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51
p. 12-13
VI. SUR UN POETE SATYRIQUE & libertin.
Début :
Otoy, de qui la Plume odieuse omnibus, [...]
Mots clefs :
Plume, Amour, Vers, Éternel, Douleur
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texteReconnaissance textuelle : VI. SUR UN POETE SATYRIQUE & libertin.
V I.
SUR UN POETE SATYRIQUE
& libertin .
Toy, de qui la Plume odieufe
omnibus ,
Par des traits impofteurs noircit ceux
qu'elle fâche ,
Les Vers, le Ieu, l'Amour t'occupent
fans relâche ,
Et tes jours libertins font confacrez
tribus.
22
Laiffe toy confumer , ame infidelle &
lâche ,
Aux rayons devorans de l'Eternel
Phoebus;
Rachete tes pechez à force de quibus;
du Mercure Galant.
13
Que par ton prompt Secours le Pauvre
affamé mâche
SS
Pénetré de douleur , ſoûpire , pleure;
Item .
Parun Confiteor ou par un Tu autem
,
De ton Maistre offenfé tâche à defarmer
l'ire.
SS
Dis- luy d'un caurfincére en l'adorant
amo,
David a célébréfes regrets parfa
Lire,
Rens les tiens immortels humili ca
lamo.
SUR UN POETE SATYRIQUE
& libertin .
Toy, de qui la Plume odieufe
omnibus ,
Par des traits impofteurs noircit ceux
qu'elle fâche ,
Les Vers, le Ieu, l'Amour t'occupent
fans relâche ,
Et tes jours libertins font confacrez
tribus.
22
Laiffe toy confumer , ame infidelle &
lâche ,
Aux rayons devorans de l'Eternel
Phoebus;
Rachete tes pechez à force de quibus;
du Mercure Galant.
13
Que par ton prompt Secours le Pauvre
affamé mâche
SS
Pénetré de douleur , ſoûpire , pleure;
Item .
Parun Confiteor ou par un Tu autem
,
De ton Maistre offenfé tâche à defarmer
l'ire.
SS
Dis- luy d'un caurfincére en l'adorant
amo,
David a célébréfes regrets parfa
Lire,
Rens les tiens immortels humili ca
lamo.
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Résumé : VI. SUR UN POETE SATYRIQUE & libertin.
Un poème satirique critique un poète libertin dont la plume noircit ses adversaires. L'auteur lui conseille de se repentir, d'aider les pauvres et de soulager les souffrants. Il l'invite à réciter un Confiteor pour apaiser la colère divine et à rendre ses regrets immortels comme David.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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52
p. 81-88
SENTIMENS SUR LES QUESTIONS DU DERNIER EXTRAORDINAIRE.
Début :
Je réserve la suite de ce Traité pour le prochain Extraordinaire, / Quelle fortune est la plus satisfaisante en Amour, [...]
Mots clefs :
Questions, Réponses, Fortune, Amour, Amant, Service, Loisirs, Liberté, Obstacle, Honnête homme, Mort, Autel, Ami, Générosité
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texteReconnaissance textuelle : SENTIMENS SUR LES QUESTIONS DU DERNIER EXTRAORDINAIRE.
Le réferve lafuite de ce Traitépour
$2 Extraordinaire
Le prochain Extraordinaire , afin de
donner place aux autres Ouvrages qui
m'ont efté envoyez . Les Réponses que
vous allez lire aux dernieres Queftios.
qu'on a proposées , font de M Bouchet,
ancien Curé de Nogent- le- Roy.
SENTIMENS
SUR LES QUESTIONS
DU DERNIER EXTRAORDINAIRE
Quelle fortune eft la plus fatisfaifante
en Amour , celle d'un Amant dont
les foins font d'abord receus agreablement,
& prefque auffi - toft récompenfez
; ou le bonheur de celuy , qui,
apres avoir aimé quelque temps fans
efpérance , trouve enfin le coeur de fa
Maiftrelle fenfible:
UN
N Amant de plein faut qui reçoit
fonfalaire,
Et qui rencontre un coeur fenfible à fon
amour,
du Mercure Galant. 83.
A veritablement, & dés le premier jour,
Dequoyfe contenter, dequoy fefatisfaire ..
3
Il n'eft point aufilet, on l'écoute d'abord,
On calculefes pas, on comptefes fervices ;
Ileft payécomptant de l'innocent trafport
Qu'il marque envers l'objet de fes ch.res.
délices.
•
Là-deffus on l'eftime heureux,
Parce qu'en cet état tout répond à fes
voeux.
$3
Maisplus heureux dans ma pensée
Eft celuy qui n'y pensant pas,
Par celle dont fon coeur adore les appas
Voit fa flame récompensée,
Apres avoir long-temps vainementfoùpiré,
Fainement attendu, vainement efperé..
83
Certes on fait par la Science,
Quand on la confulte à loifir,
Comme auffi par l'expérience,
Qu'unplaifir qui furprend eft un doubleplaifir..
84
Extraordinaire
Si l'entiere liberté de fe voir , peur
long- temps entretenir l'amour
dans toute fa force.
O
Na beaufaire, on a beau dire,
Le Monde va toûjours fon trains
Tel aujourd'huy pleure & foûpire,
Quifans doute rira demain.
Nous endurons mille traverses
Par le flus & reflus des paſſions diverſes
Qui nous agitent chaque jour;
Deschofes d'icy-bas inconftante eft laface;
La tempefte fuit la bonace,
Labainefuccede à l'amour,
Si la difficultéfait naistre des miracles,
Et des coupsde Héros, qui charment les
Efprits,
De lafacilité de fe voirfans obftacles,
L'indiférence vient , on mefme le méprisi
ax
Du moins un Amant dans fa tâches .
AvecLesfoins & ſes hélas,
du Mercure Galant. $5
Infenfiblementfe relâche ,
Et nefait plus voir qu'un Hilas.
03
D'ailleurs, quandde la riche idée
D'un objet tout nouveau qui brille de
beauté,
L'amefe trouvepoffedée,
On tient rarement bon contre la nou
veauté;
Et ce qui paroiftfort étrange,
C'est qu'iln'eft rien qui foit baftant
De fixer un coeur inconſtant
Qui fefait un plaifirdu change.
Je veux cependant qu'un Amant
S'appligne à captiver la Beauté qu'il
adore,
Qu'il nommefon Soleil, qu'il nommefon
Aurore,
Son Aftre & fon contentement.
+3
Toutefois encor qu'il s'efforce
Demarquerfon amourjusqu'à l'empreffement,
86- Extraordinaire
Je dis qu'ilne peut nullement
Aimer toujours d'égaleforce
L'objet defon enteftement,
C'est une maxime averée,
Qu'un état violent n'eftjamais de durée.
Si un honnefte Homme eſt excufable
, d'eftre affez esclave
de fa paffion , pour aimer une
Perfonne qui le pouffe à faire
une lâcheté .
AImons jufqu'aux Autels en ce mortel
féjour,
N'entreprenons jamais que des faits légitimes,
On trouve des raisons pour excufer l'amour,
Mais l'on n'en trouve point pour excufer
des crimes.
83
Ainfi l'Homme eft inexcusable,
Qui pourflater la paffion
Qui fait fon inclination,
Devient lâche, & ſe rend coupable.
du Mercure Galant.
87
**
La complaifance eft juste, il est bon d'en
avoir;
Mais qui veut vivre avèque bienfeace,
Doit borner cette complaisance
Par les regles defondevoir.
83
Ainfi dans cette conjoncture
Que nous propofe le Mercure,
Qui travaille à noftre bonheur,
Ilfaut pour éviter tout reproche de vice,
Que l'Amour le cede à l'honneur,
Comme il le doit ceder à la Justice .
Un Homme en mourant a deux
Amis auprés de luy , il en fait
retirer un , parce que la préſence
l'afflige, & il fait demeurer l'autre
, parce que fa préfence le
confole . On demande lequel il
aime davantage .
Et Homme vers la mort quiporte fes
regards,
CE
(que,
Et quife voit bien- toft le butin de la Par
$8 Extraordinaire
A pour ses deux Amis de genéreux
égards,
Dont il donne à tous deux unefenfible
marque;
Maisfelon mon avis il a plus d'amitié
Pour celuy dont il vent l'abſence,
Puis qu'il ménage fa pitié,
En l'éloignant defa préſence.
$2 Extraordinaire
Le prochain Extraordinaire , afin de
donner place aux autres Ouvrages qui
m'ont efté envoyez . Les Réponses que
vous allez lire aux dernieres Queftios.
qu'on a proposées , font de M Bouchet,
ancien Curé de Nogent- le- Roy.
SENTIMENS
SUR LES QUESTIONS
DU DERNIER EXTRAORDINAIRE
Quelle fortune eft la plus fatisfaifante
en Amour , celle d'un Amant dont
les foins font d'abord receus agreablement,
& prefque auffi - toft récompenfez
; ou le bonheur de celuy , qui,
apres avoir aimé quelque temps fans
efpérance , trouve enfin le coeur de fa
Maiftrelle fenfible:
UN
N Amant de plein faut qui reçoit
fonfalaire,
Et qui rencontre un coeur fenfible à fon
amour,
du Mercure Galant. 83.
A veritablement, & dés le premier jour,
Dequoyfe contenter, dequoy fefatisfaire ..
3
Il n'eft point aufilet, on l'écoute d'abord,
On calculefes pas, on comptefes fervices ;
Ileft payécomptant de l'innocent trafport
Qu'il marque envers l'objet de fes ch.res.
délices.
•
Là-deffus on l'eftime heureux,
Parce qu'en cet état tout répond à fes
voeux.
$3
Maisplus heureux dans ma pensée
Eft celuy qui n'y pensant pas,
Par celle dont fon coeur adore les appas
Voit fa flame récompensée,
Apres avoir long-temps vainementfoùpiré,
Fainement attendu, vainement efperé..
83
Certes on fait par la Science,
Quand on la confulte à loifir,
Comme auffi par l'expérience,
Qu'unplaifir qui furprend eft un doubleplaifir..
84
Extraordinaire
Si l'entiere liberté de fe voir , peur
long- temps entretenir l'amour
dans toute fa force.
O
Na beaufaire, on a beau dire,
Le Monde va toûjours fon trains
Tel aujourd'huy pleure & foûpire,
Quifans doute rira demain.
Nous endurons mille traverses
Par le flus & reflus des paſſions diverſes
Qui nous agitent chaque jour;
Deschofes d'icy-bas inconftante eft laface;
La tempefte fuit la bonace,
Labainefuccede à l'amour,
Si la difficultéfait naistre des miracles,
Et des coupsde Héros, qui charment les
Efprits,
De lafacilité de fe voirfans obftacles,
L'indiférence vient , on mefme le méprisi
ax
Du moins un Amant dans fa tâches .
AvecLesfoins & ſes hélas,
du Mercure Galant. $5
Infenfiblementfe relâche ,
Et nefait plus voir qu'un Hilas.
03
D'ailleurs, quandde la riche idée
D'un objet tout nouveau qui brille de
beauté,
L'amefe trouvepoffedée,
On tient rarement bon contre la nou
veauté;
Et ce qui paroiftfort étrange,
C'est qu'iln'eft rien qui foit baftant
De fixer un coeur inconſtant
Qui fefait un plaifirdu change.
Je veux cependant qu'un Amant
S'appligne à captiver la Beauté qu'il
adore,
Qu'il nommefon Soleil, qu'il nommefon
Aurore,
Son Aftre & fon contentement.
+3
Toutefois encor qu'il s'efforce
Demarquerfon amourjusqu'à l'empreffement,
86- Extraordinaire
Je dis qu'ilne peut nullement
Aimer toujours d'égaleforce
L'objet defon enteftement,
C'est une maxime averée,
Qu'un état violent n'eftjamais de durée.
Si un honnefte Homme eſt excufable
, d'eftre affez esclave
de fa paffion , pour aimer une
Perfonne qui le pouffe à faire
une lâcheté .
AImons jufqu'aux Autels en ce mortel
féjour,
N'entreprenons jamais que des faits légitimes,
On trouve des raisons pour excufer l'amour,
Mais l'on n'en trouve point pour excufer
des crimes.
83
Ainfi l'Homme eft inexcusable,
Qui pourflater la paffion
Qui fait fon inclination,
Devient lâche, & ſe rend coupable.
du Mercure Galant.
87
**
La complaifance eft juste, il est bon d'en
avoir;
Mais qui veut vivre avèque bienfeace,
Doit borner cette complaisance
Par les regles defondevoir.
83
Ainfi dans cette conjoncture
Que nous propofe le Mercure,
Qui travaille à noftre bonheur,
Ilfaut pour éviter tout reproche de vice,
Que l'Amour le cede à l'honneur,
Comme il le doit ceder à la Justice .
Un Homme en mourant a deux
Amis auprés de luy , il en fait
retirer un , parce que la préſence
l'afflige, & il fait demeurer l'autre
, parce que fa préfence le
confole . On demande lequel il
aime davantage .
Et Homme vers la mort quiporte fes
regards,
CE
(que,
Et quife voit bien- toft le butin de la Par
$8 Extraordinaire
A pour ses deux Amis de genéreux
égards,
Dont il donne à tous deux unefenfible
marque;
Maisfelon mon avis il a plus d'amitié
Pour celuy dont il vent l'abſence,
Puis qu'il ménage fa pitié,
En l'éloignant defa préſence.
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Résumé : SENTIMENS SUR LES QUESTIONS DU DERNIER EXTRAORDINAIRE.
Le texte extrait du 'Mercure Galant' explore les sentiments amoureux à travers une série de questions et de réponses. Il compare deux types de bonheur en amour : celui d'un amant dont les sentiments sont immédiatement reçus et récompensés, et celui d'un amant qui, après une longue attente, voit enfin son amour réciproque. Le texte soutient que le second type de bonheur est plus satisfaisant, car un plaisir surprenant est un double plaisir. Le texte examine également l'impact de la liberté et des obstacles dans une relation amoureuse. La facilité de se voir fréquemment peut entraîner l'indifférence ou même le mépris, tandis que les difficultés peuvent renforcer l'amour. Il met en garde contre l'inconstance du cœur humain, qui peut être facilement attiré par la nouveauté. Le texte aborde aussi la question de la moralité en amour. Il affirme qu'il est excusable d'être esclave de sa passion, mais inacceptable de commettre des lâchetés ou des crimes pour elle. Il souligne l'importance de la complaisance dans les relations, tout en la bornant par les règles du devoir et de l'honneur. Enfin, le texte relate une anecdote sur un homme mourant qui montre plus d'amitié pour l'ami dont il éloigne la présence pour éviter de l'affliger. Cette anecdote illustre la profondeur des sentiments et la considération pour autrui, même dans les moments les plus difficiles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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53
p. 94-95
VI.
Début :
C'est donc en vain, Philis, que pour vous je soûpire, [...]
Mots clefs :
Amour, Martyre, Cerise, Douceur, Amants
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : VI.
VI.
Le mefme.
C'estdonc en vain, Philis, que pour
vous je foûpire,
Et qu'apres millefoin pour gagner voftre
amour,
Je me vois, comme au premier jour,
Réduit à fouffrir le martyre?
du Mercure Galant,
95
Fefpérois que le temps auroit pû vous
toucher,
Et que ma paffion, mon zéle & ma franchife,
Pourroient chez vous eftrede miſe,
Aforce de vous rechercher;
Mais las! femblable à la Ceriſe ,
Vous avez un coeur de Rocher.
A voir l'extérieur, rien ne paroift plus
tendre:
Vousfçavez déguiſer des mieux,
Enfaisant paroiftre à nos yeux
Une aimable douceur dont vous pourriez
Surprendre
D'entre tous les Amans , le plus ingé
nieux.
Pour moy, las de n'avoirpour toute récompenfe,
Que quelques doux regards, meflez d'indiférence,
લે
Je renonce, Philis, à vousfaire la cour,
Pour chercheroù je puis mieux placer mon
amour..
Le mefme .
Le mefme.
C'estdonc en vain, Philis, que pour
vous je foûpire,
Et qu'apres millefoin pour gagner voftre
amour,
Je me vois, comme au premier jour,
Réduit à fouffrir le martyre?
du Mercure Galant,
95
Fefpérois que le temps auroit pû vous
toucher,
Et que ma paffion, mon zéle & ma franchife,
Pourroient chez vous eftrede miſe,
Aforce de vous rechercher;
Mais las! femblable à la Ceriſe ,
Vous avez un coeur de Rocher.
A voir l'extérieur, rien ne paroift plus
tendre:
Vousfçavez déguiſer des mieux,
Enfaisant paroiftre à nos yeux
Une aimable douceur dont vous pourriez
Surprendre
D'entre tous les Amans , le plus ingé
nieux.
Pour moy, las de n'avoirpour toute récompenfe,
Que quelques doux regards, meflez d'indiférence,
લે
Je renonce, Philis, à vousfaire la cour,
Pour chercheroù je puis mieux placer mon
amour..
Le mefme .
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Résumé : VI.
Un poème exprime la douleur de l'auteur face à l'indifférence de Philis. Malgré ses efforts, il souffre et compare son cœur à un rocher. Philis dissimule sa véritable nature sous une douceur trompeuse. L'auteur décide de renoncer à sa cour et de chercher un amour réciproque.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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54
p. 99-100
XI.
Début :
Amis, que nostre joye éclate, [...]
Mots clefs :
Joie, Amour, Vigne, Cerise, Attraits
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texteReconnaissance textuelle : XI.
XI.
AMis,que noftre joye éclate,
Que noftrefoye enfin de plaifirfe d late,
Pour folemnifer l'heureuxjour
Dans lequel le Seigneur Mercure
Nous vient donner de fon amour
Unedes marques la pluspure.
Ce Dien, quifait tres bien que pour entretenir
L'amitié qui nousfait unir,
Il nous faut lefecours de la Liqueur Bachique,
Luy -mefmefe donne lesfoins
De fatisfaire à nos befoins
Avec un air tout magnifique.
Il veut nous apporter des Cieux
Une Vigne quiporte un Fruit délicieux,
Un Raifin dont le grain cauſe de laſurprife,
Poureftre quatre fois plus gros qu'une
Cerife ,
100
Extraordinaire
Propre à faire du Vin d'un gouft fortfucculent,
Et de beaucoup plus excellent
Que tous ceux que l'on boit, & d'Espagne
& de France.
Puis donc que c'est l'unique attrait
Qui de nousbien unirfemble avoir le fecret,
Marguons-en à ce Dien noftre reconnoif
Sance,
Par une ample réjouiſſance.
LA PETITE ASSEMBLEE A
du Havre.
AMis,que noftre joye éclate,
Que noftrefoye enfin de plaifirfe d late,
Pour folemnifer l'heureuxjour
Dans lequel le Seigneur Mercure
Nous vient donner de fon amour
Unedes marques la pluspure.
Ce Dien, quifait tres bien que pour entretenir
L'amitié qui nousfait unir,
Il nous faut lefecours de la Liqueur Bachique,
Luy -mefmefe donne lesfoins
De fatisfaire à nos befoins
Avec un air tout magnifique.
Il veut nous apporter des Cieux
Une Vigne quiporte un Fruit délicieux,
Un Raifin dont le grain cauſe de laſurprife,
Poureftre quatre fois plus gros qu'une
Cerife ,
100
Extraordinaire
Propre à faire du Vin d'un gouft fortfucculent,
Et de beaucoup plus excellent
Que tous ceux que l'on boit, & d'Espagne
& de France.
Puis donc que c'est l'unique attrait
Qui de nousbien unirfemble avoir le fecret,
Marguons-en à ce Dien noftre reconnoif
Sance,
Par une ample réjouiſſance.
LA PETITE ASSEMBLEE A
du Havre.
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Résumé : XI.
Un groupe d'amis célèbre un événement heureux en rendant hommage à Mercure, le dieu de l'amour et de l'amitié. Mercure leur offre un raisin exceptionnel, quatre fois plus gros qu'une cerise, capable de produire un vin supérieur à ceux d'Espagne et de France. Ils organisent une réjouissance pour reconnaître ce don.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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55
p. 157-163
SENTIMENS SUR TOUTES LES QUESTIONS PROPOSEES DANS LE DERNIER EXTRAORDINAIRE.
Début :
Quelle fortune est la plus satisfaisante en Amour, celle d'un Amant dont [...]
Mots clefs :
Sentiments, Fortune, Amant, Bonheur, Beauté, Martyre, Plaisirs, Larmes, Amour, Liberté, Voeux, Passion, Coeur, Agonie, Raison, Amitié
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SENTIMENS SUR TOUTES LES QUESTIONS PROPOSEES DANS LE DERNIER EXTRAORDINAIRE.
SENTIMENS
SUR TOUTES LES QUESTIONS
PROPOSEES DANS LE DERNIER
EXTRAORDINAIRE.
QUELLE FORTUNE EST
la plus fatisfaifante en Amour,
celle d'un Amant dont les foins
font receus d'abord agreablement
, & prefque auffi toft re.
compenfez , ou le bonheur de
celuy qui apres avoir aimé
quelque temps fans efpérance ,
trouve enfin le coeur de fa
Maiftreffe fenfible .
Lo
Ors que dans l'Amoureux Empire
Sans efpoir un Amant foûpire,
Et qu'enfin la Beauté qu'il aime tendrement
158
Extraordinaire
Paroiftfenfible à fon martyre,
Pour ce tendre & fidelle Amant
C'eft fans doute un plaifir charmant.
Cependant, ma chere Sylvie,
Ilne flatte point mon envies
Unplaifir en Amour trop long- temps
attendu
N'a pour moy que defoibles charmes ,
Je ne puis m'empêcher de fonger qu'il
m'eft dû
Apres de longs ennuis , des foûpirs, &.
des larmes.
Je commence à fentirpour vous
Tout ce qu'Amour a de plus doux,
Fen reffens en un mot toute la violence;
Si vous voulez de bonne intelligence
Me donner un plaifir divin,
C'eft de m'entémoigner voftre reconnoiffance
Aujourd'huyplûtoft que demain.
du Mercure Galant. 159
Si l'entiere liberté de le voir peut
long-temps entretenir l'Amour
dans toute fa force,
Quandje voyois Philis à toute heure
- Pour luy parlerde mon amour,
Rien ne s'oppofoit à ma flâme,
Je la voyoisfacilement,
Mais auffifentois-je en mon ame
Que c'eftoitfans empreſſement,
Et que l'amour que cette Belle
Avoitfçu m'inspirer pour elle,
Diminuoit fenfiblement.
Aujourd'huy c'est toute autre chofe,
Tout fait obftacle à mes plaifirs,
Et plus je reconnois qu'à mes voeux l'on
s'oppoſe,
Plus je fens croiftre mes defirs .
Un Amant eft bafty d'une certaine forte,
Qu'ilnepeut long-temps vivre enpaixi
Le trouble a pour luy tant d'attraits,
Qu'il rendfa paffion plusforte.
160 Extraordinaire
Il ne peut goufter la douceur
D'un bien qu'il poffe defans peine ;
Ilfaut qu'ilfoit traversé dans fa chaine,
Pour qu'il enfaffe fon bonheur.
Enfin je connois par moy-mefme,
Qu'un Amant dansfes fers vent eftre inquieté,
Et qu'il n'auroit jamais une conftance extréme
Parmy trop de tranquilité.
Si un honneſte Homme eft excufable
, d'eftre affez Efclave
de fa paffion pour continuer
d'aimér une Perfonne qui le
pouffe à faire une lâcheté.
J
Aime Philis de tout mon coeur,
Enfin autant qu'elle eſt aimable;
Mais malgré toute mon ardeur,
Je ne croiray jamais que jefuffe excufable,
Sipour tousfes appas je perdois mon bonneur.
Cetteperte eftindubitable
du Mercure Galant. 1611
Enfaifant une lâcheté,
Et qui plus eft, irréparable;
Ce n'eft pascomme une Beauté.
Je n'ay qu'un honneur en partage,
Des Maiftreffes, vingt ſi je veuxs :
Ainfi , lors que Philism'engage
A le perdre pourfesbeaux yeux,
Je ne puis, je croy , faire mieux,
Que de me titer d'esclavage.
Un Homme en mourant a deux
Amis auprés de luy , il en fait
retirer un parce que fa préfence
l'afflige , & il fait demeurer
l'autre , par ce que
préfence le confole . On demande
lequel il aime davantage.
J E ſuppoſe eſtre à l'agonie,
Car, Dieu-mercy, je mefens pleinde
vie;
Si j'eftois dans un bon Repas,
Q. de Fanvier 1685,
fa
162 Extraordinaire-
1
Ou-bien auprés de ma Sylvie,
Sans doute Lapétit ne me manqueroit pass
Enfin je ne croy point aller fi- teft là- bas.
Selon l'ordre de la Nature
Je franchirois trop vite un fi dangereux
Pas;
Mais toutes ces raisons ne me font rien.
conclure.
Ilfaut que je pofe le cas
Que la Parque me tend les bras ,
(O Ciel, quelle horrible figure! )
Et que deux bons Amis , Damon, & Licidas,
Sont les triftes Témoins dù tourment quej'endure.
Dans une telle occafion ·
Faygrand befoin de confolation,
Et quipeut m'en donner, m'obliges
C'eft Damon Licidas m'afflige,.
;
Lors que je n'ay déja que trop d'affliction.
Ainfi dans cet étatfunefte
Je lefais retirer, & l'autre feul me refte,.
L'en aimay-je mieux pour cela?
La Queftion eft difficiles
du Mercure Galant: 163
Je ne lefais demeurer là,
Que parce qu'il me femble utile .
Mon coeur pour Licidas s'intéreſſe plus
fort,
Jefens une Amitiéplus belle & plus conftante;
Et lors que je veux qu'il s'abfente,
C'est quedu coup tout preft à me donner la
mort
Je crains trop qu'il neſe reſſente.
DIEREVILLE
SUR TOUTES LES QUESTIONS
PROPOSEES DANS LE DERNIER
EXTRAORDINAIRE.
QUELLE FORTUNE EST
la plus fatisfaifante en Amour,
celle d'un Amant dont les foins
font receus d'abord agreablement
, & prefque auffi toft re.
compenfez , ou le bonheur de
celuy qui apres avoir aimé
quelque temps fans efpérance ,
trouve enfin le coeur de fa
Maiftreffe fenfible .
Lo
Ors que dans l'Amoureux Empire
Sans efpoir un Amant foûpire,
Et qu'enfin la Beauté qu'il aime tendrement
158
Extraordinaire
Paroiftfenfible à fon martyre,
Pour ce tendre & fidelle Amant
C'eft fans doute un plaifir charmant.
Cependant, ma chere Sylvie,
Ilne flatte point mon envies
Unplaifir en Amour trop long- temps
attendu
N'a pour moy que defoibles charmes ,
Je ne puis m'empêcher de fonger qu'il
m'eft dû
Apres de longs ennuis , des foûpirs, &.
des larmes.
Je commence à fentirpour vous
Tout ce qu'Amour a de plus doux,
Fen reffens en un mot toute la violence;
Si vous voulez de bonne intelligence
Me donner un plaifir divin,
C'eft de m'entémoigner voftre reconnoiffance
Aujourd'huyplûtoft que demain.
du Mercure Galant. 159
Si l'entiere liberté de le voir peut
long-temps entretenir l'Amour
dans toute fa force,
Quandje voyois Philis à toute heure
- Pour luy parlerde mon amour,
Rien ne s'oppofoit à ma flâme,
Je la voyoisfacilement,
Mais auffifentois-je en mon ame
Que c'eftoitfans empreſſement,
Et que l'amour que cette Belle
Avoitfçu m'inspirer pour elle,
Diminuoit fenfiblement.
Aujourd'huy c'est toute autre chofe,
Tout fait obftacle à mes plaifirs,
Et plus je reconnois qu'à mes voeux l'on
s'oppoſe,
Plus je fens croiftre mes defirs .
Un Amant eft bafty d'une certaine forte,
Qu'ilnepeut long-temps vivre enpaixi
Le trouble a pour luy tant d'attraits,
Qu'il rendfa paffion plusforte.
160 Extraordinaire
Il ne peut goufter la douceur
D'un bien qu'il poffe defans peine ;
Ilfaut qu'ilfoit traversé dans fa chaine,
Pour qu'il enfaffe fon bonheur.
Enfin je connois par moy-mefme,
Qu'un Amant dansfes fers vent eftre inquieté,
Et qu'il n'auroit jamais une conftance extréme
Parmy trop de tranquilité.
Si un honneſte Homme eft excufable
, d'eftre affez Efclave
de fa paffion pour continuer
d'aimér une Perfonne qui le
pouffe à faire une lâcheté.
J
Aime Philis de tout mon coeur,
Enfin autant qu'elle eſt aimable;
Mais malgré toute mon ardeur,
Je ne croiray jamais que jefuffe excufable,
Sipour tousfes appas je perdois mon bonneur.
Cetteperte eftindubitable
du Mercure Galant. 1611
Enfaifant une lâcheté,
Et qui plus eft, irréparable;
Ce n'eft pascomme une Beauté.
Je n'ay qu'un honneur en partage,
Des Maiftreffes, vingt ſi je veuxs :
Ainfi , lors que Philism'engage
A le perdre pourfesbeaux yeux,
Je ne puis, je croy , faire mieux,
Que de me titer d'esclavage.
Un Homme en mourant a deux
Amis auprés de luy , il en fait
retirer un parce que fa préfence
l'afflige , & il fait demeurer
l'autre , par ce que
préfence le confole . On demande
lequel il aime davantage.
J E ſuppoſe eſtre à l'agonie,
Car, Dieu-mercy, je mefens pleinde
vie;
Si j'eftois dans un bon Repas,
Q. de Fanvier 1685,
fa
162 Extraordinaire-
1
Ou-bien auprés de ma Sylvie,
Sans doute Lapétit ne me manqueroit pass
Enfin je ne croy point aller fi- teft là- bas.
Selon l'ordre de la Nature
Je franchirois trop vite un fi dangereux
Pas;
Mais toutes ces raisons ne me font rien.
conclure.
Ilfaut que je pofe le cas
Que la Parque me tend les bras ,
(O Ciel, quelle horrible figure! )
Et que deux bons Amis , Damon, & Licidas,
Sont les triftes Témoins dù tourment quej'endure.
Dans une telle occafion ·
Faygrand befoin de confolation,
Et quipeut m'en donner, m'obliges
C'eft Damon Licidas m'afflige,.
;
Lors que je n'ay déja que trop d'affliction.
Ainfi dans cet étatfunefte
Je lefais retirer, & l'autre feul me refte,.
L'en aimay-je mieux pour cela?
La Queftion eft difficiles
du Mercure Galant: 163
Je ne lefais demeurer là,
Que parce qu'il me femble utile .
Mon coeur pour Licidas s'intéreſſe plus
fort,
Jefens une Amitiéplus belle & plus conftante;
Et lors que je veux qu'il s'abfente,
C'est quedu coup tout preft à me donner la
mort
Je crains trop qu'il neſe reſſente.
DIEREVILLE
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Résumé : SENTIMENS SUR TOUTES LES QUESTIONS PROPOSEES DANS LE DERNIER EXTRAORDINAIRE.
Le texte, extrait du Mercure Galant de 1685, explore divers sentiments amoureux et dilemmes moraux. L'auteur compare deux types de bonheur en amour : celui d'un amant dont les désirs sont immédiatement satisfaits et celui qui, après avoir aimé sans espoir, voit finalement son amour réciproque. Il préfère le bonheur immédiat, trouvant peu d'attrait à un amour longuement attendu. L'auteur évoque ensuite sa relation avec Sylvie, exprimant son désir de voir sa reconnaissance sans délai. Il compare cette situation à son amour pour Philis, qu'il voyait librement mais sans empressement, contrairement à maintenant où les obstacles augmentent ses désirs. Il réfléchit sur la nature de l'amour, affirmant qu'un amant est troublé et que la passion est plus forte lorsqu'elle est contrariée. Il se demande si un homme est excusable de sacrifier son honneur pour l'amour, concluant qu'il ne le serait pas. Enfin, l'auteur utilise une métaphore de la mort pour illustrer la difficulté de choisir entre deux amis en fin de vie, soulignant que son cœur s'intéresse davantage à Licidas, malgré la présence de Damon. Il conclut que son choix est dicté par l'utilité et la crainte de blesser Licidas.
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56
p. 164-165
I.
Début :
Ce Reptile obligeant, qui plus tortu qu'un Cierge, [...]
Mots clefs :
Vigne vierge, Saison, Amour, Beauté
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : I.
I.
CE Reptile obligeant, qui plus tortu
qu'un Cierge,
S'éleve en ferpentant en cent & centfaçons,
Qui de virginité nous donne des leçons ,
N'eft autre à mon avis , que vous, ô Vigne
Vierge.
**
Vous nous donnez du frais, voftre beauté
nous cache
D'un Mur défectueux l'importune laideur;
Mais avec tout cela vous avez le malheur-
Quel'on vous soupçonne d'attache .
+3
Dans la rude Saifon quifaitfouflerBorée,
Et quides Aquilonsfait fentir la rigueur,
Vous féchez , vous mourez, mais dans
voftre langueur
De diverfes couleurs nous vous voyons
parée.
du Mercure Galant. 165
$3
Pour voftre Saur & vous nous avons de
l'amour,
Il n'en faut point douter : mais plus groffe
eftfa Cour,
Etplus d'Adorateurs luy confacrent leurs
larmes,
Fufque-là qu'on la fuit & révére partout,
Car les yeux feuls en vous rencontrent
quelques charmes,
Pendant qu'elle contente & les yeux & le
goust..
L. BOUCHET , Ancien Curés
de Nogent-le-Roy.
CE Reptile obligeant, qui plus tortu
qu'un Cierge,
S'éleve en ferpentant en cent & centfaçons,
Qui de virginité nous donne des leçons ,
N'eft autre à mon avis , que vous, ô Vigne
Vierge.
**
Vous nous donnez du frais, voftre beauté
nous cache
D'un Mur défectueux l'importune laideur;
Mais avec tout cela vous avez le malheur-
Quel'on vous soupçonne d'attache .
+3
Dans la rude Saifon quifaitfouflerBorée,
Et quides Aquilonsfait fentir la rigueur,
Vous féchez , vous mourez, mais dans
voftre langueur
De diverfes couleurs nous vous voyons
parée.
du Mercure Galant. 165
$3
Pour voftre Saur & vous nous avons de
l'amour,
Il n'en faut point douter : mais plus groffe
eftfa Cour,
Etplus d'Adorateurs luy confacrent leurs
larmes,
Fufque-là qu'on la fuit & révére partout,
Car les yeux feuls en vous rencontrent
quelques charmes,
Pendant qu'elle contente & les yeux & le
goust..
L. BOUCHET , Ancien Curés
de Nogent-le-Roy.
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Résumé : I.
Le poème de L. Bouchet, ancien curé de Nogent-le-Roy, extrait du Mercure Galant de 1655, célèbre la vigne comme un reptile obligeant et tortueux. La vigne offre des leçons de virginité et de fraîcheur, masquant la laideur des murs. Elle se pare de couleurs en automne. L'auteur exprime son amour pour la vigne et son saule, apprécié pour ses charmes visuels et gustatifs.
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57
p. 167-168
V.
Début :
Je suis jeunette & délicate, [...]
Mots clefs :
Beauté, Coeur, Printemps, Amour, Douceur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : V.
V...
of
Efuis jeunette & délicate,
Ma beauté mefait rechercher;
Et quoy que mon teint vif éclate,
Fay pourtant le coeur de Rocher .
03
Maispour ma beauté naturelle ·
Je n'affecte point le Printemps ;
Je fuis toujours aimable & belle,.
Je rends mille coeurs mé- contens .
**
Apres moy pourtant tout foûpire,
Et les plus grands me font la cour;..
divers Amansj'attire,
Je n'ay cependant point d'amours
Bien
que
Avecque ma douceur charmante,
Et toute contraire à mon coeur,
Fefuis extrémement galante,
Et toujours de tres-belle humeur.
સ
Que la Griote déguisée-
Couronne lafin du Repas ,
168 Extraordinaire
Elle eft quelquefois mépriſée ,
Maisde moy toûjours onfait cas .
Mademoiſelle de Grands- Prez,
on
La Belle Infenfible de la Cité..
of
Efuis jeunette & délicate,
Ma beauté mefait rechercher;
Et quoy que mon teint vif éclate,
Fay pourtant le coeur de Rocher .
03
Maispour ma beauté naturelle ·
Je n'affecte point le Printemps ;
Je fuis toujours aimable & belle,.
Je rends mille coeurs mé- contens .
**
Apres moy pourtant tout foûpire,
Et les plus grands me font la cour;..
divers Amansj'attire,
Je n'ay cependant point d'amours
Bien
que
Avecque ma douceur charmante,
Et toute contraire à mon coeur,
Fefuis extrémement galante,
Et toujours de tres-belle humeur.
સ
Que la Griote déguisée-
Couronne lafin du Repas ,
168 Extraordinaire
Elle eft quelquefois mépriſée ,
Maisde moy toûjours onfait cas .
Mademoiſelle de Grands- Prez,
on
La Belle Infenfible de la Cité..
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Résumé : V.
Le texte décrit une jeune femme délicate et belle, surnommée 'La Belle Infénissable de la Cité'. Son teint vif et sa douceur attirent de nombreuses avances, mais elle reste insensible et indépendante des saisons. Elle est comparée à une griotte, appréciée malgré le mépris initial. Son cœur est qualifié de 'Rocher', rendant 'mille cœurs mécontents'.
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58
p. 168-169
AUX NIMPHES ENJOUÉES CLIONE ET ROSELINDE.
Début :
Le Rival du Charbonnier de Rheims a expliqué la premiere Enigme / Belles Nymphes que je revere, [...]
Mots clefs :
Énigmes, Explications, Nymphes, Amour, Bandeau, Mots
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUX NIMPHES ENJOUÉES CLIONE ET ROSELINDE.
LeRivaldu Charbonnier de Rheims
expliqué la premiere Enigme de
Ianvier fur le Bandeau. Quoy que ·
ce n'en foitpas le vrayfens , le Ma.
drigal qu'il a fait fur ce mot, mérite
bien que vous le voyiez..
AUX NIMPHES ENJOUE'ES
CLIONE ET ROSELINDE .
B
Elles Nymphes que je revere,
Il valoit mieux fans vous déplaire,.
Prendre à l'Amour & Carquois &.
Flambeau,
Que de luy prendre fon Bandeau.
Pourquoy, me direz - vous ? Pourquoy?
voicy l'Affaire..
Sil
du Mercure Galant . 169
S'ilmettoit tout enfeu, quand il ne voyoit
pas,
Et s'il faifoit avec fes Flèches
A maints coeurs mille & mille bréches,
Vous allez voir un beaufracas .
Si vous enfentez quelque chofe,
Nevous en plaignez pas , vous en eftes la
cauſe.
Le mefme a expliqué ainfi lafeconde
farles Mots. C'eftoitfon vrayfens.
Eriez- vous fipeu charitable,
Philis, que de laiffer mourir.
Unpauvre Miférable
Que vous pouvez guérir?
C'est ce qu'affurément vous ne voudrez
pasfaire.
Pour me retirer du trépas ,
Trois petits Motsferont l'affaire,
Toft, dites- les.... Vous ne lesfçavez pas?.
Ecoutez-moy, dites de mefme,
Je vous aime, Philis, dites donc, Je vous
aime.
expliqué la premiere Enigme de
Ianvier fur le Bandeau. Quoy que ·
ce n'en foitpas le vrayfens , le Ma.
drigal qu'il a fait fur ce mot, mérite
bien que vous le voyiez..
AUX NIMPHES ENJOUE'ES
CLIONE ET ROSELINDE .
B
Elles Nymphes que je revere,
Il valoit mieux fans vous déplaire,.
Prendre à l'Amour & Carquois &.
Flambeau,
Que de luy prendre fon Bandeau.
Pourquoy, me direz - vous ? Pourquoy?
voicy l'Affaire..
Sil
du Mercure Galant . 169
S'ilmettoit tout enfeu, quand il ne voyoit
pas,
Et s'il faifoit avec fes Flèches
A maints coeurs mille & mille bréches,
Vous allez voir un beaufracas .
Si vous enfentez quelque chofe,
Nevous en plaignez pas , vous en eftes la
cauſe.
Le mefme a expliqué ainfi lafeconde
farles Mots. C'eftoitfon vrayfens.
Eriez- vous fipeu charitable,
Philis, que de laiffer mourir.
Unpauvre Miférable
Que vous pouvez guérir?
C'est ce qu'affurément vous ne voudrez
pasfaire.
Pour me retirer du trépas ,
Trois petits Motsferont l'affaire,
Toft, dites- les.... Vous ne lesfçavez pas?.
Ecoutez-moy, dites de mefme,
Je vous aime, Philis, dites donc, Je vous
aime.
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Résumé : AUX NIMPHES ENJOUÉES CLIONE ET ROSELINDE.
Le texte du 'Mercure Galant' de janvier présente deux énigmes poétiques. La première, adressée aux nymphes Clione et Roselinde, traite des attributs d'Amour. Le poème suggère de préférer le carquois et le flambeau d'Amour à son bandeau, et met en garde contre les conséquences de l'amour, comparant ses flèches à des blessures dans les cœurs. La seconde énigme raconte qu'un individu demande à Philis de prononcer trois mots pour éviter la mort. Ces mots sont 'Je vous aime', soulignant leur importance cruciale pour échapper au trépas.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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59
p. 183-189
A CEPHISE, STANCES.
Début :
Que par tout on en devise, [...]
Mots clefs :
Céphise, Chien, Maître, Beauté, Parents, Poils, Tendresse, Basset, Amour, Infidélité, Imprudence , Honnêteté, Bonheur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A CEPHISE, STANCES.
A
CEPHISE )
STANCES.
Qu'ons'enfalleun Entretien,
Ve par tout on en devise,
Souffrez, charmante Cephife,
Que je vous offre mon Chien.
3
Quelque doux quefoit un Maistre,
Ce Chien n'en fçauroitfouffrir;
Auffiquand je levis naiftre,
Je fisvændevous l'offrir.
184
Extraordinaire
**
Rare Beauté qu'on admire,
Avant qu'il vousfoit donné,
Vous voudrez entendre dire,
De quels Parens il est né.
*3
Trois Chiens d'un air tout aimable
Brûlérent des mefmesfeux,
Et la Mere affez traitable
Les rendit tous trois heureux .
*33
D'affurer quelfut le Pere,
Je furprendreis voftrefoy;
Daignez confulter la Mere,
Elle lefçait mieux que moy.
$ 3
Cette Mere eft defcenduë
D'une affez bonne Maiſon,
Etfa Race eft répanduë
Par tout dans cette Prifon.
03
Vouspouvez bien la connoiftre ,
Elle eft d'un poil blanc & noir,
Et mefme de la Fenestre
Souvent vous l'aurez pú voir.
da Mercure Galant. 185
Sij'avois de la mémoire,
Je pourrois vous repéter
Toutefa petite hiftoire,
Comme on me l'afçû conter.
3
Désfa plus tendre jeuneffe
Un Baffet remply d'ardeur
Luy déclarafa tendreffe,
Et fut fon Adorateur.
SE
Mais elle déja Coquette,
Apres l'avoirfçu charmer;
Se moquade fa fleurette,
Et ne voulut point l'aimer.
Elle auroit pú vivre heureuſe:
En gardantfaliberté,
Mais une atteinte amoureuſe
Troublafa tranquilité..
#3
Fier Amour, que tu difpofes
Souverainement de nous,
Et que nousfaifons de chofes
Quandnousreffentons tes coups!!
186 Extraordinaire
03
Un Epagneul teméraire,
Et des plus entreprenans,
Sçût fi bien l'art de luy plaire,,
Qu'il en remportales Ġans.
: 00
Comme il s'en rendit le maistre
Avecquefacilité,
D'abord il luy fit paroiftre
Beaucoup de legeretés mit A
$3
Unepente naturelle
Qu'il avoit au changement,,
D'une Maiftreffe nouvelle
Le fit devenir l'Amant.
Elle, d'un airtrifte & blêmes
Par des regrets fuperflus.
Témoignafon deuil extrême-
De ce qu'il ne l'aimoit plus.
Elle en eftoit attendrie,
Elle n'aimoit que luyſeul,
Et penfa perdre la vie,
De perdrefon Epagneul
du Mercure Galant . 187
Qu'une aimable résistance
Eft néceffaire aux plaiſirs,
Etque par la jouiffance
On voit ceffer de defirs!
Ony, dans lefiécle où noussommes,
Dés qu'onfinit leur tourment,
Les Chiens femblables auxHommesɔɔ
Changent plutoft que le vent..
M
Fe nefusjamais de mefme
Infidellé ny leger,
Etje nefçay, lors que j'aime, ‚`-
Ce quec'eft que de changer.
Depuis ce trait de Volage
Que luyfit ce petit Chien,
Ellefut trois mois fi fage,
Qu'on vitqu'elle n'aimoit riene.
Enfin ellefut féduite,
Et par des difcours flateurs
Elle manqua de conduite,
Et prodiguafesfaveurs..
188 Extraordinaire
Comme elle faifoit paroiftre
Publiquement fon ardeur,
On ceffade la connoiftre
Pour une Chienne d'honneur.
Peut- eftre qu'enfon bas âge:
Elle ne connoiffoit pas
Que d'un grand libertinage:
Ilfaut éviter le pas..
On luy fit des remontrances:
Dans cet abandonnement,
De perdre les apparences
Qu'ondoitgarder en aimant..
On luy dit qu'eftant aimées,
Il falloit entretenir
L'éclat defa renommée,
Etme jamais le ternir:
Que l'imprudente Feuneffe-
Le plus fouvent nefe perd
Qu'enfaisant voirfafoibleffe
Un peu trop à découvert..
du Mercure Galant. 189
СУЛ
Depuis cet avis honnefte
Qu'elle imprima dans fon coeur,
La pauvre petite Befte
N'accordaplus defaveur.
RA
A la fin d'elle nâquirent
Quatre Chiens quon admiras :
Les Curieux qui les virent
Inclinoient pour celuy- là..
Ainfi je vous le préſente;
Ileft charmant, il eft doux.
Que fa fortune eft charmantes,
S'il eft careffe de vous!
De vous, l'oferay-je-croire,
Qui n'aimâtes jamais rien?
Quelbonheur & quelle gloire!
Pourquoy ne fuis-je pas Chien?
CEPHISE )
STANCES.
Qu'ons'enfalleun Entretien,
Ve par tout on en devise,
Souffrez, charmante Cephife,
Que je vous offre mon Chien.
3
Quelque doux quefoit un Maistre,
Ce Chien n'en fçauroitfouffrir;
Auffiquand je levis naiftre,
Je fisvændevous l'offrir.
184
Extraordinaire
**
Rare Beauté qu'on admire,
Avant qu'il vousfoit donné,
Vous voudrez entendre dire,
De quels Parens il est né.
*3
Trois Chiens d'un air tout aimable
Brûlérent des mefmesfeux,
Et la Mere affez traitable
Les rendit tous trois heureux .
*33
D'affurer quelfut le Pere,
Je furprendreis voftrefoy;
Daignez confulter la Mere,
Elle lefçait mieux que moy.
$ 3
Cette Mere eft defcenduë
D'une affez bonne Maiſon,
Etfa Race eft répanduë
Par tout dans cette Prifon.
03
Vouspouvez bien la connoiftre ,
Elle eft d'un poil blanc & noir,
Et mefme de la Fenestre
Souvent vous l'aurez pú voir.
da Mercure Galant. 185
Sij'avois de la mémoire,
Je pourrois vous repéter
Toutefa petite hiftoire,
Comme on me l'afçû conter.
3
Désfa plus tendre jeuneffe
Un Baffet remply d'ardeur
Luy déclarafa tendreffe,
Et fut fon Adorateur.
SE
Mais elle déja Coquette,
Apres l'avoirfçu charmer;
Se moquade fa fleurette,
Et ne voulut point l'aimer.
Elle auroit pú vivre heureuſe:
En gardantfaliberté,
Mais une atteinte amoureuſe
Troublafa tranquilité..
#3
Fier Amour, que tu difpofes
Souverainement de nous,
Et que nousfaifons de chofes
Quandnousreffentons tes coups!!
186 Extraordinaire
03
Un Epagneul teméraire,
Et des plus entreprenans,
Sçût fi bien l'art de luy plaire,,
Qu'il en remportales Ġans.
: 00
Comme il s'en rendit le maistre
Avecquefacilité,
D'abord il luy fit paroiftre
Beaucoup de legeretés mit A
$3
Unepente naturelle
Qu'il avoit au changement,,
D'une Maiftreffe nouvelle
Le fit devenir l'Amant.
Elle, d'un airtrifte & blêmes
Par des regrets fuperflus.
Témoignafon deuil extrême-
De ce qu'il ne l'aimoit plus.
Elle en eftoit attendrie,
Elle n'aimoit que luyſeul,
Et penfa perdre la vie,
De perdrefon Epagneul
du Mercure Galant . 187
Qu'une aimable résistance
Eft néceffaire aux plaiſirs,
Etque par la jouiffance
On voit ceffer de defirs!
Ony, dans lefiécle où noussommes,
Dés qu'onfinit leur tourment,
Les Chiens femblables auxHommesɔɔ
Changent plutoft que le vent..
M
Fe nefusjamais de mefme
Infidellé ny leger,
Etje nefçay, lors que j'aime, ‚`-
Ce quec'eft que de changer.
Depuis ce trait de Volage
Que luyfit ce petit Chien,
Ellefut trois mois fi fage,
Qu'on vitqu'elle n'aimoit riene.
