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1
p. 1-5
L'ANONYME d'Auxerre.
Début :
Je prens plaisir, Monsieur, à m'informer de tout ce [...]
Mots clefs :
Aventure, Vendanges, Style
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texteReconnaissance textuelle : L'ANONYME d'Auxerre.
L'ANONYME
d'Auxerre.
Eprensplaisir Monsieur,
tt m'informer de tout ce
quisepd/fe dans ma Province,
CT j'ai un amy a
Paris, qui me fournit quelques
Mémoires ,rarement
de choses importantes, parce
que les grands évenemens
font rares, mais d'une infinité
de minuties, quitoutes
rassemblée, ne laissent pas
d'amuser la curiosité, si elles
ne la contentent; si je pouvois
me donner la peine de bien
écrire,jeserois votre Anonyme
pour une Lettre chaque
mois : voye^fïmonstyle
négligé& imparfait vous
convient, carje ne puis vous
rendre ce service qu'à plume
SQweante, & quandje vous
promets unstyle négligé, ne
vous attendez pat à un
negligé étudié, je ne yf~f~<
blepoint a ces Coquettes,
qui affectent certains negligez
qui conviennent à leur
taille, à leur air, à leur visage,
& qui sont souvent
endes-babillé, parce que les
habits parez ne leur stéens
point,vous aurtzig un négligéde
bonne foyvray negligé
d'unparesseux, qui ne
firoit pas une rature pour
corriger une faute de construction,
ni peut-être même!
unefaute de bonJens; votU
efeZ de verbiage pour un
paresseux. Commentons à
vous tenir parole par une
petite avanture de vendangeurs
quiconvient au Aiercure
du mois d'Octobrejc'est
auprès d'unepetite ville de
Bourgogne que je ne nomme
point,parce que etefl une
avanturegalante,& qu'en
nommant une petite ville O' dans les Provinces on cdnoît
bientôt les personnes par
l'avanture, pourpeuquelle
soit veritable &circonftanciée,
celle-cy est arrivée naturellement
,comme je vais
Vous h* racontera
d'Auxerre.
Eprensplaisir Monsieur,
tt m'informer de tout ce
quisepd/fe dans ma Province,
CT j'ai un amy a
Paris, qui me fournit quelques
Mémoires ,rarement
de choses importantes, parce
que les grands évenemens
font rares, mais d'une infinité
de minuties, quitoutes
rassemblée, ne laissent pas
d'amuser la curiosité, si elles
ne la contentent; si je pouvois
me donner la peine de bien
écrire,jeserois votre Anonyme
pour une Lettre chaque
mois : voye^fïmonstyle
négligé& imparfait vous
convient, carje ne puis vous
rendre ce service qu'à plume
SQweante, & quandje vous
promets unstyle négligé, ne
vous attendez pat à un
negligé étudié, je ne yf~f~<
blepoint a ces Coquettes,
qui affectent certains negligez
qui conviennent à leur
taille, à leur air, à leur visage,
& qui sont souvent
endes-babillé, parce que les
habits parez ne leur stéens
point,vous aurtzig un négligéde
bonne foyvray negligé
d'unparesseux, qui ne
firoit pas une rature pour
corriger une faute de construction,
ni peut-être même!
unefaute de bonJens; votU
efeZ de verbiage pour un
paresseux. Commentons à
vous tenir parole par une
petite avanture de vendangeurs
quiconvient au Aiercure
du mois d'Octobrejc'est
auprès d'unepetite ville de
Bourgogne que je ne nomme
point,parce que etefl une
avanturegalante,& qu'en
nommant une petite ville O' dans les Provinces on cdnoît
bientôt les personnes par
l'avanture, pourpeuquelle
soit veritable &circonftanciée,
celle-cy est arrivée naturellement
,comme je vais
Vous h* racontera
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Résumé : L'ANONYME d'Auxerre.
Un auteur anonyme d'Auxerre écrit à un destinataire pour partager des nouvelles de sa province. Il mentionne avoir un ami à Paris qui lui fournit des mémoires, souvent des détails mineurs plutôt que des événements majeurs. L'auteur regrette de ne pas pouvoir écrire de manière plus soignée, mais promet un style négligé et imparfait, sans affectation. Il compare cela à des femmes qui affectent un certain négligé pour leur apparence. Pour tenir sa promesse, il raconte une aventure de vendangeurs survenue près d'une petite ville de Bourgogne, qu'il ne nomme pas pour préserver l'anonymat des personnes impliquées. Cette aventure est appropriée pour le mois d'octobre et est présentée comme naturelle et véridique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 18-48
LE CORRESPONDANT DE LA GUINGUETTE.
Début :
Les vendanges ont été si abondantes cette année qu'un [...]
Mots clefs :
Vendanges, Vin, Médecin, Vérole, Femme, Fille, Servante, Mère, Bourgeoise, Guinguette, Ami, Valet, Ivresse, Mari, Ivrogne, Habit
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texteReconnaissance textuelle : LE CORRESPONDANT DE LA GUINGUETTE.
LE CORRESPONDANT
DELA
GUINGUETTE. LES
vendanges ont écc
ii abondantes cette année
qu'un paysan d'Argenteuil
a recueilli dans un seul demy
arpent de vignes quatorze
muids de vin ,
la
Posterité biberonne aimera
mieux voir cette remarque
dans nos registres,que
l'époque du grand hyver,
& des débordemens d'eau.
Le vin ne vaut plus que
trois fols à la guinguette,
& cette abandance me
fournira des mémoires
pour les articles burlesques
du Mercure,il ne me
suffit pas d'avoir des Correspondans
dans les pays
étrangers, & dans les Pro.
vinees;j'en ai un tresassidu
les fêtes & Dimanches
aux assemblées de la
Courtille, Pentin,Vaugirard
& autres pays de la
Banlieuë:ony aprend nonseulement
l'interieur des,
familles bourgeoises, mais,
encore ce qui se passe dans,
les grandes maisons.
Baccus toujours sincere &'
quelquefois malin,
Seplaîtàpublier le long d'un
grand chemin
Lefoir au retour des Guinguettes
Les intrigues les plussecretes
De l'artisan
,
du bas bourgeoJs,
Il méditmême quelquefois
Delaplus haute bourgeoise ,
Sa temeraire frmtfîe
Des plus qllallfieZ rende,
les Secrets;
Nefait-il pas parlerserventes
& valets,
Des bijoutiers, des Revendeujes,
Des Tailleurs &des Accouchensest?
