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1
p. 216-218
TRADUCTION DE L'ODE D'HORACE Qui commence par Audivere, Lyce, Dij mea vota.
Début :
Enfin mes oveux sont exaucez, [...]
Mots clefs :
Voeux, Vengeance, Cupidon, Merveilles, Beauté, Sylvie, Amour, Tendresse
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texteReconnaissance textuelle : TRADUCTION DE L'ODE D'HORACE Qui commence par Audivere, Lyce, Dij mea vota.
TRADUCTION
DE L'ODE D'HORACE
Qui commence par
Audivere, Lyce, Dij mea vota..
Nfin mes voeux font exaucez,
E je fuis vancé de toy, Sylvie ;
Te voila vieille, enfin tes beaux joursfons
pallez,
Et cependant tu ris , & tufais la jolie.
En vain d'une tremblante voix
Tu
du Mercure Galant.
217
Tu tentes Cupidon , quifait la fourde
oreille:
Il a de plus charmans emplois
Auprés d'une jeune Merveille.
Ce petit Importun bait fort les vieilles
Gens,
Il apeur d'un vifage pâle,
Et ce petit Fripon détale
Dés qu'il voit tes cheveux, tes rides & tes
dents.
Le Rouge dont tu peins tous les jours ton
visage.
Tes beaux Habits, tes Bijoux, tes brillans,
Ne terendront pas le bel âge;
Ils nefçauroient rapeler ton Printemps.
Qu'eft devenu ce teint & cet air de jeuneſſe,
Et Sylvie autrefois plus belle que le jour,
Celle pourqui j'avois tant de tendreffe,
Cette Sylvie enfin qui refpiroit l'amour
Q. de Fanvier 1685. T
218 Extraordinaire
·
U
L'Amour a retiréfes traits &fon Flam
beau,
Et l'on verrafans trop attendre,
Ton vifage autrefoisfi charmant & fi bean
Toutcouvert de craffe & de cendre.
DE L'ODE D'HORACE
Qui commence par
Audivere, Lyce, Dij mea vota..
Nfin mes voeux font exaucez,
E je fuis vancé de toy, Sylvie ;
Te voila vieille, enfin tes beaux joursfons
pallez,
Et cependant tu ris , & tufais la jolie.
En vain d'une tremblante voix
Tu
du Mercure Galant.
217
Tu tentes Cupidon , quifait la fourde
oreille:
Il a de plus charmans emplois
Auprés d'une jeune Merveille.
Ce petit Importun bait fort les vieilles
Gens,
Il apeur d'un vifage pâle,
Et ce petit Fripon détale
Dés qu'il voit tes cheveux, tes rides & tes
dents.
Le Rouge dont tu peins tous les jours ton
visage.
Tes beaux Habits, tes Bijoux, tes brillans,
Ne terendront pas le bel âge;
Ils nefçauroient rapeler ton Printemps.
Qu'eft devenu ce teint & cet air de jeuneſſe,
Et Sylvie autrefois plus belle que le jour,
Celle pourqui j'avois tant de tendreffe,
Cette Sylvie enfin qui refpiroit l'amour
Q. de Fanvier 1685. T
218 Extraordinaire
·
U
L'Amour a retiréfes traits &fon Flam
beau,
Et l'on verrafans trop attendre,
Ton vifage autrefoisfi charmant & fi bean
Toutcouvert de craffe & de cendre.
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Résumé : TRADUCTION DE L'ODE D'HORACE Qui commence par Audivere, Lyce, Dij mea vota.
Le texte est une traduction d'une ode d'Horace, publiée dans le Mercure Galant en février 1685. Le poème exprime la déception du narrateur face au vieillissement de Sylvie, une femme autrefois belle et jeune. Il observe que ses vœux sont exaucés, mais que Sylvie a perdu sa jeunesse et sa beauté. Le narrateur note que Sylvie tente encore de séduire, mais que Cupidon, symbole de l'amour, fuit les signes de vieillesse comme les rides et les cheveux gris. Il souligne l'inutilité des artifices tels que le maquillage et les bijoux pour retrouver la jeunesse. Le poème se conclut par une réflexion sur la disparition de la beauté et de la fraîcheur de Sylvie, qui respirait autrefois l'amour.
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2
p. 314
AUTRE, De la 24e du quatriéme Livre, Qui commence par Omnes quas habuit, &c.
Début :
Toutes les Dame que Sylvie [...]
Mots clefs :
Sylvie, Amitié, Ciel, Moitié, Martial
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texteReconnaissance textuelle : AUTRE, De la 24e du quatriéme Livre, Qui commence par Omnes quas habuit, &c.
AUTRE,
De la 24 du quatriéme Livre,
}
Qui commence par
Omnes quas habuit , & c.
Outes les Dames que Sylvie
Tudonoredefon amitié,
N'ont pas longfejour dans la vie,
Hélas ! fi de mes maux le Ciel avoit pitie,
N'infpireroit- ilpas à mafotte Moitie
Le defir d'eftrefon Amie?
De la 24 du quatriéme Livre,
}
Qui commence par
Omnes quas habuit , & c.
Outes les Dames que Sylvie
Tudonoredefon amitié,
N'ont pas longfejour dans la vie,
Hélas ! fi de mes maux le Ciel avoit pitie,
N'infpireroit- ilpas à mafotte Moitie
Le defir d'eftrefon Amie?
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3
p. 1097-1100
MEPRISE DE L'AMOUR, A Mlle de Séricourt.
Début :
Tandis qu'à vos genoux, adorable Sylvie, [...]
Mots clefs :
Amour, Vol, Sylvie, Projets, Amant, Méprise
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texteReconnaissance textuelle : MEPRISE DE L'AMOUR, A Mlle de Séricourt.
MEPRISE DE L'AMOUR ,
T
A Mlle de Séricourt.
1
Andis qu'à vos genour adorable Sylul
vie
J'exprimois les transports de mon coeur amoureux
,
1. Vol. Le C iiij
1098 MERCURE DE FRANCE
Le Dieu de Cithere eut envie
D'être témoin de l'ardeur de mes feux ;
Le voilà donc de la partie
Qui n'auroit crû que j'allois être heureux ?
