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1
p. 3057-3066
Honneurs rendus à l'Infant Don Carlos en France [titre d'après la table]
Début :
Le Roy ayant appris que l'Infant Don Carlos étoit parti de Seville pour se rendre [...]
Mots clefs :
Infant Don Carlos, Intendants, Séville, Perpignan, Narbonne, Consuls
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texteReconnaissance textuelle : Honneurs rendus à l'Infant Don Carlos en France [titre d'après la table]
Le Roy ayant appris que l'Infant Don
Carlos étoit parti de Seville pour se rendre
en Italie , et le Marquis de Castellar
ayant demandé à S. M. de la part du Roi
d'Espagne , de trouver bon que l'Infant
passât par le Roussillon , par le Languedoc
, et par la Provence , le Roy donna
ses Ordres aux Commandans et aux Intendans
de ces trois Provinces , pour que
S. A. R. y fut reçue avec tous les honneurs
dûs à son rang ; et M. Desgranges ,
Maître des Cérémonies , fut envoyé sur
- II. Vol. G la
308 MERCURE DE FRANCE
la Frontiere , pour accompagner l'Infant
jusqu'à Antibes , et le faire recévoir dans
toutes les Villes de son passage , avec les
cérémonies convenables.
›
3 L'Infant Don Carlos , qui avoit fait
en traversant l'Espagne , plus de diligence
qu'on ne l'avoit compté , arriva le 26
du mois de Novembre dernier au Ruisseau
de Lobregat , qui sépare les Royaumes
de France et d'Espagne , et il y fut
reçu par le Marquis de Cailus , Lieutenant
General des Armées du Roy et
Commandant en Roussillon , et par M.
de Jallais , Intendant de la même Province.
Il alla coucher au Boulou , où un
Détachement du Regiment de Toulouse
de 150 hommes , avecun Drapeau de couleur
, monta la Garde chez ce Prince
comme cela s'est pratiqué dans tous les
endroits où il s'est arrêté pendant son
passage en France.
Le 27 , S. A. R. arriva à Perpignan , et
elle y entra au bruit de toute l'Artillerie
de la Place , dont la Garnison étoit sous
les Armes ; lorsqu'elle fut descenduë à la
Maison qui lui avoit été préparée , elle
fut complimentée par le Chapitre de la
Cathedrale , par le Conseil supérieur du
Rousillon , par les Consuls , et par tous
les Corps de la Ville. L'après- midy , l'In-
II. Vol. · fant
1
.
DECEMBRE 1731. 3059
Fant alla prendre le divertissement de la
Chasse , et à son retour , il trouva toutes
les rues illuminées : l'Hôtel de Ville , et
les Maisons occupées par le Marquis de
Cailus et par M. de Jallais , le furent avec
beaucoup de magnificence.
> " Le 28 , l'Infant alla voir la Citadelle ;
où il fut salué , en entrant et en sortant ,
par toute l'Artillerie le soir , il y eût
des illuminations dans toute la Ville ;
'on donna à l'Hôtel de Ville un grand Bal,
et il y eût , comme le jour précedent , un
Concert dans l'Appartement de l'Infant.
Le 29 , ce Prince partit de Perpignan ;
le Marquis de Cailus et M. de Jallais l'ac
compagnerent jusqu'aux Cabanes de Firou
, qui séparent le Roussillon d'avec le
Languedoc . S. A. R. y trouva le Marquis
de la Fare , Chevalier des Ordres du Roi,
Commandant en Languedoc , et M. Ber
nage de St. Maurice , qui en est Intendant.
L'Infant dîna à Fitou et il alla
coucher à Sigean .
Le 30 , il dîna à Narbonne ; où il fut
reçu à la porte de la Ville par les Consuls,
et au bruit du Canon . La Compagnie dés
Hallebardiers qui compose la Garnison
ordinaire de la Ville , étoit sous les Armes
, et le Regiment de Medoc formoit
'une double haye depuis la Porte de la
II. Vol. Gij Ville
3060 MERCURE DE FRANCE
Ville jusqu'au Palais Archiepiscopal , dont
l'Archevêque fit les honneurs. S. A. R.
y reçut les presens de la Ville ; et après
avoir dîné en public , elle partit pour
aller coucher à Beziers. L'Infant descendit
à l'Evêché , et il y fut complimenté
par l'Evêque à la tête du Chapitre , et par
le Présidial . Les Consuls qui l'avoient
à la Porte de la Ville , lui
reçu apporterent
les presens ordinaires , et le soir on
donna un Concert à ce Prince.
Le 1. Decembre , l'Infant arriva à Pezenas
, et il employa l'après-midy à chasser
dans le Parc de la Grange des Prez ,
où le Marquis de la Fare avoit fait rassembler
une grande quantité de Gibier.
Le 2 , l'Infant dîna à Loupian , et il
arriva le même jour à Montpellier ; et
après avoir été complimenté à la Porte de
la Ville par les Consuls , il alla descendre
à une Maison qui appartient au Roy , et
qui est ordinairement occupée par le Premier
Président de la Chambre des Comptes
. Les ruës par lesquelles ce Prince pasétoient
tenduës sa > de Tapisseries ; la
Ville étoit illuminée , et on a observé la
même chose dans les Villes du Languedoc
, où il s'est arrêté. Lorsque l'Infant
entra à Montpellier , il fut salué par le
Canon de la Citadelle , et par un grand
nombre JI. Vol
DECEMBRE . 1731. 3051
nombre de Boëtes , et le Regiment de
Tessé étoit en haye sur le passage de S.
A. R, qui en descendant de Carosse voulut
que le Marquis delaFare eût l'honneur
de lui donner la main . Aussi tôt que l'Infant
fut entré dans son Appartement , il
y reçut les presens de la Ville , et il fut
complimenté par le Chapitre, par la Cour
des Compres et des Aydes , par le Bureau
des Finances , par le Présidial , et par les
Facultés de Droit et de Medecine.
Ce Prince s'étant déterminé à séjourner
le 3. à Montpellier , il alla le matin.
voir la Statue Equestre du feu Roy , et le
Jardin Royal des Plantes , où il fut reçu
M. Chicoyneau Fils , Chancelier de
la Faculté de Medecine , qui , au sortir
du Jardin , lui fit voir des Anatomies en
cire. L'après-midy , l'Infant alla à la Chasse
, et en rentrant , il vit la Citadelle.
· par
pa
Le 4 , ce Prince reçut , en partant de
Montpellier , les mêmes honneurs qui lui
avoient été rendus à son arrivée : il dîna
à Lunel , et alla coucher à Nismes , où il
trouva les Consuls à la Porte. Il logea à
l'Evêché , où il fut complimenté par l'Evêque
, et par le Président de Montclus.
où Les , l'Infant arriva à Tarascon ,
le Marquis de la Fare et M. Bernage dè
S. Maurice prirent congé de S. A. R. qui
II. Vol Giij fut
3062 MERCURE DE FRANCE
fut reçue , en entrant en Provence , par
M. Le Bret , Conseiller d'Etat , Premier
Président du Parlement de Provence
Commandant et Intendant dans cette
Province.
Le 6 , l'Infant partit de Tarascon , et
alla coucher à Sallon , où le mauvais tems,
l'obligea de séjourner le 7.
Le 8 , ce Prince arriva à Aix. Il y fut
complimenté par l'Archevêque , à la tête
du Chapitre , par les Députez du Parlement
, par ceux de la Cour des Comptes,
Aydes et Finances , par les Trésoriers,
de France , par l'Université et par la
Sénéchaussée les Syndics de la Noblesse.
lui rendirent aussi leurs respects , et S. A. -
R. reçut les presens de la Ville ,
:
Le 9 , l'Infant coucha à S. Maximin ;
le 10 , à Brignole , et le 11. il arriva au
Luc. Le débordement de quelques Ruisseaux
ayant rendu les chemins impratiquables
, l'Infant séjourna au Luc jusqu'au
5 , qu'il en partit pour Frejus , d'où il
alla le 16 à Cannes. Le Grand-Prieur de
France , que le Roy avoit envoyé pour
complimenter l'Infant , et qui étoit parti
de Paris aussi- tôt que l'on avoit appris
que ce Prince étoit entré en France , arriva
Cannes le 17 au matin , dans le moment
S. A. R. alloit en partir. Le Grand-
II. Vol. Prieur
que
DECEMBRE 1732. 3063
Prieur , après avoir exécuté la commis
sion que le Roy lui avoit donnée , accom
pagna l'infant à Antibes , où il lui pré
senta l'Epée garnie de Diamans , que S.M.
a envoyée à S. A. R , qui parut très tou
chée de ce present.
Le lendemain de l'arrivée de l'Infant
à Antibes , on commenca à préparer tour
ce qui étoit nécessaire pour le départ de
ce Prince , qui s'est embarqué le 23. au
matin sur les Galeres d'Espagne qui l'attendoient
depuis 15 jours , et qui doi,
vent le transporter en Italie . L'Infant a
marqué beaucoup de satisfaction des honneurs
qui lui ont été rendus en France ,
et de la maniere avec laquelle il a été reçu
dans les Provinces par lesquelles il a passé
: les Commandans et les Intendans de
ces Provinces ont tenu pendant le Voyage
de S. A. R. des Tables servies avec autant
de délicatesse que d'abondance . Ils ont
procuré à ce Prince tous les amusemens
que le peu de temps qu'ils ont eû pour se
préparer à le recevoir , a pû leur permet
tre , et ils n'ont rien épargné dans cette
occasion pour exécuter dignement les ordres
du Roy , et pour répondre en tout ce
qui les regardoit aux intentions de S.M ..
De Marseille le 7. Decembre. Tous les
JL.Kolo. Giiij pré3064
MERCURE DE FRANCE
préparatifs étoient faits et tous les ordres
donnez pour recevoir ce soir dans
cette Ville l'Infant Don Carlos , suivant
P'Itineraire que ce Prince devoit suivre
pour se rendre à Antibes. Il devoit séjourner
ici tout demain Samedy , et partir
le Dimanche matin. Tous les Quartiers
étoient sous les Armes , la superbe façade
de l'Hôtel de Ville préparée pour une
illumination des plus brillantes; toutes les
ruës par où l'Infant devoit passer ornées
de Tapisseries, d'Arcs de Triomphes , &c.
Une Illumination generale de toutes les
Maisons de la Ville devoit durer toute la
nuit , ainsi que les Feux de joye . Les Galeres
du Roy étoient prêtes aussi à être illuminées
et à faire des décharges generales
à l'arrivée du Prince qui devoit encore
être salué par tout le Canon des deux Citadelles
, et des Forts. Douze des plus
gros Vaisseaux de ce Port formoient une
ligne depuis la Chaîne jusqu'à l'Arcenal,
et étoient pareillement prêts à faire trois
salves . La Maison de M. P'Intendant ;
où le Prince devoit loger , étoit superbement
ornée. Enfin la Ville , dont tous les
Habitans étoient transportez d'une veritable
joye , avoit préparé des Présens extraordinaires.