Une Revendeuse, &:
le valet d'un vieux Medecin
buvoient ensemble à
la grandepinte:la revendeuse
se réjouissoit de ce
que la petite verole est
presque finie dans Paris,
& le valet du Medecins'en
affligeoit pour son maicre;.
larevendeuse luiracontoit
à cette occasion les erreurs
de la plupart des femmes
sur , tout ce qui peut apporter
dans une maison l'air
de la petite verole, &cela
lui avoit fait grand tort,
disoit-elle
; car les Dames
croyoient trouver la petite
verole jusques dans les
dentelles que je leur
-
portois. Cela n'est pas si
mal fondé, lui disoit le
valet; car le mauvais air
(k met dans le linge, dans
les habits, dans les perruques,
& voici ce qui est.
arrivé àmon maître.
Une bourgeoise jeune
& jolie craignant la
petite verole, comme
de raison : mais un peu
plus Qu'une femme raisonnable
ne la doit
craindre,prenoit pour
petite verole la moindre
émotion, la moindre
vapeur, elle croyoit
à chaque instant sentir
la fièvre,&C l'avoit
peut-êtrede peur, eltercroyoitêtre
prise. Son
premier mouvement
fut d'envoyer vîte au
Medecin:mais faisant
reflexion que les Medecins
portent aveceux
l'airde la petite vero le,
elle resolutde se passer
de Medecin, on en fit,
pourtantvenirunon le,
conduisit d'abord dans
la chambre d'une servante
malade, en at-.
tendant qu'ondisposeroit
roit la maitresse à le
voir, & elle ne voulut
absolument point le
recevoir qu'iln'eût ôté
sa peruque &ses habits,
mais ,lui dit-on, un
vieux Medecin dépouillé
vous fera encore plus
de peur que la petite
verole. Il est vray, rcpandit-
elle,mais qu'il
prenne quelque habit
dans la maison. Il ne se
trouva point d'habit
vacant; le Medecin étoit
presse; on le travestit
de ce qui se presenta
dans la chambre de la
servante, de sa jupe, de
son manteau 8c de ses
cornettes, dont on le
coëssacomme on put.
Danscetequipage il
fut reçu de la bourgeoise,
&s'affit auprés
de sonlit pour lui tâter
le pouls.
Il faut sçavoir que la
servante étoit au lit de
son côté pour avoir été
excedée de coups par la
belle-mere de la bourgeoise.
Cette belle-mere
étoit une grand 'femme
seiches,billeuse, accariatre
& brutale,qui affommoit
ses valets pour
le moindre sujet,& elle
en avoit eu un essentiel
de battre la servante:
aussi luiavoit-elle juré
qu'elle la mettroit sur
le grabat pour un mois,
& lui avoit dessendu
d'entrer dans la chambre
de sabru. Quelle fut
sa colere en y entrant?
quandellecrut,trompée
par l'habit, voir
cette servante assise au
chevet du lit?Aveuglée
de rage elle courtsur le
Medecin, qui se sentit
prendre à la gorge, avant
que de sçavoir par
qui. Il se debarassa à
coups de poings de cet- teenragée,&l'avanture
finit comme la scene
d'ArlequinLingere,par
un detignonement reciproque
de la belle-mere
& du Medecin.
Comme leValet du Medecin
achevoit de conter
l'avanture de son Maître,
arrive un bon compagnon:
paye-nous bouteille,lui dit
celui-ci. Non, dit l'autre,
je fuis ruiné depuis que le
vin est à bon marché; j'avois
plus d'argent quand
il estoit cher, car je ne
buvois que de l'eau. Ce
propos de Guinguette fut
suivid'une érudition de la
Chine,carc'étoit un garçon
qui avoit fort voyage,
& qui leur dit, à propos
de petite vérole, qu'elle se
gagne par la respiration,
& cita là-dessus les Medecins
Chinois, --
-
Ily a à la Chine des
Medecins plus habiles à
donner la petite vérole
que les nostres à la guérir;
ce n'est point une
plaisanterie,Commeelleest
mortelleen ce païsla
après certains âges
,.
on va trouver le Medecin
pour la faire venir
quand elle ne vient pas
naturellement; & voici
comment les Médecins
la donnent: Ils recuëillent
soigneusement
& en certains momens
de cette maladie
la sueur des malades
avec du coton; ils enferment
ensuite ce coton
moüillé dans de petites
boëtes d'or, & le
conservent avec certaine
préparation, & l'on
met ensuitece coton
dans lesnarines de ceux
qui veulent avoir cette
maladie, & l'effetenest
sûr Nos Dames craindroient
beaucoup ces.
Medecins-là,car ils portent
à coup sûr la petite
vérole dans leurpoche,
Apres le voyageur un
autheur du Pont-neufvint
boire auec ces Messieurscy
,
& donna un plat de
son métier.
Air original de la Guinguette
, surl'air.,-Au
reguingué,
VNOfficieràson retour
S'envintpourmeparler d'a-
Ji mour: me mis d'abord en Jefinfi"
Avance, avance, avance,
avance
Avecton habitd'ordonnance.
Jesuis,dit il,jeune &
bien-fait,
J'ai de l'esprit& du caqU-st,
En amour la belle éloquence,
Avance, avance, avance,
avance
Avec ton habit d'ordonnance,
Je lui dis- Vostrebeauparler
Ici vous fera reculer;
Prés de moy laseulefinance
Avance , avance5 avancey
avance
Avecton habit d'ordonnance.
Il medit:Je t'épouserai,
Mille écus je te donnerai.
Je lui dit,Payezles d'avance.
Avance
, avance , avance,
avance
Avec ton habit d'ordonnance.
Iln'apoint d'argent le matois
:
Mais sa bouche vers mon
minois
Malgré ma bonne contenance
Avancey avance, avance ,
avance
Avec ton habit d'ordonnance
Mongrand frere arrive
soudain,
Qui tient une épee àsamain
Dont la pointe droit vers sa
panse
Avance
y avance, avance ,
avance
Avectonhabit d'ordonnance.
Ce brave ne recule pasy
Mais AU contraire. à trés.
grands pas
Du coté de la porte avance
Avance, avance , avance ,
avance
Avec ton habit d'ordonnance.
A propos d'air de
Pont-neuf, ditun garçon
Marchand qui se
trouva là, les Airs de
Lambert sont charmans,
j'ai un de mes
amis qui en est fou;II
chante des chan sons de
Lambert toute lajournée,
la nuit même en
rêvant,c'estsapassion.
Il est dameret, galant,
pinceraperruque blonde
,
lesgands blancs)
lacravatte à glans de
fayence;nous l'enyvrâmes
à ChaillotDimanche
dernier, il se perdit
en chemin, & après l'avoir
cherché longtemps,
nous l'entendimes
chanterjnouscoulrûûmmeessààlalavvooiixx..
