Résultats : 485 texte(s)
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101
p. 534-535
PREMIERE ENIGME.
Début :
Mon Commerce est très-innocent, [...]
Mots clefs :
Flûte allemande
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texteReconnaissance textuelle : PREMIERE ENIGME.
PREMIERE ENIGME.
Mon Commerce eft très-innocent ,
Ma conquête pourtant n'eft pas des plus faciles ;
Il faut du goût & du talent,
Sans
MARS. 1730
538
Sans quoi les foins font inutiles.
Que je fois belle ou non , c'eft fort indifferent.
Celui de qui je deviens favorite ,
Dans ma feule bonté trouve tout mon mérite
Et fans elle il ne peut , au gré de fes defirs ,
Triompher avec moi , ni gouter des plaifirs.
Pour que je fois & fenfible & touchante ,
Il faut fans hefiter ,
Me careffer, me baifer , me flatter ,
Nulle autre chofe ne me tente.
Je fuis douce & conftante , & je donne la loi¹,
A ceux qui dans leurs jeux veulent s'unir à moi¿
Mon Commerce eft très-innocent ,
Ma conquête pourtant n'eft pas des plus faciles ;
Il faut du goût & du talent,
Sans
MARS. 1730
538
Sans quoi les foins font inutiles.
Que je fois belle ou non , c'eft fort indifferent.
Celui de qui je deviens favorite ,
Dans ma feule bonté trouve tout mon mérite
Et fans elle il ne peut , au gré de fes defirs ,
Triompher avec moi , ni gouter des plaifirs.
Pour que je fois & fenfible & touchante ,
Il faut fans hefiter ,
Me careffer, me baifer , me flatter ,
Nulle autre chofe ne me tente.
Je fuis douce & conftante , & je donne la loi¹,
A ceux qui dans leurs jeux veulent s'unir à moi¿
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102
p. 599-604
« Le premier du mois dernier, la Maison de Navarre présenta un cierge au Cardinal de Fleuri [...] »
Début :
Le premier du mois dernier, la Maison de Navarre présenta un cierge au Cardinal de Fleuri [...]
Mots clefs :
Concert, Cardinal de Fleury, Roi
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texteReconnaissance textuelle : « Le premier du mois dernier, la Maison de Navarre présenta un cierge au Cardinal de Fleuri [...] »
E premier du mois dernier , la Maifon de Na
varre préfenta un cierge au Cardinal de Fleuri
qui en eft Superieur , & M. Choplet , Coadjuteur
du Grand- Maître , fit à S. E. ce compli
-ment ::
MONSEIGNEUR ,
I
La Maison de Navarre , en préfentant ce
Cierge à V. E. vient lui renouveller les afftrances
de fon profond respect & de fa parfaite
foumiffion quelques relevées que foient les dignités
qui environnent votre perfonne , ce n'eft'
Pasig HY
600 MERCURE DE FRANCE.
نم
pas , Monfeigneur , ce qui demande notre plus
< grande venération ; elles font l'éloge & la gloi
re de la main reconnoiffante qui vous en a res
vétu ; l'objet principal de nos hommages font
ces qualités perfonnelles que toute l'Europe
admire en vous , Monfeigneur , cette pieté fincere
, ce zele pour la gloire du Seigneur , ce
parfait defintereffement , cette vigilance pour
la confervation de la perfonne facrée de S. M.
cette attention continuelle à procurer la feli
cité des peuples , cette droiture qui vous a
merité la confiance des Têtes couronnées ,
qui vous rend l'Arbitre de leurs differens . Tous
ces traits , Monseigneur , forment en vous un
Miniftre felon le coeur de Dieu , cheri de fon
Roi , honoré des Souverains , respecté des
Grands , adoré des Peuples ' , auffi pouvons -
nous affurer , Monſeigneur , que votre Ministere
fera un des beaux endroits de l'Hiftoire du
Prince qui nous gouverne aves tant de fageffe
, & que la pofterité ne fe croira heureufe
qu'autant qu'on s'efforcera de vous imiter ;
puiffe le Ciel vous prolonger au delà des bor
nes ordinaires une vie fi précieufe ; nous ne
cefferons de demander à Dieu cette faveur , &
nous le prierons , Monfeigneur , de nous l'accorder
aux dépens même de nos jours .
Le Prince de Montauban , le Duc de Richelieu,
le Duc de Retz & le Marquis de Beringhen ont
été faits Chevaliers de Saint Louis dans une promotion
particuliere que le Roi a faire depuis peu.
M. Henaut de Montigny , Ancien Officier
d'Artillerie , vient d'être nommé à la place de
Lieutenant General Commandant l'Artillerie en
Bretagne , vacante par le decès de M. de Boifricher.
Y IG
MAR S. 1730. 601
Le premier Mars , il y eut un Concert François
au Château des Thuilleries ; on y chanta la
Cantate de Bacchus par M.Burette ; la Dle Petitpas
chanta un Air Italien qui fit beaucoup de
plaifir,& on finit par un Motet de M. de Lalande.
Le même Concert a continué le 8. & le 15. du .
même mois.
Le 25. jour de la Fête de l'Annonciation de la
Vierge , il y eut Concert fpirituel , on y chanta
le Magnificat , Motet de M. du Bouffet ; la Dile
Le Maure chanta feule un petit Motet du même
Auteur qui fut très- applaudi. Le Sr Mayffonaffe,
nouveau Muficien Haute- Conte , chanta pour
la premiere fois feul un Motet qui fit plaifir . Le
Concert fut terminé par le Confitemini , Moter
de M. de Lalande , qui fut très- bien executé.
& dans lequel les Des Erremens , Le Maure &
Petitpas , chanterent differens Recits. Le même
Concert fpirituel doit continuer juſques & compris
le Dimanche de Quasimodo.
Le premier de ce mois , M. Deftouches , Sur-
Intendant de la Mufique du Roi , fit chanter devant
la Reine,aux grands Appartemens, la feconde .
Entrée du Ballet des Elemens , intitulée L'Eau..
La Dlle Erremens chanta le Rôle de Leucofie
& le Sr Guedon , celui d'Arion . Ce Concert fut
terminé par la Cantate de La Mufette , de M..
Clerambaut , chantée par la Dlle Le Maure ..
Le 6. on chanta le troifiéme Acte du même
Ballet ; le Rôle d'Emilie fut chanté par la D lie
Erremens , & celui de Valere par le Sr Dangerville
; i
; ils firent tous les deux beaucoup de plaifir.
Le 8. on executa le dernier Acte , le Rôle de
Pomone fut chanté avec de grands applaudiffe-,
mens par la Dle Le Maure , & les S's Guedon &
Chaffe executerent parfaitement bien ceux de
Hvj Vertumne & de Pan..
602 MERCURE DE FRANCE :
Le is on chanta le Prologue & le premier
Acte de l'Opera d'é qu'on continua le is . par
le fecond & le troiîîéme Acte.
Le 20. & le 22. on chanta le quatriéme & le
cinquiéme Acte du même Opera ; le Rôle d'iffé
fut executé avec fuccès par la Dlle Antier , à la
referve de la derniere Scene du cinquiéme Acte,.
qui fut chantée par la Dle Lenner dont le talent
pour le chant s'accroît tous les jours ; elle avoit.
chanté auparavant le Prologue avec un gout &.
une précifion qui lui attirerent des louanges infinies.
Ces deux Opera ont eu une execution parfaite
; la Reine a eu la bonté d'en marquer fa fatisfaction
à M. Deftouches qui en eft l'Auteur
Le 8. la Lotterie pour le remboursement des
Rentes de l'Hôtel de Ville fut tirée en préfence
du Prevôt des Marchands & des Echevins en la
maniere accoutumée. Le fonds de ce mois s'eft:
trouvé monter à la fomme de 1345062. livres ,.
laquelle a été diftribuée aux Rentiers pour les
Lots qui leur font échus , conformément à la
Lifte generale qui en a été rendue publique.
Le 9. de ce mois on celébra au College Maza-
*in l'Anniverſaire du Cardinal de cu zom , Fondateur
, avec les cerémonies ordinaires ; la Grand'
Meffe fut celebrée par le Grand- Maître , & chantée
par les Ecclefiaftiques du College. Plufieurs
perfonnes de diftinction fe trouverent à co Service.
Le Cardinal de Biffy partit de Paris le 3. de ce
mois pour aller à Rome , & entrer au Conclave
pour l'élection d'un nouveau Pape. Le Cardinal
de Rohan partit le 12. pour le même ſujet.
Le 14. Mars , M. Hallot , Chanoine de l'Eglife
Collegiale du S. Sepulchre de Caën , Profeffeur
Royal d'Eloquence , & Ancien Recteur de
Université , prononça un Difcours public fur la
Naillance
MARS. 1730.
60%
Naiffance de Monfeigneur le Dauphin , dans la
grande Ecole des Arts , où affifterent M. l'Evê
que de Bayeux & M. de Vaſtan , Intendant de la
Generalité de Caën , avec un grand nombre de
perfonnes de diftinction. Le Difcours fut trèsapplaudi.
Le 17. du mois dernier , M. Lemau de Lajaiffe,
Ancien Officier de la Maifon d'Orleans , & dans
POrdre de S. Lazare , préſenta au Roi une Carte
Generale de la Monarchie & du Militaire de
France , Ancien & Moderne , dont S.. M. parut
très-fatisfaite. C'eft un Ouvrage qu'on pourra
regarder comme unique dans fon efpece &
qui paroît auffi utile & agréable qu'il eft immenfe
; on le grave actuellement avec privilege ;
nous en parlerons plus au long.
>
M. le Pelletier des Forts ayant demandé au Roi
la permiffion de remettre la Charge de Controôleur
General des Finances , S. M. a nommé pour
le remplacer M. Orry , Intendant de Lifle. Le
Roi a donné l'Intendance de Lifle à M. de Granville
, qui étoit Intendant d'Auvergne, & celle- ci
à M. Trudaine , Maître des Requêtes.
Les Députés des Etats d'Artois eurent audience
du Roi , le 19. préfentés par le Prince Charles
de Lorraine , Gouverneur de la Province , &
par M. d'Angervilliers , Miniftre & Secretaire
d'Etat ; ils y furent conduits en la maniere accoutumee
par le Marquis de Dreux , Grand-Maî
tre des Cerémonies , & par M. Defgranges
Maître des Cerémonies. La Députation étoit
compofée de l'Abbé Boiflot , Abbé de Rozieres ,
Grand-Vicaire & Premier Archidiacre du Diocèfe
d'Arras , qui porta la parole , pour le Clergé
, du Comte d'Henu , pour la Nobleffe , & de
M. Goudemez , Avocat & Ancien Echevin de la
Ville d'Arras , pour le Tiers -Etat.
On
604 MERCURE DE FRANCE.
On fera peut- être bien aife de fçavoir que
Charles Houllier , Chaircuitier , à l'Aport de
Paris , attenant la Pantoufle , vend du bon
boudin de S. Germain , de gros cervelas pour
porter en campagne , des langues de moutons
fourrées , de veritables pieds à la Sainte Menoul
, du vrai Jambon de Mayence.
varre préfenta un cierge au Cardinal de Fleuri
qui en eft Superieur , & M. Choplet , Coadjuteur
du Grand- Maître , fit à S. E. ce compli
-ment ::
MONSEIGNEUR ,
I
La Maison de Navarre , en préfentant ce
Cierge à V. E. vient lui renouveller les afftrances
de fon profond respect & de fa parfaite
foumiffion quelques relevées que foient les dignités
qui environnent votre perfonne , ce n'eft'
Pasig HY
600 MERCURE DE FRANCE.
نم
pas , Monfeigneur , ce qui demande notre plus
< grande venération ; elles font l'éloge & la gloi
re de la main reconnoiffante qui vous en a res
vétu ; l'objet principal de nos hommages font
ces qualités perfonnelles que toute l'Europe
admire en vous , Monfeigneur , cette pieté fincere
, ce zele pour la gloire du Seigneur , ce
parfait defintereffement , cette vigilance pour
la confervation de la perfonne facrée de S. M.
cette attention continuelle à procurer la feli
cité des peuples , cette droiture qui vous a
merité la confiance des Têtes couronnées ,
qui vous rend l'Arbitre de leurs differens . Tous
ces traits , Monseigneur , forment en vous un
Miniftre felon le coeur de Dieu , cheri de fon
Roi , honoré des Souverains , respecté des
Grands , adoré des Peuples ' , auffi pouvons -
nous affurer , Monſeigneur , que votre Ministere
fera un des beaux endroits de l'Hiftoire du
Prince qui nous gouverne aves tant de fageffe
, & que la pofterité ne fe croira heureufe
qu'autant qu'on s'efforcera de vous imiter ;
puiffe le Ciel vous prolonger au delà des bor
nes ordinaires une vie fi précieufe ; nous ne
cefferons de demander à Dieu cette faveur , &
nous le prierons , Monfeigneur , de nous l'accorder
aux dépens même de nos jours .
Le Prince de Montauban , le Duc de Richelieu,
le Duc de Retz & le Marquis de Beringhen ont
été faits Chevaliers de Saint Louis dans une promotion
particuliere que le Roi a faire depuis peu.
M. Henaut de Montigny , Ancien Officier
d'Artillerie , vient d'être nommé à la place de
Lieutenant General Commandant l'Artillerie en
Bretagne , vacante par le decès de M. de Boifricher.
Y IG
MAR S. 1730. 601
Le premier Mars , il y eut un Concert François
au Château des Thuilleries ; on y chanta la
Cantate de Bacchus par M.Burette ; la Dle Petitpas
chanta un Air Italien qui fit beaucoup de
plaifir,& on finit par un Motet de M. de Lalande.
Le même Concert a continué le 8. & le 15. du .
même mois.
Le 25. jour de la Fête de l'Annonciation de la
Vierge , il y eut Concert fpirituel , on y chanta
le Magnificat , Motet de M. du Bouffet ; la Dile
Le Maure chanta feule un petit Motet du même
Auteur qui fut très- applaudi. Le Sr Mayffonaffe,
nouveau Muficien Haute- Conte , chanta pour
la premiere fois feul un Motet qui fit plaifir . Le
Concert fut terminé par le Confitemini , Moter
de M. de Lalande , qui fut très- bien executé.
& dans lequel les Des Erremens , Le Maure &
Petitpas , chanterent differens Recits. Le même
Concert fpirituel doit continuer juſques & compris
le Dimanche de Quasimodo.
Le premier de ce mois , M. Deftouches , Sur-
Intendant de la Mufique du Roi , fit chanter devant
la Reine,aux grands Appartemens, la feconde .
Entrée du Ballet des Elemens , intitulée L'Eau..
La Dlle Erremens chanta le Rôle de Leucofie
& le Sr Guedon , celui d'Arion . Ce Concert fut
terminé par la Cantate de La Mufette , de M..
Clerambaut , chantée par la Dlle Le Maure ..
Le 6. on chanta le troifiéme Acte du même
Ballet ; le Rôle d'Emilie fut chanté par la D lie
Erremens , & celui de Valere par le Sr Dangerville
; i
; ils firent tous les deux beaucoup de plaifir.
Le 8. on executa le dernier Acte , le Rôle de
Pomone fut chanté avec de grands applaudiffe-,
mens par la Dle Le Maure , & les S's Guedon &
Chaffe executerent parfaitement bien ceux de
Hvj Vertumne & de Pan..
602 MERCURE DE FRANCE :
Le is on chanta le Prologue & le premier
Acte de l'Opera d'é qu'on continua le is . par
le fecond & le troiîîéme Acte.
Le 20. & le 22. on chanta le quatriéme & le
cinquiéme Acte du même Opera ; le Rôle d'iffé
fut executé avec fuccès par la Dlle Antier , à la
referve de la derniere Scene du cinquiéme Acte,.
qui fut chantée par la Dle Lenner dont le talent
pour le chant s'accroît tous les jours ; elle avoit.
chanté auparavant le Prologue avec un gout &.
une précifion qui lui attirerent des louanges infinies.
Ces deux Opera ont eu une execution parfaite
; la Reine a eu la bonté d'en marquer fa fatisfaction
à M. Deftouches qui en eft l'Auteur
Le 8. la Lotterie pour le remboursement des
Rentes de l'Hôtel de Ville fut tirée en préfence
du Prevôt des Marchands & des Echevins en la
maniere accoutumée. Le fonds de ce mois s'eft:
trouvé monter à la fomme de 1345062. livres ,.
laquelle a été diftribuée aux Rentiers pour les
Lots qui leur font échus , conformément à la
Lifte generale qui en a été rendue publique.
Le 9. de ce mois on celébra au College Maza-
*in l'Anniverſaire du Cardinal de cu zom , Fondateur
, avec les cerémonies ordinaires ; la Grand'
Meffe fut celebrée par le Grand- Maître , & chantée
par les Ecclefiaftiques du College. Plufieurs
perfonnes de diftinction fe trouverent à co Service.
Le Cardinal de Biffy partit de Paris le 3. de ce
mois pour aller à Rome , & entrer au Conclave
pour l'élection d'un nouveau Pape. Le Cardinal
de Rohan partit le 12. pour le même ſujet.
Le 14. Mars , M. Hallot , Chanoine de l'Eglife
Collegiale du S. Sepulchre de Caën , Profeffeur
Royal d'Eloquence , & Ancien Recteur de
Université , prononça un Difcours public fur la
Naillance
MARS. 1730.
60%
Naiffance de Monfeigneur le Dauphin , dans la
grande Ecole des Arts , où affifterent M. l'Evê
que de Bayeux & M. de Vaſtan , Intendant de la
Generalité de Caën , avec un grand nombre de
perfonnes de diftinction. Le Difcours fut trèsapplaudi.
Le 17. du mois dernier , M. Lemau de Lajaiffe,
Ancien Officier de la Maifon d'Orleans , & dans
POrdre de S. Lazare , préſenta au Roi une Carte
Generale de la Monarchie & du Militaire de
France , Ancien & Moderne , dont S.. M. parut
très-fatisfaite. C'eft un Ouvrage qu'on pourra
regarder comme unique dans fon efpece &
qui paroît auffi utile & agréable qu'il eft immenfe
; on le grave actuellement avec privilege ;
nous en parlerons plus au long.
>
M. le Pelletier des Forts ayant demandé au Roi
la permiffion de remettre la Charge de Controôleur
General des Finances , S. M. a nommé pour
le remplacer M. Orry , Intendant de Lifle. Le
Roi a donné l'Intendance de Lifle à M. de Granville
, qui étoit Intendant d'Auvergne, & celle- ci
à M. Trudaine , Maître des Requêtes.
Les Députés des Etats d'Artois eurent audience
du Roi , le 19. préfentés par le Prince Charles
de Lorraine , Gouverneur de la Province , &
par M. d'Angervilliers , Miniftre & Secretaire
d'Etat ; ils y furent conduits en la maniere accoutumee
par le Marquis de Dreux , Grand-Maî
tre des Cerémonies , & par M. Defgranges
Maître des Cerémonies. La Députation étoit
compofée de l'Abbé Boiflot , Abbé de Rozieres ,
Grand-Vicaire & Premier Archidiacre du Diocèfe
d'Arras , qui porta la parole , pour le Clergé
, du Comte d'Henu , pour la Nobleffe , & de
M. Goudemez , Avocat & Ancien Echevin de la
Ville d'Arras , pour le Tiers -Etat.
On
604 MERCURE DE FRANCE.
On fera peut- être bien aife de fçavoir que
Charles Houllier , Chaircuitier , à l'Aport de
Paris , attenant la Pantoufle , vend du bon
boudin de S. Germain , de gros cervelas pour
porter en campagne , des langues de moutons
fourrées , de veritables pieds à la Sainte Menoul
, du vrai Jambon de Mayence.
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Résumé : « Le premier du mois dernier, la Maison de Navarre présenta un cierge au Cardinal de Fleuri [...] »
En mars, plusieurs événements marquants ont eu lieu. Le 1er mars, la Maison de Navarre a offert un cierge au Cardinal de Fleury, supérieur de la Maison, et M. Choplet, coadjuteur du Grand-Maître, a renouvelé les marques de respect et de soumission envers le Cardinal. Le texte met en avant les qualités du Cardinal, telles que sa piété sincère, son zèle pour la gloire du Seigneur, son désintéressement, sa vigilance pour la conservation de la personne sacrée du roi, et son attention à la félicité des peuples. Sa droiture lui a valu la confiance des têtes couronnées et le respect des grands. Plusieurs événements culturels et religieux ont également marqué ce mois. Le 1er mars, un concert français a été donné au Château des Tuileries, avec des performances de la cantate de Bacchus par M. Burette et des airs italiens par la demoiselle Petitpas. Le 25 mars, pour la fête de l'Annonciation de la Vierge, des concerts spirituels ont été organisés, avec des motets de M. du Bouffet et M. de Lalande. Des nominations et promotions ont été annoncées, notamment celles du Prince de Montauban, du Duc de Richelieu, du Duc de Retz et du Marquis de Beringhen, faits Chevaliers de Saint Louis. M. Henaut de Montigny a été nommé Lieutenant Général Commandant l'Artillerie en Bretagne. Le 8 mars, la lotterie pour le remboursement des rentes de l'Hôtel de Ville a été tirée en présence du Prévôt des Marchands et des Échevins, avec un fonds de 1 345 062 livres distribuées aux rentiers. Le 9 mars, l'anniversaire du Cardinal de Noailles a été célébré au Collège Mazarin. Les Cardinaux de Bissy et de Rohan sont partis pour Rome afin de participer à l'élection d'un nouveau Pape. Le 14 mars, M. Hallot a prononcé un discours public pour la naissance du Dauphin à l'École des Arts. M. Lemau de Lajaiffe a présenté au roi une carte générale de la monarchie et du militaire de France, ancienne et moderne, qui a été bien accueillie. Des changements dans les charges administratives ont également été annoncés, notamment la nomination de M. Orry comme Contrôleur Général des Finances et de M. de Granville comme Intendant de Lille. Les députés des États d'Artois ont eu audience auprès du roi, présentés par le Prince Charles de Lorraine et M. d'Angervilliers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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103
p. 880-892
REPONSE du second Musicien au premier Musicien, Auteur de l'Examen inseré dans le Mercure d'Octobre 1729. page 2369.
Début :
Je vous addresse la parole, Monsieur, pour bannir toute confusion de notre [...]
Mots clefs :
Accords, Son fondamental, Harmonie, Compositeurs, Variété, Musique, Octave
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE du second Musicien au premier Musicien, Auteur de l'Examen inseré dans le Mercure d'Octobre 1729. page 2369.
REPONSE du fecond Muficien au
premier Muficien Auteur de l'Examen
, inferé dans le Mercure d'Octobre
1729. page 2369.
J
E vous addreffe la parole , Monfieur ,
pour bannir toute confufion de notre
difpute. Je vous exhorte à la fincerité &
à la moderation qui convient entre deux
Confreres ; je vous en ai donné l'exemple.
dans l'expofé que j'ai fait de notre Conference
; vous le fçavez ; comment ofezvous
donc m'accufer de calomnie au fujet
du defaveu que vous avez fait de votre
Livre je pourrois nommer huit ou dix:
témoins qui l'ont entendu : fi je ne-craignois
de commettre des perfonnes refpectables
, peut-être que vous l'avez oublié
dans ce cas , je vous prie de vous
reffouvenir que je vous dis alors , mais
fi vous vous êtes trompé dans un Ouvrage
ou
MAY. 1730 881
•
où vous avez refléchi pendant dix ans ,
ne devez - vous pas craindre de vous trom .
per encore ? Non , répondîtes-vous , je
fuis préfentement certain de mon fait.
Revenez à votre Livre , j'y confens ; je
prendrai la même licence fi je me trompe
en quelque chofe .
Je n'ai nul interêt de décrier ce Livre
comme vous m'en accufez ,& fi je me pare
de la Baffe fondamentale , je puis dire en
même tems , que je ne vous en furs point
redevable ; on n'en peut point douter
puifque je vous accufe de la mal expliquer.
Je pourrois rabattre beaucoup deslouanges
que vous donnez à cet Ouvrage; 、
mais je me contenterai préfentement de
blâmer la temerité que vous avez de ſoutenir
dans votre Préface que tout ce que
l'on a compofé jufqu'à préfent d'excellent
ne l'a été que par goût , fans principes
clairs & certains. Avez-vous penetré au
fond de l'ame de tous ces grands Auteurs,
pour connoître leur fçavoir : Des Ouvrages
charmans & admirables , felon votre
où l'ordre , la fcience , vos meilleurs
principes, & beaucoup d'autres , font
conftamment pratiquez par tout , peuvent-
ils être des enfans de l'aveugle goût
qui ne marche qu'à tatons ; ces excellens
Auteurs n'ont point mis au jour leurs
principes , donc vous n'en pouvez pas ju-
,
ger.
882 MERCURE DE FRANCE
ger. Parceque vous êtes le premier qui
avez fait imprimer le fon fondamental
d'un Accord , s'enfuit- il que vous êtes le
premier qui l'avez connu ; combien voiton
dans les Arts de principes pratiqués
long- tems avant qu'on les imprime. Ce
que vous voulez avoir mis au jour depuis
peu eft commun daris Paris depuis trente
ans , & bien plus , je connois celui qui
dit vous l'avoir enfeigné vers votre
trentiéme année ; vous fçavez qu'il demeure
rue Planche Mibray , à côté d'une
Lingere. Mais fuppofons que vous l'aycz
trouvé après les autres , je foutiens que
vous l'avez mal deviné ; c'eft le fecond
Article de notre difpute. Je ne prétens
pas infinuer que votre Traité d'harmonie'
n'ait beaucoup de bon , malgré fes deffauts
; au contraire , j'avoue que c'eft un
mérite de l'avoir compilé , mais inférieur
au mérite des excellens Auteurs dont
vous niez les lumieres ; car enfin l'harmonie
feule comparée à une piece qui
raffemble toutes les beautés de la Mufique
, eft comme un Rudiment contre une
Piece d'Eloquence. Au refte , ces M M.
n'ont pas befoin de défenfeur ; leurs Ouvrages
en font plus fentir que je n'en
puis dire ces fources fecondes où vous
avez puifé ce que vous fçavez de mieux ,
feront toûjours des témoins qui vous
accufoMAY.
1730. 883
accuferont d'ingratitude envers leurs Auteurs.
;
Ne croyez pas que le ton décifif &
les invectives qui regnent dans votre
Examen , vous donnent gain de caufe
parmi les perfonnes qui penfent bien ; il
faut des raifons pour les perfuader ; c'eſt
vouloir juger fa propre caufe que de trairer
fon adverfaire d'ignorant le Public
en doit décider , il eft notre juge dès que
nous lui addreffons nos Ecrits . Vous ne
prenez pas garde que vos mépris retombent
fur vous- même ; auriez- vous oublié
qu'à la fin de notre Conference , en préfence
de la Compagnie , vous avez refufé
un pari de cent louis que je vous ai propofé
, pour ceux de nos fentimens qut
l'emporteroient au jugement des plus renommés
compofiteurs du Royaume : Ne
vous flattez pas que la Compagnie ait
approuvé cette défaite ; voici vos propres
paroles je ne reconnois perfonne capable
de me juger; je ſuis feul fçavant en
harmonie. Quelle certitude , que celle qui
n'eft fondée que fur l'opinion d'une seule
tête.
Venons au fait. Toute notre difpute
roule fur quatre chefs. 1 ° Si le premier
fondement de l'harmonie doit fe tirer des
proportions qui fe trouvent dans les vibrations
des fons on de la refonnance du
corps
884 MERCURE DE FRANCE
corps fonore. 20 quel eft le fon fondamental
dans l'Accord de 4° & celui de 9º.-
3 files renverfemens de ces deux Ac--
cords peuvent fe pratiquer . 40 Si la façon
ordinaire d'accompagner du Clavecin eft
plus parfaite que la vôtre .
Le premier chef eft un fait de pure
Phyfique ; comme vous n'avez point étudié
cette Science , je ne fuis point étonné
que vous ne vous rendiez pas à mes
raifons alleguées dans la Conference . Cependant
il faut ou vous faire inftruire
fur cet article , ou me le ceder . Je ne fçai
point de moyen plus éfficace pour vous
y engager que de vous propofer un pari
de cent piftoles , plus ou moins fi vous
voulez , & nous prierons M M. de l'Académie
des Sciences de nous juger ; a
leur refus , des Profeffeurs de Philofophie
pourront être nos juges .
Le fecond chef eft de la compétence
des compofiteurs de Mufique , auffi bien
que des Phyficiens , & parceque c'eſt à
ces premiers principalement que nous
adreffons nos raifons , je l'approfondirai
autant qu'il me fera poffible. Mes preuves
écrites dans la Conference me paroiffent
fi fort au-deffus de la réponfe que.
Vous y avez faite , que je ne puis me
difpenfer de vous y renvoyer , perfuadé
que fi vous pouvez les méditer fans pré-
1 ventionMAY.
1730.* 885
vention , vous en ferez convaincu . J'ajoûte
à ces preuves l'argument fuivant ,
qui fervira en même- tems à déveloper
Fendroit où votre réponſe péche.
Le fon fondamental d'un Accord eft
celui qui donne la difpofition de l'Accord
parfait , lorfqu'on le met au bas des autres
fons , auquel Accord parfait on peut
fouvent ajoûter la 7 ; vous convenez avec
moi de ce principe ; ainfi dans ces Accords
fa la ut ré fa , la ut ré fa la , ut ré fa llaa ,
le fon fondamental eft le ré , parceque
Jui feul mis au plus bas donne ré fa la ut
ré , qui eft la difpofition requife. Si l'on
diéze le fa , le ré ne fera pas moins fondamental
, parceque la difpofition fera la
même ; jufqu'ici nous fommes d'accord .
Mais fi l'on fupprime plufieurs fons , ne
laiffant que ré ut , on ne pourra pas dire
que ces deux fons font un Accord de fep--
tiéme , comme vous dites , ce fera feulement
un intervale de 7° ; car nous entendons
par Accord de feptiéme un Accord
parfait auquel on a ajoûté la 7° , & c'eft
ici le défaut de votre preuve ; vous dites
ré ut font un Accord de 7 , que
que
fi
vous mettez un fol au lieu de la
n'aurez pas moins un Accord de 7º , &
que le ré felon notre principe eft fondamental
, je réponds que ce n'eft point un
compofé de 3 , 4 , 7 & 8° , qui eft la
diſpo
, vous
886 MERCURE DE FRANCE
diſpoſition dont nous convenons dans notre
principe , que c'eft , au contraire , un
compofé de tierce , quinte & octave , auquel
on peut ajoûter la feptiéme. Vous
avez fuppofé faux ; ainfi votre conclufion
cft fauffe. Mais , direz- vous , on ne peut
pas trouver la difpofition d'Accord parfait
dans l'Accord de quarte , ni celui de
neuviéme ; je réponds que lorfque cette
difpofition eft impoffible , ce doit être
celle qui en approche le plus qui doit y
étre fubftituée. Car enfin fi la feule dif
pofition d'Accord parfait nous indique le
fon fondamental , à quelle difpofition
pouvons -nous le plus raifonnablement
avoir recours, lorfque celle- ci nous manque
, fi ce n'eft à celle qui en approche le
plus. Cela me paroît d'une évidence fi
fenfible , que perfonne, je croi , n'enpeut
douter.
Or il eft certain que dans l'Accord de
quarte & celui de neuviéme , dans les
circonftances que l'on voit à l'exemple
mis au bas de l'Air noté de ce Livre , la
baffe actuelle donne la difpofition la plus
approchante de l'Accord parfait ou de
feptiéme , car elle n'en differe que par un
fon retardant , pareffeux , pour ainfi dire ,
à fe rendre à fa place ; donc la baffe actuelle
dans ces deux Accords eſt fondamentale
Yous!
MAY. 1730. 887
Vous avez marqué dans votre Examen
que l'Accord complet fol ré fa la ut , fait
voir que ré eft fondamental , étant la baffe
d'un Accord de feptiéme complet ; mais
cette raifon n'a point de lieu dans les
exemples que je rapporte , parceque tous
les fons que vous propofez ne peuvent
pas s'y trouver , & quoique l'on puiffe
les admettre tous dans deux cas que j'expliquerai
ci après , cela ne conclud rien
pour les cas où l'on ne peut pas les admettre
tous ; les accords que je propofe
font differens.
Vous dites encore pour votre défenſe ,
que à tout Accord de neuviéme on peut
ajoûter la 7 , ainfi le fon qui fait la tierce
eft fondamental , puiſqu'il porte un Accord
de feptiéme complet ; vous m'avez
fait cette objection le jour de notre Conference
, vous prétendiez que dans l'Accord
de neuvième , marqué B , on peut
y mettre la 7 pour la faire monter enfuite
à l'octave , ce que je nie par deux
raifons. 1 Parceque la note fenfible ayant
déja monté à la note finale par obligation ,
on ne peut plus fuppofer qu'elle eft encore
à fa place , & la faire monter une feconde
fois pour fatisfaire à la même obligation .
2º Parceque la note fenfible fur la finale
ne peut fubftituer fans la 4* ; quand au lieu
de cette quarte on met la tierce , on eft
obligé
888 MERCURE DE FRANCE
obligé de reconnoitre que cette 7 n'eft
plus note fenfible , on doit la faire def
cendre parceque le mode eft changé ; cette
7 qui eft majeure , feroit encore moins
compatible avec la tierce mineure , parcequ'elles
font en relation de quinte fuperflue.
Mais je dis plus , lors même que
la feptiéme peut aller avec la neuviéme
la buffe actuelle eft encore fondamentale :
Voici mes raifons.
pas
Vous reconnoiffez réé, pour fondamental
dans l'accord ré , fa , la , ut , ré ;
fi au lieu de l'Octave ou uniffon , je mets
un mi , par continuation , que ce mi fe
rende inceffamment au ré , où il auroit
dû être , pourquoi le ré ne feroit- il plus
fondamental ? ce mi n'a rien changé à la
premiere difpofition . Le fa , que vous
foutenez être fondamental , ne donne
une difpofition plus approchante de l'ac
cord parfait que le ré , au contraire ; &
quand même cela feroit égal , il femble
que le ré devroit refter tel, fur tout lorfque
la baffe fondamentale a précedé fur
le la , parce que le progrès le plus naturel
de cette baffe eft d'aller par quarte
ou par quinte , comme j'ai marqué dans
l'exemple C ; mais de plus, je foutiens
la difpofition n'eft pas égale , par deux
raifons. 1. Selon vous le fon ré eft entierement
étranger au véritable accord ,
que
que
MAY . 1730. 889
que vous dites être fa , la , ut , mi , ce ré
eft ftable & indépendant , comme un fon
fondamental doit être . Selon moi , le fon
mi n'eft point abfolument étranger au
veritable accord , que je dis être rê , fa ,
la , ut , ré , ce mi n'eft point ftable , il ne
peut durer beaucoup , ce n'eft qu'un allongement
d'un mi , qui a précedé , il dépend
abfolument du ré , où il doit fe rendre
inceffamment , on ne permet ce retardement
que pour faire fouhaiter le ré.
& le faire trouver meilleur . 2 ° . Selon
vous , le ré ne peut trouver place , que
hors l'étendue de l'Octave ; cependant
toutes les proportions harmoniques doivent
trouver place dans cette étenduë ,
c'eſt le ſentiment de tous ceux qui en ont
écrit. Selon moi , ma neuviéme fe trouve
dans cette étendue , elle fe peut faire également
au fecond degré comme un retardement
de l'uniffon ; c'eft réellement
une 2 ; chacun fçait qu'on ne lui donne le
nom de neuviême , que pour la diftinguer
de la 2º ou la baffe fincope , ces deux .
2es exigent des mouvemens & des accompagnemens
differens.
Il reste encore à expliquer les deux
cas où tous ces fons , fol , ré , fa , la , ut,
peuvent le rencontrer. Le premier que
l'on voit à l'exemple D. eft femblable à
l'accord , tiré du Confitebor de M. de la
Lande,
890 MERCURE DE FRANCE
ג
Lande , marqué F. excepté que la tierce.
eft obmife ; parconfequent l'accord que
vous propofez eft incomplet.Si l'on y ajoûte
le fi bemol , qui eft obmis , il est évident
qu'on aura un accord de 7 & 9 , ou au
lieu de doubler la tierce dès le premier
temps on a fait une quarte pour retarder
ce doublement de la tierce. Or , felon
l'explication que je viens de donner de
l'accord de 7 & 9 , marqué C. la baffe
actuelle y eft fondamentale. Donc dans
l'accord que vous propofez le fol eft fondamental
; ce qui n'eft pas votre ſentiment.
Remarquez que dans mes Explications
, l'harmonie ne fort point de l'étendue
de l'Octave , comme vous la faites
fortir car dans l'accord dont je viens de
parler , la 9 & 4* fe peuvent également
faire au fecond & au quatrième degré .
;
Le fecond cas où tous ces fons que vous
propofez , fol , ré , fa , la , ut , peuvent fe
rencontrer , c'eft l'accord que vous nommez
de 7 fuperfluë , marqué E. je conviens
que ré eft fondamental dans cet accord
; mais il y a deux raifons de le dif
tinguer . L'une que ré eft dominante . L'au
tre , que ce n'eft point veritablement un
bon accord ; on ne l'admet que par li
cence , pour favorifer le point d'Orgue
dont l'harmonie eft fort bornée ; & l'idée
l'on a de cet accord , eft la baffe
devroit
que que
MA Y. 1730.
891
devroit être alors à la dominante ; mais
qu'elle refte à la finale comme par entêtement
ou par une immobilité inébran
lable , on fent que l'harmonie , pour rem.
plir fon miniftere , qui eft de donner de
la varieté , touche l'accord de la dominante
, mais que la baffe manque , pour
ainfi- dire , à fon devoir.
Votre baffe fondamentale a encore , de
votre aveu , le deffaut de ne pouvoir pas
être admife dans la pratique ; mais on y
admet la mienne .
Le troifiéme Chef confifte en des faits
de pratique de compofition , dont l'oreille
eft contente. Pour prouver la bonté
de cette pratique , voici comme je rai
fonné.
Dans les Arts où la varieté eft neceffaire,
c'eſt un bien de multiplier les fondemens
de cette varieté , fur tout lorfque cefdits
fondemens font très-bornez,
Or , dans la Mufique , la varieté eft ne
ceffaire. Les fondemens de cette varieté
font les accords , dont le nombre eſt trèspetit
; donc dans la Mufique , l'augmentation
des accords eft un bien , principalement
lorsque l'experience dans la pratique
en a fait fentir la bonté.
Si vous continuez à me difputer ce troifiéme
Chef, je me fais fort de vous faire
condamner par les Compofiteurs à grands
Choeurs
892 MERCURE DE FRANCE
Choeurs , les plus renommez , dont j'aurai
des Certificats.
Pour ce qui concerne votre accompagnement
, on voit affez que je n'ai point
donné mes Objections écrites , comme
prouvées , mais comme prêt à les prouver,
ce détail demandant un écrit particulier.
Le prétendu parallele de nos accompagnemens
, que vous venez de mettre au
jour dans les derniers Mercures , eft une
occafion bien naturelle de donner ce détail
. En attendant , permettez - moi devous
dire , que l'expolé que vous y faites
de la maniere dont les habiles enſeignent
l'accompagnement , n'eft point fidele.
Vous vous appropriez des principes qu'on
enfeignoit avant vous.
premier Muficien Auteur de l'Examen
, inferé dans le Mercure d'Octobre
1729. page 2369.
J
E vous addreffe la parole , Monfieur ,
pour bannir toute confufion de notre
difpute. Je vous exhorte à la fincerité &
à la moderation qui convient entre deux
Confreres ; je vous en ai donné l'exemple.
dans l'expofé que j'ai fait de notre Conference
; vous le fçavez ; comment ofezvous
donc m'accufer de calomnie au fujet
du defaveu que vous avez fait de votre
Livre je pourrois nommer huit ou dix:
témoins qui l'ont entendu : fi je ne-craignois
de commettre des perfonnes refpectables
, peut-être que vous l'avez oublié
dans ce cas , je vous prie de vous
reffouvenir que je vous dis alors , mais
fi vous vous êtes trompé dans un Ouvrage
ou
MAY. 1730 881
•
où vous avez refléchi pendant dix ans ,
ne devez - vous pas craindre de vous trom .
per encore ? Non , répondîtes-vous , je
fuis préfentement certain de mon fait.
Revenez à votre Livre , j'y confens ; je
prendrai la même licence fi je me trompe
en quelque chofe .
Je n'ai nul interêt de décrier ce Livre
comme vous m'en accufez ,& fi je me pare
de la Baffe fondamentale , je puis dire en
même tems , que je ne vous en furs point
redevable ; on n'en peut point douter
puifque je vous accufe de la mal expliquer.
Je pourrois rabattre beaucoup deslouanges
que vous donnez à cet Ouvrage; 、
mais je me contenterai préfentement de
blâmer la temerité que vous avez de ſoutenir
dans votre Préface que tout ce que
l'on a compofé jufqu'à préfent d'excellent
ne l'a été que par goût , fans principes
clairs & certains. Avez-vous penetré au
fond de l'ame de tous ces grands Auteurs,
pour connoître leur fçavoir : Des Ouvrages
charmans & admirables , felon votre
où l'ordre , la fcience , vos meilleurs
principes, & beaucoup d'autres , font
conftamment pratiquez par tout , peuvent-
ils être des enfans de l'aveugle goût
qui ne marche qu'à tatons ; ces excellens
Auteurs n'ont point mis au jour leurs
principes , donc vous n'en pouvez pas ju-
,
ger.
882 MERCURE DE FRANCE
ger. Parceque vous êtes le premier qui
avez fait imprimer le fon fondamental
d'un Accord , s'enfuit- il que vous êtes le
premier qui l'avez connu ; combien voiton
dans les Arts de principes pratiqués
long- tems avant qu'on les imprime. Ce
que vous voulez avoir mis au jour depuis
peu eft commun daris Paris depuis trente
ans , & bien plus , je connois celui qui
dit vous l'avoir enfeigné vers votre
trentiéme année ; vous fçavez qu'il demeure
rue Planche Mibray , à côté d'une
Lingere. Mais fuppofons que vous l'aycz
trouvé après les autres , je foutiens que
vous l'avez mal deviné ; c'eft le fecond
Article de notre difpute. Je ne prétens
pas infinuer que votre Traité d'harmonie'
n'ait beaucoup de bon , malgré fes deffauts
; au contraire , j'avoue que c'eft un
mérite de l'avoir compilé , mais inférieur
au mérite des excellens Auteurs dont
vous niez les lumieres ; car enfin l'harmonie
feule comparée à une piece qui
raffemble toutes les beautés de la Mufique
, eft comme un Rudiment contre une
Piece d'Eloquence. Au refte , ces M M.
n'ont pas befoin de défenfeur ; leurs Ouvrages
en font plus fentir que je n'en
puis dire ces fources fecondes où vous
avez puifé ce que vous fçavez de mieux ,
feront toûjours des témoins qui vous
accufoMAY.
1730. 883
accuferont d'ingratitude envers leurs Auteurs.
;
Ne croyez pas que le ton décifif &
les invectives qui regnent dans votre
Examen , vous donnent gain de caufe
parmi les perfonnes qui penfent bien ; il
faut des raifons pour les perfuader ; c'eſt
vouloir juger fa propre caufe que de trairer
fon adverfaire d'ignorant le Public
en doit décider , il eft notre juge dès que
nous lui addreffons nos Ecrits . Vous ne
prenez pas garde que vos mépris retombent
fur vous- même ; auriez- vous oublié
qu'à la fin de notre Conference , en préfence
de la Compagnie , vous avez refufé
un pari de cent louis que je vous ai propofé
, pour ceux de nos fentimens qut
l'emporteroient au jugement des plus renommés
compofiteurs du Royaume : Ne
vous flattez pas que la Compagnie ait
approuvé cette défaite ; voici vos propres
paroles je ne reconnois perfonne capable
de me juger; je ſuis feul fçavant en
harmonie. Quelle certitude , que celle qui
n'eft fondée que fur l'opinion d'une seule
tête.
Venons au fait. Toute notre difpute
roule fur quatre chefs. 1 ° Si le premier
fondement de l'harmonie doit fe tirer des
proportions qui fe trouvent dans les vibrations
des fons on de la refonnance du
corps
884 MERCURE DE FRANCE
corps fonore. 20 quel eft le fon fondamental
dans l'Accord de 4° & celui de 9º.-
3 files renverfemens de ces deux Ac--
cords peuvent fe pratiquer . 40 Si la façon
ordinaire d'accompagner du Clavecin eft
plus parfaite que la vôtre .
Le premier chef eft un fait de pure
Phyfique ; comme vous n'avez point étudié
cette Science , je ne fuis point étonné
que vous ne vous rendiez pas à mes
raifons alleguées dans la Conference . Cependant
il faut ou vous faire inftruire
fur cet article , ou me le ceder . Je ne fçai
point de moyen plus éfficace pour vous
y engager que de vous propofer un pari
de cent piftoles , plus ou moins fi vous
voulez , & nous prierons M M. de l'Académie
des Sciences de nous juger ; a
leur refus , des Profeffeurs de Philofophie
pourront être nos juges .
Le fecond chef eft de la compétence
des compofiteurs de Mufique , auffi bien
que des Phyficiens , & parceque c'eſt à
ces premiers principalement que nous
adreffons nos raifons , je l'approfondirai
autant qu'il me fera poffible. Mes preuves
écrites dans la Conference me paroiffent
fi fort au-deffus de la réponfe que.
Vous y avez faite , que je ne puis me
difpenfer de vous y renvoyer , perfuadé
que fi vous pouvez les méditer fans pré-
1 ventionMAY.
1730.* 885
vention , vous en ferez convaincu . J'ajoûte
à ces preuves l'argument fuivant ,
qui fervira en même- tems à déveloper
Fendroit où votre réponſe péche.
Le fon fondamental d'un Accord eft
celui qui donne la difpofition de l'Accord
parfait , lorfqu'on le met au bas des autres
fons , auquel Accord parfait on peut
fouvent ajoûter la 7 ; vous convenez avec
moi de ce principe ; ainfi dans ces Accords
fa la ut ré fa , la ut ré fa la , ut ré fa llaa ,
le fon fondamental eft le ré , parceque
Jui feul mis au plus bas donne ré fa la ut
ré , qui eft la difpofition requife. Si l'on
diéze le fa , le ré ne fera pas moins fondamental
, parceque la difpofition fera la
même ; jufqu'ici nous fommes d'accord .
Mais fi l'on fupprime plufieurs fons , ne
laiffant que ré ut , on ne pourra pas dire
que ces deux fons font un Accord de fep--
tiéme , comme vous dites , ce fera feulement
un intervale de 7° ; car nous entendons
par Accord de feptiéme un Accord
parfait auquel on a ajoûté la 7° , & c'eft
ici le défaut de votre preuve ; vous dites
ré ut font un Accord de 7 , que
que
fi
vous mettez un fol au lieu de la
n'aurez pas moins un Accord de 7º , &
que le ré felon notre principe eft fondamental
, je réponds que ce n'eft point un
compofé de 3 , 4 , 7 & 8° , qui eft la
diſpo
, vous
886 MERCURE DE FRANCE
diſpoſition dont nous convenons dans notre
principe , que c'eft , au contraire , un
compofé de tierce , quinte & octave , auquel
on peut ajoûter la feptiéme. Vous
avez fuppofé faux ; ainfi votre conclufion
cft fauffe. Mais , direz- vous , on ne peut
pas trouver la difpofition d'Accord parfait
dans l'Accord de quarte , ni celui de
neuviéme ; je réponds que lorfque cette
difpofition eft impoffible , ce doit être
celle qui en approche le plus qui doit y
étre fubftituée. Car enfin fi la feule dif
pofition d'Accord parfait nous indique le
fon fondamental , à quelle difpofition
pouvons -nous le plus raifonnablement
avoir recours, lorfque celle- ci nous manque
, fi ce n'eft à celle qui en approche le
plus. Cela me paroît d'une évidence fi
fenfible , que perfonne, je croi , n'enpeut
douter.
Or il eft certain que dans l'Accord de
quarte & celui de neuviéme , dans les
circonftances que l'on voit à l'exemple
mis au bas de l'Air noté de ce Livre , la
baffe actuelle donne la difpofition la plus
approchante de l'Accord parfait ou de
feptiéme , car elle n'en differe que par un
fon retardant , pareffeux , pour ainfi dire ,
à fe rendre à fa place ; donc la baffe actuelle
dans ces deux Accords eſt fondamentale
Yous!
MAY. 1730. 887
Vous avez marqué dans votre Examen
que l'Accord complet fol ré fa la ut , fait
voir que ré eft fondamental , étant la baffe
d'un Accord de feptiéme complet ; mais
cette raifon n'a point de lieu dans les
exemples que je rapporte , parceque tous
les fons que vous propofez ne peuvent
pas s'y trouver , & quoique l'on puiffe
les admettre tous dans deux cas que j'expliquerai
ci après , cela ne conclud rien
pour les cas où l'on ne peut pas les admettre
tous ; les accords que je propofe
font differens.
Vous dites encore pour votre défenſe ,
que à tout Accord de neuviéme on peut
ajoûter la 7 , ainfi le fon qui fait la tierce
eft fondamental , puiſqu'il porte un Accord
de feptiéme complet ; vous m'avez
fait cette objection le jour de notre Conference
, vous prétendiez que dans l'Accord
de neuvième , marqué B , on peut
y mettre la 7 pour la faire monter enfuite
à l'octave , ce que je nie par deux
raifons. 1 Parceque la note fenfible ayant
déja monté à la note finale par obligation ,
on ne peut plus fuppofer qu'elle eft encore
à fa place , & la faire monter une feconde
fois pour fatisfaire à la même obligation .
2º Parceque la note fenfible fur la finale
ne peut fubftituer fans la 4* ; quand au lieu
de cette quarte on met la tierce , on eft
obligé
888 MERCURE DE FRANCE
obligé de reconnoitre que cette 7 n'eft
plus note fenfible , on doit la faire def
cendre parceque le mode eft changé ; cette
7 qui eft majeure , feroit encore moins
compatible avec la tierce mineure , parcequ'elles
font en relation de quinte fuperflue.
Mais je dis plus , lors même que
la feptiéme peut aller avec la neuviéme
la buffe actuelle eft encore fondamentale :
Voici mes raifons.
pas
Vous reconnoiffez réé, pour fondamental
dans l'accord ré , fa , la , ut , ré ;
fi au lieu de l'Octave ou uniffon , je mets
un mi , par continuation , que ce mi fe
rende inceffamment au ré , où il auroit
dû être , pourquoi le ré ne feroit- il plus
fondamental ? ce mi n'a rien changé à la
premiere difpofition . Le fa , que vous
foutenez être fondamental , ne donne
une difpofition plus approchante de l'ac
cord parfait que le ré , au contraire ; &
quand même cela feroit égal , il femble
que le ré devroit refter tel, fur tout lorfque
la baffe fondamentale a précedé fur
le la , parce que le progrès le plus naturel
de cette baffe eft d'aller par quarte
ou par quinte , comme j'ai marqué dans
l'exemple C ; mais de plus, je foutiens
la difpofition n'eft pas égale , par deux
raifons. 1. Selon vous le fon ré eft entierement
étranger au véritable accord ,
que
que
MAY . 1730. 889
que vous dites être fa , la , ut , mi , ce ré
eft ftable & indépendant , comme un fon
fondamental doit être . Selon moi , le fon
mi n'eft point abfolument étranger au
veritable accord , que je dis être rê , fa ,
la , ut , ré , ce mi n'eft point ftable , il ne
peut durer beaucoup , ce n'eft qu'un allongement
d'un mi , qui a précedé , il dépend
abfolument du ré , où il doit fe rendre
inceffamment , on ne permet ce retardement
que pour faire fouhaiter le ré.
& le faire trouver meilleur . 2 ° . Selon
vous , le ré ne peut trouver place , que
hors l'étendue de l'Octave ; cependant
toutes les proportions harmoniques doivent
trouver place dans cette étenduë ,
c'eſt le ſentiment de tous ceux qui en ont
écrit. Selon moi , ma neuviéme fe trouve
dans cette étendue , elle fe peut faire également
au fecond degré comme un retardement
de l'uniffon ; c'eft réellement
une 2 ; chacun fçait qu'on ne lui donne le
nom de neuviême , que pour la diftinguer
de la 2º ou la baffe fincope , ces deux .
2es exigent des mouvemens & des accompagnemens
differens.
Il reste encore à expliquer les deux
cas où tous ces fons , fol , ré , fa , la , ut,
peuvent le rencontrer. Le premier que
l'on voit à l'exemple D. eft femblable à
l'accord , tiré du Confitebor de M. de la
Lande,
890 MERCURE DE FRANCE
ג
Lande , marqué F. excepté que la tierce.
eft obmife ; parconfequent l'accord que
vous propofez eft incomplet.Si l'on y ajoûte
le fi bemol , qui eft obmis , il est évident
qu'on aura un accord de 7 & 9 , ou au
lieu de doubler la tierce dès le premier
temps on a fait une quarte pour retarder
ce doublement de la tierce. Or , felon
l'explication que je viens de donner de
l'accord de 7 & 9 , marqué C. la baffe
actuelle y eft fondamentale. Donc dans
l'accord que vous propofez le fol eft fondamental
; ce qui n'eft pas votre ſentiment.
Remarquez que dans mes Explications
, l'harmonie ne fort point de l'étendue
de l'Octave , comme vous la faites
fortir car dans l'accord dont je viens de
parler , la 9 & 4* fe peuvent également
faire au fecond & au quatrième degré .
;
Le fecond cas où tous ces fons que vous
propofez , fol , ré , fa , la , ut , peuvent fe
rencontrer , c'eft l'accord que vous nommez
de 7 fuperfluë , marqué E. je conviens
que ré eft fondamental dans cet accord
; mais il y a deux raifons de le dif
tinguer . L'une que ré eft dominante . L'au
tre , que ce n'eft point veritablement un
bon accord ; on ne l'admet que par li
cence , pour favorifer le point d'Orgue
dont l'harmonie eft fort bornée ; & l'idée
l'on a de cet accord , eft la baffe
devroit
que que
MA Y. 1730.
891
devroit être alors à la dominante ; mais
qu'elle refte à la finale comme par entêtement
ou par une immobilité inébran
lable , on fent que l'harmonie , pour rem.
plir fon miniftere , qui eft de donner de
la varieté , touche l'accord de la dominante
, mais que la baffe manque , pour
ainfi- dire , à fon devoir.
Votre baffe fondamentale a encore , de
votre aveu , le deffaut de ne pouvoir pas
être admife dans la pratique ; mais on y
admet la mienne .
Le troifiéme Chef confifte en des faits
de pratique de compofition , dont l'oreille
eft contente. Pour prouver la bonté
de cette pratique , voici comme je rai
fonné.
Dans les Arts où la varieté eft neceffaire,
c'eſt un bien de multiplier les fondemens
de cette varieté , fur tout lorfque cefdits
fondemens font très-bornez,
Or , dans la Mufique , la varieté eft ne
ceffaire. Les fondemens de cette varieté
font les accords , dont le nombre eſt trèspetit
; donc dans la Mufique , l'augmentation
des accords eft un bien , principalement
lorsque l'experience dans la pratique
en a fait fentir la bonté.
Si vous continuez à me difputer ce troifiéme
Chef, je me fais fort de vous faire
condamner par les Compofiteurs à grands
Choeurs
892 MERCURE DE FRANCE
Choeurs , les plus renommez , dont j'aurai
des Certificats.
Pour ce qui concerne votre accompagnement
, on voit affez que je n'ai point
donné mes Objections écrites , comme
prouvées , mais comme prêt à les prouver,
ce détail demandant un écrit particulier.
Le prétendu parallele de nos accompagnemens
, que vous venez de mettre au
jour dans les derniers Mercures , eft une
occafion bien naturelle de donner ce détail
. En attendant , permettez - moi devous
dire , que l'expolé que vous y faites
de la maniere dont les habiles enſeignent
l'accompagnement , n'eft point fidele.
Vous vous appropriez des principes qu'on
enfeignoit avant vous.
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Résumé : REPONSE du second Musicien au premier Musicien, Auteur de l'Examen inseré dans le Mercure d'Octobre 1729. page 2369.
Le texte est une série d'échanges publiés dans le Mercure de France en octobre 1729 et mai 1730 entre deux musiciens. Le premier, appelé le 'fecond Muficien,' répond à une dispute concernant un livre sur la musique. Il appelle à la sincérité et à la modération, rappelant que plusieurs témoins ont entendu son adversaire désavouer le livre. Le 'fecond Muficien' conteste l'idée que les œuvres excellentes sont créées sans principes clairs, affirmant que de nombreux auteurs ont pratiqué l'ordre et la science. Il soutient que les principes fondamentaux de l'harmonie ne sont pas nouveaux et que son adversaire les a mal interprétés. La dispute porte sur quatre points principaux : les fondements de l'harmonie, le son fondamental dans certains accords, la pratique des renversements d'accords, et la méthode d'accompagnement au clavecin. Le 'fecond Muficien' propose un pari pour résoudre la première question et approfondit les arguments concernant le son fondamental dans les accords de quarte et de neuvième. Il critique également l'attitude arrogante de son adversaire, qui refuse de reconnaître des juges compétents et se proclame seul expert en harmonie. Un autre échange implique deux interlocuteurs, identifiés par 'de 7 fuperfluë, marqué E' et 'MA Y. 1730'. Le premier affirme que la note 'ré' est fondamentale dans un accord, mais distingue deux raisons pour la différencier : sa dominance et le fait qu'elle n'est pas un véritable bon accord, admise par licence pour favoriser le point d'orgue. Il explique que la basse devrait être à la dominante mais reste à la finale, obligeant l'harmonie à toucher l'accord de la dominante, manquant ainsi à son devoir de variété. Le second interlocuteur reconnaît les défauts pratiques de la basse fondamentale mais insiste sur son importance dans la pratique. Il souligne l'importance de la variété en musique et soutient que multiplier les accords est bénéfique pour augmenter cette variété. Il menace de faire condamner son opposant par des compositeurs renommés s'il continue à contester ce point. Concernant l'accompagnement, le premier interlocuteur mentionne qu'il n'a pas encore fourni ses objections écrites mais est prêt à le faire. Il critique l'exposé de son opposant sur l'enseignement de l'accompagnement, affirmant que celui-ci s'approprie des principes enseignés avant lui.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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104
p. *1007-1007
« Le même jour l'Académie Royale de Musique remit au Théatre l'Opera d'Alcione, qui n'avoit [...] »
Début :
Le même jour l'Académie Royale de Musique remit au Théatre l'Opera d'Alcione, qui n'avoit [...]
Mots clefs :
Académie royale de musique
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texteReconnaissance textuelle : « Le même jour l'Académie Royale de Musique remit au Théatre l'Opera d'Alcione, qui n'avoit [...] »
Le même jour l'Académie Royale de Mufique
remit au Théatre l'Opera d'Alcione , qui n'avoit
pas été joué depuis qu'il fut repris au mois d'Avril
1719. Il avoit été joué dans fa nouveauté
en Février 1706 .
Le 16. on donna par extraordinaire , une Reprefentation
de Théfée , pour les Acteurs , comme
cela fe pratique tous les ans à l'ouverture du
Théatre. Cette Piece fut fuivie d'un Pas de Trois,
danfé par la Dlle Camargo , & par les fieurs Blondi
& du Moulin.
remit au Théatre l'Opera d'Alcione , qui n'avoit
pas été joué depuis qu'il fut repris au mois d'Avril
1719. Il avoit été joué dans fa nouveauté
en Février 1706 .
Le 16. on donna par extraordinaire , une Reprefentation
de Théfée , pour les Acteurs , comme
cela fe pratique tous les ans à l'ouverture du
Théatre. Cette Piece fut fuivie d'un Pas de Trois,
danfé par la Dlle Camargo , & par les fieurs Blondi
& du Moulin.
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105
p. 1042-1046
« Le 28. Avril, les Dominicains du Grand Couvent de la Rue S. Jacques, celebrerent dans leur Eglise [...] »
Début :
Le 28. Avril, les Dominicains du Grand Couvent de la Rue S. Jacques, celebrerent dans leur Eglise [...]
Mots clefs :
Loterie, Concert, Squelette, Dominicains, Comédiens-Français
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texteReconnaissance textuelle : « Le 28. Avril, les Dominicains du Grand Couvent de la Rue S. Jacques, celebrerent dans leur Eglise [...] »
Le 2 8. Avril,lesDominicains du Grand Convent
de la Rue S. Jacques , celebrerènt dans leur Eglife
un Service folemnel pour le repos de l'ame du feu
Pape Benoît XIII. qui étoit Religieux de leur
Ordre ; l'Evêque de Lefcar y celebra pontificalement
la Meffe , & l'Oraiſon Funebre du feu Pape
y fut prononcée par le Pere Corbierre , Religieux
du mème Convent. L'Eglife étoit tenduë de noir
avec les Armes du Pape deffunt.
Le Gouvernement du Mont Louis , & la Lieutenance
MAY. 1730. 1043
tenance Generale de la Province de Rouffillon ,
ont été accordez à M. le Comte de Caylus , Lieutenant
General ès Armées du Roi , l'un & l'autre
vacans par le décés deM.le Marquis de Firmacon.
La Lieutenance Generale du Comté de Bour→
gogne , a été accordée à M. le Duc de Durfort ,
fur la démiffion de M. le Duc d'Harcourt.
On a trouvé dans les Fondemens du Gouverne.
ment de l'Ile de Ré , le Squelette d'une femme ,
dont la tête étoit ornée d'une Couronne de cuivre
doré, garnie de Pierres , qui font tombées en
pouffiere lorfqu'on y a touché ; il y avoit auprès
de cette Sépulture quantité d'offemens ; mais il
ne s'eft trouvé ni Médailles ni autres marques
qui ayent pú fervir à découvrir l'ancienneté & le
caractere du Squelette.
Les Députez du Parlement qui avoient reçû
les ordres du Roi le 29.du mois dernier, le rendirent
à Fontainebleau le premier de ce mois , &
M. Portail , Premier Preſident , étant à leur tête .
Ils furent prefentez & conduits à l'Audience de
Sa Majesté avec les ceremonies accoûtumées. Le
Roi leur expliqua le fujer pour lequel il les avoit
mandez. Il leur fit enfuite déclarer fa volonté
par le Chancelier de France , & le Roi ordonna
aux Députez d'inftruire le Parlement afſemblé
des intentions de S. M.
Le 7. la Reine fit rendre à l'Eglife de la Paroiffe
les Pains Benits , qui furent préfentez par l'Abbé
de Sainte Hermine , Aumônier de S. M. accompagné
du Maître d'Hôtel Ordinaire , & du Contrôleur
en quartier.
Le 6. de ce mois , le Baron Chedda , Envoyé
Extraordinaire du Roi de Suede , & l'un de fes
Ambaffadeurs Plénipotentiaires au Congrés de
Soiffons , eut , en long Manteau de deuil , une
Audience particuliere du Roi , dans laquelle il fit
1
1111 part
1044 MERCURE DE FRANCE
part à S. M. de la mort du Landgrave de Heffle-
Caffel ,, pere du Roi de Suede . Il fut conduit par
M. Hebert, Introducteur des Ambaſſadeurs , qui le
conduifit enfuite à l'Audience de la Reine.Le lendemain
le Comte de Godolfkin ,Miniftre de Ruffie,
& Plenipotentiaire au Congrés de Soiffons , eut
auffi,en Manteau long, une pareille Audience pour
notifier la mort du Czar Pierre II.
Le 26. Avril,il y eut Concert à Fontainebleau ,M.
Deftouches , Sur - Intendant de la Mufique du Roi,
fit chanter devant la Reine le Prologue de l'Opera
de Callirhoé , dont la Mufique eft de fa
compofition, lequel fut parfaitement bien executé;
le Role de la Victoire fut chanté avec beaucoup
de fuccès par la Dile Denis , ainfi que celui d'aftrée
, par la Dlle Barbier .
Le 3. May , on chanta- devant la Reine , le premier
Acte du même Opera , qu'on acheva de
chanter le 8. le fo. le 15. & le 17. le Rôle de
Callirhoé fut chanté avec applaudiffement par la
Dle Lenner , de la Mufique du Roi , ainfi que
celui de Corefus , par le fieur d'Angerville.
Le 22. & le 24. M. Campra , Maître de Mu
fique de la Chapelle du Roi , fit chanter devant
la Reine , des fragmens de fon Ballet de l'Eμ-
rope Galante , qui furent très - bien executez &
firent beaucoup de plaifir.
Le 8. la Lotterie pour le Remboursement des
Rentes fur l'Hôtel de Ville, fut tirée en preſence
du Prévôt des Marchands & des Echevins , en la
· maniere accoûtumée , le fonds de ce mois s'eft
trouvé monter à la fomme de 1352045. livres ,
laquelle a été diftribuée aux Rentiers pour les Lots
qui leur font échus , conformément à la Lifte generale
qui a été rendue publique.
Le
MAY . 1730. 1045
Le 10. de ce mois , douze Députez de la Faculté
de Théologie de Paris , introduits dans le Cabinet
du Roi & préfentez par le Comte de Maurepas
, Secretaire d'itat , eurent l'honneur de remettre
entre les mains de S. M. les Actes nouvellement
imprimez , que cette Faculté a faits
depuis le mois de Novembre 1729. pour faire
obferver par tous ces Membres , & executer la
Conftitution Unigenitus . M.Lullier,Doyen, porta
la parole avec éloquence , & en même- temps il
remercia le Roi au nom de la Faculté , de la nou
velle Déclaration du 24. Mars dernier : S. M. reçut
ces Députez avec bonté , & leur donna des
marques de fa fatisfaction .
Le 25. Mai la Lotterie de la Compagnie des
Indes,ordonnée par l'Arrêt du Confeil du 2.May,
pour le remboursement de vingt-cinq milleActions
fut tirée en prefence des Commiffaires , Syndics &
Directeurs de la Compagnie. On a publié la Lifte
des Numero, des Actions & des Dixièmes d'Actions
qui doivent être remboursées , au bas de laquelle
il eft dit que les Porteurs des Actions &
des Dixiémes d'Actions , feront tenus ( pour recevoir
leurs Rembourfemens au Tréfor Royal )
de faire vifer leurs Actions ou Dixiémes , dans
le Bureau du heur Barillon , Infpecteur de ladite
Lotterie , par le fieur Bofc , nommé à cet effet ,
lequel Bureau fera ouvert le matin jufqu'à midi,&
le foir jufqu'à fix heures..
Le 18. jour de l'Afcenfion , & le 28. Fête de
la Pentecôte , il y eut Concert Spirituel au Château
des Tuilleries , on y chanta differens Motets
de M. de la Lande , qui furent parfaitement bien
executez , de même que d'autres petits Motets
chantez par les Diles Erremens , le Maure &
Iv Petitpas
1046 MERCURE DE FRANCE
Petitpas, il y eut auffi plufieurs Pieces de Simphonie
, dont l'execution paroît toûjours admirable.
Le même Concert Spirituel, recommencera le 8.
jour de la Fête -Dieu .
La Cour eft encore à Fontainebleau , où Leurs
Majeftez fe plaifent beaucoup, La Chaffe du Cerf,
du Chevreuil & du Sanglier , la Promenade , le
Jeu , les Concerts , les Appartemens , la Comedie
Françoife , font alternativement le fujet des
Divertiffemens qu'on y prend. Les Comediens.
François y ont joué trois fois la Semaine , le
Mardi , le Jeudi & le Samedi, Ils repréfenterent,
le Jeudi 27. Avil , la Comedie de l'Etourdi.
Le 29. la Tragedie de Phedre & Efarbagnas.
Le 2. May , l'Esprit Folet."
Le 4. Venceslas & le Mariage forcé.
Le 6. l'Ecole des Maris & les Fâcheux.
Le 9. Rodogune & l'Eté des Coquettes..
la Comedie du Muet.
Le II.
Le 13. Mithridate.
Le 16. le Joueur.
Le 20. Andromaque & le Balillard.
Le 23. l'Avare.
Le 25. Cinna & l'Eſprit de contradiction.
de la Rue S. Jacques , celebrerènt dans leur Eglife
un Service folemnel pour le repos de l'ame du feu
Pape Benoît XIII. qui étoit Religieux de leur
Ordre ; l'Evêque de Lefcar y celebra pontificalement
la Meffe , & l'Oraiſon Funebre du feu Pape
y fut prononcée par le Pere Corbierre , Religieux
du mème Convent. L'Eglife étoit tenduë de noir
avec les Armes du Pape deffunt.
Le Gouvernement du Mont Louis , & la Lieutenance
MAY. 1730. 1043
tenance Generale de la Province de Rouffillon ,
ont été accordez à M. le Comte de Caylus , Lieutenant
General ès Armées du Roi , l'un & l'autre
vacans par le décés deM.le Marquis de Firmacon.
La Lieutenance Generale du Comté de Bour→
gogne , a été accordée à M. le Duc de Durfort ,
fur la démiffion de M. le Duc d'Harcourt.
On a trouvé dans les Fondemens du Gouverne.
ment de l'Ile de Ré , le Squelette d'une femme ,
dont la tête étoit ornée d'une Couronne de cuivre
doré, garnie de Pierres , qui font tombées en
pouffiere lorfqu'on y a touché ; il y avoit auprès
de cette Sépulture quantité d'offemens ; mais il
ne s'eft trouvé ni Médailles ni autres marques
qui ayent pú fervir à découvrir l'ancienneté & le
caractere du Squelette.
Les Députez du Parlement qui avoient reçû
les ordres du Roi le 29.du mois dernier, le rendirent
à Fontainebleau le premier de ce mois , &
M. Portail , Premier Preſident , étant à leur tête .
Ils furent prefentez & conduits à l'Audience de
Sa Majesté avec les ceremonies accoûtumées. Le
Roi leur expliqua le fujer pour lequel il les avoit
mandez. Il leur fit enfuite déclarer fa volonté
par le Chancelier de France , & le Roi ordonna
aux Députez d'inftruire le Parlement afſemblé
des intentions de S. M.
Le 7. la Reine fit rendre à l'Eglife de la Paroiffe
les Pains Benits , qui furent préfentez par l'Abbé
de Sainte Hermine , Aumônier de S. M. accompagné
du Maître d'Hôtel Ordinaire , & du Contrôleur
en quartier.
Le 6. de ce mois , le Baron Chedda , Envoyé
Extraordinaire du Roi de Suede , & l'un de fes
Ambaffadeurs Plénipotentiaires au Congrés de
Soiffons , eut , en long Manteau de deuil , une
Audience particuliere du Roi , dans laquelle il fit
1
1111 part
1044 MERCURE DE FRANCE
part à S. M. de la mort du Landgrave de Heffle-
Caffel ,, pere du Roi de Suede . Il fut conduit par
M. Hebert, Introducteur des Ambaſſadeurs , qui le
conduifit enfuite à l'Audience de la Reine.Le lendemain
le Comte de Godolfkin ,Miniftre de Ruffie,
& Plenipotentiaire au Congrés de Soiffons , eut
auffi,en Manteau long, une pareille Audience pour
notifier la mort du Czar Pierre II.
Le 26. Avril,il y eut Concert à Fontainebleau ,M.
Deftouches , Sur - Intendant de la Mufique du Roi,
fit chanter devant la Reine le Prologue de l'Opera
de Callirhoé , dont la Mufique eft de fa
compofition, lequel fut parfaitement bien executé;
le Role de la Victoire fut chanté avec beaucoup
de fuccès par la Dile Denis , ainfi que celui d'aftrée
, par la Dlle Barbier .
Le 3. May , on chanta- devant la Reine , le premier
Acte du même Opera , qu'on acheva de
chanter le 8. le fo. le 15. & le 17. le Rôle de
Callirhoé fut chanté avec applaudiffement par la
Dle Lenner , de la Mufique du Roi , ainfi que
celui de Corefus , par le fieur d'Angerville.
Le 22. & le 24. M. Campra , Maître de Mu
fique de la Chapelle du Roi , fit chanter devant
la Reine , des fragmens de fon Ballet de l'Eμ-
rope Galante , qui furent très - bien executez &
firent beaucoup de plaifir.
Le 8. la Lotterie pour le Remboursement des
Rentes fur l'Hôtel de Ville, fut tirée en preſence
du Prévôt des Marchands & des Echevins , en la
· maniere accoûtumée , le fonds de ce mois s'eft
trouvé monter à la fomme de 1352045. livres ,
laquelle a été diftribuée aux Rentiers pour les Lots
qui leur font échus , conformément à la Lifte generale
qui a été rendue publique.
Le
MAY . 1730. 1045
Le 10. de ce mois , douze Députez de la Faculté
de Théologie de Paris , introduits dans le Cabinet
du Roi & préfentez par le Comte de Maurepas
, Secretaire d'itat , eurent l'honneur de remettre
entre les mains de S. M. les Actes nouvellement
imprimez , que cette Faculté a faits
depuis le mois de Novembre 1729. pour faire
obferver par tous ces Membres , & executer la
Conftitution Unigenitus . M.Lullier,Doyen, porta
la parole avec éloquence , & en même- temps il
remercia le Roi au nom de la Faculté , de la nou
velle Déclaration du 24. Mars dernier : S. M. reçut
ces Députez avec bonté , & leur donna des
marques de fa fatisfaction .
Le 25. Mai la Lotterie de la Compagnie des
Indes,ordonnée par l'Arrêt du Confeil du 2.May,
pour le remboursement de vingt-cinq milleActions
fut tirée en prefence des Commiffaires , Syndics &
Directeurs de la Compagnie. On a publié la Lifte
des Numero, des Actions & des Dixièmes d'Actions
qui doivent être remboursées , au bas de laquelle
il eft dit que les Porteurs des Actions &
des Dixiémes d'Actions , feront tenus ( pour recevoir
leurs Rembourfemens au Tréfor Royal )
de faire vifer leurs Actions ou Dixiémes , dans
le Bureau du heur Barillon , Infpecteur de ladite
Lotterie , par le fieur Bofc , nommé à cet effet ,
lequel Bureau fera ouvert le matin jufqu'à midi,&
le foir jufqu'à fix heures..
Le 18. jour de l'Afcenfion , & le 28. Fête de
la Pentecôte , il y eut Concert Spirituel au Château
des Tuilleries , on y chanta differens Motets
de M. de la Lande , qui furent parfaitement bien
executez , de même que d'autres petits Motets
chantez par les Diles Erremens , le Maure &
Iv Petitpas
1046 MERCURE DE FRANCE
Petitpas, il y eut auffi plufieurs Pieces de Simphonie
, dont l'execution paroît toûjours admirable.
Le même Concert Spirituel, recommencera le 8.
jour de la Fête -Dieu .
La Cour eft encore à Fontainebleau , où Leurs
Majeftez fe plaifent beaucoup, La Chaffe du Cerf,
du Chevreuil & du Sanglier , la Promenade , le
Jeu , les Concerts , les Appartemens , la Comedie
Françoife , font alternativement le fujet des
Divertiffemens qu'on y prend. Les Comediens.
François y ont joué trois fois la Semaine , le
Mardi , le Jeudi & le Samedi, Ils repréfenterent,
le Jeudi 27. Avil , la Comedie de l'Etourdi.
Le 29. la Tragedie de Phedre & Efarbagnas.
Le 2. May , l'Esprit Folet."
Le 4. Venceslas & le Mariage forcé.
Le 6. l'Ecole des Maris & les Fâcheux.
Le 9. Rodogune & l'Eté des Coquettes..
la Comedie du Muet.
Le II.
Le 13. Mithridate.
Le 16. le Joueur.
Le 20. Andromaque & le Balillard.
Le 23. l'Avare.
Le 25. Cinna & l'Eſprit de contradiction.
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Résumé : « Le 28. Avril, les Dominicains du Grand Couvent de la Rue S. Jacques, celebrerent dans leur Eglise [...] »
En avril et mai, plusieurs événements marquants eurent lieu en France. Le 28 avril, les Dominicains du Grand Convent de la Rue Saint-Jacques célébrèrent un service solennel pour le repos de l'âme du pape Benoît XIII. L'évêque de Lefcar y célébra la messe pontificalement, et l'oraison funèbre fut prononcée par le père Corbierre. L'église était tendue de noir avec les armes du pape défunt. Suite au décès de M. le marquis de Firmacon, le gouvernement du Mont Louis et la lieutenance générale de la province de Roussillon furent accordés à M. le comte de Caylus. La lieutenance générale du comté de Bourgogne fut attribuée à M. le duc de Durfort après la démission de M. le duc d'Harcourt. Lors des fouilles des fondements du gouvernement de l'île de Ré, un squelette de femme orné d'une couronne de cuivre doré garnie de pierres fut découvert. Des offrandes furent trouvées près de la sépulture, mais aucune médaille ou marque permettant de déterminer l'ancienneté et le caractère du squelette. Le 1er mai, les députés du Parlement furent présentés au roi à Fontainebleau, qui leur expliqua la raison de leur convocation. Le 7 mai, la reine fit rendre à l'église paroissiale les pains bénits, présentés par l'abbé de Sainte Hermine. Le 6 mai, le baron Chedda, envoyé extraordinaire du roi de Suède, informa le roi de la mort du landgrave de Hesse-Cassel. Le lendemain, le comte de Godolfkin, ministre de Russie, notifia la mort du tsar Pierre II. Des concerts et des représentations théâtrales eurent lieu à Fontainebleau et aux Tuileries. Le 26 avril, un concert fut donné où M. Destouches fit chanter le prologue de l'opéra de Callirhoé. Les 3, 8, 15 et 17 mai, divers actes de cet opéra furent chantés avec succès. Les 22 et 24 mai, M. Campra fit chanter des fragments de son ballet L'Europe galante. Le 8 mai, la loterie pour le remboursement des rentes sur l'Hôtel de Ville fut tirée, distribuant 1 352 045 livres aux rentiers. Le 10 mai, douze députés de la Faculté de Théologie de Paris remirent au roi les actes concernant la constitution Unigenitus. Le 25 mai, la loterie de la Compagnie des Indes fut tirée en présence des commissaires de la compagnie. Les 18 et 28 mai, des concerts spirituels eurent lieu au château des Tuileries. La cour se trouvait à Fontainebleau, où Leurs Majestés prenaient plaisir à diverses activités telles que la chasse, les promenades, les jeux, les concerts, et la comédie française. Les comédiens français jouèrent plusieurs pièces, dont 'L'Étourdi', 'Phèdre', 'Rodogune' et 'L'Avare'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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106
p. 1079-1085
RÉPONSE du second Musicien au premier Musicien, sur les deux Ecrits qui concernent l'accompagnement du Clavecin inserés dans les Mercures de Févirer & de Mars de la présente année.
Début :
MR. je vois avec plaisir que vous corrigez vos sentimens. Vous disiez [...]
Mots clefs :
Accords, Triton, Musique, Méthode
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE du second Musicien au premier Musicien, sur les deux Ecrits qui concernent l'accompagnement du Clavecin inserés dans les Mercures de Févirer & de Mars de la présente année.
REPONSE du fecond Muficien au
premier Muficien, fur les deux Ecrits qui
concernent l'accompagnement du Clavecin
inferés dans les Mercures de Février
de Mars de la préfente année,
Mg
R. je vois avec plaifir que vous cor
rigez vos fentimens. Vous difiez
ci - devant que la maniere ordinaire d'accompagner
ne valoit rien , que la votrė
feule étoit bonne préfentement vous
n'attaquez que notre façon de l'enfei-
I. Vol.
gner
1080 MERCURE DE FRANCE
gner , en difant que nous couduifons tes
perfonnes par des difficultés prefque
infurmontables . Vous avez fagement abai
donné une mauvaiſe Thefe ; il étoit in
foutenable que notre pratique ne valu
rien , ayant toujours été approuvée par
tous les Compofiteurs ', & pratiquée par
plufieurs d'entr'eux qui ufoient du Clavecin
, comme M M. de Lully , de la
Lande , Lalouette , fans compter ceux qui
font vivans , & les Maîtres de Clavecin ,
qui font eux-mêmes habiles Compofi
teurs. J'avouë que nous n'enfeignions
notre pratique que par les principes que
vous avez expofés , vous auriez raifon de
nous blamer ; mais depuis plus de ving
› les Sçavans expliquent la même
théorie que celle que vous vous appropriez
, & ce qui revolte le plus , c'eft que
vous ne l'ignorez pas. Je pourrois en peu
de mots rendre invalides toutes vos prétendues
Obfervations , en déclarant que
votre expofé eft faux ou alteré dans tous
fes chefs , le témoignage de beaucoup d'ha
biles Maîtres fuffit pour le prouver . Ma
pour mieux déveloper tous les replis d
votre politique , je vais répondre à quel
ques articles des plus neceffaires.
Votre but eft de faire entendre que la
regle d'Octave & fes exceptions font toute
notre ſcience , je ne comprens pas com-
1. Vol.
ment
JUIN. 1730. 1081
10
r
it
,
ment on peut parler fi hardiment contre
fa confcience '; les leçons de votre Maître,
qui vit encore , les livres de nos Ecolieres
que vous avez examinés , & les converfations
que vous avez euës avec plufieurs de
nous , tout ne vous reproche- t'il pas votre
ingratitude ? fans eux vous ne sçauriez
pas raifonner du fon fondamental
d'un Accord , de fes renverfemens & de
fes fucceffions les plus naturelles . Vous
ne pourriez pas expliquer les divers mouvemens
des diffonances les degrés du
mode où certains Accords conviennent
principalement , & le veritable endroit où
le mode change , c'eft par eux que vous
connoiffez la mécanique des doigts , que
vous trouvez aifément vosAccords, & enfin
tout ce que vous avez de bon dans votre
Méthode ; c'eft fur ces principes &
plufieurs autres que vous ignorez que font
fondées depuis long - tems les leçons que
nous donnons ; chaque Maître les arrange
comme il lui paroît le plus convenable
& donne des explications plus ou moins
felon la portée de l'Ecolier.
Ce qui vous fait efperer de perfuader
le Public que vous poffedez feul ces connoiffances
, c'eft qu'il en eft peu fait mention
dans les Méthodes que quelques
Maîtres ont fait imprimer ; mais qu'eft
ce que cela conclut pour les autres Maî-
I. Vol. B tres ?
1082 MERCURE DE FRANCE
tres ? peut-on juger des Méthodes de ceux
qui ne les ont point rendues publiques ?
vous pourrez dire encore qu'un Organiſte
renommé n'a point donné toutes ces explications
dans fon Traité d'Accompagnement
qu'il a fait graver. Je repondrai
qu'apparemment il a voulu faire une Méthode
à la portée des plus fimples , & a
laifle au Maître le foin d'en expliquer davantage
, lorfque l'Ecolier feroit en état
de le comprendre ; car vous ne sçauriez
nier que cette théorie ne foit fort abftraite
& très-difficile à mettre en pratique dans
les changemens de mode principalement,
& vous avez experimenté que des Dames
,fort habiles d'ailleurs au Clavecin , en
ont été rebutées , & vous ont même
quitté. Il y a quelque- tems que j'entrepris
d'enfeigner cette théorie aux commençans
, j'en trouvai peu capables de la
comprendre , & tout confideré , je conclus
qu'il étoit plus à propos de l'enſeigner
plus tard .
Mais , direz -vous , au moins ma Méthode
feule eft bonne , & les autres ne
fuffifent pas. On avoue que les autres ne
fuffifent pas pour perfectionner entierement,
fans quelques explications refervées
au Maître , & la vôtre auroit ce mé-
2 que
rite de plus , fi elle étoit moins difficile
& fi en y mettant quelque chofe du vô.
>
I. Vol. tre
JUIN. 1730. 1083
tre,vous ne l'aviez pas remplie de deffauts
dans fa pratique ; ce font ces deffauts qui
forment mes fix Objections écrites dans
notre Conference ; je m'étois propofé de
les prouver à fond dans ce préfent Ecrit;
mais il eft plus à propos que j'attende que
votre Méthode foit achevée d'imprimer ,
le Plan abregé que vous en avez donné
ne fuffifant pas pour connoître fi vous en
avez corrigé ou augmenté les imperfections
. Je viens de developer bien du faux
dans votre expofé ; je vais vous reprocher
dans un feul article la maniere avec laquelle
vous l'avez alteré , afin qu'on puiſſe
par là juger des autres.
Pour être en droit de dire que nos regles
font fauffes , vous citez celle qui dit
que le triton doit être fauvé de la fixte ,
en montant d'un dégré , enfuite vous
faites remarquer qu'il y a des cas où le
triton doit refter fur le même dégré pour
former l'8 , la 6º , la 3º ou la 5º , que ce
conflit de regles oppofées ne peut produire
que de la confufion . Je n'en difconviendrois
pas fi nos explications ſe bor.
noient à ce que vous rapportez ; mais
vous fçavez bien que ceux qui ont écrit
que le triton fe fauve ainfi, entendoient le
triton de la foû-dominante , dans le
grès le plus fimple des parties , le tout tiré
d'un renversement de la cadence parpro-
I. Vol.
Bij faite
1084 MERCURE DE FRANCE
faite ; dans ce cas ils ont dit vrai ; vous
fçavez auffi qu'ils ont enfeigné de vive
Voix que
la baffe pouvoit parcourir toutes
les notes de l'Accord avant de fe rendre
à la médiante où le triton doit être
fauvé , & même faire fur cette médiante
un Accord de 7 & 9 avant celui de fixte ,
ce qui fait que ce triton peut refter fur le
même dégré pour former l'8e , la 3º , lá
6 & la se ; vous fçavez tout cela , mais
vous n'avez garde d'en parler ; vous n'avez
pas voulu nettre non plus que ce triton
doit après tous ces retardemens monter
enfin d'un dégré , cela auroit trop fait
fentir que ce principe de fauver, en montant
d'un dégré , eft fondamental ; vous
n'avez garde , cela feroit oppofé au projet
que vous avez fait d'établir votre reputation
aux dépens de vos Confreres.
Cependant vous êtes obligé à la fin d'avoüer
que l'on peut apprendre par ces
principes , tout défigurés que vous les.
rendez ; comment auriez- vous pû nier ce
que l'experience a confirmé tant de fois ?
enfin je conte avoir déja beaucoup gagné
de ce que vous n'attaquez plus la bonté
de notre pratique , & que vous vous retranchez
à la faveur de la diffimulation
fur notre maniere de l'enfeigner feulement.
Pour moi je ne change rien à ma
Theſe je dis toujours que notre pratique
I. Vol
eft
JUIN. 1730. 1085
l'on
eft plus parfaite que la vôtre , & que
ne peut rien ajoûter à la précifion de notre
théorie , ce que je promets de prouver
lorfque votre Méthode fera achevéed'imprimer
, à moins que vous ne l'ayez
corrigée ; dans ce cas je vous rendrai toute
la juftice que vous meriterez . Je fuis &c.
premier Muficien, fur les deux Ecrits qui
concernent l'accompagnement du Clavecin
inferés dans les Mercures de Février
de Mars de la préfente année,
Mg
R. je vois avec plaifir que vous cor
rigez vos fentimens. Vous difiez
ci - devant que la maniere ordinaire d'accompagner
ne valoit rien , que la votrė
feule étoit bonne préfentement vous
n'attaquez que notre façon de l'enfei-
I. Vol.
gner
1080 MERCURE DE FRANCE
gner , en difant que nous couduifons tes
perfonnes par des difficultés prefque
infurmontables . Vous avez fagement abai
donné une mauvaiſe Thefe ; il étoit in
foutenable que notre pratique ne valu
rien , ayant toujours été approuvée par
tous les Compofiteurs ', & pratiquée par
plufieurs d'entr'eux qui ufoient du Clavecin
, comme M M. de Lully , de la
Lande , Lalouette , fans compter ceux qui
font vivans , & les Maîtres de Clavecin ,
qui font eux-mêmes habiles Compofi
teurs. J'avouë que nous n'enfeignions
notre pratique que par les principes que
vous avez expofés , vous auriez raifon de
nous blamer ; mais depuis plus de ving
› les Sçavans expliquent la même
théorie que celle que vous vous appropriez
, & ce qui revolte le plus , c'eft que
vous ne l'ignorez pas. Je pourrois en peu
de mots rendre invalides toutes vos prétendues
Obfervations , en déclarant que
votre expofé eft faux ou alteré dans tous
fes chefs , le témoignage de beaucoup d'ha
biles Maîtres fuffit pour le prouver . Ma
pour mieux déveloper tous les replis d
votre politique , je vais répondre à quel
ques articles des plus neceffaires.
Votre but eft de faire entendre que la
regle d'Octave & fes exceptions font toute
notre ſcience , je ne comprens pas com-
1. Vol.
ment
JUIN. 1730. 1081
10
r
it
,
ment on peut parler fi hardiment contre
fa confcience '; les leçons de votre Maître,
qui vit encore , les livres de nos Ecolieres
que vous avez examinés , & les converfations
que vous avez euës avec plufieurs de
nous , tout ne vous reproche- t'il pas votre
ingratitude ? fans eux vous ne sçauriez
pas raifonner du fon fondamental
d'un Accord , de fes renverfemens & de
fes fucceffions les plus naturelles . Vous
ne pourriez pas expliquer les divers mouvemens
des diffonances les degrés du
mode où certains Accords conviennent
principalement , & le veritable endroit où
le mode change , c'eft par eux que vous
connoiffez la mécanique des doigts , que
vous trouvez aifément vosAccords, & enfin
tout ce que vous avez de bon dans votre
Méthode ; c'eft fur ces principes &
plufieurs autres que vous ignorez que font
fondées depuis long - tems les leçons que
nous donnons ; chaque Maître les arrange
comme il lui paroît le plus convenable
& donne des explications plus ou moins
felon la portée de l'Ecolier.
Ce qui vous fait efperer de perfuader
le Public que vous poffedez feul ces connoiffances
, c'eft qu'il en eft peu fait mention
dans les Méthodes que quelques
Maîtres ont fait imprimer ; mais qu'eft
ce que cela conclut pour les autres Maî-
I. Vol. B tres ?
1082 MERCURE DE FRANCE
tres ? peut-on juger des Méthodes de ceux
qui ne les ont point rendues publiques ?
vous pourrez dire encore qu'un Organiſte
renommé n'a point donné toutes ces explications
dans fon Traité d'Accompagnement
qu'il a fait graver. Je repondrai
qu'apparemment il a voulu faire une Méthode
à la portée des plus fimples , & a
laifle au Maître le foin d'en expliquer davantage
, lorfque l'Ecolier feroit en état
de le comprendre ; car vous ne sçauriez
nier que cette théorie ne foit fort abftraite
& très-difficile à mettre en pratique dans
les changemens de mode principalement,
& vous avez experimenté que des Dames
,fort habiles d'ailleurs au Clavecin , en
ont été rebutées , & vous ont même
quitté. Il y a quelque- tems que j'entrepris
d'enfeigner cette théorie aux commençans
, j'en trouvai peu capables de la
comprendre , & tout confideré , je conclus
qu'il étoit plus à propos de l'enſeigner
plus tard .
Mais , direz -vous , au moins ma Méthode
feule eft bonne , & les autres ne
fuffifent pas. On avoue que les autres ne
fuffifent pas pour perfectionner entierement,
fans quelques explications refervées
au Maître , & la vôtre auroit ce mé-
2 que
rite de plus , fi elle étoit moins difficile
& fi en y mettant quelque chofe du vô.
>
I. Vol. tre
JUIN. 1730. 1083
tre,vous ne l'aviez pas remplie de deffauts
dans fa pratique ; ce font ces deffauts qui
forment mes fix Objections écrites dans
notre Conference ; je m'étois propofé de
les prouver à fond dans ce préfent Ecrit;
mais il eft plus à propos que j'attende que
votre Méthode foit achevée d'imprimer ,
le Plan abregé que vous en avez donné
ne fuffifant pas pour connoître fi vous en
avez corrigé ou augmenté les imperfections
. Je viens de developer bien du faux
dans votre expofé ; je vais vous reprocher
dans un feul article la maniere avec laquelle
vous l'avez alteré , afin qu'on puiſſe
par là juger des autres.
