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501
p. 40-43
« Il paroist depuis peu un Livre qui a pour titre, les [...] »
Début :
Il paroist depuis peu un Livre qui a pour titre, les [...]
Mots clefs :
Prononciation, Langue française
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texteReconnaissance textuelle : « Il paroist depuis peu un Livre qui a pour titre, les [...] »
Il paroistdepuis peu un Livre
qui a pour titre, les
-
'J\egles de la Prononciation
pour la Langue FrançoifèyparAd.
B. CE Livre est tres
bon dans son genre
& tres utile;on Içait
bien, dit l'Aureur, que
ce n'est pas un grand
honneur ni un grand
merite de sçavoir bien
sa langue,& d'en prononnoncer
regulierement
tous les mots: mais
c'est un grand blâme
Se une honte à un
honnéte homme de ne
le sçavoirpas. Un mot
mal prononcé luy fait
quelquefois plus de tort
quun faux raisonnement,
parce que tout
le monde est choqué
d'une mauvaise prononciation
, & que peu de
gens ont l'esprit assez
juste pour s'appercevoir
de la fitufferé decertains
raisonnemens,&.
Ceux qui aiment à
voir un livrecommencer
simplement feront
conrens du début deceluy-
cy: voicy comme il
commence.Ily a vingtquatre
lettres à l'Alphabet.
Abcdefg, Sec.
Le début des Elemens
d'Euclidesestaussi simple
queceluy-là, un &
un font deux, le tout
estplus grand que là
partie: C'est pourtant
sur ces fondemens si
simples qu'on éleve
des systemes jusqu'aux
cieux pour mesurer le
cours des astres, prédire
les éclipses, & rendre
raison des phenomenes
les plus étonnans.
qui a pour titre, les
-
'J\egles de la Prononciation
pour la Langue FrançoifèyparAd.
B. CE Livre est tres
bon dans son genre
& tres utile;on Içait
bien, dit l'Aureur, que
ce n'est pas un grand
honneur ni un grand
merite de sçavoir bien
sa langue,& d'en prononnoncer
regulierement
tous les mots: mais
c'est un grand blâme
Se une honte à un
honnéte homme de ne
le sçavoirpas. Un mot
mal prononcé luy fait
quelquefois plus de tort
quun faux raisonnement,
parce que tout
le monde est choqué
d'une mauvaise prononciation
, & que peu de
gens ont l'esprit assez
juste pour s'appercevoir
de la fitufferé decertains
raisonnemens,&.
Ceux qui aiment à
voir un livrecommencer
simplement feront
conrens du début deceluy-
cy: voicy comme il
commence.Ily a vingtquatre
lettres à l'Alphabet.
Abcdefg, Sec.
Le début des Elemens
d'Euclidesestaussi simple
queceluy-là, un &
un font deux, le tout
estplus grand que là
partie: C'est pourtant
sur ces fondemens si
simples qu'on éleve
des systemes jusqu'aux
cieux pour mesurer le
cours des astres, prédire
les éclipses, & rendre
raison des phenomenes
les plus étonnans.
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Résumé : « Il paroist depuis peu un Livre qui a pour titre, les [...] »
Le livre 'Les Règles de la Prononciation pour la Langue Française' met en avant l'importance de la prononciation correcte en français. L'auteur affirme que, bien que prononcer correctement ne soit pas un grand mérite, une mauvaise prononciation est un blâme et une honte pour une personne honnête. Un mot mal prononcé peut causer plus de tort qu'un faux raisonnement, car la mauvaise prononciation choque davantage que les erreurs de raisonnement. Le livre commence par énumérer les vingt-quatre lettres de l'alphabet, de manière similaire aux Éléments d'Euclide qui débutent par des principes simples pour construire des systèmes complexes. Ces principes permettent de mesurer le cours des astres, prédire les éclipses et expliquer des phénomènes étonnants.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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502
p. 61-64
Histoire Espagnole. [titre d'après la table]
Début :
L'histoire qui suit, tirée d'anciens memoires Espagnols, est [...]
Mots clefs :
Histoire, Amour
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texteReconnaissance textuelle : Histoire Espagnole. [titre d'après la table]
tirée d'anciens memoires
Espagnols, est écrite
dans le gout deZaïde,
& de la Princesse de
Cleves, genre d'écrire
excellent; mais qui paroist
allongé & languissant
à ceux qui ne veulent
dans une avanture
amoureuseniconversations,
ni sentimens, défaut
de gout, fondé sur
le défaut des moeurs.
Nos jeunes gens feroient
ravisqu'on traitât
l'amour dans un livre
come ils letraitent
dans le monde;ils voudroient
voir le dénouement
dés la seconde page;
ils ne veulent plus
que l'extrait d'une histoire
, parce qu'ils n'aiment
plus que l'extrait
d'une intrigue: tout ce
qui doit interesser les
ennuye , ils appellent
romanesques
, tous les
sentimens élevez & delicats
que produir la
belle nature ; extrémité
opoféeà celle du temps
de Voiture, où l'on appelloit
beau naturel les
spiritual itez quintessenciées
d'Alcidalis & de
Zelide. L'histoire suivante
eftécrite aussi noblement,
mais plus naturellement
qu'on ne
l'eût écrite en ce tems- là, &j'aycrû faire
honneur au nostre en
luy donnant une histoire
où l'amour est traité
avec delicatesse. Puis
qu'on donnoit en ce
temps-là, pourra dire
quelqu'un dans cent
ans,un tel ouvrage dans
un Journal public, il
falloitdoncqu'ilyeût
encore un certain nombre
de gens à qui cette
maniere d'aimer fist
plaisir.
Espagnols, est écrite
dans le gout deZaïde,
& de la Princesse de
Cleves, genre d'écrire
excellent; mais qui paroist
allongé & languissant
à ceux qui ne veulent
dans une avanture
amoureuseniconversations,
ni sentimens, défaut
de gout, fondé sur
le défaut des moeurs.
Nos jeunes gens feroient
ravisqu'on traitât
l'amour dans un livre
come ils letraitent
dans le monde;ils voudroient
voir le dénouement
dés la seconde page;
ils ne veulent plus
que l'extrait d'une histoire
, parce qu'ils n'aiment
plus que l'extrait
d'une intrigue: tout ce
qui doit interesser les
ennuye , ils appellent
romanesques
, tous les
sentimens élevez & delicats
que produir la
belle nature ; extrémité
opoféeà celle du temps
de Voiture, où l'on appelloit
beau naturel les
spiritual itez quintessenciées
d'Alcidalis & de
Zelide. L'histoire suivante
eftécrite aussi noblement,
mais plus naturellement
qu'on ne
l'eût écrite en ce tems- là, &j'aycrû faire
honneur au nostre en
luy donnant une histoire
où l'amour est traité
avec delicatesse. Puis
qu'on donnoit en ce
temps-là, pourra dire
quelqu'un dans cent
ans,un tel ouvrage dans
un Journal public, il
falloitdoncqu'ilyeût
encore un certain nombre
de gens à qui cette
maniere d'aimer fist
plaisir.
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Résumé : Histoire Espagnole. [titre d'après la table]
Le texte traite d'un style littéraire comparé à celui de 'Zaïde' et de 'La Princesse de Clèves', jugé excellent mais trop long et languissant par ceux qui préfèrent des aventures amoureuses et des conversations rapides. Les jeunes modernes recherchent des récits où l'amour est traité de manière réaliste, avec des dénouements rapides et des intrigues concises. Ils trouvent ennuyeux les aspects 'romanesques' et apprécient peu les sentiments élevés et délicats. Le texte souligne une évolution des goûts littéraires, passant des spiritualités raffinées du temps de Voiture à une préférence pour des histoires plus naturelles et délicates. L'auteur affirme avoir écrit une histoire traitant l'amour avec délicatesse, en accord avec son époque. Il note que, même dans cent ans, un tel ouvrage pourrait encore plaire à certains lecteurs.
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503
p. 78-79
L'Anonyme plagiaire de Thoulouse.
Début :
Je vous pille vous-mesme, Seigneur Mercure, pour satisfaire aux [...]
Mots clefs :
Chanson
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texteReconnaissance textuelle : L'Anonyme plagiaire de Thoulouse.
L'Anonyme plagiaire
- de Thoulouse.
Je vouspille rvous-mef
me., SeigneurAdercure,
poursatisfaire aux petites
tasches que vous hn-
PoftZ au public, je veux
dire que jf respondsavostre
in vino veritas par
quatre Vers que jecrois
de VOUJ.
In vino sinceritas
Le plus fourbe en beuvant
devenu plus sincere,
Dit tout ce qu'il a fait &
tout ce qu'il veut faire,
Son coeur nage dans le
verre.
In vino sinceritas.
Soyezsincereaussisans
mwir m>jay pris cecy
dans un petit Livre intitulé
Le Puits de la Veritéce
Livre n'est-ilpas de
vous.
- de Thoulouse.
Je vouspille rvous-mef
me., SeigneurAdercure,
poursatisfaire aux petites
tasches que vous hn-
PoftZ au public, je veux
dire que jf respondsavostre
in vino veritas par
quatre Vers que jecrois
de VOUJ.
In vino sinceritas
Le plus fourbe en beuvant
devenu plus sincere,
Dit tout ce qu'il a fait &
tout ce qu'il veut faire,
Son coeur nage dans le
verre.
In vino sinceritas.
Soyezsincereaussisans
mwir m>jay pris cecy
dans un petit Livre intitulé
Le Puits de la Veritéce
Livre n'est-ilpas de
vous.
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Résumé : L'Anonyme plagiaire de Thoulouse.
Lettre adressée au 'Seigneur Adercure' citant 'in vino veritas'. L'auteur attribue quatre vers à 'VOUJ', décrivant la sincérité d'une personne ivre. Ces vers proviennent du livre 'Le Puits de la Vérité', dont la propriété est incertaine.
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504
p. 80-82
Response.
Début :
Non, Seigneur anonime, non. Le Puits de la Verité n' [...]
Mots clefs :
Airs, Chanson
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texteReconnaissance textuelle : Response.
Responsè.
Non,Seigneur anoni.
me, non. Le Puits de la
Véritén'est point de
moy, j'aimerois mieux
qu'on me derobast tous
mes ouvrages, que d'en
avoir un sur la conscience
qui ne m'appartint,
pas: Le Puits de la Verité
est de Mr de Frontignieres
autheur de la
pluspartdes paroles dont
feu Mr le Camus avoit
composé les airs; la verité
est qu'onmedemanda
quelques petites ébauches
que J'aVoisHails,1
mon porte-feuille, avec
un petit conte & quel-,
ques autres bàdineries
pourfaciliterlaventedu
Puits de la Verité;ainsi
je puis revendiquerde
ce Livre une tirade de
couplets estropiez sur ifi
vwo verïtas,êc puisqu'il
en est icy questionen
faire denouveaux qui
tiendront lieu des chansons
de ce mois-ci.Voicy
les canevas: Fasse les
airs qui voudra, je n'ay
pas eu le loisir de penfcr
à la musique.
Non,Seigneur anoni.
me, non. Le Puits de la
Véritén'est point de
moy, j'aimerois mieux
qu'on me derobast tous
mes ouvrages, que d'en
avoir un sur la conscience
qui ne m'appartint,
pas: Le Puits de la Verité
est de Mr de Frontignieres
autheur de la
pluspartdes paroles dont
feu Mr le Camus avoit
composé les airs; la verité
est qu'onmedemanda
quelques petites ébauches
que J'aVoisHails,1
mon porte-feuille, avec
un petit conte & quel-,
ques autres bàdineries
pourfaciliterlaventedu
Puits de la Verité;ainsi
je puis revendiquerde
ce Livre une tirade de
couplets estropiez sur ifi
vwo verïtas,êc puisqu'il
en est icy questionen
faire denouveaux qui
tiendront lieu des chansons
de ce mois-ci.Voicy
les canevas: Fasse les
airs qui voudra, je n'ay
pas eu le loisir de penfcr
à la musique.
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Résumé : Response.
L'auteur nie être le créateur principal de 'Le Puits de la Vérité', œuvre appartenant à Monsieur de Frontignières. Monsieur le Camus a composé les airs pour la plupart des paroles. L'auteur a fourni quelques ébauches et contributions mineures. Il revendique une tirade de couplets sur la vérité et propose des canevas pour de nouvelles chansons, mais n'a pas travaillé sur la musique.
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505
p. 87-144
ARTICLE burlesque Suite du Parallele d'Homere & de Rablais.
Début :
De mesme qu'un coursier agile, drioit Homere, s' [...]
Mots clefs :
Homère, Rabelais, Parallèle, Coursier, Auteur, Temps, Livre, Boire, Prévention, Érudition, Antique, Peuple, Sublime, Hommes, Vin, Style, Grecs, Héros, Animal
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARTICLE burlesque Suite du Parallele d'Homere & de Rablais.
ARTICLE
burlesque
Suite du Parallele d'Homere
& de Rablais.
De Mesmequ'un coursier
agile, drioit Homere
,
s'échappe quelquefois
de la jtiam fçanjante du
chartier tirannique, qui
Iattçwnt a[on Char,
l'ajjujeiuffott aux réglés
penïbles de L'art qu'inruentay
pour dompter les
chevaux le Centaure Peletroine.
De mesme un Autheur
peut s'échapper des regles
tiranniques qui donnent
tousjours des entraves
au genie, & quelquefois
des entorses au
bon fèqs.
De mesme encore que ce
Coursier échappé
,
foulant
lant d'un pied libertin
l'herbe tendredes prez
verdoyants,tantostpren-,
drasa courjè rapide ~es
legere
, comme lafleche,
qui part d'un arc,pour
volerdroit au but où l'oeil.
d'Apollon la guide., Ee
quetantost ce Coursier
bandissant,voltigeenl'airs
à.droite àgauche comme
la flamme. errante
d'une exhalaison -vagabonde
,échappéedufoudrede
fupiter.
De mesme en continuant
ce parallele j'iray
droit au but,oùje
m'en écarterayvolontairement.
De mesme encore que
ce Coursierparcourant a..
vec me[ine legerete
les plaines unies, les
montsescarpez, s'egaye
en bonds en ruades, Cf
atteint du pied lebaudet
attentif à fin chardon
sauvage.
De mesmej'attaque
ray en stile rablaisjien
quelque asnerie Homevienne
, pour delasserle
public d'une admiration
continuelle & gesnante
où l'on veut l'assujettir
en faveur des Anciens.
De mesme enfin que ce
Coursier tantost élevera
sa teste Juperbe jusqu'au
chesneJacré,pour en détacher.
de sa dent temeraire
quelque rameau
,verd
,
destinéacouronner
le Hérosy quetantost
ilbaisserahumblementsa
teste aux crinséparspour
brouter l'herbe rampante.
-
De mesme tantost sublime,
& tantostburlesque
,tantost Homere &
tantost Rablais., je parleray
leur langue en leur
donnant loüangeou blas
me sans fiel,& presque
sans prévention, je dis
presque cartous les
hommes sont nez prévenus,
oudumoinsils succent
la préventionavec
le lait.
, La préventionest litx
venin subtil,:ou,plutQ^
un animal venimeux
quiempoisonnetoutce
qu'il:mord,&' quimord,
sur tout ce qu'ilne voit,
pas:donnons-luy encore
àelle-mesmequelque;
coup de dentavant que
de commencer nostre pa-\
rallele
,
Rablais diroit
que la prévention est ui\
animal augmentatifdiminucif,
palliatif, deciissy
& rébarbatif: „or si
de cet animal
,
l'extrait
„ genealogique, sçavoir
»voulez. Sçachez-le>•
ne tient qu'à vous, il
3,
est déduit en ces Vers
„ cy-dessousinscrits :
ChezLuciserjadis eut
accointance
Messer orguëil avec dame
ignorance.
En lignegauche, jijït de
;, cette engence
Tille perverse en-fil foJ/ei
arrogance ,>
PrcventionfurjOn om
.., quejepensè,
Qr Dieuvousgarddesa,
p-rédominance.
Mais continueroit«
Rablais
, ventre beuf, «
voilà bien parler sans «
boire, je n'entends icy«
i
vocilonner à mes oreil- «
les que ce motpréven-«
tkon,,parcyprevention, «
par la prévention pour"-
les Grecs, prévention«
pour les Latins. Hola,
9y
hola) prévention,est
,
»Heresie, & ne veut
„ croirepersonneheretique
en belles Lettres
„ que ne m'ayez démon-
»tré par ou) comment,
„ & pourquoy:car quel
>y-motif mouvant peut
» démouvoir ces aucuns
'}' Letrez àpreconiser Se
35 proner à érripegosier
3i
les Ecrivains antiques,
3i qu'en revient-il à ces
,; preneurs? ',. -',
1 Le
A cela vais vous ré-cc
partir en bref, mais a-"
vant parler,veux ob-cc
ferver la premièrere- «
glè des éloquents par- «
leurs& harangueurs,«
toussir, cracher,& se «
silentier un moment,«
fmnfium cum virgula, «
pour reprendre haleine.
«
Je vais narrer veri-«
diquement ce qu'en«
c'est tout un , en fait
,,de Relations lointainyy
nes.
Au fond des Indes
„orientales ou occiden-
51
tales, ou imaginaires ;
,,car bonnement avoue-
,, ray que ne sçais autre
„
Geografie que des païs
à bons vignobles, où
,
yy
je voyage volontiers:
aux Indes donc, deux
yy
peuples y a, dont l'un
,,
desire sans cesse dominer
& ravillir l'autre;
parce que l'autre don- c?
ne jalousie à l'un, com-«
me Jun en donne à«
l'autre, sique ce Tau-ff
tre & ce 1 un, sont en «
guerre l'un contre l'au-«
tre. «
Or devinez ce qui cc
excite noise entre ces«
deux peuples, ce font"
des riens, petits riens, «
motifs de rien, comme«
qui diroit d'interest«
de gloire, &C devolup-«
té; ceux-cy se faschent«
,, que le terroir des au-
„ tres fertilise abondam-
", ment par son propre
„ fond, & sans engrais,
,, siqu'il produit soudai-
„ncmcr.r ,
& au rao-
"lllent que besoin est,
,,fruits fàvourtux, &
„ fleurs gentilles, que ne produit mie le ter-
„ roir des autres; mais
„ ceux dont le terroir est
„sterile, sont en recom-
,, pense, bons pourvo-
„ yeurs & grands provisionneurs;
si que ne re- c:
cuëillant rien de leur«
cru,sçavent tirer des
contrées estrangeres
, «
fruits & grains dont«.
ils emplissent granges, «
& fruitiers, & par ain-«
si sont plus, quoyque«.
non mieux, approvi-«
sionnez que ceux dont
leterroir produit. cc
Notez illec, ô Lecteur.
attentif, qu'en u- cc:
sant icy des mots deCf.
fruits, grains, & ter,,
mes pareils, c'est élo- ,,cution allegorique & „symbolique, qui signi-
;, fic belles productions
d'esprit, &solides oeu-
"vres de gens lettrez. ,,Disons donc que le ter- roir ,
id efi, les cer-
"vaúx & caboches de
;, l'un de ces peuples sont
;)--plus fertiles en produc-
„ tions, & que l'autre
„
peuple est opulent en
„
collections & maga-
„zins scientifiques.
iCe dernier peupleest
plus puissant que Tau-cc
tre ;' pource qu'il estcr
plus nombreux, & il
estplus nombreux t:
pource que plus de
gens ont faculté collec-(cc
tive, & moins de gens
ont facultéproductive,
selon la regle que plus
de gens ont ce qu'est
plus faciled'avoir,sont
toutefois grandelTICfitc
louables ces collecteurs
quant doctement& là-'
„gementsçavent user
",de leur talent collectif,
w-mais mieux louange-
„ ray certes, tel qui join-
„dra production à col- „leâion comme aucuns
»y a.
„ Les deux peuples dont
est questionsont nom- ,,mez par maint hifto-
„ riens les Produisants,
„ & les Eruditionnez.
„ Voyons maintenant ce
3,
qui rend si commune
"parnlY les Erudition.
nez,la maladie qu'on(C
appellepréventiongrec-«
que, c'est la mon tex-«
te.,Jay long tempstour «
noyé pour y venir :ab tc.
regeons matierede«.
peur que l'ennuy rie"
vousgagne. S'ilvous"
a desja atteint, beuvez«
un coup,bon vin de^r^
ennuye le Leéteur&j'«
l'Ecrivain;&devrait-«
on, pour écrire joyeu-«
sement,boire par apo* à
stille à chaque page, 1c
93 mais comme boire tant
& ne PUIS, au moins en ”parleray souvent, car
» le refrain & l'énergie
33
du langage Rablaifien,
c'est à boire à boire,
33 du vin du vin.
» Où en estions - nous,
«jay perdu la tramon-
» tane, vite vite ma bouf
” fole, prévention, pré-
” vention,voilà le mot:
33 pourquoy en sont
-
ils
» si embrelicoquez en-
” vers les Anciens? oh
c'est pour troismille «
quatre cents vingt-«
deux raisons & demie,«
ne vous en diray pour « lepresentque les deux «
& demie, car l' horlo-«
ge tonner c'est l'heu-"
re de boire.«
Primo les Erudition«
nez sont semblables «
aux taverniers
,
les«
quels les ans passez,«
s'estant munis de vins «
maintenant antiques,«
crient aux biberons
, «
„ plorez & deplorez la
»perte de ces vieux
33
septs de vigne,qui ja-
33
dis produisoient les
,,mirifiques vins, dont
„avons en cave les ori-
33 ginaux : helas n'en
„viendra plus de tels,
„car en l'an du grand
„hiver - font peris par
»gelée ces vieux sou-
„chons & sarments,
,,& avec iceux a peri
33 tout espoir de bonne „vendange.
Ainsi les Erudition-«
nneezzts'5éc'ércierinetnecnenddé-écce
criant toutes produc- ce
tions modernes pour cc
mieux s'acrediter, bc«
avoirdebit des vieilles
cc provisions& denrées
ce
antiques desquelles
cc leurs magazins fontcc
surchargez. «
Secundo Posons le casc,
que puisse y avoir, un ce
Eruditionné de petite ce
stature, il toutefois sece
ra ambitieusement dece
9j
fireux de paraître plus
» grand qu'un produis
33
sant de riche taille,
» que feral'Eruditionné
»ballet, Il grinpera sur
lesépaules d'un an-
33
cien, commesinge sur
»Eléfant, or ainsi grin-
»pé sur sur un ancien,.
33
Plus cet anciensera.
» grand, plus le grinpé-
» sus fera elevé, & plus
» dominera de haut en
» bas le produisant mo-
33
derne.
Voyez par la qu'Interest
eurent de proner «
antiques oeuvres, ence
tous les temps Pays & et
moeurs, les Erudition- »
nez. ce
ilsfont d'Homère
UnDràmadere, S'imaginant que sur son dos
montez
Haut élevez ,grimpez, juchez
%Zut'H^cK>
Ils prendront haute place
Au coupeau du Parnasse
S'associant à , cet Autheur fameux
,
Disantde luy toutce qu'ils
pensentd'eux;
ils l'éternisent,
Le divinisent
Puis par droit de societe
Partagentsadivinité.
Cesupposant tous bons Ecrits
modernes
Sont prés des leurshumaines
balivernes.
»
Parlons naturelle-
» ment, on a poussé
33
troploinl'entestement
»pour Homere ,on
93 ne peut nierque puis-
»
qu'on lalôiié dans tous
les
les temps.iln'aitme- «
rited'estreloüé
,
aussi «
le louerai je, l'admire- ICC
rai-je & l'aimerai
- je
jusquà l'adoration,ex«
clusivement.«
Homere est le Gargantua
des Erudition-«
rJe, ils le fontsi grand cc
qu'enrendant son me-«
rite gigantesque ; ils ccenostentla
vrai ressem «
blance.
; Rabelais a eu ses Eruditionmés
aussi bien.«.
, „ qu'Homere & si Ale-
,,
xandre avoit toujours
33 un Homere sous son
;, chevet, le Chancelier
»duPratportoittoûjours
un Rabelais dans sa
„ poche.
„ Alcibiades questio-
, nant un jour un Pro-
"fesseur sur quelques
Vers d'Homere.Le
yy
Professeurrespondit
;, qu'il ne le lisoit point,
»Alcibiades luy donna
»unsoufletpourlepunir
d'oser professer les ici-cf
ences ,
sans avoir chez«
luy le livre des Sça-«
vants le livreunique «
le livre par excellence. «
J, Le Cardinal du Belay
qu'on prioitd'admetre «
a sa Table certain«
Homme de Lettres,«
demanda en parlant«
de Rabelais qu'onap-!cc
peloit aussi le livre unique,
lelivre par Ex- «
silence, cet Homme«
que vousvoulezadmet«
33
tre àmaTabte a-t-illû;
33
le Livre. non-luy res
pondit on, qu'on le fas
33 se donc dineravec mes
33 gens, reprit le Cardin
33
liai ne croyant pa£
3,
qu'on putestreScavant
»sans avoir lû Rabelais
,,. Ces traits de préven-
»tions me paroissent en
»core plus forts pour »Rabelais qui vivoit alors
que pour Homere
33 qui du tempsd'Ale-
» xandre avoit deja plurieurs
siecles d'antiquité,
antiquité qui,com-«
me nous avons déjà dit
jete sur les ouvragesun«
voile obscur& favorable
aux Allegories.
Grande ressource à «
ceux qui veulent trou.cc,
ver du merveilleux &C «
du grand dans les pe-«
titesses mesme qui é- «
chapent aux plus ex""ci
celents Autheur. «
Rabelais a cela, de
communavec Homi,it
JI':}.
»re,quonacruvoir Al;.¡
» legoriojuement dans son
5> Livre des Sistemes en-
„ tiersd'Atfronomie, de
»Fi/îque
,
de la pièrre
MFilofofale même, que
» quelques Alchimistes
J) ont trouvédans notre
w Auteurcomique,com-
» me d'autres l'ont trou-
«vé dans le Prince de
»Poètes. w c-
J'ayconuun Rabelais
Pi lien outré, qui dans
» une tirade de deux cent
noms de jeux qu'on«
apprend à Pentagruel, «
croyoitvoirsurchaque «
mot une explication «
Historique, Allegori- «
que & Morale, il est,
pourtant visible que
Rabelais n'a eudessein «
en nommant tousces «
jeux que de faire voir «
qu'il les scavoit touss «
car dans ces temps où et lesScavans estoient «
rares, ils se faisoient«
bonneurde détaillerdeit
»dénombrer
,
de citer
» à tous propos, & d'é-
» tendre,pourainsidire,
»leurs Erudition, jus-
» que dans les moindres
»Arts.Il faut croire pour
la Juftificaticn d'Hor
»mere, qu'il vivoit dans
„ un temps a peu pres
» pareil, car il est grand
„ Enumerateur,&grand
»detailliste
,
diroit Ra-
» belais
,
Homere &moy
»pouvonsestreabon droit
»Paralellt(èz>,en ceque
Jommcs
sommes par ?iaiure tant
joit peu beaucoup digresfionneurs
&babillards.
Nous parlerons en
temps &lieu,c'est àdire,
quand l'occasion s'en
presentera
,
des digressîons,
& des énumerations
dont nos deux Autheurs
sont pleins;il yen aquelques-unes dansRabelais
dont chaque mot
porte son application
bonne ou mauvaise. , Ces titres de Livres par
exemple dont il compose
une Biblioteque critique.
LesfaribolesduDroit
L'Almanac desgouteux,
Le boutevent des Alchimisses
Le limassondes rimasseurs
Les pois au lard comme
comento
Le tirepet des Apotiquaires,
Lamusèliere de noblesse
De montardapost pran00
diumset-vienda>
Malagranatum viîiorum,
.,up11
Les Houseaux,alias les botes de patience
Decrotatoriu Scolarium.
Barbouilla-mentaScoti.
l'HistoiredesFarfadets.
Oncomprend bien qu'-
il peut y avoir parraport
au temps de Rabelais,
plus de selque nous n'en
sentons dans ces critiques
badines, mais la fadeur
, ÔC la platitude
d'uneinfinité d'autres
nous doivent faire conclure
que si Rabelais
estoitun excellent comiquéx:
n quelques endroits
ilestoit en quelques autres
tres mauvais plaisant.
Ces prévenus conclueront
au contraire
, que
le sublime incontestable
d'Homere
, nous est garant
de 1 excellenceoculte
de ce qui nous paroist
mediocre, ils ajousteront
que les endroits les plus
obscurs pour nous brillent
pour eux desplus
vives lumieres : ne soutiendront-
ils point audi
diroit Rabelais,qul^c^
mere ne laissoit pas de
voir clairquoyqu'ilfust
aveugle ?
Je viens de commencer
mon Parallele, par
la premiere idée qui s'est
presentée, je l'avois bien
promis, on ne meverra
point prendre d'un air
grave la balance en main
pour peser scrupuleusement
jusqu'aux moindres
parties qui doivent
entrer dans la composition
d'un poëme
,
je devois
examiner d'abord le
choix du sujet, l'ordonnance
,
les situations, les
caracteres, les pensées,le
stile,& tant d'autres
choses dont jene fais pas
mesme icy une énumeration
par ordre de peur
de paroistre troparrangé
dans un Parallele que
j'ay entrepris par amusement,
& qui nemeriteroit.
pas d'estre placé
dans mon article burlesque,
s'il estoitserieux &C
régulier.
Voicy donc la methode
que je vais suivre
dans cette composition.
J'ay sur ma table mon
Rabelais,& mon Homere
5
portons au hasard la
main surl'un ou sur l'autre
,
je tiens un Volume
qu'y trouvay je à l'uverture
du Livre, voyons
,c'est unpere qui
parle à son fils, devinez
si. cette éloquence est
d'Homere ou de Rabelais.
Je te rappelle auprès de
moy ,
j'interromps laferveur
de tes etudes,je l'
racheaureposFilosofique,
mais j'aibesoin de toy, Ç$9
je fuis ton pere,j'avois
esperé de voir couler doucement
en Paix mes dernveres
annees me confiant
en mes amisCfanciens
confederez , mais fèiïr
perfidie a jruflrelafetife- tidemavkiilejfejelleeif
lafatàledefïrneèdâVtibm*
me >
queplus ilsoit irt±
quiete, par ceux en qui
plus ilsereposoit : rvierts
donc, quitte tes Livres
pourvenirme defendre ,
car ainsi comme débité
font les armes au dehors,
otfrie conseiln'est dans la
mmfmyainsi vaine est
l'estude, & leconseil inutile
,
qui en temps oportunarvertu
ricji mil.
execution.
deMproavodqéuliebrémraatiisodn'raipeasi-t
ser, non a"assa,¡¡ir mais
de defendre, non de conquerir
maisdegardermes
feaux sujets
,
(jf terres
hereditaires contre mes
ennemis.
J'ay envoié vers eux
amiablement pour leurs
offrir tous ce que jej?uîs,
f5Plus quejene dois, &
n'ayanteu d'eux autre re- *ponse que de volontaire
& jalouse défiance, par
làjevois que tout droit
desgens est en eux deve.,
nu droit de force & de
bienseancesurmes terres,
donc je connois que les
Dieux les ont abandonné
à leurpropresens qui ne
peutproduirequedejJeini
iniques, si par inspiration
divine
,
nestconti-
&ueUernent guide.
Ne croyez vous pas entendre
parler icy le sage
Nestor dans le sublime
Homere
, ce n'est pourtant
que le pere de Gargantua
qui parle dans le
comique Rabelais.
Je n'y ay changé que
quelques mots du vieux
stile
, on peut juger parlàque
Rabelaiseustesté
un bon Autheurserieux.
Homere eust-il esté un
bon Autheur burlcA
que? Pourquoy non s'il
l'eust voulu, il la bien
elle quelquefois sans le
vouloir. Je pourray danslasuite
citeren badinant
quelqu'un deces endroits
burlesques
,
mais commençons
par admirer serieusementcet
excellent
homme qui a sçu concilier
dailSfan vaste genie,
lesfaillies les plus vives
de l'entousiasme poëtique
, avecle bon sens
& la sagesse de l'orateur,
le plus consommé.
Voicy comme il fait
parlerNestor pour appaifer
Achile en colere, &,
Agamemnon poussé à
bout, au moment qu'ils
alloient se porter l'un
contre l'autre à des extremitez
funesstes.
O quelle douleurpour
la Greces s'écrie touta coup
Nestor
,
if quelle joye
pour les Troyens, ils
viennentà apprendre lesl
dissènsionsdesdeux hom-1
mes quifont au dessus deI
tous les autres Grecs par
la prudence ifparle courage,
mais croyeZ moy
tous deux, car vouselles
plus jeunes, Çffmfrequente
autrefois des hommes
qui valoient mieux
que vous, fic.qui ne meprisoient
pas mesconfedsy
nonjenayjamaisveu&
ne verray jamais de si
grands personnages que
PirritousyPolifeme, égal
aux Dieux, Thess fils
d'Egéefemliableaux immorlelstjfc.
Voilalesplus
vaillans hommes que la
terre ait jamais port£{,
mais s'ils estoientvaillants,
ilscombatoientauJJi
contre des Ennemis trèsvaillants,
contre les Centaures
des montagnes
dont la defaite leursaacquis
un nom immortel,
tess avec cesgens là que fay vécu. Je tafchois de
lesegalerselon mesforces,
f5 parmy tous les tommesquifontaujoura'huy
il î,j en a pas un qpii
tufr op leur rien députer
terycependant quoyque jesulfefortjeune, ces
grands hommesecoutoient
mes conseils ,fui'vez.., leur
exemple, car cestle meilleur
parti, vous, Agamemnon,
quoique leplus
puissant, n'enle('1JeZpoint
a Achile la fille que les
Grecs lui ont donnee, f$
tV9usfils de Pelee, ne vous
attaquez, point au Roi,
car, de tous les Rois qui
ont portele Sceptre, eS
jue Jupiter a elevez, à
cette gloire, il riy en a
jamaiseu desigrandque
luysivous avezplus de
valeur, fj)Jî vous estes
fis d'une Deesse, il est
plus puissantparce qml
commande aplusdepevoples
;fils )Atne-¿¡ppair
fiZrvoftre cotere, es je
vaisprier Achile defur*
monter la sienne, caril
est le plusfermerampart.
des Grecs dans les fanglants
Combats.
Le début de ce discours
deNestor peut servir
de modelepour, Je
simple vrayment sublime,
avec quel art enfuite
Nçiflor impose t-ilà
ces deux Rois, en leur
insinuant que de plus
grands hommes qu'eux
ont cru sesconseils,
lors mesme qu'il estoit
encore tres jeune? La
Critique ordinaire qui a
si fort blâmé les invectives,
& les injuresqu'-
Homèremetsi souvent
dans la bouche de ses
Heros, trouvera Nestor
imprudentd'offenserluy
mesme ceux quil veut
reconcilier
, en leur disant
en face qu'il y a eu
de plus grandshommes
qu'eux, & a qui ils riauroient
ose rien disputer,
mais supposons qu'en ce
temps-là les hommesaccoutumez
adirer à s'entendre
dire des veritez
, eussent allez de bOl111eJ
foy & degrandeurdame
pour ne se point faf
cher qu'on reduifift leuc
heroisme à sa juste va
leur.
-
Cela supposé, quelle
force d'éloquence a Ne
stor, & quelle hauteur
de sèntiment ,d'humilier
ainsi Agamemnoii
ôcAchile, pour les foumettre
à' Ces conseils
Mais il nest pas vrayfeilblable,
dira-t-on que
des; Héros soussrissent
p^tiÊimnejftt une offense,
mais répondrai-je,
la vérité ne les offensoit
jamais,c'estoit les
moeurs de ce temps-là
ou du moins il estoit
beau a Homere de les
feindre telles, lesnostres
font bien plus polies; j'en
conviens, mais qu'est-ce
que la politesse ? la poli
tessen'est que l'art d'in.
sinuer la flaterie & le
mensonge,c'est l'art d'avilir
les âmes, & dénerver
l'heroifineGaulois,
dont: la grandeur consiste
à ne vouloir jamais
paroistre plus grand qu'
on n'est, & à ne point:
induire les autres à vouloir
paroistre plus grands
quilsnefont.
Voicy l'occasion d'examiner
si Homere a
bien conneu en quoy
doit consister la grandeur
d'un Héros. Mais
cela me meneroit plus
loin que je ne veux, j'iraipeut-
estre dans la suite
aussi loin que ce parallèlepouKiro'fne
mener:
mais te me fuisreftraint
alien cfqhijer dans-chaque
Mercurequ'à, peu
présautantqu'il adans el1 celui
- cy,. ma
tascheest remplie.
burlesque
Suite du Parallele d'Homere
& de Rablais.
De Mesmequ'un coursier
agile, drioit Homere
,
s'échappe quelquefois
de la jtiam fçanjante du
chartier tirannique, qui
Iattçwnt a[on Char,
l'ajjujeiuffott aux réglés
penïbles de L'art qu'inruentay
pour dompter les
chevaux le Centaure Peletroine.
De mesme un Autheur
peut s'échapper des regles
tiranniques qui donnent
tousjours des entraves
au genie, & quelquefois
des entorses au
bon fèqs.
De mesme encore que ce
Coursier échappé
,
foulant
lant d'un pied libertin
l'herbe tendredes prez
verdoyants,tantostpren-,
drasa courjè rapide ~es
legere
, comme lafleche,
qui part d'un arc,pour
volerdroit au but où l'oeil.
d'Apollon la guide., Ee
quetantost ce Coursier
bandissant,voltigeenl'airs
à.droite àgauche comme
la flamme. errante
d'une exhalaison -vagabonde
,échappéedufoudrede
fupiter.
De mesme en continuant
ce parallele j'iray
droit au but,oùje
m'en écarterayvolontairement.
De mesme encore que
ce Coursierparcourant a..
vec me[ine legerete
les plaines unies, les
montsescarpez, s'egaye
en bonds en ruades, Cf
atteint du pied lebaudet
attentif à fin chardon
sauvage.
De mesmej'attaque
ray en stile rablaisjien
quelque asnerie Homevienne
, pour delasserle
public d'une admiration
continuelle & gesnante
où l'on veut l'assujettir
en faveur des Anciens.
De mesme enfin que ce
Coursier tantost élevera
sa teste Juperbe jusqu'au
chesneJacré,pour en détacher.
de sa dent temeraire
quelque rameau
,verd
,
destinéacouronner
le Hérosy quetantost
ilbaisserahumblementsa
teste aux crinséparspour
brouter l'herbe rampante.
-
De mesme tantost sublime,
& tantostburlesque
,tantost Homere &
tantost Rablais., je parleray
leur langue en leur
donnant loüangeou blas
me sans fiel,& presque
sans prévention, je dis
presque cartous les
hommes sont nez prévenus,
oudumoinsils succent
la préventionavec
le lait.
, La préventionest litx
venin subtil,:ou,plutQ^
un animal venimeux
quiempoisonnetoutce
qu'il:mord,&' quimord,
sur tout ce qu'ilne voit,
pas:donnons-luy encore
àelle-mesmequelque;
coup de dentavant que
de commencer nostre pa-\
rallele
,
Rablais diroit
que la prévention est ui\
animal augmentatifdiminucif,
palliatif, deciissy
& rébarbatif: „or si
de cet animal
,
l'extrait
„ genealogique, sçavoir
»voulez. Sçachez-le>•
ne tient qu'à vous, il
3,
est déduit en ces Vers
„ cy-dessousinscrits :
ChezLuciserjadis eut
accointance
Messer orguëil avec dame
ignorance.
En lignegauche, jijït de
;, cette engence
Tille perverse en-fil foJ/ei
arrogance ,>
PrcventionfurjOn om
.., quejepensè,
Qr Dieuvousgarddesa,
p-rédominance.
Mais continueroit«
Rablais
, ventre beuf, «
voilà bien parler sans «
boire, je n'entends icy«
i
vocilonner à mes oreil- «
les que ce motpréven-«
tkon,,parcyprevention, «
par la prévention pour"-
les Grecs, prévention«
pour les Latins. Hola,
9y
hola) prévention,est
,
»Heresie, & ne veut
„ croirepersonneheretique
en belles Lettres
„ que ne m'ayez démon-
»tré par ou) comment,
„ & pourquoy:car quel
>y-motif mouvant peut
» démouvoir ces aucuns
'}' Letrez àpreconiser Se
35 proner à érripegosier
3i
les Ecrivains antiques,
3i qu'en revient-il à ces
,; preneurs? ',. -',
1 Le
A cela vais vous ré-cc
partir en bref, mais a-"
vant parler,veux ob-cc
ferver la premièrere- «
glè des éloquents par- «
leurs& harangueurs,«
toussir, cracher,& se «
silentier un moment,«
fmnfium cum virgula, «
pour reprendre haleine.
«
Je vais narrer veri-«
diquement ce qu'en«
c'est tout un , en fait
,,de Relations lointainyy
nes.
Au fond des Indes
„orientales ou occiden-
51
tales, ou imaginaires ;
,,car bonnement avoue-
,, ray que ne sçais autre
„
Geografie que des païs
à bons vignobles, où
,
yy
je voyage volontiers:
aux Indes donc, deux
yy
peuples y a, dont l'un
,,
desire sans cesse dominer
& ravillir l'autre;
parce que l'autre don- c?
ne jalousie à l'un, com-«
me Jun en donne à«
l'autre, sique ce Tau-ff
tre & ce 1 un, sont en «
guerre l'un contre l'au-«
tre. «
Or devinez ce qui cc
excite noise entre ces«
deux peuples, ce font"
des riens, petits riens, «
motifs de rien, comme«
qui diroit d'interest«
de gloire, &C devolup-«
té; ceux-cy se faschent«
,, que le terroir des au-
„ tres fertilise abondam-
", ment par son propre
„ fond, & sans engrais,
,, siqu'il produit soudai-
„ncmcr.r ,
& au rao-
"lllent que besoin est,
,,fruits fàvourtux, &
„ fleurs gentilles, que ne produit mie le ter-
„ roir des autres; mais
„ ceux dont le terroir est
„sterile, sont en recom-
,, pense, bons pourvo-
„ yeurs & grands provisionneurs;
si que ne re- c:
cuëillant rien de leur«
cru,sçavent tirer des
contrées estrangeres
, «
fruits & grains dont«.
ils emplissent granges, «
& fruitiers, & par ain-«
si sont plus, quoyque«.
non mieux, approvi-«
sionnez que ceux dont
leterroir produit. cc
Notez illec, ô Lecteur.
attentif, qu'en u- cc:
sant icy des mots deCf.
fruits, grains, & ter,,
mes pareils, c'est élo- ,,cution allegorique & „symbolique, qui signi-
;, fic belles productions
d'esprit, &solides oeu-
"vres de gens lettrez. ,,Disons donc que le ter- roir ,
id efi, les cer-
"vaúx & caboches de
;, l'un de ces peuples sont
;)--plus fertiles en produc-
„ tions, & que l'autre
„
peuple est opulent en
„
collections & maga-
„zins scientifiques.
iCe dernier peupleest
plus puissant que Tau-cc
tre ;' pource qu'il estcr
plus nombreux, & il
estplus nombreux t:
pource que plus de
gens ont faculté collec-(cc
tive, & moins de gens
ont facultéproductive,
selon la regle que plus
de gens ont ce qu'est
plus faciled'avoir,sont
toutefois grandelTICfitc
louables ces collecteurs
quant doctement& là-'
„gementsçavent user
",de leur talent collectif,
w-mais mieux louange-
„ ray certes, tel qui join-
„dra production à col- „leâion comme aucuns
»y a.
„ Les deux peuples dont
est questionsont nom- ,,mez par maint hifto-
„ riens les Produisants,
„ & les Eruditionnez.
„ Voyons maintenant ce
3,
qui rend si commune
"parnlY les Erudition.
nez,la maladie qu'on(C
appellepréventiongrec-«
que, c'est la mon tex-«
te.,Jay long tempstour «
noyé pour y venir :ab tc.
regeons matierede«.
peur que l'ennuy rie"
vousgagne. S'ilvous"
a desja atteint, beuvez«
un coup,bon vin de^r^
ennuye le Leéteur&j'«
l'Ecrivain;&devrait-«
on, pour écrire joyeu-«
sement,boire par apo* à
stille à chaque page, 1c
93 mais comme boire tant
& ne PUIS, au moins en ”parleray souvent, car
» le refrain & l'énergie
33
du langage Rablaifien,
c'est à boire à boire,
33 du vin du vin.
» Où en estions - nous,
«jay perdu la tramon-
» tane, vite vite ma bouf
” fole, prévention, pré-
” vention,voilà le mot:
33 pourquoy en sont
-
ils
» si embrelicoquez en-
” vers les Anciens? oh
c'est pour troismille «
quatre cents vingt-«
deux raisons & demie,«
ne vous en diray pour « lepresentque les deux «
& demie, car l' horlo-«
ge tonner c'est l'heu-"
re de boire.«
Primo les Erudition«
nez sont semblables «
aux taverniers
,
les«
quels les ans passez,«
s'estant munis de vins «
maintenant antiques,«
crient aux biberons
, «
„ plorez & deplorez la
»perte de ces vieux
33
septs de vigne,qui ja-
33
dis produisoient les
,,mirifiques vins, dont
„avons en cave les ori-
33 ginaux : helas n'en
„viendra plus de tels,
„car en l'an du grand
„hiver - font peris par
»gelée ces vieux sou-
„chons & sarments,
,,& avec iceux a peri
33 tout espoir de bonne „vendange.
Ainsi les Erudition-«
nneezzts'5éc'ércierinetnecnenddé-écce
criant toutes produc- ce
tions modernes pour cc
mieux s'acrediter, bc«
avoirdebit des vieilles
cc provisions& denrées
ce
antiques desquelles
cc leurs magazins fontcc
surchargez. «
Secundo Posons le casc,
que puisse y avoir, un ce
Eruditionné de petite ce
stature, il toutefois sece
ra ambitieusement dece
9j
fireux de paraître plus
» grand qu'un produis
33
sant de riche taille,
» que feral'Eruditionné
»ballet, Il grinpera sur
lesépaules d'un an-
33
cien, commesinge sur
»Eléfant, or ainsi grin-
»pé sur sur un ancien,.
33
Plus cet anciensera.
» grand, plus le grinpé-
» sus fera elevé, & plus
» dominera de haut en
» bas le produisant mo-
33
derne.
Voyez par la qu'Interest
eurent de proner «
antiques oeuvres, ence
tous les temps Pays & et
moeurs, les Erudition- »
nez. ce
ilsfont d'Homère
UnDràmadere, S'imaginant que sur son dos
montez
Haut élevez ,grimpez, juchez
%Zut'H^cK>
Ils prendront haute place
Au coupeau du Parnasse
S'associant à , cet Autheur fameux
,
Disantde luy toutce qu'ils
pensentd'eux;
ils l'éternisent,
Le divinisent
Puis par droit de societe
Partagentsadivinité.
Cesupposant tous bons Ecrits
modernes
Sont prés des leurshumaines
balivernes.
»
Parlons naturelle-
» ment, on a poussé
33
troploinl'entestement
»pour Homere ,on
93 ne peut nierque puis-
»
qu'on lalôiié dans tous
les
les temps.iln'aitme- «
rited'estreloüé
,
aussi «
le louerai je, l'admire- ICC
rai-je & l'aimerai
- je
jusquà l'adoration,ex«
clusivement.«
Homere est le Gargantua
des Erudition-«
rJe, ils le fontsi grand cc
qu'enrendant son me-«
rite gigantesque ; ils ccenostentla
vrai ressem «
blance.
; Rabelais a eu ses Eruditionmés
aussi bien.«.
, „ qu'Homere & si Ale-
,,
xandre avoit toujours
33 un Homere sous son
;, chevet, le Chancelier
»duPratportoittoûjours
un Rabelais dans sa
„ poche.
„ Alcibiades questio-
, nant un jour un Pro-
"fesseur sur quelques
Vers d'Homere.Le
yy
Professeurrespondit
;, qu'il ne le lisoit point,
»Alcibiades luy donna
»unsoufletpourlepunir
d'oser professer les ici-cf
ences ,
sans avoir chez«
luy le livre des Sça-«
vants le livreunique «
le livre par excellence. «
J, Le Cardinal du Belay
qu'on prioitd'admetre «
a sa Table certain«
Homme de Lettres,«
demanda en parlant«
de Rabelais qu'onap-!cc
peloit aussi le livre unique,
lelivre par Ex- «
silence, cet Homme«
que vousvoulezadmet«
33
tre àmaTabte a-t-illû;
33
le Livre. non-luy res
pondit on, qu'on le fas
33 se donc dineravec mes
33 gens, reprit le Cardin
33
liai ne croyant pa£
3,
qu'on putestreScavant
»sans avoir lû Rabelais
,,. Ces traits de préven-
»tions me paroissent en
»core plus forts pour »Rabelais qui vivoit alors
que pour Homere
33 qui du tempsd'Ale-
» xandre avoit deja plurieurs
siecles d'antiquité,
antiquité qui,com-«
me nous avons déjà dit
jete sur les ouvragesun«
voile obscur& favorable
aux Allegories.
Grande ressource à «
ceux qui veulent trou.cc,
ver du merveilleux &C «
du grand dans les pe-«
titesses mesme qui é- «
chapent aux plus ex""ci
celents Autheur. «
Rabelais a cela, de
communavec Homi,it
JI':}.
»re,quonacruvoir Al;.¡
» legoriojuement dans son
5> Livre des Sistemes en-
„ tiersd'Atfronomie, de
»Fi/îque
,
de la pièrre
MFilofofale même, que
» quelques Alchimistes
J) ont trouvédans notre
w Auteurcomique,com-
» me d'autres l'ont trou-
«vé dans le Prince de
»Poètes. w c-
J'ayconuun Rabelais
Pi lien outré, qui dans
» une tirade de deux cent
noms de jeux qu'on«
apprend à Pentagruel, «
croyoitvoirsurchaque «
mot une explication «
Historique, Allegori- «
que & Morale, il est,
pourtant visible que
Rabelais n'a eudessein «
en nommant tousces «
jeux que de faire voir «
qu'il les scavoit touss «
car dans ces temps où et lesScavans estoient «
rares, ils se faisoient«
bonneurde détaillerdeit
»dénombrer
,
de citer
» à tous propos, & d'é-
» tendre,pourainsidire,
»leurs Erudition, jus-
» que dans les moindres
»Arts.Il faut croire pour
la Juftificaticn d'Hor
»mere, qu'il vivoit dans
„ un temps a peu pres
» pareil, car il est grand
„ Enumerateur,&grand
»detailliste
,
diroit Ra-
» belais
,
Homere &moy
»pouvonsestreabon droit
»Paralellt(èz>,en ceque
Jommcs
sommes par ?iaiure tant
joit peu beaucoup digresfionneurs
&babillards.
Nous parlerons en
temps &lieu,c'est àdire,
quand l'occasion s'en
presentera
,
des digressîons,
& des énumerations
dont nos deux Autheurs
sont pleins;il yen aquelques-unes dansRabelais
dont chaque mot
porte son application
bonne ou mauvaise. , Ces titres de Livres par
exemple dont il compose
une Biblioteque critique.
LesfaribolesduDroit
L'Almanac desgouteux,
Le boutevent des Alchimisses
Le limassondes rimasseurs
Les pois au lard comme
comento
Le tirepet des Apotiquaires,
Lamusèliere de noblesse
De montardapost pran00
diumset-vienda>
Malagranatum viîiorum,
.,up11
Les Houseaux,alias les botes de patience
Decrotatoriu Scolarium.
Barbouilla-mentaScoti.
l'HistoiredesFarfadets.
Oncomprend bien qu'-
il peut y avoir parraport
au temps de Rabelais,
plus de selque nous n'en
sentons dans ces critiques
badines, mais la fadeur
, ÔC la platitude
d'uneinfinité d'autres
nous doivent faire conclure
que si Rabelais
estoitun excellent comiquéx:
n quelques endroits
ilestoit en quelques autres
tres mauvais plaisant.
Ces prévenus conclueront
au contraire
, que
le sublime incontestable
d'Homere
, nous est garant
de 1 excellenceoculte
de ce qui nous paroist
mediocre, ils ajousteront
que les endroits les plus
obscurs pour nous brillent
pour eux desplus
vives lumieres : ne soutiendront-
ils point audi
diroit Rabelais,qul^c^
mere ne laissoit pas de
voir clairquoyqu'ilfust
aveugle ?
Je viens de commencer
mon Parallele, par
la premiere idée qui s'est
presentée, je l'avois bien
promis, on ne meverra
point prendre d'un air
grave la balance en main
pour peser scrupuleusement
jusqu'aux moindres
parties qui doivent
entrer dans la composition
d'un poëme
,
je devois
examiner d'abord le
choix du sujet, l'ordonnance
,
les situations, les
caracteres, les pensées,le
stile,& tant d'autres
choses dont jene fais pas
mesme icy une énumeration
par ordre de peur
de paroistre troparrangé
dans un Parallele que
j'ay entrepris par amusement,
& qui nemeriteroit.
pas d'estre placé
dans mon article burlesque,
s'il estoitserieux &C
régulier.
Voicy donc la methode
que je vais suivre
dans cette composition.
J'ay sur ma table mon
Rabelais,& mon Homere
5
portons au hasard la
main surl'un ou sur l'autre
,
je tiens un Volume
qu'y trouvay je à l'uverture
du Livre, voyons
,c'est unpere qui
parle à son fils, devinez
si. cette éloquence est
d'Homere ou de Rabelais.
Je te rappelle auprès de
moy ,
j'interromps laferveur
de tes etudes,je l'
racheaureposFilosofique,
mais j'aibesoin de toy, Ç$9
je fuis ton pere,j'avois
esperé de voir couler doucement
en Paix mes dernveres
annees me confiant
en mes amisCfanciens
confederez , mais fèiïr
perfidie a jruflrelafetife- tidemavkiilejfejelleeif
lafatàledefïrneèdâVtibm*
me >
queplus ilsoit irt±
quiete, par ceux en qui
plus ilsereposoit : rvierts
donc, quitte tes Livres
pourvenirme defendre ,
car ainsi comme débité
font les armes au dehors,
otfrie conseiln'est dans la
mmfmyainsi vaine est
l'estude, & leconseil inutile
,
qui en temps oportunarvertu
ricji mil.
execution.
deMproavodqéuliebrémraatiisodn'raipeasi-t
ser, non a"assa,¡¡ir mais
de defendre, non de conquerir
maisdegardermes
feaux sujets
,
(jf terres
hereditaires contre mes
ennemis.
J'ay envoié vers eux
amiablement pour leurs
offrir tous ce que jej?uîs,
f5Plus quejene dois, &
n'ayanteu d'eux autre re- *ponse que de volontaire
& jalouse défiance, par
làjevois que tout droit
desgens est en eux deve.,
nu droit de force & de
bienseancesurmes terres,
donc je connois que les
Dieux les ont abandonné
à leurpropresens qui ne
peutproduirequedejJeini
iniques, si par inspiration
divine
,
nestconti-
&ueUernent guide.
Ne croyez vous pas entendre
parler icy le sage
Nestor dans le sublime
Homere
, ce n'est pourtant
que le pere de Gargantua
qui parle dans le
comique Rabelais.
Je n'y ay changé que
quelques mots du vieux
stile
, on peut juger parlàque
Rabelaiseustesté
un bon Autheurserieux.
Homere eust-il esté un
bon Autheur burlcA
que? Pourquoy non s'il
l'eust voulu, il la bien
elle quelquefois sans le
vouloir. Je pourray danslasuite
citeren badinant
quelqu'un deces endroits
burlesques
,
mais commençons
par admirer serieusementcet
excellent
homme qui a sçu concilier
dailSfan vaste genie,
lesfaillies les plus vives
de l'entousiasme poëtique
, avecle bon sens
& la sagesse de l'orateur,
le plus consommé.
Voicy comme il fait
parlerNestor pour appaifer
Achile en colere, &,
Agamemnon poussé à
bout, au moment qu'ils
alloient se porter l'un
contre l'autre à des extremitez
funesstes.
O quelle douleurpour
la Greces s'écrie touta coup
Nestor
,
if quelle joye
pour les Troyens, ils
viennentà apprendre lesl
dissènsionsdesdeux hom-1
mes quifont au dessus deI
tous les autres Grecs par
la prudence ifparle courage,
mais croyeZ moy
tous deux, car vouselles
plus jeunes, Çffmfrequente
autrefois des hommes
qui valoient mieux
que vous, fic.qui ne meprisoient
pas mesconfedsy
nonjenayjamaisveu&
ne verray jamais de si
grands personnages que
PirritousyPolifeme, égal
aux Dieux, Thess fils
d'Egéefemliableaux immorlelstjfc.
Voilalesplus
vaillans hommes que la
terre ait jamais port£{,
mais s'ils estoientvaillants,
ilscombatoientauJJi
contre des Ennemis trèsvaillants,
contre les Centaures
des montagnes
dont la defaite leursaacquis
un nom immortel,
tess avec cesgens là que fay vécu. Je tafchois de
lesegalerselon mesforces,
f5 parmy tous les tommesquifontaujoura'huy
il î,j en a pas un qpii
tufr op leur rien députer
terycependant quoyque jesulfefortjeune, ces
grands hommesecoutoient
mes conseils ,fui'vez.., leur
exemple, car cestle meilleur
parti, vous, Agamemnon,
quoique leplus
puissant, n'enle('1JeZpoint
a Achile la fille que les
Grecs lui ont donnee, f$
tV9usfils de Pelee, ne vous
attaquez, point au Roi,
car, de tous les Rois qui
ont portele Sceptre, eS
jue Jupiter a elevez, à
cette gloire, il riy en a
jamaiseu desigrandque
luysivous avezplus de
valeur, fj)Jî vous estes
fis d'une Deesse, il est
plus puissantparce qml
commande aplusdepevoples
;fils )Atne-¿¡ppair
fiZrvoftre cotere, es je
vaisprier Achile defur*
monter la sienne, caril
est le plusfermerampart.
des Grecs dans les fanglants
Combats.
Le début de ce discours
deNestor peut servir
de modelepour, Je
simple vrayment sublime,
avec quel art enfuite
Nçiflor impose t-ilà
ces deux Rois, en leur
insinuant que de plus
grands hommes qu'eux
ont cru sesconseils,
lors mesme qu'il estoit
encore tres jeune? La
Critique ordinaire qui a
si fort blâmé les invectives,
& les injuresqu'-
Homèremetsi souvent
dans la bouche de ses
Heros, trouvera Nestor
imprudentd'offenserluy
mesme ceux quil veut
reconcilier
, en leur disant
en face qu'il y a eu
de plus grandshommes
qu'eux, & a qui ils riauroient
ose rien disputer,
mais supposons qu'en ce
temps-là les hommesaccoutumez
adirer à s'entendre
dire des veritez
, eussent allez de bOl111eJ
foy & degrandeurdame
pour ne se point faf
cher qu'on reduifift leuc
heroisme à sa juste va
leur.
-
Cela supposé, quelle
force d'éloquence a Ne
stor, & quelle hauteur
de sèntiment ,d'humilier
ainsi Agamemnoii
ôcAchile, pour les foumettre
à' Ces conseils
Mais il nest pas vrayfeilblable,
dira-t-on que
des; Héros soussrissent
p^tiÊimnejftt une offense,
mais répondrai-je,
la vérité ne les offensoit
jamais,c'estoit les
moeurs de ce temps-là
ou du moins il estoit
beau a Homere de les
feindre telles, lesnostres
font bien plus polies; j'en
conviens, mais qu'est-ce
que la politesse ? la poli
tessen'est que l'art d'in.
sinuer la flaterie & le
mensonge,c'est l'art d'avilir
les âmes, & dénerver
l'heroifineGaulois,
dont: la grandeur consiste
à ne vouloir jamais
paroistre plus grand qu'
on n'est, & à ne point:
induire les autres à vouloir
paroistre plus grands
quilsnefont.
Voicy l'occasion d'examiner
si Homere a
bien conneu en quoy
doit consister la grandeur
d'un Héros. Mais
cela me meneroit plus
loin que je ne veux, j'iraipeut-
estre dans la suite
aussi loin que ce parallèlepouKiro'fne
mener:
mais te me fuisreftraint
alien cfqhijer dans-chaque
Mercurequ'à, peu
présautantqu'il adans el1 celui
- cy,. ma
tascheest remplie.
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Résumé : ARTICLE burlesque Suite du Parallele d'Homere & de Rablais.
Le texte compare les œuvres d'Homère et de Rabelais en utilisant la métaphore d'un coursier qui s'échappe des règles tyranniques pour exprimer sa liberté. Cette liberté est comparée à celle d'un écrivain qui se libère des contraintes littéraires, alternant entre styles sublime et burlesque. L'auteur critique la prévention, un préjugé favorisant les Anciens au détriment des modernes, illustré par l'allégorie des Indes où deux peuples, les Produisants et les Eruditionnez, sont en conflit. Les Eruditionnez, comparés à des taverniers, vantent les vins anciens pour écouler leurs stocks, refusant de reconnaître la valeur des productions modernes. L'auteur dénonce l'excès d'admiration pour Homère, considéré comme un géant littéraire, et compare cette adoration à celle que Rabelais a reçue de certains érudits. Il mentionne des anecdotes historiques, comme celles d'Alcibiade et du Cardinal du Bellay, qui considéraient Homère et Rabelais comme des références incontournables. Le texte souligne également les digressions et les énumérations présentes dans les œuvres de Rabelais, notant que certaines critiques badines peuvent être plus pertinentes à l'époque de Rabelais qu'aujourd'hui. L'auteur conclut que, bien que Rabelais soit un excellent comique, il peut aussi être un mauvais plaisant dans certains passages. Par ailleurs, le texte présente un parallèle entre un passage d'Homère et un passage de Rabelais où un père parle à son fils. L'auteur choisit au hasard un extrait dans chacun des deux ouvrages pour comparer leur style et leur contenu. Il cite un passage où un père appelle son fils à abandonner ses études pour le défendre contre des ennemis, soulignant que les conseils et les études sont inutiles face à l'action immédiate. L'auteur identifie ce passage comme appartenant à Rabelais, tout en notant que le style pourrait également convenir à Homère. Il admire la capacité de Rabelais à concilier enthousiasme poétique et sagesse oratoire. Le texte se poursuit avec un discours de Nestor dans l'Iliade, où Nestor tente de réconcilier Achille et Agamemnon en leur rappelant la valeur de ses conseils, même lorsqu'il était jeune. L'auteur analyse l'art rhétorique de Nestor et la force de son éloquence, tout en discutant des mœurs héroïques et de la politesse. Il conclut en mentionnant que son parallèle est entrepris par amusement et ne mérite pas d'être placé dans un article sérieux, se restreignant à examiner des extraits courts dans chaque édition de son parallèle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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506
p. 3-61
Extrait ou Argument de l'Iliade en forme de Table.
Début :
Cet Extrait esté fait avec tant d'exactitude, d'ordre [...]
Mots clefs :
Grecs, Achille, Jupiter, Junon, Chefs, Armée, Ulysse, Vaisseau, Paroles, Colère, Minerve, Troyens, Dieux, Prières, Songe, Menace , Iliade, Homère, Roi, Hérauts, Thétis, Ville, Paris
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait ou Argument de l'Iliade en forme de Table.
Extrait ou Argument
de l'Iliade en forme
deTable.
Et Extrait a esté
fait avec tantd'exactitude,
d'ordre
,
& de jugement,
qu'il peutsuffire pour
donner une idée generale
del'Iliade d'Homere à
ceux qui ne l'ont jamais
leuë, il peut estreutile
en mesme temps à ceux
qui possedent parfaitement
leur Homere,puisque
c'est un tableau en
racourci,ouplustost une
efquice dont le trait peut
quelquefois
,
reveiller
leurs idées, & leur aider
à jouir plus facilement
de ces peintures poëtiques
qui occupent, &
qui flattent si agréablement
leur imagination;
ceux qui craignent de
perdre de veuë la charmante
Iliade
, me doivent
sçavoir bon gré de
leur donner enmignature
le portrait de leur maistresse,
c'est leur prouver
assez que je ne blat:
me point leur attachement.
J'auray peut-estre dans
la fuite la mesme attention
pour ceux qui iont
amoureux de Rabelais,
cela dépendra du loisir
de mes amis, c'etf à la
complaisance de l'un
d'eux que j'ay obligation
de cet Extrait, qui
a deu estre aussi ennuyeux
à faire
, que je
le crois utile au Public.
Leschiffres qui ifont a
la fin de chaque article,
marquent laplace f.5 l'efitendue
des matieres. Par
exemple I. 5. c'est-à-dire
que l'invocation pour
chanter la colere d'Achille
commence au I.
vers cffinit au 5.
ARGUMENT
du premier Livre.
Le Poëte invoque la
Muse pour chanter les effets
pernicieux de la colere
d'Achille. Vers I. 5.
Sujet de la colere d'Achille.
vers 6. 11. ehryCes Pre stre d'Apol-
- lon vient au camp des
Grecs chargé de presens
pour racheter sa filleChryseis
qui estoit esclave d'Agamemnon.
vers II. 1).
,
Sa harangue aux Grecs
àce sujet. vers16.20.
ConsentementdesGrecs.
Refus d'A gamemnon. Il
menace Chryfes. Ce
vieiliardintimide se retire.
Sa priere à Apollon.
Exaucée sur le champ.
Apollon. pendant neuf
jours frappe toute l'armée
des Grecs de traits empoisonnez&
y répand la
peste. vers 21. 52.
Achille convoque une
assemblée. Il dit à Agamemnon
qu'il faut consulter
quelque Devin pour
sçavoir le sujet de la cruelle
colered'Apollon, vers
53.66.
Calchas fils de Thestor
se leve & se met en devoir
de l'expliquer. Il n'ose le
faire à moins qu'Achille
ne luy promette de le proteger
contre ceux à qui sa
déclaration pourroit de- plaire. vers 67. SI.
Achillele luy promet.
Le Devin parle. Dit qu'il
faut renvoyer Chryseis.
sansrançon,avec uneHecatombe
pour calmer Apollon.
vers83.99.
Agamemnon se fasche
contre le Devin. Tesmoigne
la repugnance qu'il a
de renvoyer Chryseis,
Declare qu'il la prefere
mesmeà la Reine Clytemnestre
sa femme
,
& pourquoy.
Prend neanmoins
la refoî ution de la renvoyer
pour le salut de son
peuple. Demande qu'on
le dedommage, vers 100.
J19.
Achille prend la parole.
Agamemnon luy respond
avec hauteur, & dit
qu'il pourroit bien luy enlever
à luy-mesme sa ca ptive
Briseis. vers 120 146
Achille s'emporte & éclatte
en injures contre
Agamemnon. vers 147.
lyo.
Agamemnon respond
avec aigreur & reitere les
menaces qu'il a faites à
Achille de luy enlever Brifeis.
vers liJ. 186.
0 Achille entre enfureur.
Delibere s'il tuëra Agamemnon.
Son épée est à
*i
demitirée. Mais Minerve
descenduë par l'ordre
de Junon, s'arreste derriere
Achille, le retient
par les Cheveux, & ne se
rend visiblequ'à luy. A>
chille se retourne. La reconnoist.
Luy demande
avec colere ce qu'elle
vient faire là. Pallasluy
respond qu'elle vient le
calmer. a Luy permet le
reproche,& luyconseille
de ne point passerauxvoyes
de fait. Achille enfonce
son épée dans le
fourreau. Minerve s'en
retourne. vers 187. m,
Achille continuë de
s'emporrer contre Agamemnon
& luy die des
injures atroces. Il jure
par; son Sceptre que jamais
les Grecs n'auront de
luy aucun secours. vers
222.24'.245.
Agamemnon qui ne
peut plus tenir contre les
invectives d'Achille, est
prest à se porter à quelque
violente extremité.
Mais le vieux Nestor se
leve, ôcse fait entendre
a ces deux Chefs irritez.
Il leur parle avec l'authorité
& le caractere que
luy donnent son grand âge
& sa longue experience.
vers246.283.
Agamemnon respond à
Nestorqu'Achille est un
homme qui veut toutemporter
par hauteur, mais
qu'il n'est pas d'humeur à
luy ceder. Achillereplique.
Apres quoy ces deux
Chefs se levent & rompent
l'assemblée. Achille
se retire dans son quartier
avec Patrocle. Agamemnon
fait mettre en mer un
de ses navires après l'avoir
pourveu de victimes pour
l'Hecatombe.Ilmene luymesme
Chryseis au Vaisseau
& l'y fait monter.
Ulysse est choisi pour la
conduites Le ,Vaisseau
part.vers 284. 311.
L'armée d'Agamemnon
se purifie. Hecatombes
offertes à Apollon sur
le rivage mesme. vers 312. 316. Agamemnon ordonne
à Talthybius & à Euribate
ses deux Herauts, d'aller
à la tente d'Achille
prendre Briseis & l'amener.
Que si Achille la
refuse il ira la prendre luymesme
bien accompagnée
vers 317.314.
Les deux Herauts arrivent
à la tente d'Achille,
& notent luy addresser la
parole. Achille qui voit
leur peine les prévient ôc
leur dit, qu'ils sont innocens
de l'affront qu'on luy
fair. Qu'il ne se plaint
que d'Agamemnon qui
envoye chercher Briseis.
En mesme temps il dit à
Patroclede laluy amener,
&
& de la remettre entre les
mains des Hérauts.Achille
reitere en leur presence
la menace qu'il a
faite à Agamemnon, de
ne jamais secourir les
Grecs. Patrocle amene
Briseis. Elle s'en va avec
les deux Herauts. vers 326.
347.
Achille va au bord de
la mer, & versant des
larmes, addresse sa plaince
à Thetis. La Déesse
fort des eaux , & luy demande
le sujet de son affliction.
Achilleluy: ep
dit la cause. La prie de
venger l'affrontqu'il a receu.
Devoir Jupiter. De
l'engager ( pour punir Agamemnon
de luyfaire
reconnoistre sa¡fatJce) :
à
secourir les Troyens,&
leur donner l'avantage sur
lesGrecs, ; ; Ilfaitressouvenir
Thetis en cet endroit
d'un service important
qu'elle rendit autrefois
à Jupiter; au,moyen
de quoy il ne -luy doit rien
refuser. Theris promet
à Achille qu'elle fera ce
qu'il luydemande, & qu'-
À*A **-
auss-tôt que Jupiter, qui
estalléàunfestin dont les
Ethiopiens l'ont prié, sera
retourné itu Ciel
,
elle ira
le voir & luy parler. Thetis
disparoift, &elle laisse
son fils tres affligé de la
perte de Briseis.vers347.
429.
Ulysse qui conduisoit
l'Hecatombe pour Apollon,
arrive dans le port de
Chrysa.Description dela
manoeuvre d'un Vaisseau
arrivé au port. Ulysse
parle à Chryfes
, & luy
presente sa fille,vers429.
Sacrifice. Priere de
Chryses à Apollon. Exaucée
dans le moment.
Festin.Libations. vers
446.470.
Les Grecs se retirent,
& paisens la nuit sur leur
Vaisseau. Le lendemain
ils retournent au Camp,
aydez d'un vent favorable
qu'Apollon leur en.
voye. lis se distribuent
dans leurs tentes,vers471.
483-
Achille se tient tousjours;
dans son quartier. Ne va
point aux assemblées.S'abandonne
entierement à
son chagrin. vers 484.491.
Le douzième jour Jupiter
estant revenu d'Ethiopie
,Thetis va le trouver
à récart au plus haut
sommet de l'Olympe.
Priere de Thetis à Jupiter.
Ju piter ne respond rien.
Thetis le presse. Jupiter
luy promet ce qu'elle demande
,
& confirme sa
promesse par un signe de
teste, donc tout l'Olympe
estébranlé, vers491.529.
•
Thetis s'en va. Ju piter
retourne dans son Palais.
Les Dieux vont au devant
deluy. Ilseplacesurson
Throne. Junon qui n'ignore
pas son dessein, parce
qu'elle l'a veu avec
Thetis,luy reproche d'un
son aigre le mystere qu'il
luy en fait. Jupiter ILy
respond d'abord avec moderation.
Junon continuë
de luy parler avec
hauteur. Jupiter la menace.
Elle se tait Vulcain
prend la parole, &
represente à sa mere qu'il
saur ménager Jupiter. Il
presente une coupe à Junon.
Il raconte la plaisante
histoire de Cacheute.
Il verteà boireaux Dieux.
Son empressement à les
servir, fait rire toute Tafsemblée
( parce qu'il boite.
) Après un repas trèsjoyeux
chaque Dieu va se
coucher dans son Appartement.
Junon couche
auprès de Jupiter.
ARG V MENT
dusecond Livre*
Jupiter pour executer
la promesse qu'il a faite
à Thetis de relever la
gloire d'Achille, & de
rendre les Troyensvictorieux
,
appuiele Songe,
luy commande d'aller
trouver Agjmernnon
,
&
de direàce Prince,qu'il
,
fasTearmer;ùj^le.Grecs,
qu'il mette toute son armée
en barri'le. Qu'il
luy fasse entendre que le
jour
jour est veuu qu'il va se
rendre maistredela Ville
deTroye. Le Songe part.
prend la forrne deNestor.
Se place sur la teste d'Agamemnon.
Luy redit les
paroles de Jupiter, & se
retire. vers 1 35.
Agamemnon se leve.
S'habille. Donne ordre
du grand matin à ses Herauts
de faire assembler
tous les Grecs. Pendant
ce temps-là il tient conseil
avec les principaux
Chefs dans le Vaisseau de
Nestor. Leur dit les parôles
du Songe. Leur fait
part du dessein qu'il a de
fonder le courage des
Grecs. Je vais,dit-il, leur
ordonner de s'enfuirsur leurs
Vaisseaux VÙUS) de vostre
cpfté vom les retiendrez par
de douces paroles. Nestor
represente qu'il faut adjousterfoy
au Songe d'Agamemnon
, parce qu'il
ne faut pas dourer que Jupiter
ne l'ait envoyé. Die
qu'il faut executer le projet
du Roy. vers 35.84.
Les Troupes arrivent.
L'armée comparée à des
Legions d'abeilles, vers 86.
5)6*
NeufHerauts font faire
silence dans l'armée. Le
Roy se leve tenant en
main son Sceptre. Histoire
de Sceptre d'Agamemnon.
vers96.109.
Agamemnon parle aux
Grecs. Il leur represente
que depuis neuf années
leur armée se consume à
attendre vainement l'effet
des promesses de Jupiter,
qui ne s'accomplissent
point. Qu'il faut prendre
le party de s'en retourner.
(Ce discoursestplein d'artifice
& ne rend qu'à persuader
aux Grecs tout le
contraire de ce qu'on leur
propose ) mais les paroles
du Roy sont prises à la Jet,
tre par la multitude qui
ive penetre pas son dessein.
Emotion de l'armée comparée
à celle des flots, &
des moissons agitées par le
vent. Les Soldats courent
à leurs Vaisseaux pour
les mettre en estat. vers
100. IJ4.
1,
Dans ce moment le retour
des Grecs estoit conclu,
si Junon ne se fust
addressée à Minerve. Elle
luyparle Luy dit d'aller
dans le Camp des Grecs,
de parcourir i leur armée,
de lesretenir, & de les
empescherdemettre leurs
Vaisseauxenmer. Minerve
obéit. Elle trouve
Ulysse qui ne donnoitaucunsordres
pour les Vaisseaux.
L'encourage à retenir
les Grecs par de douces
paroles. vers hj. 18re
Ulysse parcourt l'armée
avec diligence. Rencontre
sur son chemin Ar<smemnon
dont il prend le
Sceptre. Ce qu'il dit aux
Rois qu'il rencontre. De
quelle maniere il parleaux
Soldats seditieux quand il
en trouve. vers 182. 206.
Les discours d'Ulysse
font un puissant effet sur
toute l'armée. LesSoldats
sortent de leurs Vaisseaux
pour une seconde assemblée.
Leur bruit comparé
au mugissement des flots
irritez, LesGreess'asseient
dans un profond silence.
Le seul Thersite fait un
bruit horrible. Portrait
hideux de Thersite. Sa
taille. Son caractere d'esprit.
Il parle insolemment
d'Agamemnon en sa presence.
Veut justifier le
ressentiment d'Achille.
Est d'avis que les Grecs
retournent dans leur patrie.
Ulysseluyrespond.
Le traire ignominieusement.
Le frappe du Sce-,
ptre d'Agamemnon. Les
épaules de Thersite en
font marquez. Therfite
pleure & se tait. Les
Grecstout affligez qu'ils
sont, ne peuvent s'em pescherd'en
rire. Ce qu'ils
se disent les uns aux autres
à ce sujet. vers207.277
Ulysse s'avance au milieu
de l'assemblée. Minerve
est auprèsde luy
fous la forme d'un Heraut
& fait faire silence
:J.
afin
que l'onentende les conseilsd'Ulysse.
Ulysseparle
à Agamemnon. Luy rcpresente
que les Grecs
veulent le couvrir de confusion
par le dessein qu'ils
ont de retournerchez eux.
Luy rappelle la prophetie
de Calchas au sujet d'un
prodige qui préfageoit la
prise de Troye après neuf
ans,figurez par le nombre
de huit passereaux & de
leur mere devorez par un
dragon. Conclut que les
Grecs doivent demeurer
jusqu'à ce que laVille de
Priamsoitsaccagée. everi
278.332-
LesGrecsapplaudissent
par de grands cris aux discours
d'Ulysse. Nestorse
leve. Dit qu'il n'y a point
de temps à perd re. Est
d'avis que l'armée soit
rangée par Nations
>
afin
que l'on reconnoiffe ceux
qui auront combattu avec
courage, & ceux quin'auront
pas fait leur devoir.
vers 353.368.
Agamemnon approuve
& louë le discours de Nestor.
Convient du mauvais
effet de sa querelle avec
Achille. Advouëqu'il s'est
emporte le premier. Dit
que la perte des Troyens
est asseurée s'il est jamais
d'accord avec Achille.
Commandeauxtroupe,
de prendre de la nourritu.
re pour se disposer au combat.
Leur annonce une
grande & sanglante journée.
Menace de more tous
ceux qui demeureront
dans leurs Vaisseaux loin
du combat. Les Grecs font
descrisde joye. Leretentissement
de l'air comparé
à celuy des flots irritez.
vers 369. 399
2 Les Soldats fc levent.
Se dispersent dans leurs
tentes. Prennent leur repas.
Chacun fait des sacrifices
au Dieu qu'il adore
pour se le rendre favorable,.
Agamemnon immole
un taureau. Menelas
son frere se trouve à
ce sacrifice. Priere d'Agamemnon
àJupiter. Jupiter
reçoit son Sacrifice
sans avoir dessein d'exaucer
ses voeux. Description
du Sacrifice, ( comme au
premier Livre. ) Nestor
dit qu'il faut profiter da
temps. Ranger l'armée
en bataille,&donner enfuite
le signal du combat.
D
evers 400. 440.
Les Grecs s'assemblent,
& prennent leur rang.
Minerve est au milieu.
d'eux qui les remplie d'ardeur
& d'impatience. L'éclat
des armes compare à
celuy du feu qui ravage
une vasse forest. Bataillons
& Escadrons comparez
à des troupes nombreuses
d'oiseaux. Nombre
des Soldats comparé
à celuy des fleurs, des
feuilles, Se des mouches
qui s'assemblent autour
d'une bergerie à l'heure
qu'on remplie les vaisseaux
de lait. Les Chefs
rangent leurs Troupes &
les reconnoissent avec
autant de facilité que les
Pasteurs reconnoiffenc
leurs troupeaux de Chevres
qui se sont meslées
dans les pasturages. Agamemnon
brille ce jour-là
d'une majesté éclatante.
Ressemble à Jupiter ,
à
Mars ,ôc à Neptune. Est
comparé ensuite à un fier
taureau. vers 441. 483.
Denombrement des
Troupes Grecques & de
leurs Vaisseaux. Précedé
d'une invocation aux Muses,
vers 484. 680.
Denombrement particulier
des TroupesThessaliennes
,
qui sont celles
d'Achille. Précedé d'une
autre invocationà la Muse.
'Vers 681. 760.
Quatrième invocation
à la Muse. Pour sçavoir
qui estoit le plus vaillant
des Princes qui suivirent
Agamemnon. Et quels
estoient les meilleurs chevaux.
Eumelus Roy de
Phéres pouvoit se vanter
d'avoir les deux meilleures
cavalles de l'armée. Ajax
estoit le plus vaillant de
tous les Princes après Achille,
& les chevaux d'Achille
estoient meilleurs
que ceuxd'Eumelus.Mais
Achille ne sortoit point de
ses Vaisseaux à cause de
son ressentiment.SesTroupes
se divertissoient sur le
rivage, & les Chefs des
Troupes Thessaliennes se
promenoient dans le
Camp fort tristes de ce
que leur General ne les
menoit point au combat.
vers 761. 779.
L'armée des Grecs s'avance
en ordre de bataille.
L'éclat de leurs armes
mes comparé à celuy d'une
plaine embrasée. > La
terre qui retentit fous leurs
pieds, fait le mesme bruit
-.
que le tonnerre qui gron-
:
de. iV*r ?• vers 780. 78r.
: -." Iris la messagere des
Dieux, prend la forme de
• Polices ( un des fils de
Í" i Priam) qui estoit en fen-
1 tinelle hors des portes de -
1 la Ville, pour observe
quand les Grecs s'avanr
ceroient. Elle averti
Priam que les Grecsviennent
l'attaquer. Luv conseille
de ranger ses Trou-
.,
pesfous leurs Chefs par
Nations & par lignées.
vers786.806.
On court aux armes.
Dansun moment toute la
Cavalerie & l'infanterie
fort de la Ville & s'affenlble
fous une colline à quelque
distance des portes.
Noms des Chefs Troyens.
Etat de leurs Troupes.
*wn807.877»
ARGUMENT
du troisiéme Livre,
Les Troyens s'avancent
avec un bruit confus, 8c
des cris perçans. Comparez
à des oiseaux & des
grues. Les Grecs marchenten
silence. Lapout
fiere que les deux armées
font lever en marchant,
Comparée au brouillard.
Lesarméesfonten prefence.
Pâris s'avance à la
teste des Troyens. Comment
il est armé. Menelas
de son coite s'avance a
>
grands pas. Il estcomparé
àun Lion arrame qui
est tombé sur un Cerf.
Pâris le voyant s'enfuit.
Paris comparé à un Voyageur
qui apperçoit un Serpent
dans le fond d'une
forest.<- versI. 37.
Hedtop reproche à Paris
sa lâcheté.ver38.s57.
1
Paris respond modefl
temenc à Hedor, donr il
compare lecourage au
fer d'une hache qui nese
rebrousse jamais. Il reprend
courage. Est resolu
de se battre avec Menelas
en combat singulier. A
cesconditions: qu'Helene
& toutes les richesses
appartiendront au vainqueur;
que les Troyens,
apre'savoit fait alliance
avec les Grecs, demeureront
paisibles dans leur
Ville, & que les Grecs s'en
- retourneront. He&or
plein de joye de la resolution
de Paris
,
s'avance
à la celle des deux armées
pour en informer les TroyensSe
les Grecs. Ceuxcy
qui ignorent son deCsein,
font pleuvoir sur luy
une gresse de traits. Aga-,
memnon leur dit d'arrester.
Qu'Hector a quel.,.
que chose à leur dire. Les
Grecs cessent de tirer.
Hector parle & repete ce
que Pâris luy a dit. Menelas
respond. Declare
qu'il consent à ce que Pâris
propose, ravi de pouvoir
terminer seul une
longue guerre qui n'aesté
entreprise que pour luy.
Veut que ce son Priam
luy
-
mesme qui jure l'a}.
liance que les Grecs doivent
faire avec les Troyens.
Et pourquoy. Que
pour scéeller cet accord
il soit immolé trois agneaux
;deux de la part des
Troyens, & un de la part
des Grecs. vers 58. 110.
Cette proposition est
receuë avec joye des deux
armées. Les Grecs & les
Troyens mettent bas leurs
armes,& ran gent leurs
chevaux par file.Hedor
envoye deux Herauts à
Troye pourfaire venir
Priam
*
& pour apporter
deux agneaux. Agamennon
donne ordre à Talthybius
d'aller aux Vaisseaux
des Grecs, & den
apporter un troisiéme.
Iris prend la forme de
Laodiceune des filles de
Priam, & va avertir Helene
de rout ce quise paue.
Elle trouve Helene occupee
à un ouvrage de hrolot
derie. Elle representoit
sur un voile les combats
que les Grecs & les Troyens
livroient pour elle;
Iris luy dit de venir voir
des choses surprenantes.
Que Paris ôc Menelas
vont
vont combattre seuls
,
&
qu'elle doit estre le prix
du vainqueur. La Oéeffe
inspire dans ce moment
à Helene un très-grand
defirde retourner àLacedemone
avec son premier
mari. vers III. 140.
Helene se met en chemin
avecdeux de ses femmes.
Elles arrivent aux
portes de Scées
,
où elles
trouvent plusieurs vieillards
assis sur le haut d'une
tour, qui deliberoiententr'eux
sur les moyens de
faire cesser les malheurs
de Troye. Ces vieillards
comparez à des cigales.
Ils sont frappez d'admiration
en voyant Helene.
Ce qu'ils se disentàce sujet.
Priam qui estoit parmi
eux l'appelle. L'a fait
asseoir auprès de luy
,
&
voyant tous les Chefs de
l'armée Grecque, luy en
montre un d'abord,& luy
demande qui il est. Helene
respondque c'est Agamemnon.
Il luy en fait
voir un autre & le compare
à un belier dans tia
grand troupeau de brebis
qui le reconnoissent pour
leur Roy. Helene dit que
c'est le prudent Ulysse.
Antenor,un des vieillards,
prend la parole, & dit à
Helene qu'il se fouvienc
d'Ulysse & de Menelas ,
lorsqu'ils vinrent en qualité
d'Ambassadeurs envoyez
par les Grecs pour
la redemander. Et prend
de là occasion de dire de
quellemaniéréils parloient.
l'un & l'autre dans
lesassemblées, & quelle,
éstoit leur contenance.
Priamvoit un autre Guerrier,
& demande à Helene
qui il est. Elle dit que
c'est Ajax. Elle montre
IdomenéeàAgamemnon.
Dit qu'erereconnoift cous
les Chefs. Ettsorprised'e
ne pointvoir parmieux ses
deux freres Castor& Pollux.
Croit qu'ilsn'ont pas
daigné prendre les armes
pour elle, Elle ignore en
effet qu'ils font tous deux
morts à Lacedemone.vers
I42.Z44. ; ,-
:;
Cependant les Hérauts
traversent laVille portant
les Vi^inics3avçcvq Qutre
d'excellent vin. Ideus
estant arrivé prés dePriam
le pressede partir, luy disincque
les Généraux
Grecs &Troyens Jepriene
de venir dans la plaine, (où son fils Paris doit
combattre avec Menelas)
pour y jurer la paix entre
les deux partis. Le Vieillard
tout tremblant monte
sur son char avec Antenor.
Ils arrivent & s'avancent
entre les deux armées.
Premiere ceremonie
pour le sacrifice. Priere
d'Agamemnon. Il renouvelle
& répété les conditions
du Traité,qui sont:
que si Menelas tué. Pâris,
(ces termes sontremarquables)
il emmenera Helene
avec toutes ses richesses
; au contraire Helene
demeurera à Pâris s'il tuë
Menelas.Victimes égorgées.
Priere à Jupiter dans
les deuxarmées ( non éxaucée.)
vers 145. 302.
Les libations achevées,
Priam prend congé des
deuxarmées,disantqu'il
n'a pas la force de voir
combattre son fils avec
Menelas. Il remonte sur
son Char , em porteavec
-
luyles deuxagneaux,vers
303-1313 ?-• 'v
-t)I Hector & Ulysse mesurent
le champ de bataille.
Ils,mettent lesfores dans
uncalque & les meslent
pour les tirer,& pourvoir
lequel de Menelas ou de
Pâris doit le premier lancer
le javelot. Prièreaddressée
auxDieux par les Grecs
ôc les Troyens. Hector
mesle les forts. Celuy de
Paris fort le premier, paris.
& Menelas s'arment.
De quelle maniéré Pâris
est armé. Ils se mesurent
l'un l'autre. Paris le premier
lance un javelor. il
atteint le bouclier de Menelas
sans le percer. Me-"
nelas leve son dard.Addresse
sa priere à Jupiter.^
Lance son javelot qui va
percer le bouclier de Paris
aauussni i bien que la cuirasse,^ libienquelaculrafiè
& déchiré la tunique pres
du flanc sans blesser Paris.
Menelas tire son épée &
en décharge un grand
coup sur le casque de son
ennemy. L'épée serompe.
& luytombe de la main.
Menelas s'en prend à Jupirer
, & luy addresse la
paroleaveccolere. Se jette
sur Pâris, le prend par
le casque & le tire du costé
des Grecs. La courroye se
casse, & le casque luy demeure
dans la main. Ille
jette loin de luy du costé
des Grecs. Il veut encore
se lancer sur Pârispourluy.
oster la vie. Mais Venus
couvre Paris d'un nuage.
Le dérobe aux yeux & à
la fureur de Menelas. Le
porte dans une Chambre
du Palais de Priam toute
parfumée. Elle l'y laisse-
Elle prend la forme d'une
vieille femme qu'Helene
avoit auprés d'elle à Lacedemone
,& qu'elle aimoic
tendrement. Ellevatrouver
cette Princesse. La
prie de venirvoir Paris
qui l'attend dans le Palais,
plein d'amour & d'impatience.
Helenereconnoift
Venus malgré son deguisement.
Luy fait des reproches
de ce qu'elle veut
la tromper. La renvoye
à Paris avec mépris. Luy
declare qu'elle n'ira point
le trouver, que cette démarche
la deshonoreroic.
Venus la menace de l'abandonner
si elle ne luy
obéit. Heiene intimidée
se couvre de son voile pour
n'estre point veuë, & Ce
laisse conduire par la
Déesse. vers314.410.
.( Estant arrivées au Palais
de Paris, Venus prend
un siege pour Helene
,
ôc
le met visà-vis de Pâris.
Helene s'y place, &sans
le regarder luy fait de sanglanes
reproches de son
peu de courage. Paris respond
qu'un autre jour les
Dieux le proregeront;
comme ils ont proregé
cette fois-cy Menelas qui
doit sa victoire au secours
de Minerve. Il excite Helene
à ne plus songer qti
aux plaisirs. Illuydeclare
qu'il ne l'a jamais aimée
avec tant de passïon qu'au
moment qu'il luy parle.
Il k leve & passe dans une
autre chambre. Helene
le fuir. vers 421.447.
Pendant ce temps-là
Menelascherche partout
son ennemy qui luy estoit
échappe, & qui, pour son
bonheur,n'avoit esté veu
par aucun des Grecs ni des
Troyens: car les Troyens
eux-mesmes le haïssoient
& lauroienc livréààMenelas.
Enfin Agaraemnon
haùssant la voixdemande
aux Troyens leprix de la
victoire de Menelas, suivane
les conditions du traité.
Tous les Grecapplau.
disset àsademande
de l'Iliade en forme
deTable.
Et Extrait a esté
fait avec tantd'exactitude,
d'ordre
,
& de jugement,
qu'il peutsuffire pour
donner une idée generale
del'Iliade d'Homere à
ceux qui ne l'ont jamais
leuë, il peut estreutile
en mesme temps à ceux
qui possedent parfaitement
leur Homere,puisque
c'est un tableau en
racourci,ouplustost une
efquice dont le trait peut
quelquefois
,
reveiller
leurs idées, & leur aider
à jouir plus facilement
de ces peintures poëtiques
qui occupent, &
qui flattent si agréablement
leur imagination;
ceux qui craignent de
perdre de veuë la charmante
Iliade
, me doivent
sçavoir bon gré de
leur donner enmignature
le portrait de leur maistresse,
c'est leur prouver
assez que je ne blat:
me point leur attachement.
J'auray peut-estre dans
la fuite la mesme attention
pour ceux qui iont
amoureux de Rabelais,
cela dépendra du loisir
de mes amis, c'etf à la
complaisance de l'un
d'eux que j'ay obligation
de cet Extrait, qui
a deu estre aussi ennuyeux
à faire
, que je
le crois utile au Public.
Leschiffres qui ifont a
la fin de chaque article,
marquent laplace f.5 l'efitendue
des matieres. Par
exemple I. 5. c'est-à-dire
que l'invocation pour
chanter la colere d'Achille
commence au I.
vers cffinit au 5.
ARGUMENT
du premier Livre.
Le Poëte invoque la
Muse pour chanter les effets
pernicieux de la colere
d'Achille. Vers I. 5.
Sujet de la colere d'Achille.
vers 6. 11. ehryCes Pre stre d'Apol-
- lon vient au camp des
Grecs chargé de presens
pour racheter sa filleChryseis
qui estoit esclave d'Agamemnon.
vers II. 1).
,
Sa harangue aux Grecs
àce sujet. vers16.20.
ConsentementdesGrecs.
Refus d'A gamemnon. Il
menace Chryfes. Ce
vieiliardintimide se retire.
Sa priere à Apollon.
Exaucée sur le champ.
Apollon. pendant neuf
jours frappe toute l'armée
des Grecs de traits empoisonnez&
y répand la
peste. vers 21. 52.
Achille convoque une
assemblée. Il dit à Agamemnon
qu'il faut consulter
quelque Devin pour
sçavoir le sujet de la cruelle
colered'Apollon, vers
53.66.
Calchas fils de Thestor
se leve & se met en devoir
de l'expliquer. Il n'ose le
faire à moins qu'Achille
ne luy promette de le proteger
contre ceux à qui sa
déclaration pourroit de- plaire. vers 67. SI.
Achillele luy promet.
Le Devin parle. Dit qu'il
faut renvoyer Chryseis.
sansrançon,avec uneHecatombe
pour calmer Apollon.
vers83.99.
Agamemnon se fasche
contre le Devin. Tesmoigne
la repugnance qu'il a
de renvoyer Chryseis,
Declare qu'il la prefere
mesmeà la Reine Clytemnestre
sa femme
,
& pourquoy.
Prend neanmoins
la refoî ution de la renvoyer
pour le salut de son
peuple. Demande qu'on
le dedommage, vers 100.
J19.
Achille prend la parole.
Agamemnon luy respond
avec hauteur, & dit
qu'il pourroit bien luy enlever
à luy-mesme sa ca ptive
Briseis. vers 120 146
Achille s'emporte & éclatte
en injures contre
Agamemnon. vers 147.
lyo.
Agamemnon respond
avec aigreur & reitere les
menaces qu'il a faites à
Achille de luy enlever Brifeis.
vers liJ. 186.
0 Achille entre enfureur.
Delibere s'il tuëra Agamemnon.