IIllééttooiittw
tombé dans l'égoût:
maisils'y trouvoitàIon
aise comme dans son lit:
tout couvert d'ordure,
sa perruque roide de
crotte, il ressembloit à
un fleuve noir: il s'était
accoté sur un tas d'immondices
qui formoit
en cet endroit del'égout
unecascade de bouë liquide
, &C là presque
yvre-mort ils'egofilloit
de chanter.
Coulez
, murmurez,
clairs rwfieaux,
jillezj dire à Climene
L'état ou m'a mis l'in--
humaine.
Comme nous n'ofions
le toucher pour le
relever, tant il estoit
boueux, nous luy passâmes
deux perches
fous le ventre, &: nous
l'enlevâmes tout brandi
pourle porter à son inhumaine,
qui étoit avec
sa famille au cabaret
prochain: L'un des
deux qui le portaient
étoit son rival, & luy
joiioit cetour pour en
dégoûter sa maîtresse,
qui haïssoit les yvrognes.
C'etoit une simple
bourgeoise qui ne connoissoit
pas assez le
grand monde de Paris,
elle croyoit que l'yvrognerieétoit
haïssable
dans un jeune homme,
& comme elle étoitenferme
de se marier avec
celui-ci , elle fut fort
affliaffligée
de le voir en cet
état; la mere sécria en
le voyant paroître,ah
je ne veux pas donner
ma fille à un homme
quia sipeu de raison.
Il faut lui pardonner,
dit le pere, grand
diseur de bons mots
bourgeois, & qui aimoit
aussi à Doire,
quand le vinest commun
la raison estrare,
il n'est défendu qu'aux
femmes de boire, parce
que quand ellesont une
fois perd u la raison elles
ne la retrouventjamais,
il faut qu'un homme
fage s'enyvre un moins
une fois en sa vie pour
ravoir quel vin ila.
Apres une tiradede
raisons au ssi bonnes que
celles-là, il conclut que
le jeune homme yvre
seroit son gendre, la
mere s'emporta fort,
disantque sa filleétoit
plus à elle qu'à luy, &
qu'elle ne vouloit point
la donner à cet homme-
là; toute la famille
presente proposa un accommodement
entre le
mari & la femme, & on
convint que la fille qu'-
on sçavoit être très censée
decideroit sur ce
mariage,&qu'ellechoifiroit
des deux rivaux.
Le rival triomphoit
déjà auprès de cette fage
fille, & n'avoit rien
oublié pour augmenter
l'horreur qu'elle avoit
pour l'yvrognerie:mais
elle en avoitencorplus.
pour la mauvaise foy
elle sçavoit quecelui-c,i
étoit ami de son amant,
& voyant qu'ill'avoit
trahi enramenant yvre
devant elle, elle iup^
posa qu'ill'avoit enyvré
exprés, ôe setournant
vers lui, elleluy
dit tout haut en pleine
assemblée: Monsieur
5 j'aime encore mieux un
homme qui s'enyvre,
qu'un homme qui trahit
son ami.
Le pere quiétoit bon
& franc comme le vin
de sa cave, loua fortla
décisionde sa prudente
fille,il éxagera la noirceurd'âme
d'un homme
qui se fert du vin pour
faire, tortà quelqu'un,
cela,disoit-il,estcontre
le droit des buveurs,
plus sacré que le droit
des gens; c'est pis que
de voler sur le grand
chemin; car si j'avois
confié la clef de mon
cabinet à un ami Se
qu'il me volât, quel
crimeseroit-ce?& n'estce
pas donner la clef
de son coeur à quelqu'-
un , que de s'enyvrer
avec luy?Celuiavec qui
je m'enyvre m'est plus
cher que femme 6C ensans,
entendez.vous,
ma femme, & voyez la
punition que je mericerois
si je vous avois
trahi.Celaest vrai, mon
mari, répondit la femme.
Je conclus donc, repliqua
le mari, qu'on
me donne à boire, & je
boirai à la santé du pauvre
enyvré, a qui je
donne ma fille pour punir
l'autre.
M C'est à cond ition ,
reprit la fille, qu'il ne
s'enyvrera de sa vie.
Bien entendu, reprit le
mari, il fera comme
moyens je bois noins
je m'enyvre,buvons encore
ce coup-ci,&quonm'aille
querir le Notaire,
je veux quece repas-
cy soit le commencement
de la noce ,&C}
quelle dure huit jours.
DELA
GUINGUETTE. LES
vendanges ont écc
ii abondantes cette année
qu'un paysan d'Argenteuil
a recueilli dans un seul demy
arpent de vignes quatorze
muids de vin ,
la
Posterité biberonne aimera
mieux voir cette remarque
dans nos registres,que
l'époque du grand hyver,
& des débordemens d'eau.
Le vin ne vaut plus que
trois fols à la guinguette,
& cette abandance me
fournira des mémoires
pour les articles burlesques
du Mercure,il ne me
suffit pas d'avoir des Correspondans
dans les pays
étrangers, & dans les Pro.
vinees;j'en ai un tresassidu
les fêtes & Dimanches
aux assemblées de la
Courtille, Pentin,Vaugirard
& autres pays de la
Banlieuë:ony aprend nonseulement
l'interieur des,
familles bourgeoises, mais,
encore ce qui se passe dans,
les grandes maisons.
Baccus toujours sincere &'
quelquefois malin,
Seplaîtàpublier le long d'un
grand chemin
Lefoir au retour des Guinguettes
Les intrigues les plussecretes
De l'artisan
,
du bas bourgeoJs,
Il méditmême quelquefois
Delaplus haute bourgeoise ,
Sa temeraire frmtfîe
Des plus qllallfieZ rende,
les Secrets;
Nefait-il pas parlerserventes
& valets,
Des bijoutiers, des Revendeujes,
Des Tailleurs &des Accouchensest?
Une Revendeuse, &:
le valet d'un vieux Medecin
buvoient ensemble à
la grandepinte:la revendeuse
se réjouissoit de ce
que la petite verole est
presque finie dans Paris,
& le valet du Medecins'en
affligeoit pour son maicre;.
larevendeuse luiracontoit
à cette occasion les erreurs
de la plupart des femmes
sur , tout ce qui peut apporter
dans une maison l'air
de la petite verole, &cela
lui avoit fait grand tort,
disoit-elle
; car les Dames
croyoient trouver la petite
verole jusques dans les
dentelles que je leur
-
portois. Cela n'est pas si
mal fondé, lui disoit le
valet; car le mauvais air
(k met dans le linge, dans
les habits, dans les perruques,
& voici ce qui est.
arrivé àmon maître.