Pour être en droit de dire que nos regles
font fauffes , vous citez celle qui dit
que le triton doit être fauvé de la fixte ,
en montant d'un dégré , enfuite vous
faites remarquer qu'il y a des cas où le
triton doit refter fur le même dégré pour
former l'8 , la 6º , la 3º ou la 5º , que ce
conflit de regles oppofées ne peut produire
que de la confufion . Je n'en difconviendrois
pas fi nos explications ſe bor.
noient à ce que vous rapportez ; mais
vous fçavez bien que ceux qui ont écrit
que le triton fe fauve ainfi, entendoient le
triton de la foû-dominante , dans le
grès le plus fimple des parties , le tout tiré
d'un renversement de la cadence parpro-
I. Vol.
Bij faite
1084 MERCURE DE FRANCE
faite ; dans ce cas ils ont dit vrai ; vous
fçavez auffi qu'ils ont enfeigné de vive
Voix que
la baffe pouvoit parcourir toutes
les notes de l'Accord avant de fe rendre
à la médiante où le triton doit être
fauvé , & même faire fur cette médiante
un Accord de 7 & 9 avant celui de fixte ,
ce qui fait que ce triton peut refter fur le
même dégré pour former l'8e , la 3º , lá
6 & la se ; vous fçavez tout cela , mais
vous n'avez garde d'en parler ; vous n'avez
pas voulu nettre non plus que ce triton
doit après tous ces retardemens monter
enfin d'un dégré , cela auroit trop fait
fentir que ce principe de fauver, en montant
d'un dégré , eft fondamental ; vous
n'avez garde , cela feroit oppofé au projet
que vous avez fait d'établir votre reputation
aux dépens de vos Confreres.
Cependant vous êtes obligé à la fin d'avoüer
que l'on peut apprendre par ces
principes , tout défigurés que vous les.
rendez ; comment auriez- vous pû nier ce
que l'experience a confirmé tant de fois ?
enfin je conte avoir déja beaucoup gagné
de ce que vous n'attaquez plus la bonté
de notre pratique , & que vous vous retranchez
à la faveur de la diffimulation
fur notre maniere de l'enfeigner feulement.
Pour moi je ne change rien à ma
Theſe je dis toujours que notre pratique
I. Vol
eft
JUIN. 1730. 1085
l'on
eft plus parfaite que la vôtre , & que
ne peut rien ajoûter à la précifion de notre
théorie , ce que je promets de prouver
lorfque votre Méthode fera achevéed'imprimer
, à moins que vous ne l'ayez
corrigée ; dans ce cas je vous rendrai toute
la juftice que vous meriterez . Je fuis &c.
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Résumé : RÉPONSE du second Musicien au premier Musicien, sur les deux Ecrits qui concernent l'accompagnement du Clavecin inserés dans les Mercures de Févirer & de Mars de la présente année.
Le second musicien répond à un premier musicien concernant deux écrits sur l'accompagnement du clavecin, publiés dans les Mercures de février et mars de la même année. Il note avec satisfaction que le premier musicien a corrigé certaines de ses opinions, bien que ce dernier critique désormais la méthode d'enseignement de l'accompagnement, la jugeant trop difficile. Le second musicien défend la méthode traditionnelle, approuvée par de nombreux compositeurs et maîtres de clavecin, tels que Lully, de La Lande et Lalouette. Il accuse le premier musicien d'ingratitude, affirmant que ce dernier doit ses connaissances aux leçons et aux conversations avec les maîtres actuels. Le second musicien souligne que la théorie de l'accompagnement est complexe et difficile à enseigner, surtout aux débutants. Il reconnaît que la méthode du premier musicien pourrait être bonne si elle n'était pas remplie de défauts, qu'il compte prouver une fois la méthode imprimée. Le second musicien critique également la manière dont le premier a altéré certaines règles, comme celle concernant le triton, pour servir ses intérêts. Il conclut en affirmant que la pratique traditionnelle est plus parfaite et précise que celle proposée par le premier musicien.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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107
p. 1188-1200
Opera d'Alcione, [titre d'après la table]
Début :
Le mardi 9. May, l'Académie Royale de Musique donna la premiere [...]
Mots clefs :
Académie royale de musique, Alcione, Théâtre, Dieux, Coeur, Époux, Palais, Enfers, Musiciens, Opéra
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Opera d'Alcione, [titre d'après la table]
E mardi 9. May , l'Académie Roya
le de Mufique donna la premiere
Repréſentation d'Alcione , Tragédie de
M. de La Mothe & de M. Marais. Cet
Opera fut donné pour la premiere fois
le 18. Fevrier 1706. le fuccès qu'il eut engagea
à le remettre au Théatre le 17.
Avril 1719. la repriſe ne répondit pas aux
efperances qu'on en avoit conçues dans
fa naiffance ; mais on vient de rendre à
cet Ouvrage la juftice qui lui eft dûë . Le
Poëte & le Muficien ont partagé les applaudiffemens
; & fi quelques Critiques
fe font élevés contre le Poëme , M. de
La Mothe n'y a donné lieu que pour
s'être un peu trop fcrupuleufement attaché
à la maniere dont Ovide a traité ce
ſujet ; tant il eſt vrai que dans les Ou
vrages de Théatre , le vrai -femblable doit
être préferé au vrai. Au refte , le Public
trouve ce Poëme très bien écrit , & rempli
d'efprit & de fentimens on en va juger
par quelques morceaux.
Le Theatre représente au Prologue le Mont
Tmole ; des Fleuves & des Nayades appuyés
fur leurs urnes occupent la Montagne , &
I. Vol. forJUIN
1730. 1189
Forment une efpecè de cafcade.
Tmole fait connoître qu'Apollon &
Pan l'ont chiofi pour Arbitre de leurs
Chants. Pan choifit la guerre pour fujet.
Voici comment il s'exprime :
Fuyez , Mortels , fuyez un indigne repos ;
Non , ne vous plaignez plus des horreurs de la
guerre ; 1
Elle vous donne les Héros ;
Elle fait les Dieux de la Terre.
Courez affronter le trépas ;
Allez jouir de la victoire .
Sur fon front couronné , qu'elle étale d'appas §
L'affreufe mort qui vole au devant de ſes pas
Fait naître l'immortelle gloire.
Apollon celebre les avantages de la
Paix en ces termes :
Aimable Paix , c'eft toi que celebrent mes chants;
Defcends , vien triompher du fier Dieu de la
Thrace.
Tout rit à ton retour tout brille dans nos
champs ;
Dès que tu difparois , tout l'éclat s'en efface.
Regne , Fille du Ciel , mets la Difcorde aux fers;
Que le bruit des tambours dont la terre s'allarme
Ne trouble plus nos doux Concerts.
I. Vol.
Que
1196 MERCURE DE FRANCÉ
Heureux , heureux cent fois le vainqueur qui aè
s'arme
Que pour te rendre à l'Univers.
Le Chaur repete trois Vers de ce qu'Apollon
a chanté ; ce qui peut être ne contribuë
pas peu à déterminer Tmole en
faveur d'Apollon ; il couronne le Dieu '
des Vers , & Pan fe retire , non ſans ſe
plaindre de fon Juge . Le Prologue finit
par des danfes en l'honneur d'Apollon
& de l'Amour. Apollon annonce la Paix
à l'Univers , & ordonne aux Mufes derenouveller
l'Hiftoire des Alcions qui font
regner le calme fur les flots.
Au premier Acte , le Théatre repréſente
une Galerie du Palais de Ceix , terminée par
un endroit du Palais confacré aux Dieux.
Cet Acte n'eft pas chargé de beaucoup
d'action. Pelée amoureux d'Alcione , que
Ceix , Roi de Trachines , & fon ami ,
va époufer , témoigne fon defefpoir à
Phorbas , Magicien , dont les Ayeux ont
occupé le Trône de Ceix ; Phorbas lui
promet le fecours des Enfers pour troubler
un Hymen fi fatal à fon amour ; la
vertu de Pelée s'oppofe à cette perfidie ;
il le fait connoître par ces Vers :
Amour , cede à mes pleurs , & refpecte ma
gloire ;
Ah ! laiffe-moi brifer mes fers.
I. Vol. C'eft
I JUIN. 1730. 1191
C'est trop à la vertu difputer la victoire ,
Contente-toi , cruel , des maux que j'ai foufferts
Amour &c.
Phorbas le veut fervir malgré lui , &
lui dit :
Iſmene & moi , nous allons par nos charmes
Secourir votre amour contre votre vertu.
Pelée ne donne qu'un demi confentement
, exprimé par ce Vers :
}
Arrête ... on vient , ô Ciel , à quoi me réduis-tu?” ,
Ceix vient avec Alcione ; ils font fuivis
de leurs Sujets qui font le divertiffement.
Le Grand Prêtre invite ces deux Amans
à s'approcher de l'Autel. Ils n'achevent
pas le facré ferment qui doit les unir ; le
tonnerre gronde ; des Furies fortent des
Enfers ; elles faififfent en volant les flambeaux
des Prêtres , & embrafent tout le
Palais. Pelée témoigne fes remords par
ces Vers :
-Cet Autel , ce Palais devoré par la flamme
Malgré moi flatte mon ardeur ;
Mais je ne fens qu'avec horreur
Le perfide plaifir qui renaît dans mon ame.
Dieux , juftes Dieux , vengez- les-, vengez vous ;
Lancez vos traits ; je me livre à vos coups .
I
I. Vol.
Le
1192 MERCURE DE FRANCE
Le fecond Acte où le Théatré repréſente
une folitude affreuse & l'entrée de l'antre de
Phorbas & d'Ifmene , n'eft gueres plus
chargé d'action que le précedent. Phorbas
& Ilmene le préparent à fervir Pelée
malgré lui même . Ceix accufe les Dieux
de fon malheur , & les irrite par ces blafphêmes
:
Dieux cruels ! puniffez ma rage & mes murmu
res ;
Frappor , Dieux inhumains , comblez votre ri
gueur ;
Vous plaiſez vous à voir dans mes injures
L'excès du defefpoir où vous livrer mon coeur.
Dans la croyance où il eft que les Dieux
font armés contre lui , il fe réfoud à armer
les Enfers contre eux . Phorbas & If
mene feignent de le fervir malgré eux ;
ils confultent les Enfers. Voici l'oracle
que Phorbas lui prononce , en lifant fon
fort dans les Enfers qu'il a tranfportés en
ces lieux
par fes enchantemens , où dont
il leur fait voir la terrible, apparence.
Que vois-je ? où fuis-je ? ô Ciel ! quels effroyables
cris !
Infortuné tu perds l'objet que tú chéris
Od t'entraine l'amour arrête ; tu péris.
Quoique cet oracle paroiffe d'abord ab-.
I. Vol.
ܝ
folu
JUIN. 1730. 1193
folu , Phorbas le rend conditionel
Vers qu'il ajoûte :
par
ces
Hâte toi ; cours chercher du fecours à Claros
Apollon à ton fort peut encor mettre obftacle ;
Il n'eft permis qu'à lui d'affurer ton repos.
Pour le déterminer à partir , Phorbas
lui fait entendre que les jours de fa Princeffe
dépendent de ce voyage. Jufques là
on croit que Phorbas a inventé ce qu'il
vient d'annoncer ; mais il ne laiffe plus
douter qu'il n'ait vû le fort de Ceix
quand il dit en confidence à Ifmene , fon
Ecoliere en Magie :
J'ai vu fon fort ; fon départ va hâter
Les malheurs qu'il croit éviter.
Le Port de Trachines & un Vaiffeau
prêt à partir font la décoration du troifiéme
Acte . Pelée continue à fe livrer à fes
remords ; mais par malheur ils font infruc
tueux. Phorbas le flatte d'un plus heureux
fuccès dans fon amour par le départ de
Ceix ; il lui répond :
L'abfence d'un Rival flatte peu mes defirs
Rien ne rendra mon fort moins déplorable ;
Les maux de ce Rival m'arrachent des foupirs
Je ne puis à la fois être heureux & coupable.
Non , pour un coeur que le remors accable,
I. Vol.
Les
1194 MERCURE DE FRANCE
Les faveurs de l'amour ne font plus des plaifirs .
>
Les Matelots qui doivent conduire Ceix
à Claros viennent témoigner la joye
qu'ils ont de fervir leur Roi . Cette Fête
eft très guaye & très brillante ; elle eft
fuivie des adieux de Ceix & d'Alcione.
Cette Scene eft des plus intereffantes ;
en voici quelques fragmens.
Alcione
Mon coeur à chaque inftant vous croira la victime
t
Des flots & des vents en courroux ;
Je connois l'ardeur qui m'anime ;
Je mourrai des dangers que je craindrai pour
Yous.
Ceix.
Ah ! plus dans cet amour mon coeur trouve de
charmes ,
Et plus je fens pour vous redoubler mes frayeurs.
Laiffez moi fur vos jours diffiper mes allarmes ,
Et ne craignez pour moi que vos propres malheurs
, &c.
Alcione.
Vous partez donc, cruels ! Dieux ! je frémis ; je
tremble ;
Eft-ce ainfi qu'à mes pleurs s'attendrit un Epoux
Laiffez- moi par pitié m'expoſer avec vous ;
Du moins , s'il faut fouffrir , nous fouffrirons enfemble,
&c.
Ceix
JUIN. 1730. 1195
Ceix part après avoir recommandé Alcione
à Pelée ; Alcione fuit le Vaiffeau des
yeux ; & ceffant de voir Ceix , elle s'évanouit
; elle reprend fes fens en prononçant
le nom de Ceix . L'Acte finit
duo entre Alcione & Pelée.
Que j'éprouve un fupplice horrible !
Ciel , ne nous donnez -vous ,
Un coeur tendre & fenfible ,
par ce
Que pour le mieux percer de vos funeftes coups
Alcione commence le 4 Acte par ce
beau Monologue . Le Théatre reprefente
le Temple de Junon ,
Amour, cruel Amour , fois touché de mes peines,
Ecoute mes foupirs & voi couler mes pleurs.
Depuis que je fuis dans tes chaînes ,
Tu m'as fait éprouver les plus affreux malheurs ,
Le départ d'un Amant a comblé mes douleurs ;
Mais malgré tant de maux, fi tu me le ramenes,
Je te pardonne tes rigueurs.
Amour , &c.
La Grande Prêtreffe de Junon & fa fuite
viennent implorer la Déeffe en faveur de
Ceix & d'Alcione , ce qui forme le Divertiffement.
Alcione s'endort par un
pouvoir auquel elle ne peut refifter . Le
Dieu du fommeil ordonne qu'on la laiffe
I. Vol.
feule
1196 MERCURE DE FRANCE
feule , après avoir fait entendre qu'il va
executer les ordres fouverains de Junona
Voici ce qui donne lieu à cette fameuſe
tempête d'Alcione , fi connuë & fi admirée
:
Le Sommeil.
Volez , fonges , volez ; faites lui voir l'orage
Qui dans ce même inftant lui ravit fon Epoux ;
De l'onde foulevée imitez le courroux ',
Et des vents déchaînés l'impitoyable rage.
Toi qui fçais des Mortels emprunter tous les
traits ,
Morphée , à fes efprits offre une vaine image ;
Préfente lui Ceix dans l'horreur du naufrage ,
Et qu'elle entende fes regrets. &c.
Les fonges executent les ordres de Jus
non & du Dieu du fommeil. Alcione à
fon réveil ne peut mieux remercier Junon
que par ces Vers :
Déeffe, c'eft donc toi qui m'offres cette image
Tu viens m'avertir de mon fort ;
Eh bien pour prix de mon hommage ,
Acheve & donne moi la mort.
'Au cinquième Acte , Le Théatre repré .
fente un endroit des Jardins de Ceix Le
commencement de la Scene fe paffe dans la
nuit .
I. Vol. Les
JUIN, 1730, 1197
Les remors de Pelée vont toûjours en
augmentant ; l'ombre de Ceix les a re
doublez : il le fait connoître par ces Vers
L'ombre de mon ami s'éleve contre moi ;
Je vois couler les pleurs , j'entends fes cris funes
bres &c.
Alcione reproche à fes Suivantes la
cruauté qu'elles ont eue de lui arracherle
fer & le poifon ; Pelée la preffe de vivre
pour venger Ceix ; il lui promet de
lui livrer l'Auteur du crime , pourvû
qu'elle lui jure de lui percer le coeur. Al
cione fait le ferment que Pelée lui demande
; Pelée lui donne fon épée , &lui montre
fon coeur à fraper, Alcione faifie d'horreur
veut ſe frapper elle- même , après
avoir dit çe Vers ; се
Eh bien , fi vous m'aimez , ma mort va vous
punir.
Ses Suivantes lui , retiennent le bras
Phofphore vient calmer fon defefpoir par
ces Vers :
Ce que le fort m'apprend doit calmer tes allar
mes ;
Alcione , le Ciel va te rendre mon Fils
Aujourd'hui , pour prix de tes larmes ,
Vous devez fur ces bords être à jamais unis,
I. Vol. Pelée
1198 MERCURE DE FRANCE
Pelée reçoit ce nouvel Oracle avec beau
de moderation; il quitte pour jamais
Alcione , en lui diſant :
Coup
Pardonnez-moi le feu qui me dévore,
Je vais loin de vos yeux expier mes défirs ;
Je vais percer ce coeur qui vous adore
Et je meurs trop heureux encore ,
Si le Ciel à mes maux égale vos plaiſirs,
Alcione lui rend générofité pour générofité
; elle dit :
C'eft l'ami de Ceix ; ciel , pour lui je t'implore.
Le bonheur que Phoſphore a annoncé à
Alcione eft acheté par de mortelles allarmes;
elle apperçoit un corps pouffé par les
vagues fur le rivage ; elle approche & reconnoît
que c'est celui de fon Amant; elle
prend l'épée de fon cher Ceix, & s'en frappe.
Neptune pour réparer les maux qu'il
leur a faits , les reffufcite tous deux & les
rend immortels. Les Peuples celebrent
leur Apothéose.
On ne fçauroit difconvenir qu'il n'y ait
d'excellentes chofes dans la Mufique &
dans le Poëme de cet Opéra, Le Muficien
a eu moins de contradicteurs que le Poëte
; mais toutes les Critiques qu'on a faites
contre M. de la Mothe retombent fur
Qvide. Il n'a jamais tant fignalé fon ref-
I. Vol.
pect
JUIN. 1739. 1199
pect pour les anciens que dans cet ouvrage.
On a beau dire que Ceix joue bien de
malheur d'être noyé après avoir épousé
la fille du Dieu des Vents , d'autant plus
qu'il eft lui- même protégé de Neptune .
On ajoute en vain que Junon auroit
bien pû fe paffet de faire offrir à Alcione
qui l'implore , le cruel ſpectacle du naufrage
de fon époux . Tout cela fe trouve
à la lettre dans la Fable fur laquelle on a
compofé cet Opera. Il eft vrai que l'Auteur
n'a pas mis Pelée en fituation de
briller ; mais ce vertueux époux de Thétis
s'eft trouvé pour fon malheur dans la
Cour de Céix , & M. de la Mothe n'a pas
cru devoir chercher ailleurs un Rival de
ce Roy de Trachines , lieu de la Scene ;
s'il ne lui donne pas de la vertu , il lui
donne au moins des remors. Il ne lui
auroit pas été difficile , dit- on , de jetter
tout l'odieux de fa Tragedie fur fon perfonnage
épifodique.
Phorbas animé par fes droits au Trône,
& par l'amour, qu'on auroit pû y ajoûter
pour Alcione , auroit agi d'une maniere
moins indécife , & on auroit vû en lui.
plus de crimes que de remors. Quelques
Critiques trop feyeres ont encore reproché
à M. de la Mothe , l'amour que Pelée
reffent pour Alcione , tout uni qu'il eft
avec Thétis par des noeuds immortels ;
I. Vol.
mais
1200 MERCURE DE FRANCE .
mais M, de la Mothe peut aifément réfuter
cette objection , en difant qu'il fuppofe
que Pélée n'a pas encore époufé
Thétis; quoiqu'Ovide le faffe pere d'Achille
avant fon arrivée à la Cour de Céix;
un auteur de Tragédie n'eft pas efclave
des temps jufqu'à n'ofer en faire la moin,
dre tranfpofition, quand le fujet qu'il trai
te en a befoin. 1
Cet Opera n'a jamais été fi-bien exécuté
qu'à cette feconde repriſe , les rôles de
Céix & d'Alcione y font rendus d'une
maniere tres-pathetique par le fieur Triboult,
& par la DePeliffier, le S'Chaffe prête
au fien tout l'interêt dont il eft fufceptible.
Le fieur du Moulin , & les Dlles Camargo
& Salé brillent chacune dans leur
genre. Tous les autres Acteurs chantans
& dançants fe diftinguent auffi , & contribuent
, à l'envi , au fuccès.
le de Mufique donna la premiere
Repréſentation d'Alcione , Tragédie de
M. de La Mothe & de M. Marais. Cet
Opera fut donné pour la premiere fois
le 18. Fevrier 1706. le fuccès qu'il eut engagea
à le remettre au Théatre le 17.
Avril 1719. la repriſe ne répondit pas aux
efperances qu'on en avoit conçues dans
fa naiffance ; mais on vient de rendre à
cet Ouvrage la juftice qui lui eft dûë . Le
Poëte & le Muficien ont partagé les applaudiffemens
; & fi quelques Critiques
fe font élevés contre le Poëme , M. de
La Mothe n'y a donné lieu que pour
s'être un peu trop fcrupuleufement attaché
à la maniere dont Ovide a traité ce
ſujet ; tant il eſt vrai que dans les Ou
vrages de Théatre , le vrai -femblable doit
être préferé au vrai. Au refte , le Public
trouve ce Poëme très bien écrit , & rempli
d'efprit & de fentimens on en va juger
par quelques morceaux.
Le Theatre représente au Prologue le Mont
Tmole ; des Fleuves & des Nayades appuyés
fur leurs urnes occupent la Montagne , &
I. Vol. forJUIN
1730. 1189
Forment une efpecè de cafcade.
Tmole fait connoître qu'Apollon &
Pan l'ont chiofi pour Arbitre de leurs
Chants. Pan choifit la guerre pour fujet.
Voici comment il s'exprime :
Fuyez , Mortels , fuyez un indigne repos ;
Non , ne vous plaignez plus des horreurs de la
guerre ; 1
Elle vous donne les Héros ;
Elle fait les Dieux de la Terre.
Courez affronter le trépas ;
Allez jouir de la victoire .
Sur fon front couronné , qu'elle étale d'appas §
L'affreufe mort qui vole au devant de ſes pas
Fait naître l'immortelle gloire.
Apollon celebre les avantages de la
Paix en ces termes :
Aimable Paix , c'eft toi que celebrent mes chants;
Defcends , vien triompher du fier Dieu de la
Thrace.
Tout rit à ton retour tout brille dans nos
champs ;
Dès que tu difparois , tout l'éclat s'en efface.
Regne , Fille du Ciel , mets la Difcorde aux fers;
Que le bruit des tambours dont la terre s'allarme
Ne trouble plus nos doux Concerts.
I. Vol.
Que
1196 MERCURE DE FRANCÉ
Heureux , heureux cent fois le vainqueur qui aè
s'arme
Que pour te rendre à l'Univers.
Le Chaur repete trois Vers de ce qu'Apollon
a chanté ; ce qui peut être ne contribuë
pas peu à déterminer Tmole en
faveur d'Apollon ; il couronne le Dieu '
des Vers , & Pan fe retire , non ſans ſe
plaindre de fon Juge . Le Prologue finit
par des danfes en l'honneur d'Apollon
& de l'Amour. Apollon annonce la Paix
à l'Univers , & ordonne aux Mufes derenouveller
l'Hiftoire des Alcions qui font
regner le calme fur les flots.
Au premier Acte , le Théatre repréſente
une Galerie du Palais de Ceix , terminée par
un endroit du Palais confacré aux Dieux.
Cet Acte n'eft pas chargé de beaucoup
d'action. Pelée amoureux d'Alcione , que
Ceix , Roi de Trachines , & fon ami ,
va époufer , témoigne fon defefpoir à
Phorbas , Magicien , dont les Ayeux ont
occupé le Trône de Ceix ; Phorbas lui
promet le fecours des Enfers pour troubler
un Hymen fi fatal à fon amour ; la
vertu de Pelée s'oppofe à cette perfidie ;
il le fait connoître par ces Vers :
Amour , cede à mes pleurs , & refpecte ma
gloire ;
Ah ! laiffe-moi brifer mes fers.
I. Vol. C'eft
I JUIN. 1730. 1191
C'est trop à la vertu difputer la victoire ,
Contente-toi , cruel , des maux que j'ai foufferts
Amour &c.
Phorbas le veut fervir malgré lui , &
lui dit :
Iſmene & moi , nous allons par nos charmes
Secourir votre amour contre votre vertu.
Pelée ne donne qu'un demi confentement
, exprimé par ce Vers :
}
Arrête ... on vient , ô Ciel , à quoi me réduis-tu?” ,
Ceix vient avec Alcione ; ils font fuivis
de leurs Sujets qui font le divertiffement.
Le Grand Prêtre invite ces deux Amans
à s'approcher de l'Autel. Ils n'achevent
pas le facré ferment qui doit les unir ; le
tonnerre gronde ; des Furies fortent des
Enfers ; elles faififfent en volant les flambeaux
des Prêtres , & embrafent tout le
Palais. Pelée témoigne fes remords par
ces Vers :
-Cet Autel , ce Palais devoré par la flamme
Malgré moi flatte mon ardeur ;
Mais je ne fens qu'avec horreur
Le perfide plaifir qui renaît dans mon ame.
Dieux , juftes Dieux , vengez- les-, vengez vous ;
Lancez vos traits ; je me livre à vos coups .
I
I. Vol.
Le
1192 MERCURE DE FRANCE
Le fecond Acte où le Théatré repréſente
une folitude affreuse & l'entrée de l'antre de
Phorbas & d'Ifmene , n'eft gueres plus
chargé d'action que le précedent. Phorbas
& Ilmene le préparent à fervir Pelée
malgré lui même . Ceix accufe les Dieux
de fon malheur , & les irrite par ces blafphêmes
:
Dieux cruels ! puniffez ma rage & mes murmu
res ;
Frappor , Dieux inhumains , comblez votre ri
gueur ;
Vous plaiſez vous à voir dans mes injures
L'excès du defefpoir où vous livrer mon coeur.
Dans la croyance où il eft que les Dieux
font armés contre lui , il fe réfoud à armer
les Enfers contre eux . Phorbas & If
mene feignent de le fervir malgré eux ;
ils confultent les Enfers. Voici l'oracle
que Phorbas lui prononce , en lifant fon
fort dans les Enfers qu'il a tranfportés en
ces lieux
par fes enchantemens , où dont
il leur fait voir la terrible, apparence.
Que vois-je ? où fuis-je ? ô Ciel ! quels effroyables
cris !
Infortuné tu perds l'objet que tú chéris
Od t'entraine l'amour arrête ; tu péris.
Quoique cet oracle paroiffe d'abord ab-.
I. Vol.
ܝ
folu
JUIN. 1730. 1193
folu , Phorbas le rend conditionel
Vers qu'il ajoûte :
par
ces
Hâte toi ; cours chercher du fecours à Claros
Apollon à ton fort peut encor mettre obftacle ;
Il n'eft permis qu'à lui d'affurer ton repos.
Pour le déterminer à partir , Phorbas
lui fait entendre que les jours de fa Princeffe
dépendent de ce voyage. Jufques là
on croit que Phorbas a inventé ce qu'il
vient d'annoncer ; mais il ne laiffe plus
douter qu'il n'ait vû le fort de Ceix
quand il dit en confidence à Ifmene , fon
Ecoliere en Magie :
J'ai vu fon fort ; fon départ va hâter
Les malheurs qu'il croit éviter.
Le Port de Trachines & un Vaiffeau
prêt à partir font la décoration du troifiéme
Acte . Pelée continue à fe livrer à fes
remords ; mais par malheur ils font infruc
tueux. Phorbas le flatte d'un plus heureux
fuccès dans fon amour par le départ de
Ceix ; il lui répond :
L'abfence d'un Rival flatte peu mes defirs
Rien ne rendra mon fort moins déplorable ;
Les maux de ce Rival m'arrachent des foupirs
Je ne puis à la fois être heureux & coupable.
Non , pour un coeur que le remors accable,
I. Vol.
Les
1194 MERCURE DE FRANCE
Les faveurs de l'amour ne font plus des plaifirs .
>
Les Matelots qui doivent conduire Ceix
à Claros viennent témoigner la joye
qu'ils ont de fervir leur Roi . Cette Fête
eft très guaye & très brillante ; elle eft
fuivie des adieux de Ceix & d'Alcione.
Cette Scene eft des plus intereffantes ;
en voici quelques fragmens.
Alcione
Mon coeur à chaque inftant vous croira la victime
t
Des flots & des vents en courroux ;
Je connois l'ardeur qui m'anime ;
Je mourrai des dangers que je craindrai pour
Yous.
Ceix.
Ah ! plus dans cet amour mon coeur trouve de
charmes ,
Et plus je fens pour vous redoubler mes frayeurs.
Laiffez moi fur vos jours diffiper mes allarmes ,
Et ne craignez pour moi que vos propres malheurs
, &c.
Alcione.
Vous partez donc, cruels ! Dieux ! je frémis ; je
tremble ;
Eft-ce ainfi qu'à mes pleurs s'attendrit un Epoux
Laiffez- moi par pitié m'expoſer avec vous ;
Du moins , s'il faut fouffrir , nous fouffrirons enfemble,
&c.
Ceix
JUIN. 1730. 1195
Ceix part après avoir recommandé Alcione
à Pelée ; Alcione fuit le Vaiffeau des
yeux ; & ceffant de voir Ceix , elle s'évanouit
; elle reprend fes fens en prononçant
le nom de Ceix . L'Acte finit
duo entre Alcione & Pelée.
Que j'éprouve un fupplice horrible !
Ciel , ne nous donnez -vous ,
Un coeur tendre & fenfible ,
par ce
Que pour le mieux percer de vos funeftes coups
Alcione commence le 4 Acte par ce
beau Monologue . Le Théatre reprefente
le Temple de Junon ,
Amour, cruel Amour , fois touché de mes peines,
Ecoute mes foupirs & voi couler mes pleurs.
Depuis que je fuis dans tes chaînes ,
Tu m'as fait éprouver les plus affreux malheurs ,
Le départ d'un Amant a comblé mes douleurs ;
Mais malgré tant de maux, fi tu me le ramenes,
Je te pardonne tes rigueurs.
Amour , &c.
La Grande Prêtreffe de Junon & fa fuite
viennent implorer la Déeffe en faveur de
Ceix & d'Alcione , ce qui forme le Divertiffement.
Alcione s'endort par un
pouvoir auquel elle ne peut refifter . Le
Dieu du fommeil ordonne qu'on la laiffe
I. Vol.
feule
1196 MERCURE DE FRANCE
feule , après avoir fait entendre qu'il va
executer les ordres fouverains de Junona
Voici ce qui donne lieu à cette fameuſe
tempête d'Alcione , fi connuë & fi admirée
:
Le Sommeil.
Volez , fonges , volez ; faites lui voir l'orage
Qui dans ce même inftant lui ravit fon Epoux ;
De l'onde foulevée imitez le courroux ',
Et des vents déchaînés l'impitoyable rage.
Toi qui fçais des Mortels emprunter tous les
traits ,
Morphée , à fes efprits offre une vaine image ;
Préfente lui Ceix dans l'horreur du naufrage ,
Et qu'elle entende fes regrets. &c.
Les fonges executent les ordres de Jus
non & du Dieu du fommeil. Alcione à
fon réveil ne peut mieux remercier Junon
que par ces Vers :
Déeffe, c'eft donc toi qui m'offres cette image
Tu viens m'avertir de mon fort ;
Eh bien pour prix de mon hommage ,
Acheve & donne moi la mort.
'Au cinquième Acte , Le Théatre repré .
fente un endroit des Jardins de Ceix Le
commencement de la Scene fe paffe dans la
nuit .
I. Vol. Les
JUIN, 1730, 1197
Les remors de Pelée vont toûjours en
augmentant ; l'ombre de Ceix les a re
doublez : il le fait connoître par ces Vers
L'ombre de mon ami s'éleve contre moi ;
Je vois couler les pleurs , j'entends fes cris funes
bres &c.
Alcione reproche à fes Suivantes la
cruauté qu'elles ont eue de lui arracherle
fer & le poifon ; Pelée la preffe de vivre
pour venger Ceix ; il lui promet de
lui livrer l'Auteur du crime , pourvû
qu'elle lui jure de lui percer le coeur. Al
cione fait le ferment que Pelée lui demande
; Pelée lui donne fon épée , &lui montre
fon coeur à fraper, Alcione faifie d'horreur
veut ſe frapper elle- même , après
avoir dit çe Vers ; се
Eh bien , fi vous m'aimez , ma mort va vous
punir.
Ses Suivantes lui , retiennent le bras
Phofphore vient calmer fon defefpoir par
ces Vers :
Ce que le fort m'apprend doit calmer tes allar
mes ;
Alcione , le Ciel va te rendre mon Fils
Aujourd'hui , pour prix de tes larmes ,
Vous devez fur ces bords être à jamais unis,
I. Vol. Pelée
1198 MERCURE DE FRANCE
Pelée reçoit ce nouvel Oracle avec beau
de moderation; il quitte pour jamais
Alcione , en lui diſant :
Coup
Pardonnez-moi le feu qui me dévore,
Je vais loin de vos yeux expier mes défirs ;
Je vais percer ce coeur qui vous adore
Et je meurs trop heureux encore ,
Si le Ciel à mes maux égale vos plaiſirs,
Alcione lui rend générofité pour générofité
; elle dit :
C'eft l'ami de Ceix ; ciel , pour lui je t'implore.
Le bonheur que Phoſphore a annoncé à
Alcione eft acheté par de mortelles allarmes;
elle apperçoit un corps pouffé par les
vagues fur le rivage ; elle approche & reconnoît
que c'est celui de fon Amant; elle
prend l'épée de fon cher Ceix, & s'en frappe.
Neptune pour réparer les maux qu'il
leur a faits , les reffufcite tous deux & les
rend immortels. Les Peuples celebrent
leur Apothéose.
On ne fçauroit difconvenir qu'il n'y ait
d'excellentes chofes dans la Mufique &
dans le Poëme de cet Opéra, Le Muficien
a eu moins de contradicteurs que le Poëte
; mais toutes les Critiques qu'on a faites
contre M. de la Mothe retombent fur
Qvide. Il n'a jamais tant fignalé fon ref-
I. Vol.
pect
JUIN. 1739. 1199
pect pour les anciens que dans cet ouvrage.
On a beau dire que Ceix joue bien de
malheur d'être noyé après avoir épousé
la fille du Dieu des Vents , d'autant plus
qu'il eft lui- même protégé de Neptune .
On ajoute en vain que Junon auroit
bien pû fe paffet de faire offrir à Alcione
qui l'implore , le cruel ſpectacle du naufrage
de fon époux . Tout cela fe trouve
à la lettre dans la Fable fur laquelle on a
compofé cet Opera. Il eft vrai que l'Auteur
n'a pas mis Pelée en fituation de
briller ; mais ce vertueux époux de Thétis
s'eft trouvé pour fon malheur dans la
Cour de Céix , & M. de la Mothe n'a pas
cru devoir chercher ailleurs un Rival de
ce Roy de Trachines , lieu de la Scene ;
s'il ne lui donne pas de la vertu , il lui
donne au moins des remors. Il ne lui
auroit pas été difficile , dit- on , de jetter
tout l'odieux de fa Tragedie fur fon perfonnage
épifodique.
Phorbas animé par fes droits au Trône,
& par l'amour, qu'on auroit pû y ajoûter
pour Alcione , auroit agi d'une maniere
moins indécife , & on auroit vû en lui.
plus de crimes que de remors. Quelques
Critiques trop feyeres ont encore reproché
à M. de la Mothe , l'amour que Pelée
reffent pour Alcione , tout uni qu'il eft
avec Thétis par des noeuds immortels ;
I. Vol.
mais
1200 MERCURE DE FRANCE .
mais M, de la Mothe peut aifément réfuter
cette objection , en difant qu'il fuppofe
que Pélée n'a pas encore époufé
Thétis; quoiqu'Ovide le faffe pere d'Achille
avant fon arrivée à la Cour de Céix;
un auteur de Tragédie n'eft pas efclave
des temps jufqu'à n'ofer en faire la moin,
dre tranfpofition, quand le fujet qu'il trai
te en a befoin. 1
Cet Opera n'a jamais été fi-bien exécuté
qu'à cette feconde repriſe , les rôles de
Céix & d'Alcione y font rendus d'une
maniere tres-pathetique par le fieur Triboult,
& par la DePeliffier, le S'Chaffe prête
au fien tout l'interêt dont il eft fufceptible.
Le fieur du Moulin , & les Dlles Camargo
& Salé brillent chacune dans leur
genre. Tous les autres Acteurs chantans
& dançants fe diftinguent auffi , & contribuent
, à l'envi , au fuccès.
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Résumé : Opera d'Alcione, [titre d'après la table]
Le 9 mai, l'Académie Royale de Musique présenta 'Alcione', une tragédie en musique de M. de La Mothe et M. Marais. Cet opéra avait déjà été joué en 1706 et repris en 1719, mais sans le succès attendu. La dernière représentation a été acclamée, partageant les applaudissements entre le poète et le musicien. Certaines critiques ont été formulées contre le poème, M. de La Mothe étant reproché d'avoir trop fidèlement suivi Ovide. L'opéra commence par un prologue où le mont Tmole arbitre entre Apollon et Pan, qui chantent respectivement les mérites de la paix et de la guerre. Apollon est couronné, et le prologue se termine par des danses en l'honneur d'Apollon et de l'Amour. Dans le premier acte, Pelée, amoureux d'Alcione, exprime son désespoir à Phorbas, un magicien. Phorbas propose d'utiliser la magie pour troubler le mariage entre Alcione et Ceix, roi de Trachines et ami de Pelée. Pelée refuse initialement, mais Phorbas insiste. Lors de la cérémonie de mariage, un tonnerre interrompt la célébration, et des furies mettent le feu au palais. Dans le second acte, Phorbas et Ismène préparent un oracle pour Ceix, qui accuse les dieux de son malheur. L'oracle lui conseille de se rendre à Claros pour consulter Apollon. Ceix part, laissant Alcione en larmes. Le troisième acte se déroule au port de Trachines, où Ceix et Alcione échangent des adieux poignants avant le départ de Ceix. Alcione s'évanouit après avoir perdu de vue Ceix. Dans le quatrième acte, Alcione, désespérée, implore Junon en rêve. Junon lui montre la mort de Ceix dans une tempête. À son réveil, Alcione est dévastée. Le cinquième acte commence dans les jardins de Ceix. Pelée, tourmenté par les remords, rencontre Alcione. Ils décident de se venger mutuellement, mais Phosphore annonce que Ceix est vivant. Alcione trouve le corps de Ceix sur le rivage et se suicide. Neptune les ressuscite et les rend immortels, célébrant leur apothéose. La représentation a été particulièrement bien exécutée, avec des interprétations émotives des rôles principaux par le sieur Triboult et la demoiselle Delpissier. Le sieur Chasse, ainsi que les demoiselles Camargo et Salé, se sont également distingués. Tous les acteurs, qu'ils chantent ou dansent, ont contribué au succès de la représentation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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108
p. 1237-1238
« Le 8. jour de la Fête-Dieu, il y eut Concert Spirituel au Château des Thuilleries, [...] »
Début :
Le 8. jour de la Fête-Dieu, il y eut Concert Spirituel au Château des Thuilleries, [...]
Mots clefs :
Concert, Loterie
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texteReconnaissance textuelle : « Le 8. jour de la Fête-Dieu, il y eut Concert Spirituel au Château des Thuilleries, [...] »
Le 8. jour de la Fête- Dieu , il y eut
Concert Spirituel au Château des Thuilleries
, on y chanta Sacris Solemniis , Motet
de M. de la Lande. Les Dies Eremens &
le Maure , en chanterent un autre nouveau
, O Sacrum convivium , à deux voix,
avec Symphonie , de la compofition de
M. Mouret , qui fut très- applaudi . Le
freur le Clair joüa un Concerto, & fit executer
un Trio de fa compofition qui fit plaifir;
on finit par le Te Deum, avec Timbales
& Trompettes , précedé d'une très - belle
Piece de Symphonie de M. Mouret .
Le 9. la Loterie pour le Rembourfement
des Rentes de l'Hôtel de Ville , fut
tirée en prefence du Prévôt des Marchands
& des Echevins , en la maniere
accoûtumée , le fonds de ce mois s'eft
J. Vol. ac
1118 MERCURE DE FRANCE
trouvé monter à la fomme de 1168225 .
livres , laquelle a été diftribuée aux Rentiers
, pour les Lots qui leur font échûs
conformement à la Lifte generale qui a
été rendue publique.
Le 26. la Lotterie de la Compagnie des
Endes ,
ordonnée par Arrêt du Confeil du
2. Mai pour le
rembourſement des Ac
tions fut tirée comme la precedente, Il y
a eu 280. Actions & 250. dixièmes d'Actions
de rembourfées , fuivant la Lifte
Numerotée qui a été rendue publique.
Concert Spirituel au Château des Thuilleries
, on y chanta Sacris Solemniis , Motet
de M. de la Lande. Les Dies Eremens &
le Maure , en chanterent un autre nouveau
, O Sacrum convivium , à deux voix,
avec Symphonie , de la compofition de
M. Mouret , qui fut très- applaudi . Le
freur le Clair joüa un Concerto, & fit executer
un Trio de fa compofition qui fit plaifir;
on finit par le Te Deum, avec Timbales
& Trompettes , précedé d'une très - belle
Piece de Symphonie de M. Mouret .
Le 9. la Loterie pour le Rembourfement
des Rentes de l'Hôtel de Ville , fut
tirée en prefence du Prévôt des Marchands
& des Echevins , en la maniere
accoûtumée , le fonds de ce mois s'eft
J. Vol. ac
1118 MERCURE DE FRANCE
trouvé monter à la fomme de 1168225 .
livres , laquelle a été diftribuée aux Rentiers
, pour les Lots qui leur font échûs
conformement à la Lifte generale qui a
été rendue publique.
Le 26. la Lotterie de la Compagnie des
Endes ,
ordonnée par Arrêt du Confeil du
2. Mai pour le
rembourſement des Ac
tions fut tirée comme la precedente, Il y
a eu 280. Actions & 250. dixièmes d'Actions
de rembourfées , fuivant la Lifte
Numerotée qui a été rendue publique.
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Résumé : « Le 8. jour de la Fête-Dieu, il y eut Concert Spirituel au Château des Thuilleries, [...] »
Le 8 juin, lors de la Fête-Dieu, un Concert Spirituel a été organisé au Château des Tuileries. Le programme incluait les œuvres Sacris Solemniis de M. de la Lande et O Sacrum convivium de M. Mouret, cette dernière étant très applaudie. Le frère Leclair a interprété un concerto et un trio de sa composition, appréciés par le public. La journée s'est achevée par un Te Deum accompagné de timbales et de trompettes, précédé d'une pièce symphonique de M. Mouret. Le 9 juin, la loterie pour le remboursement des rentes de l'Hôtel de Ville a été tirée en présence du Prévôt des Marchands et des Échevins. Le fonds du mois s'est élevé à 1 168 225 livres, distribuées aux rentiers selon la liste générale publiée. Le 26 juin, la loterie de la Compagnie des Indes, ordonnée par un arrêt du Conseil du 2 mai, a permis de rembourser 280 actions et 250 dixièmes d'actions, conformément à la liste numérotée publiée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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109
p. 1337-1344
REPLIQUE du premier Musicien à la réponse du second, inserée dans le Mercure du mois de May dernier.
Début :
Parmi les faits que vous supposez, Monsieur, dans votre Réponse, il y [...]
Mots clefs :
Harmonie, Accords, Méthode, Accompagnement, Musique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPLIQUE du premier Musicien à la réponse du second, inserée dans le Mercure du mois de May dernier.
REPLIQUE du premier Musicien à
la réponse du fecond , inferée dans le Mer
cure du mois de May dernier.
P
Armi les faits que vous fuppofez ,
Monfieur , dans votre Réponſe , il y
en a deux où l'on peut voir clairement
que vous manquez de bonne foy; le premier
que vous avez déja avancé dans vo
tre conférence , regarde mon prétendu
defaveu du Traité de l'Harmonie , & le fecond
regarde la perfonne à qui vous fai
tes dire qu'elle m'a enfeigné tout ce que
j'ai mis au jour depuis peu , & où vous
confondez la Baffe fondamentale.
Si j'ai prouvé dans l'examen de votre
conférence , pag. 2373. la fauffeté de votre
application à un paffage du Traité de
Harmonie , à l'occafion de laquelle application
vous me faites prononcer contre
cet ouvrage ; il falloit détruire ma
preuve, avant que'd'infifter ; puis-je avoir
défavoué mon ouvrage à propos de rien ?
& prétendez - vous en impofer par vos témoins
? Confultez - les , ils ne font pas fG
préoccupez que vous ; votre condamna
tion fuivra de près leur jugement.
Je me fuis toujours fait un plaifir de
publier dans l'occafion, que M. Lacroix,
H.Vol
Diij de
1333 MERCURE DE FRANCE
de Montpelier , dont vous avez marqué
la demeure , m'avoit donné une connoiffance
diftincte de la regle de l'8 , à l'âge
de 20 ans ; mais il y a loin delà à la Bre
F. dont nul ne peut fe vanter de m'avoir
jamais donne la moindre notion ;j'ofe
même avancer , que nul ne la connoît encore
parfaitement. En proférer le nom ,
en avoir quelques idées , la difcerner en
certains cas , fentir ce qui en peut naître,
ce n'eft encore-là que l'entrevoir; en vain
la mettez - vous au rang des principes pratiquez
avant l'Edition de mon Livre; fr
cela étoit , on en auroit du moins touché
quelque chofe dans quelques- unes des
Méthodes de compofition ou d'accompagnement
, imprimées ou manufcrites ,
qui ont paru avant cette Edition ; & co
feroit rendre leurs Auteurs fufpects de
la plus grande charlatanerie , que de faire
entendre qu'ils ne l'ont profeffée que
dans des leçons de vive voie . Où font ces
leçons? où font ceux qui les ont données?
A l'égard des 4 chefs qui font , dites
vous , toute notre difpute , j'entamerai
encore moins la matiére que je ne l'ai fait
dans l'examen de votre conférence , parce
que je dois bien-tôt mettre au jour un
Ouvrage intitulé: Génération Harmonique,
où vous trouverez plus que vous ne demandez
à prefent ; mais comme je veux
II. Vol
mettre
JUIN 1730. 1339
mettre fin à votre critique , je vais feule
ment tâcher de vous prouver que ce que
vous m'oppofez de plus férieux,fe détruit
de lui-même.
Vous prétendez d'abord que le premier
fondement de l'Harmonie doit fe tirer despro
portions qui fe trouvent dans les Vibrations
des fons, pour me fervir de vos propres
termes ; & moi je foutiens qu'il éxifte
dans l'Harmonie qui réſulte de la réſonnance
d'un corps fonore . Vous dites que
c'eft un fait de Phyfique ; mais avez vous
bien pris garde que ce fait , qui vérita
blement eft Phyfique dans la maniére que
je l'expofe , devient purement Géométri
que de la façon que vous le préfentez
Ne fçavez-vous pas que la Mufique eft
une fcience Phificomathématique , que le
fon en eft l'objet Physique , & que les
rapports trouvez entre différens fons en
font l'objet Mathématique ou Géomé
trique ? Je m'étonne qu'avec un argument
tel que celui que vous me faites à
ce fujet , vous confondiez ainfi les cho
fess mais c'eft apparamment là votre intention
,comme la fuite en eft une preuve .
Car , fi nous paffons au 2. chef , nous
Vous y verrons retomber dans les contradictions
dont votre conférence eft
remplie , nous vous y verrons approuver
& défapprouver fucceffivement la même
HVol Dilj
chofe;
340 MERCURE DE FRANCE.
chofe ; vous n'y cachez pas même affez
l'embarras que vous voulez y jetter .Vous
imaginez - vous que la diftinction fubtile
& frivole que vous y faites entre l'accord
& l'intervale de 7 , change la nature de
cette même 7 °, & empêche qu'elle ne foit
toujours la même diffonance , pendant
que le fon grave , qui fait qu'elle eft 7° ,
en eft toujours la Be, Fle ? c'eft cependantlà
dequoi il sagit , & ce qui décide la
queſtion.
Au lieu de fimplifier les objets , de les
ramener au même point , & de faciliter
par ce moyen , l'intelligence de votre
art ; vous ne faites qu'obfcurcir l'idée de
la diffonnance, fi claire par elle - même ,
& fi importante pour la fucceffion de
T'Harmonie , dont apparemment vous faites
peu de compte. Croyez - vous parvenir
jamais à pouvoir m'enfeigner la Be, Fle ,
tant que vous y admettrez des 2es & des
4es ? Dites- nous franchement fi vous vous
foumettez au principe dont vous vous
autoriſez , ou fi ce principe vous eſt ſoumis
? Si c'eſt à vous de lui donner la loy ,
il n'y a rien à dire ; mais fi c'eft à vous
de fuivre celle qu'il vous impofe ; de
quel droit lui attribuez-vous donc gra
tuitement & directement des 2es & des
4 , tandis qu'au moment que vous vous
le propofez ( pag. 885. ) vous lui refufez
ces II. Vol.
JUIN. 1730 1341
es
ces mêmes Diffonances , que fourniffent
les renverſemens de cet accord de 7º, ré ,
fa , la , ut , où vous voulez que ré foit fondamental
de tous côtez ? Et tandis qu'a
près avoir confondu la fuppofition , & la
Sufpenfion avec l'Harmonie fondamentale
, en donnant indifféremment des ger ,
des 2es & des 4 au fondement , vous ne
fçauriez vous empêcher de renoncer à
ce même fondement dans cet accord par
fuppofition , fol , ré , fa , la , ut , ( p.890 . )
vous n'y regardez plus la Baffe actuelle ,
fol, comme fondamentale , & vous y rendez
à ré , ce que vous lui aviez d'abord
accordé ; quelles contradictions ! Mais ne
ne ferois- je pas moi -même dans l'erreur,
& ne doit-on pas avoir égard aux raiſons
qui vous en ont fait ufer de la forte ? Ici ,
felon vous , c'est un fon retardant , paref
feux pour ainsi dire , à fe rendre à japla
ce ; là c'eft une difpofition approchante ; là
c'est une Baffe qui reste à la finale comme
par entêtement , ou par une immobilité inébranlable
on fent que l'Harmonie , pour
remplirfon miniftere , qui eft de donner de la
variété , touche l'accord de la Dominante
mais que la Baffe manque , pour ainsi dire ,
à fun devoir. Je ne fçavois pas effectivement,
que ce fuffent -là des raifons ; dites
plutôt , pour vous juftifier , que la raifon
eft fuperfluë en Mufique ; mais avouez en
a
Mr.Vol même
1342 MERCURE, DE FRANCE
même-tems que vous avez tort de vouloir
y en admettre.
N'eft-ce pas vous feul , M. qui avez
bâti cette Tour de Babel , par un entaffement
de 3 fur 3 , où, en effet, la confufion
fe mêle ? Heureufe audace que la
vôtre ! Cet accord ut , mi , fol , fi , ré, fa
que vous citez ( pag. 890. ) & qui vient fi
dignement à la fuite de votre Trio , E,
eft il donc un enrichiffement de l'Harmonie
, un prodige de variété ? Je ferois
bien curieux de voir les Certificats des
Compofiteurs à grand Choeur fur cette
découverte , & fur ce qui regarde votre
3me chef; car je m'attends qu'on recevra
une grande fatisfaction du renverſement
d'un pareil accord par l'union de ces fix
notes , fi , ut, re , mi ,fa , fol ; encore une
note , & vous auriez eû la gloire de ne
faire qu'un accord de toute la Gamme.
des
Quant au 4me chef , on devine affez le
motif qui vous fait parler : Dites tant
qu'il vous plaira que je ne fuis qu'un
compilateur ; ce qui eft cependant bien
éloigné de la vérité ; il me fuffira
efprits d'ordre & de fyftême reconnoiffent
ma Méthode d'accompagnement
pour ce qui s'appelle une Methode , &
pour l'unique qui ait encore paru dans
ce genre.
que
Au furplus , M. vous juftifiez pleine-
11.Vob.
ment
JUIN. 1730. 1343
ment ce que j'ai avancé dans la Préface
de mon Livre , fur le peu de connoiffan
ce & de fond qui ont accompagné juf
qu'ici la pratique des Muficiens . Vous ne
jugez de votre Art que par la voye des
fens , vous vous y laiffez prévenir par les
effets , & n'en cherchez la caufe que dans
vos affections . Delà naît cette confufion
que vous faites de l'objet Phyſique avec
Le Géométrique , auffi -bien que de la fuppofition
& de la fufpenfion avec l'Harmonie
fordamentale ; delà naiffent tous vos
grands mots qui n'aboutiffent tout au
plus qu'à éblouir ceux qui ne font point
au fait delà naît enfin votre Accord à ;
fix cornes , qui eft le plus fidele interprete
de toutes vos connoiffances . Comment
vous démontrer des véritez , fi vous n'avez
pour principes que des autoritez, des
certificats , des difpofitions approchan
tes, des fons pareffeux , des Baffes entêtées,
des comparaifons , & pour derniere ref
fource , des défis , des rodomontades ?
Que prouve tout cela en fait de fcience,
& que peuvent des gens à talens , même
leurs productions les plus heureufes , contre
un fyftême raiſonné ?
Je finis , M. en vous avertiffant que
la
qualité donnée dans l'examen à celui qui
récuſe une Méthode d'accompagnement ,
fur ce qu'elle exige la connoiffance di
II.Vol.
D vj Mod
1344 MERCURE DE FRANCE.
Mode,lui reftera toujours , juſqu'à ce qu'il
reconnoiffe & confeffe fon erreur ; mais
faites bien attention que j'ai toujours compté
parler à un Anonime, & que je ne l'ai
défigné ni par fes ouvrages , ni autrement.
la réponse du fecond , inferée dans le Mer
cure du mois de May dernier.
P
Armi les faits que vous fuppofez ,
Monfieur , dans votre Réponſe , il y
en a deux où l'on peut voir clairement
que vous manquez de bonne foy; le premier
que vous avez déja avancé dans vo
tre conférence , regarde mon prétendu
defaveu du Traité de l'Harmonie , & le fecond
regarde la perfonne à qui vous fai
tes dire qu'elle m'a enfeigné tout ce que
j'ai mis au jour depuis peu , & où vous
confondez la Baffe fondamentale.
Si j'ai prouvé dans l'examen de votre
conférence , pag. 2373. la fauffeté de votre
application à un paffage du Traité de
Harmonie , à l'occafion de laquelle application
vous me faites prononcer contre
cet ouvrage ; il falloit détruire ma
preuve, avant que'd'infifter ; puis-je avoir
défavoué mon ouvrage à propos de rien ?
& prétendez - vous en impofer par vos témoins
? Confultez - les , ils ne font pas fG
préoccupez que vous ; votre condamna
tion fuivra de près leur jugement.
Je me fuis toujours fait un plaifir de
publier dans l'occafion, que M. Lacroix,
H.Vol
Diij de
1333 MERCURE DE FRANCE
de Montpelier , dont vous avez marqué
la demeure , m'avoit donné une connoiffance
diftincte de la regle de l'8 , à l'âge
de 20 ans ; mais il y a loin delà à la Bre
F. dont nul ne peut fe vanter de m'avoir
jamais donne la moindre notion ;j'ofe
même avancer , que nul ne la connoît encore
parfaitement. En proférer le nom ,
en avoir quelques idées , la difcerner en
certains cas , fentir ce qui en peut naître,
ce n'eft encore-là que l'entrevoir; en vain
la mettez - vous au rang des principes pratiquez
avant l'Edition de mon Livre; fr
cela étoit , on en auroit du moins touché
quelque chofe dans quelques- unes des
Méthodes de compofition ou d'accompagnement
, imprimées ou manufcrites ,
qui ont paru avant cette Edition ; & co
feroit rendre leurs Auteurs fufpects de
la plus grande charlatanerie , que de faire
entendre qu'ils ne l'ont profeffée que
dans des leçons de vive voie . Où font ces
leçons? où font ceux qui les ont données?
A l'égard des 4 chefs qui font , dites
vous , toute notre difpute , j'entamerai
encore moins la matiére que je ne l'ai fait
dans l'examen de votre conférence , parce
que je dois bien-tôt mettre au jour un
Ouvrage intitulé: Génération Harmonique,
où vous trouverez plus que vous ne demandez
à prefent ; mais comme je veux
II. Vol
mettre
JUIN 1730. 1339
mettre fin à votre critique , je vais feule
ment tâcher de vous prouver que ce que
vous m'oppofez de plus férieux,fe détruit
de lui-même.
Vous prétendez d'abord que le premier
fondement de l'Harmonie doit fe tirer despro
portions qui fe trouvent dans les Vibrations
des fons, pour me fervir de vos propres
termes ; & moi je foutiens qu'il éxifte
dans l'Harmonie qui réſulte de la réſonnance
d'un corps fonore . Vous dites que
c'eft un fait de Phyfique ; mais avez vous
bien pris garde que ce fait , qui vérita
blement eft Phyfique dans la maniére que
je l'expofe , devient purement Géométri
que de la façon que vous le préfentez
Ne fçavez-vous pas que la Mufique eft
une fcience Phificomathématique , que le
fon en eft l'objet Physique , & que les
rapports trouvez entre différens fons en
font l'objet Mathématique ou Géomé
trique ? Je m'étonne qu'avec un argument
tel que celui que vous me faites à
ce fujet , vous confondiez ainfi les cho
fess mais c'eft apparamment là votre intention
,comme la fuite en eft une preuve .
Car , fi nous paffons au 2. chef , nous
Vous y verrons retomber dans les contradictions
dont votre conférence eft
remplie , nous vous y verrons approuver
& défapprouver fucceffivement la même
HVol Dilj
chofe;
340 MERCURE DE FRANCE.
chofe ; vous n'y cachez pas même affez
l'embarras que vous voulez y jetter .Vous
imaginez - vous que la diftinction fubtile
& frivole que vous y faites entre l'accord
& l'intervale de 7 , change la nature de
cette même 7 °, & empêche qu'elle ne foit
toujours la même diffonance , pendant
que le fon grave , qui fait qu'elle eft 7° ,
en eft toujours la Be, Fle ? c'eft cependantlà
dequoi il sagit , & ce qui décide la
queſtion.
Au lieu de fimplifier les objets , de les
ramener au même point , & de faciliter
par ce moyen , l'intelligence de votre
art ; vous ne faites qu'obfcurcir l'idée de
la diffonnance, fi claire par elle - même ,
& fi importante pour la fucceffion de
T'Harmonie , dont apparemment vous faites
peu de compte. Croyez - vous parvenir
jamais à pouvoir m'enfeigner la Be, Fle ,
tant que vous y admettrez des 2es & des
4es ? Dites- nous franchement fi vous vous
foumettez au principe dont vous vous
autoriſez , ou fi ce principe vous eſt ſoumis
? Si c'eſt à vous de lui donner la loy ,
il n'y a rien à dire ; mais fi c'eft à vous
de fuivre celle qu'il vous impofe ; de
quel droit lui attribuez-vous donc gra
tuitement & directement des 2es & des
4 , tandis qu'au moment que vous vous
le propofez ( pag. 885. ) vous lui refufez
ces II. Vol.
JUIN. 1730 1341
es
ces mêmes Diffonances , que fourniffent
les renverſemens de cet accord de 7º, ré ,
fa , la , ut , où vous voulez que ré foit fondamental
de tous côtez ? Et tandis qu'a
près avoir confondu la fuppofition , & la
Sufpenfion avec l'Harmonie fondamentale
, en donnant indifféremment des ger ,
des 2es & des 4 au fondement , vous ne
fçauriez vous empêcher de renoncer à
ce même fondement dans cet accord par
fuppofition , fol , ré , fa , la , ut , ( p.890 . )
vous n'y regardez plus la Baffe actuelle ,
fol, comme fondamentale , & vous y rendez
à ré , ce que vous lui aviez d'abord
accordé ; quelles contradictions ! Mais ne
ne ferois- je pas moi -même dans l'erreur,
& ne doit-on pas avoir égard aux raiſons
qui vous en ont fait ufer de la forte ? Ici ,
felon vous , c'est un fon retardant , paref
feux pour ainsi dire , à fe rendre à japla
ce ; là c'eft une difpofition approchante ; là
c'est une Baffe qui reste à la finale comme
par entêtement , ou par une immobilité inébranlable
on fent que l'Harmonie , pour
remplirfon miniftere , qui eft de donner de la
variété , touche l'accord de la Dominante
mais que la Baffe manque , pour ainsi dire ,
à fun devoir. Je ne fçavois pas effectivement,
que ce fuffent -là des raifons ; dites
plutôt , pour vous juftifier , que la raifon
eft fuperfluë en Mufique ; mais avouez en
a
Mr.Vol même
1342 MERCURE, DE FRANCE
même-tems que vous avez tort de vouloir
y en admettre.
N'eft-ce pas vous feul , M. qui avez
bâti cette Tour de Babel , par un entaffement
de 3 fur 3 , où, en effet, la confufion
fe mêle ? Heureufe audace que la
vôtre ! Cet accord ut , mi , fol , fi , ré, fa
que vous citez ( pag. 890. ) & qui vient fi
dignement à la fuite de votre Trio , E,
eft il donc un enrichiffement de l'Harmonie
, un prodige de variété ? Je ferois
bien curieux de voir les Certificats des
Compofiteurs à grand Choeur fur cette
découverte , & fur ce qui regarde votre
3me chef; car je m'attends qu'on recevra
une grande fatisfaction du renverſement
d'un pareil accord par l'union de ces fix
notes , fi , ut, re , mi ,fa , fol ; encore une
note , & vous auriez eû la gloire de ne
faire qu'un accord de toute la Gamme.
des
Quant au 4me chef , on devine affez le
motif qui vous fait parler : Dites tant
qu'il vous plaira que je ne fuis qu'un
compilateur ; ce qui eft cependant bien
éloigné de la vérité ; il me fuffira
efprits d'ordre & de fyftême reconnoiffent
ma Méthode d'accompagnement
pour ce qui s'appelle une Methode , &
pour l'unique qui ait encore paru dans
ce genre.
que
Au furplus , M. vous juftifiez pleine-
11.Vob.
ment
JUIN. 1730. 1343
ment ce que j'ai avancé dans la Préface
de mon Livre , fur le peu de connoiffan
ce & de fond qui ont accompagné juf
qu'ici la pratique des Muficiens . Vous ne
jugez de votre Art que par la voye des
fens , vous vous y laiffez prévenir par les
effets , & n'en cherchez la caufe que dans
vos affections . Delà naît cette confufion
que vous faites de l'objet Phyſique avec
Le Géométrique , auffi -bien que de la fuppofition
& de la fufpenfion avec l'Harmonie
fordamentale ; delà naiffent tous vos
grands mots qui n'aboutiffent tout au
plus qu'à éblouir ceux qui ne font point
au fait delà naît enfin votre Accord à ;
fix cornes , qui eft le plus fidele interprete
de toutes vos connoiffances . Comment
vous démontrer des véritez , fi vous n'avez
pour principes que des autoritez, des
certificats , des difpofitions approchan
tes, des fons pareffeux , des Baffes entêtées,
des comparaifons , & pour derniere ref
fource , des défis , des rodomontades ?
Que prouve tout cela en fait de fcience,
& que peuvent des gens à talens , même
leurs productions les plus heureufes , contre
un fyftême raiſonné ?
Je finis , M. en vous avertiffant que
la
qualité donnée dans l'examen à celui qui
récuſe une Méthode d'accompagnement ,
fur ce qu'elle exige la connoiffance di
II.Vol.
D vj Mod
1344 MERCURE DE FRANCE.
Mode,lui reftera toujours , juſqu'à ce qu'il
reconnoiffe & confeffe fon erreur ; mais
faites bien attention que j'ai toujours compté
parler à un Anonime, & que je ne l'ai
défigné ni par fes ouvrages , ni autrement.
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Résumé : REPLIQUE du premier Musicien à la réponse du second, inserée dans le Mercure du mois de May dernier.
En mai 1730, un musicien publie une réplique dans le Mercure de France pour contester deux points soulevés par un interlocuteur. Il nie avoir désavoué son Traité de l'Harmonie et affirme avoir prouvé la fausseté des arguments de son adversaire à ce sujet. Il reconnaît avoir appris la règle de l'octave de M. Lacroix de Montpellier, mais nie avoir reçu des enseignements sur la Basse fondamentale. Il soutient que cette connaissance n'était pas pratiquée avant la publication de son livre et critique ceux qui prétendent le contraire comme étant des charlatans. Le musicien annonce la publication prochaine d'un ouvrage intitulé 'Génération Harmonique' pour répondre aux critiques concernant les quatre points de la dispute. Il critique l'approche de son adversaire, qui mélange les aspects physiques et géométriques de la musique, et souligne les contradictions dans ses arguments. Il accuse son adversaire de confondre les concepts de supposition, suspension et harmonie fondamentale, créant ainsi une confusion inutile. Le musicien conclut en affirmant que son adversaire juge la musique uniquement par les sens et les effets, sans chercher les causes. Il critique l'utilisation de grands mots et de concepts vagues par son adversaire et affirme que son propre système est basé sur des principes raisonnés. Il termine en avertissant son interlocuteur de reconnaître son erreur concernant une méthode d'accompagnement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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110
p. 1455-1456
« Le 19 Juin, il y eut Concert à Marly. M. Destouches, sur-Intendant de la [...] »
Début :
Le 19 Juin, il y eut Concert à Marly. M. Destouches, sur-Intendant de la [...]
Mots clefs :
Concert, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 19 Juin, il y eut Concert à Marly. M. Destouches, sur-Intendant de la [...] »
E 19 Juin , il y eut Concert à Marly.
M. Deftouches , fur- Intendant de la
Mufique du Roy , fit chanter devant la
Reine , le Prologue & le premier Acte de
L'Opera d'Omphale , qui fut continué le
21 & le 26. La Dlle Antier chanta dans
le Prologue & dans la Piéce le Rôle d'Argine
, avec beaucoup d'applaudiffement.
Le S' d'Angerville & la Die Lenner chan
terent ceux d'Alcide & d'Omphale , dont
la Cour parut fatisfaite. L'exécution des
Choeurs & de toute la Symphonie fut
auffi tres-brillante. La Mufique de cet
Opera eft de la compofition de M. Deftouches.
Le 30 , vers les 3 heures après midi , le
Roy fit au Camp de Mars , près le Châ-
II. Vol. Iijteau,
1456 MERCURE DE FRANCE
teau , la Revuë des quatre Compagnies
des Gardes du Corps & de celle des Gre
nadiers à Cheval. S. M. paffa dans les
rangs & les vit défiler.Meldames de France
virent cette Revûë.
Le même jour le Roy donna le Gou
vernement de Rocroy à M. de Vernaffal,
Maréchal de Camp & Lieutenant des Gardes
du Corps.
M. Deftouches , fur- Intendant de la
Mufique du Roy , fit chanter devant la
Reine , le Prologue & le premier Acte de
L'Opera d'Omphale , qui fut continué le
21 & le 26. La Dlle Antier chanta dans
le Prologue & dans la Piéce le Rôle d'Argine
, avec beaucoup d'applaudiffement.
Le S' d'Angerville & la Die Lenner chan
terent ceux d'Alcide & d'Omphale , dont
la Cour parut fatisfaite. L'exécution des
Choeurs & de toute la Symphonie fut
auffi tres-brillante. La Mufique de cet
Opera eft de la compofition de M. Deftouches.
Le 30 , vers les 3 heures après midi , le
Roy fit au Camp de Mars , près le Châ-
II. Vol. Iijteau,
1456 MERCURE DE FRANCE
teau , la Revuë des quatre Compagnies
des Gardes du Corps & de celle des Gre
nadiers à Cheval. S. M. paffa dans les
rangs & les vit défiler.Meldames de France
virent cette Revûë.
Le même jour le Roy donna le Gou
vernement de Rocroy à M. de Vernaffal,
Maréchal de Camp & Lieutenant des Gardes
du Corps.
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Résumé : « Le 19 Juin, il y eut Concert à Marly. M. Destouches, sur-Intendant de la [...] »
Du 19 au 26 juin, l'opéra 'Omphale' de M. Deftouches fut interprété devant la Reine à Marly. La Demoiselle Antier, le Sieur d'Angerville et la Demoiselle Lenner reçurent des applaudissements. Le 30 juin, le Roi passa en revue les Gardes du Corps et les Grenadiers à Cheval au Camp de Mars. Il nomma M. de Vernassal gouverneur de Rocroy.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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111
p. 1572
ENIGME.
Début :
Les soupirs, les pleurs & les larmes [...]
Mots clefs :
Chant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
ENIGM E.
Es foupirs , les pleurs & les larmes
Tantôt accompagnent mes pas ,
Tantôt les plaifirs & leurs charmes
Font briller mes plus beaux appas
En faifant couler dans mon ame
Les attraits de leur douce flamme,
Souvent je parois fur la fin
De quelque fuperbe feftin
Dans le plaifir & l'allegreffe ,
Et quelquefois rempli de deuil
Dans les cris & dans la trifteffe
Je conduis les morts au cercueil.
J'ai fait redouter ma puiſſance
A plufieurs Princes de renom ,
Qui revencient pleins d'efperance
De l'embrafement d'Ilion.
Je fuis à la faveur du corps que l'on me donne
Plus folide qu'auparavant ;
Mais à mon libre effor dès que l'on m'abandonne
Autant en emporte le vent.
Par M. l'Abbé Riviere
Es foupirs , les pleurs & les larmes
Tantôt accompagnent mes pas ,
Tantôt les plaifirs & leurs charmes
Font briller mes plus beaux appas
En faifant couler dans mon ame
Les attraits de leur douce flamme,
Souvent je parois fur la fin
De quelque fuperbe feftin
Dans le plaifir & l'allegreffe ,
Et quelquefois rempli de deuil
Dans les cris & dans la trifteffe
Je conduis les morts au cercueil.
J'ai fait redouter ma puiſſance
A plufieurs Princes de renom ,
Qui revencient pleins d'efperance
De l'embrafement d'Ilion.
Je fuis à la faveur du corps que l'on me donne
Plus folide qu'auparavant ;
Mais à mon libre effor dès que l'on m'abandonne
Autant en emporte le vent.
Par M. l'Abbé Riviere
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112
p. 1622-1633
Le Carnaval & la Folie, Extrait, [titre d'après la table]
Début :
Le 13. Juillet, la même Académie remit au Théatre le Carnaval & la Folie, Comedie [...]
Mots clefs :
Comédie ballet, Académie royale de musique, Théâtre, Musique, Le Carnaval et la Folie, Hymen, Plaisirs, Yeux, Chagrin, Coeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Carnaval & la Folie, Extrait, [titre d'après la table]
Le 13. Juiller , la même Académie remit
au Théatre le Carnaval & la Folie, Comedie-
Balet , repréfenté pour la premiere
fois le 3. Janvier 1704. & reprife au mois
de May 1719. Les paroles font de M. de
la Motte , & la Mufique de M. Deftouches
, Sur-Intendant de la Mufique du
Roi .
Cet Opera vient d'être executé avec
beaucoup de fuccès , & le Public a également
applaudi au Poëme & à la Mufique.
Au Prologue le Théatre repréfente les
Cieux où les Dieux font en Feftin . Fupiter
& Venus invitent toute la Troupe
immortelle à la joye par ce Duo.
Qu'a
JUILLET . 1730 1623
Qu'à nos voeux ici tout réponde.
Verfez-nous , verfez- nous la celefte Liqueur :
Verfez , que le Nectar enchante notre coeur ;
Qu'il y porte une paix profonde.
Venus fe levant de table , invite aux
plaifirs de l'Amour par ces Vers :
Goutons des plaifirs plus parfaits ,
Et que le tendre Amour à ſon tour nous inſpire ;
Regnez , Amour, regnez, raffemblez vos attraits ;
Triomphez, fur nos coeurs étendez votre empire ;
Mais qu'à fon gré chacun foupire :
Laiffez -nous le choix de vos Traits .
Momus fait fon office de Cenfeur ; Jupiter
lui ordonné de fe taire. Mercure
vient convier les Dieux à aller chercher
de nouveaux plaifirs fur la terre , où il
leur a preparé de nouvelles conquêtes ;
Momus , malgré l'ordre que Jupiter lui a
donné , continue à lâcher la cenfure.
Suivez, fuivez Mercure ; abandonnez les Cieux .
Livrez- vous aux plaifirs ; qu'envain la Gloire
gronde ,
L'Amour eft un plus digne objet ,
Aimez, il eft un Roi qui prend le foin du monde;
Jouiffez du loiſir qu'un Mortel vous a fait.
Ce dernier trait oblige Jupiterà
Gij exiler
1624 MERCURE DE FRANCE
à exiler Momus . Le Prologue n'a point
d'autre liaifon à la Piece que cet exil &
la defcente des Dieux fur la terre , à la
perfuafion de Mercure ; en effet Jupiter
& Venus doivent honorer de leur pre-
Tence l'Hymen du Carnaval & de la Folie .
Le Théatre repréfente au premier Acte
un Bois fleuri confacré à la Jeuneffe . Le
Carnaval partage fon coeur entre Bacchus
& l'Amour, & les prie tous deux de le
rendre heureux.
Momus exilé des Cieux , vient chercher
un azile chez le Carnaval , avec qui on le
fuppofe uni depuis long- temps . Le Carnaval
lui apprend qu'il aime la Folie , fille
"de Plutus , & de la Jeuneffe ; Momus applaudit
à fon choix ironiquement.
Plutus & la Jeuneffe amenent la pre
miere Fête de cet Acte ; le Théatre change
à la voix du Dieu des Richeffes : on
"voit un Palais magnifique s'élever , & les
Suivans de Plutus offrir leurs dons les plus
riches à la Jeuneffe. La Folie vient interrompre
la Fête. Elle fait connoître fon
mécontentement par ces Vers : ་
Ceffez , Jeux indifcrets , od manquoit la Folie ,
Qu'ici tout fe taiſe à ma voix ;
Je ne veux point fouffrir de Fête où l'on m'oublis;
at l'on ne doit ici vivre que
fous mes Loix. Loix
.
JUILLET. 1730. 1625
Elle dit à Plutus & à la Jeuneffe , qui
s'offenfent de fon audace:
Je dois la vie à votre amour ; "
Mais ne me comptez pas fous votre obéïffance ;
L'honneur de m'avoir mife au jour ,
Vous paye affez de ma naiffance.
Plutus & la Jeuneffe , pour l'appailer ,
font prêts à fe retirer ; elle les arrête en
leur difant que leur obéïffance lui fuffit,
& elle ranime la Fête par ces Vers .
Que votre regne recommence ;
r
Revenez, doux plaifirs , plaifirs , revenez tous ;
Mais revenez encor plus doux :
Vous languiffiez fans moi,brillez par ma preſence.
Après cette Fête qui eft encore plus
brillante que la premiere. Le Carnaval
prie Plutus & la Juneffe de confentir à
fon Hymen avec leur fille; ils lui font une
réponſe favorable ; il fe tourne vers la Folie
pour s'en applaudir avec elle , mais il
ne la trouve plus le confentement des
Auteurs de fa naiffance la fait difparoître.
Le Carnaval attribue cette fuite à fa pudeur
, & la va chercher pour faire écla
ter la joye à les yeux.
:
Au fecond Acte , le Théatre repréfente
une Campagne fertile. On voit fur le devant
d'un des côtez le Fleuve Lethé en-
Giij dormi
1626 MERCURE DE FRANCE
dormi für fon Urne , la Mer , & c . Le Carnaval
, rempli d'efperance , commence
l'Acte par ces Vers :
Sous les loix de l'Hymen je me range fans peine
Mon coeur y trouve des appas
Dieu du vin , n'en murmure pas ;
Tu dois t'applaudir de ma chaîne.
Les doux plaifirs qu'il prépare pour moi ,
Mettront le comble à ta victoire ;
Les fruits de mon Hymen ne naîtront que pour
toi ;
Bacchus , je les vouë à ta gloire.
La feconde Scene fait voir que le Carnaval
n'a point vû la Folie depuis la bruf
que difparition ; elle lui déclare qu'il ne
doit plus compter fur fon Hymen depuis
que Plutus & la Jeuneffe y ont donné un
plein confentement ; elle s'explique ainfi :
•
Non , non ; apprenez une fois
A connoître mieux la Folie ;
Je ne fuis point foumise aux loix
De ceux qui m'ont donné la vie :
Le contraire de leur envie ›
Détermine toûjours mon choix .
Non , non ; & c.
Cette Scene a paru très-brillante de la
de la Folie ; on ne doute point que part
l'AuJUILLET
. 1730. 1627
l'Auteur n'eût donné les mêmes gracesau
Carnaval ; mais par malheur ce Dieu des
Ris eft Amant & Amant maltraité , ce,
qui ne s'accorde pas avec fon caractere
qui ne doit refpirer que la joye . Il veut,
guérir de fon amour , la Folie lui confeille
de boire de l'eau fecourable du Lethé ; let
Carnaval veut mettre tout l'efpace des
Mers entre elle & lui , pour la mieux oublier.
La Folie y met obftacle pour n'avoir
pas la honte de fe voir quitter . Voici
comme elle s'exprime.
Ah ! n'ayons pas l'affront que l'on me quitte
Neptune , tu me dois l'hommage des Mortels ;
C'estmoi qui par leurs mains ai dreffé tes Autels;
Refufe ton Onde à fa fuite.
La Mer fe fouleve ; une troupe de Matelots
defcend d'un Vaiffeau échoué , ils
font vou de ne jamais fe rembarquer ; le
Fleuve Lethe leur offre le fecours de.
fes eaux pour leur faire oublier leur malheur.
A peine en ont - ils bû , qu'ils difent:
Embarquons -nous ; tout rit à nos defirs ;
Le vent propice nous feconde :
La Fortune & tous les plaiſirs ,
Nous attendent au bout du monde.
Prêts à fe rembarquer , la Folie vient
G iiij
les
1628 MERCURE DE FRANCE
les arrêter ; elle les accufe
d'ingratitude
& exige leurs hommages , pour prix des
biens dont elle feule leur tracel'image
ce qui donne lieu à une très-brillante Fête,
Jaquelle finie , le Carnaval veut fe réconcilier
avec la Folie & lui dit :
11 eft tems qu'à mes feux votre caprice cede ;
Commencez mes plaiſirs & terminez mes maux
La Folie lui répond :
Je vous laiffe avec le remede ;
Yos yeux vous ont appris le pouvoir de ces eaux.
Le Carnaval veut fuivre le confeil qu'elle
lui donne ; mais il croit que le vin lui
fera d'un plus grand fecours que les eaux
de Lethé. Il finit l'Acte par cette Chanfon
à boire , qui a fait beaucoup de plaifir.
Eteins mes feux , brife mes chaînes ;
Dieu du vin , guéris ma langueur.
Verfe à longs traits ta charmante liqueur ;
Et pour me venger de ma peine ,
Vien noyer l'Amour dans mon coeur.
Le troifiéme Acte a toûjours été applau
di , fur tout dans la Fête du Profeffeur de
Folie , qui paroît toûjours nouvelle , quoiqu'on
l'ait fouvent détachée de ce Balet
pour fervir d'ornement à d'autres.
Momus
JUILLET. 1730 , 1629
Momus ouvre la Scene & fait entendre
que rien ne peut éteindre l'amour du Carnaval
pour la Folie ; fon ami l'ayant prić
de le réconcilier avec elle ; il veut fe divertir
de cet emploi.
La Folie arrive ; Momus fe plaint à elle
de fa rigueur envers fon ami ; il lui fait
entendre que fon chagrin le rend mécon--
noiffable : la Folie fe rit du chagrin du
Carnaval , & loin de le plaindre , elle dite
Ah ! s'il en perdoit la raifon ,,
Que je le trouverois aimable !
Momus change de batterie & dit à la
Folie , que s'il l'avoit trouvée plus fenfible
à l'amour du Carnaval , il fe feroit
bien gardé de lui déclarer qu'il ne l'aime
plus . Ce menfonge lui réüffit ; la Folic
ne peut fouffrir fans dépit que fon Amant
fe foit guéri de fa paffion ; elle jette fa
marotte , comme étant devenue un ornement
inutile entre fes mains ; Momus la
ramaffe pour s'en fervir dans une nouvelle
malice qu'il médite ; cependant tou--
ché du chagrin de la Folie , qui s'eft jettée
fur un lit de verdure , il appelle fa
joyeuſe Bande qui compofe l'aimable Fête
dont on vient de parler. Le Choeur chante
ces Vers adreffez à la Folie,
Craignez de vous faire ; ›
Gy Um
1630 MERCURE DE FRANCE
Un trifte deftin :
Si vous voulez plaire ,
Chaffez le chagrin ;
Dès que l'on s'y livre,
On perd fes appas ;
Eh ! qui voudroit ſuivre ,
Deformais vos pas ?
Eft -il doux de vivre ,
Quand on ne plaît pas ?
La crainte de perdre fes attraits , fi naturelle
à fon fexe , oblige la Folie à reprendre
fa belle humeur ; elle égaye la Fête
. Le Profeffeur de Folie enfeigne à chanter
, à danfer & à rimer. Ces trois Actes
de Folie font compris dans ces deux Vers :
Cantate , ballate , rimate :
E della pazzia la perfettione .
La Folie ordonne à fa Suite de tranf
porter ces Chants & ces Danfes en quelqu'autre
lieu ; elle marche à la tête de ſa
riante Troupe ; Momus fait accroire au
Carnaval qu'il l'a fupplanté dans le coeur
de la Folie , & le prouve par fa marotte
qu'elle a mife entre les mains. Le Carnaval
s'abandonne à fa fureur. Il conjure le
Dieu des Frimats de le venger ; voici fur
quoi il fonde fa demande :
Toi, fombre & trifte Hyver, Divinité paillante
Siv
JUILLET. 1730. 1631
Si jamais fur tes pas j'ai conduit les plaifirs ,
Si par mes foins ton Regne enchante ,
Plus que le Regne heureux de Flore & des Zéphirs,
Reconnois mes faveurs au gré de mes dèfirs ;
Rends aujourd'hui ma vengeance éclatante.
Volez , rapides Aquilons ' ;
Faites fur ce Palais les effets de la foudre ,
Qu'il fe brife , qu'il tombe en poudre , &c.
. Les vents brifent le Palais.
و
Au quatriéme & dernier Acte , la Folie's'applaudit
du ravage des Aquilons ,
qui lui prouve que le Carnaval l'aime encore
puifqu'il fe venge . Le Carnaval ,
après quelques tranfports de colere , fait
de tendres reproches à la Folie , elle s'affoupit
par degrez à ces douces plaintes, &
fe jette fur un lit de gafon , en difant au
Carnaval :
Plaignez toûjours ainfi la rigueur de vos maux ;
Non ; le fommeil n'a point de fi puiffans pavots ;
C'eſt vainement que mes yeux s'en deffendent ; 1
Les Aquilons m'ont ôté le repos ;
Vos tendres plaintes me le rendent.
Cette infultante plaifanterie redouble
la fureur du Carnaval ; la Folie lui ré
pond fur le même ton :
G vj
Pour1632
MERCURE DE FRANCE
Pourquoi m'éveillez -vous ? contraignez vos mur
mures ,
Refpectez le repos que vous m'avez donné..
Momus vient ; le Carnaval dit à la Folie
que c'eft- là le Rival qu'elle lui prefere.
La Folie arrache à Momus le Sceptre qu'il
lui a pris par furprife dans l'Acte préce
dent. Momus avoue fa petite tracafferic
par cès Vers :
Je vous ai trompez l'un & l'autre :
Mais c'eft affez jouir de fon trouble & du vôtre..
Nous n'avons plus de regrets à former ,.
Et chacun a fuivi le penchant qui l'inſpire ;
Le vôtre étoit de vous aimer ;
Le mien étoit d'en rire.
;
Plutus & la Jeuneffe viennent dénouer
la Piece : ils témoignent leur colere fun
le ravage des Aquilons par ce Duo :-
Dieu cruel , fuyez de ces lieux ;
N'êtes-vous pas content de cet affreux ravage.
Fuyez , n'offrez plus à nos yeux ,
Un ennemi qui nous outrage , &c.
La Folie voyant qu'ils ne veulent plus
fon Hymen avec le Carnaval , leur dit
qu'elle le veut , & explique ainsi le motif.
de fa nouvelle volonté : .
i
Pour
JUILLET. 1730. 1638.
Pour couronner ſa flâme ,
Et trouver nos liens charmans ,
Voilà les fentimens ,
Où j'attendois votre ame.
Jupiter & Venus viennent par l'ordre
du Deftin , celebrer l'Hymen du Carnaval
& de la Folie. En faveur de cet Hy--
men Momus obtient fon rappel dans les
Cieux , à condition qu'il contraindra fon
humeur fatyrique ; Momus le promet par
ce dernier trait de fatyre :
La Fête & leur Hymen font fi dignes de vous ;
Le moyen d'en médire .
1
Le fuccès de ce Balet s'accroît de jour en
jour & n'a jamais été fi éclatant , la maniere
dont il eft executé n'y contribue pas
peu ; cela n'empêche pas qu'on ne rende
juftice au Poëme & à la Mufique ; l'ef
prit brille dans le premier , un agréable
amuſement y tient lieu d'interêt. Pour la
Mufique on là trouve d'une legereté charmante
& d'un gout exquis .
au Théatre le Carnaval & la Folie, Comedie-
Balet , repréfenté pour la premiere
fois le 3. Janvier 1704. & reprife au mois
de May 1719. Les paroles font de M. de
la Motte , & la Mufique de M. Deftouches
, Sur-Intendant de la Mufique du
Roi .
Cet Opera vient d'être executé avec
beaucoup de fuccès , & le Public a également
applaudi au Poëme & à la Mufique.
Au Prologue le Théatre repréfente les
Cieux où les Dieux font en Feftin . Fupiter
& Venus invitent toute la Troupe
immortelle à la joye par ce Duo.
Qu'a
JUILLET . 1730 1623
Qu'à nos voeux ici tout réponde.
Verfez-nous , verfez- nous la celefte Liqueur :
Verfez , que le Nectar enchante notre coeur ;
Qu'il y porte une paix profonde.
Venus fe levant de table , invite aux
plaifirs de l'Amour par ces Vers :
Goutons des plaifirs plus parfaits ,
Et que le tendre Amour à ſon tour nous inſpire ;
Regnez , Amour, regnez, raffemblez vos attraits ;
Triomphez, fur nos coeurs étendez votre empire ;
Mais qu'à fon gré chacun foupire :
Laiffez -nous le choix de vos Traits .
Momus fait fon office de Cenfeur ; Jupiter
lui ordonné de fe taire. Mercure
vient convier les Dieux à aller chercher
de nouveaux plaifirs fur la terre , où il
leur a preparé de nouvelles conquêtes ;
Momus , malgré l'ordre que Jupiter lui a
donné , continue à lâcher la cenfure.
Suivez, fuivez Mercure ; abandonnez les Cieux .
Livrez- vous aux plaifirs ; qu'envain la Gloire
gronde ,
L'Amour eft un plus digne objet ,
Aimez, il eft un Roi qui prend le foin du monde;
Jouiffez du loiſir qu'un Mortel vous a fait.
Ce dernier trait oblige Jupiterà
Gij exiler
1624 MERCURE DE FRANCE
à exiler Momus . Le Prologue n'a point
d'autre liaifon à la Piece que cet exil &
la defcente des Dieux fur la terre , à la
perfuafion de Mercure ; en effet Jupiter
& Venus doivent honorer de leur pre-
Tence l'Hymen du Carnaval & de la Folie .
Le Théatre repréfente au premier Acte
un Bois fleuri confacré à la Jeuneffe . Le
Carnaval partage fon coeur entre Bacchus
& l'Amour, & les prie tous deux de le
rendre heureux.
Momus exilé des Cieux , vient chercher
un azile chez le Carnaval , avec qui on le
fuppofe uni depuis long- temps . Le Carnaval
lui apprend qu'il aime la Folie , fille
"de Plutus , & de la Jeuneffe ; Momus applaudit
à fon choix ironiquement.
Plutus & la Jeuneffe amenent la pre
miere Fête de cet Acte ; le Théatre change
à la voix du Dieu des Richeffes : on
"voit un Palais magnifique s'élever , & les
Suivans de Plutus offrir leurs dons les plus
riches à la Jeuneffe. La Folie vient interrompre
la Fête. Elle fait connoître fon
mécontentement par ces Vers : ་
Ceffez , Jeux indifcrets , od manquoit la Folie ,
Qu'ici tout fe taiſe à ma voix ;
Je ne veux point fouffrir de Fête où l'on m'oublis;
at l'on ne doit ici vivre que
fous mes Loix. Loix
.
JUILLET. 1730. 1625
Elle dit à Plutus & à la Jeuneffe , qui
s'offenfent de fon audace:
Je dois la vie à votre amour ; "
Mais ne me comptez pas fous votre obéïffance ;
L'honneur de m'avoir mife au jour ,
Vous paye affez de ma naiffance.
Plutus & la Jeuneffe , pour l'appailer ,
font prêts à fe retirer ; elle les arrête en
leur difant que leur obéïffance lui fuffit,
& elle ranime la Fête par ces Vers .
Que votre regne recommence ;
r
Revenez, doux plaifirs , plaifirs , revenez tous ;
Mais revenez encor plus doux :
Vous languiffiez fans moi,brillez par ma preſence.
Après cette Fête qui eft encore plus
brillante que la premiere. Le Carnaval
prie Plutus & la Juneffe de confentir à
fon Hymen avec leur fille; ils lui font une
réponſe favorable ; il fe tourne vers la Folie
pour s'en applaudir avec elle , mais il
ne la trouve plus le confentement des
Auteurs de fa naiffance la fait difparoître.
Le Carnaval attribue cette fuite à fa pudeur
, & la va chercher pour faire écla
ter la joye à les yeux.
:
Au fecond Acte , le Théatre repréfente
une Campagne fertile. On voit fur le devant
d'un des côtez le Fleuve Lethé en-
Giij dormi
1626 MERCURE DE FRANCE
dormi für fon Urne , la Mer , & c . Le Carnaval
, rempli d'efperance , commence
l'Acte par ces Vers :
Sous les loix de l'Hymen je me range fans peine
Mon coeur y trouve des appas
Dieu du vin , n'en murmure pas ;
Tu dois t'applaudir de ma chaîne.
Les doux plaifirs qu'il prépare pour moi ,
Mettront le comble à ta victoire ;
Les fruits de mon Hymen ne naîtront que pour
toi ;
Bacchus , je les vouë à ta gloire.
La feconde Scene fait voir que le Carnaval
n'a point vû la Folie depuis la bruf
que difparition ; elle lui déclare qu'il ne
doit plus compter fur fon Hymen depuis
que Plutus & la Jeuneffe y ont donné un
plein confentement ; elle s'explique ainfi :
•
Non , non ; apprenez une fois
A connoître mieux la Folie ;
Je ne fuis point foumise aux loix
De ceux qui m'ont donné la vie :
Le contraire de leur envie ›
Détermine toûjours mon choix .
Non , non ; & c.
Cette Scene a paru très-brillante de la
de la Folie ; on ne doute point que part
l'AuJUILLET
. 1730. 1627
l'Auteur n'eût donné les mêmes gracesau
Carnaval ; mais par malheur ce Dieu des
Ris eft Amant & Amant maltraité , ce,
qui ne s'accorde pas avec fon caractere
qui ne doit refpirer que la joye . Il veut,
guérir de fon amour , la Folie lui confeille
de boire de l'eau fecourable du Lethé ; let
Carnaval veut mettre tout l'efpace des
Mers entre elle & lui , pour la mieux oublier.
La Folie y met obftacle pour n'avoir
pas la honte de fe voir quitter . Voici
comme elle s'exprime.
Ah ! n'ayons pas l'affront que l'on me quitte
Neptune , tu me dois l'hommage des Mortels ;
C'estmoi qui par leurs mains ai dreffé tes Autels;
Refufe ton Onde à fa fuite.
