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p. 9-28
LE R. P. D. C** à Monsieur Estienne, Libraire de Paris.
Début :
Monsieur Estienne, eh ! ne m'imprimez pas. [...]
Mots clefs :
Imprimer, Ouvrage, Libraire
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texteReconnaissance textuelle : LE R. P. D. C** à Monsieur Estienne, Libraire de Paris.
LE R. P. -D.C**.
àMonsieurEstienne;
Libraire de Paris.
MonsieurEstienne,eh !ne - m'imprimez pas.
Au nom de Dieu quartier.
Monsieur Estienne,
Jamais en rien, vous le sçavez,
hêlas!
Ne vous fis tort au moins
qu'il me souvienne,
Et si l'ay fait encor, posez le
cas,
Gardezvous bien que rancune
vous tienne
Les rancuniers sont mal
menezlàbas
Si nevoulez que tel mal
vousavienne
Pardonnez-moy d'une ame
bien chrestienne,
Monsieur Estienne
,
ch !
ne m'imprimez pas.
Je sçai qu'en l'art de bien
:.' mouler un Livre,
Vous égalez ces Estiennes
fameux,
Que vous comptez au rang
devosayeux,
Etqui dans vous, commençant
a revivre,
Nous font trouver dans un
de leurs neveux:
Ce que leur siecle a tant
loué dans eux,
Mais quand bien même en
dépitdela Parque,
Pour m'imprimer revenant.
sur leurs pas,
Ils se pourroient échapper
dela Barque,
Où tous mortels vont après
leurs trépas,
Fust-ce Robert, ou fust ce
Charles Estienne,
Je leur dirois toûjours la
même Antienne,
Monsieur Estienne
3
ch !
ne m'imprimez pas,
Ne croyez pas qu'un
chagrin myfantrope
} Me fasse icy le prendre sur
ce ton ,
J'aime lagloireenenfant
d'Helicon:
Mais tel souvent aprés elle
galope,
Dont le Pegase à chaque
moment chope,
Et qu'elle suïc comme on
fuït un larron;
Je la connois, j'ay fait son
Horoscope,
Quand on dit oüy, la quinteuse
ditnon.
Or s'il vous plaist en pareil
accessoire
Irois-je faire uu procès à la
gloire?
Procès sur quoi? d'ailleurs
c'estun grand cas
Sipar Procès la Dame s'aprivoife
:
Mais faisons mieux & pour
éviter noise
Monsieur Estienne, eh ! ne ,.. m'imprimez pas.
Vous me direz, cela vous
plaistàdire,
Je icai le cas qu'on fait de
vos écrits
Les ay souventoüipriser &
lire
Par maints Quidans soidisans
beaux esprits,
La presse est grande à se les
faire écrire,
Or mieux vaudroient moulez
quemanuscrits.
Graces vous rend de vostre
courtoisie:
Car c'est de vous que parc
le compliment,
Honteux seroit de mentir
si crument
Amon profit, de vousc'est
ambrosie,
Que je savoure assez benignement
:
Mais que mes Vers soient
bonne, marchandise
Comme Preschez; ou de
mauvais alloy,
Comme entre-nous me le
paroissàamoy,
Quand seroit vray qu'à
Paris on les prise,
Ne laisserois de vous dire
tout bas
Pour des raisonsque trouverez
de mise
Monsieur Estienne,eh!
nem'imprimezpas.
Quelque parfaitque
puisse estre un Ouvrage
En l'imprimant on luy fait
mauvais tour,
Presque toujours il en reçoit
dommage
Maint en ay vû se hâler au
grand jour
Sur quoi Couvent à par moy
- je recole
Petit écrit donné fous le
manceau
Qu'on se dérobe& qui
vient par bricole,
Ou bien moulé chez Pierre
du Marteau,
Fut-il mauvais nous paroist
toujours beau
Et pour l'avois on ne plaint
la pistole.
Qujl cesse d'estre & secret
&nouveau
On n'en voudra débourser
un obole.
-
J'ay ce Sonnet, mon voisin
ne l'a pas,
Voilà par où le Sonnet m'a
sçu plaire
Ce point de vue en fait le
grand appas; Est-il public; n'en fait on
plusmystere
Il perd son , sel, deslors il
tombe à bas:
Monsieur Estienne
,
eh !
ne m'imprimez pas.