Une bourgeoise jeune
& jolie craignant la
petite verole, comme
de raison : mais un peu
plus Qu'une femme raisonnable
ne la doit
craindre,prenoit pour
petite verole la moindre
émotion, la moindre
vapeur, elle croyoit
à chaque instant sentir
la fièvre,&C l'avoit
peut-êtrede peur, eltercroyoitêtre
prise. Son
premier mouvement
fut d'envoyer vîte au
Medecin:mais faisant
reflexion que les Medecins
portent aveceux
l'airde la petite vero le,
elle resolutde se passer
de Medecin, on en fit,
pourtantvenirunon le,
conduisit d'abord dans
la chambre d'une servante
malade, en at-.
tendant qu'ondisposeroit
roit la maitresse à le
voir, & elle ne voulut
absolument point le
recevoir qu'iln'eût ôté
sa peruque &ses habits,
mais ,lui dit-on, un
vieux Medecin dépouillé
vous fera encore plus
de peur que la petite
verole. Il est vray, rcpandit-
elle,mais qu'il
prenne quelque habit
dans la maison. Il ne se
trouva point d'habit
vacant; le Medecin étoit
presse; on le travestit
de ce qui se presenta
dans la chambre de la
servante, de sa jupe, de
son manteau 8c de ses
cornettes, dont on le
coëssacomme on put.
Danscetequipage il
fut reçu de la bourgeoise,
&s'affit auprés
de sonlit pour lui tâter
le pouls.
Il faut sçavoir que la
servante étoit au lit de
son côté pour avoir été
excedée de coups par la
belle-mere de la bourgeoise.
Cette belle-mere
étoit une grand 'femme
seiches,billeuse, accariatre
& brutale,qui affommoit
ses valets pour
le moindre sujet,& elle
en avoit eu un essentiel
de battre la servante:
aussi luiavoit-elle juré
qu'elle la mettroit sur
le grabat pour un mois,
& lui avoit dessendu
d'entrer dans la chambre
de sabru. Quelle fut
sa colere en y entrant?
quandellecrut,trompée
par l'habit, voir
cette servante assise au
chevet du lit?Aveuglée
de rage elle courtsur le
Medecin, qui se sentit
prendre à la gorge, avant
que de sçavoir par
qui. Il se debarassa à
coups de poings de cet- teenragée,&l'avanture
finit comme la scene
d'ArlequinLingere,par
un detignonement reciproque
de la belle-mere
& du Medecin.
Comme leValet du Medecin
achevoit de conter
l'avanture de son Maître,
arrive un bon compagnon:
paye-nous bouteille,lui dit
celui-ci. Non, dit l'autre,
je fuis ruiné depuis que le
vin est à bon marché; j'avois
plus d'argent quand
il estoit cher, car je ne
buvois que de l'eau. Ce
propos de Guinguette fut
suivid'une érudition de la
Chine,carc'étoit un garçon
qui avoit fort voyage,
& qui leur dit, à propos
de petite vérole, qu'elle se
gagne par la respiration,
& cita là-dessus les Medecins
Chinois, --
-
Ily a à la Chine des
Medecins plus habiles à
donner la petite vérole
que les nostres à la guérir;
ce n'est point une
plaisanterie,Commeelleest
mortelleen ce païsla
après certains âges
,.
on va trouver le Medecin
pour la faire venir
quand elle ne vient pas
naturellement; & voici
comment les Médecins
la donnent: Ils recuëillent
soigneusement
& en certains momens
de cette maladie
la sueur des malades
avec du coton; ils enferment
ensuite ce coton
moüillé dans de petites
boëtes d'or, & le
conservent avec certaine
préparation, & l'on
met ensuitece coton
dans lesnarines de ceux
qui veulent avoir cette
maladie, & l'effetenest
sûr Nos Dames craindroient
beaucoup ces.
Medecins-là,car ils portent
à coup sûr la petite
vérole dans leurpoche,
Apres le voyageur un
autheur du Pont-neufvint
boire auec ces Messieurscy
,
& donna un plat de
son métier.
Air original de la Guinguette
, surl'air.,-Au
reguingué,
VNOfficieràson retour
S'envintpourmeparler d'a-
Ji mour: me mis d'abord en Jefinfi"
Avance, avance, avance,
avance
Avecton habitd'ordonnance.
Jesuis,dit il,jeune &
bien-fait,
J'ai de l'esprit& du caqU-st,
En amour la belle éloquence,
Avance, avance, avance,
avance
Avec ton habit d'ordonnance,
Je lui dis- Vostrebeauparler
Ici vous fera reculer;
Prés de moy laseulefinance
Avance , avance5 avancey
avance
Avecton habit d'ordonnance.
Il medit:Je t'épouserai,
Mille écus je te donnerai.
Je lui dit,Payezles d'avance.
Avance
, avance , avance,
avance
Avec ton habit d'ordonnance.
Iln'apoint d'argent le matois
:
Mais sa bouche vers mon
minois
Malgré ma bonne contenance
Avancey avance, avance ,
avance
Avec ton habit d'ordonnance
Mongrand frere arrive
soudain,
Qui tient une épee àsamain
Dont la pointe droit vers sa
panse
Avance
y avance, avance ,
avance
Avectonhabit d'ordonnance.
Ce brave ne recule pasy
Mais AU contraire. à trés.
grands pas
Du coté de la porte avance
Avance, avance , avance ,
avance
Avec ton habit d'ordonnance.
A propos d'air de
Pont-neuf, ditun garçon
Marchand qui se
trouva là, les Airs de
Lambert sont charmans,
j'ai un de mes
amis qui en est fou;II
chante des chan sons de
Lambert toute lajournée,
la nuit même en
rêvant,c'estsapassion.
Il est dameret, galant,
pinceraperruque blonde
,
lesgands blancs)
lacravatte à glans de
fayence;nous l'enyvrâmes
à ChaillotDimanche
dernier, il se perdit
en chemin, & après l'avoir
cherché longtemps,
nous l'entendimes
chanterjnouscoulrûûmmeessààlalavvooiixx..
IIllééttooiittw
tombé dans l'égoût:
maisils'y trouvoitàIon
aise comme dans son lit:
tout couvert d'ordure,
sa perruque roide de
crotte, il ressembloit à
un fleuve noir: il s'était
accoté sur un tas d'immondices
qui formoit
en cet endroit del'égout
unecascade de bouë liquide
, &C là presque
yvre-mort ils'egofilloit
de chanter.
