Résultats : 1867 texte(s)
Détail
Liste
1101
p. 2715-2717
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Au commencement de ce mois, plusieurs Gentilshommes allerent chez divers Habitans [...]
Mots clefs :
Prince de Galles, Reine, Roi, Palais de Sommerset, Appartement, Princesse, Grand chambellan
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
U commencement de ce mois , plusieurs
bitans de Westminster , les prier de nommer
le Chevalier Charles Wager et M. Claiton ,
Membres du Parlement , mais la plupart de ceux
dont on briguoit les suffrages , répondirent qu'ils
ne pouvoient donner leurs voix à des personnes
qui avoient opiné dans la derniere cession du
Parlement pour l'établissement de l'Excise .
Le 18. Novembre à trois heures après midi, le
Prince d'Orange arriva à Londres de Greenwich,
dans un Berge du Roy et il débarqua au Quay
de la Tour, où il fut reçû par le Comte de Leices
ter , qui en est Gouverneur , et par plusieurs autres
Seigneurs ; il monta ensuite dans les Carrosses
de S. M. accompagné de M. Horace Walpool
, du Comte d'Albermarle , et de M. Dun
can , il se rendit au Palais de Sommerset . Peu de
temps après son arrivée , le Roy , la Reine , le
Prince de Galles , le Duc de Cumberland , et les
cinq Princesses P'envoyerent complimenter , er
la plupart des Conseillers du Conseil Privé , allerent
le saluer.
Hiiij Le
2716 MERCURE DE FRANCE
Le 19. au matin , ce Prince reçut la visite du
Prince de Galles et le Chevalier Clement Cotterel
, Maître des Céremonies , lui présenta les Ministres
Etrangers , les Grand- Officiers de la Couronne,
et les principaux Seigneurs, le même jour,
à une heure après midi , le Maître des Céremonies
le fut peendre dans les Garosses de S. M. et
le conduisit au Palais de S. James. Il fut reçû
à la descente du Carosse par un Ecuyer du Roy ,
au haut de l'Escalier par le Duc de Grafton ,
Grand- Chambellan de S. M. et par le Lord Harvey,
Vice-Chambellan , et dans la Chambre du
Lit , par le Lord Hinton , Gentilhomme de la
Chambre , qui l'introduisit dans le Cabinet de
S. M. les mêmes Officiers le conduisirent à l'Appartement
de la Reine , à l'entrée duquel il fut
reçû par le Comte de Grantham , Grand-Chambellan
de S. M. et par M. Cooke , Vice- Chambellan
, précedez de l'Ecuyer de la Reine. Il alla
ensuite à l'Appartement du Prince de Galles , ou
Ie Marquis de Carnarvon l'introduisit , et delà
à celui du Duc de Cumberland , où M. Points
Pintroduisit ; il retourna à l'Appartement de la
Reine , où L. M. et toute la Famille Royale , se
trouverent , et sur les trois heures il alla dîner au
Palais de Sommerzet.
Le lendemain il rendit une seconde visite à la
Reine , et de -là il fut reconduit au Palais de
Sommerset. Plusieurs Conseillers du Conseil Privé
et quelques Seigneurs , eurent l'honneur de
dîner avec lui. Ce Prince reçut les complimens
du Comte de Mentijo , Ambassadeur Extraor
dinaire du Roy d'Espagne ; et après avoir été
conduit pour la premiere fois à l'Appartement
de la Princesse Royale , il se rendit chez la Reine.
La fievre dont ce Prince a éte attaqué quel-
I. Vol.
ques
DECEMBRE. 1733. 2717
ques jours après son arrivée , et dont il est entierement
rétabli , a fait differer son Mariage
avec la Princesse Royale , qui ne sera celebré que
vers le 20. du mois prochain,
Le 11. de ce mois , vieux stile , Fête de S. André
, L. M. et les Princes et Princesses de la Famille
Royale , porterent , selon la coûtume , la
Croix de l'Ordre de S. André sur leurs habits
le Prince d'Orange en porta aussi une garnie do
diamans d'un prix considerable , dont le Roy lui.
fait présent à cette occasion.
M. Hop , Ministre de la République d'Hollande
en cette Cour , eut le lendemain une Audience
de S. M. à qui il donna part de la résolu
tion prise par les Etats Géneraux , de garder.
une exacte neutralité dans la conjoncture présen
te des affaires.
Le 9. de ce mois , le Baron de Starck , Envoyé
Extraordinaire du Duc de Holstein - Gottorp
, eut une Audience particuliere de L. M. er
l'on assure qu'il a demandé la Princesse Amelie
en mariage pour le Prince son Maître , qui a ré
solu de venir demeurer en Angleterre , s'il épouse
cette Princesse .
U commencement de ce mois , plusieurs
bitans de Westminster , les prier de nommer
le Chevalier Charles Wager et M. Claiton ,
Membres du Parlement , mais la plupart de ceux
dont on briguoit les suffrages , répondirent qu'ils
ne pouvoient donner leurs voix à des personnes
qui avoient opiné dans la derniere cession du
Parlement pour l'établissement de l'Excise .
Le 18. Novembre à trois heures après midi, le
Prince d'Orange arriva à Londres de Greenwich,
dans un Berge du Roy et il débarqua au Quay
de la Tour, où il fut reçû par le Comte de Leices
ter , qui en est Gouverneur , et par plusieurs autres
Seigneurs ; il monta ensuite dans les Carrosses
de S. M. accompagné de M. Horace Walpool
, du Comte d'Albermarle , et de M. Dun
can , il se rendit au Palais de Sommerset . Peu de
temps après son arrivée , le Roy , la Reine , le
Prince de Galles , le Duc de Cumberland , et les
cinq Princesses P'envoyerent complimenter , er
la plupart des Conseillers du Conseil Privé , allerent
le saluer.
Hiiij Le
2716 MERCURE DE FRANCE
Le 19. au matin , ce Prince reçut la visite du
Prince de Galles et le Chevalier Clement Cotterel
, Maître des Céremonies , lui présenta les Ministres
Etrangers , les Grand- Officiers de la Couronne,
et les principaux Seigneurs, le même jour,
à une heure après midi , le Maître des Céremonies
le fut peendre dans les Garosses de S. M. et
le conduisit au Palais de S. James. Il fut reçû
à la descente du Carosse par un Ecuyer du Roy ,
au haut de l'Escalier par le Duc de Grafton ,
Grand- Chambellan de S. M. et par le Lord Harvey,
Vice-Chambellan , et dans la Chambre du
Lit , par le Lord Hinton , Gentilhomme de la
Chambre , qui l'introduisit dans le Cabinet de
S. M. les mêmes Officiers le conduisirent à l'Appartement
de la Reine , à l'entrée duquel il fut
reçû par le Comte de Grantham , Grand-Chambellan
de S. M. et par M. Cooke , Vice- Chambellan
, précedez de l'Ecuyer de la Reine. Il alla
ensuite à l'Appartement du Prince de Galles , ou
Ie Marquis de Carnarvon l'introduisit , et delà
à celui du Duc de Cumberland , où M. Points
Pintroduisit ; il retourna à l'Appartement de la
Reine , où L. M. et toute la Famille Royale , se
trouverent , et sur les trois heures il alla dîner au
Palais de Sommerzet.
Le lendemain il rendit une seconde visite à la
Reine , et de -là il fut reconduit au Palais de
Sommerset. Plusieurs Conseillers du Conseil Privé
et quelques Seigneurs , eurent l'honneur de
dîner avec lui. Ce Prince reçut les complimens
du Comte de Mentijo , Ambassadeur Extraor
dinaire du Roy d'Espagne ; et après avoir été
conduit pour la premiere fois à l'Appartement
de la Princesse Royale , il se rendit chez la Reine.
La fievre dont ce Prince a éte attaqué quel-
I. Vol.
ques
DECEMBRE. 1733. 2717
ques jours après son arrivée , et dont il est entierement
rétabli , a fait differer son Mariage
avec la Princesse Royale , qui ne sera celebré que
vers le 20. du mois prochain,
Le 11. de ce mois , vieux stile , Fête de S. André
, L. M. et les Princes et Princesses de la Famille
Royale , porterent , selon la coûtume , la
Croix de l'Ordre de S. André sur leurs habits
le Prince d'Orange en porta aussi une garnie do
diamans d'un prix considerable , dont le Roy lui.
fait présent à cette occasion.
M. Hop , Ministre de la République d'Hollande
en cette Cour , eut le lendemain une Audience
de S. M. à qui il donna part de la résolu
tion prise par les Etats Géneraux , de garder.
une exacte neutralité dans la conjoncture présen
te des affaires.
Le 9. de ce mois , le Baron de Starck , Envoyé
Extraordinaire du Duc de Holstein - Gottorp
, eut une Audience particuliere de L. M. er
l'on assure qu'il a demandé la Princesse Amelie
en mariage pour le Prince son Maître , qui a ré
solu de venir demeurer en Angleterre , s'il épouse
cette Princesse .
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
En novembre 1733, des citoyens de Westminster ont refusé de nommer le Chevalier Charles Wager et M. Claiton au Parlement en raison de leur soutien à l'Excise. Le 18 novembre, le Prince d'Orange est arrivé à Londres depuis Greenwich et a été accueilli par le Comte de Leicester et d'autres seigneurs. Il a ensuite été conduit au Palais de Somerset, où il a reçu les compliments du roi, de la reine, du Prince de Galles, du Duc de Cumberland et des princesses. Le lendemain, il a rencontré le Prince de Galles, les ministres étrangers, les grands officiers de la couronne et les principaux seigneurs. Le Prince d'Orange a ensuite été conduit au Palais de Saint James, où il a été reçu par divers dignitaires et a rencontré la famille royale. La fièvre contractée par le Prince d'Orange a retardé son mariage avec la Princesse Royale, prévu pour le 20 décembre. Le 11 décembre, la famille royale a porté la croix de l'Ordre de Saint André, le Prince d'Orange ayant reçu une croix garnie de diamants offerte par le roi. M. Hop, ministre de la République d'Hollande, a informé le roi de la décision des États Généraux de maintenir une neutralité stricte. Le 9 décembre, le Baron de Starck a demandé la main de la Princesse Amélie pour le Prince de Holstein-Gottorp.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1102
p. 2731-2736
RECEPTION de M. le Comte du Dognon, en la Charge de Lieutenant de Roy de la Province du Haut-Limousin. Extrait d'une Lettre écrite de Limoges le 25. Novembre 1733.
Début :
Mr. le Comte du Dognon, Colonnel d'Infanterie, Brigadier des Armées [...]
Mots clefs :
Comte du Dognon, Limoges, Officiers, Roi, Lieutenant général, Consuls, Département, Députés, Cérémonie, Présidial de Limoges
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texteReconnaissance textuelle : RECEPTION de M. le Comte du Dognon, en la Charge de Lieutenant de Roy de la Province du Haut-Limousin. Extrait d'une Lettre écrite de Limoges le 25. Novembre 1733.
RECEPTION de M. le Comte du
Dognon , en la Charge de Lieutenant
de Roy de la Province du Haut- Limousin.
Extrait d'une Lettre écrite de
Limoges le 25. Novembre 1733.
Mah
R. le Comte du Dognon , Colonel
.d'Infanterie , Brigadier des Armées
du Roy , Commandant des Villes et
Châteaux de Brest et dépendances, ayant
été pourvû en l'année 1731. de la Char
ge de Lieutenant General pour S. M.
de la Province du Haut- Limousin , il
L. Vol ... surving
1732 MERCURE DE FRANCE
survint quelques difficultez de la part
des Officiers du Présidial et de la Séne
chaussée de Limoges sur les honneurs
qui lui étoient dûs le jour de son installa
tion ; ces difficultez ont été levées par
une Ordonnance du Roy que j'insere ici
d'autant plus volontiers qu'elle est fort
sommaire et qu'elle pourra servir de Reglement
, s'il arrive jamais de contestations
en pareille maticre..
DE PAR LE Roy, Sa Majesté ayant
ié informée de la contestation qui s'est élevée
entre le Sieur Comte du Dognon et les Officiers
du Préfidial de Limoges , au sujet
&c. Sa Majesté a ordonné et ordonne ee
qui suit.
39
I. Que lorsque ledit Sieur Comte du
» Dognon sera arrivé dans la Ville de
Limoges , il fera sçavoir au Présidial le
» jour qu'il souhaitera être installé , que
» ce jour-là les Maire et Echevins le vien-
» dront prendre en sa maison pour l'ac-
» compagner au Présidial , et le recon-
» duire chez lui après son installation .
» II. Qu'à son passage , en allant et en
>> revenant chez lui , la Milice Bourgeoise
» sera sous les Armes en haye , et fera
» chaque fois une décharge de Mousqueterie
. III. Que le même jour le Prési-
1. Vol.
מ
>> dial
DECEMBRE. 1733- 2733
dialet autresCorps et Compagnies delad.
Ville et des autres de son département,
seront tenus et obligez d'envoyer des
» députez saluer et complimenter ledit
» Sr Comte du Dognon, er qu'ils se serviront
en lui parlant de termes respec-
> tueux. IV . Que dans la Ville de Limoges
>> et autres de son département , en l'ab-,
» sence du Gouverneur et du Lieutenant
» General de la Province , ledit Sieur
» Comte du Dognon aura le rang et la
» préseance au dessus de ceux desdits
» Corps et Compagnies , dans tous les
» endroits où ils se trouveront ensemble,
» même dans les Choeurs des Eglises indistinctement
de la Ville de Limoges ,
» et autres dudit département. V. Que
» les Maire et Echevins desdites Villes en
>> l'absence du Gouverneur et du Lieute-
» nant General , ne pourront faire, pren-
» dre les Armes aux Bourgeois ,sous quel
» que prérexte que ce soit, sans l'ordre du
>> Sieur Comte du Dognon . MANDE et
» ordonne Sa Majesté aux Officiers du
» Présidial &c . de faire enregistrer la
» presente Ordonnance &c. Fait à Versailles
le 30 May 1733. Signé Louis ,
» et plus bas Phelippeaux.
Les choses ainsi reglées , et le Jeudi
12 Novembre dernier ayant été pris
I. Vol.
I pour
2734 MERCURE DE FRANCE
pour cette Cérémonie , les Consuls de
Limoges vinrent la veille sçavoir les
Ordres de M. le Comte du Dognon , et
elle fut annoncée par une d charge des
Canons de la Ville , apportez dans la
grande Place audevant de sa Maison . A
L'entrée de la nuit on alluma uu grand
Bucher au milieu de cette Place , et on
vit des illuminations aux fenêtres, des
maisons qui durerent toute la nuit.
Le lendemain les Consuls, en habits de »
Cérémonie , accompagnez des Officiers
de Ville , vinrent avec leurs Gardes prendre
le Comte du Dognon dans sa maison ,
pour l'accompagner au Palais. Il étoit
précédé dans sa marche de tous les Officiers
militaires , des Gentilshommes et
autres personnes distinguées qui se trouverent
dans la Ville , après lesquelles
suivoit une Symphonie de violons et
d'autres instruments. Le Comte du
Dognon étoit précédé immédiatement
de ses Gardes , et avoit à ses côtez
les Consuls de la Ville. Cependant
toute la Bourgeoisie étoit sous les Armes
formant une double haye sur son passage,
les Tambours battants.
Il trouva dans la Salle d'Audiance ',
extraordinairement ornée un grand
nombre de Dames de la Ville et des en-
-L.Fol-
>
virons
DECEMBRE . 1733. 2735:
virons placées pour voir la Cérémonie
qu'il salua , la séance se tint en cet otdre.
Le Lieutenant General de la Séné
chaussée Président , ayant à sa droite.
tous les Officiers de cette Jurisdiction
et à sa gauche les députez du Chapitre
de la Cathedrale , de la Collegiale et de
l'Election. Au milieu du Parquet étoit
placé M. le Comte du Dognon assis dans
un grand Fauteuil , ayant à sa droite et:
à sa gauche les Consuls de Limoges , et
ies principaux Officiers de Ville , sur des
siéges ordinaires .
Le premier Huissier ayant fait son apel,
le Sieur de Voyon , Avocat, prononça un ,
fort beau Discours sur le sujet de la Séance
, s'étendant sur les Services militaires
du nouveau Lieutenant de Roy ; il re-.
marqua surtout l'intrépidité avec laquel
le il deffendit en 1708. le fameux Tenaillou
de l'Ille pendant l'espace de 37 jours,
ce qui lui attira des Eloges de nos Generaux
et des Generaux ennemis , et lui me-.
rita l'honneur d'être presenté au feu Roy,
dont il reçû des marques d'estime et de
bonté.
Ce Discours fût suivi de celui de M.
Muret, Avocat du Roy , qui parla avec
beaucoup d'éloquence et de dignité sur
le même sujet. Après quoi le Président
1. Vol.
$ I ij ayant
2736 MERCURE DE FRANCE
ayant pris les voix , prononça l'enregistre
ment des Lettres et de l'Acte d'installation
.
Le Comte du Dognon s'étant levé et
ayant salué la compagnie , il reprit sa
marche dans le même ordre au bruit de
la Mousqueterie & des Tambours , jettant
, comme il avoit fait en allant , des
piéces d'argent au peuple , qui fût encore
régalé de plusieurs Barriques de vin ,
coulant audevant de sa Maison . Il retint
à diner un grand nombre des personnes
qui l'avoient accompagné au Palais.
L'après diner se passa à recevoir les
députations et les compliments de tous
les Corps de la Ville , ausquels il répon
dit avec beaucoup d'esprit et de politesse.
Le soir il donna un grand et magnifique
soupé aux Consuls , à tous les députez des
Compagnies , au Colonel, aux Capitaines
, et à tous les Officiers dé la Bourgeoisie.
Il y avoit quatre Tables de 18
couverts chacune. Tout s'y passa dans un
grand ordre avec le plaisir d'entendre une
agréable Symphonie, et au bruit des Canons
qui tiroient sur la Place par intervalles.
Enfin chacun se retira charmé des
honneurs qu'il avoit rendus ou reçûs, à la
clarté des feux de joye , et des illumi
pations qui durerent toute la nuit,
Dognon , en la Charge de Lieutenant
de Roy de la Province du Haut- Limousin.
Extrait d'une Lettre écrite de
Limoges le 25. Novembre 1733.
Mah
R. le Comte du Dognon , Colonel
.d'Infanterie , Brigadier des Armées
du Roy , Commandant des Villes et
Châteaux de Brest et dépendances, ayant
été pourvû en l'année 1731. de la Char
ge de Lieutenant General pour S. M.
de la Province du Haut- Limousin , il
L. Vol ... surving
1732 MERCURE DE FRANCE
survint quelques difficultez de la part
des Officiers du Présidial et de la Séne
chaussée de Limoges sur les honneurs
qui lui étoient dûs le jour de son installa
tion ; ces difficultez ont été levées par
une Ordonnance du Roy que j'insere ici
d'autant plus volontiers qu'elle est fort
sommaire et qu'elle pourra servir de Reglement
, s'il arrive jamais de contestations
en pareille maticre..
DE PAR LE Roy, Sa Majesté ayant
ié informée de la contestation qui s'est élevée
entre le Sieur Comte du Dognon et les Officiers
du Préfidial de Limoges , au sujet
&c. Sa Majesté a ordonné et ordonne ee
qui suit.
39
I. Que lorsque ledit Sieur Comte du
» Dognon sera arrivé dans la Ville de
Limoges , il fera sçavoir au Présidial le
» jour qu'il souhaitera être installé , que
» ce jour-là les Maire et Echevins le vien-
» dront prendre en sa maison pour l'ac-
» compagner au Présidial , et le recon-
» duire chez lui après son installation .
» II. Qu'à son passage , en allant et en
>> revenant chez lui , la Milice Bourgeoise
» sera sous les Armes en haye , et fera
» chaque fois une décharge de Mousqueterie
. III. Que le même jour le Prési-
1. Vol.
מ
>> dial
DECEMBRE. 1733- 2733
dialet autresCorps et Compagnies delad.
Ville et des autres de son département,
seront tenus et obligez d'envoyer des
» députez saluer et complimenter ledit
» Sr Comte du Dognon, er qu'ils se serviront
en lui parlant de termes respec-
> tueux. IV . Que dans la Ville de Limoges
>> et autres de son département , en l'ab-,
» sence du Gouverneur et du Lieutenant
» General de la Province , ledit Sieur
» Comte du Dognon aura le rang et la
» préseance au dessus de ceux desdits
» Corps et Compagnies , dans tous les
» endroits où ils se trouveront ensemble,
» même dans les Choeurs des Eglises indistinctement
de la Ville de Limoges ,
» et autres dudit département. V. Que
» les Maire et Echevins desdites Villes en
>> l'absence du Gouverneur et du Lieute-
» nant General , ne pourront faire, pren-
» dre les Armes aux Bourgeois ,sous quel
» que prérexte que ce soit, sans l'ordre du
>> Sieur Comte du Dognon . MANDE et
» ordonne Sa Majesté aux Officiers du
» Présidial &c . de faire enregistrer la
» presente Ordonnance &c. Fait à Versailles
le 30 May 1733. Signé Louis ,
» et plus bas Phelippeaux.
Les choses ainsi reglées , et le Jeudi
12 Novembre dernier ayant été pris
I. Vol.
I pour
2734 MERCURE DE FRANCE
pour cette Cérémonie , les Consuls de
Limoges vinrent la veille sçavoir les
Ordres de M. le Comte du Dognon , et
elle fut annoncée par une d charge des
Canons de la Ville , apportez dans la
grande Place audevant de sa Maison . A
L'entrée de la nuit on alluma uu grand
Bucher au milieu de cette Place , et on
vit des illuminations aux fenêtres, des
maisons qui durerent toute la nuit.
Le lendemain les Consuls, en habits de »
Cérémonie , accompagnez des Officiers
de Ville , vinrent avec leurs Gardes prendre
le Comte du Dognon dans sa maison ,
pour l'accompagner au Palais. Il étoit
précédé dans sa marche de tous les Officiers
militaires , des Gentilshommes et
autres personnes distinguées qui se trouverent
dans la Ville , après lesquelles
suivoit une Symphonie de violons et
d'autres instruments. Le Comte du
Dognon étoit précédé immédiatement
de ses Gardes , et avoit à ses côtez
les Consuls de la Ville. Cependant
toute la Bourgeoisie étoit sous les Armes
formant une double haye sur son passage,
les Tambours battants.
Il trouva dans la Salle d'Audiance ',
extraordinairement ornée un grand
nombre de Dames de la Ville et des en-
-L.Fol-
>
virons
DECEMBRE . 1733. 2735:
virons placées pour voir la Cérémonie
qu'il salua , la séance se tint en cet otdre.
Le Lieutenant General de la Séné
chaussée Président , ayant à sa droite.
tous les Officiers de cette Jurisdiction
et à sa gauche les députez du Chapitre
de la Cathedrale , de la Collegiale et de
l'Election. Au milieu du Parquet étoit
placé M. le Comte du Dognon assis dans
un grand Fauteuil , ayant à sa droite et:
à sa gauche les Consuls de Limoges , et
ies principaux Officiers de Ville , sur des
siéges ordinaires .
Le premier Huissier ayant fait son apel,
le Sieur de Voyon , Avocat, prononça un ,
fort beau Discours sur le sujet de la Séance
, s'étendant sur les Services militaires
du nouveau Lieutenant de Roy ; il re-.
marqua surtout l'intrépidité avec laquel
le il deffendit en 1708. le fameux Tenaillou
de l'Ille pendant l'espace de 37 jours,
ce qui lui attira des Eloges de nos Generaux
et des Generaux ennemis , et lui me-.
rita l'honneur d'être presenté au feu Roy,
dont il reçû des marques d'estime et de
bonté.
Ce Discours fût suivi de celui de M.
Muret, Avocat du Roy , qui parla avec
beaucoup d'éloquence et de dignité sur
le même sujet. Après quoi le Président
1. Vol.
$ I ij ayant
2736 MERCURE DE FRANCE
ayant pris les voix , prononça l'enregistre
ment des Lettres et de l'Acte d'installation
.
Le Comte du Dognon s'étant levé et
ayant salué la compagnie , il reprit sa
marche dans le même ordre au bruit de
la Mousqueterie & des Tambours , jettant
, comme il avoit fait en allant , des
piéces d'argent au peuple , qui fût encore
régalé de plusieurs Barriques de vin ,
coulant audevant de sa Maison . Il retint
à diner un grand nombre des personnes
qui l'avoient accompagné au Palais.
L'après diner se passa à recevoir les
députations et les compliments de tous
les Corps de la Ville , ausquels il répon
dit avec beaucoup d'esprit et de politesse.
Le soir il donna un grand et magnifique
soupé aux Consuls , à tous les députez des
Compagnies , au Colonel, aux Capitaines
, et à tous les Officiers dé la Bourgeoisie.
Il y avoit quatre Tables de 18
couverts chacune. Tout s'y passa dans un
grand ordre avec le plaisir d'entendre une
agréable Symphonie, et au bruit des Canons
qui tiroient sur la Place par intervalles.
Enfin chacun se retira charmé des
honneurs qu'il avoit rendus ou reçûs, à la
clarté des feux de joye , et des illumi
pations qui durerent toute la nuit,
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Résumé : RECEPTION de M. le Comte du Dognon, en la Charge de Lieutenant de Roy de la Province du Haut-Limousin. Extrait d'une Lettre écrite de Limoges le 25. Novembre 1733.
En 1731, le Comte du Dognon, Colonel d'Infanterie et Brigadier des Armées du Roi, fut nommé Lieutenant Général pour Sa Majesté dans la Province du Haut-Limousin. Lors de son installation en 1732, des contestations surgirent avec les Officiers du Présidial et de la Sénéchaussée de Limoges concernant les honneurs qui lui étaient dus. Ces difficultés furent résolues par une ordonnance royale du 30 mai 1733, qui détaillait les protocoles pour son installation. L'ordonnance stipulait que le Comte du Dognon devait informer le Présidial du jour de son installation. Les Maire et Echevins devaient le chercher pour l'accompagner au Présidial et le reconduire chez lui. La Milice Bourgeoise devait être sous les armes et tirer des salves de mousqueterie à son passage. Les corps et compagnies de la ville devaient envoyer des députés pour le saluer, et il devait avoir la préséance sur eux en l'absence du Gouverneur et du Lieutenant Général. Les Maire et Echevins ne pouvaient prendre les armes aux Bourgeois sans l'ordre du Comte du Dognon. Le 12 novembre 1733, la cérémonie d'installation eut lieu. La veille, les Consuls de Limoges vinrent prendre les ordres du Comte du Dognon, et la cérémonie fut annoncée par une décharge de canons. La nuit fut illuminée par des feux et des illuminations. Le lendemain, les Consuls, accompagnés des Officiers de Ville, vinrent chercher le Comte du Dognon pour l'accompagner au Palais, précédés par des Officiers militaires, des Gentilshommes et une symphonie. La salle d'audience était ornée et remplie de Dames de la ville. Le discours de l'Avocat de Voyon souligna les services militaires du Comte du Dognon, notamment la défense du Tenaillou de l'Ille en 1708. Après l'enregistrement des lettres et de l'acte d'installation, le Comte du Dognon reprit sa marche au bruit de la mousqueterie et des tambours, jetant des pièces d'argent au peuple. Il offrit un dîner et un souper magnifiques aux Consuls et aux députés des compagnies, avec une symphonie et des salves de canons. La nuit se termina par des feux de joie et des illuminations.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1103
p. 2737-2739
BENEFICES ACCORDEZ par le Roy le 13. Décembre 1733.
Début :
L'Abbaye Commendataire de S. Sever, vacante par le décès de M. la Grange, en faveur [...]
Mots clefs :
Décès, Prêtre, Vicaire, Démission, Évêque, Abbaye
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BENEFICES ACCORDEZ par le Roy le 13. Décembre 1733.
BENEFICES ACCORDEZ
par le Roy le 13. Décembre 1733 .
L'Abbaye Commandataire de S. Sever , vacante
par le décès de M. la Grange , en fa
veur de M. de Chamillart.
Celle de Bonneval , vacante par le décès de
M. de Tressan , Archevêque de Rouen , en faveur
de M. de Jumillac , Prêtre et Grand-Vicaire
de Chartres.
Celle de l'Espau , vacante par le décès de M. de
Tressan , Archevêque de Rouen , en faveur de
M. du Hardaż d'Hauteville , Bachelier en Théologie.
Celle de Fontmorigny , vacante par le décès
de M. de Viantais , en faveur de M. Bernard
Couet , Prêtre et Vicaire General de Paris .
Celle de la Chapelle aux Planchers , vacante par
le décès de M. de Viantais , en faveur de M. Fusée
de Voisenon , Prêtre et Doyen de la Cathédrale
de Boulogne.
Celle d'Echalis , vacante par le décès de M. de
Courtenay , en faveur de M. de S. Julien de
S. Pierre.
Celle de S. Pierre d'Auxerre , vacante par le
décès de M. de Courtenay , en faveur de M. de
Ja Chabrerie , Prêtre et Chanoine de Perigueux.
Celle de Dalon , vacante par le décès de M. de
Vignau , en faveur de M. Certain , Prêtre ,
teur de Sorbonne.
Celle de Turpenay , vacante par le décès de
M. de Vignau , en faveur de-M. de Vienay.
en
Celle de la Clarté-Dieu , Ordre de Citeaux .
vacante par le décès de M. de la Hartelloire ,
faveur de M. de Giry de S. Cyr , Prêtre, Vicaire
General de Tours
I. Vol. I iij Celle
2738 MERCURE DE FRANCE
Celle du Jard , vacante par le décès du M. de
Longueruë , en faveur de M. Chaumont de la
Galezieres :
? Celle de Sept- Fontaines vacante par le décès
de M. de Longuerue , en faveur de M. du Resnel.
Celle de Simorre , vacante par le décès de
M. du Puget , en faveur de M. Xavier-Joseph du
Puget.
Celle de Sauve- Majeur , vacante par le décès
de M. Charpin de S. Romans , en faveur de
M. Charpin de Fougerolles , à la charge des
pensions créées sur ladite Abbaye.
Celle d'Essommes , vacanté par le décès de
M. Néel , en faveur de M. Néel , prêtre , Conseiller
au Parlement de Rouen.
Celle de Silly , vacante par la démission pure
et simple de M. Néel , en faveur de M. du Barail .
Celle de la Honce , vacante par la démission
pure et simple de M. de la Vieuville , Evêque de
Bayonne , en faveur de M. Dartaguierte , Prêtre
Vicaire General de Bayonne.
Celle de la Frenade , vacante par la démission
pure et simple de M. Savalerie , en faveur de
M. de Grossoles.
Celle de S. André de Vienne , vacante par le
décès dé M Sicault , Evêque de Sinope , en faveur
de M. Vayre.
Celle de Donlieu , vacante par le décès de
M. Sicault , Evêque de Sinope , en faveur de
M. de la Rocheaymon .
Celle de Landais , vacante par le décès de
M. Herault , en faveur de M. Jacquemet Gautier
, Prêtre et Grand- Vicaire de Bourges ; à la
charge d'ane pension annuelle et viagere de deux
mille livres , en faveur de M. Jean Paignon ,
Chanoine de S. Marcel à Paris.
I. Vol Le
DECEMBRE. 1733 2739
Le Prieuré Commandataire , Conventuel et
Electif de S. Just vacant par le décès de M, de
Gamaches , en faveur de M. Louis Français de
Mornay , ancien Evêque de Quebec.
L'Abbaye de Vernaison à Valence , vacante par
le décès de la Dame de Bayanne , en faveur de
Madame de Langon.
Le Prieuré Conventuel et Electif de Vausse ,
vacant par la démission de M. Petitbenoist , en
faveur de M. Hyacinte Petitbenoist .
Le Prieuré Conventuel et Electif de Prevessin ,
vacant par le décès de M. le Grand , en faveur
de M. de Carrion.
par le Roy le 13. Décembre 1733 .
L'Abbaye Commandataire de S. Sever , vacante
par le décès de M. la Grange , en fa
veur de M. de Chamillart.
Celle de Bonneval , vacante par le décès de
M. de Tressan , Archevêque de Rouen , en faveur
de M. de Jumillac , Prêtre et Grand-Vicaire
de Chartres.
Celle de l'Espau , vacante par le décès de M. de
Tressan , Archevêque de Rouen , en faveur de
M. du Hardaż d'Hauteville , Bachelier en Théologie.
Celle de Fontmorigny , vacante par le décès
de M. de Viantais , en faveur de M. Bernard
Couet , Prêtre et Vicaire General de Paris .
Celle de la Chapelle aux Planchers , vacante par
le décès de M. de Viantais , en faveur de M. Fusée
de Voisenon , Prêtre et Doyen de la Cathédrale
de Boulogne.
Celle d'Echalis , vacante par le décès de M. de
Courtenay , en faveur de M. de S. Julien de
S. Pierre.
Celle de S. Pierre d'Auxerre , vacante par le
décès de M. de Courtenay , en faveur de M. de
Ja Chabrerie , Prêtre et Chanoine de Perigueux.
Celle de Dalon , vacante par le décès de M. de
Vignau , en faveur de M. Certain , Prêtre ,
teur de Sorbonne.
Celle de Turpenay , vacante par le décès de
M. de Vignau , en faveur de-M. de Vienay.
en
Celle de la Clarté-Dieu , Ordre de Citeaux .
vacante par le décès de M. de la Hartelloire ,
faveur de M. de Giry de S. Cyr , Prêtre, Vicaire
General de Tours
I. Vol. I iij Celle
2738 MERCURE DE FRANCE
Celle du Jard , vacante par le décès du M. de
Longueruë , en faveur de M. Chaumont de la
Galezieres :
? Celle de Sept- Fontaines vacante par le décès
de M. de Longuerue , en faveur de M. du Resnel.
Celle de Simorre , vacante par le décès de
M. du Puget , en faveur de M. Xavier-Joseph du
Puget.
Celle de Sauve- Majeur , vacante par le décès
de M. Charpin de S. Romans , en faveur de
M. Charpin de Fougerolles , à la charge des
pensions créées sur ladite Abbaye.
Celle d'Essommes , vacanté par le décès de
M. Néel , en faveur de M. Néel , prêtre , Conseiller
au Parlement de Rouen.
Celle de Silly , vacante par la démission pure
et simple de M. Néel , en faveur de M. du Barail .
Celle de la Honce , vacante par la démission
pure et simple de M. de la Vieuville , Evêque de
Bayonne , en faveur de M. Dartaguierte , Prêtre
Vicaire General de Bayonne.
Celle de la Frenade , vacante par la démission
pure et simple de M. Savalerie , en faveur de
M. de Grossoles.
Celle de S. André de Vienne , vacante par le
décès dé M Sicault , Evêque de Sinope , en faveur
de M. Vayre.
Celle de Donlieu , vacante par le décès de
M. Sicault , Evêque de Sinope , en faveur de
M. de la Rocheaymon .
Celle de Landais , vacante par le décès de
M. Herault , en faveur de M. Jacquemet Gautier
, Prêtre et Grand- Vicaire de Bourges ; à la
charge d'ane pension annuelle et viagere de deux
mille livres , en faveur de M. Jean Paignon ,
Chanoine de S. Marcel à Paris.
I. Vol Le
DECEMBRE. 1733 2739
Le Prieuré Commandataire , Conventuel et
Electif de S. Just vacant par le décès de M, de
Gamaches , en faveur de M. Louis Français de
Mornay , ancien Evêque de Quebec.
L'Abbaye de Vernaison à Valence , vacante par
le décès de la Dame de Bayanne , en faveur de
Madame de Langon.
Le Prieuré Conventuel et Electif de Vausse ,
vacant par la démission de M. Petitbenoist , en
faveur de M. Hyacinte Petitbenoist .
Le Prieuré Conventuel et Electif de Prevessin ,
vacant par le décès de M. le Grand , en faveur
de M. de Carrion.
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Résumé : BENEFICES ACCORDEZ par le Roy le 13. Décembre 1733.
Le 13 décembre 1733, le roi a attribué plusieurs abbayes et prieurés devenus vacants à la suite de décès ou de démissions. Parmi les abbayes concernées figurent Saint-Sever, Bonneval, l'Espau, Fontmorigny, la Chapelle aux Planchers, Échalis, Saint-Pierre d'Auxerre, Dalon, Turpenay, la Clarté-Dieu, le Jard, Sept-Fontaines, Simorre, Sauve-Majeur, Essommes, Silly, la Honce, la Frenade, Saint-André de Vienne, Donlieu et Landais. Les nouveaux bénéficiaires incluent M. de Chamillart, M. de Jumillac, M. du Hardas d'Hauteville, M. Bernard Couet, M. Fusée de Voisenon, M. de Saint-Julien de Saint-Pierre, M. de Ja Chabrerie, M. Certain, M. de Viennay, M. de Giry de Saint-Cyr, M. Chaumont de la Galazière, M. du Resnel, M. Xavier-Joseph du Puget, M. Charpin de Fougerolles, M. Néel, M. du Barail, M. Dartaguierte, M. de Grossoles, M. Vayre, M. de la Rocheaymon et M. Jacquemet Gautier. De plus, le prieuré de Saint-Just a été attribué à M. Louis Français de Mornay, l'abbaye de Vernaison à Madame de Langon, le prieuré de Vausse à M. Hyacinte Petitbenoist et le prieuré de Prévessin à M. de Carrion.
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1104
p. 2740-2741
Mandement du même Archevêque, [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain M. l'Archevêque donna sur ce sujet un Mandement dont voici la teneur. [...]
Mots clefs :
Mandement, Sainte Marie-Madeleine, Saint-Séverin, Diocèse, Doyens ruraux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mandement du même Archevêque, [titre d'après la table]
Le lendemain M. l'Archevêque donna sur ce
sujet un Mandement dont voici la teneur .
CH
HARLES- Gaspard- Guillaume de Vintimille
des Comtes de Marseille du Luc ,
par la misericorde Divine et par la grace du Saint
Siege Apostolique, Archevêque de Paris , Duc de
S. Cloud , Pair de France , Commandeur de l'Ordre
du S. Esprit , &c. Aux Archiprêtrrs de Sainte
Marie- Magdelaine et de S.Severin , et aux Doyens
Ruraux de notre Diocèse , Salut et benediction.
Le Roy convaincu , mes très - chers Freres , que
c'est à Dieu seul qu'il doit rapporter les avantages
et les prosperitez de son Regne , veut que nous rendions
de solemnelles actions de graces des évenemens
glorieux arrivez dans le cours de cette année et de
la benediction que le Seigneur a répanduë sur les
Armes de S. M. et sur celles de ses Alliez ,
Ces prémices heureuses nous font esperer que celui
par qui les Rois regnent , continuera de faire
éclater se protection sur ce grand Royaume , et de
manifester de plus en plus par des succès la justice
d'uneguerre que notre anguste Monarque n'a point
entreprise par le dessein ambitieux de faire des conquêtes
, mais par le seul motif de soutenir la dignité
de sa Couronne et la liberté d'une République
qui luifut toujours chere.
DECEMBRE. 1733. 2740
En marquant au Seigneur votre reconnoissance
pour les bienfaits signalez dont sa divine bonté.
nous a favorisez , demandez -lui avec ardeur qu'il
conserve long-temps un Prince né pour le bonheur
de ses Sujets , dont les intentions sont si pures ; et
qu'après l'avoir comblé de gloire pendant le cours de
la Guerre , il lui fasse goûter et à ses Peuples , les
fruits d'une Paix solide et durable , qui fait tout
P'objet des veux de S. M.
A ces causes , après en avoir conferé avec nos venerables
Freres les Doyen , Chanoines et Chapitre
de notre Eglise Métropolitaine nous ordonnons
que demain Mercredi 23. du présent mois , le Te
Deum sera chanté dans notredite Eglise Métropo
litaine . en actions de graces des Benedictions que,
Dieu a répandues sur les Entreprises du Roy ; Dimanche
27. du courant , dans toutes les Abbayes ,
Chapitres , Paroisses et Convens , exempts et non
exempts dela Ville et Fauxbourgs , et dans toutes les
autres Eglises de notre Diocèse le Dimanche après ,
la reception du présent Mandement. Si mandors ...
aux Archipretres de sainte Marie-Magdelaine et
S. Severin de notifier notre present Mandement à¸
tous Abbez , Prieurs , Curez , Superieurs et Sip?-
rieures de la Ville et desdits Fauxbourgs , et eux2
Doyens Ruraux de l'envoyer aux Curez de la
Campagne , Supérieurs et Superieures des Commu-..
nautez exemptes et non exemptes , à ce qu'ils n'er
ignorent , et qu'ils l'observent et fassent observer,
les personnes qui leur sont scumises . Donné à
Paris en notre Paluis Archiepiscopal le 22. de
Décembre 1733. Signé CHARLES , Arche
vêque de Paris , &c.
sujet un Mandement dont voici la teneur .
CH
HARLES- Gaspard- Guillaume de Vintimille
des Comtes de Marseille du Luc ,
par la misericorde Divine et par la grace du Saint
Siege Apostolique, Archevêque de Paris , Duc de
S. Cloud , Pair de France , Commandeur de l'Ordre
du S. Esprit , &c. Aux Archiprêtrrs de Sainte
Marie- Magdelaine et de S.Severin , et aux Doyens
Ruraux de notre Diocèse , Salut et benediction.
Le Roy convaincu , mes très - chers Freres , que
c'est à Dieu seul qu'il doit rapporter les avantages
et les prosperitez de son Regne , veut que nous rendions
de solemnelles actions de graces des évenemens
glorieux arrivez dans le cours de cette année et de
la benediction que le Seigneur a répanduë sur les
Armes de S. M. et sur celles de ses Alliez ,
Ces prémices heureuses nous font esperer que celui
par qui les Rois regnent , continuera de faire
éclater se protection sur ce grand Royaume , et de
manifester de plus en plus par des succès la justice
d'uneguerre que notre anguste Monarque n'a point
entreprise par le dessein ambitieux de faire des conquêtes
, mais par le seul motif de soutenir la dignité
de sa Couronne et la liberté d'une République
qui luifut toujours chere.
DECEMBRE. 1733. 2740
En marquant au Seigneur votre reconnoissance
pour les bienfaits signalez dont sa divine bonté.
nous a favorisez , demandez -lui avec ardeur qu'il
conserve long-temps un Prince né pour le bonheur
de ses Sujets , dont les intentions sont si pures ; et
qu'après l'avoir comblé de gloire pendant le cours de
la Guerre , il lui fasse goûter et à ses Peuples , les
fruits d'une Paix solide et durable , qui fait tout
P'objet des veux de S. M.
A ces causes , après en avoir conferé avec nos venerables
Freres les Doyen , Chanoines et Chapitre
de notre Eglise Métropolitaine nous ordonnons
que demain Mercredi 23. du présent mois , le Te
Deum sera chanté dans notredite Eglise Métropo
litaine . en actions de graces des Benedictions que,
Dieu a répandues sur les Entreprises du Roy ; Dimanche
27. du courant , dans toutes les Abbayes ,
Chapitres , Paroisses et Convens , exempts et non
exempts dela Ville et Fauxbourgs , et dans toutes les
autres Eglises de notre Diocèse le Dimanche après ,
la reception du présent Mandement. Si mandors ...
aux Archipretres de sainte Marie-Magdelaine et
S. Severin de notifier notre present Mandement à¸
tous Abbez , Prieurs , Curez , Superieurs et Sip?-
rieures de la Ville et desdits Fauxbourgs , et eux2
Doyens Ruraux de l'envoyer aux Curez de la
Campagne , Supérieurs et Superieures des Commu-..
nautez exemptes et non exemptes , à ce qu'ils n'er
ignorent , et qu'ils l'observent et fassent observer,
les personnes qui leur sont scumises . Donné à
Paris en notre Paluis Archiepiscopal le 22. de
Décembre 1733. Signé CHARLES , Arche
vêque de Paris , &c.
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Résumé : Mandement du même Archevêque, [titre d'après la table]
Le 22 décembre 1733, Charles-Gaspard-Guillaume de Vintimille, Archevêque de Paris, publia un mandement suite aux succès militaires du roi. Ce document, destiné aux archiprêtres, doyens ruraux et autres dignitaires du diocèse, exprime la volonté royale de rendre grâce à Dieu pour les victoires obtenues. Le roi est décrit comme ayant engagé la guerre non par ambition, mais pour défendre la dignité de sa couronne et la liberté d'une république chère à son cœur. Le mandement appelle à la reconnaissance divine pour les bienfaits reçus et demande la protection continue de Dieu pour le roi et son royaume. Il ordonne également la célébration du Te Deum le 23 décembre dans l'église métropolitaine et le 27 décembre dans toutes les églises du diocèse, ainsi que le dimanche suivant la réception du mandement, afin de remercier Dieu des bénédictions accordées aux entreprises royales.
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1105
p. 2741-2743
Te Deum, chantez, [titre d'après la table]
Début :
En conséquence de la Lettre du Roy, pour faire rendre à Dieu des actions de graces solemnelles [...]
Mots clefs :
Roi, Te Deum, Dieu, Église, Actions de grâce, Abbaye de Saint-Germain-des-Prés, Henri-Pons de Thiard de Bissy
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Te Deum, chantez, [titre d'après la table]
En conséquence de la Lettre du Roy , pou
faire rendre à Dieu des actions de
pelles de Benedictions qu'il a répandues le
I. Vol. Lore
2742 MERCURE
DE FRANCE
1
Entreprises de S. M. et des heureux succès de seg
Armes , on chanta à Paris , le 23 , après midy
dans l'Eglise Métropolitaine , le Te Deum , auquel
M. P'Archevêque officia Pontificalement.
Le Chancelier de France et le Garde des Sceaux ,
accompagnez de plusieurs Conseillers d'Etat et
Maîtres des Requêtes , y assisterent , ainsi que le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes et le Corps de Ville , qui y avoient été
invitez de la part du Roy , par le Marquis de
Brézé , Grand- Maître des Ceremonies.
Le 23 Décembre , le Cardinal de Bissy , Abbé
de S. Germain des Prez , donna aussi un Mandement
, qui contenoit ce qui suit :
HENRY DE THIARD DE BISSY ,
par la grace de Dieu , et du Saint Siége Apostolique,
Cardinal dela sainte Eglise Romaine, du Titre
de S. Bernard , Evêque de Meaux , Comman-
Yeur de l'Ordre du S. Esprit , Abbé Commandataire
de l'Abbaye Royale de S. Germain des Prez :
A tous ceux qui sont soumis à notre Jurisdiction :
SALUT ET BENEDICTION : Toute l'Europe est téshoin
des mesures pacifiques que Sa Majesté Tres-
Chrêtienne a prises pour maintenir la tranquillité
•publique , pour ôtor tout prétexte de jalousie aux
Princes ses Voisins , et pour procurer un juste équili
bre dans les Etats. Dieu qui connoît la droiture du
soeur de notre pieux Monarque , a beni ses entreprises.
Dès que ses Drapeaux ont paru dans les Pais
Ennemis , la Victoire a suivi leur arrivée. Les
Canquêtes déja faites nous sont un présage beuneux
de celles qui par la protection de Dieu , suirent
de près. Ne differons donc pas d'en rendre nos
tres-humbles actions de graces à la Majesté Divi-
I. Vol.
DECEMBRE . 1733 743
-
se. Réunissons nos coeurs et nos esprits pour implorer
son secours tout puissant . A ces causes , Nous
ordonnons que Samedi , 26 du présent mois , à l'is- "
sue des Vepres , le Te Deum sera chanté dans notre
Eglise Abba iale , en actions de graces des Bénédictions
que Dieu a répandues sur les entreprises
du Roy. Donné à Paris , en notre Palais Abbatial
, le 23 Decembro 1733. Signé , HENRY ,
Cardinal de Bissy.
Le Samedi 26 , seconde fête de Noël , en conséquence
de ce Mandement , on chanta dans l’Eglise
de l'Abbaye S. Germain le Te Deum , avec
beaucoup de solemnité, suivi du Pseaume Exaudiat
, et des autres Prieres accoutumées. Les Of
ficiers de la Justice de l'Abbaye , et plusieurs Personnes
distinguées assisterent à cette Cérémonie,
pendant laquelle on fit plusieurs décharges de
Coulevrines, et de Boëtes ; placées dans les Cours
et dans les Jardins. Le soir il y eut des Feux et
des Illuminations , tant dans la Cour et les Bâ-'
timens du Palais Abbatial , que dans la Cour et
dans l'Enclos extérieur du Monastere.
Le 23. pendant la Messe du Roy , on chanta
dans la Chapelle du Château de Versailles , le Te
Deum , pour remercier Dieu des heureux succès
des Armes de S. M.
faire rendre à Dieu des actions de
pelles de Benedictions qu'il a répandues le
I. Vol. Lore
2742 MERCURE
DE FRANCE
1
Entreprises de S. M. et des heureux succès de seg
Armes , on chanta à Paris , le 23 , après midy
dans l'Eglise Métropolitaine , le Te Deum , auquel
M. P'Archevêque officia Pontificalement.
Le Chancelier de France et le Garde des Sceaux ,
accompagnez de plusieurs Conseillers d'Etat et
Maîtres des Requêtes , y assisterent , ainsi que le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes et le Corps de Ville , qui y avoient été
invitez de la part du Roy , par le Marquis de
Brézé , Grand- Maître des Ceremonies.
Le 23 Décembre , le Cardinal de Bissy , Abbé
de S. Germain des Prez , donna aussi un Mandement
, qui contenoit ce qui suit :
HENRY DE THIARD DE BISSY ,
par la grace de Dieu , et du Saint Siége Apostolique,
Cardinal dela sainte Eglise Romaine, du Titre
de S. Bernard , Evêque de Meaux , Comman-
Yeur de l'Ordre du S. Esprit , Abbé Commandataire
de l'Abbaye Royale de S. Germain des Prez :
A tous ceux qui sont soumis à notre Jurisdiction :
SALUT ET BENEDICTION : Toute l'Europe est téshoin
des mesures pacifiques que Sa Majesté Tres-
Chrêtienne a prises pour maintenir la tranquillité
•publique , pour ôtor tout prétexte de jalousie aux
Princes ses Voisins , et pour procurer un juste équili
bre dans les Etats. Dieu qui connoît la droiture du
soeur de notre pieux Monarque , a beni ses entreprises.
Dès que ses Drapeaux ont paru dans les Pais
Ennemis , la Victoire a suivi leur arrivée. Les
Canquêtes déja faites nous sont un présage beuneux
de celles qui par la protection de Dieu , suirent
de près. Ne differons donc pas d'en rendre nos
tres-humbles actions de graces à la Majesté Divi-
I. Vol.
DECEMBRE . 1733 743
-
se. Réunissons nos coeurs et nos esprits pour implorer
son secours tout puissant . A ces causes , Nous
ordonnons que Samedi , 26 du présent mois , à l'is- "
sue des Vepres , le Te Deum sera chanté dans notre
Eglise Abba iale , en actions de graces des Bénédictions
que Dieu a répandues sur les entreprises
du Roy. Donné à Paris , en notre Palais Abbatial
, le 23 Decembro 1733. Signé , HENRY ,
Cardinal de Bissy.
Le Samedi 26 , seconde fête de Noël , en conséquence
de ce Mandement , on chanta dans l’Eglise
de l'Abbaye S. Germain le Te Deum , avec
beaucoup de solemnité, suivi du Pseaume Exaudiat
, et des autres Prieres accoutumées. Les Of
ficiers de la Justice de l'Abbaye , et plusieurs Personnes
distinguées assisterent à cette Cérémonie,
pendant laquelle on fit plusieurs décharges de
Coulevrines, et de Boëtes ; placées dans les Cours
et dans les Jardins. Le soir il y eut des Feux et
des Illuminations , tant dans la Cour et les Bâ-'
timens du Palais Abbatial , que dans la Cour et
dans l'Enclos extérieur du Monastere.
Le 23. pendant la Messe du Roy , on chanta
dans la Chapelle du Château de Versailles , le Te
Deum , pour remercier Dieu des heureux succès
des Armes de S. M.
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Résumé : Te Deum, chantez, [titre d'après la table]
Le 23 décembre 1733, un Te Deum fut chanté à Paris dans l'Église Métropolitaine pour célébrer les succès militaires du roi. Cette cérémonie, dirigée par l'Archevêque, réunit des dignitaires tels que le Chancelier de France, le Garde des Sceaux, des Conseillers d'État, et des représentants du Parlement. Le même jour, le Cardinal de Bissy, Abbé de Saint-Germain-des-Prés, publia un mandement louant les mesures pacifiques du roi et ses victoires militaires. Il ordonna un Te Deum le 26 décembre dans l'église abbatiale, qui fut chanté avec solennité, accompagné de prières et de salves d'artillerie. Le soir, des feux et des illuminations eurent lieu dans les cours et bâtiments du Palais Abbatial et du monastère. Par ailleurs, un Te Deum fut également chanté dans la chapelle du Château de Versailles pendant la messe du roi.
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1106
p. [2]746-2754
ARRESTS NOTABLES.
Début :
ORDONNANCE DU ROY, du premier Août, concernant le Commandement et [...]
Mots clefs :
Dixième, Droits, Revenus, Biens, Revenus, Propriétaires, Rentes, Fermiers locataires, Paiement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARRESTS NOTABLES.
ARRESTS NOTABLE S.
O R
RDONNANCE DU ROY , du premier
Août , concernant le Commandement
et le Service des Places , par laquelle il est die
que S. M. étant informée des differens usages
I. Vol. 1-
DECEMBRE. 1733. 2747
introduits dans les Places de guerre , tant sur le
Commandement , que sur le service ; et jugeant
nécessaire d'établir sur cette matiere une regle
fixe et uniforme , afin que les Officiers de ses
Troupes en étant instruits , sçachent en quelque
Place qu'ils se trouvent , quels sont les devoirs
qu'ils doivent y remplir ; S. M. après avoir fait
rassembler toutes les dispositions répandues dans
Les anciennes Ordonnances , sur les differens détails
relatifs au Commandement et au Service des
Places , et après avoir pris l'avis de plusieurs Of
ficiers Generaux de ses Troupes, et des Commandans
de Places , les plus experimentez , a ordonné
et ordonne que les 120. Articles contenus dans
ladite Ordonnance , soient executez nonobstant
toutes dispositions portées au contraire dans les
Ordonnances précedentes , ausquelles 5. M.
dérogé et déroge à cet égard seulement .
ARREST du 4. Août , qui maintient le
sieur Phelypeaux , en qualité d'Engagiste de Sa
Majesté , du Comte de Montlhery , dans le droit
de péage par terre dépendant dudit Comté , pour
en jour et percevoir les droits de Montihery et
non ailleurs ; et fixe la quotité desdits droits .
ORDONNANCE DU ROY du 25. Août ,
Concernant les Engagemens limitez des Soldats
Cavaliers et Dragons , par laquelle S M. orionne
que les 8. Articles contenus en ladite Ordonnan
de , seront executez selon leur forme et teneur
ARREST du 25. Août qui maintient les
Religieux et Convent de l'Abbaye de S Denis
en France , dans la possession du droit de Bac
sur la Riviere de Seine au Port d'Asnieres , eg
en fixe la quotité.
AUTRE du 15. Septembre , qui ordonne
I. Val qu'il
2748 MERCURE DE FRANCE
qu'il sera procedé par Messieurs les Intendang
des Provinces et Generalitez du Royaume ,
l'adjudication de la fourniture de l'Estape aux
Troupes de S M. pour l'année 1734.
DECLARATION DU ROY , du 22. Septembre
, registrées au Parlement le 14. Octobre
, concernant les Billets ou Promesses.causez
pour valeur en argent,par laquelle S. M. ordonne
que tous Billets sous signature privée , au Porteur,
à ordre ou autrement, causez pour valeur ea
argent, autres neanmoins que ceux qui seront faits
par des Banquiers , Négocians, Marchands, Manufacturiers,
Artisans, Fermiers, Laboureurs , Vignerons
, Manouvriers et autres de pareille qualité ,
seront de nul effet et valeur , si le corps du Biller
- n'est écrit de la main de celui qui l'aura signé ,
ou du moins si la somme portée audit Eillet n'est
reconnue par une approbation écrite en toutes
lettres aussi de sa main ; faute de quoi le payement
n'en pourra être ordonné en Justice; voulant
néanmoins que celui qui refusera de payer le contenu
ausdits Billets ou Promesses, soit tenu d'affirmer
qu'il n'en a point reçû la valeur ; et à l'égard
de ses heritiers ou représentans , ils seront seule
ment tenus d'affirmer qu'ils n'ont aucune connoissance
que lesdits Billets ou Promesses soient
dûs. Ordonnons pareillement que tous les Billets
ou Promesses sous simple signature privée fairs
enterieurement à la date des Présentés , par autres
que ceux de la profession ou qualité cy - dessus
marquées , et qui ne seront pas conformes à
la présente disposition , soient renouvellez dans
l'espace de deux ans , ou que pour les faire valider
, la demande à fin de renouvellement ou de
payement en soit faite dans le même délai , à
défaut dequoi er ledit tems passé, lesdits Billets ou
omesses seront et demeureront nuls et de mul
I. Vol.
effet,
DECEMBRE. 1733 2749
effet : deffendons à tous Juges d'en ordonner le
payement , à la charge pareillement de l'affirmation
, suivant et ainsi qu'elle est cy - devant prescrite
et ordonuée, soit par celui qui aura signé
lesdits Billets , soit par ses heritiers ou représen
tans après sa mort.
DECLARATION DU ROY , pour la levée
du Dixiéme lu revenu des biens du Royaume .
Donnée à Fontainebleau le 17 Novembre 1733.
Registrée au Parlement le 22 Décembre , par
laquelle S. M. ordonne ce qui fuit.
ARTICLE PREMIER , Ordonnons que tous
proprietaires , nobles ou roturiers , privilegiez
ou non privilegiez , même les apanagistes ou
engagistes , payeront le Dixiéme du revenu de
tous les fonds , terres , prez , bois , vignes , marais
, pacages , usages , estangs , rivieres , moulins
, forges , fourneaux , et autres usines , cens,
gentes , dixmes , champarts , droits seigneuriaux,
peages , passages , droits de ponts , bacs & rivieres
, et generalement pour tous autres droits
et biens , de quelque nature qu'ils soient , tenus
à rentes , affermez ou non affermez.
" II. Comme aussi le Dixiéme du revenu des
maisons de toutes les villes et fauxbourgs du
Royaume , louées ou non loüées ; ensemble
celles de la campagne , qui étant louées , procurent
un revenu aux proprietaires , mêmepour les
parcs et enclos desdites maisons étant en valeur.
III. Le Dixiéme du revenu de toutes les charges
, emplois et commissions , soit d'épée , soit
de robe , des maisons Royales , villes , police .
ou de finance , compris leurs appointemens , ga
ges , remises , taxations et droits y attribuez , de
quelque nature qu'ils soient , continuëra d'être
perçu sur tous ceux sur qui on le perçoit actuellement
; et sera pareillement levé sur ceux sur
J. Vel.
qui
2750 MERCURE DE FRANCE
qui on auroit oublié de le percevoir, ou qui en au.
roient été exemptez ; dérogeant à cet effet à tous
Edits Declarations et Arrêts , en vertu desquels
l'exemption du Dixiéme pourroit être prétendue.
IV. Et pareillement le Dixiéme de toutes les
Rentes sur le Clergé , sur les villes , provinces
pays d'Etat , et autres à l'exception des Rentes
perpetuelles et viageres sur l'Hôtel de ville de
Paris , et sur les Tailles , des Quittances de fimance
portant intêret à deux pour cent , employées
dans nos Etits , ensemble des gages réduits
au denier cinquante .
V. Seront sujets à la levée du Dixiéme , toutes
les Rentes à constitution, sur particuliers ,
rentes viageres , douaires et pensions , créées et
établies par contrats , jugemens , obligations on
autres actes portant int rets : comme aussi tous
les droits , revenus et émolumens , de quelque
nature qu'ils soient attribuez tant à nos Officiers,
qu'autres particuliers , Corps ou Communautez,
soit qu'ils leur ayent été aliénez , ou réunis ; er
pareillement les octrois et revenus patrimoniaux,
communaux et autres biens et héritages des
villes , bourgs , villages , hameaux et communautez
, même les droits de messageries , carrosses
& coches , tant par terre que par eau , et ge
neralement tous les autres biens de quelque nature
qu'ilssoient , qui produisent un revenu .
le
VI. Mais attendu que les proprietaires des
fonds et heritages , maisons et offices qui doivent
des rentes à constitution , rentes viageres ,
douaires , pensions ou interêts , payeront
Dixieme de la totalité du revenu des fonds sur
lesquels les rentiers pensionnaires et autres
créanciers , ont à exercer , ou pourroient exercer
leurs hypotheques ; voulons que le Dixieme
du par lesdits sentiers , pensionnaires ou autres
I. Vol. créan
DECEMBR E. 1733. 2751
eréanciers , soit à la décharge desdits proprietaires
des fonds ; et qu'à cet effet ledit Dixiéme
soit par eux retenu lorsqu'ils feront le payement
des arrerages desdites rentes , pensions et interêts,
en justifiant par eux de la quittance du pay ement
du Dixiéme des revenus de leurs fonds .
VII. Et comme pareillement les particuliers ,
officiers , corps et communautéz , même les
communautez des villes , bourgs , villages et hameaux,
qui jouissent de droits , revenus & émo-
Jumens , de quelque nature qu'ils soient , droits
d'octrois , revenus patrimoniaux , communaux
et autres biens et héritages , droits de messageries
, carrosses , coches et autres , payeront le
Dixieme de la totalité du revenu de tous lesdits
droits , émolumens , octrois et autres biens , lesquels
peuvent être chargez du payement de rentes
, penfions , droits , taxations, émolumens ou
interes à quelque titre que ce soit voulons que
1e Dixième du par ceux qui jouissent desdites
rentes pensions, droits, taxations , émolumens
ou interêts , soit à la décharge desdits particu
liers , officiers , corps & communautez , et des
corps et communautez des villes , bourgs , vil
lages et hameaux , et qu'à cet effet le Dixiéme
soit par eux retenu , lorsqu'ils feront le payement
desdites rentes , pensions , droits , taxations
, émolumens ou interêts , en justifiant par
enx de la quittance du payement du Dixime de
leursdits revenus.
VIII. Comme dans tous les fonds sur lesquels
nous ordonnons la levée du Dixieme , ne sont
point compris les biens des particuliers commerçant
, et autres dont la profession est de faire
valoir leur argent , et qu'il est juste toutsefois
qu'ils contribuent à proportion de leurs revenus
et profits , pendant la presente guerre , ordon-
I. Vol.
none
2752 MERCURE DE FRANCE
"
nons que chacun d'eux y contribuëra , sur le
pied du Dixiéme des revenus et profits que leur
bien peut leur produire.
IX. Voulons le Dixiéme du revenu des
que
biens , ordonné être levé par nôtre presente Declaration
, soit payé suivant les rolles qui en
feront arrêtez en notre Conseil fçavoir , pour
les trois derniers mois de la presente année 1733.
quinze jours après la signification desdits rolles;
et pour chacune des années suivantes , en quatre
termes égaux , dans les mois de Janvier , Avril ,
Juillet et Octobre par preférence à tous créan
ciers , douaires et autres dettes privilegiées ou
hypothequaires ,de quelque nature qu'elles soient,
même à nos autres deniers; et que les redevables,
leurs fermiers , locataires ou autres débiteurs ,
y soient contraints par les voyes ordinaires et
accoûtumées.
X. Deffendons à tous fermiers , locataires receveurs
, oeconomes , procureurs , regisseurs ,
commissaires aux saisies réelles , tresoriers , receveurs
, commis aux recettes , dépofitaires , débiteurs
, et tous autres tenant ou exploitant des
biens de quelque nature que ce soit , dont le revenu
est sujet à la levée du Dixiéme , de vuider
leurs mains de ce qu'ils doivent ou devront cyaprès
qu'en justifiant préalablement par les
proprietaires , avoir payé le quartier courant ,
et les précedens , du Dixiéme du revenu que les.
dits fermiers , locataires et autres , chacun à
leur égard , auront à payer ausdits proprietaires;
si mieux n'aiment lesdits proprietaires consentir
que leurs fermiers , locataires et autres , seront
tenus de faire dans les termes ci- dessus
prescrits , à peine d'y être contraints , nonobstant
toutes saisies , arrêts , cessions , transports
et délegations quoiqu'acceptées , même nonob-
I.Vol. stant
1
DECEMBRE. 1713. 2713
stant les payemens d'avance qui pourroient avoir
été par eux faits , et en rapportant per le saits
Fermiers , Locataires et autres , les quittances de
ce qu'ils auront payé pour le Dixiéme en l'acquit
desdits Proprietaires , ils en demeureront dautant
quittes et déchargez envers lesdits Proprietaires
ou autres ayant leurs droits , qui seront tenus
d'allouer et passer lesdites quittances du D.xiéme
dans les comptes desdits Fermiers , Locataires et
autres qui en auront fait le payement.
XI. Et pour pouvoir fixer avec égalité, ce qui
doit être payé pour le Dixieme du revenu des
biens qui y sont sujets , ordonnons que les proprietaires
desdits biens fourniront dans quinzaine
, du jour de la publication des Presentes ,
les déclarations de leurs biens à ceux qui seront
préposez à cet effet , et en la forme qui leur sera
prescrite en exécution de nos Ordres : Sçavoir .
pour ceux de notre bonne Ville de Paris , par le
Prevôt des Marchands de ladite Ville ; et pour
ceux des Provinces , par les Intendans et Com →
missaires départis dans lesdites Provinces : Et
faute par lesdits Proprietaires de fournir leurs
déclarations dans le temps prescrit cy dessus ,
voulons qu'ils soient tenus de payer le double
du Dixiéme de leurs revenus, et le quadruple, en
cas de fausse déclaration .
XII. Ordonnons que le recouvrement des de
niers provenant dudit Dixiéme des revenus, sera
fait par les Receveurs des Tailles , dans les Païs
d'Elections ; et dans les Païs d'Etats ; par les Re.
ceveurs et Trésoriers ordinaires des Revenus de
la Province , lesquels en remettront le fonds aux
Receveurs et Trésoriers Generaux, pour être par
eux porté en notre Trésor- Royal.Duquel Dixié
me lesdits Receveurs et Trésoriers , tant Parti
culiers que Generaux , compteront en la même
Le Val
forms
2754 MERCURE DE FRANCE
forme et maniere ordonnées par nos Déclarations
pour le recouvrement de la Capitation. Et
à l'égard du D xiée du revenu desCharges, Emplois
et Commissions, Gages , Pensions et autres
revenus , sujets à la levée du Dixieme , qui se
payent par les Gardes de notre Trésor Royal ,
les Tresoriers de notre Maison , ceux des Maisóns
Royales , les Trésoriers de l'Ordinaire et
de l'Extraordinaire des Guerres , de l'Artillerie ,
de la Marine , des Galeres et autres Trésoriers ;
les Payeurs des Gages , nos Fermiers , Receveurs
Generaux et autres particuliers , et ceux des Pais
d'Etats , et tous autres comptables , ils continueront
d'en compter tant en notre Conseil ,
qu'en notre Chambre des Comptes et par tout
ailleurs qu'il appartiendra , conformément à notre
Déclaration du 27 Decembre 1710 .
O R
RDONNANCE DU ROY , du premier
Août , concernant le Commandement
et le Service des Places , par laquelle il est die
que S. M. étant informée des differens usages
I. Vol. 1-
DECEMBRE. 1733. 2747
introduits dans les Places de guerre , tant sur le
Commandement , que sur le service ; et jugeant
nécessaire d'établir sur cette matiere une regle
fixe et uniforme , afin que les Officiers de ses
Troupes en étant instruits , sçachent en quelque
Place qu'ils se trouvent , quels sont les devoirs
qu'ils doivent y remplir ; S. M. après avoir fait
rassembler toutes les dispositions répandues dans
Les anciennes Ordonnances , sur les differens détails
relatifs au Commandement et au Service des
Places , et après avoir pris l'avis de plusieurs Of
ficiers Generaux de ses Troupes, et des Commandans
de Places , les plus experimentez , a ordonné
et ordonne que les 120. Articles contenus dans
ladite Ordonnance , soient executez nonobstant
toutes dispositions portées au contraire dans les
Ordonnances précedentes , ausquelles 5. M.
dérogé et déroge à cet égard seulement .
ARREST du 4. Août , qui maintient le
sieur Phelypeaux , en qualité d'Engagiste de Sa
Majesté , du Comte de Montlhery , dans le droit
de péage par terre dépendant dudit Comté , pour
en jour et percevoir les droits de Montihery et
non ailleurs ; et fixe la quotité desdits droits .
ORDONNANCE DU ROY du 25. Août ,
Concernant les Engagemens limitez des Soldats
Cavaliers et Dragons , par laquelle S M. orionne
que les 8. Articles contenus en ladite Ordonnan
de , seront executez selon leur forme et teneur
ARREST du 25. Août qui maintient les
Religieux et Convent de l'Abbaye de S Denis
en France , dans la possession du droit de Bac
sur la Riviere de Seine au Port d'Asnieres , eg
en fixe la quotité.
AUTRE du 15. Septembre , qui ordonne
I. Val qu'il
2748 MERCURE DE FRANCE
qu'il sera procedé par Messieurs les Intendang
des Provinces et Generalitez du Royaume ,
l'adjudication de la fourniture de l'Estape aux
Troupes de S M. pour l'année 1734.
DECLARATION DU ROY , du 22. Septembre
, registrées au Parlement le 14. Octobre
, concernant les Billets ou Promesses.causez
pour valeur en argent,par laquelle S. M. ordonne
que tous Billets sous signature privée , au Porteur,
à ordre ou autrement, causez pour valeur ea
argent, autres neanmoins que ceux qui seront faits
par des Banquiers , Négocians, Marchands, Manufacturiers,
Artisans, Fermiers, Laboureurs , Vignerons
, Manouvriers et autres de pareille qualité ,
seront de nul effet et valeur , si le corps du Biller
- n'est écrit de la main de celui qui l'aura signé ,
ou du moins si la somme portée audit Eillet n'est
reconnue par une approbation écrite en toutes
lettres aussi de sa main ; faute de quoi le payement
n'en pourra être ordonné en Justice; voulant
néanmoins que celui qui refusera de payer le contenu
ausdits Billets ou Promesses, soit tenu d'affirmer
qu'il n'en a point reçû la valeur ; et à l'égard
de ses heritiers ou représentans , ils seront seule
ment tenus d'affirmer qu'ils n'ont aucune connoissance
que lesdits Billets ou Promesses soient
dûs. Ordonnons pareillement que tous les Billets
ou Promesses sous simple signature privée fairs
enterieurement à la date des Présentés , par autres
que ceux de la profession ou qualité cy - dessus
marquées , et qui ne seront pas conformes à
la présente disposition , soient renouvellez dans
l'espace de deux ans , ou que pour les faire valider
, la demande à fin de renouvellement ou de
payement en soit faite dans le même délai , à
défaut dequoi er ledit tems passé, lesdits Billets ou
omesses seront et demeureront nuls et de mul
I. Vol.
effet,
DECEMBRE. 1733 2749
effet : deffendons à tous Juges d'en ordonner le
payement , à la charge pareillement de l'affirmation
, suivant et ainsi qu'elle est cy - devant prescrite
et ordonuée, soit par celui qui aura signé
lesdits Billets , soit par ses heritiers ou représen
tans après sa mort.
DECLARATION DU ROY , pour la levée
du Dixiéme lu revenu des biens du Royaume .
Donnée à Fontainebleau le 17 Novembre 1733.
Registrée au Parlement le 22 Décembre , par
laquelle S. M. ordonne ce qui fuit.
ARTICLE PREMIER , Ordonnons que tous
proprietaires , nobles ou roturiers , privilegiez
ou non privilegiez , même les apanagistes ou
engagistes , payeront le Dixiéme du revenu de
tous les fonds , terres , prez , bois , vignes , marais
, pacages , usages , estangs , rivieres , moulins
, forges , fourneaux , et autres usines , cens,
gentes , dixmes , champarts , droits seigneuriaux,
peages , passages , droits de ponts , bacs & rivieres
, et generalement pour tous autres droits
et biens , de quelque nature qu'ils soient , tenus
à rentes , affermez ou non affermez.
" II. Comme aussi le Dixiéme du revenu des
maisons de toutes les villes et fauxbourgs du
Royaume , louées ou non loüées ; ensemble
celles de la campagne , qui étant louées , procurent
un revenu aux proprietaires , mêmepour les
parcs et enclos desdites maisons étant en valeur.
III. Le Dixiéme du revenu de toutes les charges
, emplois et commissions , soit d'épée , soit
de robe , des maisons Royales , villes , police .
ou de finance , compris leurs appointemens , ga
ges , remises , taxations et droits y attribuez , de
quelque nature qu'ils soient , continuëra d'être
perçu sur tous ceux sur qui on le perçoit actuellement
; et sera pareillement levé sur ceux sur
J. Vel.
qui
2750 MERCURE DE FRANCE
qui on auroit oublié de le percevoir, ou qui en au.
roient été exemptez ; dérogeant à cet effet à tous
Edits Declarations et Arrêts , en vertu desquels
l'exemption du Dixiéme pourroit être prétendue.
IV. Et pareillement le Dixiéme de toutes les
Rentes sur le Clergé , sur les villes , provinces
pays d'Etat , et autres à l'exception des Rentes
perpetuelles et viageres sur l'Hôtel de ville de
Paris , et sur les Tailles , des Quittances de fimance
portant intêret à deux pour cent , employées
dans nos Etits , ensemble des gages réduits
au denier cinquante .
V. Seront sujets à la levée du Dixiéme , toutes
les Rentes à constitution, sur particuliers ,
rentes viageres , douaires et pensions , créées et
établies par contrats , jugemens , obligations on
autres actes portant int rets : comme aussi tous
les droits , revenus et émolumens , de quelque
nature qu'ils soient attribuez tant à nos Officiers,
qu'autres particuliers , Corps ou Communautez,
soit qu'ils leur ayent été aliénez , ou réunis ; er
pareillement les octrois et revenus patrimoniaux,
communaux et autres biens et héritages des
villes , bourgs , villages , hameaux et communautez
, même les droits de messageries , carrosses
& coches , tant par terre que par eau , et ge
neralement tous les autres biens de quelque nature
qu'ilssoient , qui produisent un revenu .
le
VI. Mais attendu que les proprietaires des
fonds et heritages , maisons et offices qui doivent
des rentes à constitution , rentes viageres ,
douaires , pensions ou interêts , payeront
Dixieme de la totalité du revenu des fonds sur
lesquels les rentiers pensionnaires et autres
créanciers , ont à exercer , ou pourroient exercer
leurs hypotheques ; voulons que le Dixieme
du par lesdits sentiers , pensionnaires ou autres
I. Vol. créan
DECEMBR E. 1733. 2751
eréanciers , soit à la décharge desdits proprietaires
des fonds ; et qu'à cet effet ledit Dixiéme
soit par eux retenu lorsqu'ils feront le payement
des arrerages desdites rentes , pensions et interêts,
en justifiant par eux de la quittance du pay ement
du Dixiéme des revenus de leurs fonds .
VII. Et comme pareillement les particuliers ,
officiers , corps et communautéz , même les
communautez des villes , bourgs , villages et hameaux,
qui jouissent de droits , revenus & émo-
Jumens , de quelque nature qu'ils soient , droits
d'octrois , revenus patrimoniaux , communaux
et autres biens et héritages , droits de messageries
, carrosses , coches et autres , payeront le
Dixieme de la totalité du revenu de tous lesdits
droits , émolumens , octrois et autres biens , lesquels
peuvent être chargez du payement de rentes
, penfions , droits , taxations, émolumens ou
interes à quelque titre que ce soit voulons que
1e Dixième du par ceux qui jouissent desdites
rentes pensions, droits, taxations , émolumens
ou interêts , soit à la décharge desdits particu
liers , officiers , corps & communautez , et des
corps et communautez des villes , bourgs , vil
lages et hameaux , et qu'à cet effet le Dixiéme
soit par eux retenu , lorsqu'ils feront le payement
desdites rentes , pensions , droits , taxations
, émolumens ou interêts , en justifiant par
enx de la quittance du payement du Dixime de
leursdits revenus.
VIII. Comme dans tous les fonds sur lesquels
nous ordonnons la levée du Dixieme , ne sont
point compris les biens des particuliers commerçant
, et autres dont la profession est de faire
valoir leur argent , et qu'il est juste toutsefois
qu'ils contribuent à proportion de leurs revenus
et profits , pendant la presente guerre , ordon-
I. Vol.
none
2752 MERCURE DE FRANCE
"
nons que chacun d'eux y contribuëra , sur le
pied du Dixiéme des revenus et profits que leur
bien peut leur produire.
IX. Voulons le Dixiéme du revenu des
que
biens , ordonné être levé par nôtre presente Declaration
, soit payé suivant les rolles qui en
feront arrêtez en notre Conseil fçavoir , pour
les trois derniers mois de la presente année 1733.
quinze jours après la signification desdits rolles;
et pour chacune des années suivantes , en quatre
termes égaux , dans les mois de Janvier , Avril ,
Juillet et Octobre par preférence à tous créan
ciers , douaires et autres dettes privilegiées ou
hypothequaires ,de quelque nature qu'elles soient,
même à nos autres deniers; et que les redevables,
leurs fermiers , locataires ou autres débiteurs ,
y soient contraints par les voyes ordinaires et
accoûtumées.
X. Deffendons à tous fermiers , locataires receveurs
, oeconomes , procureurs , regisseurs ,
commissaires aux saisies réelles , tresoriers , receveurs
, commis aux recettes , dépofitaires , débiteurs
, et tous autres tenant ou exploitant des
biens de quelque nature que ce soit , dont le revenu
est sujet à la levée du Dixiéme , de vuider
leurs mains de ce qu'ils doivent ou devront cyaprès
qu'en justifiant préalablement par les
proprietaires , avoir payé le quartier courant ,
et les précedens , du Dixiéme du revenu que les.
dits fermiers , locataires et autres , chacun à
leur égard , auront à payer ausdits proprietaires;
si mieux n'aiment lesdits proprietaires consentir
que leurs fermiers , locataires et autres , seront
tenus de faire dans les termes ci- dessus
prescrits , à peine d'y être contraints , nonobstant
toutes saisies , arrêts , cessions , transports
et délegations quoiqu'acceptées , même nonob-
I.Vol. stant
1
DECEMBRE. 1713. 2713
stant les payemens d'avance qui pourroient avoir
été par eux faits , et en rapportant per le saits
Fermiers , Locataires et autres , les quittances de
ce qu'ils auront payé pour le Dixiéme en l'acquit
desdits Proprietaires , ils en demeureront dautant
quittes et déchargez envers lesdits Proprietaires
ou autres ayant leurs droits , qui seront tenus
d'allouer et passer lesdites quittances du D.xiéme
dans les comptes desdits Fermiers , Locataires et
autres qui en auront fait le payement.
XI. Et pour pouvoir fixer avec égalité, ce qui
doit être payé pour le Dixieme du revenu des
biens qui y sont sujets , ordonnons que les proprietaires
desdits biens fourniront dans quinzaine
, du jour de la publication des Presentes ,
les déclarations de leurs biens à ceux qui seront
préposez à cet effet , et en la forme qui leur sera
prescrite en exécution de nos Ordres : Sçavoir .
pour ceux de notre bonne Ville de Paris , par le
Prevôt des Marchands de ladite Ville ; et pour
ceux des Provinces , par les Intendans et Com →
missaires départis dans lesdites Provinces : Et
faute par lesdits Proprietaires de fournir leurs
déclarations dans le temps prescrit cy dessus ,
voulons qu'ils soient tenus de payer le double
du Dixiéme de leurs revenus, et le quadruple, en
cas de fausse déclaration .
XII. Ordonnons que le recouvrement des de
niers provenant dudit Dixiéme des revenus, sera
fait par les Receveurs des Tailles , dans les Païs
d'Elections ; et dans les Païs d'Etats ; par les Re.
ceveurs et Trésoriers ordinaires des Revenus de
la Province , lesquels en remettront le fonds aux
Receveurs et Trésoriers Generaux, pour être par
eux porté en notre Trésor- Royal.Duquel Dixié
me lesdits Receveurs et Trésoriers , tant Parti
culiers que Generaux , compteront en la même
Le Val
forms
2754 MERCURE DE FRANCE
forme et maniere ordonnées par nos Déclarations
pour le recouvrement de la Capitation. Et
à l'égard du D xiée du revenu desCharges, Emplois
et Commissions, Gages , Pensions et autres
revenus , sujets à la levée du Dixieme , qui se
payent par les Gardes de notre Trésor Royal ,
les Tresoriers de notre Maison , ceux des Maisóns
Royales , les Trésoriers de l'Ordinaire et
de l'Extraordinaire des Guerres , de l'Artillerie ,
de la Marine , des Galeres et autres Trésoriers ;
les Payeurs des Gages , nos Fermiers , Receveurs
Generaux et autres particuliers , et ceux des Pais
d'Etats , et tous autres comptables , ils continueront
d'en compter tant en notre Conseil ,
qu'en notre Chambre des Comptes et par tout
ailleurs qu'il appartiendra , conformément à notre
Déclaration du 27 Decembre 1710 .
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Résumé : ARRESTS NOTABLES.
En décembre 1733, plusieurs ordonnances et déclarations royales ont été émises. Le 1er août, le roi a publié une ordonnance concernant le commandement et le service des places de guerre, visant à établir une règle fixe et uniforme pour les devoirs des officiers. Cette ordonnance, composée de 120 articles, doit être exécutée malgré les dispositions contraires des ordonnances précédentes. Le 4 août, un arrêt a maintenu le sieur Phelypeaux dans ses droits de péage sur le comté de Montlhery. Le 25 août, une ordonnance a régulé les engagements limités des soldats cavaliers et dragons, et un autre arrêt a confirmé les droits de bac de l'abbaye de Saint-Denis sur la Seine à Asnières. Le 15 septembre, une ordonnance a ordonné l'adjudication de la fourniture de l'estape aux troupes pour l'année 1734. Le 22 septembre, une déclaration royale a stipulé que les billets ou promesses pour valeur en argent, sauf ceux émanant de certaines professions, seront nuls s'ils ne sont pas écrits de la main de l'émetteur ou reconnus par lui. Le 17 novembre, une déclaration royale a institué la levée du dixième des revenus de divers biens et droits, applicable à tous les propriétaires, nobles ou roturiers, et aux charges et emplois. Cette levée doit être payée en quatre termes égaux par an, avec des sanctions en cas de non-déclaration ou de fausse déclaration. Le recouvrement des deniers provenant de ce dixième sera effectué par les receveurs des tailles et des revenus provinciaux. Les généraux, autres particuliers et comptables des Pays d'États, ainsi que tous autres comptables, doivent continuer à rendre compte de leurs activités. Ces comptes doivent être présentés tant au Conseil qu'à la Chambre des Comptes, et partout ailleurs où cela est nécessaire, conformément à la Déclaration du 27 décembre 1710.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1107
p. 2856-2857
« NOUVELLE METHODE pour trouver les XIV. des nouvelles Lunes Pascales, avec [...] »
Début :
NOUVELLE METHODE pour trouver les XIV. des nouvelles Lunes Pascales, avec [...]
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texteReconnaissance textuelle : « NOUVELLE METHODE pour trouver les XIV. des nouvelles Lunes Pascales, avec [...] »
NOUVELLE METHODE pour trouver les
XIV. des nouvelles Lunes Pascales , avec
la Réforme de la Pâques depuis 1700.
jusqu'en dix mille ans , selon le stile
Grégorien , dédiée à M. de Bretons de
Crillon , Archevêque de Toulouse , par
le R. P. Emmanuel de Viviers , Prédicateur
Capucin , Associé à l'Académie des
Sciences de Toulouse , et Correspondant
de celle de Paris. A Toulouse , chez G. Robert
, rue Sainte Ursule , et chez Grangeron,
rue S. Rome.
CALENDRIER PERPETUEL pour connoître
la Pâque , les Fêtes Mobiles et leur
rencontre avec les Fêtes fixes de chaque
année , même avant la réformation de
158 2. ensemble la Pâques des Protestans ,
l'Índicrion , le Nombre d'or , l'Epacte ,
la Lettre Dominicale , l'heure du lever
et du coucher du Soleil , avec les jours du
Mois et de la Semaine. A Aix , chez
Choquel et le Blanc , 1734.
ALMANACH ROYAL , in 8. de 430. pages
, contenant les Cours Superieures et
II. Vol..
JuDECEMBRE
. 1733. 2857
Jurisdictions tant de l'Enclos du Palais
que celle du Châtelet , et generalement
tout ce qui a rapport au Clergé , à l'Epée,
à la Robe et à la Finance ; augmenté
des Abbez Commandataires , Colonels ,
Generaux , Lieutenans Generaux des Armées
du Roy , Maréchaux de Camps , Brigadiers
des Armées Lieutenans Gene-
Laux des Armées Navales et des Galeres ,
Ch fs d'Escadre & c. Et de la date de la
Nomination et Reception de tous les
Officiers ci - dessus , avec une Table generale.
A Paris , au bas de la rue de la Harchez
la veuve d'Hury.
XIV. des nouvelles Lunes Pascales , avec
la Réforme de la Pâques depuis 1700.
jusqu'en dix mille ans , selon le stile
Grégorien , dédiée à M. de Bretons de
Crillon , Archevêque de Toulouse , par
le R. P. Emmanuel de Viviers , Prédicateur
Capucin , Associé à l'Académie des
Sciences de Toulouse , et Correspondant
de celle de Paris. A Toulouse , chez G. Robert
, rue Sainte Ursule , et chez Grangeron,
rue S. Rome.
CALENDRIER PERPETUEL pour connoître
la Pâque , les Fêtes Mobiles et leur
rencontre avec les Fêtes fixes de chaque
année , même avant la réformation de
158 2. ensemble la Pâques des Protestans ,
l'Índicrion , le Nombre d'or , l'Epacte ,
la Lettre Dominicale , l'heure du lever
et du coucher du Soleil , avec les jours du
Mois et de la Semaine. A Aix , chez
Choquel et le Blanc , 1734.
ALMANACH ROYAL , in 8. de 430. pages
, contenant les Cours Superieures et
II. Vol..
JuDECEMBRE
. 1733. 2857
Jurisdictions tant de l'Enclos du Palais
que celle du Châtelet , et generalement
tout ce qui a rapport au Clergé , à l'Epée,
à la Robe et à la Finance ; augmenté
des Abbez Commandataires , Colonels ,
Generaux , Lieutenans Generaux des Armées
du Roy , Maréchaux de Camps , Brigadiers
des Armées Lieutenans Gene-
Laux des Armées Navales et des Galeres ,
Ch fs d'Escadre & c. Et de la date de la
Nomination et Reception de tous les
Officiers ci - dessus , avec une Table generale.
A Paris , au bas de la rue de la Harchez
la veuve d'Hury.
