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1
p. 85-88
Mort de M. l'Abbé de Montaigu. [titre d'après la table]
Début :
Monsieur l'Abbé de Montaigu, Milord d'Angleterre, mourut aussi ces [...]
Mots clefs :
Abbé de Montaigu, Angleterre, Négociations
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texteReconnaissance textuelle : Mort de M. l'Abbé de Montaigu. [titre d'après la table]
Monfieur l ’Abbé de
Montaigu, Milord d’AnO gleterre, mourut aufli ces . '
jours paflcz : Il a efté employé dans plufieursNégotiations importantes pendant la vie du feu Roy fon
f
86 LE MERCURE
Maiftre, & du Duc de Buqujnquan fon Favory; &
apres avoir pris le Party de
lEglife, & eltre retourne'
en Angleterre apres la
mort du feu R oy, pour y
travailler au rétabliffement
de la Religion, il fut arreflé
&mis danslaTourdeLondres, d’ou il fortit parl’entremife de la feue Reyne
Mere de France. Il a pendant toute fa vie fait .des
avions continuelles de pieté,& des charitez fans nombre. Apres avoir perdu la
Reyne Mere de France fa
G A L A N T . g7
Protectrice., il perdit encor
la Reyne Mere d ’Angleterre, dont il eftoit Grand
Aumônier. La Fortune joignit à cette perte celle de
feueMadame, dont ileftoit
Premier Aumônier, & luy
fit perdre enmefme temps
un Frere qui luy eftoit cher,
mais dont la mort le toucha
d ’autant plus, qu’il eftoit
encor envelopé dans les
nuages de l’Heréfie. L’argent q u ’il reçeut de fa
Charge de Premier Aumônier de Madame, qu’il vendit lors que Monfieur fe fut
88 LE MERCURE
remarié une féconde fois,
fut employé àlaFondation
d’un Convent de Religieufes Angloifes à Pontoife.
Il fe retira quelque temps
apres dans les Incurables,
où ilvivoit avec lesAdminiftrateurs de cet Hôpital
dans une pieté exemplaire,
pour avoir la confolation
de mourir parmy les Pauvres
Montaigu, Milord d’AnO gleterre, mourut aufli ces . '
jours paflcz : Il a efté employé dans plufieursNégotiations importantes pendant la vie du feu Roy fon
f
86 LE MERCURE
Maiftre, & du Duc de Buqujnquan fon Favory; &
apres avoir pris le Party de
lEglife, & eltre retourne'
en Angleterre apres la
mort du feu R oy, pour y
travailler au rétabliffement
de la Religion, il fut arreflé
&mis danslaTourdeLondres, d’ou il fortit parl’entremife de la feue Reyne
Mere de France. Il a pendant toute fa vie fait .des
avions continuelles de pieté,& des charitez fans nombre. Apres avoir perdu la
Reyne Mere de France fa
G A L A N T . g7
Protectrice., il perdit encor
la Reyne Mere d ’Angleterre, dont il eftoit Grand
Aumônier. La Fortune joignit à cette perte celle de
feueMadame, dont ileftoit
Premier Aumônier, & luy
fit perdre enmefme temps
un Frere qui luy eftoit cher,
mais dont la mort le toucha
d ’autant plus, qu’il eftoit
encor envelopé dans les
nuages de l’Heréfie. L’argent q u ’il reçeut de fa
Charge de Premier Aumônier de Madame, qu’il vendit lors que Monfieur fe fut
88 LE MERCURE
remarié une féconde fois,
fut employé àlaFondation
d’un Convent de Religieufes Angloifes à Pontoife.
Il fe retira quelque temps
apres dans les Incurables,
où ilvivoit avec lesAdminiftrateurs de cet Hôpital
dans une pieté exemplaire,
pour avoir la confolation
de mourir parmy les Pauvres
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Résumé : Mort de M. l'Abbé de Montaigu. [titre d'après la table]
Le texte évoque la vie et les actions de l'Abbé de Montaigu, Milord d’Angleterre, récemment décédé. Il a joué un rôle clé dans diverses négociations durant la vie du roi et du Duc de Buckingham, favori du roi. Après avoir pris le parti de l’Église et être retourné en Angleterre, il a été arrêté et emprisonné à la Tour de Londres. Il a été libéré grâce à l’intervention de la reine mère de France. Toute sa vie, il a démontré une piété et une charité constantes. Après la perte de la reine mère de France, sa protectrice, il a également perdu la reine mère d’Angleterre, dont il était Grand Aumônier, ainsi que Madame, dont il était Premier Aumônier, et un frère cher, hérétique. Les fonds de sa charge de Premier Aumônier ont servi à fonder un couvent de religieuses anglaises à Pontoise. Il s’est ensuite retiré à l’Hôpital des Incurables, où il a vécu dans une piété exemplaire, souhaitant mourir parmi les pauvres.
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2
p. 205-212
Mort de Madame de Puisieux. [titre d'après la table]
Début :
Madame de Puisieux, Soeur de Mr le Grand Prieur de [...]
Mots clefs :
Madame de Puisieux, Négociations, Charges, Esprit, Éloquence
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mort de Madame de Puisieux. [titre d'après la table]
e M' le Grand Prieur de France , & de feu Mº de Valencé..
Archeveſque de Rheims , eft morte icy depuisquelquesjours,
fort regretéede tous ceuxqui la connoiffoient. Feu M de Puifieux ſonMary eſtoit Secretaire d'Etat , &avoit en meſme temps le Départementde la Guerre &
des Errangers. Il n'a point eu d'Emploisqu'il n'ait meritez &
F
130 LE MERCVRE par luy-mefme , &par l'avanta- ge qu'il avoit d'eſtre Fils de l'Il- luſtre Chancelierde Sillery , qui ayanttout cequ'on peutſouhai- terdans un excellent Homme
d'Etat , s'eſt acquitédesplus im- portantes Negotiations avec un zele qui n'a jamais eu pour ob- jet que la grandeur& la gloire deſonMaiftre. Il n'yaperſonne qui n'en ſoit inſtruit , &il faute n'avoir pas leu noftre Hiſtoire pour ignorer qu'il fut envoyé Ambaſſadeur en Italie ,enAllemagne , aux Païs-Bas , & en:
Suiffe; que ce fut luy quicon- cult' le Mariage de Henry IV. & le Traité de Vervins,
& que dans ces diferentes occaſions d'un long Minifte- re , il s'acquit une réputation qui augmenta fort l'eſtime qu'onavoitdéja pour la Maiſon
GALANT. 131 desBrularts dont il eſtoit. Non
ſeulement les grandes Charges l'ont toûjours renduë tres-confi- dérable , mais elle eſt d'une fort
ancienne Nobleffe , &alliée des meilleures Familles du Royaume. Il y a eu deux Secretaires
d'Etat de cette Maiſon. Elle a
donné pluſieurs Premiers Prefi- dens auParlement deDijon, un Prefident à Mortier , & un ProcureurGeneral à celuydeParis,
fans parler desMaiſtres des Re- queſtes&des Conſeillers d'Etat qu'on y a veus. Madame de Puiſieux n'en diminua point la gloire eny entrant , fon merite répondoit à ſa naiſſance. Elle avoit l'eſprit infiniment éclairé,
folide , ferme , &uneéloquence naturelle qui ne manquoit ja- mais de perfuader. Elle a eſté magnifique dans ſa fortune , &
:
N
Fvj
132 LE MERCVRE faitparoiſtre tine conſtance ad- mirable lors qu'elle ne s'eſt pas.
veuë en étarde faire tourceque fongrand cœur auroit ſouhaité.. Elle a reçen ſouvent & ſous le Regne de Loüis XIII. & pen- dant la Régéce de la feuëReyne Mere,de glorieuſes marques de leur bienveillance ; mais rien ne
l'a miſe dans une plus haute conſidération , que les faveurs.
que le Roy a répanduës fur elle en plufieurs rencontres d'une maniere , qui a fait affez connoiſtre qu'il la diftinguoit de las plus grande partie de celles de fon Sexe. Auffi les premieres Perfonnes de l'Etat ont continuéjuſqu'à la mort à luydonner des preuves d'une eſtime toute particuliere ;& fi jamais rem- me n'eut tant d'Amis & d'A
mies , on peut dire que jamais
GALANT. 133
ta Femme ne merita plus d'en'a- voir. Elle est morte avec une preſence d'eſprit &une fermeté dignede cellequ'elle a fait écla- ter dans toutes les actionsde fa
vie; & ceux qui l'ont aſſiſtée dans ces derniers momens,n'ont pas moins admiré foncourage à
ne ſe point étonnerde ce qu'ils ontde terrible, que ſa piété plei- nede ferveur àſe ſoûmettre aux
ordresde Dieu.
Archeveſque de Rheims , eft morte icy depuisquelquesjours,
fort regretéede tous ceuxqui la connoiffoient. Feu M de Puifieux ſonMary eſtoit Secretaire d'Etat , &avoit en meſme temps le Départementde la Guerre &
des Errangers. Il n'a point eu d'Emploisqu'il n'ait meritez &
F
130 LE MERCVRE par luy-mefme , &par l'avanta- ge qu'il avoit d'eſtre Fils de l'Il- luſtre Chancelierde Sillery , qui ayanttout cequ'on peutſouhai- terdans un excellent Homme
d'Etat , s'eſt acquitédesplus im- portantes Negotiations avec un zele qui n'a jamais eu pour ob- jet que la grandeur& la gloire deſonMaiftre. Il n'yaperſonne qui n'en ſoit inſtruit , &il faute n'avoir pas leu noftre Hiſtoire pour ignorer qu'il fut envoyé Ambaſſadeur en Italie ,enAllemagne , aux Païs-Bas , & en:
Suiffe; que ce fut luy quicon- cult' le Mariage de Henry IV. & le Traité de Vervins,
& que dans ces diferentes occaſions d'un long Minifte- re , il s'acquit une réputation qui augmenta fort l'eſtime qu'onavoitdéja pour la Maiſon
GALANT. 131 desBrularts dont il eſtoit. Non
ſeulement les grandes Charges l'ont toûjours renduë tres-confi- dérable , mais elle eſt d'une fort
ancienne Nobleffe , &alliée des meilleures Familles du Royaume. Il y a eu deux Secretaires
d'Etat de cette Maiſon. Elle a
donné pluſieurs Premiers Prefi- dens auParlement deDijon, un Prefident à Mortier , & un ProcureurGeneral à celuydeParis,
fans parler desMaiſtres des Re- queſtes&des Conſeillers d'Etat qu'on y a veus. Madame de Puiſieux n'en diminua point la gloire eny entrant , fon merite répondoit à ſa naiſſance. Elle avoit l'eſprit infiniment éclairé,
folide , ferme , &uneéloquence naturelle qui ne manquoit ja- mais de perfuader. Elle a eſté magnifique dans ſa fortune , &
:
N
Fvj
132 LE MERCVRE faitparoiſtre tine conſtance ad- mirable lors qu'elle ne s'eſt pas.
veuë en étarde faire tourceque fongrand cœur auroit ſouhaité.. Elle a reçen ſouvent & ſous le Regne de Loüis XIII. & pen- dant la Régéce de la feuëReyne Mere,de glorieuſes marques de leur bienveillance ; mais rien ne
l'a miſe dans une plus haute conſidération , que les faveurs.
que le Roy a répanduës fur elle en plufieurs rencontres d'une maniere , qui a fait affez connoiſtre qu'il la diftinguoit de las plus grande partie de celles de fon Sexe. Auffi les premieres Perfonnes de l'Etat ont continuéjuſqu'à la mort à luydonner des preuves d'une eſtime toute particuliere ;& fi jamais rem- me n'eut tant d'Amis & d'A
mies , on peut dire que jamais
GALANT. 133
ta Femme ne merita plus d'en'a- voir. Elle est morte avec une preſence d'eſprit &une fermeté dignede cellequ'elle a fait écla- ter dans toutes les actionsde fa
vie; & ceux qui l'ont aſſiſtée dans ces derniers momens,n'ont pas moins admiré foncourage à
ne ſe point étonnerde ce qu'ils ontde terrible, que ſa piété plei- nede ferveur àſe ſoûmettre aux
ordresde Dieu.
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Résumé : Mort de Madame de Puisieux. [titre d'après la table]
Madame de Puisieux, récemment décédée, était une figure respectée et admirée pour ses qualités et ses actions. Elle était l'épouse de feu Monsieur de Puisieux, ancien Secrétaire d'État en charge des départements de la Guerre et des Affaires étrangères. Monsieur de Puisieux avait occupé divers postes diplomatiques en Italie, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Suisse, et avait négocié des traités importants comme le Mariage de Henry IV et le Traité de Vervins. Il était le fils du célèbre Chancelier de Sillery, reconnu pour ses compétences en négociations. Madame de Puisieux appartenait à la noble famille des Brulart, qui avait fourni plusieurs hauts fonctionnaires au royaume. Elle était connue pour son esprit éclairé, sa solidité, sa fermeté et son éloquence. Elle avait reçu de nombreuses marques de bienveillance des rois Louis XIII et de la reine mère, ainsi que du roi actuel, qui la distinguait particulièrement. Jusqu'à sa mort, elle avait bénéficié de l'estime des plus hautes personnalités de l'État. Madame de Puisieux est décédée avec courage et piété, impressionnant ceux qui l'entouraient par sa présence d'esprit et sa fermeté.
