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p. 97-142
ABREGÉ de sa fameuse question sur la circulation du sang par le coeur du foetus, où l'on rapporte les experiences et les raisonnements de Messieurs Mery, Tauvry, Duvernay, & Delitre, & par occasion le Systeme de Mr Duvernay sur la respiration des Poissons.
Début :
On distingue naturellement les animaux en trois classes, sçavoir les [...]
Mots clefs :
Circulation sanguine, Respiration, Poissons, Anatomie, Poumon, Veines et artères
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texteReconnaissance textuelle : ABREGÉ de sa fameuse question sur la circulation du sang par le coeur du foetus, où l'on rapporte les experiences et les raisonnements de Messieurs Mery, Tauvry, Duvernay, & Delitre, & par occasion le Systeme de Mr Duvernay sur la respiration des Poissons.
Lafamese dispute qui
excita en 1699. entre
jMejJïeurs Mery & Du*
verneysur la circulation
du sang par le cœur du
fétus humain,ayant donne occasion d'examiner
celle de quantité de differens animaux tant terrestresqu'aquatiques, &
amphibies, & même leur
maniere de respirer
,
&
tout ce qui s'elf dit à ce Jujet, aussi-bien que toutes les experiences quiont
été faites par plusieurs
sçavans anatomistes de
France & d'Angleterre
se trouvant dispersé ei
differens volumes qui on
paru depuis pendantplusieursannées; M. Parem
a cru faireplaisir au Public de lui donner le tout
rassembléen abregé,&
comme dans un point de
vûè, afin qu'ilpuisseplus
aisément embrasser cette
partie danatomiequisans
contredit efi une des plus
interessantes qu'on puiffc
traiter.
ABREGE
desafameusequestion
sur la circulation du
sangparle cœur dufœ~
tus, où l'onrapporte
les experiences f5 les
raisonnements deMes
sieurs Mery, Tauvigi,
Duvernay, & Deliire, ~Cfparoccasîon le
Systeme de Mr Duvernày sur la respira-
classes,sçavoir les terres-
,. tres
,
les aquatiques, & les
amphibies. Le mouvement
du sang dans le caur des
aquatiques est le plus aisé
à expliquer, & ne souffre
aucune difliculté ; parce
que leur cœur n'ayant qu'-
une oreillette & qu'un ventricule ou cavité
,
on ne
peut douter que lesang ne
se rende de toutes les parties de leur corps danscet-,
te oreillette,qui par sa contraction le verte ensuite
dans le coeur, tandis qu'il
se dilate
;
après quoy le
cœur en fè resserrant le
;
pousse dans l'Aorte, &de
là dansroutes les parties de
l'animal. Mais à l'égard des
animaux terrettres donc
i
le cœura deux ventricules
ou cavitez
,
& chaque cavité une oreillette
,
tout le
monde aujourd'huy convient que dés qu'ils refpi-
«? rent le fang de tout leur
corps, ( excepté celuy des
poumons) est apporté par
les veines caves ascendantes & descendantes dans
l'oreillette droite de leur
coeur, en mesme temps
que celuy de leurs poumons est versé dans la gauche par la veine du poumon;& qu'ensuite ces deux
oreillertes Ce resserrant toutes deux en mesme temps,
exprimenttout le sangdonc
elles font chargées chacune dans son ventricule,
tandis que le cœur se dilate, a
prés quoy le cœur venant à se resserrer
,
pousse
le fang de son ventricule
droit dans les poumons par
l'artere pulmonaire & celuy de son ventricule gauche dans les Aortes ascen-
dantes & descendantes
,
d'où il estensuite distribué
àtouteslesparties du corps.
Quant auxamphibies tels
que les tortuës, les serpens,
&c. LesAutheurscydessus conviennent que leur
cœur a
trois cavitez
,
sçavoir premierement une
droite,&une gauche,comme les animaux terrestres
;
.& outrecelaunetroisiéme
cavité, comme feule, ainsi
que dans les animaux aquatiques, laquelle est firuée
entre les deux premieres;
en telle
6
forte cependant
qu'elle communique avec
la droite, comme celle-cy
communique avec la gauche, & qu'elle n'a point
d'oreillette, comme ces
deux dernieres.
Ils conviennent de plus
que le fang des différentes
parties du corps de ces animaux (excepté le poumon)
-vient se rassembler dans
1"oreillette droite de leur
cœur , & que celuy des
poumons ,ou si l'on veut
du poumon, parce que les
serpensn'enont qu'un) est
rapportédansl'oreillette
1
gauche
,
d'où il est versé
dans son ventricule pendant que le cœur se dilate,
le tout comme dans les
animaux rerreftres
:
mais
pendant le resserrement du
coetir l'adion est differente de ce qui se passe dans
les animaux rerrestres;parce que dans les amphibies
l'Aorte part du ventricule
droit, & non pas du gauche, & l'artere du poumon
vient du troisiéme ventricule,commedansles aquatiques. Il sort encore du
ventricule droit une fecon-
de ou nouvelle Aorte qui
va se reunir avec l'artere
descendante au dessous du
cœur, à peu prés comme le
canal Botal dans les fœtus
rerrestres;& pourun usage
tout semblable; & les quatre Autheurs citez conviennent encore de toutes
ces parties. A l'égard de
leur usage je considere que
pendant le resserrement du
coeur) le fang estobligéde
passer du ventricule gauche dans le droit, n'ayant
point d'autre issuë;&comme ce passage se fait par le
haut du ventricule droit,
& que ce fang imprégné
del'air des poumons,est
peu propre:à se mo lier
avec celuy qu'il trouve
dans le ventricle droir, lequel en est beaucoup plus
destitué;le fang qui vient
du ventricule gauche dans
le droit, en chasse celuy
qu'il y rencontre & l'oblige de fuir dansle troisiéme
ventricule dont la communication avec le droit cft
plus bas, pour de là passer
dans l'artere pulmonaire,
& aller aux poumons, tan-
dis que luy-mesme prend
le chemin des Aortesascendantes & defcendanres, quisontau dessus du
ventricule droit &ce chemin du fang par le cœur
des amphibies ne souffre
pas encore de difficulté,
parce que les communications & les valvules le démonstrent; mais ces mesmes Autheurs ne s'accordenr pas dans le reste,c'està dire, dans l'application
que Mr Mery en fait à son
Systeme.
Car depuis la découverte
de la circulation du sang
dans les adultesterrestres,
du trou ovale,&du canal
Bocal
,
tous les Anatomistes convenoient que le sœtus ne respirant point, ses
poumons devoient estre
très affaisez,&qu'il n'y
pourroitpasser par consequent que très
-
peu de
ifang: c'est ce qui les obHgeoit à
en faire passer au
i,.,joins-L de l'oreillette droite dans la gauche par le
trouovale, pour soulager
les poumons, & plus d'un
tiers.par le canalBotal dans
l'Aorte descendance,poi
la mesme fin. Le premi
se joignoit dans l'oreille
gauche avec le peu qu'ell
en recevoit des poumon
pour entrer
-
conjointe
ment dans le ventricul
gaucher de là estre pourfi
pesle mesle dans les Aor
tes;maisparticulierement
dans l'ascendante qui eii
auroit reccu trop peu sans
ce recours; & le secon d se
mesloit avec celuy de l'Aor-j
te descendante pour
arrofer les parties inférieures
du corps.
Mais Mr Mery ayant
ouvé dans plusieurs soes
qu'il adissequez l'Artee
pulmonaire mesme au
elà du canal de commuication
,
plus grosse que
Aorte à sa naissance
,
a
reu qu'il devoir paffer
eaucoup plus de fang par
L premiere que par la deriere, &qu'ainsi tout le
ang, qui felon cet Auleur) passe par les pounons du fœtus, ne pouant monter par l'Aorte,
[ falloit qu'unepartie de
e
fang arrivé dans l'oreil-
lette gauche,repassastdans
la droite
,
pour soulager:
cette Aorte. Il a
creudes
plus que la disposition de:
la membrane qui est am
trou ovale, favorisoit les
passage du fang en ce sens,
Mais ce qui fèllllble l'avoir
le plus déterminéà fonden
ce nouveau Systeme, ç'a
este le partage du fang dui
ventricule gauche de la
Tortuë dans le droit dont
on vient de parler; parces
qu'il a creu qu'on pouvoit
comparer la communica—
tion de ces deux vencricu-
[es avec le trou ovale, &
la secondé ou nouvelle
Aorte des amphibies avec
le canal Bocal. Mr Mery
auroit pu adjouster à
toutes ces rairons, que peutestre le fondement sur lequel l'ancien Systeme est
establi, n'est pas inebranlable; scavoir que les poumons des fœtus terrestres
font tellement affaissez,
que le fang n'y sçauroit
passer; car il n'est pas necessaire de vesicules pleines d'air, dans les autres
g
landes pour y
faire passer
le sang,& l'effort du cœur
de la mere suffit. Pourquoy donc l'effort des
cœurs de la mere & du
fœtus enreroble ne suffisent-ils pasaussîpourpouffer le fang - au travers des
poumons,qui ne sontcomposez que de glandes
;
il
semble au contraire que
s'il y avoit beaucoup d'air
comprimé entre les glandes du Pancreas, du Mezentere, &c. ilferoitplus.
propre à arrester la circulation du fang qu'ellescontiennent, qu'à la faciliter
>
par
par la compression qu'il
feroit sur leurs vaisseaux
sanguins.
Maisrevenons à nos Au.
theurs. MrsTauvry & Duvernay se font opposez à
ce nouveau Systeme, &
pour cet effet le premier a
fait voir des cœurs de fœtus dans lesquels l'Aorte à
la sortie du cœur estoit
plus grosse que l'artere pulmonaire au delà du canal
Botal. Cependant cette experience ne détruit pas absolument le premier fondement de Mr Mery, par-
ce qu'il y a
plusieurs fœtus donr l'Aorte eH: plus
menuë que l'arrere pulmonaire dans les premiers
mois de leur accroissement, & plus grosse dans
les derniers mois.
-
Mais
Mr Tauvry l'attaque d'une
autre maniéré , en arrribuant la grosseur excessive
de l'artere du poumon, par
rapport à rAortet à la difficulté que le sang trouve
a
circuler par les poumons,
particulièrement quand le
fœtus est peu avancé en
âge; ce qui semble affoi-
blir le nouveau Systeme,
(supposé que son fondement foit bon.) Mr Chemineau a
examiné un foetus qui a eu vie, dont le
cœur s'esttrouvé semblable à ceux des amphibies, (excepté que son Aorte
ancienne naissoit de son
troisiémeventricule
,
ôc
non pas du droit, & que
la féconde ou nouvelle
Aorte ne s'y trouvoit point
du tout. ) Dans ce cœur l'artérepulmonaire, qui a
sanaissanceestoit plus menuë que l'Aorte, la fur-
passoit de beaucoup proche les poumons, ce qui
semble favoriser les partisans de l'ancienne opinion
,
supposé toujours
qu'ils soient bien fondez.
A l'égard de Mr Duvernay, il neconvient pas de
la com paraison que Mr
Mery fait du trou ovale
,
avec la communication du
venrricule gauche, & du
droit dans les Tortuës, à
cause des différentessituations de ces ouvertures.,
dont l'une est entre les oreillettes dans les animaux
terrestres, & l'autre entre
--.. lesventricules dans les amphibies. Il objecte de plus
à Mr Mery
,
qu'en voulant
décharger l'Aorte par le
trou ovate~ôe les poumons
par le canal Botal, il furcharge d'un autre costé les
poumons, du fang qui revient de l'oreillette gauche
dans la droite. A quoy il
adjouste, que dans le nouveau Systeme le fang de la
ere efl: trop ralienti ôz
trop affoibli par son partage au travers des poumons
du fœtus, ôc qu'il est plus
a propos d'en faire palTer
du moins une partie par l'Aorteascendante immediatement comme il en
passe une autre partie immédiatement dans l'Aorte descendante
,
afin que
les parties superieures n'ayent pas en cela une condition pire que les inférieures. Quam à la seconde
ou nouvelle Aorte des amphibies Mr Duvernay ne
convient pas non plus qu'-
on puisse la comparer au
canal Botal:caril prétend
qu'elle ne fert qu'à distri-
buer du fang à leur estomac. Mais on ne sçauroit
cependant douter, que si
ellen'existoit point,le fang
qu'elle porte ne deust palfer, du moins en partie,
par l'artere pulmonaire;
ainsi on ne peut disconvenir qu'elle ne foulage les
poumons danslesanimaux
oùelle se trouve; & on ne
sçauroit penser non plus,
qu'elle soit delhnée uniquement pour leur estomac , puisque la Nature
pouvoir s'en paffer en tirant de l'Aorte defcendan-
te desrameaux pourl'usage
deceviscere.Onpeutdonc
croire, que quand l'am- 1
phibie ne respire pas comme quand ilest dans l'eau,
l'air qu'il tient comprimé
au dedans de ses poumons
y
retarde lacirculation de
sonsang,cequi l'oblige de
s'échaper alors en partie
par l'ancienne & la nouvelle Aorte plus abondamment que quand l'animal
respire
,
comme il arrive
dans le fœtus qui ne respire
point encore, parce que la
rerpiration met les parties
des
des poumons au large, &
facilite le cours du sang,
au lieu que l'expiration les
comprime & les retarde,
ainsi l'expiration ou la
compression de l'air dans
les vesicules des poumons
fait précisément le mesme effet que leur propre
poids dans les fœtus
,
1
d'où il suit qu'estre amphibie
,
c'est en quelque
façon encore estretantost
adulte
,
sçavoir quand ils
font à l'air, & tantost fœtus,scavoir quand ils font
dans l'eau.
On peut penser la mefme chose d'une autrees--
pece d'amphibies qui nont
qu'un ventricule, qu'une
oreillette,&qu'une Aorte,
comme les poissons
,
tels
fontla Salamandre, la
Grenouille
,
&c. sçavoir
que quand ils respirent
l'air, leur cœur par cette
aorte envoye une quantité
considerablede son fang
dans leur poumon pours'y
vivifier; mais que quand
l'animal est dans l'eau &y
comprime de l'air enfermé dans ses poumons, ily /s
passe alors moins de fang,
& tour prend le chemin des
Aortes ascendantes & descendances.