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Résumé : « NOUVELLE METHODE pour trouver les XIV. des nouvelles Lunes Pascales, avec [...] »
Le document présente trois ouvrages. Le premier, 'NOUVELLE METHODE pour trouver les XIV. des nouvelles Lunes Pascales', est dédié à M. de Bretons de Crillon, Archevêque de Toulouse. Rédigé par le R. P. Emmanuel de Viviers, Prédicateur Capucin, Associé à l'Académie des Sciences de Toulouse et Correspondant de celle de Paris, il propose une méthode pour calculer les dates des nouvelles lunes pascales et réformer la Pâque de 1700 jusqu'à l'an dix mille selon le style grégorien. Il est disponible à Toulouse chez G. Robert et Grangeron. Le second ouvrage est un 'CALENDRIER PERPETUEL' permettant de connaître la Pâque, les fêtes mobiles et leur rencontre avec les fêtes fixes de chaque année, même avant la réforme de 1582. Il inclut également la Pâque des Protestants, l'Indiction, le Nombre d'or, l'Épacte, la Lettre Dominicale, ainsi que les heures de lever et de coucher du soleil. Ce calendrier est disponible à Aix chez Choquel et le Blanc en 1734. Enfin, l''ALMANACH ROYAL' est un ouvrage de 430 pages en format in-8, publié en décembre 1733. Il contient des informations sur les cours supérieures, les juridictions de l'Enclos du Palais et du Châtelet, ainsi que sur le Clergé, l'Épée, la Robe et la Finance. Il inclut également des détails sur les Abbés commanditaires, les colonels, généraux, lieutenants généraux des armées du roi, maréchaux de camps, brigadiers des armées, lieutenants généraux des armées navales et des galères, chefs d'escadre, et les dates de nomination et de réception de tous ces officiers. L'almanach est disponible à Paris chez la veuve d'Hury.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1108
p. 2886-2892
LETTRE de Constantinople, écrite le 20. Septembre 1733. sur le Passage des Tartares en Perse.
Début :
Le passage des Tartares en Perse, n'est plus problêmaque, Monsieur, les nouvelles qui [...]
Mots clefs :
Tartares, Perse, Moscovites, Passage, Derbent, Chemin, Daghestan, Lezghiens, Achmet Pacha, Thamas Kouli-Kan
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE de Constantinople, écrite le 20. Septembre 1733. sur le Passage des Tartares en Perse.
LETTRE de Constantinople , écrite le
20. Septembre 1733. sur le Passage des
Tartares en Perse.
E
problêmatique , Monsieur , les nouvelles qui
en sont venues le 14. de ce mois , dans une Lettre
écrite au Grand- Visir , par le Pacha de Ghend.
gé en Géorgie , sont si positives , qu'à moins de
faire une profession outrée du Pyrrhonisme, on ne
peut plus révoquer en doute ce passage , d'autant
plus que le G. V. a fait venir exprès à la Porte
Mrs les Résidens d'Allemagne et de Moscovie ,
pour le leur notifier et leur communiquer la Lettre
qui en contenoit le détail ; mais avant que je
II. Vol. ✰ vous
1
DECEMBRE. 1733. 2887
vous le communique aussi , il faut que je me re-.
leve moi - même sur deux erreurs qui me sont
échappées en suivant une mauvaise Carte et des
Memoires mal conçus , quand je vous écrivis le
6. de ce mois . Je vous marquai alors qu'on présumoit
que les Moscovites n'auroient pû disputer
long- temps le passage de Derbentaux Tartares ,
ni les empêcher d'entrer dans le Daghestan , et
de- là en Georgie , & c.
Premierement les Tartares allant de Crimée en
Perse , il a fallu qu'après avoir passé le grand et
le petit Cabarta , Pays qui fait partie de la Tar
tarie Circassienne , ils soient tombez dans le
Daghestan , et qu'ils Payent traversé avant que
d'arriver à Derbent , qui est dans le Chirvan ,
Province contigue à celle du Daghestan , ainsi il
ne pouvoit plus être question de les empêcher
de penetrer dans cette derniere Province , puisqu'ils
l'avoient déja passé , et en second lieu , il
étoit ridicule de faire entrer les Tartares du Daghestan
dans la Géorgie , puisque par rapport à
la route qu'ils avoient à faire , la Georgie se
trouvant à côté , et de plus sous la domination
du G. S. ils se seroient tout à la fois détournez
de leur chemin et de leur objet , qui étoit d'aller
piller en Perse . Je reviens à la Lettre du Pacha
de Ghendgé , que voici en subttance
Les Tartares , après les divers combats avec les
Moscovites , dont je vous ai parlé dans ma Lettre
du 6. de ce mois , * continuant leur marche
par le Daghestan , au nombre de 30000. hommes
, arriverent près d'une Peuplade de Lesghis ,
Imprimée dans le Mercure de Novembre,
page 2471 .
II. Vol. appellez
2888 MERCURE DE FRANCE
appellez Imas , de nom du Ima , que porte le
principal lieu de leur canton , qui n'est éloigné
de Derbent que de trois journées . Le Chef
de ce Peuple , sur l'avis qu'il eut de l'approche
des Tartares , s'empressa d'envoyer son fils audevant
d'eux pour leur offrir d'unir ses forces
aux leurs et de les mener lui - même en Perse par
un chemin qu'il sçavoit.
Le Sultan Fethi - Ghuirai , General des Tartares
, accepta volontiers de si belles offres , et les
Imas l'ayant joint en grand nombre avec leur
Chef , les deux Armées marcherent ensemble ;
mais au bout de trois jours il fut bien surpris de
se voir dans un Village à une lieuë de Derbent
seulement.
Les Imas qui passent pour les plus scrupuleux
de tous les Mahometans de ces Contrées , et qui
par motif de Religion , trouvent le joug de la
Moscovie d'autant plûs insupportable , ne respirant
que la révolte , avoient exprès conduit les
Tartares dans cet endroit , dans l'esperance que
ne pouvant plus reculer , la necessité les obligeroit
à tout entreprendre et à fondre avec eux sur
les Moscovites pour s'ouvrir un passage en Perse
par Derbent. Ils se tromperent cependant dans
leurs conjectures.
Fethi-Ghuirai ne voulut jamais se rendre
aux sollicitations qu'ils lui firent de profiter de
cette occasion , et se retranchant toujours sur les
* Les Imas , les Komouks et beaucoup d'autres
petits Peuples du Caucase , du Daghestan et du
Chirvan , sont tous Lesghis d'origine , de moeurs et
de Religion , et ne different entre eux que par le
nom que chaquePeuplade a pris de celui du Ċamon
où elle s'est établie.
II. Vol. ordres
DECEMBR E. 1733. 2889
ordres précis qu'il avoit de la Porte , de ne point
attaquer les Moscovites le premier , il résolut
de camper aux environs de ce Village et d'essayer
d'obtenir duCommandant de Derbent , par la voie
de négociation, la permission de passer . Il y eut
effectivement plusieurs pour parler à ce sujet ,
mais le Commandant Moscovite , après avoir
amusé long-temps Fethi - Ghuirai , lui ayant à la
fin refusé nettement ce qu'il demandoit , et le
Chef des Imas voyant qu'il ne pouvoit persuader
à ce Sultan de se faire un passage par la force
des armes , il lui dit qu'il sçavoit un autre route
dans une Montague du Caucase ; qu'il n'avoit
pas voulu s'en servir d'abord , parce qu'il y avoit
douze heures de chemin à monter ; qu'elle étoit
d'ailleurs fort difficile et pleine de défilez , gardez
par des détachemens de Moscovites , mais
que puisqu'il étoit déterminé à ne vouloir pas
s'ouvrir le passage par Derbent, quoiqu'il l'assuroit
encore du succès de cette entreprise , s'il la
vouloit tenter , il n'y avoit plus d'autre parti à
prendre que celui de traverser la Montagne dont
il venoit de lui parler ; que cependant , outre les
difficultez qu'ils y rencontreroient , ils devoient
s'attendre à trouver de l'autre côté dans la Plaine
de gros corps de Moscovites , qui leur opposeroient
un pareil obstacle qu'à Derbent, il lui paroissoit
necessaire d'écrire à Soulkai , Khan de
Chamakié , pour le prier de venir avec le plus de
Troupes qu'il pourroit , pour les aider à sortir
de cet embarras , et d'attendre la réponse de ce
Khan , avant que de se mettre en chemin .
Le General Tartare ayant goûté ces dernieres
propositions , le Chef des Imas expedia cinq ou
six hommes, qui connoissant tous les sentiers détournez
de ces Rochers , porterent heureusement
II. Vol. les
2890 MERCURE DE FRANCE
les dépêches de Fethi-Ghuirai au Khan de Cha
makié.
Il est à propos de remarquer ici à l'occasion
de ce Khan , que suivant le Traité des Limites ,
signé le 8. Juillet 1724. entre les Turs et les
Moscovites , par la médiation de M. le Marquis
de Bonnac , alors Ambassadeur du Roy à la Porte
Ottomane , les Lesghis qui se trouvent dans le
Chirvan , s'étant soumis d'eux - mêmes , comme
Mahometans , au G. S. dont ils reclamerent la
protection ; Si Hautesse leur envoya un Khan
pour les commander , auquel il assigna la Vule
de Chamakié pour Capitale de cette nouvelle
Principauté , avec un Territoire qui s'étendoit
d'un côté jusqu'au Confluant du Cur et de l'Araxe
, et que le commencement des confins ayant
été fixé dans ce point de la jonction des deux Fleu
ves , il fut decidé que le côté qui est vers la Terre,
Ferme appartiendroit aux Turcs , celui qui re
garde la Mer , aux Moscovites , et le troisième ,
où est le Guilan , à la Perse.
Le Khan de Chamakié ayaur reçû les Lettres de
Fethi-Ghurai , il fit réponse à ce General qu'il
aloit rassembler les Lesghis et marcher à son
secours, en prenant les Moscovites par les derrie
res. Sur cette réponse , le Sultan er le Chef des
Imas décamperent de leur Village , où ils avoient
- demeuré 34. jours, et prirent le chemin de la
Montagne ; ils y rencontrerent effectivement ca
plusieurs détroits de petits Détachemens de Moscovites
, avec lesquels ils escarmoucherent er
qu'ils mirent en fuite sans s'arrêter : mais quand
ils eurent presque descendu cette Montagne ils
apperçûrent de loin dans la Plaine beaucoup de
Troupes Moscovites.
Le General Tartare persistaut toujours à ne
II. Vol. vouloir
DECEMBR E. 1732. 2891
Vouloir point en venir aux mains avec eux que
dans le cas d'une nécessité inévitable , leur envoya
demander le passage , ce qui lui ayant été
refusé , il continua de descendre jusqu'au pied
du Mont, où il se retrancha pour y attendre en
sureté des nouvelles du Khan Soulkaï , qui ne
paroissoit point encore ; mais après trois jours
d'attente , il le vit venir en bon ordre à la tête
d'une nombreuse troupe de Lesghis. Il sortit
alors de ses retranchemens et mit ses gens ea
bataille pour marcher aux Moscovites , qui
voyant qu'on les alloit mettre entre deux feux et
qu'ils avoient affaire à trop forte partie , se reti-
1erent promptement et laisserent le Champ libre
aux Tartares et aux Imas. Ces deux Peuples se
joignirent bien- tôt aux Lesghis et poursuivirent
leur route vers Chamakié , d'où l'on juge qu'ils
n'auront pas tardé à se répandre tous ensemble
dans le Guilan et dans les autres Provinces de
Perse qui sont au- delà de l'Araxe ,
Dès que le G. V. cut reçû cette nouvelle , il
s'informa des noms des Mirzas et des principaux
Officiers de l'Armée Tartare , et il dépêcha des
Couriers pour leur porter
des présens , avec des
ordres de prendre le chemin d'Amadan,pour unir
leurs forces à celles de Topal Osman Pacha , que
l'on dit avoir déja pris la route de Sina , qui n'est pas fort éloigné d'Amadan.
P. S. du 15. Novembre 1733 .
P. V. D ,
J'avois differé,Monsieur , à vous envoyer la Les
tre que vous venez de lire , par ce que des personnes
qui se croyoient interessées à soutenir que le
passage des Tartares en Perse éloit impossible
par le chemin qu'ils avoient pris , se sont donné
II. Vol
tant
2892 MERCURE DE FRANCE
tant de mouvement et de soins pour répandre
de fausses nouvelles à cet égard dans le Public ,
que je ne sçavois plus moi- même que croire de
ce passage , malgré sa certitude si bien établie par
la Lettre du Pacha de Ghendgé et la démarche
du G. V. auprès de Mrs les Résidens d'Allemagne
et de Russie ; mais l'Aga que la Porte avoit
chargé d'accompagner ces Troupes dans leur
route , étant depuis peu de retour ici de Tauris ,
où il les avoir laissées , je n'hésite plus à vous
envoyer ma Relation , qui est entierement conforme
pour l'essentiel au compte que cet Aga a
rendu de sa Mission à la Porte,
P. V. D.
20. Septembre 1733. sur le Passage des
Tartares en Perse.
E
problêmatique , Monsieur , les nouvelles qui
en sont venues le 14. de ce mois , dans une Lettre
écrite au Grand- Visir , par le Pacha de Ghend.
gé en Géorgie , sont si positives , qu'à moins de
faire une profession outrée du Pyrrhonisme, on ne
peut plus révoquer en doute ce passage , d'autant
plus que le G. V. a fait venir exprès à la Porte
Mrs les Résidens d'Allemagne et de Moscovie ,
pour le leur notifier et leur communiquer la Lettre
qui en contenoit le détail ; mais avant que je
II. Vol. ✰ vous
1
DECEMBRE. 1733. 2887
vous le communique aussi , il faut que je me re-.
leve moi - même sur deux erreurs qui me sont
échappées en suivant une mauvaise Carte et des
Memoires mal conçus , quand je vous écrivis le
6. de ce mois . Je vous marquai alors qu'on présumoit
que les Moscovites n'auroient pû disputer
long- temps le passage de Derbentaux Tartares ,
ni les empêcher d'entrer dans le Daghestan , et
de- là en Georgie , & c.
Premierement les Tartares allant de Crimée en
Perse , il a fallu qu'après avoir passé le grand et
le petit Cabarta , Pays qui fait partie de la Tar
tarie Circassienne , ils soient tombez dans le
Daghestan , et qu'ils Payent traversé avant que
d'arriver à Derbent , qui est dans le Chirvan ,
Province contigue à celle du Daghestan , ainsi il
ne pouvoit plus être question de les empêcher
de penetrer dans cette derniere Province , puisqu'ils
l'avoient déja passé , et en second lieu , il
étoit ridicule de faire entrer les Tartares du Daghestan
dans la Géorgie , puisque par rapport à
la route qu'ils avoient à faire , la Georgie se
trouvant à côté , et de plus sous la domination
du G. S. ils se seroient tout à la fois détournez
de leur chemin et de leur objet , qui étoit d'aller
piller en Perse . Je reviens à la Lettre du Pacha
de Ghendgé , que voici en subttance
Les Tartares , après les divers combats avec les
Moscovites , dont je vous ai parlé dans ma Lettre
du 6. de ce mois , * continuant leur marche
par le Daghestan , au nombre de 30000. hommes
, arriverent près d'une Peuplade de Lesghis ,
Imprimée dans le Mercure de Novembre,
page 2471 .
II. Vol. appellez
2888 MERCURE DE FRANCE
appellez Imas , de nom du Ima , que porte le
principal lieu de leur canton , qui n'est éloigné
de Derbent que de trois journées . Le Chef
de ce Peuple , sur l'avis qu'il eut de l'approche
des Tartares , s'empressa d'envoyer son fils audevant
d'eux pour leur offrir d'unir ses forces
aux leurs et de les mener lui - même en Perse par
un chemin qu'il sçavoit.
Le Sultan Fethi - Ghuirai , General des Tartares
, accepta volontiers de si belles offres , et les
Imas l'ayant joint en grand nombre avec leur
Chef , les deux Armées marcherent ensemble ;
mais au bout de trois jours il fut bien surpris de
se voir dans un Village à une lieuë de Derbent
seulement.
Les Imas qui passent pour les plus scrupuleux
de tous les Mahometans de ces Contrées , et qui
par motif de Religion , trouvent le joug de la
Moscovie d'autant plûs insupportable , ne respirant
que la révolte , avoient exprès conduit les
Tartares dans cet endroit , dans l'esperance que
ne pouvant plus reculer , la necessité les obligeroit
à tout entreprendre et à fondre avec eux sur
les Moscovites pour s'ouvrir un passage en Perse
par Derbent. Ils se tromperent cependant dans
leurs conjectures.
Fethi-Ghuirai ne voulut jamais se rendre
aux sollicitations qu'ils lui firent de profiter de
cette occasion , et se retranchant toujours sur les
* Les Imas , les Komouks et beaucoup d'autres
petits Peuples du Caucase , du Daghestan et du
Chirvan , sont tous Lesghis d'origine , de moeurs et
de Religion , et ne different entre eux que par le
nom que chaquePeuplade a pris de celui du Ċamon
où elle s'est établie.
II. Vol. ordres
DECEMBR E. 1733. 2889
ordres précis qu'il avoit de la Porte , de ne point
attaquer les Moscovites le premier , il résolut
de camper aux environs de ce Village et d'essayer
d'obtenir duCommandant de Derbent , par la voie
de négociation, la permission de passer . Il y eut
effectivement plusieurs pour parler à ce sujet ,
mais le Commandant Moscovite , après avoir
amusé long-temps Fethi - Ghuirai , lui ayant à la
fin refusé nettement ce qu'il demandoit , et le
Chef des Imas voyant qu'il ne pouvoit persuader
à ce Sultan de se faire un passage par la force
des armes , il lui dit qu'il sçavoit un autre route
dans une Montague du Caucase ; qu'il n'avoit
pas voulu s'en servir d'abord , parce qu'il y avoit
douze heures de chemin à monter ; qu'elle étoit
d'ailleurs fort difficile et pleine de défilez , gardez
par des détachemens de Moscovites , mais
que puisqu'il étoit déterminé à ne vouloir pas
s'ouvrir le passage par Derbent, quoiqu'il l'assuroit
encore du succès de cette entreprise , s'il la
vouloit tenter , il n'y avoit plus d'autre parti à
prendre que celui de traverser la Montagne dont
il venoit de lui parler ; que cependant , outre les
difficultez qu'ils y rencontreroient , ils devoient
s'attendre à trouver de l'autre côté dans la Plaine
de gros corps de Moscovites , qui leur opposeroient
un pareil obstacle qu'à Derbent, il lui paroissoit
necessaire d'écrire à Soulkai , Khan de
Chamakié , pour le prier de venir avec le plus de
Troupes qu'il pourroit , pour les aider à sortir
de cet embarras , et d'attendre la réponse de ce
Khan , avant que de se mettre en chemin .
Le General Tartare ayant goûté ces dernieres
propositions , le Chef des Imas expedia cinq ou
six hommes, qui connoissant tous les sentiers détournez
de ces Rochers , porterent heureusement
II. Vol. les
2890 MERCURE DE FRANCE
les dépêches de Fethi-Ghuirai au Khan de Cha
makié.
Il est à propos de remarquer ici à l'occasion
de ce Khan , que suivant le Traité des Limites ,
signé le 8. Juillet 1724. entre les Turs et les
Moscovites , par la médiation de M. le Marquis
de Bonnac , alors Ambassadeur du Roy à la Porte
Ottomane , les Lesghis qui se trouvent dans le
Chirvan , s'étant soumis d'eux - mêmes , comme
Mahometans , au G. S. dont ils reclamerent la
protection ; Si Hautesse leur envoya un Khan
pour les commander , auquel il assigna la Vule
de Chamakié pour Capitale de cette nouvelle
Principauté , avec un Territoire qui s'étendoit
d'un côté jusqu'au Confluant du Cur et de l'Araxe
, et que le commencement des confins ayant
été fixé dans ce point de la jonction des deux Fleu
ves , il fut decidé que le côté qui est vers la Terre,
Ferme appartiendroit aux Turcs , celui qui re
garde la Mer , aux Moscovites , et le troisième ,
où est le Guilan , à la Perse.
Le Khan de Chamakié ayaur reçû les Lettres de
Fethi-Ghurai , il fit réponse à ce General qu'il
aloit rassembler les Lesghis et marcher à son
secours, en prenant les Moscovites par les derrie
res. Sur cette réponse , le Sultan er le Chef des
Imas décamperent de leur Village , où ils avoient
- demeuré 34. jours, et prirent le chemin de la
Montagne ; ils y rencontrerent effectivement ca
plusieurs détroits de petits Détachemens de Moscovites
, avec lesquels ils escarmoucherent er
qu'ils mirent en fuite sans s'arrêter : mais quand
ils eurent presque descendu cette Montagne ils
apperçûrent de loin dans la Plaine beaucoup de
Troupes Moscovites.
Le General Tartare persistaut toujours à ne
II. Vol. vouloir
DECEMBR E. 1732. 2891
Vouloir point en venir aux mains avec eux que
dans le cas d'une nécessité inévitable , leur envoya
demander le passage , ce qui lui ayant été
refusé , il continua de descendre jusqu'au pied
du Mont, où il se retrancha pour y attendre en
sureté des nouvelles du Khan Soulkaï , qui ne
paroissoit point encore ; mais après trois jours
d'attente , il le vit venir en bon ordre à la tête
d'une nombreuse troupe de Lesghis. Il sortit
alors de ses retranchemens et mit ses gens ea
bataille pour marcher aux Moscovites , qui
voyant qu'on les alloit mettre entre deux feux et
qu'ils avoient affaire à trop forte partie , se reti-
1erent promptement et laisserent le Champ libre
aux Tartares et aux Imas. Ces deux Peuples se
joignirent bien- tôt aux Lesghis et poursuivirent
leur route vers Chamakié , d'où l'on juge qu'ils
n'auront pas tardé à se répandre tous ensemble
dans le Guilan et dans les autres Provinces de
Perse qui sont au- delà de l'Araxe ,
Dès que le G. V. cut reçû cette nouvelle , il
s'informa des noms des Mirzas et des principaux
Officiers de l'Armée Tartare , et il dépêcha des
Couriers pour leur porter
des présens , avec des
ordres de prendre le chemin d'Amadan,pour unir
leurs forces à celles de Topal Osman Pacha , que
l'on dit avoir déja pris la route de Sina , qui n'est pas fort éloigné d'Amadan.
P. S. du 15. Novembre 1733 .
P. V. D ,
J'avois differé,Monsieur , à vous envoyer la Les
tre que vous venez de lire , par ce que des personnes
qui se croyoient interessées à soutenir que le
passage des Tartares en Perse éloit impossible
par le chemin qu'ils avoient pris , se sont donné
II. Vol
tant
2892 MERCURE DE FRANCE
tant de mouvement et de soins pour répandre
de fausses nouvelles à cet égard dans le Public ,
que je ne sçavois plus moi- même que croire de
ce passage , malgré sa certitude si bien établie par
la Lettre du Pacha de Ghendgé et la démarche
du G. V. auprès de Mrs les Résidens d'Allemagne
et de Russie ; mais l'Aga que la Porte avoit
chargé d'accompagner ces Troupes dans leur
route , étant depuis peu de retour ici de Tauris ,
où il les avoir laissées , je n'hésite plus à vous
envoyer ma Relation , qui est entierement conforme
pour l'essentiel au compte que cet Aga a
rendu de sa Mission à la Porte,
P. V. D.
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Résumé : LETTRE de Constantinople, écrite le 20. Septembre 1733. sur le Passage des Tartares en Perse.
Le 20 septembre 1733, une lettre de Constantinople confirme le passage des Tartares en Perse. Les informations, reçues le 14 septembre, proviennent d'une lettre du Pacha de Ghendgé adressée au Grand-Visir. Ce dernier a informé les résidents d'Allemagne et de Moscovie de cet événement. L'auteur corrige deux erreurs précédentes concernant la route des Tartares, précisant qu'ils ont traversé le Daghestan et le Chirvan avant d'atteindre Derbent. Les Tartares, au nombre de 30 000 hommes, ont rencontré les Imas près de Derbent. Le chef des Imas a proposé de guider les Tartares en Perse par un chemin connu de lui, mais le général tartare Fethi-Ghuirai a refusé d'attaquer les Moscovites à Derbent, préférant négocier. Face au refus moscovite, les Tartares ont emprunté une route montagneuse du Caucase, malgré les dangers. Ils ont ensuite été rejoints par le Khan de Chamakié et ses troupes. Les Moscovites, face à cette coalition, se sont retirés. Les Tartares et les Imas, rejoints par les Lesghis, ont poursuivi leur route vers Chamakié, puis vers le Guilan et d'autres provinces persanes. Le Grand-Visir a envoyé des présents et des ordres aux mirzas et officiers tartares pour qu'ils se dirigent vers Amadan afin de renforcer les troupes de Topal Osman Pacha.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1109
p. 2892-2900
AUTRE LETTRE de Constantinople du 18 Novembre 1733. Défaite de Thamas Kouli-Kan par Topal-Osman.
Début :
Plusieurs Tartares arrivez ici dans la nuit du 8. au 9. de ce mois, ont apporté la nouvelle [...]
Mots clefs :
Thamas Kouli-Kan, Topal Osman Pacha, Armée, Sérasker, Général, Hommes, Bagdad, Kerkout, Perse, Aghuans, Persans, Porte, Constantinople
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE LETTRE de Constantinople du 18 Novembre 1733. Défaite de Thamas Kouli-Kan par Topal-Osman.
AUTRE LETTRE de Constantinople
du 18 Novembre 1733. Défaute de
Thamas Kouli - Kan par Topal Osman.
Plusieurs Tartares arrivez ici dans la nuit du
8. au 9. de ce mois , ont apporté la nouvelle .
d'une seconde victoire que Topal - Osman Pacha
Seraskier a remportée le 22. du mois passé.
Mais avant que d'en faire le récit , il est à propos
de reprendre les choses de plus loin et
de rapporter quelques faits qui ont precedé cer
Evenement, dont on a été d'autant plus surpris
qu'on n'avoit pas lieu de s'y attendre.
Depuis la défaite de Thamas- Kouli Kan , du
19. Juillet , et la levée du Blocus de Bagdad ,
qui deux jours après en fut le premier fruit , ce
General Persan, quoique dangereusement blessé ,
ayant gagné Amadan avec les debris de son Armée,
paroissoit y vouloir demeurer sur la deffensive,
soit par les soins qu'il prenoit de fortifier cette
Place et quelques autres aux environs , soit par
II. Vel - Je
DECEMBRE. 1733. 2893
le peu de monde qui lui restoit en état de servir.
Il est vrai que quelque temps après sa retraite
à Amadan il écrivit à Acmet - Pacha, Gouverneur
de, Bagdad , que malgré les désavantages qu'il
avoit eus cette année , il ne se tenoit pas pour
tout-à- fait vaincu , qu'il reconnoissoit les fautes
qu'il avoit commises , et qu'il n'y retomberoit
plus ; mais que comme il vouloit faire la guerre
noblement , il le prévenoit d'avance qu'au Printemps
prochain il se remettroit en campagne
avec une Armée plus nombreuse que celle qu'il
avoit perdue , et qu'il l'iroit trouver à Bagdad.
Ces menaces pouvant être regardées comme
des rodomontades , sur tout de la part d'un homme
aussi va n que l'est Kouli - Kan , et ne devant
pas d'ailleurs s'executer si - tôt , on n'avoit
pas sujet d'en craindre des effets prochains.
Achmet-Pacha cependant ne laissa pas de redoubler
son attention pour ravitailler sa Place
et la mettre en état de soutenir un second Siege,
autant que le Pais des environs qui est entiererement
ruiné à plus de 20. lieues à la ronde , et
les autres circonstances où il se trouvoit , pouvoient
le lui permettre ; et Topal Osman , qui
de son côté ne pouvoit , faute de munitions ,
tenter de nouvelles conquêtes , se borna à envoyer
Poulac Pacha avec 6000. hommes s'emparer
de Takaya ou Tayon , suivant la Carte de
M. de Lisle , Défilé dans des Montagnes , par où
il faut absolument passer pour venir d'Amadan
sur les Terres de Turquie. Ensuite divisant son
Armée en plusieurs corps pour la faire plus aisément
subsister, il se retira à Kerkout,à cinq journées
de ce passage, avec environ trente mille hommes
seulement , qu'il disposa dans les lieux cir-
Convoisins , n'en gardant avec lui qu'un petit
II. Vol. nombre
2894 MERCURE DE FRANCE
nombre pour servir de garnison à cette Forteresse.
Les choses étoient dans cet état quand le Seraskier
eut avis que le fils de Thamas Kouli-Kan
amenoit au Candahar quarante mille Aghuans à
son pere , il en informa aussi-tôt la Porte par
un Courier qu'il dépêcha , et representa , comme
il l'avoit déja fait plusieurs fois , la necessité
qu'il y avoit d'envoyer en Perse de prompts secours
d'hommes , d'argent et de vivres , et il demanda
en même - temps qu'en consideration de
sa vieillesse et de ses infirmitez , on lui permit
de se démettre de la Charge de Séraskier, en faveur
d'Achinet Pacha , qui étoit plus en état que
lui de la remplir dignement.
Le G. S. deferant à ses prieres , et ne voulant
pourtant pas qu'is se retirat entierement du service
, l'avoit nonmé Pacha de Cutaya'; Ville
d'Asie , à trois journées de Constantinople , et
Beyglerbey de Natolie ; l'expedition des ordres
pour ces nouveaux arrangemens , étoit même
déja prête à partir , lorsque la Porte reçut de
nouvelles Lettres de Topal- Osman , par lesquel
les il mandoit que les Persans avoient forcé le
passage de Takaya , et que leur General s'avançoit
vers lui avec une nombreuse Armee de Cavalerie
, sur quoi il renouvelloit ses instances
pour l'envoi des secours qu'il avoit demandez.
On tint sur ce sujet un Grand- Conseil au Sérail
le premier de ce mois , mais les résolutions
qu'on y prit furent tenues si secrettes , que le
Public ne fut pas même informé alors de la nouvelle
pour laquelle ce Conseil avoit été assemblé.
On scut seulement qu'on y avoit décidé de sus
pendre l'execution des ordres dont j'ai parlé cy
dessus et que Topal -Osman continueroit à com
nander l'Armée Ottomane en Perse.
DECEMBRE . 1733. 2895
>
Venons à Kouli - Kan ; les Aghuans que conduisoit
son fils , l'ayant joint à Amadan , il en
partit peu de jours après avec so. à 60. mille
hommes de Cavalerie , dont il fit prendre les devans
20. mille pour se saisir du défilé de Takaya.
Poulac Pacha , à qui , comme on l'a dit ,
la garde en avoit été confiée soit qu'il cut
négligé de s'y fortifier , ou qu'il eût été surpris
all'improviste , soit qu'il ne lui parût pas possible
de résister à l'Armée Persane , que de faux avis
lui avoient fait monter à 200. milie Combatans ;
Poulac- Pacha , dis je , à la vue des 20. mille
Aghuans qui venoient l'attaquer , prit la fuite et
se sauva , à la verité , avec presque tout son
monde , mais sans pouvoir rien emporter de son
Camp , qu'il abandonna.
Dès que Topal - Osman le vit arriver en
fuyard à Kerkout , il fut si indigné contre lui ,
et sur tout de ce qu'il n'avoit pas eu le soin de
prendre de plus exactes informations sur le veritable
nombre des ennemis, qu'il vouloit lui taire
couper la tête. Cependant tant de gens de cousidération
se jetterent à ses pieds , pour lui demander
la grace de cet infortuué Pacha , en lui
rappellant les marques éclatantes , qu'il avoit
données de sa bravoure dans la Bataille du 19 Juil.
let qu'enfin le Seraskier se laissa fléchir; mais prévoyant
bien qu'il alloit se trouver dans de grands
embarras , que le danger étoit pressant , et qu'il
ne devoit pas compter sur les secours qu'il avoit
si souvent sollicitez à la Porte , il se tourna du
côté des Arabes du voisinage dont il demanda
l'assistance et dont plusieurs Cheiks , ou Commandants
lui ammenerent sept à huit mille
hommes. Il rapella en même tems le plus de
Troupes Ottomanes qu'il put rassembler , sor-
I. Vol.
2896 MERCURE DE FRANCE
氧
tit de Kerkout , mit son Armée en Bataille devant
cette place ; et fit faire de bons retranchemens
, boracz de 60 piéces de Canons.
Il étoit encore occupé à fortifier son Camp ,
lorsqu'un exprès du General de Perse lui en apporta
une Lettre , par laquelle cet orgueilleux
ennemi marquoit qu'il marchoit à lui , et que
non -seulemene il enleveroit sa petite Armée ,
mais qu'il l'enleveroit lui même comme un enfant
avec son Bechik. Pour entendre la mauvaise
plaisanterie que ce mot Persan renferme , il faut
sçavoir qu'il signifie tout à la fois , Berceau et
Litiere , et que Topal Osman à cause de ses infirmitez
est obligé depuis long- tems à se servir
de cette voiture.
Le Seraskier ne répondit autre chose à cette
Lettre insultante , sinon qu'il étoit boiteux ,
vieux , et malade qu'il ne pouvoit aller au devant
de Kouli- Kan, mais qu'il l'attendoit et que
/ Dieu décideroit de tout.
Ce dernier continuant sa route passa près de
Bagdad sans s'arrêter , comptant toujours que
cette place ne pouroit manquer de tomber entre
ses mains , dès qu'il auroit battu les Turcs ,
comme il s'en flatoit : mais on dit qu'il surprit
tine fort grosse Caravane qui sortoit de cette
Ville , et qui étant destinée pour Alep , Smirne,
et Constantinople , étoit d'autant plus riche que
ceux qui l'avoient formée , croyant leurs effets
en sureté sur la route , depuis la défaite et la
retraite des Persans , ils avoient fait des envoys
considerables de Marchandises précieuses pour
se dédommager de la longue interruption de leur
commerce.
Enfin Kouli- Kan venant à paroître à la veuë
de Kerkout , le 22 Octobre Topal - Osman le
II. Vol. laissa
DECEMBRE . 1733. 2897
laissa approcher de ses retranchemens jusqu'à la
portée du fusil : il fit faire alors une décharge
de toute son Artillerie chargée à mitraille , et de
toute sa Mousqueterie , ce qui commença à
jetter un grand désordre dans l'Armée Persane , )
il dit à ses Soldats qu'il n'avoit rien à leur commander
; qu'ils étoient bien retranchez et qu'ils
pouvoient se tenir sur la deffensive ; mais qu'il
permettroit volontiers de sortir du Camp à tous
ceux qui auroient assez de valeur pour aller atta
quer l'ennemi . A ce discours , les Jannissaires
du Caire , et quelques Corps de Romelie qui ne
s'étoient point trouvez à l'Action du 19 Juillet
se piquerent d'honneur ; et secondez par quelques
autres Troupes et par les Arabes , ils fondirent
avec furie sur les Persans . Il faisoit beaucoup
de poussiere , un gros brouillard et un
vent qui soufloit la poudre aux yeux de ceux ci,
dont les Turcs tirerent un grand avantage.
›
Après quatre heures d'un combat opiniâtre ,
le Seraskier s'appercevant que ses Troupes prenoient
le dessus , il fit ordonner à tout ce qui
lui en restoit dans le Camp , de venir partager
le péril et la gloire de cette journée. Ce renfort
redoubla le courage des Turcs et acheva d'abbattre
celui des Persans : ils prirent enfin la fuite,
laissant 6000 des leurs sur la Place , dont on apporta
les têtes aux pieds de Topal - Osman , ct
trois mille Prisonniers , parmi lesquels on dit ,
que sont le Beau- pere et le neveu de Kouli - Kan
avec plusieurs Seigneurs de marque.
> Le Seraskier les ayant fait venir devant lui
leur demanda comment leur General après avoir
été si bien battu auprès de Bagdat, étoit revenu
le chercher avec tant de diligence ? Seigneur
lui répondirent- ils , Thamas Kouli - Kan n'a d'a-
II. Vol. G bord .
288 MERCURE DE FRANCE
,
bord fait cette démarches que sur les assurances
qu'on lui avoit données de plusieurs endroits que
vous étiez mort et dans la persuasion où il étoit
qu'un Chef tel que vous manquant à l'Armée Ottomane
, il en triompheroit aisément , et qu'ensuite il
ne trouveroit que de foibles obstacles à s'emparer de
Bagdad. Il a bien reconnu depuis , qu'on lui en
avoit imposé , mais il n'a pú se résoudre à reculer,
et il s'est d'ailleurs fié en son courage et à celui des
Aghuans , avec lesquels il a ci- devant remporté
beaucoup de Victoires ,
Il est à remarquer qu'aussi - tôt qu'Achmet Pacha
eût apris que Polac Pacha avoit abandonné le defilé
de Taxaya , il se pressa de faire entrer dans sa
Place tout ce qu'il put ramasser d'utile , et de faire
fermer les Portes , ne doutant pas que Kouli - Kan
ne vint en renouveler le blocus . Il régaloit même
dans ce moment le Buyuk Imbrohor , ou grand
Ecuyer du G.S.qui étoit sur le point de partir pour
revenir à Constantinople ; et iui ayant represen
té le risque qu'il y auroit pour lui sur le chemin
de Bagdad à Kerkout , qui devoit être alors infesté
de partis Ennemis , il lui fit prendre la route
de Mossul par le desert. Topal - Osman en
ayant été informé , envoya à ce Grand - Ecuyer
une Relation de l'Affaire qu'on vient de raconter ,
avec ordre de la faire passer incessamment à la
Porte , et d'attendre encore de ses nouvelles à
Mossul.
On présume de - là , qu'apparemment le Seraskier
veut lui faire remettre avec sureté le Beaupere
et le neveu de Kouli- Kan , avec les autres
Prisonniers de distinction , pour qu'il les conduise
et les présente lui - même au G. S.
Comme suivant quelques avis Kouli-Kan
après cette derniere déroute . s'étoit arrêté à
II. Vol. Leilan
DFCEMBRE. 1733. 2899
>
Leilan qui n'est qu'à cinq lieues de Kerkout
et qu'on craint avec raison qu'il ne veuille encore
tenter le sort des Armes , la Porte a dépêché un
Courier à Demir Pacha qui commiande 40
mille hommes aux environs de Tauris , avec ordre
de marcher en diligence avec les Tartares
qui sont passez en Perse , lesquels l'auront joint
vers les lieux où l'Armée de Kouli - Kan sera
campée.
Quoique cette nouvelle Victoire de Topal-
Osman soit encore plus glorieuse pour lui que la
premiere , on n'a cependant point tiré le Canon
ici , comme il est d'usage en pareil cas , parce
qu'on attend, dit - on , l'arrivée du Buyuk Imbrohor,
ou celle de quelque personne qui vienne directement
de la part du Seraskier.
Du 18 Novembre 1733.
P. V. D.
Comme j'allois fermer mon paquet , Monsieur,
on m'est venu dire une nouvelle de la derniere
importance pour cet Empire ; sçavoir , que Topal-
Osman Pacha étant allé attaquer Thamas
Kouli- Kan à Leilan , où je vous ai marqué qu'il
s'étoit arrêté , après sa dérouté du 22 Octobre ,
les Aghuans qui composoient la meilleure partie
de l'Armée Persane, avoient ployé leurs Etendarts
et s'étoient venus rendre à Topal - Osman , que
Kouli-Kan trop affoibli par cette désertion
pour pouvoir resister aux Turcs , avoit pris la
fuite vers la Perse avec environ 10000 hommes
qui lui restoient , que Topal - Osman l'avoit fait
suivre par Menis Pacha à la tête d'un gros
Corps de Troupes , et avoit donné ordre en
même tems aux Curdes de s'emparer d'un defilé
par où il falloit necessairement que les Persans
II. Vol.
Gij
passassent
2000 MERCURE DE FRANCE
>
passassent; que leur General se voyant prêt d'être
assailli par devant et par derriere , sans espérance
de pouvoir échapper , avoit écrit une Lettre
à Topal- Osman , par laquelle il se confessoit
vaincu et lui demandoit la Paix à telles conditions
qu'il voudroit lui imposer , mais que le
Seraskier lui avoit répondu que le regardant
comme un Rebelle , il ne vouloit traiter en aucune
façon avec lui ; enfin que suivant l'extre
mité ou Kouli- Kan étoit réduit au depart des
trois Couriers qui ont apporté cette nouvelle
ce matin , ce General Persan doit avoir été pris
depuis avec le reste de son Armée.
On a tenu ici sur le champ un Conseil general
au Serail , dans lequel il a été résolu d'envoyer
sans délai des pleins pouvoirs à Topal - Osman ,
pour traiter de la Paix avec des Ministres du léitime
Souverain de Perse , que l'on dit être un
jeune Fils de Schah - Thamas , ce dernier étant
à ce que l'on ajoute , et avec ordre de
n'écouter aucune proposition de la part de Thamas
Kouli- Kan,
mort ,
P. V. D.
du 18 Novembre 1733. Défaute de
Thamas Kouli - Kan par Topal Osman.
Plusieurs Tartares arrivez ici dans la nuit du
8. au 9. de ce mois , ont apporté la nouvelle .
d'une seconde victoire que Topal - Osman Pacha
Seraskier a remportée le 22. du mois passé.
Mais avant que d'en faire le récit , il est à propos
de reprendre les choses de plus loin et
de rapporter quelques faits qui ont precedé cer
Evenement, dont on a été d'autant plus surpris
qu'on n'avoit pas lieu de s'y attendre.
Depuis la défaite de Thamas- Kouli Kan , du
19. Juillet , et la levée du Blocus de Bagdad ,
qui deux jours après en fut le premier fruit , ce
General Persan, quoique dangereusement blessé ,
ayant gagné Amadan avec les debris de son Armée,
paroissoit y vouloir demeurer sur la deffensive,
soit par les soins qu'il prenoit de fortifier cette
Place et quelques autres aux environs , soit par
II. Vel - Je
DECEMBRE. 1733. 2893
le peu de monde qui lui restoit en état de servir.
Il est vrai que quelque temps après sa retraite
à Amadan il écrivit à Acmet - Pacha, Gouverneur
de, Bagdad , que malgré les désavantages qu'il
avoit eus cette année , il ne se tenoit pas pour
tout-à- fait vaincu , qu'il reconnoissoit les fautes
qu'il avoit commises , et qu'il n'y retomberoit
plus ; mais que comme il vouloit faire la guerre
noblement , il le prévenoit d'avance qu'au Printemps
prochain il se remettroit en campagne
avec une Armée plus nombreuse que celle qu'il
avoit perdue , et qu'il l'iroit trouver à Bagdad.
Ces menaces pouvant être regardées comme
des rodomontades , sur tout de la part d'un homme
aussi va n que l'est Kouli - Kan , et ne devant
pas d'ailleurs s'executer si - tôt , on n'avoit
pas sujet d'en craindre des effets prochains.
Achmet-Pacha cependant ne laissa pas de redoubler
son attention pour ravitailler sa Place
et la mettre en état de soutenir un second Siege,
autant que le Pais des environs qui est entiererement
ruiné à plus de 20. lieues à la ronde , et
les autres circonstances où il se trouvoit , pouvoient
le lui permettre ; et Topal Osman , qui
de son côté ne pouvoit , faute de munitions ,
tenter de nouvelles conquêtes , se borna à envoyer
Poulac Pacha avec 6000. hommes s'emparer
de Takaya ou Tayon , suivant la Carte de
M. de Lisle , Défilé dans des Montagnes , par où
il faut absolument passer pour venir d'Amadan
sur les Terres de Turquie. Ensuite divisant son
Armée en plusieurs corps pour la faire plus aisément
subsister, il se retira à Kerkout,à cinq journées
de ce passage, avec environ trente mille hommes
seulement , qu'il disposa dans les lieux cir-
Convoisins , n'en gardant avec lui qu'un petit
II. Vol. nombre
2894 MERCURE DE FRANCE
nombre pour servir de garnison à cette Forteresse.
Les choses étoient dans cet état quand le Seraskier
eut avis que le fils de Thamas Kouli-Kan
amenoit au Candahar quarante mille Aghuans à
son pere , il en informa aussi-tôt la Porte par
un Courier qu'il dépêcha , et representa , comme
il l'avoit déja fait plusieurs fois , la necessité
qu'il y avoit d'envoyer en Perse de prompts secours
d'hommes , d'argent et de vivres , et il demanda
en même - temps qu'en consideration de
sa vieillesse et de ses infirmitez , on lui permit
de se démettre de la Charge de Séraskier, en faveur
d'Achinet Pacha , qui étoit plus en état que
lui de la remplir dignement.
Le G. S. deferant à ses prieres , et ne voulant
pourtant pas qu'is se retirat entierement du service
, l'avoit nonmé Pacha de Cutaya'; Ville
d'Asie , à trois journées de Constantinople , et
Beyglerbey de Natolie ; l'expedition des ordres
pour ces nouveaux arrangemens , étoit même
déja prête à partir , lorsque la Porte reçut de
nouvelles Lettres de Topal- Osman , par lesquel
les il mandoit que les Persans avoient forcé le
passage de Takaya , et que leur General s'avançoit
vers lui avec une nombreuse Armee de Cavalerie
, sur quoi il renouvelloit ses instances
pour l'envoi des secours qu'il avoit demandez.
On tint sur ce sujet un Grand- Conseil au Sérail
le premier de ce mois , mais les résolutions
qu'on y prit furent tenues si secrettes , que le
Public ne fut pas même informé alors de la nouvelle
pour laquelle ce Conseil avoit été assemblé.
On scut seulement qu'on y avoit décidé de sus
pendre l'execution des ordres dont j'ai parlé cy
dessus et que Topal -Osman continueroit à com
nander l'Armée Ottomane en Perse.
DECEMBRE . 1733. 2895
>
Venons à Kouli - Kan ; les Aghuans que conduisoit
son fils , l'ayant joint à Amadan , il en
partit peu de jours après avec so. à 60. mille
hommes de Cavalerie , dont il fit prendre les devans
20. mille pour se saisir du défilé de Takaya.
Poulac Pacha , à qui , comme on l'a dit ,
la garde en avoit été confiée soit qu'il cut
négligé de s'y fortifier , ou qu'il eût été surpris
all'improviste , soit qu'il ne lui parût pas possible
de résister à l'Armée Persane , que de faux avis
lui avoient fait monter à 200. milie Combatans ;
Poulac- Pacha , dis je , à la vue des 20. mille
Aghuans qui venoient l'attaquer , prit la fuite et
se sauva , à la verité , avec presque tout son
monde , mais sans pouvoir rien emporter de son
Camp , qu'il abandonna.
Dès que Topal - Osman le vit arriver en
fuyard à Kerkout , il fut si indigné contre lui ,
et sur tout de ce qu'il n'avoit pas eu le soin de
prendre de plus exactes informations sur le veritable
nombre des ennemis, qu'il vouloit lui taire
couper la tête. Cependant tant de gens de cousidération
se jetterent à ses pieds , pour lui demander
la grace de cet infortuué Pacha , en lui
rappellant les marques éclatantes , qu'il avoit
données de sa bravoure dans la Bataille du 19 Juil.
let qu'enfin le Seraskier se laissa fléchir; mais prévoyant
bien qu'il alloit se trouver dans de grands
embarras , que le danger étoit pressant , et qu'il
ne devoit pas compter sur les secours qu'il avoit
si souvent sollicitez à la Porte , il se tourna du
côté des Arabes du voisinage dont il demanda
l'assistance et dont plusieurs Cheiks , ou Commandants
lui ammenerent sept à huit mille
hommes. Il rapella en même tems le plus de
Troupes Ottomanes qu'il put rassembler , sor-
I. Vol.
2896 MERCURE DE FRANCE
氧
tit de Kerkout , mit son Armée en Bataille devant
cette place ; et fit faire de bons retranchemens
, boracz de 60 piéces de Canons.
Il étoit encore occupé à fortifier son Camp ,
lorsqu'un exprès du General de Perse lui en apporta
une Lettre , par laquelle cet orgueilleux
ennemi marquoit qu'il marchoit à lui , et que
non -seulemene il enleveroit sa petite Armée ,
mais qu'il l'enleveroit lui même comme un enfant
avec son Bechik. Pour entendre la mauvaise
plaisanterie que ce mot Persan renferme , il faut
sçavoir qu'il signifie tout à la fois , Berceau et
Litiere , et que Topal Osman à cause de ses infirmitez
est obligé depuis long- tems à se servir
de cette voiture.
Le Seraskier ne répondit autre chose à cette
Lettre insultante , sinon qu'il étoit boiteux ,
vieux , et malade qu'il ne pouvoit aller au devant
de Kouli- Kan, mais qu'il l'attendoit et que
/ Dieu décideroit de tout.
Ce dernier continuant sa route passa près de
Bagdad sans s'arrêter , comptant toujours que
cette place ne pouroit manquer de tomber entre
ses mains , dès qu'il auroit battu les Turcs ,
comme il s'en flatoit : mais on dit qu'il surprit
tine fort grosse Caravane qui sortoit de cette
Ville , et qui étant destinée pour Alep , Smirne,
et Constantinople , étoit d'autant plus riche que
ceux qui l'avoient formée , croyant leurs effets
en sureté sur la route , depuis la défaite et la
retraite des Persans , ils avoient fait des envoys
considerables de Marchandises précieuses pour
se dédommager de la longue interruption de leur
commerce.
Enfin Kouli- Kan venant à paroître à la veuë
de Kerkout , le 22 Octobre Topal - Osman le
II. Vol. laissa
DECEMBRE . 1733. 2897
laissa approcher de ses retranchemens jusqu'à la
portée du fusil : il fit faire alors une décharge
de toute son Artillerie chargée à mitraille , et de
toute sa Mousqueterie , ce qui commença à
jetter un grand désordre dans l'Armée Persane , )
il dit à ses Soldats qu'il n'avoit rien à leur commander
; qu'ils étoient bien retranchez et qu'ils
pouvoient se tenir sur la deffensive ; mais qu'il
permettroit volontiers de sortir du Camp à tous
ceux qui auroient assez de valeur pour aller atta
quer l'ennemi . A ce discours , les Jannissaires
du Caire , et quelques Corps de Romelie qui ne
s'étoient point trouvez à l'Action du 19 Juillet
se piquerent d'honneur ; et secondez par quelques
autres Troupes et par les Arabes , ils fondirent
avec furie sur les Persans . Il faisoit beaucoup
de poussiere , un gros brouillard et un
vent qui soufloit la poudre aux yeux de ceux ci,
dont les Turcs tirerent un grand avantage.
›
Après quatre heures d'un combat opiniâtre ,
le Seraskier s'appercevant que ses Troupes prenoient
le dessus , il fit ordonner à tout ce qui
lui en restoit dans le Camp , de venir partager
le péril et la gloire de cette journée. Ce renfort
redoubla le courage des Turcs et acheva d'abbattre
celui des Persans : ils prirent enfin la fuite,
laissant 6000 des leurs sur la Place , dont on apporta
les têtes aux pieds de Topal - Osman , ct
trois mille Prisonniers , parmi lesquels on dit ,
que sont le Beau- pere et le neveu de Kouli - Kan
avec plusieurs Seigneurs de marque.
> Le Seraskier les ayant fait venir devant lui
leur demanda comment leur General après avoir
été si bien battu auprès de Bagdat, étoit revenu
le chercher avec tant de diligence ? Seigneur
lui répondirent- ils , Thamas Kouli - Kan n'a d'a-
II. Vol. G bord .
288 MERCURE DE FRANCE
,
bord fait cette démarches que sur les assurances
qu'on lui avoit données de plusieurs endroits que
vous étiez mort et dans la persuasion où il étoit
qu'un Chef tel que vous manquant à l'Armée Ottomane
, il en triompheroit aisément , et qu'ensuite il
ne trouveroit que de foibles obstacles à s'emparer de
Bagdad. Il a bien reconnu depuis , qu'on lui en
avoit imposé , mais il n'a pú se résoudre à reculer,
et il s'est d'ailleurs fié en son courage et à celui des
Aghuans , avec lesquels il a ci- devant remporté
beaucoup de Victoires ,
Il est à remarquer qu'aussi - tôt qu'Achmet Pacha
eût apris que Polac Pacha avoit abandonné le defilé
de Taxaya , il se pressa de faire entrer dans sa
Place tout ce qu'il put ramasser d'utile , et de faire
fermer les Portes , ne doutant pas que Kouli - Kan
ne vint en renouveler le blocus . Il régaloit même
dans ce moment le Buyuk Imbrohor , ou grand
Ecuyer du G.S.qui étoit sur le point de partir pour
revenir à Constantinople ; et iui ayant represen
té le risque qu'il y auroit pour lui sur le chemin
de Bagdad à Kerkout , qui devoit être alors infesté
de partis Ennemis , il lui fit prendre la route
de Mossul par le desert. Topal - Osman en
ayant été informé , envoya à ce Grand - Ecuyer
une Relation de l'Affaire qu'on vient de raconter ,
avec ordre de la faire passer incessamment à la
Porte , et d'attendre encore de ses nouvelles à
Mossul.
On présume de - là , qu'apparemment le Seraskier
veut lui faire remettre avec sureté le Beaupere
et le neveu de Kouli- Kan , avec les autres
Prisonniers de distinction , pour qu'il les conduise
et les présente lui - même au G. S.
Comme suivant quelques avis Kouli-Kan
après cette derniere déroute . s'étoit arrêté à
II. Vol. Leilan
DFCEMBRE. 1733. 2899
>
Leilan qui n'est qu'à cinq lieues de Kerkout
et qu'on craint avec raison qu'il ne veuille encore
tenter le sort des Armes , la Porte a dépêché un
Courier à Demir Pacha qui commiande 40
mille hommes aux environs de Tauris , avec ordre
de marcher en diligence avec les Tartares
qui sont passez en Perse , lesquels l'auront joint
vers les lieux où l'Armée de Kouli - Kan sera
campée.
Quoique cette nouvelle Victoire de Topal-
Osman soit encore plus glorieuse pour lui que la
premiere , on n'a cependant point tiré le Canon
ici , comme il est d'usage en pareil cas , parce
qu'on attend, dit - on , l'arrivée du Buyuk Imbrohor,
ou celle de quelque personne qui vienne directement
de la part du Seraskier.
Du 18 Novembre 1733.
P. V. D.
Comme j'allois fermer mon paquet , Monsieur,
on m'est venu dire une nouvelle de la derniere
importance pour cet Empire ; sçavoir , que Topal-
Osman Pacha étant allé attaquer Thamas
Kouli- Kan à Leilan , où je vous ai marqué qu'il
s'étoit arrêté , après sa dérouté du 22 Octobre ,
les Aghuans qui composoient la meilleure partie
de l'Armée Persane, avoient ployé leurs Etendarts
et s'étoient venus rendre à Topal - Osman , que
Kouli-Kan trop affoibli par cette désertion
pour pouvoir resister aux Turcs , avoit pris la
fuite vers la Perse avec environ 10000 hommes
qui lui restoient , que Topal - Osman l'avoit fait
suivre par Menis Pacha à la tête d'un gros
Corps de Troupes , et avoit donné ordre en
même tems aux Curdes de s'emparer d'un defilé
par où il falloit necessairement que les Persans
II. Vol.
Gij
passassent
2000 MERCURE DE FRANCE
>
passassent; que leur General se voyant prêt d'être
assailli par devant et par derriere , sans espérance
de pouvoir échapper , avoit écrit une Lettre
à Topal- Osman , par laquelle il se confessoit
vaincu et lui demandoit la Paix à telles conditions
qu'il voudroit lui imposer , mais que le
Seraskier lui avoit répondu que le regardant
comme un Rebelle , il ne vouloit traiter en aucune
façon avec lui ; enfin que suivant l'extre
mité ou Kouli- Kan étoit réduit au depart des
trois Couriers qui ont apporté cette nouvelle
ce matin , ce General Persan doit avoir été pris
depuis avec le reste de son Armée.
On a tenu ici sur le champ un Conseil general
au Serail , dans lequel il a été résolu d'envoyer
sans délai des pleins pouvoirs à Topal - Osman ,
pour traiter de la Paix avec des Ministres du léitime
Souverain de Perse , que l'on dit être un
jeune Fils de Schah - Thamas , ce dernier étant
à ce que l'on ajoute , et avec ordre de
n'écouter aucune proposition de la part de Thamas
Kouli- Kan,
mort ,
P. V. D.
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Résumé : AUTRE LETTRE de Constantinople du 18 Novembre 1733. Défaite de Thamas Kouli-Kan par Topal-Osman.
En novembre 1733, une lettre de Constantinople annonce la victoire de Topal Osman Pacha, Seraskier, sur Thamas Kouli-Kan. Après sa défaite du 19 juillet, Kouli-Kan s'était retranché à Amadan et menaçait de revenir au printemps avec une armée renforcée. Achmet Pacha, gouverneur de Bagdad, avait renforcé les défenses, tandis que Topal Osman, manquant de munitions, avait envoyé Poulac Pacha sécuriser le défilé de Takaya. Kouli-Kan, soutenu par des Aghuans amenés par son fils, a forcé ce passage et vaincu Poulac Pacha. Informé, Topal Osman a rassemblé des troupes et des Arabes, et préparé sa défense à Kerkout. Le 22 octobre, il a repoussé Kouli-Kan, infligeant de lourdes pertes aux Persans. Après cette victoire, Kouli-Kan s'est retiré à Leilan. Topal Osman a poursuivi les Persans, et les Aghuans ont déserté, permettant à Topal Osman de vaincre définitivement Kouli-Kan, qui a fui vers la Perse avec quelques milliers d'hommes. Parallèlement, Thamas Kouli-Kan avait demandé la paix à Topal Osman, mais ce dernier l'avait rejetée, considérant Kouli-Kan comme un rebelle. Des informations récentes suggèrent que Kouli-Kan et son armée ont probablement été capturés. En réponse, un conseil général a été tenu au Serail, décidant d'envoyer des pleins pouvoirs à Topal Osman pour négocier la paix avec les ministres du légitime souverain de Perse, identifié comme un jeune fils de Schah-Thamas. Les instructions étaient de ne pas écouter les propositions de Thamas Kouli-Kan, désormais décédé.
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1110
p. 2900-2901
POLOGNE.
Début :
Le Roy a fait publier un Decret par lequel S. M. accorde une Amnistie generale aux [...]
Mots clefs :
Moscovites, Général, Pologne, Roi, Décret, Troupes
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texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
E Roy a fait publier un Decret par lequel
5. M. accorde une Amnistie generale aux
Opposants , qui dans un terme prescrit lui rendront
l'hommage qu'ils lui doivent > et se joindront
à ses Troupes pour chasser les Moscovites
et les Saxons de la Pologne ; S. M. ajoute dans
ce Decret , que si après le terme qui est donné
aux Rebelles pour se soumettre,ils persistent dans
leur révolte , ils seront privez de tous les droits
de la Noblesse , et declarez infames , et que leurs
biens seront confisquez et leurs maisons rasées .
II. Vol. Plusieurs
Plusieurs des Opposans qui étoient restez à
Warsovie depuis que le General Lesci est allé
camper à Lowitz , ont profité du pardon qui
leur a été offert.
Les Moscovites souffrent toujours beaucoup
dans ce nouveau Camp qu'ils occupent , parce
que le Castellan de Czersko a ravagé tous les
environs de cette derniere Ville pour ôter aux
Ennemis les moyens de subsister , et qu'il n'a
pas même épargné les terres du Primat et les
siennes . Le Castellan, celui de Lublin et le "Comte
Pocci, Régimentaire de Lithuanie , sont toujours
près de Louwitz , et ils fatiguent par des
combats continuels les Moscovites qui sont
obligez d'être jour et nuit sur leurs gardes pour
se garantir des surprises . Les Castellans de Mariembourg
et de Plocko ne laissent pas plus
tranquilles les Troupes Saxones, qui depuis leur
entrée en Posnanie n'ont fait aucun mouvement
pour pénétrer plus avant dans le Royaume , er
il se passe peu de jour sans qu'on ait quelqu’-
avantage sur leurs détachements.
Le Comte Potocki Régimentaire de la Couronne
s'est retranché sur les bords de la Vistule ,
pour en disputer le passage aux Ennemts s'ils
marchent vers Cracovie. Quelques violences
que le General Lesci commette sur les Terres
des Seigneurs et des Gentilshommes attachez au
parti du Roy , aucun n'a trahi son devoir, et les
menaces de ce General, loin d'ébranler leur fidelité
, semblent augmenter leur empressement à
entrer dans la confédération faite par la Noblesse
des Palatinats de la Prusse Polonoise.
E Roy a fait publier un Decret par lequel
5. M. accorde une Amnistie generale aux
Opposants , qui dans un terme prescrit lui rendront
l'hommage qu'ils lui doivent > et se joindront
à ses Troupes pour chasser les Moscovites
et les Saxons de la Pologne ; S. M. ajoute dans
ce Decret , que si après le terme qui est donné
aux Rebelles pour se soumettre,ils persistent dans
leur révolte , ils seront privez de tous les droits
de la Noblesse , et declarez infames , et que leurs
biens seront confisquez et leurs maisons rasées .
II. Vol. Plusieurs
Plusieurs des Opposans qui étoient restez à
Warsovie depuis que le General Lesci est allé
camper à Lowitz , ont profité du pardon qui
leur a été offert.
Les Moscovites souffrent toujours beaucoup
dans ce nouveau Camp qu'ils occupent , parce
que le Castellan de Czersko a ravagé tous les
environs de cette derniere Ville pour ôter aux
Ennemis les moyens de subsister , et qu'il n'a
pas même épargné les terres du Primat et les
siennes . Le Castellan, celui de Lublin et le "Comte
Pocci, Régimentaire de Lithuanie , sont toujours
près de Louwitz , et ils fatiguent par des
combats continuels les Moscovites qui sont
obligez d'être jour et nuit sur leurs gardes pour
se garantir des surprises . Les Castellans de Mariembourg
et de Plocko ne laissent pas plus
tranquilles les Troupes Saxones, qui depuis leur
entrée en Posnanie n'ont fait aucun mouvement
pour pénétrer plus avant dans le Royaume , er
il se passe peu de jour sans qu'on ait quelqu’-
avantage sur leurs détachements.
Le Comte Potocki Régimentaire de la Couronne
s'est retranché sur les bords de la Vistule ,
pour en disputer le passage aux Ennemts s'ils
marchent vers Cracovie. Quelques violences
que le General Lesci commette sur les Terres
des Seigneurs et des Gentilshommes attachez au
parti du Roy , aucun n'a trahi son devoir, et les
menaces de ce General, loin d'ébranler leur fidelité
, semblent augmenter leur empressement à
entrer dans la confédération faite par la Noblesse
des Palatinats de la Prusse Polonoise.
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Résumé : POLOGNE.
Le roi de Pologne a publié un décret offrant une amnistie générale aux opposants, à condition qu'ils lui prêtent allégeance et rejoignent ses troupes pour expulser les Moscovites et les Saxons. Les réfractaires seront privés de leurs droits nobles, déclarés infâmes et leurs biens confisqués. Plusieurs opposants à Varsovie ont accepté cette amnistie. Les Moscovites, installés dans un nouveau camp, souffrent des destructions causées par le Castellan de Czersko, qui a ravagé les environs pour les priver de ressources. Les Castellans de Czersko, Lublin et le Comte Pocci harcèlent continuellement les Moscovites. Les Castellans de Mariembourg et de Plocko combattent les troupes saxones en Posnanie. Le Comte Potocki défend les rives de la Vistule pour empêcher les ennemis d'atteindre Cracovie. Malgré les violences du Général Lesci, les seigneurs et gentilshommes restent fidèles au roi et s'engagent dans la confédération de la noblesse des Palatinats de la Prusse Polonoise.
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1111
p. 2901-2903
« On apprend en dernier lieu de Dantzick que la plus grande partie de la Noblesse des sept Palatinats [...] »
Début :
On apprend en dernier lieu de Dantzick que la plus grande partie de la Noblesse des sept Palatinats [...]
Mots clefs :
Nation, Roi, Électeur de Saxe, Royaume, Noblesse, Couronne
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texteReconnaissance textuelle : « On apprend en dernier lieu de Dantzick que la plus grande partie de la Noblesse des sept Palatinats [...] »
On apprend en dernier lieu de Dantzick que
la plus grande partie de la Noblesse des sept l'a-
II. Vol. G iij latinats
670.
latinats qui composent la grande Pologne , et
quelques autres Palatinats , sont entrez dans la
Confédération faite par ceux de la Prusse Polonoise.
La Cour du Roy augmente tous les jours,et il
y est arrivé depuis peu plusieursSeigneurs , du nomdesquels
sont les quatre Princes Sapieha , le
Comte Sapieha , qui a quitré la Moscovie où il
avoit été élevé par le Czar Pierre I. à la Digniré
de Feldt - Maréchal, les Princes Jean et Michel-
Czartorinski , les Palatins de Pomerelie , de Livonie,
et de Cujavie, les Castellans de Lubowski,
de Wilda , de Liominski , de Roznaczowiscxi ,
de Lubelski , et de Rokoczinzki , les Starostes
de Wisck , de Craczinski , de Sthum , de Schatowski
, de Buck , et de Ruzzeria.
On a publié un Decret par lequel le Roy
deffend à tous Gentilshommes de se trouver aux
prétendues Diettes particulieres convoquées par
M. Poninski au nom de l'Electeur de Saxe. S , M.
dit dans ce Decret qu'Elle n'est point venuë dans
le Royaume pour disputer la Couronne , mais
pour maintenir la liberté de la Nation , après
avoir fait un Parallele de la maniere dont on a
procedé à son Election , et de la violence avec
laquelle s'est faite la proclamation de l'Electeur
de Saxe , et après avoir comparé les Droits que
l'unanimité des suffrages de la Nation lui dondent
à la Couronne , avec ceux de cet Electeur,
qui n'étant appellé dans le Royaume que par un
petit nombre de rebelles , veut le conquerir par
la force des Armes , le Roy ajoute qu'il compte
que le zele de la Noblesse Polonoise pour la li
berté et pour l'honneur de la Nation , ne lui
permettra point d'obéir aux ordres d'un Prince
qui n'a point droit de lui en donner . S. M.
II. Vol. .finit
DECEMBRE. 1733. 2903.
finit en exhortant la Nation à ne point se laisser,
intimider par la grande puissance des Ennemis
et en lui promettant des secours qui surprendront
ceux qui avoient formé le projet d'assujettir
le Royaume.
la plus grande partie de la Noblesse des sept l'a-
II. Vol. G iij latinats
670.
latinats qui composent la grande Pologne , et
quelques autres Palatinats , sont entrez dans la
Confédération faite par ceux de la Prusse Polonoise.
La Cour du Roy augmente tous les jours,et il
y est arrivé depuis peu plusieursSeigneurs , du nomdesquels
sont les quatre Princes Sapieha , le
Comte Sapieha , qui a quitré la Moscovie où il
avoit été élevé par le Czar Pierre I. à la Digniré
de Feldt - Maréchal, les Princes Jean et Michel-
Czartorinski , les Palatins de Pomerelie , de Livonie,
et de Cujavie, les Castellans de Lubowski,
de Wilda , de Liominski , de Roznaczowiscxi ,
de Lubelski , et de Rokoczinzki , les Starostes
de Wisck , de Craczinski , de Sthum , de Schatowski
, de Buck , et de Ruzzeria.
On a publié un Decret par lequel le Roy
deffend à tous Gentilshommes de se trouver aux
prétendues Diettes particulieres convoquées par
M. Poninski au nom de l'Electeur de Saxe. S , M.
dit dans ce Decret qu'Elle n'est point venuë dans
le Royaume pour disputer la Couronne , mais
pour maintenir la liberté de la Nation , après
avoir fait un Parallele de la maniere dont on a
procedé à son Election , et de la violence avec
laquelle s'est faite la proclamation de l'Electeur
de Saxe , et après avoir comparé les Droits que
l'unanimité des suffrages de la Nation lui dondent
à la Couronne , avec ceux de cet Electeur,
qui n'étant appellé dans le Royaume que par un
petit nombre de rebelles , veut le conquerir par
la force des Armes , le Roy ajoute qu'il compte
que le zele de la Noblesse Polonoise pour la li
berté et pour l'honneur de la Nation , ne lui
permettra point d'obéir aux ordres d'un Prince
qui n'a point droit de lui en donner . S. M.
II. Vol. .finit
DECEMBRE. 1733. 2903.
finit en exhortant la Nation à ne point se laisser,
intimider par la grande puissance des Ennemis
et en lui promettant des secours qui surprendront
ceux qui avoient formé le projet d'assujettir
le Royaume.
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Résumé : « On apprend en dernier lieu de Dantzick que la plus grande partie de la Noblesse des sept Palatinats [...] »
En décembre 1733, des nouvelles de Dantzick signalent que la majorité de la noblesse des sept voïvodies de la Grande-Pologne et d'autres palatinats ont rejoint la confédération formée par la Prusse polonaise. La cour du roi s'est agrandie avec l'arrivée de plusieurs seigneurs, dont les princes Sapieha, les comtes Sapieha, les princes Czartorinski, ainsi que divers palatins et castellans de différentes régions. Un décret royal interdit aux gentilshommes de participer aux diètes particulières convoquées par Poninski au nom de l'Électeur de Saxe. Le roi affirme qu'il n'est pas venu pour disputer la couronne, mais pour maintenir la liberté de la nation. Il compare son élection, marquée par l'unanimité des suffrages, à la proclamation violente de l'Électeur de Saxe, soutenu par un petit nombre de rebelles. Le roi exhorte la noblesse à ne pas se laisser intimider par les ennemis et promet des secours pour surprendre ceux qui cherchent à assujettir le royaume.
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1112
p. 2903-2904
ALLEMAGNE.
Début :
On apprend de Vienne que le 15. de ce mois le Comte de Preising et le baron de Morman, [...]
Mots clefs :
Empereur, Troupes, Vienne, Électeur de Bavière, Comte de Preysing, Baron de Morman
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAG N E.
N apprend de Vienne que le 15. de ce mois
e Comte de Preising et le Baron de Morman
, Ministres Plenipotentiaires de l'Electeur
de Baviere , reçuient de l'Empereur , au nom du
Prince leur Maître , l'investiture de l'Electorat
de Baviere et des autres Fiefs de l'Empire qu'il
possede.
Le 24. Decembre , il arriva à Vienne un Courier
dépêché par le Ministre de l'Empereur à
Constantinople , pour informer S. M. I. que
dans la derniere Audience qu'il avoit euë du
Grand Seigneur , S. H. lui avoit déclaré que
ses Troupes venoient de remporter une victoire,
complette sur les Persans , et que Thamas-Kouli-
Kan étoit actuellement renfermé avec les debris
de son Armée entre deux Montagnes , d'où il ne
pouvoit sortir qu'en se soumettant aux conditions
qu'il plairoit au Vainqueur de lui imposer.
L'Empereur a appris par le mêne Courier , que
le G. S. demandoit d'être instruit des Articles
du Traité conclu entre S. M. I. et la Czarine ,
laquelle lui avoit donné divers sujets de mécontentement
, sur tout en faisant entrer les Troupes
Moscovites dans la Pologne , au préjudice
du Traité de Pruth.
L'Electeur de Saxe , accompagné du Comte de
Sulkowski , son Grand Ecuyer , de M. Brulh ,
Minstre d'Etat , du Comte Flemming et de quelques
autres Seigneurs , partit de Dresde le 9 .
de
II. Vol.
Giiij ce
2904 MERCURE DE FRANCE
ee mois pour aller se mettre à la tête des Troupes
Saxonnes qui sont en Posnanie , prenant sa
route par la Bohéme.
N apprend de Vienne que le 15. de ce mois
e Comte de Preising et le Baron de Morman
, Ministres Plenipotentiaires de l'Electeur
de Baviere , reçuient de l'Empereur , au nom du
Prince leur Maître , l'investiture de l'Electorat
de Baviere et des autres Fiefs de l'Empire qu'il
possede.
Le 24. Decembre , il arriva à Vienne un Courier
dépêché par le Ministre de l'Empereur à
Constantinople , pour informer S. M. I. que
dans la derniere Audience qu'il avoit euë du
Grand Seigneur , S. H. lui avoit déclaré que
ses Troupes venoient de remporter une victoire,
complette sur les Persans , et que Thamas-Kouli-
Kan étoit actuellement renfermé avec les debris
de son Armée entre deux Montagnes , d'où il ne
pouvoit sortir qu'en se soumettant aux conditions
qu'il plairoit au Vainqueur de lui imposer.
L'Empereur a appris par le mêne Courier , que
le G. S. demandoit d'être instruit des Articles
du Traité conclu entre S. M. I. et la Czarine ,
laquelle lui avoit donné divers sujets de mécontentement
, sur tout en faisant entrer les Troupes
Moscovites dans la Pologne , au préjudice
du Traité de Pruth.
L'Electeur de Saxe , accompagné du Comte de
Sulkowski , son Grand Ecuyer , de M. Brulh ,
Minstre d'Etat , du Comte Flemming et de quelques
autres Seigneurs , partit de Dresde le 9 .
de
II. Vol.
Giiij ce
2904 MERCURE DE FRANCE
ee mois pour aller se mettre à la tête des Troupes
Saxonnes qui sont en Posnanie , prenant sa
route par la Bohéme.
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le texte décrit deux événements diplomatiques et militaires. Le 15 du mois, le Comte de Preising et le Baron de Morman, représentants de l'Électeur de Bavière, ont reçu de l'Empereur l'investiture de l'Électorat de Bavière et des autres fiefs impériaux. Le 24 décembre, un courrier de Constantinople a informé l'Empereur que les troupes ottomanes avaient remporté une victoire complète sur les Persans, contraignant Thamas-Kouli-Kan à se soumettre. Le Grand Seigneur a également demandé des détails sur le traité entre l'Empereur et la Czarine, se plaignant de l'entrée des troupes moscovites en Pologne. Par ailleurs, l'Électeur de Saxe, accompagné de plusieurs dignitaires, a quitté Dresde le 9 du mois pour rejoindre ses troupes en Posnanie, passant par la Bohême.
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1113
p. 2904
ITALIE.
Début :
Le 10. Decembre, la Congrégation établie pour examiner les moyens de remedier aux [...]
Mots clefs :
Corse, Rebelles, Attaquer, Détachement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
E 10. Decembre , la Congrégation établie
pour examiner les moyens de remedier aux
inconveniens des Asiles , et celle des Immunitez ,
s'assemblerent , et les Cardinaux qui composent
Pune et l'autre , résolurent , à la pluralité de
enze voix contre cinq , que les Sujets de l'Etat
Ecclesiastique qui ne sont pas de cette Ville et
qui auront commis quelque meurtre , pourroient
être pris par les Officiers de Justice , même dans
les Eglises où ils se seront retirez.
Les Rebelles de Corse recommencent leurs Actes
J'hostilité , et l'on a appris depuis peu à Genes ,
que soo. d'entr'eux avoient attaqué un Détachement
de so. Soldats qui alloient de Corse à
Rostino , et qu'après quelque résistance ils furent
obligez de ceder au nombre et du prendre la
fuite. Ces Lettres ajoûtent que les Rebelles avoient
attaqué un Convent où il y avoit un Détachement
de cent hommes,qu'ils avoient forcez de se
rendre et qu'ils avoient faits prisonniers de guerre
, contre ce qui avoit été convenu par les Artieles
de la Capitulation ; qu'après cette Expedition
ils avoient marché à Corse pour s'en
rendre maîtres , mais que la Garnison de ce
Château avoit fait une sortie sur eux , les avoit .
mis en fuite et leur avoit enlevé leurs bagages et
soutes leurs munitions.
E 10. Decembre , la Congrégation établie
pour examiner les moyens de remedier aux
inconveniens des Asiles , et celle des Immunitez ,
s'assemblerent , et les Cardinaux qui composent
Pune et l'autre , résolurent , à la pluralité de
enze voix contre cinq , que les Sujets de l'Etat
Ecclesiastique qui ne sont pas de cette Ville et
qui auront commis quelque meurtre , pourroient
être pris par les Officiers de Justice , même dans
les Eglises où ils se seront retirez.
Les Rebelles de Corse recommencent leurs Actes
J'hostilité , et l'on a appris depuis peu à Genes ,
que soo. d'entr'eux avoient attaqué un Détachement
de so. Soldats qui alloient de Corse à
Rostino , et qu'après quelque résistance ils furent
obligez de ceder au nombre et du prendre la
fuite. Ces Lettres ajoûtent que les Rebelles avoient
attaqué un Convent où il y avoit un Détachement
de cent hommes,qu'ils avoient forcez de se
rendre et qu'ils avoient faits prisonniers de guerre
, contre ce qui avoit été convenu par les Artieles
de la Capitulation ; qu'après cette Expedition
ils avoient marché à Corse pour s'en
rendre maîtres , mais que la Garnison de ce
Château avoit fait une sortie sur eux , les avoit .
mis en fuite et leur avoit enlevé leurs bagages et
soutes leurs munitions.
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Résumé : ITALIE.
Le 10 décembre, deux congrégations du Vatican se réunirent pour discuter des inconvénients des asiles et des immunités. Les cardinaux votèrent à onze voix contre cinq pour permettre l'arrestation des sujets de l'État ecclésiastique résidant hors de Rome et ayant commis un meurtre, même dans les églises. En Corse, les rebelles reprirent leurs actions hostiles. À Gênes, des rebelles attaquèrent un détachement de soldats en route vers Rostino, mais furent repoussés. Ils capturèrent ensuite un couvent abritant cent hommes, les prenant comme prisonniers de guerre, contrairement à la capitulation. Après cette attaque, les rebelles se dirigèrent vers la Corse, mais la garnison du château les repoussa, s'emparant de leurs bagages et munitions.
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1114
p. 2905-2913
NOTICIA al Embaxador del REY CATHOLICO en la Corte Britanica, de las razones que han obligado a su MAGESTAD Catholica à hacer la guerra al EMPERADOR.
Début :
Jamàs el Rey Catholico ha podido mirar con ojos imparciales, ò con tranquila indiferencia, [...]
Mots clefs :
Rey Católico, Emperador, Señor infante, Majestad, Corte de Viena, Rey británico
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOTICIA al Embaxador del REY CATHOLICO en la Corte Britanica, de las razones que han obligado a su MAGESTAD Catholica à hacer la guerra al EMPERADOR.
NOTICIA al Embaxador del REY
CATHOLICO en la Corte Britanica ,
de las razones que han obligado a su
MAGESTAD Catholica à hacer la
guerra al EMPERADOR.
J
:
Amás el Rey Catholico ha podido mirar con
ojos imparciales , ò con tranquila indiferen-
Cia , la extravagante sèrie de ultrages , y violen-'
tos procederes del Emperador , y Corte de Viena,
para ceñir con su oposicion la autorizada libertad
de la Republica de Polonia , dissimulado
el visible intento de quitarla , con el aparente
disfraz de mantenerla todo à fin de que no se
exalte en su Solio Soberano un Principe , en
quien resplandece tan intimo respetable enlace
con la Augusta Casa de Borbòn , de que es el
Rey Catholico parte tan principal ; ò hacer ,
que elegido , ò elevado , se precipite del Trono,
El silencio de su Magestad Catholica en los
emergentes de este caso , y desde la notoria denigrativa
exclusion de el Rey Stanislao , no explicaba
menos su justo sentimiento , que las publicas
declaraciones del Rey Christianissimo su
sobrino ; ni menos agitaban su Real animo los
agravios de la no sufrible ambicion de la Corte
II. Vol. GY d<
2906 MERCURE DE FRANCE
de Viena , que los generosos estimulos de su
pondonor. Creia , no obstante , su Mag. Catholica
, que no dexaria el Emperador de reflexionar
los riesgos de su escandalosa empressa , y
la imaginaria presumpcion de su superioridad ,
para desistir del contingente monstruoso intento
de chocar ciegamente en el escollo de la delicada
tolerancia de semejantes Potencias , siendo
en entrambas comunes los agravios , y unos
mismos los impulos.
Por tanto su Mag. Catholica , todavia impelido
del deseo de la paz , y siempre influido del zelo
de la universal quietud , prosiguió en solicitar
los efectos de la mediacion , y garantia del Rey
Britanico , para la amigable satisfacion de los
insultos , daños , è infracciones executadas inde
bidamente en los Estados , y persona del Señor
Infante de España Don Carlos su hijo . Pero no
conociendo yà limites la ambicion del Emperador,
y Corte de Viena , animada de un insaciable
furor de soberania , en que le constituyò la lisonja
comun de Europa , en la adquisicion de bastos
dominios ; esforzò , en fin , medios extraordinarios
, con el dificil intento de sacrificar à su
antojo , en la persona del Rey Stanislao , la soberania
de los dos altos Monarcas ,y desatender al
mismo tiempo , con desprecio , las cuerdas proposiciones
del Rey Britanico , para eludir en la
Religiosa resignacion del Rey Catholico , las
profiquas resultas de una dilatada negociacion ,
par la un amigable convenio.
Estas no esperadas resoluciones del Emperador
, influidas de una prepotente animosidad , y
dirigidas , sin rebozo , à violár los derechos de
succession de Principes legitimos , se infieren ,
sin violencia , de los notorios despoticos proce
11. Vol. dimientos
DECEMBRE. 1733. 2907
dimientos contra la libre eleccion del Rey Stanislao.
Y aunque no son menos sabidos los que
maliciosamente se han fraguado contra la suceession
del Señor Infante Don Carlos , non parce
que deba presentemente callarios la incon
trastable justificacion del Rey Catholico.
Apenas muerto el Duque Antonio de Parma
ocupó sus Estados con la fuerza de sus Armas,
desatendiendo , u olvidando el titulo honeroso
con que se avia obligado à sobrogar la inmediata
legitima possession del Señor Infante Don
Carlos , por solemnes , repetidos , y ratificados
Tratados ; valiendose , para cohonestar la usurpacion
, del vergonzoso pretexto de un fingido
preñado de la Duquesa Henriqueta viuda , en
cuya contestacion creyò , sacrificando su decoro,
adquirir escandalosamente con el Emperador un
merito ; y éste , conseguir su injusto intento con
autorizar esta fabulosa Scena en el Teatro del
Mundo , todo con publicos Rescriptos , Juntas
de Govierno , y disposiciones à nombre del solo
imaginado venturo concepto.
Sin duda se persuadiò desde luego la Corte de
Viena de poder con este detestable artificio im
possibilitar la succession del Infante ; pero en el
discurso del tiempo previò dificil la duracion del
engaño , y creyò hacerse un gran merito con
confessarlo , facilitando en esta forma la execucion
de las estipuladas condiciones , à favor de
la succession del Señor Infante , con el Rey de
Inglaterra , que quiso interessar su fee , y autoridad
en la justicia del Señor Infante.
los
Fueron verdaderamente en este intermedio ,
poderosas en el animo del Rey Catholico las
atentas insinuaciones , los eficaces oficios , y
generosos ofrecimientos de su Mag. Britanica
II. Vel
G vi para
1958, MERCURE DE FRANCE
para que su Mag. Catholica concurriesse en la
satisfaccion , que amigablemente le procuraba ,
para la debida pacifica possession del señor Infante
Don Carlos en los Estados de Parma,y seguridad
de las futuras de Toscana.
No obstante no se escondian à la elevada
penetration del Rey Catholico , los evidentes
riesgos de su condescendentia , la experimendata
mala fee de muchos años , la violacion de muchos
Tratados , y el conocimiento de los ambiciosos
fines de la Corte de Viena, que han dado
siempre aliento à la prudente desconfianza, y
al fundado rezelo de que la forzada conniven
cia del Emperador , à la autoridad del Rey Britanico
, pudiesse llegar à tal punto , que experimentasse
limites su prepotencia , y tuviessen frepo
los arrojos mal consentidos de una altivéz
desordenada.
Con el designio de su desengaño quiso su Magestad
Catholica acordarle el riesgo ; y en 6 de
Junio de 173 1. convino con su Magestad Britanica
, que para no encender en una sensible perqurbacion
la publica tranquilidad , admitiria la
amigable , ofrecida , y acordada possession del
señor Infante Don Carlos , y la pacifica introducion
de los seis mil Españoles , con la expressa
condicion de que .... » Ni por parte del Serenissimo
Infante , ni por la de su Magestad
Catholica , fuesse necessario disputar , debatir
, ò allanas dificultad alguna , qualquiera
fuesse que pudiesse ofrecerse debaxo de
qualquier pretexto , que ser pudiesse.
Consintió el Emperador à la execucion de
este convenio , con la ratificacion de su observancia
, que estipulò tambien con el Ministro
de su Magestad Catholica, cuyo Real animo de-
11. Vol. biè
92 que
90
DECEMBRE. 1733 2909
biò esperar prompta , por tan afianzadas segu
ridades , la debida entrega de los Estados de Parma
, y Placencia al señor Infante , y pacifica la
entrada , y_permanencia en Toscana de dicho
Cuerpo de Tropas. Sin embargo , contra toda expectacion,
y solemnidad de contratos , viò la Europa
ultrajado el respeto del Señor Infante , y
desatendida del Emperador la Magestad Catholica
, mediante una nueva impensada repulsa al
Acto acordado de la possession ; prétendiendo ,
que precediesse una jamàs discurrida declaracion
del Ministro de su Mag. residente en Parma , sobre
otras distintas indecorosas condiciones , nunca
articuladas , ni propuestas , y solo dirigidas
à su arbitrio , con un Ministro no autorizado ,
apartando fraudulentamente la communicacion ,
è inteligencia de estos subrepticios procederes, de
los Ministros de su Mag. Catholica , y su Mag.
Britanica , que se hallaban residentes en Viena ,
y avian , en nombre de sus Soberanos , solemnizado
la observancia de lo poco antes diversa-
, mente estipulado. Fundado sobre tan erroneos
instrumentos , immediamente pretendiò , y amenazo
expeler con treinta Batallones , y dos mil
cavallos , los apenas introducidos seis mil Espažolės
.
"
Manifestò su Mag. Catholica al Emperador
el sentimiento que le debia causar tan inaudito
trato , y sonò en toda Europa su justa quexa ; y
no pudiendo obtener respuesta alguna las mas
atentas , y activas instancias , solo pudo conseguir
de un emphatico desprecio , una dissimulada
desistencia .
No satisfecha , al parecer , la Corte de Viena
con tanto provocar el sufrimiento , ordenò se
executassen quantos insultos pudiessen cometerse
II. Vol.
con1910
MERCURE DE FRANCE
contra los limites , y jurisdicion del Señor In
fanre Don Carlos , usurpando terrenos , sitios, y
dominio sobre subditos de tan gran Principe
prohibiendo el reconocimiento de Feudatarios
su soberania , la entrega de los Feudos del Reyno
de Napoles , è incorporando con absoluta
potestad otros à su supremo Dominio , contra
las expressas Clausulas de las Investiduras , y
Tratados. Ese arrebatamiento de voluntarias
violencias , llegò al extremo de expedir dos Rescriptos
injuriosos , condenando en el uno , como
delinquente , al Gran Duque de Toscana , por
aver recibido en su nombre el Señor Infante el
omenage de los Pueblos de aquellos Estados , en
un voluntario reconocimiento de Successor legitimo
; y en el otro al Señor Infante , por suponer
averse indebidamente abrogado el Titulo de
Gran Principe , admitido antecedentemente , sin
controversia , por el Ministerio de Viena , en
Actos publicos , en impression de monedas , y en
la aclamacion de los Pueblos , olvidanto , que
esta practica se reconoce autorizada en todos
tiempos , y aun en el actual , por otros Principes
del Imperio , con el unico identico fundamento
de las investiduras eventuales .
Viendo , en fin , la Corte de Viena descubiertos
los engañosos artes con que intentaba disfrazar
sus maximas , è idèas particulares , recurriè
al de acriminar las referidas inocentes acciones ,
abultandolas , y calificandolas de inexplicables
perjuicios à la feudalidad del Imperio , al passo
que no ay acto de sumission , que aya dexado de
observarse , con la mayor exactitud , para la admission
de Tutores , de emancipada patria potestad
, de reconocimiento de menor edad , y
consiguientemente quanto conduce à los mas
II. Vel. for.
DECEMBRE. 1733. 2971
formales , y puros procederes , aunque todo es
to no pidiesse la observancia de los Tratados , è
Investiduras eventuales.