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3
p. 292-293
Lettre d'Utrecht.
Début :
Mon Amy & moy nous achetons bien cher le plaisir [...]
Mots clefs :
Utrecht, Négociations, Assemblées
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre d'Utrecht.
Lettre d'Utrechr.
MONSIEUR,
Mon Amy & rnoy nous
achetons bien cher le plaisir de
sçavoirles premieres nouvelles
.des Négociations qui se font
icy ; car hors la bonne chere
les plaisirs d'Utrcchtsont fort
secs cm fort tumultueux,
Les Ajjemulécs font ordinaifan.nt ae trente ou quarante
hommes & femmes de sept
ou huit Nations différentes
?
dont chacune écorche le François à sa façon, cm beaucoup ne leparlepoint du JOute
C'est une idée de la varieté des
Langues de la Tour de Babel.
Toutes
ces
cobuës se reduisent
àsept
ou huit tables d'Hombre dans une chambre,&plusieurs pelotons de Conteurs de
Nouvelles. Vous (fave:{appa.
ramment déja que:
MONSIEUR,
Mon Amy & rnoy nous
achetons bien cher le plaisir de
sçavoirles premieres nouvelles
.des Négociations qui se font
icy ; car hors la bonne chere
les plaisirs d'Utrcchtsont fort
secs cm fort tumultueux,
Les Ajjemulécs font ordinaifan.nt ae trente ou quarante
hommes & femmes de sept
ou huit Nations différentes
?
dont chacune écorche le François à sa façon, cm beaucoup ne leparlepoint du JOute
C'est une idée de la varieté des
Langues de la Tour de Babel.
Toutes
ces
cobuës se reduisent
àsept
ou huit tables d'Hombre dans une chambre,&plusieurs pelotons de Conteurs de
Nouvelles. Vous (fave:{appa.
ramment déja que:
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Résumé : Lettre d'Utrecht.
La lettre d'Utrecht évoque les difficultés et les coûts des premières nouvelles des négociations. Utrecht offre une bonne nourriture mais des plaisirs austères et tumultueux. Les assemblées, appelées 'Ajjemulécs,' réunissent des personnes de sept ou huit nations différentes, parlant le français avec divers accents ou pas du tout. Les participants se regroupent autour de tables de jeu et de conteurs de nouvelles.
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4
p. 289-293
Nouvelles de Hollande.
Début :
Le 26. Septembre le Comte d'Albemarle arriva à la [...]
Mots clefs :
Hollande, Comte d'Albemarle, Plénipotentiaires, Négociations, Armée des Alliés
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Hollande.
Nouvelles de Hollande.
Le 26. Septembre le
Comte d'Albemarle arriva
à la Haye de Tournay. Il y
eut le même jour une Conference à Utrecht entre les
Miniftres des Alliez. M.
l'Evêque de Briſtol traita ce
jour-là magnifiquement les
Plenipotentiaires deFrance,
le Comte de Tarouca Plenipotentiaire de Portugal ,
& les Plenipotentiaires de
Savoye. Le 29. le Maréchal
de Huxelles a auffi donné
Bb Octobre
1712.
190 MERCURE
un repas trés- magnifique
aux Plenipotentiaires d'Angleterre , de Portugal & de
Savoye.
I
Le premier Octobre le
Comte Maffei Plenipoten
tiaire du Duc de Savoye ar
riva de Londres à la Haye,
& le lendemain il fe rendit
à Utrecht, où le Sieur Har
ley Envoyé de la Reine de
la Grande Bretagne arri5.
ya le
nover. Les. negociations
fonttoûjours au même état,
On ne parle point encore
d'une Conference genede la Cour d'Ha.
GALANT. 291
rale entre les Plenipoten
tiaires des deux partis : On
efpere pourtant qu'on en
conviendra bientôt. Le ro.
de ce mois les Plenipotentiaires des Alliez eurent entr'eux une Conference ; le
même jour les Plenipotentiaires de France confererent avec ceux d'Angleterre. L'armée des Alliez eft
toûjours campée au- deçà de
la Trouille où elle fouffre
beaucoup faute de fourrage , qu'elle eft obligée d'aller chercher aux environs
de Bruxelles , enforte qu'il
Bbij
292 MERCURE
faudra lui faire voiturer du
fourrage fec jufqu'à ce que
l'armée Françoiſe decampe.
LePrince Eugene a été contraint de faire des détachemens de temps en temps
pour renforcer les garniſons
des places les plus expolées.
Le 4 Octobreles Regimens
de Cavalerie & de Dragons
de Tilly , de Dopf, d'Er
bach , & de Honderbecn
arriverent à Bruxelles , ils
doivent continuer leur
route vers Mastricht. Le
mille hommes arrive,
rent à Hall prés de Bruxel5.
GALANT. 293
les pour renforcer les garnifons des places du Brabant. Le Comte de Tilly
qui commande les troupes
de cet Etat eft tombé malade , il devoit partir pour
aller auxbains d'Aix la Chapelle ; fa maladie eft tellement augmentée, qu'il n'eſt
point en état de partir. Le.
Prince Hereditaire de Hef
fe Caffel conimande en fa
place les troupes de l'Etat
Le 26. Septembre le
Comte d'Albemarle arriva
à la Haye de Tournay. Il y
eut le même jour une Conference à Utrecht entre les
Miniftres des Alliez. M.
l'Evêque de Briſtol traita ce
jour-là magnifiquement les
Plenipotentiaires deFrance,
le Comte de Tarouca Plenipotentiaire de Portugal ,
& les Plenipotentiaires de
Savoye. Le 29. le Maréchal
de Huxelles a auffi donné
Bb Octobre
1712.
190 MERCURE
un repas trés- magnifique
aux Plenipotentiaires d'Angleterre , de Portugal & de
Savoye.
I
Le premier Octobre le
Comte Maffei Plenipoten
tiaire du Duc de Savoye ar
riva de Londres à la Haye,
& le lendemain il fe rendit
à Utrecht, où le Sieur Har
ley Envoyé de la Reine de
la Grande Bretagne arri5.
ya le
nover. Les. negociations
fonttoûjours au même état,
On ne parle point encore
d'une Conference genede la Cour d'Ha.
GALANT. 291
rale entre les Plenipoten
tiaires des deux partis : On
efpere pourtant qu'on en
conviendra bientôt. Le ro.
de ce mois les Plenipotentiaires des Alliez eurent entr'eux une Conference ; le
même jour les Plenipotentiaires de France confererent avec ceux d'Angleterre. L'armée des Alliez eft
toûjours campée au- deçà de
la Trouille où elle fouffre
beaucoup faute de fourrage , qu'elle eft obligée d'aller chercher aux environs
de Bruxelles , enforte qu'il
Bbij
292 MERCURE
faudra lui faire voiturer du
fourrage fec jufqu'à ce que
l'armée Françoiſe decampe.
LePrince Eugene a été contraint de faire des détachemens de temps en temps
pour renforcer les garniſons
des places les plus expolées.
Le 4 Octobreles Regimens
de Cavalerie & de Dragons
de Tilly , de Dopf, d'Er
bach , & de Honderbecn
arriverent à Bruxelles , ils
doivent continuer leur
route vers Mastricht. Le
mille hommes arrive,
rent à Hall prés de Bruxel5.
GALANT. 293
les pour renforcer les garnifons des places du Brabant. Le Comte de Tilly
qui commande les troupes
de cet Etat eft tombé malade , il devoit partir pour
aller auxbains d'Aix la Chapelle ; fa maladie eft tellement augmentée, qu'il n'eſt
point en état de partir. Le.
Prince Hereditaire de Hef
fe Caffel conimande en fa
place les troupes de l'Etat
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Résumé : Nouvelles de Hollande.
En septembre et octobre 1712, des événements diplomatiques et militaires ont marqué la Hollande. Le 26 septembre, le Comte d'Albemarle est arrivé à La Haye, et une conférence entre les ministres des Alliés a eu lieu à Utrecht. L'Évêque de Bristol a reçu les plénipotentiaires de France, du Portugal et de Savoie. Le 29 septembre, le Maréchal de Huxelles a offert un repas aux plénipotentiaires d'Angleterre, du Portugal et de Savoie. Le 1er octobre, le Comte Maffei et le Sieur Harley sont arrivés à La Haye. Les négociations restaient en suspens, sans conférence générale entre les plénipotentiaires. Le 20 octobre, les plénipotentiaires des Alliés et de France ont tenu des conférences. Sur le front militaire, l'armée des Alliés, campée au-delà de la Trouille, manquait de fourrage, obligeant le Prince Eugène à renforcer les garnisons. Le 4 octobre, des régiments de cavalerie et de dragons sont arrivés à Bruxelles. Le Comte de Tilly, malade, a été remplacé par le Prince Héritier de Hesse-Cassel.
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5
p. 1769-1777
Mort de M. de la Faye, [titre d'après la table]
Mots clefs :
Beaux-arts, Étrangers, Mousquetaire, Ratification de traités, Négociations
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texteReconnaissance textuelle : Mort de M. de la Faye, [titre d'après la table]
Les beaux Arts viennent de faire une
grande perte en la perfone de Jean - François
Leriget de la Faye, Chevalier , Seigneur
de Condé &c. Secretaire du Cabinet du
Roy , l'un des Quarante de l'Académie
Françoiſe, mort à Paris le 11 Juillet , après
fix jours de maladie , dans la 57 ° année
de fon âge , extrêmement regretté par fes
amis,dont le nombre fait honneur à la mémoire
, par les gens de la plus haute distinction
, par les Etrangers et par le Peuple.
Il avoit été Moufquetaire , Lieutenant
dans le Régiment du Roy,Capitaine d'In-
G fanteric
1770 MERCURE DE FRANCE
fanterie dans le Régiment de Laffé , &
Gentilhomme, ordinaire chez le Roy.S.M.
l'avoit nommé fon Envoyé Extraordinaire
auprès de la République de Génes ; il
ayoit été auffi Sécretaire des Commande
mens de S. A. S. M. le Duc de Bourbon ,
qui l'a toujours honoré de ſon eſtime & de
fa confiance , Secretaire de la Maifon du
Roy & Secretaire de la Province de Bourgogne
. Il fe démit de ce dernier Secretariat
dans une circonftance qui lui fit honneur.
En 1713.il étoit au Congrès d'Utrecht,
chargé de diverfes commiffions. Ce fut lui
qui rapporta la ratification des Traitez au
Roy Louis XIV. Il paffa enfuite en Angleterre
, où il fut feul pendant fix mois
chargé des affaires de France, auprès de la
Reine Anne , de laquelle il eut plufieurs
Audiences particulieres. Il fut generalement
aimé & eftimé dans cette Cour. Et
en effet le caractere doux , fouple & infinuant
de M. de la Faye , étoit très- propre
aux Négociations.Jamais homme n'a paru
fi naturel , fi ouvert , ni avoir moins de
réſerve , & n'a mieux fçû en même tems
l'art de s'arrêter où il falloit , fans rien
emettre de tout ce que la dexterité fine &
déliée de la politique peut employer. Le
Roy lui avoit accordé une penfion de trois
mille livres pour les fervices,
En
JUILLET. 1731. 1771
En 1727. il fit le voyage d'Allemagne
par ordre du Duc de Bourbon , à qui il
étoit attaché depuis long- tems . Ce fut à
fon retour que ce Prince conclut fon mariage
avec la Princefle de Heffe- Rhinfelds,
que M. de la Faye avoit vûë à Rhombourg
en Bohéme .
Le 18. Aouft 17 : 9 . il préfenta ces Vers
à Madame la Ducheffe , pour celebrer fa
naiffance.
Allez , mes Vers , allez à la Princesse ,
Rendre mon hommage en ce jour :
Elle a d'Hébé la grace & la jeunesse ,
Minerve l'éclaira des dous de sa sagesse ,
Sa beauté ravit tout , & Paris & la Cour.
L'aimable douceur qu'elle allie
Aux devoirs , à la Dignité ,
Vous peut faire accueillir ; tout essent sa bonté,
Bien que , fans Apollon , la chanter foit folie ,
Dites , pour excuser votre témérité ,
Que si vous savez mal celebrer la beauté ,
Je me connois du moins en Princesse accomplie.
M. de la Faye joüissoit d'une assez bonne
santé , quoique d'une complexion délicate
; sobre , presqu'insensible au plaisir
de la Table. Il étoit d'une taille médiocre,
mais bien prise; le visage ouvert, le regard
Gij spiri1772
MERCURE DE FRANCE
\
spirituel et fin , accompagné d'un souris
agréable , l'air aisé , prévenant , vif et empressé.
On lui avoit fait l'Opération de
I'Empiéme il y a près de 7 ans. Il n'avoit
point été marié , et ne laisse qu'une soeur ,
veuve du Marquis de Vesc , qui n'a point
d'enfans , et un neveu âgé de 19 ans , fils de
son frere aîné , mort Capitaine au Regiment
des Gardes Françoises. Le Roy vient
de lui accorder la Charge de Secretaire
du Cabinet.