Son épée est à
*i
demitirée. Mais Minerve
descenduë par l'ordre
de Junon, s'arreste derriere
Achille, le retient
par les Cheveux, & ne se
rend visiblequ'à luy. A>
chille se retourne. La reconnoist.
Luy demande
avec colere ce qu'elle
vient faire là. Pallasluy
respond qu'elle vient le
calmer. a Luy permet le
reproche,& luyconseille
de ne point passerauxvoyes
de fait. Achille enfonce
son épée dans le
fourreau. Minerve s'en
retourne. vers 187. m,
Achille continuë de
s'emporrer contre Agamemnon
& luy die des
injures atroces. Il jure
par; son Sceptre que jamais
les Grecs n'auront de
luy aucun secours. vers
222.24'.245.
Agamemnon qui ne
peut plus tenir contre les
invectives d'Achille, est
prest à se porter à quelque
violente extremité.
Mais le vieux Nestor se
leve, ôcse fait entendre
a ces deux Chefs irritez.
Il leur parle avec l'authorité
& le caractere que
luy donnent son grand âge
& sa longue experience.
vers246.283.
Agamemnon respond à
Nestorqu'Achille est un
homme qui veut toutemporter
par hauteur, mais
qu'il n'est pas d'humeur à
luy ceder. Achillereplique.
Apres quoy ces deux
Chefs se levent & rompent
l'assemblée. Achille
se retire dans son quartier
avec Patrocle. Agamemnon
fait mettre en mer un
de ses navires après l'avoir
pourveu de victimes pour
l'Hecatombe.Ilmene luymesme
Chryseis au Vaisseau
& l'y fait monter.
Ulysse est choisi pour la
conduites Le ,Vaisseau
part.vers 284. 311.
L'armée d'Agamemnon
se purifie. Hecatombes
offertes à Apollon sur
le rivage mesme. vers 312. 316. Agamemnon ordonne
à Talthybius & à Euribate
ses deux Herauts, d'aller
à la tente d'Achille
prendre Briseis & l'amener.
Que si Achille la
refuse il ira la prendre luymesme
bien accompagnée
vers 317.314.
Les deux Herauts arrivent
à la tente d'Achille,
& notent luy addresser la
parole. Achille qui voit
leur peine les prévient ôc
leur dit, qu'ils sont innocens
de l'affront qu'on luy
fair. Qu'il ne se plaint
que d'Agamemnon qui
envoye chercher Briseis.
En mesme temps il dit à
Patroclede laluy amener,
&
& de la remettre entre les
mains des Hérauts.Achille
reitere en leur presence
la menace qu'il a
faite à Agamemnon, de
ne jamais secourir les
Grecs. Patrocle amene
Briseis. Elle s'en va avec
les deux Herauts. vers 326.
347.
Achille va au bord de
la mer, & versant des
larmes, addresse sa plaince
à Thetis. La Déesse
fort des eaux , & luy demande
le sujet de son affliction.
Achilleluy: ep
dit la cause. La prie de
venger l'affrontqu'il a receu.
Devoir Jupiter. De
l'engager ( pour punir Agamemnon
de luyfaire
reconnoistre sa¡fatJce) :
à
secourir les Troyens,&
leur donner l'avantage sur
lesGrecs, ; ; Ilfaitressouvenir
Thetis en cet endroit
d'un service important
qu'elle rendit autrefois
à Jupiter; au,moyen
de quoy il ne -luy doit rien
refuser. Theris promet
à Achille qu'elle fera ce
qu'il luydemande, & qu'-
À*A **-
auss-tôt que Jupiter, qui
estalléàunfestin dont les
Ethiopiens l'ont prié, sera
retourné itu Ciel
,
elle ira
le voir & luy parler. Thetis
disparoift, &elle laisse
son fils tres affligé de la
perte de Briseis.vers347.
429.
Ulysse qui conduisoit
l'Hecatombe pour Apollon,
arrive dans le port de
Chrysa.Description dela
manoeuvre d'un Vaisseau
arrivé au port. Ulysse
parle à Chryfes
, & luy
presente sa fille,vers429.
Sacrifice. Priere de
Chryses à Apollon. Exaucée
dans le moment.
Festin.Libations. vers
446.470.
Les Grecs se retirent,
& paisens la nuit sur leur
Vaisseau. Le lendemain
ils retournent au Camp,
aydez d'un vent favorable
qu'Apollon leur en.
voye. lis se distribuent
dans leurs tentes,vers471.
483-
Achille se tient tousjours;
dans son quartier. Ne va
point aux assemblées.S'abandonne
entierement à
son chagrin. vers 484.491.
Le douzième jour Jupiter
estant revenu d'Ethiopie
,Thetis va le trouver
à récart au plus haut
sommet de l'Olympe.
Priere de Thetis à Jupiter.
Ju piter ne respond rien.
Thetis le presse. Jupiter
luy promet ce qu'elle demande
,
& confirme sa
promesse par un signe de
teste, donc tout l'Olympe
estébranlé, vers491.529.
•
Thetis s'en va. Ju piter
retourne dans son Palais.
Les Dieux vont au devant
deluy. Ilseplacesurson
Throne. Junon qui n'ignore
pas son dessein, parce
qu'elle l'a veu avec
Thetis,luy reproche d'un
son aigre le mystere qu'il
luy en fait. Jupiter ILy
respond d'abord avec moderation.
Junon continuë
de luy parler avec
hauteur. Jupiter la menace.
Elle se tait Vulcain
prend la parole, &
represente à sa mere qu'il
saur ménager Jupiter. Il
presente une coupe à Junon.
Il raconte la plaisante
histoire de Cacheute.
Il verteà boireaux Dieux.
Son empressement à les
servir, fait rire toute Tafsemblée
( parce qu'il boite.
) Après un repas trèsjoyeux
chaque Dieu va se
coucher dans son Appartement.
Junon couche
auprès de Jupiter.
ARG V MENT
dusecond Livre*
Jupiter pour executer
la promesse qu'il a faite
à Thetis de relever la
gloire d'Achille, & de
rendre les Troyensvictorieux
,
appuiele Songe,
luy commande d'aller
trouver Agjmernnon
,
&
de direàce Prince,qu'il
,
fasTearmer;ùj^le.Grecs,
qu'il mette toute son armée
en barri'le. Qu'il
luy fasse entendre que le
jour
jour est veuu qu'il va se
rendre maistredela Ville
deTroye. Le Songe part.
prend la forrne deNestor.
Se place sur la teste d'Agamemnon.
Luy redit les
paroles de Jupiter, & se
retire. vers 1 35.
Agamemnon se leve.
S'habille. Donne ordre
du grand matin à ses Herauts
de faire assembler
tous les Grecs. Pendant
ce temps-là il tient conseil
avec les principaux
Chefs dans le Vaisseau de
Nestor. Leur dit les parôles
du Songe. Leur fait
part du dessein qu'il a de
fonder le courage des
Grecs. Je vais,dit-il, leur
ordonner de s'enfuirsur leurs
Vaisseaux VÙUS) de vostre
cpfté vom les retiendrez par
de douces paroles. Nestor
represente qu'il faut adjousterfoy
au Songe d'Agamemnon
, parce qu'il
ne faut pas dourer que Jupiter
ne l'ait envoyé. Die
qu'il faut executer le projet
du Roy. vers 35.84.
Les Troupes arrivent.
L'armée comparée à des
Legions d'abeilles, vers 86.
5)6*
NeufHerauts font faire
silence dans l'armée. Le
Roy se leve tenant en
main son Sceptre. Histoire
de Sceptre d'Agamemnon.
vers96.109.
Agamemnon parle aux
Grecs. Il leur represente
que depuis neuf années
leur armée se consume à
attendre vainement l'effet
des promesses de Jupiter,
qui ne s'accomplissent
point. Qu'il faut prendre
le party de s'en retourner.
(Ce discoursestplein d'artifice
& ne rend qu'à persuader
aux Grecs tout le
contraire de ce qu'on leur
propose ) mais les paroles
du Roy sont prises à la Jet,
tre par la multitude qui
ive penetre pas son dessein.
Emotion de l'armée comparée
à celle des flots, &
des moissons agitées par le
vent. Les Soldats courent
à leurs Vaisseaux pour
les mettre en estat. vers
100. IJ4.
1,
Dans ce moment le retour
des Grecs estoit conclu,
si Junon ne se fust
addressée à Minerve. Elle
luyparle Luy dit d'aller
dans le Camp des Grecs,
de parcourir i leur armée,
de lesretenir, & de les
empescherdemettre leurs
Vaisseauxenmer. Minerve
obéit. Elle trouve
Ulysse qui ne donnoitaucunsordres
pour les Vaisseaux.
L'encourage à retenir
les Grecs par de douces
paroles. vers hj. 18re
Ulysse parcourt l'armée
avec diligence. Rencontre
sur son chemin Ar<smemnon
dont il prend le
Sceptre. Ce qu'il dit aux
Rois qu'il rencontre. De
quelle maniere il parleaux
Soldats seditieux quand il
en trouve. vers 182. 206.
Les discours d'Ulysse
font un puissant effet sur
toute l'armée. LesSoldats
sortent de leurs Vaisseaux
pour une seconde assemblée.
Leur bruit comparé
au mugissement des flots
irritez, LesGreess'asseient
dans un profond silence.
Le seul Thersite fait un
bruit horrible. Portrait
hideux de Thersite. Sa
taille. Son caractere d'esprit.
Il parle insolemment
d'Agamemnon en sa presence.
Veut justifier le
ressentiment d'Achille.
Est d'avis que les Grecs
retournent dans leur patrie.
Ulysseluyrespond.
Le traire ignominieusement.
Le frappe du Sce-,
ptre d'Agamemnon. Les
épaules de Thersite en
font marquez. Therfite
pleure & se tait. Les
Grecstout affligez qu'ils
sont, ne peuvent s'em pescherd'en
rire. Ce qu'ils
se disent les uns aux autres
à ce sujet. vers207.277
Ulysse s'avance au milieu
de l'assemblée. Minerve
est auprèsde luy
fous la forme d'un Heraut
& fait faire silence
:J.
afin
que l'onentende les conseilsd'Ulysse.
Ulysseparle
à Agamemnon. Luy rcpresente
que les Grecs
veulent le couvrir de confusion
par le dessein qu'ils
ont de retournerchez eux.
Luy rappelle la prophetie
de Calchas au sujet d'un
prodige qui préfageoit la
prise de Troye après neuf
ans,figurez par le nombre
de huit passereaux & de
leur mere devorez par un
dragon. Conclut que les
Grecs doivent demeurer
jusqu'à ce que laVille de
Priamsoitsaccagée. everi
278.332-
LesGrecsapplaudissent
par de grands cris aux discours
d'Ulysse. Nestorse
leve. Dit qu'il n'y a point
de temps à perd re. Est
d'avis que l'armée soit
rangée par Nations
>
afin
que l'on reconnoiffe ceux
qui auront combattu avec
courage, & ceux quin'auront
pas fait leur devoir.
vers 353.368.
Agamemnon approuve
& louë le discours de Nestor.
Convient du mauvais
effet de sa querelle avec
Achille. Advouëqu'il s'est
emporte le premier. Dit
que la perte des Troyens
est asseurée s'il est jamais
d'accord avec Achille.
Commandeauxtroupe,
de prendre de la nourritu.
re pour se disposer au combat.
Leur annonce une
grande & sanglante journée.
Menace de more tous
ceux qui demeureront
dans leurs Vaisseaux loin
du combat. Les Grecs font
descrisde joye. Leretentissement
de l'air comparé
à celuy des flots irritez.
vers 369. 399
2 Les Soldats fc levent.
Se dispersent dans leurs
tentes. Prennent leur repas.
Chacun fait des sacrifices
au Dieu qu'il adore
pour se le rendre favorable,.
Agamemnon immole
un taureau. Menelas
son frere se trouve à
ce sacrifice. Priere d'Agamemnon
àJupiter. Jupiter
reçoit son Sacrifice
sans avoir dessein d'exaucer
ses voeux. Description
du Sacrifice, ( comme au
premier Livre. ) Nestor
dit qu'il faut profiter da
temps. Ranger l'armée
en bataille,&donner enfuite
le signal du combat.
D
evers 400. 440.
Les Grecs s'assemblent,
& prennent leur rang.
Minerve est au milieu.
d'eux qui les remplie d'ardeur
& d'impatience. L'éclat
des armes compare à
celuy du feu qui ravage
une vasse forest. Bataillons
& Escadrons comparez
à des troupes nombreuses
d'oiseaux. Nombre
des Soldats comparé
à celuy des fleurs, des
feuilles, Se des mouches
qui s'assemblent autour
d'une bergerie à l'heure
qu'on remplie les vaisseaux
de lait. Les Chefs
rangent leurs Troupes &
les reconnoissent avec
autant de facilité que les
Pasteurs reconnoiffenc
leurs troupeaux de Chevres
qui se sont meslées
dans les pasturages. Agamemnon
brille ce jour-là
d'une majesté éclatante.
Ressemble à Jupiter ,
à
Mars ,ôc à Neptune. Est
comparé ensuite à un fier
taureau. vers 441. 483.
Denombrement des
Troupes Grecques & de
leurs Vaisseaux. Précedé
d'une invocation aux Muses,
vers 484. 680.
Denombrement particulier
des TroupesThessaliennes
,
qui sont celles
d'Achille. Précedé d'une
autre invocationà la Muse.
'Vers 681. 760.
Quatrième invocation
à la Muse. Pour sçavoir
qui estoit le plus vaillant
des Princes qui suivirent
Agamemnon. Et quels
estoient les meilleurs chevaux.
Eumelus Roy de
Phéres pouvoit se vanter
d'avoir les deux meilleures
cavalles de l'armée. Ajax
estoit le plus vaillant de
tous les Princes après Achille,
& les chevaux d'Achille
estoient meilleurs
que ceuxd'Eumelus.Mais
Achille ne sortoit point de
ses Vaisseaux à cause de
son ressentiment.SesTroupes
se divertissoient sur le
rivage, & les Chefs des
Troupes Thessaliennes se
promenoient dans le
Camp fort tristes de ce
que leur General ne les
menoit point au combat.
vers 761. 779.
L'armée des Grecs s'avance
en ordre de bataille.
L'éclat de leurs armes
mes comparé à celuy d'une
plaine embrasée. > La
terre qui retentit fous leurs
pieds, fait le mesme bruit
-.
que le tonnerre qui gron-
:
de. iV*r ?• vers 780. 78r.
: -." Iris la messagere des
Dieux, prend la forme de
• Polices ( un des fils de
Í" i Priam) qui estoit en fen-
1 tinelle hors des portes de -
1 la Ville, pour observe
quand les Grecs s'avanr
ceroient. Elle averti
Priam que les Grecsviennent
l'attaquer. Luv conseille
de ranger ses Trou-
.,
pesfous leurs Chefs par
Nations & par lignées.
vers786.806.
On court aux armes.
Dansun moment toute la
Cavalerie & l'infanterie
fort de la Ville & s'affenlble
fous une colline à quelque
distance des portes.
Noms des Chefs Troyens.
Etat de leurs Troupes.
*wn807.877»
ARGUMENT
du troisiéme Livre,
Les Troyens s'avancent
avec un bruit confus, 8c
des cris perçans. Comparez
à des oiseaux & des
grues. Les Grecs marchenten
silence. Lapout
fiere que les deux armées
font lever en marchant,
Comparée au brouillard.
Lesarméesfonten prefence.
Pâris s'avance à la
teste des Troyens. Comment
il est armé. Menelas
de son coite s'avance a
>
grands pas. Il estcomparé
àun Lion arrame qui
est tombé sur un Cerf.
Pâris le voyant s'enfuit.
Paris comparé à un Voyageur
qui apperçoit un Serpent
dans le fond d'une
forest.<- versI. 37.
Hedtop reproche à Paris
sa lâcheté.ver38.s57.
1
Paris respond modefl
temenc à Hedor, donr il
compare lecourage au
fer d'une hache qui nese
rebrousse jamais. Il reprend
courage. Est resolu
de se battre avec Menelas
en combat singulier. A
cesconditions: qu'Helene
& toutes les richesses
appartiendront au vainqueur;
que les Troyens,
apre'savoit fait alliance
avec les Grecs, demeureront
paisibles dans leur
Ville, & que les Grecs s'en
- retourneront. He&or
plein de joye de la resolution
de Paris
,
s'avance
à la celle des deux armées
pour en informer les TroyensSe
les Grecs. Ceuxcy
qui ignorent son deCsein,
font pleuvoir sur luy
une gresse de traits. Aga-,
memnon leur dit d'arrester.
Qu'Hector a quel.,.
que chose à leur dire. Les
Grecs cessent de tirer.
Hector parle & repete ce
que Pâris luy a dit. Menelas
respond. Declare
qu'il consent à ce que Pâris
propose, ravi de pouvoir
terminer seul une
longue guerre qui n'aesté
entreprise que pour luy.
Veut que ce son Priam
luy
-
mesme qui jure l'a}.
liance que les Grecs doivent
faire avec les Troyens.
Et pourquoy. Que
pour scéeller cet accord
il soit immolé trois agneaux
;deux de la part des
Troyens, & un de la part
des Grecs. vers 58. 110.
Cette proposition est
receuë avec joye des deux
armées. Les Grecs & les
Troyens mettent bas leurs
armes,& ran gent leurs
chevaux par file.Hedor
envoye deux Herauts à
Troye pourfaire venir
Priam
*
& pour apporter
deux agneaux. Agamennon
donne ordre à Talthybius
d'aller aux Vaisseaux
des Grecs, & den
apporter un troisiéme.
Iris prend la forme de
Laodiceune des filles de
Priam, & va avertir Helene
de rout ce quise paue.
Elle trouve Helene occupee
à un ouvrage de hrolot
derie. Elle representoit
sur un voile les combats
que les Grecs & les Troyens
livroient pour elle;
Iris luy dit de venir voir
des choses surprenantes.
Que Paris ôc Menelas
vont
vont combattre seuls
,
&
qu'elle doit estre le prix
du vainqueur. La Oéeffe
inspire dans ce moment
à Helene un très-grand
defirde retourner àLacedemone
avec son premier
mari. vers III. 140.
Helene se met en chemin
avecdeux de ses femmes.
Elles arrivent aux
portes de Scées
,
où elles
trouvent plusieurs vieillards
assis sur le haut d'une
tour, qui deliberoiententr'eux
sur les moyens de
faire cesser les malheurs
de Troye. Ces vieillards
comparez à des cigales.
Ils sont frappez d'admiration
en voyant Helene.
Ce qu'ils se disentàce sujet.
Priam qui estoit parmi
eux l'appelle. L'a fait
asseoir auprès de luy
,
&
voyant tous les Chefs de
l'armée Grecque, luy en
montre un d'abord,& luy
demande qui il est. Helene
respondque c'est Agamemnon.
Il luy en fait
voir un autre & le compare
à un belier dans tia
grand troupeau de brebis
qui le reconnoissent pour
leur Roy. Helene dit que
c'est le prudent Ulysse.
Antenor,un des vieillards,
prend la parole, & dit à
Helene qu'il se fouvienc
d'Ulysse & de Menelas ,
lorsqu'ils vinrent en qualité
d'Ambassadeurs envoyez
par les Grecs pour
la redemander. Et prend
de là occasion de dire de
quellemaniéréils parloient.
l'un & l'autre dans
lesassemblées, & quelle,
éstoit leur contenance.
Priamvoit un autre Guerrier,
& demande à Helene
qui il est. Elle dit que
c'est Ajax. Elle montre
IdomenéeàAgamemnon.
Dit qu'erereconnoift cous
les Chefs. Ettsorprised'e
ne pointvoir parmieux ses
deux freres Castor& Pollux.
Croit qu'ilsn'ont pas
daigné prendre les armes
pour elle, Elle ignore en
effet qu'ils font tous deux
morts à Lacedemone.vers
I42.Z44. ; ,-
:;
Cependant les Hérauts
traversent laVille portant
les Vi^inics3avçcvq Qutre
d'excellent vin. Ideus
estant arrivé prés dePriam
le pressede partir, luy disincque
les Généraux
Grecs &Troyens Jepriene
de venir dans la plaine, (où son fils Paris doit
combattre avec Menelas)
pour y jurer la paix entre
les deux partis. Le Vieillard
tout tremblant monte
sur son char avec Antenor.
Ils arrivent & s'avancent
entre les deux armées.
Premiere ceremonie
pour le sacrifice. Priere
d'Agamemnon. Il renouvelle
& répété les conditions
du Traité,qui sont:
que si Menelas tué. Pâris,
(ces termes sontremarquables)
il emmenera Helene
avec toutes ses richesses
; au contraire Helene
demeurera à Pâris s'il tuë
Menelas.Victimes égorgées.
Priere à Jupiter dans
les deuxarmées ( non éxaucée.)
vers 145. 302.
Les libations achevées,
Priam prend congé des
deuxarmées,disantqu'il
n'a pas la force de voir
combattre son fils avec
Menelas. Il remonte sur
son Char , em porteavec
-
luyles deuxagneaux,vers
303-1313 ?-• 'v
-t)I Hector & Ulysse mesurent
le champ de bataille.
Ils,mettent lesfores dans
uncalque & les meslent
pour les tirer,& pourvoir
lequel de Menelas ou de
Pâris doit le premier lancer
le javelot. Prièreaddressée
auxDieux par les Grecs
ôc les Troyens. Hector
mesle les forts. Celuy de
Paris fort le premier, paris.
& Menelas s'arment.
De quelle maniéré Pâris
est armé. Ils se mesurent
l'un l'autre. Paris le premier
lance un javelor. il
atteint le bouclier de Menelas
sans le percer. Me-"
nelas leve son dard.Addresse
sa priere à Jupiter.^
Lance son javelot qui va
percer le bouclier de Paris
aauussni i bien que la cuirasse,^ libienquelaculrafiè
& déchiré la tunique pres
du flanc sans blesser Paris.
Menelas tire son épée &
en décharge un grand
coup sur le casque de son
ennemy. L'épée serompe.
& luytombe de la main.
Menelas s'en prend à Jupirer
, & luy addresse la
paroleaveccolere. Se jette
sur Pâris, le prend par
le casque & le tire du costé
des Grecs. La courroye se
casse, & le casque luy demeure
dans la main. Ille
jette loin de luy du costé
des Grecs. Il veut encore
se lancer sur Pârispourluy.
oster la vie. Mais Venus
couvre Paris d'un nuage.
Le dérobe aux yeux & à
la fureur de Menelas. Le
porte dans une Chambre
du Palais de Priam toute
parfumée. Elle l'y laisse-
Elle prend la forme d'une
vieille femme qu'Helene
avoit auprés d'elle à Lacedemone
,& qu'elle aimoic
tendrement. Ellevatrouver
cette Princesse. La
prie de venirvoir Paris
qui l'attend dans le Palais,
plein d'amour & d'impatience.
Helenereconnoift
Venus malgré son deguisement.
Luy fait des reproches
de ce qu'elle veut
la tromper. La renvoye
à Paris avec mépris. Luy
declare qu'elle n'ira point
le trouver, que cette démarche
la deshonoreroic.
Venus la menace de l'abandonner
si elle ne luy
obéit. Heiene intimidée
se couvre de son voile pour
n'estre point veuë, & Ce
laisse conduire par la
Déesse. vers314.410.
.( Estant arrivées au Palais
de Paris, Venus prend
un siege pour Helene
,
ôc
le met visà-vis de Pâris.
Helene s'y place, &sans
le regarder luy fait de sanglanes
reproches de son
peu de courage. Paris respond
qu'un autre jour les
Dieux le proregeront;
comme ils ont proregé
cette fois-cy Menelas qui
doit sa victoire au secours
de Minerve. Il excite Helene
à ne plus songer qti
aux plaisirs. Illuydeclare
qu'il ne l'a jamais aimée
avec tant de passïon qu'au
moment qu'il luy parle.
Il k leve & passe dans une
autre chambre. Helene
le fuir. vers 421.447.
Pendant ce temps-là
Menelascherche partout
son ennemy qui luy estoit
échappe, & qui, pour son
bonheur,n'avoit esté veu
par aucun des Grecs ni des
Troyens: car les Troyens
eux-mesmes le haïssoient
& lauroienc livréààMenelas.
Enfin Agaraemnon
haùssant la voixdemande
aux Troyens leprix de la
victoire de Menelas, suivane
les conditions du traité.
Tous les Grecapplau.
disset àsademande
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Résumé : Extrait ou Argument de l'Iliade en forme de Table.
Le texte présente un extrait de l'Iliade d'Homère sous forme de tableau, destiné à offrir une vue d'ensemble de l'œuvre. Cet extrait vise à aider les lecteurs, qu'ils découvrent l'Iliade ou la connaissent déjà, en servant de rappel et d'aide à la compréhension des peintures poétiques de l'œuvre. L'auteur envisage également de créer des extraits similaires pour d'autres œuvres littéraires, comme celles de Rabelais, en fonction de son temps libre et de la complaisance de ses amis. L'argument du premier livre de l'Iliade commence par l'invocation de la Muse pour chanter la colère d'Achille. Le prêtre d'Apollon, Chryses, vient au camp des Grecs pour racheter sa fille Chryseis, esclave d'Agamemnon. Après le refus d'Agamemnon, Apollon frappe l'armée grecque de peste. Achille convoque une assemblée et le devin Calchas révèle qu'il faut renvoyer Chryseis pour apaiser Apollon. Agamemnon, furieux, accepte à contrecœur et demande une compensation, proposant de prendre Briseis, la captive d'Achille. Achille, en colère, menace de ne plus secourir les Grecs. Minerve intervient pour calmer Achille, qui jure de ne plus aider les Grecs. Nestor tente de réconcilier les deux chefs, mais en vain. Agamemnon envoie des hérauts prendre Briseis, et Achille se plaint à sa mère, Thetis, qui promet d'intercéder auprès de Jupiter. L'argument du second livre décrit comment Jupiter, après avoir promis à Thetis de soutenir Achille, envoie un songe à Agamemnon pour l'inciter à attaquer Troie. Agamemnon rassemble l'armée et tente de la persuader de combattre, mais les soldats, découragés, veulent partir. Junon demande à Minerve d'intervenir pour retenir les Grecs. Ulysse parcourt l'armée pour encourager les soldats. Agamemnon, reconnaissant son erreur, commande aux troupes de se préparer au combat. Les Grecs se rassemblent, et Minerve les remplit d'ardeur. L'armée se prépare au combat, et les chefs rangent leurs troupes. Le texte se termine par une invocation aux Muses pour connaître les détails des troupes et des chevaux des Grecs. Le texte décrit ensuite les événements de la guerre de Troie, centrés sur les préparatifs et le combat singulier entre Ménélas et Pâris. Les Grecs, bien armés et disciplinés, avancent en ordre de bataille, tandis que les Troyens, conduits par Hector, se préparent également. Iris, messagère des dieux, avertit Priam de l'avancée des Grecs. Hector organise les troupes troyennes par nations et lignées. Les deux armées se font face, les Grecs en silence et les Troyens avec des cris perçants. Pâris, à la tête des Troyens, est comparé à un voyageur effrayé par un serpent. Hector reproche à Pâris sa lâcheté, mais Pâris décide de se battre contre Ménélas en combat singulier. Les conditions du duel sont établies : le vainqueur obtiendra Hélène et les richesses, et les deux peuples feront la paix. Hector informe les deux armées, et les Grecs cessent de tirer. Priam est informé du duel et se rend sur le champ de bataille avec Anténor. Les hérauts apportent les victimes pour le sacrifice. Agamemnon renouvelle les conditions du traité. Après les prières et les libations, Hector et Ulysse mesurent le champ de bataille. Pâris lance le premier javelot, atteignant le bouclier de Ménélas sans le percer. Ménélas, après une prière à Jupiter, lance son javelot qui blesse légèrement Pâris. Dans la lutte qui suit, l'épée de Ménélas se brise. Vénus intervient pour protéger Pâris, le couvrant d'un nuage et le conduisant dans le palais de Priam.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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507
p. 62-63
« J'ay promis il y a quelques mois de parler des [...] »
Début :
J'ay promis il y a quelques mois de parler des [...]
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texteReconnaissance textuelle : « J'ay promis il y a quelques mois de parler des [...] »
J'Ay promis il y a quelques
mois de parler des
observations qui feroient
faites sur des monumencs
d'antiquitéou basreliefs,
trouvez en creusantles
fondations de l'Autel magnifique
où l'on travaille
actuellement par l'ordre
du Roy, pour accomplir
un VOEU fait par Louis,
XIII.
Voicy quelques-unes
des remarques qu'a faites
sur ces pierres antiques
MrM.D.M.Onendonnera
ensuite quelques autres
faites par Mr B. ces deux
Mesieurssont del'Académie
Royale des Inscriptions
& Médaillés.
mois de parler des
observations qui feroient
faites sur des monumencs
d'antiquitéou basreliefs,
trouvez en creusantles
fondations de l'Autel magnifique
où l'on travaille
actuellement par l'ordre
du Roy, pour accomplir
un VOEU fait par Louis,
XIII.
Voicy quelques-unes
des remarques qu'a faites
sur ces pierres antiques
MrM.D.M.Onendonnera
ensuite quelques autres
faites par Mr B. ces deux
Mesieurssont del'Académie
Royale des Inscriptions
& Médaillés.
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508
p. 62-81
Extrait de quelques reflexions par Mr M. D. M.
Début :
Pour juger du merite & de l'antiquité de ces [...]
Mots clefs :
Antiquité, Pierres, Paganisme, Église, Règne, Romains, Homme, Figure, Roi, Saint
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait de quelques reflexions par Mr M. D. M.
Extrait de quelquesreflexions
par Mr M. D. l'vf.
Pour juger du
merite 5cde l'antiquitéde
ces monuments, il faut
distinguer deux temps, celuy
où ces pierresont esté
posées pourservir de son-i
dationsà un gros mur,&
celuy auquell'inscription
& les bas-reliefs ont esté
fats.
Le Roy Robert. qui
succeda à Hugues - Capec
son pere en 996. commença
l'Eglise deNostre-
Dame.
Avant le Roy Robert
il yavoit eu une autre ancienne
Eglise sur lesdémolirions
de laquelle on avoir
elevélanouvelle;l'on peut
prouver que les pierres
nouvellement découvertes
ont, par rapportàl'endroit
droit ou elles avoient esté
posées,une époque beaucoup
plus reculée que celle
du Roy Robert.
En effetdutemps. de
ChilpericRoy deSoissons
& de Paris,en595.Fredegondesa
veuve se transporta
dans cette Eglise
avec les threfors qu'elle
avoir,&fut reçue par Ragnemond
Eveique de Paris
successeur de (ainç Germain,
dont il est parlé dans
saint Gregoire de Tours.
Il n'y avonir qu'un lieçle
que nos Rois estoient en
possession de Paris lorsque
cePtélat écrivit son histoire.
,j'-:
On sçait d'ailleurs que
quand les premiers Chrestiens
eurent obtenu des
Empereurs le libre exercice
de leur Religion, les
Parisiensfirent bastir à la
pointe orientale de risle,
qui compose aujourd'huy
la Cité, une Chapelle dédiée
a la Vierge, à saint
Estienne)&àsaint Denys,
& l'onprétend que c'est
celle de saint Denys du Pas.
1 Ce ne feroit donc que
j dans la suite qu'ilyauroit
.- eu une seconde Eglisebat
flie par Childebert
vers l'an 522 & c'est
du temps de cette construâion
que l'on pourroit
conclure que les pierres
,
dont il s'agit auroient ser- videfondement.
,. 1 Ces pierres provenues
sans doute de quelques débris
d'Autels, ou autres
monuments du paganisme,
marquent en mesme
temps la destruécton- de
l'Idolâtrie dans Paris Se
le progrez que la Religion
y avoit fait depuis que
saintDenys y avoic prescherirvangile.
Plaine
Denys fut envoyé dans les
Gaules Tanzjo. la premiere
du regne de Trajan
Dece ,
fous le Pontificat
de saintFabien21 Pape.
Le Paganisme ne fut
aboliqu'en 312. après la
conversîon deConstantin
le Grand
Les peuples au delà du
Rhin depuisappeliez
François, entrèrent dans
les Gaules en 415*-.-• &
Merouée,aprèsla more
d"Àftius General des Romains,
se rendit maistre
de Paris, d'Orléans, Sens
& autres Villes vers l'an
455..TW£**43KJ£t>
ak Ensuite les François qui
la pluspartestoient Payens
idolatres
,
cesserent de
l'estre après la conversion *
du grand Clovis
, qui sut
baptisé en 416. & enfin
tout ce qui restoit de Temples
& de monuments du
Paganisme fut détruit l'an
554. par un Edit de Childebert,
ainsi ce feroit par
reconnoissance pour la
memoire de ce Prince, à
qui on attribue la fondation
de cerce seconde Eglise
,
qu'on avoic placé
son effigie la premiere de
nosvingnt-huit répresentées
sur le frontispice de
Nostre-Dame.
Cette premiere Epoque
du tem ps où les pierres
en question ont esté pofées
dans l'endroit où nous
les trouvons, nous conduit
à celle du temps de
Tibere, marquéeparl'inf.
cription qui est sur l'une de
ces pierres,dont voicy l'explicarion.
Sous leRegne de Tibère
CesarAuguste les Bateliers
Parisiens ont consacré publiquement
cet AutelaJupiter
tres-bon & très-grand - Sur les trois autres saces
de la mesme pierre on
voir en bas
-
relief des demi
figures, dont quelques
unes sontmutilées,d'hommes
vestus d'une espece
de tunique. Ily en a trois
dont chacun tient; une
lance avec un bouclier,
surl'un des costez on lit,
DENANI. Sur un autre
on lit E VRISES: & sur
un autre on lit .S B NA N I- v. I L O M les aay
[res lettres sonteffacées.
Par l'assemblage qu'on
a fait de deux autres pierres
qui se ra pportent l'une
à l'autre, & qui forment
une espece de cipe ou de
pilastre quarre presque
entier ,
de la hauteur de
trois pieds quatre pouces,
& de la largeur de deux,
pieds & demi. Il y a Curt
l'une des faces de ces deux
pierres qui n'en font qu'-
une
une la figuredeVulcain,
au dessus on lit VOLCANVS.
Sur une autre face
on voit une figure de Jupicer
debout, au dessus on
litI O VIS. Sur la face qui
fuit est la figure de profil
d'un homme qui, ayant le
bras droit élevé, tient de
la main droite une hache
dont il paroist vouloirabbattre
les branches d'un
arbre qui est devant luy.
On lit au dessusE SV S, &
sur la quatrième face on
voit entre des feüillages
trois oiseaux, dont l'un est
posésurlateste,& les deux
autres sur le corps d'un
taureau,au dessus on lit:
TARVOS TRIGARANVS.
La troisiéme pierre qui
a deux pieds trois pouces
de largeur, & un pied &
demi de hauteur, a d'un
cossé un homme de face,
on litCASTOR.Lecofté
qui iuit reprefenre une figure
à peu prés semblable,
qui ne peut estre que POL-
1vx.
Sur une autre face est un
vieillard avec de grandes
cornes, dans chacune desquelles
est passé un gros
anneau, on lit au dessus,
CERNVNNOS. Sur la
derniere face est la figure
d'un jeune homme tenant
de sa main gauche une
massuë, dont il menace un
Serpent qui paroist s'élever
contre luy au dessus
font quelques lettresfugitives
,
dont on ne découvre
que SI. R. le reste
esteffacé.
Il y a une quatrième
pierre, ayant à chaque
casié deux demi figures
deilinées d'un bon goust.
& sans infcriprion
:
elles
representent un homme
couvert d'une cuirasse à la
Romaine, tenant une lance
de la main droite, Lk
à coHe une femme coeffée
& vestuë comme nos
plus belles figures antiques
avec unbrasselet au
bras droit qui est nud.
Avant de faire quelques
observations sur ces
antiquitez qui font toutes
à peu près du temps de
Tibere,qui a régné vingttrois
ans, & est mort l'an
de salut37.Il estnecessaire
de ra ppeller succinctement
le temps qui a précédé
le regne de cetEmpereur
, par rapport aux
Parisïens ôc à leur Ville.
Les Romains avoient
desja conquis la Gaule
Narbonnoiie , Se receu
dans leur alliance quelques
autres Provinces de
la Celtique lorsqu'ils envoyèrent
une armee au
delà des Alpes fous la conduite
de Ju l es Cefar, tant
pour secourir leurs Alliez,
que pour loumettre le relie
des Gaules. La petite
ville deLuteceefroit pour
lors ca pitaledes Parviens ,
lesquels saisoien partie
des soixante & quatre peuples
separez en Citez disferenres,
quicomposoient
la Nation Gauloile avanc
les conquestes de Cesar.
lurece, ainsiqu'il est
rapportédans ses Commenraires,
fut soumise aux
Romains, après avoir resisté
deux fois à leur armée
commandée par Labienus
un des Lieutenants de Cefar.
Ce grand Capitaine
en avoic trouvéle(èjourfi
commode
,
qu'il y aVÇ>i.t
transféré les Estats Généraux.
Apres qu'il se fut
rendu maistre des Gaules,
la plus grandepartie, ainsi
que laVille de Lutece,
demeura fous la domination
des Romains pendant
environ 500. ans, car ce
ne fut que fous le règne
de Clovis
, comme jel'ay
desja remarqué, que nos
Ancestres s'affranchirent
entièrement de l'Empire
Romain, 7^
"i. Or les Gaulois estant
alors jainsi que les Romains,
engagez dans les
erreurs du Paganisme, adoroient
presque les mesmes
Divinitez
}
fous des
noms dlfferens, Jupiter,
Apollon, Mars & Mercure.
C'estoit chez les Gaulois,
YharanJ Mitra, Hesus, &
Theutates. Cesmonuments
que nous venons de décrire,
marquent que fous
le regne de Tibere, ils
avoient conservéd'autres
Dieux particuliers, te ls
que pouvoienteftreTARVOS,
TIGARANVS
,
& ce
vieillard à deux cornes,
qui a pour infcriprion
CERNVNNOS,comme
pour dire cornutus ; car cer
en langueCeltique, veut
dire corne, &c.
Mr M. D.
par Mr M. D. l'vf.
Pour juger du
merite 5cde l'antiquitéde
ces monuments, il faut
distinguer deux temps, celuy
où ces pierresont esté
posées pourservir de son-i
dationsà un gros mur,&
celuy auquell'inscription
& les bas-reliefs ont esté
fats.
Le Roy Robert. qui
succeda à Hugues - Capec
son pere en 996. commença
l'Eglise deNostre-
Dame.
Avant le Roy Robert
il yavoit eu une autre ancienne
Eglise sur lesdémolirions
de laquelle on avoir
elevélanouvelle;l'on peut
prouver que les pierres
nouvellement découvertes
ont, par rapportàl'endroit
droit ou elles avoient esté
posées,une époque beaucoup
plus reculée que celle
du Roy Robert.
En effetdutemps. de
ChilpericRoy deSoissons
& de Paris,en595.Fredegondesa
veuve se transporta
dans cette Eglise
avec les threfors qu'elle
avoir,&fut reçue par Ragnemond
Eveique de Paris
successeur de (ainç Germain,
dont il est parlé dans
saint Gregoire de Tours.
Il n'y avonir qu'un lieçle
que nos Rois estoient en
possession de Paris lorsque
cePtélat écrivit son histoire.
,j'-:
On sçait d'ailleurs que
quand les premiers Chrestiens
eurent obtenu des
Empereurs le libre exercice
de leur Religion, les
Parisiensfirent bastir à la
pointe orientale de risle,
qui compose aujourd'huy
la Cité, une Chapelle dédiée
a la Vierge, à saint
Estienne)&àsaint Denys,
& l'onprétend que c'est
celle de saint Denys du Pas.
1 Ce ne feroit donc que
j dans la suite qu'ilyauroit
.- eu une seconde Eglisebat
flie par Childebert
vers l'an 522 & c'est
du temps de cette construâion
que l'on pourroit
conclure que les pierres
,
dont il s'agit auroient ser- videfondement.
,. 1 Ces pierres provenues
sans doute de quelques débris
d'Autels, ou autres
monuments du paganisme,
marquent en mesme
temps la destruécton- de
l'Idolâtrie dans Paris Se
le progrez que la Religion
y avoit fait depuis que
saintDenys y avoic prescherirvangile.
Plaine
Denys fut envoyé dans les
Gaules Tanzjo. la premiere
du regne de Trajan
Dece ,
fous le Pontificat
de saintFabien21 Pape.
Le Paganisme ne fut
aboliqu'en 312. après la
conversîon deConstantin
le Grand
Les peuples au delà du
Rhin depuisappeliez
François, entrèrent dans
les Gaules en 415*-.-• &
Merouée,aprèsla more
d"Àftius General des Romains,
se rendit maistre
de Paris, d'Orléans, Sens
& autres Villes vers l'an
455..TW£**43KJ£t>
ak Ensuite les François qui
la pluspartestoient Payens
idolatres
,
cesserent de
l'estre après la conversion *
du grand Clovis
, qui sut
baptisé en 416. & enfin
tout ce qui restoit de Temples
& de monuments du
Paganisme fut détruit l'an
554. par un Edit de Childebert,
ainsi ce feroit par
reconnoissance pour la
memoire de ce Prince, à
qui on attribue la fondation
de cerce seconde Eglise
,
qu'on avoic placé
son effigie la premiere de
nosvingnt-huit répresentées
sur le frontispice de
Nostre-Dame.
Cette premiere Epoque
du tem ps où les pierres
en question ont esté pofées
dans l'endroit où nous
les trouvons, nous conduit
à celle du temps de
Tibere, marquéeparl'inf.
cription qui est sur l'une de
ces pierres,dont voicy l'explicarion.
Sous leRegne de Tibère
CesarAuguste les Bateliers
Parisiens ont consacré publiquement
cet AutelaJupiter
tres-bon & très-grand - Sur les trois autres saces
de la mesme pierre on
voir en bas
-
relief des demi
figures, dont quelques
unes sontmutilées,d'hommes
vestus d'une espece
de tunique. Ily en a trois
dont chacun tient; une
lance avec un bouclier,
surl'un des costez on lit,
DENANI. Sur un autre
on lit E VRISES: & sur
un autre on lit .S B NA N I- v. I L O M les aay
[res lettres sonteffacées.
Par l'assemblage qu'on
a fait de deux autres pierres
qui se ra pportent l'une
à l'autre, & qui forment
une espece de cipe ou de
pilastre quarre presque
entier ,
de la hauteur de
trois pieds quatre pouces,
& de la largeur de deux,
pieds & demi. Il y a Curt
l'une des faces de ces deux
pierres qui n'en font qu'-
une
une la figuredeVulcain,
au dessus on lit VOLCANVS.
Sur une autre face
on voit une figure de Jupicer
debout, au dessus on
litI O VIS. Sur la face qui
fuit est la figure de profil
d'un homme qui, ayant le
bras droit élevé, tient de
la main droite une hache
dont il paroist vouloirabbattre
les branches d'un
arbre qui est devant luy.
On lit au dessusE SV S, &
sur la quatrième face on
voit entre des feüillages
trois oiseaux, dont l'un est
posésurlateste,& les deux
autres sur le corps d'un
taureau,au dessus on lit:
TARVOS TRIGARANVS.
La troisiéme pierre qui
a deux pieds trois pouces
de largeur, & un pied &
demi de hauteur, a d'un
cossé un homme de face,
on litCASTOR.Lecofté
qui iuit reprefenre une figure
à peu prés semblable,
qui ne peut estre que POL-
1vx.
Sur une autre face est un
vieillard avec de grandes
cornes, dans chacune desquelles
est passé un gros
anneau, on lit au dessus,
CERNVNNOS. Sur la
derniere face est la figure
d'un jeune homme tenant
de sa main gauche une
massuë, dont il menace un
Serpent qui paroist s'élever
contre luy au dessus
font quelques lettresfugitives
,
dont on ne découvre
que SI. R. le reste
esteffacé.
Il y a une quatrième
pierre, ayant à chaque
casié deux demi figures
deilinées d'un bon goust.
& sans infcriprion
:
elles
representent un homme
couvert d'une cuirasse à la
Romaine, tenant une lance
de la main droite, Lk
à coHe une femme coeffée
& vestuë comme nos
plus belles figures antiques
avec unbrasselet au
bras droit qui est nud.
Avant de faire quelques
observations sur ces
antiquitez qui font toutes
à peu près du temps de
Tibere,qui a régné vingttrois
ans, & est mort l'an
de salut37.Il estnecessaire
de ra ppeller succinctement
le temps qui a précédé
le regne de cetEmpereur
, par rapport aux
Parisïens ôc à leur Ville.
Les Romains avoient
desja conquis la Gaule
Narbonnoiie , Se receu
dans leur alliance quelques
autres Provinces de
la Celtique lorsqu'ils envoyèrent
une armee au
delà des Alpes fous la conduite
de Ju l es Cefar, tant
pour secourir leurs Alliez,
que pour loumettre le relie
des Gaules. La petite
ville deLuteceefroit pour
lors ca pitaledes Parviens ,
lesquels saisoien partie
des soixante & quatre peuples
separez en Citez disferenres,
quicomposoient
la Nation Gauloile avanc
les conquestes de Cesar.
lurece, ainsiqu'il est
rapportédans ses Commenraires,
fut soumise aux
Romains, après avoir resisté
deux fois à leur armée
commandée par Labienus
un des Lieutenants de Cefar.
Ce grand Capitaine
en avoic trouvéle(èjourfi
commode
,
qu'il y aVÇ>i.t
transféré les Estats Généraux.
Apres qu'il se fut
rendu maistre des Gaules,
la plus grandepartie, ainsi
que laVille de Lutece,
demeura fous la domination
des Romains pendant
environ 500. ans, car ce
ne fut que fous le règne
de Clovis
, comme jel'ay
desja remarqué, que nos
Ancestres s'affranchirent
entièrement de l'Empire
Romain, 7^
"i. Or les Gaulois estant
alors jainsi que les Romains,
engagez dans les
erreurs du Paganisme, adoroient
presque les mesmes
Divinitez
}
fous des
noms dlfferens, Jupiter,
Apollon, Mars & Mercure.
C'estoit chez les Gaulois,
YharanJ Mitra, Hesus, &
Theutates. Cesmonuments
que nous venons de décrire,
marquent que fous
le regne de Tibere, ils
avoient conservéd'autres
Dieux particuliers, te ls
que pouvoienteftreTARVOS,
TIGARANVS
,
& ce
vieillard à deux cornes,
qui a pour infcriprion
CERNVNNOS,comme
pour dire cornutus ; car cer
en langueCeltique, veut
dire corne, &c.
Mr M. D.
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Résumé : Extrait de quelques reflexions par Mr M. D. M.
Le texte de Mr. M. D. l'vf. explore l'histoire et les monuments de l'église Notre-Dame de Paris, en distinguant deux phases principales : la pose des pierres pour un mur et l'ajout des inscriptions et bas-reliefs. La construction de l'église actuelle a commencé sous le règne du roi Robert, qui a succédé à Hugues Capet en 996. Avant cette période, une autre église existait, comme en témoignent des pierres récemment découvertes, antérieures au règne du roi Robert. Le texte mentionne également des événements historiques liés à Paris. En 595, Frédégonde, veuve de Chilpéric, a visité Paris. Les premiers chrétiens y avaient construit une chapelle dédiée à la Vierge, à saint Étienne et à saint Denys. Une seconde église aurait été érigée par Childebert vers 522, utilisant des pierres provenant de monuments païens, symbolisant ainsi la destruction de l'idolâtrie et la progression du christianisme. Le paganisme a été aboli en 312 après la conversion de Constantin le Grand. Les Francs, initialement païens, se sont convertis au christianisme après la conversion de Clovis en 496. En 554, un édit de Childebert a ordonné la destruction des temples et monuments païens. Le texte décrit également des pierres antiques découvertes, datées du règne de Tibère, portant des inscriptions et des bas-reliefs représentant des divinités gauloises et romaines. Ces monuments illustrent la coexistence des croyances païennes et chrétiennes à Paris avant la conversion des Francs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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509
p. 85-92
Extrait de la Dissertation de Mr B.
Début :
.... L'on trouve entre les Oeuvres de Fortunat un [...]
Mots clefs :
Autels, Gaulois, Figures, Inscriptions
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait de la Dissertation de Mr B.
Extrait de la Dissertation
de MrB*
L'on trouve
entre les Oeuvres de Fortunat
un Poëme consacré
à l'éloge de cette Eglise
commencée ) par Childebert,
le Poete dit:
Hoec prius egregio Rex CbiL
debertus amore
Dona Jtio populo non. moritura
dedit
Il adjouste ensuite:
Mcelhisedecnoster merito Rex
atque Sacerdcs
}
oCompplevitulaicsus R.eligionis Par ce Melchisedec il ne
peut entendre que Cherebert
qui succeda à Childeberc
son oncle.
Par un Edit de Chiideberc
publié en 554.il est
ordonné Que quiconque ne
rejetteroit desonchamp les simulacres.
les Idoles., dédiées
au Demon par les hommes
seroit traité comme
sacrilege, &c. Ce sont apparemment
quelques uns
de ces débris d'Autels &
d'Idoles brifées qu'on employa
aux fondements de
cette Eglise,&cc.
Il y avoit un port voisin
Cet endroit estoit
plein d'arbres. & c'estoit
dans les bois que les
anciens Gaulois exerçoient
leurs ceremonies
religieuses;ils cosacroient
à leurs Dieux, ou des arbres
, ou des Autels plus
communement depuis
leur commerce avec les
Romains,&
Lafigureisolée&terminée
des pierres
,
antiques
qu'on a trouvées ,fait
voir qu'elles servoient
d'Autels.
Les noms Celtes de
quelques-unes des inscriptions,
mais avec une terminaison
latine, prouvent
qu'elles ont filé érigées
par les Gaulois, forcez
par la politique Romaine
d'adopter les couslumes
& la langue du
vainqueur.
A l'égard de la figure
des lettres. ilest constant
que les plus anciennes
lettres latines estoienct
presque semblables aux
plus
plus anciens caractères
grecs. L'ins*c. riptionTIB.CESÀREAve.
&C marque
non feulement la deflinacion
de cet Autel
mais le temps de son érection
, car il faut l'interpreter
ainn. Tibere Cesar
ayxnt accepté ou pris le nom
d'Auguste
, &c.
Ce monumenr peut a"
voir esté érigé sur la fin
de la premiere annéedu
Règne de Tibere
,
lorsque
dans les Gaules on.
apprit qu'il admettait le
nom d'Auguste, qu'il n'avoit
pas voulu d'abord
qu'on luy décernast,&c.
Je prouve cela par une
autre inscription du mesme
temps érigée par une
Communauté qu'on appelloit
lesFreres Arvaux,
pour rendre grâces à Jupiter
de ce que Tibere-
Claude Cesar avoir esté
appelleAuguste,&c.
3
A l'égard de ceux qui
ont érigé l'Autel
, & qui
se disent Nautæ dans l'inscription,
& qu'on a traduitBateliers.
Jeprétends
que ce pouvoitestre des
commerçants riches &.
célébrés,ou des Commis
ôc fermiers publics, gens
de considération,puisque
des Chevaliers en estoient
souvenrtcomme vous pouvez
voir par les preuves
suivantes,&c.
A le'garddesfigures
qui se suivent dans quelques-
uns de ces bas-reliefs,
leur attitude 8c leur
situation paroist marquer
une espece de procession
ou ceremonie suivant le
rit Gaulois, elles sont toutes
tournées du costé gauche
, & c'estoit la coustume
de nos Gaulois dans
leurs ceremonies de Religion.
Les Explications que
fait Mr B. du reste des
figures & des inscriptions,
sont tres curieuses;
&. si elles n'estoient pas
imprimées, je franchirois
les bornes estroites
d'un Extrait, pour n'en
pas obmettre la moindre
circonstance.
de MrB*
L'on trouve
entre les Oeuvres de Fortunat
un Poëme consacré
à l'éloge de cette Eglise
commencée ) par Childebert,
le Poete dit:
Hoec prius egregio Rex CbiL
debertus amore
Dona Jtio populo non. moritura
dedit
Il adjouste ensuite:
Mcelhisedecnoster merito Rex
atque Sacerdcs
}
oCompplevitulaicsus R.eligionis Par ce Melchisedec il ne
peut entendre que Cherebert
qui succeda à Childeberc
son oncle.
Par un Edit de Chiideberc
publié en 554.il est
ordonné Que quiconque ne
rejetteroit desonchamp les simulacres.
les Idoles., dédiées
au Demon par les hommes
seroit traité comme
sacrilege, &c. Ce sont apparemment
quelques uns
de ces débris d'Autels &
d'Idoles brifées qu'on employa
aux fondements de
cette Eglise,&cc.
Il y avoit un port voisin
Cet endroit estoit
plein d'arbres. & c'estoit
dans les bois que les
anciens Gaulois exerçoient
leurs ceremonies
religieuses;ils cosacroient
à leurs Dieux, ou des arbres
, ou des Autels plus
communement depuis
leur commerce avec les
Romains,&
Lafigureisolée&terminée
des pierres
,
antiques
qu'on a trouvées ,fait
voir qu'elles servoient
d'Autels.
Les noms Celtes de
quelques-unes des inscriptions,
mais avec une terminaison
latine, prouvent
qu'elles ont filé érigées
par les Gaulois, forcez
par la politique Romaine
d'adopter les couslumes
& la langue du
vainqueur.
A l'égard de la figure
des lettres. ilest constant
que les plus anciennes
lettres latines estoienct
presque semblables aux
plus
plus anciens caractères
grecs. L'ins*c. riptionTIB.CESÀREAve.
&C marque
non feulement la deflinacion
de cet Autel
mais le temps de son érection
, car il faut l'interpreter
ainn. Tibere Cesar
ayxnt accepté ou pris le nom
d'Auguste
, &c.
Ce monumenr peut a"
voir esté érigé sur la fin
de la premiere annéedu
Règne de Tibere
,
lorsque
dans les Gaules on.
apprit qu'il admettait le
nom d'Auguste, qu'il n'avoit
pas voulu d'abord
qu'on luy décernast,&c.
Je prouve cela par une
autre inscription du mesme
temps érigée par une
Communauté qu'on appelloit
lesFreres Arvaux,
pour rendre grâces à Jupiter
de ce que Tibere-
Claude Cesar avoir esté
appelleAuguste,&c.
3
A l'égard de ceux qui
ont érigé l'Autel
, & qui
se disent Nautæ dans l'inscription,
& qu'on a traduitBateliers.
Jeprétends
que ce pouvoitestre des
commerçants riches &.
célébrés,ou des Commis
ôc fermiers publics, gens
de considération,puisque
des Chevaliers en estoient
souvenrtcomme vous pouvez
voir par les preuves
suivantes,&c.
A le'garddesfigures
qui se suivent dans quelques-
uns de ces bas-reliefs,
leur attitude 8c leur
situation paroist marquer
une espece de procession
ou ceremonie suivant le
rit Gaulois, elles sont toutes
tournées du costé gauche
, & c'estoit la coustume
de nos Gaulois dans
leurs ceremonies de Religion.
Les Explications que
fait Mr B. du reste des
figures & des inscriptions,
sont tres curieuses;
&. si elles n'estoient pas
imprimées, je franchirois
les bornes estroites
d'un Extrait, pour n'en
pas obmettre la moindre
circonstance.
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Résumé : Extrait de la Dissertation de Mr B.
Le texte évoque les œuvres de Fortunat, notamment un poème dédié à l'église de Paris, initiée par Childebert. Ce poème souligne que Childebert a offert cette église au peuple par amour. Fortunat associe Melchisédech à Cherebert, successeur de Childebert. Un édit de Childebert, publié en 554, ordonne la destruction des idoles et des simulacres, dont certains débris ont servi aux fondations de l'église. Le texte décrit également un port voisin situé dans une forêt où les anciens Gaulois pratiquaient leurs cérémonies religieuses. Des autels antiques et des inscriptions en langue celtique avec des terminaisons latines témoignent de l'influence romaine. Une inscription mentionne Tibère César, indiquant que l'autel a été érigé au début de son règne. Le texte discute aussi des Nautæ, des commerçants ou fonctionnaires publics respectés. Les bas-reliefs montrent des processions ou cérémonies gauloises, avec des figures tournées vers la gauche, conformément aux coutumes religieuses gauloises. Les explications de Mr B. sur les figures et inscriptions sont jugées très intéressantes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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510
p. 93-94
« L'Abbregé de la Sphere du monde, selon l'hipothese [...] »
Début :
L'Abbregé de la Sphere du monde, selon l'hipothese [...]
Mots clefs :
Copernic, Ptolémée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'Abbregé de la Sphere du monde, selon l'hipothese [...] »
L'Abbregé de la Sphere
du monde,selon l'hipothese
de Copernic, dédié
à Mr L. B. jevend oe
Paris,chez la Veuve Aîohn,
-0^17 de l'Horloge. Et che7,,
le sieur Langlois Graveur,
sur le Petit Pont. Mr Lanthomate
qui en est l'Autheur
fera bientostimprimer un petit
Traitésur leSisteme de Co-j
pernic.
;' "ç LeSisteme de Ptolomee
n'cft à present pas
plus en credit que la
Filosofied'Aristote. Ces
deuxAnciens ont esté
contraints de cederaux
Modernes; mais ce n'a
pas este sans peine. Ilne
faut pas moins que des
demonstrations fisiques
ou geometriques pour
detruire les préventions
inveterées : matiere de
dissertation qui pourra
bien entrer dans quelques-
unesdesmiennes.
du monde,selon l'hipothese
de Copernic, dédié
à Mr L. B. jevend oe
Paris,chez la Veuve Aîohn,
-0^17 de l'Horloge. Et che7,,
le sieur Langlois Graveur,
sur le Petit Pont. Mr Lanthomate
qui en est l'Autheur
fera bientostimprimer un petit
Traitésur leSisteme de Co-j
pernic.
;' "ç LeSisteme de Ptolomee
n'cft à present pas
plus en credit que la
Filosofied'Aristote. Ces
deuxAnciens ont esté
contraints de cederaux
Modernes; mais ce n'a
pas este sans peine. Ilne
faut pas moins que des
demonstrations fisiques
ou geometriques pour
detruire les préventions
inveterées : matiere de
dissertation qui pourra
bien entrer dans quelques-
unesdesmiennes.
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Résumé : « L'Abbregé de la Sphere du monde, selon l'hipothese [...] »
L'ouvrage 'L'Abbregé de la Sphere du monde, selon l'hypothèse de Copernic' est dédié à Monsieur L. B. et publié à Paris. L'auteur, Monsieur Lanthomate, annonce un traité sur le système de Copernic. Les systèmes de Ptolémée et d'Aristote sont dépassés. Des démonstrations physiques ou géométriques sont nécessaires pour convaincre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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511
p. 95-96
Livre nouveau.
Début :
Traduction en vers François, de l'Art Poëtique d' [...]
Mots clefs :
Horace
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Livre nouveau.
Livre nouveau»
Traduction en vers
François, de l'Arc Poëtique
d'Horace, &c. Une
Dissertation sur les Auteurs
anciens & modernes,
& un Traité de la
Versification Françoise.
Gros volumein 12.
Ce Livre vaut bien là
peine qu'on en parle plus
au long dans le mois prochain
, se vend à Paris
Chez Guillaume 9 - Nicolas
Aubert, Quay des Augujlins9
du costé du Pont S. Michel,
àsaint Nicolas.LesLibraires
pourront s'addresser 4
l'Auteur mesme
,
vis à vis
le College de la Marche, rul
- de la Montagne sainte Gent.
vifve.
Traduction en vers
François, de l'Arc Poëtique
d'Horace, &c. Une
Dissertation sur les Auteurs
anciens & modernes,
& un Traité de la
Versification Françoise.
Gros volumein 12.
Ce Livre vaut bien là
peine qu'on en parle plus
au long dans le mois prochain
, se vend à Paris
Chez Guillaume 9 - Nicolas
Aubert, Quay des Augujlins9
du costé du Pont S. Michel,
àsaint Nicolas.LesLibraires
pourront s'addresser 4
l'Auteur mesme
,
vis à vis
le College de la Marche, rul
- de la Montagne sainte Gent.
vifve.
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Résumé : Livre nouveau.
Le livre « Livre nouveau » inclut des traductions en vers d'Horace et d'autres auteurs, une dissertation sur les auteurs anciens et modernes, et un traité sur la versification française. Disponible à Paris chez Guillaume et Nicolas Aubert, il peut être commandé par les libraires auprès de l'auteur, résidant près du Collège de la Marche.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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512
p. 65-123
ARTICLE burlesque. Suite du Paralelle d'Homere & de Rabelais.
Début :
Sans interrompre le paralelle d'Homere & de Rabelais, je [...]
Mots clefs :
Homère, Rabelais, Plaisir, Médecin, Parallèle, Hommes, Mari, Oeil, Fous, Dames, Compagnons, Moutons, Caverne, Cyclope, Patience, Marchand, Femme, Dieux, Troupeaux, Paris, Jupiter, Argent, Sourd, Muette, Dissertation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARTICLE burlesque. Suite du Paralelle d'Homere & de Rabelais.
ARTICLE
burlesque.
Suite du Paralelle d'Homere&
deRabelais.
SAns interrompre le
paralelle d'Homere&
de Rabelais,je puis interrompre
les reflexions
comiques & serieuses
que j'ai commencéesfutcesdeux
Auteurs. Trop de réflexions
de fuite feroient
une dissertation
ennuyeuse
,
sur tout
pour les Dames, dont
j'ambitionne les suffrages;
elles ont legoût
plus delicat& plus vrai
que les hommes, dont
la pluspart se piquant
,de
<
critique profonde,
sont toûjours en garde
contre ce qui plaÎrjqui
ont, pour ainsidire,
emouue leur goût naturel
à force de science
dC de préjugez; en un
f- mot, qui jugent moins
par ce qu'ils sentent,
que par ce qu'ilssçavent.
Plusieurs Dames af.
fez contentes de quelques
endroits de mes
dissertations, se sont
plaint que les autres
netoient pas assez intelligibles
pour elles,
qui ne sont pasobligées
d'avoir lû Homere ni
Rabelais: il est vrai que
le Poete Grec est à presenttraduitenbonfrançois:
mais Rabelais est
encore du grec pour elles
; je vais donc tâcher
declaircir& de purifier
quelques morceaux de
Rabelais, pour les rendre
moins ennuyeux
aux Dames.
Ces extraits épurez
feront plaisir à celles
qui, curieuses de lire
Rabelais, n'ont jamais
voulu contenter leur
curiosité aux dépens de
leur modestie.
En donnantce qu'il
y a de meilleur dans
Rabelais, je fixerai la
curiosité de celles qui
en faveur du bon, auroient
risqué de lirele
mauvais.
Et s'il y en a quelqu'une
qui n'aiepû resister
à la tentation de
tout lire,elle pourra
citer Maître François à
l'abryde mes extraits,
sans être soupçonnée
d'auoir lu l'original.
Dans la derniere dissertation
j'ai opposé à
une harangue du sage
Nestor, une lettre écrite
à Gargantua par
Grandgousier son pere.
Vous avez vû que Rabelais
s'est mélé du fcrieux.;
Homere lemele
aussi quelquefois du
burlesque, autre sujet
de paralelle.Vousaurez
ici un conte heroïcomique
de l'Odissée, mais
commençons par un
conte de Rabelais;je ne
prétens qu'opposer le
premier coupd'oeil de
ces deuxcontes,&non.
pas les comparer exaétcment:
j'entrouverai
dans la fuite quelquestuinnss
ppluuss pprroopprreess aà eêttrree.
comparez ensemble.
Voici celui de Rabelais,
'f
donc j'ai feulement conservé
le fond, en a joûtant
& retranchant
tout ce que j'aicrû pouvoir
le rendre plus
agréable,& plusintelligible
aux Dames.
LES
LES MOUTONS
de Dindenaut.
<*. En une Naufou Navire
estoitletaciturnien.,
songe-creux,&malignement
intentionnéPanurge
: encemêmè Navire
estoit un Marchand de
moutonsnomméDindenaut,
hommegaillard,
raillard
,
grand rib leur
5
nurgetoutdébifié de mi-
Lie, 6c mal en point d'acouftrement
,
déhousillé
de chevelure
,
vesce
délabrée, éguillettes
rompues, boutons intermitans
chauffes pensantes,&:
lunettes pendues
au bonnet. Le Marchant
donc s'émancipa
en gausseriessur chaque
piece d'iceluy accoustrement,
mais specialement
sur ses lunettes : luy difarteavoir<
fçupar traciitioli
vulgaire que tout
homme arborant lunett
tes sur toûjours onc mal
voulu des femmes étranges
& vilipendé de la
siennedomestique ,sur
lesquels pronostics apostrophant
Panurge en son
honneur, l'appella je ne
sçay comment, id est,
d'un nom qui réveilla i«rPanurgedesaléthargie
^.rêveusej carrêvoitjuste
• en ce momentauxinconveniens
à venir de son
futur mariage. Holà,
holà
, mon bon Marchand
*,
dit d'abord Panurge
d'un air niais 8c
bonnasse, holà, vous disje,
car onc ne fus, ny ne
puis maintenant estre ce
-
que nul n'est que par mariage
: A quoy repart
Dindenaut, que marié
ou non mariée c'esttout
un ; car fruits de Cor-,
nuaille sont fruits précoces
j & m'est avisque
pour porter tels fruits ,
êtes fait &C moulé comme
de cire: ouy , cette
plante mordra sur~vôrre
chef comme chiendenc
sur terre graffe.
Ho ,
ho
,
ho
,
reprit
bonnement Panurge,
quartier, quartier, car
par la vertu- boeuf ou
asne que je suis, ne puis
avoir espritd'Aigle: perçant
les nuës,par quoy
gaudissez-vous de moy,
si c'est vostre plaisir ,
mais rien nerepliqueray
faute de répliqué : prenons
patience.
Patience vous duira
dit le Marchand, , comme
à tant d'autres. Patienceestvertu
maritale.
Patience soit imterrompit
Panurge, mais changeons
de propos : Vous
avez-là force beaux moutons,
m'envendriez-vous
bien un paravanture.
O le vaillant acheteur
de moutons, dit le Marchand.
Feriez volontiers
plus Convenablement
vous acheter un bon ha-,
bit pour quand vous E~
rez marié,habit de lné.)
nage ,
habit avenant ,
manteau profitable
chapeau commode, &,
panache de cerf.
Va-rience, dit Panurge,
& vendez-moy feulc,
ment un de vos Inou,
ton.
Tubleu
,
dit le Mat>
chand, ce seroit fortune
pour vous qu'un de ces
beliers. Vendriez sa fine
laine pour faire draps, sa
Mue peau pour faire cuir s
sa chair friande pour
nourrir Princes, & (i
petite-oye pieds :& teste
vous resteroient, & cornes
encore sur le marché-
Patience,dit Panurge,
tout ce que dites de cornerie
a esté corné aux
oreilles tant & tant de
fois,laissons ces vieilleties
; sottises nouvelles.
sont plus de InÍfea,
-- Ah qu'il dit bien! reprit
le Marchand, il merite
que mouton je luy
vende, ilestbon homme
: ç'a parlons daffaire.
Bon, dit Panurge eit
joye, vous venez au but,
6c n'auray plus besoinde
patience.
T C'a, dit le Marchand,
écoutez - mcy.j'écoute
dit Panurge.
LE M. Approchez cette
oreilledroite.P.
ce. LE M. Et la gauche. l P. Hé bien. LE M. En
l'autre encore. P. N'enay
quecesdeux. LE M.Ouvrez
- les donc toutes
grandes. P. A vôtre commandement.
LE MARC.
Vous allez au pays des
Lanternois? P.Ouy. LE
M. Voir le monde? P,
Certes. LE M. Joyeusement
? P. Voire. Le M,
Sans vous fâcher P. N'en
ayd'envie. LEM. Vous
avez nom Robin. P. Si
VOUS voulez. LE MARC.
Voyez-vous ce Moutons
P. Vous me l'allez vendre,
LEM.Ilanom Robin
comme vous. Ha
9 ha
, ha.Vons allez au
pays des Lanternois voir
le motide,i.oyeuCement,'
sans vous fâcher, ne vous
fâchez - donc guere si
Robin mouton n'est pas
pour vous. Bez, bez
bez; & continua ainsi
bez, bez, aux oreillesdu
pauvre Panurge
) en le
mocquant de la lourderie.
Oh,patience,patience
, reprit Panurge, bai£
sant épaules & teste en
toute humilité
,
à bon
besoin de
-
patience qui
moutons vcut avoir de
Dindenaut; maisje vois
que vous me lanternifibolisez
airtfi pource que
me croyez pauvre here,
voulant acheter sans
payer, ou payer sans argent,
ôc-en ce vous irom- -
pez à la mine, car voicy
dequoyfaire emplette :
disantcela Panurge tire
ample & longue bourse,
que par cas fortuit, contre
son naturel avoit pleine
de Ducacons, de laquelle
opulence le Marchand
fut ébahi, & incontinent
gausserie ccfTa
à l'aspectd'objet tant respectable
comme est argent.
,
Par iceluy alleché
le Marchand demanda
quatre, cinq, six fois
plus que ne valloit le
mouton;à quoy Panurge
fit comme riche enfant
de Paris, le prit au
mot, de peur que mouton
ne luy échapa
,
&
tirant desa bourse le prix
exorbitant, sans autre
mot dire que patience
,
patience, lnie les deniers
, és mains du Marchand
, & choisit à même le
troupeau un grand &
* beau maistre mouton
qu'il emporta brandi
fous son bras
- ,car de
forceautant que demalin
vouloir avoit,cependant
le mouton cryoit,
bêloit Sccn consequance
naturelle, oyant celuy-
cy bêler,bêloient
ensemblement les autres
moutons, commedisant
en leur langage moutonnois,
ou menez-vous
nostre compagnon,
de
mêmedisoient maisen
langageplus articulé les
assistants à Panurge ou
,diantre menez-vous ce
- mouton,& qu'en allezvous
faire, à quoy répond
Panurge le mouton
n'est-il pas à moyy
l'ay bien payé& chacun
de son bienfait selon
qu'il s'avise,ce mouton
s'appelle Robin comme
moy3 Dindenaut l'a dit.
Robin mouton sçait bien * nager je le voisà sa
mine
,
& ce disant subitementjetta
son mouton
en pleine mer, criantnage
Robin, nâge mon mignon
: or Robin mouton
allant à l'eau
,
criant
bêlant; tous les autres
moutons criansbêlans
en pareilleintonation,
commencerent soy jetter
après Se fauter en merà
la file, figue le debat entr'eux
estoit à qui suivroit
le premier son compagnon
dans l'eau, car
nature afait de tousanimaux
mouton le plu»*
sot, & a suivre mauvais
exemple le plus enclin,
fors l'homme.
Le Marchand tout cecy
voyant demeura ftupesait
& tout cHrayey
s'efforçant à retenir fèsmoutons
de tout foi*
pouvoir, pendant quoy
Panurge en son fang
froid rancunier, luy disoit
, patienceDindeinatit.,
patience, & ne
vous bougez, ny tourmentez.,
Robin mouton
reviendra à nâge & ses
compagnons - le refuivront;
venez Robin, venez
mon fils, & ensuite
crioit aux oreilles de
Dindenaut ,., comme avoit
par Dindenaut esté
crié aux siennes en signe
de moquerie, bez, bez,
FinablementDindenaut
voyant perir tous ses
moutons en prit un grãd
& fort par la toison, cuidant
aintl luy retenant
retenir le reste
)
mais d.
mouton puissantentraîna
Dindenaut luy -mê'
me , en l'eau
,
& ce sut
lors que Panurge redoubla
de crier, nâge Robin
, nâge Dindenaut,
bez, bez, bez,tant que
par noyement, des moutons
Sedu Marchand sut
cette avanture finie,donc
donc Panurge ne rioit
que sous barbe, parce
que jamais on ne le vit
rire en plein,queje sçache.
Jecroirois bien que le
caractere de Panurge a
servi de modele pour celuy
de la Rancune. Moliere
a pris de ce seul Con-
-
te-cy deuxou trois Jeux
de Theatre, & la Fontaine
plusieurs bons mots.
Enfin nos meilleursAutheurs
ont puisé dans Rabelais
leur excellent comique,
&les Poëtes dit
Pont -neuf en ont tiré
leursplates boufoiincries.
Les Euripides & les Se-
-
neques ont pris dans Homere
le sublime de leur
Poësie, & les Nourrices
luy doivent leurs Contes
depeau-d'asne,leurs Ogres
qui mangent la
chair fraîche, sont descendus
en ligne droite du
Cyclope dontvousallez
voir Je Conte.
Voiladonc Homere 8t
Rabelais grands modeles
pour l'excellent & dangereux
exemples pour le
mauvais du plus bas
ordre. Homere & Rabelais
occupent les beaux
esprits; mais ils amusent
les petits enfants;humiliez-
vous grands Auteurs
vousestes hommes ;
l'homme a du petit 6C
du grand du haut & du
1 bas; c'est son partage r
& si quelqu'unde nos
Sçavants S'obfbiie à
trouver tout granddans
un Ancien, petitesse
dans -ce Moderne quelque
grand qu'ilsoitd'ailleurs
il prouve ce que ja*
Vance, qu'il ya du petit
c'k., du grand dans tous
les hommes.
Revenons à nos moutons,
diroit Rabelais,
m'avez parlé des moutons
de Dindenaut, si
faut-il trouver aussi moutons
en oeuvres d'Hojnere3
puisque és miens
moutons y a , ou ne se
point mester ny ingerer
de le mettre en paralelle
àl'encontre de moy.
Ouy
Ouy dea, repliquerai
je, on trouvera prou
de moutons dans I'oeuvre
grec, & hardiment
les paralelliserai avec
les vôtres, Maître François;
car avez dit,
ou vous, ou quelqu'un
de votre école, que
chou pourchou Aubervilliers
vaut bien Paris;
& dirai de même, que
moutons pour moutons
Rabelais vaut bienHomere
: or a-t-on déja vû
comme par malignité
Panurgienne moutons
de Dindenaut sauterent
en Iller; voyons donc
commeparastuce l'iyfsienne
moutons de Ciclope
lui fauteront fous
jambe, en sortant de sa
caverne.
LES MOUTONS
DU CYCLOPE. DAns l'isle des Cyclopes
où j'avois PrIsterre,
je descendisavec les plus
vaillans hommes de mon Vaisseau
,
je trouvai une caverne
d'une largeur étonnante. Le
Çyclope qui l'habitoit étoit
aux champs,où il avoit mené
paître ses troupeaux.Toute
sa caverne étoit dans un ordreque
nousadmirions. Les
agneaux separez d'un côté,
les chevreaux d'un autre, &c.On yoyoit là de grands
pots à conserver le lait , ici
des paniers de jonc, dans lesquels
il faiioic des fromages,
&c. Nous avions aporté du vin,
pris chez les Ciconiens, &c..
Nous buvions de ce vin, &
mangions les fromages du Cy.
clope, lors qu'il arriva.
Je fus effrayé en le voyant.
C'étoit un vaste corps comme
celui d'une montagne; il n'y
eut jamais un monstre plus
épouvantable: il portoit sur
ses épaules une charge efrrbois
sec; le bruit qu'il fit en le jettant
à terre à l'entrée de la
caverne, retentit si fort, que
tous mes compagnons saisis de
crainte,secacherent en differens
endroits de cette terrible
demeure.
Il fait entrertoutes ses brebis;
il ferme sa caverne, pousfant
une roche si haute & si
forte, qu'il auroit été impossible
de la mouvoir, à
force de boeufs ou de chevaux.
Je le voyois faire tout fou
ménage,tantôt tirer le lait
de ses brebis, & Enfin il
allume ion feu, & comme
l'obscurité qui nous avoit cachez
fut dissipée par cette
clarté, il nous apperçut : Qui
êtes-vous donc, nous dit-il
d'un ton menaçant 2 des Pirates,
qui pour piller & faire
perir les autres hommes,ne
craignez pas vous-même de
vous exposer sur la mer ?
Quoy ? des Marchands que
l'avarice fait passer d'un bout
de l'U nivers à l'autre pour
s'enrichir,entretenant le luxe
de leur Patrie ? êtes-vous des
vagabons qui courez les mers
par la vaine curiosité d'apprendre
ce qui se passe chez
autruy.
Je pris la parole, & luy dis
que nous étions de l'armée
d'Agamemnon
, que je le
priois de nous traiter avec
l'hospitalité que Jupiter a
commandée,& de se souvenir
que les Etrangers font
fous la protection des Dieux
> & que l'on doit craindre de
les offenser.
Tu es bien temeraire
, me dit-ilfïerement, de venir de
si loin me discourir sur la
crainte & sur l'obeïssance
que tu dis que je dois aux
Dieux:apprens que les Cyclopes
ne craignent ni vôtre
Jupiter ni vos Dieux: pour
n'avoir été nouris d'une chevre,
ils ne s'estiment pas moins
heureux, je verray ce que je
-
dois faire de toy ,
je n'iray
point consulter l'Oracle làdessus,
c'est mon affaire de
sçavoir ce que je veux, &c.
Je lui parlai encor pour tâcher
de l'adoucir: mais dédaignant
de me répondre, il
nous regardoit avec (on oeil
terrible; (car les Cyclopcs
n'en ont qu'un.) Enfin il se
saisit tout d'un coup de deux
de mes compagnons,& a près
les avoir élevez bien haut, il
les abbatit avec violence, &
leur écrasa la tête: il les met
bientôt en pieces,la terreest
couverte de leur sang, il est
ensanglanté lui-même:ce montre
, ce cruel monstre les
mange, les devore: Jugez en
quel état nous étions 2
Aprés s'être rassasié de cette
abominable maniere
,
il
but plusieurs cruches de lait,
& s'étendit pour dormir au
milieu de ses troupeaux. Combien
de fois eus-je dessein de
plonger mon épée dans son
corps ?&c.mais il auroit salu
périr dans cette cavernes
car il étoit impossible d'ôter
la pierrequi la fermoit : il falloit
donc attendre ce que sa
cruauté decideroit de nôtre
vie.
A peine ce cruel fut-il éveillé
qu'il se prépara un déjeuner
aussi funeste que le repas du
foir précèdent, deux de mes
camarades furent dévorez de
même
, a prèsquoy il fit sortir
aupâturage ses troupeaux, &
nous laissa enfermez dans la
caverne,enrepoussant la pesante
roche qui lui servoit de
porte.
Je cherchons dans monesprit
quelque moyen de punir
ce barbare, & de nous délivrer.
Il y avoit à l'entrée
de sa caverne unemassuë aussi
longueque le mats d'un navire
, nous en coupâmes de quoi
faire une autre massuë
, que
nous aiguisâmes pour executer
mon projetquandl'occa,-
sion seroit venuë.
Le Cyclope rentra, &recommenca
un autre repas aus-
- sifuneste à deux autres de mes
compagnons, que ceux que
je vous ay racontez;je m'approchai
de lui portant en main
un vase de ce vin admirable
quenous avions. Buvez.; lui
dis-je,peut-êtremesçaurez-voui
gré du present que je vous offre,
¿y.,c.Il prit la coupe, la but,
& y ayant pris un extrême
plaisir, il voulut sçavoir mon
nom, & promit de metraiter
avec hospitalité.
Je remplis sa coupe une autre
fais, ill'avale avec plaisir,
il ne paroissoit plus avoir cet-
-
te cruauté qui nous effrayoit,
je caressois ce monstre, Cije
tâchois de le gagner par la
douceur de mes paroles, il
revenoit toûjours à me demander
mon nom.
Dans l'embarras où j'étois
je luy fis accroire que je me
nommoisPersonnes alors pour
récompense de mes caressés
& demon vin,il me dit:
Eh bien, Personne, tous tes
camarades passeront devant
toy >
je te reserve pour être
le dernier que je mangeray.
Il s'étendit à terre en me
prononçant ces terribles paroles
>
le vin & le sommeil
l'accablcrent 6c c'étoit
ce que j'attendois;j'allay
prendre ma Massuë, j'allumay
la pointe dans le feu
que le Cyclope avoit couvert
de cendres,nous a pprochons
du Cyclope, pendant que
quatre de mes compagnons
enfoncent ce bois& ce feu
dans son oeil, j'aidois à le
déraciner, &c.
Apres l'avoir aveuglé de
-
cette maniéré nous nous étions
retirez loin de luy, & nous
attendions quel seroit l'effet
de sa rage & de ses cris. Un
grand nombre deCyclopes,
qui avoient entendu les heurlemens
accoururent à sa porte,
& luy demandoient : qui
est-ce qui peut vous avoir attaquédans
vôtre Maison ?
Comme celui-cy s'étoit persuadé
que je me nommois
Personne, il ne pouvoir leur
faire comprendre qu'il yavoit
un ennemi en dedans qui l'avoit
maltraittè,ilsentendoiét
qu'iln'avoitété blessé de per- sonne.ainsi par cet équivoque
les Cyclopes se retirèrent
, en disant: c'est donc
une affiction que Jupitert'envoye
, il faut plier sous les
coups de sa colere.
Je fus ravi d'entendre que
ces Cyclopes le retiroient:
cependant celui-cy,outré de
rage,alloit de côté & d'autre
dans sa Caverne, étendant
les bras pour nous prendre
, mais rien n'étoit plus
aisé que de luy échapper,
l'espace étoit grand, & il ne
voyoit goutte, &c..-
Il prit enfin le party d'ouvrir
à demy sa Caverne, de
sortequ'il n'y avoit de place
que pour sortir trois ou quatre
ensemble, il crut qu'il nous
arrêteroit au passage: il se met
au milieu, qu'il occupoit, étendant les bras & les jambes,
& faisoit sortir ses Moutons
,qu'il tâtoit les uns aprés
les autres; nous ne donnâmes
pas dans un piége si grossier
, cependant il falloit sortir
ou périr; je repassois en
mon esprit une infinité de
stracagêmes ; Enfin ayant
choisi neuf desplus forts Beliers,
je les attachay trois à
trois, je liay fou-s leur ventre
mes neuf compagnons restez,
qui passerent de- cette sorte
ians être reconnus, je tentay
le même hasard pour moy^
il y avoitun Belier plusgrand
que tous les autres, je me cache
aussi fous son ventre, le
- Cyçlope le reconnoît à l'é- passeur de sa laine, le careslè
& le retient, comment,
disoit-il, tu n'es pas aujourd'huylepremier
au pâturage
? tu es touché de l'aÍfliél-ioa
de ton Maître, tu ne vois plus
cet oeil qui te conduisoit &:
que tu connoissois,un traître
me l'a arraché,tu me montrerois
ce traître si tu pouvois
m'exprimer ta fidélité, si jele
tenoiscesceelerat,&c.Enfin
ce monstre occupé de sa
rage & de savengeance,laisse
passerleBelier que je tenois
embrasse par la laine de son
col, & c'est ainsi. que nous
voyant tous en liberté, nous
respirâmesavec plaisir.
J'ai choisi de bonne foi
pour opposer aux contes
de Rabelais, un desmeilleurs
de l'Odiffée
; car
mon but principal est
d'orner mon paralelle, &:
non de dégrader Homere.
Convenons qu'il y a
une poësie excellente dans
les endroits même où il
manque de justesse & de
bon sens.. quel mot m'est
échappé? mais je me dédiray
quand on voudra,
ôcà force deraisonnemens
& d'interprétations
,
je
trouveray par tout du
bon sens n'en fut-il point.
On n'aura pas de peine
àen trouver beaucoup
dans
dans les discours que le
Cyclope tient à Ulysse;
le premier contient une
morale admirable. Qui
êtes-vous? luy-dit-il ,
des
Pirates, Cc. Il joint dans
le second à une noble fierté
contre Jupiter, une
raillerie fine & delicate.
se riirai point consulter
l'aracle, &c. Ce Cyclope,
ce monstre ell un
Aigle pour l'esprit
: mais,
tout a coup, avant même
que d'avoir bû, il devint
stupide comme un boeuf,
il se couche & s'endort
tranquillement au milieu:
de ses ennemis armez,aprés
avoir dévoré deux de
leurs compagnons.
Ce Cyclope establir
d'abord que les Cyclopes
ne reconnoissent
,
ni ne
craignent point Jupiter,
ni les autres Dieux: & ces
mêmes Cyclopes un moment
apres, trompezpar
l'équivoque & mauvaise
turlupinade du mot de
Personne, croyent pieusement
que les heurlemens
du monstre sont une juste
punition des Dieux, ôc
semblent même par une
crédulité respedueusen'o
fer entrer dans la caverne
du Cyclope, pour s'éclaircir
du fait. Mais j'ay
promis d'éviter la dissertation
dans ce paralelle-cy ;
nous trouverons assez
d'autres occasions de critique
dans Homere, &
beaucoup plus dans Rabelais.
Finissons par un petit
conte de ce dernier.
ES
LA FEMME
MUETE.
DAns
un certain Pays
barbare & non policé en
moeurs, y avoit aucuns
maris bourus, & à chef
mal tymbré
, ce que ne
voyons mie parmy nos
maris Parisiens, dont
grande partie, ou tous
pour le moins, sont merveilleusement
raisonnans,
& raisonnables;aussi onc
ne vit-on arriver à Paris
grabuge ni maleficeentre
maris & femmes.
Or en ce Pays-là, tant
different de celui-cinôtre,
y avoit un mary si pervers
d'entendement, qu'ayant
acquis par mariage une
femme muete,s'en ennuya
& voulant soy guerir de
cet ennuy & elle de sa
mueterie, le bon & inconsideré
mary voulut qu'-
elle parlât, & pour ce
eut recours à l'art des Medecins
& Chirurgiens, qui
pour la démuetirluiinciserent
& bistouriserent un.
enciligloteadherâtaufilet.
bref, elle recouvra santé
de langue, & icelle langue
voulant recuperer l'oysiveté
passée, elle parla tant,
tant & tant,quec'estoit
benediction
;
si
ne laissa
pourtant le mary bouru
de se lasserde si plantheureuse
parlerie : il recourut
au Medecin, le priant &
conjurant, qu'autant il
avoit mis de science en oeuvre,
pour faire caq ueter sa
femme muete, autant il en
employât pour la faire taire.
Alors le Medecin confessantque
limitéest le sçavoir
médicinal,lui dit qu'il
avoit bi^n pouvoi r de
faire
parler femme
; mais que
faudroit arc bien pluspuisfant
pour la faire taire. Ce
monobstant le mari suplia,
pressa, insista, persista, si
que le sçavantissime docteur
découvrit en un coin
des registres de son cerveau
remede unique, &
specifique contre iceluy
interminable parlement
de femme,& ce remede
c'est surdité du mary. Ouidà,
fort bien, dit le mari :
mais de ces deux maux
voyons quel fera le pire,ou
entendre sa femme parler,
ou ne rien entendre du
tout; Le cas est suspensif,
&: pendant que ce mari
là-dessus en suspens estoit,
Medecin d'operer, Medecin
de medicamenter,par
provision, sauf à consulter
par apré1s.
Bref par certain charme
de sortilege medicinal
le pauvre mari se trouva
sourd avant qu'il eût acheve
de déliberer s'il confentiroit
à surdité
:
Lyvoila
donc, & il s'y tient faute
de
de mieux, & c'est comme
il faudroit agir en opérations
de medecine, Qu'arriva-
t-il? e'cousez.ôcvous
lesçaurez. :A'J:\ -J Le Medecinàhalde besogne
demandoitforce
argent:mais c'est à quoy
ce maryne peut entendre;
car il est sourd comme
voyez, le Medecin pourtant
par beaux signes &c
gestes significatifs argent
demandait& redemadoit
jusqu'às'irriter & colerier:
mais en pareil cas gestes
ne font entendus, à peine
entent-on paroles bien articulées
,ou écritures attestées
& réiterées par Sergens
intelligibles. Le Medecin
donc se vit contraint
de rendre l'oüie au sourd,
afin qu'il entendît à payement,
& le mary de rire,
entendant qu'ilentendoit,
puis de pleurer par prévovoyance
de ce qu'il n'entendroit
pas Dieu tonner,
désqu'il entendroit parler
sa femme.Or, de tout ceci
resulte, conclusion
moralement morale, qui
dit,qu'en cas de maladie
& de femmes épousées,
le mieux est de le tenir
comme on eit de peur de
pis.
burlesque.
Suite du Paralelle d'Homere&
deRabelais.
SAns interrompre le
paralelle d'Homere&
de Rabelais,je puis interrompre
les reflexions
comiques & serieuses
que j'ai commencéesfutcesdeux
Auteurs. Trop de réflexions
de fuite feroient
une dissertation
ennuyeuse
,
sur tout
pour les Dames, dont
j'ambitionne les suffrages;
elles ont legoût
plus delicat& plus vrai
que les hommes, dont
la pluspart se piquant
,de
<
critique profonde,
sont toûjours en garde
contre ce qui plaÎrjqui
ont, pour ainsidire,
emouue leur goût naturel
à force de science
dC de préjugez; en un
f- mot, qui jugent moins
par ce qu'ils sentent,
que par ce qu'ilssçavent.
Plusieurs Dames af.
fez contentes de quelques
endroits de mes
dissertations, se sont
plaint que les autres
netoient pas assez intelligibles
pour elles,
qui ne sont pasobligées
d'avoir lû Homere ni
Rabelais: il est vrai que
le Poete Grec est à presenttraduitenbonfrançois:
mais Rabelais est
encore du grec pour elles
; je vais donc tâcher
declaircir& de purifier
quelques morceaux de
Rabelais, pour les rendre
moins ennuyeux
aux Dames.
Ces extraits épurez
feront plaisir à celles
qui, curieuses de lire
Rabelais, n'ont jamais
voulu contenter leur
curiosité aux dépens de
leur modestie.
En donnantce qu'il
y a de meilleur dans
Rabelais, je fixerai la
curiosité de celles qui
en faveur du bon, auroient
risqué de lirele
mauvais.
Et s'il y en a quelqu'une
qui n'aiepû resister
à la tentation de
tout lire,elle pourra
citer Maître François à
l'abryde mes extraits,
sans être soupçonnée
d'auoir lu l'original.
Dans la derniere dissertation
j'ai opposé à
une harangue du sage
Nestor, une lettre écrite
à Gargantua par
Grandgousier son pere.
Vous avez vû que Rabelais
s'est mélé du fcrieux.;
Homere lemele
aussi quelquefois du
burlesque, autre sujet
de paralelle.Vousaurez
ici un conte heroïcomique
de l'Odissée, mais
commençons par un
conte de Rabelais;je ne
prétens qu'opposer le
premier coupd'oeil de
ces deuxcontes,&non.
pas les comparer exaétcment:
j'entrouverai
dans la fuite quelquestuinnss
ppluuss pprroopprreess aà eêttrree.
comparez ensemble.
Voici celui de Rabelais,
'f
donc j'ai feulement conservé
le fond, en a joûtant
& retranchant
tout ce que j'aicrû pouvoir
le rendre plus
agréable,& plusintelligible
aux Dames.
LES
LES MOUTONS
de Dindenaut.
<*. En une Naufou Navire
estoitletaciturnien.,
songe-creux,&malignement
intentionnéPanurge
: encemêmè Navire
estoit un Marchand de
moutonsnomméDindenaut,
hommegaillard,
raillard
,
grand rib leur
5
nurgetoutdébifié de mi-
Lie, 6c mal en point d'acouftrement
,
déhousillé
de chevelure
,
vesce
délabrée, éguillettes
rompues, boutons intermitans
chauffes pensantes,&:
lunettes pendues
au bonnet. Le Marchant
donc s'émancipa
en gausseriessur chaque
piece d'iceluy accoustrement,
mais specialement
sur ses lunettes : luy difarteavoir<
fçupar traciitioli
vulgaire que tout
homme arborant lunett
tes sur toûjours onc mal
voulu des femmes étranges
& vilipendé de la
siennedomestique ,sur
lesquels pronostics apostrophant
Panurge en son
honneur, l'appella je ne
sçay comment, id est,
d'un nom qui réveilla i«rPanurgedesaléthargie
^.rêveusej carrêvoitjuste
• en ce momentauxinconveniens
à venir de son
futur mariage. Holà,
holà
, mon bon Marchand
*,
dit d'abord Panurge
d'un air niais 8c
bonnasse, holà, vous disje,
car onc ne fus, ny ne
puis maintenant estre ce
-
que nul n'est que par mariage
: A quoy repart
Dindenaut, que marié
ou non mariée c'esttout
un ; car fruits de Cor-,
nuaille sont fruits précoces
j & m'est avisque
pour porter tels fruits ,
êtes fait &C moulé comme
de cire: ouy , cette
plante mordra sur~vôrre
chef comme chiendenc
sur terre graffe.
Ho ,
ho
,
ho
,
reprit
bonnement Panurge,
quartier, quartier, car
par la vertu- boeuf ou
asne que je suis, ne puis
avoir espritd'Aigle: perçant
les nuës,par quoy
gaudissez-vous de moy,
si c'est vostre plaisir ,
mais rien nerepliqueray
faute de répliqué : prenons
patience.
Patience vous duira
dit le Marchand, , comme
à tant d'autres. Patienceestvertu
maritale.
Patience soit imterrompit
Panurge, mais changeons
de propos : Vous
avez-là force beaux moutons,
m'envendriez-vous
bien un paravanture.
O le vaillant acheteur
de moutons, dit le Marchand.
Feriez volontiers
plus Convenablement
vous acheter un bon ha-,
bit pour quand vous E~
rez marié,habit de lné.)
nage ,
habit avenant ,
manteau profitable
chapeau commode, &,
panache de cerf.
Va-rience, dit Panurge,
& vendez-moy feulc,
ment un de vos Inou,
ton.
Tubleu
,
dit le Mat>
chand, ce seroit fortune
pour vous qu'un de ces
beliers. Vendriez sa fine
laine pour faire draps, sa
Mue peau pour faire cuir s
sa chair friande pour
nourrir Princes, & (i
petite-oye pieds :& teste
vous resteroient, & cornes
encore sur le marché-
Patience,dit Panurge,
tout ce que dites de cornerie
a esté corné aux
oreilles tant & tant de
fois,laissons ces vieilleties
; sottises nouvelles.
sont plus de InÍfea,
-- Ah qu'il dit bien! reprit
le Marchand, il merite
que mouton je luy
vende, ilestbon homme
: ç'a parlons daffaire.
Bon, dit Panurge eit
joye, vous venez au but,
6c n'auray plus besoinde
patience.
T C'a, dit le Marchand,
écoutez - mcy.j'écoute
dit Panurge.
LE M. Approchez cette
oreilledroite.P.
ce. LE M. Et la gauche. l P. Hé bien. LE M. En
l'autre encore. P. N'enay
quecesdeux. LE M.Ouvrez
- les donc toutes
grandes. P. A vôtre commandement.