L'Orateur de la Ville étoit
prêt de haranguer avec son éloquence
ordinaire,
11. Vol •
DECEMBRE 1731. 3063
ordinaire. Les choses en cet état , on regut
hier au soir par un Courier de M. le
Commandant , un avis que le Prince
ne viendroit point à Marseille , étant
obligé de presser sa marche et d'en changer
l'ordre. Une foule de nos Habitans
sont partis ce matin pour avoir,du moins,
le plaisir de le voir à Aix , &c..
De S. Maximin , le 16. Decembre. Le
R. P. Lombard , Prieur du Convent
Royal des Dominicains de cette Ville , a
écrit ce qui suit au sujet du Passage de
' Infant. Nous reçûmes ici le 9. de ce
mois à cinq heures du soir l'Infant Dor
Carlos et sa Suite nombreuse . Le Prince
coucha dans notre Monastere , ainsi que
le Comte de Sant- Estevan , son Gouver
eur , le Capitaine des Gardes , le Premier
Gentilhomme de sa Chambre , le P. Con
fesseur et son Compagnon, de l'Ordre de
S. François , sans parler d'un certain nom-.
bre de Gardes du Corps , &c . Je fus le
seul qui eut l'honneur de complimenter
S. A. R. et ce fut dans sa Chambre . J'assistai
à son souper , et le lendemain à
son dîner. Le soir de son arrivée le Com...
e de Sant-Estevan , qui avoit une Table
de 14.Couverts , m'invita à son souper,
quoi je m'excusai sur notre abstinence de:
1.1. Vol. Gv viande
de:
3066 MERCURE DE FRANCE
viande ; je restai cependant assis pendant
le souper auprès de la Table , et je bus à
la santé de son Excellence , après avoirmangé
quelques pieces de Confiture qu'elle
me fit l'honneur de me présenter sur
une assiete.
Le lendemain le Prince entendit la Mess
se dans sa Chambre , et après son dîné ,
il voulut visiter notre Eglise , voir les Reliques
et tout le Trésor , que j'eus l'honneur
de lui montrer. A la sortie de l'Eglise
S. A. R. monta en Carrosse pour
aller coucher à Brignole. On ne peut rien
voir de plus aimable que ce Prince
marquant beaucoup de pieté , d'esprit
et de vivacité. Il sçait fort bien le Fran
çois , mais il ne parle qu'Espagnol.
Carlos étoit parti de Seville pour se rendre
en Italie , et le Marquis de Castellar
ayant demandé à S. M. de la part du Roi
d'Espagne , de trouver bon que l'Infant
passât par le Roussillon , par le Languedoc
, et par la Provence , le Roy donna
ses Ordres aux Commandans et aux Intendans
de ces trois Provinces , pour que
S. A. R. y fut reçue avec tous les honneurs
dûs à son rang ; et M. Desgranges ,
Maître des Cérémonies , fut envoyé sur
- II. Vol. G la
308 MERCURE DE FRANCE
la Frontiere , pour accompagner l'Infant
jusqu'à Antibes , et le faire recévoir dans
toutes les Villes de son passage , avec les
cérémonies convenables.
›
3 L'Infant Don Carlos , qui avoit fait
en traversant l'Espagne , plus de diligence
qu'on ne l'avoit compté , arriva le 26
du mois de Novembre dernier au Ruisseau
de Lobregat , qui sépare les Royaumes
de France et d'Espagne , et il y fut
reçu par le Marquis de Cailus , Lieutenant
General des Armées du Roy et
Commandant en Roussillon , et par M.
de Jallais , Intendant de la même Province.
Il alla coucher au Boulou , où un
Détachement du Regiment de Toulouse
de 150 hommes , avecun Drapeau de couleur
, monta la Garde chez ce Prince
comme cela s'est pratiqué dans tous les
endroits où il s'est arrêté pendant son
passage en France.
Le 27 , S. A. R. arriva à Perpignan , et
elle y entra au bruit de toute l'Artillerie
de la Place , dont la Garnison étoit sous
les Armes ; lorsqu'elle fut descenduë à la
Maison qui lui avoit été préparée , elle
fut complimentée par le Chapitre de la
Cathedrale , par le Conseil supérieur du
Rousillon , par les Consuls , et par tous
les Corps de la Ville. L'après- midy , l'In-
II. Vol. · fant
1
.
DECEMBRE 1731. 3059
Fant alla prendre le divertissement de la
Chasse , et à son retour , il trouva toutes
les rues illuminées : l'Hôtel de Ville , et
les Maisons occupées par le Marquis de
Cailus et par M. de Jallais , le furent avec
beaucoup de magnificence.
> " Le 28 , l'Infant alla voir la Citadelle ;
où il fut salué , en entrant et en sortant ,
par toute l'Artillerie le soir , il y eût
des illuminations dans toute la Ville ;
'on donna à l'Hôtel de Ville un grand Bal,
et il y eût , comme le jour précedent , un
Concert dans l'Appartement de l'Infant.
Le 29 , ce Prince partit de Perpignan ;
le Marquis de Cailus et M. de Jallais l'ac
compagnerent jusqu'aux Cabanes de Firou
, qui séparent le Roussillon d'avec le
Languedoc . S. A. R. y trouva le Marquis
de la Fare , Chevalier des Ordres du Roi,
Commandant en Languedoc , et M. Ber
nage de St. Maurice , qui en est Intendant.
L'Infant dîna à Fitou et il alla
coucher à Sigean .
Le 30 , il dîna à Narbonne ; où il fut
reçu à la porte de la Ville par les Consuls,
et au bruit du Canon . La Compagnie dés
Hallebardiers qui compose la Garnison
ordinaire de la Ville , étoit sous les Armes
, et le Regiment de Medoc formoit
'une double haye depuis la Porte de la
II. Vol. Gij Ville
3060 MERCURE DE FRANCE
Ville jusqu'au Palais Archiepiscopal , dont
l'Archevêque fit les honneurs. S. A. R.
y reçut les presens de la Ville ; et après
avoir dîné en public , elle partit pour
aller coucher à Beziers. L'Infant descendit
à l'Evêché , et il y fut complimenté
par l'Evêque à la tête du Chapitre , et par
le Présidial . Les Consuls qui l'avoient
à la Porte de la Ville , lui
reçu apporterent
les presens ordinaires , et le soir on
donna un Concert à ce Prince.
Le 1. Decembre , l'Infant arriva à Pezenas
, et il employa l'après-midy à chasser
dans le Parc de la Grange des Prez ,
où le Marquis de la Fare avoit fait rassembler
une grande quantité de Gibier.
Le 2 , l'Infant dîna à Loupian , et il
arriva le même jour à Montpellier ; et
après avoir été complimenté à la Porte de
la Ville par les Consuls , il alla descendre
à une Maison qui appartient au Roy , et
qui est ordinairement occupée par le Premier
Président de la Chambre des Comptes
. Les ruës par lesquelles ce Prince pasétoient
tenduës sa > de Tapisseries ; la
Ville étoit illuminée , et on a observé la
même chose dans les Villes du Languedoc
, où il s'est arrêté. Lorsque l'Infant
entra à Montpellier , il fut salué par le
Canon de la Citadelle , et par un grand
nombre JI. Vol
DECEMBRE . 1731. 3051
nombre de Boëtes , et le Regiment de
Tessé étoit en haye sur le passage de S.
A. R, qui en descendant de Carosse voulut
que le Marquis delaFare eût l'honneur
de lui donner la main . Aussi tôt que l'Infant
fut entré dans son Appartement , il
y reçut les presens de la Ville , et il fut
complimenté par le Chapitre, par la Cour
des Compres et des Aydes , par le Bureau
des Finances , par le Présidial , et par les
Facultés de Droit et de Medecine.
Ce Prince s'étant déterminé à séjourner
le 3. à Montpellier , il alla le matin.
voir la Statue Equestre du feu Roy , et le
Jardin Royal des Plantes , où il fut reçu
M. Chicoyneau Fils , Chancelier de
la Faculté de Medecine , qui , au sortir
du Jardin , lui fit voir des Anatomies en
cire. L'après-midy , l'Infant alla à la Chasse
, et en rentrant , il vit la Citadelle.
· par
pa
Le 4 , ce Prince reçut , en partant de
Montpellier , les mêmes honneurs qui lui
avoient été rendus à son arrivée : il dîna
à Lunel , et alla coucher à Nismes , où il
trouva les Consuls à la Porte. Il logea à
l'Evêché , où il fut complimenté par l'Evêque
, et par le Président de Montclus.
où Les , l'Infant arriva à Tarascon ,
le Marquis de la Fare et M. Bernage dè
S. Maurice prirent congé de S. A. R. qui
II. Vol Giij fut
3062 MERCURE DE FRANCE
fut reçue , en entrant en Provence , par
M. Le Bret , Conseiller d'Etat , Premier
Président du Parlement de Provence
Commandant et Intendant dans cette
Province.
Le 6 , l'Infant partit de Tarascon , et
alla coucher à Sallon , où le mauvais tems,
l'obligea de séjourner le 7.
Le 8 , ce Prince arriva à Aix. Il y fut
complimenté par l'Archevêque , à la tête
du Chapitre , par les Députez du Parlement
, par ceux de la Cour des Comptes,
Aydes et Finances , par les Trésoriers,
de France , par l'Université et par la
Sénéchaussée les Syndics de la Noblesse.
lui rendirent aussi leurs respects , et S. A. -
R. reçut les presens de la Ville ,
:
Le 9 , l'Infant coucha à S. Maximin ;
le 10 , à Brignole , et le 11. il arriva au
Luc. Le débordement de quelques Ruisseaux
ayant rendu les chemins impratiquables
, l'Infant séjourna au Luc jusqu'au
5 , qu'il en partit pour Frejus , d'où il
alla le 16 à Cannes. Le Grand-Prieur de
France , que le Roy avoit envoyé pour
complimenter l'Infant , et qui étoit parti
de Paris aussi- tôt que l'on avoit appris
que ce Prince étoit entré en France , arriva
Cannes le 17 au matin , dans le moment
S. A. R. alloit en partir. Le Grand-
II. Vol. Prieur
que
DECEMBRE 1732. 3063
Prieur , après avoir exécuté la commis
sion que le Roy lui avoit donnée , accom
pagna l'infant à Antibes , où il lui pré
senta l'Epée garnie de Diamans , que S.M.
a envoyée à S. A. R , qui parut très tou
chée de ce present.