La Mer fe fouleve ; une troupe de Matelots
defcend d'un Vaiffeau échoué , ils
font vou de ne jamais fe rembarquer ; le
Fleuve Lethe leur offre le fecours de.
fes eaux pour leur faire oublier leur malheur.
A peine en ont - ils bû , qu'ils difent:
Embarquons -nous ; tout rit à nos defirs ;
Le vent propice nous feconde :
La Fortune & tous les plaiſirs ,
Nous attendent au bout du monde.
Prêts à fe rembarquer , la Folie vient
G iiij
les
1628 MERCURE DE FRANCE
les arrêter ; elle les accufe
d'ingratitude
& exige leurs hommages , pour prix des
biens dont elle feule leur tracel'image
ce qui donne lieu à une très-brillante Fête,
Jaquelle finie , le Carnaval veut fe réconcilier
avec la Folie & lui dit :
11 eft tems qu'à mes feux votre caprice cede ;
Commencez mes plaiſirs & terminez mes maux
La Folie lui répond :
Je vous laiffe avec le remede ;
Yos yeux vous ont appris le pouvoir de ces eaux.
Le Carnaval veut fuivre le confeil qu'elle
lui donne ; mais il croit que le vin lui
fera d'un plus grand fecours que les eaux
de Lethé. Il finit l'Acte par cette Chanfon
à boire , qui a fait beaucoup de plaifir.
Eteins mes feux , brife mes chaînes ;
Dieu du vin , guéris ma langueur.
Verfe à longs traits ta charmante liqueur ;
Et pour me venger de ma peine ,
Vien noyer l'Amour dans mon coeur.
Le troifiéme Acte a toûjours été applau
di , fur tout dans la Fête du Profeffeur de
Folie , qui paroît toûjours nouvelle , quoiqu'on
l'ait fouvent détachée de ce Balet
pour fervir d'ornement à d'autres.
Momus
JUILLET. 1730 , 1629
Momus ouvre la Scene & fait entendre
que rien ne peut éteindre l'amour du Carnaval
pour la Folie ; fon ami l'ayant prić
de le réconcilier avec elle ; il veut fe divertir
de cet emploi.
La Folie arrive ; Momus fe plaint à elle
de fa rigueur envers fon ami ; il lui fait
entendre que fon chagrin le rend mécon--
noiffable : la Folie fe rit du chagrin du
Carnaval , & loin de le plaindre , elle dite
Ah ! s'il en perdoit la raifon ,,
Que je le trouverois aimable !
Momus change de batterie & dit à la
Folie , que s'il l'avoit trouvée plus fenfible
à l'amour du Carnaval , il fe feroit
bien gardé de lui déclarer qu'il ne l'aime
plus . Ce menfonge lui réüffit ; la Folic
ne peut fouffrir fans dépit que fon Amant
fe foit guéri de fa paffion ; elle jette fa
marotte , comme étant devenue un ornement
inutile entre fes mains ; Momus la
ramaffe pour s'en fervir dans une nouvelle
malice qu'il médite ; cependant tou--
ché du chagrin de la Folie , qui s'eft jettée
fur un lit de verdure , il appelle fa
joyeuſe Bande qui compofe l'aimable Fête
dont on vient de parler. Le Choeur chante
ces Vers adreffez à la Folie,
Craignez de vous faire ; ›
Gy Um
1630 MERCURE DE FRANCE
Un trifte deftin :
Si vous voulez plaire ,
Chaffez le chagrin ;
Dès que l'on s'y livre,
On perd fes appas ;
Eh ! qui voudroit ſuivre ,
Deformais vos pas ?
Eft -il doux de vivre ,
Quand on ne plaît pas ?
La crainte de perdre fes attraits , fi naturelle
à fon fexe , oblige la Folie à reprendre
fa belle humeur ; elle égaye la Fête
. Le Profeffeur de Folie enfeigne à chanter
, à danfer & à rimer. Ces trois Actes
de Folie font compris dans ces deux Vers :
Cantate , ballate , rimate :
E della pazzia la perfettione .
La Folie ordonne à fa Suite de tranf
porter ces Chants & ces Danfes en quelqu'autre
lieu ; elle marche à la tête de ſa
riante Troupe ; Momus fait accroire au
Carnaval qu'il l'a fupplanté dans le coeur
de la Folie , & le prouve par fa marotte
qu'elle a mife entre les mains. Le Carnaval
s'abandonne à fa fureur. Il conjure le
Dieu des Frimats de le venger ; voici fur
quoi il fonde fa demande :
Toi, fombre & trifte Hyver, Divinité paillante
Siv
JUILLET. 1730. 1631
Si jamais fur tes pas j'ai conduit les plaifirs ,
Si par mes foins ton Regne enchante ,
Plus que le Regne heureux de Flore & des Zéphirs,
Reconnois mes faveurs au gré de mes dèfirs ;
Rends aujourd'hui ma vengeance éclatante.
Volez , rapides Aquilons ' ;
Faites fur ce Palais les effets de la foudre ,
Qu'il fe brife , qu'il tombe en poudre , &c.
. Les vents brifent le Palais.
و
Au quatriéme & dernier Acte , la Folie's'applaudit
du ravage des Aquilons ,
qui lui prouve que le Carnaval l'aime encore
puifqu'il fe venge . Le Carnaval ,
après quelques tranfports de colere , fait
de tendres reproches à la Folie , elle s'affoupit
par degrez à ces douces plaintes, &
fe jette fur un lit de gafon , en difant au
Carnaval :
Plaignez toûjours ainfi la rigueur de vos maux ;
Non ; le fommeil n'a point de fi puiffans pavots ;
C'eſt vainement que mes yeux s'en deffendent ; 1
Les Aquilons m'ont ôté le repos ;
Vos tendres plaintes me le rendent.
Cette infultante plaifanterie redouble
la fureur du Carnaval ; la Folie lui ré
pond fur le même ton :
G vj
Pour1632
MERCURE DE FRANCE
Pourquoi m'éveillez -vous ? contraignez vos mur
mures ,
Refpectez le repos que vous m'avez donné..
Momus vient ; le Carnaval dit à la Folie
que c'eft- là le Rival qu'elle lui prefere.
La Folie arrache à Momus le Sceptre qu'il
lui a pris par furprife dans l'Acte préce
dent. Momus avoue fa petite tracafferic
par cès Vers :
Je vous ai trompez l'un & l'autre :
Mais c'eft affez jouir de fon trouble & du vôtre..
Nous n'avons plus de regrets à former ,.
Et chacun a fuivi le penchant qui l'inſpire ;
Le vôtre étoit de vous aimer ;
Le mien étoit d'en rire.
;
Plutus & la Jeuneffe viennent dénouer
la Piece : ils témoignent leur colere fun
le ravage des Aquilons par ce Duo :-
Dieu cruel , fuyez de ces lieux ;
N'êtes-vous pas content de cet affreux ravage.
Fuyez , n'offrez plus à nos yeux ,
Un ennemi qui nous outrage , &c.
La Folie voyant qu'ils ne veulent plus
fon Hymen avec le Carnaval , leur dit
qu'elle le veut , & explique ainsi le motif.
de fa nouvelle volonté : .
i
Pour
JUILLET. 1730. 1638.
Pour couronner ſa flâme ,
Et trouver nos liens charmans ,
Voilà les fentimens ,
Où j'attendois votre ame.
Jupiter & Venus viennent par l'ordre
du Deftin , celebrer l'Hymen du Carnaval
& de la Folie. En faveur de cet Hy--
men Momus obtient fon rappel dans les
Cieux , à condition qu'il contraindra fon
humeur fatyrique ; Momus le promet par
ce dernier trait de fatyre :
La Fête & leur Hymen font fi dignes de vous ;
Le moyen d'en médire .
1
Le fuccès de ce Balet s'accroît de jour en
jour & n'a jamais été fi éclatant , la maniere
dont il eft executé n'y contribue pas
peu ; cela n'empêche pas qu'on ne rende
juftice au Poëme & à la Mufique ; l'ef
prit brille dans le premier , un agréable
amuſement y tient lieu d'interêt. Pour la
Mufique on là trouve d'une legereté charmante
& d'un gout exquis .
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Résumé : Le Carnaval & la Folie, Extrait, [titre d'après la table]
Le texte présente la pièce de théâtre 'Le Carnaval et la Folie', une comédie-ballet créée par M. de la Motte pour les paroles et M. Destouches pour la musique. La pièce a été représentée pour la première fois le 3 janvier 1704 et reprise en mai 1719, rencontrant un grand succès auprès du public qui a apprécié autant le poème que la musique. Le prologue se déroule dans les cieux, où les dieux célèbrent une fête. Jupiter et Vénus invitent les dieux à la joie, tandis que Momus, chargé de la censure, est réduit au silence par Jupiter. Mercure propose aux dieux de chercher de nouveaux plaisirs sur terre, où il leur a préparé de nouvelles conquêtes. Momus, malgré l'ordre de Jupiter, continue de critiquer, ce qui conduit à son exil. La pièce commence avec le Carnaval partagé entre Bacchus et l'Amour. Momus, exilé des cieux, trouve refuge auprès du Carnaval. La Folie, fille de Plutus et de la Jeunesse, interrompt une fête organisée par ses parents pour affirmer son désir de régner seule. Après une seconde fête plus brillante, le Carnaval demande la main de la Folie, mais celle-ci disparaît. Dans le second acte, le Carnaval, espérant toujours son union avec la Folie, est déçu par sa disparition. La Folie lui explique qu'elle n'est soumise à aucune loi et lui conseille de boire de l'eau du Léthé pour oublier son amour. Elle empêche ensuite des matelots de se rembarquer après qu'ils ont bu de cette eau. Le Carnaval termine l'acte par une chanson à boire. Le troisième acte est marqué par une fête de la Folie, où Momus tente de réconcilier le Carnaval et la Folie. La Folie, après avoir été égayée par la crainte de perdre ses attraits, ordonne à sa suite de transporter les chants et danses ailleurs. Momus trompe le Carnaval en lui faisant croire que la Folie l'a supplanté. Furieux, le Carnaval conjure l'hiver de le venger, ce qui conduit à la destruction d'un palais par les vents. Dans le quatrième acte, la Folie se réjouit de la vengeance du Carnaval. Après des reproches tendres, elle feint de dormir. Momus avoue sa tromperie. Plutus et la Jeunesse expriment leur colère contre le ravage des aquilons. La Folie affirme vouloir l'hymen avec le Carnaval. Jupiter et Vénus célèbrent finalement cet hymen, et Momus obtient son rappel dans les cieux à condition de modérer son humour satirique. Le succès de la pièce continue de croître, avec des éloges pour le poème et la musique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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113
p. 1881-1888
« Le 20. du mois dernier, M. d'Angervilliers, Ministre & Secretaire d'Etat de la Guerre, [...] »
Début :
Le 20. du mois dernier, M. d'Angervilliers, Ministre & Secretaire d'Etat de la Guerre, [...]
Mots clefs :
Artillerie, Canon, Roi, Cérémonies, Concert, Musique, Chasse, Académies, Ministre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 20. du mois dernier, M. d'Angervilliers, Ministre & Secretaire d'Etat de la Guerre, [...] »
E 20. du mois dernier , M. d'Angervilliers ,
Miniftre & Secretaire d'Etat de la Guerre ,
accompagné du Comte de Saint Florentin & du
Marquis de Pezé , Colonel , Meftre de Camp du
Régiment du Roi , fe rendit de Compiegne à la
Fere , pour voir le fiege auquel l'Ecole de l'Artillerie
, établie dans cette Ville fous les ordres du
Chevalier d'Abouville , eft actuellement occupée.
Le 21 , M. de Valliere , Maréchal de Camp ,
Directeur & Infpecteur General des mêmes
Ecoles , conduifit ce Miniftre à un demi quart de
lieuë de la Ville , pour lui faire voir differentes
manoeuvres ; & après que le Bataillon de M. de
la Perelle, du Régiment Royal Artillerie, & celui
de Pequigny , eurent paffé en revûë devant M.
d'Angervilliers , on jetta un Pont fur la Riviere
d'Oife , avec la même promptitude que lorfqu'il
s'agit de faire paffer une Armée. On fe rendit
enfuite à la Batterie , où on fit l'exercice du Canon.
M. d'Angervilliers parut fort fatisfait de l'adreffe
des Canoniers. Vers les neuf heures , les
Troupes deftinées à la défenfe du Fort fe rendi-
I rent
1882 MERCURE DE FRANCE
-
?
rent à leurs poftes fous les ordres de M. Lucas ,
Capitaine dans Royal Artillerie , qui commande
en chef dans la Place. Dès que les Afliegeans
monterent la tranchée , on fit fur eux un grand
feu du Canon & de la Moufqueterie de la Place;
les Affiegeans étoient logés fur la Contrefcarpe ,
où ils avoient établi le jour précedent huit Batteries
de Canon pour battre les dehors & le corps
de la Place . La principale action de cette journée
fut la prife de deux Tenaillons,conftruits fur une
Demi-Lune. Après bien des forties & des chicanes
de guerre de part & d'autre , toutes fort fingulieres
, ceux de la Place firent fauter , à l'attaque
de la droite , par les Mines , une Batterie de
Canon des Ennemis fur le chemin couvert.
A une heure après midi , M. de Valliere qui
commandoit en chef la Tranchée, y fit fervir un
magnifique diner. Indépendamment de la Table
du Miniftre , il y en avoit d'autres pour plus de
300. perfonnes.
A trois heures le feu recommença plus vivement
que jamais , & la Batterie qu'on avoit fait
fauter le matin fe trouva rétablie par les Affiegeans
en moins de deux heures & demie. Dès
qu'on y eut fait conduire le Canon , les Affiegés
la firent fauter pour la feconde fois . Le Canon &
les affuts furent jettés vers les foffés de la Place ,
ainfi que M. d'Antonnazzi , Capitaine des Mineurs,
fe l'étoit propofé , ce qui lui attira, auffibien
qu'aux autres Officiers de fa Compagnie ,
l'applaudiffement du Miniftre. Peu de tems après
on donna le fignal pour faire jouer les Mines que
les Affiegeans avoient faites fous les Tenaillons
dès qu'ils furent ouverts par deux breches , les
Grenadiers , fuivis des Ingenieurs avec les Travailleurs
deftinés à la prife de ces Ouvrages ,
monterent à l'affaut
à l'affaut pour ſe loger fur le haut des
breches
A O
UST .
1730. 1883
breches : ce fut alors qu'on vit une image bien
naturelle de la Guerre & des Sieges .
Les fix Chiens de Chaffe & les Oiseaux de
proye que l'Abbé de S. Hubert eft obligé d'envoyer
tous les ans au Roi , furent prefentés à
S. M. à Compiegne au commencement de ce
mois .
La Meute que le Roi a préfentement à Compiegne
est de 250. Chiens ; fçavoir , 143. pour
le Cerf, 60. pour le Chevreuil & 47. pour le
Sanglier , fans y comprendre la Meute du Loup,
qui eft reftée à Verſailles. On renouvelle tous les
fix mois trente Chiens de la Meute de S. M. qui
en donne les vieux à des Seigneurs qui ont des
équipages de chaffe . On a fait depuis peu des
couvertures & des houffes neuves de drap bleu
brodées d'un nouveau deffein
pour les Chevaux
de Chaffe.
Sur la fin du mois dernier , le Roi chaffa un
Cerftout gris dans la Forêt de Compiegne , qu'on
fut obligé d'abandonner aprés l'avoir pourfuivi
fix ou fept lieues. On affure que le même Cerf
fut auffi chaffé inutilement plufieurs fois l'année
derniere ; on ajoûte qu'il a 200. ans , & qu'il a
été chaffé par Louis XIII. & par Louis XIV .
Le 15 de ce mois , Fête de l'Affomption de la
Sainte Vierge , le Roi , accompagné du Duc
d'Orleans , du Comte d'Eu , & du Comte de
Toulouſe , fe rendit à l'Eglife de la Paroiffe du
Château , où S. M. entendit la Grand' - Meffe
célebrée pontificalement par l'Evêque de Soiffons.
L'après - midi le Roi alla entendre les Vêpres
dans l'Eglife de l'Abbaye Royale de S. Corneille
: S. M. y aſſiſta à la Proceſſion & au Salut¸
où le même Prélat officia
Į įj
Lc
1884 MERCURE DE FRANCE
Le même jour , la Proceffion folemnelle de
Eglife Métropolitaine , qui fe fait tous les ans
à pareil jour , en execution du Vou de Louis
XIII. fe fit à Paris avec les cérémonies accoutumées.
L'Archevêque de Paris y officia , & le Parlement
, la Chambre des Comptes , la Cour des
Aydes & le Corps de Ville y affifterent fuivant
la coutume.
Le 21. vers les 8. heures du foir , le Roi arriva
du Château de Compiegne à Versailles .
Il a été fondu à Paris depuis peu par le fieur
Martin , deux très - grandes Coches , & quatre
beaucoup moindres pour le Roi de Portugal
qu'on va voir fur le Port S Nicolas par curiofité
, Pouvrage ayant parfaitement réuffi . On a
appris de Gennes qu'on y avoit auffi fondu huit
groffes Cloches pour le Roi de Portugal , qu'on
devoit embarquer pour Lisbonne.
M. L'Abbé Sevin eft de retour de Conſtantinople
depuis le commencement de ce mois. Il a
rapporté quantité de Manufcrits en diverfes
Langues Orientales pour la Bibliotheque du
Roy.
;
>
Le 15 , Fête de l'Aſſomption de la Vierge , il
y eut Concert Spirituel au Château des Tuilleries
M. Mouret fit chanter le Benedi&us , Motet
de M. de la Lande , dont l'éxecution fut parfaite.
Les Diles Erremens, Le Maure , & Petitpas ,
chanterent differens Motets à une & à deux voix ,
avec fimphonie,qui furent très - applaudis par une
très- nombreufe Affemblée , de même que les
Srs Blavet & Madonis dans l'éxecution de deux
Concerto fur la Flute & le Violon. Le Concert
fut
A O UST . 1730. 1885
fut terminé par Dominús regnavit , autre Moter
de M. de la Lande.
Dans l'Affemblée Generale du Corps de Ville ,
tenue le 16 de ce mois , le Prefident Turgot fut
continué Prevoft des Marchands , & les nouveaux
Echevins furent élus à l'ordinaire. On
fçait qu'il y a toujours quatre Echevins en fonction
; que les deux plus anciens fortent tous les
ans d'Echevinage , & que l'on en choifit deux
nouveaux pour remplir leur place . Au refte , ces
places ne font remplies que par des perfonnes
d'une probité reconnue ; les Statuts font trèsrigoureux
là deffus : un homme qui auroit été
arrêté prifonnier , quoi qu'injuftement , ne peut
être élu Echevin. On doit avant que d'y parvenir
avoir paffé par beaucoup d'Emplois , qui
font connoître le merite & la droiture des
Sujets .
>
Le 23 , le Corps de Ville , le Duc de Gevres.
Gouverneur de Paris , étant à la tête , enc
Verfailles Audience du Roy , avec les cerémonies
accoutumées. Il fut préfenté à S. M. par
le Comte de Maurepas , Secretaire d'Etat , &
conduit par le Marquis de Dreux , Grand-Maître
des Cerémonies , & par M. Defgranges, Maître
des Cerémonies . Ms Roffignol & Lagnau ,
nouveaux Echevins , prêterent entre les mains
du Roy le Serment de fidelité , dont le Comte
de Maurepas Secretaire d'Etat , fit la lecture ;
le Scrutin ayant été préſenté par M. Bignon ,
Avocat General du Grand Confeil , qui fit un
Difcours très -éloquent. Le même jour , le Corps
de Ville rendit fes refpects à Monfeigneur le
Dauphin , & à Mefdames de France.
I iij
Le
1886 MERCURE DE FRANCE
Le 25 , Fête de S. Louis , la Proceffion des
Carmes du Grand Convent , à laquelle le Corps
de Ville affifta , alla , fuivant la coûtume , à la
Chapelle du Château des Tuilleries , où ces Religieux
celébrerent la Meffe , pendant laquelle le
Duc de Gêvres , Gouverneur de Paris , fit rendre
les Pains- Benis , avec les cerémonies accoutumées.
Le même jour , l'Académie Françoiſe celébra
la Fête de S. Louis dans la Chapelle du Louvre.
On chanta pendant la Meffe un très -beau Motet
en Mufique , de la compofition de M. Dornel
après laquelle l'Abbé Ragon , Chapelain du Duc
d'Orleans , prononça le Panegyrique du Saint.
Le même jour , l'Académie Royale des Infcriptions
& Belles - Lettres , & celle des Sciences ,
celébrerent la même Fête dans l'Eglife des Peres
de l'Oratoire ; on y chanta auffi un Motet en
Mufique pendant la Meffe de la compofition de
M. du Bouffet , & le Panegyrique de S. Louis
fut prononcé par Dom Léandre Pertuiſet , Religieux
Reformé de l'Ordre de Clugny , qui a
prêché avec fuccès dans plufieurs Eglifes de
Paris.
Le Concert d'Inftrumens que l'Académie
Royale de Mufique donne tous les ans au Château
des Tuilleries , à l'occafion de la Fête du
Roi , a été executé le 25 par un grand nombre
d'excellens Simphoniſtes de la même Académie ,
qui jouerent differens beaux morceaux de Mufique
de M. de Lully & de M. Rebel.
Le 3 Juillet , M. de Blamont , Sur-Intendant
de la Mufique du Roi , de Semeftre , fit chanter
devant
"
AOUST . 1730. 1887
devant la Reine , le Prologue & le premier Acte
de l'Opera de Roland , dans lequel la D'le Du- ,
clos & le fieur Godonnefche chanterent les
principaux Rôles dans le Prologue , & ceux de
la Piéce furent remplis par la Die Lenner &
par les Sieurs Guedon & Chaffé .
,
Le , on chanta le fecond & le troifiéme
Acte du même Opera , qu'on continua le ro
& qu'on finit le 12. La Die Duclos chanta dans
le dernier Acte le Rôle de Logistille .
Le 17 ว on executa avec un applaudiffement
general , l'Impromptu de Labyrinte de Verfailles
, de la compofition de M. de Blamont.
Le 24 , on chanta chez la Reine le Prologue
& le premier Acte de Bellerophon.
>
Le 27 , la Reine voulut entendre , à Trianon ,
le dernier Divertiffement de M. de Blamont
fait à l'occafion de la Naiffance de Monfeigneur
le Dauphin. C'eft le même qui fut executé l'année
derniere au Soupé de L. M. & enfuite dans
les grands Appartemens. Les Dite. Erremens ,
& le Maure , & le fieur d'Angerville , chanterent
les principaux Rôies .
Le 31. on continua Bellerophon , & on le finit
le 2 Août. La Dle Antier chanta le Rôle de
Stenobée , la D'te Lenner celui de Philonoé , &
le fieur Chaffé celui d'Amifodar.
Le 7
>
& le 21 Août , on chanta Amadis de
Gaule. La Dlle Pithron & le fieur d'Angerville
chanterent les principaux Rôles du Prologue
& dans la Piéce , la Dle Antier chanta le Rôle
d'Arcabone , la Dile Pichou celui de Corifande
, le fieur Godennefche celui de Floreftan , &
le fieur d'Angerville celui d'Arcelaus . La D'le
Antier chanta enfuite la Nymphe de la Seine ,
Cantate de M. de Blamont.
Le 25 , le même Auteur fit executer par les
I j 24
1888 MERCURE DE FRANCE
24 Violons du Roy , plufieurs Piéces de Simphonie
de fa compofition pendant le dîné de
S. M.
Le 26. la Lotterie de la Compagnie des Indes
pour le rembourſement des Actions , fut tirée en
la maniere accoûtumée , à l'Hôtel de la Compagnie ;
on a publié la Lifte des Numeros des Actions &
Dixièmes d'Actions , qui feront rembourſés , faifant
en tout le nombre de 300. Actions .
Le 21. Juillet, le Duc de Lorraine alla voir le
Camp de la Meufe , le Comte de Bellifle donna
à S. A. R. un repas où fe trouverent 93. perſonnes
en quatre tables , fervies avec toute la délicateffe
poffible; & après le repas il fit faire à la
Cavalerie toutes les évolutions en preſence de ce
Prince , qui admira l'adreffe & la belle taille des
Cavaliers , ainfi que la beauté des Chevaux.
Miniftre & Secretaire d'Etat de la Guerre ,
accompagné du Comte de Saint Florentin & du
Marquis de Pezé , Colonel , Meftre de Camp du
Régiment du Roi , fe rendit de Compiegne à la
Fere , pour voir le fiege auquel l'Ecole de l'Artillerie
, établie dans cette Ville fous les ordres du
Chevalier d'Abouville , eft actuellement occupée.
Le 21 , M. de Valliere , Maréchal de Camp ,
Directeur & Infpecteur General des mêmes
Ecoles , conduifit ce Miniftre à un demi quart de
lieuë de la Ville , pour lui faire voir differentes
manoeuvres ; & après que le Bataillon de M. de
la Perelle, du Régiment Royal Artillerie, & celui
de Pequigny , eurent paffé en revûë devant M.
d'Angervilliers , on jetta un Pont fur la Riviere
d'Oife , avec la même promptitude que lorfqu'il
s'agit de faire paffer une Armée. On fe rendit
enfuite à la Batterie , où on fit l'exercice du Canon.
M. d'Angervilliers parut fort fatisfait de l'adreffe
des Canoniers. Vers les neuf heures , les
Troupes deftinées à la défenfe du Fort fe rendi-
I rent
1882 MERCURE DE FRANCE
-
?
rent à leurs poftes fous les ordres de M. Lucas ,
Capitaine dans Royal Artillerie , qui commande
en chef dans la Place. Dès que les Afliegeans
monterent la tranchée , on fit fur eux un grand
feu du Canon & de la Moufqueterie de la Place;
les Affiegeans étoient logés fur la Contrefcarpe ,
où ils avoient établi le jour précedent huit Batteries
de Canon pour battre les dehors & le corps
de la Place . La principale action de cette journée
fut la prife de deux Tenaillons,conftruits fur une
Demi-Lune. Après bien des forties & des chicanes
de guerre de part & d'autre , toutes fort fingulieres
, ceux de la Place firent fauter , à l'attaque
de la droite , par les Mines , une Batterie de
Canon des Ennemis fur le chemin couvert.
A une heure après midi , M. de Valliere qui
commandoit en chef la Tranchée, y fit fervir un
magnifique diner. Indépendamment de la Table
du Miniftre , il y en avoit d'autres pour plus de
300. perfonnes.
A trois heures le feu recommença plus vivement
que jamais , & la Batterie qu'on avoit fait
fauter le matin fe trouva rétablie par les Affiegeans
en moins de deux heures & demie. Dès
qu'on y eut fait conduire le Canon , les Affiegés
la firent fauter pour la feconde fois . Le Canon &
les affuts furent jettés vers les foffés de la Place ,
ainfi que M. d'Antonnazzi , Capitaine des Mineurs,
fe l'étoit propofé , ce qui lui attira, auffibien
qu'aux autres Officiers de fa Compagnie ,
l'applaudiffement du Miniftre. Peu de tems après
on donna le fignal pour faire jouer les Mines que
les Affiegeans avoient faites fous les Tenaillons
dès qu'ils furent ouverts par deux breches , les
Grenadiers , fuivis des Ingenieurs avec les Travailleurs
deftinés à la prife de ces Ouvrages ,
monterent à l'affaut
à l'affaut pour ſe loger fur le haut des
breches
A O
UST .
1730. 1883
breches : ce fut alors qu'on vit une image bien
naturelle de la Guerre & des Sieges .
Les fix Chiens de Chaffe & les Oiseaux de
proye que l'Abbé de S. Hubert eft obligé d'envoyer
tous les ans au Roi , furent prefentés à
S. M. à Compiegne au commencement de ce
mois .
La Meute que le Roi a préfentement à Compiegne
est de 250. Chiens ; fçavoir , 143. pour
le Cerf, 60. pour le Chevreuil & 47. pour le
Sanglier , fans y comprendre la Meute du Loup,
qui eft reftée à Verſailles. On renouvelle tous les
fix mois trente Chiens de la Meute de S. M. qui
en donne les vieux à des Seigneurs qui ont des
équipages de chaffe . On a fait depuis peu des
couvertures & des houffes neuves de drap bleu
brodées d'un nouveau deffein
pour les Chevaux
de Chaffe.
Sur la fin du mois dernier , le Roi chaffa un
Cerftout gris dans la Forêt de Compiegne , qu'on
fut obligé d'abandonner aprés l'avoir pourfuivi
fix ou fept lieues. On affure que le même Cerf
fut auffi chaffé inutilement plufieurs fois l'année
derniere ; on ajoûte qu'il a 200. ans , & qu'il a
été chaffé par Louis XIII. & par Louis XIV .
Le 15 de ce mois , Fête de l'Affomption de la
Sainte Vierge , le Roi , accompagné du Duc
d'Orleans , du Comte d'Eu , & du Comte de
Toulouſe , fe rendit à l'Eglife de la Paroiffe du
Château , où S. M. entendit la Grand' - Meffe
célebrée pontificalement par l'Evêque de Soiffons.
L'après - midi le Roi alla entendre les Vêpres
dans l'Eglife de l'Abbaye Royale de S. Corneille
: S. M. y aſſiſta à la Proceſſion & au Salut¸
où le même Prélat officia
Į įj
Lc
1884 MERCURE DE FRANCE
Le même jour , la Proceffion folemnelle de
Eglife Métropolitaine , qui fe fait tous les ans
à pareil jour , en execution du Vou de Louis
XIII. fe fit à Paris avec les cérémonies accoutumées.
L'Archevêque de Paris y officia , & le Parlement
, la Chambre des Comptes , la Cour des
Aydes & le Corps de Ville y affifterent fuivant
la coutume.
Le 21. vers les 8. heures du foir , le Roi arriva
du Château de Compiegne à Versailles .
Il a été fondu à Paris depuis peu par le fieur
Martin , deux très - grandes Coches , & quatre
beaucoup moindres pour le Roi de Portugal
qu'on va voir fur le Port S Nicolas par curiofité
, Pouvrage ayant parfaitement réuffi . On a
appris de Gennes qu'on y avoit auffi fondu huit
groffes Cloches pour le Roi de Portugal , qu'on
devoit embarquer pour Lisbonne.
M. L'Abbé Sevin eft de retour de Conſtantinople
depuis le commencement de ce mois. Il a
rapporté quantité de Manufcrits en diverfes
Langues Orientales pour la Bibliotheque du
Roy.
;
>
Le 15 , Fête de l'Aſſomption de la Vierge , il
y eut Concert Spirituel au Château des Tuilleries
M. Mouret fit chanter le Benedi&us , Motet
de M. de la Lande , dont l'éxecution fut parfaite.
Les Diles Erremens, Le Maure , & Petitpas ,
chanterent differens Motets à une & à deux voix ,
avec fimphonie,qui furent très - applaudis par une
très- nombreufe Affemblée , de même que les
Srs Blavet & Madonis dans l'éxecution de deux
Concerto fur la Flute & le Violon. Le Concert
fut
A O UST . 1730. 1885
fut terminé par Dominús regnavit , autre Moter
de M. de la Lande.
Dans l'Affemblée Generale du Corps de Ville ,
tenue le 16 de ce mois , le Prefident Turgot fut
continué Prevoft des Marchands , & les nouveaux
Echevins furent élus à l'ordinaire. On
fçait qu'il y a toujours quatre Echevins en fonction
; que les deux plus anciens fortent tous les
ans d'Echevinage , & que l'on en choifit deux
nouveaux pour remplir leur place . Au refte , ces
places ne font remplies que par des perfonnes
d'une probité reconnue ; les Statuts font trèsrigoureux
là deffus : un homme qui auroit été
arrêté prifonnier , quoi qu'injuftement , ne peut
être élu Echevin. On doit avant que d'y parvenir
avoir paffé par beaucoup d'Emplois , qui
font connoître le merite & la droiture des
Sujets .
>
Le 23 , le Corps de Ville , le Duc de Gevres.
Gouverneur de Paris , étant à la tête , enc
Verfailles Audience du Roy , avec les cerémonies
accoutumées. Il fut préfenté à S. M. par
le Comte de Maurepas , Secretaire d'Etat , &
conduit par le Marquis de Dreux , Grand-Maître
des Cerémonies , & par M. Defgranges, Maître
des Cerémonies . Ms Roffignol & Lagnau ,
nouveaux Echevins , prêterent entre les mains
du Roy le Serment de fidelité , dont le Comte
de Maurepas Secretaire d'Etat , fit la lecture ;
le Scrutin ayant été préſenté par M. Bignon ,
Avocat General du Grand Confeil , qui fit un
Difcours très -éloquent. Le même jour , le Corps
de Ville rendit fes refpects à Monfeigneur le
Dauphin , & à Mefdames de France.
I iij
Le
1886 MERCURE DE FRANCE
Le 25 , Fête de S. Louis , la Proceffion des
Carmes du Grand Convent , à laquelle le Corps
de Ville affifta , alla , fuivant la coûtume , à la
Chapelle du Château des Tuilleries , où ces Religieux
celébrerent la Meffe , pendant laquelle le
Duc de Gêvres , Gouverneur de Paris , fit rendre
les Pains- Benis , avec les cerémonies accoutumées.
Le même jour , l'Académie Françoiſe celébra
la Fête de S. Louis dans la Chapelle du Louvre.
On chanta pendant la Meffe un très -beau Motet
en Mufique , de la compofition de M. Dornel
après laquelle l'Abbé Ragon , Chapelain du Duc
d'Orleans , prononça le Panegyrique du Saint.
Le même jour , l'Académie Royale des Infcriptions
& Belles - Lettres , & celle des Sciences ,
celébrerent la même Fête dans l'Eglife des Peres
de l'Oratoire ; on y chanta auffi un Motet en
Mufique pendant la Meffe de la compofition de
M. du Bouffet , & le Panegyrique de S. Louis
fut prononcé par Dom Léandre Pertuiſet , Religieux
Reformé de l'Ordre de Clugny , qui a
prêché avec fuccès dans plufieurs Eglifes de
Paris.
Le Concert d'Inftrumens que l'Académie
Royale de Mufique donne tous les ans au Château
des Tuilleries , à l'occafion de la Fête du
Roi , a été executé le 25 par un grand nombre
d'excellens Simphoniſtes de la même Académie ,
qui jouerent differens beaux morceaux de Mufique
de M. de Lully & de M. Rebel.
Le 3 Juillet , M. de Blamont , Sur-Intendant
de la Mufique du Roi , de Semeftre , fit chanter
devant
"
AOUST . 1730. 1887
devant la Reine , le Prologue & le premier Acte
de l'Opera de Roland , dans lequel la D'le Du- ,
clos & le fieur Godonnefche chanterent les
principaux Rôles dans le Prologue , & ceux de
la Piéce furent remplis par la Die Lenner &
par les Sieurs Guedon & Chaffé .
,
Le , on chanta le fecond & le troifiéme
Acte du même Opera , qu'on continua le ro
& qu'on finit le 12. La Die Duclos chanta dans
le dernier Acte le Rôle de Logistille .
Le 17 ว on executa avec un applaudiffement
general , l'Impromptu de Labyrinte de Verfailles
, de la compofition de M. de Blamont.
Le 24 , on chanta chez la Reine le Prologue
& le premier Acte de Bellerophon.
>
Le 27 , la Reine voulut entendre , à Trianon ,
le dernier Divertiffement de M. de Blamont
fait à l'occafion de la Naiffance de Monfeigneur
le Dauphin. C'eft le même qui fut executé l'année
derniere au Soupé de L. M. & enfuite dans
les grands Appartemens. Les Dite. Erremens ,
& le Maure , & le fieur d'Angerville , chanterent
les principaux Rôies .
Le 31. on continua Bellerophon , & on le finit
le 2 Août. La Dle Antier chanta le Rôle de
Stenobée , la D'te Lenner celui de Philonoé , &
le fieur Chaffé celui d'Amifodar.
Le 7
>
& le 21 Août , on chanta Amadis de
Gaule. La Dlle Pithron & le fieur d'Angerville
chanterent les principaux Rôles du Prologue
& dans la Piéce , la Dle Antier chanta le Rôle
d'Arcabone , la Dile Pichou celui de Corifande
, le fieur Godennefche celui de Floreftan , &
le fieur d'Angerville celui d'Arcelaus . La D'le
Antier chanta enfuite la Nymphe de la Seine ,
Cantate de M. de Blamont.
Le 25 , le même Auteur fit executer par les
I j 24
1888 MERCURE DE FRANCE
24 Violons du Roy , plufieurs Piéces de Simphonie
de fa compofition pendant le dîné de
S. M.
Le 26. la Lotterie de la Compagnie des Indes
pour le rembourſement des Actions , fut tirée en
la maniere accoûtumée , à l'Hôtel de la Compagnie ;
on a publié la Lifte des Numeros des Actions &
Dixièmes d'Actions , qui feront rembourſés , faifant
en tout le nombre de 300. Actions .
Le 21. Juillet, le Duc de Lorraine alla voir le
Camp de la Meufe , le Comte de Bellifle donna
à S. A. R. un repas où fe trouverent 93. perſonnes
en quatre tables , fervies avec toute la délicateffe
poffible; & après le repas il fit faire à la
Cavalerie toutes les évolutions en preſence de ce
Prince , qui admira l'adreffe & la belle taille des
Cavaliers , ainfi que la beauté des Chevaux.
Fermer
Résumé : « Le 20. du mois dernier, M. d'Angervilliers, Ministre & Secretaire d'Etat de la Guerre, [...] »
Le 20 du mois dernier, M. d'Angervilliers, ministre et secrétaire d'État de la Guerre, accompagné du Comte de Saint Florentin et du Marquis de Pezé, inspecta l'École de l'Artillerie à La Fère, dirigée par le Chevalier d'Abouville. Le lendemain, M. de Valliere, Maréchal de Camp et Directeur Général des Écoles, guida M. d'Angervilliers pour observer diverses manœuvres, incluant des revues de bataillons et la construction rapide d'un pont sur la rivière d'Oise. Les exercices de canonnerie impressionnèrent M. d'Angervilliers. Les troupes, sous les ordres de M. Lucas, se préparèrent à défendre le fort face aux assiégeants, qui établirent huit batteries de canon. La principale action de la journée fut la prise de deux tenaillons. Après des escarmouches, les défenseurs firent sauter une batterie ennemie. Un dîner somptueux fut offert dans la tranchée par M. de Valliere. Les combats reprirent, et une batterie ennemie fut détruite à plusieurs reprises. Les grenadiers montèrent à l'assaut des brèches. À Compiègne, les chiens de chasse et les oiseaux de proie envoyés par l'Abbé de Saint-Hubert furent présentés au Roi. La meute royale, comptant 250 chiens, participa à une chasse au cerf. Le 15 du mois, le Roi assista à la grand-messe à l'église paroissiale du Château et aux vêpres à l'Abbaye Royale de Saint-Corneille. Une procession solennelle eut lieu à Paris. Le 21, le Roi se rendit à Versailles. Deux grandes coches et quatre plus petites furent fondues pour le Roi de Portugal. L'Abbé Sevin revint de Constantinople avec des manuscrits orientaux pour la bibliothèque du Roi. Un concert spirituel eut lieu aux Tuileries. Le 23, le Corps de Ville rendit audience au Roi à Versailles. Le 25, à la fête de Saint Louis, diverses processions et messes furent célébrées, et l'Académie Française prononça un panégyrique. Des concerts et des opéras furent exécutés en l'honneur du Roi. Le 26, la loterie de la Compagnie des Indes fut tirée. Le 21 juillet, le Duc de Lorraine visita le camp de la Meuse et admira les évolutions de la cavalerie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
114
p. 1945-1950
RÉPLIQUE du premier Musicien à l'Ecrit du second, inseré au Mercure de Juin 1730.
Début :
Quelle difference, Monsieur, de votre Conférence à votre derniere [...]
Mots clefs :
Harmonie, Triton, Musique, Accompagnement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPLIQUE du premier Musicien à l'Ecrit du second, inseré au Mercure de Juin 1730.
REPLIQUE du premier Muficien
à l'Ecrit du fecond , inferé au Mercure
de Juin 1730 .
Q
Uelle difference , Monfieur, de votre
Conférence à votre derniere
Réponse ! Là , vous fappiez jufqu'aux
fondemens de ma Méthode d'Accompa
gnement ; ici , vous convenez qu'elle
fuffit
1946 MERCURE DE FRANCE
fuffit feule , & qu'elle a ce merite au -deffus
de toutes les autres.
On doit affez juger de - là , que vous
ne connoiffiez pas ma Méthode , lorfque
vous l'avez attaquée ; puifqu'à la vûë du
feul Plan que je vous en ai donné , vous
paffez tout d'un coup de la Critique à
Approbation ; car lorfque vous dites
page 1082. Tout confideré , je conclus qu'il
étoit plus à propos de l'enfeigner plus tard ;
cela ne fignifie autre chofe , finon , que
comme la meilleure , vous voulez la garder
pour fuppléer aux autres , qui fuivant
ce que vous ajoutez fix lignes plus
bas , ne fuffifent pas pour perfectionner entierement
, fans quelques explications réſervées
aux Maitres : C'eft à ce coup que
la force de la verité vous a fait parler ;
mais il vous fied mal , après un tel aveu ,
de dire que ma Méthode ne vous a pas
réuffi auprès des Commençans : fi cela
eft , il faut que vous l'ayez expliquée
fans fuivre l'ordre du Plan , qui renferme
feul , j'ofe le dire , l'idée la plus claire
, la plus fimple , & la plus préciſe
qu'on ait jamais donné de l'harmonie ,
qui fournit les moyens de pratique les
plus faciles & les plus courts , qu'aucun
Maître ait jamais employés , & qui par
conféquent doit procurer à toutes fortes
de perfonnes , la connoiffance la plus
par
SEPTEMBRE. 1730. 1947
parfaite , & la poffeffion la plus rapide
de l'Accompagnement.
C'eft envain , Monfieur , que pour ravir
de nouveau à ma Méthode le merite
de fuffire feule , vous affectez de dire
qu'elle eft difficile , & que vous m'accufez
de l'avoir remplie de deffauts dans
fa pratique , deffauts qui forment les
fix Objections écrites dans votre Conférence
; vous ne prenez donc pas garde
que vous n'avez rien prouvé ni répliqué
à cet égard : En ai-je agi de même lorfque
j'ai fait voir le cahos qui régné dans
votre Méthode , ou fi vous voulez , dans
votre maniere d'enfeigner . Vos fix Objections
font tombées dès l'examen que
j'ai fait de votre Conférence , & le Plan
donné les anéantit tellement , qu'on peut
prononcer dès à préfent fur ce fujet
fans attendre l'entiere impreffion de la
Méthode ; ce délai que vous prenez ne
vous difpenfe point d'entrer en preuve ;
fi non , ma Méthode comme vous dites
, fuffit feule , & a ce merite au - deffus
des autres ; je m'en tiens à vos termes.
و
9
A quelle extrêmité n'êtes vous pas
réduit , M. après un tel aveu , lorfque
vous vous efforcez de jetter fur ma Méthode
un foupçon de difficulté les
exemples que vous rapportez à cet égard
con1948
MERCURE DE FRANCE
confiftent en un feul fait que vous ne
fçavez pas bien , & qui prouveroit , tout
au plus , le peu de juftice qu'une perſonne
a rendue à fa propre difpofition ; tandis
qu'elle n'a pu s'empêcher de reconnoître
autentiquement la fuperiorité que
Vous venez vous - même , de garantir.
Qu'entendez - vous d'ailleurs par ces explications,
que vous dites être réfervées
aux Maîtres, pour fuppléer aux deffauts de
leur méthode ? S'ils fe réfervent d'explique
les principes qu'ils nous ont donnés,
à la bonne heure ; mais fi ces principes font
encore peu de chofe , en comparaifon
de ceux dont ils n'ont jamais fait mention
; furquoi tombe leur réſerve , fi ce
n'eft fur ce qu'il y a de plus effentiel ?
Rendez leur plus de juftice , & ne leur
imputez pas , comme je l'ai déja dit ailleurs
, une pareille charlatanerie . Pour
vous , M. vous n'en êtes point fufpe &t ;
vous profeffiez la Baffe fondamentale
avant la découverte ; vous critiquiez , ou
enfeigniez ma Méthode d'Accompagnement
avant que de la connoître : mais il
eft bien étonnant , qu'avec de fi grands
avantages , s'il s'agit de réfoudre une
fimple question , vous ne manquiez jamais
de prendre à gauche ; en voici la
preuve.
Vous venez de développer bien du faux,
ditesSEPTEMBRE
. 1730. 1949
dites-vous , dans mon expofé ( Mercure
de Février 1730 , page 262. ) ne vous
avois- je pas affez averti qu'il y avoit là
un conflit de régles oppofées , & réciproquement
fujettes à de fauffes applications
, pour que vous dûffiez bien prendre
garde à ne pas vous y tromper ? Si
c'eft ainfi que vous avez fait ufage de ma
Méthode , je ne fuis plus furpris de fa
mauvaiſe fortune.
Je n'ai parlé en cet endroit que du
feul intervale compofé de trois tons ,
appellé Triton ; ma comparaifon y roule
fur la maniere , dont il eft dit communément
qu'il fe fauve , où par conféquent
il s'agit de deux differents fonds
d'harmonie , l'un pour le Triton , & l'au
tre pour la 6° ; & vous, pour me relever,
vous y faites toujours fubfifter le même
fond d'harmonie , où le Triton peut fe
changer en 8 , en 6 ° , en 3 ° , & en se
Si la chofe peut s'entendre ainfi , je n'y
ai donc pas tout fpecifié ; & vous deviez
me le reprocher ; car ce Triton peut fe
changer encore en une fuperfluë , &
& en une 7 fuperflue , avec le même fond
d'harmonie : ce que j'aurois dû dire¸ £
j'euffe voulu parler d'un pareil changement
, & c'est ce qu'il falloit examiner
avant que de me faire votre objection.
Suppofons cependant que vous ayez
C bien
1950 MERCURE DE FRANCE
>
3
bien rencontré , ce ne fera encore là
qu'un côté de l'objet ; s'il y en a d'autres
, ils ne devoient pas vous échapper :
or fans vous affujettir davantage au
fond des chofes , ouvrez le livre d'Accompagnement
de l'Organifte renommé
que vous citez , vous y verrez , page
XVII. unTriton particulier, qui refte fur
le même degré , pour former enfuite la
se vous verrez deux accords differens
deux differens fonds d'harmonie dans
cette fucceffion , comme dans celle du
Triton , fauvé de la 6° ; & vous pourrez
voir , à votre loifir , qu'en fubftituant
certaines autres Notes à celle qui
porte ici la se , ce même Triton pourra
toujours refter fur le même degré , pour
en former l'8 , la 3 * , ou laj 6. Ĵ'aurois
pû y ajouter la 7 ; mais j'ai craint
que la fuppofition qui y régne pour lors ,
ne fervit à vous écarter encore du point
de la queſtion.
e
Il faut plus de fagacité pour critiquer ;
ne voir qu'un côté de l'objet , c'eft prefque
ne rien voir ; & ne pas voir celui
qui a le plus de rapport à la queftion
c'eft le comble de l'aveuglement , & le
prix ordinaire de toutes vos Objec
tions.
à l'Ecrit du fecond , inferé au Mercure
de Juin 1730 .
Q
Uelle difference , Monfieur, de votre
Conférence à votre derniere
Réponse ! Là , vous fappiez jufqu'aux
fondemens de ma Méthode d'Accompa
gnement ; ici , vous convenez qu'elle
fuffit
1946 MERCURE DE FRANCE
fuffit feule , & qu'elle a ce merite au -deffus
de toutes les autres.
On doit affez juger de - là , que vous
ne connoiffiez pas ma Méthode , lorfque
vous l'avez attaquée ; puifqu'à la vûë du
feul Plan que je vous en ai donné , vous
paffez tout d'un coup de la Critique à
Approbation ; car lorfque vous dites
page 1082. Tout confideré , je conclus qu'il
étoit plus à propos de l'enfeigner plus tard ;
cela ne fignifie autre chofe , finon , que
comme la meilleure , vous voulez la garder
pour fuppléer aux autres , qui fuivant
ce que vous ajoutez fix lignes plus
bas , ne fuffifent pas pour perfectionner entierement
, fans quelques explications réſervées
aux Maitres : C'eft à ce coup que
la force de la verité vous a fait parler ;
mais il vous fied mal , après un tel aveu ,
de dire que ma Méthode ne vous a pas
réuffi auprès des Commençans : fi cela
eft , il faut que vous l'ayez expliquée
fans fuivre l'ordre du Plan , qui renferme
feul , j'ofe le dire , l'idée la plus claire
, la plus fimple , & la plus préciſe
qu'on ait jamais donné de l'harmonie ,
qui fournit les moyens de pratique les
plus faciles & les plus courts , qu'aucun
Maître ait jamais employés , & qui par
conféquent doit procurer à toutes fortes
de perfonnes , la connoiffance la plus
par
SEPTEMBRE. 1730. 1947
parfaite , & la poffeffion la plus rapide
de l'Accompagnement.
C'eft envain , Monfieur , que pour ravir
de nouveau à ma Méthode le merite
de fuffire feule , vous affectez de dire
qu'elle eft difficile , & que vous m'accufez
de l'avoir remplie de deffauts dans
fa pratique , deffauts qui forment les
fix Objections écrites dans votre Conférence
; vous ne prenez donc pas garde
que vous n'avez rien prouvé ni répliqué
à cet égard : En ai-je agi de même lorfque
j'ai fait voir le cahos qui régné dans
votre Méthode , ou fi vous voulez , dans
votre maniere d'enfeigner . Vos fix Objections
font tombées dès l'examen que
j'ai fait de votre Conférence , & le Plan
donné les anéantit tellement , qu'on peut
prononcer dès à préfent fur ce fujet
fans attendre l'entiere impreffion de la
Méthode ; ce délai que vous prenez ne
vous difpenfe point d'entrer en preuve ;
fi non , ma Méthode comme vous dites
, fuffit feule , & a ce merite au - deffus
des autres ; je m'en tiens à vos termes.
و
9
A quelle extrêmité n'êtes vous pas
réduit , M. après un tel aveu , lorfque
vous vous efforcez de jetter fur ma Méthode
un foupçon de difficulté les
exemples que vous rapportez à cet égard
con1948
MERCURE DE FRANCE
confiftent en un feul fait que vous ne
fçavez pas bien , & qui prouveroit , tout
au plus , le peu de juftice qu'une perſonne
a rendue à fa propre difpofition ; tandis
qu'elle n'a pu s'empêcher de reconnoître
autentiquement la fuperiorité que
Vous venez vous - même , de garantir.
Qu'entendez - vous d'ailleurs par ces explications,
que vous dites être réfervées
aux Maîtres, pour fuppléer aux deffauts de
leur méthode ? S'ils fe réfervent d'explique
les principes qu'ils nous ont donnés,
à la bonne heure ; mais fi ces principes font
encore peu de chofe , en comparaifon
de ceux dont ils n'ont jamais fait mention
; furquoi tombe leur réſerve , fi ce
n'eft fur ce qu'il y a de plus effentiel ?
Rendez leur plus de juftice , & ne leur
imputez pas , comme je l'ai déja dit ailleurs
, une pareille charlatanerie . Pour
vous , M. vous n'en êtes point fufpe &t ;
vous profeffiez la Baffe fondamentale
avant la découverte ; vous critiquiez , ou
enfeigniez ma Méthode d'Accompagnement
avant que de la connoître : mais il
eft bien étonnant , qu'avec de fi grands
avantages , s'il s'agit de réfoudre une
fimple question , vous ne manquiez jamais
de prendre à gauche ; en voici la
preuve.
Vous venez de développer bien du faux,
ditesSEPTEMBRE
. 1730. 1949
dites-vous , dans mon expofé ( Mercure
de Février 1730 , page 262. ) ne vous
avois- je pas affez averti qu'il y avoit là
un conflit de régles oppofées , & réciproquement
fujettes à de fauffes applications
, pour que vous dûffiez bien prendre
garde à ne pas vous y tromper ? Si
c'eft ainfi que vous avez fait ufage de ma
Méthode , je ne fuis plus furpris de fa
mauvaiſe fortune.
Je n'ai parlé en cet endroit que du
feul intervale compofé de trois tons ,
appellé Triton ; ma comparaifon y roule
fur la maniere , dont il eft dit communément
qu'il fe fauve , où par conféquent
il s'agit de deux differents fonds
d'harmonie , l'un pour le Triton , & l'au
tre pour la 6° ; & vous, pour me relever,
vous y faites toujours fubfifter le même
fond d'harmonie , où le Triton peut fe
changer en 8 , en 6 ° , en 3 ° , & en se
Si la chofe peut s'entendre ainfi , je n'y
ai donc pas tout fpecifié ; & vous deviez
me le reprocher ; car ce Triton peut fe
changer encore en une fuperfluë , &
& en une 7 fuperflue , avec le même fond
d'harmonie : ce que j'aurois dû dire¸ £
j'euffe voulu parler d'un pareil changement
, & c'est ce qu'il falloit examiner
avant que de me faire votre objection.
Suppofons cependant que vous ayez
C bien
1950 MERCURE DE FRANCE
>
3
bien rencontré , ce ne fera encore là
qu'un côté de l'objet ; s'il y en a d'autres
, ils ne devoient pas vous échapper :
or fans vous affujettir davantage au
fond des chofes , ouvrez le livre d'Accompagnement
de l'Organifte renommé
que vous citez , vous y verrez , page
XVII. unTriton particulier, qui refte fur
le même degré , pour former enfuite la
se vous verrez deux accords differens
deux differens fonds d'harmonie dans
cette fucceffion , comme dans celle du
Triton , fauvé de la 6° ; & vous pourrez
voir , à votre loifir , qu'en fubftituant
certaines autres Notes à celle qui
porte ici la se , ce même Triton pourra
toujours refter fur le même degré , pour
en former l'8 , la 3 * , ou laj 6. Ĵ'aurois
pû y ajouter la 7 ; mais j'ai craint
que la fuppofition qui y régne pour lors ,
ne fervit à vous écarter encore du point
de la queſtion.
e
Il faut plus de fagacité pour critiquer ;
ne voir qu'un côté de l'objet , c'eft prefque
ne rien voir ; & ne pas voir celui
qui a le plus de rapport à la queftion
c'eft le comble de l'aveuglement , & le
prix ordinaire de toutes vos Objec
tions.
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Résumé : RÉPLIQUE du premier Musicien à l'Ecrit du second, inseré au Mercure de Juin 1730.
Dans une réplique publiée dans le Mercure de Juin 1730, un premier musicien répond à un second musicien qui avait critiqué sa méthode d'accompagnement. Le premier musicien note que son interlocuteur a d'abord attaqué sa méthode, puis a reconnu son mérite. Il affirme que sa méthode est suffisante en elle-même et supérieure aux autres. Il accuse le second musicien de ne pas avoir suivi le plan de sa méthode, ce qui a conduit à une mauvaise compréhension. Le premier musicien défend sa méthode en la décrivant comme claire, simple et précise, permettant une acquisition rapide et parfaite de l'accompagnement. Il rejette les objections du second, les qualifiant d'infondées et affirmant que le plan de sa méthode les anéantit. Il critique également le second pour avoir jeté un soupçon de difficulté sur sa méthode, alors que celui-ci reconnaît implicitement sa supériorité. Le premier musicien conclut en accusant le second de critiquer sans comprendre pleinement la méthode et de manquer de rigueur dans son analyse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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115
p. 2014-2015
Nouveau Concert de simphonie &c. [titre d'après la table]
Début :
Il paroît depuis peu un Ouvrage de Musique, intitulé Concert de Simphonie, par M. Aubert, [...]
Mots clefs :
Musique, Concertos, Symphonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouveau Concert de simphonie &c. [titre d'après la table]
Il paroît depuis peu un Ouvrage de Mufique ,
intitulé Concert de Simphonie , par M. Aubert ,
Intendant de la Mufique de S. A. S. M. le Duc ,
Ordinaire de la Chambre du Roi & de l'Acadé
mie Royale. Il fe vend à Paris , chez l'Auteur ,
rue de la Vieille Bouclerie , proche la rue de la
Huchette , à la Chaife Royale , chez le St Boivin
, rue S. Honoré , à la Regle d'Or , & chez
le Sr le Clerc , rue du Roule , à la Croix d'or.
Le prix eft de 3. livres iz fols , les trois parties
féparées. On trouve tous les Ouvrages de l'Auteur
à ces adreffes. Nous parlerons encore de la
fuite de celui- ci ; en attendant , voici un Avertiffement
que l'Auteur a mis à la tête.
Quoique les Concerto Italiens ayent eu quel
que fuccès depuis plufieurs années en France , ou
l'on a rendu juſtice à tout ce que Corelli , Vival
di & quelques autres ont fait d'excellent dans ce
genre , on a cependant remarqué que cette forte
de mufique, malgré l'habileté d'une partie de ceux
de tout le monde
, & fur tout de celui des Dames , dont le jugement
a toûjours déterminé les plaifirs de la
Nation. De plus la plupart des jeunes gens croyant
fe former la main par les difficultés & les traits
extraordinaires dont on charge depuis peu prefque
tous ces Ouvrages , perdent les graces , la
netteté & la belle fimplicité du gout François .
qui l'executent , n'eft pas du gout
On a encore obfervé que ces pieces ne peuvent
s'executer ni fur la fute , ni fur le hautbois ,
que
SEPTEMBRE . 1730. 2015
que par un très petit nombre de gens illuftres
c'eft ce qui a determiné à effayer un genre de
Mufique , qui non-feulement fut plus ailé à entendre
, mais auffi dont l'exécution fut à la portée
des écoliers plus ou moins habiles comme à
celle des Maîtres , & où toutes fortes d'Inftrumens
puffent conferver leurs fons naturels & les
plus imitateurs de la voix , ce qui a toujours dû
& doit toujours être leur objet. Le projet de
l'Auteur a été de joindre des traits vifs & de la
gayeté à ce que nous appellons des chants François
; il ne fe flatte pas de l'avoir rempli , mais
il ouvre la carriere à de plus habiles . Ces Piéces
peuvent s'executer à grand Choeur , comme les
Concerto , & font très utiles pour les Académies,
& tout ce qui s'appelle Orqueftre ; fi elles font
bien reçûës l'Auteur fera fes efforts pour en
donner une fuite nouvelle tous les deux mois
pendant une année.
intitulé Concert de Simphonie , par M. Aubert ,
Intendant de la Mufique de S. A. S. M. le Duc ,
Ordinaire de la Chambre du Roi & de l'Acadé
mie Royale. Il fe vend à Paris , chez l'Auteur ,
rue de la Vieille Bouclerie , proche la rue de la
Huchette , à la Chaife Royale , chez le St Boivin
, rue S. Honoré , à la Regle d'Or , & chez
le Sr le Clerc , rue du Roule , à la Croix d'or.
Le prix eft de 3. livres iz fols , les trois parties
féparées. On trouve tous les Ouvrages de l'Auteur
à ces adreffes. Nous parlerons encore de la
fuite de celui- ci ; en attendant , voici un Avertiffement
que l'Auteur a mis à la tête.
Quoique les Concerto Italiens ayent eu quel
que fuccès depuis plufieurs années en France , ou
l'on a rendu juſtice à tout ce que Corelli , Vival
di & quelques autres ont fait d'excellent dans ce
genre , on a cependant remarqué que cette forte
de mufique, malgré l'habileté d'une partie de ceux
de tout le monde
, & fur tout de celui des Dames , dont le jugement
a toûjours déterminé les plaifirs de la
Nation. De plus la plupart des jeunes gens croyant
fe former la main par les difficultés & les traits
extraordinaires dont on charge depuis peu prefque
tous ces Ouvrages , perdent les graces , la
netteté & la belle fimplicité du gout François .
qui l'executent , n'eft pas du gout
On a encore obfervé que ces pieces ne peuvent
s'executer ni fur la fute , ni fur le hautbois ,
que
SEPTEMBRE . 1730. 2015
que par un très petit nombre de gens illuftres
c'eft ce qui a determiné à effayer un genre de
Mufique , qui non-feulement fut plus ailé à entendre
, mais auffi dont l'exécution fut à la portée
des écoliers plus ou moins habiles comme à
celle des Maîtres , & où toutes fortes d'Inftrumens
puffent conferver leurs fons naturels & les
plus imitateurs de la voix , ce qui a toujours dû
& doit toujours être leur objet. Le projet de
l'Auteur a été de joindre des traits vifs & de la
gayeté à ce que nous appellons des chants François
; il ne fe flatte pas de l'avoir rempli , mais
il ouvre la carriere à de plus habiles . Ces Piéces
peuvent s'executer à grand Choeur , comme les
Concerto , & font très utiles pour les Académies,
& tout ce qui s'appelle Orqueftre ; fi elles font
bien reçûës l'Auteur fera fes efforts pour en
donner une fuite nouvelle tous les deux mois
pendant une année.
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Résumé : Nouveau Concert de simphonie &c. [titre d'après la table]
Le texte annonce la publication de l'ouvrage musical 'Concert de Simphonie' par Monsieur Aubert, Intendant de la Musique du Duc et Ordinaire de la Chambre du Roi et de l'Académie Royale. Cet ouvrage est disponible à Paris chez plusieurs libraires au prix de 3 livres 12 sols pour les trois parties séparées. L'auteur souligne que les concertos italiens, bien que populaires en France, présentent des difficultés qui nuisent à la simplicité et à la grâce du goût français. De plus, ces pièces nécessitent un petit nombre de musiciens, limitant ainsi leur accessibilité. Pour pallier ces inconvénients, Aubert a composé des pièces plus accessibles, adaptées à divers instruments et niveaux de compétence. Ces compositions allient des traits vifs et de la gaieté aux chants français et peuvent être exécutées en grand chœur, utiles pour les académies et les orchestres. L'auteur prévoit de publier une suite de ces pièces tous les deux mois pendant une année, si elles rencontrent un bon accueil.
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116
p. 2109-2110
« Le jour que la Reine accoucha du Duc d'Anjou, le Roi entendit à sa Messe [...] »
Début :
Le jour que la Reine accoucha du Duc d'Anjou, le Roi entendit à sa Messe [...]
Mots clefs :
Naissance du duc d'Anjou, Symphonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le jour que la Reine accoucha du Duc d'Anjou, le Roi entendit à sa Messe [...] »
Le jour que la Reine accoucha du
Duc d'Anjou , le Roi entendit à fa Meffe
le Te Deum de M. de Blamont , Sur- Intendant
de la Mufique de Sa Majefté ; il fut accompagné
de Timbales & Trompettes , &
l'execution en fut admirable . Le foir le
Roi eut à fon grand couvert une Symphonie
de la compofition du même Auteur ;
elle fut executée par les Muficiens de la
Chambre & de la Chapelle de S. M. le 3 .
Sep2110
MERCURE DE FRANCE
Septembre , les Vingt - quatre jouerent la
mênte Symphonie pendant le dîné du
Roi , & S. M. en parut fatisfaite.
Duc d'Anjou , le Roi entendit à fa Meffe
le Te Deum de M. de Blamont , Sur- Intendant
de la Mufique de Sa Majefté ; il fut accompagné
de Timbales & Trompettes , &
l'execution en fut admirable . Le foir le
Roi eut à fon grand couvert une Symphonie
de la compofition du même Auteur ;
elle fut executée par les Muficiens de la
Chambre & de la Chapelle de S. M. le 3 .
Sep2110
MERCURE DE FRANCE
Septembre , les Vingt - quatre jouerent la
mênte Symphonie pendant le dîné du
Roi , & S. M. en parut fatisfaite.
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Résumé : « Le jour que la Reine accoucha du Duc d'Anjou, le Roi entendit à sa Messe [...] »
Le texte décrit les célébrations de la naissance du Duc d'Anjou. Le Roi a entendu le Te Deum de M. de Blamont, Sur-Intendant de la Musique, accompagné de timbales et trompettes. Le soir suivant, une symphonie du même auteur a été jouée par les musiciens de la Chambre et de la Chapelle. En septembre, les Vingt-quatre musiciens ont interprété cette symphonie lors du dîner du Roi, qui en a été satisfait.
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117
p. 2248-2250
RELATION de ce qui s'est passé à la These de Théologie dédiée à la Reine, soutenuë dans l'Eglise des RR. PP. Recollets de la Ville d'Arles, le 18. Septembre, 1730. Par M. de Morand. Brochure in 4. de 25. pages. A Arles, chez Gaspard Mesnier, &c. 1730.
Début :
Les RR. PP. Récollets de la Ville d'Arles voulant donner une preuve authentique de leur reconnoissance [...]
Mots clefs :
Thèse de théologie, Théologie, Thèse, Église, Académie de musique, Fête, Archevêque, Arles, Reine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RELATION de ce qui s'est passé à la These de Théologie dédiée à la Reine, soutenuë dans l'Eglise des RR. PP. Recollets de la Ville d'Arles, le 18. Septembre, 1730. Par M. de Morand. Brochure in 4. de 25. pages. A Arles, chez Gaspard Mesnier, &c. 1730.
RELATION de ce qui s'eft paffé à la
Thefe de Théologie dédiée à la Reine ,
foutenue dans l'Eglife des RR . P P.
Recollets de la Ville d'Arles , le 18. Septembre
, 1730. Par M. de Morand. Brochure
in 4. de 25. pages. A Arles , chez
Gafpard Mefnier , &c. 1730 .
Les RR.PP. Récollets de la Ville d'Arles.voulant
donner une preuve authentique de leur reconnoiffance
envers la Maifon de Lefcfincki
réfolurent , à la follicitation du P. Gélafe Mottet,
qui a été deux fois Provincial , de dédier une
Théfe à la Reine . Le P. Gélafe après en avoir obtenu
la permiffion de S. M. écrivit là - deffus à
M. le Maréchal de Villars , Fondateur & Protecteur
de la Maifon d'Arles. Ce Seigneur applaudit
fort à ce projet , & en écrivit auffi- tôt à
MM . les Confuls , Gouverneurs de la Ville d'Arles
, qui fe préparerent à répondre aux intentions
de M. de Villars , & à leur propre zéle.
Ils priérent d'abord les Commiffaires de l'Académie
de Mufique , de leur fournir tout ce qu'ils
avoient de Muficiens de leur Académie ; & pour
rendre la Fête plus agréable & plus accomplie, cn
voulut avoir dans cette occafion une Mufique
compofée exprès. M. de Morand fût chargé de
compofer les paroles d'un Concert, & M.Clavis ,
Maître de Mufique de l'Académie , dé les mettre
en chant .
Les Confuls furent décorer l'Eglife magnifi
quement, & on y plaça quantité de Luftres & de
Girandoles. Un Dais fuperbe par la richeffe & le
gout de fa broderie en or , s'élevoit au milieu ; &
fous le Dais étoit placé le Portrait de la Reine. On
voyoit les Armes du Roy, de la Reine & du Danphim
OCTOBRE. 1730. 2249
phin placées fur de riches Toillettes de Velours
fur la principale porte & en differens endroits.
Tout étant ainfi difpofé , les Confuls en aver
tirent M. l'Archevêque , & joignirent leur invitation
particuliere à celle des PP. Recollets.
M. l'Archevêque indiqua le jour de la Cérémonie
au 18 Sept. Ce jour-là étant arrivé, M. l'Archevêque
, accompagné de fon Chapitre , fe rendit à
J'Eglife fur les deux heures après midi , & fe plaça
au pied du Thrône , du côté droit , ayant
à fa
droite fon Chapitre. Les Confuls s'y rendirent
auffi , précédez des Trompettes & des Hautbois ,
accompagnez de prefque toute la Nobleffe qu'ils
avoient invitée, ils fe placerent au pied du Thrône
de la Reine , du côté gauche , ayant à leur
gauche les Religieux des differens Ordres de cetté
Ville qui devoient argumenter à la Thefe. Il y
avoit un grand nombre de Chaifes & de Bancs
où fe placerent la Nobleffe & les Dames qui
avoient voulu être de la Ceremonie.
Le R. P. Didier , Profeffeur en Theologie, qui
alloit foûtenir cette Thefe , commença fon Acte
par un Difcours tres eloquent, & qui fut fort
gouté , addreffé à la Reine : Il avoit pris pour
texte , ces paroles de Jefus - Chrift , en S. Matth.'
22. 20. De qui eft ce te Image , lefquelles étoient
au deffous du Portrait de la Reine , en taille
douce , qui ornoit la Theſe.
Nous ne donnerons point d'Extrait de ce Dif
cours, qui fe trouve en Latin & en François dans
cette Relation , pour ne pas exceder les bornes
qui nous conviennent .
Après le Difcours , on diftribua les Thefes , &
les paroles imprimées du Concert. Au commen
cement du Concert on tira 60 Boëtes , & enfuite
la Mufique continua & finit avec applaudiffe
Icht
21
2250 MERCURE DE FRANCE
ment. M. Francani , Vicaire General , &c. de
M. l'Archevêque , prononça un autre fort beau
Difcours pour l'ouverture de la Thefe. Un Benedictin
de la Congr. de S. Maur parla enfuite , &
après lui fucceffivement un Dominiquain , un
Carme , un Cordelier , un Trinitaire , un Capucin
, un Jéfuite , un Auguftin déchauffé & un
Carme déchauffé , qui tous complimenterent la
Reine avec beaucoup d'éloquence.
M. de Morand propofa le dernier Argument, à
la priere des Confuls & des P P. Recollets , & fir
un Compliment François à S. M. il y ajoûta une
Ode de fa compofition pour dédommager les
Dames.M.le Chevalier de Remieu , Affocié à l'Académie
d'Arles, prononça encore un Eloge de la
Reine ; aprés quoi le P. Didier termina toute la
Ceremonie , en remerciant la Reine , il remercia
auffi M. l'Archevêque , M. de Villars , les Confuls
& toute l'Affemblée ; il ne démentit point la
qualité d'homme d'efprit,comme il n'avoit point
démenti celle de grand Théologien. On fit une
feconde décharge de Boëtes , aprés laquelle M.
l'Archevêque & les Confuls s'en retournerent
dans le même ordre qu'ils étoient venus , fort
fatisfaits de cette Fête.
Thefe de Théologie dédiée à la Reine ,
foutenue dans l'Eglife des RR . P P.
Recollets de la Ville d'Arles , le 18. Septembre
, 1730. Par M. de Morand. Brochure
in 4. de 25. pages. A Arles , chez
Gafpard Mefnier , &c. 1730 .
Les RR.PP. Récollets de la Ville d'Arles.voulant
donner une preuve authentique de leur reconnoiffance
envers la Maifon de Lefcfincki
réfolurent , à la follicitation du P. Gélafe Mottet,
qui a été deux fois Provincial , de dédier une
Théfe à la Reine . Le P. Gélafe après en avoir obtenu
la permiffion de S. M. écrivit là - deffus à
M. le Maréchal de Villars , Fondateur & Protecteur
de la Maifon d'Arles. Ce Seigneur applaudit
fort à ce projet , & en écrivit auffi- tôt à
MM . les Confuls , Gouverneurs de la Ville d'Arles
, qui fe préparerent à répondre aux intentions
de M. de Villars , & à leur propre zéle.
Ils priérent d'abord les Commiffaires de l'Académie
de Mufique , de leur fournir tout ce qu'ils
avoient de Muficiens de leur Académie ; & pour
rendre la Fête plus agréable & plus accomplie, cn
voulut avoir dans cette occafion une Mufique
compofée exprès. M. de Morand fût chargé de
compofer les paroles d'un Concert, & M.Clavis ,
Maître de Mufique de l'Académie , dé les mettre
en chant .
Les Confuls furent décorer l'Eglife magnifi
quement, & on y plaça quantité de Luftres & de
Girandoles. Un Dais fuperbe par la richeffe & le
gout de fa broderie en or , s'élevoit au milieu ; &
fous le Dais étoit placé le Portrait de la Reine. On
voyoit les Armes du Roy, de la Reine & du Danphim
OCTOBRE. 1730. 2249
phin placées fur de riches Toillettes de Velours
fur la principale porte & en differens endroits.
Tout étant ainfi difpofé , les Confuls en aver
tirent M. l'Archevêque , & joignirent leur invitation
particuliere à celle des PP. Recollets.
M. l'Archevêque indiqua le jour de la Cérémonie
au 18 Sept. Ce jour-là étant arrivé, M. l'Archevêque
, accompagné de fon Chapitre , fe rendit à
J'Eglife fur les deux heures après midi , & fe plaça
au pied du Thrône , du côté droit , ayant
à fa
droite fon Chapitre. Les Confuls s'y rendirent
auffi , précédez des Trompettes & des Hautbois ,
accompagnez de prefque toute la Nobleffe qu'ils
avoient invitée, ils fe placerent au pied du Thrône
de la Reine , du côté gauche , ayant à leur
gauche les Religieux des differens Ordres de cetté
Ville qui devoient argumenter à la Thefe. Il y
avoit un grand nombre de Chaifes & de Bancs
où fe placerent la Nobleffe & les Dames qui
avoient voulu être de la Ceremonie.
Le R. P. Didier , Profeffeur en Theologie, qui
alloit foûtenir cette Thefe , commença fon Acte
par un Difcours tres eloquent, & qui fut fort
gouté , addreffé à la Reine : Il avoit pris pour
texte , ces paroles de Jefus - Chrift , en S. Matth.'
22. 20. De qui eft ce te Image , lefquelles étoient
au deffous du Portrait de la Reine , en taille
douce , qui ornoit la Theſe.
Nous ne donnerons point d'Extrait de ce Dif
cours, qui fe trouve en Latin & en François dans
cette Relation , pour ne pas exceder les bornes
qui nous conviennent .
Après le Difcours , on diftribua les Thefes , &
les paroles imprimées du Concert. Au commen
cement du Concert on tira 60 Boëtes , & enfuite
la Mufique continua & finit avec applaudiffe
Icht
21
2250 MERCURE DE FRANCE
ment. M. Francani , Vicaire General , &c. de
M. l'Archevêque , prononça un autre fort beau
Difcours pour l'ouverture de la Thefe. Un Benedictin
de la Congr. de S. Maur parla enfuite , &
après lui fucceffivement un Dominiquain , un
Carme , un Cordelier , un Trinitaire , un Capucin
, un Jéfuite , un Auguftin déchauffé & un
Carme déchauffé , qui tous complimenterent la
Reine avec beaucoup d'éloquence.
M. de Morand propofa le dernier Argument, à
la priere des Confuls & des P P. Recollets , & fir
un Compliment François à S. M. il y ajoûta une
Ode de fa compofition pour dédommager les
Dames.M.le Chevalier de Remieu , Affocié à l'Académie
d'Arles, prononça encore un Eloge de la
Reine ; aprés quoi le P. Didier termina toute la
Ceremonie , en remerciant la Reine , il remercia
auffi M. l'Archevêque , M. de Villars , les Confuls
& toute l'Affemblée ; il ne démentit point la
qualité d'homme d'efprit,comme il n'avoit point
démenti celle de grand Théologien. On fit une
feconde décharge de Boëtes , aprés laquelle M.
l'Archevêque & les Confuls s'en retournerent
dans le même ordre qu'ils étoient venus , fort
fatisfaits de cette Fête.
Fermer
Résumé : RELATION de ce qui s'est passé à la These de Théologie dédiée à la Reine, soutenuë dans l'Eglise des RR. PP. Recollets de la Ville d'Arles, le 18. Septembre, 1730. Par M. de Morand. Brochure in 4. de 25. pages. A Arles, chez Gaspard Mesnier, &c. 1730.
Le 18 septembre 1730, les Récollets d'Arles ont organisé une thèse de théologie en l'honneur de la Reine à l'église des Récollets d'Arles. Cette initiative, proposée par le Père Gélase Mottet, visait à exprimer la gratitude des Récollets envers la Maison de Lescinski. Après avoir obtenu la permission de la Reine, le Père Gélase a informé le Maréchal de Villars, fondateur et protecteur de la Maison d'Arles, qui a approuvé le projet. Les consuls de la ville, sollicités par le Maréchal de Villars, ont préparé la fête en invitant les musiciens de l'Académie de Musique et en commandant une musique spéciale composée par M. de Morand et M. Clavis. L'église a été somptueusement décorée avec des lustres, des girandoles et un dais brodé orné du portrait de la Reine. Les armes du Roi, de la Reine et du Dauphin étaient également exposées. L'Archevêque, accompagné de son chapitre, a présidé la cérémonie en compagnie des consuls et de la noblesse locale. Le Père Didier a ouvert la thèse par un discours basé sur les paroles de Jésus-Christ dans l'Évangile selon Matthieu. Après le discours, les thèses et les paroles du concert ont été distribuées, suivies d'un concert musical et de plusieurs discours prononcés par des représentants de différents ordres religieux. M. de Morand a proposé le dernier argument et a ajouté une ode pour les dames. Le Chevalier de Remieu a prononcé un éloge de la Reine, et le Père Didier a conclu la cérémonie en remerciant la Reine, l'Archevêque, le Maréchal de Villars, les consuls et l'assemblée. La fête s'est terminée par une seconde décharge de boîtes, laissant les participants satisfaits.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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118
p. 2521-2528
« Le 23. Octobre, la Duchesse d'Orleans donna une petite Fête à Bagnolet pour le Divertissement [...] »
Début :
Le 23. Octobre, la Duchesse d'Orleans donna une petite Fête à Bagnolet pour le Divertissement [...]
Mots clefs :
Reine, Église, Roi, Messe, Musique, Princesse, Palais, Opéra, Cérémonies, Ambassadeurs, Jésuites, Église
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texteReconnaissance textuelle : « Le 23. Octobre, la Duchesse d'Orleans donna une petite Fête à Bagnolet pour le Divertissement [...] »
E 23. Octobre , la Ducheffe d'Orleans donna '
une petite Fête à Bagnolet pour le Divertiffe
ment des deux Princeffes fes filles , à laquelle toutès
les Dames du Palais Royal & plufieurs autres
attachées à S. A. R. & aux Princeffes , fe trouverent
, de même que plufieurs Seigneurs attachés
à la Maifon d'Orleans . S. A. R. fit donner aux
Princeffes & aux Dames qui étoient du Souper ,
à chacune un habit de Satin gaufré , d'une nouvelle
fabrique établie depuis peu au Village de
Bagnolet. Les Seigneurs qui étoient de la danfe ,
eurent auffi des habits & des veftes de même . Le
tout fut trouvé très - galant & d'un très - bon gout;il
y eut plufieurs danfes & contre- danfes qui furent
parfaitement bien executées par les jeunes Princeffes
& par les Dames & les Seigneurs qui eurent
l'honneur de danfer avec elles.
Le 25. du même mois , la jeune Princeſſe de
Bade , Niece du Duc d'Orleans , fe rendit au Palais
Royal pour rendre vifite à S. A. R. qui la
reçut très-gracieufement , & lui fit prefent d'une
magnifique Poupée, de la grandeur de cette jeune
Princeffe, ornée de Boucles d'oreilles de diamans,
de Papillons & autres ornemens de tête auffi en
brillans,avec plufieurs habits magnifiques pour la
Poupée. Les Princeffes d'Orleans ajoûterent à ce
Prefent plufieurs Bijoux très-galans , qui furent
mis dans les poches de la Poupée , laquelle étoit
accompagnée d'une Figure de Crocheteur en
I carton
2522 MERCURE DE FRANCE
carton , portant une Valife qui renfermoit diffe
rens habits & nipes pour l'ufage de la Poupée .
Le 7. le Marquis de Caftellar , nouvel Ambaffadeur
du Roi d'Efpagne, fe rendit aux Carmelites,
où il eut Audiance de la Reine Douairiere d'Efpagne
, qui le reçut très gracieufement . Ce Miniftre
témoigna à S. M. C. les affurances d'amitié
qu'il venoit lui faire de la part du Roi & de la
Reine d'Espagne.
Le 8.de ce mois , Madame d'Orleans , Abbeffe
de Chelles , alla à la Magdeleine de Trenel dîner
avec la Ducheffe d'Orleans fa mere & avec les
Princeffes fes Soeurs. L'après dîné , la Reine d'Eſpagne
s'y rendit auffi , & quelque tems après M. le.
Duc d'Orleans , accompagné du Duc de Chartres,
fon Fils , y arriva. Deforte que S. A. R. eut le
plaifir de voir dans la même journée preſque toure
fon augufte Famille raffemblée.
Le 25. Octobre , la jeune Princeffe de Bade ,
fille duMargrave de Bade Baden, & Niece du Duc
d'Orleans , partit de Paris pour s'en retourner
à Raftalt , en parfaite fanté. M. Petit , Chirurgien
Juré , Démonftrateur Royal & Membre
des Académies des Sciences de Paris & de Londres,
lui avoit extirpé à la joue une loupe d'une groffeur
prodigieufe, & avec tant de fuccès, que cette
Princeffe n'en fera pas même marquée ; auffi ar'elle
récompenfé noblement l'habile main qui a
fi bien operé, & a de plus fait preſent à M. Petit
d'un Neceffaire , c'est - à-dire , d'un affortiment
de tout ce qu'il convient pour faire & fervir du
Caffé , du Thé & du Chocolat , contenant differentes
pieces , comme Aiguére , Soucoupe , plufreurs
Pots , Taffes , Drageoires , Cuilliers , & c.
le tout en Vermeil doré , & Porcelaines de Drefde,
d'un prix confiderable & d'un travail exquis.
Cette Princeffe a donné à la Sacriſtie du Conyent
NOVEMBRE. 1730. 2523
went des Petites Cordelieres , où elle a occupé un
Appartement pendant fon féjour à Paris , un Baffin
& une Aiguiere d'argent , & a fait des préfens
à toutes les Religieafes , pour leur marquer fa
Latisfaction fur leurs foins & fur leurs attentions,
Le Roi a nommé le Duc de Saint- Aignan, Chevalier
des Ordres de S. M. Ambaffadeur à Rome.
Le 29. du mois dernier , le Marquis de Caſte-
Jar , Ambaffadeur Extraordinaire & Plenipotentiaire
du Roi d'Efpagne , eut fa premiere Audience
particuliere du Roi , de la Reine & de Monfeigneur
le Dauphin , étant conduit par le Chevalier
de Sainctot, Introducteur des Ambaſſadeurs.
Le 31. Octobre , veille de la Fête de tous les
Saints , le Roi revêtu du grand Collier de l'Ordre
du S. Efprit , fe rendit dans la Chapelle du
Château de Verſailles , où S. M. entendit la Meffe
& communia par les mains de l'Abbé de Choifeul
, fon Aumônier en quartier enfuite le Roi
toucha un grand nombre de Malades.
L'aprés midi , S. M. affifta dans la même Chapelle
aux premieres Vêpres chantées par la Mufique,
aufquelles l'Evêque d'Aire officla pontificalement.
Le premier de ce mois, jour de la Fête , le
Roi entendit la grande Meffe celebrée pontificalement
par l'Evêque d'Aire,& chantée par la Mufique.
L'aprés midi S. M. entendit le Sermon du
Pere Cotoner de la Compagnie de Jefus ; enfuite
les fecondes Vêpres qui furent chantéesS par la
Mufique , aufquelles le même Prélat officia. Le
Roi affitta aufli aux Vêpres des Morts.
Le même jour, la Reine entendit la Meffe dans la
même Chapelle, & S. M. communia par les mains
du Cardinal de Fleury , fon Grand- Aumônier .
Le 2. jour des Trépaffez , le Roi & la Reine entendirent
1 ij
2524 MERCURE DE FRANCE
tendirent la Meffe de Requiem , pendant laquelle
le De profundis fut chanté par la Mufique. Aprés
la Meffe , le Roi partit pour Rambouillet.
La Reine ayant voulu rendre à Dieu fes actions
de graces particulieres , de fon heureux
accouchement, & de la naiffarce de Monfeigneur
le Duc d'Anjou, S.M. vint le 6 de ce mois à l'Eglife
Métropolitaine de Paris . La Reine accompagnée
de Mademoiſelle de Clermont , Sur - Intendante
de Sa Maiſon , des Dames de fa Cour & de
fes principaux Officiers , arriva à midi à l'Eglife
Métropolitaine , où les détachemens des Régimens
des Gardes Françoifes & Suifles étoient en
haye & fous les armes. L'Archevêque de Paris ,
revêtu de fes habits Pontificaux & à la tête des
Chanoines , reçut la Reine à la porte de l'Eglife ,
avec les cérémonies accoutumées ; & après avoir
complimenté Sa Majefté , il la conduifit dans le
Choeur. La Reine y fit fa priere , & alla enfuite
à l'Autel de la Vierge entendre la Meffe , qui
fut dite par un de fes Chapelains.La Reine ayant
été reconduite à la porte de l'Eglife , avec les
mêmes cérémonies qui avoient été observées à
fon arrivée , S. M. partit pour retourner à Verfailles,
Le fi Novembre aprés midi, les RR.PP. de la
Compagnie de JESUS , firent avec beaucoup de
folemnité , dans leur Eglife de la Maiſon Profeffe
de Paris , qui étoit éclairée par un grand
nombre de lumieres , l'ouverture de l'Octave de
fa Fête de la Canonifation de S. Louis de Gonzague
& de S. Staniflas Koftka , de leur Compagnie.
Le lendemain l'Archevêque de Paris , à la
tête du Chapitre de l'Eglife Metropolitaine , fe
rendit à cette Eglife, & y célebra pontificalement
la Meffe , qui fut chantée à plufieurs choeurs de
mufique
NOVEMBRE . 1730. 2525
mufique. L'après midi , l'Evêque de Cifteron
prononça le Panegyrique de ces deux Saints avec
beaucoup d'éloquence , & l'Abbé de Gontault ,
Doyen du Chapitre , officia au Salut .
Les jours fuivans , differens Evêques y ont cé
lébré pontificalement la Meffe , & ont officié aux
Saluts .
Le 12 de ce mois , le Comte de Seefted , Ambaffadeur
Extraordinaire du Roy de Danemarc ,
eut , en long Manteau de deuil , une Audience
particuliere du Roy , dans laquelle il donna part
a S. M. de la mort du Roy de Danemarc , Frederic.
IV . Il fut conduit à cette Audience par le
Chevalier de Sainctot , Introducteur des Ambaf
fadeurs , qui le conduifit enfuite à l'Audience de
Ia Reine , & à celle de Monfeigneur le Dauphin.
Le 16. le Roy prit le deuil pour cette mort.
Le 19. le Roy & la Reine partirent de Verfailles
pour aller paffer quelques jours au Château
de Marly.
Le 13 , l'ouverture du Parlement fe fit avec les
céremonies accoutumées , par une Meffe folemnelle
, célébrée pontificalement dans la Grand'-
Salle du Palais , par l'Archevêque de Bourges , à
laquelle M. Portail , Pr. Préfident , & les Chambres
affifterent.
A la rentrée du Parlement de Dijon , à la faint
Martin , M. le Prefident de la Marche , qui eft
un jeune Magiftrat , né Orateur , s'étoit chargé
de faire le Difcours des Mercuriales & de l'Audience
publique , & il s'en acquitta parfaitement."
Le Difcours aux Chambres affemblées , fut pour
apprendre aux Officiers à ne pas juger par hu-
I. iij meur.
2526 MERCURE DE FRANCE
meur. Ce fujet parut nouveau & fut traité avec
toute la politeffe , la nobleffe & l'éloquence poffible,
ainfi que celui pour les Avocats , fur l'amour
de la verité ; & il finit par un éloge magnifique
du Roy & du Miniftere,
Le 14 , la Reine vint à Paris , & alla entendre
la Meffe dans l'Eglife de la Maiſon Profeffe des
Jefuites,à l'occafion de la Fête qu'on y célébroit.
S. M. accompagnée de Mademoiſelle de Clermont,
Sur- Intendante de Sa Maiſon , des Dames
de fa Cour , du Cardinal de Fleury , fon Grand
Aumônier , & de fes principaux Officiers , fut
reçûë à la porte de l'Eglife par le Pere Supérieur,
accompagné des Jefuites de la Maiſon , de ceux
du College de LoUIS LE GRAND , & de ceux du
Noviciat. Après que le P. Supérieur eut compli
menté la Reine par un Difcours auffi éloquent
que convenable à la piété de S. M. la Reine fut
Conduite dans le Sanctuaire , & elle y entendit la
Meffe , qui fut dite par un de fes Chapelains ;
pendant laquelle on chanta un Motet. S.M.ayant
été reconduite à la porte de l'Eglife avec les ceremonies
obfervées à ſon arrivée, elle ſe rendit au
Monaftere des Religieufes de l'Ave Maria , d'où
S. M. alla dîner au Palais des Thuilleries , après
avoir paflé par la Place Royale. La Reine trouva,
à l'Eglife des Jéfuites , à celle de l'Ave Maria
& au Palais des Thuilleries , les Gardes Françoifes
& Suiffes en haye & fous les Armes. L'après
midi , S. M. partit de Paris vers les quatre
heures , pour retourner à Verſailles , & s'arrêta
quelque temps au Couvent des Religieufes de
Sainte Marie de Chaillot.
> Le 22. de ce mois , la Fête de Sainte Cecile
fut celebrée avec éclat dans l'Eglife des Enfans.
Rouges
NOVEMBRE 1730. 2527
Rouges ; on y chanta une grande Meffe & les
Vêpres en Mufique & à grand choeur , de la.
compofition de l'Abbé Senefchal , qui fut genéralement
applaudie..
Le 25. là Lotterie de la Compagnie des Indes
pour le remboursement des Actions fut tirée en
la maniere accoutumée à l'Hôtel de la Compagnie.
On a publié la Lifte des Numero des Actions
& dixièmes d'Actions qui feront rembourfées
, failant en tout le nombre de 3.00. Actions..
Le premier de ce mois , Fête de la Touffaint ,
il y eut Concert fpirituel au Château des Thuil--
leries. M. Mouret fit chanter Exultate jufti ,
Motet de M. de la Lande , fuivi d'un autre Motet
à deux Baffes - Tailles qui fut très gouté. Les
Dile, Erremens & . Petitpas chanterent avec applaudiffement
un petit Motet nouveau à deux
Deffus , de la compofiiion de M. Le Máire. La
Dile le Maure chanta Ufquequò , petit Moter
de M. Mouret , avec une grande préciſion. Le
Concert fut terminé par le Dixit Dominus de
M. de la Lande.
Le 2. jour des Morts , on exécuta le Divertiffement
de la Chaffe du Cerf . & plufieurs
Piéces de fimphonie , après lefquelles on chanta
le De profundis de M. de la Lande.
Il y a eu Concert François tous les Mercredis
de ce mois , dans lefquels on a chanté plufieurs
Divertiffemens de différens Maîtres , & tous les
Concerts ont toujours été terminés par un Mo.
tet à grands choeurs , de M. de la Lânde.
Le 4. de ce mois , M. de Blamont, Sur- Intendant
de la Mufique du Roi , fit chanter chez la
Reine le 4 & 5e Acte de l'Opera d'Amadis de
L. iiij Gaule;
2528 MERCURE DE FRANCE
Gaule ; La Dile Pitron chanta le Rôle d'Arcabonne
la Dle Lenner celui d'Oriane , le St
d'Angerville celui d'Archelaus & le Sr Guedon
remplit celui d'Amadis .
>
Le 12. on chanta un Divertiffement intitulé
Les Plaisirs de l'Hyver , de la compofition de
M. Capuce , Maître de Mufique de l'Académie
de Dijon , qui fut fort applaudi. Cet Auteur vient
de donner au Public un Livre de Piéces de Viole
qui eft fort goûté .
Le 15. on chanta un Divertiffement de M. de
Blamont qui a pour titre Le Retour des Dieux.
fur la Terre , lequel avoit été chanté devant
L. M. le jour de leur mariage à Fontainebleau.
Le 20. on chanta à Marli le Prologue & le
premier Acte du Balet des Fêtes Grecques &
Romaines de M. de Blamont ; les Dies Antier &
Le Maure chanterent les Rôles de Clio & d'Erato
, & le S d'Angerville celui d'Apollon , &
dans la Piéce les Diles Le Maure , Barbier & le
Noir remplirent les principaux les . La D'e
Pitron chanta enfuite un Air détaché .
