure du
mois de May dernier les Discours du P.
le Brun sur la Comédie. Si le P.. le Brun
a refuté si solidement la Lettre du P.
Caffaro, qui a justifié les Comédies telles
qu'on les représente depuis Moliere , si
le P. le Brun a raison de dépeindre nôtre
>> Théatre comme l'Ecole de l'impureté
» la nourriture des passions , l'assem
» blage des ruses du Demon pour les re-
» veiller , ou les yeux sont environnés
» d'objets seducteurs , les oreilles ouvertes
à des Discours souvent obscénes .
et toujours prophanes , qui infectent »
9
» le
1874 MERCURE DE FRANCE
» le coeur , et l'esprit , pourquoy , homme
pieux et rigoriste , comme vous le
paroissés dans cet Extrait , nous donnezvous
dans tous vos Mercures des Analises
de toutes les pieces de Théatre , si vives
, et si expressives , que vous engagez
la plupart de vos Lecteurs à aller partieiper
à ces Spectacles que le P. le Brun
soutient si pernicieux et si criminels ?
une personne d'esprit doit toujours parler
, et agir par principes. La Comédie
telle qu'on la représente depuis plus de
30. ans sur nôtre Théatre est un mal en
elle-même , ou elle n'en est pas un . Si elleest
encore un mal en elle-même , comme
elle étoit lorsque les Peres de l'Eglise et
les Conciles Pont condamnée avec tant
sagesse , non seulement les Comédiens
meritent toujours les Anathémes que
PEglise a autrefois prononcés contre eux ,
mais la conduite de quelques Rigoristes
qui refusent d'absoudre tous ceux qui assistent
à la Comédie est reguliere , et doit
absolument être suivie par tous les Directeurs.
La tolerance du P. le Brun qui n'ose:
condamner ceux qui y assistent , est donc
contraire aux principes , puisqu'il n'a
pu ignorer qu'une chose qui est crimi
nelle en elle - même , ne doit jamais être
tolerée et l'on seroit mieux fondé à lu
de
demander
A O UST. 1731. 1.877
demander une retractation , s'il vivoit
encore , qu'on ne l'a été à en exiger
une du P. Caffaro , qui après avoir éta
bli et démontré , par des principes , et
par des faits incontestables , que nôtre
Comédie n'est pas un mal en elle - même
a conclu qu'on y pouvoit assister très - innocemment.
Si la Comédie épurée et châtiée , comme
elle est sur nôtre Théatre , n'est plus
un mal en elle -même , ceux qui la représentent
ne meritent plus les foudres de
PEglise , et ils sont en droit depuis longtems
de faire à ce sujet de très-humbles
remontrances à ceux de nos Evêques qui
continuent à faire prononcer contre eux
des Anathémes dans les Eglises Paroissia
les de leurs Diocèses.
Le P. Caffaro n'a entrepris de justifier
nos Comédies qu'en faisant un juste pa
rallele entre les anciennes et celles de notre
tems. Il a mis en fait que les Peres et
les Conciles n'ont prononcé des Anathémes
contre les Comédies , que parce
que ce n'étoient de leur tems que des
assemblées d'impudicité , où l'on n'approuvoit
que ce qui étoit vicieux , où
Les Acteurs jouoient avec les gestes les
plus honteux , où les hommes et les femes
méprisoient toutes les regles de la
pudeus,
1876 MERCURE DE FRANCE
pudeur, et où l'on prononçoit souvent des
blasphemes contre le saint Nom de Dieu :
ce qu'il a prouvé par les témoignages
de Tertulien , de Salvien , de Lactance
de S. Cyprien , et de S. Chrisostome. It a
remarqué qu'à mesure que le Théatre
s'est purgé de ses ordures , et de ses impietés
, les Peres de l'Eglise l'ont traité
avec plus d'indulgence que S. Thomas
dans la 2. partie de sa Somme , art. 2 .