Le lendemain de l'arrivée de l'Infant
à Antibes , on commenca à préparer tour
ce qui étoit nécessaire pour le départ de
ce Prince , qui s'est embarqué le 23. au
matin sur les Galeres d'Espagne qui l'attendoient
depuis 15 jours , et qui doi,
vent le transporter en Italie . L'Infant a
marqué beaucoup de satisfaction des honneurs
qui lui ont été rendus en France ,
et de la maniere avec laquelle il a été reçu
dans les Provinces par lesquelles il a passé
: les Commandans et les Intendans de
ces Provinces ont tenu pendant le Voyage
de S. A. R. des Tables servies avec autant
de délicatesse que d'abondance . Ils ont
procuré à ce Prince tous les amusemens
que le peu de temps qu'ils ont eû pour se
préparer à le recevoir , a pû leur permet
tre , et ils n'ont rien épargné dans cette
occasion pour exécuter dignement les ordres
du Roy , et pour répondre en tout ce
qui les regardoit aux intentions de S.M ..
De Marseille le 7. Decembre. Tous les
JL.Kolo. Giiij pré3064
MERCURE DE FRANCE
préparatifs étoient faits et tous les ordres
donnez pour recevoir ce soir dans
cette Ville l'Infant Don Carlos , suivant
P'Itineraire que ce Prince devoit suivre
pour se rendre à Antibes. Il devoit séjourner
ici tout demain Samedy , et partir
le Dimanche matin. Tous les Quartiers
étoient sous les Armes , la superbe façade
de l'Hôtel de Ville préparée pour une
illumination des plus brillantes; toutes les
ruës par où l'Infant devoit passer ornées
de Tapisseries, d'Arcs de Triomphes , &c.
Une Illumination generale de toutes les
Maisons de la Ville devoit durer toute la
nuit , ainsi que les Feux de joye . Les Galeres
du Roy étoient prêtes aussi à être illuminées
et à faire des décharges generales
à l'arrivée du Prince qui devoit encore
être salué par tout le Canon des deux Citadelles
, et des Forts. Douze des plus
gros Vaisseaux de ce Port formoient une
ligne depuis la Chaîne jusqu'à l'Arcenal,
et étoient pareillement prêts à faire trois
salves . La Maison de M. P'Intendant ;
où le Prince devoit loger , étoit superbement
ornée. Enfin la Ville , dont tous les
Habitans étoient transportez d'une veritable
joye , avoit préparé des Présens extraordinaires.
L'Orateur de la Ville étoit
prêt de haranguer avec son éloquence
ordinaire,
11. Vol •
DECEMBRE 1731. 3063
ordinaire. Les choses en cet état , on regut
hier au soir par un Courier de M. le
Commandant , un avis que le Prince
ne viendroit point à Marseille , étant
obligé de presser sa marche et d'en changer
l'ordre. Une foule de nos Habitans
sont partis ce matin pour avoir,du moins,
le plaisir de le voir à Aix , &c..
De S. Maximin , le 16. Decembre. Le
R. P. Lombard , Prieur du Convent
Royal des Dominicains de cette Ville , a
écrit ce qui suit au sujet du Passage de
' Infant. Nous reçûmes ici le 9. de ce
mois à cinq heures du soir l'Infant Dor
Carlos et sa Suite nombreuse . Le Prince
coucha dans notre Monastere , ainsi que
le Comte de Sant- Estevan , son Gouver
eur , le Capitaine des Gardes , le Premier
Gentilhomme de sa Chambre , le P. Con
fesseur et son Compagnon, de l'Ordre de
S. François , sans parler d'un certain nom-.
bre de Gardes du Corps , &c . Je fus le
seul qui eut l'honneur de complimenter
S. A. R. et ce fut dans sa Chambre . J'assistai
à son souper , et le lendemain à
son dîner. Le soir de son arrivée le Com...
e de Sant-Estevan , qui avoit une Table
de 14.Couverts , m'invita à son souper,
quoi je m'excusai sur notre abstinence de:
1.1. Vol. Gv viande
de:
3066 MERCURE DE FRANCE
viande ; je restai cependant assis pendant
le souper auprès de la Table , et je bus à
la santé de son Excellence , après avoirmangé
quelques pieces de Confiture qu'elle
me fit l'honneur de me présenter sur
une assiete.
Le lendemain le Prince entendit la Mess
se dans sa Chambre , et après son dîné ,
il voulut visiter notre Eglise , voir les Reliques
et tout le Trésor , que j'eus l'honneur
de lui montrer. A la sortie de l'Eglise
S. A. R. monta en Carrosse pour
aller coucher à Brignole. On ne peut rien
voir de plus aimable que ce Prince
marquant beaucoup de pieté , d'esprit
et de vivacité. Il sçait fort bien le Fran
çois , mais il ne parle qu'Espagnol.
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Résumé : Honneurs rendus à l'Infant Don Carlos en France [titre d'après la table]
L'Infant Don Carlos traversa la France en route pour l'Italie, passant par le Roussillon, le Languedoc et la Provence. Le roi de France ordonna aux commandants et intendants de ces provinces de l'accueillir avec tous les honneurs dus à son rang. M. Desgranges, Maître des Cérémonies, fut chargé de l'accompagner jusqu'à Antibes. L'Infant arriva au Ruisseau de Lobregat le 26 novembre et fut accueilli par le Marquis de Cailus et M. de Jallais. Des cérémonies appropriées, incluant des salves d'artillerie et des illuminations, furent organisées en son honneur. À Perpignan, il fut reçu par divers corps de la ville et participa à des activités telles que la chasse et des concerts. Son voyage continua à travers plusieurs villes, dont Narbonne, Béziers, Pezenas, Montpellier, Nîmes, Tarascon, Aix, et enfin Antibes. Dans chaque ville, il reçut des honneurs similaires, incluant des salves de canon, des compliments des autorités locales et des illuminations. Le Grand-Prieur de France le rejoignit à Cannes et lui remit une épée garnie de diamants de la part du roi de France. L'Infant s'embarqua à Antibes le 23 décembre sur les galères d'Espagne. Il exprima sa satisfaction des honneurs reçus en France. Les commandants et intendants des provinces traversées avaient préparé des réceptions somptueuses, avec des tables abondantes et des amusements variés. Marseille, bien que préparée pour sa visite, ne le reçut pas en raison d'un changement d'itinéraire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 775-781
ITALIE.
Début :
Le 9. du mois dernier, le Pape envoya au Duc de Palombara, le Bref par lequel S. S. [...]
Mots clefs :
Royaume de Naples, Troupes impériales, Ville de Naples, Vice-roi, Infant Don Carlos, Empereur, Armée, Capoue, Pape, Conseil collatéral
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
E 9. du mois dernier , le Pape envoya au
Duc de Palombara , le Brefpar lequel S. S
absout le Cardinal Coscia de l'excommunication
G vj qu'il
776 MERCURE DE FRANCE
qu'il avoit encourue. On compte que ce Cardinal
sortira du Château Saint - Ange , et qu'il se
retirera dans le Convent de Saint Eusebe , où il
demeurera en attendant que la Chambre Apostolique
ait accepté les sûretez qu'il offre pour les
sonnes qui lui restent à payer. On a appris depuis
, qu'ayant reçû ce Bref, il entendit le 14.
la Messe dans le Château Saint- Ange.
On cut avis à Rome le 15. Mais , que l'Infant
Don Carlos étoit arrivé le matin à Monte-
Rotondo , et que le Cardinal Acquaviva , les
Princes Don Barthelemy et Don Philippe Corsini
, le Prince de Santo - Buono , le Marquis
Strozzi , le Marquis Sorano , les deux Auditeurs
de Rote de la Nation Espagnole , et quelques autres
personnes de distinction , qui y étoient allez
pour rendre leurs respects à ce Prince , avoient
cû l'honneur d'y dîner avec lui .
Le Duc de Saint Aignan , Ambassadeur du
Roy de France , s'y rendit l'après midy , et fut
admis à l'Audience du Prince , et le , Chevalier
de Saint Georges y alla le soir avec la Princesse
son Epouse et les deux Princes ses fils.
Le 22. le Prince Don Barthelemy Corsini ,
Grand- Ecuyer de l'Infant Don Carlos , partit de
Rome pour l'aller joindre à Tivoli.
Le Gouverneur de Rome a fait publier un ordre
à tous les Vagabons et autres gens sans aveu
qui sont dans cette Capitale , d'en sortir dans
un terme prescrit , sous peine d'être condamnez
2 Cinq. ans de Galeres ; il doit paroître incessamment
un autre Edit pour menacer de la même
peine les Déserteurs des Troupes Etrangeres quit
se réfugieront dans l'Etat Ecclesiastique , et qu'on
ne sera pas à portée de remettre à leurs Officiers.
» Sur la fin du Consistoire secret que le Pape
FIDE
A VRIL . 1734. 777
tint le 24. du mois dernier , S. S. créa Cardinaux
M, Pompée Aldovrandi , Boulonois , Patriarche
de Jerusalem , Vice-Camerlingue de la Sainte
Eglise , Gouverneur de la Ville et du Territoire
de Rome . Consulteur du saint Office , et des
Rits ; M. Séraphin Cency , Romain , Archevêque
de Benevent , le P. François - Pierre - Marie
Pieri , Siennois , General de l'Ordre des Servites,
Consulteur du Saint Office et des Rits , er Examinateur
des Evêques ; et M. Jacques Amadori
de Lanfredini , Florentin Chanoine de l'Eglise
de S. Pierre du Vatican , Secretaire de la Congrégation
du Concile , et Dataire de la Penitencerie
.
On a reçû avis de Rovero , que le Comte de
Merci , qui a été nommé par l'Empereur pour
commander l'Armée que 5. M. Imper ale assemblé
dans le Trentin avoit eu une attaque
d'apoplexie , qu'il é oit resté en paralysie, et que
le Prince Louis de Waremberg avoit pris le commandement
des Troupes
On écrit de Naples , que les sommes qu'on a
exigées des Communautez qui n'étoient pas en
drar de fournir le nombre d'hommes qu'on leur
a de mandé montent à 3600co . Ducats.
L'Empereur a écrit au Viceroy , d'accorder
certains Privileges à chaque Négociant de cette
Ville qui voudront prêter socco florins à quatre
pour cent d'interèt pour les dépenses de la
Guerre.
SM. Imperiale a envoyé de nouveaux Ordres
pour faire observer , avec la derniere rigueur , le
Decret par lequel il est enjoint à la Cour de la
Vicairerie de tatre saisit tous les revenus de ceux
qui ayant des Charges ou ces biens , fonds dans
le Royaume de Naples , n'y seront pas revenus
au temps prescrit.