Enfin ellefut féduite,
Et par des difcours flateurs
Elle manqua de conduite,
Et prodiguafesfaveurs..
188 Extraordinaire
Comme elle faifoit paroiftre
Publiquement fon ardeur,
On ceffade la connoiftre
Pour une Chienne d'honneur.
Peut- eftre qu'enfon bas âge:
Elle ne connoiffoit pas
Que d'un grand libertinage:
Ilfaut éviter le pas..
On luy fit des remontrances:
Dans cet abandonnement,
De perdre les apparences
Qu'ondoitgarder en aimant..
On luy dit qu'eftant aimées,
Il falloit entretenir
L'éclat defa renommée,
Etme jamais le ternir:
Que l'imprudente Feuneffe-
Le plus fouvent nefe perd
Qu'enfaisant voirfafoibleffe
Un peu trop à découvert..
du Mercure Galant. 189
СУЛ
Depuis cet avis honnefte
Qu'elle imprima dans fon coeur,
La pauvre petite Befte
N'accordaplus defaveur.
RA
A la fin d'elle nâquirent
Quatre Chiens quon admiras :
Les Curieux qui les virent
Inclinoient pour celuy- là..
Ainfi je vous le préſente;
Ileft charmant, il eft doux.
Que fa fortune eft charmantes,
S'il eft careffe de vous!
De vous, l'oferay-je-croire,
Qui n'aimâtes jamais rien?
Quelbonheur & quelle gloire!
Pourquoy ne fuis-je pas Chien?
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Résumé : A CEPHISE, STANCES.
Le texte est une série de stances dédiées à Cephise, où le narrateur offre un chien à la jeune femme. Il décrit les origines du chien, issu de parents remarquables. La mère, un chien au poil blanc et noir, est connue dans la région. Le père est moins certain, mais le narrateur suggère de consulter la mère pour plus de détails. Le texte raconte ensuite une histoire d'amour entre une jeune chienne et un épagneul. La chienne, d'abord coquette, finit par tomber amoureuse de l'épagneul. Cependant, l'épagneul, volage, la quitte pour une nouvelle maîtresse, laissant la chienne désemparée. Elle finit par se lier avec un autre chien après une période de sagesse. Le narrateur conclut en soulignant l'importance de la résistance dans l'amour et la tendance des chiens, comme des hommes, à changer fréquemment d'affection. Il mentionne que la chienne, après un avis honnête, devient plus prudente et finit par avoir quatre chiots admirables. Le narrateur présente alors le chien offert à Cephise, espérant qu'il sera aimé par elle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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60
p. 189-216
L'AMOUR BIZARRE HISTOIRE VERITABLE.
Début :
Il y a déja quelque temps que l'on m'a mis / L'Amour se plait souvent à faire voir sa bizarrerie aussi [...]
Mots clefs :
Amour, Bizarrerie, Veuve, Qualités, Mariage, Prétendants, Indépendance, Plaisirs de la vie, Fête, Amants, Cavalier, Hasard, Émotions, Jalousie, Honneur, Injustice, Discours, Coeur, Mariage, Amitié
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'AMOUR BIZARRE HISTOIRE VERITABLE.
Ily a déja quelque temps que l'on
m'a mis entre les mains l' Hiftoire dont
je vay vousfaire part . Je la laiffe dans
les mefmestermes que je l'ayreceuë.
190
Extraordinaire
255 :22222 2522 : 2222
L'AMOUR BIZARRE
HISTOIRE VERITABLE.
L
'Amour fe plaift ſouvent ài
faire voir fa bizarrerie auffi
bien que fa puiffance . Dans la
Capitale d'une des meilleures-
Provinces du Royaume , demeu
roit une jeune Veuve , bellë , ri .
che , noble , & mefine qui paf
foit pour fort fpirituelle. Il n'eft
pas difficile de s'imaginer qu'avec
toutes ces bonnes qualitez ,.
elle ne manquoit pas d'Adorateurs.
Elle avoit tous les jours.
chez elle ce qu'on appelle le
beau Monde d'une Ville , & quoy
di Mercure Galant: 1971
qu'elle euft témoigné qu'elle n'avoit
aucune inclination pour un
fecond Mariage , on ne laiffoit
pas neanmoins de luy propofer
toûjours quelque nouveau Par.
ty. La joye qu'elle avoit de fe
voir maîtreffe d'elle- même ,aprés
avoir obeï à un Homme , qu'on
dit qu'elle n'avoit épousé que
pour obeïr à fes Parens , luy avoit
fair prendre la refolution de demeurerVeuvele
refte de fes jours .
Elle ne pouvoir pourtant honneftement
refufer les vifites de ceux
que fon efprit & fa beauté luy
attiroient , mais c'eftoit à condi
rion qu'on ne luy parleroit poin
d'amour , ce qu'on obfervoit fort
malcar il eftoit difficile de la
voir fans l'aimer , & tous les Amans
n'ont pas affez de retenue
192 Extraordinaire
Le pour ne fe point déclarer.
grand deuil eftant paffé , car il y
avoit déja plus d'un an qu'elle
avoit perdu fon Mary , elle commença
à vivre avec un peu plus de
liberté qu'elle n'avoit fait depuis.
fa mort , & entra dans tous ces
petits plaifirs innocens , qui font
l'occupation de la vie . On luy
propofoit tous lesjours de nouvelles
parties de divertiffement,
& comme l'on eftoit alors dans
la faifon du Carnaval , on la fol.-
licita plufieurs fois pourla mener
aux Affemblées qui fe faifoient
chez les Principaux de la Ville,
où aprés les Repas qu'ils fe don
noient les uns aux autres , chacun
à leur tour , on faifoit venir les
Violons , & on paffoit agreable..
ment une partie de la nuit à dan
CCE
du Mercure Galant.
193
fer. Comme elle croyoit qu'elle
ne devoit pas encore prendre
part à ces fortes de plaifirs , elle
s'eftoit toûjours défenduë d'y aller.
Enfin un jour que c'eftoit
à un Frere qu'elle avoit à donner
le regale , fes Amies la follicite
rent fi fortement , & fon Frere
luy fit fi bien comprendre qu'elle
ne blefferoit point fon devoir , &
que cela ne tireroit à aucune
confequence , qu'elle luy promit
de s'y trouver. L'Affemblée fut
ce foir là nombreuſe & magnifique.
Je ne m'arrefteray point à
décrire la fomptuofité du Feftin,
ny la propreté de la Salle où il
fe fit. Il luffit de fçavoir que les
plus délicats fur cette matiere eurent
affez dequoy fe contenter.
Aprés le repas on paffa dans une
2. deJanvier 1685. R
ད
194
Extraordinaire
autre Salle qu'on trouva riche
ment meublée , & éclairée par
une grande quantité de lumieres.
Le Bal commença pour lors , &
pendant que les uns danfoient,
les autres s'entretenoient avec les
Perfonnes qui leur plaifoient le
plus . On fait que c'est là que
les Amans ont droit de fe plaindre
des peines que l'Amour leur
fait fouffrir & que ceux qui
n'ont aucune veritable paffion
pour le beau Sexe , ne laiffènt pas
de vouloir paroiftre amoureux ;
Les Galants en conterent beau
coup , & les Belles furent obli
gées d'en écouter autant. Cependant
il y avoit des Perfonnes
qui fouffroient effectivement , &
a jeune Veuve avoit donné de
'amour à plufieurs qui s'emprefdu
Mercure Galant . 195
C
foient à l'envy l'un de l'autre , de
luy perfuader la forte paffion
qu'ils fentoient pour elle. Elle
lès écoutoit tous indifferemment,
& leur témoignoit que l'Amour
n'auroit jamais aucun pouvoir ſur
fon coeur ; mais il luy fit bientoft
connoiftre qu'on ne le méprife
guere impunément ; car
un jeune Cavalier fort propre
qui n'avoit point efté du repas,
l'eftant venu prendre pour danfer
, elle reffentit à ſon abord ce
certain je ne fçay quoy qui ne fe
peut expliquer. Quand elle fut
revenue à fa place , ce mefme
Cavalier vint le mettre à fes genoux,
& avec un air engageant &
des manieres honneſtes & refpe-
& ueuſes , il luy jura plufieurs fois
qu'il n'avoit jamais veu une plus
Rij
196 Extraordinaire
belle Perfonne . Elle luy répon
doit comme à tous les autres,
quoy qu'elle commençaſt déja
de le confiderer d'une autre maniere.
En effet , on remarqua
qu'elle l'examinoit attentivement
, qu'elle luy addreffoit la
parole plus fouvent qu'aux autres
fur tout ce qui fe paffoit
dans la Salle & mefme un
Homme qui l'aimoit effectivement
beaucoup , ne put s'empef
cher de luy en faire la guerre.
Dans la converfation ce Cavalier
luy dit , que puis qu'il avoit
efté affez heureux de voir une
auffi aimable Perfonne , il luy
demandoit la permiffion d'aller
chez elle luy rendre ce que tout
le monde luy devoit , & l'affeurer
que fa plus grande paffion fedu
Mercure Galant. 197
1
roit d'eftre capable de luy pou
voir rendre quelque fervice. Le
Bal finy , la Compagnie fe fepara
, & la Veuve fortit un peu
émeuë , par la veuë de l'Inconnu
, qui de fon coſté avoit
paru avoir beaucoup de difpofition
à l'aimer. Deux jours aprés
elle fut furpriſe de le voir venir
chez elle . Ils eurent enfemble
un entretien plus, reglé , & apres
avoir parlé de l'occafion de leur
connoiffance , elle s'informa s'it
eftoit de la Province , & par quel
hazard il s'eftoit trouvé à cette
Affemblée . Il répondit à toutes
fes demandes & luy dit qu'il
s'appelloit Lycidas , qu'il demeu
roit ordinairement à une Terre
qu'il avoit à la Campagne , que
quelques affaires d'affez peu de
R iij
Extraordinaire
Conféquence l'avoient attiré à la ·
Ville , mais qu'il s'en faifoit alors
une fort grade d'y demeurer pour
achever de faire connoiffance
avec une Perfonne , à laquelle il
avoit reconnu tant d'efprit &
tant de merite. Ces paroles flatoientagréablement
Cloris , ainfi
s'appelloit la Veuve qui s'eftoit
un peu laiffée toucher par la
bonne mine de Lycidas , & qui
fouhaitoit dans fon coeur que ce
fuft un homme d'une condition
proportionnée à la fienne , car
elle commençoit déja de quiter la
refolution qu'elle fembloit avoir
priſe de demeurer Veuve . Il fit fa
vifite un peu plus longue que ne le
font ordinairement
les premieres ,
& revint la voir dés le lende .
main . Ces deux vifites , & la
GOTHEQUE
TELA
VILLELYON
13
du Mercure Galant.
maniere dont on recevoit
nouveau venu , allarmérent un
peu les foupirans ordinaires . Il
y en eut un entr'autres qu'on appelloit
Alcidon , intime Amy du
Frére de Cloris qui ne put s'empefcher
de luy témoigner qu'il
s'appercevoit qu'elle avoit plus
d'empreffement de voir cét
Homme , que tous ceux qui alloient
chez elle . Comme il l'ai
moit fortement , la jalousie luy
faifoit penetrer jufques dans le
coeur de la Maiftreffe. I luy
avoit fouvent déclaré fa paffion ,
& avoit fait agir fon Frere pour
porter à l'époufer ; mais comla
me elle luy avoit dit qu'elle n'avoit
aucun deffein de fe remarier
, les chofes en eftoient demeurées
là , & Alcidon qui ne
R iiij
200 Extraordinaire
s'eftoit pû défaire de fon amour,
continuoit à la voir tous les jours
affiduëment. Jufques alors Cloris
n'avoit point trouvé ſes viſites
incommodes ; car ne
manquant
pas d'efprit , il fervoit chez elle à
rendre les
converfations plus
agréables ; mais depuis qu'elle
eut connu Lycidas , elle euft fort
fouhaité ne plus voir.que luy.
Ces deux Rivaux fe trouvant
tous les jours enfemble , ne pouvoient
s'empefcher de fe contredire
fur tous les fujets dont on ye.
noit à parler. Ils ne s'accordoient
qu'en une feule chofe , qui
eftoit de trouver Cloris la plus
charmante
Perfonne qu'on puft
voir. Ces petites difputes la chagrinoient
un peu , & comme elle
en apprehendoit
les fuites , elle
du Mercure Galant. 201
voulut un jour entretenir Alcidon
en particulier . Elle l'affeura
plus fortement que jamais , que
fa recherche eftoit inutile ; qu'-
elle avoit pris fa réfolution ; qu'-
elle luy confeilloit de ne plus
perdre tant de temps à venir
chez elle ; & qu'unauffi honnefte
Homme que luy , pouvoit mieux
l'employer auprés d'une autre,
qui auroit peut- eftre plus de difpofition
à reconnoiftre l'honneur
qu'il luy vouloit faire . Vous
pouvez pepfer que ces raifons ne
firent pas grande impreffion fur
l'efprit d'un Homme auffi amoureux
qu'Alcidon . Auffi cut- il
toûjours le mefme empreffement
de la voir. Le difcours qu'elle
luy avoir tenu ne fervit qu'à luy
faire examiner davantage toutes
202 Extraordinaire
4
Sa
fes actions , & il creut remarquer
qu'elle avoit beaucoup plus d'inclination
pour Lycidas , que
pour tous ceux qui la recherchoient
depuis long- temps. En
effet , il ne fe trompoit pas.
bonne mine avoit tellement touché
le coeur de la Veuve , qu'elle
luy avoit déja fait parler de
Mariage , par une Amie qui faci.
litoit le commerce qu'ils avoient
enfemble ; mais il luy avoit fait
dire qu'il avoit alors des raifons
qui l'empefchoient de devenir le
plus heureux Homme du mon
de , en poffedant celle qu'il ai
moit plus que fa vie . Cela ne fit
qu'augmenter l'Amour de la
Veuve , & un jour qu'elle luy
parla elle mefme fur cette matiere
croyant ne pouvoir eftre -•
du Mercure Galant . 203
>
entendue de perfonne , Alcidon
qui eftoit dans l'Antichambre,
& qui par quelques mots de leur
converfation , devina à peu prés
ce que c'eftoit , entra brufquement
dans le lieu où ils eftoient ,
& reprocha à Cloris l'injuftice
qu'elle luy faifoit de luy préferer
un nouveau venu un Homme
qu'elle ne connoiffoit pas , dont
elle ignoroit & les biens & la
naiffance , & il dit mefme quelques
paroles un peu faſcheufes à
Lycidas , qui n'eftant pas accou
tumé à rien fouffrir , luy répondit
auffi un peu aigrement. Ils alloient
s'échauffer , & ils fe feroient dit
peut - eftre quelque chofe de plus
choquant , fans une Dame de
confideration qui arriva affez à
propos. Cette Dame ayant fait
204
Extraordinaire
Alcidon changer le difcours
fortit un peu aprés avec le reffentiment
d'avoir appris que fon
Rival luy eftoit préferé. Il fe
promena quelque temps autour
de la Maiſon de Cloris , comme
pour fonger à ce qu'il avoit à fai
re , & lors qu'il vit fortir Lycidas
, il courut droit à luy , & mettant
l'épée à la main . Tu as eu,
luy dit-il , trop de facilité à ga.
gner le coeur de ta Maiftreffe ,
tu ne l'eftimeras pas affez s'il ne
t'en coûte quelques gouttes de
fang , puis qu'il ne t'en a point
coûté de larmes. Lycidas fe vit
obligé de fe défendre , & on ne
put les feparer fi toft , qu'Alcidon
n'euft déja receu deux coups
d'épée , dont l'on crut alors l'un
qui eftoit au cofté allez dangedu
Mercure Galant. 205
reux , Lycidas prévoyant que ce
combat luy alloit attirer de fâ.
cheufes affaires , dans une Ville
dont les principaux eftoient tous
proches parens d'Alcidon crut
qu'il eftoit à propos d'en fortir.
Il monta à Cheval , aprés avoir
écrit un Billet à Cloris dans le
' quel il s'excufoit de ce qui s'é
toit paffé , fur la neceffité de fe
défendre contre un Homme qui
eftoit venu l'attaquer en furieux,
& la prioit de fe fouvenir de luy ,
l'affeurant qu'il n'aimeroit jamais
perfonne qu'elle . Il fe retira à la
Campagne chez un de fes Amis,
par le moyen duquel il fceut tout
ce qui fe paffoit à la Ville . Dés
le lendemain il donna de fes nouvelles
à fa Veuve , qui avoit paffé
une tres - méchante nuit ; car elle
206 Extraordinaire
il ne vint à
apprehendoit que l'affaire qui
eftoit arrivée éloignant d'elle
fon cher Amant
l'oublier , fa Lettre la remit un
peu. Elle luy fit auffi - toſt réponſe
, & luy apprit que les bleffures
d'Alcidon n'eftoient pas
mortelles , mais qu'il fe tinft toújours
caché , parce qu'on faifoit
des pourfuites contre luy , & qu'
encore que fon affaire ne fuſt
pas fort criminelle de s'eftre défendu
contre un Homme qui
eftoit venu l'attaquer ; neanmoins
comme les parens de fon
Rival eftoient ſes Juges , ils luy
auroient fait garder long- temps
la Priſon . Pendant leur com-
>
merce lors qu'Alcidon eftoit
encore au lit , le Frere de Cloris ,
qui comme j'ay déja dit , eſtoit
du
Mercure Galant. .207
fon intime Amy , alla la trouver,
& aprés luy avoir reproché la
conduite , & le peu d'honneur
qu'elle avoit de s'attacher à un
Homme qu'elle ne connoiffoit
pas , il finit en luy difant qu'il ne
la reverroit jamais , fi elle ne
luy promettoit d'oublier Lycidas
, & d'époufer Alcidon fi - toft
qu'il feroit guery. Ces menaces
Fallarmérent un peu , mais comme
elle croyoit eftre Maiſtreffe
d'elle mefme , elle réfolut d'é
couter toûjours les mouvemens
de fon coeur. On travailloit cependant
au procez de l'Amant
abfent , & elle apprehendoit plus
de le perdre par ce moyen , que
par aucun autre , car le bruit
couroit qu'on le banniroit à jamais
de la Ville . La crainte qu'
208 .
Extraordinaire
elle en eut , & les preffantes fol
licitations de fes Amies qui la
prioient de promettre d'époufer
Alcidon , en luy difant que le
temps pourroit apporter du chan.
gement à fes affaires , jointes à la
paffion qu'elle avoit de revoir ce
qu'elle aimoit le plus au monde,
fut caufe qu'elle promit tout ce
qu'on voulut , mais fans deffein
de tenir parole , à condition
qu'on feroit ceffer toutes fortes
de pourfuites contre Lycidas , &
qu'on le raccommoderoit avec
Alcidon. Quand ce malheureux
Amant eut appris ce qui
avoit efté arrefté , quoy qu'il euft
des raifons fecrettes , & qu'on
apprendra dans la fuite , de n'ê .
tre pas tant allarmé de la voir la
Femme d'un autre , il ne laiffa
du Mercure Galant, 209
pas de faire mille plaintes contie
elle ; car il ignoroit fes veritables
deffeins , il l'accufa d'infidelité &
d'inconftance , & quoy que peu
aprés elle luy mandaft que ce
qu'elle en avoit fait , eftoit afin
de terminer le procez qu'il avoit
avec Alcidon ; neanmoins il revint
à la Ville avec un chagrin
qu'il ne put s'empefcher de témoigner
à Cloris. Aprés s'eftre
déclaré l'un à l'autre la joye
qu'ils avoient de fe revoir , elle
luy confirma de bouche que la
parole qu'elle avoit donnée d'époofer
Alcidon , ne luy devoit
rien faire apprehender ; qu'il fçavoir
ce qu'elle luy avoit propofé
plufieurs fois ; qu'il ne tenoit
qu'à luy qu'elle ne devinft fa
Femme & que leur Mariage
Q. deFanvier 1685.
S
210 Extraordinaire
ofteroit à íon Rival toute forte
d'efpérance. Le mot de Mariage
allarmoit Lycidas , & Cloris.
ne pouvoit comprendre pourquoy
; Car enfin , difoit - elle en
elle-mefme lors qu'il l'eut quittée
, s'il m'aime veritablement
comme il me le veut perſuader,
& comme je n'ay pas de peine à
le croire , Qu'elle difficulté fait
il de m'épouter ? Quelle raiion
peut- il avoir à Je rifque bien da
vantage , moy qui ne connoift
que fa Perfonne , & qui en fais
choix contre l'avis & le confentement
de tous mes proches. Il
eft vray que je fuis maiftreffe de
moy ; mais enfin s'il arrive queje
découvre un jour que Lycidas
eft un Homme qui n'a ny biens.
py naiffance , avec toute la bondu
Mercure Galant. 211
ne mine que je luy trouve , quel
le confufion auray- je de l'avoirpréféré
àune Perfonne dont tous
tes les qualitez me font connuës?
Cependant Alcidon guery ,
preffoit de s'acquitter de la parole
qu'elle luy avoit donnée , &
elle trouvoit un grand fujet d'embarras
entre un Amant dont elle
eftoit aimée , mais qu'elle n'ai.
moit point , qui la follicitoit de
l'époufer , & un autre qu'elle aimoit
& dont elle eftoit aimée,,
qui refufoit d'eftre fon Mary,
fans luy en donner aucune bon
ne raifon , Enfin ſe trouvantper
fecutée par Alcidon , par fes Parens
& par fes Amies , & voyant
que Lycidas refufoit de faire ce
quelle fouhaitoit , elle prit réfo
lution de prendre le party qu'el
Sij
212 Extraordinaire
le auroit le moins fouhaité , qui
eftoit d'époufer celuy qu'elle
n'aimoit pas ; le Contract fut
dreffé , les Articles fignez , les
habits de Nopces faits , le jour
pris pour la cérémonie. Lycidas
fe voyant alors fi prés de perdre
pour jamais celle qu'il aimoit
avec tant de paſion , ſe réſolut à
faire ce qu'il n'auroit jamais ofé
penfer, I alla trouver Cloris,
& aprés luy avoir reproché l'em.
preffement qu'elle avoit de fe
jetter entre les bras d'un autre,
il luy dit que fi elle eftoit toû
jours la mefme , il eftoit dans le
deffein de faire tout ce qu'elle
voudroit. Ces paroles , la comblérent
de joye , & quoy que.
l'engagement qu'elle avoit avec
Alcidon fuft fi confidérable , elle
du Mercure Galand. 213
ne fut pas un moment à balancer.
de le rompre , la difficulté eftoit
d'en trouver les moyens. Ils réfolurent
qu'elle feroit quelque
temps la malade , & que cependapt
ils verroient quelles mefures
ils auroient à prendre. Alci
don attribua ce retardement à
une veritable indifpofition. Il ne
crut pas qu'en eftant venus fi
avant , elle euft voulu fe dédire.
Il continua fes affiduitez auprés
d'elle , mais comme elle s'en
trouvoit embarraffée , parce que
cela empefchoit Lycidas de ve.
nir la voir , elle prit le party de fe
retirer à la Campagne , fous prétexte
d'aller prendre l'air. Lycidas
alla la trouver accompagné
d'une Amie de Cloris , & là ils
s'épouférent fans aucune ceré
214
Extraordinaire's
monie. Alcidon en ayant appris
la nouvelle , s'emporta beaucoup
au commencement contr'eux.
Il eut plufieurs fois la penfée de
s'aller battre encore une fois con
tre Lycidas , mais eftant revenu
de fon premier emportement,
fes Amis luy firent comprendre
qu'il n'auroit jamais eu aucune
fatisfaction d'époufer une Fem
me qui avoit difpofe de fon cocur
en faveur d'un autre. Sa colere
diminua peu à peu , & comme il
n'eftoit pas témoin de leur prés
tendu bonheur , il luy fat plus.
facile de fe confoler. Il en eut
un plus grand fujet cinq ou fix
jours aprés , lors qu'il apprit que·
Cloris avoit fait arrefter Lycidas
prifonnier , qui l'ayant recher
chée depuis tant de temps , &
du Mercure Galant.
218
=
ayant toûjours paffé pour un
Homme , avoit efté enfin contrainte
de luy avouer que ce n'étoit
qu'une fille qu'elle avoit
épousée . Elle luy dit que dés la
premiere fois qu'elle la vit à cet.
te Affemblée , dont nous avons
parlé , elle devint éperduëment
amoureuſe de fes belles qualitez ,
fans fonger où cette paffion la
devoit porter ; que la feule crainte
qu'elle avoit euë de la voir la
Femme d'un autre , l'avoit fait
réfoudre de fe marier avec elle,
pour ſe conſerver l'amitié qu'elle
luy portoit , & qu'un Mary luy
auroit apparemment fait perdre.
Cloris que ces raifons ne pou
voient fatisfaire , la remit entre
les mains de la Justice ; & on at
tend avec impatience ce qu'elle
2.16
Extraordinaire
ordonnera pour un tel crime
Cependant elle s'eft retirée dans
un Convent , où felon toutes les
apparences elle doit demeurer le
refte de les jours , aprés un acci
dent pareil à celuy qui luy eſt
arrivé.
m'a mis entre les mains l' Hiftoire dont
je vay vousfaire part . Je la laiffe dans
les mefmestermes que je l'ayreceuë.
190
Extraordinaire
255 :22222 2522 : 2222
L'AMOUR BIZARRE
HISTOIRE VERITABLE.
L
'Amour fe plaift ſouvent ài
faire voir fa bizarrerie auffi
bien que fa puiffance . Dans la
Capitale d'une des meilleures-
Provinces du Royaume , demeu
roit une jeune Veuve , bellë , ri .
che , noble , & mefine qui paf
foit pour fort fpirituelle. Il n'eft
pas difficile de s'imaginer qu'avec
toutes ces bonnes qualitez ,.
elle ne manquoit pas d'Adorateurs.
Elle avoit tous les jours.
chez elle ce qu'on appelle le
beau Monde d'une Ville , & quoy
di Mercure Galant: 1971
qu'elle euft témoigné qu'elle n'avoit
aucune inclination pour un
fecond Mariage , on ne laiffoit
pas neanmoins de luy propofer
toûjours quelque nouveau Par.
ty. La joye qu'elle avoit de fe
voir maîtreffe d'elle- même ,aprés
avoir obeï à un Homme , qu'on
dit qu'elle n'avoit épousé que
pour obeïr à fes Parens , luy avoit
fair prendre la refolution de demeurerVeuvele
refte de fes jours .
Elle ne pouvoir pourtant honneftement
refufer les vifites de ceux
que fon efprit & fa beauté luy
attiroient , mais c'eftoit à condi
rion qu'on ne luy parleroit poin
d'amour , ce qu'on obfervoit fort
malcar il eftoit difficile de la
voir fans l'aimer , & tous les Amans
n'ont pas affez de retenue
192 Extraordinaire
Le pour ne fe point déclarer.
grand deuil eftant paffé , car il y
avoit déja plus d'un an qu'elle
avoit perdu fon Mary , elle commença
à vivre avec un peu plus de
liberté qu'elle n'avoit fait depuis.
fa mort , & entra dans tous ces
petits plaifirs innocens , qui font
l'occupation de la vie . On luy
propofoit tous lesjours de nouvelles
parties de divertiffement,
& comme l'on eftoit alors dans
la faifon du Carnaval , on la fol.-
licita plufieurs fois pourla mener
aux Affemblées qui fe faifoient
chez les Principaux de la Ville,
où aprés les Repas qu'ils fe don
noient les uns aux autres , chacun
à leur tour , on faifoit venir les
Violons , & on paffoit agreable..
ment une partie de la nuit à dan
CCE
du Mercure Galant.
193
fer. Comme elle croyoit qu'elle
ne devoit pas encore prendre
part à ces fortes de plaifirs , elle
s'eftoit toûjours défenduë d'y aller.
Enfin un jour que c'eftoit
à un Frere qu'elle avoit à donner
le regale , fes Amies la follicite
rent fi fortement , & fon Frere
luy fit fi bien comprendre qu'elle
ne blefferoit point fon devoir , &
que cela ne tireroit à aucune
confequence , qu'elle luy promit
de s'y trouver. L'Affemblée fut
ce foir là nombreuſe & magnifique.
Je ne m'arrefteray point à
décrire la fomptuofité du Feftin,
ny la propreté de la Salle où il
fe fit. Il luffit de fçavoir que les
plus délicats fur cette matiere eurent
affez dequoy fe contenter.
Aprés le repas on paffa dans une
2. deJanvier 1685. R
ད
194
Extraordinaire
autre Salle qu'on trouva riche
ment meublée , & éclairée par
une grande quantité de lumieres.
Le Bal commença pour lors , &
pendant que les uns danfoient,
les autres s'entretenoient avec les
Perfonnes qui leur plaifoient le
plus . On fait que c'est là que
les Amans ont droit de fe plaindre
des peines que l'Amour leur
fait fouffrir & que ceux qui
n'ont aucune veritable paffion
pour le beau Sexe , ne laiffènt pas
de vouloir paroiftre amoureux ;
Les Galants en conterent beau
coup , & les Belles furent obli
gées d'en écouter autant. Cependant
il y avoit des Perfonnes
qui fouffroient effectivement , &
a jeune Veuve avoit donné de
'amour à plufieurs qui s'emprefdu
Mercure Galant . 195
C
foient à l'envy l'un de l'autre , de
luy perfuader la forte paffion
qu'ils fentoient pour elle. Elle
lès écoutoit tous indifferemment,
& leur témoignoit que l'Amour
n'auroit jamais aucun pouvoir ſur
fon coeur ; mais il luy fit bientoft
connoiftre qu'on ne le méprife
guere impunément ; car
un jeune Cavalier fort propre
qui n'avoit point efté du repas,
l'eftant venu prendre pour danfer
, elle reffentit à ſon abord ce
certain je ne fçay quoy qui ne fe
peut expliquer. Quand elle fut
revenue à fa place , ce mefme
Cavalier vint le mettre à fes genoux,
& avec un air engageant &
des manieres honneſtes & refpe-
& ueuſes , il luy jura plufieurs fois
qu'il n'avoit jamais veu une plus
Rij
196 Extraordinaire
belle Perfonne . Elle luy répon
doit comme à tous les autres,
quoy qu'elle commençaſt déja
de le confiderer d'une autre maniere.
En effet , on remarqua
qu'elle l'examinoit attentivement
, qu'elle luy addreffoit la
parole plus fouvent qu'aux autres
fur tout ce qui fe paffoit
dans la Salle & mefme un
Homme qui l'aimoit effectivement
beaucoup , ne put s'empef
cher de luy en faire la guerre.
Dans la converfation ce Cavalier
luy dit , que puis qu'il avoit
efté affez heureux de voir une
auffi aimable Perfonne , il luy
demandoit la permiffion d'aller
chez elle luy rendre ce que tout
le monde luy devoit , & l'affeurer
que fa plus grande paffion fedu
Mercure Galant. 197
1
roit d'eftre capable de luy pou
voir rendre quelque fervice. Le
Bal finy , la Compagnie fe fepara
, & la Veuve fortit un peu
émeuë , par la veuë de l'Inconnu
, qui de fon coſté avoit
paru avoir beaucoup de difpofition
à l'aimer. Deux jours aprés
elle fut furpriſe de le voir venir
chez elle . Ils eurent enfemble
un entretien plus, reglé , & apres
avoir parlé de l'occafion de leur
connoiffance , elle s'informa s'it
eftoit de la Province , & par quel
hazard il s'eftoit trouvé à cette
Affemblée . Il répondit à toutes
fes demandes & luy dit qu'il
s'appelloit Lycidas , qu'il demeu
roit ordinairement à une Terre
qu'il avoit à la Campagne , que
quelques affaires d'affez peu de
R iij
Extraordinaire
Conféquence l'avoient attiré à la ·
Ville , mais qu'il s'en faifoit alors
une fort grade d'y demeurer pour
achever de faire connoiffance
avec une Perfonne , à laquelle il
avoit reconnu tant d'efprit &
tant de merite. Ces paroles flatoientagréablement
Cloris , ainfi
s'appelloit la Veuve qui s'eftoit
un peu laiffée toucher par la
bonne mine de Lycidas , & qui
fouhaitoit dans fon coeur que ce
fuft un homme d'une condition
proportionnée à la fienne , car
elle commençoit déja de quiter la
refolution qu'elle fembloit avoir
priſe de demeurer Veuve . Il fit fa
vifite un peu plus longue que ne le
font ordinairement
les premieres ,
& revint la voir dés le lende .
main . Ces deux vifites , & la
GOTHEQUE
TELA
VILLELYON
13
du Mercure Galant.
maniere dont on recevoit
nouveau venu , allarmérent un
peu les foupirans ordinaires . Il
y en eut un entr'autres qu'on appelloit
Alcidon , intime Amy du
Frére de Cloris qui ne put s'empefcher
de luy témoigner qu'il
s'appercevoit qu'elle avoit plus
d'empreffement de voir cét
Homme , que tous ceux qui alloient
chez elle . Comme il l'ai
moit fortement , la jalousie luy
faifoit penetrer jufques dans le
coeur de la Maiftreffe. I luy
avoit fouvent déclaré fa paffion ,
& avoit fait agir fon Frere pour
porter à l'époufer ; mais comla
me elle luy avoit dit qu'elle n'avoit
aucun deffein de fe remarier
, les chofes en eftoient demeurées
là , & Alcidon qui ne
R iiij
200 Extraordinaire
s'eftoit pû défaire de fon amour,
continuoit à la voir tous les jours
affiduëment. Jufques alors Cloris
n'avoit point trouvé ſes viſites
incommodes ; car ne
manquant
pas d'efprit , il fervoit chez elle à
rendre les
converfations plus
agréables ; mais depuis qu'elle
eut connu Lycidas , elle euft fort
fouhaité ne plus voir.que luy.
Ces deux Rivaux fe trouvant
tous les jours enfemble , ne pouvoient
s'empefcher de fe contredire
fur tous les fujets dont on ye.
noit à parler. Ils ne s'accordoient
qu'en une feule chofe , qui
eftoit de trouver Cloris la plus
charmante
Perfonne qu'on puft
voir. Ces petites difputes la chagrinoient
un peu , & comme elle
en apprehendoit
les fuites , elle
du Mercure Galant. 201
voulut un jour entretenir Alcidon
en particulier . Elle l'affeura
plus fortement que jamais , que
fa recherche eftoit inutile ; qu'-
elle avoit pris fa réfolution ; qu'-
elle luy confeilloit de ne plus
perdre tant de temps à venir
chez elle ; & qu'unauffi honnefte
Homme que luy , pouvoit mieux
l'employer auprés d'une autre,
qui auroit peut- eftre plus de difpofition
à reconnoiftre l'honneur
qu'il luy vouloit faire . Vous
pouvez pepfer que ces raifons ne
firent pas grande impreffion fur
l'efprit d'un Homme auffi amoureux
qu'Alcidon . Auffi cut- il
toûjours le mefme empreffement
de la voir. Le difcours qu'elle
luy avoir tenu ne fervit qu'à luy
faire examiner davantage toutes
202 Extraordinaire
4
Sa
fes actions , & il creut remarquer
qu'elle avoit beaucoup plus d'inclination
pour Lycidas , que
pour tous ceux qui la recherchoient
depuis long- temps. En
effet , il ne fe trompoit pas.
bonne mine avoit tellement touché
le coeur de la Veuve , qu'elle
luy avoit déja fait parler de
Mariage , par une Amie qui faci.
litoit le commerce qu'ils avoient
enfemble ; mais il luy avoit fait
dire qu'il avoit alors des raifons
qui l'empefchoient de devenir le
plus heureux Homme du mon
de , en poffedant celle qu'il ai
moit plus que fa vie . Cela ne fit
qu'augmenter l'Amour de la
Veuve , & un jour qu'elle luy
parla elle mefme fur cette matiere
croyant ne pouvoir eftre -•
du Mercure Galant . 203
>
entendue de perfonne , Alcidon
qui eftoit dans l'Antichambre,
& qui par quelques mots de leur
converfation , devina à peu prés
ce que c'eftoit , entra brufquement
dans le lieu où ils eftoient ,
& reprocha à Cloris l'injuftice
qu'elle luy faifoit de luy préferer
un nouveau venu un Homme
qu'elle ne connoiffoit pas , dont
elle ignoroit & les biens & la
naiffance , & il dit mefme quelques
paroles un peu faſcheufes à
Lycidas , qui n'eftant pas accou
tumé à rien fouffrir , luy répondit
auffi un peu aigrement. Ils alloient
s'échauffer , & ils fe feroient dit
peut - eftre quelque chofe de plus
choquant , fans une Dame de
confideration qui arriva affez à
propos. Cette Dame ayant fait
204
Extraordinaire
Alcidon changer le difcours
fortit un peu aprés avec le reffentiment
d'avoir appris que fon
Rival luy eftoit préferé. Il fe
promena quelque temps autour
de la Maiſon de Cloris , comme
pour fonger à ce qu'il avoit à fai
re , & lors qu'il vit fortir Lycidas
, il courut droit à luy , & mettant
l'épée à la main . Tu as eu,
luy dit-il , trop de facilité à ga.
gner le coeur de ta Maiftreffe ,
tu ne l'eftimeras pas affez s'il ne
t'en coûte quelques gouttes de
fang , puis qu'il ne t'en a point
coûté de larmes. Lycidas fe vit
obligé de fe défendre , & on ne
put les feparer fi toft , qu'Alcidon
n'euft déja receu deux coups
d'épée , dont l'on crut alors l'un
qui eftoit au cofté allez dangedu
Mercure Galant. 205
reux , Lycidas prévoyant que ce
combat luy alloit attirer de fâ.
cheufes affaires , dans une Ville
dont les principaux eftoient tous
proches parens d'Alcidon crut
qu'il eftoit à propos d'en fortir.
Il monta à Cheval , aprés avoir
écrit un Billet à Cloris dans le
' quel il s'excufoit de ce qui s'é
toit paffé , fur la neceffité de fe
défendre contre un Homme qui
eftoit venu l'attaquer en furieux,
& la prioit de fe fouvenir de luy ,
l'affeurant qu'il n'aimeroit jamais
perfonne qu'elle . Il fe retira à la
Campagne chez un de fes Amis,
par le moyen duquel il fceut tout
ce qui fe paffoit à la Ville . Dés
le lendemain il donna de fes nouvelles
à fa Veuve , qui avoit paffé
une tres - méchante nuit ; car elle
206 Extraordinaire
il ne vint à
apprehendoit que l'affaire qui
eftoit arrivée éloignant d'elle
fon cher Amant
l'oublier , fa Lettre la remit un
peu. Elle luy fit auffi - toſt réponſe
, & luy apprit que les bleffures
d'Alcidon n'eftoient pas
mortelles , mais qu'il fe tinft toújours
caché , parce qu'on faifoit
des pourfuites contre luy , & qu'
encore que fon affaire ne fuſt
pas fort criminelle de s'eftre défendu
contre un Homme qui
eftoit venu l'attaquer ; neanmoins
comme les parens de fon
Rival eftoient ſes Juges , ils luy
auroient fait garder long- temps
la Priſon . Pendant leur com-
>
merce lors qu'Alcidon eftoit
encore au lit , le Frere de Cloris ,
qui comme j'ay déja dit , eſtoit
du
Mercure Galant. .207
fon intime Amy , alla la trouver,
& aprés luy avoir reproché la
conduite , & le peu d'honneur
qu'elle avoit de s'attacher à un
Homme qu'elle ne connoiffoit
pas , il finit en luy difant qu'il ne
la reverroit jamais , fi elle ne
luy promettoit d'oublier Lycidas
, & d'époufer Alcidon fi - toft
qu'il feroit guery. Ces menaces
Fallarmérent un peu , mais comme
elle croyoit eftre Maiſtreffe
d'elle mefme , elle réfolut d'é
couter toûjours les mouvemens
de fon coeur. On travailloit cependant
au procez de l'Amant
abfent , & elle apprehendoit plus
de le perdre par ce moyen , que
par aucun autre , car le bruit
couroit qu'on le banniroit à jamais
de la Ville . La crainte qu'
208 .
Extraordinaire
elle en eut , & les preffantes fol
licitations de fes Amies qui la
prioient de promettre d'époufer
Alcidon , en luy difant que le
temps pourroit apporter du chan.
gement à fes affaires , jointes à la
paffion qu'elle avoit de revoir ce
qu'elle aimoit le plus au monde,
fut caufe qu'elle promit tout ce
qu'on voulut , mais fans deffein
de tenir parole , à condition
qu'on feroit ceffer toutes fortes
de pourfuites contre Lycidas , &
qu'on le raccommoderoit avec
Alcidon. Quand ce malheureux
Amant eut appris ce qui
avoit efté arrefté , quoy qu'il euft
des raifons fecrettes , & qu'on
apprendra dans la fuite , de n'ê .
tre pas tant allarmé de la voir la
Femme d'un autre , il ne laiffa
du Mercure Galant, 209
pas de faire mille plaintes contie
elle ; car il ignoroit fes veritables
deffeins , il l'accufa d'infidelité &
d'inconftance , & quoy que peu
aprés elle luy mandaft que ce
qu'elle en avoit fait , eftoit afin
de terminer le procez qu'il avoit
avec Alcidon ; neanmoins il revint
à la Ville avec un chagrin
qu'il ne put s'empefcher de témoigner
à Cloris. Aprés s'eftre
déclaré l'un à l'autre la joye
qu'ils avoient de fe revoir , elle
luy confirma de bouche que la
parole qu'elle avoit donnée d'époofer
Alcidon , ne luy devoit
rien faire apprehender ; qu'il fçavoir
ce qu'elle luy avoit propofé
plufieurs fois ; qu'il ne tenoit
qu'à luy qu'elle ne devinft fa
Femme & que leur Mariage
Q. deFanvier 1685.
S
210 Extraordinaire
ofteroit à íon Rival toute forte
d'efpérance. Le mot de Mariage
allarmoit Lycidas , & Cloris.
ne pouvoit comprendre pourquoy
; Car enfin , difoit - elle en
elle-mefme lors qu'il l'eut quittée
, s'il m'aime veritablement
comme il me le veut perſuader,
& comme je n'ay pas de peine à
le croire , Qu'elle difficulté fait
il de m'épouter ? Quelle raiion
peut- il avoir à Je rifque bien da
vantage , moy qui ne connoift
que fa Perfonne , & qui en fais
choix contre l'avis & le confentement
de tous mes proches. Il
eft vray que je fuis maiftreffe de
moy ; mais enfin s'il arrive queje
découvre un jour que Lycidas
eft un Homme qui n'a ny biens.
py naiffance , avec toute la bondu
Mercure Galant. 211
ne mine que je luy trouve , quel
le confufion auray- je de l'avoirpréféré
àune Perfonne dont tous
tes les qualitez me font connuës?
Cependant Alcidon guery ,
preffoit de s'acquitter de la parole
qu'elle luy avoit donnée , &
elle trouvoit un grand fujet d'embarras
entre un Amant dont elle
eftoit aimée , mais qu'elle n'ai.
moit point , qui la follicitoit de
l'époufer , & un autre qu'elle aimoit
& dont elle eftoit aimée,,
qui refufoit d'eftre fon Mary,
fans luy en donner aucune bon
ne raifon , Enfin ſe trouvantper
fecutée par Alcidon , par fes Parens
& par fes Amies , & voyant
que Lycidas refufoit de faire ce
quelle fouhaitoit , elle prit réfo
lution de prendre le party qu'el
Sij
212 Extraordinaire
le auroit le moins fouhaité , qui
eftoit d'époufer celuy qu'elle
n'aimoit pas ; le Contract fut
dreffé , les Articles fignez , les
habits de Nopces faits , le jour
pris pour la cérémonie. Lycidas
fe voyant alors fi prés de perdre
pour jamais celle qu'il aimoit
avec tant de paſion , ſe réſolut à
faire ce qu'il n'auroit jamais ofé
penfer, I alla trouver Cloris,
& aprés luy avoir reproché l'em.
preffement qu'elle avoit de fe
jetter entre les bras d'un autre,
il luy dit que fi elle eftoit toû
jours la mefme , il eftoit dans le
deffein de faire tout ce qu'elle
voudroit. Ces paroles , la comblérent
de joye , & quoy que.
l'engagement qu'elle avoit avec
Alcidon fuft fi confidérable , elle
du Mercure Galand. 213
ne fut pas un moment à balancer.
de le rompre , la difficulté eftoit
d'en trouver les moyens. Ils réfolurent
qu'elle feroit quelque
temps la malade , & que cependapt
ils verroient quelles mefures
ils auroient à prendre. Alci
don attribua ce retardement à
une veritable indifpofition. Il ne
crut pas qu'en eftant venus fi
avant , elle euft voulu fe dédire.
Il continua fes affiduitez auprés
d'elle , mais comme elle s'en
trouvoit embarraffée , parce que
cela empefchoit Lycidas de ve.
nir la voir , elle prit le party de fe
retirer à la Campagne , fous prétexte
d'aller prendre l'air. Lycidas
alla la trouver accompagné
d'une Amie de Cloris , & là ils
s'épouférent fans aucune ceré
214
Extraordinaire's
monie. Alcidon en ayant appris
la nouvelle , s'emporta beaucoup
au commencement contr'eux.
Il eut plufieurs fois la penfée de
s'aller battre encore une fois con
tre Lycidas , mais eftant revenu
de fon premier emportement,
fes Amis luy firent comprendre
qu'il n'auroit jamais eu aucune
fatisfaction d'époufer une Fem
me qui avoit difpofe de fon cocur
en faveur d'un autre. Sa colere
diminua peu à peu , & comme il
n'eftoit pas témoin de leur prés
tendu bonheur , il luy fat plus.
facile de fe confoler. Il en eut
un plus grand fujet cinq ou fix
jours aprés , lors qu'il apprit que·
Cloris avoit fait arrefter Lycidas
prifonnier , qui l'ayant recher
chée depuis tant de temps , &
du Mercure Galant.
218
=
ayant toûjours paffé pour un
Homme , avoit efté enfin contrainte
de luy avouer que ce n'étoit
qu'une fille qu'elle avoit
épousée . Elle luy dit que dés la
premiere fois qu'elle la vit à cet.
te Affemblée , dont nous avons
parlé , elle devint éperduëment
amoureuſe de fes belles qualitez ,
fans fonger où cette paffion la
devoit porter ; que la feule crainte
qu'elle avoit euë de la voir la
Femme d'un autre , l'avoit fait
réfoudre de fe marier avec elle,
pour ſe conſerver l'amitié qu'elle
luy portoit , & qu'un Mary luy
auroit apparemment fait perdre.
Cloris que ces raifons ne pou
voient fatisfaire , la remit entre
les mains de la Justice ; & on at
tend avec impatience ce qu'elle
2.16
Extraordinaire
ordonnera pour un tel crime
Cependant elle s'eft retirée dans
un Convent , où felon toutes les
apparences elle doit demeurer le
refte de les jours , aprés un acci
dent pareil à celuy qui luy eſt
arrivé.
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Résumé : L'AMOUR BIZARRE HISTOIRE VERITABLE.
Le texte narre une histoire d'amour complexe impliquant une jeune veuve noble et riche, résidant dans une capitale provinciale. Cette veuve, connue pour son esprit et sa beauté, attire de nombreux admirateurs malgré sa déclaration de ne pas vouloir se remarier. Elle accepte les visites de ces hommes à condition qu'ils ne lui parlent pas d'amour. Lors d'une assemblée carnavalesque, un jeune cavalier nommé Lycidas attire son attention. Après avoir dansé avec elle, Lycidas exprime son admiration et obtient la permission de lui rendre visite. Ses visites fréquentes suscitent la jalousie d'Alcidon, un autre admirateur de la veuve et ami intime de son frère. La veuve, nommée Cloris, avoue à Alcidon qu'elle préfère Lycidas. Alcidon, jaloux et blessé, provoque Lycidas en duel. Lycidas, blessé, quitte la ville pour éviter des ennuis judiciaires, car les parents d'Alcidon sont influents. Cloris, inquiète pour Lycidas, lui écrit pour le rassurer sur l'état d'Alcidon. Pendant ce temps, le frère de Cloris menace de ne plus la voir si elle n'épouse pas Alcidon. Cloris accepte de se marier avec Alcidon pour protéger Lycidas et mettre fin au procès, mais informe Lycidas de ses véritables intentions. Lycidas, ignorant ses motivations, est accablé de chagrin. Cloris, malgré son amour pour Lycidas, se trouve pressée par Alcidon, ses parents et ses amies de respecter sa promesse. Elle finit par décider d'épouser Alcidon, mais Lycidas, réalisant qu'il risque de perdre Cloris, accepte finalement de se marier avec elle. Ils se marient secrètement à la campagne. Alcidon, apprenant la nouvelle, est d'abord furieux mais finit par se consoler. Quelques jours plus tard, Cloris révèle à Alcidon que Lycidas est en réalité une femme. Choqué, Alcidon apprend que Cloris a fait arrêter Lycidas. Cloris, insatisfaite des explications de Lycidas, la remet à la justice. Lycidas se retire ensuite dans un couvent, où elle est destinée à passer le reste de ses jours.
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61
p. 216-218
TRADUCTION DE L'ODE D'HORACE Qui commence par Audivere, Lyce, Dij mea vota.
Début :
Enfin mes oveux sont exaucez, [...]
Mots clefs :
Voeux, Vengeance, Cupidon, Merveilles, Beauté, Sylvie, Amour, Tendresse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TRADUCTION DE L'ODE D'HORACE Qui commence par Audivere, Lyce, Dij mea vota.