Vers manuscritssouffrent
des négligences
Qu'a , vers moulez on ne
pardonne pas,
Dans les premiers on les
nommelicence,
Làtouts'excuse& se parte
au gros sas;
Dans les seconds la moindre
tache est crime
Point de quartier de la part
d'un Icétcur
Qui sur le tour ,
la cadence
& larime
Ne fait jamais nulle grace à
l'Auteur;
Tant que mes Vers fous
la simple écriture,
N'estanr moulez ni reliez en
veau;
Dans les réduits iront ingnito
Pour eux ne crains de fà.
cheuse avanture;
Lapitié seule en dépit des
matins
Garantira ces pauvres orphelins
Deî'cotfp*cte bec: mais sur
vostre boutique
Si me mettiez jamais en
rang d'oignon,
Point ne seroit de petit
compagnon,
Point de Gnmault qui ne
me fit la nique;
Tels en sçavez qu'on a mis
en beaux draps;
Monsieur Estienne
,
eh !
ne m'imprimez pas.
Dés qu'àParison affiche
un Ouvrage,
C'estletossin que l'on fortne
surluy;
Gens du mêtier à qui tout
fait ombrage
,
Et toujours prests à donner
sur autruy , Pour l'accablcr l'attendant
au passage,
Nouvel Auteur qui se met
sur les rangs,
A son début doit compter s'ilestsage
De bien payer àses petits
Tyrans
Sa bien-venuë & son apprentissage.
Pour les lauriers, & la gloire,&
l'encens,
Qu'aux fiens Phoebus assigne
pour tout gage,
Qu'il ne prétende cfuc:.ad;
mis à partage;
Leur partensouffre, & c'cfi
selonleur sens
Soupe de pain qu'on ôte à
leur potage:
Sur ce pied là, que de gens
sur les bras!
Leur tenir teste & montrer
bon visage
Scroit le mieux,si j'avois du
courage
Mais il me manque, & je
crains les combats.
Monsieur Estienne, eh! ne
m'imprimez pas.
,
è;Ë ,; Je le vois bien, contre toute
avanture
L'espoir flateur du débit
vous rassure;
Car encor bien que soyez
gracieux
Point ne croiray
,
foit dit
sans vous déplaire
Qu'alliez-vous mettre en
frais pour mes beaux yeux?
Si lefaisiez ne seriez bon
Libraire:
Mais s'il advient, comme
tout se peur faire
Que mes écrits par un triste
destin,
De la boutiqueaillentau
magasin,
Et que delà moisis dans la
poussieee,
Ils soient enfin livrez à la
., beurriere,
Ettousen blocvendus pour
un douzain,
Qien diriez-vous? Ce fcroit
bien le pire,
Vous en seriez pour nombre
de Ducats;
Er quant à moy je n'en ferois
que rire
En vous disans avois-jetort
helas!
Monsieur Estienne,eh! ne
m'imprimez pas.
Mais supposons contre tou-
.!1 te apparence
Que lesditsVers,puisqu'ainsivo1usleplaist
Par lafaveur dune heureuse
influence
Seront prisez, & vendus,
qui plus est ;
Je ne dis pas que ne soit
quelquechose
,
Force écrivainss'en contenteroient
bien,
Et puis de gloire une petite
dose,
Chez les Rimeurs ne gasta
jamais rien:
Mais croyez-vous,quoiquel'Ouvrage
plaise
Que l'on n'ait rien d'aill,eurs
à discuter,
Et que auteur en soit pils
à son aise?
Ay vû , pour moy ,
bien
des gens en douter;
Maints en connois qu'on a
menez bienroides,
Et comme on dit plus viste
que le pas;
Chat échaudé, croyezmoy
,
craint l'eau froide.
Monsieur Estienne
,
eh !
ne m'imprimez pas.
Pour ces raisons
,
& pour
bien d'autrescauses
Que sur ce point je pourrois
alleguer,
Mes petits Vers resteront
lettrescloses
Et vous plaira ne les point
divulguer,
De mon vivant ne les vcut
voir paraître,
Quand seray mort alors serez
le maure:
Si demandez quand sera,
vous diray
Que ce sera le plus tardque
pourray.
Vous convient donc un bien
petitattendre,
Et vous prendrez, je croy , le tout en gré;
Ne voudriez que je m'allasse
pendre C ij
Pour abreger, au moins rien
n'en feray,
Si le comptiez, compteriez
sans vostre hôte;
Mais moy deffunt je fuis à
vous sans faute
Prenez mes Vers, faites en
vos choux gras,
Force fera de souffrir ce
martyre,
Parce qu'alors ne pourray
plus vous dire
Monsieur Estienne, eh! ne
m'imprimez pas.
àMonsieurEstienne;
Libraire de Paris.
MonsieurEstienne,eh !ne - m'imprimez pas.
Au nom de Dieu quartier.
Monsieur Estienne,
Jamais en rien, vous le sçavez,
hêlas!