Le 22. on chanta la fuite du fecond & du troifiéme
Acte , dans lefquels les Diles Antier , Lenner
& Barbier chanterent les principaux Rôles ,
& le S le Prince fit celui de Tibule.
une petite Fête à Bagnolet pour le Divertiffe
ment des deux Princeffes fes filles , à laquelle toutès
les Dames du Palais Royal & plufieurs autres
attachées à S. A. R. & aux Princeffes , fe trouverent
, de même que plufieurs Seigneurs attachés
à la Maifon d'Orleans . S. A. R. fit donner aux
Princeffes & aux Dames qui étoient du Souper ,
à chacune un habit de Satin gaufré , d'une nouvelle
fabrique établie depuis peu au Village de
Bagnolet. Les Seigneurs qui étoient de la danfe ,
eurent auffi des habits & des veftes de même . Le
tout fut trouvé très - galant & d'un très - bon gout;il
y eut plufieurs danfes & contre- danfes qui furent
parfaitement bien executées par les jeunes Princeffes
& par les Dames & les Seigneurs qui eurent
l'honneur de danfer avec elles.
Le 25. du même mois , la jeune Princeſſe de
Bade , Niece du Duc d'Orleans , fe rendit au Palais
Royal pour rendre vifite à S. A. R. qui la
reçut très-gracieufement , & lui fit prefent d'une
magnifique Poupée, de la grandeur de cette jeune
Princeffe, ornée de Boucles d'oreilles de diamans,
de Papillons & autres ornemens de tête auffi en
brillans,avec plufieurs habits magnifiques pour la
Poupée. Les Princeffes d'Orleans ajoûterent à ce
Prefent plufieurs Bijoux très-galans , qui furent
mis dans les poches de la Poupée , laquelle étoit
accompagnée d'une Figure de Crocheteur en
I carton
2522 MERCURE DE FRANCE
carton , portant une Valife qui renfermoit diffe
rens habits & nipes pour l'ufage de la Poupée .
Le 7. le Marquis de Caftellar , nouvel Ambaffadeur
du Roi d'Efpagne, fe rendit aux Carmelites,
où il eut Audiance de la Reine Douairiere d'Efpagne
, qui le reçut très gracieufement . Ce Miniftre
témoigna à S. M. C. les affurances d'amitié
qu'il venoit lui faire de la part du Roi & de la
Reine d'Espagne.
Le 8.de ce mois , Madame d'Orleans , Abbeffe
de Chelles , alla à la Magdeleine de Trenel dîner
avec la Ducheffe d'Orleans fa mere & avec les
Princeffes fes Soeurs. L'après dîné , la Reine d'Eſpagne
s'y rendit auffi , & quelque tems après M. le.
Duc d'Orleans , accompagné du Duc de Chartres,
fon Fils , y arriva. Deforte que S. A. R. eut le
plaifir de voir dans la même journée preſque toure
fon augufte Famille raffemblée.
Le 25. Octobre , la jeune Princeffe de Bade ,
fille duMargrave de Bade Baden, & Niece du Duc
d'Orleans , partit de Paris pour s'en retourner
à Raftalt , en parfaite fanté. M. Petit , Chirurgien
Juré , Démonftrateur Royal & Membre
des Académies des Sciences de Paris & de Londres,
lui avoit extirpé à la joue une loupe d'une groffeur
prodigieufe, & avec tant de fuccès, que cette
Princeffe n'en fera pas même marquée ; auffi ar'elle
récompenfé noblement l'habile main qui a
fi bien operé, & a de plus fait preſent à M. Petit
d'un Neceffaire , c'est - à-dire , d'un affortiment
de tout ce qu'il convient pour faire & fervir du
Caffé , du Thé & du Chocolat , contenant differentes
pieces , comme Aiguére , Soucoupe , plufreurs
Pots , Taffes , Drageoires , Cuilliers , & c.
le tout en Vermeil doré , & Porcelaines de Drefde,
d'un prix confiderable & d'un travail exquis.
Cette Princeffe a donné à la Sacriſtie du Conyent
NOVEMBRE. 1730. 2523
went des Petites Cordelieres , où elle a occupé un
Appartement pendant fon féjour à Paris , un Baffin
& une Aiguiere d'argent , & a fait des préfens
à toutes les Religieafes , pour leur marquer fa
Latisfaction fur leurs foins & fur leurs attentions,
Le Roi a nommé le Duc de Saint- Aignan, Chevalier
des Ordres de S. M. Ambaffadeur à Rome.
Le 29. du mois dernier , le Marquis de Caſte-
Jar , Ambaffadeur Extraordinaire & Plenipotentiaire
du Roi d'Efpagne , eut fa premiere Audience
particuliere du Roi , de la Reine & de Monfeigneur
le Dauphin , étant conduit par le Chevalier
de Sainctot, Introducteur des Ambaſſadeurs.
Le 31. Octobre , veille de la Fête de tous les
Saints , le Roi revêtu du grand Collier de l'Ordre
du S. Efprit , fe rendit dans la Chapelle du
Château de Verſailles , où S. M. entendit la Meffe
& communia par les mains de l'Abbé de Choifeul
, fon Aumônier en quartier enfuite le Roi
toucha un grand nombre de Malades.
L'aprés midi , S. M. affifta dans la même Chapelle
aux premieres Vêpres chantées par la Mufique,
aufquelles l'Evêque d'Aire officla pontificalement.
Le premier de ce mois, jour de la Fête , le
Roi entendit la grande Meffe celebrée pontificalement
par l'Evêque d'Aire,& chantée par la Mufique.
L'aprés midi S. M. entendit le Sermon du
Pere Cotoner de la Compagnie de Jefus ; enfuite
les fecondes Vêpres qui furent chantéesS par la
Mufique , aufquelles le même Prélat officia. Le
Roi affitta aufli aux Vêpres des Morts.
Le même jour, la Reine entendit la Meffe dans la
même Chapelle, & S. M. communia par les mains
du Cardinal de Fleury , fon Grand- Aumônier .
Le 2. jour des Trépaffez , le Roi & la Reine entendirent
1 ij
2524 MERCURE DE FRANCE
tendirent la Meffe de Requiem , pendant laquelle
le De profundis fut chanté par la Mufique. Aprés
la Meffe , le Roi partit pour Rambouillet.
La Reine ayant voulu rendre à Dieu fes actions
de graces particulieres , de fon heureux
accouchement, & de la naiffarce de Monfeigneur
le Duc d'Anjou, S.M. vint le 6 de ce mois à l'Eglife
Métropolitaine de Paris . La Reine accompagnée
de Mademoiſelle de Clermont , Sur - Intendante
de Sa Maiſon , des Dames de fa Cour & de
fes principaux Officiers , arriva à midi à l'Eglife
Métropolitaine , où les détachemens des Régimens
des Gardes Françoifes & Suifles étoient en
haye & fous les armes. L'Archevêque de Paris ,
revêtu de fes habits Pontificaux & à la tête des
Chanoines , reçut la Reine à la porte de l'Eglife ,
avec les cérémonies accoutumées ; & après avoir
complimenté Sa Majefté , il la conduifit dans le
Choeur. La Reine y fit fa priere , & alla enfuite
à l'Autel de la Vierge entendre la Meffe , qui
fut dite par un de fes Chapelains.La Reine ayant
été reconduite à la porte de l'Eglife , avec les
mêmes cérémonies qui avoient été observées à
fon arrivée , S. M. partit pour retourner à Verfailles,
Le fi Novembre aprés midi, les RR.PP. de la
Compagnie de JESUS , firent avec beaucoup de
folemnité , dans leur Eglife de la Maiſon Profeffe
de Paris , qui étoit éclairée par un grand
nombre de lumieres , l'ouverture de l'Octave de
fa Fête de la Canonifation de S. Louis de Gonzague
& de S. Staniflas Koftka , de leur Compagnie.
Le lendemain l'Archevêque de Paris , à la
tête du Chapitre de l'Eglife Metropolitaine , fe
rendit à cette Eglife, & y célebra pontificalement
la Meffe , qui fut chantée à plufieurs choeurs de
mufique
NOVEMBRE . 1730. 2525
mufique. L'après midi , l'Evêque de Cifteron
prononça le Panegyrique de ces deux Saints avec
beaucoup d'éloquence , & l'Abbé de Gontault ,
Doyen du Chapitre , officia au Salut .
Les jours fuivans , differens Evêques y ont cé
lébré pontificalement la Meffe , & ont officié aux
Saluts .
Le 12 de ce mois , le Comte de Seefted , Ambaffadeur
Extraordinaire du Roy de Danemarc ,
eut , en long Manteau de deuil , une Audience
particuliere du Roy , dans laquelle il donna part
a S. M. de la mort du Roy de Danemarc , Frederic.
IV . Il fut conduit à cette Audience par le
Chevalier de Sainctot , Introducteur des Ambaf
fadeurs , qui le conduifit enfuite à l'Audience de
Ia Reine , & à celle de Monfeigneur le Dauphin.
Le 16. le Roy prit le deuil pour cette mort.
Le 19. le Roy & la Reine partirent de Verfailles
pour aller paffer quelques jours au Château
de Marly.
Le 13 , l'ouverture du Parlement fe fit avec les
céremonies accoutumées , par une Meffe folemnelle
, célébrée pontificalement dans la Grand'-
Salle du Palais , par l'Archevêque de Bourges , à
laquelle M. Portail , Pr. Préfident , & les Chambres
affifterent.
A la rentrée du Parlement de Dijon , à la faint
Martin , M. le Prefident de la Marche , qui eft
un jeune Magiftrat , né Orateur , s'étoit chargé
de faire le Difcours des Mercuriales & de l'Audience
publique , & il s'en acquitta parfaitement."
Le Difcours aux Chambres affemblées , fut pour
apprendre aux Officiers à ne pas juger par hu-
I. iij meur.
2526 MERCURE DE FRANCE
meur. Ce fujet parut nouveau & fut traité avec
toute la politeffe , la nobleffe & l'éloquence poffible,
ainfi que celui pour les Avocats , fur l'amour
de la verité ; & il finit par un éloge magnifique
du Roy & du Miniftere,
Le 14 , la Reine vint à Paris , & alla entendre
la Meffe dans l'Eglife de la Maiſon Profeffe des
Jefuites,à l'occafion de la Fête qu'on y célébroit.
S. M. accompagnée de Mademoiſelle de Clermont,
Sur- Intendante de Sa Maiſon , des Dames
de fa Cour , du Cardinal de Fleury , fon Grand
Aumônier , & de fes principaux Officiers , fut
reçûë à la porte de l'Eglife par le Pere Supérieur,
accompagné des Jefuites de la Maiſon , de ceux
du College de LoUIS LE GRAND , & de ceux du
Noviciat. Après que le P. Supérieur eut compli
menté la Reine par un Difcours auffi éloquent
que convenable à la piété de S. M. la Reine fut
Conduite dans le Sanctuaire , & elle y entendit la
Meffe , qui fut dite par un de fes Chapelains ;
pendant laquelle on chanta un Motet. S.M.ayant
été reconduite à la porte de l'Eglife avec les ceremonies
obfervées à ſon arrivée, elle ſe rendit au
Monaftere des Religieufes de l'Ave Maria , d'où
S. M. alla dîner au Palais des Thuilleries , après
avoir paflé par la Place Royale. La Reine trouva,
à l'Eglife des Jéfuites , à celle de l'Ave Maria
& au Palais des Thuilleries , les Gardes Françoifes
& Suiffes en haye & fous les Armes. L'après
midi , S. M. partit de Paris vers les quatre
heures , pour retourner à Verſailles , & s'arrêta
quelque temps au Couvent des Religieufes de
Sainte Marie de Chaillot.
> Le 22. de ce mois , la Fête de Sainte Cecile
fut celebrée avec éclat dans l'Eglife des Enfans.
Rouges
NOVEMBRE 1730. 2527
Rouges ; on y chanta une grande Meffe & les
Vêpres en Mufique & à grand choeur , de la.
compofition de l'Abbé Senefchal , qui fut genéralement
applaudie..
Le 25. là Lotterie de la Compagnie des Indes
pour le remboursement des Actions fut tirée en
la maniere accoutumée à l'Hôtel de la Compagnie.
On a publié la Lifte des Numero des Actions
& dixièmes d'Actions qui feront rembourfées
, failant en tout le nombre de 3.00. Actions..
Le premier de ce mois , Fête de la Touffaint ,
il y eut Concert fpirituel au Château des Thuil--
leries. M. Mouret fit chanter Exultate jufti ,
Motet de M. de la Lande , fuivi d'un autre Motet
à deux Baffes - Tailles qui fut très gouté. Les
Dile, Erremens & . Petitpas chanterent avec applaudiffement
un petit Motet nouveau à deux
Deffus , de la compofiiion de M. Le Máire. La
Dile le Maure chanta Ufquequò , petit Moter
de M. Mouret , avec une grande préciſion. Le
Concert fut terminé par le Dixit Dominus de
M. de la Lande.
Le 2. jour des Morts , on exécuta le Divertiffement
de la Chaffe du Cerf . & plufieurs
Piéces de fimphonie , après lefquelles on chanta
le De profundis de M. de la Lande.
Il y a eu Concert François tous les Mercredis
de ce mois , dans lefquels on a chanté plufieurs
Divertiffemens de différens Maîtres , & tous les
Concerts ont toujours été terminés par un Mo.
tet à grands choeurs , de M. de la Lânde.
Le 4. de ce mois , M. de Blamont, Sur- Intendant
de la Mufique du Roi , fit chanter chez la
Reine le 4 & 5e Acte de l'Opera d'Amadis de
L. iiij Gaule;
2528 MERCURE DE FRANCE
Gaule ; La Dile Pitron chanta le Rôle d'Arcabonne
la Dle Lenner celui d'Oriane , le St
d'Angerville celui d'Archelaus & le Sr Guedon
remplit celui d'Amadis .
>
Le 12. on chanta un Divertiffement intitulé
Les Plaisirs de l'Hyver , de la compofition de
M. Capuce , Maître de Mufique de l'Académie
de Dijon , qui fut fort applaudi. Cet Auteur vient
de donner au Public un Livre de Piéces de Viole
qui eft fort goûté .
Le 15. on chanta un Divertiffement de M. de
Blamont qui a pour titre Le Retour des Dieux.
fur la Terre , lequel avoit été chanté devant
L. M. le jour de leur mariage à Fontainebleau.
Le 20. on chanta à Marli le Prologue & le
premier Acte du Balet des Fêtes Grecques &
Romaines de M. de Blamont ; les Dies Antier &
Le Maure chanterent les Rôles de Clio & d'Erato
, & le S d'Angerville celui d'Apollon , &
dans la Piéce les Diles Le Maure , Barbier & le
Noir remplirent les principaux les . La D'e
Pitron chanta enfuite un Air détaché .
Le 22. on chanta la fuite du fecond & du troifiéme
Acte , dans lefquels les Diles Antier , Lenner
& Barbier chanterent les principaux Rôles ,
& le S le Prince fit celui de Tibule.
Fermer
Résumé : « Le 23. Octobre, la Duchesse d'Orleans donna une petite Fête à Bagnolet pour le Divertissement [...] »
En octobre 1730, plusieurs événements marquants eurent lieu à la cour de France. Le 7 octobre, le Marquis de Castellar, nouvel ambassadeur d'Espagne, fut reçu par la Reine douairière d'Espagne. Le 8 octobre, Madame d'Orléans, Abbesse de Chelles, dîna avec la Duchesse d'Orléans et les Princesses, rejointes plus tard par la Reine d'Espagne et le Duc d'Orléans. Le 25 octobre, la Princesse de Bade, nièce du Duc d'Orléans, rendit visite au Palais Royal et reçut une poupée ornée en cadeau. La même journée, elle quitta Paris pour Rastatt après une opération réussie pour enlever une loupe à sa joue, récompensant le chirurgien avec un nécessaire en vermeil doré et porcelaine de Dresde. Le Roi nomma le Duc de Saint-Aignan ambassadeur à Rome. Le 29 octobre, le Marquis de Castellar eut sa première audience privée avec le Roi, la Reine et le Dauphin. Le 31 octobre, le Roi assista à la messe et communia à Versailles, touchant ensuite un grand nombre de malades. Les 1er et 2 novembre, le Roi et la Reine assistèrent à des messes et sermons à Versailles, incluant une messe de Requiem. Le 6 novembre, la Reine rendit grâce pour son accouchement à l'église métropolitaine de Paris. Le 11 novembre, les Jésuites célébrèrent la canonisation de Saint Louis de Gonzague et Saint Stanislas Kostka. Le 12 novembre, l'ambassadeur du Danemark informa le Roi de la mort du Roi Frédéric IV. Le 16 novembre, le Roi prit le deuil. Le 19 novembre, le Roi et la Reine se rendirent au Château de Marly. Le 13 novembre, le Parlement ouvrit avec une messe solennelle à Dijon, où un jeune magistrat prononça un discours sur l'humilité des juges. Le 14 novembre, la Reine assista à une messe chez les Jésuites et visita le monastère des Religieuses de l'Ave Maria avant de retourner à Versailles. Le 22 novembre, la fête de Sainte Cécile fut célébrée avec une grande messe et des vêpres. Le 25 novembre, la loterie de la Compagnie des Indes eut lieu. Divers concerts et divertissements musicaux furent organisés au Château des Tuileries et à Marly, incluant des motets et des opéras.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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119
p. 2756-2760
« Le 4. de ce mois, jour de la naissance de la Princesse des Asturies, les Ambassadeurs [...] »
Début :
Le 4. de ce mois, jour de la naissance de la Princesse des Asturies, les Ambassadeurs [...]
Mots clefs :
Roi, Reine, Concert, Musique, Symphonie
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texteReconnaissance textuelle : « Le 4. de ce mois, jour de la naissance de la Princesse des Asturies, les Ambassadeurs [...] »
Le 4. de ce mois , jour de la naiſſance
de la Princeffe des Afturies , les Ambaffadeurs
du Roi Catholique en France , les
Grands d'Efpagne & les Chevaliers de la
Toifon d'or qui font à Paris , allerent le
matin au Convent des Carmelites baifer
la main à la Reine d'Efpagne , Veuve du
Roi Louis I. Les Dames y allerent l'aprèsmidi.
Le 11. jour de la naiffance de la Reine
d'Espagne , qui entroit dans fa 22. année,
S. M. reçut les mêmes complimens des
mêmes Seigneurs & Dames.
La troifiéme Charge de Garde du Tréfor
Royal qui avoit été fupprimée , a été
rétablie en faveur de M. Paris de Montmartel
, lequel ayoit déja poffedé cetto:
Charge.
Le Roi a accordé à M. Samuel Bernard
, Comte de Coubert , un Brevet de
Confeiller d'Etat.
S. M. a auffi accordé l'agrément de la
Charge de Préfident à Mortier , vacante
par la mort de M. Amelot de Gournay ,
M. Molé , Confeiller au Parlement.
Les Mercuriales du Parlement fe firent
le 29. du mois dernier à la maniere accoûtumée.
Le Premier Préfident & le Pro-
1. Vol. cureur
DECEMBRE. 1730. 2757
cureur General y parlerent avec beaucoup
d'éloquence : le premier fur la Cenfure de
foi-même , qualité effentielle dans un Magiftrat
, & le fecond fur le Respect humain ,
écueil le plus dangereux pour un Magiftrat
Le Duc d'Orleans a donné entre les
mains du Roi la démiffion de ſa Charge
de Colonel General de l'Infanterie Francoife
, qui avoit été fupprimée en 1639.
à la mort du Duc d'Epernon , & rétablie
en 1721. en faveur de S. A. S.
Le Marquis de Themines , ci - devant
Chevalier de Malte , qui avoit une Ab.
baye de 3000. livres de revenu , ayant
demandé au Duc d'Orleans avant la celé
bration de fon mariage P'agrément pour
entrer dans l'Ordre de S. Lazare , afin de
pouvoir conferver ce Benefice , ce Prince
a mieux aimé lui accorder une penfion
de pareille fomme , & l'a obligé de don
ner la démiffion du Benefice dont il joüif
foit.
"
Le 9. de gé mois , le Prince de Rohan
fit recevoir & prêter ferment à M. le
Comte de Gadagne de fa Charge de Gui
don des Gendarmes de la Garde du Roi.
On écrit de Chamberi que l'air de
cette Ville eft contraire à la fanté du Roi
Victor , pere du Roi de Sardaigne , actuellement
I. -Vol.
2758 MERCURE DË FRANCË
tuellement regnant , & que ce Prince
pourra retourner à Turin occuper l'ancien
Palais de la Ducheffe Douairiere de Savoye
, fa mere , pendant l'Hyver , & paffer
le Printems & l'Eté à Alexandrie ¿
où l'air eft très pur.
Le 22. Novembre , M. de Blamont , Sur-Intendant
de la Mufique du Roi , fit chanter
à Marly le fecond & troifiéme acte de fon
Balet des Fêtes Grecques & Rómainės , le fieur
Guignon , fameux joueur de Violon , executa ur
Concerto de fa compofition qui fut très applaudis
l'heure du fouper du Roi empêcha qu'il ne fut
achevé , & la Reine ordonna qu'il fut réjoué au
premier Concert.
Le 25. la Reine fe rendit au Salon de la Mufique
, où le fieur Guignon joüa feul deux Sonnates
qui firent beaucoup de plaifir à S. M. il fut accompagné
du Clavecin par M. de Blamont , &
de la Viole par le fieur Dampierre , le Roi demanda
enfuite qu'on jouat le Printemps de Vi
valdi , qui eft une excelente Piece de fimphonie ,
& comme les Muficiens du Roi ne fe trouvent pas
ordinairement à ce Concert,le Prince de Dombes,
le Comte d'Eu, & plufieurs autres Seigneurs de la
Cour , voulurent bien accompagner le fieur Gui
gnon , pour ne pas priver S. M. d'entendre cette
belle Piece de fimphonie qui fut parfaitement bien
executée.
Le 27. on chanta le divertiffement d'Erato ,
ainfi qu'il a été joué à l'Academie Royale de Mufique.
La Dlle. Antier chanta le Rolle de Junon ,
le fieur Dangerville celui d'Apollon , & la Dlle .
Lenner chanta celui d'une Baccante.
Le 29. on chanta à Marly le prologue & le
4. Vol premier
DECEMBRE 1730. 2759
premier Acte de Bellerophon ; les Dlles. Antier
& Lenner , chanterent les Rolles de Stenobée &
de la Princeffe ; les fieurs Boutelou & Godeneche
, ceux de Bellerophon & du Roi.
Le 4. & le 6. Decembre on continua le même
Opera avee beaucoup de fuccès , le fieur Dangerville
y chanta le Rolle d'Amiodar.
Le 11. on chanta dans les grands appartemens
du Château de Verfailles , le premier Acte d'Armide
, dont le principal Rolle fut chanté par la
Dlle. Antier , & celui d'Hidraot, par le fieur Dangerville.
Le 13. & le 18. on chanta le même Opera ; le
fieur le Prince chanta le Rolle de Renaud, le fieur
d'Aigremont celui d'Artemidore , & les Diles,
Barbier & Courvafier ceux de Bergere & de
Nymphe.
Le 8. jour Fête de la Conception , il y eut
Concert fpirituel au Château des Tuilleries : if
commença par Exultate jufti , Moret de M. de la
Lande , les Dlles. Erremens , le Maure & Petit
Pas , chanterent chacune une Cantatille avec ac
compagnement , qui firent beaucoup de plaifir ;"
le fieur Bordicio , habile Muficien Italien , chanta
deux Arietes qui furent goutées par ceux qui ai
ment cette forte de chant ; le Motet Confitebor
termina le Concert qui fut precedé de plufieurs
Pieces de fimphonie , executées par les fieurs Leller
& Blavet.
Le 13. & 20. il y eut Concert François; toute la
fimphonie executa une fuite d'Airs de Noëls anciens
& nouveaux, qui furent très goûtés ; le même
Muficien Italien chanta deux Arietes , & on finit
par le Motet Exultabo te Deus.
Le 24. & le 25. jour de la veille & fête de Noël,
il y eut Concert fpirituel , on y joüa encore une
fuite d'Airs des plus beaux Noëls , avec Violons
I. Vol. Flutes
2460 MERCURE DE FRANCE
Flutes , Hautbois, & Mufettes. La Dlle. le Maure
chanta feule un petit Motet , Hodiè Chriftus natus
eft , avec beaucoup de précifion , le Concert
de ces deux jours fut terminé par un Motet de
M. de la L'ande .
Le 24. de ce mois , veille de la fête de la Nati
vité de N. S. le Roi revêtu du Grand Collier dé
l'ordre du S. Efprit , fe rendit à la Chapelle du
Château de Verfailles , où S. M. communia par
les mains du Cardinal de Rohan , Grand Aumônier
de France : enfuite le Roi toucha un grand
nombre de malades .
Le même jour , la Reine entendit la Meffe dans
la même Chapelle , & S. M. communia par les
mains du Cardinal de Fleury , fon Grand Aumônier.
L'après midi, le Roi & la Reine entendirent les
premieres Vêpres chantées par la Mufique , aufquelles
l'Evêque de Tarbe officia
Le 25. jour de la Fête , le Roi & la Reine , qui
après avoir afifté aux Matines avoient entendu
à minuit trois Meffes , affifterent le matin à la
grande Meffe , celebrée pontificalement par l'Evêque
de Tarbes .
L'après midi , L. M. accompagnées du Prince
de Conty , du Prince de Dombes & du Comte
d'Eu , entendirent la Prédication du P. Cotonay ,
de la Compagnie de Jefus , & enfuite les Vêpres
chantées par la Mufique , aufquelles le même
Prélat officia.
de la Princeffe des Afturies , les Ambaffadeurs
du Roi Catholique en France , les
Grands d'Efpagne & les Chevaliers de la
Toifon d'or qui font à Paris , allerent le
matin au Convent des Carmelites baifer
la main à la Reine d'Efpagne , Veuve du
Roi Louis I. Les Dames y allerent l'aprèsmidi.
Le 11. jour de la naiffance de la Reine
d'Espagne , qui entroit dans fa 22. année,
S. M. reçut les mêmes complimens des
mêmes Seigneurs & Dames.
La troifiéme Charge de Garde du Tréfor
Royal qui avoit été fupprimée , a été
rétablie en faveur de M. Paris de Montmartel
, lequel ayoit déja poffedé cetto:
Charge.
Le Roi a accordé à M. Samuel Bernard
, Comte de Coubert , un Brevet de
Confeiller d'Etat.
S. M. a auffi accordé l'agrément de la
Charge de Préfident à Mortier , vacante
par la mort de M. Amelot de Gournay ,
M. Molé , Confeiller au Parlement.
Les Mercuriales du Parlement fe firent
le 29. du mois dernier à la maniere accoûtumée.
Le Premier Préfident & le Pro-
1. Vol. cureur
DECEMBRE. 1730. 2757
cureur General y parlerent avec beaucoup
d'éloquence : le premier fur la Cenfure de
foi-même , qualité effentielle dans un Magiftrat
, & le fecond fur le Respect humain ,
écueil le plus dangereux pour un Magiftrat
Le Duc d'Orleans a donné entre les
mains du Roi la démiffion de ſa Charge
de Colonel General de l'Infanterie Francoife
, qui avoit été fupprimée en 1639.
à la mort du Duc d'Epernon , & rétablie
en 1721. en faveur de S. A. S.
Le Marquis de Themines , ci - devant
Chevalier de Malte , qui avoit une Ab.
baye de 3000. livres de revenu , ayant
demandé au Duc d'Orleans avant la celé
bration de fon mariage P'agrément pour
entrer dans l'Ordre de S. Lazare , afin de
pouvoir conferver ce Benefice , ce Prince
a mieux aimé lui accorder une penfion
de pareille fomme , & l'a obligé de don
ner la démiffion du Benefice dont il joüif
foit.
"
Le 9. de gé mois , le Prince de Rohan
fit recevoir & prêter ferment à M. le
Comte de Gadagne de fa Charge de Gui
don des Gendarmes de la Garde du Roi.
On écrit de Chamberi que l'air de
cette Ville eft contraire à la fanté du Roi
Victor , pere du Roi de Sardaigne , actuellement
I. -Vol.
2758 MERCURE DË FRANCË
tuellement regnant , & que ce Prince
pourra retourner à Turin occuper l'ancien
Palais de la Ducheffe Douairiere de Savoye
, fa mere , pendant l'Hyver , & paffer
le Printems & l'Eté à Alexandrie ¿
où l'air eft très pur.
Le 22. Novembre , M. de Blamont , Sur-Intendant
de la Mufique du Roi , fit chanter
à Marly le fecond & troifiéme acte de fon
Balet des Fêtes Grecques & Rómainės , le fieur
Guignon , fameux joueur de Violon , executa ur
Concerto de fa compofition qui fut très applaudis
l'heure du fouper du Roi empêcha qu'il ne fut
achevé , & la Reine ordonna qu'il fut réjoué au
premier Concert.
Le 25. la Reine fe rendit au Salon de la Mufique
, où le fieur Guignon joüa feul deux Sonnates
qui firent beaucoup de plaifir à S. M. il fut accompagné
du Clavecin par M. de Blamont , &
de la Viole par le fieur Dampierre , le Roi demanda
enfuite qu'on jouat le Printemps de Vi
valdi , qui eft une excelente Piece de fimphonie ,
& comme les Muficiens du Roi ne fe trouvent pas
ordinairement à ce Concert,le Prince de Dombes,
le Comte d'Eu, & plufieurs autres Seigneurs de la
Cour , voulurent bien accompagner le fieur Gui
gnon , pour ne pas priver S. M. d'entendre cette
belle Piece de fimphonie qui fut parfaitement bien
executée.
Le 27. on chanta le divertiffement d'Erato ,
ainfi qu'il a été joué à l'Academie Royale de Mufique.
La Dlle. Antier chanta le Rolle de Junon ,
le fieur Dangerville celui d'Apollon , & la Dlle .
Lenner chanta celui d'une Baccante.
Le 29. on chanta à Marly le prologue & le
4. Vol premier
DECEMBRE 1730. 2759
premier Acte de Bellerophon ; les Dlles. Antier
& Lenner , chanterent les Rolles de Stenobée &
de la Princeffe ; les fieurs Boutelou & Godeneche
, ceux de Bellerophon & du Roi.
Le 4. & le 6. Decembre on continua le même
Opera avee beaucoup de fuccès , le fieur Dangerville
y chanta le Rolle d'Amiodar.
Le 11. on chanta dans les grands appartemens
du Château de Verfailles , le premier Acte d'Armide
, dont le principal Rolle fut chanté par la
Dlle. Antier , & celui d'Hidraot, par le fieur Dangerville.
Le 13. & le 18. on chanta le même Opera ; le
fieur le Prince chanta le Rolle de Renaud, le fieur
d'Aigremont celui d'Artemidore , & les Diles,
Barbier & Courvafier ceux de Bergere & de
Nymphe.
Le 8. jour Fête de la Conception , il y eut
Concert fpirituel au Château des Tuilleries : if
commença par Exultate jufti , Moret de M. de la
Lande , les Dlles. Erremens , le Maure & Petit
Pas , chanterent chacune une Cantatille avec ac
compagnement , qui firent beaucoup de plaifir ;"
le fieur Bordicio , habile Muficien Italien , chanta
deux Arietes qui furent goutées par ceux qui ai
ment cette forte de chant ; le Motet Confitebor
termina le Concert qui fut precedé de plufieurs
Pieces de fimphonie , executées par les fieurs Leller
& Blavet.
Le 13. & 20. il y eut Concert François; toute la
fimphonie executa une fuite d'Airs de Noëls anciens
& nouveaux, qui furent très goûtés ; le même
Muficien Italien chanta deux Arietes , & on finit
par le Motet Exultabo te Deus.
Le 24. & le 25. jour de la veille & fête de Noël,
il y eut Concert fpirituel , on y joüa encore une
fuite d'Airs des plus beaux Noëls , avec Violons
I. Vol. Flutes
2460 MERCURE DE FRANCE
Flutes , Hautbois, & Mufettes. La Dlle. le Maure
chanta feule un petit Motet , Hodiè Chriftus natus
eft , avec beaucoup de précifion , le Concert
de ces deux jours fut terminé par un Motet de
M. de la L'ande .
Le 24. de ce mois , veille de la fête de la Nati
vité de N. S. le Roi revêtu du Grand Collier dé
l'ordre du S. Efprit , fe rendit à la Chapelle du
Château de Verfailles , où S. M. communia par
les mains du Cardinal de Rohan , Grand Aumônier
de France : enfuite le Roi toucha un grand
nombre de malades .
Le même jour , la Reine entendit la Meffe dans
la même Chapelle , & S. M. communia par les
mains du Cardinal de Fleury , fon Grand Aumônier.
L'après midi, le Roi & la Reine entendirent les
premieres Vêpres chantées par la Mufique , aufquelles
l'Evêque de Tarbe officia
Le 25. jour de la Fête , le Roi & la Reine , qui
après avoir afifté aux Matines avoient entendu
à minuit trois Meffes , affifterent le matin à la
grande Meffe , celebrée pontificalement par l'Evêque
de Tarbes .
L'après midi , L. M. accompagnées du Prince
de Conty , du Prince de Dombes & du Comte
d'Eu , entendirent la Prédication du P. Cotonay ,
de la Compagnie de Jefus , & enfuite les Vêpres
chantées par la Mufique , aufquelles le même
Prélat officia.
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Résumé : « Le 4. de ce mois, jour de la naissance de la Princesse des Asturies, les Ambassadeurs [...] »
En décembre 1730, plusieurs événements significatifs se sont déroulés à la cour de France. Le 4 décembre, les ambassadeurs du Roi Catholique, les Grands d'Espagne et les Chevaliers de la Toison d'or ont rendu hommage à la Reine d'Espagne, veuve du Roi Louis I, à l'occasion de la naissance de la Princesse des Asturies. Le 11 décembre, la Reine d'Espagne, âgée de 22 ans, a de nouveau reçu ces hommages. Le Roi a rétabli la charge de Garde du Trésor Royal en faveur de M. Paris de Montmartel et a accordé un brevet de Conseiller d'État à M. Samuel Bernard, Comte de Coubert. La charge de Président à Mortier, vacante après la mort de M. Amelot de Gournay, a été attribuée à M. Molé, Conseiller au Parlement. Les Mercuriales du Parlement ont eu lieu le 29 novembre, avec des discours sur la censure de soi-même et le respect humain. Le Duc d'Orléans a démissionné de sa charge de Colonel Général de l'Infanterie Française, tandis que le Marquis de Themines a reçu une pension pour conserver son bénéfice. Le 9 décembre, le Comte de Gadagne a été investi de la charge de Guidon des Gendarmes de la Garde du Roi. Des événements musicaux ont également marqué ce mois, notamment des concerts et des représentations d'opéras à Marly et Versailles, avec des interventions de musiciens renommés comme le sieur Guignon et la demoiselle Antier. Le 24 décembre, le Roi a communié et touché des malades à Versailles, tandis que la Reine a assisté à la messe. Le 25 décembre, le Roi et la Reine ont participé aux célébrations de la fête de Noël, incluant des matines, des messes et des vêpres.
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120
p. 2876-2877
Airs sérieux & à boire, &c. [titre d'après la table]
Début :
AIRS SÉRIEUX ET A BOIRE, mêlez de Brunettes, Ariétes & Rondes de table, [...]
Mots clefs :
Airs à boire, Airs sérieux, Musique
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texteReconnaissance textuelle : Airs sérieux & à boire, &c. [titre d'après la table]
AIRS SE'RIEUX IT A BOIRE , mêlez de
Brunettes , Ariétes & Rondes de table
de M. Naudé l'aîné , Maître à chanter.
A Paris , chez Ballard , feul Imprimeur du
Roy pour la Mufique , & chez Boivin &
Le Clerc. Prix so fols. 1731 .
Ce Livre contient trente- deux Airs ,
où la varieté & le gout fe trouvent. Le
fieur Naudé a déja fait preuve de fon
talent par plufieurs Vaudevilles finguhiers
, qui font actuellement en vogue à
la Cour , à la Ville & dans les Provinces.
Il commence fon oeuvre par une belle In
vocation à l'harmonie , & par un récit de
Baffe , où l'auteur par des Roulades neuves
& des Traits variez , a excellemment
caracteriſé ce morceau , dont voicy les
paroles :
Tremble , Lucas , voici la fin du monde ,
Difoit à fon Epoux , Claudine l'autre nuit
Eveille -toi , du tonnerre qui gronde ,
N'entens- tu pas l'épouventable bruit !
Laiffe , dit-il , gronder l'affreux tonnerre ,
Je ne fuis point troublé de fon fracas ;
II. Vol
Mais
DECEMBRE. 1730. 2877
Mais quand au Cabaret tu me livres la guerre ,
Tout tremble , la Maiſon , la Bouteille & Lucas
Nous croyons faire plaifir d'avertir
qu'un Vaudeville qui eft dans ce Livre
& qui commence par ces mots : En verité
, fevere Margoton , vous le prenez fur
un drolle de ton , & c. eft tres- bien carac
térifé.
M. l'Affichard , connu par diverfes
piéces de Poëfies , eft l'auteur de preſque
toutes les paroles de ce Livre.
Brunettes , Ariétes & Rondes de table
de M. Naudé l'aîné , Maître à chanter.
A Paris , chez Ballard , feul Imprimeur du
Roy pour la Mufique , & chez Boivin &
Le Clerc. Prix so fols. 1731 .
Ce Livre contient trente- deux Airs ,
où la varieté & le gout fe trouvent. Le
fieur Naudé a déja fait preuve de fon
talent par plufieurs Vaudevilles finguhiers
, qui font actuellement en vogue à
la Cour , à la Ville & dans les Provinces.
Il commence fon oeuvre par une belle In
vocation à l'harmonie , & par un récit de
Baffe , où l'auteur par des Roulades neuves
& des Traits variez , a excellemment
caracteriſé ce morceau , dont voicy les
paroles :
Tremble , Lucas , voici la fin du monde ,
Difoit à fon Epoux , Claudine l'autre nuit
Eveille -toi , du tonnerre qui gronde ,
N'entens- tu pas l'épouventable bruit !
Laiffe , dit-il , gronder l'affreux tonnerre ,
Je ne fuis point troublé de fon fracas ;
II. Vol
Mais
DECEMBRE. 1730. 2877
Mais quand au Cabaret tu me livres la guerre ,
Tout tremble , la Maiſon , la Bouteille & Lucas
Nous croyons faire plaifir d'avertir
qu'un Vaudeville qui eft dans ce Livre
& qui commence par ces mots : En verité
, fevere Margoton , vous le prenez fur
un drolle de ton , & c. eft tres- bien carac
térifé.
M. l'Affichard , connu par diverfes
piéces de Poëfies , eft l'auteur de preſque
toutes les paroles de ce Livre.
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Résumé : Airs sérieux & à boire, &c. [titre d'après la table]
Le document présente un ouvrage intitulé 'AIRS SE'RIEUX IT A BOIRE, mêlez de Brunettes, Ariétes & Rondes de table' de M. Naudé l'aîné, Maître à chanter, publié à Paris en 1731 par Ballard, imprimeur du Roy pour la Musique, ainsi que par Boivin et Le Clerc. Cet ouvrage contient trente-deux airs variés et de bon goût. Naudé a déjà démontré son talent à travers plusieurs vaudevilles populaires à la Cour, à la Ville et dans les Provinces. L'œuvre commence par une invocation à l'harmonie et un récit de Basse intitulé 'Tremble, Lucas, voici la fin du monde', dont les paroles sont attribuées à Claudine et Lucas. Le livre inclut également un vaudeville caractérisé par les mots 'En vérité, sévère Margoton, vous le prenez sur un drôle de ton'. Les paroles de presque toutes les pièces du livre sont écrites par M. l'Affichard, connu pour ses œuvres poétiques.
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121
p. 2901-2903
Nouvelles Poësies spirituelles & morales, sur les plus beaux Airs, &c. [titre d'après la table]
Début :
NOUVELLES POESIES SPIRITUELLES ET MORALES sur les plus [...]
Mots clefs :
Musique, Chanter, Airs, Clavecin
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles Poësies spirituelles & morales, sur les plus beaux Airs, &c. [titre d'après la table]
NOUVELLES POESIES SPIRI
TUELLES ET MORALES fur les plus
beaux Airs de la Mufique Françoiſe &
Italienne , avec une Baffe continuë. Deuxiéme
Recueil . A Paris , chez Guillaume
Defprez , rue S. Jacques &c. 1731. in 4-
prix 6. livres broché.
On a fait dans ce Recueil comme dans
l'autre un choix des Airs les plus parfaits
& les plus eftimés de M M. Lully , Lambert
, Campra , Defmarets , Deftouches
Clerambaut , Debouffet &c . On y trou
vera tous les fujets de pieté & de morale
que l'on peut défirer ; on l'a orné d'une
Cantate Françoife & d'une Cantate Italienne.
*
Ces deux Recueils enfemble contiennent
près de deux cens Airs fur tous les
differens caracteres de la Mufique Françoiſe
& Italienne , tant vocale qu'inftru
* Sunt breves mundi rofa.
II.Vol. mentalej
2902 MERCURE DE FRANCE
mentale , Airs de Violon , Piéces de Clavecin
& de Viole, Mufettes , Doubles dans
le gout de M. Lambert , & un grand
nombre d'Airs de Baffe , aufquels on a
ajouté une Clef pour en faciliter le chant
à un Deffus ; & afin qu'une même perfonne
puiffe chanter tout l'Ouvrage , on
a mis à la portée de la voix toutes les
Piéces qui le compofent ; on les a diftribuées
de maniere qu'on n'eft prefque
jamais obligé de tourner la feuille , ce
qui n'eft pas une petite commodité pour
ceux qui chantent & qui jouënt en même
tems de quelque Inftrument. Les
Baffes ont été chiffrées avec grand foin ,
& l'on a marqué à chaque Air fon mouvement
& les agrémens qui lui conviennent.
La plus grande partie de ces Airs
peuvent fervir de Piéces pour le Clavecin,
la Baffe de Viole , le Violon & la Flute.Allemande.
On trouvera dans les deux Recueils
environ cinquante Chanfons Morales
qui peuvent plaire indifferemment à tout
le monde , & fervir même aux perfonnes
de pieté , que la complaifance oblige
quelquefois de chanter en compagnie.
On y trouvera de plus cinquante Fables
choifies dans le gout de M. De la
Fontaine , fur des Vaudevilles & petits'
Airs aifés à chanter , avec leur Baffe &
II.. Vol.
une
DECEMBRE . 1730. 2903
une Baffe en Mufette , en faveur des enfans
qui pourront facilement les accompagner
fur le Clavecin ou fur tout autre
inftrument. Ces Fables peuvent fervir aut
même ufage que les Chanfons Morales .
pour-
On a ajouté à la fin de l'Ouvrage un
Supplément de petits Airs , avec leur
Baffe & une Baffe en. Mufette , fur lefquels
ceux qui aiment la diverfité
ront encore chanter la plupart des Fables,
comme celle du Renard & du Bouc , fur
l'Air Attendez - moi fous l'Orme , ou Or
nous dites, Marie.
On travaille à un troisième Recueil dans
le même gout.
TUELLES ET MORALES fur les plus
beaux Airs de la Mufique Françoiſe &
Italienne , avec une Baffe continuë. Deuxiéme
Recueil . A Paris , chez Guillaume
Defprez , rue S. Jacques &c. 1731. in 4-
prix 6. livres broché.
On a fait dans ce Recueil comme dans
l'autre un choix des Airs les plus parfaits
& les plus eftimés de M M. Lully , Lambert
, Campra , Defmarets , Deftouches
Clerambaut , Debouffet &c . On y trou
vera tous les fujets de pieté & de morale
que l'on peut défirer ; on l'a orné d'une
Cantate Françoife & d'une Cantate Italienne.
*
Ces deux Recueils enfemble contiennent
près de deux cens Airs fur tous les
differens caracteres de la Mufique Françoiſe
& Italienne , tant vocale qu'inftru
* Sunt breves mundi rofa.
II.Vol. mentalej
2902 MERCURE DE FRANCE
mentale , Airs de Violon , Piéces de Clavecin
& de Viole, Mufettes , Doubles dans
le gout de M. Lambert , & un grand
nombre d'Airs de Baffe , aufquels on a
ajouté une Clef pour en faciliter le chant
à un Deffus ; & afin qu'une même perfonne
puiffe chanter tout l'Ouvrage , on
a mis à la portée de la voix toutes les
Piéces qui le compofent ; on les a diftribuées
de maniere qu'on n'eft prefque
jamais obligé de tourner la feuille , ce
qui n'eft pas une petite commodité pour
ceux qui chantent & qui jouënt en même
tems de quelque Inftrument. Les
Baffes ont été chiffrées avec grand foin ,
& l'on a marqué à chaque Air fon mouvement
& les agrémens qui lui conviennent.
La plus grande partie de ces Airs
peuvent fervir de Piéces pour le Clavecin,
la Baffe de Viole , le Violon & la Flute.Allemande.
On trouvera dans les deux Recueils
environ cinquante Chanfons Morales
qui peuvent plaire indifferemment à tout
le monde , & fervir même aux perfonnes
de pieté , que la complaifance oblige
quelquefois de chanter en compagnie.
On y trouvera de plus cinquante Fables
choifies dans le gout de M. De la
Fontaine , fur des Vaudevilles & petits'
Airs aifés à chanter , avec leur Baffe &
II.. Vol.
une
DECEMBRE . 1730. 2903
une Baffe en Mufette , en faveur des enfans
qui pourront facilement les accompagner
fur le Clavecin ou fur tout autre
inftrument. Ces Fables peuvent fervir aut
même ufage que les Chanfons Morales .
pour-
On a ajouté à la fin de l'Ouvrage un
Supplément de petits Airs , avec leur
Baffe & une Baffe en. Mufette , fur lefquels
ceux qui aiment la diverfité
ront encore chanter la plupart des Fables,
comme celle du Renard & du Bouc , fur
l'Air Attendez - moi fous l'Orme , ou Or
nous dites, Marie.
On travaille à un troisième Recueil dans
le même gout.
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Résumé : Nouvelles Poësies spirituelles & morales, sur les plus beaux Airs, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente 'Nouvelles Poésies Spirituelles et Morales', un recueil de poésies publié en 1731 à Paris par Guillaume Defprez. Ce deuxième recueil, comme le précédent, sélectionne des airs de compositeurs renommés tels que Lully, Lambert, Campra, Desmarets, Destouches, Clerambaut et Debouffet. Il inclut des sujets de piété et de morale, ainsi qu'une cantate française et une cantate italienne. Les deux recueils contiennent près de deux cents airs couvrant divers caractères de la musique française et italienne, vocale et instrumentale. Ils incluent des airs de violon, des pièces de clavecin et de viole, des musettes, des doubles dans le style de Lambert, et de nombreux airs de basse, accompagnés d'une clé pour faciliter le chant à une seule voix. Les pièces sont distribuées de manière à éviter de tourner les pages, offrant ainsi une commodité pour ceux qui chantent et jouent simultanément. Les airs peuvent servir de pièces pour le clavecin, la basse de viole, le violon et la flûte allemande. Les recueils contiennent environ cinquante chants moraux et cinquante fables inspirées de La Fontaine, adaptées en vaudevilles et petits airs à chanter, avec leur basse et une basse en musette pour les enfants. Un supplément de petits airs est ajouté à la fin de l'ouvrage. Un troisième recueil est en préparation.
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122
p. 2903
« DEUXIÈME RECUEIL d'Airs nouveaux sérieux & à boire, dédié au Public [...] »
Début :
DEUXIÈME RECUEIL d'Airs nouveaux sérieux & à boire, dédié au Public [...]
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texteReconnaissance textuelle : « DEUXIÈME RECUEIL d'Airs nouveaux sérieux & à boire, dédié au Public [...] »
DEUXIE'ME RECUEIL d'Airs nouveaux
férieux & à boire , dédié au Public
, compofés par M. Debouffet , Maî
tre de Mufique &c. A Paris , chez l'Auteur
, rue du Plâtre , au Marais. Chez, Boivin
& Le Clerc. 1731. prix 3. livres.
férieux & à boire , dédié au Public
, compofés par M. Debouffet , Maî
tre de Mufique &c. A Paris , chez l'Auteur
, rue du Plâtre , au Marais. Chez, Boivin
& Le Clerc. 1731. prix 3. livres.
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123
p. 122-123
« La seconde Suite des Concerts de Symphonie, du sieur Aubert [...] »
Début :
La seconde Suite des Concerts de Symphonie, du sieur Aubert [...]
Mots clefs :
Concerts, Symphonie, Suite
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texteReconnaissance textuelle : « La seconde Suite des Concerts de Symphonie, du sieur Aubert [...] »
La seconde Suite des Concerts de Symphonie
, du sieur Aubert , dont nous avons
annoncé la premiere , paroît depuis peu
et a un très-grand succès , ainsi que la
premiere. La troisiéme paroîtra au commencement
de Février , et se vendra ,
comme
JANVIER. 1731. 123
comme les autres , chez l'Auteur , ruë de
la vieille Bouclerie , à la Chaise Royale ,
et chez Boivin et le Clerc.
, du sieur Aubert , dont nous avons
annoncé la premiere , paroît depuis peu
et a un très-grand succès , ainsi que la
premiere. La troisiéme paroîtra au commencement
de Février , et se vendra ,
comme
JANVIER. 1731. 123
comme les autres , chez l'Auteur , ruë de
la vieille Bouclerie , à la Chaise Royale ,
et chez Boivin et le Clerc.
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124
p. 141
CHANSON,
Début :
Dans nos paisibles retraites, [...]
Mots clefs :
Chanson, Paisible , Tendresse, Jeunesse, Musettes, Chansonnettes
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texteReconnaissance textuelle : CHANSON,
CHANSON,
DAns nos paisibles retraites ,
Occupés du soin de charmer ,
Nous goûtons des douceurs parfaites ,
Et sçavons nous faire aimer.
Aux doux sons de nos Musettes
La plus fiere s'attendrit ,
Et nos vives chansonnetes
De nos desirs nous obtiennent le fruit.
Sans soupirer et sans nous plaindre ,
Sans avoir de jaloux à craindre ,
Nous profitons des beaux jours...
La tendresse
Est pour la jeunesse ;
Livrons-nous sans cesse.
Aux Ris , aux Amours..
La tendresse & c.
DAns nos paisibles retraites ,
Occupés du soin de charmer ,
Nous goûtons des douceurs parfaites ,
Et sçavons nous faire aimer.
Aux doux sons de nos Musettes
La plus fiere s'attendrit ,
Et nos vives chansonnetes
De nos desirs nous obtiennent le fruit.
Sans soupirer et sans nous plaindre ,
Sans avoir de jaloux à craindre ,
Nous profitons des beaux jours...
La tendresse
Est pour la jeunesse ;
Livrons-nous sans cesse.
Aux Ris , aux Amours..
La tendresse & c.
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125
p. 147-149
« Le 6 Janvier, Fête des Rois, l'Académie Royale de Musique [...] »
Début :
Le 6 Janvier, Fête des Rois, l'Académie Royale de Musique [...]
Mots clefs :
Académie royale de musique, Opéra, Comédiens-Italiens, Parodie, Comédie, Carnaval
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texteReconnaissance textuelle : « Le 6 Janvier, Fête des Rois, l'Académie Royale de Musique [...] »
Le 6 Janvier , Fête des Rois , l'Aca
démie Royale de Musique , qui continue
toujours
148 MERCURE DE FRANCE
toujours les Représentations de Phaéton ,
avec un tres-grand concours , donna le
premier Bal de cette année sur le Théatre
de l'Opera , qu'elle continuera de
donner differens jours de la semaine ,
pendant le Carnaval .
›
Les Comédiens Italiens ont perdu l'un
de leurs meilleurs sujets , en la personne
de Pierre Alborghet , natif de Venise
connu sous le nom de Pantalon , qui
mourut le 4 de ce mois , âgé d'environ
55 ans , après une longue maladie . C'étoit
un homme d'une probité reconnue ,
et un excellent sujet dans sa profession;
il jouoit ordinairement dans les Pieces
Italiennes , en habit de Noble Venitien ,
et sous le Masque , d'une maniere inimitable.
Les amateurs de la Comedie
Italienne le regrettent fort. Son jeu étoit
naturel , plein d'action , animé et dans
le vrai goût de son païs. Il a été inhumé
à S. Eustache sa Paroisse , aprés avoir
reçu tous ses Sacremens .
,
Le 12. les mêmes Comédiens remirent
au Theatre la Parodie du Mari joueur, et
de la Femme bigotte , Scenes Italiennes
jouées sur le Theatre de l'Opera. La Damoiselle
Thomassin doubla pour la premiere
fois le Rôle de Serpilla , qu'elle
joua avec beaucoup de vivacité , et fut
fort aplaudie.
La
JANVIER. 1731 . 149
Le 24. les mêmes Comediens donnerent
la premiere Représentation d'une
petite Comédie en vers Alexandrins , et
en un acte , intitulée Bolus , qui a été
reçuë fort favorablement du public , C'est
une Parodie de la Tragedie nouvelle de
Brutus , qui a été Jouée au Theatre François.
On en parlera plus au long.
Le 28 Decembre , Fête des SS . Innocens
on ouvrit , selon la coutume
les Theatres de Rome , et on représenta
sur celui de Capranica , l'Opera de l'Adone
, Roy de Chipre ; et sur celui de
Don Dominique Walle , des Comédies
à l'improviste.
démie Royale de Musique , qui continue
toujours
148 MERCURE DE FRANCE
toujours les Représentations de Phaéton ,
avec un tres-grand concours , donna le
premier Bal de cette année sur le Théatre
de l'Opera , qu'elle continuera de
donner differens jours de la semaine ,
pendant le Carnaval .
›
Les Comédiens Italiens ont perdu l'un
de leurs meilleurs sujets , en la personne
de Pierre Alborghet , natif de Venise
connu sous le nom de Pantalon , qui
mourut le 4 de ce mois , âgé d'environ
55 ans , après une longue maladie . C'étoit
un homme d'une probité reconnue ,
et un excellent sujet dans sa profession;
il jouoit ordinairement dans les Pieces
Italiennes , en habit de Noble Venitien ,
et sous le Masque , d'une maniere inimitable.
Les amateurs de la Comedie
Italienne le regrettent fort. Son jeu étoit
naturel , plein d'action , animé et dans
le vrai goût de son païs. Il a été inhumé
à S. Eustache sa Paroisse , aprés avoir
reçu tous ses Sacremens .
,
Le 12. les mêmes Comédiens remirent
au Theatre la Parodie du Mari joueur, et
de la Femme bigotte , Scenes Italiennes
jouées sur le Theatre de l'Opera. La Damoiselle
Thomassin doubla pour la premiere
fois le Rôle de Serpilla , qu'elle
joua avec beaucoup de vivacité , et fut
fort aplaudie.
La
JANVIER. 1731 . 149
Le 24. les mêmes Comediens donnerent
la premiere Représentation d'une
petite Comédie en vers Alexandrins , et
en un acte , intitulée Bolus , qui a été
reçuë fort favorablement du public , C'est
une Parodie de la Tragedie nouvelle de
Brutus , qui a été Jouée au Theatre François.
On en parlera plus au long.
Le 28 Decembre , Fête des SS . Innocens
on ouvrit , selon la coutume
les Theatres de Rome , et on représenta
sur celui de Capranica , l'Opera de l'Adone
, Roy de Chipre ; et sur celui de
Don Dominique Walle , des Comédies
à l'improviste.
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Résumé : « Le 6 Janvier, Fête des Rois, l'Académie Royale de Musique [...] »
Le 6 janvier, l'Académie Royale de Musique a organisé le premier bal de l'année au Théâtre de l'Opéra, marquant la Fête des Rois avec des représentations de 'Phaéton'. Ces bals se poursuivront divers jours de la semaine pendant le Carnaval. Le 4 janvier, les Comédiens Italiens ont perdu Pierre Alborghet, connu sous le nom de Pantalon, décédé à environ 55 ans après une longue maladie. Natif de Venise, il était reconnu pour sa probité et son excellence dans sa profession. Il jouait souvent dans des pièces italiennes en habit de noble vénitien et sous le masque. Il a été inhumé à l'église Saint-Eustache. Le 12 janvier, les Comédiens Italiens ont repris la parodie du 'Mari joueur' et de 'la Femme bigotte', avec la demoiselle Thomassin interprétant Serpilla pour la première fois. Le 24 janvier, ils ont présenté 'Bolus', une petite comédie en vers alexandrins parodiant la tragédie 'Brutus'. Le 28 décembre, les théâtres de Rome ont ouvert avec la représentation de l'opéra 'l'Adone, Roy de Chipre' et des comédies improvisées.
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126
p. 395-398
Concerts de la Cour, [titre d'après la table]
Début :
Le 1. Janvier, les Hautbois de la Chambre du Roy [...]
Mots clefs :
Musique, Concert, Opéra, Carême
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texteReconnaissance textuelle : Concerts de la Cour, [titre d'après la table]
Le 1. Janvier , les Hautbois de la Chambre du
Roy jouerent , suivant l'usage ordinaite, au lever
de S. M. plusieurs Airs tirez des oeuvres de M.
de Lully.
Le même jour, M. Destouches , Sur- Intendant
de la Musique de la Chambre du Roy , donna
un Concert formé d'une suite d'Airs de sa composition
, qui fut executé par les 24 Violons de
la Chambre , au dîner du Roy et de la Reine ,
dont Leurs Majestez parurent très- contentes .
Le 8 , M.Destouches fit chanter à Marly ,devant
la Reine , le second et le troisiéme Acte d'Hesione
, dont le premier Acte avoit eté chanté à
la fin de Decembre. La Dile Antier chanta le Rôle
de Venus,et le sieur Dangerville celui d'Anchi e ,
avec beaucoup d'aplaudissemens. La De Lenner
pas moins de plaisir dans le Rôle d' Hesio- ne fit
I ij ne ,
395 MERCURE DE FRANCE.
pe , qu'elle chanta avec autant de gout que de
précision , le reste fut executé d'une façon trèsbrillante.
Le 10 on continua le quatrième et le cinquiéme
Acte du même Opera , le Poëme est de M. Danchet
, et la Musique de M. Campra , dont on
connoît les grands talens.
Le 1s on chanta devant la Reine le Prologue
et le premier Acte de l'Opera de Semiramis , de
la composition de M. Destouches , qu'on conti
nua le 17 et le 22. La De Antier chanta le principal
Rôle dans la plus grande perfection ; la
Die Lenner fit celui d'Amestris avec succès , et
le sieur d'Angerville , dont le talent embrasse
tous les genres de la Declamation Lyrique , merita
les applaudissemens de la Cour , dans le Role
de Zoroastre. Les Airs détachez furent chantez
par les DesRobelin et Barbier ; le sieur Le Prince
chanta ceux du second Acte avec beaucoup de
grace ; l'execution des Choeurs et de la simphonie
fut parfaite. La Reine , qui ne connoissoir
point cet Opera , en marqua , en differentes fois,
son extréme satisfaction à l'Auteur.
Le 24, S. M. ordonna un Concert du Ballet
des Elemens , dont elle entendit le Prologue et
les deux premiers Actes. Le Rôle de Venus ou
Prologue fut chanté par la Dle Julie de Monville
, qui paroissoit pour la premiere fois devant
la Reine , sa voix est forte et a de l'étenduë. L'e
sieur Dangerville chanta les Rôles du Destin êt
d'Ixion , et les Des Erremens , Lenner , et le
sieur Guedon , ceux de Junon , de Leucorie , et
'Arion.
Le 29 on chanta à Versailles les deux derniers
Actes du même Ballet ; les Rôles d'Emilie et de
Pomone furent chantez par la Dlle Antier ,et ceux
de Valere et de Vertumne par les sieurs Dangers
ville et Guedon . Le
FEVRIER. 1731. 327
Le 3. Fevrier , M. Destouches fit chanter à
Marly le Prologue et les deux premiers Actes de
son Ballet du Carnaval et de la Folie , qu'on
continua les , avec une Ariete et un Chour
nouveau , accompagné de Trompettes , de la com
position du même Auteur, lequel fut tres aplaudi
Les Rôles de Junon et de Jupiter furent remplie
par la De Lenner et le sieur Dangerville , ceux
de Mercure et de Momus par les sieurs le Prince
et Godeneche. La De Pelissier chanta le Rôle de
la Folie dans les deux premiers Actes ; mais s'étant
trouvée indisposé : le Lundy suivant , la Dile
Lenner remplit sa place dans les deux derniers
Actes . Le sieur Dangerville chanta avec une noble
gayeté le Rôle du Carnaval, Ceux du Profes
seur de Folie et de l'Ecolier furent chantez par
les sieurs Le Prince et Guedon ; ce premier chan
ta aussi le Rôle de Plutus , et la De Barbier
celui de la Jeunesse. Ce Balet fut tres -bien reçu ,
et fit d'autant plus de plaisir , qu'il convenoit
fort au temps du Carnaval.
Le 12 , la Cour étant à Versailles , la Reine
ordonna pour Concert l'Opera d'Omphale , du
même Auteur , dont S. M. entendit le Prologue
et le premier Acte ; les quatre autres furent continuez
le 14. et le 19. L'execution de cet Opera
fit des plus parfaites les Des Antier et Lenner
chanterent les Rôles d'Argine et d'Omphale avec
grand succés , ainsi que celui d'Hercule par le
sieur Dangerville ; le sieur Guedon fit le Rôle
d'Iphis , et la De Barbier chanta celui d'une des
Graces avec beaucup de legereté et de précision ,
et la De Robelin executa les Airs détachez du
troisiéme Acte avec l'applaudissement des Connoisseurs.
Le dernier Concert de cet Opera fut
terminé par le Choeur de Timballes et Trompettes
qu'on avoit entendu à Marly , et par la
I iij Can
1
{
1
398 MERCURE DE FRANCE
tate de la Musette de M. de Clerambaut , chantée
la Dle de Monville.
par
Le même jour 12 Fevrier , après le Concert
des premiers Actes de cet Opera , la Reine qui
avoit entendu parler avantageusement des Bruwettes
en Duo , à voix égales , de Mrs Cochereau
et Allarius , les demanda . Elles furent chantées
dans la plus grande perfection par les Diles
Antier et Misnier , et firent tant de plaisir , que
S. M. les fit chanter encore par les mêmes Diles
le 20 et le 26.
>
Le 21 la Reine entendit le Prologue et le premier
Acte du Ballet de Prothée , de la composition
de M. Gervais , Maître de Musique de la
Chapelle du Roy. Les Diles Antier et Lenner firent
les Rôles de Pomone et de Therone , et les
sieurs Dangerville et Godoneche ceux de Prothée
et de Vertumne. On a continué le même Balet le
26 , et le dernier du mois on a chanté , par ordre
de la Reine , l'Opera d'Issé , de la compositionde
M. Destouches , qui a terminé les Concerts
qui ont été donnez pendant le Carême .
Roy jouerent , suivant l'usage ordinaite, au lever
de S. M. plusieurs Airs tirez des oeuvres de M.
de Lully.
Le même jour, M. Destouches , Sur- Intendant
de la Musique de la Chambre du Roy , donna
un Concert formé d'une suite d'Airs de sa composition
, qui fut executé par les 24 Violons de
la Chambre , au dîner du Roy et de la Reine ,
dont Leurs Majestez parurent très- contentes .
Le 8 , M.Destouches fit chanter à Marly ,devant
la Reine , le second et le troisiéme Acte d'Hesione
, dont le premier Acte avoit eté chanté à
la fin de Decembre. La Dile Antier chanta le Rôle
de Venus,et le sieur Dangerville celui d'Anchi e ,
avec beaucoup d'aplaudissemens. La De Lenner
pas moins de plaisir dans le Rôle d' Hesio- ne fit
I ij ne ,
395 MERCURE DE FRANCE.
pe , qu'elle chanta avec autant de gout que de
précision , le reste fut executé d'une façon trèsbrillante.
Le 10 on continua le quatrième et le cinquiéme
Acte du même Opera , le Poëme est de M. Danchet
, et la Musique de M. Campra , dont on
connoît les grands talens.
Le 1s on chanta devant la Reine le Prologue
et le premier Acte de l'Opera de Semiramis , de
la composition de M. Destouches , qu'on conti
nua le 17 et le 22. La De Antier chanta le principal
Rôle dans la plus grande perfection ; la
Die Lenner fit celui d'Amestris avec succès , et
le sieur d'Angerville , dont le talent embrasse
tous les genres de la Declamation Lyrique , merita
les applaudissemens de la Cour , dans le Role
de Zoroastre. Les Airs détachez furent chantez
par les DesRobelin et Barbier ; le sieur Le Prince
chanta ceux du second Acte avec beaucoup de
grace ; l'execution des Choeurs et de la simphonie
fut parfaite. La Reine , qui ne connoissoir
point cet Opera , en marqua , en differentes fois,
son extréme satisfaction à l'Auteur.
Le 24, S. M. ordonna un Concert du Ballet
des Elemens , dont elle entendit le Prologue et
les deux premiers Actes. Le Rôle de Venus ou
Prologue fut chanté par la Dle Julie de Monville
, qui paroissoit pour la premiere fois devant
la Reine , sa voix est forte et a de l'étenduë. L'e
sieur Dangerville chanta les Rôles du Destin êt
d'Ixion , et les Des Erremens , Lenner , et le
sieur Guedon , ceux de Junon , de Leucorie , et
'Arion.
Le 29 on chanta à Versailles les deux derniers
Actes du même Ballet ; les Rôles d'Emilie et de
Pomone furent chantez par la Dlle Antier ,et ceux
de Valere et de Vertumne par les sieurs Dangers
ville et Guedon . Le
FEVRIER. 1731. 327
Le 3. Fevrier , M. Destouches fit chanter à
Marly le Prologue et les deux premiers Actes de
son Ballet du Carnaval et de la Folie , qu'on
continua les , avec une Ariete et un Chour
nouveau , accompagné de Trompettes , de la com
position du même Auteur, lequel fut tres aplaudi
Les Rôles de Junon et de Jupiter furent remplie
par la De Lenner et le sieur Dangerville , ceux
de Mercure et de Momus par les sieurs le Prince
et Godeneche. La De Pelissier chanta le Rôle de
la Folie dans les deux premiers Actes ; mais s'étant
trouvée indisposé : le Lundy suivant , la Dile
Lenner remplit sa place dans les deux derniers
Actes . Le sieur Dangerville chanta avec une noble
gayeté le Rôle du Carnaval, Ceux du Profes
seur de Folie et de l'Ecolier furent chantez par
les sieurs Le Prince et Guedon ; ce premier chan
ta aussi le Rôle de Plutus , et la De Barbier
celui de la Jeunesse. Ce Balet fut tres -bien reçu ,
et fit d'autant plus de plaisir , qu'il convenoit
fort au temps du Carnaval.
Le 12 , la Cour étant à Versailles , la Reine
ordonna pour Concert l'Opera d'Omphale , du
même Auteur , dont S. M. entendit le Prologue
et le premier Acte ; les quatre autres furent continuez
le 14. et le 19. L'execution de cet Opera
fit des plus parfaites les Des Antier et Lenner
chanterent les Rôles d'Argine et d'Omphale avec
grand succés , ainsi que celui d'Hercule par le
sieur Dangerville ; le sieur Guedon fit le Rôle
d'Iphis , et la De Barbier chanta celui d'une des
Graces avec beaucup de legereté et de précision ,
et la De Robelin executa les Airs détachez du
troisiéme Acte avec l'applaudissement des Connoisseurs.
Le dernier Concert de cet Opera fut
terminé par le Choeur de Timballes et Trompettes
qu'on avoit entendu à Marly , et par la
I iij Can
1
{
1
398 MERCURE DE FRANCE
tate de la Musette de M. de Clerambaut , chantée
la Dle de Monville.
par
Le même jour 12 Fevrier , après le Concert
des premiers Actes de cet Opera , la Reine qui
avoit entendu parler avantageusement des Bruwettes
en Duo , à voix égales , de Mrs Cochereau
et Allarius , les demanda . Elles furent chantées
dans la plus grande perfection par les Diles
Antier et Misnier , et firent tant de plaisir , que
S. M. les fit chanter encore par les mêmes Diles
le 20 et le 26.
>
Le 21 la Reine entendit le Prologue et le premier
Acte du Ballet de Prothée , de la composition
de M. Gervais , Maître de Musique de la
Chapelle du Roy. Les Diles Antier et Lenner firent
les Rôles de Pomone et de Therone , et les
sieurs Dangerville et Godoneche ceux de Prothée
et de Vertumne. On a continué le même Balet le
26 , et le dernier du mois on a chanté , par ordre
de la Reine , l'Opera d'Issé , de la compositionde
M. Destouches , qui a terminé les Concerts
qui ont été donnez pendant le Carême .
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Résumé : Concerts de la Cour, [titre d'après la table]
En janvier 1731, les Hautbois de la Chambre du Roi interprétèrent des airs de Lully au lever du roi. Le même jour, M. Destouches, Sur-Intendant de la Musique de la Chambre du Roi, organisa un concert avec les 24 Violons de la Chambre, exécutant des airs de sa composition au dîner du roi et de la reine, qui en furent très satisfaits. Le 8 janvier, Destouches fit chanter les deuxième et troisième actes de l'opéra Hésione devant la reine à Marly, avec les chanteurs Dile Antier, Dangerville et De Lenner, qui reçurent des applaudissements. Les 10, 15, 17 et 22 janvier, les quatrième et cinquième actes du même opéra, ainsi que les actes de Semiramis de Destouches, furent exécutés, avec des rôles interprétés par De Antier, De Lenner et Dangerville, entre autres. Le 24 janvier, le roi ordonna un concert du Ballet des Éléments, avec des rôles chantés par Dlle Julie de Monville, Dangerville, Des Erremens, De Lenner et Guedon. Le 29 janvier, les deux derniers actes du même ballet furent chantés à Versailles. En février, Destouches fit chanter les actes de son Ballet du Carnaval et de la Folie les 3 et 5 février à Marly, avec des rôles interprétés par De Lenner, Dangerville, Le Prince et Guedon. Le 12 février, la reine ordonna un concert de l'opéra Omphale de Destouches à Versailles, avec des rôles chantés par De Antier, De Lenner, Dangerville et Guedon. Le 21 février, la reine écouta le Ballet de Prothée de M. Gervais, avec des rôles interprétés par De Antier, De Lenner, Dangerville et Godoneche. Le dernier jour de février, l'opéra Issé de Destouches fut chanté, marquant la fin des concerts du Carême.
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127
p. 679-682
L'AMOUR MUSICIEN, CANTATE.
Début :
Prés d'un Temple fameux par son antiquité, [...]
Mots clefs :
Vénus, Amour, Cythère, Temple, Chants, Zéphyrs, Beautés, Maître, Cantate
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'AMOUR MUSICIEN, CANTATE.
L'AMOUR MUSICIEN ,
CANTAT E.
PRés d'un Temple fameux par son antiquité ,
Où les Mortels qui veulent plaire
A la Déesse de Cythere
Vont offrir leur encens à sa Divinité ,
Est une Forêt solitaire ,
Qu'environne une sombre et sainte obscurité :
C'est là qu'aux bords d'une Fontaine
Dans les bras du sommeil j'oubliois mes soucis
Lorsque Venus avec son fils
Vint par sa présence soudaine
Troubler l'heureux repos que goutoient mes esprits.
C iiij Les
680 MERCURE DE FRANCE
Les Ris , les Jeux suivoient ses traces ;
Les Amours voloient sur ses pas ;
Sa présence dans ces climats.
Leur donnoit de nouvelles graces.
Dans ces Bois sombres et charmans
A Venus tout rendoit hommage' ;
Les Oiseaux mêmes du Bocage
A l'envi redoubloient leurs Chants.
Les Jeux , les Ris suivoient ses traces ;
Les Amours voloient sur ses pas ;
Sa présence dans ces Climats
Leur donnoit de nouvelles graces.
Je veux me dit alors la Mere des Amours ; >
Que par tes soins mon fils apprene
Cet Art qui d'Arion a conservé les jours ,
Et du Chantre de Thrace a soulagé la peine."
Flatté du choix de Venus ,
Je chantai le combat de Pan et de Phoebus ,
Et Pallas d'Arachné punissant l'arrogance ;
Mais l'Amour dégouté de ces chants ennuyeux
! Chanta d'un ton harmonieux
Les Dieux et les Mortels soumis à fa puiffance.
Fixês
AVRIL:
1731 . 681
Fixés par ces accens ,
Les Zéphirs moins volages
Laifferent
pour un tems
Reposer les feuillages ,
Les hôtes de ces Bois
Devenus moins sauvages
Aux charmes de sa voix
Joignirent leurs ramages ;
Cachés sous les ombrages ,
Les échos d'alentour
Repetent aux Boccages
Les accens de l'amour.
Touché comme eux des chants de l'enfant de
Cypris ,
Je demeurai frappé de toutes ces merveilles ,
Confus , immobile , furpris ,
A peine en crus - je alors mes yeux et mes oreilles,
Et sans me rappeller les airs que je chantois ,
Je devins Ecolier de Maître que j'étois.
Jeunes Beautés , l'Amour est un grand Maître ,
Ce Dieu sçait tout sans avoir rien appris ;
Courez à lui , vous pourrez tout connoître ;
Rien n'eft caché pour un coeur bien épris.
Les autres Dieux ont chacun leur partage ,
Mars eft Guerrier , Phoebus eft Dieu des Vers;
Cv Le
882 MERCURE DE FRANCE.
Le feul Amour par un rare aſſemblage
Unit en lui tous leurs talens divers.
Jeunes Beautez &c.
CANTAT E.
PRés d'un Temple fameux par son antiquité ,
Où les Mortels qui veulent plaire
A la Déesse de Cythere
Vont offrir leur encens à sa Divinité ,
Est une Forêt solitaire ,
Qu'environne une sombre et sainte obscurité :
C'est là qu'aux bords d'une Fontaine
Dans les bras du sommeil j'oubliois mes soucis
Lorsque Venus avec son fils
Vint par sa présence soudaine
Troubler l'heureux repos que goutoient mes esprits.
C iiij Les
680 MERCURE DE FRANCE
Les Ris , les Jeux suivoient ses traces ;
Les Amours voloient sur ses pas ;
Sa présence dans ces climats.
Leur donnoit de nouvelles graces.
Dans ces Bois sombres et charmans
A Venus tout rendoit hommage' ;
Les Oiseaux mêmes du Bocage
A l'envi redoubloient leurs Chants.
Les Jeux , les Ris suivoient ses traces ;
Les Amours voloient sur ses pas ;
Sa présence dans ces Climats
Leur donnoit de nouvelles graces.
Je veux me dit alors la Mere des Amours ; >
Que par tes soins mon fils apprene
Cet Art qui d'Arion a conservé les jours ,
Et du Chantre de Thrace a soulagé la peine."
Flatté du choix de Venus ,
Je chantai le combat de Pan et de Phoebus ,
Et Pallas d'Arachné punissant l'arrogance ;
Mais l'Amour dégouté de ces chants ennuyeux
! Chanta d'un ton harmonieux
Les Dieux et les Mortels soumis à fa puiffance.
Fixês
AVRIL:
1731 . 681
Fixés par ces accens ,
Les Zéphirs moins volages
Laifferent
pour un tems
Reposer les feuillages ,
Les hôtes de ces Bois
Devenus moins sauvages
Aux charmes de sa voix
Joignirent leurs ramages ;
Cachés sous les ombrages ,
Les échos d'alentour
Repetent aux Boccages
Les accens de l'amour.
Touché comme eux des chants de l'enfant de
Cypris ,
Je demeurai frappé de toutes ces merveilles ,
Confus , immobile , furpris ,
A peine en crus - je alors mes yeux et mes oreilles,
Et sans me rappeller les airs que je chantois ,
Je devins Ecolier de Maître que j'étois.
Jeunes Beautés , l'Amour est un grand Maître ,
Ce Dieu sçait tout sans avoir rien appris ;
Courez à lui , vous pourrez tout connoître ;
Rien n'eft caché pour un coeur bien épris.
Les autres Dieux ont chacun leur partage ,
Mars eft Guerrier , Phoebus eft Dieu des Vers;
Cv Le
882 MERCURE DE FRANCE.
Le feul Amour par un rare aſſemblage
Unit en lui tous leurs talens divers.
Jeunes Beautez &c.
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Résumé : L'AMOUR MUSICIEN, CANTATE.
Le texte 'L'AMOUR MUSICIEN' relate une scène près d'un temple antique dédié à Vénus. Le narrateur, endormi au bord d'une fontaine, est réveillé par la déesse et son fils, l'Amour. La forêt sombre et mystérieuse se transforme en un lieu de célébration à leur arrivée. Les jeux, les rires et les amours suivent leurs pas, et les oiseaux redoublent leurs chants en hommage à Vénus. Vénus demande au narrateur d'enseigner à l'Amour l'art de la musique. Le narrateur chante des récits mythologiques, mais l'Amour préfère chanter les dieux et les mortels soumis à sa puissance. Les zéphyrs, les oiseaux et les échos répètent les chants de l'Amour, touchant profondément le narrateur. Émerveillé, le narrateur devient l'élève de l'Amour, reconnaissant la supériorité de ce dieu qui unit en lui les talents de tous les autres dieux. Le texte se conclut par une invitation aux jeunes beautés à se tourner vers l'Amour pour connaître toutes les merveilles du monde.
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128
p. 795-798
Cérémonie du Parlement et de la Chambre des Comptes, [titre d'après la table]
Début :
Suivant la cérémonie qui se pratique tous les ans les [...]
Mots clefs :
Prologue, Opéra, Actrice, Concert, Cour, Messe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Cérémonie du Parlement et de la Chambre des Comptes, [titre d'après la table]
Suivant la
cérémonie qui se pratique tous
les ans les vendredi de la semaine de Pâ
ques. Messieurs du
Parlement et de la
Chambre des Comptes invitez par les Prevôt
des
Marchandset
Echevins , se rendi- '
rent en robes
ordinaires , et précedez de
leurs huissiers , en l'Eglise de Notre -Da
me , placez sur un même banc , tenans même
ligne et mêlez
ensemble , ensorte que'
le
Président du
Parlement avoit après lui
Hij
le
796 MERCURE DE FRANCE
le Président de la Chambre des Comptes ,
le Conseiller de la Cour , un Officier de
la Chambre , et ainsi de suite , tant qu'ils
firent nombre , et ils assisterent à une
Messe chantée en Musique à la Chapelle
de la Vierge , en memoire de l'expulsion
des Anglois du Royaume de France , sous
le Regne de Charles VII. L'origine de
cette cérémonie est , que la nouvelle de
la défaite des Anglois s'étant répanduë
dans Paris , le vendredi d'après Pâques de
Fannée 1436. Messieurs du Parlement et
de la Chambre des Comptes , au milieu
des acclamations du Peuple , se rendirent
confusément , et sans garder entr'eux ni
pas ni rang dans l'Eglise Notre - Dame
poury rendre graces graces à Dieu , devant l'Autel
de la Vierge , de l'heureuse nouvelle
qu'on venoit de leur apprendre.
›
On assure que le Roi a accordé à l'Ordre
Hospitalier du S. Esprit de Montpelier
des Lettres Patentes , portant réiinion
du Prieuré de S. Nicolas de Bar-sur-
Aube à l'Hôpital du S. Esprit de cette
Ville , qui est du même Ordre.
Le 4 Avril , il y eut Concert à la Cour ;
M. Destouches , Sur- Intendant de la Musique
de la Chambre du Roi de semestre ,
fit chanter devant la Reine , dans son Salon
, le Prologue et le premier Acte de
POpera
AVRIL. 1731. 797
par
l'Opera de Thésée , qui fut continué le 9
le second et troisiéme Acte , et le 11.
on finit par le quatrième et le dernier Acte.
La Dile Julie chanta le Rôle de Médée ,
et la Dile Lenner celui d'Eglé , dans les
trois premiers Actes avec beaucoup de
succès ; une indisposition survenue à cette
Actrice l'empêcha de continuer. La Dlle
Pelissier la remplaça ; et y reçût de grands
applaudissemens. Les Sieurs d'Angerville
et Guidon chanterent les Rôles d'Egée et
de Thésée , et les Diles Barbier et Robelin ,
firent les Confidentes , à la satisfaction de
la Reine et de toute la Cour.
! Le 16 , on chanta dans le même Salon
le Prologue et le premier Acte de l'Opera
de Tarsis et Zelie , dont le Poëme est de
M. de la Serre , et la Musique des Sieurs
Rebel et Francoeur.
ศ
9
Le 18 et le 23. on continua le même
Opera , dans lequel les Des Lenner et
Pellissier chanterent les Rôles de Zelie et
d'Arelife avec beaucoup d'applaudissement
, de même que la De Erremens
qui plût infiniment dans le Rôle de la Sybille
, et dans d'autres mòrceaux qu'elle
chanta avec beaucoup de graces et de legereté.
Les deux Auteurs de cet Opera
furent présentez à la Reine par M. Destouches
; ils reçûrent de S. M. des témoignages
pleins de bonté , de la satisfaction
Hiij qu'elle
798 MERCURE DE FRANCE
t
qu'elle avoit eû d'entendre cet Opera
dont l'exécution fut parfaite , et la Musi
que extrêmement goûtée.
pre Le 25. on chanta le Prologue et le
mier Acte d'Atys , qu'on continua le Lundy
, dernier jour du mois.
cérémonie qui se pratique tous
les ans les vendredi de la semaine de Pâ
ques. Messieurs du
Parlement et de la
Chambre des Comptes invitez par les Prevôt
des
Marchandset
Echevins , se rendi- '
rent en robes
ordinaires , et précedez de
leurs huissiers , en l'Eglise de Notre -Da
me , placez sur un même banc , tenans même
ligne et mêlez
ensemble , ensorte que'
le
Président du
Parlement avoit après lui
Hij
le
796 MERCURE DE FRANCE
le Président de la Chambre des Comptes ,
le Conseiller de la Cour , un Officier de
la Chambre , et ainsi de suite , tant qu'ils
firent nombre , et ils assisterent à une
Messe chantée en Musique à la Chapelle
de la Vierge , en memoire de l'expulsion
des Anglois du Royaume de France , sous
le Regne de Charles VII. L'origine de
cette cérémonie est , que la nouvelle de
la défaite des Anglois s'étant répanduë
dans Paris , le vendredi d'après Pâques de
Fannée 1436. Messieurs du Parlement et
de la Chambre des Comptes , au milieu
des acclamations du Peuple , se rendirent
confusément , et sans garder entr'eux ni
pas ni rang dans l'Eglise Notre - Dame
poury rendre graces graces à Dieu , devant l'Autel
de la Vierge , de l'heureuse nouvelle
qu'on venoit de leur apprendre.
›
On assure que le Roi a accordé à l'Ordre
Hospitalier du S. Esprit de Montpelier
des Lettres Patentes , portant réiinion
du Prieuré de S. Nicolas de Bar-sur-
Aube à l'Hôpital du S. Esprit de cette
Ville , qui est du même Ordre.
Le 4 Avril , il y eut Concert à la Cour ;
M. Destouches , Sur- Intendant de la Musique
de la Chambre du Roi de semestre ,
fit chanter devant la Reine , dans son Salon
, le Prologue et le premier Acte de
POpera
AVRIL. 1731. 797
par
l'Opera de Thésée , qui fut continué le 9
le second et troisiéme Acte , et le 11.
on finit par le quatrième et le dernier Acte.
La Dile Julie chanta le Rôle de Médée ,
et la Dile Lenner celui d'Eglé , dans les
trois premiers Actes avec beaucoup de
succès ; une indisposition survenue à cette
Actrice l'empêcha de continuer. La Dlle
Pelissier la remplaça ; et y reçût de grands
applaudissemens. Les Sieurs d'Angerville
et Guidon chanterent les Rôles d'Egée et
de Thésée , et les Diles Barbier et Robelin ,
firent les Confidentes , à la satisfaction de
la Reine et de toute la Cour.
! Le 16 , on chanta dans le même Salon
le Prologue et le premier Acte de l'Opera
de Tarsis et Zelie , dont le Poëme est de
M. de la Serre , et la Musique des Sieurs
Rebel et Francoeur.
ศ
9
Le 18 et le 23. on continua le même
Opera , dans lequel les Des Lenner et
Pellissier chanterent les Rôles de Zelie et
d'Arelife avec beaucoup d'applaudissement
, de même que la De Erremens
qui plût infiniment dans le Rôle de la Sybille
, et dans d'autres mòrceaux qu'elle
chanta avec beaucoup de graces et de legereté.
Les deux Auteurs de cet Opera
furent présentez à la Reine par M. Destouches
; ils reçûrent de S. M. des témoignages
pleins de bonté , de la satisfaction
Hiij qu'elle
798 MERCURE DE FRANCE
t
qu'elle avoit eû d'entendre cet Opera
dont l'exécution fut parfaite , et la Musi
que extrêmement goûtée.
pre Le 25. on chanta le Prologue et le
mier Acte d'Atys , qu'on continua le Lundy
, dernier jour du mois.
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Résumé : Cérémonie du Parlement et de la Chambre des Comptes, [titre d'après la table]
Le texte relate deux événements distincts. Le premier est une cérémonie annuelle se déroulant le vendredi de la semaine de Pâques. Les membres du Parlement et de la Chambre des Comptes, invités par le Prévôt des Marchands et les Échevins, se rendent à l'église Notre-Dame en robes ordinaires pour assister à une messe chantée en musique à la Chapelle de la Vierge. Cette cérémonie commémore l'expulsion des Anglais du Royaume de France en 1436 sous le règne de Charles VII. À l'origine, elle a eu lieu après la nouvelle de cette défaite, lorsque les membres du Parlement et de la Chambre des Comptes se sont rendus à l'église pour rendre grâce à Dieu. Le second événement concerne des concerts à la cour en avril 1731. Le 4 avril, M. Destouches, surintendant de la musique de la Chambre du Roi, fit chanter devant la Reine le prologue et le premier acte de l'opéra 'Thésée'. Les représentations se poursuivirent les 9 et 11 avril, avec les demoiselles Julie, Lenner, Pelissier, ainsi que les sieurs d'Angerville et Guidon dans les rôles principaux. Le 16 avril, le prologue et le premier acte de l'opéra 'Tarsis et Zelie' furent chantés, avec des représentations supplémentaires les 18 et 23 avril. Les demoiselles Lenner, Pellissier et Erremens reçurent des applaudissements. Les auteurs de l'opéra furent présentés à la Reine, qui exprima sa satisfaction. Le 25 avril, le prologue et le premier acte de l'opéra 'Atys' furent chantés, avec la suite des représentations le lundi suivant.
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129
p. 989-991
LE JOUR, CANTATE.
Début :
La Fable qui fournit ordinairement les sujets de Cantate, ne fait point [...]
Mots clefs :
Cantate, Éclore, Nature, Déesse, Sagesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE JOUR, CANTATE.
Lies sujets de Cantate , ne fait point
celui de celle cy. Une simple peinture
des situations du Jour naturel dans les
trois aspects , ausquels on peut se réduire ,
étoit d'abord l'objet de l'Auteur. Ce partage
, qui est aussi celui des Cantates , lui
a donné l'idée d'en faire une qui s'est
trouvée achevée au moyen de trois Ariet
tes qu'il y a ajoûtées.
Morte
LE
JOUR ,
CANTATE.
L'AURORE.
Ortels , c'est trop languir dans les bras diz
sommeil ,
Le Jour va commencer d'éclore ,
Venez, sortez , qu'un prompt réveil ,
Dissipant les erreurs qui vous troublent encore ,
Presente à vos regards le pompeux appareil ,
De la naissance de l'Aurore.
Lir. Tendre Philomele , chantez ;
Eveillez toute la Nature.
Vous
90 MERCURE DE FRANCE
Vous , divine Aurore , arrêtez ;
C'est Flore qui vous en conjure.
Mais , hélas ! déja vous partez !
Tendre Amour , avec moi soyez d'intelligence ,
Déesse brillante , arrêtez !
Cephale dans ces lieux s'avance.
Tendre Philomene , chantez , &
LE MIDT.
Le Dieu dont la sagesse , ainsi que la puissance,
Anime et regle l'Univers ,
Phébus est de retour , et du milieu des airs,
Il verse en tous lieux l'abondance.
Que sur le Mont Sacré ses heureux nourrissons ,
Chantent les biens dont ils jouissent
Que les Peuples se réjouissent ,
1 leur a préparé les plus riches moissons.
Venez , Bacchus , avec Pomone ,
Embellir les Jeux des Mortels !
Celebrez le Fils de Latone ,
C'est le soutien de vos Autels.
Et toi , vole Amour dans nos Fêtes ,
Apollon même fait tes Loix ;
Son exemple dans nos Bois
Favo
AVRIL. 1731. 991
Favorise tes conquêtes.
Venez , Bacchus , avec Pomone , &ç
LE SOIR.
L'Astre qui nous éclaire a dans le sein de l'Onde
Eteint la moitié de ses feux.
Déja la nuit traînant ses voiles ténebreux ,
Partage l'Empire du Monde ;
Et bien-tôt des Oiseaux la troupe vagabonde ;
Va finir ses chants amoureux.
C'est dans ces doux instans , dans ces momen
paisibles ,
Que vous goutez le fruit de vos travaux pénibles,
Bergers heureux , rentrez , et que dans vos Ha
meaux .
La fin du jour s'annonce au son des Chalumeaux }
Air.
Hesperus brille , et dans la Plaine
Les dociles Agneaux ,
Descendus des Côteaux ,
Suivent le Pasteur qui les mene
Heureux s'il les a sauvez tous
De la dent cruelle des Loups !
Mais plus heureux encore
Si celle qu'il adore ,
Le récompense à son retour ,
De ses soins et de son amour !
celui de celle cy. Une simple peinture
des situations du Jour naturel dans les
trois aspects , ausquels on peut se réduire ,
étoit d'abord l'objet de l'Auteur. Ce partage
, qui est aussi celui des Cantates , lui
a donné l'idée d'en faire une qui s'est
trouvée achevée au moyen de trois Ariet
tes qu'il y a ajoûtées.
Morte
LE
JOUR ,
CANTATE.
L'AURORE.
Ortels , c'est trop languir dans les bras diz
sommeil ,
Le Jour va commencer d'éclore ,
Venez, sortez , qu'un prompt réveil ,
Dissipant les erreurs qui vous troublent encore ,
Presente à vos regards le pompeux appareil ,
De la naissance de l'Aurore.
Lir. Tendre Philomele , chantez ;
Eveillez toute la Nature.
Vous
90 MERCURE DE FRANCE
Vous , divine Aurore , arrêtez ;
C'est Flore qui vous en conjure.
Mais , hélas ! déja vous partez !
Tendre Amour , avec moi soyez d'intelligence ,
Déesse brillante , arrêtez !
Cephale dans ces lieux s'avance.
Tendre Philomene , chantez , &
LE MIDT.
Le Dieu dont la sagesse , ainsi que la puissance,
Anime et regle l'Univers ,
Phébus est de retour , et du milieu des airs,
Il verse en tous lieux l'abondance.
Que sur le Mont Sacré ses heureux nourrissons ,
Chantent les biens dont ils jouissent
Que les Peuples se réjouissent ,
1 leur a préparé les plus riches moissons.
Venez , Bacchus , avec Pomone ,
Embellir les Jeux des Mortels !
Celebrez le Fils de Latone ,
C'est le soutien de vos Autels.
Et toi , vole Amour dans nos Fêtes ,
Apollon même fait tes Loix ;
Son exemple dans nos Bois
Favo
AVRIL. 1731. 991
Favorise tes conquêtes.
Venez , Bacchus , avec Pomone , &ç
LE SOIR.
L'Astre qui nous éclaire a dans le sein de l'Onde
Eteint la moitié de ses feux.
Déja la nuit traînant ses voiles ténebreux ,
Partage l'Empire du Monde ;
Et bien-tôt des Oiseaux la troupe vagabonde ;
Va finir ses chants amoureux.
C'est dans ces doux instans , dans ces momen
paisibles ,
Que vous goutez le fruit de vos travaux pénibles,
Bergers heureux , rentrez , et que dans vos Ha
meaux .