TRADUCTION
DE L'ODE D'HORACE
Qui commence par
Audivere, Lyce, Dij mea vota..
Nfin mes voeux font exaucez,
E je fuis vancé de toy, Sylvie ;
Te voila vieille, enfin tes beaux joursfons
pallez,
Et cependant tu ris , & tufais la jolie.
En vain d'une tremblante voix
Tu
du Mercure Galant.
217
Tu tentes Cupidon , quifait la fourde
oreille:
Il a de plus charmans emplois
Auprés d'une jeune Merveille.
Ce petit Importun bait fort les vieilles
Gens,
Il apeur d'un vifage pâle,
Et ce petit Fripon détale
Dés qu'il voit tes cheveux, tes rides & tes
dents.
Le Rouge dont tu peins tous les jours ton
visage.
Tes beaux Habits, tes Bijoux, tes brillans,
Ne terendront pas le bel âge;
Ils nefçauroient rapeler ton Printemps.
Qu'eft devenu ce teint & cet air de jeuneſſe,
Et Sylvie autrefois plus belle que le jour,
Celle pourqui j'avois tant de tendreffe,
Cette Sylvie enfin qui refpiroit l'amour
Q. de Fanvier 1685. T
218 Extraordinaire
·
U
L'Amour a retiréfes traits &fon Flam
beau,
Et l'on verrafans trop attendre,
Ton vifage autrefoisfi charmant & fi bean
Toutcouvert de craffe & de cendre.
DE L'ODE D'HORACE
Qui commence par
Audivere, Lyce, Dij mea vota..
Nfin mes voeux font exaucez,
E je fuis vancé de toy, Sylvie ;
Te voila vieille, enfin tes beaux joursfons
pallez,
Et cependant tu ris , & tufais la jolie.
En vain d'une tremblante voix
Tu
du Mercure Galant.
217
Tu tentes Cupidon , quifait la fourde
oreille:
Il a de plus charmans emplois
Auprés d'une jeune Merveille.
Ce petit Importun bait fort les vieilles
Gens,
Il apeur d'un vifage pâle,
Et ce petit Fripon détale
Dés qu'il voit tes cheveux, tes rides & tes
dents.
Le Rouge dont tu peins tous les jours ton
visage.
Tes beaux Habits, tes Bijoux, tes brillans,
Ne terendront pas le bel âge;
Ils nefçauroient rapeler ton Printemps.
Qu'eft devenu ce teint & cet air de jeuneſſe,
Et Sylvie autrefois plus belle que le jour,
Celle pourqui j'avois tant de tendreffe,
Cette Sylvie enfin qui refpiroit l'amour
Q. de Fanvier 1685. T
218 Extraordinaire
·
U
L'Amour a retiréfes traits &fon Flam
beau,
Et l'on verrafans trop attendre,
Ton vifage autrefoisfi charmant & fi bean
Toutcouvert de craffe & de cendre.
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Résumé : TRADUCTION DE L'ODE D'HORACE Qui commence par Audivere, Lyce, Dij mea vota.
Le texte est une traduction d'une ode d'Horace, publiée dans le Mercure Galant en février 1685. Le poème exprime la déception du narrateur face au vieillissement de Sylvie, une femme autrefois belle et jeune. Il observe que ses vœux sont exaucés, mais que Sylvie a perdu sa jeunesse et sa beauté. Le narrateur note que Sylvie tente encore de séduire, mais que Cupidon, symbole de l'amour, fuit les signes de vieillesse comme les rides et les cheveux gris. Il souligne l'inutilité des artifices tels que le maquillage et les bijoux pour retrouver la jeunesse. Le poème se conclut par une réflexion sur la disparition de la beauté et de la fraîcheur de Sylvie, qui respirait autrefois l'amour.
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62
p. 236-237
PLAISIR D'UN AMANT. SONNET.
Début :
Se broüiller quelques fois avec l'Objet qu'on aime, [...]
Mots clefs :
Amour, Coeur, Amant, Fidélité, Engagement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PLAISIR D'UN AMANT. SONNET.
PLAISIRS D'UN AMANT..
SE
SONNET.
E brouiller quelquefois avec l'Objet
qu'on aime,
Et fe raccommoder dans le meſme moment,
Feindre de temps en temps un fondain
changement,
Et dans le fonds du coeur eftre toûjours le
mefme.
ទ
Emprunter de Bacchus la puiſſance ſu
préme,
Paroistre aux yeux de tous un infidellee
Amants
du Mercure Galant.. 237
Affecter au dehors un autre engagement,.
Et garder an dedans une tendreſſe ex--
tréme.
€3
Paffer des jours entiersfans vifiter Cloris,
Luy
celer le beau feu dont onfe fent épris,,
La regarderfouvent avec indiférence,
*3
S'appliquer tout entier à tromper lesfaloux,
Inftruirepar autruyCloris defa foufrance,
Ge font-la de l'amour les plaifirs les plus
doux.
SE
SONNET.
E brouiller quelquefois avec l'Objet
qu'on aime,
Et fe raccommoder dans le meſme moment,
Feindre de temps en temps un fondain
changement,
Et dans le fonds du coeur eftre toûjours le
mefme.
ទ
Emprunter de Bacchus la puiſſance ſu
préme,
Paroistre aux yeux de tous un infidellee
Amants
du Mercure Galant.. 237
Affecter au dehors un autre engagement,.
Et garder an dedans une tendreſſe ex--
tréme.
€3
Paffer des jours entiersfans vifiter Cloris,
Luy
celer le beau feu dont onfe fent épris,,
La regarderfouvent avec indiférence,
*3
S'appliquer tout entier à tromper lesfaloux,
Inftruirepar autruyCloris defa foufrance,
Ge font-la de l'amour les plaifirs les plus
doux.
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Résumé : PLAISIR D'UN AMANT. SONNET.
Le sonnet 'PLAISIRS D'UN AMANT' décrit un amant qui alterne entre brouilles et réconciliations avec sa bien-aimée. Il feint des changements d'humeur et utilise l'ivresse pour paraître infidèle. Extérieurement indifférent, il cache un ardent désir pour Cloris. Son objectif est de tromper les apparences et de révéler sa souffrance à travers autrui. Ces actions représentent les plaisirs les plus doux de l'amour.
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63
p. 252
II.
Début :
Apprenez, belle Iris, qu'on consacre à l'Amour [...]
Mots clefs :
Beauté, Amour, Imprimerie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : II.
11.
Apprenez, belle Iris, qu'on conſacre
l'Amour
Ce qu'on a de plus beau , deplus cher, de
plustendre.
Selon l'Imprimerie il n'eft point de beau
jour,
Que celuy qui nous enfait prendre.
LEGER DE LA VERBISSONNE.
Apprenez, belle Iris, qu'on conſacre
l'Amour
Ce qu'on a de plus beau , deplus cher, de
plustendre.
Selon l'Imprimerie il n'eft point de beau
jour,
Que celuy qui nous enfait prendre.
LEGER DE LA VERBISSONNE.
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64
p. 267
VIII.
Début :
Tircis me juroit hier qu'il m'aimeroit toûjours, [...]
Mots clefs :
Amour, Lanterne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : VIII.
VIII.
* Ircis me juroit hier qu'ilm'aimeroit
toujours,
Et cependant l'Ingrat me difoit une
bourde;
Je l'ay veu cette nuit avec d'autres
amours,
Aux penetrans rayons de ma Lanterne
fourde.
LEGER DE LA VERBISSONNE.
* Ircis me juroit hier qu'ilm'aimeroit
toujours,
Et cependant l'Ingrat me difoit une
bourde;
Je l'ay veu cette nuit avec d'autres
amours,
Aux penetrans rayons de ma Lanterne
fourde.
LEGER DE LA VERBISSONNE.
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65
p. 276-277
VII.
Début :
Qui ne vous connoistroit sous l'habit de Sofie ? / Les deux Enigmes ont esté aussi expliquées par Messieurs le Baron [...]
Mots clefs :
Lanterne, Amour, Dieux, Écriture, Beauté
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : VII.
VII.
Vi ne vous connoiftroit fous l'habit
de Sofie?
Mercure, de nouveau le cherchez- vous
encor,
Pendant que Jupiter d'une amoureuſe
envie
Vachercherquelque Alcméne, ainſi qu'au
Siècle d'or,
De peur que ce Manant n'aille avec fa
Lanterne
Troubler lesjeux, les ris, & les contentemens
Que recherchent tous les Amans
Dans le temps qu' Amour les gouverne?
Mais fçachez qu'en ce jour vos foins font
Superflus.
Comme l'on ne voit plus d ' Alcméne,
Iln'est plus de Sofie ; ainſi donc c'eſt abus:
Devous déguifer avec peine.
Faites un peu réflexion
Que l'on nefait plus tant d'affaires
Afin de réüffir aux Amoureux miſteres,.
du Mercure Galant. 277
Comme l'on enfaifoit au temps d'Amphitrion
;
Quatre mots d'Ecriture enfinfont plus
d'avance,
Avec quelque Bijon nouveau,
Que d'un Mary la reffemblance,
Fuft-il mefme de tous estimé leplus beau .
LA PETITE ASSEMBLEE A.
du Havre.
Les deux Enigmes ont efféauffi expliquées
par Meffieurs le Baron de la
Glaciere d'Ecuelle ; Vermolet , de
Dourlens ; Ageron , Avocat au Parlement
de Dauphiné ; Sorbiere , Banquier
de la Rue des cinq Diamans i
& par Mefdemoiselles le Vaffeur,
Fille de M le Vaffeur , Avocat à
Amiens Angelique Mortier , &
l'Orpheline.
Vi ne vous connoiftroit fous l'habit
de Sofie?
Mercure, de nouveau le cherchez- vous
encor,
Pendant que Jupiter d'une amoureuſe
envie
Vachercherquelque Alcméne, ainſi qu'au
Siècle d'or,
De peur que ce Manant n'aille avec fa
Lanterne
Troubler lesjeux, les ris, & les contentemens
Que recherchent tous les Amans
Dans le temps qu' Amour les gouverne?
Mais fçachez qu'en ce jour vos foins font
Superflus.
Comme l'on ne voit plus d ' Alcméne,
Iln'est plus de Sofie ; ainſi donc c'eſt abus:
Devous déguifer avec peine.
Faites un peu réflexion
Que l'on nefait plus tant d'affaires
Afin de réüffir aux Amoureux miſteres,.
du Mercure Galant. 277
Comme l'on enfaifoit au temps d'Amphitrion
;
Quatre mots d'Ecriture enfinfont plus
d'avance,
Avec quelque Bijon nouveau,
Que d'un Mary la reffemblance,
Fuft-il mefme de tous estimé leplus beau .
LA PETITE ASSEMBLEE A.
du Havre.
Les deux Enigmes ont efféauffi expliquées
par Meffieurs le Baron de la
Glaciere d'Ecuelle ; Vermolet , de
Dourlens ; Ageron , Avocat au Parlement
de Dauphiné ; Sorbiere , Banquier
de la Rue des cinq Diamans i
& par Mefdemoiselles le Vaffeur,
Fille de M le Vaffeur , Avocat à
Amiens Angelique Mortier , &
l'Orpheline.
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Résumé : VII.
Le texte traite des transformations dans les pratiques amoureuses, soulignant la disparition des figures mythologiques telles qu'Alcméne et Sophie. Les déguisements et les efforts pour séduire sont désormais inutiles. Contrairement à l'époque d'Amphitryon, où les amants déployaient beaucoup d'efforts pour participer aux mystères amoureux, quelques mots écrits et un bijou nouveau suffisent aujourd'hui à faire progresser une relation, même plus qu'une ressemblance avec un célèbre acteur. Le texte mentionne également une assemblée au Havre où deux énigmes ont été résolues par plusieurs personnes, dont le Baron de la Glacière d'Ecuelle, Vermolet, Ageron, Sorbiere, la fille de M. le Vasseur, Angélique Mortier et l'Orpheline.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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66
p. 303-306
LA CORNEILLE DÉPLUMÉE. FABLE.
Début :
Une Corneille ambitieuse, [...]
Mots clefs :
Corneille, Amour, Paon
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texteReconnaissance textuelle : LA CORNEILLE DÉPLUMÉE. FABLE.
LACORNEILLE
omDE'PLUMEE
257 TO 15HISVEITSHMUSY
jup , mom pABLENG UD 157 .
UNe Corneille ambitieuſe,
Et qui mefloit à fon ambition
Un autre dangereux poifonos fo
Car elle effoit fort amoureufe
D'un jeune Paon qu'elle trouvoitfort
-161 beau,
- Mais qui par un malheurpour elle,
SysNe la trouvoit point du tont belle.
Geraccident n'eft pas nouveauss ser
L'Amour est un petit Barbare,
Qui par caprice unit, fepare,
Et de deux coeurs bleffe , dit- on,
L'un d'une Fleche d'or, l'autre d'une dé
plomb .
Noftre pauvre Corneille eftoit donc bien à
plaindre,
D'avoirpour lagrandeur unfot enteftement,
304
Extraordinaire
Et de pouvoir justement craindre
D'aimerfort inutilement.
Unfeul de ces deux maux feroit tourner
la tefte;
Auffi la malheureuſe Befte,
Pourvouloir s'agrandir, & pour vouloir
aimer,
Sentoit des maux qu'on ne peut exprimer;
Et comme d'eftrefeulfoulage,
Ellepritfon vol un beau jour
Dans unfombre & petit Boccage,
Pourmieux refver à fon amour.
Là, pleine defoucy, chagrine, défolée,
Ellefit de chaque Arbre un defes Confidens,
Luy découvrit fesfeux ardens;
Mais apres quelques tours d'allée.
Plufieurs plumes de Paon luy frapérent les
yeux;
Cefutpour elle un trésor précieux.
Elle croit pouvoirfatisfaire
Son ambition, fon amour.
Béniffant donc cet heureuxjour,
du
Mercure Galant. 305
Et méprifantfon habit ordinaire,
Elle amaffe foigneufement
Ces plumes, & s'enfait un riche ajufte--
ment.
Apres qu'ellefe fut de laforte parée,
Et quelque temps confiderée,
Elleva fe fourrer parmy les autres Paons
Ceftoi ungrandplaisir devoir fa conte
nance. R
Tous rirent bien, comme ) êpenſe,
Sur fon plumage noir voyant tous ces
brillans
1
Mais enfin chacun d'eux, piqué de l'info-
A
lence,
al se jetta furfon pauvre
corps,
Que malgré
tousles vains efforts
L'on
accommoda
d'importance
.
On luy reprit tout l'ornement
,
Mais on lefit violemment
Et je fuis bien trompé fi jamais la Cor---
neille
S'avife defourbe pareille .
It eft plufieurs Corneilles aujourd'huy,,
2. deFanvier, 1685, Cc.
For
ordinibrati
traordin
&
Qui fe parent du bien d'autruy.
Gente Dame enbeauté pindade
veille,
Pour qui tant de Sotsfont des voeux,
Reprenez luy or fauxcheveux,
Son blanc,fon vermillon , n'eft plas qu'une
a raid twis
Corneille
.
Cet Homme en fon éclat plus orgueilleux
qu'un Paon,
940
Et dont le revenu d'un anno kat
Eeroit d'un autre la richeſſe,
Reprenez-luy ce qu'il aprise
Par violence oupar adreffe,
** *N'eftplus qu'un Gueux dans le mépris,
Ce Rimeur affamé de louange & de gloire,
Et qui, fil'on voulons
le croire,
Et le mieux fait des beaux Efprits,
Qu'on examine fes Ecrits,
De luy tout ce qu'on pourra dire,
Eft quila bien apris à lire..
omDE'PLUMEE
257 TO 15HISVEITSHMUSY
jup , mom pABLENG UD 157 .
UNe Corneille ambitieuſe,
Et qui mefloit à fon ambition
Un autre dangereux poifonos fo
Car elle effoit fort amoureufe
D'un jeune Paon qu'elle trouvoitfort
-161 beau,
- Mais qui par un malheurpour elle,
SysNe la trouvoit point du tont belle.
Geraccident n'eft pas nouveauss ser
L'Amour est un petit Barbare,
Qui par caprice unit, fepare,
Et de deux coeurs bleffe , dit- on,
L'un d'une Fleche d'or, l'autre d'une dé
plomb .
Noftre pauvre Corneille eftoit donc bien à
plaindre,
D'avoirpour lagrandeur unfot enteftement,
304
Extraordinaire
Et de pouvoir justement craindre
D'aimerfort inutilement.
Unfeul de ces deux maux feroit tourner
la tefte;
Auffi la malheureuſe Befte,
Pourvouloir s'agrandir, & pour vouloir
aimer,
Sentoit des maux qu'on ne peut exprimer;
Et comme d'eftrefeulfoulage,
Ellepritfon vol un beau jour
Dans unfombre & petit Boccage,
Pourmieux refver à fon amour.
Là, pleine defoucy, chagrine, défolée,
Ellefit de chaque Arbre un defes Confidens,
Luy découvrit fesfeux ardens;
Mais apres quelques tours d'allée.
Plufieurs plumes de Paon luy frapérent les
yeux;
Cefutpour elle un trésor précieux.
Elle croit pouvoirfatisfaire
Son ambition, fon amour.
Béniffant donc cet heureuxjour,
du
Mercure Galant. 305
Et méprifantfon habit ordinaire,
Elle amaffe foigneufement
Ces plumes, & s'enfait un riche ajufte--
ment.
Apres qu'ellefe fut de laforte parée,
Et quelque temps confiderée,
Elleva fe fourrer parmy les autres Paons
Ceftoi ungrandplaisir devoir fa conte
nance. R
Tous rirent bien, comme ) êpenſe,
Sur fon plumage noir voyant tous ces
brillans
1
Mais enfin chacun d'eux, piqué de l'info-
A
lence,
al se jetta furfon pauvre
corps,
Que malgré
tousles vains efforts
L'on
accommoda
d'importance
.
On luy reprit tout l'ornement
,
Mais on lefit violemment
Et je fuis bien trompé fi jamais la Cor---
neille
S'avife defourbe pareille .
It eft plufieurs Corneilles aujourd'huy,,
2. deFanvier, 1685, Cc.
For
ordinibrati
traordin
&
Qui fe parent du bien d'autruy.
Gente Dame enbeauté pindade
veille,
Pour qui tant de Sotsfont des voeux,
Reprenez luy or fauxcheveux,
Son blanc,fon vermillon , n'eft plas qu'une
a raid twis
Corneille
.
Cet Homme en fon éclat plus orgueilleux
qu'un Paon,
940
Et dont le revenu d'un anno kat
Eeroit d'un autre la richeſſe,
Reprenez-luy ce qu'il aprise
Par violence oupar adreffe,
** *N'eftplus qu'un Gueux dans le mépris,
Ce Rimeur affamé de louange & de gloire,
Et qui, fil'on voulons
le croire,
Et le mieux fait des beaux Efprits,
Qu'on examine fes Ecrits,
De luy tout ce qu'on pourra dire,
Eft quila bien apris à lire..
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Résumé : LA CORNEILLE DÉPLUMÉE. FABLE.
Le texte relate l'histoire d'une corneille amoureuse d'un jeune paon qui ne la trouve pas belle. L'amour est décrit comme un barbare capricieux qui unit et sépare les cœurs. Tourmentée par son amour non réciproque et son désir de grandeur, la corneille vole des plumes de paon pour se parer et se rendre plus belle. Elle se joint aux paons, mais ceux-ci, offensés par son audace, l'attaquent et lui arrachent les plumes. Le texte se conclut par une morale sur les dangers de l'ambition et de l'imitation, comparant les corneilles modernes à des individus qui se parent du bien d'autrui. Il critique également ceux qui s'enrichissent aux dépens des autres et les flatteurs qui recherchent la louange et la gloire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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67
p. 307-310
PROBLEME : AMOUREUX DECIDÉ.
Début :
Loin de vous je languis & je resve toûjours ; [...]
Mots clefs :
Amour, Coeur, Beauté, Amants, Languir
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PROBLEME : AMOUREUX DECIDÉ.
PROBLEMĘ SAMOURELUX
1
DECIDEllias
ENNY cik inot 2102 36 trat jmp THOI
Oin de pausje languis
&
Fe fuis bien par tout où vous etes
Auprés de vous, Iris, de mes plus triftes
jours
Jefais mes plaiſirs & mesfestess
Waftre taille, voftre air, le fon de vostre
voix,
Ont jo-ne-feay-quoy qui m'enchante:
Jefens naiſtre enmon coeur d'abord que je
carrulyvous vois,
Une tendreffe languiffante
Qui me réduit prefque aux aboier
Ah! pour peu que cela s'augmente,
Vous aimeray-je ? Je le cross
Jefçais qu'un Homme de mon ages
Qui prétend de toucheruncoeur,
Rarement de ce badinage.
Se peut tireravec honneur..
C.c.ij
308 Extraordinaire
Vous me verrez tendre & fidelle,
Languiffant, abatu , malheureux comme
un Chien,
Et cependant, jeune Rebelle,
***M*aimerez-vous ? Je n'en crois rien.
Hélas! anfortde ma tendreffe
Je verray mille Amans de vos appas épris,
Goguenarderfur ma vieilleffe,
Et railler de mes cheveux gris.
Peut- eftre encor, pour croistre monfup .
plice,
Leurferez- vous un facrifice
Des foins de mon amour, cruelle? Et tou
tefois
Ŝ
Malgré cette extréme injuſtice,'
Vous aimeray-je ? Je le crois.
Après mille dures épreuves,
Mille foupirs, mille langueurs ,
Enfin vous connoftrèz partant & tantde
preuves,
Que vous caufez tous mes malheurs,
Et que c'est pour vous queje meurs.
Tandis que ma douleur & fidelle & cachés
du Mercure Galant. 309
Fera mon plus cher entretien,
Senfible à la pitié, de tant de maux touchée,
M'aimerez-vous? Je n'en crois rien.
83
Quand on aime beaucoup une Beautéfevere,
Le plus dur des tourmens c'eft de voirun
Rival
Ecouté d'une autre maniere ;
Quipeut voircelafans colere,.
Sans eftre jaloux, aime mal .
Lors que je vous verray, pour augmenter
mapeine,
Au préjudice de mes droits,
De quelque jeune Amantfaire unindigne
choix,
Injufte, infenfible, inhumaine ,
Vous aimeray -je ? je le crois.
03
S'il arrivoit, pour me vanger.
De ce choix cruel & perfage,
Que cet Amant foible & leger
De fon coeur à quelque autre allaſt faire
un hommage,
LO
Extraordinaine
Cet amourinconftant , fi diférent du mien,
Feroit ilfaireau voftre un retour équi
JUTNEZ AJ Я02 323
Erimi voj autfidello ansantque miférable,
27 44'aimerez- vouse, Je m'en crois rieniup
, sados 3D vz15 ]
Maisde mon tristefort pourquoyfaireun
Probléme?
En vain j'en ferois alarme, I
Voftre coeur eft injufte , & le mien eft
-3 charme; alit acitflegetai
Tris, c'est bien affez pour decider vouseve
Drivemeſme,
Et conclurre que je vous aime
Sans espérance d'eftre aimé...
1
DECIDEllias
ENNY cik inot 2102 36 trat jmp THOI
Oin de pausje languis
&
Fe fuis bien par tout où vous etes
Auprés de vous, Iris, de mes plus triftes
jours
Jefais mes plaiſirs & mesfestess
Waftre taille, voftre air, le fon de vostre
voix,
Ont jo-ne-feay-quoy qui m'enchante:
Jefens naiſtre enmon coeur d'abord que je
carrulyvous vois,
Une tendreffe languiffante
Qui me réduit prefque aux aboier
Ah! pour peu que cela s'augmente,
Vous aimeray-je ? Je le cross
Jefçais qu'un Homme de mon ages
Qui prétend de toucheruncoeur,
Rarement de ce badinage.
Se peut tireravec honneur..
C.c.ij
308 Extraordinaire
Vous me verrez tendre & fidelle,
Languiffant, abatu , malheureux comme
un Chien,
Et cependant, jeune Rebelle,
***M*aimerez-vous ? Je n'en crois rien.
Hélas! anfortde ma tendreffe
Je verray mille Amans de vos appas épris,
Goguenarderfur ma vieilleffe,
Et railler de mes cheveux gris.
Peut- eftre encor, pour croistre monfup .
plice,
Leurferez- vous un facrifice
Des foins de mon amour, cruelle? Et tou
tefois
Ŝ
Malgré cette extréme injuſtice,'
Vous aimeray-je ? Je le crois.
Après mille dures épreuves,
Mille foupirs, mille langueurs ,
Enfin vous connoftrèz partant & tantde
preuves,
Que vous caufez tous mes malheurs,
Et que c'est pour vous queje meurs.
Tandis que ma douleur & fidelle & cachés
du Mercure Galant. 309
Fera mon plus cher entretien,
Senfible à la pitié, de tant de maux touchée,
M'aimerez-vous? Je n'en crois rien.
83
Quand on aime beaucoup une Beautéfevere,
Le plus dur des tourmens c'eft de voirun
Rival
Ecouté d'une autre maniere ;
Quipeut voircelafans colere,.
Sans eftre jaloux, aime mal .
Lors que je vous verray, pour augmenter
mapeine,
Au préjudice de mes droits,
De quelque jeune Amantfaire unindigne
choix,
Injufte, infenfible, inhumaine ,
Vous aimeray -je ? je le crois.
03
S'il arrivoit, pour me vanger.
De ce choix cruel & perfage,
Que cet Amant foible & leger
De fon coeur à quelque autre allaſt faire
un hommage,
LO
Extraordinaine
Cet amourinconftant , fi diférent du mien,
Feroit ilfaireau voftre un retour équi
JUTNEZ AJ Я02 323
Erimi voj autfidello ansantque miférable,
27 44'aimerez- vouse, Je m'en crois rieniup
, sados 3D vz15 ]
Maisde mon tristefort pourquoyfaireun
Probléme?
En vain j'en ferois alarme, I
Voftre coeur eft injufte , & le mien eft
-3 charme; alit acitflegetai
Tris, c'est bien affez pour decider vouseve
Drivemeſme,
Et conclurre que je vous aime
Sans espérance d'eftre aimé...
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Résumé : PROBLEME : AMOUREUX DECIDÉ.
Dans cette lettre poétique, un homme mûr exprime son admiration pour une femme nommée Iris, dont la beauté et la voix l'enchantent. Il ressent une tendresse languissante qui le tourmente dès qu'il la voit. Il doute de la réciprocité de ses sentiments, craignant que sa vieillesse et ses cheveux gris ne le rendent ridicule face à de jeunes rivaux. Malgré cette injustice, il affirme qu'il continuera à l'aimer, même après mille épreuves et souffrances. Il anticipe la douleur de la voir préférer un autre homme et se demande si elle pourrait un jour le récompenser de son amour. Il conclut en affirmant qu'il l'aime sans espérance d'être aimé en retour.
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68
p. 312-313
SENTIMENS D'UNE BELLE qui se repent de n'avoir pas conservé une Conqueste qu'elle avoit faite. / MADRIGAL.
Début :
Lors que Tircis bruloit d'amour, [...]
Mots clefs :
Amour, Art de plaire, Serments, Changement, Mal, Coeur, Vengeance, Martyre
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texteReconnaissance textuelle : SENTIMENS D'UNE BELLE qui se repent de n'avoir pas conservé une Conqueste qu'elle avoit faite. / MADRIGAL.
SENTIMENS D'UNE BELLE
qui fe repent de n'avoir pas confervé
une Conquefte qu'elle:
avoit faite.
MADRIGAL.
Ors
que
Queje
Tircis bruloit d'amour,
Que je le voyais chaque jour
Avec empressement chercher l' Art de me
plaire,
Et qu'il me paroiffoitfincere:
Que parmillefermens, mais fermensfu
perfluss
du Mercure Galant. 31
Il me juroit d'eftre fidelle & tendre,
Et queles yeux m'en difoient encor plus,
Il avoit beau parler, je ne daignois l'en...
tendre:
Et par un changement queje nepuis comprendre,
Si- toft que més mépris l'ont forcé de
changer,
L'Amour, pour le vanger,
M'afait connoistreque je l'aime,
Et je me veux un mal extréme,
D'avoir pû voirfon coeur fe dégager.
Je m'en repens , Amour , ceffe demou
trager,
Soulage unfi cruel martires,
Et fi jamais dans ton Empire
Fe puis charmer quelque Berger,
Je te promets, Amour , de le bien ménager.
DIEREVILLE
qui fe repent de n'avoir pas confervé
une Conquefte qu'elle:
avoit faite.
MADRIGAL.
Ors
que
Queje
Tircis bruloit d'amour,
Que je le voyais chaque jour
Avec empressement chercher l' Art de me
plaire,
Et qu'il me paroiffoitfincere:
Que parmillefermens, mais fermensfu
perfluss
du Mercure Galant. 31
Il me juroit d'eftre fidelle & tendre,
Et queles yeux m'en difoient encor plus,
Il avoit beau parler, je ne daignois l'en...
tendre:
Et par un changement queje nepuis comprendre,
Si- toft que més mépris l'ont forcé de
changer,
L'Amour, pour le vanger,
M'afait connoistreque je l'aime,
Et je me veux un mal extréme,
D'avoir pû voirfon coeur fe dégager.
Je m'en repens , Amour , ceffe demou
trager,
Soulage unfi cruel martires,
Et fi jamais dans ton Empire
Fe puis charmer quelque Berger,
Je te promets, Amour , de le bien ménager.
DIEREVILLE
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Résumé : SENTIMENS D'UNE BELLE qui se repent de n'avoir pas conservé une Conqueste qu'elle avoit faite. / MADRIGAL.
Le madrigal 'Sentimens d'une belle' relate les regrets d'une femme d'avoir repoussé Tircis, un homme amoureux. Après l'avoir dédaigné, elle réalise son amour pour lui. Elle supplie l'Amour de soulager ses souffrances et promet de mieux traiter un futur amant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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69
p. 319-318
QUELLE FORTUNE EST la plus satisfaisante en Amour, celle d'un Amant dont les soins sont receus d'abord agréablement, & presque aussi tost recompensez ; ou le bonheur de celuy, qui apres avoir aimé quelque temps sans espérance, trouve enfin le coeur de sa Maistresse sensible.
Début :
Quand on obtient facilement [...]
Mots clefs :
Amour, Amant, Vérité, Beauté, Mépris, Sensible, Raisonnement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : QUELLE FORTUNE EST la plus satisfaisante en Amour, celle d'un Amant dont les soins sont receus d'abord agréablement, & presque aussi tost recompensez ; ou le bonheur de celuy, qui apres avoir aimé quelque temps sans espérance, trouve enfin le coeur de sa Maistresse sensible.
QUELLE FORTUNE EST
la plus fatisfaifante en Amour , celle
d'un Amant dont les foins font receus
d'abord agréablement , & prefque auffi
toft recompenfez ; ou le bonheur de
celuy, qui apres avoir aimé quelque
temps fans efpérance , trouve enfin le
coeur de fa Maiftreffe fenfible.
Q
Vand on obtient facilement
Une jeune Beauté qu'on aime,
L'amour d'abord fuft- il extréme,
Dans lafuite l'on eft fatisfait rarements
Maisplus, avant la récompenfe ,
Un Amant voit de réfiftance,
Et plus il a de peine à pouvoir obtenir
L'Objet qui caufefon martire,
a
Plus leplaifir eft grand quand il peut par-
Ventr
A lapoffeffion de celle qu'il defire.
Oronte & Licidas prouveront mieux que
moy
)
Ddij
316 Extraordinaire
.
Cette Verité que j'avance.
Le premier dés l'abord uit recevoirfafox
allAvec prompta reconnoiffance,
Et la jeune Cloris qu'il voulut rechercher
Fut bien-toft mife enfa puiffance;
On la vit enfin s'attacher :
A get Amant dont le mérite
Eftoit accompagné d'une fage conduire.
Leur Hymen s'accomplit ; & le moment
fatal
Quidevoit caufer leur divorce,
Se couvrant à leurs yeux d'une fubtile
amorce,
Voulutfairefon coup dés le jourNuptial.
Cloris dans le Feftin vit paroiftxe Nicandre
Qui la regardoit d'un oeil tendre,
Elle devintfenfible , & répondant des
yeux
Afon muet langage,
Elle devint bientoft volage ,
Etne fit que chercher le moment précieux
Afin depouvoir entendre
du Mercure Galant.
317
Une déclaration
Quefit l'amoureux Nicandre
Defafollepaffion .
Elle oublia bien- toft cette foy conjugate`
Qu'elle devoit garder meſme malgré la
mort,
Et d'une ame inconftante, infidelle, inégale,
Elle fit éprouverun effroyablefort
Afon Epoux le pauvre Oronte,
Quine la trouva plus qu'un objet defa
bonte.
La haine & la rigueur, l'opprobre & le
mépris,
'
Furent dorénavant les Prix
Dont il vitque certe Infidelle
Voulutrécompenferſon amour &fonzile.
Mais au contraire Licidas.
Que l'on vit millefoss invoquer le trépas,
Nepouvant rendre Iris fenfible
Aux tendres mouvemens qui partoient de
fon cours
318 Extraordinaire
C
Employant tout le foin poffible
Afinde luy caufer unepareille ardeur,
Apres avoirfouffert , pleuré, priéfans ceffe
Cecher objet de fa tendreffe,
byer
Arriva ce jour bienheureux
Qu'il vit récompenferfesvoeux. 70
Depuis ce temps leur amour mutuelles
Paroift auxyeux de tous devoir eftre éter
nelle.
"Ainfi donc je conclus de cé raiſonnement ."
Que d'un amour trop prompt il naift d'é
trangesfuites;
Où quand il n'eft formé qu'apres plufieurs
poursuites,
Rarement on n'en voit qu'un bon évenement;
Et qu'enfin pour avoir toûjours l'ame contente,
Laderniere Fortune eft plusfatisfaisante.
la plus fatisfaifante en Amour , celle
d'un Amant dont les foins font receus
d'abord agréablement , & prefque auffi
toft recompenfez ; ou le bonheur de
celuy, qui apres avoir aimé quelque
temps fans efpérance , trouve enfin le
coeur de fa Maiftreffe fenfible.
Q
Vand on obtient facilement
Une jeune Beauté qu'on aime,
L'amour d'abord fuft- il extréme,
Dans lafuite l'on eft fatisfait rarements
Maisplus, avant la récompenfe ,
Un Amant voit de réfiftance,
Et plus il a de peine à pouvoir obtenir
L'Objet qui caufefon martire,
a
Plus leplaifir eft grand quand il peut par-
Ventr
A lapoffeffion de celle qu'il defire.
Oronte & Licidas prouveront mieux que
moy
)
Ddij
316 Extraordinaire
.
Cette Verité que j'avance.
Le premier dés l'abord uit recevoirfafox
allAvec prompta reconnoiffance,
Et la jeune Cloris qu'il voulut rechercher
Fut bien-toft mife enfa puiffance;
On la vit enfin s'attacher :
A get Amant dont le mérite
Eftoit accompagné d'une fage conduire.
Leur Hymen s'accomplit ; & le moment
fatal
Quidevoit caufer leur divorce,
Se couvrant à leurs yeux d'une fubtile
amorce,
Voulutfairefon coup dés le jourNuptial.
Cloris dans le Feftin vit paroiftxe Nicandre
Qui la regardoit d'un oeil tendre,
Elle devintfenfible , & répondant des
yeux
Afon muet langage,
Elle devint bientoft volage ,
Etne fit que chercher le moment précieux
Afin depouvoir entendre
du Mercure Galant.
317
Une déclaration
Quefit l'amoureux Nicandre
Defafollepaffion .
Elle oublia bien- toft cette foy conjugate`
Qu'elle devoit garder meſme malgré la
mort,
Et d'une ame inconftante, infidelle, inégale,
Elle fit éprouverun effroyablefort
Afon Epoux le pauvre Oronte,
Quine la trouva plus qu'un objet defa
bonte.
La haine & la rigueur, l'opprobre & le
mépris,
'
Furent dorénavant les Prix
Dont il vitque certe Infidelle
Voulutrécompenferſon amour &fonzile.
Mais au contraire Licidas.
Que l'on vit millefoss invoquer le trépas,
Nepouvant rendre Iris fenfible
Aux tendres mouvemens qui partoient de
fon cours
318 Extraordinaire
C
Employant tout le foin poffible
Afinde luy caufer unepareille ardeur,
Apres avoirfouffert , pleuré, priéfans ceffe
Cecher objet de fa tendreffe,
byer
Arriva ce jour bienheureux
Qu'il vit récompenferfesvoeux. 70
Depuis ce temps leur amour mutuelles
Paroift auxyeux de tous devoir eftre éter
nelle.
"Ainfi donc je conclus de cé raiſonnement ."
Que d'un amour trop prompt il naift d'é
trangesfuites;
Où quand il n'eft formé qu'apres plufieurs
poursuites,
Rarement on n'en voit qu'un bon évenement;
Et qu'enfin pour avoir toûjours l'ame contente,
Laderniere Fortune eft plusfatisfaisante.
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Résumé : QUELLE FORTUNE EST la plus satisfaisante en Amour, celle d'un Amant dont les soins sont receus d'abord agréablement, & presque aussi tost recompensez ; ou le bonheur de celuy, qui apres avoir aimé quelque temps sans espérance, trouve enfin le coeur de sa Maistresse sensible.
Le texte examine deux types de fortunes en amour. La première concerne un amant dont les vœux sont rapidement exaucés. La seconde décrit un amant qui, après avoir aimé sans espoir, voit finalement sa maîtresse s'adoucir. Le texte affirme que l'amour facilement obtenu peut devenir extrême au début mais se raréfie ensuite. À l'inverse, un amour obtenu après résistance et peine procure un plaisir plus grand. L'exemple d'Oronte illustre la première fortune. Oronte reçoit promptement l'affection de Cloris, qu'il épouse. Cependant, Cloris devient infidèle dès le jour des noces, causant une grande souffrance à Oronte. Licidas incarne la seconde fortune. Après avoir souffert et prié sans cesse, Licidas voit enfin ses vœux récompensés. Son amour pour Iris, après de nombreuses poursuites, devient mutuel et éternel. Le texte conclut que la fortune la plus satisfaisante est celle où l'amour naît après plusieurs poursuites, plutôt qu'un amour trop prompt qui peut mener à des suites étranges.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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69
70
p. 137-138
AIR NOUVEAU.
Début :
Je vous envoye un Air nouveau que vous aimerez, / C'en est fait, la raison a chassé de mon coeur [...]
Mots clefs :
Musique, Raison, Coeur, Martyre, Froideur, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU.
Je vous envoye un Air nɔu--
veau que vous aimerez , & :
Fevrier 1685 ,
M.
138 MERCURE
par
la beauté de la Mufique,
& par celle des paroles qui
font d'un fort bon Autheur.
AIR NOUEVAU.
C
En eftfait la raifon a chaffe de
mon coeur
L'ingrat qui faifoit mon martyre,
Fe veux le revoir , pour luy dire
Que je ne fens pour luy qu'une ex
éme froideur. 1
Mais pourquoy l'affeurer de mon indiference?
Sije n'ay point d'amour , cesfoinsfont
Superflies.
Ah, c'eft aimerplus qu'on nepense
Que de dire qu'on n'aime plus.
veau que vous aimerez , & :
Fevrier 1685 ,
M.
138 MERCURE
par
la beauté de la Mufique,
& par celle des paroles qui
font d'un fort bon Autheur.
AIR NOUEVAU.
C
En eftfait la raifon a chaffe de
mon coeur
L'ingrat qui faifoit mon martyre,
Fe veux le revoir , pour luy dire
Que je ne fens pour luy qu'une ex
éme froideur. 1
Mais pourquoy l'affeurer de mon indiference?
Sije n'ay point d'amour , cesfoinsfont
Superflies.
Ah, c'eft aimerplus qu'on nepense
Que de dire qu'on n'aime plus.
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Résumé : AIR NOUVEAU.
En février 1685, une lettre présente un nouvel air musical intitulé 'Air nouveau'. L'air est loué pour sa musique et ses paroles, écrites par un auteur de qualité. Le texte exprime des sentiments contradictoires envers une personne ingrate. Le narrateur souhaite lui avouer une froideur simulée, tout en se demandant pourquoi affirmer son indifférence. Il conclut que dire qu'on n'aime plus est une manière d'aimer plus qu'on ne le pense.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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71
p. 138-146
A MADAME DE ***
Début :
Le Mariage dont vous me parlez est fait. L'aimable Personne / Rien n'est plus certain, Madame. L'Anglois qui a [...]
Mots clefs :
Amour, Mariage, Langue, Angleterre, Coeur, Langage, Hyménée , Amants
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MADAME DE ***
Le Mariage dont vous me
parlez eft fait . L'aimable PerGALANT
139
e
kurt juin Leute , you
rez bien aife de voir. En voi-
Mij
cy une Copie.
128 MERCURE
f
1
S
ariage dont vous me
ft fait. L'aimable PerGALANT.
139
7
*
fonne, à l'avantage de qui vô
tre Parente vous a écrit tant
de chofes , s'eft réfoluë à paffer
fa vie en Angleterre , où
elle a fuivy l'Anglois qui a
fceu toucher fon coeur. Ce
qu'il y a de particulier , c'eſt
qu'aucun des deux n'entendant
la Langue de l'autre , ils
feront réduits pendant quelque
temps à ne fe parler que
par Interprétes . Un Amy de
la Mariée qui s'eft rencontré
à Londres , lors qu'elle y eft
arrivée , a écrit là deffus une
fort jolie Lettre , que vous ferez
bien- aiſe de voir. En voi-
Mij
cy une Copie.
140 MERCURE
255:22222 2522: 2222
A MADAME DE *** :
R
dame.
ne
Ien n'eft plus certain , Madame.
L'Anglois qui a
époufé Mademoiselle de ***
parle point notre Langue , &
Mademoiselle de *** ne sçait
pas un mot d'Anglois . Cela paroift
d'abord affez bizarre , mais
c'eft faute de bien confiderer ce
dont il s'agit.
Dés le moment qu'un cour
foûpire ,
On connoift en tous lieux ce que
cela veut dire ,.
GALANT. 141
Et malgré Babel & fa Tour,
Dans le Climat le plus fauvage,
Ne demandez que de l'amour ,
On entendra voſtre langage .
La Terre en mille Etats à beau fe
partager;
En Afie, en Afrique, en Europe,
il n'importe
L'Amour n'eft jamais Eträger
En quelque Païs qu'on le
porte .
Comme il eft Pere de tous les
Hommes , il eft entendu de tous
fes Enfans. Il eft vray que quand
"il veut faire quelque mauvais
coup , comme ilfaut qu'il fe maf
que et qu'il se déguife , il faut
auffi qu'il fe ferve de la Langue
#
142 MERCURE
du Pais ; mais quand il eft conduit
par l'Hymenée ,fans lequel
il ne peut estre recen chez les
honneftes Gens , il luyfuffit defe
montrer pourfe faire entendre.
En quelque Langue qu'il s'exprime,
On fçait d'abord ce qu'il prétend
;
Et dés qu'il peut parler fans
crime,
Une honnefte Fille l'entend.
La raison de cela , c'eſt que
la Langue d'Amour n'eft
qu'une tradition tres fimple &
tres aifée , dont la Nature eft dépofitaire
, & qu'elle ne manque
GALANT. 143
jamais de reveler à toutes les
Filles quand elles en ont besoin.
Parmy toutes les Nations
Si toft que l'on en vient aux pri
vautez fecretes ,
L'Hymen en ces occafions
A certaines expreffions
Quin'ont point befoin d'interpretes.
que
Ne vous étonnez donc point
deux Perfonnes Etrangeres ,
d'un langagefidiférent, ayent
pú fe résoudre de fe marier enfemble
, & croyez comme un Article
de Foy naturelle, que
fortes de myfleres , tout le monde
parle François . Ajoûtez à cela
dans ces
144 MERCURE
que de jeunes Epoux ont leur
maniere particuliere de s'entretenir
indépendamment de toutes.
les Langues de la Terre.
Les plus beaux difcours qu'on
entend,
Pour des cours enflamez font des -
contes frivoles ,
Et l'Amour pour eftre content
,
Ne s'amufe pas aux paroles .
L'Amour est la feule de tou--
tes les Divinitez dont le fervice
n'a jamais changé ; fon culte est
encore à préfent tel qu'il eftoit au
commencement du Monde. On
luy adreffe les mefmes voeux , on
luy
GALANT. 145
luy fait les mefmes Sacrifices ; on
luy immole les mefmes Victimes ;
quand deux Amans veulent
bien affifter en perfonne à fes
Mifteresfecrets , on n'en a pas fitoft
chaffe les Prophanes , que
pleins de ce Dieu qui les poffede,
ils en comprennent en un moment
toutes les Ceremonies , &
tout ce qui fe fait en fon honneur.
Si vous faifiez ce for Argument
à Thomas Diafoirus ; Vos
deux Epoux ne parlent pas
la mefme Langue ; Ergo , ils
ne s'entendent pas. Il vous
répondroit. Diftinguo , Made-
Février 1685.
N
146 MERCURE
moifelle. Ils ne s'entendent
pas le jour. Concedo , Mademoifelle.
Ils ne s'entendent
pas la nuit. Nego , Mademoifelle
. Or s'entendre la nuit , c'eft
s'entendre la moitié de la vie,
c'est beaucoup pour des Mariez.
Teconnois bien des Gens, &
vous auffi , qui parlent tres bon
François , & qui n'en demanderoient
pas d'avantage.
Qu'un Mariage eft plein d'appas
Quand la nuit un Epoux peur
contenter la Alame,
Et que le jour il n'entend pas
Les fottifes que dit fa Femme.
parlez eft fait . L'aimable PerGALANT
139
e
kurt juin Leute , you
rez bien aife de voir. En voi-
Mij
cy une Copie.
128 MERCURE
f
1
S
ariage dont vous me
ft fait. L'aimable PerGALANT.
139
7
*
fonne, à l'avantage de qui vô
tre Parente vous a écrit tant
de chofes , s'eft réfoluë à paffer
fa vie en Angleterre , où
elle a fuivy l'Anglois qui a
fceu toucher fon coeur. Ce
qu'il y a de particulier , c'eſt
qu'aucun des deux n'entendant
la Langue de l'autre , ils
feront réduits pendant quelque
temps à ne fe parler que
par Interprétes . Un Amy de
la Mariée qui s'eft rencontré
à Londres , lors qu'elle y eft
arrivée , a écrit là deffus une
fort jolie Lettre , que vous ferez
bien- aiſe de voir. En voi-
Mij
cy une Copie.
140 MERCURE
255:22222 2522: 2222
A MADAME DE *** :
R
dame.
ne
Ien n'eft plus certain , Madame.
L'Anglois qui a
époufé Mademoiselle de ***
parle point notre Langue , &
Mademoiselle de *** ne sçait
pas un mot d'Anglois . Cela paroift
d'abord affez bizarre , mais
c'eft faute de bien confiderer ce
dont il s'agit.
Dés le moment qu'un cour
foûpire ,
On connoift en tous lieux ce que
cela veut dire ,.
GALANT. 141
Et malgré Babel & fa Tour,
Dans le Climat le plus fauvage,
Ne demandez que de l'amour ,
On entendra voſtre langage .
La Terre en mille Etats à beau fe
partager;
En Afie, en Afrique, en Europe,
il n'importe
L'Amour n'eft jamais Eträger
En quelque Païs qu'on le
porte .
Comme il eft Pere de tous les
Hommes , il eft entendu de tous
fes Enfans. Il eft vray que quand
"il veut faire quelque mauvais
coup , comme ilfaut qu'il fe maf
que et qu'il se déguife , il faut
auffi qu'il fe ferve de la Langue
#
142 MERCURE
du Pais ; mais quand il eft conduit
par l'Hymenée ,fans lequel
il ne peut estre recen chez les
honneftes Gens , il luyfuffit defe
montrer pourfe faire entendre.
En quelque Langue qu'il s'exprime,
On fçait d'abord ce qu'il prétend
;
Et dés qu'il peut parler fans
crime,
Une honnefte Fille l'entend.
La raison de cela , c'eſt que
la Langue d'Amour n'eft
qu'une tradition tres fimple &
tres aifée , dont la Nature eft dépofitaire
, & qu'elle ne manque
GALANT. 143
jamais de reveler à toutes les
Filles quand elles en ont besoin.
Parmy toutes les Nations
Si toft que l'on en vient aux pri
vautez fecretes ,
L'Hymen en ces occafions
A certaines expreffions
Quin'ont point befoin d'interpretes.
que
Ne vous étonnez donc point
deux Perfonnes Etrangeres ,
d'un langagefidiférent, ayent
pú fe résoudre de fe marier enfemble
, & croyez comme un Article
de Foy naturelle, que
fortes de myfleres , tout le monde
parle François . Ajoûtez à cela
dans ces
144 MERCURE
que de jeunes Epoux ont leur
maniere particuliere de s'entretenir
indépendamment de toutes.
les Langues de la Terre.
Les plus beaux difcours qu'on
entend,
Pour des cours enflamez font des -
contes frivoles ,
Et l'Amour pour eftre content
,
Ne s'amufe pas aux paroles .
L'Amour est la feule de tou--
tes les Divinitez dont le fervice
n'a jamais changé ; fon culte est
encore à préfent tel qu'il eftoit au
commencement du Monde. On
luy adreffe les mefmes voeux , on
luy
GALANT. 145
luy fait les mefmes Sacrifices ; on
luy immole les mefmes Victimes ;
quand deux Amans veulent
bien affifter en perfonne à fes
Mifteresfecrets , on n'en a pas fitoft
chaffe les Prophanes , que
pleins de ce Dieu qui les poffede,
ils en comprennent en un moment
toutes les Ceremonies , &
tout ce qui fe fait en fon honneur.