Ne vous fis tort au moins
qu'il me souvienne,
Et si l'ay fait encor, posez le
cas,
Gardezvous bien que rancune
vous tienne
Les rancuniers sont mal
menezlàbas
Si nevoulez que tel mal
vousavienne
Pardonnez-moy d'une ame
bien chrestienne,
Monsieur Estienne
,
ch !
ne m'imprimez pas.
Je sçai qu'en l'art de bien
:.' mouler un Livre,
Vous égalez ces Estiennes
fameux,
Que vous comptez au rang
devosayeux,
Etqui dans vous, commençant
a revivre,
Nous font trouver dans un
de leurs neveux:
Ce que leur siecle a tant
loué dans eux,
Mais quand bien même en
dépitdela Parque,
Pour m'imprimer revenant.
sur leurs pas,
Ils se pourroient échapper
dela Barque,
Où tous mortels vont après
leurs trépas,
Fust-ce Robert, ou fust ce
Charles Estienne,
Je leur dirois toûjours la
même Antienne,
Monsieur Estienne
3
ch !
ne m'imprimez pas,
Ne croyez pas qu'un
chagrin myfantrope
} Me fasse icy le prendre sur
ce ton ,
J'aime lagloireenenfant
d'Helicon:
Mais tel souvent aprés elle
galope,
Dont le Pegase à chaque
moment chope,
Et qu'elle suïc comme on
fuït un larron;
Je la connois, j'ay fait son
Horoscope,
Quand on dit oüy, la quinteuse
ditnon.
Or s'il vous plaist en pareil
accessoire
Irois-je faire uu procès à la
gloire?
Procès sur quoi? d'ailleurs
c'estun grand cas
Sipar Procès la Dame s'aprivoife
:
Mais faisons mieux & pour
éviter noise
Monsieur Estienne, eh ! ne ,.. m'imprimez pas.
Vous me direz, cela vous
plaistàdire,
Je icai le cas qu'on fait de
vos écrits
Les ay souventoüipriser &
lire
Par maints Quidans soidisans
beaux esprits,
La presse est grande à se les
faire écrire,
Or mieux vaudroient moulez
quemanuscrits.
Graces vous rend de vostre
courtoisie:
Car c'est de vous que parc
le compliment,
Honteux seroit de mentir
si crument
Amon profit, de vousc'est
ambrosie,
Que je savoure assez benignement
:
Mais que mes Vers soient
bonne, marchandise
Comme Preschez; ou de
mauvais alloy,
Comme entre-nous me le
paroissàamoy,
Quand seroit vray qu'à
Paris on les prise,
Ne laisserois de vous dire
tout bas
Pour des raisonsque trouverez
de mise
Monsieur Estienne,eh!
nem'imprimezpas.
Quelque parfaitque
puisse estre un Ouvrage
En l'imprimant on luy fait
mauvais tour,
Presque toujours il en reçoit
dommage
Maint en ay vû se hâler au
grand jour
Sur quoi Couvent à par moy
- je recole
Petit écrit donné fous le
manceau
Qu'on se dérobe& qui
vient par bricole,
Ou bien moulé chez Pierre
du Marteau,
Fut-il mauvais nous paroist
toujours beau
Et pour l'avois on ne plaint
la pistole.
Qujl cesse d'estre & secret
&nouveau
On n'en voudra débourser
un obole.
-
J'ay ce Sonnet, mon voisin
ne l'a pas,
Voilà par où le Sonnet m'a
sçu plaire
Ce point de vue en fait le
grand appas; Est-il public; n'en fait on
plusmystere
Il perd son , sel, deslors il
tombe à bas:
Monsieur Estienne
,
eh !
ne m'imprimez pas.
Vers manuscritssouffrent
des négligences
Qu'a , vers moulez on ne
pardonne pas,
Dans les premiers on les
nommelicence,
Làtouts'excuse& se parte
au gros sas;
Dans les seconds la moindre
tache est crime
Point de quartier de la part
d'un Icétcur
Qui sur le tour ,
la cadence
& larime
Ne fait jamais nulle grace à
l'Auteur;
Tant que mes Vers fous
la simple écriture,
N'estanr moulez ni reliez en
veau;
Dans les réduits iront ingnito
Pour eux ne crains de fà.
cheuse avanture;
Lapitié seule en dépit des
matins
Garantira ces pauvres orphelins
Deî'cotfp*cte bec: mais sur
vostre boutique
Si me mettiez jamais en
rang d'oignon,
Point ne seroit de petit
compagnon,
Point de Gnmault qui ne
me fit la nique;
Tels en sçavez qu'on a mis
en beaux draps;
Monsieur Estienne
,
eh !
ne m'imprimez pas.