778 MERCURE DE FRANCE
Il paroîtra incessamment un Edit pour permettre
à tous ceux qui ont été bannis du Royaume
, d'y rentrer , à condition que chacun d'eux
payera une somme proportionnée à la faute pour
laquelle il a été condamné au bannissement.
Il ne paroît pas que le Gouvernement persiste
dans la résolution qu'il avoit prise de faire démanteler
Capoue , et l'on assure au contraire
que le Prince Caraffe , Grand - Maréchal du
Royaume , le Prince de Belmonte Pignatelli ,
General de la Cavalerie , et le Comte de Traun ,
qui partirent le 8. du mois passé pour s'y rendre
, ont ordre d'en faire réparer les Fortifications
et d'y faire conduire une grande quantité
de Munitions de bouche et de
guerre , et que
plupart des Troupes de Naples , au lieu de tenir
la Campagne , sont destinées à deffendre cette
Place et celle de Gaëtte.
la
Il a été résolu par le Conseil Collateral d'abandonner
un des Châteaux de Naples et d'aug
menter les Garnisons des trois autres.
Le Gouvernement a aussi résolu de faire démolir
les lignes qu'on avoit construites près de
San-Germano , pour s'opposer au passage des
Troupes Espagnoles , et il a ordonné que les
Troupes qui étoient à portée dans ces quartierslà
, marchassent vers Gaëtte , après qu'elles auront
rompu le Pont de Garigliano , afin d'empêcher
les Espagnols d'en profiter pour entrer
dans le Royaume de Naples ; et on se propose
de former aux environs de Garigliano un Camp
qui sera composé des Bataillons qu'on attend de
Sicile et d'une partie des nouvelles Milices .
On a appris en dernier lieu que la plus grande
partie des Troupes qui restoient à Naples , s'est
mise en marche le 22. du mois dernier pour aller
AVRIL 1734. 779
ler à Capoue , où l'on a envoyé depuis peu
plusieurs Mortiers et 1400. Bombes , et qu'il
ne reste ici que foo. hommes pour la deffense
des Châteaux , et deux Compagnies de
Cuirassiers pour la garde du Viceroy , qui selon
les apparences, se retirera à Manfredonia, en attendant
l'arrivée de son Successeur ; cette Ville
est gardée actuellement par ses Habitans, qu'on a
distribués par Compagnies , dont on a donné le
commandement à des Gentilshommes et aux
principaux Bourgeois . Le Conseil Collateral a reçû
ordre de se preparer à suivre le Viceroy , mais
plusieurs Conseillers de ce Tribunal ont allegué
divers prétextes pour s'en dispenser.
On a reçû avis de la Province de Labour dans
le Royaume de Naples , que le 25. Mars il étoit
arrivé dans les environs de la Ville d'Agnani
6000. hommes de Troupes Espagnoles , qui y
avoient été joints le lendemain par 5000. autres ,
que le 29. l'Infant Don Carlos s'étoit rendu au
Mont Cassin , dont l'Abbé lui avoit fourni 1000.
hommes , tant de Cavalerie que d'Infanterie ,
que le même jour un Détachement de l'Armée
de S. M. Catholique s'étoit emparé de la Ville
de Sora , dont les Habitans s'étoient soumis
sans résistance , et que les Troupes Imperiales
qui étoient près de San- Germano , s'étoient retirées.
Le 25. du mois dernier , le Viceroy ayant reçu
avis qu'un Vaisseau Espagnol s'étoit avancé à
une petite distance de ce Port , et que faute de
vent il ne pouvoit regagner le large , il donna
ordre à M. Palavicini , General de la Mer , d'aller
le canoner , et l'on détacha en même- temps
quelques Galeres pour attaquer deux Felouques
de la même Nation qui étoient près de la Côte ,
inais
70 MERCURE DE FRANCE
mais le Vaisseau profita d'un vent favorable qui
s'éleva pour s'éloigner , après avoir lâché plusieurs
borées de Canon au Château de l'Euf,
et à une Galere qu'il coula à fond, et les Felouques
se retirerent avant qu'on cût pû les joindre.
Dans le Conseil Collateral tenu le 27. il fut
résolu que les Troupes Impériales qui sont dans
le Royaume de Naples , et qui ne sont compo
sées que de 1000 hommes , en comptant le
secours envoyé par le Comte de Sastago , n'étant
pas suffisantes pour tenir la Campagne contre
l'Armée du Roy d'Espagne , on se borneroit
à deffendre les Places de Gaette er de Capoue ,
dans chacune desquelles on mettroit 3000. hommes
, et les Châteaux de Naples , où l'on a laissé
une Garnison de 1500. hoinies , et que les 3000
qui restent au Viceroy , seroient employez pour
Pescorter dans sa retraite.
1
Le Comte de Cerbellon , qui étoit nommé
pour lui succeder , arriva le 29 mais ayant jugé
que sa présence étoit inutile à Naples dans la
conjoncture présente , il n'a point vou u prendre
possession de la Viceroyauté , et il se dispose à
suivre le Viceroy qui dont partir pour Barletta
, où Pun et l'autre s'embarqueront pour retourner
à Vienne
Les derniers avis reçus par la voye de Genes ,
portent que le 3. de ce mois le Viceroy de Naples
, escorté de 3000. hommes , en étoit parti
avec le Comte de Corbellon , et qu'ils avoient
pris la route de Barletta , dans le dessein de s'y
embarquer pour Trieste
Que le 9. l'Infant Don Carlos , qui étoit entré
dès le 29. du mois dernier dans le Royaume
de Niples , à la tête des Troupes du Roy d'Espa
gne , mais qui n'avoit pû marcher que lentement,
parce
AVRIL. 1734. 781
parce qu'il avoit été obligé de recevoir en chemin
lès Députez de la plupart des Villes et des
principaux Bourgs , étoit arrivé à Mantalone ,
où les Magistrats de la Ville de Naples étoient
venus le même jour lui en apporter les Clefs et
prêter serment de fidelité à S. M. Catholique ,
que ce Prince vouloit attendre , pour faire son
entrée dans la Ville , la prise des Châteaux , et
qu'après avoir donné ses ordres aux Troupes qui
les assiegent , il étoit allé à Aversa avec le reste
de son Armée qu'il avoit séparée en trois corps ,
dont l'un étoit destiné à demeurer sous ses ordres
et les deux autres à former en même- temps le
Siege de Gaëtte et de Capoüe. Les mêmes avis
ajoutent qu'on ne croit pas que ces deux Places
puissent faire une longue résistance à cause de la
foiblesse de leurs Garnisons , que presque tout le
Royaume est actuellement soumis , et que Pin
fant Don Carlos , en recevant au nom du Roy
d'Espagne , l'hommage du Conseil Collateral et
des autres ptincipaux Tribunaux du Royaume.
et de la Ville de Naples , à promis solemnellement
que Sa Majesté Catholique maintiendroit
les habitans dans tous leurs Privileges ,
qu'elle supprimeroit toutes les impositions établies
par l'Empereur , lesquelles cesseroient dès
à present d'être éxigées ; qu'elle continueroit
de payer les pensions que l'Empereur avoit accordées
, et qu'elle ne changeroit rien aux usages
qui regardent la collation des Benefices.
E 9. du mois dernier , le Pape envoya au
Duc de Palombara , le Brefpar lequel S. S
absout le Cardinal Coscia de l'excommunication
G vj qu'il
776 MERCURE DE FRANCE
qu'il avoit encourue. On compte que ce Cardinal
sortira du Château Saint - Ange , et qu'il se
retirera dans le Convent de Saint Eusebe , où il
demeurera en attendant que la Chambre Apostolique
ait accepté les sûretez qu'il offre pour les
sonnes qui lui restent à payer. On a appris depuis
, qu'ayant reçû ce Bref, il entendit le 14.
la Messe dans le Château Saint- Ange.
On cut avis à Rome le 15. Mais , que l'Infant
Don Carlos étoit arrivé le matin à Monte-
Rotondo , et que le Cardinal Acquaviva , les
Princes Don Barthelemy et Don Philippe Corsini
, le Prince de Santo - Buono , le Marquis
Strozzi , le Marquis Sorano , les deux Auditeurs
de Rote de la Nation Espagnole , et quelques autres
personnes de distinction , qui y étoient allez
pour rendre leurs respects à ce Prince , avoient
cû l'honneur d'y dîner avec lui .
Le Duc de Saint Aignan , Ambassadeur du
Roy de France , s'y rendit l'après midy , et fut
admis à l'Audience du Prince , et le , Chevalier
de Saint Georges y alla le soir avec la Princesse
son Epouse et les deux Princes ses fils.
Le 22. le Prince Don Barthelemy Corsini ,
Grand- Ecuyer de l'Infant Don Carlos , partit de
Rome pour l'aller joindre à Tivoli.
Le Gouverneur de Rome a fait publier un ordre
à tous les Vagabons et autres gens sans aveu
qui sont dans cette Capitale , d'en sortir dans
un terme prescrit , sous peine d'être condamnez
2 Cinq. ans de Galeres ; il doit paroître incessamment
un autre Edit pour menacer de la même
peine les Déserteurs des Troupes Etrangeres quit
se réfugieront dans l'Etat Ecclesiastique , et qu'on
ne sera pas à portée de remettre à leurs Officiers.
» Sur la fin du Consistoire secret que le Pape
FIDE
A VRIL . 1734. 777
tint le 24. du mois dernier , S. S. créa Cardinaux
M, Pompée Aldovrandi , Boulonois , Patriarche
de Jerusalem , Vice-Camerlingue de la Sainte
Eglise , Gouverneur de la Ville et du Territoire
de Rome . Consulteur du saint Office , et des
Rits ; M. Séraphin Cency , Romain , Archevêque
de Benevent , le P. François - Pierre - Marie
Pieri , Siennois , General de l'Ordre des Servites,
Consulteur du Saint Office et des Rits , er Examinateur
des Evêques ; et M. Jacques Amadori
de Lanfredini , Florentin Chanoine de l'Eglise
de S. Pierre du Vatican , Secretaire de la Congrégation
du Concile , et Dataire de la Penitencerie
.
On a reçû avis de Rovero , que le Comte de
Merci , qui a été nommé par l'Empereur pour
commander l'Armée que 5. M. Imper ale assemblé
dans le Trentin avoit eu une attaque
d'apoplexie , qu'il é oit resté en paralysie, et que
le Prince Louis de Waremberg avoit pris le commandement
des Troupes
On écrit de Naples , que les sommes qu'on a
exigées des Communautez qui n'étoient pas en
drar de fournir le nombre d'hommes qu'on leur
a de mandé montent à 3600co . Ducats.