Si vous faifiez ce for Argument
à Thomas Diafoirus ; Vos
deux Epoux ne parlent pas
la mefme Langue ; Ergo , ils
ne s'entendent pas. Il vous
répondroit. Diftinguo , Made-
Février 1685.
N
146 MERCURE
moifelle. Ils ne s'entendent
pas le jour. Concedo , Mademoifelle.
Ils ne s'entendent
pas la nuit. Nego , Mademoifelle
. Or s'entendre la nuit , c'eft
s'entendre la moitié de la vie,
c'est beaucoup pour des Mariez.
Teconnois bien des Gens, &
vous auffi , qui parlent tres bon
François , & qui n'en demanderoient
pas d'avantage.
Qu'un Mariage eft plein d'appas
Quand la nuit un Epoux peur
contenter la Alame,
Et que le jour il n'entend pas
Les fottifes que dit fa Femme.
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Résumé : A MADAME DE ***
Le texte décrit un mariage entre une jeune femme française et un homme anglais. Les époux ne parlent pas la même langue, ce qui les contraint à utiliser des interprètes pour communiquer. Un ami de la mariée, rencontré à Londres, a rédigé une lettre relatant cette situation. Le texte met en avant que l'amour surmonte les barrières linguistiques, permettant aux jeunes mariés de se comprendre malgré leurs différences. Il souligne que l'amour est universel et que les couples trouvent des moyens uniques de communiquer, particulièrement dans l'intimité. Le texte conclut en affirmant que se comprendre la nuit est suffisant pour un couple marié.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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72
p. 108-126
Histoire, [titre d'après la table]
Début :
Il est dangereux de forcer l'amour à se tourner en fureur ; [...]
Mots clefs :
Belle, Cavalier, Amour, Mariage, Demoiselle, Amants, Adorateur, Coeur, Destin funeste, Scrupule, Charme, Passion, Obstacle, Promesses, Gloire, Désespoir, Jalousie, Honneur, Blessures , Malheur, Peine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Histoire, [titre d'après la table]
Il eſt dangereux de forcer
l'amour à le tourner en fu
reur ; il en arrive ordinairement
des fuites funeftes , &
ce qui s'eft paffé depuis peu
de temps dans une des plus
grandes Villes du Royaume,.
confirme les fanglans exemples
que nous en trouvons
dans les Hiftoires. Une jeu
ne Demoiselle naturellement
fenfible à la gloire , & pleine
de cette louable & noble
fierté , qui donne un nouveau
merite aux belles Perfonnes
, vivoit dans une con--
duite qui la mettoit à cou
GALANT. 109
vert de toute cenfure. L'agrément
de ſes manieres , joint
à un brillant d'efprit qui la
diftinguoit avec beaucoup
d'avantage , luy attiroit des
Amans de tous côtez . Elle
recevoit leurs foins , fans
marquer de préférence , &
confervoit une égalité , qui
n'en rebutant aucun leur
faifoit connoître qu'elle vouloit
fe donner le temps de
choifir. C'eftoit en effet fon
but ; elle gardoit avec eux
la plus éxacte regularité ; ne
leur permettant ny vifites
affidues , ny empreffemens
110 MERCURE
trop remarquables
. Ainſi la
bienséance
régloit tous les
égards complaifans
qu'elle
croyoit leur devoir ; & la raifon
demeurant
toûjours maîtreffe
de fes fentimens
, elle
attendoit qu'elle connût aſſez
bien leurs differens caractepour
pouvoir faire un
res
-
heureux , fans fe rendre
malheureuſe , ou qu'il s'offrist
un Party plus confiderable
, qui déterminaft fon
choix. Elle approchoit de
vingt ans , quand un Cavalier
affez bienfait vint fe méler
parmy fes Adorateurs
GALANT. I
Comme il n'avoit ny plus de
naiffance , ny plus de bien
que les autres il ne reçût
la mefme honne .
d'elle
que
fteté
qu'elle
avoit
pour
tous
;
& cette
maniere
trop
indifferente
l'auroit
fans
doute
obligé
de
renoncer
à la voir
,
fi par
une
vanité
que
quelques
bonnes
fortunes
luy
avoient
fait
prendre
, il n'euſt
trouvé
de
la
honte
à ne
pas
venir
à bout
de
toucher
un
coeur
qui
avoit
toûjours
paru
infenfible
. C'eftoit
un
homme
d'un
efprit
infinuant
, &
qui
fçavoit
les
moyens
de
112 MERCURE
plaire mieux que perfonne
du monde , quand il vouloit
les mettre en ufage. Il feignit
d'eftre content des conditions
que luy préſcrivit la
Belle , & fans fe plaindre du
peu de liberté qu'elle luy laiffoit
pour les vifites , il la vit
encore plus rarement qu'elle
ne parut le fouhaiter. Il eſt
vray qu'il repara
le manque
d'empreffement qu'il fembloit
avoir pour elle , par le
foin qu'il prit de ſe trouver
aux lieux de devotion où elle
alloit ordinairement . Il la faluoit
fans luy parler que des
GALANT. 113
1
yeux , & ne manquoit pas .
dans la premiere entreveuë ,
de faire valoir d'une maniere
galante le facrifice qu'il luy
avoit fait en s'impofant la
contrainte de ne luy rien dire
, pour ne pas donner ma--
tiere à fes fcrupules. Il prenoit
d'ailleurs un plaifir par--
ticulier à élever fon merite :
devant tous ceux qui la connoiffoient
, & ce qu'elle en
apprenoit la flatoit en même
temps , & luy donnoir de l'e
ftime pour le Cavalier . Tou--
tes ces chofes firent l'effet
qu'il avoit prévû. On fou-
Mars 1685. KA
114 MERCURE
haita de s'en faire aimer. I
s'en apperçût ; & rendit des
foins un peu plus frequens,
en proteſtant que fon refpect
luy en feroit toûjours retrancher
ce qu'on trouveroit contre
les regles . La Belle qui
commençoit à eftre touchée,
adoucit en fa faveur la feve
rité de fes maximes . Elle apprehenda
qu'il n'euft trop d'exactitude
à luy, obéir , fi elle
vouloit s'opposer à ſes affi
duitez & trouvant dans fa
converfation un charme fecret
qu'elle n'avoit point fen
ty dans celle des autres , elle
GALANT. 115
crût que ce feroit ufer de:
trop de rigueur envers eile .
même , que de fe refoudre à
s'en priver. Tous fes Amans
eurent bientôt remarqué le
progrés avantageux que le
Cavalier faifoit dans fon
coeur. Ils le voyoient applaudy
fur toutes chofes ; & le
dépit les forçant d'éteindre
leur paffion , ils fe retirerent,
& laifferent leur Rival fansaucun
obftacle qui puft troubler
fes deffeins . Ce fut alors
la Belle ouvrit les yeuxque
fur le pas qu'elle avoit fait.
Le Cavalier demeuré feul au-
Kij
116 MERCURE
prés d'elle , fit examiner le
changement que l'Amour
mettoit dans fa conduite .
Toute la Ville en parla ; &
ce murmure l'ayant obligée
à s'expliquer avec luy , il
luy répondit qu'elle devoit
peu s'embaraffer de ce qu'on
penfoit de l'un & de l'autre ,
fi elle l'aimoit affez pour
vouloir bien devenir fa Fem-
; que c'eftoit dans cette
veuë qu'il avoit pris de l'attachement
pour elle ; & que·
ne fouhaitant rien avec plus
d'ardeur que de l'époufer , il
luy demandoit feulement un
me
GALANT. 117
peu
de temps pour obtenir
le confentement d'un Oncle
dont il efperoit quelque a .
vantage . Je ne puis vous dire
s'il parloit fincerement ; ce
qu'il y a de certain , c'est que
la Belle fe laiffa perfuader ..
Les promeffes que luy fit le:
Cavalier la fatisfirent &%
croyant n'avoir befoin de reputation
que pour luy , elle
fe mit peu en peine d'eftre
juftifiée envers le Public
pourvûqu'un homme qu'elle
regardoit comme fon Mary,
n'euft point fujet de fe plaindre.
Une année entiere fe
;
118 MERCURE
paffa de cette forte . Elle par
la plufieurs fois d'accomplir
le Mariage , & le fâcheux
obftacle d'un Oncle difficile
à ménager empéchoit toû
jours qu'on n'éxecutaft ce
qu'on luy avoit promis . Cependant
le Cavalier qui ne
s'eftoit obftiné à cette conquefte
, que par un vain ſentiment
de gloire , s'en dégoûta
quand elle fut faite.
L'amour de la Belle ne pouvant
plus s'augmenter , il
ceffa d'avoir pour elle les
mêmes empreffemens qui
faifoient d'abord tout fon
GALANT. 119
bonheur. Elle s'en plaignit ,
& il rejetta fur fes plaintes
trop continuelles les manie
res froides qu'il ne pouvoit
s'empécher de laiffer paroître.
Elles luy fervirent même
de prétexte pour eftre moins
affidu. Les reproches redoublerent
; & leurs converfations
n'eftant plus remplies
que de chofes chagrinantes
,
le Cavalier s'éloigna entierement.
Ce fut pour la Belle un
fujet de defefpoir qu'on ne
fçauroit exprimer . Elle envoya
plufieurs perfonnes
chez luy , elle y alla elle mê120
MERCURE
me ; & fes réponſes eſtant
toûjours qu'il l'épouferoit fitôt
qu'il auroit gagné l'efprit
de fon Oncle , elle luy fit
propofer un mariage fecret .
Il rejetta cette propofition
d'une maniere qui fit connoiſtre
à la Belle , qu'elle
efperoit inutilement luy faire
tenir parole . L'excés de fon
déplaifir égala celuy de fon
amour. Elle aimoit le Cavalier
éperdument ; & quand
elle cuft pû changer cet amour
en haine , aprés l'éclat
qu'avoient fait les chofes ,
l'intereft de fon honneur l'auroit
GALANT. 121
roit obligé à l'époufer. Toutes
les voyes de douceur
ayant manqué de fuccez,
elle forma une refolution qui
n'eftoit pas de fon fexe . Elle
employa quelque temps à
s'y affermir , & s'informa cependant
de ce que faiſoit ſon
Infidele. Elle découvrit qu'il
voyoit ſouvent une jeune
Veuve , chez qui il paffoit la
plupart des foirs. La jaloufie
augmentant fa rage , elle prit
un habit d'homme , & encouragée
par fon amour &
par la juftice de fa cauſe , elle
alla l'attendre un foir dans
Mars 1685.
L
{
122 MERCURE
une affez large ruë où elle
fçavoit qu'il devoit paffer. La
Lune eftoit alors dans fon
༣ ་
plein , & favorifoit fon entre
prife. Le Cavalier revenant
chez luy comme de coûtume
, elle l'aborda ; & à peine
luy euft- elle dit quelques paroles
, qu'il la connût à fa
voix. Il plaifanta fur cette
metamorphofe ; & la Belle .
luy déclarant d'un ton refo
lu , qu'il faloit fur l'heure ve
nir luy figner un contract de
mariage , ou luy arracher la
vie , il continua de plaifanter .
La Belle outrée de fes raille
GALANT. 123
3
ries , éxecuta ce qu'elle avoit
refolu . Elle mit l'épée à la
main ; & le contraignant de
l'y mettre auffi , elle l'attaqua
avec tant de force , que
quelque foin qu'il prît de
parer , il fut percé de deux
coups qui le jetterent par
terre. Il tomba , en difant
qu'il eftoit mort. La Belle fa.
tisfaite & defefperée en méme
temps de fa vengeance ,
cria au fecours fans vouloir
prendre la fuite . Les Voifins
parurent , & on porta
Bleffé chez un Chirurgien
qui demeuroit à vingt pas
·le
Lij
124 MERCURE
de là. Les bleffures du Cava
lier eftant mortelles , il n'eut
que le temps de déclarer
qu'il meritoit fon malheur;
qu'il avoit voulu tromper la
Belle , & qu'il en eſtoit juftement
puny. Il ajouta qu'-
elle eftoit fa Femme par la
promeffe qu'il luy avoit faite
plufieurs fois de l'époufer;
qu'il vouloit qu'on la reconnuft
pour telle , & qu'il la
prioit de luy pardonner les
déplaifirs que fon injuſtice
luy avoit caufez. Il mourut
en achevant ces paroles , &
la laiffa dans une douleur qui
GALANT. 125
paffe tout ce qu'on peut s'en
imaginer. Le repentir qu'il
avoit marqué luy rendit tout
fon amour ; & le defefpoir
où elle tomba , ne fit que
trop voir combien il avoit de
violence. Jugez de la ſurpriſe
de ceux qui eftoient preſens,
dé voir une Fille ` déguifée en
Homme , & qui demandoit
par grace qu'on vängeaſt ſur
elle la mort d'un Amant qu'
elle avoit dû facrifier à fa
gloire. Elle dit les chofes du
monde les plus touchantes ;
& il n'y eut perfonne qui ne
partageât la peine . Je n'ay
Liij
126 MERCURE
point fçeû ce que la Justice
avoit ordonné contre elle .
Son crime eft de ceux que
l'honneur fait faire , & il en
eft peu qui ne femblent excufables
, quand ils partent
d'une caufe dont on n'a point
les
à rougir.
l'amour à le tourner en fu
reur ; il en arrive ordinairement
des fuites funeftes , &
ce qui s'eft paffé depuis peu
de temps dans une des plus
grandes Villes du Royaume,.
confirme les fanglans exemples
que nous en trouvons
dans les Hiftoires. Une jeu
ne Demoiselle naturellement
fenfible à la gloire , & pleine
de cette louable & noble
fierté , qui donne un nouveau
merite aux belles Perfonnes
, vivoit dans une con--
duite qui la mettoit à cou
GALANT. 109
vert de toute cenfure. L'agrément
de ſes manieres , joint
à un brillant d'efprit qui la
diftinguoit avec beaucoup
d'avantage , luy attiroit des
Amans de tous côtez . Elle
recevoit leurs foins , fans
marquer de préférence , &
confervoit une égalité , qui
n'en rebutant aucun leur
faifoit connoître qu'elle vouloit
fe donner le temps de
choifir. C'eftoit en effet fon
but ; elle gardoit avec eux
la plus éxacte regularité ; ne
leur permettant ny vifites
affidues , ny empreffemens
110 MERCURE
trop remarquables
. Ainſi la
bienséance
régloit tous les
égards complaifans
qu'elle
croyoit leur devoir ; & la raifon
demeurant
toûjours maîtreffe
de fes fentimens
, elle
attendoit qu'elle connût aſſez
bien leurs differens caractepour
pouvoir faire un
res
-
heureux , fans fe rendre
malheureuſe , ou qu'il s'offrist
un Party plus confiderable
, qui déterminaft fon
choix. Elle approchoit de
vingt ans , quand un Cavalier
affez bienfait vint fe méler
parmy fes Adorateurs
GALANT. I
Comme il n'avoit ny plus de
naiffance , ny plus de bien
que les autres il ne reçût
la mefme honne .
d'elle
que
fteté
qu'elle
avoit
pour
tous
;
& cette
maniere
trop
indifferente
l'auroit
fans
doute
obligé
de
renoncer
à la voir
,
fi par
une
vanité
que
quelques
bonnes
fortunes
luy
avoient
fait
prendre
, il n'euſt
trouvé
de
la
honte
à ne
pas
venir
à bout
de
toucher
un
coeur
qui
avoit
toûjours
paru
infenfible
. C'eftoit
un
homme
d'un
efprit
infinuant
, &
qui
fçavoit
les
moyens
de
112 MERCURE
plaire mieux que perfonne
du monde , quand il vouloit
les mettre en ufage. Il feignit
d'eftre content des conditions
que luy préſcrivit la
Belle , & fans fe plaindre du
peu de liberté qu'elle luy laiffoit
pour les vifites , il la vit
encore plus rarement qu'elle
ne parut le fouhaiter. Il eſt
vray qu'il repara
le manque
d'empreffement qu'il fembloit
avoir pour elle , par le
foin qu'il prit de ſe trouver
aux lieux de devotion où elle
alloit ordinairement . Il la faluoit
fans luy parler que des
GALANT. 113
1
yeux , & ne manquoit pas .
dans la premiere entreveuë ,
de faire valoir d'une maniere
galante le facrifice qu'il luy
avoit fait en s'impofant la
contrainte de ne luy rien dire
, pour ne pas donner ma--
tiere à fes fcrupules. Il prenoit
d'ailleurs un plaifir par--
ticulier à élever fon merite :
devant tous ceux qui la connoiffoient
, & ce qu'elle en
apprenoit la flatoit en même
temps , & luy donnoir de l'e
ftime pour le Cavalier . Tou--
tes ces chofes firent l'effet
qu'il avoit prévû. On fou-
Mars 1685. KA
114 MERCURE
haita de s'en faire aimer. I
s'en apperçût ; & rendit des
foins un peu plus frequens,
en proteſtant que fon refpect
luy en feroit toûjours retrancher
ce qu'on trouveroit contre
les regles . La Belle qui
commençoit à eftre touchée,
adoucit en fa faveur la feve
rité de fes maximes . Elle apprehenda
qu'il n'euft trop d'exactitude
à luy, obéir , fi elle
vouloit s'opposer à ſes affi
duitez & trouvant dans fa
converfation un charme fecret
qu'elle n'avoit point fen
ty dans celle des autres , elle
GALANT. 115
crût que ce feroit ufer de:
trop de rigueur envers eile .
même , que de fe refoudre à
s'en priver. Tous fes Amans
eurent bientôt remarqué le
progrés avantageux que le
Cavalier faifoit dans fon
coeur. Ils le voyoient applaudy
fur toutes chofes ; & le
dépit les forçant d'éteindre
leur paffion , ils fe retirerent,
& laifferent leur Rival fansaucun
obftacle qui puft troubler
fes deffeins . Ce fut alors
la Belle ouvrit les yeuxque
fur le pas qu'elle avoit fait.
Le Cavalier demeuré feul au-
Kij
116 MERCURE
prés d'elle , fit examiner le
changement que l'Amour
mettoit dans fa conduite .
Toute la Ville en parla ; &
ce murmure l'ayant obligée
à s'expliquer avec luy , il
luy répondit qu'elle devoit
peu s'embaraffer de ce qu'on
penfoit de l'un & de l'autre ,
fi elle l'aimoit affez pour
vouloir bien devenir fa Fem-
; que c'eftoit dans cette
veuë qu'il avoit pris de l'attachement
pour elle ; & que·
ne fouhaitant rien avec plus
d'ardeur que de l'époufer , il
luy demandoit feulement un
me
GALANT. 117
peu
de temps pour obtenir
le confentement d'un Oncle
dont il efperoit quelque a .
vantage . Je ne puis vous dire
s'il parloit fincerement ; ce
qu'il y a de certain , c'est que
la Belle fe laiffa perfuader ..
Les promeffes que luy fit le:
Cavalier la fatisfirent &%
croyant n'avoir befoin de reputation
que pour luy , elle
fe mit peu en peine d'eftre
juftifiée envers le Public
pourvûqu'un homme qu'elle
regardoit comme fon Mary,
n'euft point fujet de fe plaindre.
Une année entiere fe
;
118 MERCURE
paffa de cette forte . Elle par
la plufieurs fois d'accomplir
le Mariage , & le fâcheux
obftacle d'un Oncle difficile
à ménager empéchoit toû
jours qu'on n'éxecutaft ce
qu'on luy avoit promis . Cependant
le Cavalier qui ne
s'eftoit obftiné à cette conquefte
, que par un vain ſentiment
de gloire , s'en dégoûta
quand elle fut faite.
L'amour de la Belle ne pouvant
plus s'augmenter , il
ceffa d'avoir pour elle les
mêmes empreffemens qui
faifoient d'abord tout fon
GALANT. 119
bonheur. Elle s'en plaignit ,
& il rejetta fur fes plaintes
trop continuelles les manie
res froides qu'il ne pouvoit
s'empécher de laiffer paroître.
Elles luy fervirent même
de prétexte pour eftre moins
affidu. Les reproches redoublerent
; & leurs converfations
n'eftant plus remplies
que de chofes chagrinantes
,
le Cavalier s'éloigna entierement.
Ce fut pour la Belle un
fujet de defefpoir qu'on ne
fçauroit exprimer . Elle envoya
plufieurs perfonnes
chez luy , elle y alla elle mê120
MERCURE
me ; & fes réponſes eſtant
toûjours qu'il l'épouferoit fitôt
qu'il auroit gagné l'efprit
de fon Oncle , elle luy fit
propofer un mariage fecret .
Il rejetta cette propofition
d'une maniere qui fit connoiſtre
à la Belle , qu'elle
efperoit inutilement luy faire
tenir parole . L'excés de fon
déplaifir égala celuy de fon
amour. Elle aimoit le Cavalier
éperdument ; & quand
elle cuft pû changer cet amour
en haine , aprés l'éclat
qu'avoient fait les chofes ,
l'intereft de fon honneur l'auroit
GALANT. 121
roit obligé à l'époufer. Toutes
les voyes de douceur
ayant manqué de fuccez,
elle forma une refolution qui
n'eftoit pas de fon fexe . Elle
employa quelque temps à
s'y affermir , & s'informa cependant
de ce que faiſoit ſon
Infidele. Elle découvrit qu'il
voyoit ſouvent une jeune
Veuve , chez qui il paffoit la
plupart des foirs. La jaloufie
augmentant fa rage , elle prit
un habit d'homme , & encouragée
par fon amour &
par la juftice de fa cauſe , elle
alla l'attendre un foir dans
Mars 1685.
L
{
122 MERCURE
une affez large ruë où elle
fçavoit qu'il devoit paffer. La
Lune eftoit alors dans fon
༣ ་
plein , & favorifoit fon entre
prife. Le Cavalier revenant
chez luy comme de coûtume
, elle l'aborda ; & à peine
luy euft- elle dit quelques paroles
, qu'il la connût à fa
voix. Il plaifanta fur cette
metamorphofe ; & la Belle .
luy déclarant d'un ton refo
lu , qu'il faloit fur l'heure ve
nir luy figner un contract de
mariage , ou luy arracher la
vie , il continua de plaifanter .
La Belle outrée de fes raille
GALANT. 123
3
ries , éxecuta ce qu'elle avoit
refolu . Elle mit l'épée à la
main ; & le contraignant de
l'y mettre auffi , elle l'attaqua
avec tant de force , que
quelque foin qu'il prît de
parer , il fut percé de deux
coups qui le jetterent par
terre. Il tomba , en difant
qu'il eftoit mort. La Belle fa.
tisfaite & defefperée en méme
temps de fa vengeance ,
cria au fecours fans vouloir
prendre la fuite . Les Voifins
parurent , & on porta
Bleffé chez un Chirurgien
qui demeuroit à vingt pas
·le
Lij
124 MERCURE
de là. Les bleffures du Cava
lier eftant mortelles , il n'eut
que le temps de déclarer
qu'il meritoit fon malheur;
qu'il avoit voulu tromper la
Belle , & qu'il en eſtoit juftement
puny. Il ajouta qu'-
elle eftoit fa Femme par la
promeffe qu'il luy avoit faite
plufieurs fois de l'époufer;
qu'il vouloit qu'on la reconnuft
pour telle , & qu'il la
prioit de luy pardonner les
déplaifirs que fon injuſtice
luy avoit caufez. Il mourut
en achevant ces paroles , &
la laiffa dans une douleur qui
GALANT. 125
paffe tout ce qu'on peut s'en
imaginer. Le repentir qu'il
avoit marqué luy rendit tout
fon amour ; & le defefpoir
où elle tomba , ne fit que
trop voir combien il avoit de
violence. Jugez de la ſurpriſe
de ceux qui eftoient preſens,
dé voir une Fille ` déguifée en
Homme , & qui demandoit
par grace qu'on vängeaſt ſur
elle la mort d'un Amant qu'
elle avoit dû facrifier à fa
gloire. Elle dit les chofes du
monde les plus touchantes ;
& il n'y eut perfonne qui ne
partageât la peine . Je n'ay
Liij
126 MERCURE
point fçeû ce que la Justice
avoit ordonné contre elle .
Son crime eft de ceux que
l'honneur fait faire , & il en
eft peu qui ne femblent excufables
, quand ils partent
d'une caufe dont on n'a point
les
à rougir.
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Résumé : Histoire, [titre d'après la table]
Le texte narre l'histoire d'une jeune demoiselle résidant dans une grande ville du royaume. Réputée pour sa sensibilité à la gloire et sa fierté, elle attire de nombreux admirateurs grâce à son charme et son esprit brillant. Elle veille à maintenir une conduite irréprochable, évitant les visites fréquentes et les démonstrations excessives, tout en laissant le temps à ses admirateurs de la convaincre. Parmi ses admirateurs, un cavalier se distingue par son esprit fin et ses bonnes fortunes. Bien qu'il feigne de se conformer aux règles de la jeune femme, il utilise divers stratagèmes pour gagner son affection, tels que la fréquenter dans des lieux de dévotion et la flatter publiquement. La jeune femme finit par s'attacher à lui, adoucissant ses principes. Ses autres admirateurs, jaloux, se retirent, laissant le champ libre au cavalier. Après une année de promesses de mariage, le cavalier, lassé par son succès, commence à négliger la jeune femme. Elle tente de le retenir, mais il refuse de s'engager. Désespérée, elle décide de le confronter déguisée en homme et le blesse mortellement lors d'un duel. Avant de mourir, le cavalier reconnaît ses torts et demande pardon, confirmant leur union par promesse. La jeune femme, dévastée, est laissée dans un état de profond désespoir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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73
p. 93-99
A DAMON. Sur ce qu'Iris luy avoit ordonné en mourant d'aimer Celimene.
Début :
On croit quelquefois rire de la Mort quand elle est / Il est donc vray, Damon, vous aimez Celimene, [...]
Mots clefs :
Fièvre, Amies, Gentilhomme, Muses, Ardeur , Gloire, Amour, Empire, Charmes, Beauté, Iris, Mémoire, Coeur, Jeunesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A DAMON. Sur ce qu'Iris luy avoit ordonné en mourant d'aimer Celimene.
On croit quelquefois rire
94 MERCURE
de la Mort quand elle eſtfore
proche. C'eſt ce qui eſt arrivé
à une jeune Perſonne, qui
n'ayant qu'un peu de Fievre ,
dit en badinant à un galant
Homme qui luy rendoit des
foins affidus , que quand elle.
feroitmorte, elle vouloit qu'il
donnaſt ſon coeur àune de ſos
Amies , qu'elle luy nomma.
SaFievre ayant augmenté,elle
mourut peu de jours aprés.
Un jeune Gentilhomme que
les affaires n'empêchét point
de ſonger de temps en temps
à faire ſa Cour aux Mufes,2
fait deſſus les Vers queje
vous envoye
GALANT S
5555 5552 55255522
A DAMON.
Sur ce qu'Iris luy avoit ordonné
en mourant d'aimer Celimene,
I
Lest donc vray, Damon ,
mez Celimene,
,vousai-
Foſtre Iris en mourantfit naiſtre ceive
ardeur,
Lors que par Testament, pourferrer
cette chaîne,
Elle luy laiſſa voſtre coeur..
Se
IeSçayqu'il eſtoit defagloire
Deplacer en bor lieu vos voeux;
Maishonorez - vousſa mémoire?
Voussentez- vous bien amoureux?
S2
Plus vousferezſenſible à cetteAmor
nouvelle
96 MERCURE
Dontpourvous Iris afait choix ,
Etplus vous montrerez de zéle
Aremplirſes dernieres loix .
Se
Non, non, ne craignez rien , on n'en
Sçauroit médire,
Aimez en touteseureté;
Iris avantſa mort voulut bienySoufcrire.
Si vous tournez vos voeux vers un
autre coſté,
C'est la marque de ſon Empire,
Nonde vostre legereté.
S2
Malgréce changement d'hommage
Vostre coeur ne s'estpointmépris;
Mais croyez-moy, Damon,pourn'estre
pointvolage,
DansCelimene ilfaut que vous aimiez
Iris.
Lors
GALANT. 97
1
Se
Lors qu'àvoſtrejeune Maistreffe
Vous rendrez des soins à l'écart,
Plein d' Iris , conduisezfibien voftre
tendresse,
Qu'elle en ait la meilleure part.
52
L'Affaire eft affez délicate,
Gardez de vous tromper, gardez de la
trahir.
Pour un nouvel Objet quandvoſtre
amour éclate,
Nefaites-vous rien qu'obeïr?
Se
Onfçait qu'à prendrefeu vostre ame
est affez prompte,
Qu'un bel oeil peutbeaucoup fur
vous.
Celimene faitvoir cent charmes des
plusdoux,
Avril 1685. I
98 MERCURE
Ne l'aimeriez- vous point tout- à-fait
pourson compte?
८८
Les Vivans, ce dit- on,font oublierles
Morts.
Ces derniers n'ont rien que deſom
bre.
Me trompay-je, Damon?je croy qu'un
jolyCorps
Vous accommode mieux qu'une
Ombre?
52
Voulez- vousypenſerſouvent?
Dans Celimene, Iris doit eftre regardée.
Ce raport eft aisé ; mais ce n'estqu'une
idée,
Et l'amourveutplus que du vent.
22
Comme d'une viande legere
Levostre affezmalse nourrit,
i
GALANT. 99
Pour le mieuxfoûtenir, ilfaut que la
:
matiere
Accoure ausecours de l'esprit.
52
LuySeul ne rendroit pas uneflame
conftante;
Etquand celuy d' Iris est remonté là
baut,
Une belle &jeune Vivante
Estbeaucoup mieux ce qu'il vous
faut.
Se
Cepedant voulez -vous m'en croire,
Prendre leparty le meilleur?
Qu' Iris ait toute la mémoire,
Et Celimene tout le coeur.
Se
Vousy trouverez vostre affaire,
Et ce partagefaitainsi
Atoutes deux vous laiſſantfatisfaire,
Vous vousfatisferezauffi .
94 MERCURE
de la Mort quand elle eſtfore
proche. C'eſt ce qui eſt arrivé
à une jeune Perſonne, qui
n'ayant qu'un peu de Fievre ,
dit en badinant à un galant
Homme qui luy rendoit des
foins affidus , que quand elle.
feroitmorte, elle vouloit qu'il
donnaſt ſon coeur àune de ſos
Amies , qu'elle luy nomma.
SaFievre ayant augmenté,elle
mourut peu de jours aprés.
Un jeune Gentilhomme que
les affaires n'empêchét point
de ſonger de temps en temps
à faire ſa Cour aux Mufes,2
fait deſſus les Vers queje
vous envoye
GALANT S
5555 5552 55255522
A DAMON.
Sur ce qu'Iris luy avoit ordonné
en mourant d'aimer Celimene,
I
Lest donc vray, Damon ,
mez Celimene,
,vousai-
Foſtre Iris en mourantfit naiſtre ceive
ardeur,
Lors que par Testament, pourferrer
cette chaîne,
Elle luy laiſſa voſtre coeur..
Se
IeSçayqu'il eſtoit defagloire
Deplacer en bor lieu vos voeux;
Maishonorez - vousſa mémoire?
Voussentez- vous bien amoureux?
S2
Plus vousferezſenſible à cetteAmor
nouvelle
96 MERCURE
Dontpourvous Iris afait choix ,
Etplus vous montrerez de zéle
Aremplirſes dernieres loix .
Se
Non, non, ne craignez rien , on n'en
Sçauroit médire,
Aimez en touteseureté;
Iris avantſa mort voulut bienySoufcrire.
Si vous tournez vos voeux vers un
autre coſté,
C'est la marque de ſon Empire,
Nonde vostre legereté.
S2
Malgréce changement d'hommage
Vostre coeur ne s'estpointmépris;
Mais croyez-moy, Damon,pourn'estre
pointvolage,
DansCelimene ilfaut que vous aimiez
Iris.
Lors
GALANT. 97
1
Se
Lors qu'àvoſtrejeune Maistreffe
Vous rendrez des soins à l'écart,
Plein d' Iris , conduisezfibien voftre
tendresse,
Qu'elle en ait la meilleure part.
52
L'Affaire eft affez délicate,
Gardez de vous tromper, gardez de la
trahir.
Pour un nouvel Objet quandvoſtre
amour éclate,
Nefaites-vous rien qu'obeïr?
Se
Onfçait qu'à prendrefeu vostre ame
est affez prompte,
Qu'un bel oeil peutbeaucoup fur
vous.
Celimene faitvoir cent charmes des
plusdoux,
Avril 1685. I
98 MERCURE
Ne l'aimeriez- vous point tout- à-fait
pourson compte?
८८
Les Vivans, ce dit- on,font oublierles
Morts.
Ces derniers n'ont rien que deſom
bre.
Me trompay-je, Damon?je croy qu'un
jolyCorps
Vous accommode mieux qu'une
Ombre?
52
Voulez- vousypenſerſouvent?
Dans Celimene, Iris doit eftre regardée.
Ce raport eft aisé ; mais ce n'estqu'une
idée,
Et l'amourveutplus que du vent.
22
Comme d'une viande legere
Levostre affezmalse nourrit,
i
GALANT. 99
Pour le mieuxfoûtenir, ilfaut que la
:
matiere
Accoure ausecours de l'esprit.
52
LuySeul ne rendroit pas uneflame
conftante;
Etquand celuy d' Iris est remonté là
baut,
Une belle &jeune Vivante
Estbeaucoup mieux ce qu'il vous
faut.
Se
Cepedant voulez -vous m'en croire,
Prendre leparty le meilleur?
Qu' Iris ait toute la mémoire,
Et Celimene tout le coeur.
Se
Vousy trouverez vostre affaire,
Et ce partagefaitainsi
Atoutes deux vous laiſſantfatisfaire,
Vous vousfatisferezauffi .
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Résumé : A DAMON. Sur ce qu'Iris luy avoit ordonné en mourant d'aimer Celimene.
Le texte présente deux récits distincts. Le premier raconte l'histoire d'une jeune personne souffrant d'une légère fièvre qui plaisante avec un galant homme en lui demandant de donner son cœur à une de ses amies après sa mort. La fièvre s'aggravant, elle décède peu après. Le second récit est une correspondance poétique entre Damon et un galant homme. Iris, avant de mourir, ordonne à Damon d'aimer Célimène. Le galant homme conseille à Damon de respecter la mémoire d'Iris tout en aimant Célimène, soulignant que les vivants font oublier les morts. Il l'encourage à voir Iris dans Célimène, mais aussi à apprécier les charmes de cette dernière. Le texte se conclut par un conseil à Damon de partager son cœur entre la mémoire d'Iris et l'amour pour Célimène, afin de se satisfaire pleinement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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74
p. 102-103
Réponse, [titre d'après la table]
Début :
Ce Sonnet a donné lieu à cette Réponse, qui est de / Sur l'exemple de Phaëton [...]
Mots clefs :
Char, Amante, Belle, Cocher, Téméraire, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Réponse, [titre d'après la table]
Ce Sonnet a donné lieu à
cette Réponſe , qui eſt de
l'Autheur des Stances qui le
précédent .
de Phaëton
N'intimidez point Celadon,
Son entrepriſe est diférentes
En conduisant un Char, ilconduit une
Amante,
Mais l'Amour estfur le Timon.
Se
Ce petit Dieu tientuneRefne; ..
1
GALANT. 103
L'Amant peut - il manquer alors de
reüffir?
Il doit mener le Charfans peine,
La Bellefuit avec plaisir.
SS
Tel Cochernn''estpoint teméraire.
Pourquoy de Phaëton craindroit-il le
deftin?
Qu'iltourne àdroit, àgauche, ilſçait
cequ'ilpeutfaire,
L'Amourapplanitſon chemin.
cette Réponſe , qui eſt de
l'Autheur des Stances qui le
précédent .
de Phaëton
N'intimidez point Celadon,
Son entrepriſe est diférentes
En conduisant un Char, ilconduit une
Amante,
Mais l'Amour estfur le Timon.
Se
Ce petit Dieu tientuneRefne; ..
1
GALANT. 103
L'Amant peut - il manquer alors de
reüffir?
Il doit mener le Charfans peine,
La Bellefuit avec plaisir.
SS
Tel Cochernn''estpoint teméraire.
Pourquoy de Phaëton craindroit-il le
deftin?
Qu'iltourne àdroit, àgauche, ilſçait
cequ'ilpeutfaire,
L'Amourapplanitſon chemin.
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Résumé : Réponse, [titre d'après la table]
Un sonnet compare l'entreprise de Céladon à celle de Phaéton. Céladon, guidé par l'Amour, conduit une amante. La réponse souligne que l'amant, bien que prudent, doit mener le char avec peine, tandis que l'amante fuit avec plaisir. La question est posée de savoir pourquoi Phaéton craindrait le destin, car il sait tourner et l'Amour aplani son chemin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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75
p. 134-137
PLAINTES D'UN AMANT.
Début :
Voicy d'autres paroles que vous trouverez fort agréables, & / Languissant & réveur aux bords d'une Fontaine, [...]
Mots clefs :
Rêveur, Fontaine, Argent, Ruisseaux, Murmures, Amour, Berger, Galant, Songe, Tendresse, Peine, Éternelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PLAINTES D'UN AMANT.
Voicy d'autres paroles que
vous trouverez fort agréables
, & tres - propres à eſtre
chantées.Elles ſont de Mademoiſelle
Caſtille.
GALANT. 135
PLAINTES D'UN AMANT.
Anguiffant &réveur aux
L bords d'une Fontaine,
Helas! dis-je cent foisfongeant à
Céliméne,
Ces petits flots d'argent
Vont d'un cours diligent
R'embellir l'émailde la Plaine.
Ces Ruiffeaux
Ontrepris leur doux murmures
CesCoftraux
Une nouvelle Verdures
Ces Ormeaux
Redonnent leurs frais ombragesz
Ces Oyseaux
Fontretentir ces Bocages
Demillechans nouveaux.
CeGazon,
CeValon
136 MERCURE
Refleurit,
Tout rit
Dans noftre Village,
Tout fait l'amour, touts'engage.
Tircis ce galant Berger
Qui nefaitque fonger
Aréjouir Irisſon aimable Bergere,
Vaméditant pour elle tout lejour
CentpetitsAirs nouveauxfurfa Fla
te legere,
EtSa Bergereàson tour
Nefongefans ceffe
Qu'àfoulagerson amour
D'unpeu de tendreſſe.
Enfin dans nos Hameaux , dans nos
Bois, dansnos Champs
Toutse prépare aux plaisirs innocens
Que ramene
Le Printemps.
L'on n'y verra plus d'inhumaine
GALANT. 137
Quemon ingrate Céliméne,
Qui ne promet à mes feux trop
conftans
Qu'une éternelle peine..
vous trouverez fort agréables
, & tres - propres à eſtre
chantées.Elles ſont de Mademoiſelle
Caſtille.
GALANT. 135
PLAINTES D'UN AMANT.
Anguiffant &réveur aux
L bords d'une Fontaine,
Helas! dis-je cent foisfongeant à
Céliméne,
Ces petits flots d'argent
Vont d'un cours diligent
R'embellir l'émailde la Plaine.
Ces Ruiffeaux
Ontrepris leur doux murmures
CesCoftraux
Une nouvelle Verdures
Ces Ormeaux
Redonnent leurs frais ombragesz
Ces Oyseaux
Fontretentir ces Bocages
Demillechans nouveaux.
CeGazon,
CeValon
136 MERCURE
Refleurit,
Tout rit
Dans noftre Village,
Tout fait l'amour, touts'engage.
Tircis ce galant Berger
Qui nefaitque fonger
Aréjouir Irisſon aimable Bergere,
Vaméditant pour elle tout lejour
CentpetitsAirs nouveauxfurfa Fla
te legere,
EtSa Bergereàson tour
Nefongefans ceffe
Qu'àfoulagerson amour
D'unpeu de tendreſſe.
Enfin dans nos Hameaux , dans nos
Bois, dansnos Champs
Toutse prépare aux plaisirs innocens
Que ramene
Le Printemps.
L'on n'y verra plus d'inhumaine
GALANT. 137
Quemon ingrate Céliméne,
Qui ne promet à mes feux trop
conftans
Qu'une éternelle peine..
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76
p. 137-138
« Ces autres Vers sont de la mesme Mademoiselle Castille. / Tu croyois, me dis-tu, le Printemps de retour [...] »
Début :
Ces autres Vers sont de la mesme Mademoiselle Castille. / Tu croyois, me dis-tu, le Printemps de retour [...]
Mots clefs :
Amour, Troupeau, Printemps, Galanterie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Ces autres Vers sont de la mesme Mademoiselle Castille. / Tu croyois, me dis-tu, le Printemps de retour [...] »
Ces autres Vers font de la
meſme Mademoiselle Ca--
ſtille.
T
acroyoiss,, medis- tu , le Printemps
de retour
Surlafoy d'un beau jour,
Etdéja ton Troupeau paiſſoit dansla
Prairie,
Un froid nouveau luy fait garder la
Bergerie.
Cloris centfois m'ajoué mesme tour
Centfoisj'ay cruson coeurſenſible à
mon amour,
Ettout cequ'elle fait, pure galanterie..
Tantoſt elle me chaffe ,&tantoſt me
retient
Avril 1685. M
138MERCURE
L'Amour enfoit loué, pointdeplainte
importune,
L'Amour&le temps vont comme il
plaiſtàla Lune,
Tircis,faycommemoy, prens le temps,
commeilvient.
meſme Mademoiselle Ca--
ſtille.
T
acroyoiss,, medis- tu , le Printemps
de retour
Surlafoy d'un beau jour,
Etdéja ton Troupeau paiſſoit dansla
Prairie,
Un froid nouveau luy fait garder la
Bergerie.
Cloris centfois m'ajoué mesme tour
Centfoisj'ay cruson coeurſenſible à
mon amour,
Ettout cequ'elle fait, pure galanterie..
Tantoſt elle me chaffe ,&tantoſt me
retient
Avril 1685. M
138MERCURE
L'Amour enfoit loué, pointdeplainte
importune,
L'Amour&le temps vont comme il
plaiſtàla Lune,
Tircis,faycommemoy, prens le temps,
commeilvient.
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77
p. 149-162
LE TRIOMPHE DE VÉNUS.
Début :
Vous vous souvenez de la Dispute qui s'est élevée / Sur le bord de l'Arar, ma Muse solitaire, [...]
Mots clefs :
Statue, Vénus, Muse, Amour, Sommeil, Triomphe, Courtisans, Glorieux, Grâces, Jeux, Coeur, Grandeur, Lumière, Charme, Héros, Heureux, Louis le Grand
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texteReconnaissance textuelle : LE TRIOMPHE DE VÉNUS.
Vous vous ſouvenez de la
Diſpute qui s'eſt élevée entre
les Sçavans touchant la Statuë
de la Viile d'Arles , pour
fçavoir fi elle repreſentoit
Venus , ou Diane. La décifion
de Sa Majesté qui s'eft
déclarée pour la premiere,
ayant terminé ce differend,
M' Magnin de l'Academie
Royale d'Arles , a fait làdeſſus
le galantOuvrage que
je vous envoye.bon
Nij
150 MERCURE
?
:
52555255-52552 555
LE TRIOMPHE
DE VENUS .
Urte bord de l'Arar ,ma Mase
Jolitaire
Cher espoirde mes derniers jours
M'offroitde quelques vers leSterite
Lecours,
Et révoit à ſon ordinaire,
Quandles Feux,les Ris,lesAmours
Vinvent troubler en foule, avecque I
leursTambours رد مرا
Leurs chants, leur Haut-bois , lour
Musette,
Lefilence dema Retraite.
52
ол
LeDieu qui fait aimer , l'air gay , le
teintvermeil,
GALANT. 151
M'aborde, s'avanceà leurteste,
Etme dit,fors de cesommeil,
Qui,filoin des plaisirs , &t'endort,
&i'arreste.
Venus triomphe enfin,je t'invite à la
feſte;
Ala Cour de LOVIS, on enfait l'appareil,
Ettout en estjusqu'au Soleil.
Se
Dianeabeaufaire lafiere,
Ellen'a plusde Courtisans,
Etfesplus zelez Partiſans
Ontabandonnéla carriere.
S2
SurunSujetfi glorieux
Nous avons raisonné , mais foibles
quenoussommes,
Dis-je alors , n'est- cepas au plusparfaitdes
Hommes
Adireſon avissur l'interèt desDieux?
N iiij
152 MERCURE
LOVIS aprononcé, c'est à tuy de ré-
Soudre,
Il estdans un degréfihaut chez les
Humains,
Que quandmesme ces Dieux luy préteraient
lafoudre,
Apeine croiroit on qu'elle custchangé
demains.
Se
Aprésque ce Heros a vuidé la querolle
Ilnefautplus disputer,
Venus le doitemporter,
Les Muſes deformais vivront bien
avec elle..
Prés de LOVIS le Grand, eltesfont
enfaveur,
P
Les Graces pour Venus ont un zele
fidelte
Enſemble de ce vainqueur
Chantantlagloire immortelle
GALANT 153
Ellesfe feront honneur
Den'avoirqu'un mesme coeur.
Se :
Les Gracesme répondirent,
Ilnetiendrapoint ànous
Les Feux,les Ris repartirent,
Quepeut- on fairefansvous,
Fillesde Venus difcrettes ?
Tout ce que gouſtent de doux
Lesamours les plusparfaites ,
N'est-cepasvousquile faites?
Que peut onfairefans vous,
Filles de Venus difcrettes?
52
Entrez dans'le Palais du plusgrand
Roy du monde,
Admirezſaſageſſe , & tranquile&
profonde,
Entrez , Mere des Amours ,
Vous triomphez , & Diane
Qui vous traitoit de Propbanes
:
154 MERCURE
N'eutjamais de fibeauxjours.
८८
Aces cris d'allegreffe
LesMuſes à leurtour
Vinrent fendre la preſſe,
Etpourfaire leur cour
Meſlons nosvoix , dirent- elles,
Ala gloire du Heros,
Dont les grandeurs immortelles,
Nous donnent en cejour unsi noble
repos.
Se
Leparty plut d'abord , lesGraces l'ac
cepterent,
Etfan's perdre de temps en recitsfuflus,
Voicy comme elles chanterent
LeTriomphe de Venus.
LES GRACES.
Venus a l'airtouchant,&d'elleonpeut
apprendre
1
GALANT. 155
Amefler aux Lauriers les Myrthes
amoureux .
Venus ne gaste rien audeſtin des
heureux,
En eft.on moins Heros , pouravoir le
coeur tendre?
LES MUSES .
Quand on donnedes loix aux plus
grands des Humains,
Toûjours vainqueur, &toûjours
équitable,
Etque demille Souverains
On tient lefort entre ses mains,
Pour avoir l'amefiere, en est- on moins
aimable?
LES GRACES.
Dans un degréde gloire , ou rien ne
peutatteindre,
Ilfautsçavoirdécendre , il fautſca-
いいvoir charmer
Il est beau dese faire craindre
156 MERCURE
Ilestdoux dese faire aimer.
LES MUSES ...
Si Venus maintenant d'une Pomme
eftornée,
Del'air dont elle la tient
Onvoitqu'ellesefouvient
DuHeros qui l'a donnéc.
LES GRACES.
Celle qu'elle recent de ce Bergervolage
Qui causa d'Ilion lefuneste ravage
Eftoit- elle de ceprix?
LOUIS a le rare avantage
De ne pouvoir estresurpris;
Iljointpar unheureux , &charmant
affemblage
Alafiertéd' Hector les charmes de
Paris. 6
LES MUSES .
Son régnefiplein de merveilles
Est la gloire de l'Univers .
i
GALANT. 157
LES GRACES .
Il est l'entretien de vosveilles
Il estle charme de vos Vers.
LES MUSES .
:
Certesfafaveurfouveraine
Nous tient lieu detout aujourd'huy.
LES GRACES.
Il estAuguste , il est Macene,
Vous n'avez affaire qu'à luy.
LES MUSES .
Qui peut nous troubler ? de la
guerre
On a fermé les Esendars
LES GRACES .
Flore peut reduire en parterre
Tout le terrain du Champ de Mars.
LES MUSES .
Plusde Canons , plus de Carcaffes,
Ne troublent l'accord de nos voix.
MULES GRACES.
Ilfautlaiſſer rive les Graces,
158 MERCURE
LOVIS les remet dans leurs
droits.
LES MUSES .
Dianen'estpoint abaiffée ;
Que cede- t'elle icy dufien?
LES GRACES .
Elle estla premiereplacée,
Venusne luy dérobe rien.
LES MUSES .
Sous le Heros quiles aſſemble
Qu'elles aurontdejours heureux!
LES GRACES.
Puißent-elles toûjours enſemble
L'accompagner dans tous fes
vaux.
... LES MUSES.
Puiffent elles d'intelligence
De charmerdans ses petits Fils.
LES GRACES!
Puiffent- elles toûjours en France
Faire la culture des •
GALANT 159
LES MUSES .
Venez ,heureuſes Destinées
Venez ſeconderſes defirs.
LES GRACES .
Neveillez queſurſes années,
Neménagezqueses plaisirs.
LES MUSES .
Fieres Beautez , Venus vous preffe
Devous enflamer en ce jour.
LES GRACES.
Que toutse rendeà latendreſſe;
Quefaire d'un coeurfans amour?
LES MUSES .
-Sans amourseroit- il poſſible
D'avoir des plaiſirs accomplis?
LES GRACES.
QuAmarilisfoitinſenſible,
C'est tant pis pour Amarilis.
LES MUSES.
Venus triomphe, tout le monde
Doit estresoumis àses loix.