Mais , helas ! vain espoir d'un - Amant qui se '
flatte ,
Rien ne peut attendrir votre inhumanité ,
L'Amour dont le pouvoir sur les Dieux même
éclate ,
Semble perdre les droits de sa Divinité ,
i Et dès qu'à ma vive tendresse ,
Sa clémence s'interesse ,
Il n'a plus d'autorité .
Lorsque voulant soulager mon martire ,
Par de nouveaux dédains il se voit outrager,
Indigné de vous voir mépriser son Empire ,
Et les doux fers dont il veut vous charger ,
Il prend un trait , bande son arc , et tire
Dans le dessein de se vanger.
Mais c'est en vain , cette fléche incertaine
Qui vous fût destinée , adorable Inhumaine
Nous trompa tous deux tour à tour.
Elle vint me percer d'une atteinte soudaine ,
Et sans servir les projets de l'Amour ,
Ne fit que redoubler ma peine.
De sa méprise interdit et confus ,
Cupidon vers Paphos vole avec diligence ,
1. Vol.
Pour
JUIN. 1733 .
1099
Pour y méditer la vengeance
Des affronts qu'il a reçûs.
L'aimable Reine de Cythere , '
Pour appaiser sa colere ,
Vient en vain le caresser
Dans les Forêts d'Amathonte ,
Il va cacher la honte
De n'avoir pû vous blesser.
C'est là que dans ces lieux consacrez à sa
gloire ,
Il a juré sur ses Autels ,
De remporter sur vous une illustre vice
toire ,
Et d'effacer jusques à la mémoire
De tous vos dédains criminels.
› En vain tâcherez-vous d'éluder sa poursuite
,
L'Amour , belle Sylvie , est plus subtil que
nous ,
Notre résistance l'irrite ,
Ce n'est qu'en se rendant qu'on fléchit son courroux.
Quand il éxige un Sacrifice"
Le coeur le plus cruel devient tendre et sou
mis ,
Et par un bizarre caprice ,
Souvent d'une Lucrece il fait une Laïs.
Sous des images
trompeuses ,
I. Vol. Cv Quand
1100 MERCURE DE FRANCE
Quand il lui plaît , il captive les coeurs ;
On vît jadis des beautez dédaigneuses
Au souverain des Dieux refuser leurs faveurs
;
Mais quittant de son rang les marques précieuses
>
Sous les formes les plus hideuses,
Le même Jupiter , fléchissoit leurs rigueurs.
Prévenés , belle Sylvie ,
Tous les projets de l'Amour ,
Et de sa bizarerie ,
N'attendez pas le retour
Sacrifiés au Dieu qui vous l'ordonne ;
Croyez-en un Ámant qui ressentît ses coups
> Et qui pour prix du conseil qu'il vous donne ,
N'aspire qu'au plaisir de le suivre avec vous.
Par René Soumard des Forges.
T
A Mlle de Séricourt.
1
Andis qu'à vos genour adorable Sylul
vie
J'exprimois les transports de mon coeur amoureux
,
1. Vol. Le C iiij
1098 MERCURE DE FRANCE
Le Dieu de Cithere eut envie
D'être témoin de l'ardeur de mes feux ;
Le voilà donc de la partie
Qui n'auroit crû que j'allois être heureux ?
Mais , helas ! vain espoir d'un - Amant qui se '
flatte ,
Rien ne peut attendrir votre inhumanité ,
L'Amour dont le pouvoir sur les Dieux même
éclate ,
Semble perdre les droits de sa Divinité ,
i Et dès qu'à ma vive tendresse ,
Sa clémence s'interesse ,
Il n'a plus d'autorité .
Lorsque voulant soulager mon martire ,
Par de nouveaux dédains il se voit outrager,
Indigné de vous voir mépriser son Empire ,
Et les doux fers dont il veut vous charger ,
Il prend un trait , bande son arc , et tire
Dans le dessein de se vanger.
Mais c'est en vain , cette fléche incertaine
Qui vous fût destinée , adorable Inhumaine
Nous trompa tous deux tour à tour.
Elle vint me percer d'une atteinte soudaine ,
Et sans servir les projets de l'Amour ,
Ne fit que redoubler ma peine.
De sa méprise interdit et confus ,
Cupidon vers Paphos vole avec diligence ,
1. Vol.
Pour
JUIN. 1733 .
1099
Pour y méditer la vengeance
Des affronts qu'il a reçûs.
L'aimable Reine de Cythere , '
Pour appaiser sa colere ,
Vient en vain le caresser
Dans les Forêts d'Amathonte ,
Il va cacher la honte
De n'avoir pû vous blesser.
C'est là que dans ces lieux consacrez à sa
gloire ,
Il a juré sur ses Autels ,
De remporter sur vous une illustre vice
toire ,
Et d'effacer jusques à la mémoire
De tous vos dédains criminels.
› En vain tâcherez-vous d'éluder sa poursuite
,
L'Amour , belle Sylvie , est plus subtil que
nous ,
Notre résistance l'irrite ,
Ce n'est qu'en se rendant qu'on fléchit son courroux.
Quand il éxige un Sacrifice"
Le coeur le plus cruel devient tendre et sou
mis ,
Et par un bizarre caprice ,
Souvent d'une Lucrece il fait une Laïs.
Sous des images
trompeuses ,
I. Vol. Cv Quand
1100 MERCURE DE FRANCE
Quand il lui plaît , il captive les coeurs ;
On vît jadis des beautez dédaigneuses
Au souverain des Dieux refuser leurs faveurs
;
Mais quittant de son rang les marques précieuses
>
Sous les formes les plus hideuses,
Le même Jupiter , fléchissoit leurs rigueurs.
Prévenés , belle Sylvie ,
Tous les projets de l'Amour ,
Et de sa bizarerie ,
N'attendez pas le retour
Sacrifiés au Dieu qui vous l'ordonne ;
Croyez-en un Ámant qui ressentît ses coups
> Et qui pour prix du conseil qu'il vous donne ,
N'aspire qu'au plaisir de le suivre avec vous.
Par René Soumard des Forges.