L'Empereur a écrit au Viceroy , d'accorder
certains Privileges à chaque Négociant de cette
Ville qui voudront prêter socco florins à quatre
pour cent d'interèt pour les dépenses de la
Guerre.
SM. Imperiale a envoyé de nouveaux Ordres
pour faire observer , avec la derniere rigueur , le
Decret par lequel il est enjoint à la Cour de la
Vicairerie de tatre saisit tous les revenus de ceux
qui ayant des Charges ou ces biens , fonds dans
le Royaume de Naples , n'y seront pas revenus
au temps prescrit.
778 MERCURE DE FRANCE
Il paroîtra incessamment un Edit pour permettre
à tous ceux qui ont été bannis du Royaume
, d'y rentrer , à condition que chacun d'eux
payera une somme proportionnée à la faute pour
laquelle il a été condamné au bannissement.
Il ne paroît pas que le Gouvernement persiste
dans la résolution qu'il avoit prise de faire démanteler
Capoue , et l'on assure au contraire
que le Prince Caraffe , Grand - Maréchal du
Royaume , le Prince de Belmonte Pignatelli ,
General de la Cavalerie , et le Comte de Traun ,
qui partirent le 8. du mois passé pour s'y rendre
, ont ordre d'en faire réparer les Fortifications
et d'y faire conduire une grande quantité
de Munitions de bouche et de
guerre , et que
plupart des Troupes de Naples , au lieu de tenir
la Campagne , sont destinées à deffendre cette
Place et celle de Gaëtte.
la
Il a été résolu par le Conseil Collateral d'abandonner
un des Châteaux de Naples et d'aug
menter les Garnisons des trois autres.
Le Gouvernement a aussi résolu de faire démolir
les lignes qu'on avoit construites près de
San-Germano , pour s'opposer au passage des
Troupes Espagnoles , et il a ordonné que les
Troupes qui étoient à portée dans ces quartierslà
, marchassent vers Gaëtte , après qu'elles auront
rompu le Pont de Garigliano , afin d'empêcher
les Espagnols d'en profiter pour entrer
dans le Royaume de Naples ; et on se propose
de former aux environs de Garigliano un Camp
qui sera composé des Bataillons qu'on attend de
Sicile et d'une partie des nouvelles Milices .
On a appris en dernier lieu que la plus grande
partie des Troupes qui restoient à Naples , s'est
mise en marche le 22. du mois dernier pour aller
AVRIL 1734. 779
ler à Capoue , où l'on a envoyé depuis peu
plusieurs Mortiers et 1400. Bombes , et qu'il
ne reste ici que foo. hommes pour la deffense
des Châteaux , et deux Compagnies de
Cuirassiers pour la garde du Viceroy , qui selon
les apparences, se retirera à Manfredonia, en attendant
l'arrivée de son Successeur ; cette Ville
est gardée actuellement par ses Habitans, qu'on a
distribués par Compagnies , dont on a donné le
commandement à des Gentilshommes et aux
principaux Bourgeois . Le Conseil Collateral a reçû
ordre de se preparer à suivre le Viceroy , mais
plusieurs Conseillers de ce Tribunal ont allegué
divers prétextes pour s'en dispenser.
On a reçû avis de la Province de Labour dans
le Royaume de Naples , que le 25. Mars il étoit
arrivé dans les environs de la Ville d'Agnani
6000. hommes de Troupes Espagnoles , qui y
avoient été joints le lendemain par 5000. autres ,
que le 29. l'Infant Don Carlos s'étoit rendu au
Mont Cassin , dont l'Abbé lui avoit fourni 1000.
hommes , tant de Cavalerie que d'Infanterie ,
que le même jour un Détachement de l'Armée
de S. M. Catholique s'étoit emparé de la Ville
de Sora , dont les Habitans s'étoient soumis
sans résistance , et que les Troupes Imperiales
qui étoient près de San- Germano , s'étoient retirées.
Le 25. du mois dernier , le Viceroy ayant reçu
avis qu'un Vaisseau Espagnol s'étoit avancé à
une petite distance de ce Port , et que faute de
vent il ne pouvoit regagner le large , il donna
ordre à M. Palavicini , General de la Mer , d'aller
le canoner , et l'on détacha en même- temps
quelques Galeres pour attaquer deux Felouques
de la même Nation qui étoient près de la Côte ,
inais
70 MERCURE DE FRANCE
mais le Vaisseau profita d'un vent favorable qui
s'éleva pour s'éloigner , après avoir lâché plusieurs
borées de Canon au Château de l'Euf,
et à une Galere qu'il coula à fond, et les Felouques
se retirerent avant qu'on cût pû les joindre.
Dans le Conseil Collateral tenu le 27. il fut
résolu que les Troupes Impériales qui sont dans
le Royaume de Naples , et qui ne sont compo
sées que de 1000 hommes , en comptant le
secours envoyé par le Comte de Sastago , n'étant
pas suffisantes pour tenir la Campagne contre
l'Armée du Roy d'Espagne , on se borneroit
à deffendre les Places de Gaette er de Capoue ,
dans chacune desquelles on mettroit 3000. hommes
, et les Châteaux de Naples , où l'on a laissé
une Garnison de 1500. hoinies , et que les 3000
qui restent au Viceroy , seroient employez pour
Pescorter dans sa retraite.
1
Le Comte de Cerbellon , qui étoit nommé
pour lui succeder , arriva le 29 mais ayant jugé
que sa présence étoit inutile à Naples dans la
conjoncture présente , il n'a point vou u prendre
possession de la Viceroyauté , et il se dispose à
suivre le Viceroy qui dont partir pour Barletta
, où Pun et l'autre s'embarqueront pour retourner
à Vienne
Les derniers avis reçus par la voye de Genes ,
portent que le 3. de ce mois le Viceroy de Naples
, escorté de 3000. hommes , en étoit parti
avec le Comte de Corbellon , et qu'ils avoient
pris la route de Barletta , dans le dessein de s'y
embarquer pour Trieste
Que le 9. l'Infant Don Carlos , qui étoit entré
dès le 29. du mois dernier dans le Royaume
de Niples , à la tête des Troupes du Roy d'Espa
gne , mais qui n'avoit pû marcher que lentement,
parce
AVRIL. 1734. 781
parce qu'il avoit été obligé de recevoir en chemin
lès Députez de la plupart des Villes et des
principaux Bourgs , étoit arrivé à Mantalone ,
où les Magistrats de la Ville de Naples étoient
venus le même jour lui en apporter les Clefs et
prêter serment de fidelité à S. M. Catholique ,
que ce Prince vouloit attendre , pour faire son
entrée dans la Ville , la prise des Châteaux , et
qu'après avoir donné ses ordres aux Troupes qui
les assiegent , il étoit allé à Aversa avec le reste
de son Armée qu'il avoit séparée en trois corps ,
dont l'un étoit destiné à demeurer sous ses ordres
et les deux autres à former en même- temps le
Siege de Gaëtte et de Capoüe. Les mêmes avis
ajoutent qu'on ne croit pas que ces deux Places
puissent faire une longue résistance à cause de la
foiblesse de leurs Garnisons , que presque tout le
Royaume est actuellement soumis , et que Pin
fant Don Carlos , en recevant au nom du Roy
d'Espagne , l'hommage du Conseil Collateral et
des autres ptincipaux Tribunaux du Royaume.
et de la Ville de Naples , à promis solemnellement
que Sa Majesté Catholique maintiendroit
les habitans dans tous leurs Privileges ,
qu'elle supprimeroit toutes les impositions établies
par l'Empereur , lesquelles cesseroient dès
à present d'être éxigées ; qu'elle continueroit
de payer les pensions que l'Empereur avoit accordées
, et qu'elle ne changeroit rien aux usages
qui regardent la collation des Benefices.
Fermer
Résumé : ITALIE.
Le 9 du mois dernier, le Pape a envoyé un bref au Duc de Palombara, levant l'excommunication du Cardinal Coscia. Le Cardinal doit quitter le Château Saint-Ange pour le couvent de Saint-Eusèbe en attendant l'acceptation des garanties pour ses dettes par la Chambre Apostolique. Le 14, il a assisté à la messe au Château Saint-Ange. À Rome, le 15, l'Infant Don Carlos est arrivé à Monte-Rotondo, accueilli par plusieurs personnalités, dont le Duc de Saint Aignan et le Chevalier de Saint-Georges. Le 22, le Prince Don Barthélemy Corsini a quitté Rome pour rejoindre Don Carlos à Tivoli. Le Gouverneur de Rome a ordonné l'expulsion des vagabonds et des déserteurs étrangers sous peine de galères. Le 24 du mois dernier, le Pape a créé plusieurs cardinaux, dont Pompée Aldovrandi, Séraphin Cency, François-Pierre-Marie Pieri, et Jacques Amadori de Lanfredini. À Rovero, le Comte de Merci, nommé par l'Empereur pour commander l'armée dans le Trentin, a eu une attaque d'apoplexie, et le Prince Louis de Waremberg a pris le commandement. À Naples, des sommes ont été exigées des communautés pour fournir des hommes, et l'Empereur a accordé des privilèges aux négociants prêtant de l'argent pour la guerre. Un décret impérial ordonne la saisie des revenus de ceux absents du Royaume de Naples. Un édit permettra aux bannis de rentrer en payant une somme proportionnée à leur faute. Le gouvernement napolitain a décidé de renforcer les fortifications de Capoue et Gaëtte, et de démolir les lignes près de San-Germano pour empêcher les Espagnols d'entrer. Les troupes napolitaines se préparent à défendre ces places. Le Viceroy se retire à Manfredonia, et le Conseil Collateral doit le suivre. Dans la province de Labour, les troupes espagnoles ont pris plusieurs villes, et l'Infant Don Carlos a reçu l'hommage des magistrats napolitains. Le Viceroy et le Comte de Cerbellon ont quitté Naples pour Barletta, puis Trieste. Don Carlos a promis de maintenir les privilèges des habitants et de supprimer les impositions impériales.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 980-987
Nouvelles de Naples et de Sicile.
Début :
L'Infant Don Carlos a fait publier et afficher sur les frontieres du Royaume de Naples le [...]
Mots clefs :
Naples, Infant Don Carlos, Troupes, Sicile, Prince, Guerre, Pardon général, Hommes, Peuples, Royaumes, Empereur, Comte Visconti, Dieu, Armées
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Naples et de Sicile.
Nouvelles de Naples et de Sicile.
'Infant Don Carlos a fait publier et afficher
sur les frontieres du Royaume de Naples le
Decret suivant.
DON CARLOS , Par la grace de Dieu , Infant
d'Espagne , Duc de Parme , de Plaisance et
de Castro , &c. Grand Prince de Toscane et Generalissime
des Armées de Sa Majesté Catholi
que en Italie.