160 MERCURE
LES GRACES .
Elle enflame laterre & l'onde,
Peut - on avoir de plus grands
droits?
Se
Merucilledufiecle ou nnoouussfommes
Dit l'Amour , fi Venus voit rétablir
Ses droits,
N'est- ce pas par la voix
Du plus parfait des Hommes,
plus grand des Rois? Etdu
は
Son triomphe estfiny , Sa gloire estaccomplie
Sa place estoit marquée , &le fera
toujours,
Pouvoit elle eftre mieux remplie
rlaMeredes Que parla
Se
Amours?
Allez à vostre tour, allez prendre vos
GALANT. 161
!
Dans ce Palais auguſte , il ne vous
manque rien
Etpourfinirvoſtre entretien
Apprenez à tous ceux qui plaignoients
vos disgraces,
Que les Muses, &les Graces
Nefurentjamaissibien.
SS
Rag છે
Allez par toute laterre
Aſſemblervos Favoris,
Lebruit affreux de la guerre
Netroublera plus vos cris..
Signalons noftre allegreffe
Regnons dansce Siecle heureux,
C'estl'amourqui nous en preſſe,
Direntles Ris,&les feux.
Allonsfaire éclaterfur laTerre&fur
l'onde,
Allons , & ne tardóns plus,
Au nom du Maistre du monde
162 MERCURE
Le triomphe de venus.
S&
Acesmots ils difparurem wiel
Sur leurs pas les Zephirs de la Plaine
coarurent
A
Etreftantfeulje dis en soupirant,
Tropheureux qui vous peutfuivre
Dans cet airfi triomphant;
Mais plus beureux qui peutvivre
Auprés de LOUIS le Grand!
Diſpute qui s'eſt élevée entre
les Sçavans touchant la Statuë
de la Viile d'Arles , pour
fçavoir fi elle repreſentoit
Venus , ou Diane. La décifion
de Sa Majesté qui s'eft
déclarée pour la premiere,
ayant terminé ce differend,
M' Magnin de l'Academie
Royale d'Arles , a fait làdeſſus
le galantOuvrage que
je vous envoye.bon
Nij
150 MERCURE
?
:
52555255-52552 555
LE TRIOMPHE
DE VENUS .
Urte bord de l'Arar ,ma Mase
Jolitaire
Cher espoirde mes derniers jours
M'offroitde quelques vers leSterite
Lecours,
Et révoit à ſon ordinaire,
Quandles Feux,les Ris,lesAmours
Vinvent troubler en foule, avecque I
leursTambours رد مرا
Leurs chants, leur Haut-bois , lour
Musette,
Lefilence dema Retraite.
52
ол
LeDieu qui fait aimer , l'air gay , le
teintvermeil,
GALANT. 151
M'aborde, s'avanceà leurteste,
Etme dit,fors de cesommeil,
Qui,filoin des plaisirs , &t'endort,
&i'arreste.
Venus triomphe enfin,je t'invite à la
feſte;
Ala Cour de LOVIS, on enfait l'appareil,
Ettout en estjusqu'au Soleil.
Se
Dianeabeaufaire lafiere,
Ellen'a plusde Courtisans,
Etfesplus zelez Partiſans
Ontabandonnéla carriere.
S2
SurunSujetfi glorieux
Nous avons raisonné , mais foibles
quenoussommes,
Dis-je alors , n'est- cepas au plusparfaitdes
Hommes
Adireſon avissur l'interèt desDieux?
N iiij
152 MERCURE
LOVIS aprononcé, c'est à tuy de ré-
Soudre,
Il estdans un degréfihaut chez les
Humains,
Que quandmesme ces Dieux luy préteraient
lafoudre,
Apeine croiroit on qu'elle custchangé
demains.
Se
Aprésque ce Heros a vuidé la querolle
Ilnefautplus disputer,
Venus le doitemporter,
Les Muſes deformais vivront bien
avec elle..
Prés de LOVIS le Grand, eltesfont
enfaveur,
P
Les Graces pour Venus ont un zele
fidelte
Enſemble de ce vainqueur
Chantantlagloire immortelle
GALANT 153
Ellesfe feront honneur
Den'avoirqu'un mesme coeur.
Se :
Les Gracesme répondirent,
Ilnetiendrapoint ànous
Les Feux,les Ris repartirent,
Quepeut- on fairefansvous,
Fillesde Venus difcrettes ?
Tout ce que gouſtent de doux
Lesamours les plusparfaites ,
N'est-cepasvousquile faites?
Que peut onfairefans vous,
Filles de Venus difcrettes?
52
Entrez dans'le Palais du plusgrand
Roy du monde,
Admirezſaſageſſe , & tranquile&
profonde,
Entrez , Mere des Amours ,
Vous triomphez , & Diane
Qui vous traitoit de Propbanes
:
154 MERCURE
N'eutjamais de fibeauxjours.
८८
Aces cris d'allegreffe
LesMuſes à leurtour
Vinrent fendre la preſſe,
Etpourfaire leur cour
Meſlons nosvoix , dirent- elles,
Ala gloire du Heros,
Dont les grandeurs immortelles,
Nous donnent en cejour unsi noble
repos.
Se
Leparty plut d'abord , lesGraces l'ac
cepterent,
Etfan's perdre de temps en recitsfuflus,
Voicy comme elles chanterent
LeTriomphe de Venus.
LES GRACES.
Venus a l'airtouchant,&d'elleonpeut
apprendre
1
GALANT. 155
Amefler aux Lauriers les Myrthes
amoureux .
Venus ne gaste rien audeſtin des
heureux,
En eft.on moins Heros , pouravoir le
coeur tendre?
LES MUSES .
Quand on donnedes loix aux plus
grands des Humains,
Toûjours vainqueur, &toûjours
équitable,
Etque demille Souverains
On tient lefort entre ses mains,
Pour avoir l'amefiere, en est- on moins
aimable?
LES GRACES.
Dans un degréde gloire , ou rien ne
peutatteindre,
Ilfautsçavoirdécendre , il fautſca-
いいvoir charmer
Il est beau dese faire craindre
156 MERCURE
Ilestdoux dese faire aimer.
LES MUSES ...
Si Venus maintenant d'une Pomme
eftornée,
Del'air dont elle la tient
Onvoitqu'ellesefouvient
DuHeros qui l'a donnéc.
LES GRACES.
Celle qu'elle recent de ce Bergervolage
Qui causa d'Ilion lefuneste ravage
Eftoit- elle de ceprix?
LOUIS a le rare avantage
De ne pouvoir estresurpris;
Iljointpar unheureux , &charmant
affemblage
Alafiertéd' Hector les charmes de
Paris. 6
LES MUSES .
Son régnefiplein de merveilles
Est la gloire de l'Univers .
i
GALANT. 157
LES GRACES .
Il est l'entretien de vosveilles
Il estle charme de vos Vers.
LES MUSES .
:
Certesfafaveurfouveraine
Nous tient lieu detout aujourd'huy.
LES GRACES.
Il estAuguste , il est Macene,
Vous n'avez affaire qu'à luy.
LES MUSES .
Qui peut nous troubler ? de la
guerre
On a fermé les Esendars
LES GRACES .
Flore peut reduire en parterre
Tout le terrain du Champ de Mars.
LES MUSES .
Plusde Canons , plus de Carcaffes,
Ne troublent l'accord de nos voix.
MULES GRACES.
Ilfautlaiſſer rive les Graces,
158 MERCURE
LOVIS les remet dans leurs
droits.
LES MUSES .
Dianen'estpoint abaiffée ;
Que cede- t'elle icy dufien?
LES GRACES .
Elle estla premiereplacée,
Venusne luy dérobe rien.
LES MUSES .
Sous le Heros quiles aſſemble
Qu'elles aurontdejours heureux!
LES GRACES.
Puißent-elles toûjours enſemble
L'accompagner dans tous fes
vaux.
... LES MUSES.
Puiffent elles d'intelligence
De charmerdans ses petits Fils.
LES GRACES!
Puiffent- elles toûjours en France
Faire la culture des •
GALANT 159
LES MUSES .
Venez ,heureuſes Destinées
Venez ſeconderſes defirs.
LES GRACES .
Neveillez queſurſes années,
Neménagezqueses plaisirs.
LES MUSES .
Fieres Beautez , Venus vous preffe
Devous enflamer en ce jour.
LES GRACES.
Que toutse rendeà latendreſſe;
Quefaire d'un coeurfans amour?
LES MUSES .
-Sans amourseroit- il poſſible
D'avoir des plaiſirs accomplis?
LES GRACES.
QuAmarilisfoitinſenſible,
C'est tant pis pour Amarilis.
LES MUSES.
Venus triomphe, tout le monde
Doit estresoumis àses loix.
160 MERCURE
LES GRACES .
Elle enflame laterre & l'onde,
Peut - on avoir de plus grands
droits?
Se
Merucilledufiecle ou nnoouussfommes
Dit l'Amour , fi Venus voit rétablir
Ses droits,
N'est- ce pas par la voix
Du plus parfait des Hommes,
plus grand des Rois? Etdu
は
Son triomphe estfiny , Sa gloire estaccomplie
Sa place estoit marquée , &le fera
toujours,
Pouvoit elle eftre mieux remplie
rlaMeredes Que parla
Se
Amours?
Allez à vostre tour, allez prendre vos
GALANT. 161
!
Dans ce Palais auguſte , il ne vous
manque rien
Etpourfinirvoſtre entretien
Apprenez à tous ceux qui plaignoients
vos disgraces,
Que les Muses, &les Graces
Nefurentjamaissibien.
SS
Rag છે
Allez par toute laterre
Aſſemblervos Favoris,
Lebruit affreux de la guerre
Netroublera plus vos cris..
Signalons noftre allegreffe
Regnons dansce Siecle heureux,
C'estl'amourqui nous en preſſe,
Direntles Ris,&les feux.
Allonsfaire éclaterfur laTerre&fur
l'onde,
Allons , & ne tardóns plus,
Au nom du Maistre du monde
162 MERCURE
Le triomphe de venus.
S&
Acesmots ils difparurem wiel
Sur leurs pas les Zephirs de la Plaine
coarurent
A
Etreftantfeulje dis en soupirant,
Tropheureux qui vous peutfuivre
Dans cet airfi triomphant;
Mais plus beureux qui peutvivre
Auprés de LOUIS le Grand!
Fermer
78
p. 232-233
Mariage de M. l'Electeur de Baviere, [titre d'après la table]
Début :
Monsieur l'Electeur de Baviere doit épouser au premier jour, l'Archiduchesse [...]
Mots clefs :
Mariage, Électeur de Bavière, Archiduchesse, Fille de l'Empereur, Amour, Gloire, Courage
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texteReconnaissance textuelle : Mariage de M. l'Electeur de Baviere, [titre d'après la table]
Monfieur l'Electeur de
Baviere doit époufer au premier
jour , l'Archiducheſſe
Marie Antoinette , Fille de
l'Empereur , & ce jeune Souverain
ſe prepare pour aller
faire ſa troiſieme Campagne
contre les Turcs. Ainſi l'on
peut dire qu'il eſt entierement
occupé par l'amour &
par la gloire. Il eſt galant , il
a de l'eſprit , du coeur , & de
GALANT. 233
la grandeur d'ame , & toute
la terre doit eſtre perfuadée
⚫ que le courage , & la magnificence
luy étant naturelles &
heréditaires , il ne fera aucu
ne entrepriſe qu'il n'execute
avec grand éclat. J'auray ſoin,
Madame , quand il en faudra
parler , de n'oublier rien de
tout ce que voſtre curioſité
peut ſouhaiter là deſſus .
Baviere doit époufer au premier
jour , l'Archiducheſſe
Marie Antoinette , Fille de
l'Empereur , & ce jeune Souverain
ſe prepare pour aller
faire ſa troiſieme Campagne
contre les Turcs. Ainſi l'on
peut dire qu'il eſt entierement
occupé par l'amour &
par la gloire. Il eſt galant , il
a de l'eſprit , du coeur , & de
GALANT. 233
la grandeur d'ame , & toute
la terre doit eſtre perfuadée
⚫ que le courage , & la magnificence
luy étant naturelles &
heréditaires , il ne fera aucu
ne entrepriſe qu'il n'execute
avec grand éclat. J'auray ſoin,
Madame , quand il en faudra
parler , de n'oublier rien de
tout ce que voſtre curioſité
peut ſouhaiter là deſſus .
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79
p. 256-272
Histoire, [titre d'après la table]
Début :
On m'a conté une chose fort particuliere, arrivée icy sur [...]
Mots clefs :
Carnaval, Déguisements, Cavalier, Dame, Filles, Richesse, Honnêteté, Soeurs, Coeur, Charme, Belle, Correspondance, Mariage, Passion, Comédie, Galanterie, Bal, Assemblée, Amour, Divertissement, Amants, Hasard, Masques, Attaque, Diamant, Bourse, Mémoire, Jugement
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texteReconnaissance textuelle : Histoire, [titre d'après la table]
On m'a conté une choſe
fort particuliere , arrivée icy
ſur la fin du Carnaval. C'eſt
la ſaiſon des Déguiſemens , &
par conféquent des Avantures.
Un Cavalier d'une Province
éloignée, eſlant venu à
Paris pour y acquerir d'air de
liberté & de politeffe qui diftingue
ceux qui ont veu le
monde , prit habitude chez
uneDame tres ſpirituelle, qui
cultiva cette connoiſſance
GALANT. 297
Voit
avec tout le ſoin qu'elle de-
Elle avoit deux Filles,
toutes deuxbien faites , & la
fortune ne luy ayant pascité
favorable , il eſtoit de l'inte
reſt de l'une & de l'autre que
ſa politique ménageaft ceux
que desviſites un peu affidues
pouvoient engager à prendre
feu Le Cavalier eſtoit
tiche , & cette ſeule raifon
euſtportéla Dame àtous les
égards qu'elle avoit pour luy,
quand mesme il n'auroit efte
confiderable par aucun merite.
Il n'eut pendant quel
que temps que des complai
Avril 1685. Y
258 MERCURE
fances genérales que l'hon
neſteté oblige d'avoir pour
toutes les Dames. On le recevoit
agréablement ,& les
deux Soeurs a l'envy luy faifoient
paroiſtre toute l'eſtime
que la bien ſéance leur pou
voit permettre , fans qu'aucunempreſſement
particulier
pour l'une ou pour l'autremarquaft
le choix de ſon coeur,
mais enfin il s'attacha à l'Aînée,&
l'égalité d'humeur qu'il
luy trouva fut pour luy un fi
grand charme qu'il mit
tous ſes foins à s'en faire
,
aimer. Vous jugez bien qu'il
GALANT. 259
n'eut pas de peine à y reüf
fir. La Belle eſtoit dans des
dipoſitions qui avoient en
quelque forte prévenu fess
voeux , & la Mere authori--
ſant la correſpondance que le
Cavalier luy demandoit, il cute
le plaifir de ſe voir aimé dés
qu'il ſe fut déclaré Amant.
Oneuſtbien voulu qu'il euſt
arreſté le Mariage , mais ill
eſtoit dangereux de l'en pref
fer , & on jugea à propos
d'attendre que fa paflion
mieux affermie l'euft mis en
état de ne point examiner les
peu d'avantage qu'il devoit
2
Yij
260 MERCURE
tirer de cette alliance. 10Gefie
pendant ce ne furent plus
que des Parties de plaifire Le
Cavalier voulant divertir das
belle Maiſtreſſe , la menoit
ſouvent à la Comédie ou à
l'Opera , & cherchoit d'ail
leurs tout ce qui pouvoit
contribuer à luy donner de la
joye. Le temps de la Foire
eſtant venu , ils yallérent
pluſieurs fois enſemble ,& ild
luy faifoir toûjours quelque
Preſent. La Mere avoit part
à ſes liberalitez , & comme il
aidoit à entretenir le Jeu chez
elle, ſes viſites affiduës luy
GALANT.261
eſtoient utiles de bien des
manieres. La fin du Carna
val approchoit , & la Belle
ayant un jour témoigné qu'
elle avoit envie de courir le
Bal , le Cavalier ſongea aufh
toftà la fatisfaire. Il alla cher ) {
cher des habits fort riches,
les fit porter chez la Dame,
& chacun choifit ce qu'il
voulut. Les deux Filles s'habillerenten
Hommes à la
Françoiſe avec des écharpes
magnifiques ,& les autres ornemens
qui pouvoient ſervin
à leur donner de l'éclat &
a. Mere & le Cavalier ſe dé262
MERCURE
guiférenten Arméniens. La
galanterie eſtoit jointe, à la
propreté & cette petite
Troupe meritoit bien qu'on
la regardaft. Le Cavalier
qui aimoit le jeu , ayant
accoûtumé de porter beaucoup
d'argent , la Belle vouloit
qu'il laiſſaſt ſa bourſe.
La Mere dit là deſſus , que
puis qu'on croyoit qu'il n'y
euſt pas feureté entiere à ſe
trouver le foir dans lesRuës,
elle aimoit mieux rompre la
Partie , que de s'expoſer
à une mauvaiſe rencontre...
Le Cavalier ne manqua pas
GALANT. 263
de répondre , qu'elle estoit fi
peu à craindre , par le bon
ordre que les Magittrats y
avoient mis , que quand il
auroit mille piſtoles , il iroit
luy ſeul par tout Paris , aufli
ſeurement que s'il eſtoit efcorté
de tous les Archersdu
Guet. En meſme temps il
donna à la Belle un Diamant
qui estoit de prix , pour tenir
fon Maſque , & ils montérent
tous en Carroffe, pour
aller dans le Fauxbourg Saint
Germain , où ils apprirent
qu'il y avoit une tres - belle
Affemblée. L'affluence des
264 MERCURE
Maſques leur permit à peine
d'y entrer , mais enfin le Ca
valier s'eſtant fait jour dans
la foule , ils arrivérent juſqu'à
la Salle du Bal. Les Luftres
dont elle eſtoit éclairée , relevoient
merveilleuſement la
beautéde leurs Habits. Toute
Affemblée les remarqua, &
cela fut cauſe qu'on les fic
d'abord dancer. Ils s'en aqui
térent avec une grace qui leur
attira de grandes honnettetez
du Maistre de la Mifon...
Il leur fit donner des ſiéges,
& le Cavalier prit place au
prés de la Belle. Tandis que
l'Amour
GALANT 265
!
l'Amour leur fourniffoit le
ſujetd'un entretien agréable,
la Mere & la Soeur n'estoient
occupées qu'à regarder ; &
s'ennuyant d'eftre toûjours
dans le meſme endroit , elles
ſe firent un divertiſſement
d'aller dans toute la Salle
nouer converſation avec les
Maſques qu'elles y trouvé
rent. On en voyoit fans cefle
entrer de nouveaux ,
confufiony devint fi grande,
qu'onfut enfin obligé de faire
ceffer les Violons. Les deux
Amans ſe leverent , & aprés
avoir cherché inutilement la
Avril1685. Z
&
266MERCURE
1
T
Mere & la Soeur , ils defoendirent
en bas , croyant les y
rencontrer. Ils n'y furent pas
plûtoſt qu'ils les apperceu
rent. Le Cavalier prit la Mere
par la main & fit paſſer
les deux Sceoeurs devant. On
ne fongea qu'à fe hater de
fortir , & ils monterent tous
quatre en Carroſſe, ſans ſe
dire rien . Le Cocher , qui
en partant du Logis avoit cu
ordre de les mener à un ſecond
Bal , en prit le chemin.
Apeine avoit il fait deux cens
pas , que le Cavalier ofta fon
maſque , pour demander à
}
GALANT. 267
7
la Mere fi elle s'estoit un peu
divertie. Cette Mere préten
düe fut fort ſurpriſe d'enten
dre une voix qu'elle ne cong
noiffoit point. Elle cria au
Cocher qu'il arreſtaſt ; & le
Cavalier & fa Maiſtreſſe ne fu
rent pas moins étonnez que
les deux autres, d'une mépriſe
qui les mettoit tous dans un
parcil embarras. Le hazard
avoit voulu qu'unHomme di
ſtingué dans la Robe, s'eſtoir
déguisé avec ſa Femme , ſa
Soeur, & fa Fille, delamesmo
forte que le Cavalier & lesq
trois Femmes dont il s'eſtoit
Zij
268 MERCURE
fait le Conducteur , c'eſt à
dire , deux en Arméniens,
&deux en habits à la Françoife.
Ils s'eſtoiem perdus
parmy la foule des Maſques,
&dans la confufion la Femme
& la Fille de l'Homme
de Robe , avoient pris le Cat
valier & la Belle pour les
deux Perſonnes qu'elles cherchoient.
Il fut queſtion de
retourner à ce premier Bal,
pour tirer de peine ceux qu'-
on y avoit laiſſez ; & lon
prenoit deja cette route , lors
que dix Hommes maſquez
approchérent duCarroffe. Ils
10
GALANT 269
forcérent le Cocher à quiter
le ſiege , & l'un d'eux s'y
eftant mis , conduiſit le Cavalier
& les trois Dames aſſez
loin dans le Fauxbourg. Le
Carroſſe s'eſtant enfin arrefté,
ceux qui l'eſcortoient leur
dirent qu'il y alloit de leur
vie s'ils faifoient du bruit , &
qu'on n'en vouloit qu'à leurs
Habits . La réſiſtance auroit
efté inutile. Ainſi le meilleur
Party qu'ils virent à prendre,
fut de defcendre fort paifiblement
, & d'entrer dans
une Maiſon de peu d'apparence,
qui leur fut ouverte
•
Z iij
270 MURCURE
Lalces Maſques un peu trop
officielux prirent la peine de
les décharger de tous d'équi
page qui avoit ſervy ales dé
guifer , & les revétirentà peu
de frais ,&feulementpourles
garantir du froid Quredes
Habits la Belle laiſſa fon Dia,
mant, de Cavalier fa bourfe,
&une fort belle Montre , &&
les deux Dames , ce qu'elles
avoient qui valoin la peine
d'eſtregardé. Apres les avoin
ainſi dépoüillez , ces Voleurs
leur demandérent où ils vou
loient qu'onlesreménaſt. Le
Cavalier & laDame ſe nom
上
GALANIM 271
mérent,&on les remit chez
eux. L'Homme de Robe ayat
retrouvé la Femmes, felper
ſuada que le Cavalier n'avoir
imité fon déguisement que
pour faire réüffir le vol qui
venoit d'eſtre commis ,& ne
doutant point qu'il n'euft
efté d'intelligence avec les
Voleurs , il commença con
tre luy des procédures qui
apparemment auront de la
fuires De l'autre coſtéle Cab
valier touché de fa perre, ſe
mit dans l'efprit que la Mere
della Belle n'avoit témoigné
vouloir rompre la partic
•
272MERCURE
€
quand on luy avoit propoſe
de laiſſer ſabourſe , que pour
Fobliger à la porter , &s'ima
ginant qu'elle s'eftoit cachée
àdeſſein parmy les Maſques
pour l'engager à fortir fans
elle, il la crut complice de
fon avanture. Ainfi fon chagrin
ayant étouffé l'amour , il
fait contr'elle les mefmes
pourſuites que fait contre luy
PHomme de Robe. L'acharnement
eft grand à plaider
de part & d'autre. Voila,
Madame , ce que portemon
Memoire.On m'aſſeure qu'il
eft vray dans toutes les cir
conſtances.
fort particuliere , arrivée icy
ſur la fin du Carnaval. C'eſt
la ſaiſon des Déguiſemens , &
par conféquent des Avantures.
Un Cavalier d'une Province
éloignée, eſlant venu à
Paris pour y acquerir d'air de
liberté & de politeffe qui diftingue
ceux qui ont veu le
monde , prit habitude chez
uneDame tres ſpirituelle, qui
cultiva cette connoiſſance
GALANT. 297
Voit
avec tout le ſoin qu'elle de-
Elle avoit deux Filles,
toutes deuxbien faites , & la
fortune ne luy ayant pascité
favorable , il eſtoit de l'inte
reſt de l'une & de l'autre que
ſa politique ménageaft ceux
que desviſites un peu affidues
pouvoient engager à prendre
feu Le Cavalier eſtoit
tiche , & cette ſeule raifon
euſtportéla Dame àtous les
égards qu'elle avoit pour luy,
quand mesme il n'auroit efte
confiderable par aucun merite.
Il n'eut pendant quel
que temps que des complai
Avril 1685. Y
258 MERCURE
fances genérales que l'hon
neſteté oblige d'avoir pour
toutes les Dames. On le recevoit
agréablement ,& les
deux Soeurs a l'envy luy faifoient
paroiſtre toute l'eſtime
que la bien ſéance leur pou
voit permettre , fans qu'aucunempreſſement
particulier
pour l'une ou pour l'autremarquaft
le choix de ſon coeur,
mais enfin il s'attacha à l'Aînée,&
l'égalité d'humeur qu'il
luy trouva fut pour luy un fi
grand charme qu'il mit
tous ſes foins à s'en faire
,
aimer. Vous jugez bien qu'il
GALANT. 259
n'eut pas de peine à y reüf
fir. La Belle eſtoit dans des
dipoſitions qui avoient en
quelque forte prévenu fess
voeux , & la Mere authori--
ſant la correſpondance que le
Cavalier luy demandoit, il cute
le plaifir de ſe voir aimé dés
qu'il ſe fut déclaré Amant.
Oneuſtbien voulu qu'il euſt
arreſté le Mariage , mais ill
eſtoit dangereux de l'en pref
fer , & on jugea à propos
d'attendre que fa paflion
mieux affermie l'euft mis en
état de ne point examiner les
peu d'avantage qu'il devoit
2
Yij
260 MERCURE
tirer de cette alliance. 10Gefie
pendant ce ne furent plus
que des Parties de plaifire Le
Cavalier voulant divertir das
belle Maiſtreſſe , la menoit
ſouvent à la Comédie ou à
l'Opera , & cherchoit d'ail
leurs tout ce qui pouvoit
contribuer à luy donner de la
joye. Le temps de la Foire
eſtant venu , ils yallérent
pluſieurs fois enſemble ,& ild
luy faifoir toûjours quelque
Preſent. La Mere avoit part
à ſes liberalitez , & comme il
aidoit à entretenir le Jeu chez
elle, ſes viſites affiduës luy
GALANT.261
eſtoient utiles de bien des
manieres. La fin du Carna
val approchoit , & la Belle
ayant un jour témoigné qu'
elle avoit envie de courir le
Bal , le Cavalier ſongea aufh
toftà la fatisfaire. Il alla cher ) {
cher des habits fort riches,
les fit porter chez la Dame,
& chacun choifit ce qu'il
voulut. Les deux Filles s'habillerenten
Hommes à la
Françoiſe avec des écharpes
magnifiques ,& les autres ornemens
qui pouvoient ſervin
à leur donner de l'éclat &
a. Mere & le Cavalier ſe dé262
MERCURE
guiférenten Arméniens. La
galanterie eſtoit jointe, à la
propreté & cette petite
Troupe meritoit bien qu'on
la regardaft. Le Cavalier
qui aimoit le jeu , ayant
accoûtumé de porter beaucoup
d'argent , la Belle vouloit
qu'il laiſſaſt ſa bourſe.
La Mere dit là deſſus , que
puis qu'on croyoit qu'il n'y
euſt pas feureté entiere à ſe
trouver le foir dans lesRuës,
elle aimoit mieux rompre la
Partie , que de s'expoſer
à une mauvaiſe rencontre...
Le Cavalier ne manqua pas
GALANT. 263
de répondre , qu'elle estoit fi
peu à craindre , par le bon
ordre que les Magittrats y
avoient mis , que quand il
auroit mille piſtoles , il iroit
luy ſeul par tout Paris , aufli
ſeurement que s'il eſtoit efcorté
de tous les Archersdu
Guet. En meſme temps il
donna à la Belle un Diamant
qui estoit de prix , pour tenir
fon Maſque , & ils montérent
tous en Carroffe, pour
aller dans le Fauxbourg Saint
Germain , où ils apprirent
qu'il y avoit une tres - belle
Affemblée. L'affluence des
264 MERCURE
Maſques leur permit à peine
d'y entrer , mais enfin le Ca
valier s'eſtant fait jour dans
la foule , ils arrivérent juſqu'à
la Salle du Bal. Les Luftres
dont elle eſtoit éclairée , relevoient
merveilleuſement la
beautéde leurs Habits. Toute
Affemblée les remarqua, &
cela fut cauſe qu'on les fic
d'abord dancer. Ils s'en aqui
térent avec une grace qui leur
attira de grandes honnettetez
du Maistre de la Mifon...
Il leur fit donner des ſiéges,
& le Cavalier prit place au
prés de la Belle. Tandis que
l'Amour
GALANT 265
!
l'Amour leur fourniffoit le
ſujetd'un entretien agréable,
la Mere & la Soeur n'estoient
occupées qu'à regarder ; &
s'ennuyant d'eftre toûjours
dans le meſme endroit , elles
ſe firent un divertiſſement
d'aller dans toute la Salle
nouer converſation avec les
Maſques qu'elles y trouvé
rent. On en voyoit fans cefle
entrer de nouveaux ,
confufiony devint fi grande,
qu'onfut enfin obligé de faire
ceffer les Violons. Les deux
Amans ſe leverent , & aprés
avoir cherché inutilement la
Avril1685. Z
&
266MERCURE
1
T
Mere & la Soeur , ils defoendirent
en bas , croyant les y
rencontrer. Ils n'y furent pas
plûtoſt qu'ils les apperceu
rent. Le Cavalier prit la Mere
par la main & fit paſſer
les deux Sceoeurs devant. On
ne fongea qu'à fe hater de
fortir , & ils monterent tous
quatre en Carroſſe, ſans ſe
dire rien . Le Cocher , qui
en partant du Logis avoit cu
ordre de les mener à un ſecond
Bal , en prit le chemin.
Apeine avoit il fait deux cens
pas , que le Cavalier ofta fon
maſque , pour demander à
}
GALANT. 267
7
la Mere fi elle s'estoit un peu
divertie. Cette Mere préten
düe fut fort ſurpriſe d'enten
dre une voix qu'elle ne cong
noiffoit point. Elle cria au
Cocher qu'il arreſtaſt ; & le
Cavalier & fa Maiſtreſſe ne fu
rent pas moins étonnez que
les deux autres, d'une mépriſe
qui les mettoit tous dans un
parcil embarras. Le hazard
avoit voulu qu'unHomme di
ſtingué dans la Robe, s'eſtoir
déguisé avec ſa Femme , ſa
Soeur, & fa Fille, delamesmo
forte que le Cavalier & lesq
trois Femmes dont il s'eſtoit
Zij
268 MERCURE
fait le Conducteur , c'eſt à
dire , deux en Arméniens,
&deux en habits à la Françoife.
Ils s'eſtoiem perdus
parmy la foule des Maſques,
&dans la confufion la Femme
& la Fille de l'Homme
de Robe , avoient pris le Cat
valier & la Belle pour les
deux Perſonnes qu'elles cherchoient.
Il fut queſtion de
retourner à ce premier Bal,
pour tirer de peine ceux qu'-
on y avoit laiſſez ; & lon
prenoit deja cette route , lors
que dix Hommes maſquez
approchérent duCarroffe. Ils
10
GALANT 269
forcérent le Cocher à quiter
le ſiege , & l'un d'eux s'y
eftant mis , conduiſit le Cavalier
& les trois Dames aſſez
loin dans le Fauxbourg. Le
Carroſſe s'eſtant enfin arrefté,
ceux qui l'eſcortoient leur
dirent qu'il y alloit de leur
vie s'ils faifoient du bruit , &
qu'on n'en vouloit qu'à leurs
Habits . La réſiſtance auroit
efté inutile. Ainſi le meilleur
Party qu'ils virent à prendre,
fut de defcendre fort paifiblement
, & d'entrer dans
une Maiſon de peu d'apparence,
qui leur fut ouverte
•
Z iij
270 MURCURE
Lalces Maſques un peu trop
officielux prirent la peine de
les décharger de tous d'équi
page qui avoit ſervy ales dé
guifer , & les revétirentà peu
de frais ,&feulementpourles
garantir du froid Quredes
Habits la Belle laiſſa fon Dia,
mant, de Cavalier fa bourfe,
&une fort belle Montre , &&
les deux Dames , ce qu'elles
avoient qui valoin la peine
d'eſtregardé. Apres les avoin
ainſi dépoüillez , ces Voleurs
leur demandérent où ils vou
loient qu'onlesreménaſt. Le
Cavalier & laDame ſe nom
上
GALANIM 271
mérent,&on les remit chez
eux. L'Homme de Robe ayat
retrouvé la Femmes, felper
ſuada que le Cavalier n'avoir
imité fon déguisement que
pour faire réüffir le vol qui
venoit d'eſtre commis ,& ne
doutant point qu'il n'euft
efté d'intelligence avec les
Voleurs , il commença con
tre luy des procédures qui
apparemment auront de la
fuires De l'autre coſtéle Cab
valier touché de fa perre, ſe
mit dans l'efprit que la Mere
della Belle n'avoit témoigné
vouloir rompre la partic
•
272MERCURE
€
quand on luy avoit propoſe
de laiſſer ſabourſe , que pour
Fobliger à la porter , &s'ima
ginant qu'elle s'eftoit cachée
àdeſſein parmy les Maſques
pour l'engager à fortir fans
elle, il la crut complice de
fon avanture. Ainfi fon chagrin
ayant étouffé l'amour , il
fait contr'elle les mefmes
pourſuites que fait contre luy
PHomme de Robe. L'acharnement
eft grand à plaider
de part & d'autre. Voila,
Madame , ce que portemon
Memoire.On m'aſſeure qu'il
eft vray dans toutes les cir
conſtances.
Fermer
80
p. 108-118
EPITRE CHAGRINE A MADEMOISELLE D. L. C.
Début :
Voicy un Ouvrage de l'Illustre Madame des Houlieres. / He bien, quel noir chagrin vous occupe aujourd'huy ? [...]
Mots clefs :
Gens, Temps, Respect, Amour, Loix, Époux, Achéron, Cour, Vivre, Commerce
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITRE CHAGRINE A MADEMOISELLE D. L. C.
oicyun Ouvrage de l'IIluftre Madame des Houlieres. Sonnom vous répond de
fa beauté.
25222-22-2522:22225
EPITRE CHAGRINE
A MADEMOISELLE D.L.C.
H
E bien, quel noir chagrin vous
occupe aujourd'huy ?
M'eft venudemanderavec unfierfourire
Un jeune Seigneur , qu'on peut dire
Auffibeau que l'Amour , auffi traitre
que luy.
Vous gardez unprofondfilence.
( A t-il repris jurant à demy bas )
Eft- ceque vous ne daignez pas
GALANT 109
De ce que vous pensez mefaire confidence,
Ien'enfuispas peut- eftre affez digne.
Aces mots,
Pourjoindre un autre Fat,il m'a tourné le dos.
Q
Queldifcours pouvois -je luyfaire,
Moy qui dans ce meſme moment
Repaffois dans ma tefte avec étonnement
Dela nouvelle Cour la conduite ordinaire?
M'auroit-il jamais pardonné
La peinture vive &fincere
De cent vices aufquels il s'est abandonné?
Non , contre moyle dépit , la colere,
Le chagrin , tout auroit agy.
Mais quoy que mes difcours euffent pu
luy déplaire,
110 MERCURE
Son front n'en auroit point rougy.
BA
Iefçay defes pareilsjufqu'où l'audace monte.
Atoutce qui leurplaift ofent- ils s'emporter ,
Loin d'en avoir la moindre honte ,
Eux- mefmes vont en plaifanter.
BA
De leurs déreglemens Hiftoriens fidelles ,
Avec unfront d'airain ils feront mille fois
Unodieuxdétail des plus affreux
droits.
On diroit à les voir traiter de bagatelles ,
Les horreurs les plus criminelles ,
Que ce n'est point pour eux quefont
faites les Loix,
GALANT. III
Tant ils ont de mépris pour elles.
3
Avec gens fans merite & du rang
le plus bas
Ils font volontiers connoiffance.
Mais auffi quels égards &quelle dé
ference
Veut-on qu'on ait pour eux ?helas!
Ilsfont oublier leur naiſſance
Quandils ne s'enfouviennentpas.
Daignent-ils nousrendre visite,
Le plus ombrageux des Epoux
N'enfçauroit devenirjaloux.
Ce n'est pointpour noftre merite.
Leurs yeux n'en trouvent pointen
nous.
Ce n'est que pour parler de leur gain,
de leurperte ,
Se dirc que d'un vin qui les charmera tous ,
112 MERCURE
On a fait une heureuse &fure décou
verte ,
Se montrer quelques Billets doux,
Se dandiner dans une chaife ,
Faire tous leurs trocqs à leur aife,
Etfe donner des rendez- vous.
Siparun pur hazard quelqu'un d'entre eux s'avife ,
D'avoir des fentimens tendres , refpcctueux,
Tout le refte s'enformalife.
Il n'eſt pour l'arracher à ce panchant heureux ,
Affront qu'on ne luy faffe , horreurs
qu'on ne luy dife,
Et l'onfait tant qu'enfin il n'ofe eftre
amoureux.
$3
Cauferune heureavec des Femmes,
Leur prefenter la main , parler de
leurs attraits.
GALANT. ng
Entre lesjeunes gens font des crimes
infames
Qu'ils ne fe pardonnent jamais.
**
Où font ces cœurs galans ? Oùſont ces
ames fieres ?
Les Nemours , les Montmorancis
Les Bellegardes , les Buffys ,
Les Guifes & les Balompieres ?
S'il reste encor quelquesfoucis
Lors que de l'Acheron on a traversé
t'onde ,
Quelle indignation leur donnent les
récits
De ce qui fe paffe en ce monde !
Que n'y peuvent-ils revenir.
Par leurs bons exemples peut- effre
On verroit la tendreſſe &le respect
. renaistre
Que la débauche asceu bannir.
Septembre 168 .
K
114 MERCURE
CD
Mais des Destins impitoyables
Les Arrests font irrevocables ,
Quipaſſe l'Acheron ne le repasse plus
Rien ne ramenera l'ufage
D'estre galant , fidelle , fage,
Losjeunes gens pourjamaisſontperdus.
CD
A bien confiderer les chofes,
On a tort de fe plaindre d'eux.
De leurs déreglemens honteux
Nous fommes les uniques caufes.
Pourquoy leur permettre d'avoir
Ces impertinens caracteres ?
Que ne les renons - nous commefaifoient nos Meres ,
Dans le respect , dans le devoir !
Avoicnt-elles plus de pouvoir ,
Plus de beauté que nous , plus d'ef
prit, plus d'adreffe ?
1
GALANT. H
Ah !pouvons - nous penfer au temps
de leurjeuneffe
Etfans honte, &fans defefpoir !
Dans plus d'un Réduit agreable
On voyoit venir tour à tomr
Tout ce qu'unefuperbe Cour
Avoit de galant & d'aimable..
L'efprit, le refpect & l'amour
Yrépandoientfur tout un charme in
explicable.
Les innocens plaifirs par qui le pluslongjour
Plus vifte qu'un moment s'écoulé,,
Tousles foirs s'y trouvoient enfoule,
Et les tranfports , & les defirs.
Sans le fecours de l'efperance,
Ace qu'on dit , prenoient naiffances
Au milieu de tous ces plaifirs.
1
Cet heureux temps n'eft plus , un autre
aprisfaplace. Kij
116 MERCURE
Les jeunes gens portent l'audace
Iufques à la brutalité.
Quand ils nenousfont pas une incivilité ,
Ilfemble qu'ils nous faffent grace.
Mais , me répondra- t on, que voulez.
vous qu'on faffe?
Sice defordre n'eftsouffert,
Regardez quelfort nous menaces
Nos maisonsferont un defert.
Il eft vray ; mais feachez que lors
qu'on les en chaffe ,
Cen'est que du bruit que l'on perd.
Eft- ce unfi grandmalheur de voir fa
chambre vuide
Demédifans , dejeunes fous,
D'infipides railleurs, qui n'ont rien de
Solide
Que le mépris qu'ils ontpournous ?
GALANT. 117
*3
Ouy , par nos indignes manieres
Ils ont droit de nous méprifer.
Si nous eftions plus fages &plus
fieres
On les verroit en mieux ufer.
Mais inutilemet on traite cesmatieres,
On yperdfa peine &fon temps.
Aux dépens defagloire on cherche des
Amans.
Qu'importe que leurs cœurs foient
fans delicateffe,
Sans ardeur , fansfincerité.
On les quitte de foins & defidelité,
De respect & de politeſſe,
On ne leur donne pas le temps
fonbaiter
de
Ce qu'au moins par des pleurs , des
foins , des compla fances
On devroit leurfaire acheter.
118 MERCURE
On les gafte , on leurfait de honteu
fes avance's Jac
Qui ne font que les dégouter.
$3
Vous, aimable Daphné, quel'aveugle
fortune
Condamne à vivre dans des lieux
où l'on ne connoit point cette foule
importune
Quifuit icy nos demy.Dieux.
Ne vous plaignez jamais de vostre
deftinée.
Il vaut mieux mille & mille fois
Avec vos Rochers & vos Bois ,
S'entretenir toute l'année ,
Que de paffer une heure ou deux
Avec un tas d'Etourdis, de Cocquettes .
Des Ours & des Serpens de vosfom.
bres retraites ,
Lecommerce eft moins dangereux..
fa beauté.
25222-22-2522:22225
EPITRE CHAGRINE
A MADEMOISELLE D.L.C.
H
E bien, quel noir chagrin vous
occupe aujourd'huy ?
M'eft venudemanderavec unfierfourire
Un jeune Seigneur , qu'on peut dire
Auffibeau que l'Amour , auffi traitre
que luy.
Vous gardez unprofondfilence.
( A t-il repris jurant à demy bas )
Eft- ceque vous ne daignez pas
GALANT 109
De ce que vous pensez mefaire confidence,
Ien'enfuispas peut- eftre affez digne.
Aces mots,
Pourjoindre un autre Fat,il m'a tourné le dos.
Q
Queldifcours pouvois -je luyfaire,
Moy qui dans ce meſme moment
Repaffois dans ma tefte avec étonnement
Dela nouvelle Cour la conduite ordinaire?
M'auroit-il jamais pardonné
La peinture vive &fincere
De cent vices aufquels il s'est abandonné?
Non , contre moyle dépit , la colere,
Le chagrin , tout auroit agy.
Mais quoy que mes difcours euffent pu
luy déplaire,
110 MERCURE
Son front n'en auroit point rougy.
BA
Iefçay defes pareilsjufqu'où l'audace monte.
Atoutce qui leurplaift ofent- ils s'emporter ,
Loin d'en avoir la moindre honte ,
Eux- mefmes vont en plaifanter.
BA
De leurs déreglemens Hiftoriens fidelles ,
Avec unfront d'airain ils feront mille fois
Unodieuxdétail des plus affreux
droits.
On diroit à les voir traiter de bagatelles ,
Les horreurs les plus criminelles ,
Que ce n'est point pour eux quefont
faites les Loix,
GALANT. III
Tant ils ont de mépris pour elles.
3
Avec gens fans merite & du rang
le plus bas
Ils font volontiers connoiffance.
Mais auffi quels égards &quelle dé
ference
Veut-on qu'on ait pour eux ?helas!
Ilsfont oublier leur naiſſance
Quandils ne s'enfouviennentpas.
Daignent-ils nousrendre visite,
Le plus ombrageux des Epoux
N'enfçauroit devenirjaloux.
Ce n'est pointpour noftre merite.
Leurs yeux n'en trouvent pointen
nous.
Ce n'est que pour parler de leur gain,
de leurperte ,
Se dirc que d'un vin qui les charmera tous ,
112 MERCURE
On a fait une heureuse &fure décou
verte ,
Se montrer quelques Billets doux,
Se dandiner dans une chaife ,
Faire tous leurs trocqs à leur aife,
Etfe donner des rendez- vous.
Siparun pur hazard quelqu'un d'entre eux s'avife ,
D'avoir des fentimens tendres , refpcctueux,
Tout le refte s'enformalife.
Il n'eſt pour l'arracher à ce panchant heureux ,
Affront qu'on ne luy faffe , horreurs
qu'on ne luy dife,
Et l'onfait tant qu'enfin il n'ofe eftre
amoureux.
$3
Cauferune heureavec des Femmes,
Leur prefenter la main , parler de
leurs attraits.
GALANT. ng
Entre lesjeunes gens font des crimes
infames
Qu'ils ne fe pardonnent jamais.
**
Où font ces cœurs galans ? Oùſont ces
ames fieres ?
Les Nemours , les Montmorancis
Les Bellegardes , les Buffys ,
Les Guifes & les Balompieres ?
S'il reste encor quelquesfoucis
Lors que de l'Acheron on a traversé
t'onde ,
Quelle indignation leur donnent les
récits
De ce qui fe paffe en ce monde !
Que n'y peuvent-ils revenir.
Par leurs bons exemples peut- effre
On verroit la tendreſſe &le respect
. renaistre
Que la débauche asceu bannir.
Septembre 168 .
K
114 MERCURE
CD
Mais des Destins impitoyables
Les Arrests font irrevocables ,
Quipaſſe l'Acheron ne le repasse plus
Rien ne ramenera l'ufage
D'estre galant , fidelle , fage,
Losjeunes gens pourjamaisſontperdus.
CD
A bien confiderer les chofes,
On a tort de fe plaindre d'eux.
De leurs déreglemens honteux
Nous fommes les uniques caufes.
Pourquoy leur permettre d'avoir
Ces impertinens caracteres ?
Que ne les renons - nous commefaifoient nos Meres ,
Dans le respect , dans le devoir !
Avoicnt-elles plus de pouvoir ,
Plus de beauté que nous , plus d'ef
prit, plus d'adreffe ?
1
GALANT. H
Ah !pouvons - nous penfer au temps
de leurjeuneffe
Etfans honte, &fans defefpoir !
Dans plus d'un Réduit agreable
On voyoit venir tour à tomr
Tout ce qu'unefuperbe Cour
Avoit de galant & d'aimable..
L'efprit, le refpect & l'amour
Yrépandoientfur tout un charme in
explicable.
Les innocens plaifirs par qui le pluslongjour
Plus vifte qu'un moment s'écoulé,,
Tousles foirs s'y trouvoient enfoule,
Et les tranfports , & les defirs.
Sans le fecours de l'efperance,
Ace qu'on dit , prenoient naiffances
Au milieu de tous ces plaifirs.
1
Cet heureux temps n'eft plus , un autre
aprisfaplace. Kij
116 MERCURE
Les jeunes gens portent l'audace
Iufques à la brutalité.
Quand ils nenousfont pas une incivilité ,
Ilfemble qu'ils nous faffent grace.
Mais , me répondra- t on, que voulez.
vous qu'on faffe?
Sice defordre n'eftsouffert,
Regardez quelfort nous menaces
Nos maisonsferont un defert.
Il eft vray ; mais feachez que lors
qu'on les en chaffe ,
Cen'est que du bruit que l'on perd.
Eft- ce unfi grandmalheur de voir fa
chambre vuide
Demédifans , dejeunes fous,
D'infipides railleurs, qui n'ont rien de
Solide
Que le mépris qu'ils ontpournous ?
GALANT. 117
*3
Ouy , par nos indignes manieres
Ils ont droit de nous méprifer.
Si nous eftions plus fages &plus
fieres
On les verroit en mieux ufer.
Mais inutilemet on traite cesmatieres,
On yperdfa peine &fon temps.
Aux dépens defagloire on cherche des
Amans.
Qu'importe que leurs cœurs foient
fans delicateffe,
Sans ardeur , fansfincerité.
On les quitte de foins & defidelité,
De respect & de politeſſe,
On ne leur donne pas le temps
fonbaiter
de
Ce qu'au moins par des pleurs , des
foins , des compla fances
On devroit leurfaire acheter.
118 MERCURE
On les gafte , on leurfait de honteu
fes avance's Jac
Qui ne font que les dégouter.
$3
Vous, aimable Daphné, quel'aveugle
fortune
Condamne à vivre dans des lieux
où l'on ne connoit point cette foule
importune
Quifuit icy nos demy.Dieux.
Ne vous plaignez jamais de vostre
deftinée.
Il vaut mieux mille & mille fois
Avec vos Rochers & vos Bois ,
S'entretenir toute l'année ,
Que de paffer une heure ou deux
Avec un tas d'Etourdis, de Cocquettes .
Des Ours & des Serpens de vosfom.
bres retraites ,
Lecommerce eft moins dangereux..
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Résumé : EPITRE CHAGRINE A MADEMOISELLE D. L. C.
L'épître adressée à Mademoiselle D.L.C. critique les mœurs et le comportement des jeunes gens de la cour. L'auteur exprime son chagrin face à la débauche et à l'audace des jeunes seigneurs, qui ne montrent ni honte ni respect. Ces derniers se vantent de leurs débauches et traitent les lois avec mépris. Ils fréquentent des personnes de basse extraction tout en exigeant des égards particuliers. Leurs visites sont motivées par des intérêts personnels, tels que discuter de leurs gains ou pertes. L'auteur déplore la disparition des valeurs passées, où régnait l'esprit, le respect et l'amour. Les jeunes gens actuels sont décrits comme brutaux et incivils, et leur comportement est encouragé par la société. L'auteur critique également les femmes qui permettent et encouragent ces comportements. Elle conclut en conseillant à Mademoiselle D.L.C. de se réjouir de vivre loin de cette cour corrompue, préférant la solitude à la compagnie de personnes superficielles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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81
p. 39-46
IDYLE DE MADAME DES HOULIERES, Sur le retour de la Santé du Roy.