La fin du jour s'annonce au son des Chalumeaux }
Air.
Hesperus brille , et dans la Plaine
Les dociles Agneaux ,
Descendus des Côteaux ,
Suivent le Pasteur qui les mene
Heureux s'il les a sauvez tous
De la dent cruelle des Loups !
Mais plus heureux encore
Si celle qu'il adore ,
Le récompense à son retour ,
De ses soins et de son amour !
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Résumé : LE JOUR, CANTATE.
Le texte décrit une cantate structurée en trois arietts, chacune représentant un moment de la journée. La première ariet, 'L'Aurore', invite à se réveiller pour accueillir l'Aurore. Philomèle est appelée à chanter pour éveiller la nature, tandis que Flore tente de retenir l'Aurore sans succès. Amour et Philomèle sont également sollicités pour chanter. La deuxième ariet, 'Le Midi', célèbre le retour du soleil, Phébus, qui apporte abondance et richesse. Les peuples sont invités à se réjouir des moissons et des biens dont ils jouissent. Bacchus et Pomone sont appelés à embellir les jeux des mortels, et Apollon est reconnu comme le soutien des autels. La troisième ariet, 'Le Soir', décrit le coucher du soleil et l'arrivée de la nuit. Les bergers sont invités à rentrer chez eux et à savourer le fruit de leurs travaux. Hesperus brille, et les agneaux suivent le pasteur. Le pasteur est heureux s'il a sauvé tous ses agneaux des loups, mais encore plus heureux s'il est récompensé par l'amour de celle qu'il adore.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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130
p. 1098-1109
Discours sur la Comedie, &c. [titre d'après la table]
Début :
DISCOURS SUR LA COMEDIE, ou Traité Historique et Dogmatique des Jeux de [...]
Mots clefs :
Comédie, Ecriture Sainte, Antiquité ecclésiastique, Jeux de théâtre, Préface, Théologien, Réfutation, Divertissements comiques, Scolastiques, Danse des pantomimes
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texteReconnaissance textuelle : Discours sur la Comedie, &c. [titre d'après la table]
DISCOURS SUR LA COMEDIE , ou Traité
Historique et Dogmatique des Jeux de
Théatre , et autres Divertissemens Comiques
, soufferts ou condamnez depuis le
premier siécle de l'Eglise jusqu'à présent ,
avec un Discours sur les Piéces de Théatre
tirées de l'Ecriture - Sainte . in- 12.
360. pages , sans les Préfaces et la Table
des Matieres. Seconde édition , augmentée
de plus de la moitié . Par le R. P. Le Brun ,
Prêtre de l'Oratoire . A Paris , chez la
veuve Delaune , rae S. Jacques , à l'Empereur
, 1731. in- 12 . de 360 pages , sans
P'Epitre , la Préface et les Tables.
Ĉer Ouvrage avoit déja paru anonime
en 1694. sous ce titre : Discours sur la Comédie
, où l'on voit la Réponse au Théologien
qui la défend , avec l'Histoire du Théatre
, et les sentimens des Docteurs de l'Eglise
MAY. 1731. 1099
se , depuis le premier siécle jusqu'à présent .
C'étoient deux Discours prononcez par
le P. le Brun , au Seminaire de S. Magloire
, le 26 Avril , le 3 et le 7 Mai 1694.
par ordre de M. De Harlay , Archevêque
de Paris , à l'occasion de la Lettre du
P. Caffaro , qui parût à la tête du Théatre
de M. Boursault. Mais quoique le Public
eut bien reçû l'Ouvrage du Pere le
Brun , ce sçavant homme , peu content
de cette ébauche,pensa dès -lors à le perfectionner.
A mesure qu'il étudioit l'Antiquité
Ecclesiastique , il ramassoit ce qui
avoit quelque rapport aux Jeux de Theatre.
C'est ce qui a produit le Traité qu'on
donne aujourd'hui , à l'exception du premier
Discours , où il y a peu d'additions ;
les autres peuvent passer pour entierement
nouveaux par les augmentations considérables
dont ils sont enrichis , l'Auteur
ayant recueilli avec soin ce qu'il a trouvé
depuis Auguste jusqu'à Justinien . L'Editeur
nous apprend qu'il a lui- même inseré
quelques faits que le P. le Brun avoit
oublié , et qu'il a extrait tout ce qui se
trouve contre les divertissemens Comi
dans le Recueil de Rituels et de Statuts
Synodaux , que M. De Launoy a laissé
aux P P. Minimes de la Place Royale.
Le troisiéme Discours , sur les Piéces de
ques
Théa
1100 MERCURE DE FRANCE
Théatre tirées de l'Ecriture , n'avoit point
paru dans la premiere édition , ayant été
prononcé un an après. Il ne contribuë pas
à enrichir celle ci . Donnons une idée
de chacune des parties de cet Ouvrage
en exposant le plan que l'Editeur a
peu
suivi.
>
Après une Préface où l'Editeur rend
compte de plusieurs circonstances nécessaires
à l'intelligence de cet Ouvrage , on
trouve la rétractation que le P. Caffaro
fît de sa Lettre en faveur de la Comédie .
et qu'il envoya à M. De Harlay , dattéc
du 11 Mai 1694. et imprimée à Paris
dans la même année . Comme cette Piéce
est peu connue , et que d'ailleurs l'Ouvrage
du P. Caffaro a fait beaucoup de
bruit , il paroissoit avantageux à la République
des Lettres , et à la mémoire de ce
Theologien , de faire connoître par cette
rétractation et ce désaveu , le mépris qu'il
faisoit lui-même de cet Ouvrage. Et c'est
ce que l'Editeur a fait en la donnant ici
enLatin et enFrançois . Il y a joint une Lettre
du P. le Brun du 20 Mai 1694. dans
laquelle il marque à un de ses amis le
peu d'empressement qu'il avoit à faire
imprimer ses Discours , et où il parle de
la rétractation du P. Caffaro comme d'u
ne Piéce qui le remplit de consolation .
A
M.A Y.
1731 . 1101
l'EA
la suite de cette Letrre est une seconde
Préface , où l'on examine s'il faut , ou
que l'on ferme les Théatres , ouou que
glise cesse de condamner ceux qui les fréquentent
; car tel a été le but du P. le
Brun dans ses Discours de justifier la conduite
de l'Eglise en excommuniant les
Comédiens , et en tolérant ceux qui assistent
aux Spectacles. On y représente le
Théatre comme l'Ecole de l'impureté , la
nourriture des passions , l'assemblage des
ruses du Démon pour les réveiller , où les
yeux sont environnez d'objets séducteurs , les
oreilles ouvertes à des discours souvent obscenes
et toujours prophanes , qui infectent le
coeur et l'esprit.
Cette Préface commence ainsi : Il paroît
bizarre , que dans un Etat Chrétien , on
prêche et on écrive contre la Comédie , qu'on
déclare excommuniez ceux qui font profession
de monter sur le Théatre , et qu'unefoule
de Chrétiens ne laissent pas de s'assembler
presque tous les jours pour applaudir à ces
Excommuniez , & c. Elle est suivie de deux
Discours. Dans le premier , le P. le Brun
s'attache plus particulierement à répondre
à la Lettre du Theologien , défenseur
de la Comédie. Nous souhaitterions que
les bornes d'un Extrait nous permissent
de rapporter ici quelques traits qui fassent
1102 MERCURE DE FRANCE
sent connoître la solidité de cette réfutation.
Nous renvoyons au Livre même , où
le Lecteur verra avec plaisir le Theologien
, défenseur de la Comédie , refuté
en plusieurs endroits par ses propres paroles.
Le second Discours a six parties . Les
trois premieres comprennent l'Histoire
des Jeux de Théatre et autres Divertissemens
Comiques , soufferts ou condamnez
depuis Auguste jusqu'à l'extinction de
l'idolâtrie , au commencement du sixiéme
siècle. La quatriéme comprend le jugement
que les Auteurs , tant sacrés que
profanes ont porté sur les Spectacles , depuis
Auguste jusqu'à Justinien . La cinquiéme
Partie reprend l'Histoire des Jeux
de Théatre à l'extinction de l'idolâtrie , et
la continue jusqu'à la naissance des Scolastiques
; et la derniere comprend l'Histoire
des Jeux de Théatre , depuis les Scholastiques
, c'est-à- dire , depuis le milieu
du XIII . siécle jusqu'à nous.
Le second Discours est suivi d'une Lettre
, où le P. le Brun répond à quelques
difficultez qu'on lui avoit proposées . On
trouve ensuite le troisiéme Discours que
le P. le Brun prononça à S. Magloire en
1695. à l'occasion de la Judith de M. Boyer
de l'Académie Françoise. Il y examine s'il
F
MAY, 1731
1103
y a lieu d'approuver que les Piéces de
Théatre soient tirées de l'Ecriture Sainte.
Ce Discours est divisé en deux parties.
Dans la premiere , le P. le Brun fait voir
que l'Ecriture ne peut paroître sur le
Théatre sans être défigurée et alterée considerablement.
La seconde est employée
à prouver , que quand on feroit quelque
Tragédie où l'Ecriture - Sainte seroit conservée
dans toute sa force et toute sa pureté
, le Théatre des Comédiens ne seroit
point le lieu de les représenter.
,
L'Editeur a placé après ce Discours un
Mandement de M. Fléchier , Evêque de
Nismes , contre les Spectacles , adressé
aux Fideles de son Diocèse le 8 Septembre
1758. On trouve à la fin une Table
Alphabétique des Matieres contenues dans
cer Ouvrage.
On ne peut témoigner à l'Editeur trop
de reconnoissance du soin qu'il a bien
voulu prendre de réunir et de ramasser
des morceaux si précieux. Il est certain
que nous n'avons point encote vû d'ouvrage
plus complet et plus curieux sur
cette matiere ; et on peut dire qu'il fait
honneur à son Auteur , et qu'il répond
parfaitement à la réputation qu'il s'est acquise
d'ailleurs. Nous ne pouvons nous
empêcher de dire en passant que le P. le
Brun
1104 MERCURE DE FRANCE
Brun a refuté par avance le Discours d'un
Auteur récent , défenseur de la Comédie ,
dont nous avons parlé le mois passé. Cet
Auteur qui s'étoit proposé de réfuter
M. le Prince de Conty , M. Bossuet et
M. Nicole , ne les a frappez par aucuns
endroits ; et on remarque qu'il n'a fait ,
pour ainsi dire , que réchauffer et étendre
les raisons du Théologien Apologiste du
Theatre .
L'Editeur avertit le Public dans sa
Préfice qu'il a réservé l'Eloge Historique
du P. le Brun pour un autre Ouvrage du
même Auteur , qui est actuellement sous
presse , et qui a pour titre : Traité du discernement
des effets naturels d'avec ceux qui
ne le sont pas , avec l'Histoire critique des
pratiques superstitieuses qui ont séduit les
Peuples , et qui embarrassent les Sçavans.
Il ajoute qu'outre des augmentations considerables
l'Auteur a refondu entierement
son Ouvrage , et l'a rendu plus . méthodique.
Mais nos Lecteurs ne seroient peut- être
pas contens , si après avoir piqué leur
curiosité sur ce que cet Ouvrage contient
de singulier et de recherché , nous n'entrions
dans quelque détail . Pour les satisfaire
nous allons donner un peu plus
d'étendue à cet Extrait.
›
Dans
>
MAY. 1731. 1105
Dans la premiere partie de l'Histoire
des Jeux de Théatre , l'Auteur remarque
qu'on en vît de très- superbes sous Auguste.
Ce grand Prince les aimoit avec passion
, dit-il , et surtout assûre qu'il ne
dissimuloit pas cette foiblesse. Il inventa
lui- même des Jeux. Pausanias rapporte
au Livre VIII. qu'Auguste fut l'Auteur
de la Danse des Pantomimes , et M. de
Pontac dans les Notes sur la Chronique
d'Eusebe , dit que c'étoit là les Jeux Augustaux
, Ludi Augustales. Cet Empereur
établit quelques Loix touchant les Spectacles.
Il défendit aux jeunes gens de l'un
et de l'autre sexe d'aller à ceux qui se faisoient
la nuit , à moins que de proches
parens âgez ne les y menassent , et il empêcha
que les femmes assistassent jamais
aux Jeux des Athlétes , parce qu'ils combattoient
ordinairement nuds.
A l'égard des Comédiens , il leur prescrivit
des régles , et leur laissa une liberté
dont il ne souffrit pas qu'ils abusassent.
Dès qu'il sçut qu'un Acteur , nommé Stephanion
, avoit pour serviteur une femme
déguisée en garçon , il le fit foüetter par
les trois Théatres de la Ville , et le bannit.
Il ne désaprouvoit pas qu'on siflat les
Acteurs , car il en bannit un de Rome et
de toute l'Italie , pour avoir osé montrer
au
1106 MERCURE DE FRANCE
au doigt un des Spectateurs qui le sifloit,
et on sifloit souvent pour une seule faute
contre la cadence ou contre la quantité.
Quoique Néron ne s'appliquât presque
jamais à mettre l'ordre en aucun endroit,
il se trouva pourtant obligé de chasser
d'Italie tous les Histrions,après leur avoir
donné trop de liberté; mais il voulut aller
lui-même faire le Comédien et le Chantre
dans plusieurs Villes de la Grece, pour
faire paroitre sa belle voix . Il commença
par Naples , qui étoit une Ville Grecque ;
et revenant à Rome , il voulut se montrer
au Théatre. Le Senat , pour éviter l'infamie
dont il s'alloit flétrir , s'il étoit vû sur
la Scene , lui décerna le prix de Musique,
et celui d'Eloquence avant le commencement
des Jeux ; mais Néron prétendoit
l'emporter par son merite , et non pas par
la faveur du Sénat . Il monta donc sur la
Scene , où il récita un Poëme , après quoi
il joüa de la Lyre , obéït à toutes les loix
du Theatre , comme de ne se reposer , de
ne cracher , ni se moucher durant toute
Paction , fléchit un genou et salua l'Assemblée
, en attendant la Sentence des
Juges . Le Peuple , et sur tout les Etrangers
rougirent pour lui d'une telle infamie.
Vespasien témoigna de l'horreur pour
les
MAY. 1731 . 1107
les Jeux des Gladiateurs. Il se plut à ceux
du Théatre , et de son tems les Pantomimes
étoient si fort à la mode , qu'on en
avoit aux funérailles , pour leur faire représenter
les actions de celui qu'on enterroit.
Domitien deffendit aux Danseurs et
Pantomimes de monter sur le Theatre.
Nerva les rétablit . Trajan les supprima
encore , mais on ne sçait pas s'ils furent
bannis des Théatres d'Orient ; on voit
seulement que cet Empereur fit bâtir un
Théatre à Antioche. Cette malheureuse
Ville , si passionnée pour les Spectacles ,
étoit souvent punie par les tremblemens
de terre qui la renversoient presque entierement.
Elle en souffrit un terrible sous
Trajan . En faisant rétablir la Ville , ce
Prince fit aussi rétablir les Théatres.
Adrien batit aussi un grand Théatre aurès
d'Antioche , à la Fontaine de Daphné.
Il avoit fait à cette Fontaine un grand Reservoir
d'eau, qu'on pouvoit voir du Théatre
; et il mit plusieurs Statues en l'honneur
des Naïades , c'est -à- dire des Nimphes
on Déesses de l'eau . Ce fut à ce Réservoir
que l'on s'avisa de faire nager des
femmes pour représenter les Naïades ; ce
que S. Chrysostome condamna avec tant
de zele et d'éloquence ,
HelioT108
MERCURE DE FRANCE
> Heliogabale fit lui - même le Comédien
et ne craignit pas de représenter des fables
avec des nuditez et des peintures deshonêtes
.Il honora les Comédiens, leur donna
des habits de soye , et en choisit un pour
être Prefet du Prétoire.
Alexandre Severe ôta aux Comédiens
les robes précieuses , et ne leur donna ni
or ni argent , mais tout au plus quelques
pieces de monnoye de cuivre. Ce Prince
ne souffrit jamais les divertissemens Sceniques
à sa table. Il aimoit pourtant les
Spectacles , mais sans y faire des largesses ;
il vouloit qu'on traitat toujours comme
des esclaves les Comédiens , et tous ceux
qui servoient aux plaisirs publics.
Les Comédiens eurent un puissant Protecteur
vers la fin du troisiéme siecle , dans
la personne de l'Empereur Carin , etc . Son
regne se distingua par la pompe avec laquelle
il celebra les Jeux Romains . Il y
avoit cent Joueurs de Flute qui s'accordoient
, autant de Sonneurs de Cors , cent
Chantres qui dansoient en même-tems
autant de personnes qui frapoient sur des
Cymbales ,mille Pantomimes et autant de
Luteurs . Le feu ayant pris à une toile
qu'il avoit fait tendre , consuma le Théatre,
que Diocletien fit ensuite rebâtir avec
plus de magnificence. Carin avoit fait venir
MAY. 1731. 1109
nir des Comédiens de tous côtés . Ceux qui
avoient travaillé aux décorations , les Luteurs
, les Histrions , et les Musiciens eurent
en present de l'or et de l'argent , et
des habits de soye .
Ce fut sous l'Empereur Maxime que
Gelasin , Comédien , fut martyrisé à Héliopolis
dans Phénicie . Il s'étoit jetté dans
un bain d'eau tiéde , pour tourner en ridicule
le Baptême des Chrétiens ; au sortir
du bain , il parut habillé de blanc. Alors
il refusa de faire le Comédien ; et adressant
la parole à tout le peuple , il s'écria
qu'il étoit Chrétien , qu'il avoit vu dans
ce bain la redoutable Majesté de Dieu , et
qu'il mourroit Chrétien . Tous les Spectateurs
saisis de fureur , monterent sur le
Théatre , et ayant pris Gelasin , ils le lapiderent.
Nous pourrons donner un second Extrait
de cet Ouvrage, pour ce qui regarde le Theatre
François.
Historique et Dogmatique des Jeux de
Théatre , et autres Divertissemens Comiques
, soufferts ou condamnez depuis le
premier siécle de l'Eglise jusqu'à présent ,
avec un Discours sur les Piéces de Théatre
tirées de l'Ecriture - Sainte . in- 12.
360. pages , sans les Préfaces et la Table
des Matieres. Seconde édition , augmentée
de plus de la moitié . Par le R. P. Le Brun ,
Prêtre de l'Oratoire . A Paris , chez la
veuve Delaune , rae S. Jacques , à l'Empereur
, 1731. in- 12 . de 360 pages , sans
P'Epitre , la Préface et les Tables.
Ĉer Ouvrage avoit déja paru anonime
en 1694. sous ce titre : Discours sur la Comédie
, où l'on voit la Réponse au Théologien
qui la défend , avec l'Histoire du Théatre
, et les sentimens des Docteurs de l'Eglise
MAY. 1731. 1099
se , depuis le premier siécle jusqu'à présent .
C'étoient deux Discours prononcez par
le P. le Brun , au Seminaire de S. Magloire
, le 26 Avril , le 3 et le 7 Mai 1694.
par ordre de M. De Harlay , Archevêque
de Paris , à l'occasion de la Lettre du
P. Caffaro , qui parût à la tête du Théatre
de M. Boursault. Mais quoique le Public
eut bien reçû l'Ouvrage du Pere le
Brun , ce sçavant homme , peu content
de cette ébauche,pensa dès -lors à le perfectionner.
A mesure qu'il étudioit l'Antiquité
Ecclesiastique , il ramassoit ce qui
avoit quelque rapport aux Jeux de Theatre.
C'est ce qui a produit le Traité qu'on
donne aujourd'hui , à l'exception du premier
Discours , où il y a peu d'additions ;
les autres peuvent passer pour entierement
nouveaux par les augmentations considérables
dont ils sont enrichis , l'Auteur
ayant recueilli avec soin ce qu'il a trouvé
depuis Auguste jusqu'à Justinien . L'Editeur
nous apprend qu'il a lui- même inseré
quelques faits que le P. le Brun avoit
oublié , et qu'il a extrait tout ce qui se
trouve contre les divertissemens Comi
dans le Recueil de Rituels et de Statuts
Synodaux , que M. De Launoy a laissé
aux P P. Minimes de la Place Royale.
Le troisiéme Discours , sur les Piéces de
ques
Théa
1100 MERCURE DE FRANCE
Théatre tirées de l'Ecriture , n'avoit point
paru dans la premiere édition , ayant été
prononcé un an après. Il ne contribuë pas
à enrichir celle ci . Donnons une idée
de chacune des parties de cet Ouvrage
en exposant le plan que l'Editeur a
peu
suivi.
>
Après une Préface où l'Editeur rend
compte de plusieurs circonstances nécessaires
à l'intelligence de cet Ouvrage , on
trouve la rétractation que le P. Caffaro
fît de sa Lettre en faveur de la Comédie .
et qu'il envoya à M. De Harlay , dattéc
du 11 Mai 1694. et imprimée à Paris
dans la même année . Comme cette Piéce
est peu connue , et que d'ailleurs l'Ouvrage
du P. Caffaro a fait beaucoup de
bruit , il paroissoit avantageux à la République
des Lettres , et à la mémoire de ce
Theologien , de faire connoître par cette
rétractation et ce désaveu , le mépris qu'il
faisoit lui-même de cet Ouvrage. Et c'est
ce que l'Editeur a fait en la donnant ici
enLatin et enFrançois . Il y a joint une Lettre
du P. le Brun du 20 Mai 1694. dans
laquelle il marque à un de ses amis le
peu d'empressement qu'il avoit à faire
imprimer ses Discours , et où il parle de
la rétractation du P. Caffaro comme d'u
ne Piéce qui le remplit de consolation .
A
M.A Y.
1731 . 1101
l'EA
la suite de cette Letrre est une seconde
Préface , où l'on examine s'il faut , ou
que l'on ferme les Théatres , ouou que
glise cesse de condamner ceux qui les fréquentent
; car tel a été le but du P. le
Brun dans ses Discours de justifier la conduite
de l'Eglise en excommuniant les
Comédiens , et en tolérant ceux qui assistent
aux Spectacles. On y représente le
Théatre comme l'Ecole de l'impureté , la
nourriture des passions , l'assemblage des
ruses du Démon pour les réveiller , où les
yeux sont environnez d'objets séducteurs , les
oreilles ouvertes à des discours souvent obscenes
et toujours prophanes , qui infectent le
coeur et l'esprit.
Cette Préface commence ainsi : Il paroît
bizarre , que dans un Etat Chrétien , on
prêche et on écrive contre la Comédie , qu'on
déclare excommuniez ceux qui font profession
de monter sur le Théatre , et qu'unefoule
de Chrétiens ne laissent pas de s'assembler
presque tous les jours pour applaudir à ces
Excommuniez , & c. Elle est suivie de deux
Discours. Dans le premier , le P. le Brun
s'attache plus particulierement à répondre
à la Lettre du Theologien , défenseur
de la Comédie. Nous souhaitterions que
les bornes d'un Extrait nous permissent
de rapporter ici quelques traits qui fassent
1102 MERCURE DE FRANCE
sent connoître la solidité de cette réfutation.
Nous renvoyons au Livre même , où
le Lecteur verra avec plaisir le Theologien
, défenseur de la Comédie , refuté
en plusieurs endroits par ses propres paroles.
Le second Discours a six parties . Les
trois premieres comprennent l'Histoire
des Jeux de Théatre et autres Divertissemens
Comiques , soufferts ou condamnez
depuis Auguste jusqu'à l'extinction de
l'idolâtrie , au commencement du sixiéme
siècle. La quatriéme comprend le jugement
que les Auteurs , tant sacrés que
profanes ont porté sur les Spectacles , depuis
Auguste jusqu'à Justinien . La cinquiéme
Partie reprend l'Histoire des Jeux
de Théatre à l'extinction de l'idolâtrie , et
la continue jusqu'à la naissance des Scolastiques
; et la derniere comprend l'Histoire
des Jeux de Théatre , depuis les Scholastiques
, c'est-à- dire , depuis le milieu
du XIII . siécle jusqu'à nous.
Le second Discours est suivi d'une Lettre
, où le P. le Brun répond à quelques
difficultez qu'on lui avoit proposées . On
trouve ensuite le troisiéme Discours que
le P. le Brun prononça à S. Magloire en
1695. à l'occasion de la Judith de M. Boyer
de l'Académie Françoise. Il y examine s'il
F
MAY, 1731
1103
y a lieu d'approuver que les Piéces de
Théatre soient tirées de l'Ecriture Sainte.
Ce Discours est divisé en deux parties.
Dans la premiere , le P. le Brun fait voir
que l'Ecriture ne peut paroître sur le
Théatre sans être défigurée et alterée considerablement.
La seconde est employée
à prouver , que quand on feroit quelque
Tragédie où l'Ecriture - Sainte seroit conservée
dans toute sa force et toute sa pureté
, le Théatre des Comédiens ne seroit
point le lieu de les représenter.
,
L'Editeur a placé après ce Discours un
Mandement de M. Fléchier , Evêque de
Nismes , contre les Spectacles , adressé
aux Fideles de son Diocèse le 8 Septembre
1758. On trouve à la fin une Table
Alphabétique des Matieres contenues dans
cer Ouvrage.
On ne peut témoigner à l'Editeur trop
de reconnoissance du soin qu'il a bien
voulu prendre de réunir et de ramasser
des morceaux si précieux. Il est certain
que nous n'avons point encote vû d'ouvrage
plus complet et plus curieux sur
cette matiere ; et on peut dire qu'il fait
honneur à son Auteur , et qu'il répond
parfaitement à la réputation qu'il s'est acquise
d'ailleurs. Nous ne pouvons nous
empêcher de dire en passant que le P. le
Brun
1104 MERCURE DE FRANCE
Brun a refuté par avance le Discours d'un
Auteur récent , défenseur de la Comédie ,
dont nous avons parlé le mois passé. Cet
Auteur qui s'étoit proposé de réfuter
M. le Prince de Conty , M. Bossuet et
M. Nicole , ne les a frappez par aucuns
endroits ; et on remarque qu'il n'a fait ,
pour ainsi dire , que réchauffer et étendre
les raisons du Théologien Apologiste du
Theatre .
L'Editeur avertit le Public dans sa
Préfice qu'il a réservé l'Eloge Historique
du P. le Brun pour un autre Ouvrage du
même Auteur , qui est actuellement sous
presse , et qui a pour titre : Traité du discernement
des effets naturels d'avec ceux qui
ne le sont pas , avec l'Histoire critique des
pratiques superstitieuses qui ont séduit les
Peuples , et qui embarrassent les Sçavans.
Il ajoute qu'outre des augmentations considerables
l'Auteur a refondu entierement
son Ouvrage , et l'a rendu plus . méthodique.
Mais nos Lecteurs ne seroient peut- être
pas contens , si après avoir piqué leur
curiosité sur ce que cet Ouvrage contient
de singulier et de recherché , nous n'entrions
dans quelque détail . Pour les satisfaire
nous allons donner un peu plus
d'étendue à cet Extrait.
›
Dans
>
MAY. 1731. 1105
Dans la premiere partie de l'Histoire
des Jeux de Théatre , l'Auteur remarque
qu'on en vît de très- superbes sous Auguste.
Ce grand Prince les aimoit avec passion
, dit-il , et surtout assûre qu'il ne
dissimuloit pas cette foiblesse. Il inventa
lui- même des Jeux. Pausanias rapporte
au Livre VIII. qu'Auguste fut l'Auteur
de la Danse des Pantomimes , et M. de
Pontac dans les Notes sur la Chronique
d'Eusebe , dit que c'étoit là les Jeux Augustaux
, Ludi Augustales. Cet Empereur
établit quelques Loix touchant les Spectacles.
Il défendit aux jeunes gens de l'un
et de l'autre sexe d'aller à ceux qui se faisoient
la nuit , à moins que de proches
parens âgez ne les y menassent , et il empêcha
que les femmes assistassent jamais
aux Jeux des Athlétes , parce qu'ils combattoient
ordinairement nuds.
A l'égard des Comédiens , il leur prescrivit
des régles , et leur laissa une liberté
dont il ne souffrit pas qu'ils abusassent.
Dès qu'il sçut qu'un Acteur , nommé Stephanion
, avoit pour serviteur une femme
déguisée en garçon , il le fit foüetter par
les trois Théatres de la Ville , et le bannit.
Il ne désaprouvoit pas qu'on siflat les
Acteurs , car il en bannit un de Rome et
de toute l'Italie , pour avoir osé montrer
au
1106 MERCURE DE FRANCE
au doigt un des Spectateurs qui le sifloit,
et on sifloit souvent pour une seule faute
contre la cadence ou contre la quantité.
Quoique Néron ne s'appliquât presque
jamais à mettre l'ordre en aucun endroit,
il se trouva pourtant obligé de chasser
d'Italie tous les Histrions,après leur avoir
donné trop de liberté; mais il voulut aller
lui-même faire le Comédien et le Chantre
dans plusieurs Villes de la Grece, pour
faire paroitre sa belle voix . Il commença
par Naples , qui étoit une Ville Grecque ;
et revenant à Rome , il voulut se montrer
au Théatre. Le Senat , pour éviter l'infamie
dont il s'alloit flétrir , s'il étoit vû sur
la Scene , lui décerna le prix de Musique,
et celui d'Eloquence avant le commencement
des Jeux ; mais Néron prétendoit
l'emporter par son merite , et non pas par
la faveur du Sénat . Il monta donc sur la
Scene , où il récita un Poëme , après quoi
il joüa de la Lyre , obéït à toutes les loix
du Theatre , comme de ne se reposer , de
ne cracher , ni se moucher durant toute
Paction , fléchit un genou et salua l'Assemblée
, en attendant la Sentence des
Juges . Le Peuple , et sur tout les Etrangers
rougirent pour lui d'une telle infamie.
Vespasien témoigna de l'horreur pour
les
MAY. 1731 . 1107
les Jeux des Gladiateurs. Il se plut à ceux
du Théatre , et de son tems les Pantomimes
étoient si fort à la mode , qu'on en
avoit aux funérailles , pour leur faire représenter
les actions de celui qu'on enterroit.
Domitien deffendit aux Danseurs et
Pantomimes de monter sur le Theatre.
Nerva les rétablit . Trajan les supprima
encore , mais on ne sçait pas s'ils furent
bannis des Théatres d'Orient ; on voit
seulement que cet Empereur fit bâtir un
Théatre à Antioche. Cette malheureuse
Ville , si passionnée pour les Spectacles ,
étoit souvent punie par les tremblemens
de terre qui la renversoient presque entierement.
Elle en souffrit un terrible sous
Trajan . En faisant rétablir la Ville , ce
Prince fit aussi rétablir les Théatres.
Adrien batit aussi un grand Théatre aurès
d'Antioche , à la Fontaine de Daphné.
Il avoit fait à cette Fontaine un grand Reservoir
d'eau, qu'on pouvoit voir du Théatre
; et il mit plusieurs Statues en l'honneur
des Naïades , c'est -à- dire des Nimphes
on Déesses de l'eau . Ce fut à ce Réservoir
que l'on s'avisa de faire nager des
femmes pour représenter les Naïades ; ce
que S. Chrysostome condamna avec tant
de zele et d'éloquence ,
HelioT108
MERCURE DE FRANCE
> Heliogabale fit lui - même le Comédien
et ne craignit pas de représenter des fables
avec des nuditez et des peintures deshonêtes
.Il honora les Comédiens, leur donna
des habits de soye , et en choisit un pour
être Prefet du Prétoire.
Alexandre Severe ôta aux Comédiens
les robes précieuses , et ne leur donna ni
or ni argent , mais tout au plus quelques
pieces de monnoye de cuivre. Ce Prince
ne souffrit jamais les divertissemens Sceniques
à sa table. Il aimoit pourtant les
Spectacles , mais sans y faire des largesses ;
il vouloit qu'on traitat toujours comme
des esclaves les Comédiens , et tous ceux
qui servoient aux plaisirs publics.
Les Comédiens eurent un puissant Protecteur
vers la fin du troisiéme siecle , dans
la personne de l'Empereur Carin , etc . Son
regne se distingua par la pompe avec laquelle
il celebra les Jeux Romains . Il y
avoit cent Joueurs de Flute qui s'accordoient
, autant de Sonneurs de Cors , cent
Chantres qui dansoient en même-tems
autant de personnes qui frapoient sur des
Cymbales ,mille Pantomimes et autant de
Luteurs . Le feu ayant pris à une toile
qu'il avoit fait tendre , consuma le Théatre,
que Diocletien fit ensuite rebâtir avec
plus de magnificence. Carin avoit fait venir
MAY. 1731. 1109
nir des Comédiens de tous côtés . Ceux qui
avoient travaillé aux décorations , les Luteurs
, les Histrions , et les Musiciens eurent
en present de l'or et de l'argent , et
des habits de soye .
Ce fut sous l'Empereur Maxime que
Gelasin , Comédien , fut martyrisé à Héliopolis
dans Phénicie . Il s'étoit jetté dans
un bain d'eau tiéde , pour tourner en ridicule
le Baptême des Chrétiens ; au sortir
du bain , il parut habillé de blanc. Alors
il refusa de faire le Comédien ; et adressant
la parole à tout le peuple , il s'écria
qu'il étoit Chrétien , qu'il avoit vu dans
ce bain la redoutable Majesté de Dieu , et
qu'il mourroit Chrétien . Tous les Spectateurs
saisis de fureur , monterent sur le
Théatre , et ayant pris Gelasin , ils le lapiderent.
Nous pourrons donner un second Extrait
de cet Ouvrage, pour ce qui regarde le Theatre
François.
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Résumé : Discours sur la Comedie, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente une œuvre intitulée 'Discours sur la Comédie, ou Traité Historique et Dogmatique des Jeux de Théâtre, et autres Divertissements Comiques', écrite par le Père Le Brun, prêtre de l'Oratoire. Publiée en 1731, cette seconde édition augmentée d'un ouvrage initialement paru anonymement en 1694, explore l'histoire et les jugements des jeux de théâtre depuis le premier siècle de l'Église jusqu'au XVIIIe siècle. Le livre, composé de 360 pages, est structuré en plusieurs parties : une préface, la rétractation du Père Caffaro, une lettre de Le Brun, et deux discours. En 1694, à la demande de l'archevêque de Paris, M. De Harlay, Le Brun a prononcé deux discours au Séminaire de Saint-Magloire en réponse à une lettre du Père Caffaro défendant la comédie. Insatisfait de cette première version, Le Brun a perfectionné son ouvrage en étudiant l'antiquité ecclésiastique et en recueillant des informations sur les jeux de théâtre depuis Auguste jusqu'à Justinien. L'éditeur a ajouté des faits oubliés par Le Brun et des extraits de recueils de rituels et de statuts synodaux. Le premier discours répond à la lettre d'un théologien défenseur de la comédie. Le second discours, en six parties, couvre l'histoire des jeux de théâtre depuis Auguste jusqu'au XVIIIe siècle, ainsi que les jugements des auteurs sacrés et profanes sur les spectacles. Un troisième discours, prononcé en 1695, examine l'opportunité de représenter des pièces de théâtre tirées de l'Écriture Sainte. Le texte mentionne également plusieurs empereurs romains et leurs relations avec les spectacles théâtraux, tels qu'Auguste, Néron, Vespasien, Domitien, Trajan, Adrien, Héliogabale, Alexandre Sévère, et Carin. Chaque empereur est décrit en fonction de son attitude envers les jeux de théâtre, allant de l'approbation à la répression. Par exemple, Carin avait fait venir des comédiens de divers endroits et leur avait offert des présents d'or, d'argent et des habits de soie. Sous l'empereur Maxime, le comédien Gelasin fut martyrisé à Héliopolis en Phénicie pour avoir affirmé sa foi chrétienne après une mise en scène moqueuse du baptême. Le texte se conclut par un mandement de l'évêque de Nîmes contre les spectacles et une table alphabétique des matières.
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131
p. 1173-1175
« Le premier May, les Hautbois de la Chambre du Roy joüerent au levé de [...] »
Début :
Le premier May, les Hautbois de la Chambre du Roy joüerent au levé de [...]
Mots clefs :
Roi, Chanter, Symphonie, Concert, Reine, Ballet, Entrée, Fête, Motet, Destouches
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texteReconnaissance textuelle : « Le premier May, les Hautbois de la Chambre du Roy joüerent au levé de [...] »
Le premier May , les Hautbois de la
Chambre du Roy joüerent au levé de :
Sa Majesté , plusieurs airs de Symphonie
de M. de Lully , et les 24. Violons
de la Chambre donnerent au diné du Roy
une suite de symphonie de la composition
de
1174 MERCURE DE FRANCE
de M. Destouches Sur Intendant de la
Musique du Roy en Semestre , dont l'execution
fût trés brillante .
Le s . il y eût Concert à Marly , on y
chanta les deux derniers Actes de l'Opera'd'Atys.
Le 7 , on chanta devant la Reyne le
Prologue du Balet des Stratagêmes de
l'Amour , dont les vers sont de M. Roy ,
et la Musique de M. Destouches . Ce Prologue
, fait à l'occasion du mariage de L.
M. fut chanté par la Dile. Lenner qui fit
le Rôle de la Prétresse de la Gloire , avec
tout le succès qu'on en pouvoit attendre ,
les Choeur et les Symphonies firent le
même plaisir.
Le 16 , on chanta devant la Reyne la
premiere Entrée du même Balet , intitulée
Scamandre , dont le Rôle fût rempli
par le sieur d'Angerville , et celui de-
Callirée par la Die Barbier , ces deux sujets
rendirent ccs Caractéres avec beaud'Art.
coup
·
Le 19 , on donna la seconde Entrée ,
qui a pour titre les Abderites , le sieur
Guedon y chinta le Rôle de Timante , le
sieurLe Prince celuy d'Iphis , et la Dlle
Couvassier c lui d'Irene , dans lequelelle
plût infiniment.
Le 21 , on finit le Balet par la troisiéme
MAY. 1735. 1175
me Entrée intitulée la Fête de Philotis ; la
Die Lenner et le sieur d'Argervile chanterent
les Rôles d'Albine et d'Emile au
contentement de la Reyne et de toute la
Cour , et le sieur Le Prince fit le Rôle de
Lycas , avec autant de précision que de
legereté .
Le 3. jour Fêre de l'Ascension , et le 1 3 .
Fête de la Pentecôte , il y eût Concert spirituel
au Château des Thuilleries ; on y
chanta differents Motets de M. de la Lande
qui furent parfaitement bien executés,
de même que d'autres petits Motets à une
et deux voix de differents Auteurs.
Le 24 , jour de la Fête- Dieu , on chanta
Exaltabo te Deus , Motet de M. de la
Lande , et Venite exultemus , du sieur du
Bous et. Les Diles. Erremens et Lenner ,
chanterent O Sacrum convivium , Motet
de M. Mouret , qui fût trés aplaudi , de
même qu'un autre petit Motet de M. le
Maire , chanté par la Dlle . Petit- pas ; ce
dernier Concert fût terminé par le Te
Deum de M. de la Lande ,avec Timballes
et Trompettes , précedé d'une trés belle
Symphonie.
Le 8. de ce mois , les Officiers des Gardes
du Corps allerent par la premiere fois
prendre l'Ordre de M. le Dauphin , en
l'absence du Roy.
Chambre du Roy joüerent au levé de :
Sa Majesté , plusieurs airs de Symphonie
de M. de Lully , et les 24. Violons
de la Chambre donnerent au diné du Roy
une suite de symphonie de la composition
de
1174 MERCURE DE FRANCE
de M. Destouches Sur Intendant de la
Musique du Roy en Semestre , dont l'execution
fût trés brillante .
Le s . il y eût Concert à Marly , on y
chanta les deux derniers Actes de l'Opera'd'Atys.
Le 7 , on chanta devant la Reyne le
Prologue du Balet des Stratagêmes de
l'Amour , dont les vers sont de M. Roy ,
et la Musique de M. Destouches . Ce Prologue
, fait à l'occasion du mariage de L.
M. fut chanté par la Dile. Lenner qui fit
le Rôle de la Prétresse de la Gloire , avec
tout le succès qu'on en pouvoit attendre ,
les Choeur et les Symphonies firent le
même plaisir.
Le 16 , on chanta devant la Reyne la
premiere Entrée du même Balet , intitulée
Scamandre , dont le Rôle fût rempli
par le sieur d'Angerville , et celui de-
Callirée par la Die Barbier , ces deux sujets
rendirent ccs Caractéres avec beaud'Art.
coup
·
Le 19 , on donna la seconde Entrée ,
qui a pour titre les Abderites , le sieur
Guedon y chinta le Rôle de Timante , le
sieurLe Prince celuy d'Iphis , et la Dlle
Couvassier c lui d'Irene , dans lequelelle
plût infiniment.
Le 21 , on finit le Balet par la troisiéme
MAY. 1735. 1175
me Entrée intitulée la Fête de Philotis ; la
Die Lenner et le sieur d'Argervile chanterent
les Rôles d'Albine et d'Emile au
contentement de la Reyne et de toute la
Cour , et le sieur Le Prince fit le Rôle de
Lycas , avec autant de précision que de
legereté .
Le 3. jour Fêre de l'Ascension , et le 1 3 .
Fête de la Pentecôte , il y eût Concert spirituel
au Château des Thuilleries ; on y
chanta differents Motets de M. de la Lande
qui furent parfaitement bien executés,
de même que d'autres petits Motets à une
et deux voix de differents Auteurs.
Le 24 , jour de la Fête- Dieu , on chanta
Exaltabo te Deus , Motet de M. de la
Lande , et Venite exultemus , du sieur du
Bous et. Les Diles. Erremens et Lenner ,
chanterent O Sacrum convivium , Motet
de M. Mouret , qui fût trés aplaudi , de
même qu'un autre petit Motet de M. le
Maire , chanté par la Dlle . Petit- pas ; ce
dernier Concert fût terminé par le Te
Deum de M. de la Lande ,avec Timballes
et Trompettes , précedé d'une trés belle
Symphonie.
Le 8. de ce mois , les Officiers des Gardes
du Corps allerent par la premiere fois
prendre l'Ordre de M. le Dauphin , en
l'absence du Roy.
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Résumé : « Le premier May, les Hautbois de la Chambre du Roy joüerent au levé de [...] »
Du 1er au 24 juin, plusieurs événements musicaux eurent lieu à la cour du Roi. Le 1er mai, les Hautbois de la Chambre du Roi jouèrent des symphonies de Lully au lever du Roi, et les Violons de la Chambre exécutèrent une suite de symphonies de Destouches lors du dîner du Roi. Le 5 mai, un concert à Marly présenta les deux derniers actes de l'opéra 'Atys'. Le 7 mai, le Prologue du Ballet des Stratagèmes de l'Amour, avec des vers de Roy et la musique de Destouches, fut chanté devant la Reine par Lenner. Les 16, 19 et 21 mai, différentes entrées du même ballet furent interprétées devant la Reine, avec des rôles joués par plusieurs artistes. Le 3 juin, jour de l'Ascension, et le 13 juin, jour de la Pentecôte, des concerts spirituels eurent lieu aux Tuileries avec des motets de La Lande et d'autres auteurs. Le 24 juin, jour de la Fête-Dieu, plusieurs motets furent chantés, dont ceux de La Lande, Du Bousset et Mouret, interprétés par Erremens et Lenner. Le concert se termina par le Te Deum de La Lande avec timbales et trompettes. Le 8 juin, les Officiers des Gardes du Corps prirent l'Ordre du Dauphin en l'absence du Roi.
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132
p. 1678-1683
SENTIMENS D'UN IROQUOIS À la vûë des diverses Marchandises étalées à une Foire de France. Sur l'Air : Iris, je ne sçais comment, &c. Par le P. P. B. F.
Début :
A La Foire me voici, [...]
Mots clefs :
Iroquois, Marchandises, Foire, Emplette, prévaricateur, Beaux parleurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SENTIMENS D'UN IROQUOIS À la vûë des diverses Marchandises étalées à une Foire de France. Sur l'Air : Iris, je ne sçais comment, &c. Par le P. P. B. F.
Mercure.
EPITA PHE ,
D'UN AVARE.
Par M. de Malerais de la Vigne.
CY gât un homme peu chrétien
Dont l'avarice étoit extrême
Le
JUILLET . 1731 . 1663
Le bien des autres fût le sien ,
Et jamais il ne prêta rien ,
Qu'au denier
même.
quatre ou cinq , fût-ce à son Pere
Mets l'oreille à sa Tombe, ô Passant , et fremis ;
Ses os s'entrefroissant font un affreux murmure,
Et semblent s'irriter que tu fasses lecture ,
De son Epitaphe gratis.
AUTRE EPITAPHE
D'UN PRETENDU BEL ESPRIT.
Par la Même.
CYgit qui s'estimoit l'Arbitre des Arbitres ;
De la Langue au hazard il décidoit les cas ;
Qui le contredisoit ne s'y connoissoit pas ;
Des Livres il sçût tous les titres ,
Et ne lût que les Almanachs .
***:****XXX :XXXXX
ECLAIRCISSEMENS demandés
>
par
une Lettre écrite de Soissons , inserée dans
le Mercure d'Avril 1731. sur la Vie de
Saint Front on Frontor
L paroît un peu singulier qu'on démande
desEclaircissemens sur un Saint Im
aussi
1670 MERCURE DE FRANCEaussi
connu que S. Fronton, Saint, qu'une
Eglise de ce Royaume reconnoît pour
son Fondateur , et pour son Apôtre ,
sans que la Critique ait encore ose le lui
disputer. Il est parlé de ce Saint dans tous
les Martyrologes au 25. d'Octobre , dans
le Martyrologe Romain , dans ceux de
France et d'Espagne , dans Baronius ,
dans Surius , dans Ribadeneira &c. Cependant
nous exposerons ici avec la briéveté
requise , ce que nous en apprenons
dans les Actes de sa vie, rapportés par M.
Bosquet dans son Histoire de l'Eglise
Gallicane.
Saint Front , ou Fronton , que quelques
uns font naître à Perigueux , d'autres
en Orient , ayant été connu de Saint
Pierre dans un Voyage qu'il fit à Rome ,
et en ayant été jugé digne de porter la
foy parmi les Idolatres , ce Prince des
Apôtres l'envoya dans les Gaules avec un
compagnon , nommé Georges , pour y
publier l'Evangile . Ces deux hommes
Apostoliques aprés beaucoup de Stations
faites dans les lieux de leur passage pour
y semer la parole de Dieu , arriverent à
Perigueux. Ce fut là qu'ils s'arrêterent
davantage , et que le Champ répondant
aux soins du Laboureur , la Moisson devint
bientôt trés-abondante. L'Evangile
JUILLET. 1731. 1871
y fit en peu de tems un progrés considerable.
Il y avoit alors un Gouverneur
en Perigord , nommé Squirius , homme
fort attaché à l'Idolâtrie. Cet homme
politique ou superstitieux s'efforça d'arrêter
le progrès d'une Religion incompatible
avec celle de ses Peres ; il fit arrêter
pour cela un grand nombre de fideles
; il emprisonnà les uns , il exila les
autres , il en fit mourir plusieurs la
persecution augmentant tous les jours
força bientôt le reste des Fideles à chercher
dans la fuite une ressource contre
les vives poursuites du Gouverneur .
Les Fideles allerent donc se cacher dans
un Desert voisin de la Riviere de Dordogne
, avec leur Pasteur qu'ils entraînerent
avec eux : Saint Fronton chassa de
cet endroit un Dragon qui infectoit tout
le Pays.
par
fin
des menaces ,
par
par
Mais Dieu qui vouloit établir son culte
dans cette Province , força le Gouverneur
des fleaux , et endes
avis qu'il lui donna en songe,
de plier sous le joug de la Foy.La paix fût
rendue à cette Eglise naissante . Le Gouverneur
alla lui -même chercher S. Fronton
dans le Desert , il ramena avec lui
le Pasteur et le Troupeau. S. Fronton
bâtit ensuite à Perigueux , du consentement
1672 MERCURE DE FRANCE
ment du Gouverneur une Eglise en l'honncur
de S. Etienne , premier Martyr.
Quand S. Fronton vit cette Eglise suffisamment
affermie , il y laissa un Disciple
nommé Anien pour la gouverner
pendant son absence , et envoya son compagnon
au Puy - en -Velay , où S. George
fonda une nouvelle Eglise dont il fût le
premier Evêque . Pour S. Fronton il alla
prêcher l'Evangile dans la Saintonge et
dans le Poitou ; il passa même par Paris
et pénetra jusques dans le Beauvaisis et
dans le Soissonnois. On voit encore dans
le Diocèse de Soissons unChâteau appellé
Neulli Saint Front , ce qui porteroit à
croire que ce qu'on dit des Voyages de
ce Saint n'est pas sans fondement. Quoyqu'il
en soit , S. Fronton aprés être retourné
dans son Diocèse , passa dans un
autre Voyage par les Villes de Bourdeaux
et de Bayonne , et s'avança jusqu'à Valance
en Espagne. Enfin fatigué , épuisé par
son grand âge et par ses travaux , il rétourna
dans son Siege,où il y mourut en
paix. On rapporte de lui plusieurs Miracles.
En voilà assés sur les Actes de S. Fronton,
premiet Evêque de Perigueux. Il ne
faut pas le confondre avec un aurre Saint
Fronton , Abbé , marqué au 14. Avril
dans
JUILLET. 1731. 1673
'dans le petit ouvrage intitulé * Fasti Mariani
, que l'Auteur Jesuite , dit avoir tiré
de la vie des Peres.
Cependant comme les Actes de Saint
Fronton , Fondateur de l'Eglise de Perigueux
, ont été rejettés par plusieurs critiques
, et en particulier par M. M. de
Tillemont et Baillet , nous rapporterons
ici en peu de mots ce qu'en dit ce dernier,
soit dans les Notes qu'il a mises au commencement
du mois d'Octobre , soit dans
ce qu'il dit de la vie de ce Saint au 25 .
du même mois.
Il commence la vie de S. Front par le
reconnoître pour l'Apôtre de Perigueux :
mais il a soin de mettre à la
marge , 3 .
ou 4. Siecle , ce qui ruine absolument
tout ce qu'on dit de son Voyage à Rome ,
et de sa mission dans les Gaules par Saint
Pierre , & c .
On ne peut , dit- il , entrer dans aucun
détail des actions de ce Saint , ni so
flatter même d'en pouvoir produire dont
on soit assuré , si l'on en excepte la conversion
du Peuple de Perigueux , qu'on
a tout sujet de regarder comme le fruit
de ses travaux et de ses souffrances . Tout
a paru , continue- t-il, tellement insoûtena-
1. Vol 1 Antuerpia 1633-
C
1674 MERCURE DE FRANCE
ble dans les premiers Actes qu'on avoit
publiés de sa vie , qu'on s'est crû obligé
d'en composer d'autres , qui sont cependant
tombés comme les premiers.
M. Baillet regarde aussi comme douteuse
la Tradition qui lui donne pour
compagnon dans ses travaux Apostoliques
un Prêtre , nommé George , aussi - bien
que la fondation de l'Eglise du Puy- en-
Velay,que la même Tradition fait remonter
comme celle de Perigueux au premier
Siecle.
Tous les Actes s'accordent à le faire
mourir en paix. Mais il n'en faut pas conclure
, ajoûte M. Baillet , qu'il ne soit
venu en Perigord qu'aprés la paix donnée
à l'Eglise par Constantin , à moins qu'on
ne voulût raisonner de même de S. Marrial
de Limoges , de S. Julien du Mans ,
de S. Gatien de Tours , et de beaucoup
d'autres Confesseurs , à qui les Payens
n'ont point ôté la vie.
La Fête de S, Fronton est marquée au
25. d'Octobre dans les Martyrologes
d'Adon et d'Usuard , en quoy on les a
suivis dans le Romain moderne. On dit
que le corps de S. Front fût trouvé quelques
années aprés la mort de Clovis I. et
transporté dans une Eglise que fit bâtir
en son honneur Chronope , Evêque de
Perigueux
JUILLET. 1731. 1875
Perigueux , du tems duquel la Ville passa
de la domination des Wisigoths sous
celle des François. On fait Mémoire de
cette Translation le 14. d'Octobre.
M. Baillet dit que les Actes de la vie
de ce Saint furent publiés par M. Bosquet
,dans la deuxième partie de son Histoire
de l'Eglise Gallicane , liv . 5. pag. ș.
ils ont été vûs , ajoûte t-il , par Adon de
Vienne ; ainsi ils ne peuvent être
rieurs au IX. Siecle.
poste
M. de Tillemont, Tom. 4. pag. 502. les
tient tout-à- fait insoutenables, tant pour
le fond que pour la composition. Un
Abbé de Solignac dans le Concile de Lis
moges , tenu l'an 1031. les rejetta devant
toute l'Assemblée , comme une fausse Piece
, et soutint que s'étoit une Fable composée
par un Gausbert Chorévêque de
Limoges , qui l'avoit faite même pour en
tirer de l'argent. Depuis l'onzième Siecle ,
comme on ne voyoit plus d'apparence à
soutenir cette Histoire de S. Front , on
en inventa une autre sous le nom des
Evêques ses Successeurs . Mais cette Piece,
dont M. Bosquet a donné l'Extrait , est
encore plus ridicule que la premiere , au
jugement du même M. de Tillemont.
Voilà ce qu'on peut recueillir de divers
Auteurs sur la vie de S. Front ; mais
Cij
comme
1676 MERCURE DE FRANCE
comme il nous est venu un Mémoire
d'un autre Endroit sur le même sujet ,
posterieur à la Lettre de Soissons , dans
lequel on demande plusieurs autres Eclaircissemens
, nous ajoûterons ici le précis
de ce Mémoire.
On demande d'abord si l'Auteur de
la Lettre inserée dans le Mercure d'Avril
travaille au Breviaire de ce Diocèse. On
prie ensuite de s'informer par la voye du
Mercure , de Messieurs de Perigueux ,
19. Si la Tradition de leur Eglise n'est pas
que le corps entier de S. Front y étoit
conservé lorsque les Calvinistes la pille-`
rent. 29. Si l'on a des preuves que la
Translation de ce corps ait été faite un
peu aprés l'an 1441. comme il paroît
qu'elle a dû être faite par une Bulle du
Pape Eugene IV. qui est dans le Gallia
Christiana.
Nous remarquerons sur ce second article
, qu'il faudroit donc supposer qu'il
eût été fait deux Translations du corps de
ce Saint , puisque M. Baillet parle d'une
Translation qu'on croit avoir été faite
vers la fin du cinquiéme Siecle , ou au
Commencement du sixième.
3º . s'il n'est rien échappé des Reliques
de ce Saint Evêque depuis le pillage des
Calvinistes , et supposé que l'on ait sauvé
quelques
JUILLET. 1731. 1677.
quelques parties de son corps , quelles
sont ces parties ? et en quelles Eglises elles
sont ? 4°. Si l'on a eu le Chef de ce Saint
enchassé en entier avec le refte du corps ,
ou séparement. 5º . En quels jours se celebrent
les Fêtes de la Translation du
corps ou des Reliques de ce même Saint.
Nous avons satisfait en partie à ce dernier
Article, en rapportant aprés M. Baillet
, qu'on fait la Fête de sa Translation
le 14. Octobre . L'Auteur de ce nouveau
Mémoire paroît avoir quelques
Eclaircissemens plus particuliers à donner
au Public sur la vie de S. Fronton.
Il y a lieu d'esperer que M M. de Perigueux
n'oublieront pas de contribuer, de
tout leur pouvoir à ce qui peut faire honneur
à la mémoire de leur Saint Apôtre ,
et qu'ils voudront bien exposer la Tradition
de leur Eglise sur les Articles de
ce dernier Mémoire.
Ciliijj . SENTI
1778 MERCURE DE FRANCE
SENTIMENS
D'UN IROQUOIS ,
A la vûë des diverses Marchandises étalées
à une Foire de France.
Sur l'Air : Iris , je ne sçais comment , &
Par le P P. B. 7.
'A La Foire me voici
Dieu ! quel monde est celui- cy !
Je ne vois que gens ,
Allans et vénans ;
Chacun fait son emplette ::2
Je vois qu'on offre tout ceans ,
Mais il faut qu'on l'achette ,
Morbleu ,
Mais il faut qu'on l'achette.
L'on vous dit , Monsieur , prenez ;
Et l'on sous-entend , donnez.
Ici rien pour rien,
Le tien et le mien ,
*
Sont les deux seuls mobiles ..
A ce prix est-ce un si grand bien ,
D'avoir bâti des Villes ?
Morbleu , &c.
Lâches
JOH JUILLET
1731. 1679
Lâches Prévaricateurs &
L'interêt gâte vos moeurs.
Chez vous sur ce pié
Droiture, amitié ,
Ne sont plus en usage ;
It vous nous laissez par pitié ,
L'innocence en partage.
Morbleu , &
Gardez bien, Peuples polis ,
Les vices vos favoris.
Noirceurs , trahisons ,
Maux de cent façons :
Ils sont tous à vos gages.
Ne nous donnez plus de faux noms }}
Yousêtes les Sauvages.
Morbleaux , &e
A consulter votre orgueil ,
On vous verroit d'un autre oeil ;
Ce Peintre flatteur
Vous peint dans le coeur ,
Meilleurs que nous ne sommes.
Moy je ne vous fais pas l'honneur ,
De vous croire des hommes,
Morbleu , &c.
Chez mes Confreres les Ours
C iiij
On
160 MERCURE DE FRANCE
On voit moins de méchans tours,
Moins cruels que vous ,
Moins fiers , moins jaloux ,
Chez les Ours on s'entraime :
Les François plus humains , plus doux
Ont un autre sistême.
Morbleu , &c.
Mais laissons-là ce propos :
Marchands, ouvrez vos Ballots .:
Que de pompeux riens ;
O Ciel , que de biens !
Dont je n'ai point affaire !
De grace , laissez- moi les miens ;
Gardez votre misere.
Morbleu , & c
Votre luxe dangereux ,
Vous a rendus malheureux .
Quoi ! foibles humains ,
De vos propres mains ,
Vous forgez vos entraves.
Nous sommes les vrais Souverains ;
Vous êtes des Esclaves.
Morbleu , &c.
D'où sont nez tant de besoins ?
De yos Arts et de vos soins ,
Votre
JUILLET. 1731 1681
Votre esprit maudit ,
Fomente et nourrit ,
Votre délicatesse.
L'Iroquois libre qui s'en rit ,
Foule aux pieds la richesse.
Morbleu , &c,
Toute votre vanité ,
Naut- elle ma liberté ?
Au fond des Deserts ;
Sans peur des revers
Je vois brûler ma hutte ;
Mon coeur même de l'Univers ,
Ne craindroit pas la chute.
Morbleu , &c.
Dans la Foire , beaux Esprits ,
Vos Livres sont à tout prix,
L'avide Imprimeur
Et le pâle Auteur ,
>
N'ont chez nous gain ni gloire ,
Et l'instrument de ma valeur ,
Ecrit seul mon Histoire.
Morbleu , & c.
Philosophes orgueilleux ,
Vos Ecrits sont merveilleux ;
Mais en verité
CY
Je
1682 MERCURE DE FRANCE
Je suis enchanté ,
De ne les pouvoir lire.
Le bon sens par vous maltraité ,
Dans nos Bois se retire .
Morbleu , &c
Que faites-vous , beaux parleurs
Vous semez partout des fleurs ;
En tours bien tissus ,
En mots ambigus ,
Votre esprit se distile ;
Mon silence seul en dit plus ,
Que votre pompeux stile.
Morbleu , &c.
Mon habit choque vos yeux ;
Mais le vôtre siet-il mieux }
Tout cet attirail ,
Fruit d'un long travail ,
Vous rend la tête folle ,
Quoi ! vous filez jusqu'au Métail ,
Pour parer une Idole !
Morbleu , & c.
Il faut pour flatter vos goûts ,
Mets exquis , sausses , ragouts
Mais votre santé ,
Malgré Caffé , Thế ,
Suse dès la jeunesse ;
I
JUILLET. 1731. 1683
Au prix de la sobrieté ,
J'achette la viellesse.
Morblen , &c.
Jamais on ne vous voit sains ,
Vous avez des Medecins ;
Mourez dans leurs bras,
C'est votre trépas ,
Qui leur sert de parure .
Allez , je ne vous plaindrai pas ,
Ils vengent la Nature.
Morbleu , & c.
Aussi , François délicats ,
Nous vous voyons aux Combats
Prisonniers charmans ,
Vos vrais sentimens ,
Nous dévoilent votre ame.
Et moi je brave les tourmens ,
Je chante dans la flamme.
Morbleu , & c. >
Marchands , fermez vos paquets
Je sçais vivre à peu de frais ;
J'ai tout et n'ai rien :
Laissez- moi pour bien
Mon heureuse indigence.
Vos désirs sont votre lien ,
Et j'ai l'indépendance.
Morbleu ,&C
EPITA PHE ,
D'UN AVARE.
Par M. de Malerais de la Vigne.
CY gât un homme peu chrétien
Dont l'avarice étoit extrême
Le
JUILLET . 1731 . 1663
Le bien des autres fût le sien ,
Et jamais il ne prêta rien ,
Qu'au denier
même.
quatre ou cinq , fût-ce à son Pere
Mets l'oreille à sa Tombe, ô Passant , et fremis ;
Ses os s'entrefroissant font un affreux murmure,
Et semblent s'irriter que tu fasses lecture ,
De son Epitaphe gratis.
AUTRE EPITAPHE
D'UN PRETENDU BEL ESPRIT.
Par la Même.
CYgit qui s'estimoit l'Arbitre des Arbitres ;
De la Langue au hazard il décidoit les cas ;
Qui le contredisoit ne s'y connoissoit pas ;
Des Livres il sçût tous les titres ,
Et ne lût que les Almanachs .
***:****XXX :XXXXX
ECLAIRCISSEMENS demandés
>
par
une Lettre écrite de Soissons , inserée dans
le Mercure d'Avril 1731. sur la Vie de
Saint Front on Frontor
L paroît un peu singulier qu'on démande
desEclaircissemens sur un Saint Im
aussi
1670 MERCURE DE FRANCEaussi
connu que S. Fronton, Saint, qu'une
Eglise de ce Royaume reconnoît pour
son Fondateur , et pour son Apôtre ,
sans que la Critique ait encore ose le lui
disputer. Il est parlé de ce Saint dans tous
les Martyrologes au 25. d'Octobre , dans
le Martyrologe Romain , dans ceux de
France et d'Espagne , dans Baronius ,
dans Surius , dans Ribadeneira &c. Cependant
nous exposerons ici avec la briéveté
requise , ce que nous en apprenons
dans les Actes de sa vie, rapportés par M.
Bosquet dans son Histoire de l'Eglise
Gallicane.
Saint Front , ou Fronton , que quelques
uns font naître à Perigueux , d'autres
en Orient , ayant été connu de Saint
Pierre dans un Voyage qu'il fit à Rome ,
et en ayant été jugé digne de porter la
foy parmi les Idolatres , ce Prince des
Apôtres l'envoya dans les Gaules avec un
compagnon , nommé Georges , pour y
publier l'Evangile . Ces deux hommes
Apostoliques aprés beaucoup de Stations
faites dans les lieux de leur passage pour
y semer la parole de Dieu , arriverent à
Perigueux. Ce fut là qu'ils s'arrêterent
davantage , et que le Champ répondant
aux soins du Laboureur , la Moisson devint
bientôt trés-abondante. L'Evangile
JUILLET. 1731. 1871
y fit en peu de tems un progrés considerable.
Il y avoit alors un Gouverneur
en Perigord , nommé Squirius , homme
fort attaché à l'Idolâtrie. Cet homme
politique ou superstitieux s'efforça d'arrêter
le progrès d'une Religion incompatible
avec celle de ses Peres ; il fit arrêter
pour cela un grand nombre de fideles
; il emprisonnà les uns , il exila les
autres , il en fit mourir plusieurs la
persecution augmentant tous les jours
força bientôt le reste des Fideles à chercher
dans la fuite une ressource contre
les vives poursuites du Gouverneur .
Les Fideles allerent donc se cacher dans
un Desert voisin de la Riviere de Dordogne
, avec leur Pasteur qu'ils entraînerent
avec eux : Saint Fronton chassa de
cet endroit un Dragon qui infectoit tout
le Pays.
par
fin
des menaces ,
par
par
Mais Dieu qui vouloit établir son culte
dans cette Province , força le Gouverneur
des fleaux , et endes
avis qu'il lui donna en songe,
de plier sous le joug de la Foy.La paix fût
rendue à cette Eglise naissante . Le Gouverneur
alla lui -même chercher S. Fronton
dans le Desert , il ramena avec lui
le Pasteur et le Troupeau. S. Fronton
bâtit ensuite à Perigueux , du consentement
1672 MERCURE DE FRANCE
ment du Gouverneur une Eglise en l'honncur
de S. Etienne , premier Martyr.
Quand S. Fronton vit cette Eglise suffisamment
affermie , il y laissa un Disciple
nommé Anien pour la gouverner
pendant son absence , et envoya son compagnon
au Puy - en -Velay , où S. George
fonda une nouvelle Eglise dont il fût le
premier Evêque . Pour S. Fronton il alla
prêcher l'Evangile dans la Saintonge et
dans le Poitou ; il passa même par Paris
et pénetra jusques dans le Beauvaisis et
dans le Soissonnois. On voit encore dans
le Diocèse de Soissons unChâteau appellé
Neulli Saint Front , ce qui porteroit à
croire que ce qu'on dit des Voyages de
ce Saint n'est pas sans fondement. Quoyqu'il
en soit , S. Fronton aprés être retourné
dans son Diocèse , passa dans un
autre Voyage par les Villes de Bourdeaux
et de Bayonne , et s'avança jusqu'à Valance
en Espagne. Enfin fatigué , épuisé par
son grand âge et par ses travaux , il rétourna
dans son Siege,où il y mourut en
paix. On rapporte de lui plusieurs Miracles.
En voilà assés sur les Actes de S. Fronton,
premiet Evêque de Perigueux. Il ne
faut pas le confondre avec un aurre Saint
Fronton , Abbé , marqué au 14. Avril
dans
JUILLET. 1731. 1673
'dans le petit ouvrage intitulé * Fasti Mariani
, que l'Auteur Jesuite , dit avoir tiré
de la vie des Peres.
Cependant comme les Actes de Saint
Fronton , Fondateur de l'Eglise de Perigueux
, ont été rejettés par plusieurs critiques
, et en particulier par M. M. de
Tillemont et Baillet , nous rapporterons
ici en peu de mots ce qu'en dit ce dernier,
soit dans les Notes qu'il a mises au commencement
du mois d'Octobre , soit dans
ce qu'il dit de la vie de ce Saint au 25 .
du même mois.
Il commence la vie de S. Front par le
reconnoître pour l'Apôtre de Perigueux :
mais il a soin de mettre à la
marge , 3 .
ou 4. Siecle , ce qui ruine absolument
tout ce qu'on dit de son Voyage à Rome ,
et de sa mission dans les Gaules par Saint
Pierre , & c .
On ne peut , dit- il , entrer dans aucun
détail des actions de ce Saint , ni so
flatter même d'en pouvoir produire dont
on soit assuré , si l'on en excepte la conversion
du Peuple de Perigueux , qu'on
a tout sujet de regarder comme le fruit
de ses travaux et de ses souffrances . Tout
a paru , continue- t-il, tellement insoûtena-
1. Vol 1 Antuerpia 1633-
C
1674 MERCURE DE FRANCE
ble dans les premiers Actes qu'on avoit
publiés de sa vie , qu'on s'est crû obligé
d'en composer d'autres , qui sont cependant
tombés comme les premiers.
M. Baillet regarde aussi comme douteuse
la Tradition qui lui donne pour
compagnon dans ses travaux Apostoliques
un Prêtre , nommé George , aussi - bien
que la fondation de l'Eglise du Puy- en-
Velay,que la même Tradition fait remonter
comme celle de Perigueux au premier
Siecle.
Tous les Actes s'accordent à le faire
mourir en paix. Mais il n'en faut pas conclure
, ajoûte M. Baillet , qu'il ne soit
venu en Perigord qu'aprés la paix donnée
à l'Eglise par Constantin , à moins qu'on
ne voulût raisonner de même de S. Marrial
de Limoges , de S. Julien du Mans ,
de S. Gatien de Tours , et de beaucoup
d'autres Confesseurs , à qui les Payens
n'ont point ôté la vie.
La Fête de S, Fronton est marquée au
25. d'Octobre dans les Martyrologes
d'Adon et d'Usuard , en quoy on les a
suivis dans le Romain moderne. On dit
que le corps de S. Front fût trouvé quelques
années aprés la mort de Clovis I. et
transporté dans une Eglise que fit bâtir
en son honneur Chronope , Evêque de
Perigueux
JUILLET. 1731. 1875
Perigueux , du tems duquel la Ville passa
de la domination des Wisigoths sous
celle des François. On fait Mémoire de
cette Translation le 14. d'Octobre.
M. Baillet dit que les Actes de la vie
de ce Saint furent publiés par M. Bosquet
,dans la deuxième partie de son Histoire
de l'Eglise Gallicane , liv . 5. pag. ș.
ils ont été vûs , ajoûte t-il , par Adon de
Vienne ; ainsi ils ne peuvent être
rieurs au IX. Siecle.
poste
M. de Tillemont, Tom. 4. pag. 502. les
tient tout-à- fait insoutenables, tant pour
le fond que pour la composition. Un
Abbé de Solignac dans le Concile de Lis
moges , tenu l'an 1031. les rejetta devant
toute l'Assemblée , comme une fausse Piece
, et soutint que s'étoit une Fable composée
par un Gausbert Chorévêque de
Limoges , qui l'avoit faite même pour en
tirer de l'argent. Depuis l'onzième Siecle ,
comme on ne voyoit plus d'apparence à
soutenir cette Histoire de S. Front , on
en inventa une autre sous le nom des
Evêques ses Successeurs . Mais cette Piece,
dont M. Bosquet a donné l'Extrait , est
encore plus ridicule que la premiere , au
jugement du même M. de Tillemont.
Voilà ce qu'on peut recueillir de divers
Auteurs sur la vie de S. Front ; mais
Cij
comme
1676 MERCURE DE FRANCE
comme il nous est venu un Mémoire
d'un autre Endroit sur le même sujet ,
posterieur à la Lettre de Soissons , dans
lequel on demande plusieurs autres Eclaircissemens
, nous ajoûterons ici le précis
de ce Mémoire.
On demande d'abord si l'Auteur de
la Lettre inserée dans le Mercure d'Avril
travaille au Breviaire de ce Diocèse. On
prie ensuite de s'informer par la voye du
Mercure , de Messieurs de Perigueux ,
19. Si la Tradition de leur Eglise n'est pas
que le corps entier de S. Front y étoit
conservé lorsque les Calvinistes la pille-`
rent. 29. Si l'on a des preuves que la
Translation de ce corps ait été faite un
peu aprés l'an 1441. comme il paroît
qu'elle a dû être faite par une Bulle du
Pape Eugene IV. qui est dans le Gallia
Christiana.
Nous remarquerons sur ce second article
, qu'il faudroit donc supposer qu'il
eût été fait deux Translations du corps de
ce Saint , puisque M. Baillet parle d'une
Translation qu'on croit avoir été faite
vers la fin du cinquiéme Siecle , ou au
Commencement du sixième.
3º . s'il n'est rien échappé des Reliques
de ce Saint Evêque depuis le pillage des
Calvinistes , et supposé que l'on ait sauvé
quelques
JUILLET. 1731. 1677.
quelques parties de son corps , quelles
sont ces parties ? et en quelles Eglises elles
sont ? 4°. Si l'on a eu le Chef de ce Saint
enchassé en entier avec le refte du corps ,
ou séparement. 5º . En quels jours se celebrent
les Fêtes de la Translation du
corps ou des Reliques de ce même Saint.
Nous avons satisfait en partie à ce dernier
Article, en rapportant aprés M. Baillet
, qu'on fait la Fête de sa Translation
le 14. Octobre . L'Auteur de ce nouveau
Mémoire paroît avoir quelques
Eclaircissemens plus particuliers à donner
au Public sur la vie de S. Fronton.
Il y a lieu d'esperer que M M. de Perigueux
n'oublieront pas de contribuer, de
tout leur pouvoir à ce qui peut faire honneur
à la mémoire de leur Saint Apôtre ,
et qu'ils voudront bien exposer la Tradition
de leur Eglise sur les Articles de
ce dernier Mémoire.
Ciliijj . SENTI
1778 MERCURE DE FRANCE
SENTIMENS
D'UN IROQUOIS ,
A la vûë des diverses Marchandises étalées
à une Foire de France.
Sur l'Air : Iris , je ne sçais comment , &
Par le P P. B. 7.
'A La Foire me voici
Dieu ! quel monde est celui- cy !
Je ne vois que gens ,
Allans et vénans ;
Chacun fait son emplette ::2
Je vois qu'on offre tout ceans ,
Mais il faut qu'on l'achette ,
Morbleu ,
Mais il faut qu'on l'achette.
L'on vous dit , Monsieur , prenez ;
Et l'on sous-entend , donnez.
Ici rien pour rien,
Le tien et le mien ,
*
Sont les deux seuls mobiles ..
A ce prix est-ce un si grand bien ,
D'avoir bâti des Villes ?
Morbleu , &c.
Lâches
JOH JUILLET
1731. 1679
Lâches Prévaricateurs &
L'interêt gâte vos moeurs.
Chez vous sur ce pié
Droiture, amitié ,
Ne sont plus en usage ;
It vous nous laissez par pitié ,
L'innocence en partage.
Morbleu , &
Gardez bien, Peuples polis ,
Les vices vos favoris.
Noirceurs , trahisons ,
Maux de cent façons :
Ils sont tous à vos gages.
Ne nous donnez plus de faux noms }}
Yousêtes les Sauvages.
Morbleaux , &e
A consulter votre orgueil ,
On vous verroit d'un autre oeil ;
Ce Peintre flatteur
Vous peint dans le coeur ,
Meilleurs que nous ne sommes.
Moy je ne vous fais pas l'honneur ,
De vous croire des hommes,
Morbleu , &c.
Chez mes Confreres les Ours
C iiij
On
160 MERCURE DE FRANCE
On voit moins de méchans tours,
Moins cruels que vous ,
Moins fiers , moins jaloux ,
Chez les Ours on s'entraime :
Les François plus humains , plus doux
Ont un autre sistême.
Morbleu , &c.
Mais laissons-là ce propos :
Marchands, ouvrez vos Ballots .:
Que de pompeux riens ;
O Ciel , que de biens !
Dont je n'ai point affaire !
De grace , laissez- moi les miens ;
Gardez votre misere.
Morbleu , & c
Votre luxe dangereux ,
Vous a rendus malheureux .
Quoi ! foibles humains ,
De vos propres mains ,
Vous forgez vos entraves.
Nous sommes les vrais Souverains ;
Vous êtes des Esclaves.
Morbleu , &c.
D'où sont nez tant de besoins ?
De yos Arts et de vos soins ,
Votre
JUILLET. 1731 1681
Votre esprit maudit ,
Fomente et nourrit ,
Votre délicatesse.
L'Iroquois libre qui s'en rit ,
Foule aux pieds la richesse.
Morbleu , &c,
Toute votre vanité ,
Naut- elle ma liberté ?
Au fond des Deserts ;
Sans peur des revers
Je vois brûler ma hutte ;
Mon coeur même de l'Univers ,
Ne craindroit pas la chute.
Morbleu , &c.
Dans la Foire , beaux Esprits ,
Vos Livres sont à tout prix,
L'avide Imprimeur
Et le pâle Auteur ,
>
N'ont chez nous gain ni gloire ,
Et l'instrument de ma valeur ,
Ecrit seul mon Histoire.
Morbleu , & c.
Philosophes orgueilleux ,
Vos Ecrits sont merveilleux ;
Mais en verité
CY
Je
1682 MERCURE DE FRANCE
Je suis enchanté ,
De ne les pouvoir lire.
Le bon sens par vous maltraité ,
Dans nos Bois se retire .
Morbleu , &c
Que faites-vous , beaux parleurs
Vous semez partout des fleurs ;
En tours bien tissus ,
En mots ambigus ,
Votre esprit se distile ;
Mon silence seul en dit plus ,
Que votre pompeux stile.
Morbleu , &c.
Mon habit choque vos yeux ;
Mais le vôtre siet-il mieux }
Tout cet attirail ,
Fruit d'un long travail ,
Vous rend la tête folle ,
Quoi ! vous filez jusqu'au Métail ,
Pour parer une Idole !
Morbleu , & c.
Il faut pour flatter vos goûts ,
Mets exquis , sausses , ragouts
Mais votre santé ,
Malgré Caffé , Thế ,
Suse dès la jeunesse ;
I
JUILLET. 1731. 1683
Au prix de la sobrieté ,
J'achette la viellesse.
Morblen , &c.
Jamais on ne vous voit sains ,
Vous avez des Medecins ;
Mourez dans leurs bras,
C'est votre trépas ,
Qui leur sert de parure .
Allez , je ne vous plaindrai pas ,
Ils vengent la Nature.
Morbleu , & c.
Aussi , François délicats ,
Nous vous voyons aux Combats
Prisonniers charmans ,
Vos vrais sentimens ,
Nous dévoilent votre ame.
Et moi je brave les tourmens ,
Je chante dans la flamme.
Morbleu , & c. >
Marchands , fermez vos paquets
Je sçais vivre à peu de frais ;
J'ai tout et n'ai rien :
Laissez- moi pour bien
Mon heureuse indigence.
Vos désirs sont votre lien ,
Et j'ai l'indépendance.
Morbleu ,&C
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Résumé : SENTIMENS D'UN IROQUOIS À la vûë des diverses Marchandises étalées à une Foire de France. Sur l'Air : Iris, je ne sçais comment, &c. Par le P. P. B. F.
Le texte présente plusieurs épitaphes et des éclaircissements sur la vie de Saint Front, également connu sous le nom de Fronton. Une épitaphe décrit un homme avare, tandis qu'une autre critique un prétendu bel esprit. Le texte principal se concentre sur Saint Front, premier évêque de Périgueux. Selon les Actes de sa vie, rapportés par M. Bosquet, Saint Front, originaire de Périgueux ou d'Orient, fut envoyé par Saint Pierre pour prêcher l'Évangile en Gaule. Il arriva à Périgueux accompagné de son compagnon Georges et y fit de nombreux convertis malgré la persécution du gouverneur Squirius. Saint Front chassa un dragon et bâtit une église en l'honneur de Saint Étienne. Il fonda également des églises dans d'autres régions, telles que le Puy-en-Velay, la Saintonge et le Poitou. Saint Front mourut en paix à Périgueux après avoir accompli de nombreux miracles. Cependant, les Actes de Saint Front ont été rejetés par plusieurs critiques, notamment M. de Tillemont et M. Baillet, qui les jugent insoutenables et douteux. M. Baillet reconnaît la conversion du peuple de Périgueux comme le principal fruit des travaux de Saint Front, mais remet en question les détails de sa vie et ses voyages. La fête de Saint Front est célébrée le 25 octobre, et son corps fut retrouvé après la mort de Clovis Ier. Le texte mentionne également des demandes d'éclaircissements sur les reliques de Saint Front et les traditions de l'Église de Périgueux. Enfin, un poème d'un Iroquois critique la société française, mettant en avant la liberté et l'innocence des peuples sauvages par rapport aux vices et aux besoins artificiels des Français.
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133
p. 1862-1864
ADIEUX AUX MUSES.
Début :
Double Mont où ma Lyre enfanta quelques sons, [...]
Mots clefs :
Lyre, Muses, Filles savantes, Rimeurs, Jeunesse, Fontaine, Asile champêtre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ADIEUX AUX MUSES.
ADIEUX AUX MUSES .
Ouble Mont où ma Lyre enfanta quelque
Double sons >
Je te quitte , Phébus , et vous filles sçavantes ,
Je ne puis suivre vos leçons ;
Il me faut un métier qui me fasse des rentes,
Un Cadet de famille , être au rang des Rimeurs
C'est d'un esprit leger la preuve non legere ;
SurA
O
UST. 1863 1731.
Sur tout quant au pauvret il ne manque qu'un
frere ,
Pour en avoir autant que vous êtes de soeurs,
Je vous ai consacrẻ ma premiere jeunesse ;
Le beau fruit que j'en tire est d'avoir fait des Versy
Que m'importe qu'ils soient au bout de l'Univers
Cette frivole gloire , est une sotte yvresse.
Rimer est un métier qui ne convient qu'à ceux
Dont l'esprit est né pour la rime.
Autrement on nous mésestime .
l'on parle de nous comme d'un cerveau creux)
On dit qu'il est une Fontaine ,
Dont l'eau miraculeuse a le vrai
gout
du vin i
S'il en étoit ainsi de l'eau de l'Hypocrêne ;
Si la gloire appaisoit la faim ;
M
Si sur ce Mont que j'abandonne ,
Une herbe salutaire et des arbres fruitiers ;
Croissoient comme les fleurs à l'ombre des Lat
riers ;
Enfin s'il y regnoit et Cerés et Pomone
Je
Bij
1864 MERCURE DE FRANCE
Je n'aurois , doctes Soeurs , aucune passion ,
Que celle de vous plaire , afin d'y toujours être.
Je cours à la fortune , et mon ambition ,
N'a pourtant d'autre objet qu'un azile champêtre.
D'Hautefeuille.
Ouble Mont où ma Lyre enfanta quelque
Double sons >
Je te quitte , Phébus , et vous filles sçavantes ,
Je ne puis suivre vos leçons ;
Il me faut un métier qui me fasse des rentes,
Un Cadet de famille , être au rang des Rimeurs
C'est d'un esprit leger la preuve non legere ;
SurA
O
UST. 1863 1731.
Sur tout quant au pauvret il ne manque qu'un
frere ,
Pour en avoir autant que vous êtes de soeurs,
Je vous ai consacrẻ ma premiere jeunesse ;
Le beau fruit que j'en tire est d'avoir fait des Versy
Que m'importe qu'ils soient au bout de l'Univers
Cette frivole gloire , est une sotte yvresse.
Rimer est un métier qui ne convient qu'à ceux
Dont l'esprit est né pour la rime.
Autrement on nous mésestime .
l'on parle de nous comme d'un cerveau creux)
On dit qu'il est une Fontaine ,
Dont l'eau miraculeuse a le vrai
gout
du vin i
S'il en étoit ainsi de l'eau de l'Hypocrêne ;
Si la gloire appaisoit la faim ;
M
Si sur ce Mont que j'abandonne ,
Une herbe salutaire et des arbres fruitiers ;
Croissoient comme les fleurs à l'ombre des Lat
riers ;
Enfin s'il y regnoit et Cerés et Pomone
Je
Bij
1864 MERCURE DE FRANCE
Je n'aurois , doctes Soeurs , aucune passion ,
Que celle de vous plaire , afin d'y toujours être.
Je cours à la fortune , et mon ambition ,
N'a pourtant d'autre objet qu'un azile champêtre.
D'Hautefeuille.
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Résumé : ADIEUX AUX MUSES.
Dans 'Adieux aux Muses', l'auteur exprime son intention de renoncer à la poésie pour des raisons pratiques. Il considère cette activité comme frivole et non rentable, inappropriée pour un cadet de famille devant subvenir à ses besoins. L'absence de frère pour partager les charges familiales le pousse à chercher un métier plus lucratif. Il critique la vanité de la gloire poétique, la comparant à une ivresse sotte. L'auteur mentionne la Fontaine de l'Hypocrène, dont l'eau inspire la poésie mais ne nourrit pas. Il souhaite plaire aux muses tout en aspirant à une vie champêtre et à la fortune, révélant ainsi son dilemme entre ambition poétique et nécessité économique.
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134
p. 1992-1998
Tragedie de Regulus et Balet de l'empire de la Mode, au College des Jesuites, [titre d'après la table]
Début :
Le Mercredi premier de ce mois, on représenta pour la distribution des Prix, dans la Cour du [...]
Mots clefs :
Tragédie, Ballet, Mode, Roi légitime, Barbier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tragedie de Regulus et Balet de l'empire de la Mode, au College des Jesuites, [titre d'après la table]
Le Mercredi premier de ce mois , on représenta
pour la distribution des Prix , dans la Cour du
College de Louis le Grand , la Tragedie de Regulus
, du Pere de la Sante , en Latin. Elle fut
ter minée par un Eloge du Roy. Nous n'entrerons.
po'nt dans le détail de cette Piece , dont le sujet
est connu de tout le monde , pour pouvoir nous
arrêter plus long- temps sur le Balet qui a servi
d'in ermede à la Tragedie , sous le titre de l'Empire
de la Mode. Ce Balet est divisé en quatre-
Da rties ; sçavoir , l'établissement de l'Empire de
a Mode , son étenduë , sa tyrannie , sa décadence.
Avant que d'entrer dans les subdivisions de
ces quatre Parties , il est à propos de parler de
l'ouverture du Balet , en voici le Sujet.
L'Au
A O UST. 1731. 1993
•
L'Auteur suppose très- ingenieusement que l'Uage
est fils du Temps et de la Coûtume , que la
Mode , Princesse naturellement ambitieuse , fille
du Caprice et de la Phantaisie , entreprit de détrôner
l'Usage , et de faite tomber son Royaume
en quenouille. Elle a des Soldats lestes et vétus
à la moderne , qui surprennent les vieilles bandes
du Roy legitime ; ils les enchaînent et les forcent
même à venir rendre hommage à l'usurpatrice
assise sur le Trône , d'où elle donne des Loix at
Monde qu'elle tient sous ses pieds.
La premiere Partie du Balet comprend l'établissement
de l'Empire de la Mode , et la subdivision.
1 °.L'exemple des Grands . 2 °. L'envie de
eacher ce que
l'on est. 3 ° . L'ambition de paroître
plus qu'on n'est.
1. Le fameux Barbier de Midas , invente l'usage
de la Perruque en faveur de son Prince, pour
couvrir la disgrace de ses oreilles . Plusieurs Maîtres
Perruquiers font sur ce modele de pareilles
coëffures , dont les Courtisans se parent à l'exemple
du Souverain , et transmettent cette mode aux
siecles suivans , qui s'en sont plus d'une fois servis
pour des besoins à peu près semblables.
2. Plusieurs Sauvages se peignent le visage ,
pour ne point laisser paroître les mouvemens de
leur ame. I's sortent des Bois de Samos et viennent
livrer aux Marchands Romais le Fard , la
Pommade , la Céruse et le Vern , que ceuxcy
mettent à la mode parmi les Dames Romaines,
qui s'en servent pour cacher les rides de leurs
visages et le desagrément de leur teint.
.
3. Niobé, fiere du nombre et de la beauté de ses
enfans , leur fait prendre des simboles des Dieux
et se produisant elle- même en public sous un habit
conforme à celui de Latone , elle voudroit à
La
1994 MERCURE DE FRANCE
la faveur de cet appareil passer pour Déesse aux
yeux de son peuple , et faire adorer ses enfanscomme
autant de demi-Dieux , dans un temps où
la Mode commençoit à diviniser les Passions mêmes
. Apollon et Diane font tomber sur cette
mere ambitieuse une grêle de fleches avec une
pluye de feu. Transformée en Rocher, elle éprouve
à ses dépens que c'est une vanité punissable
que d'aspirer à paroître plus que l'on n'est..
SECONDE PARTIE.
29
L'Empire de la Mode s'étend , 1 ° . Sur la
plupart des conditions . 2 ° . Sur presque.
toutes les Nations. 3 ° . Sur tous les âges.
I. ENTRE'E . Lycurgue , gouvernant le Royaume
au nom de son Neveu encore jeune , ne peut
voir sans indignation , que l'entêtement pour la
mode confonde toutes les conditions dans Sparte;
que le Villageois s'érige en Artisan , l'Artisan
en Bourgeois , le Bourgeois en Gentilhomme , le
Gentilhomme en Seigneur , le Seigneur en petit :
Souverain , le Marchand en Magistrat , &c. 11 .
entreprend de réformer de tels abus, et publie avec
appareil, au son des tambours et des trompettes,
une loi sévere par laquelle il regle l'ordre des
conditions.
II. ENTREE. Auguste , après avoir pacifié
l'Univers , fait dresser des Arcs de Triomphe à
l'entrée d'un . Bocage voisin de son Palais. Là il
donne une Fête aux Ambassadeurs des Nations
nouvellement subjugués, qu'il prétend engager à
prendre les manieres Romaines , tant pour le langage
que pour l'habillement ; mais la plupart de
ces Etrangers,, sur tout les Gaulois , jaloux de leure
liberté.
A OUST 1731 . 1995
liberté , se maintiennent dans le droit de changer
de mode à leur gré par le refus qu'ils font de subir
la loi qu'on veut leur imposer , ils se montrent
plus soumis au joug de la Mode qu'à celui
de leur vainqueur.
III. ENTRE'E. La Déesse Manie , soeur de
la Nouveauté , panoît sur un Char traîné par des
Singes. Ce Char n'est d'abord suivi que par des
enfans et de jeunes avanturiers. Bien - tôt après ,
des hommes d'un âge mûr se joignent à ce Cortege.
Enfin de graves Vieillards se mettent euxmêmes
de la partie . Tous ensemble affectent les
airs , la démarche , la contenance , les . grimaces
de cette Cour bizare , et deviennent plus Singes.
que les Singes mêmes.
TROISIE'ME PARTIE.
L'Empire de la Mode est une vraye tyrannie,
qui force àfaire , 1º . plus qu'on ne doit.
2º. Plus qu'on ne veut. 3 ° . Plus qu'on
ne peut.
I. ENTRE'E. En Asie , la mode du grand
deüil regna pour un tems, et fit même un devoir.
aux riches veuves d'élever des Tombeaux à leurs
maris. Artemise et la Matrone d'Ephése , voulant
signaler leur douleur , érigent à leurs Epoux desuperbes
Mausolées. Mercure les voyant l'une et
l'autre inconsolables en apparence , ranime ceux:
qu'elles pleurent , en touchant leurs corps de sa
baguette fatale ; la douleur des deuxaffligées paroit
s'accroître par le prodige même qu'il opera
pour la soulager.
II . ENTRE' E. Deux partis de Gentilshommes
Bourguignons entrent en champ clos et se
battent
1997 MERCURE DE FRANCE
battent en duel malgré leurs répugnances ,sous les
yeux même de leur Roi , arbitre du combat , pour
obéir à la mode barbare établie parmi eux de
prouver, l'épée à la main, son innocence et la justice
de sa cause.
III. ENTRE'B Les quatre Divinitez , du
Jeu, des Festins , du Luxe et de la Volupté, confedérées
avec la Mode , engagent de jeunes Seigneurs
dans de folles dépenses qu'ils ne peuvent
Soutenir. Pendant qu'ils sont occupez à leurs plaisirs
, des Huissiers envoyez par les Créanciers
saisissent ce qu'ils trouvent sous leurs mains
poursuivent les débiteurs , et vont mettre leurs
terres en decret.
>
QUATRIE ME PARTIE.
L'Empire de la Mode tombe en décadence ;
1º . Par une nouvelle Mode qui bannie
la précedente. 2° . Par la rigueur des Loix
qui proscrivent les Modes dangereuses.
3º. Par le temps qui les détruit l'une après
l'autre.
I. ENTRE' E. Pendant que les plus grands
Maîtres raisonnent suivant Pancienne Méthode
dans le Lycée d'Athénes , et traitent gravement
des points de doctrine les plus sublimes , on voit
paroitre une troupe de petits Grecs nouveaux venus
, qui font grand bruit pour interrompre ceux
qu'ils devroient écouter avec respect , contrefont
leurs gestes , copient leur gravité , introduisent.
une mode nouvelle qui fait fortune pour un instant;
mais la saine antiquité prévaut et dissipe les
yaines chimeres.
LL ENTRE' . Henry IV. voulant multiplies
A O UST. 1731. 1997
plier les especes de monnoye qui devenoient rares
en France , avoit porté un Edit par lequel il permettoit
aux seuls Filoux de porter des étoffes
d'or et d'argent. Une troupe de Filoux ayant saisi
les premiers exemplaires imprimez de l'Edit
viennent déguisez en Colporteurs , et distribuent
des copies de cette loi à de jeunes Seigneurs rassemblez
dans un Bal. Ceux - cy aiment mieux
changer d'habits avec les prétendus Colpolteurs
que de passer pour Filoux. Après ce changement
les fourbes font une danse grotesque , où ils se
divertissent aux dépens de leurs dupés.