A l'égard des poissons il
semble ZD qu'ils devroient
avoir aussi cette nouvelle
Aorte préférablementaux
autres espèces d'animaux,
parce qu'ils ne paroissent
pas respirer
; mais on va
voir au contraire qu'ils respirent continuellement;
ainsi ils n'en ont nullement
besoin.
Pour revenir à la question du trou ovale MrDe-
litre a
fait voir à l'Académie le cœur d'un homme
de quarante ans dans lequel le trou estoit encore
tout ouvert. La continuation de la veine pulmonaire qui le compose conjointement avec l'oreillette
droite, y
offroit à la veuë
une espece d'entonnoir,
dont l'embouchure regardoit l'oreillette gauche,
comme il paroist dans les
fœtus humains. De plus
l'artere du poumon y
estoit
de beaucoup plus grosse
que l'Aorte, quoy qu'elle
ne souffrist pascependant
de resistance du costé des
poumons de cet homme
qui avoit l'usage de la respiration libre. Ainsi la réfutation prétendue de Mr
Tauvry dont on a
parlé,
& celle qu'on prétendoit
tirer du fœtus de MrChemineau ne peuvent plus
subsister.D'ailleurs le canal Botal estantdesseiché
dans cet homme comme
dans tous les adultes, tout
le fang de l'artere du poumon estoit obligé de revenir par sa veine pulmonai-
re,qui luy estoit égale en
grosseur;ainsi pour contenir tout ce fang, il auroit
fallu une oreillette & un
ventricule gauche,& une
Aorte aussi spacieux que du
cossé droit, au lieu qu'ils
cftoient de beaucoup plus
petits. Il faut donc dire
qu'une partie du sangrapporté par la veine du poumon, se dechargeoit par
le trou ovalaire dans l'oreillette droite,& qu'il n'y
en avoit qu'une partie qui
entrast dans l'oreillette
gauche) & de là dans son
ventricule,pour estre poussée par l'Aorte précisement comme dans le nouveau Systeme de Mr Mery
touchant les foetus. Au lieu
que selonl'ancien Systeme
il faudroit dire que les parties gauches du cœur de
cethomme
,
recevoient
autant de fang, que les
parties droites qui sont
plus amples, ce qui paroiss
renfermer une espece de
répugnance.
Il , ne reste plus que d'examiner ce qui se paÍfe
dans lesVeaux & Agneaux
fœtus, où Mr Tauvry
a
trouvé les parties gauches
du cœur plus grandes que
les droites. Car s'il suitdelà, selon Mr Mery mesme,
que le mouvement du fang
se fait dans le cœur de ces
animaux d'une manière
opposée à celle du fœtus
humain, c'està dire, selon
le Systeme d'Hervée. C'est
aussicedont Mr Mery convient, pourveu qu'on luy
accorde que dans les fœtus
humains la circulation se
fait selon son nouveau Systeme. lequel ne suppose
autre principe dans l'Autheur de la nature, sinon
celuy-cy donc tous les
Philosophes conviennent.
(Disposuit omniasuaviter. )
Quant à la respiration
des poissons dont on vient
de parler, il faut considerer premièrement que le
fang qui va de leur cœur à
leurs oüyes par l'artere des
oüyes
,
est noiraftre
,
en
comparaison de ce qu'il est
au sortir des mesmes oüyes,
où il est vermeil comme
au sortirdes poumons dans
les animaux qui respirent,
d'où il suit desja que les
oüyes des poissons leur
-
tiennent lieu de poumons.
Secondement les poissons
vivent tres peu de temps
dans l'eaudonc on a
tiré
l'air. Troisiémement lorsqu'on les enferme dans
une bouteille pleine d'eau
ils n'y demeurent pas longtempssans y estre étouffez,
à moins qu'on ne la débouche pour y
laisser entrer de,
l'air nouveau dans l'eau
;
car on sçait que seau destituée d'air s'en remplit en
peu de temps quand on l'y
exposeà découvert. C'est
pour cela que pendant les
longues gelées on estobligédecasser la glace des
rivieres, estangs & autres
reservoirs de poisson
,
afin
qu'ils puissent respirer l'air
qui entre dans l'eau par
ces ouvertures. C'est par
la mesme raison que quand
on remplit un reservoirde
poisson, peu de temps a
près
tout le poisson tient sa teste
à la surface de l'eau pour
venir respirer. Quatrièmement l'action des paneaux
des oüyes des poissons est
perpetuelle,sçavoir de s'elever & de s'abbaisser successivement comme lapoitrine. Cinquiémementon
- ne sçauroit douter que par
cette action ils ne prennent continuellement de
reau par leur bec qùlis
cliaffent" ensuite au travers
de leurs oüyes. Or si cette
action ne servoit pas à filtrer de l'air dans leur fang,
comme celle despoumons
des autres animaux, il paroist que la Nature auroit
fait de lamachine la plus
composéelachosE la plus
inutile;car premièrement
l'eau que les poissons avallent avec leursaliments,est
plus que suffisante pour
leur nourriture; & ils n'ont
pas besoin d'oüyes pour cet
effet. De plus on ne voit
point ce qu'ils peuvent tirer de l'eau, sinon de l'air
qui leur estnecessaire comme aux autres animaux
pour former des esprits &
desferments. Enfinonne
voit point non plus en eux
aucun autre instrument
pour attirer de l'air que
leurs wyesJ ni que la fepa-
ration de l'air dans l'eau au
moyen de ces oiiyes
,
soit
plus difficile que celle des
parties de la bile dans le
foye
,
de l'urine dans les
reins, du lait dans les mamelles, & de toutesles autres liqueurs contenues
dans le fang des animaux,
dans le fang mesme, puifqu'il ne faut que supposer
dans lesoüyesdespoissons
des glandes ou des tuyaux
desjapleins d'air & tout
ouverts qui s'embouchent
dans les arteres des oüyes;
car l'eau venant à couler
(ur les orifices de ces
tuyaux, ne pourra se joindre à l'air qu'ils contien-
;nene à causede la diversité
ede - leurs parties; mais l'air
contenu dans les pores de
-
de leau, ne manquera pas de s'incorporer avec cet
air
,
& de le chasser en
avant,àcause qu'ilest prefsé luy mesme par les paneaux des oüyes. Quant à
lacomposition des cuves
il suffit pour en juger, de
se representer ce que Mr
Duvernay nous en apprend, sçavoir qu'il y a
soixante neuf muscles qui
servent à leur aétionj que
chaque feuillet d'oüye est
composéde270. lames,ce
qui fait u£o. lames pour
les deux ouyes
,
à quatre
feuillets pour chaque oüye.
Que fîirla face de chacune
de ces lames il y a 21 6 o.
petits filets de vaisseaux
sanguins ou d'anastomes,
ce qui fait prés de
10000000. d'anastomes
en tout.
MéÚs pour avoir une
idée
-
plus nette de toute
cette mechanique admirable
rable des ouyes
,
il faut
sçavoir que l'arterc qui
tient lieu de pulmonaire
dans les poissons à laforcie
de leur cceur, se partage
en huit branches
;
sçavoir
quatre à droite
,
& quatre
à gauche; les quatre ra.
meaux vont de chaquecofié se rendre à quatre arcs
osseux qui soustiennent les
feuillets des oüyes, sçavoir
chaque rameau dans le demi canal ou goutiere qu^
regne te long de la convexité de cet arc. Ce rameau
dans tout son coursle long
de cette goutiere
,
envoye
deux branches d'artere à
chaque lame des oüyes
dont un feuillet est com- posé, parce que chaque
lame est elle
-
mesme composée de deux parties ou
lamelles faites en forme de
faux adoffécs
,
posées de
travers sur le chan par leur
base sur la goutiere, & liées
par quantité de filets de
nerfs. Le dos & la bafe de
ces faux est pareillement
osseux pour leur donner de
la consistance, & pour soustenir le rameau d'arterc
& de nerfs, qui monte le
long du dos de chaque
faux jusqu'à sa pointe où
il se termine. De cette
pointe part une veine qui
descendant le long du
tranchant de la faux passe
par dessous sa bafe
,
ôc là
se reunissant avec la veine
pareille de la faux opposee,
elles entrent conjointement dans un tuyau ve- ineux qui regne le long de
la mesme goutiere à costé
;de l'arreriel. On trouve encore le long de cette mes-
[me goutiere un rameau de
nerf qui fert à former les
membranes & ligarnens
donc les lames des oüyes
font unies entr'elles. Ilya
de plus un nombre presqu'innombrable de petits
vaisseaux sanguins qui s'estendent directement du
dos de chaque faux à son
tranchant sur chacune de
ses faux & ce sont les communications ou anastomeses si cherchées par les Anatomistes des arreres avec
les veines. Enfin ces anastomeses font distinguées
les unes des autres, & fou-
stenues par autant de filets osseux faits en forme
de poils,& par des rameaux
de nerfsqui partent du dos
de chaque faux.fW'
Les tuyaux veneux qui
régnent le long des goutiercs estant arrivez à leur
extremitédu cossé de dessus ou du cerveau du poisson, prennent taconditance d'arteres, & suppléent
àce que le cœur manque
de faire dans les poissons;
car ils se réunifient en un
tronc qui forme l'Aorte
amendante&descendan-
** — - *
te & par là fournissent du ;
fang vivifié d'air à la teste
& aux parties inférieures.
Mais à l'autre extremité
des goutieres ils se reunissent en un seul tronc veneux qui va se rendre à
l'oreillette du cœur avec les
autres veines qui rapportent le fang du reste du
corps de l'animal Voila
bien des merveilles jusques là inconnuës aux Anaromistes. Il faut esperer,
-
que le temps nous en découvrira bien d'autres.
A V
excita en 1699. entre
jMejJïeurs Mery & Du*
verneysur la circulation
du sang par le cœur du
fétus humain,ayant donne occasion d'examiner
celle de quantité de differens animaux tant terrestresqu'aquatiques, &
amphibies, & même leur
maniere de respirer
,
&
tout ce qui s'elf dit à ce Jujet, aussi-bien que toutes les experiences quiont
été faites par plusieurs
sçavans anatomistes de
France & d'Angleterre
se trouvant dispersé ei
differens volumes qui on
paru depuis pendantplusieursannées; M. Parem
a cru faireplaisir au Public de lui donner le tout
rassembléen abregé,&
comme dans un point de
vûè, afin qu'ilpuisseplus
aisément embrasser cette
partie danatomiequisans
contredit efi une des plus
interessantes qu'on puiffc
traiter.
ABREGE
desafameusequestion
sur la circulation du
sangparle cœur dufœ~
tus, où l'onrapporte
les experiences f5 les
raisonnements deMes
sieurs Mery, Tauvigi,
Duvernay, & Deliire, ~Cfparoccasîon le
Systeme de Mr Duvernày sur la respira-
classes,sçavoir les terres-
,. tres
,
les aquatiques, & les
amphibies. Le mouvement
du sang dans le caur des
aquatiques est le plus aisé
à expliquer, & ne souffre
aucune difliculté ; parce
que leur cœur n'ayant qu'-
une oreillette & qu'un ventricule ou cavité
,
on ne
peut douter que lesang ne
se rende de toutes les parties de leur corps danscet-,
te oreillette,qui par sa contraction le verte ensuite
dans le coeur, tandis qu'il
se dilate
;
après quoy le
cœur en fè resserrant le
;
pousse dans l'Aorte, &de
là dansroutes les parties de
l'animal. Mais à l'égard des
animaux terrettres donc
i
le cœura deux ventricules
ou cavitez
,
& chaque cavité une oreillette
,
tout le
monde aujourd'huy convient que dés qu'ils refpi-
«? rent le fang de tout leur
corps, ( excepté celuy des
poumons) est apporté par
les veines caves ascendantes & descendantes dans
l'oreillette droite de leur
coeur, en mesme temps
que celuy de leurs poumons est versé dans la gauche par la veine du poumon;& qu'ensuite ces deux
oreillertes Ce resserrant toutes deux en mesme temps,
exprimenttout le sangdonc
elles font chargées chacune dans son ventricule,
tandis que le cœur se dilate, a
prés quoy le cœur venant à se resserrer
,
pousse
le fang de son ventricule
droit dans les poumons par
l'artere pulmonaire & celuy de son ventricule gauche dans les Aortes ascen-
dantes & descendantes
,
d'où il estensuite distribué
àtouteslesparties du corps.
Quant auxamphibies tels
que les tortuës, les serpens,
&c. LesAutheurscydessus conviennent que leur
cœur a
trois cavitez
,
sçavoir premierement une
droite,&une gauche,comme les animaux terrestres
;
.& outrecelaunetroisiéme
cavité, comme feule, ainsi
que dans les animaux aquatiques, laquelle est firuée
entre les deux premieres;
en telle
6
forte cependant
qu'elle communique avec
la droite, comme celle-cy
communique avec la gauche, & qu'elle n'a point
d'oreillette, comme ces
deux dernieres.