Enmedio de estos sensibles excessos , ha querido
su Mag. Catholica , que à la vista del mun
do todo , compitiesse su prudente tolerancia
con la inconstante violencia del Emperador , y
antes valerse de la justicia , que del valor . Confiò
à la autorizada interposicion del Rey Eritanico
sus justas quexas contra los incessantes disturbios,
y desprecios , que interrumpian la tranquilidad
de las possessiones del Señor Infante, y
lastimaban el decoro de su Magestad. Adopto
su Mag. Britanica la justicia del Rey Catholico,
y empleò sus oficios con la Corte de Viena ,
tratandose en repetidas conferencias de los medios
mas oportunos para una decorosa amigable
composicion. Pero las continuas di aciones llas
respuestas ambiguas , las inadmissibles proposiciones
, los terminos imperiosos , y lesivos con
que se formaban los proyectos en Viena , las
pretestadas distancias , y la methodica lentitud
de aquel ministerio , han arrastrado la mas solicita
aplicacion à que tan solamente se huviesse
podido por los Ministros Britanicos formar un
Proyecto en 21 de Julio de 1733. que aprobado
por el Embaxador de su Magestad Catholi
ca , recusò el admitirlo el de el Emperador sin
nuevas ordenes de su Soberano. Condescendiò el
Ministro de su Magestad con repetidas protestas
de no querer incurrir en nuevas capciosas
dilaciones , que hiciessen maliciosamente perder
Ja oportunidad de la Campaña. En esta inteli
gencia se despachò à ambas Cortes el proyectado
ajuste ; y al passo que por su Magestad
Catholica fuc promptamente buelto con su Real
II. Vol.
apro2912
MERCURE DE FRANCE
aprobacion , se difiriò por largo espacio la respuesta
de Viena , atribuyendose à la contrariedad
de los vientos , ò à la seria especulacion de
los Ministros de Viena , la dilacion , que à todos
visos maliciosamente se procuraba
Finalmente , quando se esperaba una condescendencia
tan deseada , y solicitada por el Rey
Britanico de la Corte de Viena , y declarada yà
la de su Mag. Catholica al Proyecto propuesto
por su Mag. Britanica , llega con Extraordinario
un Contra - Proyecto , ò Declaracion , igualmente
ilusorio , è injurioso à quantos antes avia
expedido la altivèz de aquella Corte ; de forma ,
( que sorprehendido , è irritado de un tan extravagante
injurioso proceder el Ministro del Rey
Catholico , se viò precisado à declarar , quebrantada
enteramente toda negociacion. Conociò el
Rey Britanico quan fundada era la quexa de este
Ministro , y qual debia ser el justo enojo de su
Mag. Catholica . Y no obstante estàr yà fatigada
la eficacia de los oficios del Rey Britanico à
la Corte de Viena , quiso la zelosa solicitud de
sus Ministros esforzar un nuevo consentimiento
del Rey Catholico para una dilacion de treinta
dias mas. Pero la prudente reflexion de todo lo
ocurrido , hizo prevèr à su Mag. Catholica las
perjudiciales consequencias de su condescendencia
, y los indecorosos efectos de su ulterior tolerancia
à la vista de tan acumulados desprecios,
hechos al mismo tiempo à Principes de la Casa
de Borbón , y conocer indispensable la correspondiente
resolucion de inmediatamente juntar
sus Tropas con las del Rey Christianissimo ,
para hacer la guerra al Emperador , y en esta
forma vindicar los comunes agravios , y restablecer
el respeto de dos Monarquias , que la in-
II. Vol. tole .
DECEMBK E. 1733. 2913
tolerable ambicion del Emperador ha lastimado
con tanto excesso .
No cree su Mag. Catholica , que despues de
tan estudiadas entretenidas , de tan vissibles engañosos
insultos de la Corte de Viene y de
tan repetidas Condescendencias de la de España ,
pueda dexar de aprobar el Rey Britanico su determinacion
, al passo que comprehenderà ofendida
su mediacion , y menospreciada la sobera
nia de Principes , que no reconocen superioridad
, antes bien se persuade , que quedarà agradecido
del reconocimiento de su Mag. Catholi
ca à su loable intencion ; y que procuratà fomentar
mas que nunca una inalterable buena correspondencia
, para que prosigan à experimentar
las dos Naciones las mas beneficiosas resultas de
un continuado fiel Comercio, y logren la satisfaccion
, que afianza la apreciable amistad de los
dos Monarcos.
CATHOLICO en la Corte Britanica ,
de las razones que han obligado a su
MAGESTAD Catholica à hacer la
guerra al EMPERADOR.
J
:
Amás el Rey Catholico ha podido mirar con
ojos imparciales , ò con tranquila indiferen-
Cia , la extravagante sèrie de ultrages , y violen-'
tos procederes del Emperador , y Corte de Viena,
para ceñir con su oposicion la autorizada libertad
de la Republica de Polonia , dissimulado
el visible intento de quitarla , con el aparente
disfraz de mantenerla todo à fin de que no se
exalte en su Solio Soberano un Principe , en
quien resplandece tan intimo respetable enlace
con la Augusta Casa de Borbòn , de que es el
Rey Catholico parte tan principal ; ò hacer ,
que elegido , ò elevado , se precipite del Trono,
El silencio de su Magestad Catholica en los
emergentes de este caso , y desde la notoria denigrativa
exclusion de el Rey Stanislao , no explicaba
menos su justo sentimiento , que las publicas
declaraciones del Rey Christianissimo su
sobrino ; ni menos agitaban su Real animo los
agravios de la no sufrible ambicion de la Corte
II. Vol. GY d<
2906 MERCURE DE FRANCE
de Viena , que los generosos estimulos de su
pondonor. Creia , no obstante , su Mag. Catholica
, que no dexaria el Emperador de reflexionar
los riesgos de su escandalosa empressa , y
la imaginaria presumpcion de su superioridad ,
para desistir del contingente monstruoso intento
de chocar ciegamente en el escollo de la delicada
tolerancia de semejantes Potencias , siendo
en entrambas comunes los agravios , y unos
mismos los impulos.
Por tanto su Mag. Catholica , todavia impelido
del deseo de la paz , y siempre influido del zelo
de la universal quietud , prosiguió en solicitar
los efectos de la mediacion , y garantia del Rey
Britanico , para la amigable satisfacion de los
insultos , daños , è infracciones executadas inde
bidamente en los Estados , y persona del Señor
Infante de España Don Carlos su hijo . Pero no
conociendo yà limites la ambicion del Emperador,
y Corte de Viena , animada de un insaciable
furor de soberania , en que le constituyò la lisonja
comun de Europa , en la adquisicion de bastos
dominios ; esforzò , en fin , medios extraordinarios
, con el dificil intento de sacrificar à su
antojo , en la persona del Rey Stanislao , la soberania
de los dos altos Monarcas ,y desatender al
mismo tiempo , con desprecio , las cuerdas proposiciones
del Rey Britanico , para eludir en la
Religiosa resignacion del Rey Catholico , las
profiquas resultas de una dilatada negociacion ,
par la un amigable convenio.
Estas no esperadas resoluciones del Emperador
, influidas de una prepotente animosidad , y
dirigidas , sin rebozo , à violár los derechos de
succession de Principes legitimos , se infieren ,
sin violencia , de los notorios despoticos proce
11. Vol. dimientos
DECEMBRE. 1733. 2907
dimientos contra la libre eleccion del Rey Stanislao.
Y aunque no son menos sabidos los que
maliciosamente se han fraguado contra la suceession
del Señor Infante Don Carlos , non parce
que deba presentemente callarios la incon
trastable justificacion del Rey Catholico.
Apenas muerto el Duque Antonio de Parma
ocupó sus Estados con la fuerza de sus Armas,
desatendiendo , u olvidando el titulo honeroso
con que se avia obligado à sobrogar la inmediata
legitima possession del Señor Infante Don
Carlos , por solemnes , repetidos , y ratificados
Tratados ; valiendose , para cohonestar la usurpacion
, del vergonzoso pretexto de un fingido
preñado de la Duquesa Henriqueta viuda , en
cuya contestacion creyò , sacrificando su decoro,
adquirir escandalosamente con el Emperador un
merito ; y éste , conseguir su injusto intento con
autorizar esta fabulosa Scena en el Teatro del
Mundo , todo con publicos Rescriptos , Juntas
de Govierno , y disposiciones à nombre del solo
imaginado venturo concepto.
Sin duda se persuadiò desde luego la Corte de
Viena de poder con este detestable artificio im
possibilitar la succession del Infante ; pero en el
discurso del tiempo previò dificil la duracion del
engaño , y creyò hacerse un gran merito con
confessarlo , facilitando en esta forma la execucion
de las estipuladas condiciones , à favor de
la succession del Señor Infante , con el Rey de
Inglaterra , que quiso interessar su fee , y autoridad
en la justicia del Señor Infante.
los
Fueron verdaderamente en este intermedio ,
poderosas en el animo del Rey Catholico las
atentas insinuaciones , los eficaces oficios , y
generosos ofrecimientos de su Mag. Britanica
II. Vel
G vi para
1958, MERCURE DE FRANCE
para que su Mag. Catholica concurriesse en la
satisfaccion , que amigablemente le procuraba ,
para la debida pacifica possession del señor Infante
Don Carlos en los Estados de Parma,y seguridad
de las futuras de Toscana.
No obstante no se escondian à la elevada
penetration del Rey Catholico , los evidentes
riesgos de su condescendentia , la experimendata
mala fee de muchos años , la violacion de muchos
Tratados , y el conocimiento de los ambiciosos
fines de la Corte de Viena, que han dado
siempre aliento à la prudente desconfianza, y
al fundado rezelo de que la forzada conniven
cia del Emperador , à la autoridad del Rey Britanico
, pudiesse llegar à tal punto , que experimentasse
limites su prepotencia , y tuviessen frepo
los arrojos mal consentidos de una altivéz
desordenada.
Con el designio de su desengaño quiso su Magestad
Catholica acordarle el riesgo ; y en 6 de
Junio de 173 1. convino con su Magestad Britanica
, que para no encender en una sensible perqurbacion
la publica tranquilidad , admitiria la
amigable , ofrecida , y acordada possession del
señor Infante Don Carlos , y la pacifica introducion
de los seis mil Españoles , con la expressa
condicion de que .... » Ni por parte del Serenissimo
Infante , ni por la de su Magestad
Catholica , fuesse necessario disputar , debatir
, ò allanas dificultad alguna , qualquiera
fuesse que pudiesse ofrecerse debaxo de
qualquier pretexto , que ser pudiesse.
Consintió el Emperador à la execucion de
este convenio , con la ratificacion de su observancia
, que estipulò tambien con el Ministro
de su Magestad Catholica, cuyo Real animo de-
11. Vol. biè
92 que
90
DECEMBRE. 1733 2909
biò esperar prompta , por tan afianzadas segu
ridades , la debida entrega de los Estados de Parma
, y Placencia al señor Infante , y pacifica la
entrada , y_permanencia en Toscana de dicho
Cuerpo de Tropas. Sin embargo , contra toda expectacion,
y solemnidad de contratos , viò la Europa
ultrajado el respeto del Señor Infante , y
desatendida del Emperador la Magestad Catholica
, mediante una nueva impensada repulsa al
Acto acordado de la possession ; prétendiendo ,
que precediesse una jamàs discurrida declaracion
del Ministro de su Mag. residente en Parma , sobre
otras distintas indecorosas condiciones , nunca
articuladas , ni propuestas , y solo dirigidas
à su arbitrio , con un Ministro no autorizado ,
apartando fraudulentamente la communicacion ,
è inteligencia de estos subrepticios procederes, de
los Ministros de su Mag. Catholica , y su Mag.
Britanica , que se hallaban residentes en Viena ,
y avian , en nombre de sus Soberanos , solemnizado
la observancia de lo poco antes diversa-
, mente estipulado. Fundado sobre tan erroneos
instrumentos , immediamente pretendiò , y amenazo
expeler con treinta Batallones , y dos mil
cavallos , los apenas introducidos seis mil Espažolės
.
"
Manifestò su Mag. Catholica al Emperador
el sentimiento que le debia causar tan inaudito
trato , y sonò en toda Europa su justa quexa ; y
no pudiendo obtener respuesta alguna las mas
atentas , y activas instancias , solo pudo conseguir
de un emphatico desprecio , una dissimulada
desistencia .
No satisfecha , al parecer , la Corte de Viena
con tanto provocar el sufrimiento , ordenò se
executassen quantos insultos pudiessen cometerse
II. Vol.
con1910
MERCURE DE FRANCE
contra los limites , y jurisdicion del Señor In
fanre Don Carlos , usurpando terrenos , sitios, y
dominio sobre subditos de tan gran Principe
prohibiendo el reconocimiento de Feudatarios
su soberania , la entrega de los Feudos del Reyno
de Napoles , è incorporando con absoluta
potestad otros à su supremo Dominio , contra
las expressas Clausulas de las Investiduras , y
Tratados. Ese arrebatamiento de voluntarias
violencias , llegò al extremo de expedir dos Rescriptos
injuriosos , condenando en el uno , como
delinquente , al Gran Duque de Toscana , por
aver recibido en su nombre el Señor Infante el
omenage de los Pueblos de aquellos Estados , en
un voluntario reconocimiento de Successor legitimo
; y en el otro al Señor Infante , por suponer
averse indebidamente abrogado el Titulo de
Gran Principe , admitido antecedentemente , sin
controversia , por el Ministerio de Viena , en
Actos publicos , en impression de monedas , y en
la aclamacion de los Pueblos , olvidanto , que
esta practica se reconoce autorizada en todos
tiempos , y aun en el actual , por otros Principes
del Imperio , con el unico identico fundamento
de las investiduras eventuales .
Viendo , en fin , la Corte de Viena descubiertos
los engañosos artes con que intentaba disfrazar
sus maximas , è idèas particulares , recurriè
al de acriminar las referidas inocentes acciones ,
abultandolas , y calificandolas de inexplicables
perjuicios à la feudalidad del Imperio , al passo
que no ay acto de sumission , que aya dexado de
observarse , con la mayor exactitud , para la admission
de Tutores , de emancipada patria potestad
, de reconocimiento de menor edad , y
consiguientemente quanto conduce à los mas
II. Vel. for.
DECEMBRE. 1733. 2971
formales , y puros procederes , aunque todo es
to no pidiesse la observancia de los Tratados , è
Investiduras eventuales.
Enmedio de estos sensibles excessos , ha querido
su Mag. Catholica , que à la vista del mun
do todo , compitiesse su prudente tolerancia
con la inconstante violencia del Emperador , y
antes valerse de la justicia , que del valor . Confiò
à la autorizada interposicion del Rey Eritanico
sus justas quexas contra los incessantes disturbios,
y desprecios , que interrumpian la tranquilidad
de las possessiones del Señor Infante, y
lastimaban el decoro de su Magestad. Adopto
su Mag. Britanica la justicia del Rey Catholico,
y empleò sus oficios con la Corte de Viena ,
tratandose en repetidas conferencias de los medios
mas oportunos para una decorosa amigable
composicion. Pero las continuas di aciones llas
respuestas ambiguas , las inadmissibles proposiciones
, los terminos imperiosos , y lesivos con
que se formaban los proyectos en Viena , las
pretestadas distancias , y la methodica lentitud
de aquel ministerio , han arrastrado la mas solicita
aplicacion à que tan solamente se huviesse
podido por los Ministros Britanicos formar un
Proyecto en 21 de Julio de 1733. que aprobado
por el Embaxador de su Magestad Catholi
ca , recusò el admitirlo el de el Emperador sin
nuevas ordenes de su Soberano. Condescendiò el
Ministro de su Magestad con repetidas protestas
de no querer incurrir en nuevas capciosas
dilaciones , que hiciessen maliciosamente perder
Ja oportunidad de la Campaña. En esta inteli
gencia se despachò à ambas Cortes el proyectado
ajuste ; y al passo que por su Magestad
Catholica fuc promptamente buelto con su Real
II. Vol.
apro2912
MERCURE DE FRANCE
aprobacion , se difiriò por largo espacio la respuesta
de Viena , atribuyendose à la contrariedad
de los vientos , ò à la seria especulacion de
los Ministros de Viena , la dilacion , que à todos
visos maliciosamente se procuraba
Finalmente , quando se esperaba una condescendencia
tan deseada , y solicitada por el Rey
Britanico de la Corte de Viena , y declarada yà
la de su Mag. Catholica al Proyecto propuesto
por su Mag. Britanica , llega con Extraordinario
un Contra - Proyecto , ò Declaracion , igualmente
ilusorio , è injurioso à quantos antes avia
expedido la altivèz de aquella Corte ; de forma ,
( que sorprehendido , è irritado de un tan extravagante
injurioso proceder el Ministro del Rey
Catholico , se viò precisado à declarar , quebrantada
enteramente toda negociacion. Conociò el
Rey Britanico quan fundada era la quexa de este
Ministro , y qual debia ser el justo enojo de su
Mag. Catholica . Y no obstante estàr yà fatigada
la eficacia de los oficios del Rey Britanico à
la Corte de Viena , quiso la zelosa solicitud de
sus Ministros esforzar un nuevo consentimiento
del Rey Catholico para una dilacion de treinta
dias mas. Pero la prudente reflexion de todo lo
ocurrido , hizo prevèr à su Mag. Catholica las
perjudiciales consequencias de su condescendencia
, y los indecorosos efectos de su ulterior tolerancia
à la vista de tan acumulados desprecios,
hechos al mismo tiempo à Principes de la Casa
de Borbón , y conocer indispensable la correspondiente
resolucion de inmediatamente juntar
sus Tropas con las del Rey Christianissimo ,
para hacer la guerra al Emperador , y en esta
forma vindicar los comunes agravios , y restablecer
el respeto de dos Monarquias , que la in-
II. Vol. tole .
DECEMBK E. 1733. 2913
tolerable ambicion del Emperador ha lastimado
con tanto excesso .
No cree su Mag. Catholica , que despues de
tan estudiadas entretenidas , de tan vissibles engañosos
insultos de la Corte de Viene y de
tan repetidas Condescendencias de la de España ,
pueda dexar de aprobar el Rey Britanico su determinacion
, al passo que comprehenderà ofendida
su mediacion , y menospreciada la sobera
nia de Principes , que no reconocen superioridad
, antes bien se persuade , que quedarà agradecido
del reconocimiento de su Mag. Catholi
ca à su loable intencion ; y que procuratà fomentar
mas que nunca una inalterable buena correspondencia
, para que prosigan à experimentar
las dos Naciones las mas beneficiosas resultas de
un continuado fiel Comercio, y logren la satisfaccion
, que afianza la apreciable amistad de los
dos Monarcos.
Fermer
Résumé : NOTICIA al Embaxador del REY CATHOLICO en la Corte Britanica, de las razones que han obligado a su MAGESTAD Catholica à hacer la guerra al EMPERADOR.
Le texte est une notification adressée à l'ambassadeur du roi catholique à la cour britannique, expliquant les raisons de la déclaration de guerre du roi catholique contre l'empereur. Le roi catholique a observé les actions de l'empereur et de la cour de Vienne, qui cherchaient à limiter la liberté de la République de Pologne et à empêcher l'accession au trône d'un prince lié à la maison de Bourbon. Le silence du roi catholique cachait son mécontentement et les déclarations publiques de son neveu, le roi très chrétien. L'ambition de la cour de Vienne et son désir de domination ont poussé le roi catholique à solliciter la médiation du roi britannique pour résoudre les conflits, notamment concernant les États et la personne du prince Charles d'Espagne. Cependant, l'ambition insatiable de l'empereur et de la cour de Vienne a conduit à des violations des traités et des droits de succession légitimes. La cour de Vienne a usurpé les États du duc Antoine de Parme sous un prétexte fallacieux et a refusé de reconnaître la succession du prince Charles. Malgré les efforts de médiation du roi britannique, la cour de Vienne a continué à violer les accords et à provoquer des conflits. Le roi catholique, après avoir épuisé toutes les voies diplomatiques, a décidé de déclarer la guerre à l'empereur pour vindiquer les agravios communs et rétablir le respect des deux monarchies. Le texte mentionne également une situation diplomatique complexe impliquant plusieurs cours royales. L'auteur exprime son incrédulité face à la possibilité que le roi britannique n'approuve pas une certaine décision, malgré les efforts et les concessions des cours de Vienne et d'Espagne. Il souligne que cette décision pourrait être perçue comme une offense à la médiation britannique et un mépris de la souveraineté des princes qui ne reconnaissent pas de supériorité. L'auteur est convaincu que le roi britannique sera reconnaissant de la reconnaissance de l'intention louable de Sa Majesté Catholique. Il espère que cela conduira à un renforcement des relations amicales et à une coopération commerciale bénéfique entre les deux nations, assurant ainsi la satisfaction et l'amitié entre les deux monarques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1115
p. 2913
GRANDE BRETAGNE.
Début :
On écrit de Londres que l'Empereur y fait chercher 250000 liv. Sterlings qu'il veut [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
N écrit de Londres que l'Empereur y fait
chercher 250000 liv. Sterlings qu'il veut
emprunter à six pour cent d'intérêt , mais on
doute que les sûretez qu'offre S. M. I. soient
jugées suffisantes.
N écrit de Londres que l'Empereur y fait
chercher 250000 liv. Sterlings qu'il veut
emprunter à six pour cent d'intérêt , mais on
doute que les sûretez qu'offre S. M. I. soient
jugées suffisantes.
Fermer
1116
p. 2937-2940
ADDITION AUX NOUVELLES Etrangeres.
Début :
On a appris en dernier lieu de Constantinople, que comme Thamas [...]
Mots clefs :
Comte, Troupes, Thamas Kouli-Kan, Constantinople, Hommes, Cracovie, Électeur, Varsovie, Palatins
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ADDITION AUX NOUVELLES Etrangeres.
ADDITION AUX NOUVELLES
Etrangeres.
O
Na appris en dernier lieu de Cons
tantinople , que comme Thamas
Kouli- Kan n'est qu'à une petite distance
de Kerkoud, et qu'on craint qu'il ne fasse
un dernier effort pour venir attaquer les
Turcs , la Porte a dépêché un Courier à
Demir Pacha , qui commande un Corps
de quarante mille hommes aux environs
de Tauris , et elle lui a envoyé ordre de
marcher en diligence avec les Tartares
qui sont passez en Perse , pour s'opposer
de concert avec Topal- Osman aux desseins
des Ennemis.
>
Les derniere Lettres de Pologne matquent
que le Palatinat de Sandomir et la
plupart des Gentilshommes de celui de
II. Vol.
Cracovie
2938 MERCURE DE FRANCE
Cracovie , sont entrez dans la conféderation
faite en faveur du Roy , qu'elle a
été signée non- seulement par toute la
Noblesse des sept Palatinats de la Grande
Pologne , mais encore par la plus grande
partie des autres Habitans de ces Provinees
, et que tous ceux qui sont en état de
porter les Armes les ont prises .
On a apris en même tems que le Comte
Potocky étoit campé entre Sandomir er
Saradie , mais qu'il devoit marcher incessamment
avec son Armée composée ac
tuellement de près de 20000 hommes
pour occuper un poste important entre
les Rivieres de Wuart et de Pilckza pendant
que le Palatin de Lustin et le Genes
ral de Curdziewzki observeroit avec
leurs Troupes les mouvemens de celles de
P'Electeur de Saxe.
Ces Lettres ajoutent que presque toure
la Noblesse de Lithuanie étoit resoluë de
deffendre jusqu'à la derniere extremité
les intêrets du Roy , et la liberté de la
Nation , qu'elle n'attendoit pour s'assem
bler que les derniers ordres de S. M. que
le Comte Pocci après avoir fait diverses
courses en Curlande , où il a fait beaucoup
ravages , s'étoit retiré par la Samogithie
en Lithuanie , et qu'il y avoit
attaqué les Troupes du Palatin de Nowo-
11. Vol groot
de
DECEMBRE. 1733. 2939
root , lesquelles après un assez long coinat
, avoient été contraintes de prendre la
aite , le Comte de Poniatow ki , le Prince
ean Czatorinski les Palatins de Cujavie
t de Livonie et le Sr Ozarowky , ont levé
hacun un Regiment. Celui du Roy est
ctuellement complet.
On aprend de Dantzick , que deux
Vaisseaux Hollandois y ont apporté une
grande quantité de Munition de Guerre.
Les deux Regiments d'Infanterie et les
deux de Cavalerie que le General Lesci
a fait avancer vers la Prusse Polonoise
se sont arrêtez à quelque distance des
Frontieres de cette Province ; ils n'ont
point été suivis d'autres Troupes , et on
croit que l'Armée Moscovite qui est toujours
à Lowitz et dans les environs n'en
décampera que pour tenter de se joindre
aux Troupes Saxones .
•
Quelques avis reçûs de Warsovie, por
tent que la Députation envoyée par le
General Moscovite et par les Opposans à
P'Electeur de Saxe , est composée du
Prince Wienowieski , ci - devant Régis
mentaire de Lithuanie , du Prince Lubomirzky
, Palatin de Cracovie , des Palatins
de Pollachie , de Culm et de Czernichov
, du Comre de Cetner , et de
quelques Cattellans.
II. Vol. On
2940 MERCURE DE FRANCE
On mande de Vienne que le Comte de
Mercy , Feldt Maréchal , à qui l'Empe
reur a donné depuis peu le Gouverne .
men du Milanois , et le Comte de Sallaburg
, Commissaire Général des Guerres,
partiront le 7
le 7 Janvier pour le Tirol.
Le bruit qui a couru que l'Electeur de
Baviere faisoit lever pour le service de
l'Empereur, 8000 hommes , qui devoient
remplacer les Régimens que S.M.I. a tiré
de Hongrie , n'est pas confirmé.
Etrangeres.
O
Na appris en dernier lieu de Cons
tantinople , que comme Thamas
Kouli- Kan n'est qu'à une petite distance
de Kerkoud, et qu'on craint qu'il ne fasse
un dernier effort pour venir attaquer les
Turcs , la Porte a dépêché un Courier à
Demir Pacha , qui commande un Corps
de quarante mille hommes aux environs
de Tauris , et elle lui a envoyé ordre de
marcher en diligence avec les Tartares
qui sont passez en Perse , pour s'opposer
de concert avec Topal- Osman aux desseins
des Ennemis.
>
Les derniere Lettres de Pologne matquent
que le Palatinat de Sandomir et la
plupart des Gentilshommes de celui de
II. Vol.
Cracovie
2938 MERCURE DE FRANCE
Cracovie , sont entrez dans la conféderation
faite en faveur du Roy , qu'elle a
été signée non- seulement par toute la
Noblesse des sept Palatinats de la Grande
Pologne , mais encore par la plus grande
partie des autres Habitans de ces Provinees
, et que tous ceux qui sont en état de
porter les Armes les ont prises .
On a apris en même tems que le Comte
Potocky étoit campé entre Sandomir er
Saradie , mais qu'il devoit marcher incessamment
avec son Armée composée ac
tuellement de près de 20000 hommes
pour occuper un poste important entre
les Rivieres de Wuart et de Pilckza pendant
que le Palatin de Lustin et le Genes
ral de Curdziewzki observeroit avec
leurs Troupes les mouvemens de celles de
P'Electeur de Saxe.
Ces Lettres ajoutent que presque toure
la Noblesse de Lithuanie étoit resoluë de
deffendre jusqu'à la derniere extremité
les intêrets du Roy , et la liberté de la
Nation , qu'elle n'attendoit pour s'assem
bler que les derniers ordres de S. M. que
le Comte Pocci après avoir fait diverses
courses en Curlande , où il a fait beaucoup
ravages , s'étoit retiré par la Samogithie
en Lithuanie , et qu'il y avoit
attaqué les Troupes du Palatin de Nowo-
11. Vol groot
de
DECEMBRE. 1733. 2939
root , lesquelles après un assez long coinat
, avoient été contraintes de prendre la
aite , le Comte de Poniatow ki , le Prince
ean Czatorinski les Palatins de Cujavie
t de Livonie et le Sr Ozarowky , ont levé
hacun un Regiment. Celui du Roy est
ctuellement complet.
On aprend de Dantzick , que deux
Vaisseaux Hollandois y ont apporté une
grande quantité de Munition de Guerre.
Les deux Regiments d'Infanterie et les
deux de Cavalerie que le General Lesci
a fait avancer vers la Prusse Polonoise
se sont arrêtez à quelque distance des
Frontieres de cette Province ; ils n'ont
point été suivis d'autres Troupes , et on
croit que l'Armée Moscovite qui est toujours
à Lowitz et dans les environs n'en
décampera que pour tenter de se joindre
aux Troupes Saxones .
•
Quelques avis reçûs de Warsovie, por
tent que la Députation envoyée par le
General Moscovite et par les Opposans à
P'Electeur de Saxe , est composée du
Prince Wienowieski , ci - devant Régis
mentaire de Lithuanie , du Prince Lubomirzky
, Palatin de Cracovie , des Palatins
de Pollachie , de Culm et de Czernichov
, du Comre de Cetner , et de
quelques Cattellans.
II. Vol. On
2940 MERCURE DE FRANCE
On mande de Vienne que le Comte de
Mercy , Feldt Maréchal , à qui l'Empe
reur a donné depuis peu le Gouverne .
men du Milanois , et le Comte de Sallaburg
, Commissaire Général des Guerres,
partiront le 7
le 7 Janvier pour le Tirol.
Le bruit qui a couru que l'Electeur de
Baviere faisoit lever pour le service de
l'Empereur, 8000 hommes , qui devoient
remplacer les Régimens que S.M.I. a tiré
de Hongrie , n'est pas confirmé.
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Résumé : ADDITION AUX NOUVELLES Etrangeres.
Le texte décrit des événements militaires et politiques en Turquie et en Pologne. À Constantinople, la Porte a ordonné à Demir Pacha, commandant une armée de quarante mille hommes près de Tauris, de marcher avec les Tartares en Perse pour contrer Thamas Kouli-Kan. En Pologne, les Palatinats de Sandomir et Cracovie, ainsi que la noblesse de la Grande Pologne, ont soutenu le roi. Le Comte Potocky, à la tête de vingt mille hommes, se prépare à occuper une position stratégique entre les rivières Wart et Pilckza. La noblesse lituanienne est également déterminée à défendre les intérêts du roi. Le Comte Potocky a mené des raids en Curlande et s'est retiré en Lituanie. Plusieurs nobles, dont le Comte Poniatowski et le Prince Jean Czartoryski, ont levé des régiments. À Dantzick, deux vaisseaux hollandais ont apporté des munitions. Les troupes du Général Leszczyński sont stationnées près des frontières de la Prusse polonaise, tandis que l'armée moscovite reste à Lowitz. Une députation, incluant le Prince Wienowieski et le Prince Lubomirzky, a été envoyée à l'Électeur de Saxe. À Vienne, le Comte de Mercy et le Comte de Sallaburg doivent partir pour le Tyrol.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1117
p. 2941-2947
ARRESTS NOTABLES.
Début :
ARRETST du 26. Septembre, portant nouveau Reglement pour les Cotons filez qui [...]
Mots clefs :
Rentes, Étrangers, Payeurs, Contrôleurs des rentes viagères, Roi, Arrêt, Offices, Droits, Conseillers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARRESTS NOTABLES.
ARRESTS NOTABLE S.
RREST du 26. Septembre , portant nouveau
Reglement pour les Cotons filez qui
inent des Eschelles du Levant à Marseille ,
11. Vol. par
2942 MERCURE DE FRANC
par lequel S. M. ordonne l'execution des se
Articles contenus dans ledit Airêt.
AUTRE du 6. Octobre , qui supprime
droit de peage , coûtume ou passage , prétend
par le sieur Evêque d'Auxerre sur la Rivier
'Yone , au pertuis de Regennes près la Vill
d'Auxerre.
ORDONNANCE de Police du 10. Oc
tobre , qui deffend aux Revendeuses et autres Pa
ticuliers , de s'attrouper , vendre ni étaller au
cunes choses à la porte des Co leges , à peine c
100. livres d'amende et de prison.
Et à toutes personnes de queique Commerce
Profession qu'elles puissent être , de prendre d
Hardes ou des Livres en payement de Fruits
autres Marchandises vendues à des Ecoliers
Fils de Famille, à peine de 200. liv. d'amende , &
AUTRE du même jour , qui défend à tou
Libraires et autres personnes , d'acheter aucur
Livres et Papiers des Enfans , Ecoliers , Servi
teurs ou autres personnes inconnues , sans
consentement par écrit des Peres , Maîtres c
personnes capables d'en répondre ; et de vend.
ni exposer dans leurs Boutiques ou sur leurs Et
lages , ou de louer aux jeunes gens aucuns Livre
Histoires ou Brochures contraires aux moeu
et à la Religion.
ARREST du 20. Octobre , portant Regl
ment pour empêcher les fraudes et abus qui
commettent à l'occasion de la vente de Tabac
diminution de prix , sur les Frontieres des Pre
vinces privilegiées .
II. Vol. AUTR
DEEM BRE. 1733 . 2943
AUTRE du 17. Novembre qui ordonne
que les Habitans du Bearn et du Pays Basque ,
qui font le commerce de bestiaux , seront tenus
de prendre des acquits à caution dans le eu de
T'enl . vment,lesqueis ne pourront être dechargez
que dans le lieu de la destination .
AUTRE du 24. Decembre , concernant les
frais des procès criminels qui s'instruisent
à la requête des Procureurs de Sa Maj sté
par lequel le Roy ordonne l'execution des aix
Articles contenus dans ledit Arret.
EDIT DU ROY, portant création de
deux Offices de Control eurs des Rentes viageres
en forme de Tontine. Donné à Fontainebleau
, au mois de Novembre 1733. Registre en
Parlement le 2. Decembre .
Louis , &c. Par notre Edit du présent mois ,
nous aurions créé un million cinquante mile
livres de rentes viageres avec accroissement , par
forme de Tontine , dont Nous avons ordonné
que les capitaux seroient levez en especes , à raison
de trois cent livres par action : Et comme
par l'article XII . dudit Edit , Nous avons dit
que les arrerages desdites . rentes seroient regulierement
payez de six en six mois , par les
payeurs qui seroient à cet effet par Nous créez.
A ces causes , et autres à ce Nous mouvans , de '
l'avis de nôtre Conseil , et de nôtre certaine
science , pleine puissance et autorité Roya e
Nous avons par notre present Edit , perpetuel et
irrevocable , établi et établissons une nouvelle
partie de rentes sur l'Hôtel de nôtre bonne ville
de Paris , dans laquelle sera distribué le million
cinquante mille livres de rentes viageres , dites
11. Vel Tontine
2944 MERCURE DE FRANCE
Tontine , créées par nôtre Edit du present mois;
pour avoir les cinquante autres parties ci-devant
établies , composer le nombre de cinquante- une
parties : Et pour faire le service de ladite cinquante-
uniéme partie , Nous avons de la même
autorite que dessus , créé et érigé , créons et
érigeons en titre d'Office formé et héreditaire
deux nos Conseillers - Trésoriers - Receveurs generaux
et Payeurs , l'un ancien - triennal , ét l'autre
alternatif quatriennal , les Rentes dudit Hôtel
de ville , Receveurs des consignations , et dépositaires
des débets de Quittance , et principaux
commis y joints ; Et deux nos Conseillers - Controlleurs
generaux , P'un ancien-triennal , et
Pautre alternatif- quatriennal desdits Payeurs ;
ausquels Payeurs et Controlleurs Nous avons attribué,
sçavoir , à chacun des deux Payeurs , six
mille cinq cens livres de gages effectifs par chacun
an , sur le pied du denier vingt ; et dix- sept
eens quatre vingt - quatre livres sept sols six deniers
, à chacun des Controlleurs , ainsi que
deux mille sept cens livres , par forme de taxations,
aux Payeurs en l'année d'exercice , ensemble
pour la façon , vacations & frais de la reddition
de leurs comptes ; et à chacun desdits Controlleurs
, trois cens quarante- six livres cinq
sols ; Et voulons que la dépense desdits gages ,
taxations et droits d'exercice , soient passez et
alloüez , à commencer au premier Jauvier prochain
, dans les comptes desdits Payeurs , sans
aucunes difficultez . Permettons à ceux qui acquerront
les deux Offices de Payeurs et Controlleurs
créez par le present Edit , de les posseder conjointement
sans incompatibilité d'iceux, ni d'aucuns
autres dont ils pourroient être pourvûs : Et
jouiront lesdits Payeurs et Controlleurs du droit
[J. Vol. de
DECEMBRE . 1733 2945 \
de franc- salé , committimus en grande et petite
Chancellerie , et autres droits dont jouissent les
autres Payears et Controlleurs des Rentes de nôtre
Hôtel de Ville . Voulons au surplus, que ceux
qui prêteront leurs deniers pour l'acquisition
desdits Offices de Payeurs et Controlleurs, ayent
privilege special et préferable sur la finance desdits
Offices , ainsi que sur les gages et taxations
desdits Offices ; à l'effet de quoi leur permettons
de les affecter et hypothequer, et d'en faire toutes
les Declarations necessaires dans les Quttances
de finance. Si donnons en Mandement à nos
ámez et feaux Conseillers les Gens tenans nôtre
Cour de Parlement , Chambre des Comptes et
Cour des Aydes à Paris , que nôtre present Edit
ils ayent à faire lire , publier et regisrrer , et le
contenu en icelui garder et observer de point en
point selon sa forme et teneur , nonobstant tous
Edits , Declarations , Arrêts , Reglemens et autres
choses à ce contraires , ausquels Nous avons
dérogé et dérogeons par le present Edit ; aux
copies duquel collationnées par l'un de nos
amez et feaux Conseillers - Secretaires , voulons
que foy soit ajoutée comme à l'original ; Car
tel est nôtre plaisir. Et afin que ce soit chose
ferme et stable à toûjours , Nous y avons fait
mettre nôtre Scel. Donné à Fontainebleau, &c.
>
EDIT DU ROY , portant rétablissement des
Offices de Gouverneurs , Lieutenans de Roy ,
Majors , Maires , Lieutenans de Maire et autres
Officiers des Hôtels de Ville . Donné à Fontainebleau
, au mois de Novembre 1733. Registré
en Parlement , le 22 Decembre.
LETTRES PATENTES , du 5 Decembre
II. Vol. 1733 I
2946 MERCURE DE FRANCE
1733. qui permettent aux Etrangers d'acque
rir des Rentes créées par la Déclaration du 16
Aout dernier.
LOUIS , &c. Par Arrêt rendu en notre Conseil
, Nous y étant , le premier du present mois,
Nous aurions permis aux Etrangers d'acquerir
les Rentes créées par notre Déclaration du 16
Aoust dernier , de la même maniere, et ainsi que
nos propres Sujets pourroient le faire , même en
disposer entre vifs ou par testament , et en quelque
sorte et maniere que ce soit , Voulant qu'en
cas qu'ils n'en ayent pas disposé , leurs Héritiers
leur succedent, encore que leurs Légataires, Donataires
ou Héritiers soient Etrangers et non
Regnicoles , renonçant à cet effet au droit d'Aubeine
et autres droits , même à celui de confis →
cation en cas de Guerre avec les Puissances
Etrangeres , desquels droits Nous avons relevé et
dispensé lesdits Etrangers : Nous aurions ordonné
en outre que lesdites Rentes qui seroient acquises
par lesdits Etrangers , seroient exemptes
de toutes Lettres de marques et de représai les
sous quelque prétexte que ce fût , et qu'elles ne
pussent être saisies par leurs Créanciers Regnicoles
ou Etrangers , et que pour l'exécution dudit
Arrêt toutes Lettres nécessaires seroient expediées
; et voulant faire joüir lesdits Etrangers de
l'effet dudit Arrêt : A ces causes , de l'avis de
notre Conseil , qui a vû ledit Arrêt de notre
Conseil , du premier du present mois , cy-atta
ché sous le contre scel de notre Chancellerie ;
Nous avons permis, et par ces Présentes, signées
de notre main , permettons aux Etrangers d'acquerir
les Rentes créées par notre Déclaration
du 16 Aoust dernier, de la même maniere et ainsi
que nos propres Sujets pourroient le faire , mê-
II. Va. mo
DECEMBRE. 1733. 2947
Voume
en disposer entre vifs et par testament , et
en quelque sorte et maniere que ce soit ;
lous qu'en cas qu'ils n'en ayent pas disposé,leurs
Héritiers leur succedent, encore que leurs Légataires
, Donataires ou Héritiers, soient Etrangers
ou non Regnicoles, renonçant à cet effet au droit
d'Aubeine et autres droits , même à celui de confiscation
en cas de Guerre avec les Puissances
Etrangeres ; desquels droits Nous avons relevé er
dispensé lesdits Etrangers ; Voulons en outre
que lesdites Rentes qui seront acquises par lesd .
Etrangers soient exemptes de toutes Lettres de
marques et de représailles , sous quelque prétexte
que ce soit, et qu'elles ne puissent être saisies par
feurs Créanciers Regnicoles ou Etrangers. Si vous
Mandons que ces Présentes vous ayez à faire lire,
publier et registrer , et le contenu en icelles garder,
observer et executer de point en point selon
leur forme et teneur, nonobstant tous Edits, Déclarations
, Ordonnances , Réglemens et autres.
Lettres à ce contraires ; ausquels Nous avons
dérogé et dérogeons par ces Présentes , aux Copies
desquelles collationnées par l'un de nos amez
et féaux Conseillers - Secretaires , voulons que
foy soit ajoutée comme à l'Original : Car tel est
notre plaisir. Donné à Versailles , &c.
Registrées , oni er ce requerant le Procureur Ge
neral du Roy , pour être executées selon leur forme
et teneur et Copies collationnées envoyées aux
Bailliages et Sénéchaussées du Ressort , pour y être
lüës , publiées et enregistrées ; Enjoint aux Substituts
duProcureur General du Roy d'y tenir la main,
et d'en certifier la Cour dans le mois , suivant l'Arrêt
de ce jour. A Paris en Parlement le 30 Décem
bre 1733. Signé Dufranc.
RREST du 26. Septembre , portant nouveau
Reglement pour les Cotons filez qui
inent des Eschelles du Levant à Marseille ,
11. Vol. par
2942 MERCURE DE FRANC
par lequel S. M. ordonne l'execution des se
Articles contenus dans ledit Airêt.
AUTRE du 6. Octobre , qui supprime
droit de peage , coûtume ou passage , prétend
par le sieur Evêque d'Auxerre sur la Rivier
'Yone , au pertuis de Regennes près la Vill
d'Auxerre.
ORDONNANCE de Police du 10. Oc
tobre , qui deffend aux Revendeuses et autres Pa
ticuliers , de s'attrouper , vendre ni étaller au
cunes choses à la porte des Co leges , à peine c
100. livres d'amende et de prison.
Et à toutes personnes de queique Commerce
Profession qu'elles puissent être , de prendre d
Hardes ou des Livres en payement de Fruits
autres Marchandises vendues à des Ecoliers
Fils de Famille, à peine de 200. liv. d'amende , &
AUTRE du même jour , qui défend à tou
Libraires et autres personnes , d'acheter aucur
Livres et Papiers des Enfans , Ecoliers , Servi
teurs ou autres personnes inconnues , sans
consentement par écrit des Peres , Maîtres c
personnes capables d'en répondre ; et de vend.
ni exposer dans leurs Boutiques ou sur leurs Et
lages , ou de louer aux jeunes gens aucuns Livre
Histoires ou Brochures contraires aux moeu
et à la Religion.
ARREST du 20. Octobre , portant Regl
ment pour empêcher les fraudes et abus qui
commettent à l'occasion de la vente de Tabac
diminution de prix , sur les Frontieres des Pre
vinces privilegiées .
II. Vol. AUTR
DEEM BRE. 1733 . 2943
AUTRE du 17. Novembre qui ordonne
que les Habitans du Bearn et du Pays Basque ,
qui font le commerce de bestiaux , seront tenus
de prendre des acquits à caution dans le eu de
T'enl . vment,lesqueis ne pourront être dechargez
que dans le lieu de la destination .
AUTRE du 24. Decembre , concernant les
frais des procès criminels qui s'instruisent
à la requête des Procureurs de Sa Maj sté
par lequel le Roy ordonne l'execution des aix
Articles contenus dans ledit Arret.
EDIT DU ROY, portant création de
deux Offices de Control eurs des Rentes viageres
en forme de Tontine. Donné à Fontainebleau
, au mois de Novembre 1733. Registre en
Parlement le 2. Decembre .
Louis , &c. Par notre Edit du présent mois ,
nous aurions créé un million cinquante mile
livres de rentes viageres avec accroissement , par
forme de Tontine , dont Nous avons ordonné
que les capitaux seroient levez en especes , à raison
de trois cent livres par action : Et comme
par l'article XII . dudit Edit , Nous avons dit
que les arrerages desdites . rentes seroient regulierement
payez de six en six mois , par les
payeurs qui seroient à cet effet par Nous créez.
A ces causes , et autres à ce Nous mouvans , de '
l'avis de nôtre Conseil , et de nôtre certaine
science , pleine puissance et autorité Roya e
Nous avons par notre present Edit , perpetuel et
irrevocable , établi et établissons une nouvelle
partie de rentes sur l'Hôtel de nôtre bonne ville
de Paris , dans laquelle sera distribué le million
cinquante mille livres de rentes viageres , dites
11. Vel Tontine
2944 MERCURE DE FRANCE
Tontine , créées par nôtre Edit du present mois;
pour avoir les cinquante autres parties ci-devant
établies , composer le nombre de cinquante- une
parties : Et pour faire le service de ladite cinquante-
uniéme partie , Nous avons de la même
autorite que dessus , créé et érigé , créons et
érigeons en titre d'Office formé et héreditaire
deux nos Conseillers - Trésoriers - Receveurs generaux
et Payeurs , l'un ancien - triennal , ét l'autre
alternatif quatriennal , les Rentes dudit Hôtel
de ville , Receveurs des consignations , et dépositaires
des débets de Quittance , et principaux
commis y joints ; Et deux nos Conseillers - Controlleurs
generaux , P'un ancien-triennal , et
Pautre alternatif- quatriennal desdits Payeurs ;
ausquels Payeurs et Controlleurs Nous avons attribué,
sçavoir , à chacun des deux Payeurs , six
mille cinq cens livres de gages effectifs par chacun
an , sur le pied du denier vingt ; et dix- sept
eens quatre vingt - quatre livres sept sols six deniers
, à chacun des Controlleurs , ainsi que
deux mille sept cens livres , par forme de taxations,
aux Payeurs en l'année d'exercice , ensemble
pour la façon , vacations & frais de la reddition
de leurs comptes ; et à chacun desdits Controlleurs
, trois cens quarante- six livres cinq
sols ; Et voulons que la dépense desdits gages ,
taxations et droits d'exercice , soient passez et
alloüez , à commencer au premier Jauvier prochain
, dans les comptes desdits Payeurs , sans
aucunes difficultez . Permettons à ceux qui acquerront
les deux Offices de Payeurs et Controlleurs
créez par le present Edit , de les posseder conjointement
sans incompatibilité d'iceux, ni d'aucuns
autres dont ils pourroient être pourvûs : Et
jouiront lesdits Payeurs et Controlleurs du droit
[J. Vol. de
DECEMBRE . 1733 2945 \
de franc- salé , committimus en grande et petite
Chancellerie , et autres droits dont jouissent les
autres Payears et Controlleurs des Rentes de nôtre
Hôtel de Ville . Voulons au surplus, que ceux
qui prêteront leurs deniers pour l'acquisition
desdits Offices de Payeurs et Controlleurs, ayent
privilege special et préferable sur la finance desdits
Offices , ainsi que sur les gages et taxations
desdits Offices ; à l'effet de quoi leur permettons
de les affecter et hypothequer, et d'en faire toutes
les Declarations necessaires dans les Quttances
de finance. Si donnons en Mandement à nos
ámez et feaux Conseillers les Gens tenans nôtre
Cour de Parlement , Chambre des Comptes et
Cour des Aydes à Paris , que nôtre present Edit
ils ayent à faire lire , publier et regisrrer , et le
contenu en icelui garder et observer de point en
point selon sa forme et teneur , nonobstant tous
Edits , Declarations , Arrêts , Reglemens et autres
choses à ce contraires , ausquels Nous avons
dérogé et dérogeons par le present Edit ; aux
copies duquel collationnées par l'un de nos
amez et feaux Conseillers - Secretaires , voulons
que foy soit ajoutée comme à l'original ; Car
tel est nôtre plaisir. Et afin que ce soit chose
ferme et stable à toûjours , Nous y avons fait
mettre nôtre Scel. Donné à Fontainebleau, &c.
>
EDIT DU ROY , portant rétablissement des
Offices de Gouverneurs , Lieutenans de Roy ,
Majors , Maires , Lieutenans de Maire et autres
Officiers des Hôtels de Ville . Donné à Fontainebleau
, au mois de Novembre 1733. Registré
en Parlement , le 22 Decembre.
LETTRES PATENTES , du 5 Decembre
II. Vol. 1733 I
2946 MERCURE DE FRANCE
1733. qui permettent aux Etrangers d'acque
rir des Rentes créées par la Déclaration du 16
Aout dernier.
LOUIS , &c. Par Arrêt rendu en notre Conseil
, Nous y étant , le premier du present mois,
Nous aurions permis aux Etrangers d'acquerir
les Rentes créées par notre Déclaration du 16
Aoust dernier , de la même maniere, et ainsi que
nos propres Sujets pourroient le faire , même en
disposer entre vifs ou par testament , et en quelque
sorte et maniere que ce soit , Voulant qu'en
cas qu'ils n'en ayent pas disposé , leurs Héritiers
leur succedent, encore que leurs Légataires, Donataires
ou Héritiers soient Etrangers et non
Regnicoles , renonçant à cet effet au droit d'Aubeine
et autres droits , même à celui de confis →
cation en cas de Guerre avec les Puissances
Etrangeres , desquels droits Nous avons relevé et
dispensé lesdits Etrangers : Nous aurions ordonné
en outre que lesdites Rentes qui seroient acquises
par lesdits Etrangers , seroient exemptes
de toutes Lettres de marques et de représai les
sous quelque prétexte que ce fût , et qu'elles ne
pussent être saisies par leurs Créanciers Regnicoles
ou Etrangers , et que pour l'exécution dudit
Arrêt toutes Lettres nécessaires seroient expediées
; et voulant faire joüir lesdits Etrangers de
l'effet dudit Arrêt : A ces causes , de l'avis de
notre Conseil , qui a vû ledit Arrêt de notre
Conseil , du premier du present mois , cy-atta
ché sous le contre scel de notre Chancellerie ;
Nous avons permis, et par ces Présentes, signées
de notre main , permettons aux Etrangers d'acquerir
les Rentes créées par notre Déclaration
du 16 Aoust dernier, de la même maniere et ainsi
que nos propres Sujets pourroient le faire , mê-
II. Va. mo
DECEMBRE. 1733. 2947
Voume
en disposer entre vifs et par testament , et
en quelque sorte et maniere que ce soit ;
lous qu'en cas qu'ils n'en ayent pas disposé,leurs
Héritiers leur succedent, encore que leurs Légataires
, Donataires ou Héritiers, soient Etrangers
ou non Regnicoles, renonçant à cet effet au droit
d'Aubeine et autres droits , même à celui de confiscation
en cas de Guerre avec les Puissances
Etrangeres ; desquels droits Nous avons relevé er
dispensé lesdits Etrangers ; Voulons en outre
que lesdites Rentes qui seront acquises par lesd .
Etrangers soient exemptes de toutes Lettres de
marques et de représailles , sous quelque prétexte
que ce soit, et qu'elles ne puissent être saisies par
feurs Créanciers Regnicoles ou Etrangers. Si vous
Mandons que ces Présentes vous ayez à faire lire,
publier et registrer , et le contenu en icelles garder,
observer et executer de point en point selon
leur forme et teneur, nonobstant tous Edits, Déclarations
, Ordonnances , Réglemens et autres.
Lettres à ce contraires ; ausquels Nous avons
dérogé et dérogeons par ces Présentes , aux Copies
desquelles collationnées par l'un de nos amez
et féaux Conseillers - Secretaires , voulons que
foy soit ajoutée comme à l'Original : Car tel est
notre plaisir. Donné à Versailles , &c.
Registrées , oni er ce requerant le Procureur Ge
neral du Roy , pour être executées selon leur forme
et teneur et Copies collationnées envoyées aux
Bailliages et Sénéchaussées du Ressort , pour y être
lüës , publiées et enregistrées ; Enjoint aux Substituts
duProcureur General du Roy d'y tenir la main,
et d'en certifier la Cour dans le mois , suivant l'Arrêt
de ce jour. A Paris en Parlement le 30 Décem
bre 1733. Signé Dufranc.
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Résumé : ARRESTS NOTABLES.
En 1733, plusieurs arrêtés et édits royaux ont été émis pour réguler divers aspects de la vie économique et sociale. Le 26 septembre, un arrêté a régulé le commerce des cotons filés entre les Échelles du Levant et Marseille. Le 6 octobre, un autre arrêté a supprimé les droits de péage sur la rivière Yonne près d'Auxerre. Le 10 octobre, une ordonnance de police a interdit aux revendeuses et particuliers de vendre à la porte des collèges et a interdit aux commerçants de prendre des hardes ou des livres en paiement des fruits ou marchandises vendues aux écoliers. Un autre arrêté du même jour a interdit aux libraires d'acheter des livres ou papiers sans le consentement écrit des parents ou maîtres. Le 20 octobre, un arrêté a régulé la vente de tabac pour éviter les fraudes. Le 17 novembre, un arrêté a obligé les habitants du Béarn et du Pays Basque à prendre des acquits à caution pour le commerce de bestiaux. Le 24 décembre, un arrêté a concerné les frais des procès criminels. Le 2 décembre, un édit royal a créé deux offices de contrôleurs des rentes viagères en forme de tontine. Le 22 décembre, un édit a rétabli les offices de gouverneurs et autres officiers des hôtels de ville. Le 5 décembre, des lettres patentes ont permis aux étrangers d'acquérir des rentes créées par la déclaration du 16 août précédent, avec exemption de certains droits et saisies.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1118
p. 73-96
LETTRE de M. D. L. C. à M. D. L. R. sur quelques particulartiez de la vie de Topal Osman Pacha, cy-devant Grand Visir de l'Empire Ottoman, et aujourd'hui Séraskier de l'Armée Turque en Perse. A Paris, ce 18 Janvier 1734.
Début :
Vous avez jugé, Monsieur, que dans les circonstances présentes où [...]
Mots clefs :
Topal Osman Pacha, Grand vizir, Arniaud, Pacha , Constantinople, Turcs, Malte, Capitaine, Empire, Fortune, Armée, Patron, Présents, Ordre, Esclavage, Sequins, Rançon, Esclave, Maître
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. D. L. C. à M. D. L. R. sur quelques particulartiez de la vie de Topal Osman Pacha, cy-devant Grand Visir de l'Empire Ottoman, et aujourd'hui Séraskier de l'Armée Turque en Perse. A Paris, ce 18 Janvier 1734.
LETTRE de M. D.L.C. à M. D.L.R.
sur quelques particularitez de la vie de
Topal Osman Pacha , cy-devant Grand
Visir de l'Empire Ottoman , et aujour
d'hui Séraskier de l'Armée Turque en
Perse . A Paris , ce 18 Janvier 1734.
V
Ous avez jugé , Monsieur , que
dans les circonstances présentes où
les affaires d'Asie ont plus de liaison que
jamais avec celles d'Europe , ce seroit
un objet interessant pour le Public , que
la
74 MERCURE DE FRANCE
la vie et les avantures de Topal Osman
qui jouë aujourd'hui un si grand rôle .
Je crois que l'Auteur de la Rela .
tion de la Révolution arrivée en 1730. à
Constantinople n'a pas abandonné le
dessein où je l'ai vu, d'écrire cette vie, véritablement
digne de la curiosité du Public
. Personne n'est plus capable que lui
de bien exécuter ce projet; et s'il est aussi
bien servi par ceux qui sont à portée de
lui procurer des Mémoires , que je le
connois exact et ami de la verité ; nous
verrons dans un même Ouvrage la singularité
du Roman , unie à la plus scru
puleuse fidelité dans les faits historiques.
En attendant , je me fais un vrai plaisir
, Monsieur , de vous faire part de
quelques traits de la vie du Général
Turc dont je suis exactement informé . Le
Sr Arniaud , celui-la même qui racheta
Topal Osman d'esclavage à Malte , il y
a environ trente- cinq ans , vint en 1732 .
à Constantinople avec son fils ,saluer son
ancien Esclave , devenu Grand Visir.J'ai
entendu plus d'une fois raconter au pete
et au Fils ce qu'ils sçavoient de son histoire.
Le Fils a même bien voulu , à ma
priere , mettre par écrit ce qu'il a pû s'en
rappeller, et m'en laisser le Mémoire que
je
JANVIER. 1734. 75
je conserve , écrit de sa main. Ce qui suit
est tiré de ce Mémoire. J'y ai joint
quelques circonstances que je lui ai entendu
conter , ou à son Pere, et j'ai ajouté
les faits dont j'ai eu connoissance
pendant mon séjour à Constantinople ,
concernant l'arrivée du Sr Arniaud , son
Audiance du Visir , la déposition de ce
Ministre , &c. tous faits qui se sont passez
presque sous mes yeux ; mais dont
je ne garantis cependant pas la verité
quelque attention que j'aye eu à consulter
les témoins oculaires autant que je
l'ai pû , et à ne rapporter icy que ce que
je trouve sur un Journal , écrit dans le
temps.
Osman avoit reçu dans le Sérail du
Grand Seigneur l'éducation qui n'étoit
autrefois destinée qu'aux Enfans de Tribut
, ( a ) Chrétiens de naissance . Les
Turcs ont depuis brigué ces Places pour
leurs propres Enfans , ensorte qu'aujour
d'hui presque tous les Eleves du Sérail
sont de race Turque .
En 1698 ou 99. à l'âge de 25 ans ou
environ, Osman Aga sortit du Sérail, où il
exerçoit l'emploi de (b) Martolos Bachi.
( a ) Voyez Ricaut, Etat présent de l'Empire Ot
toman.
(b ) Intendant des Voitures.
7
N
6 MERCURE DE FRANCE
Il étoit porteur d'un Ordre du Grand Sergneur
, et chargé d'une commission pour
aller remettre quelques Beys du Čaire
dans la possession de leurs biens , dont
ils avoient été destituez pendant ces troubles
qui sont si fréquents en Egypte. I
prit sa route par terre jusqu'à Seyde , où
pour éviter la rencontre des Arabes qui
infestoient le Païs , il fut obligé de s'embarquer
sur une ( a ) Saïque , qui passoit
à Damiette . Dans ce, court trajet la Saïque
fut malheureusement rencontrée par
une Barque Espagnole , armée en course
à Maïorque. Quoique la partie ne fut pas
égale , le désir de conserver leurs biens
et leur liberté , fit faire les derniers ef
fort aux Passagers et à l'équipage ; ils se
deffendirent en désesperez ; l'abordage
fut sanglant. Osman s'y signala par cette
intrépidité dont il a depuis donné des
preuves en tant de rencontres ; si la valeur
de tous eut été égale à la sienne
peut-être eussent ils évité l'esclavage . Enfin
il fallut céder au nombre . Osman
Aga , percé de coups , blessé dangereusement
au bras et à la cuisse , fut pris les
armes à la main . Le Corsaire , dont le Bâtiment
avoit souffert dans le combat
( a ) Sorte de Bâtiment de Levant , propre an
ransport des Marchandises,
soit
JANVIER . 1734.
77
soit qu'il eut besoin de se raccommoder ,
ou pour quelque autre raison , relâcha à
Malte .
-
Les marques de valeur qu'Osman avoit
données dans l'action, ou plutôt la déposition
que firent sans doute les autres Passagers
,qu'il étoit chargé d'une commission
secrete du Grand Seigneur , et l'espérance
d'en tirer une grosse rançon , le firent distinguer
parmi ses compagnons d'infortune;
cependant il n'étoit pas hors de danger
de ses blessures quand il arriva à Malte ;
celle de la Cuisse étoit la plus considérable
; il en est resté estropié ; et c'est delà
que lui est demeuré le nom ou le Sobriquet
de ( a ) Topal , suivant l'usage commun
des Turcs .
*
>
Aussi- tôt que le Corsaire fut entré dans
le Port , le Sr Vincent Arniaud dit
' Hardy , natif de Marseille , qui étoit
alors Capitaine de Port à Malte , se transporta
à bord du Bâtiment , suivant le devoir
de sa Charge. Il y vit le malheureux
Aga enchaîné , qui lui fit une proposision
bien singuliere,
Fais une belle action , lui dit Topal ,
rachette - moi , tu n'y perdras rien. Arniaud
surpris de la proposition , deman .
da au Capitaine Corsaire ce qu'il pré-
( a ) Boiteux,
ten8
MERCURE DE FRANCE
tendoit pour la rançon de cet Esclave. Il:
me faut mille Sequins ( a ) , répondit le
Corsaire . Arniaud se retournant vers
Osman , lui dit : Je te vois pour la premiere
fois de ma vie , je ne te connois
point , et tu me proposes de donner sur ,
ta parole mille Sequins pour ta rançon .
Nous faisons l'un et l'autre ce qu'il nous
convient de faire, reprit Osman . Quant à
moi je suis dans les fers , il est naturel
que je mette tout en usage pour obtenir
ma liberté ; pour toi , tu es en droit de te
défier de ma bonne foy ; je n'ai aucune
sureté à te donner que ma parole , et tu.
n'as aucune raison d'y conter ; cependant
si tu veux en courir les risques , je te le
répete encore , tu ne t'en repentiras pas.
Soit que l'air d'assurance , ou que la
Phisionomie du jeune Turc prévint Arniaud
en sa faveur, soit que la singularité
de l'avanture éloignât les soupçons qu'il.
auroit pû concevoir , le Capitaine de
Port sortit avec des dispositions favora
bles pour Topal Osman , et , ce qui est
peut être encore plus extraordinaire , la
réfléxion ne les détruisit pas.
Arniaud alla rendre compte au grand
( a ) Ily a plusieurs sortes de Sequins en Levant,
qui valent depuis six jusqu'à onze francs de notre
Monnoye.
MaîJANVIER.
1734. 79
Maître Perellos de ce qui concernoit son
ministere , revint à bord et convint de
600(a )Sequins Vénitiens avec le Corsaire,
pour le prix de la rançon de son Esclave ;
son nouveau Maître le fit aussi - tôt transporter
sur une Barque Françoise, à lui ар-
partenante,où il lui envoya un Médecin ,
un Chirurgien et tous les secours neces
saires.Osman se vit bien tôt hors de danger.
Il proposa alors à son bienfaicteur
d'écrire en Levant pour se faire rembourser
de ce qu'il lui devoit. Mais comblé
des bienfaits de son nouveau Patron , il
ne crut pas abuser de sa générosité en lui
demandant une nouvelle grace . C'étoit de
le renvoyer sur sa parole et de s'en remettre
pour le tout entierement à sa
bonne foy.
Arniaud ne fut pas genereux à demi
et rencherit encore sur la demande de son
Esclave ; après lui avoir fait toutes sortes
de bons traitemens , il lui donna cette
même Barque , sur laquelle il l'avoit fait
transporter, pour en disposer à sa volonté,
et se faire conduire où bon lui sembleroit.
Osman arrivé à Malte Esclave , et racheté
le jour même , en partit huit jours
après sur un Bâtiment à ses ordres . Le
(a ) Le Sequin Vénitien vaut aujourd'hui environ
11 liv. quelques sols, Monnoye de France.
Pa80
MERCURE DE FRANCE
Pavillon François le mettoit à l'abri
des Corsaires . Il arriva heureusement
à Damiette d'où il remonta le Nil jusqu'au
Caire . Le lendemain de son arrivée
il fit compter mille Sequins au Capitaine
au
de la Barque pour être remis à son libérateur,
il y joignit deux Pelisses ( a) dè la valeur
de soo piastres , ( b ) dont il fit présent
au Capitaine . Il exécuta la commission
du Grand Seigneur , repartit pour
en aller rendre compte, arriva à Constantinople
et fut lui - même le porteur de la
nouvelle de son Esclavage.
pas
à
La reconnoissance d'Osman ne se borna
ses premiers mouvements : pendant
plusieurs années de séjour qu'il fit du
côré de Larta en Albanie où ses emplois
l'appellerent, il continua d'en donner des
preuves à son bienfaicteur , et entretint
avec lui un commerce non interrompu
de lettres et de présents.
On peut même dire que sa reconnoissance
s'étendit sur toute la Nation Françoise
; puisque depuis son avanture il n'a
laissé échaper aucune rencontre où il n'ait
donné à tous les François , qui ont eu affaire
à lui, des marques d'une bienveillance
particuliere .
( a ) Robes Fourrées .
( b ) La Piastre courante du Levant , vaut aujourd'hui
3 livres quelques sols Monnoye de France.
Les
JANVIER 1734 81
Les occasions avoient manqué jusqu'a
lors à Osman de se faire connoître et de
pousser sa fortune . La Guerre s'étant depuis
declarée entre les Venitiens et les
Turcs , le Grand Visir Aly Pacha , qui
méditoit l'invasion de la Morée , assembla
son Armée dans le voisinage de
l'Isthme de Corinthe , qui joint la Morée
au continent et le seul passage qui
puisse donner entrée par terre dans cette
presqu'Isle.
>
Tous les differents corps de Troupes
qui devoient composer l'Armée Ottomane
, se rendirent de toutes les Provinces
de l'Empire au lieu et au jour marqués
le seul Cara Mustapha Pacha ,. qui commandoit
un Corps de trois mille hommes
, arriva trois jours trop tard au rendez-
vous de l'Armée : il lui en couta la
vie , le Visir lui ayant fait trancher la
tête.
Sur ces entrefaites , Topal-Osman brulant
du désir de se signaler , vint se présenter
au Visir à la tête de mille hommes
qu'il avoit levez et pris à sa solde sans
avoir reçu aucun ordre; et le jour destiné
à l'attaque du défilé du Pas de Corinthe ,
il s'offrit de marcher le premier, et se
chargea de forcer le passage avec sa troupe
; son offre fut acceptée. Peut être la
E terreur
82 MERCURE DE FRANCE
terreur et la consternation generale qui
s'étoient répandues à l'approche d'une
Armée formidable , ne laisserent- t'elle pas à
Topal-Osman tout le merite d'une victoi
re achetée cherement ; quoiqu'il en soit,il
força le défilé , et emporta d'emblée la
Ville de Corinthe. Il reçut du Grand
Visir pour récompense les deux queues
de Pacha , et tous les Equipages de l'infortuné
Cara Mustapha.
Osman ne resta pas en si beau chemin,
et les occasions ne manquant plus à son
courage , il se distingua par
de nouveaux
exploits dont le détail nous meneroit
trop loin. L'année suivante , au Siége de
Corfou il servit en second, et fit les fonctions
de Licutenant General.
Ce fut alors qu'il fit voir que sa prudence
égaloit sa valeur ; le Siége ayant
été abandonné , Osman demeura trois
jours devant la Place depuis le départ du
General , pour favoriser la retraite des
Troupes Ottomanes ; il donna les ordres
necessaires avec toute la présence d'esprit
possible , et ne se retira qu'après avoir mis
l'Armée en sûreté.
Il étoit tems qu'un homme de cette
trempe commandât à son tour ; adoré
des troupes , la voix publique l'appelloit
au Generalat ; mais plus il se distinguoit
entre
JANVIER 89 173 4.
entre ses pareils , plus il faisoit de jaloux ,
qui bientôt étoient autant d'ennemis.
Tel est , à la honte de l'humanité et en
tout Pays , l'effet ordinaire d'un merite
superieur , mais dont les conséquences ne
sont nulle part si dangereuses qu'en Turquic.
C'est à ce tems vrai-semblablement que
doit se raporter un évenement de la vie
d'Osman qui pensa le perdre , et dont
je ne retrouve qu'une note ; je l'ai entendu
raconter au Sr Arniaud fils , avec plusieurs
circonstances qui me sont échapées
; mais il est obmis dans le Mémoire
qu'il m'a laissé qui fut fait avec précipitation
et presque au moment de son départ.
,
se
Topal - Osman par des raisons qui ne
pouvoient que lui faire honneur
broüilla avec un Pacha plus puissant que
lui , peut-être avec ce même General
qu'il avoit si utilement remplacé au Siége
de Corfou . Sa tête fut proscrite et ses
biens confisquez : il fallut céder à l'orage,
il se déroba par la fuite à la fureur de son
ennemi ; déguisé et inconnu , abandonné
des siens , il se rendit à Salonique , où il
demeura caché quelque tems . Delà sous
l'habit et l'apparence d'un simple ( a ).
( a ) Soldat de Marine Turc.
E ij
Léventi
84 MERCURE DE FRANCE
Léventi , Il s'embarqua sur une Galere et
passa à Constantinople. Pendant qu'il
agissoit sous main , sans oser paroître , es
qu'il employoit ses amis pour obtenir sa
grace , son ennemi fut déposé. C'étoit le
plus grand obstacle à la justification
d'Osman : elle fut éclatante et solemnelle.
Il fut renvoyé dans la possession de tous
ses biens , et ce fut à peu près dans ce
tems qu'il fut nommé Seraskier ου
Generalissime en Morée.
›
Tous les Consuls étant venus le saluer
en cette qualité , il donna à la Nation
Françoise les témoignages les plus marquez
de bienvaillance et de protection .
chargea les Consuls François d'écrire à
Malte au Capitaine Arniaud , pour lui
faire part de sa nouvelle dignité , et le
prier de lui envoyer un de ses fils , dont
il se voyoit en état de faire la fortune.
Un des fils d'Arniaud , celui - la même
qui a fourni ces Mémoires , se rendit
effectivement en Morée ; et pendant deux
ou trois ans qu'il demeura auprès du
Seraskier, celui - ci, tant par les dons qu'il
lui fit , que par les facilitez et les avanta
ges qu'il lui procura pour son commerce,
le mit effectivement à portée de faire des
gains considérables dont les occasions furent
négligées par le jeune homme , alors
plus
JANVIER.
1734 83
plus occupé de ses plaisirs que du soin de
sa fortune.
Topal-Osman croissant en dignitez à
mesure que son mérite devenoit plus
connu , fut fait Pacha à trois queües , et
nommé Beglier-Bey de Romelie , un des
deux plus grands Gouvernements de
l'Empire , lequel par sa proximité de la
Frontiere de Hongrie est un poste encore
plus important.
་
En 1727. le Capitaine Arniaud , âgé
de soixante et sept ans , passa avec son
fils à Salonique , et alla voir le Beglier
Bey à Nysse où il faisoit sa résidence . Ils
en reçurent l'accueil le plus favorable et
le plus tendre ; il déposa en leur présen ,
ce le faste de sa dignité , les embrassa
leur fit servir le Sorbet et le Parfum , et
les fit asseoir sur le Sopha , faveur singuliere
de la part d'un Pacha du premier
ordre , sur tout quand elle est accordée à
un Chrétien. Il les combla d'honneurs et
de présents , et leur voyage leur valut
plus de 15000 livres. En prenant congé
du Pacha , son ancien Patron lui dit qu'il
esperoit bien avant que de mourir l'aller
saluer à Constantinople en qualité de
Grand Visir ; c'étoit plutôt alors un
souhait qu'une espérance , l'évenement
en a fait une prédiction.
E iij
Le
36 MERCURE DE FRANCE
Le Grand Visir Ibrahim Pacha après
avoir joüi douze ou treize ans tranquillement
d'une dignité jusques - là si orageuse,
périt cruellement comme tout le monde
sçait dans la Révolution de 1730. ( a )
En moins d'un an il eut trois successeurs.
Au mois de Septembre 1731 , Topal-
Osman fut appellé pour remplir à son
tour un poste dangereux par lui- même ,
et devenu plus délicat dans les circonstances
présentes . Il ignoroit encore quelle
place lui étoit destinée ; lorsqu'étant
en chemin pour se rendre à Constantinople
, il fit écrire à Malte par le Consul
Francois de Salonique et mander au Capitaine
Arniaud qu'il pouvoit lui et ses
enfans venir trouver Topal-Osman en
quelque lieu du monde que la fortune
l'appellât. Après son arrivée à Constantinople
il fit prier l'Ambassadeur de
France d'écrire de nouveau et d'inviter
son ancien Patron à le venir voir ; lui
recommandant de ne point perdre de
tems, parce qu'un Grand Visir pour l'ordinaire
ne demeuroit pas long- tems en
place.
Arniaud profita de l'avis ; il vint à
Constantinople avec son fils au mois de
( a ) Voyez le Supplement du Mercure d'Avri
1731
JanJANVIER.
1734 87
Janvier 1732. Aussi - tôt que le Visir fut
informé de leur arrivée , il leur envoya
un Officier de confiance , leur dire qu'il
leur donneroit Audiance le lendemain.
après midi. On pensoit qu'il les recevroit
en particulier , pour ne point commettre
sa dignité en faisant à des Chrétiens
un accueil qui pourroit indisposer les
Grands de la Porte , sur tout dans un
tems où la fermentation des esprits se
ressentoit encore des troubles de la derniere
Révolution. Les deux François se
rendirent le lendemain au Palais du Grand
Visir, à l'heure marquée, avec les présents
qu'ils lui avoient aportés de Malte, consistant
en plusieurs Caisses d'Oranges ,
Citrons , Bergamotes , &c. diverses sor
tes de Confitures , des Orangers chargez
de feuilles et de fleurs , des Serins dé
Canarie dont les Turcs sont fort curieux ,
et ce qui l'emportoit sur tout le reste ,
en douze Turcs rachetez de l'esclavage à
Malte.
Tous ces présents , par ordre du Visir ,
furent rangez et exposez à la vûë. Le
vieux Arniaud âgé de soixante et douze
ans , accompagné de son fils , fut introduit
devant le Grand Visir. Il les reçût
en présence des plus grands Officiers de
l'Empire , avec les témoignages de la plus
E iiij
tendre
38 MERCURE DE FRANCE
tendre affection . Vous voyez , dit - il , en
adressant la parole aux Turcs qui l'environnoient
, et leur montrant les Esclaves
rachetez, vous voyez vos freres qui jouissent
de la liberté après avoir langui dans
l'esclavage : ce François est leur libérareur
. J'ai été esclave comme eux
ajouta-t'il , j'étois chargé de chaînes
percé de coups , couvert de blessures ,
voilà celui qui m'a racheté , qui m'a sauvé
; voilà mon Patron : liberté , vie
fortune , je lui dois tout. Il a payé sans
e connoître mille Sequins pour ma rançon.
Il m'a renvoyé sur ma parole ; il m'a
donné un Vaisseau pour me conduire ou
je voudrois :où est,même le Musulman ,capable
d'une pareille action de génerosité?
Tous les assistants avoient les yeux tournez
sur le vieillard qui tenoit les mains
du Grand Visir embrassées .Tous les Officiers
de ce Ministre , tous les gens de sa
maison se disoient les uns aux autres
voilà l'Aga ( a ) le Patron du Visir; voilà
celui qui a racheté notre Maître.
Cinq ans auparavant Osman étant Pacha
de Nysse , n'avoit pas voulu permettre
que son ancien Patron lui baisât
la main. Devenu Grand- Visir , il souf-
( a ) Les Esclavos Tures appellens leur Maître
tum Aga.
frit
JANVIER 1734 89
frit cette marque de respect et de soumission
, et crut devoir en agir ainsi
sur tout en présence des Grands de l'Empire
, pour qui c'eût été une faveur ,
eux qui se trouvent honorez de baiser
le bas de la veste d'un Grand Visir , et
dont plusieurs même murmuroient en
secret de l'honneur que celui- cy faisoit
à de vils Ghiaours . (a)
,
Le Visir fit ensuite au Pere et au Fils
diverses questions sur l'état présent de leur
fortune et sur les pertes qu'ils avoien
essuyées dans leur commerce. Après avoir
écouté leurs réponses avec bonté , il répliqua
par une Sentence Arabe Allah-
Kerim , qui signifie à la lettre , Dleu est
liberal , et dans un sens plus étendu , la
Providence de Dieu est grande ; elle m'a
mis en état , ajoûta - t'il , d'adoucir votre
situation. Il fit ensuite devant eux la
destination de leurs présents , dont il
envoya sur le champ la plus grande partie
au Grand- Seigneur , à la Validé ¯ ( b)
et au Kislar- Agă, ( c)
Les deux François , comblez des cares-
(a) Ghiaours est un terme de mépris dont les
Tures se servent pour désigner ceux qui ne sont pas
Musulmans.
(b) Sultane Mere.
(c) Chef des Eunuques noirs.
E v se
90 MERCURE DE FRANCE
•
ses du Grand-Visir , prirent congé de lui.
Il avoit donné ordre de leur préparer
un Appartement dans son Palais ; il leur
fit quelques reproches en apprenant qu'ils
retournoient au Palais de France ; il chargea
l'Interprete de les recommander de
sa part à M. l'Ambassadeur , en le faisant
assurer qu'il lui auroit obligation
de tout ce qu'il feroit pour eux.
Il y a assurément de la grandeur d'ame
dans la peinture que Topal- Osman fit
de son Esclavage et dans l'aveu public
de son humiliation et des obligations
qu'il avoit à son Libérateur ; mais il faudroit
connoître le profond mépris et le
fond d'éloignement que les préjugez de
la Religion et de l'éducation inspirent
aux Turcs pour tout ce qui n'est point
Musulman , et en particulier pour les
Chrétiens , pour sentir toute la beauté
et la noblesse de cette action , qui se passa
aux yeux de toute sa Cour.
Le Fils du Visir reçut ensuite le Pere et le
Fils en particulier dans son Appartement,
où il ne garda aucunes mesures. Il les
embrassa l'un et l'autre, les traita avec la
même familiarité qu'avoit fait son Pere
étant Pacha de Nysse , et leur fit promettre
de le venir voir souvent.
Ils eurent peu de temps avant leur départ
JANVIER. 1734- 91
part une autre Audiance particuliere du
Visir , où ce Ministre n'ayant plus de
bienséance à observer , oublia son rang
pour ne plus se souvenir que de ce qu'il
devoit à son Bienfaicteur. Il lui avoit
déja fait rembourser liberalement la rançon
des douze Esclaves , et procuré le
payement d'une ancienne dette regardée
comme perdue. Il y ajoûta de nouveaux
présents en argent , et un Commandement
ou permission expresse pour faire
gratis à Salonique , un chargement de
bled , sur lequel il y avoit un profit à
faire d'autant plus considerable que ce
commerce étoit interdit aux Etrangers
depuis plusieurs années. Cette gratifica
tion montoit à plus de dix mille écus .
Le Visir , qui eût voulu mesurer sa libé
ralité sur sa reconnoissance , qui étoit'sans
bornes, leur fit entendre qu'il ne pouvoit
pas faire tout ce qu'il vouloit, et peut - être
n'en faisoit- il déja que trop aux yeux de
ceux qui ne jugent des actions d'un Ministre
que par leur interêt particulier.
Il fit ressouvenir Arniaud le fils de son
voyage en Morée , et du temps où il n'avoit
tenu qu'à lui de faire une grande
fortune par les occasions qu'il lui avoit
procurées. Il finit par leur dire qu'un
Pacha étoit le Maître dans son Gouverne
E vi
ment
92 MERCURE DE FRANCE
ment , mais qu'un Visir à Constantinople
avoit un plus grand Maître que lui .
Topal- Osman , par sa vigilance et sæ
fermeté, avoit remis l'abondance , le bon
ordre et la Police dans Constantinople ,
où depuis la Révolution jusqu'à son Ministere
, la licence et le desordre n'avoient
pû être réprimez , et où la disette
et la cherté des vivres étoient excessives.
Quoiqu'on lui ait reproché une trop
grande séverité, il est de fait qu'il n'a condamné
à mort même les plus vils et les plus
séditieux des mutins , que sur le Fetfa (a)
du Mufti. Peut-être dans les conjonctures
présentes un homme de ce caractére étoitil
nécessaire pour prévenir une nouvelle
révolte et rétablir la tranquillité publique;
ce qu'il y a de certain , et qui est bien à
son honneur , c'est qu'il fut regretté de
tous les gens de bien et des bons Citoyens,
lorsqu'il fut ôté de place au mois de
Mars 1732.
On ne sçut pas bien , du moins alors ,
les véritables motifs de sa déposition .
Un mois auparavant les bruits publics
l'avoient annoncée pour le temps précis
où elle arriva : elle avoit été précedée de
quelques jours par celle du Mufti , qui
(a) Sorte de consultation du Mufti , qui décide
suivant la Loy , de la peine duë au coupable.
avoit
JANVIER. 1734. 93
avoit opiné pour la Paix , ainsi que le
Visir dans le Conseil extraordinaire, tenu
depuis peu au sujet des affaires de Perse ;
l'un et l'autre avoient insisté fortement sur
la nécessité de ratifier le Traité conclu par
Achmet-Pacha , Gouverneur de Bagdad,
en vertu de son plein pouvoir. La déposition
de ces deux Ministres fut regardée
, avec raison , comme un mistere de
politique ; car il faut avouer que tout
ce qu'on en dit dans le temps ne passoit
pas la conjecture.
Topal - Osman , qui avoit dès longtemps
prévû ce revers , le soutint avec
la plus parfaite tranquillité. En sortant
du Serrail , après avoir remis le Sceau de
l'Empire , il trouva toutes ses Créatures
et tous les Gens de sa Maison abatus et
consternez : de quoi vous affligez - vous ,
leur dit - il , ne vous ai-je pas dit qu'un
Visir ne restoit pas long- temps en place ?
Toute mon inquiétude étoit de sçavoir
comment j'en sortirois ; grace à Dieu on
n'a rien à me reprocher ; le Sultan est satisfait
de mes services ; je pars tranquille.
et content.
Il donna ensuite ses ordres pour un
Sacrifice (a) d'actions de graces , distri-
(a) Cette coûtume est pratiquée parmi les Turcs
en certaines occasions , comme pour obtenir un heureux
succès , &c.
94 MERCURE DE FRANCE
bua de l'argent à ses Domestiques et leur
ordonna de se réjouir . Il se ressouvint
aussi dans ce moment de son Bienfaicteur
, en prévoyant le chagrin que cet
évenement lui causeroit. Qu'on lui dise
qu'il se console , ajoûta- t'il , je ne désespere
pas de le revoir encore , dites lui
qu'il me retrouvera toujours; qu'on écrive
à Salonique, que l'on soit exact à lui donner
la quantité de bled que j'ai ordonné ;
si j'apprends qu'il en manque une mesure
, je ferai voir que je ne suis pas mort. Il
donna quelques autres ordres concernant
ses affaires domestiques et partit pour Trébisonde
, dont il avoit été nommé Pacha.
Si la reconnoissance , toute naturelle
qu'elle est aux coeurs genereux, passe pour
une vertu rare sur tout chez les Grands , il
faut convenir qu'elle reçoit ici un nouvel
éclat par la circonstance et le moment
où Topal - Osman rappella le souvenir de
son Bienfaicteur.
Jamais déposition de Visir n'eut moins
Fair d'une disgrace ; il n'y a point d'exemple
qu'un Ministre disgracié ait été
traité avec autant d'égards et de distinction.
Le Grand- Seigneur lui fit dire de
laisser son fils à Constantinople et qu'il
en prendroit soin ; et quatre jours après
ce même fils eut l'honneur de présenter
JANVIER 1734 99
à Sa Hautesse le présent qui lui avoit été
destiné par son Pere , pour le jour de Bayram.
(a) Il consistoit en un Harnois de
Cheval, enrichi de Pierreries , estimé 50000
Piastres ; c'est ce que Topal Osman avoit
en partant expressément recommandé à
son fils ; quoique , n'étant plus en place ,
il eût pû se dispenser de faire le présent
qu'il avoit fait préparer en qualité
de Grand- Visir.
•
Peu de jours après il reçut sur sa route
de nouveaux ordres pour aller commander
en Perse , à la Place d'Ali Pacha´, qui
venoit d'être nommé Grand- Visir à la
sienne. Osman alla tranquillement relever
son Successeur au Visiriat , dans
le poste de Séraskier , où il a rendu depuis
deux ans à sa Patrie des services
peut- être plus importants qu'il n'auroit
pû faire , s'il fût demeuré Grand - Visir ,
puisque non-seulement il a trouvé le secret
de soutenir une guerre difficile dans
un Pays désert et ruiné , à quatre cent
lieues de la Capitale , le plus souvent dénué
des secours d'argent , d'hommes , de
vivres et de munitions ; mais encore qu'il
a remporté une victoire complette (b)
(a ) Fête solemnelle des Turcs , pendant laquelle
ils se font des présens .
(b) Le 19. Juillet 1733 •
en
96 MERCURE DE FRANCE
en bataille rangée sur un Ennemi ( a) digne
de lui , battu les Persans en trois rencontres
, (b) et humilié l'orgueil de leur
fier General .
sur quelques particularitez de la vie de
Topal Osman Pacha , cy-devant Grand
Visir de l'Empire Ottoman , et aujour
d'hui Séraskier de l'Armée Turque en
Perse . A Paris , ce 18 Janvier 1734.
V
Ous avez jugé , Monsieur , que
dans les circonstances présentes où
les affaires d'Asie ont plus de liaison que
jamais avec celles d'Europe , ce seroit
un objet interessant pour le Public , que
la
74 MERCURE DE FRANCE
la vie et les avantures de Topal Osman
qui jouë aujourd'hui un si grand rôle .
Je crois que l'Auteur de la Rela .
tion de la Révolution arrivée en 1730. à
Constantinople n'a pas abandonné le
dessein où je l'ai vu, d'écrire cette vie, véritablement
digne de la curiosité du Public
. Personne n'est plus capable que lui
de bien exécuter ce projet; et s'il est aussi
bien servi par ceux qui sont à portée de
lui procurer des Mémoires , que je le
connois exact et ami de la verité ; nous
verrons dans un même Ouvrage la singularité
du Roman , unie à la plus scru
puleuse fidelité dans les faits historiques.
En attendant , je me fais un vrai plaisir
, Monsieur , de vous faire part de
quelques traits de la vie du Général
Turc dont je suis exactement informé . Le
Sr Arniaud , celui-la même qui racheta
Topal Osman d'esclavage à Malte , il y
a environ trente- cinq ans , vint en 1732 .
à Constantinople avec son fils ,saluer son
ancien Esclave , devenu Grand Visir.J'ai
entendu plus d'une fois raconter au pete
et au Fils ce qu'ils sçavoient de son histoire.
Le Fils a même bien voulu , à ma
priere , mettre par écrit ce qu'il a pû s'en
rappeller, et m'en laisser le Mémoire que
je
JANVIER. 1734. 75
je conserve , écrit de sa main. Ce qui suit
est tiré de ce Mémoire. J'y ai joint
quelques circonstances que je lui ai entendu
conter , ou à son Pere, et j'ai ajouté
les faits dont j'ai eu connoissance
pendant mon séjour à Constantinople ,
concernant l'arrivée du Sr Arniaud , son
Audiance du Visir , la déposition de ce
Ministre , &c. tous faits qui se sont passez
presque sous mes yeux ; mais dont
je ne garantis cependant pas la verité
quelque attention que j'aye eu à consulter
les témoins oculaires autant que je
l'ai pû , et à ne rapporter icy que ce que
je trouve sur un Journal , écrit dans le
temps.
Osman avoit reçu dans le Sérail du
Grand Seigneur l'éducation qui n'étoit
autrefois destinée qu'aux Enfans de Tribut
, ( a ) Chrétiens de naissance . Les
Turcs ont depuis brigué ces Places pour
leurs propres Enfans , ensorte qu'aujour
d'hui presque tous les Eleves du Sérail
sont de race Turque .
En 1698 ou 99. à l'âge de 25 ans ou
environ, Osman Aga sortit du Sérail, où il
exerçoit l'emploi de (b) Martolos Bachi.
