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1
p. 76-77
A MONSEIGNEUR LE DUC DU MAYNE. RONDEAU.
Début :
Qu'un tour de Page eust assez d'agrément [...]
Mots clefs :
Page, Tour, Ouvrage
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texteReconnaissance textuelle : A MONSEIGNEUR LE DUC DU MAYNE. RONDEAU.
A MONSEIGNEUR
LE DUC DU MAINE.
RONDEAV.
V'un tourdePage euftaffezd'aPourvousfervirde divertiſſement ,
Prince, où l'esprit avec la grace abonde N'est un bonheur , où mon espoir se fonde | Grand tort j'aurois d'y penfer ſeulement.
Mespetits Versn'ont point afſſeurement Du tour poly l'agreable ornement,
Etl'onn'y voit , ſi l'onyfait la ronde,
Qu'un tour de Page.
Cen'estpriser l'ouvrage aucunement.
Mais telqu'il est , foy d'homme qui ne ament ,
Tom. Ivod
SO LE MERCVRE Avous I offrir ma joye est fans feconde Il est remply de Morale profondes Quoy qu'il ne soit , àparler franchement ,
Qu'un tour de Page.
LE DUC DU MAINE.
RONDEAV.
V'un tourdePage euftaffezd'aPourvousfervirde divertiſſement ,
Prince, où l'esprit avec la grace abonde N'est un bonheur , où mon espoir se fonde | Grand tort j'aurois d'y penfer ſeulement.
Mespetits Versn'ont point afſſeurement Du tour poly l'agreable ornement,
Etl'onn'y voit , ſi l'onyfait la ronde,
Qu'un tour de Page.
Cen'estpriser l'ouvrage aucunement.
Mais telqu'il est , foy d'homme qui ne ament ,
Tom. Ivod
SO LE MERCVRE Avous I offrir ma joye est fans feconde Il est remply de Morale profondes Quoy qu'il ne soit , àparler franchement ,
Qu'un tour de Page.
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Résumé : A MONSEIGNEUR LE DUC DU MAYNE. RONDEAU.
L'auteur dédie 'Un tour de Page' au Duc du Maine, reconnaissant l'absence de qualités littéraires de ses vers. Il espère que le Duc appréciera cette lecture et lui offre un exemplaire du Mercure, riche en réflexions morales. L'auteur signe Tom. Ivod.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 241-243
« J'allois fermer ma Lettre, lors que j'ay reçeu la [...] »
Début :
J'allois fermer ma Lettre, lors que j'ay reçeu la [...]
Mots clefs :
Lettre, Article, Harangues, Premiers présidents, Curiosité, Beaux endroits, Ouvrage, Fragments, Placer
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texteReconnaissance textuelle : « J'allois fermer ma Lettre, lors que j'ay reçeu la [...] »
Jallois fermer ma Lettre, lors
quejayreceu la voſtre l'avouë.
qu'elle m'embaraffe' , & il vous fera aiſé de le connoiſtre, puif- que j'avois paffé legerementfur Article que vous me deman- dez. Je ne fuis point ſurpris que les Harangues qui ont esté fai- tes au Roy à fon retour par Meffieurs les Premiers Prefidens ayent fait affez de bruit,
pour vous infpirer la curiofité d'enſçavoir les principales pen- fées mais quandvous m'ordon-
158 LE MERCVRE nez de la fatisfaire , je ne vous déguiſe pointqueje ne ſçay pas où m'y prendre : car que vous puis-je dire làdeſſus qui appro- che de la beauté de ce que vous
me demandez Vous ſçavez ,
Madame , que les plus beaux endroits d'un Ouvrage paroif- ſent toûjours moins en fragmés,
que lors qu'ils font placez oùils doivent eſtre; cequi les devan- ce ou ce qui les fuit , leurdonne ſouvent des graces qu'ils n'au- roient pas fans cela , &tout ce que l'on endit lors qu'on ne les fait pas voir de fuite eft toû jours infiniment au deſſous de ce qu'il feroit dans le corps en- tier de l'Ouvrage, le defere pourtant trop à vos ſentimeris,
pour ne pas faire dés aujour- d'huyunepartie de ce quevous ſouhaitez Jewaydonavonsdire
GALANT. 159 ce que je ſçay de deuxHaran- gues ſeulement , en attendant que je puiſſe m'informer plus particulierement des autres.
quejayreceu la voſtre l'avouë.
qu'elle m'embaraffe' , & il vous fera aiſé de le connoiſtre, puif- que j'avois paffé legerementfur Article que vous me deman- dez. Je ne fuis point ſurpris que les Harangues qui ont esté fai- tes au Roy à fon retour par Meffieurs les Premiers Prefidens ayent fait affez de bruit,
pour vous infpirer la curiofité d'enſçavoir les principales pen- fées mais quandvous m'ordon-
158 LE MERCVRE nez de la fatisfaire , je ne vous déguiſe pointqueje ne ſçay pas où m'y prendre : car que vous puis-je dire làdeſſus qui appro- che de la beauté de ce que vous
me demandez Vous ſçavez ,
Madame , que les plus beaux endroits d'un Ouvrage paroif- ſent toûjours moins en fragmés,
que lors qu'ils font placez oùils doivent eſtre; cequi les devan- ce ou ce qui les fuit , leurdonne ſouvent des graces qu'ils n'au- roient pas fans cela , &tout ce que l'on endit lors qu'on ne les fait pas voir de fuite eft toû jours infiniment au deſſous de ce qu'il feroit dans le corps en- tier de l'Ouvrage, le defere pourtant trop à vos ſentimeris,
pour ne pas faire dés aujour- d'huyunepartie de ce quevous ſouhaitez Jewaydonavonsdire
GALANT. 159 ce que je ſçay de deuxHaran- gues ſeulement , en attendant que je puiſſe m'informer plus particulierement des autres.
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Résumé : « J'allois fermer ma Lettre, lors que j'ay reçeu la [...] »
L'auteur répond à une demande concernant les harangues faites au roi à son retour. Il reconnaît la difficulté de fournir une réponse précise, car les passages les plus marquants d'un ouvrage se comprennent mieux dans leur contexte. Il admet ne pas pouvoir offrir une description complète mais accepte de partager les informations qu'il possède sur deux harangues, en attendant d'en savoir plus sur les autres. L'auteur exprime son respect pour les sentiments de la destinataire et s'engage à fournir une partie des informations demandées.
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3
p. 156-157
« Avoüez, Madame, que mes Lettres vous plairoient encor plus qu'elles [...] »
Début :
Avoüez, Madame, que mes Lettres vous plairoient encor plus qu'elles [...]
Mots clefs :
Ouvrage, Vers, Netteté
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texteReconnaissance textuelle : « Avoüez, Madame, que mes Lettres vous plairoient encor plus qu'elles [...] »
Avoüez , Madame , que mes Lettres vous plairoient encor plus qu'elles ne font , ſi elles eſtoient toûjours remplies de quelque Ouvrage de l'Illuſtre Perſonne àqui nousdevons ce- luy-cy. Elle fait aſſurément honneur à voſtre Beau Sexe.
Pour moy je tiens que ſon trop de merite eſt ſon ſeuldefaut, car
il me ſemble qu'eſtant auſſi-bien faite qu'elle eſt , elle ne devroit pas avoir tant d'eſprit. Il brille merveilleuſementdans ces Vers;
outre que l'expreſſion en eſt no- ble, ils fontd'une netteté achevée, &ont un touraifé &délicat qui fait qu'on entre fans peine dans la penſée , &qu'elle s'offre d'abord ſans embarras,
Pour moy je tiens que ſon trop de merite eſt ſon ſeuldefaut, car
il me ſemble qu'eſtant auſſi-bien faite qu'elle eſt , elle ne devroit pas avoir tant d'eſprit. Il brille merveilleuſementdans ces Vers;
outre que l'expreſſion en eſt no- ble, ils fontd'une netteté achevée, &ont un touraifé &délicat qui fait qu'on entre fans peine dans la penſée , &qu'elle s'offre d'abord ſans embarras,
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Résumé : « Avoüez, Madame, que mes Lettres vous plairoient encor plus qu'elles [...] »
La lettre exprime l'admiration pour une personne illustre dont les œuvres sont appréciées. L'auteur reconnaît que ses lettres gagneraient à contenir des œuvres de cette personne, qui honore le sexe féminin. Il estime que son principal défaut est son trop grand mérite. Il admire particulièrement l'esprit et la noblesse de l'expression dans ses vers, d'une netteté achevée et d'un tour raffiné.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 10-11
« La netteté de ces Vers vous fait assez voir qu'ils [...] »
Début :
La netteté de ces Vers vous fait assez voir qu'ils [...]
Mots clefs :
Netteté, Ouvrage
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texteReconnaissance textuelle : « La netteté de ces Vers vous fait assez voir qu'ils [...] »
La netteté de ces Vers vous
fait affez voir qu'ils viennent de Source. Ils font d'un Gentilhomme qui cherche la Nature
&
GALANT. 9
dans tout ce qu'il fait , & qui par là ne fait jamais rien que d'agreable. Cet Ouvrage n'é- tant pas le ſeul que vous ayez veude luy, le ſtyle vous endoit faire deviner le nom. Il y a des expreſſions heureuſes qui le di- ſtinguent affez pour ne vous donner aucune peine à le reconnoiftre.
fait affez voir qu'ils viennent de Source. Ils font d'un Gentilhomme qui cherche la Nature
&
GALANT. 9
dans tout ce qu'il fait , & qui par là ne fait jamais rien que d'agreable. Cet Ouvrage n'é- tant pas le ſeul que vous ayez veude luy, le ſtyle vous endoit faire deviner le nom. Il y a des expreſſions heureuſes qui le di- ſtinguent affez pour ne vous donner aucune peine à le reconnoiftre.
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5
p. 256-257
IV.
Début :
Pourquoy, Galant Mercure, estre tant circonspect ? [...]
Mots clefs :
Louanges, Gloire, Morale, Auteur, Ouvrage, Écriture
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texteReconnaissance textuelle : IV.
IV.
Ourquoy, Galant Mercure, eſtre tant
circonfpect?
Pourqu
Q'avons-nous dit quifoit fufpect?
Vous avez des égards étranges,
Vous eftes à l'excés ennemy des louanges
Quifont pour bien des Gens un Mets délicieux,
Unfifriand Repas , un Ragouft merveilleux.
Vous endonnez à tous d'une main libérale,
Et vous les refufez. Voulez- vousfaire
voir
Qu'il eft plus glorieux , comme ondit en
Morale,
5
du Mercure Galant. 257
De donner que de recevoir?
Et-bien, ilfaut vousfatisfaire.
Je me tais fur ce point , mais jefuis en co-
Lere..
Apres s'eftre efforcé de loner, quoy qu'en
vain,
Les belles qualitez d'un celebre Ecrivain,
S'il ne m'eftpaspermis de louerl'Ecriture
Et l'Ouvrage de cet Autheur,
Je lefais malgré tout , il m'agagné le coeur
Souffrez donc ce qu'en dit LA. BELL &
NOURRITURE.
DU HAVRE..
Ourquoy, Galant Mercure, eſtre tant
circonfpect?
Pourqu
Q'avons-nous dit quifoit fufpect?
Vous avez des égards étranges,
Vous eftes à l'excés ennemy des louanges
Quifont pour bien des Gens un Mets délicieux,
Unfifriand Repas , un Ragouft merveilleux.
Vous endonnez à tous d'une main libérale,
Et vous les refufez. Voulez- vousfaire
voir
Qu'il eft plus glorieux , comme ondit en
Morale,
5
du Mercure Galant. 257
De donner que de recevoir?
Et-bien, ilfaut vousfatisfaire.
Je me tais fur ce point , mais jefuis en co-
Lere..
Apres s'eftre efforcé de loner, quoy qu'en
vain,
Les belles qualitez d'un celebre Ecrivain,
S'il ne m'eftpaspermis de louerl'Ecriture
Et l'Ouvrage de cet Autheur,
Je lefais malgré tout , il m'agagné le coeur
Souffrez donc ce qu'en dit LA. BELL &
NOURRITURE.
DU HAVRE..
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Résumé : IV.
L'auteur critique 'Mercure Galant' pour son refus des compliments, perçus comme délicieux par beaucoup. Il se demande si cette attitude vise à paraître plus glorieux en donnant qu'en recevant. Il mentionne un écrivain célèbre dont il n'a pas pu louer l'œuvre, bien qu'il en ait été touché. Il cite 'LA. BELL & NOURRITURE' du Havre.
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6
p. 322-324
Livre nouveau, [titre d'après la table]
Début :
On a commencé à débiter chez le Sieur Thomas Guilain [...]
Mots clefs :
Nouvelle traduction, Ouvrage, Auteur, Préface, Morale
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texteReconnaissance textuelle : Livre nouveau, [titre d'après la table]
On a commencé à débiter
chez le Sicur Thomas Guil
lain fur le Quay des Augus
GALANT. 323
Ains , une nouvelle tradution
de Lucrece qu'on eftime
fort. Elle eft de M'le Baron
des Coûtures , & par la
maniere dont il eſt entré dans
le vray ſens de l'Autheur , on
connoiſt qu'il s'eſt appliqué
à ce travail avec tout le ſoin
que demandoit une pareille
entrepriſe. Il nous l'a donné
accompagné d'une fort belle
Préface ,dans laquelle il nous
a fait voir quel a eſté l'ef
prit de Lucrece , lors que
dans l'Ouvrage qu'il nous a
laiffé , il a joint à la démonftration
des chofes naturel
324 MERCURE
les , ce que la Morale a de
plus beaux traits. Cette nouvelle
traduction eſt divisée en
deux Tomes, avec des Remarques
ſur les endroits les
plus difficiles.
chez le Sicur Thomas Guil
lain fur le Quay des Augus
GALANT. 323
Ains , une nouvelle tradution
de Lucrece qu'on eftime
fort. Elle eft de M'le Baron
des Coûtures , & par la
maniere dont il eſt entré dans
le vray ſens de l'Autheur , on
connoiſt qu'il s'eſt appliqué
à ce travail avec tout le ſoin
que demandoit une pareille
entrepriſe. Il nous l'a donné
accompagné d'une fort belle
Préface ,dans laquelle il nous
a fait voir quel a eſté l'ef
prit de Lucrece , lors que
dans l'Ouvrage qu'il nous a
laiffé , il a joint à la démonftration
des chofes naturel
324 MERCURE
les , ce que la Morale a de
plus beaux traits. Cette nouvelle
traduction eſt divisée en
deux Tomes, avec des Remarques
ſur les endroits les
plus difficiles.
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7
p. 9-14
Presens de Monsieur Constance au Roy.
Début :
Une chaîne d'or tres-grande, & d'un beau travail. [...]
Mots clefs :
Japon, Chine, Tasses, Constantin Phaulkon, Roi de France, Ouvrage, Argent, Assiettes, Thé, Présents, Porcelaines, Alexandre de Chaumont
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texteReconnaissance textuelle : Presens de Monsieur Constance au Roy.
Preſens de Monsieur Constance
au Roy.
Une chaîne d'or tres-grande, &
d'un beau travail .
Un gobelet couvert d'argent ,
avec un ouvrage relevé d'or.
Deux petits coffres d'argent, du
Japon.
Trois chocolatieres d'argent, du
Japon .
Une grande coupe d'argent à
fix côtes , du Japon.
Deux taſſes à quatre côtes avec
un manche de meſme ouvrage.
Deux taſſes à trois pieds avec
deux oreilles , du Japon.
Deux autres taſſes de differentes
façons , &de meſme ouvrage.
{
10 Prefens de M. Constance
Deux taſſes rondes de meſme
ouvrage.
Deux autres taſſes à huit côtes ,
ſans pieds , avec des oreilles .
Il y a un boüilly d'argent pour
chauffer l'eau pour leThe, & cuire
le Jancam .
Deux plus petites taſſes avec une
oreille , de mefme ouvrage.
Deux chocolatieres de meſme
ouvrage.
Quatre diverſes petites pieces
ſervant à bruler des ſenteurs , à la
maniere de la Chine & du Japon .
Une petite tabatiere de meſme
ouvrage .
Une boëtte plus grande, de meſ
me o uvrage.
Uris Doëtte avec ſon baſſin , de
camba.cq.
Porcelaines.
Douze affiettes fines & antiques,
pointées de bleu.
Douze autres tres - anciennes ,
au Roy de France.
rouges & bleuës .
Douze autres affiettes du Japon ,
de diverſes couleurs .
Six affiettes à huit côtes , du
Japon.
Unplat ouvrage àjour,duJapon.
Six petites taſſes avec leurs baffins
, tres- anciennes , de la Chine.
Deux plus grandes taſſes avec
leurs baſſins , fines & antiques.
Six petites taſſes avec leurs bafſins
, d'une façon ancienne .
Deux affiettes tres - fines & anciennes
, de la Chine.
Six affiettes de bois verny avec
du cuivre émaillé .
Trois petits pots de terre extraordinaire
pour le Thé, de la Chine.
Un oiſeau de proye , duJapon.
Deux canards , du Japon.
Deux chiens blancs bien faits ,
du Japon.
Un petit fourneau de terre de
la Chine , pour faire boüillir l'eau
12 Preſens de M. Constance
pour le Thé , & pour cuire le Jan
cam , ſuivant l'inſtruction .
Seize pieces de differentes fortes
de terre de Patane au deſſus de
Mingal , pour cuire l'eau .
Vingt- cinq figures de pierre , de
la Chine.
Deux paravens de ſix côtes cha
cun , du Japon .
Deux cabinets de meſme ouvrage.
Deux cabinets d'autre façon ,
auſſi du Japon.
Une boëtte de vernis du Japon,
pour mettre des peignes .
Quatre pieds de lit de vernis ,
du Japon.
Un ſervice d'une dame , du Ja
pon.
Deux boëttes pour la poudre ,
du Japon.
Deux autres boëttes à fins compartimens
, pour faire des mede
cines.
au Roy de France. 13
Un autre ſervice d'une dame,du
Japon.
Un autre ſervice different.l
Deux boëttes qui en ont trois
chacune , du Japon.
Un petit paravent à huit côtes,
de la Chine , dont le Roy ſe ſert à
mettre ſur la table .
Un petit bandege , du Japon:
Un autre bandege où il y en a
trois enſemble , pour mettre trois
taſſes de Thé.
Deux cuillieres d'agathe .
Un manteau de dame de Siam
doré , de ſoye de Patane , qui fervira
de montre .
Une piece d'étoffe de Caſinire,
qui ſervira de montre pour voir ſi
cela pourra ſervir au Roy , & Sa
Majeſté n'aura qu'à commander.
Deux boüillis pleins de Thé ,
extraordinaires , dontſe ſert le Roy
de la Chine.
Un autre plus petit , & encore
14 Preſens du Roy de Siam
plus extraordinaire.
Le poids de huits tels de Jancam
, mis entre les mains de M
l'Ambaſſadeur pour en avoir foin .
Un coffre du Japon plein de nids
d'oiſeaux.
Sept grands vaſes de pourcelaine
de differentes façons , trois de
la Chine , & quatre du Japon .
Deux chapelets de Calamba, l'un
garny d'or , & l'autre de tambac.
Trois cornes de Rhinoceros ,
dont l'une vient d'un buffle .
Deux oiſeaux de proye, de pourcelaine.
au Roy.
Une chaîne d'or tres-grande, &
d'un beau travail .
Un gobelet couvert d'argent ,
avec un ouvrage relevé d'or.
Deux petits coffres d'argent, du
Japon.
Trois chocolatieres d'argent, du
Japon .
Une grande coupe d'argent à
fix côtes , du Japon.
Deux taſſes à quatre côtes avec
un manche de meſme ouvrage.
Deux taſſes à trois pieds avec
deux oreilles , du Japon.
Deux autres taſſes de differentes
façons , &de meſme ouvrage.
{
10 Prefens de M. Constance
Deux taſſes rondes de meſme
ouvrage.
Deux autres taſſes à huit côtes ,
ſans pieds , avec des oreilles .
Il y a un boüilly d'argent pour
chauffer l'eau pour leThe, & cuire
le Jancam .
Deux plus petites taſſes avec une
oreille , de mefme ouvrage.
Deux chocolatieres de meſme
ouvrage.
Quatre diverſes petites pieces
ſervant à bruler des ſenteurs , à la
maniere de la Chine & du Japon .
Une petite tabatiere de meſme
ouvrage .
Une boëtte plus grande, de meſ
me o uvrage.
Uris Doëtte avec ſon baſſin , de
camba.cq.
Porcelaines.
Douze affiettes fines & antiques,
pointées de bleu.
Douze autres tres - anciennes ,
au Roy de France.
rouges & bleuës .
Douze autres affiettes du Japon ,
de diverſes couleurs .
Six affiettes à huit côtes , du
Japon.
Unplat ouvrage àjour,duJapon.
Six petites taſſes avec leurs baffins
, tres- anciennes , de la Chine.
Deux plus grandes taſſes avec
leurs baſſins , fines & antiques.
Six petites taſſes avec leurs bafſins
, d'une façon ancienne .
Deux affiettes tres - fines & anciennes
, de la Chine.
Six affiettes de bois verny avec
du cuivre émaillé .
Trois petits pots de terre extraordinaire
pour le Thé, de la Chine.
Un oiſeau de proye , duJapon.
Deux canards , du Japon.
Deux chiens blancs bien faits ,
du Japon.
Un petit fourneau de terre de
la Chine , pour faire boüillir l'eau
12 Preſens de M. Constance
pour le Thé , & pour cuire le Jan
cam , ſuivant l'inſtruction .
Seize pieces de differentes fortes
de terre de Patane au deſſus de
Mingal , pour cuire l'eau .
Vingt- cinq figures de pierre , de
la Chine.
Deux paravens de ſix côtes cha
cun , du Japon .
Deux cabinets de meſme ouvrage.
Deux cabinets d'autre façon ,
auſſi du Japon.
Une boëtte de vernis du Japon,
pour mettre des peignes .
Quatre pieds de lit de vernis ,
du Japon.
Un ſervice d'une dame , du Ja
pon.
Deux boëttes pour la poudre ,
du Japon.
Deux autres boëttes à fins compartimens
, pour faire des mede
cines.
au Roy de France. 13
Un autre ſervice d'une dame,du
Japon.
Un autre ſervice different.l
Deux boëttes qui en ont trois
chacune , du Japon.
Un petit paravent à huit côtes,
de la Chine , dont le Roy ſe ſert à
mettre ſur la table .
Un petit bandege , du Japon:
Un autre bandege où il y en a
trois enſemble , pour mettre trois
taſſes de Thé.
Deux cuillieres d'agathe .
Un manteau de dame de Siam
doré , de ſoye de Patane , qui fervira
de montre .
Une piece d'étoffe de Caſinire,
qui ſervira de montre pour voir ſi
cela pourra ſervir au Roy , & Sa
Majeſté n'aura qu'à commander.
Deux boüillis pleins de Thé ,
extraordinaires , dontſe ſert le Roy
de la Chine.
Un autre plus petit , & encore
14 Preſens du Roy de Siam
plus extraordinaire.
Le poids de huits tels de Jancam
, mis entre les mains de M
l'Ambaſſadeur pour en avoir foin .
Un coffre du Japon plein de nids
d'oiſeaux.
Sept grands vaſes de pourcelaine
de differentes façons , trois de
la Chine , & quatre du Japon .
Deux chapelets de Calamba, l'un
garny d'or , & l'autre de tambac.
Trois cornes de Rhinoceros ,
dont l'une vient d'un buffle .
Deux oiſeaux de proye, de pourcelaine.
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Résumé : Presens de Monsieur Constance au Roy.
Le document énumère les présents offerts par Monsieur Constance au roi de France. Ces cadeaux comprennent principalement des objets d'art et de vaisselle en argent et en porcelaine, provenant du Japon et de la Chine. Parmi les objets notables figurent une grande chaîne d'or, un gobelet d'argent doré, plusieurs chocolatières, tasses et coupes d'argent, ainsi que des pièces de porcelaine fine et antique. Le document mentionne également des objets décoratifs tels que des paravents, des cabinets, des boîtes à poudre et des services de dame. Des articles plus exotiques sont également listés, comme des nids d'oiseaux, des cornes de rhinocéros et des oiseaux de proie en porcelaine. Enfin, des étoffes et des mantaux sont offerts pour évaluation par le roi.
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8
p. 14-19
Presens du Roy de Siam à Monseigneur.
Début :
Deux calanes du Japon, garnies de tambacq, qui sont deux lames [...]
Mots clefs :
Japon, Argent, Ouvrage, Fleurs, Vernis, Coupe, Pierre, Tapis, Coffre, Louis de France, Alexandre de Chaumont
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Presens du Roy de Siam à Monseigneur.
Preſens du Roy de Siam
àMonseigneur.
Deux calanes du Japon , garnies
de tambacq , qui font deux lames
de fabre tres - larges , au bout d'un
bois bien long.
Une éguiere avec ſon baſſin d'or,
à Monseigneur. 15
ouvrage du Japon.
Une petite coupe d'or entourée
Un boüilly d'or pour le Thé.
d'un rameau , ouvrage du Japon
tres-curieux .
Une coupe d'or , ouvrage du Ja
pon .
Une coupe_avec ſon petit plat
d'argent , du Japon.
Une chocolatiere d'argent, fleurs
d'or.
Une autre chocolatiere d'argent
, fleurs d'or , d'un ouvrage fort
relevé , du Japon.
Deux pots d'argent couverts.
Deux écritoires
vrage du Japon .
d'argent , ou-
Deux taſſes couvertes d'argent
avec des ornemens d'or .
Une grande taſſe d'argent avec
des ornemens d'or , ouvrage curieux
du Japon.
Deux taſſes d'argent , du Japon.
Deux petites taſſes avec leurs
16 Presens du Roy de Siam
petits plats d'argent , avec des or
neniens d'or .
Deux autres petites taſſes entourées
de rameaux avec leurs baffins
, le tout d'argent.
Deux autres petites taſſes d'une
autre façon.
Une petite tabatiere d'argent ,
ouvrage du Japon .
Un grand vaſe avec un baſſin
d'argent , du Japon , fort beau.
Deux dames du Japon , qui portent
chacune dans leurs mains un
petit plat & une taſſe d'argent , &
quand la taſſe eſt pleine d'un cordial
, les dames vont à la promenade.
Un crabe d'argent , qui porte
fur le dos une coupe ,& qui marche
par reffort .
Une coupe faite d'une ſeule pier .
rè , avec un feüillage autour , ouvrage
de la Chine .
Une coupe couverte de rameaux,
chargée
à Monseigneur. 17
:
chargée de fleurs & de fruits .
Une petite coupe de pierre , entourée
d'un ſerpent.
Deux petites coupes de pierre,
d'un ouvrage admirable .
Un lion de la Chine , fait d'une
ſeule pierre.
Une petite éguiere d'une ſeule
pierre .
Deux robes de chambre du Japon
, bien travaillées .
Un tapis de velours verd à fleurs ,
d'Indouſtan .
Un tapis de ſoye à fleurs , de
diverſes couleurs .
Un tapis de foye & velours, cou.
leur d'or , d'Indouſtan.
Un tapis de drap à fleurs , auſſi
de diverſes couleurs .
Deux cabinets d'argent , garnis ,
ouvrage du Japon .
Un petit coffre partie de cuivre
rouge , partie de vernis , du Japon.
Deux pupitres garnis d'argent,
B
18 Prefens du Roy de Siam
l'un d'écaille de tortuë , & l'autre
de vernis , du Japon.
Quatre grands bandeges bordez
d'argent.
Un petit coffre garny d'argent.
Vingr&une fortes de bandeges
grands & petits , tres - beaux , du
Japon .
Deux falieres d'écaille de tortuë
, & trois autres de vernis , du
Japon , une garnie d'argent .
Une petite table de vernis , du
Japon.
Un petit coffre plat d'écaille de
tortuë .
Une petite faliere du Japon .
Un tiroir couvert à compartimens.
Un petit coffre où il y en a douze
autres de vernis , du Japon.
Une grande boëtte avec ſon
bandege , de vernis noir à fleurs
d'or.
Deux petites boëttes de vernis
à Monseigneur. 19
rouge.
Un ſervice d'un Grand du Japon
, pour ſa maiſon .
Deux lanternes de ſoye à di
verſes fleurs , garnies d'argent.
Un petit cabinet du Japon.
Deux paravents de foye du Japon
, ouvrage admirable.
Trois coffres , deux rouges & un
noir , vernis , du Japon.
Deux boëttes vernies or & verd.
Six livres & demie d'aquila .
Outre cela il y a quatre-vingtquatre
pieces de porcelaine , tant
grandes que petites ,
belles .
àMonseigneur.
Deux calanes du Japon , garnies
de tambacq , qui font deux lames
de fabre tres - larges , au bout d'un
bois bien long.
Une éguiere avec ſon baſſin d'or,
à Monseigneur. 15
ouvrage du Japon.
Une petite coupe d'or entourée
Un boüilly d'or pour le Thé.
d'un rameau , ouvrage du Japon
tres-curieux .
Une coupe d'or , ouvrage du Ja
pon .
Une coupe_avec ſon petit plat
d'argent , du Japon.
Une chocolatiere d'argent, fleurs
d'or.
Une autre chocolatiere d'argent
, fleurs d'or , d'un ouvrage fort
relevé , du Japon.
Deux pots d'argent couverts.
Deux écritoires
vrage du Japon .
d'argent , ou-
Deux taſſes couvertes d'argent
avec des ornemens d'or .
Une grande taſſe d'argent avec
des ornemens d'or , ouvrage curieux
du Japon.
Deux taſſes d'argent , du Japon.
Deux petites taſſes avec leurs
16 Presens du Roy de Siam
petits plats d'argent , avec des or
neniens d'or .
Deux autres petites taſſes entourées
de rameaux avec leurs baffins
, le tout d'argent.
Deux autres petites taſſes d'une
autre façon.
Une petite tabatiere d'argent ,
ouvrage du Japon .
Un grand vaſe avec un baſſin
d'argent , du Japon , fort beau.
Deux dames du Japon , qui portent
chacune dans leurs mains un
petit plat & une taſſe d'argent , &
quand la taſſe eſt pleine d'un cordial
, les dames vont à la promenade.
Un crabe d'argent , qui porte
fur le dos une coupe ,& qui marche
par reffort .
Une coupe faite d'une ſeule pier .
rè , avec un feüillage autour , ouvrage
de la Chine .
Une coupe couverte de rameaux,
chargée
à Monseigneur. 17
:
chargée de fleurs & de fruits .
Une petite coupe de pierre , entourée
d'un ſerpent.
Deux petites coupes de pierre,
d'un ouvrage admirable .
Un lion de la Chine , fait d'une
ſeule pierre.
Une petite éguiere d'une ſeule
pierre .
Deux robes de chambre du Japon
, bien travaillées .
Un tapis de velours verd à fleurs ,
d'Indouſtan .
Un tapis de ſoye à fleurs , de
diverſes couleurs .
Un tapis de foye & velours, cou.
leur d'or , d'Indouſtan.
Un tapis de drap à fleurs , auſſi
de diverſes couleurs .
Deux cabinets d'argent , garnis ,
ouvrage du Japon .
Un petit coffre partie de cuivre
rouge , partie de vernis , du Japon.
Deux pupitres garnis d'argent,
B
18 Prefens du Roy de Siam
l'un d'écaille de tortuë , & l'autre
de vernis , du Japon.
Quatre grands bandeges bordez
d'argent.
Un petit coffre garny d'argent.
Vingr&une fortes de bandeges
grands & petits , tres - beaux , du
Japon .
Deux falieres d'écaille de tortuë
, & trois autres de vernis , du
Japon , une garnie d'argent .
Une petite table de vernis , du
Japon.
Un petit coffre plat d'écaille de
tortuë .
Une petite faliere du Japon .
Un tiroir couvert à compartimens.
Un petit coffre où il y en a douze
autres de vernis , du Japon.
Une grande boëtte avec ſon
bandege , de vernis noir à fleurs
d'or.
Deux petites boëttes de vernis
à Monseigneur. 19
rouge.
Un ſervice d'un Grand du Japon
, pour ſa maiſon .
Deux lanternes de ſoye à di
verſes fleurs , garnies d'argent.
Un petit cabinet du Japon.
Deux paravents de foye du Japon
, ouvrage admirable.
Trois coffres , deux rouges & un
noir , vernis , du Japon.
Deux boëttes vernies or & verd.
Six livres & demie d'aquila .
Outre cela il y a quatre-vingtquatre
pieces de porcelaine , tant
grandes que petites ,
belles .
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Résumé : Presens du Roy de Siam à Monseigneur.
Le document énumère les présents offerts par le roi de Siam, incluant divers objets du Japon tels que des calanes garnies de tambacq, une éguière avec son bassin d'or, des coupes et des tasses d'or et d'argent, des chocolatières d'argent ornées de fleurs d'or, des écritoires, des pots couverts, des boîtes à thé, des tabatières, des vases, des dames porteuses de plats et de tasses, un crabe d'argent portant une coupe, et des robes de chambre. Parmi les objets chinois figurent une coupe en pierre avec un feuillage, une coupe couverte de rameaux, des coupes de pierre, un lion en pierre, et une éguière en pierre. Le document mentionne également des tapis de l'Indoustan, des cabinets d'argent, des coffres, des pupitres, des bandeges, des falieres, des tables, des tiroirs, des boîtes, des lanternes, des paravents, et des coffres vernissés. Enfin, il est fait référence à un service d'un grand du Japon, des lanternes de soie, des livres d'aquila, et quatre-vingt-quatre pièces de porcelaine.
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9
p. 19-24
Presens que la Princesse Reine de Siam envoye à Madame la Dauphine.
Début :
Une éguiere d'or, ouvrage du Japon. Une boëtte ronde [...]
Mots clefs :
Japon, Argent, Vernis, Boîte, Ouvrage, Présents, Marie-Anne de Bavière, Princesse reine de Siam, Fleurs, Rouge, Alexandre de Chaumont
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texteReconnaissance textuelle : Presens que la Princesse Reine de Siam envoye à Madame la Dauphine.
Prefens que la Princeſſe Reine de
Siam envoye à Madame
la Dauphine.
Une éguiere d'or , ouvrage du
Japon.
Une boëtte ronde couverte d'or,
Bj
20 Prefens de la Reine de Siam
du Japon.
Une petite chocolatiere d'or, du
Japon.
Une petite boëtte ronde couverte
d'or , du Japon .
Une petite coupe d'or avec un
plat d'argent , ouvrage du Japon.
Un grand flacon d'argent , un
lion audeſſus , ouvrage relevé du
Japon , avec un grand baffin d'argent
Deux autres vaſes de meſme ,
plus petits.
-Deux chocolatieres d'argent ,
ouvrage relevé du Japon.
Deux autres chocolatieres d'argent,
du Japon.
Deux grandes taſſes d'argent, du
Japon.
Deux petites taſſes avec leurs
baſſins d'argent , du Japon .
Deux autres plus petites taſſes
avec leurs baffins d'argent enlaſſez
de fleurs, du Japon.
à Madame la Dauphine. 21
Un grand coeur d'argent , du Japon.
Deux dames du Japon , d'argent
doré & émaillé , qui portent chacune
une petite taſſe à la main , &
vont par reffort
Une petite boëtte à manche
d'argent , du Japon.
Un paravent à douze feüilles ,
de bois du Japon, avec des oiſeaux
& des arbres de pieces de raport ,
avec les bords dorez .
Unparavent plus grand à douze
feüilles , de ſoye , fond violet , avec
des animaux & des arbres de pluſieurs
couleurs, de piecesde raport.
Un autre plus petit paraventde
foye, avec des peintures de la Chine
tres belles.
Deux cabinets de bois vernis
blanc , à fleurs de diverſes couleurs
, avec des ornemens de cuivre
doré.
Deux robes de chambre du Ja
Bij
22 Prefens de la Reine de Siam
pon , d'un beauté extraordinaire )
& une autre plus commune.
Une écritoire d'écaille de tortuë
à compartimens.
Deux porte- livres de vernis , bordez
d'argent.
Vingt & une fortes de bandeges
d'ouvrage du Japon.
Quatre doubles petites boëttes
de vernis du Japon .
Une boëtte platte , & deux autres
petites , de ſoye du Japon.
Deux écritoires d'écaille de tortuë
, du Japon.
Deux autres de vernis , du Japon .
Une boëtte ronde , rouge , garnie
d'argent , de Japon .
Sept petites boëttes differentes,
Vne boëtte quarée avec douze
vernies , du Japon .
autres petites , du Japon.
Vn ſervice d'une dame du Japon
, d'écaille de tortuë .
Un coffre à huit coſtez , du Ja
à Madame la Dauphine. 23
pon , plein de petites boëttes trescurieuſes
.
Vn autre ſervice rouge de vernis
, pour une dame du Japon.
Vne tablette d'écaille de tortuë,
ornée d'argent.
Vne petite table de vernis rouge
, du Japon.
Vne autre petite table de vernis
du Japon.
Vn cabinet, de vernis , tres- beau .
Trois autres cabinets de vernis
du Japon , garnis de cuivre doré ,
tres-beaux.
Vne grande boëtte ronde double
, à fleurs d'or .
Vn tiroir couvert à pluſieurs
compartimens .
Deux grands bandeges garnis
d'argent.
Deux autres grands de vernis ,
du Japon.
Deux coffres de vernis rouge,
garnis d'argent.
24 Prefens de la Reine de Siam
Deux boëttes de vernis à fleurs
d'or & verd.
Un évantail de bambous & de
ſoye.
Deux coffres de vernis noir , de
cuivre doré .
Il y a outre cela fix cens quarante
pieces de porcelaine tresbelles.
Siam envoye à Madame
la Dauphine.
Une éguiere d'or , ouvrage du
Japon.
Une boëtte ronde couverte d'or,
Bj
20 Prefens de la Reine de Siam
du Japon.
Une petite chocolatiere d'or, du
Japon.
Une petite boëtte ronde couverte
d'or , du Japon .
Une petite coupe d'or avec un
plat d'argent , ouvrage du Japon.
Un grand flacon d'argent , un
lion audeſſus , ouvrage relevé du
Japon , avec un grand baffin d'argent
Deux autres vaſes de meſme ,
plus petits.
-Deux chocolatieres d'argent ,
ouvrage relevé du Japon.
Deux autres chocolatieres d'argent,
du Japon.
Deux grandes taſſes d'argent, du
Japon.
Deux petites taſſes avec leurs
baſſins d'argent , du Japon .
Deux autres plus petites taſſes
avec leurs baffins d'argent enlaſſez
de fleurs, du Japon.
à Madame la Dauphine. 21
Un grand coeur d'argent , du Japon.
Deux dames du Japon , d'argent
doré & émaillé , qui portent chacune
une petite taſſe à la main , &
vont par reffort
Une petite boëtte à manche
d'argent , du Japon.
Un paravent à douze feüilles ,
de bois du Japon, avec des oiſeaux
& des arbres de pieces de raport ,
avec les bords dorez .
Unparavent plus grand à douze
feüilles , de ſoye , fond violet , avec
des animaux & des arbres de pluſieurs
couleurs, de piecesde raport.
Un autre plus petit paraventde
foye, avec des peintures de la Chine
tres belles.
Deux cabinets de bois vernis
blanc , à fleurs de diverſes couleurs
, avec des ornemens de cuivre
doré.
Deux robes de chambre du Ja
Bij
22 Prefens de la Reine de Siam
pon , d'un beauté extraordinaire )
& une autre plus commune.
Une écritoire d'écaille de tortuë
à compartimens.
Deux porte- livres de vernis , bordez
d'argent.
Vingt & une fortes de bandeges
d'ouvrage du Japon.
Quatre doubles petites boëttes
de vernis du Japon .
Une boëtte platte , & deux autres
petites , de ſoye du Japon.
Deux écritoires d'écaille de tortuë
, du Japon.
Deux autres de vernis , du Japon .
Une boëtte ronde , rouge , garnie
d'argent , de Japon .
Sept petites boëttes differentes,
Vne boëtte quarée avec douze
vernies , du Japon .
autres petites , du Japon.
Vn ſervice d'une dame du Japon
, d'écaille de tortuë .
Un coffre à huit coſtez , du Ja
à Madame la Dauphine. 23
pon , plein de petites boëttes trescurieuſes
.
Vn autre ſervice rouge de vernis
, pour une dame du Japon.
Vne tablette d'écaille de tortuë,
ornée d'argent.
Vne petite table de vernis rouge
, du Japon.
Vne autre petite table de vernis
du Japon.
Vn cabinet, de vernis , tres- beau .
Trois autres cabinets de vernis
du Japon , garnis de cuivre doré ,
tres-beaux.
Vne grande boëtte ronde double
, à fleurs d'or .
Vn tiroir couvert à pluſieurs
compartimens .
Deux grands bandeges garnis
d'argent.
Deux autres grands de vernis ,
du Japon.
Deux coffres de vernis rouge,
garnis d'argent.
24 Prefens de la Reine de Siam
Deux boëttes de vernis à fleurs
d'or & verd.
Un évantail de bambous & de
ſoye.
Deux coffres de vernis noir , de
cuivre doré .
Il y a outre cela fix cens quarante
pieces de porcelaine tresbelles.
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Résumé : Presens que la Princesse Reine de Siam envoye à Madame la Dauphine.
Le document répertorie les présents offerts par la Princesse Reine de Siam à Madame la Dauphine. Ces présents incluent divers objets en or et en argent, principalement fabriqués au Japon. Parmi les articles offerts, on trouve des éguires, boëttes, chocolatières, coupes, flacons, tasses et autres récipients. Des objets décoratifs tels que des paravents, cabinets, robes de chambre et écritoires sont également mentionnés. Les matériaux utilisés pour ces objets comprennent l'or, l'argent, l'écaille de tortue, le vernis, la soie et le bois. Le document énumère aussi des services de table, des boëttes, des bandeges, des coffres et des éventails. En outre, six cent quarante pièces de porcelaine très belles sont notées.
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10
p. 24-26
Presens de la Princesse Reine de Siam à Monseigneur le Duc de Bourgogne.
Début :
Une petite chocolatiere d'or avec son petit plat d'argent, ouvrage [...]
Mots clefs :
Japon, Argent, Ouvrage, Vernis, Princesse reine de Siam, Duc de Bourgogne, Louis de France, Boîte, Tasse, Bassin, Alexandre de Chaumont
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texteReconnaissance textuelle : Presens de la Princesse Reine de Siam à Monseigneur le Duc de Bourgogne.
Prefens de la Princeſſe Reine de
Siam àMonseigneur le Duc
de Bourgogne.
Une petite chocolatiere d'or avec
fon_petit plat d'argent , ouvrage
du Japon.
Un vaſe d'argent , où il y a de
petits hommes qui ſe montrent
quand il y a de l'eau dedans.
Une boëtte ronde , & couverte
d'argent , ouvrage du Japon.
Un petit vaſe couvert d'argent ,
avec un lion deſſus , du Japon .
Ung
à M. le Duc de Bourgogne. 25
Une petite taſſe à deux anſes
avec ſon baffin d'argent , ouvrage
du Japon.
Une autre petite taſſe avec ſon
baffin d'argent , ouvrage relevé du
Japon.
Une femme Chinoiſe d'argent &
d'ambre , qui va par refforts.
Trois petits cabinets faits à Macao
capitale du Japon , garnis d'argent.
Quatre petites boëttes de même.
Un ſervice d'uneDame du Japon.
Une écritoire de vernis du Japon.
Un petit cabinet verny à deux
pattes , garny de cuivre doré.
Un porte livre de vernis du Japon
, garny d'argent.
Une table de vernis duJapon.
Une boëtte rouge d'ouvrage de
la Chine.
Un petit paravent à fix feüilles
de la Chine.
Une écritoirede vernis du Japon
à fleurs d'or.
C
26 Presens deM. Constance
Vn chien de porcelaine.
Il y a outre cela trente-deux petites
pieces de porcelaines.
Ily a unautre pareil Present pour
Monseigneurle Duc d'Anjou de lapart
de la Princeffe Reine de Siam.
Siam àMonseigneur le Duc
de Bourgogne.
Une petite chocolatiere d'or avec
fon_petit plat d'argent , ouvrage
du Japon.
Un vaſe d'argent , où il y a de
petits hommes qui ſe montrent
quand il y a de l'eau dedans.
Une boëtte ronde , & couverte
d'argent , ouvrage du Japon.
Un petit vaſe couvert d'argent ,
avec un lion deſſus , du Japon .
Ung
à M. le Duc de Bourgogne. 25
Une petite taſſe à deux anſes
avec ſon baffin d'argent , ouvrage
du Japon.
Une autre petite taſſe avec ſon
baffin d'argent , ouvrage relevé du
Japon.
Une femme Chinoiſe d'argent &
d'ambre , qui va par refforts.
Trois petits cabinets faits à Macao
capitale du Japon , garnis d'argent.
Quatre petites boëttes de même.
Un ſervice d'uneDame du Japon.
Une écritoire de vernis du Japon.
Un petit cabinet verny à deux
pattes , garny de cuivre doré.
Un porte livre de vernis du Japon
, garny d'argent.
Une table de vernis duJapon.
Une boëtte rouge d'ouvrage de
la Chine.
Un petit paravent à fix feüilles
de la Chine.
Une écritoirede vernis du Japon
à fleurs d'or.
C
26 Presens deM. Constance
Vn chien de porcelaine.
Il y a outre cela trente-deux petites
pieces de porcelaines.
Ily a unautre pareil Present pour
Monseigneurle Duc d'Anjou de lapart
de la Princeffe Reine de Siam.
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Résumé : Presens de la Princesse Reine de Siam à Monseigneur le Duc de Bourgogne.
Le document détaille les présents offerts par la Princesse Reine de Siam à Monseigneur le Duc de Bourgogne et à Monseigneur le Duc d'Anjou. Le Duc de Bourgogne a reçu divers objets, notamment une chocolatière d'or avec un plat d'argent du Japon, un vase d'argent contenant des figurines apparaissant lorsqu'il est rempli d'eau, plusieurs boîtes et vases couverts d'argent du Japon, des tasses à deux anses avec des baffins d'argent, une figurine de femme chinoise en argent et ambre, des cabinets et boîtes de Macao garnis d'argent, un service d'une Dame du Japon, divers objets de vernis du Japon, une boîte rouge de la Chine, un petit paravent à six feuilles de la Chine, et une écritoire de vernis du Japon à fleurs d'or. Le Duc d'Anjou a quant à lui reçu un chien de porcelaine et trente-deux petites pièces de porcelaine.
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11
p. 363-374
Detail de ce qui s'est passé aux Gobelins le jour que les Ambassadeurs y ont esté, avec la description de tout ce qu'ils ont vû en ce lieu. [titre d'après la table]
Début :
M le Brun les reçeut aux Gobelins, accompagné des plus [...]
Mots clefs :
Charles Le Brun, Gobelins, Ouvrage, Ambassadeur, Roi, Pièces, Pierres, Galerie, Travail
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Detail de ce qui s'est passé aux Gobelins le jour que les Ambassadeurs y ont esté, avec la description de tout ce qu'ils ont vû en ce lieu. [titre d'après la table]
M. le Brun les
reçeut aux Gobelins , accompagné
des plus Illuftres de ce
Hh ij
364 Voyage des Amb.
lieu- là. Ils entrerent d'abord
dans laGalerie de Mele Brun,
& falüerent Madame le Brun
d'une maniere fort obligeante.
Je laiſſe quantité de choſes
qu'ils admirerent,& vous
diray ſeulement que le premier
Ambaſſadeur reconnut
un Groupe de Figures qui
reprefentent des Luteurs , &
dit , qu'il en venoit de voir un
pareil à l' Academie . On examina
en uite un grand Tableau
d'Autel de M. le Brun.
C'est une Deſcente de Croix.
Il l'avoit fait pour M. l'Archeveſque
de Lyon , mais
de Siam. 383
M. de Louvois ayant jugé
qu'on n'en pouvoit avoir un
plus beau pour la Chapelle
neuve qu'on doit bâtir à
Verſailles, l'a retenu pour le
Roy. Ayant enſuite traverſé
tout l'Appartement de M.
le Brun , ils deſcendirent
dans la grande Court, où ils
trouverent ſept ou huit pieces
de Tapifleries tendues
dans le fonds , & faites aux
Gobelins.On en admira l'ous
vrage & la beauté. Le premier
Ambaſſadeur demanda
s'il ne verroit point travailler
seux qui faisoient de ſi belles chos
Hhij
366 Voyage des Amb.
و
fes , & M. le Brun répondit
qu'on luy alloit donner ce
plaifir. On entra enſuite dans
le lieu où l'on travaille aux
Ouvrages de Pierres de raport,
& dont le pied en carré
revient à plus de mille écus
felon qu'on le dit à l'Ambaffadeur
qui le demanda. Toutes
les Pierres qui entrent
dans cet Ouvrage font Pierres
precieuſes , & l'on en
taille de ſi petites qu'il eſt
preſque impoſſible de les
voir avant qu'ellesayent efté
miſes en oeuvre . Ce travail
eft dune tres grande lon.
de Siam. 367
gueur à cauſe de la dureté de
Lamatiere, & il faut pluſieurs
années pour en achever un
feul carreau . L'Ambaſſadeur
ne regarda pas ſeulement les
Pierres dont on ſe ſert pour
cet Ouvrage , il examina
tous les morceaux qui en avoient
eſté tirez ,& tous les
outils dont les Ouvriers ſe
fervent. On paffſa de là dans
la Salle des Orphévres , où
l'on demeura peu , parce que
ce travail n'eſtoit pas une
nouveauté pour les Ambaffadeurs.
Ils virent enfuite travailler
aux Tapifleriesi On
Hhinj
368 Voyage des Amb.
ne sçauroit exprimer avee
quelle attention ils s'atracherentà
regarder ce travail,
ny le plaiſir qu'ils y prirent.
Ils virent aufli le lieu où l'on
teint les Laines pour cesTapiſſeries
, & virent faire du
Lapis dans un autre endroit
pour un grand Ouvrage ,
dont je vay vous parler. Ils
allerent en un autre lieu
où travaillent les Sculpteurs?
en Bois , & virent toutes les
pieces d'une Gondole qu'on
y fait pour le Canal de Ver.
failles . L'Ambaffadeur y tra
vailla , & entre vingt Outils
de Siam 369
il prit juſtement celuy qui
eſtoit propre à l'endroit auquel
il vouloit toucher. Ils
virent auſſi travailler aux
Tapiſſeries de Baffe-Lice ,
& ce travail joint à celuy
qu'ils avoient vû , fut cauſe
qu'ils dirent , qu'on ne travail
loit passi bien aux Indes. Enfin
ils paſſerent dans une Galerie
qu'on a bâtie exprés de la
grandeur de celle dont M.
Mignard peint le Platfonds
à Verſailles . Les Pilaſtres de
cette Galerie , la Corniche ,
& generalement tout ce qui
regarde l'Architecture , &
370 Vobage des Amb.
le Corps de l'Ouvrage, doit
eſtre de Lapis , & tout remply
d'ornemens de bronze
doré. Le deſſein de cette
Architecture eſt de M. Manfard.
Les grands Paneaux
qui font entre ces Pilaftres,
feront remplis de grandes
glaces , dont les jointures
doivent eſtre cachées pari
des branches d'ornemens &
de groteſques répandus negligemment
ſur ces glaces ;
de maniere qu'une vingtaine
des plus grandes n'en paroi
tront qu'une ſeule. A mefure
que les morceaux de ce
de Siam.
37
grand Ouvrage s'achevent ,
on les place dans cette Galerie
faite pour modele aux
Gobelins , de forte que hors
le Platfonds elle s'y trouvera
toute entiere , & qu'il n'y
aura plus qu'à la tranſpotter
par pieces à Verſailles. On
n'a jamais oüy parler d'un
fi bel Ouvrage en aucun lieu
du monde , & l'on ne peut
ſe le repreſenter tel qu'il eſt ,
à moins que de l'avoir vû.
Cette Galerie fera pour mettre
les Bijoux qui font dans.
le Cabinet du Roy. L'Am
baſſadeur examina non ſeu372
Voyage desAmb.
lement ce qui en eſtoit dref
fé , mais il prit meſme les
Pieces qui n'eſtoient pas encore
dorées & les plaça
fur le Lapis à l'endroit où
elles doivent ſervir d'ornement.
Ils trouverent en fortant
de nouvelles Tapiſſeries
tendues dans la Court à la
place de celles qu'ils y avoient
veuës en entrant , &
les loüanges qu'on avoit dé
ja données à M. le Fevre
à M. Jance & aux autres qui
excellent en ces fortes d'Ouvrages,
redoublerent. Comme
la nuit approchoit , on
de Siam.
fut obligé d'apporter dans
la Court quatre grands Tableaux
de M. de Vandermeulen.
Ils reprefentent pluſieurs
Places priſes par le
Roy , & furent admirez . M.
le Brun qui accompagna par
tout les Ambaſſadeurs , donna
l'intelligence de tout ce
qu'ils virent , & répondit à
toutes leurs queſtions. Le
premier Ambaſſadeur charmé
, & de fon eſprit , & de
ſes Ouvrages , luy dit en fortant
aprés l'avoir remercié
des peines qu'il s'eſtoit données
, Qu'il n'avoit jamais veu
374 Voyage des Amb.
t'homme ſi univerſel , &que le
Roy le devoit faire travailler le
reſte de sa vie , parce qu'il n'en
trouveroit pas un autre aprés luy
qui pust remplir fa place. Il ajouta
, Que quoy qu'il fust beaucoup
occupé , il le prioit de trouver
le temps de venir diner avec
luy.
reçeut aux Gobelins , accompagné
des plus Illuftres de ce
Hh ij
364 Voyage des Amb.
lieu- là. Ils entrerent d'abord
dans laGalerie de Mele Brun,
& falüerent Madame le Brun
d'une maniere fort obligeante.
Je laiſſe quantité de choſes
qu'ils admirerent,& vous
diray ſeulement que le premier
Ambaſſadeur reconnut
un Groupe de Figures qui
reprefentent des Luteurs , &
dit , qu'il en venoit de voir un
pareil à l' Academie . On examina
en uite un grand Tableau
d'Autel de M. le Brun.
C'est une Deſcente de Croix.
Il l'avoit fait pour M. l'Archeveſque
de Lyon , mais
de Siam. 383
M. de Louvois ayant jugé
qu'on n'en pouvoit avoir un
plus beau pour la Chapelle
neuve qu'on doit bâtir à
Verſailles, l'a retenu pour le
Roy. Ayant enſuite traverſé
tout l'Appartement de M.
le Brun , ils deſcendirent
dans la grande Court, où ils
trouverent ſept ou huit pieces
de Tapifleries tendues
dans le fonds , & faites aux
Gobelins.On en admira l'ous
vrage & la beauté. Le premier
Ambaſſadeur demanda
s'il ne verroit point travailler
seux qui faisoient de ſi belles chos
Hhij
366 Voyage des Amb.
و
fes , & M. le Brun répondit
qu'on luy alloit donner ce
plaifir. On entra enſuite dans
le lieu où l'on travaille aux
Ouvrages de Pierres de raport,
& dont le pied en carré
revient à plus de mille écus
felon qu'on le dit à l'Ambaffadeur
qui le demanda. Toutes
les Pierres qui entrent
dans cet Ouvrage font Pierres
precieuſes , & l'on en
taille de ſi petites qu'il eſt
preſque impoſſible de les
voir avant qu'ellesayent efté
miſes en oeuvre . Ce travail
eft dune tres grande lon.
de Siam. 367
gueur à cauſe de la dureté de
Lamatiere, & il faut pluſieurs
années pour en achever un
feul carreau . L'Ambaſſadeur
ne regarda pas ſeulement les
Pierres dont on ſe ſert pour
cet Ouvrage , il examina
tous les morceaux qui en avoient
eſté tirez ,& tous les
outils dont les Ouvriers ſe
fervent. On paffſa de là dans
la Salle des Orphévres , où
l'on demeura peu , parce que
ce travail n'eſtoit pas une
nouveauté pour les Ambaffadeurs.
Ils virent enfuite travailler
aux Tapifleriesi On
Hhinj
368 Voyage des Amb.
ne sçauroit exprimer avee
quelle attention ils s'atracherentà
regarder ce travail,
ny le plaiſir qu'ils y prirent.
Ils virent aufli le lieu où l'on
teint les Laines pour cesTapiſſeries
, & virent faire du
Lapis dans un autre endroit
pour un grand Ouvrage ,
dont je vay vous parler. Ils
allerent en un autre lieu
où travaillent les Sculpteurs?
en Bois , & virent toutes les
pieces d'une Gondole qu'on
y fait pour le Canal de Ver.
failles . L'Ambaffadeur y tra
vailla , & entre vingt Outils
de Siam 369
il prit juſtement celuy qui
eſtoit propre à l'endroit auquel
il vouloit toucher. Ils
virent auſſi travailler aux
Tapiſſeries de Baffe-Lice ,
& ce travail joint à celuy
qu'ils avoient vû , fut cauſe
qu'ils dirent , qu'on ne travail
loit passi bien aux Indes. Enfin
ils paſſerent dans une Galerie
qu'on a bâtie exprés de la
grandeur de celle dont M.
Mignard peint le Platfonds
à Verſailles . Les Pilaſtres de
cette Galerie , la Corniche ,
& generalement tout ce qui
regarde l'Architecture , &
370 Vobage des Amb.
le Corps de l'Ouvrage, doit
eſtre de Lapis , & tout remply
d'ornemens de bronze
doré. Le deſſein de cette
Architecture eſt de M. Manfard.
Les grands Paneaux
qui font entre ces Pilaftres,
feront remplis de grandes
glaces , dont les jointures
doivent eſtre cachées pari
des branches d'ornemens &
de groteſques répandus negligemment
ſur ces glaces ;
de maniere qu'une vingtaine
des plus grandes n'en paroi
tront qu'une ſeule. A mefure
que les morceaux de ce
de Siam.
37
grand Ouvrage s'achevent ,
on les place dans cette Galerie
faite pour modele aux
Gobelins , de forte que hors
le Platfonds elle s'y trouvera
toute entiere , & qu'il n'y
aura plus qu'à la tranſpotter
par pieces à Verſailles. On
n'a jamais oüy parler d'un
fi bel Ouvrage en aucun lieu
du monde , & l'on ne peut
ſe le repreſenter tel qu'il eſt ,
à moins que de l'avoir vû.
Cette Galerie fera pour mettre
les Bijoux qui font dans.
le Cabinet du Roy. L'Am
baſſadeur examina non ſeu372
Voyage desAmb.
lement ce qui en eſtoit dref
fé , mais il prit meſme les
Pieces qui n'eſtoient pas encore
dorées & les plaça
fur le Lapis à l'endroit où
elles doivent ſervir d'ornement.
Ils trouverent en fortant
de nouvelles Tapiſſeries
tendues dans la Court à la
place de celles qu'ils y avoient
veuës en entrant , &
les loüanges qu'on avoit dé
ja données à M. le Fevre
à M. Jance & aux autres qui
excellent en ces fortes d'Ouvrages,
redoublerent. Comme
la nuit approchoit , on
de Siam.
fut obligé d'apporter dans
la Court quatre grands Tableaux
de M. de Vandermeulen.
Ils reprefentent pluſieurs
Places priſes par le
Roy , & furent admirez . M.
le Brun qui accompagna par
tout les Ambaſſadeurs , donna
l'intelligence de tout ce
qu'ils virent , & répondit à
toutes leurs queſtions. Le
premier Ambaſſadeur charmé
, & de fon eſprit , & de
ſes Ouvrages , luy dit en fortant
aprés l'avoir remercié
des peines qu'il s'eſtoit données
, Qu'il n'avoit jamais veu
374 Voyage des Amb.
t'homme ſi univerſel , &que le
Roy le devoit faire travailler le
reſte de sa vie , parce qu'il n'en
trouveroit pas un autre aprés luy
qui pust remplir fa place. Il ajouta
, Que quoy qu'il fust beaucoup
occupé , il le prioit de trouver
le temps de venir diner avec
luy.
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Résumé : Detail de ce qui s'est passé aux Gobelins le jour que les Ambassadeurs y ont esté, avec la description de tout ce qu'ils ont vû en ce lieu. [titre d'après la table]
Le texte relate la visite d'ambassadeurs aux ateliers des Gobelins, guidés par Charles Le Brun. La visite débuta par la galerie de Le Brun, où les ambassadeurs admirèrent un groupe de figures représentant des lutteurs et un grand tableau d'autel, 'La Descente de Croix', initialement destiné à l'archevêque de Lyon mais retenu pour la chapelle de Versailles par M. de Louvois. Ils traversèrent ensuite l'appartement de Le Brun et apprécièrent des tapisseries dans la cour. Les ambassadeurs exprimèrent le souhait de voir les artisans en action, ce que Le Brun leur permit. Ils visitèrent divers ateliers, notamment ceux de taille de pierres précieuses, d'orfèvrerie, de tapisserie, et de sculpture sur bois, où ils observèrent la fabrication de pièces pour une gondole. Ils admirèrent également les tapisseries de Basse-Lisse et comparèrent favorablement la qualité du travail français à celle des Indes. La visite se poursuivit dans une galerie conçue pour être reproduite à Versailles, ornée de lapis et de bronze doré, destinée à exposer les bijoux du cabinet du roi. Les ambassadeurs examinèrent les œuvres en cours et placèrent eux-mêmes certaines pièces. En fin de journée, ils admirèrent des tableaux de Vandermeulen représentant des places prises par le roi. Le Brun expliqua tout ce qu'ils virent et répondit à leurs questions. L'ambassadeur principal, impressionné par l'esprit et les œuvres de Le Brun, le complimenta sur son universalité et l'invita à dîner.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 286-297
Cabinet des Curiositez ou des Bijoux, [titre d'après la table]
Début :
Ils virent le Cabinet appellé des Curiositez, ou des Bijoux, [...]
Mots clefs :
Cabinet des curiosités, Cabinet des bijoux, Marbre, Cabinet, Figures, Marbre blanc, Ouvrage, Table, Carte de la France, Province, Cheminée, Vue, Bronze, Pierreries, Pièces
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Cabinet des Curiositez ou des Bijoux, [titre d'après la table]
Ils virent le Cabinet ap
pellé des Curiofitez , ou des
Bijoux , parce qu'il en eſt tout
remply . On y entre par la
derniere piece du grand Appartement
du Roy. Il eſt de
figure octogone , avec des niches
dans les angles. La voûte
eſt en maniere de dôme ;
elle eſt éclairée par le milieu.
des Amb. de Siam.
175
à
Le deſſein qui eſt de Monſieur
Manſard en plaiſt beaucoup
, auffi- bien que celuy de
la Cheminée qui eſt tout particulier.
On ne la peut voir
ſans y tenir la veuë attachée
pendant quelque temps ,
cauſe du plaifir qu'on prend
à la regarder. Tout l'ouvrage
de ce Cabinet eſt de Sculpture
, parmy laquelle il y a
beaucoup de Bronze doré. Il
eſt entierement entouré de
Glaces , & il y a des gradins
dans les niches au devant des
Glaces. Le reſte du Cabinet
eſt remply de conſoles ,
qui toutes auffi-bien que les
Z iij
276 Suite du Voyage
د
gradins ſont couvertes de Bi
joux. On n'y voit que des
Agathes de toutes fortes &
qui forment mille chofes differentes
; des Criſtaux de
grand prix , pour la maniere
dont ils font taillez ; de petites
Figures de Bronze antiques
; des Figures d'or , cou
vertes de pierreries ; & quantité
d'ouvrages curieux & de
pieces précieuſes de diverſes
Figures. Tout ce qui eſt dans
ce Cabinet eſt d'un fi grand
prix , qu'on n'y a point trouvé
de place pour les plus
belles Porcelaines, dont il n'y
en a point du tout. On y voit
des Amb. de Siam . 277
une tres -belle Nefd'or fur la
cheminée , & un grand &
riche Bureau dans le milieu
, remply de quantité de
Medailles antiques & modernes.
Aprés que les Ambaffadeurs
eurent vû dans le mê
me lieu une Caffette remplie
de pluſieurs petites Figures
d'or , on la leva de deſſus une
Table beaucoup moins confiderable
par ſa matiere , que
pour l'art , & pour l'uſage auquel
elle eſt deſtinée. Elle a
trois pieds & demy de long
ſur deux & demy de large.
Le fond eſt d'un Marbre
Zv
278 Suite du Voyage
blanc , fur lequel on a fait de
pieces de Marbre de rapport ,
une Carte de la France, réduite
dans toutes les préciſions
des dernieres obſervations
Aftronomiques.
Chaque Province y eſt diſtinguée
par un morceau de
Marbre d'une couleur qui luy
eſt particuliere , & taillé de la a
figure irreguliere que chaque
Province forme par les enclaves
, avec les Provinces qui
la bornent. Le nom de chaque
Province eſt marqué en
Lettres d'or capitales , & le
nom de ſes principales Villes
en italiques. L'on a affecté
des Amb. de Siam. 279
de mettre proche l'un de l'autre
les couleurs de Marbre
qui coupent davantage : par
exemple, l'Ifle de France d'un
bleu clair; la Champagne ,
d'un rouge de porphire ;
l'Orleannois , opale ; la
Beauce, feüille- morte ; mais la
delicateſſe de l'ouvrage , &
l'art de l'ouvrier paroiffent
particulierement dans les découpures
que la Mer & la
Terre font enſemble , où tous
les Caps que la Terre fait
dans la Mer , & toutes les
Bayes que la Mer forme dans
la Terre , font obſervez avec
une juſteſſe inconcevable ; &
1
280 Suite du Voyage
:
dans les Lacs & Rivieres qui
font de Marbre blanc , & refervez
du fond même de la
Table , nonobſtant le peu de
largeur , qui n'eſt ſouvent
qu'un filet dans l'origine des
Rivieres , & les differens tours
qu'elles prennent dans les
Terres .
On ne ſçauroit croire com
bien ces lignes de lait qui
ferpentent au travers de ces
differens Marbres , où le brun
domine,& ces Lettres d'or qui
brillent fur le tout,font un objet
agreable à la veuë.
Dans l'eſpace du Marbre
blanc qui marque la Mer
des Amb. de Siam. 281
Mediterranée , eft une Bouffole
de different Marbre delicatement
travaillée ; & dans
l'autre eſpace qui eſt pour la
Mer Oceane , il y a deux
Cartouches , dans l'un defquels
eſt écrit , Carte de la
France , avec ces mots tirez de
Virgile,& qui font une eſpece
de deviſe dont la France eft
le Corps : HA TIBI ERUNT
ARTES , pour marquer que
de tous les Arts où le Roy
pouvoit exceller , il s'eft reſervé
le plus glorieux & le
plus difficile , qui eſt celuy de
regner. Dans l'autre Cartouche
eſt le nom de celuy qui
282 Suite duVoyage
a preſenté cette Carte au
Roy.
L'Ocean du côté du Nord
eſt borné par les côtes d'Angleterre
, qui approchent le
plus de la France ; ce que
l'on a de coûtume de mettre
dans les Cartes de France du
même ouvrage & du même
deſſein , avec la méme exactitude
que le reſte.
La bordure eſt compofée
de deux bandes de Marbre
bleu , dont l'une eſt chargée
de ſa moûlure ; & d'une de
Marbre noir, ſur laquelle ſont
marquez les degrez de Longitude
& de Latitude par de
des Amb. de Siam.
283
petits quarrez longs de Marbre
blanc , qui ont eſté auſſi
refervez du fond de la Table.
Mr Couplet Maître de
Mathematique , la preſenta
à Sa Majesté le premier jour
de l'An 1684. Le Roy la reçût
avec ſa bonté ordinaire ,
& la fit placer dans le Cabinet
dont je viens de vous parler.
Le ſecond Ambaſſadeur
ayant encore jetté les yeux
fur tout ce cabinet , qui ne
paroiſt tapiffé que de pierreries
, dit , Qu'il n'avoit juſques
icy reconnu que trois Grandeurs
Sçavoir les Grandeurs Humaines,
1
284 Suite du Voyage
les Grandeur de Dieu , & les
Grandeurs du Paradis, que prefentement
il en reconnoiffort une
quatrième , qui estoit celle de Verfailles
Comme ils parloient du
bon ordre tout ce qu'ils
virent ce jour-là , on leur dit
qu'un ſeul Homme en avoit
le ſoin , & on leur nomma
Monsieur Bontemps. Ils dirent
qu'ils admiroient ſon intelligence ,
fon exactitude &sa memoire, &
que tout ce que faisoit leRoy étoit
digne d'estre remarqué , puiſqu'il
avoit peut- eftre choisi leſeul Homme
qui fuſt capable de toutes ces
choses enſemble.
pellé des Curiofitez , ou des
Bijoux , parce qu'il en eſt tout
remply . On y entre par la
derniere piece du grand Appartement
du Roy. Il eſt de
figure octogone , avec des niches
dans les angles. La voûte
eſt en maniere de dôme ;
elle eſt éclairée par le milieu.
des Amb. de Siam.
175
à
Le deſſein qui eſt de Monſieur
Manſard en plaiſt beaucoup
, auffi- bien que celuy de
la Cheminée qui eſt tout particulier.
On ne la peut voir
ſans y tenir la veuë attachée
pendant quelque temps ,
cauſe du plaifir qu'on prend
à la regarder. Tout l'ouvrage
de ce Cabinet eſt de Sculpture
, parmy laquelle il y a
beaucoup de Bronze doré. Il
eſt entierement entouré de
Glaces , & il y a des gradins
dans les niches au devant des
Glaces. Le reſte du Cabinet
eſt remply de conſoles ,
qui toutes auffi-bien que les
Z iij
276 Suite du Voyage
د
gradins ſont couvertes de Bi
joux. On n'y voit que des
Agathes de toutes fortes &
qui forment mille chofes differentes
; des Criſtaux de
grand prix , pour la maniere
dont ils font taillez ; de petites
Figures de Bronze antiques
; des Figures d'or , cou
vertes de pierreries ; & quantité
d'ouvrages curieux & de
pieces précieuſes de diverſes
Figures. Tout ce qui eſt dans
ce Cabinet eſt d'un fi grand
prix , qu'on n'y a point trouvé
de place pour les plus
belles Porcelaines, dont il n'y
en a point du tout. On y voit
des Amb. de Siam . 277
une tres -belle Nefd'or fur la
cheminée , & un grand &
riche Bureau dans le milieu
, remply de quantité de
Medailles antiques & modernes.
Aprés que les Ambaffadeurs
eurent vû dans le mê
me lieu une Caffette remplie
de pluſieurs petites Figures
d'or , on la leva de deſſus une
Table beaucoup moins confiderable
par ſa matiere , que
pour l'art , & pour l'uſage auquel
elle eſt deſtinée. Elle a
trois pieds & demy de long
ſur deux & demy de large.
Le fond eſt d'un Marbre
Zv
278 Suite du Voyage
blanc , fur lequel on a fait de
pieces de Marbre de rapport ,
une Carte de la France, réduite
dans toutes les préciſions
des dernieres obſervations
Aftronomiques.
Chaque Province y eſt diſtinguée
par un morceau de
Marbre d'une couleur qui luy
eſt particuliere , & taillé de la a
figure irreguliere que chaque
Province forme par les enclaves
, avec les Provinces qui
la bornent. Le nom de chaque
Province eſt marqué en
Lettres d'or capitales , & le
nom de ſes principales Villes
en italiques. L'on a affecté
des Amb. de Siam. 279
de mettre proche l'un de l'autre
les couleurs de Marbre
qui coupent davantage : par
exemple, l'Ifle de France d'un
bleu clair; la Champagne ,
d'un rouge de porphire ;
l'Orleannois , opale ; la
Beauce, feüille- morte ; mais la
delicateſſe de l'ouvrage , &
l'art de l'ouvrier paroiffent
particulierement dans les découpures
que la Mer & la
Terre font enſemble , où tous
les Caps que la Terre fait
dans la Mer , & toutes les
Bayes que la Mer forme dans
la Terre , font obſervez avec
une juſteſſe inconcevable ; &
1
280 Suite du Voyage
:
dans les Lacs & Rivieres qui
font de Marbre blanc , & refervez
du fond même de la
Table , nonobſtant le peu de
largeur , qui n'eſt ſouvent
qu'un filet dans l'origine des
Rivieres , & les differens tours
qu'elles prennent dans les
Terres .
On ne ſçauroit croire com
bien ces lignes de lait qui
ferpentent au travers de ces
differens Marbres , où le brun
domine,& ces Lettres d'or qui
brillent fur le tout,font un objet
agreable à la veuë.
Dans l'eſpace du Marbre
blanc qui marque la Mer
des Amb. de Siam. 281
Mediterranée , eft une Bouffole
de different Marbre delicatement
travaillée ; & dans
l'autre eſpace qui eſt pour la
Mer Oceane , il y a deux
Cartouches , dans l'un defquels
eſt écrit , Carte de la
France , avec ces mots tirez de
Virgile,& qui font une eſpece
de deviſe dont la France eft
le Corps : HA TIBI ERUNT
ARTES , pour marquer que
de tous les Arts où le Roy
pouvoit exceller , il s'eft reſervé
le plus glorieux & le
plus difficile , qui eſt celuy de
regner. Dans l'autre Cartouche
eſt le nom de celuy qui
282 Suite duVoyage
a preſenté cette Carte au
Roy.
L'Ocean du côté du Nord
eſt borné par les côtes d'Angleterre
, qui approchent le
plus de la France ; ce que
l'on a de coûtume de mettre
dans les Cartes de France du
même ouvrage & du même
deſſein , avec la méme exactitude
que le reſte.
La bordure eſt compofée
de deux bandes de Marbre
bleu , dont l'une eſt chargée
de ſa moûlure ; & d'une de
Marbre noir, ſur laquelle ſont
marquez les degrez de Longitude
& de Latitude par de
des Amb. de Siam.
283
petits quarrez longs de Marbre
blanc , qui ont eſté auſſi
refervez du fond de la Table.
Mr Couplet Maître de
Mathematique , la preſenta
à Sa Majesté le premier jour
de l'An 1684. Le Roy la reçût
avec ſa bonté ordinaire ,
& la fit placer dans le Cabinet
dont je viens de vous parler.
Le ſecond Ambaſſadeur
ayant encore jetté les yeux
fur tout ce cabinet , qui ne
paroiſt tapiffé que de pierreries
, dit , Qu'il n'avoit juſques
icy reconnu que trois Grandeurs
Sçavoir les Grandeurs Humaines,
1
284 Suite du Voyage
les Grandeur de Dieu , & les
Grandeurs du Paradis, que prefentement
il en reconnoiffort une
quatrième , qui estoit celle de Verfailles
Comme ils parloient du
bon ordre tout ce qu'ils
virent ce jour-là , on leur dit
qu'un ſeul Homme en avoit
le ſoin , & on leur nomma
Monsieur Bontemps. Ils dirent
qu'ils admiroient ſon intelligence ,
fon exactitude &sa memoire, &
que tout ce que faisoit leRoy étoit
digne d'estre remarqué , puiſqu'il
avoit peut- eftre choisi leſeul Homme
qui fuſt capable de toutes ces
choses enſemble.
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Résumé : Cabinet des Curiositez ou des Bijoux, [titre d'après la table]
Le texte décrit un cabinet du château de Versailles, connu sous le nom de cabinet des Curiosités ou des Bijoux en raison de son contenu précieux. Ce cabinet, de forme octogonale avec des niches dans les angles, est éclairé par un dôme central. Il est entièrement décoré de sculptures, de bronze doré et de glaces, et contient divers bijoux tels que des agates, des cristaux, des figures de bronze antiques et des œuvres d'art précieuses. Parmi les objets notables, on trouve une nef d'or sur la cheminée et un riche bureau rempli de médailles. Les ambassadeurs de Siam découvrent également une cassette contenant des figures d'or et une carte de la France en marbre. Cette carte, détaillée avec précision, utilise différentes couleurs pour représenter chaque province. Elle est présentée par Monsieur Couplet en 1684 et placée dans ce cabinet. Les ambassadeurs expriment leur admiration pour l'ordre et la grandeur de Versailles, attribuant cette organisation à Monsieur Bontemps.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 325-327
On leur fait voir à Clagny un Lit magnifique nouvellement fait pour le Roy, [titre d'après la table]
Début :
L'application avec laquelle ils s'attachent à considerer tout [...]
Mots clefs :
Clagny, Lit, Roi, Ouvrage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : On leur fait voir à Clagny un Lit magnifique nouvellement fait pour le Roy, [titre d'après la table]
L'application avec laquelle:
ils s'attachent à confiderer
tout ce qui regarde les Arts
engagea Madame de Monteſpan
à faire dreſſer à Cla
gny un Lit qu'elle a fait fai--
re , & qui bien qu'il foit d'une
broderie fort relevée ,eſt
encore plus beau par un cer
tain bon goût qui marque:
celuy de la perſonne qui l'a
fait faire ,que par la richeſſe:
de l'ouvrage & la delicateſſe
Gcij
312 Suite du Voyage
du travail. Ils ont eſté ſi char
mez de ce Lit,qu'ils n'ont prefque
laiſſe paſſer aucun jour
fans l'aller voir , pendant tout
le temps qu'ils ont demeuré
en ce lieu là.
Cet ouvrage & ceux qu'ils
ont vûs à Paris & à Verſailles,
leur ont fait dire , que le ſejour
des beaux Arts estoit en Franee
, & qu'ils y estoient dans leur
perfection plus qu'en aucun lieu
de la terre ; que la Chine
Mogol , le Japon & toutes les
Indes s'y trouvoient raffemblez,
que non seulement la France
les furpaſſoit par ses Manufactures
, mais qu'outre , cela elle
,
le
des Amb. de Siam.
313
avoit chez elle tout ce qu'ily avoit
de plus beau chez toutes ces Nations.
ils s'attachent à confiderer
tout ce qui regarde les Arts
engagea Madame de Monteſpan
à faire dreſſer à Cla
gny un Lit qu'elle a fait fai--
re , & qui bien qu'il foit d'une
broderie fort relevée ,eſt
encore plus beau par un cer
tain bon goût qui marque:
celuy de la perſonne qui l'a
fait faire ,que par la richeſſe:
de l'ouvrage & la delicateſſe
Gcij
312 Suite du Voyage
du travail. Ils ont eſté ſi char
mez de ce Lit,qu'ils n'ont prefque
laiſſe paſſer aucun jour
fans l'aller voir , pendant tout
le temps qu'ils ont demeuré
en ce lieu là.
Cet ouvrage & ceux qu'ils
ont vûs à Paris & à Verſailles,
leur ont fait dire , que le ſejour
des beaux Arts estoit en Franee
, & qu'ils y estoient dans leur
perfection plus qu'en aucun lieu
de la terre ; que la Chine
Mogol , le Japon & toutes les
Indes s'y trouvoient raffemblez,
que non seulement la France
les furpaſſoit par ses Manufactures
, mais qu'outre , cela elle
,
le
des Amb. de Siam.
313
avoit chez elle tout ce qu'ily avoit
de plus beau chez toutes ces Nations.
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Résumé : On leur fait voir à Clagny un Lit magnifique nouvellement fait pour le Roy, [titre d'après la table]
Le texte relate l'utilisation d'une application pour documenter les arts, qui a inspiré Madame de Montespan à faire fabriquer un lit à Clagny. Ce lit, distingué par une broderie raffinée, est noté pour le bon goût de sa commanditaire plutôt que pour la richesse de son exécution. Les visiteurs ont été si impressionnés qu'ils ont visité ce lit presque quotidiennement durant leur séjour. De plus, les œuvres observées à Paris et à Versailles les ont amenés à déclarer que la France est le berceau des beaux-arts à leur apogée. Ils ont affirmé que la France surpassait d'autres nations, telles que la Chine, le Mogol, le Japon et les Indes, non seulement par ses manufactures, mais aussi par la présence des éléments les plus beaux de ces peuples.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 8-98
Description entiere d'une These qui contient toute la vie du Roy. [titre d'après la table]
Début :
C'est le dessein d'une These pour le Roy, [...]
Mots clefs :
Louis le Grand, Roi, Louis XIV, Thèse, Monarques, Monarque, Ouvrage, Actions, Paix, 1684, 1685, Médaille, Mots, Ordre, France, Royaume, 1677, Villes, Parler, Histoire, Marquer, Détail, Événements, Paroles, Armes, Clémence, Couronne, Thèses, Conduite, Guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Description entiere d'une These qui contient toute la vie du Roy. [titre d'après la table]
C'est le des.
sein d'une These pour leRoy,
fait par un homme qui s'est
attaché avec tant d'exactitu
de à rechercher tout ce qui
regarde la Vie de ce Grand
Monarque, que je puis vous
aíïèurer qu'encore qu'on ait ^
tâché de l'imiter , & de le co
pier en beaucoup d'endroits,
dans des Ouvrages qu'on a
GALANT.. 9
presentez {ans avoir ose' les
rendre publics , il est l'original
de tout ce que nousavons
vû de cette nature. Le tra
vail de cet Ouvrage, ou tou
tes les dates font , est quelque
chose d'incomprehensiblej íì
je puis parler ainsi, & pour
le rendre correct, Y Auteur a
a eu besoin de toute l'applicatïon
d'un hommeauíïi zelc
qu'il lest pour le Roy. Tous
les Eloges de ce Monarque i
& rout ce qu'on a fait de son
Histoire, ne nous en sçauroient
faire si bien connoik
tre la grandeur que cet Ou
vrage , & c'est ce qui merite
une réflexion bien serieuse,
& qui jettera dans tâtonne
ment tous ceux qui voudront
la faire. Il ne s'agit que de
marquer ce qu'à fait le R.oyy
fans détail , fans raisonne
ment , & sans éloge .y & ce
pendant cette These peur
passer pour une chose prek
que impoíïîble > à cause du,
grand nombre d'Actions qu'
elle contrent.Tous les Siecle*
ne nous fòurniífënt rien de
semblable. Je purs , & je dois
le dire à la teste d'un Ouvra
ge qui n'est remply que de
GALANT, ii
Faits y. & l'on ne peut ea
voyant cela que se taire , &
demeurer dans 1 etonnement»
Je n'ay dit qu'un mot de ces
raits. là , & ce n'a mefme esté.
que d'une partie ,& j'en ay
parlé dans deux cens Volu
mes. Peut-on dire apres cela
qu'il soit aisé de faire L'HiÇ
toire du Roy , si l'on y veut
renfermer tout ce qu'il a fait
de grand ? Pour moy, je suis
persuadé qu'il faudroit un Sie
cle entier , si ion vouloit
mettre dans leur jour toutes
les actions de ee Monarque M
& que cette .Histoire pour
i2 MERCURE
roit remplir seule des Biblio
theques. Vous en ferez en
tierement convaincuè,quand
vous aurez lû l'Ouvrage sui
vant , qui sera d'une grande
utilité pour tous ceux qui
voudront travailler à cette
Histoire . & qui leur epar
gnera plusieurs annees de
recherches. Sou venez- vous ,
s'il vous plaiít , que l'Auteur
luppose ion dessein executes
& qu'il décrit la Thèse com
me si elle eítoit faite. >
DESSEIN DE L'OUVRAGE.
Les Actions immortelles
de Louis XIV. estant ad
V
GALANT, i?
mirees de touce la Terre , il
n'est pas possible de trouver
aujòurd'huy quelqu'un qui
n'en soit pas informé, & qui
puiíïè demander avec raison,
pourquoy nous appelions ce
Prince Louis le Grand ,
mais afin d'en instruire la
Posterité ,on luy dédie une
These qui pourra luy servir
de regie dans les sentimens
qu'elle doit avoir des vertus
héroïques de nostre incom
parable Monarque. Les prin
cipaux évenemens de son Re
gne depuis 1658. y sont mar
quez d'une maniere qui ne
«4 MERCURE
fera peut estre pas deíagreable.
Quoy qu'il y eust une
infinité de belles choses à di
re avant ce temps. là, on n'a
pas cru devoir remonter plus
haut , afin de ne se pas co
pier soy mesme dans d'autres
Ouvrages, où elles n'ont pas
esté oubliées ; mais plus que
tout cela , pour n'établir les
louanges de Louis le
<j r a n d que fur des actions
d'éclat , dans lesquelles il a
toujours eu la premiere part,
St afin de le suivre plus exa.
#ement depuis un âge où sa
teste / son coeur, son bras &
GALANT. y rç.
son esprit ont commencé d'a
gir de concert pour le bien
2e ses Etats. .L Histoire du
Roy est une matiere riche, &
un vaste champ ouvert à tous
ceux qui s'y voudront exer
cer! Heureux mille fois celuy
cpi le fera avec succès ! On
a cru devoir ne s'expliquer
qu'en François, soit dans les
Inscriptions , soit dans les
Conclusions historiques êc
politiques , parce qu'on a eu
four objet la satisfaction des
Perfonnes qui préferent cet
te Langue , que nos Victoi
res oat rendue si florissante
ì6 MERCURE
dans toutes les Patries du
Monde.
DES C RIPT ION
... . de la Thèse.
Le Portrait du Roy est
placé au milieu d'une Cou
ronne de laurier , relevée de
quatorze Médailles , le tout
posé fur une dépqiïille de
Lion.Quatre grands Octogo
nes avec de riches bordures
accompagnent le Portrait,
&font voir par quatre gran
des Inscriptions la gloire du
Roy dans les quatre Parties
du Monde. / ,
GALANT. 17
/. INSCRIPTION.
HEurope inutilement conjus
rce pour s opposer à la Course
wiclorieusi de LOV IS LE
GRAND, cede a U force de
fin bras , &fi njoit contrainte
£accepter là Paix , que ce Mo
narque luy accorde au milieu de
fis Victoire*.
IL INSCRIPTION.
LÌAfìc étonnée des ABions ad
mirables de la Grandeur dtp
fioy 3 recherche fin Alliance , &
députe trois fois des Ambassa
deurs du Royaume de Siam a*vec
de riches Prefins. '
Janvier 1687. B
18 MERCURE
IN SCRIPT 10m.
il Afrique humiliée par les
frequentes défaites des Corsai
res d'Alger , de Tunis , de Tri
poli, de Maroc & de Salé , que
LOUIS XIV. a punk jusque
dans leurs Portereffe* , <vient de
mander la Paix'au pied du Trô
ne de Sa Majefié.
IV. INSCRIPTION.
L Amerique owverte aux Ar
mes de LOVIS LE GRAND,
a eflé le Theatre des Victoires
qu'il a remportées Jùr Jes Bar
bares 3 & des Conqueftes qùil a
faites à S. Christophe, à Tabagoy
dans toutes leslsles Antilles.
' \
». t . '
. ' 4
19
Les quatorze Médailles
font autantde Vertus ou At
tributs du Roy , representez
par des Devises ou Emblè
mes, 8c expliquez dans l'Exerque
de chaque Médaille..
Comme les Armoiries four
nissent le corps le plus naturel
Sc le plus ordinaire des Devi
ses, on s'est fait icy une obli
gation d'en tirer quatre des'
Lys , qui composent les Ar
mes de nos Rois , quatre du;
Soleil, qui est le symbole du;
Roy , &une du Coq , qui re
presente la France.
zo MERCURE ...
/. M ED AILLE.
Le Soleil éclairant tout le
monde avec ces mots, Eclai
re sVnivers. Dans l'Exerque
pour Vertu , Sagesse.
II. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots, Que
jòn odeur efi douce ! Dans 13*
xerque, Clemence.
III. MEDAILLE.
Une Justice tenant la Ba
lance , avec ces mots , Sou
tien des Loix. Dans l'Exer
que , Justice.
IV. MED AILLE.
Un Laurier. Pour Ame ,
Chery de Minerve & de Marr.
21
Dans l'Exerque , Liberalité.
V. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots. Des
Mortels Vamour & le plaifìn
Dans l'Exerque , Èonté.
VI. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces mots ,
// commande aux Saijòns£)àn&
l'Exerque, Puissance. '
VII. MEDAILLE.
Un Coq qui a une patte
en l'air. avec ces mots , La
terreur des Lions. Dans l'Exer
que , Vigilance.
VIII. MEDAILLE,
Un double Foudre en l'air .
avec ces mots , La terreur des
22 MERCURE
Ingrats. Dans l'Exerque , fer*
metê.
IX. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces paroles,,
A qui rien ne peut refîfter.Da.ns>
l'Exerque, Force.
X. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots , Son
odeur va plus loin. Dans l'E
xerque, Gloire.
XI. MEDAILLE.
Un Foudre fur un Autel
avec ces paroles , Joûijfexde
fin repos. Dans l'Exerque,
Moderation.
, XII. MEDAILLEUne
Caíîolete fumante fur;
- GALANT. 2?
un Autel avec ces mots , La
gloire des Autels. Dans l'Exer*
que, Pieté.
XIII. MEDAILLE.
Un Lys , avec un grand
rejetton à droite ,. & trois au
tres petits à gauche, & pour
ame, NofireJiècondejpoir. Dans
l'Exerque , Bonheur.
XIV. MEDAILLE.
Un Soleil qui parcourt le
Zodiaque, avec ces mots , //
ne peut sarrefter. Dans l'Exer-.
que , Vaillance.
Dans le milieu de la bor
dure, au bas du Portrait, font
les Armes de Sa Majeste' en
H MERCURE
tourées des deux Colliers des
Ordres de Saint Michel & du
Saint Esprit, & ornées de Gui
dons, d'Etendards, & de Tro
phees , qui jettent des bran
ches d'Olive , pour marquer
la Clemence de ce Prince ,
qui a bien voulu donner la
Paix au milieu de ses Victoi
res. Il y a deux grandes Trom
pettes qui accompagnent la
Couronne , avec deux aifles
qui s'étendent de chaque costé
, pour porter les Armes
de Louis le Grand ju£
ques aux extrémitez du mon
de. Tous ces ornemens qui
fonc
.GALANT, n
font le haut de la These, sonc
soutenus dune table d'atten
te , ou parement irregulier
d'Architecture d'un ordre
Composite , avec la Corni
che, sa Frise, son Architra
ve , Colomnes , Pilastres ,
Chapiteaux , Piedestaux &c
Baies. Un grand Cartouche
posé sur le milieu de la Frise,
contient ces mots , A L A
POSTERITE'. Le grand
Quadre destiné pour les The.
ses , est échaneré par le bas ,
& pôle entre les Pilastres. U
contient quatorze Theses ou
Conclusions , qui répondent
Janvier 1687. C
26 MERCURE
par ordre aux quatorze Me
dailles , & qui prouvent cha
que Vertu ou Attribut du
Roy. C'est: par cette raison
qu'on s'est attaché à com
mencer la plufpart des Con
clusions par les paroles de la
Devise qu'elles, justifient.
Comme les Theses font le
principal fondement de tout
cet Ouvrage , on croit devoir
en expliquer la conduite su.
vec un peu plus de détail. Le
stileen est assez particulier,
mais cette Philosophie que
nous donnons n'estant pas
ordinaire, & ne faisant que
GALANT. 27
de haistre , elie s'est trouvée
capable de toutes les formes
cju/on a. voulu luy donner.
Certaines expressions de Poe
sie , & d'autres libertez qu'on
ne prendroit pas ailleurs, en
ont rendu les Propositions
courtes & ferrees en des
endroits , & plus étendues
en,* d'autres, Tout cela est
permis en cette occasion, ou
l'on doit dire beaucoup de
choses en peu de paroles. On
peut inesme. parler Ecolier, si
cette expression m'est permi
se , pourveu qu'on le faíïè
pour exprimer plus naturel-
Cij
28 MERCURE .;
lement les opinions que l'on
propose. Nous n'avons pû
nous dispenser d'employer
des chifres pour marquer les
jours & les années de plu
sieurs évenemens. Cela n'est
pas íàns exemple, puis que
nous voyons tanc de Theses
remplies de semblables chi
fres. Cependant on ne l'a fais
que lors que les Actions du
Roy ne íònt pas marquées
dans les autresMédailles donc
nous parlerons dans la fuites
Cette Chronologie a sonutúj
lité, & le Public ne sera peut,
eítre pas fâché de. la tçouyer
GALANT, zf
observée dans cet Ouvrage
avec assez de íòin. Les The-t
ses ont pour Titre \
HtftQrtques&Polittqucs.
.,' Q13ESTION* ;
Qui devez - vous estimer Ic
plus Gi."and de tous les
Monarques de la Terreî
1 CONCLVSION.
LOVIS XIV. donné de
^Dieu d une maniere mira*
culeajè, éclaire Y Univers par
les rayons éclatans de fa SageC
C iij
?o MERCURE
se. Cette Vertu parut en luy
beaucoup de temps avant Vâge
ordinaire. Peut-on dire qu'il ait
manqué une feule fois a prevoir
jusqu'aux moindre* évenemens
dans tout ce qu'il a entrepris f
Qùon montre un Monarque plus
exaBa remplir J&s obligations
mieux reglé dans fa conduite ,
& plus àjjìdu au gouvernement
defm Etat. Cet Augnfte Prince
également habile dans la 'Taix
& dans la Guerre, efi l ame de
Jon Cabinet. Ses secretsfmt im
penetrable*. Il donne autant
dorades o."n de réponses &
. fréfire dwertijjimens íes
GALANT.; ?t
plm innocens au travail quil
devore , pour ainfi dire , afin de
Jòuìagerjon Peuple. Considere^
ay ec quelle Sagesfè il commença,
par le reglement de ses Finan
ces. Ensuite ayant racheté Dunquerque
, il o/la aux Etrangers le
seul Port qui leur reftoit em
France, & aux Corsaires une
ancienne retraite. Compare^ nos
Troupes d aujourdhuy a<vec cel
le* de* Regnes précedens ;faites
reflexion fur le discernement
qu il a dans le choix de ceux qui
le fervent , fur la force & fur
t étendue de fòn Genie. Voye^i
Le hel ordre quil a étably dans>
G nij,
ji MERCURE
toutfin Royaume, & vommac*
cordere^facilement que Lo ii i s.
XIV. eít le plus Sage de tous
les Monarques de la Terre.
//.
G)umd le R jy paroifl armé,
cefipour obliger des Ennemis a
profiter de fi Clemence. Telle
fut la Bataille des Dunes qui fit
conclure la Paix des Pirenées.
Combien de f'is LOUIS a-t.il
épargn é kfxng des Vaincus ? Sa
Clemence empefiha le Sac de
Vtlencienncs , (1677. ) Sans elle
Alger Tunis , Tripoli , Genes ,
& tant £autres Places auroient
esté des bûchers de viçîimes deuë.s
GALANT
a la jufiice defis Armes. Amster
dam , la Haye , & le rcfie de la
Hollande defilée ( 1672.) & mefi
me tonte l Europe firoit encore
un Theatre de feu & desang, fi
ce Grand Prince nefi suft (vain
cu luy.mcfme , ôf s il nefi fuft
arrcfié au milieu de fis Victoi
res , enforçant les Ennemis d ac
cepter la Paix , & enfiúte une
Trêve de vingt ans , aprés en
avoir prescrit l&$ conditions >
qui ont rendu le repos a l Eglifii
& qui font avoûer que
Loiiis XIV. est le plus Paci
fique de cous les Monarques,
de k Terre..
34 MERCURE
///.
> // Joûtient les Loix par la
Justice de fis Ordonnames &
defis Edits. Lific^fin Code, qui i
fuit la reg'e de nos Juges. Ad
mire^ t®m les Arrefis que ce
Monarque a rendus, comme il a
puny les Due'difics , les Empoi
sonneurs ( 1676. ) & les Vfiirim
(168.0. ) Que dites-vous de
ce bel ordre étably pourl' AdmL
nifiration de U Justice } Mon^
trex^moy un Etat ou la Police
soit mieux reglée qùen France, j
Le Roy a-t-il jamais accordé ou
refusé aucune grace quilne fuft ,
Jujk d'accorder ou. de refuser ï
GALANT. #
Mais quand <vous <vous Jouvien^
drev^qùila jugé luy-mefme con
tre Jes propres interefis dans
. lajp ire du Vofé [ufto. ] dit&
^Loiiis XIV. est le plus
Juste de rousles Monarques,
de la Terre.
IV.
Poureflre chery de Miner
ve & de Mars , /'/ faut proteger
les beaux Arts, & récompenser
dignement les Vertus militaires*.
Nos Muses donneront des loiian*
ges éternelles à Sa Majefiépour
avoirflit baflir l Observatoire,
pris la protection de l Academie
Françoise [ 1672. ] institué celles
îá MERCURH
deSoijs.ns, d' Arles, de N(/mes,
de Villefranche^ d Amiens. Le
Journal des Sqavans, qui a com
mencé en 1660 efi deua lamour
que cette protection a injpirée
pour les belles connoijfmces j &
le Mercure G4.Ia.nt qui a com.,
mencé en 1677. efi un fruit de
la grandeur de ses AíTions , qui
en fournijfent la matiere. II a.
ctably l Academie Royale des
Arts & des Sciences > celles de
Peinture & de Sculpture , les
Ecoles de Droit Civil a Parti ,
[ 1679. ] & de Droit François
par tout le Royaume [ 168 1. ]
Combien d habiles Ouvriers en~
GALANT, v
tretenus pour des Ouvrages ra
res au Us ont portes a la dernie-
» re perfiction ! Faites reflexion
Jur le grand nombre de Scavans
qui Jont dans ce Royaume , &
Jur la politejfe que ion y remar
que depuis vingt ans. Admire,z.
la Magnificence de ce Prince
dans l EntréeJolcmnelle quilfit
a la Reyne fin Epousé le 2.6.
Aouft 1660. Confidences Cours,
les Rampars, les Arcs de Triom
phe , l Edifice du Pont Royal ,
les belles Fontaines , iélargisse
ment des Rues , le Quay de la
Riviere , &lesauprcs ornemens
ajoutez, à la Ville de Paris, ^ue
>
?8 MERCURE
penfczjvous des Bafiimens su
perbes de toutes les Maisons
Roydes , de ceux du Louvre &
de ceux de Ver/ailles , qui peut
paffer pour une huitième Merveille
du mondes Voye\ les belles
dépenses que LOUIS LE
CRAND a faites dans les Car
rousels de i«6i. 1685. & l686. h*
Di'vertijsemens de f Isle enchan
tée &de la Paix,avec les grands
Balets , les Machinessurprenan
tes . & les representations des
Opera , fins parier de la richejfe
de fis Meubles & de la ma
gnificence de fa Cour. Mais fur
tout , accorde^- mqy que cefi
GALANT. ?9
dans ce Royaume que les vrais
services de la Noblejfe font re~
connus par le rétablissement de
I Ordre de S. Lazare [1673.]/^
I Institution des Compagnies des
jeunes Gentilshommes [ i68z] £5?
par la fondation de la Maifin
Royale des Dames & DcmoifèL
les de Saint Cyr [ 1686. ] Les
vieux Soldats j ou ceux qui ont
efié cfiropie^ dans le service ,
/ont nourris &Joulage^le reste
de leur vie dans t Hoftel Royal
des Invalides , fondé le 14. lé
vrier 1671. Donc Loiiis XIV.
est le plus Magnifique & le.
plus Liberal de tous les Mo4o
MERCURE.
mrques de la Terre.
V.
LeRqyefl Y Amour & le Plai
sir defin Peuple , dont il efìle
Pere.. Sçavez^vous le grand
nombre de Places quil a bien
voulu rendre en consideration de
la Paix,&'avec combien de bontéila
remis aux Espagnols trois
millions cinq cens mille livres
qu ils luy devoientpour les Con
tributions de la Flandre ( 1684 )
& comme il leur a rendu deux
gros Calions quils avoicntjuftement
perdus dans une défaite en
1686 ì LOVIS L E GR AND
a délivré jusqu'à pesent plus
GMAKs. 4v
de ijra&. Esclaves defis SujetsT
€^ de differentes Nations à Ât~
ger , outre les 600. qùtl aura, de
Tripoli , ffî tous ceux qùildoir
retirer de Tunis (d?- de Maroc..
tiy a plus ; fa bonté luy a fait
dïmnmr les Tailles de trois:
millions prés de 5 00. mille Uvres:
( 1684, ) donner de grandes som
mes pour occuper les Pauvres h
des Travaux aujfí utiles a leur'
Misere qua Vornement des Vil^
les ( 1685. .) fairè des chantes
considerables pendant lafkmnè.
de 166 1. fç) le grand Hiver"
{ 1684. ) & une diminution tres±.
grande four fis Droits fur Us
s Janvier 16S7» I>
ai MERCURE
bled. ( 1685. ) Ses mains RoyaU
les occupées à porter le Sceptre ,
n ont pas dedaigne' depuis fix
ansde composer des Remedespour
le fiulagement , fé) la guerison
deses Sujets ; & de leur en don
ner luy-mesme les secrets qùil d
publie^depuis peu, {g) quilrìavoit
achete^ que pour fin Peu
ple. N oublie^pas encore cetar-.
trfice benin dont il 'vient de Je
sèrqjir ,pour cacher a toute fi.
Famille Royale 0, àfin Royau
me une maladie qui le tourmentoit
, afin de nous épargner l in
quietude g) la douleur de fia-
*vQtr un fi bon Prince dans
4?
les peines.^ Reconnoipz dom'
de bonne.fy qu il merite mieux.
le nom de tres bon que cetËm-.
pereur Romain a qui on le decerna
5 puisque LOUIS XIV.'
vray Pere de la Patrie , est le
plus Aimable &. le Meilleur
de tous les Monarques de la'.
Terre.
VI.
Il commande aux Saisons ,4
lors qu 'il trouve le moyen de'
faire la Guerre au milieu de'
L Hiver. Qui pourra comme luy '
parvenir a cette puiflànce, d as-
Jteger en me/me temps quatre'
Villes tres-fortes [ \6yz. ) & de
D ijj ~
A4 MERCURE
faire recevoir ses Loix en un
mcfme jour a deux Places auffp
considerables que Strasbourg fg)
Ca%al ? Jl a dompté les Jroquois
( i66j. ) & reduit en fìx jours
les Algeriens ,quetout le Regne
de f Empereur ChaHes-Quint avecfa
fortune n eut pas feule~
ment le pouvoir d'intimider.
N a.t il pas contraint les Corfaires
de Tripoli , de Maroc y
de Tunis , de Salé , avec ceux
de Majorque .{ 1681. ) aprés le
avoirfournis , de refpeûer nos
Vaisseaux , fg) de rendre tous nos
Esclaves ? Conjïdere^ce que cest
que de joindre les deux Mers e»
í GALANT. 45
Languedoc par un Canal long
de 64. lieues , commencé le 16*.
Avril 166-7. (ë>r acheve dans le
y me/me mois de l année 1681. Tau
re confiruire l Acqucduc de
Maintenon pour la conduite des
Eaux de la Riviere d'Eure ,
( 1685. ) d°nt ïédifice Jurpajfe
tout Ce que les Romains ont en~
trepris de semblable. Cefi la
puiíïànce du Roy qui Va fait
triompherfur Mer des Anglçis
en 1666. des Hollandois le sep*
tiéme Juin 167.2,. & encore
deux fois de la me/me Na»
tion en 1673. ft) a Stromboli ,
*n Sicile , { Janvier 1676. ) des
4* MERCURE
Ejpagnols , fg) des Hollandais
devant Augufia le n. Avril
suivant , ou le fameux Ruiter
qui commandoit fut blessé à,
mort , le deuxième Juin de Id
mcjme Année devant Palerme ,
ou l on remporta la plus glorieu
se Victoire de Mer qui se fòit
veuè depuis la Bataille de Le
sante ì les Plotés d. Espagne @p
de Hollande ayant efié défaites 3
& ensuite brûlées clans le Port ,
dont le miserable. rejle fut vain
cu le 3. Mars 1677. a Tabago
dans l Amerique. Dom LOUIS
XI V. est le plus Puissant de
'tous les. Monarques de la
Terre.
-GALANT. 47.
.'.y vil
La terreur des Lyons , ccfl
cette vigikfvre qui fait <voir
le Roy , le premier à la tefie da
ses Aimées > moissonner des Pal
mes fg) des Lauriers avant que
le Printemps nous donne des
fleurs. G efi encore cette applica
tion exacte fç) reguliere a gou
verner par luy-mefme , q) À
tenir tous les jours ses Conseils.
Lefoin qùilprend de connoifire
Jès Officiers , de Jefaire rendre
compte de tout , (gf de prévoir
dans le détail a mille choses qui
rendent ïexecution de desordres
plusfacile ft) plusprompte. N'a
48 MERCORjE
vons-nous pas veu baflir une- *
Gídere en dix heures f ( 1679. )
N efi.ce pas par les fins de Sa
Majestéau ily a tant de Gardes. .
fç) d illuminations , pour lafu
reté de Paris ? On lu.y doitauffí
r établijfcment des Compagnies
des Indes Orientales (d?. Occidentales
, (efr de plusieurs belles
Manufactures ) une Compagnie
de Guinée1 ( 1685. ) avec beau
coup d autres avantages procures
à ce Royaume , poury faire fle»\
rir le Commerce avec succes La,
Navigation efiparvenue à une
telle perfection cheries François>
paria, vigilance de LOVÎS LR
GRAND»
GALANT. 49
CRAND y que les autres Na
tions rapprennent de nous. Tou
tes nos Provinces ont acquis la
/curetépar la bonté des Torts de
Merspur les armeniens des F'lo
tes , par lafortification des Villes
frontieres parla construction
'de Saar-Louis , d Huningue , g)
de Mon.Louis , fins parler de
tant de fortes Citadelles baflies
par les Ordres de LOUIS X IV.
ìe plus Vigilant de tous les
Monarques de la Terre.
VIJL
L0V1S prend quelque fois
le foudre en main y pour punir
les ingrats, pour maintenir les
Janvier 1687. E
T° MFRCURE
drain de fa Couronne , fg)pour
rvur.ger la foy publique , (d?- le
droit des gens violes ( 1674. )
dans lAjJemblée de Cologne. Si
la Garde Corse a la temerité
d'attaquer un Minifite Public,
le Ry fîsait en tirer la/àtisfa~
Síijn deu'è afa dignité ^obtenant
tout ce qu'il pouroit pretendre .,
par le traité de Vise conclu le íiì
Mars 1664. avantage ont
remporté les Espagnols en reffini
U pìts a noftrç JmbajC
fadeur a Londres ( 1661. ) fnon
d'avoir efié oblige\depuis a déc
'arerpubliquùmnt qu'ils cedent
par tout la préfëAme aux Bran
GALANT, v
cjmviïe íeurK^pïrkiénfpBsf Á
qttoy bon troubles leï Wibitdns
<£ Andxye \ ^) donner fant ; de
ra^fiùtâ.rfitgàtàiïsû T.rdacé
potier é%ká" de coùctúre ïaffàre
êe £ÌPnduttê fc'efioitpour fiire
ítòarSfc tohte ^Eiïïope ; t^itè U
éRWWb si/fisst p wmdntekir
jfòn titre de Duc de Rmr~
g.gnâ": t tûìó.ï) pour remettre
Jtsv:S*jeù en pòjpjfià ÏÏe UVcf,
chf{\tô$ pourfdre trembler
tmte . tífpÁgne en tenant une
grmde Vhttè bloquéè devant
ôadix ( Í68&.v ) Le Turc a <veu les
Eij
y. MERCURE
Corsaires de Tripofy poursuivis
fç) battusjusque dans le Port de
Chío \ 168 1. ) @r nostre Vlotte
^ victorieuse menaçant les Dar da
nelles , porter lépouvante jus
que dans le coeur de fin Em
pire. Ces preuves de la fermeté
du Roy , (gf. la vigueur de fin.
Ministre en 1677. 1680.(^-1681*
ont obligé le Sultan d'accorder le
Sopha à noftre Ambassadeur , ft)
d'autres Privileges pour la Re
ligion Catholique , ce qui fait
voir qu'il estime davantage
LOVJS LE GRAND que tous
les autres Monarques ensemble.
Jtfvs Allier ont aujst goûté les
GALANT. <î
fruits defa ferme ré , lors qu'il
leur a fit. rendre (1679. ) les
Villes (§>?> les Provinces qu'ils
avoient perdues pendant la,
Guerre ; toute f Europe vient
de recònnoiftre par la réunion de
-' plus de xoo. Villes famées ,.
800. grés Bourgs ffi 3000.
Villages ujurpe^jur la France
pendant les 'Revolutions de ce
Royaume , que LOUIS XIV.
est le plus ferme de tous les
Monarques à maintenir les
droits de sa Couronne.
Rien ne peut resister à la
íbree d'un Roy Invincible „
Eiij,
qui s'efi fut, luy, me/me une
routeJm le Rhin , mal.?iéjò%
extrême largeur *Jk rapidite Cs*
f profondeur ; metuint en der
r.ute une Armée qui <voulokJuy
,eu disputer le píjf^ge. * Tohyii ,
& qui fut contrainte de le luy
ahj^donn£î{ Le it. Juin. i6,7*.f
incomparable Mcfos a fins
&ej- beMwjèwnt plus de
Guerres , gagnéplus de 6p. B%-
t^ïlks ou Combats s bordéde$f
Cûnquefies le&hin ,le Viyahai'i
la Moselle , U Meuse \ íljfel i
la Lys , lFfiut , &f pris plus
4e 6oo. Villes par Sieges ^ TfaL
t&L o ou pifoteçftm. Aprés m fi
GALANT.' vf,
grand nombre de Con^uefiês ,
que d/tes^vms de & force' des
Places , les çriyczjvms imprena
bles f Je <vous oppojèray aujfìtjfl
Dunquerque s le Fort de
Schein, M.ifircic, Valenàennesy
Cambray, Suint Orner , Tpres ,
Puioerda., Strasbourg , Luxem
bourg , & tant, dautres que
vous voyez^parmy les Conquefies
d un Roy toujours le plus fort.
Voulczc^vous au contrairefiûtenir
quïl rìy a. point de Villes
qu'on ne puijfe prendre ? Sans
doute vous ave^mblié que nos
Ennemis ont levé le Siege de
vant Voêrden , & devant Char—
E ÌÌÌj'
*s MERCURE
leroy , ( 1672.. ) devant Oudenxrde
qu'ils affiegeoient avec>
trois Armées , ( Septembre
1674. J devant Haguenau
Saverne ( 1675. ) devant Augufla
en Scicilc [ Janvier ] de
vant Mzftreic le vj. Aoujl 1676.
& devant Chxrlcny le 14. Aouft
1677. Accordons-nous , ffi dïfms
qu'il n'y a point de Villes
imprenables fi Louis les attaque,
& qu'elles ne peuvent efirefor
cées lorsqu'il les dcffend. Vous
Jçave^ auffi que nofire Vlotte
Vichrieufe a toujours battu cel
les de nos Ennemis ; m iis e:iffìe%r
vuus cru , fi toute U terre ne
GALANT, r?
meus en affeuroit que le braie
d'Erlingue avec fin seul Vais
seau \ euft osé livrer le Combat
à 37. Galeres tant Espagnole?
que Genoises [ 1684. ] qu'a
pres les avoir battues , $~ leur
avoir tué zooo hsmmes 3 // cufi
pu heureusement fi retiret danr
son Port. Donc LOUIS XIV.
est: le plus fort de tous les Mo
narques de. la Terre..
X. •
Dans ler Panegyriques des
LOVIS LE GRAND , je pje*
fire toujours la vetité toute/im
pie , a la figure aux Allegotics.
le Juif donc, entierement
$ MF.RCURïï
perju.idé qUilJuffit icy d'ejì.iblir
sa ?\oirc Jurjes propres actions
(d/-sûr des sits connus de toute
l Europe. Jgui osera nier que
f Empereur n ait eu befitn du
secours de France , [ 1664. ]
poursuivcrh Hongrie & toute
s Allemagne qui allait devenir U
proye des Ottamms ì Le Grand
Duc de Mswie a recherché
í Alliance du Roy par ses Am.
b.jfideurs [ i66g & 1*81, }fEm*
percur des Turcs [ 1669. ] un Roy
de Guinée [ 1670. ] t§jr le Roy
de Si^msiit voir par des Presens
magnifiques , @r par trois
Ambajjudes qùi[ envoye du miGALANT
S9
lieu de l Asie, [ i6Sì. ] OMre
1684. &.\en Aoufi 1686. quelle,
efiìme il fut de LOUIS LE
ÇK AND . Ce Prince qui nefi
fin da jcctte cflïme que pour le
bien de la Religion y ria. t-ilpas
feu nn Souverain à fis genoux ?
[ifSf. ] (&y lun defis Gene
reux donner un Pzjjcpon le 2.4.
Septembre 1677. à l Aimée En
nemie beaucoupplus nofnbreufi
qW U nafire , pourfirtir d'un
lieu, oà'eUe benoit de fifiuver, .
nprés avo'.T efié b&ttuë ? Le
grffld Gufîoe<ze qui appeUoit il
y.tì 56 Ans les Autres Monarquesy
des Roitelets en' comparaism dfk
6o MERCURE .
Roy de France 3 s'il vivait au~
sourd huy , ne diroit ilpas avec
nous que la Gloire de LOUIS
XIV. ne peut avoir de bornes*
& que c'eír. avec justice qu'iî
est le plus estimé de tous les
Monarques de la Terre ?
XI.
Joiiiíïèz de son repos, Frìnces
inutilement jaloux d'une
grandeur à laquelle vous' «?
parviendre^jamaìs. L'on a re
fusé les Secours qu il offroit fi
genereusement ; mais fans luy on
n'a pu aller à. la Victoire , puis,
qu'il cflint le Maifire du chemin
qui vonsy acmdmts. Les droits.
' ".GALANT, rît
que ce Prince avoitjur le PaUtinat,
oni.ils esté capables de le
tenter ? Point du tout. Jl a cher,
ché les tvoycs de douceur , ^) fi
dele dans la parole qu'il avoit
donnée de ne point agir, il a
cedé fis propres avantages pour
ne pas interrompre le cours des
zostres. Jgui peut dire qu'il fa
jamais veu en colere ? Ennemy
des loila nges fg) de la flatterie ,
toujours affííble , toujours pa
tient , & le plus moderé de
tous les Monarques.
XII.
La gloire des Autels, c est la
Pieté dont LOVIS LE
MERCURE
€ R A N D, a donné, (èfy* dón±
m feus les jours de fi grandi
exemples. S efi-ilfirwy defèsú.i
wantages k>rs> quïl a <veu l!Allei
vtagne embarajfci t$mébàìùm
pás. a ft moderation een.x que
'vous avez remportez: en Hon
grie* Cefile Beffwfîtfhde^^E*
glija , le VviMfàjcr des. yEv<fl
qu.es , & le Defiruffeurde l'He*
refie. Il a fmi nf de grande?
fimmes. aux Venitiens. (1658. )
pour sûre la Çttdrre. .qu'ils'
efloient obligez defmtenir. H à
proscrit les Blasphèmes & les
Inipietcz^parfis Déclarations &
Edks de 1665. 1667* q) t6?y}
GALANT. 61
V Eglise cl recoww éfa premiere
tranquilîté fr les Jèntimens &
Jur les points delicats de la Re
ligion , par les Joins de ce Mo
narque qui a envoyé dessecours
considerables de Troupes en Can*
die contre les Turcs. [ 166S.
166y. ] ft) employeses forces de.
Mer contre.eux [1670. ] Il a
tefiab fy lexercice denofire Relu
gbn dans les Villes Herretiques
d'Osfy, de Rhimberg, de B u -
fi h ,dVtrech., (g^c. [ 1671.
de Geneve en 16S0. fê) de Stras
bourg en 1681. Ce Prince trespieux
a rtmis en p'ojfcjfion de la,
Garde du S. Sepulcre les Relï*
H MERCURE
gieux de S. François t677, $
leur continuéfa proteêiion Roya
le ses liberalits^ dans toute
la, Terre Sainte. Il a émt au
Roy de Ferse enfaveur des Ca
tholiques , (dr en a obtenu tout
ce qu 'il a demandépour nos Mf
fionnaircs^ Les grandes Con
versons quil a procurées dans
le Royaume de Siam , g) dans la
Chine depuis plusieurs années >
ï Edit de 1681. qui deffènd a ses
Sujets de quitternoftre Religions
g) cet autre de 1683. qui oblige
les Idolatres qui renoncent a
leurs erreurs , d'embrajfer la
Communion Romaine ; En un
[
mot ce qu 'il a ordonné ( ifâçy
pmr le, rejUblijfement des Eglifis
g) des Fresbiïeres y @J ce'
\ Mmdcment pourfaire observer
la, modestie cUns les Eglises ,i
14S6* tout cela ne montre t il
pas la vcritableYxçxè de LOVIS
JLE GRAND .<? Ajouflons , quaprj
la Conversion volontaire ft)
libre de plus de fíx cens mille A~
mes reunies à l Eglise Catholique'
depuis plusieurs années , que le
zgle , les Joins charitablesfs gj.
les belles Ordonnances du Roy
les sollicitent à se convertira it
a revoqué L'Edit de Nantes ,
jait abbatre tous les Temples des>
Janvier 168 j. K
(S MERCURE
tìuguenots.., g) ab&ty s Heresie1
áxns fin Royaume , W me attûée
, ce quejer PredeecjsetìTsna-
^oknt pas fait pendant plus
d un fiede : hissant a lapoflcrite.
un bel exemple dont le Duc de
&&wye u le premier Jùivy les
traces. Ces grands services ren
dus à lEglîJi ijans parler de
ceuxqxtin atteted, prouvent que
LOUIS XIV. est le plus
Pieux de tous les Monar
ques. • l"4 1 '' " \';
C'est pour 4'es grandes Vetttts
du Roy , que "Dieu l a. comblé
d'un jufte Bonheur , en hy .
.l . i rjr. A\\
galant: ef
donnant une nombreuse Pò/fe-
" rite. Heureux dans ï Alliance
qu'il a faite arvec une Keyne parfaite
& remplie des graces du
Ciel : heureux dans un Fils incomparabie,
&dansjfon Augufie
Epwíjc : heureux enfin dans un
Frere félon Jon coeur , & dans
tmdxfíFAmilk 'Rijyalequil <voit"
entierement devoiiee ajonservi- .
ce. Ses Mìnifirts font vigilans, ,
ecíaire^ &fidelles ;Jòn Rojaume '
flwiffìnt Jh Armes' invin
cibles, il eft cbery de fort Peuple, :
estimé de. toute la Terre , & par
tout Vííforieux, Ainfì lors que '
*vsHt ditçs €pue les Defltns jòntr
68 MERCURE .
pour luyjans contrainte , que
cefiparce qu'il a enchaîné laVortune
qu'il efi le plus Grand des
Rois , reconnoijfez. en mefme
temps que cefiparfa propre ver
tu qu'il efi leplus Grand de tous .
les hommes. Voila lafeule raison
pour laquelle Louis XIV. est
ie plus Heureux de cous les
Monarques de la Terre.
ll ne peut s'arrester dans la
belle route des Heros ; ce Prince
Magnanime , nmrry dans le
sein de la Victoire. Ses Ennemis
me/me avoâent qu'il ne fe con
tente pas de marcher le premier
GALANT <9
k la tefle de ses Armées , mais
qu'il les mene en personne au
Combat & a la VÏBoire , d'oà
vient qu'il efi plusbefiin de le
reunir que de l exciter. Sa Vail
lance ne nous fit-eUe pas une
frayeur fans pareille , lors quaprés
s'estre exposé à mille dan
gers , & a des fatigues inconce
vables au Siege de Dunquerque
[ 1658. ] il demeura luy seul in
trepide pendant une dangereuse
maladie qui defcfyeroit toutjòn
Royaume ? Pouvez.- vous Jans
admiration & fans larmes pen
ser avec quelle grandeur dame
LOVJS a souffert fa blejfure
7o MERCURE
dux. Septembre 1683. & une
Operation accompagnee de dou~
leurs aiguës ? [18. Nov. 1686. ]
Suive^ ce Vainqueur en Vranchc-
Comté qu'il prit luy.mcfme
en dix jours au milieu de iHy.
ver: & en Lorraine qu 'il fou
rnit en peu de jours, îl a conquis
en petfinnc fiixante-ánq
Villes en deux mois , fortifiées
dans l&endué d on%e Provinces;
M ifirich , que l<m efitmoit im
prenable , en tre ize jours z & les.
années /ùivantes, Valevúenmsy
Gand , & Tpres. Assiegeant U
Ville de Bouchaïn ìm 1676. les
Armées des Confederres tenteGALANT.
71
sent le secours de cette Place.
Le Roy aÛa au devant , leur
prtfenta la Bataille qu'ils evif
terent par U fuite. Voulc^wous
d autres Victoires rempotréesfar
Terre par L OV I S LE
• G RA N D , .<" Je <vom rapporte
les principales. Ce font les Ba
tailles ou Combats des Dunes le
14. fuin 1658. de S. Godart au
p&Jfage du Raxb en Hongrie le
premier Aoufl 1664. En 1674. de
Zein?ein , de Molsheim , de Se*
n ef contre trois Armées , d'Emf
heim , dans laquelle vingt mille
François défirent trois Arméet
defiixante &fex miUe hommes>
7& MERCURE
commande^ 9 par vingt Princes
Souverains , ou de Maison Soumeraine-,
de Mulhaufein ën 167^.
de Turshcin , apres laquelle les
Csnfedere^ furenf chajfcz^ , &
contraints de repasser le Rhin..
En 1677. lonziéme Avril .celle
de Cajfel, remportée par Son Al
tesse Royale ^ quï defit les Espa
gnols (dp les HoUàndois , mmmande^
pçr le Prince d'"Orange,.
prit enfmte*Sa}rit Orner. Lés
Batailles d'Mpoûille en Catalo
gne , de la SeiÛe, & dAufembourg.
Le Combat du Pont- a-
Mmjfon^ de Koquerberg^outre
vingt-cinq mille hommes perdus
par
GALANT, .71
par les Allemans dans le Cam
pement de Mouron. En 167g.
les Combats de Rheinsfeld le 8.
Juillet , & de Saint Denis le 14.