Coulez
, murmurez,
clairs rwfieaux,
jillezj dire à Climene
L'état ou m'a mis l'in--
humaine.
Comme nous n'ofions
le toucher pour le
relever, tant il estoit
boueux, nous luy passâmes
deux perches
fous le ventre, &: nous
l'enlevâmes tout brandi
pourle porter à son inhumaine,
qui étoit avec
sa famille au cabaret
prochain: L'un des
deux qui le portaient
étoit son rival, & luy
joiioit cetour pour en
dégoûter sa maîtresse,
qui haïssoit les yvrognes.
C'etoit une simple
bourgeoise qui ne connoissoit
pas assez le
grand monde de Paris,
elle croyoit que l'yvrognerieétoit
haïssable
dans un jeune homme,
& comme elle étoitenferme
de se marier avec
celui-ci , elle fut fort
affliaffligée
de le voir en cet
état; la mere sécria en
le voyant paroître,ah
je ne veux pas donner
ma fille à un homme
quia sipeu de raison.
Il faut lui pardonner,
dit le pere, grand
diseur de bons mots
bourgeois, & qui aimoit
aussi à Doire,
quand le vinest commun
la raison estrare,
il n'est défendu qu'aux
femmes de boire, parce
que quand ellesont une
fois perd u la raison elles
ne la retrouventjamais,
il faut qu'un homme
fage s'enyvre un moins
une fois en sa vie pour
ravoir quel vin ila.
Apres une tiradede
raisons au ssi bonnes que
celles-là, il conclut que
le jeune homme yvre
seroit son gendre, la
mere s'emporta fort,
disantque sa filleétoit
plus à elle qu'à luy, &
qu'elle ne vouloit point
la donner à cet homme-
là; toute la famille
presente proposa un accommodement
entre le
mari & la femme, & on
convint que la fille qu'-
on sçavoit être très censée
decideroit sur ce
mariage,&qu'ellechoifiroit
des deux rivaux.
Le rival triomphoit
déjà auprès de cette fage
fille, & n'avoit rien
oublié pour augmenter
l'horreur qu'elle avoit
pour l'yvrognerie:mais
elle en avoitencorplus.
pour la mauvaise foy
elle sçavoit quecelui-c,i
étoit ami de son amant,
& voyant qu'ill'avoit
trahi enramenant yvre
devant elle, elle iup^
posa qu'ill'avoit enyvré
exprés, ôe setournant
vers lui, elleluy
dit tout haut en pleine
assemblée: Monsieur
5 j'aime encore mieux un
homme qui s'enyvre,
qu'un homme qui trahit
son ami.
Le pere quiétoit bon
& franc comme le vin
de sa cave, loua fortla
décisionde sa prudente
fille,il éxagera la noirceurd'âme
d'un homme
qui se fert du vin pour
faire, tortà quelqu'un,
cela,disoit-il,estcontre
le droit des buveurs,
plus sacré que le droit
des gens; c'est pis que
de voler sur le grand
chemin; car si j'avois
confié la clef de mon
cabinet à un ami Se
qu'il me volât, quel
crimeseroit-ce?& n'estce
pas donner la clef
de son coeur à quelqu'-
un , que de s'enyvrer
avec luy?Celuiavec qui
je m'enyvre m'est plus
cher que femme 6C ensans,
entendez.vous,
ma femme, & voyez la
punition que je mericerois
si je vous avois
trahi.Celaest vrai, mon
mari, répondit la femme.
Je conclus donc, repliqua
le mari, qu'on
me donne à boire, & je
boirai à la santé du pauvre
enyvré, a qui je
donne ma fille pour punir
l'autre.
M C'est à cond ition ,
reprit la fille, qu'il ne
s'enyvrera de sa vie.
Bien entendu, reprit le
mari, il fera comme
moyens je bois noins
je m'enyvre,buvons encore
ce coup-ci,&quonm'aille
querir le Notaire,
je veux quece repas-
cy soit le commencement
de la noce ,&C}
quelle dure huit jours.
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Résumé : LE CORRESPONDANT DE LA GUINGUETTE.
Le texte décrit les observations d'un correspondant sur les vendanges abondantes à Argenteuil, où un paysan a récolté quatorze muids de vin dans un demi-arpent de vignes. Cette abondance a conduit à une baisse du prix du vin, qui ne vaut désormais que trois fois son prix habituel à la guinguette. Le correspondant, présent dans diverses assemblées de la banlieue parisienne, rapporte des intrigues et des secrets des artisans, des bourgeois et des grandes maisons. Une anecdote notable concerne une revendeuse et le valet d'un médecin discutant de la petite vérole. La revendeuse se réjouit de la fin de l'épidémie, tandis que le valet s'en afflige pour son maître. La revendeuse explique que les femmes craignent la petite vérole et évitent les dentelles, ce à quoi le valet répond que le mauvais air peut se trouver dans les vêtements et les perruques. Une jeune bourgeoise, craignant la petite vérole, refuse de voir un médecin de peur qu'il ne lui transmette la maladie. Elle le fait déshabiller et le médecin, déguisé en servante, est attaqué par la belle-mère de la bourgeoise, qui le confond avec la servante malade. La scène se termine par une dispute et un déguisement réciproque. Le texte mentionne également un voyageur chinois qui parle des médecins de son pays, capables de transmettre la petite vérole. Un auteur du Pont-Neuf intervient ensuite avec une chanson burlesque sur un officier et une jeune femme. Une autre histoire concerne un jeune homme ivre retrouvé dans un égout, chantant des airs de Lambert. Sa famille et son rival discutent de son mariage avec une jeune femme. La fille choisit finalement l'ivrogne, préférant un homme honnête à un traître. Le père, un amateur de vin, conclut que l'ivrognerie est pardonnable, mais la trahison ne l'est pas.
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3
p. 49-52
COUPLETS en forme de Dialogue sur le mesme chant icy noté.
Début :
TIRSIS. Une faveur, Lisette, [...]
Mots clefs :
Amour, Vendanges
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texteReconnaissance textuelle : COUPLETS en forme de Dialogue sur le mesme chant icy noté.
COUPLETS
en forme de Dialogue sur le mesme chant icy noté.
TIRSIS.
Vne faveur, Lisette,
Af4prouvé ton amour: AuÇon de ma musette
Tu danfoisl'autre jour.
Sur celle de Sihandrt
Tu nedanserois pas:
Matstu daignes l'entendre,
Non:tu nem'aime PaS.
LISETTL LISETTE
Si fentenssa rnujfttc,
C'estqueses airssontguais
Pour une chansonnette,
QuelvacarmetujaisJ
Aforce de te plaindre
Tu me chagrinras :
7 iSituDcnx mecommit!tire
Non9 jene iaimepas.