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Résumé : MEPRISE DE L'AMOUR, A Mlle de Séricourt.
Le poème est adressé à Mlle de Séricourt, surnommée Sylvie. Le narrateur y exprime son amour ardent et décrit une intervention du dieu de l'Amour, Cupidon. Ce dernier, témoin de la passion du narrateur, tente de toucher le cœur de Sylvie mais échoue. La flèche destinée à Sylvie blesse accidentellement le narrateur, augmentant sa souffrance. Humilié, Cupidon se retire à Paphos pour méditer sa vengeance. La déesse Vénus tente en vain de le consoler. Cupidon jure de triompher des dédains de Sylvie et de la soumettre à son pouvoir. Le narrateur avertit Sylvie que l'Amour est implacable et que la résistance ne fait qu'accroître sa détermination. Il cite des exemples mythologiques où des femmes résistantes ont fini par céder à l'Amour. Le narrateur conseille à Sylvie de se rendre à l'Amour pour éviter sa colère et exprime son désir de partager ce destin avec elle.
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4
p. 1322-1325
RÉPONSE à Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne, à son Elegie, inserée dans le Mercure mois de Mars 1733. ELEGIE.
Début :
Dans un profond repos, fruit de beaucoup de peine, [...]
Mots clefs :
Malcrais, Amour, Coeur, Heureux, Sylvie, Berger, Cruelle, Amant, Accents, Soupirs
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texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE à Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne, à son Elegie, inserée dans le Mercure mois de Mars 1733. ELEGIE.
REPONSE à Mlle de Malcrais de
la Vigne , du Croisic en Bretagne , à
son Elegie , inserée dans le Mercure du
mois de Mars 1733.
D
ELEGI E.
Ans un profond repos , fruit de beaucou
de peine ,
Je rêvois l'autre jour sur les bords de la Seine ,
Quand je vis un Berger dans un Bocage épais ,
Qu'il faisoit retentir de ses tristes
regrets.
Ma douleur , disoit-il , sera - t - elle éternelle ?
Heureux si je pouvois devenir infidelle !
Ton nom vole en tous lieux et tes Vers enchan
teurs ,
Docte et tendre Malcrais , séduisent tous les
coeurs ;
II. Vol.
JUIN.
1733 1323
Qui peut se refuser aux charmes de ta Lyre ?
Déja plus d'une Muse a pris soin de te dire ,
Que tu peux attendrir la cruelle Alecton ,
Arracher des soupirs au barbare Pluton ,
Comme un nouvel Orphée enchanter le Cerbere,
Endormir les Serpens de l'horrible Megere,
Rendre sensible enfin le séjour tenebieux ,
En déplorant le sort d'un Amant malheureux.
Mais ce n'est pas assez pour te combler de gloire;
Poursuis , chere Malcrais , tu n'as pas la victoire.
Rien n'a pû résister à tes divins accens ,
Que le coeur trop ingrat qui cause mes tourmens;
Reconnois ce Berger si fidele et și tendre ,
Dont la voix par hazard à toi se fit entendre ,
L'insensible Silvie a toujours les rigueurs ,
Que ton charmant Pinceau peignit avec mes
pleurs.
Et mon fidele coeur enchaîné par ses charmes ,
N'a point encor cessé de répandre des larmes ,
Si des mêmes couleurs dont tu peins mon tourment
,
Tu pouvois dégager un trop sensible Amant ;
Mais non , touche plutôt mon Amante cruelle,
He ! qui pourroit fléchir le coeur de cette belle !
Mes larmes mes soupirs et mes voeux sont
perdus ,
>
Tous tes charmans accens sont aussi superflus ;
Mes soins , mes tendres soins er ma flamme
constante ,
II. Vol. Sem1324
MERCURE DE FRANCE
Semblent rendre encor plus Sylvie indifférente.
Tu peux voir attentifs à tes divins concerts ,
Les Tygres , .les Rochers , même tout l'Univers;
Mais tu ne peux , Malcrais , attendrir la cruelle.
L'amour sourd à ma voix , et d'accord avec elle
Va bien-tôt me punir par un affreux trépas
Du soin que j'avois pris de vanter ses appas.
De même que l'on voit au Printemps la nature
Eraler à nos yeux sa riante parure ,
De diverses façons , briller de toutes parts ,
Sans le secours de l'art , enchanter nos regards ;
Telle s'offrit à moi la charmante Sylvie ,
De ses attraits d'abord mon ame fut ravie ,
Et frappé , j'admirai l'éclat de sa beauté.
Heureux ! si j'avois sçû prévoir sa cruauté.
Avec plaisir , Malcrais , je t'en fais confidence ,
Aussi- tôt ( car l'amour n'a guere de prudence }
Mon trop crédule coeur résolut en secret
De se rendre à Sylvie. Ha ! funête projet !
J'oubliai mes Moutons , mon Chien et ma Houlette
,•
Occupé du seul soin d'accorder ma Musette ,
J'importune bien-tôt les Echos d'alentour ,
Des appas de Sylvie et de mon tendre amour.
Momens délicieux ! un espoir téméraire ,
Malgré moi m'engageoit à chercher à lui plaire.
Que tes plaisirs , amour , ont des attraits mortels
!
II. Vol. Qu'on
JUIN. 1733. 1325
Qu'on a tort de vouloir t'élever des Autels !
Si tôt qu'elle apperçut le pouvoir de ses charines,
.
La cruelle se fit un tribut de mes larmes ;
Dans ses yeux dont moi seul je connois tout le
prix ,
Je ne lûs plus dèslors que de cruels mépris.
Son coeur à mes soupirs toujours inaccessible ,
A tes sons si touchants est encore insensible.
Tel est de mon destin l'implacable fureur ,
Que rien ne peut, Malciras,soulager ma douleur,
Ne cesse cependant de plaindre ma tendresse ,
Si tu ne peux fléchit mon ingrate Maîtresse ,
Tous les Bergers du moins apprendront quelque
jour ,
Par tes accens à fuir mon exemple en amour.
Il dit ; de sa douleur les mortelles atteintes ,
Finirent dans l'instant sa vie avec ses plaintes,
Ce malheureux Berger, descendu chez les morts,
Ne cesse de redire aux ombres tes accords ;
La Charmante Sapho , la trop tendre la Suse ,
Voyent revivre en toi les charmes de leur muse!