quest. 168. soutient que dans les jeux
et les divertissemens , lorsqu'ils sont modérez
, non seulement il n'y croît point
de mal , mais même qu'il y trouve quelque
bien , parcequ'il est necessaire
l'homme relâche quelquefois son esprit
trop attaché aux affaires : que ce Pere
ajoute que ce délassement de l'esprit ne
se fait que par des paroles ou des actions
divertissantes ou ingenieuses. Ce que j'ai
trouvé en effet dans sa conclusion , où il
dit précisement : Sed ista remissio anime à
rebus agendis fit per ludicra verba et facta ;
'd'où ce Docteur de l'Eglise , qui dans un
autre endroit justifie l'emploi des Comédiens
, conclut que la Comédie , qui ne
consiste qu'en de pareils divertissemens
ne sçauroit passer pour criminelle , pourvû
qu ' lle soit renferniée dans les bornes
de la pudeur , et de la moderation : que
que
A O UST . 1731. 1877
S.Bonaventure , Dist. 16. Dub . 13. dit
formellement que les Spectacles sons
bons , et permis , s'ils s'ont accompagnés
des précautions nécessaires : Doctrine
qu'il avoit apprise de son Maître Albert
le Grand , qui l'a publié hautement
dans ses ouvrages : que S. Antonin decide
la même chose que S. François de
Sales , ce grand Directeur des ames devotes
ne deffendoit point les Comédies , quofqu'elles
fussent très - communes de son
tems : et que l'illustre S. Charles Borromée
les permit dans son Diocèse par une
Ordonnance de 1583. à condition qu'elles
seroient examinées et approuvées par
son grand Vicaire , afin qu'il ne s'y glissat
rien de deshonnête. A quoy il auroit
pû ajouter que la plupart des Casuistes
modernes les plus éclairés ont soutenu
que la Comédie étoit permise , entre
autres les Cardinaux de Turrecremata ,
et Cajetan , Jean Viguier , Medina , Silvester
, Comitolius , Henriques , Bonacina
, Tabiena : et que les Censeurs Rcmains
ont condamné dans l'Histoire Ecelesiastique
du P. Alexandre cette proposition
Comedia sunt illicita.
Le P. Caffaro a mis aussi en fait que
la Comédie étoit à present si châtiée et
si épurée sur le Théatre François , qu'il
n'y
1878 MERCURE DE FRANCE
n'y avoit rien que les oreilles les plus
chastes ne pussent entendre , et qu'elle
étoit même capable de corriger beaucoup
de vices et d'abus dans la conduite des
hommes.
*
Le P. le Brun ne pouvoit refuter solidement
la Lettre du P. Caffaro qu'en démontrant
la fausseté de tous ces faits .
et en prouvant que nos Comédies sont
encore aussi dissolues , et aussi impies ,
que celles qu'on représentoit dans les
tems que les Peres de l'Eglise les ont anathematisées.
L'a- t- il fait ? l'a- t-il pû faire?
je vous en laisse juge vous - même , et
toutes les personnes éclairées qui se trou
vent dans le Public.
Le P. le Brun , que j'ai connu particu
fierement , avoit beaucoup de zele , et de
pieté. Il a professé avec succès la Théologie
positive à S. Magloire , où il parloit
facilement et avec beaucoup de netteté ;
mais il ne s'étoit pas accoutumé à raisonner
par principes : et il n'avoit jamais étudié
la bonne Phisique , comme il n'a que
trop paru dans le Traité qu'il composa
sur la baguette divinatoire , au sujet de
l'Avanture du fameux Jacques Aimard ,
arrivée à Lyon en 1692. qu'il ne put
expliquer qu'en l'attribuant au pouvoir
duDemon . C'est cet ouvrage dont on nous
promer
A O UST. 1731. 1879
promet une seconde Edition sous le titre
de Traité du Discernement des effets naturels
d'avec ceux qui ne le sont pas.
Pour en juger sçavamment il faut lire la
Phisique occulte de l'Abbé de Vallemont,
qui raisonne sur des Principes bien diffe
rens , et qui connoissant les ressorts se
crets de la nature , et ses agens invisibles
, n'a pas eu besoin du secours du
Prince des ténebres pour expliquer cet
évenement , non plus qu'une infinité
d'autres des plus extraordinaires.
Mais pour vous convaincre entierement
du peu de justesse des invectives
du P. le Brun contre notre Théatre
qu'il me soit permis , Monsieur , d'ajoûter
encore quelques Reflexions sur ce su→
jet , qui est d'autant plus important , que
ce Traité sur la Comédie , qui vous a
paru si solide , pourroit causer du scrupule
, et de l'embarras à plusieurs de nos
Directeurs , qui croyant comme l'auteur ,
que notre Comédie est une des plus pernicieuses
inventions du Demon , pourroient
ne pas croire comme lui qu'on la
puisse tolerer , et permettre aux Chré
tiens d'y assister .