( a ) Voyez Ricaut, Etat présent de l'Empire Ot
toman.
(b ) Intendant des Voitures.
7
N
6 MERCURE DE FRANCE
Il étoit porteur d'un Ordre du Grand Sergneur
, et chargé d'une commission pour
aller remettre quelques Beys du Čaire
dans la possession de leurs biens , dont
ils avoient été destituez pendant ces troubles
qui sont si fréquents en Egypte. I
prit sa route par terre jusqu'à Seyde , où
pour éviter la rencontre des Arabes qui
infestoient le Païs , il fut obligé de s'embarquer
sur une ( a ) Saïque , qui passoit
à Damiette . Dans ce, court trajet la Saïque
fut malheureusement rencontrée par
une Barque Espagnole , armée en course
à Maïorque. Quoique la partie ne fut pas
égale , le désir de conserver leurs biens
et leur liberté , fit faire les derniers ef
fort aux Passagers et à l'équipage ; ils se
deffendirent en désesperez ; l'abordage
fut sanglant. Osman s'y signala par cette
intrépidité dont il a depuis donné des
preuves en tant de rencontres ; si la valeur
de tous eut été égale à la sienne
peut-être eussent ils évité l'esclavage . Enfin
il fallut céder au nombre . Osman
Aga , percé de coups , blessé dangereusement
au bras et à la cuisse , fut pris les
armes à la main . Le Corsaire , dont le Bâtiment
avoit souffert dans le combat
( a ) Sorte de Bâtiment de Levant , propre an
ransport des Marchandises,
soit
JANVIER . 1734.
77
soit qu'il eut besoin de se raccommoder ,
ou pour quelque autre raison , relâcha à
Malte .
-
Les marques de valeur qu'Osman avoit
données dans l'action, ou plutôt la déposition
que firent sans doute les autres Passagers
,qu'il étoit chargé d'une commission
secrete du Grand Seigneur , et l'espérance
d'en tirer une grosse rançon , le firent distinguer
parmi ses compagnons d'infortune;
cependant il n'étoit pas hors de danger
de ses blessures quand il arriva à Malte ;
celle de la Cuisse étoit la plus considérable
; il en est resté estropié ; et c'est delà
que lui est demeuré le nom ou le Sobriquet
de ( a ) Topal , suivant l'usage commun
des Turcs .
*
>
Aussi- tôt que le Corsaire fut entré dans
le Port , le Sr Vincent Arniaud dit
' Hardy , natif de Marseille , qui étoit
alors Capitaine de Port à Malte , se transporta
à bord du Bâtiment , suivant le devoir
de sa Charge. Il y vit le malheureux
Aga enchaîné , qui lui fit une proposision
bien singuliere,
Fais une belle action , lui dit Topal ,
rachette - moi , tu n'y perdras rien. Arniaud
surpris de la proposition , deman .
da au Capitaine Corsaire ce qu'il pré-
( a ) Boiteux,
ten8
MERCURE DE FRANCE
tendoit pour la rançon de cet Esclave. Il:
me faut mille Sequins ( a ) , répondit le
Corsaire . Arniaud se retournant vers
Osman , lui dit : Je te vois pour la premiere
fois de ma vie , je ne te connois
point , et tu me proposes de donner sur ,
ta parole mille Sequins pour ta rançon .
Nous faisons l'un et l'autre ce qu'il nous
convient de faire, reprit Osman . Quant à
moi je suis dans les fers , il est naturel
que je mette tout en usage pour obtenir
ma liberté ; pour toi , tu es en droit de te
défier de ma bonne foy ; je n'ai aucune
sureté à te donner que ma parole , et tu.
n'as aucune raison d'y conter ; cependant
si tu veux en courir les risques , je te le
répete encore , tu ne t'en repentiras pas.
Soit que l'air d'assurance , ou que la
Phisionomie du jeune Turc prévint Arniaud
en sa faveur, soit que la singularité
de l'avanture éloignât les soupçons qu'il.
auroit pû concevoir , le Capitaine de
Port sortit avec des dispositions favora
bles pour Topal Osman , et , ce qui est
peut être encore plus extraordinaire , la
réfléxion ne les détruisit pas.
Arniaud alla rendre compte au grand
( a ) Ily a plusieurs sortes de Sequins en Levant,
qui valent depuis six jusqu'à onze francs de notre
Monnoye.
MaîJANVIER.
1734. 79
Maître Perellos de ce qui concernoit son
ministere , revint à bord et convint de
600(a )Sequins Vénitiens avec le Corsaire,
pour le prix de la rançon de son Esclave ;
son nouveau Maître le fit aussi - tôt transporter
sur une Barque Françoise, à lui ар-
partenante,où il lui envoya un Médecin ,
un Chirurgien et tous les secours neces
saires.Osman se vit bien tôt hors de danger.
Il proposa alors à son bienfaicteur
d'écrire en Levant pour se faire rembourser
de ce qu'il lui devoit. Mais comblé
des bienfaits de son nouveau Patron , il
ne crut pas abuser de sa générosité en lui
demandant une nouvelle grace . C'étoit de
le renvoyer sur sa parole et de s'en remettre
pour le tout entierement à sa
bonne foy.
Arniaud ne fut pas genereux à demi
et rencherit encore sur la demande de son
Esclave ; après lui avoir fait toutes sortes
de bons traitemens , il lui donna cette
même Barque , sur laquelle il l'avoit fait
transporter, pour en disposer à sa volonté,
et se faire conduire où bon lui sembleroit.
Osman arrivé à Malte Esclave , et racheté
le jour même , en partit huit jours
après sur un Bâtiment à ses ordres . Le
(a ) Le Sequin Vénitien vaut aujourd'hui environ
11 liv. quelques sols, Monnoye de France.
Pa80
MERCURE DE FRANCE
Pavillon François le mettoit à l'abri
des Corsaires . Il arriva heureusement
à Damiette d'où il remonta le Nil jusqu'au
Caire . Le lendemain de son arrivée
il fit compter mille Sequins au Capitaine
au
de la Barque pour être remis à son libérateur,
il y joignit deux Pelisses ( a) dè la valeur
de soo piastres , ( b ) dont il fit présent
au Capitaine . Il exécuta la commission
du Grand Seigneur , repartit pour
en aller rendre compte, arriva à Constantinople
et fut lui - même le porteur de la
nouvelle de son Esclavage.
pas
à
La reconnoissance d'Osman ne se borna
ses premiers mouvements : pendant
plusieurs années de séjour qu'il fit du
côré de Larta en Albanie où ses emplois
l'appellerent, il continua d'en donner des
preuves à son bienfaicteur , et entretint
avec lui un commerce non interrompu
de lettres et de présents.
On peut même dire que sa reconnoissance
s'étendit sur toute la Nation Françoise
; puisque depuis son avanture il n'a
laissé échaper aucune rencontre où il n'ait
donné à tous les François , qui ont eu affaire
à lui, des marques d'une bienveillance
particuliere .
( a ) Robes Fourrées .
( b ) La Piastre courante du Levant , vaut aujourd'hui
3 livres quelques sols Monnoye de France.
Les
JANVIER 1734 81
Les occasions avoient manqué jusqu'a
lors à Osman de se faire connoître et de
pousser sa fortune . La Guerre s'étant depuis
declarée entre les Venitiens et les
Turcs , le Grand Visir Aly Pacha , qui
méditoit l'invasion de la Morée , assembla
son Armée dans le voisinage de
l'Isthme de Corinthe , qui joint la Morée
au continent et le seul passage qui
puisse donner entrée par terre dans cette
presqu'Isle.
>
Tous les differents corps de Troupes
qui devoient composer l'Armée Ottomane
, se rendirent de toutes les Provinces
de l'Empire au lieu et au jour marqués
le seul Cara Mustapha Pacha ,. qui commandoit
un Corps de trois mille hommes
, arriva trois jours trop tard au rendez-
vous de l'Armée : il lui en couta la
vie , le Visir lui ayant fait trancher la
tête.
Sur ces entrefaites , Topal-Osman brulant
du désir de se signaler , vint se présenter
au Visir à la tête de mille hommes
qu'il avoit levez et pris à sa solde sans
avoir reçu aucun ordre; et le jour destiné
à l'attaque du défilé du Pas de Corinthe ,
il s'offrit de marcher le premier, et se
chargea de forcer le passage avec sa troupe
; son offre fut acceptée. Peut être la
E terreur
82 MERCURE DE FRANCE
terreur et la consternation generale qui
s'étoient répandues à l'approche d'une
Armée formidable , ne laisserent- t'elle pas à
Topal-Osman tout le merite d'une victoi
re achetée cherement ; quoiqu'il en soit,il
força le défilé , et emporta d'emblée la
Ville de Corinthe. Il reçut du Grand
Visir pour récompense les deux queues
de Pacha , et tous les Equipages de l'infortuné
Cara Mustapha.
Osman ne resta pas en si beau chemin,
et les occasions ne manquant plus à son
courage , il se distingua par
de nouveaux
exploits dont le détail nous meneroit
trop loin. L'année suivante , au Siége de
Corfou il servit en second, et fit les fonctions
de Licutenant General.
Ce fut alors qu'il fit voir que sa prudence
égaloit sa valeur ; le Siége ayant
été abandonné , Osman demeura trois
jours devant la Place depuis le départ du
General , pour favoriser la retraite des
Troupes Ottomanes ; il donna les ordres
necessaires avec toute la présence d'esprit
possible , et ne se retira qu'après avoir mis
l'Armée en sûreté.
Il étoit tems qu'un homme de cette
trempe commandât à son tour ; adoré
des troupes , la voix publique l'appelloit
au Generalat ; mais plus il se distinguoit
entre
JANVIER 89 173 4.
entre ses pareils , plus il faisoit de jaloux ,
qui bientôt étoient autant d'ennemis.
Tel est , à la honte de l'humanité et en
tout Pays , l'effet ordinaire d'un merite
superieur , mais dont les conséquences ne
sont nulle part si dangereuses qu'en Turquic.
C'est à ce tems vrai-semblablement que
doit se raporter un évenement de la vie
d'Osman qui pensa le perdre , et dont
je ne retrouve qu'une note ; je l'ai entendu
raconter au Sr Arniaud fils , avec plusieurs
circonstances qui me sont échapées
; mais il est obmis dans le Mémoire
qu'il m'a laissé qui fut fait avec précipitation
et presque au moment de son départ.
,
se
Topal - Osman par des raisons qui ne
pouvoient que lui faire honneur
broüilla avec un Pacha plus puissant que
lui , peut-être avec ce même General
qu'il avoit si utilement remplacé au Siége
de Corfou . Sa tête fut proscrite et ses
biens confisquez : il fallut céder à l'orage,
il se déroba par la fuite à la fureur de son
ennemi ; déguisé et inconnu , abandonné
des siens , il se rendit à Salonique , où il
demeura caché quelque tems . Delà sous
l'habit et l'apparence d'un simple ( a ).
( a ) Soldat de Marine Turc.
E ij
Léventi
84 MERCURE DE FRANCE
Léventi , Il s'embarqua sur une Galere et
passa à Constantinople. Pendant qu'il
agissoit sous main , sans oser paroître , es
qu'il employoit ses amis pour obtenir sa
grace , son ennemi fut déposé. C'étoit le
plus grand obstacle à la justification
d'Osman : elle fut éclatante et solemnelle.
Il fut renvoyé dans la possession de tous
ses biens , et ce fut à peu près dans ce
tems qu'il fut nommé Seraskier ου
Generalissime en Morée.
›
Tous les Consuls étant venus le saluer
en cette qualité , il donna à la Nation
Françoise les témoignages les plus marquez
de bienvaillance et de protection .
chargea les Consuls François d'écrire à
Malte au Capitaine Arniaud , pour lui
faire part de sa nouvelle dignité , et le
prier de lui envoyer un de ses fils , dont
il se voyoit en état de faire la fortune.
Un des fils d'Arniaud , celui - la même
qui a fourni ces Mémoires , se rendit
effectivement en Morée ; et pendant deux
ou trois ans qu'il demeura auprès du
Seraskier, celui - ci, tant par les dons qu'il
lui fit , que par les facilitez et les avanta
ges qu'il lui procura pour son commerce,
le mit effectivement à portée de faire des
gains considérables dont les occasions furent
négligées par le jeune homme , alors
plus
JANVIER.
1734 83
plus occupé de ses plaisirs que du soin de
sa fortune.
Topal-Osman croissant en dignitez à
mesure que son mérite devenoit plus
connu , fut fait Pacha à trois queües , et
nommé Beglier-Bey de Romelie , un des
deux plus grands Gouvernements de
l'Empire , lequel par sa proximité de la
Frontiere de Hongrie est un poste encore
plus important.
་
En 1727. le Capitaine Arniaud , âgé
de soixante et sept ans , passa avec son
fils à Salonique , et alla voir le Beglier
Bey à Nysse où il faisoit sa résidence . Ils
en reçurent l'accueil le plus favorable et
le plus tendre ; il déposa en leur présen ,
ce le faste de sa dignité , les embrassa
leur fit servir le Sorbet et le Parfum , et
les fit asseoir sur le Sopha , faveur singuliere
de la part d'un Pacha du premier
ordre , sur tout quand elle est accordée à
un Chrétien. Il les combla d'honneurs et
de présents , et leur voyage leur valut
plus de 15000 livres. En prenant congé
du Pacha , son ancien Patron lui dit qu'il
esperoit bien avant que de mourir l'aller
saluer à Constantinople en qualité de
Grand Visir ; c'étoit plutôt alors un
souhait qu'une espérance , l'évenement
en a fait une prédiction.
E iij
Le
36 MERCURE DE FRANCE
Le Grand Visir Ibrahim Pacha après
avoir joüi douze ou treize ans tranquillement
d'une dignité jusques - là si orageuse,
périt cruellement comme tout le monde
sçait dans la Révolution de 1730. ( a )
En moins d'un an il eut trois successeurs.
Au mois de Septembre 1731 , Topal-
Osman fut appellé pour remplir à son
tour un poste dangereux par lui- même ,
et devenu plus délicat dans les circonstances
présentes . Il ignoroit encore quelle
place lui étoit destinée ; lorsqu'étant
en chemin pour se rendre à Constantinople
, il fit écrire à Malte par le Consul
Francois de Salonique et mander au Capitaine
Arniaud qu'il pouvoit lui et ses
enfans venir trouver Topal-Osman en
quelque lieu du monde que la fortune
l'appellât. Après son arrivée à Constantinople
il fit prier l'Ambassadeur de
France d'écrire de nouveau et d'inviter
son ancien Patron à le venir voir ; lui
recommandant de ne point perdre de
tems, parce qu'un Grand Visir pour l'ordinaire
ne demeuroit pas long- tems en
place.
Arniaud profita de l'avis ; il vint à
Constantinople avec son fils au mois de
( a ) Voyez le Supplement du Mercure d'Avri
1731
JanJANVIER.
1734 87
Janvier 1732. Aussi - tôt que le Visir fut
informé de leur arrivée , il leur envoya
un Officier de confiance , leur dire qu'il
leur donneroit Audiance le lendemain.
après midi. On pensoit qu'il les recevroit
en particulier , pour ne point commettre
sa dignité en faisant à des Chrétiens
un accueil qui pourroit indisposer les
Grands de la Porte , sur tout dans un
tems où la fermentation des esprits se
ressentoit encore des troubles de la derniere
Révolution. Les deux François se
rendirent le lendemain au Palais du Grand
Visir, à l'heure marquée, avec les présents
qu'ils lui avoient aportés de Malte, consistant
en plusieurs Caisses d'Oranges ,
Citrons , Bergamotes , &c. diverses sor
tes de Confitures , des Orangers chargez
de feuilles et de fleurs , des Serins dé
Canarie dont les Turcs sont fort curieux ,
et ce qui l'emportoit sur tout le reste ,
en douze Turcs rachetez de l'esclavage à
Malte.
Tous ces présents , par ordre du Visir ,
furent rangez et exposez à la vûë. Le
vieux Arniaud âgé de soixante et douze
ans , accompagné de son fils , fut introduit
devant le Grand Visir. Il les reçût
en présence des plus grands Officiers de
l'Empire , avec les témoignages de la plus
E iiij
tendre
38 MERCURE DE FRANCE
tendre affection . Vous voyez , dit - il , en
adressant la parole aux Turcs qui l'environnoient
, et leur montrant les Esclaves
rachetez, vous voyez vos freres qui jouissent
de la liberté après avoir langui dans
l'esclavage : ce François est leur libérareur
. J'ai été esclave comme eux
ajouta-t'il , j'étois chargé de chaînes
percé de coups , couvert de blessures ,
voilà celui qui m'a racheté , qui m'a sauvé
; voilà mon Patron : liberté , vie
fortune , je lui dois tout. Il a payé sans
e connoître mille Sequins pour ma rançon.
Il m'a renvoyé sur ma parole ; il m'a
donné un Vaisseau pour me conduire ou
je voudrois :où est,même le Musulman ,capable
d'une pareille action de génerosité?
Tous les assistants avoient les yeux tournez
sur le vieillard qui tenoit les mains
du Grand Visir embrassées .Tous les Officiers
de ce Ministre , tous les gens de sa
maison se disoient les uns aux autres
voilà l'Aga ( a ) le Patron du Visir; voilà
celui qui a racheté notre Maître.
Cinq ans auparavant Osman étant Pacha
de Nysse , n'avoit pas voulu permettre
que son ancien Patron lui baisât
la main. Devenu Grand- Visir , il souf-
( a ) Les Esclavos Tures appellens leur Maître
tum Aga.
frit
JANVIER 1734 89
frit cette marque de respect et de soumission
, et crut devoir en agir ainsi
sur tout en présence des Grands de l'Empire
, pour qui c'eût été une faveur ,
eux qui se trouvent honorez de baiser
le bas de la veste d'un Grand Visir , et
dont plusieurs même murmuroient en
secret de l'honneur que celui- cy faisoit
à de vils Ghiaours . (a)
,
Le Visir fit ensuite au Pere et au Fils
diverses questions sur l'état présent de leur
fortune et sur les pertes qu'ils avoien
essuyées dans leur commerce. Après avoir
écouté leurs réponses avec bonté , il répliqua
par une Sentence Arabe Allah-
Kerim , qui signifie à la lettre , Dleu est
liberal , et dans un sens plus étendu , la
Providence de Dieu est grande ; elle m'a
mis en état , ajoûta - t'il , d'adoucir votre
situation. Il fit ensuite devant eux la
destination de leurs présents , dont il
envoya sur le champ la plus grande partie
au Grand- Seigneur , à la Validé ¯ ( b)
et au Kislar- Agă, ( c)
Les deux François , comblez des cares-
(a) Ghiaours est un terme de mépris dont les
Tures se servent pour désigner ceux qui ne sont pas
Musulmans.
(b) Sultane Mere.
(c) Chef des Eunuques noirs.
E v se
90 MERCURE DE FRANCE
•
ses du Grand-Visir , prirent congé de lui.
Il avoit donné ordre de leur préparer
un Appartement dans son Palais ; il leur
fit quelques reproches en apprenant qu'ils
retournoient au Palais de France ; il chargea
l'Interprete de les recommander de
sa part à M. l'Ambassadeur , en le faisant
assurer qu'il lui auroit obligation
de tout ce qu'il feroit pour eux.
Il y a assurément de la grandeur d'ame
dans la peinture que Topal- Osman fit
de son Esclavage et dans l'aveu public
de son humiliation et des obligations
qu'il avoit à son Libérateur ; mais il faudroit
connoître le profond mépris et le
fond d'éloignement que les préjugez de
la Religion et de l'éducation inspirent
aux Turcs pour tout ce qui n'est point
Musulman , et en particulier pour les
Chrétiens , pour sentir toute la beauté
et la noblesse de cette action , qui se passa
aux yeux de toute sa Cour.
Le Fils du Visir reçut ensuite le Pere et le
Fils en particulier dans son Appartement,
où il ne garda aucunes mesures. Il les
embrassa l'un et l'autre, les traita avec la
même familiarité qu'avoit fait son Pere
étant Pacha de Nysse , et leur fit promettre
de le venir voir souvent.
Ils eurent peu de temps avant leur départ
JANVIER. 1734- 91
part une autre Audiance particuliere du
Visir , où ce Ministre n'ayant plus de
bienséance à observer , oublia son rang
pour ne plus se souvenir que de ce qu'il
devoit à son Bienfaicteur. Il lui avoit
déja fait rembourser liberalement la rançon
des douze Esclaves , et procuré le
payement d'une ancienne dette regardée
comme perdue. Il y ajoûta de nouveaux
présents en argent , et un Commandement
ou permission expresse pour faire
gratis à Salonique , un chargement de
bled , sur lequel il y avoit un profit à
faire d'autant plus considerable que ce
commerce étoit interdit aux Etrangers
depuis plusieurs années. Cette gratifica
tion montoit à plus de dix mille écus .
Le Visir , qui eût voulu mesurer sa libé
ralité sur sa reconnoissance , qui étoit'sans
bornes, leur fit entendre qu'il ne pouvoit
pas faire tout ce qu'il vouloit, et peut - être
n'en faisoit- il déja que trop aux yeux de
ceux qui ne jugent des actions d'un Ministre
que par leur interêt particulier.
Il fit ressouvenir Arniaud le fils de son
voyage en Morée , et du temps où il n'avoit
tenu qu'à lui de faire une grande
fortune par les occasions qu'il lui avoit
procurées. Il finit par leur dire qu'un
Pacha étoit le Maître dans son Gouverne
E vi
ment
92 MERCURE DE FRANCE
ment , mais qu'un Visir à Constantinople
avoit un plus grand Maître que lui .
Topal- Osman , par sa vigilance et sæ
fermeté, avoit remis l'abondance , le bon
ordre et la Police dans Constantinople ,
où depuis la Révolution jusqu'à son Ministere
, la licence et le desordre n'avoient
pû être réprimez , et où la disette
et la cherté des vivres étoient excessives.
Quoiqu'on lui ait reproché une trop
grande séverité, il est de fait qu'il n'a condamné
à mort même les plus vils et les plus
séditieux des mutins , que sur le Fetfa (a)
du Mufti. Peut-être dans les conjonctures
présentes un homme de ce caractére étoitil
nécessaire pour prévenir une nouvelle
révolte et rétablir la tranquillité publique;
ce qu'il y a de certain , et qui est bien à
son honneur , c'est qu'il fut regretté de
tous les gens de bien et des bons Citoyens,
lorsqu'il fut ôté de place au mois de
Mars 1732.
On ne sçut pas bien , du moins alors ,
les véritables motifs de sa déposition .
Un mois auparavant les bruits publics
l'avoient annoncée pour le temps précis
où elle arriva : elle avoit été précedée de
quelques jours par celle du Mufti , qui
(a) Sorte de consultation du Mufti , qui décide
suivant la Loy , de la peine duë au coupable.
avoit
JANVIER. 1734. 93
avoit opiné pour la Paix , ainsi que le
Visir dans le Conseil extraordinaire, tenu
depuis peu au sujet des affaires de Perse ;
l'un et l'autre avoient insisté fortement sur
la nécessité de ratifier le Traité conclu par
Achmet-Pacha , Gouverneur de Bagdad,
en vertu de son plein pouvoir. La déposition
de ces deux Ministres fut regardée
, avec raison , comme un mistere de
politique ; car il faut avouer que tout
ce qu'on en dit dans le temps ne passoit
pas la conjecture.
Topal - Osman , qui avoit dès longtemps
prévû ce revers , le soutint avec
la plus parfaite tranquillité. En sortant
du Serrail , après avoir remis le Sceau de
l'Empire , il trouva toutes ses Créatures
et tous les Gens de sa Maison abatus et
consternez : de quoi vous affligez - vous ,
leur dit - il , ne vous ai-je pas dit qu'un
Visir ne restoit pas long- temps en place ?
Toute mon inquiétude étoit de sçavoir
comment j'en sortirois ; grace à Dieu on
n'a rien à me reprocher ; le Sultan est satisfait
de mes services ; je pars tranquille.
et content.
Il donna ensuite ses ordres pour un
Sacrifice (a) d'actions de graces , distri-
(a) Cette coûtume est pratiquée parmi les Turcs
en certaines occasions , comme pour obtenir un heureux
succès , &c.
94 MERCURE DE FRANCE
bua de l'argent à ses Domestiques et leur
ordonna de se réjouir . Il se ressouvint
aussi dans ce moment de son Bienfaicteur
, en prévoyant le chagrin que cet
évenement lui causeroit. Qu'on lui dise
qu'il se console , ajoûta- t'il , je ne désespere
pas de le revoir encore , dites lui
qu'il me retrouvera toujours; qu'on écrive
à Salonique, que l'on soit exact à lui donner
la quantité de bled que j'ai ordonné ;
si j'apprends qu'il en manque une mesure
, je ferai voir que je ne suis pas mort. Il
donna quelques autres ordres concernant
ses affaires domestiques et partit pour Trébisonde
, dont il avoit été nommé Pacha.
Si la reconnoissance , toute naturelle
qu'elle est aux coeurs genereux, passe pour
une vertu rare sur tout chez les Grands , il
faut convenir qu'elle reçoit ici un nouvel
éclat par la circonstance et le moment
où Topal - Osman rappella le souvenir de
son Bienfaicteur.
Jamais déposition de Visir n'eut moins
Fair d'une disgrace ; il n'y a point d'exemple
qu'un Ministre disgracié ait été
traité avec autant d'égards et de distinction.
Le Grand- Seigneur lui fit dire de
laisser son fils à Constantinople et qu'il
en prendroit soin ; et quatre jours après
ce même fils eut l'honneur de présenter
JANVIER 1734 99
à Sa Hautesse le présent qui lui avoit été
destiné par son Pere , pour le jour de Bayram.
(a) Il consistoit en un Harnois de
Cheval, enrichi de Pierreries , estimé 50000
Piastres ; c'est ce que Topal Osman avoit
en partant expressément recommandé à
son fils ; quoique , n'étant plus en place ,
il eût pû se dispenser de faire le présent
qu'il avoit fait préparer en qualité
de Grand- Visir.
•
Peu de jours après il reçut sur sa route
de nouveaux ordres pour aller commander
en Perse , à la Place d'Ali Pacha´, qui
venoit d'être nommé Grand- Visir à la
sienne. Osman alla tranquillement relever
son Successeur au Visiriat , dans
le poste de Séraskier , où il a rendu depuis
deux ans à sa Patrie des services
peut- être plus importants qu'il n'auroit
pû faire , s'il fût demeuré Grand - Visir ,
puisque non-seulement il a trouvé le secret
de soutenir une guerre difficile dans
un Pays désert et ruiné , à quatre cent
lieues de la Capitale , le plus souvent dénué
des secours d'argent , d'hommes , de
vivres et de munitions ; mais encore qu'il
a remporté une victoire complette (b)
(a ) Fête solemnelle des Turcs , pendant laquelle
ils se font des présens .
(b) Le 19. Juillet 1733 •
en
96 MERCURE DE FRANCE
en bataille rangée sur un Ennemi ( a) digne
de lui , battu les Persans en trois rencontres
, (b) et humilié l'orgueil de leur
fier General .
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Résumé : LETTRE de M. D. L. C. à M. D. L. R. sur quelques particulartiez de la vie de Topal Osman Pacha, cy-devant Grand Visir de l'Empire Ottoman, et aujourd'hui Séraskier de l'Armée Turque en Perse. A Paris, ce 18 Janvier 1734.
La lettre de M. D.L.C. à M. D.L.R., datée du 18 janvier 1734, décrit la vie de Topal Osman Pacha, ancien Grand Visir de l'Empire Ottoman et alors Séraskier de l'Armée Turque en Perse. L'auteur souligne l'importance de partager les aventures de Topal Osman en raison des liens croissants entre les affaires d'Asie et d'Europe. Il mentionne un projet de biographie qui allierait la singularité du roman à la fidélité historique. Topal Osman avait été racheté de l'esclavage à Malte par M. Arniaud environ trente-cinq ans auparavant. En 1732, Arniaud et son fils rencontrèrent Topal Osman à Constantinople. Le fils d'Arniaud avait rédigé un mémoire sur l'histoire de Topal Osman, que l'auteur conserve. Topal Osman avait reçu une éducation au Sérail du Grand Seigneur, destinée aux enfants chrétiens. En 1698 ou 1699, à l'âge de 25 ans, il exerçait la fonction de Martolos Bachi et fut chargé d'une mission en Égypte. Lors de son retour, il fut capturé par des corsaires espagnols et blessé. Racheté par Arniaud, il fut soigné et renvoyé en Égypte, où il remboursa sa rançon et offrit des présents à son bienfaiteur. Topal Osman se distingua lors de la guerre contre les Vénitiens, notamment en forçant le passage du défilé de Corinthe et en participant au siège de Corfou. Ses succès lui valurent des récompenses et le respect des troupes, mais aussi des jaloux et des ennemis, menant à une proscription temporaire. Il dut se cacher et fut finalement réhabilité, devenant Séraskier en Morée. En 1727, Arniaud et son fils se rendirent à Salonique et furent reçus favorablement par Topal Osman, alors Pacha de Nysse. En 1731, Topal Osman devint Grand Visir et invita Arniaud et son fils à Constantinople. Ils furent accueillis avec honneur et générosité, Topal Osman exprimant publiquement sa gratitude envers Arniaud. Malgré sa déposition en mars 1732, Topal Osman continua de montrer sa reconnaissance envers Arniaud. Avant de quitter son poste de Grand Visir, Topal Osman avait préparé un cheval orné de pierreries, estimé à 50 000 piastres, qu'il recommanda à son fils. Il reçut ensuite de nouveaux ordres pour commander en Perse, succédant à Ali Pacha. Durant ses deux années à ce poste, il rendit des services significatifs à sa patrie, notamment en soutenant une guerre difficile dans une région désertique et ruinée. Il remporta une victoire complète le 19 juillet 1733, battant les Persans en trois rencontres et humiliant leur général.
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1119
p. 127-128
JETTONS FRAPPEZ pour le premier jour de Janvier 1734. avec l'Explication des Types, &c.
Début :
I. TRESOR ROYAL. Jason, tenant la Toison d'or. Legende : Nec [...]
Mots clefs :
Légende, Guerres, Jetons, Roi, Trésor royal, Parties casuelles, Chambre aux deniers, Ordinaire des guerres, Extraordinaire des guerres, Bâtiments du roi, Artillerie, Marine, Galères, Maison de la reine
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texteReconnaissance textuelle : JETTONS FRAPPEZ pour le premier jour de Janvier 1734. avec l'Explication des Types, &c.
JETTONS FRAPPEZ pour
le premier jour de Janvier 1734. avec
Explication des Types , &c.
I. TRESOR ROY AL.
Jason , tenant la Toison d'or . Legende : Ne
desunt nec Amer.
*11.
#18 MERCURE DE FRANCE
II. PARTIES CASUELLES .
Un Cocq qui chante et bat des aîles à l'aspecs
de l'Etoile du matin. Legende : Sopitos suscitat.
II . CHAMBRE AUX DENIERS.
La Déesse de la Terre. Légende : Sua dona
rependit.
IV. ORDINAIRE DES GUERRES.
Des Aigles qui s'élevent vers le Soleil. Légen
de: Animis et viribus aquis.
V. EXTRAORDINAIRE DES GUERRES.
Des Foudres en l'air. Légende , Jussa volant,
V I. BATIMENS DU ROY.
Pallas debout tenant d'une main un Javelot, et
de l'autre une Equierre. Legende : Ad utrumqua
parata.
VII. ARTILLERIE .
Une Pallas , la main appuyée sur un Bouclier ,
dans un Parc d'Artilleric. Légende : Si vis pacem,
para bellum.
VIII. MARINE.
Des Oyseaux de Proye , revenant du Nord an
Midy. Légende : Non terruit Auster euntes.
IX.
GALERES,
Des Tritons qui embouchent la Trompette .
comme pour sortir du Port . Légende : Non jan
Littora tardant.
X. MAISON DE LA REINE.
Un Oranger chargé de fleurs et de fruits . Lo
gende : Non sterilis commendat honos.
LET
JETTONS DE 1 LANNEE 1734
11
SUSCITAT
REX
PES
DE
TRES OR ROYAL
1734 .
CHRIS
S UNT
NEC
AMOR
SUA
DON
III
REPENDIE
PARTIES CASUELLIS
IV
1734 .
ARIBUS
ANIMIS
QUIS
VII
PA
ORDINAIRE
DIS GUERRES
1734
CEN
PARA
STA15
αν
BELLUN
ARTILLERIE
VIII
I 734 .
TERRUTT
AUS
NON
MQUE VI
CHAMBRE
AUX DENIEKS
1734
JUSSA
OLANT
EXTRAORDINAIRE
DES GUERRES
1734 .
PARATA
BATIMENS DUROY
1734.
ON
JAM
TER
EUNTE
MARINE
173 4.
LITTORA
TARDANT
GALERES
1734.
IX
ERILIS
ET NAVKEVINA
COMNENDA
MAT SON DE
LA REINI
1734
le premier jour de Janvier 1734. avec
Explication des Types , &c.
I. TRESOR ROY AL.
Jason , tenant la Toison d'or . Legende : Ne
desunt nec Amer.
*11.
#18 MERCURE DE FRANCE
II. PARTIES CASUELLES .
Un Cocq qui chante et bat des aîles à l'aspecs
de l'Etoile du matin. Legende : Sopitos suscitat.
II . CHAMBRE AUX DENIERS.
La Déesse de la Terre. Légende : Sua dona
rependit.
IV. ORDINAIRE DES GUERRES.
Des Aigles qui s'élevent vers le Soleil. Légen
de: Animis et viribus aquis.
V. EXTRAORDINAIRE DES GUERRES.
Des Foudres en l'air. Légende , Jussa volant,
V I. BATIMENS DU ROY.
Pallas debout tenant d'une main un Javelot, et
de l'autre une Equierre. Legende : Ad utrumqua
parata.
VII. ARTILLERIE .
Une Pallas , la main appuyée sur un Bouclier ,
dans un Parc d'Artilleric. Légende : Si vis pacem,
para bellum.
VIII. MARINE.
Des Oyseaux de Proye , revenant du Nord an
Midy. Légende : Non terruit Auster euntes.
IX.
GALERES,
Des Tritons qui embouchent la Trompette .
comme pour sortir du Port . Légende : Non jan
Littora tardant.
X. MAISON DE LA REINE.
Un Oranger chargé de fleurs et de fruits . Lo
gende : Non sterilis commendat honos.
LET
JETTONS DE 1 LANNEE 1734
11
SUSCITAT
REX
PES
DE
TRES OR ROYAL
1734 .
CHRIS
S UNT
NEC
AMOR
SUA
DON
III
REPENDIE
PARTIES CASUELLIS
IV
1734 .
ARIBUS
ANIMIS
QUIS
VII
PA
ORDINAIRE
DIS GUERRES
1734
CEN
PARA
STA15
αν
BELLUN
ARTILLERIE
VIII
I 734 .
TERRUTT
AUS
NON
MQUE VI
CHAMBRE
AUX DENIEKS
1734
JUSSA
OLANT
EXTRAORDINAIRE
DES GUERRES
1734 .
PARATA
BATIMENS DUROY
1734.
ON
JAM
TER
EUNTE
MARINE
173 4.
LITTORA
TARDANT
GALERES
1734.
IX
ERILIS
ET NAVKEVINA
COMNENDA
MAT SON DE
LA REINI
1734
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Résumé : JETTONS FRAPPEZ pour le premier jour de Janvier 1734. avec l'Explication des Types, &c.
Le document décrit une série de jetons frappés le 1er janvier 1734, classés en diverses catégories avec des légendes spécifiques. Le 'Trésor Royal' montre Jason avec la Toison d'or et la légende 'Ne desunt nec America'. Les 'Parties Casuelles' représentent un coq face à l'étoile du matin avec 'Sopitos suscitat'. La 'Chambre aux Deniers' illustre la déesse de la Terre avec 'Sua dona rependit'. L''Ordinnaire des Guerres' présente des aigles montant vers le Soleil avec 'Animis et viribus aquis'. L''Extraordinaire des Guerres' montre des foudres avec 'Jussa volant'. Les 'Bâtiments du Roy' représentent Pallas avec un javelot et une équerre et la légende 'Ad utrumque parata'. L''Artillerie' illustre Pallas appuyée sur un bouclier avec 'Si vis pacem, para bellum'. La 'Marine' montre des oiseaux de proie avec 'Non terruit Auster euntes'. Les 'Galères' représentent des Tritons avec 'Non jam littora tardant'. Enfin, la 'Maison de la Reine' montre un oranger avec 'Non sterilis commendat honos'. Le document se termine par une liste des jetons de 1734 avec des abréviations des légendes et des catégories.
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1120
p. 149-151
POLOGNE.
Début :
On a publié à Dantzik un Mandement du Roy, adressé aux Palatinats et Territoires [...]
Mots clefs :
Royaume, Liberté de la nation, Roi, Palatinats et territoires, Élection, République, Puissances, Couronne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE .
Na publié à Dantzik un Mandement du
Roy , adressé aux Palatinats et Territoires
du Royaume , pour les exhorter de ne point assister
aux Diettes convoquées par M. Poninski ,
Instigateur du Royaume , dont voici l'Extrait.
Après avoir représenté aux Palatinats et Territoires
respectifs , les calamitez ausquelles la
République se trouve exposée par la malice de
eux qui, mettant leur confiance dans les forces
des Puissances Etrangeres , ne cherchent qu'à
renverser entierement la liberté des Polonois . Le
Roy y fait une récapitulation de tout ce qui s'est
passé pendant et après son Election , et S. M dit
à ce sujet , que quelque droit qu'elle eût à la
Couronne , incontestablement mieux fondé que
celui de ceux qui la disputent à présent par la
force des Armes , elle ne s'est point renduë dans
le Royaume pour disputer ce droit , mais uniquement
pour maintenir la liberté de la Nation ,
en se soumettant aux Loix et Constitutions du
Royaume :J'ai abandonné le Sceptre , ajoûte le
Roy dans son Mandement, je me suis dépouillé de
La dignité Royale, et je me suis mis entre vos mains
comme unsimple Particulier , afin que vous puissiez
proceder avec une entiere liberté à l'Election d'un
Roy : Vous m'avez élû , et Dieu a visiblement prategé
cette Election , en inspirant dans le coeur de
tant de milliers de personnes une unanimité si génerale.
Je ne suis pas venu à main arméo dans le
Royaume
150 MERCURE DE FRANCE
Royaume pour attaquer la République , détruire
ses droits et regner malgré vous et quoiqu'au
moyen de l'amitié étroite qui m'unit avec le très-“.
illustre Roy de France , j'eusse pú me servir d'une
partie de ses Troupes pour me frayer le chemin au
Trône , je n'ai jamais eu la moindre pensée d'acquérir
avec violence la Couronne , comma font actuellement
les Partisans des Factions Etrangeres ;
conduite si contraire aux Constitutions du Royaume,
et qui tend si ouvertement à la ruine totale de la
liberté de la Nation , acheptée par nos Ancêtres au
prix de tant de sang.
Le Roy passe ensuite à l'Election qui s'est faite
à Praage , d'un Prince Etranger , sous la protection
d'une Armée ennemie , et après avoir fait
voir l'irrégularité et l'invalidité de cette Election ,
il insinue que les Cours de Vienne et de Russie
étoient convenues depuis long- temps que ce
Prince ni nul autre , ne seroit élevé au Trône de
Pologne ; il y insinue encore que la Cour de
Vienne , jalouse de la liberté dont jouit la Nation
Polonoise , n'a jamais perdu de vûë le dessein de
la détruire et de lui imposer le même joug sous
lequel gémissent les Bohémiens et les Hongrois;
il ajoûte que cette Cour se couvrant du Manteau
des Moscovites , avec lesquels elle est d'accord ,
fait semblant de n'avoir aucune part aux maux
de la République , commis par d'autres , pendant
qu'en effet elle fait jouer tous les ressorts
imaginables pour renverser la liberté de la Nation
, et emporter la Couronne par la force des
Armes : Sijamais elle parvient à son but , poursuit
le Roy , c'en est fait de notre chere Patrie,
c'en est fait de notre liberté et nous ne serons jamais
affranchis du joug de la Nation Allemande.
Après avoir exhorté les Palatinats et Distries
respectifs
JANVIER . 1734.
ISI
respectifs du Royaume , à n'avoir aucun
égard aux Universaux publiez par le Parti contraire
, se confiant à la genereuse émulation de la
Noblesse Po onoise, qui ne permettra jamais que
qui que ce soit empiete sur ses droits , il finit en
disant : Quelque grande que soit la puissance de nos
Ennemis , elle ne doit en aucune maniere nous intimider
, nos forces augmentent tous les jours et
nous recevrons sans doute , un puissant secours
d'ailleurs ; diverses Puissances s'interposent en notre
faveur ; elles combattent pour notre konneur et
pour la liberté de la République ; nous en voyons
des preuves dans les opérations qui se font sur le
Rhin et en Italie , par les Armes des François ,
Espagne et de Sardaigne ; quoique nous ne soyons
pas alliez avec ces deux dernieres Puissances , elles
ne peuvent neantmoins souffrir qu'on employe
la force pour mettre sur le Trône de Pologne un
Prince que toute la Nation a abjuré ; ces Rois s'allieront
avec d'autres Puissances pour la conservation
de l'honneur de notre Royaume ; nous ne manquerons
pas d'autres moyens favorables . Une puissante
diversion se manifestera en notrefaveur plutôt
qu'on ne pense ; elle nous mettra à l'abri des
machinations de nos Ennemis, et ceux qui nous ont
dressé des embuches y seront pris eux mêmes , &c,
Na publié à Dantzik un Mandement du
Roy , adressé aux Palatinats et Territoires
du Royaume , pour les exhorter de ne point assister
aux Diettes convoquées par M. Poninski ,
Instigateur du Royaume , dont voici l'Extrait.
Après avoir représenté aux Palatinats et Territoires
respectifs , les calamitez ausquelles la
République se trouve exposée par la malice de
eux qui, mettant leur confiance dans les forces
des Puissances Etrangeres , ne cherchent qu'à
renverser entierement la liberté des Polonois . Le
Roy y fait une récapitulation de tout ce qui s'est
passé pendant et après son Election , et S. M dit
à ce sujet , que quelque droit qu'elle eût à la
Couronne , incontestablement mieux fondé que
celui de ceux qui la disputent à présent par la
force des Armes , elle ne s'est point renduë dans
le Royaume pour disputer ce droit , mais uniquement
pour maintenir la liberté de la Nation ,
en se soumettant aux Loix et Constitutions du
Royaume :J'ai abandonné le Sceptre , ajoûte le
Roy dans son Mandement, je me suis dépouillé de
La dignité Royale, et je me suis mis entre vos mains
comme unsimple Particulier , afin que vous puissiez
proceder avec une entiere liberté à l'Election d'un
Roy : Vous m'avez élû , et Dieu a visiblement prategé
cette Election , en inspirant dans le coeur de
tant de milliers de personnes une unanimité si génerale.
Je ne suis pas venu à main arméo dans le
Royaume
150 MERCURE DE FRANCE
Royaume pour attaquer la République , détruire
ses droits et regner malgré vous et quoiqu'au
moyen de l'amitié étroite qui m'unit avec le très-“.
illustre Roy de France , j'eusse pú me servir d'une
partie de ses Troupes pour me frayer le chemin au
Trône , je n'ai jamais eu la moindre pensée d'acquérir
avec violence la Couronne , comma font actuellement
les Partisans des Factions Etrangeres ;
conduite si contraire aux Constitutions du Royaume,
et qui tend si ouvertement à la ruine totale de la
liberté de la Nation , acheptée par nos Ancêtres au
prix de tant de sang.
Le Roy passe ensuite à l'Election qui s'est faite
à Praage , d'un Prince Etranger , sous la protection
d'une Armée ennemie , et après avoir fait
voir l'irrégularité et l'invalidité de cette Election ,
il insinue que les Cours de Vienne et de Russie
étoient convenues depuis long- temps que ce
Prince ni nul autre , ne seroit élevé au Trône de
Pologne ; il y insinue encore que la Cour de
Vienne , jalouse de la liberté dont jouit la Nation
Polonoise , n'a jamais perdu de vûë le dessein de
la détruire et de lui imposer le même joug sous
lequel gémissent les Bohémiens et les Hongrois;
il ajoûte que cette Cour se couvrant du Manteau
des Moscovites , avec lesquels elle est d'accord ,
fait semblant de n'avoir aucune part aux maux
de la République , commis par d'autres , pendant
qu'en effet elle fait jouer tous les ressorts
imaginables pour renverser la liberté de la Nation
, et emporter la Couronne par la force des
Armes : Sijamais elle parvient à son but , poursuit
le Roy , c'en est fait de notre chere Patrie,
c'en est fait de notre liberté et nous ne serons jamais
affranchis du joug de la Nation Allemande.
Après avoir exhorté les Palatinats et Distries
respectifs
JANVIER . 1734.
ISI
respectifs du Royaume , à n'avoir aucun
égard aux Universaux publiez par le Parti contraire
, se confiant à la genereuse émulation de la
Noblesse Po onoise, qui ne permettra jamais que
qui que ce soit empiete sur ses droits , il finit en
disant : Quelque grande que soit la puissance de nos
Ennemis , elle ne doit en aucune maniere nous intimider
, nos forces augmentent tous les jours et
nous recevrons sans doute , un puissant secours
d'ailleurs ; diverses Puissances s'interposent en notre
faveur ; elles combattent pour notre konneur et
pour la liberté de la République ; nous en voyons
des preuves dans les opérations qui se font sur le
Rhin et en Italie , par les Armes des François ,
Espagne et de Sardaigne ; quoique nous ne soyons
pas alliez avec ces deux dernieres Puissances , elles
ne peuvent neantmoins souffrir qu'on employe
la force pour mettre sur le Trône de Pologne un
Prince que toute la Nation a abjuré ; ces Rois s'allieront
avec d'autres Puissances pour la conservation
de l'honneur de notre Royaume ; nous ne manquerons
pas d'autres moyens favorables . Une puissante
diversion se manifestera en notrefaveur plutôt
qu'on ne pense ; elle nous mettra à l'abri des
machinations de nos Ennemis, et ceux qui nous ont
dressé des embuches y seront pris eux mêmes , &c,
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Résumé : POLOGNE.
En janvier 1734, un mandement royal est publié à Dantzig, exhortant les palatinats et territoires de Pologne à ne pas participer aux diètes convoquées par Stanislas Leszczynski, soutenu par M. Poninski. Le roi dénonce les dangers que la République polonaise encourt de la part de ceux qui cherchent à renverser la liberté des Polonais avec l'appui de puissances étrangères. Il rappelle son élection et son engagement à préserver la liberté de la nation en respectant les lois et constitutions du royaume. Le roi affirme avoir renoncé au pouvoir pour permettre une élection libre et souligne que son élection a été divinement protégée. Le roi critique l'élection d'un prince étranger à Prague, sous la protection d'une armée ennemie, et suggère que les cours de Vienne et de Russie avaient convenu de ne pas soutenir ce prince pour le trône de Pologne. Il accuse la cour de Vienne de vouloir détruire la liberté polonaise et de se servir des Moscovites pour atteindre ses objectifs. Le roi appelle les palatinats et districts à ignorer les proclamations du parti adverse, se fiant à la noblesse polonaise. Il mentionne que des puissances comme la France, l'Espagne et la Sardaigne soutiennent la Pologne et la liberté de la République, et que d'autres aides favorables ne manqueront pas de se manifester.
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1121
p. 151-152
LETTRE du Roy de France, écrite au Magistrat de Dantzick.
Début :
TRES-CHERS ET BONS AMIS, Nous voyons avec plaisir par votre Lettre du 18 [...]
Mots clefs :
Roi de France, Lettre, Bons amis, Roi de Pologne, Gdańsk
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE du Roy de France, écrite au Magistrat de Dantzick.
LETTRE du Roy de France , écrite
au Magistrat de Dantzick
TRES -C RES- CHERS ET BONS AMIS ,
Nous voyons avec plaisir par votre Lettre du 18
du mois dernier , aussi - bien que par les Relations
de notre Ambassadeur le Marquis de Monti ,
toutes les marques que vous donnez de votre fidelité
152 MERCURE DE FRANCE
delité et de votre zele pour le Roy de Pologne,
Les menaces que vous font ses Ennemis et les
nôtres , n'ont pas été capables de diminuer les
sentimens qui feront passer votre gloire jusques
dans les siecles à venir , et qui vous endent si
chers à nos yeux. Plusieurs Puissances donnent
déja des marques de l'interêt qu'elles prennent à
votre conservation , mais aucune ne pourra porter
les témoignages si loin que nous desirons de le
faire , puisque nous regardons vos interêts comme
les nôtres propres , et que nous nous proposons
de ne rien négliger de ce qul peut dépendre
de notre Puissance et de notre Bienveillance ;
sur ce , nous prions Dieu qu'il vous tienne, Trèschers
et bons Amis , en sa sainte garde . A Versailles
, le 15. Décembre 1733. Signê LOUIS.
au Magistrat de Dantzick
TRES -C RES- CHERS ET BONS AMIS ,
Nous voyons avec plaisir par votre Lettre du 18
du mois dernier , aussi - bien que par les Relations
de notre Ambassadeur le Marquis de Monti ,
toutes les marques que vous donnez de votre fidelité
152 MERCURE DE FRANCE
delité et de votre zele pour le Roy de Pologne,
Les menaces que vous font ses Ennemis et les
nôtres , n'ont pas été capables de diminuer les
sentimens qui feront passer votre gloire jusques
dans les siecles à venir , et qui vous endent si
chers à nos yeux. Plusieurs Puissances donnent
déja des marques de l'interêt qu'elles prennent à
votre conservation , mais aucune ne pourra porter
les témoignages si loin que nous desirons de le
faire , puisque nous regardons vos interêts comme
les nôtres propres , et que nous nous proposons
de ne rien négliger de ce qul peut dépendre
de notre Puissance et de notre Bienveillance ;
sur ce , nous prions Dieu qu'il vous tienne, Trèschers
et bons Amis , en sa sainte garde . A Versailles
, le 15. Décembre 1733. Signê LOUIS.
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Résumé : LETTRE du Roy de France, écrite au Magistrat de Dantzick.
Dans une lettre datée du 15 décembre 1733, le roi de France exprime sa satisfaction envers le magistrat de Dantzick pour sa fidélité et son zèle envers le roi de Pologne. Malgré les menaces ennemies, le magistrat a maintenu son engagement, ce qui est perçu comme une marque de gloire durable. Plusieurs puissances manifestent un intérêt pour la conservation de Dantzick, mais le roi de France assure un soutien inégalé, considérant les intérêts de Dantzick comme les siens propres. Il promet de tout mettre en œuvre pour assurer la protection et le bien-être de Dantzick. La lettre se conclut par une prière pour la protection divine du magistrat.
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1122
p. 155-156
ITALIE.
Début :
Le 16. de ce mois, les Expeditionnaires Apostoliques présenterent au Pape, suivant l'usage, [...]
Mots clefs :
Comte, Pape, Église de Saint-Georges, Pompeo Aldrovandi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
E 16. de ce mois , les Expeditionnaires Apos
toliques présenterent au Pape , suivant l'usage
, cent écus d'or dans un Calicé , étant conduits
à l'Audiance par le Cardinal Gentille , Prodataire,
et ils complimenterent S. S. par un Dis-
Hij cours
156 MERCURE DE FRANCE
cours Latin , que M. Pierre Bernardini prononça,
Le Pape , à la sollicitation de M Akovrandi
a ordonné que les rues de Rome fussent éclairées
pendant la nuit , et l'on prétend que la Chambre
Apostolique est chargée de fournir les fonds
nécessaires pour cette dépense.
Le Chevalier de S. Georges a donné à l'Eglise.
des douze Apôtres et à celle de S. Georges , les
Actions que la Duchesse de Modêne , son Ayeu
le , lui avoit laissées sur le Mont dé Pieté ,
condition que l'on dira tous les ans douze Mes
ses dans la premiere de ces deux .. Eglises le 31 .
Décembre , jour de la Naissance du Prince son
Fils Aîné, et un pareil nombre dans la seconde, le
23. Avril , jour de la Fête du Saint , à laquelle elle
a été dédiée , pour attirer sur les Princes ses en
fans , les benedictions du Ciel .
On écrit de Sicile , que le Comte de Sastago
Vice. Roy de cette Ifle , doit prendre les mesures
nécesaires pour mettre en état de deffense les
Villes de Messine.de Siracuse et de Trapana ,
et qu'il étoit dans la résolution d'abandonner le
reste de l'fle en cas que les Troupes des Puissancs
Alliées y fassent une descente.
Les Lettres de Livourne du 19. Janvier , por
tent que le Comte de Charni devoit marcher le
lendemain avec un corps considerable de Trou
pes Espagnoles , pour mettre des Garnisons dans
quelques Places de la Principauté de Piambino ,et
pour s'assurer d'Orbitello et du Fort de S Philippe
, dans le Sienois. Ces Lettres ajoûtent que
le Comte de Montemar se disposoit à le suivrs
avec le reste de l'Armée pour entrer dans le
Royaume de Naples.
E 16. de ce mois , les Expeditionnaires Apos
toliques présenterent au Pape , suivant l'usage
, cent écus d'or dans un Calicé , étant conduits
à l'Audiance par le Cardinal Gentille , Prodataire,
et ils complimenterent S. S. par un Dis-
Hij cours
156 MERCURE DE FRANCE
cours Latin , que M. Pierre Bernardini prononça,
Le Pape , à la sollicitation de M Akovrandi
a ordonné que les rues de Rome fussent éclairées
pendant la nuit , et l'on prétend que la Chambre
Apostolique est chargée de fournir les fonds
nécessaires pour cette dépense.
Le Chevalier de S. Georges a donné à l'Eglise.
des douze Apôtres et à celle de S. Georges , les
Actions que la Duchesse de Modêne , son Ayeu
le , lui avoit laissées sur le Mont dé Pieté ,
condition que l'on dira tous les ans douze Mes
ses dans la premiere de ces deux .. Eglises le 31 .
Décembre , jour de la Naissance du Prince son
Fils Aîné, et un pareil nombre dans la seconde, le
23. Avril , jour de la Fête du Saint , à laquelle elle
a été dédiée , pour attirer sur les Princes ses en
fans , les benedictions du Ciel .
On écrit de Sicile , que le Comte de Sastago
Vice. Roy de cette Ifle , doit prendre les mesures
nécesaires pour mettre en état de deffense les
Villes de Messine.de Siracuse et de Trapana ,
et qu'il étoit dans la résolution d'abandonner le
reste de l'fle en cas que les Troupes des Puissancs
Alliées y fassent une descente.
Les Lettres de Livourne du 19. Janvier , por
tent que le Comte de Charni devoit marcher le
lendemain avec un corps considerable de Trou
pes Espagnoles , pour mettre des Garnisons dans
quelques Places de la Principauté de Piambino ,et
pour s'assurer d'Orbitello et du Fort de S Philippe
, dans le Sienois. Ces Lettres ajoûtent que
le Comte de Montemar se disposoit à le suivrs
avec le reste de l'Armée pour entrer dans le
Royaume de Naples.
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Résumé : ITALIE.
En Italie, le 16 du mois, les expéditionnaires apostoliques ont offert cent écus d'or au Pape, accompagnés par le Cardinal Gentille. Pierre Bernardini a prononcé un discours en latin. Le Pape a ordonné l'éclairage nocturne des rues de Rome, financé par la Chambre Apostolique, à la demande de M. Akovrandi. Le Chevalier de Saint-Georges a fait don des actions héritées de la Duchesse de Modène au Mont de Piété et à deux églises, avec la condition de célébrer des messes annuelles en mémoire du Prince son fils aîné et de Saint Georges. En Sicile, le Comte de Sastago, Vice-Roi, prépare la défense des villes de Messine, Syracuse et Trapani, envisageant d'abandonner le reste de l'île en cas d'invasion des troupes alliées. Des lettres de Livourne datées du 19 janvier indiquent que le Comte de Charni devait marcher avec des troupes espagnoles pour garnir des places dans la Principauté de Piombino et sécuriser Orbitello et le Fort de Saint-Philippe en Siennois. Le Comte de Montemar se préparait à le suivre avec le reste de l'armée pour entrer dans le Royaume de Naples.
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1123
p. 157-161
GRANDE BRETAGNE.
Début :
On apprend de Londres, que le 28. de ce mois, vers les deux heures après midi, le [...]
Mots clefs :
Chambre des pairs, Chambre des communes, Roi, Guerre, Honneur, Couronne, Peuple, Parlement, Attention, Nation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
7
N append de Londres , que le 28. de ce
mois , vers les deux heures après midi , lė
Roi s'étoit rendu à la Chambre des Pairs avec les
ceremonies accoûtumées , et S. M. après avoir
mandé la Chambre des Communes , à fait le
Discours suivant.
MYLORDS ET MISSIEURS.
La guerre commencée depuis peu, et qui est poussée
avec tant de vigueur contre l'Empereur par les
Puissances réunies de France , d'Espagne et de Sardaigne
, est devenue l'objet de l'attenion de l'Europ
.Quoique je ne m'y sois engagé en aucune maniere,
et que je n'y aye de part que par mes bons officesdans
les négociations qu'on a citées comme les principales
causes et les motifs de cette guerre , je ne peus
me dispenser sur cet évenement , ni être indifferent
sur les conséquences d'une guerre entreprise es
soutenuepar des Alliez si puissants . Si jamais une
occasion a demandé quelque chose de plus qu'une
prudence et une circonspection ordinaire , c'est celle
qui se présente , et nous force d'user de la derniere
précaution , pour ne nous pas déterminer trop précipitamment
dans une conjoncture si critique et si
importante : elle demande que nous examinions à
fond ce que l'honneur et la dignité de ma Couronne
et de mes Royaumes , le veritable interét de
mon Peuple , et les engagemens que nous avons pris
avec diverses puissances dont nous sommes alliez .
peuvent exiger de nous avec justice . C'est par cette
raison que j'ai crû qu'il convenoit de prendre du
temps pour examiner les faits alleguez de part et
d'autre , et d'attendre le résultat des Conseils des
Puissances qui sont le plus interessées à cette guerre,
Hij
158 MERCURE DE FRANCE
et de concert avec celles qui ont des engagemens
avec moi, et qui n'ont point pris part à la guerre ,
plus ( particulierement avec les Etats generaux des
Provinces- Unies ) les mesures qui paroîtront les plus
convenables à notre sûreté commune et les plus propres
à rétablir la paix daus l'Europe. Les résolutions
du Parlement de la Grande-Bretagne sont
d'une trop grande importance dans une conjoncture
si délicate, pour ne pas exciter l'attention et l'impatience
de ceux qui esperent tirer avantage de nos
résolutions , et de s'en servir au préjudice de ce
Royaume ; ainsi nous devons déliberer avec une
grande précaution, et examiner avec toute la prudence
imaginable toutes les circonstances , avant que
de nous déterminer à prendre un parti . Comme dans
toutes mes reflexions sur cette importante affaire ,
J'aurai principalement égard à l'honneur de ma
Couronne et à l'interêt de mon Peuple , et que je ne
me gouvernerai que par ces vûës , je ne doute pas
que je ne puisse compter entierement sur l'appui et
assistance de mon Parlement , sans m'exposer par
gtune Déclaration précipuée à des inconveniens
op'on deix éviter autant qu'il est possible . En attendivot
je suis persuadé que vous prendrez les précautions
nécessaires pour mettre mes Royaumes , mes
droits et mes possessions à couvert de tous dangers et
de toute insulte , et pour conserver à la Nation Bri
tannique les égards qui lui sont dûs.Quel que soit le
parti auquel nous nous déterminerons , il est très-raisonnable
de nous mettre en état de deffense, sur tout
dans le temps que toute l'Europe est armée . Par la
nous conserverons mieux la paix dans ce Royaume ,
et nous donnerons plus de poids aux mesures qu'il
conviendra de prendre avec nos Alliez ; sans cette
précaution nous nous ferioms mépriser au- dehors ,
et nousferions naître la tentation et l'encouragement
AUX
JANVIER 1734 159
Bux ves dangereuses de ceux qui se flatttent toujours
de tirer quelque avantage des troubles et des
désordres publics.
MESSIEURS de la Chambre des Communes.
Je ferai remettre devant vous l'état des dépenses
qui exigent de vous une attention actuelle et immé
diate ; l'augmentation qu'on vous proposera pour te
service de Mer , sera tres - considerable , mais je suis
assuré qu'elle vous paroîtra raisonnable et necessaire.
Je dois particulierement recommander à vos
soins les Dettes de la Marine , qui vous ont été présentées
tous les ans . La circonstance présente me
fait croire que vous penserez qu'il est nécessaire d'y
pourvoir , et que le service public souffriroit d'un plus
long retardement à prendre une résolution sur cette
affaire. Comme ces Charges et dépenses sont inévi
tables , je ne fais aucun doute que vous ne leviez les
secours d'argent qui sont nécessaires, avec beaucoup
de diligence et avec le zéle que ce Parlement a
marqué dans toutes les occasions pour les véritables
interêts de mon penple.
MYLORDS ET MESSIEURS ,
Si on a toujours souhaité que les affaires du Parlementy
fussent traitées sans chaleur et sans animosité
, mais avec la modération qui fait connoître
la justice de la sagesse de la Nation ; c'est à present
qu'on doit le desirer plus particulierement, afin
que cette session ne soit point prolongée par des dér
fais inutiles , lorsque tout le Royaume paroît préparé
par l'élection d'un nouveau Parlement , évenement
quifait l'attention de toute l'Europe. Je suis tressatisfait
que le choix des nouveaux Deputez soit
une occasion pour moi de connoître les veritables
sentimens de mon Peuple, et de faire voir qu'ils ont
Hiiij été
1 MERCURE DE FRANCE
été mal rendus et déguisez. On peut aisement en
imposer à ceux qui ne voient et n'entendent les choses
que de loin , et les exposer à concevoir defausses
esperances ou à se livrer à des craintes peu fondées ;
mais j'espere qu'un peu de temps détruira ces opiniens
et qu'on reconnoîtra que la Grande Bretagne
est toujours disposée à faire ce que l'honneur et l'in
terêt de la Nation exigent d'elle.
Le Roy s'étant retiré de la Chambre des Pairs,
après que le Grand Chancelier eut prononcé au
nom de S. M. la Harangue aux deux Chambres;
les Seigneurs résolurent de présenter une adresse
au Roy pour le remercier , ils s'assemblerent le
lendemain , et après s'être ajournez au 30 , ils se
rendirent au Palais de Saint James , où ils présenterent
leur adresse , par laquelle ils assurerent
le Roy qu'ils entreroient avec autant de zéle que
de confiance dans toutes les vûës que S. M. leur
avoit expliquées dans sa Harangue . Le Roy leas
répondit :
MYLORDS ,
Je vous remercie de cette respectueuse et fidele
adresse ; la satisfaction que vous me témoignez de
mon attention et de mes efforts continuels à conserver
la paix et la tranquillité publique , m'est_extrémement
agreable, et comme je n'ai autre chose en vuë
que l'honneur et la dignité de ma Couronne et lø
bien de mes Royaumes , vous pouvez être assurez
de la continuation de mes soins et de ma vigilance
pour parvenir à ces fins desirables , et de la ferme
resolution où je suis , quelques evenemens qui_arrivent
de prendre les mesures les plus capables de repondre
à la confiance que vous avez en moi , et de
procurer la sureté et le bonheur de la Nation.
La
JANVIER . 1734. 161
La Chambre des Communes a aussi présenté
son adresse au Roy , qui y a fait la réponse suivante.
MESSIEURS ,
Je vous remercie de cette respectueuse et fidele adres
se et de la confiance que vous avez en moi , vous
pouvez être assurez que je ne m'en servirai quepour
Phonneur de la Couronne et le veritable interét de
mon peuple.
7
N append de Londres , que le 28. de ce
mois , vers les deux heures après midi , lė
Roi s'étoit rendu à la Chambre des Pairs avec les
ceremonies accoûtumées , et S. M. après avoir
mandé la Chambre des Communes , à fait le
Discours suivant.
MYLORDS ET MISSIEURS.
La guerre commencée depuis peu, et qui est poussée
avec tant de vigueur contre l'Empereur par les
Puissances réunies de France , d'Espagne et de Sardaigne
, est devenue l'objet de l'attenion de l'Europ
.Quoique je ne m'y sois engagé en aucune maniere,
et que je n'y aye de part que par mes bons officesdans
les négociations qu'on a citées comme les principales
causes et les motifs de cette guerre , je ne peus
me dispenser sur cet évenement , ni être indifferent
sur les conséquences d'une guerre entreprise es
soutenuepar des Alliez si puissants . Si jamais une
occasion a demandé quelque chose de plus qu'une
prudence et une circonspection ordinaire , c'est celle
qui se présente , et nous force d'user de la derniere
précaution , pour ne nous pas déterminer trop précipitamment
dans une conjoncture si critique et si
importante : elle demande que nous examinions à
fond ce que l'honneur et la dignité de ma Couronne
et de mes Royaumes , le veritable interét de
mon Peuple , et les engagemens que nous avons pris
avec diverses puissances dont nous sommes alliez .
peuvent exiger de nous avec justice . C'est par cette
raison que j'ai crû qu'il convenoit de prendre du
temps pour examiner les faits alleguez de part et
d'autre , et d'attendre le résultat des Conseils des
Puissances qui sont le plus interessées à cette guerre,
Hij
158 MERCURE DE FRANCE
et de concert avec celles qui ont des engagemens
avec moi, et qui n'ont point pris part à la guerre ,
plus ( particulierement avec les Etats generaux des
Provinces- Unies ) les mesures qui paroîtront les plus
convenables à notre sûreté commune et les plus propres
à rétablir la paix daus l'Europe. Les résolutions
du Parlement de la Grande-Bretagne sont
d'une trop grande importance dans une conjoncture
si délicate, pour ne pas exciter l'attention et l'impatience
de ceux qui esperent tirer avantage de nos
résolutions , et de s'en servir au préjudice de ce
Royaume ; ainsi nous devons déliberer avec une
grande précaution, et examiner avec toute la prudence
imaginable toutes les circonstances , avant que
de nous déterminer à prendre un parti . Comme dans
toutes mes reflexions sur cette importante affaire ,
J'aurai principalement égard à l'honneur de ma
Couronne et à l'interêt de mon Peuple , et que je ne
me gouvernerai que par ces vûës , je ne doute pas
que je ne puisse compter entierement sur l'appui et
assistance de mon Parlement , sans m'exposer par
gtune Déclaration précipuée à des inconveniens
op'on deix éviter autant qu'il est possible . En attendivot
je suis persuadé que vous prendrez les précautions
nécessaires pour mettre mes Royaumes , mes
droits et mes possessions à couvert de tous dangers et
de toute insulte , et pour conserver à la Nation Bri
tannique les égards qui lui sont dûs.Quel que soit le
parti auquel nous nous déterminerons , il est très-raisonnable
de nous mettre en état de deffense, sur tout
dans le temps que toute l'Europe est armée . Par la
nous conserverons mieux la paix dans ce Royaume ,
et nous donnerons plus de poids aux mesures qu'il
conviendra de prendre avec nos Alliez ; sans cette
précaution nous nous ferioms mépriser au- dehors ,
et nousferions naître la tentation et l'encouragement
AUX
JANVIER 1734 159
Bux ves dangereuses de ceux qui se flatttent toujours
de tirer quelque avantage des troubles et des
désordres publics.
MESSIEURS de la Chambre des Communes.
Je ferai remettre devant vous l'état des dépenses
qui exigent de vous une attention actuelle et immé
diate ; l'augmentation qu'on vous proposera pour te
service de Mer , sera tres - considerable , mais je suis
assuré qu'elle vous paroîtra raisonnable et necessaire.
Je dois particulierement recommander à vos
soins les Dettes de la Marine , qui vous ont été présentées
tous les ans . La circonstance présente me
fait croire que vous penserez qu'il est nécessaire d'y
pourvoir , et que le service public souffriroit d'un plus
long retardement à prendre une résolution sur cette
affaire. Comme ces Charges et dépenses sont inévi
tables , je ne fais aucun doute que vous ne leviez les
secours d'argent qui sont nécessaires, avec beaucoup
de diligence et avec le zéle que ce Parlement a
marqué dans toutes les occasions pour les véritables
interêts de mon penple.
MYLORDS ET MESSIEURS ,
Si on a toujours souhaité que les affaires du Parlementy
fussent traitées sans chaleur et sans animosité
, mais avec la modération qui fait connoître
la justice de la sagesse de la Nation ; c'est à present
qu'on doit le desirer plus particulierement, afin
que cette session ne soit point prolongée par des dér
fais inutiles , lorsque tout le Royaume paroît préparé
par l'élection d'un nouveau Parlement , évenement
quifait l'attention de toute l'Europe. Je suis tressatisfait
que le choix des nouveaux Deputez soit
une occasion pour moi de connoître les veritables
sentimens de mon Peuple, et de faire voir qu'ils ont
Hiiij été
1 MERCURE DE FRANCE
été mal rendus et déguisez. On peut aisement en
imposer à ceux qui ne voient et n'entendent les choses
que de loin , et les exposer à concevoir defausses
esperances ou à se livrer à des craintes peu fondées ;
mais j'espere qu'un peu de temps détruira ces opiniens
et qu'on reconnoîtra que la Grande Bretagne
est toujours disposée à faire ce que l'honneur et l'in
terêt de la Nation exigent d'elle.
Le Roy s'étant retiré de la Chambre des Pairs,
après que le Grand Chancelier eut prononcé au
nom de S. M. la Harangue aux deux Chambres;
les Seigneurs résolurent de présenter une adresse
au Roy pour le remercier , ils s'assemblerent le
lendemain , et après s'être ajournez au 30 , ils se
rendirent au Palais de Saint James , où ils présenterent
leur adresse , par laquelle ils assurerent
le Roy qu'ils entreroient avec autant de zéle que
de confiance dans toutes les vûës que S. M. leur
avoit expliquées dans sa Harangue . Le Roy leas
répondit :
MYLORDS ,
Je vous remercie de cette respectueuse et fidele
adresse ; la satisfaction que vous me témoignez de
mon attention et de mes efforts continuels à conserver
la paix et la tranquillité publique , m'est_extrémement
agreable, et comme je n'ai autre chose en vuë
que l'honneur et la dignité de ma Couronne et lø
bien de mes Royaumes , vous pouvez être assurez
de la continuation de mes soins et de ma vigilance
pour parvenir à ces fins desirables , et de la ferme
resolution où je suis , quelques evenemens qui_arrivent
de prendre les mesures les plus capables de repondre
à la confiance que vous avez en moi , et de
procurer la sureté et le bonheur de la Nation.
La
JANVIER . 1734. 161
La Chambre des Communes a aussi présenté
son adresse au Roy , qui y a fait la réponse suivante.
MESSIEURS ,
Je vous remercie de cette respectueuse et fidele adres
se et de la confiance que vous avez en moi , vous
pouvez être assurez que je ne m'en servirai quepour
Phonneur de la Couronne et le veritable interét de
mon peuple.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 28 janvier 1734, le roi de Grande-Bretagne a adressé un discours à la Chambre des Pairs et à la Chambre des Communes pour aborder la guerre en cours entre l'Empereur et les Puissances réunies de France, d'Espagne et de Sardaigne. Bien que la Grande-Bretagne ne soit pas directement impliquée dans ce conflit, le roi a souligné l'importance de cette guerre pour l'Europe et la nécessité de prendre des précautions pour éviter des décisions hâtives. Il a mis en avant l'honneur de sa couronne, l'intérêt de son peuple et les engagements avec diverses puissances alliées. Le roi a également insisté sur la nécessité de se préparer à la défense, surtout dans un contexte où toute l'Europe est en état d'alerte. Il a recommandé aux Communes de lever les fonds nécessaires pour les dépenses de la marine et de traiter les affaires parlementaires avec modération pour éviter des prolongations inutiles. En réponse, les Chambres ont présenté des adresses au roi pour le remercier de ses efforts en faveur de la paix et de la tranquillité publique. Le roi a assuré de sa continuité dans ces efforts.
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1124
p. 169-173
« Le premier Janvier les Princes et Princesses du Sang et les Seigneurs [...] »
Début :
Le premier Janvier les Princes et Princesses du Sang et les Seigneurs [...]
Mots clefs :
Roi, Comte, Château, Reine, Marquis, Chevaliers, Gouverneur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le premier Janvier les Princes et Princesses du Sang et les Seigneurs [...] »
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.;
L
E premier Janvier les Princes et
Princesses du Sang et les Seigneurs
et Dames de la Cour , curent l'honneur
de complimenter le Roy et la Reine sur
la nouvelle année.
170 MERCURE DE FRANCE
,
Le même jour le Roy accompagné du
Duc d'Orleans , du Duc de Bourbon
du Comte de Charolois , du Comte de
Clermont , du Prince de Conty du
Duc du Maine , du Prince de Dombes
du Comte d'Eu , du Comte de Toulouse,
et des Chevaliers Commandeurs et Officiers
des ordres qui s'étoient assemblez
dans le Cabinet de S. M. se rendit à la
Chapelle du Château de Versailles . Le
Roy devant lequel les deux Huissiers de
la Chambre portoient leurs Masses , étoit
en Manteau , le Collier de l'Ordre par
dessus , ainsi que les Chevaliers. Le Roy
entendit la Gran P'Messe chantée par la
Musique à laquelle l'Archevêque de
Vienne , Prélat Commandeur de l'Ordre
officia pontificalement. Après la Messe
$. M. fut reconduite dans son Appartement
avec les Cérémonies accoutumées.
,
Le 2 le Roy accompagné comme le
jour précédent , se rendit à la Chipelle
vers les onze heures : S. M. étoit en
Habit violet er en Manteau court ,
la
Collier de l'Ordre par - dessus, et les Chevaliers
en Habits noirs et Manteau court,
le Roy assista à la Grand'Messe qui fut
célébrée par le même Prélat , pour le repos
des Ames des Chevaliers et Commandeurs
de l'Ordre, morts depuis le Service
solemJANVIER
1734 171
solemnel fait pour le même sujet le 5 Juin
1724, Ce Service ordonné par les Statuts
de l'Ordre , et qui depuis quelque tems
n'avoit été célébré , le sera dans la
pas
suite tous les ans le 2 Janvier où le lendemain
de la Fête de la Purification .
Le 3 la Reine communia par les mains
du Cardinal de Fleury son Grand Aumonier.
Le 3 de ce mois les Députez des Etats
de Bretagne curent audiance publique du
Roy , étant présentez par le Comte de
Toulouze , Gouverneur de la Province ,
et par le Comte de S. Florentin , Sécretaire
d'Etat , et conduits par le Grand
Maître et par le Maître des Cérémonies.
Ils eurent le même jour audiance de la
Reine , de Monseigneur le Dauphin er
de Mesdames de France. La Députation
étoit composée pour le Clergé de l'Evêque
de Tréguier qui porta la parole , du
Sr Baillon Sénéchal de la Ville de Rennes
pour le Tiers - Etar et du Comte de
Coëtlogon , Syndic de la Province. Le
Député pour la Noblesse étoit le Marquis
de Lannion , Maréchal de Camp , qui ne
s'eft point trouvé à l'audiance de S. M.
parce qu'il est actuellement employê à
l'Armée d'Italie.
172 MERCURE DE FRANCE
Le Roy a accordé au Comte de Tous
louze , Amiral de France , la Survivance
de cette Charge pour le Duc de Penthiévre
son fils , qui prêta serment le 4. entre
les mains de S. M.
Le Marquis de Villars qui étoit parti
e Milan le 30. Décembre après midi,
arriva àVersailles le 4. de ce mois au soir,
et apporta au Roy la nouvelle de la prise
du Château de Milan .
Le 14 après midi , le Roy reçut par le
Marquis de Firmarcon que le Maréchal
de Villars a dépêché à S. M. la nouvelle
de la prise de Novarre et du Fort
d'Arrona.
La Duchesse d'Alincourt ayant demandé
à S. M. la permission de remettre sa
place de Dame du Palais de la Réine
le Roy a nommé pour la remplacer la
Duchesse de Bouflers.
François de Franquetot , Marquis de
Coigny , Chevalier des Ordres du Roy ,
Lieutenant General de ses Armées , servant
actuellement en son Armée d'Italie,
et Gouverneur de la Ville , Château et
Principauté de Sédan , a obtenu l'agrément
du Roy de se démettre de la Charge
JANVIER. 1734 175
ge
de Colonel Generai des Dragons , en
faveur de Jean Antoine-François de Franqu
tot , Comte de Coigry , son fils , né
le 27 Septembre 1702. Grand Bailli et
Gouverneur de la Ville et Château de
Caën Le Marquis de Coigny avoit été
pourvû de cette Charge de Colonel General
le 7 Décembre 1704 .
Le Régiment de Cavalerie vacant par
la mort du Marquis d'Urfé , a été donné
à François Bernardin du Chastelet, Marquis
d'Aubigny , Comte de Clémont ,
connu sous le nom de Marquis du Chastelet
, Brigadier des Armées du Roy , du
premier Février 1719 , et Gouverneur du
Château de Vincennes.
L
E premier Janvier les Princes et
Princesses du Sang et les Seigneurs
et Dames de la Cour , curent l'honneur
de complimenter le Roy et la Reine sur
la nouvelle année.
170 MERCURE DE FRANCE
,
Le même jour le Roy accompagné du
Duc d'Orleans , du Duc de Bourbon
du Comte de Charolois , du Comte de
Clermont , du Prince de Conty du
Duc du Maine , du Prince de Dombes
du Comte d'Eu , du Comte de Toulouse,
et des Chevaliers Commandeurs et Officiers
des ordres qui s'étoient assemblez
dans le Cabinet de S. M. se rendit à la
Chapelle du Château de Versailles . Le
Roy devant lequel les deux Huissiers de
la Chambre portoient leurs Masses , étoit
en Manteau , le Collier de l'Ordre par
dessus , ainsi que les Chevaliers. Le Roy
entendit la Gran P'Messe chantée par la
Musique à laquelle l'Archevêque de
Vienne , Prélat Commandeur de l'Ordre
officia pontificalement. Après la Messe
$. M. fut reconduite dans son Appartement
avec les Cérémonies accoutumées.
,
Le 2 le Roy accompagné comme le
jour précédent , se rendit à la Chipelle
vers les onze heures : S. M. étoit en
Habit violet er en Manteau court ,
la
Collier de l'Ordre par - dessus, et les Chevaliers
en Habits noirs et Manteau court,
le Roy assista à la Grand'Messe qui fut
célébrée par le même Prélat , pour le repos
des Ames des Chevaliers et Commandeurs
de l'Ordre, morts depuis le Service
solemJANVIER
1734 171
solemnel fait pour le même sujet le 5 Juin
1724, Ce Service ordonné par les Statuts
de l'Ordre , et qui depuis quelque tems
n'avoit été célébré , le sera dans la
pas
suite tous les ans le 2 Janvier où le lendemain
de la Fête de la Purification .
Le 3 la Reine communia par les mains
du Cardinal de Fleury son Grand Aumonier.
Le 3 de ce mois les Députez des Etats
de Bretagne curent audiance publique du
Roy , étant présentez par le Comte de
Toulouze , Gouverneur de la Province ,
et par le Comte de S. Florentin , Sécretaire
d'Etat , et conduits par le Grand
Maître et par le Maître des Cérémonies.
Ils eurent le même jour audiance de la
Reine , de Monseigneur le Dauphin er
de Mesdames de France. La Députation
étoit composée pour le Clergé de l'Evêque
de Tréguier qui porta la parole , du
Sr Baillon Sénéchal de la Ville de Rennes
pour le Tiers - Etar et du Comte de
Coëtlogon , Syndic de la Province. Le
Député pour la Noblesse étoit le Marquis
de Lannion , Maréchal de Camp , qui ne
s'eft point trouvé à l'audiance de S. M.
parce qu'il est actuellement employê à
l'Armée d'Italie.
172 MERCURE DE FRANCE
Le Roy a accordé au Comte de Tous
louze , Amiral de France , la Survivance
de cette Charge pour le Duc de Penthiévre
son fils , qui prêta serment le 4. entre
les mains de S. M.
Le Marquis de Villars qui étoit parti
e Milan le 30. Décembre après midi,
arriva àVersailles le 4. de ce mois au soir,
et apporta au Roy la nouvelle de la prise
du Château de Milan .
Le 14 après midi , le Roy reçut par le
Marquis de Firmarcon que le Maréchal
de Villars a dépêché à S. M. la nouvelle
de la prise de Novarre et du Fort
d'Arrona.
La Duchesse d'Alincourt ayant demandé
à S. M. la permission de remettre sa
place de Dame du Palais de la Réine
le Roy a nommé pour la remplacer la
Duchesse de Bouflers.
François de Franquetot , Marquis de
Coigny , Chevalier des Ordres du Roy ,
Lieutenant General de ses Armées , servant
actuellement en son Armée d'Italie,
et Gouverneur de la Ville , Château et
Principauté de Sédan , a obtenu l'agrément
du Roy de se démettre de la Charge
JANVIER. 1734 175
ge
de Colonel Generai des Dragons , en
faveur de Jean Antoine-François de Franqu
tot , Comte de Coigry , son fils , né
le 27 Septembre 1702. Grand Bailli et
Gouverneur de la Ville et Château de
Caën Le Marquis de Coigny avoit été
pourvû de cette Charge de Colonel General
le 7 Décembre 1704 .
Le Régiment de Cavalerie vacant par
la mort du Marquis d'Urfé , a été donné
à François Bernardin du Chastelet, Marquis
d'Aubigny , Comte de Clémont ,
connu sous le nom de Marquis du Chastelet
, Brigadier des Armées du Roy , du
premier Février 1719 , et Gouverneur du
Château de Vincennes.
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Résumé : « Le premier Janvier les Princes et Princesses du Sang et les Seigneurs [...] »
Le 1er janvier, les membres de la cour ont félicité le roi et la reine pour la nouvelle année. Le roi, accompagné de plusieurs ducs et princes, a assisté à la grand-messe à la chapelle du château de Versailles, officiée par l'archevêque de Vienne. Le 2 janvier, le roi a de nouveau participé à la grand-messe, cette fois en mémoire des chevaliers et commandeurs de l'ordre décédés depuis le service solennel du 5 juin 1724. Le 3 janvier, la reine a communié et les députés des États de Bretagne ont été reçus en audience publique par le roi, le dauphin et les princesses de France. À cette occasion, le comte de Toulouse a été nommé amiral de France et son fils a prêté serment pour la survivance de cette charge. Le marquis de Villars a annoncé la prise du château de Milan. Le 14 janvier, le roi a appris la prise de Novarre et du fort d'Arrona. La duchesse d'Alincourt a été remplacée par la duchesse de Bouflers comme dame du palais de la reine. Le marquis de Coigny a obtenu l'approbation du roi pour transmettre la charge de colonel général des dragons à son fils. Enfin, le régiment de cavalerie vacant à la suite du décès du marquis d'Urfé a été attribué au marquis du Chastelet.
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1125
p. 195-198
ARRETS NOTABLES.
Début :
ARREST du 8. Décembre, par lequel S. M. proroge jusqu'au dernier Décembre [...]
Mots clefs :
Roi, Déclarations, Dixième, Contrôle, Papier non timbré, Règle de foi
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texteReconnaissance textuelle : ARRETS NOTABLES.
ARRESTS NOTABLES.
RREST du 8. Décembre , par lequel
S. M. proroge jusqu'au dernier Décembre
1734. le prix des anciennes Especes et matieres
d'or et d'argent.
OR196
MERCURE DE FRANCE
ORDONNANCE DU ROY , du 14. Décem
bre , portant augmentation de quinze hommes
dans chacune des quinze Compagnies franches
des Galeres , par laquelle S. M. ordonne qu'à
commencer du premier Janvier prochain , lesdites
Compagnies soient augmentées de quinze
hommes chacune , et composées de soixante- cinq
hommes ; sçavoir , un Capitaine d'armes , deux
Sergens , deux Caporaux , deux Anspessades , un
Tambour , un Fifre , dix Grenadiers et quarantesix
Soldats. Et pour faciliter aux Capitaines la
levée de ces quinze Soldats , avant le mois de
Mars de l'année prochaine . S. M. veut qu'il leur
soit payé vingt livres pour chacun de ceux qu'ils
présenteront , et qui seront reçûs .
DECLARATION du Roy , du 20. Décembre
, en interprétation de l'Edit du mois de No
vembre dernier , qui rétablit les Offices Municipaux.
Registrée en Parlement le 22. dudit mois.
ARREST du 22. Décembre , qui ordonne
que la perception de la levée du Dixiéme des
biens , ne commencera qu'au premier Janvier
1734. au lieu du premier Octobre 1733 .
AUTRE du 29. Décembre , qui ordonne
que toutes les déclarations que les Proprietaires
des biens-fonds voudront passer devant Notaires
seront faites sur du papier non timbré, et sans aucun
contrôle, et qui permet ausdits Notaires d'énoncer
dans lesdites déclarations , les Baux et
autres Actes sous seing privé , qui serviront à les
constater sans pouvoir encourir l'amende prononcée
par les Reglemens.
AU
JANVIER. 1734
197
'AUTRE du 2. Janvier , qui ordonne que le
recouvrement du Dixiéme des gages , appointe
mens des Commis , tant generaux que particuliers
, ou autres Employez à la régie des Fermes
et Sous- Fermes , soit en titre ou par commission,
cera fait à la requête du sieur de Ternantes.
*
AUTRE du même jour , qui ordonne que toutes
les déclarations , rôles qui seront arrêtez en
conséquence , les Extraits desdits rôles , les quit .
tances , exploits , assignations et autres expeditions
et procedures qui se feront pour la levée
du Dixième , pourront être faites sur papier
non timbré , et décharge du contrôle des exploits
toutes les significations qui seront faites en conséquence,
AUTRE du 5. Janvier, qui accorde un délai
jusqu'au premier Juillet prochain , pour le contrôle
des Actes de foi et hommage , déclarations
et reconnoissances aux Papiers terriers et autres ,
le-
ARREST DU CONSEIL D'ETAT , du 26
Janvier , qui ordonne l'exécution des Arrêts du
Conseil , du 10 Mars, et du 5 Septembre 1731 .
et la suppression de plusieurs Ouvrages , par
quel S.M.ordonne que lesdits Arrêts du 10 Mars
et dus Septembre 1731 , soient exécutez selon
leur forme et teneur , et en conséquence , ordonne
que les Ecrits intitulez ; Instruction Pastorale
de M. l'Illustrissime et Reverendissime Evêque de
Marseille , sur les libertez de l'Eglise Gallicane.
A Marseille, de l'Imprimerie de Jean - Pierre Brebion
, &c. Le droit des Souverains , dans l'administration
de l'Eglise , & c . A Paris , 1734. ou ,
suivant une autre Edition du même Ouvrage :
Traité des bornes de la puissance ecclesiastique , et
de la puissance civile , avec un sommai Chronologia
198 MERCURE DE FRANCE
logique des entreprises des Papes , pour étendre la
puissance spirituelle , et du succès que ses entreprises
ont eu , surtout en France , comme aussi des faits :
concernant les disputes du temps . A Amsterdam .
chez François Changuion . 1734.Anecdotes ou Mémoires
secrets sur la Constitution Unigenitus ,
I partie, 1730. 2partie . A Utrech, 1732. Tom. 3.