Heureux ! cent fois heureux ! un amant , dont
l'ardeur ,
Oseroit se flatter ... mais espoir séducteur !
Ton coeur fait pour l'amour , est engagé peutêtre
;
Le peindrois-tu si-bien , Malcrais , sans le connoître
?
Le Berger de Lutece.
la Vigne , du Croisic en Bretagne , à
son Elegie , inserée dans le Mercure du
mois de Mars 1733.
D
ELEGI E.
Ans un profond repos , fruit de beaucou
de peine ,
Je rêvois l'autre jour sur les bords de la Seine ,
Quand je vis un Berger dans un Bocage épais ,
Qu'il faisoit retentir de ses tristes
regrets.
Ma douleur , disoit-il , sera - t - elle éternelle ?
Heureux si je pouvois devenir infidelle !
Ton nom vole en tous lieux et tes Vers enchan
teurs ,
Docte et tendre Malcrais , séduisent tous les
coeurs ;
II. Vol.
JUIN.
1733 1323
Qui peut se refuser aux charmes de ta Lyre ?
Déja plus d'une Muse a pris soin de te dire ,
Que tu peux attendrir la cruelle Alecton ,
Arracher des soupirs au barbare Pluton ,
Comme un nouvel Orphée enchanter le Cerbere,
Endormir les Serpens de l'horrible Megere,
Rendre sensible enfin le séjour tenebieux ,
En déplorant le sort d'un Amant malheureux.
Mais ce n'est pas assez pour te combler de gloire;
Poursuis , chere Malcrais , tu n'as pas la victoire.
Rien n'a pû résister à tes divins accens ,
Que le coeur trop ingrat qui cause mes tourmens;
Reconnois ce Berger si fidele et și tendre ,
Dont la voix par hazard à toi se fit entendre ,
L'insensible Silvie a toujours les rigueurs ,
Que ton charmant Pinceau peignit avec mes
pleurs.
Et mon fidele coeur enchaîné par ses charmes ,
N'a point encor cessé de répandre des larmes ,
Si des mêmes couleurs dont tu peins mon tourment
,
Tu pouvois dégager un trop sensible Amant ;
Mais non , touche plutôt mon Amante cruelle,
He ! qui pourroit fléchir le coeur de cette belle !
Mes larmes mes soupirs et mes voeux sont
perdus ,
>
Tous tes charmans accens sont aussi superflus ;
Mes soins , mes tendres soins er ma flamme
constante ,
II. Vol. Sem1324
MERCURE DE FRANCE
Semblent rendre encor plus Sylvie indifférente.
Tu peux voir attentifs à tes divins concerts ,
Les Tygres , .les Rochers , même tout l'Univers;
Mais tu ne peux , Malcrais , attendrir la cruelle.
L'amour sourd à ma voix , et d'accord avec elle
Va bien-tôt me punir par un affreux trépas
Du soin que j'avois pris de vanter ses appas.
De même que l'on voit au Printemps la nature
Eraler à nos yeux sa riante parure ,
De diverses façons , briller de toutes parts ,
Sans le secours de l'art , enchanter nos regards ;
Telle s'offrit à moi la charmante Sylvie ,
De ses attraits d'abord mon ame fut ravie ,
Et frappé , j'admirai l'éclat de sa beauté.
Heureux ! si j'avois sçû prévoir sa cruauté.
Avec plaisir , Malcrais , je t'en fais confidence ,
Aussi- tôt ( car l'amour n'a guere de prudence }
Mon trop crédule coeur résolut en secret
De se rendre à Sylvie. Ha ! funête projet !
J'oubliai mes Moutons , mon Chien et ma Houlette
,•
Occupé du seul soin d'accorder ma Musette ,
J'importune bien-tôt les Echos d'alentour ,
Des appas de Sylvie et de mon tendre amour.
Momens délicieux ! un espoir téméraire ,
Malgré moi m'engageoit à chercher à lui plaire.
Que tes plaisirs , amour , ont des attraits mortels
!
II. Vol. Qu'on
JUIN. 1733. 1325
Qu'on a tort de vouloir t'élever des Autels !
Si tôt qu'elle apperçut le pouvoir de ses charines,
.
La cruelle se fit un tribut de mes larmes ;
Dans ses yeux dont moi seul je connois tout le
prix ,
Je ne lûs plus dèslors que de cruels mépris.
Son coeur à mes soupirs toujours inaccessible ,
A tes sons si touchants est encore insensible.
Tel est de mon destin l'implacable fureur ,
Que rien ne peut, Malciras,soulager ma douleur,
Ne cesse cependant de plaindre ma tendresse ,
Si tu ne peux fléchit mon ingrate Maîtresse ,
Tous les Bergers du moins apprendront quelque
jour ,
Par tes accens à fuir mon exemple en amour.
Il dit ; de sa douleur les mortelles atteintes ,
Finirent dans l'instant sa vie avec ses plaintes,
Ce malheureux Berger, descendu chez les morts,
Ne cesse de redire aux ombres tes accords ;
La Charmante Sapho , la trop tendre la Suse ,
Voyent revivre en toi les charmes de leur muse!
Heureux ! cent fois heureux ! un amant , dont
l'ardeur ,
Oseroit se flatter ... mais espoir séducteur !
Ton coeur fait pour l'amour , est engagé peutêtre
;
Le peindrois-tu si-bien , Malcrais , sans le connoître
?
Le Berger de Lutece.
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Résumé : RÉPONSE à Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne, à son Elegie, inserée dans le Mercure mois de Mars 1733. ELEGIE.
