LACORNEILLE
omDE'PLUMEE
257 TO 15HISVEITSHMUSY
jup , mom pABLENG UD 157 .
UNe Corneille ambitieuſe,
Et qui mefloit à fon ambition
Un autre dangereux poifonos fo
Car elle effoit fort amoureufe
D'un jeune Paon qu'elle trouvoitfort
-161 beau,
- Mais qui par un malheurpour elle,
SysNe la trouvoit point du tont belle.
Geraccident n'eft pas nouveauss ser
L'Amour est un petit Barbare,
Qui par caprice unit, fepare,
Et de deux coeurs bleffe , dit- on,
L'un d'une Fleche d'or, l'autre d'une dé
plomb .
Noftre pauvre Corneille eftoit donc bien à
plaindre,
D'avoirpour lagrandeur unfot enteftement,
304
Extraordinaire
Et de pouvoir justement craindre
D'aimerfort inutilement.
Unfeul de ces deux maux feroit tourner
la tefte;
Auffi la malheureuſe Befte,
Pourvouloir s'agrandir, & pour vouloir
aimer,
Sentoit des maux qu'on ne peut exprimer;
Et comme d'eftrefeulfoulage,
Ellepritfon vol un beau jour
Dans unfombre & petit Boccage,
Pourmieux refver à fon amour.
Là, pleine defoucy, chagrine, défolée,
Ellefit de chaque Arbre un defes Confidens,
Luy découvrit fesfeux ardens;
Mais apres quelques tours d'allée.
Plufieurs plumes de Paon luy frapérent les
yeux;
Cefutpour elle un trésor précieux.
Elle croit pouvoirfatisfaire
Son ambition, fon amour.
Béniffant donc cet heureuxjour,
du
Mercure Galant. 305
Et méprifantfon habit ordinaire,
Elle amaffe foigneufement
Ces plumes, & s'enfait un riche ajufte--
ment.
Apres qu'ellefe fut de laforte parée,
Et quelque temps confiderée,
Elleva fe fourrer parmy les autres Paons
Ceftoi ungrandplaisir devoir fa conte
nance. R
Tous rirent bien, comme ) êpenſe,
Sur fon plumage noir voyant tous ces
brillans
1
Mais enfin chacun d'eux, piqué de l'info-
A
lence,
al se jetta furfon pauvre
corps,
Que malgré
tousles vains efforts
L'on
accommoda
d'importance
.
On luy reprit tout l'ornement
,
Mais on lefit violemment
Et je fuis bien trompé fi jamais la Cor---
neille
S'avife defourbe pareille .
It eft plufieurs Corneilles aujourd'huy,,
2. deFanvier, 1685, Cc.
For
ordinibrati
traordin
&
Qui fe parent du bien d'autruy.
Gente Dame enbeauté pindade
veille,
Pour qui tant de Sotsfont des voeux,
Reprenez luy or fauxcheveux,
Son blanc,fon vermillon , n'eft plas qu'une
a raid twis
Corneille
.
Cet Homme en fon éclat plus orgueilleux
qu'un Paon,
940
Et dont le revenu d'un anno kat
Eeroit d'un autre la richeſſe,
Reprenez-luy ce qu'il aprise
Par violence oupar adreffe,
** *N'eftplus qu'un Gueux dans le mépris,
Ce Rimeur affamé de louange & de gloire,
Et qui, fil'on voulons
le croire,
Et le mieux fait des beaux Efprits,
Qu'on examine fes Ecrits,
De luy tout ce qu'on pourra dire,
Eft quila bien apris à lire..