A Trevoux, 1733. Réfutation des Anecdotes, adressée
à leur Auteur , par M. Pierre - François Lafi
tau , Eveque de Sisteron , cy devant chargé des af
faires du Roy auprès du S. Siége. A Aix , chez
Joseph David, Imprimeur du Roy , 1734. Disser–
tation , dans laquelle on explique en quel sens on
peut dire qu'un ugement de l'Eglise Catholique ,
qui condamne plusieurs Propositions de quelque écrit
dogmatique , sous une multitude de qualifications.
respectives , est une regle de foy , et en quel sens ce
n'est pas une regle de foy ; par M. Charles, Evéque
de Tulle , pour l'instruction du Clergé et des Fidelles
de son Diocèse . A Tulle , chez Jean - Léonard
Dalvy , &c. 1733. seront et demeureront suppri
mez , comme contraires à la disposition des Arrêts
, des 10 Mars et 5 Septembre 1731. Enjoint
S.M à tous ceux qui en ont des Exemplaires
, de les remettre incessamment au Greffe du
Conseil , pour y être supprimez . Fait deffenses à
tous Imprimeurs , Libraires , Colporteurs , et
autres , de quelque état , qualité et condition
qu'ils soient , d'en imprimer , vendre , débiter ,
ou autrement distribuer , à peine de punition
exemplaire , &c.
RREST du 8. Décembre , par lequel
S. M. proroge jusqu'au dernier Décembre
1734. le prix des anciennes Especes et matieres
d'or et d'argent.
OR196
MERCURE DE FRANCE
ORDONNANCE DU ROY , du 14. Décem
bre , portant augmentation de quinze hommes
dans chacune des quinze Compagnies franches
des Galeres , par laquelle S. M. ordonne qu'à
commencer du premier Janvier prochain , lesdites
Compagnies soient augmentées de quinze
hommes chacune , et composées de soixante- cinq
hommes ; sçavoir , un Capitaine d'armes , deux
Sergens , deux Caporaux , deux Anspessades , un
Tambour , un Fifre , dix Grenadiers et quarantesix
Soldats. Et pour faciliter aux Capitaines la
levée de ces quinze Soldats , avant le mois de
Mars de l'année prochaine . S. M. veut qu'il leur
soit payé vingt livres pour chacun de ceux qu'ils
présenteront , et qui seront reçûs .
DECLARATION du Roy , du 20. Décembre
, en interprétation de l'Edit du mois de No
vembre dernier , qui rétablit les Offices Municipaux.
Registrée en Parlement le 22. dudit mois.
ARREST du 22. Décembre , qui ordonne
que la perception de la levée du Dixiéme des
biens , ne commencera qu'au premier Janvier
1734. au lieu du premier Octobre 1733 .
AUTRE du 29. Décembre , qui ordonne
que toutes les déclarations que les Proprietaires
des biens-fonds voudront passer devant Notaires
seront faites sur du papier non timbré, et sans aucun
contrôle, et qui permet ausdits Notaires d'énoncer
dans lesdites déclarations , les Baux et
autres Actes sous seing privé , qui serviront à les
constater sans pouvoir encourir l'amende prononcée
par les Reglemens.
AU
JANVIER. 1734
197
'AUTRE du 2. Janvier , qui ordonne que le
recouvrement du Dixiéme des gages , appointe
mens des Commis , tant generaux que particuliers
, ou autres Employez à la régie des Fermes
et Sous- Fermes , soit en titre ou par commission,
cera fait à la requête du sieur de Ternantes.
*
AUTRE du même jour , qui ordonne que toutes
les déclarations , rôles qui seront arrêtez en
conséquence , les Extraits desdits rôles , les quit .
tances , exploits , assignations et autres expeditions
et procedures qui se feront pour la levée
du Dixième , pourront être faites sur papier
non timbré , et décharge du contrôle des exploits
toutes les significations qui seront faites en conséquence,
AUTRE du 5. Janvier, qui accorde un délai
jusqu'au premier Juillet prochain , pour le contrôle
des Actes de foi et hommage , déclarations
et reconnoissances aux Papiers terriers et autres ,
le-
ARREST DU CONSEIL D'ETAT , du 26
Janvier , qui ordonne l'exécution des Arrêts du
Conseil , du 10 Mars, et du 5 Septembre 1731 .
et la suppression de plusieurs Ouvrages , par
quel S.M.ordonne que lesdits Arrêts du 10 Mars
et dus Septembre 1731 , soient exécutez selon
leur forme et teneur , et en conséquence , ordonne
que les Ecrits intitulez ; Instruction Pastorale
de M. l'Illustrissime et Reverendissime Evêque de
Marseille , sur les libertez de l'Eglise Gallicane.
A Marseille, de l'Imprimerie de Jean - Pierre Brebion
, &c. Le droit des Souverains , dans l'administration
de l'Eglise , & c . A Paris , 1734. ou ,
suivant une autre Edition du même Ouvrage :
Traité des bornes de la puissance ecclesiastique , et
de la puissance civile , avec un sommai Chronologia
198 MERCURE DE FRANCE
logique des entreprises des Papes , pour étendre la
puissance spirituelle , et du succès que ses entreprises
ont eu , surtout en France , comme aussi des faits :
concernant les disputes du temps . A Amsterdam .
chez François Changuion . 1734.Anecdotes ou Mémoires
secrets sur la Constitution Unigenitus ,
I partie, 1730. 2partie . A Utrech, 1732. Tom. 3.
A Trevoux, 1733. Réfutation des Anecdotes, adressée
à leur Auteur , par M. Pierre - François Lafi
tau , Eveque de Sisteron , cy devant chargé des af
faires du Roy auprès du S. Siége. A Aix , chez
Joseph David, Imprimeur du Roy , 1734. Disser–
tation , dans laquelle on explique en quel sens on
peut dire qu'un ugement de l'Eglise Catholique ,
qui condamne plusieurs Propositions de quelque écrit
dogmatique , sous une multitude de qualifications.
respectives , est une regle de foy , et en quel sens ce
n'est pas une regle de foy ; par M. Charles, Evéque
de Tulle , pour l'instruction du Clergé et des Fidelles
de son Diocèse . A Tulle , chez Jean - Léonard
Dalvy , &c. 1733. seront et demeureront suppri
mez , comme contraires à la disposition des Arrêts
, des 10 Mars et 5 Septembre 1731. Enjoint
S.M à tous ceux qui en ont des Exemplaires
, de les remettre incessamment au Greffe du
Conseil , pour y être supprimez . Fait deffenses à
tous Imprimeurs , Libraires , Colporteurs , et
autres , de quelque état , qualité et condition
qu'ils soient , d'en imprimer , vendre , débiter ,
ou autrement distribuer , à peine de punition
exemplaire , &c.
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Résumé : ARRETS NOTABLES.
En décembre 1733 et janvier 1734, plusieurs ordonnances et arrêts royaux ont été émis. Le 8 décembre, le roi a prolongé jusqu'au 31 décembre 1734 le prix des anciennes espèces et matières d'or et d'argent. Le 14 décembre, une ordonnance royale a augmenté de quinze hommes chacune des quinze compagnies franches des galères, portant leur effectif total à soixante-cinq hommes, incluant divers grades et soldats. Pour faciliter cette levée, le roi a ordonné le paiement de vingt livres pour chaque soldat recruté avant mars 1734. Le 20 décembre, une déclaration royale a interprété un édit de novembre 1733 rétablissant les offices municipaux. Le 22 décembre, un arrêt a reporté la perception de la levée du dixième des biens au 1er janvier 1734. Le 29 décembre, un autre arrêt a permis aux propriétaires de biens-fonds de passer des déclarations devant notaires sur papier non timbré, sans contrôle, et d'énoncer les baux et autres actes sous seing privé. En janvier 1734, plusieurs arrêts ont été émis. Le 2 janvier, un arrêt a ordonné le recouvrement du dixième des gages des commis des Fermes et Sous-Fermes à la requête du sieur de Ternantes, et a autorisé l'utilisation de papier non timbré pour diverses procédures liées à la levée du dixième. Un autre arrêt du 5 janvier a accordé un délai jusqu'au 1er juillet 1734 pour le contrôle des actes de foi et hommage. Le 26 janvier, un arrêt du Conseil d'État a ordonné l'exécution des arrêts du 10 mars et du 5 septembre 1731, supprimant plusieurs ouvrages jugés contraires à ces arrêts, notamment des écrits sur les libertés de l'Église gallicane et des mémoires secrets sur la Constitution Unigenitus.
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1126
p. 336
« NOTA. L'Auteur de la Lettre inserée dans le Mercure de Janvier, sur quelques particularitez [...] »
Début :
NOTA. L'Auteur de la Lettre inserée dans le Mercure de Janvier, sur quelques particularitez [...]
Mots clefs :
Vizir, Topal Osman Pacha, Ali Pacha, Voltaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « NOTA. L'Auteur de la Lettre inserée dans le Mercure de Janvier, sur quelques particularitez [...] »
NOTA. L'Auteur de la Lettre inserée dans
le Mercure de Janvier , sur quelques particularitez
de la Vie de Topal - Osman , parle en passant
du Grand- Visit Aly Pacha , qui fit la conquête
de la Morée en 1715. Le Lecteur n'auroit
peut -être pas été fâché de sçavoir que ce Visir
étoit le celebre Ali Cumargi , Favori d'Achmet
II I. né fils d'un Charbonier , et qu'il parvint
à la dignité de G. Visir , dont il avoit disposé
plus d'une fois avant que d'oser s'en revê–
tir. Il en est parlé assez au long dans l'Histoire
de Charles XII par M. de Voltaire , et selon cet
Auteur , il fut tué à la Bataille de Petervaradin
1716 Son judicieux Critique , le Voyageur la
Motraye , témoin oculaire de la plupart des faits
qu'il rapporte , prétend que ce Visir périt nonseulement
en 1716 à Petervaradin , mais encore
en 1717. à Belgrade. Cette double Epoque est
echappée à M. de Voltaire . Voyez la Motraye ,
Tom . I. pages 340. ct 378.
le Mercure de Janvier , sur quelques particularitez
de la Vie de Topal - Osman , parle en passant
du Grand- Visit Aly Pacha , qui fit la conquête
de la Morée en 1715. Le Lecteur n'auroit
peut -être pas été fâché de sçavoir que ce Visir
étoit le celebre Ali Cumargi , Favori d'Achmet
II I. né fils d'un Charbonier , et qu'il parvint
à la dignité de G. Visir , dont il avoit disposé
plus d'une fois avant que d'oser s'en revê–
tir. Il en est parlé assez au long dans l'Histoire
de Charles XII par M. de Voltaire , et selon cet
Auteur , il fut tué à la Bataille de Petervaradin
1716 Son judicieux Critique , le Voyageur la
Motraye , témoin oculaire de la plupart des faits
qu'il rapporte , prétend que ce Visir périt nonseulement
en 1716 à Petervaradin , mais encore
en 1717. à Belgrade. Cette double Epoque est
echappée à M. de Voltaire . Voyez la Motraye ,
Tom . I. pages 340. ct 378.
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Résumé : « NOTA. L'Auteur de la Lettre inserée dans le Mercure de Janvier, sur quelques particularitez [...] »
Ali Pacha, fils d'un charbonnier, devint Grand-Visir sous Achmet III. Il conquit la Morée en 1715. Les circonstances de sa mort sont incertaines. Voltaire le dit tué à Petervaradin en 1716, tandis que La Motraye affirme qu'il mourut également à Belgrade en 1717.
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1127
p. 379-380
POLOGNE.
Début :
Les Magistrats de Dantzick, s'assemblerent extraordinairement le 27. du mois dernier, [...]
Mots clefs :
Magistrats, Gdańsk, Troupes, Couronne, Cracovie, Diète
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
Lextraordinairement le 27. du mois dernier
Es Magistrats de Dantzick , s'assemblerent
pour déliberer sur la proposition que le Roy leur a
faite de recevoir dans les Ouvrages exterieurs,une
Garnison composée de Troupes de la Couronne;
les Magistrats y ont consenti , à condition que
les
380 MERCURE DE FRANCE
les Officiers et les Soldats prêteront serment de
ne rien entreprendre contre la liberté et les Privileges
des habitans de Dantzick .
Les Lettres de Cracovie , confirment que les
menaces de l'Electeur de Saxe et les violences des
Moscovites , n'ont pû contraindre la Noblesse de
la plupart des Palatinats de s'assembler et d'élire
des Nonces pour assister à la prétenduë Diette
generale que ce Prince avoit convoquée , et que
cette Diette ne sera point assemblée .
On a reçû avis que le Comte Pocci avoit fait
une nouvelle course en Curlande , et qu'il en
avoit ravagé la plus grande partie.
Le Comte Potocki , Régimentaire de la Couronne
, ne s'est pas encore mis en marche pour
se rendre dans la Prusse Polonoise , il est toujours
campé sur les bords de la Riviere de Pilckza
, entre Warsovie et Cracovie , mais on con-
- tinuë d'assurer qu'il doit se rendre bientôt dans
cette Province avec l'Armée qu'il commande .
Plusieurs Régimens des Troupes du Roy de
Prusse se sont approchez de la Frontiere , et le
bruit court que Sa Majesté Prussienne a fait donner
aux Magistrats de Dantzik des assurances de
ses dispositions favorables sur ce qui regarde la
sureté de cette Ville.
Lextraordinairement le 27. du mois dernier
Es Magistrats de Dantzick , s'assemblerent
pour déliberer sur la proposition que le Roy leur a
faite de recevoir dans les Ouvrages exterieurs,une
Garnison composée de Troupes de la Couronne;
les Magistrats y ont consenti , à condition que
les
380 MERCURE DE FRANCE
les Officiers et les Soldats prêteront serment de
ne rien entreprendre contre la liberté et les Privileges
des habitans de Dantzick .
Les Lettres de Cracovie , confirment que les
menaces de l'Electeur de Saxe et les violences des
Moscovites , n'ont pû contraindre la Noblesse de
la plupart des Palatinats de s'assembler et d'élire
des Nonces pour assister à la prétenduë Diette
generale que ce Prince avoit convoquée , et que
cette Diette ne sera point assemblée .
On a reçû avis que le Comte Pocci avoit fait
une nouvelle course en Curlande , et qu'il en
avoit ravagé la plus grande partie.
Le Comte Potocki , Régimentaire de la Couronne
, ne s'est pas encore mis en marche pour
se rendre dans la Prusse Polonoise , il est toujours
campé sur les bords de la Riviere de Pilckza
, entre Warsovie et Cracovie , mais on con-
- tinuë d'assurer qu'il doit se rendre bientôt dans
cette Province avec l'Armée qu'il commande .
Plusieurs Régimens des Troupes du Roy de
Prusse se sont approchez de la Frontiere , et le
bruit court que Sa Majesté Prussienne a fait donner
aux Magistrats de Dantzik des assurances de
ses dispositions favorables sur ce qui regarde la
sureté de cette Ville.
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Résumé : POLOGNE.
En Pologne, le 27 du mois précédent, les magistrats de Dantzick ont accepté la proposition du roi d'accueillir une garnison de troupes de la Couronne dans les ouvrages extérieurs, à condition que les officiers et soldats prêtent serment de ne pas attaquer la liberté et les privilèges des habitants. Les menaces de l'Électeur de Saxe et les violences des Moscovites n'ont pas réussi à contraindre la noblesse de la plupart des palatinats à se réunir pour élire des représentants à la diète générale convoquée par ce prince, rendant ainsi cette diète impossible. Le Comte Pocci a effectué une nouvelle incursion en Curlande, ravageant une grande partie de la région. Le Comte Potocki, régimentaire de la Couronne, n'a pas encore commencé sa marche vers la Prusse Polonoise et reste campé sur les bords de la rivière Pilckza, entre Varsovie et Cracovie, mais il doit bientôt se rendre dans cette province avec son armée. Par ailleurs, plusieurs régiments des troupes du roi de Prusse se sont rapprochés de la frontière, et le roi de Prusse a assuré aux magistrats de Dantzik ses dispositions favorables concernant la sûreté de la ville.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1128
p. 380-381
TRADUCTION de la Lettre du Nonce Apostolique, au Roy de Pologne.
Début :
Les troubles violents dont le Royaume est affligé sont tels, qu'ils ne me permettent pas [...]
Mots clefs :
Apostolique, Pologne, Exposer, Lettres, Charge, Ministère, Témoigner
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TRADUCTION de la Lettre du Nonce Apostolique, au Roy de Pologne.
TRADUCTION de la Lettre du
Nonce Apostolique , au Roy de Pologne.
Es troubles violents dont le Royaume est
Laffligé sont tels , qu'ils ne me permettent pas
à moins que de m'exposer à beaucoup de dangers ,
d'aller présenter mes respects à V. M. et lui
remettre en même - temps les Lettres de notre
Très -Saint Pere en J. C. Monseigneur Clémentissime
FEVRIER 1734- 381
tissime , par lesquelles il félicite V. M. sur son
heureuse Election au Trône de Pologne , et répond
à celles que V. M. lui avoit écrites au sujet
de cet Evenement tant desiré . N'ayant donc
pû aller en personne , comme je le souhaitois
avec ardeur , et les Commissions dont j'avois été
chargé de la part de S. S. ayant été executées par
le Ministere de M. le Marquis de Monti , Ambassadeur
Extraordinaire de S. M. T. C. ainsi
que son Excellence m'en a assuré par les Lettres
que j'en ai reçûes avant hier seulement . V. M,
me permettra de lui témoigner par la présente
et respectueuse Lettre , combien je desire de voir
cesser les obstacles et les périls du voyage , afin
d'aller auprès de V. M. exposer plus au long les
sentimens du Souverain Pontife pour Elle , et
y faire les fonctions de mon Ministere , ce que
je regarde comme infiniment honorable et heureux
pour moi. Je ne puis m'empêcher de me
servir de l'occasion que me fournit l'Emploi
Apostolique dont je suis chargé , pour témoigner
à V.M. la joye que je ressens en mon particulier,
et d'être bien persuadé que je demande avec instance
au Pere de Misericorde , qu'il daigne benir
le commencement de votre Regue pour l'aug
mentation de la Religion Orthodoxe , et pour
bonheur de la celebre Nation que vous gouvernez.
J'espere que le Ciel exaucera mes voeux , et
que V. M. voudra bien agréer le parfait dévouement
avec lequel je suis , & c . Fait à Warsovie
le 3. Décembre 1733. Signé Camille Palucci .
Nonce Apostolique , au Roy de Pologne.
Es troubles violents dont le Royaume est
Laffligé sont tels , qu'ils ne me permettent pas
à moins que de m'exposer à beaucoup de dangers ,
d'aller présenter mes respects à V. M. et lui
remettre en même - temps les Lettres de notre
Très -Saint Pere en J. C. Monseigneur Clémentissime
FEVRIER 1734- 381
tissime , par lesquelles il félicite V. M. sur son
heureuse Election au Trône de Pologne , et répond
à celles que V. M. lui avoit écrites au sujet
de cet Evenement tant desiré . N'ayant donc
pû aller en personne , comme je le souhaitois
avec ardeur , et les Commissions dont j'avois été
chargé de la part de S. S. ayant été executées par
le Ministere de M. le Marquis de Monti , Ambassadeur
Extraordinaire de S. M. T. C. ainsi
que son Excellence m'en a assuré par les Lettres
que j'en ai reçûes avant hier seulement . V. M,
me permettra de lui témoigner par la présente
et respectueuse Lettre , combien je desire de voir
cesser les obstacles et les périls du voyage , afin
d'aller auprès de V. M. exposer plus au long les
sentimens du Souverain Pontife pour Elle , et
y faire les fonctions de mon Ministere , ce que
je regarde comme infiniment honorable et heureux
pour moi. Je ne puis m'empêcher de me
servir de l'occasion que me fournit l'Emploi
Apostolique dont je suis chargé , pour témoigner
à V.M. la joye que je ressens en mon particulier,
et d'être bien persuadé que je demande avec instance
au Pere de Misericorde , qu'il daigne benir
le commencement de votre Regue pour l'aug
mentation de la Religion Orthodoxe , et pour
bonheur de la celebre Nation que vous gouvernez.
J'espere que le Ciel exaucera mes voeux , et
que V. M. voudra bien agréer le parfait dévouement
avec lequel je suis , & c . Fait à Warsovie
le 3. Décembre 1733. Signé Camille Palucci .
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Résumé : TRADUCTION de la Lettre du Nonce Apostolique, au Roy de Pologne.
Le Nonce Apostolique adresse une lettre au Roi de Pologne le 3 décembre 1733, expliquant que les troubles violents dans le Royaume l'empêchent de se rendre en personne pour présenter ses respects et remettre les lettres du Pape. Ces lettres félicitent le Roi pour son élection au trône de Pologne et répondent à celles que le Roi avait envoyées. Les commissions du Nonce ont été exécutées par le Marquis de Monti, Ambassadeur Extraordinaire. Le Nonce exprime son désir de rencontrer le Roi pour exposer les sentiments du Souverain Pontife. Il témoigne sa joie et prie pour le succès du règne du Roi, afin d'augmenter la Religion Orthodoxe et le bonheur de la nation polonaise. Le Nonce conclut en espérant que ses vœux seront exaucés et en réaffirmant son dévouement.
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1129
p. 382
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le 5. de ce mois, les Seigneurs agiterent s'ils prieroient le Roy de communiquer à la [...]
Mots clefs :
Guerre, Seigneurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
Er. de ce mois , les Seigneurs agiterent s'ils
prieroient le Roy de communiquer à la
Chambre , les intentions que Sa Majesté a données
à ses Ministres par rapport aux négociations
qui sont alleguées comme les causes et les
principaux motifs de la guerre que les Puissances
Unies de France , d'Espagne et de Sardaigne ,
ont déclaré à l'Empereur , et il fut décidé à la
pluralité de cinquante- sept voix contre trente
qu'on ne feroit point cette demande à S. M.
Er. de ce mois , les Seigneurs agiterent s'ils
prieroient le Roy de communiquer à la
Chambre , les intentions que Sa Majesté a données
à ses Ministres par rapport aux négociations
qui sont alleguées comme les causes et les
principaux motifs de la guerre que les Puissances
Unies de France , d'Espagne et de Sardaigne ,
ont déclaré à l'Empereur , et il fut décidé à la
pluralité de cinquante- sept voix contre trente
qu'on ne feroit point cette demande à S. M.
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1130
p. 526-529
« LEÇONS DE PHYSIQUE, contenant les Elémens de la Physique, déterminez par les [...] »
Début :
LEÇONS DE PHYSIQUE, contenant les Elémens de la Physique, déterminez par les [...]
Mots clefs :
Leçons de physique, Jean-Marie Ricard, Histoire naturelle de l'univers, Cent nouvelles nouvelles, Monarchie française, Traité de l'usage des romans, Remarques historiques et critiques sur l'histoire d'Angleterre, Mémoires
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texteReconnaissance textuelle : « LEÇONS DE PHYSIQUE, contenant les Elémens de la Physique, déterminez par les [...] »
LEÇONS DE PHYSIQUE , contenant les Elémens
de la Physiqué , déterminez par les
seules Loix des Méchaniques , expliquées
au College Royal . Par M.Joseph Privat de
Molieres , Professeur Royal en Philosophie
, de l'Académie Royale des Sciences,
ct
MARS 1734.
527
et Membre de la Société Royale de Londtes.
Chez la veuve Brocas , rue S.Jacques, ruë
&c. 1733.in 12. Ces Leçons , dont ce n'est
icy que la premiere , seront distribuées au
College Royal , à mesure qu'elles seront
imprimées.
LES OEUVRES de M.Jean Marie Ricart,
Avocat au Parlement. Tom. I. contenant
le Traité des Donations entre- vifs , et Testamentaires
, avec la Coutume d'Amiens
commentée Tome II . contenant les Trai
tez du Don mutuel, des Dispositions conditionnelles
, & c . des Substitutions , de la
Représentation , et du Rapport en matiere
de Successions . Ensemble la Coutume
de Senlis commentée . A Paris , chez
Claude Robustel , rue S. Jacques , 1734. in
fol.
HISTOIRE NATURELLE DE L'UNIVERS
dans laquelle on rapporte des raisons
Physiques , sur les effets les plus curieux
et les plus extraordinaires de la nature ;
enrichie de Figures en Taille douce . Par
feu M. Colonne , Gentilhomme Komain .
Chez André Cailleau , Quai des Augustins.
1734. in 12 , 2 vol.
La douziéme Partie DES CENT NOUVEL328
MERCURE DE FRANCE
VELLES NOUVELLES , de Madame de Gomez,
paroît chez Mauduit , Quai des Au
gustins.
MEMOIRES du Chevalier ***. Par
Madame Méheust. A Paris , au Palais
chez Dupuis , 1734. in 12. de 287 pages.
L'heureux succès d'Emilie , dont nous
avons parlé dans ce Journal , doit faire
esperer que ces . Mémoires seront aussibien
reçus du public.Ils sont du mêmeAuteur.
On ne doit regarder ses Ouvrages ,
dit- il , dans une courte Préface, que comme
les fruits d'une imagination vive, qui
aime le vrai , et qui se plait à le peindre
d'une façon naïve et simple.
HISTOIRE CRITIQUE de l'établissement
de la Monarchie Françoise , dans les Gaules.
Par M. l'Abbé Dubos , l'un des Quarante
, et Sécretaire perpetuel de l'Académie
Françoise. Chez Chaubert , Quai
des Augustins , Osmont, Hart l'aîné, Clousier,
&c. 1734. in 4. 3. vol .
TRAITE DE L'USAGE DES ROMANS , et
de leurs differens caracteres ; avec une Bibliotheque
historique des Romans , et des
Remarques critiques sur leur choix , & c.
Amsterdam , chez J. F. Bernard. 1734. 2
vol. in 12 .
ན་:
MARS 1734.
529
REMARQUES HISTORIQUES ET CRITI
QUES , sur l'Histoire d'Angleterre , de
M. Rapin de Thoyras. Par M. Tyndal ,
Maître ès Arts et Vicaire du Grand Walthan
, dans le Comté d'Essex , et Abregé
Historique du Recueil des Arts publics
d'Angleterre de Thomas Rhymer. Par
M. Rapin de Thoyras , avec les Notes
de M. Etienne Whatley. A la Haye
chez Gosse et Neaulme. 1733. in 4. 2 vol.
tom. I. pag. 380. pour les Remarques sur
I'Histoire d'Angleterre , et 325 pag. pour
l'abregé des cinq premiers tomes des
Actes de Rhymer , tom. 2. 1. partie, pag.
383. et 348. pour la seconde , contenant
la suite de ces mêmes Actes.
de la Physiqué , déterminez par les
seules Loix des Méchaniques , expliquées
au College Royal . Par M.Joseph Privat de
Molieres , Professeur Royal en Philosophie
, de l'Académie Royale des Sciences,
ct
MARS 1734.
527
et Membre de la Société Royale de Londtes.
Chez la veuve Brocas , rue S.Jacques, ruë
&c. 1733.in 12. Ces Leçons , dont ce n'est
icy que la premiere , seront distribuées au
College Royal , à mesure qu'elles seront
imprimées.
LES OEUVRES de M.Jean Marie Ricart,
Avocat au Parlement. Tom. I. contenant
le Traité des Donations entre- vifs , et Testamentaires
, avec la Coutume d'Amiens
commentée Tome II . contenant les Trai
tez du Don mutuel, des Dispositions conditionnelles
, & c . des Substitutions , de la
Représentation , et du Rapport en matiere
de Successions . Ensemble la Coutume
de Senlis commentée . A Paris , chez
Claude Robustel , rue S. Jacques , 1734. in
fol.
HISTOIRE NATURELLE DE L'UNIVERS
dans laquelle on rapporte des raisons
Physiques , sur les effets les plus curieux
et les plus extraordinaires de la nature ;
enrichie de Figures en Taille douce . Par
feu M. Colonne , Gentilhomme Komain .
Chez André Cailleau , Quai des Augustins.
1734. in 12 , 2 vol.
La douziéme Partie DES CENT NOUVEL328
MERCURE DE FRANCE
VELLES NOUVELLES , de Madame de Gomez,
paroît chez Mauduit , Quai des Au
gustins.
MEMOIRES du Chevalier ***. Par
Madame Méheust. A Paris , au Palais
chez Dupuis , 1734. in 12. de 287 pages.
L'heureux succès d'Emilie , dont nous
avons parlé dans ce Journal , doit faire
esperer que ces . Mémoires seront aussibien
reçus du public.Ils sont du mêmeAuteur.
On ne doit regarder ses Ouvrages ,
dit- il , dans une courte Préface, que comme
les fruits d'une imagination vive, qui
aime le vrai , et qui se plait à le peindre
d'une façon naïve et simple.
HISTOIRE CRITIQUE de l'établissement
de la Monarchie Françoise , dans les Gaules.
Par M. l'Abbé Dubos , l'un des Quarante
, et Sécretaire perpetuel de l'Académie
Françoise. Chez Chaubert , Quai
des Augustins , Osmont, Hart l'aîné, Clousier,
&c. 1734. in 4. 3. vol .
TRAITE DE L'USAGE DES ROMANS , et
de leurs differens caracteres ; avec une Bibliotheque
historique des Romans , et des
Remarques critiques sur leur choix , & c.
Amsterdam , chez J. F. Bernard. 1734. 2
vol. in 12 .
ན་:
MARS 1734.
529
REMARQUES HISTORIQUES ET CRITI
QUES , sur l'Histoire d'Angleterre , de
M. Rapin de Thoyras. Par M. Tyndal ,
Maître ès Arts et Vicaire du Grand Walthan
, dans le Comté d'Essex , et Abregé
Historique du Recueil des Arts publics
d'Angleterre de Thomas Rhymer. Par
M. Rapin de Thoyras , avec les Notes
de M. Etienne Whatley. A la Haye
chez Gosse et Neaulme. 1733. in 4. 2 vol.
tom. I. pag. 380. pour les Remarques sur
I'Histoire d'Angleterre , et 325 pag. pour
l'abregé des cinq premiers tomes des
Actes de Rhymer , tom. 2. 1. partie, pag.
383. et 348. pour la seconde , contenant
la suite de ces mêmes Actes.
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Résumé : « LEÇONS DE PHYSIQUE, contenant les Elémens de la Physique, déterminez par les [...] »
En mars 1734, plusieurs publications notables ont été mentionnées. Parmi elles, 'Leçons de Physique' de Joseph Privat de Molières, professeur au Collège Royal et membre de l'Académie Royale des Sciences, publié en 1733. Les 'Œuvres' de Jean Marie Ricart, avocat au Parlement, incluent des traités sur les donations et les successions, commentés avec les coutumes d'Amiens et de Senlis, publiés en 1734. L''Histoire Naturelle de l'Univers' de M. Colonne, enrichie de figures, est également signalée. Le 'Mercure de France' publie des nouvelles de Madame de Gomez. Les 'Mémoires du Chevalier ***' de Madame Méheust sont décrits comme les fruits d'une imagination vive. L''Histoire Critique de l'établissement de la Monarchie Françoise' de l'Abbé Dubos, secrétaire perpétuel de l'Académie Française, est publiée en trois volumes. Un 'Traité de l'Usage des Romans' avec une bibliothèque historique des romans est édité à Amsterdam. Enfin, les 'Remarques Historiques et Critiques' sur l'histoire d'Angleterre de M. Rapin de Thoyras, ainsi qu'un abrégé historique des arts publics d'Angleterre de Thomas Rhymer, sont publiés en deux volumes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1131
p. 586-593
A Constantinople le 15. Janvier 1734.
Début :
La derniere Lettre que je vous écrivis, Monsieur, en datte des 12. et 20. Novembre, [...]
Mots clefs :
Topal Osman Pacha, Thamas Kouli-Kan, Turcs, Troupes, Kerkout, Bagdad, Perse, Memis Pacha, Achmet Pacha, Constantinople
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texteReconnaissance textuelle : A Constantinople le 15. Janvier 1734.
A Constantinople le 15. Janvier 1734-
L
A derniere Lettre que je vous écrivis , Monsieur
, en datte des 12. et 20. Novembre
ne vous parloit que des triomphes de Topal - Osman
Pacha ; je me préparois même alors avec
plaisir à vous en annoncer bien- tôt un autre
qui auroit mis le comble à sa gloire , et qui suivant
la situation où l'on assuroit que les affaires
des Turcs étoient en Perse , ne pouvoit lui manquer
, mais la Providence en a ordonné autrement
, et ce grand homme a trouvé sa défaite
où tout sembloit lui promettre celle de son Ennemi.
Quoique je ne doute pas que vous ne
soyez déja informé de cet Evenement, je ne laisse
pas de vous faire part de ce que j'en ai appris ,
parce que les premieres Relations qui en coururent
d'abord ont été démenties dans plusieurs
points par de plus fidelles qui sont venuës après.
Memis- Pacha , qui , comme je vous l'ai déja
mandé , avoit été détaché avec un Corps de
Troupes , chargé de poursuivre Thamas Kouli-
Kan ; après la déroute de celui-cy à Leilan , ne
se sentant pas assez fort pour l'attaquer dans le
Défilé , où l'on prétendoit qu'il avoit été contraint
de se renfermer , envoya demander du
secours à Topal - Osman. Ce Seraskier impatient
de terminer par quelque coup décisif une guerre
que le desespoir plutôt que les forces du General
Persan pouvoit encore prolonger , s'il le l'aissoit
MARS. 1734.
587
rage
soit échapper du mauvais pas, où il le croyoit engagé,
se flata que sa présence redoubleroit le coudes
Turcs, comme il l'avoit éprouvé tant de
fois, et lui faciliteroit la victoire sur son Ennemi .
Il marcha donc avec le peu de Troupes qui lui restoient,
mais à peine cut- il joint Memis-Pacha, sur
lequel Thamas Kouli- Kan vint fondre avec fureur
, que par des raisons qui n'ont pas été bien
éclaircies , ce Pacha , dont jusqu'alors la bravoure,
n'avoit point parû équivoque , prit la fuite
avec toutes ses Troupes sans faire la moindre
résistance.
Topal- Osman outré de s'en voir si lâchement
abandonné , mais incapable de suivre son exemple
, s'abandonna lui - même à son intrépidité ,
et malgré la supériorité du nombre des Persans ,
il soutint leurs attaques pendant quelques heures
, secondé du peu de monde qu'il avoit ame
né ; il combattoit même avec avantage et leur
faisoit déja perdre du terrain , lorsque deux
coups de fusil qu'il reçut à la fois , le firent tomber
mort de cheval . Ce funeste spectacle jetta un
si grand et si subit dérangement parmi ses Soldats
, qu'ils se débanderent aussi- tôt et prirent
à toutes jambes la route de Kerkout , dans laquelle
Memis-Pacha les avoit devancez.
Kouli Kan , qui depuis qu'il a' pris les armes
ne s'étoit fait connoître que par un orgueil insupportable
et un courage qui tenoit plus de la
férocité qu'on respire sur les Montagnes où il a
reçû le jour , que de cette valeur genereuse qui
n'est pas moins souvent le fruit d'une belle édu
cation , qu'un présent de la Nature , donna ce
pendant en cette occasion une marque de gran
deur d'ame à laquelle on ne s'attendoit
part,et qu'il y auroit de l'injustice à passer sous
H vj silence
pas
de sa
$ 88 MERCURE DE FRANCE
silence. Ayant sçû que l'épouvante et la retraite.
précipitee du reste des Troupes Ottomanes n'avoient
eu d'autre cause que la mort de leur Chef,
il se servit de leur Ordou- Cadi , qui avoit été
pris auprès de lui lorsqu'il fut tué , pour retrouver
et reconnoître son corps , et après l'avoir.
consideré avec une espece de veneration , il le
fit porter à la Littiere dans laquelle le Deffunt
étoit venu et le renvoya à Kerkout , pour que,
les Turcs lui fissent eux -mêmes des Obseques
convenables. Il est vrai qu'on dit qu'il n'en usa
si noblement qu'en reconnoissance de ce que
Topal - Osman lui avoit renvoyé depuis quelques
jours son beau-pere et son neveu , qui avoient
été faits prisonniers à l'affaire de Kerkout ; mais
quelqu'ait été le motif qui l'a fait agir , ce trait
de magnanimité n'en est pas moins digne de
loüange.
La nouvelle de cette mort , qu'on reçut à Constantinople
la nuit du 4. auf. Décembre , remplit
cette Ville de consternation , et le Peuple
effrayé par des faux bruits que des mal ingens
tentionnez pour cet Empire , prirent soin de semer
les jours suivans , s'imagina que tout étoit
perdu ; heureusement des avis posterieurs et plus
vrais , ont fort rassuré les esprits , et l'on sçait,
à présent que tout le dommage que les Turcs
ont souffert dans ce dernier combat, se réduit à
un très - petit nombre de morts et de prisonniers
et à la perte de Topal - Osman ; perte , à la verité
, irréparable dans un sens , quand on refléchit
sur lesgrandes qualitez de ce General et sur le
point avantageux où il avoit conduit les choses ,
mais perte , après tout , qui n'entraîne pas celle
*L'Intendant de l'Armée.
de
MARS. 1724. 589
de l'Etat , comme ceux qui voudroient le voir
anéanti , affectoient de le répandre sourdement .
En premier lieu , bien loin que Thamas Kouli
-Kan ait tiré quelque fruit de cette victoire en
poursuivant les Turcs à Kerkout et en s'emparant
de cette Forteresse , comme on avoit d'abord
publié qu'il l'avoit fait , il a été obligé de
s'en éloigner encore plus qu'il ne l'étoit et de
tenir la Campagne , tantôt d'un côté , tantôt
d'un autre pour trouver à subsister , sans même
emporter le Canon que les Turcs lui abandonnerent
avec le Champ de bataille . Secondement,
il est certain qu'il continue ses instances
pour obtenir la Paix qu'il avoit demandée aux
Turcs depuis long- temps et que leur Ordon-
Cadi , qu'il avoit renvoyé ici sur sa parole pour
cette négociation , s'en est retourné sans qu'on
ait seulement voulu écouter les propositions
que cè General l'avoit chargé de faire de sa part
Ja Porte.
est
Il y a bien plus que cela , s'il en faut croire
certaines nouvelles , que je tiens de fort bon lieu:
elles portent que Kouli - Kan , n'ayant plus un
assez gros parti pour soutenir sa rebellion en
Perse , n'ose pas y retourner , parce qu'il y
regardé comme le fleau et l'unique auteur des
dernieres calamitez dont ce malheureux Royaume
est désolé ; qu'aussi - tôt qu'il eut perdu la
Bataille du 19 Juillet , un Seigneur Persan fort
acredité , qu'on appelle le vieux Khan , & qu'il
avoit laissé devant Bagdad pour y continuer le
blocus , l'abandonna , partit en poste et s'en alla
droit à Hispahan soulever les esprits contre lui ;
que delà il passa dans le Corassan , où il tira
Schaph- Thamas de sa prison ; qu'il ramena ce
Prince dans sa Capitale et le rétablit sur son
Tiêu
$90 MERCURE DE FRANCE
Trône aux acclamations de tout le peuple ; qu'en
suite le Roy de Perse avoit de nouveau déclaré
qu'il condamnoit en tout la conduite de Kouli-
Kan depuis qu'il avoit violé la derniere Paix
qu'il persistoit à le proscrire comme rebelle à
son Souverain , et traître à sa patrie ; qu'il levoit
des Troupes pour marcher contre lui le prendre
vif ou mort, s'il étoit possible , et le livrer à
la vengeance des Turcs , et qu'il renouvelloit
sans restrition la ratification qu'il avoit faite
du Traité d'Amadan.
Je ne vous dissimulerai point , Monsieur , que
je ne voudrois pas vous garantir la verité de ces
nouvelles en leur entier , parce que je sçais qu'on
soupçonne toujours ici , que Schah- Thamas et
son premier Ministre s'entendent ensemble ; mais
je ne vous garantirai pas davantage non plus les
Nouvelles suivantes , arrivées ici depuis peu de
jours.
Les unes disent que Kouli-Kan ayant voulu
risquer une tentative sur Kerkout, Memis Pacha
étoit sorti de cette Place , et l'avoit défait à plate
Couture. Les autres portent au contraire , qu'Achmet
Pacha de Bagdad , sur l'avis qu'on lui
avoit donné , que Thamas- Kouli - Kan avoit dé
taché 4000 hommes pour aller s'emparer de
Khillet * il étoit sorti de Bagdad avec la meilleure
partie de sa Garnison dans le dessein d'enlever
ce Détachement ennemi ; mais qu'ayant
appris en route que Kouli- Kan étoit lui - même à
›
* C'est un gros Bourg avec une petite forteresse
sur le chemin de Bagdad à Bassora , lequel étant
situé au bord de l'Euphrate , sert de Magasin et
d'entrepôts aux provisions pour cette premiere
Place.
KhilMARS
1734.
591
"
Khillet avec 30 à 40 mille hommes , il avoit rebroussé
chemin en dilligence , & qu'étant rentré
dans Bagdad , où il y aa fort peu de vivres , il en
avoit fait sortir les vieillards , les femmes , les
enfans ; en un mot , toutes les bouches inutiles
dans l'aprehension que le General Persan , après
avoir établi ses Magazins à Khillet , ne revint
encore former le blocus de Bagdad ; qu'avant
que d'y être de retour , un autre Achmet , qui
est Capidgi-Bachi , et son Divan- Effendi ** , se
ressouvenant de tout ce qu'il avoit souffert l'année
passée dans cette Place , et craignant de s'y
voir renfermé de nouveau pour long- tems , avoit
débauché 6000 hommes des Troupes qui étoient
sorties avec Achmet Pacha , et que s'étant mis à
leur tête , il les avoit conduit à Kerkout , od
Memis Pacha indigné de sa désertion l'avoit fait
mettre aux fers , et se tenoit sur ses gardes avec
ce renfort contre les entreprises que Kouli-Kam
pourroit faire sur Kerkout.
Vous voyez , Monsieur , par toutes ces nonvelles
, qui se contredisent et qui se débitent
pourtant à Constantinople aussi affirmativement
les unes que les autres , combien il est difficile
pour ne rien dire de plus , de sçavoir positive.
ment ce qui se passe dans ces Contrées éloignées,
où les Etrangers qui sont ici , n'ayant point de
correspondance , ne peuvent que rarement être
instruits du véritable état des choses.
Mais ce dont je puis vous parler avec certitu
de , c'est que depuis la mort de Topal - Osman
on fait de tous côtez dans cet Empire , des préparatifs
extraordinaires contre la Pers . Tous les
** Secretaire du Conseil , ou son premier Secttaire.
7
Pachas
192 MERCURE DE FRANCE
>
Pachas d'Asie ont eu ordre de marcher sans
délai avec le plus de Milices qu'ils pourront rassembler,
chacun dans l'étendue de son Gouvernement
il doit partir d'ici vingt chambrées de
Jannissaires qui composeront environ 8000
hommes. On compte que quand toutes ces
Troupes seront arrivées au lieu du rendez.vous ,
elles se monteront à 90 mille combattans , qui
joints à ce qu'il y en a déja en Perse formeront
une armée formidable ; et l'on s'en promet d'antant
plus de succès , que le G. S. pour encouràger
les gens de Guerre , a considérablement augmenté
la paye , ou les apointemens de tous ceux
qui serviroient dans cette armée pendant la campagne
prochaine. D'ailleurs trois Bâtimens François
frettez par sa hautesse ont déja fait voile
ces jours- ci , chargez de Canons , de Poudre ,
de Boulets , & c . qu'ils doivent débarquer à Alexandrete.
:
Abdoulla Cuperli , ci -devant Pacha du Caire ,
et à présent de Cogni , a été nommé pour remplacer
Topal - Osman , et le G. V. a déclaré en
public , qu'il marcheroit lui - même , pour exterminer
les Persans cette année , ou les forcer du
moins à faire une Paix solide , et honorable à la
Porte.
Au reste , Monsieur , pour finir ma Lettre ,
par quelque chose de consolant sur la mort de
Topal - Osman Pacha , je vous dirai que le G. S.
voulant donner des marques éclatantes du cas
qu'il faisoit de cet illustre et fidele sujet à récompensé
dans la personne de son fils Achmet , les
services que le Pere rendoit depuis si longtems à
cet Empire ; quoique ce jeune Seigneur n'aitt pas
encore 24 ans sa hautesse l'a fait tout d'un
coup et de son propre mouvement Pacha à trois
queües ,
>
MARS 1734.
593
*
queues , et Beylerbey de Romelie ; il est parti
d'ici dernierement avec un Equipage aussi nombreux
que superbe , pour se rendre à Nissa , ré..
sidence affectée au Pacha qui est revêtu de ce
Beylerbeylik .
Ce bienfait tout grand qu'il est en lui - même ,
a été cependant accompagné d'une circonstance,
qui à notre maniere de penser semble en dimi
nuer beaucoup le prix , et que ceux qui ne sont
pas au fait des maximes de l'Empire Ottoman ',
trouveront sans - doute fort extraordinaire , c'est
que dans le même tems que le G. S. a temoigné
avec tant de distinction sa reconnoissance envers
Topal - Osman , en élevant son fils si jeune encore
aux premieres dignitez de l'Etat , Sa Hautesse a
dépêché un Capidgi -Bachi en Perse , pour confisquer
au profit du Trésor Imperial tous les
effets mobiliers du deffunt : de sorte qu'il ne reste
à Achmet Pacha , de la grande succession de son
pere , qui passoit pour extrémement riche , que
les immeubles consistant en Maisons &c. parcè
que Topal Osman avoit eu la précaution de rendre
tous ces bens - là Vacoufs : c'est - à - dire de les
donner en proprieté à des Mosquées et de s'en
réserver l'usufruit pour lui , et pour ses descendans
jusqu'à l'extinction de sa race. Cette précaution
fort en usage dans ce Païs - ci , est le seul
moyen , par lequel ceux qui ont eu quelque part
aux affaires publiques peuvent assurer leur héritage
à leurs enfans : car les biens devenus Vacoufs
sont sacrez : pour quelque cause que ce soit ,
personne ne peut s'en emparer ; et ils ne sont dévolus
aux Mosquées pour la jouissance effective
qu'après le décès du dernier usufruitier .Je suis & c .
P. V. D.
L
A derniere Lettre que je vous écrivis , Monsieur
, en datte des 12. et 20. Novembre
ne vous parloit que des triomphes de Topal - Osman
Pacha ; je me préparois même alors avec
plaisir à vous en annoncer bien- tôt un autre
qui auroit mis le comble à sa gloire , et qui suivant
la situation où l'on assuroit que les affaires
des Turcs étoient en Perse , ne pouvoit lui manquer
, mais la Providence en a ordonné autrement
, et ce grand homme a trouvé sa défaite
où tout sembloit lui promettre celle de son Ennemi.
Quoique je ne doute pas que vous ne
soyez déja informé de cet Evenement, je ne laisse
pas de vous faire part de ce que j'en ai appris ,
parce que les premieres Relations qui en coururent
d'abord ont été démenties dans plusieurs
points par de plus fidelles qui sont venuës après.
Memis- Pacha , qui , comme je vous l'ai déja
mandé , avoit été détaché avec un Corps de
Troupes , chargé de poursuivre Thamas Kouli-
Kan ; après la déroute de celui-cy à Leilan , ne
se sentant pas assez fort pour l'attaquer dans le
Défilé , où l'on prétendoit qu'il avoit été contraint
de se renfermer , envoya demander du
secours à Topal - Osman. Ce Seraskier impatient
de terminer par quelque coup décisif une guerre
que le desespoir plutôt que les forces du General
Persan pouvoit encore prolonger , s'il le l'aissoit
MARS. 1734.
587
rage
soit échapper du mauvais pas, où il le croyoit engagé,
se flata que sa présence redoubleroit le coudes
Turcs, comme il l'avoit éprouvé tant de
fois, et lui faciliteroit la victoire sur son Ennemi .
Il marcha donc avec le peu de Troupes qui lui restoient,
mais à peine cut- il joint Memis-Pacha, sur
lequel Thamas Kouli- Kan vint fondre avec fureur
, que par des raisons qui n'ont pas été bien
éclaircies , ce Pacha , dont jusqu'alors la bravoure,
n'avoit point parû équivoque , prit la fuite
avec toutes ses Troupes sans faire la moindre
résistance.
Topal- Osman outré de s'en voir si lâchement
abandonné , mais incapable de suivre son exemple
, s'abandonna lui - même à son intrépidité ,
et malgré la supériorité du nombre des Persans ,
il soutint leurs attaques pendant quelques heures
, secondé du peu de monde qu'il avoit ame
né ; il combattoit même avec avantage et leur
faisoit déja perdre du terrain , lorsque deux
coups de fusil qu'il reçut à la fois , le firent tomber
mort de cheval . Ce funeste spectacle jetta un
si grand et si subit dérangement parmi ses Soldats
, qu'ils se débanderent aussi- tôt et prirent
à toutes jambes la route de Kerkout , dans laquelle
Memis-Pacha les avoit devancez.
Kouli Kan , qui depuis qu'il a' pris les armes
ne s'étoit fait connoître que par un orgueil insupportable
et un courage qui tenoit plus de la
férocité qu'on respire sur les Montagnes où il a
reçû le jour , que de cette valeur genereuse qui
n'est pas moins souvent le fruit d'une belle édu
cation , qu'un présent de la Nature , donna ce
pendant en cette occasion une marque de gran
deur d'ame à laquelle on ne s'attendoit
part,et qu'il y auroit de l'injustice à passer sous
H vj silence
pas
de sa
$ 88 MERCURE DE FRANCE
silence. Ayant sçû que l'épouvante et la retraite.
précipitee du reste des Troupes Ottomanes n'avoient
eu d'autre cause que la mort de leur Chef,
il se servit de leur Ordou- Cadi , qui avoit été
pris auprès de lui lorsqu'il fut tué , pour retrouver
et reconnoître son corps , et après l'avoir.
consideré avec une espece de veneration , il le
fit porter à la Littiere dans laquelle le Deffunt
étoit venu et le renvoya à Kerkout , pour que,
les Turcs lui fissent eux -mêmes des Obseques
convenables. Il est vrai qu'on dit qu'il n'en usa
si noblement qu'en reconnoissance de ce que
Topal - Osman lui avoit renvoyé depuis quelques
jours son beau-pere et son neveu , qui avoient
été faits prisonniers à l'affaire de Kerkout ; mais
quelqu'ait été le motif qui l'a fait agir , ce trait
de magnanimité n'en est pas moins digne de
loüange.
La nouvelle de cette mort , qu'on reçut à Constantinople
la nuit du 4. auf. Décembre , remplit
cette Ville de consternation , et le Peuple
effrayé par des faux bruits que des mal ingens
tentionnez pour cet Empire , prirent soin de semer
les jours suivans , s'imagina que tout étoit
perdu ; heureusement des avis posterieurs et plus
vrais , ont fort rassuré les esprits , et l'on sçait,
à présent que tout le dommage que les Turcs
ont souffert dans ce dernier combat, se réduit à
un très - petit nombre de morts et de prisonniers
et à la perte de Topal - Osman ; perte , à la verité
, irréparable dans un sens , quand on refléchit
sur lesgrandes qualitez de ce General et sur le
point avantageux où il avoit conduit les choses ,
mais perte , après tout , qui n'entraîne pas celle
*L'Intendant de l'Armée.
de
MARS. 1724. 589
de l'Etat , comme ceux qui voudroient le voir
anéanti , affectoient de le répandre sourdement .
En premier lieu , bien loin que Thamas Kouli
-Kan ait tiré quelque fruit de cette victoire en
poursuivant les Turcs à Kerkout et en s'emparant
de cette Forteresse , comme on avoit d'abord
publié qu'il l'avoit fait , il a été obligé de
s'en éloigner encore plus qu'il ne l'étoit et de
tenir la Campagne , tantôt d'un côté , tantôt
d'un autre pour trouver à subsister , sans même
emporter le Canon que les Turcs lui abandonnerent
avec le Champ de bataille . Secondement,
il est certain qu'il continue ses instances
pour obtenir la Paix qu'il avoit demandée aux
Turcs depuis long- temps et que leur Ordon-
Cadi , qu'il avoit renvoyé ici sur sa parole pour
cette négociation , s'en est retourné sans qu'on
ait seulement voulu écouter les propositions
que cè General l'avoit chargé de faire de sa part
Ja Porte.
est
Il y a bien plus que cela , s'il en faut croire
certaines nouvelles , que je tiens de fort bon lieu:
elles portent que Kouli - Kan , n'ayant plus un
assez gros parti pour soutenir sa rebellion en
Perse , n'ose pas y retourner , parce qu'il y
regardé comme le fleau et l'unique auteur des
dernieres calamitez dont ce malheureux Royaume
est désolé ; qu'aussi - tôt qu'il eut perdu la
Bataille du 19 Juillet , un Seigneur Persan fort
acredité , qu'on appelle le vieux Khan , & qu'il
avoit laissé devant Bagdad pour y continuer le
blocus , l'abandonna , partit en poste et s'en alla
droit à Hispahan soulever les esprits contre lui ;
que delà il passa dans le Corassan , où il tira
Schaph- Thamas de sa prison ; qu'il ramena ce
Prince dans sa Capitale et le rétablit sur son
Tiêu
$90 MERCURE DE FRANCE
Trône aux acclamations de tout le peuple ; qu'en
suite le Roy de Perse avoit de nouveau déclaré
qu'il condamnoit en tout la conduite de Kouli-
Kan depuis qu'il avoit violé la derniere Paix
qu'il persistoit à le proscrire comme rebelle à
son Souverain , et traître à sa patrie ; qu'il levoit
des Troupes pour marcher contre lui le prendre
vif ou mort, s'il étoit possible , et le livrer à
la vengeance des Turcs , et qu'il renouvelloit
sans restrition la ratification qu'il avoit faite
du Traité d'Amadan.
Je ne vous dissimulerai point , Monsieur , que
je ne voudrois pas vous garantir la verité de ces
nouvelles en leur entier , parce que je sçais qu'on
soupçonne toujours ici , que Schah- Thamas et
son premier Ministre s'entendent ensemble ; mais
je ne vous garantirai pas davantage non plus les
Nouvelles suivantes , arrivées ici depuis peu de
jours.
Les unes disent que Kouli-Kan ayant voulu
risquer une tentative sur Kerkout, Memis Pacha
étoit sorti de cette Place , et l'avoit défait à plate
Couture. Les autres portent au contraire , qu'Achmet
Pacha de Bagdad , sur l'avis qu'on lui
avoit donné , que Thamas- Kouli - Kan avoit dé
taché 4000 hommes pour aller s'emparer de
Khillet * il étoit sorti de Bagdad avec la meilleure
partie de sa Garnison dans le dessein d'enlever
ce Détachement ennemi ; mais qu'ayant
appris en route que Kouli- Kan étoit lui - même à
›
* C'est un gros Bourg avec une petite forteresse
sur le chemin de Bagdad à Bassora , lequel étant
situé au bord de l'Euphrate , sert de Magasin et
d'entrepôts aux provisions pour cette premiere
Place.
KhilMARS
1734.
591
"
Khillet avec 30 à 40 mille hommes , il avoit rebroussé
chemin en dilligence , & qu'étant rentré
dans Bagdad , où il y aa fort peu de vivres , il en
avoit fait sortir les vieillards , les femmes , les
enfans ; en un mot , toutes les bouches inutiles
dans l'aprehension que le General Persan , après
avoir établi ses Magazins à Khillet , ne revint
encore former le blocus de Bagdad ; qu'avant
que d'y être de retour , un autre Achmet , qui
est Capidgi-Bachi , et son Divan- Effendi ** , se
ressouvenant de tout ce qu'il avoit souffert l'année
passée dans cette Place , et craignant de s'y
voir renfermé de nouveau pour long- tems , avoit
débauché 6000 hommes des Troupes qui étoient
sorties avec Achmet Pacha , et que s'étant mis à
leur tête , il les avoit conduit à Kerkout , od
Memis Pacha indigné de sa désertion l'avoit fait
mettre aux fers , et se tenoit sur ses gardes avec
ce renfort contre les entreprises que Kouli-Kam
pourroit faire sur Kerkout.
Vous voyez , Monsieur , par toutes ces nonvelles
, qui se contredisent et qui se débitent
pourtant à Constantinople aussi affirmativement
les unes que les autres , combien il est difficile
pour ne rien dire de plus , de sçavoir positive.
ment ce qui se passe dans ces Contrées éloignées,
où les Etrangers qui sont ici , n'ayant point de
correspondance , ne peuvent que rarement être
instruits du véritable état des choses.
Mais ce dont je puis vous parler avec certitu
de , c'est que depuis la mort de Topal - Osman
on fait de tous côtez dans cet Empire , des préparatifs
extraordinaires contre la Pers . Tous les
** Secretaire du Conseil , ou son premier Secttaire.
7
Pachas
192 MERCURE DE FRANCE
>
Pachas d'Asie ont eu ordre de marcher sans
délai avec le plus de Milices qu'ils pourront rassembler,
chacun dans l'étendue de son Gouvernement
il doit partir d'ici vingt chambrées de
Jannissaires qui composeront environ 8000
hommes. On compte que quand toutes ces
Troupes seront arrivées au lieu du rendez.vous ,
elles se monteront à 90 mille combattans , qui
joints à ce qu'il y en a déja en Perse formeront
une armée formidable ; et l'on s'en promet d'antant
plus de succès , que le G. S. pour encouràger
les gens de Guerre , a considérablement augmenté
la paye , ou les apointemens de tous ceux
qui serviroient dans cette armée pendant la campagne
prochaine. D'ailleurs trois Bâtimens François
frettez par sa hautesse ont déja fait voile
ces jours- ci , chargez de Canons , de Poudre ,
de Boulets , & c . qu'ils doivent débarquer à Alexandrete.
:
Abdoulla Cuperli , ci -devant Pacha du Caire ,
et à présent de Cogni , a été nommé pour remplacer
Topal - Osman , et le G. V. a déclaré en
public , qu'il marcheroit lui - même , pour exterminer
les Persans cette année , ou les forcer du
moins à faire une Paix solide , et honorable à la
Porte.
Au reste , Monsieur , pour finir ma Lettre ,
par quelque chose de consolant sur la mort de
Topal - Osman Pacha , je vous dirai que le G. S.
voulant donner des marques éclatantes du cas
qu'il faisoit de cet illustre et fidele sujet à récompensé
dans la personne de son fils Achmet , les
services que le Pere rendoit depuis si longtems à
cet Empire ; quoique ce jeune Seigneur n'aitt pas
encore 24 ans sa hautesse l'a fait tout d'un
coup et de son propre mouvement Pacha à trois
queües ,
>
MARS 1734.
593
*
queues , et Beylerbey de Romelie ; il est parti
d'ici dernierement avec un Equipage aussi nombreux
que superbe , pour se rendre à Nissa , ré..
sidence affectée au Pacha qui est revêtu de ce
Beylerbeylik .
Ce bienfait tout grand qu'il est en lui - même ,
a été cependant accompagné d'une circonstance,
qui à notre maniere de penser semble en dimi
nuer beaucoup le prix , et que ceux qui ne sont
pas au fait des maximes de l'Empire Ottoman ',
trouveront sans - doute fort extraordinaire , c'est
que dans le même tems que le G. S. a temoigné
avec tant de distinction sa reconnoissance envers
Topal - Osman , en élevant son fils si jeune encore
aux premieres dignitez de l'Etat , Sa Hautesse a
dépêché un Capidgi -Bachi en Perse , pour confisquer
au profit du Trésor Imperial tous les
effets mobiliers du deffunt : de sorte qu'il ne reste
à Achmet Pacha , de la grande succession de son
pere , qui passoit pour extrémement riche , que
les immeubles consistant en Maisons &c. parcè
que Topal Osman avoit eu la précaution de rendre
tous ces bens - là Vacoufs : c'est - à - dire de les
donner en proprieté à des Mosquées et de s'en
réserver l'usufruit pour lui , et pour ses descendans
jusqu'à l'extinction de sa race. Cette précaution
fort en usage dans ce Païs - ci , est le seul
moyen , par lequel ceux qui ont eu quelque part
aux affaires publiques peuvent assurer leur héritage
à leurs enfans : car les biens devenus Vacoufs
sont sacrez : pour quelque cause que ce soit ,
personne ne peut s'en emparer ; et ils ne sont dévolus
aux Mosquées pour la jouissance effective
qu'après le décès du dernier usufruitier .Je suis & c .
P. V. D.
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Résumé : A Constantinople le 15. Janvier 1734.
Le 15 janvier 1734, à Constantinople, un auteur rapporte la défaite et la mort de Topal Osman Pacha, un général ottoman, lors d'une bataille contre Thamas Kouli-Kan en Perse. Initialement, Topal Osman semblait en position de victoire, mais des événements imprévus ont conduit à sa défaite. Memis Pacha, envoyé pour poursuivre Thamas Kouli-Kan, a fui sans combattre, laissant Topal Osman seul face à l'ennemi. Malgré une résistance héroïque, Topal Osman a été tué, provoquant la débandade de ses troupes. Thamas Kouli-Kan, connu pour son orgueil et sa férocité, a montré une marque de grandeur en renvoyant le corps de Topal Osman à Constantinople pour des funérailles dignes. Cette action a été interprétée comme une reconnaissance de la noblesse de Topal Osman, qui avait récemment libéré des prisonniers persans. La nouvelle de la mort de Topal Osman a semé la consternation à Constantinople, mais des informations ultérieures ont rassuré la population sur l'état des forces ottomanes. Thamas Kouli-Kan, malgré sa victoire, n'a pas pu exploiter pleinement son avantage et a dû se retirer. De plus, des nouvelles indiquent que Kouli-Kan est isolé et que le roi de Perse le considère comme un rebelle. En réponse à cette situation, l'Empire ottoman prépare une grande offensive contre la Perse. Des troupes sont mobilisées et des renforts sont envoyés. Abdoulla Cuperli a été nommé pour remplacer Topal Osman, et le sultan a déclaré qu'il mènerait personnellement la campagne pour vaincre les Persans ou les forcer à faire la paix. Enfin, le sultan a honoré la mémoire de Topal Osman en nommant son fils Achmet Pacha à un haut poste, malgré la confiscation des biens mobiliers du défunt au profit du trésor impérial. Cette pratique est courante dans l'Empire ottoman pour protéger les héritages des familles impliquées dans les affaires publiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1132
p. 596-601
POLOGNE.
Début :
Les Troupes du Roy, destinées à composer la Garnison de Dantzick, y sont entrées quelques [...]
Mots clefs :
Roi, Troupes, Gdańsk, Électeur de Saxe, Couronne, République, Couronnement, Général, Majesté, Primat
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texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLO G N E.
Es Troupes du Roy , destinées à composer
Lla Garnison de Danizicky sont entrées quelques
jours plustard qu'il n'avoit été résolu , à
cause de quelques difficultez faues par les Magistrats
; quelques - uns d'eux vouloient que dès
qu'elles y seroient , elles ne reçussent plus l'ordre
que d'un General qui eût prêté serment à la
Ville ; ils désiroient aussi qu'on ne permit point
l'en-
J
MARS 1734. 597
Pentrée au Regiment des Gardes de la Couronne
, parce que c'est un Corps attaché plus immédiatement
au Roy qu'à la République ; mais
toutes ces difficultez ont été levées à la satisfaction
de Sa Majesté , et ses Troupes ont été reçues
dans cette Ville , et dans tous les lieux de sa
dépendance , où elles gardent une exacte dis
cipline.
Le 11 Février , ces Troupes prêterent serment
entre les mains des Magistrats , suivant ce qui
été convenu , et plusieurs des Officiers de l'etat
Major et des Capitaines dés Gardes de la Couronne
ayant refusé de le faire , sous prétexte
que cela étoit contraire à leurs prérogatives ,
le Roy a ordonné qu'ils n'auroient aucun commandement
tant que le Régiment seroit à Dantzick
, et Sa Majesté a nommé d'autres Officiers
pour commander à leur place .
Le Roy a fait fignifier aux Agens , qui résident
à Dantzick , de la part de la Czarine , et de
l'Electeur de Saxe , d'en sortir. Ils seront gardez
à vue jusqu'à leur départ. On vient d'apprendre
qu'ils ont obéi aux Ordres du Roy , et qu'ils ont
été accompagnez par une Escorte, jusqu'au Camp
du Général Lesci .
L'Avant-garde des Troupes Moscovites que ce
Général commande , s'étoit avancée jusqu'aux
environs de Prest , Village qui n'est éloigné de
Dantzick que de quelques lieuës ; mais le Général
Lesci n'ayant point une Armée assez nombreuse
pour former le Blocus de la Ville , a pris
le parti de se retirer du côté de Langfuhr. On
croit qu'il a dessein d'y former quelques retranehemens
pour empêcher les débarquemens que
l'on pourroit tenter de faire à la Rade de cet
endroit.
Qwel598
MERCURE DE FRANCE
Quelques Prisonniers de l'Armée ennemie ont
rapporté qu'il avoit été résolu d'attaquer Wechselmunde
, afin de pouvoir , en s'en emparant ,
ôter à Dantzick la communication avec la Mer ,
mais que les Moscovites avoient renoncé à cette
entreprise , en apprenant que ce Fort étoit abondamment
pourvû de toutes sortes de Munitions,
et qu'il étoit en état , non seulement par la maniere
dont il est fortifié, mais encore pat le nombre
des Troupes qui y sont en garnison , de soû
tenir un long Siége .
Les Fortifications de cette Ville sont entiere
ment réparées , et l'on y a ajouté divers Ouvra
ges exterieurs qui en rendent les approches extrémement
difficiles . On a inondé , au moyen
des Ecluses, toutes les Prairies qui sont à l'Ouest,
et il est impossible aux Ennemis d'y arriver de
ce côté -là.
Outre les Troupes que le Roy a fait entrer
Dantzick , du consentement des Magistrats , la
Ville entretient pour sa deffense une Garnison
considérable , laquelle sera encore augmentée.
On apprend de Cracovie que les opposants
ont demandé au Comte de Hewolde , Ambassadeur
de la Czarine près l'Electeur de Saxe , que
les Troupes Moscovites payassent à l'avenir les
Vivres et les Fourages qu'elles consommeroient,
mais qu'ils n'ont point reçû de ce Ministre une
réponse telle qu'ils la désiroient.
Les dernieres Lettres de Dantzick , portent
que le Roy y tint le 20. du mois dernier un
grand Conseil , auquel assisterent le Primat , les
Sénateurs et tous les Députez que les Palatinats
ont nommez pour demeurer auprès de la personne
de Sa Majesté ; on y lût le Projet du Manifeste
contre le Couronnement de l'Electeur de
Saxe,
MARS. 1734
599
Baxe, et Sa Majesté , après qu'il eut été approuvé
, ordonna qu'il seroit rendu public , et qu'on
en déposeroit dans le Trésor des Archives une
copic qui seroit signée par le Primat et par le
sieur Radzieuscki, Maréchal de la Diette d'Election.
Ce Manifeste contient une Protestation du
Sénat et de la Noblesse , contre tous les Actes de
Souveraineté que l'Electeur de Saxe pourroit
exercer en vertu de son Couronnement ,et l'on y
fait un long dédail des violences que les Troupes
Moscovites et Saxones commettent dans le
Royaume pour procurer à ce Prince une Couronne
que le consentement unanime de la Nation
a donnée au Roy.
Sur la fin du mois dernier le General Lesci
tenta de surprendre le Fort de Wechselmunde
mais il fut repoussé avec perte , et depuis il n'a
formé aucune autre entreprise.
>
Le Manifeste dont on vient de parler porte en
substance , qu'une poignée d'Enfans dénaturez de
La Patrie , ayant fait à Praage une Election toutà-
fait illegitime , et craignant que la République
ne leur demande raison de leur procedé criminel
ils aiment mieux poursuivre leurs Entreprises dont
ils connoissent déja eux mêmes l'injustice , que de
se soumettre au Jugement de la République qu'ils
ont outragée ; qu'il ne faut pas s'étonner , après
leurs démarches desesperées de la résolution que
l'Electeur de Saxe a prise de se faire couronner
après une Election qu'il ne peut pas ignorer être
tout à -fait invalide ; que le Roy Stanislas étant le
seul légitimement et unanimement élû , il n'y avoit
que lui qui ait pu être couronné Roy de Pologne ;
qu'il étoit le maître de se faire d'abord couronner à
Varsovie par le Primat , en présence d'environ
60000.
Gentilshommes qui l'avoient élú ; qu'il
pourroit
foo MERCURE DE FRANCE
>
pourroit bien aller à Cracovie pour y reprendre la
Couronne avec plus de solemnité , que même il
pourroit se faire couronner avec les Diademes ordinaires
et usite dans la Province où il se trouve
accompagné d'un si grand nombre d'illustres Citoyens
, dont plusieurs y seroient encore survenus en
foule mais que Sa Majesté n'ayant rien voulu
précipiter , a mieux aimé observer tous les degrez
es toutes les formalitez requises ; qu'au contraire
la Proclamation de l'Electeur de Saxe étant
tout à fait nulle son Couronnement ne peut
étre qu'illégitime , et de xulle valeur : que cependant
pour le faire par force on a fait entrer
les Troupes Saxones dans le Royaume déja opprimé
par celles de Russie ; que le Prince VVeissen➡
feld's, Commandant des Troupes Saxones , a commis
d'abord à son Entrée un attentat contre les
Loix les plus fondamentales de la République , en
donnant un Edit par lequel il deffend aux Officiers
des Finances de la République de remettre les de-,
niers publics aux Grands Trésoriers du Royaume ;
et de Lithuanie : Que la prétenduë Diette du Couronnement
, et les prétendues Diestines qui l'ont précédé
, n'ont été convoquées quepar les Universaux
du Sieur Poninski , qui n'avoit aucun droit de le
faire , n'ayant pas même été du nombre des Nonces
à la Diette d'Election : Que le prétendu Couronnement
ne s'est pas fait avec les Diadémes anciens
et usitez , mais avec d'autres qu'on afabriquez &
set effet en Saxe : Que cet acte s'est fait sous les
armes et au préjudice du Primat , à qui seul il
appartient de couronner les Rois de Pologne ; que
Evêque de Cracovie ayant préfumé de le faire
sans aucun droit , a méprisé par- là la constitution
de Sixte V, et le Jugement du S. Siége , qui avoit
déja reconnu Stanislas I. pour légitime Roy. Qu'il
a agi
MARS 1734
agi en cela contre les sentimens de toute la République
qui se confédere et prend les Armes pour sousenir
sa liberté , et la Couronne de son Roy contre
ceux qui la lui veulent ravir. Et que pour toutes
ces raisons le Sénat , et l'Ordre Equestre , conformément
au serment prêté à la Diette de Convocation
sur l'exclusion de l'Etranger , proteste trèsfolemnellement
contre le Couronnement illégitime
de l'Electeur de Saxe : et contre tous les Acres qui
en dépendent , &c. fait à Dantzick le 10 Février
1734. Signé Theodore Potocski , Archevêque et
Primat, François de Brien Radzevvski , Chambelan
de Posnanie , Maréchal de l'Ordre Equestre à
la Diette d'Election .
On a appris d'Elbing , que les Polonois y
avoient fait créver les Canons et les Mortiers qui
y sont , pour empêcher que les Russiens et les
Saxons ne pussent s'en servir contre la Ville de
Dantzick.
Es Troupes du Roy , destinées à composer
Lla Garnison de Danizicky sont entrées quelques
jours plustard qu'il n'avoit été résolu , à
cause de quelques difficultez faues par les Magistrats
; quelques - uns d'eux vouloient que dès
qu'elles y seroient , elles ne reçussent plus l'ordre
que d'un General qui eût prêté serment à la
Ville ; ils désiroient aussi qu'on ne permit point
l'en-
J
MARS 1734. 597
Pentrée au Regiment des Gardes de la Couronne
, parce que c'est un Corps attaché plus immédiatement
au Roy qu'à la République ; mais
toutes ces difficultez ont été levées à la satisfaction
de Sa Majesté , et ses Troupes ont été reçues
dans cette Ville , et dans tous les lieux de sa
dépendance , où elles gardent une exacte dis
cipline.
Le 11 Février , ces Troupes prêterent serment
entre les mains des Magistrats , suivant ce qui
été convenu , et plusieurs des Officiers de l'etat
Major et des Capitaines dés Gardes de la Couronne
ayant refusé de le faire , sous prétexte
que cela étoit contraire à leurs prérogatives ,
le Roy a ordonné qu'ils n'auroient aucun commandement
tant que le Régiment seroit à Dantzick
, et Sa Majesté a nommé d'autres Officiers
pour commander à leur place .
Le Roy a fait fignifier aux Agens , qui résident
à Dantzick , de la part de la Czarine , et de
l'Electeur de Saxe , d'en sortir. Ils seront gardez
à vue jusqu'à leur départ. On vient d'apprendre
qu'ils ont obéi aux Ordres du Roy , et qu'ils ont
été accompagnez par une Escorte, jusqu'au Camp
du Général Lesci .
L'Avant-garde des Troupes Moscovites que ce
Général commande , s'étoit avancée jusqu'aux
environs de Prest , Village qui n'est éloigné de
Dantzick que de quelques lieuës ; mais le Général
Lesci n'ayant point une Armée assez nombreuse
pour former le Blocus de la Ville , a pris
le parti de se retirer du côté de Langfuhr. On
croit qu'il a dessein d'y former quelques retranehemens
pour empêcher les débarquemens que
l'on pourroit tenter de faire à la Rade de cet
endroit.
Qwel598
MERCURE DE FRANCE
Quelques Prisonniers de l'Armée ennemie ont
rapporté qu'il avoit été résolu d'attaquer Wechselmunde
, afin de pouvoir , en s'en emparant ,
ôter à Dantzick la communication avec la Mer ,
mais que les Moscovites avoient renoncé à cette
entreprise , en apprenant que ce Fort étoit abondamment
pourvû de toutes sortes de Munitions,
et qu'il étoit en état , non seulement par la maniere
dont il est fortifié, mais encore pat le nombre
des Troupes qui y sont en garnison , de soû
tenir un long Siége .
Les Fortifications de cette Ville sont entiere
ment réparées , et l'on y a ajouté divers Ouvra
ges exterieurs qui en rendent les approches extrémement
difficiles . On a inondé , au moyen
des Ecluses, toutes les Prairies qui sont à l'Ouest,
et il est impossible aux Ennemis d'y arriver de
ce côté -là.
Outre les Troupes que le Roy a fait entrer
Dantzick , du consentement des Magistrats , la
Ville entretient pour sa deffense une Garnison
considérable , laquelle sera encore augmentée.
On apprend de Cracovie que les opposants
ont demandé au Comte de Hewolde , Ambassadeur
de la Czarine près l'Electeur de Saxe , que
les Troupes Moscovites payassent à l'avenir les
Vivres et les Fourages qu'elles consommeroient,
mais qu'ils n'ont point reçû de ce Ministre une
réponse telle qu'ils la désiroient.
Les dernieres Lettres de Dantzick , portent
que le Roy y tint le 20. du mois dernier un
grand Conseil , auquel assisterent le Primat , les
Sénateurs et tous les Députez que les Palatinats
ont nommez pour demeurer auprès de la personne
de Sa Majesté ; on y lût le Projet du Manifeste
contre le Couronnement de l'Electeur de
Saxe,
MARS. 1734
599
Baxe, et Sa Majesté , après qu'il eut été approuvé
, ordonna qu'il seroit rendu public , et qu'on
en déposeroit dans le Trésor des Archives une
copic qui seroit signée par le Primat et par le
sieur Radzieuscki, Maréchal de la Diette d'Election.
Ce Manifeste contient une Protestation du
Sénat et de la Noblesse , contre tous les Actes de
Souveraineté que l'Electeur de Saxe pourroit
exercer en vertu de son Couronnement ,et l'on y
fait un long dédail des violences que les Troupes
Moscovites et Saxones commettent dans le
Royaume pour procurer à ce Prince une Couronne
que le consentement unanime de la Nation
a donnée au Roy.
Sur la fin du mois dernier le General Lesci
tenta de surprendre le Fort de Wechselmunde
mais il fut repoussé avec perte , et depuis il n'a
formé aucune autre entreprise.
>
Le Manifeste dont on vient de parler porte en
substance , qu'une poignée d'Enfans dénaturez de
La Patrie , ayant fait à Praage une Election toutà-
fait illegitime , et craignant que la République
ne leur demande raison de leur procedé criminel
ils aiment mieux poursuivre leurs Entreprises dont
ils connoissent déja eux mêmes l'injustice , que de
se soumettre au Jugement de la République qu'ils
ont outragée ; qu'il ne faut pas s'étonner , après
leurs démarches desesperées de la résolution que
l'Electeur de Saxe a prise de se faire couronner
après une Election qu'il ne peut pas ignorer être
tout à -fait invalide ; que le Roy Stanislas étant le
seul légitimement et unanimement élû , il n'y avoit
que lui qui ait pu être couronné Roy de Pologne ;
qu'il étoit le maître de se faire d'abord couronner à
Varsovie par le Primat , en présence d'environ
60000.
Gentilshommes qui l'avoient élú ; qu'il
pourroit
foo MERCURE DE FRANCE
>
pourroit bien aller à Cracovie pour y reprendre la
Couronne avec plus de solemnité , que même il
pourroit se faire couronner avec les Diademes ordinaires
et usite dans la Province où il se trouve
accompagné d'un si grand nombre d'illustres Citoyens
, dont plusieurs y seroient encore survenus en
foule mais que Sa Majesté n'ayant rien voulu
précipiter , a mieux aimé observer tous les degrez
es toutes les formalitez requises ; qu'au contraire
la Proclamation de l'Electeur de Saxe étant
tout à fait nulle son Couronnement ne peut
étre qu'illégitime , et de xulle valeur : que cependant
pour le faire par force on a fait entrer
les Troupes Saxones dans le Royaume déja opprimé
par celles de Russie ; que le Prince VVeissen➡
feld's, Commandant des Troupes Saxones , a commis
d'abord à son Entrée un attentat contre les
Loix les plus fondamentales de la République , en
donnant un Edit par lequel il deffend aux Officiers
des Finances de la République de remettre les de-,
niers publics aux Grands Trésoriers du Royaume ;
et de Lithuanie : Que la prétenduë Diette du Couronnement
, et les prétendues Diestines qui l'ont précédé
, n'ont été convoquées quepar les Universaux
du Sieur Poninski , qui n'avoit aucun droit de le
faire , n'ayant pas même été du nombre des Nonces
à la Diette d'Election : Que le prétendu Couronnement
ne s'est pas fait avec les Diadémes anciens
et usitez , mais avec d'autres qu'on afabriquez &
set effet en Saxe : Que cet acte s'est fait sous les
armes et au préjudice du Primat , à qui seul il
appartient de couronner les Rois de Pologne ; que
Evêque de Cracovie ayant préfumé de le faire
sans aucun droit , a méprisé par- là la constitution
de Sixte V, et le Jugement du S. Siége , qui avoit
déja reconnu Stanislas I. pour légitime Roy. Qu'il
a agi
MARS 1734
agi en cela contre les sentimens de toute la République
qui se confédere et prend les Armes pour sousenir
sa liberté , et la Couronne de son Roy contre
ceux qui la lui veulent ravir. Et que pour toutes
ces raisons le Sénat , et l'Ordre Equestre , conformément
au serment prêté à la Diette de Convocation
sur l'exclusion de l'Etranger , proteste trèsfolemnellement
contre le Couronnement illégitime
de l'Electeur de Saxe : et contre tous les Acres qui
en dépendent , &c. fait à Dantzick le 10 Février
1734. Signé Theodore Potocski , Archevêque et
Primat, François de Brien Radzevvski , Chambelan
de Posnanie , Maréchal de l'Ordre Equestre à
la Diette d'Election .
On a appris d'Elbing , que les Polonois y
avoient fait créver les Canons et les Mortiers qui
y sont , pour empêcher que les Russiens et les
Saxons ne pussent s'en servir contre la Ville de
Dantzick.
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Résumé : POLOGNE.
En mars 1734, les troupes du roi destinées à la garnison de Dantzick entrèrent dans la ville avec retard en raison des difficultés soulevées par les magistrats. Ces derniers exigeaient que les troupes ne reçoivent d'ordres que d'un général ayant prêté serment à la ville et refusaient l'entrée des Gardes de la Couronne. Ces problèmes furent résolus à la satisfaction du roi, et les troupes furent accueillies dans la ville et ses dépendances, où elles maintinrent une discipline stricte. Le 11 février, les troupes prêtèrent serment entre les mains des magistrats. Plusieurs officiers refusèrent de prêter serment, invoquant leurs prérogatives. Le roi ordonna alors qu'ils n'aient aucun commandement tant que le régiment resterait à Dantzick et nomma d'autres officiers pour les remplacer. Le roi fit également expulser les agents résidant à Dantzick au nom de la czarine et de l'électeur de Saxe, qui furent gardés à vue jusqu'à leur départ. Les troupes moscovites, commandées par le général Lesci, s'étaient avancées jusqu'aux environs de Prest, mais se retirèrent vers Langfuhr pour former des retranchements et empêcher les débarquements. Les fortifications de Dantzick furent entièrement réparées et renforcées par divers ouvrages extérieurs. Les prairies à l'ouest furent inondées pour empêcher l'accès des ennemis. Outre les troupes du roi, la ville entretenait une garnison considérable pour sa défense. À Cracovie, les opposants demandèrent aux troupes moscovites de payer les vivres et les fourrages qu'elles consommaient, mais n'obtinrent pas la réponse souhaitée. Le roi tint un grand conseil à Dantzick le 20 février, où fut approuvé un manifeste contre le couronnement de l'électeur de Saxe. Ce manifeste protestait contre les actes de souveraineté de l'électeur et détaillait les violences commises par les troupes moscovites et saxonnes. Le manifeste affirmait que Stanislas était le seul roi légitimement élu et que son couronnement à Varsovie avait été validé par environ 60 000 gentilshommes. Il dénonçait le couronnement illégitime de l'électeur de Saxe, soutenu par les troupes saxonnes et russes, et les violations des lois fondamentales de la République. Le Sénat et la noblesse protestèrent solennellement contre ce couronnement et les actes qui en découlaient. À Elbing, les Polonais firent crever les canons et mortiers pour empêcher les Russiens et les Saxons de s'en servir contre Dantzick.
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1133
p. 603-604
ITALIE.
Début :
On dit que Mrs Signoribus et Giacovazzi qui avoient été chargez par le Pape d'accélérer [...]
Mots clefs :
Cardinal, Payer, Sortir, Escorte, Naples, Château Saint-Ange, Pape
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texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE .
N dit que Mrs Signoribus et Giacovazzi
qui avoient été chargez par le Paged'accé
lérer l'affaire du Cardinal Coscia , ont enfin levé
toutes les difficultez qui la retardoient : que ce
Cardinal s'est engagé à payer actuellement quarante
mille écus , qu'il donne des sûretez convenables
pour
le reste de la somme qu'il a été condamné
de payer; que le Pape en conséquence lui
donne la permission de sortir du Château Saint-
Ange , et de se retirer dans le Convent de S. Alé
xis , et que Sa Sainteté a promis de lui rendre la
voix active et passive dans le Conclave aussi- tôt
qu'il se sera entierement acquitté; et l'on apprend
en dernier lieu qu'Elle a signé le 20 du mois
dernier un Bref pour l'absoudre de l'Excommunication
, ce Cardinal ayant satisfait de sa part
à tout ce qu'on exigeoit de lui ; mais il ne doit
sortir du Château S.Ange qu'après avoir fait accepter
par la Chambre Apostolique les sûretez qu'il
donne pour les sommes qu'il lui reste à
payer.
Le Pape a fait publier un Décret par lequel il
est ordonné que les habitans de Rome qui y auront
commis quelques meurtres, ne jouiront pas
plus du droit des azyles Ecclesiastiques que les
Etrangers, et qu'ils pourront être arrêtez par les
Officiers de Justice , dans les Eglises où ils se seront
retirez pour se soustraire à la rigueur des Loix .
L'Infant Dom Carlos, qui , accompagné d'une
Escorte de 800 hommes , partit de Parme le 4
I ij dia
604 MERCURE DE FRANCE
du mois dernier , a dépêché un Courrier à la
Duchesse doüairiere Dorothée, qu'il a chargée de
l'administration de ses Etats pendant son absence
, pour l'informer qu'il étoit arrivé le 10 du
même mois à Florence , et qu'il y avoit été reçu
au bruit des acclamations réitérées de tout le
peuple.
Le Vice-Roy de Naples a reçu ordre de l'Empereur
de faire publier dans toutes les Villes du
Royaume , que Sa Majesté Impériale déclare la
Guerre au Roy d'Espagne , et d'ordonner à tous
les Espagnols de sortir des Terres de cet Etat.
On a commandé trois mille Travailleurs pour
démanteller la Ville de Capoue, et toutes les Munitions
et l'Artillerie qui étoient dans cette Place
ont été transportées à Gaëtte , dont on répare
les Fortifications avec toute la diligence possible.
Les Lettres de Florence marquent que le 24.
Février l'Infant Don Carlos en étoit parti avec
une escorte de soo. chevaux pour aller joindre
l'Armée Espagnole destinée à attaquer le Royaume
de Naples , et qu'il avoit été salué en sortant
de la Ville par une salve generale de toute l'Artillerie
de la Citadelle et des Remparts.
Selon les derniers avis reçus du Mantouan , le
Comte de Merci , General de l'Armée Imperiale
qui doit servir en Italie , a déja fait défiler vers
cette Province 12000. hommes , consistant en
13. Bataillons , deux Régimens de Cavalerie er
six Compagnies d'Ussarts.
On a sçu aussi qu'un Détachement de Cavalerie
Espagnole , s'étoit avancé près d'Orbitello,
et qu'il avoit enlevé sous le Canon de cette Place,
un grand nombre de Bestiaux , sans avoir perdu
un seul homme.
N dit que Mrs Signoribus et Giacovazzi
qui avoient été chargez par le Paged'accé
lérer l'affaire du Cardinal Coscia , ont enfin levé
toutes les difficultez qui la retardoient : que ce
Cardinal s'est engagé à payer actuellement quarante
mille écus , qu'il donne des sûretez convenables
pour
le reste de la somme qu'il a été condamné
de payer; que le Pape en conséquence lui
donne la permission de sortir du Château Saint-
Ange , et de se retirer dans le Convent de S. Alé
xis , et que Sa Sainteté a promis de lui rendre la
voix active et passive dans le Conclave aussi- tôt
qu'il se sera entierement acquitté; et l'on apprend
en dernier lieu qu'Elle a signé le 20 du mois
dernier un Bref pour l'absoudre de l'Excommunication
, ce Cardinal ayant satisfait de sa part
à tout ce qu'on exigeoit de lui ; mais il ne doit
sortir du Château S.Ange qu'après avoir fait accepter
par la Chambre Apostolique les sûretez qu'il
donne pour les sommes qu'il lui reste à
payer.
Le Pape a fait publier un Décret par lequel il
est ordonné que les habitans de Rome qui y auront
commis quelques meurtres, ne jouiront pas
plus du droit des azyles Ecclesiastiques que les
Etrangers, et qu'ils pourront être arrêtez par les
Officiers de Justice , dans les Eglises où ils se seront
retirez pour se soustraire à la rigueur des Loix .
L'Infant Dom Carlos, qui , accompagné d'une
Escorte de 800 hommes , partit de Parme le 4
I ij dia
604 MERCURE DE FRANCE
du mois dernier , a dépêché un Courrier à la
Duchesse doüairiere Dorothée, qu'il a chargée de
l'administration de ses Etats pendant son absence
, pour l'informer qu'il étoit arrivé le 10 du
même mois à Florence , et qu'il y avoit été reçu
au bruit des acclamations réitérées de tout le
peuple.
Le Vice-Roy de Naples a reçu ordre de l'Empereur
de faire publier dans toutes les Villes du
Royaume , que Sa Majesté Impériale déclare la
Guerre au Roy d'Espagne , et d'ordonner à tous
les Espagnols de sortir des Terres de cet Etat.