Ils conviennent de plus
que le fang des différentes
parties du corps de ces animaux (excepté le poumon)
-vient se rassembler dans
1"oreillette droite de leur
cœur , & que celuy des
poumons ,ou si l'on veut
du poumon, parce que les
serpensn'enont qu'un) est
rapportédansl'oreillette
1
gauche
,
d'où il est versé
dans son ventricule pendant que le cœur se dilate,
le tout comme dans les
animaux rerreftres
:
mais
pendant le resserrement du
coetir l'adion est differente de ce qui se passe dans
les animaux rerrestres;parce que dans les amphibies
l'Aorte part du ventricule
droit, & non pas du gauche, & l'artere du poumon
vient du troisiéme ventricule,commedansles aquatiques. Il sort encore du
ventricule droit une fecon-
de ou nouvelle Aorte qui
va se reunir avec l'artere
descendante au dessous du
cœur, à peu prés comme le
canal Botal dans les fœtus
rerrestres;& pourun usage
tout semblable; & les quatre Autheurs citez conviennent encore de toutes
ces parties. A l'égard de
leur usage je considere que
pendant le resserrement du
coeur) le fang estobligéde
passer du ventricule gauche dans le droit, n'ayant
point d'autre issuë;&comme ce passage se fait par le
haut du ventricule droit,
& que ce fang imprégné
del'air des poumons,est
peu propre:à se mo lier
avec celuy qu'il trouve
dans le ventricle droir, lequel en est beaucoup plus
destitué;le fang qui vient
du ventricule gauche dans
le droit, en chasse celuy
qu'il y rencontre & l'oblige de fuir dansle troisiéme
ventricule dont la communication avec le droit cft
plus bas, pour de là passer
dans l'artere pulmonaire,
& aller aux poumons, tan-
dis que luy-mesme prend
le chemin des Aortesascendantes & defcendanres, quisontau dessus du
ventricule droit &ce chemin du fang par le cœur
des amphibies ne souffre
pas encore de difficulté,
parce que les communications & les valvules le démonstrent; mais ces mesmes Autheurs ne s'accordenr pas dans le reste,c'està dire, dans l'application
que Mr Mery en fait à son
Systeme.
Car depuis la découverte
de la circulation du sang
dans les adultesterrestres,
du trou ovale,&du canal
Bocal
,
tous les Anatomistes convenoient que le sœtus ne respirant point, ses
poumons devoient estre
très affaisez,&qu'il n'y
pourroitpasser par consequent que très
-
peu de
ifang: c'est ce qui les obHgeoit à
en faire passer au
i,.,joins-L de l'oreillette droite dans la gauche par le
trouovale, pour soulager
les poumons, & plus d'un
tiers.par le canalBotal dans
l'Aorte descendance,poi
la mesme fin. Le premi
se joignoit dans l'oreille
gauche avec le peu qu'ell
en recevoit des poumon
pour entrer
-
conjointe
ment dans le ventricul
gaucher de là estre pourfi
pesle mesle dans les Aor
tes;maisparticulierement
dans l'ascendante qui eii
auroit reccu trop peu sans
ce recours; & le secon d se
mesloit avec celuy de l'Aor-j
te descendante pour
arrofer les parties inférieures
du corps.
Mais Mr Mery ayant
ouvé dans plusieurs soes
qu'il adissequez l'Artee
pulmonaire mesme au
elà du canal de commuication
,
plus grosse que
Aorte à sa naissance
,
a
reu qu'il devoir paffer
eaucoup plus de fang par
L premiere que par la deriere, &qu'ainsi tout le
ang, qui felon cet Auleur) passe par les pounons du fœtus, ne pouant monter par l'Aorte,
[ falloit qu'unepartie de
e
fang arrivé dans l'oreil-
lette gauche,repassastdans
la droite
,
pour soulager:
cette Aorte. Il a
creudes
plus que la disposition de:
la membrane qui est am
trou ovale, favorisoit les
passage du fang en ce sens,
Mais ce qui fèllllble l'avoir
le plus déterminéà fonden
ce nouveau Systeme, ç'a
este le partage du fang dui
ventricule gauche de la
Tortuë dans le droit dont
on vient de parler; parces
qu'il a creu qu'on pouvoit
comparer la communica—
tion de ces deux vencricu-
[es avec le trou ovale, &
la secondé ou nouvelle
Aorte des amphibies avec
le canal Bocal. Mr Mery
auroit pu adjouster à
toutes ces rairons, que peutestre le fondement sur lequel l'ancien Systeme est
establi, n'est pas inebranlable; scavoir que les poumons des fœtus terrestres
font tellement affaissez,
que le fang n'y sçauroit
passer; car il n'est pas necessaire de vesicules pleines d'air, dans les autres
g
landes pour y
faire passer
le sang,& l'effort du cœur
de la mere suffit. Pourquoy donc l'effort des
cœurs de la mere & du
fœtus enreroble ne suffisent-ils pasaussîpourpouffer le fang - au travers des
poumons,qui ne sontcomposez que de glandes
;
il
semble au contraire que
s'il y avoit beaucoup d'air
comprimé entre les glandes du Pancreas, du Mezentere, &c. ilferoitplus.
propre à arrester la circulation du fang qu'ellescontiennent, qu'à la faciliter
>
par
par la compression qu'il
feroit sur leurs vaisseaux
sanguins.
Maisrevenons à nos Au.
theurs. MrsTauvry & Duvernay se font opposez à
ce nouveau Systeme, &
pour cet effet le premier a
fait voir des cœurs de fœtus dans lesquels l'Aorte à
la sortie du cœur estoit
plus grosse que l'artere pulmonaire au delà du canal
Botal. Cependant cette experience ne détruit pas absolument le premier fondement de Mr Mery, par-
ce qu'il y a
plusieurs fœtus donr l'Aorte eH: plus
menuë que l'arrere pulmonaire dans les premiers
mois de leur accroissement, & plus grosse dans
les derniers mois.
-
Mais
Mr Tauvry l'attaque d'une
autre maniéré , en arrribuant la grosseur excessive
de l'artere du poumon, par
rapport à rAortet à la difficulté que le sang trouve
a
circuler par les poumons,
particulièrement quand le
fœtus est peu avancé en
âge; ce qui semble affoi-
blir le nouveau Systeme,
(supposé que son fondement foit bon.) Mr Chemineau a
examiné un foetus qui a eu vie, dont le
cœur s'esttrouvé semblable à ceux des amphibies, (excepté que son Aorte
ancienne naissoit de son
troisiémeventricule
,
ôc
non pas du droit, & que
la féconde ou nouvelle
Aorte ne s'y trouvoit point
du tout. ) Dans ce cœur l'artérepulmonaire, qui a
sanaissanceestoit plus menuë que l'Aorte, la fur-
passoit de beaucoup proche les poumons, ce qui
semble favoriser les partisans de l'ancienne opinion
,
supposé toujours
qu'ils soient bien fondez.
A l'égard de Mr Duvernay, il neconvient pas de
la com paraison que Mr
Mery fait du trou ovale
,
avec la communication du
venrricule gauche, & du
droit dans les Tortuës, à
cause des différentessituations de ces ouvertures.,
dont l'une est entre les oreillettes dans les animaux
terrestres, & l'autre entre
--.. lesventricules dans les amphibies. Il objecte de plus
à Mr Mery
,
qu'en voulant
décharger l'Aorte par le
trou ovate~ôe les poumons
par le canal Botal, il furcharge d'un autre costé les
poumons, du fang qui revient de l'oreillette gauche
dans la droite. A quoy il
adjouste, que dans le nouveau Systeme le fang de la
ere efl: trop ralienti ôz
trop affoibli par son partage au travers des poumons
du fœtus, ôc qu'il est plus
a propos d'en faire palTer
du moins une partie par l'Aorteascendante immediatement comme il en
passe une autre partie immédiatement dans l'Aorte descendante
,
afin que
les parties superieures n'ayent pas en cela une condition pire que les inférieures. Quam à la seconde
ou nouvelle Aorte des amphibies Mr Duvernay ne
convient pas non plus qu'-
on puisse la comparer au
canal Botal:caril prétend
qu'elle ne fert qu'à distri-
buer du fang à leur estomac. Mais on ne sçauroit
cependant douter, que si
ellen'existoit point,le fang
qu'elle porte ne deust palfer, du moins en partie,
par l'artere pulmonaire;
ainsi on ne peut disconvenir qu'elle ne foulage les
poumons danslesanimaux
oùelle se trouve; & on ne
sçauroit penser non plus,
qu'elle soit delhnée uniquement pour leur estomac , puisque la Nature
pouvoir s'en paffer en tirant de l'Aorte defcendan-
te desrameaux pourl'usage
deceviscere.Onpeutdonc
croire, que quand l'am- 1
phibie ne respire pas comme quand ilest dans l'eau,
l'air qu'il tient comprimé
au dedans de ses poumons
y
retarde lacirculation de
sonsang,cequi l'oblige de
s'échaper alors en partie
par l'ancienne & la nouvelle Aorte plus abondamment que quand l'animal
respire
,
comme il arrive
dans le fœtus qui ne respire
point encore, parce que la
rerpiration met les parties
des
des poumons au large, &
facilite le cours du sang,
au lieu que l'expiration les
comprime & les retarde,
ainsi l'expiration ou la
compression de l'air dans
les vesicules des poumons
fait précisément le mesme effet que leur propre
poids dans les fœtus
,
1
d'où il suit qu'estre amphibie
,
c'est en quelque
façon encore estretantost
adulte
,
sçavoir quand ils
font à l'air, & tantost fœtus,scavoir quand ils font
dans l'eau.
On peut penser la mefme chose d'une autrees--
pece d'amphibies qui nont
qu'un ventricule, qu'une
oreillette,&qu'une Aorte,
comme les poissons
,
tels
fontla Salamandre, la
Grenouille
,
&c. sçavoir
que quand ils respirent
l'air, leur cœur par cette
aorte envoye une quantité
considerablede son fang
dans leur poumon pours'y
vivifier; mais que quand
l'animal est dans l'eau &y
comprime de l'air enfermé dans ses poumons, ily /s
passe alors moins de fang,
& tour prend le chemin des
Aortes ascendantes & descendances.
A l'égard des poissons il
semble ZD qu'ils devroient
avoir aussi cette nouvelle
Aorte préférablementaux
autres espèces d'animaux,
parce qu'ils ne paroissent
pas respirer
; mais on va
voir au contraire qu'ils respirent continuellement;
ainsi ils n'en ont nullement
besoin.
Pour revenir à la question du trou ovale MrDe-
litre a
fait voir à l'Académie le cœur d'un homme
de quarante ans dans lequel le trou estoit encore
tout ouvert. La continuation de la veine pulmonaire qui le compose conjointement avec l'oreillette
droite, y
offroit à la veuë
une espece d'entonnoir,
dont l'embouchure regardoit l'oreillette gauche,
comme il paroist dans les
fœtus humains. De plus
l'artere du poumon y
estoit
de beaucoup plus grosse
que l'Aorte, quoy qu'elle
ne souffrist pascependant
de resistance du costé des
poumons de cet homme
qui avoit l'usage de la respiration libre. Ainsi la réfutation prétendue de Mr
Tauvry dont on a
parlé,
& celle qu'on prétendoit
tirer du fœtus de MrChemineau ne peuvent plus
subsister.D'ailleurs le canal Botal estantdesseiché
dans cet homme comme
dans tous les adultes, tout
le fang de l'artere du poumon estoit obligé de revenir par sa veine pulmonai-
re,qui luy estoit égale en
grosseur;ainsi pour contenir tout ce fang, il auroit
fallu une oreillette & un
ventricule gauche,& une
Aorte aussi spacieux que du
cossé droit, au lieu qu'ils
cftoient de beaucoup plus
petits. Il faut donc dire
qu'une partie du sangrapporté par la veine du poumon, se dechargeoit par
le trou ovalaire dans l'oreillette droite,& qu'il n'y
en avoit qu'une partie qui
entrast dans l'oreillette
gauche) & de là dans son
ventricule,pour estre poussée par l'Aorte précisement comme dans le nouveau Systeme de Mr Mery
touchant les foetus. Au lieu
que selonl'ancien Systeme
il faudroit dire que les parties gauches du cœur de
cethomme
,
recevoient
autant de fang, que les
parties droites qui sont
plus amples, ce qui paroiss
renfermer une espece de
répugnance.
Il , ne reste plus que d'examiner ce qui se paÍfe
dans lesVeaux & Agneaux
fœtus, où Mr Tauvry
a
trouvé les parties gauches
du cœur plus grandes que
les droites. Car s'il suitdelà, selon Mr Mery mesme,
que le mouvement du fang
se fait dans le cœur de ces
animaux d'une manière
opposée à celle du fœtus
humain, c'està dire, selon
le Systeme d'Hervée. C'est
aussicedont Mr Mery convient, pourveu qu'on luy
accorde que dans les fœtus
humains la circulation se
fait selon son nouveau Systeme. lequel ne suppose
autre principe dans l'Autheur de la nature, sinon
celuy-cy donc tous les
Philosophes conviennent.
(Disposuit omniasuaviter. )
Quant à la respiration
des poissons dont on vient
de parler, il faut considerer premièrement que le
fang qui va de leur cœur à
leurs oüyes par l'artere des
oüyes
,
est noiraftre
,
en
comparaison de ce qu'il est
au sortir des mesmes oüyes,
où il est vermeil comme
au sortirdes poumons dans
les animaux qui respirent,
d'où il suit desja que les
oüyes des poissons leur
-
tiennent lieu de poumons.