TIRSIS.
- arc*.-ay beiie JL,//c;1
J'cyn'iraijeleso-enoux
Aîon humeur mquiette
Aierite ton couroux,
lijt -ce a moj de e
plai;>dre,
Fais ce au? tu fZJoudraJ)
Sifay pu te contraindre,
Nonje ne t'aime pas. LISETTE.
Quun berger ejlaimable -Qui JeJeu;;?etainjî !
Te vojaai raisonnable
Je le deviens auJli.
Je la de Sihandre LS,l.,va
Lamusette k3 la rjcr:,
je neveux plus t'ented-r}
-r ,. 1 l Tiens me mener au bois.
en forme de Dialogue sur le mesme chant icy noté.
TIRSIS.
Vne faveur, Lisette,
Af4prouvé ton amour: AuÇon de ma musette
Tu danfoisl'autre jour.
Sur celle de Sihandrt
Tu nedanserois pas:
Matstu daignes l'entendre,
Non:tu nem'aime PaS.
LISETTL LISETTE
Si fentenssa rnujfttc,
C'estqueses airssontguais
Pour une chansonnette,
QuelvacarmetujaisJ
Aforce de te plaindre
Tu me chagrinras :
7 iSituDcnx mecommit!tire
Non9 jene iaimepas.
TIRSIS.
- arc*.-ay beiie JL,//c;1
J'cyn'iraijeleso-enoux
Aîon humeur mquiette
Aierite ton couroux,
lijt -ce a moj de e
plai;>dre,
Fais ce au? tu fZJoudraJ)
Sifay pu te contraindre,
Nonje ne t'aime pas. LISETTE.
Quun berger ejlaimable -Qui JeJeu;;?etainjî !
Te vojaai raisonnable
Je le deviens auJli.
Je la de Sihandre LS,l.,va
Lamusette k3 la rjcr:,
je neveux plus t'ented-r}
-r ,. 1 l Tiens me mener au bois.
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Résumé : COUPLETS en forme de Dialogue sur le mesme chant icy noté.
Tirsi reproche à Lisette de ne pas avoir dansé à sa musette, contrairement à Sihandrt. Lisette explique que les airs de Tirsi la chagrinent. Tirsi affirme ne pouvoir changer son humeur ni la forcer à l'aimer. Lisette accepte de devenir raisonnable et décide de ne plus écouter Sihandrt. Elle demande à Tirsi de l'emmener au bois.
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4
p. 52-54
LES VENDANGES. Sur le mesme air.
Début :
I. Couplet. Dans la vigne à Glaudine [...]
Mots clefs :
Vendanges, Vendangeurs
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texteReconnaissance textuelle : LES VENDANGES. Sur le mesme air.
LES VENDANGES.
Surlemesne air.
I. Couplet.
Dans la vigne ri.Glaudine
Les Vendangeursy vont,
On choisit à la mine
Ceux qui vendangeront.
yîux Vendangeurs qui
brillent
Ony donne le pas:
Les autresygrapillent,
MaisnjJ-verkdangentpas.
1 I. Couplet.
Sur la fin de l'Automne
Vint un joli vieillard,
Si la vendange est bonne
J'en veux:avoirmafart.
Cette prudente fille
Luyrespondit tout bas,
Vieux Vendangeur graplie,
Mais ne vendangepas.
Aux vignes de Cithere,
Parmy les raisins doux,
Ejf maintegrape amere,
Nevnouc¿sté.z/fez.., point peur
Ce pourunefille
Est un grand embarras;
LMaaipslnusejvaeanedfarnagpeiplleas
Mais ne vendange pas
Surlemesne air.
I. Couplet.
Dans la vigne ri.Glaudine
Les Vendangeursy vont,
On choisit à la mine
Ceux qui vendangeront.
yîux Vendangeurs qui
brillent
Ony donne le pas:
Les autresygrapillent,
MaisnjJ-verkdangentpas.
1 I. Couplet.
Sur la fin de l'Automne
Vint un joli vieillard,
Si la vendange est bonne
J'en veux:avoirmafart.
Cette prudente fille
Luyrespondit tout bas,
Vieux Vendangeur graplie,
Mais ne vendangepas.
Aux vignes de Cithere,
Parmy les raisins doux,
Ejf maintegrape amere,
Nevnouc¿sté.z/fez.., point peur
Ce pourunefille
Est un grand embarras;
LMaaipslnusejvaeanedfarnagpeiplleas
Mais ne vendange pas
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Résumé : LES VENDANGES. Sur le mesme air.
Le texte relate une scène de vendanges où certains vendangeurs, appelés 'grapilleurs', ne participent pas réellement. Un vieillard souhaite aider, mais une jeune fille prudente lui répond qu'il grappille sans vendanger. Les vignes de Cythère produisent des raisins doux et des grappes amères. La jeune fille exprime son embarras face à cette situation.
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5
p. 124-128
Observations sur les vignes de 1754, faites dans le Bordelois.
Début :
Les grandes chaleurs qu'il a fait l'été passé ont arrêté de bonne heure la séve [...]
Mots clefs :
Vignes, Terre, Chaleur, Vendanges
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Observations sur les vignes de 1754, faites dans le Bordelois.
Obfervations fur les vignes de 1754 , faites
dans le Bordelois.
Lafont arrêté de bonne heure la féve
Es grandes chaleurs qu'il a fait l'été
dans le farment , ce qui a donné fort peu
de bois & a rendu la taille difficile . Les
grands froids ont fait mourir beaucoup de
pieds , les chaleurs de l'année paffée en
avoient déja fait mourir grand nombre.
Les grandes gelées ont rendu les premiers
travaux fort aifés & fort profitables.
Tous les bourgeons étoient prefque fortis ,
lorfqu'il eft furvenu une gelée caufée par
un vent de nord-oueft qui avoit donné la
veille une pluie froide. Tous les endroits
qui avoient été frappés de la pluie , ont
extrêmement fouffert ; il n'y a pas eu de
mal ailleurs , ce qui fait qu'il y a eu des
côtes inacceffibles àla gelée qui ont fouffert
, tandis que dans les plaines l'on en a
été quitte pour la peur.
Les vignes qui n'étoient point gelées
étoient chargées de manes ; le farment a
paru d'abord vigoureux , les feuilles étoient
d'une largeur extraordinaire ; les provins
JUIN. 1755. 125
& les plantations ont réuffi à merveille.
Les travaux fe font faits aifément & en
beau tems.