Le texte est une réponse à une élégie de Mlle de Malcrais, publiée dans le Mercure de mars 1733. L'auteur, un berger, exprime sa douleur amoureuse en rêvant sur les bords de la Seine. Il admire les talents poétiques de Malcrais, capable d'attendrir même les créatures les plus dures. Cependant, malgré ses vers enchanteurs, elle ne peut adoucir le cœur ingrat de Sylvie, l'amante cruelle du berger. Ce dernier, malgré ses efforts et ses larmes, ne parvient pas à attendrir Sylvie, qui reste indifférente à ses souffrances. Le berger compare l'amour à une force destructrice et regrette de ne pas avoir prévu la cruauté de Sylvie. Il finit par mourir de douleur, continuant à chanter les accords de Malcrais même après sa mort. Le texte se termine par une réflexion sur l'amour et ses dangers, soulignant l'incapacité de Malcrais à changer le destin tragique du berger.
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5
p. 1534-1539
L'EPOUX MALHEUREUX, ET TOUJOURS AMOUREUX, ELEGIE.
Début :
Mortels, soumis aux loix de l'amoureux Empire, [...]
Mots clefs :
Sylvie, Malheureux, Coeur, Amour, Épouse, Époux, Ingrate, Ciel, Dieux
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texteReconnaissance textuelle : L'EPOUX MALHEUREUX, ET TOUJOURS AMOUREUX, ELEGIE.
L'E POUX MALHEUREUX ,
ET TOUJOURS AMOUREUX ,
M
ELEGI E.
Ortels , soumis aux loix de l'amoureux
Empire ,
Qui contez aux Rochers votre tendret martyre
,
Suspendez vos regrets , plaignez dans un
Epoux
Un amant mille fois plus malheureux que
vous. Y
Prêtez- vous , s'il se peut , aux disgraces des autres
;
Au
JUILLET. 1733 .
1733. 1535
Au
récit de mes maux vous oublirez les vô-
+ tres.
Des charmes de l'Amour connoissant le danger
,
Je formois te dessein de ne point m'engager
,.
Quand un hazard fatal au repos de ma vie
Offrit à mes regards l'inconstante Sylvie.
Venus sembloit en elle épuiser ses attraits ,
Et l'Amour par ses yeux blessoit de mille
traits.
Eu vain de leur pouvoir je voulus me deffendre
,
Mon trop sensible coeur s'empressa de se rendre.
<
Judicieux projet , sage raisonnement
Tout fuit , tout m'abandonne au dangereux
moment.
Moment qui me fut cher , & qui m'est si funeste
!
Mes pleurs et mes soupirs sont tout ce qui m'en
reste ,
Non , que d'abord Sylvie , en dédaignant mes
feux ,
Par de honteux refus eût rebuté mes voeux.
Ma famme par l'Hymen fut bientôt con
ronnée ;
Mais ce triomphe au plus ne dura qu'une an
née.
Pour l'ingrate attentif à redoubler mes soins
Sa
153 MERCURE DE FRANCE
Sa fierté , ses mépris .ne m'accabloient pa
moins ;
Je sens à chaque instant appesantir ma chaine ,
Sans espoir de toucher un e Epouse inhumaine.
Perfide , que devient le serment solemnel ,
Que de m'aimer toujours tu me fis à l'Autel
?
•
Dieux garants du serment , mais témoins du
parjure ,
Vous êtes plus que moi blessez par cette injure
:
Ah ! d'un si noir forfait , vangez moi , vȧngez
vous ;
Que dis-je ? malheureux ! non , suspendez vos
coups ;
A vos droits violez s'il faut une victime ,
Faites -moi de Sylvie expier tout le crime ;
Si l'ingrate que j'aime éprouvoit vos rigueurs ,
Il en coûteroit trop au plus tendre des coeurs.
Vous le sçavez assez , vallons , bois & fontaines
,
Cent fois je vous parlai de mes mortelles peines
,
Cent fois je vous ai fait le récit douloureux
Des chagrins que me cause un Hymen malheu
reux .
Vous sçavez mes tourmens , mais vous sçavez
de même
Combien
JUILLET. 1733 .
1537
Combien pour qui me hait ma tendresse est extrême
?
Je l'aime , ch ! quel pinceau par des traits assez
forts
De Sylvie en courroux marqueroit les transports.
D'un souffle impétueux l'Aquilon dans nos
plaines ,
Agitant des Ormeaux les feuilles incertaines
Abbat et fait languir les plantes et les fleurs
Que la brillante Aurore arrosa de ses pleurs.
C
Mais tout renaît bien - tôt , quand le calme succede
,
Tandis qu'à mon tourment il n'est point de
reméde .
Près du Cocyte un jour succombant sous mes
maux ,
Je voyois Atropos s'armer de ses ciseaux.
Auprès de moi déja ma famille assemblée.
Sur mon sort malheureux gémissoit désolée.
Que faisiez - vous alors , Sylvie , ah ! votre
coeur
Accusoit en secret la Parque de lenteur.
Qu'osai-je dire ? Ciel ! ... non dans mon trouble
extrême ,
Je m'égare
j'aime.
et j'outrage une Epouse que
Non , encore une fois , non , tant de cruauté
Ne se trouva jamais avec tant de beauté.
Fuyés , soupçon injuste , et respectez Sylvie ;
D Jamais
1538 MERCURE DE FRANCE
Jamais d'un pareil crime elle ne s'est noircie
,
Elle sçait quand la mort a menacé ses
jours ,
Que j'ai voulu des miens finir le triste cours.
Ce trait de ma douleur , croyons - le pour sa
gloire ,
Sans doute est pour jamais gravé dans sa mémoire.
Crédule que je suis ! si de mon déplaisir
Sylvie eut conservé le moindre souvenir ,
Pourquoi n'en pas donner un leger témoi
gnage ?
Non , je n'eus de son coeur que la haine en parə
tage ,
Quand je revis le jour par un bienfait des
Dieux ,
Je fus pour elle encor un objet odieux ;
Ses rigueurs de ma flamme égalent la constance
;
Que n'eut - elle à m'aimer , même perséve
rance ' !
Penser pour mon amour séduisant et fat❤
teur ,
Que ne m'abuses- tu par une fausse ardeur !
Je suis prêt , chere, Epouse , à seconder ta
feinte ;
Mais non , sa cruauté se nourrit de ma plainte ;
Allons au bout du monde étouffer nos sou
pirs ,
Par.
JUILLET. 1733. 1539
Par ma fuite à l'ingrate offrons mille plai
sirs ;
Cependant si le Ciel appaisoit sa colere ,
S'il pouvoit être un jour sensible à ma misere
....