Début :
Les Vers que vous allez lire ne sont pas nouveaux, / Peuples, qui gemissez au pied de nos Autels, [...]
Mots clefs :
Santé, Roi, Louis, Soins, Héros, Amour
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texteReconnaissance textuelle : IDYLE DE MADAME DES HOULIERES, Sur le retour de la Santé du Roy.
es Vers que vous allez
lire ne font pas nouveaux,
40 MERCURE
mais ils le feront pour vous,
puis que vous me dites qu'on
ne vous les a point encore
envoyez. D'ailleurs ils font
de Madame des Houlieres ,
& tout ce qu'elle fait eft fi
beau , qu'en tout temps on
le voit avec plaifir , Ils ont
efté faits fur le rétabliffement de la Santé du Roy ,
aprés le mal dont Sa Majeſté
a efté guerie avant les accés
qu'Elle a eus de Fiévre
quarte.
GALANT. 41.
S
11
-e
ב
1
I
IDTLE
DE MADAME
DES HOULIERESS
Sur le retour de la Santé
Paple
du
Roy.
Euples , qui gemiffez au pied -
de nos Autels,
Qui par des vœux ardens, des foùpirs & des larmes, ·
Demandez la fantédu plus grand?
des Mortels ,
Enplaifirs changez vos alarmes; ;
Couronnez vos teftes defleurs,.
LOVIS n'eft plus en proye à de
vives douleurs,
Septembre 1686.. D.
42 MERCURE
D'unefanté parfaite il goûte tous
les carmes.
Dés fes plusjeunes ans à vaincre
accoûtumé ,
Il a dompté les maux qui luỷfaifoient la guerre,
Ils n'ont fervy qu'à montrer à
la Terre
Combien LOVIS cft grand, com
lien left aimé.
ရ
Tand's que devorez par des crain
tes mortelles
Nous cherchions en tremblant d'agreabl s nouvelles ,
Tandis qu'il nous coutoit tant de
pleus , tant de cris ,
Lay, dont rien ne fçauroit ébranler
le courage ,
Regardoitfes douleurs avec unfier
mépris,
GALANT.
43
Elles ne paroiffoient que fur noftre
vifage.
Au milieu des plaifirs qu'enfante
un dux repos ,
- Eut-iljamaisl'esprit plus libre?
Vous le fçavez, Tamife , Elbe
Rin, Tage , Tibre;
Vous le fçavcz auffi , Mers, dons
iljoint les flots.
Ces foins qu'on voit toûjours
renaiftre,
Et dont , hors le.
Heros que nous
avons pour Maistre,
MulRay n'a porté Jeul le penible
fardeau ,
Les a-t-on veu ceffer dans fes douAdeurs cruelles
• Quoy qu'en des mains fages, fi
delles
Dij
44 MERCURE
Il eut pù confier le timon da
Vaiffeau?
Mais pourquoy dans des jours de
ftinez à lajoye
Rappeller des jours douloureux?
Iouiffons du bonheur que le Ciel
nous envoye,
LOVIS ne fouffre plus , nous
fommes trop beureux.
T
Que dans nos murs le travail
ceffe,
Que le vin coule, qu'ons'empreffe
D'allumer d'innombrablesfeux;
Qu'on lance dans les airs defi vi
ves eftoiles ,
Que leur éclat falſe pûlir v
Celles de qui pour s'embellir
La nuitfemefes fombres voiles,
E
GALANT.
45
Et vous,qui parun fage choix
Preferez vos ruftiques toits
Aces lambris dorez , fous qui la:
temperance,
La tranquillité , l'innocence,
Logent rarement avec nous ;
Bergers, pour qui la vie a fi peu
de dégoûs ; [penfe
Bergers, plus heureux qu'on ne
Quittez le foin de vos troupeaux,
De guirlandes parez vos teftes ,
Foulez l'herbe naiffante aufon des chalumeaux;
Que desjeux innocens, que d'agrea
bles feftes
-Ramenent les plaifirs que vous
aviezbannis ,
LOVIS ne fouffre plus ,nos malbeurs font finis.
Les Bergeres jeunes & belles,
46 MERCURE
Qui font regner l'amour, & qui
regnent par luy,
Sont feules à plaindre aujour
d'buyi
Ie fremis des malheurs queje prévay pour elles.
Ils font plus grands cent ¢
fuis ,
Quefi dans les plus fombres bois,
Sans chiens leurs m utens alloient
priftre,
Que fur leurs foibles cœurs elles
vellent touj urs ,
S'il eft vray que la joye eft mere
des Amours,
Lafanté de LOVIS en va plus
faire naiftre
Que le doux retour des beaux
jours.
lire ne font pas nouveaux,
40 MERCURE
mais ils le feront pour vous,
puis que vous me dites qu'on
ne vous les a point encore
envoyez. D'ailleurs ils font
de Madame des Houlieres ,
& tout ce qu'elle fait eft fi
beau , qu'en tout temps on
le voit avec plaifir , Ils ont
efté faits fur le rétabliffement de la Santé du Roy ,
aprés le mal dont Sa Majeſté
a efté guerie avant les accés
qu'Elle a eus de Fiévre
quarte.
GALANT. 41.
S
11
-e
ב
1
I
IDTLE
DE MADAME
DES HOULIERESS
Sur le retour de la Santé
Paple
du
Roy.
Euples , qui gemiffez au pied -
de nos Autels,
Qui par des vœux ardens, des foùpirs & des larmes, ·
Demandez la fantédu plus grand?
des Mortels ,
Enplaifirs changez vos alarmes; ;
Couronnez vos teftes defleurs,.
LOVIS n'eft plus en proye à de
vives douleurs,
Septembre 1686.. D.
42 MERCURE
D'unefanté parfaite il goûte tous
les carmes.
Dés fes plusjeunes ans à vaincre
accoûtumé ,
Il a dompté les maux qui luỷfaifoient la guerre,
Ils n'ont fervy qu'à montrer à
la Terre
Combien LOVIS cft grand, com
lien left aimé.
ရ
Tand's que devorez par des crain
tes mortelles
Nous cherchions en tremblant d'agreabl s nouvelles ,
Tandis qu'il nous coutoit tant de
pleus , tant de cris ,
Lay, dont rien ne fçauroit ébranler
le courage ,
Regardoitfes douleurs avec unfier
mépris,
GALANT.
43
Elles ne paroiffoient que fur noftre
vifage.
Au milieu des plaifirs qu'enfante
un dux repos ,
- Eut-iljamaisl'esprit plus libre?
Vous le fçavez, Tamife , Elbe
Rin, Tage , Tibre;
Vous le fçavcz auffi , Mers, dons
iljoint les flots.
Ces foins qu'on voit toûjours
renaiftre,
Et dont , hors le.
Heros que nous
avons pour Maistre,
MulRay n'a porté Jeul le penible
fardeau ,
Les a-t-on veu ceffer dans fes douAdeurs cruelles
• Quoy qu'en des mains fages, fi
delles
Dij
44 MERCURE
Il eut pù confier le timon da
Vaiffeau?
Mais pourquoy dans des jours de
ftinez à lajoye
Rappeller des jours douloureux?
Iouiffons du bonheur que le Ciel
nous envoye,
LOVIS ne fouffre plus , nous
fommes trop beureux.
T
Que dans nos murs le travail
ceffe,
Que le vin coule, qu'ons'empreffe
D'allumer d'innombrablesfeux;
Qu'on lance dans les airs defi vi
ves eftoiles ,
Que leur éclat falſe pûlir v
Celles de qui pour s'embellir
La nuitfemefes fombres voiles,
E
GALANT.
45
Et vous,qui parun fage choix
Preferez vos ruftiques toits
Aces lambris dorez , fous qui la:
temperance,
La tranquillité , l'innocence,
Logent rarement avec nous ;
Bergers, pour qui la vie a fi peu
de dégoûs ; [penfe
Bergers, plus heureux qu'on ne
Quittez le foin de vos troupeaux,
De guirlandes parez vos teftes ,
Foulez l'herbe naiffante aufon des chalumeaux;
Que desjeux innocens, que d'agrea
bles feftes
-Ramenent les plaifirs que vous
aviezbannis ,
LOVIS ne fouffre plus ,nos malbeurs font finis.
Les Bergeres jeunes & belles,
46 MERCURE
Qui font regner l'amour, & qui
regnent par luy,
Sont feules à plaindre aujour
d'buyi
Ie fremis des malheurs queje prévay pour elles.
Ils font plus grands cent ¢
fuis ,
Quefi dans les plus fombres bois,
Sans chiens leurs m utens alloient
priftre,
Que fur leurs foibles cœurs elles
vellent touj urs ,
S'il eft vray que la joye eft mere
des Amours,
Lafanté de LOVIS en va plus
faire naiftre
Que le doux retour des beaux
jours.
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Résumé : IDYLE DE MADAME DES HOULIERES, Sur le retour de la Santé du Roy.
En septembre 1686, le Mercure Galant célèbre le rétablissement de la santé du roi Louis XIV, après une fièvre quarte. Les auteurs expriment leur joie et leur soulagement, soulignant la grandeur et l'amour du roi, comparés à la résistance des grands fleuves et des héros. Le texte invite à des réjouissances publiques et privées, incluant les bergers et les bergères. Ces dernières sont décrites comme les plus à plaindre en raison des malheurs qu'elles prévoient. Le texte se conclut par l'annonce de la santé parfaite du roi et une invitation générale à se réjouir de ce bonheur.
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82
p. 191-194
RÉPONSE Sur les mesmes Rimes.
Début :
Pourquoy vous figurer que le Ciel vous prepare [...]
Mots clefs :
Ciel, Maux, Oronte, Amour, Rimes
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texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE Sur les mesmes Rimes.
r les mesmesRimes.
piQvrquoy vom figurer que le
Ciel vous prepare
Des maux qui méritént vor
pleurs ?
D'un dessin cruel& Bizare
Aprés avoiréprouvéles rigueurs,
Tokrcjuoj craixdrelamar ? qu'or
t-il de si terrible?
,efit d'appréhendersestraits,
Ilsçaura vous rendresensible
,
Et laissesvostre cœur enpaix.
Iris, celll vous doitsuffire
,
En vain l'Amoursoûmetles hommes
& les Dieux;
Si vostre cœur manquoit àfou
empire,
Il en feroitmtinsglorieux. (1
lenae7fvous à la Loy commune;
Moins aveugle que la Fortune,
L'Amour ne cherche point à veut
persecuter,
Asescharmespuissans
,
ah
,
/4iffiZvoussurprendre.
Mais quels nouveaux tranfporPs
viennent vous agiter ?
Ce qu'en vous l'Amoursçait répandre
Sur
Sur la rdijOfi<v.i 1LîHjsi-rttr*
Yuu; iie ('(;iViZj)11'* (",Ji?)'di- f/idrc;
Du mni -is- .,.;.;;t que de Du moi.t- l.1, '1.J,~ al vom4. YV': rendre,
Daignez, un moment «?'1corner
r"f
Banissezparpitié celteideeiigïcjblc
J^rti-vkï/tdétruire mon cfiotr.
Qu'Oronte medcflaiJI- lors qu'il
vous fcmble aïmible.
.fèl je fltdis heureux dene jamais
le voir ! - .<
-
^uOronte efipourmoj redoudoutable !
^ue.fçn bonheurmetouche vivement !
-
J'en meurt de dépit & dehonte.
Ah
,
quelfatalengagement,
Sivofhccœur cftpour OrOfde!
Ainsise plaignoit l'autre jour,
Tircis au bord d'une Fontaine,
Où pour Orente il montroit moins
de haine,
Jïue pour Iris il ne montroit
d Amour,
piQvrquoy vom figurer que le
Ciel vous prepare
Des maux qui méritént vor
pleurs ?
D'un dessin cruel& Bizare
Aprés avoiréprouvéles rigueurs,
Tokrcjuoj craixdrelamar ? qu'or
t-il de si terrible?
,efit d'appréhendersestraits,
Ilsçaura vous rendresensible
,
Et laissesvostre cœur enpaix.
Iris, celll vous doitsuffire
,
En vain l'Amoursoûmetles hommes
& les Dieux;
Si vostre cœur manquoit àfou
empire,
Il en feroitmtinsglorieux. (1
lenae7fvous à la Loy commune;
Moins aveugle que la Fortune,
L'Amour ne cherche point à veut
persecuter,
Asescharmespuissans
,
ah
,
/4iffiZvoussurprendre.
Mais quels nouveaux tranfporPs
viennent vous agiter ?
Ce qu'en vous l'Amoursçait répandre
Sur
Sur la rdijOfi<v.i 1LîHjsi-rttr*
Yuu; iie ('(;iViZj)11'* (",Ji?)'di- f/idrc;
Du mni -is- .,.;.;;t que de Du moi.t- l.1, '1.J,~ al vom4. YV': rendre,
Daignez, un moment «?'1corner
r"f
Banissezparpitié celteideeiigïcjblc
J^rti-vkï/tdétruire mon cfiotr.
Qu'Oronte medcflaiJI- lors qu'il
vous fcmble aïmible.
.fèl je fltdis heureux dene jamais
le voir ! - .<
-
^uOronte efipourmoj redoudoutable !
^ue.fçn bonheurmetouche vivement !
-
J'en meurt de dépit & dehonte.
Ah
,
quelfatalengagement,
Sivofhccœur cftpour OrOfde!
Ainsise plaignoit l'autre jour,
Tircis au bord d'une Fontaine,
Où pour Orente il montroit moins
de haine,
Jïue pour Iris il ne montroit
d Amour,
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Résumé : RÉPONSE Sur les mesmes Rimes.
Le texte relate un dialogue poétique entre Iris et Tircis, centré sur leurs tourments amoureux. Iris s'interroge sur les maux que le ciel lui réserve et exprime sa crainte face à des rigueurs éprouvées. Elle espère que ces épreuves la rendront sensible et apaiseront son cœur, tout en reconnaissant que l'Amour ne peut la forcer à aimer contre sa volonté. Cependant, elle redoute de nouveaux troubles émotionnels. Tircis, de son côté, se plaint de son engagement envers Oronte, qu'il trouve redoutable et dont le bonheur le touche profondément. Il avoue son dépit et sa honte, confessant qu'il en meurt. Tircis se remémore une scène où, près d'une fontaine, il montrait moins de haine pour Oronte que d'amour pour Iris, soulignant ainsi ses conflits émotionnels.
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83
p. 165-177
LES GRANDES EAUX. IDILLE.
Début :
La Sône, si tranquille autrefois dans sa course, [...]
Mots clefs :
Eaux , Âme, Temps, Amour, Saône, Berger, Fleuve, Cours
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES GRANDES EAUX. IDILLE.
LES GRANDES EAUX.
14
IDILL E.
A Sône, fi tranquille autrefois
dans fa course ,
Répand avec fes eaux l'épouvante
&l'horreur.
Les Peuples voifins defa fource
Ont àfon cœurpaiſible inſpiré leur
fureur.
Son énorme étenduë excitant la terreur
Du Deluge à nosyeux réveille les
idées >
Et vomit àflots écumans
Surnos campagnes inondées
La colere des Allemans.
On voit enfewelir les herbes
166 MERCURE
Sous un obfcur limon de leur beauté
jaloux,
Et l'humble Flore aux Nayades
Superbes
Demande retraite à
genoux.
Zephir le doux Zephir , toujours
tendre &fidelle
Fait pour la fecourir un effort impuiſſant ;
Des cruels Aquilons le couroux fremiant
Luy livre uneguerre mortelle ,
Il fuccombe , & contraint d'abandonnerfa Belle >
Ilfe retire en gemiſſant .
S
Ces arbres , autrefois l'ornement de
la plaine ,
Quifur leur taille de Geant
Fondoient leur efperance vaine,
A nos yeux étonnez font reduits
au neant.
GALANT. 167
-Leur teftes d'écumefouillées
Aux Aftres pluvieux prefentent triftement ,
Au lieu de bras , leurs branches
dépouillées ,
Miferablejouet des ondes &du vent
Nes timides Bergers, dont l'ignorance
obfcure
Oppose un nuage à leurs yeux s
Prennent le cours de la nature
Pour une vangeance des Dieux,
Et fatiguant les airs par
vœux ,
d'inutiles
S'imaginent qu'au Ciel ils ont fait
quelque injure ,
Et qu'il leur fait l'honneur d'eftre
irrité contre eux.
Leur ame par l'effroy,Servilement contrainte ,
Aux emplois de l'amour n'ofe plus
s'exercer.
168 MERCURE
Apeine leur tremblante crainte
Laiffe échaperce nom fi doux à pro
noncer ;
Ou s'ils rifquent encor dans leur douleur profonde
D'invoquer ce Dieu reveré,
C'est pour le conjurer de préserver le
monde
Du Cabos dont il l'a tiré.
S
Pendant que tout ce qui refpire
Attend dans fa retraite un temps
plus adoucy ,
Achantefeul, preßé defon martire,
Anos rivages fourds va conter fon
foucy.
Le retour defiré de l'aimable Climene
Par ce ravage affreux ſo trouve retardé
Et le trifte Berger pour soulager fa
peine,
Par
GALANT. 169
•
Par fon feul defefpoirguidé ,
Sans crainte d'attirer fa haine,
Chaque jour la reproche au Fleuve
débordé.
S
-Va , dit-il, tn n'es plus cette paifiblesône
De qui les bords delicieux 2.
Meritoient de porter le Trône
Du plus agreable des Dieux.
Qu'eft devenue, helas , cette pudeur
modefte
Qui referroit tes eaux dans ton
étroit canal ?
D'où te vient le defirfunefte
D'affecter la grandeur qui te convientfi mal?
Voy de combien de mauxton orgueil
eft coupable,
Tu fais dans leur naiſſance avorter
nos Moiffons ,
Novembre 1690. P
170 MERCURE
< Tu couvres les herbes de fable ,
Au fommet des Ormeaux tuguindes
les Poiffons ,
Tu fais ceffer nos jeux , &nos tendres chansons ,
Tu bannis nos Tronpeaux de la fertile plaine ,
Tu dégarnis tes bords de leur plus
doux espoir,
Cesjeunes arbriffeaux que ton couroux entraine ,
3
Et pour te dire enfin ton crime le
plus noir,
Tu t'oppoles , cruelle , au retour de
Climene.
Oufçait affez lefujet de ta haine;
Il me fouvient du temps où fur tes
riches bords
Cette Eeauté dont mon ame eft
ravie ,
Etaloit fes brillans trefors
GALANT: 171
Qui te faifoient fecher d'envie.
On te voyoit alors au travers des
rofeaux
D'un œiljaloux, d'un airfauvage,
Examiner en vain les traits defon
vifaga,
Etcourir de honte & de rage
Te cacher dans le fond des eaux.
C'est l'offense qui i'a pouẞée.
Ace zerrible emportement ,
Et le chagrin d'eftre effacée
Ne fe pardonne point chez le sexe
charmant.
Ehbien ; pourfignaler cette illuftre
vangeance,
Porte , porte en tous lieux le ravage
&l'horreur,
Cours, & va dire à la Provence
Que tufurpasses en fureur
Le Drac, la Drome & la Durance,
Tandis qu'aux Echos d'alentour
Pij
172 MERCURE
A cris perçans ma trifte voix declare
Que tu peux difputer l'honneur
d'eftre barbare
Aux Fleuves fanspitié de l'infernal
Sejour.
Ecoute-moy , Cefar , s'il peut refter
aux Ombres
Des chofes de la terre un curieux
Soucy s
Ouy, fi l'on doute encor dans les
Royaumesfombres ,
D'un ancien embarras tu vas eftre
éclaircy.
Tu doutois où le cours de la Sône
l'entraine >
Lors que tu remarquois fi peu de
mouvement
Aux claires eaux qu'elle promene.
Helas ! tout eft changé , Cefar, pour
mon tourment
GALANT. 173
<
Elle court s'opposer à mon contentement,
Elle court empefcher le retour de
Climene.
Une vaine oftentation,
Ne fait point qu'à grands pas elle
quitte fa fource,
Pour montrer les tresors , amaffez
dans fa courſe ,
Au farouche mary qui l'attend à
Lyon.
Ce n'eftpoint pour s'unir d'une immortelle chaîne
Afon impetueux Amant ,
Qu'elle court fi rapidement ;
Elle court éloigner un bien-heureux
moment,
Elle court prolonger l'absence de Climene.
Tout ce que nous a raconté
La fabuleuse Antiquité ,
Piij
174 MERCURE
Des Dieux qui dans les Eaux exerçoient leur empire ,
N'eft qu'une purefiction,
Que controuva pour nousfeduire
La vaine fuperftition.
Qu'on ne mecite point le conte ridicule
D'Alphée à qui tant de detours,
Livrerent à la fin l'objet de fes
Amours ,
Non plus qu'Achelous écorné
Hercule.
Ah! d'aucune divinité
par
Lefonddes Eaux n'eft habité,
Ou s'il en eft parmi les ondes,
Jamais l'Amour, pour mon mal- heur,
Nefit dans leurs grottes profon- des ,
De fes feux bien-faifants penetrer
la chaleur?
GALANT. 175
2
ل
De cesfantafques Dieux la poitrine
glacée
L'inexorable cœur ( foit dit fans
blafphemer. )
L'ame de couroux herißée,
Sont un fujet peu propre à s'enflamer.
La Sone me le fait comprendre ,
Par l'outrageant excés de fes débordemens.
Helas ! quand on a le cœur tendre,
on eftfavorable aux Amans.
Rentrez dans votre lit, orgueilleufe
Riviere ,
Après tant defoupirs fi vainement
pouffez,
Climene reviendra fur vos bords
délaiffez
De fes beaux yeux répandre la
lumiere.
Piiij
176 MERCURE
Que vousaurez d'Autels, Divinité
trop fiere ,
Que d'encens fi vous nous rendez
Cette prefencefi cherie !
Le bizarre plaifir de noyer la Prairie
Vaut-il les biens que vous per
dez ?
Ainfi le malheureux Achante
Mêle aux plaintes qu'il fait mille
tendres foupirs.
Des larmes qu'il répand l'amas des
caux s'augmente ,
Luy-mefme innocemment retardefes
plaifirs.
L'Amour l'entend, le plaint , &
partage la nuë
D'un trait de fes feux éclatans,
Et la face des Cieux fe montrant
toute nuë,
GALANT. 177
S
·
Luy fait efperer du beau temps.
14
IDILL E.
A Sône, fi tranquille autrefois
dans fa course ,
Répand avec fes eaux l'épouvante
&l'horreur.
Les Peuples voifins defa fource
Ont àfon cœurpaiſible inſpiré leur
fureur.
Son énorme étenduë excitant la terreur
Du Deluge à nosyeux réveille les
idées >
Et vomit àflots écumans
Surnos campagnes inondées
La colere des Allemans.
On voit enfewelir les herbes
166 MERCURE
Sous un obfcur limon de leur beauté
jaloux,
Et l'humble Flore aux Nayades
Superbes
Demande retraite à
genoux.
Zephir le doux Zephir , toujours
tendre &fidelle
Fait pour la fecourir un effort impuiſſant ;
Des cruels Aquilons le couroux fremiant
Luy livre uneguerre mortelle ,
Il fuccombe , & contraint d'abandonnerfa Belle >
Ilfe retire en gemiſſant .
S
Ces arbres , autrefois l'ornement de
la plaine ,
Quifur leur taille de Geant
Fondoient leur efperance vaine,
A nos yeux étonnez font reduits
au neant.
GALANT. 167
-Leur teftes d'écumefouillées
Aux Aftres pluvieux prefentent triftement ,
Au lieu de bras , leurs branches
dépouillées ,
Miferablejouet des ondes &du vent
Nes timides Bergers, dont l'ignorance
obfcure
Oppose un nuage à leurs yeux s
Prennent le cours de la nature
Pour une vangeance des Dieux,
Et fatiguant les airs par
vœux ,
d'inutiles
S'imaginent qu'au Ciel ils ont fait
quelque injure ,
Et qu'il leur fait l'honneur d'eftre
irrité contre eux.
Leur ame par l'effroy,Servilement contrainte ,
Aux emplois de l'amour n'ofe plus
s'exercer.
168 MERCURE
Apeine leur tremblante crainte
Laiffe échaperce nom fi doux à pro
noncer ;
Ou s'ils rifquent encor dans leur douleur profonde
D'invoquer ce Dieu reveré,
C'est pour le conjurer de préserver le
monde
Du Cabos dont il l'a tiré.
S
Pendant que tout ce qui refpire
Attend dans fa retraite un temps
plus adoucy ,
Achantefeul, preßé defon martire,
Anos rivages fourds va conter fon
foucy.
Le retour defiré de l'aimable Climene
Par ce ravage affreux ſo trouve retardé
Et le trifte Berger pour soulager fa
peine,
Par
GALANT. 169
•
Par fon feul defefpoirguidé ,
Sans crainte d'attirer fa haine,
Chaque jour la reproche au Fleuve
débordé.
S
-Va , dit-il, tn n'es plus cette paifiblesône
De qui les bords delicieux 2.
Meritoient de porter le Trône
Du plus agreable des Dieux.
Qu'eft devenue, helas , cette pudeur
modefte
Qui referroit tes eaux dans ton
étroit canal ?
D'où te vient le defirfunefte
D'affecter la grandeur qui te convientfi mal?
Voy de combien de mauxton orgueil
eft coupable,
Tu fais dans leur naiſſance avorter
nos Moiffons ,
Novembre 1690. P
170 MERCURE
< Tu couvres les herbes de fable ,
Au fommet des Ormeaux tuguindes
les Poiffons ,
Tu fais ceffer nos jeux , &nos tendres chansons ,
Tu bannis nos Tronpeaux de la fertile plaine ,
Tu dégarnis tes bords de leur plus
doux espoir,
Cesjeunes arbriffeaux que ton couroux entraine ,
3
Et pour te dire enfin ton crime le
plus noir,
Tu t'oppoles , cruelle , au retour de
Climene.
Oufçait affez lefujet de ta haine;
Il me fouvient du temps où fur tes
riches bords
Cette Eeauté dont mon ame eft
ravie ,
Etaloit fes brillans trefors
GALANT: 171
Qui te faifoient fecher d'envie.
On te voyoit alors au travers des
rofeaux
D'un œiljaloux, d'un airfauvage,
Examiner en vain les traits defon
vifaga,
Etcourir de honte & de rage
Te cacher dans le fond des eaux.
C'est l'offense qui i'a pouẞée.
Ace zerrible emportement ,
Et le chagrin d'eftre effacée
Ne fe pardonne point chez le sexe
charmant.
Ehbien ; pourfignaler cette illuftre
vangeance,
Porte , porte en tous lieux le ravage
&l'horreur,
Cours, & va dire à la Provence
Que tufurpasses en fureur
Le Drac, la Drome & la Durance,
Tandis qu'aux Echos d'alentour
Pij
172 MERCURE
A cris perçans ma trifte voix declare
Que tu peux difputer l'honneur
d'eftre barbare
Aux Fleuves fanspitié de l'infernal
Sejour.
Ecoute-moy , Cefar , s'il peut refter
aux Ombres
Des chofes de la terre un curieux
Soucy s
Ouy, fi l'on doute encor dans les
Royaumesfombres ,
D'un ancien embarras tu vas eftre
éclaircy.
Tu doutois où le cours de la Sône
l'entraine >
Lors que tu remarquois fi peu de
mouvement
Aux claires eaux qu'elle promene.
Helas ! tout eft changé , Cefar, pour
mon tourment
GALANT. 173
<
Elle court s'opposer à mon contentement,
Elle court empefcher le retour de
Climene.
Une vaine oftentation,
Ne fait point qu'à grands pas elle
quitte fa fource,
Pour montrer les tresors , amaffez
dans fa courſe ,
Au farouche mary qui l'attend à
Lyon.
Ce n'eftpoint pour s'unir d'une immortelle chaîne
Afon impetueux Amant ,
Qu'elle court fi rapidement ;
Elle court éloigner un bien-heureux
moment,
Elle court prolonger l'absence de Climene.
Tout ce que nous a raconté
La fabuleuse Antiquité ,
Piij
174 MERCURE
Des Dieux qui dans les Eaux exerçoient leur empire ,
N'eft qu'une purefiction,
Que controuva pour nousfeduire
La vaine fuperftition.
Qu'on ne mecite point le conte ridicule
D'Alphée à qui tant de detours,
Livrerent à la fin l'objet de fes
Amours ,
Non plus qu'Achelous écorné
Hercule.
Ah! d'aucune divinité
par
Lefonddes Eaux n'eft habité,
Ou s'il en eft parmi les ondes,
Jamais l'Amour, pour mon mal- heur,
Nefit dans leurs grottes profon- des ,
De fes feux bien-faifants penetrer
la chaleur?
GALANT. 175
2
ل
De cesfantafques Dieux la poitrine
glacée
L'inexorable cœur ( foit dit fans
blafphemer. )
L'ame de couroux herißée,
Sont un fujet peu propre à s'enflamer.
La Sone me le fait comprendre ,
Par l'outrageant excés de fes débordemens.
Helas ! quand on a le cœur tendre,
on eftfavorable aux Amans.
Rentrez dans votre lit, orgueilleufe
Riviere ,
Après tant defoupirs fi vainement
pouffez,
Climene reviendra fur vos bords
délaiffez
De fes beaux yeux répandre la
lumiere.
Piiij
176 MERCURE
Que vousaurez d'Autels, Divinité
trop fiere ,
Que d'encens fi vous nous rendez
Cette prefencefi cherie !
Le bizarre plaifir de noyer la Prairie
Vaut-il les biens que vous per
dez ?
Ainfi le malheureux Achante
Mêle aux plaintes qu'il fait mille
tendres foupirs.
Des larmes qu'il répand l'amas des
caux s'augmente ,
Luy-mefme innocemment retardefes
plaifirs.
L'Amour l'entend, le plaint , &
partage la nuë
D'un trait de fes feux éclatans,
Et la face des Cieux fe montrant
toute nuë,
GALANT. 177
S
·
Luy fait efperer du beau temps.
Fermer
Résumé : LES GRANDES EAUX. IDILLE.
Le texte relate les conséquences désastreuses de la crue de la rivière Sône, autrefois tranquille. Les eaux en furie sèment la terreur et la colère parmi les populations voisines, rappelant le Déluge. La nature est sévèrement touchée : les herbes sont recouvertes de limon, la végétation est en détresse, et les arbres sont réduits à l'état de débris. Les bergers, effrayés, voient dans cette catastrophe une vengeance divine. Achante, un berger, déplore le retard du retour de Climène en raison des inondations. Il reproche à la rivière son comportement furieux et son orgueil. La Sône est comparée à d'autres fleuves dévastateurs tels que le Drac, la Drome et la Durance. Le texte critique les légendes antiques sur les dieux des eaux, affirmant que ces divinités n'existent pas et ne peuvent pas secourir les amants. Achante supplie la rivière de se calmer pour permettre le retour de Climène et espère que l'amour interviendra pour améliorer la situation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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84
p. 181-190
A MONSIEUR LE PELLETIER DE SOUZI.
Début :
Je ne vous diray point, pour vous engager à lire l'Ouvrage / Je ne sçaurois m'en empêcher, [...]
Mots clefs :
Amour, Raison, Nature, Querelle, Louis, Seigneur, Esprit
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MONSIEUR LE PELLETIER DE SOUZI.
Je ne vous diray point,
pour vous engager à lire l'Ouvrage qui fuit, sur quelle ma*
tiercil aesté fait.vousdiray feulement qu'il eftdcrillustre Madame desHoulierer.,
-- "'ï-"- - Pourriezvousaprès cela .,. n'a-
voir pas d'cmprcflémeotpouf
cccte lecture?
-
AMOSIEUR
LIL EÉr rE-LXJLXIE& -- -,
it
1DEs0uI.
JEnefçaurois m'enempêcher*
Il faut, Seigneur, que jevoùs
gronde.
Jevous cherche avec foin maisfty
beau vùus chercher
, Je
ne jçaaroistous approcher3
j9~<? lors que r»ftre porte ouverte 4
toutlf monde
'Uemrjle avec les gens qu'on Aime
*
dépefeber. ,
Quelque réflexion profonde
Quefajfe là.*de(fus mon ejprit alarme,
Je ne devine point sur qitoycela fc
fonde,
Mtjeriay pas accoutumé
Que dans lafoule onmeconfonde.
Si vous p:JuvleZ ffavoir les affligeansdifeours
..f<!!e me tient en secret le plus insurmontable,
Le plus dangereux de; amourst
Vousferk^moins impraticable.
Vous esses etonm
,
Seigieur,
Mais cjuevoflre cfpritse rassure,
Jcriafpire pointaChonneur
D'aucune galante évanture.
L'amour dont je vous parle à luy~
mefmç efl borné»
Ilsaisi d'un peu d'encens toute si
nourriture.
La raison
,
laJagejp>e* vain font
condamné,
Avec nous cet amour tjl néy
Autant quenouscetamourdure.
C'eftun foible, il ejîvray
,
maistout examiné, -
C'ejf un foible qxe la Nature
Aux plusgrands hommes a
donné,
Terfonne nîejtassiz, PIlCtrt
pour avouer, comme je fais,
Tout ce que faitfoujfrirïamourprù*
pre en colere.
L'un dit, jenen aypoint> l'autre,je
nen ay gutre.
Si detelsdifeours ejfoient vrais,
Les Dames craindroient moins qu'oit
les vist négligées,
De n'avoir plUdorm)ftroiint moinÀ
aflfigées,
Ztn'emprunteraient jointdAt- traits.
Les Amans, les Guerriers ne vontproientjoint la tejîe
De leurbonnefortune,&de tous leurs
hautsfaits.
MtjfitNrs les beaux espritsseferoient
moins de frjleJ
Et quand,ce qu'ilsfont eflmauvais,
Ilsfouffriroientdu moinsenfaix
^u'onfftde leur ouvrage une critique honneste.
Mais que fais-je,& pourquoy dans
ma Lettre entasser
Bagatellesur bagatelle?
Seigneur, en la lisant vous font)en
Uspatfet,
Revenons à noflre querelle.
Comme vojtre bonté jointe a
voftrc
pouvoir
J beaucoupdimportunstous leslu"
vous expoJet
feut-efire crojc^vous queje ne veux,
vous voir,
jguc pour demanderquelquechofe*
En ce cas, ctjlbienfat d'avoirfit
porte close.
Dans un temps de befiins ri d'/1M.
haras tiffk>
Demandeur» quel quilJoitt dottefire
malreceu.
Mais, SeigllCM", un Portier, doit-il
efire barbare,
j^uand on vient pourremercier,
Et d'uncompliment aussi rare,
Doit-on fipeu.sisoucier ?
Ne dtmt'On pas a mentendre
Jgue le malheur du tempsfixe vojbç
bonté» 1
J$*t fourles mmx dautruy vous
devenez moins tendre,
Et tfuun remsrciment'doitfarsa rareté
Agnablementvous furprevdre?
Ah !Ji comme chacun ade difftrens
goufts,
Les rarctex*pouvaientvousflaire,
Ilfaudroitfourvousfattsfaire,
Vous faire voirdesgens qllisi flaU
gnent de vous.
Maisoù les rencontrer, quand chacun
vus honore,
J>)uand de tous cofiez, on n'en..
tend
Jt>ue des gens que l'excès de vos bon-
»
u\,surprend,
J>)uisedifint,per/onne en vain ne
les implore,
Par tout il fait de cœurs une riche
moiffini
Et quoy qui'lserve bien, on ne voie
point encore
De malheureux de sa sason?
Que cet eloge eftgrAnd,Seigneur!
touteId gloire
^uau milieu desfangUns combats
Donne une célébré vtâoire,
A beaucoup prés ne le vaut pas.
D'un siprécieux caraUete
OnA vu 14 nAture Avare en tous les
temps, --
Et mesme dans le cour* des emplois
éclatans,
Un si beau naturel m se confervt
guere.
Cependant>
moy qu'onneverra>
Ny juger brusquement d'une chose
j
future,
Ny mettre volontiers mon bien a Cavanturea 1
Je gageraj ce qu'on voudtd,
.%me lors que de LOVIS
toutepure
Vous placera,Seigneur, augré de mes
Jauhaits»
L'abondance de ftsbitllfAils,
Vontleparfait mérité efi toujours
la mesure,
-
En vous ne corromprajamais
Ce qita mis de bon la nature 7
£t it x*Ç#eray ma rareure>
Eu*attendant cet heureux jour,
Ou par une conduite habile, jujle à"
fige)
Vous ramenerez ce bel âge
tûu le monde naissant, du bien & de
l'amour
--
Fdifoit un innocent usage,
D,nlltZ ordre) Seigneur
>
qu'on ne
me diseplus
,
- Ce qu'en saceouturnea me dire]]
Souffrez, que faille enfin dans v
momensperdus j
pf/Ajflr vojîre ejprit de tout Vennui
qu'attire I
Unpénible travail&desfoins a[j'h
dus•,
-
àmsyfeule«
Je nemenfiemypointàmoy filllt'
drjepense-i
Jguavec ,~_ 4vec moyOJ jeJt vous meneray llJelleYIIJ
Desgens de vostre conuoiJJajtie, si
Horace, Virgile, Terences
Et peut-efîre avec eux je vous antH*
efray.
pour vous engager à lire l'Ouvrage qui fuit, sur quelle ma*
tiercil aesté fait.vousdiray feulement qu'il eftdcrillustre Madame desHoulierer.,
-- "'ï-"- - Pourriezvousaprès cela .,. n'a-
voir pas d'cmprcflémeotpouf
cccte lecture?
-
AMOSIEUR
LIL EÉr rE-LXJLXIE& -- -,
it
1DEs0uI.
JEnefçaurois m'enempêcher*
Il faut, Seigneur, que jevoùs
gronde.
Jevous cherche avec foin maisfty
beau vùus chercher
, Je
ne jçaaroistous approcher3
j9~<? lors que r»ftre porte ouverte 4
toutlf monde
'Uemrjle avec les gens qu'on Aime
*
dépefeber. ,
Quelque réflexion profonde
Quefajfe là.*de(fus mon ejprit alarme,
Je ne devine point sur qitoycela fc
fonde,
Mtjeriay pas accoutumé
Que dans lafoule onmeconfonde.
Si vous p:JuvleZ ffavoir les affligeansdifeours
..f<!!e me tient en secret le plus insurmontable,
Le plus dangereux de; amourst
Vousferk^moins impraticable.
Vous esses etonm
,
Seigieur,
Mais cjuevoflre cfpritse rassure,
Jcriafpire pointaChonneur
D'aucune galante évanture.
L'amour dont je vous parle à luy~
mefmç efl borné»
Ilsaisi d'un peu d'encens toute si
nourriture.
La raison
,
laJagejp>e* vain font
condamné,
Avec nous cet amour tjl néy
Autant quenouscetamourdure.
C'eftun foible, il ejîvray
,
maistout examiné, -
C'ejf un foible qxe la Nature
Aux plusgrands hommes a
donné,
Terfonne nîejtassiz, PIlCtrt
pour avouer, comme je fais,
Tout ce que faitfoujfrirïamourprù*
pre en colere.
L'un dit, jenen aypoint> l'autre,je
nen ay gutre.
Si detelsdifeours ejfoient vrais,
Les Dames craindroient moins qu'oit
les vist négligées,
De n'avoir plUdorm)ftroiint moinÀ
aflfigées,
Ztn'emprunteraient jointdAt- traits.
Les Amans, les Guerriers ne vontproientjoint la tejîe
De leurbonnefortune,&de tous leurs
hautsfaits.
MtjfitNrs les beaux espritsseferoient
moins de frjleJ
Et quand,ce qu'ilsfont eflmauvais,
Ilsfouffriroientdu moinsenfaix
^u'onfftde leur ouvrage une critique honneste.
Mais que fais-je,& pourquoy dans
ma Lettre entasser
Bagatellesur bagatelle?
Seigneur, en la lisant vous font)en
Uspatfet,
Revenons à noflre querelle.
Comme vojtre bonté jointe a
voftrc
pouvoir
J beaucoupdimportunstous leslu"
vous expoJet
feut-efire crojc^vous queje ne veux,
vous voir,
jguc pour demanderquelquechofe*
En ce cas, ctjlbienfat d'avoirfit
porte close.
Dans un temps de befiins ri d'/1M.
haras tiffk>
Demandeur» quel quilJoitt dottefire
malreceu.
Mais, SeigllCM", un Portier, doit-il
efire barbare,
j^uand on vient pourremercier,
Et d'uncompliment aussi rare,
Doit-on fipeu.sisoucier ?
Ne dtmt'On pas a mentendre
Jgue le malheur du tempsfixe vojbç
bonté» 1
J$*t fourles mmx dautruy vous
devenez moins tendre,
Et tfuun remsrciment'doitfarsa rareté
Agnablementvous furprevdre?
Ah !Ji comme chacun ade difftrens
goufts,
Les rarctex*pouvaientvousflaire,
Ilfaudroitfourvousfattsfaire,
Vous faire voirdesgens qllisi flaU
gnent de vous.
Maisoù les rencontrer, quand chacun
vus honore,
J>)uand de tous cofiez, on n'en..
tend
Jt>ue des gens que l'excès de vos bon-
»
u\,surprend,
J>)uisedifint,per/onne en vain ne
les implore,
Par tout il fait de cœurs une riche
moiffini
Et quoy qui'lserve bien, on ne voie
point encore
De malheureux de sa sason?
Que cet eloge eftgrAnd,Seigneur!
touteId gloire
^uau milieu desfangUns combats
Donne une célébré vtâoire,
A beaucoup prés ne le vaut pas.
D'un siprécieux caraUete
OnA vu 14 nAture Avare en tous les
temps, --
Et mesme dans le cour* des emplois
éclatans,
Un si beau naturel m se confervt
guere.
Cependant>
moy qu'onneverra>
Ny juger brusquement d'une chose
j
future,
Ny mettre volontiers mon bien a Cavanturea 1
Je gageraj ce qu'on voudtd,
.%me lors que de LOVIS
toutepure
Vous placera,Seigneur, augré de mes
Jauhaits»
L'abondance de ftsbitllfAils,
Vontleparfait mérité efi toujours
la mesure,
-
En vous ne corromprajamais
Ce qita mis de bon la nature 7
£t it x*Ç#eray ma rareure>
Eu*attendant cet heureux jour,
Ou par une conduite habile, jujle à"
fige)
Vous ramenerez ce bel âge
tûu le monde naissant, du bien & de
l'amour
--
Fdifoit un innocent usage,
D,nlltZ ordre) Seigneur
>
qu'on ne
me diseplus
,
- Ce qu'en saceouturnea me dire]]
Souffrez, que faille enfin dans v
momensperdus j
pf/Ajflr vojîre ejprit de tout Vennui
qu'attire I
Unpénible travail&desfoins a[j'h
dus•,
-
àmsyfeule«
Je nemenfiemypointàmoy filllt'
drjepense-i
Jguavec ,~_ 4vec moyOJ jeJt vous meneray llJelleYIIJ
Desgens de vostre conuoiJJajtie, si
Horace, Virgile, Terences
Et peut-efîre avec eux je vous antH*
efray.
Fermer
Résumé : A MONSIEUR LE PELLETIER DE SOUZI.
L'auteur d'une lettre exprime son désir de rencontrer un seigneur à qui elle est adressée. Il mentionne que son ouvrage est dédié à Madame des Houlières. Il reconnaît la difficulté de se rapprocher du seigneur, malgré l'ouverture de sa porte à tous. L'auteur parle d'un amour secret et insurmontable, partagé par tous les hommes, décrit comme un faible naturel présent même chez les plus grands. L'auteur s'étonne de la fermeture de la porte du seigneur, malgré sa bonté et son pouvoir. Il se plaint de la rudesse du portier et de l'indifférence générale face aux malheurs des autres. Il loue les qualités du seigneur, soulignant que sa bonté et son mérite sont reconnus par tous. Il espère que, lorsque le seigneur sera placé par le roi Louis, il conservera ses qualités naturelles. Enfin, l'auteur demande au seigneur de lui accorder un moment pour discuter, malgré les occupations du seigneur. Il promet de lui faire découvrir des auteurs classiques comme Horace, Virgile et Térence, et de l'accompagner dans ses pensées et ses travaux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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85
p. 322-323
AIR NOUVEAU.
Début :
La Chanson nouvelle que je vous envoye / Que serviroit, helas ! au Printemps de paroistre ? [...]
Mots clefs :
Amour, Loisirs, Plaisirs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU.
La Chanfon nouvelle que
que je vous envoye , fera fans
doute de voftre gouft , puis
que les paroles font de Mademoiselle des Houlieres , &que M le Camus les a mifes
en air . Ainfi tout en eft de
bonne main.
AIR NOUVEAU.
ue ferviroit , belas ! ´au PrinQue temps de paroiftre ?
L'Amour n'y trouve plus de ces
charmans loisirs ,
Dont il eftoit toujours le maistre.
Son empire eft détruit ; à peine
fait- il naiftre
Dans les plus jeunes cœurs les plus
foibles defirs.
Non, le Printemps nepeutplus eftre.
La faifon des plaifirs
que je vous envoye , fera fans
doute de voftre gouft , puis
que les paroles font de Mademoiselle des Houlieres , &que M le Camus les a mifes
en air . Ainfi tout en eft de
bonne main.
AIR NOUVEAU.
ue ferviroit , belas ! ´au PrinQue temps de paroiftre ?
L'Amour n'y trouve plus de ces
charmans loisirs ,
Dont il eftoit toujours le maistre.
Son empire eft détruit ; à peine
fait- il naiftre
Dans les plus jeunes cœurs les plus
foibles defirs.
Non, le Printemps nepeutplus eftre.
La faifon des plaifirs
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Résumé : AIR NOUVEAU.
Le texte présente 'Chanfon nouvelle', une chanson basée sur les paroles de Mademoiselle des Houlières et mise en musique par M. Camus. Elle reflète une désillusion face au printemps et à l'amour, soulignant que ces derniers ne procurent plus les mêmes plaisirs. L'amour ne suscite plus de désirs, rendant le printemps moins charmant. La chanson évoque ainsi la fin des plaisirs saisonniers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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86
p. 350
AIR NOUVEAU.
Début :
Je vous envoye une Chanson nouvelle ; elle est de Mr. / Le Vin est necessaire [...]
Mots clefs :
Vin, Bacchus, Amour, Pots
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU.
Je vous envoye une Chanfon nouvelle ; elle eft de M
Charles.
AIR NOUVEAU.
LeVin eft neceffaire
Quandon veut vivre en repos ,
Si le Dieu d'Amour altere
ne plaire
Bachus vientfort à propos ; ~
Tous les deuxfçavent me
J'aimel'Amour & les Pots.
Charles.
AIR NOUVEAU.
LeVin eft neceffaire
Quandon veut vivre en repos ,
Si le Dieu d'Amour altere
ne plaire
Bachus vientfort à propos ; ~
Tous les deuxfçavent me
J'aimel'Amour & les Pots.
Fermer
87
p. 57-61
Autre Article qui renferme aussi un Eloge de Sa Majesté, [titre d'après la table]
Début :
Je ne dois pas diferer plus long-temps à vous envoyer [...]