Le Roi , mon très- cher et honoré Pere , par
sa Lettre du 27. Fevrier dernier , écrite dans le
Palais Royal du Pardo , me mande ce qui suit,
ΜΟΝ
MAY.
981 1734.
MON CHER ET BIEN AIME' FILS.
•
>
Vos interêts inséparables de la dignité de ma
Couronne , et ceux de mes fideles Alliez , m'ont déterminez
à envoyer des Troupes dans la Lombardie
afin d'executer de concert avec leurs Armées
les justes Entreprises ausquelles on les a destinées
; mais dautant qu'à l'occasion de la presente
Guerre , les clameurs des Peuplet de Naples et de Sicile
, excessivement violentés , opprimés et tirannisés
depuis tant d'années par
le gouvernement Allemand
, ont pénetré mon coeur Royal , et que j'ai
toujours eu pour ces Peuples un amour Paternel
me ressouvenant fort bien de leurs démonstration's
de joye et de leurs acclamattons unanimées lorsqu'is
me reçûrent autrefois à Naples , et qu'ils consenti
rent à admettre mes Troupes en Sicile. Excité par
une compassion si naturelle , j'ai préferé à toute autre
expedition celle de délivrer de leurs maux insupportables
ces Peuples opprimés , en employant
avecgenerosité , pour leur prompt soulagement , les
forces qu'il a plu à Dieu de me confier , d'autant
plus que je considere qu'avant que leurs volontés
fussent en quelque façon captivées , leur zele répondoit
parfaitement à mes desirs et que ce n'a été
qu'après avoir été séduits ou par des insinuations
trompeuses , ou par des esperances chimeriques , ou
par la crainie des menaces violentes , qu'ils ont tous
été contraints de dissimuler leur propre inclination
en adoptant des operations très - contraires
leur fidelité. Dans cette persuasion j'ai toujours regardé
avec mépris , et comme des actes involontaires
ou forcés , tout ce qu'ils ont fait , soit en general
, soit en particulier , puisqu'ils y ont été excités
par mes ennemis , et je l'ai mis en oubli comme
s'il ne s'étoitjamais rien passé à ce sujet , ne dou-
Giij tant
>
>
982 MERCURE DE FRANCE
tant point qu'aussi- tôt qu'ils se verront en état Pagir
librement selon leurs desirs , ils ne me donnent
les mêmes preuves de leur parfait devoüement , da
leur loyauté , et de leur zele qu'ils m'ont donné cidevant.
Incité par de si justes motifs , j'ai pris là
resolution de vous y envoyer en personne , et en
qualité de Generalissime de mes Armées , pour recouvrer
ces Royaumes , malgré le risque où pourroit
être votre précieuse santé dans un si long voyage
, afin que par votre Royale et aimable présence,
vous puissiez confirmer en mon nom l'Amnistie et le
Pardon general ou particulier , que mon amour Paternel
m'engage à accorder à un chacun , de quelque
Nation qui soit , et donner à tous en mêmetems
les sûretés les plus authentiques . Vous confirmerez
en outre, vous étendre et augmenterêz , nonseulement
les Privileges dont ces Peuples jouissent a
present , mais encore vous les déchargere de toutes
sortes d'Impôts , et particulierement de ceux qui ne
doivent leur invention et leur établissement qu'à l'avidité
insatialle du Gouvernement Allemand ; et
tout cela afin que le monde soit convaincu que mon
juste et unique but est de rétablir deux Illustres
Royaumes, qui ont si bien merité de la Monarchie,
et de les faire encore jouir de leur ancienne felicité ,
réputation et dignité , et qu'on ne croye pas que ce
soit pas aucun autre interêt que j'ai entrepris de recouvrer
ces Royaumes . Et afin que le contenu de la
Presente soit notoire à tous je vous ordonne de le
rendre Public et Manifeste , dans la forme que vous
jugerez la plus convenable Dieu vous conserve
mon cher et bien aimé Fils , aussi long- tems que je
le desire. Moi le Roi , DON JOSEPH PATINO .
En vertu du pouvoir qu'il a plu à Sa Majesté,
par un effet de son amour Paternel de me donner,
ct
MAY. 1734. 983
et afin que les Sujets ci- dessus mentionnés des
deux Royaumes de Naples et de Sicile ,ces Peuples
si cheris du Roi mon Pere , et dont Sa Majesté
s'est toujours les souvenue avec tant d'estime et
d'affection , en soient dûëment et amplement informés
, je leur déclare ,et je les assûre tous et un
chacun , que l'Indult et le Pardon general et particulier
que Sa Majesté m'a ordonné d'accorder ,
et que j'accorde sur l'assûrance de son sacré et
souverain Nom , comprend toutes sortes de délits
, motifs ou démonstrations sans aucune restriction
, le tout restant enseveli dans un éternel
oubli, que la confirmation de leurs Privileges
comprend et s'étend aux Loix et aux Coutumes
tant Civiles que Criminelles , et même aux
Ecclesiastiques , sans qu'il soit permis d'y établir
aucun nouveau Tribunal , ou Procedures.
Que la louable et juste pratique de conferer les
Benefices et les Pensions sera continuée dans la
forme qui s'y observe ,actuellement ; et que toutes
les impositions et Charges établies par le
Gouvernement tyrannique des Allemands seront
abolis dès à present , lesquelles graces seront
conformes au clement et benin coeur de Sa Majesté
Et afin que ceci soit notoire , j'ai ordonné
qu'on expedie en Langue Espagnole et Italienne
la Présente signée de notre main , scellée
de notre sceau Royal , et contresignée par notre
Secretaire d'Etat , et qu'on l'affiche aux lieux ordinaires.
Fait à Civita Castellana le 14. Mars
1734. CHARLES , Don Joseph-Joachin de Montealegre.
:
Les divers avis du Royaume de Naples portent,
que l'infant Don Carlos , qui est toujours
Aversa , avoit détaché le Marquis de Las - Minas
G iiij
er
1984 MERCURE DE FRANCE
et le Duc de Castro Pignano , avec 34. Compa
gnies de Grenadiers et 2300. hommes de Cavalerie
, du nombre desquels sont les Carabiniers,
pour suivre le Viceroi , lequel accompagné du
Prince Caraffe , Grand Maréchal du Royaume ,
et du Prince de Belmonte Pignatelli , General de
la Cavalerie, s'est retiré dans la Poüille avec près
de sooo . hommes . Ces avis ajoûtent que le Com
te de Charni avoit le Commandement des Troupes
qui assiegent les Châteaux de Naples ; que
le Comte de Marsillac avoit marché pour s'emparer
de celui de Baya , et qu'on formoit en même-
tems le Siege de Gaëtte et de Capouë .
Les quatre Galeres que l'Empereur avoit fait .
équiper dans le Port de Naples , sont sorties de
ce Port, et se sont sauvés à la faveur d'un grand
calme qui a empêché l'Escadre Espagnole des'opposer
à leur fuite.
Les Lettres de la fin d'Avril marquent , que
l'Infant Don Carlos avoit continué le Juge de la
Cour de la Vicairerie à Naples , et l'Elû du Peuple
dans l'exercice de leurs Emplois, et qu'il avoit
laissé aux Habitans le soin de garder la Ville.
Ces mêmes Lettres portent que ce Prince a fait
signifier aux Troupes qui sont dans les Châteaux,
et aux Garnisons de Gaette , et de Capouë, qu'on
ne leur donnoit pour se rendre qu'un petit nom →
bre de jours , après lesquels il ne leur sera accordé
aucune Capitulation.
Ces Lettres ajoutent que le nouveau Vaisseau
de Guerre que le Comte Visconti, ci - devant Vi
ceroi du Royaume , avoit fait construire par or
dre de l'Empereur , étant sorti du Port le 19. du
mois passé pour faire voile vers la Sicile , avoit
été attaqué par quelques vaisseaux de l'Escadre
Espagnole qui l'avoient coulé à fond.
L'Infans
MAY. 1734. 985
et
L'Infant Don Carlos a déclaré le Comte de
Charny , Lieutenant General du Royaume ; il a
nommé en même- tems VicairesGeneraux le Prince
de la Rochella ,pour la Calabre Ulterieure , le
Marquis de Forcardi, pour la Calabre Citerieure;
le Duc d'Andria,pour la Principauté de Bari ,
pour la Capitanate et le Comté de Melfi , le
Marquis Doria , pour la Principauté de Lezze ;
le Duc de Sentiti , pour la Bazilicate ; le Frince
de Monte-Mileto , pour la Principauté Ulterieure
; le Duc Lorenzano , pour la Citerieure , le
Duc de Sora , pour l'Abruzze Ulterieure , et le
Prince d'Isciscane pour l'autre partie de l'Abruze.
Le 24. du mois passé la Garnison du Châreau
S. Elme demanda à capîtuler , mais comme
elle ne s'est point rendue dans le tems qui
lui avoit été prescrit , les Officiers et les Soldats
qui la composoient ont été faits prisonniers de
Guerre ; celle du Château Neuf , qui ne peut tenir
encore long-tems , subira le même sort.
On a reçû avis de Baye que le Comte Marsil
lae , aprés un Siege qui n'avoit duré que quelques
jours s'en étoit emparé , et que la Garnison
et les Habitans s'étoient rendus à discretion
Les Troupes qu'on avoit envoyées pour suivre
le Comte Visconti l'ont joint dans les environs
d'Otrante , et elles n'ont pu encore l'attaquer
parce qu'il s'est retiré dans des bois où il est dif
ficile de le forcer ; mais on croit qu'il ne pourra
pas y demeurer long-tems , et qu'il sera obligé
de sortir du Royaume.
On a appris par des Lettres de Messine , qu'on
voit vû passer à la hauteur de Salerne à les
quatre Galeres Imperiales qui sortirent ily
quelque temps du Port de Naples , dont on viene
Gy
D
986 MERCURE DE FRANCE
de parler , et on conjecture qu'elles sont allées
à Messine.
On écrit de Sicile , que les Habitans ont refusé
de payer un subside de 13c0000. ducats
que le Comte de Sastago , Viceroy de cette Isle ,
leur a demandé de la part de l'Empereur , et que
les menaces qu'il leur a faites de les contraindre à
payer cette somme , y ont excité un soulevement
presque general.
L'ouverture de la breche faite par une batterie
de 8. Canons et de 2. Mortiers , qu'on avoit
dressée contre le Château de l'Euf , se trouva le
premier de ce mois , au matin , assez grande pour
que 30 hommes pussent y passer de front , et
le Commandant de ce Château , voyant qu'on se
disposoit à l'emporter d'assaut , fit battre la chamade
, mais on n'a voulu lui accorder aucune caputulation
, et il a été fait prisonnier de guerre ,
ainsi que la Garnison , qui étoit composée de
300. hommes.