LE MARC.
Vous allez au pays des
Lanternois? P.Ouy. LE
M. Voir le monde? P,
Certes. LE M. Joyeusement
? P. Voire. Le M,
Sans vous fâcher P. N'en
ayd'envie. LEM. Vous
avez nom Robin. P. Si
VOUS voulez. LE MARC.
Voyez-vous ce Moutons
P. Vous me l'allez vendre,
LEM.Ilanom Robin
comme vous. Ha
9 ha
, ha.Vons allez au
pays des Lanternois voir
le motide,i.oyeuCement,'
sans vous fâcher, ne vous
fâchez - donc guere si
Robin mouton n'est pas
pour vous. Bez, bez
bez; & continua ainsi
bez, bez, aux oreillesdu
pauvre Panurge
) en le
mocquant de la lourderie.
Oh,patience,patience
, reprit Panurge, bai£
sant épaules & teste en
toute humilité
,
à bon
besoin de
-
patience qui
moutons vcut avoir de
Dindenaut; maisje vois
que vous me lanternifibolisez
airtfi pource que
me croyez pauvre here,
voulant acheter sans
payer, ou payer sans argent,
ôc-en ce vous irom- -
pez à la mine, car voicy
dequoyfaire emplette :
disantcela Panurge tire
ample & longue bourse,
que par cas fortuit, contre
son naturel avoit pleine
de Ducacons, de laquelle
opulence le Marchand
fut ébahi, & incontinent
gausserie ccfTa
à l'aspectd'objet tant respectable
comme est argent.
,
Par iceluy alleché
le Marchand demanda
quatre, cinq, six fois
plus que ne valloit le
mouton;à quoy Panurge
fit comme riche enfant
de Paris, le prit au
mot, de peur que mouton
ne luy échapa
,
&
tirant desa bourse le prix
exorbitant, sans autre
mot dire que patience
,
patience, lnie les deniers
, és mains du Marchand
, & choisit à même le
troupeau un grand &
* beau maistre mouton
qu'il emporta brandi
fous son bras
- ,car de
forceautant que demalin
vouloir avoit,cependant
le mouton cryoit,
bêloit Sccn consequance
naturelle, oyant celuy-
cy bêler,bêloient
ensemblement les autres
moutons, commedisant
en leur langage moutonnois,
ou menez-vous
nostre compagnon,
de
mêmedisoient maisen
langageplus articulé les
assistants à Panurge ou
,diantre menez-vous ce
- mouton,& qu'en allezvous
faire, à quoy répond
Panurge le mouton
n'est-il pas à moyy
l'ay bien payé& chacun
de son bienfait selon
qu'il s'avise,ce mouton
s'appelle Robin comme
moy3 Dindenaut l'a dit.
Robin mouton sçait bien * nager je le voisà sa
mine
,
& ce disant subitementjetta
son mouton
en pleine mer, criantnage
Robin, nâge mon mignon
: or Robin mouton
allant à l'eau
,
criant
bêlant; tous les autres
moutons criansbêlans
en pareilleintonation,
commencerent soy jetter
après Se fauter en merà
la file, figue le debat entr'eux
estoit à qui suivroit
le premier son compagnon
dans l'eau, car
nature afait de tousanimaux
mouton le plu»*
sot, & a suivre mauvais
exemple le plus enclin,
fors l'homme.
Le Marchand tout cecy
voyant demeura ftupesait
& tout cHrayey
s'efforçant à retenir fèsmoutons
de tout foi*
pouvoir, pendant quoy
Panurge en son fang
froid rancunier, luy disoit
, patienceDindeinatit.,
patience, & ne
vous bougez, ny tourmentez.,
Robin mouton
reviendra à nâge & ses
compagnons - le refuivront;
venez Robin, venez
mon fils, & ensuite
crioit aux oreilles de
Dindenaut ,., comme avoit
par Dindenaut esté
crié aux siennes en signe
de moquerie, bez, bez,
FinablementDindenaut
voyant perir tous ses
moutons en prit un grãd
& fort par la toison, cuidant
aintl luy retenant
retenir le reste
)
mais d.
mouton puissantentraîna
Dindenaut luy -mê'
me , en l'eau
,
& ce sut
lors que Panurge redoubla
de crier, nâge Robin
, nâge Dindenaut,
bez, bez, bez,tant que
par noyement, des moutons
Sedu Marchand sut
cette avanture finie,donc
donc Panurge ne rioit
que sous barbe, parce
que jamais on ne le vit
rire en plein,queje sçache.
Jecroirois bien que le
caractere de Panurge a
servi de modele pour celuy
de la Rancune. Moliere
a pris de ce seul Con-
-
te-cy deuxou trois Jeux
de Theatre, & la Fontaine
plusieurs bons mots.
Enfin nos meilleursAutheurs
ont puisé dans Rabelais
leur excellent comique,
&les Poëtes dit
Pont -neuf en ont tiré
leursplates boufoiincries.
Les Euripides & les Se-
-
neques ont pris dans Homere
le sublime de leur
Poësie, & les Nourrices
luy doivent leurs Contes
depeau-d'asne,leurs Ogres
qui mangent la
chair fraîche, sont descendus
en ligne droite du
Cyclope dontvousallez
voir Je Conte.
Voiladonc Homere 8t
Rabelais grands modeles
pour l'excellent & dangereux
exemples pour le
mauvais du plus bas
ordre. Homere & Rabelais
occupent les beaux
esprits; mais ils amusent
les petits enfants;humiliez-
vous grands Auteurs
vousestes hommes ;
l'homme a du petit 6C
du grand du haut & du
1 bas; c'est son partage r
& si quelqu'unde nos
Sçavants S'obfbiie à
trouver tout granddans
un Ancien, petitesse
dans -ce Moderne quelque
grand qu'ilsoitd'ailleurs
il prouve ce que ja*
Vance, qu'il ya du petit
c'k., du grand dans tous
les hommes.
Revenons à nos moutons,
diroit Rabelais,
m'avez parlé des moutons
de Dindenaut, si
faut-il trouver aussi moutons
en oeuvres d'Hojnere3
puisque és miens
moutons y a , ou ne se
point mester ny ingerer
de le mettre en paralelle
àl'encontre de moy.
Ouy
Ouy dea, repliquerai
je, on trouvera prou
de moutons dans I'oeuvre
grec, & hardiment
les paralelliserai avec
les vôtres, Maître François;
car avez dit,
ou vous, ou quelqu'un
de votre école, que
chou pourchou Aubervilliers
vaut bien Paris;
& dirai de même, que
moutons pour moutons
Rabelais vaut bienHomere
: or a-t-on déja vû
comme par malignité
Panurgienne moutons
de Dindenaut sauterent
en Iller; voyons donc
commeparastuce l'iyfsienne
moutons de Ciclope
lui fauteront fous
jambe, en sortant de sa
caverne.
LES MOUTONS
DU CYCLOPE. DAns l'isle des Cyclopes
où j'avois PrIsterre,
je descendisavec les plus
vaillans hommes de mon Vaisseau
,
je trouvai une caverne
d'une largeur étonnante. Le
Çyclope qui l'habitoit étoit
aux champs,où il avoit mené
paître ses troupeaux.Toute
sa caverne étoit dans un ordreque
nousadmirions. Les
agneaux separez d'un côté,
les chevreaux d'un autre, &c.On yoyoit là de grands
pots à conserver le lait , ici
des paniers de jonc, dans lesquels
il faiioic des fromages,
&c. Nous avions aporté du vin,
pris chez les Ciconiens, &c..
Nous buvions de ce vin, &
mangions les fromages du Cy.
clope, lors qu'il arriva.
Je fus effrayé en le voyant.
C'étoit un vaste corps comme
celui d'une montagne; il n'y
eut jamais un monstre plus
épouvantable: il portoit sur
ses épaules une charge efrrbois
sec; le bruit qu'il fit en le jettant
à terre à l'entrée de la
caverne, retentit si fort, que
tous mes compagnons saisis de
crainte,secacherent en differens
endroits de cette terrible
demeure.
Il fait entrertoutes ses brebis;
il ferme sa caverne, pousfant
une roche si haute & si
forte, qu'il auroit été impossible
de la mouvoir, à
force de boeufs ou de chevaux.
Je le voyois faire tout fou
ménage,tantôt tirer le lait
de ses brebis, & Enfin il
allume ion feu, & comme
l'obscurité qui nous avoit cachez
fut dissipée par cette
clarté, il nous apperçut : Qui
êtes-vous donc, nous dit-il
d'un ton menaçant 2 des Pirates,
qui pour piller & faire
perir les autres hommes,ne
craignez pas vous-même de
vous exposer sur la mer ?
Quoy ? des Marchands que
l'avarice fait passer d'un bout
de l'U nivers à l'autre pour
s'enrichir,entretenant le luxe
de leur Patrie ? êtes-vous des
vagabons qui courez les mers
par la vaine curiosité d'apprendre
ce qui se passe chez
autruy.
Je pris la parole, & luy dis
que nous étions de l'armée
d'Agamemnon
, que je le
priois de nous traiter avec
l'hospitalité que Jupiter a
commandée,& de se souvenir
que les Etrangers font
fous la protection des Dieux
> & que l'on doit craindre de
les offenser.
Tu es bien temeraire
, me dit-ilfïerement, de venir de
si loin me discourir sur la
crainte & sur l'obeïssance
que tu dis que je dois aux
Dieux:apprens que les Cyclopes
ne craignent ni vôtre
Jupiter ni vos Dieux: pour
n'avoir été nouris d'une chevre,
ils ne s'estiment pas moins
heureux, je verray ce que je
-
dois faire de toy ,
je n'iray
point consulter l'Oracle làdessus,
c'est mon affaire de
sçavoir ce que je veux, &c.
Je lui parlai encor pour tâcher
de l'adoucir: mais dédaignant
de me répondre, il
nous regardoit avec (on oeil
terrible; (car les Cyclopcs
n'en ont qu'un.) Enfin il se
saisit tout d'un coup de deux
de mes compagnons,& a près
les avoir élevez bien haut, il
les abbatit avec violence, &
leur écrasa la tête: il les met
bientôt en pieces,la terreest
couverte de leur sang, il est
ensanglanté lui-même:ce montre
, ce cruel monstre les
mange, les devore: Jugez en
quel état nous étions 2
Aprés s'être rassasié de cette
abominable maniere
,
il
but plusieurs cruches de lait,
& s'étendit pour dormir au
milieu de ses troupeaux. Combien
de fois eus-je dessein de
plonger mon épée dans son
corps ?&c.mais il auroit salu
périr dans cette cavernes
car il étoit impossible d'ôter
la pierrequi la fermoit : il falloit
donc attendre ce que sa
cruauté decideroit de nôtre
vie.
A peine ce cruel fut-il éveillé
qu'il se prépara un déjeuner
aussi funeste que le repas du
foir précèdent, deux de mes
camarades furent dévorez de
même
, a prèsquoy il fit sortir
aupâturage ses troupeaux, &
nous laissa enfermez dans la
caverne,enrepoussant la pesante
roche qui lui servoit de
porte.
Je cherchons dans monesprit
quelque moyen de punir
ce barbare, & de nous délivrer.
Il y avoit à l'entrée
de sa caverne unemassuë aussi
longueque le mats d'un navire
, nous en coupâmes de quoi
faire une autre massuë
, que
nous aiguisâmes pour executer
mon projetquandl'occa,-
sion seroit venuë.
Le Cyclope rentra, &recommenca
un autre repas aus-
- sifuneste à deux autres de mes
compagnons, que ceux que
je vous ay racontez;je m'approchai
de lui portant en main
un vase de ce vin admirable
quenous avions. Buvez.; lui
dis-je,peut-êtremesçaurez-voui
gré du present que je vous offre,
¿y.,c.Il prit la coupe, la but,
& y ayant pris un extrême
plaisir, il voulut sçavoir mon
nom, & promit de metraiter
avec hospitalité.
Je remplis sa coupe une autre
fais, ill'avale avec plaisir,
il ne paroissoit plus avoir cet-
-
te cruauté qui nous effrayoit,
je caressois ce monstre, Cije
tâchois de le gagner par la
douceur de mes paroles, il
revenoit toûjours à me demander
mon nom.
Dans l'embarras où j'étois
je luy fis accroire que je me
nommoisPersonnes alors pour
récompense de mes caressés
& demon vin,il me dit:
Eh bien, Personne, tous tes
camarades passeront devant
toy >
je te reserve pour être
le dernier que je mangeray.
Il s'étendit à terre en me
prononçant ces terribles paroles
>
le vin & le sommeil
l'accablcrent 6c c'étoit
ce que j'attendois;j'allay
prendre ma Massuë, j'allumay
la pointe dans le feu
que le Cyclope avoit couvert
de cendres,nous a pprochons
du Cyclope, pendant que
quatre de mes compagnons
enfoncent ce bois& ce feu
dans son oeil, j'aidois à le
déraciner, &c.
Apres l'avoir aveuglé de
-
cette maniéré nous nous étions
retirez loin de luy, & nous
attendions quel seroit l'effet
de sa rage & de ses cris. Un
grand nombre deCyclopes,
qui avoient entendu les heurlemens
accoururent à sa porte,
& luy demandoient : qui
est-ce qui peut vous avoir attaquédans
vôtre Maison ?
Comme celui-cy s'étoit persuadé
que je me nommois
Personne, il ne pouvoir leur
faire comprendre qu'il yavoit
un ennemi en dedans qui l'avoit
maltraittè,ilsentendoiét
qu'iln'avoitété blessé de per- sonne.ainsi par cet équivoque
les Cyclopes se retirèrent
, en disant: c'est donc
une affiction que Jupitert'envoye
, il faut plier sous les
coups de sa colere.
Je fus ravi d'entendre que
ces Cyclopes le retiroient:
cependant celui-cy,outré de
rage,alloit de côté & d'autre
dans sa Caverne, étendant
les bras pour nous prendre
, mais rien n'étoit plus
aisé que de luy échapper,
l'espace étoit grand, & il ne
voyoit goutte, &c..-
Il prit enfin le party d'ouvrir
à demy sa Caverne, de
sortequ'il n'y avoit de place
que pour sortir trois ou quatre
ensemble, il crut qu'il nous
arrêteroit au passage: il se met
au milieu, qu'il occupoit, étendant les bras & les jambes,
& faisoit sortir ses Moutons
,qu'il tâtoit les uns aprés
les autres; nous ne donnâmes
pas dans un piége si grossier
, cependant il falloit sortir
ou périr; je repassois en
mon esprit une infinité de
stracagêmes ; Enfin ayant
choisi neuf desplus forts Beliers,
je les attachay trois à
trois, je liay fou-s leur ventre
mes neuf compagnons restez,
qui passerent de- cette sorte
ians être reconnus, je tentay
le même hasard pour moy^
il y avoitun Belier plusgrand
que tous les autres, je me cache
aussi fous son ventre, le
- Cyçlope le reconnoît à l'é- passeur de sa laine, le careslè
& le retient, comment,
disoit-il, tu n'es pas aujourd'huylepremier
au pâturage
? tu es touché de l'aÍfliél-ioa
de ton Maître, tu ne vois plus
cet oeil qui te conduisoit &:
que tu connoissois,un traître
me l'a arraché,tu me montrerois
ce traître si tu pouvois
m'exprimer ta fidélité, si jele
tenoiscesceelerat,&c.Enfin
ce monstre occupé de sa
rage & de savengeance,laisse
passerleBelier que je tenois
embrasse par la laine de son
col, & c'est ainsi. que nous
voyant tous en liberté, nous
respirâmesavec plaisir.
J'ai choisi de bonne foi
pour opposer aux contes
de Rabelais, un desmeilleurs
de l'Odiffée
; car
mon but principal est
d'orner mon paralelle, &:
non de dégrader Homere.
Convenons qu'il y a
une poësie excellente dans
les endroits même où il
manque de justesse & de
bon sens.. quel mot m'est
échappé? mais je me dédiray
quand on voudra,
ôcà force deraisonnemens
& d'interprétations
,
je
trouveray par tout du
bon sens n'en fut-il point.
On n'aura pas de peine
àen trouver beaucoup
dans
dans les discours que le
Cyclope tient à Ulysse;
le premier contient une
morale admirable. Qui
êtes-vous? luy-dit-il ,
des
Pirates, Cc. Il joint dans
le second à une noble fierté
contre Jupiter, une
raillerie fine & delicate.
se riirai point consulter
l'aracle, &c. Ce Cyclope,
ce monstre ell un
Aigle pour l'esprit
: mais,
tout a coup, avant même
que d'avoir bû, il devint
stupide comme un boeuf,
il se couche & s'endort
tranquillement au milieu:
de ses ennemis armez,aprés
avoir dévoré deux de
leurs compagnons.
Ce Cyclope establir
d'abord que les Cyclopes
ne reconnoissent
,
ni ne
craignent point Jupiter,
ni les autres Dieux: & ces
mêmes Cyclopes un moment
apres, trompezpar
l'équivoque & mauvaise
turlupinade du mot de
Personne, croyent pieusement
que les heurlemens
du monstre sont une juste
punition des Dieux, ôc
semblent même par une
crédulité respedueusen'o
fer entrer dans la caverne
du Cyclope, pour s'éclaircir
du fait. Mais j'ay
promis d'éviter la dissertation
dans ce paralelle-cy ;
nous trouverons assez
d'autres occasions de critique
dans Homere, &
beaucoup plus dans Rabelais.
Finissons par un petit
conte de ce dernier.
ES
LA FEMME
MUETE.
DAns
un certain Pays
barbare & non policé en
moeurs, y avoit aucuns
maris bourus, & à chef
mal tymbré
, ce que ne
voyons mie parmy nos
maris Parisiens, dont
grande partie, ou tous
pour le moins, sont merveilleusement
raisonnans,
& raisonnables;aussi onc
ne vit-on arriver à Paris
grabuge ni maleficeentre
maris & femmes.
Or en ce Pays-là, tant
different de celui-cinôtre,
y avoit un mary si pervers
d'entendement, qu'ayant
acquis par mariage une
femme muete,s'en ennuya
& voulant soy guerir de
cet ennuy & elle de sa
mueterie, le bon & inconsideré
mary voulut qu'-
elle parlât, & pour ce
eut recours à l'art des Medecins
& Chirurgiens, qui
pour la démuetirluiinciserent
& bistouriserent un.
enciligloteadherâtaufilet.
bref, elle recouvra santé
de langue, & icelle langue
voulant recuperer l'oysiveté
passée, elle parla tant,
tant & tant,quec'estoit
benediction
;
si
ne laissa
pourtant le mary bouru
de se lasserde si plantheureuse
parlerie : il recourut
au Medecin, le priant &
conjurant, qu'autant il
avoit mis de science en oeuvre,
pour faire caq ueter sa
femme muete, autant il en
employât pour la faire taire.
Alors le Medecin confessantque
limitéest le sçavoir
médicinal,lui dit qu'il
avoit bi^n pouvoi r de
faire
parler femme
; mais que
faudroit arc bien pluspuisfant
pour la faire taire. Ce
monobstant le mari suplia,
pressa, insista, persista, si
que le sçavantissime docteur
découvrit en un coin
des registres de son cerveau
remede unique, &
specifique contre iceluy
interminable parlement
de femme,& ce remede
c'est surdité du mary. Ouidà,
fort bien, dit le mari :
mais de ces deux maux
voyons quel fera le pire,ou
entendre sa femme parler,
ou ne rien entendre du
tout; Le cas est suspensif,
&: pendant que ce mari
là-dessus en suspens estoit,
Medecin d'operer, Medecin
de medicamenter,par
provision, sauf à consulter
par apré1s.
Bref par certain charme
de sortilege medicinal
le pauvre mari se trouva
sourd avant qu'il eût acheve
de déliberer s'il confentiroit
à surdité
:
Lyvoila
donc, & il s'y tient faute
de
de mieux, & c'est comme
il faudroit agir en opérations
de medecine, Qu'arriva-
t-il? e'cousez.ôcvous
lesçaurez. :A'J:\ -J Le Medecinàhalde besogne
demandoitforce
argent:mais c'est à quoy
ce maryne peut entendre;
car il est sourd comme
voyez, le Medecin pourtant
par beaux signes &c
gestes significatifs argent
demandait& redemadoit
jusqu'às'irriter & colerier:
mais en pareil cas gestes
ne font entendus, à peine
entent-on paroles bien articulées
,ou écritures attestées
& réiterées par Sergens
intelligibles. Le Medecin
donc se vit contraint
de rendre l'oüie au sourd,
afin qu'il entendît à payement,
& le mary de rire,
entendant qu'ilentendoit,
puis de pleurer par prévovoyance
de ce qu'il n'entendroit
pas Dieu tonner,
désqu'il entendroit parler
sa femme.Or, de tout ceci
resulte, conclusion
moralement morale, qui
dit,qu'en cas de maladie
& de femmes épousées,
le mieux est de le tenir
comme on eit de peur de
pis.
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Résumé : ARTICLE burlesque. Suite du Paralelle d'Homere & de Rabelais.
Le texte compare les œuvres d'Homère et de Rabelais, deux auteurs classiques, en mettant en lumière leurs aspects comiques et sérieux. L'auteur souhaite rendre les œuvres de Rabelais plus accessibles aux dames, qui trouvent Homère plus intelligible grâce à une récente traduction en français. Pour ce faire, il entreprend de clarifier et de purifier certains passages de Rabelais afin de les rendre moins ennuyeux pour un public féminin. L'auteur présente ensuite un conte de Rabelais, 'Les Moutons de Dindenaut', qu'il a adapté pour le rendre plus agréable et intelligible. Ce conte met en scène Panurge, un personnage de Rabelais, et un marchand de moutons nommé Dindenaut. Panurge achète un mouton nommé Robin et le jette à la mer, provoquant une réaction en chaîne où tous les moutons suivent Robin et se noient. Le marchand, tentant de retenir ses moutons, se noie également. Le texte compare ce conte à un épisode de l'Odyssée d'Homère, où les moutons du Cyclope jouent un rôle similaire. L'auteur souligne que les meilleurs auteurs ont puisé dans Rabelais et Homère pour leur comique et leur sublime, respectivement. Il conclut en affirmant que ces auteurs sont des modèles pour le meilleur et le pire, et que tous les hommes ont en eux du petit et du grand. Par ailleurs, le texte relate un épisode de l'Odyssée où Ulysse et ses compagnons sont capturés par un Cyclope. Ulysse tente de convaincre le Cyclope de les traiter avec hospitalité, invoquant la protection des dieux, mais le Cyclope refuse, affirmant qu'il ne craint ni Jupiter ni les dieux. Il dévore plusieurs compagnons d'Ulysse et les laisse enfermés dans sa caverne. Ulysse, cherchant un moyen de se venger, prépare une massue avec ses compagnons. Lors du retour du Cyclope, Ulysse lui offre du vin pour l'endormir. Profitant de son sommeil, Ulysse et ses hommes lui crevent l'œil avec la massue chauffée à blanc. Aveuglé, le Cyclope appelle à l'aide, mais ses semblables, trompés par l'équivoque du nom 'Personne', ne lui portent pas secours. Ulysse et ses hommes s'échappent en s'accrochant sous les moutons du Cyclope. Le texte se termine par une réflexion sur la poésie d'Homère, soulignant la moralité et la finesse des discours du Cyclope.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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513
p. 3-27
« En annonçant dans le Mercure dernier un Livre nouveau, j' [...] »
Début :
En annonçant dans le Mercure dernier un Livre nouveau, j' [...]
Mots clefs :
Auteur, Livre, Ouvrage, Poète, Art poétique, Horace, Quintilien, Vin, Anciens, Rire, Notes, Réputation, Ovide, Homère, Traduction
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « En annonçant dans le Mercure dernier un Livre nouveau, j' [...] »
LITTERATVRE. EN annonçant dans
le Mercure dernier
un Livre nouveau, j'ay
promisd'en parler ce
mois cy ,
c'est un Livre
tres-varié,rempli d'érudition,
& capable de vous
remetrre dans l'idée les
réglés de la composition
&dubon goust.
D'abord on y voit une
Traduction en vers de ïArt
portique d'Horace: c'est ce
qui sert de titre au Livre,
il y a ensuite quantité de
Notes curieuses, les unes
de l'Autheur
,
& les autres
citées de plusieurs Grecs
& Latins, dont voicy quelques-
unes.
-
L'Art poëtique d'H O*
RACE est une Lettre
qu'il écrit aux PISONS.
Ces PIS O N S estoientle
frere & les neveux de Calpurnie
Epouse deJules Cesar,
& fille de Lucius Pison.
La premiere réglé de
l'éloquence, c'est d'estre
clair; & la seconde
,
de
n'estre pas diffus.
MARITAL dit que
les ouvrages-où il n'y a
rien: à retrancher, ne sont
jamais trop longs.
Lalime,ditQUINTILIEN,
doit polir & non
pas affoiblir, & user, pour
ainsi dire,un ouvrage.
J'ay veu dans un Autheur
François, travaillez
vostre ouvrage jusqu'à ce
qu'il foit au point qu'on
ne s'appercoive pas qu'il
vous a cousté beaucoup
de travail.
PROPERCE compare
l'Autheur dont le stile
n'est ny trop enflé ny
trop simple
,
là un Marinier
qui rase le rivage avec
un de ses avirons, & qui
fend les flots avec l'autre.
LONGINdonne pour
exemple de l'enfleure. ces
pensées
- cy Faire du vent
Boréeson joueur de jiute.-
Et cetautre: Jupitercrache
des neiges contre les Alpes^.
Exemples du vray sublime
:HOMEREpeint
la
-
Discorde la teste dans les
-
Cieux, & les pieds sur la
terre. Et quand il parle de
Neptune il dit:
Que Neptune marchant dans
les vastescampagnes Fait , tremblersousses pieds&
forests & montagnes. Ilfaitdireà AJAXqui
voit l'Armée des Grecs
couverte tout à coup d'épaisses
tenebres.
Grand Dieu chasses la nuit
qui nous couvre lesyeux,
Et combats contre nous à la
clarté des Cieux.
Caraéteres différents de
poësie traduirs d'Ovide
par l'Autheur,
Vous qui que vous soyez à
Censeur trop severe,
Jugez, de nos travauxselon leur
caraïlere,
C'est au Vers Heroïque à chanter
les combats:
Quelleplaceytiendroient Venus
& les appas;
La grandeur, le couroux sont du
stile tragique,
Maisles sujets communs regardent
le comique,
L'Iambe libre cft propre à lancer
son venin,
Soit qu'il coure tousjours, ou qu'il
boite à la fin.
Les Amours, leurs carquois,
l'inconstante Silvie,
Sont les dignessujets de la tendre
Elegie.
Pour celebrer Cidippe,Homere
ny ses Vers,
N'y doivent point paroistre aux
yeux de l'univers.
Achile convient mal au ton de
Callimaque
, - Et Thais ne doit pas imiter
Andromaque.
L'autheur dit à propos
de la force du pathétique,
que nous pleurons en voyant
pleurer, que nous
rions en voyant rire,&cela
par une raison phisique à
peu pres semblableàcelle
qui
fait
remuer les cordes
de plusieurs instruments
qui sont dans une mesme
chambre, avec un autre
dont on touchera fortement
les cordes montées
au mesme ton que cellesde
ces autres instruments
quirefonneront sans qu'on
les touche, &c. Ilyaainsi
à peu prés dans tous les
hommes des nerfs montez
, pour ainsi dire, au
mesme ton, & c'est ce
qu'on appelle fimpathie,
&c.
Comme nous nous sentons
capables des mesmes
maux, & des mesmes biens
que nous voyons ressentir
aux autres, nous sommes
remuez par les mesmes
sentiments £ la veuë du
bien ou du mal qui leur
arrive.
L'autheur fait plusieurs
remarques sensées sur diferents
Poëmes, anciens
& modernes.
Puisque les Poèmes sont
des imications
,
dit-il,ils
doivent sans doute imiter:
mais ils ne doivent pas
imiter une aaion
violer les réglés de la poësie.
Corneille a tellement
imité le combat de son
Horace, que sa pieces'est
trouvéefinie au troisiéme
Acte. Le voila fort à l'estroit,
comment se tirerat'il
de ce paslà? Il ne l'a
peu sans violer l'unité de
l'action,ilest obligé d'adjouster
le meurtre de Camille
pour donnerune juste
estenduëà sa Tragédie;
dans le Cid&ailleurs
il ne sort de pareils embarras
qu'en violant l'unité
du temps,ou celle du
lieu, &c.
A propos, de lamaniere
doncon doit commencer unpoëme,JULES SCALIGER
donne pour exemple
d'un Exorde régulier
celuy de Lucain,qui
dans son poëme sur la
guerre civile, place tout
d'un coup Cesar au partage
du Rubicon,d'où estant
s
declaré ennemy de lapatrie
par le Senat, il est forcé
d'entreprendre cette
guerre.
Un Poëte François a dit
que le vin estoit legrand cheval
des Poètes. Une peau de
bouc pleine de vin estoit
autrefois un prix que remportoit
le Poëte qui avoit
le mieux reüssi dans la Tragedie
; en voicy la raison :
cette forte de poëme neftoit
au commencement
que des chansons en l'honneur
de Bacchus, auquel
on sacrifioit un bouc comme
animal contraire à la
vigne, on rempliffoit de
vin la peau du bouc, &on
la donnoic au Poëce.
Aprés les Notes sur
l'Art Poétique
,
il y a plusieurs
petites traductions
de différentes pieces d'Horace,
d'Ovide, de Petrone,
& avec des Notes donc
voicy quelques-unes.
Lucille estoit un Poète
latin que Juvenal appelle
l'illustre nourrissond'Auronce.
Ce Poëte avoit
composé trente Satyres.
Horace dit dans sa premiere
Satyre du second Livre;
que Lucille confioit ses
secrets à ses Livres, qu'il
n'alloit point ailleurs décharger
son coeur,ce qui
a fait qu'on a trouvé la vie
de ce vieillard peinte dans
ses ouvrages comme dans
un tableau.
,
4 On croiroit que les expressions
de avoir bon neK ,
avoirle ne7, fin, feroient
basses & impropres pour
exprimer avoirl'espritbon,
l'espritsubstil maisHorace,
Perse, & Martial l'ont anpobli
en remployant dans
ce sens. La
- La Comedie a pour but
de réjoüir & d'instruire;
les mimes estoient des
poemes qui n'avoient pour
but que de faire rire, c'estoit
les farces de ce temps-
}'1à.0. Quintilien emploie un
long Chapitre à traiter du
Ris, il est estonnéque paroissant
chose si peu importante
, il ait quelquefois
des effets si estonnants.
Un Ris excité à propos
peut changer l'estat des
affaires les plus importanles,
il empesche quelque-,
fois les fuites fafcheufesde
la haine, de la colere,&c.
& fait succeder la douceur
la bénignité, laclemence.
Par exemple, deux jeunes
Tarentis furent amenez
devant le Roy Pyrrus,
parce que dans un repas
ils avoient eu l'insolence
de parler mal de ce Prince
; voyant qu'ils ne pouvoient
nier le fait ny se
deffendre raisonnablement,
ils respondirent,
Sire
y
sila bouteille ne nous
avoitpas manque, vous eflick
mort,c'estoitfait de vous. Ce
bon mot calma la colere
de leur Juge en le faisant
rire.
Les vins de Falerne se
gardoient si long-temps,
que Petrone par le de bouteilles
de ce vin bouchées
avec foin, dont les étiquetes
marquoient que ce vin
avoic esté fumé fous le
Consul Opimus, cent ans
avant.
Diogenes
,
à propos des
superstitions sur les songes,
estoit indigné que les hom.
mes se tourmentassent au
lujetdessonges,& donnaient
si peu d'attention
aux avions qu'ils faisoient
estanteveillez.
Auguste avoir, dédié
dans son palais un Temple
, & une magnifique
Bibliothèque à Apollon,
où cinq Juges, du nombre
desquels estoit Tarpa, décidoient
du mérité des ouvrages
, que les Autheurs
y venoient lire.
Ennius, dit Quintilien
est semblable à , ces bois
que leur antiquité a consacrez
)
& dont les vieux
arbres font plus vénérables
qu'ils ne font beaux.
Les Anciens écrivoient
sur des tablettes couvertes
de cire,&ils se servoient
d'éguilles pointuës par un
bout, & plates par l'autre;
avec la pointe ils formoient
les caracteres, &
avec l'autre bout ils effaçoient
ce qu'ils avoient
écrit.
Traduction d'un Frag-
O ment d'Ovide.
Je le dis malgré moy ,
trahiffant
mes talents,
Retenez avec foin ces avis excellents
3
P()ulez-vous fuir l'amour ? que
vostre ame discrette
Evite les accents de tout tendre
Poëte:
Qallimaque aisement peut vous
rendre amoureux , Filetasestpour vous un Autheur
dangereux:
Safo plus fortement m'attache à
ma maistresse
Le vieux Anacreon augmente
ma tendresse
Est-on froid, ô Cinthie, en lisant
ton Amant?
Ou quelqu'un a-t-illeu Tibule
impunément ?
Des doux fons de Gallus quel
coeur peut se deffendre ?
Et les miens n'ont-ils fa* je ne
sfay quoy de tendre?
Martial ;Poëte Latin
estoit né à Bilbilis, ville,
de la Celtiberie en Espagne.
Il fut intime ami de
Stella) de Silius Italicus,
& de Pline le Jeune, qui
luy donna quelques secours
pour regagner sa patrie,
après avoir demeure
trente ans a Rome, peu
estimé apparemment pendant
sa vie, il addresse
cette Epigramme à Regule.
LA REPUTATION
des Poëtes.
Le Lecteur rarement aime un
Autheur en vie*,
A son gré des vivantspresquaucun
ne dit bien :
Qui cause cet abus ? Regule, cefi
l'envie,
De
De Pompée on rechercheainsi
le vieux portique,
son vil Temple, Catule
, efl
loué des vieillards,
A Virgile vivant, Quintus mort
fit la nique,
Et pour Homere en vie oit eut
trop peu d'égards.
Rarement le theatre applaudit
à Menandre
Pour fd seule , Corine, Ovide
est des appas, Cacher,-vous donc mon Livre, il
faut encore attendre,
Si la gloire ne vient quaprès
nostre trépas.
Wâ
Septemb. iju. C
A pres toutes ces traductions
l'Autheur fait une
dissertation sur les Autheurs
anciens & modernes
,
dont je donneray
quelques traits, & quelques
petits fragments de
Vers qui font tousjours
plaisir à voir rassemblez,
quoy qu'on les ait veus
ailleurs separément.
Comme ces morceaux
détachez ne demandent
nulle liaison
,
je les garderay
pour le mois prochain
; car je n'ay plus de
place dans cette partie
que pour la fuite de l'abrégé
de l'Iliade qui a
esté receu avec tant de
plaisir,que j'ay prié mon
amy de donner quelques
heures à la continuation
de cet ouvrage.
le Mercure dernier
un Livre nouveau, j'ay
promisd'en parler ce
mois cy ,
c'est un Livre
tres-varié,rempli d'érudition,
& capable de vous
remetrre dans l'idée les
réglés de la composition
&dubon goust.
D'abord on y voit une
Traduction en vers de ïArt
portique d'Horace: c'est ce
qui sert de titre au Livre,
il y a ensuite quantité de
Notes curieuses, les unes
de l'Autheur
,
& les autres
citées de plusieurs Grecs
& Latins, dont voicy quelques-
unes.
-
L'Art poëtique d'H O*
RACE est une Lettre
qu'il écrit aux PISONS.
Ces PIS O N S estoientle
frere & les neveux de Calpurnie
Epouse deJules Cesar,
& fille de Lucius Pison.
La premiere réglé de
l'éloquence, c'est d'estre
clair; & la seconde
,
de
n'estre pas diffus.
MARITAL dit que
les ouvrages-où il n'y a
rien: à retrancher, ne sont
jamais trop longs.
Lalime,ditQUINTILIEN,
doit polir & non
pas affoiblir, & user, pour
ainsi dire,un ouvrage.
J'ay veu dans un Autheur
François, travaillez
vostre ouvrage jusqu'à ce
qu'il foit au point qu'on
ne s'appercoive pas qu'il
vous a cousté beaucoup
de travail.
PROPERCE compare
l'Autheur dont le stile
n'est ny trop enflé ny
trop simple
,
là un Marinier
qui rase le rivage avec
un de ses avirons, & qui
fend les flots avec l'autre.
LONGINdonne pour
exemple de l'enfleure. ces
pensées
- cy Faire du vent
Boréeson joueur de jiute.-
Et cetautre: Jupitercrache
des neiges contre les Alpes^.
Exemples du vray sublime
:HOMEREpeint
la
-
Discorde la teste dans les
-
Cieux, & les pieds sur la
terre. Et quand il parle de
Neptune il dit:
Que Neptune marchant dans
les vastescampagnes Fait , tremblersousses pieds&
forests & montagnes. Ilfaitdireà AJAXqui
voit l'Armée des Grecs
couverte tout à coup d'épaisses
tenebres.
Grand Dieu chasses la nuit
qui nous couvre lesyeux,
Et combats contre nous à la
clarté des Cieux.
Caraéteres différents de
poësie traduirs d'Ovide
par l'Autheur,
Vous qui que vous soyez à
Censeur trop severe,
Jugez, de nos travauxselon leur
caraïlere,
C'est au Vers Heroïque à chanter
les combats:
Quelleplaceytiendroient Venus
& les appas;
La grandeur, le couroux sont du
stile tragique,
Maisles sujets communs regardent
le comique,
L'Iambe libre cft propre à lancer
son venin,
Soit qu'il coure tousjours, ou qu'il
boite à la fin.
Les Amours, leurs carquois,
l'inconstante Silvie,
Sont les dignessujets de la tendre
Elegie.
Pour celebrer Cidippe,Homere
ny ses Vers,
N'y doivent point paroistre aux
yeux de l'univers.
Achile convient mal au ton de
Callimaque
, - Et Thais ne doit pas imiter
Andromaque.
L'autheur dit à propos
de la force du pathétique,
que nous pleurons en voyant
pleurer, que nous
rions en voyant rire,&cela
par une raison phisique à
peu pres semblableàcelle
qui
fait
remuer les cordes
de plusieurs instruments
qui sont dans une mesme
chambre, avec un autre
dont on touchera fortement
les cordes montées
au mesme ton que cellesde
ces autres instruments
quirefonneront sans qu'on
les touche, &c. Ilyaainsi
à peu prés dans tous les
hommes des nerfs montez
, pour ainsi dire, au
mesme ton, & c'est ce
qu'on appelle fimpathie,
&c.
Comme nous nous sentons
capables des mesmes
maux, & des mesmes biens
que nous voyons ressentir
aux autres, nous sommes
remuez par les mesmes
sentiments £ la veuë du
bien ou du mal qui leur
arrive.
L'autheur fait plusieurs
remarques sensées sur diferents
Poëmes, anciens
& modernes.
Puisque les Poèmes sont
des imications
,
dit-il,ils
doivent sans doute imiter:
mais ils ne doivent pas
imiter une aaion
violer les réglés de la poësie.
Corneille a tellement
imité le combat de son
Horace, que sa pieces'est
trouvéefinie au troisiéme
Acte. Le voila fort à l'estroit,
comment se tirerat'il
de ce paslà? Il ne l'a
peu sans violer l'unité de
l'action,ilest obligé d'adjouster
le meurtre de Camille
pour donnerune juste
estenduëà sa Tragédie;
dans le Cid&ailleurs
il ne sort de pareils embarras
qu'en violant l'unité
du temps,ou celle du
lieu, &c.
A propos, de lamaniere
doncon doit commencer unpoëme,JULES SCALIGER
donne pour exemple
d'un Exorde régulier
celuy de Lucain,qui
dans son poëme sur la
guerre civile, place tout
d'un coup Cesar au partage
du Rubicon,d'où estant
s
declaré ennemy de lapatrie
par le Senat, il est forcé
d'entreprendre cette
guerre.
Un Poëte François a dit
que le vin estoit legrand cheval
des Poètes. Une peau de
bouc pleine de vin estoit
autrefois un prix que remportoit
le Poëte qui avoit
le mieux reüssi dans la Tragedie
; en voicy la raison :
cette forte de poëme neftoit
au commencement
que des chansons en l'honneur
de Bacchus, auquel
on sacrifioit un bouc comme
animal contraire à la
vigne, on rempliffoit de
vin la peau du bouc, &on
la donnoic au Poëce.
Aprés les Notes sur
l'Art Poétique
,
il y a plusieurs
petites traductions
de différentes pieces d'Horace,
d'Ovide, de Petrone,
& avec des Notes donc
voicy quelques-unes.
Lucille estoit un Poète
latin que Juvenal appelle
l'illustre nourrissond'Auronce.
Ce Poëte avoit
composé trente Satyres.
Horace dit dans sa premiere
Satyre du second Livre;
que Lucille confioit ses
secrets à ses Livres, qu'il
n'alloit point ailleurs décharger
son coeur,ce qui
a fait qu'on a trouvé la vie
de ce vieillard peinte dans
ses ouvrages comme dans
un tableau.
,
4 On croiroit que les expressions
de avoir bon neK ,
avoirle ne7, fin, feroient
basses & impropres pour
exprimer avoirl'espritbon,
l'espritsubstil maisHorace,
Perse, & Martial l'ont anpobli
en remployant dans
ce sens. La
- La Comedie a pour but
de réjoüir & d'instruire;
les mimes estoient des
poemes qui n'avoient pour
but que de faire rire, c'estoit
les farces de ce temps-
}'1à.0. Quintilien emploie un
long Chapitre à traiter du
Ris, il est estonnéque paroissant
chose si peu importante
, il ait quelquefois
des effets si estonnants.
Un Ris excité à propos
peut changer l'estat des
affaires les plus importanles,
il empesche quelque-,
fois les fuites fafcheufesde
la haine, de la colere,&c.
& fait succeder la douceur
la bénignité, laclemence.
Par exemple, deux jeunes
Tarentis furent amenez
devant le Roy Pyrrus,
parce que dans un repas
ils avoient eu l'insolence
de parler mal de ce Prince
; voyant qu'ils ne pouvoient
nier le fait ny se
deffendre raisonnablement,
ils respondirent,
Sire
y
sila bouteille ne nous
avoitpas manque, vous eflick
mort,c'estoitfait de vous. Ce
bon mot calma la colere
de leur Juge en le faisant
rire.
Les vins de Falerne se
gardoient si long-temps,
que Petrone par le de bouteilles
de ce vin bouchées
avec foin, dont les étiquetes
marquoient que ce vin
avoic esté fumé fous le
Consul Opimus, cent ans
avant.
Diogenes
,
à propos des
superstitions sur les songes,
estoit indigné que les hom.
mes se tourmentassent au
lujetdessonges,& donnaient
si peu d'attention
aux avions qu'ils faisoient
estanteveillez.
Auguste avoir, dédié
dans son palais un Temple
, & une magnifique
Bibliothèque à Apollon,
où cinq Juges, du nombre
desquels estoit Tarpa, décidoient
du mérité des ouvrages
, que les Autheurs
y venoient lire.
Ennius, dit Quintilien
est semblable à , ces bois
que leur antiquité a consacrez
)
& dont les vieux
arbres font plus vénérables
qu'ils ne font beaux.
Les Anciens écrivoient
sur des tablettes couvertes
de cire,&ils se servoient
d'éguilles pointuës par un
bout, & plates par l'autre;
avec la pointe ils formoient
les caracteres, &
avec l'autre bout ils effaçoient
ce qu'ils avoient
écrit.
Traduction d'un Frag-
O ment d'Ovide.
Je le dis malgré moy ,
trahiffant
mes talents,
Retenez avec foin ces avis excellents
3
P()ulez-vous fuir l'amour ? que
vostre ame discrette
Evite les accents de tout tendre
Poëte:
Qallimaque aisement peut vous
rendre amoureux , Filetasestpour vous un Autheur
dangereux:
Safo plus fortement m'attache à
ma maistresse
Le vieux Anacreon augmente
ma tendresse
Est-on froid, ô Cinthie, en lisant
ton Amant?
Ou quelqu'un a-t-illeu Tibule
impunément ?
Des doux fons de Gallus quel
coeur peut se deffendre ?
Et les miens n'ont-ils fa* je ne
sfay quoy de tendre?
Martial ;Poëte Latin
estoit né à Bilbilis, ville,
de la Celtiberie en Espagne.
Il fut intime ami de
Stella) de Silius Italicus,
& de Pline le Jeune, qui
luy donna quelques secours
pour regagner sa patrie,
après avoir demeure
trente ans a Rome, peu
estimé apparemment pendant
sa vie, il addresse
cette Epigramme à Regule.
LA REPUTATION
des Poëtes.
Le Lecteur rarement aime un
Autheur en vie*,
A son gré des vivantspresquaucun
ne dit bien :
Qui cause cet abus ? Regule, cefi
l'envie,
De
De Pompée on rechercheainsi
le vieux portique,
son vil Temple, Catule
, efl
loué des vieillards,
A Virgile vivant, Quintus mort
fit la nique,
Et pour Homere en vie oit eut
trop peu d'égards.
Rarement le theatre applaudit
à Menandre
Pour fd seule , Corine, Ovide
est des appas, Cacher,-vous donc mon Livre, il
faut encore attendre,
Si la gloire ne vient quaprès
nostre trépas.
Wâ
Septemb. iju. C
A pres toutes ces traductions
l'Autheur fait une
dissertation sur les Autheurs
anciens & modernes
,
dont je donneray
quelques traits, & quelques
petits fragments de
Vers qui font tousjours
plaisir à voir rassemblez,
quoy qu'on les ait veus
ailleurs separément.
Comme ces morceaux
détachez ne demandent
nulle liaison
,
je les garderay
pour le mois prochain
; car je n'ay plus de
place dans cette partie
que pour la fuite de l'abrégé
de l'Iliade qui a
esté receu avec tant de
plaisir,que j'ay prié mon
amy de donner quelques
heures à la continuation
de cet ouvrage.
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Résumé : « En annonçant dans le Mercure dernier un Livre nouveau, j' [...] »
Le texte annonce la publication d'un livre intitulé 'L'Art poétique d'Horace', qui présente une traduction en vers de l'œuvre d'Horace accompagnée de notes de l'auteur et de divers écrivains grecs et latins. Ce livre explore les règles de la composition poétique et du bon goût. Il aborde des réflexions sur l'éloquence, la clarté, et l'importance d'éviter la diffusion. Des exemples de styles poétiques sont fournis, comme celui de Properce comparant un auteur à un marinier. Le texte mentionne également des exemples de sublime et de pathétique, tels que les descriptions d'Homère. Il traite des différents caractères de la poésie et des règles de l'imitation dans les poèmes. Le livre discute des unités de l'action, du temps et du lieu dans les tragédies, en citant Corneille. Il inclut des anecdotes sur les poètes et leurs œuvres, comme celles de Lucille et Martial. Le livre contient aussi des traductions de pièces d'Horace, d'Ovide, et de Pétrone, accompagnées de notes. Enfin, le texte se termine par une promesse de continuer l'abrégé de l'Iliade dans un prochain numéro.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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514
p. 28-84
SUITE DE L'ABREGÉ de l'Iliade.
Début :
ARGUMENT du quatrième Livre. AVERTISSEMENT. On a mis dans la suite [...]
Mots clefs :
Troyens, Minerve, Grecs, Combat, Courage, Roi, Jupiter, Iliade, Bataille, Armes, Guerre, Dieu, Général, Junon, Javelot, Pandare, Diomède, Ménélas, Corps, Ordres, Char, Nestor, Chefs, Apollon, Fils, Armée, Agamemnon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE DE L'ABREGÉ de l'Iliade.
SUITE DE L'ABREGE
de tjÜadc.
ARGUMENT
du quatrième Livre.
AVERTISSEMENT.
On A mis dans la suite de
cet Extrait des cedilles ainsi
marquées",,Ellessignifient
dans les endroits où elles se
trouvent,que. le Poëtey fait
parler ses Heros.
LES Dieux estanc à Table
tiennent conseil sur les
affaires de Troyes, vers
I. 4.
Jupiter raille Junon &
Minerve, de ce que de
grandes Déesses. comme
elles se tiennent à l'écart
t
loin des combats, pendant
que Venus qui n'aime que
les jeux& les plaisirs - accompagne
son favori dans
tous les penIs. Il met en
délibération s'il faut rallumer
la guerre entre les
Troyens & les Grecs, ou
les reconcilier par l'exe-
-
cution du traité qu'ils ont
_aIt,,, 'Vers. 5.
19.
Cette proposicion cause
un violent dépit aux deux
Déesses qui préparoient les
plus grands malheurs aux
Troyens. Minerve dissimule
par prudence. Junon
éclatte, & a déclaré, quelque
resolution que l'on
prenne, qu'elle ne consentira
point à la paix.,,
vers 1o. 2. 9.
Jupiter a reproché à
Junon la cruauté avec laquelle
elle poursuit les
Troyens. Ilseplaintdela
violence qu'e lleluy fait en
le forçant de luy abandonner
une Ville qu'il a honorée
sur toutes les autres.
Il l'avertit qu'en revanche,
si jamais dans sa fureur
il veut détruire quelque
Ville qu'elle ait prise
fous sa protection
,
c'est
inutilement qu'elle voudra
s'y opposer.„ vers 30.49.
Junon luy dit qu'il
peut,quandilvoudra,dit
poser d'Argos, de Mycenes
)
& de Sparte; mais
qu'il n'est pas juste qu'elle
perde le fruit de toutes ses
peines. Que tout puissant
qu'il est, il doit avoir pour
elle des égards & de la
complaisance,puisqu'elle
est sa femme & sa soeur.
Enfin elle luy demande
-
qu'il ordonne à Minerve
de descendre dans l'armée
des Troyens pour les exciter
à enfraindre le fraite.
& à insulter les Grecs.,,
vers 50. 67.
Jupiter donne cet ordre
à Minerve.„La Déesse
descend, & dansla course
rapide elle paroist fous la
forme d'une exhalaison
qui s'allume dans l'air, &
qui se partage en mille
feux. Cesigne qui est veu
dans les deuxarmées est
interprété comme un préfage
ou de la fin ou de la
continuation de la - guerre.
35 vers 68. 85.
Minerve prend la réf.
semblance de Laodocus.
fils d'Antenor. Vatrouver
Pandarus fils de Lycaon.
Luy propose « de tirer une
fleche à Menelas. L'encourage
par la gloire qu'il
aura d'avoir abbattu un si
grand guerrier, & par la
recom pense qu'il doit attendre
de Paris. Elle luy
conseille de s'addreffer auparavant
à Apollon Lycien
pour le prier de diriger
le trait.» vers 86. 103.
L'intense Pandarus se
laisse persuader. Peinture
naïve de l'action de Pandarus,
& desmesuresqu'il
prend pour frapper juste
à son but. (Son arc estoit
fait des cornes d'unechevre
sauvage qu'il avoit tuée
à l'affust; chaque corne
avoit seize paumes, c'està-
dire cinq pieds & quatre
pouces.) Il promet une
Hecatombe à Apollon. Il
tire. Le trait part avec impetuosité,
perce le baudrier
,la cuirasse & la lame
de Menelas; entre dans la
chair sans penetrer bien
avant,(car Minerve avoit
pris foin d'affoiblir le coup,
semblable à une mere qui
voyant dormir son enfant,
détourne une mouche opiniastre
qui voudroit le piquer.)
Le fang qui coule
le longdesjambes de Menejas,
compare à la pourpre
dont une femme de
Meonie a peint l'yvoire le
plus blanc, pour en faire
les boffetes d'un mords qui
fait l'admiration & le desir
des plus braves Cavaliers,
filais qui est destiné pour
un Roy. "vers 104. 119.
Agamemnon est effraié
aussi bien que Menelas.
Menelas reprend courage.
Agamemnon éclate contre
la perfidie des Troyens.
Dit que Jupiter ne la laisfera
pas impunie. Prédit
la ruine deTroye. Il s'attendrit,
& ne peut cacher
à son frere la crainte qu'il
a de le perdre - vers 120.
182.
Menelas lera ssure&le
prie de ne point allarmer
les Grecs. n Agamemnon
luy dit « qu'il faut appeller
un Medecin.» Donne ordre
à Talthybius de faire
venir Machaon fils d'Esculape.
Le Herault obeït.
Trouve Machaon & « luy
parle.» Machaon vient.
Visite la playe, & succe
le sang,& y met un appareil
que le Centaure Chiron
avoit autrefois enseigné
à Esculape. vers 183.
ii9*
Cependant les Troyens
s'avancent en bataille. Les
Grecs reprennent leurs armes
, & ne respirent plus
que lecombat. Agamemnon
laissesonchar à Eurymedon
, avec ordre de ne
le pas tenir trop éloigné.
Il parcourt à pied toute
l'armée. « Anime par ses
discours ceux qu'il trouve
disposez à bien faire».
« Réprimandé les autres,»'
les compare à des faons de
biche Arrive prés de la
Gend'armerie Cretoise, la
trouve en bon estat, Idomenée
à la teste, Merion
à la queue.» IllouëIdomenée,
le fait ressouvenir
que dans toutes les occasions;
à la guerre, dans les
festins, il l'atousjours traité
avec distinction". Idomenée
respond « qu'illuy
fera tousjours fidelle».
Agamemnoncontinue son
chemin. Il trouve les deux
Ajax deja armez au milieu
de leurs bataillons; ( ces
bataillons comparez à des
troupeaux assemblez fous
leur pasteur, qui leur cherche
un asile contre l'orage
qu'il prévoit. ) Agamemnon
louë ces deux chefs,
& leur dit qu'il n'a pas besoin
de les exhorter». Il
passe au quartier du vieux
Nestor. Le trouve qui range
ses trou pes en bataille,
& qui encourage leurs
chefs. Noms de ces chefs.
De quelle manière Nestor
disposoit sa cavalerie &son.
infanterie.« Quels conseils
il donnoit à ses cavaliers
». «Sage vieillard,
dit Agamemnon transporté
de joye, plust aux Dieux
que vos forces respondissent
à vostre grand courage
ge, &c.» Nestor respond
» qu'il n'est plus au temps
où il tua de sa main le vaillant
Ereuthalion; mais que
tout vieux qu'il est on le
verra à la teste de ses ECcadrons,
LXquïl serautile
au moins par ses ordres &
par ses conseils
, que cest
là le partage des vieillards
». Agamemnonavance.
Trouve Peteus fils de
Menefthée & Ulysse qui
ne faisoient aucun mouvement
, parce que le bruit
de ce qui estoit arrivé dans
les deux armées n'estoit pas
encore venu jusqu'à eux-
« Il leur fait de sanglants
reproches de leur inaction
». «Ulyflc respond
avec fierte». Le Roy qui
le voitirrité, change de
ton, &«luy parle obligeamment
». Il poursuit
son chemin.VoitDiomede
sur son char avec Sthelenus
fils de Capancé. Diomedene
donnoit aucun
ordre pour le combat. Agamemnon
cc
luy reproche
d'avoir degeneré dela
vertu de son pere Tydée,
luy rappelle une occasion
d'éclat, ou Tydée signala
son courage contre les
Thebains». Diomede par
respect pour le Roy ne respond
rien.Sthelenus prend
la parole & dit(( qu'ils ne
meritent ny l'unny l'autre
ie reproche qu'on leur fait,
se piquent tous deux avec
raison d'estre plus braves
encore que leur pere».
Diomede represente à
Sthelcnus que le Roy qui a
le principal interest à tout
ce qui se passe, est en droit
de leur parler comme il
fait.„ Diomede en mef-
1
me temps faute de dessus
son char. - "veys 421. 419.
On voit marcher au
combat les nonbreufes
Phalanges des Grecs, semblables
à des flots amoncelez
par les vents. Elles
suivent leurschefs dans un
profond filen-ce, pour entendre
leurs ordres. Ilsemble
3
dit le Poëre, que cette
multitude innombrable de peuples
n'ait point de njoïx. Les
Troyens au contraire,
comme des brebis qui bêlent
dans un grand patu-
Tage, sont un bruit confus
qui resulte du mélange de
leurs voix & de la diversité
des langues de toure sorte
de peuples qui forment
leurarmée, vers411.438.
Les Troyens sont animez
par le Dieu Mars, &
les Grecs par la Déesse Minerve.
Ces deux Divinitez
font suivies de la Terreur,
de la Fuite & de l'insatiable
Discorde, Image poëtique
de la Discorde. Son
progrez. Ses effets. vers
43""45.
Les deux armées se joignent
J
& en viennent aux
mains. Description de leur
choc. Le bruit des guerriers
comparé à celuy que
font d'impetueux torrens
grossis par les pluyes. vers
446, 456.
Antiloque le premier tuë
Echepolus,un des plus braves
Troyens. Elephenor
General des Abantes, voulant
le dépouiller de ses
armes,est rué par Agenor.
Il se fait en cet endroit
une cruelle boucherie des
Grecs & des Troyens qui
se jettent les uns sur les autres
comme des loups affaniez.
Simoïsius (ainsi nom.
me parce que Ía mere accoucha
de luy sur les rives
du Simoïs) est tué à la fleur
de son âge par Ajax fils
de Telamon. Il tombe sur
la poussiere comme un jeune
peuplier abbattu par le
fer d'une coignée. Antiphus
un des filsdePriam,
veut venger la mort deSimoïsius.
illance son javelot
contre Ajax; mais il
rencontre au lieu de luy
Leucus compagnond'Ulysse.
Leucus tombe sur le
corps de Simoïssus qu'il entraisnoit.
Ulysseaffligéde
cette perte, s'approche des
Troyens d'un air terrible.
Regarde autour de luy
pour chercher sa victime.
Il lance son dard. Les
Troyens effrayez se retirent
en desordre. Le javelot
va frapper Democoon
fils naturel de Priam, &
lerenverse mort. Les Troyens
reculent. Hectorluymesmeestépouventé.
Les
Grecs enflez de ces avanta
ges vont chercher les
corps morts jusqu'au milieu
de la meslée pour les
entraisner.
entraisner. Apollon irrité
de leur audace se fait entendre
aux Troyens du
hautde la forteressed'Ilion,
les exhorte & les encourage
; leur represente sur
tout qu'Achille ne combat
point„. Minerve de son
colté anime les Grecs. Pi-,
roüs General des Thraces
tuë Diorés chefdes Epéens
aprés l'avoir blessé d'un
coup de pierre. Thoas General
des Etoliens lance
son javelot contre Piroiis,
& l'acheve de son épée. Ils
vont le dépoüiller de fe$
armes, mais il en est empesché
par les Thraces qui
tombent sur luy à coups
de piques,& l'obligent de
seretirer. vers 457. 539.
-
Homere parle des ex-
FJqics de cette journée
comme d'un grand sujet
d'admiration pour un homme
que Minerve auroic
conduit par la main, & à
qui elle auroit fait parcourir
sans danger tous les endroits
de la bataille. Il auroit
veu les Troyens&les
Grecs estendus les uns prés
des autres à la mesme place
où ils avoient combat-
EU. vers544.
AKGVMENT
du cinquièmeLivre.
La jour de cette action
Minerve augmente le courage
deDiomede. Deson
calque & de son bouclier
forcoitcontinuellementun
fçjXrfemblable à celuy de
Veftoitle qui paroistà lafin
àçl'Eflre'.LaDéessè pousse
ÇÇignprr-ier au milieu dela ~n~~ j, vers 1. 8.
o.
~~q~Phesep tous deux
fils de Darés Sacrificateur
deVulcain,poussent leur
char contreDiomede qui
estoit à pied. Phegée le
premier lance ion dard
contre luy sans le blesser.
Diomede le perce de son
javelot
, ôc l'estend mort
surla place. Idée n'ayant
pas le courage de sauver
le corps de son frere, prend
la suite. Vulcain le couvre
d'un nuage & le dérobe
aux poursuites de Diomede
j pour épargner àDarés
le chagrin de perdre Ces
deui filsenun jour. Diomede
fait emmener leurs
chevaux. Les Troyens
commencent à plier. Minerve
pour augmenter leur
desordre,ditàMars«qu'il
faut laisser combattre les
Troyens & les Grecs, &
ne plus resister aux ordres
de Ju piter.„ Elle le retire
du combat, & le fait repofer
sur les rives du Scamandre.
Les Grecs enfoncent
lesTroyens. * a/fw9.37,
Odius chef des Alizoniens
est tué par Agamenvnon.
Phestus par Idomenée.
Scamandrius par Me.
nelas. (Ce Scamandrius
estoit fort entendu dans
tout ce qui concerne la
charte, & avoit esté instruit
par Minerve.) Phereclus
est tué par Merion.
( Phereclus fils d'un habile
charpentier, avoir bâti les
vaisseaux que Pâris mena
en Grece.) Pedée fils naturel
d'Antenor
,
est tué
par Megés. Eurypile blesse
Hypsenor.(Hypsenorestoit
filsde Dolophionqui
estoit Sacrificateur du Scamandre.)
rUers Î7- 83-
Idomenéesemblable à
un fleuve, qui dans ion débordement
emporte tout
ce qui s'oppose à son passage,
renverse les barait.
lons des Troyens;rien ne
luy resiste. vers 85. 94.
Pandarus, pour arrester
son audace, luy tire une
flèche qui luy traverse l'épaule
droite, & croyant
l'avoir blessé mortellement
il s'en glorifie,,, Sthele*-
jius, ( à la prière deDiomede
) luy oste cette fléche.
Diomede prie Pallas
<c de luy prester son secours
pour se venger de
Pandarus
5
& le punir de
son orguëll.,,Pallas l'exauce.
Luy redonne toutes
ses forces & route sa
legereté.Elle luy dit,
qu'il peut aller hardiment
contre les Troyens;qu'elle
a dissipé le nuage qui
l'auroit empesché de discerner
les Dieux d'avec les
hommes
:
qu'il se garde
bien de combattre contre
les Immortels, si ce n'est
contre Venus sur qui elle
luy permet de tirer.„
vers 95. 132.
Minerve se retire. Diomede
qui se sent trois fois
plus fort qu'à l'ordinaire,
se jette au milieu des ennemis.
Est comparé à un
lion qu'un berger ablesse,
& qui devenu plus furieux;
se lance sur les brebis effrayées
qui se tapissent les
unes fous les autres pendant
que le berger se cache.
Diomedetuë d'abord
Astynoüs & Hypenor.
Ensuite Abas & Poluïde,
tous deux fils du vieux Eurydamas
qui estoit Interprete
des songes. Il marcheversThoon
&Xanthe
enfans de Phenops,prive
ce pere malheureux de ses
deux filsàla fois, &luy
laisse la douleur de voir que
sa successiondoitpassèrà
des collateraux esloignez.
Diomede., comme un lion
qui se jette surun troupeau
de boeufs, tombe encore surEchemon & Chromius
enfans de Priam, les préçipite
de leur char ,les dépoüille
de leurs armes, &
prend leurs chevaux.vers
133. 16s.
Enée qui voit tous ces
ravages, cherche Pandarus
a travers les picqucs &
les javelots. Ille joint de
l'exhorte à se servir encore
deson arc& de ses
traitscontre un homme
qui cause tant de defor-
-.
dres
, ( si ce n'est que ce
guerrier dangereux soit
quelqu'un des Immortels
irrité contre lesi Grecs) ,,.
Pandarus respond qu4»I
croit reconnoistreDiomede
à sa raille & à ses armes*
Que si ce guerrier n'est pas
un Dieu,aumoinsDiomede
ne peut faire tant de
prodiges sans le secours
d'une Divinité toute puisfante.
Se repent d'avoir
laissé chez luy, contre l'avis
de son pere, onze chars
inutiles par la crainte que
ses chevaux ne souffrissent
trop dans une ville affiegée.
Se plaintd'avoir desjablessé
deux des plusvaillans
hommes, sans autre
effet que de les avoir rendus
plus furieux. Jure que
s'il revoit sa patrie, il commencera
par bruler cet
arc & ces fléches qui l'ont
si mal servi.,, Enée luy
dit cC de monter sur son
char qui est tiré par cTcxcellens
chevaux, & luy
laisse le choix ou de tenir
les resnes, ou de combattre
contre Diomede. 9%
Pandarustc conseille à Enée
de conduire luy -
mesme
ses chevaux qui connoissent
savoix & sa main;
que pourluy il recevra
Diomede avec sa lance.
Ils montent tous deux sur
le char,& vont à toute
bride contre Diomede
(quiestà pied.) Sthelenus
qtuiitles voit venir, en aver- Diomede,&" luy conseille
de les éviter.,, Diomede
'c respond qu'il n'est
pas capable de fuir, & que
ces deuxennemis si redoutables
ne retournerons
point àTroye ;luy recommande
seulement dem*
mener les chevaux d'Eiree
aussitost qu'il fera vaincu; les chevaux d'Enée ef.,
toient de la race de ceux
dont Jupiter fit presentà
Tros. ),., 0tvers16(3.zyj,
Pandarus & Enée sont
en presence. de Diomede;
Pandarus-ile, premierdità
Diomede qu'iln'a peule
vaincre avec sa fléche,
mais qu'il fera peutestre
plus heureux avec son javelot.„
En mesme temps
il lance son dard qui perce
le bouclier jusqu'à la cuirasse.
Pandarus~s'écrie~
glorieux decesuccez. Diomede
luy dit qu'il a manqué
son coup. Le frappe
de son javelot que Minerve
conduisoit
, & qui traverse
depuis l'oeil jusqu'à
la gorge. Pandarus tombe
de son char. Enée se met
en devoir de deffendre: le
corps de sonamy. Diomede
prend une grosse pierre,
telle que deux hommes à
- peinel'auroient peu lever.
Il l'a jette contre Enée, &
luy brife la cuisse. Enée
tombe sur ces genoux &
s'affoiblit. Venus le prend
entre ses bras, le couvre
de sa robe, & l'emporte.
Sthelenus, qui se souvient
des ordres de Diomede 9
prend les chevaux d'Enée
les emmeine, les remetà
son amy Deïphilus, & va
rejoindre Diomede. Diomede
,qui a reconnu Venus
,
la poursuit avec un
-
dard
dard,&la blesse à la main.
Le fang immortel coule de
sa playe. Le fang desDieux
different de celuy des hommes,
& pourquoy.Venus
laisse tomber Enée,Apollon
le releve, le couvre
d'un nuage & l'emporte,
Diomede parle en termes
picquans à Venus qui se
retire tres-affligée. Iris l'a
soustient. Elles trouvent
Mars. Venus le conjure
de luyprester ses chevaux
pour s'en retourner dans
l'Olympe.„Mars luy donna
son char. Iris le conduit.
Elles arrivent en un
moment. Iris dérelle les
chevaux, & en prend soin-
Venus se laisse tomber sur
les genoux de Dioné sa
mere. Dipné luy demande
cc qui luy a fait cette
blesseure.,, Venus respond
ic que Diomede a eu cette
audace, & que ce nretl: plus
icy une guerre des Grecs
contre les Troyens,mais
desGrecscontre les Dieux.
Dioné la console
,
luy dit
que ce n'est pas la - première
fois que les Dieux
ont esté insu Irez. par leshommes.
( Exemples, de
Mars, de Junon, &de Pluton;)
Que Diomede doit
craindre de porter quelque
jour la peine de sa temerité.„
Dionéessuye le
fang qui coule de la blesseure
de sa fille. Venus est
guene en un moment. 'Vers
275- 417.
Junon & Minerve entretiennent
Jupiter de ce qui
vient d'arriver à Venus.
Ce Plaisanterie de Minerve
a ce sujer. Jupiter foufritsappelle
Venus & u. luy recommande
de ne plus s' exposer.
4, Diomede par trois fois
se jette sur Enée.) quoy
gqnapollon l'ait pris fous
sa protection. A la quatriéme
fois ce Dieu irrité
cc luy parle d'un ton
menaçant." Diomede se
retire. Apollon porte Enée
dans son Temple sur la Citadelle
de Pergame. Latone&
Diane ont foin ellesmesmes
de le panser. ven
432. 44^
Apollon voyant que le
combat s'echauffe autour
d'un phantofme qu'il avoit
formé ressemblant à Enéc
pour tromper les Grecs,
demande à Mars, «
s'il n'y
a pas moyen d'arrester ce
Diomede qui porte sa fureur
jusqu'a poursuivre les
Dieux,,,. Ensuiteilseretire
sur la Citadelle. Mars
prend la reffernblance d'Acamas
General des Thraces.
Va de rang en rang..
«Se fait entendreaux Tro..
yens & les anime.» Sarpedon
picque le courage de
Hector par le reproche
qu'il luy fait de son inaction
, & de la lascheté de
ses freres qui tremblent
,
comme des chiens timides
en presencedun lion.»
Hector, sans repliquer
faute de son char, un jave.
lot à la main, exhorte les
Troupes. LesTroyens se
rallient. LesEscadrons des
Grecs viennent fondre sur
eux. La poussiere qu'ils élevent,&
dontilssont tout
blanchis, comparée a celle
qui couvre ces monceaux
de paille que des vanneurs
ont separée d'avec le grain.
Le combat recommence.
Enée, qu'Apollon a retiré
du Temple où il l'avoit
mis, reparoist à la reste de
ses.troupes avec toute sa
vigueur. Les soldatstransl
portezdejoyefontsurpris
en meme tem ps de le revoir
siicst ; mais l'ardeur
du combatne leur permet
pas de l'interrogersur une
si prompte guerison. ira
449.518.
: Les Grecs animez, par
lpes dIeuxlAja.x, parUlysse, attendent
les Troyens de pied ferme
,SemblablesÀ desnuages:
aÍfemblez:, qui n'attendent
que le reveil des
vents endormis pourestre
mis en mouvement. vers
Jr9. J17-
Agamemnon donne (es
ordres « Exhorte ses soldats
» Ensuite il lance son
javelot & tueDeïcoon le
pluscher compagnon d'Enée.
Enée de son costé tue
Crethon & Orsiloqueensans
de Dioclés, qui avoir
pour ayeul le' fjeuve Alphée.
Crethon & Crbiloque
com parez à deux jeunes
lions, qui aprèsavoir
laisse par tout des marques
de
de leur furie , succombent
enfin fous l'effort des pasteurs.
Ces deux jeunes
guerriers tombent fous les
coups d'Enée comme les
plus hauts sapins abbattus
par les vents. Menelas,
pour les venger, s'avance
au milieu des combattansf
pouffé par le Dieu Mars,
qui ne cherche qu'à le faire
perir de la main d'Enée.
Antiloque voyant le peril
où Menelas s'expose, court
se joindre à luy. Enée qui
voit ces deux guerriers
unis, seretire. Ilsenlevent
les corps de Crethon &
d'Orsiloque;ensuite ils retournent
dans lameslée.
Menelas tue Pylemenés
qui commandoit les Paphiagoniens.
Antiloque
blesse Mydon d'un coup
de pierre, l'acheve de Ton
épée, & emmene ses chevaux.
vers528.589
Hector ayant apperceu
Menelas & Antiloque
inarche à , eux avec impetuosiré.
Les Troyens le
suivent. Mars & Bellone
sontà leur reste.Mars accompagne
par tout Hector.
Diomede voyant ce
Dieu terrible) est saisi de
frayeur. Son estonnement
comparé à celuy d'un voyageur
qui, après avoir
traversé de vastes campagnes,
voit tout d'un coup
un grand fleuve, & retourne
sur ses pas. Diomede
se retire en disant aux
Grecs,M qu'il faut ceder
auxDieux.» WJ590.606.
LesTroyensondent sur
les Grecs. Hector tue de
sa main Menofthés & Anchiale.
Ajax fils de Telamon
s'avance pour les
Ranger, & tue Amphiusde ioix
javelot. Il accourt ensuite pour
le dépouillerj mais les Troyens
font pleuvoir sur luy une gresle
de traits, & l'obligent de se- retirer. Vers 607. 616*
Sarpedon filsde Jupiter, &
General des Lyciens, & Tle-*
poleme fils d'Hercule se ren..,
contrent.« Ils se parlent quelque
temps au sujet du parjurede
Laoimedon que Tlepoleme
reproche à Sarpedon:» Ces
deux guerriers après« s'estre
menacez fierement» lancent
leurs dards lun contre l'autre.
Les traits partent ensemble,
Sarpedonest blesséà la clÜiTe
Le dard y demeure attaché.
Tlepoleme tombe sans vie.
On emporte Sarpedon. Les
Grecs enlevent le corps de
Tlepoleme. Ulysse
, pour le
venger, tourne les armes contre
les Lyciens & en tuë un
grand nombre. Noms des Lyciens
tuez par Ulvsse. Hector
s'avance contre luy pour arrester
ses desordres.. Srrpedon
voyant Hector le prie de ne le
pas laisser en proye à ses ennemis.
» Hector passe rapidement
pour aller charger les
Grecs. Les amis de Sarpedon
le mettent fous un grand chefne.
Pelagon luy tire le javelot
de sa playe. Sarpedon s'évanouit.
Borée le rafraifchit
de son [ouille) & le ranime.
Les Grecs qui ne peuvent fouflenir
le choc du Dieu Mars
& d'Hector, se battent en re..
traite sans prendre la suite,
Noms de plusieurs braves Capitaines
tuez a cette attaque..
vers 628. 710.
Junon voyant ce qui sepasse,
dit à Minerve" qu'ilest temps
d'arrester les ravages de Mars,
& de secourir les Grecs. » Junon
prepare elle
-
mesme ses
chevaux. La Déesse Hebé luy
appresteun char superbe. Description
de ce char. Minerve
quitte ses habits pour s'armer.
Quelles font ses armes. Son
Egide. Son casque. Sa pique.
Les deux Déesses montées sur
leur char éclatant, vont à toute
bride au palais de Jupiter.
Les portes de l'Olympe,qui
font gardées par les Heures,
s'ouvrent d'elles-mesmes avec
un grand bruit. Junon parle à
Jupiter & luy demande" s'il
veut permettre de reprimer les
fureurs de Mars , & de blesser
cet insensé qui ne reconnoist
d'autre droit que la force
,,, Jupiter luy dit" de donner ce
soin à Minerve qui est accoustuméeà
le vaincre." vers 711. 766..
Junon accompagnée de Minerve
pousse ses chevaux qui
courent avec impetuositéentre
le Ciel & la terre. ( Les
chevaux des Dieux franchissent
d'un seul fault autant d'espace
qu'un homme assis sur un
cap eslevé au bord de la mer
en peutdécouvrir sur cette va- se étendue.) Les Déesses arrivent
prés de Troye. Junon
dételle les chevaux. Les environne
d'un nuage. Le Simoïs
fait naistre l'ambrosie sur ses
rives pour leur pature. Les
Déesses marchent ensemble
comme deux colombes&vont
secourir les Grecs, vers 767.
779.
Elles trouvent Diomede entouré
des plus braves guerriers
semblables aux plus frers lions,
& aux sangliers les plus terribles.
Junon s'arreste. Prend
la ressemblance de Stentor dont la , voix d'airain estoit plus
forte que celle de cinquante
hommes ensemble. Elle parle
aux Grecs, &Il les anime.,,
Minerve de son costé s'approche
de Diomedequi s'estoit retiré
un peu à l'écart pour rafraifchir
la playe que Pandarus
luy avoit faite. Elle luy
reproche de s'affoiblir quand
il faut agir, 5c de ne ressembler
gueres à son pere Tydée qu'-
elle protegeoit auAi bien que
luy
, & dont elle ne pouvoit
retenir le courage Elle luy rappelle
l'aventure de Tydée avec
les Dépendants de Cadmus.
Diomede respond
(c
qu'il ne
manque ny de force ny de resolution
,
mais qu'il se souvient
des deffenses qu'elle luy a faites
de combattre contre les
Dieux : Que Mars est maintenant
à la teste des Troyens. » Minerve luy dit de ne point
craindre Mars, 8c de le frapper
hardiment s'il vient à sa
rencontre; qu'audi bien celt
un perfide qui prend le party
des Troyens contre la promes-.
se qu'illuy avoit faite & à Junon
, de favoriser les Grecs.»
Elle fait descendre Sthelenus
& monte à sa place auprès de
Diomede sur son char. Elle
prend le casque de Pluton pour
n'estre point veuë. Pouffe les
chevaux contre Mars. Mars,,
qui vient de tuer Persphas ,
voyant Diomede
3
s'avance, &
luy veut porter un coup de sa
pique. Minervedétourne le
coup, conduit celle de Diornede
contre Mars, & la kiy fait
entrer bien avant dans les costes.
Mars la retire, & jette
un cry semblable à celuy d'une
armée de neuf ou dix mille
hommes. LesTroyens & les
Grecs en font épouvantez.
Mars retourne dans l'Olympe.
Diomede le voir s'élever comme
un nuage obscur. vers 780. 867** - Mars montrant à Jupiter le
fang qui coule de sa playe, luy
dit « qu'il a engendré une fille
pernicieusè qui se croit tout
permis, parce qu'il ne la corrige
pas pendant qu'il traite
avec severité les autres Dieux.
Que c'est Minervequi a inspiré
à Diomede l'audace debiesfer
Venus & luy ensuite.» Jupiter
rejette sa plainte, & luy
dit qu'ilest luy - mesme un
inconstant & un furieux qui
n'aime que les querelles,& que
s'il n'estoit pas son fils il y a
long-temps qu'ill'auroit precipité
dans les abylmesavec les
Titans,» Jupiter cependant
donne ordre à"'Pæon"de le guérir.
Pæonobéît& le guerit sur
le champ avec un baume exquis
qui fait sur la playe le mesme
effet & aussi promptement
que la presure sur le lait. Hebé
après avoir preparé un bain
pour Mars, luy donne des habits
magnifiques. Mars se place
auprès de Jupiter. Junon &
Minerve ne sont pas longtemps
sans remonter au Ciel.
de tjÜadc.
ARGUMENT
du quatrième Livre.
AVERTISSEMENT.
On A mis dans la suite de
cet Extrait des cedilles ainsi
marquées",,Ellessignifient
dans les endroits où elles se
trouvent,que. le Poëtey fait
parler ses Heros.
LES Dieux estanc à Table
tiennent conseil sur les
affaires de Troyes, vers
I. 4.
Jupiter raille Junon &
Minerve, de ce que de
grandes Déesses. comme
elles se tiennent à l'écart
t
loin des combats, pendant
que Venus qui n'aime que
les jeux& les plaisirs - accompagne
son favori dans
tous les penIs. Il met en
délibération s'il faut rallumer
la guerre entre les
Troyens & les Grecs, ou
les reconcilier par l'exe-
-
cution du traité qu'ils ont
_aIt,,, 'Vers. 5.
19.
Cette proposicion cause
un violent dépit aux deux
Déesses qui préparoient les
plus grands malheurs aux
Troyens. Minerve dissimule
par prudence. Junon
éclatte, & a déclaré, quelque
resolution que l'on
prenne, qu'elle ne consentira
point à la paix.,,
vers 1o. 2. 9.
Jupiter a reproché à
Junon la cruauté avec laquelle
elle poursuit les
Troyens. Ilseplaintdela
violence qu'e lleluy fait en
le forçant de luy abandonner
une Ville qu'il a honorée
sur toutes les autres.
Il l'avertit qu'en revanche,
si jamais dans sa fureur
il veut détruire quelque
Ville qu'elle ait prise
fous sa protection
,
c'est
inutilement qu'elle voudra
s'y opposer.„ vers 30.49.
Junon luy dit qu'il
peut,quandilvoudra,dit
poser d'Argos, de Mycenes
)
& de Sparte; mais
qu'il n'est pas juste qu'elle
perde le fruit de toutes ses
peines. Que tout puissant
qu'il est, il doit avoir pour
elle des égards & de la
complaisance,puisqu'elle
est sa femme & sa soeur.
Enfin elle luy demande
-
qu'il ordonne à Minerve
de descendre dans l'armée
des Troyens pour les exciter
à enfraindre le fraite.
& à insulter les Grecs.,,
vers 50. 67.
Jupiter donne cet ordre
à Minerve.„La Déesse
descend, & dansla course
rapide elle paroist fous la
forme d'une exhalaison
qui s'allume dans l'air, &
qui se partage en mille
feux. Cesigne qui est veu
dans les deuxarmées est
interprété comme un préfage
ou de la fin ou de la
continuation de la - guerre.
35 vers 68. 85.
Minerve prend la réf.
semblance de Laodocus.
fils d'Antenor. Vatrouver
Pandarus fils de Lycaon.
Luy propose « de tirer une
fleche à Menelas. L'encourage
par la gloire qu'il
aura d'avoir abbattu un si
grand guerrier, & par la
recom pense qu'il doit attendre
de Paris. Elle luy
conseille de s'addreffer auparavant
à Apollon Lycien
pour le prier de diriger
le trait.» vers 86. 103.
L'intense Pandarus se
laisse persuader. Peinture
naïve de l'action de Pandarus,
& desmesuresqu'il
prend pour frapper juste
à son but. (Son arc estoit
fait des cornes d'unechevre
sauvage qu'il avoit tuée
à l'affust; chaque corne
avoit seize paumes, c'està-
dire cinq pieds & quatre
pouces.) Il promet une
Hecatombe à Apollon. Il
tire. Le trait part avec impetuosité,
perce le baudrier
,la cuirasse & la lame
de Menelas; entre dans la
chair sans penetrer bien
avant,(car Minerve avoit
pris foin d'affoiblir le coup,
semblable à une mere qui
voyant dormir son enfant,
détourne une mouche opiniastre
qui voudroit le piquer.)
Le fang qui coule
le longdesjambes de Menejas,
compare à la pourpre
dont une femme de
Meonie a peint l'yvoire le
plus blanc, pour en faire
les boffetes d'un mords qui
fait l'admiration & le desir
des plus braves Cavaliers,
filais qui est destiné pour
un Roy. "vers 104. 119.
Agamemnon est effraié
aussi bien que Menelas.
Menelas reprend courage.
Agamemnon éclate contre
la perfidie des Troyens.
Dit que Jupiter ne la laisfera
pas impunie. Prédit
la ruine deTroye. Il s'attendrit,
& ne peut cacher
à son frere la crainte qu'il
a de le perdre - vers 120.
182.
Menelas lera ssure&le
prie de ne point allarmer
les Grecs. n Agamemnon
luy dit « qu'il faut appeller
un Medecin.» Donne ordre
à Talthybius de faire
venir Machaon fils d'Esculape.
Le Herault obeït.
Trouve Machaon & « luy
parle.» Machaon vient.
Visite la playe, & succe
le sang,& y met un appareil
que le Centaure Chiron
avoit autrefois enseigné
à Esculape. vers 183.
ii9*
Cependant les Troyens
s'avancent en bataille. Les
Grecs reprennent leurs armes
, & ne respirent plus
que lecombat. Agamemnon
laissesonchar à Eurymedon
, avec ordre de ne
le pas tenir trop éloigné.
Il parcourt à pied toute
l'armée. « Anime par ses
discours ceux qu'il trouve
disposez à bien faire».
« Réprimandé les autres,»'
les compare à des faons de
biche Arrive prés de la
Gend'armerie Cretoise, la
trouve en bon estat, Idomenée
à la teste, Merion
à la queue.» IllouëIdomenée,
le fait ressouvenir
que dans toutes les occasions;
à la guerre, dans les
festins, il l'atousjours traité
avec distinction". Idomenée
respond « qu'illuy
fera tousjours fidelle».
Agamemnoncontinue son
chemin. Il trouve les deux
Ajax deja armez au milieu
de leurs bataillons; ( ces
bataillons comparez à des
troupeaux assemblez fous
leur pasteur, qui leur cherche
un asile contre l'orage
qu'il prévoit. ) Agamemnon
louë ces deux chefs,
& leur dit qu'il n'a pas besoin
de les exhorter». Il
passe au quartier du vieux
Nestor. Le trouve qui range
ses trou pes en bataille,
& qui encourage leurs
chefs. Noms de ces chefs.
De quelle manière Nestor
disposoit sa cavalerie &son.
infanterie.« Quels conseils
il donnoit à ses cavaliers
». «Sage vieillard,
dit Agamemnon transporté
de joye, plust aux Dieux
que vos forces respondissent
à vostre grand courage
ge, &c.» Nestor respond
» qu'il n'est plus au temps
où il tua de sa main le vaillant
Ereuthalion; mais que
tout vieux qu'il est on le
verra à la teste de ses ECcadrons,
LXquïl serautile
au moins par ses ordres &
par ses conseils
, que cest
là le partage des vieillards
». Agamemnonavance.
Trouve Peteus fils de
Menefthée & Ulysse qui
ne faisoient aucun mouvement
, parce que le bruit
de ce qui estoit arrivé dans
les deux armées n'estoit pas
encore venu jusqu'à eux-
« Il leur fait de sanglants
reproches de leur inaction
». «Ulyflc respond
avec fierte». Le Roy qui
le voitirrité, change de
ton, &«luy parle obligeamment
». Il poursuit
son chemin.VoitDiomede
sur son char avec Sthelenus
fils de Capancé. Diomedene
donnoit aucun
ordre pour le combat. Agamemnon
cc
luy reproche
d'avoir degeneré dela
vertu de son pere Tydée,
luy rappelle une occasion
d'éclat, ou Tydée signala
son courage contre les
Thebains». Diomede par
respect pour le Roy ne respond
rien.Sthelenus prend
la parole & dit(( qu'ils ne
meritent ny l'unny l'autre
ie reproche qu'on leur fait,
se piquent tous deux avec
raison d'estre plus braves
encore que leur pere».
Diomede represente à
Sthelcnus que le Roy qui a
le principal interest à tout
ce qui se passe, est en droit
de leur parler comme il
fait.„ Diomede en mef-
1
me temps faute de dessus
son char. - "veys 421. 419.
On voit marcher au
combat les nonbreufes
Phalanges des Grecs, semblables
à des flots amoncelez
par les vents. Elles
suivent leurschefs dans un
profond filen-ce, pour entendre
leurs ordres. Ilsemble
3
dit le Poëre, que cette
multitude innombrable de peuples
n'ait point de njoïx. Les
Troyens au contraire,
comme des brebis qui bêlent
dans un grand patu-
Tage, sont un bruit confus
qui resulte du mélange de
leurs voix & de la diversité
des langues de toure sorte
de peuples qui forment
leurarmée, vers411.438.
Les Troyens sont animez
par le Dieu Mars, &
les Grecs par la Déesse Minerve.
Ces deux Divinitez
font suivies de la Terreur,
de la Fuite & de l'insatiable
Discorde, Image poëtique
de la Discorde. Son
progrez. Ses effets. vers
43""45.
Les deux armées se joignent
J
& en viennent aux
mains. Description de leur
choc. Le bruit des guerriers
comparé à celuy que
font d'impetueux torrens
grossis par les pluyes. vers
446, 456.
Antiloque le premier tuë
Echepolus,un des plus braves
Troyens. Elephenor
General des Abantes, voulant
le dépouiller de ses
armes,est rué par Agenor.
Il se fait en cet endroit
une cruelle boucherie des
Grecs & des Troyens qui
se jettent les uns sur les autres
comme des loups affaniez.
Simoïsius (ainsi nom.
me parce que Ía mere accoucha
de luy sur les rives
du Simoïs) est tué à la fleur
de son âge par Ajax fils
de Telamon. Il tombe sur
la poussiere comme un jeune
peuplier abbattu par le
fer d'une coignée. Antiphus
un des filsdePriam,
veut venger la mort deSimoïsius.
illance son javelot
contre Ajax; mais il
rencontre au lieu de luy
Leucus compagnond'Ulysse.
Leucus tombe sur le
corps de Simoïssus qu'il entraisnoit.
Ulysseaffligéde
cette perte, s'approche des
Troyens d'un air terrible.
Regarde autour de luy
pour chercher sa victime.
Il lance son dard. Les
Troyens effrayez se retirent
en desordre. Le javelot
va frapper Democoon
fils naturel de Priam, &
lerenverse mort. Les Troyens
reculent. Hectorluymesmeestépouventé.
Les
Grecs enflez de ces avanta
ges vont chercher les
corps morts jusqu'au milieu
de la meslée pour les
entraisner.
entraisner. Apollon irrité
de leur audace se fait entendre
aux Troyens du
hautde la forteressed'Ilion,
les exhorte & les encourage
; leur represente sur
tout qu'Achille ne combat
point„. Minerve de son
colté anime les Grecs. Pi-,
roüs General des Thraces
tuë Diorés chefdes Epéens
aprés l'avoir blessé d'un
coup de pierre. Thoas General
des Etoliens lance
son javelot contre Piroiis,
& l'acheve de son épée. Ils
vont le dépoüiller de fe$
armes, mais il en est empesché
par les Thraces qui
tombent sur luy à coups
de piques,& l'obligent de
seretirer. vers 457. 539.
-
Homere parle des ex-
FJqics de cette journée
comme d'un grand sujet
d'admiration pour un homme
que Minerve auroic
conduit par la main, & à
qui elle auroit fait parcourir
sans danger tous les endroits
de la bataille. Il auroit
veu les Troyens&les
Grecs estendus les uns prés
des autres à la mesme place
où ils avoient combat-
EU. vers544.
AKGVMENT
du cinquièmeLivre.
La jour de cette action
Minerve augmente le courage
deDiomede. Deson
calque & de son bouclier
forcoitcontinuellementun
fçjXrfemblable à celuy de
Veftoitle qui paroistà lafin
àçl'Eflre'.LaDéessè pousse
ÇÇignprr-ier au milieu dela ~n~~ j, vers 1. 8.
o.
~~q~Phesep tous deux
fils de Darés Sacrificateur
deVulcain,poussent leur
char contreDiomede qui
estoit à pied. Phegée le
premier lance ion dard
contre luy sans le blesser.
Diomede le perce de son
javelot
, ôc l'estend mort
surla place. Idée n'ayant
pas le courage de sauver
le corps de son frere, prend
la suite. Vulcain le couvre
d'un nuage & le dérobe
aux poursuites de Diomede
j pour épargner àDarés
le chagrin de perdre Ces
deui filsenun jour. Diomede
fait emmener leurs
chevaux. Les Troyens
commencent à plier. Minerve
pour augmenter leur
desordre,ditàMars«qu'il
faut laisser combattre les
Troyens & les Grecs, &
ne plus resister aux ordres
de Ju piter.„ Elle le retire
du combat, & le fait repofer
sur les rives du Scamandre.
Les Grecs enfoncent
lesTroyens. * a/fw9.37,
Odius chef des Alizoniens
est tué par Agamenvnon.
Phestus par Idomenée.
Scamandrius par Me.
nelas. (Ce Scamandrius
estoit fort entendu dans
tout ce qui concerne la
charte, & avoit esté instruit
par Minerve.) Phereclus
est tué par Merion.
( Phereclus fils d'un habile
charpentier, avoir bâti les
vaisseaux que Pâris mena
en Grece.) Pedée fils naturel
d'Antenor
,
est tué
par Megés. Eurypile blesse
Hypsenor.(Hypsenorestoit
filsde Dolophionqui
estoit Sacrificateur du Scamandre.)
rUers Î7- 83-
Idomenéesemblable à
un fleuve, qui dans ion débordement
emporte tout
ce qui s'oppose à son passage,
renverse les barait.
lons des Troyens;rien ne
luy resiste. vers 85. 94.
Pandarus, pour arrester
son audace, luy tire une
flèche qui luy traverse l'épaule
droite, & croyant
l'avoir blessé mortellement
il s'en glorifie,,, Sthele*-
jius, ( à la prière deDiomede
) luy oste cette fléche.
Diomede prie Pallas
<c de luy prester son secours
pour se venger de
Pandarus
5
& le punir de
son orguëll.,,Pallas l'exauce.
Luy redonne toutes
ses forces & route sa
legereté.Elle luy dit,
qu'il peut aller hardiment
contre les Troyens;qu'elle
a dissipé le nuage qui
l'auroit empesché de discerner
les Dieux d'avec les
hommes
:
qu'il se garde
bien de combattre contre
les Immortels, si ce n'est
contre Venus sur qui elle
luy permet de tirer.„
vers 95. 132.
Minerve se retire. Diomede
qui se sent trois fois
plus fort qu'à l'ordinaire,
se jette au milieu des ennemis.
Est comparé à un
lion qu'un berger ablesse,
& qui devenu plus furieux;
se lance sur les brebis effrayées
qui se tapissent les
unes fous les autres pendant
que le berger se cache.
Diomedetuë d'abord
Astynoüs & Hypenor.
Ensuite Abas & Poluïde,
tous deux fils du vieux Eurydamas
qui estoit Interprete
des songes. Il marcheversThoon
&Xanthe
enfans de Phenops,prive
ce pere malheureux de ses
deux filsàla fois, &luy
laisse la douleur de voir que
sa successiondoitpassèrà
des collateraux esloignez.
Diomede., comme un lion
qui se jette surun troupeau
de boeufs, tombe encore surEchemon & Chromius
enfans de Priam, les préçipite
de leur char ,les dépoüille
de leurs armes, &
prend leurs chevaux.vers
133. 16s.
Enée qui voit tous ces
ravages, cherche Pandarus
a travers les picqucs &
les javelots. Ille joint de
l'exhorte à se servir encore
deson arc& de ses
traitscontre un homme
qui cause tant de defor-
-.
dres
, ( si ce n'est que ce
guerrier dangereux soit
quelqu'un des Immortels
irrité contre lesi Grecs) ,,.
Pandarus respond qu4»I
croit reconnoistreDiomede
à sa raille & à ses armes*
Que si ce guerrier n'est pas
un Dieu,aumoinsDiomede
ne peut faire tant de
prodiges sans le secours
d'une Divinité toute puisfante.
Se repent d'avoir
laissé chez luy, contre l'avis
de son pere, onze chars
inutiles par la crainte que
ses chevaux ne souffrissent
trop dans une ville affiegée.
Se plaintd'avoir desjablessé
deux des plusvaillans
hommes, sans autre
effet que de les avoir rendus
plus furieux. Jure que
s'il revoit sa patrie, il commencera
par bruler cet
arc & ces fléches qui l'ont
si mal servi.,, Enée luy
dit cC de monter sur son
char qui est tiré par cTcxcellens
chevaux, & luy
laisse le choix ou de tenir
les resnes, ou de combattre
contre Diomede. 9%
Pandarustc conseille à Enée
de conduire luy -
mesme
ses chevaux qui connoissent
savoix & sa main;
que pourluy il recevra
Diomede avec sa lance.
Ils montent tous deux sur
le char,& vont à toute
bride contre Diomede
(quiestà pied.) Sthelenus
qtuiitles voit venir, en aver- Diomede,&" luy conseille
de les éviter.,, Diomede
'c respond qu'il n'est
pas capable de fuir, & que
ces deuxennemis si redoutables
ne retournerons
point àTroye ;luy recommande
seulement dem*
mener les chevaux d'Eiree
aussitost qu'il fera vaincu; les chevaux d'Enée ef.,
toient de la race de ceux
dont Jupiter fit presentà
Tros. ),., 0tvers16(3.zyj,
Pandarus & Enée sont
en presence. de Diomede;
Pandarus-ile, premierdità
Diomede qu'iln'a peule
vaincre avec sa fléche,
mais qu'il fera peutestre
plus heureux avec son javelot.„
En mesme temps
il lance son dard qui perce
le bouclier jusqu'à la cuirasse.