*
III ENTRE E. Saturne , Dieu du Tems ,
invoqué par de jeune Eleves de Mars , qui lui demandent
les meilleures armes qu'il ait vû mettre
en oeuvre pour la guerre , leur fait apporter
par les Siecles differentes sortes d'armes à la
vieille mode ; on les essaye en sa presence pour
Pattaque d'une Place ; mais ce Dicu les proscrit
d'un coup
de faulx, et ne laisse aux jeunes Guerriers
que l'armure nouvelle qui leur est fournie
par le dernier Siecle ; il menace même d'en abolir
bientôt l'usage.
BALET GENERAL.
Pendant que la Mode fait une Marche triomphale,
et s'applaudit de la victoire qu'elle a rem
portée sur l'Usage , elle est surprise de voir un
grand nombre de Nations l'abandonner aussi aisément
qu'elles l'avoient suivie , et s'attacher à
Constance , Princesse alliée du Roi détrôné et
ennemie de l'Usurpatrice. L'Usage est rétabli sur
le Trône , que la Constance rend fixe et immuable.
Minerve , Déesse de la Sagesse , de concert
avec les Dieux intéressez au bon ordre de l'Uni-
YCA
1998 MERCURE DE FRANCE
vers publie des Loix invariables qui assurent la
gloire , le bonheur et la stabilité de l'Empire.
Les Danses sont de la composition de Mrs Blon
di et Ma taire l'ainé.
Le Lundi 13. de ce mois , on représenta sur le
Théatre du College d'Harcourt , pour la distri
bution des Prix, la Tragedie d' Absa on , de M. Duché.
Les changemens qu'on a été obligé d'y faire
pour l'accommoder à l'usage de ce College , ne
lui ont rien ôté de son vrai mérite Elle fut trèsbien
représentée par les Ecoliers de Réthorique ,
et l'Assemblée fut très - belle et très- nombreuse .
pour la distribution des Prix , dans la Cour du
College de Louis le Grand , la Tragedie de Regulus
, du Pere de la Sante , en Latin. Elle fut
ter minée par un Eloge du Roy. Nous n'entrerons.
po'nt dans le détail de cette Piece , dont le sujet
est connu de tout le monde , pour pouvoir nous
arrêter plus long- temps sur le Balet qui a servi
d'in ermede à la Tragedie , sous le titre de l'Empire
de la Mode. Ce Balet est divisé en quatre-
Da rties ; sçavoir , l'établissement de l'Empire de
a Mode , son étenduë , sa tyrannie , sa décadence.
Avant que d'entrer dans les subdivisions de
ces quatre Parties , il est à propos de parler de
l'ouverture du Balet , en voici le Sujet.
L'Au
A O UST. 1731. 1993
•
L'Auteur suppose très- ingenieusement que l'Uage
est fils du Temps et de la Coûtume , que la
Mode , Princesse naturellement ambitieuse , fille
du Caprice et de la Phantaisie , entreprit de détrôner
l'Usage , et de faite tomber son Royaume
en quenouille. Elle a des Soldats lestes et vétus
à la moderne , qui surprennent les vieilles bandes
du Roy legitime ; ils les enchaînent et les forcent
même à venir rendre hommage à l'usurpatrice
assise sur le Trône , d'où elle donne des Loix at
Monde qu'elle tient sous ses pieds.
La premiere Partie du Balet comprend l'établissement
de l'Empire de la Mode , et la subdivision.
1 °.L'exemple des Grands . 2 °. L'envie de
eacher ce que
l'on est. 3 ° . L'ambition de paroître
plus qu'on n'est.
1. Le fameux Barbier de Midas , invente l'usage
de la Perruque en faveur de son Prince, pour
couvrir la disgrace de ses oreilles . Plusieurs Maîtres
Perruquiers font sur ce modele de pareilles
coëffures , dont les Courtisans se parent à l'exemple
du Souverain , et transmettent cette mode aux
siecles suivans , qui s'en sont plus d'une fois servis
pour des besoins à peu près semblables.
2. Plusieurs Sauvages se peignent le visage ,
pour ne point laisser paroître les mouvemens de
leur ame. I's sortent des Bois de Samos et viennent
livrer aux Marchands Romais le Fard , la
Pommade , la Céruse et le Vern , que ceuxcy
mettent à la mode parmi les Dames Romaines,
qui s'en servent pour cacher les rides de leurs
visages et le desagrément de leur teint.
.
3. Niobé, fiere du nombre et de la beauté de ses
enfans , leur fait prendre des simboles des Dieux
et se produisant elle- même en public sous un habit
conforme à celui de Latone , elle voudroit à
La
1994 MERCURE DE FRANCE
la faveur de cet appareil passer pour Déesse aux
yeux de son peuple , et faire adorer ses enfanscomme
autant de demi-Dieux , dans un temps où
la Mode commençoit à diviniser les Passions mêmes
. Apollon et Diane font tomber sur cette
mere ambitieuse une grêle de fleches avec une
pluye de feu. Transformée en Rocher, elle éprouve
à ses dépens que c'est une vanité punissable
que d'aspirer à paroître plus que l'on n'est..
SECONDE PARTIE.
29
L'Empire de la Mode s'étend , 1 ° . Sur la
plupart des conditions . 2 ° . Sur presque.
toutes les Nations. 3 ° . Sur tous les âges.
I. ENTRE'E . Lycurgue , gouvernant le Royaume
au nom de son Neveu encore jeune , ne peut
voir sans indignation , que l'entêtement pour la
mode confonde toutes les conditions dans Sparte;
que le Villageois s'érige en Artisan , l'Artisan
en Bourgeois , le Bourgeois en Gentilhomme , le
Gentilhomme en Seigneur , le Seigneur en petit :
Souverain , le Marchand en Magistrat , &c. 11 .
entreprend de réformer de tels abus, et publie avec
appareil, au son des tambours et des trompettes,
une loi sévere par laquelle il regle l'ordre des
conditions.
II. ENTREE. Auguste , après avoir pacifié
l'Univers , fait dresser des Arcs de Triomphe à
l'entrée d'un . Bocage voisin de son Palais. Là il
donne une Fête aux Ambassadeurs des Nations
nouvellement subjugués, qu'il prétend engager à
prendre les manieres Romaines , tant pour le langage
que pour l'habillement ; mais la plupart de
ces Etrangers,, sur tout les Gaulois , jaloux de leure
liberté.
A OUST 1731 . 1995
liberté , se maintiennent dans le droit de changer
de mode à leur gré par le refus qu'ils font de subir
la loi qu'on veut leur imposer , ils se montrent
plus soumis au joug de la Mode qu'à celui
de leur vainqueur.
III. ENTRE'E. La Déesse Manie , soeur de
la Nouveauté , panoît sur un Char traîné par des
Singes. Ce Char n'est d'abord suivi que par des
enfans et de jeunes avanturiers. Bien - tôt après ,
des hommes d'un âge mûr se joignent à ce Cortege.
Enfin de graves Vieillards se mettent euxmêmes
de la partie . Tous ensemble affectent les
airs , la démarche , la contenance , les . grimaces
de cette Cour bizare , et deviennent plus Singes.
que les Singes mêmes.
TROISIE'ME PARTIE.
L'Empire de la Mode est une vraye tyrannie,
qui force àfaire , 1º . plus qu'on ne doit.
2º. Plus qu'on ne veut. 3 ° . Plus qu'on
ne peut.
I. ENTRE'E. En Asie , la mode du grand
deüil regna pour un tems, et fit même un devoir.
aux riches veuves d'élever des Tombeaux à leurs
maris. Artemise et la Matrone d'Ephése , voulant
signaler leur douleur , érigent à leurs Epoux desuperbes
Mausolées. Mercure les voyant l'une et
l'autre inconsolables en apparence , ranime ceux:
qu'elles pleurent , en touchant leurs corps de sa
baguette fatale ; la douleur des deuxaffligées paroit
s'accroître par le prodige même qu'il opera
pour la soulager.
II . ENTRE' E. Deux partis de Gentilshommes
Bourguignons entrent en champ clos et se
battent
1997 MERCURE DE FRANCE
battent en duel malgré leurs répugnances ,sous les
yeux même de leur Roi , arbitre du combat , pour
obéir à la mode barbare établie parmi eux de
prouver, l'épée à la main, son innocence et la justice
de sa cause.
III. ENTRE'B Les quatre Divinitez , du
Jeu, des Festins , du Luxe et de la Volupté, confedérées
avec la Mode , engagent de jeunes Seigneurs
dans de folles dépenses qu'ils ne peuvent
Soutenir. Pendant qu'ils sont occupez à leurs plaisirs
, des Huissiers envoyez par les Créanciers
saisissent ce qu'ils trouvent sous leurs mains
poursuivent les débiteurs , et vont mettre leurs
terres en decret.
>
QUATRIE ME PARTIE.
L'Empire de la Mode tombe en décadence ;
1º . Par une nouvelle Mode qui bannie
la précedente. 2° . Par la rigueur des Loix
qui proscrivent les Modes dangereuses.
3º. Par le temps qui les détruit l'une après
l'autre.
I. ENTRE' E. Pendant que les plus grands
Maîtres raisonnent suivant Pancienne Méthode
dans le Lycée d'Athénes , et traitent gravement
des points de doctrine les plus sublimes , on voit
paroitre une troupe de petits Grecs nouveaux venus
, qui font grand bruit pour interrompre ceux
qu'ils devroient écouter avec respect , contrefont
leurs gestes , copient leur gravité , introduisent.
une mode nouvelle qui fait fortune pour un instant;
mais la saine antiquité prévaut et dissipe les
yaines chimeres.
LL ENTRE' . Henry IV. voulant multiplies
A O UST. 1731. 1997
plier les especes de monnoye qui devenoient rares
en France , avoit porté un Edit par lequel il permettoit
aux seuls Filoux de porter des étoffes
d'or et d'argent. Une troupe de Filoux ayant saisi
les premiers exemplaires imprimez de l'Edit
viennent déguisez en Colporteurs , et distribuent
des copies de cette loi à de jeunes Seigneurs rassemblez
dans un Bal. Ceux - cy aiment mieux
changer d'habits avec les prétendus Colpolteurs
que de passer pour Filoux. Après ce changement
les fourbes font une danse grotesque , où ils se
divertissent aux dépens de leurs dupés.
*
III ENTRE E. Saturne , Dieu du Tems ,
invoqué par de jeune Eleves de Mars , qui lui demandent
les meilleures armes qu'il ait vû mettre
en oeuvre pour la guerre , leur fait apporter
par les Siecles differentes sortes d'armes à la
vieille mode ; on les essaye en sa presence pour
Pattaque d'une Place ; mais ce Dicu les proscrit
d'un coup
de faulx, et ne laisse aux jeunes Guerriers
que l'armure nouvelle qui leur est fournie
par le dernier Siecle ; il menace même d'en abolir
bientôt l'usage.
BALET GENERAL.
Pendant que la Mode fait une Marche triomphale,
et s'applaudit de la victoire qu'elle a rem
portée sur l'Usage , elle est surprise de voir un
grand nombre de Nations l'abandonner aussi aisément
qu'elles l'avoient suivie , et s'attacher à
Constance , Princesse alliée du Roi détrôné et
ennemie de l'Usurpatrice. L'Usage est rétabli sur
le Trône , que la Constance rend fixe et immuable.
Minerve , Déesse de la Sagesse , de concert
avec les Dieux intéressez au bon ordre de l'Uni-
YCA
1998 MERCURE DE FRANCE
vers publie des Loix invariables qui assurent la
gloire , le bonheur et la stabilité de l'Empire.
Les Danses sont de la composition de Mrs Blon
di et Ma taire l'ainé.
Le Lundi 13. de ce mois , on représenta sur le
Théatre du College d'Harcourt , pour la distri
bution des Prix, la Tragedie d' Absa on , de M. Duché.
Les changemens qu'on a été obligé d'y faire
pour l'accommoder à l'usage de ce College , ne
lui ont rien ôté de son vrai mérite Elle fut trèsbien
représentée par les Ecoliers de Réthorique ,
et l'Assemblée fut très - belle et très- nombreuse .
Fermer
Résumé : Tragedie de Regulus et Balet de l'empire de la Mode, au College des Jesuites, [titre d'après la table]
Le 1er août, une tragédie latine intitulée 'Regulus' du Père de la Sainte fut représentée au Collège de Louis le Grand pour la distribution des prix, suivie d'un éloge du roi. Le ballet 'L'Empire de la Mode' accompagna cette tragédie et fut divisé en quatre parties : l'établissement, l'extension, la tyrannie et la décadence de la mode. L'ouverture du ballet présente la Mode comme une princesse ambitieuse qui détrône l'Usage, aidée par des soldats modernes. La première partie, 'Établissement de l'Empire de la Mode', illustre l'exemple des grands, comme le barbier de Midas inventant la perruque, l'envie de cacher ses défauts, et l'ambition de paraître plus que l'on est, montrée par Niobé voulant passer pour une déesse. La deuxième partie, 'Extension de l'Empire de la Mode', montre comment la mode confond les conditions sociales à Sparte sous Lycurgue et comment Auguste tente d'imposer les manières romaines aux nations conquises. La déesse Manie, sœur de la Nouveauté, influence tous les âges. La troisième partie, 'Tyrannie de l'Empire de la Mode', décrit comment la mode force à faire plus qu'on ne doit, comme les veuves élevant des tombeaux, pousse à des actions contre nature, comme des duels forcés, et entraîne des dépenses excessives, illustrées par des jeunes seigneurs endettés. La quatrième partie, 'Décadence de l'Empire de la Mode', montre comment une nouvelle mode remplace l'ancienne, les lois proscrivent les modes dangereuses, et le temps détruit les modes successives. Le ballet se conclut par le retour de l'Usage, aidé par la Constance, et l'établissement de lois invariables par Minerve pour assurer la stabilité. Les danses du ballet furent composées par Messieurs Blondy et Mataire l'aîné. Le 13 août, la tragédie 'Absalon' de M. Duché fut représentée au Collège d'Harcourt pour la distribution des prix, adaptée pour les écoliers de rhétorique et bien accueillie par une assemblée nombreuse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
135
p. 2022-2029
Nouveaux Echevins, Discours au Roi, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le 16. le Corps de Ville assemblé, fit l'élection de deux nouveaux Echevins [...]
Mots clefs :
Échevins, Scrutin, Maître des cérémonies, Noblesse, Concert d'instruments, Académie royale de musique, Académie française, Académie royale des sciences, Société royale de Londres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouveaux Echevins, Discours au Roi, &c. [titre d'après la table]
Le 16. le Corps de Ville assemblé ,
fit l'élection de deux nouveaux Echevins
qui sont M. Pelet , Avocat ès Conseils ,
Bailly de l'Abbaye de S. Germain des
Près , et Conseiller de Ville , et M. Géoffroy
, de l'Académie Royale des Sciences
et de la Societé Royale de Londres.
Le 19. le même Corps de Ville , le
Duc de Tresmes , Gouverneur de Paris ,
étant à la tête , eut Audience du Roy
avec les Céremonies accoûtumées, Il fut
présenté par le Comte de Maurepas , Secretaire
d'Etat , et conduit par le Marquis
de Brezé , Grand-Maître des Ceremonies
, en survivance du Marquis de
Dreux son Pere , et par M. Desgranges ,
Maître des Ceremonies .
BAN
A O UST. . 1731. 2023
Mr. Pelet et Geoffroy , nouveaux Echevins
, prêterent entre les mains de S. M.
le serment de fidelité dont le Comte de
Maurepas fit la lecture. Le Scrutin fut présenté
par M. de Tourmont de Gournay ,
Conseiller au Parlement , qui s'exprima
en ces termes.
SIRE
Votre bonne Ville de Paris vient toujours
avec le même empressement presenter
à Votre Majesté les assurances respectueuses
de sa fidelité ; souffrez , Sire , qu'elle
dise de son amour pour son auguste Maître
comment un Peuple dont vous faites tout le
bonheur ne seroit- il pas pénétré de ces sentimens
? il admire en vous les vertus de tous
les âges ; vous les rendez aimables par les
charmes qu'elles répandent sur vôtre personne
sacrée et nécessaires par votre exemple.
Les graces que la nature vous a prodiguées
ont un éclat qui ne se confund point avec
celui du Trône . Vous regnez sur vous-même
dans cette saison dangereuse où les passions
dominent sur les Maîtres du Monde avec
plus d'empire que sur les autres hommes. Un
discernement juste vousfait choisir ceux que
vous honorez de votre confiance ; et ce choix.
si important est le chef-d'oeuvre d'un Monarque
2024 MERCURE DE FRANCE
7425
que consommé dans l'Art de regner. Vous
nous conservez l'avantage inestimable de ta
Paix. Nous devons à vos soins paternels des
jours heureux dont rien ne pourra désormais
interrompre le cours ; nous en avons pour
garants la tendresse de Votre Majesté pour
un Peuple si fidele , et ces gages precieux de
la fidelité publique , qu'il a plû au Ciel d'ac
corder à vos vertus , et à l'ardeur de nos
voeux.
Le 21. les Députez des Etats de Languedoc
curent Audience du Roy , étant
presentés par le Prince de Dombes , Gouverneur
de la Province , et par le Comte
de S. Florentin , Secretaire d'Etat , et
conduits en la maniere accoutumée par
le Grand- Maitre , et par le Maître des
Ceremonies. La députation étoit com
posée de M. de Segur , Evéque de Saint
Papoul pour le Clergé , lequel porta la
parole du Baron de Lenta pour la Noblesse;
de M. de Lavedan et la Caze , députés
du Tiers Etat , et de M. Joubert ,
Sindic Géneral de la Province . Les Ca
hiers furent presentés par l'Evêque de
S. Papoul , qui parla avec beaucoup d'éloquence
, et dont le discours fût applau
di. Ce Prelat est fils du Marquis de Segure,
Grand- Croix de l'Ordre de S.Louis,
Gouverneur du Pays de Foix , et Lieur
tenant
A O UST. 1731. 2025
tenant Géneral au Gouvernement de
Brie. Il est d'une des meilleures Maisons
de la Province de Guyenne . Ces députés
curent ensuite Audience de la Reine , et
ils rendirent leurs respects à Monseigneur
le Dauphin , à Monseigneur le Duc
d'Anjou et à Mesdames de France .
Le Roy a donné la place de Conseiller
d'Etat vacante par la mort de M. d'Argouges
, à M. de Bouville , Intendant
d'Orléans : S. M. a nommé à l'Intendance
d'Orleans M. de Beaussan qui est
remplacé dans l'Intendance de Poitiers
par M, le Nain , M. des Requetes , et
M. Chauvelin de Beauséjour , Me. des
Requêtes , a été nommé Intendant de
la Géneralité d'Amiens , à la Place de
M. Chauvelin Conseiller d'Etat son
Pere,
Le 23. La Lotterie de la Compagnie
des Indes , établie pour le remboursement
des Actions fut tirée en la maniere
accoutumée à l'Hôtel de la Compagnie,
La Liste des Numeros gagnans des Actions
et dixièmes d'Actions qui doivent
être remboursées , a été rendue publique ,
faisant en tout le nombre de 309. Actions,
Le Concert d'Instrumens que l'Aça¬
démic
2026 MEAL
#1
à
démie Royale de Musique donne tous
les ans au Château des Thuilleries
Poccasion de la Fête du Roy , a été executé
le 24. veille de S. Louis , par un grand
nombre d'excellens Simphonistes de la
même Académie , qui jouërent differens
morceaux de Musique de M. de Lully ,
et d'autres Maîtres Modernes.
L'Académie Françoise celebra le 25.
de ce mois la Fête de S. Louis dans la
Chapelle du Louvre , la Messe fut celebrée
par l'Archevêque de Sens , l'un
des quarante de l'Académie , et l'Abbé
Laizeau prononça le Panegyrique du
Saint.
Le même jour , l'Académie des Inscriptions
et Belles - Lettres , et celle des
Sciences , celebrerent la fête de S. Louis
dans l'Eglise des Prêtres de l'Oratoire
de S. Honoré ; il y eut une Musique
excellente pendant la Messe. Le R. P.
Meney , Chanoine Regulier de S. Augustin
, Congregation de S. Antoine , prononça
le Panegyrique du S. Roy en présence
des deux Académies et d'une nomé
breuse Assemblée. Son Discours parut fort
éloquent. On y remarqua un grand fond
de Religion et de pieté soutenu par
tous les traits les plus marqués et les plus
biil-
1
AOUST. 2027 17318
brillants de la vie de S. Loüis. Les Pseaumes
, Domine Dominus noster et Cantate
Laus ejus , mis en Musique par les Sieurs
Dornel et du Bousset , furent chantés
pendant ces Messes et fort applaudis.
Le 28. de ce mois après midi , la Reine
accompagnée des Dames de Sa Cour , se
rendit à la Maison Royale de S. Cyr , où
S. M. donna le voile de Religion à la
Dlle. Charpin de Gennetine. Le Sermon
y fut prononcé par l'Abbé de la Pause ;
Predicateur ordinaire du Roy.
Le Roi a nommé à la place de Mede
cin des Enfans de France , M. François
Chicoyneau , Conseiller en la Cour des
Aydes , Comptes et Finances de Languedoc
, Membre de l'Académie Royale des
Sciences de Montpellier , Professeur Royal
d'Anatomie et de Botanique , Intendant
du Jardin du Roi , Chancelier et Juge de
l'Université en Médecine de la mêmeVille.
M. Chicoyneau fut un des six Mede
cins à Marseille en l'an- S. M. envoya
que
née 1720. pour secourir les Pestiferez ; il
fut gratifié à cette occasion , avec ses Confreres
, d'une pension de 2000. liv. et du
Colier de l'Ordre de S. Michel . On écrit
de Montpellier , qu'il part de cette Ville
regretté
2023 MERCURE DE FRANCE
差
regreté generalement de tout le mon
de , et plus particulierement des P.
vres , ausquels il ne refusoit ni ses visite
ni ses conseils , sans compter les secou
solides qu'il leur fournissoir depuis 30,
ans. C'est aussi par cette consideration
que la Cour des Aydes le dispensoit de
se trouver à ses Audiances , en reconnoissance
de la charité qu'il exerçoit envers
les Pauvres.
En l'année 1715. il fut député de sa
Compagnie pour accompagner M. Bon ,
Premier President , lorsqu'il fut question
de complimenter le Roi sur son avenenement
à la Couronne.
M. Chicoyneau laisse à Montpellier un
fils du premier lit , reçû depuis 172 3 .
en survivance de ces mêmes Charges de
l'Université de Medecine de Montpellier,
dans lesquelles il a donné des preuves distinguées
qu'il est heritier de tous les heureux
talens de M. son Pere, lequel a épousé
en secondes nôces Mlle Chirac , fille unique
de M. Chirac , aujourd'hui Premier
Medecin du Roi , qu'il suffit de nommer
pour en faire l'Eloge.
Le mêine jour , le Roi nomma M. Botiilhac,
Docteur enMedecine de la Faculté de
Montpellier, Medecin du grandCommun
de la Maison du Roi et de la Charité de
Versailles
A O UST. 1731. 2019
Versailles, pour servir près des Enfans de
France , et suppléer à M. Chicoyneau, en
cas de maladie ou d'absence , même pour
l'aider dans ses fonctions , lorsqu'il sera
present.
fit l'élection de deux nouveaux Echevins
qui sont M. Pelet , Avocat ès Conseils ,
Bailly de l'Abbaye de S. Germain des
Près , et Conseiller de Ville , et M. Géoffroy
, de l'Académie Royale des Sciences
et de la Societé Royale de Londres.
Le 19. le même Corps de Ville , le
Duc de Tresmes , Gouverneur de Paris ,
étant à la tête , eut Audience du Roy
avec les Céremonies accoûtumées, Il fut
présenté par le Comte de Maurepas , Secretaire
d'Etat , et conduit par le Marquis
de Brezé , Grand-Maître des Ceremonies
, en survivance du Marquis de
Dreux son Pere , et par M. Desgranges ,
Maître des Ceremonies .
BAN
A O UST. . 1731. 2023
Mr. Pelet et Geoffroy , nouveaux Echevins
, prêterent entre les mains de S. M.
le serment de fidelité dont le Comte de
Maurepas fit la lecture. Le Scrutin fut présenté
par M. de Tourmont de Gournay ,
Conseiller au Parlement , qui s'exprima
en ces termes.
SIRE
Votre bonne Ville de Paris vient toujours
avec le même empressement presenter
à Votre Majesté les assurances respectueuses
de sa fidelité ; souffrez , Sire , qu'elle
dise de son amour pour son auguste Maître
comment un Peuple dont vous faites tout le
bonheur ne seroit- il pas pénétré de ces sentimens
? il admire en vous les vertus de tous
les âges ; vous les rendez aimables par les
charmes qu'elles répandent sur vôtre personne
sacrée et nécessaires par votre exemple.
Les graces que la nature vous a prodiguées
ont un éclat qui ne se confund point avec
celui du Trône . Vous regnez sur vous-même
dans cette saison dangereuse où les passions
dominent sur les Maîtres du Monde avec
plus d'empire que sur les autres hommes. Un
discernement juste vousfait choisir ceux que
vous honorez de votre confiance ; et ce choix.
si important est le chef-d'oeuvre d'un Monarque
2024 MERCURE DE FRANCE
7425
que consommé dans l'Art de regner. Vous
nous conservez l'avantage inestimable de ta
Paix. Nous devons à vos soins paternels des
jours heureux dont rien ne pourra désormais
interrompre le cours ; nous en avons pour
garants la tendresse de Votre Majesté pour
un Peuple si fidele , et ces gages precieux de
la fidelité publique , qu'il a plû au Ciel d'ac
corder à vos vertus , et à l'ardeur de nos
voeux.
Le 21. les Députez des Etats de Languedoc
curent Audience du Roy , étant
presentés par le Prince de Dombes , Gouverneur
de la Province , et par le Comte
de S. Florentin , Secretaire d'Etat , et
conduits en la maniere accoutumée par
le Grand- Maitre , et par le Maître des
Ceremonies. La députation étoit com
posée de M. de Segur , Evéque de Saint
Papoul pour le Clergé , lequel porta la
parole du Baron de Lenta pour la Noblesse;
de M. de Lavedan et la Caze , députés
du Tiers Etat , et de M. Joubert ,
Sindic Géneral de la Province . Les Ca
hiers furent presentés par l'Evêque de
S. Papoul , qui parla avec beaucoup d'éloquence
, et dont le discours fût applau
di. Ce Prelat est fils du Marquis de Segure,
Grand- Croix de l'Ordre de S.Louis,
Gouverneur du Pays de Foix , et Lieur
tenant
A O UST. 1731. 2025
tenant Géneral au Gouvernement de
Brie. Il est d'une des meilleures Maisons
de la Province de Guyenne . Ces députés
curent ensuite Audience de la Reine , et
ils rendirent leurs respects à Monseigneur
le Dauphin , à Monseigneur le Duc
d'Anjou et à Mesdames de France .
Le Roy a donné la place de Conseiller
d'Etat vacante par la mort de M. d'Argouges
, à M. de Bouville , Intendant
d'Orléans : S. M. a nommé à l'Intendance
d'Orleans M. de Beaussan qui est
remplacé dans l'Intendance de Poitiers
par M, le Nain , M. des Requetes , et
M. Chauvelin de Beauséjour , Me. des
Requêtes , a été nommé Intendant de
la Géneralité d'Amiens , à la Place de
M. Chauvelin Conseiller d'Etat son
Pere,
Le 23. La Lotterie de la Compagnie
des Indes , établie pour le remboursement
des Actions fut tirée en la maniere
accoutumée à l'Hôtel de la Compagnie,
La Liste des Numeros gagnans des Actions
et dixièmes d'Actions qui doivent
être remboursées , a été rendue publique ,
faisant en tout le nombre de 309. Actions,
Le Concert d'Instrumens que l'Aça¬
démic
2026 MEAL
#1
à
démie Royale de Musique donne tous
les ans au Château des Thuilleries
Poccasion de la Fête du Roy , a été executé
le 24. veille de S. Louis , par un grand
nombre d'excellens Simphonistes de la
même Académie , qui jouërent differens
morceaux de Musique de M. de Lully ,
et d'autres Maîtres Modernes.
L'Académie Françoise celebra le 25.
de ce mois la Fête de S. Louis dans la
Chapelle du Louvre , la Messe fut celebrée
par l'Archevêque de Sens , l'un
des quarante de l'Académie , et l'Abbé
Laizeau prononça le Panegyrique du
Saint.
Le même jour , l'Académie des Inscriptions
et Belles - Lettres , et celle des
Sciences , celebrerent la fête de S. Louis
dans l'Eglise des Prêtres de l'Oratoire
de S. Honoré ; il y eut une Musique
excellente pendant la Messe. Le R. P.
Meney , Chanoine Regulier de S. Augustin
, Congregation de S. Antoine , prononça
le Panegyrique du S. Roy en présence
des deux Académies et d'une nomé
breuse Assemblée. Son Discours parut fort
éloquent. On y remarqua un grand fond
de Religion et de pieté soutenu par
tous les traits les plus marqués et les plus
biil-
1
AOUST. 2027 17318
brillants de la vie de S. Loüis. Les Pseaumes
, Domine Dominus noster et Cantate
Laus ejus , mis en Musique par les Sieurs
Dornel et du Bousset , furent chantés
pendant ces Messes et fort applaudis.
Le 28. de ce mois après midi , la Reine
accompagnée des Dames de Sa Cour , se
rendit à la Maison Royale de S. Cyr , où
S. M. donna le voile de Religion à la
Dlle. Charpin de Gennetine. Le Sermon
y fut prononcé par l'Abbé de la Pause ;
Predicateur ordinaire du Roy.
Le Roi a nommé à la place de Mede
cin des Enfans de France , M. François
Chicoyneau , Conseiller en la Cour des
Aydes , Comptes et Finances de Languedoc
, Membre de l'Académie Royale des
Sciences de Montpellier , Professeur Royal
d'Anatomie et de Botanique , Intendant
du Jardin du Roi , Chancelier et Juge de
l'Université en Médecine de la mêmeVille.
M. Chicoyneau fut un des six Mede
cins à Marseille en l'an- S. M. envoya
que
née 1720. pour secourir les Pestiferez ; il
fut gratifié à cette occasion , avec ses Confreres
, d'une pension de 2000. liv. et du
Colier de l'Ordre de S. Michel . On écrit
de Montpellier , qu'il part de cette Ville
regretté
2023 MERCURE DE FRANCE
差
regreté generalement de tout le mon
de , et plus particulierement des P.
vres , ausquels il ne refusoit ni ses visite
ni ses conseils , sans compter les secou
solides qu'il leur fournissoir depuis 30,
ans. C'est aussi par cette consideration
que la Cour des Aydes le dispensoit de
se trouver à ses Audiances , en reconnoissance
de la charité qu'il exerçoit envers
les Pauvres.
En l'année 1715. il fut député de sa
Compagnie pour accompagner M. Bon ,
Premier President , lorsqu'il fut question
de complimenter le Roi sur son avenenement
à la Couronne.
M. Chicoyneau laisse à Montpellier un
fils du premier lit , reçû depuis 172 3 .
en survivance de ces mêmes Charges de
l'Université de Medecine de Montpellier,
dans lesquelles il a donné des preuves distinguées
qu'il est heritier de tous les heureux
talens de M. son Pere, lequel a épousé
en secondes nôces Mlle Chirac , fille unique
de M. Chirac , aujourd'hui Premier
Medecin du Roi , qu'il suffit de nommer
pour en faire l'Eloge.
Le mêine jour , le Roi nomma M. Botiilhac,
Docteur enMedecine de la Faculté de
Montpellier, Medecin du grandCommun
de la Maison du Roi et de la Charité de
Versailles
A O UST. 1731. 2019
Versailles, pour servir près des Enfans de
France , et suppléer à M. Chicoyneau, en
cas de maladie ou d'absence , même pour
l'aider dans ses fonctions , lorsqu'il sera
present.
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Résumé : Nouveaux Echevins, Discours au Roi, &c. [titre d'après la table]
En août 1731, plusieurs événements significatifs ont eu lieu à Paris et en France. Le 16 août, le Corps de Ville a élu deux nouveaux échevins : M. Pelet, avocat et conseiller de ville, et M. Geoffroy, membre de l'Académie Royale des Sciences et de la Société Royale de Londres. Le 19 août, le Corps de Ville, sous la direction du Duc de Tresmes, a été reçu en audience par le roi. Cette audience a été présentée par le Comte de Maurepas et conduite par le Marquis de Brezé et M. Desgranges. Les nouveaux échevins ont prêté serment de fidélité au roi. Le 21 août, les députés des États de Languedoc ont également eu audience avec le roi, présentés par le Prince de Dombes et le Comte de Saint Florentin. La délégation comprenait des représentants du clergé, de la noblesse et du tiers état. Le 23 août, la loterie de la Compagnie des Indes a été tirée pour le remboursement des actions. Le 24 août, un concert de l'Académie Royale de Musique a été donné au Château des Tuileries. Le 25 août, l'Académie Française et les Académies des Inscriptions et Belles-Lettres et des Sciences ont célébré la fête de Saint Louis. Le 28 août, la reine a accompagné la demoiselle Charpin de Gennetine à la Maison Royale de Saint Cyr pour recevoir le voile de religion. Le roi a nommé M. François Chicoyneau comme médecin des Enfants de France et M. Botiilhac comme son suppléant. M. Chicoyneau était reconnu pour ses services lors de l'épidémie de peste à Marseille en 1720 et pour ses soins aux pauvres de Montpellier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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136
p. 2104-2106
A MLLE SALLÉ, Danseuse de l'Opera, pour celebrer son retour. EPITRE.
Début :
Les Amours pendant votre absence [...]
Mots clefs :
Amours, Vénus, Grâces
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MLLE SALLÉ, Danseuse de l'Opera, pour celebrer son retour. EPITRE.
A MLLE SALLE' ,
Danseuse de l'Opera , pour celebrer
son retour.
EPITRE.
LEs Amours pendant votre absence
'Avec vous s'étoient envolez ;
Enfin les voila rappellez
Dan
SEPTEMBRE. 1731. 2105
Dans le séjour de leur naissance.
Je les vis , ces Enfans aîlez ,
Voler en foule sur la Scene ,
Ou , pour voir triompher leur Reine
Leurs Etats furent assemblez ;
Dieux ! quel fut leur plaisir extréme ,
Ce jour , le plus beau de vos jours ,
Où, recevant de Venus même ,
Et sa Ceinture et ses atours
Vous vîtes l'avide concours ,
D'un Peuple entraîné sur vos traces ,
Qui se rappellera toûjours ,
Ces Ras mésurez par les graces >
Et composez par les Amours.
Des Ris l'essain vif et folâtre ,
Pour contempler ces Jeux charmans
Avoient occupé le Théatre ,
Sous la forme de mille Amans ;
Pour vous voir , les Graces parées ,
De modernes habillemens ,
Des Loges s'étoient emparées ;
Pour empoisonner ces douceurs ,
Une Troupe d'Amours censeurs
Osa se glisser au Parterre ,
Amours étrangers , inconnus ,
Qui sans doute n'étoient venus
21
99
Que pour vous déclarer la guerre ;
CY To
2106 MERCURE DE FRANCE
Je vis leur party frémissant ,.
Forcé de changer de langage ,
Vous rendre , en pestant , son homage ,
Et jurer en applaudissant.
Restez , Fille de Terpsicore ,.
L'Amour est las de voyager ;
Laissez soupirer l'Etranger ,
Brulant de vous revoir encore.' ,
Je sçai que pour nous attirer ,
L'Anglois solide récompense
Le mérite errant que la France
Ne fait tout au plus qu'admirer..
Par sa genereuse industrie ,
Laissons l'Anglois se signaler ,
Est-il rien qui puisse égaler
Le suffrage de la Patrie ?.
Danseuse de l'Opera , pour celebrer
son retour.
EPITRE.
LEs Amours pendant votre absence
'Avec vous s'étoient envolez ;
Enfin les voila rappellez
Dan
SEPTEMBRE. 1731. 2105
Dans le séjour de leur naissance.
Je les vis , ces Enfans aîlez ,
Voler en foule sur la Scene ,
Ou , pour voir triompher leur Reine
Leurs Etats furent assemblez ;
Dieux ! quel fut leur plaisir extréme ,
Ce jour , le plus beau de vos jours ,
Où, recevant de Venus même ,
Et sa Ceinture et ses atours
Vous vîtes l'avide concours ,
D'un Peuple entraîné sur vos traces ,
Qui se rappellera toûjours ,
Ces Ras mésurez par les graces >
Et composez par les Amours.
Des Ris l'essain vif et folâtre ,
Pour contempler ces Jeux charmans
Avoient occupé le Théatre ,
Sous la forme de mille Amans ;
Pour vous voir , les Graces parées ,
De modernes habillemens ,
Des Loges s'étoient emparées ;
Pour empoisonner ces douceurs ,
Une Troupe d'Amours censeurs
Osa se glisser au Parterre ,
Amours étrangers , inconnus ,
Qui sans doute n'étoient venus
21
99
Que pour vous déclarer la guerre ;
CY To
2106 MERCURE DE FRANCE
Je vis leur party frémissant ,.
Forcé de changer de langage ,
Vous rendre , en pestant , son homage ,
Et jurer en applaudissant.
Restez , Fille de Terpsicore ,.
L'Amour est las de voyager ;
Laissez soupirer l'Etranger ,
Brulant de vous revoir encore.' ,
Je sçai que pour nous attirer ,
L'Anglois solide récompense
Le mérite errant que la France
Ne fait tout au plus qu'admirer..
Par sa genereuse industrie ,
Laissons l'Anglois se signaler ,
Est-il rien qui puisse égaler
Le suffrage de la Patrie ?.
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Résumé : A MLLE SALLÉ, Danseuse de l'Opera, pour celebrer son retour. EPITRE.
En septembre 1731, une épître célèbre le retour de Mlle Salle, une danseuse de l'Opéra. Les Amours, symbolisant les passions et les admirateurs, l'ont suivie et se sont rassemblés pour la voir triompher sur scène. Le jour de son retour a été marqué par un enthousiasme extrême, avec un public avide et des Grâces vêtues de modernes habits occupant les loges. Cependant, une troupe d'Amours censeurs, étrangers et inconnus, a tenté de perturber cet enthousiasme en déclarant la guerre à Mlle Salle. Malgré cela, ces Amours ont dû changer de langage et rendre hommage à la danseuse en applaudissant. L'auteur exprime le souhait que Mlle Salle reste, car l'Amour est las de voyager. Il mentionne également la générosité des Anglais à récompenser le mérite, mais souligne l'importance du suffrage de la Patrie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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137
p. 2126-2145
LETTRE de M. à M. sur la Musique.
Début :
Nous avons eu très-souvent occasion, Monsieur, de parler Musique, vous [...]
Mots clefs :
Musique, Basse fondamentale, Dissonances, Ton majeur, Septième superflue, Quinte, Note tonique, Basse continue, Tierce mineure, Dominante
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. à M. sur la Musique.
LETTRE
de M. à M. sur la Musique.
Ous avons eu très- souvent occasion.
Monsieur , de parler Musique , vous
m'avez
SEPTEMBRE 1731. 2127
m'avez fait l'honneur de me demander
raison sur bien des choses ; et comme
vous ne m'avez pas paru satisfait de mes
réponses sur la façon de placer les accords
, de les sauver , et de les préparer ;
je viens de faire une Carte generale de
la Basse fondamentalle , après laquelle
vous trouverez une suite de gès . ét 11es.
une suite de secondes une suite de
, septiémes
en montant et en descendant , et
un éxemple pour les Dissonances ; le tout
me paroît clair et je me flate que vous
le trouverez de même. J'ay l'honneur
d'être &c.
>
Explication de la Carte generale de la
Basse fondamentale et de ses dérivés , di
visée en quatre Articles .
Il n'y a que deux accords dans la mu
sique , d'où dérivent tous les autres , sçavoir
le parfait et la septiéme ; mais il y a
trois sortes de septiéme dans la Basse fondamentale
; sçavoir, dans le ton majeur et
mineur la septième de la seconde note dut
on , et la septième de la dominante ou
cinquiéme note du ton , et dans le ton
mineur seulement la septiéme diminuće
de la note sensible ou septiéme note
du ton.
Diiij Toute
2128 MER CURE DE FRANCE
Toute note qui porte septième ou accord
parfait , est Basse fondamentale
excepté la septiéme superfluë '
comme
vous le verrez dans les articles 3. et 4º .
LaBasse Fondamentale de la seconde , est
la septième de la note au -dessus , comme
par exemple , la Basse fondamentale de
la seconde de l'ut , est le re portant septiéme
, comme vous le verrez dans le car
ticle, excepté qu'elle ne soit accompagnée
de la 11. ou 4º , et de la se. Car alors
c'est la se..en- dessus portant septiéme qui
en est la Basse fondamentale, comme vous
le verrez dans le 3 article..
La Basse fondamentale des neuvièmes
est la tierce en dessus , portante com
me par exemple , la Basse fondamentale
de la neuvième du mi est le sol , portant
7. comme vous le verrez dans le 3e. article.
Il y a une sorte de neuviéme dans le
ton mineur , accompagnée de la quinta
superfluë , qui se met sur la médiante ou
troisiéme note du ton ; elle suit toûjours
la regle de la neuviéme précedente pour
la Basse fondamentale. comme vous le
verrez dans la 3 article , où je la marquerai
par un 5. avec une croix devant pour
la distinguer des autres .
›
La B sse fondamentale des 11es ou 4es.
est la je en -dessus portant 7e , comme
Vous
SEPTEMBRE. 1731. 2129
vous le verrez dans le 2e. article , et dans
la suite des ges et 11es. , excepté qu'elle.
ne soit accompagnée de la se superfluë ,
car alors c'est la se superfluë en -dessus
portant 7. diminuée qui en est la Basse:
fondamentale.
Dans le premier Article où je traite de:
l'accord parfait de la note tonique ou note:
du ton où l'on est , et de ses derivés , vous
trouverez la sixte de la médiante ou troi- .
siéme note du ton et la sixte et quarte
de la dominante ou cinquième note du:
ton . La regle est generale pour. le majeur
et le mineur..
,
و
Dans le second Article où je traite de
la septième , de la seconde note du ton et
de ses derivés , vous trouverez dans la
premiere partie mede majeur , la sixte et .
quinte sur la quatriéme note du ton , ce
la sixte qui se met sur la sixième note du
ton en montant , en retranchant l'oc
tave de la Basse fondamentale ; et sans y
rien retrancher , vous trouverez la petitesixte
mineure , qui se met sur la sixième :
note du ton en descendant , et sur la mê
me note vous trouverez la petite sixte:
majeure en mettant tierce majeure, à la
Basse fondamentale , qui devient alorss
dominante , et la note où l'on a mis la pea
tite sixte majeure , devient seconde note:
Div. dir
2
2130 MERCURE DE FRANCE
› du ton et en remettant
la tierce
au naturel
dans
la Basse
fondamentale
, ce qui
nous
fait
revenir
à nôtre
premier
ton
vous
trouverez
la seconde
de la note
tonique
et l'accord
de petite
onzième
ou quar
te sur la
dominante
ou
cinquiéme
note
du ton en retranchant
la tierce
et la
quinte
de la Basse
fondamentale
, et ajoûtant
l'octave
de la Basse
continuë
, qu'il
faut
regarder
comme
une
note
étrangere
à l'accord
, ainsi
que la Basse
continuë
puisqu'elle
n'en
est que la répetition
.
›
>
Dans la seconde partie mode mineure ,
ou la septième de la seconde note du ton,
est accompagnée de la fausse quinte , vous
trouverez l'accord de sixte et quinte avec
la tierce mineure sur la quatrième note
du ton , et la petite sixte majeure sur la
sixième note du ton et sur la même note
vous trouverez encore la petite sixte .
superfluë , en mettant dans la Basse fondamentale
la tierce majeure , quoi qu'il
y ait une fausse quinte et remettant
la tierce au naturel , vous trouverez la
seconde de la note tonique accompagnée
de la sixte mineure.
"
Dans le troisiéme Article où je traite
de la septième de la dominante , ou cinquiéme
note du ton et de ses derivés ,
premiere partie mode majeur , vous trou
verez
SEPTEMBRE. 1731. 2131
que ,
verez la sixte mineure qui se met sur la
septiéme note du ton en descendant , en
retranchant la septième de la Basse fondamentale
qui devient alors note tonique ,
et la note où l'on a mis la sixte , en devient
la mediante , er remettant la septie
me ce qui la fait revenir dominante , vous
trouverez la fausse quinte sur la note sensible
ou septiéme note du ton en montant,
et la septiéme superfluë de la note toniaccompagnée
de la seconde et de
la onzième ou quarte et de la quinte ;
Vous trouverez encore la petite sixte majeure
sur la seconde note du ton , et la
neuviéme sur la médiante ou troisiéme
note du ton , et le triton sur la quatriéme
note du ton accompagné de la se
conde et de la sixte, en retranchant la septiéme
de la Basse fondamentale , qui feroit
octave contre la Basse continue , er
remettant la septième dans la Basse fondamentale
, et retranchant la tierce , vous
trouverez la seconde accompagnée de la
onzième ou quarte , et de la quinte sur
la note tonique.
,
J Dans la seconde partie mode mineur
vous trouverez la sixte majeure sur la
septiême note du ton en descendant , en
retranchanr la septième de la Basse fondamentale
ce qui la fait devenir note
D vj tonique,
>
2132 MERCURE DE FRANCE
tonique , et la note où est la sixte majeure
, en devient la médiante , et en remettant
la septiéme , et l'accompagnant,
de la tierce majeure , ce qui la fait revenir
do ninante , vous trouverez la quinte
superfluë sur la mediante..
,
>
Dans le quatriéme Article mode mineur,
où je traite de la septiéme diminuée
de la note sensible , ou septiéme note du,
ton et de ses derivés vous trouverez la
septiéme superfluë de la no - e tonique „
accompagnée de la seconde , de la onzié
me ou quarte et de la sixte mineure , et
la sixte majeure sur la seconde note du.
ton accompagnée de la tierce et de la,
fauss quinte , et la onzième complette.
ou quarte accompagnée de la quinte su-.
perfluë de la septième et de la neuvième
sur la médiante ou troisiéme note du ton,
et le triton sur la quatriéme note du ton .
accompagné de la tierce mineure et de
la sixte , et la neuvième min´ure sur la
dominante ou cinquiéme note du ton
et le seconde superfluë sur la sixième note
du ton.
La onzime complette et là petite onziéme
se préparent par la sixte et quinte :
et se sauvent par l'acco d de septiéme
comme vous le verrez dans la suite des
sest lies. mais la 11 accompagnée de
le
SEPTEMBRE . 1731 2133
la
5e. superfluë qui se met sur la médiante
ou troisiéme note du ton , se doit sauver
la 6e. accord ordinaire de la médiante
, parceque la se superflue doit toû
jours remonter.
par
La petite onzième se prépare encore de
plusieurs façons , par la petite e sur la
6e. note du ton ou par la 7e de la se
2..
, conde note du ton ce qui revient au
même par l'accord parfait de la note to .
nique ou par ses derivés .
Quand il y a deux onzièmes de suite
la seconde se trouve preparée par la 7e.
La neuvième se prépare et se sauve parlae.
et se excepté la 9e. accompagnée de
la se superflue , qui se sauve. par l'accord:
de 6e.. pour faire remonter tou ours la se
superflue ; mais quand il y a deux ges. de :
suite et que
la premiere est accompa
gnée de la se superflue , la seconde setrouve
préparée de la 6e. comme vous le
verrez dans la suite des ges. et iles.
Après la suite des ges, et 11es . vous trouverez
une suite dé secondes préparées etsauvées
de la 6 et je . excepté la seconde :
accompagnée de la 11. ou 4 et de las
se qu'il fut préparer par l'accord par
fait , ce qui fera faire le veritable mouvement
à la Basse fondamentale car si on:
la préparoit de la 6. et se la Basse fon-.
damentale
2134 MERCURE DE FRANCE
3
damentale iroit par degrés conjoints em
descendant d'une septième sur l'autre
mouvement qu'elle ne peut pas faire.
Quoique vous trouviez le triton dans la
suite des secondes , il n'est pas toûjours
nécessaire de le préparer , et il ne suit pas.
la regle des secondes pour être sauvé , car
on le sauve ordinairement par la sixte sur
la médiante , ou par l'accord parfait de la
note tonique , ce qui revient au même.
Après cette suite de secondes , vous trouverez
une suite de septiémes en montant ,
préparées et sauvées de 6e et se et en
descendant preparées et sauvées de petite:
6. , mais dans le ton mineur il faut sauver
la 7. de la mediante en montant par
l'accord de 6. et la septiéme de la dominante
en descendant' par la 6e. et 4 .
car si on sauvoit la premiere par la ce et
se et la seconde par la petite 6. , cela
donneroit un accord de 7e. superfluë accompagnée
de la tierce mineure dans la
Basse fondamentale ce qu'on ne doit
jamais faire.
Quoique je n'aye pas mis l'octave dans:
toutes les 7es. de cette suite , cela n'empêche
pas qu'on ne puisse la mettre dans
f'accompagnement ; toute note qui monte
de quatre ou descend de cinq demande
76 ou accord parfait.
程
SEPTEMBRE. 7731. 2135
Il faut remarquer que la seconde superflue
et la septiéme superfluë n'ont pas besoin
d'être preparées , mais qu'on sauve
la seconde superflue par un des derivés
de l'accord parfait de la note tonique , et
la 7. superfluë par l'accord parfait de la
note tonique.
Regle generale pour préparer et sauver les:
Dissonantes du dessus ou d'une partie
à la Basse.
>
Il y a deux sortes de Dissonances qu'on
appelle majeures et mineures ; les majeu
res n'ont pas besoin d'être preparées , et
se sauvent en faisant remonter d'un degré
le dessus ou la partie qui , les a faites ,
comme vous le verrez dans le premier
article de l'exemple des dissonances ; dans
les dissonances mineures , il y en a qui
n'ont pas besoin d'être preparées , et
d'autres qu'il faut preparer ; mais elles se
sauvent toutes en faisant descendre d'un
degré le dessus ou la partie qui les a faites,
excepté la seconde , où c'est la Basse qui
est obligée de descendre d'un degré
comme vous le verrez dans le second
article.
Dans le premier Article , vous trouverez
la septiéme superflue , qui se sauve par
L'octave en faisant remonter le dessus.
d'un
2136 MERCURE DE FRANCE
d'un degré la Basse tenant le même son "
la petite sixte majeure qui se sauve par la
sixte , en faisant remonter le dessus d'ún
degré et la basse d'un autre , ou par
l'oc
tave , en faisant descendre la basse d'un
degré , ce qui revient au même , la quinte
superfluë qui se sauve par la sixte , en faisant
remonter le dessus d'un degré la
Basse tenant le même son , lè triton què
se sauve par là sixte en faisant remonter
le dessus d'un degré et descendre la Bassed'un
autre ou par
l'octave , en faisant
descendre la Basse de quatre ; Enfin vous
y trouverez la seconde superfluë qui se
sauve en faisant monter le dessus d'un
degré et descendre -la Basse d'un autre par
la quarte consonante sur la dominante
c'est à-dire , accompagnée de la sixte et
de l'octave Ou
,
la sixte sur la me
par
diante , en faisant descendre la Basse.da
quatre degrés.
,
La sixte superfluë se sauve par l'octave
en faisant monter le dessus d'un degré ec
descendre la Basse d'un autre , cet accord
se met sur la sixième note du ton dans le
mode mineur pour descendre à l'accord
parfait de la dominante.
Dans le second Article , vous trouverez
la seconde qui se prepare par la sincope
de la Basse , c'est- à-dire , que si l'on veur
faire.
SEPTEMBRE. 1731 2137
3.
2
faire une seconde sur l'ut , il faut que cet
ut ait paru un temps avant que la seconde
frappe dessus , elle se sauve par la tierce,
en faisant descendre la Basse d'un degré
le dessus tenant le même son ou par la
sixte , en faisant monter le dessus de quatre
degrés ; vous trouverez la fausse quinte
qui n'a pas besoin d'être preparée , et qui
se sauve par la tierce , en faisant descendre
le dessus d'un degré et monter la Basse
d'un autre ; vous y trouverez la septième
diminuée , qu'il n'est pas toûjours necessaire
de preparer , et qui se sauve par la
sixte , en faisant descendre le dessus d'un
degré,la Basse tenant le même son , ou par
la quinte , en faisant monter la Basse d'um
degré , ou par la tierce , en faisant monter
la Basse de quatre degrés , ou descendre
de cinq , mais qui se prepare quelquefois
comme vous le verrez ensuite ; vous
y trouverez les septièmes qui se preparent
par la sincope du dessus
conde par la sincope de la Basse , et qui se
sauvent par la sixte , en faisant descendre.
le dessus d'un degré , la Basse tenant le
même son ou par la tierce , en faisant
monter la Basse de quatre degrés ou descendre
de cinq ; vous trouverez la neuviéme
qui se prepare par la sincope du
dessus comme la septième , et qui se
2.
comme la sesauve
138 MERCURE DE FRANCE
sauve par l'octave , en faisant descendre
le dessus d'un degré , la Basse tenant le
même son ; enfin vous trouverez la onziéme
ou quarte qui se prepare par la sincope
du dessus , comme la neuvième , et
qui se sauve par la dixième ou tierce , en
faisant descendre le dessus d'un degré , la
Basse tenant le même son.
La septième de la dominante n'a pas
toûjours besoin d'être préparée , comme
vous le verrez à la fin de ce dernier article.
La septiéme diminuée et la septiéme ,
se sauvent quelquefois par la sixte majeure
, en faisant descendre le dessus d'un
degré et la note de la basse d'un demi
ton , comme vous le verrez par la seconde
septiéme diminuée du même article
, qui est sur le Si naturel , et qui est
sauvée par la sixte majeure sur le Si bmo!,
et par la septiéme qui est après sur le
La naturel , qui est encore sauvée par la
sixte majeure sur le La bmol.
Quoique dans le second article de ma
Carte , j'aye mis la Sixte sur la sixième
note du ton , je ne l'ai fait que pour me
conformer à la regle de l'Octave , et je
croi qu'il seroit mieux d'y mettre la petite
Sixte , tant en montant qu'en descendant
; car puisqu'on l'y met en descendant
SEPTEMBRE. 1731. 2139
tendant sur la dominante , on doit la .
mettre aussi pour monter à la note sensible
, puisque la note sensible représente
la dominante , et la preuve de ce que je
dis se trouve dans la regle de l'Octave
sur la seconde note du ton où l'on met
la petite Sixte , quoique la basse monte à
la mediante ou qu'elle descende à la
note tonique.
Il faut remarquer encore que la basse
fondamentale ne peut pas toûjours servir
de seconde basse , comme par exemple, dessous
les neuvièmes septièmes superfluës ,
seconde accompagnée de onzième ou
quarte et de quinte , et accord de onziéme
ou quarte , dans lesquels endroits elle
ne sert que de preuve , au lieu que dans
tout le reste elle sert de preuve et peut
presque toûjours servir de seconde basse.
Reflexions sur la nature des Onziémes
ou Quartes.
Il y a plusieurs especes de quartes ,
dont les unes ne méritent pas même le
nom d'accord , mais celui de remplissage,
les autres sont celles dont j'ai déja parlé
sous le nom de onzièmes ou quartes.
Celles de la premiere espece ne sont
jamais sauvées , parce qu'elles dérivent
de deux consonances , les unes de l'Octave
2140 MERCURE DE FRANCE
tave et les autres de la tierce de la basse
fondamentale , comme par exemple , si
je fais la petite Sixte sur la seconde note
du ton qui est Ré , la bassefon damentale
en est Sol dominante , et son octave
fait quarte contre le Ré , cette quarte ne
peut pas être sauvée , parce que si je fais
monter le Ré à la médiante de l'Ut¸
qui est Mi , ou que je le fasse descendre
à la note tonique , le Sol est obligé de
tenir pour faire la tierce sur la médiante
ou la quinte sur la note tonique : la regle
est la même pour toutes les petites Sixtess
Si je fais la seconde sur l'Ut , la basse
fondamentale en est le Ré , et la tierce de
la basse fondamentale qui est Fa , fair
quarte contre l'Ut , cette quarte ne peut
pas être sauvée , parce que si je fais descendre
l'Ut au S naturel ou au Si bmol,
le Fa est obligé de tenir pour faire la
fausse quinte du Sï naturel ou la quinte.
du Si bmol.
Il y a encore une raison pour prouver que
la quarte de la petite Sixte ne peut pas être
sauvée et qu'elle est obligée de tenir le
même son après cet accord , parce qu'elle
est accompagnée de la tierce , et que y
ayant seconde entre elles , il faut qu'elle
attende que cette tierce ait descendu d'un
degré , mouvement que fait toûjours la
tierce
SEPTEMBRE. 1731. 2141
tierce de la petite Sixte , parce qu'elle fait
septiéme contre la basse fondamentale et
que la septième est obligé de descendre
d'un degré pour trouver son repos.
La petite Sixte se trouve quelquefois
accompagnée du Triton à la place de la
quarte par la force de la modulation
mais ce Triton ne se sauve pas mieux que
la quarte , car il est obligé de tenir le même
son pour faire la quinte dans l'accord
qui suit.
Celles de la seconde espece dont j'ai
déja parlé sous le nom de onzième ou
quarte , se sauvent toutes en les faisant
descendre d'un degré , parce qu'elles dérivent
de trois dissonances , les unes de
la septième , les autres de la septiéme diminuée
, et les autres de la fausse quinte
de la basse fondamentale.
. Il faut distinguer deux sortes de onziémes,
dons les unes se préparent comme la
neuvième , par la sincope du dessus et les
autres ne se préparent point .
. Il faut encore diviser celles qui se préparent
en trois especes et celles qui ne
se préparent point aussi en trois especes.
La premiere espece d'onzièmes ou
quartes de celles qui se préparent, dérive de
la septième , c'est celle qui se met sur la
seconde note du ton dont j'ai déja parlé
Sous
142 MERCURE DE FRANCE
sous le nom d'onziémé complette ou quarte
accompagnée de la 9 , de la 7e & de
la se ou fausse quinte dans le ton mineur,
comme vous le verrez dans la suite des
ges et 11es , elle se sauve par la dixiéme
ou tierce , en la faisant descendre d'un
degré , la basse tenant le même son .
La seconde dérive de la 7 diminuée
de la note sensible , c'est celle qui se met
sur la médiante dans le ton mineur accompagnée
de la quinte superfluë de la
septième et de la neuvième , comme vous
le verrez dans le quatrième article de la
Carte , elle se sauve aussi par la dixiéme
ou tierce , en la faisant descendre d'un
degré de la basse , tenant le même son.
La troisiéme dérive de la septiéme de
la seconde note du ton , c'est celle dont
j'ai déja parlé sous le nom de petite onziéme
ou quarte , parce qu'elle n'est accompagnée
que de la quinte et de l'octave
, comme vous le verrez dans le second
article de la Carte premiere partie
mode majeur , et quelquefois de la septiéme
, comme vous le verrez dans la suite,
des ges et 11es ; elle se met sur la dominante
pour faire la cadence finale et elle
se sauve par la dixième ou tierce majeure,
la basse tenant le même son .
La premiere espece de celles qui ne se
prépare
SEPTEMBRE . 1731. 2143
réparent point , dérive de la 7 de la doninante
, c'est celle qui accompagne la
superflue sur la note tonique , comme
ous le verrez dans le 3 article de la Carse
premiere partie mode majeure ,
elle se
sauve par la 10 ou 3e , en la faisant descendre
d'un degré , la basse tenant le
:
ême son.
,
La seconde dérive aussi de la 7 de la
Hominante , c'est celle qui accompagne la
et se sur la note tonique ; elle ne se
Ive pas comme les autres mais elle
obligée de tenir le même son pour
aire la fausse quinte sur la note sensible
où la note tonique qui porte cet accord
doit toûjous descendre , mais elle
se sauve par la tierce , en la faisant descendre
d'un dégré quand la basse continuë
est remontée à la note tonique , l
raison qui l'oblige à tenir le même son
pour faire la fausse quinte , c'est que son
fondement , qui est la dominante continuë
aussi , comme vous le verrez à la fin
de la suité des secondes .
La troisiéme dérive de la fausse quinte
de la note sensible , portant septiéme diminuée
, c'est celle qui se met sur la note
ronique dans le mode mineur avec la sepiéme
superflue , accompagnée de la Sixte
nineure et de la seconde , comme vous le
verrez
2144 MERCURE DE FRANCE
verrez dans le quatrième article de la Car
te , elle se sauve par la 10 ou tierce , en
la faisant descendre d'un degré , la basse
tenant le même son .
La raison qui fait que ces trois onzićimes
n'ont pas besoin d'être préparées
c'est qu'elles dérivent de deux dissonar.
ces qui ne le demandent pas .
Il y a encore ue quarte qui dérive d
l'octave de la basse fondamentale no
tonique , portant accord parfait , c'est ce
te qu'on appelle la quarte consonant
c'est- à - dire accompagnée de la Sixte et
l'octave ; elle se met sur la dominante
descend ordinairement sur la tierce n
jeure , mais elle sincope quelquefois po
attendre que la Sixte qui l'accompag
soit descendue à la quinte pour faire l'acord
de petite onzième sur la dominante .
1
Explication des Signes.
I
Par tout où il faudra une petite Sixte
je la marquerai par un 6.
Aux endroits où il faudra retranch
des notes pour la compositio
les marquerai par un r qui
dera la note.
1. Et les notes ou chiffres qu'il faudra
retrancher pour l'accompagnement
et la composition , par un ret
'un point.
C
NEW
YORK
Article premier dissonan
Exemple pour les dissor
22
फ
x7
20
O
94
dissonances mineures.
Second Article
O
9999
PUBLIC
LIBRARY
ondamentale
Partie
neur
be bebe
888
POR,
LENOX, AND
TILDEN F
Article Disreme
1rePartie Modemajeur
о
8 8 8 8
dant .
70
9-0000
7
1000
O
f
7
Хо
ने
7
et
C
191
SEPTEMBRE .
1731. 2845.
J
Ce qu'il faudra ajoûter , par un a
Je
remarquerai la note tonique ou
note du ton où l'on est par un t qui
la
précedera.
La seconde note du ton pár un s.
m La médiante ou troisiéme note du
ton , par un m .
q La quatriéme note du ton , par un q
d La
dominante ou
cinquiéme note du
ton , par un d.
si La sixième note du ton , par si .
se Et la note sensible ou septiéme note
du ton , pår se.
de M. à M. sur la Musique.
Ous avons eu très- souvent occasion.
Monsieur , de parler Musique , vous
m'avez
SEPTEMBRE 1731. 2127
m'avez fait l'honneur de me demander
raison sur bien des choses ; et comme
vous ne m'avez pas paru satisfait de mes
réponses sur la façon de placer les accords
, de les sauver , et de les préparer ;
je viens de faire une Carte generale de
la Basse fondamentalle , après laquelle
vous trouverez une suite de gès . ét 11es.
une suite de secondes une suite de
, septiémes
en montant et en descendant , et
un éxemple pour les Dissonances ; le tout
me paroît clair et je me flate que vous
le trouverez de même. J'ay l'honneur
d'être &c.
>
Explication de la Carte generale de la
Basse fondamentale et de ses dérivés , di
visée en quatre Articles .
Il n'y a que deux accords dans la mu
sique , d'où dérivent tous les autres , sçavoir
le parfait et la septiéme ; mais il y a
trois sortes de septiéme dans la Basse fondamentale
; sçavoir, dans le ton majeur et
mineur la septième de la seconde note dut
on , et la septième de la dominante ou
cinquiéme note du ton , et dans le ton
mineur seulement la septiéme diminuće
de la note sensible ou septiéme note
du ton.
Diiij Toute
2128 MER CURE DE FRANCE
Toute note qui porte septième ou accord
parfait , est Basse fondamentale
excepté la septiéme superfluë '
comme
vous le verrez dans les articles 3. et 4º .
LaBasse Fondamentale de la seconde , est
la septième de la note au -dessus , comme
par exemple , la Basse fondamentale de
la seconde de l'ut , est le re portant septiéme
, comme vous le verrez dans le car
ticle, excepté qu'elle ne soit accompagnée
de la 11. ou 4º , et de la se. Car alors
c'est la se..en- dessus portant septiéme qui
en est la Basse fondamentale, comme vous
le verrez dans le 3 article..
La Basse fondamentale des neuvièmes
est la tierce en dessus , portante com
me par exemple , la Basse fondamentale
de la neuvième du mi est le sol , portant
7. comme vous le verrez dans le 3e. article.
Il y a une sorte de neuviéme dans le
ton mineur , accompagnée de la quinta
superfluë , qui se met sur la médiante ou
troisiéme note du ton ; elle suit toûjours
la regle de la neuviéme précedente pour
la Basse fondamentale. comme vous le
verrez dans la 3 article , où je la marquerai
par un 5. avec une croix devant pour
la distinguer des autres .
›
La B sse fondamentale des 11es ou 4es.
est la je en -dessus portant 7e , comme
Vous
SEPTEMBRE. 1731. 2129
vous le verrez dans le 2e. article , et dans
la suite des ges et 11es. , excepté qu'elle.
ne soit accompagnée de la se superfluë ,
car alors c'est la se superfluë en -dessus
portant 7. diminuée qui en est la Basse:
fondamentale.
Dans le premier Article où je traite de:
l'accord parfait de la note tonique ou note:
du ton où l'on est , et de ses derivés , vous
trouverez la sixte de la médiante ou troi- .
siéme note du ton et la sixte et quarte
de la dominante ou cinquième note du:
ton . La regle est generale pour. le majeur
et le mineur..
,
و
Dans le second Article où je traite de
la septième , de la seconde note du ton et
de ses derivés , vous trouverez dans la
premiere partie mede majeur , la sixte et .
quinte sur la quatriéme note du ton , ce
la sixte qui se met sur la sixième note du
ton en montant , en retranchant l'oc
tave de la Basse fondamentale ; et sans y
rien retrancher , vous trouverez la petitesixte
mineure , qui se met sur la sixième :
note du ton en descendant , et sur la mê
me note vous trouverez la petite sixte:
majeure en mettant tierce majeure, à la
Basse fondamentale , qui devient alorss
dominante , et la note où l'on a mis la pea
tite sixte majeure , devient seconde note:
Div. dir
2
2130 MERCURE DE FRANCE
› du ton et en remettant
la tierce
au naturel
dans
la Basse
fondamentale
, ce qui
nous
fait
revenir
à nôtre
premier
ton
vous
trouverez
la seconde
de la note
tonique
et l'accord
de petite
onzième
ou quar
te sur la
dominante
ou
cinquiéme
note
du ton en retranchant
la tierce
et la
quinte
de la Basse
fondamentale
, et ajoûtant
l'octave
de la Basse
continuë
, qu'il
faut
regarder
comme
une
note
étrangere
à l'accord
, ainsi
que la Basse
continuë
puisqu'elle
n'en
est que la répetition
.
›
>
Dans la seconde partie mode mineure ,
ou la septième de la seconde note du ton,
est accompagnée de la fausse quinte , vous
trouverez l'accord de sixte et quinte avec
la tierce mineure sur la quatrième note
du ton , et la petite sixte majeure sur la
sixième note du ton et sur la même note
vous trouverez encore la petite sixte .
superfluë , en mettant dans la Basse fondamentale
la tierce majeure , quoi qu'il
y ait une fausse quinte et remettant
la tierce au naturel , vous trouverez la
seconde de la note tonique accompagnée
de la sixte mineure.
"
Dans le troisiéme Article où je traite
de la septième de la dominante , ou cinquiéme
note du ton et de ses derivés ,
premiere partie mode majeur , vous trou
verez
SEPTEMBRE. 1731. 2131
que ,
verez la sixte mineure qui se met sur la
septiéme note du ton en descendant , en
retranchant la septième de la Basse fondamentale
qui devient alors note tonique ,
et la note où l'on a mis la sixte , en devient
la mediante , er remettant la septie
me ce qui la fait revenir dominante , vous
trouverez la fausse quinte sur la note sensible
ou septiéme note du ton en montant,
et la septiéme superfluë de la note toniaccompagnée
de la seconde et de
la onzième ou quarte et de la quinte ;
Vous trouverez encore la petite sixte majeure
sur la seconde note du ton , et la
neuviéme sur la médiante ou troisiéme
note du ton , et le triton sur la quatriéme
note du ton accompagné de la se
conde et de la sixte, en retranchant la septiéme
de la Basse fondamentale , qui feroit
octave contre la Basse continue , er
remettant la septième dans la Basse fondamentale
, et retranchant la tierce , vous
trouverez la seconde accompagnée de la
onzième ou quarte , et de la quinte sur
la note tonique.
,
J Dans la seconde partie mode mineur
vous trouverez la sixte majeure sur la
septiême note du ton en descendant , en
retranchanr la septième de la Basse fondamentale
ce qui la fait devenir note
D vj tonique,
>
2132 MERCURE DE FRANCE
tonique , et la note où est la sixte majeure
, en devient la médiante , et en remettant
la septiéme , et l'accompagnant,
de la tierce majeure , ce qui la fait revenir
do ninante , vous trouverez la quinte
superfluë sur la mediante..
,
>
Dans le quatriéme Article mode mineur,
où je traite de la septiéme diminuée
de la note sensible , ou septiéme note du,
ton et de ses derivés vous trouverez la
septiéme superfluë de la no - e tonique „
accompagnée de la seconde , de la onzié
me ou quarte et de la sixte mineure , et
la sixte majeure sur la seconde note du.
ton accompagnée de la tierce et de la,
fauss quinte , et la onzième complette.
ou quarte accompagnée de la quinte su-.
perfluë de la septième et de la neuvième
sur la médiante ou troisiéme note du ton,
et le triton sur la quatriéme note du ton .
accompagné de la tierce mineure et de
la sixte , et la neuvième min´ure sur la
dominante ou cinquiéme note du ton
et le seconde superfluë sur la sixième note
du ton.
La onzime complette et là petite onziéme
se préparent par la sixte et quinte :
et se sauvent par l'acco d de septiéme
comme vous le verrez dans la suite des
sest lies. mais la 11 accompagnée de
le
SEPTEMBRE . 1731 2133
la
5e. superfluë qui se met sur la médiante
ou troisiéme note du ton , se doit sauver
la 6e. accord ordinaire de la médiante
, parceque la se superflue doit toû
jours remonter.
par
La petite onzième se prépare encore de
plusieurs façons , par la petite e sur la
6e. note du ton ou par la 7e de la se
2..
, conde note du ton ce qui revient au
même par l'accord parfait de la note to .
nique ou par ses derivés .
Quand il y a deux onzièmes de suite
la seconde se trouve preparée par la 7e.
La neuvième se prépare et se sauve parlae.
et se excepté la 9e. accompagnée de
la se superflue , qui se sauve. par l'accord:
de 6e.. pour faire remonter tou ours la se
superflue ; mais quand il y a deux ges. de :
suite et que
la premiere est accompa
gnée de la se superflue , la seconde setrouve
préparée de la 6e. comme vous le
verrez dans la suite des ges. et iles.
Après la suite des ges, et 11es . vous trouverez
une suite dé secondes préparées etsauvées
de la 6 et je . excepté la seconde :
accompagnée de la 11. ou 4 et de las
se qu'il fut préparer par l'accord par
fait , ce qui fera faire le veritable mouvement
à la Basse fondamentale car si on:
la préparoit de la 6. et se la Basse fon-.
damentale
2134 MERCURE DE FRANCE
3
damentale iroit par degrés conjoints em
descendant d'une septième sur l'autre
mouvement qu'elle ne peut pas faire.
Quoique vous trouviez le triton dans la
suite des secondes , il n'est pas toûjours
nécessaire de le préparer , et il ne suit pas.
la regle des secondes pour être sauvé , car
on le sauve ordinairement par la sixte sur
la médiante , ou par l'accord parfait de la
note tonique , ce qui revient au même.
Après cette suite de secondes , vous trouverez
une suite de septiémes en montant ,
préparées et sauvées de 6e et se et en
descendant preparées et sauvées de petite:
6. , mais dans le ton mineur il faut sauver
la 7. de la mediante en montant par
l'accord de 6. et la septiéme de la dominante
en descendant' par la 6e. et 4 .
car si on sauvoit la premiere par la ce et
se et la seconde par la petite 6. , cela
donneroit un accord de 7e. superfluë accompagnée
de la tierce mineure dans la
Basse fondamentale ce qu'on ne doit
jamais faire.
Quoique je n'aye pas mis l'octave dans:
toutes les 7es. de cette suite , cela n'empêche
pas qu'on ne puisse la mettre dans
f'accompagnement ; toute note qui monte
de quatre ou descend de cinq demande
76 ou accord parfait.
程
SEPTEMBRE. 7731. 2135
Il faut remarquer que la seconde superflue
et la septiéme superfluë n'ont pas besoin
d'être preparées , mais qu'on sauve
la seconde superflue par un des derivés
de l'accord parfait de la note tonique , et
la 7. superfluë par l'accord parfait de la
note tonique.
Regle generale pour préparer et sauver les:
Dissonantes du dessus ou d'une partie
à la Basse.
>
Il y a deux sortes de Dissonances qu'on
appelle majeures et mineures ; les majeu
res n'ont pas besoin d'être preparées , et
se sauvent en faisant remonter d'un degré
le dessus ou la partie qui , les a faites ,
comme vous le verrez dans le premier
article de l'exemple des dissonances ; dans
les dissonances mineures , il y en a qui
n'ont pas besoin d'être preparées , et
d'autres qu'il faut preparer ; mais elles se
sauvent toutes en faisant descendre d'un
degré le dessus ou la partie qui les a faites,
excepté la seconde , où c'est la Basse qui
est obligée de descendre d'un degré
comme vous le verrez dans le second
article.
Dans le premier Article , vous trouverez
la septiéme superflue , qui se sauve par
L'octave en faisant remonter le dessus.
d'un
2136 MERCURE DE FRANCE
d'un degré la Basse tenant le même son "
la petite sixte majeure qui se sauve par la
sixte , en faisant remonter le dessus d'ún
degré et la basse d'un autre , ou par
l'oc
tave , en faisant descendre la basse d'un
degré , ce qui revient au même , la quinte
superfluë qui se sauve par la sixte , en faisant
remonter le dessus d'un degré la
Basse tenant le même son , lè triton què
se sauve par là sixte en faisant remonter
le dessus d'un degré et descendre la Bassed'un
autre ou par
l'octave , en faisant
descendre la Basse de quatre ; Enfin vous
y trouverez la seconde superfluë qui se
sauve en faisant monter le dessus d'un
degré et descendre -la Basse d'un autre par
la quarte consonante sur la dominante
c'est à-dire , accompagnée de la sixte et
de l'octave Ou
,
la sixte sur la me
par
diante , en faisant descendre la Basse.da
quatre degrés.
,
La sixte superfluë se sauve par l'octave
en faisant monter le dessus d'un degré ec
descendre la Basse d'un autre , cet accord
se met sur la sixième note du ton dans le
mode mineur pour descendre à l'accord
parfait de la dominante.
Dans le second Article , vous trouverez
la seconde qui se prepare par la sincope
de la Basse , c'est- à-dire , que si l'on veur
faire.
SEPTEMBRE. 1731 2137
3.
2
faire une seconde sur l'ut , il faut que cet
ut ait paru un temps avant que la seconde
frappe dessus , elle se sauve par la tierce,
en faisant descendre la Basse d'un degré
le dessus tenant le même son ou par la
sixte , en faisant monter le dessus de quatre
degrés ; vous trouverez la fausse quinte
qui n'a pas besoin d'être preparée , et qui
se sauve par la tierce , en faisant descendre
le dessus d'un degré et monter la Basse
d'un autre ; vous y trouverez la septième
diminuée , qu'il n'est pas toûjours necessaire
de preparer , et qui se sauve par la
sixte , en faisant descendre le dessus d'un
degré,la Basse tenant le même son , ou par
la quinte , en faisant monter la Basse d'um
degré , ou par la tierce , en faisant monter
la Basse de quatre degrés , ou descendre
de cinq , mais qui se prepare quelquefois
comme vous le verrez ensuite ; vous
y trouverez les septièmes qui se preparent
par la sincope du dessus
conde par la sincope de la Basse , et qui se
sauvent par la sixte , en faisant descendre.
le dessus d'un degré , la Basse tenant le
même son ou par la tierce , en faisant
monter la Basse de quatre degrés ou descendre
de cinq ; vous trouverez la neuviéme
qui se prepare par la sincope du
dessus comme la septième , et qui se
2.
comme la sesauve
138 MERCURE DE FRANCE
sauve par l'octave , en faisant descendre
le dessus d'un degré , la Basse tenant le
même son ; enfin vous trouverez la onziéme
ou quarte qui se prepare par la sincope
du dessus , comme la neuvième , et
qui se sauve par la dixième ou tierce , en
faisant descendre le dessus d'un degré , la
Basse tenant le même son.
La septième de la dominante n'a pas
toûjours besoin d'être préparée , comme
vous le verrez à la fin de ce dernier article.
La septiéme diminuée et la septiéme ,
se sauvent quelquefois par la sixte majeure
, en faisant descendre le dessus d'un
degré et la note de la basse d'un demi
ton , comme vous le verrez par la seconde
septiéme diminuée du même article
, qui est sur le Si naturel , et qui est
sauvée par la sixte majeure sur le Si bmo!,
et par la septiéme qui est après sur le
La naturel , qui est encore sauvée par la
sixte majeure sur le La bmol.
Quoique dans le second article de ma
Carte , j'aye mis la Sixte sur la sixième
note du ton , je ne l'ai fait que pour me
conformer à la regle de l'Octave , et je
croi qu'il seroit mieux d'y mettre la petite
Sixte , tant en montant qu'en descendant
; car puisqu'on l'y met en descendant
SEPTEMBRE. 1731. 2139
tendant sur la dominante , on doit la .
mettre aussi pour monter à la note sensible
, puisque la note sensible représente
la dominante , et la preuve de ce que je
dis se trouve dans la regle de l'Octave
sur la seconde note du ton où l'on met
la petite Sixte , quoique la basse monte à
la mediante ou qu'elle descende à la
note tonique.
Il faut remarquer encore que la basse
fondamentale ne peut pas toûjours servir
de seconde basse , comme par exemple, dessous
les neuvièmes septièmes superfluës ,
seconde accompagnée de onzième ou
quarte et de quinte , et accord de onziéme
ou quarte , dans lesquels endroits elle
ne sert que de preuve , au lieu que dans
tout le reste elle sert de preuve et peut
presque toûjours servir de seconde basse.
Reflexions sur la nature des Onziémes
ou Quartes.
Il y a plusieurs especes de quartes ,
dont les unes ne méritent pas même le
nom d'accord , mais celui de remplissage,
les autres sont celles dont j'ai déja parlé
sous le nom de onzièmes ou quartes.
Celles de la premiere espece ne sont
jamais sauvées , parce qu'elles dérivent
de deux consonances , les unes de l'Octave
2140 MERCURE DE FRANCE
tave et les autres de la tierce de la basse
fondamentale , comme par exemple , si
je fais la petite Sixte sur la seconde note
du ton qui est Ré , la bassefon damentale
en est Sol dominante , et son octave
fait quarte contre le Ré , cette quarte ne
peut pas être sauvée , parce que si je fais
monter le Ré à la médiante de l'Ut¸
qui est Mi , ou que je le fasse descendre
à la note tonique , le Sol est obligé de
tenir pour faire la tierce sur la médiante
ou la quinte sur la note tonique : la regle
est la même pour toutes les petites Sixtess
Si je fais la seconde sur l'Ut , la basse
fondamentale en est le Ré , et la tierce de
la basse fondamentale qui est Fa , fair
quarte contre l'Ut , cette quarte ne peut
pas être sauvée , parce que si je fais descendre
l'Ut au S naturel ou au Si bmol,
le Fa est obligé de tenir pour faire la
fausse quinte du Sï naturel ou la quinte.
du Si bmol.
Il y a encore une raison pour prouver que
la quarte de la petite Sixte ne peut pas être
sauvée et qu'elle est obligée de tenir le
même son après cet accord , parce qu'elle
est accompagnée de la tierce , et que y
ayant seconde entre elles , il faut qu'elle
attende que cette tierce ait descendu d'un
degré , mouvement que fait toûjours la
tierce
SEPTEMBRE. 1731. 2141
tierce de la petite Sixte , parce qu'elle fait
septiéme contre la basse fondamentale et
que la septième est obligé de descendre
d'un degré pour trouver son repos.
La petite Sixte se trouve quelquefois
accompagnée du Triton à la place de la
quarte par la force de la modulation
mais ce Triton ne se sauve pas mieux que
la quarte , car il est obligé de tenir le même
son pour faire la quinte dans l'accord
qui suit.
Celles de la seconde espece dont j'ai
déja parlé sous le nom de onzième ou
quarte , se sauvent toutes en les faisant
descendre d'un degré , parce qu'elles dérivent
de trois dissonances , les unes de
la septième , les autres de la septiéme diminuée
, et les autres de la fausse quinte
de la basse fondamentale.
. Il faut distinguer deux sortes de onziémes,
dons les unes se préparent comme la
neuvième , par la sincope du dessus et les
autres ne se préparent point .
. Il faut encore diviser celles qui se préparent
en trois especes et celles qui ne
se préparent point aussi en trois especes.
La premiere espece d'onzièmes ou
quartes de celles qui se préparent, dérive de
la septième , c'est celle qui se met sur la
seconde note du ton dont j'ai déja parlé
Sous
142 MERCURE DE FRANCE
sous le nom d'onziémé complette ou quarte
accompagnée de la 9 , de la 7e & de
la se ou fausse quinte dans le ton mineur,
comme vous le verrez dans la suite des
ges et 11es , elle se sauve par la dixiéme
ou tierce , en la faisant descendre d'un
degré , la basse tenant le même son .
La seconde dérive de la 7 diminuée
de la note sensible , c'est celle qui se met
sur la médiante dans le ton mineur accompagnée
de la quinte superfluë de la
septième et de la neuvième , comme vous
le verrez dans le quatrième article de la
Carte , elle se sauve aussi par la dixiéme
ou tierce , en la faisant descendre d'un
degré de la basse , tenant le même son.
La troisiéme dérive de la septiéme de
la seconde note du ton , c'est celle dont
j'ai déja parlé sous le nom de petite onziéme
ou quarte , parce qu'elle n'est accompagnée
que de la quinte et de l'octave
, comme vous le verrez dans le second
article de la Carte premiere partie
mode majeur , et quelquefois de la septiéme
, comme vous le verrez dans la suite,
des ges et 11es ; elle se met sur la dominante
pour faire la cadence finale et elle
se sauve par la dixième ou tierce majeure,
la basse tenant le même son .
La premiere espece de celles qui ne se
prépare
SEPTEMBRE . 1731. 2143
réparent point , dérive de la 7 de la doninante
, c'est celle qui accompagne la
superflue sur la note tonique , comme
ous le verrez dans le 3 article de la Carse
premiere partie mode majeure ,
elle se
sauve par la 10 ou 3e , en la faisant descendre
d'un degré , la basse tenant le
:
ême son.
,
La seconde dérive aussi de la 7 de la
Hominante , c'est celle qui accompagne la
et se sur la note tonique ; elle ne se
Ive pas comme les autres mais elle
obligée de tenir le même son pour
aire la fausse quinte sur la note sensible
où la note tonique qui porte cet accord
doit toûjous descendre , mais elle
se sauve par la tierce , en la faisant descendre
d'un dégré quand la basse continuë
est remontée à la note tonique , l
raison qui l'oblige à tenir le même son
pour faire la fausse quinte , c'est que son
fondement , qui est la dominante continuë
aussi , comme vous le verrez à la fin
de la suité des secondes .
La troisiéme dérive de la fausse quinte
de la note sensible , portant septiéme diminuée
, c'est celle qui se met sur la note
ronique dans le mode mineur avec la sepiéme
superflue , accompagnée de la Sixte
nineure et de la seconde , comme vous le
verrez
2144 MERCURE DE FRANCE
verrez dans le quatrième article de la Car
te , elle se sauve par la 10 ou tierce , en
la faisant descendre d'un degré , la basse
tenant le même son .
La raison qui fait que ces trois onzićimes
n'ont pas besoin d'être préparées
c'est qu'elles dérivent de deux dissonar.
ces qui ne le demandent pas .
Il y a encore ue quarte qui dérive d
l'octave de la basse fondamentale no
tonique , portant accord parfait , c'est ce
te qu'on appelle la quarte consonant
c'est- à - dire accompagnée de la Sixte et
l'octave ; elle se met sur la dominante
descend ordinairement sur la tierce n
jeure , mais elle sincope quelquefois po
attendre que la Sixte qui l'accompag
soit descendue à la quinte pour faire l'acord
de petite onzième sur la dominante .
1
Explication des Signes.
I
Par tout où il faudra une petite Sixte
je la marquerai par un 6.
Aux endroits où il faudra retranch
des notes pour la compositio
les marquerai par un r qui
dera la note.
1. Et les notes ou chiffres qu'il faudra
retrancher pour l'accompagnement
et la composition , par un ret
'un point.
C
NEW
YORK
Article premier dissonan
Exemple pour les dissor
22
फ
x7
20
O
94
dissonances mineures.
Second Article
O
9999
PUBLIC
LIBRARY
ondamentale
Partie
neur
be bebe
888
POR,
LENOX, AND
TILDEN F
Article Disreme
1rePartie Modemajeur
о
8 8 8 8
dant .
70
9-0000
7
1000
O
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7
Хо
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7
et
C
191
SEPTEMBRE .
1731. 2845.
J
Ce qu'il faudra ajoûter , par un a
Je
remarquerai la note tonique ou
note du ton où l'on est par un t qui
la
précedera.
La seconde note du ton pár un s.
m La médiante ou troisiéme note du
ton , par un m .
q La quatriéme note du ton , par un q
d La
dominante ou
cinquiéme note du
ton , par un d.
si La sixième note du ton , par si .
se Et la note sensible ou septiéme note
du ton , pår se.
Fermer
Résumé : LETTRE de M. à M. sur la Musique.
La lettre de septembre 1731 aborde la musique, en se concentrant particulièrement sur la basse fondamentale. L'auteur y répond à une demande d'explications sur la manière de placer, sauvegarder et préparer les accords. Il présente une carte générale de la basse fondamentale, accompagnée d'exemples de secondes, neuvièmes, onzièmes et dissonances. L'auteur distingue deux types d'accords fondamentaux en musique : l'accord parfait et la septième. Il détaille les différentes sortes de septièmes dans les tons majeurs et mineurs, ainsi que les règles pour les préparer et les résoudre. Le texte explique également les accords dérivés, les dissonances majeures et mineures, et les règles générales pour les préparer et les résoudre. Certaines dissonances n'ont pas besoin d'être préparées et se résolvent en faisant monter ou descendre les notes concernées. Par exemple, la septième peut se préparer par la sincope du dessus et se résoudre par la sixte ou la tierce. La neuvième et l'onzième se préparent également par la sincope du dessus et se résolvent respectivement par l'octave et la dixième. La septième de la dominante n'a pas toujours besoin d'être préparée. Le texte distingue entre les quartes qui sont des remplissages et celles qui sont des onzièmes ou quartes. Ces dernières se divisent en plusieurs espèces, certaines nécessitant une préparation par sincope, d'autres non. Des exemples spécifiques de ces espèces et leurs résolutions sont fournis. La petite sixte et le triton sont également abordés, soulignant qu'ils ne se résolvent pas de la même manière que les autres quartes. Enfin, le texte explique les signes utilisés pour marquer les notes à retrancher ou à ajouter dans la composition musicale.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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138
p. 2226-2235
Les Eveillez de Poissi et les petits Comediens. Autres Pieces nouvelles. [titre d'après la table]
Début :
Le 27. Août, l'Opera Comique donna la premiere Représentation de deux petites [...]
Mots clefs :
Foire, Danse, Chevalier, Tragédie, Enfants comédiens, Danseurs pantomimes anglais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Eveillez de Poissi et les petits Comediens. Autres Pieces nouvelles. [titre d'après la table]
Le 27. Août , l'Opera Comique donna
la premiere Représentation de deux petites .
Piéces
SEPTEMBRE . 1731. 2227
Pièces nouvelles , d'un'Acte chacune, avec
des Divertissemens. La premiere a pour titre
les Eveillez de Poiffi, et l'autre, les petits
Comédiens, ou la Tante dupée. Les rôles
de cette derniere Piéce sont joüez par
des Enfans , dont le plus âgé n'a pas treize
ans ; ils sont très-applaudis par de nombreuses
Assemblées que cette singularité
attire à la Foire S. Laurent pour voir ce
spectacle , aussi singulier qu'agréable . Il y
a dans le Divertissement un Enfant âgé
de quatre ans seulement, qui danse et parodie
avec beaucoup de grace et de justesse:
la danse du Sabotier , executée aux Foires
précedentes par le sieur Nivelon , fameux
Danseur pour ces sortes de caracteres. Ce
Divertissement est terminé par un très -joli
Balet, quireprésente en Scenes muettes et
dansantes , le Jugement de Pâris , et qui est
executé par les excellens Danseurs Pantomimes
dont on a déja parlé. La D Groi
gnet , nouvelle Danseuse , s'y est aussi dis-´
tinguée par differentes danses , executées :
avec beaucoup de vivacité. Voici un Extrait
de la Piéce.
La Scene se passe dans une Maison de
Campagne auprès de Tours , où se trouve
le Chevalier , ami de la Dame du lieu ,.
appellée Jule , laquelle devant donner
une Fête , avoit mandé une Troupe de
H vj Comé
2228 MERCURE DE FRANCE
Comédiens de Campagne . Dans le tempsqu'ils
étoient dans une vive impatience de
voir paroître cette Troupe pour représenter
la Tragédie d'Iphigenie , qu'on
avoit demandée ; un Domestique vient
annoncer le désastre arrivé en chemin à
cette Troupe. La Rancune * qui en est le
Chef, arrive un moment après un bras en
écharpe et un emplatre à la joüe , et s'adressant
à Julie et au Chevalier , leur dit :
Jamais nous ne goutons de parfaite allegresse ;
Nos plus heureux succès sont mêlez de tristesse
Madame,je comptoís que ma Troupe aujourd'hui,
De ce charmant séjour viendroit chasser l'ennui,
Chacun s'étoit flatté de la douce esperance ,
D'étaler à vos yeux son Art et sa Science ,
Mais un malheur subit a trahi nos desirs ,
Renversé notre espoir et détruis vos plaisirs ;-
Nous avions presque fait les trois quarts
voyage ,
Et nous voyons déja le Clocher du Village ,
Quand un maudit Chasseur que le Ciel en couroux
,
Pour punir nos forfaits fit approcher de nous ,
Vit un Oiseau perché sur la branche d'un Hêtre ;
Sa main dans le moment met la mainau Salpêtre,
Il apprête , il ajuste , et d'un coup effrayant ,
Pait voler dans les airs le métal fondroyant.
Le Sr Drouin. qui joue très - bien ce Rôle
La
SEPTEMBRE. 1731. 2229
La terre s'en émeut , les Antres en gémissent ,
De nos Coursiers fringants tous les crins se he
rissent ;
La terreur les saisit , et de colere ardens ,
Soudain nous les voyons prendre le mords aux:
dents ;
Du Guide consterné la voix foible et tremblante;
Tâche en vain d'arrêter leur fougue violente
La voiture entraînée au gré de leur fureur ,
Va donner contre un Roc d'une énorme gros
seur ;
L'essieu crie et se rompt ::ô ! spectacle terrible !
Capable d'attendrir l'ame la moins sensible..
Dans un Marais bourbeux Ragotin renversé ,
Et dans ses brodequins lui- même embarrassé ,
Après avoir long-temps dans un confus mélange,
De Livres , de paquets , de poussiere et de fange ,
Lutté contre la mort , la fortune et les Dieux ,
Reste à la fin sans force et périt à nos yeux.