Secondement les poissons
vivent tres peu de temps
dans l'eaudonc on a
tiré
l'air. Troisiémement lorsqu'on les enferme dans
une bouteille pleine d'eau
ils n'y demeurent pas longtempssans y estre étouffez,
à moins qu'on ne la débouche pour y
laisser entrer de,
l'air nouveau dans l'eau
;
car on sçait que seau destituée d'air s'en remplit en
peu de temps quand on l'y
exposeà découvert. C'est
pour cela que pendant les
longues gelées on estobligédecasser la glace des
rivieres, estangs & autres
reservoirs de poisson
,
afin
qu'ils puissent respirer l'air
qui entre dans l'eau par
ces ouvertures. C'est par
la mesme raison que quand
on remplit un reservoirde
poisson, peu de temps a
près
tout le poisson tient sa teste
à la surface de l'eau pour
venir respirer. Quatrièmement l'action des paneaux
des oüyes des poissons est
perpetuelle,sçavoir de s'elever & de s'abbaisser successivement comme lapoitrine. Cinquiémementon
- ne sçauroit douter que par
cette action ils ne prennent continuellement de
reau par leur bec qùlis
cliaffent" ensuite au travers
de leurs oüyes. Or si cette
action ne servoit pas à filtrer de l'air dans leur fang,
comme celle despoumons
des autres animaux, il paroist que la Nature auroit
fait de lamachine la plus
composéelachosE la plus
inutile;car premièrement
l'eau que les poissons avallent avec leursaliments,est
plus que suffisante pour
leur nourriture; & ils n'ont
pas besoin d'oüyes pour cet
effet. De plus on ne voit
point ce qu'ils peuvent tirer de l'eau, sinon de l'air
qui leur estnecessaire comme aux autres animaux
pour former des esprits &
desferments. Enfinonne
voit point non plus en eux
aucun autre instrument
pour attirer de l'air que
leurs wyesJ ni que la fepa-
ration de l'air dans l'eau au
moyen de ces oiiyes
,
soit
plus difficile que celle des
parties de la bile dans le
foye
,
de l'urine dans les
reins, du lait dans les mamelles, & de toutesles autres liqueurs contenues
dans le fang des animaux,
dans le fang mesme, puifqu'il ne faut que supposer
dans lesoüyesdespoissons
des glandes ou des tuyaux
desjapleins d'air & tout
ouverts qui s'embouchent
dans les arteres des oüyes;
car l'eau venant à couler
(ur les orifices de ces
tuyaux, ne pourra se joindre à l'air qu'ils contien-
;nene à causede la diversité
ede - leurs parties; mais l'air
contenu dans les pores de
-
de leau, ne manquera pas de s'incorporer avec cet
air
,
& de le chasser en
avant,àcause qu'ilest prefsé luy mesme par les paneaux des oüyes. Quant à
lacomposition des cuves
il suffit pour en juger, de
se representer ce que Mr
Duvernay nous en apprend, sçavoir qu'il y a
soixante neuf muscles qui
servent à leur aétionj que
chaque feuillet d'oüye est
composéde270. lames,ce
qui fait u£o. lames pour
les deux ouyes
,
à quatre
feuillets pour chaque oüye.
Que fîirla face de chacune
de ces lames il y a 21 6 o.
petits filets de vaisseaux
sanguins ou d'anastomes,
ce qui fait prés de
10000000. d'anastomes
en tout.
MéÚs pour avoir une
idée
-
plus nette de toute
cette mechanique admirable
rable des ouyes
,
il faut
sçavoir que l'arterc qui
tient lieu de pulmonaire
dans les poissons à laforcie
de leur cceur, se partage
en huit branches
;
sçavoir
quatre à droite
,
& quatre
à gauche; les quatre ra.
meaux vont de chaquecofié se rendre à quatre arcs
osseux qui soustiennent les
feuillets des oüyes, sçavoir
chaque rameau dans le demi canal ou goutiere qu^
regne te long de la convexité de cet arc. Ce rameau
dans tout son coursle long
de cette goutiere
,
envoye
deux branches d'artere à
chaque lame des oüyes
dont un feuillet est com- posé, parce que chaque
lame est elle
-
mesme composée de deux parties ou
lamelles faites en forme de
faux adoffécs
,
posées de
travers sur le chan par leur
base sur la goutiere, & liées
par quantité de filets de
nerfs. Le dos & la bafe de
ces faux est pareillement
osseux pour leur donner de
la consistance, & pour soustenir le rameau d'arterc
& de nerfs, qui monte le
long du dos de chaque
faux jusqu'à sa pointe où
il se termine. De cette
pointe part une veine qui
descendant le long du
tranchant de la faux passe
par dessous sa bafe
,
ôc là
se reunissant avec la veine
pareille de la faux opposee,
elles entrent conjointement dans un tuyau ve- ineux qui regne le long de
la mesme goutiere à costé
;de l'arreriel. On trouve encore le long de cette mes-
[me goutiere un rameau de
nerf qui fert à former les
membranes & ligarnens
donc les lames des oüyes
font unies entr'elles. Ilya
de plus un nombre presqu'innombrable de petits
vaisseaux sanguins qui s'estendent directement du
dos de chaque faux à son
tranchant sur chacune de
ses faux & ce sont les communications ou anastomeses si cherchées par les Anatomistes des arreres avec
les veines. Enfin ces anastomeses font distinguées
les unes des autres, & fou-
stenues par autant de filets osseux faits en forme
de poils,& par des rameaux
de nerfsqui partent du dos
de chaque faux.fW'
Les tuyaux veneux qui
régnent le long des goutiercs estant arrivez à leur
extremitédu cossé de dessus ou du cerveau du poisson, prennent taconditance d'arteres, & suppléent
àce que le cœur manque
de faire dans les poissons;
car ils se réunifient en un
tronc qui forme l'Aorte
amendante&descendan-
** — - *
te & par là fournissent du ;
fang vivifié d'air à la teste
& aux parties inférieures.
Mais à l'autre extremité
des goutieres ils se reunissent en un seul tronc veneux qui va se rendre à
l'oreillette du cœur avec les
autres veines qui rapportent le fang du reste du
corps de l'animal Voila
bien des merveilles jusques là inconnuës aux Anaromistes. Il faut esperer,
-
que le temps nous en découvrira bien d'autres.
A V
Fermer
Résumé : ABREGÉ de sa fameuse question sur la circulation du sang par le coeur du foetus, où l'on rapporte les experiences et les raisonnements de Messieurs Mery, Tauvry, Duvernay, & Delitre, & par occasion le Systeme de Mr Duvernay sur la respiration des Poissons.
En 1699, une dispute scientifique éclate entre les médecins Mery et Duvernay concernant la circulation du sang chez le fœtus humain. Cette controverse incite à l'étude de la circulation sanguine et des mécanismes respiratoires chez divers animaux terrestres, aquatiques et amphibies. Les observations et expériences de plusieurs savants anatomistes français et anglais sont compilées par M. Parem dans un abrégé. L'abrégé se concentre sur la circulation sanguine chez les fœtus, rapportant les expériences et raisonnements de Mery, Tauvry, Duvernay et Delire. Chez les animaux aquatiques, le cœur possède une seule oreillette et un seul ventricule, simplifiant la compréhension de la circulation sanguine. Chez les animaux terrestres, le cœur a deux ventricules et deux oreillettes, impliquant les poumons dans la circulation sanguine. Les amphibies, comme les tortues et les serpents, ont un cœur à trois cavités, compliquant davantage la circulation. Les auteurs s'accordent sur le fait que le sang des différentes parties du corps des amphibies se rassemble dans l'oreillette droite, tandis que le sang des poumons va dans l'oreillette gauche. Cependant, ils divergent sur les détails de la circulation et les comparaisons avec le système du fœtus humain. Mery propose un nouveau système où le sang passe par les poumons du fœtus, utilisant le trou ovale et le canal de Botall pour faciliter la circulation. Tauvry et Duvernay contestent ce modèle, présentant des observations anatomiques sur les variations des artères pulmonaires et aortiques chez les fœtus. Delire ajoute que le trou ovale peut rester ouvert chez les adultes, soutenant l'idée d'une circulation particulière chez les fœtus. Les débats portent également sur la respiration des amphibies et des poissons, qui adaptent leur circulation sanguine en fonction de leur environnement aquatique ou aérien. Les auteurs discutent des mécanismes de compression et de dilatation des poumons, influençant la circulation sanguine. Chez les poissons, les ouïes jouent le rôle des poumons, filtrant continuellement l'air dissous dans l'eau. La structure des ouïes est détaillée, avec des muscles et des vaisseaux sanguins complexes permettant la circulation du sang et l'absorption de l'air. Les artères et veines des ouïes se rejoignent pour former l'aorte, fournissant du sang vivifié à tout le corps du poisson.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 114-124
Observations sur une mort subite.
Début :
Un jeune homme de seize ans, qui depuis l'âge de [...]
Mots clefs :
Veine, Sang, Ventricule, Coeur, Cercle, Poumon, Jeune, Difficulté, Entonnoir
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texteReconnaissance textuelle : Observations sur une mort subite.
Observations sur une mort
subite.
Un jeune homme de seize
ans, qui depuis l'âge de
quatorze ans maigrissoit,
étoit sujet à une toux & à
une difficulté de respirer
) & tomboit en foiblesse
quand il avoit fait quelque
exercice violent, ou s'étoit
mis dans une grande colere,
s'étant un soir emporté
avec excés contre un
camarade qu'il avoit
, &
ayant aprés cela soupé deux
fois plus qu'à l'ordinaire,
se coucha à dix heures, &
dormit jusqu'à deux, qu'il
fut réveillé par une toux
violente, à laquelle succeda
un grand crachement de
fang & la mort à cinq
heures du matiu.)
On l'ouvrit, & on "îui
trouva beaucoup de fang
fort peu écumeux dans la
trachée & dans ses bronches
;
du fang noirâtre & à
demi caillé dans les deux
troncs de la veine cave,
dans le ventricule droit du
coeur, & dans l'artere pulmonaire
; pas une goutte
de fang dans le ventriculegauohe.-
Le tronc de la veine du
poumon étoit extraordinairement
dilaté, & aussi
gros quetout le coeur, lx;
la cavité étoit assezexactement
occupée par un corps
étranger rond, & épais de
deux pouces.
Le cercle membraneux
qui entoure intérieurement
l'embouchure de l'oreillette
gauche dans le coeur
étoit par son bord inférieur
plus épais qu'à l'ordinaire,
osseux&plus étroit que par
le bord supericur
; ce qui
est contraire à la conformation
commune.
Pour rendre raison de la
mort de ce jeune homme,
& des accidens qui l'ont
precedée, on ne se sert que
d'un seul des faits qu'on a
observez
,
& on en deduic
tous les autres.--.J
Le cercle membraneux
placé à l'embouchure de
loreillette gauche du coeur
est une espece de petit entonnoir,
dont l'ouverture
la plus étroiteesttournée
vers le haut ou vers la bafe
du coeur. Le fang poussé
par la contraction de l'oreillette
gauche est obligéd'augmenter
sa vîtesse,pour
passer d'abord par la partie
la plus étroite de cet entonnoir;
après quoy il coule
sans difficulté par la partie
la plus large dans le ventricule
gauche.
Supposé, comme il est
assez vrai-semblable, que
par la premiere conformation
du corps de ce jeune
homme cct entonnoir fût
renversé, & que le bord le
plus étroit du cercle membranenx
fût en bas, le fang
qui a passé d'abord par la
- partie la plus large sans augmenter
sa vÎcelfe) n'a pû
passer facilement par la
partie la plus étroite; ôc
dans l'effort qu'il a fait contre
l'obstacle, c'est à dire
contre le bord inférieur de
ce cercle
,
ill'a frapé [avçc
plus de force, ôc a poussé
dans les interstices de ces
fibres des particules salines,
qui non feulement l'ont
Tendu à la longe plus épais,
parce qu'elles s'y amassoient
en grande quantité :
mais qui l'ont encore rendu
0sseux
-
parce quelles étoient
salines.
Ce bord devenu osseux a
perdu sa flexibilieé,&quand k fang de la veine du poumon
se presrentoi- t pour entrer
1 rrer dans le ventricule gauche,
& que le cercle membraneux
auroit dû s'élargir
pour faciliter son entrée,
l'ossificationl'en empêchoie,
& une partie du fang
demeuroit dans la veine.
De là l'extrêmedilatation
de ce vaisseau
, & le polype.
,-
Le polype formé, le fang
ne passoit plus qu'avec
beaucoup de peine dans la
veine du poumon, & par consequent sejournoit dans
les arteres de cette partie,
s'y amassoit, les dilatoit,
les rendoit plus minces, &
élargiffoit leurs pores. Les
parties les plus subtiles du
fang, comme ses sels & les
serositez,s'échapoient donc
aisément par ces pores
agrandis, & de là elles ne
pouvoient passer que dans
la cavité des cellules du
poûmon
,
dans les bronches
Se dans la trachée.
Cette cause de la toux &
de la difficulté de respirer
est assez évidente. Il est clair
aussi que la colere ou un
grand exercice subtilisant
encore plus le fang, lui
! donnoient encore plus de
i facilité à passer dans les
1 conduits de la respiration,
f & que comme il abandonnoit
presrque entierement
la route des veines pulmonaires
, & que par confe- Iqucnt le ventricule gauche
! avoir peu de fang à pousser
r dans l'aorte,lesfoiblesses
f devoient s'en ensuivre, Ôc
I
enfin lamort, lors qu'il ne
passa aucun fang de la veine
du poumon dans le ventricule
gauche.
A tout cela il est aisé de
joindre ce que les alimens
pris avec excés dans de pareilles
circonitances, peuvent
avoir contribué à une
mort si prompte.
subite.
Un jeune homme de seize
ans, qui depuis l'âge de
quatorze ans maigrissoit,
étoit sujet à une toux & à
une difficulté de respirer
) & tomboit en foiblesse
quand il avoit fait quelque
exercice violent, ou s'étoit
mis dans une grande colere,
s'étant un soir emporté
avec excés contre un
camarade qu'il avoit
, &
ayant aprés cela soupé deux
fois plus qu'à l'ordinaire,
se coucha à dix heures, &
dormit jusqu'à deux, qu'il
fut réveillé par une toux
violente, à laquelle succeda
un grand crachement de
fang & la mort à cinq
heures du matiu.)
On l'ouvrit, & on "îui
trouva beaucoup de fang
fort peu écumeux dans la
trachée & dans ses bronches
;
du fang noirâtre & à
demi caillé dans les deux
troncs de la veine cave,
dans le ventricule droit du
coeur, & dans l'artere pulmonaire
; pas une goutte
de fang dans le ventriculegauohe.-
Le tronc de la veine du
poumon étoit extraordinairement
dilaté, & aussi
gros quetout le coeur, lx;
la cavité étoit assezexactement
occupée par un corps
étranger rond, & épais de
deux pouces.
Le cercle membraneux
qui entoure intérieurement
l'embouchure de l'oreillette
gauche dans le coeur
étoit par son bord inférieur
plus épais qu'à l'ordinaire,
osseux&plus étroit que par
le bord supericur
; ce qui
est contraire à la conformation
commune.