M. de la Faye avoit beaucoup d'amour
et de goût pour les Arts , et il en étoit
l'Amateur et le Bienfaicteur. Il n'épargnoit
rien pour leur avancement et pour
en posseder les belles productions. Le prix
ne le rebutoit point quand il trouvoit
dans un Ouvrage le vrai , le beau et sur
tout le gracieux. La distinction de temps,
de païs , de grande ou foible réputation
d'un nom , ne faisoit aucune impression
sur lui ; en sorte qu'avec un choix exquis
et sans prévention pour les grands Maitres
d'Italie , il avoit fait une collection
considérable d'excellens Tableaux, la plupart
de moyenne grandeur , Flamands ,
François , &c. anciens et modernes ; en´
Estampes , Pierres gravées en creux et en
relief , bronze , figures et bas relief de
Marbre , Porcelaine ; ouvrage de la Chine
-
et
JUILLET. 1731 1773
•
et du Japon , &c . et on peut dire que ja→
mais aucun Cabinet n'a été si ouvert , ni
d'un accès si facile aux Curieux et aux
Gens de l'Art.
1
Nous ne disons rien des ornemens , de
la symetrie et de l'arrangement de ce Cabinet,
où l'art et le goût se faisoient admirer,
non plus que de sonCabinet de Livres ,
presque tous de Poësie et belles Lettres
précieux par le choix et d'une grande pro
preté.
A son goût pour la Peinture, etc. M.de
la Faye joignoit celui de la Poësie et de la
Musique ; il avoit l'oreille délicate , il expliquoit
fort bien les differentes sortes
d'harmonies, et les divers goûts de chants,
tant de France que d'Italie . Son talent favori
et son amour ardent pour les Vers a
assez paru dans les petits Poëmes que nous
avons de lui , qu'il récitoit si agréablement
et sans trop se faire prier, mais toutefois
sans se jetter , pour ainsi dire , à læ
tête car il étoit toujours le dernier à croire
qu'il eût fait quelque chose de bon . Il avoit
si peu d'amour propre qu'il recevoit avec
plaisir les corrections ; il en adoptoit même
trop légèrement.
M. de la Faye n'étoit pas sçavant profond
, aussi ne s'en piquoit- il nullement,
mais avec un esprit juste , beaucoup de
Giij saga
1774 MERCURE DE FRANCE
sagacité et une excellente mémoire ; il
avoit si bien sçû mettre à profit ses lcctures
et ses liaisons intimes avec les plus
beaux esprits de notre temps , qu'il avoit
acquis une connoissance telle, qu'aucunes
matieres, sur tout de Belles - Lettres, ne lui
étoient étrangeres.
Il avoit voyagé en Italie et dans les principales
Cours de l'Europe ; il s'y étoit acquis
l'estime et l'amitié de quantité de personnes
de considération dont il parloit les
Langues fort correctement et avec une extrême
facilité . Sa Maison étoit ouverte et
tres fréquentée par les Etrangers qui voyagent
en France , et qui ne le quittoient ja
mais sans marquer un déplaisir égal, à l'empressement
qu'ils avoient eu de le voir.
Son extrême affabilité , sa modestie et sa
simplicité rendoient son commerce tresaimable;
il sembloit apporter dans les conversations
, dans les disputes - même, quelque
chose de doux , qui concilioit , et qui
en donnant du mouvement à l'esprit , y
mettoit beaucoup d'agrément; ce qui faisoit
trouver dans ceux qui l'écoutoient des
ressources d'esprit qu'ils n'auroient peutêtre
pas euës sans ce secours . D'ailleurs ,
amusant délicat agréable ; plaisant
dans ces récits , et jamais aux dépens
de personne
, même dans les occa
> >
sions
JUILLET. 1731. 1775
sions où il est quelquefois permis de se
donner un peu de liberté . Dans sa jeunes
se, un peu volage ; mais toujours ami solide
, constant et genereux ; sensible aux
malheurs des affligez , et secourable aux
nécessiteux,
Jamais homme ne fut plus ennemi da
faste et des airs guindez et importans. Il
les méprisoit souverainement dans les autres
, mais il les supportoit patiamment,
sans dire ou témoigner rien de désobligeant
; car le fond de son caractere étoit
d'être continuellement appliqué à détourner
ce qui pouvoit faire de la peine à quelqu'un
, ou à prévenir ce qui pouvoit lui
faire plaisir.
Il s'énonçoit naturellement et toujours
en bons termes , et il avoit l'art de glisser
à propos dans la conversation , selon le
caractere des personnes , des matieres con.
venables et toujours variées par quelque
chose d'ingénieux , de piquant et de guai.
Il n'est pas surprenant qu'avec ces qualitez
, une humeur égale , et un esprit enjoüé
, M. de la Faye fût souhaité dans le
commerce du monde ; aussi l'aimoit-il
beaucoup. Il sembloit être né plus préci
sément que les autres hommes pour la
société , et je ne sçai si on ne pourroit pas
le regarder comme un modele à cet égard.
Gilij Au
1776 MERCURE DE FRANCE
Au reste , il ne parloit jamais de lui que
pour faire sentir qu'il se plaçoit toujours
au dessous des autres , et presque toujours
à la derniere place , lors même que personne
n'auroit pû lui disputer la premiere.
Il ne connoissoit presque point d'inferieur
, pas même dans son Domestique.
Nos sensibles regrets , fondez sur quelques
liaisons d'amitié , ont peut être donné
trop d'étendue à cet article ; nous le terminerons
par ce trait remarquable de feu
M. l'Abbé de la Grange-Trianer , Chanoine
de N. D. l'homme peut- être le plus
poli de notre siecle , et l'esprit le plus fin
et le plus délié : il disoit que si pour donner
une idée juste et avantageuse du caractere
gracieux et poli des François , il
falloit choisir parmi nous un homme propre
à voyager dans les Païs Etrangers; le
choix devoit tomber sur M. de la Faye.
Il n'est donc plus cet homme aimable
Qui sçavoit allier un génie agréable ,
Aux plus pures clartez de la droite raison !
Cet ami tendre et sécourable ,
Ce Poëte comblé des faveurs d'Apollon !
Grands Dieux ! la Parque inéxorable
A déployé sur luy, ses funestes rigueurs ;
Et vous l'avez permis ! mais la douleur m'a ccable
.
Non
JUILLET. 173T. 1777
Non , non , le Ciel est équitable
La Faye vit encore ; il vit dans tous les coeurs.
Amoris triste Monumentum.
Par l'Abbé de Neuville.
Voici d'autres Vers d'un excellent
Poëte , qui nous sont tombés entre les:
mains, et qui caracterisent bien celui qui
donne lieu à cet Article .
Je vois le cas dont j'étois desireux ;
Malgré l'envie et sa triste rancune ,
Je vois enfin le vrai merite heureux ,
Et ne manquant de recompense aucune ::
La Faye a joye , amis , santé , pecune.
Or désormais gens à plume ou pinceau ,
Avisez-y , quand peindrez la Fortune :
Elle y voit clair , peignez - là sans bandeau..
grande perte en la perfone de Jean - François
Leriget de la Faye, Chevalier , Seigneur
de Condé &c. Secretaire du Cabinet du
Roy , l'un des Quarante de l'Académie
Françoiſe, mort à Paris le 11 Juillet , après
fix jours de maladie , dans la 57 ° année
de fon âge , extrêmement regretté par fes
amis,dont le nombre fait honneur à la mémoire
, par les gens de la plus haute distinction
, par les Etrangers et par le Peuple.
Il avoit été Moufquetaire , Lieutenant
dans le Régiment du Roy,Capitaine d'In-
G fanteric
1770 MERCURE DE FRANCE
fanterie dans le Régiment de Laffé , &
Gentilhomme, ordinaire chez le Roy.S.M.
l'avoit nommé fon Envoyé Extraordinaire
auprès de la République de Génes ; il
ayoit été auffi Sécretaire des Commande
mens de S. A. S. M. le Duc de Bourbon ,
qui l'a toujours honoré de ſon eſtime & de
fa confiance , Secretaire de la Maifon du
Roy & Secretaire de la Province de Bourgogne
. Il fe démit de ce dernier Secretariat
dans une circonftance qui lui fit honneur.
En 1713.il étoit au Congrès d'Utrecht,
chargé de diverfes commiffions. Ce fut lui
qui rapporta la ratification des Traitez au
Roy Louis XIV. Il paffa enfuite en Angleterre
, où il fut feul pendant fix mois
chargé des affaires de France, auprès de la
Reine Anne , de laquelle il eut plufieurs
Audiences particulieres. Il fut generalement
aimé & eftimé dans cette Cour. Et
en effet le caractere doux , fouple & infinuant
de M. de la Faye , étoit très- propre
aux Négociations.Jamais homme n'a paru
fi naturel , fi ouvert , ni avoir moins de
réſerve , & n'a mieux fçû en même tems
l'art de s'arrêter où il falloit , fans rien
emettre de tout ce que la dexterité fine &
déliée de la politique peut employer. Le
Roy lui avoit accordé une penfion de trois
mille livres pour les fervices,
En
JUILLET. 1731. 1771
En 1727. il fit le voyage d'Allemagne
par ordre du Duc de Bourbon , à qui il
étoit attaché depuis long- tems . Ce fut à
fon retour que ce Prince conclut fon mariage
avec la Princefle de Heffe- Rhinfelds,
que M. de la Faye avoit vûë à Rhombourg
en Bohéme .
Le 18. Aouft 17 : 9 . il préfenta ces Vers
à Madame la Ducheffe , pour celebrer fa
naiffance.
Allez , mes Vers , allez à la Princesse ,
Rendre mon hommage en ce jour :
Elle a d'Hébé la grace & la jeunesse ,
Minerve l'éclaira des dous de sa sagesse ,
Sa beauté ravit tout , & Paris & la Cour.
L'aimable douceur qu'elle allie
Aux devoirs , à la Dignité ,
Vous peut faire accueillir ; tout essent sa bonté,
Bien que , fans Apollon , la chanter foit folie ,
Dites , pour excuser votre témérité ,
Que si vous savez mal celebrer la beauté ,
Je me connois du moins en Princesse accomplie.
M. de la Faye joüissoit d'une assez bonne
santé , quoique d'une complexion délicate
; sobre , presqu'insensible au plaisir
de la Table. Il étoit d'une taille médiocre,
mais bien prise; le visage ouvert, le regard
Gij spiri1772
MERCURE DE FRANCE
\
spirituel et fin , accompagné d'un souris
agréable , l'air aisé , prévenant , vif et empressé.
On lui avoit fait l'Opération de
I'Empiéme il y a près de 7 ans. Il n'avoit
point été marié , et ne laisse qu'une soeur ,
veuve du Marquis de Vesc , qui n'a point
d'enfans , et un neveu âgé de 19 ans , fils de
son frere aîné , mort Capitaine au Regiment
des Gardes Françoises. Le Roy vient
de lui accorder la Charge de Secretaire
du Cabinet.
M. de la Faye avoit beaucoup d'amour
et de goût pour les Arts , et il en étoit
l'Amateur et le Bienfaicteur. Il n'épargnoit
rien pour leur avancement et pour
en posseder les belles productions. Le prix
ne le rebutoit point quand il trouvoit
dans un Ouvrage le vrai , le beau et sur
tout le gracieux. La distinction de temps,
de païs , de grande ou foible réputation
d'un nom , ne faisoit aucune impression
sur lui ; en sorte qu'avec un choix exquis
et sans prévention pour les grands Maitres
d'Italie , il avoit fait une collection
considérable d'excellens Tableaux, la plupart
de moyenne grandeur , Flamands ,
François , &c. anciens et modernes ; en´
Estampes , Pierres gravées en creux et en
relief , bronze , figures et bas relief de
Marbre , Porcelaine ; ouvrage de la Chine
-
et
JUILLET. 1731 1773
•
et du Japon , &c . et on peut dire que ja→
mais aucun Cabinet n'a été si ouvert , ni
d'un accès si facile aux Curieux et aux
Gens de l'Art.
1
Nous ne disons rien des ornemens , de
la symetrie et de l'arrangement de ce Cabinet,
où l'art et le goût se faisoient admirer,
non plus que de sonCabinet de Livres ,
presque tous de Poësie et belles Lettres
précieux par le choix et d'une grande pro
preté.
A son goût pour la Peinture, etc. M.de
la Faye joignoit celui de la Poësie et de la
Musique ; il avoit l'oreille délicate , il expliquoit
fort bien les differentes sortes
d'harmonies, et les divers goûts de chants,
tant de France que d'Italie . Son talent favori
et son amour ardent pour les Vers a
assez paru dans les petits Poëmes que nous
avons de lui , qu'il récitoit si agréablement
et sans trop se faire prier, mais toutefois
sans se jetter , pour ainsi dire , à læ
tête car il étoit toujours le dernier à croire
qu'il eût fait quelque chose de bon . Il avoit
si peu d'amour propre qu'il recevoit avec
plaisir les corrections ; il en adoptoit même
trop légèrement.
M. de la Faye n'étoit pas sçavant profond
, aussi ne s'en piquoit- il nullement,
mais avec un esprit juste , beaucoup de
Giij saga
1774 MERCURE DE FRANCE
sagacité et une excellente mémoire ; il
avoit si bien sçû mettre à profit ses lcctures
et ses liaisons intimes avec les plus
beaux esprits de notre temps , qu'il avoit
acquis une connoissance telle, qu'aucunes
matieres, sur tout de Belles - Lettres, ne lui
étoient étrangeres.