Quoy de plus grand ! quoy de plus noble
que tous les sentimens qui regnent
dans les Tragedies de Corneille , et ide
Racine
1880 MERCURE DE FRANCE
›
Racine , où l'on voit toujours la vertu
applaudie , et triomphante ? toutes les
Pieces de Moliere , et des autres Auteurs
modernes , ont- elles d'autre but que de
combattre les vices , en les représentant
aux yeux des Spectateurs avec tous les
traits capables de les rendre ridicules , et
odieux ; mais , disent le P.le Brun et quelques
autres Rigoristes , il n'y a point de
Tragedie , ni de Comédie où il n'y ait
quelque intrigue d'Amour , et où l'ambition
, la jalousie , la vangeance , ou la harne
ne paroissent dans tout leur jour. Cette
objection se détruit en remarquant
que toutes ces passions ne sont étalées sur
notre Théatre que pour les rendre odieuses
: et que quand elles seroient capables
de faire impression dans quelque coeur
foible , il faut bien distinguer les choses
qui peuvent par hazard exciter les passions
, d'avec celles qui naturellement
les excitent en effet. Les dernieres sont
criminelles , et déffendues : mais pour
les premieres , il faudroit fuir dans les
deserts pour les éviter. On ne sçauroit
faire un pas , entrer dans les lieux les
plus saints , lire un Livre d'Histoire ,
enfin vivre dans le monde , sans rencontrer
mille objets capables d'exciter les
passions. Faut- il qu'une belle femme
'aille
A O UST. 1731. 1881
n'aille jamais aux promenades , ni même
à l'Eglise que les personnes de la Cour
les Prelats , et les personnes constituées
en dignité quittent un éclat qui leur est
à présent de bienséance , et même de necessité
? et que personne ne porte d'épée,
à cause des mauvais effets que tout cela
peut produire ? cette pensée seroit ridicnle.
Faut-il , disoit le sage Licurgus ,
arracher les vignes , parcequ'il se trouve
des personnes qui boivent trop de leur
jus ? faut- il aussi deffendre la Comédie
qui sert aux hommes d'un honnête divertissement
, parce qu'il y a quelques
personnes qui ne la peuvent voir sans
ressentir interieurement les passions qu'on
y représente ?
On doit donc conclure que la Comédie
, avec les conditions marquées par
S. Charles , et par les autres Docteurs
que nous avons citez , est de sa nature
indifferente , et même a son utilité : que
les personnes trop susceptibles , à qui
elle est dangereuse , la doivent éviter :
et que les autres ne se la doivent permettre
que comme un plaisir innocent pour
se délasser de leurs occupations.
Enfin une derniere raison sans replique
contre les invectives du P. le Brun
c'est que dans un Royaume aussi Chrétien
que
882 MERCURE DE FRANCE
que la France , dans une Ville aussi bien
policée que Paris , sous les yeux de differens
Evêques recommandables
par leurs
lumieres et par leur zele , de tant de Magistrats
si graves et si vertueux , et
en particulier
de celui qui préside à la
Police , dont la pieté est aussi connue
que
l'étendue
de ses lumieres , la Comédie
établie par Lettres Patentes dès l'an 1402 .
et autorisée par Arrêts du Parlement
, ne seroit pas entretenue
aux dépens du Roy ,
et soutenue comme un établissement
necessaire
au bien public , et que leurs Majestés
si récommandables
par leur religion
, et
par leur vertu exemplaire
, ne la feroient
pas représenter
devant elles fi elle
étoit regardée
comme une pernicieuse
invention
du demon . Je suis toujours
Monsieur
, avec toute l'estime possible ,
Votre très humble & c. P. D. L. Ì.
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Résumé : LETTRE écrite de Marseille, le 1. Juillet 1731. A M. de la R. au sujet des Discours du P. le Brun sur la Comédie.
La lettre datée du 1er juillet 1731 critique les éloges du Père le Brun sur la comédie, publiés dans le Mercure de mai précédent. L'auteur exprime son étonnement face à la contradiction entre les discours rigoristes du Père le Brun et les analyses détaillées des pièces de théâtre dans le Mercure, qui encouragent les lecteurs à assister à des spectacles que le Père le Brun considère comme pernicieux. L'auteur soutient que la comédie, telle qu'elle est représentée depuis Molière, n'est pas intrinsèquement mauvaise. Il argue que les Pères de l'Église et les Conciles ont condamné les comédies en raison de leur impudicité et de leur immoralité, mais que les comédies modernes sont épurées et peuvent même corriger des vices. Le Père Caffaro, qui a justifié les comédies, a comparé les anciennes comédies aux modernes, notant que les premières étaient des assemblées d'impudicité, tandis que les secondes sont modérées et divertissantes. Le Père le Brun, connu pour son zèle et sa piété, n'a pas réussi à réfuter solidement les arguments du Père Caffaro. L'auteur critique également le Père le Brun pour son manque de raisonnement par principes et son recours au démon pour expliquer des phénomènes naturels. La lettre conclut en affirmant que la comédie, sous certaines conditions, est indifférente et même utile. Elle souligne que les autorités religieuses et civiles en France tolèrent et soutiennent la comédie, ce qui montre qu'elle n'est pas considérée comme une invention pernicieuse du démon.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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