Aòufi. En 1684. le 16. May le
Combat de Pont . Major , au
pajfige dei la Riviere de Tur. Re.
iconnoijfeç^ donc que U Vaillan
ce duRoy ta rendu leplus grand
Conquerants qu'un concours fi
heureux de tant de Vertus Mo
rales & Politiques \ prouvent
invinciblement que L ou is XI V.
£st çeluy que vous devez esti
mer le plus Grand de tous les
Monarques de la Terre.
Dans le grand Quadre aux
Janvier 1687. G
74 MtkteOKl
deux coffe2 des Theses ©a
Conclusions historiques &
politiques ,sont marquees les
principales ; Conqu'istòs du
Roy selon Tordre dèsanne'eS}
afin qu'on puíílê1 les> tròuvéV
tout d'un corjp,^d%ríè feuX
le veuë , 4en lisant ' tes autres
Actions de ce Prince Cha
que coríjdueste k *fir titèfrífue
pour en> c1>n'si$ïfteM£
tion selón la "Geographie,,
cela se trouve eitpîîqué dans
un Cartouche poï^itfus 'le
Quadre. *^\^r^h
.. .GÀLAKÎV 7s
Pour cottuoifire la situation
des Cottquefies. ,
A AtVòîè^' Cornu, eles JPtys '-ba*
Catholiques. : v; v^,«»'.> '
.'.'Akace ; : ':£attáptèvi4Ì^ iÀBemagne.
. . ' '."'O '
B Brabant1; Dùchí «M&$sÌ>at
Catholiques.
C GleVes'; ^u^ìenlÂneriapie.
f Cologne „ EleBorar^ .en Àlle~
Magne. ' . -* 1
F Flandres, Comté desPJy:-ha.t
G Gueldres , 2>«^ , deiProvïh-
. ces-y^ìes.. , ij^.n-'. ! ? .
IjF HàìnVùt, & ktyi ú*
3J" Cathotîquês. 4t"
G ij
j4 MERCURE
h Hollande , Comté , des Provin
ces-Unies.
L Liège* Principaute , £Attenta-
,gne. ^ x- .> "WïjK
\ Luxembourg, Duché, des Paysbas
Catholiques.
N Namur, Comté , des Pays-bd*
Catholìquts. .'. ...'>' •
O Owerissel , Seigneurie, des Pro
vinces. Unies.
P Palatinat , Eleïlorat , en AUemairie.
:' .£, : J
V Utrecht , Seigneurie des Pro
vinces-Unies. . ; ... ,4. ../'.f
Z Zutphen , Comté , des Provin
ces.Unies, i •.;
Ces seize Provinces ont esté
le Theatre le plus ordinaire
des Conquestes de Louis lk
Grand, quov qu'il cn ait
GALANT. 77
fait beaucoup dans plusieurs
aurres Provinces , qui font
marquées à la fin de chacune
de ces Villes. Ainsi Ton trou
vera peut. estreaíïèr d'utilité
dayotrenïì peu d'espace les
principales Conquestes, lan,
née quelles ont esté faires,
& le Païs pu elles font situées.
Trinàpdes Conquestes du Roy*
Dunkerque. F
Gravelines» ;'" F
Oudenarde. F
Menitì. F
Ypres. F
Comm.ines. F
Grammoat. F
Giìj
78 MERCURE
Dixmude. F
M or tare v Duché de Mitau , en
Jtaïiey \"
1663.
Marûl , en Lorraine.
"... : ."s t&7> . \
L.a Bassée. F
Conde. H
Charle.Roy. . iH
Bergues. > ' ' ' B
T.Huruy. .'. .?. .. V F
AcH, . H
Doiiay. ...I.'...' 'I'- í?
.F urnes. '.. . W
Çourtray. ^ ' |?
Oudenarde- p
Lisle. .fr
.^.lost, deux fois. .• m. . F
Árrnentieres. > ,. , ' Jf
GALANT. 19
.y léóS.'
ècíànçon. . .. . ,~ sf.v . K S
Salins.' • . »
Dole. ' I»
Grais. u O
Chasteau de JoujíVj...:. ^ |
Fort Sainte Anne. >-
£t toute la Franche-Comté. . .
Pont-à.Mousson. ,„ ,y., . \\
Çpinal, Nancy , & toute la Zar*
, rainer
fpngres. . j,,7/L
Weifet. . X
ltfascik. Mjv.'vk
Sjtuar.. . ^ 3. I*
Fsluquemont,,D«^.^ Zifpktìur£.
flLhimberg. v t
jfurìck* .r....;. Ç
G iiij
8o MERCURE
Weícl. • } C
Rées , & son Fort. >:!; C
Fort de Lippe , enVvestfhalie.
Emmeuk. ;:.v ì,- G
Locken, '1 Z
Bvoí kelo. Vvtfifhalìe; >
Grool. * ,: ' Z
Doëtkum, >ír Z
VHrz. ' Z
Brtwoort. ' ' ^.^ 2^
H. sselt. c V . • O
Ommetij .. ''.'• O
Kemperi. O
Zwol. ?- >.••v^:/.|"0;.
Deventer. ' r-:
Zûtphen. H : > . . ' Z
Óoësbourg. ». ' > Z
Fort deSkeink. . ''".rí"'.»>: f
Utreicht. •
Mu'íden. .;:>.''-í\, fc:
Naërden. ••' ' h
GALANT. 8t
E&ourg. . G
Harderwick. >ì . G
Hattettî'ï *ì>♦ ï ..• .. t '>'»*.. ' . G
Amersford. A
V^oërden. h
Oudewarer. %, \v. . ' h
Arnheim. G
Vianem. ~>«t : Ja
W"agcninghen. G
Rhenéen. j:> V
Duëstede. V
'Wic... Duché de Zimècurg.
Knotzeiobourg., *. F
Les Forts de Saint André & de
W'orms. i G
Isles de Bomel & du Betwe, G
Creveeoeur. " : B
Nimegue. ' G
Grave. st
Genep. .<..'.. C
Bodengrave* .> ' 'h']
82 MERCURE
1673.
Mastreick. : '
Tout le Comte de la Marek. ' ? . '
Salins. Sf
Principauté de Lure. »*.
Chafte'au Sainte Anne.
Fauconnié , & toute la Franche-
Comte'. • •'' fj.í
<îermeinsheim. .? P
Duren. ^ Ì..t ; '>> >• 'P
Heiníberg. .'»»'•»• *v p
jpinnick. .'Jwt...i:;:^p
Citadelle de Lieo.e .n...O
.-l^: O » *
Trêves , A'Jemayie.
1674. .
TJinan.
Huy, L
GALANT. 8?
Limbourg y Duché.
F^rt de Monivic Cataleyte.
Augusta , en Sicile.
167$,
Fort de Link. F
Condé. .' H
Bouchain. H
Aire. A
Builloru £•
Tôrmiuna. j >
S.aletta. a?
La Croix. .... £s
Savoca.
Ficumedcntsi.
Fort &Iflc de k Caïenne , dans
tAmerique.
Valenciennes. H
Cambray , &; .& Citadelle. H
Saint-Omer. A
Fribourg.. :.. . .i
8+ MERCURE
ChasteaudeBoslu. s']\ .x > H
Saint Guillain. H
Sarbruk. Lorraine, ...r;
Forts de Tabago & d'Orange.
Amerique. . - \%,;\\
1678.
Fort Rouge.
2s.ores, .v,..)..,.: F
l'uycerda. Catalogne.
... > «
Fort de Kiell. , a
Kampen.
Landav, & le Chasteau de Lichtemberg^
»^//^
apte.
Aix-la Chapelle , & tout le Du.
ché dejuliers excepte la Ca
pitale. i,»C:L Vïlì :.
Nuis. .. ., , .." ^
GALANT 8c
1680.
Chademont. fss
Hombourg , Frontiere du Palàtinat.
;
Virton. JBaillages du
Chin y. Luxembourg,
Enchimont. L
Strasbourg. a
E/CazaI , Italie , en me[me jour. :
1683.
Courtray, p
Dixmude.. ' \ . • ; p
1/84.
Luxembourg. L
Cap-de-Quiers , en Catahqnt. .
réunions.
Fumay. j_j
Le Comté de Rochefort.
Le Marquisat d'Arloh. :' >
Herbemonk ,.,'.'
Urbu.
fc< ME&CfJRE
Orchimont.
Revin.
fiastoine. , > r
La Roche. rs '".lV *
HofFalize, ' ' r
Saint Hubert,
Marche-en Famines : >
Ì.c Neufchateaiu •',' .,,v.
Echternach.
L i Principauté de Sálm,êcci. dam
le Luxembourg. 1
Et les Comtez de Morîçbe'íará^
&íde Sponheim, en A ema<gn&.
LesColomnes,Jçs Pilastres,
& les Feítóns font ie^idrtïs de
cinquante.'huit revérs de Medailles,
qui font autant d'Ins
criptions qui rna&qttent seloû.
Tordre des années y les prihl.
GALANT. 87
cipales Actions du Roy, qui
n'ont pas esté compriiès en
particulier dans les Thèses.
On va les rapporter íuívanc
qu'elles font disposées.
I i! . . J . . ,.l 1 . . . ì
..t.4.; Çharrìhre de Justice, pour
rétablis l'oirdrQ daìis les Finan
ces, 1658. .•..:,/.'. í { ,
ì. Edit contre.Ies Duels , Kjj?.
3 . Les Rois de France & u'ÉC
pagnes voyemt ] & fígntnr la
Paix le 7. Novembre 1659.
4. AccruiíìtiondeDurikerque,
ì'66l. . .Jt*. />'[ ri: 'i . .. , ií í '.
. . 5. Le Roy d'Espagne cede la
préséance â 4a France , & le dé
clare le 14.. Mars 1661. ; r-'
Alliinjce/renouyellée avec
les Suisses j 1663. >; .
88 MERCURE
7. Protection accordée au
Comté de Venaiflìn , 8c à Avi
gnon ,1663.
8. Etablìílement da CommerJ
ce aux Indes , 1664.
9. Piramide élevée á Rome,
Íîour faire satisfaction au Roy de
Iníûltede la Garde Corfe,i<?64.
10. Satisfaction faite au Roy
par le Legat , 1664.
n. Victoire far les Corfaúes
d'Alger, St deTunis, , '
ïì. Grands Jours en Auvergne
pour la Justice, t66$. .
13 .Protection donnée aux Hollandois
contre l'Evefque deMunr
ster &: contre 1 Angleterre, 1666.
; 14. Paix entre la France & Jes
Algeriens, 1666.
„ 15. Paix de 3reda avec les Anglois>
i667. >.r^v.,.:.
16. Les Procedures detruites.
'par le Code » 1667.
17. Paix d'Aix-la- Chapelle ,
166$
iff. Secours de Candie „ r66&.
1669.
19. Le Roy visite ses Conqueftes
, ^70. & 1683.
zo. Le Roy fait fortifier & vi
sité ícs Conquestes , 167s,
11. Les Hollandois forcez ai»
Poste A'AmtidéttyVÍJxi. '
xi. Secours jetté dans Meflîhe
aprés 'la déraite des Ennemis ,
Février 1675V'"
~ 13 . Desunion de s Considerez „
1^78..
24. Les dix Villes imperiales;
d' Alsace prestent ferment de fi»
delité au Roy, 1679, .
. zf. Protection Sc secours don-
Janvier 1687. H
90 MERCURE
nez par Sa Majesté aux Rois de
Portugal,.i668. & de Suede 1679.
16. Les Corsaires de Tripoli
featcus ,.puis défaits jusque dans
le Porc de Cíik>: ce qui allanne le
Turc, Juillet 1681.
27. Les Villes dq Strasbourg ,
& de Gazai soumises au Roy, le
30, Septembre 1,681.
' r8. Paix de Maroc , & de Salé,
Decembre 1 681.
29. Alger foudroyé , Juin 1683.
„ 30. ìì.Decembre Luxembourg
foudio^i, 1683.
: 31. Les Vaisseaux d'Alger b rir
iez à Sarcelles i68ì. &: ces Cor
saires battus plusieurs fois 1683,
, r Genes foudroyée, May 1684.
33 . La Vifle de Trêves déman
telee 6c punie , en Juin 1684*
34. Un de^ ûos vaisseaux Mar
ì ... ^<Ì:PlLM€Tì &
l .cèaods repris au milieu de treoie-
trois, autres , 1684.
35. Protection donnée à l'Evefque
de Lîege contre íés SujjSt4s»
l jtebfeljes,i^..;. ./' y\J
. 36, T rive de ,vipgj ans accor-.
dée. à 1 Éuto,pe par le Roy, r 68 4».
. r. #8. .TîripQ)!! foudroye v .en Jaít»
*' ' p. ^Amrjassá^eû/dé Fránce"
-e&ftent le Sopha à An^rinople
p "áeî^'r^ction de i'Hétesie par tour
ic Royaume , 168'5.
?'-.4^ JLe^avf doàne jdfifîsecowiîs.
sw&ugí.de^ayojfc^r }'>£>o.&~
92 MERCURE
tiort del'Heresie dans sesEstats^
6c afin de reduire les Protestans
rebelles des Vallées , 1686.
Les deux precedentes In£. ^
criptions ont esté pôiëes íùr
lc Piedestal de chaqu c Co
lonne , pour montrer que U
Base & le fondement des
Actions de LOUIS LE
G RAND » cest ta Reli
gion. Les Festons n'estant a~
joûtez que pour TornemenÊ,
l'on a crû qu'ils fefoient trespropres
à porter lés' Médaif- \
les qui contiennent les NaiC
sances , les. Mariages , & les
autres eVenèmens de cette
t ' > .
>
GALANT. <x
forte , qui sont afïèz souvenu
representez par Les Fleurs.
Cette précaution ne déplaira
ï pas aux personnes exactes ,
.qui auroient peut.eftre trou,
vé à redire qu'on eu st meílé
ces faits avec les autres..L'on
n'.a pas eu de peine à se re
soudre à eette separation. Il y '
a tant de belles choses à dire
du Roy , que nous ne /òmmes
pas reduits à la necessite'
d'établir les louanges de ce
grand Monarque fur des efl
rets étrangers. Ainsi Ion a
piis sa Naissance t son Maria
ge, les Enfans qu'il a eus,noa
£4 MERCURE
'pas pour en faire des~ siijets
d'Eloges , mais pour donner
plus; d'osnemeint À cet; Ou
vrage ,ôc a;5n de ne pa& pri
ver ies curieux de ces remar.-
.ques , quirait paru ,de con&-
,rjuencfi. . J \ìs:ìïûy\,i.ï
v> i r : . j '''; >.i ' r,. t
43. Naissancedu Roy, aonae.
. heures avant Midy le Dimanche
5. Septembre' 1638. '* ' .
44 . Le Roy déclare : Ma^Xir te
Jeudy 7.. Septembre tápJ ' i'.'ísí
^ 43., Sacre, du Roy; ;à;R4injï§ £e
"Dimanche 7. Juin .f4f4, j
46^ Mariage *dú Roy te 3. Juki
1660,
47. Naissance de Mouseigiíeur
GALANT. 9Y
k j4^. Naiííànce de Madame" Eli!
zabethde France yle Samedy.r8V
Novembre 1662.,
. 49. Naissance de Madame
Marie Anne de France , le Di
manche 16. Novembre 1664.
50. Naissance de Madame Marie-
Therefe de France , le Di
manche z. Janvier 1667.
51. Naissance de Monsieur Phi
lippes de Bourbon Duc d'An
jou ,1e Dimanche 5. Aoust 1668.
52. Naissance de Monsieur
Louis-François de Bourbon,Dut
d'Anjou ,1e Mardy 14. Juin 1672.
5J. Mariage de Monseigneur ,
le 28.|anvier 1680.
. 54. Naiííànce de Monseigneur
îeiDtrc de Bourgogne , lejeudy
S. Aouft i8f*. ».
íSíaiQàmae de iMxsrièigneu*
oá MERCURE
le Duc d'Anjou , le Dimanche
19. Décembre 1685.
56. Naissance de Monseigneur
le Duc de Berry , le Sastiedy 31.
Aoust 1686.
$7. Mariage de Madame h
Princeíïê de Conty , le 16. Jan,
vier 1680.
58. Mariage de Madame la Du.,
chessí de Bourbon , le 14. Juil
let lé86v
Voilà un petit crayon du
plus beau Portrait qui fut ja
mais. Si lan trouve que quek
que chose y manque , Ton
fera reflexion que ce n'est icy
qu'un abregé r qui n'a pû
contenir tout ce que le Roy
a fait de grand depuis vingthuit
... GALANT. 97
huit ans. On auroit bien vou
lu marquer tant d'Illustres,
qui ont eu part aux actions
héroïques qui font aujourd'huy
l'admiration de toute
la Terre ; mais l'efpace d'une
These nous borne , il faut se
reserver pour un plus grand
Ouvrage que l'on médite , &
qui renfermera l'Histoire de
nos Braves aprés celle de leur
Auguste Souverain. Nous ne
craignons pas d*y marcher
fur 'lai mesme route que les
autres Auteurs. Celle que
nous suivrons fera nouvelle;
& c'est un bonheur de vivre*
fanyitr 1687*
98 MFRCURE
íous un Monarque, dont toui
tes les démarches sontautanc
<le miracles ; & qui occupe
tellement les Historiens, que <
quelque foin qu'ils aportent ,
ils laiíïèront encore beau
coup à dire pour ceux qui
ecriront aprés eux.
sein d'une These pour leRoy,
fait par un homme qui s'est
attaché avec tant d'exactitu
de à rechercher tout ce qui
regarde la Vie de ce Grand
Monarque, que je puis vous
aíïèurer qu'encore qu'on ait ^
tâché de l'imiter , & de le co
pier en beaucoup d'endroits,
dans des Ouvrages qu'on a
GALANT.. 9
presentez {ans avoir ose' les
rendre publics , il est l'original
de tout ce que nousavons
vû de cette nature. Le tra
vail de cet Ouvrage, ou tou
tes les dates font , est quelque
chose d'incomprehensiblej íì
je puis parler ainsi, & pour
le rendre correct, Y Auteur a
a eu besoin de toute l'applicatïon
d'un hommeauíïi zelc
qu'il lest pour le Roy. Tous
les Eloges de ce Monarque i
& rout ce qu'on a fait de son
Histoire, ne nous en sçauroient
faire si bien connoik
tre la grandeur que cet Ou
vrage , & c'est ce qui merite
une réflexion bien serieuse,
& qui jettera dans tâtonne
ment tous ceux qui voudront
la faire. Il ne s'agit que de
marquer ce qu'à fait le R.oyy
fans détail , fans raisonne
ment , & sans éloge .y & ce
pendant cette These peur
passer pour une chose prek
que impoíïîble > à cause du,
grand nombre d'Actions qu'
elle contrent.Tous les Siecle*
ne nous fòurniífënt rien de
semblable. Je purs , & je dois
le dire à la teste d'un Ouvra
ge qui n'est remply que de
GALANT, ii
Faits y. & l'on ne peut ea
voyant cela que se taire , &
demeurer dans 1 etonnement»
Je n'ay dit qu'un mot de ces
raits. là , & ce n'a mefme esté.
que d'une partie ,& j'en ay
parlé dans deux cens Volu
mes. Peut-on dire apres cela
qu'il soit aisé de faire L'HiÇ
toire du Roy , si l'on y veut
renfermer tout ce qu'il a fait
de grand ? Pour moy, je suis
persuadé qu'il faudroit un Sie
cle entier , si ion vouloit
mettre dans leur jour toutes
les actions de ee Monarque M
& que cette .Histoire pour
i2 MERCURE
roit remplir seule des Biblio
theques. Vous en ferez en
tierement convaincuè,quand
vous aurez lû l'Ouvrage sui
vant , qui sera d'une grande
utilité pour tous ceux qui
voudront travailler à cette
Histoire . & qui leur epar
gnera plusieurs annees de
recherches. Sou venez- vous ,
s'il vous plaiít , que l'Auteur
luppose ion dessein executes
& qu'il décrit la Thèse com
me si elle eítoit faite. >
DESSEIN DE L'OUVRAGE.
Les Actions immortelles
de Louis XIV. estant ad
V
GALANT, i?
mirees de touce la Terre , il
n'est pas possible de trouver
aujòurd'huy quelqu'un qui
n'en soit pas informé, & qui
puiíïè demander avec raison,
pourquoy nous appelions ce
Prince Louis le Grand ,
mais afin d'en instruire la
Posterité ,on luy dédie une
These qui pourra luy servir
de regie dans les sentimens
qu'elle doit avoir des vertus
héroïques de nostre incom
parable Monarque. Les prin
cipaux évenemens de son Re
gne depuis 1658. y sont mar
quez d'une maniere qui ne
«4 MERCURE
fera peut estre pas deíagreable.
Quoy qu'il y eust une
infinité de belles choses à di
re avant ce temps. là, on n'a
pas cru devoir remonter plus
haut , afin de ne se pas co
pier soy mesme dans d'autres
Ouvrages, où elles n'ont pas
esté oubliées ; mais plus que
tout cela , pour n'établir les
louanges de Louis le
<j r a n d que fur des actions
d'éclat , dans lesquelles il a
toujours eu la premiere part,
St afin de le suivre plus exa.
#ement depuis un âge où sa
teste / son coeur, son bras &
GALANT. y rç.
son esprit ont commencé d'a
gir de concert pour le bien
2e ses Etats. .L Histoire du
Roy est une matiere riche, &
un vaste champ ouvert à tous
ceux qui s'y voudront exer
cer! Heureux mille fois celuy
cpi le fera avec succès ! On
a cru devoir ne s'expliquer
qu'en François, soit dans les
Inscriptions , soit dans les
Conclusions historiques êc
politiques , parce qu'on a eu
four objet la satisfaction des
Perfonnes qui préferent cet
te Langue , que nos Victoi
res oat rendue si florissante
ì6 MERCURE
dans toutes les Patries du
Monde.
DES C RIPT ION
... . de la Thèse.
Le Portrait du Roy est
placé au milieu d'une Cou
ronne de laurier , relevée de
quatorze Médailles , le tout
posé fur une dépqiïille de
Lion.Quatre grands Octogo
nes avec de riches bordures
accompagnent le Portrait,
&font voir par quatre gran
des Inscriptions la gloire du
Roy dans les quatre Parties
du Monde. / ,
GALANT. 17
/. INSCRIPTION.
HEurope inutilement conjus
rce pour s opposer à la Course
wiclorieusi de LOV IS LE
GRAND, cede a U force de
fin bras , &fi njoit contrainte
£accepter là Paix , que ce Mo
narque luy accorde au milieu de
fis Victoire*.
IL INSCRIPTION.
LÌAfìc étonnée des ABions ad
mirables de la Grandeur dtp
fioy 3 recherche fin Alliance , &
députe trois fois des Ambassa
deurs du Royaume de Siam a*vec
de riches Prefins. '
Janvier 1687. B
18 MERCURE
IN SCRIPT 10m.
il Afrique humiliée par les
frequentes défaites des Corsai
res d'Alger , de Tunis , de Tri
poli, de Maroc & de Salé , que
LOUIS XIV. a punk jusque
dans leurs Portereffe* , <vient de
mander la Paix'au pied du Trô
ne de Sa Majefié.
IV. INSCRIPTION.
L Amerique owverte aux Ar
mes de LOVIS LE GRAND,
a eflé le Theatre des Victoires
qu'il a remportées Jùr Jes Bar
bares 3 & des Conqueftes qùil a
faites à S. Christophe, à Tabagoy
dans toutes leslsles Antilles.
' \
». t . '
. ' 4
19
Les quatorze Médailles
font autantde Vertus ou At
tributs du Roy , representez
par des Devises ou Emblè
mes, 8c expliquez dans l'Exerque
de chaque Médaille..
Comme les Armoiries four
nissent le corps le plus naturel
Sc le plus ordinaire des Devi
ses, on s'est fait icy une obli
gation d'en tirer quatre des'
Lys , qui composent les Ar
mes de nos Rois , quatre du;
Soleil, qui est le symbole du;
Roy , &une du Coq , qui re
presente la France.
zo MERCURE ...
/. M ED AILLE.
Le Soleil éclairant tout le
monde avec ces mots, Eclai
re sVnivers. Dans l'Exerque
pour Vertu , Sagesse.
II. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots, Que
jòn odeur efi douce ! Dans 13*
xerque, Clemence.
III. MEDAILLE.
Une Justice tenant la Ba
lance , avec ces mots , Sou
tien des Loix. Dans l'Exer
que , Justice.
IV. MED AILLE.
Un Laurier. Pour Ame ,
Chery de Minerve & de Marr.
21
Dans l'Exerque , Liberalité.
V. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots. Des
Mortels Vamour & le plaifìn
Dans l'Exerque , Èonté.
VI. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces mots ,
// commande aux Saijòns£)àn&
l'Exerque, Puissance. '
VII. MEDAILLE.
Un Coq qui a une patte
en l'air. avec ces mots , La
terreur des Lions. Dans l'Exer
que , Vigilance.
VIII. MEDAILLE,
Un double Foudre en l'air .
avec ces mots , La terreur des
22 MERCURE
Ingrats. Dans l'Exerque , fer*
metê.
IX. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces paroles,,
A qui rien ne peut refîfter.Da.ns>
l'Exerque, Force.
X. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots , Son
odeur va plus loin. Dans l'E
xerque, Gloire.
XI. MEDAILLE.
Un Foudre fur un Autel
avec ces paroles , Joûijfexde
fin repos. Dans l'Exerque,
Moderation.
, XII. MEDAILLEUne
Caíîolete fumante fur;
- GALANT. 2?
un Autel avec ces mots , La
gloire des Autels. Dans l'Exer*
que, Pieté.
XIII. MEDAILLE.
Un Lys , avec un grand
rejetton à droite ,. & trois au
tres petits à gauche, & pour
ame, NofireJiècondejpoir. Dans
l'Exerque , Bonheur.
XIV. MEDAILLE.
Un Soleil qui parcourt le
Zodiaque, avec ces mots , //
ne peut sarrefter. Dans l'Exer-.
que , Vaillance.
Dans le milieu de la bor
dure, au bas du Portrait, font
les Armes de Sa Majeste' en
H MERCURE
tourées des deux Colliers des
Ordres de Saint Michel & du
Saint Esprit, & ornées de Gui
dons, d'Etendards, & de Tro
phees , qui jettent des bran
ches d'Olive , pour marquer
la Clemence de ce Prince ,
qui a bien voulu donner la
Paix au milieu de ses Victoi
res. Il y a deux grandes Trom
pettes qui accompagnent la
Couronne , avec deux aifles
qui s'étendent de chaque costé
, pour porter les Armes
de Louis le Grand ju£
ques aux extrémitez du mon
de. Tous ces ornemens qui
fonc
.GALANT, n
font le haut de la These, sonc
soutenus dune table d'atten
te , ou parement irregulier
d'Architecture d'un ordre
Composite , avec la Corni
che, sa Frise, son Architra
ve , Colomnes , Pilastres ,
Chapiteaux , Piedestaux &c
Baies. Un grand Cartouche
posé sur le milieu de la Frise,
contient ces mots , A L A
POSTERITE'. Le grand
Quadre destiné pour les The.
ses , est échaneré par le bas ,
& pôle entre les Pilastres. U
contient quatorze Theses ou
Conclusions , qui répondent
Janvier 1687. C
26 MERCURE
par ordre aux quatorze Me
dailles , & qui prouvent cha
que Vertu ou Attribut du
Roy. C'est: par cette raison
qu'on s'est attaché à com
mencer la plufpart des Con
clusions par les paroles de la
Devise qu'elles, justifient.
Comme les Theses font le
principal fondement de tout
cet Ouvrage , on croit devoir
en expliquer la conduite su.
vec un peu plus de détail. Le
stileen est assez particulier,
mais cette Philosophie que
nous donnons n'estant pas
ordinaire, & ne faisant que
GALANT. 27
de haistre , elie s'est trouvée
capable de toutes les formes
cju/on a. voulu luy donner.
Certaines expressions de Poe
sie , & d'autres libertez qu'on
ne prendroit pas ailleurs, en
ont rendu les Propositions
courtes & ferrees en des
endroits , & plus étendues
en,* d'autres, Tout cela est
permis en cette occasion, ou
l'on doit dire beaucoup de
choses en peu de paroles. On
peut inesme. parler Ecolier, si
cette expression m'est permi
se , pourveu qu'on le faíïè
pour exprimer plus naturel-
Cij
28 MERCURE .;
lement les opinions que l'on
propose. Nous n'avons pû
nous dispenser d'employer
des chifres pour marquer les
jours & les années de plu
sieurs évenemens. Cela n'est
pas íàns exemple, puis que
nous voyons tanc de Theses
remplies de semblables chi
fres. Cependant on ne l'a fais
que lors que les Actions du
Roy ne íònt pas marquées
dans les autresMédailles donc
nous parlerons dans la fuites
Cette Chronologie a sonutúj
lité, & le Public ne sera peut,
eítre pas fâché de. la tçouyer
GALANT, zf
observée dans cet Ouvrage
avec assez de íòin. Les The-t
ses ont pour Titre \
HtftQrtques&Polittqucs.
.,' Q13ESTION* ;
Qui devez - vous estimer Ic
plus Gi."and de tous les
Monarques de la Terreî
1 CONCLVSION.
LOVIS XIV. donné de
^Dieu d une maniere mira*
culeajè, éclaire Y Univers par
les rayons éclatans de fa SageC
C iij
?o MERCURE
se. Cette Vertu parut en luy
beaucoup de temps avant Vâge
ordinaire. Peut-on dire qu'il ait
manqué une feule fois a prevoir
jusqu'aux moindre* évenemens
dans tout ce qu'il a entrepris f
Qùon montre un Monarque plus
exaBa remplir J&s obligations
mieux reglé dans fa conduite ,
& plus àjjìdu au gouvernement
defm Etat. Cet Augnfte Prince
également habile dans la 'Taix
& dans la Guerre, efi l ame de
Jon Cabinet. Ses secretsfmt im
penetrable*. Il donne autant
dorades o."n de réponses &
. fréfire dwertijjimens íes
GALANT.; ?t
plm innocens au travail quil
devore , pour ainfi dire , afin de
Jòuìagerjon Peuple. Considere^
ay ec quelle Sagesfè il commença,
par le reglement de ses Finan
ces. Ensuite ayant racheté Dunquerque
, il o/la aux Etrangers le
seul Port qui leur reftoit em
France, & aux Corsaires une
ancienne retraite. Compare^ nos
Troupes d aujourdhuy a<vec cel
le* de* Regnes précedens ;faites
reflexion fur le discernement
qu il a dans le choix de ceux qui
le fervent , fur la force & fur
t étendue de fòn Genie. Voye^i
Le hel ordre quil a étably dans>
G nij,
ji MERCURE
toutfin Royaume, & vommac*
cordere^facilement que Lo ii i s.
XIV. eít le plus Sage de tous
les Monarques de la Terre.
//.
G)umd le R jy paroifl armé,
cefipour obliger des Ennemis a
profiter de fi Clemence. Telle
fut la Bataille des Dunes qui fit
conclure la Paix des Pirenées.
Combien de f'is LOUIS a-t.il
épargn é kfxng des Vaincus ? Sa
Clemence empefiha le Sac de
Vtlencienncs , (1677. ) Sans elle
Alger Tunis , Tripoli , Genes ,
& tant £autres Places auroient
esté des bûchers de viçîimes deuë.s
GALANT
a la jufiice defis Armes. Amster
dam , la Haye , & le rcfie de la
Hollande defilée ( 1672.) & mefi
me tonte l Europe firoit encore
un Theatre de feu & desang, fi
ce Grand Prince nefi suft (vain
cu luy.mcfme , ôf s il nefi fuft
arrcfié au milieu de fis Victoi
res , enforçant les Ennemis d ac
cepter la Paix , & enfiúte une
Trêve de vingt ans , aprés en
avoir prescrit l&$ conditions >
qui ont rendu le repos a l Eglifii
& qui font avoûer que
Loiiis XIV. est le plus Paci
fique de cous les Monarques,
de k Terre..
34 MERCURE
///.
> // Joûtient les Loix par la
Justice de fis Ordonnames &
defis Edits. Lific^fin Code, qui i
fuit la reg'e de nos Juges. Ad
mire^ t®m les Arrefis que ce
Monarque a rendus, comme il a
puny les Due'difics , les Empoi
sonneurs ( 1676. ) & les Vfiirim
(168.0. ) Que dites-vous de
ce bel ordre étably pourl' AdmL
nifiration de U Justice } Mon^
trex^moy un Etat ou la Police
soit mieux reglée qùen France, j
Le Roy a-t-il jamais accordé ou
refusé aucune grace quilne fuft ,
Jujk d'accorder ou. de refuser ï
GALANT. #
Mais quand <vous <vous Jouvien^
drev^qùila jugé luy-mefme con
tre Jes propres interefis dans
. lajp ire du Vofé [ufto. ] dit&
^Loiiis XIV. est le plus
Juste de rousles Monarques,
de la Terre.
IV.
Poureflre chery de Miner
ve & de Mars , /'/ faut proteger
les beaux Arts, & récompenser
dignement les Vertus militaires*.
Nos Muses donneront des loiian*
ges éternelles à Sa Majefiépour
avoirflit baflir l Observatoire,
pris la protection de l Academie
Françoise [ 1672. ] institué celles
îá MERCURH
deSoijs.ns, d' Arles, de N(/mes,
de Villefranche^ d Amiens. Le
Journal des Sqavans, qui a com
mencé en 1660 efi deua lamour
que cette protection a injpirée
pour les belles connoijfmces j &
le Mercure G4.Ia.nt qui a com.,
mencé en 1677. efi un fruit de
la grandeur de ses AíTions , qui
en fournijfent la matiere. II a.
ctably l Academie Royale des
Arts & des Sciences > celles de
Peinture & de Sculpture , les
Ecoles de Droit Civil a Parti ,
[ 1679. ] & de Droit François
par tout le Royaume [ 168 1. ]
Combien d habiles Ouvriers en~
GALANT, v
tretenus pour des Ouvrages ra
res au Us ont portes a la dernie-
» re perfiction ! Faites reflexion
Jur le grand nombre de Scavans
qui Jont dans ce Royaume , &
Jur la politejfe que ion y remar
que depuis vingt ans. Admire,z.
la Magnificence de ce Prince
dans l EntréeJolcmnelle quilfit
a la Reyne fin Epousé le 2.6.
Aouft 1660. Confidences Cours,
les Rampars, les Arcs de Triom
phe , l Edifice du Pont Royal ,
les belles Fontaines , iélargisse
ment des Rues , le Quay de la
Riviere , &lesauprcs ornemens
ajoutez, à la Ville de Paris, ^ue
>
?8 MERCURE
penfczjvous des Bafiimens su
perbes de toutes les Maisons
Roydes , de ceux du Louvre &
de ceux de Ver/ailles , qui peut
paffer pour une huitième Merveille
du mondes Voye\ les belles
dépenses que LOUIS LE
CRAND a faites dans les Car
rousels de i«6i. 1685. & l686. h*
Di'vertijsemens de f Isle enchan
tée &de la Paix,avec les grands
Balets , les Machinessurprenan
tes . & les representations des
Opera , fins parier de la richejfe
de fis Meubles & de la ma
gnificence de fa Cour. Mais fur
tout , accorde^- mqy que cefi
GALANT. ?9
dans ce Royaume que les vrais
services de la Noblejfe font re~
connus par le rétablissement de
I Ordre de S. Lazare [1673.]/^
I Institution des Compagnies des
jeunes Gentilshommes [ i68z] £5?
par la fondation de la Maifin
Royale des Dames & DcmoifèL
les de Saint Cyr [ 1686. ] Les
vieux Soldats j ou ceux qui ont
efié cfiropie^ dans le service ,
/ont nourris &Joulage^le reste
de leur vie dans t Hoftel Royal
des Invalides , fondé le 14. lé
vrier 1671. Donc Loiiis XIV.
est le plus Magnifique & le.
plus Liberal de tous les Mo4o
MERCURE.
mrques de la Terre.
V.
LeRqyefl Y Amour & le Plai
sir defin Peuple , dont il efìle
Pere.. Sçavez^vous le grand
nombre de Places quil a bien
voulu rendre en consideration de
la Paix,&'avec combien de bontéila
remis aux Espagnols trois
millions cinq cens mille livres
qu ils luy devoientpour les Con
tributions de la Flandre ( 1684 )
& comme il leur a rendu deux
gros Calions quils avoicntjuftement
perdus dans une défaite en
1686 ì LOVIS L E GR AND
a délivré jusqu'à pesent plus
GMAKs. 4v
de ijra&. Esclaves defis SujetsT
€^ de differentes Nations à Ât~
ger , outre les 600. qùtl aura, de
Tripoli , ffî tous ceux qùildoir
retirer de Tunis (d?- de Maroc..
tiy a plus ; fa bonté luy a fait
dïmnmr les Tailles de trois:
millions prés de 5 00. mille Uvres:
( 1684, ) donner de grandes som
mes pour occuper les Pauvres h
des Travaux aujfí utiles a leur'
Misere qua Vornement des Vil^
les ( 1685. .) fairè des chantes
considerables pendant lafkmnè.
de 166 1. fç) le grand Hiver"
{ 1684. ) & une diminution tres±.
grande four fis Droits fur Us
s Janvier 16S7» I>
ai MERCURE
bled. ( 1685. ) Ses mains RoyaU
les occupées à porter le Sceptre ,
n ont pas dedaigne' depuis fix
ansde composer des Remedespour
le fiulagement , fé) la guerison
deses Sujets ; & de leur en don
ner luy-mesme les secrets qùil d
publie^depuis peu, {g) quilrìavoit
achete^ que pour fin Peu
ple. N oublie^pas encore cetar-.
trfice benin dont il 'vient de Je
sèrqjir ,pour cacher a toute fi.
Famille Royale 0, àfin Royau
me une maladie qui le tourmentoit
, afin de nous épargner l in
quietude g) la douleur de fia-
*vQtr un fi bon Prince dans
4?
les peines.^ Reconnoipz dom'
de bonne.fy qu il merite mieux.
le nom de tres bon que cetËm-.
pereur Romain a qui on le decerna
5 puisque LOUIS XIV.'
vray Pere de la Patrie , est le
plus Aimable &. le Meilleur
de tous les Monarques de la'.
Terre.
VI.
Il commande aux Saisons ,4
lors qu 'il trouve le moyen de'
faire la Guerre au milieu de'
L Hiver. Qui pourra comme luy '
parvenir a cette puiflànce, d as-
Jteger en me/me temps quatre'
Villes tres-fortes [ \6yz. ) & de
D ijj ~
A4 MERCURE
faire recevoir ses Loix en un
mcfme jour a deux Places auffp
considerables que Strasbourg fg)
Ca%al ? Jl a dompté les Jroquois
( i66j. ) & reduit en fìx jours
les Algeriens ,quetout le Regne
de f Empereur ChaHes-Quint avecfa
fortune n eut pas feule~
ment le pouvoir d'intimider.
N a.t il pas contraint les Corfaires
de Tripoli , de Maroc y
de Tunis , de Salé , avec ceux
de Majorque .{ 1681. ) aprés le
avoirfournis , de refpeûer nos
Vaisseaux , fg) de rendre tous nos
Esclaves ? Conjïdere^ce que cest
que de joindre les deux Mers e»
í GALANT. 45
Languedoc par un Canal long
de 64. lieues , commencé le 16*.
Avril 166-7. (ë>r acheve dans le
y me/me mois de l année 1681. Tau
re confiruire l Acqucduc de
Maintenon pour la conduite des
Eaux de la Riviere d'Eure ,
( 1685. ) d°nt ïédifice Jurpajfe
tout Ce que les Romains ont en~
trepris de semblable. Cefi la
puiíïànce du Roy qui Va fait
triompherfur Mer des Anglçis
en 1666. des Hollandois le sep*
tiéme Juin 167.2,. & encore
deux fois de la me/me Na»
tion en 1673. ft) a Stromboli ,
*n Sicile , { Janvier 1676. ) des
4* MERCURE
Ejpagnols , fg) des Hollandais
devant Augufia le n. Avril
suivant , ou le fameux Ruiter
qui commandoit fut blessé à,
mort , le deuxième Juin de Id
mcjme Année devant Palerme ,
ou l on remporta la plus glorieu
se Victoire de Mer qui se fòit
veuè depuis la Bataille de Le
sante ì les Plotés d. Espagne @p
de Hollande ayant efié défaites 3
& ensuite brûlées clans le Port ,
dont le miserable. rejle fut vain
cu le 3. Mars 1677. a Tabago
dans l Amerique. Dom LOUIS
XI V. est le plus Puissant de
'tous les. Monarques de la
Terre.
-GALANT. 47.
.'.y vil
La terreur des Lyons , ccfl
cette vigikfvre qui fait <voir
le Roy , le premier à la tefie da
ses Aimées > moissonner des Pal
mes fg) des Lauriers avant que
le Printemps nous donne des
fleurs. G efi encore cette applica
tion exacte fç) reguliere a gou
verner par luy-mefme , q) À
tenir tous les jours ses Conseils.
Lefoin qùilprend de connoifire
Jès Officiers , de Jefaire rendre
compte de tout , (gf de prévoir
dans le détail a mille choses qui
rendent ïexecution de desordres
plusfacile ft) plusprompte. N'a
48 MERCORjE
vons-nous pas veu baflir une- *
Gídere en dix heures f ( 1679. )
N efi.ce pas par les fins de Sa
Majestéau ily a tant de Gardes. .
fç) d illuminations , pour lafu
reté de Paris ? On lu.y doitauffí
r établijfcment des Compagnies
des Indes Orientales (d?. Occidentales
, (efr de plusieurs belles
Manufactures ) une Compagnie
de Guinée1 ( 1685. ) avec beau
coup d autres avantages procures
à ce Royaume , poury faire fle»\
rir le Commerce avec succes La,
Navigation efiparvenue à une
telle perfection cheries François>
paria, vigilance de LOVÎS LR
GRAND»
GALANT. 49
CRAND y que les autres Na
tions rapprennent de nous. Tou
tes nos Provinces ont acquis la
/curetépar la bonté des Torts de
Merspur les armeniens des F'lo
tes , par lafortification des Villes
frontieres parla construction
'de Saar-Louis , d Huningue , g)
de Mon.Louis , fins parler de
tant de fortes Citadelles baflies
par les Ordres de LOUIS X IV.
ìe plus Vigilant de tous les
Monarques de la Terre.
VIJL
L0V1S prend quelque fois
le foudre en main y pour punir
les ingrats, pour maintenir les
Janvier 1687. E
T° MFRCURE
drain de fa Couronne , fg)pour
rvur.ger la foy publique , (d?- le
droit des gens violes ( 1674. )
dans lAjJemblée de Cologne. Si
la Garde Corse a la temerité
d'attaquer un Minifite Public,
le Ry fîsait en tirer la/àtisfa~
Síijn deu'è afa dignité ^obtenant
tout ce qu'il pouroit pretendre .,
par le traité de Vise conclu le íiì
Mars 1664. avantage ont
remporté les Espagnols en reffini
U pìts a noftrç JmbajC
fadeur a Londres ( 1661. ) fnon
d'avoir efié oblige\depuis a déc
'arerpubliquùmnt qu'ils cedent
par tout la préfëAme aux Bran
GALANT, v
cjmviïe íeurK^pïrkiénfpBsf Á
qttoy bon troubles leï Wibitdns
<£ Andxye \ ^) donner fant ; de
ra^fiùtâ.rfitgàtàiïsû T.rdacé
potier é%ká" de coùctúre ïaffàre
êe £ÌPnduttê fc'efioitpour fiire
ítòarSfc tohte ^Eiïïope ; t^itè U
éRWWb si/fisst p wmdntekir
jfòn titre de Duc de Rmr~
g.gnâ": t tûìó.ï) pour remettre
Jtsv:S*jeù en pòjpjfià ÏÏe UVcf,
chf{\tô$ pourfdre trembler
tmte . tífpÁgne en tenant une
grmde Vhttè bloquéè devant
ôadix ( Í68&.v ) Le Turc a <veu les
Eij
y. MERCURE
Corsaires de Tripofy poursuivis
fç) battusjusque dans le Port de
Chío \ 168 1. ) @r nostre Vlotte
^ victorieuse menaçant les Dar da
nelles , porter lépouvante jus
que dans le coeur de fin Em
pire. Ces preuves de la fermeté
du Roy , (gf. la vigueur de fin.
Ministre en 1677. 1680.(^-1681*
ont obligé le Sultan d'accorder le
Sopha à noftre Ambassadeur , ft)
d'autres Privileges pour la Re
ligion Catholique , ce qui fait
voir qu'il estime davantage
LOVJS LE GRAND que tous
les autres Monarques ensemble.
Jtfvs Allier ont aujst goûté les
GALANT. <î
fruits defa ferme ré , lors qu'il
leur a fit. rendre (1679. ) les
Villes (§>?> les Provinces qu'ils
avoient perdues pendant la,
Guerre ; toute f Europe vient
de recònnoiftre par la réunion de
-' plus de xoo. Villes famées ,.
800. grés Bourgs ffi 3000.
Villages ujurpe^jur la France
pendant les 'Revolutions de ce
Royaume , que LOUIS XIV.
est le plus ferme de tous les
Monarques à maintenir les
droits de sa Couronne.
Rien ne peut resister à la
íbree d'un Roy Invincible „
Eiij,
qui s'efi fut, luy, me/me une
routeJm le Rhin , mal.?iéjò%
extrême largeur *Jk rapidite Cs*
f profondeur ; metuint en der
r.ute une Armée qui <voulokJuy
,eu disputer le píjf^ge. * Tohyii ,
& qui fut contrainte de le luy
ahj^donn£î{ Le it. Juin. i6,7*.f
incomparable Mcfos a fins
&ej- beMwjèwnt plus de
Guerres , gagnéplus de 6p. B%-
t^ïlks ou Combats s bordéde$f
Cûnquefies le&hin ,le Viyahai'i
la Moselle , U Meuse \ íljfel i
la Lys , lFfiut , &f pris plus
4e 6oo. Villes par Sieges ^ TfaL
t&L o ou pifoteçftm. Aprés m fi
GALANT.' vf,
grand nombre de Con^uefiês ,
que d/tes^vms de & force' des
Places , les çriyczjvms imprena
bles f Je <vous oppojèray aujfìtjfl
Dunquerque s le Fort de
Schein, M.ifircic, Valenàennesy
Cambray, Suint Orner , Tpres ,
Puioerda., Strasbourg , Luxem
bourg , & tant, dautres que
vous voyez^parmy les Conquefies
d un Roy toujours le plus fort.
Voulczc^vous au contrairefiûtenir
quïl rìy a. point de Villes
qu'on ne puijfe prendre ? Sans
doute vous ave^mblié que nos
Ennemis ont levé le Siege de
vant Voêrden , & devant Char—
E ÌÌÌj'
*s MERCURE
leroy , ( 1672.. ) devant Oudenxrde
qu'ils affiegeoient avec>
trois Armées , ( Septembre
1674. J devant Haguenau
Saverne ( 1675. ) devant Augufla
en Scicilc [ Janvier ] de
vant Mzftreic le vj. Aoujl 1676.
& devant Chxrlcny le 14. Aouft
1677. Accordons-nous , ffi dïfms
qu'il n'y a point de Villes
imprenables fi Louis les attaque,
& qu'elles ne peuvent efirefor
cées lorsqu'il les dcffend. Vous
Jçave^ auffi que nofire Vlotte
Vichrieufe a toujours battu cel
les de nos Ennemis ; m iis e:iffìe%r
vuus cru , fi toute U terre ne
GALANT, r?
meus en affeuroit que le braie
d'Erlingue avec fin seul Vais
seau \ euft osé livrer le Combat
à 37. Galeres tant Espagnole?
que Genoises [ 1684. ] qu'a
pres les avoir battues , $~ leur
avoir tué zooo hsmmes 3 // cufi
pu heureusement fi retiret danr
son Port. Donc LOUIS XIV.
est: le plus fort de tous les Mo
narques de. la Terre..
X. •
Dans ler Panegyriques des
LOVIS LE GRAND , je pje*
fire toujours la vetité toute/im
pie , a la figure aux Allegotics.
le Juif donc, entierement
$ MF.RCURïï
perju.idé qUilJuffit icy d'ejì.iblir
sa ?\oirc Jurjes propres actions
(d/-sûr des sits connus de toute
l Europe. Jgui osera nier que
f Empereur n ait eu befitn du
secours de France , [ 1664. ]
poursuivcrh Hongrie & toute
s Allemagne qui allait devenir U
proye des Ottamms ì Le Grand
Duc de Mswie a recherché
í Alliance du Roy par ses Am.
b.jfideurs [ i66g & 1*81, }fEm*
percur des Turcs [ 1669. ] un Roy
de Guinée [ 1670. ] t§jr le Roy
de Si^msiit voir par des Presens
magnifiques , @r par trois
Ambajjudes qùi[ envoye du miGALANT
S9
lieu de l Asie, [ i6Sì. ] OMre
1684. &.\en Aoufi 1686. quelle,
efiìme il fut de LOUIS LE
ÇK AND . Ce Prince qui nefi
fin da jcctte cflïme que pour le
bien de la Religion y ria. t-ilpas
feu nn Souverain à fis genoux ?
[ifSf. ] (&y lun defis Gene
reux donner un Pzjjcpon le 2.4.
Septembre 1677. à l Aimée En
nemie beaucoupplus nofnbreufi
qW U nafire , pourfirtir d'un
lieu, oà'eUe benoit de fifiuver, .
nprés avo'.T efié b&ttuë ? Le
grffld Gufîoe<ze qui appeUoit il
y.tì 56 Ans les Autres Monarquesy
des Roitelets en' comparaism dfk
6o MERCURE .
Roy de France 3 s'il vivait au~
sourd huy , ne diroit ilpas avec
nous que la Gloire de LOUIS
XIV. ne peut avoir de bornes*
& que c'eír. avec justice qu'iî
est le plus estimé de tous les
Monarques de la Terre ?
XI.
Joiiiíïèz de son repos, Frìnces
inutilement jaloux d'une
grandeur à laquelle vous' «?
parviendre^jamaìs. L'on a re
fusé les Secours qu il offroit fi
genereusement ; mais fans luy on
n'a pu aller à. la Victoire , puis,
qu'il cflint le Maifire du chemin
qui vonsy acmdmts. Les droits.
' ".GALANT, rît
que ce Prince avoitjur le PaUtinat,
oni.ils esté capables de le
tenter ? Point du tout. Jl a cher,
ché les tvoycs de douceur , ^) fi
dele dans la parole qu'il avoit
donnée de ne point agir, il a
cedé fis propres avantages pour
ne pas interrompre le cours des
zostres. Jgui peut dire qu'il fa
jamais veu en colere ? Ennemy
des loila nges fg) de la flatterie ,
toujours affííble , toujours pa
tient , & le plus moderé de
tous les Monarques.
XII.
La gloire des Autels, c est la
Pieté dont LOVIS LE
MERCURE
€ R A N D, a donné, (èfy* dón±
m feus les jours de fi grandi
exemples. S efi-ilfirwy defèsú.i
wantages k>rs> quïl a <veu l!Allei
vtagne embarajfci t$mébàìùm
pás. a ft moderation een.x que
'vous avez remportez: en Hon
grie* Cefile Beffwfîtfhde^^E*
glija , le VviMfàjcr des. yEv<fl
qu.es , & le Defiruffeurde l'He*
refie. Il a fmi nf de grande?
fimmes. aux Venitiens. (1658. )
pour sûre la Çttdrre. .qu'ils'
efloient obligez defmtenir. H à
proscrit les Blasphèmes & les
Inipietcz^parfis Déclarations &
Edks de 1665. 1667* q) t6?y}
GALANT. 61
V Eglise cl recoww éfa premiere
tranquilîté fr les Jèntimens &
Jur les points delicats de la Re
ligion , par les Joins de ce Mo
narque qui a envoyé dessecours
considerables de Troupes en Can*
die contre les Turcs. [ 166S.
166y. ] ft) employeses forces de.
Mer contre.eux [1670. ] Il a
tefiab fy lexercice denofire Relu
gbn dans les Villes Herretiques
d'Osfy, de Rhimberg, de B u -
fi h ,dVtrech., (g^c. [ 1671.
de Geneve en 16S0. fê) de Stras
bourg en 1681. Ce Prince trespieux
a rtmis en p'ojfcjfion de la,
Garde du S. Sepulcre les Relï*
H MERCURE
gieux de S. François t677, $
leur continuéfa proteêiion Roya
le ses liberalits^ dans toute
la, Terre Sainte. Il a émt au
Roy de Ferse enfaveur des Ca
tholiques , (dr en a obtenu tout
ce qu 'il a demandépour nos Mf
fionnaircs^ Les grandes Con
versons quil a procurées dans
le Royaume de Siam , g) dans la
Chine depuis plusieurs années >
ï Edit de 1681. qui deffènd a ses
Sujets de quitternoftre Religions
g) cet autre de 1683. qui oblige
les Idolatres qui renoncent a
leurs erreurs , d'embrajfer la
Communion Romaine ; En un
[
mot ce qu 'il a ordonné ( ifâçy
pmr le, rejUblijfement des Eglifis
g) des Fresbiïeres y @J ce'
\ Mmdcment pourfaire observer
la, modestie cUns les Eglises ,i
14S6* tout cela ne montre t il
pas la vcritableYxçxè de LOVIS
JLE GRAND .<? Ajouflons , quaprj
la Conversion volontaire ft)
libre de plus de fíx cens mille A~
mes reunies à l Eglise Catholique'
depuis plusieurs années , que le
zgle , les Joins charitablesfs gj.
les belles Ordonnances du Roy
les sollicitent à se convertira it
a revoqué L'Edit de Nantes ,
jait abbatre tous les Temples des>
Janvier 168 j. K
(S MERCURE
tìuguenots.., g) ab&ty s Heresie1
áxns fin Royaume , W me attûée
, ce quejer PredeecjsetìTsna-
^oknt pas fait pendant plus
d un fiede : hissant a lapoflcrite.
un bel exemple dont le Duc de
&&wye u le premier Jùivy les
traces. Ces grands services ren
dus à lEglîJi ijans parler de
ceuxqxtin atteted, prouvent que
LOUIS XIV. est le plus
Pieux de tous les Monar
ques. • l"4 1 '' " \';
C'est pour 4'es grandes Vetttts
du Roy , que "Dieu l a. comblé
d'un jufte Bonheur , en hy .
.l . i rjr. A\\
galant: ef
donnant une nombreuse Pò/fe-
" rite. Heureux dans ï Alliance
qu'il a faite arvec une Keyne parfaite
& remplie des graces du
Ciel : heureux dans un Fils incomparabie,
&dansjfon Augufie
Epwíjc : heureux enfin dans un
Frere félon Jon coeur , & dans
tmdxfíFAmilk 'Rijyalequil <voit"
entierement devoiiee ajonservi- .
ce. Ses Mìnifirts font vigilans, ,
ecíaire^ &fidelles ;Jòn Rojaume '
flwiffìnt Jh Armes' invin
cibles, il eft cbery de fort Peuple, :
estimé de. toute la Terre , & par
tout Vííforieux, Ainfì lors que '
*vsHt ditçs €pue les Defltns jòntr
68 MERCURE .
pour luyjans contrainte , que
cefiparce qu'il a enchaîné laVortune
qu'il efi le plus Grand des
Rois , reconnoijfez. en mefme
temps que cefiparfa propre ver
tu qu'il efi leplus Grand de tous .
les hommes. Voila lafeule raison
pour laquelle Louis XIV. est
ie plus Heureux de cous les
Monarques de la Terre.
ll ne peut s'arrester dans la
belle route des Heros ; ce Prince
Magnanime , nmrry dans le
sein de la Victoire. Ses Ennemis
me/me avoâent qu'il ne fe con
tente pas de marcher le premier
GALANT <9
k la tefle de ses Armées , mais
qu'il les mene en personne au
Combat & a la VÏBoire , d'oà
vient qu'il efi plusbefiin de le
reunir que de l exciter. Sa Vail
lance ne nous fit-eUe pas une
frayeur fans pareille , lors quaprés
s'estre exposé à mille dan
gers , & a des fatigues inconce
vables au Siege de Dunquerque
[ 1658. ] il demeura luy seul in
trepide pendant une dangereuse
maladie qui defcfyeroit toutjòn
Royaume ? Pouvez.- vous Jans
admiration & fans larmes pen
ser avec quelle grandeur dame
LOVJS a souffert fa blejfure
7o MERCURE
dux. Septembre 1683. & une
Operation accompagnee de dou~
leurs aiguës ? [18. Nov. 1686. ]
Suive^ ce Vainqueur en Vranchc-
Comté qu'il prit luy.mcfme
en dix jours au milieu de iHy.
ver: & en Lorraine qu 'il fou
rnit en peu de jours, îl a conquis
en petfinnc fiixante-ánq
Villes en deux mois , fortifiées
dans l&endué d on%e Provinces;
M ifirich , que l<m efitmoit im
prenable , en tre ize jours z & les.
années /ùivantes, Valevúenmsy
Gand , & Tpres. Assiegeant U
Ville de Bouchaïn ìm 1676. les
Armées des Confederres tenteGALANT.
71
sent le secours de cette Place.
Le Roy aÛa au devant , leur
prtfenta la Bataille qu'ils evif
terent par U fuite. Voulc^wous
d autres Victoires rempotréesfar
Terre par L OV I S LE
• G RA N D , .<" Je <vom rapporte
les principales. Ce font les Ba
tailles ou Combats des Dunes le
14. fuin 1658. de S. Godart au
p&Jfage du Raxb en Hongrie le
premier Aoufl 1664. En 1674. de
Zein?ein , de Molsheim , de Se*
n ef contre trois Armées , d'Emf
heim , dans laquelle vingt mille
François défirent trois Arméet
defiixante &fex miUe hommes>
7& MERCURE
commande^ 9 par vingt Princes
Souverains , ou de Maison Soumeraine-,
de Mulhaufein ën 167^.
de Turshcin , apres laquelle les
Csnfedere^ furenf chajfcz^ , &
contraints de repasser le Rhin..
En 1677. lonziéme Avril .celle
de Cajfel, remportée par Son Al
tesse Royale ^ quï defit les Espa
gnols (dp les HoUàndois , mmmande^
pçr le Prince d'"Orange,.
prit enfmte*Sa}rit Orner. Lés
Batailles d'Mpoûille en Catalo
gne , de la SeiÛe, & dAufembourg.
Le Combat du Pont- a-
Mmjfon^ de Koquerberg^outre
vingt-cinq mille hommes perdus
par
GALANT, .71
par les Allemans dans le Cam
pement de Mouron. En 167g.
les Combats de Rheinsfeld le 8.
Juillet , & de Saint Denis le 14.
Aòufi. En 1684. le 16. May le
Combat de Pont . Major , au
pajfige dei la Riviere de Tur. Re.
iconnoijfeç^ donc que U Vaillan
ce duRoy ta rendu leplus grand
Conquerants qu'un concours fi
heureux de tant de Vertus Mo
rales & Politiques \ prouvent
invinciblement que L ou is XI V.
£st çeluy que vous devez esti
mer le plus Grand de tous les
Monarques de la Terre.
Dans le grand Quadre aux
Janvier 1687. G
74 MtkteOKl
deux coffe2 des Theses ©a
Conclusions historiques &
politiques ,sont marquees les
principales ; Conqu'istòs du
Roy selon Tordre dèsanne'eS}
afin qu'on puíílê1 les> tròuvéV
tout d'un corjp,^d%ríè feuX
le veuë , 4en lisant ' tes autres
Actions de ce Prince Cha
que coríjdueste k *fir titèfrífue
pour en> c1>n'si$ïfteM£
tion selón la "Geographie,,
cela se trouve eitpîîqué dans
un Cartouche poï^itfus 'le
Quadre. *^\^r^h
.. .GÀLAKÎV 7s
Pour cottuoifire la situation
des Cottquefies. ,
A AtVòîè^' Cornu, eles JPtys '-ba*
Catholiques. : v; v^,«»'.> '
.'.'Akace ; : ':£attáptèvi4Ì^ iÀBemagne.
. . ' '."'O '
B Brabant1; Dùchí «M&$sÌ>at
Catholiques.
C GleVes'; ^u^ìenlÂneriapie.
f Cologne „ EleBorar^ .en Àlle~
Magne. ' . -* 1
F Flandres, Comté desPJy:-ha.t
G Gueldres , 2>«^ , deiProvïh-
. ces-y^ìes.. , ij^.n-'. ! ? .
IjF HàìnVùt, & ktyi ú*
3J" Cathotîquês. 4t"
G ij
j4 MERCURE
h Hollande , Comté , des Provin
ces-Unies.
L Liège* Principaute , £Attenta-
,gne. ^ x- .> "WïjK
\ Luxembourg, Duché, des Paysbas
Catholiques.
N Namur, Comté , des Pays-bd*
Catholìquts. .'. ...'>' •
O Owerissel , Seigneurie, des Pro
vinces. Unies.
P Palatinat , Eleïlorat , en AUemairie.
:' .£, : J
V Utrecht , Seigneurie des Pro
vinces-Unies. . ; ... ,4. ../'.f
Z Zutphen , Comté , des Provin
ces.Unies, i •.;
Ces seize Provinces ont esté
le Theatre le plus ordinaire
des Conquestes de Louis lk
Grand, quov qu'il cn ait
GALANT. 77
fait beaucoup dans plusieurs
aurres Provinces , qui font
marquées à la fin de chacune
de ces Villes. Ainsi Ton trou
vera peut. estreaíïèr d'utilité
dayotrenïì peu d'espace les
principales Conquestes, lan,
née quelles ont esté faires,
& le Païs pu elles font situées.
Trinàpdes Conquestes du Roy*
Dunkerque. F
Gravelines» ;'" F
Oudenarde. F
Menitì. F
Ypres. F
Comm.ines. F
Grammoat. F
Giìj
78 MERCURE
Dixmude. F
M or tare v Duché de Mitau , en
Jtaïiey \"
1663.
Marûl , en Lorraine.
"... : ."s t&7> . \
L.a Bassée. F
Conde. H
Charle.Roy. . iH
Bergues. > ' ' ' B
T.Huruy. .'. .?. .. V F
AcH, . H
Doiiay. ...I.'...' 'I'- í?
.F urnes. '.. . W
Çourtray. ^ ' |?
Oudenarde- p
Lisle. .fr
.^.lost, deux fois. .• m. . F
Árrnentieres. > ,. , ' Jf
GALANT. 19
.y léóS.'
ècíànçon. . .. . ,~ sf.v . K S
Salins.' • . »
Dole. ' I»
Grais. u O
Chasteau de JoujíVj...:. ^ |
Fort Sainte Anne. >-
£t toute la Franche-Comté. . .
Pont-à.Mousson. ,„ ,y., . \\
Çpinal, Nancy , & toute la Zar*
, rainer
fpngres. . j,,7/L
Weifet. . X
ltfascik. Mjv.'vk
Sjtuar.. . ^ 3. I*
Fsluquemont,,D«^.^ Zifpktìur£.
flLhimberg. v t
jfurìck* .r....;. Ç
G iiij
8o MERCURE
Weícl. • } C
Rées , & son Fort. >:!; C
Fort de Lippe , enVvestfhalie.
Emmeuk. ;:.v ì,- G
Locken, '1 Z
Bvoí kelo. Vvtfifhalìe; >
Grool. * ,: ' Z
Doëtkum, >ír Z
VHrz. ' Z
Brtwoort. ' ' ^.^ 2^
H. sselt. c V . • O
Ommetij .. ''.'• O
Kemperi. O
Zwol. ?- >.••v^:/.|"0;.
Deventer. ' r-:
Zûtphen. H : > . . ' Z
Óoësbourg. ». ' > Z
Fort deSkeink. . ''".rí"'.»>: f
Utreicht. •
Mu'íden. .;:>.''-í\, fc:
Naërden. ••' ' h
GALANT. 8t
E&ourg. . G
Harderwick. >ì . G
Hattettî'ï *ì>♦ ï ..• .. t '>'»*.. ' . G
Amersford. A
V^oërden. h
Oudewarer. %, \v. . ' h
Arnheim. G
Vianem. ~>«t : Ja
W"agcninghen. G
Rhenéen. j:> V
Duëstede. V
'Wic... Duché de Zimècurg.
Knotzeiobourg., *. F
Les Forts de Saint André & de
W'orms. i G
Isles de Bomel & du Betwe, G
Creveeoeur. " : B
Nimegue. ' G
Grave. st
Genep. .<..'.. C
Bodengrave* .> ' 'h']
82 MERCURE
1673.
Mastreick. : '
Tout le Comte de la Marek. ' ? . '
Salins. Sf
Principauté de Lure. »*.
Chafte'au Sainte Anne.
Fauconnié , & toute la Franche-
Comte'. • •'' fj.í
<îermeinsheim. .? P
Duren. ^ Ì..t ; '>> >• 'P
Heiníberg. .'»»'•»• *v p
jpinnick. .'Jwt...i:;:^p
Citadelle de Lieo.e .n...O
.-l^: O » *
Trêves , A'Jemayie.
1674. .
TJinan.
Huy, L
GALANT. 8?
Limbourg y Duché.
F^rt de Monivic Cataleyte.
Augusta , en Sicile.
167$,
Fort de Link. F
Condé. .' H
Bouchain. H
Aire. A
Builloru £•
Tôrmiuna. j >
S.aletta. a?
La Croix. .... £s
Savoca.
Ficumedcntsi.
Fort &Iflc de k Caïenne , dans
tAmerique.
Valenciennes. H
Cambray , &; .& Citadelle. H
Saint-Omer. A
Fribourg.. :.. . .i
8+ MERCURE
ChasteaudeBoslu. s']\ .x > H
Saint Guillain. H
Sarbruk. Lorraine, ...r;
Forts de Tabago & d'Orange.
Amerique. . - \%,;\\
1678.
Fort Rouge.
2s.ores, .v,..)..,.: F
l'uycerda. Catalogne.
... > «
Fort de Kiell. , a
Kampen.
Landav, & le Chasteau de Lichtemberg^
»^//^
apte.
Aix-la Chapelle , & tout le Du.
ché dejuliers excepte la Ca
pitale. i,»C:L Vïlì :.
Nuis. .. ., , .." ^
GALANT 8c
1680.
Chademont. fss
Hombourg , Frontiere du Palàtinat.
;
Virton. JBaillages du
Chin y. Luxembourg,
Enchimont. L
Strasbourg. a
E/CazaI , Italie , en me[me jour. :
1683.
Courtray, p
Dixmude.. ' \ . • ; p
1/84.
Luxembourg. L
Cap-de-Quiers , en Catahqnt. .
réunions.
Fumay. j_j
Le Comté de Rochefort.
Le Marquisat d'Arloh. :' >
Herbemonk ,.,'.'
Urbu.
fc< ME&CfJRE
Orchimont.
Revin.
fiastoine. , > r
La Roche. rs '".lV *
HofFalize, ' ' r
Saint Hubert,
Marche-en Famines : >
Ì.c Neufchateaiu •',' .,,v.
Echternach.
L i Principauté de Sálm,êcci. dam
le Luxembourg. 1
Et les Comtez de Morîçbe'íará^
&íde Sponheim, en A ema<gn&.
LesColomnes,Jçs Pilastres,
& les Feítóns font ie^idrtïs de
cinquante.'huit revérs de Medailles,
qui font autant d'Ins
criptions qui rna&qttent seloû.
Tordre des années y les prihl.
GALANT. 87
cipales Actions du Roy, qui
n'ont pas esté compriiès en
particulier dans les Thèses.
On va les rapporter íuívanc
qu'elles font disposées.
I i! . . J . . ,.l 1 . . . ì
..t.4.; Çharrìhre de Justice, pour
rétablis l'oirdrQ daìis les Finan
ces, 1658. .•..:,/.'. í { ,
ì. Edit contre.Ies Duels , Kjj?.
3 . Les Rois de France & u'ÉC
pagnes voyemt ] & fígntnr la
Paix le 7. Novembre 1659.
4. AccruiíìtiondeDurikerque,
ì'66l. . .Jt*. />'[ ri: 'i . .. , ií í '.
. . 5. Le Roy d'Espagne cede la
préséance â 4a France , & le dé
clare le 14.. Mars 1661. ; r-'
Alliinjce/renouyellée avec
les Suisses j 1663. >; .
88 MERCURE
7. Protection accordée au
Comté de Venaiflìn , 8c à Avi
gnon ,1663.
8. Etablìílement da CommerJ
ce aux Indes , 1664.
9. Piramide élevée á Rome,
Íîour faire satisfaction au Roy de
Iníûltede la Garde Corfe,i<?64.
10. Satisfaction faite au Roy
par le Legat , 1664.
n. Victoire far les Corfaúes
d'Alger, St deTunis, , '
ïì. Grands Jours en Auvergne
pour la Justice, t66$. .
13 .Protection donnée aux Hollandois
contre l'Evefque deMunr
ster &: contre 1 Angleterre, 1666.
; 14. Paix entre la France & Jes
Algeriens, 1666.
„ 15. Paix de 3reda avec les Anglois>
i667. >.r^v.,.:.
16. Les Procedures detruites.
'par le Code » 1667.
17. Paix d'Aix-la- Chapelle ,
166$
iff. Secours de Candie „ r66&.
1669.
19. Le Roy visite ses Conqueftes
, ^70. & 1683.
zo. Le Roy fait fortifier & vi
sité ícs Conquestes , 167s,
11. Les Hollandois forcez ai»
Poste A'AmtidéttyVÍJxi. '
xi. Secours jetté dans Meflîhe
aprés 'la déraite des Ennemis ,
Février 1675V'"
~ 13 . Desunion de s Considerez „
1^78..
24. Les dix Villes imperiales;
d' Alsace prestent ferment de fi»
delité au Roy, 1679, .
. zf. Protection Sc secours don-
Janvier 1687. H
90 MERCURE
nez par Sa Majesté aux Rois de
Portugal,.i668. & de Suede 1679.
16. Les Corsaires de Tripoli
featcus ,.puis défaits jusque dans
le Porc de Cíik>: ce qui allanne le
Turc, Juillet 1681.
27. Les Villes dq Strasbourg ,
& de Gazai soumises au Roy, le
30, Septembre 1,681.
' r8. Paix de Maroc , & de Salé,
Decembre 1 681.
29. Alger foudroyé , Juin 1683.
„ 30. ìì.Decembre Luxembourg
foudio^i, 1683.
: 31. Les Vaisseaux d'Alger b rir
iez à Sarcelles i68ì. &: ces Cor
saires battus plusieurs fois 1683,
, r Genes foudroyée, May 1684.
33 . La Vifle de Trêves déman
telee 6c punie , en Juin 1684*
34. Un de^ ûos vaisseaux Mar
ì ... ^<Ì:PlLM€Tì &
l .cèaods repris au milieu de treoie-
trois, autres , 1684.
35. Protection donnée à l'Evefque
de Lîege contre íés SujjSt4s»
l jtebfeljes,i^..;. ./' y\J
. 36, T rive de ,vipgj ans accor-.
dée. à 1 Éuto,pe par le Roy, r 68 4».
. r. #8. .TîripQ)!! foudroye v .en Jaít»
*' ' p. ^Amrjassá^eû/dé Fránce"
-e&ftent le Sopha à An^rinople
p "áeî^'r^ction de i'Hétesie par tour
ic Royaume , 168'5.
?'-.4^ JLe^avf doàne jdfifîsecowiîs.
sw&ugí.de^ayojfc^r }'>£>o.&~
92 MERCURE
tiort del'Heresie dans sesEstats^
6c afin de reduire les Protestans
rebelles des Vallées , 1686.
Les deux precedentes In£. ^
criptions ont esté pôiëes íùr
lc Piedestal de chaqu c Co
lonne , pour montrer que U
Base & le fondement des
Actions de LOUIS LE
G RAND » cest ta Reli
gion. Les Festons n'estant a~
joûtez que pour TornemenÊ,
l'on a crû qu'ils fefoient trespropres
à porter lés' Médaif- \
les qui contiennent les NaiC
sances , les. Mariages , & les
autres eVenèmens de cette
t ' > .
>
GALANT. <x
forte , qui sont afïèz souvenu
representez par Les Fleurs.
Cette précaution ne déplaira
ï pas aux personnes exactes ,
.qui auroient peut.eftre trou,
vé à redire qu'on eu st meílé
ces faits avec les autres..L'on
n'.a pas eu de peine à se re
soudre à eette separation. Il y '
a tant de belles choses à dire
du Roy , que nous ne /òmmes
pas reduits à la necessite'
d'établir les louanges de ce
grand Monarque fur des efl
rets étrangers. Ainsi Ion a
piis sa Naissance t son Maria
ge, les Enfans qu'il a eus,noa
£4 MERCURE
'pas pour en faire des~ siijets
d'Eloges , mais pour donner
plus; d'osnemeint À cet; Ou
vrage ,ôc a;5n de ne pa& pri
ver ies curieux de ces remar.-
.ques , quirait paru ,de con&-
,rjuencfi. . J \ìs:ìïûy\,i.ï
v> i r : . j '''; >.i ' r,. t
43. Naissancedu Roy, aonae.
. heures avant Midy le Dimanche
5. Septembre' 1638. '* ' .
44 . Le Roy déclare : Ma^Xir te
Jeudy 7.. Septembre tápJ ' i'.'ísí
^ 43., Sacre, du Roy; ;à;R4injï§ £e
"Dimanche 7. Juin .f4f4, j
46^ Mariage *dú Roy te 3. Juki
1660,
47. Naissance de Mouseigiíeur
GALANT. 9Y
k j4^. Naiííànce de Madame" Eli!
zabethde France yle Samedy.r8V
Novembre 1662.,
. 49. Naissance de Madame
Marie Anne de France , le Di
manche 16. Novembre 1664.
50. Naissance de Madame Marie-
Therefe de France , le Di
manche z. Janvier 1667.
51. Naissance de Monsieur Phi
lippes de Bourbon Duc d'An
jou ,1e Dimanche 5. Aoust 1668.
52. Naissance de Monsieur
Louis-François de Bourbon,Dut
d'Anjou ,1e Mardy 14. Juin 1672.
5J. Mariage de Monseigneur ,
le 28.|anvier 1680.
. 54. Naiííànce de Monseigneur
îeiDtrc de Bourgogne , lejeudy
S. Aouft i8f*. ».
íSíaiQàmae de iMxsrièigneu*
oá MERCURE
le Duc d'Anjou , le Dimanche
19. Décembre 1685.
56. Naissance de Monseigneur
le Duc de Berry , le Sastiedy 31.
Aoust 1686.
$7. Mariage de Madame h
Princeíïê de Conty , le 16. Jan,
vier 1680.
58. Mariage de Madame la Du.,
chessí de Bourbon , le 14. Juil
let lé86v
Voilà un petit crayon du
plus beau Portrait qui fut ja
mais. Si lan trouve que quek
que chose y manque , Ton
fera reflexion que ce n'est icy
qu'un abregé r qui n'a pû
contenir tout ce que le Roy
a fait de grand depuis vingthuit
... GALANT. 97
huit ans. On auroit bien vou
lu marquer tant d'Illustres,
qui ont eu part aux actions
héroïques qui font aujourd'huy
l'admiration de toute
la Terre ; mais l'efpace d'une
These nous borne , il faut se
reserver pour un plus grand
Ouvrage que l'on médite , &
qui renfermera l'Histoire de
nos Braves aprés celle de leur
Auguste Souverain. Nous ne
craignons pas d*y marcher
fur 'lai mesme route que les
autres Auteurs. Celle que
nous suivrons fera nouvelle;
& c'est un bonheur de vivre*
fanyitr 1687*
98 MFRCURE
íous un Monarque, dont toui
tes les démarches sontautanc
<le miracles ; & qui occupe
tellement les Historiens, que <
quelque foin qu'ils aportent ,
ils laiíïèront encore beau
coup à dire pour ceux qui
ecriront aprés eux.
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Résumé : Description entiere d'une These qui contient toute la vie du Roy. [titre d'après la table]
Le texte présente une thèse dédiée à Louis XIV, rédigée par un auteur ayant minutieusement recherché la vie de ce monarque. L'ouvrage est décrit comme unique et incompréhensible sans une application zélée. Il couvre les principaux événements du règne de Louis XIV à partir de 1658, évitant de remonter plus haut pour ne pas se copier sur d'autres œuvres. L'auteur inclut des médailles symbolisant les vertus du roi, telles que la force, la gloire, la modération, la piété, le bonheur et la vaillance. La thèse est soutenue par une table d'attente avec des ornements architecturaux et des trophées symbolisant la clémence du roi. Les quatorze thèses ou conclusions de l'ouvrage répondent aux médailles et prouvent chaque vertu ou attribut du roi. Le style de l'ouvrage est particulier, utilisant des expressions poétiques et des libertés pour rendre les propositions courtes et fermes. L'auteur utilise des chiffres pour marquer les jours et les années des événements, offrant une chronologie utile au public. Les questions et conclusions abordent la sagesse, la clémence, la justice, la magnificence et l'amour du roi pour son peuple. Louis XIV est présenté comme le plus sage, pacifique, juste, magnifique, libéral et aimable de tous les monarques. L'ouvrage se termine par une réflexion sur les actions bienveillantes du roi envers son peuple, soulignant son dévouement et son amour pour la patrie. Le texte décrit également les exploits militaires et les réalisations politiques de Louis XIV. Il mentionne des conquêtes telles que celles des Iroquois, des Algériens, et des corsaires de Tripoli, Maroc, Tunis et Majorque. Louis XIV a imposé ses lois à des places importantes comme Strasbourg et Cassel. Ses victoires navales incluent des triomphes contre les Anglais en 1666, les Hollandais en 1672 et 1673, et les Espagnols en 1676. Il a également construit des infrastructures majeures, comme le canal reliant la Méditerranée à l'Atlantique et l'aqueduc de Maintenon. Sur le plan intérieur, Louis XIV a établi des compagnies de commerce et des manufactures pour stimuler l'économie. Il a renforcé la sécurité à Paris et dans les provinces frontalières par la construction de citadelles. En matière de religion, Louis XIV a promulgué des édits pour défendre la foi catholique, comme l'édit de 1681 interdisant aux sujets de quitter leur religion et l'édit de 1683 obligeant les idolâtres à embrasser la communion romaine. Il a également révoqué l'Édit de Nantes en 1685, mettant fin à la tolérance envers les protestants. Le texte mentionne également les alliances et les relations diplomatiques de Louis XIV avec divers souverains. Ses victoires militaires incluent des batailles comme celle de Haguenau en 1674, Augsbourg en 1675, et la prise de Strasbourg en 1681. Enfin, le texte énumère les principales conquêtes territoriales de Louis XIV, incluant des villes comme Dunkerque, Gravelines, et toute la Franche-Comté, ainsi que des provinces en Allemagne et aux Pays-Bas. Le texte présente également une liste de conquêtes, de fortifications et d'événements militaires et politiques liés à la France entre 1674 et 1687. Parmi les lieux mentionnés figurent la Principauté de Lure, la Citadelle de Liège, Trêves, Huy, Limbourg, et plusieurs forteresses en France et à l'étranger. Le texte détaille également des événements significatifs tels que la cession de la préséance par le roi d'Espagne à la France en 1661, la protection accordée à divers comtés et villes, et des victoires militaires contre les Algériens et les Turcs. Des alliances et traités de paix sont également mentionnés, comme la paix d'Aix-la-Chapelle en 1668 et la paix de Maroc en 1681. Le texte inclut aussi des événements personnels du roi, tels que son sacre en 1654, ses mariages, et les naissances de ses enfants entre 1662 et 1686. Enfin, il souligne l'importance de la religion comme base des actions de Louis le Grand et mentionne la préparation d'un ouvrage plus complet sur les actions héroïques du roi et de ses braves.
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15
p. 339-347
Livres nouveaux. [titre d'après la table]
Début :
Vous n'entendez, dites-vous, parler que du voyage de [...]
Mots clefs :
Livres nouveaux, Voyage, Chevalier de Chaumont, Ouvrage, Public, Roi, Alexandre de Chaumont
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Livres nouveaux. [titre d'après la table]
Vous n'entendez , ditesvous,
parler que du voyage
leMr
le
Chevalier Chardin,
Imprimé en Angleterre,en
Hollande, & enFrance. Vous
n'en demandez la raison,&
ce que c'est que cet ouvrage; faut vous éclaircir surces
deux choses,c'est le Journal
d'unvoyage fait en Perse &
LUX Indes Orientales parla
Mernoire) & par la Colthide.
L'Auteur a parcouru
toute laPerse,&l'a traversée
en long & en large, il a vû
les Mers Caspienne, & Oceane
d'un bout à l'autre,& ses
Frontieres en Armenie, en
Iberie, en Medie, & en Arabie
, vers le Fleuve Indus.
Ainsi l'on voit dans cet Ouvrage
quantité dechorescurieusestouchant
ces Mers, &
ces Païs là, qu'on ne trouve
point dans les autres voyages
dePerse. Ce Livre con- Dtient dix-huit Figures en
taille douce tres-curieuses,
parmy lesquelles il y en a,de
fort grandes,il a esté imprimé
,infolioCII
v -
arce quel'Autheur quideeute
à Londres, l'y a fait
nprimer. Ensuitecomme
s Hollandois profitent de
pus les Ouvrages qui ont
uelque reputation ,
ils l'ont
lit imprimer indouze, &" t
uantité de matiere d'un in
lio ne pouvant entrer d.-,r,.s
n in douze, à moins que de
faire d'uncaractere fort
henu, celuy de cet in douze
est trouvé si petit qu'on ne
peutlire sans peine, de sorque
le Sr Amaury,Libraire
Lyon, voulant satisfaire le
ublic, a fait deux Volumes
in .:tlouze' de ce qui estoit en1
un. Son impression qui est
sur de tres-beau papier,est
belle& correde ,& l'on
peut dire qu'elle est la plus"
complete des trois qui ont
estéfaites, parce qu'il y a
fait ajouter des remarques
presque en chaque page qui
épargnent au Lecteur la peine
de chercher beaucoup
d'endroits. Ces deux Volumesse
trouvent àParis dans la -
court neuve du Palais au
Dauphin, chez le Sieur
Gueroult, qui debite aussi un
Livrenouveau, intitulé, EpitresMorales&AcademiuesElles
sont deMrSabatier,
se l' Academie Royale d'Ares,
sur divers sujets traitez en
ers d'une maniere fort areable.
Il y en a 54.&asseurenent
vous trouverez cet Ourage
tres-digne de son Auheur
,qui s'est acquis beauoup
de réputation en le
annant au Public.
On avû paroistre aussi deuis
peu de temps un Journal
ort curieux ce fort estimé,
est celuy du Voyage de
am. Aprés tant de differens
Relations qui en ont esté
ites, vous ferez sans doute
surprise d'entendre encore
parler d'un gros Volume in
quarto sur cette ,
matiere.
Comme le Roy fait tout avec
une prudence & une penetration
inconcevable, Sa
Majesté ayantnommé Mr le
Chevalier de Chaumont son
Ambassadeur auprés du Roy
deSiam, nommaMr l'Abbé J
de Choisy pour y deineurer.,
en la mesme qualité,après le
départ de ce Chevalier, en
cas que le Roy de Siam se sist
Chretien,ainsi que plusieurs
personnes qui l'avoient souvent
entretenu se l'estoient i
ersuadé. Mr l'Abbé - de
Choisy promit en partant à
1 l'Abbé de Dangeau,que
epuis le jour de son embaruement
à Brest, jusques à
eluy de son debarquement
ans le mesme Port, il luy
criroit tous les jours une
ettre de ce qui se passeroit
endant son voyage; qu'il
mettroit à, part ?
& que
ute de Courrier, illuy doneroitàson
retour toutes ses
ettres luy - mesme. Il luy
tenu parole, & illuy fit
* present à son arrivée, en le
riant dene le point donner
i
au public, tant par l'honnesteté
qu'il voulut bien avoir
pour M le Chevalier de
Chaumont qui devoit faire
im primer la Relation de son
voyage, que parce qu'il ne
jugeoït pasa propos de faire
voir le jour à des Lettres
qu'ilavoit écrites d'un stile
sami lier. Ce fut inutilement
que ses amisl'enpresserent,il
y resista toujours, maisenfin
l'empressement qu'on aeude
voir ces Lettres les ayant fait
passer en diverses mains, il a
esté obligé de consentirà
cette Impression plustost que
: les voir tronquées & mal imprices.
Le nom de M.l'Abbé de
hoisy suffit pour vous faire estier
cet ouvrage.Vousy trouverez
aucoup d'agrément d'esprit avec
le grande exactitude accompace
de plufienrspartie^Luirez .1
: lent dans aucune desRelations
ont paru. Jaiouteray en vous
rlant de livres nouveaux, que
l'Abbé de Fenelon en a fait
puis peu vn qui doit estre d'une
ande utilité pour ceux qui s'enoudront
servir. Il traite a fond de
:ducation des Filles, Se le stile en
t fort net. L'Auteur s'explique
une maniere qui ne fait rien voir
: difficile dans les choses qu'il
opose.
parler que du voyage
leMr
le
Chevalier Chardin,
Imprimé en Angleterre,en
Hollande, & enFrance. Vous
n'en demandez la raison,&
ce que c'est que cet ouvrage; faut vous éclaircir surces
deux choses,c'est le Journal
d'unvoyage fait en Perse &
LUX Indes Orientales parla
Mernoire) & par la Colthide.
L'Auteur a parcouru
toute laPerse,&l'a traversée
en long & en large, il a vû
les Mers Caspienne, & Oceane
d'un bout à l'autre,& ses
Frontieres en Armenie, en
Iberie, en Medie, & en Arabie
, vers le Fleuve Indus.
Ainsi l'on voit dans cet Ouvrage
quantité dechorescurieusestouchant
ces Mers, &
ces Païs là, qu'on ne trouve
point dans les autres voyages
dePerse. Ce Livre con- Dtient dix-huit Figures en
taille douce tres-curieuses,
parmy lesquelles il y en a,de
fort grandes,il a esté imprimé
,infolioCII
v -
arce quel'Autheur quideeute
à Londres, l'y a fait
nprimer. Ensuitecomme
s Hollandois profitent de
pus les Ouvrages qui ont
uelque reputation ,
ils l'ont
lit imprimer indouze, &" t
uantité de matiere d'un in
lio ne pouvant entrer d.-,r,.s
n in douze, à moins que de
faire d'uncaractere fort
henu, celuy de cet in douze
est trouvé si petit qu'on ne
peutlire sans peine, de sorque
le Sr Amaury,Libraire
Lyon, voulant satisfaire le
ublic, a fait deux Volumes
in .:tlouze' de ce qui estoit en1
un. Son impression qui est
sur de tres-beau papier,est
belle& correde ,& l'on
peut dire qu'elle est la plus"
complete des trois qui ont
estéfaites, parce qu'il y a
fait ajouter des remarques
presque en chaque page qui
épargnent au Lecteur la peine
de chercher beaucoup
d'endroits. Ces deux Volumesse
trouvent àParis dans la -
court neuve du Palais au
Dauphin, chez le Sieur
Gueroult, qui debite aussi un
Livrenouveau, intitulé, EpitresMorales&AcademiuesElles
sont deMrSabatier,
se l' Academie Royale d'Ares,
sur divers sujets traitez en
ers d'une maniere fort areable.
Il y en a 54.&asseurenent
vous trouverez cet Ourage
tres-digne de son Auheur
,qui s'est acquis beauoup
de réputation en le
annant au Public.
On avû paroistre aussi deuis
peu de temps un Journal
ort curieux ce fort estimé,
est celuy du Voyage de
am. Aprés tant de differens
Relations qui en ont esté
ites, vous ferez sans doute
surprise d'entendre encore
parler d'un gros Volume in
quarto sur cette ,
matiere.
Comme le Roy fait tout avec
une prudence & une penetration
inconcevable, Sa
Majesté ayantnommé Mr le
Chevalier de Chaumont son
Ambassadeur auprés du Roy
deSiam, nommaMr l'Abbé J
de Choisy pour y deineurer.,
en la mesme qualité,après le
départ de ce Chevalier, en
cas que le Roy de Siam se sist
Chretien,ainsi que plusieurs
personnes qui l'avoient souvent
entretenu se l'estoient i
ersuadé. Mr l'Abbé - de
Choisy promit en partant à
1 l'Abbé de Dangeau,que
epuis le jour de son embaruement
à Brest, jusques à
eluy de son debarquement
ans le mesme Port, il luy
criroit tous les jours une
ettre de ce qui se passeroit
endant son voyage; qu'il
mettroit à, part ?
& que
ute de Courrier, illuy doneroitàson
retour toutes ses
ettres luy - mesme. Il luy
tenu parole, & illuy fit
* present à son arrivée, en le
riant dene le point donner
i
au public, tant par l'honnesteté
qu'il voulut bien avoir
pour M le Chevalier de
Chaumont qui devoit faire
im primer la Relation de son
voyage, que parce qu'il ne
jugeoït pasa propos de faire
voir le jour à des Lettres
qu'ilavoit écrites d'un stile
sami lier. Ce fut inutilement
que ses amisl'enpresserent,il
y resista toujours, maisenfin
l'empressement qu'on aeude
voir ces Lettres les ayant fait
passer en diverses mains, il a
esté obligé de consentirà
cette Impression plustost que
: les voir tronquées & mal imprices.
Le nom de M.l'Abbé de
hoisy suffit pour vous faire estier
cet ouvrage.Vousy trouverez
aucoup d'agrément d'esprit avec
le grande exactitude accompace
de plufienrspartie^Luirez .1
: lent dans aucune desRelations
ont paru. Jaiouteray en vous
rlant de livres nouveaux, que
l'Abbé de Fenelon en a fait
puis peu vn qui doit estre d'une
ande utilité pour ceux qui s'enoudront
servir. Il traite a fond de
:ducation des Filles, Se le stile en
t fort net. L'Auteur s'explique
une maniere qui ne fait rien voir
: difficile dans les choses qu'il
opose.
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Résumé : Livres nouveaux. [titre d'après la table]
Le texte présente plusieurs ouvrages de voyage et littéraires. Le 'Journal d'un voyage fait en Perse & aux Indes Orientales' du Chevalier Chardin décrit ses périples à travers la Perse, les mers Caspienne et Océane, ainsi que les frontières de l'Arménie, de l'Ibérie, de la Médie et de l'Arabie. Cet ouvrage inclut des descriptions uniques et dix-huit figures en taille douce. Il a été imprimé à Londres, puis en Hollande et en France, avec une version complète et bien corrigée par le Sr Amaury à Lyon. Le texte mentionne également le 'Journal très curieux' de l'Abbé de Choisy, envoyé par le roi de France comme ambassadeur au roi de Siam. L'Abbé de Choisy a écrit des lettres quotidiennes à l'Abbé de Dangeau durant son voyage, qu'il a finalement accepté de publier malgré ses réticences initiales. Ces lettres sont appréciées pour leur style élégant et leur exactitude. Enfin, le texte évoque un ouvrage de l'Abbé de Fénelon sur l'éducation des filles, loué pour son style clair et son utilité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 9-28
LE R. P. D. C** à Monsieur Estienne, Libraire de Paris.
Début :
Monsieur Estienne, eh ! ne m'imprimez pas. [...]
Mots clefs :
Imprimer, Ouvrage, Libraire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE R. P. D. C** à Monsieur Estienne, Libraire de Paris.
LE R. P. -D.C**.
àMonsieurEstienne;
Libraire de Paris.
MonsieurEstienne,eh !ne - m'imprimez pas.
Au nom de Dieu quartier.
Monsieur Estienne,
Jamais en rien, vous le sçavez,
hêlas!
Ne vous fis tort au moins
qu'il me souvienne,
Et si l'ay fait encor, posez le
cas,
Gardezvous bien que rancune
vous tienne
Les rancuniers sont mal
menezlàbas
Si nevoulez que tel mal
vousavienne
Pardonnez-moy d'une ame
bien chrestienne,
Monsieur Estienne
,
ch !
ne m'imprimez pas.
Je sçai qu'en l'art de bien
:.' mouler un Livre,
Vous égalez ces Estiennes
fameux,
Que vous comptez au rang
devosayeux,
Etqui dans vous, commençant
a revivre,
Nous font trouver dans un
de leurs neveux:
Ce que leur siecle a tant
loué dans eux,
Mais quand bien même en
dépitdela Parque,
Pour m'imprimer revenant.
sur leurs pas,
Ils se pourroient échapper
dela Barque,
Où tous mortels vont après
leurs trépas,
Fust-ce Robert, ou fust ce
Charles Estienne,
Je leur dirois toûjours la
même Antienne,
Monsieur Estienne
3
ch !
ne m'imprimez pas,
Ne croyez pas qu'un
chagrin myfantrope
} Me fasse icy le prendre sur
ce ton ,
J'aime lagloireenenfant
d'Helicon:
Mais tel souvent aprés elle
galope,
Dont le Pegase à chaque
moment chope,
Et qu'elle suïc comme on
fuït un larron;
Je la connois, j'ay fait son
Horoscope,
Quand on dit oüy, la quinteuse
ditnon.
Or s'il vous plaist en pareil
accessoire
Irois-je faire uu procès à la
gloire?
Procès sur quoi? d'ailleurs
c'estun grand cas
Sipar Procès la Dame s'aprivoife
:
Mais faisons mieux & pour
éviter noise
Monsieur Estienne, eh ! ne ,.. m'imprimez pas.
Vous me direz, cela vous
plaistàdire,
Je icai le cas qu'on fait de
vos écrits
Les ay souventoüipriser &
lire
Par maints Quidans soidisans
beaux esprits,
La presse est grande à se les
faire écrire,
Or mieux vaudroient moulez
quemanuscrits.
Graces vous rend de vostre
courtoisie:
Car c'est de vous que parc
le compliment,
Honteux seroit de mentir
si crument
Amon profit, de vousc'est
ambrosie,
Que je savoure assez benignement
:
Mais que mes Vers soient
bonne, marchandise
Comme Preschez; ou de
mauvais alloy,
Comme entre-nous me le
paroissàamoy,
Quand seroit vray qu'à
Paris on les prise,
Ne laisserois de vous dire
tout bas
Pour des raisonsque trouverez
de mise
Monsieur Estienne,eh!
nem'imprimezpas.
Quelque parfaitque
puisse estre un Ouvrage
En l'imprimant on luy fait
mauvais tour,
Presque toujours il en reçoit
dommage
Maint en ay vû se hâler au
grand jour
Sur quoi Couvent à par moy
- je recole
Petit écrit donné fous le
manceau
Qu'on se dérobe& qui
vient par bricole,
Ou bien moulé chez Pierre
du Marteau,
Fut-il mauvais nous paroist
toujours beau
Et pour l'avois on ne plaint
la pistole.
Qujl cesse d'estre & secret
&nouveau
On n'en voudra débourser
un obole.
-
J'ay ce Sonnet, mon voisin
ne l'a pas,
Voilà par où le Sonnet m'a
sçu plaire
Ce point de vue en fait le
grand appas; Est-il public; n'en fait on
plusmystere
Il perd son , sel, deslors il
tombe à bas:
Monsieur Estienne
,
eh !
ne m'imprimez pas.
Vers manuscritssouffrent
des négligences
Qu'a , vers moulez on ne
pardonne pas,
Dans les premiers on les
nommelicence,
Làtouts'excuse& se parte
au gros sas;
Dans les seconds la moindre
tache est crime
Point de quartier de la part
d'un Icétcur
Qui sur le tour ,
la cadence
& larime
Ne fait jamais nulle grace à
l'Auteur;
Tant que mes Vers fous
la simple écriture,
N'estanr moulez ni reliez en
veau;
Dans les réduits iront ingnito
Pour eux ne crains de fà.
cheuse avanture;
Lapitié seule en dépit des
matins
Garantira ces pauvres orphelins
Deî'cotfp*cte bec: mais sur
vostre boutique
Si me mettiez jamais en
rang d'oignon,
Point ne seroit de petit
compagnon,
Point de Gnmault qui ne
me fit la nique;
Tels en sçavez qu'on a mis
en beaux draps;
Monsieur Estienne
,
eh !
ne m'imprimez pas.
Dés qu'àParison affiche
un Ouvrage,
C'estletossin que l'on fortne
surluy;
Gens du mêtier à qui tout
fait ombrage
,
Et toujours prests à donner
sur autruy , Pour l'accablcr l'attendant
au passage,
Nouvel Auteur qui se met
sur les rangs,
A son début doit compter s'ilestsage
De bien payer àses petits
Tyrans
Sa bien-venuë & son apprentissage.
Pour les lauriers, & la gloire,&
l'encens,
Qu'aux fiens Phoebus assigne
pour tout gage,
Qu'il ne prétende cfuc:.ad;
mis à partage;
Leur partensouffre, & c'cfi
selonleur sens
Soupe de pain qu'on ôte à
leur potage:
Sur ce pied là, que de gens
sur les bras!
Leur tenir teste & montrer
bon visage
Scroit le mieux,si j'avois du
courage
Mais il me manque, & je
crains les combats.
Monsieur Estienne, eh! ne
m'imprimez pas.
,
è;Ë ,; Je le vois bien, contre toute
avanture
L'espoir flateur du débit
vous rassure;
Car encor bien que soyez
gracieux
Point ne croiray
,
foit dit
sans vous déplaire
Qu'alliez-vous mettre en
frais pour mes beaux yeux?
Si lefaisiez ne seriez bon
Libraire:
Mais s'il advient, comme
tout se peur faire
Que mes écrits par un triste
destin,
De la boutiqueaillentau
magasin,
Et que delà moisis dans la
poussieee,
Ils soient enfin livrez à la
., beurriere,
Ettousen blocvendus pour
un douzain,
Qien diriez-vous? Ce fcroit
bien le pire,
Vous en seriez pour nombre
de Ducats;
Er quant à moy je n'en ferois
que rire
En vous disans avois-jetort
helas!
Monsieur Estienne,eh! ne
m'imprimez pas.
Mais supposons contre tou-
.!1 te apparence
Que lesditsVers,puisqu'ainsivo1usleplaist
Par lafaveur dune heureuse
influence
Seront prisez, & vendus,
qui plus est ;
Je ne dis pas que ne soit
quelquechose
,
Force écrivainss'en contenteroient
bien,
Et puis de gloire une petite
dose,
Chez les Rimeurs ne gasta
jamais rien:
Mais croyez-vous,quoiquel'Ouvrage
plaise
Que l'on n'ait rien d'aill,eurs
à discuter,
Et que auteur en soit pils
à son aise?
Ay vû , pour moy ,
bien
des gens en douter;
Maints en connois qu'on a
menez bienroides,
Et comme on dit plus viste
que le pas;
Chat échaudé, croyezmoy
,
craint l'eau froide.
Monsieur Estienne
,
eh !
ne m'imprimez pas.
Pour ces raisons
,
& pour
bien d'autrescauses
Que sur ce point je pourrois
alleguer,
Mes petits Vers resteront
lettrescloses
Et vous plaira ne les point
divulguer,
De mon vivant ne les vcut
voir paraître,
Quand seray mort alors serez
le maure:
Si demandez quand sera,
vous diray
Que ce sera le plus tardque
pourray.
Vous convient donc un bien
petitattendre,
Et vous prendrez, je croy , le tout en gré;
Ne voudriez que je m'allasse
pendre C ij
Pour abreger, au moins rien
n'en feray,
Si le comptiez, compteriez
sans vostre hôte;
Mais moy deffunt je fuis à
vous sans faute
Prenez mes Vers, faites en
vos choux gras,
Force fera de souffrir ce
martyre,
Parce qu'alors ne pourray
plus vous dire
Monsieur Estienne, eh! ne
m'imprimez pas.
àMonsieurEstienne;
Libraire de Paris.
MonsieurEstienne,eh !ne - m'imprimez pas.
Au nom de Dieu quartier.
Monsieur Estienne,
Jamais en rien, vous le sçavez,
hêlas!
Ne vous fis tort au moins
qu'il me souvienne,
Et si l'ay fait encor, posez le
cas,
Gardezvous bien que rancune
vous tienne
Les rancuniers sont mal
menezlàbas
Si nevoulez que tel mal
vousavienne
Pardonnez-moy d'une ame
bien chrestienne,
Monsieur Estienne
,
ch !
ne m'imprimez pas.
Je sçai qu'en l'art de bien
:.' mouler un Livre,
Vous égalez ces Estiennes
fameux,
Que vous comptez au rang
devosayeux,
Etqui dans vous, commençant
a revivre,
Nous font trouver dans un
de leurs neveux:
Ce que leur siecle a tant
loué dans eux,
Mais quand bien même en
dépitdela Parque,
Pour m'imprimer revenant.
sur leurs pas,
Ils se pourroient échapper
dela Barque,
Où tous mortels vont après
leurs trépas,
Fust-ce Robert, ou fust ce
Charles Estienne,
Je leur dirois toûjours la
même Antienne,
Monsieur Estienne
3
ch !
ne m'imprimez pas,
Ne croyez pas qu'un
chagrin myfantrope
} Me fasse icy le prendre sur
ce ton ,
J'aime lagloireenenfant
d'Helicon:
Mais tel souvent aprés elle
galope,
Dont le Pegase à chaque
moment chope,
Et qu'elle suïc comme on
fuït un larron;
Je la connois, j'ay fait son
Horoscope,
Quand on dit oüy, la quinteuse
ditnon.
Or s'il vous plaist en pareil
accessoire
Irois-je faire uu procès à la
gloire?
Procès sur quoi? d'ailleurs
c'estun grand cas
Sipar Procès la Dame s'aprivoife
:
Mais faisons mieux & pour
éviter noise
Monsieur Estienne, eh ! ne ,.. m'imprimez pas.
Vous me direz, cela vous
plaistàdire,
Je icai le cas qu'on fait de
vos écrits
Les ay souventoüipriser &
lire
Par maints Quidans soidisans
beaux esprits,
La presse est grande à se les
faire écrire,
Or mieux vaudroient moulez
quemanuscrits.
Graces vous rend de vostre
courtoisie:
Car c'est de vous que parc
le compliment,
Honteux seroit de mentir
si crument
Amon profit, de vousc'est
ambrosie,
Que je savoure assez benignement
:
Mais que mes Vers soient
bonne, marchandise
Comme Preschez; ou de
mauvais alloy,
Comme entre-nous me le
paroissàamoy,
Quand seroit vray qu'à
Paris on les prise,
Ne laisserois de vous dire
tout bas
Pour des raisonsque trouverez
de mise
Monsieur Estienne,eh!
nem'imprimezpas.
Quelque parfaitque
puisse estre un Ouvrage
En l'imprimant on luy fait
mauvais tour,
Presque toujours il en reçoit
dommage
Maint en ay vû se hâler au
grand jour
Sur quoi Couvent à par moy
- je recole
Petit écrit donné fous le
manceau
Qu'on se dérobe& qui
vient par bricole,
Ou bien moulé chez Pierre
du Marteau,
Fut-il mauvais nous paroist
toujours beau
Et pour l'avois on ne plaint
la pistole.
Qujl cesse d'estre & secret
&nouveau
On n'en voudra débourser
un obole.
-
J'ay ce Sonnet, mon voisin
ne l'a pas,
Voilà par où le Sonnet m'a
sçu plaire
Ce point de vue en fait le
grand appas; Est-il public; n'en fait on
plusmystere
Il perd son , sel, deslors il
tombe à bas:
Monsieur Estienne
,
eh !
ne m'imprimez pas.
Vers manuscritssouffrent
des négligences
Qu'a , vers moulez on ne
pardonne pas,
Dans les premiers on les
nommelicence,
Làtouts'excuse& se parte
au gros sas;
Dans les seconds la moindre
tache est crime
Point de quartier de la part
d'un Icétcur
Qui sur le tour ,
la cadence
& larime
Ne fait jamais nulle grace à
l'Auteur;
Tant que mes Vers fous
la simple écriture,
N'estanr moulez ni reliez en
veau;
Dans les réduits iront ingnito
Pour eux ne crains de fà.
cheuse avanture;
Lapitié seule en dépit des
matins
Garantira ces pauvres orphelins
Deî'cotfp*cte bec: mais sur
vostre boutique
Si me mettiez jamais en
rang d'oignon,
Point ne seroit de petit
compagnon,
Point de Gnmault qui ne
me fit la nique;
Tels en sçavez qu'on a mis
en beaux draps;
Monsieur Estienne
,
eh !
ne m'imprimez pas.
Dés qu'àParison affiche
un Ouvrage,
C'estletossin que l'on fortne
surluy;
Gens du mêtier à qui tout
fait ombrage
,
Et toujours prests à donner
sur autruy , Pour l'accablcr l'attendant
au passage,
Nouvel Auteur qui se met
sur les rangs,
A son début doit compter s'ilestsage
De bien payer àses petits
Tyrans
Sa bien-venuë & son apprentissage.
Pour les lauriers, & la gloire,&
l'encens,
Qu'aux fiens Phoebus assigne
pour tout gage,
Qu'il ne prétende cfuc:.ad;
mis à partage;
Leur partensouffre, & c'cfi
selonleur sens
Soupe de pain qu'on ôte à
leur potage:
Sur ce pied là, que de gens
sur les bras!
Leur tenir teste & montrer
bon visage
Scroit le mieux,si j'avois du
courage
Mais il me manque, & je
crains les combats.
Monsieur Estienne, eh! ne
m'imprimez pas.
,
è;Ë ,; Je le vois bien, contre toute
avanture
L'espoir flateur du débit
vous rassure;
Car encor bien que soyez
gracieux
Point ne croiray
,
foit dit
sans vous déplaire
Qu'alliez-vous mettre en
frais pour mes beaux yeux?
Si lefaisiez ne seriez bon
Libraire:
Mais s'il advient, comme
tout se peur faire
Que mes écrits par un triste
destin,
De la boutiqueaillentau
magasin,
Et que delà moisis dans la
poussieee,
Ils soient enfin livrez à la
., beurriere,
Ettousen blocvendus pour
un douzain,
Qien diriez-vous? Ce fcroit
bien le pire,
Vous en seriez pour nombre
de Ducats;
Er quant à moy je n'en ferois
que rire
En vous disans avois-jetort
helas!
Monsieur Estienne,eh! ne
m'imprimez pas.
Mais supposons contre tou-
.!1 te apparence
Que lesditsVers,puisqu'ainsivo1usleplaist
Par lafaveur dune heureuse
influence
Seront prisez, & vendus,
qui plus est ;
Je ne dis pas que ne soit
quelquechose
,
Force écrivainss'en contenteroient
bien,
Et puis de gloire une petite
dose,
Chez les Rimeurs ne gasta
jamais rien:
Mais croyez-vous,quoiquel'Ouvrage
plaise
Que l'on n'ait rien d'aill,eurs
à discuter,
Et que auteur en soit pils
à son aise?
Ay vû , pour moy ,
bien
des gens en douter;
Maints en connois qu'on a
menez bienroides,
Et comme on dit plus viste
que le pas;
Chat échaudé, croyezmoy
,
craint l'eau froide.
Monsieur Estienne
,
eh !
ne m'imprimez pas.
Pour ces raisons
,
& pour
bien d'autrescauses
Que sur ce point je pourrois
alleguer,
Mes petits Vers resteront
lettrescloses
Et vous plaira ne les point
divulguer,
De mon vivant ne les vcut
voir paraître,
Quand seray mort alors serez
le maure:
Si demandez quand sera,
vous diray
Que ce sera le plus tardque
pourray.
Vous convient donc un bien
petitattendre,
Et vous prendrez, je croy , le tout en gré;
Ne voudriez que je m'allasse
pendre C ij
Pour abreger, au moins rien
n'en feray,
Si le comptiez, compteriez
sans vostre hôte;
Mais moy deffunt je fuis à
vous sans faute
Prenez mes Vers, faites en
vos choux gras,
Force fera de souffrir ce
martyre,
Parce qu'alors ne pourray
plus vous dire
Monsieur Estienne, eh! ne
m'imprimez pas.
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Résumé : LE R. P. D. C** à Monsieur Estienne, Libraire de Paris.
L'auteur adresse une lettre à Monsieur Estienne, libraire à Paris, pour le supplier de ne pas imprimer ses écrits. Il commence par affirmer qu'il n'a jamais causé de tort à Estienne et le prie de ne pas lui en tenir rigueur. L'auteur reconnaît les compétences d'Estienne en imprimerie, les comparant à celles des célèbres Estienne. Cependant, il exprime des réserves sur la publication de ses vers, craignant qu'ils ne soient pas bien reçus et qu'ils subissent des critiques sévères une fois imprimés. Il souligne que les œuvres manuscrites échappent à certaines critiques que les livres imprimés ne peuvent éviter. L'auteur craint également les rivalités et les critiques des autres auteurs et libraires, exprimant sa peur des combats littéraires et des critiques. Il conclut en demandant à Estienne de ne pas publier ses vers de son vivant, mais de le faire après sa mort.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
17
p. [3]-12
ACADEMIES.
Début :
Le Jeudy 25. Juin 1711. M. l'Abbé d'ESTRÉES, ayant [...]
Mots clefs :
Extrait, Auteur, Éloquence, Ouvrage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ACADEMIES.
LlTTERATVRE.
ACADEMIES.
LeJeuy2.5. Juin
1711. M.
l'jûbbe d'ESTRE'ES, ayant
esté élûparMessieurs de
l'Academie Françoise, à
la place de feu Monsieur
Boileau Sieur des Preaux,
y 'VÍnt prendre seance. L E Discours que
prononça Monsieur L.
d'Estrées,&c laRéponse
qu'yfît M.deValincour,
sont de ces pieces
d'éloquence dont il
est dangereux de faire
des extraits; comment
abbreger avec succésun
précis déja réduit
aux plus justes bornes
que l'excellence de l'art
lui puisse donner? comment
retrancher d'une
compoficion sibien ordonnée,
sans la décomposer,
pour ainsidire?
& quel choix peut-on
faire entre des pen fées
également solides
, ou
brillances, sansestreblâme
par ceux qui regretteront,
avec raison
,
les
beaucez qu'on auraobmises
Ces difficultezm'ont
décerminé à une nouvelle
maniere de faire
des extraits: c'est de
composer
, par exemple,
des propres maceriaux
d'un discours, un
petit extraitsuiviqui
contienne à peu prés en
racourci l'idée de l'original.
Par ce moyen je ne
ferai pas moins de tort
à l'ouvrage:mais l'Auteur
pourra le disculper
en jettant la faute
sur le Compilateur, &
je me disculperai moimêmed'avoir
ob mis,
peut-être, les plus
beaux endroirs
, par
la necessité de préferer
les plus convenables,
& les plus propres à
la liaison d'un extrait
suivi.
Pour conserver le
plus que je pourrai l'ef
prit de l'ouvrage & les
droits de l'Auteur, je
ne mettrai du mien que
quelques mots pour
cette liaison que je me
propose;& jedistinguerai
même par la difference
des caracteres de
l'impression,les morceaux
dont je n'aurai
rien retranché, d'avec
ceux dont j'aurai retranché
ou changé le
moindre mot. ie
Mon but principal
en essayant de cette nouvelle
methode, a esté
d'épargner au Public.
les tran sitions ennuyeuses,
qui sont inséparables
des meilleurs extraits;
on est contraint
d'y repeter sans cesse :
Icy Monsieur un tel découvre
avec une vive
penetration les causes de
tels & telseffets. Là
l'Auteur prouvepar des
reifonriemens solides,&
par une erudition profonde
que. En cet endroit
Alonfieier-*** dépeintazec
les traits les
plus vifs de l'Eloquence
la plus parfaite, &c.
Par ces explications,
on ne fait, pour alici
dire, que raconter un
ouvrage, & mettre en
récit, ce qui doit estre
en action 3 car, comme
on - sçait
, toute piece
d'Eloquence a son ac-
Don, & l'on ralentit
cette action en y mêlant
des digressions,
où l'on nevoit souvent
que les louanges de
l'ouvrage, & les décisïonsde
celui qui en fait
l'extrait ; le public est
un juge jaloux,on l'irrite
en prévenant les
jugemens; il ne veut
pas qu'on luidésigne,
qu'on lui montre au
doigt les end roi ts qu'il
doit adrriirer; faites lui
sentir les beautez de
l'ouvrage par l'ouvrage
même,il fera content:
Et voila l'Eloge de
l'Auteur fait.
Tcutes ces reflexions
me font-conclure, qu'il
vaut peut-estre encore
mieux alterer, & même
défigurer un ouvrageen
l'abbregeant,que
d'en ôter la force par
des digressions.
Quoiqu'il en soit essayons
de cette sorte de
compilation abbregée,
simple & suivie,sielle
ne réussit pas,nousen reviend
rons bien aux extraits
ordinaires, où je
me ferai toûjours honneurd'im
i ter ceux qui
sont excellens en ce
genre.
ACADEMIES.
LeJeuy2.5. Juin
1711. M.
l'jûbbe d'ESTRE'ES, ayant
esté élûparMessieurs de
l'Academie Françoise, à
la place de feu Monsieur
Boileau Sieur des Preaux,
y 'VÍnt prendre seance. L E Discours que
prononça Monsieur L.
d'Estrées,&c laRéponse
qu'yfît M.deValincour,
sont de ces pieces
d'éloquence dont il
est dangereux de faire
des extraits; comment
abbreger avec succésun
précis déja réduit
aux plus justes bornes
que l'excellence de l'art
lui puisse donner? comment
retrancher d'une
compoficion sibien ordonnée,
sans la décomposer,
pour ainsidire?
& quel choix peut-on
faire entre des pen fées
également solides
, ou
brillances, sansestreblâme
par ceux qui regretteront,
avec raison
,
les
beaucez qu'on auraobmises
Ces difficultezm'ont
décerminé à une nouvelle
maniere de faire
des extraits: c'est de
composer
, par exemple,
des propres maceriaux
d'un discours, un
petit extraitsuiviqui
contienne à peu prés en
racourci l'idée de l'original.
Par ce moyen je ne
ferai pas moins de tort
à l'ouvrage:mais l'Auteur
pourra le disculper
en jettant la faute
sur le Compilateur, &
je me disculperai moimêmed'avoir
ob mis,
peut-être, les plus
beaux endroirs
, par
la necessité de préferer
les plus convenables,
& les plus propres à
la liaison d'un extrait
suivi.
Pour conserver le
plus que je pourrai l'ef
prit de l'ouvrage & les
droits de l'Auteur, je
ne mettrai du mien que
quelques mots pour
cette liaison que je me
propose;& jedistinguerai
même par la difference
des caracteres de
l'impression,les morceaux
dont je n'aurai
rien retranché, d'avec
ceux dont j'aurai retranché
ou changé le
moindre mot. ie
Mon but principal
en essayant de cette nouvelle
methode, a esté
d'épargner au Public.
les tran sitions ennuyeuses,
qui sont inséparables
des meilleurs extraits;
on est contraint
d'y repeter sans cesse :
Icy Monsieur un tel découvre
avec une vive
penetration les causes de
tels & telseffets. Là
l'Auteur prouvepar des
reifonriemens solides,&
par une erudition profonde
que. En cet endroit
Alonfieier-*** dépeintazec
les traits les
plus vifs de l'Eloquence
la plus parfaite, &c.
Par ces explications,
on ne fait, pour alici
dire, que raconter un
ouvrage, & mettre en
récit, ce qui doit estre
en action 3 car, comme
on - sçait
, toute piece
d'Eloquence a son ac-
Don, & l'on ralentit
cette action en y mêlant
des digressions,
où l'on nevoit souvent
que les louanges de
l'ouvrage, & les décisïonsde
celui qui en fait
l'extrait ; le public est
un juge jaloux,on l'irrite
en prévenant les
jugemens; il ne veut
pas qu'on luidésigne,
qu'on lui montre au
doigt les end roi ts qu'il
doit adrriirer; faites lui
sentir les beautez de
l'ouvrage par l'ouvrage
même,il fera content:
Et voila l'Eloge de
l'Auteur fait.
Tcutes ces reflexions
me font-conclure, qu'il
vaut peut-estre encore
mieux alterer, & même
défigurer un ouvrageen
l'abbregeant,que
d'en ôter la force par
des digressions.
Quoiqu'il en soit essayons
de cette sorte de
compilation abbregée,
simple & suivie,sielle
ne réussit pas,nousen reviend
rons bien aux extraits
ordinaires, où je
me ferai toûjours honneurd'im
i ter ceux qui
sont excellens en ce
genre.
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Résumé : ACADEMIES.
Le 25 juin 1711, le marquis d'Estrées fut élu à l'Académie française pour succéder à Boileau. Lors de sa prise de fonction, il prononça un discours auquel M. de Valincour répondit. L'auteur du texte discute des difficultés de résumer des œuvres d'éloquence sans en altérer l'essence. Il propose une nouvelle méthode de résumé, visant à conserver l'esprit de l'œuvre originale. Cette méthode utilise des mots de liaison pour éviter les transitions ennuyeuses et les digressions, et distingue les passages non modifiés par des caractères d'impression différents. L'objectif est de permettre au public de ressentir les beautés de l'ouvrage sans intervention extérieure. L'auteur considère cette méthode, bien que risquée, préférable aux extraits traditionnels qui peuvent ralentir l'action et irriter le lecteur. Il se tient prêt à revenir aux extraits ordinaires si cette méthode ne réussit pas.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
18
p. 1-3
SONNET, Sur des Vers que Mademoiselle M. avoit envoyez a l'Auteur.
Début :
L'AUTRE jour la Cour du Parnasse, [...]
Mots clefs :
Ouvrage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SONNET, Sur des Vers que Mademoiselle M. avoit envoyez a l'Auteur.
SONNET,
Sur des Vers que fyîademoifellc
M.avoit envoyczil. l'Auteur. L'AUTRE jour la
Courdu Parnasse,
Pour juger au rapport
d'Horace,
Du prix de certains
vers nouveaux,
Apres maint Arrêttoû
jours juste,
Contre mille Ouvrages
divers;
Enfin le Courtisan
d'Auguste,
Fit rapport de vos derniers
vers.
Aussi-tost le Dieu d
Permesse
Dit:je reconnois cette
piece,
Je la fis en ce même
endroit.
L'Amour avoit monté
sa Lyre,
Sa mere écoutoit sans
mot dire,
Je chantois, Iris écrivoit.
Sur des Vers que fyîademoifellc
M.avoit envoyczil. l'Auteur. L'AUTRE jour la
Courdu Parnasse,
Pour juger au rapport
d'Horace,
Du prix de certains
vers nouveaux,
Apres maint Arrêttoû
jours juste,
Contre mille Ouvrages
divers;
Enfin le Courtisan
d'Auguste,
Fit rapport de vos derniers
vers.
Aussi-tost le Dieu d
Permesse
Dit:je reconnois cette
piece,
Je la fis en ce même
endroit.
L'Amour avoit monté
sa Lyre,
Sa mere écoutoit sans
mot dire,
Je chantois, Iris écrivoit.
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Résumé : SONNET, Sur des Vers que Mademoiselle M. avoit envoyez a l'Auteur.
Un sonnet décrit une scène au Parnasse où les muses jugent des vers nouveaux. Un courtisan présente les derniers vers de l'auteur. Apollon reconnaît la pièce et affirme l'avoir composée. L'Amour joue de la lyre, Vénus écoute, l'auteur chante et Iris écrit.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 3-27
« En annonçant dans le Mercure dernier un Livre nouveau, j' [...] »
Début :
En annonçant dans le Mercure dernier un Livre nouveau, j' [...]
Mots clefs :
Auteur, Livre, Ouvrage, Poète, Art poétique, Horace, Quintilien, Vin, Anciens, Rire, Notes, Réputation, Ovide, Homère, Traduction
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « En annonçant dans le Mercure dernier un Livre nouveau, j' [...] »
LITTERATVRE. EN annonçant dans
le Mercure dernier
un Livre nouveau, j'ay
promisd'en parler ce
mois cy ,
c'est un Livre
tres-varié,rempli d'érudition,
& capable de vous
remetrre dans l'idée les
réglés de la composition
&dubon goust.
D'abord on y voit une
Traduction en vers de ïArt
portique d'Horace: c'est ce
qui sert de titre au Livre,
il y a ensuite quantité de
Notes curieuses, les unes
de l'Autheur
,
& les autres
citées de plusieurs Grecs
& Latins, dont voicy quelques-
unes.
-
L'Art poëtique d'H O*
RACE est une Lettre
qu'il écrit aux PISONS.
Ces PIS O N S estoientle
frere & les neveux de Calpurnie
Epouse deJules Cesar,
& fille de Lucius Pison.
La premiere réglé de
l'éloquence, c'est d'estre
clair; & la seconde
,
de
n'estre pas diffus.
MARITAL dit que
les ouvrages-où il n'y a
rien: à retrancher, ne sont
jamais trop longs.
Lalime,ditQUINTILIEN,
doit polir & non
pas affoiblir, & user, pour
ainsi dire,un ouvrage.
J'ay veu dans un Autheur
François, travaillez
vostre ouvrage jusqu'à ce
qu'il foit au point qu'on
ne s'appercoive pas qu'il
vous a cousté beaucoup
de travail.
PROPERCE compare
l'Autheur dont le stile
n'est ny trop enflé ny
trop simple
,
là un Marinier
qui rase le rivage avec
un de ses avirons, & qui
fend les flots avec l'autre.
LONGINdonne pour
exemple de l'enfleure. ces
pensées
- cy Faire du vent
Boréeson joueur de jiute.-
Et cetautre: Jupitercrache
des neiges contre les Alpes^.
Exemples du vray sublime
:HOMEREpeint
la
-
Discorde la teste dans les
-
Cieux, & les pieds sur la
terre. Et quand il parle de
Neptune il dit:
Que Neptune marchant dans
les vastescampagnes Fait , tremblersousses pieds&
forests & montagnes. Ilfaitdireà AJAXqui
voit l'Armée des Grecs
couverte tout à coup d'épaisses
tenebres.
Grand Dieu chasses la nuit
qui nous couvre lesyeux,
Et combats contre nous à la
clarté des Cieux.