Il avoit voyagé en Italie et dans les principales
Cours de l'Europe ; il s'y étoit acquis
l'estime et l'amitié de quantité de personnes
de considération dont il parloit les
Langues fort correctement et avec une extrême
facilité . Sa Maison étoit ouverte et
tres fréquentée par les Etrangers qui voyagent
en France , et qui ne le quittoient ja
mais sans marquer un déplaisir égal, à l'empressement
qu'ils avoient eu de le voir.
Son extrême affabilité , sa modestie et sa
simplicité rendoient son commerce tresaimable;
il sembloit apporter dans les conversations
, dans les disputes - même, quelque
chose de doux , qui concilioit , et qui
en donnant du mouvement à l'esprit , y
mettoit beaucoup d'agrément; ce qui faisoit
trouver dans ceux qui l'écoutoient des
ressources d'esprit qu'ils n'auroient peutêtre
pas euës sans ce secours . D'ailleurs ,
amusant délicat agréable ; plaisant
dans ces récits , et jamais aux dépens
de personne
, même dans les occa
> >
sions
JUILLET. 1731. 1775
sions où il est quelquefois permis de se
donner un peu de liberté . Dans sa jeunes
se, un peu volage ; mais toujours ami solide
, constant et genereux ; sensible aux
malheurs des affligez , et secourable aux
nécessiteux,
Jamais homme ne fut plus ennemi da
faste et des airs guindez et importans. Il
les méprisoit souverainement dans les autres
, mais il les supportoit patiamment,
sans dire ou témoigner rien de désobligeant
; car le fond de son caractere étoit
d'être continuellement appliqué à détourner
ce qui pouvoit faire de la peine à quelqu'un
, ou à prévenir ce qui pouvoit lui
faire plaisir.
Il s'énonçoit naturellement et toujours
en bons termes , et il avoit l'art de glisser
à propos dans la conversation , selon le
caractere des personnes , des matieres con.
venables et toujours variées par quelque
chose d'ingénieux , de piquant et de guai.
Il n'est pas surprenant qu'avec ces qualitez
, une humeur égale , et un esprit enjoüé
, M. de la Faye fût souhaité dans le
commerce du monde ; aussi l'aimoit-il
beaucoup. Il sembloit être né plus préci
sément que les autres hommes pour la
société , et je ne sçai si on ne pourroit pas
le regarder comme un modele à cet égard.
Gilij Au
1776 MERCURE DE FRANCE
Au reste , il ne parloit jamais de lui que
pour faire sentir qu'il se plaçoit toujours
au dessous des autres , et presque toujours
à la derniere place , lors même que personne
n'auroit pû lui disputer la premiere.
Il ne connoissoit presque point d'inferieur
, pas même dans son Domestique.
Nos sensibles regrets , fondez sur quelques
liaisons d'amitié , ont peut être donné
trop d'étendue à cet article ; nous le terminerons
par ce trait remarquable de feu
M. l'Abbé de la Grange-Trianer , Chanoine
de N. D. l'homme peut- être le plus
poli de notre siecle , et l'esprit le plus fin
et le plus délié : il disoit que si pour donner
une idée juste et avantageuse du caractere
gracieux et poli des François , il
falloit choisir parmi nous un homme propre
à voyager dans les Païs Etrangers; le
choix devoit tomber sur M. de la Faye.
Il n'est donc plus cet homme aimable
Qui sçavoit allier un génie agréable ,
Aux plus pures clartez de la droite raison !
Cet ami tendre et sécourable ,
Ce Poëte comblé des faveurs d'Apollon !
Grands Dieux ! la Parque inéxorable
A déployé sur luy, ses funestes rigueurs ;
Et vous l'avez permis ! mais la douleur m'a ccable
.
Non
JUILLET. 173T. 1777
Non , non , le Ciel est équitable
La Faye vit encore ; il vit dans tous les coeurs.
Amoris triste Monumentum.
Par l'Abbé de Neuville.
Voici d'autres Vers d'un excellent
Poëte , qui nous sont tombés entre les:
mains, et qui caracterisent bien celui qui
donne lieu à cet Article .
Je vois le cas dont j'étois desireux ;
Malgré l'envie et sa triste rancune ,
Je vois enfin le vrai merite heureux ,
Et ne manquant de recompense aucune ::
La Faye a joye , amis , santé , pecune.
Or désormais gens à plume ou pinceau ,
Avisez-y , quand peindrez la Fortune :
Elle y voit clair , peignez - là sans bandeau..
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Résumé : Mort de M. de la Faye, [titre d'après la table]
Jean-François Leriget de la Faye, Chevalier et Seigneur de Condé, est décédé à Paris le 11 juillet à l'âge de 57 ans après six jours de maladie. Secrétaire du Cabinet du Roi et membre des Quarante de l'Académie Française, il était très regretté par ses amis, les personnes de haute distinction, les étrangers et le peuple. De la Faye a occupé divers postes militaires et diplomatiques, notamment celui d'Envoyé Extraordinaire auprès de la République de Gênes et de Secrétaire des Commandements du Duc de Bourbon. En 1713, il a participé au Congrès d'Utrecht et a rapporté la ratification des traités au Roi Louis XIV. Il a également été chargé des affaires de France en Angleterre auprès de la Reine Anne. En 1727, il a effectué un voyage en Allemagne pour le Duc de Bourbon. De la Faye était connu pour son caractère doux, souple et insinuant, idéal pour les négociations. Il a reçu une pension de trois mille livres pour ses services. Il était amateur et bienfaiteur des arts, possédant une collection considérable de tableaux, estampes, pierres gravées, bronzes et porcelaines. Il avait un goût prononcé pour la poésie et la musique, et était apprécié pour son esprit juste et sa mémoire excellente. De la Faye était également connu pour son affabilité, sa modestie et sa simplicité, rendant son commerce très aimable. Il était ennemi du faste et des airs importants, préférant toujours se placer en dessous des autres. Son décès a été profondément regretté, et il est décrit comme un modèle de sociabilité et de politesse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 2268-2270
Diete Generale de Pologne, &c. [titre d'après la table]
Début :
Toutes les Séances de la Diéte Générale se sont passées en contestations, quoiqu'il y ait beaucoup [...]
Mots clefs :
Diète générale, Protestation, Lituanie, Négociations, Pologne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Diete Generale de Pologne, &c. [titre d'après la table]
Toutes les Séances de la Diéte Générale se sont
passées en contestations, quoiqu'il y ait beaucoup
de Nonces disposez à entrer dans les vûes du Roy
pour le bien du Royaume. Quelques uns prétendent que les Ordres de l'Etat se trouvant assemblez , le Roy peut disposer des Charges vacantes
de la Couronne, d'autres soutiennent le contraire
et proposent une Diette à Cheyal ou une Confédération.
Le
OCTOBRE. 1732. 2269
Le 27, il y eut un Nonce qui se leva et qui
protesta, sans donner aucune raison de sa pro- festation.
L'Acte de Protestation remis par les Nonces du
Duché de Lithuanie , porte en substance que ce
qui les a déterminez à protester contre la Diette
suivant leurs instructions ; n'est pas un dessein
formé de s'opposer aux intentions de S. M. mais
parce que dans la Diette convoquée extraordinairement pour 15 jours , il se trouve compris dans
cette quinzaine trois jours qui appartiennent
auterme ordinaire de la Diette Generale , qui se
lon l'alternative établie par les Constitutionrs de
P'Etat , doit se tenir à Grodno. Ils prétendent
d'ailleurs qu'il n'y a aucune necessité d'assembler
une Diette extraordinaire puisque le Royaume
est sans Guerre , et que l'on ne doit se servir de
ce remede que dans les cas de danger évident ;
non contents de protester contre la tenue de la
Diette , ils ont protesté aussi d'avance contre
tout ce que pourroit décider le Conseil d'Etat ow
des Sénateurs , sur des affaires qui demandent let
consentement unanime des Députez des deux Ná- tions.
Le 30 , il y eut plusieurs Négociations entre
les Sénateurs et les Nonces , au sujet de la nomination aux Charges vacantes de la Couronne
mais le nombre des opposans s'étant augmenté
jusqu'à 1zo.le Regent de la Couronne fit en leur
nom une protestation contre cette Nomination
et l'on ne doute pas que les Nonces ne se séparent le z de ce mois , qui est le dernier des quinze jours , sans que cette affaire soit terminée.
Les Commissaires du Roy et de la République ,
nommez pour conférer avec les Ministres Etrangers, ont fait remettre au Ministre du Roy de
Hiij Prusse,
2270 MERCURE DE FRANCE
Prusse, comme Marquis de Brandebourg , un
Mémoire, contenant les articles suivans : Qu'on
continuera les Négociations commencées l'année
derniere , au sujet du Titre de Roy que la République n'a pas encore accordé au Roy de Prusse;
que les Commissaires rendront à ce Ministre
Plénipotentiaire les mêmes honneurs qu'ils ontrendu à ses Prédecesseurs , et qu'ils lui donneront le Titre d'Excellence ; qu'on observera de
même à l'égard du Résident de Brandebourg
zout t ce qui a été observé avec ses Prédecesseurs ,
passées en contestations, quoiqu'il y ait beaucoup
de Nonces disposez à entrer dans les vûes du Roy
pour le bien du Royaume. Quelques uns prétendent que les Ordres de l'Etat se trouvant assemblez , le Roy peut disposer des Charges vacantes
de la Couronne, d'autres soutiennent le contraire
et proposent une Diette à Cheyal ou une Confédération.
Le
OCTOBRE. 1732. 2269
Le 27, il y eut un Nonce qui se leva et qui
protesta, sans donner aucune raison de sa pro- festation.
L'Acte de Protestation remis par les Nonces du
Duché de Lithuanie , porte en substance que ce
qui les a déterminez à protester contre la Diette
suivant leurs instructions ; n'est pas un dessein
formé de s'opposer aux intentions de S. M. mais
parce que dans la Diette convoquée extraordinairement pour 15 jours , il se trouve compris dans
cette quinzaine trois jours qui appartiennent
auterme ordinaire de la Diette Generale , qui se
lon l'alternative établie par les Constitutionrs de
P'Etat , doit se tenir à Grodno. Ils prétendent
d'ailleurs qu'il n'y a aucune necessité d'assembler
une Diette extraordinaire puisque le Royaume
est sans Guerre , et que l'on ne doit se servir de
ce remede que dans les cas de danger évident ;
non contents de protester contre la tenue de la
Diette , ils ont protesté aussi d'avance contre
tout ce que pourroit décider le Conseil d'Etat ow
des Sénateurs , sur des affaires qui demandent let
consentement unanime des Députez des deux Ná- tions.
Le 30 , il y eut plusieurs Négociations entre
les Sénateurs et les Nonces , au sujet de la nomination aux Charges vacantes de la Couronne
mais le nombre des opposans s'étant augmenté
jusqu'à 1zo.le Regent de la Couronne fit en leur
nom une protestation contre cette Nomination
et l'on ne doute pas que les Nonces ne se séparent le z de ce mois , qui est le dernier des quinze jours , sans que cette affaire soit terminée.
Les Commissaires du Roy et de la République ,
nommez pour conférer avec les Ministres Etrangers, ont fait remettre au Ministre du Roy de
Hiij Prusse,
2270 MERCURE DE FRANCE
Prusse, comme Marquis de Brandebourg , un
Mémoire, contenant les articles suivans : Qu'on
continuera les Négociations commencées l'année
derniere , au sujet du Titre de Roy que la République n'a pas encore accordé au Roy de Prusse;
que les Commissaires rendront à ce Ministre
Plénipotentiaire les mêmes honneurs qu'ils ontrendu à ses Prédecesseurs , et qu'ils lui donneront le Titre d'Excellence ; qu'on observera de
même à l'égard du Résident de Brandebourg
zout t ce qui a été observé avec ses Prédecesseurs ,
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Résumé : Diete Generale de Pologne, &c. [titre d'après la table]
En octobre 1732, les séances de la Diète Générale furent marquées par des contestations malgré le soutien de nombreux nonces au roi. Les débats portaient sur la gestion des charges vacantes de la Couronne. Le 27 octobre, un nonce protesta sans raison explicite, et les nonces de Lituanie remirent un acte de protestation contre l'inclusion de trois jours de la Diète ordinaire dans la période de la Diète extraordinaire. Ils s'opposaient également à toute décision du Conseil d'État sans consentement unanime des députés des deux nations. Le 30 octobre, des négociations sur la nomination aux charges vacantes échouèrent en raison de l'augmentation des opposants. Par ailleurs, les commissaires du roi et de la République remirent un mémoire au ministre du roi de Prusse, stipulant la continuation des négociations sur le titre de roi et le maintien des honneurs accordés aux prédécesseurs du ministre et du résident de Brandebourg.
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7
p. 191-203
ALLEMAGNE.
Début :
Les Prussiens depuis quelques temps avoient poussé de Magdebourg à Halberstadt [...]
Mots clefs :
Hanovre, Prusse, Maréchal de Richelieu, Détachement, Ennemis, Armées, Opérations militaires, Bohême, Prince Charles de Lorraine, Soldats croates, Batailles, Garnisons, Mouvements des troupes, Breme, Convention, Duc de Broglie, Articles, Négociations, Artillerie, Troupes, Hambourg, Paiements, Assemblée des États de Saxe, Francfort, Dantzig, Soldats russes, Avancées
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE HANOVRE , le 18 Janvier.