J'ai vû , Seigneur , j'ai vâles ronces degoutantes,
Porter de ce Heros les dépouilles sanglantes ;
Comme lui maint Acteur dans le sang est baigné,
Et c'est moi que le sort a le plus épargné.
Julie plaint beaucoup la situation de
ce Comédien et de sa Troupe , mais elle
veut l'obliger à jouer la Tragédie d'Iphigenie.
Le Chevalier y joint ses instances,
oni , dit- il , et chante sur l'Air de la Palisse
est mort .
2230 MERCURE DE FRANCE
Le Chevalier..
Vous là jouerez ......
Le Comédien..
Eh ! comment:
Satisfaire votre envie ?
Peut- être dans ce moment
On trépane Iphigenie.
Si vous voyez dans quel état est Aga
memnon ( continue le Comédien ) et
chante sur l'Air : Que dans l'amoureux
mystere.
Pouvons-nous sur le Théatre ,
Mettre un Roy tout fracassé
Achille porte un emplâtre ,..
Ulisse a le bras cassé ;
De notre Orquestre ,
Le Pupitre s'est brisé
Sur Clytemnestre ..
,,
Ce contre- temps engage la Rancune
à proposer de faire jouer une petite Trou
pe composée de sa Famille , qui s'est trouvée
heureusement dans une autre Voitu
re ; Julie et le Chevalier acceptent ceparti
. Le Comédien demande au Public
quelque indulgence pour cette Troupe
naissante.
SEPTEMBRE 1731. 2238
naissante , et chante sur l'Air : Ici je fonde
une Abbaye.
S'ils n'ont pas l'honneur de vous plaire ,,
Epargnez-les , c'est moi , Messieurs ,
Qui doit porter votre colere ;
J'ai fait la Piece et les Acteurs.
Les Enfans . Comédiens joüent ensuite
une petite Piece ingénieusement composée
et proportionnée à leur âge. Elle est
intitulée la Niece vengée , ou la Double
Surprise ; elle est de la composition de
M. Panard , la Musique est de M. Gillier :
voicy quelques Couplets du Vaudeville..
Fulie.
Par l'âge ni par la grandeur ;
Ne jugeons jamais d'un Acteur ;
Ceux-cy dont je suis satisfaite ,
Font voir que pour être amusants,
Les petits , tourelourirette ,
Valent bien les grands.
De la bravoure des Soldats ,
La taille ne décide pas ;
Bien souvent , lorsque la Trompette
Appelle au feu les Combattans ,
Les Petits, & c..
Les
2232 MERCURE DE FRANCE
Les Vers sublimes et pompeux ,
Deviennent souvent ennuyeux ;
Ceux d'une simple Chansonnette ,
Quelquefois sont vifs et picquants ;
Les Petits , & c..
La Foire dans ses plus beaux jours ,
Ne vit jamais un tel concours ;
L'aspect de la Salle complette ,
Me fait chanter , ô ! l'heureux temps !!
Les Petits , tourelourirette ,
Font venir les Grands.
Le Petit Sabottier.
Quoique je ne sois qu'un nabot ,
Je sçai remuer le sabot ;
Ma danse est encore imparfaite ,
Mais j'espere qu'en peu de temps ,.
Mes petons , tourelourirette ,
Vaudront bien les grands..
La Petite Tante.
Ha! que nous nous croirons heureux ,
Si l'on est content de nos Jeux ;
Et qu'avec moi chacun repete ,
Ces mots , pour nous si ravissans ;
Les Petits , tourelourirette ,
Valent bien les grands,
Un
SEPTEMBRE. 1731. 2233
Un petit Crispin.
Que mon destin seroit charmant ,
Si le Spectateur en sortant ,
Disoit d'une ame satisfaite ,
Crispin me plaît , il est brillant ;
Ce Petit , tourelourirette ,
En vaut bien un grand.
Le 18. Septembre , le même Opera Comique
fut mandé pour aller jouer à la
Cour. Il représenta devant la Reine ,
l'Acte de Strasbourg , Piece jouée au commencement
de la Foire S. Laurent , dans
lequel la Dite le Grand , habillée en homme
, fait beaucoup de plaisir ; ensuite la
Piece des Petits Comédiens , dont on vient
de parler , et la danse du Petit Sabotier
qui plut infiniment. Ce Divertissement
fut terminé par le premier Ballet executé
par les Danseurs Anglois Pantomimes
dont on a parlé . S. M. parut très - satisfaite
de ce Divertissement , par la singu→
larité de ces Petits Comédiens qui jouerent
avec beaucoup de hardiesse et d'intelligence.
Le 20. l'Opera Comique donna le premiere
Représentation d'une Piece nouvelle
en un Acte , qui a pour titre : le
Temple du Sommeil , suivie de celle des
Petits Comédiens , et du premier Ballet de
Danseurs Pantomimes Anglois .
la premiere Représentation de deux petites .
Piéces
SEPTEMBRE . 1731. 2227
Pièces nouvelles , d'un'Acte chacune, avec
des Divertissemens. La premiere a pour titre
les Eveillez de Poiffi, et l'autre, les petits
Comédiens, ou la Tante dupée. Les rôles
de cette derniere Piéce sont joüez par
des Enfans , dont le plus âgé n'a pas treize
ans ; ils sont très-applaudis par de nombreuses
Assemblées que cette singularité
attire à la Foire S. Laurent pour voir ce
spectacle , aussi singulier qu'agréable . Il y
a dans le Divertissement un Enfant âgé
de quatre ans seulement, qui danse et parodie
avec beaucoup de grace et de justesse:
la danse du Sabotier , executée aux Foires
précedentes par le sieur Nivelon , fameux
Danseur pour ces sortes de caracteres. Ce
Divertissement est terminé par un très -joli
Balet, quireprésente en Scenes muettes et
dansantes , le Jugement de Pâris , et qui est
executé par les excellens Danseurs Pantomimes
dont on a déja parlé. La D Groi
gnet , nouvelle Danseuse , s'y est aussi dis-´
tinguée par differentes danses , executées :
avec beaucoup de vivacité. Voici un Extrait
de la Piéce.
La Scene se passe dans une Maison de
Campagne auprès de Tours , où se trouve
le Chevalier , ami de la Dame du lieu ,.
appellée Jule , laquelle devant donner
une Fête , avoit mandé une Troupe de
H vj Comé
2228 MERCURE DE FRANCE
Comédiens de Campagne . Dans le tempsqu'ils
étoient dans une vive impatience de
voir paroître cette Troupe pour représenter
la Tragédie d'Iphigenie , qu'on
avoit demandée ; un Domestique vient
annoncer le désastre arrivé en chemin à
cette Troupe. La Rancune * qui en est le
Chef, arrive un moment après un bras en
écharpe et un emplatre à la joüe , et s'adressant
à Julie et au Chevalier , leur dit :
Jamais nous ne goutons de parfaite allegresse ;
Nos plus heureux succès sont mêlez de tristesse
Madame,je comptoís que ma Troupe aujourd'hui,
De ce charmant séjour viendroit chasser l'ennui,
Chacun s'étoit flatté de la douce esperance ,
D'étaler à vos yeux son Art et sa Science ,
Mais un malheur subit a trahi nos desirs ,
Renversé notre espoir et détruis vos plaisirs ;-
Nous avions presque fait les trois quarts
voyage ,
Et nous voyons déja le Clocher du Village ,
Quand un maudit Chasseur que le Ciel en couroux
,
Pour punir nos forfaits fit approcher de nous ,
Vit un Oiseau perché sur la branche d'un Hêtre ;
Sa main dans le moment met la mainau Salpêtre,
Il apprête , il ajuste , et d'un coup effrayant ,
Pait voler dans les airs le métal fondroyant.
Le Sr Drouin. qui joue très - bien ce Rôle
La
SEPTEMBRE. 1731. 2229
La terre s'en émeut , les Antres en gémissent ,
De nos Coursiers fringants tous les crins se he
rissent ;
La terreur les saisit , et de colere ardens ,
Soudain nous les voyons prendre le mords aux:
dents ;
Du Guide consterné la voix foible et tremblante;
Tâche en vain d'arrêter leur fougue violente
La voiture entraînée au gré de leur fureur ,
Va donner contre un Roc d'une énorme gros
seur ;
L'essieu crie et se rompt ::ô ! spectacle terrible !
Capable d'attendrir l'ame la moins sensible..
Dans un Marais bourbeux Ragotin renversé ,
Et dans ses brodequins lui- même embarrassé ,
Après avoir long-temps dans un confus mélange,
De Livres , de paquets , de poussiere et de fange ,
Lutté contre la mort , la fortune et les Dieux ,
Reste à la fin sans force et périt à nos yeux.
J'ai vû , Seigneur , j'ai vâles ronces degoutantes,
Porter de ce Heros les dépouilles sanglantes ;
Comme lui maint Acteur dans le sang est baigné,
Et c'est moi que le sort a le plus épargné.
Julie plaint beaucoup la situation de
ce Comédien et de sa Troupe , mais elle
veut l'obliger à jouer la Tragédie d'Iphigenie.
Le Chevalier y joint ses instances,
oni , dit- il , et chante sur l'Air de la Palisse
est mort .
2230 MERCURE DE FRANCE
Le Chevalier..
Vous là jouerez ......
Le Comédien..
Eh ! comment:
Satisfaire votre envie ?
Peut- être dans ce moment
On trépane Iphigenie.
Si vous voyez dans quel état est Aga
memnon ( continue le Comédien ) et
chante sur l'Air : Que dans l'amoureux
mystere.
Pouvons-nous sur le Théatre ,
Mettre un Roy tout fracassé
Achille porte un emplâtre ,..
Ulisse a le bras cassé ;
De notre Orquestre ,
Le Pupitre s'est brisé
Sur Clytemnestre ..
,,
Ce contre- temps engage la Rancune
à proposer de faire jouer une petite Trou
pe composée de sa Famille , qui s'est trouvée
heureusement dans une autre Voitu
re ; Julie et le Chevalier acceptent ceparti
. Le Comédien demande au Public
quelque indulgence pour cette Troupe
naissante.
SEPTEMBRE 1731. 2238
naissante , et chante sur l'Air : Ici je fonde
une Abbaye.
S'ils n'ont pas l'honneur de vous plaire ,,
Epargnez-les , c'est moi , Messieurs ,
Qui doit porter votre colere ;
J'ai fait la Piece et les Acteurs.
Les Enfans . Comédiens joüent ensuite
une petite Piece ingénieusement composée
et proportionnée à leur âge. Elle est
intitulée la Niece vengée , ou la Double
Surprise ; elle est de la composition de
M. Panard , la Musique est de M. Gillier :
voicy quelques Couplets du Vaudeville..
Fulie.
Par l'âge ni par la grandeur ;
Ne jugeons jamais d'un Acteur ;
Ceux-cy dont je suis satisfaite ,
Font voir que pour être amusants,
Les petits , tourelourirette ,
Valent bien les grands.
De la bravoure des Soldats ,
La taille ne décide pas ;
Bien souvent , lorsque la Trompette
Appelle au feu les Combattans ,
Les Petits, & c..
Les
2232 MERCURE DE FRANCE
Les Vers sublimes et pompeux ,
Deviennent souvent ennuyeux ;
Ceux d'une simple Chansonnette ,
Quelquefois sont vifs et picquants ;
Les Petits , & c..
La Foire dans ses plus beaux jours ,
Ne vit jamais un tel concours ;
L'aspect de la Salle complette ,
Me fait chanter , ô ! l'heureux temps !!
Les Petits , tourelourirette ,
Font venir les Grands.
Le Petit Sabottier.
Quoique je ne sois qu'un nabot ,
Je sçai remuer le sabot ;
Ma danse est encore imparfaite ,
Mais j'espere qu'en peu de temps ,.
Mes petons , tourelourirette ,
Vaudront bien les grands..
La Petite Tante.
Ha! que nous nous croirons heureux ,
Si l'on est content de nos Jeux ;
Et qu'avec moi chacun repete ,
Ces mots , pour nous si ravissans ;
Les Petits , tourelourirette ,
Valent bien les grands,
Un
SEPTEMBRE. 1731. 2233
Un petit Crispin.
Que mon destin seroit charmant ,
Si le Spectateur en sortant ,
Disoit d'une ame satisfaite ,
Crispin me plaît , il est brillant ;
Ce Petit , tourelourirette ,
En vaut bien un grand.
Le 18. Septembre , le même Opera Comique
fut mandé pour aller jouer à la
Cour. Il représenta devant la Reine ,
l'Acte de Strasbourg , Piece jouée au commencement
de la Foire S. Laurent , dans
lequel la Dite le Grand , habillée en homme
, fait beaucoup de plaisir ; ensuite la
Piece des Petits Comédiens , dont on vient
de parler , et la danse du Petit Sabotier
qui plut infiniment. Ce Divertissement
fut terminé par le premier Ballet executé
par les Danseurs Anglois Pantomimes
dont on a parlé . S. M. parut très - satisfaite
de ce Divertissement , par la singu→
larité de ces Petits Comédiens qui jouerent
avec beaucoup de hardiesse et d'intelligence.
Le 20. l'Opera Comique donna le premiere
Représentation d'une Piece nouvelle
en un Acte , qui a pour titre : le
Temple du Sommeil , suivie de celle des
Petits Comédiens , et du premier Ballet de
Danseurs Pantomimes Anglois .
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Résumé : Les Eveillez de Poissi et les petits Comediens. Autres Pieces nouvelles. [titre d'après la table]
Le 27 août 1731, l'Opéra Comique a présenté deux pièces en un acte, accompagnées de divertissements. Les pièces, intitulées 'Les Éveillez de Poiffi' et 'Les petits Comédiens, ou la Tante dupée', ont été interprétées par des enfants dont le plus âgé n'avait pas treize ans. Ces représentations ont attiré une foule nombreuse à la Foire Saint-Laurent, notamment grâce à la présence d'un enfant de quatre ans qui dansait et parodiait avec grâce. La pièce 'Les petits Comédiens' se déroule dans une maison de campagne près de Tours. Julie, la dame du lieu, et son ami le Chevalier attendent une troupe de comédiens pour représenter la tragédie d'Iphigénie. Cependant, un domestique annonce un accident ayant causé la mort de plusieurs comédiens. La Rancune, chef de la troupe, arrive blessé et raconte l'accident. Julie et le Chevalier insistent pour que la pièce soit jouée malgré tout. La Rancune propose alors une troupe composée de sa famille, qui joue une pièce intitulée 'La Nièce vengée, ou la Double Surprise'. Le 18 septembre, l'Opéra Comique a été invité à la cour pour représenter 'L'Acte de Strasbourg', 'Les petits Comédiens', et la danse du Petit Sabotier, suivie d'un ballet exécuté par des danseurs anglais. La reine a été très satisfaite de ces représentations. Le 20 septembre, l'Opéra Comique a présenté une nouvelle pièce en un acte, 'Le Temple du Sommeil', suivie de 'Les petits Comédiens' et d'un ballet de danseurs anglais.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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139
p. 2256-2261
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le premier de ce mois, on célébra avec les cérémonies accoutumées, [...]
Mots clefs :
Abbaye royale de Saint-Denis, Chevalier, Duc, Rançon des Français, Royaume de Maroc, Marseille, Versailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , & c.
L
و oncélébraEpremierdecemois
avec les cérémonies accoutumées
dans l'Eglise de l'Abbaye Royale de S.
Denis , le Service solemnel qui s'y fair
tous les ans pour le repos de l'Ame du
feu Roi Louis XIV. L'Evêque de Lavaur
officia pontificalement : le Duc du Maine,
le Prince de Dombes , le Comte d'Eu et
le Comte de Toulouse y assisterent
ainsi que plusieurs Seigneurs de la Cour..
Le Roi a accordé au Duc de la Tremoille
, l'un des premiers Gentilhommes.
de la Chambre , l'agrément du Regiment
de Champagne , dont le Chevalier
de Tessé , qui en étoit Colonel , a donné
sa démission , et le Regiment d'Infanterie
qu'avoit le Duc de la Tremoille , a été
accordé au fils aîné du Comte de Tessé
premier Ecuyer de la Reine
Le
SEPTEMBRE. 1731. 2257
Le 27. du mois dernier , 34. Esclaves
François , rachetez à Constantinople par
les Peres Mathurins , de l'Ordre de la Ste.
Trinité , débarquerent à Marseille pour
se rendre à Paris , et de - là en leurs Pays,
Les autres députez du même Ordre
sont partis pour Cadix .. pour traiter
aussi de la rançon des François , détenus
au Royaume de Maroc.
>
On écrit de Marseille , qu'il y étoit arri
vé un accident bien triste . Il y avoit plus
dedeux ans que le Capitaine Grason en
étoit sorti avec son Vaisseau pour la côte
de Guinée et on étoit fort en peine sur
son sujet , lorsqu'on apprît enfin le 29.
Août qu'il venoit d'arriver aux Isles de
Marseille , fort content de son expédition
qui a eû tout le succès possible. C'est la
coûtume quand les Bâtimens entrent dans
la Baye , de saluer le Fort de Nôtre-
Dame de la Garde. En rendant ce salut
un des Canons creva , tua le Capitaine
avec deux hommes de son équipage , et
blessa le Capitaine en second. Une heure
après , le Vaisseau entra dans le Port.
Le 8 Sept. Fête de la Nat. de la Vierge,
il y eût Concert spirituel au Château des
Tuilleries. On y chanta le Motet Landa
Fe2258
MERCURE DE FRANCE
Jerusalem , de l'Abbé Gaveau , qui est un
excellent morceau de Musique. La Demoiselle
Petitpas chanta seule un petir
Motet nouveau du Sieur Le Maire , qui
fût très-goûté , de même qu'un autre à
deux voix chanté par les Demoiselles
Lenner , de la Musique du Roy , et Petitpas
et après plusieurs Pieces de simphonie
, éxecutées avec tout autant de
vivacité que de précision , le Concert fut
terminé par le Confitemini , Motet de M.
de Lalande.
Le Roy a accordé l'agrément de la
Charge de Président à Mortier , vacante
par la mort de Mr. de Maisons , à Mr.
Talon Avocat Général du Parlement ,
et Sa Majesté a donné la Charge d'Avo-
'cat General à Mr. Joly de Fleury , Fils
aîné du Procureur Général.
C
Le 16. le Duc de S. Aignan , Chevalier
des Ordres du Roy , et son Ambassadeur
à Rome , prit congé de Sa Majesté
pour s'y rendre. Il partira dans les
premiers jours d'Octobre par Marseille
où tes Galeres qui doivent le passer à
Civitavechia , sont prêtes..
-9
Le 19. après midy , le Roy fit auprès
de la grande avenue du Château de Versailles
:
SEPTEMBRE . 1731. 2259
sailles , la révûë du Regiment de Dragons
d'Orleans , à la tête duquel étoit le Duc
d'Orleans. Le Regiment défila et fit plusieurs
mouvemens devant Sa Majesté , qui
en parût très contente , et il vint ensuite
passer devant la Reine , qui étoit avec
Monseigneur le Dauphin sur le Balcon de
l'appartement des Princesses d'Orleans,
Le Roi Stanislas et la Reine son Epouse
, qui sont venus incognito passer quelques
jours à Versailles , avec la Reine
leur fille en partirent le 19. de ce mois
pour retourner à Chambord. Pendant
leur séjour à la Cour , le Roy les a vûs
plusieurs fois chez la Reine .
,
Le 25. la Lotterie de la Compagnie
des Indes , établie. pour le remboursé
ment des Actions fût tirée en la ma
niere accoûtumée à l'Hôtel de la Compagnie
. La liste des Numeros gagnans
des Actions et dixième d'Actions , qui
doivent être remboursées , faisant en tout
le nombre de 309. Actions et un dixième
d'Action. Il y a un Nota sur la liste de
ce mois , qui fait voir pourquoi on a été
obligé de tirer un dixième d'Action
de plus .
Au mois d'Août dernier , il y eût differents
2260 MERCURE DE FRANCE
ferents Concerts chez la Reine. M. de
Blamont , Sur- Intendant de la Músique
du Roy de Semestre , fit chanter à chaque
Concert un Acte seulement de l'Opera
de Bellerophon , à cause de la Promenade.
Les Demoiselles Courrasier , Barbier
et Roblin chanterent les principaux
Rôles , et les Sieurs Godonnerche , Dangerville
et Petillot , ceux du Roy , de
Bellerophon et d'Amisodar.
Le 3. Septembre , on chanta le Prolo
gue et le premier Acte d'Atys , le Sieur
d'Angerville fit le Rôle du Temps dans
le Prologue , et celui d'Idas dans la Piece.
Le Sr. Petillot chanta le Rôle d'Atyr
et la Dlle. Lenner celui de Sangaride.
Le 15 , on continua le même Opera
par le second et troisiéme Acte . La Dile
Antier chanta le Rôlle de Cybelle , et le
Sr. Chassé celui de Celenus et du Sommeil.
La Dlle. Antier ayant infiniment brillé
dans ce Rôle eût ensuite l'honneur
d'être présentée au Roy Stanislas , et à
la Reine son Epouse , qui la reçûrent
avec une bonté distinguée , et lui marquerent
leur satisfaction par les témoignages
les plus gracieux.
>
Le 25 , le Comte Maffey , Amdassadeur
Extr. du Roy de Sardaigne , eût
une
SEPTEMBRE 1731. 2261
,
une Audience particuliere du Roy , dans
laquelle il prit congé de S. M étant
conduit par le Chevalier de Sainctot
Introducteur des Ambassadeurs , qui le
conduisit ensuite à l'Audience de la Relne
et à celle de Monseigneur le Dauphin
, de Monseigneur le Duc d'Anjou
et de Mesdames de France. '
L
و oncélébraEpremierdecemois
avec les cérémonies accoutumées
dans l'Eglise de l'Abbaye Royale de S.
Denis , le Service solemnel qui s'y fair
tous les ans pour le repos de l'Ame du
feu Roi Louis XIV. L'Evêque de Lavaur
officia pontificalement : le Duc du Maine,
le Prince de Dombes , le Comte d'Eu et
le Comte de Toulouse y assisterent
ainsi que plusieurs Seigneurs de la Cour..
Le Roi a accordé au Duc de la Tremoille
, l'un des premiers Gentilhommes.
de la Chambre , l'agrément du Regiment
de Champagne , dont le Chevalier
de Tessé , qui en étoit Colonel , a donné
sa démission , et le Regiment d'Infanterie
qu'avoit le Duc de la Tremoille , a été
accordé au fils aîné du Comte de Tessé
premier Ecuyer de la Reine
Le
SEPTEMBRE. 1731. 2257
Le 27. du mois dernier , 34. Esclaves
François , rachetez à Constantinople par
les Peres Mathurins , de l'Ordre de la Ste.
Trinité , débarquerent à Marseille pour
se rendre à Paris , et de - là en leurs Pays,
Les autres députez du même Ordre
sont partis pour Cadix .. pour traiter
aussi de la rançon des François , détenus
au Royaume de Maroc.
>
On écrit de Marseille , qu'il y étoit arri
vé un accident bien triste . Il y avoit plus
dedeux ans que le Capitaine Grason en
étoit sorti avec son Vaisseau pour la côte
de Guinée et on étoit fort en peine sur
son sujet , lorsqu'on apprît enfin le 29.
Août qu'il venoit d'arriver aux Isles de
Marseille , fort content de son expédition
qui a eû tout le succès possible. C'est la
coûtume quand les Bâtimens entrent dans
la Baye , de saluer le Fort de Nôtre-
Dame de la Garde. En rendant ce salut
un des Canons creva , tua le Capitaine
avec deux hommes de son équipage , et
blessa le Capitaine en second. Une heure
après , le Vaisseau entra dans le Port.
Le 8 Sept. Fête de la Nat. de la Vierge,
il y eût Concert spirituel au Château des
Tuilleries. On y chanta le Motet Landa
Fe2258
MERCURE DE FRANCE
Jerusalem , de l'Abbé Gaveau , qui est un
excellent morceau de Musique. La Demoiselle
Petitpas chanta seule un petir
Motet nouveau du Sieur Le Maire , qui
fût très-goûté , de même qu'un autre à
deux voix chanté par les Demoiselles
Lenner , de la Musique du Roy , et Petitpas
et après plusieurs Pieces de simphonie
, éxecutées avec tout autant de
vivacité que de précision , le Concert fut
terminé par le Confitemini , Motet de M.
de Lalande.
Le Roy a accordé l'agrément de la
Charge de Président à Mortier , vacante
par la mort de Mr. de Maisons , à Mr.
Talon Avocat Général du Parlement ,
et Sa Majesté a donné la Charge d'Avo-
'cat General à Mr. Joly de Fleury , Fils
aîné du Procureur Général.
C
Le 16. le Duc de S. Aignan , Chevalier
des Ordres du Roy , et son Ambassadeur
à Rome , prit congé de Sa Majesté
pour s'y rendre. Il partira dans les
premiers jours d'Octobre par Marseille
où tes Galeres qui doivent le passer à
Civitavechia , sont prêtes..
-9
Le 19. après midy , le Roy fit auprès
de la grande avenue du Château de Versailles
:
SEPTEMBRE . 1731. 2259
sailles , la révûë du Regiment de Dragons
d'Orleans , à la tête duquel étoit le Duc
d'Orleans. Le Regiment défila et fit plusieurs
mouvemens devant Sa Majesté , qui
en parût très contente , et il vint ensuite
passer devant la Reine , qui étoit avec
Monseigneur le Dauphin sur le Balcon de
l'appartement des Princesses d'Orleans,
Le Roi Stanislas et la Reine son Epouse
, qui sont venus incognito passer quelques
jours à Versailles , avec la Reine
leur fille en partirent le 19. de ce mois
pour retourner à Chambord. Pendant
leur séjour à la Cour , le Roy les a vûs
plusieurs fois chez la Reine .
,
Le 25. la Lotterie de la Compagnie
des Indes , établie. pour le remboursé
ment des Actions fût tirée en la ma
niere accoûtumée à l'Hôtel de la Compagnie
. La liste des Numeros gagnans
des Actions et dixième d'Actions , qui
doivent être remboursées , faisant en tout
le nombre de 309. Actions et un dixième
d'Action. Il y a un Nota sur la liste de
ce mois , qui fait voir pourquoi on a été
obligé de tirer un dixième d'Action
de plus .
Au mois d'Août dernier , il y eût differents
2260 MERCURE DE FRANCE
ferents Concerts chez la Reine. M. de
Blamont , Sur- Intendant de la Músique
du Roy de Semestre , fit chanter à chaque
Concert un Acte seulement de l'Opera
de Bellerophon , à cause de la Promenade.
Les Demoiselles Courrasier , Barbier
et Roblin chanterent les principaux
Rôles , et les Sieurs Godonnerche , Dangerville
et Petillot , ceux du Roy , de
Bellerophon et d'Amisodar.
Le 3. Septembre , on chanta le Prolo
gue et le premier Acte d'Atys , le Sieur
d'Angerville fit le Rôle du Temps dans
le Prologue , et celui d'Idas dans la Piece.
Le Sr. Petillot chanta le Rôle d'Atyr
et la Dlle. Lenner celui de Sangaride.
Le 15 , on continua le même Opera
par le second et troisiéme Acte . La Dile
Antier chanta le Rôlle de Cybelle , et le
Sr. Chassé celui de Celenus et du Sommeil.
La Dlle. Antier ayant infiniment brillé
dans ce Rôle eût ensuite l'honneur
d'être présentée au Roy Stanislas , et à
la Reine son Epouse , qui la reçûrent
avec une bonté distinguée , et lui marquerent
leur satisfaction par les témoignages
les plus gracieux.
>
Le 25 , le Comte Maffey , Amdassadeur
Extr. du Roy de Sardaigne , eût
une
SEPTEMBRE 1731. 2261
,
une Audience particuliere du Roy , dans
laquelle il prit congé de S. M étant
conduit par le Chevalier de Sainctot
Introducteur des Ambassadeurs , qui le
conduisit ensuite à l'Audience de la Relne
et à celle de Monseigneur le Dauphin
, de Monseigneur le Duc d'Anjou
et de Mesdames de France. '
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En septembre 1731, plusieurs événements marquants ont eu lieu à la cour de France. Le 1er septembre, un service solennel en mémoire du roi Louis XIV a été célébré à l'Abbaye Royale de Saint-Denis, officié par l'évêque de Lavaur et en présence de dignitaires. Le roi a accordé au Duc de la Tremoille le régiment de Champagne et au fils aîné du Comte de Tessé un régiment d'infanterie. Le 27 août, 34 esclaves français, rachetés à Constantinople par les Pères Mathurins, ont débarqué à Marseille pour retourner en France. D'autres membres de l'Ordre de la Sainte-Trinité se sont rendus à Cadix pour négocier la rançon de Français détenus au Maroc. À Marseille, un accident tragique a eu lieu le 29 août : le capitaine Grason et deux membres de son équipage ont été tués par l'explosion d'un canon lors de l'entrée de leur vaisseau dans la baie. Le 8 septembre, un concert spirituel a été organisé au Château des Tuileries, incluant des motets de l'Abbé Gaveau et du Sieur Le Maire. Le roi a nommé M. Talon Président à Mortier et M. Joly de Fleury Avocat Général. Le Duc de Saint-Aignan, ambassadeur à Rome, a pris congé du roi pour partir à Rome via Marseille. Le 19 septembre, le roi a passé en revue le régiment de dragons d'Orléans à Versailles. Le roi Stanislas et la reine son épouse, incognito à Versailles avec la reine leur fille, sont repartis pour Chambord. Le 25 septembre, la lotterie de la Compagnie des Indes a été tirée pour rembourser les actions. En août, plusieurs concerts ont eu lieu chez la reine, incluant des extraits de l'opéra Bellerophon. Le 3 septembre, des extraits d'Atys ont été chantés, avec la participation de plusieurs chanteurs renommés. La demoiselle Antier, ayant brillé dans son rôle, a été présentée au roi Stanislas et à la reine. Le 25 septembre, le Comte Maffey, ambassadeur du roi de Sardaigne, a pris congé du roi et de la famille royale.
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140
p. [2450]-2456
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le Comte de Saxe a presenté au Roy sept petits Chevaux noirs, tous d'une [...]
Mots clefs :
Chevaux noirs, Lieutenant général, Pastorale héroïque, Concert
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , & c.
E Comte de Saxe a presenté au Roy
Lept petitsChevaux noirs , tous d'une
forme très- agréable et d'une extreme vivacité
, qui n'ont de hauteur que 26 à 27.
pouces . Ils sont destinez pour Monsei
gneur le Dauphin . S. M. en parut trèssatisfaite
. Elle les vit dans la grande cour
du Chenil à Versailles. Il y en avoit six
d'attelez à un petit Phaeton , mené par
le Comte de Saxe , avec un Postillon.
Il les a fait venir expressément d'une fle
de
OCTOBRE. 1731. 2455
de la Mer Baltique , pour la destination
qu'il en a faite.
Le Roy a donné au Comte de Muret ,
Lieutenant General de ses Armées, Grand-
Croix de l'Ordre Royal et Militaire de
S. Louis , le Gouvernement de Thionville,
la mort de M. de Brilhac .
vacant par
Le 26. Septembre , il y eut un Concert
à Marly , chez la Reine . M. de Blamont ,
Sur- Intendant de la Musique du Roy , fit
chanter la fin de l'Opera d'Arys , dont
les Actes precedens avoient été chantez
à Versailles .
Le 3. Octobre , la Reine voulut enten
dre la Pastorale Heroïque d'Endimion
dont les paroles sont de M. de Fontenelle,
et la Musique de M. de Blamont , qui fit
executer le premier et le second Acte 31
la Dile Pelissier chanta le Rôle de Diane,
avec d'aussi grands applaudissemens qu'elle
en avoit eu à l'Opera . La Die Lenner fit
celui d'Ismene , et chanta dans la plus
grande perfection . Les Diles Courvassier
et Minier , chanterent ceux de Licoris ,
Nymphe de Diane , et d'une Bergere. Le
sieur Petillot , qui a une très - belle voix ,
fit le Rôle d'Endimion , et ceux de Pan
et du Satyre , furent chantez par les sieurs
Dan2452
MERCURE DE FRANCE
Dangerville et le Prince . Le sieur Mauraire
y sonna les Fanfares pour Diane, &c.
Le 1o. on chanta le troisiéme Acte et
partie du quatriême ; le reste et le cinquiéme
Acte fut chanté au prochain
Concert. La Dlle Lenner chanta avec beau
coup d'applaudissement et dans le goût
de l'Auteur , le Monologue de Sombre
Forêt , et les autres Morceaux où il y
a des Flutes , furent accompagnez par les
sicurs Optetaire le Romain , Pieche et
Lucas. La Dile Robelin , chanta tes Parodies
du troisiéme Acte avec toute la préeision
convenable à ces petits Airs.
Le 12. la De Pelissier commença le
Concert par le Monologue du quatrième
Acte. La Dlle Lenner chanta ceux de
l'Amour et d'Ismene. Toute la Pastorale
fut executée avec beaucoup de feu et de
précision. Cette Piece sera imprimée et
distribuée le mois prochain .
Le 15. on chanta à Versailles le Prologue
et le premier Acte d'Armide. La
Die Antier , qui a chanté le principal
Rôle , s'y est distinguée à son ordinaire .
Les Dies Robelin et Courvassier , ont fait
ceux des deux Confidentes , et ceux de
Renaud et d'Idraot ont été chantez par
les sieurs Petillot et d'Angerville.
Le 20. on continua le même Opera par
le
OCTOBR E. 1731. 2455 .
le second et le troisiéme Acte. Le sieur
le Cler , nouvellement reçû à la Musique
du Roy , pour y chanter la Taille , fit
le Rôle de la Haine , avec beaucoup d'applaudissement
.
Le 22. on chanta le 4. et le cinquiémo
Acte.
Le 24. le Concert commença par le
Prologue et le premier Acte de Théthis
et Pelée , les Diles Julie et Minier , firent
les Rôles de la Nuit et de la Victoire , dans
le Prologue , la Dlle Antier celui de Thétis,
dans la Piece , et la Dule Lenner , celui
de Doris. La Dlle Drouin chanta la Can-
-tatille de Regne , belle Thetis , &c. et plus
infiniment. Le sieur Chassé fit le Rôle de
Neptune , et le sieur le Prince , celui du
Soleil , dans le Prologue.
Le 20 et le 25. de ce mois , les. Comediens
François représenterent à la Cour la
Tragédie de Romulus et la Comédie du
Chevalier à la mode .
Le 16. Octobre , il y cut à l'Abbaye
Royale de S. Antoine , Ordre de Cîteaux ,
une grande Ceremonie à l'occasion de la
Profession de Madame de Pontual , Fi--
leulle de S. A. S. Madame de Bourbon ,.
Abbesse. S. A. S. Madame la Duchesse la
jeune , lui fit l'honneur de lui donner le
Voile
2454 MERCURE DE FRANCE
Voile , avec cette grace et cette pieté que
toute la France admire en elle.M. Pernot,
Docteur en Théologie de la Faculté de
Paris , Abbé General de l'Ordre de Citeaux
, celebra la Messe pontificalements
M. le Curé de S. Paul y fit un très- beau
Discours sur l'excellence des engagemens
de la Religion , et sur la fidelite que l'on
devoit avoir à les remplir. Après le premier
Evangile,M. l'Abbé de Citeaux vint
à la Grille , et avant de recevoir les voeux
de la Demoiselle , il lui représenta encore
ses devoirs avec force et avec dignité.
On a rémarqué que ce Prélat , en lui développant
l'ordre de la Providence sur
elle dans le choix que Dieu avoit fait
d'une auguste et vertueuse Princesse pour.
répondre pour elle sur les Fonts sacrez
du Baptême , avoit saisi avec beaucoup de
délicatesse cette circonstance pour faire un
Compliment aux deux Princesses, qui fut
extrêmement goûté de toute l'Assemblée
laquelle étoit très nombreuse et bien choisic.
Le 22. de ce mois , les Carmes Déchaussez
firent chanter un Te Deum solemnek
dans leur Eglise , auquel l'Archevêque de
Besançon officia , à Poccasion de là Promotion
au Cardinalat de M. Guadagni ,
Evêque d'Arezzo en Toscane , Religieux
de
OCTOBRE. 1731. 245
de leur Ordre et neveu du Pape , cy-devant
connu sous le nom du Pere Jean
Antoine de S. Bernard . Ce nouveau Cardinal
qui se nommoit dans le Monde
Bernard Caetan , est fils de Donat Marie,
Marquis de Guadagni , Florentin , et de
Marie- Magdeleine Corsini , soeur du Pape;
il nâquit à Florence le 14, Septembre
1674. et étant entré dans l'Ordre des
Carmes Déchaussez , il fit Profession à
Arezzo le 11. Novembre 1700. Après
avoir été Maître des Novices , plusieurs
fois Prieur du Convent de Florence , et
Provincial de la Province , il fut nommé
Evêque d'Arezzo en 1725. par le Pape
Benoît XIII . et Sacré en sa presence dans
l'Eglise della Scala des Carmes Déchaussez
de Rome.
Le 25. la Loterie de la Compagnie des
Indes , établie pour le Remborsement des
Actions , fut tirée en la maniere accoûttumée
à l'Hôtel de la Compagnie. La
Liste des Numeros gagnans des Actions
et Dixièmes d'Actions , qui doivent être
remboursées , a été renduë publique , faisant
en tout le nombre de 309. Actions,
On a reçû avis de Seville , que l'Infant
Don Carlos en étoit parti le 20. d'Octobre
2456 MERCURE DE FRANCE
tobre pour se rendre en Italie , et le Mar
quis de Castallar a été chargé par S. M.
Ĉat. de demander au Roi de trouver bon
que l'Infant Don Carlos passât par le
Roussillon , par le Languedoc et par la
Provence.
E Comte de Saxe a presenté au Roy
Lept petitsChevaux noirs , tous d'une
forme très- agréable et d'une extreme vivacité
, qui n'ont de hauteur que 26 à 27.
pouces . Ils sont destinez pour Monsei
gneur le Dauphin . S. M. en parut trèssatisfaite
. Elle les vit dans la grande cour
du Chenil à Versailles. Il y en avoit six
d'attelez à un petit Phaeton , mené par
le Comte de Saxe , avec un Postillon.
Il les a fait venir expressément d'une fle
de
OCTOBRE. 1731. 2455
de la Mer Baltique , pour la destination
qu'il en a faite.
Le Roy a donné au Comte de Muret ,
Lieutenant General de ses Armées, Grand-
Croix de l'Ordre Royal et Militaire de
S. Louis , le Gouvernement de Thionville,
la mort de M. de Brilhac .
vacant par
Le 26. Septembre , il y eut un Concert
à Marly , chez la Reine . M. de Blamont ,
Sur- Intendant de la Musique du Roy , fit
chanter la fin de l'Opera d'Arys , dont
les Actes precedens avoient été chantez
à Versailles .
Le 3. Octobre , la Reine voulut enten
dre la Pastorale Heroïque d'Endimion
dont les paroles sont de M. de Fontenelle,
et la Musique de M. de Blamont , qui fit
executer le premier et le second Acte 31
la Dile Pelissier chanta le Rôle de Diane,
avec d'aussi grands applaudissemens qu'elle
en avoit eu à l'Opera . La Die Lenner fit
celui d'Ismene , et chanta dans la plus
grande perfection . Les Diles Courvassier
et Minier , chanterent ceux de Licoris ,
Nymphe de Diane , et d'une Bergere. Le
sieur Petillot , qui a une très - belle voix ,
fit le Rôle d'Endimion , et ceux de Pan
et du Satyre , furent chantez par les sieurs
Dan2452
MERCURE DE FRANCE
Dangerville et le Prince . Le sieur Mauraire
y sonna les Fanfares pour Diane, &c.
Le 1o. on chanta le troisiéme Acte et
partie du quatriême ; le reste et le cinquiéme
Acte fut chanté au prochain
Concert. La Dlle Lenner chanta avec beau
coup d'applaudissement et dans le goût
de l'Auteur , le Monologue de Sombre
Forêt , et les autres Morceaux où il y
a des Flutes , furent accompagnez par les
sicurs Optetaire le Romain , Pieche et
Lucas. La Dile Robelin , chanta tes Parodies
du troisiéme Acte avec toute la préeision
convenable à ces petits Airs.
Le 12. la De Pelissier commença le
Concert par le Monologue du quatrième
Acte. La Dlle Lenner chanta ceux de
l'Amour et d'Ismene. Toute la Pastorale
fut executée avec beaucoup de feu et de
précision. Cette Piece sera imprimée et
distribuée le mois prochain .
Le 15. on chanta à Versailles le Prologue
et le premier Acte d'Armide. La
Die Antier , qui a chanté le principal
Rôle , s'y est distinguée à son ordinaire .
Les Dies Robelin et Courvassier , ont fait
ceux des deux Confidentes , et ceux de
Renaud et d'Idraot ont été chantez par
les sieurs Petillot et d'Angerville.
Le 20. on continua le même Opera par
le
OCTOBR E. 1731. 2455 .
le second et le troisiéme Acte. Le sieur
le Cler , nouvellement reçû à la Musique
du Roy , pour y chanter la Taille , fit
le Rôle de la Haine , avec beaucoup d'applaudissement
.
Le 22. on chanta le 4. et le cinquiémo
Acte.
Le 24. le Concert commença par le
Prologue et le premier Acte de Théthis
et Pelée , les Diles Julie et Minier , firent
les Rôles de la Nuit et de la Victoire , dans
le Prologue , la Dlle Antier celui de Thétis,
dans la Piece , et la Dule Lenner , celui
de Doris. La Dlle Drouin chanta la Can-
-tatille de Regne , belle Thetis , &c. et plus
infiniment. Le sieur Chassé fit le Rôle de
Neptune , et le sieur le Prince , celui du
Soleil , dans le Prologue.
Le 20 et le 25. de ce mois , les. Comediens
François représenterent à la Cour la
Tragédie de Romulus et la Comédie du
Chevalier à la mode .
Le 16. Octobre , il y cut à l'Abbaye
Royale de S. Antoine , Ordre de Cîteaux ,
une grande Ceremonie à l'occasion de la
Profession de Madame de Pontual , Fi--
leulle de S. A. S. Madame de Bourbon ,.
Abbesse. S. A. S. Madame la Duchesse la
jeune , lui fit l'honneur de lui donner le
Voile
2454 MERCURE DE FRANCE
Voile , avec cette grace et cette pieté que
toute la France admire en elle.M. Pernot,
Docteur en Théologie de la Faculté de
Paris , Abbé General de l'Ordre de Citeaux
, celebra la Messe pontificalements
M. le Curé de S. Paul y fit un très- beau
Discours sur l'excellence des engagemens
de la Religion , et sur la fidelite que l'on
devoit avoir à les remplir. Après le premier
Evangile,M. l'Abbé de Citeaux vint
à la Grille , et avant de recevoir les voeux
de la Demoiselle , il lui représenta encore
ses devoirs avec force et avec dignité.
On a rémarqué que ce Prélat , en lui développant
l'ordre de la Providence sur
elle dans le choix que Dieu avoit fait
d'une auguste et vertueuse Princesse pour.
répondre pour elle sur les Fonts sacrez
du Baptême , avoit saisi avec beaucoup de
délicatesse cette circonstance pour faire un
Compliment aux deux Princesses, qui fut
extrêmement goûté de toute l'Assemblée
laquelle étoit très nombreuse et bien choisic.
Le 22. de ce mois , les Carmes Déchaussez
firent chanter un Te Deum solemnek
dans leur Eglise , auquel l'Archevêque de
Besançon officia , à Poccasion de là Promotion
au Cardinalat de M. Guadagni ,
Evêque d'Arezzo en Toscane , Religieux
de
OCTOBRE. 1731. 245
de leur Ordre et neveu du Pape , cy-devant
connu sous le nom du Pere Jean
Antoine de S. Bernard . Ce nouveau Cardinal
qui se nommoit dans le Monde
Bernard Caetan , est fils de Donat Marie,
Marquis de Guadagni , Florentin , et de
Marie- Magdeleine Corsini , soeur du Pape;
il nâquit à Florence le 14, Septembre
1674. et étant entré dans l'Ordre des
Carmes Déchaussez , il fit Profession à
Arezzo le 11. Novembre 1700. Après
avoir été Maître des Novices , plusieurs
fois Prieur du Convent de Florence , et
Provincial de la Province , il fut nommé
Evêque d'Arezzo en 1725. par le Pape
Benoît XIII . et Sacré en sa presence dans
l'Eglise della Scala des Carmes Déchaussez
de Rome.
Le 25. la Loterie de la Compagnie des
Indes , établie pour le Remborsement des
Actions , fut tirée en la maniere accoûttumée
à l'Hôtel de la Compagnie. La
Liste des Numeros gagnans des Actions
et Dixièmes d'Actions , qui doivent être
remboursées , a été renduë publique , faisant
en tout le nombre de 309. Actions,
On a reçû avis de Seville , que l'Infant
Don Carlos en étoit parti le 20. d'Octobre
2456 MERCURE DE FRANCE
tobre pour se rendre en Italie , et le Mar
quis de Castallar a été chargé par S. M.
Ĉat. de demander au Roi de trouver bon
que l'Infant Don Carlos passât par le
Roussillon , par le Languedoc et par la
Provence.
Fermer
Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En octobre 1731, plusieurs événements notables ont eu lieu à la cour de France. Le comte de Saxe a offert au roi six petits chevaux noirs destinés au Dauphin, qui ont été appréciés par Sa Majesté. Le roi a également nommé le comte de Muret lieutenant général de ses armées et gouverneur de Thionville, succédant à M. de Brilhac. Des concerts et représentations théâtrales ont animé les résidences royales de Marly et Versailles. Le 26 septembre, un concert a été donné à Marly, clôturé par la fin de l'opéra d'Arys. Le 3 octobre, la reine a assisté à la pastorale héroïque d'Endimion, avec des performances remarquées de la demoiselle Pelissier et de la demoiselle Lenner. Les 10, 12 et 15 octobre, des extraits de cette pastorale et de l'opéra Armide ont été exécutés, avec des interprètes tels que la demoiselle Antier et le sieur Petillot. Le 20 octobre, les comédiens français ont joué la tragédie de Romulus et la comédie du Chevalier à la mode à la cour. Le 16 octobre, une cérémonie de profession religieuse a eu lieu à l'abbaye royale de Saint-Antoine, où Madame de Pontchartrain a reçu le voile des mains de Madame la Duchesse de Bourbon. Le 22 octobre, les Carmes déchaussés ont célébré un Te Deum pour la promotion au cardinalat de M. Guadagni, évêque d'Arezzo et neveu du pape. Le 25 octobre, la loterie de la Compagnie des Indes a été tirée, remboursant 309 actions. Enfin, il a été annoncé que l'Infant Don Carlos se rendait en Italie en passant par le Roussillon, le Languedoc et la Provence.
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141
p. 2536-2540
LE FEINT ORGANISTE. CONTE. Par Mademoiselle de Malcrais de la Vigne, du Croisic, en Bretagne.
Début :
C'est à Quimper que nâquit la Musique ; [...]
Mots clefs :
Feint organiste, Quimper, Musique, Instrument, Impudence, Protocole
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texteReconnaissance textuelle : LE FEINT ORGANISTE. CONTE. Par Mademoiselle de Malcrais de la Vigne, du Croisic, en Bretagne.
LE FEINT ORGANISTE
CONTE.
ParMademoiselle de Malcrais de la Vigne,
du Croisic, en Bretagne .
C'Est
' Est à Quimper ( 1 ) que nâquit la Musique
;
C'est en cet Art que prime un bas Breton.
Les Coqs d'un Bourg , voisin de ce Canton ,
'Amis féaux du plaisir mélodique ,
Firent achapt , non pas d'un Timpanon ,
Mais bien d'une Orgue, et dans leur Basilique
Fut disposê vis à- vis du Patron
Pour l'esjouir, l'instrument harmonique:
Un Egrillard de métier Cartouchique
Leur vint offrir son prétendu talent :
Moult dégoisa , moult prêcha le galand ;
Moult par le nez de fleurs de Rhetorique ,
( 1 )Ville Episcopale de la Basse Bretagne.
Leur
NOVEMBRE. 1731. 2537.
Leur envoya , tant qu'à la voix publique ,
Fut dès l'abord jugé maître excellent ,
Dont la trouvaille étoit de conséquence ;
Bien plus fut-il sans autre ajournement ,
Sans examen , grace à son impudence ,
Reçû par eux ce Docteur soi- disant.
Et l'on conclut que dès l'instant present
On lui payeroit cinq ou six mois d'avance ;
D'autant qu'il sçut faire entendre sous main
Que tout exprès d'un des bouts de la France
Pour les servir , s'étant mis en chemin ,
La route avoit dévoré sa finance.
A pas contez , Dimanche arrive enfin ,
A la grand'Messe entraînant par centaine
Les curieux dont l'Eglise fut pleine.
Volant en hâte au Spectacle nouveau ,
Ces gens s'étoient fourré dans le cerveau ,
Qu'ils alloient être au Ciel par les oreilles
Portez tout droit . C'étoient les
sept
Tout à la fois , que de voir ameutez
9
merveilles
Ces gros Patauds , comme cierges plantez ,
Leurs grands chapeaux , car telle est la coutume
Sur leurs deux mains , pendus - devotement ,
La gueule ouverte à passer une enclume.
D'autre côté Magistrats gravement ,
La barbe en pointe , aussi fiers que Bartole,
Greffiers , Sergens , Gibiers de Protocolle .
Et Marguilliers , se montroient sur leurs bancs ,
С v Er
2538 MERCURE DE FRANCE
Et pour beaucoup n'auroient perdu leurs rangs
A donc voici que notre hardi drole ,
Qui d'Organum n'avoit hanté l'Ecole .
Fait préludant rouler sur les Claviers
Hinc et illinc ses doigts lourds et grossiers.
Puis tout à coup ( 1 ) le Bourdon , la Cimbale ,
Le Larigot , le Cornet , le Nazard ,
Clairon , Régale et Cromorne , et Pédale ,
Se décochant tout ensemble au hazard ,
Tôt il s'éleve une telle tourmente $
Qu'à ce fracas le peuple en épouvante ,
Croit sur son dos voute et murs écroulez ;
Chats , Chiens , Corbeaux , Baudets, Loups assemblez
,
Au fond d'un Bois , pour hurler avec rage ,
Sur d'affreux tons , des concerts endiablez ,
Onc ne sçauroient imiter le tapage ,
De l'Organiste , ainsi carillonnant
Sans aux Tuyaux donner la moindre tréve ;
En grand tumulte à la parfin s'acheve
Hurlu , ( 2 ) brelu , cet Office étonnant.
De part et d'autre , en foule , incontinent,
Des plus hupez , la cohorte s'approche ,
Baragouinant autour du compagnon ,
( 1 ) Jeux d'Orgue.
( 2 ) Mot populaire . Il se trouve dans le Dica
tionnaire de Furetiere . Il est aussi quelque
part dans Cirano Bergeraco
Qu'il
NOVEMBRE . 1731. 2539
Qu'ils tutoyoient,maint et maint gros reproches
Moitié François , et moitié bas Breton .
Mais celui-ci qui craignoit le bâton ;
Sans perdre terre , en son ame rusée
Bien démêla le fil de sa fusée.
Messieurs , dit-il , je vous prie , oyez-moi ,
Déja m'avez condamné sans m'entendre ,
Et m'appellant Vaurien , homme sans foy ,
Opineriez , presque à me faire pendre.
Il est pourtant tres -vrai qu'en cetui cas ,
Point n'ai failli : car dites - moi de grace ,
Que voulez- vous qu'un Organiste fasse ?
Votre Soufleur que Lucifer là - bas ,
Puisse emporter , ce Vilain , ce Stupide ,
Qui me regarde , et ne répond Motus ,
Ce brechedent , quand je jouë un Sanctus ,
Presto ( 1 ) prestò , me souffle à toute bride
Un Gloria in excelsis. à coup
Par ces propos , nos Seigneurs s'appaiserent
Leur front ridé s'applanit ; et beaucoup
Et de coeur franc envers lui s'excuserent ,
De leur courroux trop inconsidéré.
Quant au souffleur ; vénérable Messire ,
Dom Guinolai ( 2 ) , Prêtre , et de plus Curé ,
Dit qu'il falloit le prier qu'à son gré ,
( 1 ) Mor Italien , qui signifie promptement ,
prestò on prestamente.
( 2 ) Saint de Bretagne , Abbé de Landevenec,
qui vivoit sous le Ray Grallon.
Cvj Lao
2540 MERCURE DE FRANCE
Lui même il prit la peine de l'élire ,
Bon et loyal , et qu'il daignat l'instruire.
Oui , dit- il , taupe ; à tout il souscrivit,
Sans compliment , mais l'Aube étoit au lit ,
Quand l'oeil au bois , l'argent dans l'escarcelle
Son Havresac troussé sous son aisselle ,
Il délogea , comme fit le Valet.
Que feu Marot nomma nihil Valet. ( 3″)"
Mais du logis ne voulut par scrupule ,
Voler la Clef qu'il cacha sous l'Uscet , (4)
Tres poliment ; et depuis même on sçait
Qu'il dit n'avoir donné cette Pilule ,
Aux Vilageois , que pour les mettre au fait-
Qu'un Carabin de Musique ou de Danse
Par Ville et Bourg , voltigeant sans Brever .
Ne doit jamais être payé d'avance ,
Autrement , gare , on risque le paquet..
CONTE.
ParMademoiselle de Malcrais de la Vigne,
du Croisic, en Bretagne .
C'Est
' Est à Quimper ( 1 ) que nâquit la Musique
;
C'est en cet Art que prime un bas Breton.
Les Coqs d'un Bourg , voisin de ce Canton ,
'Amis féaux du plaisir mélodique ,
Firent achapt , non pas d'un Timpanon ,
Mais bien d'une Orgue, et dans leur Basilique
Fut disposê vis à- vis du Patron
Pour l'esjouir, l'instrument harmonique:
Un Egrillard de métier Cartouchique
Leur vint offrir son prétendu talent :
Moult dégoisa , moult prêcha le galand ;
Moult par le nez de fleurs de Rhetorique ,
( 1 )Ville Episcopale de la Basse Bretagne.
Leur
NOVEMBRE. 1731. 2537.
Leur envoya , tant qu'à la voix publique ,
Fut dès l'abord jugé maître excellent ,
Dont la trouvaille étoit de conséquence ;
Bien plus fut-il sans autre ajournement ,
Sans examen , grace à son impudence ,
Reçû par eux ce Docteur soi- disant.
Et l'on conclut que dès l'instant present
On lui payeroit cinq ou six mois d'avance ;
D'autant qu'il sçut faire entendre sous main
Que tout exprès d'un des bouts de la France
Pour les servir , s'étant mis en chemin ,
La route avoit dévoré sa finance.
A pas contez , Dimanche arrive enfin ,
A la grand'Messe entraînant par centaine
Les curieux dont l'Eglise fut pleine.
Volant en hâte au Spectacle nouveau ,
Ces gens s'étoient fourré dans le cerveau ,
Qu'ils alloient être au Ciel par les oreilles
Portez tout droit . C'étoient les
sept
Tout à la fois , que de voir ameutez
9
merveilles
Ces gros Patauds , comme cierges plantez ,
Leurs grands chapeaux , car telle est la coutume
Sur leurs deux mains , pendus - devotement ,
La gueule ouverte à passer une enclume.
D'autre côté Magistrats gravement ,
La barbe en pointe , aussi fiers que Bartole,
Greffiers , Sergens , Gibiers de Protocolle .
Et Marguilliers , se montroient sur leurs bancs ,
С v Er
2538 MERCURE DE FRANCE
Et pour beaucoup n'auroient perdu leurs rangs
A donc voici que notre hardi drole ,
Qui d'Organum n'avoit hanté l'Ecole .
Fait préludant rouler sur les Claviers
Hinc et illinc ses doigts lourds et grossiers.
Puis tout à coup ( 1 ) le Bourdon , la Cimbale ,
Le Larigot , le Cornet , le Nazard ,
Clairon , Régale et Cromorne , et Pédale ,
Se décochant tout ensemble au hazard ,
Tôt il s'éleve une telle tourmente $
Qu'à ce fracas le peuple en épouvante ,
Croit sur son dos voute et murs écroulez ;
Chats , Chiens , Corbeaux , Baudets, Loups assemblez
,
Au fond d'un Bois , pour hurler avec rage ,
Sur d'affreux tons , des concerts endiablez ,
Onc ne sçauroient imiter le tapage ,
De l'Organiste , ainsi carillonnant
Sans aux Tuyaux donner la moindre tréve ;
En grand tumulte à la parfin s'acheve
Hurlu , ( 2 ) brelu , cet Office étonnant.
De part et d'autre , en foule , incontinent,
Des plus hupez , la cohorte s'approche ,
Baragouinant autour du compagnon ,
( 1 ) Jeux d'Orgue.
( 2 ) Mot populaire . Il se trouve dans le Dica
tionnaire de Furetiere . Il est aussi quelque
part dans Cirano Bergeraco
Qu'il
NOVEMBRE . 1731. 2539
Qu'ils tutoyoient,maint et maint gros reproches
Moitié François , et moitié bas Breton .
Mais celui-ci qui craignoit le bâton ;
Sans perdre terre , en son ame rusée
Bien démêla le fil de sa fusée.
Messieurs , dit-il , je vous prie , oyez-moi ,
Déja m'avez condamné sans m'entendre ,
Et m'appellant Vaurien , homme sans foy ,
Opineriez , presque à me faire pendre.
Il est pourtant tres -vrai qu'en cetui cas ,
Point n'ai failli : car dites - moi de grace ,
Que voulez- vous qu'un Organiste fasse ?
Votre Soufleur que Lucifer là - bas ,
Puisse emporter , ce Vilain , ce Stupide ,
Qui me regarde , et ne répond Motus ,
Ce brechedent , quand je jouë un Sanctus ,
Presto ( 1 ) prestò , me souffle à toute bride
Un Gloria in excelsis. à coup
Par ces propos , nos Seigneurs s'appaiserent
Leur front ridé s'applanit ; et beaucoup
Et de coeur franc envers lui s'excuserent ,
De leur courroux trop inconsidéré.
Quant au souffleur ; vénérable Messire ,
Dom Guinolai ( 2 ) , Prêtre , et de plus Curé ,
Dit qu'il falloit le prier qu'à son gré ,
( 1 ) Mor Italien , qui signifie promptement ,
prestò on prestamente.
( 2 ) Saint de Bretagne , Abbé de Landevenec,
qui vivoit sous le Ray Grallon.
Cvj Lao
2540 MERCURE DE FRANCE
Lui même il prit la peine de l'élire ,
Bon et loyal , et qu'il daignat l'instruire.
Oui , dit- il , taupe ; à tout il souscrivit,
Sans compliment , mais l'Aube étoit au lit ,
Quand l'oeil au bois , l'argent dans l'escarcelle
Son Havresac troussé sous son aisselle ,
Il délogea , comme fit le Valet.
Que feu Marot nomma nihil Valet. ( 3″)"
Mais du logis ne voulut par scrupule ,
Voler la Clef qu'il cacha sous l'Uscet , (4)
Tres poliment ; et depuis même on sçait
Qu'il dit n'avoir donné cette Pilule ,
Aux Vilageois , que pour les mettre au fait-
Qu'un Carabin de Musique ou de Danse
Par Ville et Bourg , voltigeant sans Brever .
Ne doit jamais être payé d'avance ,
Autrement , gare , on risque le paquet..
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Résumé : LE FEINT ORGANISTE. CONTE. Par Mademoiselle de Malcrais de la Vigne, du Croisic, en Bretagne.
Le texte 'Le Feint Organiste' est un conte écrit par Mademoiselle de Malcrais de la Vigne, originaire du Croisic en Bretagne. L'intrigue se déroule à Quimper, une ville épiscopale de la Basse-Bretagne. Les habitants d'un bourg voisin décident d'acquérir une orgue pour leur basilique et recrutent un organiste prétendant posséder un grand talent. Sans le soumettre à un examen préalable, ils l'engagent immédiatement et lui versent cinq ou six mois d'avance sur son salaire, croyant qu'il avait besoin de ces fonds pour les rejoindre. Le jour de la grande messe, l'église se remplit de fidèles curieux d'entendre l'organiste. Cependant, celui-ci, ignorant de l'art de l'orgue, provoque un chaos sonore en actionnant tous les jeux de l'orgue simultanément. La foule, épouvantée, croit que l'église s'écroule. Face aux reproches, l'organiste se défend en affirmant qu'il ne peut jouer sans les indications du souffleur. Les notables, apaisés par cette explication, décident d'instruire le souffleur, Dom Guinolai, un prêtre et curé. Ce dernier accepte la tâche mais quitte discrètement le village sans prendre la clé de la maison. Il laisse un avertissement sur les dangers de payer un artiste d'avance, mettant en garde contre les risques de telles pratiques.
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142
p. 2625-2627
COUPLETS, Sur le Menuet des Berceaux, du Ballet des Anglois, de l'Opera Comique.
Début :
Viens à mon secours, [...]
Mots clefs :
Menuet, Ballet, Opéra comique, Amours, Grâces, Jeux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COUPLETS, Sur le Menuet des Berceaux, du Ballet des Anglois, de l'Opera Comique.
COUPLETS ,
Sur le Menuet des Berceaux , du Ballet des
Anglois , de l'Opera Comique.
Viens àmon secours
Bacchus , aux Amours
Dispute la Victoire ;
Viens à mon secours
Bacchus , aux Amours
Dispute mes beaux jours.
Soutiens un Buveur
Ma langueur ,
Affoiblit ta gloire ;
Orné d'un Pampre fleuri ,
Verse ton jus chéri ;
A boire ,
A boire ,
Je serai guéri.
Amans malheuroux ,
Chérissez vos noeuds ,
pour Climene : S'ils sont faits
Amans malheureux ,
Chérissez vos noeuds
Quoiqu'ils soient rigoureux.
G US
2626 MERCURE DE FRANCE
Un coeur vainement .
Fait serment ,
De fuir l'Inhumaine a
Loin même de ses attraits ,
On en ressent les traits.
Climene ,
Ta chaîne ,
Ne se rompt jamais,
Philis , tes accens ,
Toûjours ravissans >
Triomphent des Canentes ;
Philis , tes accens
Toujours ravissans ,
Ne nous laissent qu'un sens.
Ah ! qu'ils sont puissants !
Que je sens ,
Leurs douceurs touchantes !
Philis quel coeur indompté ,
T'a jamais résisté ?
Tu chantes
Νε
Tu chantes ,
Tout est enchanté.
CHANSON.
E vous étonnez pas , Julie ,
Si prés de vous l'esprit s'oublie ;
Tous les écarts sont de saison ,
NOVEMBRE. 1731. 2627,
Où regnent les Jeux et les Graces ;
Trop d'Amours volent sur vos traces
Pour y rencontrer la Raison .
Sur le Menuet des Berceaux , du Ballet des
Anglois , de l'Opera Comique.
Viens àmon secours
Bacchus , aux Amours
Dispute la Victoire ;
Viens à mon secours
Bacchus , aux Amours
Dispute mes beaux jours.
Soutiens un Buveur
Ma langueur ,
Affoiblit ta gloire ;
Orné d'un Pampre fleuri ,
Verse ton jus chéri ;
A boire ,
A boire ,
Je serai guéri.
Amans malheuroux ,
Chérissez vos noeuds ,
pour Climene : S'ils sont faits
Amans malheureux ,
Chérissez vos noeuds
Quoiqu'ils soient rigoureux.
G US
2626 MERCURE DE FRANCE
Un coeur vainement .
Fait serment ,
De fuir l'Inhumaine a
Loin même de ses attraits ,
On en ressent les traits.
Climene ,
Ta chaîne ,
Ne se rompt jamais,
Philis , tes accens ,
Toûjours ravissans >
Triomphent des Canentes ;
Philis , tes accens
Toujours ravissans ,
Ne nous laissent qu'un sens.
Ah ! qu'ils sont puissants !
Que je sens ,
Leurs douceurs touchantes !
Philis quel coeur indompté ,
T'a jamais résisté ?
Tu chantes
Νε
Tu chantes ,
Tout est enchanté.
CHANSON.
E vous étonnez pas , Julie ,
Si prés de vous l'esprit s'oublie ;
Tous les écarts sont de saison ,
NOVEMBRE. 1731. 2627,
Où regnent les Jeux et les Graces ;
Trop d'Amours volent sur vos traces
Pour y rencontrer la Raison .
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Résumé : COUPLETS, Sur le Menuet des Berceaux, du Ballet des Anglois, de l'Opera Comique.
Le texte extrait du 'Mercure de France' de novembre 1731 présente des couplets et des chansons. Les couplets, inspirés du menuet des Berceaux du Ballet des Anglois de l'Opéra Comique, implorent Bacchus de secourir un buveur affaibli. Ce dernier demande au dieu de soutenir sa langueur et de verser son vin pour le guérir. Les amants malheureux sont encouragés à chérir leurs liens, malgré leur rigueur. Une chanson exprime l'incapacité d'un cœur à fuir une personne inhumaine, malgré les serments. Climène est décrite avec une chaîne inbrisable, tandis que Philis, par ses accents ravissants, triomphe des Canentes et charme irrésistiblement. La dernière chanson s'adresse à Julie, soulignant que près d'elle, l'esprit s'oublie et que les amours et les grâces y règnent, laissant peu de place à la raison.
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143
p. 2679-2681
RÉPONSE de M. le Chevalier D.O.E. à Madame la Marquise D. a. o. s.
Début :
Quoy ! punir par l'endroit sensible [...]
Mots clefs :
Punir, Lettre, Fidèle amant, Concert, Prologue, Opéra
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE de M. le Chevalier D.O.E. à Madame la Marquise D. a. o. s.
RESPONSE de M. le Chevalier D.O. E.
à Madame la Marquise D. a . o. s .
Quo
Uoy ! punir par l'endroit sensible
Ce cher Tircis tant souhaitté
Qui le croiroit , est- il possible ?
Que n'ayant jamais merité
D'Iris la disgrace terrible ,
De la sorte il en soit traitté ?
Quel tourment encore plus pénible
De n'en être point écouté !
Se lave-t'il par une Lettre à
Loin d'approfondir s'il a tort ,
On le juge en dernier ressort.
Ah destin ! que peut me promettre
Un si funeste Arrêt ? La mort ,
S'il faut sans appel m'y soumetre ;
Mais où m'entraine ce transport ?
Amour , tu sçais qu'elle m'est chere ;
1 iiij
`Vole ,
2680 MERCURE DE FRANCE
Vole , cours fléchir la severe ,
Et l'assurer qu'en ce moment ,
Malgré son injuste colere ,
Je suis son plus fidel amant.
A Annoy , ce 3 Septembre 1731. D. O. E.
Le 5 Novembre il y eût Concert chez
la Reine . M. de Blamont , Surintendant
de la Musique du Roy , y fit chanter les
deux derniers Actes de Thetis et Pellée.
Le 7 , on chanta le Prologue et le premier
Acte d'Iphigenie. La Dlle Antier fit
le principal Rôle , ceux d'Electre et d'Ismenide
furent remplis par les Dlles Lenner
et Pitron , et les Srs. Chassé et Dangerville
chanterent les Rôles d'Oreste et
de Thoas.
Le 12 , on continua le même Opera ;
et on le finit le 14 à Marly , par les deux
derniers Actes , executés par les mêmes
Acteurs.
Le 21 le Concert
commenca par le
Prologue
et le premier Acte de Thesée.
La Dlle Lenner fit le Rôle de Venus dans
le Prologue , et celui d'Eglé dans la Piece
, et les Srs. Chassé et Godeneche
jouerent
les Rôles d'Egée et d'Arcas.
Le 17 , on chanta le second et le troi- 27
siéme Acte. La Dlle Barbier fit le Rôle
d'Eglé ,
NOVEMBRE 1731. 2681
6
d'Eglé , et celui de Medée fut joué par
la Dlle Lenner , et le Sr. Petillot celui
de Thesée.
à Madame la Marquise D. a . o. s .
Quo
Uoy ! punir par l'endroit sensible
Ce cher Tircis tant souhaitté
Qui le croiroit , est- il possible ?
Que n'ayant jamais merité
D'Iris la disgrace terrible ,
De la sorte il en soit traitté ?
Quel tourment encore plus pénible
De n'en être point écouté !
Se lave-t'il par une Lettre à
Loin d'approfondir s'il a tort ,
On le juge en dernier ressort.
Ah destin ! que peut me promettre
Un si funeste Arrêt ? La mort ,
S'il faut sans appel m'y soumetre ;
Mais où m'entraine ce transport ?
Amour , tu sçais qu'elle m'est chere ;
1 iiij
`Vole ,
2680 MERCURE DE FRANCE
Vole , cours fléchir la severe ,
Et l'assurer qu'en ce moment ,
Malgré son injuste colere ,
Je suis son plus fidel amant.
A Annoy , ce 3 Septembre 1731. D. O. E.
Le 5 Novembre il y eût Concert chez
la Reine . M. de Blamont , Surintendant
de la Musique du Roy , y fit chanter les
deux derniers Actes de Thetis et Pellée.
Le 7 , on chanta le Prologue et le premier
Acte d'Iphigenie. La Dlle Antier fit
le principal Rôle , ceux d'Electre et d'Ismenide
furent remplis par les Dlles Lenner
et Pitron , et les Srs. Chassé et Dangerville
chanterent les Rôles d'Oreste et
de Thoas.
Le 12 , on continua le même Opera ;
et on le finit le 14 à Marly , par les deux
derniers Actes , executés par les mêmes
Acteurs.
Le 21 le Concert
commenca par le
Prologue
et le premier Acte de Thesée.
La Dlle Lenner fit le Rôle de Venus dans
le Prologue , et celui d'Eglé dans la Piece
, et les Srs. Chassé et Godeneche
jouerent
les Rôles d'Egée et d'Arcas.
Le 17 , on chanta le second et le troi- 27
siéme Acte. La Dlle Barbier fit le Rôle
d'Eglé ,
NOVEMBRE 1731. 2681
6
d'Eglé , et celui de Medée fut joué par
la Dlle Lenner , et le Sr. Petillot celui
de Thesée.
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Résumé : RÉPONSE de M. le Chevalier D.O.E. à Madame la Marquise D. a. o. s.
Le Chevalier D.O. E. écrit à la Marquise D. a. o. s. pour exprimer son désarroi face à la punition injuste de Tircis, qui n'est pas écouté. Il demande à Amour d'intercéder en faveur de Tircis auprès d'Iris, affirmant sa fidélité malgré la colère de cette dernière. La lettre est datée du 3 septembre 1731. En novembre 1731, plusieurs événements musicaux eurent lieu à la cour. Le 5 novembre, M. de Blamont, Surintendant de la Musique du Roy, fit chanter les deux derniers actes de l'opéra 'Thetis et Pélée'. Les 7 et 12 novembre, des extraits de l'opéra 'Iphigénie' furent interprétés par les Demoiselles Antier, Lenner, Pitron, et les Sieurs Chassé et Dangerville. Le 14 novembre, l'opéra fut terminé à Marly. Le 21 novembre, le concert débuta avec le prologue et le premier acte de 'Thésée', avec la Demoiselle Lenner dans les rôles de Vénus et Églé, et les Sieurs Chassé et Godeneche dans ceux d'Égée et Arcas. Le 17 novembre, le second et le troisième actes furent chantés, avec la Demoiselle Barbier en Églé, la Demoiselle Lenner en Médée, et le Sieur Petillot en Thésée.
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144
p. 2851-2852
AIR A BOIRE.
Début :
L'Homme autrefois craintif et superstitieux, [...]
Mots clefs :
Avare, Amour, Tristesse, Bacchus
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AIR A BOIRE.
AIR A BOIRE.
'Homme autrefois craintif et superstitieux ,
Avoit rempli le Ciel , l'Enfer , la Terre et l'Onde
De mille et mille Dieux.
Ces anciens Maîtres du Monde
Ont vú détruire leurs Autels ;
Il n'en est plus que trois qu'adorent les Mortels
L'un est le puissant Dieu qui préside aux Richesses
,
1.Vol. L'autre
2852 MERCURE DE FRANCE
L'autre inspire à nos coeurs d'amoureuses ten ■
dresses ,
Et le dernier des trois , enfin >
Par ses précieuses largesses .
Fournit nos Buffets de bon Vin.
Plutus livre l'Avare à des désirs sans fin ?
Les plaisirs de l'Amour sont mêlez de tristesse
Baccus , le seul Baccus fait un heureux destin.
'Homme autrefois craintif et superstitieux ,
Avoit rempli le Ciel , l'Enfer , la Terre et l'Onde
De mille et mille Dieux.
Ces anciens Maîtres du Monde
Ont vú détruire leurs Autels ;
Il n'en est plus que trois qu'adorent les Mortels
L'un est le puissant Dieu qui préside aux Richesses
,
1.Vol. L'autre
2852 MERCURE DE FRANCE
L'autre inspire à nos coeurs d'amoureuses ten ■
dresses ,
Et le dernier des trois , enfin >
Par ses précieuses largesses .
Fournit nos Buffets de bon Vin.
Plutus livre l'Avare à des désirs sans fin ?
Les plaisirs de l'Amour sont mêlez de tristesse
Baccus , le seul Baccus fait un heureux destin.
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Résumé : AIR A BOIRE.
Le texte relate l'évolution des croyances religieuses, passant de multiples divinités à trois dieux principaux. Plutus, dieu des richesses, suscite des désirs infinis. Le dieu de l'amour mêle plaisir et tristesse. Bacchus, dieu du vin, apporte un destin heureux.
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145
p. 2887-2890
Cérémonie Funebre à S. Germain l'Auxerrois.
Début :
Il y avoit long temps que les Musiciens de cette Capitale voyoient avec [...]
Mots clefs :
Musique, Église, Cérémonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Cérémonie Funebre à S. Germain l'Auxerrois.
Cérémonie Funebre à S. Germain Anxerrois.
L y avoit long temps que les Musi-
Iciens
ciens de cette Capitale voyoient avec
peine tout ce qu'il y a de Communautez
et de Confreries faire un Service Annuel
pour le repos de l'Ame de leurs Confre
res décedez dans l'Année , sans observer
entr'eux cette religieuse pratique si convenable
à l'esprit de l'Eglise , et si propre
à entretenir l'union et la conformité de
I. Vol Lij Prieres
138 MERCURE DE FRANCE
Prieres
pour aider et soulager , après leur
mort par leurs suffrages , ceux avec
qui ils avoient été liés pat les mêmes talens
pendant leur vie.
J
Ce fut le 22 de Novembre dernier
jour de Ste. Cecile , leur Patrone , qu'ils
prirent cette résolution salutaire ; ils fixerent
le
temps de cette pieuse Cérémonie
u mois de Decembre , pour réunir au
même sacrifice la mémoire de ceux de
leurs Confreres qu'ils auroient perdus
dans le cours de l'Année. Ils se cottiserent
tous pour une somme legere dont ils convinrent
pour les frais de sonnerie , le luminaire
, les Billets , & c.
Ils choisirent pour faire chanter certe
Messe solemnelle , M. Guillery , Benefisier
, et Maître de Musique de S. Germain
l'Auxerrois , moins parce qu'il est
l'ancien des Maîtres de Musique , actuellement
en exercice à Paris , que pour son
mérite personnel , et la réputation qu'il
s'est acquise depuis plus de trente ans
qu'il est en place.
Mrs du Chapitre de S. Germain accorderent
volontiers le Choeur de leur Eglise
pour seconder les loüables intentions des
Musiciens . L'Abbé de Cosnac , Doyen
du Chapitre , et Vicaire general du Diosèse
, assista à la Cérémonie avec Mrs. les
I.Vol. Cha
DECEMBRE 1731. 2889
sang
Chanoines , les Beneficiers , le Clergé ,
er quantité de personnes de distinction
placés au Jubé. On peut dire ,
éxagerer , qu'il ne s'est , peut être , jamais
vû de Corps de Musique plus complet.
Les plus fameux et les plus habiles
s'y trouverent au nombre d'environ 200 ,
tous connus par leurs talens distinguez ,
soit pour la Musique vocale , soit pour
la Musique instrumentale. On ne parle
d'aucun en particulier , parce que tous
se signalerent également , et qu'il ne s'est
guere vû d'occasion où l'émulation aig
été plus generale , et l'harmonie plus ma▸
gnifique et plus précise.
3.
Ce Service solemnel fut chanté le 4. de
ce mois pour feus Mrs. Petouille , Prêtre ,
Beneficier et Maître de Musique de l'Eglise
de Paris , Laurent , Placet , Prêtres ,
et Crepin , Beneficiers de la même Eglises
Mrs. De la Lande Surintendant de la
Musique du Roy , Marais , Senaillé
Regnier , Gardinville , Mangot , Bandy
Reffié , Calus , et Ossus , Organiste .
Ön annoncera , l'année prochaine , par
les Billets qui seront distribués le jour du
Service , et l'Eglise où il sera célebré.
La vûë qu'on a euë en inserant ici cet
Article , est d'engager les familles des.
Maîtres de Musique ou Musiciens qui
La Vol.
Liij
dé
2890 MERCURE DE FRANCE
, décederont en Province d'en donner
avis à l'un des Maîtres de Musique de ,
Paris , afin qu'ils ayent part aux Prieres
et aux Suffrages de leurs Confreres. Sancta
et salubris est cogitatio pro Defunctis exorare
ut à peccatis solvantur , Machab .
lib. 2. chap. XII .
L y avoit long temps que les Musi-
Iciens
ciens de cette Capitale voyoient avec
peine tout ce qu'il y a de Communautez
et de Confreries faire un Service Annuel
pour le repos de l'Ame de leurs Confre
res décedez dans l'Année , sans observer
entr'eux cette religieuse pratique si convenable
à l'esprit de l'Eglise , et si propre
à entretenir l'union et la conformité de
I. Vol Lij Prieres
138 MERCURE DE FRANCE
Prieres
pour aider et soulager , après leur
mort par leurs suffrages , ceux avec
qui ils avoient été liés pat les mêmes talens
pendant leur vie.
J
Ce fut le 22 de Novembre dernier
jour de Ste. Cecile , leur Patrone , qu'ils
prirent cette résolution salutaire ; ils fixerent
le
temps de cette pieuse Cérémonie
u mois de Decembre , pour réunir au
même sacrifice la mémoire de ceux de
leurs Confreres qu'ils auroient perdus
dans le cours de l'Année. Ils se cottiserent
tous pour une somme legere dont ils convinrent
pour les frais de sonnerie , le luminaire
, les Billets , & c.
Ils choisirent pour faire chanter certe
Messe solemnelle , M. Guillery , Benefisier
, et Maître de Musique de S. Germain
l'Auxerrois , moins parce qu'il est
l'ancien des Maîtres de Musique , actuellement
en exercice à Paris , que pour son
mérite personnel , et la réputation qu'il
s'est acquise depuis plus de trente ans
qu'il est en place.
Mrs du Chapitre de S. Germain accorderent
volontiers le Choeur de leur Eglise
pour seconder les loüables intentions des
Musiciens . L'Abbé de Cosnac , Doyen
du Chapitre , et Vicaire general du Diosèse
, assista à la Cérémonie avec Mrs. les
I.Vol. Cha
DECEMBRE 1731. 2889
sang
Chanoines , les Beneficiers , le Clergé ,
er quantité de personnes de distinction
placés au Jubé. On peut dire ,
éxagerer , qu'il ne s'est , peut être , jamais
vû de Corps de Musique plus complet.
Les plus fameux et les plus habiles
s'y trouverent au nombre d'environ 200 ,
tous connus par leurs talens distinguez ,
soit pour la Musique vocale , soit pour
la Musique instrumentale. On ne parle
d'aucun en particulier , parce que tous
se signalerent également , et qu'il ne s'est
guere vû d'occasion où l'émulation aig
été plus generale , et l'harmonie plus ma▸
gnifique et plus précise.
3.
Ce Service solemnel fut chanté le 4. de
ce mois pour feus Mrs. Petouille , Prêtre ,
Beneficier et Maître de Musique de l'Eglise
de Paris , Laurent , Placet , Prêtres ,
et Crepin , Beneficiers de la même Eglises
Mrs. De la Lande Surintendant de la
Musique du Roy , Marais , Senaillé
Regnier , Gardinville , Mangot , Bandy
Reffié , Calus , et Ossus , Organiste .
Ön annoncera , l'année prochaine , par
les Billets qui seront distribués le jour du
Service , et l'Eglise où il sera célebré.
La vûë qu'on a euë en inserant ici cet
Article , est d'engager les familles des.
Maîtres de Musique ou Musiciens qui
La Vol.
Liij
dé
2890 MERCURE DE FRANCE
, décederont en Province d'en donner
avis à l'un des Maîtres de Musique de ,
Paris , afin qu'ils ayent part aux Prieres
et aux Suffrages de leurs Confreres. Sancta
et salubris est cogitatio pro Defunctis exorare
ut à peccatis solvantur , Machab .
lib. 2. chap. XII .
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Résumé : Cérémonie Funebre à S. Germain l'Auxerrois.
Les musiciens de Paris organisèrent une cérémonie funèbre à l'église Saint-Germain-l'Auxerrois pour honorer leurs confrères décédés. Inspirés par d'autres communautés, ils décidèrent de célébrer cette messe annuelle le 4 décembre, en l'honneur de la Sainte-Cécile. Ils cotisèrent pour couvrir les frais de sonnerie, de luminaire et de billets. La messe fut confiée à M. Guillery, bénéficié et maître de musique de Saint-Germain-l'Auxerrois, et le chœur de l'église fut mis à disposition par le chapitre. L'abbé de Cosnac, doyen du chapitre, assista à la cérémonie avec les chanoines, les bénéficiers, le clergé et de nombreuses personnes de distinction. Environ 200 musiciens participèrent, honorant des confrères tels que M. Petouille, Laurent, Placet, Crepin, De la Lande, Marais, Senaillé, Regnier, Gardinville, Mangot, Bandy, Reffié, Calus et Ossus. La cérémonie fut marquée par une émulation générale et une harmonie magnifique. Les organisateurs prévirent d'annoncer l'année suivante l'église où la cérémonie serait célébrée et invitèrent les familles des musiciens décédés en province à en informer un maître de musique de Paris.
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146
p. [2915]-2921
LA JEUNESSE, CHANTATE,
Début :
Dans un songe flatteur, une jeune Déesse, [...]
Mots clefs :
Jeunesse, Déesse, Plaisir, Bacchus, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA JEUNESSE, CHANTATE,
LA JEUNESSE,
D
CHANTATE ,
Par M. Cavalies , Avocat.
Ans un songe flateur , une jeune
Déesse ,
Vint séduire mes sens par les plàs
doux attraits.
A son air vif, brillant et frais,
Je reconnus bientôt l'agréable Jeunesse.
Autour d'Hébé voloient mille petits Amours ,
11. Vol. A ij Qui
C
2916 MERCURE DE FRANCE
Qui pour dompter les coeurs rebelles ,
Empruntoient de ses yeux l'infaillible secours ;
Le temps sur ses rapides aîles ,
Portoit cette Divinité ,
Et le Printemps soigneux de sa beauté ,
Répandoit sur son teint des fleurs toûjours nou
velles ;
Les Graces dévançoient la fille de Junon ,
Ou s'arrêtoient sur son visage ;
Les folâtres plaisirs , le galant badinage ,
Par son ordre enchaînoient la severe Raison.
La Troupe immortelle,
Du plus haut des Cieux ,
Répandoit sur elle ,
Ses dons précieux.
Mars épris des charmes
Dont brilloient ses yeux ,
Lui donnoit ses armes ;
Venus , sa douceur ,
Le fils de Seméle ,
Plein de sa liqueur ,
L'offroit à la Belle,
La Reine des Bois ,
Son Arc , son Carquois,
Pour toi des plus beaux jours je vois ourdir la
trame ,
1. Vola Choisis
DECEMBRE . 1731. 2917
Choisis , me dit Hébé , d'un air doux, gracieux >
Des présens des Dieux',
Gelui qui maintenant flate le plus ton ame.
Veux-tu dans les combats à la suite de Mars ,
Affronter les hazards ?'
Tu verras bien- tôt la victoire ,
Rendre de tes Exploits tout l'Univers témoin ,,
Et prendre également le soin ,
Et de tes jours et de ta gloire :
J'obéïs , et je cours au milieu des combats ;
Mille foudres d'airain tournent contre ma tête
Une affreuse tempête ;
Le plomb vole , avec lui vole encor le trépas ;
Mais en vain ; la fureur pousse , anime mon bras;
Par mille cruautez j'exerce mon courage ;
Mais enfin fatigué de sang et de carnage ,
De mes cruels transports je reconnois l'horreur ››
Et j'ay honte de ma fureur.
Aimable Jeunesse ,
Regle mes plaisirs ;
Mais vers la tendresse ,
Tourne mes desirs.
Que loin des allarmes ,
Le paisible Amour ,
Na Vol .
A iij Par
2918 MER CURE DE FRANCE
Par de plus doux charmes,
M'occupe à son tour.
Aimable Jeunesse , &c. ,
Mais des Nymphes d'Hebé , quelle Troupe bril .
lante ,
Se presente à mes yeux , me ravit et m'enchante
Venus leur prête encor ses plus vifs agrémens ;
Dans mon coeur agité , grands Dieux ! quels
mouvemens !
Les Nymphes de ma Cour, dit la jeune Déesse ,
Brulent de t'engager sous leurs aimables Loix ;
Leur égale beauté , leur égale tendresse ,
Ne laissent à ton coeur que l'embarras du choix,
Ebloui par l'éclat de sa bonne fortune ,
Mon coeur chancelle quelque tems ;
Mais il se rend enfin aux attraits d'une Brune ,
A l'air vif , aux yeux perçans.
Quels transports , hélas ! quelle joye ,
Dans ces heureux commencemens !
Les douceurs , les plaisirs où mon ame se noye¸¸
Sont autant de ravissemens ;
Je lui jure cent fois une amour éternelle ,
Et de sa bonté naturelle ,
".
J'obtiens bien- tôt mille bienfaits ;
Amour en ma faveur dévoilant ses attraits ,
II. Vol.
Allume
DECEMBRE 1731. 29·19.
Allume dans nos coeurs une'ardeur mutuelle ;
Mais en comblant mes désirs ,
Il m'enleve mes plaisirs.
Un peu trop de perseverance ,.
Pousse un Amant à bout ;
Mais une foible résistance ,.
Apporte le dégout .
`Je t'entends , dit Hebé , dans la Forêt prochaine
Kegarde les Chasseurs que Diane ramene ;
Va , cours apprendre sous ses loix ,
A relancer un Cerf , à le mettre aux abois ¿
C'est elle-même qui s'avance ,
Et perce des traits qu'elle lance ,
Les plus fiers habitans des Bois.
Du Cor qui m'appelle ,
Le son éclatant ,
Du Chasseur trop lent ,
Ranime le zele ;
Mais le Cerf timide , à ce bruit ,
Tremble , s'épouvante , s'enfuits-
Dans les Bois la Louve en colere ,
Va chercher un sombre réduit ;
Et dans sa Taniere ,
Le Renard frémit.
En vain l'impatiente Aurore ,
Se hâte de rouvrir la barriere du jour ,
...
II. Vol A iiij Plus
29.20 MERCURE DE FRANCE
Plus impatient encore ,
Je devance son retour.
Diane secondant ma vigilante audace ,
Je traverse aisément les plus vastes Guerets ;
Je suis la Déesse à la trace ;
Les Cerfs , les Sangliers sont percez de mes traits;
L'été n'a point de feux , l'hiver n'a point de glaçe
Qui puisse garantir les Hôtes des Forêts.
Mais déja le Soleil éteint ses feux dans l'Onde ,
Et la Nuit déployant ses plus sombres drapeaux
Vient donner le repos au Monde ,
Et terminer trop tôt d'agréables travaux.
Vien , Bacchus , vien par ta presence ,
Hearter loin de moi ses ennuyeux Pavots ;
Seroit-ce profiter du temps qu'Hébé dispense ,,
Que le passer dans le repos ?
Tandis que l'Univers sommeille ,
Quel agréable son vient frapper mon oreille ?
Est-ce Arion-sauvé de la fureur des flots
Non, c'est Bacchus qui me réveille ,
Au bruit des flacons et des pots.
Beuvons , amis que l'allegresse , ;
Soit l'arbitre de ce Festin ,
Et que chacun de nous s'empresse ,
De contenter le Dieu du vin.
II. Vol.
Versez
DECEMBRE 1731. 2921
Versez , amis , versez sans cesse ,
De ce Nectar délicieux ,
Vien me saisir , charmante yvresse ,
Tu vas me rendre égal aux Dieux.
Cen est fait de mes sens , Bacchus se rend te
Maître ;
Amis , secondez mon transport ,
Versez et redoublez .... versez .... un coup?
encor ....
Et ma raison va disparoître.
Ce fut ainsi qu'Hebé par une illusion ,
De mes jeunes ar deurs me retraça l'image ;` ,
Je crus en m'éveillant être encore au
Hélas ! avec ma vision ,
Disparut à l'instant la Déesse volage.
bel âge.,
Mortels , qui commencez à peine votre cours
Ma jeunesse en effet a passé comme un songe ; ;
Hebé vous offre de beaux jours ;
Craignez un semblable mensonge
D
CHANTATE ,
Par M. Cavalies , Avocat.
Ans un songe flateur , une jeune
Déesse ,
Vint séduire mes sens par les plàs
doux attraits.
A son air vif, brillant et frais,
Je reconnus bientôt l'agréable Jeunesse.
Autour d'Hébé voloient mille petits Amours ,
11. Vol. A ij Qui
C
2916 MERCURE DE FRANCE
Qui pour dompter les coeurs rebelles ,
Empruntoient de ses yeux l'infaillible secours ;
Le temps sur ses rapides aîles ,
Portoit cette Divinité ,
Et le Printemps soigneux de sa beauté ,
Répandoit sur son teint des fleurs toûjours nou
velles ;
Les Graces dévançoient la fille de Junon ,
Ou s'arrêtoient sur son visage ;
Les folâtres plaisirs , le galant badinage ,
Par son ordre enchaînoient la severe Raison.
La Troupe immortelle,
Du plus haut des Cieux ,
Répandoit sur elle ,
Ses dons précieux.
Mars épris des charmes
Dont brilloient ses yeux ,
Lui donnoit ses armes ;
Venus , sa douceur ,
Le fils de Seméle ,
Plein de sa liqueur ,
L'offroit à la Belle,
La Reine des Bois ,
Son Arc , son Carquois,
Pour toi des plus beaux jours je vois ourdir la
trame ,
1. Vola Choisis
DECEMBRE . 1731. 2917
Choisis , me dit Hébé , d'un air doux, gracieux >
Des présens des Dieux',
Gelui qui maintenant flate le plus ton ame.
Veux-tu dans les combats à la suite de Mars ,
Affronter les hazards ?'
Tu verras bien- tôt la victoire ,
Rendre de tes Exploits tout l'Univers témoin ,,
Et prendre également le soin ,
Et de tes jours et de ta gloire :
J'obéïs , et je cours au milieu des combats ;
Mille foudres d'airain tournent contre ma tête
Une affreuse tempête ;
Le plomb vole , avec lui vole encor le trépas ;
Mais en vain ; la fureur pousse , anime mon bras;
Par mille cruautez j'exerce mon courage ;
Mais enfin fatigué de sang et de carnage ,
De mes cruels transports je reconnois l'horreur ››
Et j'ay honte de ma fureur.
Aimable Jeunesse ,
Regle mes plaisirs ;
Mais vers la tendresse ,
Tourne mes desirs.
Que loin des allarmes ,
Le paisible Amour ,
Na Vol .
A iij Par
2918 MER CURE DE FRANCE
Par de plus doux charmes,
M'occupe à son tour.
Aimable Jeunesse , &c. ,
Mais des Nymphes d'Hebé , quelle Troupe bril .
lante ,
Se presente à mes yeux , me ravit et m'enchante
Venus leur prête encor ses plus vifs agrémens ;
Dans mon coeur agité , grands Dieux ! quels
mouvemens !