Mots clefs :
Éloge du roi, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Autre Article qui renferme aussi un Eloge de Sa Majesté, [titre d'après la table]
Je ne dois pas diferer plus
long- temps à vous envoyer
l'Eloge du Roy que vous allez
lire , puifqu'il eft tiré de la fin
d'une Lettre Circulaire du
Pere Epiphane , Recolet , qui
asparu au commencement de
cette année. Aprés avoir parlé
de plufieurs chofes qui regardent,fon Ordre, il dit :
Demandez à Dieu les graces
quifont neceffaires augrand Monarquedes François , à ce Roy qui
fera àjamais le modelle des Rois
juftes clemens , qui dans tous
les tempsd'un regne finon toûjours
heureux du moins toûjours
a
te
$8 MERCURE
tous les
glorieuxpar raport à l'usage qu'il
afait de la profperité & de l'adverfité; qui a toujours marqué un
amour conftant &fincere pourfon
Peuple ; amour auquel il afouvent facrifié fagloire
avantages qu'ilpouvoit tirer dé
fes exploits militaires ; amour enfin dont il vient de donner des
marques refcentes àfon cher Peuple dans ces temps de fterilité, par
les foins & les moyens que fa
tendreffe paternelle luy fuggere
pour le ſecourir à propos & diligemmentdansfes befoins . Elevez
donc vos mains vers le Ciel pour
ce Prince le plus grand de tous les
GALANT 59
Heros , le meilleur de tous
les peres, & dont le glorieux nom
de Louis lele Grand ,, renferme
toutes les qualitez d'un Souverain accomply ; fouvenez vous
dans vos prieres d'un Monarque
qui vivrajuſqu'à la fin desficcles
dans ceux quipar leur valeur porteront le nom de Magnanimes ;
dans ceux qui par leur clemençe
Seront appellez Peres des Peuples; dans ceux qui par leur zele
feront appellez Defenfeurs de la
Religion ; dans ceux qui par leur
vertus feront appellez Princes
Pieux enfin dans ceux qui
par les infidelitez de la fortune
•
60 MERCURE
feront appellez Intrepides ', en
les foutenant avec conftance ,
implorezfans ceffe le fecours de
Dieu pour ce bon Princep
Jamais les François n'ont
temoigné plus d'amour pour
leurs Souverains qu'il en ont
montré, & qu'ils en font voir
encore tous les jours pour
Louis le Grand. Rien ne leur
échape de tout ce qui l'a rendu
digne de ce furnom , & ils ont
toujours fait des Eloges de ce
Prince dans toutes leurs actions
publiques convenablés au
temps & à la grandeur & aux
vertus d'un Monarque qui a
GALANT 61
toujours triomphé de toutes
manieres , & remporté autant
de Victoires fur luy même
que fur les Ennemis
long- temps à vous envoyer
l'Eloge du Roy que vous allez
lire , puifqu'il eft tiré de la fin
d'une Lettre Circulaire du
Pere Epiphane , Recolet , qui
asparu au commencement de
cette année. Aprés avoir parlé
de plufieurs chofes qui regardent,fon Ordre, il dit :
Demandez à Dieu les graces
quifont neceffaires augrand Monarquedes François , à ce Roy qui
fera àjamais le modelle des Rois
juftes clemens , qui dans tous
les tempsd'un regne finon toûjours
heureux du moins toûjours
a
te
$8 MERCURE
tous les
glorieuxpar raport à l'usage qu'il
afait de la profperité & de l'adverfité; qui a toujours marqué un
amour conftant &fincere pourfon
Peuple ; amour auquel il afouvent facrifié fagloire
avantages qu'ilpouvoit tirer dé
fes exploits militaires ; amour enfin dont il vient de donner des
marques refcentes àfon cher Peuple dans ces temps de fterilité, par
les foins & les moyens que fa
tendreffe paternelle luy fuggere
pour le ſecourir à propos & diligemmentdansfes befoins . Elevez
donc vos mains vers le Ciel pour
ce Prince le plus grand de tous les
GALANT 59
Heros , le meilleur de tous
les peres, & dont le glorieux nom
de Louis lele Grand ,, renferme
toutes les qualitez d'un Souverain accomply ; fouvenez vous
dans vos prieres d'un Monarque
qui vivrajuſqu'à la fin desficcles
dans ceux quipar leur valeur porteront le nom de Magnanimes ;
dans ceux qui par leur clemençe
Seront appellez Peres des Peuples; dans ceux qui par leur zele
feront appellez Defenfeurs de la
Religion ; dans ceux qui par leur
vertus feront appellez Princes
Pieux enfin dans ceux qui
par les infidelitez de la fortune
•
60 MERCURE
feront appellez Intrepides ', en
les foutenant avec conftance ,
implorezfans ceffe le fecours de
Dieu pour ce bon Princep
Jamais les François n'ont
temoigné plus d'amour pour
leurs Souverains qu'il en ont
montré, & qu'ils en font voir
encore tous les jours pour
Louis le Grand. Rien ne leur
échape de tout ce qui l'a rendu
digne de ce furnom , & ils ont
toujours fait des Eloges de ce
Prince dans toutes leurs actions
publiques convenablés au
temps & à la grandeur & aux
vertus d'un Monarque qui a
GALANT 61
toujours triomphé de toutes
manieres , & remporté autant
de Victoires fur luy même
que fur les Ennemis
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Résumé : Autre Article qui renferme aussi un Eloge de Sa Majesté, [titre d'après la table]
Le texte est une lettre annonçant l'envoi d'un éloge du roi Louis XIV, extrait d'une lettre circulaire du Père Épiphane, Recolet, publiée au début de l'année. Le Père Épiphane prie pour les grâces nécessaires au roi, qu'il décrit comme un modèle de justice et de clémence. Louis XIV est loué pour son amour constant et sincère pour son peuple, même au détriment de sa gloire personnelle et des avantages militaires. Le texte mentionne les efforts du roi pour secourir son peuple durant les périodes de stérilité. Il appelle à prier pour ce monarque, qualifié de 'Louis le Grand', dont le nom englobe toutes les qualités d'un souverain accompli. Les Français sont décrits comme ayant toujours témoigné un grand amour pour leurs souverains, et particulièrement pour Louis XIV, dont ils célèbrent les vertus et les victoires dans leurs actions publiques.
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88
p. 193-200
EPITHALAME.
Début :
Voicy une Epithalame faite à l'occasion de ce mariage, par / On dit que de l'Amour l'Hymen est le tombeau [...]
Mots clefs :
Hymen, Amour, Noms, Empire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITHALAME.
Voicy une Epithalame faite
à l'occafion de ce mariage , par
le même Mr de Meffange , qui
a fait les trois Sonnets fur la
Naiffance de Monſeigneur le
Duc d'Anjou.
EPITHALAME.
On dit que de l'Amour l'Hymen
eft le tombeau
Que la premiere nuit en éteint le
flambeau;
Mais ces aimables lieux font témoins du contraire
Etpar les nœuds nouveaux qu'-
Hymeny vient defaire
Mars 1710. R
194 MERCURE
On voit qu'ayant formé des Amours le plus beau
Loin d'eftre fon fepulcre , il en eft
le berceau.
?
Apeine eft-ilproduit cet Amour
plein de charmes
Qu'ilforce une Beautéde luyrendre les armes.
I
Il n'eft pourfes defirs ni dédains ni
rigueurs;
Il est né triomphant ; fes attraits
font vainqueurs.
Enfantépourla joye & non pour
la trift ffe
Ilfe trouve en naiffantMaîtrede
faMaîtreffe,
GALANT 195
Qui regnantfurfon cœur comme
Luyfur lefien
Partage entre-elle & luy fous un
commun lien
Dans de fi doux tranſports qu'on
nepeut les décrire
Et le fceptre le joug d'un mutuel Empire.
Amour dont les deffeins avouez
de Themis
Et louezdes mortels ont les Dieux
* pour amis
Vous valez beaucoup mieux que.
celuy que nous donne
Contre leursfaintes loix lafille de
Dione,
Rij
96 MERCURE
Qui n'offrant à nos yeux qu'at—
traits voluptez of th
N'aa pour nos cœurs feduits qu'ou
gidari
Ennuis , chagrins , langueurs , depits ,foupçons , allarmes,
Trahifons, defefpoirs , &longs tordelarmes.
trages , cruautez ,
rens T
L'Amourde qui l'Hymen afair
naiſtre lesfeux s
Eftfage , pacifique , égal & genereux :
TOTN
Songrandcœur eft rempli defentimensfideles WUNGA
Les Nymphes ennaiffant luy cou
perent les aîles
Etp ur luy laifferfaire un choix
d lic eux
GALANT 197
Neluy mirentjamais de bandeau
fur les yeuxoryGISTE
Le Ciel armafonbras d'un Arcinalterable -299077
Rendantpour s'en fervirfonbras
infatigable tool, siq
Samainporte unflambeau capable
d'enflamer
Mais non pas d'éblouir le cœur
qu'ilfait aimerame
Son Carquoisfoutenu des mains de
la fortune
Entre cent fléches d'or , de plomb
n'en a pas une.
Les Ris & les Plaiſirs folâtrent
furfes pas
Les Graces l'ont orné de leurs plus
R iij
198 MERCURE
1
doux
appas :
Sans ceffe autour de luy volent les
complaifances ,
40
Les jeux , les tendresfoins & les
réjouiffances.
Hymen,charmant Hymen, daigne
pourton honneur 21
Conferver un Amour qui te fait
tant d'honneur. H
Feunesse en qui nature a mis fes
dons aimables
Nerecevezjamais que des amours
femblables.
Ils font rares , ce Dieu n'en forme
pas toujours :
Tâchez d'en obtenirpour avoirde
beauxjours.
GALANTTHE
Heureux qui peut trouvékán
22 fes illuftres Peres..
Des Noms tels
ral *
1893*
que Gramont
Noailles d'Humieres ,
Des Nomsque la vertufçait immortalifer,
Des Noms à qui le Ciel ne peut
FID rien refuſer!
Heureuxqui de Chriftine éprouvant la tendreffe
Apú de fes leçons concevoir la richeffe ,
**
Et desfoibles mortels connoiffant
soles befoins
Faire unfage profit defes habiles
foins
Heureufe quipourra de cette amefi
belle Riiij
200 MERCURE
Avoirl'ame pourguide & le cœur
pour modeles seandi a¶
Mais laiffons ces difcours pour
une autrefaifon, M.
On aura tout le temps d'écouter
leur raifon:
Auffibien dévouez àdeplus doux
myfteres,
Aujourd'huy nos Amans ont bien
d'autres affaires,p
à l'occafion de ce mariage , par
le même Mr de Meffange , qui
a fait les trois Sonnets fur la
Naiffance de Monſeigneur le
Duc d'Anjou.
EPITHALAME.
On dit que de l'Amour l'Hymen
eft le tombeau
Que la premiere nuit en éteint le
flambeau;
Mais ces aimables lieux font témoins du contraire
Etpar les nœuds nouveaux qu'-
Hymeny vient defaire
Mars 1710. R
194 MERCURE
On voit qu'ayant formé des Amours le plus beau
Loin d'eftre fon fepulcre , il en eft
le berceau.
?
Apeine eft-ilproduit cet Amour
plein de charmes
Qu'ilforce une Beautéde luyrendre les armes.
I
Il n'eft pourfes defirs ni dédains ni
rigueurs;
Il est né triomphant ; fes attraits
font vainqueurs.
Enfantépourla joye & non pour
la trift ffe
Ilfe trouve en naiffantMaîtrede
faMaîtreffe,
GALANT 195
Qui regnantfurfon cœur comme
Luyfur lefien
Partage entre-elle & luy fous un
commun lien
Dans de fi doux tranſports qu'on
nepeut les décrire
Et le fceptre le joug d'un mutuel Empire.
Amour dont les deffeins avouez
de Themis
Et louezdes mortels ont les Dieux
* pour amis
Vous valez beaucoup mieux que.
celuy que nous donne
Contre leursfaintes loix lafille de
Dione,
Rij
96 MERCURE
Qui n'offrant à nos yeux qu'at—
traits voluptez of th
N'aa pour nos cœurs feduits qu'ou
gidari
Ennuis , chagrins , langueurs , depits ,foupçons , allarmes,
Trahifons, defefpoirs , &longs tordelarmes.
trages , cruautez ,
rens T
L'Amourde qui l'Hymen afair
naiſtre lesfeux s
Eftfage , pacifique , égal & genereux :
TOTN
Songrandcœur eft rempli defentimensfideles WUNGA
Les Nymphes ennaiffant luy cou
perent les aîles
Etp ur luy laifferfaire un choix
d lic eux
GALANT 197
Neluy mirentjamais de bandeau
fur les yeuxoryGISTE
Le Ciel armafonbras d'un Arcinalterable -299077
Rendantpour s'en fervirfonbras
infatigable tool, siq
Samainporte unflambeau capable
d'enflamer
Mais non pas d'éblouir le cœur
qu'ilfait aimerame
Son Carquoisfoutenu des mains de
la fortune
Entre cent fléches d'or , de plomb
n'en a pas une.
Les Ris & les Plaiſirs folâtrent
furfes pas
Les Graces l'ont orné de leurs plus
R iij
198 MERCURE
1
doux
appas :
Sans ceffe autour de luy volent les
complaifances ,
40
Les jeux , les tendresfoins & les
réjouiffances.
Hymen,charmant Hymen, daigne
pourton honneur 21
Conferver un Amour qui te fait
tant d'honneur. H
Feunesse en qui nature a mis fes
dons aimables
Nerecevezjamais que des amours
femblables.
Ils font rares , ce Dieu n'en forme
pas toujours :
Tâchez d'en obtenirpour avoirde
beauxjours.
GALANTTHE
Heureux qui peut trouvékán
22 fes illuftres Peres..
Des Noms tels
ral *
1893*
que Gramont
Noailles d'Humieres ,
Des Nomsque la vertufçait immortalifer,
Des Noms à qui le Ciel ne peut
FID rien refuſer!
Heureuxqui de Chriftine éprouvant la tendreffe
Apú de fes leçons concevoir la richeffe ,
**
Et desfoibles mortels connoiffant
soles befoins
Faire unfage profit defes habiles
foins
Heureufe quipourra de cette amefi
belle Riiij
200 MERCURE
Avoirl'ame pourguide & le cœur
pour modeles seandi a¶
Mais laiffons ces difcours pour
une autrefaifon, M.
On aura tout le temps d'écouter
leur raifon:
Auffibien dévouez àdeplus doux
myfteres,
Aujourd'huy nos Amans ont bien
d'autres affaires,p
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Résumé : EPITHALAME.
Le texte est un épithalame, un poème célébrant un mariage, écrit par Monsieur de Meffange en mars 1710. L'auteur réfute l'idée que le mariage éteint l'amour, affirmant que l'amour naît et triomphe dans le mariage. Il décrit un amour triomphant, plein de charmes, qui force une beauté à rendre les armes. Cet amour est né sans désirs, dédains ou rigueurs, et partage un lien mutuel entre les époux. L'épithalame oppose cet amour à celui de la déesse Vénus, qui apporte ennui, chagrins et soupçons. L'amour du mariage est sage, pacifique, égal et généreux, rempli de sentiments fidèles. Les Nymphes, en naissant, lui coupent les ailes pour lui permettre de faire un choix libre. Le Ciel arme ses bras d'un arc inaltérable, capable d'enflammer mais non d'éblouir le cœur. L'amour est entouré de rires, de plaisirs, de grâces et de complaisances. L'auteur souhaite que les jeunes mariés conservent cet amour et soient heureux comme leurs illustres pères, tels que Gramont, Noailles et Humieres. Il espère que les mariés suivront les leçons de Christine et feront un sage usage de leurs âmes et cœurs. Enfin, il conclut en se consacrant aux affaires des amants.
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89
p. 346-347
AIR NOUVEAU.
Début :
Voicy encore un Printemps nouveau. / L'Heureux Printemps est de retour, [...]
Mots clefs :
Printemps, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU.
Voicy encore un Printemps
nouveau.
AIR NOUVEAU.
L'heureux Printemps eft de retour,
Sa douceur infpire l'amour;Son émail enrichit nos vergers &
nos plaines :
Mais tant de beautez tant d'appass
Peuvent- ilsfoulager mes peines ;
Si mon Iris ne m'aime pas.
nouveau.
AIR NOUVEAU.
L'heureux Printemps eft de retour,
Sa douceur infpire l'amour;Son émail enrichit nos vergers &
nos plaines :
Mais tant de beautez tant d'appass
Peuvent- ilsfoulager mes peines ;
Si mon Iris ne m'aime pas.
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90
p. 86-90
ODE ANACREONTIQUE. Par Mr Roy. Réception d'une nouvelle Muse.
Début :
Jusqu'à quand verrons-nous par neuf Filles ridées [...]
Mots clefs :
Amour, Muses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE ANACREONTIQUE. Par Mr Roy. Réception d'une nouvelle Muse.
ODE
ANACREONTIVE
Par Mr Roy.
Reception d'une nouvelle
Mule.
lulqUaquand verrons.
nous par neuf Filles
ridées
Le doublesommet habité
Avec de tels objetsoù
prendre des idées
D'agrément & de noUr
rveautc.
-W.
JMuJesj qui dans nos
Vers laiffezj couler la
g_ace
Maigre noflreétude
nosJoins
Lorsque d'un feu si heau
'Vous enjlamieZj,Horace
Vous avieZ deux mille
ans de moins.
Arvôtre âge tified bien dô
parlerdel'Hifloire
De ïAffyrie & deJes
Roiss
Mais laijjezj-la l'Amour:
pourcelebrerfa
gloire
Ce Dieu veutdeplusjeunes
VOIX.
Quoy, nous redirieZj*vou$
desfleurettes contées
Dutemps a'Helene&de
Pâris
Ah! ces fades douceurs
des Sçavansrefpeëtées
LeJeroient peu de nos
Iris.
C'a, veut - on dans nos
Vers ressusciter les Graces3
Conjultons L'Enfant de
PafJhos
Deles anitiques Soeurs
Phebusremplit lesplaces
Parautant dejeunesSaphos.
B;
Le choix estimportant,
quAmour tâche À le
faire.,
Ne prene que de tendres
coeurs
Des appas quonpourroit
adorera Cythere
Charmans mais modestes
vatnqueurs.
H
Qui choisis-tu d'abord?
ClinJeneJah
9 tu men.
chantes
Par l'hommage que tu
luy rends
Je nefuisinquiet que des
huit prétendantes
Qui doivent entrer fùr
les rangs.
ANACREONTIVE
Par Mr Roy.
Reception d'une nouvelle
Mule.
lulqUaquand verrons.
nous par neuf Filles
ridées
Le doublesommet habité
Avec de tels objetsoù
prendre des idées
D'agrément & de noUr
rveautc.
-W.
JMuJesj qui dans nos
Vers laiffezj couler la
g_ace
Maigre noflreétude
nosJoins
Lorsque d'un feu si heau
'Vous enjlamieZj,Horace
Vous avieZ deux mille
ans de moins.
Arvôtre âge tified bien dô
parlerdel'Hifloire
De ïAffyrie & deJes
Roiss
Mais laijjezj-la l'Amour:
pourcelebrerfa
gloire
Ce Dieu veutdeplusjeunes
VOIX.
Quoy, nous redirieZj*vou$
desfleurettes contées
Dutemps a'Helene&de
Pâris
Ah! ces fades douceurs
des Sçavansrefpeëtées
LeJeroient peu de nos
Iris.
C'a, veut - on dans nos
Vers ressusciter les Graces3
Conjultons L'Enfant de
PafJhos
Deles anitiques Soeurs
Phebusremplit lesplaces
Parautant dejeunesSaphos.
B;
Le choix estimportant,
quAmour tâche À le
faire.,
Ne prene que de tendres
coeurs
Des appas quonpourroit
adorera Cythere
Charmans mais modestes
vatnqueurs.
H
Qui choisis-tu d'abord?
ClinJeneJah
9 tu men.
chantes
Par l'hommage que tu
luy rends
Je nefuisinquiet que des
huit prétendantes
Qui doivent entrer fùr
les rangs.
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Résumé : ODE ANACREONTIQUE. Par Mr Roy. Réception d'une nouvelle Muse.
Le poème 'ODE ANACREONTIVE' de Mr Roy célèbre la réception d'une nouvelle mule. Il commence par décrire neuf filles ridées et des sommets habités, évoquant des idées d'agrément et de nouveauté. L'auteur s'adresse à Horace, soulignant que l'amour nécessite des voix plus jeunes pour célébrer sa gloire. Il critique les douceurs fades des savants et les histoires anciennes d'Hélène et de Pâris, préférant ressusciter les Grâces et les jeunes Saphos. Le poème met en avant l'importance du choix en amour, recommandant de sélectionner des cœurs tendres et des appas adorables, charmants mais modestes. L'auteur exprime son choix pour Clinjenejah, dont il chante les louanges, tout en mentionnant huit autres prétendantes qui doivent entrer dans les rangs.
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91
p. 209-212
« Si tous les Poëtes qui ne sentent plus rien cessent [...] »
Début :
Si tous les Poëtes qui ne sentent plus rien cessent [...]
Mots clefs :
Mercure, Amour, Campagne, Ville
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Si tous les Poëtes qui ne sentent plus rien cessent [...] »
Si tous les Poëtes qui
ne sentent plus rien cessent
d'écrire, je prie instamment
leurs Philis de
ne les rendre jamais heureux,
car s'ils estoient
contents ilscesseroient
d'estre tendres & sensibles,
& si leur bonheur
ne les réduisoit pas toutà-
fait au silence
:J
il rendroit
au moins leur productions
froides & languissantes
; cela feroit
tort à mon Mercure.
J'ay beau m'écarter à
droite & à gauche par
des Digressions,j'en reviens
toujours à mon
Mercure.
Tout ce premierVolumecyn'est
qu'une espece
de Rondeau dont
la chûte tombe toûjours
sur mon Mercure.
J'avouë que monMercure
me tient au coeur,
& je voudrois que la
Cour, la Ville, la Campagne
,que tout le monde
enfin concourût a
l'enrichir.
Que ne sommes-nous
encore au temps de l'Astrée
, où rAlllour de
Campagne fournissoit
des Eglogues, Se l'Amour
de Ville des Elegies
passionnées.
Je ne sçay si l'Amour
de Cour a jamais produit
des Poësies véritablementtendres
; maisilest
si opposé à la franchise
de l'Amour champêtre,
que ce contraste peut
fournir au moins des Satyres
fines & des Madrigaux.
ne sentent plus rien cessent
d'écrire, je prie instamment
leurs Philis de
ne les rendre jamais heureux,
car s'ils estoient
contents ilscesseroient
d'estre tendres & sensibles,
& si leur bonheur
ne les réduisoit pas toutà-
fait au silence
:J
il rendroit
au moins leur productions
froides & languissantes
; cela feroit
tort à mon Mercure.
J'ay beau m'écarter à
droite & à gauche par
des Digressions,j'en reviens
toujours à mon
Mercure.
Tout ce premierVolumecyn'est
qu'une espece
de Rondeau dont
la chûte tombe toûjours
sur mon Mercure.
J'avouë que monMercure
me tient au coeur,
& je voudrois que la
Cour, la Ville, la Campagne
,que tout le monde
enfin concourût a
l'enrichir.
Que ne sommes-nous
encore au temps de l'Astrée
, où rAlllour de
Campagne fournissoit
des Eglogues, Se l'Amour
de Ville des Elegies
passionnées.
Je ne sçay si l'Amour
de Cour a jamais produit
des Poësies véritablementtendres
; maisilest
si opposé à la franchise
de l'Amour champêtre,
que ce contraste peut
fournir au moins des Satyres
fines & des Madrigaux.
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Résumé : « Si tous les Poëtes qui ne sentent plus rien cessent [...] »
Le texte aborde la sensibilité des poètes et l'impact du bonheur sur leur écriture. L'auteur souhaite que les poètes, s'ils cessent de ressentir des émotions, ne soient jamais rendus heureux, car cela pourrait rendre leurs œuvres froides et languissantes, nuisant ainsi à la qualité de son périodique, le 'Mercure'. Il souligne l'importance et son attachement personnel à ce périodique. L'auteur compare également les différentes sources d'inspiration poétique, regrettant l'absence de poésies tendres inspirées par l'amour de cour, et envisageant plutôt des satires et des madrigaux basés sur le contraste entre l'amour champêtre et l'amour de cour. Il exprime le désir que la cour, la ville et la campagne contribuent à enrichir le 'Mercure'.
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92
p. 212-214
MADRIGAL. Par Mr F**
Début :
Ce n'est qu'aux Champs qu'Amour est sans feintise, [...]
Mots clefs :
Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MADRIGAL. Par Mr F**
MADRIGAL.
Par MrF**
Ce n'cft qu'aux Champs
qu'Amourest sans
feintisè,
Toujours Enfant il n'y
paraÎt que nuds Mais à la Cour
>
toûjours
ilJe déguisè
Changeant sa voix &
fou airingénu. o Cefont deux Dieuxyl'un
difcret3 retenu,
Fidelle craint de Je faire
conflo)/lre;
L'autre volage & char
mé de paroitre
Aux yeux de tous fait
brillerfonflambeau.
Oui le voudra>fervs ce
dernier Maître:
Je veuxservirl'autrejuf
qu'au tombeau
Ce dernier Maîrre;
c'est-à-dire l'Amour de
Cour est servi plus magnifiquement
que l'au-
(ce, & l'Amour le plus
magnifiqueest à present
le mieux écouté. Les
Dames ont-elles tant de
tort ? Tous les Amours
font trompeurs ( disentelles
) & celuy qui est revêtu
des apparences les
plus riches, est celuy
dont on se repent moins
d'avoir esté la dupe.
Par MrF**
Ce n'cft qu'aux Champs
qu'Amourest sans
feintisè,
Toujours Enfant il n'y
paraÎt que nuds Mais à la Cour
>
toûjours
ilJe déguisè
Changeant sa voix &
fou airingénu. o Cefont deux Dieuxyl'un
difcret3 retenu,
Fidelle craint de Je faire
conflo)/lre;
L'autre volage & char
mé de paroitre
Aux yeux de tous fait
brillerfonflambeau.
Oui le voudra>fervs ce
dernier Maître:
Je veuxservirl'autrejuf
qu'au tombeau
Ce dernier Maîrre;
c'est-à-dire l'Amour de
Cour est servi plus magnifiquement
que l'au-
(ce, & l'Amour le plus
magnifiqueest à present
le mieux écouté. Les
Dames ont-elles tant de
tort ? Tous les Amours
font trompeurs ( disentelles
) & celuy qui est revêtu
des apparences les
plus riches, est celuy
dont on se repent moins
d'avoir esté la dupe.
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Résumé : MADRIGAL. Par Mr F**
Le madrigal oppose l'amour campagnard, sincère et authentique, à l'amour de cour, trompeur et artificiel. L'auteur préfère l'amour fidèle mais reconnaît la prédominance de l'amour de cour, mieux servi et écouté. Les dames jugent tous les amours trompeurs, mais préfèrent ceux qui semblent les plus riches.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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93
p. [2]15-216
MADRIGAL. Par Mr D. L. F.
Début :
Projet flateur de joüir d'une Belle, [...]
Mots clefs :
Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MADRIGAL. Par Mr D. L. F.
Mais ne pourroit-on
point donner des Regles
aux Dames pour distinguer
le veritable Amour.
Il y en a beaucoup : en
voicy quelques - unes
dans un Madrigal.
MADRIGAL.
Par Mr D. L. F.
Projetflateur
de jouir
d'une Belley
Soins concerte de luy
faire la cour,
Tendres IcritsJftrment
d'etrefidelle
> Airs empreJfeZ/, vous
n'êtespoint tAmour.
JVlaisJe donnersans ef
poirde retour,
Parfin desordre annoncer
qtxel'onaime,
Refpeët timide avec ar*
deurextrême,
.Perjeverance au comble
du malheur
Dans sa Philis riaimer
que Philismêmex
Voila PAmour; maisil
rieji quenmoncoeur*
point donner des Regles
aux Dames pour distinguer
le veritable Amour.
Il y en a beaucoup : en
voicy quelques - unes
dans un Madrigal.
MADRIGAL.
Par Mr D. L. F.
Projetflateur
de jouir
d'une Belley
Soins concerte de luy
faire la cour,
Tendres IcritsJftrment
d'etrefidelle
> Airs empreJfeZ/, vous
n'êtespoint tAmour.
JVlaisJe donnersans ef
poirde retour,
Parfin desordre annoncer
qtxel'onaime,
Refpeët timide avec ar*
deurextrême,
.Perjeverance au comble
du malheur
Dans sa Philis riaimer
que Philismêmex
Voila PAmour; maisil
rieji quenmoncoeur*
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Résumé : MADRIGAL. Par Mr D. L. F.
Le texte définit les règles pour reconnaître l'amour véritable via un madrigal. L'amour authentique se manifeste par des offrandes désintéressées, une timidité respectueuse, une ardeur extrême et une persévérance dans l'adversité. Il réside dans l'amour pour la personne elle-même, et non pour une autre.
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94
p. 47-55
APOLLON ET L'AMOUR. Par Mr ROY. DIALOGUE.
Début :
Si matin au Parnasse, Amour, qu'y viens-tu faire ? [...]
Mots clefs :
Amour, Apollon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : APOLLON ET L'AMOUR. Par Mr ROY. DIALOGUE.
APOLLON
ET
L'AMOUR,
Par M' ROY.
DIALOGUE.
APOLLON.
Si matin au Parnasse, Amour
, qu'y vienstufaire?
L'AMOUR.
J'y vienscuëillirun Boti.-
quet pour Cloris
APOLLON.
UnBouquetpourCloris!
ehj'enfais mon affaire
Va va, retourne vers
Cypris,
Les fleurs entre mes
mains deviennentimmortelles,
Dans les tiennes,Amour,
qu'ont-elles à
durer?
Seuljesçayfaçonner les
Guirlandes nouvelles
Dont les Heros ont droit
de separer,
Efi-ce
Est-ce à d'autres qu'à
moy de couronner les
Bellesl
L'AMOUR.
Ma Mere ne vapoints
parer de vosfleurs,
MJeserseClorriseco.mme ma
APOLLON.
Si Venus connoist mal le
prix de mesfaveurs
Clorisfaitmieux, Cloris àl'Amour meprefere.
L'AMOUR.
EptlCaloirirseme.ddooiittIl"'aarrtt*ddee
APOLLON.
Atoy! Quoy donc, l'air
gracieux,Lesourireplein ddeeffiînneefjffee,1?
Lebaâinageingénieux
5 Art où Cloris ejïfi maitresse.
Tout cela ne vient pas
du plusbrillant dis
Dieux?
Quel autre, s'il vous
plaist, auroit mis dans
fisyeux
Cette prompte vertu de
guerir la tristesse ?
Maistu l'entenschanter,
parle de bonnefoy,
Enadmirant les sons
cette aimablecadence,
Seroit-cepas luyfaire offense
Que de croirequ'elle eût
d'autre Maistre que
moy?
Songe à l'Hiverpassé,
qu'un moment te rapelle
Le Bal avec tousses ap-
PtU,
Cloris dansoit,sa danse
teplut-elle?
Je luy montray les pre- mierspas.
Enfin cejlmoyfeulquelle
aime.
Veux-tu la voir dans un
Festin
Je lU) mets le verre en
main,
Bacchus en convient luymême.
•
L'AMOUR.
C'est donc de messuccés
quetu tefais honneur?
Tu parles de sa voix &
tu m'en dis merveille,
Maisjy donne un charmevainqueur,
Par toy les Chants neflattent
quel'oreille
Et , c'est par moy qu'ils
1-vontaucoeur.
Quefais-tu dansun Bah
tuprepares les Festes,
Moy j'y regne>fy jÙis
Clorissansla quitter,
Je luy sers chaque jour 4"
faire des Conquestes, Et tu n'és bon qu'à les
chanter.
Les repassont grossiers
avec le Dieu des Treilles,
Ilssontserieux avectoy,
Cloris à tespropos sen*
dormiroitsans moy Et renvoyroit bien des
Bouteilles.
APOLLON.
J'en ay trop dit, tu 'VtUX
mepiquerà ton tour,
Faisonsmieux, souffre
unyartage*)
Mêle ton nom au mien,
faisons-luy nostre cour,
Qu'elle reçoivethomma.
ge,
D'Apollon & de
mour.
ET
L'AMOUR,
Par M' ROY.
DIALOGUE.
APOLLON.
Si matin au Parnasse, Amour
, qu'y vienstufaire?
L'AMOUR.
J'y vienscuëillirun Boti.-
quet pour Cloris
APOLLON.
UnBouquetpourCloris!
ehj'enfais mon affaire
Va va, retourne vers
Cypris,
Les fleurs entre mes
mains deviennentimmortelles,
Dans les tiennes,Amour,
qu'ont-elles à
durer?
Seuljesçayfaçonner les
Guirlandes nouvelles
Dont les Heros ont droit
de separer,
Efi-ce
Est-ce à d'autres qu'à
moy de couronner les
Bellesl
L'AMOUR.
Ma Mere ne vapoints
parer de vosfleurs,
MJeserseClorriseco.mme ma
APOLLON.
Si Venus connoist mal le
prix de mesfaveurs
Clorisfaitmieux, Cloris àl'Amour meprefere.
L'AMOUR.
EptlCaloirirseme.ddooiittIl"'aarrtt*ddee
APOLLON.
Atoy! Quoy donc, l'air
gracieux,Lesourireplein ddeeffiînneefjffee,1?
Lebaâinageingénieux
5 Art où Cloris ejïfi maitresse.
Tout cela ne vient pas
du plusbrillant dis
Dieux?
Quel autre, s'il vous
plaist, auroit mis dans
fisyeux
Cette prompte vertu de
guerir la tristesse ?
Maistu l'entenschanter,
parle de bonnefoy,
Enadmirant les sons
cette aimablecadence,
Seroit-cepas luyfaire offense
Que de croirequ'elle eût
d'autre Maistre que
moy?
Songe à l'Hiverpassé,
qu'un moment te rapelle
Le Bal avec tousses ap-
PtU,
Cloris dansoit,sa danse
teplut-elle?
Je luy montray les pre- mierspas.
Enfin cejlmoyfeulquelle
aime.
Veux-tu la voir dans un
Festin
Je lU) mets le verre en
main,
Bacchus en convient luymême.
•
L'AMOUR.
C'est donc de messuccés
quetu tefais honneur?
Tu parles de sa voix &
tu m'en dis merveille,
Maisjy donne un charmevainqueur,
Par toy les Chants neflattent
quel'oreille
Et , c'est par moy qu'ils
1-vontaucoeur.
Quefais-tu dansun Bah
tuprepares les Festes,
Moy j'y regne>fy jÙis
Clorissansla quitter,
Je luy sers chaque jour 4"
faire des Conquestes, Et tu n'és bon qu'à les
chanter.
Les repassont grossiers
avec le Dieu des Treilles,
Ilssontserieux avectoy,
Cloris à tespropos sen*
dormiroitsans moy Et renvoyroit bien des
Bouteilles.
APOLLON.
J'en ay trop dit, tu 'VtUX
mepiquerà ton tour,
Faisonsmieux, souffre
unyartage*)
Mêle ton nom au mien,
faisons-luy nostre cour,
Qu'elle reçoivethomma.
ge,
D'Apollon & de
mour.
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Résumé : APOLLON ET L'AMOUR. Par Mr ROY. DIALOGUE.
Le texte relate un dialogue entre Apollon et l'Amour sur le mont Parnasse. Apollon, étonné de voir l'Amour, apprend que ce dernier cueille des fleurs pour Cloris. Apollon affirme que les fleurs deviennent immortelles entre ses mains et qu'il est le seul à pouvoir créer des guirlandes dignes des héros et à couronner les belles. L'Amour rétorque que sa mère, Vénus, et Cloris préfèrent ses dons. Apollon revendique divers talents de Cloris, tels que sa grâce, son sourire et ses danses, qu'il attribue à son influence. L'Amour conteste ces prétentions, affirmant que ses chants et sa présence sont essentiels pour toucher le cœur de Cloris et rendre les festins agréables. Reconnaissant la pertinence des arguments de l'Amour, Apollon propose de faire ensemble leur cour à Cloris, en mêlant leurs noms et leurs hommages.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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95
p. 55-56
RÉPONSE de Cloris aux quatre derniers Vers du Bouquet.
Début :
Je reçois d'Apollon le Bouquet & l'hommage, [...]
Mots clefs :
Bouquet, Apollon, Amour
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texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE de Cloris aux quatre derniers Vers du Bouquet.
REPONSE
de Cloris aux quatrederniers
Vers du Bouquet,
Je reçoisd'Apollon le
Bouquet & l'hommage,
AIais qu'Amour porte
ailleurslesien;
Un present d'Apollon à
quelques Vers m'engage;
Les voila bien-tostfaits;
ils ne me coûtent rien,
Maisl'Amour voudroit
davantage.
C'ejl unTyran, je le
sias bien.-
de Cloris aux quatrederniers
Vers du Bouquet,
Je reçoisd'Apollon le
Bouquet & l'hommage,
AIais qu'Amour porte
ailleurslesien;
Un present d'Apollon à
quelques Vers m'engage;
Les voila bien-tostfaits;
ils ne me coûtent rien,
Maisl'Amour voudroit
davantage.
C'ejl unTyran, je le
sias bien.-
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96
p. 143-144
COMBAT. de l'Amour & du respect à Madame de R*** par Mr L. B.
Début :
L'Amour estoit dans l'Esclavage, [...]
Mots clefs :
Amour, Respect
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COMBAT. de l'Amour & du respect à Madame de R*** par Mr L. B.
del'Amour & du rcfpeét. àMadame de R*'**
parMrL. B.
L'Amour
estoit dans ÏEfclavage3
Lerespectletenoitsous de
severesLoix* Iln'ozoitdesyeux même
emprunter le langage,
Le respect étoufoitsessou
pirs &savoix,
Las de voir trop longtemps
sa pmjjance
asservie,
Lv'Aomolutrêenf.in sesi re-
Il combat poursaliberté;
Venez lesecourir
, ilyva
de ma vie,
Faites le triompherenfaisan
tmonbonheur,
Vous mettrez le comble
à sagloire;
Vous ejlie'{ l'objet du
Vainqueur,
Soyezleprix desa Victoire,
parMrL. B.
L'Amour
estoit dans ÏEfclavage3
Lerespectletenoitsous de
severesLoix* Iln'ozoitdesyeux même
emprunter le langage,
Le respect étoufoitsessou
pirs &savoix,
Las de voir trop longtemps
sa pmjjance
asservie,
Lv'Aomolutrêenf.in sesi re-
Il combat poursaliberté;
Venez lesecourir
, ilyva
de ma vie,
Faites le triompherenfaisan
tmonbonheur,
Vous mettrez le comble
à sagloire;
Vous ejlie'{ l'objet du
Vainqueur,
Soyezleprix desa Victoire,
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Résumé : COMBAT. de l'Amour & du respect à Madame de R*** par Mr L. B.
Mr L. B. écrit à Madame de R* sur l'amour, initialement esclave et silencieux. Réprimé par le respect, l'amour se révolte pour sa liberté. Il demande à Madame de R* de l'aider, prêt à tout risquer. En triomphant, il assurera son bonheur et sa gloire, la désignant comme prix de sa victoire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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97
p. 145-202
PROCEZ D'UNE PETITE FILLE reclamée par deux meres.
Début :
Ce Procez se poursuit presentement à Lyon ; mais je prendray [...]
Mots clefs :
Femme, Joie, Mari, Mariage, Grossesse, Amour, Aventure, Bon bourgeois, Grimaces, Procès, Lyon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PROCEZ D'UNE PETITE FILLE reclamée par deux meres.
PROCEZ
D'UNE PETITE FILLE
reclamée par deuxmeres.
Ce Procez sepoursuit
presentement à
Lyon ; mais je prendray
l'histoire de plus
loin, car on vient de
m'envoyer des Mémoires
secrets sur l'origine
de cette Avanture.
Ce sont les amours
d'un jeune Lyonnois
& d'une jeune Lyon.,-
noise. Je tairay le nom
de ces deux Amants;
l'histoire est pourtant
publique. Tout Lyon
les connoist
, toute la
Ville les nomme;je ne
les nommeray point ,
je veux estre plus difcret
qu'uneVille entiere.
Leurs noms de
1 galanterie
-
seront , si
vous voulez, Cleonte
& Angelique; & sans
rien changer au fond
de l'Avanture
,
je déguiseray
feulement les
noms, & les qualitez
des principauxActeurs.
Angelique & Cleonte
se rencontrerent par
hazard dans uneAssemblée.
Angelique fille
sage & modeste regarda
tant Cleonte dés la
premiere fois ,-que dés
la seconde ellen'osoit
plus le regarder; mais
C leonte moinstimide
fixasi tendrement ses
yeux sur elle qu'il en
devint passionnement
amoureux.
,-. SiAngeliqueestbrune
ou blonde,si Cleonte
a beaucoup d'esprit
: ous'ilenapeu je n'en
sçay rien. On ne m'a
pas fait le détail de
leurs perfections; mais
j'ay sçuqu'ilss'entr'aimerent
comme s'ils
eussentesté parfaits.
Cleonte trouva un
jour l'occasion de parleren
particulier à Angélique;
d'abord'illuy
fitune déclaration d'amour
à la françoise, &
sans s'amuserà luy apprendre
qu'il l'aimoit,
il commença par luy
jurer qu'il l'aimeroit
toute savie; mais Angelique
le conjura de
ne la point aimer,parce
que des raisons defamille
l'empescheroient
de pouvoir jamais estre
àluy.
Que je fuis malheureux
! s'écria Cleonte,
un Pere avare que j'ay
m'empeschera aussi
d'estre à vous. Ils se
conterent l'un à autre
toutes les raisons de samille
qui s'oppoloienç
à leurunion, & là dessus
ils resolurenttresprudemment
de ne se
plus voir. Angélique
s'en alloit, mais par un
excez de prudence elle
revint sur ses pas pour
défendre à Cleonte de
penjferjamais à elle,,
Ouy ,dit-elle
, pour
vostre repos je vous defends
de maimer. Que
vous estes cruelle! s'é.
cria Cleonte, de soup-.
çonner feulement que
je puisse vous obéir !
ah ! me défendre de
vous aimer c'est me
prouver que vous ne
m'aimez P"ueres.Enfui.
te il se plaignit de [on
malheur en des termes
si tendres, si passionnez
qu'Angelique en soupira,
& luy dit en
voulant fuir
,
he bien
Cleonte aimez moy
donc; mais jevous deffends
de me voir jamais.
Cleonte l'arreste,
se jette à ses genoux, se
desespere;vousaimer
sans vous voir , vous
voulez donc que je
meure. Helas! luy répond-
elle, (croyant
déja le voir mourant)
helas voyez-moy donc;
mais ne me parlez plus
de vostreamour.Autre
dcfefpoir : autres menaces
de mourir.He
bien (dit Angelique
toute troublée ) vous
me parlerez donc; mais
que personne n'en sçacherien
;car si j'y con*
sens,c'est dans fefpe*
rance qu'il arrivera
quelque changement
dans nos affaires.Il en
arrivera sans doute, reprit
Cleonte ; mon amour
m'enassure.~urf
Ils se quitterent dans
l'esperance de pouvoir
obtenir par leurs soins leconsentement de
leurs parents, &C se virent
plusieurs fois pour
se rendre compte des
facilitez qu'ils se fia-,
toient d'avoir trouvées.
Cependant les
obstacles estoient tousjours
lesmesmes; ilsne
diminuoient qu'à leurs
yeux; mais ils se 1es
diminuoient l'unà l'autreàmesure
que Ie.de-!
sir. de les surmonter
augmentent dans tous
les deux. En un mot
leur amour les aveugla
si fort qu'en peu de
jourstoutesles difficultez
di sparurent. Ils se
persuaderent fermement
que rien ne pouvoit
plus s'opposer à
leur Mariage, & qu'ils
n'avoientcontreeux
qu'un peu de temps à»
attendre. Ils remirent
donc lesformalitezà
ce temps- là;mais dés ce
mesme jour la foy de
Mariage fut donnéereciproquement.
UnAnneau
fut mis au doigt
de l'Epouse, & tous
deux convaincus que
lafoy mutuelle& l'anneau
nuptial suffisoient,
tous deux enfin
dans l'aveuglement &
dans la bonne foy s'imaginerent
estrsassez
mariez pour pouvoir
s'assurer qu'ilsl'estoient..
Le Pere de Cieonte
estoit pour lorsà Paris.
SonconsentementcC*
toit necessaire, & nos
Epouxestoient convenus
que c'estoit par la,
qu'il falloitcommencer.
AinsiCieonteresolut
de partir au plustost.
Les adieux furent:
plus tendres que tristes,
parce que Cleorite
estoit seur, disoit-il,
de rapporter le con fen^
tement de son pere. Il
ne quittoit Angélique
que pour aller saffurer
le bonheur de passer avec
elle le reste de la
vie. Il part enfin, 84
laisse Angelique fort
triste de son dépare,
mais tres - persuadée
que le mariage se confirmeroit
à ion retour.
Quelques semaines
secoulerent: Angéliqueentrela
tristesse &
l'esperance n'estoit pas
tant à plaindre qu'elle
le fut dans lafuite. Les
reflexions commencèrentà
la troubler:elle
envisage sa faute, elle
en a honte; maiselle
se flate quecette honte
seratousjours Ignoree, ,
ne sedoutant point jusques-
là
ques-là quelle portoit
dans son sein une preuve
qu'on ne peut tenir
cachée qu'env iron huit
ou neuf mois. Elle ne
connoissoitencore quune
partie du mal qu'-
elleaveit fait: ainsielle
n'en estoit qu'à demi
repentante. Ses regrets
estoient moderez par
un souvenir agréable ;
les regrets sinceres ne
luy vinrentqu'avec les
maux de coeur. ;
Imaginez-vous ses
allarmes & sa douleur;
joignez à cela l'absence
de san Amant : elle
n'en recevoit aucunes
nouvelles; elle se crut
oubliée, trahie, abandonnée.
A quis'en
plaindre? à qui se con- «
sier dans une situation
si cruelle?elle ne trouve
de sou lagement que
dans ses larmes. Laifsons-
la pleurer à loisir
pendantque nous parlerons
des autres personnes
qui ont part à
cette avanture.
Une femme debien,
avoit épousédepuis
quelques années un
bon Bourgeois fortcurieux
d'avoir lignée
,
& fort mal intentionné
pour ses heritiers
collateraux. Cette femme
que je nommeray
Donmene ,va fraire icy
un personnage tout Opt
posé à celuy d'Angelique,
Dorimene avoit le
malheur d'estre sterile,
& c'est ce qui la de[c!:
peroit, car cette sterilité
la faisoit presque,
haïr de son Mary. Le
bon. Bourgeois qui se
preparoit pour lors à
faire un long voyage,
estoit au desespoir de
partir sans sestre assuré
un ,
héritier. Un soir
qu'il rentroit chez luy
triste & rêveur, sa sens"
me qui avoit médité
tout le jour la maniéré
dont ellele recevroit,
attend le momentqu'il
rentre dans sachambre,
court, à luy comme
une femme transportée
de joye
y
se jette à son
col encriant d'unevoix
entrecoupée
,
bonne
nouvelle mon cherMary
! bonne nouve lle !
j'ay tant de joye que je
ne puis parler. Quelle
joye?dit le Mary,de
quoy s'agit-il?Elle, au
lieu de repondre
, recule
quelques pas comme
une femme qui
chancelle, & se laiflc
tomber sur un fauteüil
, en feignant de sévanouir.
Le bon homme
allarmé s'empresse à la
fairerevei-iirellerevient
un peu, le regain
de tendrement, & luy
dit d'une voix soible
ah mon cher maryî
voicy la troisiéme fois
que je m'évanouisdepuis
ce matin
,
& ce
font ces cvanoiiilïcments
qui j-ont ma
joye. Elle recommence
à lembrasser:nouvelle
joye; nouveaux transports.
Estes-vousfolle?
dit leMary Je vous le
repete répliquala femme
, ce sont ces éva- nouiflèments,& ces
maux decoeurqui me
charment, car ils confirment
les doutes que
j'aydepuis quelque
temps. Oïïy mon cher
Mary,jecroisqu'enfin
je suis en estat de vous
donner un gcag9e v0ivant de ma tendresseconjugale.
Ah Ciel! s'écrie
le
le bon Bourgeois3quoy
vous feriez enceinte ?
-cfc-ilpossible?Ellejure
qu'ellele croie. Il
-cmbra& à on tour cetle
qu'ilcroit fécondé;
il est plus charmé qu'-
elle ne seignait de l'estre.
Ce n'e st plus entr'eux
que"mnfports,
que larmes de joye
feintes & veritables.
En un mot depuis ce
moment jusqu'à son
dépare elle joua cette
alternative de joye Se
d'évanoüissement. Et
il partit convaincu qu'-
il trouveroit à Ion retour
Je fils aisné de plusieurs
autresqu'elle luy
promit en iuy disant
adieu.
Dés que leMary fut
parti, Dorimene ne
s'occupa plus que du
foin de paroistre grosse
aux yeux de ses voisiÎIGS
)
& de terminer
cette grossesse comme
si elle eust esté veritable.
Pourcela-ilfalloit
un Enfant d'emprunt;
il falloit confier son
dessein à quelqu'un qui
pust l'aider. Elle fut
trouve£r uneJSage-fem- me qui avoit été autrefois
sa Servante, femme
habile, inventive,
une intriguante enfin,
qui s'appelloit Nerine.
Aprésavoir promis
- une grosse recompense
à cette Nerine
,
Dorimene
luy dit en deux
mots que son dessein
estoit dedonner un fils
à son Mary.
Nerine pleine de ze- lecommenceà luy faire
l'éloge du plus dis-
* cret de tous les jeunes
Lyonnois qu'elle connoissoit.
Dorimenel'interrompt
avec coleré.
Estes-vous folle? ne
po. ,,>
me., connoissez * pas?Jevous - vous pas? Je vous ccoonnnnooiiss
de reste, dit Nerine ;
mais pour faire plaisir à
son Mary,une honneste
femme ne pourroitelle
pas Taisezvous
Nerine. Mais
comment faire donc
Madame ? Comment
faire? reprit Dorimen-
e, je vais vous expliquer
mon dessein,
Dorimene & Nerine
eurent ensemble une
conversation fort
longue. Pour conclure
en deux mots ,
qu'il
fcilloit chercher dansla
Villequelque femme
ou fillequi craignift autant
de paroistreMere
que Dorimene souhaitoit
de lcHre,afin qu'-
elle voulust bien luy
cederson droit de male
ternité.
rendant que nostre
intriguante va cher- ,
cher cet enfant de hazard
chez les plus jolies
personnes de la
Ville,quoyquecela se
trouve aussi chez les
plus laides, Dorimene
commence à joüer toutes
les affectations &
les grimaces d'une premiere
grossesse. Propose-
t-on à Dorimene
une Promenade , elle
l'accepteroit, dit-elle ;
mais la difficulté c'est
la voiture. Le Carosse
la blesserois ; la Chaise
à Porteurs luy souleve
lecoeur; elleapeuren
Batteau ; à pied on fait
des faux pas, le plus
leurest de rester chez
elle; mais elle craint
d'y donner à joüer. Les
grimaces & les contorfions
des Joüeurs luy
sont horreur;elle ne
veut voir que des femmes
gracieuses &C de
beaux hommes. Point
de Spectacles, surtout
I ni Comed ies niOperai,
elle accoucheroit d'un
Neptune ou d'un Arlel.
quin. Elle se reduit
donc au plaisir de la
bonne chere ; elle s'y
dédommagé en se jettant
sur les plus friands
morceaux. Elle les arrache
à ses voisins de
Table: tout permis,
dit-elle,c'est une envie
de femme grosse ; elle
veut mangerde tout ce
qu'elle voit, & dire
tout ce qui luy vient
en pensée,jusqu'à des
médisances, de crainte
que son Enfantn'en
foit marqué.