Pandarus~s'écrie~
glorieux decesuccez. Diomede
luy dit qu'il a manqué
son coup. Le frappe
de son javelot que Minerve
conduisoit
, & qui traverse
depuis l'oeil jusqu'à
la gorge. Pandarus tombe
de son char. Enée se met
en devoir de deffendre: le
corps de sonamy. Diomede
prend une grosse pierre,
telle que deux hommes à
- peinel'auroient peu lever.
Il l'a jette contre Enée, &
luy brife la cuisse. Enée
tombe sur ces genoux &
s'affoiblit. Venus le prend
entre ses bras, le couvre
de sa robe, & l'emporte.
Sthelenus, qui se souvient
des ordres de Diomede 9
prend les chevaux d'Enée
les emmeine, les remetà
son amy Deïphilus, & va
rejoindre Diomede. Diomede
,qui a reconnu Venus
,
la poursuit avec un
-
dard
dard,&la blesse à la main.
Le fang immortel coule de
sa playe. Le fang desDieux
different de celuy des hommes,
& pourquoy.Venus
laisse tomber Enée,Apollon
le releve, le couvre
d'un nuage & l'emporte,
Diomede parle en termes
picquans à Venus qui se
retire tres-affligée. Iris l'a
soustient. Elles trouvent
Mars. Venus le conjure
de luyprester ses chevaux
pour s'en retourner dans
l'Olympe.„Mars luy donna
son char. Iris le conduit.
Elles arrivent en un
moment. Iris dérelle les
chevaux, & en prend soin-
Venus se laisse tomber sur
les genoux de Dioné sa
mere. Dipné luy demande
cc qui luy a fait cette
blesseure.,, Venus respond
ic que Diomede a eu cette
audace, & que ce nretl: plus
icy une guerre des Grecs
contre les Troyens,mais
desGrecscontre les Dieux.
Dioné la console
,
luy dit
que ce n'est pas la - première
fois que les Dieux
ont esté insu Irez. par leshommes.
( Exemples, de
Mars, de Junon, &de Pluton;)
Que Diomede doit
craindre de porter quelque
jour la peine de sa temerité.„
Dionéessuye le
fang qui coule de la blesseure
de sa fille. Venus est
guene en un moment. 'Vers
275- 417.
Junon & Minerve entretiennent
Jupiter de ce qui
vient d'arriver à Venus.
Ce Plaisanterie de Minerve
a ce sujer. Jupiter foufritsappelle
Venus & u. luy recommande
de ne plus s' exposer.
4, Diomede par trois fois
se jette sur Enée.) quoy
gqnapollon l'ait pris fous
sa protection. A la quatriéme
fois ce Dieu irrité
cc luy parle d'un ton
menaçant." Diomede se
retire. Apollon porte Enée
dans son Temple sur la Citadelle
de Pergame. Latone&
Diane ont foin ellesmesmes
de le panser. ven
432. 44^
Apollon voyant que le
combat s'echauffe autour
d'un phantofme qu'il avoit
formé ressemblant à Enéc
pour tromper les Grecs,
demande à Mars, «
s'il n'y
a pas moyen d'arrester ce
Diomede qui porte sa fureur
jusqu'a poursuivre les
Dieux,,,. Ensuiteilseretire
sur la Citadelle. Mars
prend la reffernblance d'Acamas
General des Thraces.
Va de rang en rang..
«Se fait entendreaux Tro..
yens & les anime.» Sarpedon
picque le courage de
Hector par le reproche
qu'il luy fait de son inaction
, & de la lascheté de
ses freres qui tremblent
,
comme des chiens timides
en presencedun lion.»
Hector, sans repliquer
faute de son char, un jave.
lot à la main, exhorte les
Troupes. LesTroyens se
rallient. LesEscadrons des
Grecs viennent fondre sur
eux. La poussiere qu'ils élevent,&
dontilssont tout
blanchis, comparée a celle
qui couvre ces monceaux
de paille que des vanneurs
ont separée d'avec le grain.
Le combat recommence.
Enée, qu'Apollon a retiré
du Temple où il l'avoit
mis, reparoist à la reste de
ses.troupes avec toute sa
vigueur. Les soldatstransl
portezdejoyefontsurpris
en meme tem ps de le revoir
siicst ; mais l'ardeur
du combatne leur permet
pas de l'interrogersur une
si prompte guerison. ira
449.518.
: Les Grecs animez, par
lpes dIeuxlAja.x, parUlysse, attendent
les Troyens de pied ferme
,SemblablesÀ desnuages:
aÍfemblez:, qui n'attendent
que le reveil des
vents endormis pourestre
mis en mouvement. vers
Jr9. J17-
Agamemnon donne (es
ordres « Exhorte ses soldats
» Ensuite il lance son
javelot & tueDeïcoon le
pluscher compagnon d'Enée.
Enée de son costé tue
Crethon & Orsiloqueensans
de Dioclés, qui avoir
pour ayeul le' fjeuve Alphée.
Crethon & Crbiloque
com parez à deux jeunes
lions, qui aprèsavoir
laisse par tout des marques
de
de leur furie , succombent
enfin fous l'effort des pasteurs.
Ces deux jeunes
guerriers tombent fous les
coups d'Enée comme les
plus hauts sapins abbattus
par les vents. Menelas,
pour les venger, s'avance
au milieu des combattansf
pouffé par le Dieu Mars,
qui ne cherche qu'à le faire
perir de la main d'Enée.
Antiloque voyant le peril
où Menelas s'expose, court
se joindre à luy. Enée qui
voit ces deux guerriers
unis, seretire. Ilsenlevent
les corps de Crethon &
d'Orsiloque;ensuite ils retournent
dans lameslée.
Menelas tue Pylemenés
qui commandoit les Paphiagoniens.
Antiloque
blesse Mydon d'un coup
de pierre, l'acheve de Ton
épée, & emmene ses chevaux.
vers528.589
Hector ayant apperceu
Menelas & Antiloque
inarche à , eux avec impetuosiré.
Les Troyens le
suivent. Mars & Bellone
sontà leur reste.Mars accompagne
par tout Hector.
Diomede voyant ce
Dieu terrible) est saisi de
frayeur. Son estonnement
comparé à celuy d'un voyageur
qui, après avoir
traversé de vastes campagnes,
voit tout d'un coup
un grand fleuve, & retourne
sur ses pas. Diomede
se retire en disant aux
Grecs,M qu'il faut ceder
auxDieux.» WJ590.606.
LesTroyensondent sur
les Grecs. Hector tue de
sa main Menofthés & Anchiale.
Ajax fils de Telamon
s'avance pour les
Ranger, & tue Amphiusde ioix
javelot. Il accourt ensuite pour
le dépouillerj mais les Troyens
font pleuvoir sur luy une gresle
de traits, & l'obligent de se- retirer. Vers 607. 616*
Sarpedon filsde Jupiter, &
General des Lyciens, & Tle-*
poleme fils d'Hercule se ren..,
contrent.« Ils se parlent quelque
temps au sujet du parjurede
Laoimedon que Tlepoleme
reproche à Sarpedon:» Ces
deux guerriers après« s'estre
menacez fierement» lancent
leurs dards lun contre l'autre.
Les traits partent ensemble,
Sarpedonest blesséà la clÜiTe
Le dard y demeure attaché.
Tlepoleme tombe sans vie.
On emporte Sarpedon. Les
Grecs enlevent le corps de
Tlepoleme. Ulysse
, pour le
venger, tourne les armes contre
les Lyciens & en tuë un
grand nombre. Noms des Lyciens
tuez par Ulvsse. Hector
s'avance contre luy pour arrester
ses desordres.. Srrpedon
voyant Hector le prie de ne le
pas laisser en proye à ses ennemis.
» Hector passe rapidement
pour aller charger les
Grecs. Les amis de Sarpedon
le mettent fous un grand chefne.
Pelagon luy tire le javelot
de sa playe. Sarpedon s'évanouit.
Borée le rafraifchit
de son [ouille) & le ranime.
Les Grecs qui ne peuvent fouflenir
le choc du Dieu Mars
& d'Hector, se battent en re..
traite sans prendre la suite,
Noms de plusieurs braves Capitaines
tuez a cette attaque..
vers 628. 710.
Junon voyant ce qui sepasse,
dit à Minerve" qu'ilest temps
d'arrester les ravages de Mars,
& de secourir les Grecs. » Junon
prepare elle
-
mesme ses
chevaux. La Déesse Hebé luy
appresteun char superbe. Description
de ce char. Minerve
quitte ses habits pour s'armer.
Quelles font ses armes. Son
Egide. Son casque. Sa pique.
Les deux Déesses montées sur
leur char éclatant, vont à toute
bride au palais de Jupiter.
Les portes de l'Olympe,qui
font gardées par les Heures,
s'ouvrent d'elles-mesmes avec
un grand bruit. Junon parle à
Jupiter & luy demande" s'il
veut permettre de reprimer les
fureurs de Mars , & de blesser
cet insensé qui ne reconnoist
d'autre droit que la force
,,, Jupiter luy dit" de donner ce
soin à Minerve qui est accoustuméeà
le vaincre." vers 711. 766..
Junon accompagnée de Minerve
pousse ses chevaux qui
courent avec impetuositéentre
le Ciel & la terre. ( Les
chevaux des Dieux franchissent
d'un seul fault autant d'espace
qu'un homme assis sur un
cap eslevé au bord de la mer
en peutdécouvrir sur cette va- se étendue.) Les Déesses arrivent
prés de Troye. Junon
dételle les chevaux. Les environne
d'un nuage. Le Simoïs
fait naistre l'ambrosie sur ses
rives pour leur pature. Les
Déesses marchent ensemble
comme deux colombes&vont
secourir les Grecs, vers 767.
779.
Elles trouvent Diomede entouré
des plus braves guerriers
semblables aux plus frers lions,
& aux sangliers les plus terribles.
Junon s'arreste. Prend
la ressemblance de Stentor dont la , voix d'airain estoit plus
forte que celle de cinquante
hommes ensemble. Elle parle
aux Grecs, &Il les anime.,,
Minerve de son costé s'approche
de Diomedequi s'estoit retiré
un peu à l'écart pour rafraifchir
la playe que Pandarus
luy avoit faite. Elle luy
reproche de s'affoiblir quand
il faut agir, 5c de ne ressembler
gueres à son pere Tydée qu'-
elle protegeoit auAi bien que
luy
, & dont elle ne pouvoit
retenir le courage Elle luy rappelle
l'aventure de Tydée avec
les Dépendants de Cadmus.
Diomede respond
(c
qu'il ne
manque ny de force ny de resolution
,
mais qu'il se souvient
des deffenses qu'elle luy a faites
de combattre contre les
Dieux : Que Mars est maintenant
à la teste des Troyens. » Minerve luy dit de ne point
craindre Mars, 8c de le frapper
hardiment s'il vient à sa
rencontre; qu'audi bien celt
un perfide qui prend le party
des Troyens contre la promes-.
se qu'illuy avoit faite & à Junon
, de favoriser les Grecs.»
Elle fait descendre Sthelenus
& monte à sa place auprès de
Diomede sur son char. Elle
prend le casque de Pluton pour
n'estre point veuë. Pouffe les
chevaux contre Mars. Mars,,
qui vient de tuer Persphas ,
voyant Diomede
3
s'avance, &
luy veut porter un coup de sa
pique. Minervedétourne le
coup, conduit celle de Diornede
contre Mars, & la kiy fait
entrer bien avant dans les costes.
Mars la retire, & jette
un cry semblable à celuy d'une
armée de neuf ou dix mille
hommes. LesTroyens & les
Grecs en font épouvantez.
Mars retourne dans l'Olympe.
Diomede le voir s'élever comme
un nuage obscur. vers 780. 867** - Mars montrant à Jupiter le
fang qui coule de sa playe, luy
dit « qu'il a engendré une fille
pernicieusè qui se croit tout
permis, parce qu'il ne la corrige
pas pendant qu'il traite
avec severité les autres Dieux.
Que c'est Minervequi a inspiré
à Diomede l'audace debiesfer
Venus & luy ensuite.» Jupiter
rejette sa plainte, & luy
dit qu'ilest luy - mesme un
inconstant & un furieux qui
n'aime que les querelles,& que
s'il n'estoit pas son fils il y a
long-temps qu'ill'auroit precipité
dans les abylmesavec les
Titans,» Jupiter cependant
donne ordre à"'Pæon"de le guérir.
Pæonobéît& le guerit sur
le champ avec un baume exquis
qui fait sur la playe le mesme
effet & aussi promptement
que la presure sur le lait. Hebé
après avoir preparé un bain
pour Mars, luy donne des habits
magnifiques. Mars se place
auprès de Jupiter. Junon &
Minerve ne sont pas longtemps
sans remonter au Ciel.
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Résumé : SUITE DE L'ABREGÉ de l'Iliade.
Le quatrième livre de l'Iliade relate un conseil des dieux concernant la guerre de Troie. Jupiter critique Junon et Minerve pour leur absence des combats, contrairement à Vénus qui soutient son favori. Junon refuse la paix et demande à Minerve d'inciter les Troyens à rompre le traité. Minerve, déguisée en Laodocus, persuade Pandarus de tirer une flèche sur Ménélas, le blessant légèrement. Agamemnon, alarmé, appelle un médecin pour soigner Ménélas. Les Troyens avancent en bataille, et les Grecs se préparent au combat. Agamemnon encourage les soldats et réprimande les lâches. Les deux armées se rejoignent, et le combat commence, marqué par des scènes de violence et de mort. Mars soutient les Troyens, tandis que Minerve aide les Grecs. Diomède, encouragé par Minerve, se distingue par sa bravoure et tue plusieurs Troyens. Pandarus blesse Diomède, mais Minerve le guérit et l'encourage à continuer. La journée se termine par des combats acharnés, avec des pertes des deux côtés. Diomède, comparé à un lion, attaque et vainc Échémon et Chromius, fils de Priam, s'emparant de leurs armes et chevaux. Enée, voyant les ravages causés par Diomède, cherche Pandarus pour l'exhorter à utiliser son arc contre ce guerrier. Pandarus reconnaît Diomède et regrette de ne pas avoir pris plus de chars. Il jure de brûler son arc s'il revient à Troie. Enée propose à Pandarus de monter sur son char pour affronter Diomède. Pandarus conseille à Enée de conduire ses propres chevaux et se prépare à affronter Diomède avec sa lance. Diomède, malgré les conseils de Sthelenus de se retirer, décide de rester et de combattre. Pandarus lance un dard contre Diomède, qui riposte en le blessant mortellement. Enée tente de défendre le corps de Pandarus, mais Diomède le frappe à la cuisse avec une pierre, le blessant gravement. Vénus, la mère d'Enée, vient à son secours et le transporte, blessée à la main par Diomède. Apollon prend ensuite Enée sous sa protection. Diomède, encouragé par Minerve, continue de combattre avec fureur. Les dieux interviennent de manière plus directe : Junon et Minerve décident d'arrêter les ravages de Mars et de secourir les Grecs. Minerve, déguisée, incite Diomède à affronter Mars, qu'elle blesse ensuite. Mars, blessé, retourne dans l'Olympe où Jupiter le guérit. La scène se termine par la préparation des dieux pour continuer à influencer le cours de la bataille.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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515
p. 53-105
ARTICLE BURLESQUE. SUITE DU PARALLELE d'Homere & de Rabelais.
Début :
J'ay cru que rien ne rendroit ce Parallele plus [...]
Mots clefs :
Homère, Rabelais, Comique, Sublime, Sujet, Éloquence, Auteur, Génie, Neptune, Beau, Idée, Paris, Vers, Paradoxe, Comparaison , Parallèle, Grandeur, Dieux, Sérieux, Combat, Tempête, Panurge, Pantagruel
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texteReconnaissance textuelle : ARTICLE BURLESQUE. SUITE DU PARALLELE d'Homere & de Rabelais.
ARTICLE BURLESQUE.
SUITE DV PARALLELE
d'Homere&de Rabelais.
*
J'Ay cru que rien ne
rendroit ce Parallele
plus amusantque d'y
mêler de petits contes,
dontle fond estdeRabelais;
mais que j'ai accommodez
de maniere
à pouvoir être lûs des
Dames,& à moins ennuyer
ceux qui ne sont
point afeZj erudits &
"affedwnnez^ Pentagruelistes,
poursavourer,
mâcher&remâcherjusqu'aux
moindres roga-*
tons, & avaler à longs
traits sa -desfuavitezRabelaisiennes
en faveur de
quelques grains de gros
sel,semez par ci par là,
ez., salmigondis & pots
pouris de Maître François.
Pour assortir, ou plûtôrpour
opposer à ces
contes, en trouverai
bien encor quelqu'un
dans Homere, mais je
respecte trop son grand
nom, pour oser rien
mettre du mien dans
ses ouvrages; à peine
ai-je osé retrancher une
bonne moitié du conte
du Cyclope, afin de
rendre l'autre moins
ennuyeuse.
: Pour oposer au grand
& au sublime du Poëte
grec, on trouvera
peut-être dans Maître
François quelques endroits
assez solides pour
faire avouer que Rabelais
cût mieux réussi
dans le sérieux, qu'Homere
n'a réussi dans le
comique, & de là je
prendrai occasion d'avancer
quelques propositions
qui seroient
hardies, téméraires,ridicules
même si on les
avançoit sérieusement,
& dont je n'ose prouver
laveritéqu'en plaisantant;
je les proposeray
donc d'abord
comme des Paradoxes
badins ; tcbadinageaT
cela de bon qu'il peut
éclaircir certaines veritez
qu'une dispute serieuse
ne seroit qu'obscurcirjlcbadinageaencore
cet avanta ge sur la
dispute, qu'au lieud'attirerla*
colere des difputcurs
graves, il n'en
attire qu'un fîlencedédaigneux
, & c'es en
être quitte à bon marché
j car la force des raisonnemens
ne fait que
les irriter au lieu de les
convaincre.
La prévention s'irrite
par la resistance, cest un
animal feroce qu'Homere
eut comparé àun
Taureau furieux
J
qui
parcourant les njaftes
campa?nes de la Lybie,
d'autre but dans sa
fureur que de heurtertête
baiJJie) & de renverser
IÙS plus fortsanimaux
qui oseront l'attaquer
de front.
C'est ainsi que dans
les vastes ambiguitez
dela dispure,les plus
fortes raisons ne tiennent
point contre la
prévention.
Comparons à present
le badinage à l'Abeille
legere, qui voltige en
folâtrant autour de ce
Taureau furieux; elle
badine en fureté entre
ses cornes, lepique legerement,
il ne fait que
secoücr l'oreille,autre
coup d'aiguillon qu'il
méprise, il ne voit point
d'ennemy, cependant
la mouche le pique, ses
piquûres sontlegeres:
maisc11es sontréïterées,
la mouc he se porte avec
agilité par tous les endroits
sensibles, les piqueures
redoublent,il
commence à s'irriter,
se ne voyant à qui s'en
prendre, il tourne sa
colerecontrelui- même,
il s'agite,ilse mord,il
se tourmente, &enfin
il s'épuise,s'affoiblit&
tombe. Procumbithumi
Bos.
Nôtre comparaison
nous a fortéloignez de
nostresujet:tant mieux,
elle n'en est que plus
Homerienne,s'il y a
quelque chose de faux
dans l'application, tant
mieux encore. Homere
est un modele qu'il faut
imiter : ses comparaisons
sont longues, fausses
& semblables les
unes aux autres, il n'importe;
c'est toûjours le
second &C le parfait
Homere.
Les comparaisons de
Rabelais sont plus variées,
plus justes,mais
elles ne sont pas
moins allongées, & la
plûpart sont si basses,
qu'àcet égard ilfaut
bien pour l'honneur du
goût donner la préferenceau
Prince des
Poëtes.
Avantcettedigression
j'ay promis,à propos
d'Homere & de Rabelais
, d'avancer pour rire
quelques proportions
étonnantes, le
premier de ces Paradoxes
c'est :
Qu'il faut pins d'étendue
d'esprit & peutcireplus
d'élévationpour
exceller dans le beau comique
, qu'il n'en faut
pour réussir dansle serieux.
Cette proposition va
révolter d'abord ceux
qui prévenus par refpcâ
pour tout ce qui
a l'air sérieux:
admirent en baillant
un ennuyeux tragique,
Et riant d'une Jjlgne's,
méprisentlecomique.
Le
Le second Paradoxe,
e'est. Que les plus excellentes
piecesserieuses
font mêlées d'excellent
comique
, & par consesquent
qu'un Authtur ne
peut excellerdans lesérieuxy
s'iln'a du talent
pour le comique.r
On trouveroitdans
tous; les siecles, 8cmême
dans lenôtrçxque
les plus grands genies
ont mêlé du winique,
dans leurs ouvrages SC
dans leurs discours,&
les genies mediocres
dérogent même quelquefois
aux prérogatives
de leur gravité,
pour hazarder d'être
plaisans; j'en ai vû s'arrêter
tout court, par
vanité, s'appercevant
qu'ils plaisantoient de
mauvaise grace, & se
déchaîner le moment
d'après contre le meilleur
genre de plaisanterie.
-
Toi qui debite gravement
Tafademédisance,
Caustique par tempec.
ramment,
Serieuxparprudence,
Tumtprifes d'un hon
r, plaisant
La comique élegance,
Comme un gouteux foi- ble&pesant
Mépriseroit la danse.
Les Vers ci-dejjus peuvent Je
chanter sur l'AirdeJÓconde.
Avantque d'avancer
mon troisiéme Paradoxe
,
il faudroit avoir
bien défini le mot de
comique, & celui de subhme
y &C aprés celà
même il seroitpeut-être
encor ridicule de
dire:Quenon-seulement
lè Jubltmerieft pas incompatibleavec<
li\comiqu^
ymais,qmlpssd-J
avoir dans certain comiquedestraitssuperieurs
ausublimeserieux. Voila
unepropositionétonnante,
par rapport à l'idée
qu'on a du sublimc,
que je définirois
volontiers, laperfection
dans le grand : mais on
peut en donner encor
d'autres définitions,&
c'est ce qui nous meneroit
trop loin, il faudroit
trop1 de temps
pourdonneràces trois
Paradoxes toutes les ex*
plications& modifications
qui pourroient
les rendre sérieusement
vrayes > c'est ce que
j'entreprendrai peutêtre
quelque jour,sij'ai
le loisir de mettre en
oeuvre les reflexions
que j'ai faites sur les
fesses idées qu'on a du
sublime, du sérieux &
du comique; contentons-
nous ici de badiner
sur nôtre dernier Paradoxe,
qui nous donnera
occasion de comparer
quelques mor-*
ceaux des deux Autheurs,
dont jecontinuë
le Parallele.
Pour parler selon les
idées communes, disons
: que le comique
nest point sublimepar
lui-mesme
,
mais qu'il
peut renfermer des sens
& des veritez sublimes,
& c'est pour sçavoir
renfermer ces grandes
veritez dans le comique,
qu'il faut un genie
tres étendu.
Ilenfaut moins,par
exemple, pour soûtenirune
morale sublime
par des expressions
fortes & nobles, qui lui
font propres, que pour
la traitter comiquement,
sansl'affoiblir,
&:. sans la dégrader.
Il est'vray que le genre
serieux est plus grand
par luy-même que le
sgaennsre comique, iltient
doute le premier
rang, mais il n'y a point.
au
au Parnasse de ceremonial
qui donne le pas a un Autheur sérieux
surun comique. Ilest
plus grand parexemple,
de traitter la guerre
de Troye ,causée
par lenlevement d'une
Princesse, que la guerre
causéepar l'enlevement
d'un Seau, La
sequi à rapita,mais cette
grandeur est dans le
sujet, & non dans TAutheur
qui le traitte.,8c
celui qui daps le Poème
del'enlevement d'un
Seau, feroit entrer les
idées les plushéroïques
, feroit sansdoute
un plus grand genie"
que celui à qui la grandeur
du sujet fournit
naturellement de grandes
idées.
On ne peut pas soûtenirqu'ily
ait quantité
de hautes idées renfermées
dans le comique
de Rabelais, mais
on prouveroit peut- être
qu'Homere doit une
bonne partie deson sublime
à la grandeurde
son sujet.; ?;!> JU ;
.,' La bassesse des sujets
que Rabelais à traitez
auroit sait tomber son
ouvrage,s'iln'avoit pas étésoustenu par: des
partiesexcellentes;
L'élévation Se lrrraportance
du sujet de
rmiadercûcsoustenuë
qu^îidniémeil yauroit
eu moins de beautez
quon,ny en trouve.
Nous voyons clairementpar
la connolt:
sance dusiecle où Rabelais
avescu, que la
plûpart de ses expressiós
fortes&naïves lui font
propres a lui seul.
Mais les sçavans sans
prévention avouent
-qu:on- neconnoist pas
assez le siecle d'Homere
pour sçavoirenquoi
il dl original:ceuxqui
connoissent le genie
oriental croiront plustost
que ses expressions
nobles& figurées, que
ses comparaisons magnifiques,&
mesme la
pluspart de sesideés
Poëtiques pouvoient
estreaussi communes
aux Grecsde son temps
que les proverbes sensez
le sont à Paris parmi
le peu ple.
Al'égard du sublime
de Rabelais, il faut convenir
qu'il est bien malâisé
de l'appercevoirà
travers le bascomique,
dont il est offusqué, il
dit en parlant de la
Loy comrnentée & embrouillée
par nos Juris-
Confulres
, que c'est
une belle robe à fondd'or
brodée de crote
: j'en dirois
autant de son sublime
,
qu'on me passe
ce mot en attendant
la définition : Mais appellez
comme il vous
plaira l'idée qu'il donne.
de la vraye & naturelle
Eloquence, par la décision
de Pcntagruel
sur le verbiage du li-,
centié, il paroit qu'elle
fit excellente: en voici
l'idée en abbregé.
LAVRAYE ELOQUENCE.
1 uN jour Penragruel
rencontra certainLice-nti.é,,
non autrement sçavant es;
sciences de son métier de
Docteur:mais en recompense
sçachant tres-foncicierement
danser & joüer
à la paume,lequel donc
rencontrépar Pentagruel,
fut interrogé d'où il venoit
5
& luy répondit,je
liens de l'urbe&citécelebrisjimt
quevulgairement onvocite
Lutece.Qu'est-ce à dire,
dit Pentagruel
,
à son truchementordinaire?
je suis
tout ebahi de tel jargon.
C'efc, répond letruchemenrjqu'il
vient de Paris:
Hé,reprit Pentagruel,.
à quoy passez-vous le
temps à Paris vous autres
licentiez^Nflw^repondit le
Licentié
, en nos occupations
dit: Quel diable de langa
ge est-cecy ? Ce nest que latinécorché, dit le Truchement,
& luy semble
qu'il est éloquent Orateur,
pource qu'ildédaigne
l'usance commune de
parler: or le Licentié
croyant que l'étonnement
Se ébahissement dePentagruel
venoit pour admirer
la haute beauté de cette
élocution, se reguinda encore
plus haut &: plus obleur,
si que par longueur
de periodes,poussa patience
à bout. Parbleu, dità
part-foi Pentagruel,je tapprendrai
quelle est vraie Se
naturelle éloquence ;puis
demadaauLicêciédequel
païs il étoit, à quoy répond
ainsi le Licencié.L'illustre
&honoriferantepropagation
demesaves&ataves, tire
son origine primordiale des
Régions Limosiniennes.J'entens
bien, dit Pentagruel,
tu n'es qu'un Limosin de
Limoge, & tu veux faire
5 le Demosthenes de Grece;
Or viens-cà que je te donne
un tour de peigne, lors
le prit à la gorge,disant :
tu écorches le Latin, moy
j'écorcheray le latiniseur,
si fort lui serroit la gorge
que le pauvre Limosin
commence à crier en Limosin,
vée Dicou Gentil.
latre : Hosaint Marsau !
secourami,bau,bau, laisias k
qu'ou AU nom de Dtous
y
dm
ne me tou cas grou.Ah5 dit
Pentagruel en le laissant ;
voila comment je te voulois
remettre en droit chemin
de vraye éloquence;
car à cette, heure viens-tu
de p, rler comme nature,
&, grand biente fasse icelle.
corrp&ion,-v.
Quoique je trouve
dans; cette;idéeune e fpece
de sublime, je ne
le. compareraipas sans
doute,à ce sublime
d'Homere, dans son
Vingtième Livre,oùil
Ïaicporter ainsiJupiter fàcNrëeibptluéendee4s'aDniseTuxA/tsembléedesDieux,
- '.i! r
Je vaisdonc m'asseoir
sur le sommet de l'Olimpe,
ôcregarder le combat :
mais pour vous autres vous
pouvez descendre,& prendre
ouvertement le party
deceux quevous favorilez,
car si Achille attaque
seullesTroyens,ils ne le
soûtiendront pas un moment
:comment le soû-
,tiendroient-ils aujourd'hui
qu'il est armé ,ôc que là
valeur est encoreaiguisée
par la douleur qu'il a de
la
mort de son amy J
qu'-
hier le voyant mêmesans
armes, ils furent remplis
/deterreur^,ôc..,
- E.î:n(.fuiteHomr ere fait
descendre les Dieux de
YOUmpC) qui animant
les troupes des deuxpartisye.
ng,agIentldfbataille, &se mêlenteux-mêmes
days le combat.
En cet endroit -je
quitte lebadinage par
respect, non pour la reputationseule
d'Homere,
mais pour la grandeur,
la majesté&l'élévation
de sa PoëGe;
quel genie! Se avec
quel art inceresse-t-il
icileCiel, la terre &
toute la nature au grad
fpe&acle qu'ilvanous
donner?il nous forceà
nousy interesser nousmêmes;&
voilal'effet
dusublime.
Pédantcecombat,continué
Homere, le Souverainmaître
des Dieux
tonne du haut duCiel,
'& Neptune élevant ses
flots ébranle laterre,
lescimes du Mont Ida
tremblent jusques dans
leurs
leursfondemens,Troye,
le champ de bataille&
les vaisseaux sontagitez.
par des secousses
violentes,le Roy; des
Enfers, épouvanté au
fond de son Palais, s'élance
de son Trône, &
s'écrie de toute sa force
dans la frayeur où il
est, que Neptune, d'un
coup de son Trident,
n'entrouvre laTerre
qui couvre les ombres,
&, qiie cet affreux séjour,
demeure éternelle
des tenebres & de la
mort, abhorré des Hommes8£
craint même des
Dieux,nereçoive pour
la premiere fois la lumiere,&
ne paroisse à
découvert, si grand eil
le bruit que font ces
Dieux, qui marchent
trleess/unsilco'rn*tre les au- ab-quor
Apollon armé detous
ses traits, attaque Neptune
; Minerves'oppose
à Mars, Diane
marche contre Junon,
mais Achille n'en
veut qu'à Hector, il le
cherche dans la mêlée,
impatient de verser le
fang deceHeros,sous
les yeux même du Dieu
Mars qui le protege.
Voila du beau, du
grand, il se fait sentir
par luy-même, il n'a
pasbesoin de Cõmentaire,
comme mille autres
endroits des anciens
Autheurs, qui ne
sont beaux qu'à proportion
de la creduliré
de ceux qui veulent
bien se prester aux. décisionsdes
Commentateurs.
Comparonsàpresent
., deux tableaux de nos
deux Autheurs sur le
même sujet, ils veulent
runU. l'autre representer
unetempeste..
,
Tout ~~p~
en peinture, en mufiqne,
En prose comme en vers.
sérieux ou comique,
Tempeste de Rubens;.
tempefle de Rablais,
jMrwe du grand Poëte
tragique*.
L'on pourroit comparer
la tempeste heroïque,.
Ala tempeste de Ma, -rais.
Ces vers sepeuvent chanter fit- PairdeJoconde.
TEMPESTE
DE
RABELAIS.
EN. nôtre nauf étions
avec Pentagruel le bon,
joyeusementtranquiles,&
étoit la mer tranquillement
triste; car Neptune
en son naturel est melancolique
& fonge-creux
pource qu'il est plus flegmatique
que sanguin.
Bonasse traîtreuse nous
invitoit à molle oisiveté
>1
ôc oisiveté nous invitoit à
boire,or à boisson vineuse
mêlions saucisses,boutargue
& jambons outrement
salez,pour plus vcu
luptueufement faire sentir,
& contraster suavité
nectarine ,douce non
comme,mais plus que lait.
O que feriez mieux, nous
cria le pilote au lieu d'icelles
salinesmangerviandes
douces,pource qu'incontinent
ne boirez peutêtreque
trop salé ; ce que
disoitlepilote par pronom
c::1:
stication; car pilotes ainsi
que chats en goutieres,
fleurent par instincpluyes
& orages.
Et de fait le beau
clair jour qui luisoit perdant
peu à peu sa transparence,
lumineuse
,
devint
d'abord comme entre
chien & loup,puis brun,
obscur, puis presquenoir,
puis si noir,si noir que
fumes saisis de mal peur;
* car autrelumiere n'éclaira
plus nos faces blêmes
&effrayées, que lueurs
d'éclairsfulminantspar
'Tecrevements
de flambantes
nuées, avec millions
de tonnerres tonigrondants
sur tous les tons
&intonations des orgues
de Jupin, les pedales ,
pou, dou ,dou
,
dou3
icy cromornes,Ton, ron,
ron ) ron &C cla
,
cla y
cla
,
clacla
,
misericorde
, crioit Panurge; détournez
l'orage, Tonnez
les cloches, mais cloches
ne sonnerent ,car en
avoit pour lors: voilà
tout en feu, voilà tout en
eau, bourasques de vents,
fiflemens horrifiques, ce1
la fait trois élements
dont de chacun , trop a-
Ivioiis n'y avoit que terre
qui nous manquoit,si
non pourtant que fondrieres
marines furent si
profondes,qu'en fin fond
d'abîmes ouverts eût-on
pu voir,harangs sur sable
-&C moruës engravées, or
'-du fio,nd d'iceuxabysmes r
vagues montoient aux
nuës
,
& d'icelles nûës.
fc precipitoient comme
torrents , montagnes
d'eau, foy disant vagues,
desquelles aucunes
tombant sur la nauf, Panurge
, qui de frayeur
extravaguoit, disoit ho
ho ho, quelle pluye estce
cy 5 vit-on jamais
pleuvoir vagues toutes
brandies: helas,helas
be be be be, , je nage, bou
bou bou bou, ha maudit
cordonnier, mes souliers
prennent l'eau par
le colet de mon pourpoint.
Ha que cette boit:
son est amere ! hala,
hola
,
je n'ay plus soif.
Te tairas - tu ?
crioit
Frere Jean, & viens
plustost nous aider à
manouvrer ,
où sont
nos boulingues
,
noftrc
trinquet est avau l'eau,
amis à ces rambades
Enfans, n'abandonnons,
le tirados, à moy, à moy.
Par icy, par la haut ,
par là bas.
Viens donc, Pcanurge,
viens, ventre de solles,
viens donc. Hé! ne jurons
point, disoit piteusement
Panurge, ne ju.
rons aujourd'huy, mais
demain tant que tu voudras
,
il est maintenant
heure de faire voeux,Se
promettre pelerinages :
ha ha
,
ha ha, ho ho
ho , ho, je nage, bou bi,
bou bous, sommes-nous
au fond? Ah je me
meurs! mais viens donc
icy nous aider, crioit
Frere Jean, au lieu de
moribonder,met la main
à l'estaransol
, gare la
pane, hau amure, amure
bas , peste soit du
pleurard qui nous est
nuisible au lieu de nous
aider. Ha! oüy oüy oüy,
reprenoit Panurge,vous
fuis nuisible
, mettezmoy
donc à terre afin
que puissiez à l'aise manouvrer
tout vostre soul-
Or icelle tempeste
ou tourmente, ou tourmentante
,comme voudrez
, commença à prendre
fin à force de durer,
comme toutes choses
mondaines: terre, terre,
cria le Pilote,& jugez
bien quelle jubilation
senfUlVlt
, a quoy prit
la plus forte part le
craintif Panurge, qui
defeendant le premier
sur l'arene,disoit,ôtrois
& quatre fois heureux.
Jardinier qui plante
choux, car au moins a-til
un pied sur terre, &
l'autre n'en est esloigné
que d'un fer de besche.
Or remettons tempeste
d'Homere à la pro- „ chaine mercuriale ainsi
que plusieurs autres bribes
des deux Autheurs
que nous paralelliferons
par maniere de passetemps
Rabelaisien, & -
non dogmatiquement ,
chose que- trop repeter
ne puis ; car pires sourds
n'y a que ceux qui ne
veulent point entendre.
SUITE DV PARALLELE
d'Homere&de Rabelais.
*
J'Ay cru que rien ne
rendroit ce Parallele
plus amusantque d'y
mêler de petits contes,
dontle fond estdeRabelais;
mais que j'ai accommodez
de maniere
à pouvoir être lûs des
Dames,& à moins ennuyer
ceux qui ne sont
point afeZj erudits &
"affedwnnez^ Pentagruelistes,
poursavourer,
mâcher&remâcherjusqu'aux
moindres roga-*
tons, & avaler à longs
traits sa -desfuavitezRabelaisiennes
en faveur de
quelques grains de gros
sel,semez par ci par là,
ez., salmigondis & pots
pouris de Maître François.
Pour assortir, ou plûtôrpour
opposer à ces
contes, en trouverai
bien encor quelqu'un
dans Homere, mais je
respecte trop son grand
nom, pour oser rien
mettre du mien dans
ses ouvrages; à peine
ai-je osé retrancher une
bonne moitié du conte
du Cyclope, afin de
rendre l'autre moins
ennuyeuse.
: Pour oposer au grand
& au sublime du Poëte
grec, on trouvera
peut-être dans Maître
François quelques endroits
assez solides pour
faire avouer que Rabelais
cût mieux réussi
dans le sérieux, qu'Homere
n'a réussi dans le
comique, & de là je
prendrai occasion d'avancer
quelques propositions
qui seroient
hardies, téméraires,ridicules
même si on les
avançoit sérieusement,
& dont je n'ose prouver
laveritéqu'en plaisantant;
je les proposeray
donc d'abord
comme des Paradoxes
badins ; tcbadinageaT
cela de bon qu'il peut
éclaircir certaines veritez
qu'une dispute serieuse
ne seroit qu'obscurcirjlcbadinageaencore
cet avanta ge sur la
dispute, qu'au lieud'attirerla*
colere des difputcurs
graves, il n'en
attire qu'un fîlencedédaigneux
, & c'es en
être quitte à bon marché
j car la force des raisonnemens
ne fait que
les irriter au lieu de les
convaincre.
La prévention s'irrite
par la resistance, cest un
animal feroce qu'Homere
eut comparé àun
Taureau furieux
J
qui
parcourant les njaftes
campa?nes de la Lybie,
d'autre but dans sa
fureur que de heurtertête
baiJJie) & de renverser
IÙS plus fortsanimaux
qui oseront l'attaquer
de front.
C'est ainsi que dans
les vastes ambiguitez
dela dispure,les plus
fortes raisons ne tiennent
point contre la
prévention.
Comparons à present
le badinage à l'Abeille
legere, qui voltige en
folâtrant autour de ce
Taureau furieux; elle
badine en fureté entre
ses cornes, lepique legerement,
il ne fait que
secoücr l'oreille,autre
coup d'aiguillon qu'il
méprise, il ne voit point
d'ennemy, cependant
la mouche le pique, ses
piquûres sontlegeres:
maisc11es sontréïterées,
la mouc he se porte avec
agilité par tous les endroits
sensibles, les piqueures
redoublent,il
commence à s'irriter,
se ne voyant à qui s'en
prendre, il tourne sa
colerecontrelui- même,
il s'agite,ilse mord,il
se tourmente, &enfin
il s'épuise,s'affoiblit&
tombe. Procumbithumi
Bos.
Nôtre comparaison
nous a fortéloignez de
nostresujet:tant mieux,
elle n'en est que plus
Homerienne,s'il y a
quelque chose de faux
dans l'application, tant
mieux encore. Homere
est un modele qu'il faut
imiter : ses comparaisons
sont longues, fausses
& semblables les
unes aux autres, il n'importe;
c'est toûjours le
second &C le parfait
Homere.
Les comparaisons de
Rabelais sont plus variées,
plus justes,mais
elles ne sont pas
moins allongées, & la
plûpart sont si basses,
qu'àcet égard ilfaut
bien pour l'honneur du
goût donner la préferenceau
Prince des
Poëtes.
Avantcettedigression
j'ay promis,à propos
d'Homere & de Rabelais
, d'avancer pour rire
quelques proportions
étonnantes, le
premier de ces Paradoxes
c'est :
Qu'il faut pins d'étendue
d'esprit & peutcireplus
d'élévationpour
exceller dans le beau comique
, qu'il n'en faut
pour réussir dansle serieux.
Cette proposition va
révolter d'abord ceux
qui prévenus par refpcâ
pour tout ce qui
a l'air sérieux:
admirent en baillant
un ennuyeux tragique,
Et riant d'une Jjlgne's,
méprisentlecomique.
Le
Le second Paradoxe,
e'est. Que les plus excellentes
piecesserieuses
font mêlées d'excellent
comique
, & par consesquent
qu'un Authtur ne
peut excellerdans lesérieuxy
s'iln'a du talent
pour le comique.r
On trouveroitdans
tous; les siecles, 8cmême
dans lenôtrçxque
les plus grands genies
ont mêlé du winique,
dans leurs ouvrages SC
dans leurs discours,&
les genies mediocres
dérogent même quelquefois
aux prérogatives
de leur gravité,
pour hazarder d'être
plaisans; j'en ai vû s'arrêter
tout court, par
vanité, s'appercevant
qu'ils plaisantoient de
mauvaise grace, & se
déchaîner le moment
d'après contre le meilleur
genre de plaisanterie.
-
Toi qui debite gravement
Tafademédisance,
Caustique par tempec.
ramment,
Serieuxparprudence,
Tumtprifes d'un hon
r, plaisant
La comique élegance,
Comme un gouteux foi- ble&pesant
Mépriseroit la danse.
Les Vers ci-dejjus peuvent Je
chanter sur l'AirdeJÓconde.
Avantque d'avancer
mon troisiéme Paradoxe
,
il faudroit avoir
bien défini le mot de
comique, & celui de subhme
y &C aprés celà
même il seroitpeut-être
encor ridicule de
dire:Quenon-seulement
lè Jubltmerieft pas incompatibleavec<
li\comiqu^
ymais,qmlpssd-J
avoir dans certain comiquedestraitssuperieurs
ausublimeserieux. Voila
unepropositionétonnante,
par rapport à l'idée
qu'on a du sublimc,
que je définirois
volontiers, laperfection
dans le grand : mais on
peut en donner encor
d'autres définitions,&
c'est ce qui nous meneroit
trop loin, il faudroit
trop1 de temps
pourdonneràces trois
Paradoxes toutes les ex*
plications& modifications
qui pourroient
les rendre sérieusement
vrayes > c'est ce que
j'entreprendrai peutêtre
quelque jour,sij'ai
le loisir de mettre en
oeuvre les reflexions
que j'ai faites sur les
fesses idées qu'on a du
sublime, du sérieux &
du comique; contentons-
nous ici de badiner
sur nôtre dernier Paradoxe,
qui nous donnera
occasion de comparer
quelques mor-*
ceaux des deux Autheurs,
dont jecontinuë
le Parallele.
Pour parler selon les
idées communes, disons
: que le comique
nest point sublimepar
lui-mesme
,
mais qu'il
peut renfermer des sens
& des veritez sublimes,
& c'est pour sçavoir
renfermer ces grandes
veritez dans le comique,
qu'il faut un genie
tres étendu.
Ilenfaut moins,par
exemple, pour soûtenirune
morale sublime
par des expressions
fortes & nobles, qui lui
font propres, que pour
la traitter comiquement,
sansl'affoiblir,
&:. sans la dégrader.
Il est'vray que le genre
serieux est plus grand
par luy-même que le
sgaennsre comique, iltient
doute le premier
rang, mais il n'y a point.
au
au Parnasse de ceremonial
qui donne le pas a un Autheur sérieux
surun comique. Ilest
plus grand parexemple,
de traitter la guerre
de Troye ,causée
par lenlevement d'une
Princesse, que la guerre
causéepar l'enlevement
d'un Seau, La
sequi à rapita,mais cette
grandeur est dans le
sujet, & non dans TAutheur
qui le traitte.,8c
celui qui daps le Poème
del'enlevement d'un
Seau, feroit entrer les
idées les plushéroïques
, feroit sansdoute
un plus grand genie"
que celui à qui la grandeur
du sujet fournit
naturellement de grandes
idées.
On ne peut pas soûtenirqu'ily
ait quantité
de hautes idées renfermées
dans le comique
de Rabelais, mais
on prouveroit peut- être
qu'Homere doit une
bonne partie deson sublime
à la grandeurde
son sujet.; ?;!> JU ;
.,' La bassesse des sujets
que Rabelais à traitez
auroit sait tomber son
ouvrage,s'iln'avoit pas étésoustenu par: des
partiesexcellentes;
L'élévation Se lrrraportance
du sujet de
rmiadercûcsoustenuë
qu^îidniémeil yauroit
eu moins de beautez
quon,ny en trouve.
Nous voyons clairementpar
la connolt:
sance dusiecle où Rabelais
avescu, que la
plûpart de ses expressiós
fortes&naïves lui font
propres a lui seul.
Mais les sçavans sans
prévention avouent
-qu:on- neconnoist pas
assez le siecle d'Homere
pour sçavoirenquoi
il dl original:ceuxqui
connoissent le genie
oriental croiront plustost
que ses expressions
nobles& figurées, que
ses comparaisons magnifiques,&
mesme la
pluspart de sesideés
Poëtiques pouvoient
estreaussi communes
aux Grecsde son temps
que les proverbes sensez
le sont à Paris parmi
le peu ple.
Al'égard du sublime
de Rabelais, il faut convenir
qu'il est bien malâisé
de l'appercevoirà
travers le bascomique,
dont il est offusqué, il
dit en parlant de la
Loy comrnentée & embrouillée
par nos Juris-
Confulres
, que c'est
une belle robe à fondd'or
brodée de crote
: j'en dirois
autant de son sublime
,
qu'on me passe
ce mot en attendant
la définition : Mais appellez
comme il vous
plaira l'idée qu'il donne.
de la vraye & naturelle
Eloquence, par la décision
de Pcntagruel
sur le verbiage du li-,
centié, il paroit qu'elle
fit excellente: en voici
l'idée en abbregé.
LAVRAYE ELOQUENCE.
1 uN jour Penragruel
rencontra certainLice-nti.é,,
non autrement sçavant es;
sciences de son métier de
Docteur:mais en recompense
sçachant tres-foncicierement
danser & joüer
à la paume,lequel donc
rencontrépar Pentagruel,
fut interrogé d'où il venoit
5
& luy répondit,je
liens de l'urbe&citécelebrisjimt
quevulgairement onvocite
Lutece.Qu'est-ce à dire,
dit Pentagruel
,
à son truchementordinaire?
je suis
tout ebahi de tel jargon.
C'efc, répond letruchemenrjqu'il
vient de Paris:
Hé,reprit Pentagruel,.
à quoy passez-vous le
temps à Paris vous autres
licentiez^Nflw^repondit le
Licentié
, en nos occupations
dit: Quel diable de langa
ge est-cecy ? Ce nest que latinécorché, dit le Truchement,
& luy semble
qu'il est éloquent Orateur,
pource qu'ildédaigne
l'usance commune de
parler: or le Licentié
croyant que l'étonnement
Se ébahissement dePentagruel
venoit pour admirer
la haute beauté de cette
élocution, se reguinda encore
plus haut &: plus obleur,
si que par longueur
de periodes,poussa patience
à bout. Parbleu, dità
part-foi Pentagruel,je tapprendrai
quelle est vraie Se
naturelle éloquence ;puis
demadaauLicêciédequel
païs il étoit, à quoy répond
ainsi le Licencié.L'illustre
&honoriferantepropagation
demesaves&ataves, tire
son origine primordiale des
Régions Limosiniennes.J'entens
bien, dit Pentagruel,
tu n'es qu'un Limosin de
Limoge, & tu veux faire
5 le Demosthenes de Grece;
Or viens-cà que je te donne
un tour de peigne, lors
le prit à la gorge,disant :
tu écorches le Latin, moy
j'écorcheray le latiniseur,
si fort lui serroit la gorge
que le pauvre Limosin
commence à crier en Limosin,
vée Dicou Gentil.
latre : Hosaint Marsau !
secourami,bau,bau, laisias k
qu'ou AU nom de Dtous
y
dm
ne me tou cas grou.Ah5 dit
Pentagruel en le laissant ;
voila comment je te voulois
remettre en droit chemin
de vraye éloquence;
car à cette, heure viens-tu
de p, rler comme nature,
&, grand biente fasse icelle.
corrp&ion,-v.
Quoique je trouve
dans; cette;idéeune e fpece
de sublime, je ne
le. compareraipas sans
doute,à ce sublime
d'Homere, dans son
Vingtième Livre,oùil
Ïaicporter ainsiJupiter fàcNrëeibptluéendee4s'aDniseTuxA/tsembléedesDieux,
- '.i! r
Je vaisdonc m'asseoir
sur le sommet de l'Olimpe,
ôcregarder le combat :
mais pour vous autres vous
pouvez descendre,& prendre
ouvertement le party
deceux quevous favorilez,
car si Achille attaque
seullesTroyens,ils ne le
soûtiendront pas un moment
:comment le soû-
,tiendroient-ils aujourd'hui
qu'il est armé ,ôc que là
valeur est encoreaiguisée
par la douleur qu'il a de
la
mort de son amy J
qu'-
hier le voyant mêmesans
armes, ils furent remplis
/deterreur^,ôc..,
- E.î:n(.fuiteHomr ere fait
descendre les Dieux de
YOUmpC) qui animant
les troupes des deuxpartisye.
ng,agIentldfbataille, &se mêlenteux-mêmes
days le combat.
En cet endroit -je
quitte lebadinage par
respect, non pour la reputationseule
d'Homere,
mais pour la grandeur,
la majesté&l'élévation
de sa PoëGe;
quel genie! Se avec
quel art inceresse-t-il
icileCiel, la terre &
toute la nature au grad
fpe&acle qu'ilvanous
donner?il nous forceà
nousy interesser nousmêmes;&
voilal'effet
dusublime.
Pédantcecombat,continué
Homere, le Souverainmaître
des Dieux
tonne du haut duCiel,
'& Neptune élevant ses
flots ébranle laterre,
lescimes du Mont Ida
tremblent jusques dans
leurs
leursfondemens,Troye,
le champ de bataille&
les vaisseaux sontagitez.
par des secousses
violentes,le Roy; des
Enfers, épouvanté au
fond de son Palais, s'élance
de son Trône, &
s'écrie de toute sa force
dans la frayeur où il
est, que Neptune, d'un
coup de son Trident,
n'entrouvre laTerre
qui couvre les ombres,
&, qiie cet affreux séjour,
demeure éternelle
des tenebres & de la
mort, abhorré des Hommes8£
craint même des
Dieux,nereçoive pour
la premiere fois la lumiere,&
ne paroisse à
découvert, si grand eil
le bruit que font ces
Dieux, qui marchent
trleess/unsilco'rn*tre les au- ab-quor
Apollon armé detous
ses traits, attaque Neptune
; Minerves'oppose
à Mars, Diane
marche contre Junon,
mais Achille n'en
veut qu'à Hector, il le
cherche dans la mêlée,
impatient de verser le
fang deceHeros,sous
les yeux même du Dieu
Mars qui le protege.
Voila du beau, du
grand, il se fait sentir
par luy-même, il n'a
pasbesoin de Cõmentaire,
comme mille autres
endroits des anciens
Autheurs, qui ne
sont beaux qu'à proportion
de la creduliré
de ceux qui veulent
bien se prester aux. décisionsdes
Commentateurs.
Comparonsàpresent
., deux tableaux de nos
deux Autheurs sur le
même sujet, ils veulent
runU. l'autre representer
unetempeste..
,
Tout ~~p~
en peinture, en mufiqne,
En prose comme en vers.
sérieux ou comique,
Tempeste de Rubens;.
tempefle de Rablais,
jMrwe du grand Poëte
tragique*.
L'on pourroit comparer
la tempeste heroïque,.
Ala tempeste de Ma, -rais.
Ces vers sepeuvent chanter fit- PairdeJoconde.
TEMPESTE
DE
RABELAIS.
EN. nôtre nauf étions
avec Pentagruel le bon,
joyeusementtranquiles,&
étoit la mer tranquillement
triste; car Neptune
en son naturel est melancolique
& fonge-creux
pource qu'il est plus flegmatique
que sanguin.
Bonasse traîtreuse nous
invitoit à molle oisiveté
>1
ôc oisiveté nous invitoit à
boire,or à boisson vineuse
mêlions saucisses,boutargue
& jambons outrement
salez,pour plus vcu
luptueufement faire sentir,
& contraster suavité
nectarine ,douce non
comme,mais plus que lait.
O que feriez mieux, nous
cria le pilote au lieu d'icelles
salinesmangerviandes
douces,pource qu'incontinent
ne boirez peutêtreque
trop salé ; ce que
disoitlepilote par pronom
c::1:
stication; car pilotes ainsi
que chats en goutieres,
fleurent par instincpluyes
& orages.
Et de fait le beau
clair jour qui luisoit perdant
peu à peu sa transparence,
lumineuse
,
devint
d'abord comme entre
chien & loup,puis brun,
obscur, puis presquenoir,
puis si noir,si noir que
fumes saisis de mal peur;
* car autrelumiere n'éclaira
plus nos faces blêmes
&effrayées, que lueurs
d'éclairsfulminantspar
'Tecrevements
de flambantes
nuées, avec millions
de tonnerres tonigrondants
sur tous les tons
&intonations des orgues
de Jupin, les pedales ,
pou, dou ,dou
,
dou3
icy cromornes,Ton, ron,
ron ) ron &C cla
,
cla y
cla
,
clacla
,
misericorde
, crioit Panurge; détournez
l'orage, Tonnez
les cloches, mais cloches
ne sonnerent ,car en
avoit pour lors: voilà
tout en feu, voilà tout en
eau, bourasques de vents,
fiflemens horrifiques, ce1
la fait trois élements
dont de chacun , trop a-
Ivioiis n'y avoit que terre
qui nous manquoit,si
non pourtant que fondrieres
marines furent si
profondes,qu'en fin fond
d'abîmes ouverts eût-on
pu voir,harangs sur sable
-&C moruës engravées, or
'-du fio,nd d'iceuxabysmes r
vagues montoient aux
nuës
,
& d'icelles nûës.
fc precipitoient comme
torrents , montagnes
d'eau, foy disant vagues,
desquelles aucunes
tombant sur la nauf, Panurge
, qui de frayeur
extravaguoit, disoit ho
ho ho, quelle pluye estce
cy 5 vit-on jamais
pleuvoir vagues toutes
brandies: helas,helas
be be be be, , je nage, bou
bou bou bou, ha maudit
cordonnier, mes souliers
prennent l'eau par
le colet de mon pourpoint.
Ha que cette boit:
son est amere ! hala,
hola
,
je n'ay plus soif.
Te tairas - tu ?
crioit
Frere Jean, & viens
plustost nous aider à
manouvrer ,
où sont
nos boulingues
,
noftrc
trinquet est avau l'eau,
amis à ces rambades
Enfans, n'abandonnons,
le tirados, à moy, à moy.
Par icy, par la haut ,
par là bas.
Viens donc, Pcanurge,
viens, ventre de solles,
viens donc. Hé! ne jurons
point, disoit piteusement
Panurge, ne ju.
rons aujourd'huy, mais
demain tant que tu voudras
,
il est maintenant
heure de faire voeux,Se
promettre pelerinages :
ha ha
,
ha ha, ho ho
ho , ho, je nage, bou bi,
bou bous, sommes-nous
au fond? Ah je me
meurs! mais viens donc
icy nous aider, crioit
Frere Jean, au lieu de
moribonder,met la main
à l'estaransol
, gare la
pane, hau amure, amure
bas , peste soit du
pleurard qui nous est
nuisible au lieu de nous
aider. Ha! oüy oüy oüy,
reprenoit Panurge,vous
fuis nuisible
, mettezmoy
donc à terre afin
que puissiez à l'aise manouvrer
tout vostre soul-
Or icelle tempeste
ou tourmente, ou tourmentante
,comme voudrez
, commença à prendre
fin à force de durer,
comme toutes choses
mondaines: terre, terre,
cria le Pilote,& jugez
bien quelle jubilation
senfUlVlt
, a quoy prit
la plus forte part le
craintif Panurge, qui
defeendant le premier
sur l'arene,disoit,ôtrois
& quatre fois heureux.
Jardinier qui plante
choux, car au moins a-til
un pied sur terre, &
l'autre n'en est esloigné
que d'un fer de besche.
Or remettons tempeste
d'Homere à la pro- „ chaine mercuriale ainsi
que plusieurs autres bribes
des deux Autheurs
que nous paralelliferons
par maniere de passetemps
Rabelaisien, & -
non dogmatiquement ,
chose que- trop repeter
ne puis ; car pires sourds
n'y a que ceux qui ne
veulent point entendre.
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Résumé : ARTICLE BURLESQUE. SUITE DU PARALLELE d'Homere & de Rabelais.
L'article compare les œuvres d'Homère et de Rabelais, en soulignant les différences de style et de réception. L'auteur décide de rendre les contes de Rabelais plus accessibles et moins ennuyeux, notamment en retranchant une partie du conte du Cyclope d'Homère pour le rendre moins ennuyeux. Il propose plusieurs paradoxes, comme l'idée que le comique nécessite plus d'étendue d'esprit que le sérieux, et que les œuvres sérieuses excellentes contiennent du comique. L'auteur utilise une métaphore pour comparer la prévention à un taureau furieux et le badinage à une abeille légère qui le pique sans le blesser gravement. Il discute de la difficulté de percevoir le sublime dans les œuvres de Rabelais en raison de leur comique bas. Il cite un exemple de la vraie éloquence dans 'Pantagruel' et le compare à un passage sublime de l'Iliade. Le texte compare également deux descriptions de tempêtes, mettant en avant la tempête de Rubens, celle de Rabelais et la tempête héroïque d'Homère. Il décrit en détail la tempête narrée par Rabelais dans 'Pantagruel'. Cette tempête commence par une mer tranquille et mélancolique, puis se transforme en un chaos de vents, d'éclairs et de vagues monumentales. Les personnages, notamment Panurge et Frère Jean, réagissent avec peur et désespoir, mais aussi avec des tentatives de manœuvre pour sauver le navire. La tempête finit par s'apaiser, apportant un soulagement général, surtout à Panurge, qui exprime sa joie d'avoir enfin un pied sur terre. L'auteur admire la grandeur et la majesté de la poésie d'Homère, qui parvient à impliquer le ciel, la terre et toute la nature dans ses descriptions. Il conclut en quittant le badinage par respect pour Homère. Le texte mentionne la comparaison des tempêtes des deux auteurs comme un passe-temps, sans intention dogmatique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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516
p. 17-19
ACADEMIES.
Début :
Le 25. Aoust Mrs de l'Academie Françoise celebrerent la [...]
Mots clefs :
Académie française, Académie royale des sciences, Académie royale des médailles et inscriptions
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texteReconnaissance textuelle : ACADEMIES.
ACADEMIES.
Le25.AouttMrsde l' Academie
Françoisecelebrerent
la Feste de Sain Louis Roy
de France, selon leur coutume.
Oi dit la Messedans
la Chapelledu Louvre, pendantlaquelle
on chantaun
MotetenMusique quiavoit
esté composé par Mr du
Bouder.Le Panegyrique du
Saint sur prononcé par Mr
l'Abbé Germain.
Mrs de l'Academie Royale
des Sciences, &de celle des
Médailles& Inscriptions celebrerent
la même Fête dans
FEgLifedesPreitresde l'Oratoire
; & le Pere Quinquet
Theatinprononça le Pane.
gyrique.
L'aprésdînée, M" de
l'Academie Françoise tinrcnc
leurAssemblée pour
délivrer le Prix d'Eloquence
qui fut donné à M' Roy,
Confeillct au Chasteler; celuy
de Poesie fut remis à
l'Année prochaine.
Le25.AouttMrsde l' Academie
Françoisecelebrerent
la Feste de Sain Louis Roy
de France, selon leur coutume.
Oi dit la Messedans
la Chapelledu Louvre, pendantlaquelle
on chantaun
MotetenMusique quiavoit
esté composé par Mr du
Bouder.Le Panegyrique du
Saint sur prononcé par Mr
l'Abbé Germain.
Mrs de l'Academie Royale
des Sciences, &de celle des
Médailles& Inscriptions celebrerent
la même Fête dans
FEgLifedesPreitresde l'Oratoire
; & le Pere Quinquet
Theatinprononça le Pane.
gyrique.
L'aprésdînée, M" de
l'Academie Françoise tinrcnc
leurAssemblée pour
délivrer le Prix d'Eloquence
qui fut donné à M' Roy,
Confeillct au Chasteler; celuy
de Poesie fut remis à
l'Année prochaine.
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Résumé : ACADEMIES.
Le 25 août, l'Académie Française célébra la fête de Saint Louis au Louvre. La messe fut accompagnée d'un motet de Monsieur du Bouder et le panégyrique fut prononcé par l'Abbé Germain. L'Académie Royale des Sciences et des Médailles et Inscriptions tint une célébration similaire à la chapelle des Prêtres de l'Oratoire. L'après-midi, l'Académie Française décerna le prix d'éloquence à Monsieur Roy. Le prix de poésie fut reporté.
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517
p. 51-53
« Il y a dans la Ville de Rennes proche de la Porte de Morlaix [...] »
Début :
Il y a dans la Ville de Rennes proche de la Porte de Morlaix [...]
Mots clefs :
Rennes, Eau, Puits
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Il y a dans la Ville de Rennes proche de la Porte de Morlaix [...] »
Ilya dans la Ville de Rennesproche
laPorte de Morlaix
un Puitsfait en 1698. dans
lequel un Maçonqui travailloit
au haut laissa tomberson
marteau.Unhomme dejournéey
estant descendu pourle
chercher, fut étouffé en approchant
de l'eau. Ily endescendit
unsecondpour tirer le corps
mort, qui eut la mêmedestinée
ainsiqu'un troisiéme. Ony en
descendit unquatriémeà demi
•yvrebien liéàquion rçcommanda
de crier quand il
fentiroit quelque chose qui l'incommoderoit.
Il cria dés qu'il
fut prés de l'eau
, & on le retijra
promptement;maisil mourut
trois jours aprés. Ilditqu'il
avoitsentiunechaleur qui luy
brûloit lesentrailles.Ony descendit
un chien quicria au même
endroit, &quimourutpeu
de temps aprés quil eut esté retiré.
Quand onjettoit de l'eausur
ce chien mourant il revenoit de
même que ceuxqui ont étéjettés
dans lafameusegrottedu Chien
prés de Naples. On retira ensuite
lescadavresavecdes crocs; on
lesou-irit.,eon neputreconnOl/
Ire aucune cause de leur
mort. Ce qu'ily a de plussurprenantc'est
que ce nefont point
des terres nouvellement remuées
qui causent ces accidens,
& que l'on boit tous les jours
de l'eau de ce Puitssans aucune
incommodité.
','.,
laPorte de Morlaix
un Puitsfait en 1698. dans
lequel un Maçonqui travailloit
au haut laissa tomberson
marteau.Unhomme dejournéey
estant descendu pourle
chercher, fut étouffé en approchant
de l'eau. Ily endescendit
unsecondpour tirer le corps
mort, qui eut la mêmedestinée
ainsiqu'un troisiéme. Ony en
descendit unquatriémeà demi
•yvrebien liéàquion rçcommanda
de crier quand il
fentiroit quelque chose qui l'incommoderoit.
Il cria dés qu'il
fut prés de l'eau
, & on le retijra
promptement;maisil mourut
trois jours aprés. Ilditqu'il
avoitsentiunechaleur qui luy
brûloit lesentrailles.Ony descendit
un chien quicria au même
endroit, &quimourutpeu
de temps aprés quil eut esté retiré.
Quand onjettoit de l'eausur
ce chien mourant il revenoit de
même que ceuxqui ont étéjettés
dans lafameusegrottedu Chien
prés de Naples. On retira ensuite
lescadavresavecdes crocs; on
lesou-irit.,eon neputreconnOl/
Ire aucune cause de leur
mort. Ce qu'ily a de plussurprenantc'est
que ce nefont point
des terres nouvellement remuées
qui causent ces accidens,
& que l'on boit tous les jours
de l'eau de ce Puitssans aucune
incommodité.
','.,
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Résumé : « Il y a dans la Ville de Rennes proche de la Porte de Morlaix [...] »
En 1698, à Rennes, près de la Porte de Morlaix, un puits fut construit. Un maçon y laissa tomber son marteau. Un homme envoyé pour le récupérer fut étouffé en approchant de l'eau. Deux autres personnes subirent le même sort. Un quatrième homme, bien attaché et recommandé de crier s'il sentait quelque chose, cria dès qu'il fut près de l'eau et mourut trois jours plus tard, affirmant avoir senti une chaleur lui brûler les entrailles. Un chien descendu dans le puits cria au même endroit et mourut peu après. L'eau jetée sur le chien mourant le faisait réagir comme les chiens jetés dans la grotte du Chien près de Naples. Les cadavres furent retirés et examinés, mais aucune cause de leur mort ne put être identifiée. Les accidents ne sont pas causés par des terres nouvellement remuées, et l'eau du puits est consommée quotidiennement sans problème.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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518
p. 13-29
EXTRAIT d'un manuscrit par quelques François, dont on n'avoit encore eu aucunes nouvelles, parce qu'il s'en sauva que deux, qui ne sont arrivez à Brest que depuis quelques mois.
Début :
Il y a quelques années que dix François escortez de [...]
Mots clefs :
Brest, Roi, Hommes, Nation, Français, Peuple, Rivière, Pays, Découverte, Mississippi
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'un manuscrit par quelques François, dont on n'avoit encore eu aucunes nouvelles, parce qu'il s'en sauva que deux, qui ne sont arrivez à Brest que depuis quelques mois.
.Ex-'TRAIT
d'un manuscrit de rua.
yageentrepris parquelques
François, donton
n'avait encore eu aucunes
nouvelles,parce
qud'eilunxe,qsu'einnessaounvtaarqruievez,
a Brestque depuis
quelques mots* I L y a quelques années
que dix François escortez
de deuxSauvages,estant
partisde Montreal,&s'estant
arrestez dans le pays
des Illinois, & sur le bord
de la riviere de Mififtapy,
ils eurent envied'aller à la
découverte. Ils prirent
trois Canotsd'écorce pour
remonter Misissipy
,
sur
lesquels ayant fait cent
cinquante lieuës,ils trouverent
un sault qui les obligea
à faire pendant six
lieuës un portage ,
aprés
lequel ils se rembarquerent
sur le mesmefleuve,
& remonterent encore
quarante lieues sans trouvsr
aucune Nation. Ils
chafiercnr pendant un
mois & demy
,
& tenterent
quelque nouvelle découverte
;enfin ils trouverent
une riviere à quatorze
lieuës de là qui couroit au
Sud Sud-Ouest ce qui
leur fie croire qu'elle alloit
se rendre dans la mer du
Sud, ayant son cours opposé
à celles qui vont se
rendre dans la mer du
Nord. ils resolurent de
porter leurs Canots, pour
y naviger. Dans ce trajet
ils trouverent des lions,
des leopards
,
des tigres,
qui ne leur firent aucun
mal. Estant entrez dans
cette riviere, &: estant descendus
environ centcinquante
lieuës,ilstrouverent
une grande Nation,
qu'on appelle Escaniba,
qui occupe pour le moins
deux cens lieuësde pays,
dans lequelils trouverent
plu sieurs villes,villages
forts, dont les maisons sont
basties de bois & d'écorces.
Ilsont un Roy qui
se dit Descendant de Montcztmu,
& quiestordinairement
habillé de peaux
d'hommes, qui fontcommunes
en ces pays-là,les
peu ples mesme s'en habillent
aum.
Ils font policés en leurs
manieres, Idolatres,leurs
Idoles font affreuses & d'une
grandeur énorme
,
lesquelles
sont dans le Palais
du Roy. Il y en a deux entre
autres, dont l'une est de
figure humaine, armée de
lances & de traits, tenant
un pied enterre,& l'autre
en l'air
* avec la main sur
une figure decheval, comme
s'il vouloit le monter.
Ils disent quec'estla ftai
tuë d'un de leurs Roys qui
qui a filé grand conqueranr.
Cette statuë a dans
la bouche une escarboucle
de formequarrée,&grosse
comme un oeuf d'houtarde
,
qui brille & éc laire
pendant la nuit comme
un feu. L'autre de ces Idoles
estune femme, qui eH:
une Reine montéeen selle
sur une figure de Licorne
à costé de quatre grands
chiens. Ces figures sont
d'or fin nlafIif, & très- malfaites.
Elles sont placées
sur une estradequiest aussi
d'or,& de trente piedsen
quarré. Entre les deux fta*
tuës on entre dans l'appartement
duRoypar unvestibule
magnifique, c'est
là où se tient la garde du
Roy composée de deux
cens hommes.
-.. Le Palais du Roy est
tres grand, & a trois étages
,
les murailles de
huit pieds, font d'or massifen
carreaux rangez l'un
sur l'autre comme des briques
, avec des cram pons
& des barres de mesme
métal,le resteest decharpente
couverte de bois
JeRoy :t y demeure seul avec
ses femmes.À --vj.
'h'
Ces peuples font un.
grand commerce d'or; on
n'a pu deviner avec quel..
le Nation, si ce n'est,laJaponnoise
; car ils le tran sportent
fort loinparcaravannes,
& ils direntà nos
François, qu'ily avoit six
Lunes de chemin jusqu'à
cette Nation. Nos avanturiers
virent partir une
de ces caravannes dans le
tempsde leur sejour, COIHT.-
posée de plus de trois cens
boeufs tous chargez d'or
cscortez d'un pareil nombre
de cavaliers armez dis
lances & de flèches , avec
une espece de poignard;
la Nation leur donne en
- troc du fer, de l'acier, Irlz
des armes blanches. Ils
n'ont point l'usage de l'escriture,
ilsontuneespece
d'écorce apprestée comme
du papier
,
sur laquelle ils
marquent la quantité d'os
dont le conducteur est
chargé
).
& dont il doit
compter a sonretour.
,.
Le Roy s'a ppelle Agauzan,
qui veut dire en leur
langage,le Grand Roy;
il n'a aucune guerre , &
cependant il a tousjours
cent mille hommes tant
Cavalerie qu'Infanterie»
Leurs trompettes font
droites & d'or, dont ils sonnent
fort mal, & des especes
de tambours portez
par des boeufs, faits comme
des chaudrons d'or ,
couverts de peaux de cerfs;
les troupes s'exercent une
fois la semaine en presence
du Roy.
Ces peuples font basanez
, hideux, la teste Ion:"
gue & estroite, parce qu'on
leur ferre la teste estant
jeunes avec du bois ; les
femmes y sont belles &
blanches comme en Europe
; elles ont aussibien
que les hommes de grandes
oreilles qu'ils estiment
une beauté,&qu'ils chargent
danneaux dor ; ife
ont aussi les ongles fort
grands, & cela est une distinéction
,
les hommes les
plus velus y sont les plus
-beàux.,
La poligamie y cffc en
usage, & ils le mettent peu
en peine de la conduite
desfilles, pourveu qu'elles
ne soient point engagées.
Ils aiment la joye & la
danse,mangent beaucoup,
font du vin de palme
,
ôc
ont d'autres boissons3
grands fumeurs, le tabac
y est bon, ôc vient sans
cftre cultivé;ils receurent
parfaitement bien lesFrançois
qui estoient les prcmiers
Européensqu'ils eussent
veus.
Le Roy voulutles retenir
,
& les marier, & il
leur fit promettre de revenir.
Ils estoient surpris de
l'effet des fusils
, • & les
craignoientsifort qu'ils
D'oÍtrCnr enapprocher.
Lepaysest fort tempere,
on y vit jusqu'à une extrêmevieillesse
,&les peuples
ne sontsujets à aucune
maladie.
On y trouve toutes fortes
de fruitstant d'Europe
que des Indes. Ily a du
bled (1'Inde) & dela folle
avoine aussi bonne & au-ni
blancheque le ris; ils font
du pain de l'un & de l'autre,
on n'y cultive que le
bled d'Inde, les plaines y
sont belles, les paturages
excellents, & remplis de
toutes fortes d'animaux,
les rivieres poissonneuses,
& les terres & les bois remplis
d'oiseaux
,
de perroquets
,de singes,& d'animaux
singuliers. La ville
capitale est esloignéed'environ
six lieuës de la riviere
de Missi
, qui veut dire
Riviere d'or ony l.
Nos François,après avoir
pris congé du Roy , promirent
de revenir dans
trente six Lunes, & d'apporter
du corail, des nasfades
& d'autres marchandises
du Canada, pour troquer
contre de l'or. Ils en
fonc si peu de cas que le
Roy leur dit d'en prendre
à leur discretion
,
de maniere
qu'ils s'en chargerent
,
& prirent chacun
soixante barres d'environ
une palme de long, & du
poids r de quatre livres.
Deux de nos avanturiers
eurent la curiosité d'aller
voir l'endroit d'où l'on tire
cet or,ils rapporterentque
les mines estoient dans le
creux des montagnes, ôc
quedans lesdebordemens
les eaux les entraisnoient,
& que la seicheresse estant
venuë on en trouvoit de
gros monceaux sur le lit
des terres qui demeurent
àsec quatremois de l'année.
Lapluspart denosFrançois
furent maffectez dans
leur retour auxembouchures
du fleuve saint Laurent
, par un forban Anglois;
il n'yen a que deux
qui
quise soient échappez,&
qui après une longue captivité
en différences bayes
aux Indes orientales
, occidentales
,& à laChine,
sesonsenfin rendus à Brest,
ils assurent sur leur teste,
que si l'on veut les conduire
à Mi/ifli-py.ilsretrouveront
aisément le chemin
qu'ils ont fait, &c conduit,
rontàce nouveau Perou.
d'un manuscrit de rua.
yageentrepris parquelques
François, donton
n'avait encore eu aucunes
nouvelles,parce
qud'eilunxe,qsu'einnessaounvtaarqruievez,
a Brestque depuis
quelques mots* I L y a quelques années
que dix François escortez
de deuxSauvages,estant
partisde Montreal,&s'estant
arrestez dans le pays
des Illinois, & sur le bord
de la riviere de Mififtapy,
ils eurent envied'aller à la
découverte. Ils prirent
trois Canotsd'écorce pour
remonter Misissipy
,
sur
lesquels ayant fait cent
cinquante lieuës,ils trouverent
un sault qui les obligea
à faire pendant six
lieuës un portage ,
aprés
lequel ils se rembarquerent
sur le mesmefleuve,
& remonterent encore
quarante lieues sans trouvsr
aucune Nation. Ils
chafiercnr pendant un
mois & demy
,
& tenterent
quelque nouvelle découverte
;enfin ils trouverent
une riviere à quatorze
lieuës de là qui couroit au
Sud Sud-Ouest ce qui
leur fie croire qu'elle alloit
se rendre dans la mer du
Sud, ayant son cours opposé
à celles qui vont se
rendre dans la mer du
Nord. ils resolurent de
porter leurs Canots, pour
y naviger. Dans ce trajet
ils trouverent des lions,
des leopards
,
des tigres,
qui ne leur firent aucun
mal. Estant entrez dans
cette riviere, &: estant descendus
environ centcinquante
lieuës,ilstrouverent
une grande Nation,
qu'on appelle Escaniba,
qui occupe pour le moins
deux cens lieuësde pays,
dans lequelils trouverent
plu sieurs villes,villages
forts, dont les maisons sont
basties de bois & d'écorces.
Ilsont un Roy qui
se dit Descendant de Montcztmu,
& quiestordinairement
habillé de peaux
d'hommes, qui fontcommunes
en ces pays-là,les
peu ples mesme s'en habillent
aum.
Ils font policés en leurs
manieres, Idolatres,leurs
Idoles font affreuses & d'une
grandeur énorme
,
lesquelles
sont dans le Palais
du Roy. Il y en a deux entre
autres, dont l'une est de
figure humaine, armée de
lances & de traits, tenant
un pied enterre,& l'autre
en l'air
* avec la main sur
une figure decheval, comme
s'il vouloit le monter.
Ils disent quec'estla ftai
tuë d'un de leurs Roys qui
qui a filé grand conqueranr.
Cette statuë a dans
la bouche une escarboucle
de formequarrée,&grosse
comme un oeuf d'houtarde
,
qui brille & éc laire
pendant la nuit comme
un feu. L'autre de ces Idoles
estune femme, qui eH:
une Reine montéeen selle
sur une figure de Licorne
à costé de quatre grands
chiens. Ces figures sont
d'or fin nlafIif, & très- malfaites.
Elles sont placées
sur une estradequiest aussi
d'or,& de trente piedsen
quarré. Entre les deux fta*
tuës on entre dans l'appartement
duRoypar unvestibule
magnifique, c'est
là où se tient la garde du
Roy composée de deux
cens hommes.
-.. Le Palais du Roy est
tres grand, & a trois étages
,
les murailles de
huit pieds, font d'or massifen
carreaux rangez l'un
sur l'autre comme des briques
, avec des cram pons
& des barres de mesme
métal,le resteest decharpente
couverte de bois
JeRoy :t y demeure seul avec
ses femmes.À --vj.
'h'
Ces peuples font un.
grand commerce d'or; on
n'a pu deviner avec quel..
le Nation, si ce n'est,laJaponnoise
; car ils le tran sportent
fort loinparcaravannes,
& ils direntà nos
François, qu'ily avoit six
Lunes de chemin jusqu'à
cette Nation. Nos avanturiers
virent partir une
de ces caravannes dans le
tempsde leur sejour, COIHT.-
posée de plus de trois cens
boeufs tous chargez d'or
cscortez d'un pareil nombre
de cavaliers armez dis
lances & de flèches , avec
une espece de poignard;
la Nation leur donne en
- troc du fer, de l'acier, Irlz
des armes blanches. Ils
n'ont point l'usage de l'escriture,
ilsontuneespece
d'écorce apprestée comme
du papier
,
sur laquelle ils
marquent la quantité d'os
dont le conducteur est
chargé
).
& dont il doit
compter a sonretour.
,.
Le Roy s'a ppelle Agauzan,
qui veut dire en leur
langage,le Grand Roy;
il n'a aucune guerre , &
cependant il a tousjours
cent mille hommes tant
Cavalerie qu'Infanterie»
Leurs trompettes font
droites & d'or, dont ils sonnent
fort mal, & des especes
de tambours portez
par des boeufs, faits comme
des chaudrons d'or ,
couverts de peaux de cerfs;
les troupes s'exercent une
fois la semaine en presence
du Roy.
Ces peuples font basanez
, hideux, la teste Ion:"
gue & estroite, parce qu'on
leur ferre la teste estant
jeunes avec du bois ; les
femmes y sont belles &
blanches comme en Europe
; elles ont aussibien
que les hommes de grandes
oreilles qu'ils estiment
une beauté,&qu'ils chargent
danneaux dor ; ife
ont aussi les ongles fort
grands, & cela est une distinéction
,
les hommes les
plus velus y sont les plus
-beàux.,
La poligamie y cffc en
usage, & ils le mettent peu
en peine de la conduite
desfilles, pourveu qu'elles
ne soient point engagées.
Ils aiment la joye & la
danse,mangent beaucoup,
font du vin de palme
,
ôc
ont d'autres boissons3
grands fumeurs, le tabac
y est bon, ôc vient sans
cftre cultivé;ils receurent
parfaitement bien lesFrançois
qui estoient les prcmiers
Européensqu'ils eussent
veus.
Le Roy voulutles retenir
,
& les marier, & il
leur fit promettre de revenir.
Ils estoient surpris de
l'effet des fusils
, • & les
craignoientsifort qu'ils
D'oÍtrCnr enapprocher.
Lepaysest fort tempere,
on y vit jusqu'à une extrêmevieillesse
,&les peuples
ne sontsujets à aucune
maladie.
On y trouve toutes fortes
de fruitstant d'Europe
que des Indes. Ily a du
bled (1'Inde) & dela folle
avoine aussi bonne & au-ni
blancheque le ris; ils font
du pain de l'un & de l'autre,
on n'y cultive que le
bled d'Inde, les plaines y
sont belles, les paturages
excellents, & remplis de
toutes fortes d'animaux,
les rivieres poissonneuses,
& les terres & les bois remplis
d'oiseaux
,
de perroquets
,de singes,& d'animaux
singuliers. La ville
capitale est esloignéed'environ
six lieuës de la riviere
de Missi
, qui veut dire
Riviere d'or ony l.
Nos François,après avoir
pris congé du Roy , promirent
de revenir dans
trente six Lunes, & d'apporter
du corail, des nasfades
& d'autres marchandises
du Canada, pour troquer
contre de l'or. Ils en
fonc si peu de cas que le
Roy leur dit d'en prendre
à leur discretion
,
de maniere
qu'ils s'en chargerent
,
& prirent chacun
soixante barres d'environ
une palme de long, & du
poids r de quatre livres.
Deux de nos avanturiers
eurent la curiosité d'aller
voir l'endroit d'où l'on tire
cet or,ils rapporterentque
les mines estoient dans le
creux des montagnes, ôc
quedans lesdebordemens
les eaux les entraisnoient,
& que la seicheresse estant
venuë on en trouvoit de
gros monceaux sur le lit
des terres qui demeurent
àsec quatremois de l'année.
Lapluspart denosFrançois
furent maffectez dans
leur retour auxembouchures
du fleuve saint Laurent
, par un forban Anglois;
il n'yen a que deux
qui
quise soient échappez,&
qui après une longue captivité
en différences bayes
aux Indes orientales
, occidentales
,& à laChine,
sesonsenfin rendus à Brest,
ils assurent sur leur teste,
que si l'on veut les conduire
à Mi/ifli-py.ilsretrouveront
aisément le chemin
qu'ils ont fait, &c conduit,
rontàce nouveau Perou.
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Résumé : EXTRAIT d'un manuscrit par quelques François, dont on n'avoit encore eu aucunes nouvelles, parce qu'il s'en sauva que deux, qui ne sont arrivez à Brest que depuis quelques mois.
Un groupe de dix Français, accompagné de deux autochtones, quitta Montréal pour explorer le pays des Illinois, près de la rivière Mississippi. Ils entreprirent une expédition en remontant le Mississippi sur trois canots d'écorce, parcourant environ 150 lieues avant de rencontrer un obstacle les forçant à faire un portage de six lieues. Après avoir remonté encore 40 lieues sans rencontrer de nation, ils découvrirent une rivière coulant vers le sud-sud-ouest, qu'ils pensèrent mener à la mer du Sud. En naviguant sur cette rivière, ils parcoururent environ 150 lieues et trouvèrent une grande nation appelée Escaniba, occupant au moins 200 lieues de territoire. Cette nation possédait plusieurs villes fortifiées avec des maisons en bois et en écorce. Leur roi, se prétendant descendant de Montezuma, était souvent vêtu de peaux humaines. Les habitants étaient idolâtres, avec des idoles énormes et affreuses dans le palais royal. Ils pratiquaient un grand commerce d'or, transporté par caravanes de bœufs, et échangeaient l'or contre du fer et des armes blanches. Le roi, nommé Agauzan, disposait d'une armée de 100 000 hommes et vivait dans un palais en or massif. Les Français furent bien accueillis et promirent de revenir avec des marchandises pour échanger contre de l'or. Cependant, lors de leur retour, la plupart furent capturés par un forban anglais, et seuls deux survivants parvinrent à Brest après une longue captivité. Ils affirmèrent pouvoir retrouver le chemin du 'nouveau Pérou' s'ils étaient conduits au Mississippi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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519
p. 30-54
Livre nouveau.
Début :
On vient de me mettre entre les mains un Manuscrit [...]
Mots clefs :
Cercle, Soleil, Monde, Milieu, Terre, Copernic, Zodiaque, Méridien, Longitude, Mer, Règles, Degré
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texteReconnaissance textuelle : Livre nouveau.
oNvient de me mettre
entre les mains un Manuscrit
tout neuf, dont j'espere
vous donner un Extrait
quand je l'auray parcouru
à loisir. Comme
il y a dans ce Livre quelque
chose de très interessant
pour la navigation,
j'ay eu impatience de
l'annoncer. Quoyque ce qt-le.ce soit unfujçtfèi-ieux Ôc
Important, on n'a pas
laissé d'y meller du badi-
;
nage pour le rendre plus
à la portéede tour le monde.
Voicy par exemple le
titre:
- Le Chemin des gens d'esprit,
Dialogueenjoué & sèrieux
entre Mr Du petit C- Mr
Augrand J'Vol. in li.
Contenant plusieurs Historiettes
,
& autres petites
pieces curieuses ; une Reformation
des Systesmes
du Monde des Anciens &
des Modernes; & un
Moyen pour trouver les
Longirndes
, avec autant
de preçision qu'ontrouve
lesLatitudes.
ParR. MAUNY.
En attendant (monvous
en donne un ample Ex*,
traie, en voicy uneidée
qui m'aestecommuniquée
par un des amis de l'Aurteur
: car il est juste de
vous donner, autant qu'-
on pourra, des nouveautez
avantmesme qu'elles
paroissent, pour vous dédommager
de l'ancienneté
de quelques morceaux
qu'on donnefinr.
plement, parce qu'ils font
bons., ou parce que n'eflant
pas imprimez, ils
- peuvent estre nouveaux,
pour beaucoup de persons.
nes.. 1,
Letitre deceLivreconvient
à la maniere dont les
sujets y sont traitez: on y
commence d'abord par les
fujcrs. les plus petits, qui
conduisent insensiblement
aux plus grands,&c c'est la
route que suivent ordinairement
les gensd'esprit.
Le commencement est
un badinage qui conduit
insensiblement, par le recit
de plusieurs historiettes,.
à la morale la plus serieuse.
Il donne ensuite un petit
Systeme du Monde, figuré,
qui donne occasîon
de détruire les opinions de
Pcolemée
,
de Copernic,
de Tichobrahé & de Def.
carres, sur la sicuarion &
sur les mouvements du Soleil
& de la Terre, & particulièrement
celle de Copernic
qu'il combaten dif-
Ferens endroits par des raisons
tres fimples & tres na. turelles.Voicyl'opinion
du nouvel. Auteur, & dans
ses propres termes.
;
Je suppose quelaTerre
est directement dans le
ce milieu du Monde,com- *
me l'ont suppose Prole-
,
mée&Tichobrahémais
qu'au lieu d'y être immo-$c
bile, elle s'y meut sur son
Axe; que cet Axe ou plu- «
stoit la Ligne que l'on a*
imaginée palier d'u npolecc.
à l'autre )efl: inclinée vers
le Septentrion, ainsi que«
le marquent les Globes
cc ordinaires;que la Terre«
tourne dessus du mefLnecc
costéque tourne le Soleil«
dans sonCiel,qu'elle ne»
fait son tour qu'en un an,
»& quele Soleil n'a qu'un
»mouvement qu'ilfait aur
»,rour,de „ son Ciel en k? heuresou un jour nacu-
'Ife!.,
Voicyce qu'il dit enfuile
pour faire connoistre
quecesmouvementsde la
Terre & du Soleil peuvent
assez bien se rapporter
pour operer l'accroisseiiient&
la diminution des
jours& des nuits avec le
changement desSaisons,
Pour le bien comprendreimaginez-
vous que
nous
nous fommesaun.Juin"
qui est Je pluslong Jourcc
de l'année: que ce jourlà
la partie de la surface
de la Terre que nous ha- cc
bitons, est leplus prés
du Cercle ou tourne le-e"
Soleilqu'elle puisse en Cf
approcher; quele Cer- Ce
cle où tourne Je Soleil
Cafixe)& noncetAstre;
que la partie de lafurface
de la Terre -que nous"
habitons, s'esloigne ducc
Cercle où tourne le So-f* leiljusqu'au22.Decem cc'
brequi est leplus court
,, jour de Iannee, & que
,, depuis le 22. Décembre
jusqu'au 11. Juin de 1an-
„ née suivante,cette mes-
„ me partie de la surface
/, de la Terre, s'approche
,, du Cercle ou tourne le Soleil. Il me semble que
;y
cela est aisé à concevoir,
5) en supposant que la Ter-
,, re fait son tour en un an
,,,de la manière que je vous l'ayexpliqué,& que c'est ce mouvement de laTer-
,, re qui fait les Equinoxes
) & les Solstices
,
& non
,),
le Soleil, qui ne n-ionte,
'& ne baisse pas plus dans (jC
un tempsque dansun au- €c
cre~&: qui ne tourne point
en biaifanc comme une"
éTcharpee,rmraies bi,en«la" Monopinion à cet égard
est fondée sur une"
experienceque vous pouyez
faire facilement. Pre-,,,r
nez un cercle de dernli-ce
muid, divisez-"
tre parties égales avec"
un compas ; marquez yee
Içs points de .diviGon'c
dans le milieudela lar- cc
geur en dedans;atta-f<
»
chez-le sur une tabie ou
,, sur une planche avec une
5> pointe que vous ferez ,,,,passer dans un de ces pints de division
, ,, en observantquececercle
„n'incline d'aucun costé;
c'està-dire
,
qui1 soit fr
droit, que le point d'en-
;) haut soit à plomb sur ce-
J" luy d'enbas; faites deux
,, petites mortoises surla
table ou la planche dont
,, le milieu foit vis-à-vis la
testede sa pointe, & qui
33
soientesloignees decette
JJ pointe chacune de trois
poucesafin qu'il yaitun'"
espace de six bons pou-,,'"
ces entre ces deux mor
toises
,
dans lesquelles
vous serezentrer un peu
à force deux petites re- cc,
gles assez hautes pour(C
deborder d'un pouce au'*
dessusdu cercle; cela
vous donnera.lafacilitétÇ
de les cloüer aux bouts
d'une petite barre -quite
aura aussi six bons pouces
de longueur
, que
vousattacherezen cra.cc
vers sur lehaut duCer-"
clevis-à-vis du point
"que vous y aurez mar-
,>
qué.Lorsqueces regles,
aurontesté affermies de
"cette maniere,vous marquerez
dans le milieu de
"leur hauteur:"& de leur
,)
largeur, le point central
>}
du Cercle:ce pointcentral.
ellant marque, vous
"prendrez avec un com-
"pas environ la troisiéme
partie du demi diametre
iyde ce Cercle que vous
"marquerez sur l'une dei,
Regles au dessus du point
central, & sur l'autre au
"deiT?us de ce mesme
point central;aprés quoy
vous percerez les deux CCt
Regles avec une fort petite
vrille, à l'endroit où
vous aurez faitces deux"
marques,afin qu'en par.
fant dans les deux trollS,cc
un morceau de fil dtar.(C
chal bien droit, il se trou-"
ve en ligne diagonale.
Prenez ensuiteune boule
dont le diamerren'exce- <c
de pas l'espace qu'il y aura
entre les deux Regles;
percez la de part en part,
ensorte que l'épaisseur se cl
trouveégale tour à l'en- el
"tour du trou; placez î&
"entrevos deux Regles otb
vous la ferez tenir par lé
3> moy en de vostre broche
de fil d'arc hal
,
de laquelyy
le vous courberez un peei
9)
le bout qui fera en haut,
yyâSn de l'empescher de
"glisseren bas. Cette boule
estant ainsi place'e;»
„ vous marquerez quatre
points dessus
,
dire6leiment
vis-à-vis des quatre
"que vous aurezmarquez
3y(ur leCercle. Vous su p*. "parerez que ce Cercle
JJ
sera celuy où tournera le
Soleil, & que cette bou- 1r- leseralaTerre; que le'&.
point d'enhaut &, celuy <f
,. d'en bas,marquez sur la
boule, seront les points Ct:
des deux Solstices, & quec<
ceux des deux costez fe-((
ront les deux pointsdes"
Equinoxesvous suppo- c.,
ferez aussi que le Soleil<c
fait letour de sonCercle
en 24.heures, ou un jour"
naturel, & que laTerre"
ne fait le sien qu'en une cc
année.Celasuppose,vous"
verrez qu'en faisanttour-c,"
ner la boulctot,,sioursdu,",e
mesme costé, les points
desSolstices s'éloigne-
,, ront pendant six mois du
Cercle oùtourne leSoleil,
& s'en raprocheront
3,
pendant six autres mois,
',,& quelespointsdesEqui-
"noxes passeront tous les
fîxjjiois d'un costé de ce cercle àJautre.
Decette experience artificielle,
on passe à une
nouvelle définition duflus
& reflus de la Mer, qui est
aussi tres sensible
,
& enfiiitc
au moyen de pouvoir
trouver les Longitudes
dans tous les points dit
Monde, avec autant de
précisionqu'on trouve les
Latitudes. L'Autheur dit
en un endroit:
-- Je crois que la Terre
se meut de la maniere«
dont je l'ay expliqué; que
te Soleilpasse vis-àvis les"-
douze Signes du Zodiaque
en 24.. heures ou un «
jour naturel; que la par.,
tie du premier Meridien
quiest dans la Zone Tor- «
ride, paÍfe vis- à -vis de «
ces douze Signes dans le.ùcours
d'une année; que*
,)C0111111e dans toutes les
»obfervarions astronomi-
» ques que l'on a faitesjus-
« qu'à present, l'onatous-
"jours supposé que le Globe
de la Terre estoit im-
«mobile ou qu'il se mou-
»voit autrement qu'il Ce,
MCIIT, c'est ce qui doit
t) avoir empesché que l'on.
n'é1ie encore pû sçavoir
« le véritable & le plus seur
Mmoyen de trouver les
» Longitudes dans tous les
points du Monde;& que.
«
si l'on fixoit un point dans
le Zodiaquevis-a vis duquel
lepremier Meri- «
diense trouveroitJepre-cc
mier jour de l an, ou un «
autre jour remarquable,«
on connoiftroit dans quel«
point il seroit tous les au-«
tres jours del'année, & «
par le mesme moyen )es«
Longitudes dans tous les
pointsdu Monde,avec «
plusde précision que l'on
n'aencorefait,parceque
pour connoistre précise
ment en quel lieu on feroit,
on n'auroit qu'à observer
vis- à -vis de quel"
point du Zodiaque on se
"trouveroit ,&compter
ensuitecombien il y au-
« roit de degrez. depuis ce
point duZodiaque juf-
""qu'à celuy vis-à-vis du-
-»
quel lepremier Meridien
devroit se trouver.