Les Pruffiens depuis quelque temps avoient
pouffé de Magdebourg à Halberstadt un corps
compofé de fix Bataillons , d'un Régiment de
Dragons & d'un Régiment de Huffards , & la préfence
de ces troupes autorifoit les habitans à refufer
les contributions en argent , & les fournitures
192 MERCURE DE FRANCE.
de grains auxquelles ils s'étoient foumis. D'autre
part , il étoit neceffaire de ravitailler le château
de Regenftein , qui n'avoit plus de vivres quepour
quelques jours. Toutes ces circonstances firent
prendre au Maréchal de Richelieu la réſolution
d'envoyer un fort détachement , pour enlever les
Pruffiens. Il choifit pour cette expédition le Marquis
de Voyer , Maréchal de Camp , qui étoit à
Wolfembuttel , & on lui donna onze Bataillons ,
trente - fix Piquets , deux Régimens de Cavalerie &
un de Huffards , avec quatre cens chevaux qui
étoient revenus de Brunswick. Le 10 , le Marquis
de Voyer raffembla ſes troupes fur le haut Oker ,
en faifant barrer les chemins pour arrêter tout ce
qui pouvoit avertir l'ennemi de fes difpofitions ,
& le même jour à l'entrée de la nuit , il les fit mar.
cher fur trois colonnes . Celle de la droite , aux
ordres du Comte Turpin , étoit compofée du Régiment
d'Infanterie de royal Baviere ; de celui de
Dumoutier , Cavalerie ; de trois cens Huffards en
avant , de quatre compagnies de Grenadiers , &
de douze Piquets venant de Goflar. Elle déboucha
de Schlad en dirigeant la marche par Stapelnbourg
& Dehrembourg , & elle devoit le porter
vers la porte de Halberstadt qui conduit à Quedlinbourg.
La colonne du centre , commandée par
M. le Marquis de Langeron , étoit formée de deux
Bataillons Autrichiens ; du Régiment de Condé ,
Infanterie ; du Bataillon des Grenadiers de Bergeret
, & du Régiment de Cavalerie de Berry. Cette
colonne , précédée par cent Huffards de Turpin ,
déboucha par Ornebourg , & marcha par Ofterwich
& Zillengen , pour fe rendre à la porte
d'Halberstadt , qui eft en face de ce chemin. Elle
avoit quatre pieces de canon & un pétard pour
faire fauter cette porte. La colonne de la gauche ,
анх
MARS. 178. 193
aux ordres du Marquis de Belzunce , confiftoic en
quatre bataillons de fon Régiment , fix compagnies
de Grenadiers , ving:-quatre Piquets , & les
quatre cens chevaux de Brunfwick . Elle partit
d'Achem , & marcha par la digue de Keendam . Sa
deftination étoit de paffer le ruiffeau d'Oltheim
au deffous d'Halberstadt , & d'en aller mafquer la
porte qui va à Groningue.
Ces trois colonnes déboucherent en même
temps à l'heure marquée , & le Marquis de Voyer
marcha avec celle du centre . Cette colonne &
celle de la gauche rencontrerent en chemin des
glaces qui leur cauferent quelque retard ; la troifieme
arriva devant Halberstadt le r au matin.
Les Pruffiens étoient fort tranquilles , parce qu'une
de leurs patrouilles , qui avoit été juſqu'à Öfterwich
, leur avoit rapporté qu'il n'y avoit rien de
nouveau. Mais une feconde patrouille ayant rencontré
l'avant-garde de M. le Comte Turpin , alla
porter l'allarme à Halberstadt , ce qui obligea les
ennemis à l'abandonner précipitamment , & à
laiffer leur hôpital avec beaucoup d'effets dans
cette Ville. Ils évacuerent en même temps Quedlinbourg
, & fe replierent fur Afcherleben pár la
route de la Sala.
Les fruits de cette expédition font d'avoir fait
entrer des vivres pour fix mois dans le château de
Regenftein, & d'avoir tiré d'Halberstadt deux cens
mille écus à compte des contributions que cette
Ville devoit . M. le Marquis de Voyer a fait diftri
buer aux troupes , par forme de gratification
foixante- dix mille rations de pain que les Pruffiens
n'ont pu emporter. Il a fait brûler un magazin
d'échelles préparées , felon toutes les apparen
ces , pour quelque entrepriſe ſecrete. On a de plus
abattu huit cens toifes du mur qui formoit l'en-
.
}
I -
194 MERCURE DE FRANCE:
ceinte d'Halberstadt : on a brifé & brûlé toutes les
portes de la Ville , & tous les pilaftres qui les fou
tenoient ont été détruits.
M. le Marquis de Voyer eft venu ici rendre
compte de toutes ces opérations à M. le Maréchal
de Richelieu. Ila amené avec lui pour ôtage M.
Dudick , homme de grande confidération dans le
pays ; les deux Chefs de la Régence d'Halberstadt ,
deux Référendaires du Clergé , & le principal Négociant
de laVille. Des deux cens mille écus exigés
à compte , la plus grande partie a été payée
Comptant en efpeces , & l'on a de bons effets pour
la fûreté du refte. Enfin , il nous eft encore venu
gratuitement deux mille cinq cens facs de grains ,
fans préjudice des cent vingt- cinq mille facs qut
étoient promis par la convention , dont l'inexécu
zion a été punie.
M.le Comte Turpin a détruit ou enlévé à Quedlinbourg
tous les magazins que l'ennemi y avoit
formés. Peu de jours après , les Pruffiens ont en
core abandonné Acherſleben , & tous les quartiers
qu'ils occupoient dans le pays. Une grande partie
des traîneurs & des prifonniers qu'on leur a faits ,
ant pris parti dans nas Régimens.
DE KONTSGRATZEN BOHEME , le 27 Janvier.
Depuis le départ du Prince Charles , le Maré
chal Comte de Daun continue de faire fes difpo
fitions , tant pour allurer fes cantonnemens &
faire échouer les entreprifes que les Pruffiens
pourroient tenter de ce côté- ci , que pour fe mettre
en état d'agir lui-même à la premiere occafion.
Le Général Comte Nadaftia fon quartier général
è Leitomiffel. L'armée fe renforce tous les jours ;
Le Royaume feulva fournir dix mille-recrues d'Infanterie.
MAR S. 1758 . 195
Sur l'avis qu'on a eu qu'un corps de Pruffiens
étoit en marche pour tenter une irruption dans la
Siléfie Autrichienne , les troupes de Baviere qui
s'étoient jointes au corps du Général Baron de
Marshal , cantonné aux environs de Welwaren ,
ont eu ordre de fe rendre du côté de Brinn en
Moravie.
Nos Croates ont repouffé vigoureuſement près
de Schatzlar vers Libau , un gros détachement de
Pruffiens , & ils ont fait des prifonniers.
Le corps du Général Marshal eſt dans une pofition
fort avantageufe. Il forme une chaîne qui
s'étend depuis Leitmeritz le long de l'Eger jufqu'à
Saatz ; enforte qu'il peut aifément fe porter en
force fur l'Elbe , & de tel autre côté où il fera
néceffaire.
Nous attendons inceffamment la garnifon de
Lignitz , qui eft en marche pour nous rejoindre.
Quatre mille Croates , à ce qu'on affure , le
font fait jour à travers l'armée ennemie, près do
Breslau , & ont pris la route de Pologne.
La garnifon de Schweidnitz a fait le 13 de Janvier
une vigoureufe fortie fur les troupes Pruffiennes
qui bloquent cette Place. Les ennemis y
ont perdu bien du monde , & le détachement de
la garnifon y eft rentré avec beaucoup de prifonniers
, de vivres , de bagages & de beftiaux.
Les Pruffiens ont fait du côté de Gratz en Styrie
une tentative qui a échouée. Le 15 , vers une
heure après midi , les ennemis au nombre de dixhuit
cens hommes d'Infanterie , & de deux mille
trois cens hommes, tant Cavalerie que Huffards ,
fe mirent en mouvement. Leur avant- garde qui
venoit de Schmirowitz , s'avança jufqu'à une métairie
dont elle s'empara fans peine . Le.refte des
Pruffiens qui s'étoit formé fur la montagne , la
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
defcendit en même temps , & tous enſemble' ils
attaquerent une brafferie fituée au bas de cette
montagne , & qui ferme de ce côté-là l'entrée de
Grátz . Ils avoient laiffé derriere eux fur la hauteur,
de l'artillerie qui , en les protégeant , foudroyoit le
front de l'attaque . Auffi- tôt que M. le Marquis de
Ville , Lieutenant-Général qui commande à Gratz,
avoit vu l'ennemi s'ébranler , il avoit envoyé ordre
au Colonel Simbshon de foutenir la braſſerie . Cet
Officier en conféquence fit occuper par quelques
troupes un jardin , qui eft au deffus de cette brafferie
, & il y plaça du canon qui fut fi bien fervi ,
qu'après une attaque qui dura plus d'une heure ,
les Pruffiens furent forcés de prendre la fuite &
de regagner la montagne. On les pourſuivit autant
qu'il fut poffible , & on leur tua encore ou on leur
bleffa une trentaine d'hommes. Cette retraite précipitée
fe fit avec tant de confufion , qu'ils abandonnerent
leurs morts & leurs bleffés . Leur perte ,
ycompris quelques prifonniers qu'on leur a faits ,
peut fe monter à peu près à quatre cens hommes.
Les Impériaux , de leur côté , n'ont eu que trenteun
bleffés & huit morts. Les Pruffiens qui étoient
partis de Troppau à fix heures du matin , n'y font
rentrés qu'à huit heures du foir : ils n'avoient
laiffé dans cette Ville qu'environ deux cens
hommes.
:
Sur quelques mouvemens faits par les Pruffiens
du côté de la Moravie , & vers les frontieres de la
Hongrie , on a détaché le Général Gaftheim avec
fix mille hommes pour occuper les gorges de Jablunka.
Les Hongrois des Cercles limitrophes
ont en même temps reçu ordre de fe tenir prêts à
monter à cheval au premier avis .
Les exactions que les Pruffiens font dans la Siléfie
Autrichienne , font fi exhorbitantes ; qu'une
MAR S. 17,8 . 197
grande partie des habitans déferte le pays . On
affure que la feule ville de Troppau a été taxée
quatre- vingts mille écus .
DE BREME , le 16 Janvier.
,
M. le Maréchal de Richelieu ayant des avis fûrs .
que les Hanovriens , non contens d'avoir enfreint
la convention de Clofterfeven en renouvellant .
les hoftilités qu'ils s'étoient engagés de ceffer
vouloient encore s'emparer de la ville de Brême, ce
qui nous auroit empêché de foutenir les quartiers
du bas- Aller , & nous auroit ôté la communication
avec l'Ooft - Frife , envoya ordre à M. le Duc
de Broglie de les prévenir. En conféquence cet
Officier Général fit marcher hier un détachement
au village de Hoffelhaufen , pour contenir les ennemis
qui s'y étoient préfentés ; & fur le foir , il
fit fommer les Magiftrats de Brême de recevoir les
troupes de Sa Majefté dans leur Ville . Après une
négociation qui dura jufqu'à dix heures , on lui
remit une porte qui fut occupée par fix compagnies
de Grenadiers . Ce matin M. le Duc de Bro-,
glie eft entré dans la Ville à la tête d'une compagnie
de Grenadiers , pour en impofer à la populace
, qui s'étoit ameutée devant la maifon de.
Ville , pendant que l'on travailloit au logement .
des Troupes. Le tumulte ayant été appaifé par fes
foins , la Garnifon eft entrée , & le logement s'eft.
fait fans aucune difficulté . Le Baron de Wormfer ,
Brigadier d'Infanterie eft refté dans la Ville poury
commander.
Accord fait entre M. le Duc de Broglie & les
Magiftrats de Brême.
Article Premier Comme l'occupation de la
Ville eft faite au nom de Sa Majefté Impériale ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
il s'entend qu'Elle ne fera aucun préjudice à la
liberté & immédiatéité de la Ville & du territoire
y appartenant , & à fes privileges.
Réponse. L'infraction de la Convention de Clofterfeven
étant la ſeule raiſon qui oblige M. le Maréchal-
Duc de Richelieu à s'emparer de la Ville
de Brême , elle ne doit point douter que fa liberté
immédiate & celle de fon territoire , ainfi
que fes privileges , ne foient confervés par Sa
Majefté Impériale.
Article IF. Conféquemment , le Gouvernement ,
la Religion & fon exercice dans les Eglifes Réformées
, ainfi que dans le Dôme , le Commerce ,
tant par terre que par eau l'Etat Politique ,
Eccléfiaftique & Militaire de la Ville , ne fouf
friront aucun changement.
"
Réponse . Accorde. Il fera même donné des
Gardes les jours de Fères , pour la tranquillité
du Service , toutes les fois qu'elles feront de
mandées.
Article III. Les Paffeports donnés par le Sénat,
tant pour les perfonnes que pour les marchan
difes & les hardes , feront refpectés .
Réponse. Accordé.
Article IV. Les fortifications de la Ville de
iheureront en létat préfent , fans aucun changement.