Parmy toutes ces
feintes, elle n'oublie
pas la principale; il
sautfigurerpar laceinture.
Elle applique
fous un large Corcet
un Coussinet de satinbien
matclasséferriblable
à ceux dont les femmes
maigresse font des
hanches majestueuses.
Dorimene s'en garnit,
& prend foin d'augmenterdemoisenmois
cette grossesse de cotton.
En un mot ,
elle
joüe son rolle si naturellement
que les plus
sins y sont trompez.,
Retournons à la pauvre
Angélique qu_i- prend a*utant de peine,<,
àcacher les défauts de
1 la taille, que celle-cy.
etnipreendnpounr gaester.la
Angélique estoit ro.
peu prés sur son septicme
mois lorsqu'elle sucj
contrainte par une mere
imperieuses qu'elle^
avoit dalleravecelle,
misiter une voisine,&
cette voisine effoit
stement Dorimene.
Cette Mere dd''AAnnggecil'il--
que estoit scrupuleuse
sur Je cérémonial des
visites. Elle '- en devoit
,
une à Dorimene;elle
veut absolument que
[1. fille l'accompagne
dans ce devoir indis-
I pensable. Angelique obéït,&
les voilà chez
I Dorimeneoù plusieurs
autres voisines scitoientassemblées.
;:;.
Angelique souffre 8c
gémit de se voir emprisonnée
dans un habit
serieux ; son corps
la ferre cruellement
quoyqu'il foit lassé
.bien lasche.Ellesetient
droite & se guinde en
hauteur pour tenir
gmoines deuplaceren.lar- Dorimene au coiw
traire estale la grossesse
avec ostentation, bien
à son aise, sans ceinture,
sa Robbe ouverte
à deux battans , appuyant
nonchalemment
ses deux bras
croisez sur l'honorable
fardeau dont chacun
la selicite. Quel crevercoeur
pour Angelique!
quel contraste ! Helas!
dit-elleenellemesme,
que cette femme effc
.t.Jcureu!e de pouvoir
ainsi fairegloire de ce
qui fera ma honte
,
si
l'on s'en apperçoit.
La Sage-femme eCtoit
pour lors dans la
chambre de Dorimene
qui affeotoit de la tenir
prés d'elle depeurd'accident.
Dés qu'Angeliqueavoit
paru cette
rusée avoit remarque
sa taille renforcée &
contrainte
,
sa démarche
che pesante&embarxaffée;
il n'en falloitpas
davantage pour donner
des soupçons à une
connoisseuse. Elle observe
de plus unvisage
affligé & maigri dont
les traitss'a longent. -
Angélique s'apperçoit
qu'on l'examine;elle
est troublée
,
il n'enfaut
pas davantage
pour mettre Nerineau
fait. Cette intriguante
s'approche de Dorimene,
& luydit à l'oreille
: voilà une fille qui
a bien la mine d'avoir
de trop de ce qui
vous manque.
Angeliqua la voyant
parler bas ne douta
plus du jugement
qu'on faisoit d'elle, 8c
pour surcroist de malheur
quelqu'un s'avisa
de dire à Dorimene
qu'elle cfkoit en de boa*
nes mains davoir Nerine
pour Sage-femme.
Au mot de Sage - femme
Angelique paslit
comme un Criminel
qui voit son Juge. La
Mere crut quelle se
trouvoit mal. Nerine
officieuse courut la secourir
par avance, &
c'est ce qui acheva de
lu troubler. Dés que la
Sage-femme a mis la
main sur elle se croit à
terme; lapeurlasaisit;
- elle tombe en foiblesse.
Onla porte sur un lit}-
dans une chambre voisineoù
fous prétexte de
la laisser rcpofcr
,
sa
Mere& lesautres femmes
qui avoientaidé à
la faire revenir de sa
foiblesse, la laisserent
feuleavec Nerine.
Ce fut là le premici:
moment de bonheur
pour Angéliquedepuis
le départde sonAmant,
car Nerine, aprés toutes
les façons que vous
pouvez vous imaginer,
luy fit tout avoüer,
devint sa Confidente ,
& luy promit de la ri.
rer d'affaire sans que sa
Mere mesme puft s'en
appercevoir. En effet,
depuis ce jour-là Ntri,
ne & Angélique prirent
secretement des
mesures.Angélique avoit
une Tante qu'elle
aimoitfort;elle resolut
de luy confier son secret.
Cette Tante avoit
une Maison de Campagne
fort prés de la
Ville. Àinsï quand Nerine
jugea qu'il estoit
temps, la Tante obtint
de la Mere que sa filfe"
iroit passer quelques
jours avec elle à la campagne.
-
Ce fut là qu'Angelique,
parle lecours de
Nerine, se debarassa de
ce qui pouvoit nuire a
sa réputation. Elle retourna
bientost aprés à
la Ville où elle parut
plusbelle, plus fraische,
& plus fille que
jamais.
--
Voicy où comment
cele sujet du Procez.
LaTante& laNièce,
à la sollicitation de Ne- Il-le, conv inrent qu-):-
elle se chargeroit de
l'Enfant qu'elle pro-
~,
mitparunBilletdereprefencerroutes
les fois
que l'amour maternel
d'Angelique la presseroit
de voir en secret
cette petite fille, car
c'eneftoitune, 6L qui
ressembloit parfaitement
à saMere.
Nerine part avec la
petite fille, & court
d'abord chez Dorimene
nequi n'attendoit que
l'heure d'accoucher de
l'Enfant d'Angelique.
Elle s'estoit mise depuis
quelques jours au
lit, oùplusieurs voisiries
la venoient voir.
Les témoins luy efc
toient necessaires afin
qu'on ne pust dans la
fuite luy chicaner la
proprieté de l'Enfant
qui alloit paroistre. Il
falloit donc que ces
voilines vissent & ne
vissent pas; c'e st ce qui
l'embarassoit; car elles
estoient trop curieuses
& trop empressées à la
secourir. Ilestoitdifficile
d'éluder leurs curiositez
ind iscretes.
D'un autre côté Nerineestoitarrivée
avec
l'Enfant parune petite
ruë destournée oùdonnoit
un Jardin de la
maison.Ellegagnapar
un degré dérobe une
Garderobeoù ellelaissa
l'Enfant. Cette Garderobe
donnoit dans la
ruelle du lit de Dorimene
; Nerine entra
seule dans la chambre a donnalesignal.Ausc?
si-tost Dorimene pria
lesvoisines delalaisser
reposer.Elless'éloignèrenttoutesjusqu'à
l'autre
bout de la chambre
,
& bien ditDorimene
impatiente, a
-
quoy en sommes nous.
Tout va bien répond
tout bas Nerine;nous
avons tiré d'affaire nostre
pauvre fille enceinte,
& je vais vous faire
acoucher de l'Enfant
de cette fille-là.
Pendant qu'elles parloient
bas de la maniere
dont elles alloient
joüerdes gobelets l'Enfant
quis'ennuyoitseul
dans la Garderobese
mità crier comme un
Enfant déjà né; lesvoisines
entendirent ces
cris, prématurez
,
6c
tout estoit perdu si Dorimene
n'eu a eu la prefence
d'esprit de couvrir
les cris de l'Enfant
par les siens.Nerine
crioitaussi
, courage,
Madame, courage, &
cela fit un chorus pareil
à celuy que firent
jadis les Corybantespour
cacher àSaturne
les cris du jeuneJupi- ter.
Dans ce moment
Nerine escamota siadroitement
l'Enfant,
que l'ayant glissé sur le
bord du lit, elle l'en
tira comme s'ilfustvenu
de plus loin,& le fit
voir à ces connoisseuses
qui s'estoient avancées.
Elles admirerent sa
beauté, le trouvant
pourtant un peu trop
fort pour sonâge. Nerine
leur figne que la
malade avoit un grand
mal de teste.Elles sortirent
doucement sur
la pointe du pied en
attendant le Baptesme
qui se fit le lendemain
soletnnel lement.
Voila un Enfant
bienvrayemblablement
establidans lafamille
deDorimene.Il y
fut élevépendantquel:
que temps sans qu'Angelique
sceutque c'efroit
le sien. On ne m'a
point dit comment eJ-*
Je en fut in struite;mais
faites attention icy à
ia circonstance la plus
eftonnante de toute
l'histoire. Vous avez
veu la timide Angelique
cacher en tremblant
les fuites de son
mariagesecret, &C on
la voit à present reclamer
publiquement le
témoin de sa faute. Ellenecraint
plus de publier
sa honte: cechangement
neparoist pas
vraysemblable ; c'est
cependant un fait public
, dC qui, comme
j'ay dit, fait à present à
Lion lesujet d'un
grandProcez. L'Avocat
dit que l'amour, matemelseul
la déterminéeàfaireuntel
éclat;
maiselle a eu des raisons
particulières que
je ne puis encore reveler
au public, quand le
Procez sera jugé
,
il
me fera permis dedire
ce que je sçai de ce dé..
nouement,quinerouleencoreà
Lyon, que
sur ladéclaration de la
Sâge- femme.
D'UNE PETITE FILLE
reclamée par deuxmeres.
Ce Procez sepoursuit
presentement à
Lyon ; mais je prendray
l'histoire de plus
loin, car on vient de
m'envoyer des Mémoires
secrets sur l'origine
de cette Avanture.
Ce sont les amours
d'un jeune Lyonnois
& d'une jeune Lyon.,-
noise. Je tairay le nom
de ces deux Amants;
l'histoire est pourtant
publique. Tout Lyon
les connoist
, toute la
Ville les nomme;je ne
les nommeray point ,
je veux estre plus difcret
qu'uneVille entiere.
Leurs noms de
1 galanterie
-
seront , si
vous voulez, Cleonte
& Angelique; & sans
rien changer au fond
de l'Avanture
,
je déguiseray
feulement les
noms, & les qualitez
des principauxActeurs.
Angelique & Cleonte
se rencontrerent par
hazard dans uneAssemblée.
Angelique fille
sage & modeste regarda
tant Cleonte dés la
premiere fois ,-que dés
la seconde ellen'osoit
plus le regarder; mais
C leonte moinstimide
fixasi tendrement ses
yeux sur elle qu'il en
devint passionnement
amoureux.
,-. SiAngeliqueestbrune
ou blonde,si Cleonte
a beaucoup d'esprit
: ous'ilenapeu je n'en
sçay rien. On ne m'a
pas fait le détail de
leurs perfections; mais
j'ay sçuqu'ilss'entr'aimerent
comme s'ils
eussentesté parfaits.
Cleonte trouva un
jour l'occasion de parleren
particulier à Angélique;
d'abord'illuy
fitune déclaration d'amour
à la françoise, &
sans s'amuserà luy apprendre
qu'il l'aimoit,
il commença par luy
jurer qu'il l'aimeroit
toute savie; mais Angelique
le conjura de
ne la point aimer,parce
que des raisons defamille
l'empescheroient
de pouvoir jamais estre
àluy.
Que je fuis malheureux
! s'écria Cleonte,
un Pere avare que j'ay
m'empeschera aussi
d'estre à vous. Ils se
conterent l'un à autre
toutes les raisons de samille
qui s'oppoloienç
à leurunion, & là dessus
ils resolurenttresprudemment
de ne se
plus voir. Angélique
s'en alloit, mais par un
excez de prudence elle
revint sur ses pas pour
défendre à Cleonte de
penjferjamais à elle,,
Ouy ,dit-elle
, pour
vostre repos je vous defends
de maimer. Que
vous estes cruelle! s'é.
cria Cleonte, de soup-.
çonner feulement que
je puisse vous obéir !
ah ! me défendre de
vous aimer c'est me
prouver que vous ne
m'aimez P"ueres.Enfui.
te il se plaignit de [on
malheur en des termes
si tendres, si passionnez
qu'Angelique en soupira,
& luy dit en
voulant fuir
,
he bien
Cleonte aimez moy
donc; mais jevous deffends
de me voir jamais.
Cleonte l'arreste,
se jette à ses genoux, se
desespere;vousaimer
sans vous voir , vous
voulez donc que je
meure. Helas! luy répond-
elle, (croyant
déja le voir mourant)
helas voyez-moy donc;
mais ne me parlez plus
de vostreamour.Autre
dcfefpoir : autres menaces
de mourir.He
bien (dit Angelique
toute troublée ) vous
me parlerez donc; mais
que personne n'en sçacherien
;car si j'y con*
sens,c'est dans fefpe*
rance qu'il arrivera
quelque changement
dans nos affaires.Il en
arrivera sans doute, reprit
Cleonte ; mon amour
m'enassure.~urf
Ils se quitterent dans
l'esperance de pouvoir
obtenir par leurs soins leconsentement de
leurs parents, &C se virent
plusieurs fois pour
se rendre compte des
facilitez qu'ils se fia-,
toient d'avoir trouvées.
Cependant les
obstacles estoient tousjours
lesmesmes; ilsne
diminuoient qu'à leurs
yeux; mais ils se 1es
diminuoient l'unà l'autreàmesure
que Ie.de-!
sir. de les surmonter
augmentent dans tous
les deux. En un mot
leur amour les aveugla
si fort qu'en peu de
jourstoutesles difficultez
di sparurent. Ils se
persuaderent fermement
que rien ne pouvoit
plus s'opposer à
leur Mariage, & qu'ils
n'avoientcontreeux
qu'un peu de temps à»
attendre. Ils remirent
donc lesformalitezà
ce temps- là;mais dés ce
mesme jour la foy de
Mariage fut donnéereciproquement.
UnAnneau
fut mis au doigt
de l'Epouse, & tous
deux convaincus que
lafoy mutuelle& l'anneau
nuptial suffisoient,
tous deux enfin
dans l'aveuglement &
dans la bonne foy s'imaginerent
estrsassez
mariez pour pouvoir
s'assurer qu'ilsl'estoient..
Le Pere de Cieonte
estoit pour lorsà Paris.
SonconsentementcC*
toit necessaire, & nos
Epouxestoient convenus
que c'estoit par la,
qu'il falloitcommencer.
AinsiCieonteresolut
de partir au plustost.
Les adieux furent:
plus tendres que tristes,
parce que Cleorite
estoit seur, disoit-il,
de rapporter le con fen^
tement de son pere. Il
ne quittoit Angélique
que pour aller saffurer
le bonheur de passer avec
elle le reste de la
vie. Il part enfin, 84
laisse Angelique fort
triste de son dépare,
mais tres - persuadée
que le mariage se confirmeroit
à ion retour.
Quelques semaines
secoulerent: Angéliqueentrela
tristesse &
l'esperance n'estoit pas
tant à plaindre qu'elle
le fut dans lafuite. Les
reflexions commencèrentà
la troubler:elle
envisage sa faute, elle
en a honte; maiselle
se flate quecette honte
seratousjours Ignoree, ,
ne sedoutant point jusques-
là
ques-là quelle portoit
dans son sein une preuve
qu'on ne peut tenir
cachée qu'env iron huit
ou neuf mois. Elle ne
connoissoitencore quune
partie du mal qu'-
elleaveit fait: ainsielle
n'en estoit qu'à demi
repentante. Ses regrets
estoient moderez par
un souvenir agréable ;
les regrets sinceres ne
luy vinrentqu'avec les
maux de coeur. ;
Imaginez-vous ses
allarmes & sa douleur;
joignez à cela l'absence
de san Amant : elle
n'en recevoit aucunes
nouvelles; elle se crut
oubliée, trahie, abandonnée.
A quis'en
plaindre? à qui se con- «
sier dans une situation
si cruelle?elle ne trouve
de sou lagement que
dans ses larmes. Laifsons-
la pleurer à loisir
pendantque nous parlerons
des autres personnes
qui ont part à
cette avanture.
Une femme debien,
avoit épousédepuis
quelques années un
bon Bourgeois fortcurieux
d'avoir lignée
,
& fort mal intentionné
pour ses heritiers
collateraux. Cette femme
que je nommeray
Donmene ,va fraire icy
un personnage tout Opt
posé à celuy d'Angelique,
Dorimene avoit le
malheur d'estre sterile,
& c'est ce qui la de[c!:
peroit, car cette sterilité
la faisoit presque,
haïr de son Mary. Le
bon. Bourgeois qui se
preparoit pour lors à
faire un long voyage,
estoit au desespoir de
partir sans sestre assuré
un ,
héritier. Un soir
qu'il rentroit chez luy
triste & rêveur, sa sens"
me qui avoit médité
tout le jour la maniéré
dont ellele recevroit,
attend le momentqu'il
rentre dans sachambre,
court, à luy comme
une femme transportée
de joye
y
se jette à son
col encriant d'unevoix
entrecoupée
,
bonne
nouvelle mon cherMary
! bonne nouve lle !
j'ay tant de joye que je
ne puis parler. Quelle
joye?dit le Mary,de
quoy s'agit-il?Elle, au
lieu de repondre
, recule
quelques pas comme
une femme qui
chancelle, & se laiflc
tomber sur un fauteüil
, en feignant de sévanouir.
Le bon homme
allarmé s'empresse à la
fairerevei-iirellerevient
un peu, le regain
de tendrement, & luy
dit d'une voix soible
ah mon cher maryî
voicy la troisiéme fois
que je m'évanouisdepuis
ce matin
,
& ce
font ces cvanoiiilïcments
qui j-ont ma
joye. Elle recommence
à lembrasser:nouvelle
joye; nouveaux transports.
Estes-vousfolle?
dit leMary Je vous le
repete répliquala femme
, ce sont ces éva- nouiflèments,& ces
maux decoeurqui me
charment, car ils confirment
les doutes que
j'aydepuis quelque
temps. Oïïy mon cher
Mary,jecroisqu'enfin
je suis en estat de vous
donner un gcag9e v0ivant de ma tendresseconjugale.
Ah Ciel! s'écrie
le
le bon Bourgeois3quoy
vous feriez enceinte ?
-cfc-ilpossible?Ellejure
qu'ellele croie. Il
-cmbra& à on tour cetle
qu'ilcroit fécondé;
il est plus charmé qu'-
elle ne seignait de l'estre.
Ce n'e st plus entr'eux
que"mnfports,
que larmes de joye
feintes & veritables.
En un mot depuis ce
moment jusqu'à son
dépare elle joua cette
alternative de joye Se
d'évanoüissement. Et
il partit convaincu qu'-
il trouveroit à Ion retour
Je fils aisné de plusieurs
autresqu'elle luy
promit en iuy disant
adieu.
Dés que leMary fut
parti, Dorimene ne
s'occupa plus que du
foin de paroistre grosse
aux yeux de ses voisiÎIGS
)
& de terminer
cette grossesse comme
si elle eust esté veritable.
Pourcela-ilfalloit
un Enfant d'emprunt;
il falloit confier son
dessein à quelqu'un qui
pust l'aider. Elle fut
trouve£r uneJSage-fem- me qui avoit été autrefois
sa Servante, femme
habile, inventive,
une intriguante enfin,
qui s'appelloit Nerine.
Aprésavoir promis
- une grosse recompense
à cette Nerine
,
Dorimene
luy dit en deux
mots que son dessein
estoit dedonner un fils
à son Mary.
Nerine pleine de ze- lecommenceà luy faire
l'éloge du plus dis-
* cret de tous les jeunes
Lyonnois qu'elle connoissoit.
Dorimenel'interrompt
avec coleré.
Estes-vous folle? ne
po. ,,>
me., connoissez * pas?Jevous - vous pas? Je vous ccoonnnnooiiss
de reste, dit Nerine ;
mais pour faire plaisir à
son Mary,une honneste
femme ne pourroitelle
pas Taisezvous
Nerine. Mais
comment faire donc
Madame ? Comment
faire? reprit Dorimen-
e, je vais vous expliquer
mon dessein,
Dorimene & Nerine
eurent ensemble une
conversation fort
longue. Pour conclure
en deux mots ,
qu'il
fcilloit chercher dansla
Villequelque femme
ou fillequi craignift autant
de paroistreMere
que Dorimene souhaitoit
de lcHre,afin qu'-
elle voulust bien luy
cederson droit de male
ternité.
rendant que nostre
intriguante va cher- ,
cher cet enfant de hazard
chez les plus jolies
personnes de la
Ville,quoyquecela se
trouve aussi chez les
plus laides, Dorimene
commence à joüer toutes
les affectations &
les grimaces d'une premiere
grossesse. Propose-
t-on à Dorimene
une Promenade , elle
l'accepteroit, dit-elle ;
mais la difficulté c'est
la voiture. Le Carosse
la blesserois ; la Chaise
à Porteurs luy souleve
lecoeur; elleapeuren
Batteau ; à pied on fait
des faux pas, le plus
leurest de rester chez
elle; mais elle craint
d'y donner à joüer. Les
grimaces & les contorfions
des Joüeurs luy
sont horreur;elle ne
veut voir que des femmes
gracieuses &C de
beaux hommes. Point
de Spectacles, surtout
I ni Comed ies niOperai,
elle accoucheroit d'un
Neptune ou d'un Arlel.
quin. Elle se reduit
donc au plaisir de la
bonne chere ; elle s'y
dédommagé en se jettant
sur les plus friands
morceaux. Elle les arrache
à ses voisins de
Table: tout permis,
dit-elle,c'est une envie
de femme grosse ; elle
veut mangerde tout ce
qu'elle voit, & dire
tout ce qui luy vient
en pensée,jusqu'à des
médisances, de crainte
que son Enfantn'en
foit marqué.
Parmy toutes ces
feintes, elle n'oublie
pas la principale; il
sautfigurerpar laceinture.
Elle applique
fous un large Corcet
un Coussinet de satinbien
matclasséferriblable
à ceux dont les femmes
maigresse font des
hanches majestueuses.
Dorimene s'en garnit,
& prend foin d'augmenterdemoisenmois
cette grossesse de cotton.
En un mot ,
elle
joüe son rolle si naturellement
que les plus
sins y sont trompez.,
Retournons à la pauvre
Angélique qu_i- prend a*utant de peine,<,
àcacher les défauts de
1 la taille, que celle-cy.
etnipreendnpounr gaester.la
Angélique estoit ro.
peu prés sur son septicme
mois lorsqu'elle sucj
contrainte par une mere
imperieuses qu'elle^
avoit dalleravecelle,
misiter une voisine,&
cette voisine effoit
stement Dorimene.
Cette Mere dd''AAnnggecil'il--
que estoit scrupuleuse
sur Je cérémonial des
visites. Elle '- en devoit
,
une à Dorimene;elle
veut absolument que
[1. fille l'accompagne
dans ce devoir indis-
I pensable. Angelique obéït,&
les voilà chez
I Dorimeneoù plusieurs
autres voisines scitoientassemblées.
;:;.
Angelique souffre 8c
gémit de se voir emprisonnée
dans un habit
serieux ; son corps
la ferre cruellement
quoyqu'il foit lassé
.bien lasche.Ellesetient
droite & se guinde en
hauteur pour tenir
gmoines deuplaceren.lar- Dorimene au coiw
traire estale la grossesse
avec ostentation, bien
à son aise, sans ceinture,
sa Robbe ouverte
à deux battans , appuyant
nonchalemment
ses deux bras
croisez sur l'honorable
fardeau dont chacun
la selicite. Quel crevercoeur
pour Angelique!
quel contraste ! Helas!
dit-elleenellemesme,
que cette femme effc
.t.Jcureu!e de pouvoir
ainsi fairegloire de ce
qui fera ma honte
,
si
l'on s'en apperçoit.
La Sage-femme eCtoit
pour lors dans la
chambre de Dorimene
qui affeotoit de la tenir
prés d'elle depeurd'accident.
Dés qu'Angeliqueavoit
paru cette
rusée avoit remarque
sa taille renforcée &
contrainte
,
sa démarche
che pesante&embarxaffée;
il n'en falloitpas
davantage pour donner
des soupçons à une
connoisseuse. Elle observe
de plus unvisage
affligé & maigri dont
les traitss'a longent. -
Angélique s'apperçoit
qu'on l'examine;elle
est troublée
,
il n'enfaut
pas davantage
pour mettre Nerineau
fait. Cette intriguante
s'approche de Dorimene,
& luydit à l'oreille
: voilà une fille qui
a bien la mine d'avoir
de trop de ce qui
vous manque.
Angeliqua la voyant
parler bas ne douta
plus du jugement
qu'on faisoit d'elle, 8c
pour surcroist de malheur
quelqu'un s'avisa
de dire à Dorimene
qu'elle cfkoit en de boa*
nes mains davoir Nerine
pour Sage-femme.
Au mot de Sage - femme
Angelique paslit
comme un Criminel
qui voit son Juge. La
Mere crut quelle se
trouvoit mal. Nerine
officieuse courut la secourir
par avance, &
c'est ce qui acheva de
lu troubler. Dés que la
Sage-femme a mis la
main sur elle se croit à
terme; lapeurlasaisit;
- elle tombe en foiblesse.
Onla porte sur un lit}-
dans une chambre voisineoù
fous prétexte de
la laisser rcpofcr
,
sa
Mere& lesautres femmes
qui avoientaidé à
la faire revenir de sa
foiblesse, la laisserent
feuleavec Nerine.
Ce fut là le premici:
moment de bonheur
pour Angéliquedepuis
le départde sonAmant,
car Nerine, aprés toutes
les façons que vous
pouvez vous imaginer,
luy fit tout avoüer,
devint sa Confidente ,
& luy promit de la ri.
rer d'affaire sans que sa
Mere mesme puft s'en
appercevoir. En effet,
depuis ce jour-là Ntri,
ne & Angélique prirent
secretement des
mesures.Angélique avoit
une Tante qu'elle
aimoitfort;elle resolut
de luy confier son secret.
Cette Tante avoit
une Maison de Campagne
fort prés de la
Ville. Àinsï quand Nerine
jugea qu'il estoit
temps, la Tante obtint
de la Mere que sa filfe"
iroit passer quelques
jours avec elle à la campagne.
-
Ce fut là qu'Angelique,
parle lecours de
Nerine, se debarassa de
ce qui pouvoit nuire a
sa réputation. Elle retourna
bientost aprés à
la Ville où elle parut
plusbelle, plus fraische,
& plus fille que
jamais.
--
Voicy où comment
cele sujet du Procez.
LaTante& laNièce,
à la sollicitation de Ne- Il-le, conv inrent qu-):-
elle se chargeroit de
l'Enfant qu'elle pro-
~,
mitparunBilletdereprefencerroutes
les fois
que l'amour maternel
d'Angelique la presseroit
de voir en secret
cette petite fille, car
c'eneftoitune, 6L qui
ressembloit parfaitement
à saMere.
Nerine part avec la
petite fille, & court
d'abord chez Dorimene
nequi n'attendoit que
l'heure d'accoucher de
l'Enfant d'Angelique.
Elle s'estoit mise depuis
quelques jours au
lit, oùplusieurs voisiries
la venoient voir.
Les témoins luy efc
toient necessaires afin
qu'on ne pust dans la
fuite luy chicaner la
proprieté de l'Enfant
qui alloit paroistre. Il
falloit donc que ces
voilines vissent & ne
vissent pas; c'e st ce qui
l'embarassoit; car elles
estoient trop curieuses
& trop empressées à la
secourir. Ilestoitdifficile
d'éluder leurs curiositez
ind iscretes.
D'un autre côté Nerineestoitarrivée
avec
l'Enfant parune petite
ruë destournée oùdonnoit
un Jardin de la
maison.Ellegagnapar
un degré dérobe une
Garderobeoù ellelaissa
l'Enfant. Cette Garderobe
donnoit dans la
ruelle du lit de Dorimene
; Nerine entra
seule dans la chambre a donnalesignal.Ausc?
si-tost Dorimene pria
lesvoisines delalaisser
reposer.Elless'éloignèrenttoutesjusqu'à
l'autre
bout de la chambre
,
& bien ditDorimene
impatiente, a
-
quoy en sommes nous.
Tout va bien répond
tout bas Nerine;nous
avons tiré d'affaire nostre
pauvre fille enceinte,
& je vais vous faire
acoucher de l'Enfant
de cette fille-là.
Pendant qu'elles parloient
bas de la maniere
dont elles alloient
joüerdes gobelets l'Enfant
quis'ennuyoitseul
dans la Garderobese
mità crier comme un
Enfant déjà né; lesvoisines
entendirent ces
cris, prématurez
,
6c
tout estoit perdu si Dorimene
n'eu a eu la prefence
d'esprit de couvrir
les cris de l'Enfant
par les siens.Nerine
crioitaussi
, courage,
Madame, courage, &
cela fit un chorus pareil
à celuy que firent
jadis les Corybantespour
cacher àSaturne
les cris du jeuneJupi- ter.
Dans ce moment
Nerine escamota siadroitement
l'Enfant,
que l'ayant glissé sur le
bord du lit, elle l'en
tira comme s'ilfustvenu
de plus loin,& le fit
voir à ces connoisseuses
qui s'estoient avancées.
Elles admirerent sa
beauté, le trouvant
pourtant un peu trop
fort pour sonâge. Nerine
leur figne que la
malade avoit un grand
mal de teste.Elles sortirent
doucement sur
la pointe du pied en
attendant le Baptesme
qui se fit le lendemain
soletnnel lement.
Voila un Enfant
bienvrayemblablement
establidans lafamille
deDorimene.Il y
fut élevépendantquel:
que temps sans qu'Angelique
sceutque c'efroit
le sien. On ne m'a
point dit comment eJ-*
Je en fut in struite;mais
faites attention icy à
ia circonstance la plus
eftonnante de toute
l'histoire. Vous avez
veu la timide Angelique
cacher en tremblant
les fuites de son
mariagesecret, &C on
la voit à present reclamer
publiquement le
témoin de sa faute. Ellenecraint
plus de publier
sa honte: cechangement
neparoist pas
vraysemblable ; c'est
cependant un fait public
, dC qui, comme
j'ay dit, fait à present à
Lion lesujet d'un
grandProcez. L'Avocat
dit que l'amour, matemelseul
la déterminéeàfaireuntel
éclat;
maiselle a eu des raisons
particulières que
je ne puis encore reveler
au public, quand le
Procez sera jugé
,
il
me fera permis dedire
ce que je sçai de ce dé..
nouement,quinerouleencoreà
Lyon, que
sur ladéclaration de la
Sâge- femme.
Fermer
Résumé : PROCEZ D'UNE PETITE FILLE reclamée par deux meres.
Le texte relate une histoire complexe impliquant plusieurs personnages à Lyon. L'intrigue commence par une jeune fille, Angélique, qui est réclamée par deux mères lors d'un procès. Angélique et Cleonte, deux jeunes Lyonnais, tombent amoureux malgré les obstacles familiaux. Ils échangent des anneaux et se considèrent mariés, attendant le consentement de leurs parents. Cleonte part à Paris pour obtenir l'accord de son père. Pendant son absence, Angélique, enceinte, est tourmentée par la honte et l'absence de nouvelles de Cleonte, se croyant trahie et abandonnée. Parallèlement, Dorimene, une femme stérile, simule une grossesse pour satisfaire son mari. Elle cherche une femme ou une fille enceinte pour adopter son enfant. Nerine, une sage-femme, remarque Angélique chez Dorimene et suspecte sa grossesse. Cette découverte conduit au procès où deux mères réclament la jeune fille. L'histoire se poursuit avec Angélique, enceinte de son amant secret, perturbée par l'annonce de la venue d'une sage-femme. Nerine, une servante, devient la confidente d'Angélique et l'aide à cacher sa grossesse. Elles élaborent un plan avec la tante d'Angélique, qui possède une maison de campagne où Angélique accouche en secret. Nerine emmène ensuite l'enfant chez Dorimene, qui est sur le point d'accoucher publiquement pour dissimuler la véritable identité de l'enfant. Nerine introduit l'enfant dans la chambre de Dorimene de manière discrète, malgré la curiosité des voisines. Dorimene et Nerine parviennent à tromper les voisines en faisant croire que l'enfant est le sien. L'enfant est élevé dans la famille de Dorimene sans qu'Angélique en soit informée pendant un certain temps. Plus tard, Angélique décide de révéler publiquement sa maternité, ce qui conduit à un procès à Lyon. L'avocat d'Angélique invoque l'amour maternel comme motif de cette révélation, mais des raisons particulières, non encore divulguées, expliquent ce changement de comportement. Le dénouement de l'histoire reste en suspens, dépendant de la déclaration de la sage-femme.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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98
p. 121-122
RÉPONSE.
Début :
Vos Vers intitulez : l'Amant instruit par la raison, sont [...]
Mots clefs :
Amour, Raison
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texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE.
REPONSE.
Vos Vers intitulez:
l'Amantinstruit par la
raison
,
sont les seuls qus
j'ayereceu de vous. Jene
les donnerai que le mois
prochain pour la raison
quiestdans votre lettre,
si la Dame dont vous
estes passionementamoureux,
ne voit pas icy vos
vers au moins elle y verra
votre amour;qu'elleest
heureule d'avoir un amant
qui ne craigne
point d'enregistrer son
amour dans un Livre qui
pourroit quelque jour en
cas d'inconstanceestre
une preuve contre lui,
car j'ay la vanité de croire
que mes ouvrages dureront
autant que votre
amour.
Vos Vers intitulez:
l'Amantinstruit par la
raison
,
sont les seuls qus
j'ayereceu de vous. Jene
les donnerai que le mois
prochain pour la raison
quiestdans votre lettre,
si la Dame dont vous
estes passionementamoureux,
ne voit pas icy vos
vers au moins elle y verra
votre amour;qu'elleest
heureule d'avoir un amant
qui ne craigne
point d'enregistrer son
amour dans un Livre qui
pourroit quelque jour en
cas d'inconstanceestre
une preuve contre lui,
car j'ay la vanité de croire
que mes ouvrages dureront
autant que votre
amour.
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Résumé : RÉPONSE.
L'auteur a reçu des vers intitulés 'L'Amant instruit par la raison' de son destinataire, qui seront publiés le mois suivant. La dame aimée par le destinataire ne verra pas les vers mais pourra constater son amour. Elle est malheureuse que son amant déclare son amour publiquement. L'auteur est convaincu que ses ouvrages dureront autant que l'amour du destinataire.
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99
p. 199-208
L'AMOUR puni & justifié. Vers libres.
Début :
Loin de ces prisons redoutables, [...]
Mots clefs :
Amour
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texteReconnaissance textuelle : L'AMOUR puni & justifié. Vers libres.
Ausone à qui les Muses
ouvrirent la roure à
la plus haute Magistrature;
Ausone, Poëte &:
Consul,fitautrefois une
Piece intitulée, Cupido
cruciaassixus. Il dit que
c'est d'aprés un Tableau
placé à Treves, dans la
Galerie d'Eole, qu'il a
tiré son Poëme. Mr R..
a imité cette Pièce,&
l'a renduë en Vers françois.
L' A MO U R
puni &justifié.
Verslibres.
Loin de ces prisons redoutables,
OùPluton aux Ombres
coupables
Faitsentirsonjustecourroux,
Il est dans les Enfers des
aZilesplus doux.
Des Myrthes tousjours
verdsyforment des
ombrages
Quin'ont rien de l'horreur
de l'eternelle nuit.
Des Fleuvesy coulent
sans bruits;
DesPavots languissants
couronnent leur rivages.
On voitparmi les fleurs
quiparent cesejour,
Hyacinthe
,
Narcijje,
&tant d'autres encore
Qui,mortels autrejois-3
de L'empire d'Amour
Ont paffe dans celuy de
Flore.
CesBeautezdontlesnoms
fameux
Remplissentla FableeS
CHistoire,
Malgrél'eau du Lethé
conservent la memoïre
De leurs malheurs f5 deleursfeux.
-
L'ambitieuseimprudente
Qui voulut ruoirJupiter
Armé de la foudre tonnante,
Rappelle ce plaisri qui
< luy coustasi cher.
La maistressedeCephale,
Plaignanttoûjours son
vainqueur,
Chérit laflechefatale,
Dont il luy perça le coeur.
Hero d'une main tremblante
Tient la lampe étincelante,
Qui luyservitseulement
Avoirperirson Amant.
Ariane roule en colere
Ce fil, triste instrument
d'unperfide attentat.
Infortunée
,
helas
,
d'avoirtrahisonpere
Pour ne rendre heureux
qu'uningrat.
Phedre interdite, es confitfe,
Baigne trop tard deses
pleurs
L'écrit,oùsamainaccuse
Sescriminelles ardeurs.
Moinscoupables centfois,
e5plus à plaindre
qu'elle,
EtDidon fîfThijbévont
se frapper lefem.
D'unperfideennemi l'une
a lefer en main
L'autre celujd'un Amant
tropfidelle.
De leurs douleurs L'Amourvoulut
estre
témoin.
Car dans nos maux le
traistre admireson
ouvrage.
o
Il cachoit Jon carquois
finflambeau dun
nuage.
Vaine adreJJè ! inutile
foin! oln.
Le voila découvert.La
cohorte rebelle
Le menace. Il veutfuir.
•
linebatque dune aile.
- Iltombe. Onlesaisît. Il
versè en vain des fleurs.
AttachéJur un Myrthe,
unefureur nouvelle
Luj va de mille morts
frefenter les horreurs.
TendreAmour de ton
sein l'une approche
l'epee
Parquisa tramesutcoupee;
L'autre offreates regards
les débris enJlla¡rJÍneZ
Du Bûcher
3
ouses jours
ont ete confume\^
Mjrrha de quilesDieux
ont endurcy les larmes,
EnfaitpouJrt'accabler de
redoutables armes.
Tes cris ont attire ta mere
dans ces lieux.
Vient-elle a tonsecours ?
INion. Quel'audacieux
DitVenus5éprouvé ma rage.rote-ve ma,
Desflets deVulcain, des
ris malins des Dieuxy
J-e riay pas oublié Coutrage.
Vn Buisson epineux offre
auxjeux de Cypris ','
DeIon?sbouquetsde ro-
- j'es
De leur boutons apeine écloses.
Elle en arme samain;
elle approche[onfils.
ArrestezDesseirritée
S'ecrte avec transport la
troupe epouvantée :
Lorsque nous respirions le
jour
Lefort fit nos malheursi
ce nefloîtpas l'Amour.
ouvrirent la roure à
la plus haute Magistrature;
Ausone, Poëte &:
Consul,fitautrefois une
Piece intitulée, Cupido
cruciaassixus. Il dit que
c'est d'aprés un Tableau
placé à Treves, dans la
Galerie d'Eole, qu'il a
tiré son Poëme. Mr R..
a imité cette Pièce,&
l'a renduë en Vers françois.
L' A MO U R
puni &justifié.
Verslibres.
Loin de ces prisons redoutables,
OùPluton aux Ombres
coupables
Faitsentirsonjustecourroux,
Il est dans les Enfers des
aZilesplus doux.
Des Myrthes tousjours
verdsyforment des
ombrages
Quin'ont rien de l'horreur
de l'eternelle nuit.
Des Fleuvesy coulent
sans bruits;
DesPavots languissants
couronnent leur rivages.
On voitparmi les fleurs
quiparent cesejour,
Hyacinthe
,
Narcijje,
&tant d'autres encore
Qui,mortels autrejois-3
de L'empire d'Amour
Ont paffe dans celuy de
Flore.
CesBeautezdontlesnoms
fameux
Remplissentla FableeS
CHistoire,
Malgrél'eau du Lethé
conservent la memoïre
De leurs malheurs f5 deleursfeux.
-
L'ambitieuseimprudente
Qui voulut ruoirJupiter
Armé de la foudre tonnante,
Rappelle ce plaisri qui
< luy coustasi cher.
La maistressedeCephale,
Plaignanttoûjours son
vainqueur,
Chérit laflechefatale,
Dont il luy perça le coeur.
Hero d'une main tremblante
Tient la lampe étincelante,
Qui luyservitseulement
Avoirperirson Amant.
Ariane roule en colere
Ce fil, triste instrument
d'unperfide attentat.
Infortunée
,
helas
,
d'avoirtrahisonpere
Pour ne rendre heureux
qu'uningrat.
Phedre interdite, es confitfe,
Baigne trop tard deses
pleurs
L'écrit,oùsamainaccuse
Sescriminelles ardeurs.
Moinscoupables centfois,
e5plus à plaindre
qu'elle,
EtDidon fîfThijbévont
se frapper lefem.
D'unperfideennemi l'une
a lefer en main
L'autre celujd'un Amant
tropfidelle.
De leurs douleurs L'Amourvoulut
estre
témoin.
Car dans nos maux le
traistre admireson
ouvrage.
o
Il cachoit Jon carquois
finflambeau dun
nuage.
Vaine adreJJè ! inutile
foin! oln.
Le voila découvert.La
cohorte rebelle
Le menace. Il veutfuir.
•
linebatque dune aile.
- Iltombe. Onlesaisît. Il
versè en vain des fleurs.
AttachéJur un Myrthe,
unefureur nouvelle
Luj va de mille morts
frefenter les horreurs.
TendreAmour de ton
sein l'une approche
l'epee
Parquisa tramesutcoupee;
L'autre offreates regards
les débris enJlla¡rJÍneZ
Du Bûcher
3
ouses jours
ont ete confume\^
Mjrrha de quilesDieux
ont endurcy les larmes,
EnfaitpouJrt'accabler de
redoutables armes.
Tes cris ont attire ta mere
dans ces lieux.
Vient-elle a tonsecours ?
INion. Quel'audacieux
DitVenus5éprouvé ma rage.rote-ve ma,
Desflets deVulcain, des
ris malins des Dieuxy
J-e riay pas oublié Coutrage.
Vn Buisson epineux offre
auxjeux de Cypris ','
DeIon?sbouquetsde ro-
- j'es
De leur boutons apeine écloses.
Elle en arme samain;
elle approche[onfils.
ArrestezDesseirritée
S'ecrte avec transport la
troupe epouvantée :
Lorsque nous respirions le
jour
Lefort fit nos malheursi
ce nefloîtpas l'Amour.
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Résumé : L'AMOUR puni & justifié. Vers libres.
Le texte présente une pièce poétique intitulée 'L'Amour puni & justifié', inspirée du poème 'Cupido cruciatus' d'Ausone. Ce dernier, poète et consul, avait écrit son œuvre d'après un tableau à Trèves. Monsieur R. a traduit cette pièce en vers français. Le poème décrit les Enfers comme un lieu agréable, avec des myrtes verts, des ombrages doux, des fleuves silencieux et des pavots languissants. Parmi les fleurs, on trouve Hyacinthe, Narcisse et d'autres figures mythologiques célèbres. Ces personnages, malgré l'eau du Léthé, conservent la mémoire de leurs malheurs et de leurs amours. Le texte énumère plusieurs personnages mythologiques punis par l'Amour : Junon, Procris, Héro, Ariane, Phèdre, Didon et Hippolyte. Le poème se termine par la description de la punition de Cupidon, attaché à un myrte et menacé par une cohorte rebelle. Myrrha, accablée par les dieux, appelle sa mère à l'aide sans succès. Vénus, la mère de Cupidon, se venge des moqueries des dieux en armant sa main de rosiers épineux.
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100
p. 126-129
Autre Epitalame sur le mesme sujet. Par M. de Monchenet.
Début :
Ma Muse toûjours fort quinteuse [...]
Mots clefs :
Amour, Hymen
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Autre Epitalame sur le mesme sujet. Par M. de Monchenet.
Autre Epitalame fur le
mefmefujet.
Par M. de Monchenet.
Ma Mufe toujours fort quinteufe
Faitaujourd'huy la precieuſe
N'ofant dit- elle de trop prés
D'un hymenflairer les apprés ,
Ny porterfes regards aufieres
~Sur d'auſſi prophanes myſtères.
Or comme hymen & fes douceurs
Sont_mets interdits aux neuf
Soeurs ,
Elle a , je crois, des raifons fortes
Pour ne pas écouter auxportes.
Comment feray-je donc Seigneur
Pour me tirer avec honneur
Du compliment qu'à l'hymenée
GALANT. 127
Je dois faire en cettejournée ?
Finvoquerois bien Apollon ,
Mais ceDieufans barbe, dit - on,
N'eft gueres le Saint qu'on reclame
Apropos d'un Epitalame ;
Si d'ailleurs j'invoquois l'amour
Seroit- ce bien le faint dujour ?
L'amoure l'hymen ce me femble
Rarement font d'accordenfemble
L'hymen marche àpas concertez
Grand amy deformalitez :
Foûjours de parens pleine efcorse
Comme s'il luifalloirmainforte.
L'amour marche feul & fans
bruit ,
Pous diriez d'un voleur denuit ,
Agile comme un petit maître
Efcaladantporte & fenêtre.
Au demeurantjolygarçon ,
Et vivant aſſezfansfaçon.
L. iiij.
428 MERCURE
L'hymen engrave perfonage
Prendfur lui lesfoins du menage,
C'eft , grace à fa droite raifon ,
Un bon Intendant de Maifon.
L'amourfait fon unique affaire
De rire & defe fatisfaire.
L'hymen orgueilleux de fes droits
Frappe enmaistre, élevefa voix,
Reçoit une faveurfecrette ,
Ainfi quel'acquit d'une dette.
L'amour plus galant , plus
adroit
La reçoit comme un paſſe- droit .
Et femble parce ftratagême
En recevant donner luy- même.
Or de ces deux divinitez
Rapprochant les extremitez.
Au lit. Seigneur , comme à la tar
ble,
Onjoueroit un rôle agréable :
Et c'est auffi ce queferez
GALANT. 119
Es bienfaifant , bien trouverez
Puifiez vousfous d'heureux auf
[Hoist pices
Goufterles parfaitesdélices. S
L'hymen accorde tout auplus.A
Acinq ou fixde fes élus =
Puifiez vous jufqu'à cent an
nies ,
Pouffant vos douces definées ,
Trouvertousjours libre d'ennuys,
Les jours aufsy courts que les
nuits.
C'eft icy ce que vousfouhaitte
Avec l'ardeur la plus parfaite,
Un membre du facri valon ,
Quelque peu chery d'Apollon .
Mais il s'agit bien de Parnaffe,
Unfoinplus chervous embaraſſe,
L'hymen vous mande en certain
lieu ,
Bon voyage , Seigneur , à Dieu.
mefmefujet.
Par M. de Monchenet.
Ma Mufe toujours fort quinteufe
Faitaujourd'huy la precieuſe
N'ofant dit- elle de trop prés
D'un hymenflairer les apprés ,
Ny porterfes regards aufieres
~Sur d'auſſi prophanes myſtères.
Or comme hymen & fes douceurs
Sont_mets interdits aux neuf
Soeurs ,
Elle a , je crois, des raifons fortes
Pour ne pas écouter auxportes.
Comment feray-je donc Seigneur
Pour me tirer avec honneur
Du compliment qu'à l'hymenée
GALANT. 127
Je dois faire en cettejournée ?
Finvoquerois bien Apollon ,
Mais ceDieufans barbe, dit - on,
N'eft gueres le Saint qu'on reclame
Apropos d'un Epitalame ;
Si d'ailleurs j'invoquois l'amour
Seroit- ce bien le faint dujour ?
L'amoure l'hymen ce me femble
Rarement font d'accordenfemble
L'hymen marche àpas concertez
Grand amy deformalitez :
Foûjours de parens pleine efcorse
Comme s'il luifalloirmainforte.
L'amour marche feul & fans
bruit ,
Pous diriez d'un voleur denuit ,
Agile comme un petit maître
Efcaladantporte & fenêtre.
Au demeurantjolygarçon ,
Et vivant aſſezfansfaçon.
L. iiij.
428 MERCURE
L'hymen engrave perfonage
Prendfur lui lesfoins du menage,
C'eft , grace à fa droite raifon ,
Un bon Intendant de Maifon.
L'amourfait fon unique affaire
De rire & defe fatisfaire.
L'hymen orgueilleux de fes droits
Frappe enmaistre, élevefa voix,
Reçoit une faveurfecrette ,
Ainfi quel'acquit d'une dette.
L'amour plus galant , plus
adroit
La reçoit comme un paſſe- droit .
Et femble parce ftratagême
En recevant donner luy- même.
Or de ces deux divinitez
Rapprochant les extremitez.
Au lit. Seigneur , comme à la tar
ble,
Onjoueroit un rôle agréable :
Et c'est auffi ce queferez
GALANT. 119
Es bienfaifant , bien trouverez
Puifiez vousfous d'heureux auf
[Hoist pices
Goufterles parfaitesdélices. S
L'hymen accorde tout auplus.A
Acinq ou fixde fes élus =
Puifiez vous jufqu'à cent an
nies ,
Pouffant vos douces definées ,
Trouvertousjours libre d'ennuys,
Les jours aufsy courts que les
nuits.
C'eft icy ce que vousfouhaitte
Avec l'ardeur la plus parfaite,
Un membre du facri valon ,
Quelque peu chery d'Apollon .
Mais il s'agit bien de Parnaffe,
Unfoinplus chervous embaraſſe,
L'hymen vous mande en certain
lieu ,
Bon voyage , Seigneur , à Dieu.
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Résumé : Autre Epitalame sur le mesme sujet. Par M. de Monchenet.
Le texte est un épithalame, un poème célébrant un mariage, écrit par M. de Monchenet. L'auteur y exprime la difficulté de composer un tel poème et invoque des divinités comme Apollon et l'Amour, tout en notant leurs incompatibilités avec le thème du mariage. Il décrit l'hymen comme un personnage sérieux et raisonnable, gérant le ménage, tandis que l'Amour est représenté comme un voleur agile et joyeux. L'auteur suggère que l'hymen et l'Amour peuvent coexister harmonieusement, offrant des délices et une vie sans ennui. Il conclut en souhaitant aux mariés une vie longue et heureuse, libre de tout ennui, et les invite à profiter pleinement de leur union. Le poème se termine par un adieu, indiquant la fin de la célébration.
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