1.
Il ditdans un autre endroit:
» Vous comprenez bien
« qu'il seraaussi facile de
«trouver le Degré du pre-
"mier Meridien,qu'il a
» esté facilejusqu'à prefenc
» de trouver le Degré du
» Soleil, ea supposant qu'il
avoit un cours annuel, «
& que j'attribuë à la par-«
tie du premier Meridien«
qui est entre les Cercles
(C des Tropiques, ce quecc
Ptolemée&Tichobrahé «
ont attribué au Soleil. «
Dans un autre,en parlant
de l'observation qu'on
dcvroit faire pourconnoistre
dans quel Degré de
tel Signe se trouveroit le
premier Meridien un certain
jour de l'année,il dit:
Mais en disantun cer- «
tain jour de l'année
,
je"
ne dis pas qu'on ne de- «
') vroit faire cette observa-
3)
tion qu'un seul jour; je
„ veux dire qu'a prés l'avoir
5, faire pendantunan,&
marqué chaque jour vis-
„ à-vis de quel Degré de
„ tel Signe lé trouveroit le
„ premier Meridien
, on
choisiroit un jour remarj9
quabledans l'année,d'où
„ l'on comenceroità com- „pterle „ Degré du premier Meridien; & j'ajouste
„ que pourque cette observation
fust juste
,
il fau-
„ droit la faire de dessus
,, la pointe occidentale de
Tille
i-sie.où,l'on fait passer“
le premier Meridien. (C
Ces endroits, ainsi que,
tous lesautres.sont entremeslenzM
de contradiét.ions.
Ci derépliqués qui y donnent
encore plus de forcer
mais cependant l'Autheur
finit en disant qu'il n'a
point allez de sagacitény
de présomption pour croire
pouvoir donner au public
un ouvrage parfait, ôc
que s'ille publie , c'est
particulièrement dans le
dessein que si lesSçavants
trouvent sonopinion sur le"
mouvement du Soleil, ôC
sur celuy de la Terre, digne
de leur atrention ,ils
travailleront aux moyens
de la rendre utileà la marine.
entre les mains un Manuscrit
tout neuf, dont j'espere
vous donner un Extrait
quand je l'auray parcouru
à loisir. Comme
il y a dans ce Livre quelque
chose de très interessant
pour la navigation,
j'ay eu impatience de
l'annoncer. Quoyque ce qt-le.ce soit unfujçtfèi-ieux Ôc
Important, on n'a pas
laissé d'y meller du badi-
;
nage pour le rendre plus
à la portéede tour le monde.
Voicy par exemple le
titre:
- Le Chemin des gens d'esprit,
Dialogueenjoué & sèrieux
entre Mr Du petit C- Mr
Augrand J'Vol. in li.
Contenant plusieurs Historiettes
,
& autres petites
pieces curieuses ; une Reformation
des Systesmes
du Monde des Anciens &
des Modernes; & un
Moyen pour trouver les
Longirndes
, avec autant
de preçision qu'ontrouve
lesLatitudes.
ParR. MAUNY.
En attendant (monvous
en donne un ample Ex*,
traie, en voicy uneidée
qui m'aestecommuniquée
par un des amis de l'Aurteur
: car il est juste de
vous donner, autant qu'-
on pourra, des nouveautez
avantmesme qu'elles
paroissent, pour vous dédommager
de l'ancienneté
de quelques morceaux
qu'on donnefinr.
plement, parce qu'ils font
bons., ou parce que n'eflant
pas imprimez, ils
- peuvent estre nouveaux,
pour beaucoup de persons.
nes.. 1,
Letitre deceLivreconvient
à la maniere dont les
sujets y sont traitez: on y
commence d'abord par les
fujcrs. les plus petits, qui
conduisent insensiblement
aux plus grands,&c c'est la
route que suivent ordinairement
les gensd'esprit.
Le commencement est
un badinage qui conduit
insensiblement, par le recit
de plusieurs historiettes,.
à la morale la plus serieuse.
Il donne ensuite un petit
Systeme du Monde, figuré,
qui donne occasîon
de détruire les opinions de
Pcolemée
,
de Copernic,
de Tichobrahé & de Def.
carres, sur la sicuarion &
sur les mouvements du Soleil
& de la Terre, & particulièrement
celle de Copernic
qu'il combaten dif-
Ferens endroits par des raisons
tres fimples & tres na. turelles.Voicyl'opinion
du nouvel. Auteur, & dans
ses propres termes.
;
Je suppose quelaTerre
est directement dans le
ce milieu du Monde,com- *
me l'ont suppose Prole-
,
mée&Tichobrahémais
qu'au lieu d'y être immo-$c
bile, elle s'y meut sur son
Axe; que cet Axe ou plu- «
stoit la Ligne que l'on a*
imaginée palier d'u npolecc.
à l'autre )efl: inclinée vers
le Septentrion, ainsi que«
le marquent les Globes
cc ordinaires;que la Terre«
tourne dessus du mefLnecc
costéque tourne le Soleil«
dans sonCiel,qu'elle ne»
fait son tour qu'en un an,
»& quele Soleil n'a qu'un
»mouvement qu'ilfait aur
»,rour,de „ son Ciel en k? heuresou un jour nacu-
'Ife!.,
Voicyce qu'il dit enfuile
pour faire connoistre
quecesmouvementsde la
Terre & du Soleil peuvent
assez bien se rapporter
pour operer l'accroisseiiient&
la diminution des
jours& des nuits avec le
changement desSaisons,
Pour le bien comprendreimaginez-
vous que
nous
nous fommesaun.Juin"
qui est Je pluslong Jourcc
de l'année: que ce jourlà
la partie de la surface
de la Terre que nous ha- cc
bitons, est leplus prés
du Cercle ou tourne le-e"
Soleilqu'elle puisse en Cf
approcher; quele Cer- Ce
cle où tourne Je Soleil
Cafixe)& noncetAstre;
que la partie de lafurface
de la Terre -que nous"
habitons, s'esloigne ducc
Cercle où tourne le So-f* leiljusqu'au22.Decem cc'
brequi est leplus court
,, jour de Iannee, & que
,, depuis le 22. Décembre
jusqu'au 11. Juin de 1an-
„ née suivante,cette mes-
„ me partie de la surface
/, de la Terre, s'approche
,, du Cercle ou tourne le Soleil. Il me semble que
;y
cela est aisé à concevoir,
5) en supposant que la Ter-
,, re fait son tour en un an
,,,de la manière que je vous l'ayexpliqué,& que c'est ce mouvement de laTer-
,, re qui fait les Equinoxes
) & les Solstices
,
& non
,),
le Soleil, qui ne n-ionte,
'& ne baisse pas plus dans (jC
un tempsque dansun au- €c
cre~&: qui ne tourne point
en biaifanc comme une"
éTcharpee,rmraies bi,en«la" Monopinion à cet égard
est fondée sur une"
experienceque vous pouyez
faire facilement. Pre-,,,r
nez un cercle de dernli-ce
muid, divisez-"
tre parties égales avec"
un compas ; marquez yee
Içs points de .diviGon'c
dans le milieudela lar- cc
geur en dedans;atta-f<
»
chez-le sur une tabie ou
,, sur une planche avec une
5> pointe que vous ferez ,,,,passer dans un de ces pints de division
, ,, en observantquececercle
„n'incline d'aucun costé;
c'està-dire
,
qui1 soit fr
droit, que le point d'en-
;) haut soit à plomb sur ce-
J" luy d'enbas; faites deux
,, petites mortoises surla
table ou la planche dont
,, le milieu foit vis-à-vis la
testede sa pointe, & qui
33
soientesloignees decette
JJ pointe chacune de trois
poucesafin qu'il yaitun'"
espace de six bons pou-,,'"
ces entre ces deux mor
toises
,
dans lesquelles
vous serezentrer un peu
à force deux petites re- cc,
gles assez hautes pour(C
deborder d'un pouce au'*
dessusdu cercle; cela
vous donnera.lafacilitétÇ
de les cloüer aux bouts
d'une petite barre -quite
aura aussi six bons pouces
de longueur
, que
vousattacherezen cra.cc
vers sur lehaut duCer-"
clevis-à-vis du point
"que vous y aurez mar-
,>
qué.Lorsqueces regles,
aurontesté affermies de
"cette maniere,vous marquerez
dans le milieu de
"leur hauteur:"& de leur
,)
largeur, le point central
>}
du Cercle:ce pointcentral.
ellant marque, vous
"prendrez avec un com-
"pas environ la troisiéme
partie du demi diametre
iyde ce Cercle que vous
"marquerez sur l'une dei,
Regles au dessus du point
central, & sur l'autre au
"deiT?us de ce mesme
point central;aprés quoy
vous percerez les deux CCt
Regles avec une fort petite
vrille, à l'endroit où
vous aurez faitces deux"
marques,afin qu'en par.
fant dans les deux trollS,cc
un morceau de fil dtar.(C
chal bien droit, il se trou-"
ve en ligne diagonale.
Prenez ensuiteune boule
dont le diamerren'exce- <c
de pas l'espace qu'il y aura
entre les deux Regles;
percez la de part en part,
ensorte que l'épaisseur se cl
trouveégale tour à l'en- el
"tour du trou; placez î&
"entrevos deux Regles otb
vous la ferez tenir par lé
3> moy en de vostre broche
de fil d'arc hal
,
de laquelyy
le vous courberez un peei
9)
le bout qui fera en haut,
yyâSn de l'empescher de
"glisseren bas. Cette boule
estant ainsi place'e;»
„ vous marquerez quatre
points dessus
,
dire6leiment
vis-à-vis des quatre
"que vous aurezmarquez
3y(ur leCercle. Vous su p*. "parerez que ce Cercle
JJ
sera celuy où tournera le
Soleil, & que cette bou- 1r- leseralaTerre; que le'&.
point d'enhaut &, celuy <f
,. d'en bas,marquez sur la
boule, seront les points Ct:
des deux Solstices, & quec<
ceux des deux costez fe-((
ront les deux pointsdes"
Equinoxesvous suppo- c.,
ferez aussi que le Soleil<c
fait letour de sonCercle
en 24.heures, ou un jour"
naturel, & que laTerre"
ne fait le sien qu'en une cc
année.Celasuppose,vous"
verrez qu'en faisanttour-c,"
ner la boulctot,,sioursdu,",e
mesme costé, les points
desSolstices s'éloigne-
,, ront pendant six mois du
Cercle oùtourne leSoleil,
& s'en raprocheront
3,
pendant six autres mois,
',,& quelespointsdesEqui-
"noxes passeront tous les
fîxjjiois d'un costé de ce cercle àJautre.
Decette experience artificielle,
on passe à une
nouvelle définition duflus
& reflus de la Mer, qui est
aussi tres sensible
,
& enfiiitc
au moyen de pouvoir
trouver les Longitudes
dans tous les points dit
Monde, avec autant de
précisionqu'on trouve les
Latitudes. L'Autheur dit
en un endroit:
-- Je crois que la Terre
se meut de la maniere«
dont je l'ay expliqué; que
te Soleilpasse vis-àvis les"-
douze Signes du Zodiaque
en 24.. heures ou un «
jour naturel; que la par.,
tie du premier Meridien
quiest dans la Zone Tor- «
ride, paÍfe vis- à -vis de «
ces douze Signes dans le.ùcours
d'une année; que*
,)C0111111e dans toutes les
»obfervarions astronomi-
» ques que l'on a faitesjus-
« qu'à present, l'onatous-
"jours supposé que le Globe
de la Terre estoit im-
«mobile ou qu'il se mou-
»voit autrement qu'il Ce,
MCIIT, c'est ce qui doit
t) avoir empesché que l'on.
n'é1ie encore pû sçavoir
« le véritable & le plus seur
Mmoyen de trouver les
» Longitudes dans tous les
points du Monde;& que.
«
si l'on fixoit un point dans
le Zodiaquevis-a vis duquel
lepremier Meri- «
diense trouveroitJepre-cc
mier jour de l an, ou un «
autre jour remarquable,«
on connoiftroit dans quel«
point il seroit tous les au-«
tres jours del'année, & «
par le mesme moyen )es«
Longitudes dans tous les
pointsdu Monde,avec «
plusde précision que l'on
n'aencorefait,parceque
pour connoistre précise
ment en quel lieu on feroit,
on n'auroit qu'à observer
vis- à -vis de quel"
point du Zodiaque on se
"trouveroit ,&compter
ensuitecombien il y au-
« roit de degrez. depuis ce
point duZodiaque juf-
""qu'à celuy vis-à-vis du-
-»
quel lepremier Meridien
devroit se trouver.
1.
Il ditdans un autre endroit:
» Vous comprenez bien
« qu'il seraaussi facile de
«trouver le Degré du pre-
"mier Meridien,qu'il a
» esté facilejusqu'à prefenc
» de trouver le Degré du
» Soleil, ea supposant qu'il
avoit un cours annuel, «
& que j'attribuë à la par-«
tie du premier Meridien«
qui est entre les Cercles
(C des Tropiques, ce quecc
Ptolemée&Tichobrahé «
ont attribué au Soleil. «
Dans un autre,en parlant
de l'observation qu'on
dcvroit faire pourconnoistre
dans quel Degré de
tel Signe se trouveroit le
premier Meridien un certain
jour de l'année,il dit:
Mais en disantun cer- «
tain jour de l'année
,
je"
ne dis pas qu'on ne de- «
') vroit faire cette observa-
3)
tion qu'un seul jour; je
„ veux dire qu'a prés l'avoir
5, faire pendantunan,&
marqué chaque jour vis-
„ à-vis de quel Degré de
„ tel Signe lé trouveroit le
„ premier Meridien
, on
choisiroit un jour remarj9
quabledans l'année,d'où
„ l'on comenceroità com- „pterle „ Degré du premier Meridien; & j'ajouste
„ que pourque cette observation
fust juste
,
il fau-
„ droit la faire de dessus
,, la pointe occidentale de
Tille
i-sie.où,l'on fait passer“
le premier Meridien. (C
Ces endroits, ainsi que,
tous lesautres.sont entremeslenzM
de contradiét.ions.
Ci derépliqués qui y donnent
encore plus de forcer
mais cependant l'Autheur
finit en disant qu'il n'a
point allez de sagacitény
de présomption pour croire
pouvoir donner au public
un ouvrage parfait, ôc
que s'ille publie , c'est
particulièrement dans le
dessein que si lesSçavants
trouvent sonopinion sur le"
mouvement du Soleil, ôC
sur celuy de la Terre, digne
de leur atrention ,ils
travailleront aux moyens
de la rendre utileà la marine.
Fermer
Résumé : Livre nouveau.
Le manuscrit 'Le Chemin des gens d'esprit' est un dialogue entre Monsieur Du Petit C- et Monsieur Augrand. Il contient des historiettes, des pièces curieuses, une réforme des systèmes du monde anciens et modernes, et une méthode pour déterminer les longitudes avec la même précision que les latitudes. L'auteur, R. Mauny, propose une nouvelle théorie sur les mouvements de la Terre et du Soleil. Selon cette théorie, la Terre est au centre de l'univers et tourne sur son axe incliné, effectuant une rotation annuelle. Cette théorie explique les variations des jours et des nuits ainsi que les saisons. L'auteur utilise une expérience avec un cercle et une boule représentant respectivement le Soleil et la Terre pour illustrer sa théorie. Il suggère également une nouvelle méthode pour observer les longitudes en fixant un point dans le Zodiaque. Le manuscrit inclut des contradictions et des erreurs, mais l'auteur espère que les savants pourront améliorer et utiliser ses idées pour la navigation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
520
p. 54-63
De l'excellence de la musique, & son utilité.
Début :
On fait tort à la Musique en luy donnant le nom [...]
Mots clefs :
Musique, Art, Science, Excellence
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texteReconnaissance textuelle : De l'excellence de la musique, & son utilité.
De£excellentede la nzu- huey&fônutilité.
ON fait tort à la Musique
en luy donnant lenom, art ou de science. Le premier
est trop simple & trop
Borné, rx lesecond, quoyque
plus noble & plus estendu,
ne satisfait pas assez,
concevons une plus haute
idée de l'harmonie, qui
s'empare, pour ainsi dire,
de toutes les faculrez de
nostreamc~ qui suspend
tous ses autres sentiments
dans le moment que nous
en sommes charmez.
-
Examinonsenquoy chaque
scienceou chaque arc
pourroient disputerquelque
p éference
, ou aller
de pair avec elle, Si la Logique
nousfaitvaloirl'invention
de ses sillogismes;
la fuguedans la Musiqué
a'est-die pas aussi ingenieufe?
Etsil'art de trouver
la définition d'un problème
estrenfermé en ce l,,,
le-là, celle-cy ne définit'elle
pas, pour ainsidire,,
par desexpressions & des
modu lations d iflinâ,estot,.,,.,
tes lesdifférentes passions-
LaPhysique qui nous developpe
cous les secrets de
la nature ,
& qui les employe
si heureusement à 1a*
guerison denos maladies,
n'a point d'effet plus surprenant
que celuy de la
Musique
,
qui guérit le venin
de. la Tarentole
, cet
animal si dangereux.Cette
-
guerison n'est que le simple
effetd'un air gay qu'-
un Simphorniste aura joué
sur un violon; ce rteft point
un conte, une chose si extraordinaire
se voie tressouvent
au Royaume de
Naples. Passons à la Morale
par qui. les vertus&
les vices font si bien désinis.
Ellenousapprendl'art
de faire un portrait ou un
caractere ; mais elle n'a
pas la vertu d'émouvoir
ce degré de perfection
n'appartient qu'à la Mu!i:ú
-que: c'est elle qui nous émeut
,
qui nous adoucit
qui nous charme ,& qui
nous consoles la fable luy
a donné du pouvoir sur
toutes les Divinirez ; les
Parques,les Furies &Pluton
mesme ne luy resusent
rien. Voyons ce que les
autres sciencesont decomtnli'nave.
celle. L'Arithmetique
a des rapports tresconnus
avec les accords
harmoniques. Les Mathematiques
ont un objet
communavec elle,la grandeur,
& la quantité continuë&
discrette, les tems,.
lesproportions:les raisons
& les habitudes font également
de leur ressort. La
Peinture & l'Architecture,
ces arts si cheris & tant
estimez, vont de compagnie
avec la Musique. Le
premier nous la reprefenre
actuellement, & le second
luy est toujoursdans
une parfaite correspondance
, la Musique est res
profunda, & selon Theophile,
magnus etiamque the-:
saurus.Son pouvoir est divin
& le Demon estcontraint
de lui cederMusica
fugatur Diabalus, ~& qui
juxtasententiam jobfagittas
reputasquasi paleas ~& lapidessundevelutstipulas
spernitderidet
etiam yibrantsrrz
bjft<im, &: dur'ijftmos mahoz
pro nibilo pendit ad citharde
sonitum tremefactus reccdit}&
quem nulla its superat fuperatharmoni*.
Les Anciens,
selonPlutarque, mettoient
une lyre dans les mains de
l'amour , avec l'arc & le
carquois à ses pieds, pour
montrer le rang que
tientla Musiquesurtoutes
nos
nos passions ; & les Gentilsavoient
de coustume
de representer leurs Divinitez
dans une attitude
harmonieuse. Prisci musica
instrumenta, in manus Deorum
imagtnibusposuerunt, nonsanè
quód eo lyr<t, aut cytharæ ludere
putarent ,
sed quod nullum
Deo opus convenientius
effi judicaverant quam consonantiam
& harmoniam. Au
sentiment de saint Thomas,
elle esleve nostreesprit
à la contemplation des
choses celestes. Cantussalubriterfit
in Ecclesia ad devotionem
excitandam. AuiIi
Platon nous exhorte de
l'apprendrependant nostre
~jeueffe -par ces paroles:
Nonne Princeps,~primaria
illi* mdjicu tdacanb ,
mod&l&rumconcentuum
rktionibus vprfaJttr,efficrtijji*
trie in ipjkdrriwte interioratri*
jtüit, , vemjfatequadam
animumvebementissimum tan-
- git , dftmqnr adeo verinftath
decoreafficit si in ~ta accuratè
claboret ,XT à teneris annir
instituatur. Il ne faut pas
douter que ces grandshommes
payentcompris
parfaitement l'excellence
de la Musique, & par l'eflims
qu'ils en ontfait
nous devons conclure de
son utilité& de son avantage.
Onremarque que
Socrate s'en instruisit à soixante
& dix ans,& ce qui
arriva à Themistocle,doit
servir d'exemple à bien du
monde. Ce Capitaine,
pour avoir refusé une lyre
qui luy fut presentée à propos,
& dans une heure de
récréation
,
demeura exposé
le reste de sa vie à la
raillerie &aumépris.
ON fait tort à la Musique
en luy donnant lenom, art ou de science. Le premier
est trop simple & trop
Borné, rx lesecond, quoyque
plus noble & plus estendu,
ne satisfait pas assez,
concevons une plus haute
idée de l'harmonie, qui
s'empare, pour ainsi dire,
de toutes les faculrez de
nostreamc~ qui suspend
tous ses autres sentiments
dans le moment que nous
en sommes charmez.
-
Examinonsenquoy chaque
scienceou chaque arc
pourroient disputerquelque
p éference
, ou aller
de pair avec elle, Si la Logique
nousfaitvaloirl'invention
de ses sillogismes;
la fuguedans la Musiqué
a'est-die pas aussi ingenieufe?
Etsil'art de trouver
la définition d'un problème
estrenfermé en ce l,,,
le-là, celle-cy ne définit'elle
pas, pour ainsidire,,
par desexpressions & des
modu lations d iflinâ,estot,.,,.,
tes lesdifférentes passions-
LaPhysique qui nous developpe
cous les secrets de
la nature ,
& qui les employe
si heureusement à 1a*
guerison denos maladies,
n'a point d'effet plus surprenant
que celuy de la
Musique
,
qui guérit le venin
de. la Tarentole
, cet
animal si dangereux.Cette
-
guerison n'est que le simple
effetd'un air gay qu'-
un Simphorniste aura joué
sur un violon; ce rteft point
un conte, une chose si extraordinaire
se voie tressouvent
au Royaume de
Naples. Passons à la Morale
par qui. les vertus&
les vices font si bien désinis.
Ellenousapprendl'art
de faire un portrait ou un
caractere ; mais elle n'a
pas la vertu d'émouvoir
ce degré de perfection
n'appartient qu'à la Mu!i:ú
-que: c'est elle qui nous émeut
,
qui nous adoucit
qui nous charme ,& qui
nous consoles la fable luy
a donné du pouvoir sur
toutes les Divinirez ; les
Parques,les Furies &Pluton
mesme ne luy resusent
rien. Voyons ce que les
autres sciencesont decomtnli'nave.
celle. L'Arithmetique
a des rapports tresconnus
avec les accords
harmoniques. Les Mathematiques
ont un objet
communavec elle,la grandeur,
& la quantité continuë&
discrette, les tems,.
lesproportions:les raisons
& les habitudes font également
de leur ressort. La
Peinture & l'Architecture,
ces arts si cheris & tant
estimez, vont de compagnie
avec la Musique. Le
premier nous la reprefenre
actuellement, & le second
luy est toujoursdans
une parfaite correspondance
, la Musique est res
profunda, & selon Theophile,
magnus etiamque the-:
saurus.Son pouvoir est divin
& le Demon estcontraint
de lui cederMusica
fugatur Diabalus, ~& qui
juxtasententiam jobfagittas
reputasquasi paleas ~& lapidessundevelutstipulas
spernitderidet
etiam yibrantsrrz
bjft<im, &: dur'ijftmos mahoz
pro nibilo pendit ad citharde
sonitum tremefactus reccdit}&
quem nulla its superat fuperatharmoni*.
Les Anciens,
selonPlutarque, mettoient
une lyre dans les mains de
l'amour , avec l'arc & le
carquois à ses pieds, pour
montrer le rang que
tientla Musiquesurtoutes
nos
nos passions ; & les Gentilsavoient
de coustume
de representer leurs Divinitez
dans une attitude
harmonieuse. Prisci musica
instrumenta, in manus Deorum
imagtnibusposuerunt, nonsanè
quód eo lyr<t, aut cytharæ ludere
putarent ,
sed quod nullum
Deo opus convenientius
effi judicaverant quam consonantiam
& harmoniam. Au
sentiment de saint Thomas,
elle esleve nostreesprit
à la contemplation des
choses celestes. Cantussalubriterfit
in Ecclesia ad devotionem
excitandam. AuiIi
Platon nous exhorte de
l'apprendrependant nostre
~jeueffe -par ces paroles:
Nonne Princeps,~primaria
illi* mdjicu tdacanb ,
mod&l&rumconcentuum
rktionibus vprfaJttr,efficrtijji*
trie in ipjkdrriwte interioratri*
jtüit, , vemjfatequadam
animumvebementissimum tan-
- git , dftmqnr adeo verinftath
decoreafficit si in ~ta accuratè
claboret ,XT à teneris annir
instituatur. Il ne faut pas
douter que ces grandshommes
payentcompris
parfaitement l'excellence
de la Musique, & par l'eflims
qu'ils en ontfait
nous devons conclure de
son utilité& de son avantage.
Onremarque que
Socrate s'en instruisit à soixante
& dix ans,& ce qui
arriva à Themistocle,doit
servir d'exemple à bien du
monde. Ce Capitaine,
pour avoir refusé une lyre
qui luy fut presentée à propos,
& dans une heure de
récréation
,
demeura exposé
le reste de sa vie à la
raillerie &aumépris.
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Résumé : De l'excellence de la musique, & son utilité.
Le texte explore la supériorité de la musique par rapport aux autres arts et sciences. Il critique l'idée de réduire la musique à un simple art ou une science, affirmant qu'elle engage toutes les facultés de l'âme et suspend les autres sentiments lorsqu'elle charme. La musique est comparée à diverses disciplines telles que la logique, la physique, la morale, l'arithmétique, les mathématiques, la peinture et l'architecture. Elle possède des vertus uniques, comme la capacité de guérir le venin de la tarentule par un air gai joué au violon, et d'émouvoir les passions de manière supérieure à la morale. Les Anciens et les philosophes comme Platon et saint Thomas d'Aquin reconnaissaient l'excellence de la musique, la considérant comme une élévation de l'esprit vers les choses célestes. Le texte mentionne des exemples historiques, tels que Socrate qui s'instruisit de la musique à un âge avancé, et Themistocle qui fut raillé pour avoir refusé une lyre. Ces exemples illustrent l'importance accordée à la musique dans l'éducation et la vie des individus. En somme, la musique est présentée comme un art supérieur, capable de toucher l'âme de manière profonde et unique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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521
p. 64-71
EXTRAIT de la Lettre de Madame la Marquise de saint Bl..... du 31. Aoust 1711.
Début :
Il est arrivé la semaine passée un grand prodige dans [...]
Mots clefs :
Femme, Grossesse, Médecin, Chirurgien, Mari
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de la Lettre de Madame la Marquise de saint Bl..... du 31. Aoust 1711.
extrait
dela Lettre de Madame
la Marquise de
saint Bl du 31.
Aoust 1711.
ILeflarrivélajemaine
payée un grand prodige
dans la nature. Unefemme
d'iAbbervilfe d'un pauvre
menuisier
, tante de
nostremeusnier de Petitport)
estantlanguissante
depuis deux ans, a esté
trouver Mr le Adarquis
de AfauLy ~u'Ocourt pour
le prier par charité de la
sècourir, qu'on luy avoit
dit qu ilfaisoit degrandes
charitez, par les remedes
qu'il donnoit pour lesort,
quelle se avjoit ensorcellee
au lieu destre grosse
comme elle l'arvoit creu
dabord
,
sentant depuis
deux ans sauter remuer
commesi elle estoit
veritablementgroflê,mais
que deux annees entieres
Pendant lesquelles elle aDoit
creu dix foisaaoïfc
cher yluy faisoientconnoistre
qu'il y avoiten elle
des choses qu'elle nepop,,.;.,
voitcomprendre; Air le:.
Marquis 20court luy a
donneson remede,des la
nuit mesme elle sejl trouvée
en. estral d'accoucher,
~sipresceequeson mary
ria eu le temps que de
courirà unevoisiney laquelle
en la secourant a;
CT;Jeu tomber trois paquets
enveloppez de tais.Le
mary s'esterie,monDieu,
cela• remue, la voisine a
commencéà en développer
un, cela à'tfrmis à courir,
le chat de la maisons'est
jettedessus, (jfla mange ;
la voisineeffrayée, mal
éclairee „ria<voit pas le
temps de voircequec'estoit
"fs a crié que c'estoit
m enfantmange. Ellea
envoye le mary courir au
Chirurgien, cependanta
mis les deux autres pacquets
tousjours remuans
en seurete. Le Chirurgienarrivé
a developpé
les autres paquets) é5 a
trouvé deuxbestes au lieu
d'enfans:je ne vous diray
pasqu'on m'a dity car je
je les ay veus, cela avescu
huit heures, cela est
gros comme unesourissans
poil, a quatre pieds qui
ressemblent à des mains,
15 des ongles, a une queuë
t5 un petit ongle ou corne
au bout qui ne tient
qu'a un filet. La queuë
efi bien attachee
,
longue
comme celle d'une
souris
,
la teste grosse
ronde comme
celle d*un
enfant par le haut, les
yeux ronds noirs un -cercle noir autou- r, une
gueule ouverte, f.5 tres
grande) a la langue
d'un enfant, les oreilles
de mesme quun enfant.
Voila un prodigesurprenant,
bien veritable,
qu'on a peine à croire
sans avoir ueu3 c' estpourquoy
fajvoulu voir, le
Chirurgien me les a apportez,
, ilfera part de celay
à ce q^tlma dit , à
Messieurs de l'Ecole de
Medecins de Paris,pour
voir ce q^tls pourvoient
juger d'uneffet si prodigieux
danstoutesses ckconstances
d'avoir esté
grosse deux ans, la connoissance
et les remedes
de Monsieur de Mailly.
Tout est surprenant te*
bien véritable
J.
la mere
estdansvinestatpitoyable
, tout fera corpsn'est
qu'unegalledepuis cette
ajfreufe couche.
dela Lettre de Madame
la Marquise de
saint Bl du 31.
Aoust 1711.
ILeflarrivélajemaine
payée un grand prodige
dans la nature. Unefemme
d'iAbbervilfe d'un pauvre
menuisier
, tante de
nostremeusnier de Petitport)
estantlanguissante
depuis deux ans, a esté
trouver Mr le Adarquis
de AfauLy ~u'Ocourt pour
le prier par charité de la
sècourir, qu'on luy avoit
dit qu ilfaisoit degrandes
charitez, par les remedes
qu'il donnoit pour lesort,
quelle se avjoit ensorcellee
au lieu destre grosse
comme elle l'arvoit creu
dabord
,
sentant depuis
deux ans sauter remuer
commesi elle estoit
veritablementgroflê,mais
que deux annees entieres
Pendant lesquelles elle aDoit
creu dix foisaaoïfc
cher yluy faisoientconnoistre
qu'il y avoiten elle
des choses qu'elle nepop,,.;.,
voitcomprendre; Air le:.
Marquis 20court luy a
donneson remede,des la
nuit mesme elle sejl trouvée
en. estral d'accoucher,
~sipresceequeson mary
ria eu le temps que de
courirà unevoisiney laquelle
en la secourant a;
CT;Jeu tomber trois paquets
enveloppez de tais.Le
mary s'esterie,monDieu,
cela• remue, la voisine a
commencéà en développer
un, cela à'tfrmis à courir,
le chat de la maisons'est
jettedessus, (jfla mange ;
la voisineeffrayée, mal
éclairee „ria<voit pas le
temps de voircequec'estoit
"fs a crié que c'estoit
m enfantmange. Ellea
envoye le mary courir au
Chirurgien, cependanta
mis les deux autres pacquets
tousjours remuans
en seurete. Le Chirurgienarrivé
a developpé
les autres paquets) é5 a
trouvé deuxbestes au lieu
d'enfans:je ne vous diray
pasqu'on m'a dity car je
je les ay veus, cela avescu
huit heures, cela est
gros comme unesourissans
poil, a quatre pieds qui
ressemblent à des mains,
15 des ongles, a une queuë
t5 un petit ongle ou corne
au bout qui ne tient
qu'a un filet. La queuë
efi bien attachee
,
longue
comme celle d'une
souris
,
la teste grosse
ronde comme
celle d*un
enfant par le haut, les
yeux ronds noirs un -cercle noir autou- r, une
gueule ouverte, f.5 tres
grande) a la langue
d'un enfant, les oreilles
de mesme quun enfant.
Voila un prodigesurprenant,
bien veritable,
qu'on a peine à croire
sans avoir ueu3 c' estpourquoy
fajvoulu voir, le
Chirurgien me les a apportez,
, ilfera part de celay
à ce q^tlma dit , à
Messieurs de l'Ecole de
Medecins de Paris,pour
voir ce q^tls pourvoient
juger d'uneffet si prodigieux
danstoutesses ckconstances
d'avoir esté
grosse deux ans, la connoissance
et les remedes
de Monsieur de Mailly.
Tout est surprenant te*
bien véritable
J.
la mere
estdansvinestatpitoyable
, tout fera corpsn'est
qu'unegalledepuis cette
ajfreufe couche.
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Résumé : EXTRAIT de la Lettre de Madame la Marquise de saint Bl..... du 31. Aoust 1711.
Le 31 août 1711, Madame la Marquise de Saint-Bl décrit un événement extraordinaire survenu à une femme d'Abbeville, tante du menuisier de Petitport. Cette femme souffrait depuis deux ans de symptômes inexplicables, croyant être enceinte mais ressentant des mouvements inhabituels. Elle consulta le Marquis d'AuLly d'Ocourt, connu pour ses charités et ses remèdes. Après avoir reçu un remède, elle accoucha immédiatement de trois paquets enveloppés. Deux de ces paquets contenaient des créatures ressemblant à des souris mais avec des caractéristiques humaines, comme des mains et des ongles. Le chirurgien appelé sur place confirma cette découverte. La mère se trouvait dans un état pitoyable, son corps étant devenu une seule plaie. La Marquise souhaitait partager cette découverte avec les médecins de Paris pour qu'ils puissent juger de ce prodige.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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522
p. 71-76
« Ce qui paroist si surprenant dans ce genre, n'est [...] »
Début :
Ce qui paroist si surprenant dans ce genre, n'est [...]
Mots clefs :
Grossesse, Nature
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texteReconnaissance textuelle : « Ce qui paroist si surprenant dans ce genre, n'est [...] »
Cequi paroist sisurp-
rfcnanc danscegenre,
n'estaufondqu'unfiniplejeude
lanaturel,ou
pour parler plus juste, un
jeu del'imagination ;
cette facultéde l'ame plus
active & plus à craindre
en general dans les femmes
que dans les hommes,
nous manifestetous
les jours la force de [cs
impreissions par les effets
bifares &extraordinaires
qu'elle produit assez frequemment.
Les humeurs
coulant en abondance
dans certaine partie durant
le temps de la grossesse,
doivent augmenter
le mouvement des cfprits.
Ceux-cy précipitez,
pour ainsidire, sur
des organessusceptibles
des moindres impressions
par leur extrême delicaresse,
tesse, les font obëir aux
differens ébranlements
qu'ils y causent,&Csile
trouble &l'agitation surviennent
à la veuë impréveuë
d'un objet ou
desagreable ou effrayant,
l'ordre naturel des parties
de l'embryon se renverse
sur le champ, elles
souffrent une assez violente
révolution pour
que leur premier arrangement
soit altéré,&
qu'il en succede un nouveau
qui respond tous;
joursinvariablementàla
nature du sujet-qui surprend,
qui émeut,&qui
le plussouventeffraye./
Quant àcette gnolîcfîe
dont le terme a esté;de
deux ans, c'est ,un effet
du peu d'accroisement
des petits monstres, a-qui,
le peli.de.iiourrititre qu'-
ils recevoientostoit- le
poidsnecessaire Ô£,ordiV
naire pour lemportersur>
leressort de la partie qui.
lesenveloppoit&C'est
ce poidsque leur a doiv*
né le remede en déterminant
par sa violence ks)
esprits à se porter de ce collé-la:.;<v-
Au lieu de s'estonner
de ces dérangements de
la nature comme deprodiges
,il faut s'estonner
au contraire que la forme
des ensans dépendant fî
fortde l'imaginationdelamere
,il vienne au monde
tant d'enfants parfait,
c'est une preuve
que l'imagination des
Dames est plus reglée
que les hommes ne le
dirent.
rfcnanc danscegenre,
n'estaufondqu'unfiniplejeude
lanaturel,ou
pour parler plus juste, un
jeu del'imagination ;
cette facultéde l'ame plus
active & plus à craindre
en general dans les femmes
que dans les hommes,
nous manifestetous
les jours la force de [cs
impreissions par les effets
bifares &extraordinaires
qu'elle produit assez frequemment.
Les humeurs
coulant en abondance
dans certaine partie durant
le temps de la grossesse,
doivent augmenter
le mouvement des cfprits.
Ceux-cy précipitez,
pour ainsidire, sur
des organessusceptibles
des moindres impressions
par leur extrême delicaresse,
tesse, les font obëir aux
differens ébranlements
qu'ils y causent,&Csile
trouble &l'agitation surviennent
à la veuë impréveuë
d'un objet ou
desagreable ou effrayant,
l'ordre naturel des parties
de l'embryon se renverse
sur le champ, elles
souffrent une assez violente
révolution pour
que leur premier arrangement
soit altéré,&
qu'il en succede un nouveau
qui respond tous;
joursinvariablementàla
nature du sujet-qui surprend,
qui émeut,&qui
le plussouventeffraye./
Quant àcette gnolîcfîe
dont le terme a esté;de
deux ans, c'est ,un effet
du peu d'accroisement
des petits monstres, a-qui,
le peli.de.iiourrititre qu'-
ils recevoientostoit- le
poidsnecessaire Ô£,ordiV
naire pour lemportersur>
leressort de la partie qui.
lesenveloppoit&C'est
ce poidsque leur a doiv*
né le remede en déterminant
par sa violence ks)
esprits à se porter de ce collé-la:.;<v-
Au lieu de s'estonner
de ces dérangements de
la nature comme deprodiges
,il faut s'estonner
au contraire que la forme
des ensans dépendant fî
fortde l'imaginationdelamere
,il vienne au monde
tant d'enfants parfait,
c'est une preuve
que l'imagination des
Dames est plus reglée
que les hommes ne le
dirent.
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Résumé : « Ce qui paroist si surprenant dans ce genre, n'est [...] »
Le texte explore l'impact de l'imagination maternelle sur le développement fœtal. Il décrit l'imagination comme un phénomène plus actif et puissant chez les femmes. Pendant la grossesse, les humeurs abondantes intensifient l'activité des esprits, rendant les organes délicats sensibles à diverses impressions. La vision soudaine d'un objet désagréable ou effrayant peut perturber l'ordre naturel de l'embryon, modifiant ainsi son arrangement initial. Le texte mentionne également la 'gnolîcfîe', une condition où des monstres naissent après deux ans en raison de leur faible croissance et du poids nécessaire pour l'accouchement. Plutôt que de s'étonner des anomalies, il est suggéré de s'émerveiller que tant d'enfants parfaits naissent, malgré la dépendance de leur forme à l'imagination maternelle. Cela démontre que l'imagination des femmes est plus régulée que ce que les hommes pensent.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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523
p. 1-5
L'ANONYME d'Auxerre.
Début :
Je prens plaisir, Monsieur, à m'informer de tout ce [...]
Mots clefs :
Aventure, Vendanges, Style
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'ANONYME d'Auxerre.
L'ANONYME
d'Auxerre.
Eprensplaisir Monsieur,
tt m'informer de tout ce
quisepd/fe dans ma Province,
CT j'ai un amy a
Paris, qui me fournit quelques
Mémoires ,rarement
de choses importantes, parce
que les grands évenemens
font rares, mais d'une infinité
de minuties, quitoutes
rassemblée, ne laissent pas
d'amuser la curiosité, si elles
ne la contentent; si je pouvois
me donner la peine de bien
écrire,jeserois votre Anonyme
pour une Lettre chaque
mois : voye^fïmonstyle
négligé& imparfait vous
convient, carje ne puis vous
rendre ce service qu'à plume
SQweante, & quandje vous
promets unstyle négligé, ne
vous attendez pat à un
negligé étudié, je ne yf~f~<
blepoint a ces Coquettes,
qui affectent certains negligez
qui conviennent à leur
taille, à leur air, à leur visage,
& qui sont souvent
endes-babillé, parce que les
habits parez ne leur stéens
point,vous aurtzig un négligéde
bonne foyvray negligé
d'unparesseux, qui ne
firoit pas une rature pour
corriger une faute de construction,
ni peut-être même!
unefaute de bonJens; votU
efeZ de verbiage pour un
paresseux. Commentons à
vous tenir parole par une
petite avanture de vendangeurs
quiconvient au Aiercure
du mois d'Octobrejc'est
auprès d'unepetite ville de
Bourgogne que je ne nomme
point,parce que etefl une
avanturegalante,& qu'en
nommant une petite ville O' dans les Provinces on cdnoît
bientôt les personnes par
l'avanture, pourpeuquelle
soit veritable &circonftanciée,
celle-cy est arrivée naturellement
,comme je vais
Vous h* racontera
d'Auxerre.
Eprensplaisir Monsieur,
tt m'informer de tout ce
quisepd/fe dans ma Province,
CT j'ai un amy a
Paris, qui me fournit quelques
Mémoires ,rarement
de choses importantes, parce
que les grands évenemens
font rares, mais d'une infinité
de minuties, quitoutes
rassemblée, ne laissent pas
d'amuser la curiosité, si elles
ne la contentent; si je pouvois
me donner la peine de bien
écrire,jeserois votre Anonyme
pour une Lettre chaque
mois : voye^fïmonstyle
négligé& imparfait vous
convient, carje ne puis vous
rendre ce service qu'à plume
SQweante, & quandje vous
promets unstyle négligé, ne
vous attendez pat à un
negligé étudié, je ne yf~f~<
blepoint a ces Coquettes,
qui affectent certains negligez
qui conviennent à leur
taille, à leur air, à leur visage,
& qui sont souvent
endes-babillé, parce que les
habits parez ne leur stéens
point,vous aurtzig un négligéde
bonne foyvray negligé
d'unparesseux, qui ne
firoit pas une rature pour
corriger une faute de construction,
ni peut-être même!
unefaute de bonJens; votU
efeZ de verbiage pour un
paresseux. Commentons à
vous tenir parole par une
petite avanture de vendangeurs
quiconvient au Aiercure
du mois d'Octobrejc'est
auprès d'unepetite ville de
Bourgogne que je ne nomme
point,parce que etefl une
avanturegalante,& qu'en
nommant une petite ville O' dans les Provinces on cdnoît
bientôt les personnes par
l'avanture, pourpeuquelle
soit veritable &circonftanciée,
celle-cy est arrivée naturellement
,comme je vais
Vous h* racontera
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Résumé : L'ANONYME d'Auxerre.
Un auteur anonyme d'Auxerre écrit à un destinataire pour partager des nouvelles de sa province. Il mentionne avoir un ami à Paris qui lui fournit des mémoires, souvent des détails mineurs plutôt que des événements majeurs. L'auteur regrette de ne pas pouvoir écrire de manière plus soignée, mais promet un style négligé et imparfait, sans affectation. Il compare cela à des femmes qui affectent un certain négligé pour leur apparence. Pour tenir sa promesse, il raconte une aventure de vendangeurs survenue près d'une petite ville de Bourgogne, qu'il ne nomme pas pour préserver l'anonymat des personnes impliquées. Cette aventure est appropriée pour le mois d'octobre et est présentée comme naturelle et véridique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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524
p. 55-58
Article burlesque.
Début :
Le mot est lasché, il faut remplir mon titre, & [...]
Mots clefs :
Plaisanterie, Rire, Conte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Article burlesque.
Article burlesque.
L E mot est lasché, il
faut remplir mon titre,
& si je ne dis rien de
plaisant
,
il faut icy du
moins faire une perite reflexion
sur ce qu'on appelle
plaisanterie.
Un Philolophe qui a
establi son Sisteme par
des arguments incontestables,
ou par des demonstrations
geometriques,
peut à bon droit accuser
de fausseté d'esprit
, ou
d'opiniastreté celuy qui
ne lerendra point à ses
raisons:mais un autheur,
dont le Sisteme est de
faire rire
y
aura-t'il droit
de blasmer ceux qui n'en
riront point, non sans
doute.
Un bon esprit [e feroit
tort s'il disoit, après une
demonstration claire, cela
n'est point prouvé;
mais un bon esprit, après
avoir écouté de iangfroid,
les meilleuresplaisanteries,
en fera quitte
pour dire en redoublant
son flegme, cela ne me
paroist point plaisant;
cetteresponse seroit pourtant
bien piquante pour
ces faiseurs de contes qui
vous disent d'abord je
vais bien vous faire rire.
A mon égard je vous
dis par avance vous ne
rirez point d'un conte
que je vais vous faire,
car en effet je ne vous
le donne point pour pIai:
sant, Cçje prévois mcfme
qu'ilennuiera ceux
qui ne font point dans le
-
goust du stile figuré,&
des similitudesorientales.
L E mot est lasché, il
faut remplir mon titre,
& si je ne dis rien de
plaisant
,
il faut icy du
moins faire une perite reflexion
sur ce qu'on appelle
plaisanterie.
Un Philolophe qui a
establi son Sisteme par
des arguments incontestables,
ou par des demonstrations
geometriques,
peut à bon droit accuser
de fausseté d'esprit
, ou
d'opiniastreté celuy qui
ne lerendra point à ses
raisons:mais un autheur,
dont le Sisteme est de
faire rire
y
aura-t'il droit
de blasmer ceux qui n'en
riront point, non sans
doute.
Un bon esprit [e feroit
tort s'il disoit, après une
demonstration claire, cela
n'est point prouvé;
mais un bon esprit, après
avoir écouté de iangfroid,
les meilleuresplaisanteries,
en fera quitte
pour dire en redoublant
son flegme, cela ne me
paroist point plaisant;
cetteresponse seroit pourtant
bien piquante pour
ces faiseurs de contes qui
vous disent d'abord je
vais bien vous faire rire.
A mon égard je vous
dis par avance vous ne
rirez point d'un conte
que je vais vous faire,
car en effet je ne vous
le donne point pour pIai:
sant, Cçje prévois mcfme
qu'ilennuiera ceux
qui ne font point dans le
-
goust du stile figuré,&
des similitudesorientales.
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Résumé : Article burlesque.
L'article burlesque explore la nature de la plaisanterie et la réaction des lecteurs. L'auteur commence par souligner la nécessité de remplir un titre, soit par une réflexion pertinente sur la plaisanterie, soit par une remarque amusante. Il compare un philosophe, dont les arguments sont incontestables, à un auteur comique, dont le but est de faire rire. Un philosophe peut critiquer ceux qui ne suivent pas ses raisons, tandis qu'un auteur comique ne peut pas blâmer ceux qui ne rient pas de ses plaisanteries. L'auteur explique qu'un bon esprit accepterait une démonstration claire mais pourrait légitimement trouver une plaisanterie non plaisante, ce qui serait provocant pour les conteurs. Il précise qu'il ne vise pas à faire rire avec son conte, anticipant même qu'il ennuira ceux qui n'apprécient pas le style figuré et les similitudes orientales.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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525
p. 1-11
LETTRE A DEUX Dames paresseuses, par feu Monsieur P....
Début :
Je sçai, Madame, avec quelle austerité vous pratiquez la Regle [...]
Mots clefs :
Fainéantise, Amour, Paresseuse, Paresse, Dames
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE A DEUX Dames paresseuses, par feu Monsieur P....
LETTRE A DEXIAT
Dames pareBeuses,parfeu
I - Monsieur P. E sçai, Madame, avec
quelle austerité vous
pratiquez la Regle de vôtre
Bienheureute Paresse;
-& que pour tous les biens
du mondevous ne voudriez
pas violer le voeu de
faineantise que vous avez
fait entre mes mains, aussi
n'est-ce pas pour vous le
faire rompre que je vous
donne la fatigue de lire
celle-ci, mais feulement
pour vous délivrer de
quelques scrupules, dans
lesquels une paresse supersticieuse
comme la vôtre,
pourroit nous faire tomber.
Quoiqu'une bonne paresseuse
Ne connoisse point d'autre bitn
Capable de la rendre heureuse,
éluUee cceelluuiiddeenneefaire rriieenn,
Ellepeuttoutefois étant bien
à sonaise,
Gisant dans une bonne chaise,
Ou la tête sur son Chevet,
Permettre qu'un Galand la
cajoll e & la batJe,
Pourvû que le baiser soit
modejîe & discret,
Etquelecajoleur lui plaisi.
Quoique l'indolence&
la faineantise soient les
principales vertus de vôtre
tranquille profession,
néanmoins en toutesûreté
de paresse vous pouvez
recevoir des Billets doux
avec plaisir,les lire.
attention, les serrer avec
foin, pourvu que vous n'y
répondiez querarement,
Si cen'estlors, quelestile
vous plaît.
Jjhtqyque l'employ soit dfez
doux
Oelffans doutetrop entre.
prendre
Quede donner un ywde'Z;
vous,
Et si chargerencordufonçy
de s'y rendre:
Maissil'occasion vous vient
{ taster le poux
Innocemment s'entend,c'est
sotise entre nous
DeneJepasdonner lapeine
de la prendre.
Car je crois, Mesdames,
que vous sçavez que de
toutes les occasions qui
sont au monde,il n'y a
que celles de l'amour qui
ne sont point chauves, &
que cela futainsi ordonne
par l'amourmêmeenfaveurde
la paresse Ton1
ayeule maternelle, de peur
qu'elle & les siens ne filasent
privez du plaisir de
ces fortes d'occasions, s'il
y avoit tant de peineà les
prendre.
Aller au devant d'un Amant
Contrefaire la langoureuse,
Et minauder à tout moment
Pourparoître plusgratieuse,
C'est un métier assurement
Indigne d'une paresseuse:
Mais resister objljYJérnfnt
Aux douceurs d'une ame
amoureuse,
Et nevouloir passeulement
Consentir qu'on vous rende
heureuse;
Aimer mieux éternellement
Estreseule triste & réveuse,
Que suivre Id, pente joyeu- DDefonproperetempee~rarammeenntt,
Cette njie à mon jugement
E(ltôtoutardbiencnnuyevfe
Et trop penibleajjnrément
Pourunejeune paresseuse.
J'avouë que dans les
statuts de la pure nonchalance
il est expressement
défenduàtoutes celles
qui comme vous veulent
vivre ôc mourir sous
les douces loix d'une rigoureuseparesse,
de quelque
taille,beauté & condition
qu'elles puissent être,
d'avoir jamais dans tout le
cours de leur vie aucun
foin de leur ménage
, artache
pour leurs maris ou
inquiétude pour leurs ensans,
semblablement de
faire en quelque temps
que ce soit des visites de
devoir, de cérémonie ou
de parenté, brefde se mêler
d'autre chose dans le
mode que de ce qui se fera
entre les murailles de leur
chambre;cela n'empêche
pas toutefois qu'une veritable
faineante
,
sans enfreindre
son observance,
ne puisse se servir du privilege
accordé de tout
temps à lamolesse de ion
sexe..
S/. quelqu'un à son gré
vient luyfaire la cour Riennel'oblige alors d'être
fort rigoureuse.
Quand on ne fait rienque
l'amour
On n'jenet'siufofi moins pares-
Voila, Mesdames, les
scrupules qui auroient pû
assurément vous faire de
la peine, étant aussiparesseuses,
aussi jeunes & aussi
saines que vous l'êtes, si
la charité que l'on doit
avoir pour ceux de sa fcde
ne m'avoit fait sortir
de la profonde oysiveté
où je fuis pour accommoder
, suivant laveritable
explication des maximes
,- les plaisirs de vôtre âge
& les devoirs de vôtre
profession.Adieu,je m'endors,
ainsi soit de vous.
Dames pareBeuses,parfeu
I - Monsieur P. E sçai, Madame, avec
quelle austerité vous
pratiquez la Regle de vôtre
Bienheureute Paresse;
-& que pour tous les biens
du mondevous ne voudriez
pas violer le voeu de
faineantise que vous avez
fait entre mes mains, aussi
n'est-ce pas pour vous le
faire rompre que je vous
donne la fatigue de lire
celle-ci, mais feulement
pour vous délivrer de
quelques scrupules, dans
lesquels une paresse supersticieuse
comme la vôtre,
pourroit nous faire tomber.
Quoiqu'une bonne paresseuse
Ne connoisse point d'autre bitn
Capable de la rendre heureuse,
éluUee cceelluuiiddeenneefaire rriieenn,
Ellepeuttoutefois étant bien
à sonaise,
Gisant dans une bonne chaise,
Ou la tête sur son Chevet,
Permettre qu'un Galand la
cajoll e & la batJe,
Pourvû que le baiser soit
modejîe & discret,
Etquelecajoleur lui plaisi.
Quoique l'indolence&
la faineantise soient les
principales vertus de vôtre
tranquille profession,
néanmoins en toutesûreté
de paresse vous pouvez
recevoir des Billets doux
avec plaisir,les lire.
attention, les serrer avec
foin, pourvu que vous n'y
répondiez querarement,
Si cen'estlors, quelestile
vous plaît.
Jjhtqyque l'employ soit dfez
doux
Oelffans doutetrop entre.
prendre
Quede donner un ywde'Z;
vous,
Et si chargerencordufonçy
de s'y rendre:
Maissil'occasion vous vient
{ taster le poux
Innocemment s'entend,c'est
sotise entre nous
DeneJepasdonner lapeine
de la prendre.
Car je crois, Mesdames,
que vous sçavez que de
toutes les occasions qui
sont au monde,il n'y a
que celles de l'amour qui
ne sont point chauves, &
que cela futainsi ordonne
par l'amourmêmeenfaveurde
la paresse Ton1
ayeule maternelle, de peur
qu'elle & les siens ne filasent
privez du plaisir de
ces fortes d'occasions, s'il
y avoit tant de peineà les
prendre.
Aller au devant d'un Amant
Contrefaire la langoureuse,
Et minauder à tout moment
Pourparoître plusgratieuse,
C'est un métier assurement
Indigne d'une paresseuse:
Mais resister objljYJérnfnt
Aux douceurs d'une ame
amoureuse,
Et nevouloir passeulement
Consentir qu'on vous rende
heureuse;
Aimer mieux éternellement
Estreseule triste & réveuse,
Que suivre Id, pente joyeu- DDefonproperetempee~rarammeenntt,
Cette njie à mon jugement
E(ltôtoutardbiencnnuyevfe
Et trop penibleajjnrément
Pourunejeune paresseuse.
J'avouë que dans les
statuts de la pure nonchalance
il est expressement
défenduàtoutes celles
qui comme vous veulent
vivre ôc mourir sous
les douces loix d'une rigoureuseparesse,
de quelque
taille,beauté & condition
qu'elles puissent être,
d'avoir jamais dans tout le
cours de leur vie aucun
foin de leur ménage
, artache
pour leurs maris ou
inquiétude pour leurs ensans,
semblablement de
faire en quelque temps
que ce soit des visites de
devoir, de cérémonie ou
de parenté, brefde se mêler
d'autre chose dans le
mode que de ce qui se fera
entre les murailles de leur
chambre;cela n'empêche
pas toutefois qu'une veritable
faineante
,
sans enfreindre
son observance,
ne puisse se servir du privilege
accordé de tout
temps à lamolesse de ion
sexe..
S/. quelqu'un à son gré
vient luyfaire la cour Riennel'oblige alors d'être
fort rigoureuse.
Quand on ne fait rienque
l'amour
On n'jenet'siufofi moins pares-
Voila, Mesdames, les
scrupules qui auroient pû
assurément vous faire de
la peine, étant aussiparesseuses,
aussi jeunes & aussi
saines que vous l'êtes, si
la charité que l'on doit
avoir pour ceux de sa fcde
ne m'avoit fait sortir
de la profonde oysiveté
où je fuis pour accommoder
, suivant laveritable
explication des maximes
,- les plaisirs de vôtre âge
& les devoirs de vôtre
profession.Adieu,je m'endors,
ainsi soit de vous.
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Résumé : LETTRE A DEUX Dames paresseuses, par feu Monsieur P....
La lettre s'adresse à des dames paresseuses, les rassurant que la lecture de cette missive ne troublera pas leur fainéantise. L'auteur autorise certaines libertés, comme recevoir et lire des billets doux, sans y répondre immédiatement. Il encourage à ne pas éviter les occasions d'amour, car elles sont destinées aux paresseuses. Résister aux avances amoureuses est déconseillé, car cela serait trop pénible. Les véritables fainéantes doivent éviter les préoccupations ménagères ou familiales, mais peuvent se permettre des courtoisies amoureuses sans trahir leur paresse. La lettre se conclut en assurant que les scrupules des destinataires sont levés, leur permettant de jouir des plaisirs de leur âge tout en restant fidèles à leur paresse.
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526
p. 111-112
Tremblement de Terre, [titre d'après la table]
Début :
Plusieurs Lettres d'Anjou, & de Normandie portent qu'on [...]
Mots clefs :
Tremblements de terre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tremblement de Terre, [titre d'après la table]
Plusieurs Lettres d'Anjou,
& de Normandie portent
-
qu'on a ressenty plusieurs
secousses ou tremblemens
de Terre dans ces deux Provinces;
qu'il y a eu des lieux
où les habitans écoient sortis
de leurs maisons pour
eviter d'être écrasez par les
ruines : Et entr'autres les
Religieuses de l'Abbaye de
Frontevauxquifurent pendant
vingt quatre heures
dans leur jardin, où elles
entendirent de grands
bruits souterrains. Quelques
unes de ces Lettres
disent qu'il y a eu quelques
Eglises, & quelques
Chasteaux endommagez.
On en parlera le mois prochain
si on en est mieux
informé.
& de Normandie portent
-
qu'on a ressenty plusieurs
secousses ou tremblemens
de Terre dans ces deux Provinces;
qu'il y a eu des lieux
où les habitans écoient sortis
de leurs maisons pour
eviter d'être écrasez par les
ruines : Et entr'autres les
Religieuses de l'Abbaye de
Frontevauxquifurent pendant
vingt quatre heures
dans leur jardin, où elles
entendirent de grands
bruits souterrains. Quelques
unes de ces Lettres
disent qu'il y a eu quelques
Eglises, & quelques
Chasteaux endommagez.
On en parlera le mois prochain
si on en est mieux
informé.
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Résumé : Tremblement de Terre, [titre d'après la table]
Des tremblements de terre ont été ressentis en Anjou et en Normandie, poussant les habitants à quitter leurs maisons par peur des ruines. Les religieuses de l'Abbaye de Frontevaux ont passé vingt-quatre heures dans leur jardin, entendant des bruits souterrains. Des églises et châteaux ont subi des dommages. Des informations supplémentaires seront fournies le mois suivant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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527
p. 3-5
« Voicy un article d'une érudition tres profonde pour les [...] »
Début :
Voicy un article d'une érudition tres profonde pour les [...]
Mots clefs :
Goût, Chocolat
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Voicy un article d'une érudition tres profonde pour les [...] »
vLITTERATURE. Oicy un article d'une
érudition trèsprofonde
pour les friands
& les valétudinaires
,
qui
sont leurestude principale
de leur goust &c de leur
santé: cxtt une methode
exactepour composer un
Chocolat tres agreable&
tres fain.
La science du Chocolat
a cçla de commun
avec les autres, quelle
fera tousjours sujette à
dispute, toutecomposition
où il entre plusieurs
drogues, ne sçauroit contenter
tout le monde;
l'un veut du muse dans
le Chocolat, l'autre n'y
voudrait pas mesme de
vanille, celuy
- cy l'aime
poivré, celuy -la l'aime
sucré
, en un mot on
peut dire que lacomposition
du Chocolat est
une espece d'ouvrage
despris
,
il ncft jamais
parfaitqu'au goust de celuy
qui le compose.
érudition trèsprofonde
pour les friands
& les valétudinaires
,
qui
sont leurestude principale
de leur goust &c de leur
santé: cxtt une methode
exactepour composer un
Chocolat tres agreable&
tres fain.
La science du Chocolat
a cçla de commun
avec les autres, quelle
fera tousjours sujette à
dispute, toutecomposition
où il entre plusieurs
drogues, ne sçauroit contenter
tout le monde;
l'un veut du muse dans
le Chocolat, l'autre n'y
voudrait pas mesme de
vanille, celuy
- cy l'aime
poivré, celuy -la l'aime
sucré
, en un mot on
peut dire que lacomposition
du Chocolat est
une espece d'ouvrage
despris
,
il ncft jamais
parfaitqu'au goust de celuy
qui le compose.
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Résumé : « Voicy un article d'une érudition tres profonde pour les [...] »
L'article traite de la littérature du chocolat, destinée aux amateurs et aux personnes soucieuses de leur santé. Il propose une méthode précise pour préparer un chocolat agréable et savoureux. La science du chocolat est débattue et subjective, variant selon les préférences personnelles. Certains aiment le musc, la vanille, le poivré ou le sucré.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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528
p. 6-21
RECETTE pour faire d'excellent Chocolat. Par M. H.
Début :
Prenez de Cacao de Caraque vingt livres, dont les amandes [...]
Mots clefs :
Chocolat, Sucre, Amandes, Odeur, Recette, Cacao, Goût, Cannelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RECETTE pour faire d'excellent Chocolat. Par M. H.
RE CETTE
pourfaire d'excellent
Chocolat.
Par M. H.
Prenez de Cacao de Caraque
vingt livres, dont
les amandes soient grosses
&bien nourries. ) '1
DesVanilles de Sososmuscoou
de Guatimala,
fraisches
,
& de bonne odeur
,
qui ne soient point
fourrées ny frottées de
baume du Perou: au nombre
de quarante brins qui
doivent peser environ cinq
-
ou (ix onces.
D'Ambre gris bien choisi
quatre vingt grains.
-
De Muse, huitgrains.
-
De Canelle fine,quatre
onces.
De Sucre Royal bien
sec, quinze livres seulemenc,
car si on met partie
c'^ale de Sucre &: de Cacao,
le Chocolat le çaste.
; METHO DE.
Epluchez bien vostre Cacao
pour en oster ce qu'il
y auroit ou de pourri,oude
meslé
;
mettez-le dans;
un chaudron de fer qui ait;
environ un pied & demy
de diametre sur un pied de
haur,& n'en bruflez que
cinq livres à la fois, faitesle
brusser à petit feu en remuant
tousjours avec une
cuëillere de bois, pour qu'il
foit bruslé également ôc
médiocrement. Cetteopération
se fait dans l'espace
d'une demy heure, ou
de trois. quarts d'heures.
1 Quand ces cinq livres
feront bruslées, vous en
bruslerezcinq autres, &
ainsi de suite. Il faut sur
tout prendre gardede ne
le pas trop brusler, parce
que cela seiche le fruit & lerendamer; ou dele
brusler trop peu; ce qui
luy laisse un goust de terre.
Lorsqu'il est bruslé à propos,
il a infinimét meilleur
goust
,
il nourrit & tem pere
& tient le ventre libre;
mais au contraire quand
il esttrop bruslé,il resserre
& échauffe beaucoup.
Lorsque le Cacao est
bruslé on l'étend à terre
sur un torchon blanc, on
l'écrase grossierement avec
le Rouleau, après quoy on
le vanne bien, & on le
passe par le crible pouroster
toutes les petites
queues qui sont dures Se
am rcs. Ensuiteon lemet
d.lns un mortierdefer,
oÙ on le pile après avoir,
mis du feu fous la pierre
ou table de fer. On l'y
pasle avec le Rouleau de
bois deux fois avant que
d'y mettre le sucre,que
l'on incorporeensuite dans
une Poësle à confitures auprés
du feu pour le passer
deux autres fois. La Canelle,
la Vanille, l'Ambre,
le Muse, meslez ensemble
& pilez,s'incorporent
comme le sucre, mais seulement
lorsqu'on le passe
pour la premiere fois.
Quoyque la Vanille soit
difficile à piler,parce IIu'-
elle est onétueulè
,
il ne
faut pas se la(Ter de la battre
pour Ki red uire en poudresubtile
, sans quoyle
Chocolat ne peut jamais
estre bon. Afin d'envenir
plus aisement à bout
,
on
peut y ad jouster une portion
de sucre pour le piler
en mesme temps, & les
passer par le ramis de soye.
Il faut de mesme réduis
re l'Ambre gris en poudre
subtile
, en le pillant avec
le triple de son poids de sucre.
Aprés que la préparation
fera achevée, vous
prendrez des moules de
fer blanc, carrez ou ronds,
de telle grandeur qu'il
vous plaira, que vous garnirez
de papier blanc.Vous
les remplirez deChocolat,
& vous les secouerez pour
les estendre exactement.
Vous l'y laisserez pendant
quatre ou cinq heures;ensuite
vous le retirerez des
moules,& le garderez dans
un lieu sec, où il n'y ait ny
odeur ny linge.
Quand on veut préparer
le Chocolat pour le
prendre,il faut que l'eau
ne bouille qu'un bouillon
ou deux. Pour faire une
tasse de Chocolat, il ne
faut qu'une pastille
,
dont
les douze ou seize doivent
com poser une livre. Ilfaut
avoir foin de bien faire
mousserleChocolatqu'on
ne doit jamais faire boüillir
ny rechauffer
, ce qui
luy fait perdre beaucoup
de son agréement.
On observera que le
Chocolat qui se fait au
Printemps, &en Automne,
est leplus excellent. Il
le faut garder au moins
deux mois, avant que de
s'en servir ; car quand on
l'a gardé un an & plus, il
n'en est que meilleur. 4.,,,
Il se trouve vingt com- posions différentes de
Chocolat. Les uns augmentent
les doses de la
Vanille & de la Canelle;
les autresdiminuent le sucre
,
& quelques -uns
retranchent absolument
l'Ambre & le Musc; mais
ces derniers ont tort. La
petite quantité qui yentre,
ne sert qu'à developper&
à pousser l'odeur delaVanille;
d'ailleurs l'odeur de
l'Ambre & du Musc devient
si im perceptible, quelle
est incapable de faire
le moindre mal à ceux
mesme qui font le plus sujets
aux vapeurs. A la rigueur
on peut retrancher
le Musc
, & augmenter la
dose de l'Ambre gris.Quelques-
uns y adjoustent sur
la quantitécy-dessus,de
la fleur de Muscade & du
Poivre long, de chacun
un gros;mais celaneconvient
pas tousjours pour la
santé ny pour le goust.
Les Espagnols préparent
un Chocolat qu'ils appellent
Chocolat de santé,
dont ils retranchent toutà-
fait la Vanille, & n'y
mettent que tres peu de
sucre; mais l'experiencea
apprisqu'unlongusage
estoit plus nuisible qu'utile.
Le
Le Chocolat se prépare
ordinairement dans de
l'eau defontaine ou de riviere.
Si Tonpi(Te cette
eau par dessus de la graine
de Melon d'Italie qu'on
aurapillée dans un mortier
de marbre, il n'en fera
que plus delicat. Quelques
malades y meslent moitié
de lait & un jaune d'oeuf:
d'autres enfin le font avec
le lait sans eau cela dé-,
pend du besoin.
Dans les pays froids on
prend pour le faire du vin
d'Espagne ou du vin blanc
au lieu d'eau. Mais il y a
lieu de croire que cela se
fait plustost: par un principe
de débauché quepour
se » vou loirconserver: la
santé,quiest l'unique but
qu'on doit avoir en sefaisant
habitudede prendre
du Chocolat.
Quelques-uns avant que
de prendre le Chocolat,
boivent un verre d'eau,
afin de n'en estre point
échauffez ; d'autres dans
une veue opposée, mettent
dans la tasse,en le prenant,
une pincée ou deux de
poudredes Indes.
Le Chocolat est une des
plus saines & des plus précieu
ses boissons dont on ait
usé jusqu'à present. Tout
ce qui y entre est tres saluta
ire & très cordial. Il cil
au ssi fortutile dans les maladies
qui font causées par
la foiblessedel'estomac
,
& convient à toute forte
de ordonnes languissantes
ib &foibles,met meauxvieil-
Iirds, auxensans, & aux
femmes <jro!U*s. Aprés en
avoir pris il faut éviter de.
boire,demanger & de faire
aucun exercice;on doit
au contraire demeurer
quelque temps en repos ôc
Ce tenir chaudement.
Il arrive en Hollande un
Chocolat de Gouaka, qui
vient dans des boëtes carrées
, petant une livre, qui
se vend un patagon. Pour
preuve qu'il est tel
,
il doit
estre marquédessus d'une
feuille des Indes,quon appelle
Poivre d'Espagne ou
Pimentum.
On en met quatre livres
sur vingt livres de la composition
cydessus, ce qui
augmente infiniment l'a*
grcement du Chocolat.
La poudre des Indes est
composée de Cacao, de
Vanille,d'Ambre, deCanelle,
de Sucre & d'Aviota
,
elle vient des Indes
dans de petits sacs gommez.
pourfaire d'excellent
Chocolat.
Par M. H.
Prenez de Cacao de Caraque
vingt livres, dont
les amandes soient grosses
&bien nourries. ) '1
DesVanilles de Sososmuscoou
de Guatimala,
fraisches
,
& de bonne odeur
,
qui ne soient point
fourrées ny frottées de
baume du Perou: au nombre
de quarante brins qui
doivent peser environ cinq
-
ou (ix onces.
D'Ambre gris bien choisi
quatre vingt grains.
-
De Muse, huitgrains.
-
De Canelle fine,quatre
onces.
De Sucre Royal bien
sec, quinze livres seulemenc,
car si on met partie
c'^ale de Sucre &: de Cacao,
le Chocolat le çaste.
; METHO DE.
Epluchez bien vostre Cacao
pour en oster ce qu'il
y auroit ou de pourri,oude
meslé
;
mettez-le dans;
un chaudron de fer qui ait;
environ un pied & demy
de diametre sur un pied de
haur,& n'en bruflez que
cinq livres à la fois, faitesle
brusser à petit feu en remuant
tousjours avec une
cuëillere de bois, pour qu'il
foit bruslé également ôc
médiocrement. Cetteopération
se fait dans l'espace
d'une demy heure, ou
de trois. quarts d'heures.
1 Quand ces cinq livres
feront bruslées, vous en
bruslerezcinq autres, &
ainsi de suite. Il faut sur
tout prendre gardede ne
le pas trop brusler, parce
que cela seiche le fruit & lerendamer; ou dele
brusler trop peu; ce qui
luy laisse un goust de terre.
Lorsqu'il est bruslé à propos,
il a infinimét meilleur
goust
,
il nourrit & tem pere
& tient le ventre libre;
mais au contraire quand
il esttrop bruslé,il resserre
& échauffe beaucoup.
Lorsque le Cacao est
bruslé on l'étend à terre
sur un torchon blanc, on
l'écrase grossierement avec
le Rouleau, après quoy on
le vanne bien, & on le
passe par le crible pouroster
toutes les petites
queues qui sont dures Se
am rcs. Ensuiteon lemet
d.lns un mortierdefer,
oÙ on le pile après avoir,
mis du feu fous la pierre
ou table de fer. On l'y
pasle avec le Rouleau de
bois deux fois avant que
d'y mettre le sucre,que
l'on incorporeensuite dans
une Poësle à confitures auprés
du feu pour le passer
deux autres fois. La Canelle,
la Vanille, l'Ambre,
le Muse, meslez ensemble
& pilez,s'incorporent
comme le sucre, mais seulement
lorsqu'on le passe
pour la premiere fois.
Quoyque la Vanille soit
difficile à piler,parce IIu'-
elle est onétueulè
,
il ne
faut pas se la(Ter de la battre
pour Ki red uire en poudresubtile
, sans quoyle
Chocolat ne peut jamais
estre bon. Afin d'envenir
plus aisement à bout
,
on
peut y ad jouster une portion
de sucre pour le piler
en mesme temps, & les
passer par le ramis de soye.
Il faut de mesme réduis
re l'Ambre gris en poudre
subtile
, en le pillant avec
le triple de son poids de sucre.
Aprés que la préparation
fera achevée, vous
prendrez des moules de
fer blanc, carrez ou ronds,
de telle grandeur qu'il
vous plaira, que vous garnirez
de papier blanc.Vous
les remplirez deChocolat,
& vous les secouerez pour
les estendre exactement.
Vous l'y laisserez pendant
quatre ou cinq heures;ensuite
vous le retirerez des
moules,& le garderez dans
un lieu sec, où il n'y ait ny
odeur ny linge.
Quand on veut préparer
le Chocolat pour le
prendre,il faut que l'eau
ne bouille qu'un bouillon
ou deux. Pour faire une
tasse de Chocolat, il ne
faut qu'une pastille
,
dont
les douze ou seize doivent
com poser une livre. Ilfaut
avoir foin de bien faire
mousserleChocolatqu'on
ne doit jamais faire boüillir
ny rechauffer
, ce qui
luy fait perdre beaucoup
de son agréement.
On observera que le
Chocolat qui se fait au
Printemps, &en Automne,
est leplus excellent. Il
le faut garder au moins
deux mois, avant que de
s'en servir ; car quand on
l'a gardé un an & plus, il
n'en est que meilleur. 4.,,,
Il se trouve vingt com- posions différentes de
Chocolat. Les uns augmentent
les doses de la
Vanille & de la Canelle;
les autresdiminuent le sucre
,
& quelques -uns
retranchent absolument
l'Ambre & le Musc; mais
ces derniers ont tort. La
petite quantité qui yentre,
ne sert qu'à developper&
à pousser l'odeur delaVanille;
d'ailleurs l'odeur de
l'Ambre & du Musc devient
si im perceptible, quelle
est incapable de faire
le moindre mal à ceux
mesme qui font le plus sujets
aux vapeurs. A la rigueur
on peut retrancher
le Musc
, & augmenter la
dose de l'Ambre gris.Quelques-
uns y adjoustent sur
la quantitécy-dessus,de
la fleur de Muscade & du
Poivre long, de chacun
un gros;mais celaneconvient
pas tousjours pour la
santé ny pour le goust.
Les Espagnols préparent
un Chocolat qu'ils appellent
Chocolat de santé,
dont ils retranchent toutà-
fait la Vanille, & n'y
mettent que tres peu de
sucre; mais l'experiencea
apprisqu'unlongusage
estoit plus nuisible qu'utile.
Le
Le Chocolat se prépare
ordinairement dans de
l'eau defontaine ou de riviere.
Si Tonpi(Te cette
eau par dessus de la graine
de Melon d'Italie qu'on
aurapillée dans un mortier
de marbre, il n'en fera
que plus delicat. Quelques
malades y meslent moitié
de lait & un jaune d'oeuf:
d'autres enfin le font avec
le lait sans eau cela dé-,
pend du besoin.
Dans les pays froids on
prend pour le faire du vin
d'Espagne ou du vin blanc
au lieu d'eau. Mais il y a
lieu de croire que cela se
fait plustost: par un principe
de débauché quepour
se » vou loirconserver: la
santé,quiest l'unique but
qu'on doit avoir en sefaisant
habitudede prendre
du Chocolat.
Quelques-uns avant que
de prendre le Chocolat,
boivent un verre d'eau,
afin de n'en estre point
échauffez ; d'autres dans
une veue opposée, mettent
dans la tasse,en le prenant,
une pincée ou deux de
poudredes Indes.
Le Chocolat est une des
plus saines & des plus précieu
ses boissons dont on ait
usé jusqu'à present. Tout
ce qui y entre est tres saluta
ire & très cordial. Il cil
au ssi fortutile dans les maladies
qui font causées par
la foiblessedel'estomac
,
& convient à toute forte
de ordonnes languissantes
ib &foibles,met meauxvieil-
Iirds, auxensans, & aux
femmes <jro!U*s. Aprés en
avoir pris il faut éviter de.
boire,demanger & de faire
aucun exercice;on doit
au contraire demeurer
quelque temps en repos ôc
Ce tenir chaudement.
Il arrive en Hollande un
Chocolat de Gouaka, qui
vient dans des boëtes carrées
, petant une livre, qui
se vend un patagon. Pour
preuve qu'il est tel
,
il doit
estre marquédessus d'une
feuille des Indes,quon appelle
Poivre d'Espagne ou
Pimentum.
On en met quatre livres
sur vingt livres de la composition
cydessus, ce qui
augmente infiniment l'a*
grcement du Chocolat.
La poudre des Indes est
composée de Cacao, de
Vanille,d'Ambre, deCanelle,
de Sucre & d'Aviota
,
elle vient des Indes
dans de petits sacs gommez.
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Résumé : RECETTE pour faire d'excellent Chocolat. Par M. H.
Le texte présente une recette de chocolat de haute qualité élaborée par M. H. Les ingrédients nécessaires incluent du cacao de Caraque, des vanilles de Socosmusco ou de Guatemala, de l'ambre gris, du musc, de la cannelle et du sucre royal. La préparation commence par la torréfaction du cacao, qui doit être bien épuré et torréfié à petit feu pour éviter toute brûlure excessive ou insuffisante. Ensuite, le cacao torréfié est écrasé, vanné et pilé avec du sucre. La vanille, l'ambre gris et le musc sont également pilés et incorporés au mélange. Le chocolat est ensuite moulé et laissé à sécher avant d'être conservé dans un lieu sec. Pour la consommation, le chocolat est dissous dans de l'eau chaude sans la faire bouillir. Le texte précise que le chocolat préparé au printemps et en automne est le meilleur et doit être conservé au moins deux mois avant utilisation. Différentes compositions de chocolat existent, certaines ajoutant de la muscade ou du poivre long, bien que ces ajouts ne soient pas toujours recommandés pour la santé. Le chocolat est considéré comme une boisson saine et bénéfique pour diverses conditions de santé, notamment les troubles digestifs. Le texte mentionne également le chocolat de Gouaka, importé en Hollande, et la poudre des Indes, composée de cacao, vanille, ambre, cannelle, sucre et aviota.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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529
p. 21-23
« L'origine du Chocolat vient de certains peuples de l' [...] »
Début :
L'origine du Chocolat vient de certains peuples de l' [...]
Mots clefs :
Chocolat, Amérique, Espagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'origine du Chocolat vient de certains peuples de l' [...] »
L'origine du Chocolat
vient de certainspeuples
de l'Amérique qui
faisoient d'abord une es-
,
pece de pain avec le Cacao,
& les friandes Ameriquaincsy
meslerent cilsuitequelques
aromates.
Les - - Espagnols ont rafiné
sur les Ameriquains,
& nous taschons de rafiner
sur les Espagnols.
Unautheur Espagnol
dit quon a éprouvé à
l'Amérique sur des criminels
condamnez à
mourir de faim
,
qu'une
once de Cacao les faisoit
[ùbfifier pluslongtemps
qu'une livre de viande,
ou qu'une livre de ris. - Cependant unilluiîr*
autheur Italien apprend
auxCasuistes que le Chocolat
ne rompt point le
jeune.
Un autre autheur,c'est
Maradon
,
je croy ,
dit
qu'il rafraischit les estomacschauds,
& échauf
se les estomacs froids.
vient de certainspeuples
de l'Amérique qui
faisoient d'abord une es-
,
pece de pain avec le Cacao,
& les friandes Ameriquaincsy
meslerent cilsuitequelques
aromates.
Les - - Espagnols ont rafiné
sur les Ameriquains,
& nous taschons de rafiner
sur les Espagnols.
Unautheur Espagnol
dit quon a éprouvé à
l'Amérique sur des criminels
condamnez à
mourir de faim
,
qu'une
once de Cacao les faisoit
[ùbfifier pluslongtemps
qu'une livre de viande,
ou qu'une livre de ris. - Cependant unilluiîr*
autheur Italien apprend
auxCasuistes que le Chocolat
ne rompt point le
jeune.
Un autre autheur,c'est
Maradon
,
je croy ,
dit
qu'il rafraischit les estomacschauds,
& échauf
se les estomacs froids.
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Résumé : « L'origine du Chocolat vient de certains peuples de l' [...] »
Le texte décrit l'origine du chocolat, préparé initialement par les peuples d'Amérique avec du cacao et des aromates. Les Espagnols ont ensuite amélioré cette recette. Un auteur espagnol note que le cacao prolongeait la survie des condamnés. Un Italien affirme que le chocolat ne rompt pas le jeûne. Maradon le décrit comme rafraîchissant les estomacs chauds et réchauffant les estomacs froids.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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530
p. 28-33
« L'ouverture des Assemblées de Messieurs de l'Academie Royale [...] »
Début :
L'ouverture des Assemblées de Messieurs de l'Academie Royale [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Grains, Limaçon, Couleur, Pourpre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'ouverture des Assemblées de Messieurs de l'Academie Royale [...] »
Assemblées
de Messieurs de l'Acade
mie Royale des Sciences
, se fit le Samedy 14.
Novembre,par une Assemblée
publique.
Cette assemblée commença
par les Eloges que
fit Mr de Fontenelles Secretaire
de l'Académie, de
deux Académiciens morts
pendant l'année, dont l'un
estoit Mr Carré Académicien
pensionnaire Mechanicien,
& l'autre MrClaude
Bourdelin premier Medecin
de Madame la DuchessedeBourgogne,
aujourd'huy
Madame laDauphine,
& associé Botaniste.
A prés ces Eloges ceux
qui avoient rempli leurs
places payerent leur bienvenuë.
1
4 remMplrissdoeit Reaumur qui
la place de Mr
Carré,lut un memoire contenant
1a découverte dune
nouvelle teinture de pourpre.
La pourpre des Anciens
est un lue jaunastre
qui le trouve dans un pctig
sac au col de certains lima
çons de mer. Et refpandantce
suc sur un linge,&
le laissant exposé à
l'air, de jaune qu'il estoit
il devient dune belle couleur
de pourpre. Mr de
Reaumur cherchant de
ces coquillages, observa
qu'ils se ramassoient dans
certains endroits du bord
de la mer, & que les pierres
autour desquellesils
estoient
,
se trouvoient
chargées de petits grains
oblongs ou ovales, de deux
à trois lignes de long, 6c
d'environ une lignede large
, que ces grains estoient
composez d'une peau
membraneuse
, ouverts à
une de leurs extremitez,
& fermez de l'autre
, que
l'extremité ouverte estoit
bouchée par un petit corps
rond,solide&transparent,
& que ces grains renfermoient
une liqueur jaunafire,
qui répanduë sur le
linge, & exposée au grand
air le teint en couleur de
pourpre. Ilobserva au(Xi
que cette liqueur tenuë ds
un lieu sombre & hors du
grand air, ne change point
de couleur Il doute si ces
grains sont les oeufs du limaçon
qui porte la pourpre
, ou si c'est le fruit de
quelque plantemassive qui
serve de nourriture à ces
animaux, &qui leur fournit
ce suc. Ilrapporraaussi
beaucoup d'experiences
qu ilavoit faites sur ce suc,
tant pour en découvrir la
nature , que pour trouver
la raison de ces changements
de couleur. Il a fait
remarquer deplus quecette
teinture soutient plusieursblanchissages,
quoy
qu'il avouë qu'elle se décharge
tousjoursàchaque
fois.
On donnera de ce discours
un extrait plus ample
le mois prochain,
de Messieurs de l'Acade
mie Royale des Sciences
, se fit le Samedy 14.
Novembre,par une Assemblée
publique.
Cette assemblée commença
par les Eloges que
fit Mr de Fontenelles Secretaire
de l'Académie, de
deux Académiciens morts
pendant l'année, dont l'un
estoit Mr Carré Académicien
pensionnaire Mechanicien,
& l'autre MrClaude
Bourdelin premier Medecin
de Madame la DuchessedeBourgogne,
aujourd'huy
Madame laDauphine,
& associé Botaniste.
A prés ces Eloges ceux
qui avoient rempli leurs
places payerent leur bienvenuë.
1
4 remMplrissdoeit Reaumur qui
la place de Mr
Carré,lut un memoire contenant
1a découverte dune
nouvelle teinture de pourpre.
La pourpre des Anciens
est un lue jaunastre
qui le trouve dans un pctig
sac au col de certains lima
çons de mer. Et refpandantce
suc sur un linge,&
le laissant exposé à
l'air, de jaune qu'il estoit
il devient dune belle couleur
de pourpre. Mr de
Reaumur cherchant de
ces coquillages, observa
qu'ils se ramassoient dans
certains endroits du bord
de la mer, & que les pierres
autour desquellesils
estoient
,
se trouvoient
chargées de petits grains
oblongs ou ovales, de deux
à trois lignes de long, 6c
d'environ une lignede large
, que ces grains estoient
composez d'une peau
membraneuse
, ouverts à
une de leurs extremitez,
& fermez de l'autre
, que
l'extremité ouverte estoit
bouchée par un petit corps
rond,solide&transparent,
& que ces grains renfermoient
une liqueur jaunafire,
qui répanduë sur le
linge, & exposée au grand
air le teint en couleur de
pourpre. Ilobserva au(Xi
que cette liqueur tenuë ds
un lieu sombre & hors du
grand air, ne change point
de couleur Il doute si ces
grains sont les oeufs du limaçon
qui porte la pourpre
, ou si c'est le fruit de
quelque plantemassive qui
serve de nourriture à ces
animaux, &qui leur fournit
ce suc. Ilrapporraaussi
beaucoup d'experiences
qu ilavoit faites sur ce suc,
tant pour en découvrir la
nature , que pour trouver
la raison de ces changements
de couleur. Il a fait
remarquer deplus quecette
teinture soutient plusieursblanchissages,
quoy
qu'il avouë qu'elle se décharge
tousjoursàchaque
fois.
On donnera de ce discours
un extrait plus ample
le mois prochain,
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Résumé : « L'ouverture des Assemblées de Messieurs de l'Academie Royale [...] »
Le 14 novembre, l'Académie Royale des Sciences organisa une assemblée publique. L'assemblée débuta par des éloges en mémoire de deux académiciens décédés : Monsieur Carré et Monsieur Claude Bourdelin. Ensuite, les nouveaux membres accueillis payèrent leur bienvenue. René-Antoine Ferchault de Réaumur, successeur de Monsieur Carré, présenta un mémoire sur la découverte d'une nouvelle teinture de pourpre. Cette pourpre, similaire à celle des Anciens, est un liquide jaunâtre trouvé dans un petit sac au col de certains limacons de mer. En exposant ce suc à l'air sur un linge, il devient pourpre. Réaumur observa que ces coquillages se rassemblaient en certains endroits et que les pierres environnantes contenaient des grains oblongs ou ovales. Ces grains, composés d'une peau membraneuse, contenaient une liqueur jaunâtre qui, exposée à l'air, teignait le linge en pourpre. Réaumur se demanda si ces grains étaient les œufs du limacon ou le fruit d'une plante. Il rapporta plusieurs expériences sur cette liqueur pour en découvrir la nature et les changements de couleur. Il nota que la teinture résistait à plusieurs blanchissages, bien qu'elle s'affaiblît à chaque fois. Un extrait plus détaillé de ce discours sera publié le mois suivant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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531
p. 33-48
Extrait du Discours de Mr Geoffroy le jeune.
Début :
Monsieur Geoffroy le jeune ayant succedé à feu Mr Bourdelin [...]
Mots clefs :
Poussières, Plantes, Fleurs, Fécondité, Sommet, Embryons, Grains, Botaniste, Académie royale des sciences, Claude-Joseph Geoffroy
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait du Discours de Mr Geoffroy le jeune.
Extrait du Discours de M'r
Geoffroy le jeune.
MonsieurGeoffroy le
jeune ayanr succedé à feu
Mr Bourdelin, en sa place
d' associe Bocaniste, lut des
observations qu'il a faites
sur la structure & l'usage
des principales parties des
fleurs. On sçait bien que
c'est lafleur qui donne
naissance riU fruit &à la
graine d'où l'on voit chaque
plante renaistre ; mais
il est plus difficile de connoistre
quelles sont les parties
de la plante qui y contribuentle
plus, & de quelle
maniere elles y contribuent.
Les parties de la
fleur qui nous fra ppent le
plus,sont les
feuilles
donc
la varieté, la structure
, &
le vif eclac des couleurs
amusent le curieux. Mais
le Physicien va plus loin,
il approfondie, &ne trouvant
dans ces parties rien
de considerable que leur
beauté, il examine les autres
qu'on neglige comme
moins remarquables.
Celles qui ont paru à Mr
Geoffroy les plusessentielles
pour la conservation de
chaque espece de plante,
sontces sommets garnis de
poussiere qui se trouvent
ordinairement placées au
milieu des fleurs, & cette
tige verte & creuse qu'on
appelle le pistille. Ces parties
contribuent essentiellement
à la reproduction
de la plante, puisque si les
fleurs sont privées de l'usage
de l'une ou de l'aurre ,
il nevient point de grains
ou cette graine est sterile,
€c ne peur germer.
Ces deux parties,selon
Mr Geoffroy, respondent
à celles des animaux qui
sont destinées à la generation.
Les sommets avec
leurs poussieres
,
tiennent
lieu de parries masles, & h:
pistille, qui est commel'ovaire
où se trouvent renfermez
les embrions des
graines, y tient lieu d e partie
femelle.
Voila donc deux sexes
dans les plantes comme
dans les animaux ; ils se
trouvent ordinairement
réunis dansla mesmefleur
à cause de l'immobilité des
plantes ; mais ils se trouventaussi
quelquefois separés
}
& c'est ce qui appuye
le sentiment de Mr
Geoffroy qui rend raison
! parlà de la différence que
les Botanistes avoient misesentrecertaines
plantes
qu'ils appelloient mafiesJj
& d'autres de la mesme espece
qu'ils appelloient femelles
sans en sçavoir bien
la raison.La voicypresentement
toute évidente:
c'est que les plantes malles
ne produisent que des
fleurs à examines garnis de
sommets & de poussiere
sans pistille ;de là vient
qu'elles ne portent point
de fruit. Les autres portent
le pistille d'où naist le
fruitdans éramines ny sommets
:mais la poussiere des
sommets qui les rend secondes,
leur elt apportée
par le moyen de l' air ou
du vent, foie que ces étamines
soient sur différentes
branches du mesme pied
soit qu'elles soient sur des,
pieds differens, les autres
fleurs réunissent tout à la
fois les deux sexes.
On voit ordinairement
que ces poussieres qu'on
voit suspenduës à ces petits
filets ou étamines qui occupent
le milieu des fleurs,
n'en sont que comme les
excrements. Mais Mr
Geoffroy en les examinant
de plusprès, a découvert
que ce n'eftoirpointune
poussiere formée au ha,..
sard ; mais que ces petits
grains avoientunefigure
particulière & déterminée
dans chaque espece
, ôc
qu'ils estoient renfermez
des la naissance de la fleur
danslessommets comme
dans des capsules de différentes
formes selonladifference
des plantes.Il donne
le détail de toutes ces
differences qu'il avoir observéesavec
beaucoup de
soin
foin à l'aide du microscope.
Ensuite il appuyé son
sentiment de trois observations
considerables. La
premiere qu'il n'y a point
de fleur connuë qui n'aie
sesexamines avec les sommets
garnis de poussiere,
ou réunis avec son pifille)
ou separez en differents
endroits du mesme pied,
ou mesme sur des pieds differens
: c'est ce qu'il prouva
solidement.
La secondeobservation
est que dms les fleurs où
les deux sexessont reunis,
les sommets garnis de leurs
poussieres font tellement
disposez autour des pistiles,
qu'ils en sont necessairement
couverts, de maniere
que cette poussiere pepe
s'insinuer dans la cavité
de ces pistiles pour feconder
les embrions des grains
qui y sont renfermez. Mr
Geoffroy fit remarquer
toutes ces circonstances
dans les différentes fortes
de fleurs de ce genre. 1
1
La troisiéme observation
,
qui est la décisive;
c'est que ces poussieres
sont absolument necessaires
à lasecondité des plantes.
Quand les fruits manquent,
que le bled est niellé,
ou que la vigne coule,
cela n'arrive que parce que
les poussieres dessommets
ne peuvent s'introduire
dans les pistiles, foit parcç
que la gelée desseiche le
pistile avant qu'ilait receu
les poussieres, ce qui arri-
» ve aux arbres fruitiers, soit
que la pluye venant à laver
ces poussieres, lesentraitnent
& empeschent qu'elles
ne s'introduisent dans
les pistilles, ce qui produit
la nielle des bleds, ou la
couleure delavigne.
Pour preuve que c'est
là ce qui produit ceseffets
dont la cause soit si peu
connuë,c'est que MrGeoffroy
ayant élevé exprés
plusieurs pieds de bled de
Turquie qui, comme ron
sçait, porre dans le haut de
la tige, Ces étamineschargées
de sommets & les
fruits ou les épies le long
de la tige dans quelques
aiselles defeuilles, après
avoir coupe ces étamines
dés qu'elles commençoienr
à paroistre, les épies
ne sont venus qu'à une
certaine grosseur,&se font
ensuite entierement deffeichez,
sans que les embrions
des grains ayent
profité. La mesme chose
est arrivée à quelques
pieds de Mercuriale à fruit
que Mr Geoffroy a élevé
séparément de celle qui
porte les étam ines. Ce qui
peut faire de la peine dans
ce sisteme
,
c'est de concevoir
commentles plantes
malles, qui sont quelquefois
fort esloignées de
leurs femelles, peuvent les
rendre secondes de si loin.
Maisc'est un fait dont on
ne peur douter après l'exemple
que Mr Geoffroy
rapporta d'un Palmier femelle
eslevé dans les bois
d'Otrante, & qui ne commença
à portcr des fruits
qu:- quand s'estant eslevé
au dessusdes autres arbres,
il pat Joüir,dit Pontanus,
qui rapporte ce fait, de la
veuë d'un Palmier masle
qu'on eslevoit a Brindes.
Les vents aidant au commerce
de ces deux Palmiers
, en apportant les
poussieres du masle jusques
aux fleurs de la femelle
,
elle devint seconde
desterile quelle e floir'.
sans qu'il soit 1 besoin pour
expliquerce fait de recourir
à la sympathieou à l'amour
des plantes, termes
qui ne signifient rien, 6c
qui ne fervent de refuge
auxPhycisiens que jusqu'à
ce qu'ils ayent découvert
la veritable cause
Voila comme Mr Geoffroy
le jeune prouva que
les poussieres des sommets
qu'on avoir neglgé juç
ques icycommc de viles
excremenrs qui sembloient
defigurer la beauté des
fleurs , font pourtant des
parries essentiellesà la fecondité
des plantes, où les
deux sexes sont aussi distinguez
que parm y les animaux
, excepté qu'ils sont
plus rarement separez,
Geoffroy le jeune.