Caraéteres différents de
poësie traduirs d'Ovide
par l'Autheur,
Vous qui que vous soyez à
Censeur trop severe,
Jugez, de nos travauxselon leur
caraïlere,
C'est au Vers Heroïque à chanter
les combats:
Quelleplaceytiendroient Venus
& les appas;
La grandeur, le couroux sont du
stile tragique,
Maisles sujets communs regardent
le comique,
L'Iambe libre cft propre à lancer
son venin,
Soit qu'il coure tousjours, ou qu'il
boite à la fin.
Les Amours, leurs carquois,
l'inconstante Silvie,
Sont les dignessujets de la tendre
Elegie.
Pour celebrer Cidippe,Homere
ny ses Vers,
N'y doivent point paroistre aux
yeux de l'univers.
Achile convient mal au ton de
Callimaque
, - Et Thais ne doit pas imiter
Andromaque.
L'autheur dit à propos
de la force du pathétique,
que nous pleurons en voyant
pleurer, que nous
rions en voyant rire,&cela
par une raison phisique à
peu pres semblableàcelle
qui
fait
remuer les cordes
de plusieurs instruments
qui sont dans une mesme
chambre, avec un autre
dont on touchera fortement
les cordes montées
au mesme ton que cellesde
ces autres instruments
quirefonneront sans qu'on
les touche, &c. Ilyaainsi
à peu prés dans tous les
hommes des nerfs montez
, pour ainsi dire, au
mesme ton, & c'est ce
qu'on appelle fimpathie,
&c.
Comme nous nous sentons
capables des mesmes
maux, & des mesmes biens
que nous voyons ressentir
aux autres, nous sommes
remuez par les mesmes
sentiments £ la veuë du
bien ou du mal qui leur
arrive.
L'autheur fait plusieurs
remarques sensées sur diferents
Poëmes, anciens
& modernes.
Puisque les Poèmes sont
des imications
,
dit-il,ils
doivent sans doute imiter:
mais ils ne doivent pas
imiter une aaion
violer les réglés de la poësie.
Corneille a tellement
imité le combat de son
Horace, que sa pieces'est
trouvéefinie au troisiéme
Acte. Le voila fort à l'estroit,
comment se tirerat'il
de ce paslà? Il ne l'a
peu sans violer l'unité de
l'action,ilest obligé d'adjouster
le meurtre de Camille
pour donnerune juste
estenduëà sa Tragédie;
dans le Cid&ailleurs
il ne sort de pareils embarras
qu'en violant l'unité
du temps,ou celle du
lieu, &c.
A propos, de lamaniere
doncon doit commencer unpoëme,JULES SCALIGER
donne pour exemple
d'un Exorde régulier
celuy de Lucain,qui
dans son poëme sur la
guerre civile, place tout
d'un coup Cesar au partage
du Rubicon,d'où estant
s
declaré ennemy de lapatrie
par le Senat, il est forcé
d'entreprendre cette
guerre.
Un Poëte François a dit
que le vin estoit legrand cheval
des Poètes. Une peau de
bouc pleine de vin estoit
autrefois un prix que remportoit
le Poëte qui avoit
le mieux reüssi dans la Tragedie
; en voicy la raison :
cette forte de poëme neftoit
au commencement
que des chansons en l'honneur
de Bacchus, auquel
on sacrifioit un bouc comme
animal contraire à la
vigne, on rempliffoit de
vin la peau du bouc, &on
la donnoic au Poëce.
Aprés les Notes sur
l'Art Poétique
,
il y a plusieurs
petites traductions
de différentes pieces d'Horace,
d'Ovide, de Petrone,
& avec des Notes donc
voicy quelques-unes.
Lucille estoit un Poète
latin que Juvenal appelle
l'illustre nourrissond'Auronce.
Ce Poëte avoit
composé trente Satyres.
Horace dit dans sa premiere
Satyre du second Livre;
que Lucille confioit ses
secrets à ses Livres, qu'il
n'alloit point ailleurs décharger
son coeur,ce qui
a fait qu'on a trouvé la vie
de ce vieillard peinte dans
ses ouvrages comme dans
un tableau.
,
4 On croiroit que les expressions
de avoir bon neK ,
avoirle ne7, fin, feroient
basses & impropres pour
exprimer avoirl'espritbon,
l'espritsubstil maisHorace,
Perse, & Martial l'ont anpobli
en remployant dans
ce sens. La
- La Comedie a pour but
de réjoüir & d'instruire;
les mimes estoient des
poemes qui n'avoient pour
but que de faire rire, c'estoit
les farces de ce temps-
}'1à.0. Quintilien emploie un
long Chapitre à traiter du
Ris, il est estonnéque paroissant
chose si peu importante
, il ait quelquefois
des effets si estonnants.
Un Ris excité à propos
peut changer l'estat des
affaires les plus importanles,
il empesche quelque-,
fois les fuites fafcheufesde
la haine, de la colere,&c.
& fait succeder la douceur
la bénignité, laclemence.
Par exemple, deux jeunes
Tarentis furent amenez
devant le Roy Pyrrus,
parce que dans un repas
ils avoient eu l'insolence
de parler mal de ce Prince
; voyant qu'ils ne pouvoient
nier le fait ny se
deffendre raisonnablement,
ils respondirent,
Sire
y
sila bouteille ne nous
avoitpas manque, vous eflick
mort,c'estoitfait de vous. Ce
bon mot calma la colere
de leur Juge en le faisant
rire.
Les vins de Falerne se
gardoient si long-temps,
que Petrone par le de bouteilles
de ce vin bouchées
avec foin, dont les étiquetes
marquoient que ce vin
avoic esté fumé fous le
Consul Opimus, cent ans
avant.
Diogenes
,
à propos des
superstitions sur les songes,
estoit indigné que les hom.
mes se tourmentassent au
lujetdessonges,& donnaient
si peu d'attention
aux avions qu'ils faisoient
estanteveillez.
Auguste avoir, dédié
dans son palais un Temple
, & une magnifique
Bibliothèque à Apollon,
où cinq Juges, du nombre
desquels estoit Tarpa, décidoient
du mérité des ouvrages
, que les Autheurs
y venoient lire.
Ennius, dit Quintilien
est semblable à , ces bois
que leur antiquité a consacrez
)
& dont les vieux
arbres font plus vénérables
qu'ils ne font beaux.
Les Anciens écrivoient
sur des tablettes couvertes
de cire,&ils se servoient
d'éguilles pointuës par un
bout, & plates par l'autre;
avec la pointe ils formoient
les caracteres, &
avec l'autre bout ils effaçoient
ce qu'ils avoient
écrit.
Traduction d'un Frag-
O ment d'Ovide.
Je le dis malgré moy ,
trahiffant
mes talents,
Retenez avec foin ces avis excellents
3
P()ulez-vous fuir l'amour ? que
vostre ame discrette
Evite les accents de tout tendre
Poëte:
Qallimaque aisement peut vous
rendre amoureux , Filetasestpour vous un Autheur
dangereux:
Safo plus fortement m'attache à
ma maistresse
Le vieux Anacreon augmente
ma tendresse
Est-on froid, ô Cinthie, en lisant
ton Amant?
Ou quelqu'un a-t-illeu Tibule
impunément ?
Des doux fons de Gallus quel
coeur peut se deffendre ?
Et les miens n'ont-ils fa* je ne
sfay quoy de tendre?
Martial ;Poëte Latin
estoit né à Bilbilis, ville,
de la Celtiberie en Espagne.
Il fut intime ami de
Stella) de Silius Italicus,
& de Pline le Jeune, qui
luy donna quelques secours
pour regagner sa patrie,
après avoir demeure
trente ans a Rome, peu
estimé apparemment pendant
sa vie, il addresse
cette Epigramme à Regule.
LA REPUTATION
des Poëtes.
Le Lecteur rarement aime un
Autheur en vie*,
A son gré des vivantspresquaucun
ne dit bien :
Qui cause cet abus ? Regule, cefi
l'envie,
De
De Pompée on rechercheainsi
le vieux portique,
son vil Temple, Catule
, efl
loué des vieillards,
A Virgile vivant, Quintus mort
fit la nique,
Et pour Homere en vie oit eut
trop peu d'égards.
Rarement le theatre applaudit
à Menandre
Pour fd seule , Corine, Ovide
est des appas, Cacher,-vous donc mon Livre, il
faut encore attendre,
Si la gloire ne vient quaprès
nostre trépas.
Wâ
Septemb. iju. C
A pres toutes ces traductions
l'Autheur fait une
dissertation sur les Autheurs
anciens & modernes
,
dont je donneray
quelques traits, & quelques
petits fragments de
Vers qui font tousjours
plaisir à voir rassemblez,
quoy qu'on les ait veus
ailleurs separément.
Comme ces morceaux
détachez ne demandent
nulle liaison
,
je les garderay
pour le mois prochain
; car je n'ay plus de
place dans cette partie
que pour la fuite de l'abrégé
de l'Iliade qui a
esté receu avec tant de
plaisir,que j'ay prié mon
amy de donner quelques
heures à la continuation
de cet ouvrage.
le Mercure dernier
un Livre nouveau, j'ay
promisd'en parler ce
mois cy ,
c'est un Livre
tres-varié,rempli d'érudition,
& capable de vous
remetrre dans l'idée les
réglés de la composition
&dubon goust.
D'abord on y voit une
Traduction en vers de ïArt
portique d'Horace: c'est ce
qui sert de titre au Livre,
il y a ensuite quantité de
Notes curieuses, les unes
de l'Autheur
,
& les autres
citées de plusieurs Grecs
& Latins, dont voicy quelques-
unes.
-
L'Art poëtique d'H O*
RACE est une Lettre
qu'il écrit aux PISONS.
Ces PIS O N S estoientle
frere & les neveux de Calpurnie
Epouse deJules Cesar,
& fille de Lucius Pison.
La premiere réglé de
l'éloquence, c'est d'estre
clair; & la seconde
,
de
n'estre pas diffus.
MARITAL dit que
les ouvrages-où il n'y a
rien: à retrancher, ne sont
jamais trop longs.
Lalime,ditQUINTILIEN,
doit polir & non
pas affoiblir, & user, pour
ainsi dire,un ouvrage.
J'ay veu dans un Autheur
François, travaillez
vostre ouvrage jusqu'à ce
qu'il foit au point qu'on
ne s'appercoive pas qu'il
vous a cousté beaucoup
de travail.
PROPERCE compare
l'Autheur dont le stile
n'est ny trop enflé ny
trop simple
,
là un Marinier
qui rase le rivage avec
un de ses avirons, & qui
fend les flots avec l'autre.
LONGINdonne pour
exemple de l'enfleure. ces
pensées
- cy Faire du vent
Boréeson joueur de jiute.-
Et cetautre: Jupitercrache
des neiges contre les Alpes^.
Exemples du vray sublime
:HOMEREpeint
la
-
Discorde la teste dans les
-
Cieux, & les pieds sur la
terre. Et quand il parle de
Neptune il dit:
Que Neptune marchant dans
les vastescampagnes Fait , tremblersousses pieds&
forests & montagnes. Ilfaitdireà AJAXqui
voit l'Armée des Grecs
couverte tout à coup d'épaisses
tenebres.
Grand Dieu chasses la nuit
qui nous couvre lesyeux,
Et combats contre nous à la
clarté des Cieux.
Caraéteres différents de
poësie traduirs d'Ovide
par l'Autheur,
Vous qui que vous soyez à
Censeur trop severe,
Jugez, de nos travauxselon leur
caraïlere,
C'est au Vers Heroïque à chanter
les combats:
Quelleplaceytiendroient Venus
& les appas;
La grandeur, le couroux sont du
stile tragique,
Maisles sujets communs regardent
le comique,
L'Iambe libre cft propre à lancer
son venin,
Soit qu'il coure tousjours, ou qu'il
boite à la fin.
Les Amours, leurs carquois,
l'inconstante Silvie,
Sont les dignessujets de la tendre
Elegie.
Pour celebrer Cidippe,Homere
ny ses Vers,
N'y doivent point paroistre aux
yeux de l'univers.
Achile convient mal au ton de
Callimaque
, - Et Thais ne doit pas imiter
Andromaque.
L'autheur dit à propos
de la force du pathétique,
que nous pleurons en voyant
pleurer, que nous
rions en voyant rire,&cela
par une raison phisique à
peu pres semblableàcelle
qui
fait
remuer les cordes
de plusieurs instruments
qui sont dans une mesme
chambre, avec un autre
dont on touchera fortement
les cordes montées
au mesme ton que cellesde
ces autres instruments
quirefonneront sans qu'on
les touche, &c. Ilyaainsi
à peu prés dans tous les
hommes des nerfs montez
, pour ainsi dire, au
mesme ton, & c'est ce
qu'on appelle fimpathie,
&c.
Comme nous nous sentons
capables des mesmes
maux, & des mesmes biens
que nous voyons ressentir
aux autres, nous sommes
remuez par les mesmes
sentiments £ la veuë du
bien ou du mal qui leur
arrive.
L'autheur fait plusieurs
remarques sensées sur diferents
Poëmes, anciens
& modernes.
Puisque les Poèmes sont
des imications
,
dit-il,ils
doivent sans doute imiter:
mais ils ne doivent pas
imiter une aaion
violer les réglés de la poësie.
Corneille a tellement
imité le combat de son
Horace, que sa pieces'est
trouvéefinie au troisiéme
Acte. Le voila fort à l'estroit,
comment se tirerat'il
de ce paslà? Il ne l'a
peu sans violer l'unité de
l'action,ilest obligé d'adjouster
le meurtre de Camille
pour donnerune juste
estenduëà sa Tragédie;
dans le Cid&ailleurs
il ne sort de pareils embarras
qu'en violant l'unité
du temps,ou celle du
lieu, &c.
A propos, de lamaniere
doncon doit commencer unpoëme,JULES SCALIGER
donne pour exemple
d'un Exorde régulier
celuy de Lucain,qui
dans son poëme sur la
guerre civile, place tout
d'un coup Cesar au partage
du Rubicon,d'où estant
s
declaré ennemy de lapatrie
par le Senat, il est forcé
d'entreprendre cette
guerre.
Un Poëte François a dit
que le vin estoit legrand cheval
des Poètes. Une peau de
bouc pleine de vin estoit
autrefois un prix que remportoit
le Poëte qui avoit
le mieux reüssi dans la Tragedie
; en voicy la raison :
cette forte de poëme neftoit
au commencement
que des chansons en l'honneur
de Bacchus, auquel
on sacrifioit un bouc comme
animal contraire à la
vigne, on rempliffoit de
vin la peau du bouc, &on
la donnoic au Poëce.
Aprés les Notes sur
l'Art Poétique
,
il y a plusieurs
petites traductions
de différentes pieces d'Horace,
d'Ovide, de Petrone,
& avec des Notes donc
voicy quelques-unes.
Lucille estoit un Poète
latin que Juvenal appelle
l'illustre nourrissond'Auronce.
Ce Poëte avoit
composé trente Satyres.
Horace dit dans sa premiere
Satyre du second Livre;
que Lucille confioit ses
secrets à ses Livres, qu'il
n'alloit point ailleurs décharger
son coeur,ce qui
a fait qu'on a trouvé la vie
de ce vieillard peinte dans
ses ouvrages comme dans
un tableau.
,
4 On croiroit que les expressions
de avoir bon neK ,
avoirle ne7, fin, feroient
basses & impropres pour
exprimer avoirl'espritbon,
l'espritsubstil maisHorace,
Perse, & Martial l'ont anpobli
en remployant dans
ce sens. La
- La Comedie a pour but
de réjoüir & d'instruire;
les mimes estoient des
poemes qui n'avoient pour
but que de faire rire, c'estoit
les farces de ce temps-
}'1à.0. Quintilien emploie un
long Chapitre à traiter du
Ris, il est estonnéque paroissant
chose si peu importante
, il ait quelquefois
des effets si estonnants.
Un Ris excité à propos
peut changer l'estat des
affaires les plus importanles,
il empesche quelque-,
fois les fuites fafcheufesde
la haine, de la colere,&c.
& fait succeder la douceur
la bénignité, laclemence.
Par exemple, deux jeunes
Tarentis furent amenez
devant le Roy Pyrrus,
parce que dans un repas
ils avoient eu l'insolence
de parler mal de ce Prince
; voyant qu'ils ne pouvoient
nier le fait ny se
deffendre raisonnablement,
ils respondirent,
Sire
y
sila bouteille ne nous
avoitpas manque, vous eflick
mort,c'estoitfait de vous. Ce
bon mot calma la colere
de leur Juge en le faisant
rire.
Les vins de Falerne se
gardoient si long-temps,
que Petrone par le de bouteilles
de ce vin bouchées
avec foin, dont les étiquetes
marquoient que ce vin
avoic esté fumé fous le
Consul Opimus, cent ans
avant.
Diogenes
,
à propos des
superstitions sur les songes,
estoit indigné que les hom.
mes se tourmentassent au
lujetdessonges,& donnaient
si peu d'attention
aux avions qu'ils faisoient
estanteveillez.
Auguste avoir, dédié
dans son palais un Temple
, & une magnifique
Bibliothèque à Apollon,
où cinq Juges, du nombre
desquels estoit Tarpa, décidoient
du mérité des ouvrages
, que les Autheurs
y venoient lire.
Ennius, dit Quintilien
est semblable à , ces bois
que leur antiquité a consacrez
)
& dont les vieux
arbres font plus vénérables
qu'ils ne font beaux.
Les Anciens écrivoient
sur des tablettes couvertes
de cire,&ils se servoient
d'éguilles pointuës par un
bout, & plates par l'autre;
avec la pointe ils formoient
les caracteres, &
avec l'autre bout ils effaçoient
ce qu'ils avoient
écrit.
Traduction d'un Frag-
O ment d'Ovide.
Je le dis malgré moy ,
trahiffant
mes talents,
Retenez avec foin ces avis excellents
3
P()ulez-vous fuir l'amour ? que
vostre ame discrette
Evite les accents de tout tendre
Poëte:
Qallimaque aisement peut vous
rendre amoureux , Filetasestpour vous un Autheur
dangereux:
Safo plus fortement m'attache à
ma maistresse
Le vieux Anacreon augmente
ma tendresse
Est-on froid, ô Cinthie, en lisant
ton Amant?
Ou quelqu'un a-t-illeu Tibule
impunément ?
Des doux fons de Gallus quel
coeur peut se deffendre ?
Et les miens n'ont-ils fa* je ne
sfay quoy de tendre?
Martial ;Poëte Latin
estoit né à Bilbilis, ville,
de la Celtiberie en Espagne.
Il fut intime ami de
Stella) de Silius Italicus,
& de Pline le Jeune, qui
luy donna quelques secours
pour regagner sa patrie,
après avoir demeure
trente ans a Rome, peu
estimé apparemment pendant
sa vie, il addresse
cette Epigramme à Regule.
LA REPUTATION
des Poëtes.
Le Lecteur rarement aime un
Autheur en vie*,
A son gré des vivantspresquaucun
ne dit bien :
Qui cause cet abus ? Regule, cefi
l'envie,
De
De Pompée on rechercheainsi
le vieux portique,
son vil Temple, Catule
, efl
loué des vieillards,
A Virgile vivant, Quintus mort
fit la nique,
Et pour Homere en vie oit eut
trop peu d'égards.
Rarement le theatre applaudit
à Menandre
Pour fd seule , Corine, Ovide
est des appas, Cacher,-vous donc mon Livre, il
faut encore attendre,
Si la gloire ne vient quaprès
nostre trépas.
Wâ
Septemb. iju. C
A pres toutes ces traductions
l'Autheur fait une
dissertation sur les Autheurs
anciens & modernes
,
dont je donneray
quelques traits, & quelques
petits fragments de
Vers qui font tousjours
plaisir à voir rassemblez,
quoy qu'on les ait veus
ailleurs separément.
Comme ces morceaux
détachez ne demandent
nulle liaison
,
je les garderay
pour le mois prochain
; car je n'ay plus de
place dans cette partie
que pour la fuite de l'abrégé
de l'Iliade qui a
esté receu avec tant de
plaisir,que j'ay prié mon
amy de donner quelques
heures à la continuation
de cet ouvrage.
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Résumé : « En annonçant dans le Mercure dernier un Livre nouveau, j' [...] »
Le texte annonce la publication d'un livre intitulé 'L'Art poétique d'Horace', qui présente une traduction en vers de l'œuvre d'Horace accompagnée de notes de l'auteur et de divers écrivains grecs et latins. Ce livre explore les règles de la composition poétique et du bon goût. Il aborde des réflexions sur l'éloquence, la clarté, et l'importance d'éviter la diffusion. Des exemples de styles poétiques sont fournis, comme celui de Properce comparant un auteur à un marinier. Le texte mentionne également des exemples de sublime et de pathétique, tels que les descriptions d'Homère. Il traite des différents caractères de la poésie et des règles de l'imitation dans les poèmes. Le livre discute des unités de l'action, du temps et du lieu dans les tragédies, en citant Corneille. Il inclut des anecdotes sur les poètes et leurs œuvres, comme celles de Lucille et Martial. Le livre contient aussi des traductions de pièces d'Horace, d'Ovide, et de Pétrone, accompagnées de notes. Enfin, le texte se termine par une promesse de continuer l'abrégé de l'Iliade dans un prochain numéro.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
20
p. 53-57
LIVRE NOUVEAU. Avis donné par l'Autheur.
Début :
On vend à Paris chez Claude Jombert, à la descente [...]
Mots clefs :
Claude Jombert, Livre, Promenade du Luxembourg, Raccommodement, Incidents, Caractères, Ouvrage, Anonyme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LIVRE NOUVEAU. Avis donné par l'Autheur.
LIVRE NOUVEAU.
Avis donné par VAutheur.
ON vend à Paris chez
Claude Jombert, à la descente
du Pont neuf, prés
les Augustins, à l'Image
Nostre Dame) un Livre
nouveau intitulé: LaPromenadedu
Luxembourg. Cette
promenade contient onze
Journées
,
& chaque
Journée est remplie d'incidents
tous plus beaux les
uns que les autres.On y
voit des passions & des évenements
extraordinaires
; des ruptures & des
ihfidelÜez surprenantes ;
des raccommodements
feints & dissimulez; d'autres
qui font veritables &
de bonne foy
, & dont la
fin a esté heureuse.On y
voit encore des apparitions
d'esprits,des jalousies sans
exemples, & des victimes
que l'amour & la colere
sacrifient au desespoir.
D'ailleurs on y trouvera
des conversations galantes
& serieuses sur des questionsqui
n'ont jamais eftç
traitées, & qui font également
propres à polir l'esprit
, & à former les
moeurs ; des caracteres 6c
des portraits singuliers tirez
d'après nature,y paroissent
en plusieursendroits.
Enfin on y verra
çent choses différentes qui
feroient trop longues à
rapporter icy,&qui donneront
tousjours beaucoup
plus de plaisir au Loueur
quand il les apprendra par
luy -
mesme. A l'égard du
stile il est pur, les pensées
en sont vives, & le tour en
est ingenieux. Il ne manqueà
cet ouvrage que le
nom de l'Autheur. On ne
peut pas s'empescher de
s'enplaindre, & il est de
l'interest du public de connoistre
un homme qui écric
si noblement, & avec
tantdejustesse.On trouvera
chezlemesmeLibraire
plusieurs autres ouvrages
curieux du mesme Autheur
anonyme.
Avis donné par VAutheur.
ON vend à Paris chez
Claude Jombert, à la descente
du Pont neuf, prés
les Augustins, à l'Image
Nostre Dame) un Livre
nouveau intitulé: LaPromenadedu
Luxembourg. Cette
promenade contient onze
Journées
,
& chaque
Journée est remplie d'incidents
tous plus beaux les
uns que les autres.On y
voit des passions & des évenements
extraordinaires
; des ruptures & des
ihfidelÜez surprenantes ;
des raccommodements
feints & dissimulez; d'autres
qui font veritables &
de bonne foy
, & dont la
fin a esté heureuse.On y
voit encore des apparitions
d'esprits,des jalousies sans
exemples, & des victimes
que l'amour & la colere
sacrifient au desespoir.
D'ailleurs on y trouvera
des conversations galantes
& serieuses sur des questionsqui
n'ont jamais eftç
traitées, & qui font également
propres à polir l'esprit
, & à former les
moeurs ; des caracteres 6c
des portraits singuliers tirez
d'après nature,y paroissent
en plusieursendroits.
Enfin on y verra
çent choses différentes qui
feroient trop longues à
rapporter icy,&qui donneront
tousjours beaucoup
plus de plaisir au Loueur
quand il les apprendra par
luy -
mesme. A l'égard du
stile il est pur, les pensées
en sont vives, & le tour en
est ingenieux. Il ne manqueà
cet ouvrage que le
nom de l'Autheur. On ne
peut pas s'empescher de
s'enplaindre, & il est de
l'interest du public de connoistre
un homme qui écric
si noblement, & avec
tantdejustesse.On trouvera
chezlemesmeLibraire
plusieurs autres ouvrages
curieux du mesme Autheur
anonyme.
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Résumé : LIVRE NOUVEAU. Avis donné par l'Autheur.
Le texte annonce la vente à Paris d'un livre intitulé 'La Promenade du Luxembourg'. Cet ouvrage, composé de onze journées, relate des incidents variés et captivants. Il explore des passions et des événements extraordinaires, des ruptures et des infidélités, ainsi que des raccommodements feints ou sincères. Le livre inclut des apparitions d'esprits, des jalousies intenses et des victimes sacrifiées par l'amour et la colère. Il propose également des conversations galantes et sérieuses sur des questions inédites, visant à polir l'esprit et à former les mœurs. Des personnages et portraits singuliers, inspirés de la nature, apparaissent tout au long du récit. Le style est pur, les pensées vives et le tour ingénieux. L'auteur reste anonyme, ce qui est regretté, car le public mériterait de connaître cet écrivain qui écrit avec noblesse et justesse. Le libraire Claude Jombert propose également d'autres ouvrages curieux du même auteur anonyme.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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21
p. 225-226
De Landau ce 13. Aoust 1713.
Début :
Mr de la Valliere qui estoit la nuit passée de [...]
Mots clefs :
Tranchée, Ouvrage, Palissade
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texteReconnaissance textuelle : De Landau ce 13. Aoust 1713.
De Landau ce 13.Aoufl 1715,
Mr de la Valliere qui
estoit la nuit passée de tranchée
a fait taster par trenteGrenadiers
duRegiment
Dauphin le petit ouvrage
de terre qui est entre les angles
rentrants des contregardes
de la demie- lune &
du reduit, quoique son ouvrage
fust dans sonentier,
qu'il n'y manquât pas une
palissade, les Grenadiers y
sont entrez, ont tué vingt
hommes qui le gardoient,
exceptésix que l'on a pris,
(establissement & la communication
ont estédifficiles
à cause des feux des
contregardes qui plongent
dans cet ouvrage, il en a
cousté soixante travailleurs
tuez ou blessez mais l'ouvrage
est fini.
Mr de la Valliere qui
estoit la nuit passée de tranchée
a fait taster par trenteGrenadiers
duRegiment
Dauphin le petit ouvrage
de terre qui est entre les angles
rentrants des contregardes
de la demie- lune &
du reduit, quoique son ouvrage
fust dans sonentier,
qu'il n'y manquât pas une
palissade, les Grenadiers y
sont entrez, ont tué vingt
hommes qui le gardoient,
exceptésix que l'on a pris,
(establissement & la communication
ont estédifficiles
à cause des feux des
contregardes qui plongent
dans cet ouvrage, il en a
cousté soixante travailleurs
tuez ou blessez mais l'ouvrage
est fini.
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Résumé : De Landau ce 13. Aoust 1713.
Le 13 août 1715, à Landau, Monsieur de la Vallière a ordonné une attaque nocturne contre un ouvrage de terre. Trente grenadiers du Régiment Dauphin ont pénétré l'ouvrage, tué vingt hommes et en ont capturé six. L'opération a coûté la vie ou blessé soixante travailleurs. L'ouvrage a été achevé malgré les difficultés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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22
p. 272-279
Extrait de differentes Lettres du Camp devant Fribourg, du 23. Octobre.
Début :
Notre batterie en richochet estoit hier au soir comme inondée [...]
Mots clefs :
Place, Attaque, Ennemis, Brèche, En ricochet, Ouvrage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait de differentes Lettres du Camp devant Fribourg, du 23. Octobre.
Extrait de différentes Lettres
du Camp
devant
Fribourg,
du13. Oclolpfe.
Notre batterie en richochet
estoit hier au foir comme
inondée; mais comme
on ne s'en servoie pius, cela
ne nous a pas causé un grand
préjudice. Il cft vray qu'on
a détourné la riviere dans le
commencement du Siege;
mais les ennemis se sont
conservé une écluse par le
moyen de laquelle ils remplisent
leurs fossez d'eau
quand ils souhaitent, sans
pouvoir cependant la faire
entrer dans la Ville pour
faire aller leurs moutins; on
ne pense pas à saigner le
forte, mais.à y construire six
Ponts. Il ne s'est rien passé
lanuitdu 21. au tt. à l'attaque
du Fort ni à celle de la
Ville. Les ennemis continuënt
à faire un grand feu.
On croit qu'on sera obligé
de changer de place quelques
unes de nos batteries, parce
quelles pourroient nuire à
ceux qui travaillent aux
Ponts sur les Fossez.
Comme on ne peut pas
grimper au Fort S. Pierre par ,
l'endroit qu'on attaque, on
va travailler àdes mines pour
faire fauter une partie du
Roc, & se pratiquer par là
une espece de degré. La
brèche (e fait aux deux bas-
..::t
tions de la Ville que l'on bat
malgré le feu des ennemis.
On devoit commencer le
22. au foir les Pontsdefascinés
sur le Fosse; il y en aura
un à chaque face des deux
bastions que l'on attaque &
deux à la demielune, tout
le monde croit que cela pourra
aller jusqu'au 17. On espereaussique
les Forts feront
rendus en même-temps que
la Place, afin de conserver
vingt-un bataillons qui seroient
pri sonniers de guerre.
Oll a attaché depuis trois
jours le Mineur à laredoute
du chemin couvert.
On mande de Landau
du 17. Octobre qu'un parti
de soixante Dragons prés de
l'armée ennemie ayant passé
le Rhin à Philisbourg s'avança
la nuit du 15.au 16. à
portée de cette Place, dans
le dessein de surprendre cent
hommes que nous avons
dans l'ouvrage de la Justice
qui est la plus avancée, Mr
de Vieux Pont qui y commande
ayanr esté averti par
un Païsan de leur approche,
envoya cent cinquante Grenadiers
à leur rencontre; ils
trouvèrent les ennemis à la
petite pointe du jour, à la
pottéedu canon de l'ouvrage
avec des échelles ils se jetterent
inopinément sur eux
& les enveloperent, ils en
tuerent dix, & firent quarante
deux prisonniers, entre
lesquels est leur Commandant
qui est Lieutenant Colonel
,on les a amenéici.
On écrit de Brifac du
1 8:.
que nos Troupes sont au
pied de la banquette, le long
de laquelle elles ont étendu
les logemens. On batenbrèche
la demie lune & les deux
bastions de la Place où il y
avoir le 17. une brèche
de dix toi les qui alloit jus:
qu'au cordon, il y a aussi
brèche à la demie-lune, &
cetre nuit on y doit attacher
le Mineur. On va aussi travailler
à combler le Foissé.
Les Assiegez sonttoûjours
grand feu cependant il n'y a
que leurs pierricrs qui incommodent
les Troupes, il vient
presque tous les jours desdeferteurs.
A l'attaque du Fort
on a poussé les travaux contre
un ouvrage en forme
de lunette qui ne peut --
eftrc
infultéc par le canon estant
enterée dans le Roc, &
comme elle ne peut-estre
emportée que par escalade,
on cherche les moyens dela
pouvoir miner.
du Camp
devant
Fribourg,
du13. Oclolpfe.
Notre batterie en richochet
estoit hier au foir comme
inondée; mais comme
on ne s'en servoie pius, cela
ne nous a pas causé un grand
préjudice. Il cft vray qu'on
a détourné la riviere dans le
commencement du Siege;
mais les ennemis se sont
conservé une écluse par le
moyen de laquelle ils remplisent
leurs fossez d'eau
quand ils souhaitent, sans
pouvoir cependant la faire
entrer dans la Ville pour
faire aller leurs moutins; on
ne pense pas à saigner le
forte, mais.à y construire six
Ponts. Il ne s'est rien passé
lanuitdu 21. au tt. à l'attaque
du Fort ni à celle de la
Ville. Les ennemis continuënt
à faire un grand feu.
On croit qu'on sera obligé
de changer de place quelques
unes de nos batteries, parce
quelles pourroient nuire à
ceux qui travaillent aux
Ponts sur les Fossez.
Comme on ne peut pas
grimper au Fort S. Pierre par ,
l'endroit qu'on attaque, on
va travailler àdes mines pour
faire fauter une partie du
Roc, & se pratiquer par là
une espece de degré. La
brèche (e fait aux deux bas-
..::t
tions de la Ville que l'on bat
malgré le feu des ennemis.
On devoit commencer le
22. au foir les Pontsdefascinés
sur le Fosse; il y en aura
un à chaque face des deux
bastions que l'on attaque &
deux à la demielune, tout
le monde croit que cela pourra
aller jusqu'au 17. On espereaussique
les Forts feront
rendus en même-temps que
la Place, afin de conserver
vingt-un bataillons qui seroient
pri sonniers de guerre.
Oll a attaché depuis trois
jours le Mineur à laredoute
du chemin couvert.
On mande de Landau
du 17. Octobre qu'un parti
de soixante Dragons prés de
l'armée ennemie ayant passé
le Rhin à Philisbourg s'avança
la nuit du 15.au 16. à
portée de cette Place, dans
le dessein de surprendre cent
hommes que nous avons
dans l'ouvrage de la Justice
qui est la plus avancée, Mr
de Vieux Pont qui y commande
ayanr esté averti par
un Païsan de leur approche,
envoya cent cinquante Grenadiers
à leur rencontre; ils
trouvèrent les ennemis à la
petite pointe du jour, à la
pottéedu canon de l'ouvrage
avec des échelles ils se jetterent
inopinément sur eux
& les enveloperent, ils en
tuerent dix, & firent quarante
deux prisonniers, entre
lesquels est leur Commandant
qui est Lieutenant Colonel
,on les a amenéici.
On écrit de Brifac du
1 8:.
que nos Troupes sont au
pied de la banquette, le long
de laquelle elles ont étendu
les logemens. On batenbrèche
la demie lune & les deux
bastions de la Place où il y
avoir le 17. une brèche
de dix toi les qui alloit jus:
qu'au cordon, il y a aussi
brèche à la demie-lune, &
cetre nuit on y doit attacher
le Mineur. On va aussi travailler
à combler le Foissé.
Les Assiegez sonttoûjours
grand feu cependant il n'y a
que leurs pierricrs qui incommodent
les Troupes, il vient
presque tous les jours desdeferteurs.
A l'attaque du Fort
on a poussé les travaux contre
un ouvrage en forme
de lunette qui ne peut --
eftrc
infultéc par le canon estant
enterée dans le Roc, &
comme elle ne peut-estre
emportée que par escalade,
on cherche les moyens dela
pouvoir miner.
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Résumé : Extrait de differentes Lettres du Camp devant Fribourg, du 23. Octobre.
Le texte relate des événements militaires devant Fribourg et à d'autres localités. Le 13 octobre, une batterie a été inondée sans causer de dommages majeurs. Les ennemis ont détourné une rivière pour remplir leurs fossés, mais ne peuvent inonder la ville. Des travaux sont en cours pour construire six ponts sur les fossés. La nuit du 21 au 22 octobre, aucune attaque n'a eu lieu contre le fort ou la ville, mais les ennemis continuent de tirer. Certaines batteries doivent être déplacées pour éviter de nuire aux travailleurs des ponts. Des mines sont préparées pour accéder au Fort Saint-Pierre. Des brèches sont faites dans les bastions de la ville malgré le feu ennemi. Les ponts de fascines sur les fossés doivent commencer le 22 octobre, et on espère que les forts seront rendus en même temps que la place pour éviter des prisonniers de guerre. À Landau, le 17 octobre, un parti de dragons ennemis a été repoussé, avec dix tués et quarante-deux prisonniers, dont leur commandant. À Brisach, le 18 octobre, les troupes françaises battent brèche sur la demi-lune et les bastions, avec une brèche prévue de dix toises. Les assiégés maintiennent un feu intense, mais seuls leurs pierriers incommodent les troupes. Des défecteurs arrivent presque quotidiennement. Les travaux pour attaquer le fort se concentrent sur un ouvrage en forme de lunette, nécessitant une escalade ou des mines.
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23
p. 149-166
Memoire Littéraire.
Début :
J'ay promis des liaisons. Il faut tenir parole. Mais je / La Médecine a pris naissance des observations, dont le hazard [...]
Mots clefs :
Liaisons, Mémoires littéraires, Médecine, Maladies, Ouvrage, Ouvrages, Nouveauté, Vérité, Remède, Nature
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Memoire Littéraire.
J'ay promis des liaiſons.
Il faut tenir parole. Mais je
ne ſçay comment m'y prendre
pour paffer d'une façon agra
Niij
150 MERCURE
ble & naturelle , d'une matiere
que je connois un peu ,
à une que je ne connois point
du tour. On m'a fait preſent
de deux Memoires Litteraires
fur la Medecine; on m'aſſure
qu'ils annoncent des chofes
qu'ils
dont l'uſage eft excellent pour
prolonger nos jours. C'eſt co
que je ne ſçay pas encore , parce
que je n'ay jamais cû beſoin
de l'apprendre.
Quoy qu'il en ſoit , ils me
paroiſſent affez bien écrits , &
la force de leurs raiſonnemens
qui me fait en quelque facon
juger du merite de leurs AuGALANT
S
teurs ,
noMemoite Litteraire
R
of La Medecine a pris naiſſancodesobfervations
,dont lehazard
fut peüt- eſtre la premiere
&la plus feconde ſource,
aprés tuy vint l'experience, qui
les multiplia durant pluſieurs
Siecles , & forma le premier
plan d'un art qui devoit reme
dier aux maladies dont la fant
té des hommes eſt ſi ſouvent
combatuë. Cette Medecine
empirique n'eſtoit d'abord oc-
Niiij
152 MERCURE
cupée qu'à reconnoître les vertus
des Simples & de leurs differ
ens mélanges : Mais la diverfiré
deleurs effets , ſelon les
differences des accidens , ou
celles du temperament , de
l'âge, du temps , du licu , des
alimens , des paffions de l'ame
, &c. fit bien- toſt connoiſtre
que puiſque la nature,
plus changeanteque Prothée,
ne ſetrouve preſque jamais la
même , il falloit entrer dans
le détail de ſes inconſtances
pour y trouver la regle de la
juſte application des remedes.
Cette folide reflexion donna
GALANT
lieu de romarquer tous les
ſignes, qui établiſſent les pré
ſages des maladies qui diſtinguent
les unes des autres, qui
marquent leurs eſpeces dans
chaque genre , & font juger
de leurs caufes & de leurs ef
fets. Une auffi utile recherche
produifit les regles& les prin.
cipes du grand Art de guerir;
cette étude enfantales divinso
racles queHippocrateaprés les
célebresMedecin de l'Ecole de
Cnyde& les Prêtres du Tem
ple d'Eſculape, raſſembla dans
ſes ouvrages qui l'ont immortalifé
, ces fondemens de la
154 MERCURE
Medecine , avoüez, de toutes
les Ecoles du monde , auffi
anciens& auffi nouveaux que
la verité,ſont les ſeuls qui ont
mis le prix à la doctrine des
Medecins de tous les temps:
au lieu que les,vains rafine,
mens des Siſtemes , enfans
d'une ignorance preſomptucuſe
, quelques legitimes qu'ils
ayont paru , n'ont jamais porté
bien loin la Renomée deleurs
Auteurs , ni fixé pour longtemps
llastention des habiles
Praticiens. En effet quoy que
des conjectures vray- fomblables
leurs en impofent quel
2GALANT. 155
quefois , ils n'ont pas de peine
à ſe détromper, ſi- toſt qu'ils
rappellent de leurs préjugez à
la reglede l'obſervation. Ces
démarches de la nature dans
les maladies , ces points fixez
que le Medecin nedoit jamais
perdre de veuë , rempliffent
toutes les pages du ſçavant
livresde Lommius , dont Mon.
fieur le Breton , Docteur en
Medecinede la Falculté de Paris
a mis au jour l'excellente
traduction , qu'il en a faire ,
ſous le titre de Tableau des
maladies , où l'on découvre leurs
fignes & leurs évenemens, tra
156 MERCURE
duit du latın de Lommius , 4-
vec de nouvelles remarques ; ouvrage
qui renferme les obferuations
les plus importantes pour
acquerir une parfaite connoissance
detoutes les maladies , en prévoir
les ſuites , en pénétrer les cauſes ,
s' aßurer de leurs remed. s. A
Paris , chez Claude Jombert
Libraire.Quay des Augustins à
la defcente du Pont Neuf.
On vend chez le même Libraire
un Livre nouveau , inti
tulé, Principes de Phifique ,rapportez
à la Medecine Pratique,
& autres traitezsur cet Art,par
Mr Chambon, cy- devantMede
GALANT. }}
cin de Jean Sobieski , Roy de
Pologne.
**Cet ouvrage ſeroit nouveau
ſi la verité n'eſtoit pas de
tous les temps. Il eſt néan
moins nouveau en la maniere
de la propoſer. Tout lemonde
ſçait que chaque choſe àfa
naiſſance , c'est- à-dire eft faite
de l'union des ſes principes,
fonaccroiſſement , lamaturité,
ſon décroiſſement ,& en
fin ſa diſolution. C'eſt un or
drede la naturetoûjoursconftante
dans ſon inconſtance.
Il n'y a point de Phyficien qui
ne ſoit convaincude cette verité.
Cependant on nes'eftoit
158 MERCURE
3
&
point encore avisé dans les
Ecoles de parler ainfi ; parce
que des principes ſi faciles
fi ſurs ne plaifent pas aux perſonnes
qui aiment à faire mif.
tere de tout , & peut- eftre à
égarer les autres , afin de les
ramener par plufieurs détours,
au chemin d'où ils oftoient
partisang b
Mr Chambon qui joint
une sextrémehidroiture de
coeur àune parfaire connoif
fance de la nature, à évité
l'écücil des Phyſiciens ordinaires
, & nous propoſe dans
cet ouvrage les principes les
plus facilespavec une netteté
GALANT. 139
toute finguliere. La nature ,
dit- il , fait tous ſes ouvrages
en diffolvant & en coagulant;
lorſqu'elle diffout elte sein
erude; & lorſqu'elle coagule
elle cuir &meunit. C'eſt fur
ce grand principe que roule
rouve la Phyſique r& toute la
Medecine, Car enfin lainatu
reou coagule ondiffour ou
fe ropoſe quandfes ouvrages
font à leur matafités Ibreſt
vrayqu'elle nedemeute guard
en reposh qulellé,n'a pas
pluſtoſt conduit ſesouvrages
àleur perfection ,qu'elle travaille
à les détruige. Tout
160 MERCURE
ace
que doit donc faire un fage
Medecin eſt de ſuivre, la
nature dans ſes operations
fin d'empêcher les coagulations
prématurées,&les diſſolutions
trop precipitées.L'une
fert de romede à l'autre, la
coagulation empêche da trop
grande diffolution , lai diễ
folution bempèche da nerop
grande coagulations Opine
peut pas donner d'idée plus
fimple desoperations de la na
ture , & du devoirdes Medeeins
qucocelle-lashion flokar
-De ce principe il s'enfuit
quola ſaignée eſt ſouvent la
choſe
GALANT. 161
choſe la plus dangereuſe de
toutes celles que pratiquent
aujourd'huy les Medecins , &
qui a affez de rapport avec ces
fortes de remedes communs
qu'on diftribuë dans les boutiques
, ainſi que Mr Chambon
ledémontre dans ſon ouvrage.
En effet , ou le ſang
tend à ſe coaguler, ce qui cauferoit
des obſtructions dans
les viſeerés ou à ſe diffoudre ,
ce qui en ruineroit le baume ;
car de dire qu'il peut pêcher
en quantité, c'eſt une prévention
qui n'eſt formée fur
aucun princip craifonnable ,
Juin 1714.
162 MERCURE
s'il ſe coagule il y a des
remedes pour empêcher cet
te coagulation , & pour le re
mettre à fon bon naturel , s'il
tend à la diſſolution de ſes
principes,on peut l'empêcher
par des remedes coagulants.
Tous les corps , die Me
Chambon , ſont compoſez de
fel , de ſouffre & de Mercure.
La partie mercuriale continuët'il
, fait la fluidité ; la ſaline
fait le poids & la fixité , & k
fouffre la fuſibilité, le reſſerrement
,les faveurs & les couleurs.
Suivant ce principe , il
traise amplement des teintures
GALANT. 163
dont il donne les préparations
avec la netteté, & fa profondeur
ordinaire .
Il paffe de là au mal deNaples
que les Napolitains appellent
le mal François , dont il
explique la nature & les differentes
fortes conformement à
fes principes ; & aprés avoir
montré que le Mercure ne le
peut guerir radicalement , il
propoſe des ſpecifiques pour
lestrois eſpeces de cette maladie
ſçavoir la naiſſance, l'inveterée,&
l'hereditaire. Labontéde
cesſpecifiques eſt prouvée
par des raiſonnemens , & par
Oij
164 MERCURE
les experiences qu'il en faites à
cette occaſion; ildonne lespréparations
du Mercure , de
l'antimoine , du plomb , de
l'Elixir animal , de Lilium ,des
pilulles , &c. De- là pour récréer
le Lecteur , il paſſe au
récit de ſon voyage dans les
Monts de Pologne , où il entra
dans les mines de ſel , de
ſouffre, de bitume& autres ,
dont il rapporte les particula
ritez , & plufieurs autres mer
veilles de la même Pologne,
avec beaucoup d'exactitude
&de politeffe. Enfin il finit
par un traité de l'apoplexic
GALANT. 165
dontil explique la nature d'une
maniere mécanique &
conforme à fes principes ; enfuite
il établit les differentes
efpeces d'apoplexie ,& donne
les préparations des remedes
neceffaires dans ces fortes de
maladies.
On peut dire en general
que cet ouvrage eft , pour fa
folidité , fa varieté & fa nouveauté
, un des plus beaux
Chefs-d'oeuvres de la Medeci
ne,&de la Phyſique. Il ſeroit à
fouhaiter que l'Auteur voulût
faire part au Public des autres
découvertes qu'il a faites fur
166 MERCURE
quantité d'autres maladies ,
avec leurs remedes : ce ſeroir
luy faire un preſent d'autant
plus eftimable , que l'homme
n'ariende plus cher,ny de plus
précieux que la ſanté. Sans
elle il ne fait que languir ; les
plaiſirs n'ont pour luy aucun
charme , & il eſt incommode
non ſeulement à tout le monde
, mais encore à luy-même.
Il faut tenir parole. Mais je
ne ſçay comment m'y prendre
pour paffer d'une façon agra
Niij
150 MERCURE
ble & naturelle , d'une matiere
que je connois un peu ,
à une que je ne connois point
du tour. On m'a fait preſent
de deux Memoires Litteraires
fur la Medecine; on m'aſſure
qu'ils annoncent des chofes
qu'ils
dont l'uſage eft excellent pour
prolonger nos jours. C'eſt co
que je ne ſçay pas encore , parce
que je n'ay jamais cû beſoin
de l'apprendre.
Quoy qu'il en ſoit , ils me
paroiſſent affez bien écrits , &
la force de leurs raiſonnemens
qui me fait en quelque facon
juger du merite de leurs AuGALANT
S
teurs ,
noMemoite Litteraire
R
of La Medecine a pris naiſſancodesobfervations
,dont lehazard
fut peüt- eſtre la premiere
&la plus feconde ſource,
aprés tuy vint l'experience, qui
les multiplia durant pluſieurs
Siecles , & forma le premier
plan d'un art qui devoit reme
dier aux maladies dont la fant
té des hommes eſt ſi ſouvent
combatuë. Cette Medecine
empirique n'eſtoit d'abord oc-
Niiij
152 MERCURE
cupée qu'à reconnoître les vertus
des Simples & de leurs differ
ens mélanges : Mais la diverfiré
deleurs effets , ſelon les
differences des accidens , ou
celles du temperament , de
l'âge, du temps , du licu , des
alimens , des paffions de l'ame
, &c. fit bien- toſt connoiſtre
que puiſque la nature,
plus changeanteque Prothée,
ne ſetrouve preſque jamais la
même , il falloit entrer dans
le détail de ſes inconſtances
pour y trouver la regle de la
juſte application des remedes.
Cette folide reflexion donna
GALANT
lieu de romarquer tous les
ſignes, qui établiſſent les pré
ſages des maladies qui diſtinguent
les unes des autres, qui
marquent leurs eſpeces dans
chaque genre , & font juger
de leurs caufes & de leurs ef
fets. Une auffi utile recherche
produifit les regles& les prin.
cipes du grand Art de guerir;
cette étude enfantales divinso
racles queHippocrateaprés les
célebresMedecin de l'Ecole de
Cnyde& les Prêtres du Tem
ple d'Eſculape, raſſembla dans
ſes ouvrages qui l'ont immortalifé
, ces fondemens de la
154 MERCURE
Medecine , avoüez, de toutes
les Ecoles du monde , auffi
anciens& auffi nouveaux que
la verité,ſont les ſeuls qui ont
mis le prix à la doctrine des
Medecins de tous les temps:
au lieu que les,vains rafine,
mens des Siſtemes , enfans
d'une ignorance preſomptucuſe
, quelques legitimes qu'ils
ayont paru , n'ont jamais porté
bien loin la Renomée deleurs
Auteurs , ni fixé pour longtemps
llastention des habiles
Praticiens. En effet quoy que
des conjectures vray- fomblables
leurs en impofent quel
2GALANT. 155
quefois , ils n'ont pas de peine
à ſe détromper, ſi- toſt qu'ils
rappellent de leurs préjugez à
la reglede l'obſervation. Ces
démarches de la nature dans
les maladies , ces points fixez
que le Medecin nedoit jamais
perdre de veuë , rempliffent
toutes les pages du ſçavant
livresde Lommius , dont Mon.
fieur le Breton , Docteur en
Medecinede la Falculté de Paris
a mis au jour l'excellente
traduction , qu'il en a faire ,
ſous le titre de Tableau des
maladies , où l'on découvre leurs
fignes & leurs évenemens, tra
156 MERCURE
duit du latın de Lommius , 4-
vec de nouvelles remarques ; ouvrage
qui renferme les obferuations
les plus importantes pour
acquerir une parfaite connoissance
detoutes les maladies , en prévoir
les ſuites , en pénétrer les cauſes ,
s' aßurer de leurs remed. s. A
Paris , chez Claude Jombert
Libraire.Quay des Augustins à
la defcente du Pont Neuf.
On vend chez le même Libraire
un Livre nouveau , inti
tulé, Principes de Phifique ,rapportez
à la Medecine Pratique,
& autres traitezsur cet Art,par
Mr Chambon, cy- devantMede
GALANT. }}
cin de Jean Sobieski , Roy de
Pologne.
**Cet ouvrage ſeroit nouveau
ſi la verité n'eſtoit pas de
tous les temps. Il eſt néan
moins nouveau en la maniere
de la propoſer. Tout lemonde
ſçait que chaque choſe àfa
naiſſance , c'est- à-dire eft faite
de l'union des ſes principes,
fonaccroiſſement , lamaturité,
ſon décroiſſement ,& en
fin ſa diſolution. C'eſt un or
drede la naturetoûjoursconftante
dans ſon inconſtance.
Il n'y a point de Phyficien qui
ne ſoit convaincude cette verité.
Cependant on nes'eftoit
158 MERCURE
3
&
point encore avisé dans les
Ecoles de parler ainfi ; parce
que des principes ſi faciles
fi ſurs ne plaifent pas aux perſonnes
qui aiment à faire mif.
tere de tout , & peut- eftre à
égarer les autres , afin de les
ramener par plufieurs détours,
au chemin d'où ils oftoient
partisang b
Mr Chambon qui joint
une sextrémehidroiture de
coeur àune parfaire connoif
fance de la nature, à évité
l'écücil des Phyſiciens ordinaires
, & nous propoſe dans
cet ouvrage les principes les
plus facilespavec une netteté
GALANT. 139
toute finguliere. La nature ,
dit- il , fait tous ſes ouvrages
en diffolvant & en coagulant;
lorſqu'elle diffout elte sein
erude; & lorſqu'elle coagule
elle cuir &meunit. C'eſt fur
ce grand principe que roule
rouve la Phyſique r& toute la
Medecine, Car enfin lainatu
reou coagule ondiffour ou
fe ropoſe quandfes ouvrages
font à leur matafités Ibreſt
vrayqu'elle nedemeute guard
en reposh qulellé,n'a pas
pluſtoſt conduit ſesouvrages
àleur perfection ,qu'elle travaille
à les détruige. Tout
160 MERCURE
ace
que doit donc faire un fage
Medecin eſt de ſuivre, la
nature dans ſes operations
fin d'empêcher les coagulations
prématurées,&les diſſolutions
trop precipitées.L'une
fert de romede à l'autre, la
coagulation empêche da trop
grande diffolution , lai diễ
folution bempèche da nerop
grande coagulations Opine
peut pas donner d'idée plus
fimple desoperations de la na
ture , & du devoirdes Medeeins
qucocelle-lashion flokar
-De ce principe il s'enfuit
quola ſaignée eſt ſouvent la
choſe
GALANT. 161
choſe la plus dangereuſe de
toutes celles que pratiquent
aujourd'huy les Medecins , &
qui a affez de rapport avec ces
fortes de remedes communs
qu'on diftribuë dans les boutiques
, ainſi que Mr Chambon
ledémontre dans ſon ouvrage.
En effet , ou le ſang
tend à ſe coaguler, ce qui cauferoit
des obſtructions dans
les viſeerés ou à ſe diffoudre ,
ce qui en ruineroit le baume ;
car de dire qu'il peut pêcher
en quantité, c'eſt une prévention
qui n'eſt formée fur
aucun princip craifonnable ,
Juin 1714.
162 MERCURE
s'il ſe coagule il y a des
remedes pour empêcher cet
te coagulation , & pour le re
mettre à fon bon naturel , s'il
tend à la diſſolution de ſes
principes,on peut l'empêcher
par des remedes coagulants.
Tous les corps , die Me
Chambon , ſont compoſez de
fel , de ſouffre & de Mercure.
La partie mercuriale continuët'il
, fait la fluidité ; la ſaline
fait le poids & la fixité , & k
fouffre la fuſibilité, le reſſerrement
,les faveurs & les couleurs.
Suivant ce principe , il
traise amplement des teintures
GALANT. 163
dont il donne les préparations
avec la netteté, & fa profondeur
ordinaire .
Il paffe de là au mal deNaples
que les Napolitains appellent
le mal François , dont il
explique la nature & les differentes
fortes conformement à
fes principes ; & aprés avoir
montré que le Mercure ne le
peut guerir radicalement , il
propoſe des ſpecifiques pour
lestrois eſpeces de cette maladie
ſçavoir la naiſſance, l'inveterée,&
l'hereditaire. Labontéde
cesſpecifiques eſt prouvée
par des raiſonnemens , & par
Oij
164 MERCURE
les experiences qu'il en faites à
cette occaſion; ildonne lespréparations
du Mercure , de
l'antimoine , du plomb , de
l'Elixir animal , de Lilium ,des
pilulles , &c. De- là pour récréer
le Lecteur , il paſſe au
récit de ſon voyage dans les
Monts de Pologne , où il entra
dans les mines de ſel , de
ſouffre, de bitume& autres ,
dont il rapporte les particula
ritez , & plufieurs autres mer
veilles de la même Pologne,
avec beaucoup d'exactitude
&de politeffe. Enfin il finit
par un traité de l'apoplexic
GALANT. 165
dontil explique la nature d'une
maniere mécanique &
conforme à fes principes ; enfuite
il établit les differentes
efpeces d'apoplexie ,& donne
les préparations des remedes
neceffaires dans ces fortes de
maladies.
On peut dire en general
que cet ouvrage eft , pour fa
folidité , fa varieté & fa nouveauté
, un des plus beaux
Chefs-d'oeuvres de la Medeci
ne,&de la Phyſique. Il ſeroit à
fouhaiter que l'Auteur voulût
faire part au Public des autres
découvertes qu'il a faites fur
166 MERCURE
quantité d'autres maladies ,
avec leurs remedes : ce ſeroir
luy faire un preſent d'autant
plus eftimable , que l'homme
n'ariende plus cher,ny de plus
précieux que la ſanté. Sans
elle il ne fait que languir ; les
plaiſirs n'ont pour luy aucun
charme , & il eſt incommode
non ſeulement à tout le monde
, mais encore à luy-même.
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Résumé : Memoire Littéraire.
Le texte aborde la médecine et deux mémoires littéraires sur ce sujet. L'auteur exprime son intérêt pour une matière qu'il ne connaît pas encore, tout en reconnaissant la qualité des mémoires qu'il a lus. La médecine, née des observations et de l'expérience accumulées sur plusieurs siècles, était initialement empirique. Elle a évolué pour reconnaître les vertus des simples et leurs mélanges. La variabilité des effets des remèdes en fonction de divers facteurs a conduit à une réflexion approfondie sur les inconstances de la nature, aboutissant à l'établissement des signes présageant les maladies et à la formulation des règles et principes de l'art de guérir. Hippocrate, après les médecins de l'École de Cnide et les prêtres du Temple d'Esculape, a rassemblé ces fondements dans ses ouvrages, considérés comme les plus anciens et les plus novateurs. Les systèmes vains et présomptueux n'ont pas porté loin la renommée de leurs auteurs. Les démarches de la nature dans les maladies et les points fixes que le médecin ne doit jamais perdre de vue sont détaillés dans les livres de Lommius, traduits par Monsieur le Breton. Le texte mentionne également un ouvrage de Monsieur Chambon, ancien médecin de Jean Sobieski, roi de Pologne. Cet ouvrage présente les principes de la physique appliqués à la médecine pratique. Chambon explique que la nature agit par dissolution et coagulation, et que le rôle du médecin est de suivre ces opérations pour empêcher les coagulations prématurées et les dissolutions trop précipitées. Il critique la saignée, jugée souvent dangereuse, et propose des remèdes alternatifs. Chambon traite également du mal de Naples, de l'apoplexie et partage ses observations sur les mines de Pologne. L'ouvrage est loué pour sa solidité, sa variété et sa nouveauté, et l'auteur espère que Chambon partagera d'autres découvertes sur les maladies et leurs remèdes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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24
p. 35-47
REMARQUES de M. d'Auvergne, de Beauvais, sur un Livre intitulé : Les Principes du Droit François sur les Fiefs. Par M. Billecocq.
Début :
Le titre de cet Ouvrage paroît imposant. On y annonce le détail des [...]
Mots clefs :
Fiefs, Droit, Coutume, Loi, Auteur, Texte, Jurisprudence, Ouvrage
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texteReconnaissance textuelle : REMARQUES de M. d'Auvergne, de Beauvais, sur un Livre intitulé : Les Principes du Droit François sur les Fiefs. Par M. Billecocq.
R £ MA X QV ES de M. d'Auvergne,
de Beauvaïs ? sur un Livre intitulé :
Les Principes du Droit François fur les
fiefs Par M. Billecocy.
LE titre de .cet Ouvrage paroît impo
sant. On y annonce le détail des
principes de la Jurispiudence Françoise
sur les Fiefs } c'est-à-dire, fur la ma
tière la plus curieuse , la plus difficile &
la plus importante peut-être de tout no
tre Droit. La diversité d'opinions , &
les contestations qu'elle produit tous les
jours fur une infiniré de points , font
une grande preuve qu'après tout ce qu'il
y a eu de Sçavans hommes qui ont tra
vaillé à les éclaircir 9c à les discuter ,
nous y manquons encore de principes
fixes & certains. Aussi un Livre qui reníermeroit
réellement tous ces principes ,
; , serok
■f 6 MERCURE DE FRANCE,
íseroit à rechercher avec empressement.
Mais ici la promesse est crop étendue;
elle ne .s'accorde pas même avec le ju
gement que M- JBiUecpcq a porté de son
Ecrit dans l'Epitre Dédicatoire & dans
l'Áyis au Lecteur. Il n'y présente en
effet ce fruit de ses -travaux que comme
un Commentaire fur la Coutume par
ticulière du Gouvernement de Peronnc,
Mondidier & Roye , & il~y avertit que
c'est à cette Coutume qu'il réduit tous
ses principes. Aussi je ne me propose que
"d'examiner de quelle façon' doit s'executer
une semblable entreprise,, de faci
liter l'intelligence de fa Coutume , & si
la Méthode que l' Auteur s'est faite fur
cela est celle qu'il faut suivre pour le*
Ouvrages de ce .genre : ce fera à quoi
se borneront toutes mes Remarques.
Eclaircir oa commenjter uncCoûturae.
ou une Loi , ce n'est pas simplement,
distribuer fes collections fur toutes les
parties du Texte } ni morceler ce Texte
pour le compiler avec d'autres ; «'est en
interpréter les termes obscurs , détermi
ner Je sení des expressions qui peuvent,
être entendues de différentes façons , Ieyer
tous les doutes fur les cas où le Lé
gislateur ne s'est pas suffisamment expli
qué , ou qu'il a entièrement omis. Pouj:
y jéuslîr , il faut exarajner non-íeulcment
1 ANVIE R. 1730: 37
nient les Ecrits de ceux qui ont fait la
.même entreprise , soit sur cette même
Coutume , soit sur celles qui ont quel
ques dispositions semblables , mais auífî
ccqui nous a été transmis par ceux d'en
tre les Interprètes de toutes les autres
Coutumes différentes ou opposc'es,qui font
en réputation d'y avoir le plus excellé»
Il saur en choisissant parmi leurs diver
ses décisions , montrer par des raisonne
ment clairs & solides , & souvent pac
l'Histoire de l'ancienne Jurisprudence ,
que les íentimtns que l'on embrasse font
véritablement ceux qui doivent préva
loir , & qui conviennent le mieux i
l'efprit de la Loi particulière que l'on
commente. U faut rapporter avec une
judicieuse critique les Sentences & les
Arrêts rendus fur chaque Question ,
rétablir les espèces de ceux qui ont été
mal entendus , enseigner quels sont ceux
qui n'étant pas confoimes au vrai sens
des Coutumes, dans lesquelles ils font in
tervenus j ne doivent pas être suivis ,
faire connoître ce qui auioit dû y être
jugé , relever les fausses applications qui
ont été faites de plusieurs autres. Or il
n'est pas possible qu'il s'en trouve de
cette nature dans un Livre qui n'étant
comme celui-ci que d'environ 440. pa
ges in-ji. contient cependant près de
C 275
0 MERCURE DE FRANCE.
275. Chapitres, dont une bonne partie
est subdivisée en Sections , qui dans
certains Chapitres , yonc jusqu'à douze
«u quinze.
Sans doute , 1* Auteur n'a passait une
attention qu'il est à souhaicter qu'il fasse
pour les autres Ouvrages qu'il se pré*
pare à nous donner fur les Rotures , Ip
Franc- Aleu , les Justices Seigneuriales.
C'est que nous ne sommes plus dans le
tems où nos anciens Auteurs , tels que
^eaumanoir , Desmarcs , Bouteiller &c.
a'avoient qu'à écrire en forme de Loix
ou de Maximes ce qu'ils voyoient pra
tiquer. Comme l'usage étoit alors la
principale Loi , l'ignorancc ou l'incertitude
de cet usage étoit auffi la plus granr
de source des l'rocès , on avoir encore
beaucoup d'obligation à ceux qui pour
le rendre plus invariable &: plus connu,
prenoient la peine de le rédiger par
écrit. Content de l'utilité de laquelle
croient à cet égard leurs compilations ,
on ne leur demandoit pas qu'ils discu
tassent à fond toutes les subtilités qu-'oti
commençoit déja à inventer , en s'écactant
peu à peu de la simplicité des sié
cles précedêns.
Mais aujourd'hui que les Coutumes
particglieres de chaque Contrée font
écrites , que les Ordonnances de nos
Rois
JANVIER. 17! 91 1*
H.OÍS se sont multipliées , que quantité' de
Points qui n'avoient été décides ni dans
les unes ni dans les autres , l'ont été
depuis par les Parlemens , qu'il y a unfi
-infinité de Collections qui contiennent
les règles fur lesquelles on est univer
sellement d'accord i le travail de ceuX
-qui entreprennent encore d'écrire fur
cela , doit touler uniquement fur ce qui
teste à faire jusqu'à ce qu'on soit enfin
parvenu à l'uniforroité de Jurisprudence
si possible & si désirée i (í'est-à-dire , sut
la solution des difficultés que l'obfcurité,
Je silence & la contraricté de ces diver
ses Loix laissent encore subsister , oïl
que l'imaginacion des Interprètes a fait
naître.
A la vérité , l'ouvrage est d'autant
plus pénible Sc moins gracieux , qu'il est
très-difficile de donner à ce qu'on trou
ve encore à dire l'agrément de là nouveauté.
La Jurisprudence est, en esset.une
des sciences fur lesquelles on peut assu.
■ter avec le plus de raison, que tout est
âít.- H est peu de questions , si memeit
y" en a aucunes, qui ne soient traitées par
quantité d'Auteurs. Ceux qui nous ont
précédé ne nous ont presque laissé qu'à
concilier léurs avis , qu'à décider entre
íious à qui la préférence doit être don-
Hee , Bc ^u'à répliquer aux objections
Ç ij qu«
40 MERCURE DE FRANCE,
que Ies\ins ont faites contre les argu,.
mens de ceux qui avoient écrit avant
eux , répliques qui se trouvent aílez
souvent dans les principes mêmes établis
par les premiers ; & ces questions fur
lesquelles il y a diversité de fentimens ,
ou qui ayant été une fois éclaircies , onc
été rebroiiillées de .nouveau , ne peu
vent être ramassées qu'en parcourant lc
plus qu'il se peut du grand nombre de
Volumes où elles font éparses , & qu'en
essuyant , sans se rebuter , le dégoût &
l'cnnui qui font inséparables de la lecture
de tant de Livres qui se font successivement
copiés & remplis pour la plupart
des mêmes lieux communs.
Dans celui-ci , au-contrairc , les fources
où l'on a puisé , & qui peuvent ai
sément être comptées , parce qu'elles
font exactement indiquées fur les mar
ges , se réduisent à un assez petit nom
bre. Je me suis même apperçû fur cet
artiese de deux petites circonstances assez
singulières , pour que je n'obmette pas de
les faire remarquer. La première , est que
l'Auteur a exclus du nombre de ses gui
des tous ceux qui ont écrit en Latin ,
& la seconde , qu'encore que son Re
cueil soit fur les Fiefs » il n'y a cepen
dant pas fait usage d'un seul des trais
tés dont çette matière est l'unique obr
f*. Et
JANVIER.. 1730. 4».
Ét dans le peu de recherches aufquelles
il s'est borné , il a fait son capitat
de ce qui ne devoit être qu'un moyen
pour y parvenir y c'est-à-dire , qu'au lieu
de n'avoir recours aux ouvrages qu'il
avoit fous ses yeux que comme à une
source propre à lui fournir de nouvel
les ouvertures pour mettre dans un plus
grand jour les matières controvcrsées ì
ou comme à un aiguillon qui excitât ,
qui reveillât ses propres idées , il s'est
toujours borné à donner lc précis de9
résolutions qu'il y a trouvées- , fans mê
me indiquer les motifs qui y ont donné
lieu , ni les autorités qui y font op
posées.
C'est ainsi , par exemple , qu'il donne
pour indubitable , pout cela seulement,
que de Heu l'a dit ,, quoique l'axiome
soit faux * & que du Plessis , dont il a
extrait dans le même endroit un des
plus longs Chapitres presque en entier,
ait suffisamment fait entendre le con
traire , que lorsque lc mari néglige ou
refuse de rendre la foi & hommage pour
les Fiefs qui font échus à fa femme , 6c
de les relever , elle peut se faire auto»
riser par Justice , pour remplir cette
obligation.'
*Liv. t Ch. 4. Se&. (*
4r MERCURE DÊ FRÁNCÉ;-
De même, sur l'arriclc de ce que
fainé peut exiger de ses frères & soeurs,
lorsqu'ils, aiment mieux- relever de lui
pour la première fois , que du Seigneue
dominant , l' Auteur, range parmi les*
ftiaximes universellement suivies ce qu'il
a vû dans la Coutume de Laon « que
lès cadets doivent en ce cas à leur aine
le droit de chambellage , fans avetiir que
M. d'Argentré b dont le sentiment a été
en- cela suivi par plusieurs autres » a te
nu le contraire.
Telle est la Méthode de M. D. . . . .
Au lieu de n'avoir recours au Texte de*
autres Coutumes que pour discuter le
plus ou le moins d'application qui en,
oeut être faite 3 la sienne. } jl se çojntente
de les transcrire comme des prin
cipes généraux , tous differens qu'ils font
du, détail dans lequel les Auteurs qui
enr traité les mêmes points font entrés.
Ainsi la Section e où il parle de la foi.
& hommage du Fief contesté entre pluisieurs
personnes , n'est qu'un composé
de purs Textes de quelques Coutumes
de Champagne , posés là en forme de
maximes générales , & fans exception
(a ) Ltv. i. Ch. f. SeS.y.
(b ) Sur V Art. 318. de l'une. Coût, de Bre~
t*gne. .%•-■>.•-
(C) Liv. 2,, Ch. 4. Se&, 4.
tandis
■ j AKVI E K. i7lv% 4î
tandis que ce dont il s'agit » e'té am*
plement traité par du Moulin qui a faitf
les principales des distinctions nécessai
res poiír la décision dey differens cas*
dans lesquels la question peut se présen
ter , qui en a facilité {'application pae
les hypotefes qu'il a dreflées avec foin,
& qui a enseigné quelles font les excep
tions dont les règles qu'il établissoit sonl
susceptibles1.
Ainsi encore quand i! s'agit dé fçavoìt
si le Seigneur qui veut retenir un
Fief de fa mouvance , dont le nouvel
acheteur vient lui demander l'investiture,
peut déduire , fur le prix de la vent*
qu'il est obligé de rembourser , le mon
tant des droits féodaux , M. B. a appor
te de même pour toute décision un ar
ticle de la Coutume de Vermandois qui
fie reçoit d'application que pour le seul
eas , qui n'est susceptible d'aucune diffi
culté, que ce fou l'aeheteur qui soit char
gé du payement de ces droifs. Mais
changez l'espece , supposez que l'aehe
teur ne s'étant pas engagé à les acquiter,
le vendeur en fut resté tenu , & deman
dez si alors il est encore vrai que le
Seigneur ne puisse pas en faire de «sé
duction fur la somme principale , il ne
Liv, 14. Cb. r;, Sí£. 1.
G iii) $*«*
44 MERCURE DE FRANCE,
s'en trouve rien dans l' Auteur , & il vousi
laisse dans l'incertkude du parri qui eít - ■'
à prendre dans la contrariété qui se ren»
Contre sur cela,, non-seulement entre les
diveríes Coutumes , mais aussi entre le» .
divers Jurisconsultes.
Rien , comme, on voit , n'est si oppo
{é au but que j'ai expliqué, qu'un Com
mentateur de Coutume doit se proposer
de suppléer sur le plus grand nombre de
-cas qu'il lui est possible ,de rassembler au
deffaut des Textes> qu'il entreprend d'é
claircir. A quoi bon un- Commentaire
qui contient tout aussi- peu , & même
quelquefois moins que l'article contesté}
& c'est cependant le deffaut dominant de
celui de M. B. en voici encore un exem
ple. Si on cherche dans le Texte de la
Coutume de Peronne a fur quel pied;
l'ainé doit rembourser & récompenser
ses cadets ,, lorsqu'il veut retirer de leurs
mains la part qu'ils ont dans les Fiefs
des successions de leur pere & mere , &
qu'il est obligé d'en faire la récompense
en argent j on y voit que les rédacteurs
de cette Coutume ont décidé que le ra
chat devoir se faire à raison du denier
2 o. pour ce qui est du côté de Vermàndois
6c de l'Artois , & du denier 25.
(a] Liv. 4- Ch. lj. St&, 7.
pour
JAN VIE R. 1750. 4j
pour ce qui est en deçà de la Somme;
au lieu que notre Auteur n'a rien fait
paíser de cela dans son Recueil , où l'on
chercheroit avec tout aussi peu de fruit
à s'instruire de tous les doutes que les
dispositions de la Coutume peuvent cau
ser fur cette matière v comme si cette an
cienne fixation doit encore être suivie ,
s'il est vrai que l'ainé soit toujours le
maître de faire ce rachat en héritages
roturiers , quand il y en a suffisamment
dans la succession , & si les cadets ne
peuvent jamais en ce cas l'exiger en ar
gent } si ce que ceux-ci ont eu par do
nation est sujet à ce droit de retenue de
Fainé , comme ce qui leur est échu par
succession ; si ce droit est cessible ; si le
tems en dedans lequel il doit être exer
cé court pendant la minorité des enfans
du fils ainé mort avant que ce tems fut
écoulé ; si la jouissance de la mere à ti
tre de douaire prolonge ce délai ; si les
propriétaires peuvent rien démolir fut
leur part , & en couper les bois de haute
futayç , tanr que dure la faculté de leur
ôter des mains &c.
Mais les inconveniens de cette der
niere forte d'omissions ne font rien r
pour ainsi dire , en comparaison des
maux que peut produire la réticence des
autorités, opposées aux décisions qui sont
Q % ici
4<? MFRCURE DE FRANCE.
ici Continuellement données comme des
axiomes non contestés j car dans la Scien
ce du Droit encore plus que dans route
autre } un Livre , si mal digéré qu'il
soit , est , fur tout après la mort de son-
Auteur , un oracle pour une ipsinité de
gens. Cette maxime est imprimée ; ce
la suffit pour le vulgaire ; il en concluciauslì-
tôt qu'elle est vraye ; malheureu
sement ce vulgaire n'est que trop nom
breux. Des Avocats mêmes qui passent
pour habiles , sont-ils consultés fur une
question dont ils ignorent le noeud , ils
ne font souvent autre chose qu'ouvrir
un des Auteurs qu'ils sçavent qui en
ont parlé -, &c la décision qu'ils y rrou—
venr , qu'elle soit bien ou mal fondée,,
est la régie de leur réponse. Si ellé est
favorable au confulranr ,-cela l'engage à
entreprendre un Wocès dans lequel ih
succombe , parce qu'il plaide devant des:
Juges qui font mieux instruits des verirablcs
principes ; & le voilà* ruiné s
tant pat les dépenses qu'il a faites que
par celles qu'il est obligé de rembour
ser à ceux qu'il a inquiétés. Quelquefoisc'est
le Magistrat qui donne dans ce
travers , Sc à qui la cause du monde la
mieux fondée paroîr mauvaise , sur lafoi
d'un Auteur pour lequel il s'est pré
venu i & à qui il s'en rapporte aveuglé
ment.
JANVIER. 1730. 47
tfient. Mais que cc soit à fa trop gran
de crédulité ou à celle de l'Avocat
qu'il faille fe prendre de la ruine d'une
famille , l'Ouvrage qni a fait tomber
dans l'erreur le juge , ou l'Avocat , n'en»
est pas moins la première caufe de la dé
solation de cette famille. C'est là l'importance
de ces sortes d'Ecrits i &c ce
qui en doit iendxe les Auteurs bien cir
conspects.
de Beauvaïs ? sur un Livre intitulé :
Les Principes du Droit François fur les
fiefs Par M. Billecocy.
LE titre de .cet Ouvrage paroît impo
sant. On y annonce le détail des
principes de la Jurispiudence Françoise
sur les Fiefs } c'est-à-dire, fur la ma
tière la plus curieuse , la plus difficile &
la plus importante peut-être de tout no
tre Droit. La diversité d'opinions , &
les contestations qu'elle produit tous les
jours fur une infiniré de points , font
une grande preuve qu'après tout ce qu'il
y a eu de Sçavans hommes qui ont tra
vaillé à les éclaircir 9c à les discuter ,
nous y manquons encore de principes
fixes & certains. Aussi un Livre qui reníermeroit
réellement tous ces principes ,
; , serok
■f 6 MERCURE DE FRANCE,
íseroit à rechercher avec empressement.
Mais ici la promesse est crop étendue;
elle ne .s'accorde pas même avec le ju
gement que M- JBiUecpcq a porté de son
Ecrit dans l'Epitre Dédicatoire & dans
l'Áyis au Lecteur. Il n'y présente en
effet ce fruit de ses -travaux que comme
un Commentaire fur la Coutume par
ticulière du Gouvernement de Peronnc,
Mondidier & Roye , & il~y avertit que
c'est à cette Coutume qu'il réduit tous
ses principes. Aussi je ne me propose que
"d'examiner de quelle façon' doit s'executer
une semblable entreprise,, de faci
liter l'intelligence de fa Coutume , & si
la Méthode que l' Auteur s'est faite fur
cela est celle qu'il faut suivre pour le*
Ouvrages de ce .genre : ce fera à quoi
se borneront toutes mes Remarques.
Eclaircir oa commenjter uncCoûturae.
ou une Loi , ce n'est pas simplement,
distribuer fes collections fur toutes les
parties du Texte } ni morceler ce Texte
pour le compiler avec d'autres ; «'est en
interpréter les termes obscurs , détermi
ner Je sení des expressions qui peuvent,
être entendues de différentes façons , Ieyer
tous les doutes fur les cas où le Lé
gislateur ne s'est pas suffisamment expli
qué , ou qu'il a entièrement omis. Pouj:
y jéuslîr , il faut exarajner non-íeulcment
1 ANVIE R. 1730: 37
nient les Ecrits de ceux qui ont fait la
.même entreprise , soit sur cette même
Coutume , soit sur celles qui ont quel
ques dispositions semblables , mais auífî
ccqui nous a été transmis par ceux d'en
tre les Interprètes de toutes les autres
Coutumes différentes ou opposc'es,qui font
en réputation d'y avoir le plus excellé»
Il saur en choisissant parmi leurs diver
ses décisions , montrer par des raisonne
ment clairs & solides , & souvent pac
l'Histoire de l'ancienne Jurisprudence ,
que les íentimtns que l'on embrasse font
véritablement ceux qui doivent préva
loir , & qui conviennent le mieux i
l'efprit de la Loi particulière que l'on
commente. U faut rapporter avec une
judicieuse critique les Sentences & les
Arrêts rendus fur chaque Question ,
rétablir les espèces de ceux qui ont été
mal entendus , enseigner quels sont ceux
qui n'étant pas confoimes au vrai sens
des Coutumes, dans lesquelles ils font in
tervenus j ne doivent pas être suivis ,
faire connoître ce qui auioit dû y être
jugé , relever les fausses applications qui
ont été faites de plusieurs autres. Or il
n'est pas possible qu'il s'en trouve de
cette nature dans un Livre qui n'étant
comme celui-ci que d'environ 440. pa
ges in-ji. contient cependant près de
C 275
0 MERCURE DE FRANCE.
275. Chapitres, dont une bonne partie
est subdivisée en Sections , qui dans
certains Chapitres , yonc jusqu'à douze
«u quinze.
Sans doute , 1* Auteur n'a passait une
attention qu'il est à souhaicter qu'il fasse
pour les autres Ouvrages qu'il se pré*
pare à nous donner fur les Rotures , Ip
Franc- Aleu , les Justices Seigneuriales.
C'est que nous ne sommes plus dans le
tems où nos anciens Auteurs , tels que
^eaumanoir , Desmarcs , Bouteiller &c.
a'avoient qu'à écrire en forme de Loix
ou de Maximes ce qu'ils voyoient pra
tiquer. Comme l'usage étoit alors la
principale Loi , l'ignorancc ou l'incertitude
de cet usage étoit auffi la plus granr
de source des l'rocès , on avoir encore
beaucoup d'obligation à ceux qui pour
le rendre plus invariable &: plus connu,
prenoient la peine de le rédiger par
écrit. Content de l'utilité de laquelle
croient à cet égard leurs compilations ,
on ne leur demandoit pas qu'ils discu
tassent à fond toutes les subtilités qu-'oti
commençoit déja à inventer , en s'écactant
peu à peu de la simplicité des sié
cles précedêns.
Mais aujourd'hui que les Coutumes
particglieres de chaque Contrée font
écrites , que les Ordonnances de nos
Rois
JANVIER. 17! 91 1*
H.OÍS se sont multipliées , que quantité' de
Points qui n'avoient été décides ni dans
les unes ni dans les autres , l'ont été
depuis par les Parlemens , qu'il y a unfi
-infinité de Collections qui contiennent
les règles fur lesquelles on est univer
sellement d'accord i le travail de ceuX
-qui entreprennent encore d'écrire fur
cela , doit touler uniquement fur ce qui
teste à faire jusqu'à ce qu'on soit enfin
parvenu à l'uniforroité de Jurisprudence
si possible & si désirée i (í'est-à-dire , sut
la solution des difficultés que l'obfcurité,
Je silence & la contraricté de ces diver
ses Loix laissent encore subsister , oïl
que l'imaginacion des Interprètes a fait
naître.
A la vérité , l'ouvrage est d'autant
plus pénible Sc moins gracieux , qu'il est
très-difficile de donner à ce qu'on trou
ve encore à dire l'agrément de là nouveauté.
La Jurisprudence est, en esset.une
des sciences fur lesquelles on peut assu.
■ter avec le plus de raison, que tout est
âít.- H est peu de questions , si memeit
y" en a aucunes, qui ne soient traitées par
quantité d'Auteurs. Ceux qui nous ont
précédé ne nous ont presque laissé qu'à
concilier léurs avis , qu'à décider entre
íious à qui la préférence doit être don-
Hee , Bc ^u'à répliquer aux objections
Ç ij qu«
40 MERCURE DE FRANCE,
que Ies\ins ont faites contre les argu,.
mens de ceux qui avoient écrit avant
eux , répliques qui se trouvent aílez
souvent dans les principes mêmes établis
par les premiers ; & ces questions fur
lesquelles il y a diversité de fentimens ,
ou qui ayant été une fois éclaircies , onc
été rebroiiillées de .nouveau , ne peu
vent être ramassées qu'en parcourant lc
plus qu'il se peut du grand nombre de
Volumes où elles font éparses , & qu'en
essuyant , sans se rebuter , le dégoût &
l'cnnui qui font inséparables de la lecture
de tant de Livres qui se font successivement
copiés & remplis pour la plupart
des mêmes lieux communs.
Dans celui-ci , au-contrairc , les fources
où l'on a puisé , & qui peuvent ai
sément être comptées , parce qu'elles
font exactement indiquées fur les mar
ges , se réduisent à un assez petit nom
bre. Je me suis même apperçû fur cet
artiese de deux petites circonstances assez
singulières , pour que je n'obmette pas de
les faire remarquer. La première , est que
l'Auteur a exclus du nombre de ses gui
des tous ceux qui ont écrit en Latin ,
& la seconde , qu'encore que son Re
cueil soit fur les Fiefs » il n'y a cepen
dant pas fait usage d'un seul des trais
tés dont çette matière est l'unique obr
f*. Et
JANVIER.. 1730. 4».
Ét dans le peu de recherches aufquelles
il s'est borné , il a fait son capitat
de ce qui ne devoit être qu'un moyen
pour y parvenir y c'est-à-dire , qu'au lieu
de n'avoir recours aux ouvrages qu'il
avoit fous ses yeux que comme à une
source propre à lui fournir de nouvel
les ouvertures pour mettre dans un plus
grand jour les matières controvcrsées ì
ou comme à un aiguillon qui excitât ,
qui reveillât ses propres idées , il s'est
toujours borné à donner lc précis de9
résolutions qu'il y a trouvées- , fans mê
me indiquer les motifs qui y ont donné
lieu , ni les autorités qui y font op
posées.
C'est ainsi , par exemple , qu'il donne
pour indubitable , pout cela seulement,
que de Heu l'a dit ,, quoique l'axiome
soit faux * & que du Plessis , dont il a
extrait dans le même endroit un des
plus longs Chapitres presque en entier,
ait suffisamment fait entendre le con
traire , que lorsque lc mari néglige ou
refuse de rendre la foi & hommage pour
les Fiefs qui font échus à fa femme , 6c
de les relever , elle peut se faire auto»
riser par Justice , pour remplir cette
obligation.'
*Liv. t Ch. 4. Se&. (*
4r MERCURE DÊ FRÁNCÉ;-
De même, sur l'arriclc de ce que
fainé peut exiger de ses frères & soeurs,
lorsqu'ils, aiment mieux- relever de lui
pour la première fois , que du Seigneue
dominant , l' Auteur, range parmi les*
ftiaximes universellement suivies ce qu'il
a vû dans la Coutume de Laon « que
lès cadets doivent en ce cas à leur aine
le droit de chambellage , fans avetiir que
M. d'Argentré b dont le sentiment a été
en- cela suivi par plusieurs autres » a te
nu le contraire.
Telle est la Méthode de M. D. . . . .
Au lieu de n'avoir recours au Texte de*
autres Coutumes que pour discuter le
plus ou le moins d'application qui en,
oeut être faite 3 la sienne. } jl se çojntente
de les transcrire comme des prin
cipes généraux , tous differens qu'ils font
du, détail dans lequel les Auteurs qui
enr traité les mêmes points font entrés.
Ainsi la Section e où il parle de la foi.
& hommage du Fief contesté entre pluisieurs
personnes , n'est qu'un composé
de purs Textes de quelques Coutumes
de Champagne , posés là en forme de
maximes générales , & fans exception
(a ) Ltv. i. Ch. f. SeS.y.
(b ) Sur V Art. 318. de l'une. Coût, de Bre~
t*gne. .%•-■>.•-
(C) Liv. 2,, Ch. 4. Se&, 4.
tandis
■ j AKVI E K. i7lv% 4î
tandis que ce dont il s'agit » e'té am*
plement traité par du Moulin qui a faitf
les principales des distinctions nécessai
res poiír la décision dey differens cas*
dans lesquels la question peut se présen
ter , qui en a facilité {'application pae
les hypotefes qu'il a dreflées avec foin,
& qui a enseigné quelles font les excep
tions dont les règles qu'il établissoit sonl
susceptibles1.
Ainsi encore quand i! s'agit dé fçavoìt
si le Seigneur qui veut retenir un
Fief de fa mouvance , dont le nouvel
acheteur vient lui demander l'investiture,
peut déduire , fur le prix de la vent*
qu'il est obligé de rembourser , le mon
tant des droits féodaux , M. B. a appor
te de même pour toute décision un ar
ticle de la Coutume de Vermandois qui
fie reçoit d'application que pour le seul
eas , qui n'est susceptible d'aucune diffi
culté, que ce fou l'aeheteur qui soit char
gé du payement de ces droifs. Mais
changez l'espece , supposez que l'aehe
teur ne s'étant pas engagé à les acquiter,
le vendeur en fut resté tenu , & deman
dez si alors il est encore vrai que le
Seigneur ne puisse pas en faire de «sé
duction fur la somme principale , il ne
Liv, 14. Cb. r;, Sí£. 1.
G iii) $*«*
44 MERCURE DE FRANCE,
s'en trouve rien dans l' Auteur , & il vousi
laisse dans l'incertkude du parri qui eít - ■'
à prendre dans la contrariété qui se ren»
Contre sur cela,, non-seulement entre les
diveríes Coutumes , mais aussi entre le» .
divers Jurisconsultes.
Rien , comme, on voit , n'est si oppo
{é au but que j'ai expliqué, qu'un Com
mentateur de Coutume doit se proposer
de suppléer sur le plus grand nombre de
-cas qu'il lui est possible ,de rassembler au
deffaut des Textes> qu'il entreprend d'é
claircir. A quoi bon un- Commentaire
qui contient tout aussi- peu , & même
quelquefois moins que l'article contesté}
& c'est cependant le deffaut dominant de
celui de M. B. en voici encore un exem
ple. Si on cherche dans le Texte de la
Coutume de Peronne a fur quel pied;
l'ainé doit rembourser & récompenser
ses cadets ,, lorsqu'il veut retirer de leurs
mains la part qu'ils ont dans les Fiefs
des successions de leur pere & mere , &
qu'il est obligé d'en faire la récompense
en argent j on y voit que les rédacteurs
de cette Coutume ont décidé que le ra
chat devoir se faire à raison du denier
2 o. pour ce qui est du côté de Vermàndois
6c de l'Artois , & du denier 25.
(a] Liv. 4- Ch. lj. St&, 7.
pour
JAN VIE R. 1750. 4j
pour ce qui est en deçà de la Somme;
au lieu que notre Auteur n'a rien fait
paíser de cela dans son Recueil , où l'on
chercheroit avec tout aussi peu de fruit
à s'instruire de tous les doutes que les
dispositions de la Coutume peuvent cau
ser fur cette matière v comme si cette an
cienne fixation doit encore être suivie ,
s'il est vrai que l'ainé soit toujours le
maître de faire ce rachat en héritages
roturiers , quand il y en a suffisamment
dans la succession , & si les cadets ne
peuvent jamais en ce cas l'exiger en ar
gent } si ce que ceux-ci ont eu par do
nation est sujet à ce droit de retenue de
Fainé , comme ce qui leur est échu par
succession ; si ce droit est cessible ; si le
tems en dedans lequel il doit être exer
cé court pendant la minorité des enfans
du fils ainé mort avant que ce tems fut
écoulé ; si la jouissance de la mere à ti
tre de douaire prolonge ce délai ; si les
propriétaires peuvent rien démolir fut
leur part , & en couper les bois de haute
futayç , tanr que dure la faculté de leur
ôter des mains &c.
Mais les inconveniens de cette der
niere forte d'omissions ne font rien r
pour ainsi dire , en comparaison des
maux que peut produire la réticence des
autorités, opposées aux décisions qui sont
Q % ici
4<? MFRCURE DE FRANCE.
ici Continuellement données comme des
axiomes non contestés j car dans la Scien
ce du Droit encore plus que dans route
autre } un Livre , si mal digéré qu'il
soit , est , fur tout après la mort de son-
Auteur , un oracle pour une ipsinité de
gens. Cette maxime est imprimée ; ce
la suffit pour le vulgaire ; il en concluciauslì-
tôt qu'elle est vraye ; malheureu
sement ce vulgaire n'est que trop nom
breux. Des Avocats mêmes qui passent
pour habiles , sont-ils consultés fur une
question dont ils ignorent le noeud , ils
ne font souvent autre chose qu'ouvrir
un des Auteurs qu'ils sçavent qui en
ont parlé -, &c la décision qu'ils y rrou—
venr , qu'elle soit bien ou mal fondée,,
est la régie de leur réponse. Si ellé est
favorable au confulranr ,-cela l'engage à
entreprendre un Wocès dans lequel ih
succombe , parce qu'il plaide devant des:
Juges qui font mieux instruits des verirablcs
principes ; & le voilà* ruiné s
tant pat les dépenses qu'il a faites que
par celles qu'il est obligé de rembour
ser à ceux qu'il a inquiétés. Quelquefoisc'est
le Magistrat qui donne dans ce
travers , Sc à qui la cause du monde la
mieux fondée paroîr mauvaise , sur lafoi
d'un Auteur pour lequel il s'est pré
venu i & à qui il s'en rapporte aveuglé
ment.
JANVIER. 1730. 47
tfient. Mais que cc soit à fa trop gran
de crédulité ou à celle de l'Avocat
qu'il faille fe prendre de la ruine d'une
famille , l'Ouvrage qni a fait tomber
dans l'erreur le juge , ou l'Avocat , n'en»
est pas moins la première caufe de la dé
solation de cette famille. C'est là l'importance
de ces sortes d'Ecrits i &c ce
qui en doit iendxe les Auteurs bien cir
conspects.
Fermer
Résumé : REMARQUES de M. d'Auvergne, de Beauvais, sur un Livre intitulé : Les Principes du Droit François sur les Fiefs. Par M. Billecocq.
Le texte est une critique du livre 'Les Principes du Droit François sur les fiefs' de M. Billecoq, rédigée par M. d'Auvergne. L'auteur souligne l'importance du sujet traité, à savoir les principes de la jurisprudence française sur les fiefs, un domaine complexe et sujet à de nombreuses controverses. Malgré les nombreux savants ayant travaillé sur ce sujet, des principes fixes et certains manquent encore. M. d'Auvergne critique la promesse excessive du livre, qui se présente comme une œuvre exhaustive mais se révèle être un commentaire limité à la coutume particulière de Peronne, Mondidier et Roye. Il examine la méthode de l'auteur, qui se contente de transcrire des textes de coutumes sans les interpréter ou les discuter en profondeur. Cette approche est jugée insuffisante, car elle ne résout pas les doutes et les controverses existantes. Pour éclaircir une coutume, il est nécessaire d'interpréter les termes obscurs, de déterminer le sens des expressions ambiguës, et de lever les doutes laissés par le législateur. Il faut également examiner les écrits des auteurs précédents et les décisions judiciaires pour choisir les interprétations les plus pertinentes. M. d'Auvergne reproche à M. Billecoq de ne pas avoir suffisamment exploré les sources disponibles, notamment les traités en latin et les ouvrages spécifiques sur les fiefs. Il critique également la méthode de l'auteur, qui se limite à résumer les résolutions trouvées dans d'autres ouvrages sans en discuter les motifs ou les autorités opposées. En conclusion, le critique estime que le livre de M. Billecoq ne remplit pas son objectif annoncé de fournir des principes fixes et certains sur les fiefs. Il manque de profondeur et de discussion critique, se contentant de transcrire des textes sans les analyser en détail. Le texte critique également la réticence des autorités à contester des décisions présentées comme des axiomes incontestés, particulièrement dans le domaine du droit. Une fois publié, un livre, même mal compris, devient une référence incontestée après la mort de son auteur. Le public, souvent nombreux et influençable, accepte ces maximes sans les remettre en question. Même des avocats qualifiés, lorsqu'ils ignorent les détails d'une question juridique, se réfèrent à des auteurs connus pour trouver une décision, qu'elle soit bien ou mal fondée. Cela peut conduire à des procès perdus et à la ruine des parties impliquées, tant par les dépenses engagées que par celles à rembourser. Les magistrats peuvent également tomber dans ce piège, jugeant mal une cause en se fiant aveuglément à un auteur. Que ce soit par la crédulité du juge ou de l'avocat, la cause de la ruine d'une famille réside souvent dans les écrits mal interprétés. Ces ouvrages, en induisant en erreur les juges ou les avocats, jouent un rôle crucial dans la désolation des familles, soulignant ainsi l'importance de la prudence des auteurs dans la rédaction de tels écrits.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
25
p. 947-959
MEMOIRES pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres dans la République des Lettres. Avec un Catalogue raisonné de leurs Ouvrages, Tome IX. de 410. pages sans les Tables. A Paris, chez Briasson, rüe S. Jacques, à la Science, MDCC. XXIX.
Début :
MARTIAL D'AUVERGNE, l'un des 27. Sçavans dont il est parlé dans [...]
Mots clefs :
Amour, Ouvrage, Auteurs, Martial d'Auvergne, Savant, Paris, Parlement, Arrêts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MEMOIRES pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres dans la République des Lettres. Avec un Catalogue raisonné de leurs Ouvrages, Tome IX. de 410. pages sans les Tables. A Paris, chez Briasson, rüe S. Jacques, à la Science, MDCC. XXIX.
MEMOIRES pour fervir à l'Hiftoire
des Hommes Illuftres dans la République
des Lettres. Avec un Catalogue raisonné
de leurs Ouvrages , Tome IX. de
pages fans les Tables. A Paris , chez
Briaffon , rue S. Jacques , à la Science ,
M. DCC . XXIX .
Ma ,
410 .
ARTIAL D'AUVERGNE , l'un des
27. Sçavans dont il eft parlé dans
le IX Volume , nous a paru mériter une
E iiij
atten1948
MERCURE DE FRANCE
attention particuliere , par le genre &
par la gayeté de fes Ouvrages. Voici ce
qu'en rapporte le P. Niceron , p . 171 .
Cet Auteur eft peu connu ; on ne convient
pas même du Pays dont il étoit. La
Croix du Maine prétend , que quoiqu'il
portât le nom de Martial d'Auvergne , il
étoit cependant Limoufin ; mais il eft feul
de ce fentiment , & l'on fçait qu'il eft peu
exact , & que fouvent il n'eft pas fûr de
s'en rapporter à lui. Il s'eft peut- être imaginé
que cela étoit ainfi cela étoit ainsi , parce que Martial
eft un nom de Baptême fort commun
aux Limoufins , à caufe de S. Martial
Apôtre du Pays. Benoît le Court , Commentateur
de fes Arrêts d'Amour , dit
au contraire qu'il étoit du Pays , dont il
portoit le nom , & la chofe eft affez croyable.
Il est vrai qu'il finit fes Vigiles du
Roi Charles VII. par ces mots.
O vous , Meffeigneurs , qui verrez
Les Vigiles , & les lirez ,
Ne prenez pas garde à l'Acteur ,
Car grand faultes y trouverez ;
Mais , s'il vous plaît , le excuferez ,
Veu qu'il eft un nouveau Facteur. /
Martial de Paris.
→
Mais il eſt à croire qu'il ne s'eft furnommé
MAY. 1730. 949
nommé de Paris , que parce qu'il s'y étoit
tranfplanté & marié , comme le dit la
Chronique fcandaleufe .
Ce qu'il y a de fûr , c'eft qu'il étoit
Procureur au Parlement & Notaire au
Châtelet de Paris.
La Croix du Maine dit qu'il fe fouvient
d'avoir lû dans les Hiftoires de France
, qu'il mourut à Paris d'une fievre
chaude , & qu'il fe précipita dans l'eau ,
étant preffé de la fureur de fon mal ;
nouvelle preuve de l'inexactitude de cet
Auteur , qui copie d'imagination ce qu'il
fe fouvient confufément d'avoir lû , fans
pouvoir fe reffouvenir en quel endroit.
Le Livre où la Croix du Maine avoit
lû quelque chofe d'approchant , à ce qu'il
dit , eft la Chronique fcandaleufe. Voici ce
qu'on y trouve touchant notre Auteur.
» Au mois de Juin ( 1466. ) advint que
>> plufieurs hommes & femmes perdirent
>> leur bon entendement , & mêmement à
» Paris il y eut entre autres ung jeune
>> homme nommé Maître Martial d'Au-
» vergne , Procureur en la Cour de Parle-
>> ment , & Notaire au Châtelet de Paris ,
»lequel après qu'il eut été marié trois
»femaines avefques une des filles de Maî-
» tre Jacques Fournier , Confeiller du Roi
» en fadite Cour de Parlement , perdit fon
>> entendement en telle maniere , que
E v jour
le
950 MERCURE DE FRANCE
»jour de S. Jean -Baptifte , environ neuf
heures du matin , une telle frenaifie le
"print , qu'il fe jetta par la fenêtre de fa
» Chambre en la ruë , & fe rompit une
» cuiffe & froiffa tout le corps , & fut en
» grant dangier de mourir.
Il n'en mourut donc pas , comme le dit
la Croix du Maine , qui par une autrefaute
le fait vivre en 1480. pendant qu'il
le fait mourir d'une chute arrivée en
1466 .
Le P. le Long , met fa mort en 1558 ..
je ne fçai fur quelle autorité.
Voila tout ce qu'on fçait de cet Auteur,
qui étoit un des hommes de fon fiecle qui
écrivoit le mieux & avec plus d'efprit ,
& qui eft plus connu par fes Ouvrages
que par les circonftances de fa vie..
Ces Ouvrages font :
1. Les Arrêts d'Amour. Ils furent imprimez
à Paris en 1528. & même auparavant
, fuivant la Croix du Maine , qui
eft toûjours négligent à marquer exactement
l'année des Editions & leur forme..
Mais ils ne parurent accompagnez des
Commentaires Latins de Benoît le Court
qu'en 1533. à Lyon , chez Seb. Gryphius,
in-4. Ces Commentaires ſe trouvent dans :
la plupart des Editions fuivantes , qui font
celles de Lyon , 1538. in-4 de Paris , 1544..
in-8. de Lyon , 1546. in- 8..
M.
MAY. 1730. 951
M. le Duchat croit que c'eft la premiere
où l'on trouve le cinquante-deuxiéme
Arrêt & l'Ordonnance fur le fait des
Mafques. Celle de Paris , 1555. in- 16 , une
in- 16. en 1566. chez Jerôme Mamel , où
je ne fçai pourquoi on à obmis l'Arrêt
52. & l'Ordonnance fur le fait des Mafques.
L'Edition la plus ample de toutes eſt
celle de Rouen , 1587. in- 16 , parce qu'ou
tre les 51. Arrêts compofez originairement
par Martial d'Auvergne , & commentez
par Benoît le Court , outre le
52e Arrêt & l'Ordonnance fur le fait des
Mafques , qui font deux Pieces de l'invention
de Gilles d'Avrigny , dit le Pamphile
, Avocat au Parlement de Paris , elle
contient de plus un 53 Arrêt rendu par
l'Abbé des Cornars , en fes grands jours tenus
à Rouen , pourfervir de Reglement touchant
les arrerages requis par les femmes à
l'encontre des Maris.
Les Arrêts d'Amour le trouvent encore
dans un Recueil intitulé : Proceffus Juris
Jocoferius. Hanoria , 1611. in - 8 . Ce font
des Pieces purement badines , où regne
une grande naïveté , & ç'a été une plaifante
imagination que de les aller commenter
férieuſement , comme a fait Benoit
le Court , qui étale beaucoup d'éru
dition dans fon Commentaire , & y dés
veloppe £ vj
952 MERCURE DE FRANCE
veloppe fort-bien plufieurs queſtions du
Droit Civil , mais dont peu de perſonnes
s'aviſeront d'y aller chercher la folution.
Les Arrêts font écrits en Profe , mais
l'Ouvrage commence par des Vers , dont
je rapporterai ici quelques- uns.
Environ la fin de Septembre ,
Que faillent Violettes & Flours ,
Je me trouvai en la Grand'Chambre ,
Du noble Parlement d'Amours ;
Et advint fi bien qu'on vouloit ,
Les derniers Arrêts prononcer ,
Et que à cette heure on appelloit
Le Greffier pour les commencer.
Si eftoient illec bien fix ,
A les rapporter, & avoir ,
Au milieu defquels je m'affis,
Pour en faire comme eux devoir .'
Le Prefident tout de Drap d'or
Avoit Robbe fourée d'Ermines ,
Et fur le cou un camail d'or ,
Tout couvert d'Emeraudes fines ...
Plufieurs Amans & Amoureux ,
Illec vinrent de divers lieux ,
Et d'Amans courroucez , joyeux.
Par derriere les bancz j'en vis ,
Qui lefdits Arrêts écoutoient ,
Dont les coeurs étoient tant ravis
Qu'il
MAY. 1730. 95.3
Qu'ils ne fçavoient où ils étoient.
Les uns de paour ferroient leurs dens
Les autres emûs & ardens ,
Tremblans comme la feuille en l'arbre
Nul n'eft fi fage , ne parfait ,
Que , quand il oit fon Jugement ,
Il ne foit à moitié deffait ,
Et troublé à l'entendement.
Je laifferai cette matiere ,
Car de cela peu me chaloit
Et raconterai la maniere ,
Comme le Préfident parloit.
Pour donner une idée de ces Arrêts ,
qui ne font pas communs , malgré toutes
les Editions qui s'en font faites , j'en
mettrai ici un , qui eſt le trentiéme.
» Un ami fe plainct de ce que pour fer-
»vir à fa Dame , il ha tout defpendu : la-
»quelle depuis n'a tenu compte de lui :
»concluant à ce qu'elle fuft condamnée à
»l'entretenir comme devant.
» Ceans s'eft plainct un Amoureux d'une
>> fienne Dame , que la ha longuement fer-
>> vie. Difoit que du temps qu'il eût premierement
cognoiffance à elle , il étoit
» bien aife , & avoit du fien largement.
Et quand elle lui demandoit aucune
>>chofe à prêter ou donner , jamais ne lui
euft refufée. Or étoit vrai que pour toujours
954 MERCURE DE FRANCE
» jours fournir aux fraiz & aux grandes
" cheres , chevance y avoit été employée ,
» & tellement que fes caues étoient deve-
» nuës bien baffes . Mais il cuydoit qu'elle
» dueft foubvenir , comme il ha faict à
» elle , & la pria de lui aider & de l'en-
>> tretenir , dont n'a rien voulu faire : ains
» lui ha plainement répondu qu'il përdoit
fon temps , & que puifqu'il n'avoit plus
» de quoi , elle n'en tenoit compte . Et non
>> contente de ce , lui ha faict dire qu'il
"fe retire de chez fes amis ; car plus n'a-
>> voit intention de l'aimer ni de lui faire:
>> aucun bien. Et encore, qui pis eft, fe mocque
de lui devant les autres , en le monf
» trant au doigt : qui lui eft plus de mar-
»tyre , que qui le frapperoit d'un cou-
»teau parmi le coeur. Si requeroit fina-
»
blement ledict Amant , que fadicte Da--
» me fut condemnée , nonobftant fon ad-
» verfité , de l'entretenir feulement en
» amour , & lui faire chere , comme eller
>> fouloit , & qu'il fût préferé devant tous
les autres , attendu mêmement qu'il
» étoit des premiers venus & des anciens
>> Serviteurs..
» De la partie de cette Defendereffe
» fut défendu au contraire , & difoit pour
» fon proffit , que quiconque veult d'a-
>> mours jouir , baille l'argent devant la
main , & que c'eft grande folie de
que
» s'atMA
Y. 1730 9:55
s'attendre à l'éfcuelle d'autruy , s'il ne
» fournit & remplit. Difoit avec ce , que
» le Galand au temps de fa fortune , &
» que les biens luy venoient en dormant ,
» s'eft mefcongneu , & en ha feftoyé un
» & autre , dont il fe fuft bien paffe ;:
» maintenant s'il a difette , il n'eft pas
» trop mal employé ; & quant eft de l'ai-
» mer , elle difoit qu'elle n'y eftoit pas
» tenue ; car les biens & vertus qui ſou-
» loient être en luy n'y font plus. Et ne
» falloit ja ramentevoir les bonnes che-
» res du temps paffé ; car fi ledict Amant
» luy ha faict tant de plaifirs & fervices,.
» auffi lui en ha elle fait plufieurs autres,
qu'il n'eft ja befoin de déclairer . Et puif
» que
il eft ainfi que pauvreté maintenant
» le guerroye , adonc elle n'en veut plus;
>> car auffi au lieu où elle habite , n'y a
» que toute malheureté , & jamais ne s'y
» treuve joye . Et quant eft au furplus pour
» les biens , qu'elle lui offroit un povre
» bâton en fa main pour s'en aller avec :
» la prébende de Va-t'en , pour récom-
» penfe de fes fervices. En concluant que
» à tort fe plaignoit d'elle , & en deman
>> doit dépens.
›
Après lefquelles deffenfes propofées ,
» les Gens d'Amours qui s'étoient adjoint
avec leditAmant, difoient que cette femme
n'étoit pas digne qu'on parlaft d'elle
39
devant
056 MERCURE DE FRANCE
»
» devant les gens de bien ; car par fon
propos jamais n'aymoit que pour ar-
» gent ,
& ainfi confeffoit avoir vendu les
" biens d'Amours . Et qu'elle en ha mef-
» chamment ufé en fon tems , & auffi pa-
>> reillement étoit voix & commune re-
» nommée qu'elle aime toûjours trois ou
» quatre , & qu'elle les fucce jufqu'aux
" os , & puis encore s'en mocque , qui
» eft pis ; car quelque femme que ce foit
jamais ne doibt defprifer le ferviteur
» qui l'a fervie , combien qu'il lui fou-
» vienne de beaucoup de fortunes . Et
» requeroient lefdictes Gens d'Amours à
» l'encontre d'elle qu'elle fut condemnée
» à faire amende honorable , & à lui ren-
» dre & reftituer tout ce qu'elle ha eu de
» luy , & dont il devoit être crû par fon
» ferment , veu la maniere de proceder.
» Et avec ce , qu'elle foit bannie à tou-
» jours dudict Royaume d'Amours , com-
» me indigne d'y converfer.
>>
25
Ce povre Amant pour fes repliques
" difoit qu'en tant qu'il luy touche qu'il
>> eftoit encore content , que tous les biens
qu'il luy avoit donnez demouraffent
pour elle , comme fiens , & ne vouloit
» qu'on luy en oftât rien ; mais requeroit
»feulement qu'elle l'aimaft comme de-
» vant ; & encore promettoit de luy en
» faire. A quoy elle répondit , que quand
elle
MAY. 1730. 957
» elle le verroit , en feroit fon debvoir ;
» mais jufques alors lui confeilloit de
» changer air pour recouvrer fanté
» & obvier qu'il ne fuft pas mala-
» de : & difoit oultre qu'à la contrain-
» dre d'aimer l'on ne sçauroit , & auffi tel
>> amour qui feroit donné par force ne du-
» reroit point ; mais plus de mal faict à
» celuy qui l'obtient , que s'il n'en avoit
» point.
>>
>>
Si ont été les parties ou yes appointées
>> en droit & confeil . Finablement veu le
» Procez & confideré tout ce qu'il falloit
>> confiderer en cette matiere , la Cour dit
» qu'elle condemne cette rebelle femme
» à rendre & reftituer audict Amoureux
tout ce qu'il affermera en fa confcience
» lui avoir baillé & donné , nonobftant
» l'offre
par luy faite de ne luy en vou-
>> loir demander aucune chofe. A laquelle
offre la Cour n'y obtempere point , veu
» que ladicte Defendereffe ne l'accepte ,
& qu'elle s'eft renduë ingrate , & or-
» donne qu'à ce faire fera contrainte par
>> la prinfe de fes biens & emprisonnement
» de fon corps. Et à toûjours la bannit des
» biens & fervice d'amours , en diſant
» avoir forfaict de corps & de biens ; en
» maniere qu'elle fera abandonnée à un
>> chacun pour déformais fervir le com-
>> mun , & devenir à tous publique .
>>
>>
.
Za
958 MERCURE DE FRANCE
2. Les Vigiles de la mort du Roi Charles
VII. à neuf Pfeaumes & neuf Leçons , contenant
la Chronique & les faits advenus
durant la vie dudit Roi . Paris 1493. in-4.
It. Paris 1505 & 1528. Item Paris 1724.
in 8. 2. Vol. Cet Ouvrage qui eft en Vers
contient la Vie du Roi Charles VII. La
Verfification n'en eft pas exacte , mais
l'Auteur Y fait paroître de l'invention .
On y voit comment ce Roi chaffa les
Anglois de la France , dont ils occupoient
une bonne partie. Martial d'Auvergne
étoit l'homme de fon fiecle qui écrivoit
le mieux & avec le plus d'efprit. Cet Ou
vrage lui acquit beaucoup de réputation.
3. Les dévotes louanges à la Vierge Marie.
Paris , Jean du Pré 1492. It . Paris
Simon Votre 1509. in 8. Cet Ouvrage eft
encore en Vers.
4. L'Amant rendu Cordelier à l'obfer
vance d'Amour. Lyon 1545. in 15. La
Croix du Maine ne parle point de cet
Ouvrage qui eft cité au N° 1701 , de la
Bibliotheque de M. Brochard ,
Voici les noms des autres Sçavans ,
dont on trouve la Vie & le Catalogue
des Ouvrages dans ce IX. Tome.
Antoine , Jean Beverovicius , Barnabé
Briffon , Samuel Butler , Louis Caftelvetro,
Henri de Cocceji , Batifte Fulgofe , Joſeph
Gazola , Janus Gruter , Claude Joly , Jac
ques
MAY. 1730. 959
ques Lenfant , Jean Mery , Jean Morin ,
Gabriel Naudé , M. Antoine Oudinet ,
Gui Pancirole , Antoine Panormita , Nicolas
Perot , Poggio Bracciolini , Denis de
Salle , Jacques Savary , Barth. Scala , Jean
André Schmid , Antoine de Solis , Jac
ques Augufte de Thou , & Olaus Vormius.
des Hommes Illuftres dans la République
des Lettres. Avec un Catalogue raisonné
de leurs Ouvrages , Tome IX. de
pages fans les Tables. A Paris , chez
Briaffon , rue S. Jacques , à la Science ,
M. DCC . XXIX .
Ma ,
410 .
ARTIAL D'AUVERGNE , l'un des
27. Sçavans dont il eft parlé dans
le IX Volume , nous a paru mériter une
E iiij
atten1948
MERCURE DE FRANCE
attention particuliere , par le genre &
par la gayeté de fes Ouvrages. Voici ce
qu'en rapporte le P. Niceron , p . 171 .
Cet Auteur eft peu connu ; on ne convient
pas même du Pays dont il étoit. La
Croix du Maine prétend , que quoiqu'il
portât le nom de Martial d'Auvergne , il
étoit cependant Limoufin ; mais il eft feul
de ce fentiment , & l'on fçait qu'il eft peu
exact , & que fouvent il n'eft pas fûr de
s'en rapporter à lui. Il s'eft peut- être imaginé
que cela étoit ainfi cela étoit ainsi , parce que Martial
eft un nom de Baptême fort commun
aux Limoufins , à caufe de S. Martial
Apôtre du Pays. Benoît le Court , Commentateur
de fes Arrêts d'Amour , dit
au contraire qu'il étoit du Pays , dont il
portoit le nom , & la chofe eft affez croyable.
Il est vrai qu'il finit fes Vigiles du
Roi Charles VII. par ces mots.
O vous , Meffeigneurs , qui verrez
Les Vigiles , & les lirez ,
Ne prenez pas garde à l'Acteur ,
Car grand faultes y trouverez ;
Mais , s'il vous plaît , le excuferez ,
Veu qu'il eft un nouveau Facteur. /
Martial de Paris.
→
Mais il eſt à croire qu'il ne s'eft furnommé
MAY. 1730. 949
nommé de Paris , que parce qu'il s'y étoit
tranfplanté & marié , comme le dit la
Chronique fcandaleufe .
Ce qu'il y a de fûr , c'eft qu'il étoit
Procureur au Parlement & Notaire au
Châtelet de Paris.
La Croix du Maine dit qu'il fe fouvient
d'avoir lû dans les Hiftoires de France
, qu'il mourut à Paris d'une fievre
chaude , & qu'il fe précipita dans l'eau ,
étant preffé de la fureur de fon mal ;
nouvelle preuve de l'inexactitude de cet
Auteur , qui copie d'imagination ce qu'il
fe fouvient confufément d'avoir lû , fans
pouvoir fe reffouvenir en quel endroit.
Le Livre où la Croix du Maine avoit
lû quelque chofe d'approchant , à ce qu'il
dit , eft la Chronique fcandaleufe. Voici ce
qu'on y trouve touchant notre Auteur.
» Au mois de Juin ( 1466. ) advint que
>> plufieurs hommes & femmes perdirent
>> leur bon entendement , & mêmement à
» Paris il y eut entre autres ung jeune
>> homme nommé Maître Martial d'Au-
» vergne , Procureur en la Cour de Parle-
>> ment , & Notaire au Châtelet de Paris ,
»lequel après qu'il eut été marié trois
»femaines avefques une des filles de Maî-
» tre Jacques Fournier , Confeiller du Roi
» en fadite Cour de Parlement , perdit fon
>> entendement en telle maniere , que
E v jour
le
950 MERCURE DE FRANCE
»jour de S. Jean -Baptifte , environ neuf
heures du matin , une telle frenaifie le
"print , qu'il fe jetta par la fenêtre de fa
» Chambre en la ruë , & fe rompit une
» cuiffe & froiffa tout le corps , & fut en
» grant dangier de mourir.
Il n'en mourut donc pas , comme le dit
la Croix du Maine , qui par une autrefaute
le fait vivre en 1480. pendant qu'il
le fait mourir d'une chute arrivée en
1466 .
Le P. le Long , met fa mort en 1558 ..
je ne fçai fur quelle autorité.
Voila tout ce qu'on fçait de cet Auteur,
qui étoit un des hommes de fon fiecle qui
écrivoit le mieux & avec plus d'efprit ,
& qui eft plus connu par fes Ouvrages
que par les circonftances de fa vie..
Ces Ouvrages font :
1. Les Arrêts d'Amour. Ils furent imprimez
à Paris en 1528. & même auparavant
, fuivant la Croix du Maine , qui
eft toûjours négligent à marquer exactement
l'année des Editions & leur forme..
Mais ils ne parurent accompagnez des
Commentaires Latins de Benoît le Court
qu'en 1533. à Lyon , chez Seb. Gryphius,
in-4. Ces Commentaires ſe trouvent dans :
la plupart des Editions fuivantes , qui font
celles de Lyon , 1538. in-4 de Paris , 1544..
in-8. de Lyon , 1546. in- 8..
M.
MAY. 1730. 951
M. le Duchat croit que c'eft la premiere
où l'on trouve le cinquante-deuxiéme
Arrêt & l'Ordonnance fur le fait des
Mafques. Celle de Paris , 1555. in- 16 , une
in- 16. en 1566. chez Jerôme Mamel , où
je ne fçai pourquoi on à obmis l'Arrêt
52. & l'Ordonnance fur le fait des Mafques.
L'Edition la plus ample de toutes eſt
celle de Rouen , 1587. in- 16 , parce qu'ou
tre les 51. Arrêts compofez originairement
par Martial d'Auvergne , & commentez
par Benoît le Court , outre le
52e Arrêt & l'Ordonnance fur le fait des
Mafques , qui font deux Pieces de l'invention
de Gilles d'Avrigny , dit le Pamphile
, Avocat au Parlement de Paris , elle
contient de plus un 53 Arrêt rendu par
l'Abbé des Cornars , en fes grands jours tenus
à Rouen , pourfervir de Reglement touchant
les arrerages requis par les femmes à
l'encontre des Maris.
Les Arrêts d'Amour le trouvent encore
dans un Recueil intitulé : Proceffus Juris
Jocoferius. Hanoria , 1611. in - 8 . Ce font
des Pieces purement badines , où regne
une grande naïveté , & ç'a été une plaifante
imagination que de les aller commenter
férieuſement , comme a fait Benoit
le Court , qui étale beaucoup d'éru
dition dans fon Commentaire , & y dés
veloppe £ vj
952 MERCURE DE FRANCE
veloppe fort-bien plufieurs queſtions du
Droit Civil , mais dont peu de perſonnes
s'aviſeront d'y aller chercher la folution.
Les Arrêts font écrits en Profe , mais
l'Ouvrage commence par des Vers , dont
je rapporterai ici quelques- uns.
Environ la fin de Septembre ,
Que faillent Violettes & Flours ,
Je me trouvai en la Grand'Chambre ,
Du noble Parlement d'Amours ;
Et advint fi bien qu'on vouloit ,
Les derniers Arrêts prononcer ,
Et que à cette heure on appelloit
Le Greffier pour les commencer.
Si eftoient illec bien fix ,
A les rapporter, & avoir ,
Au milieu defquels je m'affis,
Pour en faire comme eux devoir .'
Le Prefident tout de Drap d'or
Avoit Robbe fourée d'Ermines ,
Et fur le cou un camail d'or ,
Tout couvert d'Emeraudes fines ...
Plufieurs Amans & Amoureux ,
Illec vinrent de divers lieux ,
Et d'Amans courroucez , joyeux.
Par derriere les bancz j'en vis ,
Qui lefdits Arrêts écoutoient ,
Dont les coeurs étoient tant ravis
Qu'il
MAY. 1730. 95.3
Qu'ils ne fçavoient où ils étoient.
Les uns de paour ferroient leurs dens
Les autres emûs & ardens ,
Tremblans comme la feuille en l'arbre
Nul n'eft fi fage , ne parfait ,
Que , quand il oit fon Jugement ,
Il ne foit à moitié deffait ,
Et troublé à l'entendement.
Je laifferai cette matiere ,
Car de cela peu me chaloit
Et raconterai la maniere ,
Comme le Préfident parloit.
Pour donner une idée de ces Arrêts ,
qui ne font pas communs , malgré toutes
les Editions qui s'en font faites , j'en
mettrai ici un , qui eſt le trentiéme.
» Un ami fe plainct de ce que pour fer-
»vir à fa Dame , il ha tout defpendu : la-
»quelle depuis n'a tenu compte de lui :
»concluant à ce qu'elle fuft condamnée à
»l'entretenir comme devant.
» Ceans s'eft plainct un Amoureux d'une
>> fienne Dame , que la ha longuement fer-
>> vie. Difoit que du temps qu'il eût premierement
cognoiffance à elle , il étoit
» bien aife , & avoit du fien largement.
Et quand elle lui demandoit aucune
>>chofe à prêter ou donner , jamais ne lui
euft refufée. Or étoit vrai que pour toujours
954 MERCURE DE FRANCE
» jours fournir aux fraiz & aux grandes
" cheres , chevance y avoit été employée ,
» & tellement que fes caues étoient deve-
» nuës bien baffes . Mais il cuydoit qu'elle
» dueft foubvenir , comme il ha faict à
» elle , & la pria de lui aider & de l'en-
>> tretenir , dont n'a rien voulu faire : ains
» lui ha plainement répondu qu'il përdoit
fon temps , & que puifqu'il n'avoit plus
» de quoi , elle n'en tenoit compte . Et non
>> contente de ce , lui ha faict dire qu'il
"fe retire de chez fes amis ; car plus n'a-
>> voit intention de l'aimer ni de lui faire:
>> aucun bien. Et encore, qui pis eft, fe mocque
de lui devant les autres , en le monf
» trant au doigt : qui lui eft plus de mar-
»tyre , que qui le frapperoit d'un cou-
»teau parmi le coeur. Si requeroit fina-
»
blement ledict Amant , que fadicte Da--
» me fut condemnée , nonobftant fon ad-
» verfité , de l'entretenir feulement en
» amour , & lui faire chere , comme eller
>> fouloit , & qu'il fût préferé devant tous
les autres , attendu mêmement qu'il
» étoit des premiers venus & des anciens
>> Serviteurs..