Réponfe. Si on y fait quelques changemens ,
ce fera plutôt pour les améliorer,
Article V. L'Arcenal de la Ville , fes muni
tions , les canons , les magazins à poudre & à
bled , & les attirails de guerre appartenant à
la Ville , refteront entiérement & pleinement à la
Ville.
Réponse. L'Arcenal , les munitions , les canons ,
les magazins à poudre & le magazin à bled , refte
MARS. 175.8. 199
-
ront à Meffieurs de la Ville . Les clefs de l'Arcenal ,
ainfi: que celles des magazins , feront entre les
mains de MM . les Magiftrats : on y mettra feulement
des Gardes , pour la fûreté de ce qui y eft
renfermé.
Article VI. La Ville fera difpenfée de loger des
Troupes Françoifes , qui y monteront la garde
conjointement avec celles de la Ville.
Réponse. On ne logera dans la Ville que la
quantité de Troupes néceffaires pour la fûreté , &
les Magiftrats peuvent être certains que toutes les
précautions feront prifes pour que les logemens
ne foient point à charge.
Article VII. On cédera une ou deux portes
de la Ville aux Troupes Françoifes , qui y montesont
la garde conjointement avec celles de la
Ville.
Réponse. Les Troupes Françoifes monteront la
garde aur portes conjointement avec les Troupes
de la Ville , mais à toutes les portes .
Article VIII. Auffi - tôt que la fituation préfente
des deux armées dans notre voisinage changera les
poftes , les fauxbourgs & le territoire de la Ville
ferant évacués fans aucune prétention ou exécution
, fons quelque prétexte que ce foit.
Réponse. Accordé, dès que les raifons de guerre
ne le demanderont plus. Cet article répond en
mêmetemps à celui qui fuit.
Article IX. Les portes de la Ville , les fauxbourgs
& le territoire feront évacués dans le cas
où le Général de l'armée Françoiſe donnera une
Déclaration qui portera qu'il ne veut plus occuper
la ville de Brême, & qu'il la laiffe jouir de la neu
tralité.
Réponse. Répondu par l'article précédent.
Article X. On ne demandera à la Ville ni por
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
tions , ni rations , ni fubfiftances , ni chauffage ;
tout fera payé en argent comptant , fans forcer la
Bourgeoifie à la livraiſon.
Réponse . Tout fera payé en argent comptant
par les Officiers . Pour ce qui eft du chauffage , il
fera néceffaire que les hôtes y pourvoyent , juſqu'à
ce qu'on ait pu faire prendre des arrangemens
par les Commiffaires.
Article XI. Une exacte difcipline fera obfervée.
parmi les Troupes qui feront dans la Ville , dans
les fauxbourgs & le territoire.
Réponse. La meilleure & la plus exacte fera obfervée
; je leur en donne ma parole d'honneur .
Article XII. Leurs Majeftés Impériale & très-
Chrétienne voudront bien procurer la fûreté du
commerce , & garantir la Ville & fon territoire à
la paix prochaine en pleine liberté & immédiatéité
, & Elles ordonneront qu'elle foit dédommagée
de tout ce qu'elle a fouffert pendant cette
guerre.
Réponse. Accordé .
Article XIII. On n'établira dans la Ville ni
dans les fauxbourgs aucun hôpital.
Réponse . Accordé. On établira feulement dans
un des fauxbourgs un hôpital ambulant , pour
donner les premiers fecours aux malades & bleffés
, qu'on fera tranfporter enfuite dans les hôpitaux
de Hoya ou de Verden. Signé , le Duc de
Broglie.
" Au nom du Sénat , D. Smidt , L. Groning , J.
de Meinertshagen , J. Nonnen.
Au nom de la Bourgeoifie , F. H. Kroft , H.
Meyer , Pierre Wichelhaufen , André , J. Trevi-
Sanus.
MA RS. 1758. 201
DE HAMBOURG , le 28 Janvier.
1
2
Toutes les lettres de Léipfick & de Drefde ne.
parlent que des contributions dont l'Electorat de
Saxe eft accablé . Voici le réſultat de ces lettres .
dont on laiffe aux événemens à conftater l'exactitude.
La feule Ville de Léipfick , qui a déja payé
au Roi de Prufle , en efpeces , onze tonnes d'or ,
c'est-à-dire onze cens mille écus , ( fans ce qui lui
en a coûté pour les quartiers & pour l'Hôpital des
Pruffiens, ) a reçu ordre de fournir encore , au plus
tard à la fin du mois , la fomme de huit cents
mille écus , fous peine d'exécution militaire ; ce
qu'on a de la peine à concilier avec la promeffe ,
donnée par écrit de la part du Roi de Pruffe , que
cette Ville , après avoir fatisfait au paiement des
trois cents mille écus éxigés d'elle au mois d'oc
tobre dernier , feroit exempte de toutes autres
contributions . Il eft vrai que cette impofition eft
faite à titre d'emprunt ; mais elle doit être repartie
für les Négocians & les Bourgeois , principalement
fur les Catholiques Romains qui ont déja
contribué aux premieres.
On a fignifié en même temps à la Nobleffe de
Saxe des ordres précis de payer , fans autre délai
le don gratuit de fix cents mille écus qui lui a été '
demandé dès l'année derniere ; & il faut que le
paiement de cette fomme foit fait en trois termes
égaux , dont le dernier eft fixé au 15 février prochain.
L'affemblée des Etats de Saxe convoquée à
Léipfick , n'a encore rien réglé par rapport à l'ad-"
miniſtration des revenus de l'Electorat. Cependant
le Directoire de Torgau a confifqué depuis pen'le
Baillage de Barby qui eft affermé , & le fcellé a
été mis fur les greniers & les magafins publics.
L V
202. MERCURE DE FRANCE
Les exécutions militaires recommencent dans le
Cercle de Mifnie , pour les fournitures de froment
que les Pruffiens en exigent. On ſe ſert de la même
voie pour le recouvrement de tous les deniers
de la Stuer, qui font reftés entre les mains des Redeveurs
particuliers . Le cercle de Neuftadt eft obligé
de fournir , pour les Troupes du Maréchaf
Keith, cent foixante- cinq mille mefures de farine,
& cinquante- cinq mille cinq cens rations. Enfin
le chapitre de Merfebourg eft taxé à foixante- dix
mille écus , fans avoir pu obtenir de modération.
DE FRANCFORT , le 25 Janvier.
Un détachement Pruffien de cent cinquante
hommes , commandé рак le Partiſan Meyer , arriva
le 20 de ce mois à Niſchwitz , châtean appartenant
au Comte de Brulh , premier Miniftre :
de Sa Majefté Polonoife. Ce Partifan fit auffi-tôt
fonner le tocfia , pour affembler les Payfans du
Village & des environs ; enfuite il leur ordonna ,
fous peine d'exécution militaire , de fer rendre le
lendemain au château , avec des hâches , des -leviers
, des pelles & autres inftrumens ſemblables.
Ces ordres donnés , le détachement s'occupa le
refte du jour & toute la nuit à démeubler les appartemens
, ce qui ne fe fit pas fans pillage. Le
lendemain 21 , plus de deux cents Payfans s'étant'
rendus à l'heure marquée au château , le Partiſan
Meyer les obligea d'en brifer toutes les portes &
fenêtres , d'enfoncer les plafonds & les planchers ,
d'abattre les toits , de renverfer les efcaliers , les
cloiſons , les murs intérieurs , &c. ce qu'il fit faire
avec tant d'activité , qu'en moins de fix heures il
ne refta que la carcaffe du bâtiment . L'orangerie
& les jardins furent traités de même. Toutes les
allées furent coupées , les charmilles détruites ,
MAR S. 1758. 203
les bofquets & les paliffades arrachés ou brûlés ,
& plufieurs milliers d'arbres fruitiers fciés à un
demi- pied de terre. Après la deftruction da chatdau
, on alla piller les fermes & leurs dépendances
. qui ne furent garanties d'une ruine totale
qu'en payant fept mille florins au Partifan. Tous
les effets du château ont été conduits à Halle.
Le même jour, le magnifique château de Pforten
, dans la Luface , appartenant encore au Comte
de Brulh , fut mis au même état que celui de
Nifchwitz , par un détachement de Huffards dur
Régiment de Seckely.
DE DANTZICH , le 26 Janvier.
La marche des Ruffiens eft certaine. Uhe colonne
de leurs troupes d'environ dix mille hommes
, aux ordres du Général Romanzow , a paſſe
Tilfit & s'eft portée für Konigfberg. On affure
même que la garnifon de cette Ville , ainfi que
celle de Pillau , s'eft retirée , après avoir encloué
le canon qu'elle n'a pu emporter , & que les Magiftrats
de Konigsberg ont député au Général Fermer,
pour régler la Capitulation. On ajoute que
les Ruffiens obfervent partout la plus exacte difcipline.
DE HANOVRE , le 18 Janvier.
Les Pruffiens depuis quelque temps avoient
pouffé de Magdebourg à Halberstadt un corps
compofé de fix Bataillons , d'un Régiment de
Dragons & d'un Régiment de Huffards , & la préfence
de ces troupes autorifoit les habitans à refufer
les contributions en argent , & les fournitures
192 MERCURE DE FRANCE.
de grains auxquelles ils s'étoient foumis. D'autre
part , il étoit neceffaire de ravitailler le château
de Regenftein , qui n'avoit plus de vivres quepour
quelques jours. Toutes ces circonstances firent
prendre au Maréchal de Richelieu la réſolution
d'envoyer un fort détachement , pour enlever les
Pruffiens. Il choifit pour cette expédition le Marquis
de Voyer , Maréchal de Camp , qui étoit à
Wolfembuttel , & on lui donna onze Bataillons ,
trente - fix Piquets , deux Régimens de Cavalerie &
un de Huffards , avec quatre cens chevaux qui
étoient revenus de Brunswick. Le 10 , le Marquis
de Voyer raffembla ſes troupes fur le haut Oker ,
en faifant barrer les chemins pour arrêter tout ce
qui pouvoit avertir l'ennemi de fes difpofitions ,
& le même jour à l'entrée de la nuit , il les fit mar.
cher fur trois colonnes . Celle de la droite , aux
ordres du Comte Turpin , étoit compofée du Régiment
d'Infanterie de royal Baviere ; de celui de
Dumoutier , Cavalerie ; de trois cens Huffards en
avant , de quatre compagnies de Grenadiers , &
de douze Piquets venant de Goflar. Elle déboucha
de Schlad en dirigeant la marche par Stapelnbourg
& Dehrembourg , & elle devoit le porter
vers la porte de Halberstadt qui conduit à Quedlinbourg.
La colonne du centre , commandée par
M. le Marquis de Langeron , étoit formée de deux
Bataillons Autrichiens ; du Régiment de Condé ,
Infanterie ; du Bataillon des Grenadiers de Bergeret
, & du Régiment de Cavalerie de Berry. Cette
colonne , précédée par cent Huffards de Turpin ,
déboucha par Ornebourg , & marcha par Ofterwich
& Zillengen , pour fe rendre à la porte
d'Halberstadt , qui eft en face de ce chemin. Elle
avoit quatre pieces de canon & un pétard pour
faire fauter cette porte. La colonne de la gauche ,
анх
MARS. 178. 193
aux ordres du Marquis de Belzunce , confiftoic en
quatre bataillons de fon Régiment , fix compagnies
de Grenadiers , ving:-quatre Piquets , & les
quatre cens chevaux de Brunfwick . Elle partit
d'Achem , & marcha par la digue de Keendam . Sa
deftination étoit de paffer le ruiffeau d'Oltheim
au deffous d'Halberstadt , & d'en aller mafquer la
porte qui va à Groningue.
Ces trois colonnes déboucherent en même
temps à l'heure marquée , & le Marquis de Voyer
marcha avec celle du centre . Cette colonne &
celle de la gauche rencontrerent en chemin des
glaces qui leur cauferent quelque retard ; la troifieme
arriva devant Halberstadt le r au matin.
Les Pruffiens étoient fort tranquilles , parce qu'une
de leurs patrouilles , qui avoit été juſqu'à Öfterwich
, leur avoit rapporté qu'il n'y avoit rien de
nouveau. Mais une feconde patrouille ayant rencontré
l'avant-garde de M. le Comte Turpin , alla
porter l'allarme à Halberstadt , ce qui obligea les
ennemis à l'abandonner précipitamment , & à
laiffer leur hôpital avec beaucoup d'effets dans
cette Ville. Ils évacuerent en même temps Quedlinbourg
, & fe replierent fur Afcherleben pár la
route de la Sala.
Les fruits de cette expédition font d'avoir fait
entrer des vivres pour fix mois dans le château de
Regenftein, & d'avoir tiré d'Halberstadt deux cens
mille écus à compte des contributions que cette
Ville devoit . M. le Marquis de Voyer a fait diftri
buer aux troupes , par forme de gratification
foixante- dix mille rations de pain que les Pruffiens
n'ont pu emporter. Il a fait brûler un magazin
d'échelles préparées , felon toutes les apparen
ces , pour quelque entrepriſe ſecrete. On a de plus
abattu huit cens toifes du mur qui formoit l'en-
.
}
I -
194 MERCURE DE FRANCE:
ceinte d'Halberstadt : on a brifé & brûlé toutes les
portes de la Ville , & tous les pilaftres qui les fou
tenoient ont été détruits.