MonsieurGeoffroy le
jeune ayanr succedé à feu
Mr Bourdelin, en sa place
d' associe Bocaniste, lut des
observations qu'il a faites
sur la structure & l'usage
des principales parties des
fleurs. On sçait bien que
c'est lafleur qui donne
naissance riU fruit &à la
graine d'où l'on voit chaque
plante renaistre ; mais
il est plus difficile de connoistre
quelles sont les parties
de la plante qui y contribuentle
plus, & de quelle
maniere elles y contribuent.
Les parties de la
fleur qui nous fra ppent le
plus,sont les
feuilles
donc
la varieté, la structure
, &
le vif eclac des couleurs
amusent le curieux. Mais
le Physicien va plus loin,
il approfondie, &ne trouvant
dans ces parties rien
de considerable que leur
beauté, il examine les autres
qu'on neglige comme
moins remarquables.
Celles qui ont paru à Mr
Geoffroy les plusessentielles
pour la conservation de
chaque espece de plante,
sontces sommets garnis de
poussiere qui se trouvent
ordinairement placées au
milieu des fleurs, & cette
tige verte & creuse qu'on
appelle le pistille. Ces parties
contribuent essentiellement
à la reproduction
de la plante, puisque si les
fleurs sont privées de l'usage
de l'une ou de l'aurre ,
il nevient point de grains
ou cette graine est sterile,
€c ne peur germer.
Ces deux parties,selon
Mr Geoffroy, respondent
à celles des animaux qui
sont destinées à la generation.
Les sommets avec
leurs poussieres
,
tiennent
lieu de parries masles, & h:
pistille, qui est commel'ovaire
où se trouvent renfermez
les embrions des
graines, y tient lieu d e partie
femelle.
Voila donc deux sexes
dans les plantes comme
dans les animaux ; ils se
trouvent ordinairement
réunis dansla mesmefleur
à cause de l'immobilité des
plantes ; mais ils se trouventaussi
quelquefois separés
}
& c'est ce qui appuye
le sentiment de Mr
Geoffroy qui rend raison
! parlà de la différence que
les Botanistes avoient misesentrecertaines
plantes
qu'ils appelloient mafiesJj
& d'autres de la mesme espece
qu'ils appelloient femelles
sans en sçavoir bien
la raison.La voicypresentement
toute évidente:
c'est que les plantes malles
ne produisent que des
fleurs à examines garnis de
sommets & de poussiere
sans pistille ;de là vient
qu'elles ne portent point
de fruit. Les autres portent
le pistille d'où naist le
fruitdans éramines ny sommets
:mais la poussiere des
sommets qui les rend secondes,
leur elt apportée
par le moyen de l' air ou
du vent, foie que ces étamines
soient sur différentes
branches du mesme pied
soit qu'elles soient sur des,
pieds differens, les autres
fleurs réunissent tout à la
fois les deux sexes.
On voit ordinairement
que ces poussieres qu'on
voit suspenduës à ces petits
filets ou étamines qui occupent
le milieu des fleurs,
n'en sont que comme les
excrements. Mais Mr
Geoffroy en les examinant
de plusprès, a découvert
que ce n'eftoirpointune
poussiere formée au ha,..
sard ; mais que ces petits
grains avoientunefigure
particulière & déterminée
dans chaque espece
, ôc
qu'ils estoient renfermez
des la naissance de la fleur
danslessommets comme
dans des capsules de différentes
formes selonladifference
des plantes.Il donne
le détail de toutes ces
differences qu'il avoir observéesavec
beaucoup de
soin
foin à l'aide du microscope.
Ensuite il appuyé son
sentiment de trois observations
considerables. La
premiere qu'il n'y a point
de fleur connuë qui n'aie
sesexamines avec les sommets
garnis de poussiere,
ou réunis avec son pifille)
ou separez en differents
endroits du mesme pied,
ou mesme sur des pieds differens
: c'est ce qu'il prouva
solidement.
La secondeobservation
est que dms les fleurs où
les deux sexessont reunis,
les sommets garnis de leurs
poussieres font tellement
disposez autour des pistiles,
qu'ils en sont necessairement
couverts, de maniere
que cette poussiere pepe
s'insinuer dans la cavité
de ces pistiles pour feconder
les embrions des grains
qui y sont renfermez. Mr
Geoffroy fit remarquer
toutes ces circonstances
dans les différentes fortes
de fleurs de ce genre. 1
1
La troisiéme observation
,
qui est la décisive;
c'est que ces poussieres
sont absolument necessaires
à lasecondité des plantes.
Quand les fruits manquent,
que le bled est niellé,
ou que la vigne coule,
cela n'arrive que parce que
les poussieres dessommets
ne peuvent s'introduire
dans les pistiles, foit parcç
que la gelée desseiche le
pistile avant qu'ilait receu
les poussieres, ce qui arri-
» ve aux arbres fruitiers, soit
que la pluye venant à laver
ces poussieres, lesentraitnent
& empeschent qu'elles
ne s'introduisent dans
les pistilles, ce qui produit
la nielle des bleds, ou la
couleure delavigne.
Pour preuve que c'est
là ce qui produit ceseffets
dont la cause soit si peu
connuë,c'est que MrGeoffroy
ayant élevé exprés
plusieurs pieds de bled de
Turquie qui, comme ron
sçait, porre dans le haut de
la tige, Ces étamineschargées
de sommets & les
fruits ou les épies le long
de la tige dans quelques
aiselles defeuilles, après
avoir coupe ces étamines
dés qu'elles commençoienr
à paroistre, les épies
ne sont venus qu'à une
certaine grosseur,&se font
ensuite entierement deffeichez,
sans que les embrions
des grains ayent
profité. La mesme chose
est arrivée à quelques
pieds de Mercuriale à fruit
que Mr Geoffroy a élevé
séparément de celle qui
porte les étam ines. Ce qui
peut faire de la peine dans
ce sisteme
,
c'est de concevoir
commentles plantes
malles, qui sont quelquefois
fort esloignées de
leurs femelles, peuvent les
rendre secondes de si loin.
Maisc'est un fait dont on
ne peur douter après l'exemple
que Mr Geoffroy
rapporta d'un Palmier femelle
eslevé dans les bois
d'Otrante, & qui ne commença
à portcr des fruits
qu:- quand s'estant eslevé
au dessusdes autres arbres,
il pat Joüir,dit Pontanus,
qui rapporte ce fait, de la
veuë d'un Palmier masle
qu'on eslevoit a Brindes.
Les vents aidant au commerce
de ces deux Palmiers
, en apportant les
poussieres du masle jusques
aux fleurs de la femelle
,
elle devint seconde
desterile quelle e floir'.
sans qu'il soit 1 besoin pour
expliquerce fait de recourir
à la sympathieou à l'amour
des plantes, termes
qui ne signifient rien, 6c
qui ne fervent de refuge
auxPhycisiens que jusqu'à
ce qu'ils ayent découvert
la veritable cause
Voila comme Mr Geoffroy
le jeune prouva que
les poussieres des sommets
qu'on avoir neglgé juç
ques icycommc de viles
excremenrs qui sembloient
defigurer la beauté des
fleurs , font pourtant des
parries essentiellesà la fecondité
des plantes, où les
deux sexes sont aussi distinguez
que parm y les animaux
, excepté qu'ils sont
plus rarement separez,
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Résumé : Extrait du Discours de Mr Geoffroy le jeune.
Geoffroy le Jeune, succédant à M. Bourdelin, a présenté des observations sur la structure et l'usage des principales parties des fleurs. Il souligne que, bien que la fleur soit essentielle à la production des fruits et des graines, il est difficile de déterminer quelles parties y contribuent le plus et comment. Geoffroy identifie deux parties essentielles : les sommets garnis de poussière, appelés étamines, et la tige verte creuse appelée pistil. Ces parties sont cruciales pour la reproduction des plantes, car leur absence rend la graine stérile. Geoffroy compare ces parties aux organes de reproduction des animaux, les étamines jouant le rôle des parties mâles et le pistil celui des parties femelles. Il note que les plantes peuvent avoir les deux sexes réunis dans la même fleur ou séparés, ce qui explique les différences entre les plantes mâles et femelles observées par les botanistes. Geoffroy observe également que les poussières des étamines, souvent considérées comme des excréments, sont en réalité des grains de pollen ayant une forme particulière et déterminée pour chaque espèce. Il souligne que ces grains sont nécessaires à la fécondité des plantes et que leur absence ou leur lavage par la pluie peut entraîner la stérilité des fruits. Pour prouver ses observations, Geoffroy a mené des expériences sur des pieds de blé et de mercuriale, montrant que l'absence des étamines empêchait la formation des grains. Il rapporte également un exemple de palmiers mâles et femelles éloignés, où les vents ont transporté les grains de pollen, permettant la fécondation. Geoffroy conclut que les poussières des étamines sont essentielles à la fécondité des plantes, distinguant ainsi les sexes chez les plantes de manière similaire aux animaux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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532
p. 49-60
« La Seance publique de l'Academie Royale des Inscriptions & [...] »
Début :
La Seance publique de l'Academie Royale des Inscriptions & [...]
Mots clefs :
Gladiateurs, Combats, Romains, Amphithéâtres, Académie royale des inscriptions et médailles, Spectacles
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texteReconnaissance textuelle : « La Seance publique de l'Academie Royale des Inscriptions & [...] »
La Seance publique de
l'Academie Royale des
Inscriptions &Medaillesse
tint le Vendredy 13. No.
vembre. Mr Buret Medecin
, lut une Dissertation
sur la Luttedes Anciens,
extrait d'un Traité qu'il
afait sur la Gynastique.
Mr l'Abbé Sevin en lue
ensuiteune sur l'Histoire &
l'Origine de l'ancien
Royaume d'Assyrie. On
donnera le mois prochain
des Extraits de ces Discours.
Mr de Valois,qui termina
la Seance y lut la
premiere partie d'un Discours
de sa composition sur
les Spectacles de l'Amphithéatre
chez les anciens
Romains. Cette premiere
partie renferme les Combats
de Gladiateurs. Il y fit
voir que les Romains avoient
puisé chez les Etruriens,
la coûtume de donner
des Combats de Gladiateurs
: que ces Combats
dans leur origine, furent
establispour honorer
lesFunerailles des Personnages
Illustres :qu'ils se
donnerent d'abord au pied
des Buchers, & qu'ensuite
ils furent transferez dans
la place Publique. Cependant
les Romains ayant
trouvécette forte de Spectacles
fort à leur gré; ces
Combats Funebres se métamorphosérent
bientôt
en Combats de plaisir
,
&
comme tels se donnérent
dans l'Enclos du champ de
Mars,où l'ons'affembloit
pour les suffrages; dans le
Cirque,& plus ordinairement
dans l'Amphithéatre.
Mr de Valois passa àsi
condition des Gladiateurs.
Il montra qu'anciennement
leur Corps n'estoit
composéquedePrisonniers
de guerre
,
d'Esclaves &
de Criminels; Premiere
Classe
,
qu'il appelle Gladiateurs
Forçats: que par la
fuite des hommes fibres
s'aviserent de se louer pour
cet infame exercice: &
c'est la secondeclasse à laquelle
il donne le nom de
Bonnevogles ou Volontaires.
Il observa que non seu lement
des hommes libres
d'une naissance obscure
embrasserent cette profession,
mais que des Chevaliers,
des Senateurs, & des
plus illustres Maisons partagerent
avec eux ce deshonneur.
Il fit ensuite l'onumerarion
de ceux d'entre
les Empereurs Romains
qui se sont deshonorez
entre autres choses
par leurs combats dans
l'Amphitheatre. Il reulât",
qua que des Dames de qualité
n'avoient point eu de
honte de s'addonner aussi
à un exercice si peupropreà
leur sexe,&siindigne
de leur rang. Il adjousta
que Domitien fit mesme
combattre des Nains sur
l'arene, pour rendre la magnificencedeses
jeux plus
com plette par la singularité
d'un spectacle, qui jusqu'alors
n'avoir point ésté
imaginé ;au lieu queceluy
des combats des Dames
dans l'Amphitheatre avoir
commencé fous l'Em pereur
Neron, & ne prit 5a
que sous celuy de Septime
Severe. '-
-
Aprés avoir parcouru-:
toutes les Personnes de differens
états qui ont combattu
dans l'Amphitheatre
, il parlades diverses
especesde Gladiateurs, de
leurs armes & de leurvestement
Il sous-divisa les
deux classes generales de
Gladiateurs
,
sçavoir des
Forçats & des Volontaires, en
dix autres cla(Tes ou especes
particulieres qui avoient
chacune leur nom
different & leursarmes differentes.
Ceux de la premiere claC:
fc s'appelioientEjjedarik
d: Ceaux dbe laasectonoede,An.-
Ceux de la troisiéme, Secutores.
:
Ceux de la quatrième,
Reliant,
Ceux de la cinquiéme
Il Threces ou Thraces.
Ceux de la fudéme1
MyrmiUmes.
Ceu.,X de la septiéme
Hoplomachi,qui avoient d'abord
eu Je nom de Samnites.
Ceux de la huitiéme , Dimachari.
Ceux de la neuviéme,
Laqueatores ou Laquearii.
Enfin ceux de la dixiéme &
dernierese nommoient Ve!itÚ.
Mr de Valois ayant exa&e^*
ment expliquéces dix Classes
de Gladiateurs, décrivit laforme
de leur combat, après quo-y
il marqua quelle estoit la recompensedestinée
aux vainqueurs.
Cetterecompenseconsistoit
en une palme & une
fbmrfle d'argent assez considerable
,
à laquelle on nelaissoit
pas d'en adjouster quelquefois
encore une autre de surcroist
nommée Corollarium Paroccasion
il fit voir que la passion
des Romains pour les Gladiateurs
avoit de tout temps effcç
si grande, que non contents
des combats funebres & de
ceux de l'Amphithéâtre ils en
voulurent encore avoir en particulier
dans leurs maisons, lorsqu'ils regaloient leurs amis,
qu'il n'y avoit point de bon
repas parmy les Grands, où il
n'yeust toujours quelques couples
de Gladiateurs de tuez au
bout de la table;coustume
barbare que les Romains a;ll.
voient empruntée des peuples
de la Campanie, au rapport
deSilviusItalicus.
r- Mr de Valoistermina certe
premiere Partie par l'interdiction
de ce fan glant Spectacle.
Il remarqua que Constantin le
Grand fut le premierdesEmpereurs
Chrétiens, qui défendit
les combats de Gladiateurs
partout l'EmpireRomain l'an
314 deJesus-Christ& de Ropie
J067..c'efi: à dire, environ
600. ans après leur institution,
Cependant une loy si sage ne
fut observée à la rigueur que
tant que ce Prince vescut; &
l'on commença à y donner des
atteintes sous l'Empiremesme
deson Fih. Et ce Spectaclese
remitencore en vogue, demanierequ'il
dura jusqu'au temps
d'Honorius
,
qui l'abolit ennri
entierement à l'occasion d'un
saintMoine nommé Telemaque
, qui faisant ses esso ts
pour se parer les Gladiateurs
qui combattoient sur l'areneà
Rome
, y fut miserablement
lapidé par les S pectateurs, l'an
404.deJesus-Christ & de
Rome 1157. c'est à dire 90.
ans après la premiere défense
'lU'ee avoitfaite le Grand
Gonstantin.
l'Academie Royale des
Inscriptions &Medaillesse
tint le Vendredy 13. No.
vembre. Mr Buret Medecin
, lut une Dissertation
sur la Luttedes Anciens,
extrait d'un Traité qu'il
afait sur la Gynastique.
Mr l'Abbé Sevin en lue
ensuiteune sur l'Histoire &
l'Origine de l'ancien
Royaume d'Assyrie. On
donnera le mois prochain
des Extraits de ces Discours.
Mr de Valois,qui termina
la Seance y lut la
premiere partie d'un Discours
de sa composition sur
les Spectacles de l'Amphithéatre
chez les anciens
Romains. Cette premiere
partie renferme les Combats
de Gladiateurs. Il y fit
voir que les Romains avoient
puisé chez les Etruriens,
la coûtume de donner
des Combats de Gladiateurs
: que ces Combats
dans leur origine, furent
establispour honorer
lesFunerailles des Personnages
Illustres :qu'ils se
donnerent d'abord au pied
des Buchers, & qu'ensuite
ils furent transferez dans
la place Publique. Cependant
les Romains ayant
trouvécette forte de Spectacles
fort à leur gré; ces
Combats Funebres se métamorphosérent
bientôt
en Combats de plaisir
,
&
comme tels se donnérent
dans l'Enclos du champ de
Mars,où l'ons'affembloit
pour les suffrages; dans le
Cirque,& plus ordinairement
dans l'Amphithéatre.
Mr de Valois passa àsi
condition des Gladiateurs.
Il montra qu'anciennement
leur Corps n'estoit
composéquedePrisonniers
de guerre
,
d'Esclaves &
de Criminels; Premiere
Classe
,
qu'il appelle Gladiateurs
Forçats: que par la
fuite des hommes fibres
s'aviserent de se louer pour
cet infame exercice: &
c'est la secondeclasse à laquelle
il donne le nom de
Bonnevogles ou Volontaires.
Il observa que non seu lement
des hommes libres
d'une naissance obscure
embrasserent cette profession,
mais que des Chevaliers,
des Senateurs, & des
plus illustres Maisons partagerent
avec eux ce deshonneur.
Il fit ensuite l'onumerarion
de ceux d'entre
les Empereurs Romains
qui se sont deshonorez
entre autres choses
par leurs combats dans
l'Amphitheatre. Il reulât",
qua que des Dames de qualité
n'avoient point eu de
honte de s'addonner aussi
à un exercice si peupropreà
leur sexe,&siindigne
de leur rang. Il adjousta
que Domitien fit mesme
combattre des Nains sur
l'arene, pour rendre la magnificencedeses
jeux plus
com plette par la singularité
d'un spectacle, qui jusqu'alors
n'avoir point ésté
imaginé ;au lieu queceluy
des combats des Dames
dans l'Amphitheatre avoir
commencé fous l'Em pereur
Neron, & ne prit 5a
que sous celuy de Septime
Severe. '-
-
Aprés avoir parcouru-:
toutes les Personnes de differens
états qui ont combattu
dans l'Amphitheatre
, il parlades diverses
especesde Gladiateurs, de
leurs armes & de leurvestement
Il sous-divisa les
deux classes generales de
Gladiateurs
,
sçavoir des
Forçats & des Volontaires, en
dix autres cla(Tes ou especes
particulieres qui avoient
chacune leur nom
different & leursarmes differentes.
Ceux de la premiere claC:
fc s'appelioientEjjedarik
d: Ceaux dbe laasectonoede,An.-
Ceux de la troisiéme, Secutores.
:
Ceux de la quatrième,
Reliant,
Ceux de la cinquiéme
Il Threces ou Thraces.
Ceux de la fudéme1
MyrmiUmes.
Ceu.,X de la septiéme
Hoplomachi,qui avoient d'abord
eu Je nom de Samnites.
Ceux de la huitiéme , Dimachari.
Ceux de la neuviéme,
Laqueatores ou Laquearii.
Enfin ceux de la dixiéme &
dernierese nommoient Ve!itÚ.
Mr de Valois ayant exa&e^*
ment expliquéces dix Classes
de Gladiateurs, décrivit laforme
de leur combat, après quo-y
il marqua quelle estoit la recompensedestinée
aux vainqueurs.
Cetterecompenseconsistoit
en une palme & une
fbmrfle d'argent assez considerable
,
à laquelle on nelaissoit
pas d'en adjouster quelquefois
encore une autre de surcroist
nommée Corollarium Paroccasion
il fit voir que la passion
des Romains pour les Gladiateurs
avoit de tout temps effcç
si grande, que non contents
des combats funebres & de
ceux de l'Amphithéâtre ils en
voulurent encore avoir en particulier
dans leurs maisons, lorsqu'ils regaloient leurs amis,
qu'il n'y avoit point de bon
repas parmy les Grands, où il
n'yeust toujours quelques couples
de Gladiateurs de tuez au
bout de la table;coustume
barbare que les Romains a;ll.
voient empruntée des peuples
de la Campanie, au rapport
deSilviusItalicus.
r- Mr de Valoistermina certe
premiere Partie par l'interdiction
de ce fan glant Spectacle.
Il remarqua que Constantin le
Grand fut le premierdesEmpereurs
Chrétiens, qui défendit
les combats de Gladiateurs
partout l'EmpireRomain l'an
314 deJesus-Christ& de Ropie
J067..c'efi: à dire, environ
600. ans après leur institution,
Cependant une loy si sage ne
fut observée à la rigueur que
tant que ce Prince vescut; &
l'on commença à y donner des
atteintes sous l'Empiremesme
deson Fih. Et ce Spectaclese
remitencore en vogue, demanierequ'il
dura jusqu'au temps
d'Honorius
,
qui l'abolit ennri
entierement à l'occasion d'un
saintMoine nommé Telemaque
, qui faisant ses esso ts
pour se parer les Gladiateurs
qui combattoient sur l'areneà
Rome
, y fut miserablement
lapidé par les S pectateurs, l'an
404.deJesus-Christ & de
Rome 1157. c'est à dire 90.
ans après la premiere défense
'lU'ee avoitfaite le Grand
Gonstantin.
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Résumé : « La Seance publique de l'Academie Royale des Inscriptions & [...] »
Lors d'une séance publique de l'Académie Royale des Inscriptions et Médailles le 13 novembre, plusieurs dissertations furent présentées. Monsieur Buret, médecin, lut une dissertation sur la lutte des Anciens, extraite d'un traité sur la gymnastique. L'Abbé Sevin présenta une dissertation sur l'histoire et l'origine de l'ancien royaume d'Assyrie. Des extraits de ces discours devaient être publiés le mois suivant. Monsieur de Valois conclut la séance en lisant la première partie d'un discours sur les spectacles de l'amphithéâtre chez les anciens Romains, se concentrant sur les combats de gladiateurs. Il expliqua que les Romains avaient adopté cette coutume des Étruriens pour honorer les funérailles des personnages illustres. Ces combats, initialement funéraires, devinrent des spectacles de plaisir et se déroulaient dans divers lieux publics, notamment l'amphithéâtre. Monsieur de Valois détailla les conditions des gladiateurs, distinguant deux classes principales : les forçats (prisonniers de guerre, esclaves et criminels) et les volontaires (hommes libres s'étant engagés). Il mentionna que des personnes de haut rang, y compris des chevaliers et des sénateurs, participaient également à ces combats. Il cita plusieurs empereurs romains et dames de qualité ayant pris part à ces spectacles. Il décrivit ensuite les différentes espèces de gladiateurs, leurs armes et leurs vêtements, en les classant en dix catégories spécifiques : les Ejedariks, les Anzati, les Secutores, les Reliquarii, les Thraces, les Myrmillons, les Hoplomachi, les Dimachari, les Laqueatores et les Vélites. Monsieur de Valois expliqua également la forme des combats et les récompenses accordées aux vainqueurs, souvent une palme et une somme d'argent. Il conclut en mentionnant l'interdiction de ces spectacles par Constantin le Grand en 314, puis par Honorius en 404, après la mort tragique d'un moine nommé Télémaque.
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533
p. 37-45
LETTRE A MADAME P... sur deux mariez, dont l'un ne parloit que François, & l'autre qu'Anglois.
Début :
Il est constant que nostre époux ne parle point François [...]
Mots clefs :
Anglais, Français, Langage, Époux, Langue, Amour, Hymen
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE A MADAME P... sur deux mariez, dont l'un ne parloit que François, & l'autre qu'Anglois.
LETTREAMADAME
P.surdeux mariez, dont
l'un ne parloit que Franfois,
C l'autre qu'Anglois.
IL est constant que
nostre époux ne parle
point François, & que l'épouse ne parle pas
un mot d'Anglois:cela
paroît d'abordâflfei
bizare, tnaifS c'est faute
de'bien con siderer,ce
dont il s'agiten-ce
rencontre.
Dés le moment qu'un
1- coeur soûpire,
On- connoiten tvtâ lieux
ce que cela veut
dire,
Et malgré Babel&sa
Tour,
Dans le climat leplus
(fftJVage,
Ne demandez, que de
l'amour,
On entendra vôtre langage.
La terre en mil Etats a
beau se partager
En Aste) en Afrique,
en Europe, il réimporte
,
L'Amour n'est jamais
étranger
En quelque Païs qu'on
le porte.
Comme il est le Pere
de tous les hommes,
il est entendu de tous
ses enfans ; il est vray
que quand ilveutfaire
quelquemauvais coup,
comme il faut qu'il se
masque & qu'il se déguise,
il faut aussi qu'il
se serve de la langue du
Païs, mais quand il est
conduit par l'himenée,
, sans lequel il ne peut
être bien reçu chez les
honnêtes gens, il luy
suffit
suffit de se montrer
pour se faire entendre,
Secoue le monde parle
pour luy.
En quelquelangue qu'il
s'exprime,
Onsçaitd'abord ce qu'il
pre'tendy
Et des qu'il peut parler
sans crime
Une honnêtefillel'en-
,. tend,
La raison de cela est
estunetraditieiitres
estunetraditiontics
simple& trés aisée,
dont la nature çft dépositaire,
& qu'ellené
manque jamaisderévéler
à toutes les filles
lorsque la Loy Tgrdonne,
& quelquefois
même quand elle ut
l'ordonne pas.
Parmi toutes les Nationsi
UHtmen en ces occa-
,¡';onJ
A certainesexpressions,
Qui n'ont point besoin
d'inierprettes.
Ne vous étonnez
donc pas que deux personnes
étrangères, &r.
d'un langage si difteirent
, ayent pû fç, résoudre
à se marier ensemble,&
croyez comme
un article de la Loy
naturelle) que dans ces
sortes de mysteres tout
le monde parle François
,ajoûtez à cela que
de jeunes époux ont
leurs manieres particulieres
de s'entretenir,
indépendamment de
toutes les langues dela.
Terre.
Discours & fleurettes
frivoles,
Amans, ne conviennent
8 qu'à vous,
Mais entre deux heureux
époux
UHimenriadmet plul
lesparoles.
P.surdeux mariez, dont
l'un ne parloit que Franfois,
C l'autre qu'Anglois.
IL est constant que
nostre époux ne parle
point François, & que l'épouse ne parle pas
un mot d'Anglois:cela
paroît d'abordâflfei
bizare, tnaifS c'est faute
de'bien con siderer,ce
dont il s'agiten-ce
rencontre.
Dés le moment qu'un
1- coeur soûpire,
On- connoiten tvtâ lieux
ce que cela veut
dire,
Et malgré Babel&sa
Tour,
Dans le climat leplus
(fftJVage,
Ne demandez, que de
l'amour,
On entendra vôtre langage.
La terre en mil Etats a
beau se partager
En Aste) en Afrique,
en Europe, il réimporte
,
L'Amour n'est jamais
étranger
En quelque Païs qu'on
le porte.
Comme il est le Pere
de tous les hommes,
il est entendu de tous
ses enfans ; il est vray
que quand ilveutfaire
quelquemauvais coup,
comme il faut qu'il se
masque & qu'il se déguise,
il faut aussi qu'il
se serve de la langue du
Païs, mais quand il est
conduit par l'himenée,
, sans lequel il ne peut
être bien reçu chez les
honnêtes gens, il luy
suffit
suffit de se montrer
pour se faire entendre,
Secoue le monde parle
pour luy.
En quelquelangue qu'il
s'exprime,
Onsçaitd'abord ce qu'il
pre'tendy
Et des qu'il peut parler
sans crime
Une honnêtefillel'en-
,. tend,
La raison de cela est
estunetraditieiitres
estunetraditiontics
simple& trés aisée,
dont la nature çft dépositaire,
& qu'ellené
manque jamaisderévéler
à toutes les filles
lorsque la Loy Tgrdonne,
& quelquefois
même quand elle ut
l'ordonne pas.
Parmi toutes les Nationsi
UHtmen en ces occa-
,¡';onJ
A certainesexpressions,
Qui n'ont point besoin
d'inierprettes.
Ne vous étonnez
donc pas que deux personnes
étrangères, &r.
d'un langage si difteirent
, ayent pû fç, résoudre
à se marier ensemble,&
croyez comme
un article de la Loy
naturelle) que dans ces
sortes de mysteres tout
le monde parle François
,ajoûtez à cela que
de jeunes époux ont
leurs manieres particulieres
de s'entretenir,
indépendamment de
toutes les langues dela.
Terre.
Discours & fleurettes
frivoles,
Amans, ne conviennent
8 qu'à vous,
Mais entre deux heureux
époux
UHimenriadmet plul
lesparoles.
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Résumé : LETTRE A MADAME P... sur deux mariez, dont l'un ne parloit que François, & l'autre qu'Anglois.
Le texte 'Lettre à Madame' aborde l'union entre deux époux parlant des langues différentes, l'un le français et l'autre l'anglais. Cette situation est expliquée par l'amour, qui transcende les barrières linguistiques. L'amour est décrit comme un langage universel compris par tous, indépendamment des frontières géographiques ou des langues parlées. Lorsqu'il est sincère et guidé par l'hyménée, il se fait comprendre sans besoin de traduction. Le texte souligne que l'amour est le père de tous les hommes et est donc compris par tous ses enfants. Les jeunes époux ont des manières particulières de communiquer, indépendantes des langues terrestres. Les discours et les compliments frivoles conviennent seulement aux amants, tandis que l'hyménée admet plus les paroles entre deux époux heureux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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534
p. 90-106
NOUVELLES de divers endroits.
Début :
De Gironne le 26. Aoust. Mr le Marquis de Brancas [...]
Mots clefs :
Gironne, Fête, Bayonne, Gênes, Milan, Hambourg, Incendie, Leipzig, Tempête, Mortalité, Bétail, Maladie
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texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES de divers endroits.
NOUVELLESde
divers endroits.
De Gironne le 2.6.Aoufl.
Mr le Marquis de Brancas,
Lieutenant General des
Armées du Roy, Gouverneur
de Gironne, & Commandeur
de l'Ordre Militaire
de S. Louis, a donne une
grande Feste pour honorer
la mémoire de ce Sainr
,
&
pour donner des marques
de son zele au Roy ,à Sa
Majesté Catholique, &, à
Monseigneur le Prince des
Asturies, qui en porte le
nom.
Le 24 il ordonna aux
Trompettes de la Ville d'avertir
les Habitans d'illuminer
le soit toutes lesfenêtres
de leurs maisons; ce qui suc
cxecuté avec toutes les marques
d'un zele des plus ar..
dents.
Le 15. jour de laFeffe de
Saint Louis) Mr le Comto:
de Ficnnes. Lieutenant ge-
,
neral des Arméesdu Roy,
& Commandant enchefles
Troupes sur la Fronticre
Chevalier de Saint Louis;
Mr le Marquis deCaylus;
& Mr de Rignolet
,
Maré.
chauxdeCamp;Mr le
Comte de Valouse, & Mr
le Comte de Parabere,Brigadiers
; Mr de Grcfigny,
Lieutenant de Roy de la
Place; Mr deReding-, Cofanel;
Mr du Chayla,Ingénieur,
&c Chevalier deSaint
Louis;FEcac Major, & plufittiVs
Officiers des Quartiers
voisins, allèrent le matin
faire compliment à Mr le
Gouverneur,ainsi que le
Clergé dela Ville- laNo-
0
blesse, les Jurats, & les principaux
Bourgeois, & chacquuentl.
uluyypprercsfecnnttaauunn BBoouu--'
Toute cette Assemblée
se rendit ensuite dans une
Paroisse du Mercadal quiest
commune aux Religieuses
de Saint Bernard, où l'on
chanta une grande Mcffe en
Musique qui finit par le verset
Domine salvum sac Re..
gem.
L'aprésdinée il y eut un
grand Concert de voix &
dinstrumcns dans la maison
de Mr Prats, Gentilhomme
distingué &, premier Juratde
la Ville ,où logeoit Mr
le Marquis de Caraffa Seigneur
Napolitain, Maréchal
des Camps & Armées
de Sa Majesté Catholique;
Les Dames, quiestoientmagnifiquement
parées, furenc
placéessur des chaises&sur
des Carreaux à la maniere
Espagnole, selonleur rang.
dans une Salle fort spacieuse
illuminée par un grand
nombre de lustres, de girandoles
&de consoles garnies
de bougies.
On y servit une grande
, Collation, a prèslaquelle on
tira un beau Feu d'artifice
,
de l'invention de Mr de la
Grange. Il estoit dressé dans
la grande Place de la Ville;
C'étoit un Arcde Triomphe
defigurecxagonalc quifoû+
tenoit une cfpeccdelcl-lâé
! teau àquatre pans,orne d'un
) côtré d'Ecussons aux Armes
de France, & de l'autre d'Ecussons
des Armes d'Espa-
! gne,&entouré d'une balustrade
de Fleurs- delys,La
Statue Equestre de S, Louis
qui estoit au haut, sembloit
! détruire par des foudres qui
i
partoienc de sa main droite
quatre figures de Maures
qui representoient l'Herefie,
l'Idolâtrie, & les Sarrafins,
dont il avoir délivré la
Cité sainte; & les deux côtezoù
il n'y avoir pointd'E.
cussonsetoient garnis d'Emblêmes
à la loüange des deux
Rois, & du Gouverneur.
:
Une triple salve de prés
de cent pieces de canon fut
lesignalde l'exécution dece
Feu, après laquelle Mr le
Marquis de Brancas donna
un soupémagnifique.
De
DeBayonne le 24. Octobre.
La ReineDouairiere d'Espagne
ayantsouhaité daller
passer quinze jours au Château
de Bidache appartenant aMrle Duc de Grammont,
choisit Mr de Larretigny,
Commissaire Ordonnateur
des Classes au Département
de Bayonne, pour l'y conduire
,
Sa Majesté s'embarqua
le 22.. à neuf heures du
matin dans une Chaloupe
dela diligence avec laquelle
Mr de Larretigny ravoir:
fait conduire, qu'elle luy fit
l'honneur de le gratificr dune
tabattiere magnifique.
De Genes le 17.Octobre.
L'Archiduc débarquaicy
le 12. au matin; mais il ne
voulut point s'y arrester,
quoy qu'on luy eust fait
préparer un Logement: il
réfusa aussi les prefçnsde la
République, fous prétexte
qu'elle n'a point voulu le
reconnaître pour Royd'EC
pagne:il monta dans sa Calèche
à la sortie de la Chaloupe
qui le Init à terre, &
pritlaroute de Milan.
De Milanleil.Octobre
Depuis le 12. que l'Archiduc
est arrivé icy plusieursSeigneursy
font venus
le salüer
,
& entrautres le
Duc d'Ucede qui a quitté le
service du Roy Philippe V.
& qui cependant n'a pasesté
reçu par ce nouveau
Maistre, avec autant d'agrément
qu'ill'esperoit. Ce
Prince mange tous les jours,
en public, travaille avec ses
Ministres aux moyens de
trouver lesgrosses sommes
dont ila besoin. Le 157 le
Comte de Windischras,
Envoyé par l'Ambassadeur
de l'Archiduc à Francfort
luy aporta la nouvelle de
son Election à l'Empire.
Le Prince d'A vellino, & le
Marquis de Prié arriverent
le mesme jour de Rome.
On atrend un Depucé de la
Dicte Electorale qui aporte
l'Actedel'Election, & le
Cardinal Légat que le Pape
envoye pour complimenter
ce Prince.
De Hambourg le 6 Novembre
Le feu ayant pris à
Alrena le 2. de ce mois,
plus de trois cens maisons
ont este brulées, ainsi que
le Quartier des Juifs & leur
Synagogue; on y envoya
d'icy plusieurs Pompes pour
esteindre le feu avec des
Massons & des Charpentiers
; Mais telles coupures
que l'on fist dans les bastimens,
on ne put l'empescher
de le communiquer
des uns aux autres, & cet
incendie ne fut arresté que
le lendemain à cinq heures
du soir.
La Ville de Prestoë,
sicuée prés de la pointe
Méridionale de l'Iste de
de Zéeland, a esté entiere
mentréduiteen cendres.
De Leipfikle 5. Novembre.
Il fit hier une tempeste
si extraordinaire; qu'elle a
renversé pluficurs maisons,
déraciné & abbatu une
grande quantité d'arbres
dans les Forests & ailleurs,
rüiné les Jardins que le Roy
Auguste avoit fait faire
proche du Château de
Dresdec; & cette mesme
tempeste a fait perir un
Yacht magnifiquedel'Electeur
de Brandebourg.
DeVienne le 2. Novembre.
La mortalité parmy le
bettail dans l'Autriche &
»
dans la Hongrie est incroyable.
PouZrD peu que cela
dure l'on fera contraint
•
d'y vivre sans viande, san
beurre, sans fromage, &
sans laitage; & comme le
labour des Terres se fait
en ces Pays là presque uniquement
avec des Boeufs,il
y a beaucoup de Terres qui
y resteront en friche.Cette
maladie qui a d'abord règne
dans la Transylvanie, n'y a
presgue, laissé ni Boeufs,. ni
Vaches ni Moutons..
De Rome le 24. Octobre,
On reçut la semaine
dernière plusieursLettres
de Ferrare, portant que la
mortalité du bestail augmenroit
considerablement
dans le Veronois, le Vicentin
,
& le Padouan
, ce qui
faisoit aprehenderla contagion.
Ces lettres ayant (fié
luës dans la Congrégation
de la Consulte, il a esté
ordonné de prendre toutes
lesmesuresnecessaires pour
empêcher qu'il n'entrast
dans l'Etat Ecclesiastique
aucuns bestiaux venant de
ces Pays là, & on a recommandé
au Cardinal Impe.
rialc qui va à Milan de ne
passer paraucundesendroits
qui sont infectez de cette
maladie.
divers endroits.
De Gironne le 2.6.Aoufl.
Mr le Marquis de Brancas,
Lieutenant General des
Armées du Roy, Gouverneur
de Gironne, & Commandeur
de l'Ordre Militaire
de S. Louis, a donne une
grande Feste pour honorer
la mémoire de ce Sainr
,
&
pour donner des marques
de son zele au Roy ,à Sa
Majesté Catholique, &, à
Monseigneur le Prince des
Asturies, qui en porte le
nom.
Le 24 il ordonna aux
Trompettes de la Ville d'avertir
les Habitans d'illuminer
le soit toutes lesfenêtres
de leurs maisons; ce qui suc
cxecuté avec toutes les marques
d'un zele des plus ar..
dents.
Le 15. jour de laFeffe de
Saint Louis) Mr le Comto:
de Ficnnes. Lieutenant ge-
,
neral des Arméesdu Roy,
& Commandant enchefles
Troupes sur la Fronticre
Chevalier de Saint Louis;
Mr le Marquis deCaylus;
& Mr de Rignolet
,
Maré.
chauxdeCamp;Mr le
Comte de Valouse, & Mr
le Comte de Parabere,Brigadiers
; Mr de Grcfigny,
Lieutenant de Roy de la
Place; Mr deReding-, Cofanel;
Mr du Chayla,Ingénieur,
&c Chevalier deSaint
Louis;FEcac Major, & plufittiVs
Officiers des Quartiers
voisins, allèrent le matin
faire compliment à Mr le
Gouverneur,ainsi que le
Clergé dela Ville- laNo-
0
blesse, les Jurats, & les principaux
Bourgeois, & chacquuentl.
uluyypprercsfecnnttaauunn BBoouu--'
Toute cette Assemblée
se rendit ensuite dans une
Paroisse du Mercadal quiest
commune aux Religieuses
de Saint Bernard, où l'on
chanta une grande Mcffe en
Musique qui finit par le verset
Domine salvum sac Re..
gem.
L'aprésdinée il y eut un
grand Concert de voix &
dinstrumcns dans la maison
de Mr Prats, Gentilhomme
distingué &, premier Juratde
la Ville ,où logeoit Mr
le Marquis de Caraffa Seigneur
Napolitain, Maréchal
des Camps & Armées
de Sa Majesté Catholique;
Les Dames, quiestoientmagnifiquement
parées, furenc
placéessur des chaises&sur
des Carreaux à la maniere
Espagnole, selonleur rang.
dans une Salle fort spacieuse
illuminée par un grand
nombre de lustres, de girandoles
&de consoles garnies
de bougies.
On y servit une grande
, Collation, a prèslaquelle on
tira un beau Feu d'artifice
,
de l'invention de Mr de la
Grange. Il estoit dressé dans
la grande Place de la Ville;
C'étoit un Arcde Triomphe
defigurecxagonalc quifoû+
tenoit une cfpeccdelcl-lâé
! teau àquatre pans,orne d'un
) côtré d'Ecussons aux Armes
de France, & de l'autre d'Ecussons
des Armes d'Espa-
! gne,&entouré d'une balustrade
de Fleurs- delys,La
Statue Equestre de S, Louis
qui estoit au haut, sembloit
! détruire par des foudres qui
i
partoienc de sa main droite
quatre figures de Maures
qui representoient l'Herefie,
l'Idolâtrie, & les Sarrafins,
dont il avoir délivré la
Cité sainte; & les deux côtezoù
il n'y avoir pointd'E.
cussonsetoient garnis d'Emblêmes
à la loüange des deux
Rois, & du Gouverneur.
:
Une triple salve de prés
de cent pieces de canon fut
lesignalde l'exécution dece
Feu, après laquelle Mr le
Marquis de Brancas donna
un soupémagnifique.
De
DeBayonne le 24. Octobre.
La ReineDouairiere d'Espagne
ayantsouhaité daller
passer quinze jours au Château
de Bidache appartenant aMrle Duc de Grammont,
choisit Mr de Larretigny,
Commissaire Ordonnateur
des Classes au Département
de Bayonne, pour l'y conduire
,
Sa Majesté s'embarqua
le 22.. à neuf heures du
matin dans une Chaloupe
dela diligence avec laquelle
Mr de Larretigny ravoir:
fait conduire, qu'elle luy fit
l'honneur de le gratificr dune
tabattiere magnifique.
De Genes le 17.Octobre.
L'Archiduc débarquaicy
le 12. au matin; mais il ne
voulut point s'y arrester,
quoy qu'on luy eust fait
préparer un Logement: il
réfusa aussi les prefçnsde la
République, fous prétexte
qu'elle n'a point voulu le
reconnaître pour Royd'EC
pagne:il monta dans sa Calèche
à la sortie de la Chaloupe
qui le Init à terre, &
pritlaroute de Milan.
De Milanleil.Octobre
Depuis le 12. que l'Archiduc
est arrivé icy plusieursSeigneursy
font venus
le salüer
,
& entrautres le
Duc d'Ucede qui a quitté le
service du Roy Philippe V.
& qui cependant n'a pasesté
reçu par ce nouveau
Maistre, avec autant d'agrément
qu'ill'esperoit. Ce
Prince mange tous les jours,
en public, travaille avec ses
Ministres aux moyens de
trouver lesgrosses sommes
dont ila besoin. Le 157 le
Comte de Windischras,
Envoyé par l'Ambassadeur
de l'Archiduc à Francfort
luy aporta la nouvelle de
son Election à l'Empire.
Le Prince d'A vellino, & le
Marquis de Prié arriverent
le mesme jour de Rome.
On atrend un Depucé de la
Dicte Electorale qui aporte
l'Actedel'Election, & le
Cardinal Légat que le Pape
envoye pour complimenter
ce Prince.
De Hambourg le 6 Novembre
Le feu ayant pris à
Alrena le 2. de ce mois,
plus de trois cens maisons
ont este brulées, ainsi que
le Quartier des Juifs & leur
Synagogue; on y envoya
d'icy plusieurs Pompes pour
esteindre le feu avec des
Massons & des Charpentiers
; Mais telles coupures
que l'on fist dans les bastimens,
on ne put l'empescher
de le communiquer
des uns aux autres, & cet
incendie ne fut arresté que
le lendemain à cinq heures
du soir.
La Ville de Prestoë,
sicuée prés de la pointe
Méridionale de l'Iste de
de Zéeland, a esté entiere
mentréduiteen cendres.
De Leipfikle 5. Novembre.
Il fit hier une tempeste
si extraordinaire; qu'elle a
renversé pluficurs maisons,
déraciné & abbatu une
grande quantité d'arbres
dans les Forests & ailleurs,
rüiné les Jardins que le Roy
Auguste avoit fait faire
proche du Château de
Dresdec; & cette mesme
tempeste a fait perir un
Yacht magnifiquedel'Electeur
de Brandebourg.
DeVienne le 2. Novembre.
La mortalité parmy le
bettail dans l'Autriche &
»
dans la Hongrie est incroyable.
PouZrD peu que cela
dure l'on fera contraint
•
d'y vivre sans viande, san
beurre, sans fromage, &
sans laitage; & comme le
labour des Terres se fait
en ces Pays là presque uniquement
avec des Boeufs,il
y a beaucoup de Terres qui
y resteront en friche.Cette
maladie qui a d'abord règne
dans la Transylvanie, n'y a
presgue, laissé ni Boeufs,. ni
Vaches ni Moutons..
De Rome le 24. Octobre,
On reçut la semaine
dernière plusieursLettres
de Ferrare, portant que la
mortalité du bestail augmenroit
considerablement
dans le Veronois, le Vicentin
,
& le Padouan
, ce qui
faisoit aprehenderla contagion.
Ces lettres ayant (fié
luës dans la Congrégation
de la Consulte, il a esté
ordonné de prendre toutes
lesmesuresnecessaires pour
empêcher qu'il n'entrast
dans l'Etat Ecclesiastique
aucuns bestiaux venant de
ces Pays là, & on a recommandé
au Cardinal Impe.
rialc qui va à Milan de ne
passer paraucundesendroits
qui sont infectez de cette
maladie.
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Résumé : NOUVELLES de divers endroits.
Le texte relate divers événements survenus dans plusieurs villes européennes. À Gironne, le 2 juin, le Marquis de Brancas, Lieutenant Général des Armées du Roi, Gouverneur de Gironne et Commandeur de l'Ordre Militaire de Saint Louis, a organisé une grande fête en l'honneur de Saint Louis. Le 24 juin, il a ordonné aux trompettes de la ville d'avertir les habitants d'illuminer leurs fenêtres. Le 15 juin, divers dignitaires, dont le Comte de Fiennes, le Marquis de Caylus, et plusieurs brigadiers, ont rendu hommage au Gouverneur. Une messe solennelle a été chantée dans une paroisse, suivie d'un concert et d'un feu d'artifice dans la grande place de la ville. À Bayonne, le 24 octobre, la Reine Douairière d'Espagne a souhaité passer quinze jours au Château de Bidache, appartenant au Duc de Grammont. Elle a choisi Monsieur de Larretigny pour la conduire et l'a récompensé d'une tabatière magnifique. À Gênes, le 17 octobre, l'Archiduc a débarqué mais a refusé les honneurs de la République et a pris la route de Milan. À Milan, le 11 octobre, plusieurs seigneurs, dont le Duc d'Ucede, ont salué l'Archiduc. L'Archiduc a reçu la nouvelle de son élection à l'Empire et a travaillé avec ses ministres pour trouver des fonds. À Hambourg, le 6 novembre, un incendie a détruit plus de trois cents maisons à Alrena, y compris le quartier des Juifs et leur synagogue. La ville de Prestoë a été entièrement réduite en cendres. À Leipzig, le 5 novembre, une tempête a causé des dégâts importants, renversant des maisons et détruisant des jardins. À Vienne, le 2 novembre, une épidémie a décimé le bétail en Autriche et en Hongrie, menaçant l'agriculture et l'alimentation. À Rome, le 24 octobre, des lettres de Ferrare ont signalé une augmentation de la mortalité du bétail dans plusieurs régions, incitant les autorités à prendre des mesures pour empêcher la contagion.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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535
p. 9-20
Erudition sur le mot Etrennes, [titre d'après la table]
Début :
La nouveauté de toutes choses a tousjours plû aux hommes. [...]
Mots clefs :
Étrennes, Nouveauté, Érudition, Année, Gaulois, Romains
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Erudition sur le mot Etrennes, [titre d'après la table]
LITTERATURE. LA nouveauté detoutes
choses a tousjours
plû aux hommes
N'est- ce point pour cela
seul quils ont attaché a14
nouvel An une idée hetî*
rcuïe & agrcable, Seneque
appellenouvel an le
commencement- du regné
de Neron annus no- vus initium UcuhfeliciCl3
fimi. Le pronostic n'estoit
pas juste , mais les
flatteurs prédisent tousjours
merveille. On donnoit
chez les Romains au
premier jour de l'an des
figues, du miel & des I
dattes, fruits doux, fiin- 1
boles de la douce paix,
1¡
& de l'agreable union
qu'onsouhaitoit entre
parents & amis. N'eftce
point aussi comme fîtnbole
de pureté., de franchife
& de sincerité
) que
les Gaulois faisoient des
presentsdeguy de chesne
coupé avec une ferpe
d'or; l'or est le fimbole
de la pureté, il ne reste
plus qu'à prouver que le
guï de chesne est le fimbole
de la sincerité; un
autheur la dit, mais ces
fortes d'éruditions ne se
démonstrent pas comme
un probleme de Geome..,
trie, quoyqu'il en [oit,
on dit que les Etrennes
Gauloisesestoient plus;
sinceres que les nostres.
Je connois pourtant un
Amant qui a donné celle
cy : elle est de Mon- *
sieur leB. Comme franc f5 Gaulois
amant,
Je vous donne en étrenne, I
Iris, un coeursincere ; i
Pour voustvous m'aimez,
cejî un riche
present,
C'en est un fort petit si
vous ne rrîaimcZi
guere.
La response de la Gauloise
me paroist plus leurement
sincere.
Quejevousaime ou non,
vojlre coeur vautson
prixy
j'aimeroismieux celuy
d'un autre,
J'auray peu de plaisir k
recevoir le vostre ;
Mais c'est tousjours autantdepris.
Le Roy Tatius Sabinus
receut le premier la
Verveine du bois sacré
de la Déesse Strinia
, ou
Strenia, pour bon augure
de la nouvelle année,
c'estoit l'équivalent du
gui de etejne des Gaulois.
Etrennes vient, diton,
de ce mot Strenia,
ccluy de ftrenuw
,
qui
signifie genereux ) peut:
aussi avoir part à cette
étimologie, parce qu'on
donnoit les étrennes à
ceux quise distinguoient
par leur valeur. On donnoit
dans les premiers
temps des fruits en étrennes
,
mais on donna ensuite
des medailles d'argent.
A ce sujetOvidefait
dire à Janus, que les Anciens
estoient bien simples
de croire,que le miel
fust plus doux que l' argent.
La feste des étrennes
estoit dediée au Dieu j
Janus qu'on representoit 4
à deux virages; quelque
mauvaisplaisant de ce
temps-là, a peut-estre dit
que l'un des visages dejanus
estoit triste, & que
l'autre estoit gay, pour
marquer la tristesse de celuy
qui estobligé de donnerdesétrennes,&
lagaïe*
té de celuy qui les reçoit.
S'il est glorieux de
donner, il cft quelquefois
glorieux aussi de re-
- cevoir 3.
cevoir
,
& les étrennes
qu'on portoit aux Empereurs
Romains, étoient
des marques d'honneur.
Auguste en recevoit une
si grande quantité, que
pour n'en pas profiter, il
en achetoit des Idoles.
Tibere ne voulut point
recevoir d'étrennes; Caligula
les restablit, Claude
les deffendit ensuite,
mais elles resterent tousjours
en usage parmy le
peuple.
Qui croiroit quon pust
trouver une raison physique
des étrennes,je ne
sçay quel Ancien a dit,
que touteschoses estant
contenuës dans leurs commencements,
on doit tirer
des augures bonsou mauvais
de toute l'année par
le premier jour.
L'avis estbonprofitez-en
Sivous voulez, Iris,faire
unamantfidelle,
Deconstance rare modelle:
Faites-vous-en aimerau
premierjour de l'an,
A coup seur il sera constant
toute l'année,
Abien moins à present la
constance est bornée.
Les Gaulois croyoient
que le gui estoit un present
considerable duCiel,
qu'il preservoit du poison,
& que celuy qu'on
cuëilloit le jour de l'an
portoit bonheur toute
l'année à ceux qui en gardoient
sur eux.
-
Il nous est resté de cette
superstition payenne le
mot de la guy l'an neuf.
on appelloit encore ainsi
dans les derniers temps
les presents des étrennes.
le trouverais encore
beaucoup d'érudition sur
les étrennes, mais pour
entrer dans l'espritdela
superstitionancienne, je
veux éviter d'ennuyer au
premier jour de l'an, de
peur d'estre ennuyeux
tout le reste de l'année.
choses a tousjours
plû aux hommes
N'est- ce point pour cela
seul quils ont attaché a14
nouvel An une idée hetî*
rcuïe & agrcable, Seneque
appellenouvel an le
commencement- du regné
de Neron annus no- vus initium UcuhfeliciCl3
fimi. Le pronostic n'estoit
pas juste , mais les
flatteurs prédisent tousjours
merveille. On donnoit
chez les Romains au
premier jour de l'an des
figues, du miel & des I
dattes, fruits doux, fiin- 1
boles de la douce paix,
1¡
& de l'agreable union
qu'onsouhaitoit entre
parents & amis. N'eftce
point aussi comme fîtnbole
de pureté., de franchife
& de sincerité
) que
les Gaulois faisoient des
presentsdeguy de chesne
coupé avec une ferpe
d'or; l'or est le fimbole
de la pureté, il ne reste
plus qu'à prouver que le
guï de chesne est le fimbole
de la sincerité; un
autheur la dit, mais ces
fortes d'éruditions ne se
démonstrent pas comme
un probleme de Geome..,
trie, quoyqu'il en [oit,
on dit que les Etrennes
Gauloisesestoient plus;
sinceres que les nostres.
Je connois pourtant un
Amant qui a donné celle
cy : elle est de Mon- *
sieur leB. Comme franc f5 Gaulois
amant,
Je vous donne en étrenne, I
Iris, un coeursincere ; i
Pour voustvous m'aimez,
cejî un riche
present,
C'en est un fort petit si
vous ne rrîaimcZi
guere.
La response de la Gauloise
me paroist plus leurement
sincere.
Quejevousaime ou non,
vojlre coeur vautson
prixy
j'aimeroismieux celuy
d'un autre,
J'auray peu de plaisir k
recevoir le vostre ;
Mais c'est tousjours autantdepris.
Le Roy Tatius Sabinus
receut le premier la
Verveine du bois sacré
de la Déesse Strinia
, ou
Strenia, pour bon augure
de la nouvelle année,
c'estoit l'équivalent du
gui de etejne des Gaulois.
Etrennes vient, diton,
de ce mot Strenia,
ccluy de ftrenuw
,
qui
signifie genereux ) peut:
aussi avoir part à cette
étimologie, parce qu'on
donnoit les étrennes à
ceux quise distinguoient
par leur valeur. On donnoit
dans les premiers
temps des fruits en étrennes
,
mais on donna ensuite
des medailles d'argent.
A ce sujetOvidefait
dire à Janus, que les Anciens
estoient bien simples
de croire,que le miel
fust plus doux que l' argent.
La feste des étrennes
estoit dediée au Dieu j
Janus qu'on representoit 4
à deux virages; quelque
mauvaisplaisant de ce
temps-là, a peut-estre dit
que l'un des visages dejanus
estoit triste, & que
l'autre estoit gay, pour
marquer la tristesse de celuy
qui estobligé de donnerdesétrennes,&
lagaïe*
té de celuy qui les reçoit.
S'il est glorieux de
donner, il cft quelquefois
glorieux aussi de re-
- cevoir 3.
cevoir
,
& les étrennes
qu'on portoit aux Empereurs
Romains, étoient
des marques d'honneur.
Auguste en recevoit une
si grande quantité, que
pour n'en pas profiter, il
en achetoit des Idoles.
Tibere ne voulut point
recevoir d'étrennes; Caligula
les restablit, Claude
les deffendit ensuite,
mais elles resterent tousjours
en usage parmy le
peuple.
Qui croiroit quon pust
trouver une raison physique
des étrennes,je ne
sçay quel Ancien a dit,
que touteschoses estant
contenuës dans leurs commencements,
on doit tirer
des augures bonsou mauvais
de toute l'année par
le premier jour.
L'avis estbonprofitez-en
Sivous voulez, Iris,faire
unamantfidelle,
Deconstance rare modelle:
Faites-vous-en aimerau
premierjour de l'an,
A coup seur il sera constant
toute l'année,
Abien moins à present la
constance est bornée.
Les Gaulois croyoient
que le gui estoit un present
considerable duCiel,
qu'il preservoit du poison,
& que celuy qu'on
cuëilloit le jour de l'an
portoit bonheur toute
l'année à ceux qui en gardoient
sur eux.
-
Il nous est resté de cette
superstition payenne le
mot de la guy l'an neuf.
on appelloit encore ainsi
dans les derniers temps
les presents des étrennes.
le trouverais encore
beaucoup d'érudition sur
les étrennes, mais pour
entrer dans l'espritdela
superstitionancienne, je
veux éviter d'ennuyer au
premier jour de l'an, de
peur d'estre ennuyeux
tout le reste de l'année.
Fermer
Résumé : Erudition sur le mot Etrennes, [titre d'après la table]
Le texte explore les traditions liées au Nouvel An et aux étrennes, une coutume d'offrir des présents. Chez les Romains, le Nouvel An était associé à des symboles de paix et d'union, avec des offrandes de figues, de miel et de dattes. Les Gaulois, de leur côté, offraient du gui de chêne coupé avec une fêpe d'or, symbolisant la pureté et la sincérité. Le roi Tatius Sabinus recevait de la verveine du bois sacré de la déesse Strinia comme augure pour la nouvelle année. Le terme 'étrennes' provient de 'Strenia' ou 'strenuus', signifiant généreux. Initialement, des fruits étaient offerts, mais ils furent remplacés par des médailles d'argent. La fête des étrennes était dédiée à Janus, représenté avec deux visages. Les étrennes aux empereurs romains étaient des marques d'honneur, bien que certains empereurs comme Tibère les aient refusées. Une superstition ancienne voulait que le premier jour de l'année déterminât le reste de l'année. Les Gaulois croyaient que le gui, cueilli le jour de l'an, portait bonheur toute l'année. Le texte se conclut par une réflexion sur l'érudition des traditions anciennes, tout en évitant de lasser le lecteur dès le premier jour de l'année.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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536
p. 23-39
Extrait du Discours de Mr de Reaumur, lû à l'ouverture de l'Académie Royale des Sciences, [titre d'après la table]
Début :
On a promis dans le dernier Mercure cet Extrait plus [...]
Mots clefs :
Pourpre, Académie royale des sciences, Nature, Coquillages, Discours, Teinture, Anciens, Liqueurs, Expérience
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait du Discours de Mr de Reaumur, lû à l'ouverture de l'Académie Royale des Sciences, [titre d'après la table]
On a promis dans le
dernier Mercure cet Extrait
plus ample du Discours
leu par Monsieur de
Reaumur
,
à l'ouverture
des assemblées de l'Académie
Royalle des Sciences
câprés la saint Martin,
sur la découverte dune
nouvelleTeinture de Pourpre.
Malgré divers Traitez
faits par les Modernes sur
la couleur de Pourpre si
précieuse aux Anciens, on
a esté peu instruit de la nature
de la liqueur qui la
fournissoit:aussi tous ces
ouvrages ne sont-ils que
des especes de Commentaires
de quelques passages
d'Aristote & de Pline
C'ell: sur la nature mesme,
Se non sur les Naturalistes
qu'il faut faire des observations
varions lorsqu'on veut dé
couvrir quelques-uns de
ses secrets.Aristote
& Pline nous ont cependant
laissé bien des choses
remarquables sur cette matiere,
mais plus propres à
exciter nostre curiosité
qu'à la satisfaire pleinement.
Monsieur de Reaumur
dit ensuite que quoy que
ces Auteurs ayentparlé en
differentsendroits des poifc
fons à coquilles qui donnoient
la liqueur dont on
se servoit pour teindre en
Pourpre , que quoy qu'ils
ayent traité de leur naissance,
dela durée de leur
vie, dela maniere dontils
se nourrissoient,comment
on les peschoit, comment
on leur enlevoitcette pré- |
cieuse liqueur, &enfinles i
diverses préparations qu'- j
onluydonnoit,onanean- )
moins mis la Teinture de !
Pourpre des Anciens au j
nombre des secrets per- ! dus.
Ce que ces Autheurs ,
poursuit-il ;nousont laissé Hj
sur cettematiere, n'a point j
<' a
empesché le Public de
trouver les agréments de
la nouveauté dans les obfervations
d'un Anglois sur
la Teinture de Pourpre,
que fournit un coquillage
communsur les costes de
son pays.Cecoquillage
n'est qu'une desespeces
comprises fous le genre
appelléBuccinum par les
Anciens, notn qu'ils a"
voient donné à ces especes
de poissons
, parce que la
figure dela coquille dont
ils sont revestus,a quelque
t, ressemblanceà celle d'un
cors de chasse. Pline
livre7. chap. 5*. rangetoutes
lesespeces de coquillages
qui donnent la Teinture
de Pourpre, fous deux
genres, dont le premier
comprend les petites especes
de Buccinum
,
& le second
les coquillages ausquels
on a donné le nom
de Pourpre comme à la
Teinture qu'ils fournis- sent
Nos costes d'Ocean
continuë Mr de Reaumur,
ne nous donnent point de
ces dernieres especes de coquillages
; mais en revanche
on y rencontre trescommunemenc
une petite
espece de Buccinum ,
donc
les plus grandes ont douze
àtreize lignes de long, &
sept à huit de diamettre
dans l'endroit où elles sont
plus grosses.tournées
en spiralescomme ce lles
de nos limaçons de jardin,
mais un peu plus allongées.
C'est en considerant au
bord de la coste les coquillages
de cette espece, que
je trouvay une nouvelle
Teinture de Pourpre, que
je ne cherchois point.
Je remarquay que les Buc.
cinum estoient ordinairement
assemblez autour, de
certaines pierres
, ou fous
certaines arcadesdesable,
pour ainsi dire cimenté,
que la Mer seuleatravail-
] , r'I lées. & qu'ils s'y assembloient
quelquefoisen
si grande quantité
,
qu'on
pouvoitles y amasser à pleines
mains, au lieu qu'ils
estoient dispersez ça & là
par tout ailleurs. Je remarquay
enmesme temps
que ces pierres ou ces lables
estoient couverts de
certains petits grains.
dont la figure avoit quelque
ressemblance à celle
d'un spheroïde elliptique,
ou d'une boule allongée;la
longueur de ces grains eC.
toit d'un peu plus de trois
lignes,& leur grosseur d'un
peu plus d'une ligne. Ils
me parurent contenirune
liqueur d'un blanc tirant
sur le jaune, couleur assez
approchante de celle de la
liqueur que les Buccinum
donnent pour teindre en
Pourpre; cette seule ressemblance,
& la maniere
dont les Buccinum estoient
tousjours aÍfernblez autour
de ces petits grains,suffirent
pour me faire soupçonner
qu'on en pourroit
peut-estre tirer une Teinture
de Pourpre, telle
qu'on la tire de ces coquillages
J'examinay
ces grains de plus prés, j'en
apperceus quelques-uns
qui avoient un oeil rougeastre.
J'endétachay aush-
raft des pierres ausquelles
ils sont fortadhérants,
& me servant du premicl".
linge, & le moins coloré
qui se presenta dans lemoment,
j'exprimay de.]eue,
suc sur les manchettesde
ma chemise
j
elles m'eparurent
un peu plus sales,
mais je n'y vis d'autres
couleurs qu'un petit oeil
jaunaftre que je demeslois
à peine dans certains endroits.
D'autres objets qui
attiroient mon attention,
me firent oublierceque je
venois de faire. Je n'y pensois
plus du tout, lorsque
jettant par hasardles yeux
surces mesmes manches
tesun aprés, demi quart d'heure
je fus frappé d'une
greable surprise
,
je vis
une fort belle couleur
pourpre sur les endroits où
les grains avoient esté
écrasez. J'avois peine à
croire un changement si
prompt& si grand.
Je ramassay de nouveau de
ces grains, mais avec plus
de choix, car j'avois foin
de ne détacher des pierres
que ceux qui me paroissoient
les plus blancs, ou
plustost les moins jaunes.
Je moüillay encore mesV
manchettes de leur suc , mais en des endroits differents
, ce qui ne leur donna
point d'abord de couleur
qui approchast en auXs
cune façon du rouge. Cependant
je les consideray
à peine pendant trois ou
quatre minutes que je leur
vis tout d'un coup prendre
une aussi belle couleur
pourpre que la premiere
que ces grains avoient donnée.
C'en estoitassez pour
ne pouvoir pas douter que
ces grains donnoient une
couleur pourpre aussi belle
ouLe1le des Buccinurn,
Monsieur de Reaumur
ra pporte ensuite plusieurs
experiences qu'il fit pour
connoistre si cette liqueur
avoit autant de tenacité
quecelle desBuccinum,fait
remarquer que le linge
trempé dans la liqueur de
ces grains,ne prend lacouleur
de pourpre que lorsqu'on
l'expose au grand
air; & que quelques experiences
qu'il ait tentées
pour découvrir ce que sont
ces petits grains, il n'en a
point fait d'assez heureuses
pour y parvenir; qu on tireroic
la liqueur de ces
grains de Pourpre d'une
maniere infiniment p!bc
commode que celle dont
les Anciens ostoient la liqueur
des Buccinum
,
& fait
à ce sujet un détail tresample
& très-curieux,
aprés lequelil conclut qu'-
on pourroit tirer de ces
oeufs plus d'utilité que les
Anciens n'en tiroient des
Buccinum, parce qu'il y a
; incomparablement plus de
cesoeufs que decescoquili-
-
lages,& quon auroit leur
liqyeur beaucoup plus aisément
: enfin que la couleur
de cette liqueur paroist
parfaitement belle sur
le linge
, & que dans le
grand goust où l'on est à
present pour les toiles
peintes, on pourroit s'en
servir avec succez pour imprimer
sur du linge toutes
fortes de figures; cette liqueur
aussi bien que celle
des Buccinum, y seroit, ditil,
d'autant plus propre qu'elle , ne s'étend point
par delà l'endroitoùonl'a
posée
,
de sortequ'elle
pourroittousjours tracer
des traits nets.
dernier Mercure cet Extrait
plus ample du Discours
leu par Monsieur de
Reaumur
,
à l'ouverture
des assemblées de l'Académie
Royalle des Sciences
câprés la saint Martin,
sur la découverte dune
nouvelleTeinture de Pourpre.
Malgré divers Traitez
faits par les Modernes sur
la couleur de Pourpre si
précieuse aux Anciens, on
a esté peu instruit de la nature
de la liqueur qui la
fournissoit:aussi tous ces
ouvrages ne sont-ils que
des especes de Commentaires
de quelques passages
d'Aristote & de Pline
C'ell: sur la nature mesme,
Se non sur les Naturalistes
qu'il faut faire des observations
varions lorsqu'on veut dé
couvrir quelques-uns de
ses secrets.Aristote
& Pline nous ont cependant
laissé bien des choses
remarquables sur cette matiere,
mais plus propres à
exciter nostre curiosité
qu'à la satisfaire pleinement.
Monsieur de Reaumur
dit ensuite que quoy que
ces Auteurs ayentparlé en
differentsendroits des poifc
fons à coquilles qui donnoient
la liqueur dont on
se servoit pour teindre en
Pourpre , que quoy qu'ils
ayent traité de leur naissance,
dela durée de leur
vie, dela maniere dontils
se nourrissoient,comment
on les peschoit, comment
on leur enlevoitcette pré- |
cieuse liqueur, &enfinles i
diverses préparations qu'- j
onluydonnoit,onanean- )
moins mis la Teinture de !
Pourpre des Anciens au j
nombre des secrets per- ! dus.
Ce que ces Autheurs ,
poursuit-il ;nousont laissé Hj
sur cettematiere, n'a point j
<' a
empesché le Public de
trouver les agréments de
la nouveauté dans les obfervations
d'un Anglois sur
la Teinture de Pourpre,
que fournit un coquillage
communsur les costes de
son pays.Cecoquillage
n'est qu'une desespeces
comprises fous le genre
appelléBuccinum par les
Anciens, notn qu'ils a"
voient donné à ces especes
de poissons
, parce que la
figure dela coquille dont
ils sont revestus,a quelque
t, ressemblanceà celle d'un
cors de chasse. Pline
livre7. chap. 5*. rangetoutes
lesespeces de coquillages
qui donnent la Teinture
de Pourpre, fous deux
genres, dont le premier
comprend les petites especes
de Buccinum
,
& le second
les coquillages ausquels
on a donné le nom
de Pourpre comme à la
Teinture qu'ils fournis- sent
Nos costes d'Ocean
continuë Mr de Reaumur,
ne nous donnent point de
ces dernieres especes de coquillages
; mais en revanche
on y rencontre trescommunemenc
une petite
espece de Buccinum ,
donc
les plus grandes ont douze
àtreize lignes de long, &
sept à huit de diamettre
dans l'endroit où elles sont
plus grosses.tournées
en spiralescomme ce lles
de nos limaçons de jardin,
mais un peu plus allongées.
C'est en considerant au
bord de la coste les coquillages
de cette espece, que
je trouvay une nouvelle
Teinture de Pourpre, que
je ne cherchois point.
Je remarquay que les Buc.
cinum estoient ordinairement
assemblez autour, de
certaines pierres
, ou fous
certaines arcadesdesable,
pour ainsi dire cimenté,
que la Mer seuleatravail-
] , r'I lées. & qu'ils s'y assembloient
quelquefoisen
si grande quantité
,
qu'on
pouvoitles y amasser à pleines
mains, au lieu qu'ils
estoient dispersez ça & là
par tout ailleurs. Je remarquay
enmesme temps
que ces pierres ou ces lables
estoient couverts de
certains petits grains.
dont la figure avoit quelque
ressemblance à celle
d'un spheroïde elliptique,
ou d'une boule allongée;la
longueur de ces grains eC.
toit d'un peu plus de trois
lignes,& leur grosseur d'un
peu plus d'une ligne. Ils
me parurent contenirune
liqueur d'un blanc tirant
sur le jaune, couleur assez
approchante de celle de la
liqueur que les Buccinum
donnent pour teindre en
Pourpre; cette seule ressemblance,
& la maniere
dont les Buccinum estoient
tousjours aÍfernblez autour
de ces petits grains,suffirent
pour me faire soupçonner
qu'on en pourroit
peut-estre tirer une Teinture
de Pourpre, telle
qu'on la tire de ces coquillages
J'examinay
ces grains de plus prés, j'en
apperceus quelques-uns
qui avoient un oeil rougeastre.
J'endétachay aush-
raft des pierres ausquelles
ils sont fortadhérants,
& me servant du premicl".
linge, & le moins coloré
qui se presenta dans lemoment,
j'exprimay de.]eue,
suc sur les manchettesde
ma chemise
j
elles m'eparurent
un peu plus sales,
mais je n'y vis d'autres
couleurs qu'un petit oeil
jaunaftre que je demeslois
à peine dans certains endroits.
D'autres objets qui
attiroient mon attention,
me firent oublierceque je
venois de faire. Je n'y pensois
plus du tout, lorsque
jettant par hasardles yeux
surces mesmes manches
tesun aprés, demi quart d'heure
je fus frappé d'une
greable surprise
,
je vis
une fort belle couleur
pourpre sur les endroits où
les grains avoient esté
écrasez. J'avois peine à
croire un changement si
prompt& si grand.
Je ramassay de nouveau de
ces grains, mais avec plus
de choix, car j'avois foin
de ne détacher des pierres
que ceux qui me paroissoient
les plus blancs, ou
plustost les moins jaunes.
Je moüillay encore mesV
manchettes de leur suc , mais en des endroits differents
, ce qui ne leur donna
point d'abord de couleur
qui approchast en auXs
cune façon du rouge. Cependant
je les consideray
à peine pendant trois ou
quatre minutes que je leur
vis tout d'un coup prendre
une aussi belle couleur
pourpre que la premiere
que ces grains avoient donnée.
C'en estoitassez pour
ne pouvoir pas douter que
ces grains donnoient une
couleur pourpre aussi belle
ouLe1le des Buccinurn,
Monsieur de Reaumur
ra pporte ensuite plusieurs
experiences qu'il fit pour
connoistre si cette liqueur
avoit autant de tenacité
quecelle desBuccinum,fait
remarquer que le linge
trempé dans la liqueur de
ces grains,ne prend lacouleur
de pourpre que lorsqu'on
l'expose au grand
air; & que quelques experiences
qu'il ait tentées
pour découvrir ce que sont
ces petits grains, il n'en a
point fait d'assez heureuses
pour y parvenir; qu on tireroic
la liqueur de ces
grains de Pourpre d'une
maniere infiniment p!bc
commode que celle dont
les Anciens ostoient la liqueur
des Buccinum
,
& fait
à ce sujet un détail tresample
& très-curieux,
aprés lequelil conclut qu'-
on pourroit tirer de ces
oeufs plus d'utilité que les
Anciens n'en tiroient des
Buccinum, parce qu'il y a
; incomparablement plus de
cesoeufs que decescoquili-
-
lages,& quon auroit leur
liqyeur beaucoup plus aisément
: enfin que la couleur
de cette liqueur paroist
parfaitement belle sur
le linge
, & que dans le
grand goust où l'on est à
present pour les toiles
peintes, on pourroit s'en
servir avec succez pour imprimer
sur du linge toutes
fortes de figures; cette liqueur
aussi bien que celle
des Buccinum, y seroit, ditil,
d'autant plus propre qu'elle , ne s'étend point
par delà l'endroitoùonl'a
posée
,
de sortequ'elle
pourroittousjours tracer
des traits nets.
Fermer
Résumé : Extrait du Discours de Mr de Reaumur, lû à l'ouverture de l'Académie Royale des Sciences, [titre d'après la table]
Monsieur de Reaumur a présenté à l'Académie Royale des Sciences une découverte concernant une nouvelle teinture de pourpre. Malgré les travaux des Modernes et les descriptions d'Aristote et de Pline, la nature de la liqueur fournissant la pourpre ancienne restait peu connue. Les auteurs anciens avaient mentionné des mollusques à coquilles produisant cette liqueur, mais leurs descriptions n'avaient pas permis de percer ce secret. Reaumur a observé des coquillages de l'espèce Buccinum sur les côtes de l'Océan, regroupés autour de certaines pierres ou sous des arches de sable. Il a remarqué des petits grains sphéroïdes elliptiques contenant une liqueur blanche jaunâtre, similaire à celle des Buccinum. En écrasant ces grains sur ses manchettes, il a observé une coloration pourpre après quelques minutes. Pour vérifier la ténacité de cette liqueur, Reaumur a mené plusieurs expériences. Il a constaté que le linge trempé dans cette liqueur prenait une couleur pourpre lorsqu'il était exposé à l'air. Il a également noté que cette liqueur pouvait être extraite de manière plus simple que celle des Buccinum anciens. Reaumur a conclu que cette nouvelle teinture pourrait être utilisée pour imprimer des figures sur du linge, car elle ne s'étend pas au-delà de l'endroit où elle est posée, permettant ainsi de tracer des traits nets.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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537
p. 39-43
De Rome.
Début :
On sçait que feu Monsieur Colbert, au commencement de son [...]
Mots clefs :
Colbert, Peinture, Académie française de Rome, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Rome.
DeRome.
On sçait que feu Monsieur
Colbert,au commencement
de son ministere,
fonda dans Rome,par l'ordre
du Roy, une Académie
de Peinture, Sculpture&
Archirecture,où l'on
envoya, fous la conduite
de Mr Erard
,
plusieurs
Peintres. Aprés Mr Erard,
Mr Coypel fut Directeur
l de cette Académie. Ensui-
¡
te Mr Houasse, auquel a
fueyedé M. le Chevalier
IVerfon qui y est depuis
lépc ans.
Rome a une autre Académie
tres fameuse & rresancienne.,
appellée de Saint
Luc, dont le Directeur,
qu'on appelle Prince de
l'Académie,estoit le celebre
Chevalier Marat, qui
estant âgé de quatre-vingt
neuf ans, & ne pouvant
plus vaquer aux foins de
cette charge,on a choifiMr
le Chevalier PoersonDireéteur
de la nostre, qui a
elle
elle nomme Vice- Prince
de l'Académie de S. Luc
pendant la vie du Chevalier
Marat, pour prendre
la place de Prince aprés
luy.
Le choix d'un François
pour estre chefde l'Académie
Romaine, fait voir que
les François ne font pas inferieurs
aux Italiens dans
l'art de Peinture. Mrs de
Vernanfal & Beaunier,
Eleves de l'Académie Françoise
, ont rem portéles
prix dans cette mesme Académie
Romaine,quiont
esté délivrez en presence
sdieeutrresize Cardinaux,plu-
Princes, Prélats &
Seigneurs;& les Académiciens
de Larcadie, qui est
une Académie de beaux
Espritsestablie à Rome, y
recirerent plusieurs ouvrages
de Poësie
,
à l'assemblée
qui fut terminée par
un discours que fit un Prélat,
à la louange des Arts.
Le Roy content de la
conduite de Mr Poërson à
Rome, a augmentésa pension
de mille livres, &a
chargé Monsieur le Mar*
quis de Dangeau, de
l'honorer de l'Ordre de
Chevalier de Saint Lazare,
qui luy a esté conferé
au mois d'Octobre
dernier par Monsieur le
Cardinal de laTremoille,
après les preuves de Noblesse
faites dans les formes
ordinaires.
On sçait que feu Monsieur
Colbert,au commencement
de son ministere,
fonda dans Rome,par l'ordre
du Roy, une Académie
de Peinture, Sculpture&
Archirecture,où l'on
envoya, fous la conduite
de Mr Erard
,
plusieurs
Peintres. Aprés Mr Erard,
Mr Coypel fut Directeur
l de cette Académie. Ensui-
¡
te Mr Houasse, auquel a
fueyedé M. le Chevalier
IVerfon qui y est depuis
lépc ans.
Rome a une autre Académie
tres fameuse & rresancienne.,
appellée de Saint
Luc, dont le Directeur,
qu'on appelle Prince de
l'Académie,estoit le celebre
Chevalier Marat, qui
estant âgé de quatre-vingt
neuf ans, & ne pouvant
plus vaquer aux foins de
cette charge,on a choifiMr
le Chevalier PoersonDireéteur
de la nostre, qui a
elle
elle nomme Vice- Prince
de l'Académie de S. Luc
pendant la vie du Chevalier
Marat, pour prendre
la place de Prince aprés
luy.
Le choix d'un François
pour estre chefde l'Académie
Romaine, fait voir que
les François ne font pas inferieurs
aux Italiens dans
l'art de Peinture. Mrs de
Vernanfal & Beaunier,
Eleves de l'Académie Françoise
, ont rem portéles
prix dans cette mesme Académie
Romaine,quiont
esté délivrez en presence
sdieeutrresize Cardinaux,plu-
Princes, Prélats &
Seigneurs;& les Académiciens
de Larcadie, qui est
une Académie de beaux
Espritsestablie à Rome, y
recirerent plusieurs ouvrages
de Poësie
,
à l'assemblée
qui fut terminée par
un discours que fit un Prélat,
à la louange des Arts.
Le Roy content de la
conduite de Mr Poërson à
Rome, a augmentésa pension
de mille livres, &a
chargé Monsieur le Mar*
quis de Dangeau, de
l'honorer de l'Ordre de
Chevalier de Saint Lazare,
qui luy a esté conferé
au mois d'Octobre
dernier par Monsieur le
Cardinal de laTremoille,
après les preuves de Noblesse
faites dans les formes
ordinaires.
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Résumé : De Rome.
Le texte décrit la fondation et l'évolution de l'Académie de Peinture, Sculpture et Architecture à Rome, initiée par Colbert sur ordre du roi. Plusieurs peintres y furent envoyés sous la direction successive de Monsieur Erard, Monsieur Coypel, Monsieur Houasse, et enfin le Chevalier Werfon. Parallèlement, Rome abrite l'Académie de Saint-Luc, dirigée par le Chevalier Marat, remplacé par le Chevalier Poerson en raison de son âge avancé. Poerson devint également directeur de l'Académie française et Vice-Prince de l'Académie de Saint-Luc, soulignant la reconnaissance des talents français en peinture. Les élèves de l'Académie française, comme les Sieurs Vernanfal et Beaunier, obtinrent des prix dans l'Académie romaine en présence de dignitaires. Les Académiciens de l'Arcadie, une Académie de beaux-esprits établie à Rome, présentèrent des œuvres poétiques. Le roi, satisfait de la conduite de Monsieur Poerson, augmenta sa pension et l'honora de l'Ordre de Chevalier de Saint Lazare, conféré par le Cardinal de la Tremoille après les preuves de noblesse nécessaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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538
p. 43-46
De Lorraine.
Début :
Monsieur du Tertre, dont le Pere est estably depuis plusieurs [...]
Mots clefs :
Duc de Lorraine, Thèse, Soutenance, Système de Copernic
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Lorraine.
De Lorraine.
Monficm duTertre,doht
le Pere est estably depuis
plusieursannéesàBar-le-
Duc, a soustenu dans le
Çollegc des Jesuites de
Rheims une These dédiée
àS.A.R Monsieur le Duc
de Lorraine. Le Portrait
de ce Prince, gravé par un
habile Maistre
,
faisoit le
fonddecette These.Monteur
le Duc de Lorraine,
pour faire honneur au Soustenant,
y envoya Monsieur
le Marquisde Litta
l'un des principaux de sa
Cour, &cy-devant Grand
Maistre d'Hostel de Madame
la Duchesse de Mantouë,
avec le Pere Hugo,
Prieur des Prémontrez de
Nancy, & Historiographe
de Lorraine. La harangue
que le Soutenant addreffoit
à Monsieur le Duc de
Lorraine,estoit imprimée
au haut de la
These.
Elle
dit qu'il meritoit de porter
des Couronnes avant
qu'il en possedast, & que
sa sagesse estoit le Chefde
son Conseil & le premier
de ses Conseillers. A l'égard
du sujet de la These,
le Soutenant rejette le Systême
des Automates, ôc
¡ s'en tient aux formes substantielles
,
il rejette aussi
le Systeme de Copernic,
pour suivre celuy de Tichobrahé.
Monficm duTertre,doht
le Pere est estably depuis
plusieursannéesàBar-le-
Duc, a soustenu dans le
Çollegc des Jesuites de
Rheims une These dédiée
àS.A.R Monsieur le Duc
de Lorraine. Le Portrait
de ce Prince, gravé par un
habile Maistre
,
faisoit le
fonddecette These.Monteur
le Duc de Lorraine,
pour faire honneur au Soustenant,
y envoya Monsieur
le Marquisde Litta
l'un des principaux de sa
Cour, &cy-devant Grand
Maistre d'Hostel de Madame
la Duchesse de Mantouë,
avec le Pere Hugo,
Prieur des Prémontrez de
Nancy, & Historiographe
de Lorraine. La harangue
que le Soutenant addreffoit
à Monsieur le Duc de
Lorraine,estoit imprimée
au haut de la
These.
Elle
dit qu'il meritoit de porter
des Couronnes avant
qu'il en possedast, & que
sa sagesse estoit le Chefde
son Conseil & le premier
de ses Conseillers. A l'égard
du sujet de la These,
le Soutenant rejette le Systême
des Automates, ôc
¡ s'en tient aux formes substantielles
,
il rejette aussi
le Systeme de Copernic,
pour suivre celuy de Tichobrahé.
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Résumé : De Lorraine.
Le texte décrit un événement académique en Lorraine. Le Père du Tertre, résidant à Bar-le-Duc, a soutenu une thèse au Collège des Jésuites de Reims. Cette thèse était dédiée au Duc de Lorraine et incluait un portrait gravé du Prince. Pour honorer le Père du Tertre, le Duc a envoyé le Marquis de Litta, un dignitaire de sa cour, et le Père Hugo, Prieur des Prémontrés de Nancy et historiographe de Lorraine. La harangue du Père du Tertre, imprimée en tête de la thèse, louait la sagesse du Duc. La thèse rejetait les systèmes des automates, des formes substantielles et de Copernic, préférant celui de Tycho Brahé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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539
p. 46-48
« On a placé dans l'Article des Mariages celuy de [...] »
Début :
On a placé dans l'Article des Mariages celuy de [...]
Mots clefs :
Ennui, Généalogie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On a placé dans l'Article des Mariages celuy de [...] »
On a placé dans l'Article
des Mariages celuy
de Mrle Chevalier de
Luxembourg
)
& l'on
n'y a rien dit de la Maison.
Personne n'en ignore
la grandeur. Tous les
Livres d'histoire en font
pleins; & jévitéégalement
de parler des Genéalogies
trop connuës,
& decellesqui le fogt
trop peu: mais on place
icy
, comme Ouvrage
nouveau d'érudition, le
Discours suivant qui est
nouvellement composé
par MonsieurChevillard.
Il a fait sur cette
Maison des Remarques
tres-curieuses.Quoique
ce Discours soit treslong,
je fuis persuadé
qu'iln'ennuira pas; on
peut hasarder d'estre long
dans les sujets interessans,
&C qui est-ce qui ne s'interesse
pas à toutce qu'on
peut dire à l'occasion de
Mr le Chevalier de Luxembourg.
des Mariages celuy
de Mrle Chevalier de
Luxembourg
)
& l'on
n'y a rien dit de la Maison.
Personne n'en ignore
la grandeur. Tous les
Livres d'histoire en font
pleins; & jévitéégalement
de parler des Genéalogies
trop connuës,
& decellesqui le fogt
trop peu: mais on place
icy
, comme Ouvrage
nouveau d'érudition, le
Discours suivant qui est
nouvellement composé
par MonsieurChevillard.
Il a fait sur cette
Maison des Remarques
tres-curieuses.Quoique
ce Discours soit treslong,
je fuis persuadé
qu'iln'ennuira pas; on
peut hasarder d'estre long
dans les sujets interessans,
&C qui est-ce qui ne s'interesse
pas à toutce qu'on
peut dire à l'occasion de
Mr le Chevalier de Luxembourg.
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Résumé : « On a placé dans l'Article des Mariages celuy de [...] »
Le texte mentionne l'omission de la Maison de Luxembourg dans un article sur les mariages du Chevalier de Luxembourg. Il souligne la notoriété de cette maison, documentée dans divers livres d'histoire. L'auteur présente un discours de Monsieur Chevillard, contenant des remarques curieuses sur cette maison. Il assure que ce discours, bien que long, ne sera pas ennuyeux grâce à des sujets intéressants. Il note l'intérêt général pour le Chevalier de Luxembourg.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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540
p. 49-97
Discours nouveau sur l'origine, la Genealogie, & la Maison de Montmorency.
Début :
Tout le monde est persuadé de l'antiquité de l'illustre [...]
Mots clefs :
Généalogie, Maison de Montmorency, Noces, Origine, Alliances, France, Angleterre, Duc, Comte, Roi, Femme, Duchesse, Empereur, Branches, Armes, Mémoire, Paris, Royaume, Europe, Occident, Église, Guerre, Honneur, Seigneurs de Montmorency
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours nouveau sur l'origine, la Genealogie, & la Maison de Montmorency.
Discours nouveausur ïoriginey
1-t Genealogie, &la mal4
son de Montmorency. -% Tout le monde est persuadédel'antiquité
de l'illustre
Maison de Montmorency,&
personne ne
doute qu'elle ne soit une
des plus anciennes du
Royaume , la qualité de
premiersBarons Chrétiens
en France, avec lecry de
Guerre (Dieu aide au premier
Chrestien ) en marque la
grande antiquité. Mais la
révolution des siecles passez
a fait perdre les vieux
Titres
,
la negligence des
Historiens en dérobent
la memoire, & il est mal
aisé de sçavoir la verité de
son origine.
Celuy auquel nous avons
obligation de la connoissance
de cette Maison est
le fameux André Duchesne
qui par ses soins nous a
laisse dans un gros volume
toute sa posterité depuis
Bouchard I. qui vivoit en jj -' 954. maisil ne s'est pas embarrassé
de rapporter ceux
qui l'ont precedé
,
n'en
:t
ayant point trouvé de
preuves certaines; il rapporte
feulement ce que
d'anciens Autheurs ont dit
des premiers Seigneursde
Montmorency.
Ildit qu'il se trouve dans lapartiedes Gaules qu'on
appelle France deux insignes
commencemens de
conversion ; la premiere
par saint Denis premier
Evesque de Paris, qui a1 procuré la conversion des Gauloisla seconde saint par Remy, Archevesque
de Paris, qui convertit les
François; ces deux conversions
sont cause de deux
opinions touchant l'Autheur
d'une si nobleextraétion.
La premiere
, que LisbiusChevalierdune
tresgrande
Noblesse & d'autorité
parmy les Parisiens
estoit Seigneur de Mont-,
morency proche de cette
Ville, & fut le premier des
Gaulois qui embrassa la
Religion Chrestienne à la
prédication de saint Denis
vers l'an centième de nostre
Redemption, supposé
que ce fut saint Denis
l'Areopagite qui avoir esté
converty par saint Paul
Apostre : mais si l'on fuie
le sentiment de Gregoire
de Tours qui rapporte l'arrivée
de saint Denis dans
les Gaules sousle Coniulac
de Decius & de Gratus, la
conversion de Lisbius ne
pourroit estre que vers l'an
tJ3*
La seconde opinion qui
est de Robert Cenal, Evesque
d'Avranches, au premier
Livre de ses Remarques
Gau loises, & de Claude
Fauchée, au second Livre
de ses AntiquitézFrançoisesdisent
i que ce luy
qui a donné origine à la
Maison de Montmorency
nefutpas lefameux Gaulois
Lisbius,maisun Grand
Baron François nomme
Lisoie (lequel quand Clovis
premier Roy Chrestien
de France, fut baptisé par
saint Remy à Rheims en
499. ) fut le premier des
Seigneurs de sa suite
,
qui
se jetta dans la Cuve des
Fonds après luy
, en memoire
dequoy ses descendansmasles
ontestéhonorez
du titre de premiers
Barons Chrestiens deFrance
,
& ont tousjours eu depuis
pour cry de Guerre ,
Dieu aide au premier Chressien.
Quoy qu'il en soit, on
ne peut douter que les
deux qualitez qui ont tousjours
esté dans cetts illustre
Maison
,
de premier
Chrestien
, & de premier
Baron Chrestien en France,
n'ayent une origine
tres ancienne, &tr.--s illustre,
qui marque que les
anciens Seigneurs de
Montmorency eftoienc
des plus puissants du Royaume
: mais comme la
succession depuis Lisbius,
ou de Lisoie,n'apû se conserver
jusques à nous ,
il
faut s'en tenir à ce que
nous avons de plus asseuré,
& suivre ce qu'en a efcric
Duchesne auquel je renvoye
le Lecteur, qui commence
l'histoire de cette
Maison à Bouchard premier
, comme j'ay dit cydevant,
& quinous a donné
la suite desa posterité,
qui est rapportée dans la
Carte Chronologique de
cette Maison
, par MonsieurChevillard
qui donne
à ce Bouchard premier
un pere , un ayeul,
& un bisayeul
, que Duchesne
ne rapporte pas
mais les ayant trouvez
dans un autheur
)
il les a
rapportez pour faire connoistre
les alliances illustres
qu'ils avoient contractées,
puisque Jean Seigneur
de Montmorency pere de
Bouchard premier, qui vivoit
en 940. avoit épousé
Jeanne fille de Berenger
Comte de Beauvais, fils
d'AdolpheComte de Vermandois
, Everard Sei- j
gneur de Montmorency,
qui vivoit en 892. pere de
Jean & ayeul de Bouchard
premier, épousa Brunelle
fille deGaultier Comte de
Namur, & Leuto ou Leutard
Seigneur de Montmorency
qui vivoit en 845.
avoir épousé Everarde fille
d'un Comte de Ponchieu,
ce Leuto estoit pere d'Everard
& bisayeul de Bouchard
premier, c'est à luyqu'il
commence cet arbre
genealogique, afin defaire
connoistre les trois divers
changements qu'il y
a eus dans les Armes de la
Maison de Montmorency.
Ceux de cette Maison
avoient pris d'abord pour
leurs Armes, comme premiers
Chrestiens, d'or à la
croix de gueules;Bouchard
premier la cantonna de
quatre aiglettes ou allerions
d'azur, pour conservet
la memoire de quatre
Enseignes Impériales prises
à la victoire qu'il remporta
sur l'armée de tEmpereur
Othon II. Matthieu
II. dit le Grand, augmenta
les quatre allerions
de douze autres, en mémoire
de douze autres Enfeignes
Imperiales qui furent
prises à la bataille de
Bouvines sur l'Empereur
OthonIV. en1214 Ainsi
depuis ce temps- là les Seigneurs
de Montmorency
ont tousjours porté d'or à
la croix de gueules, cantonnée
de seize allerions
d'azur; & comme cette
Maison a formé quantité
de branches, ils ont brifé
leurs Armes differemment,
comme on le voit dans la
Carte genealogique, mais
à present comme labranche
aisnéeest éteinteenla
personne de Philippe de
Moutmorency Seigneur
de Nivelle, ôc Comte de
Horne décapité en 1^8.
auquel la branche de Fosfeux
a succedéàl'aisnesse,
toutes les autres branches
des Seigneurs de certe
Maison ont quitté leurs
brisures, & ont retenu les
Armes pleinesqu'ils portent
presentement.
La Maison de Montmorency
s'est separée en
quantité de branches, il y
en a eu plusieurs anciennes
qui font éteintes, mais
elle a conservé son nom
jusqu'à aujourd'huy, par la
succession de la branche
aisnée,dans plusieurs branches
qui subsistent,& quoy
qu'il paroisse de grandes
branches sorties de Mathieu
II. dit le Grand, Seigneur
de Montmorency
il n'y , a eu que la posterité
de son filsaisné Bouc hard
VI. qui ait retenule nom
de Montmorency, parce
que ion fils cadet Guyde
Montmorency fut Seigneur
de Laval, qui comme
heritier desa mereEme
de Laval, sortie d'une tres
noble & tres illustre Maison,
en atransmis le nom
à ses Descendans qui le retiennent
encore aujourd'huy,
ayant retenu les Armes
de Montmorency
,
la
Croix chargée de cinq coquilles
d'argent pour brisure,
comme cadets de sa
Maison.
Quant aux honneurs de
cette Maison, on ne peut
disconvenir qu'elle est des
plus illustrées
, tant dans
les alliances qu'ils ont contractées,
que dans les charges
qu'ils ont possedées,
les honneursqu'ils onteus
par leurs alliances, les font
toucher de près à tout ce
qu'il y a eu de Testes couronnées
dans l'Europe, &
pour le faire connoistre il
faut distinguer ses alliances
en trois manieres. Premierement
,
dans son ancienneté
: Secondement,
depuis
depuis la separation de ses
deux Branches, les Alliances
que celle de la Branche
de Montmorency a contractées
:
Troisiémement,
celle que la Branche de Laval
aeuës. Premierement, les Alliances
qu'ils ont eues anciennement
sont trcs considerables
puisque la premiere
qui estrapportée par
Duchesneestl'épouse qu'il
donne à Bouchard I.Elle
se nommoit Hildegarde,
& estoit fille de Thibaud I.