» De la partie de cette Defendereffe
» fut défendu au contraire , & difoit pour
» fon proffit , que quiconque veult d'a-
>> mours jouir , baille l'argent devant la
main , & que c'eft grande folie de
que
» s'atMA
Y. 1730 9:55
s'attendre à l'éfcuelle d'autruy , s'il ne
» fournit & remplit. Difoit avec ce , que
» le Galand au temps de fa fortune , &
» que les biens luy venoient en dormant ,
» s'eft mefcongneu , & en ha feftoyé un
» & autre , dont il fe fuft bien paffe ;:
» maintenant s'il a difette , il n'eft pas
» trop mal employé ; & quant eft de l'ai-
» mer , elle difoit qu'elle n'y eftoit pas
» tenue ; car les biens & vertus qui ſou-
» loient être en luy n'y font plus. Et ne
» falloit ja ramentevoir les bonnes che-
» res du temps paffé ; car fi ledict Amant
» luy ha faict tant de plaifirs & fervices,.
» auffi lui en ha elle fait plufieurs autres,
qu'il n'eft ja befoin de déclairer . Et puif
» que
il eft ainfi que pauvreté maintenant
» le guerroye , adonc elle n'en veut plus;
>> car auffi au lieu où elle habite , n'y a
» que toute malheureté , & jamais ne s'y
» treuve joye . Et quant eft au furplus pour
» les biens , qu'elle lui offroit un povre
» bâton en fa main pour s'en aller avec :
» la prébende de Va-t'en , pour récom-
» penfe de fes fervices. En concluant que
» à tort fe plaignoit d'elle , & en deman
>> doit dépens.
›
Après lefquelles deffenfes propofées ,
» les Gens d'Amours qui s'étoient adjoint
avec leditAmant, difoient que cette femme
n'étoit pas digne qu'on parlaft d'elle
39
devant
056 MERCURE DE FRANCE
»
» devant les gens de bien ; car par fon
propos jamais n'aymoit que pour ar-
» gent ,
& ainfi confeffoit avoir vendu les
" biens d'Amours . Et qu'elle en ha mef-
» chamment ufé en fon tems , & auffi pa-
>> reillement étoit voix & commune re-
» nommée qu'elle aime toûjours trois ou
» quatre , & qu'elle les fucce jufqu'aux
" os , & puis encore s'en mocque , qui
» eft pis ; car quelque femme que ce foit
jamais ne doibt defprifer le ferviteur
» qui l'a fervie , combien qu'il lui fou-
» vienne de beaucoup de fortunes . Et
» requeroient lefdictes Gens d'Amours à
» l'encontre d'elle qu'elle fut condemnée
» à faire amende honorable , & à lui ren-
» dre & reftituer tout ce qu'elle ha eu de
» luy , & dont il devoit être crû par fon
» ferment , veu la maniere de proceder.
» Et avec ce , qu'elle foit bannie à tou-
» jours dudict Royaume d'Amours , com-
» me indigne d'y converfer.
>>
25
Ce povre Amant pour fes repliques
" difoit qu'en tant qu'il luy touche qu'il
>> eftoit encore content , que tous les biens
qu'il luy avoit donnez demouraffent
pour elle , comme fiens , & ne vouloit
» qu'on luy en oftât rien ; mais requeroit
»feulement qu'elle l'aimaft comme de-
» vant ; & encore promettoit de luy en
» faire. A quoy elle répondit , que quand
elle
MAY. 1730. 957
» elle le verroit , en feroit fon debvoir ;
» mais jufques alors lui confeilloit de
» changer air pour recouvrer fanté
» & obvier qu'il ne fuft pas mala-
» de : & difoit oultre qu'à la contrain-
» dre d'aimer l'on ne sçauroit , & auffi tel
>> amour qui feroit donné par force ne du-
» reroit point ; mais plus de mal faict à
» celuy qui l'obtient , que s'il n'en avoit
» point.
>>
>>
Si ont été les parties ou yes appointées
>> en droit & confeil . Finablement veu le
» Procez & confideré tout ce qu'il falloit
>> confiderer en cette matiere , la Cour dit
» qu'elle condemne cette rebelle femme
» à rendre & reftituer audict Amoureux
tout ce qu'il affermera en fa confcience
» lui avoir baillé & donné , nonobftant
» l'offre
par luy faite de ne luy en vou-
>> loir demander aucune chofe. A laquelle
offre la Cour n'y obtempere point , veu
» que ladicte Defendereffe ne l'accepte ,
& qu'elle s'eft renduë ingrate , & or-
» donne qu'à ce faire fera contrainte par
>> la prinfe de fes biens & emprisonnement
» de fon corps. Et à toûjours la bannit des
» biens & fervice d'amours , en diſant
» avoir forfaict de corps & de biens ; en
» maniere qu'elle fera abandonnée à un
>> chacun pour déformais fervir le com-
>> mun , & devenir à tous publique .
>>
>>
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Za
958 MERCURE DE FRANCE
2. Les Vigiles de la mort du Roi Charles
VII. à neuf Pfeaumes & neuf Leçons , contenant
la Chronique & les faits advenus
durant la vie dudit Roi . Paris 1493. in-4.
It. Paris 1505 & 1528. Item Paris 1724.
in 8. 2. Vol. Cet Ouvrage qui eft en Vers
contient la Vie du Roi Charles VII. La
Verfification n'en eft pas exacte , mais
l'Auteur Y fait paroître de l'invention .
On y voit comment ce Roi chaffa les
Anglois de la France , dont ils occupoient
une bonne partie. Martial d'Auvergne
étoit l'homme de fon fiecle qui écrivoit
le mieux & avec le plus d'efprit. Cet Ou
vrage lui acquit beaucoup de réputation.
3. Les dévotes louanges à la Vierge Marie.
Paris , Jean du Pré 1492. It . Paris
Simon Votre 1509. in 8. Cet Ouvrage eft
encore en Vers.
4. L'Amant rendu Cordelier à l'obfer
vance d'Amour. Lyon 1545. in 15. La
Croix du Maine ne parle point de cet
Ouvrage qui eft cité au N° 1701 , de la
Bibliotheque de M. Brochard ,
Voici les noms des autres Sçavans ,
dont on trouve la Vie & le Catalogue
des Ouvrages dans ce IX. Tome.
Antoine , Jean Beverovicius , Barnabé
Briffon , Samuel Butler , Louis Caftelvetro,
Henri de Cocceji , Batifte Fulgofe , Joſeph
Gazola , Janus Gruter , Claude Joly , Jac
ques
MAY. 1730. 959
ques Lenfant , Jean Mery , Jean Morin ,
Gabriel Naudé , M. Antoine Oudinet ,
Gui Pancirole , Antoine Panormita , Nicolas
Perot , Poggio Bracciolini , Denis de
Salle , Jacques Savary , Barth. Scala , Jean
André Schmid , Antoine de Solis , Jac
ques Augufte de Thou , & Olaus Vormius.
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Résumé : MEMOIRES pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres dans la République des Lettres. Avec un Catalogue raisonné de leurs Ouvrages, Tome IX. de 410. pages sans les Tables. A Paris, chez Briasson, rüe S. Jacques, à la Science, MDCC. XXIX.
Le texte fournit des informations sur Martial d'Auvergne, un écrivain du XVe siècle dont l'origine est incertaine. Certains le considèrent Limousin, tandis que d'autres pensent qu'il était Auvergnat. Il exerçait les fonctions de procureur au Parlement et de notaire au Châtelet de Paris. En 1466, il subit une perte temporaire de raison et se jeta par une fenêtre, mais il ne mourut pas de cet incident. Martial d'Auvergne est principalement connu pour ses œuvres littéraires. Ses principaux ouvrages incluent 'Les Arrêts d'Amour', publiés pour la première fois en 1528 et accompagnés de commentaires latins par Benoît le Court en 1533. Ces textes sont des pièces badines écrites en prose, commençant par des vers et traitant de questions juridiques de manière ludique. Un autre ouvrage notable est 'Les Vigiles de la mort du Roi Charles VII', publié en 1493, qui relate la vie du roi Charles VII et sa victoire contre les Anglais. Bien que la versification de cet ouvrage soit imparfaite, il lui valut une grande réputation. Martial d'Auvergne est ainsi reconnu pour son esprit et son talent littéraire. Le document mentionne également une liste d'ouvrages et de savants. Parmi les ouvrages cités figurent 'Les dévotes louanges à la Vierge Marie', imprimé à Paris par Jean du Pré en 1492 et réédité par Simon Votre en 1509, écrit en vers, et 'L'Amant rendu Cordelier à l'obférance d'Amour', publié à Lyon en 1545. Le texte énumère également les noms de divers savants dont les vies et les catalogues d'ouvrages sont mentionnés dans le neuvième tome. Parmi ces savants figurent Antoine, Jean Beverovicius, Barnabé Briffon, Samuel Butler, Louis Castelvetro, Henri de Cocceji, Baptiste Fulgosé, Joseph Gazola, Janus Gruter, Claude Joly, Jacques Lenfant, Jean Mery, Jean Morin, Gabriel Naudé, M. Antoine Oudinet, Gui Pancirole, Antoine Panormita, Nicolas Perot, Poggio Bracciolini, Denis de Salle, Jacques Savary, Barthélemy Scala, Jean André Schmid, Antoine de Solis, Jacques Auguste de Thou, et Olaus Vormius.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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26
p. 959-968
« HISTOIRE GENERALE des Auteurs Sacrés & Ecclesiastiques, qui contient leur [...] »
Début :
HISTOIRE GENERALE des Auteurs Sacrés & Ecclesiastiques, qui contient leur [...]
Mots clefs :
Ouvrage, Maladies, Guerre, Docteur, Dissertation, Théologie, Histoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « HISTOIRE GENERALE des Auteurs Sacrés & Ecclesiastiques, qui contient leur [...] »
HISTOIRE GENERALE des Auteurs
Sacrés & Ecclefiaftiques, qui contient leur
Vie , le Catalogue , la Critique , le Jugement
, la Chronologie , l'Analyfe & le
Dénombrement des differentes Editions.
de leurs Ouvrages , ce qu'ils renferment
de plus intereffant fur le Dogme , fur la
Morale & fur la Difcipline de l'Eglife ;
'Hiftoire des Conciles , tant Generaux
que Particuliers & les Actes choifis des
Martyrs. Par le R. P. D. Remi Ceilier
Benedictin de la Congrégation de Saint
Vanne & de S. Hydulphe , Coadjuteur de
Flavigni. A Paris , rue S. Jacques , chez
Mercierpere,& Lottin, in 4°. 1. & 2. Vol.
TRAITE DE L'ART METALLIQUE
, Extrait des Oeuvres d'Alvare Alphonfe
Barba , celebre Artifte dans les Mines
de Potozi , auquel on a joint un Mémoire
, concernant les Mines de France ,
Ouvrage enrichi de figures en Taillesdouces.
A Paris , au Palais , chez Saugrain
1730. in 12. de 264. pages.
SA
960 MERCURE DE FRANCE
SALUSTE , ou Hiftoire de la conjuration
de Catilina , contre la République
Romaine , & de la Guerre des Romains
contre Jugurtha , traduite en François.
On y a ajoûté la Traduction de tous les
morceaux qui fe trouvent en entier dans
les fragmens de cet Hiftoricn. Le tout
accompagné de Differtations & de Remarques
Critiques , Hiftoriques & Geographiques.
Par M. l'Abbé Thyvon . A
Paris , rue S. Jacques , chez Huart l'aîné
1730. 2. Vol . in 12. le premier de 306.
pages , fans la Préface , la Vie de Salufte
& deux Differtations de 108. pages , & le
fecond de 370. pages pour la Guerre contre
Jugurtha , & 188. pour les fragmens.
L'OEDIPE de M. de Voltaire , nouvelle
Edition , avec une Préface , dans laquelle
on combat les fentimens de M. de
la Motte fur la Poëfie. A Paris , ruë de la
Comédie , chez la Veuve Ribou , 1730. in - 8 .
de 82. pages pour la Tragédie, & 23. pour
la Préface.
le
LA NULLITE' DES ORDINATIONS
ANGLICANES démontrée de
nouveau tant par les faits que par
droit , contre la Defenſe du R. P. Le Con
rayer , Docteur d'Oxfort & Chanoine Regulier
de Sainte Genevieve . Par le R. P.
Le
MAY. 1730. 961
Le Quien , Profeffeur en Theologie de
l'Ordre des Freres Prêcheurs . A Paris , rue
S. Jacques , chez F. Babuti, 1730. 2. Vol,
in 12.
Campagnes de Louis XIV. par M. Per
liffon , avec la comparaifon de François
I, avec Charles V. par M *** A Paris ,
rue S, Severin , chez Mefnier, 1730. in 12,
RECUEIL D'HISTOIRES SACRE'ES
ET PROPHANES , propres à former le
coeur & l'efprit. Par M. l'Abbé de Choifi.
A Paris , rue de la Harpe , chez P. Simon
1729 .
CODE MILITAIRE, ou Compilation
des Ordonnances des Rois de France ,
concernant les Gens de Guerre . Par le.
Sieur de Briquet , Chevalier de l'Ordre
de S. Michel , & l'un des premiers Com
mis de M. d'Angervilliers , Secretaire
d'Etat de la Guerre. A Paris , Quay des
Auguftins , à la belle Image 1728. 3. vol.
in 12.
L'ELOGE DE QUELQUE CHOSE
dédié à Quelqu'un,avec une Préface chantante.
A Paris , ruë Gillecoeur , chez Huqueville
, 1730. brochure in- 12 ,
LA
962 MERCURE DE FRANCE
و
LA CONNOISSANCE PARFAITE
DES CHEVAUX , contenant la maniere
de les gouverner nourrir , entretenir
en bon corps , & les conferver en
fanté dans les Voyages , avec un détail
genéral de toutes leurs maladies , des fignes
& des caufes d'où elles proviennent ,
des moyens de les prévenir & de les en
guerir par des Remedes experimentés depuis
long- tems , & à la portée de tout le
monde & c. & l'Art de monter à cheval,
& de dreffer les Chevaux de Manége , tiré
des meilleurs Auteurs qui en ont écrit
& des Mémoires Manufcrits de feu M.
Delcampes. A Paris , chez Ribou 1730.
avec figures en Tailles- douces.
د
HISTOIRE ANCIENNE DES EGYP
TIENS , des Carthaginois , des Affyriens,
des Babiloniens , des Medes & des Perfes,
des Macedoniens , des Grecs . Par M. Rollin
, Ancien Recteur de l'Univerfité
Profeffeur d'Eloquence au College Royal,
& Affocié à l'Académie des Belles - Lettres .
A Paris , rue S. Jacques , chez Jacques
Etienne 1730. Tome premier de 607. pages
, fans la Préface qui en contient 48.
DE LA DIGESTION ET DES MALADIES
DE L'ESTOMAC fuivant le
fitême de la Trituration & du broyement
fans
MAY.
1730.
963
fans l'aide des levains ou de la fermentation
, dont on fait voir l'impoffibilité en
fanté & en maladie. A Paris , Ruë S. Jac
ques , chez Guillaume Cavelier, 1729. in-
12. de 616. pages.
CONFERENCE DE LA FABLE AVEC
1'Hiftoire Sainte , où l'on voit que les
grandes Fables , le culte & les Myfteres
du Paganiſme ne font que des copies alterées
des Hiftoires , des Ufages & des
Traditions des Hebreux. Par M. de Lavaur.
A Paris , au Pont S. Michel , Quay
des Auguftins , au Palais & Ruë S. Facques
, chez Cailleau , Brunet fils , Bordelet
Henry 1730. 2. vol. in- 12 .
L'USAGE ET LEs fins de la ProPHETIE ,
dans les divers âges du Monde , en fix
Difcours , prononcez à Londres dans l'Eglife
du Temple , auquel on a joint trois
Differtations , 1 ° . fur la Canonicité de la
feconde Epitre de S. Pierre ; 2 ° . fur les
idées que les Juifs avant J. C. fe faifoient
des circonftances & des fuites de la chute
d'Adam ; 3 ° . fur la benediction donnée
par Jacob à Juda. Ouvrage publié à la
réquifition des deux honorables Societez ,
du Temple , par T. Sherlock , Docteur
en Théologie , Doyen de Chicheſter ,
Maître du Temple , à prefent Lord Evêque
964 MERCURE DE FRANCE
que de Bangor , traduite de l'Anglois
d'une feconde Edition , par Abraham le
Moine , Miniftre d'une Eglife Françoife ,
à Londres , & Chapelain du Duc de Portland.
A Amfterdam , chez les wefteins
Smith : A Paris , chez Chaubert , Quai des
Auguftins, 1729. in- 8. de 443. pag . fans la
Préface du Traducteur, qui eft de 62. pag.
MEDITATIONS fur la Concorde de
l'Evangile , avec le Texte de la Concorde
des quatre Evangeliftes , partagé pour ſujet
de chaque Méditation , & deux Tables
, dont l'une reprefente la fuite des
actions & inftructions de N. S. J. Ch .
par l'ordre même des Chapitres de la
Concorde ; l'autre indique les endroits de
la Concorde , où fe trouvent les Evangiles
de chaque Dimanche ou Fête , &
les Méditations où ces Evangiles font expliquez.
Ouvrage utile pour faciliter l'intelligence
du faint Evangile , & pour faire
qu'on le life & médite avec plus de fruit.
A Paris , chez Charles Ofmont & Henry ,
ruë S. Jacques , 1730. in - 12 . 3. volumes.
TRAITE' des Maladies aiguës des
enfans , avec des Obfervations Médecinales
fur ces Maladies & fur d'autres trèsimportantes
, & une Differtation fur l'o.
rigine , la nature & la curation de la Ma
ladieMAY.
1730. 965
ladie Venerienne traduit du Latin de
M. GautierHarris,Medecin du Roi d'Angleterre
fur la feconde Edition imprimée
à Londres en 1705. Par M. Devaux,
Maître Chirurgien Juré à Paris , & ancien
Prévôt de fa Compagnie. Chez les
Freres Ofmont , Quay des Auguftins , 1730a
in-12.
LETTRES D'HYPPOCRATE , fur la
prétendue folie de Démocrite , traduites
du Grec pour la premiere fois. A Paris,
chez le Breton & Hubert , Quays de Conty
& des Auguftins , 1730. Brochure in- 12.
de 43. pages.
LETTRES SERIEUSES ET BADINES , fur
les Ouvrages des Sçavans. A laHaye , 1729.
2. vol. in- 8 . Le troifiéme volume qui
comprend les mois de Janvier , Février
& Mars 1730. paroît chez Van- Duren, & à
Paris , chez Guil. Cavelier , ruë S. Jaq. On
en donnera un volume tous les trois mois.
LETTRES CHOISIES de M. Simon ,
augmentées d'un quatrième volume, avec
la Vie de l'Auteur . Par M. Bruzen de la
Martiniere. A Amfterdam , 1729. 4. vol.
in- 12.
ESSAY
PHILOSOPHIQUE , fur l'en
tendement humain , par M. Lacke. Tra-
F duit .
966 MERCURE DE FRANCE
་
duit par M. Cofte . Nouvelle Edition
in-4. Amfterdam , 1729.
RELATION des Démêlez entre le
Comte de Bonneval & le Marquis de
Prié , avec les Lettres que ces deux Seigneurs
ont écrites fur ce Differend , à
l'Empereur , au Prince Eugene , aux Ambaffadeurs
& Miniftres , &c. A la Haye,
chez J.Van-Duven , in -4.
METHODE PACIFIQUE pour finir
toutes les difficultez de ceux qui jufqu'à
prefent ont refufé d'accepter la Conftitution
Unigenitus , crainte de condamner
les fentimens de S. Auguftin & de faint
Thomas. A Liege , & c.in - 12 de 308. pag .
OEUVRES DIVERSES , de M. Julien
Scopon. Ala Haye , chez Ch. de Vier,
1728. de 140. pages pour les Poëfies diverfes
, & 83. pour les Poëfies Sacrées 2 .
Planches détachées .
Une feule Strophe d'une Hymne fur
la réfignation à la mort fera connoître
le génie & le ftile de ce Poëte ,
La mort un jour , je le ſçai bien ,
Doit finir ma carriere ;
Mais pour l'heure , je n'en fçai rien ,
Non plus que la maniere.
C'eft
M-A Y.
967
1730.
C'est toi feul , qui fçais , ô mon Dieu ,
Le temps , la maniere & le lieu ,
De mon heure derniere.
On apprend de Londres , qu'Edmond Shother,
Docteur en Medecine , a donné en un volume
in 8. une cinquiéme Edition de la Pharmacopée
du Docteur Radelif, ou Corps complet d'Ordon
nances choifies pour les Maladies , tant internes
qu'externes , avec des Remarques fur la vertu de
chaque Recette , & fur la maniere de s'en fervir .
Idem , chez S. Harding. Repertorium Sculptile-
Typicum , ou Collection & Explication des
Marques & des Chiffres dont les Graveurs ſe font
fervis dans leurs Planches ou Eftampes pour fe
défigner ; avec une Table alphabetique de leurs
noms , de leurs demeures , & du temps où ils ont
vécu. Le tout traduit en Anglois de l'Abedario
Pillerico de Pellegrini Ant . Orlandi.
-De Naples. On a imprimé chez Mofca , en
2. volumes in- 4 . de 5oz . & de 504. pages , lès
Tragédies Chrétiennes del Duca Annibale Marchefe
, dédiées à l'Empereur. Le premier volume,
contient les
Perfecuteurs du Chriftianifme . Les
Tires font ; 1 Dominicano . Il Maffimini . Il
Maffiminiano Flavio Valente. Le fecond , les
Martyrs & Héros Chrétiens . L'Eustachio . La
Sofronia, l'Erminelgido . Il Maurizio , &c. Idem.
Vita Civile di Paulo Mattia Doria. Avec leTraité
de
l'Education d'un Prince. Ouvrage corrigé &
fort augmenté par l'Auteur . Troifiéme Edition ,
1729. in- 4. de 544. pages.
De la Haye. Chrétien Van-Lom a imprimé &
débite un nouveau Journal fous ce Titre : Criti-
Fij que
968 MERCURE DE FRANCE
que defintereffée des Journaux Litteraires &
des Ouvrages des Sçavans , par un ſocieté de
Gens de Lettres. Le premier Tome contient Janvier
, Fevrier & Mars , in- 8. prix 16. ſols,
Guillaume Croon , Libraire à Utreck , imprime
un Manufcrit contenant quelques OEuvres pofthumes
du feu Cardinal D ** *. Elles font dans
le gout du Paftor- Fido . Les Pieces qui compofent
le volume in- 8 . font : Cleopatre , Lucrece ,
Créfus , Tragedies , Angelique & Medor , Tragi-
Comédie. On affure que jamais Ouvrage n'a
défini tant de differens caracteres. La Philofophie,
la Théologie , la Politique , l'Art de regner , les
Actions de l'homme & celles du Héros , & l'Amour
même , font traitez dans cet Ouvrage avec
une érudition auffi profonde que délicate ;
on dit
même que chaque Vers peut paffer pour une Sentence.
Cet Ouvrage qu'on propofe par Soufcription
, mais en recevant l'Exemplaire , paroîtra le
mois prochain. Prix 2. livres,
Sacrés & Ecclefiaftiques, qui contient leur
Vie , le Catalogue , la Critique , le Jugement
, la Chronologie , l'Analyfe & le
Dénombrement des differentes Editions.
de leurs Ouvrages , ce qu'ils renferment
de plus intereffant fur le Dogme , fur la
Morale & fur la Difcipline de l'Eglife ;
'Hiftoire des Conciles , tant Generaux
que Particuliers & les Actes choifis des
Martyrs. Par le R. P. D. Remi Ceilier
Benedictin de la Congrégation de Saint
Vanne & de S. Hydulphe , Coadjuteur de
Flavigni. A Paris , rue S. Jacques , chez
Mercierpere,& Lottin, in 4°. 1. & 2. Vol.
TRAITE DE L'ART METALLIQUE
, Extrait des Oeuvres d'Alvare Alphonfe
Barba , celebre Artifte dans les Mines
de Potozi , auquel on a joint un Mémoire
, concernant les Mines de France ,
Ouvrage enrichi de figures en Taillesdouces.
A Paris , au Palais , chez Saugrain
1730. in 12. de 264. pages.
SA
960 MERCURE DE FRANCE
SALUSTE , ou Hiftoire de la conjuration
de Catilina , contre la République
Romaine , & de la Guerre des Romains
contre Jugurtha , traduite en François.
On y a ajoûté la Traduction de tous les
morceaux qui fe trouvent en entier dans
les fragmens de cet Hiftoricn. Le tout
accompagné de Differtations & de Remarques
Critiques , Hiftoriques & Geographiques.
Par M. l'Abbé Thyvon . A
Paris , rue S. Jacques , chez Huart l'aîné
1730. 2. Vol . in 12. le premier de 306.
pages , fans la Préface , la Vie de Salufte
& deux Differtations de 108. pages , & le
fecond de 370. pages pour la Guerre contre
Jugurtha , & 188. pour les fragmens.
L'OEDIPE de M. de Voltaire , nouvelle
Edition , avec une Préface , dans laquelle
on combat les fentimens de M. de
la Motte fur la Poëfie. A Paris , ruë de la
Comédie , chez la Veuve Ribou , 1730. in - 8 .
de 82. pages pour la Tragédie, & 23. pour
la Préface.
le
LA NULLITE' DES ORDINATIONS
ANGLICANES démontrée de
nouveau tant par les faits que par
droit , contre la Defenſe du R. P. Le Con
rayer , Docteur d'Oxfort & Chanoine Regulier
de Sainte Genevieve . Par le R. P.
Le
MAY. 1730. 961
Le Quien , Profeffeur en Theologie de
l'Ordre des Freres Prêcheurs . A Paris , rue
S. Jacques , chez F. Babuti, 1730. 2. Vol,
in 12.
Campagnes de Louis XIV. par M. Per
liffon , avec la comparaifon de François
I, avec Charles V. par M *** A Paris ,
rue S, Severin , chez Mefnier, 1730. in 12,
RECUEIL D'HISTOIRES SACRE'ES
ET PROPHANES , propres à former le
coeur & l'efprit. Par M. l'Abbé de Choifi.
A Paris , rue de la Harpe , chez P. Simon
1729 .
CODE MILITAIRE, ou Compilation
des Ordonnances des Rois de France ,
concernant les Gens de Guerre . Par le.
Sieur de Briquet , Chevalier de l'Ordre
de S. Michel , & l'un des premiers Com
mis de M. d'Angervilliers , Secretaire
d'Etat de la Guerre. A Paris , Quay des
Auguftins , à la belle Image 1728. 3. vol.
in 12.
L'ELOGE DE QUELQUE CHOSE
dédié à Quelqu'un,avec une Préface chantante.
A Paris , ruë Gillecoeur , chez Huqueville
, 1730. brochure in- 12 ,
LA
962 MERCURE DE FRANCE
و
LA CONNOISSANCE PARFAITE
DES CHEVAUX , contenant la maniere
de les gouverner nourrir , entretenir
en bon corps , & les conferver en
fanté dans les Voyages , avec un détail
genéral de toutes leurs maladies , des fignes
& des caufes d'où elles proviennent ,
des moyens de les prévenir & de les en
guerir par des Remedes experimentés depuis
long- tems , & à la portée de tout le
monde & c. & l'Art de monter à cheval,
& de dreffer les Chevaux de Manége , tiré
des meilleurs Auteurs qui en ont écrit
& des Mémoires Manufcrits de feu M.
Delcampes. A Paris , chez Ribou 1730.
avec figures en Tailles- douces.
د
HISTOIRE ANCIENNE DES EGYP
TIENS , des Carthaginois , des Affyriens,
des Babiloniens , des Medes & des Perfes,
des Macedoniens , des Grecs . Par M. Rollin
, Ancien Recteur de l'Univerfité
Profeffeur d'Eloquence au College Royal,
& Affocié à l'Académie des Belles - Lettres .
A Paris , rue S. Jacques , chez Jacques
Etienne 1730. Tome premier de 607. pages
, fans la Préface qui en contient 48.
DE LA DIGESTION ET DES MALADIES
DE L'ESTOMAC fuivant le
fitême de la Trituration & du broyement
fans
MAY.
1730.
963
fans l'aide des levains ou de la fermentation
, dont on fait voir l'impoffibilité en
fanté & en maladie. A Paris , Ruë S. Jac
ques , chez Guillaume Cavelier, 1729. in-
12. de 616. pages.
CONFERENCE DE LA FABLE AVEC
1'Hiftoire Sainte , où l'on voit que les
grandes Fables , le culte & les Myfteres
du Paganiſme ne font que des copies alterées
des Hiftoires , des Ufages & des
Traditions des Hebreux. Par M. de Lavaur.
A Paris , au Pont S. Michel , Quay
des Auguftins , au Palais & Ruë S. Facques
, chez Cailleau , Brunet fils , Bordelet
Henry 1730. 2. vol. in- 12 .
L'USAGE ET LEs fins de la ProPHETIE ,
dans les divers âges du Monde , en fix
Difcours , prononcez à Londres dans l'Eglife
du Temple , auquel on a joint trois
Differtations , 1 ° . fur la Canonicité de la
feconde Epitre de S. Pierre ; 2 ° . fur les
idées que les Juifs avant J. C. fe faifoient
des circonftances & des fuites de la chute
d'Adam ; 3 ° . fur la benediction donnée
par Jacob à Juda. Ouvrage publié à la
réquifition des deux honorables Societez ,
du Temple , par T. Sherlock , Docteur
en Théologie , Doyen de Chicheſter ,
Maître du Temple , à prefent Lord Evêque
964 MERCURE DE FRANCE
que de Bangor , traduite de l'Anglois
d'une feconde Edition , par Abraham le
Moine , Miniftre d'une Eglife Françoife ,
à Londres , & Chapelain du Duc de Portland.
A Amfterdam , chez les wefteins
Smith : A Paris , chez Chaubert , Quai des
Auguftins, 1729. in- 8. de 443. pag . fans la
Préface du Traducteur, qui eft de 62. pag.
MEDITATIONS fur la Concorde de
l'Evangile , avec le Texte de la Concorde
des quatre Evangeliftes , partagé pour ſujet
de chaque Méditation , & deux Tables
, dont l'une reprefente la fuite des
actions & inftructions de N. S. J. Ch .
par l'ordre même des Chapitres de la
Concorde ; l'autre indique les endroits de
la Concorde , où fe trouvent les Evangiles
de chaque Dimanche ou Fête , &
les Méditations où ces Evangiles font expliquez.
Ouvrage utile pour faciliter l'intelligence
du faint Evangile , & pour faire
qu'on le life & médite avec plus de fruit.
A Paris , chez Charles Ofmont & Henry ,
ruë S. Jacques , 1730. in - 12 . 3. volumes.
TRAITE' des Maladies aiguës des
enfans , avec des Obfervations Médecinales
fur ces Maladies & fur d'autres trèsimportantes
, & une Differtation fur l'o.
rigine , la nature & la curation de la Ma
ladieMAY.
1730. 965
ladie Venerienne traduit du Latin de
M. GautierHarris,Medecin du Roi d'Angleterre
fur la feconde Edition imprimée
à Londres en 1705. Par M. Devaux,
Maître Chirurgien Juré à Paris , & ancien
Prévôt de fa Compagnie. Chez les
Freres Ofmont , Quay des Auguftins , 1730a
in-12.
LETTRES D'HYPPOCRATE , fur la
prétendue folie de Démocrite , traduites
du Grec pour la premiere fois. A Paris,
chez le Breton & Hubert , Quays de Conty
& des Auguftins , 1730. Brochure in- 12.
de 43. pages.
LETTRES SERIEUSES ET BADINES , fur
les Ouvrages des Sçavans. A laHaye , 1729.
2. vol. in- 8 . Le troifiéme volume qui
comprend les mois de Janvier , Février
& Mars 1730. paroît chez Van- Duren, & à
Paris , chez Guil. Cavelier , ruë S. Jaq. On
en donnera un volume tous les trois mois.
LETTRES CHOISIES de M. Simon ,
augmentées d'un quatrième volume, avec
la Vie de l'Auteur . Par M. Bruzen de la
Martiniere. A Amfterdam , 1729. 4. vol.
in- 12.
ESSAY
PHILOSOPHIQUE , fur l'en
tendement humain , par M. Lacke. Tra-
F duit .
966 MERCURE DE FRANCE
་
duit par M. Cofte . Nouvelle Edition
in-4. Amfterdam , 1729.
RELATION des Démêlez entre le
Comte de Bonneval & le Marquis de
Prié , avec les Lettres que ces deux Seigneurs
ont écrites fur ce Differend , à
l'Empereur , au Prince Eugene , aux Ambaffadeurs
& Miniftres , &c. A la Haye,
chez J.Van-Duven , in -4.
METHODE PACIFIQUE pour finir
toutes les difficultez de ceux qui jufqu'à
prefent ont refufé d'accepter la Conftitution
Unigenitus , crainte de condamner
les fentimens de S. Auguftin & de faint
Thomas. A Liege , & c.in - 12 de 308. pag .
OEUVRES DIVERSES , de M. Julien
Scopon. Ala Haye , chez Ch. de Vier,
1728. de 140. pages pour les Poëfies diverfes
, & 83. pour les Poëfies Sacrées 2 .
Planches détachées .
Une feule Strophe d'une Hymne fur
la réfignation à la mort fera connoître
le génie & le ftile de ce Poëte ,
La mort un jour , je le ſçai bien ,
Doit finir ma carriere ;
Mais pour l'heure , je n'en fçai rien ,
Non plus que la maniere.
C'eft
M-A Y.
967
1730.
C'est toi feul , qui fçais , ô mon Dieu ,
Le temps , la maniere & le lieu ,
De mon heure derniere.
On apprend de Londres , qu'Edmond Shother,
Docteur en Medecine , a donné en un volume
in 8. une cinquiéme Edition de la Pharmacopée
du Docteur Radelif, ou Corps complet d'Ordon
nances choifies pour les Maladies , tant internes
qu'externes , avec des Remarques fur la vertu de
chaque Recette , & fur la maniere de s'en fervir .
Idem , chez S. Harding. Repertorium Sculptile-
Typicum , ou Collection & Explication des
Marques & des Chiffres dont les Graveurs ſe font
fervis dans leurs Planches ou Eftampes pour fe
défigner ; avec une Table alphabetique de leurs
noms , de leurs demeures , & du temps où ils ont
vécu. Le tout traduit en Anglois de l'Abedario
Pillerico de Pellegrini Ant . Orlandi.
-De Naples. On a imprimé chez Mofca , en
2. volumes in- 4 . de 5oz . & de 504. pages , lès
Tragédies Chrétiennes del Duca Annibale Marchefe
, dédiées à l'Empereur. Le premier volume,
contient les
Perfecuteurs du Chriftianifme . Les
Tires font ; 1 Dominicano . Il Maffimini . Il
Maffiminiano Flavio Valente. Le fecond , les
Martyrs & Héros Chrétiens . L'Eustachio . La
Sofronia, l'Erminelgido . Il Maurizio , &c. Idem.
Vita Civile di Paulo Mattia Doria. Avec leTraité
de
l'Education d'un Prince. Ouvrage corrigé &
fort augmenté par l'Auteur . Troifiéme Edition ,
1729. in- 4. de 544. pages.
De la Haye. Chrétien Van-Lom a imprimé &
débite un nouveau Journal fous ce Titre : Criti-
Fij que
968 MERCURE DE FRANCE
que defintereffée des Journaux Litteraires &
des Ouvrages des Sçavans , par un ſocieté de
Gens de Lettres. Le premier Tome contient Janvier
, Fevrier & Mars , in- 8. prix 16. ſols,
Guillaume Croon , Libraire à Utreck , imprime
un Manufcrit contenant quelques OEuvres pofthumes
du feu Cardinal D ** *. Elles font dans
le gout du Paftor- Fido . Les Pieces qui compofent
le volume in- 8 . font : Cleopatre , Lucrece ,
Créfus , Tragedies , Angelique & Medor , Tragi-
Comédie. On affure que jamais Ouvrage n'a
défini tant de differens caracteres. La Philofophie,
la Théologie , la Politique , l'Art de regner , les
Actions de l'homme & celles du Héros , & l'Amour
même , font traitez dans cet Ouvrage avec
une érudition auffi profonde que délicate ;
on dit
même que chaque Vers peut paffer pour une Sentence.
Cet Ouvrage qu'on propofe par Soufcription
, mais en recevant l'Exemplaire , paroîtra le
mois prochain. Prix 2. livres,
Fermer
Résumé : « HISTOIRE GENERALE des Auteurs Sacrés & Ecclesiastiques, qui contient leur [...] »
Le document présente une liste d'ouvrages publiés principalement en 1730 à Paris et dans d'autres villes européennes. Parmi les œuvres notables, 'Histoire Générale des Auteurs Sacrés & Ecclésiastiques' par le R. P. D. Rémi Ceillier traite de la vie, des œuvres et des critiques des auteurs religieux. 'Traité de l'Art Métallique' d'Alvare Alphonse Barba inclut des mémoires sur les mines de France et est enrichi de figures. 'Saluste, ou Histoire de la conjuration de Catilina' est traduit en français par l'Abbé Thyvon, accompagné de dissertations critiques. 'L'Oedipe' de Voltaire est publié avec une préface critiquant les sentiments de M. de la Motte sur la poésie. 'La Nullité des Ordinations Anglicanes' est démontrée par le R. P. Le Quien contre la défense du R. P. Le Conrayer. 'Campagnes de Louis XIV' par M. Perlisson compare Louis XIV à François I et Charles V. 'Recueil d'Histoires Sacrées et Profanes' par l'Abbé de Choisi est destiné à former le cœur et l'esprit. 'Code Militaire' par le Sieur de Briquet compile les ordonnances des rois de France concernant les gens de guerre. 'La Connaissance Parfaite des Chevaux' détaille la manière de gouverner, nourrir et soigner les chevaux, ainsi que l'art de monter à cheval. 'Histoire Ancienne des Égyptiens' par M. Rollin couvre plusieurs civilisations anciennes. 'De la Digestion et des Maladies de l'Estomac' explore les mécanismes digestifs. 'Conférence de la Fable avec l'Histoire Sainte' par M. de Lavaur compare les fables païennes aux histoires hébraïques. 'L'Usage et les fins de la Prophétie' est traduit de l'anglais par Abraham le Moine et traite des prophéties dans divers âges du monde. 'Méditations sur la Concorde de l'Évangile' facilitent la compréhension et la méditation des Évangiles. 'Traité des Maladies aiguës des enfants' est traduit du latin par M. Devaux. 'Lettres d'Hippocrate' sur la prétendue folie de Démocrite sont traduites du grec. 'Lettres Sérieuses et Badines' sur les œuvres des savants sont publiées en plusieurs volumes. 'Lettres Choisies' de M. Simon incluent une biographie de l'auteur. 'Essai Philosophique sur l'entendement humain' est traduit par M. Coste. 'Relation des Démêlés' entre le Comte de Bonneval et le Marquis de Prié est publiée à La Haye. 'Méthode Pacifique' propose une solution aux difficultés liées à la Constitution Unigenitus. 'Œuvres Diverses' de Julien Scopon incluent des poèmes sacrés et profanes. Plusieurs autres ouvrages médicaux, littéraires et historiques sont également mentionnés, ainsi que des journaux et des collections de marques de graveurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
27
p. 1381-1388
Le Théatre des Grecs, &c. [titre d'après la table]
Début :
Il va bien-tôt paroître un Ouvrage intitulé LE THEATRE DES GRECS, dont le R.P. [...]
Mots clefs :
Théâtre grec, Ouvrage, Pièces, Comédie, Tragédie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Théatre des Grecs, &c. [titre d'après la table]
Il va bien-tôt paroître un Ouvrage intitulé
LE THEATRE DES GRECS , dont leR.P.
Brumoy Jefuite , qui en eft l'Auteur , a
donné par avance l'idée & le plan imprimé
C'eft un Ouvrage de goût , qui avoit
toujours manqué à la République des
Lettres . Quatre ou cinq Pieces , foit Tragiques
, foit Comiques , données féparément
par quelques Sçavans , n'en ont
donné qu'une legere idée. Il étoit donc
neceffaire de réunir tous les précieux
reftes que le tems nous a confervez pour en
II. Vol. F com1382
MERCURE DE FRANCE
"
compofer un corps vivant & animé , &
pour rebâtir le Theatre ancien fur fes propres
débris. C'eft ce que l'Auteur dit fort
modeftement avoir effayé de faire après
un travail de neufannées.
Il divife fon Ouvrage en trois Parties.
La premiere eft précedée de trois Difcours
également utiles aux Sçavans de
-Profeffion , & aux Gens d'efprit , & qui
rendent le refte de l'Ouvrage avantageux
aux uns & aux autres. Le premier Difcours
traite de la maniere de confiderer le
Theatre des Grecs. Le but du P. Brumoy.
eft de bien convaincre le Lecteur que dans
le Pays de l'Antiquité , il faut marcher
avec de grandes précautions , quand il
s'agit de prononcer fur des Ouvrages de
gout : S'il eft des regles pour les expofer,
il en eft auffi pour en juger. Le fecond
-Difcours préliminaire a pour Sujet l'origine
& l'accroiffement de la Tragedie
Grecque. Dans le troifiéme Difcours
l'Auteur fait voir l'étendue & les bornes
de la comparaiſon entre le Theatre antique
& le moderne , & difpofe l'efprit à
faire un parallele fans prévention & équitable
de l'un & de l'autre , en comparant
le caractere des Siecles & des Genies , des
Poëtes & des Spectateurs.
Après ce Difcours , l'Auteur entre dans
la premiere Partie de fon Ouvrage : Elle
II.Vol. 3. comprend
JUIN. 1730. 1383
comprend la Traduction entiere de fept
Tragedies , dont trois font de Sophocle
& quatre d'Euripide : il inftruit le Public
des raifons pour lefquelles il ne traduit
en entier aucune Piece d'Efchyle , le Pere
de la Tragedie. Quant à celles des deux
autres Poëtes , il n'a pas , dit- il , choiſi
les plus belles pour les traduire , mais
feulement celles qui lui ont paru avoir le
moins de ces manieres Grecques , fi capables
de nous choquer , à la reſerve de
celle d'Alceste , qu'il a traduite de deffein
formé , tout entiere : il rend raiſon de ce
qui l'a engagé à le faire.
Il explique enfuite fa penfée fur la Traduction
de ces Poëtes : & cette digreffion
fait voir la folidité du genie de l'Auteur ,
& combien il eft exact & judicieux. Défigurer
ces Pieces , dit-il , ce n'eft pas les
traduire ; c'eft là le défaut de la plûpart
des Traductions. Ce défaut vient de trois
caufes. La premiere eft une exactitude
fcrupuleuse à rendre mot pour mor le
Grec en François , & d'en fuivre les tours
dans la Traduction. La feconde confifte
à changer les expreffions reçûes dans le
bel ufage de l'antiquité en termes bas &
populaires , c'eſt une Parodie plutôt qu'u
ne Traduction. Le P. Brumoy reproche
cette malignité à M. Perrault. La troifié
me eft de rendre en François chaque Epi-
II. Vol.
Fij thete
1384 MERCURE DE FRANCE
2
thete & d'amortir par un allongement
vicieux tout le feu de la Poëfie Grecque.
L'Autheur développe enfuite la route
qu'il a fuivie dans fa Traduction : il a eu
foin de l'enrichir de Notes curieuſes , &
de mettre à la tête de chaque Tragedie le
Sujet expliqué , autant qu'il peut l'être
& à la fin quelques Obfervations fur le
gout & le tour de chacune de ces Pieces.
*-
La feconde Partie de l'Ouvrage eft com- ·
pofée d'environ 50. Pieces Theatrales . I
yen a fept d'Efchile , autant de Sophocle
, dix- huit d'Euripide , & autant d'Ariftophane
; l'Auteur ne les a pas traduites
au long , par l'impoffibilité qu'il y a
d'y réüffir , par rapport au gout de notre
fiecle : il en donne les preuves dans fon
Projet imprimé : il y a fuppléé par des
Analyfes raifonnées , ou prefque tout eft
traduction & où aucun trait confiderable
- n'eft obmis : & pour rendre ces Analyfes
auffi curieufes qu'utiles , le P.Brumoy a cu
foin de recueillir , en paffant , des traits
d'Hiftoire , & des pensées de divers Poëtes
qui y avoient quelque conformité , &
d'y joindre des caracteres & des tours
imités exprès , ou par hazard .
Le Theatre de Seneque fournit encore
à notre Auteur de quoi enrichir fon Ouvrage
, parce que la plupart des Pieces
Latines que nous avons fous ce nom , font,
II. Vol. .
dit-il ,
JUIN. 1730. 1283
dit-il , tirées des Grecs. Ainfi il en fait la
confrontation avec les Pieces Grecques ;
& il avertit le Lecteur qu'on regrettera
fans doute le Theatre Romain du fiecle
d'Augufte , que le tems nous a envié . Il
fait remarquer en paffant , que Seneque
& Lucain ont été en partie l'origine du
Theatre François : il fait à ce fujet une
belle comparaifon qui n'eft pas au défa
vantage de nos Poëtes , & qu'on peut voir
dans le projet auquel nous renvoyons.
Il n'a pas manqué de faire remarquer
les imitations qu'en ont fait les Modernes
, afin de jetter plus de lumieres fur les
Originaux qu'on veut connoître.
Le P. Brumoy ajoûte à ces deux Parties
du Theatre une troifiéme , qui concerne
le Theatre comique : elle comprend un
long Difcours fur la Comedie Grecque ;
les onze Pieces d'Ariſtophane rangées fuivant
l'ordre de leurs dattes , & une con
clufion generale de tout l'Ouvrage . Le
fujet du Difcours eft la perfonne & les
Ouvrages d'Ariftophane , fes partifans &
fes critiques , un jugement fur les uns &
les autres , la Comedie Romaine , & d'autres
Curiofités utiles. "
L'Auteur y joint des Obfervations neceffaires
pour lire avec fruit ce qu'il donne
d'Ariftophane ; les faftes de la guerre
du Peloponese , à laquelle prefque toutes
II. Vol.
Fii
les
1386 MERCURE DE FRANCE
les Pieces ont rapport. Dans le détail des
Pieces, outre la Traduction de tout ce qui
peut être traduit , ifexplique tous les évenemens
Hiftoriques qui y conviennent
& qui regardent pour la plupart le Gouvernement
d'Athénes. Enfin l'Auteur
dans la conclufion de fon Ouvrage , examine
le Theatre dans fes commencemens,
dans fon progrès & dans les diverfes décadences:
ils'attache à donner une vraïe idée
du genie d'Ariftophane , & de faire voir
le tour de fes railleries , fes défauts & les
beautés de fes peintures allegoriques , fur
tout celles du Peuple Athénien : il continuë
ces mêmes Réflexions à l'égard des
trois autres Poëtes , & donne ainfi une
nouvelle efpece de Poëtique par les faits.
Le feul Projet de cet Ouvrage fait connoître
le gout fin & l'exactitude des recherches
de l'Auteur du Theatre des
Grecs.
On a orné l'Ouvrage d'un Frontifpice ,
de plufieurs Vignettes , & d'une Carte.
Le fond du Frontifpice eft un Theatre
d'Ordre Ionien . Le Genie François qui
préfide à la Scene , leve leur rideau ; &
l'on voit la Déeffe d'Athénes fur un nuage.
Elle montre à Melpomene & à Thalie
, caracterifées par leurs Symboles , &
plus encore par les noms de nos plus illuftres
Poëtes François , un Olivier , dont
II. Vol.
le
UIN. 1730. 1387
le Tronc eft revêtu en Trophée de Théatre
, & des branches duquel pendent quatre
Médaillons où font les noms des qua
tre Poëtes Athéniens . Les Latins ne font
pas oubliez dans un Rouleau , porté par
un Génie.Quantité
d'autres petits Génies,
dont les vols & les attitudes fe contra
ftent , contribuent à animer le Deffein.
On a mis au bas ces deux Vers de Boi
leau.
Des fuccès fortunez du Théatre Tragi
que ,
Dans Athénes nâquit la Comédie antique.
Les Vignettes repreſentent les plus frap?
pantes fituations des Tragédies aufquelles
on les
auffi variez les fujets .
rapporte.
que
Les ornemens en font
La Carte ne pouvant montrer aux
yeux toute la Grece , vû fa grandeur, n'en
fait voir qu'une partie , mais la plus effentielle
pour le Livre ,
le Livre , fur tout pour l'intelligence
d'Ariftophane.
On a gravé auffi quelques Monnoyes
les Athéniennes. Le tout a été fait par
plus habiles Maîtres.
Les Caracteres & les Papiers font les
mêmes que ceux du Projet imprimé.
Les Exemplaires, en grand papier , font
imprimez fur le plus beau Grand-Raiſin
d'Auvergne.
II. Vol. Fiiij Or
1588 MERCURE DE FRANCË.
On avertit enfin qu'on ne tirera qu'un'
tres petit nombre d'Exemplaires de cet
Ouvrage,
Et quoiqu'il foit d'une dépenfe confidérable
, les trois volumes in 4 ° . petit
papier , ne fe vendront que 20 livres en
feuilles , & 30 , en grand papier , à ceux
qui s'affureront des premiers Exemplaires
; ils auront outre cela l'avantage des
premieres épreuves des Figures & Vignettes.
On s'adreffera à Paris , aux Libraires
ci -deffus ; & dans les Provinces
chez les principaux Libraires.
2
L'Ouvrage entier paroîtra au mois
d'Octobre de cette année 1730. en trois
volumes in 49. avec Figures , chez Rollin
pere & fils , Quay des Auguftins , & chez
Coignard, fils , rue S.Jacques.
LE THEATRE DES GRECS , dont leR.P.
Brumoy Jefuite , qui en eft l'Auteur , a
donné par avance l'idée & le plan imprimé
C'eft un Ouvrage de goût , qui avoit
toujours manqué à la République des
Lettres . Quatre ou cinq Pieces , foit Tragiques
, foit Comiques , données féparément
par quelques Sçavans , n'en ont
donné qu'une legere idée. Il étoit donc
neceffaire de réunir tous les précieux
reftes que le tems nous a confervez pour en
II. Vol. F com1382
MERCURE DE FRANCE
"
compofer un corps vivant & animé , &
pour rebâtir le Theatre ancien fur fes propres
débris. C'eft ce que l'Auteur dit fort
modeftement avoir effayé de faire après
un travail de neufannées.
Il divife fon Ouvrage en trois Parties.
La premiere eft précedée de trois Difcours
également utiles aux Sçavans de
-Profeffion , & aux Gens d'efprit , & qui
rendent le refte de l'Ouvrage avantageux
aux uns & aux autres. Le premier Difcours
traite de la maniere de confiderer le
Theatre des Grecs. Le but du P. Brumoy.
eft de bien convaincre le Lecteur que dans
le Pays de l'Antiquité , il faut marcher
avec de grandes précautions , quand il
s'agit de prononcer fur des Ouvrages de
gout : S'il eft des regles pour les expofer,
il en eft auffi pour en juger. Le fecond
-Difcours préliminaire a pour Sujet l'origine
& l'accroiffement de la Tragedie
Grecque. Dans le troifiéme Difcours
l'Auteur fait voir l'étendue & les bornes
de la comparaiſon entre le Theatre antique
& le moderne , & difpofe l'efprit à
faire un parallele fans prévention & équitable
de l'un & de l'autre , en comparant
le caractere des Siecles & des Genies , des
Poëtes & des Spectateurs.
Après ce Difcours , l'Auteur entre dans
la premiere Partie de fon Ouvrage : Elle
II.Vol. 3. comprend
JUIN. 1730. 1383
comprend la Traduction entiere de fept
Tragedies , dont trois font de Sophocle
& quatre d'Euripide : il inftruit le Public
des raifons pour lefquelles il ne traduit
en entier aucune Piece d'Efchyle , le Pere
de la Tragedie. Quant à celles des deux
autres Poëtes , il n'a pas , dit- il , choiſi
les plus belles pour les traduire , mais
feulement celles qui lui ont paru avoir le
moins de ces manieres Grecques , fi capables
de nous choquer , à la reſerve de
celle d'Alceste , qu'il a traduite de deffein
formé , tout entiere : il rend raiſon de ce
qui l'a engagé à le faire.
Il explique enfuite fa penfée fur la Traduction
de ces Poëtes : & cette digreffion
fait voir la folidité du genie de l'Auteur ,
& combien il eft exact & judicieux. Défigurer
ces Pieces , dit-il , ce n'eft pas les
traduire ; c'eft là le défaut de la plûpart
des Traductions. Ce défaut vient de trois
caufes. La premiere eft une exactitude
fcrupuleuse à rendre mot pour mor le
Grec en François , & d'en fuivre les tours
dans la Traduction. La feconde confifte
à changer les expreffions reçûes dans le
bel ufage de l'antiquité en termes bas &
populaires , c'eſt une Parodie plutôt qu'u
ne Traduction. Le P. Brumoy reproche
cette malignité à M. Perrault. La troifié
me eft de rendre en François chaque Epi-
II. Vol.
Fij thete
1384 MERCURE DE FRANCE
2
thete & d'amortir par un allongement
vicieux tout le feu de la Poëfie Grecque.
L'Autheur développe enfuite la route
qu'il a fuivie dans fa Traduction : il a eu
foin de l'enrichir de Notes curieuſes , &
de mettre à la tête de chaque Tragedie le
Sujet expliqué , autant qu'il peut l'être
& à la fin quelques Obfervations fur le
gout & le tour de chacune de ces Pieces.
*-
La feconde Partie de l'Ouvrage eft com- ·
pofée d'environ 50. Pieces Theatrales . I
yen a fept d'Efchile , autant de Sophocle
, dix- huit d'Euripide , & autant d'Ariftophane
; l'Auteur ne les a pas traduites
au long , par l'impoffibilité qu'il y a
d'y réüffir , par rapport au gout de notre
fiecle : il en donne les preuves dans fon
Projet imprimé : il y a fuppléé par des
Analyfes raifonnées , ou prefque tout eft
traduction & où aucun trait confiderable
- n'eft obmis : & pour rendre ces Analyfes
auffi curieufes qu'utiles , le P.Brumoy a cu
foin de recueillir , en paffant , des traits
d'Hiftoire , & des pensées de divers Poëtes
qui y avoient quelque conformité , &
d'y joindre des caracteres & des tours
imités exprès , ou par hazard .
Le Theatre de Seneque fournit encore
à notre Auteur de quoi enrichir fon Ouvrage
, parce que la plupart des Pieces
Latines que nous avons fous ce nom , font,
II. Vol. .
dit-il ,
JUIN. 1730. 1283
dit-il , tirées des Grecs. Ainfi il en fait la
confrontation avec les Pieces Grecques ;
& il avertit le Lecteur qu'on regrettera
fans doute le Theatre Romain du fiecle
d'Augufte , que le tems nous a envié . Il
fait remarquer en paffant , que Seneque
& Lucain ont été en partie l'origine du
Theatre François : il fait à ce fujet une
belle comparaifon qui n'eft pas au défa
vantage de nos Poëtes , & qu'on peut voir
dans le projet auquel nous renvoyons.
Il n'a pas manqué de faire remarquer
les imitations qu'en ont fait les Modernes
, afin de jetter plus de lumieres fur les
Originaux qu'on veut connoître.
Le P. Brumoy ajoûte à ces deux Parties
du Theatre une troifiéme , qui concerne
le Theatre comique : elle comprend un
long Difcours fur la Comedie Grecque ;
les onze Pieces d'Ariſtophane rangées fuivant
l'ordre de leurs dattes , & une con
clufion generale de tout l'Ouvrage . Le
fujet du Difcours eft la perfonne & les
Ouvrages d'Ariftophane , fes partifans &
fes critiques , un jugement fur les uns &
les autres , la Comedie Romaine , & d'autres
Curiofités utiles. "
L'Auteur y joint des Obfervations neceffaires
pour lire avec fruit ce qu'il donne
d'Ariftophane ; les faftes de la guerre
du Peloponese , à laquelle prefque toutes
II. Vol.
Fii
les
1386 MERCURE DE FRANCE
les Pieces ont rapport. Dans le détail des
Pieces, outre la Traduction de tout ce qui
peut être traduit , ifexplique tous les évenemens
Hiftoriques qui y conviennent
& qui regardent pour la plupart le Gouvernement
d'Athénes. Enfin l'Auteur
dans la conclufion de fon Ouvrage , examine
le Theatre dans fes commencemens,
dans fon progrès & dans les diverfes décadences:
ils'attache à donner une vraïe idée
du genie d'Ariftophane , & de faire voir
le tour de fes railleries , fes défauts & les
beautés de fes peintures allegoriques , fur
tout celles du Peuple Athénien : il continuë
ces mêmes Réflexions à l'égard des
trois autres Poëtes , & donne ainfi une
nouvelle efpece de Poëtique par les faits.
Le feul Projet de cet Ouvrage fait connoître
le gout fin & l'exactitude des recherches
de l'Auteur du Theatre des
Grecs.
On a orné l'Ouvrage d'un Frontifpice ,
de plufieurs Vignettes , & d'une Carte.
Le fond du Frontifpice eft un Theatre
d'Ordre Ionien . Le Genie François qui
préfide à la Scene , leve leur rideau ; &
l'on voit la Déeffe d'Athénes fur un nuage.
Elle montre à Melpomene & à Thalie
, caracterifées par leurs Symboles , &
plus encore par les noms de nos plus illuftres
Poëtes François , un Olivier , dont
II. Vol.
le
UIN. 1730. 1387
le Tronc eft revêtu en Trophée de Théatre
, & des branches duquel pendent quatre
Médaillons où font les noms des qua
tre Poëtes Athéniens . Les Latins ne font
pas oubliez dans un Rouleau , porté par
un Génie.Quantité
d'autres petits Génies,
dont les vols & les attitudes fe contra
ftent , contribuent à animer le Deffein.
On a mis au bas ces deux Vers de Boi
leau.
Des fuccès fortunez du Théatre Tragi
que ,
Dans Athénes nâquit la Comédie antique.
Les Vignettes repreſentent les plus frap?
pantes fituations des Tragédies aufquelles
on les
auffi variez les fujets .
rapporte.
que
Les ornemens en font
La Carte ne pouvant montrer aux
yeux toute la Grece , vû fa grandeur, n'en
fait voir qu'une partie , mais la plus effentielle
pour le Livre ,
le Livre , fur tout pour l'intelligence
d'Ariftophane.
On a gravé auffi quelques Monnoyes
les Athéniennes. Le tout a été fait par
plus habiles Maîtres.
Les Caracteres & les Papiers font les
mêmes que ceux du Projet imprimé.
Les Exemplaires, en grand papier , font
imprimez fur le plus beau Grand-Raiſin
d'Auvergne.
II. Vol. Fiiij Or
1588 MERCURE DE FRANCË.
On avertit enfin qu'on ne tirera qu'un'
tres petit nombre d'Exemplaires de cet
Ouvrage,
Et quoiqu'il foit d'une dépenfe confidérable
, les trois volumes in 4 ° . petit
papier , ne fe vendront que 20 livres en
feuilles , & 30 , en grand papier , à ceux
qui s'affureront des premiers Exemplaires
; ils auront outre cela l'avantage des
premieres épreuves des Figures & Vignettes.
On s'adreffera à Paris , aux Libraires
ci -deffus ; & dans les Provinces
chez les principaux Libraires.
2
L'Ouvrage entier paroîtra au mois
d'Octobre de cette année 1730. en trois
volumes in 49. avec Figures , chez Rollin
pere & fils , Quay des Auguftins , & chez
Coignard, fils , rue S.Jacques.
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Résumé : Le Théatre des Grecs, &c. [titre d'après la table]
Le Père Brumoy, jésuite, annonce la publication prochaine de son ouvrage intitulé 'Le Théâtre des Grecs'. Ce livre, résultant de neuf années de travail, a pour objectif de rassembler les vestiges précieux du théâtre grec afin de reconstruire le théâtre ancien à partir de ses propres ruines. L'ouvrage est structuré en trois parties. La première partie, précédée de trois discours préliminaires, présente la traduction intégrale de sept tragédies, incluant trois de Sophocle et quatre d'Euripide. Le Père Brumoy justifie ses choix de traduction et critique les défauts des traductions existantes. La deuxième partie regroupe environ cinquante pièces théâtrales, parmi lesquelles des tragédies d'Eschyle, Sophocle, Euripide et des comédies d'Aristophane, analysées de manière raisonnée. La troisième partie se concentre sur le théâtre comique, avec un long discours sur la comédie grecque et les œuvres d'Aristophane. L'ouvrage est enrichi de notes curieuses, d'observations sur le goût et le style de chaque pièce, ainsi que de comparaisons avec le théâtre romain et français. Il est illustré d'un frontispice, de vignettes et d'une carte. Les exemplaires seront disponibles en octobre 1730 chez Rollin père et fils, ainsi que chez Coignard fils.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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28
p. 1962-1967
ÉLOGE du R. P. du Cerceau de la Compagnie de Jesus.
Début :
Le Pere Jean Antoine du Cerceau est mort subitement à Veret, le quatréme [...]
Mots clefs :
Histoire, Ouvrage, Compagnie de Jésus, Recueil, Jean-Antoine du Cerceau, Mort
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ÉLOGE du R. P. du Cerceau de la Compagnie de Jesus.
ELOGE du R. P. du Cerceau de la
Compagnie de Jefus.
L
E Pere Jean Antoine du Cerceau eft
mort fubitement à Veret , le quatriéme
de Juillet de cette année , âgé d'environ
60, ans. Il éroit né à Paris , l'an 1670 .
& il étoit né Poëte. Il fe diftingua de
bonne heure dans la Compagnie de Jefus
où Dieu l'avoit appellé , par des Poëmes
dont les Connoiffeurs admirerent la Verfification
& la Latinité. Les fujets de ces
Poëmes font les Poules , les Papillons , Baltazar
& l'Enfant Prodigue , Piéce de Thea
tre qu'il a traduite en Vers François , &
qui
SEPTEMBRE . 1730. 1963
qui repréſentée plufieurs fois , a toujours
fait répandre beaucoup de larmes . On a
un Recueil de fes Vers Latins.
,
Il quitta bientôt les Mufes Latines trop
férieufes ingrat à leurs bienfaits , il fe
livra entierement à fon génie qui le portoit
à une Poëfie familiere , fans baffeffe
naïve avec efprit , negligée en apparence,
& travaillée en effet , délicate & piquante
, qui retient quelques termes anciens
de Marot , & qui copie plus exactement
fa maniere de penfer que fon langage.
Le P. du Cerceau étoit original en ce
genre d'écrire ; le Recueil de fes Ouvrages
a été imprimé plufieurs fois chez
Etienne , fans nom d'Auteur ; on y apprend
que les Mufes badines lui atirerent
d'affez grands chagrins . Ses Poëfies ne font
pas les feuls fruits d'un génie heureux ;
les Lettres d'un Abbé à Eudoxe fur l'Apologie
des Provinciales ; deux petites Satyres,
où regne la meilleure plaifanterie , & la
Critique de l'Hiftoire des Flagellan's , écrite
en Latin par l'Abbé Boileau , prouvent
que fa Profe avoit toute la vivacité &
toute la fineffe de fes Vers.
Le P. du Cerceau n'étoit pas borné à
cette efpece d'Ouvrage , dont la délicateffe
fait tout le prix ; il s'élevoit quand
il vouloit en prendre la peine. L'Oraifon
du Dauphin prononcée à Bourges , & imprimée
1964 MERCURE DE FRANCE
primée , ne laiffe pas douter qu'il n'eut
tenu un rang parmi les Orateurs , fi l'éloquence
avoit eu pour lui les attraits de la
Poëfie.
Son efprit étoit de ces efprits faciles
qui prennent aifément toutes les formes .
Sa Compagnie s'eft fervie de fa plume
contre l'étonnante calomnie de Breft , fi
temerairement entrepriſe , fi pleinement
découverte & fi folemnellement jugée.
Les Factums font de lui.
Engagé par quelques circonftances à
donner l'Hiftoire de la derniere Révolution
de Perfe fur d'excellens Mémoires ; cẹt
Ouvrage achevé en peu de tems fait regreter
qu'il n'ait donné au Public que cette
Hiftoire.
,
Ceux entre les mains defquels fes papiers
font tombés pourroient rendre public
un Ouvrage auquel il ne manque
que cinq ou fix pages ; c'eft l'Hiftoire de
Nicolo Gabrins , fils d'une Lavandiere
qui entreprit l'an 1447. de rétablir la République
Romaine. Cet évenement peu
connu , joint les agréables furprifes du
Roman à la verité de l'Hiftoire , on s'étonnera
qu'il n'ait pas mis la derniere
. main à un Ouvrage prefque fini 25. ans
avant fa mort , ceux qui s'en étonneront
n'ont pas connu le Pere du Cerceau ; fon
eſprit lui a rendu de grands fervices , par
recon
J
SEPTEMBRE . 1730. 1965
reconnoiffance il ne le contraignoit pas ,
il en fuivoit avec trop de complaifance
les mouvemens les moins reglés ; combien
d'ouvrages a t'il commencés tandis
qu'une certaine impetuofité d'imagination
duroit , il les pouffoit avec vigueur , il y
employoit les jours & les nuits ; dès que
cette imagination un peu capricieuſe fe
refroidiffoit , il les abandonnoit & les
oublioit entierement. La lifte de fes Ouvrages
commencés feroit longue ; on y
verroit des Commentaires François fur
Horace , fur les Lettres de Pline , fur les
Dialogues de Ciceron de la Nature des
Dieux , aucun des trois n'a paffé quelques
cayers . Il a pouffé plus loin des Ouvrages
d'un moindre projet , entr'autres un
Effai fur le caractere du ftile Poëtique & un
Traité de la Perspective . On n'auroit pas
dû attendre un Traité de Mathematique
d'un homme que les Belles Lettres ont
occupé toute la vie ; mais , je l'ai déja dit,
fon efprit prenoit toutes les formes . Divers
Extraits qu'on lit dans les Mémoires
de Trévoux , aufquels il a travaillé plufieurs
années , en differens tems , prouvent
que les recherches les plus épineufes
ne l'effrayoient pas , & qu'il en foûtenoit
la peine , pourvû qu'il ne fallut pas la
foûtenir long tems. Engagé fur la fin de
fa vie à défendre une explication d'Horacc
1966 MERCURE DE FRANCE
race qu'il avoit fuggerée au P. Sanadon
il est entré dans ce que l'ancienne Mufique
a de plus profond , & de plus inacceffible
; il y a porté la lumiere , & repouffé
les attaques d'un fçavant Adverfaire
avec tant de force que la victoire eft
encore douteuſe ; il aimoit la Mufique ,
jufqu'à la pratiquer , & il a compofé plufieurs
Airs.
La plupart des Pièces que les Penfionnaires
du College de Louis le Grand
jouënt chaque année font de lui ; ils ont
repréfenté plus d'une fois avec un fuccès
conftant Lefaux Duc de Bourgogne , Efope
au College , l'Ecole des Peres , le Point
d'honneur & les Confins. Le fort du
Philofophe à la mode , du Riche imaginaire
& d'Euloge a été moins heureux. Le
Pere du Cerceau cheififfoit bien fon fujet;
il peignoit à merveille le ridicule ; fes caracteres
étoient foutenus ; fon Comique
n'étoit jamais plat ; mais il ſe laiffoit preffer
; il croquoit quelquefois fes Tableaux
& fa Verfification fe fentoit trop de la
précipitation de fon travail ; il auroit
égalé les meilleurs Comiques s'il avoit pû
retoucher fes Piéces , fon génie un peu
trop libertin ne le lui permettoit pas . Les
qualités de fon coeur le rendoient encore
plus eſtimable que la beauté de fon efprit;
il étoit d'un commerce doux & aifé , fans
ambi.
SEPTEMBRE . 1730. 1967
ambition & incapable d'envie. On le
voyoit avec plaifir dans le grand monde ,
& il ne le cherchoit pas : eftimé dans fon
Corps dont il rempliffoit les devoirs fans
oftentation. Les larmes du Prince de Conti
fon Eleve , font l'éloge & de l'illuftre Dif
ciple & du Maître.
Compagnie de Jefus.
L
E Pere Jean Antoine du Cerceau eft
mort fubitement à Veret , le quatriéme
de Juillet de cette année , âgé d'environ
60, ans. Il éroit né à Paris , l'an 1670 .
& il étoit né Poëte. Il fe diftingua de
bonne heure dans la Compagnie de Jefus
où Dieu l'avoit appellé , par des Poëmes
dont les Connoiffeurs admirerent la Verfification
& la Latinité. Les fujets de ces
Poëmes font les Poules , les Papillons , Baltazar
& l'Enfant Prodigue , Piéce de Thea
tre qu'il a traduite en Vers François , &
qui
SEPTEMBRE . 1730. 1963
qui repréſentée plufieurs fois , a toujours
fait répandre beaucoup de larmes . On a
un Recueil de fes Vers Latins.
,
Il quitta bientôt les Mufes Latines trop
férieufes ingrat à leurs bienfaits , il fe
livra entierement à fon génie qui le portoit
à une Poëfie familiere , fans baffeffe
naïve avec efprit , negligée en apparence,
& travaillée en effet , délicate & piquante
, qui retient quelques termes anciens
de Marot , & qui copie plus exactement
fa maniere de penfer que fon langage.
Le P. du Cerceau étoit original en ce
genre d'écrire ; le Recueil de fes Ouvrages
a été imprimé plufieurs fois chez
Etienne , fans nom d'Auteur ; on y apprend
que les Mufes badines lui atirerent
d'affez grands chagrins . Ses Poëfies ne font
pas les feuls fruits d'un génie heureux ;
les Lettres d'un Abbé à Eudoxe fur l'Apologie
des Provinciales ; deux petites Satyres,
où regne la meilleure plaifanterie , & la
Critique de l'Hiftoire des Flagellan's , écrite
en Latin par l'Abbé Boileau , prouvent
que fa Profe avoit toute la vivacité &
toute la fineffe de fes Vers.
Le P. du Cerceau n'étoit pas borné à
cette efpece d'Ouvrage , dont la délicateffe
fait tout le prix ; il s'élevoit quand
il vouloit en prendre la peine. L'Oraifon
du Dauphin prononcée à Bourges , & imprimée
1964 MERCURE DE FRANCE
primée , ne laiffe pas douter qu'il n'eut
tenu un rang parmi les Orateurs , fi l'éloquence
avoit eu pour lui les attraits de la
Poëfie.
Son efprit étoit de ces efprits faciles
qui prennent aifément toutes les formes .
Sa Compagnie s'eft fervie de fa plume
contre l'étonnante calomnie de Breft , fi
temerairement entrepriſe , fi pleinement
découverte & fi folemnellement jugée.
Les Factums font de lui.
Engagé par quelques circonftances à
donner l'Hiftoire de la derniere Révolution
de Perfe fur d'excellens Mémoires ; cẹt
Ouvrage achevé en peu de tems fait regreter
qu'il n'ait donné au Public que cette
Hiftoire.
,
Ceux entre les mains defquels fes papiers
font tombés pourroient rendre public
un Ouvrage auquel il ne manque
que cinq ou fix pages ; c'eft l'Hiftoire de
Nicolo Gabrins , fils d'une Lavandiere
qui entreprit l'an 1447. de rétablir la République
Romaine. Cet évenement peu
connu , joint les agréables furprifes du
Roman à la verité de l'Hiftoire , on s'étonnera
qu'il n'ait pas mis la derniere
. main à un Ouvrage prefque fini 25. ans
avant fa mort , ceux qui s'en étonneront
n'ont pas connu le Pere du Cerceau ; fon
eſprit lui a rendu de grands fervices , par
recon
J
SEPTEMBRE . 1730. 1965
reconnoiffance il ne le contraignoit pas ,
il en fuivoit avec trop de complaifance
les mouvemens les moins reglés ; combien
d'ouvrages a t'il commencés tandis
qu'une certaine impetuofité d'imagination
duroit , il les pouffoit avec vigueur , il y
employoit les jours & les nuits ; dès que
cette imagination un peu capricieuſe fe
refroidiffoit , il les abandonnoit & les
oublioit entierement. La lifte de fes Ouvrages
commencés feroit longue ; on y
verroit des Commentaires François fur
Horace , fur les Lettres de Pline , fur les
Dialogues de Ciceron de la Nature des
Dieux , aucun des trois n'a paffé quelques
cayers . Il a pouffé plus loin des Ouvrages
d'un moindre projet , entr'autres un
Effai fur le caractere du ftile Poëtique & un
Traité de la Perspective . On n'auroit pas
dû attendre un Traité de Mathematique
d'un homme que les Belles Lettres ont
occupé toute la vie ; mais , je l'ai déja dit,
fon efprit prenoit toutes les formes . Divers
Extraits qu'on lit dans les Mémoires
de Trévoux , aufquels il a travaillé plufieurs
années , en differens tems , prouvent
que les recherches les plus épineufes
ne l'effrayoient pas , & qu'il en foûtenoit
la peine , pourvû qu'il ne fallut pas la
foûtenir long tems. Engagé fur la fin de
fa vie à défendre une explication d'Horacc
1966 MERCURE DE FRANCE
race qu'il avoit fuggerée au P. Sanadon
il est entré dans ce que l'ancienne Mufique
a de plus profond , & de plus inacceffible
; il y a porté la lumiere , & repouffé
les attaques d'un fçavant Adverfaire
avec tant de force que la victoire eft
encore douteuſe ; il aimoit la Mufique ,
jufqu'à la pratiquer , & il a compofé plufieurs
Airs.
La plupart des Pièces que les Penfionnaires
du College de Louis le Grand
jouënt chaque année font de lui ; ils ont
repréfenté plus d'une fois avec un fuccès
conftant Lefaux Duc de Bourgogne , Efope
au College , l'Ecole des Peres , le Point
d'honneur & les Confins. Le fort du
Philofophe à la mode , du Riche imaginaire
& d'Euloge a été moins heureux. Le
Pere du Cerceau cheififfoit bien fon fujet;
il peignoit à merveille le ridicule ; fes caracteres
étoient foutenus ; fon Comique
n'étoit jamais plat ; mais il ſe laiffoit preffer
; il croquoit quelquefois fes Tableaux
& fa Verfification fe fentoit trop de la
précipitation de fon travail ; il auroit
égalé les meilleurs Comiques s'il avoit pû
retoucher fes Piéces , fon génie un peu
trop libertin ne le lui permettoit pas . Les
qualités de fon coeur le rendoient encore
plus eſtimable que la beauté de fon efprit;
il étoit d'un commerce doux & aifé , fans
ambi.
SEPTEMBRE . 1730. 1967
ambition & incapable d'envie. On le
voyoit avec plaifir dans le grand monde ,
& il ne le cherchoit pas : eftimé dans fon
Corps dont il rempliffoit les devoirs fans
oftentation. Les larmes du Prince de Conti
fon Eleve , font l'éloge & de l'illuftre Dif
ciple & du Maître.
Fermer
Résumé : ÉLOGE du R. P. du Cerceau de la Compagnie de Jesus.
Le Père Jean Antoine du Cerceau, né à Paris en 1670, est décédé subitement à Veret le 4 juillet 1730 à l'âge d'environ 60 ans. Il était poète et membre de la Compagnie de Jésus. Ses poèmes en latin étaient admirés pour leur versification et leur latinité. Ses sujets de prédilection incluaient les poules, les papillons, Baltazar, et une pièce de théâtre traduite en vers français, 'L'Enfant Prodigue', qui a connu plusieurs représentations réussies. Du Cerceau a ensuite abandonné la poésie latine pour se consacrer à une poésie familière, naïve et spirituelle, caractérisée par une apparence négligée mais travaillée. Il a publié plusieurs recueils de ses œuvres, souvent sans nom d'auteur, et a écrit des lettres, des satires et des critiques littéraires. Son esprit versatile lui permettait de s'adapter à divers genres littéraires. Il a également écrit des discours, comme l'oraison du Dauphin prononcée à Bourges, et a contribué à des écrits contre la calomnie de Brest. Engagé par des circonstances, il a rédigé l'histoire de la dernière révolution de Perse et a commencé plusieurs autres ouvrages, dont une histoire de Nicolò Gabrins, qu'il n'a pas achevée. Du Cerceau a également composé des airs de musique et a écrit des pièces de théâtre jouées par les pensionnaires du Collège de Louis le Grand. Ses qualités humaines, telles que sa douceur et son absence d'ambition, étaient remarquables. Les larmes du Prince de Conti, son élève, témoignent de l'estime et de l'affection qu'il inspirait.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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29
p. 2425-2432
Histoire generale de Languedoc, &c. [titre d'après la table]
Début :
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC, avec des Notes & les Pieces justificatives, [...]
Mots clefs :
Languedoc, Histoire, Province, France, Narbonne, Ouvrage, Événements
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Histoire generale de Languedoc, &c. [titre d'après la table]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC ,
avec des Notes & les Pieces juftificatives ,
compofée fur les Auteurs & les Titres
originaux & enrichie de divers Monu-
E mens
2
2426 MERCURE DE FRANCE .
mens , par deux Religieux Benedictins de
la Congrégation de S. Maur. Tome premier
, vol. in-folio de 758. pages , fans
des Preuves & la Table generale des noms
& des Matieres , qui en contiennent 214.
A Paris , chez Jacques Vincent , rue S.Severin
, à l'Ange , M. DCC. XXX.
Une Hiftoire entiere & exacte de la
Province de Languedoc mérite fans
doute une attention finguliere . Le Languedoc
eft une des plus belles & des plus
grandes Provinces du Royaume , des
mieux fituées, & peut- être la plus féconde
en Evenemens.En effet ce Pays comprend ,
outre prefque toute la Narbonnoife I. une
partie confiderable de l'Aquitaine I , avec
une portion de la Viennoife & de la No.
vempopulanie , Régions qui n'ayant été
unies pour former un même corps ,
que vers le commencement du XIII. fie
cle , il n'a pas été poffible , en rapportang
les Evenemens qui s'y font paffez , de ne
pas parler jufqu'à ce temps -là , à caufe
de la neceffité de leur liaiſon , de ceux
des anciennes Provinces, dont ils faifoient
autrefois partie.
Il faut d'ailleurs remarquer que pendant
plufieurs ficcles , Narbonne a été la
Métropole de toute la Narbonnoife &
Toulouſe , en trois differens temps , la Capitale
d'un Royaume fort étendu ; que le
DoNOVEMBRE.
1730. 2427
at
12
&
Ca
le
Domaine des Ducs de Septimanie ou Mar
quis de Gothie & des Comtes de Tou
loufe renfermoit une partie confiderable
des Provinces voifines ; enfin, que depuis
que le nom de Languedoc fut mis en
ufage au XIII . fiecle , on comprit fous
cette domination , jufqu'au regne de Char
les VII. prefque la moitié de la France, ce
qui fait que cette nouvelle Hiftoire eft
plutôt celle de la Partie Méridionale du
Royaume , que celle d'une Province particuliere
. C'eft auffi ce qui a engagé nos
Auteurs à remplir une vafte carriere, fans
qu'on puiffe leur reprocher d'avoir paffé
au-delà des bornes de leur fujet .
*
Il y a lieu , au reſte , de s'étonner que
ce même fujet fi vafte , fi noble , fi intereffant
, fi digne enfin de former un
beau corps d'Hiftoire , ait été négligé juſqu'au
point qu'on peut dire , que ceux qui
jufqu'ici ont travaillé à l'Hiſtoire de Languedoc
, n'en ont donné que des ébauches
très- imparfaites.
Un projet mieux concerté , fuivi d'une
execution parfaite , étoit réfervé à des
temps plus heureux & à des hommes plus
capables de s'en acquitter. Les RR . PP.
D. Gabriel Marcland , & D, Pierre Auzieres
, Benedictins de la Congrégation
de S. Maur , furent d'abord chargez de
ce grand Ouvrage en l'année 1709. Les
E ij RR ,
2428 MERCURE DE FRANCE
RR.PP.D. Claude de Vic , & D. Jofeph
Vaiffete , de la même Congrégation , leur
furent fubftituez en l'année 1715. & font
venus enfin heureufement à bout de l'executer.
Une Préface affez étendue , & qui n'ennuye
point , inftruit le Lecteur de plufieurs
chofes neceffaires à fçavoir , avant
que d'entreprendre la lecture de cette
Hiftoire ; elle en contient auffi le Plan
general , & on remarque en particulier
La reconnoiffance des fçavans Auteurs
envers toutes les perfonnes qui ont concouru
, foit par leur protection , ſoit par
des fecours litteraires , à l'avancement &
à la perfection de leur Ouvrage : entre
les premiers on diftingue MM. de la Berchere
& de Beauveau , fucceffivement Archevêques
de Narbonne, & Préfidens - nez
des Etats de la Province de Languedoc.
Ce premier volume eft divifé en dix
Livres , qui commencent ou finiffent tous
par quelque Epoque remarquable. Le prémier
comprend l'Hiftoire de la Tranfmigration
& des Expeditions des Tectofages
& de leur établiffement dans la Galarie.
Le fecond & le troifiéme contiennent
les Révolutions arrivées dans la Province,
tandis qu'elle fut entierement foumise à
la République Romaine,ou qu'elle fit partie
de l'Empire.
L'enNOVEMBRE.
1730. 2420
3
L'entrée & l'établiffement des Viligots
dans les Gaules , la fondation de leur
Royaume de Touloule , & la conquête
qu'ils firent enfin de toute la Narbonnoife
premiere , font la príncipale matiere
du quatriéme Livre.
१
Le cinquiéme reprefente ces Peuples
Maîtres de prefque tout le Languedoc
jufqu'au commencement du VI fiecle
que les François leur enleverent une partie
de cette Province , avec tout ce qu'ils
poffedoient en Aquitaine. On y voit aufft
la tranflation du Siege de leur Royaume
au- delà des Pyrenées .
Le Vie & le VIIe renferment les divers
évenemens arrivez dans le Languedoc
, pendant le temps que cette Provin
ce étoit partagée entre les François & les
Vifigots, jufqu'à la deftruction du Royaume
de ces derniers , par l'invafion des Sarrafins.
L'Hiftoire de la Province fous le regne
des Sarafins , fait la matiere du VIII Li
vre. On y voit leurs differentes incurfons
dans les Gaules , leur expulfion pat
Charles Martel & par Pepin le Bref ; l'u
nion que fit ce dernier de Septimanie à
La Couronne , & enfin la réunion du reſte
du Languedoc.
Le I Xe Livre commence par l'érection
que fit Charlemagne de l'Aquitaine ent
Eiij Royau
•
2430 MERCURE DE FRANCE
Royaume. Touloufe en fut la Capitale ,
& la Septimanie en fit long- temps partie
, ce qui a engagé nos Hiftoriens à s'étendre
fur les évenemens qui s'y font paffez
& qui font tout- à-fait de leur fujet .
Le X Livre finit par la réunion de ce
Royaume au refte de la Monarchie , &
l'extinction de ſes Rois particuliers, après
la mort de Charles le Chauve. C'eſt- là le
Plan de ce premier volume, qui eft écrit
d'un ftile noble & fimple tout enfemble ,
avec une diction pure,& qui attache agréablement
le Lecteur.
On n'a rien épargné , au refte , pour
orner cet Ouvrage , mais tous les ornemens
y font utiles & inftructifs.
Outre une bonne Carte de toute la Gaule
Narbonnoiſe , des Deffeins exacts & trèsbien
gravez , des Antiquitez dont on *
voit encore les reftes à Nifmes , & le Plan
& élevation du fameux Pont du Gard ,
on voit à la tête de chaque Livre & au
commencement des Notes , qui font un
corps d'ouvrage féparé à la fin de l'Hiftoire,
on voit , dis-je, une fort belle Eftampe
en Vignette , qui en reprefente le principal
fujer. D'habiles Peintres , comme
MT Cazes , Retout , &c. en ont donné les
Deffeins , & des Graveurs de réputation
* Le Temple de Diane , la Maiſon Quarrés,
Amphiteatre,
les
NOVEMBRE. 1730. 2431
les ont executez . Deux de ces Eftampes
nous ont particulierement frappés. La premiere
eft à la tête du III Livre, & reprefente
la dédicace du fameux Autel de
Narbonne , érigé en l'honneur d'Augufte,
furquoi nos Hiftoriens ont dit des chofes
très-curieufes ; le Deffein eft de M. Cazes,
& la feconde à la tête du corps des Notes
, peint admirablement bien le Port de
Cette. Elle eft de l'invention de M. Rigaud
de Marfeille , qui excelle particulierement
dans les Marines , & qui l'a
auffi fort bien gravée.
Nous ne dirons rien des Lettres grifes ,
autre ornement d'une bonne main , qui
fe trouve à la tête de chaque Livre , &
qui n'eft pas moins agréable qu'inftructif.
On en voit l'explication à la fin de la
Préface , page xx .
Il nous refte à dire que ce premier Volume
, qui fera fuivi de plufieurs autres ,
eft dédié aux Etats de la Province de Languedoc
, dont on voit la Sale & l'ordre
de leur Affemblée generale , repréfentée
dans une belle Eftampe qui eft à la tête
d'une Epitre Dédicatoire , digne du fujet
& des Hiftoriens qui l'ont traitée. Les De
putez des Etats , ayant à leur tête M. de
Beauveau , Archevêque de Narbonne
Préfident , curent l'honneur de le préſenter
au Roi le 30. Août dernier , jour de
E iiij la
2432 MERCURE DE FRANCE
la Naiffance de M. le Duc d'Anjou , &
S. M. le reçut avec des marques de fatisfaction
& de bonté.
avec des Notes & les Pieces juftificatives ,
compofée fur les Auteurs & les Titres
originaux & enrichie de divers Monu-
E mens
2
2426 MERCURE DE FRANCE .
mens , par deux Religieux Benedictins de
la Congrégation de S. Maur. Tome premier
, vol. in-folio de 758. pages , fans
des Preuves & la Table generale des noms
& des Matieres , qui en contiennent 214.
A Paris , chez Jacques Vincent , rue S.Severin
, à l'Ange , M. DCC. XXX.
Une Hiftoire entiere & exacte de la
Province de Languedoc mérite fans
doute une attention finguliere . Le Languedoc
eft une des plus belles & des plus
grandes Provinces du Royaume , des
mieux fituées, & peut- être la plus féconde
en Evenemens.En effet ce Pays comprend ,
outre prefque toute la Narbonnoife I. une
partie confiderable de l'Aquitaine I , avec
une portion de la Viennoife & de la No.
vempopulanie , Régions qui n'ayant été
unies pour former un même corps ,
que vers le commencement du XIII. fie
cle , il n'a pas été poffible , en rapportang
les Evenemens qui s'y font paffez , de ne
pas parler jufqu'à ce temps -là , à caufe
de la neceffité de leur liaiſon , de ceux
des anciennes Provinces, dont ils faifoient
autrefois partie.
Il faut d'ailleurs remarquer que pendant
plufieurs ficcles , Narbonne a été la
Métropole de toute la Narbonnoife &
Toulouſe , en trois differens temps , la Capitale
d'un Royaume fort étendu ; que le
DoNOVEMBRE.
1730. 2427
at
12
&
Ca
le
Domaine des Ducs de Septimanie ou Mar
quis de Gothie & des Comtes de Tou
loufe renfermoit une partie confiderable
des Provinces voifines ; enfin, que depuis
que le nom de Languedoc fut mis en
ufage au XIII . fiecle , on comprit fous
cette domination , jufqu'au regne de Char
les VII. prefque la moitié de la France, ce
qui fait que cette nouvelle Hiftoire eft
plutôt celle de la Partie Méridionale du
Royaume , que celle d'une Province particuliere
. C'eft auffi ce qui a engagé nos
Auteurs à remplir une vafte carriere, fans
qu'on puiffe leur reprocher d'avoir paffé
au-delà des bornes de leur fujet .
*
Il y a lieu , au reſte , de s'étonner que
ce même fujet fi vafte , fi noble , fi intereffant
, fi digne enfin de former un
beau corps d'Hiftoire , ait été négligé juſqu'au
point qu'on peut dire , que ceux qui
jufqu'ici ont travaillé à l'Hiſtoire de Languedoc
, n'en ont donné que des ébauches
très- imparfaites.
Un projet mieux concerté , fuivi d'une
execution parfaite , étoit réfervé à des
temps plus heureux & à des hommes plus
capables de s'en acquitter. Les RR . PP.
D. Gabriel Marcland , & D, Pierre Auzieres
, Benedictins de la Congrégation
de S. Maur , furent d'abord chargez de
ce grand Ouvrage en l'année 1709. Les
E ij RR ,
2428 MERCURE DE FRANCE
RR.PP.D. Claude de Vic , & D. Jofeph
Vaiffete , de la même Congrégation , leur
furent fubftituez en l'année 1715. & font
venus enfin heureufement à bout de l'executer.
Une Préface affez étendue , & qui n'ennuye
point , inftruit le Lecteur de plufieurs
chofes neceffaires à fçavoir , avant
que d'entreprendre la lecture de cette
Hiftoire ; elle en contient auffi le Plan
general , & on remarque en particulier
La reconnoiffance des fçavans Auteurs
envers toutes les perfonnes qui ont concouru
, foit par leur protection , ſoit par
des fecours litteraires , à l'avancement &
à la perfection de leur Ouvrage : entre
les premiers on diftingue MM. de la Berchere
& de Beauveau , fucceffivement Archevêques
de Narbonne, & Préfidens - nez
des Etats de la Province de Languedoc.
Ce premier volume eft divifé en dix
Livres , qui commencent ou finiffent tous
par quelque Epoque remarquable. Le prémier
comprend l'Hiftoire de la Tranfmigration
& des Expeditions des Tectofages
& de leur établiffement dans la Galarie.
Le fecond & le troifiéme contiennent
les Révolutions arrivées dans la Province,
tandis qu'elle fut entierement foumise à
la République Romaine,ou qu'elle fit partie
de l'Empire.
L'enNOVEMBRE.
1730. 2420
3
L'entrée & l'établiffement des Viligots
dans les Gaules , la fondation de leur
Royaume de Touloule , & la conquête
qu'ils firent enfin de toute la Narbonnoife
premiere , font la príncipale matiere
du quatriéme Livre.
१
Le cinquiéme reprefente ces Peuples
Maîtres de prefque tout le Languedoc
jufqu'au commencement du VI fiecle
que les François leur enleverent une partie
de cette Province , avec tout ce qu'ils
poffedoient en Aquitaine. On y voit aufft
la tranflation du Siege de leur Royaume
au- delà des Pyrenées .
Le Vie & le VIIe renferment les divers
évenemens arrivez dans le Languedoc
, pendant le temps que cette Provin
ce étoit partagée entre les François & les
Vifigots, jufqu'à la deftruction du Royaume
de ces derniers , par l'invafion des Sarrafins.
L'Hiftoire de la Province fous le regne
des Sarafins , fait la matiere du VIII Li
vre. On y voit leurs differentes incurfons
dans les Gaules , leur expulfion pat
Charles Martel & par Pepin le Bref ; l'u
nion que fit ce dernier de Septimanie à
La Couronne , & enfin la réunion du reſte
du Languedoc.
Le I Xe Livre commence par l'érection
que fit Charlemagne de l'Aquitaine ent
Eiij Royau
•
2430 MERCURE DE FRANCE
Royaume. Touloufe en fut la Capitale ,
& la Septimanie en fit long- temps partie
, ce qui a engagé nos Hiftoriens à s'étendre
fur les évenemens qui s'y font paffez
& qui font tout- à-fait de leur fujet .
Le X Livre finit par la réunion de ce
Royaume au refte de la Monarchie , &
l'extinction de ſes Rois particuliers, après
la mort de Charles le Chauve. C'eſt- là le
Plan de ce premier volume, qui eft écrit
d'un ftile noble & fimple tout enfemble ,
avec une diction pure,& qui attache agréablement
le Lecteur.
On n'a rien épargné , au refte , pour
orner cet Ouvrage , mais tous les ornemens
y font utiles & inftructifs.
Outre une bonne Carte de toute la Gaule
Narbonnoiſe , des Deffeins exacts & trèsbien
gravez , des Antiquitez dont on *
voit encore les reftes à Nifmes , & le Plan
& élevation du fameux Pont du Gard ,
on voit à la tête de chaque Livre & au
commencement des Notes , qui font un
corps d'ouvrage féparé à la fin de l'Hiftoire,
on voit , dis-je, une fort belle Eftampe
en Vignette , qui en reprefente le principal
fujer. D'habiles Peintres , comme
MT Cazes , Retout , &c. en ont donné les
Deffeins , & des Graveurs de réputation
* Le Temple de Diane , la Maiſon Quarrés,
Amphiteatre,
les
NOVEMBRE. 1730. 2431
les ont executez . Deux de ces Eftampes
nous ont particulierement frappés. La premiere
eft à la tête du III Livre, & reprefente
la dédicace du fameux Autel de
Narbonne , érigé en l'honneur d'Augufte,
furquoi nos Hiftoriens ont dit des chofes
très-curieufes ; le Deffein eft de M. Cazes,
& la feconde à la tête du corps des Notes
, peint admirablement bien le Port de
Cette. Elle eft de l'invention de M. Rigaud
de Marfeille , qui excelle particulierement
dans les Marines , & qui l'a
auffi fort bien gravée.
Nous ne dirons rien des Lettres grifes ,
autre ornement d'une bonne main , qui
fe trouve à la tête de chaque Livre , &
qui n'eft pas moins agréable qu'inftructif.
On en voit l'explication à la fin de la
Préface , page xx .
Il nous refte à dire que ce premier Volume
, qui fera fuivi de plufieurs autres ,
eft dédié aux Etats de la Province de Languedoc
, dont on voit la Sale & l'ordre
de leur Affemblée generale , repréfentée
dans une belle Eftampe qui eft à la tête
d'une Epitre Dédicatoire , digne du fujet
& des Hiftoriens qui l'ont traitée. Les De
putez des Etats , ayant à leur tête M. de
Beauveau , Archevêque de Narbonne
Préfident , curent l'honneur de le préſenter
au Roi le 30. Août dernier , jour de
E iiij la
2432 MERCURE DE FRANCE
la Naiffance de M. le Duc d'Anjou , &
S. M. le reçut avec des marques de fatisfaction
& de bonté.
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Résumé : Histoire generale de Languedoc, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Histoire générale de Languedoc' a été rédigé par deux religieux bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur et publié à Paris en 1730. Il s'agit d'une histoire détaillée de la province de Languedoc, l'une des plus grandes et des plus fertiles du Royaume de France, située dans le sud du pays. Le Languedoc englobe des parties de la Narbonnaise, de l'Aquitaine, de la Viennoise et de la Novempopulanie, régions unies au début du XIIIe siècle. L'histoire du Languedoc est marquée par plusieurs périodes significatives. Narbonne fut autrefois la métropole de la Narbonnaise, tandis que Toulouse était la capitale d'un royaume étendu. Le domaine des Ducs de Septimanie et des Comtes de Toulouse incluait une partie importante des provinces voisines. À partir du XIIIe siècle, le nom de Languedoc désignait presque la moitié de la France, faisant de cette histoire celle de la partie méridionale du Royaume plutôt que d'une province spécifique. L'ouvrage est structuré en dix livres, couvrant des époques remarquables allant de la migration des Tectosages à la réunion du Languedoc au reste de la monarchie après la mort de Charles le Chauve. Chaque livre est enrichi de cartes, de dessins précis, d'antiquités et de vignettes illustrant les sujets principaux. L'ouvrage est dédié aux États de la province de Languedoc et a été présenté au roi le 30 août 1730.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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30
p. 2652-2665
Memoires pour servir à l'Histoire des Hommes illustres, &c. [titre d'après la table]
Début :
SECONDE PARTIE de l'Extrait des Mémoires pour servir à l'Histoire des [...]
Mots clefs :
Jugement, Bibliothèque, Ouvrage, Histoire, Relations, Académie, Mémoires, Eusèbe Renaudot
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Memoires pour servir à l'Histoire des Hommes illustres, &c. [titre d'après la table]
ECONDE PARTIE de l'Extrait des
Mémoires pour fervir à l'Hiftoire des
Hommes Illuftres.
Catalogue des Ouvrages d'Eufebe Renaudot.
1. Il a traduit en Latin dès l'âge de 25 .
I. Vol. ans
DECEMBRE. 1730.. 265 3
ans les Atteftations des Eglifes d'Orient
touchant leur créance fur l'Euchariftie
que M. de Nointel , Ambaffadeur de
France à Conftantinople , envoya à M. de
Pomponne , pour être inferées dans le Livre
de la Perpetuité de la Foi fur l'Euchariftie
, & fa Traduction fe trouve dans
le troifiéme Volume , dans la Préface duquel
M. Arnauld s'exprime ainfi à fon
fujet » Ce feroit tout-à- fait manquer à
»la reconnoiffance & à la juftice , que de .
ne pas rendre un témoignage public
» de l'obligation qu'on a à celui qui a
» rendu ces Actes utiles à l'Eglife par la
» traduction qu'il en a faite , & la peine
qu'il a prife d'extraire lui - même des
>> Livres Orientaux tous les Paffages qui
» font rapportés dans cet Ouvrage . C'eft
» M. l'Abbé Renaudot , dont la modeftie
ne permet pas d'en dire davantage ;
» mais la diverfité de ces Actes & des
>> Livres dont fes Extraits ont été tirés ,
» qui font écrits les uns en Grec vul-
>> gaire , les autres en Arabe , les autres
» en Syriac , les autres en Copte , les autres
en Ethiopien , font affez connoître
>> l'intelligence qu'il a dans toutes ces Lan
» gues.
Défenfe de la Perpetuité de la Foi contre
les calomnies & les fauffetés du Livre
intitulé : Monumens authentiques de la
JVol
Ev Religion
2654 * MERCURE DE FRANCE
Religion des Grecs. Paris 1708. in 8. Jean
Aymon , Auteur des Monumens autentiques
que M. Renaudot entreprend ici
de réfuter , étoit né en Dauphiné ; après
avoir été ordonné Prêtre , il fut Aumônier
d'un Evêque de Maurienne qu'il
fuivit dans un Voyage de Rome où il acquit
un titre de Protonotaire Apoftolique
, & deffervit quelque tems une Cure
de Campagne. Il quitta enfuite Eglife
Romaine pour embraffer le Calviniſme,
& paffa en Hollande , d'où il vint à Paris
en 1705. fous prétexte de rentrer
'dans le fein de l'Eglife ; il s'acquit par fà
de la protection , & eut un libre accès à
la Bibliotheque du Roi , où il avoit la
liberté de parcourir les Manufcrits précieux
qui y font ; mais il ſe ſervit de cette
liberté pour en mutiler quelques- uns ,
& pour voler l'original d'un Synode de
Jerufalem , tenu en 1672. fous le Patriarche
Dofithée , qu'il emporta en Hollande,
& qu'il y fit imprimer en 1708. avec des
Notes de fa façon . Ce Livre tiffu de calomnies
, de raifonnemers abfurdes &
de bévûcs ridicules excita tellement l'indignation
de M.Renaudot, qu'il travailla
auffi- tôt à renverfer ces prétendus Monumens
, ce qu'il exécuta d'une maniere
également folide & fçavante . Le Manuſcrit
volé eft revenu dans la Bibliotheque
1. Vol du
DECEMBRE. 1730. 2655
du Roi , les Etats Generaux l'ayant retiré
de la Bibliotheque de Leyde , ou le
fieur Aymon l'avoit déposé pour le
rendre à fon premier Maître .
3. Gennadii Patriarcha Conftantinopoli
-tani Homilia de Sacramento Euchariftia ,
Meletii Alexandrini , Nectarii Hierofoly
mitani , Meletii Syrigi & aliorum de eodem
argumento Opufcula , gracè & Latinè , feu
Appendix ad Acta , qua circa Græcorum
de Tranfubftantiatione fidem relata funt in
opere de Perpetuitate Fidei. Eufebius Renaudotius
, Parifinus , ex Codd . Mff. edidit
, latinè vertit , Differtationes & Ob
fervationes adjecit. Paris , 1709. in 4.
4. La Perpetuité de la Foi de l'Eglife
Catholique touchant l'Euchariftie . Tome
-IV. contenant un Examen particulier
de la conformité de la Doctrine des Grecs
& de tous les Chrétiens Orientaux avec
celle de l'Eglife Latine , plufieurs nouveaux
Eclairciffemens touchant les Auteurs
& les faits allegués dans les Volumes
précedens , & la réfutation de tout
ce qui a été objecté contre les Atteftations
& autres Piéces qui y ont été produites.
Paris , 1711. in 4.
5. La Perpetuité de la Foi de l'Eglife Caª
tholique fur les Sacremens , & fur tous les
autres points de Religion & de Difcipline
que les premiers Réformateurs ont pris pour
I. Vol
5°
· prétexte
2656 MERCURE DE FRANCE
prétexte de leur Schifme , prouvée par le
confentement des Eglifes Orientales . Paris ,
1713. in 4. Il y a beaucoup d'érudition
dans ces deux Volumes .
6. Hiftoria Patriarcharum Alexandrinorum
Facobitarum à D. Marco ufque ad finem
faculi XIII. cum Catalogo fequentium
Patriarcharum , & collectaneis Hiftoricis ad
ultima tempora fpectantibus . Inferuntur multa
ad res Ecclefiafticas Facobitarum Patriarchatus
Antiocheni , Æthiopia , Nubia &
Armeniæ pertinentia. Accedit Epitome Hif
toria Muhamedane ad illuftrandas res
Ægyptiacas ; omnia collecta ex Autoribus
Arabicis , Severo , Epifcopo Afchmonie ,
Michaële , Epifcopo Taneos , Ephrem
filio Zaraa , Abulbircat & aliis Anonimisz
tum ex editis Eutichio , Elmacino , Abulfaragio
, Chronico Orientali , diverfifque
Hiftoria Muhamedana Scriptoribus Arabicis
& Perficis. Paris, 1713. in 8. On n'avoit
encore rien vû de fi exact ni de fr
recherché fur l'Histoire des Patriarches.
Jacobites d'Alexandrie.
7. Liturgiarum Orientalium Collectio
Parifiis, 1716. in 4. 2. tom.C'eft le Recueil
le plus ample qui ait jamais été fait des
Liturgies Orientales à l'ufage des Coptes,
des Jacobites , des Melchites de Syrie &
des Neftoriens . M. Renaudot s'eft contenté
de faire imprimer fa Traduction ,
I. Vol. fans
DECEMBRE 1730. 2657
fans y joindre le Texte original , don't
Pimpreffion auroit demandé une dépenfe
exceffive , & auroit rebuté beaucoup de
gens. Les Differtations qui accompagnent
La Traduction font très fçavantes .
8. Défenfe de l'Hiftoire des Patriarches
d'Alexandrie & de la Collection des Litur
gies Orientales , contre un Ecrit intitulé :
Défenſe de la Mémoire de M. Ludolf.
Paris , 1717. in 12. pp. 193. M. l'Abbé
Renaudot en donnant au Public l'Hif
toire des Patriarches d'Alexandrie & la
Collection des Liturgies Orientales crût
être obligé de réfuter quelques endroits
de l'Hiftoire d'Ethiopie de Ludolf & du
Commentaire que le même Auteur a
publié fur cette Hiftoire. C'est ce qui a
donné lieu au Mémoire inferé dans le
neuviéme Tome du Journal Litteraire ,,
page 217. où l'on prétend défendre Lu
dolf contre les accufations de M. Renaudot.
Ce fçavant Abbé s'y voyant accufe
à fon tour de mauvaiſe foi avec beau
coup de vivacité , publia cet Ouvrage
pour repouffer les attaques de cet Advesfaire
, qui lui a répondu avec la même
vivacité que la premiere fois dans un
Ecrit intitulé Examen défintereffe du
Livre de M. Renaudot , & inferé dans
PEurope Sçavante , Tome 1o. p. 23.1 . &
Tome 11. p . 28 .
I. Vol.
ބ
2658 MERCURE DE FRANCE
9. Anciennes Relations des Indes & de
la Chine , de deux Voyageurs Mahometans
qui y allerent dans le IX. fiecle , traduites
d Arabe , avec des Remarques fur les principaux
endroits de ces Relations . Paris , 1718.
in 8. Ces Relations font fimples & convenables
au tems , où elles ont été écrites.
Leurs Auteurs paroiffent inftruits &
finceres. Les Obfervations de M. Renaudot
les rendent plus inftructives & plus
utiles ; on n'y remarque ni l'aigreur qu'on
lui a reproché dans d'autres Ouvrages ,
ni une profufion exceffive d'érudition
affez ordinaire à ceux qui ont beaucoup
lû & fur- tout des Livres que peu de
perfonnes peuvent lire : c'eft le jugement
qu'on porte de cet Ouvrage dans PEu-
Fope Sçavante , tome 6. p. 95. Mais ce
jugement eft contredit par le Pere de
Prémare , Jefuite , Miffionnaire à la Chine
, qui dans une Lettre inferée dans le
dix- neuvième Recueil des Lettres édifiantes
& curieuſes , écrites des Miffions
Etrangeres par quelques Miffionnaires de
la Compagnie de Jefus , fait voir que
ces Relations font remplies de fables &
de contes , & que M. Renaudot , noncontent
d'adopter toutes les faufletés qu'il
s'eft donné la peine de traduire , eft tombé
lui -même dans une infinité de mépri
fes confiderables dans les Eclairciffemens
qu'il y a ajoûtés.
10.
DECEMBRE. 1730. 2659
10. De l'origine de la Sphere. Cette
Differtation qui fe trouve dans le premier
Tome des Mémoires de l'Académie des
Infcriptions , page 1. a été attaquée par
M. Des Vignoles dans des Remarquesfort
fçavantes , inferées dans le cinquié
meTome de la Bibliotheque Germanique,
page 153.
1. De l'origine des Lettres Grecques?
Les deux Mémoires où M. Renaudot
examine cette matiere,font contenus dans
le fecond Volume de l'Hiftoire de l'Académie
des Inſcriptions , page 246. Il y'
foutient , à l'exemple de Jofeph Jufte
Scaliger , que les Lettres Grecques tirent
feur origine , non point des Egyptiennes
mais des Phéniciennes ou anciennes Hebraïques.
3
12. Eclairciffement fur les Explications
que les Anglois ont données de quelques
Inferiptions de Palmyre & des Remarques
fur une qui fe trouve à Heliopolis de Syrie,
appellée communément Baalbek. Hiftoire de
' Académie des Infcriptions. Tom. 2. p.
-509.
13. Eclairciffement fur le nom de Septimia
qui eft joint à celui de Zenobia fur les Médailles
de cette Princeffe. Ibid. p. 567.
14. Lettre à M. Dacier fur les Verfions
Syriaques & Arabes d'Hippocrate , inferée
dans la Traduction d'Hippocrate par
Dacier
M
DS.
4660 MERCURE DE FRANCE
15. Les Libraires de Paris voyant l'empreffement
avec lequel on recherchoit le
Dictionnaire de M. Bayle , lorfqu'il parût
pour la premiere fois , formerent le deffein
de le réimprimer , & s'addrefferent
à M. le Chancelier pour avoir un pri
vilege ; M. le Chancelier ordonna à
M. l'Abbé Renaudot d'examiner l'Ouvrage
, pour voir s'il n'y avoit rien contre
la France ou contre la Religion , & M.
Renaudot dreffa un Mémoire où il en
donna une idée très défavantageuſe. Ce
Mémoire étant tombé entre les mains de
M. Jurieu , qui haïffoit M. Bayle , il le
fit imprimer avec quelques Extraits de
Lettres anonymes fur le même fujet , &
y ajoûta des Remarques fort vives ; le
tout parut fous le titre de fugement du
Public, & particulierement de M. l'Abbé
Renaudot fur le Dictionnaire Critique du
Sieur Bayle. Rotterdam, 1697. in 4. pp. 47.
M. Bayle y répondit par un Ecrit inti
tulé : Réflexions fur un Imprimé qui a pour
titre Jugement du Public &c. in 4. pp.
16. Il fut réfuté à fon tour par M. Jurieu
dans une Lettre fur les Réflexions
publiées contre le Jugement du Public
fur le Dictionnaire du ficur Bayle , in 44
pp. 16.
M. Bayle marque dans fa Lettre 2307
à M. Des Maizeaux que M. de Witt +
I. Vola
grand
DECEMBRE. 1730. 2661
à
grand ami de l'Abbé Renaudot , ayant
reçû une de ſes Lettres , où il lui marquoit
qu'il n'entroit qu'avec regret dans
des démêlés de cette nature , & qu'il
haïffoit naturellement les guerres Litte
raires , ménagea la paix entr'eux , & l'engagea
mettre tout en oubli , ce qui
fit qu'il ne dit pas un mot de leur differend
dans la feconde Edition de fon
Dictionnaire. D'un autre côté , M. de
Saint-Evremont compofa une petite Piéce
contre le Jugement de M. Renaudot , où
il le raille affez finement. On la trouve
parmi fes Oeuvres.
16. Il a préfidé pendant plufieurs années
à la compofition des Gazettes qui
doivent leur établiffement à Theophrafte
Renaudot , fon ayeul , lequel en fit en
1631. agréer le projet au Cardinal de
Richelieu , & dont il a eu le privilege
après fon pere.
Voyez fon Eloge par M. de Boze daus
Hiftoire de l'Académie des Infcriptions
tome 5. p. 384.
Mémoires pour fervir à l'Hiftoire des
Hommes Illuftres.
Catalogue des Ouvrages d'Eufebe Renaudot.
1. Il a traduit en Latin dès l'âge de 25 .
I. Vol. ans
DECEMBRE. 1730.. 265 3
ans les Atteftations des Eglifes d'Orient
touchant leur créance fur l'Euchariftie
que M. de Nointel , Ambaffadeur de
France à Conftantinople , envoya à M. de
Pomponne , pour être inferées dans le Livre
de la Perpetuité de la Foi fur l'Euchariftie
, & fa Traduction fe trouve dans
le troifiéme Volume , dans la Préface duquel
M. Arnauld s'exprime ainfi à fon
fujet » Ce feroit tout-à- fait manquer à
»la reconnoiffance & à la juftice , que de .
ne pas rendre un témoignage public
» de l'obligation qu'on a à celui qui a
» rendu ces Actes utiles à l'Eglife par la
» traduction qu'il en a faite , & la peine
qu'il a prife d'extraire lui - même des
>> Livres Orientaux tous les Paffages qui
» font rapportés dans cet Ouvrage . C'eft
» M. l'Abbé Renaudot , dont la modeftie
ne permet pas d'en dire davantage ;
» mais la diverfité de ces Actes & des
>> Livres dont fes Extraits ont été tirés ,
» qui font écrits les uns en Grec vul-
>> gaire , les autres en Arabe , les autres
» en Syriac , les autres en Copte , les autres
en Ethiopien , font affez connoître
>> l'intelligence qu'il a dans toutes ces Lan
» gues.
Défenfe de la Perpetuité de la Foi contre
les calomnies & les fauffetés du Livre
intitulé : Monumens authentiques de la
JVol
Ev Religion
2654 * MERCURE DE FRANCE
Religion des Grecs. Paris 1708. in 8. Jean
Aymon , Auteur des Monumens autentiques
que M. Renaudot entreprend ici
de réfuter , étoit né en Dauphiné ; après
avoir été ordonné Prêtre , il fut Aumônier
d'un Evêque de Maurienne qu'il
fuivit dans un Voyage de Rome où il acquit
un titre de Protonotaire Apoftolique
, & deffervit quelque tems une Cure
de Campagne. Il quitta enfuite Eglife
Romaine pour embraffer le Calviniſme,
& paffa en Hollande , d'où il vint à Paris
en 1705. fous prétexte de rentrer
'dans le fein de l'Eglife ; il s'acquit par fà
de la protection , & eut un libre accès à
la Bibliotheque du Roi , où il avoit la
liberté de parcourir les Manufcrits précieux
qui y font ; mais il ſe ſervit de cette
liberté pour en mutiler quelques- uns ,
& pour voler l'original d'un Synode de
Jerufalem , tenu en 1672. fous le Patriarche
Dofithée , qu'il emporta en Hollande,
& qu'il y fit imprimer en 1708. avec des
Notes de fa façon . Ce Livre tiffu de calomnies
, de raifonnemers abfurdes &
de bévûcs ridicules excita tellement l'indignation
de M.Renaudot, qu'il travailla
auffi- tôt à renverfer ces prétendus Monumens
, ce qu'il exécuta d'une maniere
également folide & fçavante . Le Manuſcrit
volé eft revenu dans la Bibliotheque
1. Vol du
DECEMBRE. 1730. 2655
du Roi , les Etats Generaux l'ayant retiré
de la Bibliotheque de Leyde , ou le
fieur Aymon l'avoit déposé pour le
rendre à fon premier Maître .
3. Gennadii Patriarcha Conftantinopoli
-tani Homilia de Sacramento Euchariftia ,
Meletii Alexandrini , Nectarii Hierofoly
mitani , Meletii Syrigi & aliorum de eodem
argumento Opufcula , gracè & Latinè , feu
Appendix ad Acta , qua circa Græcorum
de Tranfubftantiatione fidem relata funt in
opere de Perpetuitate Fidei. Eufebius Renaudotius
, Parifinus , ex Codd . Mff. edidit
, latinè vertit , Differtationes & Ob
fervationes adjecit. Paris , 1709. in 4.
4. La Perpetuité de la Foi de l'Eglife
Catholique touchant l'Euchariftie . Tome
-IV. contenant un Examen particulier
de la conformité de la Doctrine des Grecs
& de tous les Chrétiens Orientaux avec
celle de l'Eglife Latine , plufieurs nouveaux
Eclairciffemens touchant les Auteurs
& les faits allegués dans les Volumes
précedens , & la réfutation de tout
ce qui a été objecté contre les Atteftations
& autres Piéces qui y ont été produites.
Paris , 1711. in 4.
5. La Perpetuité de la Foi de l'Eglife Caª
tholique fur les Sacremens , & fur tous les
autres points de Religion & de Difcipline
que les premiers Réformateurs ont pris pour
I. Vol
5°
· prétexte
2656 MERCURE DE FRANCE
prétexte de leur Schifme , prouvée par le
confentement des Eglifes Orientales . Paris ,
1713. in 4. Il y a beaucoup d'érudition
dans ces deux Volumes .
6. Hiftoria Patriarcharum Alexandrinorum
Facobitarum à D. Marco ufque ad finem
faculi XIII. cum Catalogo fequentium
Patriarcharum , & collectaneis Hiftoricis ad
ultima tempora fpectantibus . Inferuntur multa
ad res Ecclefiafticas Facobitarum Patriarchatus
Antiocheni , Æthiopia , Nubia &
Armeniæ pertinentia. Accedit Epitome Hif
toria Muhamedane ad illuftrandas res
Ægyptiacas ; omnia collecta ex Autoribus
Arabicis , Severo , Epifcopo Afchmonie ,
Michaële , Epifcopo Taneos , Ephrem
filio Zaraa , Abulbircat & aliis Anonimisz
tum ex editis Eutichio , Elmacino , Abulfaragio
, Chronico Orientali , diverfifque
Hiftoria Muhamedana Scriptoribus Arabicis
& Perficis. Paris, 1713. in 8. On n'avoit
encore rien vû de fi exact ni de fr
recherché fur l'Histoire des Patriarches.
Jacobites d'Alexandrie.
7. Liturgiarum Orientalium Collectio
Parifiis, 1716. in 4. 2. tom.C'eft le Recueil
le plus ample qui ait jamais été fait des
Liturgies Orientales à l'ufage des Coptes,
des Jacobites , des Melchites de Syrie &
des Neftoriens . M. Renaudot s'eft contenté
de faire imprimer fa Traduction ,
I. Vol. fans
DECEMBRE 1730. 2657
fans y joindre le Texte original , don't
Pimpreffion auroit demandé une dépenfe
exceffive , & auroit rebuté beaucoup de
gens. Les Differtations qui accompagnent
La Traduction font très fçavantes .
8. Défenfe de l'Hiftoire des Patriarches
d'Alexandrie & de la Collection des Litur
gies Orientales , contre un Ecrit intitulé :
Défenſe de la Mémoire de M. Ludolf.
Paris , 1717. in 12. pp. 193. M. l'Abbé
Renaudot en donnant au Public l'Hif
toire des Patriarches d'Alexandrie & la
Collection des Liturgies Orientales crût
être obligé de réfuter quelques endroits
de l'Hiftoire d'Ethiopie de Ludolf & du
Commentaire que le même Auteur a
publié fur cette Hiftoire. C'est ce qui a
donné lieu au Mémoire inferé dans le
neuviéme Tome du Journal Litteraire ,,
page 217. où l'on prétend défendre Lu
dolf contre les accufations de M. Renaudot.
Ce fçavant Abbé s'y voyant accufe
à fon tour de mauvaiſe foi avec beau
coup de vivacité , publia cet Ouvrage
pour repouffer les attaques de cet Advesfaire
, qui lui a répondu avec la même
vivacité que la premiere fois dans un
Ecrit intitulé Examen défintereffe du
Livre de M. Renaudot , & inferé dans
PEurope Sçavante , Tome 1o. p. 23.1 . &
Tome 11. p . 28 .
I. Vol.
ބ
2658 MERCURE DE FRANCE
9. Anciennes Relations des Indes & de
la Chine , de deux Voyageurs Mahometans
qui y allerent dans le IX. fiecle , traduites
d Arabe , avec des Remarques fur les principaux
endroits de ces Relations . Paris , 1718.
in 8. Ces Relations font fimples & convenables
au tems , où elles ont été écrites.
Leurs Auteurs paroiffent inftruits &
finceres. Les Obfervations de M. Renaudot
les rendent plus inftructives & plus
utiles ; on n'y remarque ni l'aigreur qu'on
lui a reproché dans d'autres Ouvrages ,
ni une profufion exceffive d'érudition
affez ordinaire à ceux qui ont beaucoup
lû & fur- tout des Livres que peu de
perfonnes peuvent lire : c'eft le jugement
qu'on porte de cet Ouvrage dans PEu-
Fope Sçavante , tome 6. p. 95. Mais ce
jugement eft contredit par le Pere de
Prémare , Jefuite , Miffionnaire à la Chine
, qui dans une Lettre inferée dans le
dix- neuvième Recueil des Lettres édifiantes
& curieuſes , écrites des Miffions
Etrangeres par quelques Miffionnaires de
la Compagnie de Jefus , fait voir que
ces Relations font remplies de fables &
de contes , & que M. Renaudot , noncontent
d'adopter toutes les faufletés qu'il
s'eft donné la peine de traduire , eft tombé
lui -même dans une infinité de mépri
fes confiderables dans les Eclairciffemens
qu'il y a ajoûtés.
10.
DECEMBRE. 1730. 2659
10. De l'origine de la Sphere. Cette
Differtation qui fe trouve dans le premier
Tome des Mémoires de l'Académie des
Infcriptions , page 1. a été attaquée par
M. Des Vignoles dans des Remarquesfort
fçavantes , inferées dans le cinquié
meTome de la Bibliotheque Germanique,
page 153.
1. De l'origine des Lettres Grecques?
Les deux Mémoires où M. Renaudot
examine cette matiere,font contenus dans
le fecond Volume de l'Hiftoire de l'Académie
des Inſcriptions , page 246. Il y'
foutient , à l'exemple de Jofeph Jufte
Scaliger , que les Lettres Grecques tirent
feur origine , non point des Egyptiennes
mais des Phéniciennes ou anciennes Hebraïques.
3
12. Eclairciffement fur les Explications
que les Anglois ont données de quelques
Inferiptions de Palmyre & des Remarques
fur une qui fe trouve à Heliopolis de Syrie,
appellée communément Baalbek. Hiftoire de
' Académie des Infcriptions. Tom. 2. p.
-509.
13. Eclairciffement fur le nom de Septimia
qui eft joint à celui de Zenobia fur les Médailles
de cette Princeffe. Ibid. p. 567.
14. Lettre à M. Dacier fur les Verfions
Syriaques & Arabes d'Hippocrate , inferée
dans la Traduction d'Hippocrate par
Dacier
M
DS.
4660 MERCURE DE FRANCE
15. Les Libraires de Paris voyant l'empreffement
avec lequel on recherchoit le
Dictionnaire de M. Bayle , lorfqu'il parût
pour la premiere fois , formerent le deffein
de le réimprimer , & s'addrefferent
à M. le Chancelier pour avoir un pri
vilege ; M. le Chancelier ordonna à
M. l'Abbé Renaudot d'examiner l'Ouvrage
, pour voir s'il n'y avoit rien contre
la France ou contre la Religion , & M.
Renaudot dreffa un Mémoire où il en
donna une idée très défavantageuſe. Ce
Mémoire étant tombé entre les mains de
M. Jurieu , qui haïffoit M. Bayle , il le
fit imprimer avec quelques Extraits de
Lettres anonymes fur le même fujet , &
y ajoûta des Remarques fort vives ; le
tout parut fous le titre de fugement du
Public, & particulierement de M. l'Abbé
Renaudot fur le Dictionnaire Critique du
Sieur Bayle. Rotterdam, 1697. in 4. pp. 47.
M. Bayle y répondit par un Ecrit inti
tulé : Réflexions fur un Imprimé qui a pour
titre Jugement du Public &c. in 4. pp.
16. Il fut réfuté à fon tour par M. Jurieu
dans une Lettre fur les Réflexions
publiées contre le Jugement du Public
fur le Dictionnaire du ficur Bayle , in 44
pp. 16.