M. le Marquis de Voyer eft venu ici rendre
compte de toutes ces opérations à M. le Maréchal
de Richelieu. Ila amené avec lui pour ôtage M.
Dudick , homme de grande confidération dans le
pays ; les deux Chefs de la Régence d'Halberstadt ,
deux Référendaires du Clergé , & le principal Négociant
de laVille. Des deux cens mille écus exigés
à compte , la plus grande partie a été payée
Comptant en efpeces , & l'on a de bons effets pour
la fûreté du refte. Enfin , il nous eft encore venu
gratuitement deux mille cinq cens facs de grains ,
fans préjudice des cent vingt- cinq mille facs qut
étoient promis par la convention , dont l'inexécu
zion a été punie.
M.le Comte Turpin a détruit ou enlévé à Quedlinbourg
tous les magazins que l'ennemi y avoit
formés. Peu de jours après , les Pruffiens ont en
core abandonné Acherſleben , & tous les quartiers
qu'ils occupoient dans le pays. Une grande partie
des traîneurs & des prifonniers qu'on leur a faits ,
ant pris parti dans nas Régimens.
DE KONTSGRATZEN BOHEME , le 27 Janvier.
Depuis le départ du Prince Charles , le Maré
chal Comte de Daun continue de faire fes difpo
fitions , tant pour allurer fes cantonnemens &
faire échouer les entreprifes que les Pruffiens
pourroient tenter de ce côté- ci , que pour fe mettre
en état d'agir lui-même à la premiere occafion.
Le Général Comte Nadaftia fon quartier général
è Leitomiffel. L'armée fe renforce tous les jours ;
Le Royaume feulva fournir dix mille-recrues d'Infanterie.
MAR S. 1758 . 195
Sur l'avis qu'on a eu qu'un corps de Pruffiens
étoit en marche pour tenter une irruption dans la
Siléfie Autrichienne , les troupes de Baviere qui
s'étoient jointes au corps du Général Baron de
Marshal , cantonné aux environs de Welwaren ,
ont eu ordre de fe rendre du côté de Brinn en
Moravie.
Nos Croates ont repouffé vigoureuſement près
de Schatzlar vers Libau , un gros détachement de
Pruffiens , & ils ont fait des prifonniers.
Le corps du Général Marshal eſt dans une pofition
fort avantageufe. Il forme une chaîne qui
s'étend depuis Leitmeritz le long de l'Eger jufqu'à
Saatz ; enforte qu'il peut aifément fe porter en
force fur l'Elbe , & de tel autre côté où il fera
néceffaire.
Nous attendons inceffamment la garnifon de
Lignitz , qui eft en marche pour nous rejoindre.
Quatre mille Croates , à ce qu'on affure , le
font fait jour à travers l'armée ennemie, près do
Breslau , & ont pris la route de Pologne.
La garnifon de Schweidnitz a fait le 13 de Janvier
une vigoureufe fortie fur les troupes Pruffiennes
qui bloquent cette Place. Les ennemis y
ont perdu bien du monde , & le détachement de
la garnifon y eft rentré avec beaucoup de prifonniers
, de vivres , de bagages & de beftiaux.
Les Pruffiens ont fait du côté de Gratz en Styrie
une tentative qui a échouée. Le 15 , vers une
heure après midi , les ennemis au nombre de dixhuit
cens hommes d'Infanterie , & de deux mille
trois cens hommes, tant Cavalerie que Huffards ,
fe mirent en mouvement. Leur avant- garde qui
venoit de Schmirowitz , s'avança jufqu'à une métairie
dont elle s'empara fans peine . Le.refte des
Pruffiens qui s'étoit formé fur la montagne , la
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
defcendit en même temps , & tous enſemble' ils
attaquerent une brafferie fituée au bas de cette
montagne , & qui ferme de ce côté-là l'entrée de
Grátz . Ils avoient laiffé derriere eux fur la hauteur,
de l'artillerie qui , en les protégeant , foudroyoit le
front de l'attaque . Auffi- tôt que M. le Marquis de
Ville , Lieutenant-Général qui commande à Gratz,
avoit vu l'ennemi s'ébranler , il avoit envoyé ordre
au Colonel Simbshon de foutenir la braſſerie . Cet
Officier en conféquence fit occuper par quelques
troupes un jardin , qui eft au deffus de cette brafferie
, & il y plaça du canon qui fut fi bien fervi ,
qu'après une attaque qui dura plus d'une heure ,
les Pruffiens furent forcés de prendre la fuite &
de regagner la montagne. On les pourſuivit autant
qu'il fut poffible , & on leur tua encore ou on leur
bleffa une trentaine d'hommes. Cette retraite précipitée
fe fit avec tant de confufion , qu'ils abandonnerent
leurs morts & leurs bleffés . Leur perte ,
ycompris quelques prifonniers qu'on leur a faits ,
peut fe monter à peu près à quatre cens hommes.
Les Impériaux , de leur côté , n'ont eu que trenteun
bleffés & huit morts. Les Pruffiens qui étoient
partis de Troppau à fix heures du matin , n'y font
rentrés qu'à huit heures du foir : ils n'avoient
laiffé dans cette Ville qu'environ deux cens
hommes.
:
Sur quelques mouvemens faits par les Pruffiens
du côté de la Moravie , & vers les frontieres de la
Hongrie , on a détaché le Général Gaftheim avec
fix mille hommes pour occuper les gorges de Jablunka.
Les Hongrois des Cercles limitrophes
ont en même temps reçu ordre de fe tenir prêts à
monter à cheval au premier avis .
Les exactions que les Pruffiens font dans la Siléfie
Autrichienne , font fi exhorbitantes ; qu'une
MAR S. 17,8 . 197
grande partie des habitans déferte le pays . On
affure que la feule ville de Troppau a été taxée
quatre- vingts mille écus .
DE BREME , le 16 Janvier.
,
M. le Maréchal de Richelieu ayant des avis fûrs .
que les Hanovriens , non contens d'avoir enfreint
la convention de Clofterfeven en renouvellant .
les hoftilités qu'ils s'étoient engagés de ceffer
vouloient encore s'emparer de la ville de Brême, ce
qui nous auroit empêché de foutenir les quartiers
du bas- Aller , & nous auroit ôté la communication
avec l'Ooft - Frife , envoya ordre à M. le Duc
de Broglie de les prévenir. En conféquence cet
Officier Général fit marcher hier un détachement
au village de Hoffelhaufen , pour contenir les ennemis
qui s'y étoient préfentés ; & fur le foir , il
fit fommer les Magiftrats de Brême de recevoir les
troupes de Sa Majefté dans leur Ville . Après une
négociation qui dura jufqu'à dix heures , on lui
remit une porte qui fut occupée par fix compagnies
de Grenadiers . Ce matin M. le Duc de Bro-,
glie eft entré dans la Ville à la tête d'une compagnie
de Grenadiers , pour en impofer à la populace
, qui s'étoit ameutée devant la maifon de.
Ville , pendant que l'on travailloit au logement .
des Troupes. Le tumulte ayant été appaifé par fes
foins , la Garnifon eft entrée , & le logement s'eft.
fait fans aucune difficulté . Le Baron de Wormfer ,
Brigadier d'Infanterie eft refté dans la Ville poury
commander.
Accord fait entre M. le Duc de Broglie & les
Magiftrats de Brême.
Article Premier Comme l'occupation de la
Ville eft faite au nom de Sa Majefté Impériale ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
il s'entend qu'Elle ne fera aucun préjudice à la
liberté & immédiatéité de la Ville & du territoire
y appartenant , & à fes privileges.
Réponse. L'infraction de la Convention de Clofterfeven
étant la ſeule raiſon qui oblige M. le Maréchal-
Duc de Richelieu à s'emparer de la Ville
de Brême , elle ne doit point douter que fa liberté
immédiate & celle de fon territoire , ainfi
que fes privileges , ne foient confervés par Sa
Majefté Impériale.
Article IF. Conféquemment , le Gouvernement ,
la Religion & fon exercice dans les Eglifes Réformées
, ainfi que dans le Dôme , le Commerce ,
tant par terre que par eau l'Etat Politique ,
Eccléfiaftique & Militaire de la Ville , ne fouf
friront aucun changement.
"
Réponse . Accorde. Il fera même donné des
Gardes les jours de Fères , pour la tranquillité
du Service , toutes les fois qu'elles feront de
mandées.
Article III. Les Paffeports donnés par le Sénat,
tant pour les perfonnes que pour les marchan
difes & les hardes , feront refpectés .
Réponse. Accordé.
Article IV. Les fortifications de la Ville de
iheureront en létat préfent , fans aucun changement.
Réponfe. Si on y fait quelques changemens ,
ce fera plutôt pour les améliorer,
Article V. L'Arcenal de la Ville , fes muni
tions , les canons , les magazins à poudre & à
bled , & les attirails de guerre appartenant à
la Ville , refteront entiérement & pleinement à la
Ville.
Réponse. L'Arcenal , les munitions , les canons ,
les magazins à poudre & le magazin à bled , refte
MARS. 175.8. 199
-
ront à Meffieurs de la Ville . Les clefs de l'Arcenal ,
ainfi: que celles des magazins , feront entre les
mains de MM . les Magiftrats : on y mettra feulement
des Gardes , pour la fûreté de ce qui y eft
renfermé.
Article VI. La Ville fera difpenfée de loger des
Troupes Françoifes , qui y monteront la garde
conjointement avec celles de la Ville.
Réponse. On ne logera dans la Ville que la
quantité de Troupes néceffaires pour la fûreté , &
les Magiftrats peuvent être certains que toutes les
précautions feront prifes pour que les logemens
ne foient point à charge.
Article VII. On cédera une ou deux portes
de la Ville aux Troupes Françoifes , qui y montesont
la garde conjointement avec celles de la
Ville.
Réponse. Les Troupes Françoifes monteront la
garde aur portes conjointement avec les Troupes
de la Ville , mais à toutes les portes .
Article VIII. Auffi - tôt que la fituation préfente
des deux armées dans notre voisinage changera les
poftes , les fauxbourgs & le territoire de la Ville
ferant évacués fans aucune prétention ou exécution
, fons quelque prétexte que ce foit.
Réponse. Accordé, dès que les raifons de guerre
ne le demanderont plus. Cet article répond en
mêmetemps à celui qui fuit.
Article IX. Les portes de la Ville , les fauxbourgs
& le territoire feront évacués dans le cas
où le Général de l'armée Françoiſe donnera une
Déclaration qui portera qu'il ne veut plus occuper
la ville de Brême, & qu'il la laiffe jouir de la neu
tralité.
Réponse. Répondu par l'article précédent.
Article X. On ne demandera à la Ville ni por
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
tions , ni rations , ni fubfiftances , ni chauffage ;
tout fera payé en argent comptant , fans forcer la
Bourgeoifie à la livraiſon.
Réponse . Tout fera payé en argent comptant
par les Officiers . Pour ce qui eft du chauffage , il
fera néceffaire que les hôtes y pourvoyent , juſqu'à
ce qu'on ait pu faire prendre des arrangemens
par les Commiffaires.
Article XI. Une exacte difcipline fera obfervée.
parmi les Troupes qui feront dans la Ville , dans
les fauxbourgs & le territoire.
Réponse. La meilleure & la plus exacte fera obfervée
; je leur en donne ma parole d'honneur .
Article XII. Leurs Majeftés Impériale & très-
Chrétienne voudront bien procurer la fûreté du
commerce , & garantir la Ville & fon territoire à
la paix prochaine en pleine liberté & immédiatéité
, & Elles ordonneront qu'elle foit dédommagée
de tout ce qu'elle a fouffert pendant cette
guerre.
Réponse. Accordé .
Article XIII. On n'établira dans la Ville ni
dans les fauxbourgs aucun hôpital.
Réponse . Accordé. On établira feulement dans
un des fauxbourgs un hôpital ambulant , pour
donner les premiers fecours aux malades & bleffés
, qu'on fera tranfporter enfuite dans les hôpitaux
de Hoya ou de Verden. Signé , le Duc de
Broglie.
" Au nom du Sénat , D. Smidt , L. Groning , J.
de Meinertshagen , J. Nonnen.
Au nom de la Bourgeoifie , F. H. Kroft , H.
Meyer , Pierre Wichelhaufen , André , J. Trevi-
Sanus.
MA RS. 1758. 201
DE HAMBOURG , le 28 Janvier.
1
2
Toutes les lettres de Léipfick & de Drefde ne.
parlent que des contributions dont l'Electorat de
Saxe eft accablé . Voici le réſultat de ces lettres .
dont on laiffe aux événemens à conftater l'exactitude.
La feule Ville de Léipfick , qui a déja payé
au Roi de Prufle , en efpeces , onze tonnes d'or ,
c'est-à-dire onze cens mille écus , ( fans ce qui lui
en a coûté pour les quartiers & pour l'Hôpital des
Pruffiens, ) a reçu ordre de fournir encore , au plus
tard à la fin du mois , la fomme de huit cents
mille écus , fous peine d'exécution militaire ; ce
qu'on a de la peine à concilier avec la promeffe ,
donnée par écrit de la part du Roi de Pruffe , que
cette Ville , après avoir fatisfait au paiement des
trois cents mille écus éxigés d'elle au mois d'oc
tobre dernier , feroit exempte de toutes autres
contributions . Il eft vrai que cette impofition eft
faite à titre d'emprunt ; mais elle doit être repartie
für les Négocians & les Bourgeois , principalement
fur les Catholiques Romains qui ont déja
contribué aux premieres.