Comte de Chartres & de
de Bipis,ôc de Ledegarde
de Vermandois. Elle avoit
pour frere Eudes I. Comte
de Chartres & de Blois,
pere de Eudes II. Comte
de Champagne, duquel
sont forcis tous les Comtes
de Champagne; & pour
soeur Emme,femme de
GuillaumeIII. Duc de
Guyenne
, mere de Guillaume
IV. Ducde Guyenne
,
élu Roy d'Italie
, &
Empereur des Romains
duquel sont desçendus les,
Ducs deGuyenne,&Agnés
femme de l'Empereur
Henry III.
-
Hildegarde avoit pour
alliances du costé de sa
mere Ledgarde de Vermandois,
qui estoit fille de
Herbert II. Comte de Vermandois,&
d'une soeur de
Hugues le Grand, Duc de
France
,
& Comte de Paris
, pere du Roy Hugues
Capet; & aussi soeur d'Emme
,
Reine de France,
femme de Raoul, Duc de
Bourgogne, & Roy de
France, si bien qu'elle estoit
cousine du second au
troisiéme degré du Roy
Hugues Capec
,
chef de la
n'oineme Race des Rois
de France qui subsiste aujourd'huy.
Mathieu I. Seigneur de
Montmorency, Connestable
de France, épousa Aline
,
fille de Henry I. Roy
d'Angleterre, &en fecondes
nôces il épousa Alix de
Savoye
, veuve du Roy
Loüis VI. dit le Gros, mere
duRoy Loüis le Jeune, si
bien qu'il avoit l'honneur
d'estre beaupere du Roy
pour lors regnant.
BouchardV.s'alliaavec
Laurence, fille de Baudoüin,
Comte deHainaut,
descendu par les Comtes
de Flandres, de l'Empereur
Charlemagne; elle
estoit tante de BaudoüinV.
Comte de Flandres
, &
Empereur de Constantinople
,
d'Isabeau de Hainaut
,
Epouse du Roy de
France Philippe-Auguste,
& d'Ioland de Hainaut
Impératrice de Constanti-,
nople, femme de Pierre
de Courtenay, auquel elle
porta la Couronne
@
Imperiale.
Matthieu II. avoit épouse
en premières noces Gertrude
de Néelle
,
fille de Thomas Chastelain de ,
Bruges en Flandres
, &
d'une soeur d'Yves, Comte
de Soissons
,
Seigneur de
Néelle.C'estde cetteDame
quetoute la Maison de
Montmorency d'aujourd'huy
descend, parce que
Matthieu II épousa en secondes
noces Emme de
Laval qui luy donna pour
fils Guy de Montmorency,
Seigneur de Laval, comme
jelediray cy-aprés ; cette
Dame estoit soeur aisnée
d'Isabeau de Laval, femme
de Bouchard VI.Seigneur
de Montmorency, fils aisné
du premier lit de Mathieu
IL ainsi l'on peut dire
que dans la separation des
deux branches de Montmorency,
& de Laval, ils
ont les mesmes alliances,
puisque par les mariages
de ces deux Dames de la
Maison de Laval,ils se
trouvoient alliez des Maisons
de France ,
d'Angleterre,
d'Ecosse, de Castille,
des Comtes deThoulouse,&
de quantité d'autres
Maisons tres- considerables.
Secondement
,
les alliances
que la Maison de
Montmorency a contractéesdepuis
sa separation
d'avec la branche de Laval,
sont celles que Mathieu
III. contracta avec
Jeanne de Brienne fille de
Jean Roy de Jerusalem,
qui estoit fille de Henry
Comte de Champagne
Roy de Jerusalem. Cette
alliance leur en donna de
nouvelles avec la Maison
de France,puisque Henry
Comte
Comte de Champagne
Roy de Jerusalem
,
avoit
pour mere Marie de France
fille du Roy Loüis le
Jeune, avec les Roys de
Navarre de la Maison de
Champagne
, & avec les
Roys de Jerusalem & de
Chypre, de la Maison de
Lefignen.
Mathieu IV.ditle Grand,
Seigneur de Montmorency
,
fils de Mathieu III.
s'allia avec Marie de
Dreux Princesse du sang
de France, fille de Robert
IV. Comte de Dreux,
qui avoit pour quatriéme
ayeul Robert de France
Comte de Dreux fils du
Roy Loiiis le Gros. D'ailleurs
elle estoit sa parente
par trois endroits,d'abord
au quatriéme degré du
costé maternel par laMaison
de Craon , parce que
Maurice Seigneur de
Craon fut pere de Havoise
de Craon,femme de Guy
VI. Seigneur de Laval, qui
estoit pere d'Isabeau de Laval
mar iée à Bouchard VI.
Seigneur de Montmorency
ayeul de MathieuIV.
Et d'Amaury de Craon,
pere de Jeanne de Craon
femme de Jean Comte de
Montfort ayeulle maternelle
de ladite Dame Marie
de Dreux, par la Maison
de Montfort. Elle estoit
sa parente du quatriéme
au cinquiémedegré,
& par celle de Coucy du
cinquiéme au sixiéme.
Ce ne seroit jamais fait
si on vouloit particularifcr
toutes les alliances les unes
aprés les autres, on se renferme
aux trois recentes; sa
premiereest celle queHenry
Duc de Montmorency
II. du nom,Pair, Marechal
& Amiral de France,
contractaavec Marie Felice
des Ursins en 1612 par
l'entremise du Roy Louis
XIII. & de la Reine Marie
de Medicis sa mere 3,
pour lorsRegente du Royaume
)
qui estoit sa parente
du deuxiéme au troisiéme
degré, puisque la
Reine avoir pour pere
François deMedicisGrand
Duc de Toscane
,
qui estoit
frere d'Elisabeth de
Medicis femme de Paul
des Ursins Duc de Bracciano,
ayeul de Madame la
Duchesse de Montmorency
: ainsil'on peut voir par
cette alliance, l'estime que
le Roy Louis XIII. d'heureuse
memoire,faifoic de
cetteMaison,puisqu'il faisoitépouserà
Monsieur le
Duc de Montmorency sa
parenteau troisiéme degré.
La féconde alliance des
trois ausquelles on s'est retranché
,
est celle de Charlote
Marguerite de Montmorency
,soeur & heritiere
de HenryII. Duc de
Montmorency mort sans
posterité
,
laquelle épousa
en 1609. Henry de Bourbon
II. du nom Prince de
Condé. Cette Princesse
aprés la , mort de son frere
, herita du Duché de
Montmorency, & de plusieurs
autres biens qui sont
entrez parcette alliance
dans laMaison de Condé.
La troisiéme alliance est
celle que fit François Henry
de Montmorency Duc
de Piney -
Luxembourg,
forti de la branche de Bouteville,
quiépousaen 1661.
Magdelaine- Charlotte-
Bonne-Therese de Clermont
Duchesse de Piney-
Luxembourg,fille de Charles-
Henry de C lermont-
Tonnerre, & de Marie de
Luxembourg Duchesse de
Piney
,
qui se défit de sa
Duché en mariant sa fille, àcondition que son époux
porteroit le nom & les Armes
de Luxembourg
,
luy
transmettant le droit de sa
Duché femelle, afin de
conserver le nom de cette
illustre Maison, qui a donné
plusieurs Empereurs
des Romains, des Roys de
Boheme, des Reines de
France, & à d'autres Couronnes
de l'Europe.
Ayant cy-dessus distingué
les alliances de la Maison
de Montmorency en
trois manieres. Premierement
, dans son commencement.
Secondement, depuis la separation de ses
deux grandes branches, &
en troisiéme lieu, en celle
que la branche de Laval a
euë depuis sa separation
d'avec celle de Montmorency.
J'en rapporte quatre
qui sont d'une tresgrande
îllustration. La premiereest
celle que Guy X.
Comte de Laval contracta
en 1347. avec Beatrix
fille d'Artus Duc de Bretagne
, &dont l'arriere petite
filleIsabeau de Laval
épousa Loüis de Bourbon
Comte de Vendôme. C'est
cette seconde alliance qui
doit aujourd'huy faire plus
de plaisir à la Maison de
Montmorency; puisque
c'est de cette Isabeau de
Laval que descend toute la
Maison Royalle de Bourbon,
estant la sixémeayeulle
paternelle de nostre
grand Monarque Loüis
XIV. à present regnant;
qui voit en cette presente
année 1711. son Throfne
affermi dans sa Maison
pour plusieursannées par
la naissance de ses arriere
petits fils Monseigneur le
Duc de Bretagne, &Monseigneur
le Duc d'Anjou,
&par cette alliance toutes
les Testes couronnées de
l'Europe qui regnent aujourd'huy
,
sont alliéesà la
Maison de Montmorency,
La troisiéme alliance
qui fait encore honneur à
cette Maison, c'estdevoir
René d'Anjou Roy de Na",
ples & de Jerusalem
,
qui
épousa Jeanne de Laval en
fecondes noces, mais cette
Reine n'en ayant point eu
d'enfans ,il n'est resté à sa
famille que le plaisir de
s'en souvenir.
La quatriéme & demiere
alliance est celle de
Charlotte d'Arragon fille
de Federic d'Arragon Roy
deNaples, qui fut femme
de Guy XVI. Comte de
Laval; ils eurent plusieurs
enfans, entre autres deux
filles, dont l'aisnée Catherine
de Laval épousa Claude
Sire de Rieux,qui porta
dans la Maison deColigny
le Comté de Laval,
qui a présl'excinction de
cette branche,est tombé
dans celle de sa soeur cadette
Anne de Laval qui
épousa François de la
Tremoille Vicomte de
Thouars,dont est descendu
Monsieur le Duc de la
Tremoille qui possedeaujourd'huy
le Comté de Laval,&
quiàcause de cette
alliance,faitses protcftations
à tous les Traitez de
Paix
,
où il envoye une
personne pour le reprefen"-
ccr , prétendant au Royaume
de Naples comme
heritier d'Anne de Laval
sa quatriéme ayeulle.
-
Sans s'attacher à toutes
les alliances souveraines
de cette illustre Maison,
je diray qu'il y en a quantité
d'autres tres conGderablesquiluy
sont alliées,
& le grand nombre de
Maisons qui y ont pris des
femmes, tient à honneur
d'en estre descendu
,
& se
font un plaisir d'arborer les;
Armes de Montmorency
dansleursalliances.
L'on voit parmy les 1
Grands Officiers du Royaume
de France plus de
Seigneurs de laMaison de
Montmorency que d'aucuneautreMaisons
l'on y
compte deux grands Senéchaux,
six Connestables,&
un Connestable d'Hibcrnie,
neufMaréchaux,quatre
Grands Amiraux, trois
Grands Maistres de la
Maison du Roy, trois
Grands Chambellans,deux
Grands Bouteillers ou Eschansons,
& deux Grands
Pannetiers.
Plusieurs Connestables,
& autres Grands Officiers
de France, sont sortis de
cette Maison tres illustre,
ouenontépousédesfilles,
outre que cette Maison a
aussi produit plusieursDucs
&DuchelTes.
Quoy que la vertu & la
Religion ayent tousjours
esté le partage des Seigneurs
de Montmorency
neanmoins l'on , en voit
tres peu qui ayent estérevestus
de Dignitez Ecclesiastiques;
l'on en voitcependant
un Archevesque
Duc de Reims, des Evesques
d'Orleans, & peu
d'autres.
ilsontencore l'honneur
d'avoir un Saint reconnu
par l'Eglise,donton revere
la memoire aux Vaux
de Cernay enBeauce,c'est
saint Thibaud de Mont-
-
morency Seigneur deMarly,
fils de Mathieu premier,
&
dAline d'Angleterre, lequel
se croisa en 1173. pour
le voyage de la Terre sainte.
A son retour il se fit
Religieux de l'Ordre de
Cisteaux, en l'Abbaye du
Val, puis ilfut Abbé des
Vaux de Cernay à quatre
lieuës de Versailles, entre
Chevreuse &: Ramboüillet,
où il mourut saintementvers
l'an 1189.
Enfin tant de grandeur
dans une Maisonfaitassez
connoistre que la valeur a
esté hereditaire dans l'âme
des Seigneurs de Montmorency,
& leur a tait meriter
tous ces honneurs,
pour avoir tousjours refpandu
leur fang pour la
deffensede leurs Roys, &
de leur patrie, s'estant tousjours
trouvez à la teste des
Armées qu'ils commandoient
en chef, où ils ont
fait paroistre leur courage
avec éclat au milieu des
plus grands perils.
Je n'en veux point un
plus grand exemple que
celuy d'Anne de Montmorency
Duc, Pair, Marechal
,
Connestable
, k,
Fi
Grand Maistre de France,
lequel aprèsavoirblanchi
fous le harnois militaire,
pour la deffenseduRoy,
& de la patrie, remporta
dans le tombeau la gloire
d'estre mort au lit d' honneur
,
puisque commandant
l'Armée Royalle à la
Bataille de saint Denis, il
y receut huit coups mortels
,
dont il mourut deux
jours aprés en son Hostel
de Montmorency à Paris,
estant âgé de prés de quatre
vingt ans, comblant
par ce moyen les derniers
jours de sa vie d'une fin
tres glorieuse, a prés avoir
servy cinq Roys, & après
avoir passé par tous les degrez
d'honneur, & s'estre
trouve à huitBatailles, en
ayant commandé quatre
en chef; aussi le Roy Charles
1X. voulant honorer la
memoire de ce grand Chef
de Guerre
,
ordonna que
sa Pompe funebre fust faite
en l'Eglise de Nostreme
de Paris,avec toute la
magnificencepossible, où
toutes les Cours souveraines
assisterent par ordre du
Roy. De là son corps fut
porté en l'Eglise de saint
Martin de Montmorency,
& son coeur en celle des
Celestins de Paris, où il
futmis dans un Caveau,
proche de celuy du Roy
HenryII. Il estoit bien
juste qu'un coeur quiavoit
esté aimé de son Prince,
& qui avoit eu part à ses
plus im portantes affaires,
fust après son trépas inhumé
proche de celuy qui
luy avoit fait tant d'honneur
durant sa vie,
Mr Chevillard vient de
mettre au jour une Carte
qui a pour Titre: Succession
Chronologique des Empereurs,
&des Impératrices d'Occident,
depuis Charlemagnejusqu'à
present.
On n'entreprend point
de rapporter dans cette
Carte les Empererus Romains,
ni les Empereurs
d'Orient, on s'est borné
à rapporter la Chronologie
des Empereurs, & des
Imperatrices d'Occident,
qui sont ceux qui ont regnéen
Europe depuis l'an
800. On commence par
Charlemagne que l'erreur
commune fait le restaurateur
de l'Empired'Occident
, quoyqu'il soit vray
qu'il estoitEmpereur avant
qu'il cust eHé reconnu tel
par les Romains estantEmpereur
par sa feule qualité
de Roy des François, l'Empire
d'Occident ou du
moins celuy des Gaules
ayant este cedé à Clovis en
508. & confirmé à ses petitsfils
par l'Empereur Justinien.
Il eftvrayque depuis
l'an875. on n'a reconnu
pour Empereurs que
ceux qui ont esté reconnus
tels par les Papes, que mesme
les Rois de Germanie;
& d'autres qui ont esté couronnezEmpereurs,
n'ayant
priscetitre, du moins jusqu'ausiecle
dernier, qu'après
ce couronnement, se
contentant, jusqu'à cette
ceremonie
,
de celuy de
Roy desR omains ou d'Empereurélu.
On met neanmoins
dans cette Carte
ceux que l'erreur publique
reconnoist pour Empereurs
ou qui ont ~estéélus
im Empereurs,
Empereurs
, par des partis,
pour les opposer à ceux
qui avoient esté légitimément
élûs,ilssont distinguez
par des Couronnes
differentes.
1-t Genealogie, &la mal4
son de Montmorency. -% Tout le monde est persuadédel'antiquité
de l'illustre
Maison de Montmorency,&
personne ne
doute qu'elle ne soit une
des plus anciennes du
Royaume , la qualité de
premiersBarons Chrétiens
en France, avec lecry de
Guerre (Dieu aide au premier
Chrestien ) en marque la
grande antiquité. Mais la
révolution des siecles passez
a fait perdre les vieux
Titres
,
la negligence des
Historiens en dérobent
la memoire, & il est mal
aisé de sçavoir la verité de
son origine.
Celuy auquel nous avons
obligation de la connoissance
de cette Maison est
le fameux André Duchesne
qui par ses soins nous a
laisse dans un gros volume
toute sa posterité depuis
Bouchard I. qui vivoit en jj -' 954. maisil ne s'est pas embarrassé
de rapporter ceux
qui l'ont precedé
,
n'en
:t
ayant point trouvé de
preuves certaines; il rapporte
feulement ce que
d'anciens Autheurs ont dit
des premiers Seigneursde
Montmorency.
Ildit qu'il se trouve dans lapartiedes Gaules qu'on
appelle France deux insignes
commencemens de
conversion ; la premiere
par saint Denis premier
Evesque de Paris, qui a1 procuré la conversion des Gauloisla seconde saint par Remy, Archevesque
de Paris, qui convertit les
François; ces deux conversions
sont cause de deux
opinions touchant l'Autheur
d'une si nobleextraétion.
La premiere
, que LisbiusChevalierdune
tresgrande
Noblesse & d'autorité
parmy les Parisiens
estoit Seigneur de Mont-,
morency proche de cette
Ville, & fut le premier des
Gaulois qui embrassa la
Religion Chrestienne à la
prédication de saint Denis
vers l'an centième de nostre
Redemption, supposé
que ce fut saint Denis
l'Areopagite qui avoir esté
converty par saint Paul
Apostre : mais si l'on fuie
le sentiment de Gregoire
de Tours qui rapporte l'arrivée
de saint Denis dans
les Gaules sousle Coniulac
de Decius & de Gratus, la
conversion de Lisbius ne
pourroit estre que vers l'an
tJ3*
La seconde opinion qui
est de Robert Cenal, Evesque
d'Avranches, au premier
Livre de ses Remarques
Gau loises, & de Claude
Fauchée, au second Livre
de ses AntiquitézFrançoisesdisent
i que ce luy
qui a donné origine à la
Maison de Montmorency
nefutpas lefameux Gaulois
Lisbius,maisun Grand
Baron François nomme
Lisoie (lequel quand Clovis
premier Roy Chrestien
de France, fut baptisé par
saint Remy à Rheims en
499. ) fut le premier des
Seigneurs de sa suite
,
qui
se jetta dans la Cuve des
Fonds après luy
, en memoire
dequoy ses descendansmasles
ontestéhonorez
du titre de premiers
Barons Chrestiens deFrance
,
& ont tousjours eu depuis
pour cry de Guerre ,
Dieu aide au premier Chressien.
Quoy qu'il en soit, on
ne peut douter que les
deux qualitez qui ont tousjours
esté dans cetts illustre
Maison
,
de premier
Chrestien
, & de premier
Baron Chrestien en France,
n'ayent une origine
tres ancienne, &tr.--s illustre,
qui marque que les
anciens Seigneurs de
Montmorency eftoienc
des plus puissants du Royaume
: mais comme la
succession depuis Lisbius,
ou de Lisoie,n'apû se conserver
jusques à nous ,
il
faut s'en tenir à ce que
nous avons de plus asseuré,
& suivre ce qu'en a efcric
Duchesne auquel je renvoye
le Lecteur, qui commence
l'histoire de cette
Maison à Bouchard premier
, comme j'ay dit cydevant,
& quinous a donné
la suite desa posterité,
qui est rapportée dans la
Carte Chronologique de
cette Maison
, par MonsieurChevillard
qui donne
à ce Bouchard premier
un pere , un ayeul,
& un bisayeul
, que Duchesne
ne rapporte pas
mais les ayant trouvez
dans un autheur
)
il les a
rapportez pour faire connoistre
les alliances illustres
qu'ils avoient contractées,
puisque Jean Seigneur
de Montmorency pere de
Bouchard premier, qui vivoit
en 940. avoit épousé
Jeanne fille de Berenger
Comte de Beauvais, fils
d'AdolpheComte de Vermandois
, Everard Sei- j
gneur de Montmorency,
qui vivoit en 892. pere de
Jean & ayeul de Bouchard
premier, épousa Brunelle
fille deGaultier Comte de
Namur, & Leuto ou Leutard
Seigneur de Montmorency
qui vivoit en 845.
avoir épousé Everarde fille
d'un Comte de Ponchieu,
ce Leuto estoit pere d'Everard
& bisayeul de Bouchard
premier, c'est à luyqu'il
commence cet arbre
genealogique, afin defaire
connoistre les trois divers
changements qu'il y
a eus dans les Armes de la
Maison de Montmorency.
Ceux de cette Maison
avoient pris d'abord pour
leurs Armes, comme premiers
Chrestiens, d'or à la
croix de gueules;Bouchard
premier la cantonna de
quatre aiglettes ou allerions
d'azur, pour conservet
la memoire de quatre
Enseignes Impériales prises
à la victoire qu'il remporta
sur l'armée de tEmpereur
Othon II. Matthieu
II. dit le Grand, augmenta
les quatre allerions
de douze autres, en mémoire
de douze autres Enfeignes
Imperiales qui furent
prises à la bataille de
Bouvines sur l'Empereur
OthonIV. en1214 Ainsi
depuis ce temps- là les Seigneurs
de Montmorency
ont tousjours porté d'or à
la croix de gueules, cantonnée
de seize allerions
d'azur; & comme cette
Maison a formé quantité
de branches, ils ont brifé
leurs Armes differemment,
comme on le voit dans la
Carte genealogique, mais
à present comme labranche
aisnéeest éteinteenla
personne de Philippe de
Moutmorency Seigneur
de Nivelle, ôc Comte de
Horne décapité en 1^8.
auquel la branche de Fosfeux
a succedéàl'aisnesse,
toutes les autres branches
des Seigneurs de certe
Maison ont quitté leurs
brisures, & ont retenu les
Armes pleinesqu'ils portent
presentement.
La Maison de Montmorency
s'est separée en
quantité de branches, il y
en a eu plusieurs anciennes
qui font éteintes, mais
elle a conservé son nom
jusqu'à aujourd'huy, par la
succession de la branche
aisnée,dans plusieurs branches
qui subsistent,& quoy
qu'il paroisse de grandes
branches sorties de Mathieu
II. dit le Grand, Seigneur
de Montmorency
il n'y , a eu que la posterité
de son filsaisné Bouc hard
VI. qui ait retenule nom
de Montmorency, parce
que ion fils cadet Guyde
Montmorency fut Seigneur
de Laval, qui comme
heritier desa mereEme
de Laval, sortie d'une tres
noble & tres illustre Maison,
en atransmis le nom
à ses Descendans qui le retiennent
encore aujourd'huy,
ayant retenu les Armes
de Montmorency
,
la
Croix chargée de cinq coquilles
d'argent pour brisure,
comme cadets de sa
Maison.
Quant aux honneurs de
cette Maison, on ne peut
disconvenir qu'elle est des
plus illustrées
, tant dans
les alliances qu'ils ont contractées,
que dans les charges
qu'ils ont possedées,
les honneursqu'ils onteus
par leurs alliances, les font
toucher de près à tout ce
qu'il y a eu de Testes couronnées
dans l'Europe, &
pour le faire connoistre il
faut distinguer ses alliances
en trois manieres. Premierement
,
dans son ancienneté
: Secondement,
depuis
depuis la separation de ses
deux Branches, les Alliances
que celle de la Branche
de Montmorency a contractées
:
Troisiémement,
celle que la Branche de Laval
aeuës. Premierement, les Alliances
qu'ils ont eues anciennement
sont trcs considerables
puisque la premiere
qui estrapportée par
Duchesneestl'épouse qu'il
donne à Bouchard I.Elle
se nommoit Hildegarde,
& estoit fille de Thibaud I.
Comte de Chartres & de
de Bipis,ôc de Ledegarde
de Vermandois. Elle avoit
pour frere Eudes I. Comte
de Chartres & de Blois,
pere de Eudes II. Comte
de Champagne, duquel
sont forcis tous les Comtes
de Champagne; & pour
soeur Emme,femme de
GuillaumeIII. Duc de
Guyenne
, mere de Guillaume
IV. Ducde Guyenne
,
élu Roy d'Italie
, &
Empereur des Romains
duquel sont desçendus les,
Ducs deGuyenne,&Agnés
femme de l'Empereur
Henry III.
-
Hildegarde avoit pour
alliances du costé de sa
mere Ledgarde de Vermandois,
qui estoit fille de
Herbert II. Comte de Vermandois,&
d'une soeur de
Hugues le Grand, Duc de
France
,
& Comte de Paris
, pere du Roy Hugues
Capet; & aussi soeur d'Emme
,
Reine de France,
femme de Raoul, Duc de
Bourgogne, & Roy de
France, si bien qu'elle estoit
cousine du second au
troisiéme degré du Roy
Hugues Capec
,
chef de la
n'oineme Race des Rois
de France qui subsiste aujourd'huy.
Mathieu I. Seigneur de
Montmorency, Connestable
de France, épousa Aline
,
fille de Henry I. Roy
d'Angleterre, &en fecondes
nôces il épousa Alix de
Savoye
, veuve du Roy
Loüis VI. dit le Gros, mere
duRoy Loüis le Jeune, si
bien qu'il avoit l'honneur
d'estre beaupere du Roy
pour lors regnant.
BouchardV.s'alliaavec
Laurence, fille de Baudoüin,
Comte deHainaut,
descendu par les Comtes
de Flandres, de l'Empereur
Charlemagne; elle
estoit tante de BaudoüinV.
Comte de Flandres
, &
Empereur de Constantinople
,
d'Isabeau de Hainaut
,
Epouse du Roy de
France Philippe-Auguste,
& d'Ioland de Hainaut
Impératrice de Constanti-,
nople, femme de Pierre
de Courtenay, auquel elle
porta la Couronne
@
Imperiale.
Matthieu II. avoit épouse
en premières noces Gertrude
de Néelle
,
fille de Thomas Chastelain de ,
Bruges en Flandres
, &
d'une soeur d'Yves, Comte
de Soissons
,
Seigneur de
Néelle.C'estde cetteDame
quetoute la Maison de
Montmorency d'aujourd'huy
descend, parce que
Matthieu II épousa en secondes
noces Emme de
Laval qui luy donna pour
fils Guy de Montmorency,
Seigneur de Laval, comme
jelediray cy-aprés ; cette
Dame estoit soeur aisnée
d'Isabeau de Laval, femme
de Bouchard VI.Seigneur
de Montmorency, fils aisné
du premier lit de Mathieu
IL ainsi l'on peut dire
que dans la separation des
deux branches de Montmorency,
& de Laval, ils
ont les mesmes alliances,
puisque par les mariages
de ces deux Dames de la
Maison de Laval,ils se
trouvoient alliez des Maisons
de France ,
d'Angleterre,
d'Ecosse, de Castille,
des Comtes deThoulouse,&
de quantité d'autres
Maisons tres- considerables.
Secondement
,
les alliances
que la Maison de
Montmorency a contractéesdepuis
sa separation
d'avec la branche de Laval,
sont celles que Mathieu
III. contracta avec
Jeanne de Brienne fille de
Jean Roy de Jerusalem,
qui estoit fille de Henry
Comte de Champagne
Roy de Jerusalem. Cette
alliance leur en donna de
nouvelles avec la Maison
de France,puisque Henry
Comte
Comte de Champagne
Roy de Jerusalem
,
avoit
pour mere Marie de France
fille du Roy Loüis le
Jeune, avec les Roys de
Navarre de la Maison de
Champagne
, & avec les
Roys de Jerusalem & de
Chypre, de la Maison de
Lefignen.
Mathieu IV.ditle Grand,
Seigneur de Montmorency
,
fils de Mathieu III.
s'allia avec Marie de
Dreux Princesse du sang
de France, fille de Robert
IV. Comte de Dreux,
qui avoit pour quatriéme
ayeul Robert de France
Comte de Dreux fils du
Roy Loiiis le Gros. D'ailleurs
elle estoit sa parente
par trois endroits,d'abord
au quatriéme degré du
costé maternel par laMaison
de Craon , parce que
Maurice Seigneur de
Craon fut pere de Havoise
de Craon,femme de Guy
VI. Seigneur de Laval, qui
estoit pere d'Isabeau de Laval
mar iée à Bouchard VI.
Seigneur de Montmorency
ayeul de MathieuIV.
Et d'Amaury de Craon,
pere de Jeanne de Craon
femme de Jean Comte de
Montfort ayeulle maternelle
de ladite Dame Marie
de Dreux, par la Maison
de Montfort. Elle estoit
sa parente du quatriéme
au cinquiémedegré,
& par celle de Coucy du
cinquiéme au sixiéme.
Ce ne seroit jamais fait
si on vouloit particularifcr
toutes les alliances les unes
aprés les autres, on se renferme
aux trois recentes; sa
premiereest celle queHenry
Duc de Montmorency
II. du nom,Pair, Marechal
& Amiral de France,
contractaavec Marie Felice
des Ursins en 1612 par
l'entremise du Roy Louis
XIII. & de la Reine Marie
de Medicis sa mere 3,
pour lorsRegente du Royaume
)
qui estoit sa parente
du deuxiéme au troisiéme
degré, puisque la
Reine avoir pour pere
François deMedicisGrand
Duc de Toscane
,
qui estoit
frere d'Elisabeth de
Medicis femme de Paul
des Ursins Duc de Bracciano,
ayeul de Madame la
Duchesse de Montmorency
: ainsil'on peut voir par
cette alliance, l'estime que
le Roy Louis XIII. d'heureuse
memoire,faifoic de
cetteMaison,puisqu'il faisoitépouserà
Monsieur le
Duc de Montmorency sa
parenteau troisiéme degré.
La féconde alliance des
trois ausquelles on s'est retranché
,
est celle de Charlote
Marguerite de Montmorency
,soeur & heritiere
de HenryII. Duc de
Montmorency mort sans
posterité
,
laquelle épousa
en 1609. Henry de Bourbon
II. du nom Prince de
Condé. Cette Princesse
aprés la , mort de son frere
, herita du Duché de
Montmorency, & de plusieurs
autres biens qui sont
entrez parcette alliance
dans laMaison de Condé.
La troisiéme alliance est
celle que fit François Henry
de Montmorency Duc
de Piney -
Luxembourg,
forti de la branche de Bouteville,
quiépousaen 1661.
Magdelaine- Charlotte-
Bonne-Therese de Clermont
Duchesse de Piney-
Luxembourg,fille de Charles-
Henry de C lermont-
Tonnerre, & de Marie de
Luxembourg Duchesse de
Piney
,
qui se défit de sa
Duché en mariant sa fille, àcondition que son époux
porteroit le nom & les Armes
de Luxembourg
,
luy
transmettant le droit de sa
Duché femelle, afin de
conserver le nom de cette
illustre Maison, qui a donné
plusieurs Empereurs
des Romains, des Roys de
Boheme, des Reines de
France, & à d'autres Couronnes
de l'Europe.
Ayant cy-dessus distingué
les alliances de la Maison
de Montmorency en
trois manieres. Premierement
, dans son commencement.
Secondement, depuis la separation de ses
deux grandes branches, &
en troisiéme lieu, en celle
que la branche de Laval a
euë depuis sa separation
d'avec celle de Montmorency.
J'en rapporte quatre
qui sont d'une tresgrande
îllustration. La premiereest
celle que Guy X.
Comte de Laval contracta
en 1347. avec Beatrix
fille d'Artus Duc de Bretagne
, &dont l'arriere petite
filleIsabeau de Laval
épousa Loüis de Bourbon
Comte de Vendôme. C'est
cette seconde alliance qui
doit aujourd'huy faire plus
de plaisir à la Maison de
Montmorency; puisque
c'est de cette Isabeau de
Laval que descend toute la
Maison Royalle de Bourbon,
estant la sixémeayeulle
paternelle de nostre
grand Monarque Loüis
XIV. à present regnant;
qui voit en cette presente
année 1711. son Throfne
affermi dans sa Maison
pour plusieursannées par
la naissance de ses arriere
petits fils Monseigneur le
Duc de Bretagne, &Monseigneur
le Duc d'Anjou,
&par cette alliance toutes
les Testes couronnées de
l'Europe qui regnent aujourd'huy
,
sont alliéesà la
Maison de Montmorency,
La troisiéme alliance
qui fait encore honneur à
cette Maison, c'estdevoir
René d'Anjou Roy de Na",
ples & de Jerusalem
,
qui
épousa Jeanne de Laval en
fecondes noces, mais cette
Reine n'en ayant point eu
d'enfans ,il n'est resté à sa
famille que le plaisir de
s'en souvenir.
La quatriéme & demiere
alliance est celle de
Charlotte d'Arragon fille
de Federic d'Arragon Roy
deNaples, qui fut femme
de Guy XVI. Comte de
Laval; ils eurent plusieurs
enfans, entre autres deux
filles, dont l'aisnée Catherine
de Laval épousa Claude
Sire de Rieux,qui porta
dans la Maison deColigny
le Comté de Laval,
qui a présl'excinction de
cette branche,est tombé
dans celle de sa soeur cadette
Anne de Laval qui
épousa François de la
Tremoille Vicomte de
Thouars,dont est descendu
Monsieur le Duc de la
Tremoille qui possedeaujourd'huy
le Comté de Laval,&
quiàcause de cette
alliance,faitses protcftations
à tous les Traitez de
Paix
,
où il envoye une
personne pour le reprefen"-
ccr , prétendant au Royaume
de Naples comme
heritier d'Anne de Laval
sa quatriéme ayeulle.
-
Sans s'attacher à toutes
les alliances souveraines
de cette illustre Maison,
je diray qu'il y en a quantité
d'autres tres conGderablesquiluy
sont alliées,
& le grand nombre de
Maisons qui y ont pris des
femmes, tient à honneur
d'en estre descendu
,
& se
font un plaisir d'arborer les;
Armes de Montmorency
dansleursalliances.
L'on voit parmy les 1
Grands Officiers du Royaume
de France plus de
Seigneurs de laMaison de
Montmorency que d'aucuneautreMaisons
l'on y
compte deux grands Senéchaux,
six Connestables,&
un Connestable d'Hibcrnie,
neufMaréchaux,quatre
Grands Amiraux, trois
Grands Maistres de la
Maison du Roy, trois
Grands Chambellans,deux
Grands Bouteillers ou Eschansons,
& deux Grands
Pannetiers.
Plusieurs Connestables,
& autres Grands Officiers
de France, sont sortis de
cette Maison tres illustre,
ouenontépousédesfilles,
outre que cette Maison a
aussi produit plusieursDucs
&DuchelTes.
Quoy que la vertu & la
Religion ayent tousjours
esté le partage des Seigneurs
de Montmorency
neanmoins l'on , en voit
tres peu qui ayent estérevestus
de Dignitez Ecclesiastiques;
l'on en voitcependant
un Archevesque
Duc de Reims, des Evesques
d'Orleans, & peu
d'autres.
ilsontencore l'honneur
d'avoir un Saint reconnu
par l'Eglise,donton revere
la memoire aux Vaux
de Cernay enBeauce,c'est
saint Thibaud de Mont-
-
morency Seigneur deMarly,
fils de Mathieu premier,
&
dAline d'Angleterre, lequel
se croisa en 1173. pour
le voyage de la Terre sainte.
A son retour il se fit
Religieux de l'Ordre de
Cisteaux, en l'Abbaye du
Val, puis ilfut Abbé des
Vaux de Cernay à quatre
lieuës de Versailles, entre
Chevreuse &: Ramboüillet,
où il mourut saintementvers
l'an 1189.
Enfin tant de grandeur
dans une Maisonfaitassez
connoistre que la valeur a
esté hereditaire dans l'âme
des Seigneurs de Montmorency,
& leur a tait meriter
tous ces honneurs,
pour avoir tousjours refpandu
leur fang pour la
deffensede leurs Roys, &
de leur patrie, s'estant tousjours
trouvez à la teste des
Armées qu'ils commandoient
en chef, où ils ont
fait paroistre leur courage
avec éclat au milieu des
plus grands perils.
Je n'en veux point un
plus grand exemple que
celuy d'Anne de Montmorency
Duc, Pair, Marechal
,
Connestable
, k,
Fi
Grand Maistre de France,
lequel aprèsavoirblanchi
fous le harnois militaire,
pour la deffenseduRoy,
& de la patrie, remporta
dans le tombeau la gloire
d'estre mort au lit d' honneur
,
puisque commandant
l'Armée Royalle à la
Bataille de saint Denis, il
y receut huit coups mortels
,
dont il mourut deux
jours aprés en son Hostel
de Montmorency à Paris,
estant âgé de prés de quatre
vingt ans, comblant
par ce moyen les derniers
jours de sa vie d'une fin
tres glorieuse, a prés avoir
servy cinq Roys, & après
avoir passé par tous les degrez
d'honneur, & s'estre
trouve à huitBatailles, en
ayant commandé quatre
en chef; aussi le Roy Charles
1X. voulant honorer la
memoire de ce grand Chef
de Guerre
,
ordonna que
sa Pompe funebre fust faite
en l'Eglise de Nostreme
de Paris,avec toute la
magnificencepossible, où
toutes les Cours souveraines
assisterent par ordre du
Roy. De là son corps fut
porté en l'Eglise de saint
Martin de Montmorency,
& son coeur en celle des
Celestins de Paris, où il
futmis dans un Caveau,
proche de celuy du Roy
HenryII. Il estoit bien
juste qu'un coeur quiavoit
esté aimé de son Prince,
& qui avoit eu part à ses
plus im portantes affaires,
fust après son trépas inhumé
proche de celuy qui
luy avoit fait tant d'honneur
durant sa vie,
Mr Chevillard vient de
mettre au jour une Carte
qui a pour Titre: Succession
Chronologique des Empereurs,
&des Impératrices d'Occident,
depuis Charlemagnejusqu'à
present.
On n'entreprend point
de rapporter dans cette
Carte les Empererus Romains,
ni les Empereurs
d'Orient, on s'est borné
à rapporter la Chronologie
des Empereurs, & des
Imperatrices d'Occident,
qui sont ceux qui ont regnéen
Europe depuis l'an
800. On commence par
Charlemagne que l'erreur
commune fait le restaurateur
de l'Empired'Occident
, quoyqu'il soit vray
qu'il estoitEmpereur avant
qu'il cust eHé reconnu tel
par les Romains estantEmpereur
par sa feule qualité
de Roy des François, l'Empire
d'Occident ou du
moins celuy des Gaules
ayant este cedé à Clovis en
508. & confirmé à ses petitsfils
par l'Empereur Justinien.
Il eftvrayque depuis
l'an875. on n'a reconnu
pour Empereurs que
ceux qui ont esté reconnus
tels par les Papes, que mesme
les Rois de Germanie;
& d'autres qui ont esté couronnezEmpereurs,
n'ayant
priscetitre, du moins jusqu'ausiecle
dernier, qu'après
ce couronnement, se
contentant, jusqu'à cette
ceremonie
,
de celuy de
Roy desR omains ou d'Empereurélu.
On met neanmoins
dans cette Carte
ceux que l'erreur publique
reconnoist pour Empereurs
ou qui ont ~estéélus
im Empereurs,
Empereurs
, par des partis,
pour les opposer à ceux
qui avoient esté légitimément
élûs,ilssont distinguez
par des Couronnes
differentes.
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Résumé : Discours nouveau sur l'origine, la Genealogie, & la Maison de Montmorency.
Le texte traite de la Maison de Montmorency, une des plus anciennes et illustres familles du Royaume de France, reconnue comme les premiers Barons Chrétiens avec le cri de guerre 'Dieu aide au premier Chrétien'. La révolution des siècles passés et la négligence des historiens ont obscurci les vieux titres et l'origine exacte de cette maison. André Duchesne est l'historien ayant le plus contribué à sa connaissance, retraçant sa postérité depuis Bouchard I, vivant en 954. Deux opinions principales existent sur son origine : la première attribue son origine à Lisbius, un noble gaulois converti par saint Denis, tandis que la seconde la rattache à Lisoie, un grand baron francique converti par saint Remy. La Maison de Montmorency a toujours revendiqué les qualités de premier Chrétien et de premier Baron Chrétien, marquant ainsi son ancienne et illustre origine. La succession depuis Lisbius ou Lisoie n'a pas pu être conservée jusqu'à nos jours. Duchesne commence l'histoire de cette Maison à Bouchard I, et Chevillard ajoute des ancêtres supplémentaires pour montrer les alliances illustres contractées par la famille. Les armes de la Maison de Montmorency ont évolué, passant d'une croix de gueules sur fond d'or à une croix cantonnée de seize aiglettes d'azur. La Maison s'est séparée en plusieurs branches, certaines éteintes, mais le nom de Montmorency a été conservé jusqu'à aujourd'hui. Les alliances de la Maison de Montmorency sont extrêmement prestigieuses, incluant des mariages avec des membres des familles royales de France, d'Angleterre, et d'autres maisons nobles. Les alliances plus récentes incluent des mariages avec des membres de la Maison de Condé et de la Maison de Luxembourg. La Maison de Montmorency compte de nombreux Grands Officiers du Royaume de France, tels que des Sénéchaux, Connétables, Maréchaux, Amiraux, Maîtres de la Maison du Roi, Chambellans, Bouteillers, et Pannetiers. Plusieurs membres ont également été Ducs et Duchesses. La famille a produit des dignitaires ecclésiastiques, dont un Archevêque Duc de Reims et des Évêques. Saint Thibaud de Montmorency, Seigneur de Marly, est un membre notable, ayant participé à la croisade et fondé l'abbaye des Vaux de Cernay. La valeur et le courage des Seigneurs de Montmorency sont soulignés, notamment à travers l'exemple d'Anne de Montmorency, Duc, Pair, Maréchal, Connétable et Grand Maître de France, qui mourut glorieusement après avoir commandé l'armée royale à la bataille de Saint-Denis. La mémoire de ce grand chef de guerre fut honorée par une pompe funèbre magnifiquement organisée par le roi Charles IX.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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541
p. 97-107
Discours sur la Dignitié des Empereurs, & sur son origine.
Début :
Le titre d'Empereur a pris son origine des Romains [...]
Mots clefs :
Empereur, Roi, Auguste, Empire romain, Gaule
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours sur la Dignitié des Empereurs, & sur son origine.
Discours sur la Dignité des
Empereurs
y
&surson
origine.
Le titre d'Empereur a
pris son origine des Romains
, elle ne signisïoit
au dessous de celuy de Roy,
&marquoit une puissance
moins absoluë, ce qui porta
Auguste à lu prendre,
lorsque vingt neuf années
avant la naissance de jesus-
Christ, il Ce fut rendu maistre
de Rome, & de tous les
pays sourmis à la Republique
Romaine, fous ce seul
titre d'Em pereur il jouit
d'une authoritésouveraine.
Ses successeurs prirent
ôc porterent lemesme titre
qu'ils eurentdans la
fuite fort superieuràceluy
de Roy, parce que leur
puissance & leur domination,
estoit plus grande que
celle, d'aucun Roy de la
terre.
Les pays soumis à la domination
Romaine s'appellerenc
l'Empire Romain,
cet Empire estoit
d'une estenduë tres vaste
il arrivoit souvent , par des
révoltés qu'on voyoit s'y
élever des Empereurs, que
l'ambition Romaine n'a
traité que de Tyrans. Postume
s'éleva de la force en
260.&forma l'Empire des
Gaules, qui comprenoit les
Gaules, l'Espagne & les
Isles Britanniques.
Cet Empire des Gaules,
decacbe de l'Empire Romain
,
subsista peu ,
&- se
restablis dans la fuite par
des parcages. Il fut le seul
que l'Empereur Contrant
pere de l'Empereur Constantinaitpessedé
; ce dernier
réunit tout l'Empire
en fo personne
)
ses fils le
partagerent, Constantin
, qui estoit l'asné,eut l'Empire
des Gaules & le posseda.
Dans la suite, & partie
culierement depuis la more
du grand Theodose
,
l'Empire
Romain setrouva partagé
en deux; sçavoir l'Empire
d'Occident, dont Rome
estoit la Ville capitale,
& l'Empire d'Orient, qui
avoir Constantinople pour
Ville principale; l'Empire
d'Occident finitenlapersonne
d'Auguste Momille
pris prisonnier & déposé
le31.Octobre476. L'Empire
d'Orient a fini le 20.
May 1453. par la mort de
Constantin Paleologue,qui
deffendant la Ville de Constantinople
contre Mahomet
II. Empereur des
Turcs, qui la tenoit assiegée.
Constantin fut étoufsé
par la foule à une des
portes de laVille,son corps
ayant ellé trouvé on luy
coupa la teste, qui futmise
au bout d'une pique, les
femmes & les enfans qui
restoient de la Maison Imperiale,
furent maflàcrez.,
ainsi finit l'Empire d'Orient
qui a esté depuis aux
Turcs qui le possedent depuis
ce temps.
L'Empire d'Occident,
ou du moins celuy des
Gaules, fut cédé à Clovis
en 508. ôc confirmé à ses
petits fils par rEmpereur
Justinien, ainsi Charlemagne,
que l'erreur commune
fait le restaurateur de
l'Empire d'Occident en
800. estoit Empereur par
sa seulequalité de Roy des
Françoise l'Empire a resté
dans la famille l'espace
de cent onze ans pendant
le regne de
neuf
Empereurs
descendus de luy,
cinq desquels ont este
Rois de France,aprés quoy
l'Empire a passé a desPrinces
dedifférentes Maisons
parélection. Il y en aeu
cinqde la Maison de Franconie
,
cinq de la Maison
de Saxe ,
sept de celle de
Souaube, deux de celle de
Brunswick,un de celle de
Nassau
,
cinq de celle de
Luxembourg
,
deux de Baviere,
seize de celle d'Autriche
, y compris l'election
del'Archiduc, desquels
seize Empereurs il y
en a treize de fuite & sans
interruption depuis l'élection
de l'EmpereurAlbert
*11. en 1438. qui font deux
cens soixante & rreize ans
que l'Empiren'est pas forty
de leur Maison. Il y a
eu quantité d'autres Maisons
quiontesté honorées
de la Pourpre Imperiale
r comme font celles de Spolette,
de Provence , de
Frioul, de Quefort
,
de
Hollande, d'Anglererre
,
& d'Espagne;tous lesquels
Empereurs se voyent dans
i la Carte que Mr Chevil-
[lard Historiographe de
France,&Genealogiste du
Roy vient demettreau
jour, dans laquelle font
compris chronologiquement
tous les Empereurs
d'Occident depuis Charlemagne
jusqu'à present,
avec les Impératrices leurs
Epouses.
- Monsieur Chevillard a
donné au public depuis
vingtans nombre de Cartes
de Chronologie, d'Histoire,
& de Blason, en qua- tre vingt deux feuilles, ôc
travaille à plusieurs autres
sujets, qu'il esperequi seront
plaisir au public. On
trouve encore chez ledit
Chevillard une grande
Carte en huit feuilles, de
l'histoire de l'ancien Testament
en genealogie, depuis
Adam jusqu'àJesus-
Christ
,
dans laquelle, outre
la Genealogie,il se trouve
l'Histoire sainte,& celle
desRoys contemporains
des Patriarches.
Monsieur Chevillarddemeure
tousjous rue neuve
[ Nostre-Dame, au Duc de
Bourgogne.
Empereurs
y
&surson
origine.
Le titre d'Empereur a
pris son origine des Romains
, elle ne signisïoit
au dessous de celuy de Roy,
&marquoit une puissance
moins absoluë, ce qui porta
Auguste à lu prendre,
lorsque vingt neuf années
avant la naissance de jesus-
Christ, il Ce fut rendu maistre
de Rome, & de tous les
pays sourmis à la Republique
Romaine, fous ce seul
titre d'Em pereur il jouit
d'une authoritésouveraine.
Ses successeurs prirent
ôc porterent lemesme titre
qu'ils eurentdans la
fuite fort superieuràceluy
de Roy, parce que leur
puissance & leur domination,
estoit plus grande que
celle, d'aucun Roy de la
terre.
Les pays soumis à la domination
Romaine s'appellerenc
l'Empire Romain,
cet Empire estoit
d'une estenduë tres vaste
il arrivoit souvent , par des
révoltés qu'on voyoit s'y
élever des Empereurs, que
l'ambition Romaine n'a
traité que de Tyrans. Postume
s'éleva de la force en
260.&forma l'Empire des
Gaules, qui comprenoit les
Gaules, l'Espagne & les
Isles Britanniques.
Cet Empire des Gaules,
decacbe de l'Empire Romain
,
subsista peu ,
&- se
restablis dans la fuite par
des parcages. Il fut le seul
que l'Empereur Contrant
pere de l'Empereur Constantinaitpessedé
; ce dernier
réunit tout l'Empire
en fo personne
)
ses fils le
partagerent, Constantin
, qui estoit l'asné,eut l'Empire
des Gaules & le posseda.
Dans la suite, & partie
culierement depuis la more
du grand Theodose
,
l'Empire
Romain setrouva partagé
en deux; sçavoir l'Empire
d'Occident, dont Rome
estoit la Ville capitale,
& l'Empire d'Orient, qui
avoir Constantinople pour
Ville principale; l'Empire
d'Occident finitenlapersonne
d'Auguste Momille
pris prisonnier & déposé
le31.Octobre476. L'Empire
d'Orient a fini le 20.
May 1453. par la mort de
Constantin Paleologue,qui
deffendant la Ville de Constantinople
contre Mahomet
II. Empereur des
Turcs, qui la tenoit assiegée.
Constantin fut étoufsé
par la foule à une des
portes de laVille,son corps
ayant ellé trouvé on luy
coupa la teste, qui futmise
au bout d'une pique, les
femmes & les enfans qui
restoient de la Maison Imperiale,
furent maflàcrez.,
ainsi finit l'Empire d'Orient
qui a esté depuis aux
Turcs qui le possedent depuis
ce temps.
L'Empire d'Occident,
ou du moins celuy des
Gaules, fut cédé à Clovis
en 508. ôc confirmé à ses
petits fils par rEmpereur
Justinien, ainsi Charlemagne,
que l'erreur commune
fait le restaurateur de
l'Empire d'Occident en
800. estoit Empereur par
sa seulequalité de Roy des
Françoise l'Empire a resté
dans la famille l'espace
de cent onze ans pendant
le regne de
neuf
Empereurs
descendus de luy,
cinq desquels ont este
Rois de France,aprés quoy
l'Empire a passé a desPrinces
dedifférentes Maisons
parélection. Il y en aeu
cinqde la Maison de Franconie
,
cinq de la Maison
de Saxe ,
sept de celle de
Souaube, deux de celle de
Brunswick,un de celle de
Nassau
,
cinq de celle de
Luxembourg
,
deux de Baviere,
seize de celle d'Autriche
, y compris l'election
del'Archiduc, desquels
seize Empereurs il y
en a treize de fuite & sans
interruption depuis l'élection
de l'EmpereurAlbert
*11. en 1438. qui font deux
cens soixante & rreize ans
que l'Empiren'est pas forty
de leur Maison. Il y a
eu quantité d'autres Maisons
quiontesté honorées
de la Pourpre Imperiale
r comme font celles de Spolette,
de Provence , de
Frioul, de Quefort
,
de
Hollande, d'Anglererre
,
& d'Espagne;tous lesquels
Empereurs se voyent dans
i la Carte que Mr Chevil-
[lard Historiographe de
France,&Genealogiste du
Roy vient demettreau
jour, dans laquelle font
compris chronologiquement
tous les Empereurs
d'Occident depuis Charlemagne
jusqu'à present,
avec les Impératrices leurs
Epouses.
- Monsieur Chevillard a
donné au public depuis
vingtans nombre de Cartes
de Chronologie, d'Histoire,
& de Blason, en qua- tre vingt deux feuilles, ôc
travaille à plusieurs autres
sujets, qu'il esperequi seront
plaisir au public. On
trouve encore chez ledit
Chevillard une grande
Carte en huit feuilles, de
l'histoire de l'ancien Testament
en genealogie, depuis
Adam jusqu'àJesus-
Christ
,
dans laquelle, outre
la Genealogie,il se trouve
l'Histoire sainte,& celle
desRoys contemporains
des Patriarches.
Monsieur Chevillarddemeure
tousjous rue neuve
[ Nostre-Dame, au Duc de
Bourgogne.
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Résumé : Discours sur la Dignitié des Empereurs, & sur son origine.
Le texte explore l'origine et l'évolution du titre d'Empereur, issu de l'Empire romain. Auguste, ayant pris ce titre en 29 avant J.-C., détenait une autorité souveraine sur Rome et les territoires soumis à la République romaine. Ses successeurs adoptèrent également ce titre, qui devint plus prestigieux que celui de roi en raison de leur puissance accrue. L'Empire romain, vaste et souvent perturbé par des révoltes, vit émerger des empereurs locaux comme Postume, qui forma l'Empire des Gaules en 260. Cet empire, comprenant les Gaules, l'Espagne et les Îles Britanniques, fut éphémère et réintégré plus tard à l'Empire romain. Après la mort de Théodose, l'Empire romain se divisa en deux : l'Empire d'Occident, avec Rome comme capitale, et l'Empire d'Orient, avec Constantinople. L'Empire d'Occident s'effondra en 476 avec la déposition de Romulus Augustule, tandis que l'Empire d'Orient tomba en 1453 lors du siège de Constantinople par Mahomet II. L'Empire d'Occident, ou celui des Gaules, fut cédé à Clovis en 508 et confirmé à ses descendants. Charlemagne, déjà roi des Francs, fut couronné empereur en 800. L'Empire resta dans sa famille pendant 111 ans, puis passa à diverses maisons princières par élection. Plusieurs dynasties se succédèrent, notamment celles de Franconie, de Saxe, de Souabe, de Brunswick, de Nassau, de Luxembourg, de Bavière et d'Autriche. Le texte mentionne également les travaux de Monsieur Chevillard, historiographe et généalogiste, qui a publié de nombreuses cartes chronologiques, historiques et héraldiques, ainsi qu'une grande carte de l'histoire de l'Ancien Testament. Chevillard réside rue Neuve Notre-Dame, au Duc de Bourgogne.
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542
p. 107-118
Ceremonie du Couronnement des Empereurs, [titre d'après la table]
Début :
Vous venez de voir l'origine des Empereurs ; voicy les [...]
Mots clefs :
Couronnement, Empereur, Aix-la-Chapelle, Prince, Roi des Romains, Pape
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texteReconnaissance textuelle : Ceremonie du Couronnement des Empereurs, [titre d'après la table]
Vous venez de voir l'origine
des Empereurs; voi-
;, cy les ceremonies de leurs
couronnements.
LEmpereur doit estre
couronne trois fois, & ce
n'est que par le dernier
couronnement qu'il esten
pleinepossession de son
estar.
Le premier couronnement
se doit faire a Aixla
Chapelle, où il est couronné
Roy de Germanie.
Cette ceremonie ie faiten
luy,métrant lur la teste la
Couronne de Charlemagne,
& en le revestantdes
autres ornements Royaux
qu'oncroit avoir servy à ce
Prince. Le Magistrat de
Nuremberg qui les a en
garde les apporte à Aix- laChapelle. On les appelle
ordinairement les
Joyaux ,ou les Clinodes de
l'Empire,en latin Clinodia
Imjxrik II arrive-souvent
que le couronnement ne
sefait pasà Aix, mais dans
une autre Ville d'Allemagne,
soit que la Guerre foit
-
dans les environs de cette
Ville, foit qu'il y ait des
maladies contagieuses, ou
par d'autresraisons que le
College des Electeurs trouve
valables. L'Empereur
Joseph avoit esté couronné
à Augsbourg
,
& son
pere l'Empereur Leopold
avoit esté couronne à
Francfort.
Suivant le quatriéme
Chapitre dela Bulle d'or,
le droit de couronner
l'Empereur à Aix-la-Chapelle
appartient à l'Electeur
de Cologne. Quand
il est arrivé que le couronnement
ne s'est point fait
à Aix, l'Eleveur dans la
Province Ecclesiastique
duquel il s'estfait, luy a
disputé son droit. Il a prétendu
que l'honneur de.
couronner l'Empereur,
n'estoitdéféré par la Bulle
d'or à l'Electeur de Colo- ,
;
gne que parce qu'Aix -la-
Chapelle est dans le ressort
Ecclesiastique de l'Archevesché
de Cologne. Jean
Philippe de Schonborn
Electeur de Mayence prétendit
couronner l'Empe-
: reur Leopold, parce que
; le couronnement de ce
Prince se faisoit à Francfort,
qui est du ressort de
l'Archevesché de Mayence.
Depuis ila esté fait
une transaction entre l'Electeur
de Mayence &celuy
de Cologne, qui dit
que lorsque le couronnement
se fera à Aix-la-Chapelle,
ilfera tousjours fait
par l'Eleveur deCologne.
Quand il se fera hors du
ressort de l'Archevesché de
Cologne
, ces Electeurs
doivent alterner. Le dernier
qui est celuy de l'Empereur
Joseph
,
fut fait à
Augsbourg par les mains
de l'Electeur de Mayence
de la Maisond'Ingelheim.
Ainsi c'est à l'Eledeur de
Cologne j.
Cologne à faire le premier.
",,: Quand on élit un Roy
des Romains, on le couronne
comme Roy de Germanie.
L'Empereur J oseph
fut ainu couronné à Augsbourg
en 1690 Voila pourquoy
il ne fut plus couronné
en Allemagne après la
more de son pere l'Empereur
Leopold.
Le secondcouronnement
de l'Empereur se doit
faire dans TEstas de Milan
avec -
la couronne des
Roys de Lombardie qu'on
appelle vulgairement la
Couronne de fer, quoy
qu'elle soit d'or, parce
qu'elle efl: soustenuë par un
cercle intérieur de fer. Par
ce couronnement l'Empereur
eA Roy de Lombardie.
Le troisiéme couronnement
se doit faire à Rome
par les mains du Pape, &
ce n'est que par ce troisiémecouronnement
que le
Prince est Empereur, & le
premier des Souverains de
la Chrestienté.Jusqu'à ce
couronnement luy-mesme
ne prend pas le titre d'Empereur
des Romains, mais
feulement le titre d'éleu „
Empereur des Romains.
On ne conçoit pas comment
il s'est estably
,
qu'il
ait néanmoins par luy &
par les Representants les
mesmes prérogatives que
s'il estoit veritablement
couronne Empereur quoy
cjue sa dignité ne soit qu'élective.
Charles Quint est
le dernier des Empereurs
qui ait esté couronné en
Italie, les autres n'ont esté
couronnez que comme
Roys de Germanie. CepenJdant
ils ont voulu se
mettre en possession de
tous les droits des Empereurs,
nrefme de ceux qui
paroissent attachez leplus
inseparablement à la couronneImperiale,
& au ferment
que le Prince éleu
doit faire à l'Eglise Romaine
en la recevant par les
mains duPape.Telest le
droit des premirresPrieres,
qui est à peu prés le mesme
que celuy qu'on appelleen
France Droit de joyeux avenement
à la Couronne.
»
Il consiste à nommer au
premier Canonicat vacant
dans les Cathedrales,tant
dans les Chapitres Catholiques,
que dans les Chapitres
Protestants. Quand
l'Empereur Joseph eut esté
éleu Roy des Romains, &
couronné Roy de Germanie
, son pere l'Empereur
Leopold consulta les plus
habiles gens d'Allemagne
pour sçavoirsi son fils, en
vertu de ce couronne- •
ment ,
pourroit se mettre
en possession du droit des
premières Prieres, Leurs responses
n'estant pas favorables,
il n'y eut point de
décisionen forme.
Monsieur Sevin
des Empereurs; voi-
;, cy les ceremonies de leurs
couronnements.
LEmpereur doit estre
couronne trois fois, & ce
n'est que par le dernier
couronnement qu'il esten
pleinepossession de son
estar.
Le premier couronnement
se doit faire a Aixla
Chapelle, où il est couronné
Roy de Germanie.
Cette ceremonie ie faiten
luy,métrant lur la teste la
Couronne de Charlemagne,
& en le revestantdes
autres ornements Royaux
qu'oncroit avoir servy à ce
Prince. Le Magistrat de
Nuremberg qui les a en
garde les apporte à Aix- laChapelle. On les appelle
ordinairement les
Joyaux ,ou les Clinodes de
l'Empire,en latin Clinodia
Imjxrik II arrive-souvent
que le couronnement ne
sefait pasà Aix, mais dans
une autre Ville d'Allemagne,
soit que la Guerre foit
-
dans les environs de cette
Ville, foit qu'il y ait des
maladies contagieuses, ou
par d'autresraisons que le
College des Electeurs trouve
valables. L'Empereur
Joseph avoit esté couronné
à Augsbourg
,
& son
pere l'Empereur Leopold
avoit esté couronne à
Francfort.
Suivant le quatriéme
Chapitre dela Bulle d'or,
le droit de couronner
l'Empereur à Aix-la-Chapelle
appartient à l'Electeur
de Cologne. Quand
il est arrivé que le couronnement
ne s'est point fait
à Aix, l'Eleveur dans la
Province Ecclesiastique
duquel il s'estfait, luy a
disputé son droit. Il a prétendu
que l'honneur de.
couronner l'Empereur,
n'estoitdéféré par la Bulle
d'or à l'Electeur de Colo- ,
;
gne que parce qu'Aix -la-
Chapelle est dans le ressort
Ecclesiastique de l'Archevesché
de Cologne. Jean
Philippe de Schonborn
Electeur de Mayence prétendit
couronner l'Empe-
: reur Leopold, parce que
; le couronnement de ce
Prince se faisoit à Francfort,
qui est du ressort de
l'Archevesché de Mayence.
Depuis ila esté fait
une transaction entre l'Electeur
de Mayence &celuy
de Cologne, qui dit
que lorsque le couronnement
se fera à Aix-la-Chapelle,
ilfera tousjours fait
par l'Eleveur deCologne.
Quand il se fera hors du
ressort de l'Archevesché de
Cologne
, ces Electeurs
doivent alterner. Le dernier
qui est celuy de l'Empereur
Joseph
,
fut fait à
Augsbourg par les mains
de l'Electeur de Mayence
de la Maisond'Ingelheim.
Ainsi c'est à l'Eledeur de
Cologne j.
Cologne à faire le premier.
",,: Quand on élit un Roy
des Romains, on le couronne
comme Roy de Germanie.
L'Empereur J oseph
fut ainu couronné à Augsbourg
en 1690 Voila pourquoy
il ne fut plus couronné
en Allemagne après la
more de son pere l'Empereur
Leopold.
Le secondcouronnement
de l'Empereur se doit
faire dans TEstas de Milan
avec -
la couronne des
Roys de Lombardie qu'on
appelle vulgairement la
Couronne de fer, quoy
qu'elle soit d'or, parce
qu'elle efl: soustenuë par un
cercle intérieur de fer. Par
ce couronnement l'Empereur
eA Roy de Lombardie.
Le troisiéme couronnement
se doit faire à Rome
par les mains du Pape, &
ce n'est que par ce troisiémecouronnement
que le
Prince est Empereur, & le
premier des Souverains de
la Chrestienté.Jusqu'à ce
couronnement luy-mesme
ne prend pas le titre d'Empereur
des Romains, mais
feulement le titre d'éleu „
Empereur des Romains.
On ne conçoit pas comment
il s'est estably
,
qu'il
ait néanmoins par luy &
par les Representants les
mesmes prérogatives que
s'il estoit veritablement
couronne Empereur quoy
cjue sa dignité ne soit qu'élective.
Charles Quint est
le dernier des Empereurs
qui ait esté couronné en
Italie, les autres n'ont esté
couronnez que comme
Roys de Germanie. CepenJdant
ils ont voulu se
mettre en possession de
tous les droits des Empereurs,
nrefme de ceux qui
paroissent attachez leplus
inseparablement à la couronneImperiale,
& au ferment
que le Prince éleu
doit faire à l'Eglise Romaine
en la recevant par les
mains duPape.Telest le
droit des premirresPrieres,
qui est à peu prés le mesme
que celuy qu'on appelleen
France Droit de joyeux avenement
à la Couronne.
»
Il consiste à nommer au
premier Canonicat vacant
dans les Cathedrales,tant
dans les Chapitres Catholiques,
que dans les Chapitres
Protestants. Quand
l'Empereur Joseph eut esté
éleu Roy des Romains, &
couronné Roy de Germanie
, son pere l'Empereur
Leopold consulta les plus
habiles gens d'Allemagne
pour sçavoirsi son fils, en
vertu de ce couronne- •
ment ,
pourroit se mettre
en possession du droit des
premières Prieres, Leurs responses
n'estant pas favorables,
il n'y eut point de
décisionen forme.
Monsieur Sevin
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Résumé : Ceremonie du Couronnement des Empereurs, [titre d'après la table]
Le texte décrit les cérémonies de couronnement des Empereurs du Saint-Empire romain germanique, qui doivent être couronnés trois fois pour être en pleine possession de leur état. Le premier couronnement se déroule à Aix-la-Chapelle, où l'Empereur reçoit la couronne de Charlemagne et les ornements royaux gardés par le magistrat de Nuremberg. En cas de guerre, de maladies contagieuses ou d'autres raisons jugées valables par le Collège des Électeurs, ce couronnement peut se dérouler dans une autre ville d'Allemagne. Par exemple, l'Empereur Joseph a été couronné à Augsbourg, et son père, l'Empereur Léopold, à Francfort. Le droit de couronner l'Empereur à Aix-la-Chapelle appartient à l'Électeur de Cologne. Cependant, des disputes ont surgi lorsque le couronnement se faisait dans une autre ville. Une transaction a été conclue entre les Électeurs de Mayence et de Cologne, stipulant que l'alternance des couronnements dépend du lieu choisi. Le second couronnement se déroule à Milan avec la couronne de fer, faisant de l'Empereur le roi de Lombardie. Le troisième couronnement, à Rome par le Pape, est nécessaire pour que le Prince soit reconnu comme Empereur et le premier des Souverains de la Chrétienté. Avant ce couronnement, il porte le titre d'Élu Empereur des Romains. Charles Quint est le dernier Empereur à avoir été couronné en Italie. Les Empereurs suivants ont revendiqué tous les droits impériaux, y compris le droit des premières prières, qui consiste à nommer au premier canonicat vacant dans les cathédrales. Lorsque l'Empereur Joseph a été élu roi des Romains et couronné roi de Germanie, son père, l'Empereur Léopold, a consulté des experts pour savoir s'il pouvait exercer ce droit, mais aucune décision formelle n'a été prise.
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543
p. 118-120
Recherches sur l'Empire des Assyriens, [titre d'après la table]
Début :
Monsieur Sevin a donné la premiere partie de ses Recherches [...]
Mots clefs :
Empire assyrien, Orient
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texteReconnaissance textuelle : Recherches sur l'Empire des Assyriens, [titre d'après la table]
Monsieur Sevin a donné
la premiere. partie de
sesRecherches sur l'Empire
des Assyriens, Dans
le dessein de développer
l'histoire de cette ancienne
Monarchie
3
il commencé
par examiner quelle en a
esté l'origine. Quoy qu'eni
dirent la pluspart des au- j theurs modernes,il fouftient
qu'Assur en doit estre
regardé comme le premier
Fondateur, chassé du pays
de Babylone par Nemrod,
il se retira au delà du
• Tigre dans les Provinces
qu'arrosent le Lyc & le
Caper. Ce futl'an 190. ou
environ après le Deluge
que les fondements de cet
Empirefurentjettez. Ilparoist
par ce qu'en dit l'Ecriture,
que dèsses commencements
il fut assez considerable
; ses Roys néanmoins
pendant plus de six
siecles
) ne firent aucune
figure dans l'Orient. Belus
fut le premier qui entreprit
de faire des con-'
1
questes
,
& ce Prince n'à
vescu que deux cens vingt
deux ans avant la fameuse
guerre de Troye. C'estce
queMr Sevin prouve par
les resmoignages de Thallus,
d'Herodore, de Denys
d'Halicarnasse, d'Appien,
de Porphyre & de Macrobe
: il fait voirenfuite
comment ce Prince s'empara
de la Province de Baby
lone. Voilà en peu de
mots le filjet de tout le
Discours de Mr Sevin.
la premiere. partie de
sesRecherches sur l'Empire
des Assyriens, Dans
le dessein de développer
l'histoire de cette ancienne
Monarchie
3
il commencé
par examiner quelle en a
esté l'origine. Quoy qu'eni
dirent la pluspart des au- j theurs modernes,il fouftient
qu'Assur en doit estre
regardé comme le premier
Fondateur, chassé du pays
de Babylone par Nemrod,
il se retira au delà du
• Tigre dans les Provinces
qu'arrosent le Lyc & le
Caper. Ce futl'an 190. ou
environ après le Deluge
que les fondements de cet
Empirefurentjettez. Ilparoist
par ce qu'en dit l'Ecriture,
que dèsses commencements
il fut assez considerable
; ses Roys néanmoins
pendant plus de six
siecles
) ne firent aucune
figure dans l'Orient. Belus
fut le premier qui entreprit
de faire des con-'
1
questes
,
& ce Prince n'à
vescu que deux cens vingt
deux ans avant la fameuse
guerre de Troye. C'estce
queMr Sevin prouve par
les resmoignages de Thallus,
d'Herodore, de Denys
d'Halicarnasse, d'Appien,
de Porphyre & de Macrobe
: il fait voirenfuite
comment ce Prince s'empara
de la Province de Baby
lone. Voilà en peu de
mots le filjet de tout le
Discours de Mr Sevin.
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Résumé : Recherches sur l'Empire des Assyriens, [titre d'après la table]
Monsieur Sevin a présenté la première partie de ses 'Recherches sur l'Empire des Assyriens', visant à développer l'histoire de cette ancienne monarchie. Il soutient qu'Assur, chassé du pays de Babylone par Nemrod, est le premier fondateur de l'empire. Assur se retira au-delà du Tigre, dans les provinces arrosées par le Lyc et le Caper, environ 190 ans après le Déluge. Selon l'Écriture, cet empire fut dès ses débuts assez considérable, mais ses rois ne firent aucune figure dans l'Orient pendant plus de six siècles. Belus, vivant 222 ans avant la guerre de Troie, fut le premier à entreprendre des conquêtes. Sevin appuie cette chronologie sur les témoignages de Thallus, Hérodote, Denys d'Halicarnasse, Appien, Porphyre et Macrobe, et explique comment Belus s'empara de la province de Babylone.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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544
p. 41-54
QUESTION.
Début :
Quelle difference y a-t-il entre la tendresse & [...]
Mots clefs :
Amour, Tendresse, Coeur, Volupté, Plaisirs, Temps
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : QUESTION.
QUESTION.
Quelle différencey at-
il entre la tendresse (;J' Famour?
REPONSE. ;
f
Le coeur faitlatendresse,
& l'imagination
fait l'amour. Il y a des
occasîons où les mouvejniens
du coeur, &: les
effets de l'imagination
font confondus. De
rout temps on a difpù-,!
té sur les mouvemens
du coeur & de l'esprit,.
ce font vrais sujets.
Les deux partis peu-,
vent avoir raison,
RElP0NSE;
Les Poëtes font en
possession de les confon- J
, dre,mais sans leur diC.
puter le droit d'expri- j
mer l'amour par le mot
de tendresse, & la ten-j
dresse par le mot d'amour,
je crois qu'il n'y
a personne qui n'en fasse
la difference, & tous
ceux qui d'abord sensibles
au mérite d'une jolie
femme, en deviennent
amoureux par degrez,
sçavent du moins
qu'ils étoient tendres
avant qued'être amoureux,
&que cet objet
avoit réveillé latendresse
dans leur coeur avant
que d'y former la pah
sion de amour.
La tendresse est pour
ainsï dire la trempe du
coeur, les uns aiment
plus, les autres moins
tendrement, & chacun,
aimeselon la convenance
de soncoeur.
L'amour est la tendresse
d'un coeur attaché
à un objet, la tendresse
est la qualité d'un«
coeur quin'atrend quunj
objet pour s'attacher.
Je ne sçai si ces définitions
paroîtront bien
justes dans un temps où
1 amour tient moins de
la tendresse que de la
volupté; aussi n'ai - je
pretendu parler que de
celui que la tendresse
produit. L'amour est la
plus naturelle & la plus
belle de toutes les passions,
parce que latendresseestla
plus naturelle
& la plus belle de
Doutes les qualitez du
soeur humain; parce
que la volupté l'a dégradée,
l'amour est une
passion qu'on cache,&
dont on rougit.
Si la tendresse feule
agissoit dans l'amour,
cette passion seroit la juste
mesure de la bonté,
de la noblesse, & de la
delicatesse des coeurs ;
& la decadence de cet
amour vient sans doute
des esprits les plus bornez
, qui incapables des
grandes idées
, &C dC$',¡
beauxsentimens , ne
trouvent de ressources
ni de plaisirs que dans
la volupté. Comme le
nombre des espritsmédiocres
estleplus grand
& le plus sort, la plûpart
des Dames se sont
tellement rangées de
leur party quelles se
passent maintenant fort
bien de tendresse, &C
1
quelles la regardent
comme imbécillitédans
ceux qui font en âge de
raison, & dans les jeunes
gens comme le &..
faut d'un usage qu'elles
esperent que l'âge & le
monde leur donnera. Ce
ne font point elles qui
confondront l'amour
avec la tendresse; j'en
foupçonnerois bien plûtôt
celles, qui malgré
le torrentde l'usage
soûtiennent encore
l'honneur d'une passions
que tant d'autres exemples
avilissent.
t i
1. Je suisbienéloigné de
penser que la race ensoit
efteinte
,
& quand j'ay
dit - que la pluspart des
femmes se rangeoient du
1 mauvais party, c'est que
leur nombre,fust-il mille
fois plus petit, me paroiftroit
tousjours trop
grand.Qiioyquilen soit,
rien ne fait plus d'honneuraux
femmes que la
tendressedeshommes, Se
pour moy j'yconçois de
grar dsplaisirs, & je suis
persuadéqueleplaisir lccret
que fait la lecture
des belles Tragedies k
des beaux Romans vient
de la tendresse qui y est
peinte. On est charmé de
retrouver en foy les mefmes
sentiments qu'on y
donne aux Héros.
L'âge d'or n'avoitrien
de si doux que l'union des
deux sexes
, par l'amour
que produit feulement la
[cndreffe; & le present le
plus funeste qu'on puft
leur faire estoit la volupté
que Pandore apporta,
& qui finit pour jamais
cet heureux temps. Pour
lors -
Les deux sexesefcoient
unis des plus beaux .,
noeuds ;
Ce qui pouvoit les rendre
1.
*heureux N'estoit jamais illégitime,
hmeuarpxenichmanteestoit leur
sPar la Jîmple nature ils
estoientvertueux;
Le re(pe£l, lam.ur
,
f5 l'estime
Estoientlesseuls lliieennss de
leursociété,
Et chacun possedoit sans
crime
Son plaisirsaliberté.-
Mais, ôfuneste barbarie!
Bientof tinfarne volupté
Vint troublerparsa tirannie
Lacommunefelicité.
La mutuellesympathie
Qui s'expliquoit dans tous
lescoeprs.,
Effrayée ai'ajpeéï de tant
defrenesie
NyfitplusJentirfies douceurs.
Sous les loix de cette trai- tresse
Le coeur ne connutplus les
innocents desirs,
Et tous les sens troublez,
d'une honteujeyvreffe
LLuuychroaivsiirresnetsplleaidsriorist. de
Depuiscetempsfatal3l'amant
(jf la maistresse
Que ce monstre unit en UT*
jour
Goustent lesplaisirs de l'amour
Sansgouster ceux de la
tendresse.
ENIGMES
Quelle différencey at-
il entre la tendresse (;J' Famour?
REPONSE. ;
f
Le coeur faitlatendresse,
& l'imagination
fait l'amour. Il y a des
occasîons où les mouvejniens
du coeur, &: les
effets de l'imagination
font confondus. De
rout temps on a difpù-,!
té sur les mouvemens
du coeur & de l'esprit,.
ce font vrais sujets.
Les deux partis peu-,
vent avoir raison,
RElP0NSE;
Les Poëtes font en
possession de les confon- J
, dre,mais sans leur diC.
puter le droit d'expri- j
mer l'amour par le mot
de tendresse, & la ten-j
dresse par le mot d'amour,
je crois qu'il n'y
a personne qui n'en fasse
la difference, & tous
ceux qui d'abord sensibles
au mérite d'une jolie
femme, en deviennent
amoureux par degrez,
sçavent du moins
qu'ils étoient tendres
avant qued'être amoureux,
&que cet objet
avoit réveillé latendresse
dans leur coeur avant
que d'y former la pah
sion de amour.
La tendresse est pour
ainsï dire la trempe du
coeur, les uns aiment
plus, les autres moins
tendrement, & chacun,
aimeselon la convenance
de soncoeur.
L'amour est la tendresse
d'un coeur attaché
à un objet, la tendresse
est la qualité d'un«
coeur quin'atrend quunj
objet pour s'attacher.
Je ne sçai si ces définitions
paroîtront bien
justes dans un temps où
1 amour tient moins de
la tendresse que de la
volupté; aussi n'ai - je
pretendu parler que de
celui que la tendresse
produit. L'amour est la
plus naturelle & la plus
belle de toutes les passions,
parce que latendresseestla
plus naturelle
& la plus belle de
Doutes les qualitez du
soeur humain; parce
que la volupté l'a dégradée,
l'amour est une
passion qu'on cache,&
dont on rougit.
Si la tendresse feule
agissoit dans l'amour,
cette passion seroit la juste
mesure de la bonté,
de la noblesse, & de la
delicatesse des coeurs ;
& la decadence de cet
amour vient sans doute
des esprits les plus bornez
, qui incapables des
grandes idées
, &C dC$',¡
beauxsentimens , ne
trouvent de ressources
ni de plaisirs que dans
la volupté. Comme le
nombre des espritsmédiocres
estleplus grand
& le plus sort, la plûpart
des Dames se sont
tellement rangées de
leur party quelles se
passent maintenant fort
bien de tendresse, &C
1
quelles la regardent
comme imbécillitédans
ceux qui font en âge de
raison, & dans les jeunes
gens comme le &..
faut d'un usage qu'elles
esperent que l'âge & le
monde leur donnera. Ce
ne font point elles qui
confondront l'amour
avec la tendresse; j'en
foupçonnerois bien plûtôt
celles, qui malgré
le torrentde l'usage
soûtiennent encore
l'honneur d'une passions
que tant d'autres exemples
avilissent.
t i
1. Je suisbienéloigné de
penser que la race ensoit
efteinte
,
& quand j'ay
dit - que la pluspart des
femmes se rangeoient du
1 mauvais party, c'est que
leur nombre,fust-il mille
fois plus petit, me paroiftroit
tousjours trop
grand.Qiioyquilen soit,
rien ne fait plus d'honneuraux
femmes que la
tendressedeshommes, Se
pour moy j'yconçois de
grar dsplaisirs, & je suis
persuadéqueleplaisir lccret
que fait la lecture
des belles Tragedies k
des beaux Romans vient
de la tendresse qui y est
peinte. On est charmé de
retrouver en foy les mefmes
sentiments qu'on y
donne aux Héros.
L'âge d'or n'avoitrien
de si doux que l'union des
deux sexes
, par l'amour
que produit feulement la
[cndreffe; & le present le
plus funeste qu'on puft
leur faire estoit la volupté
que Pandore apporta,
& qui finit pour jamais
cet heureux temps. Pour
lors -
Les deux sexesefcoient
unis des plus beaux .,
noeuds ;
Ce qui pouvoit les rendre
1.
*heureux N'estoit jamais illégitime,
hmeuarpxenichmanteestoit leur
sPar la Jîmple nature ils
estoientvertueux;
Le re(pe£l, lam.ur
,
f5 l'estime
Estoientlesseuls lliieennss de
leursociété,
Et chacun possedoit sans
crime
Son plaisirsaliberté.-
Mais, ôfuneste barbarie!
Bientof tinfarne volupté
Vint troublerparsa tirannie
Lacommunefelicité.
La mutuellesympathie
Qui s'expliquoit dans tous
lescoeprs.,
Effrayée ai'ajpeéï de tant
defrenesie
NyfitplusJentirfies douceurs.
Sous les loix de cette trai- tresse
Le coeur ne connutplus les
innocents desirs,
Et tous les sens troublez,
d'une honteujeyvreffe
LLuuychroaivsiirresnetsplleaidsriorist. de
Depuiscetempsfatal3l'amant
(jf la maistresse
Que ce monstre unit en UT*
jour
Goustent lesplaisirs de l'amour
Sansgouster ceux de la
tendresse.
ENIGMES
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Résumé : QUESTION.
Le texte distingue la tendresse et l'amour. La tendresse est décrite comme un mouvement du cœur, tandis que l'amour est le fruit de l'imagination. Les poètes confondent souvent ces deux sentiments, mais toute personne sensible reconnaît leur différence. La tendresse précède l'amour et est la qualité d'un cœur qui s'attache à un objet. L'amour est la tendresse d'un cœur attaché à un objet spécifique. L'auteur considère que l'amour véritable, produit par la tendresse, est la plus naturelle et la plus belle des passions. Cependant, la volupté a dégradé l'amour, le transformant en une passion cachée et source de honte. Cette décadence est attribuée aux esprits médiocres qui ne trouvent de plaisir que dans la volupté. La plupart des femmes, influencées par cet usage, se passent de tendresse et la considèrent comme une faiblesse. L'auteur espère que la tendresse des hommes fasse honneur aux femmes et que la lecture de belles tragédies et romans, où la tendresse est mise en avant, procure un plaisir secret. Dans l'âge d'or, l'union des sexes était basée sur l'amour produit par la tendresse. La volupté, apportée par Pandore, a mis fin à cet heureux temps en troublant la communion des cœurs et en rendant l'amour dépourvu de tendresse.
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545
p. 69-72
Devises des Jettons de l'Année 1712.
Début :
TRESOR ROYAL. Des Cyclopes travaillant à un Bouclier. Arte atque [...]
Mots clefs :
Jetons, Devises, Trésor royal, Guerres, Hercule, Marine, Galères, Bâtiments, Parties casuelles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Devises des Jettons de l'Année 1712.
Devise des Jettons
de l'Année 1712.
TRESOR ROYAL;
Des Cyclopestravaillant
à un Bouclier.
Arte atque metallo.
PARTIES CASUELLES.
Daphné changée. en
Lauriers, f5 ces mots de
Virgile.
Mortalem eripuit
formam,
ORDINAIRE
des Guerres.
La Massuë d'Hercule.
Eadempost mille labores.
EXTRAORDINAIRE
des Guerres.
Hercule avec sa peau
de Lion f5 sa Àdajjuë ,
rnarctantàgrands pas.
Orbem pacare laborat.
marine.
JSftptunedansfonChar*
Bello pacique.
GALERES.
Meduse couchée dans
son antre au bord de la
mer.
Etiamtranquillevidetur.
BASTIMENTS.
Minerve tenant à la
main une éqúerre&quelques
instruments deJardinage.
Gravibus folatia curis.
1
Le sujetchoisi pourle
Jetton de Madame la
Dauphine est une CouronneferméedeDauphins,
&pour Devijc ces mots.
Magnus splendor maximaque
virtus.
ï Celle -cy n'est pas de udcadémie,
de l'Année 1712.
TRESOR ROYAL;
Des Cyclopestravaillant
à un Bouclier.
Arte atque metallo.
PARTIES CASUELLES.
Daphné changée. en
Lauriers, f5 ces mots de
Virgile.
Mortalem eripuit
formam,
ORDINAIRE
des Guerres.
La Massuë d'Hercule.
Eadempost mille labores.
EXTRAORDINAIRE
des Guerres.
Hercule avec sa peau
de Lion f5 sa Àdajjuë ,
rnarctantàgrands pas.
Orbem pacare laborat.
marine.
JSftptunedansfonChar*
Bello pacique.
GALERES.
Meduse couchée dans
son antre au bord de la
mer.
Etiamtranquillevidetur.
BASTIMENTS.
Minerve tenant à la
main une éqúerre&quelques
instruments deJardinage.
Gravibus folatia curis.
1
Le sujetchoisi pourle
Jetton de Madame la
Dauphine est une CouronneferméedeDauphins,
&pour Devijc ces mots.
Magnus splendor maximaque
virtus.
ï Celle -cy n'est pas de udcadémie,
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Résumé : Devises des Jettons de l'Année 1712.
En 1712, le Trésor Royal émit des jetons classés en catégories telles que 'Parties Casuelles', 'Ordinare des Guerres' et 'marine'. Les motifs incluent des Cyclopes, Daphné, Hercule, Méduse et Minerve. Les devises proviennent de la littérature classique, comme des vers de Virgile. Le jeton de Madame la Dauphine montre une couronne de dauphins avec la devise 'Magnus splendor maximaque virtus'.
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546
p. 97-102
« Le Roy a nommé Monsieur Anisson de Haute-roche, Prevost [...] »
Début :
Le Roy a nommé Monsieur Anisson de Haute-roche, Prevost [...]
Mots clefs :
Roi, Académie française, Nominations, Prix de poésie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Roy a nommé Monsieur Anisson de Haute-roche, Prevost [...] »
Le Roy a nommé MonsïeurAnisson
de Hauteroche,
Prevost des Marchands
de la Ville deLyon.
Il est pere de Monsieur de
Haureroche Conseiller au
Parlement de Paris, &
Conseiller de la Chambre
du Commerce, dont est
aussi Monsieur Menager
& de Mr l'AbbeAnisson.
Il a un frere à Lyon, quia
esté Echevin de la mesme
Ville:
Le Lundy 30. Novembre,
Monsieur l'Archevesque
de Lyon, sacra dans
l'Eglise Collegiale de saint
Nizier
,
Monsieur l'Abbé
Sieault Evesque de Synope
,
anifte de Monsieur
Mador Evesque de Bellay,
& de Monsieur de Montmartin
Evesque de Grenoblel'Evesché
de Synope
est fuffraganc de l'Archevesché
d'Amasie, donc
Monsieur le Nonce Cufani
aresté pourveu.
Lelî Novembre Hen":
ry -
Charles Arnauld de
Pomponne, Abbé de saint
Medard de Soissons
,
Aumofbier
du Roy,cy- devant
Ambassadeur de Sa Majesté
à Venise, fut nommé
Conseillerd'Estatd'Eglise,
àla place de feu Monsieur
le Tellier Archevesque de
Rheims.
Monsieur Trudaine Intendant
de Bourgogne,
ayant esté nomnlé Conseiller
d'Estat,s'est demis
de cette Intendance.
Monsieur de la Brisse;
Intendant de Caen, aesté
nommé Intendant de
Bourgogne; & Monsieur
Guinet Maistre des Requestes,
a esténommé In«
tendant deCaen.
Le premier Décembre,
Louis-Auguste d'Albertd'AillY,
Vidame d'Amiens,
Capitaine
-
Lieutenant des
Chevaux Legers de la
Garde du Roy, ayant esté
nomme par Sa Majesté
Duc de Chaulnes,Pair de
France, presta ferment au
Parlement, & y sut receu
avec les ceremonies ordinaires.
Le 17. Décembre on
fît un Service solemnel
dans l'Eglise des Minimes
près de la Place Royale.
pour le repos de l'Ame de
feu Monsieur le Maréchal
de Boufflers. Monsieur
l'Evesque de Tournay célebra
la Messe
,
& le Pere
de la Ruë Jesuite, prononça
I'Oraison funebre. Un
grand nombre de Seigneurs
& de Dames dela
Cour y assisterent.
L'Académie Françoise a
proposé pour le sujet du
Prix de Poësie qu'elle delivrera
l'année prochaine le
jour de faine Loüis : LApplication
continuelle du R.oy à
affeurer le repos de Ces Sujets ,
& son attention à rendre
Monseigneur le Dauphin de
plus enplus capable de respondreàs7esveuës
de Hauteroche,
Prevost des Marchands
de la Ville deLyon.
Il est pere de Monsieur de
Haureroche Conseiller au
Parlement de Paris, &
Conseiller de la Chambre
du Commerce, dont est
aussi Monsieur Menager
& de Mr l'AbbeAnisson.
Il a un frere à Lyon, quia
esté Echevin de la mesme
Ville:
Le Lundy 30. Novembre,
Monsieur l'Archevesque
de Lyon, sacra dans
l'Eglise Collegiale de saint
Nizier
,
Monsieur l'Abbé
Sieault Evesque de Synope
,
anifte de Monsieur
Mador Evesque de Bellay,
& de Monsieur de Montmartin
Evesque de Grenoblel'Evesché
de Synope
est fuffraganc de l'Archevesché
d'Amasie, donc
Monsieur le Nonce Cufani
aresté pourveu.
Lelî Novembre Hen":
ry -
Charles Arnauld de
Pomponne, Abbé de saint
Medard de Soissons
,
Aumofbier
du Roy,cy- devant
Ambassadeur de Sa Majesté
à Venise, fut nommé
Conseillerd'Estatd'Eglise,
àla place de feu Monsieur
le Tellier Archevesque de
Rheims.
Monsieur Trudaine Intendant
de Bourgogne,
ayant esté nomnlé Conseiller
d'Estat,s'est demis
de cette Intendance.
Monsieur de la Brisse;
Intendant de Caen, aesté
nommé Intendant de
Bourgogne; & Monsieur
Guinet Maistre des Requestes,
a esténommé In«
tendant deCaen.
Le premier Décembre,
Louis-Auguste d'Albertd'AillY,
Vidame d'Amiens,
Capitaine
-
Lieutenant des
Chevaux Legers de la
Garde du Roy, ayant esté
nomme par Sa Majesté
Duc de Chaulnes,Pair de
France, presta ferment au
Parlement, & y sut receu
avec les ceremonies ordinaires.
Le 17. Décembre on
fît un Service solemnel
dans l'Eglise des Minimes
près de la Place Royale.
pour le repos de l'Ame de
feu Monsieur le Maréchal
de Boufflers. Monsieur
l'Evesque de Tournay célebra
la Messe
,
& le Pere
de la Ruë Jesuite, prononça
I'Oraison funebre. Un
grand nombre de Seigneurs
& de Dames dela
Cour y assisterent.
L'Académie Françoise a
proposé pour le sujet du
Prix de Poësie qu'elle delivrera
l'année prochaine le
jour de faine Loüis : LApplication
continuelle du R.oy à
affeurer le repos de Ces Sujets ,
& son attention à rendre
Monseigneur le Dauphin de
plus enplus capable de respondreàs7esveuës
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Résumé : « Le Roy a nommé Monsieur Anisson de Haute-roche, Prevost [...] »
Le roi a nommé Monsieur Anisson de Hauteroche Prévost des Marchands de Lyon. Il est le père de Monsieur de Hauteroche, Conseiller au Parlement de Paris et Conseiller de la Chambre du Commerce, ainsi que de Monsieur Menager et de Monsieur l'Abbé Anisson. Il a également un frère à Lyon qui a été Échevin de la même ville. Le 30 novembre, Monsieur l'Abbé Sieault a été sacré Évêque de Synope par l'Archevêque de Lyon, en présence des Évêques de Bellay et de Grenoble. Le 1er novembre, Henry-Charles Arnauld de Pomponne a été nommé Conseiller d'État d'Église, remplaçant l'Archevêque de Reims. Monsieur Trudaine, Intendant de Bourgogne, a démissionné pour ce poste, remplacé par Monsieur de la Brisse, tandis que Monsieur Guinet a été nommé Intendant de Caen. Le 1er décembre, Louis-Auguste d'Albert d'Ailly a été nommé Duc de Chaulnes et Pair de France. Le 17 décembre, un service solennel a été célébré pour le repos de l'âme du Maréchal de Boufflers, avec une oraison funèbre prononcée par le Père de la Ruë. L'Académie Française a proposé un sujet pour le Prix de Poésie de l'année suivante, portant sur l'application du Roi à assurer le repos de ses sujets et la formation du Dauphin.
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547
p. 15-43
EXTRAIT. Du voyage de Mr Chambon dans les Mines de Pologne.
Début :
Etant en Pologne, je me ressouvins d'avoir Iû autre fois un Livre [...]
Mots clefs :
Mines de Pologne, Descente dans les mines, Technique minière, Découverte de minéraux, Fontaines et phénomènes naturels, Travail dans les mines
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT. Du voyage de Mr Chambon dans les Mines de Pologne.
EXTRAIT.
Du DoynTe de Mr Chambon
dans les Mines de Pologne.
Etant en Pologne, je
me ressouvins d'avoir Iù
autrefois un Livre qui
traite des Mines de Sel de)
ce Païs là, & je resolus de
voir la chose par moy
mesme, je communiquay,
mon dessein à deux de mes
amis , qui mepromirent
de m'y accompagner ; la
plus fameuse de ces Mines
n'étoitéloignée que d'une
journée, nous nous y ren
dimes le lendemain & nous
y trouvâmes plusieurs per
sonnes qui dévoient y des
cendre. J'examinay l'ouver
ture,les machines qui fer
vent à la descente des hom
nies, des chevaux, des ne
cessitez des uns & desautres
&au tirage des Sels. Cette
ouverture estquarrée
; les
Machines font des Rouës
qui ne different de celles
qui sont à nos Carrieres,
qu'en ce qu'elles font cou
vertes, la corde pour faire
la descente en: d'une bonne
grosseur. On nous demanda
si nous voulions descendre;
la profondeur de cette ou
verture a quelque chose
d'effrayant, mais moy qui
voulois voir,je répondis
brusquement que j'estois
prest à partir
; cette resolu
tion determinal'un de ceux
qui m'accompagnoient ;
mais l'autre fut plus timide
& refusa de nous suivre.
On descend la grosse
corde
;ceux qui ont fait ce
voyage en prennent de la
grosseur du petit doigt a£*>•
tachées à la grosse. Il faut
se representer les cordes
dont se fcrvent les Bateliers
qui tirent un Batteau pour
luy faire remonter la Ri
viere. Quand ils se furent
placez sur ces petitescordes,
il faut nous dirent ils s'as
seoir sur nous. Allons, dis
je à mon ami
, il n'est plus
question de s'en dédire
, je
me plaçay des premiers de
la maniere dont on me l'a
, & il en fit
autant. Tout le monde étant
voit montré
rangé,on descend :
à peine
étois je à trois toises de pro
fondeur, que ceux qui gou
vernoient la corde,arrête
rent tout court, & crierent
qu'il falloit prier Dieu, j'en
tendis dans le moment en
tonner un Salve : je fus
frapé d'une idée facheuse,
je me repentis de ma curio
sité, mais reflection faite,
je me rassuray, de maniere
cependant que nature pâ
tissoit. Nous coulâmes in
sensiblement, & on arriva
à bon port, cette premiere
descente estde vingt toises
ou environ.