Pour rendre raison de la
mort de ce jeune homme,
& des accidens qui l'ont
precedée, on ne se sert que
d'un seul des faits qu'on a
observez
,
& on en deduic
tous les autres.--.J
Le cercle membraneux
placé à l'embouchure de
loreillette gauche du coeur
est une espece de petit entonnoir,
dont l'ouverture
la plus étroiteesttournée
vers le haut ou vers la bafe
du coeur. Le fang poussé
par la contraction de l'oreillette
gauche est obligéd'augmenter
sa vîtesse,pour
passer d'abord par la partie
la plus étroite de cet entonnoir;
après quoy il coule
sans difficulté par la partie
la plus large dans le ventricule
gauche.
Supposé, comme il est
assez vrai-semblable, que
par la premiere conformation
du corps de ce jeune
homme cct entonnoir fût
renversé, & que le bord le
plus étroit du cercle membranenx
fût en bas, le fang
qui a passé d'abord par la
- partie la plus large sans augmenter
sa vÎcelfe) n'a pû
passer facilement par la
partie la plus étroite; ôc
dans l'effort qu'il a fait contre
l'obstacle, c'est à dire
contre le bord inférieur de
ce cercle
,
ill'a frapé [avçc
plus de force, ôc a poussé
dans les interstices de ces
fibres des particules salines,
qui non feulement l'ont
Tendu à la longe plus épais,
parce qu'elles s'y amassoient
en grande quantité :
mais qui l'ont encore rendu
0sseux
-
parce quelles étoient
salines.
Ce bord devenu osseux a
perdu sa flexibilieé,&quand k fang de la veine du poumon
se presrentoi- t pour entrer
1 rrer dans le ventricule gauche,
& que le cercle membraneux
auroit dû s'élargir
pour faciliter son entrée,
l'ossificationl'en empêchoie,
& une partie du fang
demeuroit dans la veine.
De là l'extrêmedilatation
de ce vaisseau
, & le polype.
,-
Le polype formé, le fang
ne passoit plus qu'avec
beaucoup de peine dans la
veine du poumon, & par consequent sejournoit dans
les arteres de cette partie,
s'y amassoit, les dilatoit,
les rendoit plus minces, &
élargiffoit leurs pores. Les
parties les plus subtiles du
fang, comme ses sels & les
serositez,s'échapoient donc
aisément par ces pores
agrandis, & de là elles ne
pouvoient passer que dans
la cavité des cellules du
poûmon
,
dans les bronches
Se dans la trachée.
Cette cause de la toux &
de la difficulté de respirer
est assez évidente. Il est clair
aussi que la colere ou un
grand exercice subtilisant
encore plus le fang, lui
! donnoient encore plus de
i facilité à passer dans les
1 conduits de la respiration,
f & que comme il abandonnoit
presrque entierement
la route des veines pulmonaires
, & que par confe- Iqucnt le ventricule gauche
! avoir peu de fang à pousser
r dans l'aorte,lesfoiblesses
f devoient s'en ensuivre, Ôc
I
enfin lamort, lors qu'il ne
passa aucun fang de la veine
du poumon dans le ventricule
gauche.
A tout cela il est aisé de
joindre ce que les alimens
pris avec excés dans de pareilles
circonitances, peuvent
avoir contribué à une
mort si prompte.
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Résumé : Observations sur une mort subite.
Le texte relate le cas d'un jeune homme de seize ans ayant souffert depuis l'âge de quatorze ans de maigreur, toux, difficulté à respirer et faiblesse après des efforts intenses ou des colères. Une soirée, après un accès de colère et un repas copieux, il décéda subitement à la suite d'une violente quinte de toux. L'autopsie révéla une accumulation de sang dans la trachée, les bronches, les troncs de la veine cave, le ventricule droit du cœur et l'artère pulmonaire, mais aucune trace de sang dans le ventricule gauche. Le tronc de la veine pulmonaire était dilaté et contenait un corps étranger. Le cercle membraneux entourant l'embouchure de l'oreillette gauche du cœur présentait une conformation anormale, avec un bord inférieur épaissi et osseux. La cause de la mort fut attribuée à une anomalie congénitale. Normalement, le sang passe par un entonnoir membraneux dont l'ouverture la plus étroite est tournée vers le haut. Chez ce jeune homme, cet entonnoir était renversé, rendant difficile le passage du sang. Les efforts du sang contre cet obstacle avaient épaissi et ossifié le bord inférieur du cercle membraneux, empêchant ainsi le sang de passer correctement. Cela provoqua une dilatation extrême de la veine pulmonaire et la formation d'un polype. Le sang, ne passant plus correctement, s'accumula dans les artères pulmonaires, causant toux et difficulté à respirer. La colère ou l'exercice intensif exacerbait ces symptômes en facilitant le passage du sang dans les conduits respiratoires, privant ainsi le ventricule gauche de sang et entraînant des faiblesses fatales.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 217-261
MEMOIRE sur la circulation du sang des Poissons qui ont des oüies, & sur leur respiration.
Début :
Dans les divers Memoires qu'on a lûs à l'Academie, [...]
Mots clefs :
Eau, Sang, Ouïes, Poissons, Artères, Bouche, Corps, Lames, Poumon, Coeur, Veines, Couvercle, Animaux, Rameaux, Gorge, Capillaires, Carpe, Branches, Mouvement
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texteReconnaissance textuelle : MEMOIRE sur la circulation du sang des Poissons qui ont des oüies, & sur leur respiration.
MEMOIRE
sur la circulationdusang
des Poissons qui ont des
oùies, &sur leur refi.
piration.
I
~-
DAns les divers Memoires
qu'on a lûs à rA.
1 cademie, on a fait voir qu'elle
! étoit la structure du coeur des
Poissons, & celles de leurs
ouïes. Pour suivre >tierc, cette ma- il està propos de parler
: de leurs usages; Mais pour
les rendre intelligibles à tout
le monde; il est necessaire de
faire ici une brieve recapitulation
de ce que j'ay dit touchant
cette mêmestructure.
On remarquera donc qu'elle
cft differente dans les differentes
especes dePoissons où
l'on trouve ces parties. On a
fait voir à l'Academie des
Exemples de ces differences;
mais je m'arreste aujourd'huy
particulierement à la Carpe
que l'on trouve commodément
& sur laquelle on pourra
avec facilité verifier tout ce
que je vais dire.
Chacun sçait que le coeur
de tous les Poissons qui ne
respirent pas l'air n'a qu'une
cavité, & par consequent
qu'une oreillette à l'embouchure
du vaisseau qui y rapporte
le fang. Celle du coeur
de la Carpe est appliquée au
costé gauche.
La chair du coeur est fore
épaisse, par rapport à son volume,
& ses fibres font trescompactes:
Aussia-t'il bcfoin
d'une forte action pour la circulation
comme on le verra
,
dans la fuite.
: Il n'y a personne qui ne
sçache cc que c'est que des
ouïes; mais tout le monde
ne sçait pas que ce font ces
parties qui fervent de poumons
aux Poissons. Leur
charpente est composée de
quatre costes de chaque costé
qui se meuvent tant sur ellesmêmes
en s'ouvranr & se resserrant
qu'àl'égard de leurs
deux appuis superieur & inferieur
en s'écartant de l'une &
de l'autre, & en s'en raprochant.
Le costé convexe de
chaque coste est chargé sur
ses deux bords de deux especes
de feüillets, chacun desquels
est composé d'un rang
de lames, étroites & rangées
& ferrées l'une contre l'autre
qui forment comme autant
de barbes ou frangessemblables
à celles d'une plume à
écrire; & ce font ces franges
qu'on peut appeller proprement
le poumon desPoissons.
Voila une situation de parties
fortextraordnaire & fore
singuliere. La poitrine est
dans la bouche aussi- bien
que le poumon. Les costes
portent le poumon, & l'animal
respire l'eau-
Les extremitez de ces costes
qui regardent la gorge font
jointesensemble par plusieurs
petits os, qui forment une
cfpecc de sternon, en sorte
néanmoins que les costes ont
un jeu beaucoup plus libre
sur ce sternon & peuvent s'écarter
l'une de l'autre beaucoup
plus facilement que celles
de l'homme, & que ce sternon
peut-estre soulevé & a.
baissé. Les autres extremitez
qui regardent la base du
crane font aussi jointes par
quelques osselets qui s'articulent
avec cette même base &
qui peuvents'en éloigner, ou
s'enapprocher.
Chaque coftc est compofée
de deux pieces jointes par
un cartilage fort fouple, qui
est dans chacune de ces parties
ce que font les charnieres
dans les ouvrages des artisans.
La premiere piece cît
courbée en arc, & sa longueur
est environ la sixiéme portion
du cercle dont elle feroit la
partie.
La seconde décrit à peuprés
une fromaine majuscule.
- La partie convexe de chaque
coste est creusée en goutiere,
& c'est le long de ces
goutieres que coulent les vaisaseaupx
donrt iléferaspa.rléci- Chacune des lames dont
les feüillers font composez,
à la figure du fer d'une faux,
& à sa naissance elle a comme
un pied ou talon qui ne
pose que par son extremité sur
sur le bord de la coste.
Chacun de ces feüillets est
composé de cent trente-cinq
lames j-ainifles seize contiennent
huit mil six cens quarante
surfaces, que je compte icy
parce que les deux surfaces de
chaque lame font revêtuës
dans toute leur étenduë d'une
membrane tres fine, sur laquelle
se font les ramifications
presque innombrables des
vaisseaux capillaires de ces
fortes de poumons.
J'ay fait voir à la compagnie
qu'il y a quarante-six
muscles qui sont employez
aux mouvemens de ces costes;
il y en a huit qui en dilate l'intervale,
& seize qui le resserrent,
six qui élargissent le cintre
de chaque coste, douze
qui le retresissent, & qui en
même temps abaissent le sternon,
& quatre qui le soulevent.
Les ouïes ont une large ou.
verture, sur laquelle cftpaCé
un couvercle composé de
plusieurs pieces d'assemblage,
qui a le même usage que le
panneau d'un fouiller)& chaque
couvercle est formé avec
un tel artifice qu'en s'écartant
l'un de l'autre,ils se voutent
en dehors pour augmenter la
capacité de la bouche, tandis
qu'une de leurs pieces qui
jouë sur une espece de genou
tient fermées les ouvertures
des ouïes, & ne les ouvre que
pour donner passage à l'eau
que l'animal a respiré, ce qui
se fait dans le tems que le
couvercle s'abat & se referre.
I Il ya deux muscles qui servent
à soulever le couvercle,
& trois qui fervent à l'abatre
& à le reserrer.
! On vient de dire que l'assemblage
qui compose la
charpente des couvercles les
rend capables de sevouter en
dehors. On ajoûtera deux
autres circonstances. La premiere
est que la partie de ce
couvercle qui aide à former
le dessous de la gorge est
plié en éventail sur de petites
lames d'os pour fcrvir en se
deployant à la dilatation de la
gorge dans l'inspiration de
l'eau. La seconde que chaque
couvercle est revêtu par dehors
& par dedans d'une peau
qui
*
luy est fort adherente.
Cesdeux peaux s'unissent ensemble,
se prolongent audelà
de la circonference du
couvercle d'environ deux à
trois lignes, & vont toûjours
en diminuant d'épaisseur. Ce
prolongement est beaucoup
plus ample fous la gorge que
vers le haut de la teste. Il
estextrêmementsouple, pour
s'appliquer plus exactement à
l'ouverture sur laquelle il porte,
& pour la tenir ferméeau
premier moment de la dilatation
de la bouche pour la
rcfpiration.
Voila pour ce qui regarde
la structure desoüies ; passons
à present à la distribution de
leurs vaisseaux.
L'Artere qui fort du coeur
se dilate de telle maniere qu'elle , en couvre toute la base
: ensuite se retresissant peu
à peu elle forme une espece
de corne. A l'endroitoù elle
est ainsi dilatée
,
elle est garnie
en dedans de plusieurs
colonnes charnuës qu'on peut
considerer comme autant de
muscles qui font decetendroit
de l'aorte comme un
second coeur, ou du moins
comme nn second ventricule
lequel joignant sa compressîon
à celle du coeur, double
la force necessaire à la distribution
dufang pour la circulation.
Cette artere montant par
l'intervalle que les oüies laissententre-
elles, jette vis-à-vis
,
de chaque paire de côtes de
chaque côté une grosse branche
creusée sur la surface exterieure
de chaque côte& qui
s'étend le long de cette goutiere
d'une extremité à l'autre
du feüillet. Voila tout le corps
de l'Aorte dans ce genre d'animaux.
L'Aorte qui dans les
autres animaux porte le fang
du centre à la circonference
de tout le corps, ne parcoure
de chemin dans ceux- ci que
depuis lecoeurjusqu'à l'extremité
des oüies, où elle finir.
Cette branche fournit alitant
de rameaux qu'il y a de lames
surl'un ou furl'autre bord
de lacôte. La grosse branche
se termine à l'extremitéde la
côte
,
ainsi qu'il a esté dit, &
les rameaux finissent à l'extremité
des lames ausquelles
chacun d'eux se distribuë.
Pour peu que l'on soit instruit
de la circulation & des
Vaisseaux qui y servent, on
fera en peine de sçavoir par
quels autres vaisseaux on a
trouvéun expédient pour animer
& mouvoir tout le corps
depuis le bout d'en bas des
oiïies jusques à l'extremité de
la queuë. Cet expedient paroîtra
clairement dés qu'on
aura conduit le fang jusqu'à
l'extremitédesoüies. -
Chaque
Chaque rameau d'artere
monte le long du bord interieur
de chaque lame des
deux feüillets posez sur chaque
côte,c'est-à dire le long
des deux tranchans des lames
qui se regardent:ces deux rameaux
s'abouchentau milieu
de leur longueur; & continuant
leur route parviennent,
comme j'ay dit, à la pointe
de chaque lame. Là chaque
rameau de l'extremité de l'artere
trouve l'embouchure d'une
veine, & deux embouchures
appliquées l'une à l'autre
immediatement ne faisant
qu'un même canal malgré la
differente consistance des
deux vaisseaux
,
la veine s'abbat
sur le tranchant exterieur
de chaque lame, & parvenuë
au bas de la lame elle verse
son fang dans un gros vaisseau
veineux couché prés de
la branche d'artere danstoute
l'étenduë de la goutiere de
de la côte: mais ce n'est pas
feulement par cet abouchement
immediat des deux extrêmitez
de l'artere &de la
veine que l'arrere se décharge
dans la veine, c'est encore par
toute sa route.