Les Villes de Gaëtte et de Capoüe sont tou
jours bloquées , et l'on n'attend que l'arrivée de
la grosse Artillerie pour ouvrir la Tranchée
devant ces deux Places. Cinq Vaisseaux de
l'Escadre Epagnole , qui croisent sur les Côtes de
Naples , sont allez dans la Mer Adriatique, pour
empêcher le transport des Troupes que l'Empereur
pourroit envoyer ici de Trieste.
Le Comte Visconti ayant été joint par quel
ques Troupes que le Viceroy de Sicile lui a envoyées
, s'est jetté dans Otrante , et le Duc de
Castro Pignano a demandé un renfort d'Infanterie
pour l'y assieger.
5oo . des Soldats Imperiaux , qui ont été faits
prisonniers de guerre , ont pris parti dans les
Troupes de S. M. Catholique , et l'Infant Don
Carl
MAY. 1734. 987
"
Carlos leur a fait distribuer de l'argent.
Les derniers avis de Naples , portent qu'une
partie du Détachement des Troupes Espagnoles
qui avoit suivi le Comte Visconti dans la Pouille,
avoit enveloppé 300. Soldats Imperiaux , qui
n'avoient pu faire assez de diligence pour entrer
avec lui dans Otrante , et qu'ils avoient été faits
prisonniers de guerre.
Selon les mêmes avis , le Prince Della Torella
a fait lever dans ses Terres 800. hommes de Milice
pour le Service de S. M. Catholique .
'Infant Don Carlos a fait publier et afficher
sur les frontieres du Royaume de Naples le
Decret suivant.
DON CARLOS , Par la grace de Dieu , Infant
d'Espagne , Duc de Parme , de Plaisance et
de Castro , &c. Grand Prince de Toscane et Generalissime
des Armées de Sa Majesté Catholi
que en Italie.
Le Roi , mon très- cher et honoré Pere , par
sa Lettre du 27. Fevrier dernier , écrite dans le
Palais Royal du Pardo , me mande ce qui suit,
ΜΟΝ
MAY.
981 1734.
MON CHER ET BIEN AIME' FILS.
•
>
Vos interêts inséparables de la dignité de ma
Couronne , et ceux de mes fideles Alliez , m'ont déterminez
à envoyer des Troupes dans la Lombardie
afin d'executer de concert avec leurs Armées
les justes Entreprises ausquelles on les a destinées
; mais dautant qu'à l'occasion de la presente
Guerre , les clameurs des Peuplet de Naples et de Sicile
, excessivement violentés , opprimés et tirannisés
depuis tant d'années par
le gouvernement Allemand
, ont pénetré mon coeur Royal , et que j'ai
toujours eu pour ces Peuples un amour Paternel
me ressouvenant fort bien de leurs démonstration's
de joye et de leurs acclamattons unanimées lorsqu'is
me reçûrent autrefois à Naples , et qu'ils consenti
rent à admettre mes Troupes en Sicile. Excité par
une compassion si naturelle , j'ai préferé à toute autre
expedition celle de délivrer de leurs maux insupportables
ces Peuples opprimés , en employant
avecgenerosité , pour leur prompt soulagement , les
forces qu'il a plu à Dieu de me confier , d'autant
plus que je considere qu'avant que leurs volontés
fussent en quelque façon captivées , leur zele répondoit
parfaitement à mes desirs et que ce n'a été
qu'après avoir été séduits ou par des insinuations
trompeuses , ou par des esperances chimeriques , ou
par la crainie des menaces violentes , qu'ils ont tous
été contraints de dissimuler leur propre inclination
en adoptant des operations très - contraires
leur fidelité. Dans cette persuasion j'ai toujours regardé
avec mépris , et comme des actes involontaires
ou forcés , tout ce qu'ils ont fait , soit en general
, soit en particulier , puisqu'ils y ont été excités
par mes ennemis , et je l'ai mis en oubli comme
s'il ne s'étoitjamais rien passé à ce sujet , ne dou-
Giij tant
>
>
982 MERCURE DE FRANCE
tant point qu'aussi- tôt qu'ils se verront en état Pagir
librement selon leurs desirs , ils ne me donnent
les mêmes preuves de leur parfait devoüement , da
leur loyauté , et de leur zele qu'ils m'ont donné cidevant.
Incité par de si justes motifs , j'ai pris là
resolution de vous y envoyer en personne , et en
qualité de Generalissime de mes Armées , pour recouvrer
ces Royaumes , malgré le risque où pourroit
être votre précieuse santé dans un si long voyage
, afin que par votre Royale et aimable présence,
vous puissiez confirmer en mon nom l'Amnistie et le
Pardon general ou particulier , que mon amour Paternel
m'engage à accorder à un chacun , de quelque
Nation qui soit , et donner à tous en mêmetems
les sûretés les plus authentiques . Vous confirmerez
en outre, vous étendre et augmenterêz , nonseulement
les Privileges dont ces Peuples jouissent a
present , mais encore vous les déchargere de toutes
sortes d'Impôts , et particulierement de ceux qui ne
doivent leur invention et leur établissement qu'à l'avidité
insatialle du Gouvernement Allemand ; et
tout cela afin que le monde soit convaincu que mon
juste et unique but est de rétablir deux Illustres
Royaumes, qui ont si bien merité de la Monarchie,
et de les faire encore jouir de leur ancienne felicité ,
réputation et dignité , et qu'on ne croye pas que ce
soit pas aucun autre interêt que j'ai entrepris de recouvrer
ces Royaumes . Et afin que le contenu de la
Presente soit notoire à tous je vous ordonne de le
rendre Public et Manifeste , dans la forme que vous
jugerez la plus convenable Dieu vous conserve
mon cher et bien aimé Fils , aussi long- tems que je
le desire. Moi le Roi , DON JOSEPH PATINO .
En vertu du pouvoir qu'il a plu à Sa Majesté,
par un effet de son amour Paternel de me donner,
ct
MAY. 1734. 983
et afin que les Sujets ci- dessus mentionnés des
deux Royaumes de Naples et de Sicile ,ces Peuples
si cheris du Roi mon Pere , et dont Sa Majesté
s'est toujours les souvenue avec tant d'estime et
d'affection , en soient dûëment et amplement informés
, je leur déclare ,et je les assûre tous et un
chacun , que l'Indult et le Pardon general et particulier
que Sa Majesté m'a ordonné d'accorder ,
et que j'accorde sur l'assûrance de son sacré et
souverain Nom , comprend toutes sortes de délits
, motifs ou démonstrations sans aucune restriction
, le tout restant enseveli dans un éternel
oubli, que la confirmation de leurs Privileges
comprend et s'étend aux Loix et aux Coutumes
tant Civiles que Criminelles , et même aux
Ecclesiastiques , sans qu'il soit permis d'y établir
aucun nouveau Tribunal , ou Procedures.
Que la louable et juste pratique de conferer les
Benefices et les Pensions sera continuée dans la
forme qui s'y observe ,actuellement ; et que toutes
les impositions et Charges établies par le
Gouvernement tyrannique des Allemands seront
abolis dès à present , lesquelles graces seront
conformes au clement et benin coeur de Sa Majesté
Et afin que ceci soit notoire , j'ai ordonné
qu'on expedie en Langue Espagnole et Italienne
la Présente signée de notre main , scellée
de notre sceau Royal , et contresignée par notre
Secretaire d'Etat , et qu'on l'affiche aux lieux ordinaires.
Fait à Civita Castellana le 14. Mars
1734. CHARLES , Don Joseph-Joachin de Montealegre.
:
Les divers avis du Royaume de Naples portent,
que l'infant Don Carlos , qui est toujours
Aversa , avoit détaché le Marquis de Las - Minas
G iiij
er
1984 MERCURE DE FRANCE
et le Duc de Castro Pignano , avec 34. Compa
gnies de Grenadiers et 2300. hommes de Cavalerie
, du nombre desquels sont les Carabiniers,
pour suivre le Viceroi , lequel accompagné du
Prince Caraffe , Grand Maréchal du Royaume ,
et du Prince de Belmonte Pignatelli , General de
la Cavalerie, s'est retiré dans la Poüille avec près
de sooo . hommes . Ces avis ajoûtent que le Com
te de Charni avoit le Commandement des Troupes
qui assiegent les Châteaux de Naples ; que
le Comte de Marsillac avoit marché pour s'emparer
de celui de Baya , et qu'on formoit en même-
tems le Siege de Gaëtte et de Capouë .
Les quatre Galeres que l'Empereur avoit fait .
équiper dans le Port de Naples , sont sorties de
ce Port, et se sont sauvés à la faveur d'un grand
calme qui a empêché l'Escadre Espagnole des'opposer
à leur fuite.
Les Lettres de la fin d'Avril marquent , que
l'Infant Don Carlos avoit continué le Juge de la
Cour de la Vicairerie à Naples , et l'Elû du Peuple
dans l'exercice de leurs Emplois, et qu'il avoit
laissé aux Habitans le soin de garder la Ville.
Ces mêmes Lettres portent que ce Prince a fait
signifier aux Troupes qui sont dans les Châteaux,
et aux Garnisons de Gaette , et de Capouë, qu'on
ne leur donnoit pour se rendre qu'un petit nom →
bre de jours , après lesquels il ne leur sera accordé
aucune Capitulation.
Ces Lettres ajoutent que le nouveau Vaisseau
de Guerre que le Comte Visconti, ci - devant Vi
ceroi du Royaume , avoit fait construire par or
dre de l'Empereur , étant sorti du Port le 19. du
mois passé pour faire voile vers la Sicile , avoit
été attaqué par quelques vaisseaux de l'Escadre
Espagnole qui l'avoient coulé à fond.
L'Infans
MAY. 1734. 985
et
L'Infant Don Carlos a déclaré le Comte de
Charny , Lieutenant General du Royaume ; il a
nommé en même- tems VicairesGeneraux le Prince
de la Rochella ,pour la Calabre Ulterieure , le
Marquis de Forcardi, pour la Calabre Citerieure;
le Duc d'Andria,pour la Principauté de Bari ,
pour la Capitanate et le Comté de Melfi , le
Marquis Doria , pour la Principauté de Lezze ;
le Duc de Sentiti , pour la Bazilicate ; le Frince
de Monte-Mileto , pour la Principauté Ulterieure
; le Duc Lorenzano , pour la Citerieure , le
Duc de Sora , pour l'Abruzze Ulterieure , et le
Prince d'Isciscane pour l'autre partie de l'Abruze.