Ceux qui travaillent dans
ces Mines, & qui avoient
entendu le signal, vinrent
nous recevoir avec des
branches de Pin raifi
neuxallumées en forme de
flambeaux. Ils nous con
duisirent à la Chapelle qui
est au bouc d'une Voute
soutenuë par des pilotis, &
appuyé par des travers de
distance en distance. A cin
quante pas delà sepresente
sur la main droite une fon
taine d'eau douce à l'usage
des hommes & desbestes
qui habitent dans ces sou
terrains, &. dont plusieurs
n'ont jamais vû le jour. Je
fis remplir une bouteille de
cette eau, je diray dans la
fuite ce que j'en fis, j'en
remplis une autre d'une eau
fallée qui se trouve un peu
plus avant sur la gauche,on
pompe cette derniere eau
que l'on monte par la corde
pour ladécuiredans un Vil
lage appelle Wieliska,qui
n'est pas bien éloigné de
l'entrée de la Mine, & l'on
en fait un Sel propre à fer
vir sur larable Enavançant
un peu plus du mesme côté
ontrouve unevoute aHe~
haute & a(kz large sous la-I
quelle il peut y avoir une I
vingtaine de Maisonnettes i
avec des Ecuries J'ayappris
que les Chevaux qui y ont
demeuré une quinzaine de
jours
, quelques maigres
qu'ils soient, y deviennenc
à pleine peau
; que les Ha
bitans y sont rarement ma
lades ; mais je conjecture
que leur santé peut proce
der des vapeurs salines en
nemies de la pourriture &
de la corruption, & que
leur corps s'affoiblit peu à
peu,& se trouveenfinnoyé
par la superiorité de ces
mesmes vapeurs qu'ils font
obligezde respirer, d'autant
plus qu'ils sont privez de la
lumiere qui préparéun bau
me qui ranime les nostres,
& les soutient.
Les hommes fervent à ta
coupe du Sel, à le conduire
& à le transporter, & les
chevaux à tirer une seconde
rouë en forme de tour qui
sert à faire la seconde des
cente dans un fond où l'on
coupele Sel en forme de co
lomne de la grosseur d'un
quartaut de vin, & de la
longueur d'une aune & de
mie ou environ. On y peut,
descendre si l'on veut par la 1
corde de la maniéré donc je
l'ay raporté ; mais il y a une
douzaine d'Echelles en zig
zagattachées à la muraille,
par lesquels je descendis. Le
Roy avoit fait faire des
Escaliers, qui faute d'appuy
sontruinez & fondus par
,
les eaux. Arrivédansce fond
qui cO: sort spacieux & fort
élevé,je goustay les murail
ks que je reconnus estre des
masses de Sel. Ce Selestde
lacouleur dela craye dont
les*
les Tailleurs se servent. Je
goustay la matiere sur la
quelle je marchois, & je re
marquay dans certaines ca
nelures, principalementà la
racine où est la premiere
ébauche du Sel, une terre
semblableàcelle desSalpe
triers fort chargée de Sal
pestre
: plus on creuse, plus
elle est pleinedeterrestreïté.
CeSel en pierre est tres caus
tique, très amertrèsde
fagreable à la langue; ceux
quienusents'yacoûtument;
les pcrfonnes de condition
n'ensontjamais servir sur
l urs tables. Il rougit Les
viandes comme le Salperre.
CeSel est tiré du fond de ces
Mines, par la mesme Ma
chine qui sertà la descente:
delà il est conduit sur des
Rouleaux jusqu'au premier
endroit d'où il esttiré delà
mesme maniere, puis on le
charge sur des charettes
pour le transporter dans
toutes lesProvincesde la
Pologne,dansla Hongrie,:
& dans la Silesie.
Il se rencontre beaucoup
4cSel gemme dansces Mi
nes
; ceSet est blanc comme
la neige, fort dur & cristalin,
on en fait des sallieres, des
Chapelets, de petites statues
& plusieurs autres ouvrages,
qu'on vendsur les lieux. IL
y a des veines dont on tire
de ces sels si solides & si
cristallins qu'ils ressemblent
à descristaux de roche ;
ils
ne tiennent de la nature du
sel que parce qu'ils n'onc
paseûlamesmecuite, peut
estre qu'avec le temps, la*
nature lesauroit portez auj
metallique ouàla pierre pre
tieuse. On peut conicâurer.
par la pureté & par la trans
parence dont ils font,qu'elle
l'auroit fait si ellen'avoit
point étéinterompuëQuoy
qu'il en foie, l'Auteur de :
cette nature n'a pas voulu
quetoutfût dansle plus haut
degré de perfc£tion,que
toute animalité fut un érac
,
excellent, quetout vegetal
fust balsamique,&quecouc
le métallique fust or. Le
;
Verjus, quoy que moins
parfait que le Raisin, a ses
proprictez: le cheval moins
parfait que l'homme a son :
v
mérité :
le fer quoy quIn-"
ferieur à l'or ne laissepas
d'estre d'une grande utilité.
On peut reconnoistre parce
que je viens de dire, bien
des especes de sel différentes
par leur cuitte & par leurs
filtrations
: 1°. ayant fait
k Il
évaporer à mon retour,
l'eau douce que j'emportay
avec moy dans une bouteille
elle se trouva chargée d'une
Imais
quantité assez considerable
|de sel presque insipide. 2.
°,
0 de l'eau de ma secondebou
iciite on en tire par decoc
rrion un sel blanc plus pic
I quant que ce premier sel,
beaucoup plus doux
que celuy que nous prepa
ronsde l'eau de la Mer. C'est
ce sel qu'on sert comme
nous avons dit sur les tables
des Gens de condition, &
on ne peut expliquer la
difference entre le premier
sel qui est insipide & celuy
cy ,
qu'en fupofant que le
le premier en tres-attenué
par une filtration plusétroite
& plus serrée. 3
°. Outre ces
fels dilayez, le sel gemme.
4°. Ce sel en greffes masses
tenant de la nature du salpê
tre,enfin ce sel rempli de ter
restreïtez quicfilaracine:",la
premiere ébauchedesautres.
Après estresorti decette
representationinfernale, je
remarquay que la neige
(c'étoit au fort de l'hiver)
sur la surface, de la terre qui
1:Jlli
environne £ette Mine &
la couvre, étoit aussi
dure que la pierre, & qu'il
y avoitune grande diffe
rence entre cellelà & celle
qui étoit dans des endroits
pluséloignez.Tout
le monde
sçait que la dureté vicnt des
sels. La vue de ces objets
augmenta ma curiosité : je
resolus d'aller plus loin.
Vichfkjt au Midi de Cra
covie n'est eloigné que de
deux lieües de cette Mine
qui n'est pas le seul endroit
où l'on tire le sel blanc. Il
s'en fait encore à Bokonia, à
Sambor,àHarosoli,àCalouche,
& en beaucoup d'endroits
des Monts Crapaks. J'allay
visiter une Mine de soufre
qui n'étoit pas fort éloignée.
Je vis avec plaisir une grande
étendue de terrain aux en
virons de l'ouverture sans
glace & sans neige
; j'y trou
vay l'air très temperé, on
auroit ci û efirÇ.dans unBain
Je me fis descendre dans
le tond de la Mine qui n'est
pas bien profonde. J'yvis
avec surprise un gros Ruis
seau portant Batteau qui la
traverse &qui en sort à une
demi lieue de là
,
l'eau en
est nitreuse & sulphurée. Il
y a des deuxcôtez du ruis
seau des chemins qui sont
plus enfoncez que sa surface,
& pour empêcher qu'il ne
les inonde, on a posé tout
le long du Canal des Pilotis
contre lesquels on a ataché
des planches pour soutenir
l'eau. La voute de la Mine
est aussi soutenuë par des
Pilotis avec des travers, &
les murailles par des plan
ches appuyéespar des solives
ce qui se pratique dans les
Mines métalliques sulphu
rées, au lieu que l'on se con
tente de soutenir la voute
des Mines de [el, parce
qu'on ne craint pas que les
murailles s'éboulent.
La terre de cette Mine
ressemble assez à la terre
gratte, & peu de gens s'avi
sent d'en tirer la pierre de
souffre. On la fait boüillir
dans l'eau
: par cette culte le
souffre se Icparc de la terre
& surnage; on la jetteen
fuite dans différents moules.
A la vue de ces preparations
j'étois convaincu qu'on pou
voittirer dufruit decegenre
d'étude, & que les Philoso
phes avoient eû raison d'en
faire un precepte. Rempli
de ces pensées, je me pro
menay longtemps dans ces
souterrains
, &je cherchay
de tous costez à profiter
: je
remarquay par le goust que
la racine de cette Mine par
ticipoit fort du sel de mi
nière ; je me perfuaday que
cette racine métallique ou
ce verjus mineral, étoit de
venu balsamique par la cuitc
qu'ilavoiteuë dela nature.
Voila mon principe
disois-jeàmoy-mesme, la
nature travaille par tout de la
, me
mesmemaniere,elle mene tou
joursses ouvragespardegrez.
Au forcir de cette Mine
j'en visitay de Vitriol
d'Antimoine, & de Marbre,
j'allay à des fontaines où le
,
fer battu en petites lames se
change en cuivre en cinq oa
six jours, & le bois en pierre:
ces fontaines font entre Ca
louche & Stry, aux environs
de Slochoufà une journée
:
ily en a beaucoup d'autres
minerales qui ont des vertus
particulieres. L'esprit metal
lique est tres puissant dans
cette Contrée
; on y voit
desMarais où le fer se forme:
il faudroit un volume en
tier pour décrire ce que j'y
ay vû :
il y a mesme quan
tité de Mines d'or & d'ar
gent. La plus abondante en
or & en argent est prés de
Slochouf
: elle est ordinaire
ment affermée à des Alle
mans & à des Anglois, par
ce que lesPolonois ne fc
piquent gueres d'industrieni
de soins. j'y achetay un mor
ceau de Mine afiez curieux,
de la grosseur d'un œuf de
poule
, formé pardescane
lures d'arsenic jaune
, de
sel, d'une pierre cristalline
de couleur d'agathc, & de
quelques unes d'or, que la
nature avoir jointes par des
dispositions bizarres qui se
rencontrent dans les en
trailles de la terre.
J'eus envie d'aller voir une
fontaine de bytume quiest
dans le mesme Palatinat de
Cracovie, voicy ce qu'on en
dit, & qui elt tres veritable.
Elle prend feu de temps en
tems, particulierement dans
le Printemps
: ce feu cil si
violent que les étincelles
étant emportées par le vent
brulent les bleds voisins
:&
mesme comme le fond de
cette fontaineest un bytume
assezépais, & que les veines
de cette matiere sont repan
duës tout autour à une
grande distance , ce feu s'il
n'est éteint se communique
à ce bytume terrestre qui
s'enflame dans les terres
; de
maniere que suivant la tra
dition du païs,
il brula toute
une forest, & qu'il enleva un
quart delieuë de la surfacede
la terre, faisant une caverne
assezvasté qui fut dans le
moment remplie d'eau, ce
qui donna la naissance au
Marais salé qu'on y voit au
jourd'huy. Ces accidents qui
intimident les Paysans, les
rend attentifs à ce qui se
passe sur certe fontaine, &¡
sur la riviere qu'elle forme
dés sa naissance. Ils ont soin
dés qu'il paroist quelques
étincelles,&mesme quel
que lueur, d'accourir avec
leurs fleaux ou delongues
verges dont ils battent l'eau
de toute leur force pour 1,1
faire élever par dessus le Bi
tume
; &pouren estreaver
tis ils y mettent des Senti
nelles, quid'ailleurs pren
nent garde que quelqu'un
par malice ou par curiosité
n'y mettent le feu avec quel
que bougieallumée, & à peu
prés commeonle met à rcali
de vie. Si quelques Seigneurs
Polonois ou des Etrangers
viennent voir cette fontaine
par curiosité , les Gardes
permettent qu'on mette le
feu avec la bougie allumée
sur la surface de l'eau
, mais
ils se munissent auparavant
de branches d'arbres pour
l'éteindre en battant l'eau.
Cette eau eO: cependant
froide au toucher, mais elle
ne se glace jamais, elle jette
une odeur tres agreable, &
a la faveurdu lait. La Mon
tagne sur laquelle elle est,
esi couverte de fleurs odo
riferentes.
Le Livre dont on a tiré cet
Extrait, contientune infi
nité d'autres détailstrés cu.
rieux sur differentes ma
tieres.Il se vend sur le second
Perron delaSain te Chapelle,
dans la boutique de Claude
Barbin.
Du DoynTe de Mr Chambon
dans les Mines de Pologne.
Etant en Pologne, je
me ressouvins d'avoir Iù
autrefois un Livre qui
traite des Mines de Sel de)
ce Païs là, & je resolus de
voir la chose par moy
mesme, je communiquay,
mon dessein à deux de mes
amis , qui mepromirent
de m'y accompagner ; la
plus fameuse de ces Mines
n'étoitéloignée que d'une
journée, nous nous y ren
dimes le lendemain & nous
y trouvâmes plusieurs per
sonnes qui dévoient y des
cendre. J'examinay l'ouver
ture,les machines qui fer
vent à la descente des hom
nies, des chevaux, des ne
cessitez des uns & desautres
&au tirage des Sels. Cette
ouverture estquarrée
; les
Machines font des Rouës
qui ne different de celles
qui sont à nos Carrieres,
qu'en ce qu'elles font cou
vertes, la corde pour faire
la descente en: d'une bonne
grosseur. On nous demanda
si nous voulions descendre;
la profondeur de cette ou
verture a quelque chose
d'effrayant, mais moy qui
voulois voir,je répondis
brusquement que j'estois
prest à partir
; cette resolu
tion determinal'un de ceux
qui m'accompagnoient ;
mais l'autre fut plus timide
& refusa de nous suivre.
On descend la grosse
corde
;ceux qui ont fait ce
voyage en prennent de la
grosseur du petit doigt a£*>•
tachées à la grosse. Il faut
se representer les cordes
dont se fcrvent les Bateliers
qui tirent un Batteau pour
luy faire remonter la Ri
viere. Quand ils se furent
placez sur ces petitescordes,
il faut nous dirent ils s'as
seoir sur nous. Allons, dis
je à mon ami
, il n'est plus
question de s'en dédire
, je
me plaçay des premiers de
la maniere dont on me l'a
, & il en fit
autant. Tout le monde étant
voit montré
rangé,on descend :
à peine
étois je à trois toises de pro
fondeur, que ceux qui gou
vernoient la corde,arrête
rent tout court, & crierent
qu'il falloit prier Dieu, j'en
tendis dans le moment en
tonner un Salve : je fus
frapé d'une idée facheuse,
je me repentis de ma curio
sité, mais reflection faite,
je me rassuray, de maniere
cependant que nature pâ
tissoit. Nous coulâmes in
sensiblement, & on arriva
à bon port, cette premiere
descente estde vingt toises
ou environ.
Ceux qui travaillent dans
ces Mines, & qui avoient
entendu le signal, vinrent
nous recevoir avec des
branches de Pin raifi
neuxallumées en forme de
flambeaux. Ils nous con
duisirent à la Chapelle qui
est au bouc d'une Voute
soutenuë par des pilotis, &
appuyé par des travers de
distance en distance. A cin
quante pas delà sepresente
sur la main droite une fon
taine d'eau douce à l'usage
des hommes & desbestes
qui habitent dans ces sou
terrains, &. dont plusieurs
n'ont jamais vû le jour. Je
fis remplir une bouteille de
cette eau, je diray dans la
fuite ce que j'en fis, j'en
remplis une autre d'une eau
fallée qui se trouve un peu
plus avant sur la gauche,on
pompe cette derniere eau
que l'on monte par la corde
pour ladécuiredans un Vil
lage appelle Wieliska,qui
n'est pas bien éloigné de
l'entrée de la Mine, & l'on
en fait un Sel propre à fer
vir sur larable Enavançant
un peu plus du mesme côté
ontrouve unevoute aHe~
haute & a(kz large sous la-I
quelle il peut y avoir une I
vingtaine de Maisonnettes i
avec des Ecuries J'ayappris
que les Chevaux qui y ont
demeuré une quinzaine de
jours
, quelques maigres
qu'ils soient, y deviennenc
à pleine peau
; que les Ha
bitans y sont rarement ma
lades ; mais je conjecture
que leur santé peut proce
der des vapeurs salines en
nemies de la pourriture &
de la corruption, & que
leur corps s'affoiblit peu à
peu,& se trouveenfinnoyé
par la superiorité de ces
mesmes vapeurs qu'ils font
obligezde respirer, d'autant
plus qu'ils sont privez de la
lumiere qui préparéun bau
me qui ranime les nostres,
& les soutient.
Les hommes fervent à ta
coupe du Sel, à le conduire
& à le transporter, & les
chevaux à tirer une seconde
rouë en forme de tour qui
sert à faire la seconde des
cente dans un fond où l'on
coupele Sel en forme de co
lomne de la grosseur d'un
quartaut de vin, & de la
longueur d'une aune & de
mie ou environ. On y peut,
descendre si l'on veut par la 1
corde de la maniéré donc je
l'ay raporté ; mais il y a une
douzaine d'Echelles en zig
zagattachées à la muraille,
par lesquels je descendis. Le
Roy avoit fait faire des
Escaliers, qui faute d'appuy
sontruinez & fondus par
,
les eaux. Arrivédansce fond
qui cO: sort spacieux & fort
élevé,je goustay les murail
ks que je reconnus estre des
masses de Sel. Ce Selestde
lacouleur dela craye dont
les*
les Tailleurs se servent. Je
goustay la matiere sur la
quelle je marchois, & je re
marquay dans certaines ca
nelures, principalementà la
racine où est la premiere
ébauche du Sel, une terre
semblableàcelle desSalpe
triers fort chargée de Sal
pestre
: plus on creuse, plus
elle est pleinedeterrestreïté.
CeSel en pierre est tres caus
tique, très amertrèsde
fagreable à la langue; ceux
quienusents'yacoûtument;
les pcrfonnes de condition
n'ensontjamais servir sur
l urs tables. Il rougit Les
viandes comme le Salperre.
CeSel est tiré du fond de ces
Mines, par la mesme Ma
chine qui sertà la descente:
delà il est conduit sur des
Rouleaux jusqu'au premier
endroit d'où il esttiré delà
mesme maniere, puis on le
charge sur des charettes
pour le transporter dans
toutes lesProvincesde la
Pologne,dansla Hongrie,:
& dans la Silesie.
Il se rencontre beaucoup
4cSel gemme dansces Mi
nes
; ceSet est blanc comme
la neige, fort dur & cristalin,
on en fait des sallieres, des
Chapelets, de petites statues
& plusieurs autres ouvrages,
qu'on vendsur les lieux. IL
y a des veines dont on tire
de ces sels si solides & si
cristallins qu'ils ressemblent
à descristaux de roche ;
ils
ne tiennent de la nature du
sel que parce qu'ils n'onc
paseûlamesmecuite, peut
estre qu'avec le temps, la*
nature lesauroit portez auj
metallique ouàla pierre pre
tieuse. On peut conicâurer.
par la pureté & par la trans
parence dont ils font,qu'elle
l'auroit fait si ellen'avoit
point étéinterompuëQuoy
qu'il en foie, l'Auteur de :
cette nature n'a pas voulu
quetoutfût dansle plus haut
degré de perfc£tion,que
toute animalité fut un érac
,
excellent, quetout vegetal
fust balsamique,&quecouc
le métallique fust or. Le
;
Verjus, quoy que moins
parfait que le Raisin, a ses
proprictez: le cheval moins
parfait que l'homme a son :
v
mérité :
le fer quoy quIn-"
ferieur à l'or ne laissepas
d'estre d'une grande utilité.
On peut reconnoistre parce
que je viens de dire, bien
des especes de sel différentes
par leur cuitte & par leurs
filtrations
: 1°. ayant fait
k Il
évaporer à mon retour,
l'eau douce que j'emportay
avec moy dans une bouteille
elle se trouva chargée d'une
Imais
quantité assez considerable
|de sel presque insipide. 2.
°,
0 de l'eau de ma secondebou
iciite on en tire par decoc
rrion un sel blanc plus pic
I quant que ce premier sel,
beaucoup plus doux
que celuy que nous prepa
ronsde l'eau de la Mer. C'est
ce sel qu'on sert comme
nous avons dit sur les tables
des Gens de condition, &
on ne peut expliquer la
difference entre le premier
sel qui est insipide & celuy
cy ,
qu'en fupofant que le
le premier en tres-attenué
par une filtration plusétroite
& plus serrée. 3
°. Outre ces
fels dilayez, le sel gemme.
4°. Ce sel en greffes masses
tenant de la nature du salpê
tre,enfin ce sel rempli de ter
restreïtez quicfilaracine:",la
premiere ébauchedesautres.
Après estresorti decette
representationinfernale, je
remarquay que la neige
(c'étoit au fort de l'hiver)
sur la surface, de la terre qui
1:Jlli
environne £ette Mine &
la couvre, étoit aussi
dure que la pierre, & qu'il
y avoitune grande diffe
rence entre cellelà & celle
qui étoit dans des endroits
pluséloignez.Tout
le monde
sçait que la dureté vicnt des
sels. La vue de ces objets
augmenta ma curiosité : je
resolus d'aller plus loin.
Vichfkjt au Midi de Cra
covie n'est eloigné que de
deux lieües de cette Mine
qui n'est pas le seul endroit
où l'on tire le sel blanc. Il
s'en fait encore à Bokonia, à
Sambor,àHarosoli,àCalouche,
& en beaucoup d'endroits
des Monts Crapaks. J'allay
visiter une Mine de soufre
qui n'étoit pas fort éloignée.
Je vis avec plaisir une grande
étendue de terrain aux en
virons de l'ouverture sans
glace & sans neige
; j'y trou
vay l'air très temperé, on
auroit ci û efirÇ.dans unBain
Je me fis descendre dans
le tond de la Mine qui n'est
pas bien profonde. J'yvis
avec surprise un gros Ruis
seau portant Batteau qui la
traverse &qui en sort à une
demi lieue de là
,
l'eau en
est nitreuse & sulphurée. Il
y a des deuxcôtez du ruis
seau des chemins qui sont
plus enfoncez que sa surface,
& pour empêcher qu'il ne
les inonde, on a posé tout
le long du Canal des Pilotis
contre lesquels on a ataché
des planches pour soutenir
l'eau. La voute de la Mine
est aussi soutenuë par des
Pilotis avec des travers, &
les murailles par des plan
ches appuyéespar des solives
ce qui se pratique dans les
Mines métalliques sulphu
rées, au lieu que l'on se con
tente de soutenir la voute
des Mines de [el, parce
qu'on ne craint pas que les
murailles s'éboulent.
La terre de cette Mine
ressemble assez à la terre
gratte, & peu de gens s'avi
sent d'en tirer la pierre de
souffre. On la fait boüillir
dans l'eau
: par cette culte le
souffre se Icparc de la terre
& surnage; on la jetteen
fuite dans différents moules.
A la vue de ces preparations
j'étois convaincu qu'on pou
voittirer dufruit decegenre
d'étude, & que les Philoso
phes avoient eû raison d'en
faire un precepte. Rempli
de ces pensées, je me pro
menay longtemps dans ces
souterrains
, &je cherchay
de tous costez à profiter
: je
remarquay par le goust que
la racine de cette Mine par
ticipoit fort du sel de mi
nière ; je me perfuaday que
cette racine métallique ou
ce verjus mineral, étoit de
venu balsamique par la cuitc
qu'ilavoiteuë dela nature.
Voila mon principe
disois-jeàmoy-mesme, la
nature travaille par tout de la
, me
mesmemaniere,elle mene tou
joursses ouvragespardegrez.
Au forcir de cette Mine
j'en visitay de Vitriol
d'Antimoine, & de Marbre,
j'allay à des fontaines où le
,
fer battu en petites lames se
change en cuivre en cinq oa
six jours, & le bois en pierre:
ces fontaines font entre Ca
louche & Stry, aux environs
de Slochoufà une journée
:
ily en a beaucoup d'autres
minerales qui ont des vertus
particulieres. L'esprit metal
lique est tres puissant dans
cette Contrée
; on y voit
desMarais où le fer se forme:
il faudroit un volume en
tier pour décrire ce que j'y
ay vû :
il y a mesme quan
tité de Mines d'or & d'ar
gent. La plus abondante en
or & en argent est prés de
Slochouf
: elle est ordinaire
ment affermée à des Alle
mans & à des Anglois, par
ce que lesPolonois ne fc
piquent gueres d'industrieni
de soins. j'y achetay un mor
ceau de Mine afiez curieux,
de la grosseur d'un œuf de
poule
, formé pardescane
lures d'arsenic jaune
, de
sel, d'une pierre cristalline
de couleur d'agathc, & de
quelques unes d'or, que la
nature avoir jointes par des
dispositions bizarres qui se
rencontrent dans les en
trailles de la terre.
J'eus envie d'aller voir une
fontaine de bytume quiest
dans le mesme Palatinat de
Cracovie, voicy ce qu'on en
dit, & qui elt tres veritable.
Elle prend feu de temps en
tems, particulierement dans
le Printemps
: ce feu cil si
violent que les étincelles
étant emportées par le vent
brulent les bleds voisins
:&
mesme comme le fond de
cette fontaineest un bytume
assezépais, & que les veines
de cette matiere sont repan
duës tout autour à une
grande distance , ce feu s'il
n'est éteint se communique
à ce bytume terrestre qui
s'enflame dans les terres
; de
maniere que suivant la tra
dition du païs,
il brula toute
une forest, & qu'il enleva un
quart delieuë de la surfacede
la terre, faisant une caverne
assezvasté qui fut dans le
moment remplie d'eau, ce
qui donna la naissance au
Marais salé qu'on y voit au
jourd'huy. Ces accidents qui
intimident les Paysans, les
rend attentifs à ce qui se
passe sur certe fontaine, &¡
sur la riviere qu'elle forme
dés sa naissance. Ils ont soin
dés qu'il paroist quelques
étincelles,&mesme quel
que lueur, d'accourir avec
leurs fleaux ou delongues
verges dont ils battent l'eau
de toute leur force pour 1,1
faire élever par dessus le Bi
tume
; &pouren estreaver
tis ils y mettent des Senti
nelles, quid'ailleurs pren
nent garde que quelqu'un
par malice ou par curiosité
n'y mettent le feu avec quel
que bougieallumée, & à peu
prés commeonle met à rcali
de vie. Si quelques Seigneurs
Polonois ou des Etrangers
viennent voir cette fontaine
par curiosité , les Gardes
permettent qu'on mette le
feu avec la bougie allumée
sur la surface de l'eau
, mais
ils se munissent auparavant
de branches d'arbres pour
l'éteindre en battant l'eau.
Cette eau eO: cependant
froide au toucher, mais elle
ne se glace jamais, elle jette
une odeur tres agreable, &
a la faveurdu lait. La Mon
tagne sur laquelle elle est,
esi couverte de fleurs odo
riferentes.
Le Livre dont on a tiré cet
Extrait, contientune infi
nité d'autres détailstrés cu.
rieux sur differentes ma
tieres.Il se vend sur le second
Perron delaSain te Chapelle,
dans la boutique de Claude
Barbin.
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Résumé : EXTRAIT. Du voyage de Mr Chambon dans les Mines de Pologne.
L'auteur, lors d'un voyage en Pologne, décide d'explorer les mines de sel après avoir lu un livre sur le sujet. Accompagné de deux amis, il se rend à la mine la plus célèbre, située à une journée de route. Il examine les installations, notamment les machines et les cordes utilisées pour la descente. Malgré une certaine appréhension, il descend dans la mine, suivi par un ami. La descente se fait à l'aide de cordes, et ils sont accueillis par des mineurs munis de flambeaux. La mine est équipée d'une chapelle et d'une fontaine d'eau douce. L'auteur observe que les chevaux et les habitants des souterrains semblent en bonne santé, attribuant cela aux vapeurs salines. Les mineurs extraient le sel, le transportent et le conduisent vers la surface via des machines et des rouleaux. Le sel extrait varie en qualité, allant du sel gemme blanc et cristallin aux masses de sel terreux. L'auteur goûte et examine le sel, notant ses propriétés et ses usages. Il observe également que la neige autour de la mine est extrêmement dure en raison des sels présents. L'auteur visite ensuite d'autres mines, notamment une mine de soufre, où il observe des phénomènes naturels intéressants. Il note la présence de ruisseaux et de chemins souterrains, ainsi que des méthodes de soutènement des voûtes et des murailles. Il achète un échantillon de mine contenant divers minéraux, dont de l'or. Il mentionne également des fontaines où des transformations chimiques se produisent, comme la transformation du fer en cuivre. La région est riche en mines d'or et d'argent, souvent exploitées par des étrangers. Enfin, il évoque une fontaine de bitume qui s'enflamme parfois, causant des incendies et des transformations du paysage. Par ailleurs, le texte décrit une fontaine remarquable située sur une montagne couverte de fleurs odorantes. Les Gardes permettent aux curieux d'allumer une bougie à la surface de l'eau, mais ils se préparent avec des branches pour éteindre le feu en cas de besoin. Cette eau, bien que froide au toucher, ne gèle jamais et dégage une odeur agréable. Elle a également la particularité de se mêler au lait. Le livre d'où est tiré cet extrait contient de nombreux détails curieux sur diverses matières et est disponible à la vente sur le second perron de la Sainte-Chapelle, dans la boutique de Claude Barbin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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548
p. 43-49
ETRENNES.
Début :
Ceux qui se souviennent de la dispute fameuse qui s'eleva [...]
Mots clefs :
Étrennes, Début du siècle, Nouvel an, Poésie, Versification
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texteReconnaissance textuelle : ETRENNES.
ETRENNES.
Ceux qui se souviennent de la dispute fameuse qui s'eleva l'an
milseptcens,sçavoir si
cette annéeétoit la fin
du seiziéme siecle ou le
commencement du dixseptiéme, me pardonne-
ront de faire une autre
question qui n'est pas
moinsinutile;scavoir d
le Mercure des Etrènnes
doit estre celuy de Decembre qui [e donne au
premier jour de l'an, ou
le Mercure de Janvier
qui contient le premier
jour de l'an: ce doute ne
vaut pas la peined'estre
éclaircy ; mais il sufit
pour autoriser un reste
d'Etrenne qu'on m'aenvoyé.1
L'Anonime éruditionné.
S'IUS demandez de l'érudition sur les Etrennes
;
de tous
temps lespeuplesontoffert aux
Dieux cv* aux hommes les
premices de toutes choses, ces
Etrennes ont été établies pour
offrir les premices de l'année
nouvelle; certain peuple d'Afrique celebroit la premiere année du siecle, le premier mois
de tannEe) le premier jour du
mois, &' U premiers heure
du jour
ETRENNE.
Par Monsieur de L. T.
Surl'air d'unVaudeville connu.
Au nouvel an milsept cens
doae.,
Puissiez-vous devenir l'Epouse
&un jeune Epoux tendre cy
charmant
,
.f<!!i ne soit point d'humeur
jalouse,
jamais Mary toujours Amant
Pendant tout l'anmilsept cens
douze.
REPONSE.
yu/qu';' l'an milsept cens treize
Je chercheray la rime à treize>
Et ce Mary toujours Amant
Dans l'univers en est-il frei'{!,
On trouvera plus seurement
Rime riche à milsept cens
treize.
IMPROMPTU.
Le premier jour de l'an à un
homme de qualité, par
Monsieur M. D. M.
Ne pas donner à plus riche
que soy,
A vôtre égard, c'est maxime
pourmoy.
Cettemaxime efi vraye,~& riofsensepersonne ;
Mais ce qu'on peut donner a#
Pape comme au Roy
,
c'ejl bonjour ~& bon an, Sei
gneursje*votts ledonne^-
Le mesme à une Dlle, en luy
envoyant un de ces petits cœurs
qui renfermentune Devise.
Tel quiJefiequey Iris ,pour
vous d'estresincere,
Vous dit qu'il vous ouvre son
coeur
Mais il efi quelque fois injidul
& trompeur.
Celuy-cy dont la forme efi fragile & legere,
^uoy qu'un ouvrage de l'Art
,
n'estpoint un imposteur.
il renferme unsecret myflere,
Pour contenter un desir curieux,
Ouvrez, ce cællr, qui s'offre à
vos beauxyeux,
Tout autre en pouroit craindre
un regard homicide,
Pourêtre heureuxou malheureux
Souvent c'est moins le choix#
,
que lesort qui decide.
Ceux qui se souviennent de la dispute fameuse qui s'eleva l'an
milseptcens,sçavoir si
cette annéeétoit la fin
du seiziéme siecle ou le
commencement du dixseptiéme, me pardonne-
ront de faire une autre
question qui n'est pas
moinsinutile;scavoir d
le Mercure des Etrènnes
doit estre celuy de Decembre qui [e donne au
premier jour de l'an, ou
le Mercure de Janvier
qui contient le premier
jour de l'an: ce doute ne
vaut pas la peined'estre
éclaircy ; mais il sufit
pour autoriser un reste
d'Etrenne qu'on m'aenvoyé.1
L'Anonime éruditionné.
S'IUS demandez de l'érudition sur les Etrennes
;
de tous
temps lespeuplesontoffert aux
Dieux cv* aux hommes les
premices de toutes choses, ces
Etrennes ont été établies pour
offrir les premices de l'année
nouvelle; certain peuple d'Afrique celebroit la premiere année du siecle, le premier mois
de tannEe) le premier jour du
mois, &' U premiers heure
du jour
ETRENNE.
Par Monsieur de L. T.
Surl'air d'unVaudeville connu.
Au nouvel an milsept cens
doae.,
Puissiez-vous devenir l'Epouse
&un jeune Epoux tendre cy
charmant
,
.f<!!i ne soit point d'humeur
jalouse,
jamais Mary toujours Amant
Pendant tout l'anmilsept cens
douze.
REPONSE.
yu/qu';' l'an milsept cens treize
Je chercheray la rime à treize>
Et ce Mary toujours Amant
Dans l'univers en est-il frei'{!,
On trouvera plus seurement
Rime riche à milsept cens
treize.
IMPROMPTU.
Le premier jour de l'an à un
homme de qualité, par
Monsieur M. D. M.
Ne pas donner à plus riche
que soy,
A vôtre égard, c'est maxime
pourmoy.
Cettemaxime efi vraye,~& riofsensepersonne ;
Mais ce qu'on peut donner a#
Pape comme au Roy
,
c'ejl bonjour ~& bon an, Sei
gneursje*votts ledonne^-
Le mesme à une Dlle, en luy
envoyant un de ces petits cœurs
qui renfermentune Devise.
Tel quiJefiequey Iris ,pour
vous d'estresincere,
Vous dit qu'il vous ouvre son
coeur
Mais il efi quelque fois injidul
& trompeur.
Celuy-cy dont la forme efi fragile & legere,
^uoy qu'un ouvrage de l'Art
,
n'estpoint un imposteur.
il renferme unsecret myflere,
Pour contenter un desir curieux,
Ouvrez, ce cællr, qui s'offre à
vos beauxyeux,
Tout autre en pouroit craindre
un regard homicide,
Pourêtre heureuxou malheureux
Souvent c'est moins le choix#
,
que lesort qui decide.
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Résumé : ETRENNES.
Le texte aborde la tradition des étrennes, des cadeaux échangés au début de l'année. Il commence par une discussion sur la classification de l'année 1700 et la période de publication du Mercure des Étrennes, justifiant ainsi la réception d'un reste d'étrenne. L'auteur souligne que, depuis toujours, les peuples offrent aux dieux et aux hommes les prémices de toutes choses, les étrennes marquant les prémices de l'année nouvelle. Un peuple d'Afrique célébrait ainsi la première année du siècle, le premier mois de l'année, le premier jour du mois et la première heure du jour. Le texte inclut également des poèmes et des impromptus liés aux étrennes. Un poème souhaite à une personne de devenir l'épouse d'un jeune époux tendre et charmant. Une réponse à ce poème cherche une rime pour l'année 1713. Un impromptu conseille de ne pas donner à plus riche que soi et suggère que le meilleur cadeau est un 'bonjour' et 'bon an' pour les seigneurs et les demoiselles. Un petit cœur contenant une devise est envoyé à une demoiselle, symbolisant un cœur sincère et non trompeur.
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549
p. 80-87
LETTRE De M. le Chev. de P*** sur un petit vol fait chez Payen, Traiteur, ruë des Bourdonnois, le 21. Decembre 1711.
Début :
MONSIEUR, Je vous avois promis des memoires sur certaine avanture galante [...]
Mots clefs :
Vol, Bal masqué, Fuite , Dissimulation, Poursuite, Fourberie, Déguisements
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE De M. le Chev. de P*** sur un petit vol fait chez Payen, Traiteur, ruë des Bourdonnois, le 21. Decembre 1711.
LETTRE
De M. le Chev. de p***
sur un petit vol fait chez
Payen, Traiteur, ruë
des Bourdonnois, le 21. Décembre 171u
MONSIEUR,
Je vous avois promis des
mémoires surcertaineavanturegalantedontjejustémoin
au
bal qui s'ejl donné il y a
huitjours, à l'Hôtel des Am-
bassadeurs, ruë de Tournon:
mais comme rvOllS- ne ¥lommeZ,
jamais les masques dans vôtre
Mercure, CT que les noms,
les caracteres, & l'âge des
deux personnes quevoussça-
'Ve,:\ font tout le plaisant de
cette avauture, je ne vous en
parlerai pas davantage:contentezvous du recit d'un petit njol quifutfait en mapre,
ftnce ce même soir.
Deux ; de mes amis &moy
en ayantrassemblé quatre autres ponr aller souper chez
Payen, un Filou,qui étoit apparemment dégtttjé prés de
nous dans ce même bal, &
qui entendit de quoy il s'agissoit,prit les devants, & avec
un habit de laquais ,tenant à
samain une épée & unecanne
fort belle, qu'il avoit peutêtre volée à ce mêmebal, entra chezle Traiteur, (g) contrefausanttyvrogne, lui annonça septconvives,du nombre desquels, disoit-ily étoit
son maître, Cfit allumer du
jeu dans une chambre qu'il
choisit: peu de temps après il
appela un des garçons, qu'il
pria de le mettre dans quelque petit endroit caché, de
peur que son maître ne levît
jvie, & ne l'assommât de
coups. Le garçoncharitable le
fit entrerdansunpetitcabinet
sur le degré proche la chambre, & c'est où il desiroit être
pour pouvoir prendre son
temps
,
comme vous AlleZ
voir.
Nousarrivâmeseffectivement au nombre de sept
avecplusieurs laquais ; on mit
la nape avec sept couverts&
un buffêt garni
,
comme on
jfait qu'ilslesontchezPayen,
de eva-iflègedargent tréspropre:notre couvert mis, &
lesouper commandé, les garçons nous lasserent,& e'etf
le moment qu'attendoit nôtre
Filouauguet danssa cachette: ils'etoit deguisélui-même
en garçon de cabaret, un tablier blanc en écharpe,laveste
grasse, C9* le bonnet de caprice;
il entre en feignant de
pestercontresescamarades qui
nous avoient donné une table
trop petite, & nous pria de
permettre qu'il nous en donnât
une plus grande, parce que
celle-ci leur étoit necessaire
pour un autre écot: aussitôt,
avec uneadressemerveilleuse
que nous admirâmes, ilfit tenir danssa maingauchesept
coûteaux,sept cuillieres,sept
fourchettes, &deuxsalieres,
sanslesrenvtrfer,depeur9
disoit'-',jl,de nous portermaL
heur:ilnousremarquer
.la capacité de sa main gauche
& l'agilité de sa droite, lors
quilentendit quelqu'un de
nous qui dusoit bas à un autre:
Voula un nouveau garçon que
je neconnaispas,.& cependant
jesoupe tous les joursici depuis
que l.e)(atu marié Nôtre Filou
aussitotfaisant le folâtre,capriola de la table à la porte,
qu'il tirasur lui, CTfuidan
la rue en trois entambees: 01
criaaussitotauvoleur, & l'ot
fut dans la ruépresqu'aussito
que lui;cependant il dtsparut,
cYon le chercha inutilementt
l'on napprit qu'une heure
après qu'il s'étoitréfugié dam
une boutique,en priant qu'on
ne le décelât point à cesjeunes
Officiers quivouloient l'enroler de force.
Le Maître de la boutique
a
dit que le Filou étoit entré
cht'Z lut ne tenantrien asa
main, (2* avecun habit tout
différent de celui d'un garçon
de cabaret. C'eflce qui ma
paru ddeplus surprenant dans
tavanture, car de la vitesse
dont il fut poursuïvi, ilfaut
quen courantilait changédû
décoration pluspromptement,
quArlequin hote & hotelle*•
rie n'en changesur le theatre,
De M. le Chev. de p***
sur un petit vol fait chez
Payen, Traiteur, ruë
des Bourdonnois, le 21. Décembre 171u
MONSIEUR,
Je vous avois promis des
mémoires surcertaineavanturegalantedontjejustémoin
au
bal qui s'ejl donné il y a
huitjours, à l'Hôtel des Am-
bassadeurs, ruë de Tournon:
mais comme rvOllS- ne ¥lommeZ,
jamais les masques dans vôtre
Mercure, CT que les noms,
les caracteres, & l'âge des
deux personnes quevoussça-
'Ve,:\ font tout le plaisant de
cette avauture, je ne vous en
parlerai pas davantage:contentezvous du recit d'un petit njol quifutfait en mapre,
ftnce ce même soir.
Deux ; de mes amis &moy
en ayantrassemblé quatre autres ponr aller souper chez
Payen, un Filou,qui étoit apparemment dégtttjé prés de
nous dans ce même bal, &
qui entendit de quoy il s'agissoit,prit les devants, & avec
un habit de laquais ,tenant à
samain une épée & unecanne
fort belle, qu'il avoit peutêtre volée à ce mêmebal, entra chezle Traiteur, (g) contrefausanttyvrogne, lui annonça septconvives,du nombre desquels, disoit-ily étoit
son maître, Cfit allumer du
jeu dans une chambre qu'il
choisit: peu de temps après il
appela un des garçons, qu'il
pria de le mettre dans quelque petit endroit caché, de
peur que son maître ne levît
jvie, & ne l'assommât de
coups. Le garçoncharitable le
fit entrerdansunpetitcabinet
sur le degré proche la chambre, & c'est où il desiroit être
pour pouvoir prendre son
temps
,
comme vous AlleZ
voir.
Nousarrivâmeseffectivement au nombre de sept
avecplusieurs laquais ; on mit
la nape avec sept couverts&
un buffêt garni
,
comme on
jfait qu'ilslesontchezPayen,
de eva-iflègedargent tréspropre:notre couvert mis, &
lesouper commandé, les garçons nous lasserent,& e'etf
le moment qu'attendoit nôtre
Filouauguet danssa cachette: ils'etoit deguisélui-même
en garçon de cabaret, un tablier blanc en écharpe,laveste
grasse, C9* le bonnet de caprice;
il entre en feignant de
pestercontresescamarades qui
nous avoient donné une table
trop petite, & nous pria de
permettre qu'il nous en donnât
une plus grande, parce que
celle-ci leur étoit necessaire
pour un autre écot: aussitôt,
avec uneadressemerveilleuse
que nous admirâmes, ilfit tenir danssa maingauchesept
coûteaux,sept cuillieres,sept
fourchettes, &deuxsalieres,
sanslesrenvtrfer,depeur9
disoit'-',jl,de nous portermaL
heur:ilnousremarquer
.la capacité de sa main gauche
& l'agilité de sa droite, lors
quilentendit quelqu'un de
nous qui dusoit bas à un autre:
Voula un nouveau garçon que
je neconnaispas,.& cependant
jesoupe tous les joursici depuis
que l.e)(atu marié Nôtre Filou
aussitotfaisant le folâtre,capriola de la table à la porte,
qu'il tirasur lui, CTfuidan
la rue en trois entambees: 01
criaaussitotauvoleur, & l'ot
fut dans la ruépresqu'aussito
que lui;cependant il dtsparut,
cYon le chercha inutilementt
l'on napprit qu'une heure
après qu'il s'étoitréfugié dam
une boutique,en priant qu'on
ne le décelât point à cesjeunes
Officiers quivouloient l'enroler de force.
Le Maître de la boutique
a
dit que le Filou étoit entré
cht'Z lut ne tenantrien asa
main, (2* avecun habit tout
différent de celui d'un garçon
de cabaret. C'eflce qui ma
paru ddeplus surprenant dans
tavanture, car de la vitesse
dont il fut poursuïvi, ilfaut
quen courantilait changédû
décoration pluspromptement,
quArlequin hote & hotelle*•
rie n'en changesur le theatre,
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Résumé : LETTRE De M. le Chev. de P*** sur un petit vol fait chez Payen, Traiteur, ruë des Bourdonnois, le 21. Decembre 1711.
Le 21 décembre 171u, un incident de vol a eu lieu chez Payen, un traiteur situé rue des Bourdonnois. Le Chevalier de p*** relate cet événement dans une lettre, après avoir mentionné une aventure galante dont il a été témoin lors d'un bal à l'Hôtel des Ambassadeurs, rue de Tournon, sans en révéler les détails. L'auteur et deux de ses amis avaient prévu de souper chez Payen avec quatre autres personnes. Un individu malintentionné, déguisé en laquais et portant des objets volés, les devança et se fit passer pour le maître de sept convives. Il demanda au traiteur de l'aider à se cacher pour éviter des coups de son supposé maître. Le garçon du traiteur le cacha dans un petit cabinet. À leur arrivée, sept personnes et plusieurs laquais furent servis. Le filou, déguisé en garçon de cabaret, entra et demanda à changer la table, prétextant qu'elle était nécessaire pour un autre écot. Profitant de la situation, il vola sept couteaux, sept cuillères, sept fourchettes et deux salières sans être remarqué. Il s'enfuit ensuite en criant au voleur et disparut dans une boutique où il changea rapidement de déguisement pour échapper à ses poursuivants.
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550
p. 97-142
ABREGÉ de sa fameuse question sur la circulation du sang par le coeur du foetus, où l'on rapporte les experiences et les raisonnements de Messieurs Mery, Tauvry, Duvernay, & Delitre, & par occasion le Systeme de Mr Duvernay sur la respiration des Poissons.
Début :
On distingue naturellement les animaux en trois classes, sçavoir les [...]
Mots clefs :
Circulation sanguine, Respiration, Poissons, Anatomie, Poumon, Veines et artères
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texteReconnaissance textuelle : ABREGÉ de sa fameuse question sur la circulation du sang par le coeur du foetus, où l'on rapporte les experiences et les raisonnements de Messieurs Mery, Tauvry, Duvernay, & Delitre, & par occasion le Systeme de Mr Duvernay sur la respiration des Poissons.
Lafamese dispute qui
excita en 1699. entre
jMejJïeurs Mery & Du*
verneysur la circulation
du sang par le cœur du
fétus humain,ayant donne occasion d'examiner
celle de quantité de differens animaux tant terrestresqu'aquatiques, &
amphibies, & même leur
maniere de respirer
,
&
tout ce qui s'elf dit à ce Jujet, aussi-bien que toutes les experiences quiont
été faites par plusieurs
sçavans anatomistes de
France & d'Angleterre
se trouvant dispersé ei
differens volumes qui on
paru depuis pendantplusieursannées; M. Parem
a cru faireplaisir au Public de lui donner le tout
rassembléen abregé,&
comme dans un point de
vûè, afin qu'ilpuisseplus
aisément embrasser cette
partie danatomiequisans
contredit efi une des plus
interessantes qu'on puiffc
traiter.
ABREGE
desafameusequestion
sur la circulation du
sangparle cœur dufœ~
tus, où l'onrapporte
les experiences f5 les
raisonnements deMes
sieurs Mery, Tauvigi,
Duvernay, & Deliire, ~Cfparoccasîon le
Systeme de Mr Duvernày sur la respira-
classes,sçavoir les terres-
,. tres
,
les aquatiques, & les
amphibies. Le mouvement
du sang dans le caur des
aquatiques est le plus aisé
à expliquer, & ne souffre
aucune difliculté ; parce
que leur cœur n'ayant qu'-
une oreillette & qu'un ventricule ou cavité
,
on ne
peut douter que lesang ne
se rende de toutes les parties de leur corps danscet-,
te oreillette,qui par sa contraction le verte ensuite
dans le coeur, tandis qu'il
se dilate
;
après quoy le
cœur en fè resserrant le
;
pousse dans l'Aorte, &de
là dansroutes les parties de
l'animal. Mais à l'égard des
animaux terrettres donc
i
le cœura deux ventricules
ou cavitez
,
& chaque cavité une oreillette
,
tout le
monde aujourd'huy convient que dés qu'ils refpi-
«? rent le fang de tout leur
corps, ( excepté celuy des
poumons) est apporté par
les veines caves ascendantes & descendantes dans
l'oreillette droite de leur
coeur, en mesme temps
que celuy de leurs poumons est versé dans la gauche par la veine du poumon;& qu'ensuite ces deux
oreillertes Ce resserrant toutes deux en mesme temps,
exprimenttout le sangdonc
elles font chargées chacune dans son ventricule,
tandis que le cœur se dilate, a
prés quoy le cœur venant à se resserrer
,
pousse
le fang de son ventricule
droit dans les poumons par
l'artere pulmonaire & celuy de son ventricule gauche dans les Aortes ascen-
dantes & descendantes
,
d'où il estensuite distribué
àtouteslesparties du corps.
Quant auxamphibies tels
que les tortuës, les serpens,
&c. LesAutheurscydessus conviennent que leur
cœur a
trois cavitez
,
sçavoir premierement une
droite,&une gauche,comme les animaux terrestres
;
.& outrecelaunetroisiéme
cavité, comme feule, ainsi
que dans les animaux aquatiques, laquelle est firuée
entre les deux premieres;
en telle
6
forte cependant
qu'elle communique avec
la droite, comme celle-cy
communique avec la gauche, & qu'elle n'a point
d'oreillette, comme ces
deux dernieres.
Ils conviennent de plus
que le fang des différentes
parties du corps de ces animaux (excepté le poumon)
-vient se rassembler dans
1"oreillette droite de leur
cœur , & que celuy des
poumons ,ou si l'on veut
du poumon, parce que les
serpensn'enont qu'un) est
rapportédansl'oreillette
1
gauche
,
d'où il est versé
dans son ventricule pendant que le cœur se dilate,
le tout comme dans les
animaux rerreftres
:
mais
pendant le resserrement du
coetir l'adion est differente de ce qui se passe dans
les animaux rerrestres;parce que dans les amphibies
l'Aorte part du ventricule
droit, & non pas du gauche, & l'artere du poumon
vient du troisiéme ventricule,commedansles aquatiques. Il sort encore du
ventricule droit une fecon-
de ou nouvelle Aorte qui
va se reunir avec l'artere
descendante au dessous du
cœur, à peu prés comme le
canal Botal dans les fœtus
rerrestres;& pourun usage
tout semblable; & les quatre Autheurs citez conviennent encore de toutes
ces parties. A l'égard de
leur usage je considere que
pendant le resserrement du
coeur) le fang estobligéde
passer du ventricule gauche dans le droit, n'ayant
point d'autre issuë;&comme ce passage se fait par le
haut du ventricule droit,
& que ce fang imprégné
del'air des poumons,est
peu propre:à se mo lier
avec celuy qu'il trouve
dans le ventricle droir, lequel en est beaucoup plus
destitué;le fang qui vient
du ventricule gauche dans
le droit, en chasse celuy
qu'il y rencontre & l'oblige de fuir dansle troisiéme
ventricule dont la communication avec le droit cft
plus bas, pour de là passer
dans l'artere pulmonaire,
& aller aux poumons, tan-
dis que luy-mesme prend
le chemin des Aortesascendantes & defcendanres, quisontau dessus du
ventricule droit &ce chemin du fang par le cœur
des amphibies ne souffre
pas encore de difficulté,
parce que les communications & les valvules le démonstrent; mais ces mesmes Autheurs ne s'accordenr pas dans le reste,c'està dire, dans l'application
que Mr Mery en fait à son
Systeme.
Car depuis la découverte
de la circulation du sang
dans les adultesterrestres,
du trou ovale,&du canal
Bocal
,
tous les Anatomistes convenoient que le sœtus ne respirant point, ses
poumons devoient estre
très affaisez,&qu'il n'y
pourroitpasser par consequent que très
-
peu de
ifang: c'est ce qui les obHgeoit à
en faire passer au
i,.,joins-L de l'oreillette droite dans la gauche par le
trouovale, pour soulager
les poumons, & plus d'un
tiers.par le canalBotal dans
l'Aorte descendance,poi
la mesme fin. Le premi
se joignoit dans l'oreille
gauche avec le peu qu'ell
en recevoit des poumon
pour entrer
-
conjointe
ment dans le ventricul
gaucher de là estre pourfi
pesle mesle dans les Aor
tes;maisparticulierement
dans l'ascendante qui eii
auroit reccu trop peu sans
ce recours; & le secon d se
mesloit avec celuy de l'Aor-j
te descendante pour
arrofer les parties inférieures
du corps.
Mais Mr Mery ayant
ouvé dans plusieurs soes
qu'il adissequez l'Artee
pulmonaire mesme au
elà du canal de commuication
,
plus grosse que
Aorte à sa naissance
,
a
reu qu'il devoir paffer
eaucoup plus de fang par
L premiere que par la deriere, &qu'ainsi tout le
ang, qui felon cet Auleur) passe par les pounons du fœtus, ne pouant monter par l'Aorte,
[ falloit qu'unepartie de
e
fang arrivé dans l'oreil-
lette gauche,repassastdans
la droite
,
pour soulager:
cette Aorte. Il a
creudes
plus que la disposition de:
la membrane qui est am
trou ovale, favorisoit les
passage du fang en ce sens,
Mais ce qui fèllllble l'avoir
le plus déterminéà fonden
ce nouveau Systeme, ç'a
este le partage du fang dui
ventricule gauche de la
Tortuë dans le droit dont
on vient de parler; parces
qu'il a creu qu'on pouvoit
comparer la communica—
tion de ces deux vencricu-
[es avec le trou ovale, &
la secondé ou nouvelle
Aorte des amphibies avec
le canal Bocal. Mr Mery
auroit pu adjouster à
toutes ces rairons, que peutestre le fondement sur lequel l'ancien Systeme est
establi, n'est pas inebranlable; scavoir que les poumons des fœtus terrestres
font tellement affaissez,
que le fang n'y sçauroit
passer; car il n'est pas necessaire de vesicules pleines d'air, dans les autres
g
landes pour y
faire passer
le sang,& l'effort du cœur
de la mere suffit. Pourquoy donc l'effort des
cœurs de la mere & du
fœtus enreroble ne suffisent-ils pasaussîpourpouffer le fang - au travers des
poumons,qui ne sontcomposez que de glandes
;
il
semble au contraire que
s'il y avoit beaucoup d'air
comprimé entre les glandes du Pancreas, du Mezentere, &c. ilferoitplus.
propre à arrester la circulation du fang qu'ellescontiennent, qu'à la faciliter
>
par
par la compression qu'il
feroit sur leurs vaisseaux
sanguins.
Maisrevenons à nos Au.
theurs. MrsTauvry & Duvernay se font opposez à
ce nouveau Systeme, &
pour cet effet le premier a
fait voir des cœurs de fœtus dans lesquels l'Aorte à
la sortie du cœur estoit
plus grosse que l'artere pulmonaire au delà du canal
Botal. Cependant cette experience ne détruit pas absolument le premier fondement de Mr Mery, par-
ce qu'il y a
plusieurs fœtus donr l'Aorte eH: plus
menuë que l'arrere pulmonaire dans les premiers
mois de leur accroissement, & plus grosse dans
les derniers mois.
-
Mais
Mr Tauvry l'attaque d'une
autre maniéré , en arrribuant la grosseur excessive
de l'artere du poumon, par
rapport à rAortet à la difficulté que le sang trouve
a
circuler par les poumons,
particulièrement quand le
fœtus est peu avancé en
âge; ce qui semble affoi-
blir le nouveau Systeme,
(supposé que son fondement foit bon.) Mr Chemineau a
examiné un foetus qui a eu vie, dont le
cœur s'esttrouvé semblable à ceux des amphibies, (excepté que son Aorte
ancienne naissoit de son
troisiémeventricule
,
ôc
non pas du droit, & que
la féconde ou nouvelle
Aorte ne s'y trouvoit point
du tout. ) Dans ce cœur l'artérepulmonaire, qui a
sanaissanceestoit plus menuë que l'Aorte, la fur-
passoit de beaucoup proche les poumons, ce qui
semble favoriser les partisans de l'ancienne opinion
,
supposé toujours
qu'ils soient bien fondez.
A l'égard de Mr Duvernay, il neconvient pas de
la com paraison que Mr
Mery fait du trou ovale
,
avec la communication du
venrricule gauche, & du
droit dans les Tortuës, à
cause des différentessituations de ces ouvertures.,
dont l'une est entre les oreillettes dans les animaux
terrestres, & l'autre entre
--.. lesventricules dans les amphibies. Il objecte de plus
à Mr Mery
,
qu'en voulant
décharger l'Aorte par le
trou ovate~ôe les poumons
par le canal Botal, il furcharge d'un autre costé les
poumons, du fang qui revient de l'oreillette gauche
dans la droite. A quoy il
adjouste, que dans le nouveau Systeme le fang de la
ere efl: trop ralienti ôz
trop affoibli par son partage au travers des poumons
du fœtus, ôc qu'il est plus
a propos d'en faire palTer
du moins une partie par l'Aorteascendante immediatement comme il en
passe une autre partie immédiatement dans l'Aorte descendante
,
afin que
les parties superieures n'ayent pas en cela une condition pire que les inférieures. Quam à la seconde
ou nouvelle Aorte des amphibies Mr Duvernay ne
convient pas non plus qu'-
on puisse la comparer au
canal Botal:caril prétend
qu'elle ne fert qu'à distri-
buer du fang à leur estomac. Mais on ne sçauroit
cependant douter, que si
ellen'existoit point,le fang
qu'elle porte ne deust palfer, du moins en partie,
par l'artere pulmonaire;
ainsi on ne peut disconvenir qu'elle ne foulage les
poumons danslesanimaux
oùelle se trouve; & on ne
sçauroit penser non plus,
qu'elle soit delhnée uniquement pour leur estomac , puisque la Nature
pouvoir s'en paffer en tirant de l'Aorte defcendan-
te desrameaux pourl'usage
deceviscere.Onpeutdonc
croire, que quand l'am- 1
phibie ne respire pas comme quand ilest dans l'eau,
l'air qu'il tient comprimé
au dedans de ses poumons
y
retarde lacirculation de
sonsang,cequi l'oblige de
s'échaper alors en partie
par l'ancienne & la nouvelle Aorte plus abondamment que quand l'animal
respire
,
comme il arrive
dans le fœtus qui ne respire
point encore, parce que la
rerpiration met les parties
des
des poumons au large, &
facilite le cours du sang,
au lieu que l'expiration les
comprime & les retarde,
ainsi l'expiration ou la
compression de l'air dans
les vesicules des poumons
fait précisément le mesme effet que leur propre
poids dans les fœtus
,
1
d'où il suit qu'estre amphibie
,
c'est en quelque
façon encore estretantost
adulte
,
sçavoir quand ils
font à l'air, & tantost fœtus,scavoir quand ils font
dans l'eau.
On peut penser la mefme chose d'une autrees--
pece d'amphibies qui nont
qu'un ventricule, qu'une
oreillette,&qu'une Aorte,
comme les poissons
,
tels
fontla Salamandre, la
Grenouille
,
&c. sçavoir
que quand ils respirent
l'air, leur cœur par cette
aorte envoye une quantité
considerablede son fang
dans leur poumon pours'y
vivifier; mais que quand
l'animal est dans l'eau &y
comprime de l'air enfermé dans ses poumons, ily /s
passe alors moins de fang,
& tour prend le chemin des
Aortes ascendantes & descendances.
A l'égard des poissons il
semble ZD qu'ils devroient
avoir aussi cette nouvelle
Aorte préférablementaux
autres espèces d'animaux,
parce qu'ils ne paroissent
pas respirer
; mais on va
voir au contraire qu'ils respirent continuellement;
ainsi ils n'en ont nullement
besoin.
Pour revenir à la question du trou ovale MrDe-
litre a
fait voir à l'Académie le cœur d'un homme
de quarante ans dans lequel le trou estoit encore
tout ouvert. La continuation de la veine pulmonaire qui le compose conjointement avec l'oreillette
droite, y
offroit à la veuë
une espece d'entonnoir,
dont l'embouchure regardoit l'oreillette gauche,
comme il paroist dans les
fœtus humains. De plus
l'artere du poumon y
estoit
de beaucoup plus grosse
que l'Aorte, quoy qu'elle
ne souffrist pascependant
de resistance du costé des
poumons de cet homme
qui avoit l'usage de la respiration libre. Ainsi la réfutation prétendue de Mr
Tauvry dont on a
parlé,
& celle qu'on prétendoit
tirer du fœtus de MrChemineau ne peuvent plus
subsister.D'ailleurs le canal Botal estantdesseiché
dans cet homme comme
dans tous les adultes, tout
le fang de l'artere du poumon estoit obligé de revenir par sa veine pulmonai-
re,qui luy estoit égale en
grosseur;ainsi pour contenir tout ce fang, il auroit
fallu une oreillette & un
ventricule gauche,& une
Aorte aussi spacieux que du
cossé droit, au lieu qu'ils
cftoient de beaucoup plus
petits. Il faut donc dire
qu'une partie du sangrapporté par la veine du poumon, se dechargeoit par
le trou ovalaire dans l'oreillette droite,& qu'il n'y
en avoit qu'une partie qui
entrast dans l'oreillette
gauche) & de là dans son
ventricule,pour estre poussée par l'Aorte précisement comme dans le nouveau Systeme de Mr Mery
touchant les foetus. Au lieu
que selonl'ancien Systeme
il faudroit dire que les parties gauches du cœur de
cethomme
,
recevoient
autant de fang, que les
parties droites qui sont
plus amples, ce qui paroiss
renfermer une espece de
répugnance.
Il , ne reste plus que d'examiner ce qui se paÍfe
dans lesVeaux & Agneaux
fœtus, où Mr Tauvry
a
trouvé les parties gauches
du cœur plus grandes que
les droites. Car s'il suitdelà, selon Mr Mery mesme,
que le mouvement du fang
se fait dans le cœur de ces
animaux d'une manière
opposée à celle du fœtus
humain, c'està dire, selon
le Systeme d'Hervée. C'est
aussicedont Mr Mery convient, pourveu qu'on luy
accorde que dans les fœtus
humains la circulation se
fait selon son nouveau Systeme. lequel ne suppose
autre principe dans l'Autheur de la nature, sinon
celuy-cy donc tous les
Philosophes conviennent.
(Disposuit omniasuaviter. )
Quant à la respiration
des poissons dont on vient
de parler, il faut considerer premièrement que le
fang qui va de leur cœur à
leurs oüyes par l'artere des
oüyes
,
est noiraftre
,
en
comparaison de ce qu'il est
au sortir des mesmes oüyes,
où il est vermeil comme
au sortirdes poumons dans
les animaux qui respirent,
d'où il suit desja que les
oüyes des poissons leur
-
tiennent lieu de poumons.
Secondement les poissons
vivent tres peu de temps
dans l'eaudonc on a
tiré
l'air. Troisiémement lorsqu'on les enferme dans
une bouteille pleine d'eau
ils n'y demeurent pas longtempssans y estre étouffez,
à moins qu'on ne la débouche pour y
laisser entrer de,
l'air nouveau dans l'eau
;
car on sçait que seau destituée d'air s'en remplit en
peu de temps quand on l'y
exposeà découvert. C'est
pour cela que pendant les
longues gelées on estobligédecasser la glace des
rivieres, estangs & autres
reservoirs de poisson
,
afin
qu'ils puissent respirer l'air
qui entre dans l'eau par
ces ouvertures. C'est par
la mesme raison que quand
on remplit un reservoirde
poisson, peu de temps a
près
tout le poisson tient sa teste
à la surface de l'eau pour
venir respirer. Quatrièmement l'action des paneaux
des oüyes des poissons est
perpetuelle,sçavoir de s'elever & de s'abbaisser successivement comme lapoitrine. Cinquiémementon
- ne sçauroit douter que par
cette action ils ne prennent continuellement de
reau par leur bec qùlis
cliaffent" ensuite au travers
de leurs oüyes. Or si cette
action ne servoit pas à filtrer de l'air dans leur fang,
comme celle despoumons
des autres animaux, il paroist que la Nature auroit
fait de lamachine la plus
composéelachosE la plus
inutile;car premièrement
l'eau que les poissons avallent avec leursaliments,est
plus que suffisante pour
leur nourriture; & ils n'ont
pas besoin d'oüyes pour cet
effet. De plus on ne voit
point ce qu'ils peuvent tirer de l'eau, sinon de l'air
qui leur estnecessaire comme aux autres animaux
pour former des esprits &
desferments. Enfinonne
voit point non plus en eux
aucun autre instrument
pour attirer de l'air que
leurs wyesJ ni que la fepa-
ration de l'air dans l'eau au
moyen de ces oiiyes
,
soit
plus difficile que celle des
parties de la bile dans le
foye
,
de l'urine dans les
reins, du lait dans les mamelles, & de toutesles autres liqueurs contenues
dans le fang des animaux,
dans le fang mesme, puifqu'il ne faut que supposer
dans lesoüyesdespoissons
des glandes ou des tuyaux
desjapleins d'air & tout
ouverts qui s'embouchent
dans les arteres des oüyes;
car l'eau venant à couler
(ur les orifices de ces
tuyaux, ne pourra se joindre à l'air qu'ils contien-
;nene à causede la diversité
ede - leurs parties; mais l'air
contenu dans les pores de
-
de leau, ne manquera pas de s'incorporer avec cet
air
,
& de le chasser en
avant,àcause qu'ilest prefsé luy mesme par les paneaux des oüyes. Quant à
lacomposition des cuves
il suffit pour en juger, de
se representer ce que Mr
Duvernay nous en apprend, sçavoir qu'il y a
soixante neuf muscles qui
servent à leur aétionj que
chaque feuillet d'oüye est
composéde270. lames,ce
qui fait u£o. lames pour
les deux ouyes
,
à quatre
feuillets pour chaque oüye.
Que fîirla face de chacune
de ces lames il y a 21 6 o.
petits filets de vaisseaux
sanguins ou d'anastomes,
ce qui fait prés de
10000000. d'anastomes
en tout.
MéÚs pour avoir une
idée
-
plus nette de toute
cette mechanique admirable
rable des ouyes
,
il faut
sçavoir que l'arterc qui
tient lieu de pulmonaire
dans les poissons à laforcie
de leur cceur, se partage
en huit branches
;
sçavoir
quatre à droite
,
& quatre
à gauche; les quatre ra.
meaux vont de chaquecofié se rendre à quatre arcs
osseux qui soustiennent les
feuillets des oüyes, sçavoir
chaque rameau dans le demi canal ou goutiere qu^
regne te long de la convexité de cet arc. Ce rameau
dans tout son coursle long
de cette goutiere
,
envoye
deux branches d'artere à
chaque lame des oüyes
dont un feuillet est com- posé, parce que chaque
lame est elle
-
mesme composée de deux parties ou
lamelles faites en forme de
faux adoffécs
,
posées de
travers sur le chan par leur
base sur la goutiere, & liées
par quantité de filets de
nerfs. Le dos & la bafe de
ces faux est pareillement
osseux pour leur donner de
la consistance, & pour soustenir le rameau d'arterc
& de nerfs, qui monte le
long du dos de chaque
faux jusqu'à sa pointe où
il se termine. De cette
pointe part une veine qui
descendant le long du
tranchant de la faux passe
par dessous sa bafe
,
ôc là
se reunissant avec la veine
pareille de la faux opposee,
elles entrent conjointement dans un tuyau ve- ineux qui regne le long de
la mesme goutiere à costé
;de l'arreriel. On trouve encore le long de cette mes-
[me goutiere un rameau de
nerf qui fert à former les
membranes & ligarnens
donc les lames des oüyes
font unies entr'elles. Ilya
de plus un nombre presqu'innombrable de petits
vaisseaux sanguins qui s'estendent directement du
dos de chaque faux à son
tranchant sur chacune de
ses faux & ce sont les communications ou anastomeses si cherchées par les Anatomistes des arreres avec
les veines. Enfin ces anastomeses font distinguées
les unes des autres, & fou-
stenues par autant de filets osseux faits en forme
de poils,& par des rameaux
de nerfsqui partent du dos
de chaque faux.fW'
Les tuyaux veneux qui
régnent le long des goutiercs estant arrivez à leur
extremitédu cossé de dessus ou du cerveau du poisson, prennent taconditance d'arteres, & suppléent
àce que le cœur manque
de faire dans les poissons;
car ils se réunifient en un
tronc qui forme l'Aorte
amendante&descendan-
** — - *
te & par là fournissent du ;
fang vivifié d'air à la teste
& aux parties inférieures.
Mais à l'autre extremité
des goutieres ils se reunissent en un seul tronc veneux qui va se rendre à
l'oreillette du cœur avec les
autres veines qui rapportent le fang du reste du
corps de l'animal Voila
bien des merveilles jusques là inconnuës aux Anaromistes. Il faut esperer,
-
que le temps nous en découvrira bien d'autres.
A V
excita en 1699. entre
jMejJïeurs Mery & Du*
verneysur la circulation
du sang par le cœur du
fétus humain,ayant donne occasion d'examiner
celle de quantité de differens animaux tant terrestresqu'aquatiques, &
amphibies, & même leur
maniere de respirer
,
&
tout ce qui s'elf dit à ce Jujet, aussi-bien que toutes les experiences quiont
été faites par plusieurs
sçavans anatomistes de
France & d'Angleterre
se trouvant dispersé ei
differens volumes qui on
paru depuis pendantplusieursannées; M. Parem
a cru faireplaisir au Public de lui donner le tout
rassembléen abregé,&
comme dans un point de
vûè, afin qu'ilpuisseplus
aisément embrasser cette
partie danatomiequisans
contredit efi une des plus
interessantes qu'on puiffc
traiter.
ABREGE
desafameusequestion
sur la circulation du
sangparle cœur dufœ~
tus, où l'onrapporte
les experiences f5 les
raisonnements deMes
sieurs Mery, Tauvigi,
Duvernay, & Deliire, ~Cfparoccasîon le
Systeme de Mr Duvernày sur la respira-
classes,sçavoir les terres-
,. tres
,
les aquatiques, & les
amphibies. Le mouvement
du sang dans le caur des
aquatiques est le plus aisé
à expliquer, & ne souffre
aucune difliculté ; parce
que leur cœur n'ayant qu'-
une oreillette & qu'un ventricule ou cavité
,
on ne
peut douter que lesang ne
se rende de toutes les parties de leur corps danscet-,
te oreillette,qui par sa contraction le verte ensuite
dans le coeur, tandis qu'il
se dilate
;
après quoy le
cœur en fè resserrant le
;
pousse dans l'Aorte, &de
là dansroutes les parties de
l'animal. Mais à l'égard des
animaux terrettres donc
i
le cœura deux ventricules
ou cavitez
,
& chaque cavité une oreillette
,
tout le
monde aujourd'huy convient que dés qu'ils refpi-
«? rent le fang de tout leur
corps, ( excepté celuy des
poumons) est apporté par
les veines caves ascendantes & descendantes dans
l'oreillette droite de leur
coeur, en mesme temps
que celuy de leurs poumons est versé dans la gauche par la veine du poumon;& qu'ensuite ces deux
oreillertes Ce resserrant toutes deux en mesme temps,
exprimenttout le sangdonc
elles font chargées chacune dans son ventricule,
tandis que le cœur se dilate, a
prés quoy le cœur venant à se resserrer
,
pousse
le fang de son ventricule
droit dans les poumons par
l'artere pulmonaire & celuy de son ventricule gauche dans les Aortes ascen-
dantes & descendantes
,
d'où il estensuite distribué
àtouteslesparties du corps.
Quant auxamphibies tels
que les tortuës, les serpens,
&c. LesAutheurscydessus conviennent que leur
cœur a
trois cavitez
,
sçavoir premierement une
droite,&une gauche,comme les animaux terrestres
;
.& outrecelaunetroisiéme
cavité, comme feule, ainsi
que dans les animaux aquatiques, laquelle est firuée
entre les deux premieres;
en telle
6
forte cependant
qu'elle communique avec
la droite, comme celle-cy
communique avec la gauche, & qu'elle n'a point
d'oreillette, comme ces
deux dernieres.
Ils conviennent de plus
que le fang des différentes
parties du corps de ces animaux (excepté le poumon)
-vient se rassembler dans
1"oreillette droite de leur
cœur , & que celuy des
poumons ,ou si l'on veut
du poumon, parce que les
serpensn'enont qu'un) est
rapportédansl'oreillette
1
gauche
,
d'où il est versé
dans son ventricule pendant que le cœur se dilate,
le tout comme dans les
animaux rerreftres
:
mais
pendant le resserrement du
coetir l'adion est differente de ce qui se passe dans
les animaux rerrestres;parce que dans les amphibies
l'Aorte part du ventricule
droit, & non pas du gauche, & l'artere du poumon
vient du troisiéme ventricule,commedansles aquatiques. Il sort encore du
ventricule droit une fecon-
de ou nouvelle Aorte qui
va se reunir avec l'artere
descendante au dessous du
cœur, à peu prés comme le
canal Botal dans les fœtus
rerrestres;& pourun usage
tout semblable; & les quatre Autheurs citez conviennent encore de toutes
ces parties. A l'égard de
leur usage je considere que
pendant le resserrement du
coeur) le fang estobligéde
passer du ventricule gauche dans le droit, n'ayant
point d'autre issuë;&comme ce passage se fait par le
haut du ventricule droit,
& que ce fang imprégné
del'air des poumons,est
peu propre:à se mo lier
avec celuy qu'il trouve
dans le ventricle droir, lequel en est beaucoup plus
destitué;le fang qui vient
du ventricule gauche dans
le droit, en chasse celuy
qu'il y rencontre & l'oblige de fuir dansle troisiéme
ventricule dont la communication avec le droit cft
plus bas, pour de là passer
dans l'artere pulmonaire,
& aller aux poumons, tan-
dis que luy-mesme prend
le chemin des Aortesascendantes & defcendanres, quisontau dessus du
ventricule droit &ce chemin du fang par le cœur
des amphibies ne souffre
pas encore de difficulté,
parce que les communications & les valvules le démonstrent; mais ces mesmes Autheurs ne s'accordenr pas dans le reste,c'està dire, dans l'application
que Mr Mery en fait à son
Systeme.
Car depuis la découverte
de la circulation du sang
dans les adultesterrestres,
du trou ovale,&du canal
Bocal
,
tous les Anatomistes convenoient que le sœtus ne respirant point, ses
poumons devoient estre
très affaisez,&qu'il n'y
pourroitpasser par consequent que très
-
peu de
ifang: c'est ce qui les obHgeoit à
en faire passer au
i,.,joins-L de l'oreillette droite dans la gauche par le
trouovale, pour soulager
les poumons, & plus d'un
tiers.par le canalBotal dans
l'Aorte descendance,poi
la mesme fin. Le premi
se joignoit dans l'oreille
gauche avec le peu qu'ell
en recevoit des poumon
pour entrer
-
conjointe
ment dans le ventricul
gaucher de là estre pourfi
pesle mesle dans les Aor
tes;maisparticulierement
dans l'ascendante qui eii
auroit reccu trop peu sans
ce recours; & le secon d se
mesloit avec celuy de l'Aor-j
te descendante pour
arrofer les parties inférieures
du corps.
Mais Mr Mery ayant
ouvé dans plusieurs soes
qu'il adissequez l'Artee
pulmonaire mesme au
elà du canal de commuication
,
plus grosse que
Aorte à sa naissance
,
a
reu qu'il devoir paffer
eaucoup plus de fang par
L premiere que par la deriere, &qu'ainsi tout le
ang, qui felon cet Auleur) passe par les pounons du fœtus, ne pouant monter par l'Aorte,
[ falloit qu'unepartie de
e
fang arrivé dans l'oreil-
lette gauche,repassastdans
la droite
,
pour soulager:
cette Aorte. Il a
creudes
plus que la disposition de:
la membrane qui est am
trou ovale, favorisoit les
passage du fang en ce sens,
Mais ce qui fèllllble l'avoir
le plus déterminéà fonden
ce nouveau Systeme, ç'a
este le partage du fang dui
ventricule gauche de la
Tortuë dans le droit dont
on vient de parler; parces
qu'il a creu qu'on pouvoit
comparer la communica—
tion de ces deux vencricu-
[es avec le trou ovale, &
la secondé ou nouvelle
Aorte des amphibies avec
le canal Bocal. Mr Mery
auroit pu adjouster à
toutes ces rairons, que peutestre le fondement sur lequel l'ancien Systeme est
establi, n'est pas inebranlable; scavoir que les poumons des fœtus terrestres
font tellement affaissez,
que le fang n'y sçauroit
passer; car il n'est pas necessaire de vesicules pleines d'air, dans les autres
g
landes pour y
faire passer
le sang,& l'effort du cœur
de la mere suffit. Pourquoy donc l'effort des
cœurs de la mere & du
fœtus enreroble ne suffisent-ils pasaussîpourpouffer le fang - au travers des
poumons,qui ne sontcomposez que de glandes
;
il
semble au contraire que
s'il y avoit beaucoup d'air
comprimé entre les glandes du Pancreas, du Mezentere, &c. ilferoitplus.
propre à arrester la circulation du fang qu'ellescontiennent, qu'à la faciliter
>
par
par la compression qu'il
feroit sur leurs vaisseaux
sanguins.
Maisrevenons à nos Au.
theurs. MrsTauvry & Duvernay se font opposez à
ce nouveau Systeme, &
pour cet effet le premier a
fait voir des cœurs de fœtus dans lesquels l'Aorte à
la sortie du cœur estoit
plus grosse que l'artere pulmonaire au delà du canal
Botal. Cependant cette experience ne détruit pas absolument le premier fondement de Mr Mery, par-
ce qu'il y a
plusieurs fœtus donr l'Aorte eH: plus
menuë que l'arrere pulmonaire dans les premiers
mois de leur accroissement, & plus grosse dans
les derniers mois.
-
Mais
Mr Tauvry l'attaque d'une
autre maniéré , en arrribuant la grosseur excessive
de l'artere du poumon, par
rapport à rAortet à la difficulté que le sang trouve
a
circuler par les poumons,
particulièrement quand le
fœtus est peu avancé en
âge; ce qui semble affoi-
blir le nouveau Systeme,
(supposé que son fondement foit bon.) Mr Chemineau a
examiné un foetus qui a eu vie, dont le
cœur s'esttrouvé semblable à ceux des amphibies, (excepté que son Aorte
ancienne naissoit de son
troisiémeventricule
,
ôc
non pas du droit, & que
la féconde ou nouvelle
Aorte ne s'y trouvoit point
du tout. ) Dans ce cœur l'artérepulmonaire, qui a
sanaissanceestoit plus menuë que l'Aorte, la fur-
passoit de beaucoup proche les poumons, ce qui
semble favoriser les partisans de l'ancienne opinion
,
supposé toujours
qu'ils soient bien fondez.
A l'égard de Mr Duvernay, il neconvient pas de
la com paraison que Mr
Mery fait du trou ovale
,
avec la communication du
venrricule gauche, & du
droit dans les Tortuës, à
cause des différentessituations de ces ouvertures.,
dont l'une est entre les oreillettes dans les animaux
terrestres, & l'autre entre
--.. lesventricules dans les amphibies. Il objecte de plus
à Mr Mery
,
qu'en voulant
décharger l'Aorte par le
trou ovate~ôe les poumons
par le canal Botal, il furcharge d'un autre costé les
poumons, du fang qui revient de l'oreillette gauche
dans la droite. A quoy il
adjouste, que dans le nouveau Systeme le fang de la
ere efl: trop ralienti ôz
trop affoibli par son partage au travers des poumons
du fœtus, ôc qu'il est plus
a propos d'en faire palTer
du moins une partie par l'Aorteascendante immediatement comme il en
passe une autre partie immédiatement dans l'Aorte descendante
,
afin que
les parties superieures n'ayent pas en cela une condition pire que les inférieures. Quam à la seconde
ou nouvelle Aorte des amphibies Mr Duvernay ne
convient pas non plus qu'-
on puisse la comparer au
canal Botal:caril prétend
qu'elle ne fert qu'à distri-
buer du fang à leur estomac. Mais on ne sçauroit
cependant douter, que si
ellen'existoit point,le fang
qu'elle porte ne deust palfer, du moins en partie,
par l'artere pulmonaire;
ainsi on ne peut disconvenir qu'elle ne foulage les
poumons danslesanimaux
oùelle se trouve; & on ne
sçauroit penser non plus,
qu'elle soit delhnée uniquement pour leur estomac , puisque la Nature
pouvoir s'en paffer en tirant de l'Aorte defcendan-
te desrameaux pourl'usage
deceviscere.Onpeutdonc
croire, que quand l'am- 1
phibie ne respire pas comme quand ilest dans l'eau,
l'air qu'il tient comprimé
au dedans de ses poumons
y
retarde lacirculation de
sonsang,cequi l'oblige de
s'échaper alors en partie
par l'ancienne & la nouvelle Aorte plus abondamment que quand l'animal
respire
,
comme il arrive
dans le fœtus qui ne respire
point encore, parce que la
rerpiration met les parties
des
des poumons au large, &
facilite le cours du sang,
au lieu que l'expiration les
comprime & les retarde,
ainsi l'expiration ou la
compression de l'air dans
les vesicules des poumons
fait précisément le mesme effet que leur propre
poids dans les fœtus
,
1
d'où il suit qu'estre amphibie
,
c'est en quelque
façon encore estretantost
adulte
,
sçavoir quand ils
font à l'air, & tantost fœtus,scavoir quand ils font
dans l'eau.
On peut penser la mefme chose d'une autrees--
pece d'amphibies qui nont
qu'un ventricule, qu'une
oreillette,&qu'une Aorte,
comme les poissons
,
tels
fontla Salamandre, la
Grenouille
,
&c. sçavoir
que quand ils respirent
l'air, leur cœur par cette
aorte envoye une quantité
considerablede son fang
dans leur poumon pours'y
vivifier; mais que quand
l'animal est dans l'eau &y
comprime de l'air enfermé dans ses poumons, ily /s
passe alors moins de fang,
& tour prend le chemin des
Aortes ascendantes & descendances.
A l'égard des poissons il
semble ZD qu'ils devroient
avoir aussi cette nouvelle
Aorte préférablementaux
autres espèces d'animaux,
parce qu'ils ne paroissent
pas respirer
; mais on va
voir au contraire qu'ils respirent continuellement;
ainsi ils n'en ont nullement
besoin.
Pour revenir à la question du trou ovale MrDe-
litre a
fait voir à l'Académie le cœur d'un homme
de quarante ans dans lequel le trou estoit encore
tout ouvert. La continuation de la veine pulmonaire qui le compose conjointement avec l'oreillette
droite, y
offroit à la veuë
une espece d'entonnoir,
dont l'embouchure regardoit l'oreillette gauche,
comme il paroist dans les
fœtus humains. De plus
l'artere du poumon y
estoit
de beaucoup plus grosse
que l'Aorte, quoy qu'elle
ne souffrist pascependant
de resistance du costé des
poumons de cet homme
qui avoit l'usage de la respiration libre. Ainsi la réfutation prétendue de Mr
Tauvry dont on a
parlé,
& celle qu'on prétendoit
tirer du fœtus de MrChemineau ne peuvent plus
subsister.D'ailleurs le canal Botal estantdesseiché
dans cet homme comme
dans tous les adultes, tout
le fang de l'artere du poumon estoit obligé de revenir par sa veine pulmonai-
re,qui luy estoit égale en
grosseur;ainsi pour contenir tout ce fang, il auroit
fallu une oreillette & un
ventricule gauche,& une
Aorte aussi spacieux que du
cossé droit, au lieu qu'ils
cftoient de beaucoup plus
petits. Il faut donc dire
qu'une partie du sangrapporté par la veine du poumon, se dechargeoit par
le trou ovalaire dans l'oreillette droite,& qu'il n'y
en avoit qu'une partie qui
entrast dans l'oreillette
gauche) & de là dans son
ventricule,pour estre poussée par l'Aorte précisement comme dans le nouveau Systeme de Mr Mery
touchant les foetus. Au lieu
que selonl'ancien Systeme
il faudroit dire que les parties gauches du cœur de
cethomme
,
recevoient
autant de fang, que les
parties droites qui sont
plus amples, ce qui paroiss
renfermer une espece de
répugnance.
Il , ne reste plus que d'examiner ce qui se paÍfe
dans lesVeaux & Agneaux
fœtus, où Mr Tauvry
a
trouvé les parties gauches
du cœur plus grandes que
les droites. Car s'il suitdelà, selon Mr Mery mesme,
que le mouvement du fang
se fait dans le cœur de ces
animaux d'une manière
opposée à celle du fœtus
humain, c'està dire, selon
le Systeme d'Hervée. C'est
aussicedont Mr Mery convient, pourveu qu'on luy
accorde que dans les fœtus
humains la circulation se
fait selon son nouveau Systeme. lequel ne suppose
autre principe dans l'Autheur de la nature, sinon
celuy-cy donc tous les
Philosophes conviennent.
(Disposuit omniasuaviter. )
Quant à la respiration
des poissons dont on vient
de parler, il faut considerer premièrement que le
fang qui va de leur cœur à
leurs oüyes par l'artere des
oüyes
,
est noiraftre
,
en
comparaison de ce qu'il est
au sortir des mesmes oüyes,
où il est vermeil comme
au sortirdes poumons dans
les animaux qui respirent,
d'où il suit desja que les
oüyes des poissons leur
-
tiennent lieu de poumons.
Secondement les poissons
vivent tres peu de temps
dans l'eaudonc on a
tiré
l'air. Troisiémement lorsqu'on les enferme dans
une bouteille pleine d'eau
ils n'y demeurent pas longtempssans y estre étouffez,
à moins qu'on ne la débouche pour y
laisser entrer de,
l'air nouveau dans l'eau
;
car on sçait que seau destituée d'air s'en remplit en
peu de temps quand on l'y
exposeà découvert. C'est
pour cela que pendant les
longues gelées on estobligédecasser la glace des
rivieres, estangs & autres
reservoirs de poisson
,
afin
qu'ils puissent respirer l'air
qui entre dans l'eau par
ces ouvertures. C'est par
la mesme raison que quand
on remplit un reservoirde
poisson, peu de temps a
près
tout le poisson tient sa teste
à la surface de l'eau pour
venir respirer. Quatrièmement l'action des paneaux
des oüyes des poissons est
perpetuelle,sçavoir de s'elever & de s'abbaisser successivement comme lapoitrine. Cinquiémementon
- ne sçauroit douter que par
cette action ils ne prennent continuellement de
reau par leur bec qùlis
cliaffent" ensuite au travers
de leurs oüyes. Or si cette
action ne servoit pas à filtrer de l'air dans leur fang,
comme celle despoumons
des autres animaux, il paroist que la Nature auroit
fait de lamachine la plus
composéelachosE la plus
inutile;car premièrement
l'eau que les poissons avallent avec leursaliments,est
plus que suffisante pour
leur nourriture; & ils n'ont
pas besoin d'oüyes pour cet
effet. De plus on ne voit
point ce qu'ils peuvent tirer de l'eau, sinon de l'air
qui leur estnecessaire comme aux autres animaux
pour former des esprits &
desferments. Enfinonne
voit point non plus en eux
aucun autre instrument
pour attirer de l'air que
leurs wyesJ ni que la fepa-
ration de l'air dans l'eau au
moyen de ces oiiyes
,
soit
plus difficile que celle des
parties de la bile dans le
foye
,
de l'urine dans les
reins, du lait dans les mamelles, & de toutesles autres liqueurs contenues
dans le fang des animaux,
dans le fang mesme, puifqu'il ne faut que supposer
dans lesoüyesdespoissons
des glandes ou des tuyaux
desjapleins d'air & tout
ouverts qui s'embouchent
dans les arteres des oüyes;
car l'eau venant à couler
(ur les orifices de ces
tuyaux, ne pourra se joindre à l'air qu'ils contien-
;nene à causede la diversité
ede - leurs parties; mais l'air
contenu dans les pores de
-
de leau, ne manquera pas de s'incorporer avec cet
air
,
& de le chasser en
avant,àcause qu'ilest prefsé luy mesme par les paneaux des oüyes. Quant à
lacomposition des cuves
il suffit pour en juger, de
se representer ce que Mr
Duvernay nous en apprend, sçavoir qu'il y a
soixante neuf muscles qui
servent à leur aétionj que
chaque feuillet d'oüye est
composéde270. lames,ce
qui fait u£o. lames pour
les deux ouyes
,
à quatre
feuillets pour chaque oüye.
Que fîirla face de chacune
de ces lames il y a 21 6 o.
petits filets de vaisseaux
sanguins ou d'anastomes,
ce qui fait prés de
10000000. d'anastomes
en tout.
MéÚs pour avoir une
idée
-
plus nette de toute
cette mechanique admirable
rable des ouyes
,
il faut
sçavoir que l'arterc qui
tient lieu de pulmonaire
dans les poissons à laforcie
de leur cceur, se partage
en huit branches
;
sçavoir
quatre à droite
,
& quatre
à gauche; les quatre ra.
meaux vont de chaquecofié se rendre à quatre arcs
osseux qui soustiennent les
feuillets des oüyes, sçavoir
chaque rameau dans le demi canal ou goutiere qu^
regne te long de la convexité de cet arc. Ce rameau
dans tout son coursle long
de cette goutiere
,
envoye
deux branches d'artere à
chaque lame des oüyes
dont un feuillet est com- posé, parce que chaque
lame est elle
-
mesme composée de deux parties ou
lamelles faites en forme de
faux adoffécs
,
posées de
travers sur le chan par leur
base sur la goutiere, & liées
par quantité de filets de
nerfs. Le dos & la bafe de
ces faux est pareillement
osseux pour leur donner de
la consistance, & pour soustenir le rameau d'arterc
& de nerfs, qui monte le
long du dos de chaque
faux jusqu'à sa pointe où
il se termine. De cette
pointe part une veine qui
descendant le long du
tranchant de la faux passe
par dessous sa bafe
,
ôc là
se reunissant avec la veine
pareille de la faux opposee,
elles entrent conjointement dans un tuyau ve- ineux qui regne le long de
la mesme goutiere à costé
;de l'arreriel. On trouve encore le long de cette mes-
[me goutiere un rameau de
nerf qui fert à former les
membranes & ligarnens
donc les lames des oüyes
font unies entr'elles. Ilya
de plus un nombre presqu'innombrable de petits
vaisseaux sanguins qui s'estendent directement du
dos de chaque faux à son
tranchant sur chacune de
ses faux & ce sont les communications ou anastomeses si cherchées par les Anatomistes des arreres avec
les veines. Enfin ces anastomeses font distinguées
les unes des autres, & fou-
stenues par autant de filets osseux faits en forme
de poils,& par des rameaux
de nerfsqui partent du dos
de chaque faux.fW'
Les tuyaux veneux qui
régnent le long des goutiercs estant arrivez à leur
extremitédu cossé de dessus ou du cerveau du poisson, prennent taconditance d'arteres, & suppléent
àce que le cœur manque
de faire dans les poissons;
car ils se réunifient en un
tronc qui forme l'Aorte
amendante&descendan-
** — - *
te & par là fournissent du ;
fang vivifié d'air à la teste
& aux parties inférieures.
Mais à l'autre extremité
des goutieres ils se reunissent en un seul tronc veneux qui va se rendre à
l'oreillette du cœur avec les
autres veines qui rapportent le fang du reste du
corps de l'animal Voila
bien des merveilles jusques là inconnuës aux Anaromistes. Il faut esperer,
-
que le temps nous en découvrira bien d'autres.
A V
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Résumé : ABREGÉ de sa fameuse question sur la circulation du sang par le coeur du foetus, où l'on rapporte les experiences et les raisonnements de Messieurs Mery, Tauvry, Duvernay, & Delitre, & par occasion le Systeme de Mr Duvernay sur la respiration des Poissons.
En 1699, une dispute scientifique éclate entre les médecins Mery et Duvernay concernant la circulation du sang chez le fœtus humain. Cette controverse incite à l'étude de la circulation sanguine et des mécanismes respiratoires chez divers animaux terrestres, aquatiques et amphibies. Les observations et expériences de plusieurs savants anatomistes français et anglais sont compilées par M. Parem dans un abrégé. L'abrégé se concentre sur la circulation sanguine chez les fœtus, rapportant les expériences et raisonnements de Mery, Tauvry, Duvernay et Delire. Chez les animaux aquatiques, le cœur possède une seule oreillette et un seul ventricule, simplifiant la compréhension de la circulation sanguine. Chez les animaux terrestres, le cœur a deux ventricules et deux oreillettes, impliquant les poumons dans la circulation sanguine. Les amphibies, comme les tortues et les serpents, ont un cœur à trois cavités, compliquant davantage la circulation. Les auteurs s'accordent sur le fait que le sang des différentes parties du corps des amphibies se rassemble dans l'oreillette droite, tandis que le sang des poumons va dans l'oreillette gauche. Cependant, ils divergent sur les détails de la circulation et les comparaisons avec le système du fœtus humain. Mery propose un nouveau système où le sang passe par les poumons du fœtus, utilisant le trou ovale et le canal de Botall pour faciliter la circulation. Tauvry et Duvernay contestent ce modèle, présentant des observations anatomiques sur les variations des artères pulmonaires et aortiques chez les fœtus. Delire ajoute que le trou ovale peut rester ouvert chez les adultes, soutenant l'idée d'une circulation particulière chez les fœtus. Les débats portent également sur la respiration des amphibies et des poissons, qui adaptent leur circulation sanguine en fonction de leur environnement aquatique ou aérien. Les auteurs discutent des mécanismes de compression et de dilatation des poumons, influençant la circulation sanguine. Chez les poissons, les ouïes jouent le rôle des poumons, filtrant continuellement l'air dissous dans l'eau. La structure des ouïes est détaillée, avec des muscles et des vaisseaux sanguins complexes permettant la circulation du sang et l'absorption de l'air. Les artères et veines des ouïes se rejoignent pour former l'aorte, fournissant du sang vivifié à tout le corps du poisson.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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