On a commandé trois mille Travailleurs pour
démanteller la Ville de Capoue, et toutes les Munitions
et l'Artillerie qui étoient dans cette Place
ont été transportées à Gaëtte , dont on répare
les Fortifications avec toute la diligence possible.
Les Lettres de Florence marquent que le 24.
Février l'Infant Don Carlos en étoit parti avec
une escorte de soo. chevaux pour aller joindre
l'Armée Espagnole destinée à attaquer le Royaume
de Naples , et qu'il avoit été salué en sortant
de la Ville par une salve generale de toute l'Artillerie
de la Citadelle et des Remparts.
Selon les derniers avis reçus du Mantouan , le
Comte de Merci , General de l'Armée Imperiale
qui doit servir en Italie , a déja fait défiler vers
cette Province 12000. hommes , consistant en
13. Bataillons , deux Régimens de Cavalerie er
six Compagnies d'Ussarts.
On a sçu aussi qu'un Détachement de Cavalerie
Espagnole , s'étoit avancé près d'Orbitello,
et qu'il avoit enlevé sous le Canon de cette Place,
un grand nombre de Bestiaux , sans avoir perdu
un seul homme.
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Résumé : ITALIE.
Le texte relate divers événements en Italie. Les envoyés du Pape, Mrs Signoribus et Giacovazzi, ont résolu les problèmes liés à l'affaire du Cardinal Coscia, qui s'est engagé à payer quarante mille écus et a fourni des garanties pour le reste de la somme due. Le Pape lui a permis de quitter le Château Saint-Ange pour se retirer au couvent de Saint-Alexis et lui rendra ses droits de vote au Conclave une fois la somme entièrement payée. Un bref papal absout le Cardinal de l'excommunication, sous réserve de l'acceptation des garanties par la Chambre Apostolique. Le Pape a également publié un décret supprimant le droit d'asile dans les églises pour les meurtriers à Rome, permettant leur arrestation par les officiers de justice. L'Infant Dom Carlos, parti de Parme avec une escorte de 800 hommes, a informé la Duchesse Dorothée de son arrivée à Florence, où il a été acclamé par le peuple. Plus tard, il est parti de Florence avec une escorte de 500 chevaux pour rejoindre l'armée espagnole destinée à attaquer le Royaume de Naples. Le Vice-Roy de Naples a reçu l'ordre de l'Empereur de déclarer la guerre au Roi d'Espagne et d'expulser les Espagnols du royaume. Des travailleurs ont été commandés pour démanteler Capoue et les munitions ont été transférées à Gaëtte pour renforcer ses fortifications. Le Comte de Mercy a déplacé 12 000 hommes vers la province de Mantoue. Un détachement de cavalerie espagnole a enlevé du bétail près d'Orbitello sans perte humaine.
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1134
p. 6[0]5-606
GRANDE BRETAGNE.
Début :
La Chambre des Communes résolut en grand Commité le 26. du mois dernier, d'accorder [...]
Mots clefs :
Roi, Officiers, Dépenses, Chevalier, Rang, Amiral, Hôpital, Chambre des communes
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
résolutd'accor- LA
A Chambre des Communes résolut en grand
der du Roy 202670. livres sterlins pour la Flotte,
y compris les appointemens des Officiers de Ma
rine à la demie paye pour cette année , dix mille
pour l'Hôpital de Greenwich , 48126. pour les
dépenses auxquelles le Parlement n'avoit pas
pourvû dans la derniere Session , 25057. pour
les Pensionnaires externes de l'Hôpital de Chelsea
; 52690. pour les Officiers réformez de Terre
et de Mer , 5386. pour les pensions des veuves
d'Officiers , 85199. pour les dépenses du Bureau
de l'Artillerie ; 1614. pour quelques dépenses
extraordinaires , et 287343. pour suppléer aux
non- valeurs des fonds accordez l'année derniere.
Le 9. de ce mois , le Roy nomma pour commander
laFlote que S. M. doit avoir en Mer
I iij
Cette
606 MERCURE DE FRANCE
cette année , le Chevalier Jean Norris , qui doit
arborer son Pavillon à bord duVaisseau de guerre
la Britannia du premier rang , de 110. Pieces
de Canon et de roco. hommes d'Equipage , et
qu'il aura sous ses ordres le Chevalier Georges
Valton, Vice- Amiral de l'Escadre Rouge , et le
Contre-Amiral Stevvart , lesquels arboreront
leurs Pavillons , le premier abord du Vaisseau
le Namur , du second rang , et de 90. Canons ,
et le second abord du Torbay , de 80. Canons
et du troisiéme rang . Le Lord Forbes , Envoyé
Extraordinaire du Roy à Petersbourg , et le Capitaine
Nicolas Haddork , ont été faits Amiraux,
à la place du Chevalier Jean Jennings , et de l'Amiral
Guillaume Morres , qui ont remis , leurs
Emplois , à cause de leurs infirmitez.
résolutd'accor- LA
A Chambre des Communes résolut en grand
der du Roy 202670. livres sterlins pour la Flotte,
y compris les appointemens des Officiers de Ma
rine à la demie paye pour cette année , dix mille
pour l'Hôpital de Greenwich , 48126. pour les
dépenses auxquelles le Parlement n'avoit pas
pourvû dans la derniere Session , 25057. pour
les Pensionnaires externes de l'Hôpital de Chelsea
; 52690. pour les Officiers réformez de Terre
et de Mer , 5386. pour les pensions des veuves
d'Officiers , 85199. pour les dépenses du Bureau
de l'Artillerie ; 1614. pour quelques dépenses
extraordinaires , et 287343. pour suppléer aux
non- valeurs des fonds accordez l'année derniere.
Le 9. de ce mois , le Roy nomma pour commander
laFlote que S. M. doit avoir en Mer
I iij
Cette
606 MERCURE DE FRANCE
cette année , le Chevalier Jean Norris , qui doit
arborer son Pavillon à bord duVaisseau de guerre
la Britannia du premier rang , de 110. Pieces
de Canon et de roco. hommes d'Equipage , et
qu'il aura sous ses ordres le Chevalier Georges
Valton, Vice- Amiral de l'Escadre Rouge , et le
Contre-Amiral Stevvart , lesquels arboreront
leurs Pavillons , le premier abord du Vaisseau
le Namur , du second rang , et de 90. Canons ,
et le second abord du Torbay , de 80. Canons
et du troisiéme rang . Le Lord Forbes , Envoyé
Extraordinaire du Roy à Petersbourg , et le Capitaine
Nicolas Haddork , ont été faits Amiraux,
à la place du Chevalier Jean Jennings , et de l'Amiral
Guillaume Morres , qui ont remis , leurs
Emplois , à cause de leurs infirmitez.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
La Chambre des Communes en Grande-Bretagne a alloué 606 270 livres sterling pour diverses dépenses militaires. Cette somme inclut 202 670 livres pour la Flotte, les appointements des officiers de marine à demi-paye, et les hôpitaux de Greenwich et Chelsea. Des fonds ont également été attribués aux officiers réformés, aux veuves d'officiers, aux dépenses du Bureau de l'Artillerie, et pour compenser les non-valeurs des fonds accordés l'année précédente. Le 9 du mois, le roi a nommé le Chevalier Jean Norris pour commander la flotte à bord du vaisseau Britannia. Norris sera assisté par les Chevaliers Georges Valton, Vice-Amiral, et Stevvart, Contre-Amiral. De plus, le Lord Forbes et le Capitaine Nicolas Haddork ont été nommés Amiraux, remplaçant les Chevaliers Jean Jennings et Guillaume Morres en raison de leurs infirmités.
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1135
p. 609-612
Assemblée Generale du Clergé, [titre d'après la table]
Début :
Le 22 Février, l'Assemblée Générale du Clergé, après avoir élu pour Président [...]
Mots clefs :
Assemblée générale du Clergé de France, Roi, Évêque, Cardinal de Fleury, Archevêque, Clergé, Paris, Prélats
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texteReconnaissance textuelle : Assemblée Generale du Clergé, [titre d'après la table]
E 22 Février, l'Assemblée Générale du
Clergé , après avoir élu pour Président
l'Archevêque de Paris , l'Archevêque
de Vienne , l'Evêque de Châlons sur
Saone , et l'Evêque de Vabres; l'Abbé de
Brissac , pour Secretaire , et l'Abbé de
Chabannes pour Promoteur; choisit pour
premier Président le Cardinal de Fleury ,
Ministre d'Etat , et le même jour l'Assemblée
lui envoya des Députez pour
le prier d'accepter ce choix .
Le
24 les Prélats et autres Députez ,
I v qui
10 MERCURE DE FRANCE
qui composent l'Assemblée Générale du
Clergé , allerent à Marly , rendre leurs
respects au Roy ; ils s'assemblerent dans
l'appartement du Château qui leur avoit
été destiné , et le Comte de Maurepas ;
Sécretaire d'Etat , étant venu les prendre
pour les présenter au Roy,ils furent con
duits à l'Audience de Sa Majesté par le
Marquis de Brézé, Grand - Maître des Cé
rémonies , et par M. Desgranges , Maître
des Cérémonies , avec les honneurs qui
se rendent au Clergé lorsqu'il est en
Corps ; les Gardes du Corps étant en
haye et sous les Armes , et les deux Batans
des Portes étans ouverts, le Cardinal
de Fleury , Premier Président de l'Assemblée
, alla se joindre aux Députez
dans l'appartement où ils s'étoient assemblez
, et il marcha à leur tête, à la droite
des Archevêques de Paris et de Vienne.
L'Archevêque de Paris fit au Roy un
Discours tres éloquents et lorsque Sa
Majesté y cut répondu , le Cardinal de
Fleury présenta au Roy chaque Député
en particulier.
Après l'Audience du Roy , les mêmes
Députez , ayant le Cardinal de Fleury à
leur tête , eurent l'honneur de complimenter
la Reine et ils allerent le même
jour à Versailles rendre leurs respects
Monsigncur k Dauphin.
MARS. 1734. 611
Le 27 , M. Fagon , Conseiller d't tat
Ordinaire et du Conseil Royal des Finances
; le Comte de Maurepas , Secretaire
d'Etat ; M. de Courson , Conseiller
d'Etat Ordinaire et du Conseil Royal des
Finances ; M. d'Ormesson , Conseiller
d'Etat et Intendant des Finances , et M.
Orry , Contrôleur General des Finances,
Commissaires du Roy , allerent à l'Assemblée
Generale du Clergé , où ils furent
reçus avec les cérémonies ordinaires
; ils demanderent aux Députez , au
nom de Sa Majesté , un secours de douza
millions de livres , qui fut unanimement
accordé .
Le 4 de ce mois , le Cardinal de Fleury,
Ministre d'Etat , alla présider à l'Assemblée
du Clergé , qui ayant été informée
de son arrivée dans l'Eglise des Grands
Augustins , députa pour aller le recevoir,
l'Archevêque de Rouen , l'Evêque de
Vabres , l'Evêque de S. Paul trois Châteaux
, l'Evêque de Glandeve , l'Evêque
de B zas l'Evêque Comte de Beauvais , et
les Abbez de Bouillé , de Crussol , de Sades ,
de S. Aulaire, de la Farre, et de Montiller.
Ces Députez allérent audevant du Cardinal
de Fleury jusqu'à l'Eglise , d'où
ils le conduisirent dans la Salle de l'Assemblée.
Il y prit sa place de Premier Fré
I vj sident
612 MERCURE DE FRANCE
sident, et il fit un Discours très éloquent,
auquel l'Archevêque de Paris répondit
au nom de l'Assemblée. Le Cardinal de
Fleury tint la Séance , et lorsqu'elle fut
finie , il fut reconduit par plusieurs des
Prélats de l'Assemblée.
L'Assemblée ayant fini ses Séances , les
Prélats et les autres Députez qui la composent
, se rendirent à Versailles le 19
de ce mois , et ils eurent audience du
Roy avec les cérémonies observées le 24
du mois dernier , dont on vient de parler.
L'Archevêque de Tours , à la tête des
Prélats , harangua le Roy avec beaucoup
d'Eloquence.
Clergé , après avoir élu pour Président
l'Archevêque de Paris , l'Archevêque
de Vienne , l'Evêque de Châlons sur
Saone , et l'Evêque de Vabres; l'Abbé de
Brissac , pour Secretaire , et l'Abbé de
Chabannes pour Promoteur; choisit pour
premier Président le Cardinal de Fleury ,
Ministre d'Etat , et le même jour l'Assemblée
lui envoya des Députez pour
le prier d'accepter ce choix .
Le
24 les Prélats et autres Députez ,
I v qui
10 MERCURE DE FRANCE
qui composent l'Assemblée Générale du
Clergé , allerent à Marly , rendre leurs
respects au Roy ; ils s'assemblerent dans
l'appartement du Château qui leur avoit
été destiné , et le Comte de Maurepas ;
Sécretaire d'Etat , étant venu les prendre
pour les présenter au Roy,ils furent con
duits à l'Audience de Sa Majesté par le
Marquis de Brézé, Grand - Maître des Cé
rémonies , et par M. Desgranges , Maître
des Cérémonies , avec les honneurs qui
se rendent au Clergé lorsqu'il est en
Corps ; les Gardes du Corps étant en
haye et sous les Armes , et les deux Batans
des Portes étans ouverts, le Cardinal
de Fleury , Premier Président de l'Assemblée
, alla se joindre aux Députez
dans l'appartement où ils s'étoient assemblez
, et il marcha à leur tête, à la droite
des Archevêques de Paris et de Vienne.
L'Archevêque de Paris fit au Roy un
Discours tres éloquents et lorsque Sa
Majesté y cut répondu , le Cardinal de
Fleury présenta au Roy chaque Député
en particulier.
Après l'Audience du Roy , les mêmes
Députez , ayant le Cardinal de Fleury à
leur tête , eurent l'honneur de complimenter
la Reine et ils allerent le même
jour à Versailles rendre leurs respects
Monsigncur k Dauphin.
MARS. 1734. 611
Le 27 , M. Fagon , Conseiller d't tat
Ordinaire et du Conseil Royal des Finances
; le Comte de Maurepas , Secretaire
d'Etat ; M. de Courson , Conseiller
d'Etat Ordinaire et du Conseil Royal des
Finances ; M. d'Ormesson , Conseiller
d'Etat et Intendant des Finances , et M.
Orry , Contrôleur General des Finances,
Commissaires du Roy , allerent à l'Assemblée
Generale du Clergé , où ils furent
reçus avec les cérémonies ordinaires
; ils demanderent aux Députez , au
nom de Sa Majesté , un secours de douza
millions de livres , qui fut unanimement
accordé .
Le 4 de ce mois , le Cardinal de Fleury,
Ministre d'Etat , alla présider à l'Assemblée
du Clergé , qui ayant été informée
de son arrivée dans l'Eglise des Grands
Augustins , députa pour aller le recevoir,
l'Archevêque de Rouen , l'Evêque de
Vabres , l'Evêque de S. Paul trois Châteaux
, l'Evêque de Glandeve , l'Evêque
de B zas l'Evêque Comte de Beauvais , et
les Abbez de Bouillé , de Crussol , de Sades ,
de S. Aulaire, de la Farre, et de Montiller.
Ces Députez allérent audevant du Cardinal
de Fleury jusqu'à l'Eglise , d'où
ils le conduisirent dans la Salle de l'Assemblée.
Il y prit sa place de Premier Fré
I vj sident
612 MERCURE DE FRANCE
sident, et il fit un Discours très éloquent,
auquel l'Archevêque de Paris répondit
au nom de l'Assemblée. Le Cardinal de
Fleury tint la Séance , et lorsqu'elle fut
finie , il fut reconduit par plusieurs des
Prélats de l'Assemblée.
L'Assemblée ayant fini ses Séances , les
Prélats et les autres Députez qui la composent
, se rendirent à Versailles le 19
de ce mois , et ils eurent audience du
Roy avec les cérémonies observées le 24
du mois dernier , dont on vient de parler.
L'Archevêque de Tours , à la tête des
Prélats , harangua le Roy avec beaucoup
d'Eloquence.
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Résumé : Assemblée Generale du Clergé, [titre d'après la table]
Le 22 février, l'Assemblée Générale du Clergé élit plusieurs membres pour des postes clés, dont le Cardinal de Fleury comme premier Président. Des députés sont envoyés pour le prier d'accepter ce choix. Le 24 février, les prélats et députés se rendent à Marly pour rendre hommage au roi, conduits par le Marquis de Brézé et M. Desgranges. L'Archevêque de Paris prononce un discours, et le Cardinal de Fleury présente chaque député au roi. Après l'audience, les députés complimentent la reine et le Dauphin à Versailles. Le 27 février, des commissaires du roi demandent un secours de douze millions de livres à l'Assemblée Générale du Clergé, qui l'accorde unanimement. Le 4 mars, le Cardinal de Fleury préside une séance de l'Assemblée, où il prononce un discours auquel l'Archevêque de Paris répond. Le 19 mars, les prélats et députés se rendent à Versailles pour une audience royale, où l'Archevêque de Tours harangue le roi avec éloquence.
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1136
p. 729-741
LETTRE de M.... sur la Continuation des Memoires du R. P. Niceron.
Début :
Les Memoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres dans la [...]
Mots clefs :
Jean-François Niceron, Lettres, Ogier Ghislain de Busbecq, Empereur, Constantinople, Ambassade , Affaires, Lettre, Roi, Turquie, Mort, Pierandrea Mattioli, Flandres, Voyage, Autriche, Mémoires
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M.... sur la Continuation des Memoires du R. P. Niceron.
LETTRE de M.... sur la Continuation
des Memoires du R. P. Niceron.
L
Es Memoires pour servir à l'Histoire
des Hommes Illustres dans la
Képublique des Lettres , &c. continuent ,
Monsieur , d'être publiez ici avec succès
, et c'est toujours le sieur Briasson ,
Libraire , rue S. Jacques , qui les imprime.
J'ai à vous parler ici du XXII. votume
, vous ayant rendu compte de tous
les précedens.
C'est toûjours le même plan et le même
ordre , ainsi il me suffira de vous
dire que ce Tome , de 410. pages sans
les Tables , contient la Vie et le Catalogue
de 45. Sçavans , entre lesquels j'ai
choisi Auger Gislen de Busbeg , comme
un sujet qui , je m'assure , sera de votre
goût , et qui conviendra d'ailleurs pour
ne point trop exceder les bornes d'une
Lettre. Voici comment en parle notre
Auteur , page 350. de son Livre.
AUGER Gislen de Busbeq , naquit Fan
15220
730 MERCURE DE FRANCE
1522. à Comines en Flandres sur la Lys,
et fut fils naturel de Gilles Gislen , Seigneur
de Busbeq , Château sur la Lys
entre Comines et Menin , qui l'eut d'une
fille de basse condition .
Les heureuses dispositions qu'il fit voir
dès sa premiere jeunesse pour les Sciences
, engagerent son pere , qui l'élevoit
dans sa maison , à ne rien oublier pour
son instruction , et à le faire légitimer
par un Rescrit de l'Empereur Charles
Quint.
Il l'envoya étudier dans les plus celebres
Universitez , à Louvain , à Paris ,
à Venise , à Boulogne et à Padoüe , et
le jeune Busbeq fit de grands progrès
dans toutes ces Villes sous les fameux
Professeurs qu'il y suivit.
>
En 1554 il fut en Angleterre à la suite
de Pierre Lasso , que Ferdinand , Roy des
Romains , y envoyoit en Ambassade
pour assister aux Nôces de la Reine Marie
avec Philippe , fils de l'Empereur
Charles-Quint , qui se celebrerent le 5 .
Juillet 1554.
De retour en Flandres , il reçut à Lille
le 3. Novembre suivant , une Lettre de
Ferdinand par laquelle ce Prince lui
marquoit de se rendre à Vienne , pour
aller en Ambassade à Constantinople.
"
II
AVRIL 1734 731
Il ne differa de partir qu'autant de
temps qu'il lui en fallut pour aller dire
adieu à son Pere , que Valere André
peu exact sur son chapitre , a supposé
mal à propos , mort en ce temps - là ;
aussi bien qu'à ses amis.
Arrivé àVienne , il en partit aussi - tôt
pour Constantinople , où il arriva le
20. Janvier 1555. Soliman II . étoit alors
à Amasie à la tête de son Armée , et ayant
sçû son arrivée , il lui fit dire de le venir
trouver.
Il sortit de Constantinople le 5. Mars
et arriva auprès du Grand Seigneur le
7. Avril ; mais il n'eut pas grande satisfaction
de lui .
Il avoit été envoyé à la Porte pour
y demeurer en qualité d'Ambassadeur
ordinaire ; cependant il y fit très peu
de séjour. Il ne put obtenir de Soliman
qu'une Tréve de six mois ; et on jugea
à propos qu'il retournât promptement
vers Ferdinand , pour lui porter la Lettre
de l'Empereur Turc.
Il partit donc d'Amasie le 2. Juin , et
eut presque toujours la fievre jusqu'au 24.
qu'il arriva à Constantinople , d'où après
quatorze jours de repos , il reprit le chemin
de Vienne.
Le Roy des Romains le renvoya au
mois
732 MERCURE DE FRANCE
mois de Novembre à Constantinople ,
où il arriva en Janvier 1556.
Cette seconde Ambassade fut plus longue
et plus heureuse que la premiere ;
car elle dura sept ans , et finit par un
Traité contenant une Tréve de huit ans:
Busbeq , quoiqu'appliqué aux affaires
de son Ambassade , ne laissa pas de travailler
pendant son séjour en Turquie
pour la République des Lettres . Il ramassoit
des Inscriptions , acheptoit des
Manuscrits , recherchoit les Plantes rares
, et s'informoit de la nature des Animaux.
A ce second voyage il avoit mené
avec lui un Peintre , pour dessiner les
Plantes et les Animaux qui nous sont
inconnus ; et il communiqua dans la suite
ces Desseins à Pierre- André Mathiole',
qui en fit qui en fit usage dans les Livres qu'il
donna au Public.
Quelques- uns se sont imaginez que
Mathiole avoit été à son service , fondez
sur la quatriéme Lettre de Busbeq ,
écrite en 1562. où il est dit : Nihil pene
stirpium neque herbarum retuli , nisi depictarum,
quas Mathiolo servo mandaram,
et alia pleraque , & c. mais il est visible
que la ponctuation est vicieuse dans cet
endroit , et qu'il faut lire : quas Mathiolo
servo, Mandaram et alia pleraque, & c.
Fest
AVRIL. 1734:
733
c'est-à - dire qu'il gardoit ces Desseins
pour Mathiole. Ajoûtez à cela que Mathiole
dit dans l'Epitre Décicatoire de
son Commentaire sur Dioscoride , écrite
l'an 1568. qu'il y avoit 17. ans de suite
qu'il étoit Medecin de Ferdinand d'Autriche
, second fils de Maximilien I. II
a donc commencé à l'être en 1551. et
n'a pû durant ce temps servir Busbeq .
Busbeq eut pendant son séjour en Turquie
un Medecin , dont il est bon do
dire quelque chose. Il s'appelloit Guillaume
Quacquelben , et étoit natif de
Courtray en Flandres. Il fut appellé en
1548. de Louvain pour professer la Medecine
à Vienne en Autriche . Il passa
de-là à Constantinople en 1552. et y
mourut en 1561. C'étoit un homme de
Lettres , et curieux en Médailles , et Busbeq
assure dans ses Lettres , que la République
des Lettres perdit par sa mort
quantité de Remarques curieuses qu'il
vouloit mettre au jour. Mathiole , dans
ses Observations sur Dioscoride , reconnoît
qu'il lui en avoit envoyé plusieurs
qu'il avoit inserées dans son Ouvrage.
Ce Medecin avoit pour principe qu'il ne
falloit pas craindre la Peste , parce que
la crainte seule pouvoit la donner ; cependant
il la gagna et en mourut sans
vouloir
734 MERCURE DE FRANCE
vouloir presque démordre de son prémier
sentiment. Busbeq le croyoit capable
de tenir sa place à Constantinople
, quand il en seroit parti .
Busbeq ayant terminé les affaires qui
l'avoient amené en Turquie , partit de
Constantinople à la fin du mois d'Août
de l'an 1562. avec Ebrahim Strotschen ,
Polonois , que Soliman II. envoyoit à
l'Empereur Ferdinand II . et arriva en
Autriche au commencement d'Octobre;
mais comme l'Empereur étoit alors à la
Diette de Francfort , il s'y transporta par
ses ordres pour lui rendre compte de
ses Négociations . Son dessein étoit de
passer après cela le reste de ses jours dans
une vie privée ; mais il fallut qu'il se
rembarquât plus que jamais à la Cour.
On lui confia le gouvernement des
jeunes Princes , fils de Maximilien II .
que ce Prince , devenu Empereur par la
mort de Ferdinand I. son Pere , arrivée
le 25. Juillet 1564. envoya en Espagne
auprès de Philippe II. leur Oncle , sous
sa conduite .
Lorsque la Princesse Elisabeth d'Autriche
, fille du même Empereur Maximilien
, fut mariée en 1570. avec Char
les IX. Roy de France , il fut chargé
de la conduire dans ce Royaume , et demeura
AVRIL 1734 735
meura auprès d'elle , avec l'Intendance
de sa Maison et de ses affaires ; et quand
cette Princesse sortit de France après la
mort de son Mary , arrivée le 30. May
1574. elle l'y laissa pour y avoir soin de
ses affaires.
·
L'Empereur Rodolphe II . le choisit
aussi pour être son Ambassadeur à la
Cour de France ; et l'on a les Lettres qu'il
lui écrivit en cette qualité depuis le 25.
Mars 1582. jusqu'à la fin de 1585.
En 1592. il obtint de l'Empereur un
Congé de six mois pour faire un voyage
en Flandres , où sa presence étoit nécessaire
par rapport à ses affaires domestiques.
Mais quoiqu'il eût pris pour faire
ce voyage plus sûrement , des passeports
du Roy et de la Ligue , il fut volé et
maltraité dans le Village de Cailly à quatre
lieues de Rouen , par un Parti de
Ligueurs , qui cependant , sur les représentations
qu'il leur fit par rapport à son
caractere , le laisserent libre et lui rendirent
tout ce qu'ils lui avoient pris.
Le Gouverneur de Rouen ayant sçû
cette avanture , lui en fit des excuses et
lui promit de punir ceux qui l'avoient
insulté , mais Busbeq lui répondit qu'il
songeoit plutôt à se tranquiliser l'esprit
qu'à se venger de l'injure qu'on avoit
faite à sa qualité.
736 MERCURE DE FRANCE
Il ne continua pas cependant son voyage
; car se sentant incommodé , il se fit
porter au Château de Mailloc , dans le
voisinage de Cailly.
Il y mourut onze jours après , le 28.
Octobre 1592. âgé d'environ 70. ans.Son
corps fut enterré honorablement dans
l'Eglise du Lieu , et son coeur fut porté
aux Bays - Bas , pour y être mis dans le
Tombeau de ses Ancêtres.
Le bruit courut alors qu'il avoit été
tué dans un bois par des voleurs , et c'est
conformément à ce bruit qu'en ont parlé
Philippe Camérarius dans ses Méditations
historiques, Scaliger, dans le Scaligeriana,
et Juste Lipse , dans l'Epitaphe qu'il lui
a faite.
L'Archiduc Albert , Gouverneur et
puis Souverain des Pays - Bas Epagnols ,
érigea en Baronie la Terre de Busbeq ,
pour honorer la mémoire de son Gouverneur
et lui témoigner sa reconnoissance.
Maximilien , Pere de ce Prince ,
lui avoit conferé l'Ordre de Chevalerie ,
et les Lettres Patentes qu'il lui accorda
pour cela , le 3. Avril 1554. lui sont très .
honorables .
Il avoit eu dessein de se fixer en Fran
ce , dont le séjour lui plaisoit extréme
ment , et il y avoit dans ce dessein acheté
quelques Terres.
AVRIL. 1734. 737
On dit qu'il parloit sept Langues en
perfection , la Latine l'Italienne , la
Françoise , l'Espagnole , l'Allemande , la
Flamande et la Sclavone.
>
Catalogue de ses Ouvrages.
1. Itinera II. Constantinopolitanum , et
Amasianum. Antuerpia , 1581. in 8. Ces
Voyages sont contenus en deux Lettres
que Busbeq adressa à NicolasMicaut , Sieur
d'Indevel , avec qui il avoit autrefois
étudié en Italie. Louis Carrion , qui en
fit faire cette premiere Edition , la dédia
au même Micaut.
2. Legationis Turcice Epistola quatuor,
quarum priores due prodierunt sub titulo
itinerum Constantinopolitani et Amasiani.
Paris. 1595. in 8. Il y a plusieurs autres
Editions de ces Lettres. Dans celle de
Francfort de l'an 1605. in 8. on a ajoûté
l'Ambassade d'Ebrahim Strotschen , dont
j'ai parlé cy-dessus. Ces Lettres qui sont
très-curieuses et très - instructives ont
été traduites en François sous ce titre :
Ambassades et Voyages en Turquie et Amasie
, de M. Busbequius , depuis l'an 1554.
jusqu'en 1562. traduit du Latin par le
S. Gaudon. Paris 1646. in 8. On en a
aussi une Traduction Allemande , imprimée
à Francfort en 1596. in 8.
3.
738 MERCURE DE FRANCE
3. De re Militari contra Turcam instituenda
Consilium A la suite des Lettres
sur son Ambassade de Turquie , tant
dans la premiere Edition de 1681. que
dans les suivantes. Item. à la page 18 .
du quatrième volume du Recueil de Nicolas
Reusner , intitulé : De Bello Turcico
selectissima Orationes et Consultationes.
Leipsia , 1596. in 4. Busbeq avoit examiné
avec beaucoup de soin l'état de la
Monarchie Ottomane et les veritables
moyens de l'attaquer avec succès
c'est ce qui fait la matiere de ce petit
Discours.
›
3
4. Augerii Gislenii Busbequii , Casaris
apud Regem Gallorum Legati , Epistola ad
Rudolphum. II. Imperatorem. è Bibliotheca
Joannis Bapt. Houvart J. C. Patricii
Bruxellensis. Louvanii , 1630. in 8.
Ces Lettres , qui sont au nombre de 53 .
s'étendent depuis le 25. Mars 1582. jusqu'à
la fin de 1585. elles ont été tradui .
tes en François par M. l'Abbé Bechet ;
Chanoine d'Usez , natif de Clermont en
Auvergne , Auteur de la Vie du Cardinal
Martinuzius , mort en 1722. âgé de
73. ans , et cette Traduction a été inserée
dans le II . Tome des Memoires de
Litterature du P. Desmolets , pag. 249 .
» Ces Lettres , dit Vigneul de Marville ,
Tom .
AVRIL. 1734. 739
❤
>
» Tom. I. de ses Melanges , pag. 52. sont
>> mieux remplies et plus utiles que celles
de Bongars . C'est un Portrait au
>> naturel des affaires de France sous le
» Regne de Henry III . Il raconte les cho-
» ses avec une naïveté si grande qu'elies
semblent se passer sous nos yeux . On ne
» trouve point ailleurs tant de faits his-
» toriques on si peu de discours . Les
» grands mouvemens comme la conspiration
d'Anvers et les petites intri-
» gues de la Cour y sont également bien.
marqués. Les attitudes , pour ainsi dire ,
» dans lesquelles il met Henry III , la .
» Reine Mere , le Duc d'Alençon , le Roy
» de Navarre , la Reine Marguerite , le
>> Duc de Guise , le Duc d'Epernon , et
» les autres Courtisans et Favoris de ce
» temps - là,nous les montrent du côté qui
» nous en découvre , à coup sûr , le fort
» et le foible , le bon et le mauvais. En
un mot , les Lettres de Busbeq sont un
modele de bien écrire pour les Ambassadeurs
qui rendent compte à leurs
Maîtres de ce qui se passe dans les
Cours où ils résident .
>>
5. Omnia quæ extant , seu Epistola ipsius
Legationum et alii Tractatus historici , et
Politici. Lugd. Bat. Elzevir , 1633. in 24.
Item . Amstelodami. Elzevir , 1660. in 24.
Voyez
740 MERCURE DE FRANCE
Voyez ses Lettres . C'est- là qu'on trouve
un détail exact de ce qui le regarde.
Bayle , Dictionnaire , son article est fait
avec beaucoup de soin. Tous les autres
Auteurs qui ont parlé de lui, sont tombez
dans des fautes grossieres et ont donné
une Relation de sa Vie , qui contredit
souvent ce qu'on trouve dans ses Let
tres. Tels sont les suivants. Valere André
, Bibliotheca Belgica : l'Auteur de sa
Vie qui est à la tête de ses Lettres à l'Empereur
Rodolphe , et que M. l'Abbé Bechet
a traduite de même que les Lettres.
Melchioris Adami vita Jurisconsultorum
Germanorum. p. 145. Freheri Theatrum Virorum
Doctorum , p. 931. Bullart , Académie
des Sciences , Tom. I. p. 80. Les
Eloges de M. de Thou , et les Additions
de Teissier.
Les autres Sçavans qui remplissent ce Volume
sont, Barthelemi Aneau, Elie Ashmole
,Jean d'Aubry, Guillaume de Baillou, Jacques
de Billy,Geoffroy et Jean de Billy, Adam
Blacvod , Edouard Brereword,RobertBurhill,
Louis Cappel, Louis Cappel lejeune,Jacques
Cappel, Scipion Carteromaco , Jacques Cassagne
, Antoine de Chandien, Nicolas Cisner,
Gaspard Contarini, Martin Antoine Delrio,
Antoine Densingius, Jeremie Drexelius,Jean
Drusius,Varino Favorino,Jean Gelida, Gilbert
AVRIL. 1734. 741
"
bert Genebrard, François Godwin , Laurent
Humphrey , Jean Marsham , Nicolas Hugues
Menard , Isaac Newton , François
Pinsson Arnaud de Pontac , Antoine
Possevin , Pierre du Ryer , François Sansovino,
J.Théodore Schenkius , Joseph Marie
Suarez , Paul et François Tallemant ,
J. F. Foy Vaillant , N. Durand de Villegagnon
, Burcher de Volder , Adolphe et
Everard Vorstius.
des Memoires du R. P. Niceron.
L
Es Memoires pour servir à l'Histoire
des Hommes Illustres dans la
Képublique des Lettres , &c. continuent ,
Monsieur , d'être publiez ici avec succès
, et c'est toujours le sieur Briasson ,
Libraire , rue S. Jacques , qui les imprime.
J'ai à vous parler ici du XXII. votume
, vous ayant rendu compte de tous
les précedens.
C'est toûjours le même plan et le même
ordre , ainsi il me suffira de vous
dire que ce Tome , de 410. pages sans
les Tables , contient la Vie et le Catalogue
de 45. Sçavans , entre lesquels j'ai
choisi Auger Gislen de Busbeg , comme
un sujet qui , je m'assure , sera de votre
goût , et qui conviendra d'ailleurs pour
ne point trop exceder les bornes d'une
Lettre. Voici comment en parle notre
Auteur , page 350. de son Livre.
AUGER Gislen de Busbeq , naquit Fan
15220
730 MERCURE DE FRANCE
1522. à Comines en Flandres sur la Lys,
et fut fils naturel de Gilles Gislen , Seigneur
de Busbeq , Château sur la Lys
entre Comines et Menin , qui l'eut d'une
fille de basse condition .
Les heureuses dispositions qu'il fit voir
dès sa premiere jeunesse pour les Sciences
, engagerent son pere , qui l'élevoit
dans sa maison , à ne rien oublier pour
son instruction , et à le faire légitimer
par un Rescrit de l'Empereur Charles
Quint.
Il l'envoya étudier dans les plus celebres
Universitez , à Louvain , à Paris ,
à Venise , à Boulogne et à Padoüe , et
le jeune Busbeq fit de grands progrès
dans toutes ces Villes sous les fameux
Professeurs qu'il y suivit.
>
En 1554 il fut en Angleterre à la suite
de Pierre Lasso , que Ferdinand , Roy des
Romains , y envoyoit en Ambassade
pour assister aux Nôces de la Reine Marie
avec Philippe , fils de l'Empereur
Charles-Quint , qui se celebrerent le 5 .
Juillet 1554.
De retour en Flandres , il reçut à Lille
le 3. Novembre suivant , une Lettre de
Ferdinand par laquelle ce Prince lui
marquoit de se rendre à Vienne , pour
aller en Ambassade à Constantinople.
"
II
AVRIL 1734 731
Il ne differa de partir qu'autant de
temps qu'il lui en fallut pour aller dire
adieu à son Pere , que Valere André
peu exact sur son chapitre , a supposé
mal à propos , mort en ce temps - là ;
aussi bien qu'à ses amis.
Arrivé àVienne , il en partit aussi - tôt
pour Constantinople , où il arriva le
20. Janvier 1555. Soliman II . étoit alors
à Amasie à la tête de son Armée , et ayant
sçû son arrivée , il lui fit dire de le venir
trouver.
Il sortit de Constantinople le 5. Mars
et arriva auprès du Grand Seigneur le
7. Avril ; mais il n'eut pas grande satisfaction
de lui .
Il avoit été envoyé à la Porte pour
y demeurer en qualité d'Ambassadeur
ordinaire ; cependant il y fit très peu
de séjour. Il ne put obtenir de Soliman
qu'une Tréve de six mois ; et on jugea
à propos qu'il retournât promptement
vers Ferdinand , pour lui porter la Lettre
de l'Empereur Turc.
Il partit donc d'Amasie le 2. Juin , et
eut presque toujours la fievre jusqu'au 24.
qu'il arriva à Constantinople , d'où après
quatorze jours de repos , il reprit le chemin
de Vienne.
Le Roy des Romains le renvoya au
mois
732 MERCURE DE FRANCE
mois de Novembre à Constantinople ,
où il arriva en Janvier 1556.
Cette seconde Ambassade fut plus longue
et plus heureuse que la premiere ;
car elle dura sept ans , et finit par un
Traité contenant une Tréve de huit ans:
Busbeq , quoiqu'appliqué aux affaires
de son Ambassade , ne laissa pas de travailler
pendant son séjour en Turquie
pour la République des Lettres . Il ramassoit
des Inscriptions , acheptoit des
Manuscrits , recherchoit les Plantes rares
, et s'informoit de la nature des Animaux.
A ce second voyage il avoit mené
avec lui un Peintre , pour dessiner les
Plantes et les Animaux qui nous sont
inconnus ; et il communiqua dans la suite
ces Desseins à Pierre- André Mathiole',
qui en fit qui en fit usage dans les Livres qu'il
donna au Public.
Quelques- uns se sont imaginez que
Mathiole avoit été à son service , fondez
sur la quatriéme Lettre de Busbeq ,
écrite en 1562. où il est dit : Nihil pene
stirpium neque herbarum retuli , nisi depictarum,
quas Mathiolo servo mandaram,
et alia pleraque , & c. mais il est visible
que la ponctuation est vicieuse dans cet
endroit , et qu'il faut lire : quas Mathiolo
servo, Mandaram et alia pleraque, & c.
Fest
AVRIL. 1734:
733
c'est-à - dire qu'il gardoit ces Desseins
pour Mathiole. Ajoûtez à cela que Mathiole
dit dans l'Epitre Décicatoire de
son Commentaire sur Dioscoride , écrite
l'an 1568. qu'il y avoit 17. ans de suite
qu'il étoit Medecin de Ferdinand d'Autriche
, second fils de Maximilien I. II
a donc commencé à l'être en 1551. et
n'a pû durant ce temps servir Busbeq .
Busbeq eut pendant son séjour en Turquie
un Medecin , dont il est bon do
dire quelque chose. Il s'appelloit Guillaume
Quacquelben , et étoit natif de
Courtray en Flandres. Il fut appellé en
1548. de Louvain pour professer la Medecine
à Vienne en Autriche . Il passa
de-là à Constantinople en 1552. et y
mourut en 1561. C'étoit un homme de
Lettres , et curieux en Médailles , et Busbeq
assure dans ses Lettres , que la République
des Lettres perdit par sa mort
quantité de Remarques curieuses qu'il
vouloit mettre au jour. Mathiole , dans
ses Observations sur Dioscoride , reconnoît
qu'il lui en avoit envoyé plusieurs
qu'il avoit inserées dans son Ouvrage.
Ce Medecin avoit pour principe qu'il ne
falloit pas craindre la Peste , parce que
la crainte seule pouvoit la donner ; cependant
il la gagna et en mourut sans
vouloir
734 MERCURE DE FRANCE
vouloir presque démordre de son prémier
sentiment. Busbeq le croyoit capable
de tenir sa place à Constantinople
, quand il en seroit parti .
Busbeq ayant terminé les affaires qui
l'avoient amené en Turquie , partit de
Constantinople à la fin du mois d'Août
de l'an 1562. avec Ebrahim Strotschen ,
Polonois , que Soliman II. envoyoit à
l'Empereur Ferdinand II . et arriva en
Autriche au commencement d'Octobre;
mais comme l'Empereur étoit alors à la
Diette de Francfort , il s'y transporta par
ses ordres pour lui rendre compte de
ses Négociations . Son dessein étoit de
passer après cela le reste de ses jours dans
une vie privée ; mais il fallut qu'il se
rembarquât plus que jamais à la Cour.
On lui confia le gouvernement des
jeunes Princes , fils de Maximilien II .
que ce Prince , devenu Empereur par la
mort de Ferdinand I. son Pere , arrivée
le 25. Juillet 1564. envoya en Espagne
auprès de Philippe II. leur Oncle , sous
sa conduite .
Lorsque la Princesse Elisabeth d'Autriche
, fille du même Empereur Maximilien
, fut mariée en 1570. avec Char
les IX. Roy de France , il fut chargé
de la conduire dans ce Royaume , et demeura
AVRIL 1734 735
meura auprès d'elle , avec l'Intendance
de sa Maison et de ses affaires ; et quand
cette Princesse sortit de France après la
mort de son Mary , arrivée le 30. May
1574. elle l'y laissa pour y avoir soin de
ses affaires.
·
L'Empereur Rodolphe II . le choisit
aussi pour être son Ambassadeur à la
Cour de France ; et l'on a les Lettres qu'il
lui écrivit en cette qualité depuis le 25.
Mars 1582. jusqu'à la fin de 1585.
En 1592. il obtint de l'Empereur un
Congé de six mois pour faire un voyage
en Flandres , où sa presence étoit nécessaire
par rapport à ses affaires domestiques.
Mais quoiqu'il eût pris pour faire
ce voyage plus sûrement , des passeports
du Roy et de la Ligue , il fut volé et
maltraité dans le Village de Cailly à quatre
lieues de Rouen , par un Parti de
Ligueurs , qui cependant , sur les représentations
qu'il leur fit par rapport à son
caractere , le laisserent libre et lui rendirent
tout ce qu'ils lui avoient pris.
Le Gouverneur de Rouen ayant sçû
cette avanture , lui en fit des excuses et
lui promit de punir ceux qui l'avoient
insulté , mais Busbeq lui répondit qu'il
songeoit plutôt à se tranquiliser l'esprit
qu'à se venger de l'injure qu'on avoit
faite à sa qualité.
736 MERCURE DE FRANCE
Il ne continua pas cependant son voyage
; car se sentant incommodé , il se fit
porter au Château de Mailloc , dans le
voisinage de Cailly.
Il y mourut onze jours après , le 28.
Octobre 1592. âgé d'environ 70. ans.Son
corps fut enterré honorablement dans
l'Eglise du Lieu , et son coeur fut porté
aux Bays - Bas , pour y être mis dans le
Tombeau de ses Ancêtres.
Le bruit courut alors qu'il avoit été
tué dans un bois par des voleurs , et c'est
conformément à ce bruit qu'en ont parlé
Philippe Camérarius dans ses Méditations
historiques, Scaliger, dans le Scaligeriana,
et Juste Lipse , dans l'Epitaphe qu'il lui
a faite.
L'Archiduc Albert , Gouverneur et
puis Souverain des Pays - Bas Epagnols ,
érigea en Baronie la Terre de Busbeq ,
pour honorer la mémoire de son Gouverneur
et lui témoigner sa reconnoissance.
Maximilien , Pere de ce Prince ,
lui avoit conferé l'Ordre de Chevalerie ,
et les Lettres Patentes qu'il lui accorda
pour cela , le 3. Avril 1554. lui sont très .
honorables .
Il avoit eu dessein de se fixer en Fran
ce , dont le séjour lui plaisoit extréme
ment , et il y avoit dans ce dessein acheté
quelques Terres.
AVRIL. 1734. 737
On dit qu'il parloit sept Langues en
perfection , la Latine l'Italienne , la
Françoise , l'Espagnole , l'Allemande , la
Flamande et la Sclavone.
>
Catalogue de ses Ouvrages.
1. Itinera II. Constantinopolitanum , et
Amasianum. Antuerpia , 1581. in 8. Ces
Voyages sont contenus en deux Lettres
que Busbeq adressa à NicolasMicaut , Sieur
d'Indevel , avec qui il avoit autrefois
étudié en Italie. Louis Carrion , qui en
fit faire cette premiere Edition , la dédia
au même Micaut.
2. Legationis Turcice Epistola quatuor,
quarum priores due prodierunt sub titulo
itinerum Constantinopolitani et Amasiani.
Paris. 1595. in 8. Il y a plusieurs autres
Editions de ces Lettres. Dans celle de
Francfort de l'an 1605. in 8. on a ajoûté
l'Ambassade d'Ebrahim Strotschen , dont
j'ai parlé cy-dessus. Ces Lettres qui sont
très-curieuses et très - instructives ont
été traduites en François sous ce titre :
Ambassades et Voyages en Turquie et Amasie
, de M. Busbequius , depuis l'an 1554.
jusqu'en 1562. traduit du Latin par le
S. Gaudon. Paris 1646. in 8. On en a
aussi une Traduction Allemande , imprimée
à Francfort en 1596. in 8.
3.
738 MERCURE DE FRANCE
3. De re Militari contra Turcam instituenda
Consilium A la suite des Lettres
sur son Ambassade de Turquie , tant
dans la premiere Edition de 1681. que
dans les suivantes. Item. à la page 18 .
du quatrième volume du Recueil de Nicolas
Reusner , intitulé : De Bello Turcico
selectissima Orationes et Consultationes.
Leipsia , 1596. in 4. Busbeq avoit examiné
avec beaucoup de soin l'état de la
Monarchie Ottomane et les veritables
moyens de l'attaquer avec succès
c'est ce qui fait la matiere de ce petit
Discours.
›
3
4. Augerii Gislenii Busbequii , Casaris
apud Regem Gallorum Legati , Epistola ad
Rudolphum. II. Imperatorem. è Bibliotheca
Joannis Bapt. Houvart J. C. Patricii
Bruxellensis. Louvanii , 1630. in 8.
Ces Lettres , qui sont au nombre de 53 .
s'étendent depuis le 25. Mars 1582. jusqu'à
la fin de 1585. elles ont été tradui .
tes en François par M. l'Abbé Bechet ;
Chanoine d'Usez , natif de Clermont en
Auvergne , Auteur de la Vie du Cardinal
Martinuzius , mort en 1722. âgé de
73. ans , et cette Traduction a été inserée
dans le II . Tome des Memoires de
Litterature du P. Desmolets , pag. 249 .
» Ces Lettres , dit Vigneul de Marville ,
Tom .
AVRIL. 1734. 739
❤
>
» Tom. I. de ses Melanges , pag. 52. sont
>> mieux remplies et plus utiles que celles
de Bongars . C'est un Portrait au
>> naturel des affaires de France sous le
» Regne de Henry III . Il raconte les cho-
» ses avec une naïveté si grande qu'elies
semblent se passer sous nos yeux . On ne
» trouve point ailleurs tant de faits his-
» toriques on si peu de discours . Les
» grands mouvemens comme la conspiration
d'Anvers et les petites intri-
» gues de la Cour y sont également bien.
marqués. Les attitudes , pour ainsi dire ,
» dans lesquelles il met Henry III , la .
» Reine Mere , le Duc d'Alençon , le Roy
» de Navarre , la Reine Marguerite , le
>> Duc de Guise , le Duc d'Epernon , et
» les autres Courtisans et Favoris de ce
» temps - là,nous les montrent du côté qui
» nous en découvre , à coup sûr , le fort
» et le foible , le bon et le mauvais. En
un mot , les Lettres de Busbeq sont un
modele de bien écrire pour les Ambassadeurs
qui rendent compte à leurs
Maîtres de ce qui se passe dans les
Cours où ils résident .
>>
5. Omnia quæ extant , seu Epistola ipsius
Legationum et alii Tractatus historici , et
Politici. Lugd. Bat. Elzevir , 1633. in 24.
Item . Amstelodami. Elzevir , 1660. in 24.
Voyez
740 MERCURE DE FRANCE
Voyez ses Lettres . C'est- là qu'on trouve
un détail exact de ce qui le regarde.
Bayle , Dictionnaire , son article est fait
avec beaucoup de soin. Tous les autres
Auteurs qui ont parlé de lui, sont tombez
dans des fautes grossieres et ont donné
une Relation de sa Vie , qui contredit
souvent ce qu'on trouve dans ses Let
tres. Tels sont les suivants. Valere André
, Bibliotheca Belgica : l'Auteur de sa
Vie qui est à la tête de ses Lettres à l'Empereur
Rodolphe , et que M. l'Abbé Bechet
a traduite de même que les Lettres.
Melchioris Adami vita Jurisconsultorum
Germanorum. p. 145. Freheri Theatrum Virorum
Doctorum , p. 931. Bullart , Académie
des Sciences , Tom. I. p. 80. Les
Eloges de M. de Thou , et les Additions
de Teissier.
Les autres Sçavans qui remplissent ce Volume
sont, Barthelemi Aneau, Elie Ashmole
,Jean d'Aubry, Guillaume de Baillou, Jacques
de Billy,Geoffroy et Jean de Billy, Adam
Blacvod , Edouard Brereword,RobertBurhill,
Louis Cappel, Louis Cappel lejeune,Jacques
Cappel, Scipion Carteromaco , Jacques Cassagne
, Antoine de Chandien, Nicolas Cisner,
Gaspard Contarini, Martin Antoine Delrio,
Antoine Densingius, Jeremie Drexelius,Jean
Drusius,Varino Favorino,Jean Gelida, Gilbert
AVRIL. 1734. 741
"
bert Genebrard, François Godwin , Laurent
Humphrey , Jean Marsham , Nicolas Hugues
Menard , Isaac Newton , François
Pinsson Arnaud de Pontac , Antoine
Possevin , Pierre du Ryer , François Sansovino,
J.Théodore Schenkius , Joseph Marie
Suarez , Paul et François Tallemant ,
J. F. Foy Vaillant , N. Durand de Villegagnon
, Burcher de Volder , Adolphe et
Everard Vorstius.
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Résumé : LETTRE de M.... sur la Continuation des Memoires du R. P. Niceron.
La lettre traite de la publication continue des 'Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres dans la République des Lettres', imprimés par le sieur Briasson à Paris. Le vingt-deuxième volume contient la vie et le catalogue de 45 savants, parmi lesquels Auger Gislen de Busbeq. Né en 1522 à Comines en Flandres, Busbeq est le fils naturel de Gilles Gislen, seigneur de Busbeq. Grâce à ses dispositions pour les sciences, son père l'envoya étudier dans plusieurs universités célèbres, telles que Louvain, Paris, Venise, Boulogne et Padoue. En 1554, Busbeq se rendit en Angleterre à la suite de Pierre Lasso pour assister aux noces de la reine Marie avec Philippe, fils de l'empereur Charles Quint. De retour en Flandres, il reçut une lettre de Ferdinand, roi des Romains, l'envoyant en ambassade à Constantinople. Il arriva à Constantinople en janvier 1555 et rencontra Soliman II à Amasie. Sa première ambassade fut brève, obtenant seulement une trêve de six mois. Il retourna à Vienne et fut renvoyé à Constantinople en novembre 1555, où il resta sept ans et négocia une trêve de huit ans. Pendant son séjour en Turquie, Busbeq collecta des inscriptions, acheta des manuscrits, rechercha des plantes rares et s'informa sur la nature des animaux. Il ramena des dessins de plantes et d'animaux inconnus en Europe, qu'il communiqua à Pierre-André Matthiole pour ses ouvrages. Il eut également un médecin, Guillaume Quacquelben, qui mourut à Constantinople en 1561. Après avoir terminé ses affaires en Turquie, Busbeq retourna en Autriche en 1562. Il fut ensuite chargé de diverses missions diplomatiques, notamment la conduite des jeunes princes fils de Maximilien II en Espagne et l'escorte de la princesse Élisabeth d'Autriche en France. Il fut également ambassadeur à la cour de France pour Rodolphe II. En 1592, Busbeq obtint un congé pour se rendre en Flandres, mais fut attaqué et volé par des ligueurs près de Rouen. Il mourut peu après, le 28 octobre 1592, à l'âge d'environ 70 ans. Son corps fut enterré honorablement et son cœur porté aux Pays-Bas pour être placé dans le tombeau de ses ancêtres. Busbeq parlait sept langues et laissa plusieurs ouvrages, dont des lettres sur ses voyages et ambassades en Turquie, traduites en français et en allemand. Ses lettres sont considérées comme un modèle de rapport diplomatique. Le volume mentionne également une série de savants, parmi lesquels figurent Valère André, auteur de la 'Bibliotheca Belgica' et de lettres adressées à l'empereur Rodolphe, traduites par l'abbé Bechet. D'autres ouvrages cités incluent 'Melchioris Adami vita Jurisconsultorum Germanorum' et 'Freheri Theatrum Virorum Doctorum'. Le texte fait référence aux éloges de M. de Thou et aux additions de Teissier. La liste des savants inclut Barthelemi Aneau, Elie Ashmole, Jean d'Aubry, Guillaume de Baillou, Jacques de Billy, Geoffroy et Jean de Billy, Adam Blacvod, Edouard Brereword, Robert Burhill, Louis Cappel, Louis Cappel le jeune, Jacques Cappel, Scipion Carteromaco, Jacques Cassagne, Antoine de Chandien, Nicolas Cisner, Gaspard Contarini, Martin Antoine Delrio, Antoine Densingius, Jerémie Drexelius, Jean Drusius, Varino Favorino, Jean Gelida, Gilbert Genebrard, François Godwin, Laurent Humphrey, Jean Marsham, Nicolas Hugues Menard, Isaac Newton, François Pinsson, Arnaud de Pontac, Antoine Possevin, Pierre du Ryer, François Sansovino, J. Théodore Schenkius, Joseph Marie Suarez, Paul et François Tallemant, J. F. Foy Vaillant, N. Durand de Villegagnon, Burcher de Volder, Adolphe et Everard Vorstius. Le texte est daté d'avril 1734.
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1137
p. 742-744
Les Souverains du Monde, &c. [titre d'après la table]
Début :
Il paroît chez G. Cavelier, Libraire à Paris, ruë S. Jacques, près la Fontaine S. Severin, au [...]
Mots clefs :
Empire, Souverains, Paris, Princes, Souverains du monde, Nouvelle édition, Traduction, Édition allemande
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Souverains du Monde, &c. [titre d'après la table]
Il paroît chez G. Cavelier , Libraire à Paris ,
rue S. Jacques , près la Fontaine S. Severin , au
Lis d'or , une nouvelle Edition d'un Ouvrage qui
a pour titre : LES SOUVERAINS DU MONDE ,
en s . volumes in 12. Paris , 1734. C'est la Traduction
d'un Ouvrage imprimé en Allemand ,
dont il y a eu trois Editions . La Traduction Françoise
a été faite sur l'Edition Allemande de l'année
1712. et a été inprimée pour la premiere
fois à Paris en 1718. en 4. vol . in 12.
La nouvelle Edition Françoise est augmentée
d'un cinquiéme volume , par plusieurs Additions
que l'Editeur a jugé nécessaires pour la rendre
plus parfaire ; il a conduit le tout jusqu'à la fin
de l'année 1733. Les corrections qu'on y trouvera
AVRIL. 1734. 743
vera , sont faites d'après les meilleurs Historiens ,
Généalogistes et Géographes anciens et modernes
, et pour ce qui regarde les Maisons Souveraines
d'Allemagne , l'Editeur a consulté sur tout
la derniere Edition Allemande des Souverains du
Monde , de l'année 1730. qui lui a paru travaillée
avec beaucoup de soin.
L'objet de cet Ouvrage est de donner une idée
certaine et précise de tous les Souverains du
Monde et des principales Parties qui composent
leurs Etars ; on commence d'abord par leur Généalogie
et l'origine de leur Maison , avec un
abregé des Evenemens les plus considerables qui
y sont arrivez ; de - là on passe à leurs Gouvernemens
, Conseils et Tribunaux Souverains ; on
fait connoître ensuite en quoi consistent leurs
revenus , leurs forces , tant par Mer que par Terre,
le nombre de leurs Troupes , de leurs Forteresses
et des Provinces et Villes principales qui
sont sujettes à leur domination ; puis on parle
des droits et prétentions qu'ils forment sur d'au
tres Etats ; ensuite de quoi on trouve leurs Armoiries
gravées en taille- douce , que l'on blasonne
historiquement , et on finit chaque artile
Titre du Souverain dont il traite , par
la Religion qui domine dans ses Etats , le Lieu
de sa résidence , les Universitez et Académies qui
y sont fondées , et enfin par un petit Catalogue
des Auteurs du Pays qui ont écrit sur chaque
sujet.
cle par
Suivant cet ordre , on traite dans le premier
Volume , de l'Empire d'Allemagne , des Electeurs
, tant Ecclesiastiques que Séculiers et des
auttes Princes Ecclesiastiques de l'Empire. Dans
le II. Volume , de tous les Princes Séculiers de
l'Empire. Dans le III . Volume , des Comtes de
Fij l'Em744
MERCURE DE FRANCE
P'Empire et des Villes libres et Imperiales, Dans
le IV . des Princes d'Italie , des differentes Républiques
situées en Europe , et des Royaumes
de Portugal , d'Espagne , de France , de la Gran.
de Bretagne , de Dannemarc et de Suede , dans
ce Volume on traite aussi du Duché de Lorrai
ne. Dans le V. Volume , de la Russie , de la
Prusse , de la Curlande , de la Pologne , des Etats
de la Maison d'Autriche , de l'Empire des Turcs,
des Souverainetez situées hors de l'Europe , et
des Ordres de Chevalerie ; le tout conformement
aux Cartes Géographiques.
rue S. Jacques , près la Fontaine S. Severin , au
Lis d'or , une nouvelle Edition d'un Ouvrage qui
a pour titre : LES SOUVERAINS DU MONDE ,
en s . volumes in 12. Paris , 1734. C'est la Traduction
d'un Ouvrage imprimé en Allemand ,
dont il y a eu trois Editions . La Traduction Françoise
a été faite sur l'Edition Allemande de l'année
1712. et a été inprimée pour la premiere
fois à Paris en 1718. en 4. vol . in 12.
La nouvelle Edition Françoise est augmentée
d'un cinquiéme volume , par plusieurs Additions
que l'Editeur a jugé nécessaires pour la rendre
plus parfaire ; il a conduit le tout jusqu'à la fin
de l'année 1733. Les corrections qu'on y trouvera
AVRIL. 1734. 743
vera , sont faites d'après les meilleurs Historiens ,
Généalogistes et Géographes anciens et modernes
, et pour ce qui regarde les Maisons Souveraines
d'Allemagne , l'Editeur a consulté sur tout
la derniere Edition Allemande des Souverains du
Monde , de l'année 1730. qui lui a paru travaillée
avec beaucoup de soin.
L'objet de cet Ouvrage est de donner une idée
certaine et précise de tous les Souverains du
Monde et des principales Parties qui composent
leurs Etars ; on commence d'abord par leur Généalogie
et l'origine de leur Maison , avec un
abregé des Evenemens les plus considerables qui
y sont arrivez ; de - là on passe à leurs Gouvernemens
, Conseils et Tribunaux Souverains ; on
fait connoître ensuite en quoi consistent leurs
revenus , leurs forces , tant par Mer que par Terre,
le nombre de leurs Troupes , de leurs Forteresses
et des Provinces et Villes principales qui
sont sujettes à leur domination ; puis on parle
des droits et prétentions qu'ils forment sur d'au
tres Etats ; ensuite de quoi on trouve leurs Armoiries
gravées en taille- douce , que l'on blasonne
historiquement , et on finit chaque artile
Titre du Souverain dont il traite , par
la Religion qui domine dans ses Etats , le Lieu
de sa résidence , les Universitez et Académies qui
y sont fondées , et enfin par un petit Catalogue
des Auteurs du Pays qui ont écrit sur chaque
sujet.
cle par
Suivant cet ordre , on traite dans le premier
Volume , de l'Empire d'Allemagne , des Electeurs
, tant Ecclesiastiques que Séculiers et des
auttes Princes Ecclesiastiques de l'Empire. Dans
le II. Volume , de tous les Princes Séculiers de
l'Empire. Dans le III . Volume , des Comtes de
Fij l'Em744
MERCURE DE FRANCE
P'Empire et des Villes libres et Imperiales, Dans
le IV . des Princes d'Italie , des differentes Républiques
situées en Europe , et des Royaumes
de Portugal , d'Espagne , de France , de la Gran.
de Bretagne , de Dannemarc et de Suede , dans
ce Volume on traite aussi du Duché de Lorrai
ne. Dans le V. Volume , de la Russie , de la
Prusse , de la Curlande , de la Pologne , des Etats
de la Maison d'Autriche , de l'Empire des Turcs,
des Souverainetez situées hors de l'Europe , et
des Ordres de Chevalerie ; le tout conformement
aux Cartes Géographiques.
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Résumé : Les Souverains du Monde, &c. [titre d'après la table]
Le texte annonce la publication d'une nouvelle édition de l'ouvrage 'LES SOUVERAINS DU MONDE' en cinq volumes in-12, imprimée à Paris en 1734. Cet ouvrage est la traduction d'un texte allemand, dont la première édition française date de 1718 en quatre volumes. La nouvelle édition inclut un cinquième volume, complétant les informations jusqu'à la fin de l'année 1733. Les corrections ont été réalisées en consultant des historiens, généalogistes, géographes et la dernière édition allemande de 1730. L'ouvrage décrit les souverains du monde et leurs États, couvrant la généalogie, les événements marquants, les gouvernements, les revenus, les forces militaires, les provinces et villes principales, les droits et prétentions, les armoiries, la religion dominante, les résidences des souverains, les universités, et un catalogue des auteurs du pays. Les volumes sont organisés par régions et types de souverainetés, couvrant l'Empire d'Allemagne, les princes ecclésiastiques et séculiers, les comtes, les villes libres, les princes d'Italie, les républiques européennes, divers royaumes, la Russie, la Prusse, la Pologne, l'Empire des Turcs, et les ordres de chevalerie.
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1138
p. 773-775
POLOGNE.
Début :
Le 13. du mois dernier, le Comte de Munich, Feldt Maréchal, arriva au Camp des [...]
Mots clefs :
Comte Pocci, Troupes, Général, Prince de Radziwill, Électeur de Saxe, Batterie, Régimentaire de Lituanie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
du mois dernier , le Comte de Mu-
Lnich', Feldt Maréchal , arriva au Camp des
Moscovites , dont il prit le commandement . Le
20. du même mois , il fit, a taquer un poste
qui couvroit le Village de Schotland , près de
Dantzick , lequel fut emporté. Les Ennemis y
ont perdu environ 600. hommes , et ils y ont
placé une batterie de que ques Mortiers , qui ne
peuvent causer aucun dommage à la Ville , à
cause de la trop grande distance.
Ce General fit tirer le 26. d'une hauteur , sur
laquelle il a placé une Batterie de six Pieces de
Canon , quelques Boulets rouges , qui ne purent
arriver jusqu'à la Ville , mais qui mirent le feu à
deux maisons d'un petit Bourg voisin.
Le Comte Pocci , Régimentaire de Lithuanie ,
a écrit au Roy , qu'il avoit été joint par la plupart
des Seigneurs et des Gentilshommes de cette
Province , qui avoient pris les Armes pour les interêts
communs du Roy et de la Nation , et que
PArmée qu'il commande étoit très - considerable-
Le Prince de Radzivil et quelques autres Sei
Encurs Lithuaniens , attachez au Parti de l'Elec-
Gy teur
774 MERCURE DE FRANCE
teur de Saxe , ont pris la fuite pour éviter de
tomber entre les mains du Comte Pocci , qui
avoit envoyé des Troupes pour les enlever et le
bruit court qu'ils sont allez en Curlande , mais
on n'est pas encore informé exactement du lieu
de leur retraite , on sçait seulement que plusieurs
de leurs terres les plus considerables ont été ravagées
et que leurs Vassaux ont été contraints
de payer de fortes contributions .
Selon les derniers avis reçûs du Palatinat de
Culm , la Noblesse des trois Palatinats de la
Prusse Polonoise , qui s'étoit assemblée à Graudentz
, a joint le corps de Troupes commandé
par le General Schliebing , à qui le Castellan de
Czersk , et les Generaux Fronese et Barkouski ,
ont amené un renfort considerable de Troupes
Sa Majesté a reçû avis de Warsovie , que l'Electeur
de Saxe , qui y étoit arrivé le 19. du mois
passé , en étoit parti avec précipitation pour
Dresde , que la plupart des Seigneurs qui avoient
assisté au Couronnement dè ce Prince , avoient
abandonné en même - temps la Ville , dans la
crainte de n'y être pas en sûreté après son dé
part , et qu'on croyoit même que le Prince Wienovieski
, cy - devant Regimentaire de Lithuanie,
et les deux Princes Lubomirski , avoient pris le
parti de sortir du Royaume .
On a reçû avis qu'un Détachement avoit battu
P'Escorte des Equipages de l'Electeur de Saxe
qu'on en avoit enlevé plusieurs Chariots où l'on
avoit trouvé un butin considerable , et que celui
que les Polonois avoient fait en pillant les Equi
pages du Comte Brannitzki et du Comte de Cetner
, montoit à plus de cent mille écus.
La Comtesse de Brannitzki , qui avoit pris la
route de Dresde , avec une escorte de 1Iro. hom-
'm'es
AVRIL 1734. 775
mes d'Infanterie Saxone , a eu le même sort que
le Comte son Epoux , et elle a été faite prisonniere
par un Détachement des Troupes Polonoises
, qui l'ont menée au Camp du Palatin de
Lublin ; mais ce General l'a renvoyée à Craco
vie , après lui avoir donné la permission de voir
son Epoux.
du mois dernier , le Comte de Mu-
Lnich', Feldt Maréchal , arriva au Camp des
Moscovites , dont il prit le commandement . Le
20. du même mois , il fit, a taquer un poste
qui couvroit le Village de Schotland , près de
Dantzick , lequel fut emporté. Les Ennemis y
ont perdu environ 600. hommes , et ils y ont
placé une batterie de que ques Mortiers , qui ne
peuvent causer aucun dommage à la Ville , à
cause de la trop grande distance.
Ce General fit tirer le 26. d'une hauteur , sur
laquelle il a placé une Batterie de six Pieces de
Canon , quelques Boulets rouges , qui ne purent
arriver jusqu'à la Ville , mais qui mirent le feu à
deux maisons d'un petit Bourg voisin.
Le Comte Pocci , Régimentaire de Lithuanie ,
a écrit au Roy , qu'il avoit été joint par la plupart
des Seigneurs et des Gentilshommes de cette
Province , qui avoient pris les Armes pour les interêts
communs du Roy et de la Nation , et que
PArmée qu'il commande étoit très - considerable-
Le Prince de Radzivil et quelques autres Sei
Encurs Lithuaniens , attachez au Parti de l'Elec-
Gy teur
774 MERCURE DE FRANCE
teur de Saxe , ont pris la fuite pour éviter de
tomber entre les mains du Comte Pocci , qui
avoit envoyé des Troupes pour les enlever et le
bruit court qu'ils sont allez en Curlande , mais
on n'est pas encore informé exactement du lieu
de leur retraite , on sçait seulement que plusieurs
de leurs terres les plus considerables ont été ravagées
et que leurs Vassaux ont été contraints
de payer de fortes contributions .
Selon les derniers avis reçûs du Palatinat de
Culm , la Noblesse des trois Palatinats de la
Prusse Polonoise , qui s'étoit assemblée à Graudentz
, a joint le corps de Troupes commandé
par le General Schliebing , à qui le Castellan de
Czersk , et les Generaux Fronese et Barkouski ,
ont amené un renfort considerable de Troupes
Sa Majesté a reçû avis de Warsovie , que l'Electeur
de Saxe , qui y étoit arrivé le 19. du mois
passé , en étoit parti avec précipitation pour
Dresde , que la plupart des Seigneurs qui avoient
assisté au Couronnement dè ce Prince , avoient
abandonné en même - temps la Ville , dans la
crainte de n'y être pas en sûreté après son dé
part , et qu'on croyoit même que le Prince Wienovieski
, cy - devant Regimentaire de Lithuanie,
et les deux Princes Lubomirski , avoient pris le
parti de sortir du Royaume .
On a reçû avis qu'un Détachement avoit battu
P'Escorte des Equipages de l'Electeur de Saxe
qu'on en avoit enlevé plusieurs Chariots où l'on
avoit trouvé un butin considerable , et que celui
que les Polonois avoient fait en pillant les Equi
pages du Comte Brannitzki et du Comte de Cetner
, montoit à plus de cent mille écus.
La Comtesse de Brannitzki , qui avoit pris la
route de Dresde , avec une escorte de 1Iro. hom-
'm'es
AVRIL 1734. 775
mes d'Infanterie Saxone , a eu le même sort que
le Comte son Epoux , et elle a été faite prisonniere
par un Détachement des Troupes Polonoises
, qui l'ont menée au Camp du Palatin de
Lublin ; mais ce General l'a renvoyée à Craco
vie , après lui avoir donné la permission de voir
son Epoux.
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Résumé : POLOGNE.
En Pologne, le Comte de Münnich a pris le commandement des forces moscovites et a attaqué un poste près de Dantzick, infligeant environ 600 pertes aux ennemis. Le 26, il a mis le feu à deux maisons d'un bourg voisin. Le Comte Pocci a informé le Roi que les seigneurs et gentilshommes de Lithuanie avaient formé une armée pour soutenir le Roi et la Nation, forçant des partisans de l'Électeur de Saxe, comme le Prince de Radzivil, à fuir en Curlande. La noblesse des trois Palatinats de la Prusse Polonoise a rejoint les troupes du Général Schliebing. À Varsovie, l'Électeur de Saxe a quitté précipitamment la ville pour Dresde, suivi par plusieurs seigneurs. Un détachement polonais a capturé des chariots contenant un butin considérable et pillé les équipages de nobles saxons, récupérant plus de cent mille écus. La Comtesse de Brannitzki a été capturée puis renvoyée à Cracovie.
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1139
p. 775-781
ITALIE.
Début :
Le 9. du mois dernier, le Pape envoya au Duc de Palombara, le Bref par lequel S. S. [...]
Mots clefs :
Royaume de Naples, Troupes impériales, Ville de Naples, Vice-roi, Infant Don Carlos, Empereur, Armée, Capoue, Pape, Conseil collatéral
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
E 9. du mois dernier , le Pape envoya au
Duc de Palombara , le Brefpar lequel S. S
absout le Cardinal Coscia de l'excommunication
G vj qu'il
776 MERCURE DE FRANCE
qu'il avoit encourue. On compte que ce Cardinal
sortira du Château Saint - Ange , et qu'il se
retirera dans le Convent de Saint Eusebe , où il
demeurera en attendant que la Chambre Apostolique
ait accepté les sûretez qu'il offre pour les
sonnes qui lui restent à payer. On a appris depuis
, qu'ayant reçû ce Bref, il entendit le 14.
la Messe dans le Château Saint- Ange.
On cut avis à Rome le 15. Mais , que l'Infant
Don Carlos étoit arrivé le matin à Monte-
Rotondo , et que le Cardinal Acquaviva , les
Princes Don Barthelemy et Don Philippe Corsini
, le Prince de Santo - Buono , le Marquis
Strozzi , le Marquis Sorano , les deux Auditeurs
de Rote de la Nation Espagnole , et quelques autres
personnes de distinction , qui y étoient allez
pour rendre leurs respects à ce Prince , avoient
cû l'honneur d'y dîner avec lui .
Le Duc de Saint Aignan , Ambassadeur du
Roy de France , s'y rendit l'après midy , et fut
admis à l'Audience du Prince , et le , Chevalier
de Saint Georges y alla le soir avec la Princesse
son Epouse et les deux Princes ses fils.
Le 22. le Prince Don Barthelemy Corsini ,
Grand- Ecuyer de l'Infant Don Carlos , partit de
Rome pour l'aller joindre à Tivoli.
Le Gouverneur de Rome a fait publier un ordre
à tous les Vagabons et autres gens sans aveu
qui sont dans cette Capitale , d'en sortir dans
un terme prescrit , sous peine d'être condamnez
2 Cinq. ans de Galeres ; il doit paroître incessamment
un autre Edit pour menacer de la même
peine les Déserteurs des Troupes Etrangeres quit
se réfugieront dans l'Etat Ecclesiastique , et qu'on
ne sera pas à portée de remettre à leurs Officiers.
» Sur la fin du Consistoire secret que le Pape
FIDE
A VRIL . 1734. 777
tint le 24. du mois dernier , S. S. créa Cardinaux
M, Pompée Aldovrandi , Boulonois , Patriarche
de Jerusalem , Vice-Camerlingue de la Sainte
Eglise , Gouverneur de la Ville et du Territoire
de Rome . Consulteur du saint Office , et des
Rits ; M. Séraphin Cency , Romain , Archevêque
de Benevent , le P. François - Pierre - Marie
Pieri , Siennois , General de l'Ordre des Servites,
Consulteur du Saint Office et des Rits , er Examinateur
des Evêques ; et M. Jacques Amadori
de Lanfredini , Florentin Chanoine de l'Eglise
de S. Pierre du Vatican , Secretaire de la Congrégation
du Concile , et Dataire de la Penitencerie
.
On a reçû avis de Rovero , que le Comte de
Merci , qui a été nommé par l'Empereur pour
commander l'Armée que 5. M. Imper ale assemblé
dans le Trentin avoit eu une attaque
d'apoplexie , qu'il é oit resté en paralysie, et que
le Prince Louis de Waremberg avoit pris le commandement
des Troupes
On écrit de Naples , que les sommes qu'on a
exigées des Communautez qui n'étoient pas en
drar de fournir le nombre d'hommes qu'on leur
a de mandé montent à 3600co . Ducats.
L'Empereur a écrit au Viceroy , d'accorder
certains Privileges à chaque Négociant de cette
Ville qui voudront prêter socco florins à quatre
pour cent d'interèt pour les dépenses de la
Guerre.
SM. Imperiale a envoyé de nouveaux Ordres
pour faire observer , avec la derniere rigueur , le
Decret par lequel il est enjoint à la Cour de la
Vicairerie de tatre saisit tous les revenus de ceux
qui ayant des Charges ou ces biens , fonds dans
le Royaume de Naples , n'y seront pas revenus
au temps prescrit.
778 MERCURE DE FRANCE
Il paroîtra incessamment un Edit pour permettre
à tous ceux qui ont été bannis du Royaume
, d'y rentrer , à condition que chacun d'eux
payera une somme proportionnée à la faute pour
laquelle il a été condamné au bannissement.
Il ne paroît pas que le Gouvernement persiste
dans la résolution qu'il avoit prise de faire démanteler
Capoue , et l'on assure au contraire
que le Prince Caraffe , Grand - Maréchal du
Royaume , le Prince de Belmonte Pignatelli ,
General de la Cavalerie , et le Comte de Traun ,
qui partirent le 8. du mois passé pour s'y rendre
, ont ordre d'en faire réparer les Fortifications
et d'y faire conduire une grande quantité
de Munitions de bouche et de
guerre , et que
plupart des Troupes de Naples , au lieu de tenir
la Campagne , sont destinées à deffendre cette
Place et celle de Gaëtte.
la
Il a été résolu par le Conseil Collateral d'abandonner
un des Châteaux de Naples et d'aug
menter les Garnisons des trois autres.
Le Gouvernement a aussi résolu de faire démolir
les lignes qu'on avoit construites près de
San-Germano , pour s'opposer au passage des
Troupes Espagnoles , et il a ordonné que les
Troupes qui étoient à portée dans ces quartierslà
, marchassent vers Gaëtte , après qu'elles auront
rompu le Pont de Garigliano , afin d'empêcher
les Espagnols d'en profiter pour entrer
dans le Royaume de Naples ; et on se propose
de former aux environs de Garigliano un Camp
qui sera composé des Bataillons qu'on attend de
Sicile et d'une partie des nouvelles Milices .
On a appris en dernier lieu que la plus grande
partie des Troupes qui restoient à Naples , s'est
mise en marche le 22. du mois dernier pour aller
AVRIL 1734. 779
ler à Capoue , où l'on a envoyé depuis peu
plusieurs Mortiers et 1400. Bombes , et qu'il
ne reste ici que foo. hommes pour la deffense
des Châteaux , et deux Compagnies de
Cuirassiers pour la garde du Viceroy , qui selon
les apparences, se retirera à Manfredonia, en attendant
l'arrivée de son Successeur ; cette Ville
est gardée actuellement par ses Habitans, qu'on a
distribués par Compagnies , dont on a donné le
commandement à des Gentilshommes et aux
principaux Bourgeois . Le Conseil Collateral a reçû
ordre de se preparer à suivre le Viceroy , mais
plusieurs Conseillers de ce Tribunal ont allegué
divers prétextes pour s'en dispenser.
On a reçû avis de la Province de Labour dans
le Royaume de Naples , que le 25. Mars il étoit
arrivé dans les environs de la Ville d'Agnani
6000. hommes de Troupes Espagnoles , qui y
avoient été joints le lendemain par 5000. autres ,
que le 29. l'Infant Don Carlos s'étoit rendu au
Mont Cassin , dont l'Abbé lui avoit fourni 1000.
hommes , tant de Cavalerie que d'Infanterie ,
que le même jour un Détachement de l'Armée
de S. M. Catholique s'étoit emparé de la Ville
de Sora , dont les Habitans s'étoient soumis
sans résistance , et que les Troupes Imperiales
qui étoient près de San- Germano , s'étoient retirées.
Le 25. du mois dernier , le Viceroy ayant reçu
avis qu'un Vaisseau Espagnol s'étoit avancé à
une petite distance de ce Port , et que faute de
vent il ne pouvoit regagner le large , il donna
ordre à M. Palavicini , General de la Mer , d'aller
le canoner , et l'on détacha en même- temps
quelques Galeres pour attaquer deux Felouques
de la même Nation qui étoient près de la Côte ,
inais
70 MERCURE DE FRANCE
mais le Vaisseau profita d'un vent favorable qui
s'éleva pour s'éloigner , après avoir lâché plusieurs
borées de Canon au Château de l'Euf,
et à une Galere qu'il coula à fond, et les Felouques
se retirerent avant qu'on cût pû les joindre.
Dans le Conseil Collateral tenu le 27. il fut
résolu que les Troupes Impériales qui sont dans
le Royaume de Naples , et qui ne sont compo
sées que de 1000 hommes , en comptant le
secours envoyé par le Comte de Sastago , n'étant
pas suffisantes pour tenir la Campagne contre
l'Armée du Roy d'Espagne , on se borneroit
à deffendre les Places de Gaette er de Capoue ,
dans chacune desquelles on mettroit 3000. hommes
, et les Châteaux de Naples , où l'on a laissé
une Garnison de 1500. hoinies , et que les 3000
qui restent au Viceroy , seroient employez pour
Pescorter dans sa retraite.
1
Le Comte de Cerbellon , qui étoit nommé
pour lui succeder , arriva le 29 mais ayant jugé
que sa présence étoit inutile à Naples dans la
conjoncture présente , il n'a point vou u prendre
possession de la Viceroyauté , et il se dispose à
suivre le Viceroy qui dont partir pour Barletta
, où Pun et l'autre s'embarqueront pour retourner
à Vienne
Les derniers avis reçus par la voye de Genes ,
portent que le 3. de ce mois le Viceroy de Naples
, escorté de 3000. hommes , en étoit parti
avec le Comte de Corbellon , et qu'ils avoient
pris la route de Barletta , dans le dessein de s'y
embarquer pour Trieste
Que le 9. l'Infant Don Carlos , qui étoit entré
dès le 29. du mois dernier dans le Royaume
de Niples , à la tête des Troupes du Roy d'Espa
gne , mais qui n'avoit pû marcher que lentement,
parce
AVRIL. 1734. 781
parce qu'il avoit été obligé de recevoir en chemin
lès Députez de la plupart des Villes et des
principaux Bourgs , étoit arrivé à Mantalone ,
où les Magistrats de la Ville de Naples étoient
venus le même jour lui en apporter les Clefs et
prêter serment de fidelité à S. M. Catholique ,
que ce Prince vouloit attendre , pour faire son
entrée dans la Ville , la prise des Châteaux , et
qu'après avoir donné ses ordres aux Troupes qui
les assiegent , il étoit allé à Aversa avec le reste
de son Armée qu'il avoit séparée en trois corps ,
dont l'un étoit destiné à demeurer sous ses ordres
et les deux autres à former en même- temps le
Siege de Gaëtte et de Capoüe. Les mêmes avis
ajoutent qu'on ne croit pas que ces deux Places
puissent faire une longue résistance à cause de la
foiblesse de leurs Garnisons , que presque tout le
Royaume est actuellement soumis , et que Pin
fant Don Carlos , en recevant au nom du Roy
d'Espagne , l'hommage du Conseil Collateral et
des autres ptincipaux Tribunaux du Royaume.
et de la Ville de Naples , à promis solemnellement
que Sa Majesté Catholique maintiendroit
les habitans dans tous leurs Privileges ,
qu'elle supprimeroit toutes les impositions établies
par l'Empereur , lesquelles cesseroient dès
à present d'être éxigées ; qu'elle continueroit
de payer les pensions que l'Empereur avoit accordées
, et qu'elle ne changeroit rien aux usages
qui regardent la collation des Benefices.
E 9. du mois dernier , le Pape envoya au
Duc de Palombara , le Brefpar lequel S. S
absout le Cardinal Coscia de l'excommunication
G vj qu'il
776 MERCURE DE FRANCE
qu'il avoit encourue. On compte que ce Cardinal
sortira du Château Saint - Ange , et qu'il se
retirera dans le Convent de Saint Eusebe , où il
demeurera en attendant que la Chambre Apostolique
ait accepté les sûretez qu'il offre pour les
sonnes qui lui restent à payer. On a appris depuis
, qu'ayant reçû ce Bref, il entendit le 14.
la Messe dans le Château Saint- Ange.
On cut avis à Rome le 15. Mais , que l'Infant
Don Carlos étoit arrivé le matin à Monte-
Rotondo , et que le Cardinal Acquaviva , les
Princes Don Barthelemy et Don Philippe Corsini
, le Prince de Santo - Buono , le Marquis
Strozzi , le Marquis Sorano , les deux Auditeurs
de Rote de la Nation Espagnole , et quelques autres
personnes de distinction , qui y étoient allez
pour rendre leurs respects à ce Prince , avoient
cû l'honneur d'y dîner avec lui .
Le Duc de Saint Aignan , Ambassadeur du
Roy de France , s'y rendit l'après midy , et fut
admis à l'Audience du Prince , et le , Chevalier
de Saint Georges y alla le soir avec la Princesse
son Epouse et les deux Princes ses fils.
Le 22. le Prince Don Barthelemy Corsini ,
Grand- Ecuyer de l'Infant Don Carlos , partit de
Rome pour l'aller joindre à Tivoli.
Le Gouverneur de Rome a fait publier un ordre
à tous les Vagabons et autres gens sans aveu
qui sont dans cette Capitale , d'en sortir dans
un terme prescrit , sous peine d'être condamnez
2 Cinq. ans de Galeres ; il doit paroître incessamment
un autre Edit pour menacer de la même
peine les Déserteurs des Troupes Etrangeres quit
se réfugieront dans l'Etat Ecclesiastique , et qu'on
ne sera pas à portée de remettre à leurs Officiers.
» Sur la fin du Consistoire secret que le Pape
FIDE
A VRIL . 1734. 777
tint le 24. du mois dernier , S. S. créa Cardinaux
M, Pompée Aldovrandi , Boulonois , Patriarche
de Jerusalem , Vice-Camerlingue de la Sainte
Eglise , Gouverneur de la Ville et du Territoire
de Rome . Consulteur du saint Office , et des
Rits ; M. Séraphin Cency , Romain , Archevêque
de Benevent , le P. François - Pierre - Marie
Pieri , Siennois , General de l'Ordre des Servites,
Consulteur du Saint Office et des Rits , er Examinateur
des Evêques ; et M. Jacques Amadori
de Lanfredini , Florentin Chanoine de l'Eglise
de S. Pierre du Vatican , Secretaire de la Congrégation
du Concile , et Dataire de la Penitencerie
.
On a reçû avis de Rovero , que le Comte de
Merci , qui a été nommé par l'Empereur pour
commander l'Armée que 5. M. Imper ale assemblé
dans le Trentin avoit eu une attaque
d'apoplexie , qu'il é oit resté en paralysie, et que
le Prince Louis de Waremberg avoit pris le commandement
des Troupes
On écrit de Naples , que les sommes qu'on a
exigées des Communautez qui n'étoient pas en
drar de fournir le nombre d'hommes qu'on leur
a de mandé montent à 3600co . Ducats.
L'Empereur a écrit au Viceroy , d'accorder
certains Privileges à chaque Négociant de cette
Ville qui voudront prêter socco florins à quatre
pour cent d'interèt pour les dépenses de la
Guerre.
SM. Imperiale a envoyé de nouveaux Ordres
pour faire observer , avec la derniere rigueur , le
Decret par lequel il est enjoint à la Cour de la
Vicairerie de tatre saisit tous les revenus de ceux
qui ayant des Charges ou ces biens , fonds dans
le Royaume de Naples , n'y seront pas revenus
au temps prescrit.
778 MERCURE DE FRANCE
Il paroîtra incessamment un Edit pour permettre
à tous ceux qui ont été bannis du Royaume
, d'y rentrer , à condition que chacun d'eux
payera une somme proportionnée à la faute pour
laquelle il a été condamné au bannissement.
Il ne paroît pas que le Gouvernement persiste
dans la résolution qu'il avoit prise de faire démanteler
Capoue , et l'on assure au contraire
que le Prince Caraffe , Grand - Maréchal du
Royaume , le Prince de Belmonte Pignatelli ,
General de la Cavalerie , et le Comte de Traun ,
qui partirent le 8. du mois passé pour s'y rendre
, ont ordre d'en faire réparer les Fortifications
et d'y faire conduire une grande quantité
de Munitions de bouche et de
guerre , et que
plupart des Troupes de Naples , au lieu de tenir
la Campagne , sont destinées à deffendre cette
Place et celle de Gaëtte.
la
Il a été résolu par le Conseil Collateral d'abandonner
un des Châteaux de Naples et d'aug
menter les Garnisons des trois autres.
Le Gouvernement a aussi résolu de faire démolir
les lignes qu'on avoit construites près de
San-Germano , pour s'opposer au passage des
Troupes Espagnoles , et il a ordonné que les
Troupes qui étoient à portée dans ces quartierslà
, marchassent vers Gaëtte , après qu'elles auront
rompu le Pont de Garigliano , afin d'empêcher
les Espagnols d'en profiter pour entrer
dans le Royaume de Naples ; et on se propose
de former aux environs de Garigliano un Camp
qui sera composé des Bataillons qu'on attend de
Sicile et d'une partie des nouvelles Milices .