Le 24. du mois passé la Garnison du Châreau
S. Elme demanda à capîtuler , mais comme
elle ne s'est point rendue dans le tems qui
lui avoit été prescrit , les Officiers et les Soldats
qui la composoient ont été faits prisonniers de
Guerre ; celle du Château Neuf , qui ne peut tenir
encore long-tems , subira le même sort.
On a reçû avis de Baye que le Comte Marsil
lae , aprés un Siege qui n'avoit duré que quelques
jours s'en étoit emparé , et que la Garnison
et les Habitans s'étoient rendus à discretion
Les Troupes qu'on avoit envoyées pour suivre
le Comte Visconti l'ont joint dans les environs
d'Otrante , et elles n'ont pu encore l'attaquer
parce qu'il s'est retiré dans des bois où il est dif
ficile de le forcer ; mais on croit qu'il ne pourra
pas y demeurer long-tems , et qu'il sera obligé
de sortir du Royaume.
On a appris par des Lettres de Messine , qu'on
voit vû passer à la hauteur de Salerne à les
quatre Galeres Imperiales qui sortirent ily
quelque temps du Port de Naples , dont on viene
Gy
D
986 MERCURE DE FRANCE
de parler , et on conjecture qu'elles sont allées
à Messine.
On écrit de Sicile , que les Habitans ont refusé
de payer un subside de 13c0000. ducats
que le Comte de Sastago , Viceroy de cette Isle ,
leur a demandé de la part de l'Empereur , et que
les menaces qu'il leur a faites de les contraindre à
payer cette somme , y ont excité un soulevement
presque general.
L'ouverture de la breche faite par une batterie
de 8. Canons et de 2. Mortiers , qu'on avoit
dressée contre le Château de l'Euf , se trouva le
premier de ce mois , au matin , assez grande pour
que 30 hommes pussent y passer de front , et
le Commandant de ce Château , voyant qu'on se
disposoit à l'emporter d'assaut , fit battre la chamade
, mais on n'a voulu lui accorder aucune caputulation
, et il a été fait prisonnier de guerre ,
ainsi que la Garnison , qui étoit composée de
300. hommes.
Les Villes de Gaëtte et de Capoüe sont tou
jours bloquées , et l'on n'attend que l'arrivée de
la grosse Artillerie pour ouvrir la Tranchée
devant ces deux Places. Cinq Vaisseaux de
l'Escadre Epagnole , qui croisent sur les Côtes de
Naples , sont allez dans la Mer Adriatique, pour
empêcher le transport des Troupes que l'Empereur
pourroit envoyer ici de Trieste.
Le Comte Visconti ayant été joint par quel
ques Troupes que le Viceroy de Sicile lui a envoyées
, s'est jetté dans Otrante , et le Duc de
Castro Pignano a demandé un renfort d'Infanterie
pour l'y assieger.
5oo . des Soldats Imperiaux , qui ont été faits
prisonniers de guerre , ont pris parti dans les
Troupes de S. M. Catholique , et l'Infant Don
Carl
MAY. 1734. 987
"
Carlos leur a fait distribuer de l'argent.
Les derniers avis de Naples , portent qu'une
partie du Détachement des Troupes Espagnoles
qui avoit suivi le Comte Visconti dans la Pouille,
avoit enveloppé 300. Soldats Imperiaux , qui
n'avoient pu faire assez de diligence pour entrer
avec lui dans Otrante , et qu'ils avoient été faits
prisonniers de guerre.
Selon les mêmes avis , le Prince Della Torella
a fait lever dans ses Terres 800. hommes de Milice
pour le Service de S. M. Catholique .
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Résumé : Nouvelles de Naples et de Sicile.
Le texte décrit les actions et déclarations de l'Infant Don Carlos, fils du roi d'Espagne, concernant les royaumes de Naples et de Sicile. Le roi d'Espagne, motivé par les souffrances des peuples napolitains et siciliens sous le gouvernement allemand, a décidé d'envoyer des troupes pour les libérer. Don Carlos, en tant que généralissime des armées, est chargé de récupérer ces royaumes, de confirmer une amnistie générale, de restaurer les privilèges des peuples et d'abolir les impôts imposés par le gouvernement allemand. Les nouvelles de Naples indiquent que Don Carlos a détaché plusieurs officiers et troupes pour suivre le vice-roi, qui s'est retiré en Pouille. Les galères impériales ont pu s'échapper grâce à un calme marin. Don Carlos a maintenu les juges et élus du peuple dans leurs fonctions et a donné un délai limité aux troupes dans les châteaux pour se rendre. Il a également nommé plusieurs lieutenants généraux et vicaires pour différentes régions des royaumes. Les garnisons des châteaux de Naples et de Baïa se sont rendues. Les troupes impériales, dirigées par le Comte Visconti, sont en difficulté et cherchent à quitter le royaume. Les habitants de Sicile ont refusé de payer un subside demandé par le vice-roi, provoquant un soulèvement. Les villes de Gaëtte et de Capoue sont bloquées en attendant l'arrivée de l'artillerie. Les vaisseaux espagnols patrouillent pour empêcher l'arrivée de renforts impériaux. Plusieurs soldats impériaux ont été faits prisonniers et ont rejoint les troupes espagnoles.
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4
p. 1216-1217
Entrée solemnelle de D. Carlos à Naples, [titre d'après la table]
Début :
Le 15. May, un Courrier dépêché de Madrid apporta à l'Infant Don Carlos le Diplôme par [...]
Mots clefs :
Roi d'Espagne, Roi de Naples, Naples, Dépêche, Habitants, Te Deum, Entrée solennelle, Infant Don Carlos
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Entrée solemnelle de D. Carlos à Naples, [titre d'après la table]
Le 15. May , un Courrier dépêché de Madrid
apporta à l'Infant Don Carlos le Diplôme par
lequel le Roy d'Espagne le déclare Roy de Naples
, et enjoint à tous les Seigneurs , Barons et
autres Habitans du Royaume , de le reconnoître
en cette qualité , et aux Magistrats des Villes
qui n'ont pas encore nommé des Députez pour
lui prêter serment de fidelité de lui en envoyer
incessamment , sous peine d'être regardez comme
rebelles et traitez selon toutes les rigueurs de
la guerre.
Ce Diplôme fut affiché et publié le même jour ,
et tous les Tribunaux en corps allerent rendre
hommage à leur nouveau Souverain qui fit ou
vrir les prisons , accorda la grace aux Criminels
2
I. Vol.
et
JUIN. 1734.: 1217
er ordonna qu'on distribuât de l'argent au
Peuple.
On chanta le Te Deum ; le soir il y eut des
Feux et des Illuminations dans toutes les rues ,
et les Habitans donnerent les plus grandes démonstrations
de joye.
Le Gouvernement a donné ordre qu'on frappât
de la Monnoye d'or et d'argent pour des
sommes considerables , au coin du nouveau Roy
de Naples.
Sa Majesté , qui étoit allée le 27. May dîner
à Baye , y reçut par le Marquis de Castellar ,
que le Comte de Montemar a dépêché au Roy
d'Espagne , la premiere nouvelle de la victoire
remportée le à Bitonto dans la Pouille , par
les Troupes Espagnoles sur celles de l'Empereur ,
commandées par le Comte de Viscomti.
*
25.
Le Roy revint aussi - tôt à Naples , où il trouva
un grand concours de Peuple qui cherchoit à lui,
marquer par ses acclamations , la part qu'il prenoit
à cet évenement, S M fit chanter ce jour là
le Te Deum dans sa Chapelle , et le lendemain il
alla en ceremonie à l'Eglise de S. Janvier , où il
fit rendre à Dieu de solemnelles actions de graces
de cette victoire , à l'occasion de laquelle il
y a cû dans la Ville pendant trois jours des Illu
minations et d'autres marques de réjouissance.
apporta à l'Infant Don Carlos le Diplôme par
lequel le Roy d'Espagne le déclare Roy de Naples
, et enjoint à tous les Seigneurs , Barons et
autres Habitans du Royaume , de le reconnoître
en cette qualité , et aux Magistrats des Villes
qui n'ont pas encore nommé des Députez pour
lui prêter serment de fidelité de lui en envoyer
incessamment , sous peine d'être regardez comme
rebelles et traitez selon toutes les rigueurs de
la guerre.
Ce Diplôme fut affiché et publié le même jour ,
et tous les Tribunaux en corps allerent rendre
hommage à leur nouveau Souverain qui fit ou
vrir les prisons , accorda la grace aux Criminels
2
I. Vol.
et
JUIN. 1734.: 1217
er ordonna qu'on distribuât de l'argent au
Peuple.
On chanta le Te Deum ; le soir il y eut des
Feux et des Illuminations dans toutes les rues ,
et les Habitans donnerent les plus grandes démonstrations
de joye.
Le Gouvernement a donné ordre qu'on frappât
de la Monnoye d'or et d'argent pour des
sommes considerables , au coin du nouveau Roy
de Naples.
Sa Majesté , qui étoit allée le 27. May dîner
à Baye , y reçut par le Marquis de Castellar ,
que le Comte de Montemar a dépêché au Roy
d'Espagne , la premiere nouvelle de la victoire
remportée le à Bitonto dans la Pouille , par
les Troupes Espagnoles sur celles de l'Empereur ,
commandées par le Comte de Viscomti.
*
25.
Le Roy revint aussi - tôt à Naples , où il trouva
un grand concours de Peuple qui cherchoit à lui,
marquer par ses acclamations , la part qu'il prenoit
à cet évenement, S M fit chanter ce jour là
le Te Deum dans sa Chapelle , et le lendemain il
alla en ceremonie à l'Eglise de S. Janvier , où il
fit rendre à Dieu de solemnelles actions de graces
de cette victoire , à l'occasion de laquelle il
y a cû dans la Ville pendant trois jours des Illu
minations et d'autres marques de réjouissance.
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Résumé : Entrée solemnelle de D. Carlos à Naples, [titre d'après la table]
Le 15 mai, un courrier de Madrid informe l'Infant Don Carlos qu'il est proclamé roi de Naples par le roi d'Espagne. Un diplôme ordonne à tous les seigneurs, barons et habitants du royaume de reconnaître Don Carlos comme roi et aux magistrats des villes de lui prêter serment de fidélité sous peine de rébellion. Le diplôme est affiché et publié le même jour. Les tribunaux rendent hommage à Don Carlos, qui libère les prisonniers, accorde la grâce aux criminels et distribue de l'argent au peuple. Des célébrations, incluant le chant du Te Deum et des illuminations, ont lieu. Le gouvernement ordonne la frappe de monnaie au nom du nouveau roi. Le 27 mai, Don Carlos apprend la victoire espagnole à Bitonto contre les troupes de l'empereur. À son retour à Naples, il fait chanter le Te Deum et organise des réjouissances publiques pour célébrer cette victoire.
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