Helas quoiqu'il lui plaise ordonner de mon
sort .
Mon amour ne pourra s'éteindre qu'à la
mort.
Changez , changez 8 Ciel , cette aimable
cruelle ;
Je la reçûs de vous , je lui serai fidele ,
Déja des Dieux fléchis j'éprouve le pouvoir ,
Ils versent dans mon coeur quelque rayon d'es
poir .
Viens t'offrir à mes yeux , Epouse que j'adore
,
Et bannir d'un regard l'ennui qui me devore
Viens , pour me rendre heureux , il suffit en
jour
D'un instant près de toi ménagé par l'A
mour.
ET TOUJOURS AMOUREUX ,
M
ELEGI E.
Ortels , soumis aux loix de l'amoureux
Empire ,
Qui contez aux Rochers votre tendret martyre
,
Suspendez vos regrets , plaignez dans un
Epoux
Un amant mille fois plus malheureux que
vous. Y
Prêtez- vous , s'il se peut , aux disgraces des autres
;
Au
JUILLET. 1733 .
1733. 1535
Au
récit de mes maux vous oublirez les vô-
+ tres.
Des charmes de l'Amour connoissant le danger
,
Je formois te dessein de ne point m'engager
,.
Quand un hazard fatal au repos de ma vie
Offrit à mes regards l'inconstante Sylvie.
Venus sembloit en elle épuiser ses attraits ,
Et l'Amour par ses yeux blessoit de mille
traits.
Eu vain de leur pouvoir je voulus me deffendre
,
Mon trop sensible coeur s'empressa de se rendre.
<
Judicieux projet , sage raisonnement
Tout fuit , tout m'abandonne au dangereux
moment.
Moment qui me fut cher , & qui m'est si funeste
!
Mes pleurs et mes soupirs sont tout ce qui m'en
reste ,
Non , que d'abord Sylvie , en dédaignant mes
feux ,
Par de honteux refus eût rebuté mes voeux.
Ma famme par l'Hymen fut bientôt con
ronnée ;
Mais ce triomphe au plus ne dura qu'une an
née.
Pour l'ingrate attentif à redoubler mes soins
Sa
153 MERCURE DE FRANCE
Sa fierté , ses mépris .ne m'accabloient pa
moins ;
Je sens à chaque instant appesantir ma chaine ,
Sans espoir de toucher un e Epouse inhumaine.
Perfide , que devient le serment solemnel ,
Que de m'aimer toujours tu me fis à l'Autel
?
•
Dieux garants du serment , mais témoins du
parjure ,
Vous êtes plus que moi blessez par cette injure
:
Ah ! d'un si noir forfait , vangez moi , vȧngez
vous ;
Que dis-je ? malheureux ! non , suspendez vos
coups ;
A vos droits violez s'il faut une victime ,
Faites -moi de Sylvie expier tout le crime ;
Si l'ingrate que j'aime éprouvoit vos rigueurs ,
Il en coûteroit trop au plus tendre des coeurs.
Vous le sçavez assez , vallons , bois & fontaines
,
Cent fois je vous parlai de mes mortelles peines
,
Cent fois je vous ai fait le récit douloureux
Des chagrins que me cause un Hymen malheu
reux .
Vous sçavez mes tourmens , mais vous sçavez
de même
Combien
JUILLET. 1733 .
1537
Combien pour qui me hait ma tendresse est extrême
?
Je l'aime , ch ! quel pinceau par des traits assez
forts
De Sylvie en courroux marqueroit les transports.
D'un souffle impétueux l'Aquilon dans nos
plaines ,
Agitant des Ormeaux les feuilles incertaines
Abbat et fait languir les plantes et les fleurs
Que la brillante Aurore arrosa de ses pleurs.
C
Mais tout renaît bien - tôt , quand le calme succede
,
Tandis qu'à mon tourment il n'est point de
reméde .
Près du Cocyte un jour succombant sous mes
maux ,
Je voyois Atropos s'armer de ses ciseaux.
Auprès de moi déja ma famille assemblée.
Sur mon sort malheureux gémissoit désolée.
Que faisiez - vous alors , Sylvie , ah ! votre
coeur
Accusoit en secret la Parque de lenteur.
Qu'osai-je dire ? Ciel ! ... non dans mon trouble
extrême ,
Je m'égare
j'aime.
et j'outrage une Epouse que
Non , encore une fois , non , tant de cruauté
Ne se trouva jamais avec tant de beauté.
Fuyés , soupçon injuste , et respectez Sylvie ;
D Jamais
1538 MERCURE DE FRANCE
Jamais d'un pareil crime elle ne s'est noircie
,
Elle sçait quand la mort a menacé ses
jours ,
Que j'ai voulu des miens finir le triste cours.
Ce trait de ma douleur , croyons - le pour sa
gloire ,
Sans doute est pour jamais gravé dans sa mémoire.
Crédule que je suis ! si de mon déplaisir
Sylvie eut conservé le moindre souvenir ,
Pourquoi n'en pas donner un leger témoi
gnage ?
Non , je n'eus de son coeur que la haine en parə
tage ,
Quand je revis le jour par un bienfait des
Dieux ,
Je fus pour elle encor un objet odieux ;
Ses rigueurs de ma flamme égalent la constance
;
Que n'eut - elle à m'aimer , même perséve
rance ' !
Penser pour mon amour séduisant et fat❤
teur ,
Que ne m'abuses- tu par une fausse ardeur !
Je suis prêt , chere, Epouse , à seconder ta
feinte ;
Mais non , sa cruauté se nourrit de ma plainte ;
Allons au bout du monde étouffer nos sou
pirs ,
Par.
JUILLET. 1733. 1539
Par ma fuite à l'ingrate offrons mille plai
sirs ;
Cependant si le Ciel appaisoit sa colere ,
S'il pouvoit être un jour sensible à ma misere
....
Helas quoiqu'il lui plaise ordonner de mon
sort .
Mon amour ne pourra s'éteindre qu'à la
mort.