M. Bayle marque dans fa Lettre 2307
à M. Des Maizeaux que M. de Witt +
I. Vola
grand
DECEMBRE. 1730. 2661
à
grand ami de l'Abbé Renaudot , ayant
reçû une de ſes Lettres , où il lui marquoit
qu'il n'entroit qu'avec regret dans
des démêlés de cette nature , & qu'il
haïffoit naturellement les guerres Litte
raires , ménagea la paix entr'eux , & l'engagea
mettre tout en oubli , ce qui
fit qu'il ne dit pas un mot de leur differend
dans la feconde Edition de fon
Dictionnaire. D'un autre côté , M. de
Saint-Evremont compofa une petite Piéce
contre le Jugement de M. Renaudot , où
il le raille affez finement. On la trouve
parmi fes Oeuvres.
16. Il a préfidé pendant plufieurs années
à la compofition des Gazettes qui
doivent leur établiffement à Theophrafte
Renaudot , fon ayeul , lequel en fit en
1631. agréer le projet au Cardinal de
Richelieu , & dont il a eu le privilege
après fon pere.
Voyez fon Eloge par M. de Boze daus
Hiftoire de l'Académie des Infcriptions
tome 5. p. 384.
Fermer
Résumé : Memoires pour servir à l'Histoire des Hommes illustres, &c. [titre d'après la table]
Le document présente un catalogue des œuvres d'Eusèbe Renaudot, un érudit du XVIIIe siècle. Renaudot a traduit en latin les attestations des Églises d'Orient sur l'Eucharistie, envoyées par l'ambassadeur de France à Constantinople, M. de Nointel, à M. de Pomponne. Cette traduction, publiée dans le troisième volume de la 'Perpetuité de la Foi', a été saluée par M. Arnauld pour son utilité et la diversité des langues maîtrisées par Renaudot, incluant le grec, l'arabe, le syriaque, le copte et l'éthiopien. Renaudot a également écrit une défense contre les calomnies et les faussetés du livre 'Monumens authentiques de la Religion des Grecs' de Jean Aymon. Aymon, après avoir été prêtre et protonotaire apostolique, s'était converti au calvinisme et avait volé des manuscrits précieux de la Bibliothèque du Roi, notamment un synode de Jérusalem de 1672. Renaudot a réfuté les prétendus monuments d'Aymon et a contribué à la restitution du manuscrit volé. Parmi les autres œuvres de Renaudot figurent des homélies et des opuscules sur l'Eucharistie, des examens de la conformité des doctrines des Grecs et des Chrétiens orientaux avec celle de l'Église latine, et une histoire des patriarches jacobites d'Alexandrie. Il a également compilé une collection de liturgies orientales et traduit des relations anciennes des Indes et de la Chine. Renaudot a été impliqué dans des controverses littéraires, notamment avec Pierre Bayle et Jacques Jurieu, concernant le 'Dictionnaire Critique' de Bayle. Il a présidé à la composition des gazettes fondées par son aïeul, Théophraste Renaudot, et a été honoré par un éloge dans l'Histoire de l'Académie des Inscriptions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
31
p. 2878-2887
La Henriade, nouvelle édition. Poëme. [titre d'après la table]
Début :
LA HENRIADE, nouvelle édition revûë, corrigée & augmentée de beaucoup, [...]
Mots clefs :
Henriade, Yeux, Dieux, Poème, Auteur, Ouvrage, Coeur, Vers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : La Henriade, nouvelle édition. Poëme. [titre d'après la table]
LA HENRIADE , nouvelle édition , revûë
, corrigée & augmentée de beaucoup,
11. Vol..
avec
DECEMBRE. 1730. 2879
avec des notes. A Londres , chez Jérôme
Bold-Truth , à la Vérité. 1730. in 8. de
349 pages , fans la Préface , qui en contient
24. Cette Edition , à laquelle il n'y
a rien à fouhaiter pour la correction & la
beauté des caracteres & du papier , que
l'Auteur donne proprement reliée ; & une
autre in 4° . avec des Eftampes , qui eft actuellement
fous preffe , feront délivrées
aux Soufcripteurs , fans qu'ils ayent aucun
payement à faire.
On trouve dans la Préface de cette Edition
in 8 °. l'Hiftoire abregée , écrite de
main de Maître , des Evénemens fur lefquels
eft fondée la Fable du Poëme de la.
Henriade ; l'Idée de ce Poëme & l'efprit
dans lequel il a été compofé. Mais pour
ne point alterer la pureté du ftyle , ni la
force & la grace de la diction , prenons
de la Préface même ce que nous croyons
en devoir mettre fous les yeux de nos
Lecteurs.
ג כ
Ce Poëme fut commencé en l'année
» 1717. M. de Voltaire n'avoit alors que
» 19. ans , & quoiqu'il eût fait déja la
Tragédie d'Oedipe , qui n'avoit pas en-
» core été reprefentée , il étoit très incapable
de faire un Poëme Epique à cet
» âge ; auffi ne commença- t'il la Henria-
» de que dans le deffein de fe procurer
» un fimple amufement dans un tems &
»
II. Vol.
dans
2880 MERCURE DE FRANCE
» dans un lieu où il ne pouvoit guere
» faire que des Vers. Il avoit alors le malheur
d'être prifonnier par Lettre de
» Cachet dans la Baftille . Il n'eft pas inu
tile de dire que la calomnie qui lui
» avoit attiré cette difgrace ayant été
» reconnuë , lui valut des bienfaits de la
>> Cour , ce qui fert également à la jufti-
» fication de l'Auteur & du Gouverne
» ment & c .
>>
L'Auteur ayant été près d'un an en
prifon , fans papier & fans livres , il y
» compofa plufieurs Ouvrages , & les re-
» tint de mémoire , La Henriade fut le feut
qu'il écrivit au fortir de la Baftille ; il
n'en avoit alors fait que fix Chants ,
» dont il ne reste aujourd'hui que le fe-
» cond , qui contient les Maffacres de la
» S. Barthelemi. Les cinq autres étoient
» très foibles , & ont été depuis travaillés
fur
un autre plan ; mais il n'a jamais pû
>> rien changer à ce fecond Chant qui eft
» encore peut- être le plus fort de tous
» l'Ouvrage.
» En l'année 1723. il parut une Edition
de la Henriade fous le nom de La Ligues
>>> L'Ouvrage
étoit informe , tronqué ,
» plein de lacunes. Il y manquoit
un
Chant , & les autres étoient déplacés.
» De plus , il étoit annoncé comme un
Poëme Epique.
>>
II. Vol. En
DÉCEMBRE. 1730. 2881
En l'année 1726. l'Auteur étant en
» Angleterre, y trouva une protection ge-
>> nerale & des encouragemens qu'il n'au-
>> roit jamais pû efperer ailleurs . On y fa-
» vorifa l'impreffion d'un Ouvrage Fran-
» çois , écrit avec liberté & d'un Poëme
» plein de verités , fans flatterie.
»
La Henriade parut donc alors pour
la
>> premiere fois fous fon veritable nom ,
» en dix Chants , & ce fut d'après les
>> Editions de Londres que furent faites
depuis celles d'Amfterdam, de la Haye,
» & de Geneve toutes inconnues en
>> France.
>>
L'Auteur ayant encore fait depuis de
» grands changemens à la Henriade , don-
» ne aujourd'hui cette nouvelle Edition
» comme moins mauvaiſe que toutes les
précedentes ; mais comme fort éloignée
» de la perfection dont il ne s'eft jamais
» Aatté d'approcher.
Ce Poëme , compofé de dix Chants
commence ainſi :
Je chante le Heros qui regna fur la France ,
Et par droit de conquête , & par droit de naiffance
,
Qui par le malheur même apprit à gouverner,
Perfecuté long- tems , fçut vaincre & pardonner,
Confondit & Mayenne , & la Ligue & Libere ,
Et fut de fes Sujets le Vainqueur & le Pere.
II. Vol.
Un
2882 MERCURE DE FRANCE
Un des plus confiderables changemens
eft à la page 205. du Chant feptiéme :
le voici :
Dans le centre éclatant de ces orbes îmmenfes
,
Qui n'ont pû nous cachér leur marche & leurs
diſtances ,
Luit ces Aftres du jour par Dieu même allumé ,
Qui tourne autour de foi fur fon axe enflamé.
De lui partent fans fin des torrens de lumiere ;
Il donne en ſe montrant la vie à la matiere ,
Et difpenfe les jours , les faifons & les ans
A des Mondes divers autour de lui flotans.
Ces Aftres affervis à la loi qui les preffe ,
S'attirent dans leur courſe * & s'évitent fans ceffe,
Et fervant l'un à l'autre & de regle & d'appui
Se prêtent les clartés qu'ils reçoivent de lui.
Au delà de leurs cours , & loin dans cet eſpace
Où la matiere nage , & que Dieu feul embraffe ,
Sont des Soleils fans nombre & des Mondes fans
fin ;
Dans cet abîme immenſe il leur ouvre un chemin.
Par delà tous ces Cieux le Dieu des Cieux réfide;
C'est là que le Heros fuit fon celefte guide ;
* Que l'on admette l'attraction de l'illuftre
M. Nevvton , toujours demeure- t'il certain que
les Globes celeftes s'approchant s'éloignant
tour à tour , paroient s'attirer & s'éviter.
II. Vol. C'est
DECEMBRE. 1730. 2883
C'eft là que font formés tous ces efprits divers
Qui rempliffent les corps , & peuplent l'Univers;
Là font après la mort nos ames replongées ,
De leur prifon groffiere à jamais degagées ;
Un Juge incorruptible y raffemble à ſes pieds
Ces immortels Efprits que fon foufle a créés.
C'eft cet Etre infini qu'on fert & qu'on ignore ;
Sous cent noms differens le Monde entier l'adore.
Du haut de l'Empirée il entend nos clameurs ;
Il regarde en pitié ce long amas d'erreurs ,
Ces Portraits infenfés que l'humaine ignorance
Fait avec pieté de fa fageffe immenſe.
La mort auprés de lui , fille affreuſe du tems ,
De ce trifte Univers conduit les habitans ;
Elle amene à la fois les Bonzes , les Bracmanes
Du grand Confucius les Difciples profanes ,
Des antiques Perfans les fecrets fucceffeurs ,
De Zoroaftre encor aveugles fectateurs ,
Les pâles habitans de ces froides Contrées
Qu'affiegent de glaçons les mers hiperborées ,
Ceux qui de l'Amerique habitent les Forêts ,
Du pere du menfonge innombrables Sujets .
Eclairés à l'inftant , ces morts dans le filence
En Perfe les Guebres ont une Religion à
part , qu'ils prétendent être la Religion fondée
par Zoroastre , & qui paroit moins folle que
les autres fuperftitions humaines , puifqu'ils
rendent un culte fecret an Soleil , comme à
une image du Createur.
IL. Vol-
Atten
2884 MERCURE DE FRANCE
Attendent en tremblant l'éternelle ſentence :
Dieu qui voit à la fois , entend & connoit tout ,
D'un coup d'oeil les punit , d'un coup d'oeil les
abfout.
Henri n'approcha pas vers le Trône invifible .
D'où part à chaque inftant ce Jugement terrible,
Où Dieu prononce à tous les arrêts éternels ,
Qu'ofent prévoir envain tant d'orgueilleux Mor
tels.
Quelle eft , difoit Henri , s'interrogeant luimême
,
Quelle eft de Dieu fur eux la Juftice fuprême ?
Ce Dieu les punit- il d'avoir fermé leurs yeux
» Aux clartés que lui-même il plaça fi loin d'eux;
» Pourroit-il les juger tel qu'un injufte Maître
Sur la Loi des Chrétiens qu'ils n'ont point pu
>> connoître ?
Non , Dieu nous a créés , Dieu nous veut fauver
tous ;
» Par tout il nous inftruit , par tout il parle à
» nous ;
»Il
grave en tous les coeurs la loi de la nature
Seule à jamais la même , & feule toujours pure ;
Sur cette Loi , fans doute , il juge les Payens ,
» Et fi leur coeur fut jufte , ils ont été Chrétiens,
Tandis que du Heros la raifon confonduë
Portoit fur ce miftere une indifcrete vuë ,
Aux pieds du Trone même une voix s'entendit ,
Le Ciel s'en ébranla , l'Univers en frémit ,
II. Vol.
Ses
DECEMBRE . 1730. 2885
Ses accens reffembloient à ceux de ce Tonnerre
Quand du Mont Sinaï Dieu parloit à la Terre :
Le Choeur des Immortels fe tût pour l'écouter
Et chaque Aftre en fon cours allá la repeter:
A ta foible raifon garde- toi de te rendre :
Dieu t'a fait pour l'aimer , & non pour le come
»prendre.
» Invifible à tes yeux , qu'il regne dans ton coeur,
» Il pardonne aux Humains une invincible er
» reur ;
Mais il punit auffi toute erreur volontaire.
Mortel , ouvre les yeux quand fon Soleil t'é
claire.
Henri paffe à l'inftant auprès d'un Globe affreux,
Rebut de la Nature , aride , tenebreux :
Ciel d'où partent ces cris , ces cris épouventa-
!
bles ,
Ces torrens de fumée , & ces feux effroyables ?
Quels Monftres , dit Bourbon , volent dans ces
climats ?
›
Quels gouffres enflamés s'entr'ouyent fous mes
pas !
Ọ mon fils , vous voyez les portes de l'abîme
Creufé par la Jufticè , habité par le crimé :
Suivez - moi , les chemins en font toujours ou
verts ;
Ils marchent auffi-tôt aux portes des Enfers. *
* Les Theologiens n'ont pas decidé comme
un article de foi que l'Enfer fut au centre de
la Terre , ainsi qu'il étoit dans la Theologie
AIR Voka
La
2886 MERCURE DE FRANCE
Là git la fombre Envie à l'oeil timide & louche
Verfant fur des lauriers les poifons de fa bouche
Le jour bleffe fes yeux dans l'ombre étincelans ,
Trifte Amante des Morts , elle hait les Vivans.
Elle apperçoit Henri , fe détourne & foupire :
Auprès d'elle est l'Orgueil qui ſe plaît & s'admire
La Foibleffe au teint pâle , aux regards abbatus ,
Tiran qui cede au crime , & détruit les vertus ,
L'Ambition fanglante , inquiéte , égarée ,
De Trônes , de Tombeaux , d'Eſclaves entourée
La tendre Hipocrifie aux yeux pleins de douceur
( Le Ciel eft dans fes yeux , l'Enfer eft dans fon
coeur )
Le faux zele étalant fes barbares maximes
Et l'Interêt enfin , pere de tous les crimes.
Les autres changemens font de 20. ou
30. Vers , & le trouvent répandus dans
tout l'Ouvrage. En voici un au Chant
quatrième, page 125.
「
..... Loin ... des pompes mondaines ,
Des temples confacrés aux vanités humaines
Dont l'appareil fuperbe impofe à l'Univers.
L'humble Religion fe cache en des deferts ,
Elle y vit avec Dieu dans une paix profonde ,
Cependant que fon nom profané dans le monde
Payenne quelques- uns l'ont placé dans le
Soleil on l'a mis ici dans un Globe deftiné
uniquement à cet usage.
1
11. Vol.
E4
DECEMBRE. 1730. 2887
*
Eft le prétexte faint des fureurs des Tirans ,
Le bandeau du Vulgaire & le mépris des Grands
Souffrir eft fon deftin , benir eft fon partage :
Elle prie en fecret pour l'ingrat qui l'outrage.
Sans ornement , fans art , belle de ſes attraits ,
Sa modefte beauté fe dérobe à jamais
Aux hypocrites yeux de la foule importune
Qui court à fes Autels encenfer la fortune &c.``
Ce beau Poëme eft terminé par ces
Vers :
Tout le peuple changé dans ce jour falutaire
Reconnoît fon vrai Roi , fon Vainqueur & fon
Pere.
Dès lors on admira ce Regne fortuné ,
Et commencé trop tard , & trop tôt terminé.
L'Eſpagnol en trembla ; juſtement deſarmée ,
Rome adopta Bourbon , Rome s'en vit aimée ;
La Difcorde rentra dans l'éternelle Nuit :
A reconnoitre un Roi Mayenne fut réduit ,
Et foumettant enfin fon coeur & fes Provinces
Fut le meilleur fujet du plus jufte des Princes.
, corrigée & augmentée de beaucoup,
11. Vol..
avec
DECEMBRE. 1730. 2879
avec des notes. A Londres , chez Jérôme
Bold-Truth , à la Vérité. 1730. in 8. de
349 pages , fans la Préface , qui en contient
24. Cette Edition , à laquelle il n'y
a rien à fouhaiter pour la correction & la
beauté des caracteres & du papier , que
l'Auteur donne proprement reliée ; & une
autre in 4° . avec des Eftampes , qui eft actuellement
fous preffe , feront délivrées
aux Soufcripteurs , fans qu'ils ayent aucun
payement à faire.
On trouve dans la Préface de cette Edition
in 8 °. l'Hiftoire abregée , écrite de
main de Maître , des Evénemens fur lefquels
eft fondée la Fable du Poëme de la.
Henriade ; l'Idée de ce Poëme & l'efprit
dans lequel il a été compofé. Mais pour
ne point alterer la pureté du ftyle , ni la
force & la grace de la diction , prenons
de la Préface même ce que nous croyons
en devoir mettre fous les yeux de nos
Lecteurs.
ג כ
Ce Poëme fut commencé en l'année
» 1717. M. de Voltaire n'avoit alors que
» 19. ans , & quoiqu'il eût fait déja la
Tragédie d'Oedipe , qui n'avoit pas en-
» core été reprefentée , il étoit très incapable
de faire un Poëme Epique à cet
» âge ; auffi ne commença- t'il la Henria-
» de que dans le deffein de fe procurer
» un fimple amufement dans un tems &
»
II. Vol.
dans
2880 MERCURE DE FRANCE
» dans un lieu où il ne pouvoit guere
» faire que des Vers. Il avoit alors le malheur
d'être prifonnier par Lettre de
» Cachet dans la Baftille . Il n'eft pas inu
tile de dire que la calomnie qui lui
» avoit attiré cette difgrace ayant été
» reconnuë , lui valut des bienfaits de la
>> Cour , ce qui fert également à la jufti-
» fication de l'Auteur & du Gouverne
» ment & c .
>>
L'Auteur ayant été près d'un an en
prifon , fans papier & fans livres , il y
» compofa plufieurs Ouvrages , & les re-
» tint de mémoire , La Henriade fut le feut
qu'il écrivit au fortir de la Baftille ; il
n'en avoit alors fait que fix Chants ,
» dont il ne reste aujourd'hui que le fe-
» cond , qui contient les Maffacres de la
» S. Barthelemi. Les cinq autres étoient
» très foibles , & ont été depuis travaillés
fur
un autre plan ; mais il n'a jamais pû
>> rien changer à ce fecond Chant qui eft
» encore peut- être le plus fort de tous
» l'Ouvrage.
» En l'année 1723. il parut une Edition
de la Henriade fous le nom de La Ligues
>>> L'Ouvrage
étoit informe , tronqué ,
» plein de lacunes. Il y manquoit
un
Chant , & les autres étoient déplacés.
» De plus , il étoit annoncé comme un
Poëme Epique.
>>
II. Vol. En
DÉCEMBRE. 1730. 2881
En l'année 1726. l'Auteur étant en
» Angleterre, y trouva une protection ge-
>> nerale & des encouragemens qu'il n'au-
>> roit jamais pû efperer ailleurs . On y fa-
» vorifa l'impreffion d'un Ouvrage Fran-
» çois , écrit avec liberté & d'un Poëme
» plein de verités , fans flatterie.
»
La Henriade parut donc alors pour
la
>> premiere fois fous fon veritable nom ,
» en dix Chants , & ce fut d'après les
>> Editions de Londres que furent faites
depuis celles d'Amfterdam, de la Haye,
» & de Geneve toutes inconnues en
>> France.
>>
L'Auteur ayant encore fait depuis de
» grands changemens à la Henriade , don-
» ne aujourd'hui cette nouvelle Edition
» comme moins mauvaiſe que toutes les
précedentes ; mais comme fort éloignée
» de la perfection dont il ne s'eft jamais
» Aatté d'approcher.
Ce Poëme , compofé de dix Chants
commence ainſi :
Je chante le Heros qui regna fur la France ,
Et par droit de conquête , & par droit de naiffance
,
Qui par le malheur même apprit à gouverner,
Perfecuté long- tems , fçut vaincre & pardonner,
Confondit & Mayenne , & la Ligue & Libere ,
Et fut de fes Sujets le Vainqueur & le Pere.
II. Vol.
Un
2882 MERCURE DE FRANCE
Un des plus confiderables changemens
eft à la page 205. du Chant feptiéme :
le voici :
Dans le centre éclatant de ces orbes îmmenfes
,
Qui n'ont pû nous cachér leur marche & leurs
diſtances ,
Luit ces Aftres du jour par Dieu même allumé ,
Qui tourne autour de foi fur fon axe enflamé.
De lui partent fans fin des torrens de lumiere ;
Il donne en ſe montrant la vie à la matiere ,
Et difpenfe les jours , les faifons & les ans
A des Mondes divers autour de lui flotans.
Ces Aftres affervis à la loi qui les preffe ,
S'attirent dans leur courſe * & s'évitent fans ceffe,
Et fervant l'un à l'autre & de regle & d'appui
Se prêtent les clartés qu'ils reçoivent de lui.
Au delà de leurs cours , & loin dans cet eſpace
Où la matiere nage , & que Dieu feul embraffe ,
Sont des Soleils fans nombre & des Mondes fans
fin ;
Dans cet abîme immenſe il leur ouvre un chemin.
Par delà tous ces Cieux le Dieu des Cieux réfide;
C'est là que le Heros fuit fon celefte guide ;
* Que l'on admette l'attraction de l'illuftre
M. Nevvton , toujours demeure- t'il certain que
les Globes celeftes s'approchant s'éloignant
tour à tour , paroient s'attirer & s'éviter.
II. Vol. C'est
DECEMBRE. 1730. 2883
C'eft là que font formés tous ces efprits divers
Qui rempliffent les corps , & peuplent l'Univers;
Là font après la mort nos ames replongées ,
De leur prifon groffiere à jamais degagées ;
Un Juge incorruptible y raffemble à ſes pieds
Ces immortels Efprits que fon foufle a créés.
C'eft cet Etre infini qu'on fert & qu'on ignore ;
Sous cent noms differens le Monde entier l'adore.
Du haut de l'Empirée il entend nos clameurs ;
Il regarde en pitié ce long amas d'erreurs ,
Ces Portraits infenfés que l'humaine ignorance
Fait avec pieté de fa fageffe immenſe.
La mort auprés de lui , fille affreuſe du tems ,
De ce trifte Univers conduit les habitans ;
Elle amene à la fois les Bonzes , les Bracmanes
Du grand Confucius les Difciples profanes ,
Des antiques Perfans les fecrets fucceffeurs ,
De Zoroaftre encor aveugles fectateurs ,
Les pâles habitans de ces froides Contrées
Qu'affiegent de glaçons les mers hiperborées ,
Ceux qui de l'Amerique habitent les Forêts ,
Du pere du menfonge innombrables Sujets .
Eclairés à l'inftant , ces morts dans le filence
En Perfe les Guebres ont une Religion à
part , qu'ils prétendent être la Religion fondée
par Zoroastre , & qui paroit moins folle que
les autres fuperftitions humaines , puifqu'ils
rendent un culte fecret an Soleil , comme à
une image du Createur.
IL. Vol-
Atten
2884 MERCURE DE FRANCE
Attendent en tremblant l'éternelle ſentence :
Dieu qui voit à la fois , entend & connoit tout ,
D'un coup d'oeil les punit , d'un coup d'oeil les
abfout.
Henri n'approcha pas vers le Trône invifible .
D'où part à chaque inftant ce Jugement terrible,
Où Dieu prononce à tous les arrêts éternels ,
Qu'ofent prévoir envain tant d'orgueilleux Mor
tels.
Quelle eft , difoit Henri , s'interrogeant luimême
,
Quelle eft de Dieu fur eux la Juftice fuprême ?
Ce Dieu les punit- il d'avoir fermé leurs yeux
» Aux clartés que lui-même il plaça fi loin d'eux;
» Pourroit-il les juger tel qu'un injufte Maître
Sur la Loi des Chrétiens qu'ils n'ont point pu
>> connoître ?
Non , Dieu nous a créés , Dieu nous veut fauver
tous ;
» Par tout il nous inftruit , par tout il parle à
» nous ;
»Il
grave en tous les coeurs la loi de la nature
Seule à jamais la même , & feule toujours pure ;
Sur cette Loi , fans doute , il juge les Payens ,
» Et fi leur coeur fut jufte , ils ont été Chrétiens,
Tandis que du Heros la raifon confonduë
Portoit fur ce miftere une indifcrete vuë ,
Aux pieds du Trone même une voix s'entendit ,
Le Ciel s'en ébranla , l'Univers en frémit ,
II. Vol.
Ses
DECEMBRE . 1730. 2885
Ses accens reffembloient à ceux de ce Tonnerre
Quand du Mont Sinaï Dieu parloit à la Terre :
Le Choeur des Immortels fe tût pour l'écouter
Et chaque Aftre en fon cours allá la repeter:
A ta foible raifon garde- toi de te rendre :
Dieu t'a fait pour l'aimer , & non pour le come
»prendre.
» Invifible à tes yeux , qu'il regne dans ton coeur,
» Il pardonne aux Humains une invincible er
» reur ;
Mais il punit auffi toute erreur volontaire.
Mortel , ouvre les yeux quand fon Soleil t'é
claire.
Henri paffe à l'inftant auprès d'un Globe affreux,
Rebut de la Nature , aride , tenebreux :
Ciel d'où partent ces cris , ces cris épouventa-
!
bles ,
Ces torrens de fumée , & ces feux effroyables ?
Quels Monftres , dit Bourbon , volent dans ces
climats ?
›
Quels gouffres enflamés s'entr'ouyent fous mes
pas !
Ọ mon fils , vous voyez les portes de l'abîme
Creufé par la Jufticè , habité par le crimé :
Suivez - moi , les chemins en font toujours ou
verts ;
Ils marchent auffi-tôt aux portes des Enfers. *
* Les Theologiens n'ont pas decidé comme
un article de foi que l'Enfer fut au centre de
la Terre , ainsi qu'il étoit dans la Theologie
AIR Voka
La
2886 MERCURE DE FRANCE
Là git la fombre Envie à l'oeil timide & louche
Verfant fur des lauriers les poifons de fa bouche
Le jour bleffe fes yeux dans l'ombre étincelans ,
Trifte Amante des Morts , elle hait les Vivans.
Elle apperçoit Henri , fe détourne & foupire :
Auprès d'elle est l'Orgueil qui ſe plaît & s'admire
La Foibleffe au teint pâle , aux regards abbatus ,
Tiran qui cede au crime , & détruit les vertus ,
L'Ambition fanglante , inquiéte , égarée ,
De Trônes , de Tombeaux , d'Eſclaves entourée
La tendre Hipocrifie aux yeux pleins de douceur
( Le Ciel eft dans fes yeux , l'Enfer eft dans fon
coeur )
Le faux zele étalant fes barbares maximes
Et l'Interêt enfin , pere de tous les crimes.
Les autres changemens font de 20. ou
30. Vers , & le trouvent répandus dans
tout l'Ouvrage. En voici un au Chant
quatrième, page 125.
「
..... Loin ... des pompes mondaines ,
Des temples confacrés aux vanités humaines
Dont l'appareil fuperbe impofe à l'Univers.
L'humble Religion fe cache en des deferts ,
Elle y vit avec Dieu dans une paix profonde ,
Cependant que fon nom profané dans le monde
Payenne quelques- uns l'ont placé dans le
Soleil on l'a mis ici dans un Globe deftiné
uniquement à cet usage.
1
11. Vol.
E4
DECEMBRE. 1730. 2887
*
Eft le prétexte faint des fureurs des Tirans ,
Le bandeau du Vulgaire & le mépris des Grands
Souffrir eft fon deftin , benir eft fon partage :
Elle prie en fecret pour l'ingrat qui l'outrage.
Sans ornement , fans art , belle de ſes attraits ,
Sa modefte beauté fe dérobe à jamais
Aux hypocrites yeux de la foule importune
Qui court à fes Autels encenfer la fortune &c.``
Ce beau Poëme eft terminé par ces
Vers :
Tout le peuple changé dans ce jour falutaire
Reconnoît fon vrai Roi , fon Vainqueur & fon
Pere.
Dès lors on admira ce Regne fortuné ,
Et commencé trop tard , & trop tôt terminé.
L'Eſpagnol en trembla ; juſtement deſarmée ,
Rome adopta Bourbon , Rome s'en vit aimée ;
La Difcorde rentra dans l'éternelle Nuit :
A reconnoitre un Roi Mayenne fut réduit ,
Et foumettant enfin fon coeur & fes Provinces
Fut le meilleur fujet du plus jufte des Princes.
Fermer
Résumé : La Henriade, nouvelle édition. Poëme. [titre d'après la table]
Le texte présente une nouvelle édition de 'La Henriade' de Voltaire, publiée en décembre 1730 à Londres. Cette édition, en format in-8, compte 349 pages et est accompagnée d'une préface de 24 pages. Elle est également disponible en format in-4 avec des estampes et sera livrée aux souscripteurs sans frais supplémentaires. La préface inclut une histoire abrégée des événements sur lesquels est fondée la fable du poème, ainsi que l'idée et l'esprit du poème. Voltaire a commencé 'La Henriade' en 1717 à l'âge de 19 ans, alors qu'il était prisonnier à la Bastille. Il a écrit plusieurs œuvres en prison, dont 'La Henriade', initialement composée de six chants. Seul le second chant, traitant des massacres de la Saint-Barthélemy, a été conservé. Une première édition informelle et tronquée est parue en 1723 sous le nom de 'La Ligue'. En 1726, Voltaire a trouvé en Angleterre un soutien général et a publié 'La Henriade' sous son véritable nom, en dix chants. Depuis, il a apporté de nombreux changements au poème, considérant cette nouvelle édition comme la moins mauvaise des précédentes, bien qu'elle soit encore loin de la perfection. Le poème commence par une description du héros Henri IV et de ses exploits. Il inclut des réflexions sur la justice divine et le sort des âmes après la mort. Voltaire a également modifié certains passages pour inclure des références à des concepts scientifiques, comme l'attraction newtonienne. Le poème se termine par la reconnaissance d'Henri IV comme roi légitime et la soumission de ses adversaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
32
s. p.
PRIVILEGE DU ROY.
Début :
LOUIS, par la grace de Dieu, Roi de France & [...]
Mots clefs :
France, Brevet, Chevalier, Avenir, Ordre militaire de Saint Louis, Ouvrage, Lettres de Privilège, Examinateur , Obéissance, Exemplaires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PRIVILEGE DU ROY.
LIBRABYRIVILEGE
$
35165
ASTOR, LENOX AND
TILDEN FOUNDATIONS
1005
-
DU RO r.
•
>
LOUTS ,par la race de Dieu , Roi de France & de Navarre à nos Amez & Feaux Confeillers , les
Gens tenans nos Cours de Parlement , Maitres des
Requêtes ordinaires de nôtre Hôtel , Grand - Confeil
Baillifs , Senéchaux , leurs Lieutenans Civils , & autres
nos Officiers & Jufticiers qu'il appartiendra, SA--
LUT : l'applaudiffement que reçoit le MERCURE DE
FRANCE , Cy devant appellé le Mercure Galant
compofé depuis l'année 1672. par le fieur de Vifé , &
autres Auteurs , nous fait croire que le fieur Dufreni
Titulaire du dernier Brevet étant decedé , il ne convient
pas que le Public foit à l'avenir privé d'un ou
vrage auffi utile qu'a réable , tant à nos fujets qu'aux
étrangers ; c'eft dans cette vûë que bien informé des
talens , & de la fageffe du fieur ANTOINE DE LA ROQUE ,
Ecuyer , ancien Gendarme dans la Compagnie des
Gendarmes de notre Garde ordinaire , & Chevalier
de nôtre Ordre Militaire de Saint Louis ; nous l'avons
choisi pour compoſer à l'avenir exclufivement à tout
autre ledit Ouvrage , fous le titre de MERCURE DE
FRANCE , & nous lui en avons à cet effet accordé nôtre
Brevet le 17. Octobre dernier , pour l'execution du.
quel ledit fieur de la Roque nous a fait fupplier de
lui accorder nos Lettres de Privilege fur ce neceffai.
res :A CES CAUSES , conformément audit Brevet , Nous
lui avons permis & permettons par ces Prefentes de
compofer & donner au Public à l'avenir tous les mois ,
à lui feul exclufivement , ledit Mercure de France, qu'il
pourra faire imprimer en tel volume , forme , marge ,
caractere , conjointement , ou ſeparement , & autant
de fois que bon lui femblera , chaque mois , & de le
faire vendre & débiter par tout nôtre Royaume, & ce
pendant le temps de douze années confecutives , à
compter du jour de la datze des Prefentes ; à condi
tion neanmoins que chaque volume portera fon Approbation
expreffè de l'Examinateur , qui aura été com.
9
9
9
mis à cet effet. Faifons défenfes à toutes fortes de
perfonnes , de quelques qualitéz & conditions qu'elles
foient , d'en introduire d'inpreilions étrangeres dans
aucun lieu de nôtre obéi fance , comme auffi à tous
Libraires , Imprimeurs , Graveurs , & autres d'inprimer
, faireimprimer , graver , vendre , faire vendre,
débiter ni contrefaire ledit Livre, ou planches , en tout
ou en parce , ni d'en faire aucun Extrait , fous quel
que prétexte que ce foit , d'augmenta ion corrections
, changement de titre , ou autrement fans la
permiffion expreffe & par écrit de l'Expofant , ou de
ceux qui auront droit de lui ; le tout à peine de confifcation
des exemplaires contrefaits , de 6000. livres
d'amende , payables fans déport par chacun des contrevenans
, dont un ciers à Nous , un tiers à l'Hôtel-
Dieu de Paris , l'autre tiers à l'Expofant , ou à ceux
q i auront droit de lui , & de tous dépens ,
dommages
& interefts ; à la charge que ces Prefentes feront
enregistrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté
des Libraires & Imprimeurs de Paris , & ce
dans trois mois de la datte d'icelles ; que l'impretion
de ce Livre fera faite dans notre Royaume , & non
ailleurs , en fin papier , & en beau caractere , conformément
aux Reglemens de la Librairie ; & qu'avant
de l'expofer en vente , le manufcrit ou imprimé qui
aura fervi de copie à l'impreflion dudit Livre fora
remis dans le même état où les Approbacions y au❤
ront été données , ès mains de nôtre très-cher &
Feal Chevalier , Garde des Sceaux de France , le
fieur FLEURIAU D'ARM NON VILLA, Commandeur de nos
ordres , & qu'il en fera enfuite remis deux Exemplai.
res de chacun dans nôtre Bibliotheque publique , un
dans celle de nôtre Château du Louvre , & un dans
celle de notredit très- cher & feal Chevalier , Garde
des Sceaux de France ; le tout à peine de nullité des
Prefentes , du contenu deſquelles Vous enjoignons de
faire jouir ledit Expofant , ou fes ayans caufe pleinement
& paifiblement , fans fouffrir qu'il leur foit fait
aucuns troubles & empêche nens , & à cet effet nous
avons revoqué & revoquons tous autres Privileges
qui pourroient avoir été donnez cy -devant à d'autres
qu'audit Expofant ; Voulons que la copie des Prefentes
qui fera imprimée tout au long au commence nent ou
à la fin dudit Livre foit tenue pour dúëment fignifiée ,
& qu'aux copies collationnées par l'un de nos Amez
& Feaux Confeillers. Secretaires, foy ſoit ajoûtée, &c.
$
35165
ASTOR, LENOX AND
TILDEN FOUNDATIONS
1005
-
DU RO r.
•
>
LOUTS ,par la race de Dieu , Roi de France & de Navarre à nos Amez & Feaux Confeillers , les
Gens tenans nos Cours de Parlement , Maitres des
Requêtes ordinaires de nôtre Hôtel , Grand - Confeil
Baillifs , Senéchaux , leurs Lieutenans Civils , & autres
nos Officiers & Jufticiers qu'il appartiendra, SA--
LUT : l'applaudiffement que reçoit le MERCURE DE
FRANCE , Cy devant appellé le Mercure Galant
compofé depuis l'année 1672. par le fieur de Vifé , &
autres Auteurs , nous fait croire que le fieur Dufreni
Titulaire du dernier Brevet étant decedé , il ne convient
pas que le Public foit à l'avenir privé d'un ou
vrage auffi utile qu'a réable , tant à nos fujets qu'aux
étrangers ; c'eft dans cette vûë que bien informé des
talens , & de la fageffe du fieur ANTOINE DE LA ROQUE ,
Ecuyer , ancien Gendarme dans la Compagnie des
Gendarmes de notre Garde ordinaire , & Chevalier
de nôtre Ordre Militaire de Saint Louis ; nous l'avons
choisi pour compoſer à l'avenir exclufivement à tout
autre ledit Ouvrage , fous le titre de MERCURE DE
FRANCE , & nous lui en avons à cet effet accordé nôtre
Brevet le 17. Octobre dernier , pour l'execution du.
quel ledit fieur de la Roque nous a fait fupplier de
lui accorder nos Lettres de Privilege fur ce neceffai.
res :A CES CAUSES , conformément audit Brevet , Nous
lui avons permis & permettons par ces Prefentes de
compofer & donner au Public à l'avenir tous les mois ,
à lui feul exclufivement , ledit Mercure de France, qu'il
pourra faire imprimer en tel volume , forme , marge ,
caractere , conjointement , ou ſeparement , & autant
de fois que bon lui femblera , chaque mois , & de le
faire vendre & débiter par tout nôtre Royaume, & ce
pendant le temps de douze années confecutives , à
compter du jour de la datze des Prefentes ; à condi
tion neanmoins que chaque volume portera fon Approbation
expreffè de l'Examinateur , qui aura été com.
9
9
9
mis à cet effet. Faifons défenfes à toutes fortes de
perfonnes , de quelques qualitéz & conditions qu'elles
foient , d'en introduire d'inpreilions étrangeres dans
aucun lieu de nôtre obéi fance , comme auffi à tous
Libraires , Imprimeurs , Graveurs , & autres d'inprimer
, faireimprimer , graver , vendre , faire vendre,
débiter ni contrefaire ledit Livre, ou planches , en tout
ou en parce , ni d'en faire aucun Extrait , fous quel
que prétexte que ce foit , d'augmenta ion corrections
, changement de titre , ou autrement fans la
permiffion expreffe & par écrit de l'Expofant , ou de
ceux qui auront droit de lui ; le tout à peine de confifcation
des exemplaires contrefaits , de 6000. livres
d'amende , payables fans déport par chacun des contrevenans
, dont un ciers à Nous , un tiers à l'Hôtel-
Dieu de Paris , l'autre tiers à l'Expofant , ou à ceux
q i auront droit de lui , & de tous dépens ,
dommages
& interefts ; à la charge que ces Prefentes feront
enregistrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté
des Libraires & Imprimeurs de Paris , & ce
dans trois mois de la datte d'icelles ; que l'impretion
de ce Livre fera faite dans notre Royaume , & non
ailleurs , en fin papier , & en beau caractere , conformément
aux Reglemens de la Librairie ; & qu'avant
de l'expofer en vente , le manufcrit ou imprimé qui
aura fervi de copie à l'impreflion dudit Livre fora
remis dans le même état où les Approbacions y au❤
ront été données , ès mains de nôtre très-cher &
Feal Chevalier , Garde des Sceaux de France , le
fieur FLEURIAU D'ARM NON VILLA, Commandeur de nos
ordres , & qu'il en fera enfuite remis deux Exemplai.
res de chacun dans nôtre Bibliotheque publique , un
dans celle de nôtre Château du Louvre , & un dans
celle de notredit très- cher & feal Chevalier , Garde
des Sceaux de France ; le tout à peine de nullité des
Prefentes , du contenu deſquelles Vous enjoignons de
faire jouir ledit Expofant , ou fes ayans caufe pleinement
& paifiblement , fans fouffrir qu'il leur foit fait
aucuns troubles & empêche nens , & à cet effet nous
avons revoqué & revoquons tous autres Privileges
qui pourroient avoir été donnez cy -devant à d'autres
qu'audit Expofant ; Voulons que la copie des Prefentes
qui fera imprimée tout au long au commence nent ou
à la fin dudit Livre foit tenue pour dúëment fignifiée ,
& qu'aux copies collationnées par l'un de nos Amez
& Feaux Confeillers. Secretaires, foy ſoit ajoûtée, &c.
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Résumé : PRIVILEGE DU ROY.
Le document est un privilège royal émanant du roi de France et de Navarre, accordant la publication exclusive du 'Mercure de France'. Le roi reconnaît la valeur de cet ouvrage, initialement composé par le sieur de Visé et d'autres auteurs depuis 1672. À la suite du décès du titulaire du dernier brevet, le roi désigne le sieur Antoine de La Roque, écuyer et chevalier de l'Ordre militaire de Saint-Louis, pour composer et publier le 'Mercure de France'. Ce privilège accorde à La Roque le droit exclusif de composer et de publier cet ouvrage mensuellement pour une durée de douze années consécutives. Chaque volume doit obtenir l'approbation expresse de l'examinateur. Le document interdit à toute personne d'imprimer, vendre ou contrefaire le livre sans autorisation, sous peine de confiscation et d'amende. Le privilège doit être enregistré auprès de la communauté des libraires et imprimeurs de Paris, et l'impression doit se faire dans le royaume, en respectant les règlements de la librairie. Deux exemplaires de chaque volume doivent être remis à la bibliothèque publique, au château du Louvre, et au Garde des Sceaux de France.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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33
s. p.
AVERTISSEMENT.
Début :
Voici le cent trente-septiéme Volume du Mercure de France [...]
Mots clefs :
Public, Lecteurs, Livre, Ouvrage, Marchands
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVERTISSEMENT.
AVERTISSEMENT.
Voici le cent trente- septième Volume du
Mercure de France , que nous avons
l'honneur de présenter au Public , depuis le
mois de fuin 1721. que nous y travaillons ,
sans que ce Livre ait souffert aucune interruption
, ayant toujours paru régulierement
au tems marqué , et quelquefois même avec
des Supplémens , selon l'exigence des cas ,
de quoi nos Lecteurs ne se sont pas plaint.
Nous
redoublerons nos soins et notre application
,» pour que la lecture du Mercure soit
desarmais encore plus utile et plus amusante.
Nous sommes cependant bien éloignez du
nombre des Mercures de la composition defen
M. de Visé , qui jusques et compris le mois de
May 1710. tems de sa mort , en avoit fait
paroître 483. Volumes , lesquels sont aujour→
d'hui fort recherchez pour quantité de faits
historiques qu'on ne trouve que dans cet Ouvrage
, et dont il n'y a peut être pas de collection
parfaitement complette , si ce n'est
celle qui est à la Bibliotheque du Roi,
il ne manque pas un seul Volume de toute
la suite des Mercures depuis les premiers
que M.de Visé fit paroître jusqu'aujourd'hui.
ой
En remerciant nos Lecteurs du cas qu'ils
daignent faire de ce Livre , nous leur demandons
AVERTISSEMENT
.
mandons toujours quelque indulgence pour
les endroits qui paroîtront négligez et dont
la diction n'est pas assez ehatiée . Le Lecteur
judicieux fera , s'il lui plaît , reflexion
que dans un Ouvrage tel que celui - cy , il est
trés aisé de manquer , même dans les choses
les plus communes , dont chacune en parti
culier est facile , mais qui ramassées , font
une multiplicité si grande , qu'il est bien
malaisé de donner à toutes la même attention
, quelque soin qu'on y apporte ; sur tout
quand une collection est faite en aussi
de tems. Une chose qui paroît un peu
juste , c'est qu'on nous reproche assez souvent
des inattentions , et qu'on ne nous sçache aucun
gré des corrections sans nombre qu'on
fait et des fautes qu'on évite .
pen
in-
Nous faisons de la part du Public de
nouvelles instances aux Libraires qui en- .
voyent des Livres pour les annoncer dans
le Mercure , d'en marquer le prix au juste ;
cela sert beaucoup dans les Provinces aux
personnes qui se déterminent là-dessus à les
acheter, et qui ne sont pas sûrs de l'exactitude
des Messagers et des autres personnes
qu'elles chargent de leurs commissions , qui
souvent les font surpayer,
On invite ici les Marchands et les Onvriers
qui ont quelques nouvelles Modes ,
soitpar des Etoffes nouvelles , Habits Ajustemens
, Perruques , Coëffures , Ornemens de
A iiij tête
AVERTISSEMENT.
que gête et autres parures , ainsi de meubles,
Carosses , Chaises et autres choses , soit pour
P'utilité , soit pour l'agrément , d'en donner
quelques Memoires pour en avertir le Public
, ce qui pourrafaire plaisir à divers Particuliers,
et procurer un débit avantageux
aux Marchans et aux Ouvriers.
Plusieurs Pieces en Prose et en Vers ,
envoyées pour le Mercure , sont souvent si
mal écrites qu'on ne peut les déchifrer , et
elles sont pour cela rejettées ; d'autres sont
bonnes à quelques égards , et défectueuses en
d'autres ; lorsquelles peuvent en valoir la peine
, nous les retouchons avec soin ; mais comme
nous ne prenons ce parti qu'avec peine ,
nous prions les Auteurs de ne le pas trouver
mauvais , et de travailler leurs Ouvrages
avec le plus d'attention qu'il leur sera possible.
Si on sçavoit leur addresse , on leur
indiqueroit les défectuositez et les corrections
à faire.
Les Sçavans et les Curieux sont priez de
vouloir concourir avec nous pour rendre ce
Livre encore plus utile et plus agréable , en
nous communiquant les Memoires et les Pieces
en Prose et en Vers , qui peuvent instruire
et amuser. Aucun point de Litterature
n'est exclus de ce Recueil , où l'on tâche de
mettre une agréable varieté , Poësies , Elaquence
, nouvelles Découvertes dans les Arts
et dans les Sciences , Morale , Antiquités ,
HisAVERTISSEMENT.
Histoire sacrée et profane , Historiette , Mythologie
, Physique et Métaphysique , Pieces
de Théatre, Jurisprudence, Anatomie et Médecine
, Critique, Mathématique, Mémoires,
Projets , Traductions , Grammaire , Pieces
amusantes et récréatives , etc. Quand les
morceaux d'une certaine considération seront
trop longs , on les placera dans un Volume
extraordinaire , on fera ensorte qu'on puisse
les en détacherfacilement , pour la satisfaction
des Auteurs et des personnes qui ne
veulent avoir que certaines Pieces.
Quelques morceaux de Prose et de Vers
rejeitez par bonnes raisons , ont souvent donné
lieu à des plaintes de la part des per
sonnes interessées ; mais nous les prions de
considerer que c'est toujours malgré nous que
certaines Pieces sont rebutées ; nous ne nous
en rapportons pas toujours à notre seul ju
gement dans le choix que nous faisons de
eelles qui méritent l'impression.
Quoiqu'on ait toujours la précaution de
faire mettre un Avis à la tête de chaque
Mercure ,pour avertir qu'on ne recevra point
de Lettres ni Paquets par la Postel dont le
port ne soit affranchi , il en vient cependant
quelquefois qu'on est obligé de rebuter. Ceux
qui n'auront pas pris cette précaution ne doi
vent pas être surpris de ne pas voir paroî
tre les Pieces qu'ils ont envoyées .
Les personnes qui désirent avoir le Mer
A v Curc
AVERTISSEMENT.
cure des premiers , soit dans les Provinces on
dans les Pais Etrangers , n'auront qu'à s'addresser
à M. Moreau , Commis au Mercure,
vis-à- vis la Comedie Françoise , à Paris ,
qui le leur envoyera par la voye la plus convenable
, et avant qu'il soit en vente ici. Les
amis à qui on s'adresse pour cela ne sont
ordinairement fort exacts ; ils n'envoyent
gueres acheter ce Livre précisément dans le
tems qu'il paroît; ils ne manquent pas de lo
Lire , souvent ils le prêtent à d'autres , et ne
l'envoyent que fort tard , sous le prétexte specieux
que le Mercure n'a pas paru plutôt.
pas
Nous renouvellons la priere que nous avons
déja faite , quand on envoye des Pieces , soit
en Vers , soit en Prose , de les faire transcrire
lisiblement sur des papiers séparez , et
d'unegrandeur raisonnable avec des marges,
et que les noms propres , sur tout , soient exactement
écrits.
Nous aurons toujours les mêmes égards
pour les Auteurs qui ne veulent pas se faire
connoître ; mais il seroit bon qu'ils donnassènt
une adresse , sur tout quand il s'agit de
quelque Ouvrage qui peut demander des
éclaircissemens ; car souvent faute d'un tel secours
, des Pieces nous demeurent entre les:
mains , sans pouvoir les faire paroître.
Nous prions ceux qui par le moyen de leurs
correspondances reçoivent des nouvelles d'Affrique
du Levant , de Perse , de Tartarie
dia
G
AVERTISSEMENT.
les
du Japon , de la Chine , des Indes Orientales
et Occidentales et d'autres Pays et Contrées
éloignées , de vouloir nous en faire part
à l'adresse generale du Mercure. Ces nouvelles
peuvent rouler sur les guerres présentes
des Etats voisins , leurs Révolutions ,
Traite de Paix ou de Tréve , les оссира-
tions des Souverains , la Religion des Peuples
,leurs Ceremonies , Coûtumes et Usages,
les Phénomenes et les productions de la Nature
et de l'Art , etc. comme Pierres figurées ,
Marcassites rares , Pétrifications et Christalisations
extraordinaires , Coquillages , etc.
Nous serons plus attentifs que jamais à
apprendre au Public la mort des Sçavans et
de ceux qui se sont distinguez dans les Arts
et dans la Mécanique ; on y joindra le récit
de leurs principales occupations , et des plus
considérables actions de leur vie. L'Histoire
des Lettres et des Arts doit cette marque de
reconnoissance à la mémoire de ceux qui s'y
sont rendus celebres , ou qui les ont cultiveZ
avec soin. Nous esperons que les parens et
les amis de ces illustres Morts aideront volontiers
à leur rendre ce devoir par les instructions
qu'ils voudront bien nous fournir.
Ce que nous venons de dire , regarde nonseulement
Paris , mais encore toutes les Provinces
du Royaume , qui peuvent fournir des
Evenemens considerables Morts , Mariages
, Actes solemnels , Fêtes et autres
A vj Faits
3
AVERTISSEMENT.
Faits dignes d'êtres transmis à la posterité.
Nous prions les personnes qui nous font
l'honneur de nous écrire pour demander des
nouvelles ou des éclaircissemens sur quelque
chose que ce soit , qui se trouve imprimé
dans ce Livre , et à laquelle ils prennent interêt
; nous prions , disje , ces personnes de
vouloir bien citer l'année , le mois , la page
même du Mercure dans lequel ils ont lû ce
qui fait le sujet de leur demande , pour nous
mettre en état de leur donner une plus prompte
satisfaction ; car il est impossible que nous
ayons assez présents toutes les matieres et
tous les arcicles contenus dans un´si grand
nombre de Volumes , pour sçavoir à point
nommé où trouver la chose dont il s'agit.
le tems nous étant d'ailleurs assez précieux.
Cet Avis servira de réponse à la Lettre
qu'on nous a écrite de Villeneuve d'Agenois
le 29. Novembre 1730 .
Il nous reste à marquer notre reconnoissance
et à remercier au nom du Public plusieurs
Sçavans du premier ordre , et quantité
d'autres personnes d'un mérite distingué,
dont les productions enrichissent le Mercure,
et le font lire et rechercher.
Voici le cent trente- septième Volume du
Mercure de France , que nous avons
l'honneur de présenter au Public , depuis le
mois de fuin 1721. que nous y travaillons ,
sans que ce Livre ait souffert aucune interruption
, ayant toujours paru régulierement
au tems marqué , et quelquefois même avec
des Supplémens , selon l'exigence des cas ,
de quoi nos Lecteurs ne se sont pas plaint.
Nous
redoublerons nos soins et notre application
,» pour que la lecture du Mercure soit
desarmais encore plus utile et plus amusante.
Nous sommes cependant bien éloignez du
nombre des Mercures de la composition defen
M. de Visé , qui jusques et compris le mois de
May 1710. tems de sa mort , en avoit fait
paroître 483. Volumes , lesquels sont aujour→
d'hui fort recherchez pour quantité de faits
historiques qu'on ne trouve que dans cet Ouvrage
, et dont il n'y a peut être pas de collection
parfaitement complette , si ce n'est
celle qui est à la Bibliotheque du Roi,
il ne manque pas un seul Volume de toute
la suite des Mercures depuis les premiers
que M.de Visé fit paroître jusqu'aujourd'hui.
ой
En remerciant nos Lecteurs du cas qu'ils
daignent faire de ce Livre , nous leur demandons
AVERTISSEMENT
.
mandons toujours quelque indulgence pour
les endroits qui paroîtront négligez et dont
la diction n'est pas assez ehatiée . Le Lecteur
judicieux fera , s'il lui plaît , reflexion
que dans un Ouvrage tel que celui - cy , il est
trés aisé de manquer , même dans les choses
les plus communes , dont chacune en parti
culier est facile , mais qui ramassées , font
une multiplicité si grande , qu'il est bien
malaisé de donner à toutes la même attention
, quelque soin qu'on y apporte ; sur tout
quand une collection est faite en aussi
de tems. Une chose qui paroît un peu
juste , c'est qu'on nous reproche assez souvent
des inattentions , et qu'on ne nous sçache aucun
gré des corrections sans nombre qu'on
fait et des fautes qu'on évite .
pen
in-
Nous faisons de la part du Public de
nouvelles instances aux Libraires qui en- .
voyent des Livres pour les annoncer dans
le Mercure , d'en marquer le prix au juste ;
cela sert beaucoup dans les Provinces aux
personnes qui se déterminent là-dessus à les
acheter, et qui ne sont pas sûrs de l'exactitude
des Messagers et des autres personnes
qu'elles chargent de leurs commissions , qui
souvent les font surpayer,
On invite ici les Marchands et les Onvriers
qui ont quelques nouvelles Modes ,
soitpar des Etoffes nouvelles , Habits Ajustemens
, Perruques , Coëffures , Ornemens de
A iiij tête
AVERTISSEMENT.
que gête et autres parures , ainsi de meubles,
Carosses , Chaises et autres choses , soit pour
P'utilité , soit pour l'agrément , d'en donner
quelques Memoires pour en avertir le Public
, ce qui pourrafaire plaisir à divers Particuliers,
et procurer un débit avantageux
aux Marchans et aux Ouvriers.
Plusieurs Pieces en Prose et en Vers ,
envoyées pour le Mercure , sont souvent si
mal écrites qu'on ne peut les déchifrer , et
elles sont pour cela rejettées ; d'autres sont
bonnes à quelques égards , et défectueuses en
d'autres ; lorsquelles peuvent en valoir la peine
, nous les retouchons avec soin ; mais comme
nous ne prenons ce parti qu'avec peine ,
nous prions les Auteurs de ne le pas trouver
mauvais , et de travailler leurs Ouvrages
avec le plus d'attention qu'il leur sera possible.
Si on sçavoit leur addresse , on leur
indiqueroit les défectuositez et les corrections
à faire.
Les Sçavans et les Curieux sont priez de
vouloir concourir avec nous pour rendre ce
Livre encore plus utile et plus agréable , en
nous communiquant les Memoires et les Pieces
en Prose et en Vers , qui peuvent instruire
et amuser. Aucun point de Litterature
n'est exclus de ce Recueil , où l'on tâche de
mettre une agréable varieté , Poësies , Elaquence
, nouvelles Découvertes dans les Arts
et dans les Sciences , Morale , Antiquités ,
HisAVERTISSEMENT.
Histoire sacrée et profane , Historiette , Mythologie
, Physique et Métaphysique , Pieces
de Théatre, Jurisprudence, Anatomie et Médecine
, Critique, Mathématique, Mémoires,
Projets , Traductions , Grammaire , Pieces
amusantes et récréatives , etc. Quand les
morceaux d'une certaine considération seront
trop longs , on les placera dans un Volume
extraordinaire , on fera ensorte qu'on puisse
les en détacherfacilement , pour la satisfaction
des Auteurs et des personnes qui ne
veulent avoir que certaines Pieces.
Quelques morceaux de Prose et de Vers
rejeitez par bonnes raisons , ont souvent donné
lieu à des plaintes de la part des per
sonnes interessées ; mais nous les prions de
considerer que c'est toujours malgré nous que
certaines Pieces sont rebutées ; nous ne nous
en rapportons pas toujours à notre seul ju
gement dans le choix que nous faisons de
eelles qui méritent l'impression.
Quoiqu'on ait toujours la précaution de
faire mettre un Avis à la tête de chaque
Mercure ,pour avertir qu'on ne recevra point
de Lettres ni Paquets par la Postel dont le
port ne soit affranchi , il en vient cependant
quelquefois qu'on est obligé de rebuter. Ceux
qui n'auront pas pris cette précaution ne doi
vent pas être surpris de ne pas voir paroî
tre les Pieces qu'ils ont envoyées .
Les personnes qui désirent avoir le Mer
A v Curc
AVERTISSEMENT.
cure des premiers , soit dans les Provinces on
dans les Pais Etrangers , n'auront qu'à s'addresser
à M. Moreau , Commis au Mercure,
vis-à- vis la Comedie Françoise , à Paris ,
qui le leur envoyera par la voye la plus convenable
, et avant qu'il soit en vente ici. Les
amis à qui on s'adresse pour cela ne sont
ordinairement fort exacts ; ils n'envoyent
gueres acheter ce Livre précisément dans le
tems qu'il paroît; ils ne manquent pas de lo
Lire , souvent ils le prêtent à d'autres , et ne
l'envoyent que fort tard , sous le prétexte specieux
que le Mercure n'a pas paru plutôt.
pas
Nous renouvellons la priere que nous avons
déja faite , quand on envoye des Pieces , soit
en Vers , soit en Prose , de les faire transcrire
lisiblement sur des papiers séparez , et
d'unegrandeur raisonnable avec des marges,
et que les noms propres , sur tout , soient exactement
écrits.
Nous aurons toujours les mêmes égards
pour les Auteurs qui ne veulent pas se faire
connoître ; mais il seroit bon qu'ils donnassènt
une adresse , sur tout quand il s'agit de
quelque Ouvrage qui peut demander des
éclaircissemens ; car souvent faute d'un tel secours
, des Pieces nous demeurent entre les:
mains , sans pouvoir les faire paroître.
Nous prions ceux qui par le moyen de leurs
correspondances reçoivent des nouvelles d'Affrique
du Levant , de Perse , de Tartarie
dia
G
AVERTISSEMENT.
les
du Japon , de la Chine , des Indes Orientales
et Occidentales et d'autres Pays et Contrées
éloignées , de vouloir nous en faire part
à l'adresse generale du Mercure. Ces nouvelles
peuvent rouler sur les guerres présentes
des Etats voisins , leurs Révolutions ,
Traite de Paix ou de Tréve , les оссира-
tions des Souverains , la Religion des Peuples
,leurs Ceremonies , Coûtumes et Usages,
les Phénomenes et les productions de la Nature
et de l'Art , etc. comme Pierres figurées ,
Marcassites rares , Pétrifications et Christalisations
extraordinaires , Coquillages , etc.
Nous serons plus attentifs que jamais à
apprendre au Public la mort des Sçavans et
de ceux qui se sont distinguez dans les Arts
et dans la Mécanique ; on y joindra le récit
de leurs principales occupations , et des plus
considérables actions de leur vie. L'Histoire
des Lettres et des Arts doit cette marque de
reconnoissance à la mémoire de ceux qui s'y
sont rendus celebres , ou qui les ont cultiveZ
avec soin. Nous esperons que les parens et
les amis de ces illustres Morts aideront volontiers
à leur rendre ce devoir par les instructions
qu'ils voudront bien nous fournir.
Ce que nous venons de dire , regarde nonseulement
Paris , mais encore toutes les Provinces
du Royaume , qui peuvent fournir des
Evenemens considerables Morts , Mariages
, Actes solemnels , Fêtes et autres
A vj Faits
3
AVERTISSEMENT.
Faits dignes d'êtres transmis à la posterité.
Nous prions les personnes qui nous font
l'honneur de nous écrire pour demander des
nouvelles ou des éclaircissemens sur quelque
chose que ce soit , qui se trouve imprimé
dans ce Livre , et à laquelle ils prennent interêt
; nous prions , disje , ces personnes de
vouloir bien citer l'année , le mois , la page
même du Mercure dans lequel ils ont lû ce
qui fait le sujet de leur demande , pour nous
mettre en état de leur donner une plus prompte
satisfaction ; car il est impossible que nous
ayons assez présents toutes les matieres et
tous les arcicles contenus dans un´si grand
nombre de Volumes , pour sçavoir à point
nommé où trouver la chose dont il s'agit.
le tems nous étant d'ailleurs assez précieux.
Cet Avis servira de réponse à la Lettre
qu'on nous a écrite de Villeneuve d'Agenois
le 29. Novembre 1730 .
Il nous reste à marquer notre reconnoissance
et à remercier au nom du Public plusieurs
Sçavans du premier ordre , et quantité
d'autres personnes d'un mérite distingué,
dont les productions enrichissent le Mercure,
et le font lire et rechercher.
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Résumé : AVERTISSEMENT.
Le Mercure de France, publié sans interruption depuis juin 1721, annonce dans son cent trente-septième volume son intention de rendre la lecture plus utile et amusante. Les éditeurs reconnaissent la valeur historique des volumes précédents, publiés par M. de Visé, qui sont très prisés pour leur contenu historique. La bibliothèque du Roi possède une collection complète de ces volumes. Les éditeurs sollicitent l'indulgence des lecteurs pour les négligences et erreurs, soulignant la difficulté de maintenir une haute qualité dans une publication aussi vaste et régulière. Ils demandent aux libraires de préciser le prix des livres annoncés et aux marchands de partager les nouvelles modes et innovations. Les auteurs sont invités à bien écrire et à corriger leurs œuvres avant de les soumettre. Le Mercure accepte diverses contributions, allant de la poésie à la jurisprudence, en passant par les découvertes scientifiques et les pièces de théâtre. Les textes trop longs seront placés dans des volumes extraordinaires. Les éditeurs rappellent également les précautions à prendre pour l'envoi des manuscrits et des lettres. Les correspondants sont encouragés à partager des nouvelles de régions éloignées et des informations sur des événements notables, tels que des décès de savants ou des révolutions. Les lecteurs sont invités à citer précisément les références des articles qu'ils consultent pour faciliter les réponses aux demandes d'informations. Enfin, les éditeurs expriment leur gratitude envers les savants et les personnes de mérite qui contribuent au Mercure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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34
p. 282
LETTRE DE M. D. à Made D ... au sujet du Cordon Bleu que le Roi a accordé à M. le Marquis D ...
Début :
Vous l'avez voulu, Madame, et quand vous commandez quelque [...]
Mots clefs :
Cordon bleu, Respect, Ouvrage
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE DE M. D. à Made D ... au sujet du Cordon Bleu que le Roi a accordé à M. le Marquis D ...
LETTRE de M. D. à Mad D ...
au sujet du Cordon Bleu que le Roi a accordé
à M. le Marquis D ...
Ous l'avez voulu Madame
V
quand
et
quand vous commandez quelque
chose , quel moyen de vous resister ? Ce
petit Ouvrage est un enfant d'obéissance;
vous êtes engagée à le soutenir ; s'il y a
quelques fautes , elles ne partent que de
F'esprit , et le coeur n'y a pas la moindre
part. Vous sçavez bien , Madame , qu'il
est plein d'attachement et de respect pour
yous et pour tout ce qui vous touche.
au sujet du Cordon Bleu que le Roi a accordé
à M. le Marquis D ...
Ous l'avez voulu Madame
V
quand
et
quand vous commandez quelque
chose , quel moyen de vous resister ? Ce
petit Ouvrage est un enfant d'obéissance;
vous êtes engagée à le soutenir ; s'il y a
quelques fautes , elles ne partent que de
F'esprit , et le coeur n'y a pas la moindre
part. Vous sçavez bien , Madame , qu'il
est plein d'attachement et de respect pour
yous et pour tout ce qui vous touche.
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35
p. 2677-2679
ODE A M. BOUHIER. Nommé premier Evêque de Dijon.
Début :
Scavantes filles de mémoire, [...]
Mots clefs :
Gloire, Lyre, Ouvrage, Grandeur
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texteReconnaissance textuelle : ODE A M. BOUHIER. Nommé premier Evêque de Dijon.
ODE
A M. BOUHI ER.
Nommé premier Evêque de Dijon .
Scavantes Cavantes filles de mémoire ,
Daignez m'inspirer en ce jour ,
C'est travailler à votre gloire ,
Que de seconder mon amour.
Mais quel est le feu qui m'inspire ,
A prendre en main ma foible Lyre ?
'Auriez-vous exaucé mes voeux ?
Oui , Muses , un secret présage
7
Me dit que c'est là votre ouvrage;
Soutenez vos soins genereux.
D'un Prélat ennemi du vice ,
Le mérite est enfin connu ,
Un Roy , guidé par la justice ,
Vient de couronner sa vertu ;
BOUHIER , ne crois pas que je fonde ,
Sur ta tige illustre et féconde ,
Ce nouvel éclat de Grandeur ;
Ce Monarque en tout équitable ,
S'il en croyoit un plus capable ,
Ne te feroit pas cet honneur.
I iij Bijon
2678 MERCURE
DE FRANCE
Dijon , ton heureuse patrie ,
A mes accents mêle sa voix ;
Tu l'entends cette voix chérie
Du Prince elle approuve le choix ,
Ce Roy le plus sage du monde ,
Sans ton humilité profonde
T'auroit couronné dès long- temps ,
Mais la sagesse qui te guide
Met la gloire la plus solide ,
A fuir les honneurs éclatans.
>
Déja chacun de nous soupire
Après ce moment précieux ,
Où la vertu sous ton Empire ,
Fera le bonheur de ces lieux ;
La foible et timide innocence ,
Depuis si long-temps sans deffense
Va retrouver un protecteur.
Déja par une fuite prompte
Le vice porte ailleurs la honte
De voir en toy son
1
destructeur.
Mais si de mon ardeur extrême
Je voulois suivre les transports ,
Ma Lyre en louant ce que j'aime ,
Pourroit enfin manquer d'accords ;
Impa
OVEMBRE . 1731. 2679
imposons
silence à ma Muse ;
Car je m'apperçois que trop j'abuse
Du temps qu'il perd à m'écouter ,
Les momens sont chers à son zele
Le soin de son Troupeau l'appelle ,
Et ce soin lui fait tout quittér.
C. R. C. V. S. E.
A M. BOUHI ER.
Nommé premier Evêque de Dijon .
Scavantes Cavantes filles de mémoire ,
Daignez m'inspirer en ce jour ,
C'est travailler à votre gloire ,
Que de seconder mon amour.
Mais quel est le feu qui m'inspire ,
A prendre en main ma foible Lyre ?
'Auriez-vous exaucé mes voeux ?
Oui , Muses , un secret présage
7
Me dit que c'est là votre ouvrage;
Soutenez vos soins genereux.
D'un Prélat ennemi du vice ,
Le mérite est enfin connu ,
Un Roy , guidé par la justice ,
Vient de couronner sa vertu ;
BOUHIER , ne crois pas que je fonde ,
Sur ta tige illustre et féconde ,
Ce nouvel éclat de Grandeur ;
Ce Monarque en tout équitable ,
S'il en croyoit un plus capable ,
Ne te feroit pas cet honneur.
I iij Bijon
2678 MERCURE
DE FRANCE
Dijon , ton heureuse patrie ,
A mes accents mêle sa voix ;
Tu l'entends cette voix chérie
Du Prince elle approuve le choix ,
Ce Roy le plus sage du monde ,
Sans ton humilité profonde
T'auroit couronné dès long- temps ,
Mais la sagesse qui te guide
Met la gloire la plus solide ,
A fuir les honneurs éclatans.
>
Déja chacun de nous soupire
Après ce moment précieux ,
Où la vertu sous ton Empire ,
Fera le bonheur de ces lieux ;
La foible et timide innocence ,
Depuis si long-temps sans deffense
Va retrouver un protecteur.
Déja par une fuite prompte
Le vice porte ailleurs la honte
De voir en toy son
1
destructeur.
Mais si de mon ardeur extrême
Je voulois suivre les transports ,
Ma Lyre en louant ce que j'aime ,
Pourroit enfin manquer d'accords ;
Impa
OVEMBRE . 1731. 2679
imposons
silence à ma Muse ;
Car je m'apperçois que trop j'abuse
Du temps qu'il perd à m'écouter ,
Les momens sont chers à son zele
Le soin de son Troupeau l'appelle ,
Et ce soin lui fait tout quittér.
C. R. C. V. S. E.
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Résumé : ODE A M. BOUHIER. Nommé premier Evêque de Dijon.
L'ode célèbre la nomination de M. Bouhier comme premier évêque de Dijon. Inspirée par les Muses, l'œuvre exprime la joie et l'admiration de l'auteur pour cette distinction. Le roi, guidé par la justice, a récompensé la vertu de Bouhier non pas en raison de sa lignée, mais de ses mérites personnels. Dijon, la patrie de Bouhier, approuve ce choix royal. L'auteur souligne que l'humilité de Bouhier a retardé cette reconnaissance, mais il est désormais attendu avec impatience comme protecteur de l'innocence et destructeur du vice. L'auteur conclut en imposant silence à sa muse, respectant le dévouement de Bouhier à ses responsabilités pastorales.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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36
p. 2922-2938
LETTRE à Messieurs les Auteurs du Journal de Trévoux.
Début :
Javois lû le Poëme de la Henriade lorsqu'il parut la premiere fois sous le [...]
Mots clefs :
Voltaire, Poème, Critique, Ouvrage, Virgile, Fictions
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE à Messieurs les Auteurs du Journal de Trévoux.
LETTRE à Messieurs les Auteurs dis
Journal de Trévoux .
MESS
ESSIEURS ,
Javois lû le Poëme de la Henriade
lorsqu'il parut la premiere fois sous le
nom de la Ligue,et je ne le regardois alors
que comme un ouvrage informe , plein .
d'inégalitez et de beaux Vers ; j'avouerai
même que je desesperois de voir jamais
l'honneur de la France bien rétabli dans
le Genre de l'Epopée ; mais enfin , il fautrendre
gloire à la vérité , et je ne ferai
aucune difficulté de dire que la France
peut aujourd'hui , en ce genre , se comparer
à l'Italie , et se préférer à l'Angleterre.
?
J'écrivis une Lettre critique à l'Illustre
M. de Voltaire dès que la Ligue parut, etje
l'avertis sincerement , combien il étoit
loin de la perfection . Heureusement il a
été assez supérieur pour ne le pas croire
parfait ; il a travaillé , il s'est corrigé , etau
licu d'avertissement , nous ne lui devons
plus que des Eloges. Il sera à jamais.
JJ Vol un
DECEMBRE 1731. 2938
un grand exemple , que la docilité et le
travail continue , peuvent seuls mener
à l'immortalité.
"
On vous a adressé contre ce fameux
ouvrage , une critique que vous avez inserée
dans votre Journal du mois de Juin
dernier. Je vous supplie , Mess. et j'ose
vous sommer , comme juges de la question
, de décider entre cette Critique et
mes Observations.
On semble d'abord refuser à la Henriade
le nom de Poëme épique. Je vous demande
quel nom mérite donc un ouvragequi
a unité d'action , de lieu , de tems :
et d'interêt , plus que toute autre Ouvrage
de cette espece. J'en appelle à Vous et
à tous les Sçavans de l'Europe. L'interêtne
porte-t- il pas du premier Vers jus
qu'au dernier , sur HENRY LE GRAND .
Le Poëme commence ainsi :
Je chante ce Héros , qui regna dans la France
,
Et par droit de conquête , et par droit de nais
sance ,
Qui parle malheur même apprit à gouverner
» Persécuté long - tems , sçut vaincre et par
donner ,
» Confondit , et Mayenne , et la Ligue , et l'Ibere
,
II. Vol. A vj Etx
2924 MERCURE DE FRANCE
D. Et fut de ses sujets , le Vainqueur et le Pere.
Ce que l'Auteur promet dans cette
annonce , il le tient dans tout le cours
du Poëme , et enfin.:.
>> Tout le peuple changé dans ce jour salutaire ,
» Reconnoit son vrai Roy , son Vainqueur et son ·
Pere.
Pour l'unité de lieu , elle est observés
en ce que Paris est supposé toujours assiégé
, et que le commencement du Siégo
et l'entrée du Roy dans la Ville , sont le
sujet de l'ouvrage.
L'unité de temps , est encore plus ri
goureusement suivie , puisque toute l'ac
tion est supposée se passer en un seul
Eté.
L'unité d'interêt est évidente , puisque
l'on ne s'interesse que pour HENRY LE
GRAND.
Il faut donc avouer que toutes les regles
sont icy inviolablement observées .
Je n'entens rien aux reproches qu'on
fait à M. de Voltaire , de n'avoir pas interessé
le Ciel , la Terre et les Enfers à son
action. On ne demande pas , sans doute
que Jupiter et Venus se mêlent des affaires
d'Henry IV . et nous devons , je croi
sçavoir bon gré à l'Auteur de n'avoir
II. Yola point
DECEMBRE. 1731. 2925
point introduit de Magiciens , comme le
Tasse , ni fait battre les Anges à coups .
de Canon , comme Milton , et il me paroît
qu'il y a une singuliere dexterité à
avoir employé des fictions qui ne sont ni
pueriles , ni extravagantes dans ce siecla
éclairé et philosophique , où l'on regarde :
les fictions purementPoëtiques, comme des .
débauches d'esprit , où l'on méprise souverainement
tout ce qui n'est pas raison.
nable.
Or je prétends que de toutes les fictions
employées par M. de Voltaire , il n'y en a
pas une qui ne soit ce qu'elle doit être
pour nous plaire , je veux dire , vraie .
>
Que la discorde ait animé la Ligue , que
la Politique ait eu son séjour à Rome, que
l'Esperance , les Vices et les Chagrins
soient sans cesse les suivans de l'Amour
que S.. Louis , protecteur de la France , et
Ancêtre de Henry IV. intercede pour lui
auprès du Tres - Haut ;il n'y a rien là
de chrétien et de vrai.
que
L'Auteur a imité Virgile dans la descente
aux enfers; je suis bien loin de désaprouver
cette imitation , et je ne suis.
point du nombre de ceux qui regardent
comme des Plagiaires ces nobles esprits ,
qui sçavent s'approprier les beautez antiques
, et faire des originaux François de
ces beaux morceaux Grecs et Romains.
11. Vol . Je
2926 MERCURE DE FRANCE
Je ne crains point même d'affirmer qu'en
plusieurs endroits notre Auteur enchérit
sur son modéle , et pour le prouver ,
comparez la Philosophie de Virgile avec
celle de M. de Voltaire.
Principio coelum ac Terras camposque virentes
Spiritus intus alit .
» Dans le centre éclatant de ces orbes immen--
"
ses ,
Qui n'ont pu nous cacher leur marche , epleurs
distances ,
Luit cet Astre du jour par Dieu même allumé ,.
** Qui tourne autour de soi sur son axe enfla¬
mé ,
» De lui partent sans fin des Torrens de lu .
miere ,
» Il donne , en se montrant , la vie à la ma_
tiere.
» Et dispense les jours , les saisons , et les ans ,
A des Mondes divers autour de lui flottans.
Ces Astres asservis à la loy qui les presse ,
» S'attirent dans leur course , et l'évitent sans
cesse.
» Et servant l'un à l'autre et de regle et d'appuy
,
» Se prêtent les clartez qu'ils reçoivent de lui.
Au-delà de leurs cours et loin dans cet espace
,
a ) Chant VII.
11. Vol. On
DECEMBRE 1731. 2927
Où la matiere nage , et que Dieu seul , embrasse.
» Sont des Soleils sans nombre , et des mondes
sans fin.
Dans cet abîme immense , il leur ouvre un
chemin ,
Par delà tous ces Cieux , le Dieu des Cieux
réside,
Je ne sçai si je me trompe , mais avoir
ainsi expliqué le systême du monde avec
une Poësie si majestueuse , et une précision
si exacte , me paroît l'effort de l'Es- .
prit. Virgile a mis aux portes des Enfers les
maux qui affligent les hommes.
Vestibulum ante ipsum primisque in fancibus
orci,
12. Luctus et ultrices posuere cubilia cura ;
Pallentesque habitant morbi , tristisque Senectus
;
» Et Metus , et male suada fames et turpis
egestas ,
Terribiles visu forma , lethumque laborque ,
»Tum consanguineus lethi sopor , et mala men➡
tis
» Gaudia
bellum.
> mortiferumque adverso limine '
M. de Voltaire a placé les Vices à peu
près au même endroit.
11. Vol Là
2928 MERCURE DE FRANCE
(a ) Là , gist la sombre envie à l'oeil timide et
.louche ,
» Versant sur des Lauriers les poisons de sa bou--
che.
Le jour blesse ses yeux dans l'ombre étince--
lans , ..
Triste Amante des Morts , elle hait les Vivans.
Elle apperçoit HENRY , se détourne et soupire
,
Auprès d'elle est l'orgueil , qui se plaît , et
s'admire.
La foiblesse au teint pâle , aux- regards abatus
Tiran qui cede au crime , et détruit les Vertus ;
» L'Ambition sanglante , inquiéte , égarée ,
22 De Trones , de Tombeaux ; d'Esclaves entou
rée ,
» La tendre hypocrisie aux yeux pleins de douceur
,
(Le Ciel est dans ses yeux, l'Enfer est dans son
coeur.)
Le faux zele étalant ses barbares maximes
» Et l'interêt enfin , pere de tous les crimes.
Que l'on compare encore le bonheur
que les ames des Héros goutent dans les
Champs Elisiens , avec la félicité des bien
heureux , décrite dans la Henriade.
» ( b ) Amour en ces climats , tout ressent ton
empire ,
( a ) Chant VII.
(b) Chant VII,
il. Vol.
Ca
DECEMBRE. 1731 2929!
» Ce n'est point cet amour , que la molesse ins
pire.
» C'est ce flambeau divin , ce feu pur et sacré ,
» Ce pur enfant des Cieux , sur la Terre ignoré..
» De lui seul à jamais tous les coeurs se remplissent
,
» Ils désirent sans cesse , et sans cesse jouissent ;
» Et goutent dans les feux d'une éternelle ardeur,,
» Des plaisirs sans regrets , du repos sans langueur,
Je ne rapporte aucun de ces morceaux :
sans en être ému , et je vous avoue que
le plaisir qu'ils me causent , me donne quel--
que indignation contre des François qui
préférent le Tasse et Milton à l'Auteurde
la Henriade. Je n'ai sur cela qu'un mot
à dire : Le Tasse et Milton sont pleins de
concetti et de pensées fausses. Qu'on me
trouve dans M.de Voltaire une seule pensée
fausse , une seule comparaison qui ne
soit pas- noble et juste , et j'abandonne sa
cause .
Mais sur tout , ce qui doit plaire davantage
dans la Henriade à des esprits .
sensez , c'est que l'Auteur a parlé humainement
, quoique poëtiquement ; il a
peint nos moeurs et nos usages , et il faut
avouer que nul Poëte épique, hors Home,
re, n'avoit été assez heureux pour faire
II.Vol.
dos
2930 MERCURE DE FRANCE
des portaits ressemblans. Vous trouvez
dans la Henriade nos manieres de combatre
, nos Fortifications , nos Siéges , nos
Loix , nos Coutumes , nos Interêts , ceux
de nos Voisins , et ce qui est plus que tout
cela , les Peintures vivantes de tous les
hommes du tems de Henry IV. Le Lecteur
doit être charmé de trouver tant de
veritez dans une sorte d'ouvrage, où d'ordinaire
on ne trouve que des fictions.
On affecte à tout propos d'appeller le
Telemaque un Poëme Epique , je suis
bien persuadé que M. de Fenelon lui - même
n'auroit pas osé donner ce grand titres
à son Ouvrage . Ceux qui parlent si improprement
sont des personnes qui voudroient
avoir la gloire d'être Poëtes sans
en avoir la peine . Ils débitent hardiment
qu'un long Ouvrage en Vers ne peut réüsparce
qu'ils sont incapables d'en
faire , et j'ose dire même qu'il a fallu que
la Henriade parut pour faire voir à la
Nation qu'elle pouvoit avoir un Poëte
Epique.
sir ,
M. de Fenelon avoit crû , je l'avoue ,
que les François ne pourroient jamais s'élever
jusqu'à l'Epopée ; il ne connoissoit
pas notre Poësie . Lui - même il étoit un
fort mauvais Poëte , on le voit par le peu
de Vers qu'on a imprimez de lui , ii pen-
LI. Vol.. soit
DECEMBRE 1731. 2937
soit que la mesure de l'Ode faisoit plus
de plaisir à l'oreille que nos grands Vers,
et que cette mesure seule pouvoit se soutenir
sans fatiguer ; mais s'il avoit voulu
considerer que nos Tregédies sont écrites
en Vers Alexandrins
de douze sillabes
, il n'auroit pas. pas voulu que les Poëmes
Epiques fussent composez de Strophes. ,
Avant que l'aimable la Fontaine eût mis.
les Fables en Vers , toute l'Académie soutenoit
qu'on ne les pouvoit écrire qu'en
Prose. Avant que M. de Voltaire enrichît
notre siecle et notre Nation d'un
Poëme Epique , on croyoit aussi qu'il
falloit faire des Poëmes en Prose. On a
toûjours regardé notre Langue comme
incapable des Ouvrages hardis , jusqu'à
ce qu'il soit venu de grands Hommes.
qui ayent montré qu'un esprit original
fait du Langage l'usage qu'il lui plaît.
En un mot , fentens dire aujourd'hui
aux Esprits sérieux et pleins d'impartialité
, que le Télemaque est le seul Roman
moral, et la Henriade le seul Poëme Epique
que nous ayons.
Le Critique reproche à M. de Voltaire
une chose qui , si elle etoit vraye , le
rendroit certainement un mauvais Poëte;
il insinue qu'on ne lit point la Henriade
avec cette curiosité et cet empressement
II. Vol.
qu'inspire
2932 MERCURE DE FRANCE
qu'inspire un Roman bien composé.
Je plains ce Critique severe, qui se plaît
si fort à la lecture des Romans , et qui
s'ennuye à la Henriade ; pour moi qui
l'ai lûe dix fois , toûjours avec le même
plaisir , j'ai recherché la cause pour laquelle
cet Ouvrage se fait lire de tout
le monde ; j'ai ccrrûu trouver que la vivacité
et la netteté de la diction en étoient
la principale raison , le stile rapide emporte
son Lecteur avec soi telle est , par
exemple , la peinture dès Combats , que
j'avoue ne pouvoir lire que dans la Henriade..
Le Soldat à son gré , sur ce funeste mur ,
Combattant de plus près, porte un trépas plus sur,
Alors on n'entend plus ces foudres de la guerre ,,
Dont les bouches de bronze épouventoient la
Terre..
Un farouche silence , enfant de la fureur ,
A ces bruyants éclats succede avec horreur.
D'un bras déterminé , d'un oeil brulant de rage ,
Parmi ses ennemis chacun s'ouvre un passage.
On saisit, on reprend par un contraire effort ,
Ce Rempart plein de sang , Théatre de la mort,
Dans ses fatales mains la victoire incertaine ,
Tient encor près des Lys , l'Etendart de Lorraine
Les Assiegeans surpris , sont par tout renversez :
Gent fois victorieux et cent fois terrassez .
11. Vd . Pareil
DECEMBRE . 1731. 2933
Pareil à l'Ocean poussé par les orages ,
Qui couvre à chaque instant et qui suit ses Rivages.
Jamais le Roy , jamais son illustre Rival
N'avoient été si grands qu'en cet assaut fatal.
François , Anglois , Lorrains , que la fureur assemble
,
Avançoient , combattoient , frappoient , mouroient
ensemble .
Ange qui conduisiez leur fureur et leur bras ,
Ange Exterminateur , ame de ces Combats ,
De quel Heros enfin prîtes - vous la querelle ?
Une autre raison encore qui fait lire ce
Poëme avec tant d'avidité , c'est un artifice
qui me semble particulier à l'Auteur
; il a eu soin de finir chaque Chant
d'une maniere qui excite la curiosité
de lire le suivant , en laissant toûjours
attendre quelque évenement.
Par exemple , au premier Chant Henry
IV. finit par ce Discours à la Reine
Elizabeth.
Sur tout en écoutant ces tristes avantures,
On s'attend donc de voir ces avantures
au second Chant.
A la fin du troisième :
La voix de la victoire en son Camp le rappelle
II. Vol. On
2934 MERCURE . DE FRANCE
On a donc envie d'apprendre ce qu'il
va faire.
A la fin du cinquième :
Henry du haut du Trône alloit les foudroyer.
A la fin du sixiéme S. Louis lui apparoît
, et l'Auteur réserve adroitement la
vision pour le septième.
A la fin du huitiéme , en parlant de
la Discorde :
Dans un Char teint de sang qui fait pâlir le jour,
Elle part , elle vole , et va trouver l'Amour.
Avec quelle impatience n'attend - on
pas le succès du voyage de la Discorde ?
Plus je réfléchis sur cet artifice que per
sonne jusqu'à present n'a remarqué , plus
je suis persuadé que c'est à lui qu'on
doit le succès de la Henriade .
Le petit nombre d'ennemis que ce Poëme
fameux a encore , triomphe de ce
que l'Episode de Didon est beaucoup plus
interessant que celui d'Elizabeth, et reproche
à notre Auteur d'avoir mis le Chant,
qu'on appelle le Chant des Amours , à
la fin du Poëme , au lieu de l'avoir mis
au commencement , comme Virgile. Il
est bien certain que l'Episode de Didon
dans l'Eneïde , est un morceau parfait ,
dont l'Episode d'Elizabeth , dont le Poë
II. Vol me
DECEMBRE 1731. 2935
me François n'approche pas. Que conclure
de- là ? Rien autre chose , sinon ,
que Virgile est principalement admirable
dans cette Episode , et M. de Voltaire
dans la saint Barthelemy , dans l'assauť
de Paris , dans la Description de la Politique
, dans le Temple de l'Amour. En
verité le Critique voudroit- il qu'Henry
IV. fût amoureux de la Reine Elizabeth,
parce qu'Enée fit l'amour à Didon ?
C'est ici , sur tout , que le Critique me
paroît se tromper et qu'il importe pour
la perfection du goût de remarquer son
erreur.
Le neuvième Chant ; dit- il , n'est point
à sa place à la fin de l'Action. Il la fait
languir , il me semble que c'est tout le
contraire. Je suis persuadé que l'admirable
Episode de Didon a fait grand tort
à l'Encïde en cela seul qu'il est au commencement
du Poëme ; en effet les Combats
dans le Lavinium , sont bien froids
quand on vient de lire le quatriéme Livre
de Virgile .
Il y a encore ici une observation trésutile
à faire , c'est que dans presque
tous les Poëmes et dans presque tous les
Romans il ya toûjours une Episode amoureuse
, qui par la corruption de notre
Nature, est d'ordinaire l'endroit de l'Ou-
II. Vol. vrage
f
12936 MERCURE DE FRANCE
vrage le plus picquant ; on en voit des
exemples dans Virgile , dans le Tasse et
dans tous nos Romans, même dans le Roman
Moral de Telemaque.
Cette sorte de beauté est devenuë enfin
un lieu commun usé . Qu'a donc fait
ce semble , très - habilement M. de Voltaire
? au lieu de nous donner une avanture
Romanesque , il nous a donné un
Chant tout allégorique ! Ce n'est pas une
avanture amoureuse qu'il peint , c'est le
Palais de l'Amour , c'est - à-dire , uniquement
les dangers de cette Passion .
C'est-là, c'est au milieu de cette Cour affreuse ,
Des plaisirs des Humains , Compagne malheu
.reuse ,
Que l'Amour a choisi son séjour éternel ,
Ce dangereux Enfant si tendre et si cruel ,
Tient en sa foible main les destins de la Terre
, &c.
Il me paroît que cette Description si
ingenieuse et si morale , vaut bien les
emportemens d'une Heroïne de Théatre
qui se plaint d'être abandonnée par son
Amant. Je finis là mes Remarques sur
la Critique de la Henriade. Je vous prie
MM. de vouloir bien juger entre l'Observateur
et moi. J'aurai ensuite l'hon-
II. Vol. neut
DECEMBRE 1731. 2937
neur de vous demander aussi votre décision
sur des points concernant le Civil,
le Sacré et le Moral , sur lesquels on attaque
M. de Voltaire dans la seconde Partie.
Je ne suis ami que de la verité , et si
M. de Voltaire a laissé échapper des expressions
peu mésurées ,,
permettez-moi
de m'unir à vous pour le prier solemnellement
de les corriger ; car en verité ,
toute la France doit s'interresser à la perfection
de cet Ouvrage. Je suis , MM. &c.
Signé , LA BRUÏERE,
Nous prions l'Auteur de cette Lettre ,
au cas qu'il nous adresse encore quelque
chose sur le même sujet , comme il semble
l'annoncer sur la fin , de vouloir bien
se servir d'une main moins ignorante
pour transcrire son Original , ou de prendre
la peine de faire lui- même les corrections
necessaires ; il nous a fallu employer
un temps considerable pour mettre
cette Piece en état d'être imprimée ,
chercher sur tout dans Virgile et dans
la Henriade , les endroits rapportez , non
citez , et presque tous estropiez par le
Copiste.
Nous prenons cette occasion pour prier,
en réïterant nos précedens Avis , toutes
les personnes qui trouveront à propos de
II. Vol. B nous
2938 MERCURE DE FRANCE
nous envoyer des Pieces , de les écrire
ou faire écrire lisiblement et le plus correctement
qu'il se pourra , pour nous
épargner une peine qui nous est souvent
impossible , et le chagrin de rebuter ces
Pieces.
Au reste, nous croyons qu'on ne peut,
sans injustice , attribuer aux Journalistes
de Trévoux les deux Lettres contre
M. de Voltaire . Ils ont souvent déclaré
qu'en imprimant les Pieces étrangeres
qu'on leur envoye , telles qu'elles sont ,
ils ne prétendent point en répondre , et
qu'ils offrent un champ libre aux Répliques.
Nous sçavons que plusieurs Jesuites
distinguez désaprouvent hautement
ces deux Lettres .
Il ne faut pas craindre que la Critique
tardive et outrée d'un Censeur , qui n'ose
se faire connoître , fasse après plus de
deux ans , changer les sentimens de la
France et de l'Angleterre sur la derniere
Edition de la Henriade . Il resteroit quelques
corrections à faire ; celles que l'Auteur
a faites , répondent du soin qu'il
aura de n'y rien laisser qui puisse blesser
personne . On doit l'excuser sur sa Théologie
, quelquefois peu exacte ; il a reconnu
lui- même de bonne grace ce deffaut.
Journal de Trévoux .
MESS
ESSIEURS ,
Javois lû le Poëme de la Henriade
lorsqu'il parut la premiere fois sous le
nom de la Ligue,et je ne le regardois alors
que comme un ouvrage informe , plein .
d'inégalitez et de beaux Vers ; j'avouerai
même que je desesperois de voir jamais
l'honneur de la France bien rétabli dans
le Genre de l'Epopée ; mais enfin , il fautrendre
gloire à la vérité , et je ne ferai
aucune difficulté de dire que la France
peut aujourd'hui , en ce genre , se comparer
à l'Italie , et se préférer à l'Angleterre.
?
J'écrivis une Lettre critique à l'Illustre
M. de Voltaire dès que la Ligue parut, etje
l'avertis sincerement , combien il étoit
loin de la perfection . Heureusement il a
été assez supérieur pour ne le pas croire
parfait ; il a travaillé , il s'est corrigé , etau
licu d'avertissement , nous ne lui devons
plus que des Eloges. Il sera à jamais.
JJ Vol un
DECEMBRE 1731. 2938
un grand exemple , que la docilité et le
travail continue , peuvent seuls mener
à l'immortalité.
"
On vous a adressé contre ce fameux
ouvrage , une critique que vous avez inserée
dans votre Journal du mois de Juin
dernier. Je vous supplie , Mess. et j'ose
vous sommer , comme juges de la question
, de décider entre cette Critique et
mes Observations.
On semble d'abord refuser à la Henriade
le nom de Poëme épique. Je vous demande
quel nom mérite donc un ouvragequi
a unité d'action , de lieu , de tems :
et d'interêt , plus que toute autre Ouvrage
de cette espece. J'en appelle à Vous et
à tous les Sçavans de l'Europe. L'interêtne
porte-t- il pas du premier Vers jus
qu'au dernier , sur HENRY LE GRAND .
Le Poëme commence ainsi :
Je chante ce Héros , qui regna dans la France
,
Et par droit de conquête , et par droit de nais
sance ,
Qui parle malheur même apprit à gouverner
» Persécuté long - tems , sçut vaincre et par
donner ,
» Confondit , et Mayenne , et la Ligue , et l'Ibere
,
II. Vol. A vj Etx
2924 MERCURE DE FRANCE
D. Et fut de ses sujets , le Vainqueur et le Pere.
Ce que l'Auteur promet dans cette
annonce , il le tient dans tout le cours
du Poëme , et enfin.:.
>> Tout le peuple changé dans ce jour salutaire ,
» Reconnoit son vrai Roy , son Vainqueur et son ·
Pere.
Pour l'unité de lieu , elle est observés
en ce que Paris est supposé toujours assiégé
, et que le commencement du Siégo
et l'entrée du Roy dans la Ville , sont le
sujet de l'ouvrage.
L'unité de temps , est encore plus ri
goureusement suivie , puisque toute l'ac
tion est supposée se passer en un seul
Eté.
L'unité d'interêt est évidente , puisque
l'on ne s'interesse que pour HENRY LE
GRAND.
Il faut donc avouer que toutes les regles
sont icy inviolablement observées .
Je n'entens rien aux reproches qu'on
fait à M. de Voltaire , de n'avoir pas interessé
le Ciel , la Terre et les Enfers à son
action. On ne demande pas , sans doute
que Jupiter et Venus se mêlent des affaires
d'Henry IV . et nous devons , je croi
sçavoir bon gré à l'Auteur de n'avoir
II. Yola point
DECEMBRE. 1731. 2925
point introduit de Magiciens , comme le
Tasse , ni fait battre les Anges à coups .
de Canon , comme Milton , et il me paroît
qu'il y a une singuliere dexterité à
avoir employé des fictions qui ne sont ni
pueriles , ni extravagantes dans ce siecla
éclairé et philosophique , où l'on regarde :
les fictions purementPoëtiques, comme des .
débauches d'esprit , où l'on méprise souverainement
tout ce qui n'est pas raison.
nable.
Or je prétends que de toutes les fictions
employées par M. de Voltaire , il n'y en a
pas une qui ne soit ce qu'elle doit être
pour nous plaire , je veux dire , vraie .
>
Que la discorde ait animé la Ligue , que
la Politique ait eu son séjour à Rome, que
l'Esperance , les Vices et les Chagrins
soient sans cesse les suivans de l'Amour
que S.. Louis , protecteur de la France , et
Ancêtre de Henry IV. intercede pour lui
auprès du Tres - Haut ;il n'y a rien là
de chrétien et de vrai.
que
L'Auteur a imité Virgile dans la descente
aux enfers; je suis bien loin de désaprouver
cette imitation , et je ne suis.
point du nombre de ceux qui regardent
comme des Plagiaires ces nobles esprits ,
qui sçavent s'approprier les beautez antiques
, et faire des originaux François de
ces beaux morceaux Grecs et Romains.
11. Vol . Je
2926 MERCURE DE FRANCE
Je ne crains point même d'affirmer qu'en
plusieurs endroits notre Auteur enchérit
sur son modéle , et pour le prouver ,
comparez la Philosophie de Virgile avec
celle de M. de Voltaire.
Principio coelum ac Terras camposque virentes
Spiritus intus alit .
» Dans le centre éclatant de ces orbes immen--
"
ses ,
Qui n'ont pu nous cacher leur marche , epleurs
distances ,
Luit cet Astre du jour par Dieu même allumé ,.
** Qui tourne autour de soi sur son axe enfla¬
mé ,
» De lui partent sans fin des Torrens de lu .
miere ,
» Il donne , en se montrant , la vie à la ma_
tiere.
» Et dispense les jours , les saisons , et les ans ,
A des Mondes divers autour de lui flottans.
Ces Astres asservis à la loy qui les presse ,
» S'attirent dans leur course , et l'évitent sans
cesse.
» Et servant l'un à l'autre et de regle et d'appuy
,
» Se prêtent les clartez qu'ils reçoivent de lui.
Au-delà de leurs cours et loin dans cet espace
,
a ) Chant VII.
11. Vol. On
DECEMBRE 1731. 2927
Où la matiere nage , et que Dieu seul , embrasse.
» Sont des Soleils sans nombre , et des mondes
sans fin.
Dans cet abîme immense , il leur ouvre un
chemin ,
Par delà tous ces Cieux , le Dieu des Cieux
réside,
Je ne sçai si je me trompe , mais avoir
ainsi expliqué le systême du monde avec
une Poësie si majestueuse , et une précision
si exacte , me paroît l'effort de l'Es- .
prit. Virgile a mis aux portes des Enfers les
maux qui affligent les hommes.
Vestibulum ante ipsum primisque in fancibus
orci,
12. Luctus et ultrices posuere cubilia cura ;
Pallentesque habitant morbi , tristisque Senectus
;
» Et Metus , et male suada fames et turpis
egestas ,
Terribiles visu forma , lethumque laborque ,
»Tum consanguineus lethi sopor , et mala men➡
tis
» Gaudia
bellum.
> mortiferumque adverso limine '
M. de Voltaire a placé les Vices à peu
près au même endroit.
11. Vol Là
2928 MERCURE DE FRANCE
(a ) Là , gist la sombre envie à l'oeil timide et
.louche ,
» Versant sur des Lauriers les poisons de sa bou--
che.
Le jour blesse ses yeux dans l'ombre étince--
lans , ..
Triste Amante des Morts , elle hait les Vivans.
Elle apperçoit HENRY , se détourne et soupire
,
Auprès d'elle est l'orgueil , qui se plaît , et
s'admire.
La foiblesse au teint pâle , aux- regards abatus
Tiran qui cede au crime , et détruit les Vertus ;
» L'Ambition sanglante , inquiéte , égarée ,
22 De Trones , de Tombeaux ; d'Esclaves entou
rée ,
» La tendre hypocrisie aux yeux pleins de douceur
,
(Le Ciel est dans ses yeux, l'Enfer est dans son
coeur.)
Le faux zele étalant ses barbares maximes
» Et l'interêt enfin , pere de tous les crimes.
Que l'on compare encore le bonheur
que les ames des Héros goutent dans les
Champs Elisiens , avec la félicité des bien
heureux , décrite dans la Henriade.
» ( b ) Amour en ces climats , tout ressent ton
empire ,
( a ) Chant VII.
(b) Chant VII,
il. Vol.
Ca
DECEMBRE. 1731 2929!
» Ce n'est point cet amour , que la molesse ins
pire.
» C'est ce flambeau divin , ce feu pur et sacré ,
» Ce pur enfant des Cieux , sur la Terre ignoré..
» De lui seul à jamais tous les coeurs se remplissent
,
» Ils désirent sans cesse , et sans cesse jouissent ;
» Et goutent dans les feux d'une éternelle ardeur,,
» Des plaisirs sans regrets , du repos sans langueur,
Je ne rapporte aucun de ces morceaux :
sans en être ému , et je vous avoue que
le plaisir qu'ils me causent , me donne quel--
que indignation contre des François qui
préférent le Tasse et Milton à l'Auteurde
la Henriade. Je n'ai sur cela qu'un mot
à dire : Le Tasse et Milton sont pleins de
concetti et de pensées fausses. Qu'on me
trouve dans M.de Voltaire une seule pensée
fausse , une seule comparaison qui ne
soit pas- noble et juste , et j'abandonne sa
cause .
Mais sur tout , ce qui doit plaire davantage
dans la Henriade à des esprits .
sensez , c'est que l'Auteur a parlé humainement
, quoique poëtiquement ; il a
peint nos moeurs et nos usages , et il faut
avouer que nul Poëte épique, hors Home,
re, n'avoit été assez heureux pour faire
II.Vol.
dos
2930 MERCURE DE FRANCE
des portaits ressemblans. Vous trouvez
dans la Henriade nos manieres de combatre
, nos Fortifications , nos Siéges , nos
Loix , nos Coutumes , nos Interêts , ceux
de nos Voisins , et ce qui est plus que tout
cela , les Peintures vivantes de tous les
hommes du tems de Henry IV. Le Lecteur
doit être charmé de trouver tant de
veritez dans une sorte d'ouvrage, où d'ordinaire
on ne trouve que des fictions.
On affecte à tout propos d'appeller le
Telemaque un Poëme Epique , je suis
bien persuadé que M. de Fenelon lui - même
n'auroit pas osé donner ce grand titres
à son Ouvrage . Ceux qui parlent si improprement
sont des personnes qui voudroient
avoir la gloire d'être Poëtes sans
en avoir la peine . Ils débitent hardiment
qu'un long Ouvrage en Vers ne peut réüsparce
qu'ils sont incapables d'en
faire , et j'ose dire même qu'il a fallu que
la Henriade parut pour faire voir à la
Nation qu'elle pouvoit avoir un Poëte
Epique.
sir ,
M. de Fenelon avoit crû , je l'avoue ,
que les François ne pourroient jamais s'élever
jusqu'à l'Epopée ; il ne connoissoit
pas notre Poësie . Lui - même il étoit un
fort mauvais Poëte , on le voit par le peu
de Vers qu'on a imprimez de lui , ii pen-
LI. Vol.. soit
DECEMBRE 1731. 2937
soit que la mesure de l'Ode faisoit plus
de plaisir à l'oreille que nos grands Vers,
et que cette mesure seule pouvoit se soutenir
sans fatiguer ; mais s'il avoit voulu
considerer que nos Tregédies sont écrites
en Vers Alexandrins
de douze sillabes
, il n'auroit pas. pas voulu que les Poëmes
Epiques fussent composez de Strophes. ,
Avant que l'aimable la Fontaine eût mis.
les Fables en Vers , toute l'Académie soutenoit
qu'on ne les pouvoit écrire qu'en
Prose. Avant que M. de Voltaire enrichît
notre siecle et notre Nation d'un
Poëme Epique , on croyoit aussi qu'il
falloit faire des Poëmes en Prose. On a
toûjours regardé notre Langue comme
incapable des Ouvrages hardis , jusqu'à
ce qu'il soit venu de grands Hommes.
qui ayent montré qu'un esprit original
fait du Langage l'usage qu'il lui plaît.
En un mot , fentens dire aujourd'hui
aux Esprits sérieux et pleins d'impartialité
, que le Télemaque est le seul Roman
moral, et la Henriade le seul Poëme Epique
que nous ayons.
Le Critique reproche à M. de Voltaire
une chose qui , si elle etoit vraye , le
rendroit certainement un mauvais Poëte;
il insinue qu'on ne lit point la Henriade
avec cette curiosité et cet empressement
II. Vol.
qu'inspire
2932 MERCURE DE FRANCE
qu'inspire un Roman bien composé.
Je plains ce Critique severe, qui se plaît
si fort à la lecture des Romans , et qui
s'ennuye à la Henriade ; pour moi qui
l'ai lûe dix fois , toûjours avec le même
plaisir , j'ai recherché la cause pour laquelle
cet Ouvrage se fait lire de tout
le monde ; j'ai ccrrûu trouver que la vivacité
et la netteté de la diction en étoient
la principale raison , le stile rapide emporte
son Lecteur avec soi telle est , par
exemple , la peinture dès Combats , que
j'avoue ne pouvoir lire que dans la Henriade..
Le Soldat à son gré , sur ce funeste mur ,
Combattant de plus près, porte un trépas plus sur,
Alors on n'entend plus ces foudres de la guerre ,,
Dont les bouches de bronze épouventoient la
Terre..
Un farouche silence , enfant de la fureur ,
A ces bruyants éclats succede avec horreur.
D'un bras déterminé , d'un oeil brulant de rage ,
Parmi ses ennemis chacun s'ouvre un passage.
On saisit, on reprend par un contraire effort ,
Ce Rempart plein de sang , Théatre de la mort,
Dans ses fatales mains la victoire incertaine ,
Tient encor près des Lys , l'Etendart de Lorraine
Les Assiegeans surpris , sont par tout renversez :
Gent fois victorieux et cent fois terrassez .
11. Vd . Pareil
DECEMBRE . 1731. 2933
Pareil à l'Ocean poussé par les orages ,
Qui couvre à chaque instant et qui suit ses Rivages.
Jamais le Roy , jamais son illustre Rival
N'avoient été si grands qu'en cet assaut fatal.
François , Anglois , Lorrains , que la fureur assemble
,
Avançoient , combattoient , frappoient , mouroient
ensemble .
Ange qui conduisiez leur fureur et leur bras ,
Ange Exterminateur , ame de ces Combats ,
De quel Heros enfin prîtes - vous la querelle ?
Une autre raison encore qui fait lire ce
Poëme avec tant d'avidité , c'est un artifice
qui me semble particulier à l'Auteur
; il a eu soin de finir chaque Chant
d'une maniere qui excite la curiosité
de lire le suivant , en laissant toûjours
attendre quelque évenement.
Par exemple , au premier Chant Henry
IV. finit par ce Discours à la Reine
Elizabeth.
Sur tout en écoutant ces tristes avantures,
On s'attend donc de voir ces avantures
au second Chant.
A la fin du troisième :
La voix de la victoire en son Camp le rappelle
II. Vol. On
2934 MERCURE . DE FRANCE
On a donc envie d'apprendre ce qu'il
va faire.
A la fin du cinquième :
Henry du haut du Trône alloit les foudroyer.
A la fin du sixiéme S. Louis lui apparoît
, et l'Auteur réserve adroitement la
vision pour le septième.
A la fin du huitiéme , en parlant de
la Discorde :
Dans un Char teint de sang qui fait pâlir le jour,
Elle part , elle vole , et va trouver l'Amour.
Avec quelle impatience n'attend - on
pas le succès du voyage de la Discorde ?
Plus je réfléchis sur cet artifice que per
sonne jusqu'à present n'a remarqué , plus
je suis persuadé que c'est à lui qu'on
doit le succès de la Henriade .
Le petit nombre d'ennemis que ce Poëme
fameux a encore , triomphe de ce
que l'Episode de Didon est beaucoup plus
interessant que celui d'Elizabeth, et reproche
à notre Auteur d'avoir mis le Chant,
qu'on appelle le Chant des Amours , à
la fin du Poëme , au lieu de l'avoir mis
au commencement , comme Virgile. Il
est bien certain que l'Episode de Didon
dans l'Eneïde , est un morceau parfait ,
dont l'Episode d'Elizabeth , dont le Poë
II. Vol me
DECEMBRE 1731. 2935
me François n'approche pas. Que conclure
de- là ? Rien autre chose , sinon ,
que Virgile est principalement admirable
dans cette Episode , et M. de Voltaire
dans la saint Barthelemy , dans l'assauť
de Paris , dans la Description de la Politique
, dans le Temple de l'Amour. En
verité le Critique voudroit- il qu'Henry
IV. fût amoureux de la Reine Elizabeth,
parce qu'Enée fit l'amour à Didon ?
C'est ici , sur tout , que le Critique me
paroît se tromper et qu'il importe pour
la perfection du goût de remarquer son
erreur.
Le neuvième Chant ; dit- il , n'est point
à sa place à la fin de l'Action. Il la fait
languir , il me semble que c'est tout le
contraire. Je suis persuadé que l'admirable
Episode de Didon a fait grand tort
à l'Encïde en cela seul qu'il est au commencement
du Poëme ; en effet les Combats
dans le Lavinium , sont bien froids
quand on vient de lire le quatriéme Livre
de Virgile .
Il y a encore ici une observation trésutile
à faire , c'est que dans presque
tous les Poëmes et dans presque tous les
Romans il ya toûjours une Episode amoureuse
, qui par la corruption de notre
Nature, est d'ordinaire l'endroit de l'Ou-
II. Vol. vrage
f
12936 MERCURE DE FRANCE
vrage le plus picquant ; on en voit des
exemples dans Virgile , dans le Tasse et
dans tous nos Romans, même dans le Roman
Moral de Telemaque.
Cette sorte de beauté est devenuë enfin
un lieu commun usé . Qu'a donc fait
ce semble , très - habilement M. de Voltaire
? au lieu de nous donner une avanture
Romanesque , il nous a donné un
Chant tout allégorique ! Ce n'est pas une
avanture amoureuse qu'il peint , c'est le
Palais de l'Amour , c'est - à-dire , uniquement
les dangers de cette Passion .
C'est-là, c'est au milieu de cette Cour affreuse ,
Des plaisirs des Humains , Compagne malheu
.reuse ,
Que l'Amour a choisi son séjour éternel ,
Ce dangereux Enfant si tendre et si cruel ,
Tient en sa foible main les destins de la Terre
, &c.
Il me paroît que cette Description si
ingenieuse et si morale , vaut bien les
emportemens d'une Heroïne de Théatre
qui se plaint d'être abandonnée par son
Amant. Je finis là mes Remarques sur
la Critique de la Henriade. Je vous prie
MM. de vouloir bien juger entre l'Observateur
et moi. J'aurai ensuite l'hon-
II. Vol. neut
DECEMBRE 1731. 2937
neur de vous demander aussi votre décision
sur des points concernant le Civil,
le Sacré et le Moral , sur lesquels on attaque
M. de Voltaire dans la seconde Partie.
Je ne suis ami que de la verité , et si
M. de Voltaire a laissé échapper des expressions
peu mésurées ,,
permettez-moi
de m'unir à vous pour le prier solemnellement
de les corriger ; car en verité ,
toute la France doit s'interresser à la perfection
de cet Ouvrage. Je suis , MM. &c.
Signé , LA BRUÏERE,
Nous prions l'Auteur de cette Lettre ,
au cas qu'il nous adresse encore quelque
chose sur le même sujet , comme il semble
l'annoncer sur la fin , de vouloir bien
se servir d'une main moins ignorante
pour transcrire son Original , ou de prendre
la peine de faire lui- même les corrections
necessaires ; il nous a fallu employer
un temps considerable pour mettre
cette Piece en état d'être imprimée ,
chercher sur tout dans Virgile et dans
la Henriade , les endroits rapportez , non
citez , et presque tous estropiez par le
Copiste.
Nous prenons cette occasion pour prier,
en réïterant nos précedens Avis , toutes
les personnes qui trouveront à propos de
II. Vol. B nous
2938 MERCURE DE FRANCE
nous envoyer des Pieces , de les écrire
ou faire écrire lisiblement et le plus correctement
qu'il se pourra , pour nous
épargner une peine qui nous est souvent
impossible , et le chagrin de rebuter ces
Pieces.
Au reste, nous croyons qu'on ne peut,
sans injustice , attribuer aux Journalistes
de Trévoux les deux Lettres contre
M. de Voltaire . Ils ont souvent déclaré
qu'en imprimant les Pieces étrangeres
qu'on leur envoye , telles qu'elles sont ,
ils ne prétendent point en répondre , et
qu'ils offrent un champ libre aux Répliques.
Nous sçavons que plusieurs Jesuites
distinguez désaprouvent hautement
ces deux Lettres .
Il ne faut pas craindre que la Critique
tardive et outrée d'un Censeur , qui n'ose
se faire connoître , fasse après plus de
deux ans , changer les sentimens de la
France et de l'Angleterre sur la derniere
Edition de la Henriade . Il resteroit quelques
corrections à faire ; celles que l'Auteur
a faites , répondent du soin qu'il
aura de n'y rien laisser qui puisse blesser
personne . On doit l'excuser sur sa Théologie
, quelquefois peu exacte ; il a reconnu
lui- même de bonne grace ce deffaut.
Fermer
Résumé : LETTRE à Messieurs les Auteurs du Journal de Trévoux.
La lettre adressée à Messieurs les Auteurs du Journal de Trévoux traite de 'La Henriade', un poème épique de Voltaire. L'auteur de la lettre reconnaît les imperfections initiales de l'œuvre, publiée sous le nom de 'La Ligue', mais admire la version révisée. Il affirme que la France peut désormais rivaliser avec l'Italie et se préférer à l'Angleterre dans le genre épique grâce à Voltaire, qui a corrigé et amélioré son œuvre, démontrant ainsi une docilité et un travail continu menant à l'immortalité. La lettre réfute une critique publiée dans le Journal de juin précédent, qui contestait le statut de poème épique de 'La Henriade'. L'auteur argue que l'œuvre respecte les règles de l'unité d'action, de lieu, de temps et d'intérêt, en se concentrant sur Henri IV et le siège de Paris. Il défend également les choix poétiques de Voltaire, comme l'absence de divinités ou de magiciens, et compare favorablement les fictions de Voltaire à celles de Tasse et Milton. L'auteur loue la précision et la majestuosité de la poésie de Voltaire, notamment dans la description du système du monde et des vices. Il critique ceux qui préfèrent Tasse et Milton, les jugeant pleins de concetti et de pensées fausses. Il souligne que Voltaire a peint les mœurs et les usages de son époque avec une grande véracité, offrant des portraits ressemblants des hommes du temps d'Henri IV. La lettre conclut en affirmant que 'La Henriade' est le seul poème épique français, contrairement au 'Télémaque' de Fénelon, considéré comme un roman moral. Elle défend la vivacité et la netteté de la diction de Voltaire, ainsi que l'artifice de finir chaque chant de manière à exciter la curiosité du lecteur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
37
p. 674-683
REPLIQUE à la Réponse de M.L.B. sur son Explication de l'Inscription d'Auxerre.
Début :
J'ay lû ce que M.L.B. oppose aux Remarques que [...]
Mots clefs :
Inscription d'Auxerre, Ovinius, Monnaies antiques, Ouvrage, M. L. B., Association, Guerre, Alexandre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPLIQUE à la Réponse de M.L.B. sur son Explication de l'Inscription d'Auxerre.
REPLIQUE àla Réponse de M, L. B
sur son Explication de l'Inscription d'Auxerre.
Ay lû ce que M. L. B. oppose aux
Remarques que j'ai données dans le
mois de Juillet dernier , sur son Explication de l'Inscription d'Auxerre. Sa Réponse est d'un homme du métier qui
écrit d'une maniere aussi spirituelle que
sçavante;
AVRIL. 1732. 675
sçavante ; mais les raisonnemens qu'il
employe pour soutenir sa prétendue association d'Ovinius , ne me paroissent pas
solides , et il m'accuse d'ailleurs assez légerement de lui faire dire au sujet de la
Guerre d'Allemagne , ce qu'il ne dit pas,
et cela dans la vûë de combattre son sentiment ; il me permettra donc , s'il lui
plaît, de m'expliquer sur ces deux articles.
Premierement,pour ce qui regarde Ovinius , je soutiens , comme je l'ai déja fait,
que la lecturo seule du Texte de Lampride , qui nous rapporte l'association de ce
Sénateur à l'Empire , suffit pour nous
convaincre de la fausseté de cet Evenement. En effet a-t'on jamais vû qu'un
Prince puissant et paisible , à la premiere
nouvelle qu'un de ses Sujets est dans le
dessein de brouiller l'Etat , ait aussi- tôt .
sans autre consideration et par une foiblesse indigne , partagé avec lui son pouvoir , l'ait associé au Trône, et lui ait voulû de plus laisser le commandement des
Armées , c'est-à-dire en bon François
se livrer entierement à sa discretion. Voilà
pourtant la conduite de Severe Alexandre , si l'on s'en rapporte à Lampride.
Cum quidam Ovinius ... rebellare voluisset...participem imperii appellavit ... &
eam expeditio barbarica esset nunciata
Ciij vel
676 MERCURE DE FRANCE
vel ipsum, si vellet ire, vel ut secum proficis ceretur hortatus est. Un tel récit révolte le
Lecteur le plus crédule , aussi ne suis-je
pas le seul qui le révoque en doute. It
me suffira pour la de preuve, rapporter
ici les paroles de M. de Tillemont , sur
l'action qui fait la dispute. Nous ne vou
lons pas omettre ici , ( dit cet Auteur , p.
214. du Tome 3. de l'Hist. des Empereurs ) un Evenement qui semble apparte
nir plus que tout autre à l'an 228. S'il est
veritable dans toutes les circonstances que
l'on en dit ; car il est vrai qu'il y en a qui
paroissent tenir de la fable.
Secondement, non-seulement les Auteurs qui vivoient sous Severe Alexandre
et dont les Ouvrages sont parvenus jusqu'à nous , comme Dion et Herodien, (a)
ne nous disent rien de l'Association d'O
vinius ; mais par la maniere dont ils nous
marquent que Severe Alexandre agit dans
des temps de Révolte , il nous font assez
connoître ce que nous devons penser du
(a) En citant Herodien , je réponds incidemment à une Observation de M. L. B. qui prétend
que le silence des Historiens sur le sujet d'Ovinius , ne vient que de ce que ces Auteurs n'ont
écrit que de simples abregez. Herodien seurement ne passera jamais pour un Epitomiste , et le silence d'un Ecrivain aussi exact , balancera toujours l'autorité de Lampride,
récit
AVRIL. 1732.
677
récit de Lampride. Puisque chez eux Se- vere Alexandre est un Prince ferme et
vigilant , qui au premier bruit de quel¬
que entreprise contre son autorité , a
soin de la réprimer avec courage et d'en
punir les auteurs. Conduite qui convient
parfaitement à un Empereur , que M.L.B.
lui-même compare à Trajan. Voici les
Passages des Auteurs que j'ai citez . Per
id tempus ( dit Dion ) multa rebellionesfacte
sunt , quarum cum fuissent formidolosa ,
repressa ac restincta sunt. Et selon Hérodien: Nequi non in Syria res novas contra
Imperium moliti alii , sed universioppressi
statim supplicioque affecti sunt.
En troisiéme lieu , ce qui s'observoit
d'abord dans l'association d'un Prince à
l'Empire , étoit de frapper des Monnoyes
(a) au coin du nouveau Souverain , ç'a
été un usageconstamment gardé sous tous
les Empereurs ; soit que ces Associations
ayent été libres , comme celles de Trajan
par Nerva, d'Elius par Hadrien , soit
qu'elles ayent.été forcées , comme quand
Balbin et Puppien furent obligez de déclarer Cesar le jeune Gordien , ou que
(a) Et vero simul Imperii summam adepti erant ,
Imperatores ) prima hac cura fuit nummos sua ,
mox conjugum denique et liberorum effigie insignire.
Anton, Augustinus. Dial. T. de Vet. Num. antiq..
Cij Ma-
678 MERCURE DE FRANCE
Maximien Hercule fut contraint par Galere , d'accorder le même titre à Severe.
Il nous reste des Médailles de tous ces
Princes. Ovinius seroit- il le seul pour qui
on eut négligé une coûtume si essentielle
et si continue? Sur tout ce Sénateur ayant
vécu plus de 7 ans , après sa prétendue
association , si l'on s'en rapporte à M.L.B.
qui ne le fait mourir qu'après Severe
Aléxandre.
Enfin pour me servir des armes que
M. L. B. me fournit lui-même, je ferai
remarquer que si Ovinius avoit effectivement été associé par Severe Alexandre;
les Loix que ce dernier donna la même
année de cet Evénement , n'auroient pas
manqué de faire mention d'Ovinius , ou
nommément ou en nom collectif , ce qui
n'est pas., Severe Aléxandre y étant seul
nommé , et cela contre la Regle générale , s'il avoit cu un Collégue ; puisque
nous voyons dans toutes les Loix des Empereurs qui nous restent , le nombre des
Augustes qui regnoient,' exactement marqué. Divi FRATRES AA. IMP. Severus
ET ANTON. A.A. IMPP.GRATIANUS VALENS
ET THEODOSIUS AAA.
Mais , dit M. L. B. l'association d'Ovinius nous est racontée par un Auteur de
réputation , qui vivoit seulement cent ans
après
AVRIL 17320 679
après Severe Alexandre , et qui comme il
le dit lui-même , avoit emprunté ce fait
des Mémoires de quatre Courtisans de ce
Prince; en faut-il davantage pour autoriser cet Evenement ? Je réponds , que ces
quatre Auteurs n'étant point connus autrement que par ce que nous en dit Lampride , ou les autres Auteurs de l'Histoire
Auguste on n'en sçauroit tirer aucun avantage , s'il est vrai qu'on soit en droit de
révoquer en doute ce que ces Ecrivains
avancent, quand il ne se trouve pas d'ail
leurs confirmé , du moins pour le fonds;.
et c'est ce qu'il est aisé de prouver.
teurs ,
Le corps d'Histoire,appellée Auguste, est
l'ouvrage d'un Compilateur , demi sçavant, qui sans choix , et sans ordre , a
mêlé ensemble les Narrations des Audont son Recueil porte les noms
et de quelques autres , peut-être encore ,
qui nous sont inconnus. C'est le sentiment
de ( a ) Casaubon , de ( b ) Saumaise , et
de M. de ( c) Tillemont , qui suffit pour
nous convaincre, qu'à moins que les faitsqu'on trouve dans cette compilation , ne
se rencontrent ailleurs , on est toujours
(a ) Casaub. Pref. in Hist. Augustë”-
(b ) Saum. Idem .
(c) Till. tom. 4. pag. 66.
Cly bien
680 MERCURE DE FRANCE
reçu , comme je l'ai dit, à ne les point bien
recevoir comme véritables.
د
Mais M. L. B. qui veut absolument
donner la Pourpre à Ovinius , a trouvé
une maniere de le faire , sans inter
resser le Prince. C'est de dire que du côté
de Severe Alexandre , l'association d'O
vinius pouvoit n'être que simulée. J'ai
honte de rapporter un expédient aussi
foible et qui tout mysterieux qu'il est , s'il
étoit même véritable , ne changeoit rien .
aux inconveniens , que n'auroit pas manqué d'emporter avec elle une action aussi
publique , et d'une aussi grande consé→
quence , du moins pour les peuples , qui
conduit par les apparences , auroient tou
jours été dans la bonne foy.