On a appris en dernier lieu que la plus grande
partie des Troupes qui restoient à Naples , s'est
mise en marche le 22. du mois dernier pour aller
AVRIL 1734. 779
ler à Capoue , où l'on a envoyé depuis peu
plusieurs Mortiers et 1400. Bombes , et qu'il
ne reste ici que foo. hommes pour la deffense
des Châteaux , et deux Compagnies de
Cuirassiers pour la garde du Viceroy , qui selon
les apparences, se retirera à Manfredonia, en attendant
l'arrivée de son Successeur ; cette Ville
est gardée actuellement par ses Habitans, qu'on a
distribués par Compagnies , dont on a donné le
commandement à des Gentilshommes et aux
principaux Bourgeois . Le Conseil Collateral a reçû
ordre de se preparer à suivre le Viceroy , mais
plusieurs Conseillers de ce Tribunal ont allegué
divers prétextes pour s'en dispenser.
On a reçû avis de la Province de Labour dans
le Royaume de Naples , que le 25. Mars il étoit
arrivé dans les environs de la Ville d'Agnani
6000. hommes de Troupes Espagnoles , qui y
avoient été joints le lendemain par 5000. autres ,
que le 29. l'Infant Don Carlos s'étoit rendu au
Mont Cassin , dont l'Abbé lui avoit fourni 1000.
hommes , tant de Cavalerie que d'Infanterie ,
que le même jour un Détachement de l'Armée
de S. M. Catholique s'étoit emparé de la Ville
de Sora , dont les Habitans s'étoient soumis
sans résistance , et que les Troupes Imperiales
qui étoient près de San- Germano , s'étoient retirées.
Le 25. du mois dernier , le Viceroy ayant reçu
avis qu'un Vaisseau Espagnol s'étoit avancé à
une petite distance de ce Port , et que faute de
vent il ne pouvoit regagner le large , il donna
ordre à M. Palavicini , General de la Mer , d'aller
le canoner , et l'on détacha en même- temps
quelques Galeres pour attaquer deux Felouques
de la même Nation qui étoient près de la Côte ,
inais
70 MERCURE DE FRANCE
mais le Vaisseau profita d'un vent favorable qui
s'éleva pour s'éloigner , après avoir lâché plusieurs
borées de Canon au Château de l'Euf,
et à une Galere qu'il coula à fond, et les Felouques
se retirerent avant qu'on cût pû les joindre.
Dans le Conseil Collateral tenu le 27. il fut
résolu que les Troupes Impériales qui sont dans
le Royaume de Naples , et qui ne sont compo
sées que de 1000 hommes , en comptant le
secours envoyé par le Comte de Sastago , n'étant
pas suffisantes pour tenir la Campagne contre
l'Armée du Roy d'Espagne , on se borneroit
à deffendre les Places de Gaette er de Capoue ,
dans chacune desquelles on mettroit 3000. hommes
, et les Châteaux de Naples , où l'on a laissé
une Garnison de 1500. hoinies , et que les 3000
qui restent au Viceroy , seroient employez pour
Pescorter dans sa retraite.
1
Le Comte de Cerbellon , qui étoit nommé
pour lui succeder , arriva le 29 mais ayant jugé
que sa présence étoit inutile à Naples dans la
conjoncture présente , il n'a point vou u prendre
possession de la Viceroyauté , et il se dispose à
suivre le Viceroy qui dont partir pour Barletta
, où Pun et l'autre s'embarqueront pour retourner
à Vienne
Les derniers avis reçus par la voye de Genes ,
portent que le 3. de ce mois le Viceroy de Naples
, escorté de 3000. hommes , en étoit parti
avec le Comte de Corbellon , et qu'ils avoient
pris la route de Barletta , dans le dessein de s'y
embarquer pour Trieste
Que le 9. l'Infant Don Carlos , qui étoit entré
dès le 29. du mois dernier dans le Royaume
de Niples , à la tête des Troupes du Roy d'Espa
gne , mais qui n'avoit pû marcher que lentement,
parce
AVRIL. 1734. 781
parce qu'il avoit été obligé de recevoir en chemin
lès Députez de la plupart des Villes et des
principaux Bourgs , étoit arrivé à Mantalone ,
où les Magistrats de la Ville de Naples étoient
venus le même jour lui en apporter les Clefs et
prêter serment de fidelité à S. M. Catholique ,
que ce Prince vouloit attendre , pour faire son
entrée dans la Ville , la prise des Châteaux , et
qu'après avoir donné ses ordres aux Troupes qui
les assiegent , il étoit allé à Aversa avec le reste
de son Armée qu'il avoit séparée en trois corps ,
dont l'un étoit destiné à demeurer sous ses ordres
et les deux autres à former en même- temps le
Siege de Gaëtte et de Capoüe. Les mêmes avis
ajoutent qu'on ne croit pas que ces deux Places
puissent faire une longue résistance à cause de la
foiblesse de leurs Garnisons , que presque tout le
Royaume est actuellement soumis , et que Pin
fant Don Carlos , en recevant au nom du Roy
d'Espagne , l'hommage du Conseil Collateral et
des autres ptincipaux Tribunaux du Royaume.
et de la Ville de Naples , à promis solemnellement
que Sa Majesté Catholique maintiendroit
les habitans dans tous leurs Privileges ,
qu'elle supprimeroit toutes les impositions établies
par l'Empereur , lesquelles cesseroient dès
à present d'être éxigées ; qu'elle continueroit
de payer les pensions que l'Empereur avoit accordées
, et qu'elle ne changeroit rien aux usages
qui regardent la collation des Benefices.
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Résumé : ITALIE.
Le 9 du mois dernier, le Pape a envoyé un bref au Duc de Palombara, levant l'excommunication du Cardinal Coscia. Le Cardinal doit quitter le Château Saint-Ange pour le couvent de Saint-Eusèbe en attendant l'acceptation des garanties pour ses dettes par la Chambre Apostolique. Le 14, il a assisté à la messe au Château Saint-Ange. À Rome, le 15, l'Infant Don Carlos est arrivé à Monte-Rotondo, accueilli par plusieurs personnalités, dont le Duc de Saint Aignan et le Chevalier de Saint-Georges. Le 22, le Prince Don Barthélemy Corsini a quitté Rome pour rejoindre Don Carlos à Tivoli. Le Gouverneur de Rome a ordonné l'expulsion des vagabonds et des déserteurs étrangers sous peine de galères. Le 24 du mois dernier, le Pape a créé plusieurs cardinaux, dont Pompée Aldovrandi, Séraphin Cency, François-Pierre-Marie Pieri, et Jacques Amadori de Lanfredini. À Rovero, le Comte de Merci, nommé par l'Empereur pour commander l'armée dans le Trentin, a eu une attaque d'apoplexie, et le Prince Louis de Waremberg a pris le commandement. À Naples, des sommes ont été exigées des communautés pour fournir des hommes, et l'Empereur a accordé des privilèges aux négociants prêtant de l'argent pour la guerre. Un décret impérial ordonne la saisie des revenus de ceux absents du Royaume de Naples. Un édit permettra aux bannis de rentrer en payant une somme proportionnée à leur faute. Le gouvernement napolitain a décidé de renforcer les fortifications de Capoue et Gaëtte, et de démolir les lignes près de San-Germano pour empêcher les Espagnols d'entrer. Les troupes napolitaines se préparent à défendre ces places. Le Viceroy se retire à Manfredonia, et le Conseil Collateral doit le suivre. Dans la province de Labour, les troupes espagnoles ont pris plusieurs villes, et l'Infant Don Carlos a reçu l'hommage des magistrats napolitains. Le Viceroy et le Comte de Cerbellon ont quitté Naples pour Barletta, puis Trieste. Don Carlos a promis de maintenir les privilèges des habitants et de supprimer les impositions impériales.
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1140
p. 781-783
ESPAGNE.
Début :
Le Prince des Asturies s'étoit trouvé, il y a déja quelque temps, assez incommodé d'une [...]
Mots clefs :
José Vallejo de la Canal, Maures, Ennemis, Drapeau, Prince des Asturies, Opération, Tumeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
E Prince des Asturies s'étoit trouvé , il y a
Ldéja quelque tempos , assez ise trouve d'une
tumeur à la fesse , et l'état de ce Prince avoit
causé de l'inquiétude, mais elle est bien diminuée
depuis l'arrivée du sieur P'erit , qui a été envoyé
à Madrid de Paris , et qui après avoir czaminé
le
782 MERCURE DE FRANCE
le mal , a assuré qu'il n'étoit pas , à beaucoup
près , aussi considerable qu'on l'avoit crû d'abord.
L'Operation que le sieur Petit a jugé nécessaire
pour la plus prompte guérison du Prince des
Asturies , fut faite le 29. du mois passé à sept
heures du matin avec beaucoup de succès ; elle
a été très - legere, et elle n'a duré qu'une minute ;
le Prince a très - peu souffert , et depuis l'operation
il est fort tranquille et dans le meilleur état
qu'on puisse souhaiter , sans qu'il y ait aucune .
suite fâcheuse appréhender , et l'on espere que
dans peu sa santé sera entierement rétablie .
Don Joseph Vallejo , Commandant General
des Troupes Espagnoles qui sont en Afrique , a
écrit au Roy , pour informer S. M. que le 2. du
mois dernier , ayant sçû qu'un grand nombre de
Maures s'étoient mis en embuscade dans les environs
de la Fontaine voisine de la Ville d'Oran,
il avoit fait sortir de cette Place un Détachement
d'Infanterie , avec ordre d'attaquer les Ennemis
et de les attirer du côté de la Ville , en
feignant de leur ceder peu à peu le terrain ; que
les Maures trompez par la feinte retraite des Espagnols
, avoient donné dans le piege qu'il leur
avoit tendu , et que pendant qu'ils étoient occupez
à poursuivre les Troupes sorties de la Place
, deux Compagnies de Volontaires qui étoient
postées à la tête du Vallon,et qu'ils n'avoient pas
apperçûës , avoient fait feu sur leur arriere garde
et l'avoient mise en désordre ; que l'Adjudant
Don Joseph Rubina , qui commandoit les Volontaires
, avoit pris le premier Drapeau des Ennemis
et avoit tué celui qui le portoit , sur le refus
qu'il avoit fait de se rendre , et que les Maures,
après avoir eû plusieurs de leurs gens tuez ou
blessez , avoient été contraints de prendre la fuite.
Ces
AVRIL. 1734. 783
Ces Lettres ajoûtent que les Espagnols , par la
sage conduite des Officiers , n'ont pas perdu un
seul homme dans cette occasion . Don Joseph
Vallejo a envoyé au Roy le Drapeau pris sur les
Ennemis , qui ont été fort sensibles à cette perte,
parce que c'étoit un Drapeau qui avoit reposé
long- temps sur le Tombeau de Mahomet à la
Mecque, d'où quelques Pelerins l'avoient apporté.
On travaille à réparer les Fortifications de Badajos
et de toutes les Places qui sont sur les
Frontieres du Royaume de Portugal .
E Prince des Asturies s'étoit trouvé , il y a
Ldéja quelque tempos , assez ise trouve d'une
tumeur à la fesse , et l'état de ce Prince avoit
causé de l'inquiétude, mais elle est bien diminuée
depuis l'arrivée du sieur P'erit , qui a été envoyé
à Madrid de Paris , et qui après avoir czaminé
le
782 MERCURE DE FRANCE
le mal , a assuré qu'il n'étoit pas , à beaucoup
près , aussi considerable qu'on l'avoit crû d'abord.
L'Operation que le sieur Petit a jugé nécessaire
pour la plus prompte guérison du Prince des
Asturies , fut faite le 29. du mois passé à sept
heures du matin avec beaucoup de succès ; elle
a été très - legere, et elle n'a duré qu'une minute ;
le Prince a très - peu souffert , et depuis l'operation
il est fort tranquille et dans le meilleur état
qu'on puisse souhaiter , sans qu'il y ait aucune .
suite fâcheuse appréhender , et l'on espere que
dans peu sa santé sera entierement rétablie .
Don Joseph Vallejo , Commandant General
des Troupes Espagnoles qui sont en Afrique , a
écrit au Roy , pour informer S. M. que le 2. du
mois dernier , ayant sçû qu'un grand nombre de
Maures s'étoient mis en embuscade dans les environs
de la Fontaine voisine de la Ville d'Oran,
il avoit fait sortir de cette Place un Détachement
d'Infanterie , avec ordre d'attaquer les Ennemis
et de les attirer du côté de la Ville , en
feignant de leur ceder peu à peu le terrain ; que
les Maures trompez par la feinte retraite des Espagnols
, avoient donné dans le piege qu'il leur
avoit tendu , et que pendant qu'ils étoient occupez
à poursuivre les Troupes sorties de la Place
, deux Compagnies de Volontaires qui étoient
postées à la tête du Vallon,et qu'ils n'avoient pas
apperçûës , avoient fait feu sur leur arriere garde
et l'avoient mise en désordre ; que l'Adjudant
Don Joseph Rubina , qui commandoit les Volontaires
, avoit pris le premier Drapeau des Ennemis
et avoit tué celui qui le portoit , sur le refus
qu'il avoit fait de se rendre , et que les Maures,
après avoir eû plusieurs de leurs gens tuez ou
blessez , avoient été contraints de prendre la fuite.
Ces
AVRIL. 1734. 783
Ces Lettres ajoûtent que les Espagnols , par la
sage conduite des Officiers , n'ont pas perdu un
seul homme dans cette occasion . Don Joseph
Vallejo a envoyé au Roy le Drapeau pris sur les
Ennemis , qui ont été fort sensibles à cette perte,
parce que c'étoit un Drapeau qui avoit reposé
long- temps sur le Tombeau de Mahomet à la
Mecque, d'où quelques Pelerins l'avoient apporté.
On travaille à réparer les Fortifications de Badajos
et de toutes les Places qui sont sur les
Frontieres du Royaume de Portugal .
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Résumé : ESPAGNE.
Le Prince des Asturies a récemment été diagnostiqué avec une tumeur à la fesse, mais une opération légère réalisée le 29 du mois précédent a été un succès. Le Prince se porte bien et une guérison complète rapide est espérée. Par ailleurs, Don Joseph Vallejo, Commandant Général des Troupes Espagnoles en Afrique, a rapporté une opération militaire réussie. Le 2 du mois dernier, il a organisé une embuscade contre des Maures près de la Fontaine voisine d'Oran. Les Maures, attirés par une feinte retraite des Espagnols, ont été pris à revers par des Volontaires en embuscade. L'Adjudant Don Joseph Rubina a capturé le drapeau ennemi et tué son porteur. Les Maures ont subi plusieurs pertes et ont pris la fuite, tandis que les Espagnols n'ont subi aucune perte grâce à la sage conduite des officiers. Le drapeau capturé, ayant une valeur religieuse pour les Maures, a été envoyé au Roi. Enfin, des travaux de réparation des fortifications sont en cours à Badajos et dans d'autres places frontalières avec le Portugal.
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1141
p. 783-785
PORTUGAL.
Début :
Les Lettres de Lisbonne du commencement du mois dernier, portent que le grand nombre [...]
Mots clefs :
Diamants, Mines de diamant, Roi, Compagnie, Brésil, Valeur, Vente, Propriétaires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PORTUGAL.
PORTUGA L.
Es Lettres de Lisbonne du commencement
?
Ldu mois dernier , portent que le grand nom
bre de Diamans apportez du Brezil depuis quel
ques années , ayant causé un préjudice considérable
au Commerce de cette précieuse Marchandise
, et le Roy voulant prêvenir ce désordre et
maintenir les Diamans dans leur juste valeur
S. M. fit assembler le 3. Février dernier dans son
Palais 14. Marchands des plus experts pour déliberer
sur quatre diverses propositions qui lui
avoient été faites à ce sujet. On résolut dans cette
Assemblée l'établissement d'une Compagnie , et
P'on y convint en attendant des Articles suivans.
1º. Que S. M.fera cesser tout travail aux Mines
de Diamans au Brezil , sous peine de mort.
2.Que tous les Diamans à bord des Flotes qu'on
attend de la Baye de Tous les Saints et de Rio de
Janeiro , seront portez à la Monnoye.
D
3°. Qu'on choisira des Experts pour évaluer
en présence des Proprietaires , lesdits Diamans sur
le prix qu'ils pourront valoir en Europe.
4° . Que les Proprietaires éliront entre eux neuf
Directeurs , auxquels le Roy en ajoûtera unun , et que
ceux
784 MERCURE DE FRANCE
ceux qui auront la valeur de 20000. Cruzades y
auront une voix.
5. Qu'on fournira aux Proprietaires des Obli
gations pour la valeur de leurs Effets .
6°. Qu'il leur sera permis de vendre leurs Obli
gations de la maniere qu'ils jugeront la plus convenable.
7°. Que le Roy abonnera lesdites Obligations sur
leur valeur , offrant de l'argent comptant à ceux
qui en voudront.
8°. Que tous ceux qui auront des, Diamans invendus
, seront obligez de les porter à la Monnoye ,
sous peine de confiscation .
9° . Que la Compagnie aura le Privilege d'exposer
en vente une quantité de Diamans limitée et non
assez considerable pour en alterer le prix , et qu'on
publiera d'avance le tems de la vente , afin que
les
Etrangers puissent y assister ou donner leurs ordres.
10°. Que cette vente se fera à Lisbonne , au plus
offrant et dernier encherisseur.
11°. Qu'on imprimera le compte du produit de la
vente et qu'on en payera aux Porteurs d'Obligations
le provenu à proportion de leurs interêts.
12°. Que la Compagnie aura seule le Privilege
de faire traaviller aux Mines ,selon l'occurrence des
temps , en y employant seulement 5. à 600. Escla
ves , afin que ce Commerce se soutienne.
13 ° . Qu'on accordera à ladite Compagnie tous
les avantages possibles , afin de l'encourager.
14°. Que ladite Compagnie , pour indemniser le
Roy de la fermeture des Mines , payera à S. M.
10. pour cent du profit qu'elle fera.
15º . Qu'on ne vendra rien qu'après qu'on aura
placé ce qui est hors de terre , à moins qu'il n'arrive
quelque changement considerable dans les prix
des Diamans.
AVRIL. 1734. 785
On ne doute pas que le Projet cy - dessus ne
soit inis en execution immédiatement après l'arrivée
de la Flote de la Baye de Tous les Saints ,
quoique ceux qui attendent des Diamans ayent
fait offrir 15. pour cent au Roy, pour avoir la liberté
de disposer de leurs Marchandises à leur gré..
Es Lettres de Lisbonne du commencement
?
Ldu mois dernier , portent que le grand nom
bre de Diamans apportez du Brezil depuis quel
ques années , ayant causé un préjudice considérable
au Commerce de cette précieuse Marchandise
, et le Roy voulant prêvenir ce désordre et
maintenir les Diamans dans leur juste valeur
S. M. fit assembler le 3. Février dernier dans son
Palais 14. Marchands des plus experts pour déliberer
sur quatre diverses propositions qui lui
avoient été faites à ce sujet. On résolut dans cette
Assemblée l'établissement d'une Compagnie , et
P'on y convint en attendant des Articles suivans.
1º. Que S. M.fera cesser tout travail aux Mines
de Diamans au Brezil , sous peine de mort.
2.Que tous les Diamans à bord des Flotes qu'on
attend de la Baye de Tous les Saints et de Rio de
Janeiro , seront portez à la Monnoye.
D
3°. Qu'on choisira des Experts pour évaluer
en présence des Proprietaires , lesdits Diamans sur
le prix qu'ils pourront valoir en Europe.
4° . Que les Proprietaires éliront entre eux neuf
Directeurs , auxquels le Roy en ajoûtera unun , et que
ceux
784 MERCURE DE FRANCE
ceux qui auront la valeur de 20000. Cruzades y
auront une voix.
5. Qu'on fournira aux Proprietaires des Obli
gations pour la valeur de leurs Effets .
6°. Qu'il leur sera permis de vendre leurs Obli
gations de la maniere qu'ils jugeront la plus convenable.
7°. Que le Roy abonnera lesdites Obligations sur
leur valeur , offrant de l'argent comptant à ceux
qui en voudront.
8°. Que tous ceux qui auront des, Diamans invendus
, seront obligez de les porter à la Monnoye ,
sous peine de confiscation .
9° . Que la Compagnie aura le Privilege d'exposer
en vente une quantité de Diamans limitée et non
assez considerable pour en alterer le prix , et qu'on
publiera d'avance le tems de la vente , afin que
les
Etrangers puissent y assister ou donner leurs ordres.
10°. Que cette vente se fera à Lisbonne , au plus
offrant et dernier encherisseur.
11°. Qu'on imprimera le compte du produit de la
vente et qu'on en payera aux Porteurs d'Obligations
le provenu à proportion de leurs interêts.
12°. Que la Compagnie aura seule le Privilege
de faire traaviller aux Mines ,selon l'occurrence des
temps , en y employant seulement 5. à 600. Escla
ves , afin que ce Commerce se soutienne.
13 ° . Qu'on accordera à ladite Compagnie tous
les avantages possibles , afin de l'encourager.
14°. Que ladite Compagnie , pour indemniser le
Roy de la fermeture des Mines , payera à S. M.
10. pour cent du profit qu'elle fera.
15º . Qu'on ne vendra rien qu'après qu'on aura
placé ce qui est hors de terre , à moins qu'il n'arrive
quelque changement considerable dans les prix
des Diamans.
AVRIL. 1734. 785
On ne doute pas que le Projet cy - dessus ne
soit inis en execution immédiatement après l'arrivée
de la Flote de la Baye de Tous les Saints ,
quoique ceux qui attendent des Diamans ayent
fait offrir 15. pour cent au Roy, pour avoir la liberté
de disposer de leurs Marchandises à leur gré..
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Résumé : PORTUGAL.
Le roi du Portugal a pris des mesures pour réguler le commerce des diamants, notamment ceux du Brésil. Le 3 février précédent, il a réuni 14 experts marchands pour délibérer sur diverses propositions visant à maintenir la valeur des diamants. Les décisions incluent l'interdiction de travailler les mines de diamants au Brésil sous peine de mort, la collecte de tous les diamants à bord des flottes en provenance de la Baye de Tous les Saints et de Rio de Janeiro pour les évaluer et les monnayer, et la création d'une compagnie chargée de gérer ce commerce. Cette compagnie aura le privilège exclusif de vendre des diamants et d'exploiter les mines avec un nombre limité d'esclaves. Les propriétaires de diamants recevront des obligations pour la valeur de leurs effets, qu'ils pourront vendre à leur convenance. Le roi abondera ces obligations et offrira de l'argent comptant à ceux qui en voudront. La vente des diamants se fera à Lisbonne au plus offrant et dernier enchérisseur, avec publication préalable des dates de vente pour permettre la participation des étrangers. La compagnie devra payer 10 % de ses profits au roi pour indemniser la fermeture des mines. Le projet doit être mis en exécution immédiatement après l'arrivée de la flotte de la Baye de Tous les Saints.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1142
p. 785-790
GRANDE BRETAGNE.
Début :
On mande de Londres, qu'un Officier de Marine, commis pour prendre de force des [...]
Mots clefs :
Chambre des communes, Roi, Prince de Nassau, Princesse de Nassau, Seigneurs, Dépenses, Honneur, Parlement, Augmentation, Grande-Bretagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
N mande de Londres , qu'un Officier de
Marine , commis pour prendre de force des
Matelots , entra dernierement à main armée avec
sa Suite chez M. Imberti , Résident de la République
de Venise,et qu'il enleva quelques Matelots
Etrangers , malgré l'opposition des Domestiques
de ce Ministre, qui en a porté ses plaintes à S. M.
Le Prince de Nassau dîna le 18 du mois dernier
chez le Chevalier Hans- Sloane , & après
avoir vu le Cabinet de ce Medecin , il se rendit
à la Societé Royale dont il fût reçû Membre le
du même mois.
24
Le 26 Mars à six heures du soir , le Prince de
Nassau, accompagné du Chevalier Clement Cotterel
Maître des cérémonies , qui étoit allé le
prendre au Palais de Sommerset dans les Carosses
du Roy , se rendit au Palais de Saint James ; le
Carosse de Sa Majesté dans lequel étoit le Prince
étoit précedé de plusieurs autres , remplis par les
Gentilshommes de sa suite , et il étoit suivi des
Carosses de la Reine , du Prince de Galles , du
DC
786 MERCURE DE FRANCE
Duc de Cumberland , et de la Princesse Royale.
Vers les huit heures , les Grands Officiers de la
Couronne , les Pairs d'Angleterre , ceux d'Ecosse
et les autres personnes de distinction , qui par
leurs charges ou par leur rang ont droit d'assister
aux Mariages des Princes et des Princesses
de la Grande Bretagne,commencerent à se mettre
en marche pour aller à la Chapelle Françoise où
ils se rendirent par une galerie qu'on avoit construite
depuis le Palais jusqu'à cette Chapelle . Le
Roy y étant arrivé un peu avant neuf heures
on celebra le Mariage de la Princesse Royale ,
avec le Prince de Nassau , et l'Evêque de Londres
leur donna la Benediction Nuptiale, au bruit
des Salves réïterées du Canon du Parc et de la
Tour.
Après la cérémonie , leurs Majestez précedées
du même cortege , retournerent au Palais avec le
Prince et la Princesse de Nassau, qui étant entrez
dans la Chambre du Roy , se mirent à genoux
devant leurs Majestez pour recevoir leur benediction
.
A onze heures , le Roy et la Famille Royale
souperent en public dans la grande chambre du
Bal Leurs Majestez étoient placées au haut de
la table sous un Dais ; à leur droite étoient le
Prince de Galles , le Duc de Cumberland , etj le
Prince de Nassau , et à la gauche , la Princesse
de Nassau , et les Princesses Amelie , Caroline ,
et Marie.
Pendant toute la nuit , il y eût des feux et
des illuminations dans les rues , et le peuple
donna de très grandes démonstrations de joye .
Aucun Pair d'Irlande n'a assisté au Mariage
de la Princesse de Nassau , parce que le Comte
de Tilney , les Vicomtes de Gallouway , Brundell
,
>
AVRIL. 1724. 787
dell , Gage , Grimston et Vane , les Lords Kingsale
, Southowel , Ranelagh , et les autres Seigneurs
Irlandois, qui étoient à Londres, n'avoient
point été invitez à se trouver à cette cérémonie
en qualité de Pairs d'Irlande , et qu'ils ont
prétendus qu'ils ne pouvoient sans déroger à
leurs prérogatives , y assister comme simples.
spectateurs , et qu'ils devoient avoir rang dans
la marche et à la Chapelle , immédiatement
après les Pairs d'Ecosse .
Le 26 , le Roy et la Reine reçûrent les Compliments
des Ministres Etrangers , des Ministres
d'Etat et des Seigneurs ; toute la Cour se rendit
ensuite chez la Princesse de Nassau qui
trouva sur sa toillette une Corbeille d'or , remplie
de fleurs , sous lesquelles il y avoit plusieurs
bijoux enrichis de diamants d'un prix
considérable , dont le Prince son Epoux lui a fait
présent.
La Chambre des Pairs s'assembla le 29 , et il
y fût résolu que les Seigneurs à Baguettes blanches
iroient feliciter le Roy de la part de la
Chambre sur le Mariage de la Princesse de
Nassau ; que les Comtes de Chesterfield , et de
Scarborough , et le Lord Hardwick porteroient
un Message à la Reine sur le même sujet , et
qu'on en envoyeroit un au Prince de Nassau , et
a la Princesse de Nassau par le Comte de Cholmondeley
, et le Lord de Lawar : on ordonna
ensuite de porter un Bill pour naturaliser le
Prince de Nassau , et le Lord Chef de Justice
de la Cour des Communs Plaidoyers fût chargé
d'en dresser le Proer
Le premier d'Avril le Roy se rendit à la
Chambre des Pairs avec les cérémonies accoûtumées
, et Sa Majesté ayant mandé la Chambre
des
788 MERCURE DE FRANCE
des Communes , donna son consentement Royal
au Bill pour naturaliser Guillaume- Charles-
Henry , Prince de Nassau .
Ce Prince doit être créé Duc de Glocester
êt îl prendra place dans la Chambre des Pairs
après les Princes du Sang.
Le 8 de ce mois , le Duc de Newcastle ICmit
de la part du Roy à la Chambre un Message
, lequel contient , que Sa Majesté a vû avec
beaucoup de plaisir le zele et l'affection que les
Seigneurs ont fait paroître dans l'Expedition des
affaires , qu'elle n'a rien plus à coeur que de voir
la Paix rétablie en Europe , et d'éviter , s'il est
possible , d'engager ses sujets dans les dépenses
et les hazards de la Guerre , et qu'elle desire en
même temps de ne donner aucune juste allarme
aux autres Nations ; qu'il est convenable de prendre
des mesures afin que les efforts de S. M. et ceux
de ses Alliez pour procurer un accommodement,
puissent avoir l'effet desiré; et afin qu'elle soit en
état de contracter et de remplir les engagemens
que l'honneur,la justice, et la prudence exigeront,
et d'empêcher que ses Royaumes ne demeurent
exposez aux insultes imprévues lorsqu'il ne lui
sera plus possible d'avoir sur le champ dans chacune
des occafions qui naîtront de la conjoncture
presente des affaires , et qui interesseront la sûreté
de la Grande Bretagne , l'avis et l'assistance
de son Parlement ; que Sa Majesté espere que le
Parlement lui fournira les secours nécessaires
pour cet effet , en ordonnant une augmentation
des forces de Terre et de mer , telle qu'il conviendra
pour l'honneur et la deffense de la nation
, que les dépenses que cette augmentation
pourra occafionner, seront faites avec le plus d'oesonomie
qu'il sera possible, et qu'il en sera remis
un
AVRIL 1734. 789
un compte devant le prochain Parlement.
Le 9 , les Seigneurs ayant deliberé sur le
Message du Roy , résolurent à la pluralité de
101 voix , contre 58 , de présenter une Adresse
à Sa Majesté pour l'assurer de leur respect et
de leur fidelité , de la reconnoissance que leur
inspirent ses soins , et son attention pour l'honneur
et la sureté de ses Etats , et de la disposi
tion où ils sont de concourir de tout leur pouvoir
à ses vues pour la Paix , et d'augmenter
les forces de la nation autant qu'il sera nécessaire
pour la mettre à couvert de toute insulte
et pour remercier Sa Majesté de la promesse
qu'Elle a faite d'ordonner qu'on remette devant
le prochain Parlement un compte des dépenses
que l'augmenration des Troupes rendra nécessaires.
¿ Le 10. Les Seigneurs présenterent leur Adresse
au Roy , qui rêpondit en ces termes : Je reçois
cette Adresse comme une grande marque de vôtre
zele, et de vôtre affection pour ma Perfonne et pour
mon Gouvernement. Je vous remercie de la confiance
que vous avez en moi , et vous pouvez
être
assurez que je ne m'en servirai que pour les fins
que vous vous proposez et avec tout l'égard possible
pour les veritables interêts de mon Peuple.
de
Le 8 Avril , la Chambre des Communes recut
par le Chancelier de l'Echiquier un Message
du Roy semblable à celui que Sa Majesté avoit
envoyé à la Chambre des Pairs , et il fut résolu
à la pluralité de 248 voix contre 147 ,
présenter une Adresse à Sa Majesté pour lui
faire de très-humbles remercimens de son application
continuelle au bien Public , et pour la
prier de faire dans les Troupes l'augmentation
qu'elle jugera nécessaire , et d'être persuadée que
H la
I
795 MERCURE DE FRANCE
la Chambre approuvera toutes les dépenses que
Sa Majesté fera pour l'honneur , l'interêt et la
deffense de ses Royaumes.
Le 12 , la Chambre alla présenter son Adresse
au Roy ; Sa Majesté y fit la réponse suivante :
Messieurs , Je vous remercie de çes assurances de
vôtre respect et de votre fidelité pour ma personne et
pour mon Gouvernement , et de la confiance que
Vous avez en moi. Je desire seulement de pouvoir
être en état de soutenir l'honneur et l'interét de ma
Couronne et de mon Peuple , et je n'employerai jamais
dans d'autres vûës le pouvoir que vous m'avez
donné.
> Le 1s on lut dans la Chambre
pour la troisiéme
fois , et l'on passa sans aucun changement
Le Bill pour accorder
une indemnité
à ceux qui
ont été obligez
de se démettre
de leurs Emplois
,
parce qu'ils n'ont pas voulu
prêter
les serments
ordinaires
.
que
La veille la Chambre des Communes délibera
en grand Commité si l'on porteroit un Bill pour
donner pouvoir au Roy de prendre les mesures
Sa Majesté jugera nécessaires à la sureté et
ala deffense de la Grande Bretagne , et de tirer
de la Caisse du fonds d'amortissement les sommes
dont Sa Majesté aura besoin pour l'augmentation
des foices de terre et de mer , et Paffirmative
l'emporta à la pluralité de 155 voix contre
60.
Le 16 , la Chambre passa le Bill pour autori
ser le Roy à employer 120000 livres sterlings ,
aux dépenses qu'exige le service de l'année coutante.
33 Signeurs ont fait inserer dans les Registres?
de la Chamb e ars ans une protestation contre
PAdresse que cente Chambre présenta le zo
au Roy au sujet du Message de Sa Majesté.
N mande de Londres , qu'un Officier de
Marine , commis pour prendre de force des
Matelots , entra dernierement à main armée avec
sa Suite chez M. Imberti , Résident de la République
de Venise,et qu'il enleva quelques Matelots
Etrangers , malgré l'opposition des Domestiques
de ce Ministre, qui en a porté ses plaintes à S. M.
Le Prince de Nassau dîna le 18 du mois dernier
chez le Chevalier Hans- Sloane , & après
avoir vu le Cabinet de ce Medecin , il se rendit
à la Societé Royale dont il fût reçû Membre le
du même mois.
24
Le 26 Mars à six heures du soir , le Prince de
Nassau, accompagné du Chevalier Clement Cotterel
Maître des cérémonies , qui étoit allé le
prendre au Palais de Sommerset dans les Carosses
du Roy , se rendit au Palais de Saint James ; le
Carosse de Sa Majesté dans lequel étoit le Prince
étoit précedé de plusieurs autres , remplis par les
Gentilshommes de sa suite , et il étoit suivi des
Carosses de la Reine , du Prince de Galles , du
DC
786 MERCURE DE FRANCE
Duc de Cumberland , et de la Princesse Royale.
Vers les huit heures , les Grands Officiers de la
Couronne , les Pairs d'Angleterre , ceux d'Ecosse
et les autres personnes de distinction , qui par
leurs charges ou par leur rang ont droit d'assister
aux Mariages des Princes et des Princesses
de la Grande Bretagne,commencerent à se mettre
en marche pour aller à la Chapelle Françoise où
ils se rendirent par une galerie qu'on avoit construite
depuis le Palais jusqu'à cette Chapelle . Le
Roy y étant arrivé un peu avant neuf heures
on celebra le Mariage de la Princesse Royale ,
avec le Prince de Nassau , et l'Evêque de Londres
leur donna la Benediction Nuptiale, au bruit
des Salves réïterées du Canon du Parc et de la
Tour.
Après la cérémonie , leurs Majestez précedées
du même cortege , retournerent au Palais avec le
Prince et la Princesse de Nassau, qui étant entrez
dans la Chambre du Roy , se mirent à genoux
devant leurs Majestez pour recevoir leur benediction
.
A onze heures , le Roy et la Famille Royale
souperent en public dans la grande chambre du
Bal Leurs Majestez étoient placées au haut de
la table sous un Dais ; à leur droite étoient le
Prince de Galles , le Duc de Cumberland , etj le
Prince de Nassau , et à la gauche , la Princesse
de Nassau , et les Princesses Amelie , Caroline ,
et Marie.
Pendant toute la nuit , il y eût des feux et
des illuminations dans les rues , et le peuple
donna de très grandes démonstrations de joye .
Aucun Pair d'Irlande n'a assisté au Mariage
de la Princesse de Nassau , parce que le Comte
de Tilney , les Vicomtes de Gallouway , Brundell
,
>
AVRIL. 1724. 787
dell , Gage , Grimston et Vane , les Lords Kingsale
, Southowel , Ranelagh , et les autres Seigneurs
Irlandois, qui étoient à Londres, n'avoient
point été invitez à se trouver à cette cérémonie
en qualité de Pairs d'Irlande , et qu'ils ont
prétendus qu'ils ne pouvoient sans déroger à
leurs prérogatives , y assister comme simples.
spectateurs , et qu'ils devoient avoir rang dans
la marche et à la Chapelle , immédiatement
après les Pairs d'Ecosse .
Le 26 , le Roy et la Reine reçûrent les Compliments
des Ministres Etrangers , des Ministres
d'Etat et des Seigneurs ; toute la Cour se rendit
ensuite chez la Princesse de Nassau qui
trouva sur sa toillette une Corbeille d'or , remplie
de fleurs , sous lesquelles il y avoit plusieurs
bijoux enrichis de diamants d'un prix
considérable , dont le Prince son Epoux lui a fait
présent.
La Chambre des Pairs s'assembla le 29 , et il
y fût résolu que les Seigneurs à Baguettes blanches
iroient feliciter le Roy de la part de la
Chambre sur le Mariage de la Princesse de
Nassau ; que les Comtes de Chesterfield , et de
Scarborough , et le Lord Hardwick porteroient
un Message à la Reine sur le même sujet , et
qu'on en envoyeroit un au Prince de Nassau , et
a la Princesse de Nassau par le Comte de Cholmondeley
, et le Lord de Lawar : on ordonna
ensuite de porter un Bill pour naturaliser le
Prince de Nassau , et le Lord Chef de Justice
de la Cour des Communs Plaidoyers fût chargé
d'en dresser le Proer
Le premier d'Avril le Roy se rendit à la
Chambre des Pairs avec les cérémonies accoûtumées
, et Sa Majesté ayant mandé la Chambre
des
788 MERCURE DE FRANCE
des Communes , donna son consentement Royal
au Bill pour naturaliser Guillaume- Charles-
Henry , Prince de Nassau .
Ce Prince doit être créé Duc de Glocester
êt îl prendra place dans la Chambre des Pairs
après les Princes du Sang.
Le 8 de ce mois , le Duc de Newcastle ICmit
de la part du Roy à la Chambre un Message
, lequel contient , que Sa Majesté a vû avec
beaucoup de plaisir le zele et l'affection que les
Seigneurs ont fait paroître dans l'Expedition des
affaires , qu'elle n'a rien plus à coeur que de voir
la Paix rétablie en Europe , et d'éviter , s'il est
possible , d'engager ses sujets dans les dépenses
et les hazards de la Guerre , et qu'elle desire en
même temps de ne donner aucune juste allarme
aux autres Nations ; qu'il est convenable de prendre
des mesures afin que les efforts de S. M. et ceux
de ses Alliez pour procurer un accommodement,
puissent avoir l'effet desiré; et afin qu'elle soit en
état de contracter et de remplir les engagemens
que l'honneur,la justice, et la prudence exigeront,
et d'empêcher que ses Royaumes ne demeurent
exposez aux insultes imprévues lorsqu'il ne lui
sera plus possible d'avoir sur le champ dans chacune
des occafions qui naîtront de la conjoncture
presente des affaires , et qui interesseront la sûreté
de la Grande Bretagne , l'avis et l'assistance
de son Parlement ; que Sa Majesté espere que le
Parlement lui fournira les secours nécessaires
pour cet effet , en ordonnant une augmentation
des forces de Terre et de mer , telle qu'il conviendra
pour l'honneur et la deffense de la nation
, que les dépenses que cette augmentation
pourra occafionner, seront faites avec le plus d'oesonomie
qu'il sera possible, et qu'il en sera remis
un
AVRIL 1734. 789
un compte devant le prochain Parlement.
Le 9 , les Seigneurs ayant deliberé sur le
Message du Roy , résolurent à la pluralité de
101 voix , contre 58 , de présenter une Adresse
à Sa Majesté pour l'assurer de leur respect et
de leur fidelité , de la reconnoissance que leur
inspirent ses soins , et son attention pour l'honneur
et la sureté de ses Etats , et de la disposi
tion où ils sont de concourir de tout leur pouvoir
à ses vues pour la Paix , et d'augmenter
les forces de la nation autant qu'il sera nécessaire
pour la mettre à couvert de toute insulte
et pour remercier Sa Majesté de la promesse
qu'Elle a faite d'ordonner qu'on remette devant
le prochain Parlement un compte des dépenses
que l'augmenration des Troupes rendra nécessaires.
¿ Le 10. Les Seigneurs présenterent leur Adresse
au Roy , qui rêpondit en ces termes : Je reçois
cette Adresse comme une grande marque de vôtre
zele, et de vôtre affection pour ma Perfonne et pour
mon Gouvernement. Je vous remercie de la confiance
que vous avez en moi , et vous pouvez
être
assurez que je ne m'en servirai que pour les fins
que vous vous proposez et avec tout l'égard possible
pour les veritables interêts de mon Peuple.
de
Le 8 Avril , la Chambre des Communes recut
par le Chancelier de l'Echiquier un Message
du Roy semblable à celui que Sa Majesté avoit
envoyé à la Chambre des Pairs , et il fut résolu
à la pluralité de 248 voix contre 147 ,
présenter une Adresse à Sa Majesté pour lui
faire de très-humbles remercimens de son application
continuelle au bien Public , et pour la
prier de faire dans les Troupes l'augmentation
qu'elle jugera nécessaire , et d'être persuadée que
H la
I
795 MERCURE DE FRANCE
la Chambre approuvera toutes les dépenses que
Sa Majesté fera pour l'honneur , l'interêt et la
deffense de ses Royaumes.
Le 12 , la Chambre alla présenter son Adresse
au Roy ; Sa Majesté y fit la réponse suivante :
Messieurs , Je vous remercie de çes assurances de
vôtre respect et de votre fidelité pour ma personne et
pour mon Gouvernement , et de la confiance que
Vous avez en moi. Je desire seulement de pouvoir
être en état de soutenir l'honneur et l'interét de ma
Couronne et de mon Peuple , et je n'employerai jamais
dans d'autres vûës le pouvoir que vous m'avez
donné.
> Le 1s on lut dans la Chambre
pour la troisiéme
fois , et l'on passa sans aucun changement
Le Bill pour accorder
une indemnité
à ceux qui
ont été obligez
de se démettre
de leurs Emplois
,
parce qu'ils n'ont pas voulu
prêter
les serments
ordinaires
.
que
La veille la Chambre des Communes délibera
en grand Commité si l'on porteroit un Bill pour
donner pouvoir au Roy de prendre les mesures
Sa Majesté jugera nécessaires à la sureté et
ala deffense de la Grande Bretagne , et de tirer
de la Caisse du fonds d'amortissement les sommes
dont Sa Majesté aura besoin pour l'augmentation
des foices de terre et de mer , et Paffirmative
l'emporta à la pluralité de 155 voix contre
60.
Le 16 , la Chambre passa le Bill pour autori
ser le Roy à employer 120000 livres sterlings ,
aux dépenses qu'exige le service de l'année coutante.
33 Signeurs ont fait inserer dans les Registres?
de la Chamb e ars ans une protestation contre
PAdresse que cente Chambre présenta le zo
au Roy au sujet du Message de Sa Majesté.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
En 1724, plusieurs événements marquants ont eu lieu en Grande-Bretagne. Un officier de marine a forcé l'entrée chez M. Imberti, Résident de la République de Venise, pour enlever des matelots étrangers. Le Prince de Nassau a été accueilli au sein de la Société Royale et a dîné chez le Chevalier Hans-Sloane. Le 26 mars, le mariage de la Princesse Royale avec le Prince de Nassau a été célébré au Palais de Saint James, en présence de la famille royale et des pairs. Aucun pair d'Irlande n'a assisté à la cérémonie en raison de l'absence d'invitation officielle. Le même jour, le roi et la reine ont reçu les compliments des ministres étrangers et des seigneurs. La Chambre des Pairs a décidé d'envoyer des félicitations au roi et à la reine pour le mariage et a approuvé un bill pour naturaliser le Prince de Nassau, qui devait devenir Duc de Gloucester. Le roi a exprimé son désir de maintenir la paix en Europe et d'augmenter les forces de terre et de mer. La Chambre des Pairs et la Chambre des Communes ont approuvé des adresses au roi pour augmenter les troupes et les dépenses nécessaires à la défense du royaume. La Chambre des Communes a également approuvé un bill pour accorder une indemnité à ceux qui ont dû démissionner de leurs emplois pour refus de prêter serment. Enfin, la Chambre des Communes a voté pour autoriser le roi à utiliser 120 000 livres sterling pour les dépenses de l'année en cours.
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1143
p. 793-798
« Le Roy a donné il y a déja quelque tems le Gouvernement de Thionville [...] »
Début :
Le Roy a donné il y a déja quelque tems le Gouvernement de Thionville [...]
Mots clefs :
Roi, Sa Majesté, Reine, Château, Musique, Camp, Régiment, Concert, Lieutenant, Chapelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Roy a donné il y a déja quelque tems le Gouvernement de Thionville [...] »
E Roy a donné il y a déja quelque
tems le Gouvernement de Thionville
à M. de Sioujeat , Lieutenant General
de ses Armées ,
Le Marquis de Montrevel que le Roy
a nommé Maréchal de Camp par la Promotion
du 20 Février , étoit Mestre de
Camp du Regiment de Cavalerie de son
nom ; ce n'est pas le Colonel du Regiment
de Rouergue.
Le Marquis de Graville a été nommé
Mestre de Camp , Lieutenant du Regiment
de Cavalerie d'Orleans ; le Chevalier
de Castelane , Mestre de Camp Lieutenant
du Regiment de Dragons d'Orleans
et M. de Saint Simon , Mestre
de Camp Lieutenant du Regiment du
Mayne .
,
,
On a établi depuis peu
à l'Hôtel
Royal des Invalides une Ecole de
Trompettes pour servir dans les Troupes
du Roy. Ceux qu'on y admettra doivent
s'engager à servir pendant six ans . Ils
seront instruits aux dépens de Sa Majesté,
H iij
et
794 MERCURE DE FRANCE
et on augmentera leur paye à proportion
des progrès qu'ils feront .
Le 21 Mars , l'Evêque d'Evreux fut
scré dans l'Eglise du Noviciat des Jesuites
, par l'Archevêque de Rouen , assisté
des Evêques de Coutances et de Metz,
et le 25 il prêta serment de fidelité entre
les mains du Roy.
Le 31 du même mois il y eur Concert à Versailles
chez la Reine . M. Destouches Sur Intendant
de la Musique du Roy , fit chanter le Prologue
et le premier Acte de l'Opera de Tarsis ev
Zelie , dont le Poëme est de M. de la Serre , et
la Musique des sieurs Rebel et Francoeur .
Les et le 7 Avril , on continua le même Opera;
sa parfaite exécution fit beaucoup de plaisirs ,
tant pour les rôles et les choeurs que pour la
Sinphonie. Sa Majesté en témoigna beaucoup
de satisfaction.
Le 11 Avril , Dimanche de la Passion , il y
eut Concert Spirituel au Château des Thuilleries,
dans lequel les Diles Erremens , Petitpas , Julie
et une autre Dlie de Province , qui n'y avoit pas
encore paru , chanterent differents Motets avec
aplaudissement ; le Concert fut terminé par le
Miserere de M. de laLande ,
Les de ce mois , M. le Marquis de
Nicolaï , Conseiller au Parlement , reçu
en survivance le 18 Decembre 1731. dans
la Charge de Premier President de la
Chambre des Comptes , ayant vingtcinq
AVRIL. 1734.. 795
cinq ans accomplis , sur la démission de
M. son pere , prit possession de sa place
en ladite Chambre où la séance fut publique
et nombreuse. Elle commença par
une Audience qui a été plaidée pendant
trois matinées par Mrs Millet et Laverdy,
Avocats au Parlement; chacun dans son
Plaidoyer , prit occasion de faire un compliment
au nouveau Premier President
sur son merite personel et sur celui de
M. son Pere et de ses Ancêtres . Il est à
remarquer que ce Magistrat nouveau reçu
est le neuviéme de sa famille.
>
Le 6 de ce mois , le Roy fit dans la
Place d'Armes qui est entre le Château
et les Ecuries la revûe des deux Compagnies
des Mousquetaires de la Garde de
Sa Majesté . Le Roy passa dans les rangs
et ensuite les vir défiler par Escadrons et
par Brigades ; les Détachements qui feront
la Campagne étoient à la tête . Après
la revûë , les deux Compagnies entrerent
dans la cour du Château , et elles défi,
lerent devant la Reine. Monseigneur le
Dauphin et Mesdames de France se trou,
verent à cette revûë à laquelle le Duc
de Chartres étoit à Cheval auprès de Sa
Majesté.
›
Le 18 Dimanche des Rameaux, le même Concert
Hiij fut
796 MERCURE DE FRANCE
fut continué , et lesau tres jours de la Semaine
Sainte, on y a exécuté differents Motets deM. de
la Lande,et d'autres Maîtres modernes , le Sieur
Jeliote dont la voix fait tant de plaisir , s'y est
distingué par plusieurs morceaux qu'il a chantés
avec beaucoup d'aplaudissemens
le ainsi que
Sr Mondonville dans l'exécution de plusieurs
Concertoqu'il a joués sur le violon d'une maniere
Très brillante. Le même Concert a été continué
Jusqu'à la fin du mois.
Les dernieres Lettres de Madrid marquent
que le Prince des Asturies étoit
presque entierement guéri de l'Opération
que le St Petit lui a faite. On ajoute que
ce Chirurgien étoit sur son départ pour
revenir à Paris , où il sera de retour le
15 du mois prochain .
Le Dimanche des Rameaux , le Roy
accompagné du Duc du Maine , du Prince
de Dombes et du Comte d'Eu , assista
dans la Chapelle du Château , à la Benediction
desPalmes qui fut faite par l'Abbé
Brosseau , Chapelain ordinaire de la Chapelle
de Musique , qui en présenta une
à Sa Majesté le Roy assista à la Procession
, et après l'Evangile il adora la
Croix . Sa Majesté entendit ensuite la
Grande Messe célébrée par le même
Chapelain , et chantée par la Musique.
La Reine entendit la même Messe dans
sa Tribune.
:
L'après
AVRIL. 1734. 797
L'après midy Leurs Majestez entendirent
la Prédication du Pere Tainturier,
de la Compagnie de Jesus , et ensuite les
Vêpres.
9
Le Jeudi Saint , le Roy entendit le
Sermon de la Cêne du P. Painchinat
Cordelier du Convent de Paris , après
quoi l'Archevêque de Tours fit l'Absoute.
Le Roy lava les pieds à douze Pauvres ,
et Sa Majesté les servit à table : le Duc
de Bourbon Grand Maître de la Maison
du Roy , à la tête des Maîtres d'Hôtel ,
précedoit le Service .Monseigneur le Dauphin
, le Comte de Clermont , le Prince
de Conty , le Prince de Dombes , le
Comte d'Eu , le Comte de Toulouze et
les principaux Officiers de Sa Majesté
portoient les plats. Après cette cérémonie
le Roy se rendit à la Chapelle du Château ,
où sa Majesté entendit la Grande Messe ,
et assista à la Procession , et ensuite aux
Vêpres. La Reine entendit l'Office dans
sa Tribune , et l'après midy , Sa Majesté
entendit le Sermon de la Cêne du Pere
Jean François , Capucin , et l'Archevêque
de Rouen , Premier Aumônier de la
Reine , ayant fait l'Absoute , Sa Majesté
lava les pieds à douze pauvres filles , et
les servit à table . Le Marquis de Chamarande
, Premier Maître d'Hôtel de Sa
Hy Ma798
MERCURE DE FRANCE
•
Majesté précedoit leService dont les plats
étoient portez par les Princesses du Sang ,
par les Dames du Palais et par d'autres
Dames de la Cour .
:
Le Vendredy Saint , le Roy et la Reine
entendirent le Sermon de la Passion du
Pere Tainturier, de la Compagnie de Jesus
le Roy assista ensuite à l'Office , et
alla à l'Adoration de la Croix : la Reine
entendit l'Office dans la Tribune . Le soir
Leurs Majestez assistérent à l'Office des
Ténébres, qui fut chanté par la Musique .
Le Samedy Saint , le Roy revêtu du
Grand Collier de l'Ordre du Saint Esprit,
se rendità l'Eglise de la Paroisse du Château
, où Sa Majesté communia par les
mains du Cardinal de Rohan Grand
Aumônier de France. Le Roy toucha ensuite
un grand nombre de malades .
,
"
Le soir Leurs Majestez accompagnées
de Monseigneur le Dauphin et de Mesdames
de France assistérent dans la
Chapelle du Château aux Complies , et
au Salut , pendant lequel l'O Filii fut
chanté par la Musique.
tems le Gouvernement de Thionville
à M. de Sioujeat , Lieutenant General
de ses Armées ,
Le Marquis de Montrevel que le Roy
a nommé Maréchal de Camp par la Promotion
du 20 Février , étoit Mestre de
Camp du Regiment de Cavalerie de son
nom ; ce n'est pas le Colonel du Regiment
de Rouergue.
Le Marquis de Graville a été nommé
Mestre de Camp , Lieutenant du Regiment
de Cavalerie d'Orleans ; le Chevalier
de Castelane , Mestre de Camp Lieutenant
du Regiment de Dragons d'Orleans
et M. de Saint Simon , Mestre
de Camp Lieutenant du Regiment du
Mayne .
,
,
On a établi depuis peu
à l'Hôtel
Royal des Invalides une Ecole de
Trompettes pour servir dans les Troupes
du Roy. Ceux qu'on y admettra doivent
s'engager à servir pendant six ans . Ils
seront instruits aux dépens de Sa Majesté,
H iij
et
794 MERCURE DE FRANCE
et on augmentera leur paye à proportion
des progrès qu'ils feront .
Le 21 Mars , l'Evêque d'Evreux fut
scré dans l'Eglise du Noviciat des Jesuites
, par l'Archevêque de Rouen , assisté
des Evêques de Coutances et de Metz,
et le 25 il prêta serment de fidelité entre
les mains du Roy.
Le 31 du même mois il y eur Concert à Versailles
chez la Reine . M. Destouches Sur Intendant
de la Musique du Roy , fit chanter le Prologue
et le premier Acte de l'Opera de Tarsis ev
Zelie , dont le Poëme est de M. de la Serre , et
la Musique des sieurs Rebel et Francoeur .
Les et le 7 Avril , on continua le même Opera;
sa parfaite exécution fit beaucoup de plaisirs ,
tant pour les rôles et les choeurs que pour la
Sinphonie. Sa Majesté en témoigna beaucoup
de satisfaction.
Le 11 Avril , Dimanche de la Passion , il y
eut Concert Spirituel au Château des Thuilleries,
dans lequel les Diles Erremens , Petitpas , Julie
et une autre Dlie de Province , qui n'y avoit pas
encore paru , chanterent differents Motets avec
aplaudissement ; le Concert fut terminé par le
Miserere de M. de laLande ,
Les de ce mois , M. le Marquis de
Nicolaï , Conseiller au Parlement , reçu
en survivance le 18 Decembre 1731. dans
la Charge de Premier President de la
Chambre des Comptes , ayant vingtcinq
AVRIL. 1734.. 795
cinq ans accomplis , sur la démission de
M. son pere , prit possession de sa place
en ladite Chambre où la séance fut publique
et nombreuse. Elle commença par
une Audience qui a été plaidée pendant
trois matinées par Mrs Millet et Laverdy,
Avocats au Parlement; chacun dans son
Plaidoyer , prit occasion de faire un compliment
au nouveau Premier President
sur son merite personel et sur celui de
M. son Pere et de ses Ancêtres . Il est à
remarquer que ce Magistrat nouveau reçu
est le neuviéme de sa famille.
>
Le 6 de ce mois , le Roy fit dans la
Place d'Armes qui est entre le Château
et les Ecuries la revûe des deux Compagnies
des Mousquetaires de la Garde de
Sa Majesté . Le Roy passa dans les rangs
et ensuite les vir défiler par Escadrons et
par Brigades ; les Détachements qui feront
la Campagne étoient à la tête . Après
la revûë , les deux Compagnies entrerent
dans la cour du Château , et elles défi,
lerent devant la Reine. Monseigneur le
Dauphin et Mesdames de France se trou,
verent à cette revûë à laquelle le Duc
de Chartres étoit à Cheval auprès de Sa
Majesté.
›
Le 18 Dimanche des Rameaux, le même Concert
Hiij fut
796 MERCURE DE FRANCE
fut continué , et lesau tres jours de la Semaine
Sainte, on y a exécuté differents Motets deM. de
la Lande,et d'autres Maîtres modernes , le Sieur
Jeliote dont la voix fait tant de plaisir , s'y est
distingué par plusieurs morceaux qu'il a chantés
avec beaucoup d'aplaudissemens
le ainsi que
Sr Mondonville dans l'exécution de plusieurs
Concertoqu'il a joués sur le violon d'une maniere
Très brillante. Le même Concert a été continué
Jusqu'à la fin du mois.
Les dernieres Lettres de Madrid marquent
que le Prince des Asturies étoit
presque entierement guéri de l'Opération
que le St Petit lui a faite. On ajoute que
ce Chirurgien étoit sur son départ pour
revenir à Paris , où il sera de retour le
15 du mois prochain .
Le Dimanche des Rameaux , le Roy
accompagné du Duc du Maine , du Prince
de Dombes et du Comte d'Eu , assista
dans la Chapelle du Château , à la Benediction
desPalmes qui fut faite par l'Abbé
Brosseau , Chapelain ordinaire de la Chapelle
de Musique , qui en présenta une
à Sa Majesté le Roy assista à la Procession
, et après l'Evangile il adora la
Croix . Sa Majesté entendit ensuite la
Grande Messe célébrée par le même
Chapelain , et chantée par la Musique.
La Reine entendit la même Messe dans
sa Tribune.
:
L'après
AVRIL. 1734. 797
L'après midy Leurs Majestez entendirent
la Prédication du Pere Tainturier,
de la Compagnie de Jesus , et ensuite les
Vêpres.
9
Le Jeudi Saint , le Roy entendit le
Sermon de la Cêne du P. Painchinat
Cordelier du Convent de Paris , après
quoi l'Archevêque de Tours fit l'Absoute.
Le Roy lava les pieds à douze Pauvres ,
et Sa Majesté les servit à table : le Duc
de Bourbon Grand Maître de la Maison
du Roy , à la tête des Maîtres d'Hôtel ,
précedoit le Service .Monseigneur le Dauphin
, le Comte de Clermont , le Prince
de Conty , le Prince de Dombes , le
Comte d'Eu , le Comte de Toulouze et
les principaux Officiers de Sa Majesté
portoient les plats. Après cette cérémonie
le Roy se rendit à la Chapelle du Château ,
où sa Majesté entendit la Grande Messe ,
et assista à la Procession , et ensuite aux
Vêpres. La Reine entendit l'Office dans
sa Tribune , et l'après midy , Sa Majesté
entendit le Sermon de la Cêne du Pere
Jean François , Capucin , et l'Archevêque
de Rouen , Premier Aumônier de la
Reine , ayant fait l'Absoute , Sa Majesté
lava les pieds à douze pauvres filles , et
les servit à table . Le Marquis de Chamarande
, Premier Maître d'Hôtel de Sa
Hy Ma798
MERCURE DE FRANCE
•
Majesté précedoit leService dont les plats
étoient portez par les Princesses du Sang ,
par les Dames du Palais et par d'autres
Dames de la Cour .
:
Le Vendredy Saint , le Roy et la Reine
entendirent le Sermon de la Passion du
Pere Tainturier, de la Compagnie de Jesus
le Roy assista ensuite à l'Office , et
alla à l'Adoration de la Croix : la Reine
entendit l'Office dans la Tribune . Le soir
Leurs Majestez assistérent à l'Office des
Ténébres, qui fut chanté par la Musique .
Le Samedy Saint , le Roy revêtu du
Grand Collier de l'Ordre du Saint Esprit,
se rendità l'Eglise de la Paroisse du Château
, où Sa Majesté communia par les
mains du Cardinal de Rohan Grand
Aumônier de France. Le Roy toucha ensuite
un grand nombre de malades .
,
"
Le soir Leurs Majestez accompagnées
de Monseigneur le Dauphin et de Mesdames
de France assistérent dans la
Chapelle du Château aux Complies , et
au Salut , pendant lequel l'O Filii fut
chanté par la Musique.
Fermer
Résumé : « Le Roy a donné il y a déja quelque tems le Gouvernement de Thionville [...] »
En 1734, plusieurs événements militaires et religieux marquants ont eu lieu. Le roi a nommé M. de Sioujeat gouverneur de Thionville, Lieutenant Général de ses armées. Le Marquis de Montrevel a été promu Maréchal de Camp et était Maître de Camp du Régiment de Cavalerie du roi, sans être Colonel du Régiment de Rouergue. Le Marquis de Graville a été désigné Maître de Camp Lieutenant du Régiment de Cavalerie d'Orléans, le Chevalier de Castelane Maître de Camp Lieutenant du Régiment de Dragons d'Orléans, et M. de Saint Simon Maître de Camp Lieutenant du Régiment du Mayne. Une École de Trompettes a été établie à l'Hôtel Royal des Invalides pour servir dans les troupes du roi. Les trompettes y sont formés aux frais de Sa Majesté et reçoivent une augmentation de salaire proportionnelle à leurs progrès. Le 21 mars, l'Évêque d'Évreux a été sacré dans l'Église du Noviciat des Jésuites par l'Archevêque de Rouen, assisté des Évêques de Coutances et de Metz. Le 25 mars, il a prêté serment de fidélité au roi. Le 31 mars, un concert a eu lieu à Versailles chez la Reine, où M. Destouches, Surintendant de la Musique du roi, a fait chanter le prologue et le premier acte de l'opéra 'Tarsis et Zélie'. Les 6 et 7 avril, l'opéra a été continué, suscitant une grande satisfaction royale. Le 11 avril, un concert spirituel a été donné au Château des Tuileries, avec des motets chantés par les demoiselles Erremens, Petitpas, Julie et une autre chanteuse de province. Le concert s'est terminé par le 'Miserere' de M. de Lalande. Le Marquis de Nicolaï a pris possession de la charge de Premier Président de la Chambre des Comptes le 7 avril, après la démission de son père. Le 6 avril, le roi a passé en revue les Mousquetaires de la Garde à la Place d'Armes. Le 18 avril, un concert a été continué pendant la Semaine Sainte, avec des motets de M. de Lalande et d'autres maîtres modernes. Les lettres de Madrid indiquent que le Prince des Asturies était presque guéri d'une opération. Le roi a assisté à diverses cérémonies religieuses durant la Semaine Sainte, incluant la bénédiction des palmes, la messe, les vêpres, et le lavement des pieds. Le Vendredi Saint, le roi et la reine ont assisté au sermon de la Passion. Le Samedi Saint, le roi a communié et touché un grand nombre de malades.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1144
p. 804-810
RECEPTION de M. le Marquis de Villars à Marseille en qualité de Gouverneur de Provence. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 22 Mars 1734.
Début :
M. le Marquis de Villars arriva à Marseille le quinze de ce mois. La Noblesse [...]
Mots clefs :
Marquis de Villars, Gouverneur de Provence, Marquis de Pilles, Gardes, Noblesse, Marseille, Marche, Distinction, Musique, Souper
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RECEPTION de M. le Marquis de Villars à Marseille en qualité de Gouverneur de Provence. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 22 Mars 1734.
RECEPTION de M. le Marquis
de Villars à Marseille en qualité de Gouverneur
de Provence. Extrait d'une Lettre
écrite de cette Ville le 22 Mars 1734.
M. le Marquis de Villars arriva à
Marseille le quinze de ce mois. La Noblesse
étoit allée audevant de lui jusqu'aux
confins du Territoire , ayant à
sa tête le Marquis de Pilles , Gouverneur-
Vignier de Marseille , qui eût l'honneur
de présenter tous les Gentilshommes ,
qui l'avoient suivi , et qui furent reçus
de la maniere du monde la plus gracieuse .
Le Marquis de Villars monta ensuite
sur un très - beau Cheval du Marquis de
Pilles , superbement harnaché , suivi de
la
AVRIL. 1734. 805
la Noblesse , et précedé de la Compagnie
de ses Gardes . Il arriva ainsi au lieu de
la Viste , marqué pour la réception que
devoient lui faire les Echevins de Mar-
'seille. Ce Lieu est remarquable par sa
situation élevée et qui offre une veuë
toute charmante , par la multiplicité des
différents objets de Terre et de Mer , qui
font ensemble une Perspective enchantée.
C'est- là que le Marquis de Pilles s'étant
mis à la tête des Echevins et les ayant
présentez au Gouverneur , l'Orateur harangua
au nom de la Ville , on tira en
même tems quantité de Boëtes , et on fit
plusieurs Salves de Mousqueterie.
>
On se remit en marche au milieu
d'une foule innombrable de peuple , accouru
de toutes parts , et on arriva aux
Portes de la Ville . Le Marquis de Villars
précedé de sa Maison , de ses Gardes et
de la Noblesse , avoit à sa droite le Marquis
de Pilles , et le premier Echevin à
sa gauche les autres Echevins étoient
derriere lui avec son Capitaine des Gardes,
suivis duCorps de Ville et des PrincipauxBourgeois
et Négocians deMarseille.
C'est avec ce Cortége qu'il entra dans
la Ville par la Porte Royale, qu'on avoit
ornée d'un fort bel Arc de Triomphe
d'ordre Corinthien. Au milieu du Frontispi806
MERCURE DE FRANCE
tispice étoit l'Ecu des Armes du Marquis
de Villars , et au bas de l'Arc de Triomphe
couloient deux Fontaines de vin .
Le Marquis de Pilles lui présenta alors,
´en qualité de Gouverneur - Viguier , les
Clefs de la Ville. C'étoient les mêmes
Clef d'or que son Bisayeul avoit eû
l'honneur de présenter à Louis XIV , le
2 Mars de l'année 1660. et que ce grand
Prince lui rendit, en lui disant:M. de Pilles
gardez ces Clefs , elles sont bien entre vos
mains. Les Ech vins présenterent ensuite
le Dais que le Gouverneur refusa.
,
-
La marche fut continuée jusqu'à l'Eglise
Cathedrale au milieu d'une double haye,
formée par les quatre Compagnies Bourgeoises
de la Ville de cent hommes chacune
, bien armez et très
proprement
habillez . Durant la marche deux Officiers
du Marquis deVillars jettoient de l'argent
au Peuple , et les Trompertes , les Tambours
et les Hautbois ne cessérent de se
faire entendre.
M. l'Evêque de Marseille l'ayant reçu
et complimenté à la tête de son Chapi
tre , il le conduisit jusqu'au Prie- Dieu
qui lui avoit été preparé dans le Sanc-
* La seule Ville de Marseille présente des Clefs
d'or. Voyez la raison de cette distinction dans le
Mercure d'Avril 1723. p. 696.
tuaire .
AVRIL. 1734 807 .
.
tuaire. Le Te Deum fut ensuite solemnellement
chanté par la Musique de la
Cathédrale ; le Choeur et le reste de l'Eglise
étant magnifiquement ornez.
Au sortir de cette cérémonie le Marquis
de Villars ,suivi du même Cortége ,
se rendit à l'Hôtel Le M. Le Bret , Conseiller
d'Etat , Premier Président du Parlement
, Intendant de Justice et du Commerce
, et Commandant en Provence . Il
remercia là le Marquis de Pilles et toute
la Noblesse qui l'avoit suivi pour se reti
rer dans son Appartement , où il reçut
peu de tems après la visite de l'Evêque
de Marseille , et les complimens des différents
Corps et Jurisdictions de la Ville.
Peu de tems après il se rendit dans la
Sale de l'Académie de Musique pour entendre
le Concert . Il trouva un magnifique
Fauteuil avec un tapis de pied placé
dans la Galerie , qui regne autour de
cette Sale ; mais comme il y avoit beaucoup
de Dames, et qu'il n'y avoit que ce
seul Fauteuil , le Marquis de Villars ne
voulut point l'occuper , il se plaça au milieu
des Principales Dames de la Ville
dans le bas de la Sale .
Après le Concert il alla à pied , précedé
de ses Gardes et suivi de la Noblesse,
souper chez le Chevalier de Pilles, Capitaine
868 MERCURE DE FRANCE
taine de Galeres , et exerçant la Charge
de Gouverneur-Viguier pendant la minorité
du Marquis de Pilles son neveu .
Toute la Maison étoit extraordinairement
éclairée en dedans et en dehors : plus de
cent personnes de distinction y souperent.
La premiere table fut servie pour
le Marquis de Villars qui y fit placer
vingt-quatre Dames. Les autres Dames
souperent à deux autres Tables avec les
principaux Gentilhommes de la Ville et
de la Province ; tout fut servi avec la
délicatesse , le bon gout , et l'ordre qui
se rencontrent rarement avec la profusion
et le grand Monde . On admira sur tout
a magnificence du Fruit qui fut tout servi
en Porcelaines rares , et en cristaux .
Le souper fut suivi du Jeu et d'un Bal.
Le lendemain matin le Marquis de
Villars fut occupé à recevoir les Corps
des Communautez Religieuses , qui vin.
rent le complimenter , et qui furent
traitées avec toute la politesse et toute la
distinction possible . Il retourna diner
chez le Chevalier de Pilles . Ce diner répondit
parfaitement au soupé de la veille
et la joye y fut entiere. On y but plusieurs
fois avec les meilleurs vins de
France , la santé du Marêchal Duc de
Villars et la sienne..
Sur
AVRIL. 1734- 805
و
Sur la fin du Repas arriveren tles
Prudhommes du Quartier S. Jean , Cefs
et Juges du Corps des Pescheurs de la
Ville avec leurs habits de cérémonie à
l'Antiquité , l'épée nue sur l'épaule , appareil
assez singulier qui ne déplût pas
au Marquis de Villars il les reçût avec
beaucoup de bonté , loüa leur probité ,
leur exacte et briéve justice.
:
Il alla ensuite à la Comédie , dont il
vit la Représentation sur le Theatre , où
étoient aussi placées avec lui trente des
principales Dames de la Ville . Le Spectacle
étoit des plus brillants par les ornemens
extraordinaires et par le beau
Monde, La Sale étoit absolument touse
remplie.
Je ne finirois point s'il falloit ajouter
ici le détail du souper , que donna le
Biême jour au Marquis de Villars Monsieur
d'Hericourt , Intendant des Galeres ,
de celui que lui donna le lendemain M. de
S. Cannat , de la Fête et du Bal qu'il y
cut dans la Sale de l'Académie de Musique
, établie à Marseille sous la protection
particuliere du Gouverneur de la
Province. Tout fut magnifique et somptueux
par tout où il fut receu , et ce Seigneur
donna tout des marques
par tout de politesse
et de bonté , qui l'ont fait adorer
ence pays- cy.
810 MERCURE DE FRANCE .
I le quitta après avoir séjourné deux
jours et demi , témoignant autant d'empressement
d'y revenir que nous en avons
nous mêmes de le posseder un plus longtems.
Il partit hier pour Toulon suivi
du Marquis de Rognes , Premier Procureur
des Etats et Pays de Provence , du
Marquis de Pilles , qui l'accompagne en
Italie , pour servir en qualité d Ayde de
Camp du Maréchal de Villars , du Marquis
de Foresta , du Comte de Flotte et
de plusieurs autres Gentilhommes qualifiez
de la Province.
de Villars à Marseille en qualité de Gouverneur
de Provence. Extrait d'une Lettre
écrite de cette Ville le 22 Mars 1734.
M. le Marquis de Villars arriva à
Marseille le quinze de ce mois. La Noblesse
étoit allée audevant de lui jusqu'aux
confins du Territoire , ayant à
sa tête le Marquis de Pilles , Gouverneur-
Vignier de Marseille , qui eût l'honneur
de présenter tous les Gentilshommes ,
qui l'avoient suivi , et qui furent reçus
de la maniere du monde la plus gracieuse .
Le Marquis de Villars monta ensuite
sur un très - beau Cheval du Marquis de
Pilles , superbement harnaché , suivi de
la
AVRIL. 1734. 805
la Noblesse , et précedé de la Compagnie
de ses Gardes . Il arriva ainsi au lieu de
la Viste , marqué pour la réception que
devoient lui faire les Echevins de Mar-
'seille. Ce Lieu est remarquable par sa
situation élevée et qui offre une veuë
toute charmante , par la multiplicité des
différents objets de Terre et de Mer , qui
font ensemble une Perspective enchantée.
C'est- là que le Marquis de Pilles s'étant
mis à la tête des Echevins et les ayant
présentez au Gouverneur , l'Orateur harangua
au nom de la Ville , on tira en
même tems quantité de Boëtes , et on fit
plusieurs Salves de Mousqueterie.
>
On se remit en marche au milieu
d'une foule innombrable de peuple , accouru
de toutes parts , et on arriva aux
Portes de la Ville . Le Marquis de Villars
précedé de sa Maison , de ses Gardes et
de la Noblesse , avoit à sa droite le Marquis
de Pilles , et le premier Echevin à
sa gauche les autres Echevins étoient
derriere lui avec son Capitaine des Gardes,
suivis duCorps de Ville et des PrincipauxBourgeois
et Négocians deMarseille.
C'est avec ce Cortége qu'il entra dans
la Ville par la Porte Royale, qu'on avoit
ornée d'un fort bel Arc de Triomphe
d'ordre Corinthien. Au milieu du Frontispi806
MERCURE DE FRANCE
tispice étoit l'Ecu des Armes du Marquis
de Villars , et au bas de l'Arc de Triomphe
couloient deux Fontaines de vin .
Le Marquis de Pilles lui présenta alors,
´en qualité de Gouverneur - Viguier , les
Clefs de la Ville. C'étoient les mêmes
Clef d'or que son Bisayeul avoit eû
l'honneur de présenter à Louis XIV , le
2 Mars de l'année 1660. et que ce grand
Prince lui rendit, en lui disant:M. de Pilles
gardez ces Clefs , elles sont bien entre vos
mains. Les Ech vins présenterent ensuite
le Dais que le Gouverneur refusa.
,
-
La marche fut continuée jusqu'à l'Eglise
Cathedrale au milieu d'une double haye,
formée par les quatre Compagnies Bourgeoises
de la Ville de cent hommes chacune
, bien armez et très
proprement
habillez . Durant la marche deux Officiers
du Marquis deVillars jettoient de l'argent
au Peuple , et les Trompertes , les Tambours
et les Hautbois ne cessérent de se
faire entendre.
M. l'Evêque de Marseille l'ayant reçu
et complimenté à la tête de son Chapi
tre , il le conduisit jusqu'au Prie- Dieu
qui lui avoit été preparé dans le Sanc-
* La seule Ville de Marseille présente des Clefs
d'or. Voyez la raison de cette distinction dans le
Mercure d'Avril 1723. p. 696.
tuaire .
AVRIL. 1734 807 .
.
tuaire. Le Te Deum fut ensuite solemnellement
chanté par la Musique de la
Cathédrale ; le Choeur et le reste de l'Eglise
étant magnifiquement ornez.
Au sortir de cette cérémonie le Marquis
de Villars ,suivi du même Cortége ,
se rendit à l'Hôtel Le M. Le Bret , Conseiller
d'Etat , Premier Président du Parlement
, Intendant de Justice et du Commerce
, et Commandant en Provence . Il
remercia là le Marquis de Pilles et toute
la Noblesse qui l'avoit suivi pour se reti
rer dans son Appartement , où il reçut
peu de tems après la visite de l'Evêque
de Marseille , et les complimens des différents
Corps et Jurisdictions de la Ville.
Peu de tems après il se rendit dans la
Sale de l'Académie de Musique pour entendre
le Concert . Il trouva un magnifique
Fauteuil avec un tapis de pied placé
dans la Galerie , qui regne autour de
cette Sale ; mais comme il y avoit beaucoup
de Dames, et qu'il n'y avoit que ce
seul Fauteuil , le Marquis de Villars ne
voulut point l'occuper , il se plaça au milieu
des Principales Dames de la Ville
dans le bas de la Sale .
Après le Concert il alla à pied , précedé
de ses Gardes et suivi de la Noblesse,
souper chez le Chevalier de Pilles, Capitaine
868 MERCURE DE FRANCE
taine de Galeres , et exerçant la Charge
de Gouverneur-Viguier pendant la minorité
du Marquis de Pilles son neveu .
Toute la Maison étoit extraordinairement
éclairée en dedans et en dehors : plus de
cent personnes de distinction y souperent.
La premiere table fut servie pour
le Marquis de Villars qui y fit placer
vingt-quatre Dames. Les autres Dames
souperent à deux autres Tables avec les
principaux Gentilhommes de la Ville et
de la Province ; tout fut servi avec la
délicatesse , le bon gout , et l'ordre qui
se rencontrent rarement avec la profusion
et le grand Monde . On admira sur tout
a magnificence du Fruit qui fut tout servi
en Porcelaines rares , et en cristaux .
Le souper fut suivi du Jeu et d'un Bal.
Le lendemain matin le Marquis de
Villars fut occupé à recevoir les Corps
des Communautez Religieuses , qui vin.
rent le complimenter , et qui furent
traitées avec toute la politesse et toute la
distinction possible . Il retourna diner
chez le Chevalier de Pilles . Ce diner répondit
parfaitement au soupé de la veille
et la joye y fut entiere. On y but plusieurs
fois avec les meilleurs vins de
France , la santé du Marêchal Duc de
Villars et la sienne..
Sur
AVRIL. 1734- 805
و
Sur la fin du Repas arriveren tles
Prudhommes du Quartier S. Jean , Cefs
et Juges du Corps des Pescheurs de la
Ville avec leurs habits de cérémonie à
l'Antiquité , l'épée nue sur l'épaule , appareil
assez singulier qui ne déplût pas
au Marquis de Villars il les reçût avec
beaucoup de bonté , loüa leur probité ,
leur exacte et briéve justice.
:
Il alla ensuite à la Comédie , dont il
vit la Représentation sur le Theatre , où
étoient aussi placées avec lui trente des
principales Dames de la Ville . Le Spectacle
étoit des plus brillants par les ornemens
extraordinaires et par le beau
Monde, La Sale étoit absolument touse
remplie.
Je ne finirois point s'il falloit ajouter
ici le détail du souper , que donna le
Biême jour au Marquis de Villars Monsieur
d'Hericourt , Intendant des Galeres ,
de celui que lui donna le lendemain M. de
S. Cannat , de la Fête et du Bal qu'il y
cut dans la Sale de l'Académie de Musique
, établie à Marseille sous la protection
particuliere du Gouverneur de la
Province. Tout fut magnifique et somptueux
par tout où il fut receu , et ce Seigneur
donna tout des marques
par tout de politesse
et de bonté , qui l'ont fait adorer
ence pays- cy.
810 MERCURE DE FRANCE .
I le quitta après avoir séjourné deux
jours et demi , témoignant autant d'empressement
d'y revenir que nous en avons
nous mêmes de le posseder un plus longtems.
Il partit hier pour Toulon suivi
du Marquis de Rognes , Premier Procureur
des Etats et Pays de Provence , du
Marquis de Pilles , qui l'accompagne en
Italie , pour servir en qualité d Ayde de
Camp du Maréchal de Villars , du Marquis
de Foresta , du Comte de Flotte et
de plusieurs autres Gentilhommes qualifiez
de la Province.
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Résumé : RECEPTION de M. le Marquis de Villars à Marseille en qualité de Gouverneur de Provence. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 22 Mars 1734.
Le 15 mars 1734, le Marquis de Villars arriva à Marseille pour prendre ses fonctions de Gouverneur de Provence. Il fut accueilli par la noblesse, dirigée par le Marquis de Pilles, Gouverneur-Viguier de Marseille, aux confins du territoire. Le Marquis de Villars monta un cheval superbement harnaché fourni par le Marquis de Pilles et fut escorté jusqu'à un lieu de visite élevé offrant une vue charmante. Là, le Marquis de Pilles présenta les échevins au Gouverneur, qui fut harangué au nom de la ville, tandis que des salves de mousqueterie étaient tirées. La procession continua vers Marseille, accompagnée par une foule innombrable. Le Marquis de Villars entra dans la ville par la Porte Royale, ornée d'un arc de triomphe corinthien avec les armes du Marquis et deux fontaines de vin. Le Marquis de Pilles lui remit les clefs d'or de la ville, les mêmes que son aïeul avait présentées à Louis XIV en 1660. Les échevins offrirent ensuite un dais, que le Gouverneur refusa. La marche se poursuivit jusqu'à la cathédrale, flanquée de compagnies bourgeoises armées. Durant la marche, des officiers jetaient de l'argent au peuple et des musiciens jouaient. À la cathédrale, l'évêque de Marseille accueillit le Marquis de Villars, qui assista au Te Deum. Après la cérémonie, il se rendit à l'hôtel du Conseiller d'État Le Bret, où il remercia le Marquis de Pilles et la noblesse. Le Marquis de Villars se rendit ensuite à l'Académie de Musique, puis soupa chez le Chevalier de Pilles. Le lendemain, il reçut les corps des communautés religieuses et dina à nouveau chez le Chevalier de Pilles. Il assista également à une représentation théâtrale et à divers soupers et bals donnés en son honneur. Après un séjour de deux jours et demi, le Marquis de Villars quitta Marseille pour Toulon, accompagné de plusieurs gentilshommes de la province.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1145
p. 810-819
ENTRÉE SOLEMNELLE de M. l'Evêque d'Orleans, faite le 2 Mars 1734.
Début :
Le Mardy deuxiéme jour de Mars, M. Nicolas Joseph de Paris, Evêque d'Orleans, fit sa nouvelle [...]
Mots clefs :
Évêque d'Orléans, Nouvel évêque, Entrée solennelle, Joyeuse entrée, Officiers de la bourgeoisie, Cathédrale, Église, Prélat, Abbaye, Chanoines, Bailliage et siège présidial
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texteReconnaissance textuelle : ENTRÉE SOLEMNELLE de M. l'Evêque d'Orleans, faite le 2 Mars 1734.
ENTRE E SOLEMNELLE
de M. l'Evêque d'Orleans , faite le 2
Mars 1734.
Le Mardy deuxième jour de Mars, M. Nicolas
Joseph de Paris , Evêque d'Orleans , fit sa nouvelle
er joyeuse Entrée dans sa Ville Episcopale
et dans son Eglise , avec les cérémonies observées
sous les Evêques ses Prédecesseurs , dont
voici le détail.
Ce Prélat suivant l'ancien usage se rendit la
surveille à la Cour Dieu , Abbaye de l'Ordre de
Citeaux dans la Forêt d'Orleans , à six lieues de
cette Vile , il avoit avec lui son Official , son
Promoteur , le Bailly et es autres Officiers de
sa Justice temporelle , le Syndic et un autre
Chano ne député de la Cathédrale , qui l'ont
accompagné dans toutes les cérémonies. Il fut
reçu à a Porte et en dehors de l'Abbaye par le
Prieur
AVRIL. 1734 811
Prieur à la tête de ses Religieux en Chapes , qui
le conduisirent à l'eglise , où après avoir fait sa
priere il donna la Benediction , i se retira ensuite
dans l'Hôtel Abbatial , où on lui avoit pipare à
souper pour lui et pour sa suite. L'Abbaye de
la Cour Dieu est tenue à ce souper par le droit
de Procuration ou de Giste qu'ont sur elle les
nouveaux Evêques d'Orleans à l'occasion de
lenr Entrée. "
Le lendemain après le déjeuner le nouvel Evê
que partit pour Orleans , et arriva dans l'aprèsdîuer
à S. Loup, Abbaye de filles de l'Ordre de
S. Bernard , à un quart de lieue seulement de la
Vilie , où il fit la visite de la Maison ; il y cut
à ce sujet quelques contestations , sur les représentations
de l'Abbesse qui demeurant d'accord
que l'Evêque comme Ordinaire, pouvoit, quand il
vouloit, faire sa visite, prétendoit que cette visite
ne pouvoit être faite en veue et par rapport à
son Entrée , qui ne l'obligcoit ni son Abbaye à
aucune servitu le, et de fait on ne présenta point
Ja collation que les Abbesses précedentes avoient
offerte et chacun verbalisa de son côté.
·D S. Loup le nouvel Evêque arriva sur le soir
P'Abbaye de S Euverte de l'Ordre de S. Augustin
, dont les Chanoines - Réguliers sont de la
Congrégation de France , situez dans la Ville.
Il fut reçu par le Prieur et les Religieux de la
Maison avec les mêmes cérémonies qu'à la
Cour Dieu . On avoit preparé, dans la Maison
Abbatiale de la part de l'Abbé un grand souper
qu'on lui offrit , après toutefois qu'il eut accepté
Fancienne redevance de deux oeufs frais qui est
tout ce que les Abbez de S. Euverte se croyent
obligez de présenter aux nouveaux Evêques dans
ces occasions , et qu'on cut averti qu'on avoit
fair
812 MERCURE DE FRANCE
fait mettre du foin dans l'Ecurie pour sa Mule
sous les protestations en outre que le repas offert
étant par honneur et volontaire , il ne pourroit
nuire aux Abbez ses Successeurs.
Le Mardy 2 Mars jour de l'Entrée , dès les
six heures du matin le nouvel Evêque accompa
gné comme la veille et ayant avec lui les Garde
du Gouvernement, fut conduit par les Religieux
à l'Eglise , où après sa priere faite , on le dé
chaussa et on lui mit des sandales ; on le revêtit
ensuite d'un Aube et d'une Etole blanche on
lui mit sur la tête une Mitre blanche unie et sa
Crosse fut couverte d'un taffetas blanc. Jusquesici
ce Prélat avoit toujours été en Rochet et en
Mantelet.
"
En sortant du Choeur de S. Euverte , le Recteur
de l'Université à la tête des Docteurs et des
Officiers de ce Corps , eut l'honneur de compli
menter ce Prélat , après quoi ils se retirerent sans
assister à la Procession , et cela à cause du rang
que les Chanoines des deux Collegiales de Saint
Pierre Empont et de S. Pierre le Puellier venoient
d'obtenir sur eux par Arrest contradictoire rendu
au Parlement le dernier jour de Décembre.
Le Maire et les Echevins en Robbes rouges,
à la tête du Corps de Ville et des Officiers de la
Bourgeoisie, se présenterent ensuite , le Maire et
leCommandant de la Bourgeoisie le complimenterent
, après quoi l'Evêque alla se mettre debout,
les mains jointes, sur le süeil de la porte, en
dehors de l'Abbaye,d'où il vit arriver son Clergé
qui le venoit prendre .
La marche commença par les Pauvres de l'Hô
pital , de l'un et de l'autre sexe , conduits par les
Administrateurs accompagnez de leurs Appariteurs
; suivoient les Communautez Religieuses ,
les
AVRIL 1734- 813
les Minîmes , les Capucins , les Recollets , les
Jacobins , les Augustins et les Carmes anciens.
Tous les Ecclesiastiques , Prêtres habituez et
Vicaires de la Ville précedez de toutes leurs
Croix et suivis des Curez en Etole , les deux
Chapitres de S. Pierre Empont et de S. Pierre le
Puellier , suivis de celui de la Cathedrale ayant
A devant eux leurs Croix : venoit ensuite le Sacristain
portant la Croix de vermeil , suivi d'un
Chanoine en Aube et Tunique, portant le Livre
des S S. Evangiles , qu'il fit baiser au nouvel
Evêque , lequel commença à marcher ayant derriere
lui le Corps de Ville et les Officiers de la
Bourgeoisie , et étant environné des Gardes du
Gouvernement.
•
Le temps trop incertain qu'il faisoit empêcha
les Ecclesiastiques de se mettre en Chapes , ils
étoient en leurs habitsd'Eglise ordinaires pendant
Phyver.