Changez , changez 8 Ciel , cette aimable
cruelle ;
Je la reçûs de vous , je lui serai fidele ,
Déja des Dieux fléchis j'éprouve le pouvoir ,
Ils versent dans mon coeur quelque rayon d'es
poir .
Viens t'offrir à mes yeux , Epouse que j'adore
,
Et bannir d'un regard l'ennui qui me devore
Viens , pour me rendre heureux , il suffit en
jour
D'un instant près de toi ménagé par l'A
mour.
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Résumé : L'EPOUX MALHEUREUX, ET TOUJOURS AMOUREUX, ELEGIE.
Le texte est une élégie intitulée 'L'Époux malheureux, et toujours amoureux' datée de juillet 1733. Le narrateur, un homme marié, exprime sa douleur et son amour pour son épouse, Sylvie, qui le rejette et le méprise malgré ses efforts pour la satisfaire. Il se remémore le moment où il a rencontré Sylvie et comment il est tombé amoureux d'elle malgré ses tentatives de résistance. Leur mariage, initialement heureux, a tourné au drame après une année, Sylvie devenant froide et méprisante. Le narrateur se lamente sur l'injustice de son sort et implore les dieux de venger son malheur, tout en exprimant son amour inconditionnel pour Sylvie. Il évoque également les paysages naturels comme témoins de ses souffrances et de son amour persistant. Malgré les cruautés de Sylvie, il espère encore un changement et un retour de son affection.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 250-253
A MADEMOISELLE D*** Sur la mort d'un Serin de Canarie.
Début :
Il n'est plus ce Serin, si joli, si charmant, [...]
Mots clefs :
Serin, Canaries, Amour, Sylvie, Chat, Charmes, Coeur
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texteReconnaissance textuelle : A MADEMOISELLE D*** Sur la mort d'un Serin de Canarie.
A MADEMOISELLE D ***
I
Sur la mort d'un Serin de Canarie.
L n'est plus ce Serin , si joli , si charmant ,
Ce Serin , dont le sort étoit digne d'envie .
Il fut l'objet des soins de l'aimable Silvie ,
Il en fut aimé tendrement .
Il étoit jeune encor , mais un Enfant perfide
A suscité contre ses jours ,
Un Chat cruel , un Chat avide ,
Qui vient d'en terminer le cours.
Quel est donc,direz- vous, cet Enfant téméraires
Connoissez-le , Silvie , et craignez sa colere ;
Il peut vous porter d'autres coups ,
C'est un Dieu terrible et jaloux ,
On
1
FEVRIER 1734 251
On l'adore à Paphos , et Venus est sa mere ;
A ces traits , le connoissez - vous ?
Quoi , l'Amour ? ..... Oüi , l'Amour luimême
.
Calmez cette surprise extrême ,
Silvie , écoutez -moi , vous ne douterëz pas ,
Que lui seul , du Serin , n'ait causé le trépas ,
Je vais en peu de mots ,
éclairer ce mistère ;
Ce Serin étoit né dans les Bois de Cithere ,
Dans son nid l'Amour l'avoit pris ,
Il le destinoit à Cipris ;
Il vous vit par hazard , et touché de vos charmes,
Il change d'abord de dessein ,
Il veut vous offrir le Serin.
Sa présence auroit pû vous causer des allarmes ,
Peut-être auriez - vous craint ses traits .
Il se présente à vous , sans aîles , et sans armes ;
Dépouillé de tous ses attraits ,
D'une Prude il emprunte et la taille et les traits ›
Le Serin est offert , on l'accepte , une cage
Le retient près de vous dans la captivité.
On dit qu'il témoigna d'abord par son rámage,
Que son premier état n'étoit pas regretté ,
Il préferoit cet esclavage ,
A la plus grande liberté .
Que son sort étoit doux ! de la belle Silvie
Le voilà devenu l'unique amusement ;
Ses soins le rendirent charmant .
C iiij
Hélas !
252 MERCURE DE FRANCE
Hélas ! il méritoit une plus longue vie.
Par mille tours vifs , gracieux ,
Par son ramage harmonieux ,
Il invitoit souvent son aimable Maîtresse ,
A le reposer sur sa main ;
Mais il s'en échappoit bien-tôt avec adresse
Et d'une aîle légere , il voloit sur son sein.
L'Amour voyoit ce badinage ,
Il en devint bien- tôt jaloux ,
?
Voilà donc , dit- il , mon ouvrage ;
Si ce Serin jouit des plaisirs les plus doux ,
C'est à moi seul qu'il doit un si rare avantage ;
Mais cependant Silvie , au Printems de son âge ,
Perd avec lui trop de momens
Il est temps qu'elle fasse usage ,
De ces traits , de ces agrémens
Qu'elle reçut
de la nature ;
>
Soumettons- lui les coeurs d'une foule d'Amans.
Il dit , il tente l'avanture ,
Autant de traits qu'il lance , autant de coeurs
blessez ,
Parmi ces triomphes passez ,
Il n'en voyoit aucun qui fut si mémorable ;
Il conduit à vos pieds cette foule innombrable
Et croit que docile à ses loix ,
Vous allez faire enfin un choix.
Cupidon se trompa : Quelle fut sa colere ,
Quand il vit ces mortels de vos charmes
épris ,
S'etFEVRIER.
1734. 253
S'efforcer envain de vous plaire ;
L'indifférence , ou le mépris ,
De leur vive tendresse étoit l'indigne prix ,
Ainsi donc, dit l'Amour, le plaisir d'être aimée ,
Ne fatte point son jeune coeur !
Elle est de son Serin uniquement charmée !
Eh bien ! sur ce Serin exerçons ma fureur .
Pour l'amour outragé, la vangeance a des charmes
Que sa mort va couter de larmès !
Qu'il périsse... Il alloit le percer de ses Dards,
Quand un Chat frappe ses regards ;
Sois le Ministre de ma rage ;
Viens , dit-il , il le guide à l'instant vers la cage,
Il en ouvre l'entrée , et le Chat furieux ,
Şaisit le beau Serin , le devore à ses yeux.
Tel fut de ce Serin aimable ,
Le sort tragique et déplorable.