Je passe donc à la seconde partie de la
réponse de M. L. B. mais je dois conve
nir auparavant avec lui,que le mot Vulgi,
que j'ai cité dans ma Lettre du mois de
Juillet , se rapporte moins à l'associa
tion d'Ovinius, qu'au temps où elle peutavoir été faite , sous Trajan ou sous Seve
re Alexandre. C'est un manque d'atten
tion de mapart , mais qui n'ôte rien à mes
preuves , et que je ne veux pas excuser.
M. L. B. nous dit que par l'expedition
qui suivit l'association d'Ovinius, il a entendu la guerre d'Illyrie , qu'on peut appeller :
AVRIL. 1732. 681
peller la Guerre d'Allemagne , et que je
suppose que c'est de la derniere guerre
d'Allemagne dans laquelle périt Severe
Alexandre , dont il a voulu parler. Qu'il
me soit permis de dire que jamais repro
che ne fut plus mal fondé. 1º . En parlant
simplement d'une guerre contre les Allemans , comme a fait M. L. B. dans sa
Lettre du mois de May , il est naturel
`d'entendre la derniere contre ces peuples,
comme la plus considérable , et celle où
ils sont désignez par leur nom dans Lam- "
pride. 2°. C'est , qu'en suivant cet Auteur , comme il a fait , on ne peut l'en- "
rendre autrement. Je m'explique : Lampride nous dit que Severe Alexandre "
ayant appris l'irruption de quelques Barbares sur les Terres de l'Empire , marcha
en personne contre eux , et que dans ce
voyage il mena Ovinius ; or cecy ne peut
convenir à l'expédition d'Illyrie où ce
Prince ne se trouva pas , et qui fut conduite par ses Généraux ; le Texte de Lam
pride y est précis. Acta sunt res feliciter et
in Mauretania per Durium Celsum , et in
Illyrico per Varium Macrinum. Ainsi , s'il
s'agit d'Allemans , et que Severe Alexan- 1
dre ait marché contre eux ; ce ne peutêtre
que dans la seconde guerre , et j'ai euraison d'avancer que quand même l'associa
Cvj tion
682 MERCURE DE FRANCE
tion d'Ovinius ne seroit pas insoutenable. M. L. B. se seroit toujours trompé à
cet égard.
Voilà ce que j'avois à dire pour madeffence ; mais avant que de finir,je dois rapporter une Inscription , qui fait , au sujet
qui nous divise, M. L. B. et moi. Elle se
trouve à Rome , dans les Jardins du Palais Giustiniani , et c'est Reinesius qui la
rapporte.
Syntag. Inscrip. Antiq. cxIx. Part. I.
FORTVNE AVG..
PRO. SAL VTE FERENDINE
DOMINORVM. NN.
SEVERI. PIL. AV G.
FIL. IVLIÆ. AVG. MATRIS
و
Dans cette Inscription , comme on le
voit, Antonin Caracalle et Julie sa mere
sont appellez Domini nostri, ce qui est une
confirmation tout- à- fait décisive de l'ex-.
plication que j'ai donnée de Dominorum
nostrorum , de l'Inscription d'Auxerre , en
l'entendant de Severe Alexandre et de:
Mammée , mere de ce Prince. Tout est
semblable dans ces deux Monumens ; j'ajoute seulement que quoiqu'il semble d'abord qu'on puisse aussi- bien expliquer
celle
AVRIL. 17320 6·831
celle d'Auxerre par rapport à Severe Alexandre et à Sallustia Bårbia Osbiana " son.
épouse ; et que je paroisse en quelque façon donner dans mes Remarques l'alternative sur ce sujet. Je suis néanmoins trèspersuadé que c'est de Mammée seule, que.
I'Inscription peut parler, parce que les(a)
Médailles Grecques qui nous restent d'Orbiana , et qui sont marquées des années.
du Regne de son Mary, nous offrent seu--
lement la cinquième année de ce Prince ;
et comme l'Inscription a été posée la septiéme, il n'y a pas d'apparence d'y trou
ver Orbiana, que Herodion, sans la nommer, nous dit avoir été renvoyée peu de
temps après son mariage , aux instances
de sa belle-mere, j'alouse qu'une autre
partageat avec elle les honneurs de la
Cour. Dedit autem ( Mammée ) filio in matrimoniumpuellam... eadempaulo post aula
per omnem contumeliam exegit , et quum ipsa
tantum vocari angusta vellet , &c.
A Orleans , ce 7 Fev. 1732.D.P..
(a)Vaillant. Nusmism. Graca
sur son Explication de l'Inscription d'Auxerre.
Ay lû ce que M. L. B. oppose aux
Remarques que j'ai données dans le
mois de Juillet dernier , sur son Explication de l'Inscription d'Auxerre. Sa Réponse est d'un homme du métier qui
écrit d'une maniere aussi spirituelle que
sçavante;
AVRIL. 1732. 675
sçavante ; mais les raisonnemens qu'il
employe pour soutenir sa prétendue association d'Ovinius , ne me paroissent pas
solides , et il m'accuse d'ailleurs assez légerement de lui faire dire au sujet de la
Guerre d'Allemagne , ce qu'il ne dit pas,
et cela dans la vûë de combattre son sentiment ; il me permettra donc , s'il lui
plaît, de m'expliquer sur ces deux articles.
Premierement,pour ce qui regarde Ovinius , je soutiens , comme je l'ai déja fait,
que la lecturo seule du Texte de Lampride , qui nous rapporte l'association de ce
Sénateur à l'Empire , suffit pour nous
convaincre de la fausseté de cet Evenement. En effet a-t'on jamais vû qu'un
Prince puissant et paisible , à la premiere
nouvelle qu'un de ses Sujets est dans le
dessein de brouiller l'Etat , ait aussi- tôt .
sans autre consideration et par une foiblesse indigne , partagé avec lui son pouvoir , l'ait associé au Trône, et lui ait voulû de plus laisser le commandement des
Armées , c'est-à-dire en bon François
se livrer entierement à sa discretion. Voilà
pourtant la conduite de Severe Alexandre , si l'on s'en rapporte à Lampride.
Cum quidam Ovinius ... rebellare voluisset...participem imperii appellavit ... &
eam expeditio barbarica esset nunciata
Ciij vel
676 MERCURE DE FRANCE
vel ipsum, si vellet ire, vel ut secum proficis ceretur hortatus est. Un tel récit révolte le
Lecteur le plus crédule , aussi ne suis-je
pas le seul qui le révoque en doute. It
me suffira pour la de preuve, rapporter
ici les paroles de M. de Tillemont , sur
l'action qui fait la dispute. Nous ne vou
lons pas omettre ici , ( dit cet Auteur , p.
214. du Tome 3. de l'Hist. des Empereurs ) un Evenement qui semble apparte
nir plus que tout autre à l'an 228. S'il est
veritable dans toutes les circonstances que
l'on en dit ; car il est vrai qu'il y en a qui
paroissent tenir de la fable.
Secondement, non-seulement les Auteurs qui vivoient sous Severe Alexandre
et dont les Ouvrages sont parvenus jusqu'à nous , comme Dion et Herodien, (a)
ne nous disent rien de l'Association d'O
vinius ; mais par la maniere dont ils nous
marquent que Severe Alexandre agit dans
des temps de Révolte , il nous font assez
connoître ce que nous devons penser du
(a) En citant Herodien , je réponds incidemment à une Observation de M. L. B. qui prétend
que le silence des Historiens sur le sujet d'Ovinius , ne vient que de ce que ces Auteurs n'ont
écrit que de simples abregez. Herodien seurement ne passera jamais pour un Epitomiste , et le silence d'un Ecrivain aussi exact , balancera toujours l'autorité de Lampride,
récit
AVRIL. 1732.
677
récit de Lampride. Puisque chez eux Se- vere Alexandre est un Prince ferme et
vigilant , qui au premier bruit de quel¬
que entreprise contre son autorité , a
soin de la réprimer avec courage et d'en
punir les auteurs. Conduite qui convient
parfaitement à un Empereur , que M.L.B.
lui-même compare à Trajan. Voici les
Passages des Auteurs que j'ai citez . Per
id tempus ( dit Dion ) multa rebellionesfacte
sunt , quarum cum fuissent formidolosa ,
repressa ac restincta sunt. Et selon Hérodien: Nequi non in Syria res novas contra
Imperium moliti alii , sed universioppressi
statim supplicioque affecti sunt.
En troisiéme lieu , ce qui s'observoit
d'abord dans l'association d'un Prince à
l'Empire , étoit de frapper des Monnoyes
(a) au coin du nouveau Souverain , ç'a
été un usageconstamment gardé sous tous
les Empereurs ; soit que ces Associations
ayent été libres , comme celles de Trajan
par Nerva, d'Elius par Hadrien , soit
qu'elles ayent.été forcées , comme quand
Balbin et Puppien furent obligez de déclarer Cesar le jeune Gordien , ou que
(a) Et vero simul Imperii summam adepti erant ,
Imperatores ) prima hac cura fuit nummos sua ,
mox conjugum denique et liberorum effigie insignire.
Anton, Augustinus. Dial. T. de Vet. Num. antiq..
Cij Ma-
678 MERCURE DE FRANCE
Maximien Hercule fut contraint par Galere , d'accorder le même titre à Severe.
Il nous reste des Médailles de tous ces
Princes. Ovinius seroit- il le seul pour qui
on eut négligé une coûtume si essentielle
et si continue? Sur tout ce Sénateur ayant
vécu plus de 7 ans , après sa prétendue
association , si l'on s'en rapporte à M.L.B.
qui ne le fait mourir qu'après Severe
Aléxandre.
Enfin pour me servir des armes que
M. L. B. me fournit lui-même, je ferai
remarquer que si Ovinius avoit effectivement été associé par Severe Alexandre;
les Loix que ce dernier donna la même
année de cet Evénement , n'auroient pas
manqué de faire mention d'Ovinius , ou
nommément ou en nom collectif , ce qui
n'est pas., Severe Aléxandre y étant seul
nommé , et cela contre la Regle générale , s'il avoit cu un Collégue ; puisque
nous voyons dans toutes les Loix des Empereurs qui nous restent , le nombre des
Augustes qui regnoient,' exactement marqué. Divi FRATRES AA. IMP. Severus
ET ANTON. A.A. IMPP.GRATIANUS VALENS
ET THEODOSIUS AAA.
Mais , dit M. L. B. l'association d'Ovinius nous est racontée par un Auteur de
réputation , qui vivoit seulement cent ans
après
AVRIL 17320 679
après Severe Alexandre , et qui comme il
le dit lui-même , avoit emprunté ce fait
des Mémoires de quatre Courtisans de ce
Prince; en faut-il davantage pour autoriser cet Evenement ? Je réponds , que ces
quatre Auteurs n'étant point connus autrement que par ce que nous en dit Lampride , ou les autres Auteurs de l'Histoire
Auguste on n'en sçauroit tirer aucun avantage , s'il est vrai qu'on soit en droit de
révoquer en doute ce que ces Ecrivains
avancent, quand il ne se trouve pas d'ail
leurs confirmé , du moins pour le fonds;.
et c'est ce qu'il est aisé de prouver.
teurs ,
Le corps d'Histoire,appellée Auguste, est
l'ouvrage d'un Compilateur , demi sçavant, qui sans choix , et sans ordre , a
mêlé ensemble les Narrations des Audont son Recueil porte les noms
et de quelques autres , peut-être encore ,
qui nous sont inconnus. C'est le sentiment
de ( a ) Casaubon , de ( b ) Saumaise , et
de M. de ( c) Tillemont , qui suffit pour
nous convaincre, qu'à moins que les faitsqu'on trouve dans cette compilation , ne
se rencontrent ailleurs , on est toujours
(a ) Casaub. Pref. in Hist. Augustë”-
(b ) Saum. Idem .
(c) Till. tom. 4. pag. 66.
Cly bien
680 MERCURE DE FRANCE
reçu , comme je l'ai dit, à ne les point bien
recevoir comme véritables.
د
Mais M. L. B. qui veut absolument
donner la Pourpre à Ovinius , a trouvé
une maniere de le faire , sans inter
resser le Prince. C'est de dire que du côté
de Severe Alexandre , l'association d'O
vinius pouvoit n'être que simulée. J'ai
honte de rapporter un expédient aussi
foible et qui tout mysterieux qu'il est , s'il
étoit même véritable , ne changeoit rien .
aux inconveniens , que n'auroit pas manqué d'emporter avec elle une action aussi
publique , et d'une aussi grande consé→
quence , du moins pour les peuples , qui
conduit par les apparences , auroient tou
jours été dans la bonne foy.
Je passe donc à la seconde partie de la
réponse de M. L. B. mais je dois conve
nir auparavant avec lui,que le mot Vulgi,
que j'ai cité dans ma Lettre du mois de
Juillet , se rapporte moins à l'associa
tion d'Ovinius, qu'au temps où elle peutavoir été faite , sous Trajan ou sous Seve
re Alexandre. C'est un manque d'atten
tion de mapart , mais qui n'ôte rien à mes
preuves , et que je ne veux pas excuser.
M. L. B. nous dit que par l'expedition
qui suivit l'association d'Ovinius, il a entendu la guerre d'Illyrie , qu'on peut appeller :
AVRIL. 1732. 681
peller la Guerre d'Allemagne , et que je
suppose que c'est de la derniere guerre
d'Allemagne dans laquelle périt Severe
Alexandre , dont il a voulu parler. Qu'il
me soit permis de dire que jamais repro
che ne fut plus mal fondé. 1º . En parlant
simplement d'une guerre contre les Allemans , comme a fait M. L. B. dans sa
Lettre du mois de May , il est naturel
`d'entendre la derniere contre ces peuples,
comme la plus considérable , et celle où
ils sont désignez par leur nom dans Lam- "
pride. 2°. C'est , qu'en suivant cet Auteur , comme il a fait , on ne peut l'en- "
rendre autrement. Je m'explique : Lampride nous dit que Severe Alexandre "
ayant appris l'irruption de quelques Barbares sur les Terres de l'Empire , marcha
en personne contre eux , et que dans ce
voyage il mena Ovinius ; or cecy ne peut
convenir à l'expédition d'Illyrie où ce
Prince ne se trouva pas , et qui fut conduite par ses Généraux ; le Texte de Lam
pride y est précis. Acta sunt res feliciter et
in Mauretania per Durium Celsum , et in
Illyrico per Varium Macrinum. Ainsi , s'il
s'agit d'Allemans , et que Severe Alexan- 1
dre ait marché contre eux ; ce ne peutêtre
que dans la seconde guerre , et j'ai euraison d'avancer que quand même l'associa
Cvj tion
682 MERCURE DE FRANCE
tion d'Ovinius ne seroit pas insoutenable. M. L. B. se seroit toujours trompé à
cet égard.
Voilà ce que j'avois à dire pour madeffence ; mais avant que de finir,je dois rapporter une Inscription , qui fait , au sujet
qui nous divise, M. L. B. et moi. Elle se
trouve à Rome , dans les Jardins du Palais Giustiniani , et c'est Reinesius qui la
rapporte.
Syntag. Inscrip. Antiq. cxIx. Part. I.
FORTVNE AVG..
PRO. SAL VTE FERENDINE
DOMINORVM. NN.
SEVERI. PIL. AV G.
FIL. IVLIÆ. AVG. MATRIS
و
Dans cette Inscription , comme on le
voit, Antonin Caracalle et Julie sa mere
sont appellez Domini nostri, ce qui est une
confirmation tout- à- fait décisive de l'ex-.
plication que j'ai donnée de Dominorum
nostrorum , de l'Inscription d'Auxerre , en
l'entendant de Severe Alexandre et de:
Mammée , mere de ce Prince. Tout est
semblable dans ces deux Monumens ; j'ajoute seulement que quoiqu'il semble d'abord qu'on puisse aussi- bien expliquer
celle
AVRIL. 17320 6·831
celle d'Auxerre par rapport à Severe Alexandre et à Sallustia Bårbia Osbiana " son.
épouse ; et que je paroisse en quelque façon donner dans mes Remarques l'alternative sur ce sujet. Je suis néanmoins trèspersuadé que c'est de Mammée seule, que.
I'Inscription peut parler, parce que les(a)
Médailles Grecques qui nous restent d'Orbiana , et qui sont marquées des années.
du Regne de son Mary, nous offrent seu--
lement la cinquième année de ce Prince ;
et comme l'Inscription a été posée la septiéme, il n'y a pas d'apparence d'y trou
ver Orbiana, que Herodion, sans la nommer, nous dit avoir été renvoyée peu de
temps après son mariage , aux instances
de sa belle-mere, j'alouse qu'une autre
partageat avec elle les honneurs de la
Cour. Dedit autem ( Mammée ) filio in matrimoniumpuellam... eadempaulo post aula
per omnem contumeliam exegit , et quum ipsa
tantum vocari angusta vellet , &c.
A Orleans , ce 7 Fev. 1732.D.P..
(a)Vaillant. Nusmism. Graca
Fermer
Résumé : REPLIQUE à la Réponse de M.L.B. sur son Explication de l'Inscription d'Auxerre.
L'auteur répond à M. L. B. concernant l'interprétation d'une inscription d'Auxerre. Il conteste l'idée que Ovinius aurait été associé à l'Empire sous Sévère Alexandre, comme le suggère M. L. B. Selon l'auteur, la lecture du texte de Lampride, qui mentionne cet événement, suffit à en prouver la fausseté. Un prince puissant et pacifique n'aurait pas partagé son pouvoir avec un sujet rebelle sans considération préalable. L'auteur cite également M. de Tillemont, qui exprime des doutes sur la véracité de cet événement. Les historiens contemporains de Sévère Alexandre, tels que Dion et Hérode, ne font aucune mention de cette association et décrivent l'empereur comme un prince ferme et vigilant. L'auteur souligne que les empereurs avaient l'habitude de frapper des monnaies à l'effigie des nouveaux souverains associés, ce qui n'a pas été fait pour Ovinius. L'auteur réfute également l'argument de M. L. B. selon lequel l'association d'Ovinius pourrait avoir été simulée. Il corrige une erreur concernant l'interprétation d'un mot dans sa lettre précédente. Enfin, il présente une inscription romaine qui confirme son interprétation de l'inscription d'Auxerre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
38
p. 743-752
Théâtre Critique, Universel, &c. [titre d'après la table]
Début :
THEATRO CRITICO UNIVERSAL, ò Discurso varios en tot genero de [...]
Mots clefs :
Théâtre, Critique, Ouvrage, Avis, Musique, Anti-théâtre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Théâtre Critique, Universel, &c. [titre d'après la table]
THEATRO CRITICO UNIVERSAL , ò Discurso varios entoto genero de Materias para
Desengano de Errores communes , &c. Tome
F Tercero
744 MERCURE DE FRANCE
Tercero , &c. c'est- à - dire : THEATRE CRITIQUE UNIVERSEL , ou Discours divers sur
toute sorte de sujets , pour désabuser des
Erreurs vulgaires. Dédié au Monastére
Royal de S. Julien de Samos , composé
par le R. P. Benoît- Jérôme Feijoo , Maître General des Etudes dans l'Ordre de
S. Benoît , et Professeur en Théologie, de
l'Université d'Oviedo.Tome 3.feconde Edition 1. vol. in 4. A Madrid , chez François
del Hierro , 1730. pag. 366. sans la Préface et la Table.
Cet Ouvrage est déja connu de nos
Lecteurs , par ce qui en a été dit dans le
premier vol, du Mercure de Juin dernier,
à l'égard des deux premiers Tomes. 11
nous reste à rendre compte des deux derniers , lesquels, comme les précédens, nous
ont été obligeamment communiqués par
M. Boyer , Médecin de la Faculté de
Montpellier et Docteur Regent en celle
de Paris , qui les a apportez de Madrid.
On trouve à la tête de ce 3 Tome une
Epître dédicatoire , adressée au R.P. Abbé et au Monastere de S. Julien , laquelle
contient l'éloge de ce Royal Monastere
l'un des plus celebres de toute l'Espagne
et des plus privilégiez par le S. Siége , auquel il est immédiatement soumis et sans
subordination à aucun Métropolitain.
Il
AVRIL 1732. 745
Il paroît par une Charte de Privilege du
Roy D. Ordon II . de l'année 922. que ce
fut dans cette Maison quele Roy D.Fruela
trouva dequoi former l'éducation du
Prince D. Alonse son Fils , surnommé le
Chaste. L'Auteur de l'Epître n'oublie pas
d'y faire remarquer comme un bonheur
singulier pour ce Monastere, de n'avoir
jamais eu d'Abbé Commandataire : La
singularfelicidal de no haver tenido jamas
Abad Comendatario esse Monasterso , &c.
Trois magnifiques Approbations des
Théologiens d'Oviedo et d'Alcala suivent
cette Dédicace , sans parler de la permission de l'Ordinaire et de celle du Général
des Bénédictins de la Congrégation de
S.Benoît , établie en Espagne et en Angle
terre.
:: Suit une Préface de plus de 30 pages ,
que notre Auteur a eu raison d'intitulers
Prologo Apologetico ; car il s'y défend avec
force , et dans le détail convenable, contre
quelques Ecrivains de son Païs , qui l'ont
attaqué assez rudement, faute , dit-il, d'a
voir bien entendu ses Ouvrages. Nous ne
le suivrons pas dans cette deffense , qui
roule principalement sur ce que le R. P.
Feijoo a dit au sujet de Savanorole , dans
le 1. vol. du Théatre Critique. On remar
quera seulement qu'il accable ses adverFij saires
MERCURE DE FRANCE
saires de raisons , de preuves et d'autoritez.
;
Treize Discours ou Dissertations , divisées en plusieurs Paragraphes , font la
matiere de ce troisiéme Tome. Nous en
Indiquerons seulement les Titres. 1. Les
Conjureurs ou Enchanteurs. 2. Les › Secrets de la Nature. 3. La Sympathie es
l'Antipathie. 4. Les Lutins ou Esprits familliers. 5. La Baguete devinatoire , et les
Yeux de Lynx. 6. Les Miracles supposez..
7. Paradoxes Mathématiques. 8. LaPierre
Philosophale. 9. Le Raisonnement des
Bêtes. 15. L'Amour de la Patrie. 11. La.
Balance d'Astrée , ou la droite Administration de la Justice. 12. L'Ambition des
Souverains. 13. Le Sceptisme Philosophi
que.
Tous ces Sujets sont parfaitement bien
traitez ; l'ordre et la clarté y accompa
gnent toujours une agréable érudition
et il y a beaucoup à profiter dans cette
lecture, Nous avons traduit le titre Saludadores , du 1. Discours, par les termes de
Conjureurs ou d'Enchanteurs ; parce qu'engeneral , c'est ce que signifie le nom Espagnol, quoiqu'il ne s'agisse icy que de
Hydrophobie , ou de la rage , qui inspire de l'horreur pour l'eau , &c. malgré la
prétention de quelques- uns qui croyent
ан
AVRIL 17320
au contraire, que l'eau est un remede assuré contre ce mal ; ce que notre Auteur
met au nombre des erreurs vulgaires.
C'est encore s'égarer , selon lui , de croire
qu'il y a des personnes qui ont la vertu
inhérante et particuliere de guérir l'affreuse maladie dont il s'agit dans cette
Dissertation ; et c'est ces mêmes personnes qu'il appelle Saludadores.
Le Titre du se Discours est : Vara divinatoriay Zabories , que nous avons rendu par la Baguete devinatoire , et les Yeux
de Lynx.
Pour justifier cette derniere expression,
le Lecteur sçaura que le P. Feijoo , après
avoir expédié tout ce qui regarde la Baguete devinatoire , qu'il croit chose - tresabusive , &c. traite aussi d'une espece
d'hommes, parmi les Espagnols , dont on
dit( a) que la vûë est si perçante, qu'elle
penetre les corps opaques , et distingue
même ce qui se trouve de caché dans la
terre à une certaine profondeur. Ces Homimes sont appellez Zabories , nom que
l'Auteur croit avec beaucoup de vraisemblance , être Arabe d'origine. Il croit
(a) De quienes se dice que con laperspicacia de
su vistapenetran los cuerpos opacos haciendose de
este modo patente quanto à algunas brazas debajo de laTierra esta ocultos s
Fiij aussi
748 MERCURE DE FRANCE
aussi que les Espagnols ont reçû cette
opinion, qu'il traite de chimere, des Maures qui avoient envahi l'Espagne : opinion qu'il observe ne se trouver répanduë que chez la Nation Espagnole.
و
Cette croyance est apparemment passée
dans le Portugal par proximité et par
conformité de génie , surquoi nous renvoyons les Lecteurs à ce que nous avons
publié dans quelques-uns de nos Journaux, au sujet d'une Femme Portugaise ,
à vûë de Lynx ou Zahorie:
Nous avons remarqué en rendant
compte des deux premiers Tomes de cet
ouvrage , que quelque temps après la publication du 1. vol. il parut une Critique
de ce que notre Auteur avoit écrit au sujet de la Medecine et des Medecins. Cette
Critique , écrite en latin , étoit intitulée
Medicina Vindicata. Le P. Feijoo у répondit dans la même langue , et fit imprimer sa Réponse dans le 2 Tome , promettant d'en donner une Traduction Espagnole dans le Volume suivant. Il a tenu
parole. Le 3 Tome finit par cette Traduction , intitulée : La Verdad Vindicada
contra la Medecina Vindicada, Respuesta
Apologetica , traducida de Latin en Castellano , y añadida por el Amor. Nous
n'avons rien à ajouter à l'égard de cette Piéce
AVRIL. 17320 749
Piece , à ce que nous en avons dit dans le
Mercure du mois de Juin dernier.
Les trois Tomes du Théatre Critique ,
dont nous avons rendu compte , sont suivis d'un 4 vol. qui porte pour Titre :
ILUSTRACION Apologetica al Primero y segundoTomo del Theatrocritico, & c.vol.4.de
207 pages. A Madrid , chez le même Libraire , 1729.
-
Une Préface de 9 à 10 pag. instruit le
Lecteur de ce qui a donné lieu à la composition de ce volume particulier , et au
Titre qu'il porte. Voici le précis de cette
instruction. A peine le 3 Tome duThéatre Critique eût-il été publié , qu'il parût
contre le 1 et 2 vol. un Livre intitulé :
Anti-Theatro Critico , imprimé à Madrid,
sous le nom de Don Salvador Joseph
Mañer. La premiere pensée qui vint à
notre Auteur , ce fut de répondre à cette
Critique , dès qu'elle lui seroit tombée
entre les mains ; mais il en fut détourné
par quelques amis , qui lui écrivirent de
Madrid , que l'Antithéatre n'étoit qu'un
amas d'inepties , de puerilitez , d'équivoques , d'ignorances , en un mot , d'im.
pertinences ( a) ; conseillant aur P.F. de ne
point perdre un temps , trop précieux
(2) Materialidades impertinentės.
Fiiij d'ail-
750 MERCURE DE FRANCE
d'ailleurs , pour la continuation de son
grand ouvrage , à réfuter un pareil Libelle ; l'Adversaire ne s'étant apparemment mis en campagne que , pour se procurer l'honneur d'une réponse , &c.
D'ailleurs , le sçavant Benedictin crût
voir un nom supposé dans celui de Don
Joseph Mañer , ses amis ne connoissant
personne à la Cour , ni ailleurs , qui porte ce nom- là. D'autres lui manderent que
l'Anti-Théatre étoit l'ouvrage de huit
Ecrivains , du nombre desquels est ce Don
Mañer , veritable ou supposé , lui marquant même la Maison où ces Mrs s'assemblent et tiennent leurs Conferences
litteraires au surplus , que cette ' Critique ne méritoit aucune réponse.
Cependant des avis posterieurs apprirent à notre Auteur que l'Ouvrage de Don
Mañer étoit applaudi à la Cour et ailleurs,
et que ceux à qui il étoit tombé en charge
de l'examiner , l'avoient loüé dans leurs
Approbations ; malgré le peu de cas qu'en
faisoient les Personnes intelligentes.Alors
le P. F. prit le sage parti d'attendre la reception de cet Ouvrage , et de l'examiner
par lui- même, pour se déterminer en connoissance de cause. Son étonnement ne
fût pas petit après avoir fait cet examen,
qui lui confirma ce qu'on lui avoit déja
mar-
AVRIL 1732 751
marqué du
en question.
peu de mérite de l'Ouvrage
Il fut , surtout , frapé de s'y voir accusé
d'avoir emprunté de D. Antoine de Literes tout ce qui est dit de la Musique et
du Docteur Martinez , tout ce qui concerne la Médecine dans le 1 vol. du Théatre Critique ; ce que notre Auteur soutient non seulement être tres- faux , mais
il démontre , en passant , dans cette Préface, la fausseté de l'accusation. Au reste ,
après avoir fait réfléxion que le Théatre
Critique n'a été entrepris que pour com
battre les erreurs vulgaires , et pour en
désabuser les hommes , il a crû enfin que
ce seroit mal-exécuter un tel projet s'il ne
faisoit pas une Réponse exacte et dans
l'étendue convenable à l'Auteur de l'Anti-Théatre, qui semble n'avoir mis la main
à la plume que pour se déclarer le Pros
tecteur des mêmes erreurs , et pour maintenir le vulgaire dans son ancienne possession ; outre que cette Apologie , dit le P. F. sera non seulement une deffense pu
blique contre les prétentions fausses et
abusives du Seigneur Mañer; mais elle
pourra devenir aussi un préservatifqui
empêchera peut- être la continuation d'un
pareil travail.
Le fruit de ce travail est icy appellé par
Fv Botrs
752 MERCURE DE FRANCE
notre Auteur un jeu de Théatre, uneChimere Critique , une Comédie de 8 Acteurs , une illusion des simples , un marché de petits enfans , une fabrique en
l'air , sans fondement , sans vérité , sans
raison. Il proteste enfin qu'au cas que le
même Ecrivain ou d'autres , continuent
d'attaquer le Théatre Critique , il continuera tranquillement son ouvrage , sans daigner répondre à des objections aussi frivoles que celles qui ont paru jusqu'icy.
1.
Cette Apologie est dédiée par une belle Epître , au R. P. François de Berganza,
General de la Congrégation de saint
Benoît , établie en Espagne et en Angle
terre. La Dédicace est suivie de plusieurs
Approbations raisonnées et remplies d'érudition , qui font également honneur
aux Docteurs qui les ont données , et à
l'Ouvrage qui en fait le sujet , et qui sans
doute les mérite bien.
Desengano de Errores communes , &c. Tome
F Tercero
744 MERCURE DE FRANCE
Tercero , &c. c'est- à - dire : THEATRE CRITIQUE UNIVERSEL , ou Discours divers sur
toute sorte de sujets , pour désabuser des
Erreurs vulgaires. Dédié au Monastére
Royal de S. Julien de Samos , composé
par le R. P. Benoît- Jérôme Feijoo , Maître General des Etudes dans l'Ordre de
S. Benoît , et Professeur en Théologie, de
l'Université d'Oviedo.Tome 3.feconde Edition 1. vol. in 4. A Madrid , chez François
del Hierro , 1730. pag. 366. sans la Préface et la Table.
Cet Ouvrage est déja connu de nos
Lecteurs , par ce qui en a été dit dans le
premier vol, du Mercure de Juin dernier,
à l'égard des deux premiers Tomes. 11
nous reste à rendre compte des deux derniers , lesquels, comme les précédens, nous
ont été obligeamment communiqués par
M. Boyer , Médecin de la Faculté de
Montpellier et Docteur Regent en celle
de Paris , qui les a apportez de Madrid.
On trouve à la tête de ce 3 Tome une
Epître dédicatoire , adressée au R.P. Abbé et au Monastere de S. Julien , laquelle
contient l'éloge de ce Royal Monastere
l'un des plus celebres de toute l'Espagne
et des plus privilégiez par le S. Siége , auquel il est immédiatement soumis et sans
subordination à aucun Métropolitain.
Il
AVRIL 1732. 745
Il paroît par une Charte de Privilege du
Roy D. Ordon II . de l'année 922. que ce
fut dans cette Maison quele Roy D.Fruela
trouva dequoi former l'éducation du
Prince D. Alonse son Fils , surnommé le
Chaste. L'Auteur de l'Epître n'oublie pas
d'y faire remarquer comme un bonheur
singulier pour ce Monastere, de n'avoir
jamais eu d'Abbé Commandataire : La
singularfelicidal de no haver tenido jamas
Abad Comendatario esse Monasterso , &c.
Trois magnifiques Approbations des
Théologiens d'Oviedo et d'Alcala suivent
cette Dédicace , sans parler de la permission de l'Ordinaire et de celle du Général
des Bénédictins de la Congrégation de
S.Benoît , établie en Espagne et en Angle
terre.
:: Suit une Préface de plus de 30 pages ,
que notre Auteur a eu raison d'intitulers
Prologo Apologetico ; car il s'y défend avec
force , et dans le détail convenable, contre
quelques Ecrivains de son Païs , qui l'ont
attaqué assez rudement, faute , dit-il, d'a
voir bien entendu ses Ouvrages. Nous ne
le suivrons pas dans cette deffense , qui
roule principalement sur ce que le R. P.
Feijoo a dit au sujet de Savanorole , dans
le 1. vol. du Théatre Critique. On remar
quera seulement qu'il accable ses adverFij saires
MERCURE DE FRANCE
saires de raisons , de preuves et d'autoritez.
;
Treize Discours ou Dissertations , divisées en plusieurs Paragraphes , font la
matiere de ce troisiéme Tome. Nous en
Indiquerons seulement les Titres. 1. Les
Conjureurs ou Enchanteurs. 2. Les › Secrets de la Nature. 3. La Sympathie es
l'Antipathie. 4. Les Lutins ou Esprits familliers. 5. La Baguete devinatoire , et les
Yeux de Lynx. 6. Les Miracles supposez..
7. Paradoxes Mathématiques. 8. LaPierre
Philosophale. 9. Le Raisonnement des
Bêtes. 15. L'Amour de la Patrie. 11. La.
Balance d'Astrée , ou la droite Administration de la Justice. 12. L'Ambition des
Souverains. 13. Le Sceptisme Philosophi
que.
Tous ces Sujets sont parfaitement bien
traitez ; l'ordre et la clarté y accompa
gnent toujours une agréable érudition
et il y a beaucoup à profiter dans cette
lecture, Nous avons traduit le titre Saludadores , du 1. Discours, par les termes de
Conjureurs ou d'Enchanteurs ; parce qu'engeneral , c'est ce que signifie le nom Espagnol, quoiqu'il ne s'agisse icy que de
Hydrophobie , ou de la rage , qui inspire de l'horreur pour l'eau , &c. malgré la
prétention de quelques- uns qui croyent
ан
AVRIL 17320
au contraire, que l'eau est un remede assuré contre ce mal ; ce que notre Auteur
met au nombre des erreurs vulgaires.
C'est encore s'égarer , selon lui , de croire
qu'il y a des personnes qui ont la vertu
inhérante et particuliere de guérir l'affreuse maladie dont il s'agit dans cette
Dissertation ; et c'est ces mêmes personnes qu'il appelle Saludadores.
Le Titre du se Discours est : Vara divinatoriay Zabories , que nous avons rendu par la Baguete devinatoire , et les Yeux
de Lynx.
Pour justifier cette derniere expression,
le Lecteur sçaura que le P. Feijoo , après
avoir expédié tout ce qui regarde la Baguete devinatoire , qu'il croit chose - tresabusive , &c. traite aussi d'une espece
d'hommes, parmi les Espagnols , dont on
dit( a) que la vûë est si perçante, qu'elle
penetre les corps opaques , et distingue
même ce qui se trouve de caché dans la
terre à une certaine profondeur. Ces Homimes sont appellez Zabories , nom que
l'Auteur croit avec beaucoup de vraisemblance , être Arabe d'origine. Il croit
(a) De quienes se dice que con laperspicacia de
su vistapenetran los cuerpos opacos haciendose de
este modo patente quanto à algunas brazas debajo de laTierra esta ocultos s
Fiij aussi
748 MERCURE DE FRANCE
aussi que les Espagnols ont reçû cette
opinion, qu'il traite de chimere, des Maures qui avoient envahi l'Espagne : opinion qu'il observe ne se trouver répanduë que chez la Nation Espagnole.
و
Cette croyance est apparemment passée
dans le Portugal par proximité et par
conformité de génie , surquoi nous renvoyons les Lecteurs à ce que nous avons
publié dans quelques-uns de nos Journaux, au sujet d'une Femme Portugaise ,
à vûë de Lynx ou Zahorie:
Nous avons remarqué en rendant
compte des deux premiers Tomes de cet
ouvrage , que quelque temps après la publication du 1. vol. il parut une Critique
de ce que notre Auteur avoit écrit au sujet de la Medecine et des Medecins. Cette
Critique , écrite en latin , étoit intitulée
Medicina Vindicata. Le P. Feijoo у répondit dans la même langue , et fit imprimer sa Réponse dans le 2 Tome , promettant d'en donner une Traduction Espagnole dans le Volume suivant. Il a tenu
parole. Le 3 Tome finit par cette Traduction , intitulée : La Verdad Vindicada
contra la Medecina Vindicada, Respuesta
Apologetica , traducida de Latin en Castellano , y añadida por el Amor. Nous
n'avons rien à ajouter à l'égard de cette Piéce
AVRIL. 17320 749
Piece , à ce que nous en avons dit dans le
Mercure du mois de Juin dernier.
Les trois Tomes du Théatre Critique ,
dont nous avons rendu compte , sont suivis d'un 4 vol. qui porte pour Titre :
ILUSTRACION Apologetica al Primero y segundoTomo del Theatrocritico, & c.vol.4.de
207 pages. A Madrid , chez le même Libraire , 1729.
-
Une Préface de 9 à 10 pag. instruit le
Lecteur de ce qui a donné lieu à la composition de ce volume particulier , et au
Titre qu'il porte. Voici le précis de cette
instruction. A peine le 3 Tome duThéatre Critique eût-il été publié , qu'il parût
contre le 1 et 2 vol. un Livre intitulé :
Anti-Theatro Critico , imprimé à Madrid,
sous le nom de Don Salvador Joseph
Mañer. La premiere pensée qui vint à
notre Auteur , ce fut de répondre à cette
Critique , dès qu'elle lui seroit tombée
entre les mains ; mais il en fut détourné
par quelques amis , qui lui écrivirent de
Madrid , que l'Antithéatre n'étoit qu'un
amas d'inepties , de puerilitez , d'équivoques , d'ignorances , en un mot , d'im.
pertinences ( a) ; conseillant aur P.F. de ne
point perdre un temps , trop précieux
(2) Materialidades impertinentės.
Fiiij d'ail-
750 MERCURE DE FRANCE
d'ailleurs , pour la continuation de son
grand ouvrage , à réfuter un pareil Libelle ; l'Adversaire ne s'étant apparemment mis en campagne que , pour se procurer l'honneur d'une réponse , &c.
D'ailleurs , le sçavant Benedictin crût
voir un nom supposé dans celui de Don
Joseph Mañer , ses amis ne connoissant
personne à la Cour , ni ailleurs , qui porte ce nom- là. D'autres lui manderent que
l'Anti-Théatre étoit l'ouvrage de huit
Ecrivains , du nombre desquels est ce Don
Mañer , veritable ou supposé , lui marquant même la Maison où ces Mrs s'assemblent et tiennent leurs Conferences
litteraires au surplus , que cette ' Critique ne méritoit aucune réponse.
Cependant des avis posterieurs apprirent à notre Auteur que l'Ouvrage de Don
Mañer étoit applaudi à la Cour et ailleurs,
et que ceux à qui il étoit tombé en charge
de l'examiner , l'avoient loüé dans leurs
Approbations ; malgré le peu de cas qu'en
faisoient les Personnes intelligentes.Alors
le P. F. prit le sage parti d'attendre la reception de cet Ouvrage , et de l'examiner
par lui- même, pour se déterminer en connoissance de cause. Son étonnement ne
fût pas petit après avoir fait cet examen,
qui lui confirma ce qu'on lui avoit déja
mar-
AVRIL 1732 751
marqué du
en question.
peu de mérite de l'Ouvrage
Il fut , surtout , frapé de s'y voir accusé
d'avoir emprunté de D. Antoine de Literes tout ce qui est dit de la Musique et
du Docteur Martinez , tout ce qui concerne la Médecine dans le 1 vol. du Théatre Critique ; ce que notre Auteur soutient non seulement être tres- faux , mais
il démontre , en passant , dans cette Préface, la fausseté de l'accusation. Au reste ,
après avoir fait réfléxion que le Théatre
Critique n'a été entrepris que pour com
battre les erreurs vulgaires , et pour en
désabuser les hommes , il a crû enfin que
ce seroit mal-exécuter un tel projet s'il ne
faisoit pas une Réponse exacte et dans
l'étendue convenable à l'Auteur de l'Anti-Théatre, qui semble n'avoir mis la main
à la plume que pour se déclarer le Pros
tecteur des mêmes erreurs , et pour maintenir le vulgaire dans son ancienne possession ; outre que cette Apologie , dit le P. F. sera non seulement une deffense pu
blique contre les prétentions fausses et
abusives du Seigneur Mañer; mais elle
pourra devenir aussi un préservatifqui
empêchera peut- être la continuation d'un
pareil travail.
Le fruit de ce travail est icy appellé par
Fv Botrs
752 MERCURE DE FRANCE
notre Auteur un jeu de Théatre, uneChimere Critique , une Comédie de 8 Acteurs , une illusion des simples , un marché de petits enfans , une fabrique en
l'air , sans fondement , sans vérité , sans
raison. Il proteste enfin qu'au cas que le
même Ecrivain ou d'autres , continuent
d'attaquer le Théatre Critique , il continuera tranquillement son ouvrage , sans daigner répondre à des objections aussi frivoles que celles qui ont paru jusqu'icy.
1.
Cette Apologie est dédiée par une belle Epître , au R. P. François de Berganza,
General de la Congrégation de saint
Benoît , établie en Espagne et en Angle
terre. La Dédicace est suivie de plusieurs
Approbations raisonnées et remplies d'érudition , qui font également honneur
aux Docteurs qui les ont données , et à
l'Ouvrage qui en fait le sujet , et qui sans
doute les mérite bien.
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Résumé : Théâtre Critique, Universel, &c. [titre d'après la table]
Le troisième tome du 'Théâtre Critique Universel' ou 'Discours divers sur toute sorte de sujets, pour désabuser des erreurs vulgaires' a été composé par le R. P. Benoît-Jérôme Feijoo, Maître Général des Études dans l'Ordre de Saint Benoît et Professeur en Théologie à l'Université d'Oviedo. Publié à Madrid en 1730, ce tome inclut une épître dédicatoire au Monastère Royal de Saint Julien de Samos, l'un des plus célèbres et privilégiés d'Espagne. Le texte comporte également trois approbations des théologiens d'Oviedo et d'Alcala, ainsi qu'une préface défensive contre des écrivains espagnols ayant critiqué les œuvres de Feijoo. Le tome comprend treize discours ou dissertations. Les titres incluent 'Les Conjureurs ou Enchanteurs', 'Les Secrets de la Nature', 'La Sympathie et l'Antipathie', 'Les Lutins ou Esprits familiers', 'La Baguette devinatoire, et les Yeux de Lynx', 'Les Miracles supposés', 'Paradoxes Mathématiques', 'La Pierre Philosophale', 'Le Raisonnement des Bêtes', 'L'Amour de la Patrie', 'La Balance d'Astrée, ou la droite Administration de la Justice', 'L'Ambition des Souverains', et 'Le Scepticisme Philosophique'. Ces sujets sont traités avec ordre, clarté et érudition. Le texte souligne également la réponse de Feijoo à une critique intitulée 'Medicina Vindicata', publiée dans le deuxième tome, et la traduction de cette réponse en espagnol dans le troisième tome. De plus, il mentionne un quatrième volume intitulé 'Ilustración Apologética al Primero y segundo Tomo del Teatro Crítico', publié en 1729, en réponse à une critique intitulée 'Anti-Théâtre Critique' par Don Salvador Joseph Mañer. Feijoo y réfute les accusations de plagiat et défend son œuvre contre les erreurs vulgaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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39
p. 13[4]4-1367
SECONDE LETTRE de M. de L. R. à M. Boyer, Docteur Médecine, de la Faculté de Montpellier, Docteur Regent de celle de Paris, sur une Médaille Latine de la Ville de Troade; et sur une Médaille Grecque des Dardaniens.
Début :
Je vous avouë, Monsieur, que ce n'est pas sans [...]
Mots clefs :
Troade, Médaille latine, Médaille grecque, Dardaniens, Erreur, Ruines, Alexandrie, M. Vaillant, Alexandre Severe, Historien, Ouvrage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SECONDE LETTRE de M. de L. R. à M. Boyer, Docteur Médecine, de la Faculté de Montpellier, Docteur Regent de celle de Paris, sur une Médaille Latine de la Ville de Troade; et sur une Médaille Grecque des Dardaniens.
SECONDE LETTRE de M.de L. R..
à M. Boyer, Docteur en Médecine , de
la Faculté de Montpellier, Docteur Regent de celle de Paris , sur une Médaille
Latine de la Ville de Troade et sur une
Médaille Grecque des Dardaniens.
J
E vous avoue , Monsieur , que ce n'est
pas sans quelque espece de chagrin que
dans ma précedente Lettre j'ai été obligé
de déclarer l'erreur de pius d'un Ecrivain
moderné , qui prétendent que la Ville de
Troade soit la seconde Troye , comme
ayant été bâtie par les ordres d'AlexanII. Vol. dre
JUIN. 1732 1343
dre, des ruines de la premiere Ville qui a
porté ce fameux nom , et que c'est pour
cela même que Troade a été surnommée Alexandrine; en citant pour garants , des
Auteurs de réputation , lesquels bien examinez , n'ont jamais écrit ce qu'on leur
fait dire ; j'avoue , dis- je , que j'ai là- dessus quelque espece de regret ; car si ces
prétentions étoient aussi fondées, qu'elles
m'ont paru vaines jusqu'à present ,
CC
ne seroit pas un petit reliefpour cetre ancienne Ville , pour notre Médaille , et
un médiocre ornementà ma Dissertation:
mais vous sçavez , Monsieur , combien je
suis éloigné d'adopter des Faits brillants.
aux dépens de la vérité ; peut-être trouverons- nous assez dequoi illustrer Troade et de quoi mériter l'attention des Leçteurs sensez dans ce que j'ai à vous en
dire , sans avoir recours à des embellissemens dont la vanité peut être démontrée.
Je suis, au reste, persuadé que M.Vaillant n'a erré là-dessus que par une certaine prévention dont il étoit frappé sur le
nom d'Alexandrine , que portent quantité de Médailles de Troade ; mais ce qui
me paroît icy de singulier , c'est quele
P. Hardouin , ce grand Critique , qui n'a
point hesité d'appeller ses Ouvrages ,
Errata des Antiquaires: Errata Antiqua
II. Vol. riorum
1346 MERCURE DE FRANCE
riorum , qui a même fait un Livre exprès ,
pour reprendre M. Vaillant de ses pré
tendues fautes sur les Médailles des Colonies et des Municipes , et qui le reprend
nommément , avec beaucoup de hauteur,
au sujet d'une Médaille d'Aquilia severa ,
frappée par la Colonie de Troade ; il pa
roît , dis-je , singulier que ce Censeur , si
acharné', pour ainsi dire , contre Vaik
lant , qui le chicane le plus souvent sur
des minuties , ou sur des erreurs imagi
naires , ne se soit pas apperçu de la veritable méprise de cet Antiquaire , au sujet
de la Médaille de Troade.
Bien, loin , Monsieur , de s'en aperce
voir , je trouve le P. Hardouin •presque
dans la mêmeerreur ; car en parlant d'une
( a ) Medaille d'Antonin Pie , frappée , d
ce qu'il croit , par la même Colonie de
Troade , il dit que le nom d'Alexandrine
lui vient d'Alexandre le Grand. Alexan
dria ab Alexandro Magno. C'est cependant ce que Strabon qu'il cite , ni aucun
autre Auteur , ne nous apprennent point.
Mais ne quittons pas le P. H sans vous
donner en passant un échantillon de la
hauteur insultante avec laquelle il a traité M. Vaillant , votre illustre confrere.
(a ) Nummi Populorum et Urbium illustrati ,
&c. pag. 507.
II. Vol. Un
JUIN. 17320 1347
Un seul trait suffira ›, et ce trait vous fera
rire. Je le trouve à la page 115. de son
ANTIRRHETICUS.Vide jam , lui dit-il, quot
sibi sintex opere tuo placita tradenda,quantaque tibi sit laudifuturum , cum eos , à qui
bus hac didicisti , à nobis monitus dedocebis. N'est-il pas vrai , Monsieur , qu'un
hommequi parle avec cet air de Maître ,
doit du moins être irréprochable dans ses
Ecrits , et qu'il doit lui- même être bien
endoctriné , avant que de s'ériger en Censeur de la doctrine d'autrui ? On rempliroit cependant un volume raisonnable
des Erreurs , des Paradoxes , et des Ecarts
duP. H. revenons à notre Troade ,
nommée Alexandrine.
surJ'ai crû que je trouverois sur ce sujet
quelque lumiere dans le curieux Ouvrage
d'Etienne de Byzance ; cet Auteur m'apprend , tom. 1. pag. 61. qu'on comptoit
de son temps jusqu'à dix- huit Villes qui
portoient le nom d'Alexandrie , dont la
premiere est la fameuse Alexandrie d'Egypte; la seconde , dit-il , est la Ville de
Troye , don't Démosthène fait mention :
Bithyniacorum 42. Il met la onzième dans
l'Isle de Chypre , et il dit ensuite , selon
Pinedo son Traducteur; est et locus in Ida
Trojana, qui dicitur Alexandria , in quo
ferunt Paridem Dearum certaminajudicasse,
II. Vol. ut
1348 MERCURE DE FRANCE
ut Timosthenes. Cela s'accorde avec ce que
nous avons déja remarquéau sujet de cette Alexandrie du Mont Ida, qui n'est pas
notre Troade. L'Auteur Grec parle aussi
de cette derniere ; mais le même Traducteur a , ce me semble , fort embroüillé les
choses à cet égard par son interprétation.
Luc de Holstein , de qui nous avons une
belle Edition d'Etienne de Byzance avec
des Notes et des Corrections , a plus heureusement expliqué cet endroit. TROIAS ,
dit Pinedo, Regio Ilii qua vocabatur Teucris
et Dardania et Xante.Gentile Troadeus. Ce
qui n'est pas , selon le SçavantEditeur , let
sens de l'Auteur original , et il corrige Pinedo de la maniere qui suit : Cum deberes
vertere et Alexandria Troas. Hoc in locoTroas non accipitur de Regione , sed de ipsa Alexandria Troadis Urbe que Troas
etiam dicta fuit ut Plinius , lib.v.cap 30.
N'oublions pas icy , au sujet de ce Passage de Pline , qui est tel : Troas Antigonia dicta nunc Alexandria Colonia Romana: n'oublions pas , dis-je , de remarquer
que Goltzius rapporte dans son Tresor
une Médaille de Tite , où l'on donne à
Troade ce nom d'Antigonia. Elle est citée
dans le P. Hardouin , qui semble l'adopter comme légitime , et dans les Colonies de Vaillant , qui la regarde comme
II. Vol. .. dou-
JUIN. 1732. 1349
douteuse. On peut dire qu'elle est absolument fausse , et qu'elle a été forgée sur
le Passage de Pline.
Voilà cependant notre Troade au nom
bre des 18 Villes , qui , selon Etienne de
Byzance , ont aussi porté le nom d'Alexandrie ; ce qui est confirmé par les Medailles et par le témoignage de plusieurs
Ecrivains ; mais nous n'avons aucune autorité , comme je vous l'ai déja dit , qui
établisse , que c'est pour avoir été bâtie
des ruines de Troye , par les ordres d'Alexandre , ainsi que l'ont écrit quelques
Modernes. Il se peut faire , au reste, que
quelque Evenement considérable • que
nous ignorons , ait donné lieu à la dénomination dont il s'agit icy. Toutes les *
grandes actions du Conquerant de l'Asie
ne sont pas connuës , comme l'a particu
lierement remarqué l'un de ses Historiens : Ita estfactum , dit Arrien , Liv. 1 .
ut nobis minus nota sint Alexandri Rex
magna et præclara , quam multorum veterum
infima exiguaque.
M. Vaillant , au reste , propose une autre origine du nom d'Alexandrie , donné
à la Ville de Troade. Il remarque d'abord,
au sujet d'une Medaille de Fulia Domna,
Epouse de Septime Severe, frappée à
Troade; qu'avant ce tems-là la Ville dont
II. Vol. nous
1350 MERCURE DE FRANCE
nous parlons ne prit point le nom d'Aleandrie: Urbs non se Alexandriam Troadem nuncupavit , licet , ajoute-t- il , Troas
et Alexandria eadem sit apud veteres Historicos ut videre est apud Strabonem , lib. 2.
ce qui semble se contredire. Troade,poursuit M. Vaillant , devant son nom d'Alexandrie au Grand Alexandre , affecta de
marquer particulierement ce nom ' sur les
Medailles qu'elle frappoit sous l'Empire
de ( a ) Caracalla , pour flatter un Prince
qui , au rapport de Dion, liv. 78. se donnoit pour un autre Alexandre , sese Alexandrum Orientalem Augustum appellavit,
dit cet Historien.
M. Vaillant repete à peu près la même
chose en parlant d'une autre Medaille de
Troade , frappée en l'honneur d'Alexandre Severe , fils de Caracalla. Alexandria
appellationem habet,dit-il, vel ab Alexandro
M.àquo exTroja ruderibus extructa est Strabone Q Curtio testibus , vel ab Alexandro-Severo , quod maximum illius esset , ut
Caracalla Patris studium , ut tradit Lampridius ; sans compter , ajoute notre Antiquaire , que cet Empereur visita en personne la Ville de Troade, en allant en Sy.
.
(a) Aurelia et Antoniana , in Caracalla gratiam vocata , dit ailleurs le même M. Vaillant, en
parlant de Troade.
11.Vol.
tie ,
JUIN. 1732. 135r
tie ; il avoit dit la même chose à l'égard
de Trajan ; ce qui est avancé gratuitement .
et sans aucune authorité.
Il est vrai cependant qu'avant le Regne de Sept. Severe on ne voit point le
nom d'Alexandrie,ajouté à celui de Troade,dans les Médailles de cette Ville, ce qui
semble donner quelque vrai- semblance à
la conjecture de M. Vaillant ; mais il faut
convenir aussi que cette conjecture est affoiblie par les témoignages des Histeriens
qu'il rapporte lui - même , selon lesquels
Troade portoit le nom d'Alexandrie dès
le temps de la République Romaine.Je ne
produirai icy que celui de Tite-Live, omis
par Vaillant.
Ce celebre Historien en parlant de la
guerre que les Romains eurent à soutenir
contre le Roy Antiochus , sous le Consulat de L. Quintius et de Cn. Domitius,
dit que trois Villes occupoient principalement les forces de ce Prince , sçavoir
(a)Smyrne, Alexandrie-Troade et Lampsa-
(a ) Smyrne.et Troade n'étoient pas fort éloignées l'une de l'autre , et il y avoit une alliance ,
une union particuliere entre les deux Villes ; ce
qui est prouvépar une Medaille de Marc - Aurele ;
sur le revers de laquelle en lit : ΤΡΟΑΔΕΩΝ C
ΜΥΡΝΑΙΩΝ ΟΜΟΝΟΙΑ , rapportée par le Pere
Hardouin.
11. Vole ques
Y352 MERCURE DE FRANCE
ques , dont il n'avoit pû venir à bout
jusqu'alors par la force , ni par aucun
Traité , ne voulant pas d'ailleurs , en passant en Europe , laisser ces Places derriere lui , Tres eum civitates tenebant , Smyrna
et Alexandria- Troas , et Lampsacus ; quas
neque vi expugnare ad eam diem poterat,
neque conditionibus in amicitiam perlicere;
neque કે tergo relinquere trajiciens ipse in
Europam volebat , Lib. xxxv. cap. XLII.
Ce qui paroît décisif pour l'ancienneté du
nom d'Alexandrie , joint à celui de la
Ville de Troade ; cela doit aussi nous déterminer à tirer cette dénomination d'Alexandre le Grand , comme Fondateur
ou comme Restaurateur dela Ville dont
il s'agit icy , sans qu'on soit obligé pour
cela de croire et de prouver que Troade
ait été bâtie des ruines de Troye.
,
Nous n'avons en effet aucune autorité pour le prétendre. Une seule Ville du
Pays de Troade a pû se vanter de cette
distinction;c'est Sigée, bâtie certainement
des ruines de Troye , par les habitans de
Metelin , ville de l'Isle de Lesbos. J'aurai dans quelque temps occasion de vous
prouverce fait , en vous faisant part d'un
Monument des plus singuliers de l'Antiquité Grecque , trouvé dans le siecle
passé , au voisinage de Sigée , et publié
II. Vol.
par
JUIN. 17320 1353
par un sçavant Anglois en l'année 1721.
Son Ouvrage ne m'a été apporté d'Angleterre que depuis quelques mois ; ce
que j'ai à vous en dire peut encore jetter
de la clarté sur la matiere que nous traitons icy.
Je vous ai dit , Monsieur , dans ma premiere Lettre, que la Ville de Troade étoit
Colonie Romaine dès le temps d'Auguste. Pour le prouver , je n'ai presque besoin
que du titre d'Auguste qu'elle porte sur
notre Medaille. Les Antiquaires tiennent
communément que les Colonies nommées Julia, dénotent qu'elles ont été fondées par Jules- Cesar ; et Augusta , par
I'Empereur Auguste. Je sçai que Gens difficiles pourroient contester cette regle en
certain cas ; mais enfin , c'est- là un de ces
Principes generalement avoüez , et contre lesquels on n'est presque pas reçu à
disputer. Dans ce cas particulier on auroit encore moins de raison , parce qu'on
voit que la Ville de Troade étoit Colonie
Romaine , non seulement du temps de
Pline , mais même du temps de Strabon
qui a vécu sous Tibere , et même sous
Auguste. Ainsi il est presque démontré
qu'Auguste a été le Fondateur de cette
Colonie.
Il n'est guere moins certain qu'elle fut
II. Vol. E dans
1354 MERCURE DE FRANCE
dans une singuliere recommandation auprès des Empereurs. On y envoyoit les
Soldats veterans , choisis parmi les Légions qui avoient bien servi , pour s'y reposer comme dans un séjour agréable , et
dans un Païs abondant ; c'est ce que désigne particulierement l'Enseigne Militaire , qui paroît sur notre Medaille de
Troade.
par
Quelques- uns de ces Empereurs l'orne:
rent et lui accorderent des Privileges.
Adrien , sur tout , y fit faire (a) des Bains
magnifiques et des Aqueducs, comme on
le lit dans la vie d'Herode le Sophiste
écrite Philostrate. La Ville, en reconnoissance , fit frapper une Medaille où
l'on voit d'un côté la tête de cet Empereur , et sur le revers, le Type de Troade
tel qu'on le voit sur la face de la nôtre ,
avec ces mots : COL. TROAD. Elle étendit
même la reconnoissance de ce bienfait
jusqu'à la personne d'Antonin Pie , fils
adoptif d'Adrien , et jusqu'à Marc- Aurele, en faisant aussi frapper des Medailles
pour ces deux Empereurs.
•
(a ) On voit par un Passage de Pline , livre
XXXI. ch. VI. qu'avant ce temps-là il y avoit à
Troade des Bains d'Eau chaude , que P. Belon
liv. 2. ch. 6. de ses Observ. a confondus avec ceux
de Larissa , dans le même Païs ; quoique bien distinguez dans Pline , qu'il cite.
1
11. Vol A
JUIN. 17320 1355
-
A l'égard des Privileges et des immunitez accordez à Troade , quelques Me
dailles frappées par la même Ville , les
prouvent ; entr'autres celles de SeptimeSevere , et de Julia Domna sa Femme s
au revers de laquelle on voit pour Symbole , un Cheval qui paît en liberté. M. Vaillant remarque , en rapportant ces
deux Medailles , que l'Empereur Claude
avoit rendu la Colonie de Troade exempte de toutes sortes de charges , ajoutant
qu'entre les autres Colonies , fondées par
Auguste, celle- ci avoit été particulierement
avantagée duDroit dont jouissoient lesVilles d'Italic:Juris Italici pronunciata est. Dequoi deux Auteurs ont fait une mention
expresses sçavoir , Caïus ( a ) sur les Loix
Julia et Papia, lib. 6. et Paulus , lib. 2. des Cens. Ce dernier ajoute que Troade étoit
du Proconsulat d'Asie . In Provincia Asia
Dua sunt Juris Italici Troas et Purinus .
M. Vaillant observe à propos , à l'oc
casion d'une Medaille frappée à Troade ,
pour Philippe le Peres que toutes les Colonies n'avoient pas ce beau Droit dont
nous venons de parler , qui distinguoit si
fort une Ville d'une autre; mais je ne sçai
s'il faut s'en tenir à son explication du
MOV.
(a ) Juris Italici sunt , rpwas Bupytos , AuppoH. Vol E ij revers
5 MERCURE DE FRANCE
revers de la même Medaille. On y voit
une Aigle qui tient dans ses Serres , en
volant la Tête d'un Bœuf. Cela , dit-il
dénote l'origine et l'antiquité de cette
Villes car quand il fut question de la
fonder , on sacrifia un Bœuf , dont un
Aigle emporta la tête, ce qui fut pris
pour un ordre du Ciel et servit d'Augure pour déterminer le lieu où elle devoit
être bâtie. Elle le fut à l'endroit même
où l'Aigle transporta cette tête. L'antiquité payenne et fabuleuse a pû debiter
cela au sujet de la fondation de Troade
comme vous sçavez , Monsieur , qu'elle
on a usé à l'égard de Rome , et à l'égard
des plus anciennes Villes ; mais la chose
ne peut guere passer que pour une conjectite , aussi , M. Vaillant ne nous cite làdessus aucune autorité.
Passons- lui donc la conjecture ; mais je
le crois dans ( a) l'erreur, quand dans l'explication de deux Medailles de la Colonie
de Troade, frappées, l'une pour Elagabale,et l'autre pour Volusien, notre Sçavant
:
(a ) M. Vaillant se trompe encore quand an
sujet d'une Medaille de Geta , frappée à Troade ,
qu'il appelle Insignem Urbem Veterum Hefoum. Il cite Dyonisius Afer pour premier Auteur
de cette Expression , cet Ecrivain n'ayant point
parlé deTroale dans son Poëme , Desitu Orbis.
14. Vol.
Me-
JUIN. 1732. 1357
Medecin confond Troade avec Ilium, attribuant à la premiere ce qui certainement
regarde la seconde de ces deux Villes, qui
sont cependant tres- distinctes'; sur quoi
les citations mêmes qu'il allegue sont
contre lui , en particulier celle du Digeste , où il s'agit visiblement des Privi
leges d'Ilium et non pas de Troade. Com
cessum est ut qui Matre Iliensi natus est ,
sit eorum Municeps , lib. 5. tom. 1
dont le
Ce qu'il y a icy de singulier , c'est que
M. Vaillant a reconnu parfaitement lui
même, tom. I. la distinction de ces deuxVilles, en expliquant une Medaille d'Alexandre-Severe , frappée à Troade. Troas
et Ilium , dit- il , dua sunt Urbes , post Tro
jam antiquam dirutam seorsim condite, quod
nummi confirmant , &c. Ce que notre An
tiquaire prouve par l'autorité de Polybe,.
liv. 5. décisif est rappor passage
té, ajoutant , par surcroit de lumiere sur
ce sujet , la distinction que voicy : Troadenses cum Romani sint Coloni , latinè nummos scribunt, Ilienses verò Epigraphem Gracam : IAIEON praferunt. Il pouvoit prouver encore cette distinction par l'Itineraire d'Antonin , par les Tables de Peutinger , et enfin par les Souscriptions des
Evêques des deux Villes , qui ont assisté
aux Conciles , &c.
. II. Vol E iij Re-
1358 MERCURE DE FRANCE
Remarquons , en passant , à cette occasion , une faute toute differente qu'a faite
Casaubon , Traducteur latin de Strabon
à l'égard de notre Alexandrie-Troade dont
il fait deux Villes ; au lieu que, comme je ·
l'ai observé dans ma premiere Lettre , ce
n'en est qu'une, suivant la force du Grec,
Αλεξανδρείαν τω τριαδα , qu'il faut traduire , et Alexandria que est Troas, et non
pas comme ont fait Casaubon et d'autres,
et Alexandria , ac Troas. Pinedo dans son
Commentaire sur Etienne de Byzance ,
a relevé cette méprise au mot Troïas, et
après lui Spanheim et Vaillant.
Mais c'est assez parlé de Troade Payenne, Grecque et Romaine ; disons un mot,
en finissant ma Lettre de Troade Chré
tienne , devenuë telle , selon toute apparence , par le bonheur qu'elle a eu de recevoir si souvent dans son sein l'Apôtre
S. Paul , ainsi qu'il est rapporté dans plus
d'un endroit des Actes des Apôtres. C'est
à Troade que ce grand Apôtre eût la vision du Macedonien , qui le pria de pas
ser dans la Macedoine, et de venir au secours de ses Compatriotes , ch . 16. Grotius dans son Commentaire sur ce chapitre , a pris la Ville de Troade pour la Region de même nom. Nous avons vû qu'il
n'est pas le premier qui s'est trompé là- II. Vel. des-
JUIN. 1732. 7359
dessus ; il commence à s'en appercevoir
au chapitre 20.
On lit dans le même chap. 16. qu'en
conséquence de sa vision,S. Paul s'embarqua àTroade même , d'où étant venu
droit à Samothrace et à Neapolis , il arriva à Philippes : Et inde Philippos, que est
primapartis Macedonia Civitas COLONIA.
Je ne sçai , Monsieur , si ces dernieres
paroles ne peuvent pas donner lieu à une
Remarque. Le Saint Ecrivain n'oublie pas d'observer que la Ville de Philippes, dont
il parle pour la premiere fois , étoit une
Colonie; il ne dit rien de pareil de Troade , nommée plusieurs fois dans son Itineraire , où S. Paul séjourna une fois sept
jours entiers; et où la veille de son départ , il fit le miracle éclatant de ressusciter le jeune Homme tombé d'une fenê
tre,&c. Ch. 20. Peut - être Troade n'étoitelle pas alors honorée de ce Titre , ce qui
détruiroit le sentiment des meilleurs Antiquaires , qui veulent , comme nous l'avons vu plus haut , que le Titre d'Au
gusta , marqué sur les Medailles de cette
Ville , dénote qu'elle a reçu cette qualité
dès le temps d'Auguste.
Quoiqu'il en soit , Troade éclairée des
lumieres de la Foy , par le Docteur des
Nations , ou par ses Disciples , a dû avoir
II. Vol. E iiij des
1360 MERCURE DE FRANCE
des Pasteurs dès les premiers temps du
Christianisme. On reconnoîtroit volop-.
tiers le premier de tous en la personne de
Carpus , chez qui S. Paul logeoit dans cette Ville , et dont il ( a ) parle particulierement dans sa II. Epître à Timoth.ch.2.
Si on pouvoit faire quelque fond sur ce
qu'on lit de Carpus, dans la Lettre à Démophile, la vini de celles qui portent le
nom de S. Denis l'Areopagite ; mais il y a
long - temps que les meilleurs Critiques.
ont reconnu pour supposez tous les Ou
vrages cy - devant attribuez à ce S. Athénien; ce qui n'a pas empêché que l'Auteur
d'une compilation de Vies des Saints , intitulée : Fasti Mariani , et publiée à Anvers en l'année 1633. n'ait fait de ce Disciple de S.Paul un veritable Evêque, dontil marque la Fête au 26 May, en citant:
à la fin Denis l'Areopagite, pour garant de
ce qu'il a trouvé à propos d'en rapporter.
Pour moi , Monsieur , je ne connois
point d'Evêque de Troade avant Marin
qui assista au Concile de Nicée avec Théonas de Cyzique , son Métropolitain, com
me on le voit par les Actes de ce fameux
Concile , recueillis par Gelase, un des suc-
(a ) Penulam quam reliqui Troade apud Carpum veniens affer tecum et libros , maximè autem membranas. verf. 13 .
•
II.Vol.
cesseurs
JUIN. 1732. 1361
cesseurs de Théonas , et rapportez dans
les Editions des Conciles du P. Labbe et
du P. Hardoüin.
J'ai crû pendant quelque temps qu'un
S. Evêque , nommé Silvain , dont parle
Pallade dans la vie de S. Jean Chrysostome , et qui fut envelopé dans la disgrace
du S. Archevêque de Constantinople, avoit
été Evêque de Troade ; mais on ne peut,
ce me semble , recueillir des paroles de
Pallade autre chose, au sujet de ce Prélat ,
si ce n'est qu'il fût réduit à ce point d'in
digence que d'être obligé de gagner sa vie
à pêcher du Poisson à Troade , où il s'étoit vrai semblablement réfugié.Silvanus,
sanctus Episcopus Troade piscatur et piscatu vivit , selon la version de Bigot.
Il est vrai que Socrate, dans le 8 ° Livre
de son Histoire Ecclesiastique , chap. 36.
parle au long d'un Silvain , Evêque de
Troade , qui l'avoit auparavant êté de
Philipolis mais en lisant cet Historien
avec quelque attention , il est aisé de voir
que ce n'est pas le même dont Pallade a
fait mention. Le Silvain de Socrate a été
constamment Evêque de Troade , mais il
l'a été par le choix d'Atticus, second suc
cesseur de S. Jean Chrysostome en l'Archevêché de Constantinople , temps posterieur à la vie de l'autre Sylvain , et cirH. Vol. Ev cons-
1362 MERCURE DE FRANCE
constance décisive , pour ne pas confon dre ces deux Prélats de même nom en
un seul. On pourroit s'y méprendre par ;
la ressemblance des qualitez. Celui de Pallade étoit un S. Evêque , celui de Socrate
étoit aussi un Saint et un Saint à Miracles ,témoin celui que rapporte le même
Historien Socrate , d'un gros Vaisseau
construit sur le rivage de la Mer , auprès
de Troade , et destiné à transporter des
Colomnes d'un poids immense, lequel ,
quand il fut question de le mettre en
Mer , on ne pouvoit en aucune façon.
faire remuer , et qui ne fut ébranlé , tiré
et mis à flot , qu'après que le S. Evêque ,
cedant aux instances des habitans , qui
croyoient que c'étoit un prestige , se fut
transporté sur le lieu, et eut fait des prieres , dont on vit bien-tôt l'efficacité.
C'est ce même Silvain , S. Evêque de
Troade, qui , au rapport de Métaphraste,
vit en songe Corneille le Centenier Evêque de Césarée et de ( a ) Scepsis , lequel
lui apprit l'endroit où reposoit son corps,
lui marquant tout ce qu'il devoit faire
pour sa translation , pour la construction
d'un Temple , &c. On peut voir dans
(a) Scepsis, Ville de la petite Mysie , selon Strabon , ou de la Troade , selon Etienne de By- zance.
II. Vol. l'Au-
JUI N. 1732. 1363
P'Auteur Grec les suites de ' cette vision , et
de l'obéissance de l'Evêque de Troade, les
Miracles operez à cette occasion , la conversion d'un grand nombre de Payens , à
laquelle ils donnerent lieu , &c.
Les illustres Compilateurs des Actes
des Saints , publiez à Anvers , ont observé au 2 Février , jour destiné au culte du
S. Centenier Corneille , dans leurs Notes.
sur le texte de Métaphrate , que le temps
de cet Evenement peut être à peu près fixé
par celui auquel Atticus , Archevêque de
Constantinople, qui avoit fait notre S.Silvain , Evêque de Troade , cessa de vivre :
or sa mort arriva, disent-ils , le 10 d'Octobre de l'année 425. sous le Consulat de
Théodose le Jeune et de Valentinien. Ils.
s'engagent dans les mêmes Notes à donner la vie du S. Evêque Silvain de Troade au 1 jour de Decembre , temps auquel
le Martyrologe Romain fait mémoire de
lui.
Enfin surce que Métaphraste ajoute qu'après le decès de notre Silvain , Athanase
fut nommé son successeur ; les mêmes
Historiens des Saints pensent que ce Prélat pourroit être le même qui souscrivit
à la VI Session du Concile d'Ephese , en
qualité d'Evêque de Scepse, depuis transferé au Siége de Troade, mais quelque soit
EL. Volar E VI CEL
1364 MERCURE DE FRANCE
cet Athanase , continuent- ils , il est cer
tainement mort avant la célébration du
Concile de Calcedoine , puisque les Actes
de ce Concile se trouvent souscrits par
Pionius , alors Evêque de la même Ville
de Troade.
Mais laissons à un sçavant (a) Ecrivain ,
qui fait imprimer auLouvre une Histoire entiere de l'Eglise Orientale , &c. à
laquelle il travaille depuis plusieurs années , avec une application infatigable ;
laissons- lui , dis- je , le soin de nous donner sur le Christianisme.de Troade , et sur
ses Evêques, une plus ample instruction.
je me contente d'ajoûter au peu que je
viens de dire,que dans la distribution des
Provinces Ecclesiastiques , l'Evêque de
Troade devint Suffragant du Metropoli
tain de Cyzique , dequoi on a déja rapporté une preuve; il y a tout lieu de croi
( a ) Le R. P. Michel le Quien, Dominiquain .
voyez le Projet de son Ouvrage dans le Mercure
de Mars 1731.Nous avons du même Auteur , une belle Edition des Oeuvres de S.Jean de Damas , et
dans la Préface de cette Edition , une Dissertation
dans laquelle il est démontré que les Ecrits , attriuez à S. Denys l'Areopagite , dont il est parlé cilessus , sont des Ecrits supposez, &c. fabriquez par
an Monophysite , ou Disciple de Severe d'Antiothe , ou par ce Patriarche lui-même, pour appuier ses erreurs.
II. Vol. re
JUIN. 1732. 1363
re , malgré la désolation de cette ancienne Ville , qui n'est presque aujourd'hui
qu'un amas de ruines, que son Siege Episcopal subsiste toujours , avee la même
dépendance.
L'Auteur (a ) Italien d'une Histoire
moderne des Patriarchats d'Antioche et
de Jerusalem , et d'un Abregé de celle
des Patriarchats d'Alexandrie et de Cons
tantinople , qui avoit fait lui-même le
voyage d'Orient , le témoigne ainsi , en
donnant sur la fin de son Ouvrage une
Notice tres- étendue du Patriarchat de
Constantinople. On y voir , en effet , les
Eglises de Cyzique et de Troade , parmi
celles qui composent dans ce Patriarchat
la seconde Province de l'Hellespont , divisée en 17 Diocèses ; on y trouve aussi
que Troade est aujourd'hui connue sous
le nom de Carasia , et que Cyzique n'a
point changé de nom. Baudran, dans son
Dictionaire Géographique et Historique ,
assure que. les ruines de Troade , encore
(a) SIRIA SACRA , Descrittione Istorico , Geo---
grafica , Cronologico- Topografica delle due Chiese ,
Patriarcali Antiochia , e Gerusalemme , &c. Com.
due Trattati nel fine della Patriarcali d'Alessandria , e Constantinopoli , &c. Opera dell'Abb . Biagio Terzi di Lauria , &c. 1. vol. fol. in Roma
16.95. pag. 448. avec des Cartes Géografiques.
L. Vol. visitées
1366 MERCURE DE FRANCE
visitées , dit- il , par les Curieux , portent
le nom d'Eski- Stamboul. Il les place sur
les côtes de la Natolie, à 13 lieuës des Dar
danelles , et vers l'Isle de Tenedos.
Dans la Turquie Chrétienne , &c. Ou--
vrage imprimé à Paris en 1695. 1. vol. 12.
chez Herissant.
On voit aussi un Etat des Eglises soumises au Patriarchat de Constantinople; l'Auteur n'y fait aucune mention de Troade ;
il n'a pas même nommé Cyzique parmi
les Métropoles de ce Patriarchat , ce qui
démontre le peu de recherches qu'il a faites. Il a aussi manqué d'exactitude sur
d'autres sujets qui entrent dans son Quvrage.
Au reste , Monsieur , vous sçavez que
ce beau Païs , autrefois rempli de grandes
et fameuses Villes , ne présente presqueplus aujourd'hui que des ruines. Vous
m'avez appris qu'un assez petit Bourg ,
nommé en grec vulgaire Troaki , ou petite Troye, est tout ce qui reste , pour rappeller la mémoire et la situation de la celebre Troye;et j'apprens de l'Auteur de la
Bibliotheque Orientale , que Cari- Ili , est
le nom que les Turcs donnent au Païs
dont je parle , comprenant sous ce même
nom , la Lydie , la Troade, avec une partie de la Mysie et de la Phrygie des Anciens.
II. Vol Voilà
JUIN. 1732. 1367
Voilà tout ce que j'avois à vous dire au
sujet et à l'occasion de votre curieuse
Médaille de Troade. Je vous parlerai sans
faute dans ma premiere Lettre , de la pe
tite Médaille des Dardaniens , qui ne nous.
occupera pas si long- temps. Je suis , Monsieur , &c.
AParis , le Mars 17 31.
à M. Boyer, Docteur en Médecine , de
la Faculté de Montpellier, Docteur Regent de celle de Paris , sur une Médaille
Latine de la Ville de Troade et sur une
Médaille Grecque des Dardaniens.
J
E vous avoue , Monsieur , que ce n'est
pas sans quelque espece de chagrin que
dans ma précedente Lettre j'ai été obligé
de déclarer l'erreur de pius d'un Ecrivain
moderné , qui prétendent que la Ville de
Troade soit la seconde Troye , comme
ayant été bâtie par les ordres d'AlexanII. Vol. dre
JUIN. 1732 1343
dre, des ruines de la premiere Ville qui a
porté ce fameux nom , et que c'est pour
cela même que Troade a été surnommée Alexandrine; en citant pour garants , des
Auteurs de réputation , lesquels bien examinez , n'ont jamais écrit ce qu'on leur
fait dire ; j'avoue , dis- je , que j'ai là- dessus quelque espece de regret ; car si ces
prétentions étoient aussi fondées, qu'elles
m'ont paru vaines jusqu'à present ,
CC
ne seroit pas un petit reliefpour cetre ancienne Ville , pour notre Médaille , et
un médiocre ornementà ma Dissertation:
mais vous sçavez , Monsieur , combien je
suis éloigné d'adopter des Faits brillants.
aux dépens de la vérité ; peut-être trouverons- nous assez dequoi illustrer Troade et de quoi mériter l'attention des Leçteurs sensez dans ce que j'ai à vous en
dire , sans avoir recours à des embellissemens dont la vanité peut être démontrée.
Je suis, au reste, persuadé que M.Vaillant n'a erré là-dessus que par une certaine prévention dont il étoit frappé sur le
nom d'Alexandrine , que portent quantité de Médailles de Troade ; mais ce qui
me paroît icy de singulier , c'est quele
P. Hardouin , ce grand Critique , qui n'a
point hesité d'appeller ses Ouvrages ,
Errata des Antiquaires: Errata Antiqua
II. Vol. riorum
1346 MERCURE DE FRANCE
riorum , qui a même fait un Livre exprès ,
pour reprendre M. Vaillant de ses pré
tendues fautes sur les Médailles des Colonies et des Municipes , et qui le reprend
nommément , avec beaucoup de hauteur,
au sujet d'une Médaille d'Aquilia severa ,
frappée par la Colonie de Troade ; il pa
roît , dis-je , singulier que ce Censeur , si
acharné', pour ainsi dire , contre Vaik
lant , qui le chicane le plus souvent sur
des minuties , ou sur des erreurs imagi
naires , ne se soit pas apperçu de la veritable méprise de cet Antiquaire , au sujet
de la Médaille de Troade.
Bien, loin , Monsieur , de s'en aperce
voir , je trouve le P. Hardouin •presque
dans la mêmeerreur ; car en parlant d'une
( a ) Medaille d'Antonin Pie , frappée , d
ce qu'il croit , par la même Colonie de
Troade , il dit que le nom d'Alexandrine
lui vient d'Alexandre le Grand. Alexan
dria ab Alexandro Magno. C'est cependant ce que Strabon qu'il cite , ni aucun
autre Auteur , ne nous apprennent point.
Mais ne quittons pas le P. H sans vous
donner en passant un échantillon de la
hauteur insultante avec laquelle il a traité M. Vaillant , votre illustre confrere.
(a ) Nummi Populorum et Urbium illustrati ,
&c. pag. 507.
II. Vol. Un
JUIN. 17320 1347
Un seul trait suffira ›, et ce trait vous fera
rire. Je le trouve à la page 115. de son
ANTIRRHETICUS.Vide jam , lui dit-il, quot
sibi sintex opere tuo placita tradenda,quantaque tibi sit laudifuturum , cum eos , à qui
bus hac didicisti , à nobis monitus dedocebis. N'est-il pas vrai , Monsieur , qu'un
hommequi parle avec cet air de Maître ,
doit du moins être irréprochable dans ses
Ecrits , et qu'il doit lui- même être bien
endoctriné , avant que de s'ériger en Censeur de la doctrine d'autrui ? On rempliroit cependant un volume raisonnable
des Erreurs , des Paradoxes , et des Ecarts
duP. H. revenons à notre Troade ,
nommée Alexandrine.
surJ'ai crû que je trouverois sur ce sujet
quelque lumiere dans le curieux Ouvrage
d'Etienne de Byzance ; cet Auteur m'apprend , tom. 1. pag. 61. qu'on comptoit
de son temps jusqu'à dix- huit Villes qui
portoient le nom d'Alexandrie , dont la
premiere est la fameuse Alexandrie d'Egypte; la seconde , dit-il , est la Ville de
Troye , don't Démosthène fait mention :
Bithyniacorum 42. Il met la onzième dans
l'Isle de Chypre , et il dit ensuite , selon
Pinedo son Traducteur; est et locus in Ida
Trojana, qui dicitur Alexandria , in quo
ferunt Paridem Dearum certaminajudicasse,
II. Vol. ut
1348 MERCURE DE FRANCE
ut Timosthenes. Cela s'accorde avec ce que
nous avons déja remarquéau sujet de cette Alexandrie du Mont Ida, qui n'est pas
notre Troade. L'Auteur Grec parle aussi
de cette derniere ; mais le même Traducteur a , ce me semble , fort embroüillé les
choses à cet égard par son interprétation.
Luc de Holstein , de qui nous avons une
belle Edition d'Etienne de Byzance avec
des Notes et des Corrections , a plus heureusement expliqué cet endroit. TROIAS ,
dit Pinedo, Regio Ilii qua vocabatur Teucris
et Dardania et Xante.Gentile Troadeus. Ce
qui n'est pas , selon le SçavantEditeur , let
sens de l'Auteur original , et il corrige Pinedo de la maniere qui suit : Cum deberes
vertere et Alexandria Troas. Hoc in locoTroas non accipitur de Regione , sed de ipsa Alexandria Troadis Urbe que Troas
etiam dicta fuit ut Plinius , lib.v.cap 30.
N'oublions pas icy , au sujet de ce Passage de Pline , qui est tel : Troas Antigonia dicta nunc Alexandria Colonia Romana: n'oublions pas , dis-je , de remarquer
que Goltzius rapporte dans son Tresor
une Médaille de Tite , où l'on donne à
Troade ce nom d'Antigonia. Elle est citée
dans le P. Hardouin , qui semble l'adopter comme légitime , et dans les Colonies de Vaillant , qui la regarde comme
II. Vol. .. dou-
JUIN. 1732. 1349
douteuse. On peut dire qu'elle est absolument fausse , et qu'elle a été forgée sur
le Passage de Pline.
Voilà cependant notre Troade au nom
bre des 18 Villes , qui , selon Etienne de
Byzance , ont aussi porté le nom d'Alexandrie ; ce qui est confirmé par les Medailles et par le témoignage de plusieurs
Ecrivains ; mais nous n'avons aucune autorité , comme je vous l'ai déja dit , qui
établisse , que c'est pour avoir été bâtie
des ruines de Troye , par les ordres d'Alexandre , ainsi que l'ont écrit quelques
Modernes. Il se peut faire , au reste, que
quelque Evenement considérable • que
nous ignorons , ait donné lieu à la dénomination dont il s'agit icy. Toutes les *
grandes actions du Conquerant de l'Asie
ne sont pas connuës , comme l'a particu
lierement remarqué l'un de ses Historiens : Ita estfactum , dit Arrien , Liv. 1 .
ut nobis minus nota sint Alexandri Rex
magna et præclara , quam multorum veterum
infima exiguaque.
M. Vaillant , au reste , propose une autre origine du nom d'Alexandrie , donné
à la Ville de Troade. Il remarque d'abord,
au sujet d'une Medaille de Fulia Domna,
Epouse de Septime Severe, frappée à
Troade; qu'avant ce tems-là la Ville dont
II. Vol. nous
1350 MERCURE DE FRANCE
nous parlons ne prit point le nom d'Aleandrie: Urbs non se Alexandriam Troadem nuncupavit , licet , ajoute-t- il , Troas
et Alexandria eadem sit apud veteres Historicos ut videre est apud Strabonem , lib. 2.
ce qui semble se contredire. Troade,poursuit M. Vaillant , devant son nom d'Alexandrie au Grand Alexandre , affecta de
marquer particulierement ce nom ' sur les
Medailles qu'elle frappoit sous l'Empire
de ( a ) Caracalla , pour flatter un Prince
qui , au rapport de Dion, liv. 78. se donnoit pour un autre Alexandre , sese Alexandrum Orientalem Augustum appellavit,
dit cet Historien.
M. Vaillant repete à peu près la même
chose en parlant d'une autre Medaille de
Troade , frappée en l'honneur d'Alexandre Severe , fils de Caracalla. Alexandria
appellationem habet,dit-il, vel ab Alexandro
M.àquo exTroja ruderibus extructa est Strabone Q Curtio testibus , vel ab Alexandro-Severo , quod maximum illius esset , ut
Caracalla Patris studium , ut tradit Lampridius ; sans compter , ajoute notre Antiquaire , que cet Empereur visita en personne la Ville de Troade, en allant en Sy.
.
(a) Aurelia et Antoniana , in Caracalla gratiam vocata , dit ailleurs le même M. Vaillant, en
parlant de Troade.
11.Vol.
tie ,
JUIN. 1732. 135r
tie ; il avoit dit la même chose à l'égard
de Trajan ; ce qui est avancé gratuitement .
et sans aucune authorité.
Il est vrai cependant qu'avant le Regne de Sept. Severe on ne voit point le
nom d'Alexandrie,ajouté à celui de Troade,dans les Médailles de cette Ville, ce qui
semble donner quelque vrai- semblance à
la conjecture de M. Vaillant ; mais il faut
convenir aussi que cette conjecture est affoiblie par les témoignages des Histeriens
qu'il rapporte lui - même , selon lesquels
Troade portoit le nom d'Alexandrie dès
le temps de la République Romaine.Je ne
produirai icy que celui de Tite-Live, omis
par Vaillant.
Ce celebre Historien en parlant de la
guerre que les Romains eurent à soutenir
contre le Roy Antiochus , sous le Consulat de L. Quintius et de Cn. Domitius,
dit que trois Villes occupoient principalement les forces de ce Prince , sçavoir
(a)Smyrne, Alexandrie-Troade et Lampsa-
(a ) Smyrne.et Troade n'étoient pas fort éloignées l'une de l'autre , et il y avoit une alliance ,
une union particuliere entre les deux Villes ; ce
qui est prouvépar une Medaille de Marc - Aurele ;
sur le revers de laquelle en lit : ΤΡΟΑΔΕΩΝ C
ΜΥΡΝΑΙΩΝ ΟΜΟΝΟΙΑ , rapportée par le Pere
Hardouin.
11. Vole ques
Y352 MERCURE DE FRANCE
ques , dont il n'avoit pû venir à bout
jusqu'alors par la force , ni par aucun
Traité , ne voulant pas d'ailleurs , en passant en Europe , laisser ces Places derriere lui , Tres eum civitates tenebant , Smyrna
et Alexandria- Troas , et Lampsacus ; quas
neque vi expugnare ad eam diem poterat,
neque conditionibus in amicitiam perlicere;
neque કે tergo relinquere trajiciens ipse in
Europam volebat , Lib. xxxv. cap. XLII.
Ce qui paroît décisif pour l'ancienneté du
nom d'Alexandrie , joint à celui de la
Ville de Troade ; cela doit aussi nous déterminer à tirer cette dénomination d'Alexandre le Grand , comme Fondateur
ou comme Restaurateur dela Ville dont
il s'agit icy , sans qu'on soit obligé pour
cela de croire et de prouver que Troade
ait été bâtie des ruines de Troye.
,
Nous n'avons en effet aucune autorité pour le prétendre. Une seule Ville du
Pays de Troade a pû se vanter de cette
distinction;c'est Sigée, bâtie certainement
des ruines de Troye , par les habitans de
Metelin , ville de l'Isle de Lesbos. J'aurai dans quelque temps occasion de vous
prouverce fait , en vous faisant part d'un
Monument des plus singuliers de l'Antiquité Grecque , trouvé dans le siecle
passé , au voisinage de Sigée , et publié
II. Vol.
par
JUIN. 17320 1353
par un sçavant Anglois en l'année 1721.
Son Ouvrage ne m'a été apporté d'Angleterre que depuis quelques mois ; ce
que j'ai à vous en dire peut encore jetter
de la clarté sur la matiere que nous traitons icy.
Je vous ai dit , Monsieur , dans ma premiere Lettre, que la Ville de Troade étoit
Colonie Romaine dès le temps d'Auguste. Pour le prouver , je n'ai presque besoin
que du titre d'Auguste qu'elle porte sur
notre Medaille. Les Antiquaires tiennent
communément que les Colonies nommées Julia, dénotent qu'elles ont été fondées par Jules- Cesar ; et Augusta , par
I'Empereur Auguste. Je sçai que Gens difficiles pourroient contester cette regle en
certain cas ; mais enfin , c'est- là un de ces
Principes generalement avoüez , et contre lesquels on n'est presque pas reçu à
disputer. Dans ce cas particulier on auroit encore moins de raison , parce qu'on
voit que la Ville de Troade étoit Colonie
Romaine , non seulement du temps de
Pline , mais même du temps de Strabon
qui a vécu sous Tibere , et même sous
Auguste. Ainsi il est presque démontré
qu'Auguste a été le Fondateur de cette
Colonie.
Il n'est guere moins certain qu'elle fut
II. Vol. E dans
1354 MERCURE DE FRANCE
dans une singuliere recommandation auprès des Empereurs. On y envoyoit les
Soldats veterans , choisis parmi les Légions qui avoient bien servi , pour s'y reposer comme dans un séjour agréable , et
dans un Païs abondant ; c'est ce que désigne particulierement l'Enseigne Militaire , qui paroît sur notre Medaille de
Troade.
par
Quelques- uns de ces Empereurs l'orne:
rent et lui accorderent des Privileges.
Adrien , sur tout , y fit faire (a) des Bains
magnifiques et des Aqueducs, comme on
le lit dans la vie d'Herode le Sophiste
écrite Philostrate. La Ville, en reconnoissance , fit frapper une Medaille où
l'on voit d'un côté la tête de cet Empereur , et sur le revers, le Type de Troade
tel qu'on le voit sur la face de la nôtre ,
avec ces mots : COL. TROAD. Elle étendit
même la reconnoissance de ce bienfait
jusqu'à la personne d'Antonin Pie , fils
adoptif d'Adrien , et jusqu'à Marc- Aurele, en faisant aussi frapper des Medailles
pour ces deux Empereurs.
•
(a ) On voit par un Passage de Pline , livre
XXXI. ch. VI. qu'avant ce temps-là il y avoit à
Troade des Bains d'Eau chaude , que P. Belon
liv. 2. ch. 6. de ses Observ. a confondus avec ceux
de Larissa , dans le même Païs ; quoique bien distinguez dans Pline , qu'il cite.
1
11. Vol A
JUIN. 17320 1355
-
A l'égard des Privileges et des immunitez accordez à Troade , quelques Me
dailles frappées par la même Ville , les
prouvent ; entr'autres celles de SeptimeSevere , et de Julia Domna sa Femme s
au revers de laquelle on voit pour Symbole , un Cheval qui paît en liberté. M. Vaillant remarque , en rapportant ces
deux Medailles , que l'Empereur Claude
avoit rendu la Colonie de Troade exempte de toutes sortes de charges , ajoutant
qu'entre les autres Colonies , fondées par
Auguste, celle- ci avoit été particulierement
avantagée duDroit dont jouissoient lesVilles d'Italic:Juris Italici pronunciata est. Dequoi deux Auteurs ont fait une mention
expresses sçavoir , Caïus ( a ) sur les Loix
Julia et Papia, lib. 6. et Paulus , lib. 2. des Cens. Ce dernier ajoute que Troade étoit
du Proconsulat d'Asie . In Provincia Asia
Dua sunt Juris Italici Troas et Purinus .
M. Vaillant observe à propos , à l'oc
casion d'une Medaille frappée à Troade ,
pour Philippe le Peres que toutes les Colonies n'avoient pas ce beau Droit dont
nous venons de parler , qui distinguoit si
fort une Ville d'une autre; mais je ne sçai
s'il faut s'en tenir à son explication du
MOV.
(a ) Juris Italici sunt , rpwas Bupytos , AuppoH. Vol E ij revers
5 MERCURE DE FRANCE
revers de la même Medaille. On y voit
une Aigle qui tient dans ses Serres , en
volant la Tête d'un Bœuf. Cela , dit-il
dénote l'origine et l'antiquité de cette
Villes car quand il fut question de la
fonder , on sacrifia un Bœuf , dont un
Aigle emporta la tête, ce qui fut pris
pour un ordre du Ciel et servit d'Augure pour déterminer le lieu où elle devoit
être bâtie. Elle le fut à l'endroit même
où l'Aigle transporta cette tête. L'antiquité payenne et fabuleuse a pû debiter
cela au sujet de la fondation de Troade
comme vous sçavez , Monsieur , qu'elle
on a usé à l'égard de Rome , et à l'égard
des plus anciennes Villes ; mais la chose
ne peut guere passer que pour une conjectite , aussi , M. Vaillant ne nous cite làdessus aucune autorité.
Passons- lui donc la conjecture ; mais je
le crois dans ( a) l'erreur, quand dans l'explication de deux Medailles de la Colonie
de Troade, frappées, l'une pour Elagabale,et l'autre pour Volusien, notre Sçavant
:
(a ) M. Vaillant se trompe encore quand an
sujet d'une Medaille de Geta , frappée à Troade ,
qu'il appelle Insignem Urbem Veterum Hefoum. Il cite Dyonisius Afer pour premier Auteur
de cette Expression , cet Ecrivain n'ayant point
parlé deTroale dans son Poëme , Desitu Orbis.
14. Vol.
Me-
JUIN. 1732. 1357
Medecin confond Troade avec Ilium, attribuant à la premiere ce qui certainement
regarde la seconde de ces deux Villes, qui
sont cependant tres- distinctes'; sur quoi
les citations mêmes qu'il allegue sont
contre lui , en particulier celle du Digeste , où il s'agit visiblement des Privi
leges d'Ilium et non pas de Troade. Com
cessum est ut qui Matre Iliensi natus est ,
sit eorum Municeps , lib. 5. tom. 1
dont le
Ce qu'il y a icy de singulier , c'est que
M. Vaillant a reconnu parfaitement lui
même, tom. I. la distinction de ces deuxVilles, en expliquant une Medaille d'Alexandre-Severe , frappée à Troade. Troas
et Ilium , dit- il , dua sunt Urbes , post Tro
jam antiquam dirutam seorsim condite, quod
nummi confirmant , &c. Ce que notre An
tiquaire prouve par l'autorité de Polybe,.
liv. 5. décisif est rappor passage
té, ajoutant , par surcroit de lumiere sur
ce sujet , la distinction que voicy : Troadenses cum Romani sint Coloni , latinè nummos scribunt, Ilienses verò Epigraphem Gracam : IAIEON praferunt. Il pouvoit prouver encore cette distinction par l'Itineraire d'Antonin , par les Tables de Peutinger , et enfin par les Souscriptions des
Evêques des deux Villes , qui ont assisté
aux Conciles , &c.
. II. Vol E iij Re-
1358 MERCURE DE FRANCE
Remarquons , en passant , à cette occasion , une faute toute differente qu'a faite
Casaubon , Traducteur latin de Strabon
à l'égard de notre Alexandrie-Troade dont
il fait deux Villes ; au lieu que, comme je ·
l'ai observé dans ma premiere Lettre , ce
n'en est qu'une, suivant la force du Grec,
Αλεξανδρείαν τω τριαδα , qu'il faut traduire , et Alexandria que est Troas, et non
pas comme ont fait Casaubon et d'autres,
et Alexandria , ac Troas. Pinedo dans son
Commentaire sur Etienne de Byzance ,
a relevé cette méprise au mot Troïas, et
après lui Spanheim et Vaillant.
Mais c'est assez parlé de Troade Payenne, Grecque et Romaine ; disons un mot,
en finissant ma Lettre de Troade Chré
tienne , devenuë telle , selon toute apparence , par le bonheur qu'elle a eu de recevoir si souvent dans son sein l'Apôtre
S. Paul , ainsi qu'il est rapporté dans plus
d'un endroit des Actes des Apôtres. C'est
à Troade que ce grand Apôtre eût la vision du Macedonien , qui le pria de pas
ser dans la Macedoine, et de venir au secours de ses Compatriotes , ch . 16. Grotius dans son Commentaire sur ce chapitre , a pris la Ville de Troade pour la Region de même nom. Nous avons vû qu'il
n'est pas le premier qui s'est trompé là- II. Vel. des-
JUIN. 1732. 7359
dessus ; il commence à s'en appercevoir
au chapitre 20.
On lit dans le même chap. 16. qu'en
conséquence de sa vision,S. Paul s'embarqua àTroade même , d'où étant venu
droit à Samothrace et à Neapolis , il arriva à Philippes : Et inde Philippos, que est
primapartis Macedonia Civitas COLONIA.
Je ne sçai , Monsieur , si ces dernieres
paroles ne peuvent pas donner lieu à une
Remarque. Le Saint Ecrivain n'oublie pas d'observer que la Ville de Philippes, dont
il parle pour la premiere fois , étoit une
Colonie; il ne dit rien de pareil de Troade , nommée plusieurs fois dans son Itineraire , où S. Paul séjourna une fois sept
jours entiers; et où la veille de son départ , il fit le miracle éclatant de ressusciter le jeune Homme tombé d'une fenê
tre,&c. Ch. 20. Peut - être Troade n'étoitelle pas alors honorée de ce Titre , ce qui
détruiroit le sentiment des meilleurs Antiquaires , qui veulent , comme nous l'avons vu plus haut , que le Titre d'Au
gusta , marqué sur les Medailles de cette
Ville , dénote qu'elle a reçu cette qualité
dès le temps d'Auguste.
Quoiqu'il en soit , Troade éclairée des
lumieres de la Foy , par le Docteur des
Nations , ou par ses Disciples , a dû avoir
II. Vol. E iiij des
1360 MERCURE DE FRANCE
des Pasteurs dès les premiers temps du
Christianisme. On reconnoîtroit volop-.
tiers le premier de tous en la personne de
Carpus , chez qui S. Paul logeoit dans cette Ville , et dont il ( a ) parle particulierement dans sa II. Epître à Timoth.ch.2.
Si on pouvoit faire quelque fond sur ce
qu'on lit de Carpus, dans la Lettre à Démophile, la vini de celles qui portent le
nom de S. Denis l'Areopagite ; mais il y a
long - temps que les meilleurs Critiques.
ont reconnu pour supposez tous les Ou
vrages cy - devant attribuez à ce S. Athénien; ce qui n'a pas empêché que l'Auteur
d'une compilation de Vies des Saints , intitulée : Fasti Mariani , et publiée à Anvers en l'année 1633. n'ait fait de ce Disciple de S.Paul un veritable Evêque, dontil marque la Fête au 26 May, en citant:
à la fin Denis l'Areopagite, pour garant de
ce qu'il a trouvé à propos d'en rapporter.
Pour moi , Monsieur , je ne connois
point d'Evêque de Troade avant Marin
qui assista au Concile de Nicée avec Théonas de Cyzique , son Métropolitain, com
me on le voit par les Actes de ce fameux
Concile , recueillis par Gelase, un des suc-
(a ) Penulam quam reliqui Troade apud Carpum veniens affer tecum et libros , maximè autem membranas. verf. 13 .
•
II.Vol.
cesseurs
JUIN. 1732. 1361
cesseurs de Théonas , et rapportez dans
les Editions des Conciles du P. Labbe et
du P. Hardoüin.
J'ai crû pendant quelque temps qu'un
S. Evêque , nommé Silvain , dont parle
Pallade dans la vie de S. Jean Chrysostome , et qui fut envelopé dans la disgrace
du S. Archevêque de Constantinople, avoit
été Evêque de Troade ; mais on ne peut,
ce me semble , recueillir des paroles de
Pallade autre chose, au sujet de ce Prélat ,
si ce n'est qu'il fût réduit à ce point d'in
digence que d'être obligé de gagner sa vie
à pêcher du Poisson à Troade , où il s'étoit vrai semblablement réfugié.Silvanus,
sanctus Episcopus Troade piscatur et piscatu vivit , selon la version de Bigot.
Il est vrai que Socrate, dans le 8 ° Livre
de son Histoire Ecclesiastique , chap. 36.
parle au long d'un Silvain , Evêque de
Troade , qui l'avoit auparavant êté de
Philipolis mais en lisant cet Historien
avec quelque attention , il est aisé de voir
que ce n'est pas le même dont Pallade a
fait mention. Le Silvain de Socrate a été
constamment Evêque de Troade , mais il
l'a été par le choix d'Atticus, second suc
cesseur de S. Jean Chrysostome en l'Archevêché de Constantinople , temps posterieur à la vie de l'autre Sylvain , et cirH. Vol. Ev cons-
1362 MERCURE DE FRANCE
constance décisive , pour ne pas confon dre ces deux Prélats de même nom en
un seul. On pourroit s'y méprendre par ;
la ressemblance des qualitez. Celui de Pallade étoit un S. Evêque , celui de Socrate
étoit aussi un Saint et un Saint à Miracles ,témoin celui que rapporte le même
Historien Socrate , d'un gros Vaisseau
construit sur le rivage de la Mer , auprès
de Troade , et destiné à transporter des
Colomnes d'un poids immense, lequel ,
quand il fut question de le mettre en
Mer , on ne pouvoit en aucune façon.
faire remuer , et qui ne fut ébranlé , tiré
et mis à flot , qu'après que le S. Evêque ,
cedant aux instances des habitans , qui
croyoient que c'étoit un prestige , se fut
transporté sur le lieu, et eut fait des prieres , dont on vit bien-tôt l'efficacité.
C'est ce même Silvain , S. Evêque de
Troade, qui , au rapport de Métaphraste,
vit en songe Corneille le Centenier Evêque de Césarée et de ( a ) Scepsis , lequel
lui apprit l'endroit où reposoit son corps,
lui marquant tout ce qu'il devoit faire
pour sa translation , pour la construction
d'un Temple , &c. On peut voir dans
(a) Scepsis, Ville de la petite Mysie , selon Strabon , ou de la Troade , selon Etienne de By- zance.
II. Vol. l'Au-
JUI N. 1732. 1363
P'Auteur Grec les suites de ' cette vision , et
de l'obéissance de l'Evêque de Troade, les
Miracles operez à cette occasion , la conversion d'un grand nombre de Payens , à
laquelle ils donnerent lieu , &c.
Les illustres Compilateurs des Actes
des Saints , publiez à Anvers , ont observé au 2 Février , jour destiné au culte du
S. Centenier Corneille , dans leurs Notes.
sur le texte de Métaphrate , que le temps
de cet Evenement peut être à peu près fixé
par celui auquel Atticus , Archevêque de
Constantinople, qui avoit fait notre S.Silvain , Evêque de Troade , cessa de vivre :
or sa mort arriva, disent-ils , le 10 d'Octobre de l'année 425. sous le Consulat de
Théodose le Jeune et de Valentinien. Ils.
s'engagent dans les mêmes Notes à donner la vie du S. Evêque Silvain de Troade au 1 jour de Decembre , temps auquel
le Martyrologe Romain fait mémoire de
lui.
Enfin surce que Métaphraste ajoute qu'après le decès de notre Silvain , Athanase
fut nommé son successeur ; les mêmes
Historiens des Saints pensent que ce Prélat pourroit être le même qui souscrivit
à la VI Session du Concile d'Ephese , en
qualité d'Evêque de Scepse, depuis transferé au Siége de Troade, mais quelque soit
EL. Volar E VI CEL
1364 MERCURE DE FRANCE
cet Athanase , continuent- ils , il est cer
tainement mort avant la célébration du
Concile de Calcedoine , puisque les Actes
de ce Concile se trouvent souscrits par
Pionius , alors Evêque de la même Ville
de Troade.
Mais laissons à un sçavant (a) Ecrivain ,
qui fait imprimer auLouvre une Histoire entiere de l'Eglise Orientale , &c. à
laquelle il travaille depuis plusieurs années , avec une application infatigable ;
laissons- lui , dis- je , le soin de nous donner sur le Christianisme.de Troade , et sur
ses Evêques, une plus ample instruction.
je me contente d'ajoûter au peu que je
viens de dire,que dans la distribution des
Provinces Ecclesiastiques , l'Evêque de
Troade devint Suffragant du Metropoli
tain de Cyzique , dequoi on a déja rapporté une preuve; il y a tout lieu de croi
( a ) Le R. P. Michel le Quien, Dominiquain .
voyez le Projet de son Ouvrage dans le Mercure
de Mars 1731.Nous avons du même Auteur , une belle Edition des Oeuvres de S.Jean de Damas , et
dans la Préface de cette Edition , une Dissertation
dans laquelle il est démontré que les Ecrits , attriuez à S. Denys l'Areopagite , dont il est parlé cilessus , sont des Ecrits supposez, &c. fabriquez par
an Monophysite , ou Disciple de Severe d'Antiothe , ou par ce Patriarche lui-même, pour appuier ses erreurs.
II. Vol. re
JUIN. 1732. 1363
re , malgré la désolation de cette ancienne Ville , qui n'est presque aujourd'hui
qu'un amas de ruines, que son Siege Episcopal subsiste toujours , avee la même
dépendance.
L'Auteur (a ) Italien d'une Histoire
moderne des Patriarchats d'Antioche et
de Jerusalem , et d'un Abregé de celle
des Patriarchats d'Alexandrie et de Cons
tantinople , qui avoit fait lui-même le
voyage d'Orient , le témoigne ainsi , en
donnant sur la fin de son Ouvrage une
Notice tres- étendue du Patriarchat de
Constantinople. On y voir , en effet , les
Eglises de Cyzique et de Troade , parmi
celles qui composent dans ce Patriarchat
la seconde Province de l'Hellespont , divisée en 17 Diocèses ; on y trouve aussi
que Troade est aujourd'hui connue sous
le nom de Carasia , et que Cyzique n'a
point changé de nom. Baudran, dans son
Dictionaire Géographique et Historique ,
assure que. les ruines de Troade , encore
(a) SIRIA SACRA , Descrittione Istorico , Geo---
grafica , Cronologico- Topografica delle due Chiese ,
Patriarcali Antiochia , e Gerusalemme , &c. Com.
due Trattati nel fine della Patriarcali d'Alessandria , e Constantinopoli , &c. Opera dell'Abb . Biagio Terzi di Lauria , &c. 1. vol. fol. in Roma
16.95. pag. 448. avec des Cartes Géografiques.
L. Vol. visitées
1366 MERCURE DE FRANCE
visitées , dit- il , par les Curieux , portent
le nom d'Eski- Stamboul. Il les place sur
les côtes de la Natolie, à 13 lieuës des Dar
danelles , et vers l'Isle de Tenedos.
Dans la Turquie Chrétienne , &c. Ou--
vrage imprimé à Paris en 1695. 1. vol. 12.
chez Herissant.
On voit aussi un Etat des Eglises soumises au Patriarchat de Constantinople; l'Auteur n'y fait aucune mention de Troade ;
il n'a pas même nommé Cyzique parmi
les Métropoles de ce Patriarchat , ce qui
démontre le peu de recherches qu'il a faites. Il a aussi manqué d'exactitude sur
d'autres sujets qui entrent dans son Quvrage.
Au reste , Monsieur , vous sçavez que
ce beau Païs , autrefois rempli de grandes
et fameuses Villes , ne présente presqueplus aujourd'hui que des ruines. Vous
m'avez appris qu'un assez petit Bourg ,
nommé en grec vulgaire Troaki , ou petite Troye, est tout ce qui reste , pour rappeller la mémoire et la situation de la celebre Troye;et j'apprens de l'Auteur de la
Bibliotheque Orientale , que Cari- Ili , est
le nom que les Turcs donnent au Païs
dont je parle , comprenant sous ce même
nom , la Lydie , la Troade, avec une partie de la Mysie et de la Phrygie des Anciens.
II. Vol Voilà
JUIN. 1732. 1367
Voilà tout ce que j'avois à vous dire au
sujet et à l'occasion de votre curieuse
Médaille de Troade. Je vous parlerai sans
faute dans ma premiere Lettre , de la pe
tite Médaille des Dardaniens , qui ne nous.
occupera pas si long- temps. Je suis , Monsieur , &c.
AParis , le Mars 17 31.
Fermer
Résumé : SECONDE LETTRE de M. de L. R. à M. Boyer, Docteur Médecine, de la Faculté de Montpellier, Docteur Regent de celle de Paris, sur une Médaille Latine de la Ville de Troade; et sur une Médaille Grecque des Dardaniens.
Dans sa seconde lettre à M. Boyer, M. de L. R. exprime son regret d'avoir dû corriger une erreur répandue selon laquelle la ville de Troade serait la seconde Troie, bâtie par Alexandre sur les ruines de la première. Il souligne son attachement à la vérité et son refus d'adopter des faits brillants au détriment de l'exactitude historique. Il mentionne que M. Vaillant et le Père Hardouin ont tous deux commis des erreurs concernant les médailles de Troade, notamment en ce qui concerne l'origine du nom 'Alexandrine'. Étienne de Byzance et Pline sont cités pour clarifier que plusieurs villes portaient le nom d'Alexandrie, dont Troade, mais sans lien direct avec Alexandre le Grand. M. Vaillant propose que le nom 'Alexandrine' pourrait avoir été adopté pour flatter des empereurs se revendiquant de l'héritage d'Alexandre. La lettre discute également de l'ancienneté du nom 'Alexandrie' associé à Troade, mentionné par Tite-Live et d'autres historiens. Enfin, M. de L. R. confirme que Troade était une colonie romaine dès le temps d'Auguste et qu'elle bénéficiait de privilèges impériaux, notamment sous Adrien. Le texte traite des privilèges et immunités accordés à Troade, une ville antique, et des preuves de ces privilèges à travers des médailles frappées par la ville. Parmi ces médailles, celles de Septime Sévère et de Julia Domna montrent un cheval en liberté, symbole de la liberté accordée à Troade. L'empereur Claude avait rendu la colonie de Troade exemptée de charges et lui avait accordé le droit de juris italici, un privilège particulier parmi les colonies fondées par Auguste. Ce droit est mentionné par les auteurs Caïus et Paulus. Le texte mentionne également une médaille frappée pour Philippe le Père, soulignant que toutes les colonies n'avaient pas ce droit distinctif. Une autre médaille, frappée pour Elagabal et Volusien, est discutée, ainsi qu'une erreur de M. Vaillant concernant une médaille de Geta, où il confond Troade avec Ilium. L'antiquité de Troade est illustrée par une légende impliquant un aigle et une tête de bœuf, bien que cette histoire soit considérée comme une conjecture. Le texte corrige également des erreurs historiques, comme celle de Casaubon qui confond Alexandrie-Troade en deux villes. Enfin, le texte aborde Troade chrétienne, soulignant l'importance de la ville pour l'apôtre Paul, qui y eut une vision et y ressuscita un jeune homme. La ville eut plusieurs évêques, dont Carpus, mentionné par Paul, et Silvain, connu pour ses miracles. Le siège épiscopal de Troade subsiste toujours, dépendant du métropolite de Cyzique. Le texte traite de la fin d'un ouvrage qui inclut une notice étendue sur le Patriarchat de Constantinople. Il mentionne les Églises de Cyzique et de Troade, situées dans la seconde Province de l'Hellespont, divisée en 17 diocèses. Troade est aujourd'hui connue sous le nom de Carasia, tandis que Cyzique a conservé son nom. Baudran, dans son Dictionnaire Géographique et Historique, indique que les ruines de Troade, encore visitées, portent le nom d'Eski-Stamboul et se trouvent sur les côtes de l'Anatolie, à 13 lieues des Dardanelles, près de l'île de Tenedos. L'ouvrage 'Turquie Chrétienne' mentionne un état des Églises soumises au Patriarchat de Constantinople, mais ne fait aucune référence à Troade et ne nomme pas Cyzique parmi les métropoles, ce qui montre un manque de recherches. La région, autrefois remplie de grandes villes, ne présente plus aujourd'hui que des ruines. Un petit bourg nommé Troaki ou petite Troye rappelle la mémoire de la célèbre Troie. Les Turcs désignent cette région sous le nom de Cari-Ili, incluant la Lydie, la Troade, ainsi qu'une partie de la Mysie et de la Phrygie des Anciens.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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40
p. 1800-1801
Coûtumes Generales de Bourbonne [titre d'après la table]
Début :
M. l'Abbé Auroux, Prêtre, Docteur en Théologie, et Conseiller-Clerc au [...]
Mots clefs :
Coutumes, Pays et duché bourbonnais, Ouvrage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Coûtumes Generales de Bourbonne [titre d'après la table]
M. l'Abbé Auroux , Prêtre , Docteur
en Théologie , et ,Conseiller - Clerc au
Présidial de Moulins , vient de donner au
Fu
A O UST. 1732. 1801.
Public un COMMENTAIRE sur les Coutumes Generales et Locales du Païs et Duché
de Bourbonnois.
• La lecture de cet Ouvrage serà fort utile , non seulement à ceux qui veulent
s'instruire des dispositions de la Coutume
de Bourbonnois ; mais encore à ceux qui
s'attachent à la Jurisprudence Coutumiere de tout le Royaume. L'Auteur a traité,
avec beaucoup d'érudition et d'ordre les
questions qui naissent de cette Coutume. Il les a proposées à la fin de chaque
article , et a puisé principalement ses réfléxions , tant dans les Ouvrages de Dumoulin , Papon et Potier , qui ont donné des Nottes sur la même Coutume ,
que dans ceux de plusieurs bons Commentaires Manuscrits , et dans les décisions rendues en la Sénéchaussée et
Présidial de Moulins , confirmées par
Parlement.
le
Ce Livre se vend à Paris , chez Cleuzier,
Libraire , au coin de la rue de la Parcheminerie , et chez Lebreton , fils , à l'entrée
du Quai des Augustins , près la, ruë Gistle - Cœur ; chcz Paulus- du-Mesnil , à la
Grande Salle du Palais , et chez Osmond,
Paîné, rue S. Jacques , 2732. 2. volumes
in folio.
en Théologie , et ,Conseiller - Clerc au
Présidial de Moulins , vient de donner au
Fu
A O UST. 1732. 1801.
Public un COMMENTAIRE sur les Coutumes Generales et Locales du Païs et Duché
de Bourbonnois.
• La lecture de cet Ouvrage serà fort utile , non seulement à ceux qui veulent
s'instruire des dispositions de la Coutume
de Bourbonnois ; mais encore à ceux qui
s'attachent à la Jurisprudence Coutumiere de tout le Royaume. L'Auteur a traité,
avec beaucoup d'érudition et d'ordre les
questions qui naissent de cette Coutume. Il les a proposées à la fin de chaque
article , et a puisé principalement ses réfléxions , tant dans les Ouvrages de Dumoulin , Papon et Potier , qui ont donné des Nottes sur la même Coutume ,
que dans ceux de plusieurs bons Commentaires Manuscrits , et dans les décisions rendues en la Sénéchaussée et
Présidial de Moulins , confirmées par
Parlement.
le
Ce Livre se vend à Paris , chez Cleuzier,
Libraire , au coin de la rue de la Parcheminerie , et chez Lebreton , fils , à l'entrée
du Quai des Augustins , près la, ruë Gistle - Cœur ; chcz Paulus- du-Mesnil , à la
Grande Salle du Palais , et chez Osmond,
Paîné, rue S. Jacques , 2732. 2. volumes
in folio.
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Résumé : Coûtumes Generales de Bourbonne [titre d'après la table]
En 1732, M. l'Abbé Auroux, prêtre et docteur en théologie, ainsi que conseiller-clerc au Présidial de Moulins, a publié un commentaire sur les coutumes générales et locales du pays et duché de Bourbonnois. Cet ouvrage est destiné à ceux qui souhaitent comprendre les dispositions de la coutume de Bourbonnois et la jurisprudence coutumière du royaume. L'auteur aborde les questions relatives à cette coutume avec érudition et ordre, en s'appuyant sur les œuvres de Dumoulin, Papon et Potier, ainsi que sur des commentaires manuscrits et des décisions judiciaires confirmées par le Parlement. Le livre est disponible à Paris en deux volumes in-folio chez plusieurs libraires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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41
p. 2149-2154
LETTRE écrite à Madame Meheul, Auteur de l'Histoire d'Emilie, ou des Amours de Mlle de...
Début :
Je vous envoye, Madame, le Livre que vous avez eu la bonté de me prêter [...]
Mots clefs :
Histoire d'Émilie, Ouvrage, Éloge, Auteurs, Princesse de Clèves
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite à Madame Meheul, Auteur de l'Histoire d'Emilie, ou des Amours de Mlle de...
LETTRE écrite à Madame Meheul ,
Auteur de l'Histoire d'Emilie , ou des
Amours de Mlle de...
J
E vous envoye Madame , le Livre.
que vous avez eu la bonté de me prêter , je l'ai lû deux fois avec un plaisir et
une avidité qu'il seroit bien difficile d'ex
primer. Je n'ai guére vû d'Ouvrage en ce
genre , mieux écrit et plus interessant.
Le sujet en est parfaitement bien conçû
et bien conduit ; le dénoüement ( écüeil
ordinaire de la plupart des Auteurs ) est
très-heureusement amené ; le stile en est
bien varié , serré et rapide : les Caracteres
bién marquez et bien soutenus , on peut
dire même qu'il y a beaucoup d'expressions neuves ou heureusement hazardées ,
d'Antitheres et de Sentences fort justes.
>
L'action est simple , et entierement dégagée de ces ornemens monstrueux , de
ce merveilleux et de ces aventures extraordinaires qui ne trouvent aucune
créance dans l'esprit , et qui sont la ressource ordinaire d'un génie borné , comme l'a fort bien remarqué le plus grand
Auteur tragique que nous ayons eu. AmuCiij Scr
2150 MERCURE DE FRANCE
ser agréablement l'esprit , émouvoir , interesser et attendrir le cœur , par le tour
heureux des pensées et de l'expression ;
par la varieté et la beauté des Images , la noblesse et l'élévation des sentimens ; voilà le dernier effort de l'esprit humain
c'est aussi par-là que vous avez excellé.
Si tant de beautez ne sont que des coups
d'essais , que ne doit- on donc pas attendre de vous , Madame , dans la suite. Cette considération me conduiroit naturellement à faire ici l'éloge de votre Livre
mais plus la matiere est belle , et moins
je dois l'entreprendre , les loüanges que
mérite ce bel ouvrage sont trop au- dessus
de ma portée. Ainsi , je me bornerai seulement à m'acquitter de la promesse que
je vous ai faite , de vous rendre compte des jugemens divers que le Public
sur cet Ouvrage.
>
›
porte
Ne vous flattez pas, Madame,d'une appro
bation universelle , jamais aucun Auteur
n'a joui de cet avantage , Homere , Virgile , Corneille , Racine et Despreaux , ont
eu leurs Censeurs , vous avez aussi les vôtres. Je pense même qu'il est avantageux
qu'il y ait des Critiques. Boileau , cet
Horace Moderne , ce fameux satirique ,
qui a critiqué tant d'Auteurs , n'a pas
feint de dire qu'il étoit redevable à ses
enne
OCTOBRE. 1732. 2151
ennemis même , d'une partie de la répu
tation qu'il s'étoit acquise , en le relevanc
de quantité de fautes dont il ne s'appercevoit point. D'ailleurs , c'est un grand préjugé pour la réussite d'un Livre , que cet
acharnement que les Critiques font paroftre pour le décrier ; un Ouvrage médiocre n'excite guére la mauvaise humeur
d'un Censeur , il tombe de lui- même parce qu'aucun mérite ne le soûtient ; au contraire , un bon Ouvrage triomphe tôt ou
tard de la malignité de ses ennemis , réünit en sa faveur tous les suffrages , et fait
benir dans la Posterité la plus reculée la
mémoire et le nom de son Auteur.
Tel sera , Madame , le sort d'Emilie
son vrai mérite et ses rares beautez feront
taire la critique et l'envie ; sûre de l'estime publique , elle partagera avec justice
les applaudissemens que l'on ne se lasse
point de donner à Zaïde et à la Princesse
de Cléves. Votre nom , Madame , sera
porté par la Renommée au Temple de
Mémoire , et placé à côté de ceux de ces
Dames sçavantes qui ont illustré par leurs
doctes Ecrits la République des Lettres.
Mais que fais-je ? je tombe insensiblement
dans l'inconvenient que je voulois éviter ,
ceci ne sent- il pas un peu trop le Panegytique ? quelle témerité ! mais , Madame
Cij jc
2152 MERCURE DE FRANCE
je suis sincere , et de quelque façon que
je m'exprime , mon cœur n'écoute plus
rien , lorsqu'il s'agit de rendre justice au
vrai. J'espere , Madame , que vous me
pardonnerez mon écart en faveur de cette
consideration ; je reviens aux jugemens
que l'on fait de votre Livre , permettezmoi de commencer par vos Critiques.