Les pluies furvenues fur la fleur ont
caufé quelque perte , mais elle n'eft pas
comparable aux maux que les chaleurs qui
leur ont fuccedé ont fait : elles ont trouvé
le bois de la vigne encore humide ; & prenant
de nouveaux accroiffemens , le verjus
n'avoit pas eu le tems de prendre de la
force. Les rayons du foleil ont agi avec
tant de violence , que la moitié de la récolte
a été brûlée. Les chaleurs continuant
ont defféché la terre à un tel point , que
toutes les campagnes étoient crevaffées. Le
farment a pris fa maturité avant le tems ,
la queue du raifin fembloit defféchée , les
grains étoient extrêmement petits ; ceux
qui paroiffoient les plus mûrs étoient d'un
rouge tuilé , ayant une confiftance fort
molle.
La récolte promettoit fort peu de chofe
en Septembre les paluds , quoique dans
une terre forte , ont beaucoup fouffert
l'on laiffe à penfer ce qu'ont eu à endurer
les Graves.
Aux approches des vendanges les vins de
l'année paffée étoient extraordinairement
montés ; ce qui eft prodigieux , c'est que
les vins , dont la qualité étoit fupérieure ,
Fuj
126 MERCURE DE FRANCE.
:.
ont aigri en beaucoup d'endroits .
Des pluies douces furvenues à la veille
des vendanges ont ranimé les efpérances ;
l'on peut conjecturer du bien qu'elles ont
produit , puifque fans avoir pénétré jufqu'à
la racine , elles n'ont pas laiflé d'amener
tout à une maturité parfaite : huit jours
ont füffi , le raiſin a acquis dans ce peu de
tems fa groffeur naturelle , l'on ne voyoit
plus aucun veftige des defordres qu'avoient
fait les grandes chaleurs ; ce changement
arriva à la mi- Octobre. L'on a profité des
beaux jours qu'il a fait depuis pour vendanger
; mais les froids & les mauvais tems
qui ont fuccédé , ont tout gâté en certains
endroits : les vendanges étoient trop reculées
pour pouvoir être faites fans inconvénient.
Enfin l'on a fait prefque par-tour
d'abondantes vendanges ; mais le vin n'eſt
pas également bon , on ne lui trouve ni la
féve , ni le corps de celui de l'année paffée.
Le vin blanc eft moindre en qualité que
le rouge . Un ouragan des plus terribles qui
s'eft fait fentir en Novembre , a caufé de
grands maux ; les raifins n'étoient pas encore
bons à prendre , l'on n'avoit fait qu'u
ne cueillette , & en quelques endroits aucune
; les grains les plus pourris fe détacherent
, la terre en étoit couverte ; une
pluie abondante qui futvint , les détrempa
JUIN. 1755. 127
fi fort que l'on fut obligé de les abandonner
: il eft vrai que cette pluie hâta les vendanges
en achevant de pourrir. Les vins
blancs du Bordelois fe font prefque tous
de raifins pourris.
Remarques particulieres fur les grands froids
& les grandes chaleurs de l'année.
Les rigueurs de l'hiver & les grandes
chaleurs de l'été ont tout fait dans l'abondanté
récolte de cette année.
Les hivers froids & les étés chauds ,
malgré les inconvéniens qu'ils ont , font
les plus propres aux vignes.
D
Les gelées fortes mettent en pouffiere
les terres les plus compactes ; elles s'infinuent
dans toutes les parties , elles les
foulevent en en faifant la féparation . Que
ne doit-on pas attendre après cela des labours,
qui achevent de procurer une ouver
ture qui puiffe infinuer les rayons du foleil
dans le fein de la terrre , afin d'en mettre
en mouvement tous les fels ? Les hivers
doux ne fçauroient produire ces avantages.
Les pluvieux font d'ordinaire funeftes à
toutes les plantes , fans compter la quantité
immenfe de fels précieux qu'entraînent
les eaux ou qu'elles diffipent ; l'on perd
prefque le fruit de tous les travaux : en
vain l'on ouvre le fein de la terre pour y
F iiij
128 MERCURE DE FRANCE.
infinuer les douces influences de l'air ; la
terre chargée d'humidité , preffe fur ellemême
& fe refferre auffi - tôt.
La chaleur eft le principe de la végétation
, & plus elle eft grande , plus elle agit
avec efficacité.
Le point eft de mettre la vigne dans une
fituation à profiter de ces bienfaits , par où
on la met en même tems à l'abri des inconvéniens
d'une trop grande chaleur :
c'eft en faifant de fréquens labours , qui
tiennent toujours la terre meuble , & font
mourir les mauvaiſes herbes ; il eft inconteftable
que fans cela la terre fe durcit ,
la chaleur s'y concentre , c'eft une maſſe
de feu qui altere & qui defféche tout ce
qui en approche. Il eft démontré qu'à un
demi-pied de terre meuble il regne une
fraîcheur que l'on ne trouve point à deux
pieds d'une terre inculte. Les mauvaifes
herbes contribuent à entretenir la chaleur ,
leur ombrage ne porte point la fraîcheur
que l'on s'imagine.
Par le P. P. R. D. N. D. D. V,
dans le Bordelois.
Lafont arrêté de bonne heure la féve
Es grandes chaleurs qu'il a fait l'été
dans le farment , ce qui a donné fort peu
de bois & a rendu la taille difficile . Les
grands froids ont fait mourir beaucoup de
pieds , les chaleurs de l'année paffée en
avoient déja fait mourir grand nombre.
Les grandes gelées ont rendu les premiers
travaux fort aifés & fort profitables.
Tous les bourgeons étoient prefque fortis ,
lorfqu'il eft furvenu une gelée caufée par
un vent de nord-oueft qui avoit donné la
veille une pluie froide. Tous les endroits
qui avoient été frappés de la pluie , ont
extrêmement fouffert ; il n'y a pas eu de
mal ailleurs , ce qui fait qu'il y a eu des
côtes inacceffibles àla gelée qui ont fouffert
, tandis que dans les plaines l'on en a
été quitte pour la peur.
Les vignes qui n'étoient point gelées
étoient chargées de manes ; le farment a
paru d'abord vigoureux , les feuilles étoient
d'une largeur extraordinaire ; les provins
JUIN. 1755. 125
& les plantations ont réuffi à merveille.
Les travaux fe font faits aifément & en
beau tems.