C'est un Char qui commit ce forfait odieux ,
Mais Cupidon fut son complice ;
Vous voyez de ce Dieu , jusqu'où va la malice ,
Quand il veut se vanger d'un coeur audacieux ,
Qui brave de ses traits les terribles atteintes.
Pardonnez-lui , Silvie , et retenez vos plaintes ,
Elles aigriroient son couroux ;
Qu'à ses loix votre coeur daigne enfin se soumettre
;
De sa part j'ose vous promettre ,
Le sort le plus heureux , les plaisirs les plus doux.
Par M. de la T... d'Aix.
I
Sur la mort d'un Serin de Canarie.
L n'est plus ce Serin , si joli , si charmant ,
Ce Serin , dont le sort étoit digne d'envie .
Il fut l'objet des soins de l'aimable Silvie ,
Il en fut aimé tendrement .
Il étoit jeune encor , mais un Enfant perfide
A suscité contre ses jours ,
Un Chat cruel , un Chat avide ,
Qui vient d'en terminer le cours.
Quel est donc,direz- vous, cet Enfant téméraires
Connoissez-le , Silvie , et craignez sa colere ;
Il peut vous porter d'autres coups ,
C'est un Dieu terrible et jaloux ,
On
1
FEVRIER 1734 251
On l'adore à Paphos , et Venus est sa mere ;
A ces traits , le connoissez - vous ?
Quoi , l'Amour ? ..... Oüi , l'Amour luimême
.
Calmez cette surprise extrême ,
Silvie , écoutez -moi , vous ne douterëz pas ,
Que lui seul , du Serin , n'ait causé le trépas ,
Je vais en peu de mots ,
éclairer ce mistère ;
Ce Serin étoit né dans les Bois de Cithere ,
Dans son nid l'Amour l'avoit pris ,
Il le destinoit à Cipris ;
Il vous vit par hazard , et touché de vos charmes,
Il change d'abord de dessein ,
Il veut vous offrir le Serin.
Sa présence auroit pû vous causer des allarmes ,
Peut-être auriez - vous craint ses traits .
Il se présente à vous , sans aîles , et sans armes ;
Dépouillé de tous ses attraits ,
D'une Prude il emprunte et la taille et les traits ›
Le Serin est offert , on l'accepte , une cage
Le retient près de vous dans la captivité.
On dit qu'il témoigna d'abord par son rámage,
Que son premier état n'étoit pas regretté ,
Il préferoit cet esclavage ,
A la plus grande liberté .
Que son sort étoit doux ! de la belle Silvie
Le voilà devenu l'unique amusement ;
Ses soins le rendirent charmant .
C iiij
Hélas !
252 MERCURE DE FRANCE
Hélas ! il méritoit une plus longue vie.
Par mille tours vifs , gracieux ,
Par son ramage harmonieux ,
Il invitoit souvent son aimable Maîtresse ,
A le reposer sur sa main ;
Mais il s'en échappoit bien-tôt avec adresse
Et d'une aîle légere , il voloit sur son sein.
L'Amour voyoit ce badinage ,
Il en devint bien- tôt jaloux ,
?
Voilà donc , dit- il , mon ouvrage ;
Si ce Serin jouit des plaisirs les plus doux ,
C'est à moi seul qu'il doit un si rare avantage ;
Mais cependant Silvie , au Printems de son âge ,
Perd avec lui trop de momens
Il est temps qu'elle fasse usage ,
De ces traits , de ces agrémens
Qu'elle reçut
de la nature ;
>
Soumettons- lui les coeurs d'une foule d'Amans.
Il dit , il tente l'avanture ,
Autant de traits qu'il lance , autant de coeurs
blessez ,
Parmi ces triomphes passez ,
Il n'en voyoit aucun qui fut si mémorable ;
Il conduit à vos pieds cette foule innombrable
Et croit que docile à ses loix ,
Vous allez faire enfin un choix.
Cupidon se trompa : Quelle fut sa colere ,
Quand il vit ces mortels de vos charmes
épris ,
S'etFEVRIER.
1734. 253
S'efforcer envain de vous plaire ;
L'indifférence , ou le mépris ,
De leur vive tendresse étoit l'indigne prix ,
Ainsi donc, dit l'Amour, le plaisir d'être aimée ,
Ne fatte point son jeune coeur !
Elle est de son Serin uniquement charmée !
Eh bien ! sur ce Serin exerçons ma fureur .
Pour l'amour outragé, la vangeance a des charmes
Que sa mort va couter de larmès !
Qu'il périsse... Il alloit le percer de ses Dards,
Quand un Chat frappe ses regards ;
Sois le Ministre de ma rage ;
Viens , dit-il , il le guide à l'instant vers la cage,
Il en ouvre l'entrée , et le Chat furieux ,
Şaisit le beau Serin , le devore à ses yeux.
Tel fut de ce Serin aimable ,
Le sort tragique et déplorable.
C'est un Char qui commit ce forfait odieux ,
Mais Cupidon fut son complice ;
Vous voyez de ce Dieu , jusqu'où va la malice ,
Quand il veut se vanger d'un coeur audacieux ,
Qui brave de ses traits les terribles atteintes.
Pardonnez-lui , Silvie , et retenez vos plaintes ,
Elles aigriroient son couroux ;
Qu'à ses loix votre coeur daigne enfin se soumettre
;
De sa part j'ose vous promettre ,
Le sort le plus heureux , les plaisirs les plus doux.
Par M. de la T... d'Aix.
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Résumé : A MADEMOISELLE D*** Sur la mort d'un Serin de Canarie.
Le poème 'A Mademoiselle D ***' raconte la mort d'un serin de Canarie, chéri par Silvie. Ce serin, né dans les bois de Cythère, est offert à Silvie par l'Amour, qui le prive d'ailes et d'armes pour éviter qu'il ne l'alerte. Silvie accepte l'oiseau et en prend soin. Cependant, l'Amour, jaloux de leur complicité, décide de se venger. Il utilise un chat pour tuer le serin, frustré que Silvie ne réponde pas à ses avances et reste attachée à l'oiseau. Le poème se conclut par une exhortation à Silvie de se soumettre aux lois de l'Amour pour éviter sa colère et obtenir un sort heureux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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