On a fignifié en même temps à la Nobleffe de
Saxe des ordres précis de payer , fans autre délai
le don gratuit de fix cents mille écus qui lui a été '
demandé dès l'année derniere ; & il faut que le
paiement de cette fomme foit fait en trois termes
égaux , dont le dernier eft fixé au 15 février prochain.
L'affemblée des Etats de Saxe convoquée à
Léipfick , n'a encore rien réglé par rapport à l'ad-"
miniſtration des revenus de l'Electorat. Cependant
le Directoire de Torgau a confifqué depuis pen'le
Baillage de Barby qui eft affermé , & le fcellé a
été mis fur les greniers & les magafins publics.
L V
202. MERCURE DE FRANCE
Les exécutions militaires recommencent dans le
Cercle de Mifnie , pour les fournitures de froment
que les Pruffiens en exigent. On ſe ſert de la même
voie pour le recouvrement de tous les deniers
de la Stuer, qui font reftés entre les mains des Redeveurs
particuliers . Le cercle de Neuftadt eft obligé
de fournir , pour les Troupes du Maréchaf
Keith, cent foixante- cinq mille mefures de farine,
& cinquante- cinq mille cinq cens rations. Enfin
le chapitre de Merfebourg eft taxé à foixante- dix
mille écus , fans avoir pu obtenir de modération.
DE FRANCFORT , le 25 Janvier.
Un détachement Pruffien de cent cinquante
hommes , commandé рак le Partiſan Meyer , arriva
le 20 de ce mois à Niſchwitz , châtean appartenant
au Comte de Brulh , premier Miniftre :
de Sa Majefté Polonoife. Ce Partifan fit auffi-tôt
fonner le tocfia , pour affembler les Payfans du
Village & des environs ; enfuite il leur ordonna ,
fous peine d'exécution militaire , de fer rendre le
lendemain au château , avec des hâches , des -leviers
, des pelles & autres inftrumens ſemblables.
Ces ordres donnés , le détachement s'occupa le
refte du jour & toute la nuit à démeubler les appartemens
, ce qui ne fe fit pas fans pillage. Le
lendemain 21 , plus de deux cents Payfans s'étant'
rendus à l'heure marquée au château , le Partiſan
Meyer les obligea d'en brifer toutes les portes &
fenêtres , d'enfoncer les plafonds & les planchers ,
d'abattre les toits , de renverfer les efcaliers , les
cloiſons , les murs intérieurs , &c. ce qu'il fit faire
avec tant d'activité , qu'en moins de fix heures il
ne refta que la carcaffe du bâtiment . L'orangerie
& les jardins furent traités de même. Toutes les
allées furent coupées , les charmilles détruites ,
MAR S. 1758. 203
les bofquets & les paliffades arrachés ou brûlés ,
& plufieurs milliers d'arbres fruitiers fciés à un
demi- pied de terre. Après la deftruction da chatdau
, on alla piller les fermes & leurs dépendances
. qui ne furent garanties d'une ruine totale
qu'en payant fept mille florins au Partifan. Tous
les effets du château ont été conduits à Halle.
Le même jour, le magnifique château de Pforten
, dans la Luface , appartenant encore au Comte
de Brulh , fut mis au même état que celui de
Nifchwitz , par un détachement de Huffards dur
Régiment de Seckely.
DE DANTZICH , le 26 Janvier.
La marche des Ruffiens eft certaine. Uhe colonne
de leurs troupes d'environ dix mille hommes
, aux ordres du Général Romanzow , a paſſe
Tilfit & s'eft portée für Konigfberg. On affure
même que la garnifon de cette Ville , ainfi que
celle de Pillau , s'eft retirée , après avoir encloué
le canon qu'elle n'a pu emporter , & que les Magiftrats
de Konigsberg ont député au Général Fermer,
pour régler la Capitulation. On ajoute que
les Ruffiens obfervent partout la plus exacte difcipline.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En janvier 1758, les Prussiens déplacèrent des troupes de Magdebourg à Halberstadt, permettant aux habitants de refuser les contributions en argent et les fournitures de grains. Le maréchal de Richelieu envoya le marquis de Voyer avec onze bataillons, trente-six piquets, deux régiments de cavalerie et un de hussards, ainsi que quatre cents chevaux revenus de Brunswick, pour chasser les Prussiens. Le 10 janvier, le marquis de Voyer rassembla ses troupes sur le haut Oker et les fit marcher en trois colonnes vers Halberstadt. La colonne de droite, sous les ordres du comte Turpin, se dirigea vers la porte de Halberstadt menant à Quedlinbourg. La colonne du centre, commandée par le marquis de Langeron, se dirigea vers une autre porte de Halberstadt. La colonne de gauche, sous les ordres du marquis de Belzunce, devait passer le ruisseau d'Oltheim pour masquer une porte d'Halberstadt. Les trois colonnes débouchèrent simultanément, mais la colonne du centre et celle de gauche rencontrèrent des glaces, causant un retard. La colonne de droite arriva devant Halberstadt au matin et alerta les Prussiens, qui abandonnèrent précipitamment Halberstadt et Quedlinbourg, laissant leur hôpital et des effets. Les Français entrèrent dans Halberstadt, ravitaillèrent le château de Regenstein pour six mois et obtinrent deux cents mille écus à titre de contribution. Le marquis de Voyer distribua des rations de pain aux troupes et détruisit un magasin d'échelles et des parties des fortifications de la ville. Il ramena également des otages, dont M. Dudick, et des chefs de la régence d'Halberstadt. Les Prussiens abandonnèrent ensuite Achersleben et d'autres quartiers occupés. En Bohême, le maréchal comte de Daun préparait ses troupes pour contrer les Prussiens. Les Croates repoussèrent un détachement prussien près de Schatzlar, et la garnison de Schweidnitz fit une sortie contre les troupes prussiennes qui la bloquaient. Les Prussiens tentèrent une attaque près de Gratz, mais furent repoussés avec des pertes importantes. À Brême, le maréchal de Richelieu envoya le duc de Broglie pour empêcher les Hanovriens de s'emparer de la ville. Après une négociation, les magistrats de Brême acceptèrent de recevoir les troupes françaises. Un accord fut signé, garantissant la liberté et les privilèges de la ville, ainsi que la cohabitation des troupes françaises et locales. Les troupes françaises ne demanderont ni provisions ni chauffage à la ville, tout sera payé en argent comptant. Une discipline stricte sera observée parmi les troupes. Les Majestés Impériale et très-Chrétienne garantiront la sûreté du commerce et dédommageront la ville pour les souffrances endurées pendant la guerre. Aucun hôpital ne sera établi dans la ville, sauf un hôpital ambulant dans un faubourg pour les premiers secours. L'Électorat de Saxe subissait des contributions lourdes imposées par le Roi de Prusse, notamment à Leipzig, qui a déjà payé onze cents mille écus et doit en fournir huit cents mille de plus. La noblesse de Saxe doit également payer six cents mille écus en trois termes. Les exécutions militaires reprennent dans le Cercle de Misnie pour les fournitures de froment. Un détachement prussien a détruit le château de Nischwitz appartenant au Comte de Brulh, premier ministre de la Majesté Polonoise, et a pillé les fermes environnantes. La marche des Russes vers Königsberg est également confirmée, avec une colonne de dix mille hommes aux ordres du Général Romanzow.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 204
DE LONDRES, le 1 Mars.
Début :
On est ici dans un grand embarras, au sujet de la flotte qu'on se [...]
Mots clefs :
Flotte, Mer baltique, Roi de Prusse, Russie, Négociations, Embarras
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 1 Mars.
DE LONDRES , le Mars.
On eft ici dans un grand embarras , au fujet de
la flotte qu'on le propofoit d'envoyer dans la mer
Baltique . D'un côté , le Roi de Pruffe infifte far
cet envoi ; & il annonce que fans cela , il fongera
à faire la paix . De l'autre côté , l'on fent qu'on ne
fauroit l'effectuer fans fe brouiller avec la Ruffie.
On attend fur cela le fuccès des négociations du
fieur Keith , notre Minittre en cette Cour.
On eft ici dans un grand embarras , au fujet de
la flotte qu'on le propofoit d'envoyer dans la mer
Baltique . D'un côté , le Roi de Pruffe infifte far
cet envoi ; & il annonce que fans cela , il fongera
à faire la paix . De l'autre côté , l'on fent qu'on ne
fauroit l'effectuer fans fe brouiller avec la Ruffie.
On attend fur cela le fuccès des négociations du
fieur Keith , notre Minittre en cette Cour.
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9
p. 199-200
DE LA HAYE, le 12 Mai.
Début :
Les Etats-Généraux ont résolu de faire un dernier effort pour obtenir du Ministere [...]
Mots clefs :
États-généraux, Ministère anglais, Vaisseaux, Négociations, Justice, Puissances belligérantes, Gouvernement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LA HAYE, le 12 Mai.
DOLA HAYE ,le 12 Mai.
1
L
Les Etats- Généraux ont réfolu de faire un der.
nier effort pour obtenir du Miniftere Anglois la
juftice qu'ils pourfuivent depuis fi longtems , au '
fujetde la faifie de nos Vailleaux. Les inftructions
du fieur Meermann, chargé de cette Négociation ,
portent qu'il déclarera aux Miniftres Anglois ,que
Leurs Hautes- Puillances avoient lieu de s'attendre
à une juftice plus prompte de leur part ; & que l
fi la conclufion de cette affaire eft encore fort
I iv
100 MERCURE DE FRANCE
éloignée , elles font déterminées à rappeller en
tierement la Députation qu'elles avoient envoyée.
Les Miniftres des Puiffances Belligérantes , qui
font dans cette Cour , continuent d'avoir de fre
quentes conférences avec divers Membres du
Gouvernement.
1
L
Les Etats- Généraux ont réfolu de faire un der.
nier effort pour obtenir du Miniftere Anglois la
juftice qu'ils pourfuivent depuis fi longtems , au '
fujetde la faifie de nos Vailleaux. Les inftructions
du fieur Meermann, chargé de cette Négociation ,
portent qu'il déclarera aux Miniftres Anglois ,que
Leurs Hautes- Puillances avoient lieu de s'attendre
à une juftice plus prompte de leur part ; & que l
fi la conclufion de cette affaire eft encore fort
I iv
100 MERCURE DE FRANCE
éloignée , elles font déterminées à rappeller en
tierement la Députation qu'elles avoient envoyée.
Les Miniftres des Puiffances Belligérantes , qui
font dans cette Cour , continuent d'avoir de fre
quentes conférences avec divers Membres du
Gouvernement.
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Résumé : DE LA HAYE, le 12 Mai.
Le 12 mai à Dola Haye, les États-Généraux ont décidé de faire un dernier effort pour obtenir justice auprès du ministère anglais concernant la saisie de leurs vaisseaux. Le sieur Meermann doit déclarer aux ministres anglais que leurs Hautes-Puissances attendent une justice plus prompte. Si la conclusion de cette affaire est encore éloignée, elles rappelleront définitivement la députation envoyée. Les ministres des puissances belligérantes ont des conférences fréquentes avec divers membres du gouvernement.
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10
p. *207-207
De ROME, le 15 Juillet.
Début :
Le Comte de Almada y Mendoça, Ministre de Sa Majesté Très-Fidèle, étoit sur le point [...]
Mots clefs :
Comte, Ministre, Pape, Cardinal, Ministre portugais, Cour, Négociations
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De ROME, le 15 Juillet.
De ROME, le 15 Juillet.
Le Comte de Almada y Mendoça , Miniftre
de Sa Majesté Très- Fidèle , étoit fur le point de
partir fans prendre congé de Sa Sainteté ; mais
le Cardinal Corfini , Protecteur de la Nation
Portugaile , ayant interpofé fa médiation pour
un accommodement , le Miniftre Portugais avoir
fufpendu fon départ , & l'on eſpéroit que la
bonne intelligence pourroit renaître entre notre
Cour & celle de Lisbonne. De nouvelles circonftances
ont déterminé ce Miniftre à fe retirer de
Rome , fans attendre l'effet de la négociation
du Cardinal Corfini.
Le Comte de Almada y Mendoça , Miniftre
de Sa Majesté Très- Fidèle , étoit fur le point de
partir fans prendre congé de Sa Sainteté ; mais
le Cardinal Corfini , Protecteur de la Nation
Portugaile , ayant interpofé fa médiation pour
un accommodement , le Miniftre Portugais avoir
fufpendu fon départ , & l'on eſpéroit que la
bonne intelligence pourroit renaître entre notre
Cour & celle de Lisbonne. De nouvelles circonftances
ont déterminé ce Miniftre à fe retirer de
Rome , fans attendre l'effet de la négociation
du Cardinal Corfini.
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Résumé : De ROME, le 15 Juillet.
Le 15 juillet à Rome, le Comte de Almada y Mendoça, ministre du Portugal, a failli partir sans saluer le pape. Le Cardinal Corfini a suspendu son départ pour négocier entre Rome et Lisbonne. Cependant, le ministre a quitté Rome sans attendre la fin des négociations.
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