Les pluies furvenues fur la fleur ont
caufé quelque perte , mais elle n'eft pas
comparable aux maux que les chaleurs qui
leur ont fuccedé ont fait : elles ont trouvé
le bois de la vigne encore humide ; & prenant
de nouveaux accroiffemens , le verjus
n'avoit pas eu le tems de prendre de la
force. Les rayons du foleil ont agi avec
tant de violence , que la moitié de la récolte
a été brûlée. Les chaleurs continuant
ont defféché la terre à un tel point , que
toutes les campagnes étoient crevaffées. Le
farment a pris fa maturité avant le tems ,
la queue du raifin fembloit defféchée , les
grains étoient extrêmement petits ; ceux
qui paroiffoient les plus mûrs étoient d'un
rouge tuilé , ayant une confiftance fort
molle.
La récolte promettoit fort peu de chofe
en Septembre les paluds , quoique dans
une terre forte , ont beaucoup fouffert
l'on laiffe à penfer ce qu'ont eu à endurer
les Graves.
Aux approches des vendanges les vins de
l'année paffée étoient extraordinairement
montés ; ce qui eft prodigieux , c'est que
les vins , dont la qualité étoit fupérieure ,
Fuj
126 MERCURE DE FRANCE.
:.
ont aigri en beaucoup d'endroits .
Des pluies douces furvenues à la veille
des vendanges ont ranimé les efpérances ;
l'on peut conjecturer du bien qu'elles ont
produit , puifque fans avoir pénétré jufqu'à
la racine , elles n'ont pas laiflé d'amener
tout à une maturité parfaite : huit jours
ont füffi , le raiſin a acquis dans ce peu de
tems fa groffeur naturelle , l'on ne voyoit
plus aucun veftige des defordres qu'avoient
fait les grandes chaleurs ; ce changement
arriva à la mi- Octobre. L'on a profité des
beaux jours qu'il a fait depuis pour vendanger
; mais les froids & les mauvais tems
qui ont fuccédé , ont tout gâté en certains
endroits : les vendanges étoient trop reculées
pour pouvoir être faites fans inconvénient.
Enfin l'on a fait prefque par-tour
d'abondantes vendanges ; mais le vin n'eſt
pas également bon , on ne lui trouve ni la
féve , ni le corps de celui de l'année paffée.
Le vin blanc eft moindre en qualité que
le rouge . Un ouragan des plus terribles qui
s'eft fait fentir en Novembre , a caufé de
grands maux ; les raifins n'étoient pas encore
bons à prendre , l'on n'avoit fait qu'u
ne cueillette , & en quelques endroits aucune
; les grains les plus pourris fe détacherent
, la terre en étoit couverte ; une
pluie abondante qui futvint , les détrempa
JUIN. 1755. 127
fi fort que l'on fut obligé de les abandonner
: il eft vrai que cette pluie hâta les vendanges
en achevant de pourrir. Les vins
blancs du Bordelois fe font prefque tous
de raifins pourris.
Remarques particulieres fur les grands froids
& les grandes chaleurs de l'année.
Les rigueurs de l'hiver & les grandes
chaleurs de l'été ont tout fait dans l'abondanté
récolte de cette année.
Les hivers froids & les étés chauds ,
malgré les inconvéniens qu'ils ont , font
les plus propres aux vignes.
D
Les gelées fortes mettent en pouffiere
les terres les plus compactes ; elles s'infinuent
dans toutes les parties , elles les
foulevent en en faifant la féparation . Que
ne doit-on pas attendre après cela des labours,
qui achevent de procurer une ouver
ture qui puiffe infinuer les rayons du foleil
dans le fein de la terrre , afin d'en mettre
en mouvement tous les fels ? Les hivers
doux ne fçauroient produire ces avantages.
Les pluvieux font d'ordinaire funeftes à
toutes les plantes , fans compter la quantité
immenfe de fels précieux qu'entraînent
les eaux ou qu'elles diffipent ; l'on perd
prefque le fruit de tous les travaux : en
vain l'on ouvre le fein de la terre pour y
F iiij
128 MERCURE DE FRANCE.
infinuer les douces influences de l'air ; la
terre chargée d'humidité , preffe fur ellemême
& fe refferre auffi - tôt.
La chaleur eft le principe de la végétation
, & plus elle eft grande , plus elle agit
avec efficacité.
Le point eft de mettre la vigne dans une
fituation à profiter de ces bienfaits , par où
on la met en même tems à l'abri des inconvéniens
d'une trop grande chaleur :
c'eft en faifant de fréquens labours , qui
tiennent toujours la terre meuble , & font
mourir les mauvaiſes herbes ; il eft inconteftable
que fans cela la terre fe durcit ,
la chaleur s'y concentre , c'eft une maſſe
de feu qui altere & qui defféche tout ce
qui en approche. Il eft démontré qu'à un
demi-pied de terre meuble il regne une
fraîcheur que l'on ne trouve point à deux
pieds d'une terre inculte. Les mauvaifes
herbes contribuent à entretenir la chaleur ,
leur ombrage ne porte point la fraîcheur
que l'on s'imagine.
Par le P. P. R. D. N. D. D. V,
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Résumé : Observations sur les vignes de 1754, faites dans le Bordelois.
En 1754, dans le Bordelais, les conditions climatiques extrêmes ont gravement affecté les vignes. Les grandes chaleurs estivales ont limité la croissance du bois, rendant la taille difficile. Les froids intenses ont tué de nombreux pieds de vigne, aggravant les pertes de l'année précédente. Les gelées ont facilité les premiers travaux, mais une gelée tardive, précédée d'une pluie froide, a endommagé les bourgeons dans certaines zones. Les vignes non gelées étaient chargées de fruits, mais les pluies et les chaleurs excessives ont causé des pertes significatives. Les rayons du soleil ont brûlé une grande partie de la récolte, et les chaleurs ont desséché la terre, rendant les grains de raisin petits et mous. En septembre, la récolte semblait prometteuse, mais les paluds ont souffert. Les vins de l'année précédente avaient monté en qualité, mais certains avaient aigri. Des pluies douces avant les vendanges ont amélioré la maturité du raisin, mais les froids et les mauvais temps ultérieurs ont gâté certaines récoltes. Les vendanges, bien que tardives, ont été abondantes, mais le vin manquait de saveur et de corps par rapport à l'année précédente. Un ouragan en novembre a causé des dégâts supplémentaires, laissant des raisins pourris. Les rigueurs de l'hiver et les grandes chaleurs de l'été ont été déterminantes pour l'abondance de la récolte. Les gelées fortes et les labours fréquents sont bénéfiques pour les vignes, tandis que les hivers doux et les étés pluvieux sont nuisibles. La chaleur est essentielle pour la végétation, mais elle doit être modérée pour éviter de dessécher les vignes. Les labours réguliers et l'élimination des mauvaises herbes sont cruciaux pour maintenir la fraîcheur du sol et protéger les vignes des excès de chaleur.
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