Dès que l'on est informé que l'amour
d'Emilie pour M. de S. Hillaire n'est
qu'une feinte , l'esprit n'est plus occupé
>
ils
rien , il ne s'interesse plus à rien , ce
vuide est rempli par de longues conversations qui ennuyent extrêmement le Lecteur. Les Amours de votre Heroïne et du
Comte viennent trop subitement
sont toujours remplis d'allarmes et de
plaintes lorsque rien ne semble les traverser ; on vous accuse aussi d'avoir trop fait
mourir de personnes sans aucune utilité
pour votre sujet. A l'égard du pauvre
M. de S. Hillaire , chacun est surpris que
vous ayez si peu menagé sa réputation ;
on est , dit-on , scandalisé de le voir si
maltraité par Emilie après son Escapade ;
vous deviez lui donner des sentimens
plus humains dans sa situation présente
et faire connoître à vos Lecteurs , que si
Emilie ne payoit pas de sa main les importans services qu'elle avoue avoir reçû
de
OCTOBRE. 1732 2153
de M. de S. Hillaire , c'est qu'elle ne se
croyoit plus digne de lui . Enfin , on vous
reproche d'avoir rapporté les affreux exemples de Julie , de Faustine , et de Marie
de Valois , comme très - pernicieux pour
une jeunesse , à qui on doit toujours exposer des exemples de vertu plutôt que
ceux du libertinage.
Voilà , Madame , les principaux chefs
de critiques que l'on vous objecte ; au
reste , tout le monde en general vous
rend toute la justice qui vous est dûë , et
ces éloges à cet égard ne peuvent être ni
plus flateurs , ni plus complets.
Il ne me reste plus , Madame , qu'à
vous demander pardon d'avoir gardé votre Livre si long- tems ; deux ou trois
personnes ausquelles j'en avois fait un
rapport avantageux ont marqué tant
d'empressement pour le voir , queje n'ai
pas pû me dispenser de le leur prêter ; ma
déference n'est pas demeurée sans fruit
j'ai eu la satisfaction de me voir comblé
de remerciemens par ces mêmes personnes , pour leur avoir procuré la lecture
d'un Livre qui leur a fait , m'ont-ils dit ,
un plaisir infini. J'avoue que je finis ma
Lettre par où je la devois commencer ;
quelle transposition , ou plutôt quelle Cv faute
2154 MERCURE DE FRANCE
faute de jugement , oserois-je aprés cela
vous dire que je suis , &c.
C ***.
Auteur de l'Histoire d'Emilie , ou des
Amours de Mlle de...
J
E vous envoye Madame , le Livre.
que vous avez eu la bonté de me prêter , je l'ai lû deux fois avec un plaisir et
une avidité qu'il seroit bien difficile d'ex
primer. Je n'ai guére vû d'Ouvrage en ce
genre , mieux écrit et plus interessant.
Le sujet en est parfaitement bien conçû
et bien conduit ; le dénoüement ( écüeil
ordinaire de la plupart des Auteurs ) est
très-heureusement amené ; le stile en est
bien varié , serré et rapide : les Caracteres
bién marquez et bien soutenus , on peut
dire même qu'il y a beaucoup d'expressions neuves ou heureusement hazardées ,
d'Antitheres et de Sentences fort justes.
>
L'action est simple , et entierement dégagée de ces ornemens monstrueux , de
ce merveilleux et de ces aventures extraordinaires qui ne trouvent aucune
créance dans l'esprit , et qui sont la ressource ordinaire d'un génie borné , comme l'a fort bien remarqué le plus grand
Auteur tragique que nous ayons eu. AmuCiij Scr
2150 MERCURE DE FRANCE
ser agréablement l'esprit , émouvoir , interesser et attendrir le cœur , par le tour
heureux des pensées et de l'expression ;
par la varieté et la beauté des Images , la noblesse et l'élévation des sentimens ; voilà le dernier effort de l'esprit humain
c'est aussi par-là que vous avez excellé.
Si tant de beautez ne sont que des coups
d'essais , que ne doit- on donc pas attendre de vous , Madame , dans la suite. Cette considération me conduiroit naturellement à faire ici l'éloge de votre Livre
mais plus la matiere est belle , et moins
je dois l'entreprendre , les loüanges que
mérite ce bel ouvrage sont trop au- dessus
de ma portée. Ainsi , je me bornerai seulement à m'acquitter de la promesse que
je vous ai faite , de vous rendre compte des jugemens divers que le Public
sur cet Ouvrage.
>
›
porte
Ne vous flattez pas, Madame,d'une appro
bation universelle , jamais aucun Auteur
n'a joui de cet avantage , Homere , Virgile , Corneille , Racine et Despreaux , ont
eu leurs Censeurs , vous avez aussi les vôtres. Je pense même qu'il est avantageux
qu'il y ait des Critiques. Boileau , cet
Horace Moderne , ce fameux satirique ,
qui a critiqué tant d'Auteurs , n'a pas
feint de dire qu'il étoit redevable à ses
enne
OCTOBRE. 1732. 2151
ennemis même , d'une partie de la répu
tation qu'il s'étoit acquise , en le relevanc
de quantité de fautes dont il ne s'appercevoit point. D'ailleurs , c'est un grand préjugé pour la réussite d'un Livre , que cet
acharnement que les Critiques font paroftre pour le décrier ; un Ouvrage médiocre n'excite guére la mauvaise humeur
d'un Censeur , il tombe de lui- même parce qu'aucun mérite ne le soûtient ; au contraire , un bon Ouvrage triomphe tôt ou
tard de la malignité de ses ennemis , réünit en sa faveur tous les suffrages , et fait
benir dans la Posterité la plus reculée la
mémoire et le nom de son Auteur.
Tel sera , Madame , le sort d'Emilie
son vrai mérite et ses rares beautez feront
taire la critique et l'envie ; sûre de l'estime publique , elle partagera avec justice
les applaudissemens que l'on ne se lasse
point de donner à Zaïde et à la Princesse
de Cléves. Votre nom , Madame , sera
porté par la Renommée au Temple de
Mémoire , et placé à côté de ceux de ces
Dames sçavantes qui ont illustré par leurs
doctes Ecrits la République des Lettres.
Mais que fais-je ? je tombe insensiblement
dans l'inconvenient que je voulois éviter ,
ceci ne sent- il pas un peu trop le Panegytique ? quelle témerité ! mais , Madame
Cij jc
2152 MERCURE DE FRANCE
je suis sincere , et de quelque façon que
je m'exprime , mon cœur n'écoute plus
rien , lorsqu'il s'agit de rendre justice au
vrai. J'espere , Madame , que vous me
pardonnerez mon écart en faveur de cette
consideration ; je reviens aux jugemens
que l'on fait de votre Livre , permettezmoi de commencer par vos Critiques.
Dès que l'on est informé que l'amour
d'Emilie pour M. de S. Hillaire n'est
qu'une feinte , l'esprit n'est plus occupé
>
ils
rien , il ne s'interesse plus à rien , ce
vuide est rempli par de longues conversations qui ennuyent extrêmement le Lecteur. Les Amours de votre Heroïne et du
Comte viennent trop subitement
sont toujours remplis d'allarmes et de
plaintes lorsque rien ne semble les traverser ; on vous accuse aussi d'avoir trop fait
mourir de personnes sans aucune utilité
pour votre sujet. A l'égard du pauvre
M. de S. Hillaire , chacun est surpris que
vous ayez si peu menagé sa réputation ;
on est , dit-on , scandalisé de le voir si
maltraité par Emilie après son Escapade ;
vous deviez lui donner des sentimens
plus humains dans sa situation présente
et faire connoître à vos Lecteurs , que si
Emilie ne payoit pas de sa main les importans services qu'elle avoue avoir reçû
de
OCTOBRE. 1732 2153
de M. de S. Hillaire , c'est qu'elle ne se
croyoit plus digne de lui . Enfin , on vous
reproche d'avoir rapporté les affreux exemples de Julie , de Faustine , et de Marie
de Valois , comme très - pernicieux pour
une jeunesse , à qui on doit toujours exposer des exemples de vertu plutôt que
ceux du libertinage.
Voilà , Madame , les principaux chefs
de critiques que l'on vous objecte ; au
reste , tout le monde en general vous
rend toute la justice qui vous est dûë , et
ces éloges à cet égard ne peuvent être ni
plus flateurs , ni plus complets.
Il ne me reste plus , Madame , qu'à
vous demander pardon d'avoir gardé votre Livre si long- tems ; deux ou trois
personnes ausquelles j'en avois fait un
rapport avantageux ont marqué tant
d'empressement pour le voir , queje n'ai
pas pû me dispenser de le leur prêter ; ma
déference n'est pas demeurée sans fruit
j'ai eu la satisfaction de me voir comblé
de remerciemens par ces mêmes personnes , pour leur avoir procuré la lecture
d'un Livre qui leur a fait , m'ont-ils dit ,
un plaisir infini. J'avoue que je finis ma
Lettre par où je la devois commencer ;
quelle transposition , ou plutôt quelle Cv faute
2154 MERCURE DE FRANCE
faute de jugement , oserois-je aprés cela
vous dire que je suis , &c.
C ***.
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Résumé : LETTRE écrite à Madame Meheul, Auteur de l'Histoire d'Emilie, ou des Amours de Mlle de...
La lettre adressée à Madame Meheul, autrice de 'L'Histoire d'Émilie', exprime une grande admiration pour l'ouvrage. L'auteur de la lettre loue particulièrement la qualité de l'écriture, la gestion du sujet, le dénouement et la variété du style. Il apprécie la simplicité de l'action, qui évite les merveilles ou les aventures extraordinaires, ainsi que la profondeur des sentiments et des expressions. Bien que l'œuvre puisse susciter des critiques, l'auteur est convaincu que son mérite finira par triompher. Les critiques mentionnées reprochent notamment la feinte de l'amour d'Émilie, les conversations ennuyeuses, la mort inutile de certains personnages et le traitement de M. de S. Hillaire. Malgré ces points négatifs, l'ouvrage est globalement bien accueilli et loué par le public. L'auteur conclut en s'excusant d'avoir gardé le livre longtemps et en exprimant sa satisfaction des retours positifs des lecteurs.
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42
p. 2389-2397
CINQUIÈME LETTRE de M. D. L. R. écrite à M le Marquis de B. dans laquelle, à l'occasion d'Oran, et d'André Doria, il est parlé d'une nouvelle Edition des Oeuvres de Sigonius, &c.
Début :
Je ne vous parle plus, Monsieur, d'Oran, ni de Marsalquibir. Vous êtes suffisamment instruit [...]
Mots clefs :
Oran, Sigonius, Bibliothèques, République des Lettres, Ouvrage, M. Argelati, Histoire, Antiquité, André Doria
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texteReconnaissance textuelle : CINQUIÈME LETTRE de M. D. L. R. écrite à M le Marquis de B. dans laquelle, à l'occasion d'Oran, et d'André Doria, il est parlé d'une nouvelle Edition des Oeuvres de Sigonius, &c.
CINQUIEME LETTRE de M. D.
L. R. écrite à M le Marquis de B.
dans laquelle , à l'occasion d'Oran , et
d'André Doria, il est parlé d'une nouvelle
Edition des Oeuvres de Sigonius , &C.
J
2
E ne vous parle plus , Monsieur , d'Oran ni
de Marsalquibir. Vous êtes suffisamment ins
truit de toutes les circonstances de la conquête
de ces deux Places, et des suites qu'elle a eues jus
qu'à présent. La saison où nous sommes défend
L'attendre d'autres progrès avant le retour du
Printemps. Vous sçavez , sans doute , Monsieur , que dès le commencement du mois de
Septembre la Mer Mediterranée n'est presque
plus praticable du côté de la Barbarie , et qu'il
en coûta cher à l'Empereur Charles V. lorsqu'il
entreprit en personne, au mois d'Octobre 1541 .
La Conquête d'Alger , avec une puissante Flote
qui périt miserablement sur ces Côtes. Laissons
donc pour quelque- tems les Affaires d'Affrique.
Oran sçaura bien- en attendant , se soutenir
avec un si brave * Gouverneur, contre les foibles
efforts des Maures. C'est inutilement qu'ils ont
attaqué depuis quelques tems le Fort de S. André , c'est avec aussi peu de succès qu'ils ont
cru faire une diversion importante en engageant
le Roi de Maroc à faire de nouveaux efforts contre la Ville de Ceuta , efforts favorisez par la
*Le Marquis de Santa-Crux.
D v
déser-
1 2390 MERCURE DE FRANCE
* désertion et par la trahison d'unSeigneur Espagnol , que sa conscience punit peut être déja , et
que le Ciel confondra un jour. Mettons plutôt
Monsieur , à la place d'Exploits guerriers , qui
ne sont pas de saison , quelque chose qui ne soie
guéres moins de votre ressort , et qui puisse vous
Occuper agréablement dans le séjour que vous continuez de faire dans vos Terres.
>
Un sujet se présente ici naturellement , et qui
un raport indirect à celui que je suis obligé de
quitter ou de suspendre. J'ai eu l'honneur de
vous parler dans ma derniere Lettre du Sçavant
Jesuite , Charles Sigonius , Auteur de la vie d'André Doria , et je vous ai dit , ce me semble
qu'il n'est pas aisé d'assembler tous ses Ouvra→
ges , qui sont cependant considérables , cet Au- teur n'ayant traité que de grands sujets et
Payant toujours fait habilement, ils manquent aut
jourdhui dans plusieurs bonnes Bibliotheques , et
les Provinces en sont presque entierement de
pourvûës. Comme je me plaignois de cette disette,
et que je faisois des vœux pour une nouvelle Edia
tion , j'ai été agréablement surpris par la récep
tion d'un Imprimé latin de 8. pages in- 4. pu
blié à Milan il y a quelques mois , qui contient
le plan d'une belle Edition de Sigonius , laquelle
se fait actuellement dans cette Ville. C'est, Monsieur , de quoi j'aurai l'honneur de vous rendre
compte dans ma Lettre d'aujourd'hui.
L'Auteur de cette entreprise est M. Argelati ,
Homme du premier mérite , et des plus connus
dans la République des Lettres , singulierement par la part qu'il à au vaste Recueil des Ecrivains
de l'Histoire d'Italie Il est Directeur de la Sa
*Le Duc de Riperda.
cieté
NOVEMBRE. 1732 2391
cieté Palatine , Académie des plus celébres de
l'Europe , fondée à Milan par le Comte Archin
to , Neveu du Cardinal- Archevêque de ce même ´nom.
M. Argelati commence dans son Ecrit adressé
à tous les Sçavans de l'Europe , par relever le
mérite litteraire de Sigonius , reconnu de tout
le monde sçavant , et le prix de ses Ouvrages ,
imprimez plus d'une fois , tant en Italie que
dans le reste de l'Europe , ce qui n'a pas empê
ché , dit-il , qu'ils ne soient devenus enfin d'une
grande rareté , au regret des habiles gens , et
surtout des amateurs de l'Antiquité. Il y a longtems que notre Sçavant s'étoit proposé de remé
dier à cet inconvenient, en donnant une nouvelle
Edition de Sigonius ; il s'y est enfin déterminé ,
et il a mis la main à l'œuvre dans les conjonctures , et par les considerations énoncées assez au
long dans son Programme que je me dispense de répéter ici.
Je n'obmettrai pas cependant une circonstance bien louable , qui marque un grand désinteressement et un pareil amour pour les Lettres ,
c'est que pour accelerer cette Edition, et pour le
ver toute difficulté , M. Argelati s'est mis en
état de fournir de son propre fonds tout ce qui
peut être nécessaire à l'éxecution de son entreprise , pour ne faire aucun tort aux Membres de
Ja Societé Palatine ni au Public , ne Palatinorum
Sociorum , dit- il , rationes diverterem in aliam causam , vel postrema comuni cura priorem aliquantisperpublico cum incommodo turbarem.
Le premier soin du sçavant Editeur a été de rechercher et d'assembler en un corps , non- seulement tous les Ouvrages imprimez de Sigonius ,
dont quelques-uns sont devenus très-rares , mais
D vj encore
2392 MERCURE DE FRANCE
encore ceux qui n'ont jamais vu le jour : ce qu'il n'a pû faire par lui-même a été éxecuté par des
Amis sçavans et éclairez. Visite de Bibliotheques, d'Archives publiques et particulieres , rien
n'a été oublié ; ce qui a été suivi d'un succès
auquel M. Argelati avoue que la grande réputa tion de Sigonius a eu beaucoup de part , particulierement à l'égard des Ouvrages Manuscrits de
notre Auteur , dont cette nouvelle Edition sera enrichie dans les derniers volumes.
L'ordre et la coutume demandoient de mettre
à la tête de l'Edition un abregé de la vie du celébre Sigonius. Personne ne pouvoit mieux s'en
acquitter , dit M. Argelati , que M. L. A. Muratori , qui outre son rate sçavoir et sa sagacité ,
se trouve être de la même Ville de Modene , Paarie de Sigonius , et par conséquent plus à portée
qu'un autre de prendre des instructions domesiques et sûres. Le succès de ce travail a été audelà de tout ce qu'on pouvoit attendre de M. Muratori. Ceux qui aiment à s'instruire de l'Histoire Litteraire et personnelle de certains Sçavans ,
trouveront, sans doute,de quoi se contenter dans le travail dont il s'est chargé au sujet de Sigonius. Sur quoi M. Argelati lui marque une parfaite reconnoissance.
Le premier volume de la nouvelle Edition commence par les Fastes Consulaires de cet Auteur.
Tout le monde connoît l'importance et la necessité des Fastes Consulaires , on sçait aussi en combien d'embarras et de difficultez ils ont souvent jetté les amateurs de l'Antiquité. On avoit
lieu de croire que cet Ouvrage , si pénible en soi,
avoit été rendu parfait par le travail de Sigonius:
mais comme depuis sa mort , on a déterré quan
tité de Monumens Antiques , et qu'on en désouyre
NOVEMBRE. 1732. 2393
couvre encore tous les jours , on s'en est servi
pour perfectionner encore davantage , pour corriger même en plusieurs endroits l'Ouvrage du docte Ecrivain, C'est un soin dont a bien voulu
se charger , à la priere de M. Argelati , le R. P.
Joseph- Marie Stampa de Côme , Clerc Régulier
de la Congrégation des Somasques , qui a fait entrer dans cette Edition toutes les Observations
des plus célebres Critiques sur le sujet en question, sçavoir celles du P. Petau, de Pighius , d'Almelowen , qui ont plus servi à confirmer qu'à
corriger les Fastes de Sigonius , celles de Mezabarba , du P. Pagi , de M. de Tillemont , du P. Blanchini , et suivant l'ordre des tems , celles
du Cardinal Noris , de M. Reland , de Cuspinien , et de Panvinius , sans oublier les propres
Observations du P. Stampa , qui n'a pas toujours
souscrit à toutes les Remarques de ces grands
Critiques , et qui a donné de son fonds une belle
Dissertation préliminaire , et d'autres Discours
remplis d'érudition sur cette matiere , à quoi il
faut ajoûter la continuation des mêmes Fastes ,
qu'il a conduits depuis la mort d'Auguste , Epoque où Sigonius s'étoit arrêté , jusqu'à l'Empire
de Diocletien et de Max imien. Autre Epoque où
commence un second Ouvrage de notre Auteur,,
dont on va parler , et qui acheve de remplir le
premier Tome.
Cet Ouvrage , divisé en plusieurs Livres , est
tout historique , et regarde l'Empire d'Occident ,
de Occidentali Imperio. Il a été revû et illustré
par un sçavant Benedictin du Mont- Cassin, nommé le P. Dom Janvier Salinas , Napolitain.
M. Arlegati fait ici un court éloge de la capacité
de ce Religieux , dont le travail immense doit Stre
2394 MERCURE DE FRANCE
1
être d'un grand secours
à ceux qui étudieront cet
autre Quvrage de Sigonius
.
Le second Volume contiendra en XX
. Livres
P'Histoire du Regne d'Italie
, de REGNO ITALIE
C'est la revision de ce grand Ouvrage
, qui occupe actuellement M. Argelati , aidé des lumieres et du travail infatigable de M. Joseph- Antoi
ne Saxi
, Préfet de la Bibliotheque Ambroisienne. Ce travail sera sans doute d'une grande utilité à cette partie de l'Edition de Sigonius , on
en peut juger par le témoignage qu'en rend l'Editeur , il est magnifique et fort étendu dans le
Programme Latin
.
,
M. Argelati déclare ensuite qu'il n'a fait encore aucun arrangement à l'égard des autres
Ouvrages de Sigonius
, mais que chacun de ces
Ouvrages paroîtra dans cette Edition avec les
Notes et les Observations qui lui conviennent
soit anciennes et déja publiées
, soit nouvelles et
fournies par de sçavans Hommes
. Par exemple
,
à l'égard des Traitez intitulez de Antiquo Jure Civium Romanorum , Italia ac Provinciarum,
de Judiciis. De Binis Comitiis et Lege curiata.
On aura dans la nouvelle Edition
, non
-seulement les Annotations de Grævius , répandues
dans son Trésor des Antiquitez Romaines
, mais
encore les Prolegomenes du sçavant Horatius
Blanci
. Jurisconsulte Romain
, et les Commentaires suivis de Jean Maderni de Milan , autre
fameux Jurisconsulte
.
,
et.
Pour ce qui regarde les Livres de Atheniensium,
eorumque ac Lacedamoniorum Temporibus
, P'Illustre Editeur nous apprend qu'ils ont occupé la
capacité d'un Homme de Lettres des plus versez dans la connoissance des Langues Orientales , et
dans celle de l'Histoire
, lequel s'est enfin renda
NOVEMBRE. 1732. 2395
du à ses instances réïterées , à condition qu'il ne
seroit point nommé ; rare exemple de modestie , consentant avec peine qu'on nommât seulement la Compagnie de Jesus , dont il est mem
bre. Surquoi M. Argelati prend occasion de
marquer en ces termes , sa reconnoissance generale et particuliere : Hoc erit perpetua laudis argumentum; nam sicut cœtus iste Lucidissimas quot in cœlo stellas doctrinarum omnium faces enumerat.
ita cuique me devotum beneficiorum acceptorum memoria perpetuo profiteor.
Sigonius ne s'est pas contenté de traiter l'Histoire et l'Antiquité prophane. Il a aussi écrit sur
la Republique des Hebreux , et des Commentaires
sur l'Histoire de Sulpice Severe , qui ont été publiez de son vivant ; sans compter huit Livres entiers de l'Histoire de l'Eglise , qu'il avoit composez , et qu'on ne desespere pas de retrouver. Le
tout ensemble pourra former un volume entier ,
séparé des autres , suivant le plan de l'habile Editeur , qui a eu soin d'enrichir les deux premiers Ouvrages des Notes et des Eclaircissemens dont
ils avoient besoin.
Il marque là-dessus sa parfaité reconnoissance
envers M. l'Abbé Laurent Maffei , si connu par
ses Ouvrages , et particulierement par ses Re- marques sur le 4° Tome d'Anastase le Bibliotequaire. Ce Docte Abbé s'est en effet donné de
grands soins pour ce qui regarde les Livres de
la République des Hebreux , et les Commentalres sur Sulpice Severe , lesquels servent beaucoup pour l'intelligence du premier Ouvrage.
Nul n'étoit plus propre que lui pour ce travail
ni plus à portée de profiter de plusieurs secours ;
singulierement de celui de la Biblioteque du Comte Charles Archinto , l'une des plus belles et des
mieux fournies dè l'Italic,
Majs
2396 MERCURE DE FRANCE
Mais ce que M. Argelati a le plus affectionné
entre les Ouvrages de Sigonius , c'est ce que cet
Auteur a écrit de la Ville de Boulogne , Patrie de
l'Editeur , qui a quelque rapport à l'Histoire
tant sacrée que prophane. Il s'est présenté plusieurs Sçavans Boulonnois , que le même amour
de la Patrie a portés à concourir là - dessus, avec
M. Argelati. Deux de ces Sçavans , Auteurs de
plusieurs Ouvrages imprimez , ont principalement mis la main à l'œuvre : sçavoir , le R. P.
Louis Rabbi Servite , qui a revû tout ce qui concerne l'Histoire Sainte ; et M. Alexandre Machiavelli, fameux Jurisca soulte , qui s'est donné
le mêmesoin pour l'Histoire prophane.
A l'égard de la Vie du Celebre André Doria
écrite par Sigonius, M Argelati ne s'est déchargé sur personne du soin de la revoir et d'y faire
les augmentations convenables ; il s'est attaché
sur tout à y ajouter les Traitez, les Négociations
et les autres Actes publics des affaires importan
tes ausquelles ce grand Capitaine a eu part. Ces Monumens ont été tirez des Archives de la République de Gennes, et obligemment communiquez par M. Mutius , à qui la Garde en est confiée , et qui aime beaucoup les Lettres et les
Sçavans.
Je ne doute pas , Monsieur , que M. Argelati
ne voye aussi , avec plaisir , peut-être avec quel- que profit,certaines circonstances de la Vie d'André Doria , qui sont dans les Lettres que je me suis donné l'honneur de vous écrire au sujet de
la conquête d'Oran , et qui sont omises dans
Sigonius : La Médaille , par exemple , frappée
en son honneur , que j'ai fait graver , et la Statue de Marbre qui lui a été érigée , qu'on peut
• Mercure de Septembre 1732.
faire
NOVEMBRE. 1732. 2397
faire graver dans la nouvelle Edition ; à quoi je
dois ajoûter deux beaux Portraits du même An
dré Doria , qui ont été peints , l'un par Sébas
tien Vénitien Frate del Piombo , vers l'année
1540 et l'autre par Agnolo Bronzino , Peintre
de réputation , Eleve de Piantorme , vers 1550.
lesquels doivent être à Gennes , dans le Palais
Doria.
Sigonius ayant aussi écrit la Vie de Scipion , et celle de P. Emile , sur les Monumens Histori-'
ques , Grecs et Latins , M. Argelati s'est pareillement appliqué à les revoir et à les perfectionner.
Enfin le Sçavant Editeur s'est entierement prêté
à la revision, à la Critique et à l'illustration du Traité , intitulé : Judicium de Romana Historia
Scriptoribus : Ouvrage que plusieurs Critiques ont douté être veritablement de Sigonius. M. Argelati y a épuisé sa patience et n'a rien oublié pour le rendre utile ; nouvelles Cartes Géographiques ,
plus exactes que les premieres , Tables et Indices
tres amples , enfin tout ce qui peut concourir à
rendre un Ouvrage parfait , a été employé.
Voilà , Monsieur , l'Exposition la plus exacte
et la plus abrégée que je puis vous faire de l'entreprise et du labeur de M. Argelati , sur les Euvres de Sigonius , tirée de son Programme Latin.
Je ne doute pas que vous n'en soyicz édifié , ainsi
que de sa générosité et de son désinteressement. Ilfinit , en marquant sa parfaite reconnoissance
envers Sa Majesté Imperiale , Auguste Protec
trice de la Société Palatine de Milan , sous les
Auspices de laquelle , lui et tous les Membres de
cette Académie , travaillent heureusement à l'avancement des Lettres , et en particulier à la perfection de l'Histoire, Je suis , Monsieur , &c.
A Paris , ce 25 Octobre 1732
L. R. écrite à M le Marquis de B.
dans laquelle , à l'occasion d'Oran , et
d'André Doria, il est parlé d'une nouvelle
Edition des Oeuvres de Sigonius , &C.
J
2
E ne vous parle plus , Monsieur , d'Oran ni
de Marsalquibir. Vous êtes suffisamment ins
truit de toutes les circonstances de la conquête
de ces deux Places, et des suites qu'elle a eues jus
qu'à présent. La saison où nous sommes défend
L'attendre d'autres progrès avant le retour du
Printemps. Vous sçavez , sans doute , Monsieur , que dès le commencement du mois de
Septembre la Mer Mediterranée n'est presque
plus praticable du côté de la Barbarie , et qu'il
en coûta cher à l'Empereur Charles V. lorsqu'il
entreprit en personne, au mois d'Octobre 1541 .
La Conquête d'Alger , avec une puissante Flote
qui périt miserablement sur ces Côtes. Laissons
donc pour quelque- tems les Affaires d'Affrique.
Oran sçaura bien- en attendant , se soutenir
avec un si brave * Gouverneur, contre les foibles
efforts des Maures. C'est inutilement qu'ils ont
attaqué depuis quelques tems le Fort de S. André , c'est avec aussi peu de succès qu'ils ont
cru faire une diversion importante en engageant
le Roi de Maroc à faire de nouveaux efforts contre la Ville de Ceuta , efforts favorisez par la
*Le Marquis de Santa-Crux.
D v
déser-
1 2390 MERCURE DE FRANCE
* désertion et par la trahison d'unSeigneur Espagnol , que sa conscience punit peut être déja , et
que le Ciel confondra un jour. Mettons plutôt
Monsieur , à la place d'Exploits guerriers , qui
ne sont pas de saison , quelque chose qui ne soie
guéres moins de votre ressort , et qui puisse vous
Occuper agréablement dans le séjour que vous continuez de faire dans vos Terres.
>
Un sujet se présente ici naturellement , et qui
un raport indirect à celui que je suis obligé de
quitter ou de suspendre. J'ai eu l'honneur de
vous parler dans ma derniere Lettre du Sçavant
Jesuite , Charles Sigonius , Auteur de la vie d'André Doria , et je vous ai dit , ce me semble
qu'il n'est pas aisé d'assembler tous ses Ouvra→
ges , qui sont cependant considérables , cet Au- teur n'ayant traité que de grands sujets et
Payant toujours fait habilement, ils manquent aut
jourdhui dans plusieurs bonnes Bibliotheques , et
les Provinces en sont presque entierement de
pourvûës. Comme je me plaignois de cette disette,
et que je faisois des vœux pour une nouvelle Edia
tion , j'ai été agréablement surpris par la récep
tion d'un Imprimé latin de 8. pages in- 4. pu
blié à Milan il y a quelques mois , qui contient
le plan d'une belle Edition de Sigonius , laquelle
se fait actuellement dans cette Ville. C'est, Monsieur , de quoi j'aurai l'honneur de vous rendre
compte dans ma Lettre d'aujourd'hui.
L'Auteur de cette entreprise est M. Argelati ,
Homme du premier mérite , et des plus connus
dans la République des Lettres , singulierement par la part qu'il à au vaste Recueil des Ecrivains
de l'Histoire d'Italie Il est Directeur de la Sa
*Le Duc de Riperda.
cieté
NOVEMBRE. 1732 2391
cieté Palatine , Académie des plus celébres de
l'Europe , fondée à Milan par le Comte Archin
to , Neveu du Cardinal- Archevêque de ce même ´nom.
M. Argelati commence dans son Ecrit adressé
à tous les Sçavans de l'Europe , par relever le
mérite litteraire de Sigonius , reconnu de tout
le monde sçavant , et le prix de ses Ouvrages ,
imprimez plus d'une fois , tant en Italie que
dans le reste de l'Europe , ce qui n'a pas empê
ché , dit-il , qu'ils ne soient devenus enfin d'une
grande rareté , au regret des habiles gens , et
surtout des amateurs de l'Antiquité. Il y a longtems que notre Sçavant s'étoit proposé de remé
dier à cet inconvenient, en donnant une nouvelle
Edition de Sigonius ; il s'y est enfin déterminé ,
et il a mis la main à l'œuvre dans les conjonctures , et par les considerations énoncées assez au
long dans son Programme que je me dispense de répéter ici.
Je n'obmettrai pas cependant une circonstance bien louable , qui marque un grand désinteressement et un pareil amour pour les Lettres ,
c'est que pour accelerer cette Edition, et pour le
ver toute difficulté , M. Argelati s'est mis en
état de fournir de son propre fonds tout ce qui
peut être nécessaire à l'éxecution de son entreprise , pour ne faire aucun tort aux Membres de
Ja Societé Palatine ni au Public , ne Palatinorum
Sociorum , dit- il , rationes diverterem in aliam causam , vel postrema comuni cura priorem aliquantisperpublico cum incommodo turbarem.
Le premier soin du sçavant Editeur a été de rechercher et d'assembler en un corps , non- seulement tous les Ouvrages imprimez de Sigonius ,
dont quelques-uns sont devenus très-rares , mais
D vj encore
2392 MERCURE DE FRANCE
encore ceux qui n'ont jamais vu le jour : ce qu'il n'a pû faire par lui-même a été éxecuté par des
Amis sçavans et éclairez. Visite de Bibliotheques, d'Archives publiques et particulieres , rien
n'a été oublié ; ce qui a été suivi d'un succès
auquel M. Argelati avoue que la grande réputa tion de Sigonius a eu beaucoup de part , particulierement à l'égard des Ouvrages Manuscrits de
notre Auteur , dont cette nouvelle Edition sera enrichie dans les derniers volumes.
L'ordre et la coutume demandoient de mettre
à la tête de l'Edition un abregé de la vie du celébre Sigonius. Personne ne pouvoit mieux s'en
acquitter , dit M. Argelati , que M. L. A. Muratori , qui outre son rate sçavoir et sa sagacité ,
se trouve être de la même Ville de Modene , Paarie de Sigonius , et par conséquent plus à portée
qu'un autre de prendre des instructions domesiques et sûres. Le succès de ce travail a été audelà de tout ce qu'on pouvoit attendre de M. Muratori. Ceux qui aiment à s'instruire de l'Histoire Litteraire et personnelle de certains Sçavans ,
trouveront, sans doute,de quoi se contenter dans le travail dont il s'est chargé au sujet de Sigonius. Sur quoi M. Argelati lui marque une parfaite reconnoissance.
Le premier volume de la nouvelle Edition commence par les Fastes Consulaires de cet Auteur.
Tout le monde connoît l'importance et la necessité des Fastes Consulaires , on sçait aussi en combien d'embarras et de difficultez ils ont souvent jetté les amateurs de l'Antiquité. On avoit
lieu de croire que cet Ouvrage , si pénible en soi,
avoit été rendu parfait par le travail de Sigonius:
mais comme depuis sa mort , on a déterré quan
tité de Monumens Antiques , et qu'on en désouyre
NOVEMBRE. 1732. 2393
couvre encore tous les jours , on s'en est servi
pour perfectionner encore davantage , pour corriger même en plusieurs endroits l'Ouvrage du docte Ecrivain, C'est un soin dont a bien voulu
se charger , à la priere de M. Argelati , le R. P.
Joseph- Marie Stampa de Côme , Clerc Régulier
de la Congrégation des Somasques , qui a fait entrer dans cette Edition toutes les Observations
des plus célebres Critiques sur le sujet en question, sçavoir celles du P. Petau, de Pighius , d'Almelowen , qui ont plus servi à confirmer qu'à
corriger les Fastes de Sigonius , celles de Mezabarba , du P. Pagi , de M. de Tillemont , du P. Blanchini , et suivant l'ordre des tems , celles
du Cardinal Noris , de M. Reland , de Cuspinien , et de Panvinius , sans oublier les propres
Observations du P. Stampa , qui n'a pas toujours
souscrit à toutes les Remarques de ces grands
Critiques , et qui a donné de son fonds une belle
Dissertation préliminaire , et d'autres Discours
remplis d'érudition sur cette matiere , à quoi il
faut ajoûter la continuation des mêmes Fastes ,
qu'il a conduits depuis la mort d'Auguste , Epoque où Sigonius s'étoit arrêté , jusqu'à l'Empire
de Diocletien et de Max imien. Autre Epoque où
commence un second Ouvrage de notre Auteur,,
dont on va parler , et qui acheve de remplir le
premier Tome.
Cet Ouvrage , divisé en plusieurs Livres , est
tout historique , et regarde l'Empire d'Occident ,
de Occidentali Imperio. Il a été revû et illustré
par un sçavant Benedictin du Mont- Cassin, nommé le P. Dom Janvier Salinas , Napolitain.
M. Arlegati fait ici un court éloge de la capacité
de ce Religieux , dont le travail immense doit Stre
2394 MERCURE DE FRANCE
1
être d'un grand secours
à ceux qui étudieront cet
autre Quvrage de Sigonius
.
Le second Volume contiendra en XX
. Livres
P'Histoire du Regne d'Italie
, de REGNO ITALIE
C'est la revision de ce grand Ouvrage
, qui occupe actuellement M. Argelati , aidé des lumieres et du travail infatigable de M. Joseph- Antoi
ne Saxi
, Préfet de la Bibliotheque Ambroisienne. Ce travail sera sans doute d'une grande utilité à cette partie de l'Edition de Sigonius , on
en peut juger par le témoignage qu'en rend l'Editeur , il est magnifique et fort étendu dans le
Programme Latin
.
,
M. Argelati déclare ensuite qu'il n'a fait encore aucun arrangement à l'égard des autres
Ouvrages de Sigonius
, mais que chacun de ces
Ouvrages paroîtra dans cette Edition avec les
Notes et les Observations qui lui conviennent
soit anciennes et déja publiées
, soit nouvelles et
fournies par de sçavans Hommes
. Par exemple
,
à l'égard des Traitez intitulez de Antiquo Jure Civium Romanorum , Italia ac Provinciarum,
de Judiciis. De Binis Comitiis et Lege curiata.
On aura dans la nouvelle Edition
, non
-seulement les Annotations de Grævius , répandues
dans son Trésor des Antiquitez Romaines
, mais
encore les Prolegomenes du sçavant Horatius
Blanci
. Jurisconsulte Romain
, et les Commentaires suivis de Jean Maderni de Milan , autre
fameux Jurisconsulte
.
,
et.
Pour ce qui regarde les Livres de Atheniensium,
eorumque ac Lacedamoniorum Temporibus
, P'Illustre Editeur nous apprend qu'ils ont occupé la
capacité d'un Homme de Lettres des plus versez dans la connoissance des Langues Orientales , et
dans celle de l'Histoire
, lequel s'est enfin renda
NOVEMBRE. 1732. 2395
du à ses instances réïterées , à condition qu'il ne
seroit point nommé ; rare exemple de modestie , consentant avec peine qu'on nommât seulement la Compagnie de Jesus , dont il est mem
bre. Surquoi M. Argelati prend occasion de
marquer en ces termes , sa reconnoissance generale et particuliere : Hoc erit perpetua laudis argumentum; nam sicut cœtus iste Lucidissimas quot in cœlo stellas doctrinarum omnium faces enumerat.
ita cuique me devotum beneficiorum acceptorum memoria perpetuo profiteor.
Sigonius ne s'est pas contenté de traiter l'Histoire et l'Antiquité prophane. Il a aussi écrit sur
la Republique des Hebreux , et des Commentaires
sur l'Histoire de Sulpice Severe , qui ont été publiez de son vivant ; sans compter huit Livres entiers de l'Histoire de l'Eglise , qu'il avoit composez , et qu'on ne desespere pas de retrouver. Le
tout ensemble pourra former un volume entier ,
séparé des autres , suivant le plan de l'habile Editeur , qui a eu soin d'enrichir les deux premiers Ouvrages des Notes et des Eclaircissemens dont
ils avoient besoin.
Il marque là-dessus sa parfaité reconnoissance
envers M. l'Abbé Laurent Maffei , si connu par
ses Ouvrages , et particulierement par ses Re- marques sur le 4° Tome d'Anastase le Bibliotequaire. Ce Docte Abbé s'est en effet donné de
grands soins pour ce qui regarde les Livres de
la République des Hebreux , et les Commentalres sur Sulpice Severe , lesquels servent beaucoup pour l'intelligence du premier Ouvrage.
Nul n'étoit plus propre que lui pour ce travail
ni plus à portée de profiter de plusieurs secours ;
singulierement de celui de la Biblioteque du Comte Charles Archinto , l'une des plus belles et des
mieux fournies dè l'Italic,
Majs
2396 MERCURE DE FRANCE
Mais ce que M. Argelati a le plus affectionné
entre les Ouvrages de Sigonius , c'est ce que cet
Auteur a écrit de la Ville de Boulogne , Patrie de
l'Editeur , qui a quelque rapport à l'Histoire
tant sacrée que prophane. Il s'est présenté plusieurs Sçavans Boulonnois , que le même amour
de la Patrie a portés à concourir là - dessus, avec
M. Argelati. Deux de ces Sçavans , Auteurs de
plusieurs Ouvrages imprimez , ont principalement mis la main à l'œuvre : sçavoir , le R. P.
Louis Rabbi Servite , qui a revû tout ce qui concerne l'Histoire Sainte ; et M. Alexandre Machiavelli, fameux Jurisca soulte , qui s'est donné
le mêmesoin pour l'Histoire prophane.
A l'égard de la Vie du Celebre André Doria
écrite par Sigonius, M Argelati ne s'est déchargé sur personne du soin de la revoir et d'y faire
les augmentations convenables ; il s'est attaché
sur tout à y ajouter les Traitez, les Négociations
et les autres Actes publics des affaires importan
tes ausquelles ce grand Capitaine a eu part. Ces Monumens ont été tirez des Archives de la République de Gennes, et obligemment communiquez par M. Mutius , à qui la Garde en est confiée , et qui aime beaucoup les Lettres et les
Sçavans.
Je ne doute pas , Monsieur , que M. Argelati
ne voye aussi , avec plaisir , peut-être avec quel- que profit,certaines circonstances de la Vie d'André Doria , qui sont dans les Lettres que je me suis donné l'honneur de vous écrire au sujet de
la conquête d'Oran , et qui sont omises dans
Sigonius : La Médaille , par exemple , frappée
en son honneur , que j'ai fait graver , et la Statue de Marbre qui lui a été érigée , qu'on peut
• Mercure de Septembre 1732.
faire
NOVEMBRE. 1732. 2397
faire graver dans la nouvelle Edition ; à quoi je
dois ajoûter deux beaux Portraits du même An
dré Doria , qui ont été peints , l'un par Sébas
tien Vénitien Frate del Piombo , vers l'année
1540 et l'autre par Agnolo Bronzino , Peintre
de réputation , Eleve de Piantorme , vers 1550.
lesquels doivent être à Gennes , dans le Palais
Doria.
Sigonius ayant aussi écrit la Vie de Scipion , et celle de P. Emile , sur les Monumens Histori-'
ques , Grecs et Latins , M. Argelati s'est pareillement appliqué à les revoir et à les perfectionner.
Enfin le Sçavant Editeur s'est entierement prêté
à la revision, à la Critique et à l'illustration du Traité , intitulé : Judicium de Romana Historia
Scriptoribus : Ouvrage que plusieurs Critiques ont douté être veritablement de Sigonius. M. Argelati y a épuisé sa patience et n'a rien oublié pour le rendre utile ; nouvelles Cartes Géographiques ,
plus exactes que les premieres , Tables et Indices
tres amples , enfin tout ce qui peut concourir à
rendre un Ouvrage parfait , a été employé.
Voilà , Monsieur , l'Exposition la plus exacte
et la plus abrégée que je puis vous faire de l'entreprise et du labeur de M. Argelati , sur les Euvres de Sigonius , tirée de son Programme Latin.
Je ne doute pas que vous n'en soyicz édifié , ainsi
que de sa générosité et de son désinteressement. Ilfinit , en marquant sa parfaite reconnoissance
envers Sa Majesté Imperiale , Auguste Protec
trice de la Société Palatine de Milan , sous les
Auspices de laquelle , lui et tous les Membres de
cette Académie , travaillent heureusement à l'avancement des Lettres , et en particulier à la perfection de l'Histoire, Je suis , Monsieur , &c.
A Paris , ce 25 Octobre 1732
Fermer
Résumé : CINQUIÈME LETTRE de M. D. L. R. écrite à M le Marquis de B. dans laquelle, à l'occasion d'Oran, et d'André Doria, il est parlé d'une nouvelle Edition des Oeuvres de Sigonius, &c.
La cinquième lettre de M. D. au Marquis de B. aborde les récentes conquêtes d'Oran et de Marsalquibir, soulignant que la saison rend impossible toute nouvelle avancée militaire avant le printemps. L'auteur évoque les difficultés rencontrées par l'Empereur Charles V lors de la conquête d'Alger en 1541 et espère qu'Oran, sous la gouvernance du Marquis de Santa-Crux, pourra résister aux attaques maures. Le texte change ensuite de sujet pour discuter de la nouvelle édition des œuvres de Carlo Sigonio (Sigonius), un savant jésuite. Les œuvres de Sigonius, bien que considérées comme importantes, sont rares et difficiles à trouver. Une nouvelle édition est en cours à Milan, dirigée par M. Argelati, un homme de lettres renommé. Cette édition inclut non seulement les œuvres imprimées de Sigonius, mais aussi des manuscrits inédits. M. Argelati a rassemblé ces œuvres avec l'aide de savants et de bibliothèques publiques et privées. L'édition est enrichie par des contributions de plusieurs érudits, comme le Père Joseph-Marie Stampa pour les Fastes Consulaires, et le Père Dom Janvier Salinas pour l'histoire de l'Empire d'Occident. Le second volume traitera de l'histoire du règne d'Italie, révisée par M. Joseph-Antoine Saxi. Chaque ouvrage sera accompagné de notes et d'observations, anciennes et nouvelles, fournies par des savants. M. Argelati a également révisé et perfectionné plusieurs écrits de Sigonius, notamment la vie de Scipion et celle de P. Émile, en se basant sur des monuments historiques grecs et latins. Il a travaillé sur la révision critique et l'illustration du traité 'Judicium de Romana Historia Scriptoribus', dont l'authenticité avait été remise en question. Pour ce traité, Argelati a ajouté des cartes géographiques plus exactes, des tables et des indices amples afin de rendre l'ouvrage parfait. Le texte mentionne également des portraits d'André Doria, peints par Sébastien Vénitien Frate del Piombo vers 1540 et par Agnolo Bronzino vers 1550, conservés à Gênes dans le Palais Doria. Enfin, Argelati exprime sa reconnaissance envers Sa Majesté Impériale, protectrice de la Société Palatine de Milan, sous l'égide de laquelle il et les membres de l'Académie travaillent à l'avancement des lettres et à la perfection de l'histoire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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43
p. 2597-2599
A MADAME DE *** Qui m'avoit demandé des Vers pour la desennuyer à la Campagne.
Début :
C'est un foible tours que cekui d'Apollon, [...]
Mots clefs :
Charmer les ennuis, Solitude, Distraire, Ouvrage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MADAME DE *** Qui m'avoit demandé des Vers pour la desennuyer à la Campagne.
A MADAME DE ***
Qui m'avoit demandé des Vers pour
desennuyer à la Campagne.
C'Est ' Est un foible secours que celui d'Apollon ,.
Pour charmer les ennuis d'un lieu trop solitaire,
Ils naissent comme ailleurs dans le sacré Vallon.
Telle est notre condition ,
Qu'il n'est rien ici bas où nous puissions nou
plaire.
Vous avez cependant tout ce qu'il faut avoir ,
Pour trouver du plaisir dans une solitude ;
Un esprit sans inquietude ,
Qui re connoît de loix que celles du devoir ,
I. Vol. Diiij Un
2598 MERCURE DE FRANCE
Un cœur religieux que rien ne peut distraire ,
Du soin de s'occuper de son unique affaire.
C'estainsi que sans peine et sans autre desir ,
Que de la voir renaître encore ,
On voit naître et mourir l'Aurore ,
C'est ainsi que l'on voit soupirer le Zéphir ,
Auprès de la Déesse Flore ,
Sans qu'il nous en coûte un 'soupir.
Seul au milieu de la Nature ,
Dans les moindres objets on voit le Créateur.
De vos Jardins l'émail , de vos Prez la verdure
A leur couleur et leur structure ,
D'une main qui peut tout , font connoître le trait ,
La Nature a cet avantage ;
Que nous considerions son plus petit Ouvrage
Plus on regarde et plus on le trouve parfait.
Il n'en est pas ainsi des hommes ,
Leur mérite de loin a tout un autre prix,
Mais qui les voit de près , loin d'en être surs
pris ,
Trouve qu'ils sont ce que nous sommes ,
Il n'est qu'un tendre cœur né simple et ver
tueux ,
Qui gagne à se faire connoître ,
Et sa vertu qui brille en venant à paroître ,
Prend sa lumiere dans nos yeux.
Je m'arrête , aussi- bien j'oublie ,
Que ce discours est un Portrait.
1Vol.
Mais
DECEMBRE. 1732. 2592
Mais n'en déplaise à votre modestie ,
Je suis charmé de l'avoir fait.
Carelet.
Qui m'avoit demandé des Vers pour
desennuyer à la Campagne.
C'Est ' Est un foible secours que celui d'Apollon ,.
Pour charmer les ennuis d'un lieu trop solitaire,
Ils naissent comme ailleurs dans le sacré Vallon.
Telle est notre condition ,
Qu'il n'est rien ici bas où nous puissions nou
plaire.
Vous avez cependant tout ce qu'il faut avoir ,
Pour trouver du plaisir dans une solitude ;
Un esprit sans inquietude ,
Qui re connoît de loix que celles du devoir ,
I. Vol. Diiij Un
2598 MERCURE DE FRANCE
Un cœur religieux que rien ne peut distraire ,
Du soin de s'occuper de son unique affaire.
C'estainsi que sans peine et sans autre desir ,
Que de la voir renaître encore ,
On voit naître et mourir l'Aurore ,
C'est ainsi que l'on voit soupirer le Zéphir ,
Auprès de la Déesse Flore ,
Sans qu'il nous en coûte un 'soupir.
Seul au milieu de la Nature ,
Dans les moindres objets on voit le Créateur.
De vos Jardins l'émail , de vos Prez la verdure
A leur couleur et leur structure ,
D'une main qui peut tout , font connoître le trait ,
La Nature a cet avantage ;
Que nous considerions son plus petit Ouvrage
Plus on regarde et plus on le trouve parfait.
Il n'en est pas ainsi des hommes ,
Leur mérite de loin a tout un autre prix,
Mais qui les voit de près , loin d'en être surs
pris ,
Trouve qu'ils sont ce que nous sommes ,
Il n'est qu'un tendre cœur né simple et ver
tueux ,
Qui gagne à se faire connoître ,
Et sa vertu qui brille en venant à paroître ,
Prend sa lumiere dans nos yeux.
Je m'arrête , aussi- bien j'oublie ,
Que ce discours est un Portrait.
1Vol.
Mais
DECEMBRE. 1732. 2592
Mais n'en déplaise à votre modestie ,
Je suis charmé de l'avoir fait.
Carelet.
Fermer
Résumé : A MADAME DE *** Qui m'avoit demandé des Vers pour la desennuyer à la Campagne.
Dans une lettre datée de décembre 1732, l'auteur répond à Madame de *** qui a sollicité des vers pour se divertir à la campagne. Il reconnaît que la poésie offre peu de secours contre l'ennui dans un lieu solitaire, car l'ennui est omniprésent. Cependant, il souligne que Madame de *** possède les qualités nécessaires pour apprécier la solitude : un esprit sans inquiétude, un cœur religieux et un sens du devoir. Il décrit la beauté de la nature et la perfection de ses moindres détails, contrastant avec les imperfections humaines. L'auteur affirme que seule une personne au cœur tendre et vertueux gagne à se faire connaître, et que sa vertu brille aux yeux des autres. Il s'arrête, réalisant que son discours est un portrait de Madame de ***, et exprime son plaisir d'avoir écrit ce texte. La lettre est signée Carelet.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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44
p. 2853-2864
Le Repos de Cyrus, ou l'Histoire, &c. [titre d'après la table]
Début :
LE REPOS DE CYRUS, ou l'Histoire de sa vie, depuis sa 16. jusqu'à sa 40. année. [...]
Mots clefs :
Repos de Cyrus, Abbé Pernetti, Ouvrage, Héros, Allégorie, Extrait
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Repos de Cyrus, ou l'Histoire, &c. [titre d'après la table]
LE REPOS DE CYRUS , ou l'Histoire de
sa vie , depuis sa 16. jusqu'à sa 40. an-.
née. Chez Briasson , rue S. Jacques 1732.
in- 12 . de 380. pages , les trois Tomes.
L'Auteur de ce Livre est M. l'Abbé
Pernetti. Le dessein de son Ouvrage est de
faire voir en quoi consiste la veritable
grandeur d'un Roi , et les differentes vertus qui doivent former son caractere.
Comme la Fable étoit le meilleur moyen
pour développer les idées qu'on avoit sur
ce sujet , on s'en est servi , mais en temII. Vol. Fij pé-
2854 MERCURE DE FRANCE
pérant ce qu'elle a d'outré. par la sagesse
du style et de l'invention , Cyrus est le
Heros qu'on fait agir et parler.
Dans le premier Livre on le met aux
prises avec les passions , et par la maniere
dont il se défait de leurs pieges , il peut
servir de modele aux jeunes cœurs pour
se deffendre contre les charmes de la volupté. Dans le second , on le représente
occupé des Arts et des Sciences ; là , sẹ
trouve une Allegorie interessante des
progrès de la Litterature dans le dernier
siecle , et plusieurs Portraits achevez de
nos Illustres. Dans le troisiéme , on nous
le montre uniquement appliqué aux affaires et à l'administration de l'Etat ; ce
ne sont que Maximes sages sur le Gouver
nement , que traits de grandeur et d'équi
té , et que moyens prudemment imagi
nés pour rendre les peuples heureux. Tout
cela est écrit d'un style fort naturel , et se
trouve entremêlé de plusieurs Episodes
qui sont autant de morceaux d'histoire
très-attachants.
Dans une Préface de 16 pages , l'Auteur rend compte du choix et du dessein
de son Ouvrage. Les Maîtres et les Voyages peuvent rendre un Prince plus sçavant, dit il, ils ne peuvent en faire un Heros , le vrai Heroïsme est l'ouvrage de la
11. Vol. Na
DECEMBRE. 1732 2855
Nature , Alexandre n'avoit appris de
personne à pleurer au récit des Conquê
tes de son Pere. Qui ne sçait que l'éducation ordinaire sert plus à étouffer l'heroï'sme qu'à le produire ; et qu'en voulant
réformer la Nature , que l'on croit corrompue en tout , on la corrompt quelquefois dans ce qu'elle a de plus parfait ?
il n'y a qu'une maniere de l'aider , c'est
de la connoître , de la suivre , et de ne la
corriger , en quelque sorte , que par elle-.
même , en opposant ce qu'elle à de bon
à ce qu'elle peut avoir de vicieux.
a
Au second Tome , page 12. Gyrus établit dans sa Capitale des Tribunaux , où
se décidoit sans appel tout ce qui concernoit les Arts et les Sciences , c'est-àdire , qu'il créa six Académies. La premiere avoit pour objet la Géometric , la
Philosophie , la Physique , la Chimie et
la Médecine ; la seconde étoit consacrée
à l'Eloquence et à la Poësie ; la troisiéme
travailloit sur l'Histoire , les Langues
Etrangeres et les Antiquitez ; les autres
se partageoient , la Musique ; la Peinture
et la Sculpture. Il n'étoit permis à personne de mettre au jour aucun Ouvrage¸
qui n'eut été approuvé par l'Académie
dont il dépendoit : cette régle empêcha
qu'on ne multipliat les Livres . et ( ce
II. Vol. Fiij qui
2856 MERCURE DE FRANCE
qui en est une suite nécessaire ) qu'il n'en
parut beaucoup de mauvais.
Cyrus fait demander en mariage la fille
du Roi d'Armenie ; ses Ambassadeurs
P'obtiennent facilement de son Pere , lequel donne les ordres necessaires pour le
prompt départ de la Princesse. Il ne pouvoit ignorer son impatience ; elle n'avoit
pas employé auprès de lui ces ménagemens
équivoques , qui confondent si souvent en ces sortes d'occasions le véritable amour
avec le faux; elle avoit déclaré à son pere
toute sa tendresse pour Cyrus , elle la
trouvoit trop pure et trop raisonnable
pour en rougir ; on ne doit pas craindre
d'avouer qu'on aime quand on aime comme on doit aimer. Malgré tout son empressement , elle ne put se séparer de son
pere sans s'attendrir , elle lui avoüa qu'il
n'y avoit que Cyrus au monde qui put
adoucir le chagrin qu'elle avoit de le quitter ; ils se dirent adieu avec beaucoup de
larmes, l'amour vertueux fortifie les senti
mens de la nature au lieu de les détruire....
Tout l'Ouvrage , pour le dire en passant ,
est extrêmement.fourni de ces Reflexions
justes et sensées.
On se prépara à Hecatompyle à recevoir Cassandane ; Cyrus n'oublia rien
pour faire éclater sonamour ; il sçavoit
II. Vol. le
DECEMBRE. 1732 2857
le goût de la Princesse d'Armenie pour
les Arts et pour les Sciences ; il voulut que
toutes les Académies lui préparassent des
hommages à son arrivée, on n'en avoit jamais rendu à une femme qui les méritât
mieux qu'elle , ni qui fut plus capable
d'en connoître le prix. De toutes les Académies , celle qui pouvoit se distinguer
le plus en cette occasion , étoit celle de
Musique , elle avoit pour chef un de ces
hommes rares sur qui la nature semble
quelquefois vouloir essayer ce qu'elle
peut produire de plus parfait en un genre.Il étoit Grec d'origine et avoit été conduit par hazard à Hécatompyle dans sa
premierejeunesse jamais homme ne sentit mieux l'harmonie et tous les ressorts secrets qui la produisent ;
il étoit simple
dans sa composition ; on retenoit ses airs
les entendre une fois ; il étoit varié , et
dans des Piéces sans nombre , il ne s'est jamais repeté précis et caracterisé jusqu'à
ôter la liberté d'appliquer ses airs à quelqu'autre sujet qu'à celui qu'il avoit eu en
vie; dans la fureur et dans la tendresse
allant aussi loin que ces passions....
Il composa un grand divertissement en
Musique dont on eut dit qu'il à composé les vers tant ils convenoient, à la
Musique ; cependant il n'en étoit pas l'AuLI. Vol Fiiij teur
2858 MERCURE DE FRANCE
›
teur : c'étoit un Poëte qu'il avoit pris soin
de former à cette espece de Poësie , et qui
se rendit presque aussi inimitable , tant
il est vrai que les Arts s'aident les uns les
autres, et qu'il ne faut quelquefois qu'un
grand homme pour en faire briller d'autres qui seroient restez inconnus.... L'Amour et la Musique ont plus de rapport
qu'on ne pense ; l'un et l'autre se prêtent
un secours mutuel ; les cœurs tendres sont
generalement plus touchez de la Musique
que les autres ; la Musique à son tour augmente leur sensibilité , et elle devient un
vrai plaisir pour eux, quand ils aiment."
Indépendemment des dispositions où se
trouvoit Cassandane à cet égard , elle aimoit la Musique par inclination ; de tous
les Arts que les hommes ont inventez
c'étoit à son gré celui qui faisoit le plus
d'honneur à l'esprit humain et qui l'étonnoit davantage par la diversité et par
la multitude des combinaisons dont elle
est formée; elle ne voyoit rien dans la
nature qui en eut pu faire naître l'idée :
la prétendue harmonie des Cieux , le choc
des Elémens , le chant, des Oiseaux , et
les autres sources d'où on suppose que
les hommes ont tiré la Musique , lui paroi oient trop éloignées de la vrai- semblai.ce , elle en auroit attribué la naissance
II. Vol
DECEMBRE. 1732. 2859.
à la mélancolie , parce qu'elle en est le remede le plus efficace.
On établit un Théatre &c. Deux Poëtes qui avoient en quelque sorte ouvert
la Scene , étoient rivaux sans être ennemis ,
et plaisoient tous deux , sans se ressemblers le plus âgé avoit un génie noble ,
élevé , plein de force , fécond , énergique , faisant des Héros de tous ses personnages , il est vrai qu'il les avoit pris
dans l'Histoire du peuple le plus fertile
en Grands Hommes , flatant ses Auditeurs
en leur présentant des modeles au dessus
d'eux, et qu'ils se croyent capables d'imi
ter: le plus jeune , avec un génie moins
étendu , moins élevé , moins fort , moins
fertile même , mais plus soutenu plus
égal , plus doux , avoit trouvé le chemin
du cœur et le secret de l'interesser toujours ; toutes les passions qui en dépendent avoient place dans ses Piéces ; on l'écoutoit aussi volontiers que l'autre, quoique
par un motif bien opposé ; ses Auditeurs
⚫croyoient leurs passions pardonnables , en
les voyant authorisées dans les personna->
ges illustres qu'il mettoit sur la Scene ;
on sortoit des Piéces du premier , l'ame
remplie de grands sentimens et se croyant
capable de ce qu'il y a de plus héroïque :
les Piéces du second attendrissoient le
11. Vol. Fv
و
* cœur
2860 MERCURE DE FRANCE
,
cœur et arrachoient des larmes pleines de
douceur; on devenoit plus honnête homme de l'Ecole de l'un , et plus galant à
celle de l'autre , celui là avoit peint les
vertus des hommes , et celui cy leurs défauts ; le premier étoit répréhensible dans
son langage qu'il sacrifioit souvent à la
pensée ; il étoit même inégal , et après
s'être élevé jusqu'aux nuë; il rampoit
jusqu'à la terre : le second étoit toujours
le même ; sa Poësie liée , son expression
pure ; il est plus difficile d'être egal dans
le grand que dans le tendre ; on disoit que
la perfection eut été de rassembler dans
un troisiéme Poëte ce qu'ils avoient de
meilleur l'un et l'autre ; je ne sçai si on
avoit droit de l'esperer , et si le même génie est capable de réunir des qualités si
opposées ; ce qui en fait voir au moins la
difficulté , c'est que non seulement il n'y
a eu aucun Poëte en Perse qui en soit venu à bout , mais il n'y en a pas eu qui ait
véritablement remplacé l'un des deux.
Cassandane étoit enchantée de tout ce
'elle voyoit ; elle ne contribua pas peu
dans la suite au dessein de Cyrus ; capable d'être Juge en toutes sortes de sciences , elle ne se réserva que le droit communément accordé aux Dames , de juger
du langage ; elle le perfectionna en effet
qu'
.
II. Vol.
si Ab
DECEMBRE. 1732. 2861
si bien , que les Académiciens avouerent
qu'ils lui devoient le stile naturel , simple
et noble qui prit la place du stile ampoulé,
précieux ou obscur même à force d'être
spirituel et trop du goût de la Nation dans
les commencemens de sa réformation,
Cyrus aprit qu'un Poëte travailloit à
des Satyres , on en louoit la versification,
quoiqu'un peu dure , elle disoit beaucoup
en peu de paroles , on sentoit qu'elle avoit
coûté à son Auteur , qu'il n'y avoit que
le plaisir de médire qui eut pu lui faire dévorer un si pénible travail. On en récital
quelques vers à Cyrus , leur beauté ne
surprit point son admiration , il les trouva pleins de malignité , il ne confondit
pourtant point le Poëte avec son Ouvrage,
il distingua le genie de l'abus qu'il en faisoit , il chercha à le rendre utile et non à
le détruire ; il étoit convaincu que ceux
qui ont des talens méritent des égards ; il
ne croyoit pas au dessous de lui d'en avoir
pour un Poëte , il le fit venir en sa préşence , il le reçut avec bonté , il loua son
genie pour la Poësie , et il lui conseilla de
donner à ses vers un meilleur objet que
la Satyre. Ce n'est point en décriant les
hommes , lui dit- il , que vous les rendrez
meilleurs , c'est les irriter plutôt que les
réformer , la vertu n'a jamais employé les
1. 11. Vol.
F vj armes
2862 MERCURE DE FRANCE
armes de la satyre pour faire haïr le vice
et se faire aimer ; il est d'ailleurs de votre
interêt de ne pas vous rendre haïssable
on craint toujours pour soi ce qu'on aime à entendre dire contre les autres , et
la haine contre le satyrique vange au
moins les gens vicieux d'avoir été censurez.
UnPoëte comique pensa être découragé,
croyant que Cyrus pensoit de la Comédie comme de la Satyre , mais on le dé-·
trompa sur ce que ce Prince éclairé distinguoit très bien la satyre , qui en attaquant les vicieux ne corrigeoi: personne, de
la Comédie qui n'attaque que les vices.Ce
Pote travailloit avec une facilité d'autant
plus étonnante , qu'elle n'ôtoit rien à la
perfection de ses Ouvrages ; il étoit deve
nu la ressource des plaisirs et des fêtes
son génie étoit aussi inépuisable qu'ilétoit
prompt ; il trouvoit dans les differens caracteres un fond infini de morale ; on ne
pouvoit lui sçavoir mauvais gré d'avoir
voula corriger les hommes en les amusant :
son goût et son discernement dans le
choix et dans l'arrangement des sujets ,
qu'il avoit à traiter , étoient inimitables ,
il ne présentoit que ce qui devoit plaire s
la diversité et la multitude des spectateurs qu'il avoit à contenter, n'ont ser-
•
II. Vol. vi
DECEMBRE. 1732. 2863
vi qu'à augmenter sa gloire; il se reproduisoit en quelque sorte lui- même , et on
retrouvoit en lui les qualitez de mille
Auteurs differens.... On lui attribue la
gloire d'avoir corrigé à la Cour beaucoup
de r dicules , celui des femmes qui font
les sçavantes , fut le plus marqué. Il n'est
pas étonnant que la science étant venue
à la mode en Perse , les femmes à qui la.
nouveauté plaît , ne voulussent se distinguer aussi par la science ,
il peut leur
convenir d'être scavantes , mais il ne leur
sied jamais d'en affecter le titre ; il semble que la science qui gêne , s'assortit
mal avec ses graces naturelles qui font leur partage ; on exige d'elles de l'esprit ,
et la beauté même la plus parfaite ne les
en dispense pas longtems ; on leur passe
composer des Ouvrages qui ne dépendent que de l'esprit... Les sentimens et
la délicatesse sont leur caractère principal &c.
de
On vit s'élever un homme admirable ;
qui sous le voile des Fables déguisa sa morale : le grand et le tendre , le serieux et
le badin , le naturel et le naïf même , tout
étoit de son ressort ; il n'est point d'état
ni de caractere qui n'y trouvat des leçons,
il employoit à son gré la tendresse du
cœur , la sagacité de l'esprit , le badinage
II.Vol le
2864 MERCURE DE FRANCE
le plus aimable ; il apprenoit à penser aux
uns , il donnoit des sentimens aux autres,
il persuadoirà tous , et il est le premier
qui ait introduit dans la Poésie cette justesse et cette précision même, qui paroît
lui être opposée , sans lui faire rien perdre
de ces images brillantes et de ces expressions heureuses qui distinguent si fort la
Poësie du discours ordinaire. . .
Insensiblement cet Extrait devient long,
malgré notre attention à nous contenir
dans de justes bornes ; finissons- le par ce
Portrait. Parmi ce grand nombre d'hommes qui se distinguerent , il n'y en eut
qu'un qui fut tout à la fois Poëte , Orateur , Historien , Philosophe , Géometre ,
que ne fut il pas ? admirable dans tous
les genres où il voulut travailler , il épuisa
sa vie avant que d'avoir épuisé son génie ,
et les divers Ouvrages qu'il a laissés auroient fait la gloire de plusieurs hommes
sa vie , depuis sa 16. jusqu'à sa 40. an-.
née. Chez Briasson , rue S. Jacques 1732.
in- 12 . de 380. pages , les trois Tomes.
L'Auteur de ce Livre est M. l'Abbé
Pernetti. Le dessein de son Ouvrage est de
faire voir en quoi consiste la veritable
grandeur d'un Roi , et les differentes vertus qui doivent former son caractere.
Comme la Fable étoit le meilleur moyen
pour développer les idées qu'on avoit sur
ce sujet , on s'en est servi , mais en temII. Vol. Fij pé-
2854 MERCURE DE FRANCE
pérant ce qu'elle a d'outré. par la sagesse
du style et de l'invention , Cyrus est le
Heros qu'on fait agir et parler.
Dans le premier Livre on le met aux
prises avec les passions , et par la maniere
dont il se défait de leurs pieges , il peut
servir de modele aux jeunes cœurs pour
se deffendre contre les charmes de la volupté. Dans le second , on le représente
occupé des Arts et des Sciences ; là , sẹ
trouve une Allegorie interessante des
progrès de la Litterature dans le dernier
siecle , et plusieurs Portraits achevez de
nos Illustres. Dans le troisiéme , on nous
le montre uniquement appliqué aux affaires et à l'administration de l'Etat ; ce
ne sont que Maximes sages sur le Gouver
nement , que traits de grandeur et d'équi
té , et que moyens prudemment imagi
nés pour rendre les peuples heureux. Tout
cela est écrit d'un style fort naturel , et se
trouve entremêlé de plusieurs Episodes
qui sont autant de morceaux d'histoire
très-attachants.
Dans une Préface de 16 pages , l'Auteur rend compte du choix et du dessein
de son Ouvrage. Les Maîtres et les Voyages peuvent rendre un Prince plus sçavant, dit il, ils ne peuvent en faire un Heros , le vrai Heroïsme est l'ouvrage de la
11. Vol. Na
DECEMBRE. 1732 2855
Nature , Alexandre n'avoit appris de
personne à pleurer au récit des Conquê
tes de son Pere. Qui ne sçait que l'éducation ordinaire sert plus à étouffer l'heroï'sme qu'à le produire ; et qu'en voulant
réformer la Nature , que l'on croit corrompue en tout , on la corrompt quelquefois dans ce qu'elle a de plus parfait ?
il n'y a qu'une maniere de l'aider , c'est
de la connoître , de la suivre , et de ne la
corriger , en quelque sorte , que par elle-.
même , en opposant ce qu'elle à de bon
à ce qu'elle peut avoir de vicieux.
a
Au second Tome , page 12. Gyrus établit dans sa Capitale des Tribunaux , où
se décidoit sans appel tout ce qui concernoit les Arts et les Sciences , c'est-àdire , qu'il créa six Académies. La premiere avoit pour objet la Géometric , la
Philosophie , la Physique , la Chimie et
la Médecine ; la seconde étoit consacrée
à l'Eloquence et à la Poësie ; la troisiéme
travailloit sur l'Histoire , les Langues
Etrangeres et les Antiquitez ; les autres
se partageoient , la Musique ; la Peinture
et la Sculpture. Il n'étoit permis à personne de mettre au jour aucun Ouvrage¸
qui n'eut été approuvé par l'Académie
dont il dépendoit : cette régle empêcha
qu'on ne multipliat les Livres . et ( ce
II. Vol. Fiij qui
2856 MERCURE DE FRANCE
qui en est une suite nécessaire ) qu'il n'en
parut beaucoup de mauvais.
Cyrus fait demander en mariage la fille
du Roi d'Armenie ; ses Ambassadeurs
P'obtiennent facilement de son Pere , lequel donne les ordres necessaires pour le
prompt départ de la Princesse. Il ne pouvoit ignorer son impatience ; elle n'avoit
pas employé auprès de lui ces ménagemens
équivoques , qui confondent si souvent en ces sortes d'occasions le véritable amour
avec le faux; elle avoit déclaré à son pere
toute sa tendresse pour Cyrus , elle la
trouvoit trop pure et trop raisonnable
pour en rougir ; on ne doit pas craindre
d'avouer qu'on aime quand on aime comme on doit aimer. Malgré tout son empressement , elle ne put se séparer de son
pere sans s'attendrir , elle lui avoüa qu'il
n'y avoit que Cyrus au monde qui put
adoucir le chagrin qu'elle avoit de le quitter ; ils se dirent adieu avec beaucoup de
larmes, l'amour vertueux fortifie les senti
mens de la nature au lieu de les détruire....
Tout l'Ouvrage , pour le dire en passant ,
est extrêmement.fourni de ces Reflexions
justes et sensées.
On se prépara à Hecatompyle à recevoir Cassandane ; Cyrus n'oublia rien
pour faire éclater sonamour ; il sçavoit
II. Vol. le
DECEMBRE. 1732 2857
le goût de la Princesse d'Armenie pour
les Arts et pour les Sciences ; il voulut que
toutes les Académies lui préparassent des
hommages à son arrivée, on n'en avoit jamais rendu à une femme qui les méritât
mieux qu'elle , ni qui fut plus capable
d'en connoître le prix. De toutes les Académies , celle qui pouvoit se distinguer
le plus en cette occasion , étoit celle de
Musique , elle avoit pour chef un de ces
hommes rares sur qui la nature semble
quelquefois vouloir essayer ce qu'elle
peut produire de plus parfait en un genre.Il étoit Grec d'origine et avoit été conduit par hazard à Hécatompyle dans sa
premierejeunesse jamais homme ne sentit mieux l'harmonie et tous les ressorts secrets qui la produisent ;
il étoit simple
dans sa composition ; on retenoit ses airs
les entendre une fois ; il étoit varié , et
dans des Piéces sans nombre , il ne s'est jamais repeté précis et caracterisé jusqu'à
ôter la liberté d'appliquer ses airs à quelqu'autre sujet qu'à celui qu'il avoit eu en
vie; dans la fureur et dans la tendresse
allant aussi loin que ces passions....
Il composa un grand divertissement en
Musique dont on eut dit qu'il à composé les vers tant ils convenoient, à la
Musique ; cependant il n'en étoit pas l'AuLI. Vol Fiiij teur
2858 MERCURE DE FRANCE
›
teur : c'étoit un Poëte qu'il avoit pris soin
de former à cette espece de Poësie , et qui
se rendit presque aussi inimitable , tant
il est vrai que les Arts s'aident les uns les
autres, et qu'il ne faut quelquefois qu'un
grand homme pour en faire briller d'autres qui seroient restez inconnus.... L'Amour et la Musique ont plus de rapport
qu'on ne pense ; l'un et l'autre se prêtent
un secours mutuel ; les cœurs tendres sont
generalement plus touchez de la Musique
que les autres ; la Musique à son tour augmente leur sensibilité , et elle devient un
vrai plaisir pour eux, quand ils aiment."
Indépendemment des dispositions où se
trouvoit Cassandane à cet égard , elle aimoit la Musique par inclination ; de tous
les Arts que les hommes ont inventez
c'étoit à son gré celui qui faisoit le plus
d'honneur à l'esprit humain et qui l'étonnoit davantage par la diversité et par
la multitude des combinaisons dont elle
est formée; elle ne voyoit rien dans la
nature qui en eut pu faire naître l'idée :
la prétendue harmonie des Cieux , le choc
des Elémens , le chant, des Oiseaux , et
les autres sources d'où on suppose que
les hommes ont tiré la Musique , lui paroi oient trop éloignées de la vrai- semblai.ce , elle en auroit attribué la naissance
II. Vol
DECEMBRE. 1732. 2859.
à la mélancolie , parce qu'elle en est le remede le plus efficace.
On établit un Théatre &c. Deux Poëtes qui avoient en quelque sorte ouvert
la Scene , étoient rivaux sans être ennemis ,
et plaisoient tous deux , sans se ressemblers le plus âgé avoit un génie noble ,
élevé , plein de force , fécond , énergique , faisant des Héros de tous ses personnages , il est vrai qu'il les avoit pris
dans l'Histoire du peuple le plus fertile
en Grands Hommes , flatant ses Auditeurs
en leur présentant des modeles au dessus
d'eux, et qu'ils se croyent capables d'imi
ter: le plus jeune , avec un génie moins
étendu , moins élevé , moins fort , moins
fertile même , mais plus soutenu plus
égal , plus doux , avoit trouvé le chemin
du cœur et le secret de l'interesser toujours ; toutes les passions qui en dépendent avoient place dans ses Piéces ; on l'écoutoit aussi volontiers que l'autre, quoique
par un motif bien opposé ; ses Auditeurs
⚫croyoient leurs passions pardonnables , en
les voyant authorisées dans les personna->
ges illustres qu'il mettoit sur la Scene ;
on sortoit des Piéces du premier , l'ame
remplie de grands sentimens et se croyant
capable de ce qu'il y a de plus héroïque :
les Piéces du second attendrissoient le
11. Vol. Fv
و
* cœur
2860 MERCURE DE FRANCE
,
cœur et arrachoient des larmes pleines de
douceur; on devenoit plus honnête homme de l'Ecole de l'un , et plus galant à
celle de l'autre , celui là avoit peint les
vertus des hommes , et celui cy leurs défauts ; le premier étoit répréhensible dans
son langage qu'il sacrifioit souvent à la
pensée ; il étoit même inégal , et après
s'être élevé jusqu'aux nuë; il rampoit
jusqu'à la terre : le second étoit toujours
le même ; sa Poësie liée , son expression
pure ; il est plus difficile d'être egal dans
le grand que dans le tendre ; on disoit que
la perfection eut été de rassembler dans
un troisiéme Poëte ce qu'ils avoient de
meilleur l'un et l'autre ; je ne sçai si on
avoit droit de l'esperer , et si le même génie est capable de réunir des qualités si
opposées ; ce qui en fait voir au moins la
difficulté , c'est que non seulement il n'y
a eu aucun Poëte en Perse qui en soit venu à bout , mais il n'y en a pas eu qui ait
véritablement remplacé l'un des deux.
Cassandane étoit enchantée de tout ce
'elle voyoit ; elle ne contribua pas peu
dans la suite au dessein de Cyrus ; capable d'être Juge en toutes sortes de sciences , elle ne se réserva que le droit communément accordé aux Dames , de juger
du langage ; elle le perfectionna en effet
qu'
.
II. Vol.
si Ab
DECEMBRE. 1732. 2861
si bien , que les Académiciens avouerent
qu'ils lui devoient le stile naturel , simple
et noble qui prit la place du stile ampoulé,
précieux ou obscur même à force d'être
spirituel et trop du goût de la Nation dans
les commencemens de sa réformation,
Cyrus aprit qu'un Poëte travailloit à
des Satyres , on en louoit la versification,
quoiqu'un peu dure , elle disoit beaucoup
en peu de paroles , on sentoit qu'elle avoit
coûté à son Auteur , qu'il n'y avoit que
le plaisir de médire qui eut pu lui faire dévorer un si pénible travail. On en récital
quelques vers à Cyrus , leur beauté ne
surprit point son admiration , il les trouva pleins de malignité , il ne confondit
pourtant point le Poëte avec son Ouvrage,
il distingua le genie de l'abus qu'il en faisoit , il chercha à le rendre utile et non à
le détruire ; il étoit convaincu que ceux
qui ont des talens méritent des égards ; il
ne croyoit pas au dessous de lui d'en avoir
pour un Poëte , il le fit venir en sa préşence , il le reçut avec bonté , il loua son
genie pour la Poësie , et il lui conseilla de
donner à ses vers un meilleur objet que
la Satyre. Ce n'est point en décriant les
hommes , lui dit- il , que vous les rendrez
meilleurs , c'est les irriter plutôt que les
réformer , la vertu n'a jamais employé les
1. 11. Vol.
F vj armes
2862 MERCURE DE FRANCE
armes de la satyre pour faire haïr le vice
et se faire aimer ; il est d'ailleurs de votre
interêt de ne pas vous rendre haïssable
on craint toujours pour soi ce qu'on aime à entendre dire contre les autres , et
la haine contre le satyrique vange au
moins les gens vicieux d'avoir été censurez.
UnPoëte comique pensa être découragé,
croyant que Cyrus pensoit de la Comédie comme de la Satyre , mais on le dé-·
trompa sur ce que ce Prince éclairé distinguoit très bien la satyre , qui en attaquant les vicieux ne corrigeoi: personne, de
la Comédie qui n'attaque que les vices.Ce
Pote travailloit avec une facilité d'autant
plus étonnante , qu'elle n'ôtoit rien à la
perfection de ses Ouvrages ; il étoit deve
nu la ressource des plaisirs et des fêtes
son génie étoit aussi inépuisable qu'ilétoit
prompt ; il trouvoit dans les differens caracteres un fond infini de morale ; on ne
pouvoit lui sçavoir mauvais gré d'avoir
voula corriger les hommes en les amusant :
son goût et son discernement dans le
choix et dans l'arrangement des sujets ,
qu'il avoit à traiter , étoient inimitables ,
il ne présentoit que ce qui devoit plaire s
la diversité et la multitude des spectateurs qu'il avoit à contenter, n'ont ser-
•
II. Vol. vi
DECEMBRE. 1732. 2863
vi qu'à augmenter sa gloire; il se reproduisoit en quelque sorte lui- même , et on
retrouvoit en lui les qualitez de mille
Auteurs differens.... On lui attribue la
gloire d'avoir corrigé à la Cour beaucoup
de r dicules , celui des femmes qui font
les sçavantes , fut le plus marqué. Il n'est
pas étonnant que la science étant venue
à la mode en Perse , les femmes à qui la.
nouveauté plaît , ne voulussent se distinguer aussi par la science ,
il peut leur
convenir d'être scavantes , mais il ne leur
sied jamais d'en affecter le titre ; il semble que la science qui gêne , s'assortit
mal avec ses graces naturelles qui font leur partage ; on exige d'elles de l'esprit ,
et la beauté même la plus parfaite ne les
en dispense pas longtems ; on leur passe
composer des Ouvrages qui ne dépendent que de l'esprit... Les sentimens et
la délicatesse sont leur caractère principal &c.
de
On vit s'élever un homme admirable ;
qui sous le voile des Fables déguisa sa morale : le grand et le tendre , le serieux et
le badin , le naturel et le naïf même , tout
étoit de son ressort ; il n'est point d'état
ni de caractere qui n'y trouvat des leçons,
il employoit à son gré la tendresse du
cœur , la sagacité de l'esprit , le badinage
II.Vol le
2864 MERCURE DE FRANCE
le plus aimable ; il apprenoit à penser aux
uns , il donnoit des sentimens aux autres,
il persuadoirà tous , et il est le premier
qui ait introduit dans la Poésie cette justesse et cette précision même, qui paroît
lui être opposée , sans lui faire rien perdre
de ces images brillantes et de ces expressions heureuses qui distinguent si fort la
Poësie du discours ordinaire. . .
Insensiblement cet Extrait devient long,
malgré notre attention à nous contenir
dans de justes bornes ; finissons- le par ce
Portrait. Parmi ce grand nombre d'hommes qui se distinguerent , il n'y en eut
qu'un qui fut tout à la fois Poëte , Orateur , Historien , Philosophe , Géometre ,
que ne fut il pas ? admirable dans tous
les genres où il voulut travailler , il épuisa
sa vie avant que d'avoir épuisé son génie ,
et les divers Ouvrages qu'il a laissés auroient fait la gloire de plusieurs hommes
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Résumé : Le Repos de Cyrus, ou l'Histoire, &c. [titre d'après la table]
'Le Repos de Cyrus' est une œuvre de l'Abbé Pernetti publiée en 1732, composée de trois tomes totalisant 380 pages. L'auteur utilise la fable pour illustrer les vertus nécessaires à un roi, en tempérant l'outrance par la sagesse du style et de l'invention. Le héros, Cyrus, sert de modèle aux jeunes cœurs face aux passions, aux arts et sciences, et à l'administration de l'État. Dans le premier tome, Cyrus lutte contre les passions et sert de modèle pour résister à la volupté. Le second tome le montre promouvant les arts et les sciences, avec une allégorie des progrès littéraires du siècle et des portraits d'illustres personnages. Le troisième tome le dépeint en tant qu'administrateur sage et équitable, offrant des maximes de gouvernement et des moyens pour le bonheur des peuples. L'ouvrage est écrit dans un style naturel et inclut des épisodes historiques attachants. Dans la préface, l'auteur explique que l'éducation ordinaire peut étouffer l'héroïsme, et que connaître et suivre la nature est la meilleure approche. Cyrus établit des académies pour réguler les arts et les sciences, évitant ainsi la prolifération de mauvais livres. Le texte décrit également des événements comme le mariage de Cyrus avec Cassandane, la fille du roi d'Arménie, et les préparatifs pour son accueil, incluant des hommages des académies, notamment celle de musique. L'ouvrage est riche en réflexions justes et sensées, et met en avant des personnages comme des poètes et des musiciens qui contribuent à la culture et à la moralité de la cour.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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45
p. 435-441
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Constantinople le 12 Novembre 1732. sur quelques sujets de Litterature.
Début :
J'ai été ravi d'apprendre par votre Lettre du 11 Août arrivée ici depuis [...]
Mots clefs :
Constantinople, Évêché de Troade, Patriarches d'Alexandrie, Patriarche, Ouvrage, Prélats, Voltaire
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Constantinople le 12 Novembre 1732. sur quelques sujets de Litterature.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Constantinople
le 12 Novembre 1732. sur
quelques sujets de Litterature.
JA
' Ai été ravi d'apprendre par votre
Lettre du 11 Août arrivée ici depuis
peu de jours , que parmi les Piéces qui
composoient mon Paquet du 6 Juin vous
en ayez trouvé qui vous ont fait plaisir.
J'ai toujours dessein de vous en procurer
quand je vous écris , et jose présumer
que j'y réussirois plus souvent , s'il m'étoit
permis de vous mander tout ce qui
vient à ma connoissance.
Je vous remercie des discours prononcez
à l'Académie Françoise contenus dans
votre derniere dépêche. Quand il me
vient de ces morceaux de main de Maître,
je les dévore , et je me rappelle avec un
vrai plaisir le goût de l'Eloquence et de
la belle diction , dont j'ai presque perdu
l'idée , à force d'entendre jargonner et
baragouiner ici le François , depuis plu
sieurs années que j'ai quitté Paris.
Quand j'aurai vû dans le Mercure que
vous m'envoyez , l'explication que vous
avez donnée de la Porte Othomane , terme
Bij usité
436 MERCURE DE FRANCE
usité pour signifier la Cour , ou le Palais
du Grand - Seigneur , je vous dirai si cette
explication s'accorde avec ce qu'on pense
ici sur le même sujet , que nul Voyageur
n'a encore traité .
Vous trouverez dans ce Paquet une
Liste , la moins imparfaite qu'on ait pû
dresser , des Patriarches d'Alexandrie, que
M. l'Ambassadeur a reçue du Caire depuis
15 jours , pour le grand Ouvrage
qui s'imprime au Louvre , et auquel vous
vous interessez . J'ai écrit fortement par
ses ordres à la personne qui a envoyé cette
Liste de redoubler ses soins pour remplir
les Lacunes , où les noms qu'on n'a
pû encore découvrir , et à une autre personne
qui est à Alexandrie , de mettre
tout en usage pour parvenir à nous dresser
des Catalogues complets , tant des
Patriarches de cette Ville , que de ceux
des Coptes , & c,
Vous avez très - bien fait de ne rien dire
de positif sur l'Etat présent de la Ville et
de l'Evêché de Troade à la fin de la Dissertation
, que vous avez publiée au sujet
d'une Médaille rare de cette ancienne Vil
le ; car le Mémoire que je vous ai envoyé
d'abord là-dessus n'est rien moins qu'éxact.
Vous en jugerez par cet article de
la Lettre que m'écrit le R, P. N, Jésuite
MARS. 1733. 437
suite , à qui je m'étois addressé pour
cela.
>>
و ر
» Je vous dirai , Monsieur , que les in
» formations que je vous donnai il y a
quelques mois sur l'Evêché de Troade
» me paroissent fausses aujourd'hui . Un
» habile Grec avec qui j'ai fait connois-
» sance depuis six semaines , m'en a don-
» né d'autres , auxquelles je crois devoir
» ajoûter plus de foi : c'est un Prêtre des
» plus sçavans de Constantinople ; il a
» surtout une grande connoissance des
» Evêchez , il étudie beaucoup , et espere ,
>> devenir lui - même Métropolitain au
» premier jour. Il m'a donc assuré , tant
» pour les informations qu'il a prises du
» Patriarche d'ici , que par l'autorité d'un
» Livre que le défunt Patriarche de Jeru-
» salem avoit fait imprimer quelques an-
» nées avant sa mort , que c'est le Métropolitain
de Cyzique , dont le Siege a
» été transferé au Bourg d'Arta- Queui
» et non pas celui de l'Evêque de Troade ,
» comme je vous l'avois marqué ; que ce
» Métropolitain de Cysique n'avoit pas
>> présentement un seul Suffragant sous
lui , et que depuis bien du tems il n'y
» avoit plus d'Evêché de Troade ni en
» état , ni de nom.
>>
Je pancherois fort à préférer cette der-
Bij niere
438 MERCURE DE FRANCE
niere Notice , que je viens de recevoir
de mon obligeant Jésuite , à celle qu'il
m'avoit ci -devant envoyée , et dont heureusement
vous n'avez fait aucun usage ;
ma raison est que le défunt Patriarche de
Jerusalem , dont il me parle , étoit un
Prélat fort éclairé , et qu'à moins de vouloir
douter de tout , on ne sçauroit penser
qu'il n'ait dit vrai sur ce qu'il a écrit
de l'Evêché de Troade.
Son Livre , au reste , petit in -fol. imprimé
à Terzovvitz en Valaquie , est en
Grec Vulgaire , mais si pur et si élégant ,
que plus des deux tiers sont du Grec Litteral.
J'ai déja fait quelques tentatives
pour l'acquerir , persuadé qu'il pourroit
être de quelque utilité à votre illustre
ami pour la perfection de l'Ouvrage dont
j'ai parlé ci - dessus : mais il est fort rare ;
l'Auteur , qui l'avoit fait imprimer à ses
frais , en ayant retiré tous les Exemplaires
pour en faire des présens à ses amis . Je ne
désespere pourtant pas d'avoir le plaisir
de vous l'envoyer.
J'ai écrit depuis peu et au R. P. Jesui
te et à d'autres personnes capables , au
sujet des noms des Patriarches de Constantinople
, et des Evêques , &c. que
vous me demandez , et je vous envoyerai
par la premiere occasion le fruit de leurs
ReMARS.
1733. 439
Recherches j'ai cependant une remarque
à vous faire à l'égard des Prélats , qui
sont actuellement en place , et dont vous
souhaitez avoir les noms , par rapport
à l'Ouvrage en question . C'est que les
Prélatures grecques étant sujettes à des
changemens fréquens et subits , par la
simonie , si fort en usage parmi les Moines
Schismatiques , qui vivent sous la
domination des Mahometans , vous pou
vez presque vous assurer qu'une bonne
partie des Prélats , dont je vous enverrai
les noms ne seront plus en place ,
non seulement quand vous recevrez ma
Lettre , où je vous aurai marqué ces
noms ; mais que peut être même ils au
ront déja eur plusieurs Successeurs , sans
que j'en aye pu avoir connoissance avant
que cette même Lettre parte d'ici . Inconvenient
dont nous avons un exemple récent
en la personne de Jéremie , qui vient
de remonter sur le Siége Patriarchal de
Constantinople , et qui est à la veille d'en
descendre pour la seconde fois , par les
intrigues de celui qu'il a supplanté . Inconvenient
, dis je , auquel on ne peut
guére remédier que par la Chronologie ,
et en fixant les Epoques de l'Installation ,
& c. ce qui encore n'est pas sans difficulté.
J'ai lû depuis quelques- tems la belle
B iiij
His440
MERCURE DE FRANCE
Histoire , ou plutôt , à mon avis , le bel
Abregé de l'Histoire de Charles XII . par
M. de Voltaire . Je ne sçai , et je vous
prie de m'en dire votre sentiment , si les
Gens de Lettres en sont aussi satisfaits que
les Gens de Cour , et ce qu'on appelle le
beau monde , à qui les charmes du stile
suffisent. Pour moi qui cherche à m'instiuire
à fond , et qui aime un peu le détail
, je trouve que M. de V. coule souvent
avec un peu trop de rapidité sur des
faits et sur des Evenemens , dont les particularitez
interessantes n'auroient pas , ce
me semble, moins bien figuré, que le reste
dans l'Histoire de son Heros . Je trouve
encore , et j'en suis même fâché , que ce
charmant Historien n'a pas toujours été
également bien servi en Mémoires. Il en
auroit pû trouver aisément de plus instructifs
et de plus fideles que beaucoup de
ceux qu'il a mis en oeuvre, surtout pour
ce qui regarde ce Pays-ci , dont il ne paroît
pas avoir des Notions fort éxactes .
Qui ne riroit , en effet , quand on lit
entr'autres choses que les femmes y conservent
plus long- tems leur fraicheur et
leur beauté qu'ailleurs ? tandis que ce fait
est entierement opposé à la verité , n'y
ayant peut être pas de Pays où , la fleur de
la Jeunesse s'efface plutôt chez le beau
Sexe
MARS. 1733
44
Sexe que dans celui- ci . Au surplus, M. de
V. n'a vraisemblablement erré sur cet article
que pour avoir adopté , peut - être
avec trop de confiance , les rapports de
certains esprits aussi superficiels que décisifs
, qui parlent de tout affirmativement
, quoique fort à la legere , et qui
n'ayant pas acquis à Constantinople , où
l'on se ressouvient fort bien d'eux , la réputation
de gens sur lesquels on peut fai
re fond , n'auroient pas dû trouver une
crédulité si facile dans un génie superieur
comme cet admirable Ecri
vain.
Au reste , Monsieur , je ne prétends
pas confondre ici avec les personnes dont
je viens de parler le Voyageur la Mo.
traye , qui , à peu de choses près , est fort
veridique dans ce qu'il rapporte du Rof
de Suede , et dont pour l'honneur de la
verité et de l'éxactitude , il auroit été au
contraire à souhaiter que notre Historien
eut préferé plus souvent les connoissances
à celles d'autres personnes , qui quoique
plus lumineuses , en apparence , n'
toient pas des guides si sûrs.
le 12 Novembre 1732. sur
quelques sujets de Litterature.
JA
' Ai été ravi d'apprendre par votre
Lettre du 11 Août arrivée ici depuis
peu de jours , que parmi les Piéces qui
composoient mon Paquet du 6 Juin vous
en ayez trouvé qui vous ont fait plaisir.
J'ai toujours dessein de vous en procurer
quand je vous écris , et jose présumer
que j'y réussirois plus souvent , s'il m'étoit
permis de vous mander tout ce qui
vient à ma connoissance.
Je vous remercie des discours prononcez
à l'Académie Françoise contenus dans
votre derniere dépêche. Quand il me
vient de ces morceaux de main de Maître,
je les dévore , et je me rappelle avec un
vrai plaisir le goût de l'Eloquence et de
la belle diction , dont j'ai presque perdu
l'idée , à force d'entendre jargonner et
baragouiner ici le François , depuis plu
sieurs années que j'ai quitté Paris.
Quand j'aurai vû dans le Mercure que
vous m'envoyez , l'explication que vous
avez donnée de la Porte Othomane , terme
Bij usité
436 MERCURE DE FRANCE
usité pour signifier la Cour , ou le Palais
du Grand - Seigneur , je vous dirai si cette
explication s'accorde avec ce qu'on pense
ici sur le même sujet , que nul Voyageur
n'a encore traité .
Vous trouverez dans ce Paquet une
Liste , la moins imparfaite qu'on ait pû
dresser , des Patriarches d'Alexandrie, que
M. l'Ambassadeur a reçue du Caire depuis
15 jours , pour le grand Ouvrage
qui s'imprime au Louvre , et auquel vous
vous interessez . J'ai écrit fortement par
ses ordres à la personne qui a envoyé cette
Liste de redoubler ses soins pour remplir
les Lacunes , où les noms qu'on n'a
pû encore découvrir , et à une autre personne
qui est à Alexandrie , de mettre
tout en usage pour parvenir à nous dresser
des Catalogues complets , tant des
Patriarches de cette Ville , que de ceux
des Coptes , & c,
Vous avez très - bien fait de ne rien dire
de positif sur l'Etat présent de la Ville et
de l'Evêché de Troade à la fin de la Dissertation
, que vous avez publiée au sujet
d'une Médaille rare de cette ancienne Vil
le ; car le Mémoire que je vous ai envoyé
d'abord là-dessus n'est rien moins qu'éxact.
Vous en jugerez par cet article de
la Lettre que m'écrit le R, P. N, Jésuite
MARS. 1733. 437
suite , à qui je m'étois addressé pour
cela.
>>
و ر
» Je vous dirai , Monsieur , que les in
» formations que je vous donnai il y a
quelques mois sur l'Evêché de Troade
» me paroissent fausses aujourd'hui . Un
» habile Grec avec qui j'ai fait connois-
» sance depuis six semaines , m'en a don-
» né d'autres , auxquelles je crois devoir
» ajoûter plus de foi : c'est un Prêtre des
» plus sçavans de Constantinople ; il a
» surtout une grande connoissance des
» Evêchez , il étudie beaucoup , et espere ,
>> devenir lui - même Métropolitain au
» premier jour. Il m'a donc assuré , tant
» pour les informations qu'il a prises du
» Patriarche d'ici , que par l'autorité d'un
» Livre que le défunt Patriarche de Jeru-
» salem avoit fait imprimer quelques an-
» nées avant sa mort , que c'est le Métropolitain
de Cyzique , dont le Siege a
» été transferé au Bourg d'Arta- Queui
» et non pas celui de l'Evêque de Troade ,
» comme je vous l'avois marqué ; que ce
» Métropolitain de Cysique n'avoit pas
>> présentement un seul Suffragant sous
lui , et que depuis bien du tems il n'y
» avoit plus d'Evêché de Troade ni en
» état , ni de nom.
>>
Je pancherois fort à préférer cette der-
Bij niere
438 MERCURE DE FRANCE
niere Notice , que je viens de recevoir
de mon obligeant Jésuite , à celle qu'il
m'avoit ci -devant envoyée , et dont heureusement
vous n'avez fait aucun usage ;
ma raison est que le défunt Patriarche de
Jerusalem , dont il me parle , étoit un
Prélat fort éclairé , et qu'à moins de vouloir
douter de tout , on ne sçauroit penser
qu'il n'ait dit vrai sur ce qu'il a écrit
de l'Evêché de Troade.
Son Livre , au reste , petit in -fol. imprimé
à Terzovvitz en Valaquie , est en
Grec Vulgaire , mais si pur et si élégant ,
que plus des deux tiers sont du Grec Litteral.
J'ai déja fait quelques tentatives
pour l'acquerir , persuadé qu'il pourroit
être de quelque utilité à votre illustre
ami pour la perfection de l'Ouvrage dont
j'ai parlé ci - dessus : mais il est fort rare ;
l'Auteur , qui l'avoit fait imprimer à ses
frais , en ayant retiré tous les Exemplaires
pour en faire des présens à ses amis . Je ne
désespere pourtant pas d'avoir le plaisir
de vous l'envoyer.
J'ai écrit depuis peu et au R. P. Jesui
te et à d'autres personnes capables , au
sujet des noms des Patriarches de Constantinople
, et des Evêques , &c. que
vous me demandez , et je vous envoyerai
par la premiere occasion le fruit de leurs
ReMARS.
1733. 439
Recherches j'ai cependant une remarque
à vous faire à l'égard des Prélats , qui
sont actuellement en place , et dont vous
souhaitez avoir les noms , par rapport
à l'Ouvrage en question . C'est que les
Prélatures grecques étant sujettes à des
changemens fréquens et subits , par la
simonie , si fort en usage parmi les Moines
Schismatiques , qui vivent sous la
domination des Mahometans , vous pou
vez presque vous assurer qu'une bonne
partie des Prélats , dont je vous enverrai
les noms ne seront plus en place ,
non seulement quand vous recevrez ma
Lettre , où je vous aurai marqué ces
noms ; mais que peut être même ils au
ront déja eur plusieurs Successeurs , sans
que j'en aye pu avoir connoissance avant
que cette même Lettre parte d'ici . Inconvenient
dont nous avons un exemple récent
en la personne de Jéremie , qui vient
de remonter sur le Siége Patriarchal de
Constantinople , et qui est à la veille d'en
descendre pour la seconde fois , par les
intrigues de celui qu'il a supplanté . Inconvenient
, dis je , auquel on ne peut
guére remédier que par la Chronologie ,
et en fixant les Epoques de l'Installation ,
& c. ce qui encore n'est pas sans difficulté.
J'ai lû depuis quelques- tems la belle
B iiij
His440
MERCURE DE FRANCE
Histoire , ou plutôt , à mon avis , le bel
Abregé de l'Histoire de Charles XII . par
M. de Voltaire . Je ne sçai , et je vous
prie de m'en dire votre sentiment , si les
Gens de Lettres en sont aussi satisfaits que
les Gens de Cour , et ce qu'on appelle le
beau monde , à qui les charmes du stile
suffisent. Pour moi qui cherche à m'instiuire
à fond , et qui aime un peu le détail
, je trouve que M. de V. coule souvent
avec un peu trop de rapidité sur des
faits et sur des Evenemens , dont les particularitez
interessantes n'auroient pas , ce
me semble, moins bien figuré, que le reste
dans l'Histoire de son Heros . Je trouve
encore , et j'en suis même fâché , que ce
charmant Historien n'a pas toujours été
également bien servi en Mémoires. Il en
auroit pû trouver aisément de plus instructifs
et de plus fideles que beaucoup de
ceux qu'il a mis en oeuvre, surtout pour
ce qui regarde ce Pays-ci , dont il ne paroît
pas avoir des Notions fort éxactes .
Qui ne riroit , en effet , quand on lit
entr'autres choses que les femmes y conservent
plus long- tems leur fraicheur et
leur beauté qu'ailleurs ? tandis que ce fait
est entierement opposé à la verité , n'y
ayant peut être pas de Pays où , la fleur de
la Jeunesse s'efface plutôt chez le beau
Sexe
MARS. 1733
44
Sexe que dans celui- ci . Au surplus, M. de
V. n'a vraisemblablement erré sur cet article
que pour avoir adopté , peut - être
avec trop de confiance , les rapports de
certains esprits aussi superficiels que décisifs
, qui parlent de tout affirmativement
, quoique fort à la legere , et qui
n'ayant pas acquis à Constantinople , où
l'on se ressouvient fort bien d'eux , la réputation
de gens sur lesquels on peut fai
re fond , n'auroient pas dû trouver une
crédulité si facile dans un génie superieur
comme cet admirable Ecri
vain.
Au reste , Monsieur , je ne prétends
pas confondre ici avec les personnes dont
je viens de parler le Voyageur la Mo.
traye , qui , à peu de choses près , est fort
veridique dans ce qu'il rapporte du Rof
de Suede , et dont pour l'honneur de la
verité et de l'éxactitude , il auroit été au
contraire à souhaiter que notre Historien
eut préferé plus souvent les connoissances
à celles d'autres personnes , qui quoique
plus lumineuses , en apparence , n'
toient pas des guides si sûrs.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Constantinople le 12 Novembre 1732. sur quelques sujets de Litterature.
L'auteur d'une lettre datée du 12 novembre 1732 à Constantinople exprime sa satisfaction de savoir que certaines pièces envoyées ont été appréciées par le destinataire. Il souhaite poursuivre l'envoi d'informations intéressantes. Il remercie également pour les discours prononcés à l'Académie Française, qu'il trouve particulièrement agréables après avoir entendu des versions déformées du français à Constantinople. L'auteur mentionne avoir reçu une liste des Patriarches d'Alexandrie par l'intermédiaire de l'ambassadeur au Caire, destinée à un grand ouvrage imprimé au Louvre. Il a demandé à des personnes de compléter cette liste et d'en dresser d'autres pour les Patriarches d'Alexandrie et des Coptes. Concernant l'état de la ville et de l'évêché de Troade, l'auteur déconseille de faire des déclarations définitives, car les informations précédentes se sont avérées inexactes. Un Jésuite a fourni de nouvelles informations, affirmant que le Métropolitain de Cyzique, dont le siège a été transféré à Arta-Queui, est le véritable titulaire, et non l'évêque de Troade. L'auteur préfère cette nouvelle notice et espère acquérir un livre rare du défunt Patriarche de Jérusalem pour compléter l'ouvrage en question. Il a également écrit à des personnes compétentes pour obtenir les noms des Patriarches de Constantinople et des évêques, notant que les changements fréquents parmi les prélats grecs rendent ces informations rapidement obsolètes. Enfin, l'auteur commente l'ouvrage de Voltaire sur Charles XII, trouvant que Voltaire passe trop rapidement sur certains détails intéressants et qu'il n'a pas toujours été bien informé, notamment sur les femmes de Constantinople. Il apprécie cependant le style de Voltaire et regrette qu'il n'ait pas utilisé des mémoires plus fiables.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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46
p. 1559-1571
LETTRE CRITIQUE de M... sur une nouvelle Histoire Universelle d'Angleterre, entreprise par une Societé de Gens de Lettres.
Début :
Voici, Monsieur, de quoi entretenir notre commerce litteraire. Il est [...]
Mots clefs :
Histoire, Histoire universelle, Angleterre, Ouvrage, Esprit, Sujet, Égyptiens, Matières, Égypte, Érudition
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE CRITIQUE de M... sur une nouvelle Histoire Universelle d'Angleterre, entreprise par une Societé de Gens de Lettres.
LETTRE CRITIQUE de M...
sur une nouvelle Histoire Universelle
d'Angleterre , entreprise par une Societé
de Gens de Lettres.
Oici , Monsieur , de quoi entretenir
Voic notre commerce litteraire . Il est
arrivé d Angleterre ces jours passez le
Commencement d'une Histoire Universelle
, entreprise par une Societé de Gens
de Lettres , dont on dit qu'il y aura 24.
Volumes in 4. et je n'en doute pas sur
le plan et la méthode que suivent ces
Messieurs . Le premier volume contient
la Création du Monde , la chute d'Adam
et des Anges , l'Histoire Sacrée et Profane
des temps qui ont précedé le Dé
luge , la dispersion des Peuples , l'Histoire
des Egyptiens et des anciens Asia
tiques. Je l'ai lû avec empressement , par
l'idée avantageuse que j'ai des Sçavans
d'Angleterre ; mais je vous confesse d'avance
que je n'y ai pas trouvé ce que
me promettoit mon ancienne prévention .
On n'a gueres vû jusqu'à présent , disoit
M. de la Bruyere , un chef- d'oeuvre
d'esprit qui fût l'ouvrage de plusieurs.
Homere
1560 MERCURE DE FRANCE
Homere a composé l'Iliade , Virgile l'Enéïde
, Tite- Live ses Décades , et l'Orateur
Romain ses Oraisons ; s'il y avoit
une exception à cette Regle , elle seroit
préferablement en faveur de l'Histoire ,
où l'étenduë du sujet et la dispersion des
matieres , paroissent demander plusieurs
esprits qui y travaillent , et qui recueillent
les Mémoires et les Anecdotes répandus
dans une infinité d'Auteurs anciens
et modernes. Ce secours néanmoins
fait sentir ses inconvéniens dans celui qui
est chargé de rédiger l'Ouvrage lorsqu'il
en faut venir à l'éxecution . Quelqu'attention
qu'ayent eu les Compilateurs de
se réunir dans un même point , il est impossible
qu'ils ne soient frappez et conduits
par des idées particulieres , qui leur
semblent appartenir , ou pouvoir entrer
dans le sujet; ils grossissent ainsi leurs collections
de matieres indirectes et obliques,
propres à faire de gros volumes et rarement
des Ouvrages parfaits.
C'est l'écüeil où vient nécessairement
échouer celui qui doit rédiger leurs
compilations , à moins qu'il ne soit d'un
goût et d'un discernement incapable de
s'écarter ou d'être induit en erreur. Le
piege se présente sans cesse à son esprit.
Frappé par la lecture des matériaux qu'on
P
1
lui
JUILLET. 1733. 1561
lui donne , il entre imperceptiblement
dans les pensées de chacun de ses Compilateurs
; il est séduit par les approches ,
les ressemblances ou les rapports de leurs
idées au sujet principal ; elles l'entraînent
malgré lui ; l'envie de montrer de l'érudition
, les lui fait adopter ; la crainte
de désobliger ceux qui les lui donnent ,
l'engage à ne les pas omettre. Il insere
donc une infinité de matieres et de circonstances
naturellement étrangeres , et
qu'on n'y glisse qu'à force de transitions
ou de liaisons contraintes , toujours propres
à interrompre le fil du discours . C'est
ainsi qu'on multiplie les volumes et que
l'on ôte à l'Ouvrage ce naturel et cette
netteté qui en doivent être un des premiers
caracteres .
Celui qui a rédigé cette nouvelle Histoire
Universelle , a donné en plein dans
ce deffaur. L'Ouvrage est , sans contredit
, le plus sçavant Recueil qu'il y ait
en ce genre ; et la profonde érudition
qui y est répanduë , devient l'occasion
de ses défectuositez. Vous n'y verrez par
tout qu'un amas des sentimens , des faussetez
ou des erreurs de differens Ecrivains
sur le même sujet . Le volume in 12. que
l'on a donné pour servir d'Introduction ,
rapporte tout ce que les anciens Philo
E sophes
1562 MERCURE DE FRANCE
sophes ont jamais pensé sur la nature et
la création du Monde. Imaginez , s'il ett
possible , combien d'écarts et de rêveries ;
vous les trouverez exactement dans ce
Préliminaire. Pour le renfermer dans ses
justes bornes , il faudroit le réduire tout
au plus à la dixième partie. Alors il seroit
intelligible ; l'esprit du Lecteur ne
seroit pas surchargé d'une quantité de
faits qui dégénerent en questions personnelles
sur des Auteurs ausquels on ne
s'interesse plus guére , et on sçauroit
du moins à quoi s'en tenir. Au lieu qu'on
ne s'est appliqué qu'à nous dire ce qu'ont
pensé les autres dans leurs idées folles
et bizares , sans nous apprendre ce que
nous devons penser nous - mêmes .
Le même goût domine dans tout le
corps de l'Histoire. L'Auteur a meux aimé
rapporter les sentimens d'autrui , ou
faire voir qu'il les connoissoit , que
d'établir
les siens . Quelquefois il les donne
tous comme probables , d'autres fois il en
fait sentir la fausseté , sans en adopter
aucun, A chaque page il établit et il détruit.
Méthode d'un Pyrronisme continuel
qui dit beaucoup de choses sans rien
apprendre qu'à douter de tout , même
des faits les plus certains , parce qu'ils
sont mis à côté des plus douteux , sans
que
JUILLET. 1733. 1563
que l'on détermine lequel il faut croire.
Quelque persuadé que je sois qu'il n'a
pas travaillé uniquement pour faire de
gros volumes et en grande quantité , je
ne sçaurois cependant m'empêcher de dire
, que quand il auroit eu ce dessein , il
ne l'auroit pas mieux executé. Où est le
sçavant aujourd'hui qui prenne la moindre
part ou qui ajoûte la plus legere
croyance à ce que les Caldéens , les Egyptiens
, quelques Juifs ou autres Orientaux
, nous débitent sur l'Histoire Profane
qui a précedé le Déluge ? Le commun
des Lecteurs s'en embarasse encore
moins puisque la foi et la raison dé
montrent la fausseté de ces Monumens
apocrifes. Je m'attends bien que dans
le volume suivant on verra tout au long
les Généalogies et la Chronique de Bérose.
L'Auteur recueille soigneusement
toutes ces imaginations ; il y revient plusieurs
fois , et dit sérieusement qu'il faisseroit
quelque chose à desirer pour la
perfection de son Ouvrage , s'il osoit les
omettre.
C'est dans cet esprit qu'il commence
l'Histoire des Rois d'Egypte par ce conte
ennuyeux d'Osiris et d'Isis , qui occupe
cinq ou six pages , et qui est l'Endroit le
plus fabuleux , le plus mal concerté et
E ij le
1564 MERCURE DE FRANCE
le moins intéressant de toute la Mytologie.
A ce long détail succede l'Histoire
de Menès , qui tient un long espace pour
y renfermer très - peu de chose. Je crois
qu'elle est de neuf ou dix pages , dont
huit n'ont chacune que deux lignes , le
reste est rempli de Notes en caractere
fort petit , où se trouve la dispute de Perizonius
, de Mrs Newton et Whiston ,
pour sçavoir si Menès , reconnu pour fils
de Cham , a succedé aux Mestrai. Encore
l'Auteur se flate- t'il de nous faire grace
sur la brieveté. M.Whiston , dit-il , page
453. allegue treize argumens , dont nous
sauterons les neuf premiers pour venir au
dixième. N'est - ce pas avoir conspiré contre
la patience et la bourse du Public en
faveur des Libraires ?
A ces inutilitez fastidieuses joignez les
indécences qui s'y trouvent assez fréquemment,
Pour peu qu'on ait lû les Ancicas,
on sçait que leur Morale est moins qu'e
purée , Ils croyoient égayer leur stile par
ces sortes de libertez qu'ils regardoient
comme des amusemens indifferens . D'ailleurs
il faut convenir que quand la chose
ne va pas jusqu'à l'obscène , elle choque
beaucoup moins dans le Grec et le Latin
que dans notre Langue . L'Auteur n'a pas
été si scrupuleux ; il a regardé comme
des
JUILLET. 1733. 1565:
des embellissemens à son Histoire , ces
actions et ses discours qui offensent la
modestie et la politesse , quoiqu'il n'aille
pas jusqu'aux salletez ; en voici quelques
exemples , où je ne ferai qu'indiquer les
sujets . Ils sont tirez de la seule Histoire
d'Egypte , que j'ai lûe avec un peu plus.
d'attention , et cela dans l'espace de vingt
pages.
L'Histoire de Phéron , page 466. qui ,
pour guérir ses yeux , cherchoit , selon
l'Oracle , l'urine d'une femme fidele à
son mari. La Reine et quelques autres
lui ayant parû suspectes par cette raison ,
il les fit toutes mourir.
La fille de Chops , prostituée par son
Pere , qui bâtit une grande Piramide des
pierres que lui apportoient ses Amans ,
quoique chacun ne lui en donnât qu'une.
Celle de la fille de Micerin .... Quelle
pitoyable observation de faire remarquer
la differente attitude des hommes et des
femmes en Egypte pour satisfaire au
moindre besoin de la Nature .
Les Soldats de Psammetiques , qui disoient
en se découvrant d'une maniere
honteuse ; nous n'avons pas peur de manquer
de femmes , ni d'enfans.
Le nouveau Roy qui étoit assis à cheval
, se leya tant soit peu et répondit à
E iij
cette
1566 MERCURE DE FRANCE
cette sommation par un vent toujours
impoli , qu'il pria l'Ambassadeur de reporter
à son Maître , pag . 484
La Statue faite par Amasis , de la Cuvette
où les Egyptiens avoient souvent
vomi , lavé leurs pieds et fait de l'eau ,
pag. 485.
Enfin l'indécent récit de l'impuissance
d'Amasis et de ses circonstances , p . 488.
J'ai lû plusieurs fois Hérodote et Diodore
, et je ne crois pas que l'Auteur ait
rien omis en ce genre de ce qui regarde
'Histoire des Egyptiens. Il faut cependant
avouer que parmi ces traits il en
est quelques - uns qui pourroient se raconter
en prenant les précautions que
demande la bienséance , comme l'Apo- '
logue d'Amasis pour la Cuvette. Mais
c'est à quoi l'Auteur ne s'est point applique.
Il auroit pû prendre exemple sur
M. Rollin , qu'il avoit devant les yeux ,
puisqu'il le cite quelquefois. Cet Ecrivain
judicieux avoit puisé dans les mêmes
sources , sans y prendre indifferemment
tous ces mauvais contes qui ne font
rien à l'Histoire que de la rendre basse
et rampante . Il les a omis ; dira- t'on
que c'est un deffaut et un vuide qui dépare
son Histoire ?
Mais bien loin que l'Auteur qui a rédigé
JUILLET. 1733. 1567
gé cette Histoire Universelle , ait assez de
Tégéreté dans le stile , pour toucher adroitement
ces Endroits délicats ; il s'en faut
bien qu'il n'en ait assez pour entreprendre
de donner une bonne Histoire .Après
les grands modeles que nous avons et qui
ont rendu le Public si difficile , si l'on
n'est pas obligé d'écrire parfaitement, du
moins l'on n'est plus recevable à le faire
si mal. J'y remarque deux fautes essentielles
; la superfluité des matiéres , et le
deffaut d'arrangement dans les faits .
M. l'Abbé Fleury disoit avec esprit
que l'Histoire ressemble à un Bâtiment
qu'on ne peut élever qu'avec des Echafauds
, des Cordes , des Poulies et une infinité
d'Outils ; mais que rien de tout cela
ne devoit plus paroître quand la Maison
étoit achevée. C'est à quoi l'Auteur dont
je vous parle , n'a pas fait attention . Il
nous a donné à lire son Ouvrage seulement
ébauché , avec toutes les discussions
, les doutes , les matériaux informes,
et, pour ainsi dire , tous les instrumens
dont il s'est servi pour le composer.
On y voit presque à chaque article
quelque Ecrivain nommé ou désigné par
ces mots : Quelques- uns disent... D'autres
soutiennent.... Il y en a qui prétendent....
Après quoi il ajoutera : Mais
E iiij
tout
1568 MERCURE DE FRANCE
tout cela n'est point vrai. Il n'étoit donc
pas nécessaire de le dire ; si ce n'est pour
faire parade d'érudition , ou pour ne pas
désobliger ceux qui avoient fourni les
Mémoires , à qui celui qui rédige est
comtable jusqu'à un certain point. Ce
stile seroit tout au plus supportable dans
la Dissertation ou dans le Recueil.
Enfin les faits y sont mis avec si peu
d'ordre que souvent l'Auteur y empiéte
d'un Regne à l'autre , et revient ensuite
sur ses pas ; où il lui est très- ordinaire de
perdre
son sujet de vue par des incidens
étangers , que l'envie de tout mettre lui
fait insérer dans le corps de l'Histoire ;
après lesquels vous l'entendez si - souvent
dire: Mais revenons. Deux Phrases qui
lui sont encore favorites sont celles ci ,
comme nous l'avons dit plus haut, ou, comme
nous le dirons plus bas. Cela n'est plus
d'usage dans les bons Ecrivains.Ce qu'on
a déja dit , il faut rendre la justice au Lecteur
, de croire qu'il s'en souvient ; et
qu'il sçaura bien rapprocher ce qu'il
trouvera dans la suite.
Ces deffauts de l'Historien Anglois
sont encore malheureusement augmentez
et mis dans tout leur jour par son
Traducteur. J'ai de la peine à croire qu'il
soit François d'origine , du moins il ne
conJUILLET.
1733 1569
connoît pas assez , je ne dis pas l'élégance
, mais la pureté de notre langue, pour
tenter d'écrire ; aujourd'hui , que les personnes
même du commun , exigent de
Pexactitude et de la délicatesse ; sans être
critique , vous ne lirez pas trois Phrases
sans en trouver une de louche . En voici
quelques- unes qu'il ne m'a pas été difficile
de trouver , car tout y est plein d'expressions
basses et vicieuses .
Ensuite notre Auteur allégue treize
Argumens , dont nous sautons les neuf
premiers , pour venir au dixiéme
453.
, page
Finalement , Mycérinus , est dit avoir
bâti une Piramide , page 474.
Mais avant que d'entrer
dans le détail
du regne de Sabacco , faisons
quelques
pas
en arriere , et jettons la vue sur les trois
Regnes
que nous venons
de parcourir
.
Ce coup d'oeil nous convaincra
, ... page
475. Ce retour
consiste
en quatorze
lignes
, après lesquelles
on dit : Mais revenons
à Sabacco
.
Somme-toute , le Roy lui donna sa fille
en mariage. 471 .
La mort de sa fille ne fut pas le seul
malheur qui accueillit Mycerinus.
Psammetique mit fin au Duodecim- virat.
473. 478 .
E v Les
1570 MERCURE DE FRANCE
Les Expéditions des Flottes de Néchus,
și tant est qu'elles en ayent fait , ne se
trouvent écrite nulle part , que nous sçachions.
480 .
On conte qu'en guise de monument de
sa bonne fortune . 481 .
Psammis demanda aux Ambassadeurs
Eléens si leurs propres Citoïens étoient
admis aux Jeux Olympiques : Question
à laquelle ils répondirent qu'oüi. 482 .
Le petit nombre qui échapa , revint
tout en fureur contre Apriès, comme si ce
Roy les avoit envoyés à la boucherie . 484 .
La clémence est mal employée envers les
ennemis . 485.
Mais avant que l'Orage crevat , Amasis
mourut , et son corps mort fut embaumé.491 .
La Muraille blanche de Memphis , qui
servoit d'une seconde enceinte , y est appellée
une Paroi- blanche . 494 .
Mais Nectanebe pourvut si- bien à la
sûreté de la Ville, qu'il n'y eut pas moïen
d'y mordre ; et d'un autre côté , les Commandans
ne firent rien qui vaille. 497.
Plinius tâcha de déloger Nicostrate de ses
retranchemens
. 459.
Les Grecs demanderent un Pour-parler,
avec Lacharès . 500 .
En voilà assez , Monsieur , car je vous
prie d'observer que je vais de page en
page
JUILLET. 1733. 1571
page. Au premier ordinaire je vous parlerai
de là Chronologie de l'Auteur , et
en particulier de son Histoire d'Egypte.
Je suis , Monsieur , &c.
A Paris , ce 20 May 1733 •
sur une nouvelle Histoire Universelle
d'Angleterre , entreprise par une Societé
de Gens de Lettres.
Oici , Monsieur , de quoi entretenir
Voic notre commerce litteraire . Il est
arrivé d Angleterre ces jours passez le
Commencement d'une Histoire Universelle
, entreprise par une Societé de Gens
de Lettres , dont on dit qu'il y aura 24.
Volumes in 4. et je n'en doute pas sur
le plan et la méthode que suivent ces
Messieurs . Le premier volume contient
la Création du Monde , la chute d'Adam
et des Anges , l'Histoire Sacrée et Profane
des temps qui ont précedé le Dé
luge , la dispersion des Peuples , l'Histoire
des Egyptiens et des anciens Asia
tiques. Je l'ai lû avec empressement , par
l'idée avantageuse que j'ai des Sçavans
d'Angleterre ; mais je vous confesse d'avance
que je n'y ai pas trouvé ce que
me promettoit mon ancienne prévention .
On n'a gueres vû jusqu'à présent , disoit
M. de la Bruyere , un chef- d'oeuvre
d'esprit qui fût l'ouvrage de plusieurs.