Voici comment le rameau
d'artere dresse sur le tranchant
de chaque lame, jette dans
toute sa route sur le plat de
chaque lame de part & d'autre,
une multitude infinie de
vaisseaux, qui partant deux à
deux de ce rameau l'un d'un
côté de la lame, l'autre de
l'autre
-,
chacun de son côté
vadroit à laveine qui descend
sur le tranchant opposé de la
lame, & s'y abbouche par un
contact immédiat. C'est ainsi
que le fang passe dans ce genre
d'animaux,des arteres de
leur poumon dans leurs vrinés
d'un bout a l'aucre. Les
artères y font de vrayes arteres,
& par leurs corps & par
leur fonctions de recevoir le
fang. Les veines y font de
vrayes retines, & par leur
fonction de recevoir le fang
desarteres & par la delicatefseextrême
de leur consistan-
Ilnty ajusques-là rien qui
ne foie de l'oeconomie ordinaire
: mais ce qu'il y a de singulier
est premièrement l'abbboouucchheemmeennttimimmméeddiiaatt
des
arteres avec les veines, qui (c
trouve àlaverité dans les poumons
d'autres animaux, sur
1 tout dans ceux des grenouilles
&des torcuës: mais qui
n'est pas si manifestequedans
viesoiiies des poissons. 2° La
régularité de la distribution
:
qui rend cet abbouchement
plus vifiblc dans ce genre d'animaux
;car toutes les branchesdarteres
montant le
long des lames dressees sur les
côres
,
font aussi droites &
aussi également distances l'une
de
l'autre
que les lames: les
rameaux transversaux capillaires
qui partent de ces branches
à angles droits
,
font également
distansl'un de l'autre;
de forte que la direction & les
intervales de ces vaisseaux tant
montans que transversaux,
estantanssi réguliers que s'ils
avoient esté dressez à la règle
& espacez au compas ; on les
suit à l'oeil & au microscope.
On voit donc que lesarteres
transversales finissent immédiatement
au corps de la veine
descendante, & chacune
de ces veines descendante
ayant reçu le fang des artères
capillaires tranfverfalles
de part & d'autre de la lame,
s'abbouche à plomb avec le
tronc de la veine couchée
dans la gouttiere.
Il faut avouer que cette
, distribution est fort singuliere
: ce qui fuit l'est encore davantage.
On est en peine dela
distribution du fang pour la
nourriture & la vie des autres
parties du corps de ces animaux.
Nous avons conduit le
fang du coeur par les arteres
«
du poumon dans les veines
du poumon. Le coeur ne jette
point d'autres arteres que celles
du poumon. Que deviendront
les autres parties, le
cerveau, les organes des fensf
Ce qui fuit le fera voir.
Ces troncs de veines pleins
de fang arreriel fartant de
chaque côce par leur extrémité
qui regarde la bafe du
crâne, prennent la consistance
&l'épallfeur darteres & viennent
seréunir deux à deux de
chaque côcé. Celle de la première
côte, fournit avant sa
réunion des branches qui distribuënt
le fang aux organes
des sens, au cerveau & aux
parties voisines, & fait par ce
moyen les fonctions qui appartiennent
à l'aorte ascendante
dans les animaux à quatre
pieds :
ensuite elle fc rejoint
joint à celle de la fccondc
côte; & ces deux ensemblene
font plus qu'un tronc, lequel
coulant le long de la base du
crane reçoit encore de chaque
cote une autre branche formée
par la réunion des veines
de la troisième & quatrième
paires de côtes,& routesensemble
ne font plus qu'un
tronc.
Après cela ce tronc dont
toutes les racines estoient
veines dans le poumon,devenant
artere par sa tunique
& par son office, continue
son cours le long des vertebecs.,
& distribuant le fang
artérielà touteslesautres parties
, fait la fonction d'artère
desccendante&lesang arceuiel
estdistribué parce moyenégakment
à toutes les parties
pourles nourrir & des ani.
mer, &il r£neori«ropartout
des racinesquireprennent le
residu & le rapportant par
plusieurs troncsformezdel'unioh
de toutes q<!s¡acincs'au
reservoircommunquiledoit
rendreaucoeur;c'estainsi que
^achevcfk circulation dans
casiani<iaaux.-,;io r>,\~;x:
>V«oil'aScomîtefitylcs)Vcinri5
,
du potlHion de cegenredeviennent
arteres pour animer
& pour nourrir la teste & le
reste du corps.
Mais ce qui augmente la
singularité,c'est que ces mêmesveines
du poumon sortant
de la goutiere des côtes
par leur extremité qui regarde
la gorge, conservent la tu.
nique & la fonction de veines
en rapportant dans le reservoir
de tout le fang veinal
une portion du fang arteriel
qu'elles ont reçudes arteres
du poumon.
Comme le mouvement
des machines contribue aussi
a la respiration des Poissons,
il ne fera pas hors de propos
defaire remarquer que la fuperieurc
est mobile, qu'elle est
composée de pluficurs pieces
qui font naturellement engaggééeeslselessuunneessddaannssleless
aauu--
tres, de telle manière qu'elles
peuvent en se déployant
dilater & allonger la mâchoire
superieure.
Toutes les pieces qui servent
à la respiration de la
Carpe, montent à un nombre
si surprenant, qu'on ne
fera pas fâché d'en voir icy le
dénombrement.
Les pieces osseuses font au
nombre de quatre milletrois
cens quatre-vingt six
:
il y a
soixante-neufmuscles.
- Les arteres des ouics, outre
leurs huit branches principales,
jettent quatre mille trois
Cent vingt rameaux; & chaque
rameau jette de chaque
lame, une infinité d'arteres
capillaires transversales, donc
le nombre ne fera pas difficile,
& passera de beaucoup tous
ces nombres ensemble.
: Il y a autant de nerfs que
d'arteres
3
les ramifications
des premiers suivant exactement
celles des autres.
Les veines ainsi que les artères,
outre leurs huit branches
principales jettent quatre
mille trois cent vingt rameaux
,
qui font de simples
tuyaux,& qui à la différence
des rameaux des arteres na
jettent point de vaisseux capillaires
tranfver faux.
Le fang qui cft rapporté de
toutes les parties du corps des
poissons,entre du reservoir,
ou se dégorgent toutes les
veines
t
dans l'oreillette
, &
de là dans le cceur;qui par-sa
contraction le pouffe dans
l'aotte, & dans toutes les ramifications
quelle jette sur
les lames des oüies : & comme
à sa nainance elle cft garnie
de plusieurs colonnes charnuës,
fore épaisse, ce qui resserrent
immédiatement après, elle féconde
& fortifie par sa compression
l'action du coeur, qui
est de pousser avec beaucoup
de force le fang dans les rameaux
capillaires transversaux,
situez de part & d'autre,
sur toutes les lames des oüies.!
On a fait observer que cette
artere & ses branches, ne
parcouroient de chemin que
depuis le coeur',-- jusqu'à l'ex.
tremité des oüies, où elles finirent.
Ainsi à coup de piston
redoublé doit suffire, pour
pousser le fang avec irppetuosicé
dans ce nombre infini
d'arterioles si droites & si rcguliere,
où le fang ne trouve
d'autre obstacle que Je simple
contaft,&non le choc & les
reflexions, comme dans les
autres animaux où les arteres
se ramifient en mille manières
,
sur tout dans les demieres
subdivisions.
Voila pour ce qui concerne
le pacage du fang dans k
poumon. Voici comment s'en
fait la préparation.
:. Je suppose que les particules
d'air qui font dans l'eau,
comme l'eau est dans une éponge)
peuvent s'endégager
en plusieurs manières.
1 Par la chaleur ainsiqu'on
le voit dans l'eau qui bout
sur le feu. 2.Q. Par laffoiblisfement
duressors de l'air,qui
presse l'eau où ces particules
d'air sont engagées; comme
on le voit dans la machine du
vuide. 3°. Par le froissement
&l'extrême division del'eau,
sur tout quand elle a quelque
degré de chaleur.
On ne peut pas douter qu'-
il n'y ait beaucoup d'air dans
tout le corps des poissons,&
que cet air ne leur foit fort
ncceflaire. La machine du vui.
de fait voir l'un & l'autre..
J'aymis une Tanche fore
vive dans un vaisseau plein
d'eau que l'on a placé fous le
recipicnt;& aprèsavoir donné
cinq ou six coups de piston on
a remarqué que cette Tanche
était toute couverte d'une iiw
finité de petites bulles d'air qui
sortoient d'entre les écailles,
& que tout le corps paroissoit
perlé.
,
Il en sorcoit aussi un tresgrand
nombre par les oüies
beaucoup plus grosses que
celles de la surface du corps:
Enfinilen fortoir par la bou.
che,maisen moindre quantite.
En recommençant a pomper
tout de nouveau deux ou
trois fois de fuite ,ce qui fut
fait à plusieurs reprises, on
remarquoit que lepoisson s'agitoit
& se tourmentoit ex.
traordinairement,&qu'il reÊ
piroit plus fréquemment:
aprés avoir passé un gros quart
d'heure dans cetestat, il tom.
ba en langueur, toutlecorps
Vi
& même les oiïies n'ayant
bplleu.s aucun mouvement fcnfi-
Pour lots ayant tire le
vaisseau de dessous le recipient,
on jetta le poison dans
de l'eauordinaire, où il commença
à respirer & à nager,
mais foiblement, & il fut
longtemps à revenir à son
cfliatnaturel.
J'ayfait la mêmeexperience
sur une Carpe: jel'ay mise
dans la même machine, 3c
ayant pompel'air trois ou
quatre fois comme on l'avoir
fait à la Tanche, le poisson
- commença d'abord à s'agiter:
toute la surface du corps de-
,
vint, perlée; il sortit par la
bouche & par les oüies une
infinité de bulles d'air foïç
grottes,&larégion de la ves-
Sie d'air s'enfla beaucoup,quoique
cette Carpe fut plus gros-.
se que la Tanche,le battement
desoüies cessaplutost. *Lorsqu'onrecommençoità
pomper, les oüies recommençoient
aussi à battre mais
très-peu de temps,& fort foi.
blcment. Enfin elle demeura
sans aucun mouvement, &
la region de la vessie devint si
gonflée & si tenduë,que la
laittc forcoit en s'éfilant par
l'anus. Cela dura environ trois
quarts d'heure, au bout desquels
elle mourut,estant de*
venuë fortplatte.L'ayantouverte,
.on trouvalavessie: crel
1 i Vée.
On aaussi expetimenté
qu'un poisson mfs dansSit
teaupurgée d'air n'ypeut vivre
longtemps. Outre ces experiences
qu'on peut faire
dans la madonedu vuide,en
voici d'autres qui prouvent
aussi que l'air,qui est mê'Jé'
dans l'eau,alaprincipalepart
à la respiration despoissons
•v
Si vous enfermezdespoisfons
dans unvaisseau de verre
plein d'eau, ils y viventquelque
temps, pourvûquel'eau
ioitlenouveîléc :mais si vous
couvrez le vaisseau,&le'bouchez
en forte que l'air stfy
puificpointcnttet/ikîsjroîfsonsserontéroulfez.
".,Gôlg
prouve bien que j'eau aé fctc
àqlueu'erlfreesapirlataiolni,beqruteéu'tÛanct
peignerd'air.*-•]rV
Mettez lusieurs Lp9iffons
dans un vaisseau qui tic
Ion pas entièrement TciBd!i
ir'cauyfrvous,lefermes?
poissons qui auparavant nageoientenpleine
liberté, & segayoient, s'agiteront & se
presseront à qui prendra le
dessus poutrespirer la portion
de l'eau qui est la plus voisine
delair.
Onremarqueaussiquelorfquela
surface des Etangs cft
gelée, les poissons qui font
dedans, meurent plus ou
moins vite ,durant que l'E.,.
rang a plus ou moins d'étenduë
&de profondeur, & on
observe que quand on casse
la glace en quelque endroit)
les poissonss'y prefenrent
avec
avec empressement pour rcfpirer
cette eau imprégnée
d'un nouvel air. Ces experiences
prouvent manifestement
la necessité de l'air pour
la rcfpiration des poissons.
Voyons maintenant ce qui se
passe dans le temps de cette
rcfpiration-
La bouche, s'ouvre
,
les lèvres
s'avancent,parla la concavité
de la bouche est allongée,
la gorge s'enfle, les couvercles
des oüies
,
qui ont le
même mouvement que les
panneaux d'un souffet, s'écarrant
l'un de l'autre,se voûcent
en dehors parleur milieu
seulement, tandis qu'une de
leurs pieces qui joiic sur une
espece de gomme ,
tientfermées
les ouvertures des ouïes,
en se soulevant toutefois un
peu, sans permettrecependant
à l'eau d'entrer ; parce
que la petite peau qui borde
chaque couvercle, ferme exactement
l'ouverture des ouïes.