Dés qu'àParison affiche
un Ouvrage,
C'estletossin que l'on fortne
surluy;
Gens du mêtier à qui tout
fait ombrage
,
Et toujours prests à donner
sur autruy , Pour l'accablcr l'attendant
au passage,
Nouvel Auteur qui se met
sur les rangs,
A son début doit compter s'ilestsage
De bien payer àses petits
Tyrans
Sa bien-venuë & son apprentissage.
Pour les lauriers, & la gloire,&
l'encens,
Qu'aux fiens Phoebus assigne
pour tout gage,
Qu'il ne prétende cfuc:.ad;
mis à partage;
Leur partensouffre, & c'cfi
selonleur sens
Soupe de pain qu'on ôte à
leur potage:
Sur ce pied là, que de gens
sur les bras!
Leur tenir teste & montrer
bon visage
Scroit le mieux,si j'avois du
courage
Mais il me manque, & je
crains les combats.
Monsieur Estienne, eh! ne
m'imprimez pas.
,
è;Ë ,; Je le vois bien, contre toute
avanture
L'espoir flateur du débit
vous rassure;
Car encor bien que soyez
gracieux
Point ne croiray
,
foit dit
sans vous déplaire
Qu'alliez-vous mettre en
frais pour mes beaux yeux?
Si lefaisiez ne seriez bon
Libraire:
Mais s'il advient, comme
tout se peur faire
Que mes écrits par un triste
destin,
De la boutiqueaillentau
magasin,
Et que delà moisis dans la
poussieee,
Ils soient enfin livrez à la
., beurriere,
Ettousen blocvendus pour
un douzain,
Qien diriez-vous? Ce fcroit
bien le pire,
Vous en seriez pour nombre
de Ducats;
Er quant à moy je n'en ferois
que rire
En vous disans avois-jetort
helas!
Monsieur Estienne,eh! ne
m'imprimez pas.
Mais supposons contre tou-
.!1 te apparence
Que lesditsVers,puisqu'ainsivo1usleplaist
Par lafaveur dune heureuse
influence
Seront prisez, & vendus,
qui plus est ;
Je ne dis pas que ne soit
quelquechose
,
Force écrivainss'en contenteroient
bien,
Et puis de gloire une petite
dose,
Chez les Rimeurs ne gasta
jamais rien:
Mais croyez-vous,quoiquel'Ouvrage
plaise
Que l'on n'ait rien d'aill,eurs
à discuter,
Et que auteur en soit pils
à son aise?
Ay vû , pour moy ,
bien
des gens en douter;
Maints en connois qu'on a
menez bienroides,
Et comme on dit plus viste
que le pas;
Chat échaudé, croyezmoy
,
craint l'eau froide.
Monsieur Estienne
,
eh !
ne m'imprimez pas.
Pour ces raisons
,
& pour
bien d'autrescauses
Que sur ce point je pourrois
alleguer,
Mes petits Vers resteront
lettrescloses
Et vous plaira ne les point
divulguer,
De mon vivant ne les vcut
voir paraître,
Quand seray mort alors serez
le maure:
Si demandez quand sera,
vous diray
Que ce sera le plus tardque
pourray.
Vous convient donc un bien
petitattendre,
Et vous prendrez, je croy , le tout en gré;
Ne voudriez que je m'allasse
pendre C ij
Pour abreger, au moins rien
n'en feray,
Si le comptiez, compteriez
sans vostre hôte;
Mais moy deffunt je fuis à
vous sans faute
Prenez mes Vers, faites en
vos choux gras,
Force fera de souffrir ce
martyre,
Parce qu'alors ne pourray
plus vous dire
Monsieur Estienne, eh! ne
m'imprimez pas.
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Résumé : LE R. P. D. C** à Monsieur Estienne, Libraire de Paris.
L'auteur adresse une lettre à Monsieur Estienne, libraire à Paris, pour le supplier de ne pas imprimer ses écrits. Il commence par affirmer qu'il n'a jamais causé de tort à Estienne et le prie de ne pas lui en tenir rigueur. L'auteur reconnaît les compétences d'Estienne en imprimerie, les comparant à celles des célèbres Estienne. Cependant, il exprime des réserves sur la publication de ses vers, craignant qu'ils ne soient pas bien reçus et qu'ils subissent des critiques sévères une fois imprimés. Il souligne que les œuvres manuscrites échappent à certaines critiques que les livres imprimés ne peuvent éviter. L'auteur craint également les rivalités et les critiques des autres auteurs et libraires, exprimant sa peur des combats littéraires et des critiques. Il conclut en demandant à Estienne de ne pas publier ses vers de son vivant, mais de le faire après sa mort.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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