Homere
1560 MERCURE DE FRANCE
Homere a composé l'Iliade , Virgile l'Enéïde
, Tite- Live ses Décades , et l'Orateur
Romain ses Oraisons ; s'il y avoit
une exception à cette Regle , elle seroit
préferablement en faveur de l'Histoire ,
où l'étenduë du sujet et la dispersion des
matieres , paroissent demander plusieurs
esprits qui y travaillent , et qui recueillent
les Mémoires et les Anecdotes répandus
dans une infinité d'Auteurs anciens
et modernes. Ce secours néanmoins
fait sentir ses inconvéniens dans celui qui
est chargé de rédiger l'Ouvrage lorsqu'il
en faut venir à l'éxecution . Quelqu'attention
qu'ayent eu les Compilateurs de
se réunir dans un même point , il est impossible
qu'ils ne soient frappez et conduits
par des idées particulieres , qui leur
semblent appartenir , ou pouvoir entrer
dans le sujet; ils grossissent ainsi leurs collections
de matieres indirectes et obliques,
propres à faire de gros volumes et rarement
des Ouvrages parfaits.
C'est l'écüeil où vient nécessairement
échouer celui qui doit rédiger leurs
compilations , à moins qu'il ne soit d'un
goût et d'un discernement incapable de
s'écarter ou d'être induit en erreur. Le
piege se présente sans cesse à son esprit.
Frappé par la lecture des matériaux qu'on
P
1
lui
JUILLET. 1733. 1561
lui donne , il entre imperceptiblement
dans les pensées de chacun de ses Compilateurs
; il est séduit par les approches ,
les ressemblances ou les rapports de leurs
idées au sujet principal ; elles l'entraînent
malgré lui ; l'envie de montrer de l'érudition
, les lui fait adopter ; la crainte
de désobliger ceux qui les lui donnent ,
l'engage à ne les pas omettre. Il insere
donc une infinité de matieres et de circonstances
naturellement étrangeres , et
qu'on n'y glisse qu'à force de transitions
ou de liaisons contraintes , toujours propres
à interrompre le fil du discours . C'est
ainsi qu'on multiplie les volumes et que
l'on ôte à l'Ouvrage ce naturel et cette
netteté qui en doivent être un des premiers
caracteres .
Celui qui a rédigé cette nouvelle Histoire
Universelle , a donné en plein dans
ce deffaur. L'Ouvrage est , sans contredit
, le plus sçavant Recueil qu'il y ait
en ce genre ; et la profonde érudition
qui y est répanduë , devient l'occasion
de ses défectuositez. Vous n'y verrez par
tout qu'un amas des sentimens , des faussetez
ou des erreurs de differens Ecrivains
sur le même sujet . Le volume in 12. que
l'on a donné pour servir d'Introduction ,
rapporte tout ce que les anciens Philo
E sophes
1562 MERCURE DE FRANCE
sophes ont jamais pensé sur la nature et
la création du Monde. Imaginez , s'il ett
possible , combien d'écarts et de rêveries ;
vous les trouverez exactement dans ce
Préliminaire. Pour le renfermer dans ses
justes bornes , il faudroit le réduire tout
au plus à la dixième partie. Alors il seroit
intelligible ; l'esprit du Lecteur ne
seroit pas surchargé d'une quantité de
faits qui dégénerent en questions personnelles
sur des Auteurs ausquels on ne
s'interesse plus guére , et on sçauroit
du moins à quoi s'en tenir. Au lieu qu'on
ne s'est appliqué qu'à nous dire ce qu'ont
pensé les autres dans leurs idées folles
et bizares , sans nous apprendre ce que
nous devons penser nous - mêmes .
Le même goût domine dans tout le
corps de l'Histoire. L'Auteur a meux aimé
rapporter les sentimens d'autrui , ou
faire voir qu'il les connoissoit , que
d'établir
les siens . Quelquefois il les donne
tous comme probables , d'autres fois il en
fait sentir la fausseté , sans en adopter
aucun, A chaque page il établit et il détruit.
Méthode d'un Pyrronisme continuel
qui dit beaucoup de choses sans rien
apprendre qu'à douter de tout , même
des faits les plus certains , parce qu'ils
sont mis à côté des plus douteux , sans
que
JUILLET. 1733. 1563
que l'on détermine lequel il faut croire.
Quelque persuadé que je sois qu'il n'a
pas travaillé uniquement pour faire de
gros volumes et en grande quantité , je
ne sçaurois cependant m'empêcher de dire
, que quand il auroit eu ce dessein , il
ne l'auroit pas mieux executé. Où est le
sçavant aujourd'hui qui prenne la moindre
part ou qui ajoûte la plus legere
croyance à ce que les Caldéens , les Egyptiens
, quelques Juifs ou autres Orientaux
, nous débitent sur l'Histoire Profane
qui a précedé le Déluge ? Le commun
des Lecteurs s'en embarasse encore
moins puisque la foi et la raison dé
montrent la fausseté de ces Monumens
apocrifes. Je m'attends bien que dans
le volume suivant on verra tout au long
les Généalogies et la Chronique de Bérose.
L'Auteur recueille soigneusement
toutes ces imaginations ; il y revient plusieurs
fois , et dit sérieusement qu'il faisseroit
quelque chose à desirer pour la
perfection de son Ouvrage , s'il osoit les
omettre.
C'est dans cet esprit qu'il commence
l'Histoire des Rois d'Egypte par ce conte
ennuyeux d'Osiris et d'Isis , qui occupe
cinq ou six pages , et qui est l'Endroit le
plus fabuleux , le plus mal concerté et
E ij le
1564 MERCURE DE FRANCE
le moins intéressant de toute la Mytologie.
A ce long détail succede l'Histoire
de Menès , qui tient un long espace pour
y renfermer très - peu de chose. Je crois
qu'elle est de neuf ou dix pages , dont
huit n'ont chacune que deux lignes , le
reste est rempli de Notes en caractere
fort petit , où se trouve la dispute de Perizonius
, de Mrs Newton et Whiston ,
pour sçavoir si Menès , reconnu pour fils
de Cham , a succedé aux Mestrai. Encore
l'Auteur se flate- t'il de nous faire grace
sur la brieveté. M.Whiston , dit-il , page
453. allegue treize argumens , dont nous
sauterons les neuf premiers pour venir au
dixième. N'est - ce pas avoir conspiré contre
la patience et la bourse du Public en
faveur des Libraires ?
A ces inutilitez fastidieuses joignez les
indécences qui s'y trouvent assez fréquemment,
Pour peu qu'on ait lû les Ancicas,
on sçait que leur Morale est moins qu'e
purée , Ils croyoient égayer leur stile par
ces sortes de libertez qu'ils regardoient
comme des amusemens indifferens . D'ailleurs
il faut convenir que quand la chose
ne va pas jusqu'à l'obscène , elle choque
beaucoup moins dans le Grec et le Latin
que dans notre Langue . L'Auteur n'a pas
été si scrupuleux ; il a regardé comme
des
JUILLET. 1733. 1565:
des embellissemens à son Histoire , ces
actions et ses discours qui offensent la
modestie et la politesse , quoiqu'il n'aille
pas jusqu'aux salletez ; en voici quelques
exemples , où je ne ferai qu'indiquer les
sujets . Ils sont tirez de la seule Histoire
d'Egypte , que j'ai lûe avec un peu plus.
d'attention , et cela dans l'espace de vingt
pages.
L'Histoire de Phéron , page 466. qui ,
pour guérir ses yeux , cherchoit , selon
l'Oracle , l'urine d'une femme fidele à
son mari. La Reine et quelques autres
lui ayant parû suspectes par cette raison ,
il les fit toutes mourir.
La fille de Chops , prostituée par son
Pere , qui bâtit une grande Piramide des
pierres que lui apportoient ses Amans ,
quoique chacun ne lui en donnât qu'une.
Celle de la fille de Micerin .... Quelle
pitoyable observation de faire remarquer
la differente attitude des hommes et des
femmes en Egypte pour satisfaire au
moindre besoin de la Nature .
Les Soldats de Psammetiques , qui disoient
en se découvrant d'une maniere
honteuse ; nous n'avons pas peur de manquer
de femmes , ni d'enfans.
Le nouveau Roy qui étoit assis à cheval
, se leya tant soit peu et répondit à
E iij
cette
1566 MERCURE DE FRANCE
cette sommation par un vent toujours
impoli , qu'il pria l'Ambassadeur de reporter
à son Maître , pag . 484
La Statue faite par Amasis , de la Cuvette
où les Egyptiens avoient souvent
vomi , lavé leurs pieds et fait de l'eau ,
pag. 485.
Enfin l'indécent récit de l'impuissance
d'Amasis et de ses circonstances , p . 488.
J'ai lû plusieurs fois Hérodote et Diodore
, et je ne crois pas que l'Auteur ait
rien omis en ce genre de ce qui regarde
'Histoire des Egyptiens. Il faut cependant
avouer que parmi ces traits il en
est quelques - uns qui pourroient se raconter
en prenant les précautions que
demande la bienséance , comme l'Apo- '
logue d'Amasis pour la Cuvette. Mais
c'est à quoi l'Auteur ne s'est point applique.
Il auroit pû prendre exemple sur
M. Rollin , qu'il avoit devant les yeux ,
puisqu'il le cite quelquefois. Cet Ecrivain
judicieux avoit puisé dans les mêmes
sources , sans y prendre indifferemment
tous ces mauvais contes qui ne font
rien à l'Histoire que de la rendre basse
et rampante . Il les a omis ; dira- t'on
que c'est un deffaut et un vuide qui dépare
son Histoire ?
Mais bien loin que l'Auteur qui a rédigé
JUILLET. 1733. 1567
gé cette Histoire Universelle , ait assez de
Tégéreté dans le stile , pour toucher adroitement
ces Endroits délicats ; il s'en faut
bien qu'il n'en ait assez pour entreprendre
de donner une bonne Histoire .Après
les grands modeles que nous avons et qui
ont rendu le Public si difficile , si l'on
n'est pas obligé d'écrire parfaitement, du
moins l'on n'est plus recevable à le faire
si mal. J'y remarque deux fautes essentielles
; la superfluité des matiéres , et le
deffaut d'arrangement dans les faits .
M. l'Abbé Fleury disoit avec esprit
que l'Histoire ressemble à un Bâtiment
qu'on ne peut élever qu'avec des Echafauds
, des Cordes , des Poulies et une infinité
d'Outils ; mais que rien de tout cela
ne devoit plus paroître quand la Maison
étoit achevée. C'est à quoi l'Auteur dont
je vous parle , n'a pas fait attention . Il
nous a donné à lire son Ouvrage seulement
ébauché , avec toutes les discussions
, les doutes , les matériaux informes,
et, pour ainsi dire , tous les instrumens
dont il s'est servi pour le composer.
On y voit presque à chaque article
quelque Ecrivain nommé ou désigné par
ces mots : Quelques- uns disent... D'autres
soutiennent.... Il y en a qui prétendent....
Après quoi il ajoutera : Mais
E iiij
tout
1568 MERCURE DE FRANCE
tout cela n'est point vrai. Il n'étoit donc
pas nécessaire de le dire ; si ce n'est pour
faire parade d'érudition , ou pour ne pas
désobliger ceux qui avoient fourni les
Mémoires , à qui celui qui rédige est
comtable jusqu'à un certain point. Ce
stile seroit tout au plus supportable dans
la Dissertation ou dans le Recueil.
Enfin les faits y sont mis avec si peu
d'ordre que souvent l'Auteur y empiéte
d'un Regne à l'autre , et revient ensuite
sur ses pas ; où il lui est très- ordinaire de
perdre
son sujet de vue par des incidens
étangers , que l'envie de tout mettre lui
fait insérer dans le corps de l'Histoire ;
après lesquels vous l'entendez si - souvent
dire: Mais revenons. Deux Phrases qui
lui sont encore favorites sont celles ci ,
comme nous l'avons dit plus haut, ou, comme
nous le dirons plus bas. Cela n'est plus
d'usage dans les bons Ecrivains.Ce qu'on
a déja dit , il faut rendre la justice au Lecteur
, de croire qu'il s'en souvient ; et
qu'il sçaura bien rapprocher ce qu'il
trouvera dans la suite.
Ces deffauts de l'Historien Anglois
sont encore malheureusement augmentez
et mis dans tout leur jour par son
Traducteur. J'ai de la peine à croire qu'il
soit François d'origine , du moins il ne
conJUILLET.
1733 1569
connoît pas assez , je ne dis pas l'élégance
, mais la pureté de notre langue, pour
tenter d'écrire ; aujourd'hui , que les personnes
même du commun , exigent de
Pexactitude et de la délicatesse ; sans être
critique , vous ne lirez pas trois Phrases
sans en trouver une de louche . En voici
quelques- unes qu'il ne m'a pas été difficile
de trouver , car tout y est plein d'expressions
basses et vicieuses .
Ensuite notre Auteur allégue treize
Argumens , dont nous sautons les neuf
premiers , pour venir au dixiéme
453.
, page
Finalement , Mycérinus , est dit avoir
bâti une Piramide , page 474.
Mais avant que d'entrer
dans le détail
du regne de Sabacco , faisons
quelques
pas
en arriere , et jettons la vue sur les trois
Regnes
que nous venons
de parcourir
.
Ce coup d'oeil nous convaincra
, ... page
475. Ce retour
consiste
en quatorze
lignes
, après lesquelles
on dit : Mais revenons
à Sabacco
.
Somme-toute , le Roy lui donna sa fille
en mariage. 471 .
La mort de sa fille ne fut pas le seul
malheur qui accueillit Mycerinus.
Psammetique mit fin au Duodecim- virat.
473. 478 .
E v Les
1570 MERCURE DE FRANCE
Les Expéditions des Flottes de Néchus,
și tant est qu'elles en ayent fait , ne se
trouvent écrite nulle part , que nous sçachions.
480 .
On conte qu'en guise de monument de
sa bonne fortune . 481 .
Psammis demanda aux Ambassadeurs
Eléens si leurs propres Citoïens étoient
admis aux Jeux Olympiques : Question
à laquelle ils répondirent qu'oüi. 482 .
Le petit nombre qui échapa , revint
tout en fureur contre Apriès, comme si ce
Roy les avoit envoyés à la boucherie . 484 .
La clémence est mal employée envers les
ennemis . 485.
Mais avant que l'Orage crevat , Amasis
mourut , et son corps mort fut embaumé.491 .
La Muraille blanche de Memphis , qui
servoit d'une seconde enceinte , y est appellée
une Paroi- blanche . 494 .
Mais Nectanebe pourvut si- bien à la
sûreté de la Ville, qu'il n'y eut pas moïen
d'y mordre ; et d'un autre côté , les Commandans
ne firent rien qui vaille. 497.
Plinius tâcha de déloger Nicostrate de ses
retranchemens
. 459.
Les Grecs demanderent un Pour-parler,
avec Lacharès . 500 .
En voilà assez , Monsieur , car je vous
prie d'observer que je vais de page en
page
JUILLET. 1733. 1571
page. Au premier ordinaire je vous parlerai
de là Chronologie de l'Auteur , et
en particulier de son Histoire d'Egypte.
Je suis , Monsieur , &c.
A Paris , ce 20 May 1733 •
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Résumé : LETTRE CRITIQUE de M... sur une nouvelle Histoire Universelle d'Angleterre, entreprise par une Societé de Gens de Lettres.
La lettre critique examine une nouvelle 'Histoire Universelle d'Angleterre' en 24 volumes, dont le premier traite de la Création du Monde, de la chute d'Adam et des Anges, et de l'histoire des temps antérieurs au Déluge. L'auteur de la lettre, bien que favorablement impressionné par la réputation des savants anglais, trouve l'ouvrage décevant. Il souligne que les grandes œuvres sont généralement l'œuvre d'un seul auteur et que la collaboration peut entraîner des inconvénients, tels que l'inclusion de matières indirectes et l'interruption du fil du discours. L''Histoire Universelle' est décrite comme un recueil savant mais encombré de sentiments, de faussetés et d'erreurs provenant de divers écrivains. Le volume d'introduction rapporte les pensées des anciens philosophes sur la création du Monde, ce qui alourdit le texte sans apporter de clarté. L'auteur de l''Histoire Universelle' rapporte souvent les sentiments d'autrui sans établir les siens, adoptant une méthode pyrrhonienne qui sème le doute. La lettre critique mentionne également des inutilités fastidieuses et des indécences fréquentes dans le texte, comme des récits obscènes ou indécents tirés de l'histoire des Égyptiens. L'auteur de l''Histoire Universelle' n'a pas pris les précautions nécessaires pour éviter ces inconvénients, contrairement à d'autres historiens comme M. Rollin. Enfin, la lettre souligne deux fautes essentielles dans l'ouvrage : la superfluité des matières et le défaut d'arrangement dans les faits. L'auteur de l''Histoire Universelle' n'a pas su masquer les discussions, les doutes et les matériaux informes utilisés pour composer l'ouvrage, rendant la lecture confuse et désordonnée. Le traducteur français aggrave ces défauts par une mauvaise maîtrise de la langue. Le texte traite également de divers événements historiques liés à l'Égypte antique. Mycerinus connut plusieurs malheurs, dont la mort de sa fille. Psammétique mit fin au Duodecimvirat, un conseil de douze membres. Les expéditions des flottes de Néchus ne sont pas documentées. Psammis interrogea les ambassadeurs éléens sur la participation de leurs citoyens aux Jeux Olympiques, à quoi ils répondirent affirmativement. Après une défaite, les survivants accusèrent le roi Apriès de les avoir envoyés à la mort. Amasis mourut avant une tempête, et son corps fut embaumé. La muraille blanche de Memphis est décrite comme une seconde enceinte. Nectanébo renforça la sécurité de la ville, rendant toute attaque impossible. Plinius tenta de déloger Nicostrate de ses positions. Les Grecs demandèrent un pourparler avec Lacharès. Le texte se conclut par une mention de la chronologie de l'auteur et de son histoire de l'Égypte, datée du 20 mai 1733 à Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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47
p. 2011-2021
MEMOIRE pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, dans la République des Lettres, &c. Tom. 20 et 21. A Paris, chez Briasson, ruë S. Jacques, à la Science. 1732.
Début :
Le premier de ces deux volumes contient les changemens, les corrections et [...]
Mots clefs :
Pontus de Tyard, Paris, Lyon, France, Jean de Tournes, Ouvrage, Volumes, Savants, Écrit, Traité, Français, Mamert Patisson
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texteReconnaissance textuelle : MEMOIRE pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, dans la République des Lettres, &c. Tom. 20 et 21. A Paris, chez Briasson, ruë S. Jacques, à la Science. 1732.
MEMOIRE pour servir à l'Histoire des Hommes
Illustres, dans la République des Let
tres, & c. Tom. 20 et 21. A Paris , chez.
Briasson , rue S. Jacques , à la Science..
173.2.
Le premier de ces deux volumes contient
les changemens , les corrections et
les additions que l'Auteur a trouvées à
propos de faire pour les Tomes 11. 11 .
13. 14. 15. 16. 17. et 18. précedens . Ony
remarque par tout son exactitude et
son amour pour la verité ; et qu'il ne
tient pas à ses soins infatigables , que
nous n'ayons en ce genre un Ouvrage
parfait. Ce vingtiéme tome contient aussi
trois Tables qui sont d'une grande utilité
dans un pareil Recueil ; sçavoir , une
Table Générale des Matiéres qni ont été
traitées par les Auteurs dont il est parlé
dans les neuf volumes précédens ; une
Table alphabétique des Auteurs , contenus
dans les 20 volumes de ces Mémoires;
et une Table Nécrologique, qui marque
la date de la mort des Sçavans contenus
dans les neuf volumes précédens.
Le
1012 MERCURE DE FRANCE
Le 21. dont nous avons icy à rendrè
compte , contient les Noms , l'Eloge et
le Catalogue raisonné de 36 Sçavans , qui
ont vécu en différens temps , et qui se
sont distinguez pour la plupart , dans la
République des Lettres. Tels sont , entre
les autres , le Cardinal Bessarion
Pontus de Tyard, Philippe Cluvier , Jean
Louis Vivés , Edouard Pocock , Nicolas
Rigault , Gilles - André de la Roque, Jean
Fronteau , et Louis Boivin.Pour ne point
exceder certaines bornes , nous nous contenterons
de rapporter icy ce que l'Auteur
expose au sujet de Pontus de Tyard .
PONTus de Tyard , Seigneur de Bissy ,
nâquit vers l'an 1521. au Château de Bissy
, dans le Diocèse de Mâcon , de Jean
de Tyard , Lieutenant General au Bailliage
du Mâconnois, et de Jeanne de Ganay
, fille d'un Chancelier de France.
Son nom est écrit tantôt Tyard , et
tantôt Thiard ; mais cette orthographe
est vicieuse il doit s'écrire Tyard ; c'est
ainsi que les meilleurs Auteurs l'ont écrit,
-et c'est ainsi qu'il l'a écrit lui- même.
Pour ce qui est du nom de Ponthus
c'est celui d'un Héros fabuleux , sur lequel
on a un Roman , qui est fort peu
connu , et qui se trouve dans le Catalogue
de la Bibliotheque de M. du Fay ,
Sous
SEPTEMBRE , 1733. 2013
Bous ce titre: Le Roman du noble Roy Ponthus
, fils du Roy de Galice , et de la belle
Sidoine, fille du Roy de Bretagne , in 4.sans
date , en Lettre Gothique . On étoit autrefois
dans l'usage de donner de semblables
noms aux Enfans ; ainsi Jamin , Poëte
comtemporain de Pontus de Tyard ,
a porté celui d'Amadis , dont le Roman
n'est ignoré de personne. M. de la Monnoye
, qui nous apprend ces particularitez
dans ses Additions , aux Jugemens des
Sçavans de Baillet , rapporte dans le Ménagiana
, tom. I. pag. 236. une plaisanterie
sur ce sujet , qu'il ne faut pas omettre,
Pontus de Tyard étant , dit- il , à la
» cérémonie d'un Baptême, en qualité de
>>Parrain ; le Curé faisoit difficulté de
» nommer l'Enfant , Pontus , sur ce qu'il
» ne connoissoit point de Saint de ce
» nom- là. Comment , lui dit l'Evêque 2
M. le Curé ,vous ne songez donc pas au
» Saint , dont l'Eglise fait mention dans
» l'Hymne : Quem terra , Pontus, athera ?
» A ces mots , le bon Curé , qui ne s'étoit
jamais fort chargé de latin ; Monsei-
» gneur , lui dit- il , je vous demande par
» don , il est vrai que je n'y songeois pas.
» Et là- dessus il baptisa l'enfant sous ce
» nom.
2014 MERCURE DE FRANCE
Il fut instruit avec beaucoup de soin ,
dès son enfance, dans les Langues Latine
et Grecque , et même dans l'Hebraïques
mais quoiqu'il affecte de faire parade de
cette derniere, dans son Traité : De recta
nominum impositione , ce qu'il en sçavoit
étoit fort peu de chose ; ce peu lui a fait
cependant trouver place dans la Gallia
Orientalis , de Colomies , parmi les Sçavans
Hébraïsans François.
La Poësie Françoise l'occupa aussi dans
sa jeunesse , et il acquit par là de la réputation.
Ronsard lui attribuë même la
gloire d'avoir le premier introduit les
Sonnets en France. Mais la fortune n'a
point été dans la suite aussi riante à l'égard
de ses Poësies, qu'elle le fut d'abord.
Il a contribué lui-même à les faire disgracier
, par le mépris qu'il en fit ,et qu'il
en inspira aux autres dans un âge plus
mûr.
Il quitta la Poësie , pour se donner
à des Etudes plus sérieuses , et passa à
la Philosophie , aux Mathématiques , et
enfin à la Théologie. La plupart de ses
Ouvrages sont des preuves des connoissances
qu'il avoit acquises dans toutes
ses Sciences. Mais elles étoient alors si
imparfaites , ou la maniere dont on s'y
prenoit pour les apprendre étoit si mauvaise
,
SEPTEMBRE. 1733. 2015
yaise , que tout ce qui nous reste de lui
est un cahos d'érudition mal dirigée , où
Il n'y a presque rien à apprendre.
passa quelques années à la Cour
Roy Henri III . qui conçut de l'afection
pour lui , et lui donna l'Evêché
de Châlons sur Saone , dont il prit possession
le 16. Juin 1578. après avoir été
quelques années Archidiacre de cette
Église et Protonotaire Apostolique.
S'étant trouvé le premier des Dépu
tez de sa Province , dans l'Assemblée
des Etats qui fut tenuë à Blois l'an 1588.
il soutint l'autorité du Roy contre le
reste du Clergé , qui favorisoit la ligue ,
et il parla en sa faveur avec tant de force
et de dignité , qu'il fit de fortes impressions
sur l'esprit de ceux qui assistoient
à cette Assemblée , et en ramena
plusieurs à leur devoir,
Après 20. ans d'Episcopat , se voyant
accablé par les années et affligé des troubles
qui agitoient le Royaume , il se démit
de son Evêché et en fit pourvoir
Cyrus de Tyard , son neveu . S'étant ensuite
retiré dans une de ses Terres , il
ne s'occupa plus que du soin de son saat
. Ce fut là qu'il mourut le 23. Sepembre
1605. âgé de 84. ans.
Il exprima ses sentimens sur sa mort
dans
2018 MERCURE DE FRANCE
dans ces Vers , qu'il composa lui - même
avant que de mourir .
Non teneor longe dulcisque cupidine vita
Sat vixit , cui non vita pudenda fuit.
Nec fama illustris me tangit gloria , forsan ;
Per genium vivent sat mea scripta suum.
Nil
que moror quo sint mea membra tegenda se
pulchro ;
Hac propria baredis sit pia cura mei.
Sed cupio ut tandem mens Christo inixa levetur;
Peccati duro pondere , ad Astra vehar.
Ces Vers ont été gravez sur un Monument
qu'on lui a rigé dans le Choeur
de l'Eglise Cathédrale de Châlons , avec
ces mots au bas .
Pontus Tyardaus Bissianus Ep. Cabil.
Extremum hoc voveb, scribebat,
Il conserva jusqu'à la fin de sa vie là
vigueur de son corps et de son esprit.
Comme il avoit un grand corps et qu'il
étoit assidu à l'étude , il mangeoit beaucoup
et bûvoit de- même , sans mettre
jamais d'eau dans son vin , si violent que
soient ceux qui croissent sur le bord de
La Saône. Ce qu'il y a de singulier , c'est
qu'en se mettant au lit , il avaloit toûjours
un grand verre de vin pur , sans
que
SEPTEMBRE. 1733. 2017
uc sa santé en fût jamais alterée. Baillet et
1x qui l'ont suivi , ont trouvé que ce
coit point assez , et ont substitué mal
propos , au grand verre dont parle
M. Thou , un pot , en disant qu'il avoit
coûtume de boire un pot de vin pur
avant que de s'endormir..
Catalogue de ses Ouvrages.
1. Erreurs Amoureuses. Lyon , Jean de
Tournes , 1549 . in 8.Il n'a pas mis son nom
à cet Ouvrage , qui contient plusieurs
Sonnets , divisez en trois Livres.
2. Solitaire premier , ou Prose des Mu
ses et de la Fureur Poëtique . Avec des Vers
Lyriques sur la fin . Lyon , Jean de Tournes
, 1552. in fol.
3. Solitaire second , on Prose des Muses.
Avec des Vers Lyriques sur la fin .
Lyon , Jean de Tournes , 1552. in 8.
4. Les Oeuvres Poëtiques de Pontus de
Tyard. A sçavoir , trois Livres des Erreurs,
Amoureuses. Un Livre de Vers
Lyriques. Un Recueil de ses nouvelles
Euvres Poëtiques . Paris , Galiot du Pré,
1573. in 4, Tout cela n'est plus recher
ché , ni presque connu de personne.
5. Leon Hebreu , de l'Amour , Dialo
gue, Lyon , Jean de Tournes
, issi.
in 8. Il parut la même année une autre
Tra
2018 MERCURE DE FRANCE
Traduction de l'Ouvrage de Leon , sous
ce titre La sainte Philosophie de l'Amour
de Leon Hebreu , traduite de l'Italien
par le sieur du Parc (Denis Sauvage.)
Lyon , Guillaume Roville , 1551. in 8.
Ce Livre ne méritoit pas qu'on prît tant
de peine pour lui.
6. Discours du Temps , de l'An et de
ses parties. Lyon , Jean de Tournes, 1556.
in & . It. Paris , et Mamert Patisson , 1556.
in 4. C'est l'Edition que du Verdier a
mise mal à propos , in folio.
7. L'Univers , on Discours des parties
et de la nature du Monde. Lyon , Jean
de Tournes , 1557. in 4. Il y a dans ce
Livre , au rapport de du Verdier , quelques
pages prises et traduites mot à mot
du Livre du Monde de Philon , Juif.
L'Auteur l'ayant depuis revû et augmenté
, le publia de nouveau sous le
titre suivant.
8. Deux Discours de la nature du Mon
de et de ses parties ; à sçavoir , le premier
Curieux , traitant des choses matérielles ; et
le second Curieux , des intellectuelles. Paris,
Mamert Patisson , 1578. in 4. On voit
à la tête un avant- Discours par J. D. du
Perron , Professeur du Roy aux Langues,
aux Mathématiques et en la Philosophic,
qui fut ensuite Cardinal.
9.
SEPTEMBRE 1733. 2019
9. Mantice , on Discours de la verité
divination par Astrologie. Lyon , Jean
de Tournes , 1558. in 4.
to. Ephemerides Octava Sphere , seu
Tabelle Diaria Ortus , Occasus , et mediationis
coeli illustrium stellarum inerransium
, pro universâ Galliâ , et his regionibus
que Polum Boreum elevatum habent
ad so, grad. Lugduni , Joan. Torà
39.
pasius
, 1562.
in
fol.
11. De Coelestibus Asterismis Poematium
ad Petrum Ronsardum. Paris , apud
Galeotum à Prato , 1573. in 4.
12. Homelies sur les Evangiles. Paris ;
Mamert Patisson , 1586. in 8.
13. Duodecim Fabula Fluviorum vel
Fontium : unà cum Descriptione pro Pictura
et Epigrammatis. Paris , Joan . Richer,
1586. in 8. Je ne sçai ce que c'est que
cet Ouvrage , ni en quelle Langue il est
écrits le P. Louis Jacob en rapporte ainsi
le titre , mais sans marquer s'il est écrit
en Latin ou en François.
14. Les Discours Philosophiques de Pontus
de Tyard. Paris , 1587. in 4. C'est un
Recueil des Ouvrages que j'ai marquez
au N° 2. 3. 6. E. 9.
15. Homelies sur le Décalogue. Paris ,
1588. in 8.
16. Extrait de la Généalogie de Hugues
Capes
2020 MERCURE DE FRANCE
Capet , Roy de France , et des premiers
Successeurs de la Race de Charlemagne en
France. Paris , Mamert Patisson , 1594.
in 8. M. de Thou , dans le 77. Livre de
son Histoire , attribue à Pontus de Tyard
cet Ouvrage , qui est anonyme , et Duchêne
, à la page 30. de sa Bibliotheque
des Historiens de France , dit qu'il l'a
fait pour servir de Réponse au Livre de
François de Rosieres, intitulé : Stemmata
Ducum Lotharingia. Paris , 1580. in fol.
17. Derecta nominum impositione . Lugduni
, Jacobus Roussin ; 1603. in 8 .
Pontus de Tyard , marque dans l'Epitre
à Louis de Tyard , son neveu , qui est
à la tête de ce petit Traité , que dans
le commencement des troubles de la
France , il avoit traduit du Grec deux
Opuscules de Philon , et qu'il avoit composé
ce Traité pour servir de Préface à
sa Traduction ; mais que Fréderic Morel
l'ayant prévenu en publiant une Version
Latine d'un de ces mêmes Opuscules
, et en promettant la Version de
l'autre , il avoit supprimé la sienne , et
sé contentoit de donner au Public l'Ouvrage
qu'il lui adressoit , avec quelques
Notes sur les Livres qu'il avoit traduits.
18. Annotationes in Libros Philonis Judai
, de Transnominatis , et Allegoria Sa
STR.
SEPTEMBRE . 1733. 2021
cra . A la suite du Traité précedent .
19. Fragmentum Epistola pii cujusdam
Episcopi , quo Pseudo -Jesuita Caroli , et
ejs Congerronum maledicta repellit. Hanovix
, 1604. in 8. A la suite de Caroli
Molinai Consilium super commodis et in-
Commodis nova Secta Jesuitarum . Item.
dans la Bibliothecâ Pontificia , editâ à
Joanne Scherzero, Lipsiæ , 1677. in 4.
avec la Souscription P. T. E. C. qui signifie
Pontus Tyardaus Episcopus Cabilonensis.
Item. Traduit en François à la
page 378. du Livre de David Homme
intitulé : Le Contr' Assassin. Lyon , 1612 .
Illustres, dans la République des Let
tres, & c. Tom. 20 et 21. A Paris , chez.
Briasson , rue S. Jacques , à la Science..
173.2.
Le premier de ces deux volumes contient
les changemens , les corrections et
les additions que l'Auteur a trouvées à
propos de faire pour les Tomes 11. 11 .
13. 14. 15. 16. 17. et 18. précedens . Ony
remarque par tout son exactitude et
son amour pour la verité ; et qu'il ne
tient pas à ses soins infatigables , que
nous n'ayons en ce genre un Ouvrage
parfait. Ce vingtiéme tome contient aussi
trois Tables qui sont d'une grande utilité
dans un pareil Recueil ; sçavoir , une
Table Générale des Matiéres qni ont été
traitées par les Auteurs dont il est parlé
dans les neuf volumes précédens ; une
Table alphabétique des Auteurs , contenus
dans les 20 volumes de ces Mémoires;
et une Table Nécrologique, qui marque
la date de la mort des Sçavans contenus
dans les neuf volumes précédens.
Le
1012 MERCURE DE FRANCE
Le 21. dont nous avons icy à rendrè
compte , contient les Noms , l'Eloge et
le Catalogue raisonné de 36 Sçavans , qui
ont vécu en différens temps , et qui se
sont distinguez pour la plupart , dans la
République des Lettres. Tels sont , entre
les autres , le Cardinal Bessarion
Pontus de Tyard, Philippe Cluvier , Jean
Louis Vivés , Edouard Pocock , Nicolas
Rigault , Gilles - André de la Roque, Jean
Fronteau , et Louis Boivin.Pour ne point
exceder certaines bornes , nous nous contenterons
de rapporter icy ce que l'Auteur
expose au sujet de Pontus de Tyard .
PONTus de Tyard , Seigneur de Bissy ,
nâquit vers l'an 1521. au Château de Bissy
, dans le Diocèse de Mâcon , de Jean
de Tyard , Lieutenant General au Bailliage
du Mâconnois, et de Jeanne de Ganay
, fille d'un Chancelier de France.
Son nom est écrit tantôt Tyard , et
tantôt Thiard ; mais cette orthographe
est vicieuse il doit s'écrire Tyard ; c'est
ainsi que les meilleurs Auteurs l'ont écrit,
-et c'est ainsi qu'il l'a écrit lui- même.
Pour ce qui est du nom de Ponthus
c'est celui d'un Héros fabuleux , sur lequel
on a un Roman , qui est fort peu
connu , et qui se trouve dans le Catalogue
de la Bibliotheque de M. du Fay ,
Sous
SEPTEMBRE , 1733. 2013
Bous ce titre: Le Roman du noble Roy Ponthus
, fils du Roy de Galice , et de la belle
Sidoine, fille du Roy de Bretagne , in 4.sans
date , en Lettre Gothique . On étoit autrefois
dans l'usage de donner de semblables
noms aux Enfans ; ainsi Jamin , Poëte
comtemporain de Pontus de Tyard ,
a porté celui d'Amadis , dont le Roman
n'est ignoré de personne. M. de la Monnoye
, qui nous apprend ces particularitez
dans ses Additions , aux Jugemens des
Sçavans de Baillet , rapporte dans le Ménagiana
, tom. I. pag. 236. une plaisanterie
sur ce sujet , qu'il ne faut pas omettre,
Pontus de Tyard étant , dit- il , à la
» cérémonie d'un Baptême, en qualité de
>>Parrain ; le Curé faisoit difficulté de
» nommer l'Enfant , Pontus , sur ce qu'il
» ne connoissoit point de Saint de ce
» nom- là. Comment , lui dit l'Evêque 2
M. le Curé ,vous ne songez donc pas au
» Saint , dont l'Eglise fait mention dans
» l'Hymne : Quem terra , Pontus, athera ?
» A ces mots , le bon Curé , qui ne s'étoit
jamais fort chargé de latin ; Monsei-
» gneur , lui dit- il , je vous demande par
» don , il est vrai que je n'y songeois pas.
» Et là- dessus il baptisa l'enfant sous ce
» nom.
2014 MERCURE DE FRANCE
Il fut instruit avec beaucoup de soin ,
dès son enfance, dans les Langues Latine
et Grecque , et même dans l'Hebraïques
mais quoiqu'il affecte de faire parade de
cette derniere, dans son Traité : De recta
nominum impositione , ce qu'il en sçavoit
étoit fort peu de chose ; ce peu lui a fait
cependant trouver place dans la Gallia
Orientalis , de Colomies , parmi les Sçavans
Hébraïsans François.
La Poësie Françoise l'occupa aussi dans
sa jeunesse , et il acquit par là de la réputation.
Ronsard lui attribuë même la
gloire d'avoir le premier introduit les
Sonnets en France. Mais la fortune n'a
point été dans la suite aussi riante à l'égard
de ses Poësies, qu'elle le fut d'abord.
Il a contribué lui-même à les faire disgracier
, par le mépris qu'il en fit ,et qu'il
en inspira aux autres dans un âge plus
mûr.
Il quitta la Poësie , pour se donner
à des Etudes plus sérieuses , et passa à
la Philosophie , aux Mathématiques , et
enfin à la Théologie. La plupart de ses
Ouvrages sont des preuves des connoissances
qu'il avoit acquises dans toutes
ses Sciences. Mais elles étoient alors si
imparfaites , ou la maniere dont on s'y
prenoit pour les apprendre étoit si mauvaise
,
SEPTEMBRE. 1733. 2015
yaise , que tout ce qui nous reste de lui
est un cahos d'érudition mal dirigée , où
Il n'y a presque rien à apprendre.
passa quelques années à la Cour
Roy Henri III . qui conçut de l'afection
pour lui , et lui donna l'Evêché
de Châlons sur Saone , dont il prit possession
le 16. Juin 1578. après avoir été
quelques années Archidiacre de cette
Église et Protonotaire Apostolique.
S'étant trouvé le premier des Dépu
tez de sa Province , dans l'Assemblée
des Etats qui fut tenuë à Blois l'an 1588.
il soutint l'autorité du Roy contre le
reste du Clergé , qui favorisoit la ligue ,
et il parla en sa faveur avec tant de force
et de dignité , qu'il fit de fortes impressions
sur l'esprit de ceux qui assistoient
à cette Assemblée , et en ramena
plusieurs à leur devoir,
Après 20. ans d'Episcopat , se voyant
accablé par les années et affligé des troubles
qui agitoient le Royaume , il se démit
de son Evêché et en fit pourvoir
Cyrus de Tyard , son neveu . S'étant ensuite
retiré dans une de ses Terres , il
ne s'occupa plus que du soin de son saat
. Ce fut là qu'il mourut le 23. Sepembre
1605. âgé de 84. ans.
Il exprima ses sentimens sur sa mort
dans
2018 MERCURE DE FRANCE
dans ces Vers , qu'il composa lui - même
avant que de mourir .
Non teneor longe dulcisque cupidine vita
Sat vixit , cui non vita pudenda fuit.
Nec fama illustris me tangit gloria , forsan ;
Per genium vivent sat mea scripta suum.
Nil
que moror quo sint mea membra tegenda se
pulchro ;
Hac propria baredis sit pia cura mei.
Sed cupio ut tandem mens Christo inixa levetur;
Peccati duro pondere , ad Astra vehar.
Ces Vers ont été gravez sur un Monument
qu'on lui a rigé dans le Choeur
de l'Eglise Cathédrale de Châlons , avec
ces mots au bas .
Pontus Tyardaus Bissianus Ep. Cabil.
Extremum hoc voveb, scribebat,
Il conserva jusqu'à la fin de sa vie là
vigueur de son corps et de son esprit.
Comme il avoit un grand corps et qu'il
étoit assidu à l'étude , il mangeoit beaucoup
et bûvoit de- même , sans mettre
jamais d'eau dans son vin , si violent que
soient ceux qui croissent sur le bord de
La Saône. Ce qu'il y a de singulier , c'est
qu'en se mettant au lit , il avaloit toûjours
un grand verre de vin pur , sans
que
SEPTEMBRE. 1733. 2017
uc sa santé en fût jamais alterée. Baillet et
1x qui l'ont suivi , ont trouvé que ce
coit point assez , et ont substitué mal
propos , au grand verre dont parle
M. Thou , un pot , en disant qu'il avoit
coûtume de boire un pot de vin pur
avant que de s'endormir..
Catalogue de ses Ouvrages.
1. Erreurs Amoureuses. Lyon , Jean de
Tournes , 1549 . in 8.Il n'a pas mis son nom
à cet Ouvrage , qui contient plusieurs
Sonnets , divisez en trois Livres.
2. Solitaire premier , ou Prose des Mu
ses et de la Fureur Poëtique . Avec des Vers
Lyriques sur la fin . Lyon , Jean de Tournes
, 1552. in fol.
3. Solitaire second , on Prose des Muses.
Avec des Vers Lyriques sur la fin .
Lyon , Jean de Tournes , 1552. in 8.
4. Les Oeuvres Poëtiques de Pontus de
Tyard. A sçavoir , trois Livres des Erreurs,
Amoureuses. Un Livre de Vers
Lyriques. Un Recueil de ses nouvelles
Euvres Poëtiques . Paris , Galiot du Pré,
1573. in 4, Tout cela n'est plus recher
ché , ni presque connu de personne.
5. Leon Hebreu , de l'Amour , Dialo
gue, Lyon , Jean de Tournes
, issi.
in 8. Il parut la même année une autre
Tra
2018 MERCURE DE FRANCE
Traduction de l'Ouvrage de Leon , sous
ce titre La sainte Philosophie de l'Amour
de Leon Hebreu , traduite de l'Italien
par le sieur du Parc (Denis Sauvage.)
Lyon , Guillaume Roville , 1551. in 8.
Ce Livre ne méritoit pas qu'on prît tant
de peine pour lui.
6. Discours du Temps , de l'An et de
ses parties. Lyon , Jean de Tournes, 1556.
in & . It. Paris , et Mamert Patisson , 1556.
in 4. C'est l'Edition que du Verdier a
mise mal à propos , in folio.
7. L'Univers , on Discours des parties
et de la nature du Monde. Lyon , Jean
de Tournes , 1557. in 4. Il y a dans ce
Livre , au rapport de du Verdier , quelques
pages prises et traduites mot à mot
du Livre du Monde de Philon , Juif.
L'Auteur l'ayant depuis revû et augmenté
, le publia de nouveau sous le
titre suivant.
8. Deux Discours de la nature du Mon
de et de ses parties ; à sçavoir , le premier
Curieux , traitant des choses matérielles ; et
le second Curieux , des intellectuelles. Paris,
Mamert Patisson , 1578. in 4. On voit
à la tête un avant- Discours par J. D. du
Perron , Professeur du Roy aux Langues,
aux Mathématiques et en la Philosophic,
qui fut ensuite Cardinal.
9.
SEPTEMBRE 1733. 2019
9. Mantice , on Discours de la verité
divination par Astrologie. Lyon , Jean
de Tournes , 1558. in 4.
to. Ephemerides Octava Sphere , seu
Tabelle Diaria Ortus , Occasus , et mediationis
coeli illustrium stellarum inerransium
, pro universâ Galliâ , et his regionibus
que Polum Boreum elevatum habent
ad so, grad. Lugduni , Joan. Torà
39.
pasius
, 1562.
in
fol.
11. De Coelestibus Asterismis Poematium
ad Petrum Ronsardum. Paris , apud
Galeotum à Prato , 1573. in 4.
12. Homelies sur les Evangiles. Paris ;
Mamert Patisson , 1586. in 8.
13. Duodecim Fabula Fluviorum vel
Fontium : unà cum Descriptione pro Pictura
et Epigrammatis. Paris , Joan . Richer,
1586. in 8. Je ne sçai ce que c'est que
cet Ouvrage , ni en quelle Langue il est
écrits le P. Louis Jacob en rapporte ainsi
le titre , mais sans marquer s'il est écrit
en Latin ou en François.
14. Les Discours Philosophiques de Pontus
de Tyard. Paris , 1587. in 4. C'est un
Recueil des Ouvrages que j'ai marquez
au N° 2. 3. 6. E. 9.
15. Homelies sur le Décalogue. Paris ,
1588. in 8.
16. Extrait de la Généalogie de Hugues
Capes
2020 MERCURE DE FRANCE
Capet , Roy de France , et des premiers
Successeurs de la Race de Charlemagne en
France. Paris , Mamert Patisson , 1594.
in 8. M. de Thou , dans le 77. Livre de
son Histoire , attribue à Pontus de Tyard
cet Ouvrage , qui est anonyme , et Duchêne
, à la page 30. de sa Bibliotheque
des Historiens de France , dit qu'il l'a
fait pour servir de Réponse au Livre de
François de Rosieres, intitulé : Stemmata
Ducum Lotharingia. Paris , 1580. in fol.
17. Derecta nominum impositione . Lugduni
, Jacobus Roussin ; 1603. in 8 .
Pontus de Tyard , marque dans l'Epitre
à Louis de Tyard , son neveu , qui est
à la tête de ce petit Traité , que dans
le commencement des troubles de la
France , il avoit traduit du Grec deux
Opuscules de Philon , et qu'il avoit composé
ce Traité pour servir de Préface à
sa Traduction ; mais que Fréderic Morel
l'ayant prévenu en publiant une Version
Latine d'un de ces mêmes Opuscules
, et en promettant la Version de
l'autre , il avoit supprimé la sienne , et
sé contentoit de donner au Public l'Ouvrage
qu'il lui adressoit , avec quelques
Notes sur les Livres qu'il avoit traduits.
18. Annotationes in Libros Philonis Judai
, de Transnominatis , et Allegoria Sa
STR.
SEPTEMBRE . 1733. 2021
cra . A la suite du Traité précedent .
19. Fragmentum Epistola pii cujusdam
Episcopi , quo Pseudo -Jesuita Caroli , et
ejs Congerronum maledicta repellit. Hanovix
, 1604. in 8. A la suite de Caroli
Molinai Consilium super commodis et in-
Commodis nova Secta Jesuitarum . Item.
dans la Bibliothecâ Pontificia , editâ à
Joanne Scherzero, Lipsiæ , 1677. in 4.
avec la Souscription P. T. E. C. qui signifie
Pontus Tyardaus Episcopus Cabilonensis.
Item. Traduit en François à la
page 378. du Livre de David Homme
intitulé : Le Contr' Assassin. Lyon , 1612 .
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Résumé : MEMOIRE pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, dans la République des Lettres, &c. Tom. 20 et 21. A Paris, chez Briasson, ruë S. Jacques, à la Science. 1732.
Le texte présente deux volumes d'une œuvre intitulée 'Mémoire pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, dans la République des Lettres'. Le vingtième volume inclut des corrections et des additions pour les tomes précédents, ainsi que trois tables utiles : une Table Générale des Matières, une Table alphabétique des Auteurs et une Table Nécrologique. Le vingt-et-unième volume éloge 36 savants, dont Pontus de Tyard. Pontus de Tyard, né vers 1521 au Château de Bissy, reçut une éducation précoce en langues anciennes et en poésie. Il est reconnu pour avoir introduit les sonnets en France. Par la suite, il se consacra à des études plus sérieuses telles que la philosophie, les mathématiques et la théologie. Sa carrière le mena à la cour de Henri III, où il obtint l'évêché de Châlons-sur-Saône. Il soutint l'autorité royale lors des États de Blois en 1588. Après vingt ans d'épiscopat, il se retira et mourut en 1605 à l'âge de 84 ans. Le texte mentionne également plusieurs des œuvres de Tyard, qui couvrent une large gamme de genres, allant des poèmes à des traités théologiques et philosophiques.
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48
p. 2144-2147
LETTRE d'un Particulier à l'Auteur de la Traduction de MONTAIGNE, annoncée dans le Mercure de Juin, second vol.
Début :
La déférence que vous voulez bien avoir pour le goût du Public, Monsieur, [...]
Mots clefs :
Montaigne, Langue, Ouvrage, Public, Traduction, Auteur, Traducteur, Essais, Auteurs, Goût du public
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE d'un Particulier à l'Auteur de la Traduction de MONTAIGNE, annoncée dans le Mercure de Juin, second vol.
LETTRE d'un Particulier à l'Auteur de
la Traduction de MONTAIGNE , annoncée
dans le Mercure de Juin , second vol.
LAVO
A déférence que vous voulez bien
avoir pour le goût du Public , Monsieur
, me fait esperer que vous voudrez
me parmettre d'emprunter son nom pour
vous faire part des difficultez que j'ai
trouvées dans votre Projet de la Traduction
de Montaigne . Si le Titre de votre
Ouvrage attire dabord l'attention par sa
nouveauté , permettez- moi de vous dire
qu'il révolte par sa singularité ; car au
bout du compte les Essais de Montaigne
ne sont point écrits dans un Gaulois assez
obscur et assez intelligibles pour qu'on
prétende en donner une traduction ; ainsi
si vous m'en croiez , premierement vous
ne donner: z point votre Ouvrage au Pu
blic ; mais au cas que vous vouliez absolument
le donner , vous tâcherez de
mettre à la tête de votre Livre un Titre
plus convenable.
Je conviendrai aisément avec vous que
depuis 150 ans ou environ que Montaigne
a donné ses Essais au Public , notre
Langue
OCTOBRE. 1733.
2145
-
Langue a fait de grands progrez dans la
politesse et dans l'amoenité du stile ;
mais j'aurai en même temps l'honneur
de vous representer que le Livre des Essais
de Montaigne est de telle nature que
tout son but étant plutôt de toucher le
coeur en instruisant , que de plaire à l'esprit
; on lui passe aisément cette dureté
de stile, inséparable du siécle où il a vécu .
-
Vous voulez , dites vous par votre
traduction , engager à lire Montaigne
bien des gens rebutez par la difficulté
qu'ils trouvent à l'entendre , la traduction
que vous proposez n'étant point
d'une langue en une autre , comme les
traductions ordinaires , mais simplement
d'un langage un peu grossier en un stile
plus policé tous ceux qui liront une
telle traduction qui sera surement remplie
d'agrémens et de beautez , seront toujours
tentez de recourir à Montaigne
pour la vérification du fond des pensées ,
et j'ai bien peur qu'ils ne s'en tiennent à
l'Auteur , tout grossier qu'il est, et qu'ils
n'abandonnent le Traducteur.
-
Vous prétendez , dites vous , retrancher
à votre gré les Endroits que vous
croyez deffectueux dans Montaigne , ou
du moins les corriger ; ajouter dans ceux
que vous ne croirez pas assez étendus ;
B v
le
2146 MERCURE DE FRANCE
le Projet marque plus de hardiesse que
de réfléxion premierement Montaigne
s'est acquis par son Ouvrage une réputa
tion à l'abri de la censure , du moins jusqu'à
present : il est bien triste pour lui
que vous entrepieniez en le traduisant
de dévoiler ses défectuositez ; j'ai peur
que vous n'y réüssissiez pas ; tout supplement
ou retranchement à l'égard d'un
Auteur aussi accrédité que lui révoltera
d'abord le Public.
En effet , le bon de votre Ouvrage ne
peut pas être de vous , il faudra absolument
que vous l'empruntiez de Montaigne,
vous avez prévu qu'on pourroit vous :
appeller le fade traducteur du François
de Montaigne , et vous n'avez peut être :
pas eu grand tort ; car puisque , comme
vous en convenez vous- même , les Auteurs
Grecs et Latins traduits en notre
Langue par les meilleures plumes perdent
infiniment , et que la traduction ne
rend jamais avec la même force les beautezde
l'Original ; comment pouvez vous házarder
de tomber non- seulement dans le :
même inconvenient , mais encore d'y
joindre celui de rendre l'Auteur que vous
prétendez traduire dans la Langue où ili
est déja écrits que diriez vous d'un hom--
me qui voudroit mettre Sénéque en unelati
OCTOBRE. 1733. 2147
latinité moderne , il ne passeroit jamais
pour traducteur ; ainsi si vous ambitionnez
ce titre , mettez donc Montaigne en
latin ; emploiez les talens que le ciel vous
donnez en partage , à quelque chose de
plus utile au public et de plus honorable .
pour vous.
Si tous les Auteurs avoient autant d'égard
que vous , Monsieur , pour pressentir
le goût du public sur tous les Ou
vrages qu'ils veulent lui donner ; les Livres
nouveaux seroient plus rares ; mais
ceux qui paroîtroient auroient plus de
succès ; je suis persuadé qu'outre la reconnoissance
qu'il aura du sacrifice que
vous voulez bien lui faire de votre Ouvrage
, il vous aura encore obligation du
bon exemple que vous donnerez à cette
foule d'Auteurs que le seul désir de se faire
imprimer , engage à faire un nombre
infini d'Ouvrages médiocres , pour
ne pas dire-mauvais , &c.
la Traduction de MONTAIGNE , annoncée
dans le Mercure de Juin , second vol.
LAVO
A déférence que vous voulez bien
avoir pour le goût du Public , Monsieur
, me fait esperer que vous voudrez
me parmettre d'emprunter son nom pour
vous faire part des difficultez que j'ai
trouvées dans votre Projet de la Traduction
de Montaigne . Si le Titre de votre
Ouvrage attire dabord l'attention par sa
nouveauté , permettez- moi de vous dire
qu'il révolte par sa singularité ; car au
bout du compte les Essais de Montaigne
ne sont point écrits dans un Gaulois assez
obscur et assez intelligibles pour qu'on
prétende en donner une traduction ; ainsi
si vous m'en croiez , premierement vous
ne donner: z point votre Ouvrage au Pu
blic ; mais au cas que vous vouliez absolument
le donner , vous tâcherez de
mettre à la tête de votre Livre un Titre
plus convenable.
Je conviendrai aisément avec vous que
depuis 150 ans ou environ que Montaigne
a donné ses Essais au Public , notre
Langue
OCTOBRE. 1733.
2145
-
Langue a fait de grands progrez dans la
politesse et dans l'amoenité du stile ;
mais j'aurai en même temps l'honneur
de vous representer que le Livre des Essais
de Montaigne est de telle nature que
tout son but étant plutôt de toucher le
coeur en instruisant , que de plaire à l'esprit
; on lui passe aisément cette dureté
de stile, inséparable du siécle où il a vécu .
-
Vous voulez , dites vous par votre
traduction , engager à lire Montaigne
bien des gens rebutez par la difficulté
qu'ils trouvent à l'entendre , la traduction
que vous proposez n'étant point
d'une langue en une autre , comme les
traductions ordinaires , mais simplement
d'un langage un peu grossier en un stile
plus policé tous ceux qui liront une
telle traduction qui sera surement remplie
d'agrémens et de beautez , seront toujours
tentez de recourir à Montaigne
pour la vérification du fond des pensées ,
et j'ai bien peur qu'ils ne s'en tiennent à
l'Auteur , tout grossier qu'il est, et qu'ils
n'abandonnent le Traducteur.
-
Vous prétendez , dites vous , retrancher
à votre gré les Endroits que vous
croyez deffectueux dans Montaigne , ou
du moins les corriger ; ajouter dans ceux
que vous ne croirez pas assez étendus ;
B v
le
2146 MERCURE DE FRANCE
le Projet marque plus de hardiesse que
de réfléxion premierement Montaigne
s'est acquis par son Ouvrage une réputa
tion à l'abri de la censure , du moins jusqu'à
present : il est bien triste pour lui
que vous entrepieniez en le traduisant
de dévoiler ses défectuositez ; j'ai peur
que vous n'y réüssissiez pas ; tout supplement
ou retranchement à l'égard d'un
Auteur aussi accrédité que lui révoltera
d'abord le Public.
En effet , le bon de votre Ouvrage ne
peut pas être de vous , il faudra absolument
que vous l'empruntiez de Montaigne,
vous avez prévu qu'on pourroit vous :
appeller le fade traducteur du François
de Montaigne , et vous n'avez peut être :
pas eu grand tort ; car puisque , comme
vous en convenez vous- même , les Auteurs
Grecs et Latins traduits en notre
Langue par les meilleures plumes perdent
infiniment , et que la traduction ne
rend jamais avec la même force les beautezde
l'Original ; comment pouvez vous házarder
de tomber non- seulement dans le :
même inconvenient , mais encore d'y
joindre celui de rendre l'Auteur que vous
prétendez traduire dans la Langue où ili
est déja écrits que diriez vous d'un hom--
me qui voudroit mettre Sénéque en unelati
OCTOBRE. 1733. 2147
latinité moderne , il ne passeroit jamais
pour traducteur ; ainsi si vous ambitionnez
ce titre , mettez donc Montaigne en
latin ; emploiez les talens que le ciel vous
donnez en partage , à quelque chose de
plus utile au public et de plus honorable .
pour vous.
Si tous les Auteurs avoient autant d'égard
que vous , Monsieur , pour pressentir
le goût du public sur tous les Ou
vrages qu'ils veulent lui donner ; les Livres
nouveaux seroient plus rares ; mais
ceux qui paroîtroient auroient plus de
succès ; je suis persuadé qu'outre la reconnoissance
qu'il aura du sacrifice que
vous voulez bien lui faire de votre Ouvrage
, il vous aura encore obligation du
bon exemple que vous donnerez à cette
foule d'Auteurs que le seul désir de se faire
imprimer , engage à faire un nombre
infini d'Ouvrages médiocres , pour
ne pas dire-mauvais , &c.
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Résumé : LETTRE d'un Particulier à l'Auteur de la Traduction de MONTAIGNE, annoncée dans le Mercure de Juin, second vol.
La lettre critique un projet de traduction des Essais de Montaigne, annoncé dans le Mercure de Juin. L'auteur, restant anonyme, exprime des réserves sur cette initiative. Il considère que les Essais, bien que rédigés dans un français ancien, restent compréhensibles et ne nécessitent pas de traduction. Il reconnaît l'évolution de la langue française depuis Montaigne, mais défend le style brut de Montaigne, qui vise à toucher le cœur plutôt qu'à plaire à l'esprit. Le traducteur souhaite rendre Montaigne plus accessible, mais l'auteur de la lettre craint que les lecteurs, après avoir lu la traduction, ne préfèrent lire l'original. Il critique l'idée de retrancher ou corriger des passages, estimant que cela pourrait révolter le public et nuire à la réputation de Montaigne. Il met en garde contre les dangers de la traduction, soulignant que même les meilleures traductions des auteurs grecs et latins perdent en force et en beauté. L'auteur conseille au traducteur de se concentrer sur des œuvres plus utiles et honorables. Il loue cependant le souci du traducteur de pressentir le goût du public, ce qui pourrait réduire le nombre d'ouvrages médiocres publiés.
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49
p. 2337-2353
RÉPONSE de l'Auteur du Projet, sur Montaigne, à la Lettre de Mademoiselle de Malcrais de la Vigne, imprimée dans le Mercure de Septembre 1733.
Début :
MADEMOISELLE, Je vous dois des remercimens, et pour l'honneur [...]
Mots clefs :
Montaigne, Essais, Ouvrage, Auteur, Pascal, Traduire, Esprit, Raison, Vieux langage, Projet, Traduction, Pensées, Voltaire, Style, La Bruyère, Malebranche
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texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE de l'Auteur du Projet, sur Montaigne, à la Lettre de Mademoiselle de Malcrais de la Vigne, imprimée dans le Mercure de Septembre 1733.
REPONSE de l'Auteur du Projet , sur
Montaigne , à la Lettre de Mademoiselle
de Malcrais de la Vigne , imprimée
dans le Mercure de Septembre 1733 .
MA
ADEMOISELLE ,
Je vous dois des remercimens, et pour
Phonneur que vous m'avez fait de me
critiquer , et pour la politesse dont vous
avez assaisonné votre Critique . C'est déja
quelque chose de bien flateur pour moi
que mon Projet sur Montaigne ait attiré
votre attention , et que vous ayez pris la
peine de l'examiner . Que ne vous dois je
donc point pour les louanges que vous
m'avez données : Vous , MADEMOISELLE
que tant de Plumes ont célébrée à l'envi
Vous , l'Héroïne de ce Poëte fameux , si
avare de son encens a . Quel poids n'ajoute
point à l'éloge qu'il a fait de vos talens
, le jugement rigoureux qu'il a prononcé
dans son Temple du goût , contre
tant d'illustres Auteurs ? Le Public s'est
a Voyez l'Epitre de M. de Voltaire à Mlle Malerais
de la Vigne , dans le Mercure de Decembre,
8. vol. 1732.
Ay qu'il
2338 MERCURE DE FRANCE
révolté contre cet Ouvrage , tout ami
qu'il est de la Critique , mais il n'a rien
trouvé à dire à la belle Epître que M. de
Voltaire vous a adressée , tout ennemi qu'il
est des Panégiriques. M. de Voltaire a déplu
au Public , quand il a combattu l'opinion
publique ; il lui a plû quand il s'y
est conformé
Mais pourquoi ne vous a- t- il pas donné
une place honorable dans son Temple du
goût? Pourquoi au moins ne vous a- t- il
pas mise avec Madame Deshoulieres , à la
quelle il vous avoit comparée ? Je crois
Mademoiselle , que je ne suis pas le premier
qui vous fais cette question . Quoi
qu'il en soit des raisons qu'a pû avoir
M. de Voltaire , et dans lesquelles je n'ose
entrer , je vous puis assurer , Mademoiselle
, qu'il y a bien des Auteurs qui ont
été charmez de ne point trouver votre
nom dans cet Ouvrage , parce qu'ils s'attendoienr
à y trouver le leur . Le silence
de M. de Voltaire sur votre sujet les a consolez
de l'exclusion qu'il leur a donnée .
Quand onleur demande pourquoi M. de
-Voltaire n'a fait aucune mention d'eux
dans son Temple dugoût , ils répondent
qu'il en a usé de même à votre égard , et
ils croient par-là l'avoir convaincu d'une
injustice qui doit lui ôter toute autorité
dans la République des Lettres.
NOVEMBRE. 1733. 2339
Vous n'approuvez pas mon projet sur
Montaigne , et vous croyez sans doute
que je vais le soutenir contre vous.
Non , Mademoiselle , je l'abandonne
sans peine ; il n'est pas plus de mon
goût que du vôtre ; et je n'ai jamais eû
une intention bien sérieuse de l'éxecuter.
Ce travail serbit assez désagréable , et
quand même l'Ouvrage réüssiroit , il en
reviendroit peu de gloire , parce qu'on
ne s'imagineroit pas qu'il eût dû beaucoup
coûter.
Mais quoique je sois très - déterminé à
laisser Montaigne tel qu'il est,il me semble
cependant que les raisons que vous appor
tez contre mon Projet, ne sont pas absolument
sans réplique.Voyons donc ce qu'on
y pourroit opposer . Cela nous amusera
peut-être vous et moi , et d'ailleurs je
suis trop flatté de l'occasion de rompre
une lance avec vous , pour la laisser
échapper.
Je conviens d'abord que le mot de
Traduction dont je me suis servi , n'est
pas tout-à- fait exact , et ne dit pas précisément
ce que je veux faire entendre ;
mais je ne l'ai employé qu'au deffaut d'au
tre et pour abréger . Dailleurs j'ai expliqué
plus d'une fois en quel sens je le
prenois.
A vj
29
2340 MERCURE DE FRANCE
>
2º. Je suis Traducteur , et Traducteur
proprement dit en quelques endroits
de l'échantillon que j'ai donné de mon
travail , et c'est lorsque je change entierement
les tours et les mots de Montaigne
, parce que ces tours et ces mots
sont tellement vieillis qu'ils ne sont plus
françois. Traduire , c'est rendre en une
autre Langue les pensées d'un Auteur ;
j'admets la définition. Or la Langue dans
laquelle je rends les pensées de Montaigne
, est quelquefois une autre Langue
que celle qu'il a parlée. Celle- cy est ce
qu'on appelle communément du Gaulois.
Or mettre du Gaulois en François ,
c'est à la lettre , traduire. Ces mots Gaulois
ont été jadis François ; mais aujour
d'hui ils ne le sont pas plus que des mots
Italiens ou Espagnols, si on en excepte la
terminaison qui est toujours Françoise .
Le plus souvent , je l'avoue , je ne fais
que corriger Montaigne ; quelquefois aussi
je le traduits.
3°. Le projet de mettre en François
moderne un Ouvrage écrit en vieux Fran .
çois il y a environ 150. ans , n'est pas
d'une espece aussi singuliere qu'on pour
roit le croire d'abord. On a traduit ou
corrigé quelques Ouvrages de S. François
de Sales , à peu près comme je voudrois
traduire
NOVEMBRE. 1733. 234x
traduire ou corriger les Essais de Montaigne.
Cependant S. François de Sales
n'est mort qu'en 1622. mais pourquoi
les a- t'on traduits ? C'est parce que ces
Ouvrages si propres à inspirer le goût
de la pieté et à en faire connoître l'esprit
et les regles , n'étoient presque plus
lûs par ceux mêmes qui s'occupent le
plus de la lecture des Livres spirituels.
Je conviens , car il faut être de bonne
foi , qu'il y avoit une raison de traduire
S. François de Sales , qui est peut- être
une raison de ne point traduire Monaigne.
Cette raison , c'est que le vieux
stile de S. François de Sales jette un certain
plaisant et un certain comique sur
ses pensées qui est tout près du ridicule
et qui par conséquent est diamétralement
opposé à l'effet sérieux qu'elles doivent
produire. Or ce plaisant et ce comique
est tout- à- fait à sa place dans Montaigne.
Bien loin de gâter ses pensées et
d'en empêcher l'effet , il y ajoute une
nouvelle grace et une nouvelle force ,
ensorte que son stile est agréable , nonseulement
parce qu'il est vif , léger , & c.
mais encore parce qu'il est vieux . Peutêtre
étoit-il moins agréable à ses Contemporains.
Telle phrase de Montaigne ,
qui aujourd'hui déride le front du Lecteur
2342 MERCURE DE FRANCE
teur le plus sévere , étoit lûë il y a 150.
ans avec le plus grand sérieux , et on étoit
bien éloigné d'y trouver le mot pour
rire. Nous rions en lisant nos vieux Auteurs
, comme nous rions en voyant les
Portraits de nos grands- peres habillez à
la maniere de leur temps . La naïveté est
un des principaux caracteres de Montaigne;
on aime beaucoup cette naïveté et
on lui en fait un grand mérite. Mais si
on y prend garde , on verra qu'elle consiste
en grande partie dans son vieux.
langage. Montaigne paroissoit autrefois
moins naïf qu'il ne le paroît aujourd'hui .
Nous voyons dans cet Auteur ce qui
n'y est point , ou du moins ce qu'il n'y
a point mis. Nous attribuons à l'Ouvrier
ce qui n'est que l'effet du temps
qui a passé sur son Ouvrage. Ou si l'on
veut encore , nous attribuons à l'Auteur
et au Livre ce qui n'est qu'en nous- mêmes.
C'est une vraye piperie et une sorte
de prestige ; voila pourquoi le vieux
langage , le stile Marotique est si pro
pre aux Ouvrages qui doivent être naïfs
et plaisants , comme les Epigrammes ,
les Contes , les Fables , &c. Il y a tel
Vers de la Fontaine , de Rousseau , à qui
Vous ôteriez tout son sel en changeant
sculement un mot Gaulois en un mot
François.
NOVEMBRE. 1733. 2343
François . On comprend assez pourquoi
le vieux langage nous paroît plaisant et
naïf; c'est une espece de mascarade . Ce
langage est encore en grande partie celui
des gens de la campagne et du Peuple
, surtout dans les Provinces les plus
éloignées de Paris. Mais par la même
raison il doit paroître bas plutôt que
naïf , et ridicule plutôt que plaisant à
plusieurs personnes. Il faut donc le réformer
dans les anciens Livres ; il faut
y substituer le langage moderne , si l'on
yeut que ces personnes les lisent avec
plaisir . C'est pour elles que je voudrois
traduire ou corriger Montaigne.
On niera peut- être l'existence de ces
personnes , ou du moins qu'elles soient
en grand nombre. Mais on se trompe
souvent cn jugeant des autres par soimême,
ou par quelques amis qui pensent
comme nous. Pour moi , Mademoiselle ,
je puis vous assurer que je connois plusieurs
gens de fort bon esprit , à qui
j'ai voulu faire lire Montaigne , et quelques
autres de nos vieux Ecrivains en
Vers et en Prose , et qui m'ont dit qu'ils
ne pouvoient soutenir cette lecture. Ce
vieux langage , comme je l'ai dit , leur
paroît bas , ridicule , souvent même inintelligible.
Mais
2344 MERCURE DE FRANCE
Mais les Essais de Montaigne , corrigez
et réformez comme les trois Chapitres
qu'on a vûs dans le Mercure , plairoient-
ils à ces personnes dont je viens
de parler ? Seroit- ce pour elles une lec
ture agréable ? Voilà le point essentiel
de la question , car il ne s'agit pas de
ceux qui lisent avec plaisir Montaigne tel
qu'il est. J'aurois quelque lieu de le croire
, Mademoiselle , si mon stile étoit
digne des loüanges que vous lui avez
données. Il est pur , dites - vous , elegant ,
harmonieux. Vous ajoûtez que si la France
n'eût point vû naître un Montaigne avant
moi , je pourrois en continuant sur le méme
ton , prétendre au même rang. Ce n'est
là , sans doute , qu'une politesse dont il
faut rabatre beaucoup , et en ce cas je
n'en puis rien conclure ; mais si vous
m'avez parlé sincerement , je puis me flater
que mon Ouvrage auroir quelque
succès. Montaigne n'est point né , il n'existe
point pour ceux qui ne le lisent
point , et qui ne peuvent même le lire.
Or , je le repete , ils sont en grand nombre
, surtout parmi les femmes . Il en est
fort peu , qui comme vous , Mademoiselle
, joignent le sçavoir à l'esprit ; la
plupart même sont extrémement ignorantes
, et beaucoup d'hommes ne le
sont
NOVEMBRE. 1733 2345
sont pas moins qu'elles. Or il faut au
moins quelque teinture de litterature
pour lire Montaigne avec plaisir.
cet
On pourroit me faire une autre objection
à laquelle je serois plus embar
rassé de répondre. Traducteur de Montaigne
, j'ai loué , j'ai éxalté mon Original
, mais ne l'ai-je point trop loüé ? Ne
faudroit- il point distinguer ici l'Auteur
et le Livre , Montaigne et ses Essais ,
le 16. siecle et le 18. Montaigne étoit
un excellent esprit , un rare génie , mais
ses Essais sont- ils réellement un excellent
Livre ? Cet Ouvrage égal ou supérieur
à tous ceux qui l'ont précedé dans
le même genre , l'est- il de même à tous
ceux qui l'ont suivi ? En un mot ,
Ouvrage admirable par le temps où il
a parû , l'est- il aussi pour le temps où
nous vivons ? Je connois des gens d'esprit
bien éloignez de le croire . Beaucoup
de pensées , nouvelles quand Montaigne
les a écrites , sont dans la suite devenuës
très communes. Mille Ecrivains les ont
répetées. Aujourd'hui elles appartiennent
à tout le monde. Elle leur sont familieres.
Aussi les bons Auteurs qui écrivent
sur les matieres ausquelles ces pensées
ont rapport , ne les répetent plus. Ils les
supposent comme suffisamment connuës ,
et
2346 MERCURE DE FRANCE
et partent de - là pour aller à des veritez
nouvelles. Si Pascal , la Bruyere , la Rochefoucault
, ont pris beaucoup de choses
dans Montaigne , ils y en ont ajoûté une
infinité d'autres. En un mot , les Esprits
se sont bien rafinez depuis 15o. ans . Ils
sont bien avancez aujourd'hui du côté
des refléxions sur l'Homme; et le Livre si
vanté de Montaigne paroîtroit peut- être
dans ma Traduction un Livre assez com .
mun et assez vuide , un Livre où ceux
qui connoissent ce qui s'est fait de meil
leur depuis 60. ou 80. ans , ne trouveroient
presque rien à apprendre et qui
fût nouveau pour eux. Ainsi il arrive .
roit à Montaigne ce qui est arrivé à quel.
ques Auteurs Grecs et Latins , dont la
réputation est beaucoup diminuée depuis
qu'ils sont traduits. Voilà ce que
m'ont dit des Personnes de mérite , et
je suis très- porté à croire qu'elles ont
raison.
On me fait encore une objection à laquelle
j'avoue que j'étois assez simple
pour ne me pas rendre. Vous voulez
supprimer dans votre Traduction , m'at'on
dit , tout ce qu'il y a de trop libre.
dans Montaigne , tout ce qui s'y trouve
de contraire à la foi et aux bonnes moeurs,
et on ne peut que vous en loüer.Mais dèslors
NOVEMBRE. 1733. 2347
lors ce n'est plus Montaigne que vous nous
donnez. On n'aime point ces Auteurs
mutilez ; ils ne sont bons que pour les
Colleges ; et outre que ce que vous retrancherez
dans votre Traduction , fait
une partie considerable de l'Original ,
c'est peut -être la plus agréable pour une
infinité de gens. Quoiqu'il en soit , on
veut qu'une Traduction représente l'Original
en son entier ; on veut avoir le
bon et le mauvais , l'utile et le dange
reux , parce qu'on veut avoir tout. J'ay
peur encore que cette objection ne soit
fort bonne ; elle m'est venuë de bien
des endroits.
J'ai été encore très-frappé d'une de
vos Remarques , Mademoiselle , et j'en
ai même éprouvé la vérité depuis l'impression
de mon Projet. C'est que plu
sieurs de ceux qui avoüent qu'il y a beau
coup d'Endroits dans Montaigne qu'ils
■'entendent point , seroient les premiers
à se dédire lorsque ma Traduction leur
auroit éclairci ces passages difficiles.
Enfin ,je suis persuadé que les graces de
Montaigne consistent principalementdans
son stile , et vous ne paroissez pas vousmême
, Mademoiselle , fort éloignée de
certe opinion. Or j'avoue que c'est une
entreprise bien hardie que de traduire un
Auteur de ce caractere.
2348 MERCURE DE FRANCE
Vous dites , Mademoiselle , que mon
stile n'a point de rapport à celui de Montaigne.
D'autres ont trouvé qu'il n'en
avoit que trop , qu'il n'étoit pas assez
original , assez moderne. Il vous arrivera,
m'ont-ils dit,si vous n'y prenez garde, que
Montaigne vous gagnera insensiblement.
Vous vous familiariserez avec son vieux
langage et vous l'adopterez sans y penser.
Je suis entierement de leur avis , et
si je continuois ma Traduction , je m'éloignerois
beaucoup plus de mon Ori
ginal que je n'ai fait.
Vous aimez Montaigne, Mademoiselle, er
vous avez raison de l'aimer.Mais permet
tez- moi de vous dire que votre goût
pour cet Auteur vous a emportée trop
loin.Il vous a rendue injuste à l'égard de
ceux qui l'ont critiqué. M. Nicole, M. Pas
cal , et le Pere Mallebranche , dites-vous,
devoient parler avec plus de circonspection
duMaître qui leur apprêt à penser. Mais vous
même , Mademoiselle , avez- vous parlé
en cet Endroit avec assez de circonspec
tion ? Ceux qui ne connoîtroient pas ces
grands Hommes que vous nommez , ne
les prendroient- ils pas pour quelques - uns
de nos médiocres Ecrivains. Certainement
un grand Génie , tel qu'étoient ces
Messieurs , n'apprend à penser de personne
NUVEM BKE. 1733. 2349
sonne . Ceux-cy auroient été de grands
Auteurs , quand même Montaigne n'eût
jamais existé. Il est vrai , comme je l'ai
dit , qu'ils ont emprunté de lui beaucoup
de choses , mais je ne doute point
qu'ils ne les eussent bien trouvées
d'eux-mêmes , si elles avoient encore été
à trouver. Ils ont fait preuve d'invention
et d'originalité . Cette façon de parler
, Montaigne est le Maître qui leur apprit
à penser, a un air de mépris , et il
ne conviendroit tout au plus de s'en servir
que par rapport à des Auteurs du second
ordre . Or ceux dont il s'agit ici
sont , sans contredit , du premier rang
parmi les Auteurs du premier ordre.
Ce que vous ajoûtez une page plus bas ,
que c'étoit la jalousie du métier qui forçoit
Mallebranche et Pascal à rabaisserMontaigne
, m'a fait encore de la peine. C'est du
moins un jugement témeraire, et un jugement
témeraire en matiere grave. On ne
rabaisse guéres par jalousie de métier un
Auteur mort, et mort il y a long- tems. On
l'éleve plutôt pour rabaisser ses Contem
porains. D'ailleurs lePereMalebranche n'a
pas écrit dans le même genre que Montaigne.
Celui-cy est un Philosophe Moral
encore faut- il prendre le nom de Philosophe
dans un sens fort étendu , si on
yeut
་་་
veut qu'il lui convienne. Quant au Perc
Mallebranche , c'est principalement un
Philosophe Métaphysicien , et en cette
qualité un Ecrivain ami de l'exacte jus
tesse et dont la sorte d'esprit étoit trèsdifferente
de celle de Montaigne . Il n'est
donc pas étonnant qu'il l'ait peu goûté ;
et c'est la vraye raison du jugement peu
avantageux qu'il en á porté , plutôt que
ia jalousie du métier. Le genre dans - lequel
a écrit M. Pascal , a plus de rapport
avec celui de Montaigne . Ils ont l'un et
l'autre etudié et peint l'Homme. D'ailleurs
bien des gens n'auroient pas peine à soupçonner
M. Pascal d'avoir quelquefois écrit
par passion. Mais la vérité est qu'il n'a
point rabaissé Montaigne entant qu'Ecrivain.
Au contraire personne ne l'a
plus loüé que lui du côté de l'esprit.
Il ne l'a rabaissé que du côté du coeur
et des moeurs. Rappellez vous , s'il vous
plaît, Mademoiselle, le Passage de M.Pascal
, que j'ai cité dans mon Projet.
Je ne crois donc pas que M. de la
Bruyere l'ait eu en vûë , non plus que le
Pere Mallebranche , dans i'endroit de ses
caracteres qui commence par ces paroles
: Deux Ecrivains ont blamé Montaigne
, &c. L'un , dit- il , ne pensoit pas
assez pourgoûter un Auteur qui pense beaucoup
;
coup ; l'autre pense trop subtilement pour
s'accommoder des pensées qui sont naturelles
Peut-on reconnoître- là le Pere Mallebran
che , et M. Pascal ? Duquel des deux peuton
dire qu'il ne pense pas assez ? On
s'éloigneroit moins de la vrai - semblance,
en disant qu'ils pensent l'un et l'autre
trop subtilement. Je croirois donc plutot
que M. de la Bruyere a voulu désigner
Balzac et la Mothe le Vayer. Bal
zac ne pense et ne s'exprime pas assez
naturellement. La Mothe le Vayer ne
pense gueres ; ce n'est presque qu'un
Compilateur. Ce qui me fait pourtant
douter de la verité de cette conjecture ,
c'est que je ne vois pas pourquoi M. de
le Bruyere n'auroit pas nommé ces Auteurs
, au lieu de se contenter de les désigner
, puisqu'ils étoient morts il y avoit
longtemps lorsqu'il écrivoit. Au reste ,
si M. de la Bruyere a eu en vûë le Pere
Mallebranche et M. Pascal , il faut dire
qu'il a entierement méconnu leur caractere
, ce qui n'est pas aisé à croire d'un
Ecrivain aussi judicieux que lui ; mais
quand même il auroit bien caracterisé
ces Auteurs , il ne s'ensuivroit pas de- là
qu'ils eusent blâmé Montaigne par jalousie
de métier , puisqu'on trouvoit une
raison suffisante de leur improbation et
de
2352 MERCURE DE FRANCE
de leurs critiques dans la difference de
leur goût et de leur tour d'esprit.
Vous avez la bonté de me dire , Mademoiselle
, que vous me croyez en état
de donner au Public quelque Ouvrage
digne de lui plaire. J'accepte l'augure.
Cet encouragement est venu fort à propos.
Je pense depuis quelque temps à
faire imprimer plusieurs petits Ecrits que
j'ai composez sur diverses matieres , et
vous avez achevé de me déterminer. Ce
Recueil aura pour titre : Essais sur divers
sujets de Litterature et de Morale.
C'est un mêlange de plusieurs choses
assez differentes , et il regnera du moins
une grande varieté dans cet Ouvrage.
J'y suis tour à tour Montaigne , Pascal ,
la Bruyere , Saint Evremont , &c. Vous
croyez bien , Mademoiselle , que je n'entens
parler que de la forme que j'ai donnée
aux differens morceaux qui composent
mon Recueil . On y trouvera de
petites Dissertations , des caracteres ,
des
maximes , &c. Ces Ecrits ont été pour
moi les intermedes d'occupations plus
suivies et d'Etudes plus sérieuses. La plupart
des Gens de Lettres , des Sçavans de
profession , ont toujours sur leur table
quelques- uns de ces Livres qui ne demandent
point d'être lûs de suite , et qu'on
feut
NOVEMBRE . 1733 2353
peut prendre et laisser quand on le veut.
Ils interrompent leur travail pour en
lire quelques pages , et ils retrouvent dans
ce délassement de nouvelles forces pour
le continuer. Heureux si je pouvois enrichir
la République des Lettres d'un
nouveau Livre de ce genre , d'unLivre qui
ouvert au hazard, presentât toujours quelque
chose d'agréable , et qu'on fût bien
aise de trouver sous sa main , lorsqu'on
voudroit se distraire pour quelques momens
d'une application pénible. Je suis,
Mademoiselle , & c.
Montaigne , à la Lettre de Mademoiselle
de Malcrais de la Vigne , imprimée
dans le Mercure de Septembre 1733 .
MA
ADEMOISELLE ,
Je vous dois des remercimens, et pour
Phonneur que vous m'avez fait de me
critiquer , et pour la politesse dont vous
avez assaisonné votre Critique . C'est déja
quelque chose de bien flateur pour moi
que mon Projet sur Montaigne ait attiré
votre attention , et que vous ayez pris la
peine de l'examiner . Que ne vous dois je
donc point pour les louanges que vous
m'avez données : Vous , MADEMOISELLE
que tant de Plumes ont célébrée à l'envi
Vous , l'Héroïne de ce Poëte fameux , si
avare de son encens a . Quel poids n'ajoute
point à l'éloge qu'il a fait de vos talens
, le jugement rigoureux qu'il a prononcé
dans son Temple du goût , contre
tant d'illustres Auteurs ? Le Public s'est
a Voyez l'Epitre de M. de Voltaire à Mlle Malerais
de la Vigne , dans le Mercure de Decembre,
8. vol. 1732.
Ay qu'il
2338 MERCURE DE FRANCE
révolté contre cet Ouvrage , tout ami
qu'il est de la Critique , mais il n'a rien
trouvé à dire à la belle Epître que M. de
Voltaire vous a adressée , tout ennemi qu'il
est des Panégiriques. M. de Voltaire a déplu
au Public , quand il a combattu l'opinion
publique ; il lui a plû quand il s'y
est conformé
Mais pourquoi ne vous a- t- il pas donné
une place honorable dans son Temple du
goût? Pourquoi au moins ne vous a- t- il
pas mise avec Madame Deshoulieres , à la
quelle il vous avoit comparée ? Je crois
Mademoiselle , que je ne suis pas le premier
qui vous fais cette question . Quoi
qu'il en soit des raisons qu'a pû avoir
M. de Voltaire , et dans lesquelles je n'ose
entrer , je vous puis assurer , Mademoiselle
, qu'il y a bien des Auteurs qui ont
été charmez de ne point trouver votre
nom dans cet Ouvrage , parce qu'ils s'attendoienr
à y trouver le leur . Le silence
de M. de Voltaire sur votre sujet les a consolez
de l'exclusion qu'il leur a donnée .
Quand onleur demande pourquoi M. de
-Voltaire n'a fait aucune mention d'eux
dans son Temple dugoût , ils répondent
qu'il en a usé de même à votre égard , et
ils croient par-là l'avoir convaincu d'une
injustice qui doit lui ôter toute autorité
dans la République des Lettres.
NOVEMBRE. 1733. 2339
Vous n'approuvez pas mon projet sur
Montaigne , et vous croyez sans doute
que je vais le soutenir contre vous.
Non , Mademoiselle , je l'abandonne
sans peine ; il n'est pas plus de mon
goût que du vôtre ; et je n'ai jamais eû
une intention bien sérieuse de l'éxecuter.
Ce travail serbit assez désagréable , et
quand même l'Ouvrage réüssiroit , il en
reviendroit peu de gloire , parce qu'on
ne s'imagineroit pas qu'il eût dû beaucoup
coûter.
Mais quoique je sois très - déterminé à
laisser Montaigne tel qu'il est,il me semble
cependant que les raisons que vous appor
tez contre mon Projet, ne sont pas absolument
sans réplique.Voyons donc ce qu'on
y pourroit opposer . Cela nous amusera
peut-être vous et moi , et d'ailleurs je
suis trop flatté de l'occasion de rompre
une lance avec vous , pour la laisser
échapper.
Je conviens d'abord que le mot de
Traduction dont je me suis servi , n'est
pas tout-à- fait exact , et ne dit pas précisément
ce que je veux faire entendre ;
mais je ne l'ai employé qu'au deffaut d'au
tre et pour abréger . Dailleurs j'ai expliqué
plus d'une fois en quel sens je le
prenois.
A vj
29
2340 MERCURE DE FRANCE
>
2º. Je suis Traducteur , et Traducteur
proprement dit en quelques endroits
de l'échantillon que j'ai donné de mon
travail , et c'est lorsque je change entierement
les tours et les mots de Montaigne
, parce que ces tours et ces mots
sont tellement vieillis qu'ils ne sont plus
françois. Traduire , c'est rendre en une
autre Langue les pensées d'un Auteur ;
j'admets la définition. Or la Langue dans
laquelle je rends les pensées de Montaigne
, est quelquefois une autre Langue
que celle qu'il a parlée. Celle- cy est ce
qu'on appelle communément du Gaulois.
Or mettre du Gaulois en François ,
c'est à la lettre , traduire. Ces mots Gaulois
ont été jadis François ; mais aujour
d'hui ils ne le sont pas plus que des mots
Italiens ou Espagnols, si on en excepte la
terminaison qui est toujours Françoise .
Le plus souvent , je l'avoue , je ne fais
que corriger Montaigne ; quelquefois aussi
je le traduits.
3°. Le projet de mettre en François
moderne un Ouvrage écrit en vieux Fran .
çois il y a environ 150. ans , n'est pas
d'une espece aussi singuliere qu'on pour
roit le croire d'abord. On a traduit ou
corrigé quelques Ouvrages de S. François
de Sales , à peu près comme je voudrois
traduire
NOVEMBRE. 1733. 234x
traduire ou corriger les Essais de Montaigne.
Cependant S. François de Sales
n'est mort qu'en 1622. mais pourquoi
les a- t'on traduits ? C'est parce que ces
Ouvrages si propres à inspirer le goût
de la pieté et à en faire connoître l'esprit
et les regles , n'étoient presque plus
lûs par ceux mêmes qui s'occupent le
plus de la lecture des Livres spirituels.
Je conviens , car il faut être de bonne
foi , qu'il y avoit une raison de traduire
S. François de Sales , qui est peut- être
une raison de ne point traduire Monaigne.
Cette raison , c'est que le vieux
stile de S. François de Sales jette un certain
plaisant et un certain comique sur
ses pensées qui est tout près du ridicule
et qui par conséquent est diamétralement
opposé à l'effet sérieux qu'elles doivent
produire. Or ce plaisant et ce comique
est tout- à- fait à sa place dans Montaigne.
Bien loin de gâter ses pensées et
d'en empêcher l'effet , il y ajoute une
nouvelle grace et une nouvelle force ,
ensorte que son stile est agréable , nonseulement
parce qu'il est vif , léger , & c.
mais encore parce qu'il est vieux . Peutêtre
étoit-il moins agréable à ses Contemporains.
Telle phrase de Montaigne ,
qui aujourd'hui déride le front du Lecteur
2342 MERCURE DE FRANCE
teur le plus sévere , étoit lûë il y a 150.
ans avec le plus grand sérieux , et on étoit
bien éloigné d'y trouver le mot pour
rire. Nous rions en lisant nos vieux Auteurs
, comme nous rions en voyant les
Portraits de nos grands- peres habillez à
la maniere de leur temps . La naïveté est
un des principaux caracteres de Montaigne;
on aime beaucoup cette naïveté et
on lui en fait un grand mérite. Mais si
on y prend garde , on verra qu'elle consiste
en grande partie dans son vieux.
langage. Montaigne paroissoit autrefois
moins naïf qu'il ne le paroît aujourd'hui .
Nous voyons dans cet Auteur ce qui
n'y est point , ou du moins ce qu'il n'y
a point mis. Nous attribuons à l'Ouvrier
ce qui n'est que l'effet du temps
qui a passé sur son Ouvrage. Ou si l'on
veut encore , nous attribuons à l'Auteur
et au Livre ce qui n'est qu'en nous- mêmes.
C'est une vraye piperie et une sorte
de prestige ; voila pourquoi le vieux
langage , le stile Marotique est si pro
pre aux Ouvrages qui doivent être naïfs
et plaisants , comme les Epigrammes ,
les Contes , les Fables , &c. Il y a tel
Vers de la Fontaine , de Rousseau , à qui
Vous ôteriez tout son sel en changeant
sculement un mot Gaulois en un mot
François.
NOVEMBRE. 1733. 2343
François . On comprend assez pourquoi
le vieux langage nous paroît plaisant et
naïf; c'est une espece de mascarade . Ce
langage est encore en grande partie celui
des gens de la campagne et du Peuple
, surtout dans les Provinces les plus
éloignées de Paris. Mais par la même
raison il doit paroître bas plutôt que
naïf , et ridicule plutôt que plaisant à
plusieurs personnes. Il faut donc le réformer
dans les anciens Livres ; il faut
y substituer le langage moderne , si l'on
yeut que ces personnes les lisent avec
plaisir . C'est pour elles que je voudrois
traduire ou corriger Montaigne.
On niera peut- être l'existence de ces
personnes , ou du moins qu'elles soient
en grand nombre. Mais on se trompe
souvent cn jugeant des autres par soimême,
ou par quelques amis qui pensent
comme nous. Pour moi , Mademoiselle ,
je puis vous assurer que je connois plusieurs
gens de fort bon esprit , à qui
j'ai voulu faire lire Montaigne , et quelques
autres de nos vieux Ecrivains en
Vers et en Prose , et qui m'ont dit qu'ils
ne pouvoient soutenir cette lecture. Ce
vieux langage , comme je l'ai dit , leur
paroît bas , ridicule , souvent même inintelligible.
Mais
2344 MERCURE DE FRANCE
Mais les Essais de Montaigne , corrigez
et réformez comme les trois Chapitres
qu'on a vûs dans le Mercure , plairoient-
ils à ces personnes dont je viens
de parler ? Seroit- ce pour elles une lec
ture agréable ? Voilà le point essentiel
de la question , car il ne s'agit pas de
ceux qui lisent avec plaisir Montaigne tel
qu'il est. J'aurois quelque lieu de le croire
, Mademoiselle , si mon stile étoit
digne des loüanges que vous lui avez
données. Il est pur , dites - vous , elegant ,
harmonieux. Vous ajoûtez que si la France
n'eût point vû naître un Montaigne avant
moi , je pourrois en continuant sur le méme
ton , prétendre au même rang. Ce n'est
là , sans doute , qu'une politesse dont il
faut rabatre beaucoup , et en ce cas je
n'en puis rien conclure ; mais si vous
m'avez parlé sincerement , je puis me flater
que mon Ouvrage auroir quelque
succès. Montaigne n'est point né , il n'existe
point pour ceux qui ne le lisent
point , et qui ne peuvent même le lire.
Or , je le repete , ils sont en grand nombre
, surtout parmi les femmes . Il en est
fort peu , qui comme vous , Mademoiselle
, joignent le sçavoir à l'esprit ; la
plupart même sont extrémement ignorantes
, et beaucoup d'hommes ne le
sont
NOVEMBRE. 1733 2345
sont pas moins qu'elles. Or il faut au
moins quelque teinture de litterature
pour lire Montaigne avec plaisir.
cet
On pourroit me faire une autre objection
à laquelle je serois plus embar
rassé de répondre. Traducteur de Montaigne
, j'ai loué , j'ai éxalté mon Original
, mais ne l'ai-je point trop loüé ? Ne
faudroit- il point distinguer ici l'Auteur
et le Livre , Montaigne et ses Essais ,
le 16. siecle et le 18. Montaigne étoit
un excellent esprit , un rare génie , mais
ses Essais sont- ils réellement un excellent
Livre ? Cet Ouvrage égal ou supérieur
à tous ceux qui l'ont précedé dans
le même genre , l'est- il de même à tous
ceux qui l'ont suivi ? En un mot ,
Ouvrage admirable par le temps où il
a parû , l'est- il aussi pour le temps où
nous vivons ? Je connois des gens d'esprit
bien éloignez de le croire . Beaucoup
de pensées , nouvelles quand Montaigne
les a écrites , sont dans la suite devenuës
très communes. Mille Ecrivains les ont
répetées. Aujourd'hui elles appartiennent
à tout le monde. Elle leur sont familieres.
Aussi les bons Auteurs qui écrivent
sur les matieres ausquelles ces pensées
ont rapport , ne les répetent plus. Ils les
supposent comme suffisamment connuës ,
et
2346 MERCURE DE FRANCE
et partent de - là pour aller à des veritez
nouvelles. Si Pascal , la Bruyere , la Rochefoucault
, ont pris beaucoup de choses
dans Montaigne , ils y en ont ajoûté une
infinité d'autres. En un mot , les Esprits
se sont bien rafinez depuis 15o. ans . Ils
sont bien avancez aujourd'hui du côté
des refléxions sur l'Homme; et le Livre si
vanté de Montaigne paroîtroit peut- être
dans ma Traduction un Livre assez com .
mun et assez vuide , un Livre où ceux
qui connoissent ce qui s'est fait de meil
leur depuis 60. ou 80. ans , ne trouveroient
presque rien à apprendre et qui
fût nouveau pour eux. Ainsi il arrive .
roit à Montaigne ce qui est arrivé à quel.
ques Auteurs Grecs et Latins , dont la
réputation est beaucoup diminuée depuis
qu'ils sont traduits. Voilà ce que
m'ont dit des Personnes de mérite , et
je suis très- porté à croire qu'elles ont
raison.
On me fait encore une objection à laquelle
j'avoue que j'étois assez simple
pour ne me pas rendre. Vous voulez
supprimer dans votre Traduction , m'at'on
dit , tout ce qu'il y a de trop libre.
dans Montaigne , tout ce qui s'y trouve
de contraire à la foi et aux bonnes moeurs,
et on ne peut que vous en loüer.Mais dèslors
NOVEMBRE. 1733. 2347
lors ce n'est plus Montaigne que vous nous
donnez. On n'aime point ces Auteurs
mutilez ; ils ne sont bons que pour les
Colleges ; et outre que ce que vous retrancherez
dans votre Traduction , fait
une partie considerable de l'Original ,
c'est peut -être la plus agréable pour une
infinité de gens. Quoiqu'il en soit , on
veut qu'une Traduction représente l'Original
en son entier ; on veut avoir le
bon et le mauvais , l'utile et le dange
reux , parce qu'on veut avoir tout. J'ay
peur encore que cette objection ne soit
fort bonne ; elle m'est venuë de bien
des endroits.
J'ai été encore très-frappé d'une de
vos Remarques , Mademoiselle , et j'en
ai même éprouvé la vérité depuis l'impression
de mon Projet. C'est que plu
sieurs de ceux qui avoüent qu'il y a beau
coup d'Endroits dans Montaigne qu'ils
■'entendent point , seroient les premiers
à se dédire lorsque ma Traduction leur
auroit éclairci ces passages difficiles.
Enfin ,je suis persuadé que les graces de
Montaigne consistent principalementdans
son stile , et vous ne paroissez pas vousmême
, Mademoiselle , fort éloignée de
certe opinion. Or j'avoue que c'est une
entreprise bien hardie que de traduire un
Auteur de ce caractere.
2348 MERCURE DE FRANCE
Vous dites , Mademoiselle , que mon
stile n'a point de rapport à celui de Montaigne.
D'autres ont trouvé qu'il n'en
avoit que trop , qu'il n'étoit pas assez
original , assez moderne. Il vous arrivera,
m'ont-ils dit,si vous n'y prenez garde, que
Montaigne vous gagnera insensiblement.
Vous vous familiariserez avec son vieux
langage et vous l'adopterez sans y penser.
Je suis entierement de leur avis , et
si je continuois ma Traduction , je m'éloignerois
beaucoup plus de mon Ori
ginal que je n'ai fait.
Vous aimez Montaigne, Mademoiselle, er
vous avez raison de l'aimer.Mais permet
tez- moi de vous dire que votre goût
pour cet Auteur vous a emportée trop
loin.Il vous a rendue injuste à l'égard de
ceux qui l'ont critiqué. M. Nicole, M. Pas
cal , et le Pere Mallebranche , dites-vous,
devoient parler avec plus de circonspection
duMaître qui leur apprêt à penser. Mais vous
même , Mademoiselle , avez- vous parlé
en cet Endroit avec assez de circonspec
tion ? Ceux qui ne connoîtroient pas ces
grands Hommes que vous nommez , ne
les prendroient- ils pas pour quelques - uns
de nos médiocres Ecrivains. Certainement
un grand Génie , tel qu'étoient ces
Messieurs , n'apprend à penser de personne
NUVEM BKE. 1733. 2349
sonne . Ceux-cy auroient été de grands
Auteurs , quand même Montaigne n'eût
jamais existé. Il est vrai , comme je l'ai
dit , qu'ils ont emprunté de lui beaucoup
de choses , mais je ne doute point
qu'ils ne les eussent bien trouvées
d'eux-mêmes , si elles avoient encore été
à trouver. Ils ont fait preuve d'invention
et d'originalité . Cette façon de parler
, Montaigne est le Maître qui leur apprit
à penser, a un air de mépris , et il
ne conviendroit tout au plus de s'en servir
que par rapport à des Auteurs du second
ordre . Or ceux dont il s'agit ici
sont , sans contredit , du premier rang
parmi les Auteurs du premier ordre.
Ce que vous ajoûtez une page plus bas ,
que c'étoit la jalousie du métier qui forçoit
Mallebranche et Pascal à rabaisserMontaigne
, m'a fait encore de la peine. C'est du
moins un jugement témeraire, et un jugement
témeraire en matiere grave. On ne
rabaisse guéres par jalousie de métier un
Auteur mort, et mort il y a long- tems. On
l'éleve plutôt pour rabaisser ses Contem
porains. D'ailleurs lePereMalebranche n'a
pas écrit dans le même genre que Montaigne.
Celui-cy est un Philosophe Moral
encore faut- il prendre le nom de Philosophe
dans un sens fort étendu , si on
yeut
་་་
veut qu'il lui convienne. Quant au Perc
Mallebranche , c'est principalement un
Philosophe Métaphysicien , et en cette
qualité un Ecrivain ami de l'exacte jus
tesse et dont la sorte d'esprit étoit trèsdifferente
de celle de Montaigne . Il n'est
donc pas étonnant qu'il l'ait peu goûté ;
et c'est la vraye raison du jugement peu
avantageux qu'il en á porté , plutôt que
ia jalousie du métier. Le genre dans - lequel
a écrit M. Pascal , a plus de rapport
avec celui de Montaigne . Ils ont l'un et
l'autre etudié et peint l'Homme. D'ailleurs
bien des gens n'auroient pas peine à soupçonner
M. Pascal d'avoir quelquefois écrit
par passion. Mais la vérité est qu'il n'a
point rabaissé Montaigne entant qu'Ecrivain.
Au contraire personne ne l'a
plus loüé que lui du côté de l'esprit.
Il ne l'a rabaissé que du côté du coeur
et des moeurs. Rappellez vous , s'il vous
plaît, Mademoiselle, le Passage de M.Pascal
, que j'ai cité dans mon Projet.
Je ne crois donc pas que M. de la
Bruyere l'ait eu en vûë , non plus que le
Pere Mallebranche , dans i'endroit de ses
caracteres qui commence par ces paroles
: Deux Ecrivains ont blamé Montaigne
, &c. L'un , dit- il , ne pensoit pas
assez pourgoûter un Auteur qui pense beaucoup
;
coup ; l'autre pense trop subtilement pour
s'accommoder des pensées qui sont naturelles
Peut-on reconnoître- là le Pere Mallebran
che , et M. Pascal ? Duquel des deux peuton
dire qu'il ne pense pas assez ? On
s'éloigneroit moins de la vrai - semblance,
en disant qu'ils pensent l'un et l'autre
trop subtilement. Je croirois donc plutot
que M. de la Bruyere a voulu désigner
Balzac et la Mothe le Vayer. Bal
zac ne pense et ne s'exprime pas assez
naturellement. La Mothe le Vayer ne
pense gueres ; ce n'est presque qu'un
Compilateur. Ce qui me fait pourtant
douter de la verité de cette conjecture ,
c'est que je ne vois pas pourquoi M. de
le Bruyere n'auroit pas nommé ces Auteurs
, au lieu de se contenter de les désigner
, puisqu'ils étoient morts il y avoit
longtemps lorsqu'il écrivoit. Au reste ,
si M. de la Bruyere a eu en vûë le Pere
Mallebranche et M. Pascal , il faut dire
qu'il a entierement méconnu leur caractere
, ce qui n'est pas aisé à croire d'un
Ecrivain aussi judicieux que lui ; mais
quand même il auroit bien caracterisé
ces Auteurs , il ne s'ensuivroit pas de- là
qu'ils eusent blâmé Montaigne par jalousie
de métier , puisqu'on trouvoit une
raison suffisante de leur improbation et
de
2352 MERCURE DE FRANCE
de leurs critiques dans la difference de
leur goût et de leur tour d'esprit.
Vous avez la bonté de me dire , Mademoiselle
, que vous me croyez en état
de donner au Public quelque Ouvrage
digne de lui plaire. J'accepte l'augure.
Cet encouragement est venu fort à propos.
Je pense depuis quelque temps à
faire imprimer plusieurs petits Ecrits que
j'ai composez sur diverses matieres , et
vous avez achevé de me déterminer. Ce
Recueil aura pour titre : Essais sur divers
sujets de Litterature et de Morale.
C'est un mêlange de plusieurs choses
assez differentes , et il regnera du moins
une grande varieté dans cet Ouvrage.
J'y suis tour à tour Montaigne , Pascal ,
la Bruyere , Saint Evremont , &c. Vous
croyez bien , Mademoiselle , que je n'entens
parler que de la forme que j'ai donnée
aux differens morceaux qui composent
mon Recueil . On y trouvera de
petites Dissertations , des caracteres ,
des
maximes , &c. Ces Ecrits ont été pour
moi les intermedes d'occupations plus
suivies et d'Etudes plus sérieuses. La plupart
des Gens de Lettres , des Sçavans de
profession , ont toujours sur leur table
quelques- uns de ces Livres qui ne demandent
point d'être lûs de suite , et qu'on
feut
NOVEMBRE . 1733 2353
peut prendre et laisser quand on le veut.
Ils interrompent leur travail pour en
lire quelques pages , et ils retrouvent dans
ce délassement de nouvelles forces pour
le continuer. Heureux si je pouvois enrichir
la République des Lettres d'un
nouveau Livre de ce genre , d'unLivre qui
ouvert au hazard, presentât toujours quelque
chose d'agréable , et qu'on fût bien
aise de trouver sous sa main , lorsqu'on
voudroit se distraire pour quelques momens
d'une application pénible. Je suis,
Mademoiselle , & c.
Fermer
Résumé : RÉPONSE de l'Auteur du Projet, sur Montaigne, à la Lettre de Mademoiselle de Malcrais de la Vigne, imprimée dans le Mercure de Septembre 1733.
L'auteur répond à une critique de Mademoiselle de Malcrais de la Vigne concernant son projet de traduction des œuvres de Montaigne, paru dans le Mercure de Septembre 1733. Il exprime sa gratitude pour les compliments et l'attention portée à son travail. Il mentionne que Voltaire, bien que critique, a été apprécié pour une épître adressée à Mademoiselle de Malcrais de la Vigne. L'auteur décide d'abandonner son projet sur Montaigne, le jugeant désagréable et peu glorieux. Cependant, il accepte de discuter des raisons contre son projet. L'auteur explique que son utilisation du terme 'traduction' vise à moderniser le langage vieilli de Montaigne pour le rendre accessible à un public moderne. Il reconnaît que le style ancien de Montaigne ajoute une grâce particulière à ses écrits, mais note que ce style peut sembler ridicule ou bas à certains lecteurs modernes. Il cite des exemples de traductions ou corrections d'œuvres de Saint-François de Sales pour illustrer la nécessité de moderniser le langage. L'auteur admet que son projet pourrait supprimer des passages libres ou contraires à la foi, ce qui pourrait déplaire à certains lecteurs. Il reconnaît également que sa traduction pourrait éclaircir des passages difficiles, mais que certains lecteurs pourraient ensuite prétendre comprendre l'original. L'auteur mentionne que certains ont trouvé son style trop similaire à celui de Montaigne, manquant d'originalité. Il exprime son admiration pour Montaigne tout en critiquant l'opinion de son interlocutrice, qui juge sévèrement les critiques de Montaigne par des auteurs comme Nicole, Pascal et Malebranche. Il argue que ces auteurs sont des génies à part entière et que leurs critiques ne sont pas motivées par la jalousie, mais par des différences de goût et de style. Enfin, l'auteur évoque son projet de publier un recueil intitulé 'Essais sur divers sujets de Littérature et de Morale', qui inclura des dissertations, des caractères et des maximes, inspirés par des auteurs comme Montaigne, Pascal et La Bruyère. Ce recueil est destiné à offrir un délassement aux lecteurs tout en enrichissant la République des Lettres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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50
p. 2353-2360
ODE Sur l'Ouvrage des six jours.
Début :
Que vois-je ? quel pompeux Spectacle [...]
Mots clefs :
Lumière, Auteur, Univers, Dieu, Plaines, Ouvrage, Astre, Oiseaux, Terre, Puissance
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texteReconnaissance textuelle : ODE Sur l'Ouvrage des six jours.
ODE
Sur l'Ouvrage des six jours .
Ue vois-je ? quel pompeux Spectacle
Enchante mes regards surpris ?
Qui produit ce nouveau Miracle ,
Qui vient de charmer mes esprits ?
D'une masse informe et grossiere
Sort un Océan de lumiere ,
Qui doit éclairer l'Univers,
Le néant enfante la Terre ,
* Que la lumiere soit faite: et elle futfaite.Geni
Chap . premier.
B Et
2354 MERCURE DE FRANCE
Et tout ce que son sein enserre ?
Se soutient au milieu des Airs,
2
De quelle admirable structure ,
Paroît ce Pavillon ( 4) voûté ?
Il enveloppe la Nature ,
Dans sa sublime immensité.
Des Eaux séparant la matiere
Il lui sert de forte barriere
Contre leurs rapides efforts ;
Tel l'écueil en Mer orageuse
Arrête la vague orgueilleuse ,
Qui viendroit inonder nos bords,
Quelle brillante broderie , (")
Par son azur resplendissant ,
De cette liquide Prairie , (c)
Décore le pourpris naissant ?
Dans la nuit la plus effroyable ,
J'apperçois un nombre innombrable
D'Astres féconds et radieux ,
Dont les influences fertiles ,
(a ) Le Firmament.
(b ) Les Etoiles .
(c ) Le Firmament,
TomNOVEMBRE.
1733. 2358.
Tombant sur les terres stériles ,
Font germer des dons précieux .
1
Dès
que le sommet des Montagnes ,
Des feux de l'Aurore est doré ,
Je vois luire dans les Campagnes
Un Globe de flamme entouré. (a)
Ce superbe et grand Luminaire ,
Prétant sa chaleur salutaire ,
Annonce le jour aux Mortels.
Et dans sa carriere féconde ,
Décrit le vaste tour du Monde ,
Par ses mouvemens éternels.
Mais la nuit de ses voiles sombres ;
A peine couvre l'Univers ,
Qu'un Astre (6) dissipant les ombres .
Va prendre l'Empire des Airs.
Toujours fixe en son inconstance ,
Il doit ses rayons , sa puissance ,
Aux feux d'un Astre (c) plus brillant ;
Et sa lumiere bienfaisante ,
Guidant ma démarche tremblanté ,
Assure mon corps chancelant.
(a ) Le Soleil.
( b ) La Lune .
(c ) La Lune emprimio salumiere du Soleil,
Bij J'ad2356
MERCURE DE FRANCE
J'admire ces Plaines (a) profondes ,
Qui dans leurs immenses Bassins ,
Roulent de mugissantes Ondes ,
Jusques au bord de leur confins ;
Leur orgueil se brise au Rivage ;
Elles ne portent point leur rage ,
Au-delà des termes reglez ;
De cet humide et large espace ,
Les vens agitent la surface
Par des sifflements redoublez .
諾
Mais quelle Nation barbare ;
Habitera cet Element ?
A qui donner cette Eau bizarre
Et ce Monde si véhément ?
Un Peuple (6 ) muet et sauvage ;
Qui ne vit que de brigandage ,
Remplira ces affreux climats.
Dans ce grand et profond abyme ;
Du fort le foible est la victime ,
Après de funestes combats. (c)
Qu'à son gré ces Races féroces
S'abandonnent à leur fureur ;
( a ) La Mer ,
( b ) Les Poissons.
(c) Leurs guerres
Loin
NOVEMBRE . 1733 2357
Loin d'ici ces Monstres atroces ;
Evitons ce lieu plein d'horreur.
Entrons dans ces Plaines (a ) fleuries
Parcourons ces vertes Prairies ,
Qui tiennent nos yeux enchantez.
Cueillons ces Fruits que nous présente ;
Leur fécondité complaisante ,
Et jouissons de leurs bontez.
M
Je découvre d'autres merveilles
Et j'entens .... mais quel bruit ? quels sons &
Les Oiseaux frappent mes oreilles
Par leurs admirables Chansons.
Quelle charmante Symphonie ;
Quelle douce et tendre harmonie ,
Sort de ce foible et petit Corps ? (6)
A cette charmante Musique ,
Qui surpasse le son lyrique ,
Mille voix joignent leurs accords.
潞
Lorsque , ramenant la froidure
Tous les Aquilons frémissans , `
Vont dépouiller de leur verdure ;
Nos Bois tristes et languissans ;
Ceux-cy ( c) s'assemblant sua la Rive }
(a ) La Terrejonchée de fleurs.
(b ) Le Rossignol.
(c) Les Oiseaux de passage.
Bij D'une
1
2338 MERCURE DE FRANCE
D'une aîle prompte et fugitive ,
Vont sur des bords plus gracieux ;
Telle on voit la fleche empennée,
Sans être en chemin détournée ,
Traverser la Plaine des Cieux.
Enfin je poursuis et j'avance ,
Jusques dans le sein des Forêts
J'y vois une rustique engeance,
Que je perce d'un de mes traits.
Sa peau me sert de couverture ,
Je prens sa chair pour nourriture ,
Bien-tôt se présente un Ruisseau ;
11 tombe du haut des Montagnes ,
Et serpentanr dans les Campagnes
M'invite à boire de son cau.
Grand Dieu , que tes Oeuvres sont hellesà
Vous qui jouissez du bonheur
Des félicitez immortelles ,
Louez à jamais le Seigneur ;
Ce Seigneur , qui d'une parole
A créé l'un et l'autre Pole ,
Et le vaste Empire des Mers.
Par une éternelle priere ,
Louez l'Auteur de la Lumiere ,
Loüez l'Auteur de l'Univers.
Mais
NOVEMBR E. 1733 2355
Mais qui de toutes ces richesses ,
Doit être le dispensateur ?
Qui sera comblé des largesses
D'un si prodigue Bienfaicteur
De ces biens quel sera le Maître
C'est Adam , je le vois paroître ,
Il naît (a) de la terre formé.
Vers le Ciel il leve la tête.
Pour le distinguer de la bête ,
Dieu l'a de son souffle animé,
a
Pour partager le cours durable ,
De ses jours calmes et sereins ,
S'offre une Compagne ( 6) agréable ;
Qui doit seconder ses desseins:
Dieu rend communes leurs années,
En unissant leurs destinées ,
Par de mutuelles amours ;
Ah ! dans ce beau lieu ( c) de Plaisance ,
Une vive reconnoissance ,
Dans leurs coeurs doit vivre toujours
諾
Dans cette source de délices ,
Heureux Couple , vivez en paix.
>
T
(a ) Création de l'homme.
(b ) La femme.
(C) Le Paradis Terrestre.
Biiij
Offrez
1366 MERCURE DE FRANCE
Offrez vos coeurs en sacrifices ,
A l'Auteur de tant de bienfaits.
Respectez ses Loix adorables ,
Ne portez point des mains coupables,
Sur les Fruits d'un Arbre fatal .
Fuyez la voix enchanteresse ,
Qui surprenant votre foiblesse ,
yous feroit commertre le mal.
M
L'Eternel , après ces Miracles ,
Que d'un seul mot il a produits ,
Approuve en ses divins Oracles ,
Des Ouvrages si bien construits.
Il contemple leur excellence ,
Laissant reposer sa puissance ,
Pour benir ces Etres parfaits.
Et voulant que l'Homme et les Anges,
A l'envy chantent ses loüanges ,
Consacre ce jour à jamais .
Aubry de Trungy
Sur l'Ouvrage des six jours .
Ue vois-je ? quel pompeux Spectacle
Enchante mes regards surpris ?
Qui produit ce nouveau Miracle ,
Qui vient de charmer mes esprits ?
D'une masse informe et grossiere
Sort un Océan de lumiere ,
Qui doit éclairer l'Univers,
Le néant enfante la Terre ,
* Que la lumiere soit faite: et elle futfaite.Geni
Chap . premier.
B Et
2354 MERCURE DE FRANCE
Et tout ce que son sein enserre ?
Se soutient au milieu des Airs,
2
De quelle admirable structure ,
Paroît ce Pavillon ( 4) voûté ?
Il enveloppe la Nature ,
Dans sa sublime immensité.
Des Eaux séparant la matiere
Il lui sert de forte barriere
Contre leurs rapides efforts ;
Tel l'écueil en Mer orageuse
Arrête la vague orgueilleuse ,
Qui viendroit inonder nos bords,
Quelle brillante broderie , (")
Par son azur resplendissant ,
De cette liquide Prairie , (c)
Décore le pourpris naissant ?
Dans la nuit la plus effroyable ,
J'apperçois un nombre innombrable
D'Astres féconds et radieux ,
Dont les influences fertiles ,
(a ) Le Firmament.
(b ) Les Etoiles .
(c ) Le Firmament,
TomNOVEMBRE.
1733. 2358.
Tombant sur les terres stériles ,
Font germer des dons précieux .
1
Dès
que le sommet des Montagnes ,
Des feux de l'Aurore est doré ,
Je vois luire dans les Campagnes
Un Globe de flamme entouré. (a)
Ce superbe et grand Luminaire ,
Prétant sa chaleur salutaire ,
Annonce le jour aux Mortels.
Et dans sa carriere féconde ,
Décrit le vaste tour du Monde ,
Par ses mouvemens éternels.
Mais la nuit de ses voiles sombres ;
A peine couvre l'Univers ,
Qu'un Astre (6) dissipant les ombres .
Va prendre l'Empire des Airs.
Toujours fixe en son inconstance ,
Il doit ses rayons , sa puissance ,
Aux feux d'un Astre (c) plus brillant ;
Et sa lumiere bienfaisante ,
Guidant ma démarche tremblanté ,
Assure mon corps chancelant.
(a ) Le Soleil.
( b ) La Lune .
(c ) La Lune emprimio salumiere du Soleil,
Bij J'ad2356
MERCURE DE FRANCE
J'admire ces Plaines (a) profondes ,
Qui dans leurs immenses Bassins ,
Roulent de mugissantes Ondes ,
Jusques au bord de leur confins ;
Leur orgueil se brise au Rivage ;
Elles ne portent point leur rage ,
Au-delà des termes reglez ;
De cet humide et large espace ,
Les vens agitent la surface
Par des sifflements redoublez .
諾
Mais quelle Nation barbare ;
Habitera cet Element ?
A qui donner cette Eau bizarre
Et ce Monde si véhément ?
Un Peuple (6 ) muet et sauvage ;
Qui ne vit que de brigandage ,
Remplira ces affreux climats.
Dans ce grand et profond abyme ;
Du fort le foible est la victime ,
Après de funestes combats. (c)
Qu'à son gré ces Races féroces
S'abandonnent à leur fureur ;
( a ) La Mer ,
( b ) Les Poissons.
(c) Leurs guerres
Loin
NOVEMBRE . 1733 2357
Loin d'ici ces Monstres atroces ;
Evitons ce lieu plein d'horreur.
Entrons dans ces Plaines (a ) fleuries
Parcourons ces vertes Prairies ,
Qui tiennent nos yeux enchantez.
Cueillons ces Fruits que nous présente ;
Leur fécondité complaisante ,
Et jouissons de leurs bontez.
M
Je découvre d'autres merveilles
Et j'entens .... mais quel bruit ? quels sons &
Les Oiseaux frappent mes oreilles
Par leurs admirables Chansons.
Quelle charmante Symphonie ;
Quelle douce et tendre harmonie ,
Sort de ce foible et petit Corps ? (6)
A cette charmante Musique ,
Qui surpasse le son lyrique ,
Mille voix joignent leurs accords.
潞
Lorsque , ramenant la froidure
Tous les Aquilons frémissans , `
Vont dépouiller de leur verdure ;
Nos Bois tristes et languissans ;
Ceux-cy ( c) s'assemblant sua la Rive }
(a ) La Terrejonchée de fleurs.
(b ) Le Rossignol.
(c) Les Oiseaux de passage.
Bij D'une
1
2338 MERCURE DE FRANCE
D'une aîle prompte et fugitive ,
Vont sur des bords plus gracieux ;
Telle on voit la fleche empennée,
Sans être en chemin détournée ,
Traverser la Plaine des Cieux.
Enfin je poursuis et j'avance ,
Jusques dans le sein des Forêts
J'y vois une rustique engeance,
Que je perce d'un de mes traits.
Sa peau me sert de couverture ,
Je prens sa chair pour nourriture ,
Bien-tôt se présente un Ruisseau ;
11 tombe du haut des Montagnes ,
Et serpentanr dans les Campagnes
M'invite à boire de son cau.
Grand Dieu , que tes Oeuvres sont hellesà
Vous qui jouissez du bonheur
Des félicitez immortelles ,
Louez à jamais le Seigneur ;
Ce Seigneur , qui d'une parole
A créé l'un et l'autre Pole ,
Et le vaste Empire des Mers.
Par une éternelle priere ,
Louez l'Auteur de la Lumiere ,
Loüez l'Auteur de l'Univers.
Mais
NOVEMBR E. 1733 2355
Mais qui de toutes ces richesses ,
Doit être le dispensateur ?
Qui sera comblé des largesses
D'un si prodigue Bienfaicteur
De ces biens quel sera le Maître
C'est Adam , je le vois paroître ,
Il naît (a) de la terre formé.
Vers le Ciel il leve la tête.
Pour le distinguer de la bête ,
Dieu l'a de son souffle animé,
a
Pour partager le cours durable ,
De ses jours calmes et sereins ,
S'offre une Compagne ( 6) agréable ;
Qui doit seconder ses desseins:
Dieu rend communes leurs années,
En unissant leurs destinées ,
Par de mutuelles amours ;
Ah ! dans ce beau lieu ( c) de Plaisance ,
Une vive reconnoissance ,
Dans leurs coeurs doit vivre toujours
諾
Dans cette source de délices ,
Heureux Couple , vivez en paix.
>
T
(a ) Création de l'homme.
(b ) La femme.
(C) Le Paradis Terrestre.
Biiij
Offrez
1366 MERCURE DE FRANCE
Offrez vos coeurs en sacrifices ,
A l'Auteur de tant de bienfaits.
Respectez ses Loix adorables ,
Ne portez point des mains coupables,
Sur les Fruits d'un Arbre fatal .
Fuyez la voix enchanteresse ,
Qui surprenant votre foiblesse ,
yous feroit commertre le mal.
M
L'Eternel , après ces Miracles ,
Que d'un seul mot il a produits ,
Approuve en ses divins Oracles ,
Des Ouvrages si bien construits.
Il contemple leur excellence ,
Laissant reposer sa puissance ,
Pour benir ces Etres parfaits.
Et voulant que l'Homme et les Anges,
A l'envy chantent ses loüanges ,
Consacre ce jour à jamais .
Aubry de Trungy
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Résumé : ODE Sur l'Ouvrage des six jours.
Le poème 'ODE' relate la création du monde en six jours, selon la Genèse. Le premier jour, la lumière est créée, distinguant le jour de la nuit. Le deuxième jour, les cieux sont formés, séparant les eaux supérieures des eaux inférieures. Le troisième jour, les terres émergent et se couvrent de végétation. Le quatrième jour, le Soleil, la Lune et les étoiles sont placés dans le ciel pour réguler le temps. Le cinquième jour, les poissons et les oiseaux sont créés. Le sixième jour, les animaux terrestres et l'homme apparaissent. Adam, le premier homme, est façonné à partir de la terre et animé par le souffle divin. Ève, sa compagne, lui est donnée pour partager sa vie. Le poème se conclut par une exhortation à louer Dieu pour ses œuvres et à respecter ses lois, en évitant la tentation du mal. Dieu contemple ses créations avec satisfaction et consacre ce jour de création à jamais.
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