Tout cela augmente, &
élargit en tout sens la capacité
de la bouche, & détermine
l'eau à entrer dans &
cavité, de même que l'air entre
par la bouche & les nariDes
dans la crachée artere Se
les poumons , par la dilata,
tion de la poitrine. Dans ce
même temps les costes des
QÇÏÇS s'ouvrent en s'écartanr
lç5 unes des autres, leur cintreestélargi,
le sternon efl;
écarté en s'éloignant du palais
; ainsi tout conspire à faire
entrer l'eau en plus grande
quantité dans la bouche. C'es
ainsi que se fait l'ispiratioa
despoissons, Ensuite la bouche
se ferme, les lévres auparavant
allongées se racourcissent
, sur tout la superieure
qui se plic en éventail, la lévre
inférieure se cole: à la superieure
par le moyen d'une petite
peau en forme de croissant qui
s'abbat comme un rideau de
haut en bas & qui empêche
l'eau de sortir. Le couvercle
s'applatit sur la baye de l'ouverture
desoüies. Dans le même
temps les côtes se ferrent
les unes contre les autres, leur
cintre se retressit, & le sternon
s'abbat sur le Palais.
Tout cela contribuë &
comprime l'eau qui est entrée
par la bouche. Elle se presente
alors pour forrir par tous
les intervalles descôtes & par
ceux de leurs lames, & elle y
passe comme par autant desilieres
; & par ce mouvement la
bordure membraneuse des
couvercles cil: relevée,.& l'eau
pressees'échappe parcette ouverture,
C'est ainsi que fc
fait l'expiration dans les poissons.
On voit par là que l'eau
entre par la bouche, & sortant
par les oüies. Tout au contraire
de ce qui arrive dans les animaux
à quatre pieds dans lesquels
l'air entre & fort alternativemenr
par la trachée artere.
Voila tout ce qui concerne
les mouvemensdelarespiration
des poissons.
sur la circulationdusang
des Poissons qui ont des
oùies, &sur leur refi.
piration.
I
~-
DAns les divers Memoires
qu'on a lûs à rA.
1 cademie, on a fait voir qu'elle
! étoit la structure du coeur des
Poissons, & celles de leurs
ouïes. Pour suivre >tierc, cette ma- il està propos de parler
: de leurs usages; Mais pour
les rendre intelligibles à tout
le monde; il est necessaire de
faire ici une brieve recapitulation
de ce que j'ay dit touchant
cette mêmestructure.
On remarquera donc qu'elle
cft differente dans les differentes
especes dePoissons où
l'on trouve ces parties. On a
fait voir à l'Academie des
Exemples de ces differences;
mais je m'arreste aujourd'huy
particulierement à la Carpe
que l'on trouve commodément
& sur laquelle on pourra
avec facilité verifier tout ce
que je vais dire.
Chacun sçait que le coeur
de tous les Poissons qui ne
respirent pas l'air n'a qu'une
cavité, & par consequent
qu'une oreillette à l'embouchure
du vaisseau qui y rapporte
le fang. Celle du coeur
de la Carpe est appliquée au
costé gauche.
La chair du coeur est fore
épaisse, par rapport à son volume,
& ses fibres font trescompactes:
Aussia-t'il bcfoin
d'une forte action pour la circulation
comme on le verra
,
dans la fuite.
: Il n'y a personne qui ne
sçache cc que c'est que des
ouïes; mais tout le monde
ne sçait pas que ce font ces
parties qui fervent de poumons
aux Poissons. Leur
charpente est composée de
quatre costes de chaque costé
qui se meuvent tant sur ellesmêmes
en s'ouvranr & se resserrant
qu'àl'égard de leurs
deux appuis superieur & inferieur
en s'écartant de l'une &
de l'autre, & en s'en raprochant.
Le costé convexe de
chaque coste est chargé sur
ses deux bords de deux especes
de feüillets, chacun desquels
est composé d'un rang
de lames, étroites & rangées
& ferrées l'une contre l'autre
qui forment comme autant
de barbes ou frangessemblables
à celles d'une plume à
écrire; & ce font ces franges
qu'on peut appeller proprement
le poumon desPoissons.
Voila une situation de parties
fortextraordnaire & fore
singuliere. La poitrine est
dans la bouche aussi- bien
que le poumon. Les costes
portent le poumon, & l'animal
respire l'eau-
Les extremitez de ces costes
qui regardent la gorge font
jointesensemble par plusieurs
petits os, qui forment une
cfpecc de sternon, en sorte
néanmoins que les costes ont
un jeu beaucoup plus libre
sur ce sternon & peuvent s'écarter
l'une de l'autre beaucoup
plus facilement que celles
de l'homme, & que ce sternon
peut-estre soulevé & a.
baissé. Les autres extremitez
qui regardent la base du
crane font aussi jointes par
quelques osselets qui s'articulent
avec cette même base &
qui peuvents'en éloigner, ou
s'enapprocher.
Chaque coftc est compofée
de deux pieces jointes par
un cartilage fort fouple, qui
est dans chacune de ces parties
ce que font les charnieres
dans les ouvrages des artisans.
La premiere piece cît
courbée en arc, & sa longueur
est environ la sixiéme portion
du cercle dont elle feroit la
partie.
La seconde décrit à peuprés
une fromaine majuscule.
- La partie convexe de chaque
coste est creusée en goutiere,
& c'est le long de ces
goutieres que coulent les vaisaseaupx
donrt iléferaspa.rléci- Chacune des lames dont
les feüillers font composez,
à la figure du fer d'une faux,
& à sa naissance elle a comme
un pied ou talon qui ne
pose que par son extremité sur
sur le bord de la coste.
Chacun de ces feüillets est
composé de cent trente-cinq
lames j-ainifles seize contiennent
huit mil six cens quarante
surfaces, que je compte icy
parce que les deux surfaces de
chaque lame font revêtuës
dans toute leur étenduë d'une
membrane tres fine, sur laquelle
se font les ramifications
presque innombrables des
vaisseaux capillaires de ces
fortes de poumons.
J'ay fait voir à la compagnie
qu'il y a quarante-six
muscles qui sont employez
aux mouvemens de ces costes;
il y en a huit qui en dilate l'intervale,
& seize qui le resserrent,
six qui élargissent le cintre
de chaque coste, douze
qui le retresissent, & qui en
même temps abaissent le sternon,
& quatre qui le soulevent.
Les ouïes ont une large ou.
verture, sur laquelle cftpaCé
un couvercle composé de
plusieurs pieces d'assemblage,
qui a le même usage que le
panneau d'un fouiller)& chaque
couvercle est formé avec
un tel artifice qu'en s'écartant
l'un de l'autre,ils se voutent
en dehors pour augmenter la
capacité de la bouche, tandis
qu'une de leurs pieces qui
jouë sur une espece de genou
tient fermées les ouvertures
des ouïes, & ne les ouvre que
pour donner passage à l'eau
que l'animal a respiré, ce qui
se fait dans le tems que le
couvercle s'abat & se referre.
I Il ya deux muscles qui servent
à soulever le couvercle,
& trois qui fervent à l'abatre
& à le reserrer.
! On vient de dire que l'assemblage
qui compose la
charpente des couvercles les
rend capables de sevouter en
dehors. On ajoûtera deux
autres circonstances. La premiere
est que la partie de ce
couvercle qui aide à former
le dessous de la gorge est
plié en éventail sur de petites
lames d'os pour fcrvir en se
deployant à la dilatation de la
gorge dans l'inspiration de
l'eau. La seconde que chaque
couvercle est revêtu par dehors
& par dedans d'une peau
qui
*
luy est fort adherente.
Cesdeux peaux s'unissent ensemble,
se prolongent audelà
de la circonference du
couvercle d'environ deux à
trois lignes, & vont toûjours
en diminuant d'épaisseur. Ce
prolongement est beaucoup
plus ample fous la gorge que
vers le haut de la teste. Il
estextrêmementsouple, pour
s'appliquer plus exactement à
l'ouverture sur laquelle il porte,
& pour la tenir ferméeau
premier moment de la dilatation
de la bouche pour la
rcfpiration.
Voila pour ce qui regarde
la structure desoüies ; passons
à present à la distribution de
leurs vaisseaux.
L'Artere qui fort du coeur
se dilate de telle maniere qu'elle , en couvre toute la base
: ensuite se retresissant peu
à peu elle forme une espece
de corne. A l'endroitoù elle
est ainsi dilatée
,
elle est garnie
en dedans de plusieurs
colonnes charnuës qu'on peut
considerer comme autant de
muscles qui font decetendroit
de l'aorte comme un
second coeur, ou du moins
comme nn second ventricule
lequel joignant sa compressîon
à celle du coeur, double
la force necessaire à la distribution
dufang pour la circulation.
Cette artere montant par
l'intervalle que les oüies laissententre-
elles, jette vis-à-vis
,
de chaque paire de côtes de
chaque côté une grosse branche
creusée sur la surface exterieure
de chaque côte& qui
s'étend le long de cette goutiere
d'une extremité à l'autre
du feüillet. Voila tout le corps
de l'Aorte dans ce genre d'animaux.
L'Aorte qui dans les
autres animaux porte le fang
du centre à la circonference
de tout le corps, ne parcoure
de chemin dans ceux- ci que
depuis lecoeurjusqu'à l'extremité
des oüies, où elle finir.
Cette branche fournit alitant
de rameaux qu'il y a de lames
surl'un ou furl'autre bord
de lacôte. La grosse branche
se termine à l'extremitéde la
côte
,
ainsi qu'il a esté dit, &
les rameaux finissent à l'extremité
des lames ausquelles
chacun d'eux se distribuë.
Pour peu que l'on soit instruit
de la circulation & des
Vaisseaux qui y servent, on
fera en peine de sçavoir par
quels autres vaisseaux on a
trouvéun expédient pour animer
& mouvoir tout le corps
depuis le bout d'en bas des
oiïies jusques à l'extremité de
la queuë. Cet expedient paroîtra
clairement dés qu'on
aura conduit le fang jusqu'à
l'extremitédesoüies. -
Chaque
Chaque rameau d'artere
monte le long du bord interieur
de chaque lame des
deux feüillets posez sur chaque
côte,c'est-à dire le long
des deux tranchans des lames
qui se regardent:ces deux rameaux
s'abouchentau milieu
de leur longueur; & continuant
leur route parviennent,
comme j'ay dit, à la pointe
de chaque lame. Là chaque
rameau de l'extremité de l'artere
trouve l'embouchure d'une
veine, & deux embouchures
appliquées l'une à l'autre
immediatement ne faisant
qu'un même canal malgré la
differente consistance des
deux vaisseaux
,
la veine s'abbat
sur le tranchant exterieur
de chaque lame, & parvenuë
au bas de la lame elle verse
son fang dans un gros vaisseau
veineux couché prés de
la branche d'artere danstoute
l'étenduë de la goutiere de
de la côte: mais ce n'est pas
feulement par cet abouchement
immediat des deux extrêmitez
de l'artere &de la
veine que l'arrere se décharge
dans la veine, c'est encore par
toute sa route.
Voici comment le rameau
d'artere dresse sur le tranchant
de chaque lame, jette dans
toute sa route sur le plat de
chaque lame de part & d'autre,
une multitude infinie de
vaisseaux, qui partant deux à
deux de ce rameau l'un d'un
côté de la lame, l'autre de
l'autre
-,
chacun de son côté
vadroit à laveine qui descend
sur le tranchant opposé de la
lame, & s'y abbouche par un
contact immédiat. C'est ainsi
que le fang passe dans ce genre
d'animaux,des arteres de
leur poumon dans leurs vrinés
d'un bout a l'aucre. Les
artères y font de vrayes arteres,
& par leurs corps & par
leur fonctions de recevoir le
fang. Les veines y font de
vrayes retines, & par leur
fonction de recevoir le fang
desarteres & par la delicatefseextrême
de leur consistan-
Ilnty ajusques-là rien qui
ne foie de l'oeconomie ordinaire
: mais ce qu'il y a de singulier
est premièrement l'abbboouucchheemmeennttimimmméeddiiaatt
des
arteres avec les veines, qui (c
trouve àlaverité dans les poumons
d'autres animaux, sur
1 tout dans ceux des grenouilles
&des torcuës: mais qui
n'est pas si manifestequedans
viesoiiies des poissons. 2° La
régularité de la distribution
:
qui rend cet abbouchement
plus vifiblc dans ce genre d'animaux
;car toutes les branchesdarteres
montant le
long des lames dressees sur les
côres
,
font aussi droites &
aussi également distances l'une
de
l'autre
que les lames: les
rameaux transversaux capillaires
qui partent de ces branches
à angles droits
,
font également
distansl'un de l'autre;
de forte que la direction & les
intervales de ces vaisseaux tant
montans que transversaux,
estantanssi réguliers que s'ils
avoient esté dressez à la règle
& espacez au compas ; on les
suit à l'oeil & au microscope.
On voit donc que lesarteres
transversales finissent immédiatement
au corps de la veine
descendante, & chacune
de ces veines descendante
ayant reçu le fang des artères
capillaires tranfverfalles
de part & d'autre de la lame,
s'abbouche à plomb avec le
tronc de la veine couchée
dans la gouttiere.
Il faut avouer que cette
, distribution est fort singuliere
: ce qui fuit l'est encore davantage.
On est en peine dela
distribution du fang pour la
nourriture & la vie des autres
parties du corps de ces animaux.
Nous avons conduit le
fang du coeur par les arteres
«
du poumon dans les veines
du poumon. Le coeur ne jette
point d'autres arteres que celles
du poumon. Que deviendront
les autres parties, le
cerveau, les organes des fensf
Ce qui fuit le fera voir.
Ces troncs de veines pleins
de fang arreriel fartant de
chaque côce par leur extrémité
qui regarde la bafe du
crâne, prennent la consistance
&l'épallfeur darteres & viennent
seréunir deux à deux de
chaque côcé. Celle de la première
côte, fournit avant sa
réunion des branches qui distribuënt
le fang aux organes
des sens, au cerveau & aux
parties voisines, & fait par ce
moyen les fonctions qui appartiennent
à l'aorte ascendante
dans les animaux à quatre
pieds :
ensuite elle fc rejoint
joint à celle de la fccondc
côte; & ces deux ensemblene
font plus qu'un tronc, lequel
coulant le long de la base du
crane reçoit encore de chaque
cote une autre branche formée
par la réunion des veines
de la troisième & quatrième
paires de côtes,& routesensemble
ne font plus qu'un
tronc.