La Procession étant arrivée à l'Eglise de Saint
Agnan , le nouvel Evêque trouva à la porte du
Cloître le Chantre,à la tête du Chapitre en Chapes
qui le reçût avec laCroix , l'Eau Benite et l'Encens,
et le conduisit à l'Eglise et delà dans la Sacristic
où après lui avoir lavé lés pieds , ses Aumoniers
lui mirent des Brodequins et des Sandales
de damas rouge , et le revêtirent par dessus
son Aube d'une Tunique , d'une Dalmatique ét
d'une Chape de même couleur,ils lui mirent une
Mitre en broderie d'or , et son anneau Pastoral
au doigt. Alors sa Crosse ayant été découverte
il donna sa Benediction solemnelle , ayant été
ensuite reconduit à l'Autel il y jura sur les Evangiles
la conservation des Priviléges de l'Eglise
de S. Agnan , comme ont fait tous ses Prédecesseurs
, donna la bénédiction au peuple, et fut
ins
814 MERCURE DE FRANCE
astallé dans la premiere Chaire du Choeur du
ôté droit vers l'Autel,en qualité de Chanoine.
tant sorti du Choeur , il s'assit dans un Fau
uil qui fut élevé par les quatre premieres Di
nitez du Chapitre de S.Agnan, assistées de leurs
Choristes qui le porterent jusqu'hors de leur
Cloître ; là leur ayant derechef donné sa béné
diction Episcopale , le fauteuil fut mis à bas, et le
nouvel Evêque s'assit dans un autre qui étoit
prepare,tandis que les Chanoines de S. Ågnan se
retirerent dans leur Eglise.
Le nouvel Evêque fit appeller par son Bailly
les quatre Barons ou Seigneurs qui sont obligez
de le porter depuis le Cloître de S. Agnan jusqu'à
son Eglise , et qu'il avoit fait sommer
quelques jours devant l'Entrée de s'y trouver
pour ce sujet. Ces quatre Seigneurs sont , le Bar
ron d'Yeure le Chastel , le Baron de Sully , le
Baron du Cheray et celui des Baronies d'Ascheres
et Rougemont qui s'y trouverent par des Gentilshommes
fondez de leurs procurations; après
quelques protestations de la part des Barons sur
la préséance , le fauteuil fut élevé sur les épaules
des gens de ces Gentilshommes qui mirent
chacun la main sur un des bouts duBrancard sur
lequel il étoit élevé . Après quoi chacun s'étant
mis en inarche on arriva à la vieille Porte de
Bourgogne ou tous les Magistrats de la Ville
s'étoient rendus avec le Prevôt des Maréchaux,
et y avoient fait conduire les Remissionaires
qui à la veuë du nouvel Evêque,se jetterent à ge-.
Doux et crierent trois fois Misericorde.
L'Oficial de l'Evêque harangua ensuite ce
Prélat et jura sur le Livre des Evangiles qu'il
avoit fait conduire tous les Prisonniers qui se
trouvaient dans les Prisons , et qu'il n'ep détenoit
AVRIL. 1734. 815
noit aucun ce que jurerent aussi le Lieutenane,
General au Bailliage et Siége Présidial ; un Conseiller
du Siége qui faisoit les fonctions du Lieutenant
Criminel absent , et le grand Prevôt de la
Maréchaussée. Le Lieutenant General, le Premier,
des Présidens du Présidial , et le Prevôt de la
Maréchaussée avoient harangué avant le serment
: quant aux Officiers de la Prevôté , le
Prevôt d'Orleans qui étoit en ville ne s'étant
point rendu à la Porte de Bourgogne , le Lieutenant
qui étoit à la tête des Officiers de son
Corps complimenta le nouvel Evêque ; mais il
refusa de prêter le serment , prétendant qu'il ne
le pouvoit faire n'ayant pû se transporter dans
les Prisons le Prevôt étant actuellement en
ville . ce qui suspendoit toutes fonctions de sa
part , on prit ensuite le serment des Geoliers des
deux Prisons qui marcherent à la tête des Remissionaires
qu'on fit marcher deux à deux à la
tête de la Procession , qui se remit en marche dans
le même ordre jusqu'à l'Eglise Cathedrale.
>
Le Lieutenant de la Prevôté protesta alors
contre le Prevôt de la Maréchaussée , qui avoit
obtenu un Arrêt du Conseil qui lui donnoit la
préséance en toutes Assemb ées publiques et
particulieres sur les Officiers de la Prevôté,et qui
en vertu de cet Arrêt avoit harangué avant lui ,
après quoi il se retira,
1
1
Les Officiers du Bailliage et Siége Présidial
priérent le nouvel Evêque de trouver bon qu'ils
ne suivissent pas la Procession à cause de la
grande foule , étant impossible qu'ils pussentmarcher
conjointement avec la Ville dans des
Ruës aussi étroites que le sont celles par où il
falloit passer ils se rendirent par un autre
chemin à la Cathedrale où ils prirent leur place
1 ij ordig
816 MERCURE DE FRANCE
Ordinaire dans les hautes stales du côté gauche
du Choeur.
Les nouveaux ouvrages qu'on fait pour les
Fondations des Tours de l'Eglise Cathédrale empêchant
qu'on ne put entrer dans le Cloître qui
conduit à la principale Porte , on fut obligé
d'avancer plus loin et d'entrer par un des Cloftres
des portes laterales vis - à - vis le grand Cimetiere
, sur quoi les Barons protesterent à ce
que cet allongement du chemin qu'ils étoient
obligez de faire ne leur put porter préjudice à
l'avenir , dont leur fut donné Acte.
Le nouvel Evêque étant arrivé à la Porte de
son Eglise qu'on avoit fermée, fut complimenté
par le Doyen qui lui fit jurer la conservation
des droits du Chapitre , lequel serment fait la
portefut ouverte et le Doyen en qualité de Grand
Archidiacre, dont la dignité est unie à la sienne ,
conduisant ce Prélat à l'Autel et sur son Trône, et
enfin dans une Stale de Chanoine P'installat
ainsi dans la possession de son Evêché avec les
cérémonies ordinaires. Le nouvel Evêque fut
ensuite conduit à la Sacristie où ayant pris une
Chasuble , il alla à l'Autel et célébra la Messe
pontificalement.
Mrs du Bailliage et Siége Présidial placez ;
comme on l'a dit, dans les hauts siéges du côté
gauche , le Corps de Ville et les Officiers de la
Bourgeoisie occupérent le côté droit du Choeur
entre les Chanoines et sur des siéges préparez
pour eux , ceux de la Prevôté et de l'Université
ne se trouverent point à l'Eglise , non plus que.
le Bureau des Financès , les Officiers des Eaux
et Forêts et l'Election , quoiqu'invitez à la cérémonie
les Remissionaires se répandirent
par toute l'Eglise .
La
AVRIL 817 1734
La Messe étant dite le nouvel Evêque fut reconduit
à son Palais où en entrant le Doyen lui
dit de se ressouvenir qu'il devoit ce jour là à
dîner à son Chapitre , à quoi ce Prélat répon
dit qu'il l'avoit fait inviter et qu'il l'invitoit en
core.
La table disposée en fer à cheval fut placée
an haut de la Galerie , le nouvel Evêque et
l'Evêque de Chartres qui étoit venu à Orleans .
pour voir la cérémonie , se placerent dans le
fond , entre les deux premieres dignitez de la
Cathedrale , les autres dignitez et les Chanoines
de cette Eglise occuperenr les deux côtez en dehors.
Les Chanoines de S. Aignan se placerent
dans le centre , ces derniers avoient quelque
tems avant l'Entrée presenté une Requête
M. l'Evêque pour obtenir un côté entier du
fer à cheval tandis que la Cathedrale occuperoit
l'autre côté , mais ce Prélat les ayant renvoyez
là- dessus à Mrs de la Cathédrale , ils s'étoient
pourvûs au Parlement où ils avoient obtenu un
Arrêt sur Requête qui leur confirmoit le côté
gauche par tout où ils se trouveroient avec la
Cathedrale ; mais comme il n'étoit point fait
mention de la table dans cet Arrêt , et comme
l'Evêque leur avoit declaré que le repas qu'il
donnoit à son Chapitre étoit d'obligation , au
lieu que pour eux ils ne s'y trouvoient que
comme invitez et par cérémonie , ils jugerent" à
propos de ne point faire signifier leur Arrêt et de
prendre au dîner les places qu'ils avoient occu
pées aux Entrées précedentes.
•
Après les Chanoines de S. Agnan étoient assis
les Dignitez des deux Collegiales de S. Pierre
Empont et de S. Pierre le Puellier et le Porte-
Crosse en qualité de Chapelain de l'Evêque.
I iij
11
818 MERCURE DE FRANCE
ity
avoit
une
autre
table
ou
mangerent
les
Parens
et autres
Personnes
de distinction
invitées
par
l'Evêque
, une
autre
où étoient
les Barons
et
quelques
Ecclesiastiques
; ce Prélat
donna
de
même
à dîner
au Corps
de Ville
et aux
Officiers
de la Bourgeoisie
dans
l'Hôtel
de
Ville
et dans
differentes
maisons
particulieres
, aux
Officiers
du
Bailliage
, de la Prevôté
, des
Eaux
et Forêts
,
au
Prevôr
de la Maréchaussée
, à l'Election
à l'Université
, et aux
Officiers
de la Justice
temporelle
.
>
Le repas fini , après que les Remissionaires qui
s'étoient tous rendus dans la cour du Palais Episcopal
curent entendus le Sermon qui leur fut fait,
le nouvel Evêque parut à une des fenêtres qui
donnent sur la cour ; aussi tôt qu'il parut les
Remissionaires s'étant mis à genoux ,crierent encore
trois fois Misericorde , M. l'Evêque leur fit
une Exhortation ; et leur ayant prononcé leur
Remission, il leur donna sa Bénédiction ; après
quoi on leur servit selon la coutume les restes de
la table.
On compte plus de 1300 Remissionaires d'écrouez
dans les prisons , dont plus de 1150 , ont
receu leurs Lettres de Grace. Le Bureau pour
l'examen des supliques étoit composé de M. l'Evêque
, de ses deux Grands Vicaires , de M. De
Paris de la Brosse , Conseiller de la cinquième
Chambre des Enquêtes du Parlement , de M. de
Héere Premier des Présidens au Présidial d'Orleans
, de M: Curaut , Lieutenant General au
Bailliage et Siége Présidial, du Prevôt d'Orleans
et d'un Conseiller au Bailliage , ils commencerent
à travailler à cet examen dès le 8 Février.
Il y a eu dans laChapelle Episcopale une Mission
établie pour l'instruction des Remissionaires
que
AVRIL 1734. 81
que le nouvel Evêque ouvrit par une Messe so
Temnelle qu'il y celebra le Dimanche 14. Fevrie
et après laquelle il prècha. Les RR . PP Jesuite
ont eu la direction de cette Mission , et s'en son
acquittez avec leur zele ordinaire.
de M. l'Evêque d'Orleans , faite le 2
Mars 1734.
Le Mardy deuxième jour de Mars, M. Nicolas
Joseph de Paris , Evêque d'Orleans , fit sa nouvelle
er joyeuse Entrée dans sa Ville Episcopale
et dans son Eglise , avec les cérémonies observées
sous les Evêques ses Prédecesseurs , dont
voici le détail.
Ce Prélat suivant l'ancien usage se rendit la
surveille à la Cour Dieu , Abbaye de l'Ordre de
Citeaux dans la Forêt d'Orleans , à six lieues de
cette Vile , il avoit avec lui son Official , son
Promoteur , le Bailly et es autres Officiers de
sa Justice temporelle , le Syndic et un autre
Chano ne député de la Cathédrale , qui l'ont
accompagné dans toutes les cérémonies. Il fut
reçu à a Porte et en dehors de l'Abbaye par le
Prieur
AVRIL. 1734 811
Prieur à la tête de ses Religieux en Chapes , qui
le conduisirent à l'eglise , où après avoir fait sa
priere il donna la Benediction , i se retira ensuite
dans l'Hôtel Abbatial , où on lui avoit pipare à
souper pour lui et pour sa suite. L'Abbaye de
la Cour Dieu est tenue à ce souper par le droit
de Procuration ou de Giste qu'ont sur elle les
nouveaux Evêques d'Orleans à l'occasion de
lenr Entrée. "
Le lendemain après le déjeuner le nouvel Evê
que partit pour Orleans , et arriva dans l'aprèsdîuer
à S. Loup, Abbaye de filles de l'Ordre de
S. Bernard , à un quart de lieue seulement de la
Vilie , où il fit la visite de la Maison ; il y cut
à ce sujet quelques contestations , sur les représentations
de l'Abbesse qui demeurant d'accord
que l'Evêque comme Ordinaire, pouvoit, quand il
vouloit, faire sa visite, prétendoit que cette visite
ne pouvoit être faite en veue et par rapport à
son Entrée , qui ne l'obligcoit ni son Abbaye à
aucune servitu le, et de fait on ne présenta point
Ja collation que les Abbesses précedentes avoient
offerte et chacun verbalisa de son côté.
·D S. Loup le nouvel Evêque arriva sur le soir
P'Abbaye de S Euverte de l'Ordre de S. Augustin
, dont les Chanoines - Réguliers sont de la
Congrégation de France , situez dans la Ville.
Il fut reçu par le Prieur et les Religieux de la
Maison avec les mêmes cérémonies qu'à la
Cour Dieu . On avoit preparé, dans la Maison
Abbatiale de la part de l'Abbé un grand souper
qu'on lui offrit , après toutefois qu'il eut accepté
Fancienne redevance de deux oeufs frais qui est
tout ce que les Abbez de S. Euverte se croyent
obligez de présenter aux nouveaux Evêques dans
ces occasions , et qu'on cut averti qu'on avoit
fair
812 MERCURE DE FRANCE
fait mettre du foin dans l'Ecurie pour sa Mule
sous les protestations en outre que le repas offert
étant par honneur et volontaire , il ne pourroit
nuire aux Abbez ses Successeurs.
Le Mardy 2 Mars jour de l'Entrée , dès les
six heures du matin le nouvel Evêque accompa
gné comme la veille et ayant avec lui les Garde
du Gouvernement, fut conduit par les Religieux
à l'Eglise , où après sa priere faite , on le dé
chaussa et on lui mit des sandales ; on le revêtit
ensuite d'un Aube et d'une Etole blanche on
lui mit sur la tête une Mitre blanche unie et sa
Crosse fut couverte d'un taffetas blanc. Jusquesici
ce Prélat avoit toujours été en Rochet et en
Mantelet.
"
En sortant du Choeur de S. Euverte , le Recteur
de l'Université à la tête des Docteurs et des
Officiers de ce Corps , eut l'honneur de compli
menter ce Prélat , après quoi ils se retirerent sans
assister à la Procession , et cela à cause du rang
que les Chanoines des deux Collegiales de Saint
Pierre Empont et de S. Pierre le Puellier venoient
d'obtenir sur eux par Arrest contradictoire rendu
au Parlement le dernier jour de Décembre.
Le Maire et les Echevins en Robbes rouges,
à la tête du Corps de Ville et des Officiers de la
Bourgeoisie, se présenterent ensuite , le Maire et
leCommandant de la Bourgeoisie le complimenterent
, après quoi l'Evêque alla se mettre debout,
les mains jointes, sur le süeil de la porte, en
dehors de l'Abbaye,d'où il vit arriver son Clergé
qui le venoit prendre .
La marche commença par les Pauvres de l'Hô
pital , de l'un et de l'autre sexe , conduits par les
Administrateurs accompagnez de leurs Appariteurs
; suivoient les Communautez Religieuses ,
les
AVRIL 1734- 813
les Minîmes , les Capucins , les Recollets , les
Jacobins , les Augustins et les Carmes anciens.
Tous les Ecclesiastiques , Prêtres habituez et
Vicaires de la Ville précedez de toutes leurs
Croix et suivis des Curez en Etole , les deux
Chapitres de S. Pierre Empont et de S. Pierre le
Puellier , suivis de celui de la Cathedrale ayant
A devant eux leurs Croix : venoit ensuite le Sacristain
portant la Croix de vermeil , suivi d'un
Chanoine en Aube et Tunique, portant le Livre
des S S. Evangiles , qu'il fit baiser au nouvel
Evêque , lequel commença à marcher ayant derriere
lui le Corps de Ville et les Officiers de la
Bourgeoisie , et étant environné des Gardes du
Gouvernement.
•
Le temps trop incertain qu'il faisoit empêcha
les Ecclesiastiques de se mettre en Chapes , ils
étoient en leurs habitsd'Eglise ordinaires pendant
Phyver.
La Procession étant arrivée à l'Eglise de Saint
Agnan , le nouvel Evêque trouva à la porte du
Cloître le Chantre,à la tête du Chapitre en Chapes
qui le reçût avec laCroix , l'Eau Benite et l'Encens,
et le conduisit à l'Eglise et delà dans la Sacristic
où après lui avoir lavé lés pieds , ses Aumoniers
lui mirent des Brodequins et des Sandales
de damas rouge , et le revêtirent par dessus
son Aube d'une Tunique , d'une Dalmatique ét
d'une Chape de même couleur,ils lui mirent une
Mitre en broderie d'or , et son anneau Pastoral
au doigt. Alors sa Crosse ayant été découverte
il donna sa Benediction solemnelle , ayant été
ensuite reconduit à l'Autel il y jura sur les Evangiles
la conservation des Priviléges de l'Eglise
de S. Agnan , comme ont fait tous ses Prédecesseurs
, donna la bénédiction au peuple, et fut
ins
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astallé dans la premiere Chaire du Choeur du
ôté droit vers l'Autel,en qualité de Chanoine.
tant sorti du Choeur , il s'assit dans un Fau
uil qui fut élevé par les quatre premieres Di
nitez du Chapitre de S.Agnan, assistées de leurs
Choristes qui le porterent jusqu'hors de leur
Cloître ; là leur ayant derechef donné sa béné
diction Episcopale , le fauteuil fut mis à bas, et le
nouvel Evêque s'assit dans un autre qui étoit
prepare,tandis que les Chanoines de S. Ågnan se
retirerent dans leur Eglise.
Le nouvel Evêque fit appeller par son Bailly
les quatre Barons ou Seigneurs qui sont obligez
de le porter depuis le Cloître de S. Agnan jusqu'à
son Eglise , et qu'il avoit fait sommer
quelques jours devant l'Entrée de s'y trouver
pour ce sujet. Ces quatre Seigneurs sont , le Bar
ron d'Yeure le Chastel , le Baron de Sully , le
Baron du Cheray et celui des Baronies d'Ascheres
et Rougemont qui s'y trouverent par des Gentilshommes
fondez de leurs procurations; après
quelques protestations de la part des Barons sur
la préséance , le fauteuil fut élevé sur les épaules
des gens de ces Gentilshommes qui mirent
chacun la main sur un des bouts duBrancard sur
lequel il étoit élevé . Après quoi chacun s'étant
mis en inarche on arriva à la vieille Porte de
Bourgogne ou tous les Magistrats de la Ville
s'étoient rendus avec le Prevôt des Maréchaux,
et y avoient fait conduire les Remissionaires
qui à la veuë du nouvel Evêque,se jetterent à ge-.
Doux et crierent trois fois Misericorde.
L'Oficial de l'Evêque harangua ensuite ce
Prélat et jura sur le Livre des Evangiles qu'il
avoit fait conduire tous les Prisonniers qui se
trouvaient dans les Prisons , et qu'il n'ep détenoit
AVRIL. 1734. 815
noit aucun ce que jurerent aussi le Lieutenane,
General au Bailliage et Siége Présidial ; un Conseiller
du Siége qui faisoit les fonctions du Lieutenant
Criminel absent , et le grand Prevôt de la
Maréchaussée. Le Lieutenant General, le Premier,
des Présidens du Présidial , et le Prevôt de la
Maréchaussée avoient harangué avant le serment
: quant aux Officiers de la Prevôté , le
Prevôt d'Orleans qui étoit en ville ne s'étant
point rendu à la Porte de Bourgogne , le Lieutenant
qui étoit à la tête des Officiers de son
Corps complimenta le nouvel Evêque ; mais il
refusa de prêter le serment , prétendant qu'il ne
le pouvoit faire n'ayant pû se transporter dans
les Prisons le Prevôt étant actuellement en
ville . ce qui suspendoit toutes fonctions de sa
part , on prit ensuite le serment des Geoliers des
deux Prisons qui marcherent à la tête des Remissionaires
qu'on fit marcher deux à deux à la
tête de la Procession , qui se remit en marche dans
le même ordre jusqu'à l'Eglise Cathedrale.
>
Le Lieutenant de la Prevôté protesta alors
contre le Prevôt de la Maréchaussée , qui avoit
obtenu un Arrêt du Conseil qui lui donnoit la
préséance en toutes Assemb ées publiques et
particulieres sur les Officiers de la Prevôté,et qui
en vertu de cet Arrêt avoit harangué avant lui ,
après quoi il se retira,
1
1
Les Officiers du Bailliage et Siége Présidial
priérent le nouvel Evêque de trouver bon qu'ils
ne suivissent pas la Procession à cause de la
grande foule , étant impossible qu'ils pussentmarcher
conjointement avec la Ville dans des
Ruës aussi étroites que le sont celles par où il
falloit passer ils se rendirent par un autre
chemin à la Cathedrale où ils prirent leur place
1 ij ordig
816 MERCURE DE FRANCE
Ordinaire dans les hautes stales du côté gauche
du Choeur.
Les nouveaux ouvrages qu'on fait pour les
Fondations des Tours de l'Eglise Cathédrale empêchant
qu'on ne put entrer dans le Cloître qui
conduit à la principale Porte , on fut obligé
d'avancer plus loin et d'entrer par un des Cloftres
des portes laterales vis - à - vis le grand Cimetiere
, sur quoi les Barons protesterent à ce
que cet allongement du chemin qu'ils étoient
obligez de faire ne leur put porter préjudice à
l'avenir , dont leur fut donné Acte.
Le nouvel Evêque étant arrivé à la Porte de
son Eglise qu'on avoit fermée, fut complimenté
par le Doyen qui lui fit jurer la conservation
des droits du Chapitre , lequel serment fait la
portefut ouverte et le Doyen en qualité de Grand
Archidiacre, dont la dignité est unie à la sienne ,
conduisant ce Prélat à l'Autel et sur son Trône, et
enfin dans une Stale de Chanoine P'installat
ainsi dans la possession de son Evêché avec les
cérémonies ordinaires. Le nouvel Evêque fut
ensuite conduit à la Sacristie où ayant pris une
Chasuble , il alla à l'Autel et célébra la Messe
pontificalement.
Mrs du Bailliage et Siége Présidial placez ;
comme on l'a dit, dans les hauts siéges du côté
gauche , le Corps de Ville et les Officiers de la
Bourgeoisie occupérent le côté droit du Choeur
entre les Chanoines et sur des siéges préparez
pour eux , ceux de la Prevôté et de l'Université
ne se trouverent point à l'Eglise , non plus que.
le Bureau des Financès , les Officiers des Eaux
et Forêts et l'Election , quoiqu'invitez à la cérémonie
les Remissionaires se répandirent
par toute l'Eglise .
La
AVRIL 817 1734
La Messe étant dite le nouvel Evêque fut reconduit
à son Palais où en entrant le Doyen lui
dit de se ressouvenir qu'il devoit ce jour là à
dîner à son Chapitre , à quoi ce Prélat répon
dit qu'il l'avoit fait inviter et qu'il l'invitoit en
core.
La table disposée en fer à cheval fut placée
an haut de la Galerie , le nouvel Evêque et
l'Evêque de Chartres qui étoit venu à Orleans .
pour voir la cérémonie , se placerent dans le
fond , entre les deux premieres dignitez de la
Cathedrale , les autres dignitez et les Chanoines
de cette Eglise occuperenr les deux côtez en dehors.
Les Chanoines de S. Aignan se placerent
dans le centre , ces derniers avoient quelque
tems avant l'Entrée presenté une Requête
M. l'Evêque pour obtenir un côté entier du
fer à cheval tandis que la Cathedrale occuperoit
l'autre côté , mais ce Prélat les ayant renvoyez
là- dessus à Mrs de la Cathédrale , ils s'étoient
pourvûs au Parlement où ils avoient obtenu un
Arrêt sur Requête qui leur confirmoit le côté
gauche par tout où ils se trouveroient avec la
Cathedrale ; mais comme il n'étoit point fait
mention de la table dans cet Arrêt , et comme
l'Evêque leur avoit declaré que le repas qu'il
donnoit à son Chapitre étoit d'obligation , au
lieu que pour eux ils ne s'y trouvoient que
comme invitez et par cérémonie , ils jugerent" à
propos de ne point faire signifier leur Arrêt et de
prendre au dîner les places qu'ils avoient occu
pées aux Entrées précedentes.
•
Après les Chanoines de S. Agnan étoient assis
les Dignitez des deux Collegiales de S. Pierre
Empont et de S. Pierre le Puellier et le Porte-
Crosse en qualité de Chapelain de l'Evêque.
I iij
11
818 MERCURE DE FRANCE
ity
avoit
une
autre
table
ou
mangerent
les
Parens
et autres
Personnes
de distinction
invitées
par
l'Evêque
, une
autre
où étoient
les Barons
et
quelques
Ecclesiastiques
; ce Prélat
donna
de
même
à dîner
au Corps
de Ville
et aux
Officiers
de la Bourgeoisie
dans
l'Hôtel
de
Ville
et dans
differentes
maisons
particulieres
, aux
Officiers
du
Bailliage
, de la Prevôté
, des
Eaux
et Forêts
,
au
Prevôr
de la Maréchaussée
, à l'Election
à l'Université
, et aux
Officiers
de la Justice
temporelle
.
>
Le repas fini , après que les Remissionaires qui
s'étoient tous rendus dans la cour du Palais Episcopal
curent entendus le Sermon qui leur fut fait,
le nouvel Evêque parut à une des fenêtres qui
donnent sur la cour ; aussi tôt qu'il parut les
Remissionaires s'étant mis à genoux ,crierent encore
trois fois Misericorde , M. l'Evêque leur fit
une Exhortation ; et leur ayant prononcé leur
Remission, il leur donna sa Bénédiction ; après
quoi on leur servit selon la coutume les restes de
la table.
On compte plus de 1300 Remissionaires d'écrouez
dans les prisons , dont plus de 1150 , ont
receu leurs Lettres de Grace. Le Bureau pour
l'examen des supliques étoit composé de M. l'Evêque
, de ses deux Grands Vicaires , de M. De
Paris de la Brosse , Conseiller de la cinquième
Chambre des Enquêtes du Parlement , de M. de
Héere Premier des Présidens au Présidial d'Orleans
, de M: Curaut , Lieutenant General au
Bailliage et Siége Présidial, du Prevôt d'Orleans
et d'un Conseiller au Bailliage , ils commencerent
à travailler à cet examen dès le 8 Février.
Il y a eu dans laChapelle Episcopale une Mission
établie pour l'instruction des Remissionaires
que
AVRIL 1734. 81
que le nouvel Evêque ouvrit par une Messe so
Temnelle qu'il y celebra le Dimanche 14. Fevrie
et après laquelle il prècha. Les RR . PP Jesuite
ont eu la direction de cette Mission , et s'en son
acquittez avec leur zele ordinaire.
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Résumé : ENTRÉE SOLEMNELLE de M. l'Evêque d'Orleans, faite le 2 Mars 1734.
Le 2 mars 1734, Nicolas Joseph de Paris, évêque d'Orléans, fit son entrée solennelle dans sa ville épiscopale. La veille, il se rendit à l'abbaye de la Cour Dieu, où il fut accueilli par le prieur et les religieux. Après une prière et une bénédiction, il soupa à l'hôtel abbatial. Le lendemain, il visita l'abbaye de Saint-Loup, où des contestations eurent lieu concernant sa visite. Il se rendit ensuite à l'abbaye de Saint-Euverte, où il fut reçu avec les mêmes cérémonies qu'à la Cour Dieu et accepta une ancienne redevance. Le jour de son entrée officielle, l'évêque fut conduit à l'église de Saint-Euverte, où il fut revêtu des habits liturgiques. Une procession débuta avec les pauvres de l'hôpital, suivie des communautés religieuses et des ecclésiastiques. En raison du temps incertain, les ecclésiastiques ne portaient pas de chapes. À l'église de Saint-Agnan, il fut reçu par le chantre et le chapitre, qui le conduisirent à la sacristie. Après avoir lavé ses pieds, il fut revêtu de nouveaux habits liturgiques et donna une bénédiction solennelle. Il jura ensuite la conservation des privilèges de l'église de Saint-Agnan et fut installé dans la première chaire du chœur. La procession se dirigea ensuite vers la cathédrale, où l'évêque fut complimenté par divers dignitaires et officiers. Des contestations eurent lieu concernant la préséance et les serments. L'évêque célébra la messe pontificalement et fut reconduit à son palais, où il dina avec les dignitaires et les chanoines. Des tables furent également préparées pour les parents, les personnes de distinction, les barons et les ecclésiastiques. L'évêque offrit un dîner au corps de ville et aux officiers de la bourgeoisie. Par ailleurs, une cérémonie de rémission des écroués eut lieu dans la cour du Palais Episcopal. Après un sermon et une exhortation de l'évêque, les remissionaires, agenouillés, crièrent trois fois 'Miséricorde'. L'évêque leur accorda la rémission et leur donna sa bénédiction, suivie de la distribution des restes du repas selon la coutume. Plus de 1300 remissionaires étaient incarcérés, dont plus de 1150 reçurent des lettres de grâce. Un bureau, composé de l'évêque, de ses vicaires, de conseillers du Parlement et du Bailliage, ainsi que du prévôt d'Orléans, examina les suppliques à partir du 8 février. Une mission d'instruction des remissionaires fut établie dans la chapelle épiscopale, ouverte par une messe et un sermon de l'évêque le 14 février. Les Jésuites dirigèrent cette mission avec zèle.
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1146
p. 968
RUSSIE.
Début :
Le Roy de Suede a chargé son Ministre à la Cour de Petersbourg, de déclarer à la Czarine, [...]
Mots clefs :
Suède
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE.
E Roy de Suede a chargé son Ministre à la
Cour de Petersbourg , de déclarer à la Czarine
, qui lui avoit fait témoigner quelque inquiétude
au sujet de la Flore qu'il fait équiper ,
que toutes les Puissances du Nord préparant des
Armements considerables , il s'est cru dans la
necessité de suivre leur exemple , et qu'il est résolu
de soutenir la liberté du commerce dans la
Mer Baltique contre tous ceux qui entrepren
dront d'y mettre obstacle.
La plupart des Seigneurs et des Gentilshommes
qui possedent des Terres dans les Provinces
cedées par la Suede au feu Czar Pierre I. ont
demandé à Sa Majesté Czarienne la permission
de se rendre à Stokholm , pour y assister à l'Assemblée
des Etats du Royaume de Suede..
E Roy de Suede a chargé son Ministre à la
Cour de Petersbourg , de déclarer à la Czarine
, qui lui avoit fait témoigner quelque inquiétude
au sujet de la Flore qu'il fait équiper ,
que toutes les Puissances du Nord préparant des
Armements considerables , il s'est cru dans la
necessité de suivre leur exemple , et qu'il est résolu
de soutenir la liberté du commerce dans la
Mer Baltique contre tous ceux qui entrepren
dront d'y mettre obstacle.
La plupart des Seigneurs et des Gentilshommes
qui possedent des Terres dans les Provinces
cedées par la Suede au feu Czar Pierre I. ont
demandé à Sa Majesté Czarienne la permission
de se rendre à Stokholm , pour y assister à l'Assemblée
des Etats du Royaume de Suede..
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Résumé : RUSSIE.
Le roi de Suède a chargé son ministre à Petersbourg de rassurer la czarine sur l'armement de la flotte suédoise, la Flore, en raison des préparatifs militaires des autres puissances du Nord et pour protéger le commerce en mer Baltique. Parallèlement, des seigneurs suédois ont demandé à la czarine la permission de se rendre à Stockholm pour l'Assemblée des États.
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1147
p. 970-972
ALLEMAGNE.
Début :
L'Empereur, en conséquence de la résolution prise dans la Diette de Ratisbonne, à la [...]
Mots clefs :
Empire, Allemagne, Décret, Forces de l'Empire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
'Empereur , en conséquence de la résolution
prise dans la Diette de Ratisbonne , à la
Pluralité des voix , d'unir les forces de l'Empire
MAY. 1734. 971
,
à celles de S. M. I. contre les Rois de France es
de Sardaigne , a fait publier un Decret par lequel
il est ordonné à tous les sujets de l'Empire , qui
servent dans les Troupes Françoises et l'iémontoises
, de retourner incessamment en Allemagne
, sous peine de perare leurs biens , et même
d'être punis de mort , s'ils sont pris en portant
les armes . S. M. I. ajoute dans ce Decret que
tous les Electeurs , Princes et autres Etats de
l'Empire , qui refuseront de concourir à la défence
commune , qui fourniront aux Puissances
avec lesquelles on est en Guerre , des recrues ,
des Chevaux , des munitions , ou d'autres se-
Cours ou qui affoibliront les forces de l'Empire
en attaquant quelque Electeur ou Prince d'Allemagne
pour faire diversion , seront traitez comme
Ennemis , qu'on procedera contr'eux selon toute
la rigueur des Constitutions , et qu'is seront
privez de tous les Fiefs qu'ils tiennent de l'Empire
, ou des Benefices qu'ils y possedent ; que
les Seigneurs , les Gentilshommes et autres qui
contreviendront au présent Decret , seront déclarez
traîtres à la Patrie , et poursuivis comme
tels par les Tribunaux dont ils seront justiciables;
que s'ils sont absents , ils seront exécutez en effigie
, que leurs descendants ne pourront porter les
Armes de leurs familles ni jouir d'aucun droit
de la Noblesse , et qu'ils seront incapables de
posseder des terres , des charges et des Benefices
de l'Empire qu'il ne sera permis à qui que ce
soit de faire sortir d'Allemagne des grains , des
Chevaux , ni aucune autre marchandise , ni d'y
en faire entrer aucune qui vienne des Pays de la
Domination des Rois de France et de Sardaigne;
que tout commerce avec ces Pays sera interrompu
; qu'aucune personnel, née sujette des Souverains
$72 MERCURE DE FRANCE
7
rains qui font la Guerre à l'Empire , ne pourra
être reçue dans les Convents ou Communautez
ni dans aucun autre Maison sous quelque prétexte
qu'on puisse alléguer et de quelque sexe
qu'elle soit , et que celles qui se trouvent actuel
lement en Allemagne seront obligées d'en sortir
dans un terme prescrit.
'Empereur , en conséquence de la résolution
prise dans la Diette de Ratisbonne , à la
Pluralité des voix , d'unir les forces de l'Empire
MAY. 1734. 971
,
à celles de S. M. I. contre les Rois de France es
de Sardaigne , a fait publier un Decret par lequel
il est ordonné à tous les sujets de l'Empire , qui
servent dans les Troupes Françoises et l'iémontoises
, de retourner incessamment en Allemagne
, sous peine de perare leurs biens , et même
d'être punis de mort , s'ils sont pris en portant
les armes . S. M. I. ajoute dans ce Decret que
tous les Electeurs , Princes et autres Etats de
l'Empire , qui refuseront de concourir à la défence
commune , qui fourniront aux Puissances
avec lesquelles on est en Guerre , des recrues ,
des Chevaux , des munitions , ou d'autres se-
Cours ou qui affoibliront les forces de l'Empire
en attaquant quelque Electeur ou Prince d'Allemagne
pour faire diversion , seront traitez comme
Ennemis , qu'on procedera contr'eux selon toute
la rigueur des Constitutions , et qu'is seront
privez de tous les Fiefs qu'ils tiennent de l'Empire
, ou des Benefices qu'ils y possedent ; que
les Seigneurs , les Gentilshommes et autres qui
contreviendront au présent Decret , seront déclarez
traîtres à la Patrie , et poursuivis comme
tels par les Tribunaux dont ils seront justiciables;
que s'ils sont absents , ils seront exécutez en effigie
, que leurs descendants ne pourront porter les
Armes de leurs familles ni jouir d'aucun droit
de la Noblesse , et qu'ils seront incapables de
posseder des terres , des charges et des Benefices
de l'Empire qu'il ne sera permis à qui que ce
soit de faire sortir d'Allemagne des grains , des
Chevaux , ni aucune autre marchandise , ni d'y
en faire entrer aucune qui vienne des Pays de la
Domination des Rois de France et de Sardaigne;
que tout commerce avec ces Pays sera interrompu
; qu'aucune personnel, née sujette des Souverains
$72 MERCURE DE FRANCE
7
rains qui font la Guerre à l'Empire , ne pourra
être reçue dans les Convents ou Communautez
ni dans aucun autre Maison sous quelque prétexte
qu'on puisse alléguer et de quelque sexe
qu'elle soit , et que celles qui se trouvent actuel
lement en Allemagne seront obligées d'en sortir
dans un terme prescrit.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En mai 1734, l'empereur d'Allemagne a publié un décret suite à une résolution adoptée à la Diète de Ratisbonne. Ce décret impose aux sujets de l'Empire servant dans les troupes françaises et sardes de retourner en Allemagne, sous peine de confiscation de leurs biens et de la peine de mort s'ils sont pris en armes. Les électeurs, princes et autres États de l'Empire refusant de contribuer à la défense commune ou aidant les puissances ennemies seront traités comme des ennemis. Ils perdront leurs fiefs et bénéfices, et leurs descendants seront privés de leurs droits nobles. Le décret interdit également l'exportation et l'importation de marchandises avec les pays ennemis, interrompt tout commerce avec eux, et interdit l'accueil de personnes nées sous les souverains en guerre avec l'Empire dans les couvents ou autres maisons. Les personnes concernées devront quitter l'Allemagne dans un délai prescrit.
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Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1148
p. 972-979
EXTRAIT du Protocole de la Diete de l'Empire, contenant les raisons alleguées par les Ministres de Baviere, pour s'opposer à la Déclaration de guerre contre la France.
Début :
Quelque déplorable que soit la Guerre actuellement allumée entre Sa Majesté Imperiale et la [...]
Mots clefs :
Saint Empire romain, Guerre, États, Cercles, Défense, Déclaration de guerre, Couronne, France, Commission, Pologne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Protocole de la Diete de l'Empire, contenant les raisons alleguées par les Ministres de Baviere, pour s'opposer à la Déclaration de guerre contre la France.
EXTRAIT du Protocole de la Diete
de l'Empire , contenant les raisons alleguées
par les Ministres de Baviere ,
pour s'opposer à la Déclaration de
guerre contre la France.
Velque déplorable que soit la Guerre actuelle
Y
ment allumée entre Sa Majesté Imperiale et l'a
Couronne de France , il est néanmoins évident
même par la Déclaration qu'il a plû à S. M. Imp.
de faire à l'Empire au commencement de son Deeret
de Commission , ainsi que par la Piece intitulée,
Motifs de Résolution du Roy , jointe audit De
eret , que la présente Guerre survenue entre ces deux
Hautes-Puissances, prénd sa source dans l'affaire de
Election d'un Roy de Pologne, mais que quelque
soit l'affaire de cette Election , et quelque fondé et
incontestable qne puisse être tout ce qu'on a publié
touchant les intrigues pratiquées à ce sujet , ( car il
ne s'agit pas ici d'entrer dans aucune discussion par
rapport à l'agresseur , ni dans aucun examen par
rapport aux Traitez précedemment faits à l'insc
de l'Empire , avec des Puissances Etrangeres ) il
est toujours certain que l'Empire n'ayant ni allian.
ce ni engagement special avec le Royaume de Pologne
, doit regarder cette affaire én quelque façon
comme étrangere, et à laquelle il n'est point oblige
de prendre part. Il s'agit donc présentement de dé
liberer
MAY. 1734. 973
liberer si , vu les motifs representez par S. M. Im.
ala Diete , l'Empire doit generalement consentirà
une Déclaration de Guerre contre la France.
Les Loix de l'Empire établissent suffisamment
ce qu'il convient de faire pour sa deffense , en cas
de quelque attaque ennemie , personne ne l'ignore ;
mais comme le Saint Empire Romain est en paix
avec toutes les Puissances étrangeres , et que la
Couronne de France même, après s'être emparée du ..
Fort de Kell , afait déclarer par écrit le 14. Octobre
dernier à tous les Electeurs , Frinces et Etats
du Saint Empire Romain , par M. Blondel , son
Ministre,ainsi qu'il paroît par la Piece annexée au
Decret Imperial de Commission , qu'elle n'a rien
plus à coeur que de maintenir la Paix avec l'Empire
et d'observer les Traitez , sans vouloirfaire des
conquêtes , promettant en consequence de rendre ce
Fort de Kell ; on ne voit pas que l'Empire puisse
avoir aucune raison suffisante d'entrer en guerre ;
d'ailleurs c'est une chose notoire aux Electeurs ,
Princes et Etats , que pendant le peu d'années de
Paix dont on a joui , l'Empire , et en particulier les
Cercles , qui durant la derniere Guerre et tant d'au
tres qui l'ont précedée , se sont trouvez les plus èxposez
aux attaques ennemies , et n'ont pû éviter les
degâts et la destruction qui accompagnent toujours
les Armes , ne se sont pas encore assez bien rétablis
des pertes qu'ils ont soufertes , pour qu'on les expose
de nouveau aux mêmes inconveniens , et cela pour
une affaire étrangere à laquelle ils n'ont aucune
part , et pour qu'on exige d'eux qu'ils contribuent
aux frais d'une guerre qui durera peut -être plu
sieurs années ; car si l'on considere avec attention
les suites onereuses d'une rupture , on trouvera ,
l'experience nous le montre, que lorsqu'elle est entamée,
il est bien difficile d'en prévoir les évenemens et
dejuger de sa durée.
"
et
Après
974 MERCURE DE FRANCE
>
Apr's cela quelqu'heureuse que pût être cette
Guerre , et quand meme on pourroit obliger la Partie
adverse à consentir à une Paix durable et avantageuse
, la méme experience nous fait voir que
toute l'utilité qui en resultera aux Etats du Saint
Empire Romain , sera qu'on leur rende leurs Pays
mais désolez , et dans un état plus triste encore que
celui où leurs Sujets et leurs Pays se trouvent actuellement
sans pouvoir esperer aucun agrandissement
, puisqu'on a vu que tous les efforts qu'on a
faits jusqu'à pretent pour cela , ont toujours été infructueux.
C'est pourquoi , et dautant S. M. I.
par son Decret de Commission , a non seulement recommandé
le fait aux Etats , mais que méme elle
demande gracieusement leur conseil et avis , ilparoit
qu'on doit murement déliberer si avant que de
parler d'aucune Déclaration de Guerre , il ne seroit
pas con enable la Diette songeat aux moyens
d'éviter un aussigrand mal qu'est une Guerre offensive
; il paroit que c'est l'unique moyen de conserver
la tranquillitéparmi les Etats de l'Empire et de
les mettre en état de mieux servir S. MI. et la
Patrie
que
que
que
>
Aussi-tôt S. A. E. de Baviere comme
Membre du Cercle de Suabe, en vertu des Terres et
Seigneuries qu'elle y possede , eût appris que ce Cercle
et les autres Cercles associez devoient s'assembler
, elle donna ordre de leur representer la necessité
qu'il y avoit de mettre promptement leurs Pays
dans un état convenable de deffense , sans préjudice
de qui que ce fut.
C'est un pareil état de deffense conformement aux
résolutions prises dans l'Assemblée desdits Cercles
que S. A. E. souhaite de la part des Electeurs
Princes et Etats de l'Empire , et elle le regarde
comme un point si necessaire et si important dans la
circons
MAY 1724. 975
sirconstance présente des affaires , que bien loin de
vouloir s'en élo gner iant soit peu , elle est disposée ,
en conformité de sa Naissance et ae son devoir ,
contribuer de tout son pouvoir à tout ce qui peut
tendre à la conservation du Sant Empire Romain
en general, et de chaqueEtat en particulier,mais elle
croit qu'il faut éviter toute offense et qu'il est bien
piur convenable de songer un quement à la defense
et à la conservation dudit Saint Empire Romain et
de ses Etass particuliers .
I •. Parce que toute personne qui voudra se donner
la peine d'examiner sans partialité et sans prévention
la source et la cause de la presente Guerre
, verra facilement en consequence des raisons al.
leguées ci- dessus , qu'elle ne peut originairement regarder
en aucune maniere le Saint Empire Romain,
puisque les Hautes Parties Belligerantes ont pour
principal motif le soin de vanger reciproquement leur
honneur qu'elles croyent offensé.
·
>
2 Farce qu'on ne sçauroit conseiller ni approuver
que pour une cause étrangere , à laquelle le
Saint Empire Romain n'a aucune part , on veüil-
Le prizer de la douce Paix rétablie en dernier lieu
et acquise aux dépens de tant de sang répandu , et
qu'on cherche à l'engager dans une nouvelle Guerre
onereuse , dont l'is në et la durée sont si incertaines
et dont tout le poids tomberoit sur ces Cercles , qui
par leur situation se trouvent les plus exposés au danger
, et par consequent à une ruine inévitable sans
Pavoir meritée Les Pactes entre la très - Illustre
Maison Archiducale de l'Empereur et la Couronne
de Pologne , subsistent depuis plusieurs années ,
ayant été établis sous le gouvernement de l'Archiduc
Albert et du Roi Casimir , et confirmés dernie➡
rement par 1 En pereur Leopold,de glorieuse memoi-
Fe ; ils ont pour objet la défense mutuelle de leurs
Royaumes ,
976 MERCURE DE FRANCE
Royaumes , ainsi que de leur Commerce ; mais ce
n'est pas en qualité d'Empereurs et du consentement
de l'Empire , que les Princes de la Maison d'Autriche
ont contracté ces Alliances ; ils ne l'ontfait
que pour leur propre interêt , et à cause de la proximité
de leurs Terres et Provinces , par consequent
Le Saint Empire. Romain n'y a aucune part.
3°. Comme Sa Majeste Imperiale , pendant son
glorieux Regne , a donnéplusieurs preuves éclatantes
du desir qu'elle a de maintenir et de conserver
le repos et le salut du Saint Empire Romain , et
que de tout tems on a regardé la tranquillité genevale
comme le bien le plus desirable , Elle peut d'autant
moins trouver mauvais que les Etats se
mettent simplement dans un état de défense , qu'elle
a tout lieu d'avoir une entiere confiance dans le
Saint Empire Romain , et qu'elle n'ignore pas les
tristes suites que la Guerre entraîne après elle . Il est
d'ailleurs à remarquer que d'autres Puissances
quoiqu'étroitement unies et alliées avec Š. M. I.
auxquelles on aura sans doute communiqué tout ce
qui s'est passé dans l'affaire de Pologne , et qui par
consequent n'ignorent pas laquelle des deux Hautes
Parties doit être considerée comme l'Agresseur dans
la presente Guerre , n'ont pas encore jusqu'à present
jugé à propos de se déclarer contre la France ,
soit par le desir de conserver quelques uns de leurs
Etats et Sujets , ou pour d'autres raisons , quoique
quelques unes de ces Puissances se mettent sur
leurs gardes , ce n'est apparemment que pour mieux
maintenir et conserver la tranquillité.
Si le Saint Empire Romain se trouvoit frustré de
Passistance de ces Puissances, le poids de la presente
Guerre lui seroit difficile à supporter , et le danger
plus grand et plus évident sur tout si S. M. I.
alloit retirer en tout ou en partie , les Troupes qu'elle
a fur
MAY. 1734
977
vaisur
le Rhin pour les envoyer à la défense de ses
autres Etatt et qu'elle laissat aux Cercles le soin de
la défense de l'Empire. Cette crainte n'est pas
neni chimerique , elle est fondée sur l'experience de
se qui s'est passé pendant la derniere Guerre , où
P'on a vu les Troupes Imperiales quitter le Rhin , et
les Cercles seuls obligés de défendre leurs Terres ,
leur grand préjudice , et à la ruine de leurs Pays.
Deplus , les Actes de l'Empire font foi que d'un
côté les Etats ne voulurent pas dans la derniere
Guerre s'engager avant que les deux Puissances
Maritimes se fussent alliés avec Sa Majesté Imperiale
; et que d'un autre côté , aussi- tôt que lesdites
Puissances se furent separées de la grande Alliance
, les mêmes Etats jugerent à propos d'accepter
les conditions du Traité de Rastadt , donnant
par-1
-là clairement à connoître combien il leur étoit
impossible de continuer la Guerre sans la concurrence
des Puissances Maritimes. C'est pourquoi le
Saint Empire Romain , et en particulier les Cercles
les plus exposés , qui certainement ne se sont pas encore
rétablis des pertes souffertes , feroient bien de
senger à épargner et ménager leurs forces chancellantes
pour des occasions plus importantes qui pourroient
survenir , et qui dépendent de la viciffitude
des choses , sans quoi on pourroit bien s'en repentir ,
mais peut-être trop tard.
4°. La Couronnede France ne peut trouver mau
vais que l'Empire employe pour sa défense tous les
moyens necessaires et conformes au droit naturel ;
puisque dans la Déclaration qu'elle a fait faire par
son Ministre , et qui se trouve attachée au Decret
Imperial de Commission ci - desus mentionné , Elle
promet solemnellement sous la Foi publique qu'elle
se prêtera à tout ce qui peut maintenir la tranquil-
Jité du SaintEmpire Romain : Or , rien n'y pens
G plus
978 MERCURE DE FRANCE
plus contribuer qu'un Etat convenable de défense ?
d'ailleurs cette même Couronne У déclare qu'elle
fera bonifier , si cela n'a étéfait , les Contributions
qu'elle a été obligée d'exiger sur les Terres de l'Empire
, et qu'elle fera restituer le Fort de Kehl dont
elle s'est emparée , ou qu'elle le fera garder par des
Troupes Neutres jusqu'à la Paix , afin que le Saint
Empire Romain n'en prenne aucun ombrage.
›
Pour toutes les raisons alleguées ci- dessus , S. A.
E. quelque affectionnée et fidele qu'elle soit à S. M.
I. ne sçauroit conformément à son devoir conseiller
que le Saint Empire Remain doive s'engager
dans une Guerre generale si dangereuse et si ruineuse
, qui occasionnera dans la suite l'effusion de
tant de sang Chrétien et la désolation des Terres
qui pourront être foulées autant par les Troupes qui
viendront à son secours que par celles des Ennemis.
Elle espere au contraire , que S. M. I. qui a donné
tant de preuves de son amour pour la Justice et la
Paix , voudra bien en consequence de cet amour
et vú les presentes circonstances dangereuses approuver,
ainsi qu'on vient de le proposer , que le Saint
Empire Romain se mette dans un état naturel et
convenable de défense , et qu'elle regardera d'un
oil favorable tout ce qui a été allegué à ce sujet ,
comme provenant d'un coeur sincere et affectionné
pour le bien de la Patrie. S. A. E. souhaite de
plus , conformément aux Loix établies par la Paix
de Vestphalie , que les Etats de l'Empire , avani
que de prendre les Armes , tentent les voyes d'ac
commodement au moyen d'une mediation generale
du Saint Empire Romain , ainsi que cela s'est pratiqué
ci-devant , sous le Regne des Predecesseurs de
S. M. I. et en particulier en l'année 1673. on
pourroit peut-être par ce moyen terminer le tout à
Pamiable. Mais si cette proposition , quoique fondée
5267
MAY. 1734. 9-9
ser les Loix fondamental es du Traité de Paix n'est
point acceptée , S. A. E. de Baviere persiste toujours
dans son opinion , que dans la situation presente
des affaires il ne convient pas au Saint Empire
Romain de donner occasion à de nouvelles hostilités
de la part de la France ; et quoiqu'on doive
s'attendre que cette Couronne maintiendra la déclaration
faite par M. Blondel , son Miniftre , et
que conformément à ses promesses , Elle ne troublera
pas la paix et la tranquillité de l'Empire , à
moins qu'elle n'y soit provoquée. S. A. E. croit
néanmoins que le Saint Empire en general et chaque
Etat en particulier , doivent conformement à ce
qui a été résolu dans l'Assemblée des Cercles associés
, se mettre en bon état de se défendre , sans préjudice
de qui que ce soit. Ulteriora reservando.
de l'Empire , contenant les raisons alleguées
par les Ministres de Baviere ,
pour s'opposer à la Déclaration de
guerre contre la France.
Velque déplorable que soit la Guerre actuelle
Y
ment allumée entre Sa Majesté Imperiale et l'a
Couronne de France , il est néanmoins évident
même par la Déclaration qu'il a plû à S. M. Imp.
de faire à l'Empire au commencement de son Deeret
de Commission , ainsi que par la Piece intitulée,
Motifs de Résolution du Roy , jointe audit De
eret , que la présente Guerre survenue entre ces deux
Hautes-Puissances, prénd sa source dans l'affaire de
Election d'un Roy de Pologne, mais que quelque
soit l'affaire de cette Election , et quelque fondé et
incontestable qne puisse être tout ce qu'on a publié
touchant les intrigues pratiquées à ce sujet , ( car il
ne s'agit pas ici d'entrer dans aucune discussion par
rapport à l'agresseur , ni dans aucun examen par
rapport aux Traitez précedemment faits à l'insc
de l'Empire , avec des Puissances Etrangeres ) il
est toujours certain que l'Empire n'ayant ni allian.
ce ni engagement special avec le Royaume de Pologne
, doit regarder cette affaire én quelque façon
comme étrangere, et à laquelle il n'est point oblige
de prendre part. Il s'agit donc présentement de dé
liberer
MAY. 1734. 973
liberer si , vu les motifs representez par S. M. Im.
ala Diete , l'Empire doit generalement consentirà
une Déclaration de Guerre contre la France.
Les Loix de l'Empire établissent suffisamment
ce qu'il convient de faire pour sa deffense , en cas
de quelque attaque ennemie , personne ne l'ignore ;
mais comme le Saint Empire Romain est en paix
avec toutes les Puissances étrangeres , et que la
Couronne de France même, après s'être emparée du ..
Fort de Kell , afait déclarer par écrit le 14. Octobre
dernier à tous les Electeurs , Frinces et Etats
du Saint Empire Romain , par M. Blondel , son
Ministre,ainsi qu'il paroît par la Piece annexée au
Decret Imperial de Commission , qu'elle n'a rien
plus à coeur que de maintenir la Paix avec l'Empire
et d'observer les Traitez , sans vouloirfaire des
conquêtes , promettant en consequence de rendre ce
Fort de Kell ; on ne voit pas que l'Empire puisse
avoir aucune raison suffisante d'entrer en guerre ;
d'ailleurs c'est une chose notoire aux Electeurs ,
Princes et Etats , que pendant le peu d'années de
Paix dont on a joui , l'Empire , et en particulier les
Cercles , qui durant la derniere Guerre et tant d'au
tres qui l'ont précedée , se sont trouvez les plus èxposez
aux attaques ennemies , et n'ont pû éviter les
degâts et la destruction qui accompagnent toujours
les Armes , ne se sont pas encore assez bien rétablis
des pertes qu'ils ont soufertes , pour qu'on les expose
de nouveau aux mêmes inconveniens , et cela pour
une affaire étrangere à laquelle ils n'ont aucune
part , et pour qu'on exige d'eux qu'ils contribuent
aux frais d'une guerre qui durera peut -être plu
sieurs années ; car si l'on considere avec attention
les suites onereuses d'une rupture , on trouvera ,
l'experience nous le montre, que lorsqu'elle est entamée,
il est bien difficile d'en prévoir les évenemens et
dejuger de sa durée.
"
et
Après
974 MERCURE DE FRANCE
>
Apr's cela quelqu'heureuse que pût être cette
Guerre , et quand meme on pourroit obliger la Partie
adverse à consentir à une Paix durable et avantageuse
, la méme experience nous fait voir que
toute l'utilité qui en resultera aux Etats du Saint
Empire Romain , sera qu'on leur rende leurs Pays
mais désolez , et dans un état plus triste encore que
celui où leurs Sujets et leurs Pays se trouvent actuellement
sans pouvoir esperer aucun agrandissement
, puisqu'on a vu que tous les efforts qu'on a
faits jusqu'à pretent pour cela , ont toujours été infructueux.
C'est pourquoi , et dautant S. M. I.
par son Decret de Commission , a non seulement recommandé
le fait aux Etats , mais que méme elle
demande gracieusement leur conseil et avis , ilparoit
qu'on doit murement déliberer si avant que de
parler d'aucune Déclaration de Guerre , il ne seroit
pas con enable la Diette songeat aux moyens
d'éviter un aussigrand mal qu'est une Guerre offensive
; il paroit que c'est l'unique moyen de conserver
la tranquillitéparmi les Etats de l'Empire et de
les mettre en état de mieux servir S. MI. et la
Patrie
que
que
que
>
Aussi-tôt S. A. E. de Baviere comme
Membre du Cercle de Suabe, en vertu des Terres et
Seigneuries qu'elle y possede , eût appris que ce Cercle
et les autres Cercles associez devoient s'assembler
, elle donna ordre de leur representer la necessité
qu'il y avoit de mettre promptement leurs Pays
dans un état convenable de deffense , sans préjudice
de qui que ce fut.
C'est un pareil état de deffense conformement aux
résolutions prises dans l'Assemblée desdits Cercles
que S. A. E. souhaite de la part des Electeurs
Princes et Etats de l'Empire , et elle le regarde
comme un point si necessaire et si important dans la
circons
MAY 1724. 975
sirconstance présente des affaires , que bien loin de
vouloir s'en élo gner iant soit peu , elle est disposée ,
en conformité de sa Naissance et ae son devoir ,
contribuer de tout son pouvoir à tout ce qui peut
tendre à la conservation du Sant Empire Romain
en general, et de chaqueEtat en particulier,mais elle
croit qu'il faut éviter toute offense et qu'il est bien
piur convenable de songer un quement à la defense
et à la conservation dudit Saint Empire Romain et
de ses Etass particuliers .
I •. Parce que toute personne qui voudra se donner
la peine d'examiner sans partialité et sans prévention
la source et la cause de la presente Guerre
, verra facilement en consequence des raisons al.
leguées ci- dessus , qu'elle ne peut originairement regarder
en aucune maniere le Saint Empire Romain,
puisque les Hautes Parties Belligerantes ont pour
principal motif le soin de vanger reciproquement leur
honneur qu'elles croyent offensé.
·
>
2 Farce qu'on ne sçauroit conseiller ni approuver
que pour une cause étrangere , à laquelle le
Saint Empire Romain n'a aucune part , on veüil-
Le prizer de la douce Paix rétablie en dernier lieu
et acquise aux dépens de tant de sang répandu , et
qu'on cherche à l'engager dans une nouvelle Guerre
onereuse , dont l'is në et la durée sont si incertaines
et dont tout le poids tomberoit sur ces Cercles , qui
par leur situation se trouvent les plus exposés au danger
, et par consequent à une ruine inévitable sans
Pavoir meritée Les Pactes entre la très - Illustre
Maison Archiducale de l'Empereur et la Couronne
de Pologne , subsistent depuis plusieurs années ,
ayant été établis sous le gouvernement de l'Archiduc
Albert et du Roi Casimir , et confirmés dernie➡
rement par 1 En pereur Leopold,de glorieuse memoi-
Fe ; ils ont pour objet la défense mutuelle de leurs
Royaumes ,
976 MERCURE DE FRANCE
Royaumes , ainsi que de leur Commerce ; mais ce
n'est pas en qualité d'Empereurs et du consentement
de l'Empire , que les Princes de la Maison d'Autriche
ont contracté ces Alliances ; ils ne l'ontfait
que pour leur propre interêt , et à cause de la proximité
de leurs Terres et Provinces , par consequent
Le Saint Empire. Romain n'y a aucune part.
3°. Comme Sa Majeste Imperiale , pendant son
glorieux Regne , a donnéplusieurs preuves éclatantes
du desir qu'elle a de maintenir et de conserver
le repos et le salut du Saint Empire Romain , et
que de tout tems on a regardé la tranquillité genevale
comme le bien le plus desirable , Elle peut d'autant
moins trouver mauvais que les Etats se
mettent simplement dans un état de défense , qu'elle
a tout lieu d'avoir une entiere confiance dans le
Saint Empire Romain , et qu'elle n'ignore pas les
tristes suites que la Guerre entraîne après elle . Il est
d'ailleurs à remarquer que d'autres Puissances
quoiqu'étroitement unies et alliées avec Š. M. I.
auxquelles on aura sans doute communiqué tout ce
qui s'est passé dans l'affaire de Pologne , et qui par
consequent n'ignorent pas laquelle des deux Hautes
Parties doit être considerée comme l'Agresseur dans
la presente Guerre , n'ont pas encore jusqu'à present
jugé à propos de se déclarer contre la France ,
soit par le desir de conserver quelques uns de leurs
Etats et Sujets , ou pour d'autres raisons , quoique
quelques unes de ces Puissances se mettent sur
leurs gardes , ce n'est apparemment que pour mieux
maintenir et conserver la tranquillité.
Si le Saint Empire Romain se trouvoit frustré de
Passistance de ces Puissances, le poids de la presente
Guerre lui seroit difficile à supporter , et le danger
plus grand et plus évident sur tout si S. M. I.
alloit retirer en tout ou en partie , les Troupes qu'elle
a fur
MAY. 1734
977
vaisur
le Rhin pour les envoyer à la défense de ses
autres Etatt et qu'elle laissat aux Cercles le soin de
la défense de l'Empire. Cette crainte n'est pas
neni chimerique , elle est fondée sur l'experience de
se qui s'est passé pendant la derniere Guerre , où
P'on a vu les Troupes Imperiales quitter le Rhin , et
les Cercles seuls obligés de défendre leurs Terres ,
leur grand préjudice , et à la ruine de leurs Pays.
Deplus , les Actes de l'Empire font foi que d'un
côté les Etats ne voulurent pas dans la derniere
Guerre s'engager avant que les deux Puissances
Maritimes se fussent alliés avec Sa Majesté Imperiale
; et que d'un autre côté , aussi- tôt que lesdites
Puissances se furent separées de la grande Alliance
, les mêmes Etats jugerent à propos d'accepter
les conditions du Traité de Rastadt , donnant
par-1
-là clairement à connoître combien il leur étoit
impossible de continuer la Guerre sans la concurrence
des Puissances Maritimes. C'est pourquoi le
Saint Empire Romain , et en particulier les Cercles
les plus exposés , qui certainement ne se sont pas encore
rétablis des pertes souffertes , feroient bien de
senger à épargner et ménager leurs forces chancellantes
pour des occasions plus importantes qui pourroient
survenir , et qui dépendent de la viciffitude
des choses , sans quoi on pourroit bien s'en repentir ,
mais peut-être trop tard.
4°. La Couronnede France ne peut trouver mau
vais que l'Empire employe pour sa défense tous les
moyens necessaires et conformes au droit naturel ;
puisque dans la Déclaration qu'elle a fait faire par
son Ministre , et qui se trouve attachée au Decret
Imperial de Commission ci - desus mentionné , Elle
promet solemnellement sous la Foi publique qu'elle
se prêtera à tout ce qui peut maintenir la tranquil-
Jité du SaintEmpire Romain : Or , rien n'y pens
G plus
978 MERCURE DE FRANCE
plus contribuer qu'un Etat convenable de défense ?
d'ailleurs cette même Couronne У déclare qu'elle
fera bonifier , si cela n'a étéfait , les Contributions
qu'elle a été obligée d'exiger sur les Terres de l'Empire
, et qu'elle fera restituer le Fort de Kehl dont
elle s'est emparée , ou qu'elle le fera garder par des
Troupes Neutres jusqu'à la Paix , afin que le Saint
Empire Romain n'en prenne aucun ombrage.
›
Pour toutes les raisons alleguées ci- dessus , S. A.
E. quelque affectionnée et fidele qu'elle soit à S. M.
I. ne sçauroit conformément à son devoir conseiller
que le Saint Empire Remain doive s'engager
dans une Guerre generale si dangereuse et si ruineuse
, qui occasionnera dans la suite l'effusion de
tant de sang Chrétien et la désolation des Terres
qui pourront être foulées autant par les Troupes qui
viendront à son secours que par celles des Ennemis.
Elle espere au contraire , que S. M. I. qui a donné
tant de preuves de son amour pour la Justice et la
Paix , voudra bien en consequence de cet amour
et vú les presentes circonstances dangereuses approuver,
ainsi qu'on vient de le proposer , que le Saint
Empire Romain se mette dans un état naturel et
convenable de défense , et qu'elle regardera d'un
oil favorable tout ce qui a été allegué à ce sujet ,
comme provenant d'un coeur sincere et affectionné
pour le bien de la Patrie. S. A. E. souhaite de
plus , conformément aux Loix établies par la Paix
de Vestphalie , que les Etats de l'Empire , avani
que de prendre les Armes , tentent les voyes d'ac
commodement au moyen d'une mediation generale
du Saint Empire Romain , ainsi que cela s'est pratiqué
ci-devant , sous le Regne des Predecesseurs de
S. M. I. et en particulier en l'année 1673. on
pourroit peut-être par ce moyen terminer le tout à
Pamiable. Mais si cette proposition , quoique fondée
5267
MAY. 1734. 9-9
ser les Loix fondamental es du Traité de Paix n'est
point acceptée , S. A. E. de Baviere persiste toujours
dans son opinion , que dans la situation presente
des affaires il ne convient pas au Saint Empire
Romain de donner occasion à de nouvelles hostilités
de la part de la France ; et quoiqu'on doive
s'attendre que cette Couronne maintiendra la déclaration
faite par M. Blondel , son Miniftre , et
que conformément à ses promesses , Elle ne troublera
pas la paix et la tranquillité de l'Empire , à
moins qu'elle n'y soit provoquée. S. A. E. croit
néanmoins que le Saint Empire en general et chaque
Etat en particulier , doivent conformement à ce
qui a été résolu dans l'Assemblée des Cercles associés
, se mettre en bon état de se défendre , sans préjudice
de qui que ce soit. Ulteriora reservando.
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Résumé : EXTRAIT du Protocole de la Diete de l'Empire, contenant les raisons alleguées par les Ministres de Baviere, pour s'opposer à la Déclaration de guerre contre la France.
Le Protocole de la Diète de l'Empire présente les arguments des ministres de Bavière contre une déclaration de guerre contre la France. La guerre en cours entre l'Empire et la France résulte de l'élection d'un roi de Pologne, mais l'Empire n'a ni alliance ni engagement spécifique avec la Pologne, considérant donc cette affaire comme étrangère. Les ministres soulignent que l'Empire est en paix avec toutes les puissances étrangères et que la France a exprimé son désir de maintenir la paix et de respecter les traités, notamment en promettant de rendre le fort de Kehl. Les ministres estiment que l'Empire n'a aucune raison suffisante d'entrer en guerre, surtout que les États de l'Empire n'ont pas encore récupéré des pertes précédentes. Ils soulignent également que les conséquences d'une guerre sont incertaines et coûteuses. La Bavière recommande donc de se préparer à la défense sans provoquer de nouvelles hostilités et de chercher des voies d'accommodement par une médiation générale. Elle espère que l'Empereur approuvera cette position, visant à préserver la tranquillité au sein de l'Empire. Par ailleurs, une résolution adoptée lors de l'Assemblée des Cercles associés prévoit de se mettre en état de défense sans causer de préjudice à quiconque. La phrase 'Ulteriora reservando' indique que des points supplémentaires sont réservés pour une discussion ou une décision ultérieure.
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1149
p. 979-980
ITALIE.
Début :
Le 9. Avril, le Comte Zaluschi, Ministre du Roi de Pologne à Rome, eut Audience du Pape, [...]
Mots clefs :
Pologne, Rome, Pape, Théologiens, Élection, Électeur de Saxe, Corse
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texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
Le 9. Avril , le Comte Zaluschi , Ministre da
Roi de Pologne à Rome , eut Audience du Pape ,
à qui il demanda de la part de Sa Majesté Polonoise
, qu'on procedât contre les quatre Théologiens
qui ont approuvé et signé le faux Bref que
les Partisans de l'Electeur de Saxe avoient fait
répandre dans la Pologne , avant la prétendue
Election de ce Prince , et par lequel le Pape étoit
supposé délier les Evêques Polonois du serment
qu'ils avoient fait dans la Diete generale de Convocation
.
Le bruit court que le Pape a cité par un Bref
l'Evêque de Cracovie pour venir rendre compte
à Rome de sa conduite , au sujet de la prétendue
Election et du Couronnement de l'Electeur de
Saxe , mais on ne sçait pas encore les résolutions
que SaSainteté a prises par rapport aux quatre
Gij Théo980
MERCURE DE FRANCE
Théologiens , sur le procedé desquels le Roi de ·
Pologne demande satisfaction.
Il est défendu à Rome,sous des peines très- rigoureuses
par un Edit qu'on y a publié depuis peu , à
toutes personnes de quelque condition qu'elles
soient, de parler peu respectueusement d'aucun
Prince à l'occasion de la Guerre , et de former
des Assemblées tumultueuses.
On écrit de Genes que le Gouvernement a
donné ordre de faire de nouvelles levées qu'il destine
pour l'Ile de Corse , où on a été obligé d'envoyer
depuis peu un renfort de 3000. hommes
pour s'opposer aux progrès des Rebelles , dont
le nombre augmente tous les jours , et d'où on a
reçû avis que la Garnison de Corse , étant convenue
avec leurs Chefs de leur rendre cette Place
, si elle n'étoit pas secouruë dans un tems prescrit
, en étoit sortie après ce terme expiré; que le
Commandant et quatre autres Officiers avoient
eu seuls la liberté d'emporter leurs armes , et
qu'ils avoient été conduits , ainsi que le reste de
la Garnison , à San - Pelegrino,
Le 9. Avril , le Comte Zaluschi , Ministre da
Roi de Pologne à Rome , eut Audience du Pape ,
à qui il demanda de la part de Sa Majesté Polonoise
, qu'on procedât contre les quatre Théologiens
qui ont approuvé et signé le faux Bref que
les Partisans de l'Electeur de Saxe avoient fait
répandre dans la Pologne , avant la prétendue
Election de ce Prince , et par lequel le Pape étoit
supposé délier les Evêques Polonois du serment
qu'ils avoient fait dans la Diete generale de Convocation
.
Le bruit court que le Pape a cité par un Bref
l'Evêque de Cracovie pour venir rendre compte
à Rome de sa conduite , au sujet de la prétendue
Election et du Couronnement de l'Electeur de
Saxe , mais on ne sçait pas encore les résolutions
que SaSainteté a prises par rapport aux quatre
Gij Théo980
MERCURE DE FRANCE
Théologiens , sur le procedé desquels le Roi de ·
Pologne demande satisfaction.
Il est défendu à Rome,sous des peines très- rigoureuses
par un Edit qu'on y a publié depuis peu , à
toutes personnes de quelque condition qu'elles
soient, de parler peu respectueusement d'aucun
Prince à l'occasion de la Guerre , et de former
des Assemblées tumultueuses.
On écrit de Genes que le Gouvernement a
donné ordre de faire de nouvelles levées qu'il destine
pour l'Ile de Corse , où on a été obligé d'envoyer
depuis peu un renfort de 3000. hommes
pour s'opposer aux progrès des Rebelles , dont
le nombre augmente tous les jours , et d'où on a
reçû avis que la Garnison de Corse , étant convenue
avec leurs Chefs de leur rendre cette Place
, si elle n'étoit pas secouruë dans un tems prescrit
, en étoit sortie après ce terme expiré; que le
Commandant et quatre autres Officiers avoient
eu seuls la liberté d'emporter leurs armes , et
qu'ils avoient été conduits , ainsi que le reste de
la Garnison , à San - Pelegrino,
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Résumé : ITALIE.
Le 9 avril, le Comte Zaluschi, Ministre du Roi de Pologne à Rome, a rencontré le Pape pour demander son intervention contre quatre théologiens ayant approuvé et signé un faux bref en Pologne. Ce document prétendait que le Pape déliait les évêques polonais de leur serment lors de la Diète générale de Convocation. Des rumeurs évoquent une convocation de l'évêque de Cracovie pour expliquer sa conduite concernant l'élection et le couronnement de l'Électeur de Saxe, mais les décisions concernant les théologiens restent inconnues. À Rome, un édit récent interdit les propos irrespectueux sur les princes en lien avec la guerre et les rassemblements tumultueux, sous peine de sanctions sévères. De Gênes, des nouvelles rapportent l'ordre de lever de nouvelles troupes pour la Corse, où 3000 hommes ont été envoyés pour contrer les rebelles. La garnison de Corse a été transférée à San-Pélegrino, sauf le commandant et quatre officiers qui ont pu emporter leurs armes.
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1150
p. 988-991
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le 22. du mois dernier, la Populace s'étant assemblée tumultueusement dans divers endroits [...]
Mots clefs :
Peuple, Parlement, Droits, Roi, Intérêt, Chambre des communes, Établissement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
2
E 22. du mois dernier , la Populace s'étant
Lassemblée cumultueusement dans divers en
droits de Londres , aliuma des feux dans les ruës
pour témoigner sa joye de ce que l'année derniere
à pareil jour , la Chambre des Communes
rejetta le Bill pour augmenter les droits sur les
Boissons fortes , et pour établir une nouvelle maniere
de les percevoir. Elle cassa les vitres de
P'Hôtel du Lord- Maire et de toutes les maisons,
de ceux qui refuserent de mettre des lumieres sur
leurs fenêtres , et les efforts que firent les Officiers
chargez de la Police , pour faire cesser le désor
dre , furent inutiles.
Le 27. Avril , à 3. heures après midy , le Roy
se rendit à la Chambre des Pairs avec les ceremonies
accoutumées , et S. M. ayant mandé la
Chambre des Communes , donna son consentement
à divers Bills , et fit ensuite le Discours
suivant.
MY LORDS ET MESSIEURS.
>
Je vous remercie d'avoir dépêché si promptement
les affaires publiques , et de la confiance que vous
avez prise en moi pour l'honneur et la seureté de mon
Royaume. Une Session si courte terminée avec
tant d'unanimité et de si justes égards pour le veritable
interêt de la Nation dans une conjoncture si dé-
"
licate
MAY. 7734-
34
licate , donnera beaucoup de poids et de crédit à tou
tes nos démarches , et assurera au Parlement le respect
et la confiance si nécessaires pour maintenir
Phonneur et l'interêt de la Grande-Bretagne , tant
au dedans qu'en dehors.
MESSIEURS DE LA CHAMBRE DES COMMUNES
Je dois reconnoître d'une maniere particuliere le Zele
et la promptitude que vous avez montrez dans ce
qui concerna la levée des subsides nécessaires pour le
service de cette année . L'attention que vous avez
eue d'assigner des fonds pour acquitter une grande
partie des dettes de la Marine , dettes qu'on a été
nécessairement et inévitablement obligé de contracter
, et qui portant un interêt plus fort que les anciennes
dettes de la Nation , et étant sujettes à un
décomte , augmentoient la dépense dans tous les
Contracts pour la Flote et pour l'avituaillement ,
doit certainement être regardée comme un servicê
essentiel rendu au Public.
MYLORDS ET MESSIEURS ,
Le temps limitépour l'expiration de ce Parlemens
étant prochain , j'ai resolu de faire publier une Proclamation
pour le dissoudre et pour convoquer un
nouveau Parlement, afin de mettre fin aussi -tôt qu'il
sera possible aux inconveniens qui sont les suites inévitables
d'une Election generale , mais je me croirois
inexcusable si je quittois ce Parlement sans lui
faire la justice de reconnoître toutes les preuves écla
tantes que durant le cours de 7 années il a donné
de son fidele attachement pour ma Personne et pour
mon Gouvernement et de ses égards constants pour
le veritable interêt de la Patrie. La prosperité et
La gloire de mon Regne dépendent de l'affection et
du bonheur de mon Peuple , et le bonheur de mon
Peuple
990 MERCURE DE FRANCE
Peuple dépend de la conservation de tous ses legitimes
droits et Privileges , tels qu'ils sont assurez par
l'établissement présent de la Couronne dans la Ligne
Protestante. L'exacte observation et la juste
execution des Loix sont la meilleure et l'unique sireté,
tant pour le Souverain que pour les Sujets ;
leur interêt est mutuel et indivisible , et par consequent
leurs efforts pour se soutenir mutuellement doivent
être égaux et réciproques ; toute usurpation des
droits du Roy ou de ceux du Peuple , est une diminution
du pouvoir de l'un et de l'autre, qui étant tenu
des deux parts dans ses justes bornes ,fait la balance
qui est si nécessaire pour l'honneur et la dignité
de la Couronne et pour la prosperité du Peuple.
J'observerai religieusement pout cet effet tout ce qui
dépendra de moi , ne doutant point d'un juste retour
de soumission et de reconnoissance de mes Sujeis . Je
dois vous recommander particulierement , et j'attends
cette marque de votre affection si connue , de
faire tous vos efforts pour faire cesser les malheu
reuses divisions de cette Nation , et pour concilier
les esprits de tous ceux qui souhaitent sincerement
la sûreté et la prosperité du Royaume. Ce me seroit
une très-grande satisfaction de voir une parfaite
harmonie rétablie parmi ceux qui n'ont et ne doi→
vent avoir à coeur qu'un même objet , afin qu'il n'y
ait plus de distinction qu'entre ceux qui souhaitent
le maintien de notre heureux établissement présent
dans l'Eglise et dans l'Etat , et ceux qui voudroient
renverser l'une et l'autre ; c'est la seule distinction
qui devroit être remarquée dans un pays où l'interêt
du Roy et du Peuple est le même. Si dans aucun
temps les Droits de la Religion , de la liberté
et de la proprieté , n'ont été maintenus avec plus
d'ardeur de la part du Gouvernement , et si jamais
le Peuple n'en ajoui plus pleinement , qu'on ne met
te doac
MAY. 1734. 991
że donc plus en usage ces noms sacrez comme des
prétextes artificieux etplausibles pour renverser l'établissement
présent sous lequel elles sont à couvert.
Je n'ai rien à souhaiter si non que mon Peuple ne
se laisse point surprendre. J'en appelle à sa conscience
pour ma conduite et j'espere que la Providence
divine le dirigera dans le choix de Deputez
dignes , que le soin et la conservation de la Religion
Protestante , de l'établissement présent et de
tous les Droits Religieux et Civils de la Grande-
Bretagne leur soient confiez .
Le Duc de Buckingham , à qui le Roy a permis
de servir dans l'Armée Françoise , sur le
Rhin , en qualité d'Ayde de Camp du Maréchal
de Berwick , partit le 28. du mois dernier pour
s'y rendre .
Le 3. de ce mois , le Prince et la Princesse
d'Orange, s'étant rendus en Chaises à Porteurs à
Whitehall , s'embarquerent sur une des Berges
du Roy , et descendirent la Tamise jusqu'à Lambeth
, pour y prendre les Carosses du Roy , qui
les ont conduits à Gravesend , d'où le Yacht le
Fubbs doit les transporter en Hollande , sous
l'escorte de cinq Vaisseaux de Guerre.
On apprend en dernier lieu de Londres , qu'il
y a déja 350. Membres du Parlement élûs , ét
dans ce nombre on en compte plus de 200. qui
étoient du dernier Parlement. Plusieurs Habitans
de Douvres ont été accusez d'avoir reçû des
sommes considerables pour donner leurs voix à
certaines personnes dans l'Election qu'ils ont faite
dernierement de leurs Députez au Parlement ,
les Magistrats doivent les poursuivre juridiquemont
, en execution de l'Acte du Parlement contre
ceux qui se laissent corrompre.
2
E 22. du mois dernier , la Populace s'étant
Lassemblée cumultueusement dans divers en
droits de Londres , aliuma des feux dans les ruës
pour témoigner sa joye de ce que l'année derniere
à pareil jour , la Chambre des Communes
rejetta le Bill pour augmenter les droits sur les
Boissons fortes , et pour établir une nouvelle maniere
de les percevoir. Elle cassa les vitres de
P'Hôtel du Lord- Maire et de toutes les maisons,
de ceux qui refuserent de mettre des lumieres sur
leurs fenêtres , et les efforts que firent les Officiers
chargez de la Police , pour faire cesser le désor
dre , furent inutiles.
Le 27. Avril , à 3. heures après midy , le Roy
se rendit à la Chambre des Pairs avec les ceremonies
accoutumées , et S. M. ayant mandé la
Chambre des Communes , donna son consentement
à divers Bills , et fit ensuite le Discours
suivant.
MY LORDS ET MESSIEURS.
>
Je vous remercie d'avoir dépêché si promptement
les affaires publiques , et de la confiance que vous
avez prise en moi pour l'honneur et la seureté de mon
Royaume. Une Session si courte terminée avec
tant d'unanimité et de si justes égards pour le veritable
interêt de la Nation dans une conjoncture si dé-
"
licate
MAY. 7734-
34
licate , donnera beaucoup de poids et de crédit à tou
tes nos démarches , et assurera au Parlement le respect
et la confiance si nécessaires pour maintenir
Phonneur et l'interêt de la Grande-Bretagne , tant
au dedans qu'en dehors.
MESSIEURS DE LA CHAMBRE DES COMMUNES
Je dois reconnoître d'une maniere particuliere le Zele
et la promptitude que vous avez montrez dans ce
qui concerna la levée des subsides nécessaires pour le
service de cette année . L'attention que vous avez
eue d'assigner des fonds pour acquitter une grande
partie des dettes de la Marine , dettes qu'on a été
nécessairement et inévitablement obligé de contracter
, et qui portant un interêt plus fort que les anciennes
dettes de la Nation , et étant sujettes à un
décomte , augmentoient la dépense dans tous les
Contracts pour la Flote et pour l'avituaillement ,
doit certainement être regardée comme un servicê
essentiel rendu au Public.
MYLORDS ET MESSIEURS ,
Le temps limitépour l'expiration de ce Parlemens
étant prochain , j'ai resolu de faire publier une Proclamation
pour le dissoudre et pour convoquer un
nouveau Parlement, afin de mettre fin aussi -tôt qu'il
sera possible aux inconveniens qui sont les suites inévitables
d'une Election generale , mais je me croirois
inexcusable si je quittois ce Parlement sans lui
faire la justice de reconnoître toutes les preuves écla
tantes que durant le cours de 7 années il a donné
de son fidele attachement pour ma Personne et pour
mon Gouvernement et de ses égards constants pour
le veritable interêt de la Patrie. La prosperité et
La gloire de mon Regne dépendent de l'affection et
du bonheur de mon Peuple , et le bonheur de mon
Peuple
990 MERCURE DE FRANCE
Peuple dépend de la conservation de tous ses legitimes
droits et Privileges , tels qu'ils sont assurez par
l'établissement présent de la Couronne dans la Ligne
Protestante. L'exacte observation et la juste
execution des Loix sont la meilleure et l'unique sireté,
tant pour le Souverain que pour les Sujets ;
leur interêt est mutuel et indivisible , et par consequent
leurs efforts pour se soutenir mutuellement doivent
être égaux et réciproques ; toute usurpation des
droits du Roy ou de ceux du Peuple , est une diminution
du pouvoir de l'un et de l'autre, qui étant tenu
des deux parts dans ses justes bornes ,fait la balance
qui est si nécessaire pour l'honneur et la dignité
de la Couronne et pour la prosperité du Peuple.
J'observerai religieusement pout cet effet tout ce qui
dépendra de moi , ne doutant point d'un juste retour
de soumission et de reconnoissance de mes Sujeis . Je
dois vous recommander particulierement , et j'attends
cette marque de votre affection si connue , de
faire tous vos efforts pour faire cesser les malheu
reuses divisions de cette Nation , et pour concilier
les esprits de tous ceux qui souhaitent sincerement
la sûreté et la prosperité du Royaume. Ce me seroit
une très-grande satisfaction de voir une parfaite
harmonie rétablie parmi ceux qui n'ont et ne doi→
vent avoir à coeur qu'un même objet , afin qu'il n'y
ait plus de distinction qu'entre ceux qui souhaitent
le maintien de notre heureux établissement présent
dans l'Eglise et dans l'Etat , et ceux qui voudroient
renverser l'une et l'autre ; c'est la seule distinction
qui devroit être remarquée dans un pays où l'interêt
du Roy et du Peuple est le même. Si dans aucun
temps les Droits de la Religion , de la liberté
et de la proprieté , n'ont été maintenus avec plus
d'ardeur de la part du Gouvernement , et si jamais
le Peuple n'en ajoui plus pleinement , qu'on ne met
te doac
MAY. 1734. 991
że donc plus en usage ces noms sacrez comme des
prétextes artificieux etplausibles pour renverser l'établissement
présent sous lequel elles sont à couvert.
Je n'ai rien à souhaiter si non que mon Peuple ne
se laisse point surprendre. J'en appelle à sa conscience
pour ma conduite et j'espere que la Providence
divine le dirigera dans le choix de Deputez
dignes , que le soin et la conservation de la Religion
Protestante , de l'établissement présent et de
tous les Droits Religieux et Civils de la Grande-
Bretagne leur soient confiez .
Le Duc de Buckingham , à qui le Roy a permis
de servir dans l'Armée Françoise , sur le
Rhin , en qualité d'Ayde de Camp du Maréchal
de Berwick , partit le 28. du mois dernier pour
s'y rendre .
Le 3. de ce mois , le Prince et la Princesse
d'Orange, s'étant rendus en Chaises à Porteurs à
Whitehall , s'embarquerent sur une des Berges
du Roy , et descendirent la Tamise jusqu'à Lambeth
, pour y prendre les Carosses du Roy , qui
les ont conduits à Gravesend , d'où le Yacht le
Fubbs doit les transporter en Hollande , sous
l'escorte de cinq Vaisseaux de Guerre.
On apprend en dernier lieu de Londres , qu'il
y a déja 350. Membres du Parlement élûs , ét
dans ce nombre on en compte plus de 200. qui
étoient du dernier Parlement. Plusieurs Habitans
de Douvres ont été accusez d'avoir reçû des
sommes considerables pour donner leurs voix à
certaines personnes dans l'Election qu'ils ont faite
dernierement de leurs Députez au Parlement ,
les Magistrats doivent les poursuivre juridiquemont
, en execution de l'Acte du Parlement contre
ceux qui se laissent corrompre.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 22 du mois précédent, la population de Londres a célébré le rejet par la Chambre des Communes d'un projet de loi visant à augmenter les droits sur les boissons fortes et à modifier leur perception. Cette célébration s'est manifestée par des feux dans les rues et des bris de vitres chez ceux refusant de mettre des lumières à leurs fenêtres. Les efforts de la police pour rétablir l'ordre ont été inutiles. Le 27 avril, le roi s'est rendu à la Chambre des Pairs pour donner son consentement à divers projets de loi. Dans son discours, il a remercié les parlementaires pour leur promptitude et leur unanimité dans la gestion des affaires publiques. Il a souligné l'importance de maintenir l'honneur et l'intérêt de la Grande-Bretagne, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du royaume. Le roi a également reconnu les efforts des Communes pour lever les subsides nécessaires et acquitter une partie des dettes de la Marine. Le roi a annoncé la dissolution du Parlement et la convocation d'un nouveau Parlement pour éviter les inconvénients des élections générales. Il a exprimé sa gratitude pour l'attachement et les égards constants du Parlement envers sa personne et le gouvernement. Il a insisté sur la nécessité de conserver les droits et privilèges légitimes du peuple et de maintenir l'observation des lois pour la sécurité mutuelle du souverain et des sujets. Le Duc de Buckingham est parti le 28 du mois précédent pour servir dans l'armée française sur le Rhin. Le Prince et la Princesse d'Orange ont quitté Londres pour la Hollande, escortés par des vaisseaux de guerre. À ce jour, 350 membres du nouveau Parlement ont été élus, dont plus de 200 étaient membres du dernier Parlement. Plusieurs habitants de Douvres ont été accusés de corruption lors des élections et doivent être poursuivis en justice.
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