Après cela ce tronc dont
toutes les racines estoient
veines dans le poumon,devenant
artere par sa tunique
& par son office, continue
son cours le long des vertebecs.,
& distribuant le fang
artérielà touteslesautres parties
, fait la fonction d'artère
desccendante&lesang arceuiel
estdistribué parce moyenégakment
à toutes les parties
pourles nourrir & des ani.
mer, &il r£neori«ropartout
des racinesquireprennent le
residu & le rapportant par
plusieurs troncsformezdel'unioh
de toutes q<!s¡acincs'au
reservoircommunquiledoit
rendreaucoeur;c'estainsi que
^achevcfk circulation dans
casiani<iaaux.-,;io r>,\~;x:
>V«oil'aScomîtefitylcs)Vcinri5
,
du potlHion de cegenredeviennent
arteres pour animer
& pour nourrir la teste & le
reste du corps.
Mais ce qui augmente la
singularité,c'est que ces mêmesveines
du poumon sortant
de la goutiere des côtes
par leur extremité qui regarde
la gorge, conservent la tu.
nique & la fonction de veines
en rapportant dans le reservoir
de tout le fang veinal
une portion du fang arteriel
qu'elles ont reçudes arteres
du poumon.
Comme le mouvement
des machines contribue aussi
a la respiration des Poissons,
il ne fera pas hors de propos
defaire remarquer que la fuperieurc
est mobile, qu'elle est
composée de pluficurs pieces
qui font naturellement engaggééeeslselessuunneessddaannssleless
aauu--
tres, de telle manière qu'elles
peuvent en se déployant
dilater & allonger la mâchoire
superieure.
Toutes les pieces qui servent
à la respiration de la
Carpe, montent à un nombre
si surprenant, qu'on ne
fera pas fâché d'en voir icy le
dénombrement.
Les pieces osseuses font au
nombre de quatre milletrois
cens quatre-vingt six
:
il y a
soixante-neufmuscles.
- Les arteres des ouics, outre
leurs huit branches principales,
jettent quatre mille trois
Cent vingt rameaux; & chaque
rameau jette de chaque
lame, une infinité d'arteres
capillaires transversales, donc
le nombre ne fera pas difficile,
& passera de beaucoup tous
ces nombres ensemble.
: Il y a autant de nerfs que
d'arteres
3
les ramifications
des premiers suivant exactement
celles des autres.
Les veines ainsi que les artères,
outre leurs huit branches
principales jettent quatre
mille trois cent vingt rameaux
,
qui font de simples
tuyaux,& qui à la différence
des rameaux des arteres na
jettent point de vaisseux capillaires
tranfver faux.
Le fang qui cft rapporté de
toutes les parties du corps des
poissons,entre du reservoir,
ou se dégorgent toutes les
veines
t
dans l'oreillette
, &
de là dans le cceur;qui par-sa
contraction le pouffe dans
l'aotte, & dans toutes les ramifications
quelle jette sur
les lames des oüies : & comme
à sa nainance elle cft garnie
de plusieurs colonnes charnuës,
fore épaisse, ce qui resserrent
immédiatement après, elle féconde
& fortifie par sa compression
l'action du coeur, qui
est de pousser avec beaucoup
de force le fang dans les rameaux
capillaires transversaux,
situez de part & d'autre,
sur toutes les lames des oüies.!
On a fait observer que cette
artere & ses branches, ne
parcouroient de chemin que
depuis le coeur',-- jusqu'à l'ex.
tremité des oüies, où elles finirent.
Ainsi à coup de piston
redoublé doit suffire, pour
pousser le fang avec irppetuosicé
dans ce nombre infini
d'arterioles si droites & si rcguliere,
où le fang ne trouve
d'autre obstacle que Je simple
contaft,&non le choc & les
reflexions, comme dans les
autres animaux où les arteres
se ramifient en mille manières
,
sur tout dans les demieres
subdivisions.
Voila pour ce qui concerne
le pacage du fang dans k
poumon. Voici comment s'en
fait la préparation.
:. Je suppose que les particules
d'air qui font dans l'eau,
comme l'eau est dans une éponge)
peuvent s'endégager
en plusieurs manières.
1 Par la chaleur ainsiqu'on
le voit dans l'eau qui bout
sur le feu. 2.Q. Par laffoiblisfement
duressors de l'air,qui
presse l'eau où ces particules
d'air sont engagées; comme
on le voit dans la machine du
vuide. 3°. Par le froissement
&l'extrême division del'eau,
sur tout quand elle a quelque
degré de chaleur.
On ne peut pas douter qu'-
il n'y ait beaucoup d'air dans
tout le corps des poissons,&
que cet air ne leur foit fort
ncceflaire. La machine du vui.
de fait voir l'un & l'autre..
J'aymis une Tanche fore
vive dans un vaisseau plein
d'eau que l'on a placé fous le
recipicnt;& aprèsavoir donné
cinq ou six coups de piston on
a remarqué que cette Tanche
était toute couverte d'une iiw
finité de petites bulles d'air qui
sortoient d'entre les écailles,
& que tout le corps paroissoit
perlé.
,
Il en sorcoit aussi un tresgrand
nombre par les oüies
beaucoup plus grosses que
celles de la surface du corps:
Enfinilen fortoir par la bou.
che,maisen moindre quantite.
En recommençant a pomper
tout de nouveau deux ou
trois fois de fuite ,ce qui fut
fait à plusieurs reprises, on
remarquoit que lepoisson s'agitoit
& se tourmentoit ex.
traordinairement,&qu'il reÊ
piroit plus fréquemment:
aprés avoir passé un gros quart
d'heure dans cetestat, il tom.
ba en langueur, toutlecorps
Vi
& même les oiïies n'ayant
bplleu.s aucun mouvement fcnfi-
Pour lots ayant tire le
vaisseau de dessous le recipient,
on jetta le poison dans
de l'eauordinaire, où il commença
à respirer & à nager,
mais foiblement, & il fut
longtemps à revenir à son
cfliatnaturel.
J'ayfait la mêmeexperience
sur une Carpe: jel'ay mise
dans la même machine, 3c
ayant pompel'air trois ou
quatre fois comme on l'avoir
fait à la Tanche, le poisson
- commença d'abord à s'agiter:
toute la surface du corps de-
,
vint, perlée; il sortit par la
bouche & par les oüies une
infinité de bulles d'air foïç
grottes,&larégion de la ves-
Sie d'air s'enfla beaucoup,quoique
cette Carpe fut plus gros-.
se que la Tanche,le battement
desoüies cessaplutost. *Lorsqu'onrecommençoità
pomper, les oüies recommençoient
aussi à battre mais
très-peu de temps,& fort foi.
blcment. Enfin elle demeura
sans aucun mouvement, &
la region de la vessie devint si
gonflée & si tenduë,que la
laittc forcoit en s'éfilant par
l'anus. Cela dura environ trois
quarts d'heure, au bout desquels
elle mourut,estant de*
venuë fortplatte.L'ayantouverte,
.on trouvalavessie: crel
1 i Vée.
On aaussi expetimenté
qu'un poisson mfs dansSit
teaupurgée d'air n'ypeut vivre
longtemps. Outre ces experiences
qu'on peut faire
dans la madonedu vuide,en
voici d'autres qui prouvent
aussi que l'air,qui est mê'Jé'
dans l'eau,alaprincipalepart
à la respiration despoissons
•v
Si vous enfermezdespoisfons
dans unvaisseau de verre
plein d'eau, ils y viventquelque
temps, pourvûquel'eau
ioitlenouveîléc :mais si vous
couvrez le vaisseau,&le'bouchez
en forte que l'air stfy
puificpointcnttet/ikîsjroîfsonsserontéroulfez.
".,Gôlg
prouve bien que j'eau aé fctc
àqlueu'erlfreesapirlataiolni,beqruteéu'tÛanct
peignerd'air.*-•]rV
Mettez lusieurs Lp9iffons
dans un vaisseau qui tic
Ion pas entièrement TciBd!i
ir'cauyfrvous,lefermes?
poissons qui auparavant nageoientenpleine
liberté, & segayoient, s'agiteront & se
presseront à qui prendra le
dessus poutrespirer la portion
de l'eau qui est la plus voisine
delair.
Onremarqueaussiquelorfquela
surface des Etangs cft
gelée, les poissons qui font
dedans, meurent plus ou
moins vite ,durant que l'E.,.
rang a plus ou moins d'étenduë
&de profondeur, & on
observe que quand on casse
la glace en quelque endroit)
les poissonss'y prefenrent
avec
avec empressement pour rcfpirer
cette eau imprégnée
d'un nouvel air. Ces experiences
prouvent manifestement
la necessité de l'air pour
la rcfpiration des poissons.
Voyons maintenant ce qui se
passe dans le temps de cette
rcfpiration-
La bouche, s'ouvre
,
les lèvres
s'avancent,parla la concavité
de la bouche est allongée,
la gorge s'enfle, les couvercles
des oüies
,
qui ont le
même mouvement que les
panneaux d'un souffet, s'écarrant
l'un de l'autre,se voûcent
en dehors parleur milieu
seulement, tandis qu'une de
leurs pieces qui joiic sur une
espece de gomme ,
tientfermées
les ouvertures des ouïes,
en se soulevant toutefois un
peu, sans permettrecependant
à l'eau d'entrer ; parce
que la petite peau qui borde
chaque couvercle, ferme exactement
l'ouverture des ouïes.
Tout cela augmente, &
élargit en tout sens la capacité
de la bouche, & détermine
l'eau à entrer dans &
cavité, de même que l'air entre
par la bouche & les nariDes
dans la crachée artere Se
les poumons , par la dilata,
tion de la poitrine. Dans ce
même temps les costes des
QÇÏÇS s'ouvrent en s'écartanr
lç5 unes des autres, leur cintreestélargi,
le sternon efl;
écarté en s'éloignant du palais
; ainsi tout conspire à faire
entrer l'eau en plus grande
quantité dans la bouche. C'es
ainsi que se fait l'ispiratioa
despoissons, Ensuite la bouche
se ferme, les lévres auparavant
allongées se racourcissent
, sur tout la superieure
qui se plic en éventail, la lévre
inférieure se cole: à la superieure
par le moyen d'une petite
peau en forme de croissant qui
s'abbat comme un rideau de
haut en bas & qui empêche
l'eau de sortir. Le couvercle
s'applatit sur la baye de l'ouverture
desoüies. Dans le même
temps les côtes se ferrent
les unes contre les autres, leur
cintre se retressit, & le sternon
s'abbat sur le Palais.
Tout cela contribuë &
comprime l'eau qui est entrée
par la bouche. Elle se presente
alors pour forrir par tous
les intervalles descôtes & par
ceux de leurs lames, & elle y
passe comme par autant desilieres
; & par ce mouvement la
bordure membraneuse des
couvercles cil: relevée,.& l'eau
pressees'échappe parcette ouverture,
C'est ainsi que fc
fait l'expiration dans les poissons.
On voit par là que l'eau
entre par la bouche, & sortant
par les oüies. Tout au contraire
de ce qui arrive dans les animaux
à quatre pieds dans lesquels
l'air entre & fort alternativemenr
par la trachée artere.
Voila tout ce qui concerne
les mouvemensdelarespiration
des poissons.
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Résumé : MEMOIRE sur la circulation du sang des Poissons qui ont des oüies, & sur leur respiration.
Le mémoire traite de la circulation sanguine et de la respiration des poissons dotés d'ouïes, en se concentrant particulièrement sur la carpe. Le cœur des poissons, qui ne respirent pas l'air, possède une seule cavité et une seule oreillette. La structure du cœur est épaisse et compacte, nécessitant une forte action pour la circulation sanguine. Les ouïes des poissons servent de poumons et sont composées de quatre côtes de chaque côté, capables de mouvements complexes. Chaque côte est recouverte de feuillets formés de lames étroites et serrées, ressemblant à des barbes de plume, qui constituent le 'poumon' des poissons. Les muscles des ouïes sont nombreux et spécialisés, permettant des mouvements variés pour faciliter la respiration. Les ouïes sont protégées par des couvercles articulés qui s'ouvrent et se ferment pour permettre le passage de l'eau. L'aorte, qui part du cœur, se dilate à la base avant de se rétrécir et de former une corne. Elle est garnie de colonnes charnues agissant comme un second cœur ou ventricule, augmentant la force de la circulation sanguine. L'aorte se divise en branches qui irriguent les lames des ouïes, où se produit un échange gazeux. Les artères et les veines des ouïes sont intimement connectées, permettant au sang de passer des artères aux veines par des vaisseaux capillaires. Cette distribution régulière et ordonnée est unique chez les poissons. Les veines des ouïes deviennent des artères pour irriguer le reste du corps, y compris le cerveau et les organes sensoriels. Enfin, une partie du sang artériel est rapportée au cœur par les veines des ouïes, complétant ainsi la circulation sanguine chez les poissons. Le texte mentionne également la structure de la mâchoire supérieure des poissons, mobile et composée de plusieurs pièces permettant de dilater et allonger la mâchoire. La respiration de la carpe implique un nombre impressionnant de pièces osseuses (4 386) et de muscles (69). Les artères des ouïes, outre leurs huit branches principales, jettent 4 320 rameaux, chacun produisant une infinité de capillaires transversaux. Les veines, de manière similaire, ont des rameaux qui ne produisent pas de capillaires transversaux. Le sang circule du cœur vers les ouïes, où il est filtré et oxygéné avant de retourner au cœur. Des expériences montrent la nécessité de l'air pour la respiration des poissons. Par exemple, des poissons placés dans un récipient sous vide ou dans de l'eau privée d'air montrent des signes de détresse et finissent par mourir. Les poissons cherchent à se rapprocher de la surface de l'eau pour respirer l'air dissous. Les mouvements de respiration des poissons impliquent l'ouverture et la fermeture de la bouche et des ouïes, permettant à l'eau de passer à travers les branchies pour l'oxygénation.
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