Les Nymphes de ma Cour, dit la jeune Déesse ,
Brulent de t'engager sous leurs aimables Loix ;
Leur égale beauté , leur égale tendresse ,
Ne laissent à ton coeur que l'embarras du choix,
Ebloui par l'éclat de sa bonne fortune ,
Mon coeur chancelle quelque tems ;
Mais il se rend enfin aux attraits d'une Brune ,
A l'air vif , aux yeux perçans.
Quels transports , hélas ! quelle joye ,
Dans ces heureux commencemens !
Les douceurs , les plaisirs où mon ame se noye¸¸
Sont autant de ravissemens ;
Je lui jure cent fois une amour éternelle ,
Et de sa bonté naturelle ,
".
J'obtiens bien- tôt mille bienfaits ;
Amour en ma faveur dévoilant ses attraits ,
II. Vol.
Allume
DECEMBRE 1731. 29·19.
Allume dans nos coeurs une'ardeur mutuelle ;
Mais en comblant mes désirs ,
Il m'enleve mes plaisirs.
Un peu trop de perseverance ,.
Pousse un Amant à bout ;
Mais une foible résistance ,.
Apporte le dégout .
`Je t'entends , dit Hebé , dans la Forêt prochaine
Kegarde les Chasseurs que Diane ramene ;
Va , cours apprendre sous ses loix ,
A relancer un Cerf , à le mettre aux abois ¿
C'est elle-même qui s'avance ,
Et perce des traits qu'elle lance ,
Les plus fiers habitans des Bois.
Du Cor qui m'appelle ,
Le son éclatant ,
Du Chasseur trop lent ,
Ranime le zele ;
Mais le Cerf timide , à ce bruit ,
Tremble , s'épouvante , s'enfuits-
Dans les Bois la Louve en colere ,
Va chercher un sombre réduit ;
Et dans sa Taniere ,
Le Renard frémit.
En vain l'impatiente Aurore ,
Se hâte de rouvrir la barriere du jour ,
...
II. Vol A iiij Plus
29.20 MERCURE DE FRANCE
Plus impatient encore ,
Je devance son retour.
Diane secondant ma vigilante audace ,
Je traverse aisément les plus vastes Guerets ;
Je suis la Déesse à la trace ;
Les Cerfs , les Sangliers sont percez de mes traits;
L'été n'a point de feux , l'hiver n'a point de glaçe
Qui puisse garantir les Hôtes des Forêts.
Mais déja le Soleil éteint ses feux dans l'Onde ,
Et la Nuit déployant ses plus sombres drapeaux
Vient donner le repos au Monde ,
Et terminer trop tôt d'agréables travaux.
Vien , Bacchus , vien par ta presence ,
Hearter loin de moi ses ennuyeux Pavots ;
Seroit-ce profiter du temps qu'Hébé dispense ,,
Que le passer dans le repos ?
Tandis que l'Univers sommeille ,
Quel agréable son vient frapper mon oreille ?
Est-ce Arion-sauvé de la fureur des flots
Non, c'est Bacchus qui me réveille ,
Au bruit des flacons et des pots.
Beuvons , amis que l'allegresse , ;
Soit l'arbitre de ce Festin ,
Et que chacun de nous s'empresse ,
De contenter le Dieu du vin.
II. Vol.
Versez
DECEMBRE 1731. 2921
Versez , amis , versez sans cesse ,
De ce Nectar délicieux ,
Vien me saisir , charmante yvresse ,
Tu vas me rendre égal aux Dieux.
Cen est fait de mes sens , Bacchus se rend te
Maître ;
Amis , secondez mon transport ,
Versez et redoublez .... versez .... un coup?
encor ....
Et ma raison va disparoître.
Ce fut ainsi qu'Hebé par une illusion ,
De mes jeunes ar deurs me retraça l'image ;` ,
Je crus en m'éveillant être encore au
Hélas ! avec ma vision ,
Disparut à l'instant la Déesse volage.
bel âge.,
Mortels , qui commencez à peine votre cours
Ma jeunesse en effet a passé comme un songe ; ;
Hebé vous offre de beaux jours ;
Craignez un semblable mensonge
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Résumé : LA JEUNESSE, CHANTATE,
Le poème 'La Jeunesse' de M. Cavalies, avocat, relate une vision onirique où la déesse Jeunesse, Hébé, apparaît au narrateur. Hébé est entourée de petits Amours et accompagnée par le Temps, le Printemps, les Grâces et les plaisirs. Mars, Vénus, Apollon et Diane offrent chacun leurs dons à la Jeunesse. Hébé propose au narrateur de choisir parmi ces présents celui qui flatte le plus son âme. Initialement attiré par les combats de Mars, le narrateur se lasse rapidement de la violence. Il se tourne ensuite vers l'amour, charmé par une jeune femme brune, mais l'amour devient monotone et le déçoit. Hébé le dirige alors vers la chasse avec Diane, où il montre son adresse. À la nuit tombée, il se tourne vers Bacchus pour éviter l'ennui, s'enivre et perd la raison. À son réveil, la vision de la Jeunesse disparaît, et il réalise que sa jeunesse a passé comme un songe. Le poème se conclut par une mise en garde aux mortels de profiter des beaux jours offerts par Hébé sans se laisser tromper par l'illusion.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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147
p. 21-46
LETTRE de M*** à M. H. Chanoine de l'Eglise Cathedrale de *** sur le choix que les Musiciens ont fait de Ste Cecile pour leur Patronne.
Début :
C'Est une chose très-loüable, Monsieur, que dans chaque [...]
Mots clefs :
Sainte Cécile, Musique, Musiciens, Église, Fête, Instruments de musique, Orgue, Mélodie, Chantres, Patrone des musiciens, Royaume, Choeur, Profession, Chant
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M*** à M. H. Chanoine de l'Eglise Cathedrale de *** sur le choix que les Musiciens ont fait de Ste Cecile pour leur Patronne.
LETTRE de M*** à M. H. Chanoine
de l'Eglise Cathedrale de *** sur le choix
que les Musiciens ont fait de Ste Cecile
pour leur Patronne.
'Est chose très -loüable , MonCsieur , que dans chaque Profession
il y ait un saint Patron dont on se propose d'imiter les vertus en même temps
qu'on se porte à célébrer sa Fête. Mais
yous m'avouerez que souvent il est arrivé
que
22 MERCURE DE FRANCE
que les Particuliers desquels ce choix a
dépendu , n'ont pas été heureux dans
celui qu'ils ont fait. Je m'amusai , il y a
plus de vingt ans , à parcourir un Calendrier qui s'imprimoit à Paris , chez Louis
Josse , sous le nom d'Almanach spirituel :
Je trouvai qu'il y avoit bien des refléxions à faire sur les raisons qui ont pû
fixer certains choix qui paroissent avoir
été faits d'une maniere assès burlesque
et je ne craindrois point d'être désaprouvé par ceux qui composent les Confreries:
dont le saint Patron est mal choisi , si
j'osois entrer dans le détail de quelquesuns.
Il est vrai que toutes les Professions ,
Arts , et Etats n'ont pas le bonheur d'avoir des Saints qui ayent exercé ces Professions ; ou si des gens de bien les ont
exercées , ils n'ont pas ей , pour cela , la
gloire d'être canonizez. Il n'est pas de:
tous les Etats comme de celui des Medecins , qui , outre un S. Luc , ont encore
S. Côme et S. Damien. Il est des Artisans
de bien des especes : et tous n'ont pas l'avantage d'avoir comme les Orfévres
un Personnage qui se soit sanctifié dès le
temps auquel il exerçoit ce métier , comme a fait un S. Eloy. Mais il faut aussi
avouer qu'il y a des Etats et des Profes-
>
sions
1
JANVIER 1732: 2:3
و
sions qui ont fourni des Saints , ausquels .
cependant on ne pense pas davantage que
s'ils n'étoient jamais venus au monde ,.
des Saints dont il y auroit d'excellentes:
choses à dire en Chaire pour l'instruction:
des gens du même état si le choix du
Patron étoit fait avec un peu plus d'attention et de discernement. Qui empêcheroit , par exemple , les Marchands de
prendre pour Patron un S. Homebon
Marchand de la Ville de Cremone , les:
Laboureurs , un S. Isidore , qui a été Laboureur en Espagne , et les Vignerons ,
un S. Antonin de Sorrente en Italie
qui planta de ses propres mains une Vigne dont le Vin étoit si délicieux , qu'on
n'en présentoit point d'autre à tous les
Princes et grands Seigneurs qui passoient:
dans ce Pays-là.
"
و
Tout ce que j'ay dit jusqu'icy , Mon--
sieur , n'est que pour en venir à une Profession qui est très- remarquable dans nos
Eglises c'est, celle des Musiciens. Tant
de Saints ont chanté , comme eux , en Public les louanges du Seigneur , que le
nombre en est inexprimable. Il y a eû
aussi des Saints qui ont écrit sur le Chant
Ecclésiastique , d'autres qui ont sçû jouer
des Instrumens. Les uns ont perfectionné
le Chant ou la Musique dans la Specula- tion:
24 MERCURE DE FRANCE
tion : les autres y ont donné de nouveaux
accroissemens dans la Pratique. Tel Saint
fabriquoit lui-même des Instrumens de
Musique ; tel'autre donnoit des Regles
pour s'en servir. N'est-ce pas là ce que
font les Musiciens de nos jours ?
La chose étant ainsi , ils devoient donc
choisir pour leur Patron un Saint de quelqu'unes des especes que je viens d'indiquer. Mais au lieu de prendre ce party ,
et de se fonder sur une Histoire bien averée , ils se sont arrêtés à une Legende telle
qu'elle , et ils ont été déterminez à l'occasion d'un mot unique , dont ils n'ont
pas pris la peine de se donner l'intelligence. S'il est vrai que ce choix est proportionné aux lumieres qu'on avoit il y a
cent ou six-vingt ans , il ne s'ensuit pas
de là qu'il doive toujours subsister.
7
ya:
On ne peutgueres douter que les Musi--
ciens et les Chantres inferieurs des Eglises
Canoniales n'ayent été portez à se choisir
un jour de Fête , lorsqu'ils ont vû que
les autres Professions en avoient. Il y eut
untemps , comme tout le monde le sçait,
que les Prêtres (a) avoient pour Fête Patronale le jour de S. Jean l'Evangeliste
les Diacres le jour de S. Etienne , les Soû-
(a) Quelques Personnes assurent que dans les plus bas siécles les Prêtres ont choisi la Transfiguration
pour leur Fête Patronale.
diacres
JANVIER 173.2. 2*
diacres un autre jour voisin de la Fête de
Noël. Le reste du chœur se joignit appa
remment à ces derniers. Mais depuis qu'on
eût déclaré dans le XV. siécle une Guerre
ouverte à cette Fête du bas-Chœur , il y
eut du partage dans le choix du jour qui
passeroit pour la solemnité patronale. En
certains Pays on s'arrêta à S. Gregoire ,
Pape , en l'honneur duquel on trouvoit un Office propre tout noté dans les anciens Antiphoniers. En d'autres où l'on
ne pût goûter le choix de la S. Gregoire ,
parce qu'elle tombe en Carême , on choisit les 7. Freres Martyrs , Enfans de Ste
Felicité , par une raison assez frivole. (a)-
Quoiqu'il en soit , il n'y a gueres plus
de cent ans que les Musiciens , ou Chantres gagèz étoient partagez selon les Pays,
sur le choix de leur Fête Patronale , et
qu'ils reconnoissoient differensSaints pour
leurs Patrons. Dans la Flandre , où la Mu
sique a fleuri plus qu'en certaines autres
Provinces du Royaume , l'on ne connoissoit point encore Sainte Cecile pour Protectrice des Musiciens , il y a cent- cinquante ans. Si elle avoit été représentée
comme telle , et avec un Jeu d'Orgues ,
vers l'an 1580 , Molanus , célebre Doc
teur de Louvain , qui marqua dans le Li-
(4) Auxerre.
VIQ
26 MERCURE DE FRANCE
vre qu'il fit imprimer alors sur les Images , toutes les figures symboliques qu'on
ajoutoit aux Statuës des Saints , n'auroit
pas oublié Sainte Cecile ; cependant il ne dit pas un seul mot de cette Sainte : ce
qui est une marque qu'il ne l'avoit encore vûe représentée en aucun endroit.
Je mecrois donc assès fondé pour avan
cer que ce n'est que depuis un Siecle , ou ,
un peu plus , que les Musiciens se sont
réunis à choisir cette Sainse pour leur Patrone. L'Office propre qu'on chantoit
presque par tout en son honneur depuis
plusieurs siecles , aura gagné alors leurs
suffrages , et les aura déterminé à ce choix.
Ceux d'aujourd'huy croyent qu'il a été
fait avec tant de maturité et de déliberation par leurs Prédecesseurs , qu'il est
difficile de les en faire revenir. L'habi
tude dans laquelle ils sont , de voir Sain
te Cecile représentée avec un Jeu d'Or
gues , fait qu'iis continuent de croire
qu'elle étoit de la Profession , ou au moins
qu'elle aimoit les Instrumens musicaux
cependant , à considerer les choses dans
leur origine , on reconnoîtra que ce Jeu
d'Orgues n'a été ajoûté aux figures de
cette Sainte , que depuis que les Musiciens se sont mis sous sa protection. C'est
ainsi qu'ils prennent l'effet pour la cause
et la cause l'effet.. pour Je
JANVIER 1732. 27
Je ne vous diray pas en quelles Provinces ce choix a d'abord été fait. Il y a
apparence que c'est en Italie. Les honneurs qu'on prétend rendre à Sainte Cecile par la Musique , y sont même poussez jusqu'à un point qui pourra vous réjouir. Dans une Ville de cette vaste partie de l'Europe , l'une des Eglises Paroissiales porte le nom de Sainte Cecile. Le
Clergé n'en est pas fort nombreux , par
ce qu'il y a dans la même Ville cinquante-cinq autres Paroisses, Une Personne
grave qui m'a honoré de son amitié dans
sa vieillesse , m'a dit qu'elle entra dans
cette Eglise l'an 1669. à son retour de
Rome : c'étoit un Dimanche au soir !
Elle y trouva le Curé qui disoit Vêpres.
tout seul : mais le son de sa voix étoit
admirablement secondé par un grand
nombre de petits Oiseaux qui faisoient
dans la Tribune des Orgues un gazoüillement très agréable. S'étant informé de
Forigine de cette Musique , on lui dit
que ces Oiseaux étoient nourris là comme
dans une Voliere , où ils faisoient un con--
cert jour et nuit pour honorer Sainte Cecile , et que la Paroisse n'ayant pas assès.
de revenu pour y faire chanter l'Office
excepté le jour de la Fête Patronale , on
se contentoit durant le reste de l'année
·
des
28 MERCURE DE FRANCE
des services de ces petits Musiciens. Vous
pouvez croire qu'en dédommagement , il
n'y a rien d'épargné le 22 Novembre
et que tous les Enfans de Sainte Cecile.
tiennent à honneur de se réunir ce jour- là.
dans ce lieu.
On est persuadé en Italie plus qu'ailleurs , de la verité de tout ce que les
Legendes du Beviaire renferment ; et Tes
Musiciens qui ne se picquent pas d'être
grands Critiques en fait d'Histoire , s'en
rapportent volontiers à la croïance de ceux
qui les ont éleveż . Soit que ce soit en Italie, ou dans les ProvincesMeridionnales de
la France que le choix ait été fait d'abord
de Sainte Cecile pour Patrone des Musiciens , il est constant qu'il est très - mak
fait. Je ne songeois à rien moins qu'à vous
prier de rendre publique cette Lettre lorsque l'on m'a fait voir une Lettre circulaire , imprimée en forme d'Affiche de la.
part du Maître de Musique de l'Eglise
Cathédrale du Mans , par laquelle tous
les Musiciens du Royaume sont invitez.
àmettre en Musique les paroles jointes à
cette Lettre, destinées à servir de Motet
à la Messe solemnelle de la Fête de Sainte
Cecile. Et comme si le sujet étoit le plus
heureux du monde , on y ajoûte les mêmes clauses et conditions qui sont ordi- nairement
JANVIER 1732. 29
,
nairement proposées pour les Pieces d'Eloquence ou de Poësie qui subissent l'éxamen de differentes Académies , établies
dans le Royaume et qui sont honorées
d'un prix de conséquence. La Piece Mu- sicale sera examinée : ( on ne dit pas par
qui:) et celle qui sera trouvée la meilleure dans le genre de Musique qu'on demande , sera chantée préferablement aux
autres dans l'Eglise du Mans , et l'Auteur
sera récompensé d'une Croix d'or. J'ay
appris aussi que dans l'Eglise d'Evreux ,
et dans les autres de Normandie on a fait
dans le siécle dernier quelque chose de
semblable ; au moins on en produit des
Programmes ou Avis imprimez en 1667.
et 1668. Et encore de nos jours a Evreux,
lorsqu'il arrive qu'un Maître de Musique
qui a du renom , s'y rend au 22 Novembre , pour faire chanter une Musique de
sa façon à la Fête de Sainte Cecile , on lui
fait present d'une Médaille d'argent , qui
représente d'un côté l'image de cette Ste.
et de l'autre les Armes du Chapitre.
que
Sainte Cecile étant ainsi devenue le sujet des Chef- d'œuvres de Musique , on ne peut pas attendre l'effet du maumais choix se manifeste plus évidemment,
et il paroît que le temps est venu de combattre le fondement de ce choix.
Comme
30 MERCURE DE FRANCE
,
Comme toutes choses sont sujettes à
vicissitude sur la terre et que tous les
jours on avance dans la connoissance de
l'Histoire on a découvert que le choix
de Sainte Cecile pour Patrone des Musiciens n'est appuyé que sur un fondement
ruineux , c'est-à- dire,sur des Auteurs qui
attribuent à cette Sainte des faits qu'il
leur a plû d'imaginer pieusement , ou sur
un texte historique mal entendu , et pris
àcontre-sens , en cas qu'il soit veritable ;
et c'est ce qu'il est besoin de développer.
Que disent sur la Legende de cette Sainge
les Historiens réconnus pour les plus éclairez de nos jours ? M. de Tillemont (1) déque les contradictions qui se trou- cla
dans
ses
Actes
, en
donnant
une
idée
vent
assès désavantageuse , qu'ils ne sont composez que de Miracles extraordinaires ,
et d'autres choses qui ont peu d'apparence
de verité que , quoiqu'ils soient assès
anciens pour avoir été vûs par le vénérable Bede , il ne croit pas , cependant ,
qu'il y ait moyen de les soutenir. Le Pere
Garnier , Jesuite , dont on a quelques ouvrages sur l'antiquité Ecclésiastique , qui
sont fort estimez , combat ces Actes pat
l'endroit du Prefet Almaque , dont ils
font mention , outre plusieurs autres fau
(1)Tom. III. Hist. Eccl. p. 689.
tes
JANVIER 1732. 31
4
›
tes dont il reconnoit qu'ils sont pleins
M. Baillet (1 ) assure qu'ils n'ont presque
aucune autorité , qu'ils sont difficiles à
soûtenir dans presque toutes leurs cirConstances soit pour les temps et les
dieux , soit pour les grands Discours et les
grands Miracles qu'ils contiennent. Il est
Vrai que dans un autre endroit ( 2 ) il dit
que ces Actes n'ont rien de choquant ou
de scandaleux dans ce qu'ils ont d'incroyable mais il ajoûte aussi- tôt qu'ils
n'ont rien d'authentique dans ce qu'ils
paroissent avoir de plus noble. Le Public
peut croire par avance , que le jugement
des sçavans Bollandistes ne se trouvera pas
beaucoup different lorsque le temps sera
venu qu'ils seront obligez de s'expliquer on peut même , sans trop hazarder , conclurre de ce que leurs Prédéces
seurs ont dit au 14 Avril , sur S. Valerien
et S. Tiburce , et au 25 Mai , sur S. Urbain , que ceux de leurs Confreres à qui
il appartiendra , de traiter les Saints du
22 Novembre , ne s'éloigneront pas extrêmement de ce qu'a dit le Pere Garnier ,
et même il peut se faire qu'avec le temps
il leur vienne de nouvelles lumieres pour
impugner encore plus fortement les Actes
(1)Table critique du 22 Nov.
>
(3) Au 22 Novembre
9
de
2 MERCURE DE FRANCE
de Sainte Cecile , et les faire abandonner generalement.
و
C'est donc le peu de fond qu'il y a à
faire sur cette piece , qui a porté les Evêques , qui ontfait réformer leurs Breviaires à en rétrancher cette Legende. Il y en
a qui n'ont assigné à Ste Cecile aucune
Leçon propre , et qui ont tout renvoyé
au commun ou l'ont réduit en simple
commemoration, comme on vient de faire
à Langres. D'autres ont permis qu'on inserât à Matines un Fragment du Sacramentaire de S. Gregoire , où il est dit simplement que Cecile a été fortifiée par la
grace de Dieu , de maniere que rien n'a
pû ébranler sa foy et sa vertu , ni le penchant de l'âge , ni les caresses du siecle ,
ni la foiblesse du sexe , ni la cruauté des
tourmens , cet Eloge n'ayant pû fournir
qu'une seule Leçon fort courte , c'est ce
qui a été cause que l'Office du 22 Novembre a été réduit à trois Leçons , dont deux
sont de la Sainte Ecriture. Par là toutes
les Antiennes et Répons propres qui
étoient dans les Antiphoniers precedens ,
ont été rejettez , et par conséquent l'AntienneCantantibusOrganis ôtée de l'Office.
Or comme il n'y avoit que cet endroit de
la prétendue Histoire de la Sainte , qui ,
après bien des siecles , avoit déterminé.
les
JANVIER 1732. 33
les Musiciens et Joueurs d'Instrumens à
la choisir pourPatrone ; il est bon de faire
quelques refléxions dessus , afin d'en montrer la foiblesse , et de faire voir que ,
quand même il seroit bien averé , il prou
veroit seulement qu'il y avoit autrefois
des Instrumens de Musique dans les nôces
chez les Romains , ce que personne ne
revoque en doute , et qui n'a nulle liaison
avec l'usage qu'on a fait de ce Texte.
:
Ce Texte dit donc simplement que Cecile fut promise à un jeune homme appellé Valerien que le jour des nôces étant
venu , elle parut vêtuë d'habits éclatans -
en or , par dessous lesquels elle portoit le
cilice que les Instrumens de Musique
faisoient retentir dans la Salle où étoit le
lit nuptial toutes sortes d'airs convenables
à une telle conjoncture ; mais que Cecile ,
sans y faire attention , ne s'appliquoit interieurement qu'à Dieu seul , à qui elle disoit du fond de son ame : » Seigneur, que
» mon cœur et mon corps soient conser-
» vez sans tâche , afin que je ne sois pas
» confondue. Cujus Dei ) vocem audiens
Cecilia Virgo clarissima absconditum semper
Evangelium Christi gerebat in pectore ..
Dominumfletibus exorans , ut virginitas ejus
ipso conservante inviolata permaneret. Hac
Valerianum quemdamjuvenem habebat spon
C SU
34 MERCURE DE FRANCE
sum : qui juvenis in amore virginis perur
gens animum diem constituit nuptiarum.
Cecilia verò subtus ad carnem cilicio induta , desuper auratis vestibus regebatur. Parentum verò tanta vis et sponsi circa illam
erat exæstuans , ut non posset amorem cordis
sui ostendere , et quod solum Christum diligeret indiciis evidentibus aperire. Quid multa ? Venit dies in quo thalamus collocatus est.
Et cantantibus organis , illa in corde suo soli
Domino decantabatidicens : Fiat cor meum et
corpus meum immaculatum , ut non confundar ; et biduanis ac triduanis jejuniis orans
commendabat Domino quod timebat. Invita
bat Angelos precibus , lachrymis interpellabat Apostolos , et sancta omnia Christo famulantia exorabat , ut suis eam déprecationibus adjuvarent suam Domino pudicitians
commendantem. (a)
Après avoir ainsi exposé l'endroit des
'Actes de Ste. Cecile , qui a déterminé le
choix des Joueurs d'Instrumens et des
Musiciens , je puis conclure hardiment
que cette Sainte n'a été choisie par eux
pour Patrone que parce qu'on lit que
forsqu'il fut question de la marier , il y
avoit des Instrumens àla Fête. De sorte
que , sans faire attention que l'Histoire
de cette Sainte , telle qu'elle est , la repré
(a) Je tire ce Texte d'un Manuscrit de 600 ans.
sente
JANVIER 1732. 5
2
sente comme mariée malgré elle , et comme ayant une répugnance marquée à entendre toute cette mélodie , et songeant
plutôt aux choses spirituelles , on la prend
pour la Protectrice des Symphonies et des
Concerts qui se font au moins avec autant
d'appareil que celui qui , selon les mêmes
Actes paroissoit lui être à charge. En
effet , le langage de l'Historien laisse
penser qu'il en étoit de la Musique à son
égard , comme des beaux habits dont elle
étoit parées et c'est avec raison qu'il prétend faire son Panegyrique , lorsqu'il dit
qu'elle n'avoit pas plus d'attache à l'un'
qu'à l'autre. Une legere attention sur ce contraste suffit , ce me semble › pour dé
tromper bien des gens , touchant la justesse prétendue du choix fait par les Mu
siciens. Ce n'étoit pas un Privilege particulier à Ste. Cecile , d'avoir des Joueurs
d'Instrumens à ses nôces : c'étoit la coûtume de son temps , comme ce l'est encore aujourd'huy. Il n'y a gueres de Saints
parmi ceux qui ont été mariez , qui ne
se soient peut-être trouvez dans de sem
blablescirconstances. Pourquoi donc choisir plutôt Sainte Cecile qu'une autre ?
Est-ce à cause que la Musique des Instrumens a paru lui déplaire , ou au moins nè
faire aucune impression sur ses sens ?
Cij
36 MERCURE DE FRANCE
:
Je prévois bien , Monsieur , que mes
reflexions ne feront pas plaisir à un grand
nombre de Musiciens. Etant accoutumez
à juger de la verité et de l'antiquité des
choses , parce qu'ils en voyent de leurs
jours , ils diront que le choix de Ste. Ce-.
cile pour Patrone de leur Profession , ne
peut être que bon et ancien , puisqu'il est
si étendu, J'avoue qu'il n'est que trop
étendu mais aussi il faut convenir qu'il
a été fait dans un temps où l'on tenoit
pour véritables les Actes qui portent son
nom , et où l'on croyoit qu'un seul mot dans l'Office , pourvu qu'il eût rapport
à la Musiquede loin ou de près , directement ou indirectement , suffisoit pour se
fixer et s'arrêter. Dispensez - moy d'entrer
en explication de certaines autres Professions qui n'ont pas été plus heureuses , cr
de vous citer l'origine du choix d'un
grand nombre deConfreries. Après tout ,
quoique les Actes de Sainte Cecile soient
faux , la Sainte n'en est pas moins réelle
et veritable. Quoiqu'on ne sçache point
même en quel Pays elle a été martyrisée ,
et qu'il soit incertain si c'est à Rome ou
dans la Sicile , il n'en est pas moins constant que cette Sainte est une veritable
Martyre. Et puisque son nom est dans le
Canon de la Messe il en faut conclure
qu'elle
JANVIER 1732. 3
qu'elle est une des plus anciennes Martyres de l'Eglise Romaine. C'est tout ce
qui peut faire son Eloge , sans que pour
cela la Musique doive s'y interesser plus
qu'à une autre Sainte , par les raisons peremptoires que j'ai apportées.
En abandonnant le choix qui a été fait
si mal- à-propos dans ces derniers temps ,
il est nécessaire de le remplacer par quelque autre Saint qui puisse être proposé
avec fondemens au Corps des Musiciens ,
et à leurs aggrégez. On se fatigueroit en
vain à chercher pour cela un Saint de la
premiere antiquité ; puisque la Musique
dans le sens qu'ils veulent qu'on l'entende,
est assez nouvelle dans l'Eglise. Il seroit
question de découvrir l'introduction des
Instrumens dans l'usage des Offices Divins , et de trouver quelque saint personnage qui se soit plû à en jouer, Le siécle
de Charlemagne fournit un S. Arnold
du Duché de Juliers : mais la Profession
de simple Joueur de Violon qu'il exerça ,
n'est pas proportionnée à tout ce que la
Musique renferme. En descendant quelques siécles plus bas , on trouve un Saint
Dunstan , Archevêque de Cantorbery
en Angleterre. Les Auteurs de sa vie le
représentent comme un Personnage qui
se plaisoit dans sa jeunesse à jouer de toute
Ciij sorte
38 MERCURE DE FRANCE
sortes d'Instrumens , du Psalterion , de la
Guitare , des Orgues , et toujours pour
les louanges de Dieu. Quamvis omnibus :
artibus Philosophorum magnificè polleret ,
ejus tamen multitudinis qua. Musicam instruit , eam videlicet que Instrumentis agitatur speciali quadam affectione scientiam vindicabat , sicut David Psalterium sumens ,
Citharam percutiens , modificans Organa 2,
Cymbala tangens. (a ) Et plus bas ils rapportent , que lorsque Athelme , Archevêque de Cantorbery , l'eût produit auprès du Roy Ethelstan , ce fut sa parfaite´
habileté à jouer de tous les Instrumens
qui lui concilia l'amitié du Roy et de
toute la Cour. Cum videret Dominum Regem secularibus curis fatigatum , psallebat in.
Tympano , sive in Cithara , sive alio quolibet musici generis Instrumento : quo facto
tam Regis quam omnium corda Principum
exhilarabat. Et afin que par le mot Psallebat, on ne puisse entendre des Airs profanes , il est dit un peu plus haut du même
Saint : Sicut David ergo noster symphonista Vasa cantici habuit , quia usum illorum nonnisi in divinis laudibus expendit.
Mais si l'on ne veut point recourir à
P'Angleterre pour y choisir un Saint Protecteur de la Musique , et si l'on est
(a) Osbernus seculo V. Benedictino.
bien
JANVIER. 1732. 39
bien aise de ne pas déplacer la Fête des Chantres de la saison où elle se trouve
aujourd'hui , on peut prendre un Saint
de notre France qui est assez celebre
dont la Fête arrive le 18. Novembre , qui
est le jour auquel il déceda à Tours l'an
942. C'est S. Odon. Il avoit eu à Paris
pour Maître de Musique le fameux Remi
d'Auxerre cet homme generalement
versé en toute sorte de sciences. Il avoit
appris sous lui à connoître les differentes
combinaisons des harmonies , consonantes , affinales , &c. par le moyen du monocorde qui servoit alors à instruire les
Commençans ; et il devint par la suite si
habile dans la Musique Ecclesiastique
qu'il fut jagé digne d'être Grand- Chantre de l'Église de Tours ,où il composa
plusieurs Pieces de Chant. Il est vrai qu'il
ne resta point dans cet état ; s'étant fait
Religieux il devint Abbé de Clugny ;
mais il aima toûjours les mélodies Ecclesiastiques , et il en composa jusqu'à la fin
de sa vie. Ce Saint appartient plus parriculierement à l'Eglise de France , puisqu'il a été Membre d'une des plus illustres Eglises du Royaume, ( a) où l'on s'est
toûjours appliqué à faire l'Office avec
majesté.
(a)Tours.
Ciiij Quelque
40 MERCURE DE FRANCE
Quelque Musicien versé dans l'Histoire , pourra dire , que puisqu'il est à
propos de se départir du mauvais choix
fait de Sainte Cecile , il vaut autant que
dans chaque Pays les Musiciens ou Chantres de profession se choisissent un saint
Patron particulier , et que peut être se
trouvera t'il peu de Provinces où il n'y
ait des Saints qui ont été amateurs du
Chant , ou qui ont eû quelque rapport
avec l'exercice de cette Science. Je ne
parle point de l'Eglise de Lyon , où l'on
connoît un S. Nicier , Evêque , qui s'est
distingué dans le Chant Ecclesiastique et
qui même l'a enseigné à de jeunes enfans ; cette Eglie peut bien celebrer une
Fête de Chantres de Plain- Chant , mais
non pas de Musiciens , parce qu'elle n'en
a jamais admis dans le sens qu'on entend
aujourd'hui le nom de Musiciens. L'Eglise de Clermont a eu un S. Gal et un
S.Priet, Evêques, qui ont cultivé particu
lierementla science du Chant, excités par
l'avantage qu'ils avoient d'être doüez d'une belle voix. L'Eglise de Paris a eû aussi
pourPrélat unSaint qui pourroit très - bien
être choisi pour Patron de la Musique de
cette Capitale du Royaume ; c'est S. Germain. Le Poëte Fortunat , qui a écrit son
Eloge en Vers, fait une description si pompeuse
JANVIER 1732. 4.I
peuse de de la maniere dont on celebroit
Office dans son Eglise Cathedrale, qu'on
diroit que ce Saint y auroit établi le contrepoint et le Faubourdon , quoique cela ne
soit pas. Il est seulement vrai de dire qu'il
anima le Chant , et qu'il le regla. Mais
puisque ce sont les mouvemens que se
donnent des Particuliers de l'Eglise du
Mans qui m'excitent à vous écrire , ne
peut- on pas leur dire qu'ils cherchent
bien loin ce qu'ils ont chez eux- mêmes.
Ils ont, en effet, S. Aldric, qui de Préchantre
de l'Eglise de Metz , fut fait leur Evêque
au neuviéme siecle. Il n'étoit point de
ees Préchantres simplement porteurs de
Bâton et de Chappe ; l'Histoire de sa Vie
publiée au troisiéme Tome des Mélande M. Baluze , dit de lui ges dès sa que
jeunesse : Cantum Romanum atqu: Grammaticam sive divine scripture seriem bumiliter discere meruit , quibus pleniter atque
doctissimè instructus est ; il semble qu'un
Evêque du Mans qui est Saint , et qui a
sçû parfaitement le Plain- Chant , ayant sqü été Moderateur du Chœur d'une celebre
Eglise , mériteroit mieux que Sainte Cecile d'être le Patron des Chantres et des
Enfans- de-Chœur de l'Eglise du Mans ,
puisque c'est un Personnage à qui l'on
peutappliquer à la lettre ce Passage de l'E CY criture
42 MERCURE DE FRANCE
criture, où il est dit de David : Stare fecitCantores contra altare et in sono eorum dulces
fecit modos. (a) Ce Texte est clair et sans .
obscurité. Il n'en est pas de même du
Passage des Actes de sainte Cecile. Quand
même ces Actes seroient veritables , les
Musiciens auroient tort de croire sur le -
simple fondement de ce qui y est contenu , qu'il y auroit eû des Orgues dans
le sens que nous l'entendons à la Fête
de son Mariage ; parcequ'il est indubitable qu'Organa dans l'antiquité signifie un
assemblage de plusieurs sortes d'Instrumens. Mais n'est-ce pas agir d'une maniere insupportable , et abuser visible--
ment des Orgues d'aujourd'hui , que de mettre cet Instrument entre les mains
de sainte Cecile ? C'est vouloir tromper
les Peuples de gayeté de cœur , et abuser
dela crédulité des simples , que de la répresenter en faction devant un Clavier
Il me paroît que c'est prétendre leur
persuader cette Sainte est bienchoisie
queen supposant comme
pour Patrone
vrai , ce qui cependant est faux ; sçavoir ,,
qu'elle faisoit métier de toucher de cet
Instrument , tandis que c'est tout le contraire, et que le Jeu d'Orgues n'a été
joint à la figure que pour marquer que
(*) Ecclesiastici , Cap. 47. ¥. 11.
les
JANVIER. 1737. 43
1
lés Musiciens l'ont choisie pour leur Protectrice. Ce n'est pas le choix qui supose
les Orgues; ce sont les Orgues qui présupposent le choix, et qui en sont le signe
et la marque. Dans les Chroniques Latines , imprimées in folio , à Nuremberg,
l'an 1493. avec des figures ; sainte Cecile
est representée avec un peigne de fer à
la main. Il peut se faire que cette Sainte
ayant été représentée de la même maniere
sur quelques murailles ou sur quelque vitrage , l'on ait pris par la suite cet Instrument de martyre pour un Jeu d'Orgue.
On se méprend quelquefois plus grossierement à des Peintures , losrqu'elles sont
à demi effacées. Tout-au- plus ce qui éoit
permis depuis le choix fait par les Mu--
siciens , étoit de représenter un Jeu d'Orgue aux pieds de sainte Cecile , de la
maniere qu'on mer quelquefois des Ar--
moiries ou des Hieroglyphes sous certai
nes statuës. Mais ce qui auroit été convenable , pour couper court , eût été
de laisser sainte Cecile au Monastere de
Filles avec les Agnès , les Luces et les
Agathes , et que les Musiciens eussent
porté leur dévotion particuliere vers un
Saint , sans craindre que la Sainte leur
fût moins propice. Il ne tiendra qu'à eux
de le faire après tout ce que j'ai dit sur
Cvj 121
44 MERCURE DE FRANCE
la fausseté des Actes qui portent son
nom, et sur l'incongruité du choix , quand
même ces Actes seroient veritables. Il
né dépendra que d'eux de s'attacher à
un Saint qu'ils puissent veritablement regarder comme le prototype ou le modele
de leur Profession. Je me suis contenté
d'en indiquer quelques-uns , sans prétendre avoir épuisé tous ceux que l'Histoire
Ecclesiastique pourroit fournir. Je passe
sous silence le peu de solidité qu'il y auroit de choisir S. Vincent Martyr , précisement à cause que dans le Verset d'un
des Répons de son Office on lit : Dantur
ergo laudes Deo Altissimo , et resonante Organo vocis Angelica modulata suavitas
procul diffunditur , ou de s'arrêter à sainte
Ysoïe ou Eusebie , Abbesse d'Haimage en
Flandres , dont il est écrit qu'elle regne
dans le Ciel : Ubi organizans canticum
immaculatum sponsum Agnum sequendo tripudiat. Le peu de fondement de ce choix
sauteroit aux yeux , et je ne crois pas que
jamais on y pense.
Au reste , je ne me déclare point ennemi de la Musique ni des Instrumens.
Tant s'en faut ; je puis dire comme le
Cardinal Bona : Et Musicam amo , et pu
det me plerosque Ecclesiasticos viros totius
vita cursu in cantu versari ; ipsum verò
cantum
JANVIER 1731. 45
cantum ( quod turpe est ) ignorare. (a) J'ai
me la Musique , j'aime le Plain-Chant
j'aime ceux qui s'y connoissent veritablement ; mais je demanderois volontiers à
toute l'Ecole de sainte Cecile un secret
pour empêcher de jamais parler de ces
matieres-là et de s'ériger en Maîtres de
Psalmodie , ceux qui ne peuvent et ne
pourront jamais distinguer un semi-ton
d'avec un ton , ainsi qu'ils le font voir
en plein Choeur par une triste experience
de tous les jours ; et je m'en rapporte à
vous , Monsieur , pour décider s'ils na
sont pas dans le même cas que ces Doc.
teurs en Lecture , qui ne sçauroient distinguer une lettre voyelle d'avec une
lettre consonne. Ce ne sont pas là , Monsieur , les Chantres de l'Eglise Chrétienne, dont je serois prêt de faire l'Apologie ; mes Argumens en faveur de la
Musique , sont toûjours pour appuyer
des sujets qui lui font plus d'honneut.
Si on entreprenoit de bannir ceux cy de
nos Eglises et d'en exclure toute sortę
de Musique , je serois le premier à m'y
opposer, en représentant que dans toutes les choses établies au vû et au sçû des
Superieurs, il nefaut retrancher que ce qui cst devenu abusif. Mes raisonnemens donc
(a)De div. Psalmedia , Cap. 17. §. 3. Num. 1.
contre
45 MERCURE DE FRANCE
contre la Confrairie de sainte Cecile , ne
doivent pas être suspects : ce n'est que
pour le mieux , que j'exhorte ceux qui
s'y sont enrôlez , à considerer le deffaut
qui est dans leur choix ; afin que si dans
quelque Ville du Royaume ils sont heureusement d'assez bon goût pour y
choisir
un autre Patron , en même temps qu'on y
réforme le Breviaire , la justesse de leur
nouveau choix puisse ensuite s'étendre ailleurs de la même maniere que l'incongruité de l'ancien s'étoit fait place à la
faveur de la fable et de la fiction. Je
suis , & c.
Ce Samedy 20. Octobre, Fête de Saint
Aderald , Chanoine de votre Eglise.
de l'Eglise Cathedrale de *** sur le choix
que les Musiciens ont fait de Ste Cecile
pour leur Patronne.
'Est chose très -loüable , MonCsieur , que dans chaque Profession
il y ait un saint Patron dont on se propose d'imiter les vertus en même temps
qu'on se porte à célébrer sa Fête. Mais
yous m'avouerez que souvent il est arrivé
que
22 MERCURE DE FRANCE
que les Particuliers desquels ce choix a
dépendu , n'ont pas été heureux dans
celui qu'ils ont fait. Je m'amusai , il y a
plus de vingt ans , à parcourir un Calendrier qui s'imprimoit à Paris , chez Louis
Josse , sous le nom d'Almanach spirituel :
Je trouvai qu'il y avoit bien des refléxions à faire sur les raisons qui ont pû
fixer certains choix qui paroissent avoir
été faits d'une maniere assès burlesque
et je ne craindrois point d'être désaprouvé par ceux qui composent les Confreries:
dont le saint Patron est mal choisi , si
j'osois entrer dans le détail de quelquesuns.
Il est vrai que toutes les Professions ,
Arts , et Etats n'ont pas le bonheur d'avoir des Saints qui ayent exercé ces Professions ; ou si des gens de bien les ont
exercées , ils n'ont pas ей , pour cela , la
gloire d'être canonizez. Il n'est pas de:
tous les Etats comme de celui des Medecins , qui , outre un S. Luc , ont encore
S. Côme et S. Damien. Il est des Artisans
de bien des especes : et tous n'ont pas l'avantage d'avoir comme les Orfévres
un Personnage qui se soit sanctifié dès le
temps auquel il exerçoit ce métier , comme a fait un S. Eloy. Mais il faut aussi
avouer qu'il y a des Etats et des Profes-
>
sions
1
JANVIER 1732: 2:3
و
sions qui ont fourni des Saints , ausquels .
cependant on ne pense pas davantage que
s'ils n'étoient jamais venus au monde ,.
des Saints dont il y auroit d'excellentes:
choses à dire en Chaire pour l'instruction:
des gens du même état si le choix du
Patron étoit fait avec un peu plus d'attention et de discernement. Qui empêcheroit , par exemple , les Marchands de
prendre pour Patron un S. Homebon
Marchand de la Ville de Cremone , les:
Laboureurs , un S. Isidore , qui a été Laboureur en Espagne , et les Vignerons ,
un S. Antonin de Sorrente en Italie
qui planta de ses propres mains une Vigne dont le Vin étoit si délicieux , qu'on
n'en présentoit point d'autre à tous les
Princes et grands Seigneurs qui passoient:
dans ce Pays-là.
"
و
Tout ce que j'ay dit jusqu'icy , Mon--
sieur , n'est que pour en venir à une Profession qui est très- remarquable dans nos
Eglises c'est, celle des Musiciens. Tant
de Saints ont chanté , comme eux , en Public les louanges du Seigneur , que le
nombre en est inexprimable. Il y a eû
aussi des Saints qui ont écrit sur le Chant
Ecclésiastique , d'autres qui ont sçû jouer
des Instrumens. Les uns ont perfectionné
le Chant ou la Musique dans la Specula- tion:
24 MERCURE DE FRANCE
tion : les autres y ont donné de nouveaux
accroissemens dans la Pratique. Tel Saint
fabriquoit lui-même des Instrumens de
Musique ; tel'autre donnoit des Regles
pour s'en servir. N'est-ce pas là ce que
font les Musiciens de nos jours ?
La chose étant ainsi , ils devoient donc
choisir pour leur Patron un Saint de quelqu'unes des especes que je viens d'indiquer. Mais au lieu de prendre ce party ,
et de se fonder sur une Histoire bien averée , ils se sont arrêtés à une Legende telle
qu'elle , et ils ont été déterminez à l'occasion d'un mot unique , dont ils n'ont
pas pris la peine de se donner l'intelligence. S'il est vrai que ce choix est proportionné aux lumieres qu'on avoit il y a
cent ou six-vingt ans , il ne s'ensuit pas
de là qu'il doive toujours subsister.
7
ya:
On ne peutgueres douter que les Musi--
ciens et les Chantres inferieurs des Eglises
Canoniales n'ayent été portez à se choisir
un jour de Fête , lorsqu'ils ont vû que
les autres Professions en avoient. Il y eut
untemps , comme tout le monde le sçait,
que les Prêtres (a) avoient pour Fête Patronale le jour de S. Jean l'Evangeliste
les Diacres le jour de S. Etienne , les Soû-
(a) Quelques Personnes assurent que dans les plus bas siécles les Prêtres ont choisi la Transfiguration
pour leur Fête Patronale.
diacres
JANVIER 173.2. 2*
diacres un autre jour voisin de la Fête de
Noël. Le reste du chœur se joignit appa
remment à ces derniers. Mais depuis qu'on
eût déclaré dans le XV. siécle une Guerre
ouverte à cette Fête du bas-Chœur , il y
eut du partage dans le choix du jour qui
passeroit pour la solemnité patronale. En
certains Pays on s'arrêta à S. Gregoire ,
Pape , en l'honneur duquel on trouvoit un Office propre tout noté dans les anciens Antiphoniers. En d'autres où l'on
ne pût goûter le choix de la S. Gregoire ,
parce qu'elle tombe en Carême , on choisit les 7. Freres Martyrs , Enfans de Ste
Felicité , par une raison assez frivole. (a)-
Quoiqu'il en soit , il n'y a gueres plus
de cent ans que les Musiciens , ou Chantres gagèz étoient partagez selon les Pays,
sur le choix de leur Fête Patronale , et
qu'ils reconnoissoient differensSaints pour
leurs Patrons. Dans la Flandre , où la Mu
sique a fleuri plus qu'en certaines autres
Provinces du Royaume , l'on ne connoissoit point encore Sainte Cecile pour Protectrice des Musiciens , il y a cent- cinquante ans. Si elle avoit été représentée
comme telle , et avec un Jeu d'Orgues ,
vers l'an 1580 , Molanus , célebre Doc
teur de Louvain , qui marqua dans le Li-
(4) Auxerre.
VIQ
26 MERCURE DE FRANCE
vre qu'il fit imprimer alors sur les Images , toutes les figures symboliques qu'on
ajoutoit aux Statuës des Saints , n'auroit
pas oublié Sainte Cecile ; cependant il ne dit pas un seul mot de cette Sainte : ce
qui est une marque qu'il ne l'avoit encore vûe représentée en aucun endroit.
Je mecrois donc assès fondé pour avan
cer que ce n'est que depuis un Siecle , ou ,
un peu plus , que les Musiciens se sont
réunis à choisir cette Sainse pour leur Patrone. L'Office propre qu'on chantoit
presque par tout en son honneur depuis
plusieurs siecles , aura gagné alors leurs
suffrages , et les aura déterminé à ce choix.
Ceux d'aujourd'huy croyent qu'il a été
fait avec tant de maturité et de déliberation par leurs Prédecesseurs , qu'il est
difficile de les en faire revenir. L'habi
tude dans laquelle ils sont , de voir Sain
te Cecile représentée avec un Jeu d'Or
gues , fait qu'iis continuent de croire
qu'elle étoit de la Profession , ou au moins
qu'elle aimoit les Instrumens musicaux
cependant , à considerer les choses dans
leur origine , on reconnoîtra que ce Jeu
d'Orgues n'a été ajoûté aux figures de
cette Sainte , que depuis que les Musiciens se sont mis sous sa protection. C'est
ainsi qu'ils prennent l'effet pour la cause
et la cause l'effet.. pour Je
JANVIER 1732. 27
Je ne vous diray pas en quelles Provinces ce choix a d'abord été fait. Il y a
apparence que c'est en Italie. Les honneurs qu'on prétend rendre à Sainte Cecile par la Musique , y sont même poussez jusqu'à un point qui pourra vous réjouir. Dans une Ville de cette vaste partie de l'Europe , l'une des Eglises Paroissiales porte le nom de Sainte Cecile. Le
Clergé n'en est pas fort nombreux , par
ce qu'il y a dans la même Ville cinquante-cinq autres Paroisses, Une Personne
grave qui m'a honoré de son amitié dans
sa vieillesse , m'a dit qu'elle entra dans
cette Eglise l'an 1669. à son retour de
Rome : c'étoit un Dimanche au soir !
Elle y trouva le Curé qui disoit Vêpres.
tout seul : mais le son de sa voix étoit
admirablement secondé par un grand
nombre de petits Oiseaux qui faisoient
dans la Tribune des Orgues un gazoüillement très agréable. S'étant informé de
Forigine de cette Musique , on lui dit
que ces Oiseaux étoient nourris là comme
dans une Voliere , où ils faisoient un con--
cert jour et nuit pour honorer Sainte Cecile , et que la Paroisse n'ayant pas assès.
de revenu pour y faire chanter l'Office
excepté le jour de la Fête Patronale , on
se contentoit durant le reste de l'année
·
des
28 MERCURE DE FRANCE
des services de ces petits Musiciens. Vous
pouvez croire qu'en dédommagement , il
n'y a rien d'épargné le 22 Novembre
et que tous les Enfans de Sainte Cecile.
tiennent à honneur de se réunir ce jour- là.
dans ce lieu.
On est persuadé en Italie plus qu'ailleurs , de la verité de tout ce que les
Legendes du Beviaire renferment ; et Tes
Musiciens qui ne se picquent pas d'être
grands Critiques en fait d'Histoire , s'en
rapportent volontiers à la croïance de ceux
qui les ont éleveż . Soit que ce soit en Italie, ou dans les ProvincesMeridionnales de
la France que le choix ait été fait d'abord
de Sainte Cecile pour Patrone des Musiciens , il est constant qu'il est très - mak
fait. Je ne songeois à rien moins qu'à vous
prier de rendre publique cette Lettre lorsque l'on m'a fait voir une Lettre circulaire , imprimée en forme d'Affiche de la.
part du Maître de Musique de l'Eglise
Cathédrale du Mans , par laquelle tous
les Musiciens du Royaume sont invitez.
àmettre en Musique les paroles jointes à
cette Lettre, destinées à servir de Motet
à la Messe solemnelle de la Fête de Sainte
Cecile. Et comme si le sujet étoit le plus
heureux du monde , on y ajoûte les mêmes clauses et conditions qui sont ordi- nairement
JANVIER 1732. 29
,
nairement proposées pour les Pieces d'Eloquence ou de Poësie qui subissent l'éxamen de differentes Académies , établies
dans le Royaume et qui sont honorées
d'un prix de conséquence. La Piece Mu- sicale sera examinée : ( on ne dit pas par
qui:) et celle qui sera trouvée la meilleure dans le genre de Musique qu'on demande , sera chantée préferablement aux
autres dans l'Eglise du Mans , et l'Auteur
sera récompensé d'une Croix d'or. J'ay
appris aussi que dans l'Eglise d'Evreux ,
et dans les autres de Normandie on a fait
dans le siécle dernier quelque chose de
semblable ; au moins on en produit des
Programmes ou Avis imprimez en 1667.
et 1668. Et encore de nos jours a Evreux,
lorsqu'il arrive qu'un Maître de Musique
qui a du renom , s'y rend au 22 Novembre , pour faire chanter une Musique de
sa façon à la Fête de Sainte Cecile , on lui
fait present d'une Médaille d'argent , qui
représente d'un côté l'image de cette Ste.
et de l'autre les Armes du Chapitre.
que
Sainte Cecile étant ainsi devenue le sujet des Chef- d'œuvres de Musique , on ne peut pas attendre l'effet du maumais choix se manifeste plus évidemment,
et il paroît que le temps est venu de combattre le fondement de ce choix.
Comme
30 MERCURE DE FRANCE
,
Comme toutes choses sont sujettes à
vicissitude sur la terre et que tous les
jours on avance dans la connoissance de
l'Histoire on a découvert que le choix
de Sainte Cecile pour Patrone des Musiciens n'est appuyé que sur un fondement
ruineux , c'est-à- dire,sur des Auteurs qui
attribuent à cette Sainte des faits qu'il
leur a plû d'imaginer pieusement , ou sur
un texte historique mal entendu , et pris
àcontre-sens , en cas qu'il soit veritable ;
et c'est ce qu'il est besoin de développer.
Que disent sur la Legende de cette Sainge
les Historiens réconnus pour les plus éclairez de nos jours ? M. de Tillemont (1) déque les contradictions qui se trou- cla
dans
ses
Actes
, en
donnant
une
idée
vent
assès désavantageuse , qu'ils ne sont composez que de Miracles extraordinaires ,
et d'autres choses qui ont peu d'apparence
de verité que , quoiqu'ils soient assès
anciens pour avoir été vûs par le vénérable Bede , il ne croit pas , cependant ,
qu'il y ait moyen de les soutenir. Le Pere
Garnier , Jesuite , dont on a quelques ouvrages sur l'antiquité Ecclésiastique , qui
sont fort estimez , combat ces Actes pat
l'endroit du Prefet Almaque , dont ils
font mention , outre plusieurs autres fau
(1)Tom. III. Hist. Eccl. p. 689.
tes
JANVIER 1732. 31
4
›
tes dont il reconnoit qu'ils sont pleins
M. Baillet (1 ) assure qu'ils n'ont presque
aucune autorité , qu'ils sont difficiles à
soûtenir dans presque toutes leurs cirConstances soit pour les temps et les
dieux , soit pour les grands Discours et les
grands Miracles qu'ils contiennent. Il est
Vrai que dans un autre endroit ( 2 ) il dit
que ces Actes n'ont rien de choquant ou
de scandaleux dans ce qu'ils ont d'incroyable mais il ajoûte aussi- tôt qu'ils
n'ont rien d'authentique dans ce qu'ils
paroissent avoir de plus noble. Le Public
peut croire par avance , que le jugement
des sçavans Bollandistes ne se trouvera pas
beaucoup different lorsque le temps sera
venu qu'ils seront obligez de s'expliquer on peut même , sans trop hazarder , conclurre de ce que leurs Prédéces
seurs ont dit au 14 Avril , sur S. Valerien
et S. Tiburce , et au 25 Mai , sur S. Urbain , que ceux de leurs Confreres à qui
il appartiendra , de traiter les Saints du
22 Novembre , ne s'éloigneront pas extrêmement de ce qu'a dit le Pere Garnier ,
et même il peut se faire qu'avec le temps
il leur vienne de nouvelles lumieres pour
impugner encore plus fortement les Actes
(1)Table critique du 22 Nov.
>
(3) Au 22 Novembre
9
de
2 MERCURE DE FRANCE
de Sainte Cecile , et les faire abandonner generalement.
و
C'est donc le peu de fond qu'il y a à
faire sur cette piece , qui a porté les Evêques , qui ontfait réformer leurs Breviaires à en rétrancher cette Legende. Il y en
a qui n'ont assigné à Ste Cecile aucune
Leçon propre , et qui ont tout renvoyé
au commun ou l'ont réduit en simple
commemoration, comme on vient de faire
à Langres. D'autres ont permis qu'on inserât à Matines un Fragment du Sacramentaire de S. Gregoire , où il est dit simplement que Cecile a été fortifiée par la
grace de Dieu , de maniere que rien n'a
pû ébranler sa foy et sa vertu , ni le penchant de l'âge , ni les caresses du siecle ,
ni la foiblesse du sexe , ni la cruauté des
tourmens , cet Eloge n'ayant pû fournir
qu'une seule Leçon fort courte , c'est ce
qui a été cause que l'Office du 22 Novembre a été réduit à trois Leçons , dont deux
sont de la Sainte Ecriture. Par là toutes
les Antiennes et Répons propres qui
étoient dans les Antiphoniers precedens ,
ont été rejettez , et par conséquent l'AntienneCantantibusOrganis ôtée de l'Office.
Or comme il n'y avoit que cet endroit de
la prétendue Histoire de la Sainte , qui ,
après bien des siecles , avoit déterminé.
les
JANVIER 1732. 33
les Musiciens et Joueurs d'Instrumens à
la choisir pourPatrone ; il est bon de faire
quelques refléxions dessus , afin d'en montrer la foiblesse , et de faire voir que ,
quand même il seroit bien averé , il prou
veroit seulement qu'il y avoit autrefois
des Instrumens de Musique dans les nôces
chez les Romains , ce que personne ne
revoque en doute , et qui n'a nulle liaison
avec l'usage qu'on a fait de ce Texte.
:
Ce Texte dit donc simplement que Cecile fut promise à un jeune homme appellé Valerien que le jour des nôces étant
venu , elle parut vêtuë d'habits éclatans -
en or , par dessous lesquels elle portoit le
cilice que les Instrumens de Musique
faisoient retentir dans la Salle où étoit le
lit nuptial toutes sortes d'airs convenables
à une telle conjoncture ; mais que Cecile ,
sans y faire attention , ne s'appliquoit interieurement qu'à Dieu seul , à qui elle disoit du fond de son ame : » Seigneur, que
» mon cœur et mon corps soient conser-
» vez sans tâche , afin que je ne sois pas
» confondue. Cujus Dei ) vocem audiens
Cecilia Virgo clarissima absconditum semper
Evangelium Christi gerebat in pectore ..
Dominumfletibus exorans , ut virginitas ejus
ipso conservante inviolata permaneret. Hac
Valerianum quemdamjuvenem habebat spon
C SU
34 MERCURE DE FRANCE
sum : qui juvenis in amore virginis perur
gens animum diem constituit nuptiarum.
Cecilia verò subtus ad carnem cilicio induta , desuper auratis vestibus regebatur. Parentum verò tanta vis et sponsi circa illam
erat exæstuans , ut non posset amorem cordis
sui ostendere , et quod solum Christum diligeret indiciis evidentibus aperire. Quid multa ? Venit dies in quo thalamus collocatus est.
Et cantantibus organis , illa in corde suo soli
Domino decantabatidicens : Fiat cor meum et
corpus meum immaculatum , ut non confundar ; et biduanis ac triduanis jejuniis orans
commendabat Domino quod timebat. Invita
bat Angelos precibus , lachrymis interpellabat Apostolos , et sancta omnia Christo famulantia exorabat , ut suis eam déprecationibus adjuvarent suam Domino pudicitians
commendantem. (a)
Après avoir ainsi exposé l'endroit des
'Actes de Ste. Cecile , qui a déterminé le
choix des Joueurs d'Instrumens et des
Musiciens , je puis conclure hardiment
que cette Sainte n'a été choisie par eux
pour Patrone que parce qu'on lit que
forsqu'il fut question de la marier , il y
avoit des Instrumens àla Fête. De sorte
que , sans faire attention que l'Histoire
de cette Sainte , telle qu'elle est , la repré
(a) Je tire ce Texte d'un Manuscrit de 600 ans.
sente
JANVIER 1732. 5
2
sente comme mariée malgré elle , et comme ayant une répugnance marquée à entendre toute cette mélodie , et songeant
plutôt aux choses spirituelles , on la prend
pour la Protectrice des Symphonies et des
Concerts qui se font au moins avec autant
d'appareil que celui qui , selon les mêmes
Actes paroissoit lui être à charge. En
effet , le langage de l'Historien laisse
penser qu'il en étoit de la Musique à son
égard , comme des beaux habits dont elle
étoit parées et c'est avec raison qu'il prétend faire son Panegyrique , lorsqu'il dit
qu'elle n'avoit pas plus d'attache à l'un'
qu'à l'autre. Une legere attention sur ce contraste suffit , ce me semble › pour dé
tromper bien des gens , touchant la justesse prétendue du choix fait par les Mu
siciens. Ce n'étoit pas un Privilege particulier à Ste. Cecile , d'avoir des Joueurs
d'Instrumens à ses nôces : c'étoit la coûtume de son temps , comme ce l'est encore aujourd'huy. Il n'y a gueres de Saints
parmi ceux qui ont été mariez , qui ne
se soient peut-être trouvez dans de sem
blablescirconstances. Pourquoi donc choisir plutôt Sainte Cecile qu'une autre ?
Est-ce à cause que la Musique des Instrumens a paru lui déplaire , ou au moins nè
faire aucune impression sur ses sens ?
Cij
36 MERCURE DE FRANCE
:
Je prévois bien , Monsieur , que mes
reflexions ne feront pas plaisir à un grand
nombre de Musiciens. Etant accoutumez
à juger de la verité et de l'antiquité des
choses , parce qu'ils en voyent de leurs
jours , ils diront que le choix de Ste. Ce-.
cile pour Patrone de leur Profession , ne
peut être que bon et ancien , puisqu'il est
si étendu, J'avoue qu'il n'est que trop
étendu mais aussi il faut convenir qu'il
a été fait dans un temps où l'on tenoit
pour véritables les Actes qui portent son
nom , et où l'on croyoit qu'un seul mot dans l'Office , pourvu qu'il eût rapport
à la Musiquede loin ou de près , directement ou indirectement , suffisoit pour se
fixer et s'arrêter. Dispensez - moy d'entrer
en explication de certaines autres Professions qui n'ont pas été plus heureuses , cr
de vous citer l'origine du choix d'un
grand nombre deConfreries. Après tout ,
quoique les Actes de Sainte Cecile soient
faux , la Sainte n'en est pas moins réelle
et veritable. Quoiqu'on ne sçache point
même en quel Pays elle a été martyrisée ,
et qu'il soit incertain si c'est à Rome ou
dans la Sicile , il n'en est pas moins constant que cette Sainte est une veritable
Martyre. Et puisque son nom est dans le
Canon de la Messe il en faut conclure
qu'elle
JANVIER 1732. 3
qu'elle est une des plus anciennes Martyres de l'Eglise Romaine. C'est tout ce
qui peut faire son Eloge , sans que pour
cela la Musique doive s'y interesser plus
qu'à une autre Sainte , par les raisons peremptoires que j'ai apportées.
En abandonnant le choix qui a été fait
si mal- à-propos dans ces derniers temps ,
il est nécessaire de le remplacer par quelque autre Saint qui puisse être proposé
avec fondemens au Corps des Musiciens ,
et à leurs aggrégez. On se fatigueroit en
vain à chercher pour cela un Saint de la
premiere antiquité ; puisque la Musique
dans le sens qu'ils veulent qu'on l'entende,
est assez nouvelle dans l'Eglise. Il seroit
question de découvrir l'introduction des
Instrumens dans l'usage des Offices Divins , et de trouver quelque saint personnage qui se soit plû à en jouer, Le siécle
de Charlemagne fournit un S. Arnold
du Duché de Juliers : mais la Profession
de simple Joueur de Violon qu'il exerça ,
n'est pas proportionnée à tout ce que la
Musique renferme. En descendant quelques siécles plus bas , on trouve un Saint
Dunstan , Archevêque de Cantorbery
en Angleterre. Les Auteurs de sa vie le
représentent comme un Personnage qui
se plaisoit dans sa jeunesse à jouer de toute
Ciij sorte
38 MERCURE DE FRANCE
sortes d'Instrumens , du Psalterion , de la
Guitare , des Orgues , et toujours pour
les louanges de Dieu. Quamvis omnibus :
artibus Philosophorum magnificè polleret ,
ejus tamen multitudinis qua. Musicam instruit , eam videlicet que Instrumentis agitatur speciali quadam affectione scientiam vindicabat , sicut David Psalterium sumens ,
Citharam percutiens , modificans Organa 2,
Cymbala tangens. (a ) Et plus bas ils rapportent , que lorsque Athelme , Archevêque de Cantorbery , l'eût produit auprès du Roy Ethelstan , ce fut sa parfaite´
habileté à jouer de tous les Instrumens
qui lui concilia l'amitié du Roy et de
toute la Cour. Cum videret Dominum Regem secularibus curis fatigatum , psallebat in.
Tympano , sive in Cithara , sive alio quolibet musici generis Instrumento : quo facto
tam Regis quam omnium corda Principum
exhilarabat. Et afin que par le mot Psallebat, on ne puisse entendre des Airs profanes , il est dit un peu plus haut du même
Saint : Sicut David ergo noster symphonista Vasa cantici habuit , quia usum illorum nonnisi in divinis laudibus expendit.
Mais si l'on ne veut point recourir à
P'Angleterre pour y choisir un Saint Protecteur de la Musique , et si l'on est
(a) Osbernus seculo V. Benedictino.
bien
JANVIER. 1732. 39
bien aise de ne pas déplacer la Fête des Chantres de la saison où elle se trouve
aujourd'hui , on peut prendre un Saint
de notre France qui est assez celebre
dont la Fête arrive le 18. Novembre , qui
est le jour auquel il déceda à Tours l'an
942. C'est S. Odon. Il avoit eu à Paris
pour Maître de Musique le fameux Remi
d'Auxerre cet homme generalement
versé en toute sorte de sciences. Il avoit
appris sous lui à connoître les differentes
combinaisons des harmonies , consonantes , affinales , &c. par le moyen du monocorde qui servoit alors à instruire les
Commençans ; et il devint par la suite si
habile dans la Musique Ecclesiastique
qu'il fut jagé digne d'être Grand- Chantre de l'Église de Tours ,où il composa
plusieurs Pieces de Chant. Il est vrai qu'il
ne resta point dans cet état ; s'étant fait
Religieux il devint Abbé de Clugny ;
mais il aima toûjours les mélodies Ecclesiastiques , et il en composa jusqu'à la fin
de sa vie. Ce Saint appartient plus parriculierement à l'Eglise de France , puisqu'il a été Membre d'une des plus illustres Eglises du Royaume, ( a) où l'on s'est
toûjours appliqué à faire l'Office avec
majesté.
(a)Tours.
Ciiij Quelque
40 MERCURE DE FRANCE
Quelque Musicien versé dans l'Histoire , pourra dire , que puisqu'il est à
propos de se départir du mauvais choix
fait de Sainte Cecile , il vaut autant que
dans chaque Pays les Musiciens ou Chantres de profession se choisissent un saint
Patron particulier , et que peut être se
trouvera t'il peu de Provinces où il n'y
ait des Saints qui ont été amateurs du
Chant , ou qui ont eû quelque rapport
avec l'exercice de cette Science. Je ne
parle point de l'Eglise de Lyon , où l'on
connoît un S. Nicier , Evêque , qui s'est
distingué dans le Chant Ecclesiastique et
qui même l'a enseigné à de jeunes enfans ; cette Eglie peut bien celebrer une
Fête de Chantres de Plain- Chant , mais
non pas de Musiciens , parce qu'elle n'en
a jamais admis dans le sens qu'on entend
aujourd'hui le nom de Musiciens. L'Eglise de Clermont a eu un S. Gal et un
S.Priet, Evêques, qui ont cultivé particu
lierementla science du Chant, excités par
l'avantage qu'ils avoient d'être doüez d'une belle voix. L'Eglise de Paris a eû aussi
pourPrélat unSaint qui pourroit très - bien
être choisi pour Patron de la Musique de
cette Capitale du Royaume ; c'est S. Germain. Le Poëte Fortunat , qui a écrit son
Eloge en Vers, fait une description si pompeuse
JANVIER 1732. 4.I
peuse de de la maniere dont on celebroit
Office dans son Eglise Cathedrale, qu'on
diroit que ce Saint y auroit établi le contrepoint et le Faubourdon , quoique cela ne
soit pas. Il est seulement vrai de dire qu'il
anima le Chant , et qu'il le regla. Mais
puisque ce sont les mouvemens que se
donnent des Particuliers de l'Eglise du
Mans qui m'excitent à vous écrire , ne
peut- on pas leur dire qu'ils cherchent
bien loin ce qu'ils ont chez eux- mêmes.
Ils ont, en effet, S. Aldric, qui de Préchantre
de l'Eglise de Metz , fut fait leur Evêque
au neuviéme siecle. Il n'étoit point de
ees Préchantres simplement porteurs de
Bâton et de Chappe ; l'Histoire de sa Vie
publiée au troisiéme Tome des Mélande M. Baluze , dit de lui ges dès sa que
jeunesse : Cantum Romanum atqu: Grammaticam sive divine scripture seriem bumiliter discere meruit , quibus pleniter atque
doctissimè instructus est ; il semble qu'un
Evêque du Mans qui est Saint , et qui a
sçû parfaitement le Plain- Chant , ayant sqü été Moderateur du Chœur d'une celebre
Eglise , mériteroit mieux que Sainte Cecile d'être le Patron des Chantres et des
Enfans- de-Chœur de l'Eglise du Mans ,
puisque c'est un Personnage à qui l'on
peutappliquer à la lettre ce Passage de l'E CY criture
42 MERCURE DE FRANCE
criture, où il est dit de David : Stare fecitCantores contra altare et in sono eorum dulces
fecit modos. (a) Ce Texte est clair et sans .
obscurité. Il n'en est pas de même du
Passage des Actes de sainte Cecile. Quand
même ces Actes seroient veritables , les
Musiciens auroient tort de croire sur le -
simple fondement de ce qui y est contenu , qu'il y auroit eû des Orgues dans
le sens que nous l'entendons à la Fête
de son Mariage ; parcequ'il est indubitable qu'Organa dans l'antiquité signifie un
assemblage de plusieurs sortes d'Instrumens. Mais n'est-ce pas agir d'une maniere insupportable , et abuser visible--
ment des Orgues d'aujourd'hui , que de mettre cet Instrument entre les mains
de sainte Cecile ? C'est vouloir tromper
les Peuples de gayeté de cœur , et abuser
dela crédulité des simples , que de la répresenter en faction devant un Clavier
Il me paroît que c'est prétendre leur
persuader cette Sainte est bienchoisie
queen supposant comme
pour Patrone
vrai , ce qui cependant est faux ; sçavoir ,,
qu'elle faisoit métier de toucher de cet
Instrument , tandis que c'est tout le contraire, et que le Jeu d'Orgues n'a été
joint à la figure que pour marquer que
(*) Ecclesiastici , Cap. 47. ¥. 11.
les
JANVIER. 1737. 43
1
lés Musiciens l'ont choisie pour leur Protectrice. Ce n'est pas le choix qui supose
les Orgues; ce sont les Orgues qui présupposent le choix, et qui en sont le signe
et la marque. Dans les Chroniques Latines , imprimées in folio , à Nuremberg,
l'an 1493. avec des figures ; sainte Cecile
est representée avec un peigne de fer à
la main. Il peut se faire que cette Sainte
ayant été représentée de la même maniere
sur quelques murailles ou sur quelque vitrage , l'on ait pris par la suite cet Instrument de martyre pour un Jeu d'Orgue.
On se méprend quelquefois plus grossierement à des Peintures , losrqu'elles sont
à demi effacées. Tout-au- plus ce qui éoit
permis depuis le choix fait par les Mu--
siciens , étoit de représenter un Jeu d'Orgue aux pieds de sainte Cecile , de la
maniere qu'on mer quelquefois des Ar--
moiries ou des Hieroglyphes sous certai
nes statuës. Mais ce qui auroit été convenable , pour couper court , eût été
de laisser sainte Cecile au Monastere de
Filles avec les Agnès , les Luces et les
Agathes , et que les Musiciens eussent
porté leur dévotion particuliere vers un
Saint , sans craindre que la Sainte leur
fût moins propice. Il ne tiendra qu'à eux
de le faire après tout ce que j'ai dit sur
Cvj 121
44 MERCURE DE FRANCE
la fausseté des Actes qui portent son
nom, et sur l'incongruité du choix , quand
même ces Actes seroient veritables. Il
né dépendra que d'eux de s'attacher à
un Saint qu'ils puissent veritablement regarder comme le prototype ou le modele
de leur Profession. Je me suis contenté
d'en indiquer quelques-uns , sans prétendre avoir épuisé tous ceux que l'Histoire
Ecclesiastique pourroit fournir. Je passe
sous silence le peu de solidité qu'il y auroit de choisir S. Vincent Martyr , précisement à cause que dans le Verset d'un
des Répons de son Office on lit : Dantur
ergo laudes Deo Altissimo , et resonante Organo vocis Angelica modulata suavitas
procul diffunditur , ou de s'arrêter à sainte
Ysoïe ou Eusebie , Abbesse d'Haimage en
Flandres , dont il est écrit qu'elle regne
dans le Ciel : Ubi organizans canticum
immaculatum sponsum Agnum sequendo tripudiat. Le peu de fondement de ce choix
sauteroit aux yeux , et je ne crois pas que
jamais on y pense.
Au reste , je ne me déclare point ennemi de la Musique ni des Instrumens.
Tant s'en faut ; je puis dire comme le
Cardinal Bona : Et Musicam amo , et pu
det me plerosque Ecclesiasticos viros totius
vita cursu in cantu versari ; ipsum verò
cantum
JANVIER 1731. 45
cantum ( quod turpe est ) ignorare. (a) J'ai
me la Musique , j'aime le Plain-Chant
j'aime ceux qui s'y connoissent veritablement ; mais je demanderois volontiers à
toute l'Ecole de sainte Cecile un secret
pour empêcher de jamais parler de ces
matieres-là et de s'ériger en Maîtres de
Psalmodie , ceux qui ne peuvent et ne
pourront jamais distinguer un semi-ton
d'avec un ton , ainsi qu'ils le font voir
en plein Choeur par une triste experience
de tous les jours ; et je m'en rapporte à
vous , Monsieur , pour décider s'ils na
sont pas dans le même cas que ces Doc.
teurs en Lecture , qui ne sçauroient distinguer une lettre voyelle d'avec une
lettre consonne. Ce ne sont pas là , Monsieur , les Chantres de l'Eglise Chrétienne, dont je serois prêt de faire l'Apologie ; mes Argumens en faveur de la
Musique , sont toûjours pour appuyer
des sujets qui lui font plus d'honneut.
Si on entreprenoit de bannir ceux cy de
nos Eglises et d'en exclure toute sortę
de Musique , je serois le premier à m'y
opposer, en représentant que dans toutes les choses établies au vû et au sçû des
Superieurs, il nefaut retrancher que ce qui cst devenu abusif. Mes raisonnemens donc
(a)De div. Psalmedia , Cap. 17. §. 3. Num. 1.
contre
45 MERCURE DE FRANCE
contre la Confrairie de sainte Cecile , ne
doivent pas être suspects : ce n'est que
pour le mieux , que j'exhorte ceux qui
s'y sont enrôlez , à considerer le deffaut
qui est dans leur choix ; afin que si dans
quelque Ville du Royaume ils sont heureusement d'assez bon goût pour y
choisir
un autre Patron , en même temps qu'on y
réforme le Breviaire , la justesse de leur
nouveau choix puisse ensuite s'étendre ailleurs de la même maniere que l'incongruité de l'ancien s'étoit fait place à la
faveur de la fable et de la fiction. Je
suis , & c.
Ce Samedy 20. Octobre, Fête de Saint
Aderald , Chanoine de votre Eglise.
Fermer
Résumé : LETTRE de M*** à M. H. Chanoine de l'Eglise Cathedrale de *** sur le choix que les Musiciens ont fait de Ste Cecile pour leur Patronne.
La lettre de M*** à M. H. Chanoine de l'Église Cathédrale de *** examine le choix de Sainte Cécile comme patronne des musiciens. L'auteur souligne que chaque profession devrait choisir un saint patron dont les vertus sont exemplaires et dont la fête est célébrée avec respect. Cependant, il critique certains choix de saints patrons faits de manière burlesque ou sans discernement. L'auteur mentionne que certaines professions, comme les médecins, ont des saints patrons bien définis, tandis que d'autres, comme les marchands, les laboureurs et les vignerons, pourraient bénéficier de saints patrons plus appropriés. Il note que les musiciens ont choisi Sainte Cécile en se basant sur une légende plutôt que sur des faits historiques avérés. Cette adoption remonte à environ un siècle et a été influencée par un office propre en son honneur et par des représentations iconographiques. La lettre critique ce choix, affirmant que les légendes sur Sainte Cécile sont remplies de miracles extraordinaires et de faits peu crédibles. L'auteur cite des historiens comme M. de Tillemont, le Père Garnier et M. Baillet, qui remettent en question l'authenticité des actes de Sainte Cécile. Il suggère que le choix de Sainte Cécile comme patronne des musiciens devrait être réévalué à la lumière des nouvelles connaissances historiques. Le texte discute également des réformes des bréviaires, où la légende de Sainte Cécile a été retirée, certains lui attribuant une simple commémoration ou une leçon courte. L'Office du 22 novembre a été réduit à trois leçons, dont deux tirées de la Sainte Écriture, entraînant la suppression des antiennes et répons propres, y compris l'antienne 'Cantantibus Organis'. L'auteur critique la représentation de Sainte Cécile avec un orgue, instrument qu'elle n'a jamais joué, et suggère de remplacer Sainte Cécile par d'autres saints plus appropriés, comme Saint Dunstan en Angleterre ou Saint Odon en France, qui avaient une réelle connexion avec la musique. Il mentionne également d'autres saints potentiels, comme Saint Nicier à Lyon, Saint Gal et Saint Priet à Clermont, et Saint Germain à Paris. L'auteur conclut en suggérant que les musiciens du Mans pourraient choisir Saint Aldric, un évêque connu pour son expertise en plain-chant, comme patron.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
148
p. 137-146
SPECTACLES, Callirhoé, Opera, Extrait, [titre d'après la table]
Début :
L'Académie Royale de Musique remit au Théâtre le 3. [...]
Mots clefs :
Callirhoé, Opéra, Académie royale de musique, Ballet, Actes, Décoration, Rôles, Habits
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SPECTACLES, Callirhoé, Opera, Extrait, [titre d'après la table]
SPECTACLE S
La
'Académie Royale de Musique remit
au Théatre le 3. Janvier , la Tragé
die de Callirhoé. Le Poëme est de M. Roy,
et la Musique de M. Destouches , SurIntendant de la Musique du Roy. Cet
Opera fut donné pour la premiere fois le
27. Decembre 1712. il eut un succès des.
plus brillants ; il a été fort applaudi à la GY IGE
138 MERCURE DE FRANCE
reprises mais un peu moins que dans sa
naissance ; ce qui fait voir que les succès
plus ou moins éclatans , dépendent de
certaines circonstances dont on ne peut
donner de justes raisons. Comme cet Ouvrage est depuis vingt ans entre les mains
de tout le monde , nous n'en donnerons
qu'un Extrait des plus succincts.
Au Prologue , le Théatre représente
un lieu rempli d'armes differentes et deLauriers ; la Victoire y a assemblé des
Guerriers pour leur accorder les hon-.
neurs du Triomphe. La celebre journée
de Denain a donné lieu à ce Prologues
la Victoire y applaudit à des Guerriers
qu'elle sembloit avoir abandonnés depuis
quelque temps ; elle s'excuse par ces Vers.
Guerriers, ne craignez rien , je ne suis pas volage ,
Je vous aimai toujours ; mais quelque Dieu
jaloux ,
Devant mes yeux opposoit un nuage ,
En vain je vous cherchois , il m'éloignoit de yous :
Aux efforts de votre courage ,
Fai sçû vous reconnoître , et tout cede à vos
coups.
Astrée descend des Cieux , suivie des
Arts et des Plaisirs ; elle annonce la Paix
dont
JANVIER 1732. 139
dont elle donne la premiere gloire à la
Reine Anne ; la Victoire ajoûte ces Vers
à l'honneur du Héros de la France :
Au Héros glorieux dont je sers les desseins,
La Paix fut toûjours chere ;
Mais je voulois qu'elle eût des Palmes dans lea mains ;
La voilà digne de me plaire.
La Victoire et Astrée chantent ensemble ces quatre autres Vers :
Le plus sage des Héros ,
A sous ses Etendarts ramené la Victoire ;
Il peut goûter le repos ,
De l'aveu même de la Gloire..
La Suite de la Victoire , et celle d'A'strée , font le Divertissement de ce Pro--
logue.
Le Théatre représente le Temple de
Bacchus , au premier Acte. Callirboé ,
Princesse de Calydon , expose le Sujet de
la Piece par ce Monologue :
Onuit , témoin de mes soupirs secrets ,
Que ton ombre en ces lieux ne regne-t'elle en-- core !
Pourquoi l'impatiente Aurore ,
Ouvre-t'elle mes yeux aux funestes apprêts ,
G. vj D'un
140 MERCURE DE FRANCE
D'un Hymen que j'abhorre ?
Je vais donc m'engager à l'objet que je hais ,
Et je perds pour jamais un Amant que j'adore.
O nuit , &c.
La Reine de Calydon , mere de Callirhoé, vient déclarer à cette Princesse que
Coresus paroîtra bien- tôt pour recevoir sa
foy sur les Autels de Bacchus ; elle l'exhotte à se livrer toute entiere à son devoir et à ne plus penser à son amour
puisqu'Agenor, qui en étoit l'objet , n’esť
plus. Elle la quitte pour aller ordonner la
Céremonie Nuptiale.
Callirhoé se détermine à subir la Loy
que sa Mere et ses Peuples lui imposent,
quelque dure qu'elle la trouve.
Agenor qu'on croyoit mort , paroît aux
yeux de Callirhoé ; elle cache son amour
sous un simple mouvement de surprise.
Agenor lui explique ce qui a donné lieu
au bruit de sa mort ; mais il n'en peut
rien tirer de favorable pour son amour.
Il lui témoigne son étonnement par ces
Vers , qu'on a trouvez très- délicats :
Ayez-vous oublié , Princesse , que vos charmes,
Ont essayé sur moi leurs premiers coups ?
Votre pere expiroit , je recueillois vos larmes
Parmi le trouble et les allarmes ,
i
Vos
JANVIER. 1732.
14
Vos yeux brilloient déja de l'éclat le plus dour
Fappaisai des mutins les mouvemens jaloux ;
Ah ! ne jugiez -vous pas au succès de mes armes
Qu'un Amant combattoit pour vous ?
Callirhoé continue à se contraindre
elle ordonne à Agenor de sortir et lui
défend de la voir jamais.
La Reine , Coresus , et les Prêtres de
sa suite arrivent pour celebrer l'Hymen
qui fait l'action principale de ce premier
Acte. Coresus dit galamment à Calli
rhoć.
Dès Autels à vos beaux yeux
Je porterai mon hommage ,
Şans craindre, que ce partage ,
Offense jamais nos Dieux ;
J'adore en vous leur image.
La Suite de Coresus celebre la Fête de
cet Hymen ; Coresus s'approche de l'Autel avec Callirhoé ; il chante ces Vers :
Toi, qui pour éclairer le plus beau de mes jours ,
Pares le Ciel d'une clarté nouvelle
Soleil , à mes tendres amours
Tu me vérras aussi fidele ,
,
Que tu l'es à remplir ton cours..
Coresus commence le serment sur l'Autels
142: MERCURE DE FRANCE
rel; mais Callirhoé ne peut l'achever parce
qu'Agenor vientsemontrer à ses yeux; son:
aspect la fait évanouir , et par là le serment conjugal est interrompu au grand
regret de Coresus , de la Reine et des
Prêtres de Bacchus.
Au second Acte , le Théatre représente
Pavant- cour d'un Palais ; on voit à l'un
des côtez un Temple domestique.
Agenor se flate d'être aimé de Calli
thoć cette Princesse agitée de remordss
vient lui déclarer qu'elle veut achever
son Hymen , pour réparer le tort qu'elle
vient de faire à sa gloire : Agenor l'accuse de cruauté ; elle ne peut s'empêcherde lui faire connoître qu'il est la cause
de son malheur , et par consequent qu'il
est aimé. Agenor se jette à ses pieds pour
lui rendre graces d'un aveu si favorable.
Coresus surprend son Rival aux pieds de
son Amante ; il lui reproche son infidelité; elle lui répond fierement qu'elle nelui a rien promis , et se retire. Coresus
menace Agenor, qui lui répond avec une
intrépidité héroïque et le quitte.
Coresus invite les Prêtres de sa suite à vanger l'affront qu'on vient de
faire aux Autels en la personne de leur
Grand-Prêtre ; ils invoquent Bacchus et
lui demandent vangeance.Les Prêtres avec
desc
JANVIER. 1732. 1431
des flambeaux , font le Balet de cet Acte. ,
Le Théatre représente au troisiéme
Acte , un Temple rustique , consacré à
Pan. La Reine er Callirhoé déplorent less
malheurs dont Bacchus accable leurs Peu-.
ples , et en font une description très - tou--
chante. Après les plaintes , la Reine dit:
à sa fille qu'elle veut interroger l'Oracle ,
du Dieu des Forêts. Elle la quitte pour
aller donner ordre à ce qu'elle vient de se
proposer, et lui dit d'attendre Caresus
qu'elle a mandé , et de ne rien oublier.
pour le fléchir.
Coresus vient ; la Scene est vive entre
Callirhoé et lui ; ne pouvant rien obte
nir de lui , elle le menace de sa propre·
mort ; Coresus s'attendrit et lui promet
de ne rien oublier pour obtenir de Bac--
chus la grace d'un Peuple, expirant ; it
hui dit de consulter son Oracle , et la
quicte.
>
2
Le Ministre de Pan vient , on chante
des Hymnes à l'honneur de ce Dieu ,.
qui du fond du Théatre prononce cet:
Öracle.
Le calme à ces climats ne peut être rendú ,
Qu'au prix que les Destins veulent de votre zele
Que de Callirhoé le sang soit répandu ,
Ou celui d'un Amant qui s'offrira pour elle.
La
T44 MERCURE DE FRANCE
+
La Reine frémit de cet Oracle ; elle prio
le Grand Prêtre de le cacher au Peuple
et de le flater d'un plus heureux avenir.
Au quatriéme Acte la Décoration represente une Plaine bornée de Côteaux
fleuris. Callirhoé se prépare à la mort
avec constance. Agenor trompé par les
fausses esperances qu'on lui a données
d'un heureux changement , vient s'en
réjouir avec sa Princesse ; elle lui cache
son malheur autant qu'elle peut , mais
enfin elle lui déclare que les Dieux de
mandent son sang ; Agnenor furieux lui
proteste qu'il ne souffrira jamais un Sacrifice si barbare , et la quitte en lui di
sant ::
DeCoresus , que le crime s'expié ,
On me payera cher de m'avoir fait trembler..
Le bucher brule , et moi j'éteins sa flamme impie
Dans le sang du cruel qui veut vous immoler.
Mes amis sont tous prêts , ils suivront mon exemple ;
F'attaquerai vos Dieux , je briserai leur Temple,
Dût sa ruine m'accabler.
Une Troupe de Bergers et de Bergeres
viennent se réjouir du nouveau calme
dont ils jouissent; Callirhocleur dit qu'elle
va au Temple assurer leur bonheur ; ils
la
JANVIER. 1731. 145
la suivent. La Reine , qui survient , croit
qu'ils vont la conduire à l'Autel ; elle
leur reproche leur barbarie , les Bergers.
témoignent la douleur et l'effro, dont ils
sont saisis par un Choeur très- pathetique.
Agenor vient leur dire qu'il a appris
d'un des Ministres de Pan qu'un sang
moins précieux offert pour celui de la
Princesse , peut suffire aux Dieux ; il offre
le sien les Bergers applaudissent à sa
generosité et à son amour.
La Décoration du dernier Acte représente le Temple de Bacchus , orné pour
le Sacrifice de la Victime. Coresus prêt
à donner la mort à son Rival , qui veut
être immolé pour Callirhoé , ne sçait s'il
y doit consentir ; il craint de trahir sa
gloire et même son amour , puisqu'Age
nor sacrifié pour sa Princesse , n'en regnera que mieux dans son cœur..
Callithoé vient demander la mort à
Coresus , la Scene est très- vive et trèspathetique entre le Prêtre et la Victime..
Agenor arrive ; les Prêtres le menent
à l'Autel'; après une contestation trèstendre entre les deuxVictimes et Coresus;
ce dernier prend un parti noble et gene
reux , et leur dit :
Arrêtez; c'est à moi de choisir la Victime.
ER
146 MERCURE DE FRANCE
Endisant ces mots il se frappe et finit la
Tragédie par ces Vers adressez à Callirhoé:
Je sauve vos jours :
De vos malheurs, dcs miens , je termine le cours.
Vous pleurez; se peut- il que ce cœur s'atendrisse !
Je meurs content , mes feux ne vous troubleront
plus.
Approchez ; en mourant , que ma main vous unisse ;
Souvenez-vous de Coresus.
Cet Opera , au reste , est très- bien executé et très-bien remis pour le choix des
Rôles , pour les Décorations et les habits.
Les Balets du Sr.Blondi en sont variez et
executez dans la plus grande perfection ;
un Pas de Trois dansé par le sieur Dumoulin et les Dlles Camargo et Salé , est
un morceau aussi picquant et aussi agréable qu'on en ait vû à l'Opera. Deux trèsbons Poëtes ont celebré la danse de ces
deux inimitables personnes en cette ma- niere.
A
La
'Académie Royale de Musique remit
au Théatre le 3. Janvier , la Tragé
die de Callirhoé. Le Poëme est de M. Roy,
et la Musique de M. Destouches , SurIntendant de la Musique du Roy. Cet
Opera fut donné pour la premiere fois le
27. Decembre 1712. il eut un succès des.
plus brillants ; il a été fort applaudi à la GY IGE
138 MERCURE DE FRANCE
reprises mais un peu moins que dans sa
naissance ; ce qui fait voir que les succès
plus ou moins éclatans , dépendent de
certaines circonstances dont on ne peut
donner de justes raisons. Comme cet Ouvrage est depuis vingt ans entre les mains
de tout le monde , nous n'en donnerons
qu'un Extrait des plus succincts.
Au Prologue , le Théatre représente
un lieu rempli d'armes differentes et deLauriers ; la Victoire y a assemblé des
Guerriers pour leur accorder les hon-.
neurs du Triomphe. La celebre journée
de Denain a donné lieu à ce Prologues
la Victoire y applaudit à des Guerriers
qu'elle sembloit avoir abandonnés depuis
quelque temps ; elle s'excuse par ces Vers.
Guerriers, ne craignez rien , je ne suis pas volage ,
Je vous aimai toujours ; mais quelque Dieu
jaloux ,
Devant mes yeux opposoit un nuage ,
En vain je vous cherchois , il m'éloignoit de yous :
Aux efforts de votre courage ,
Fai sçû vous reconnoître , et tout cede à vos
coups.
Astrée descend des Cieux , suivie des
Arts et des Plaisirs ; elle annonce la Paix
dont
JANVIER 1732. 139
dont elle donne la premiere gloire à la
Reine Anne ; la Victoire ajoûte ces Vers
à l'honneur du Héros de la France :
Au Héros glorieux dont je sers les desseins,
La Paix fut toûjours chere ;
Mais je voulois qu'elle eût des Palmes dans lea mains ;
La voilà digne de me plaire.
La Victoire et Astrée chantent ensemble ces quatre autres Vers :
Le plus sage des Héros ,
A sous ses Etendarts ramené la Victoire ;
Il peut goûter le repos ,
De l'aveu même de la Gloire..
La Suite de la Victoire , et celle d'A'strée , font le Divertissement de ce Pro--
logue.
Le Théatre représente le Temple de
Bacchus , au premier Acte. Callirboé ,
Princesse de Calydon , expose le Sujet de
la Piece par ce Monologue :
Onuit , témoin de mes soupirs secrets ,
Que ton ombre en ces lieux ne regne-t'elle en-- core !
Pourquoi l'impatiente Aurore ,
Ouvre-t'elle mes yeux aux funestes apprêts ,
G. vj D'un
140 MERCURE DE FRANCE
D'un Hymen que j'abhorre ?
Je vais donc m'engager à l'objet que je hais ,
Et je perds pour jamais un Amant que j'adore.
O nuit , &c.
La Reine de Calydon , mere de Callirhoé, vient déclarer à cette Princesse que
Coresus paroîtra bien- tôt pour recevoir sa
foy sur les Autels de Bacchus ; elle l'exhotte à se livrer toute entiere à son devoir et à ne plus penser à son amour
puisqu'Agenor, qui en étoit l'objet , n’esť
plus. Elle la quitte pour aller ordonner la
Céremonie Nuptiale.
Callirhoé se détermine à subir la Loy
que sa Mere et ses Peuples lui imposent,
quelque dure qu'elle la trouve.
Agenor qu'on croyoit mort , paroît aux
yeux de Callirhoé ; elle cache son amour
sous un simple mouvement de surprise.
Agenor lui explique ce qui a donné lieu
au bruit de sa mort ; mais il n'en peut
rien tirer de favorable pour son amour.
Il lui témoigne son étonnement par ces
Vers , qu'on a trouvez très- délicats :
Ayez-vous oublié , Princesse , que vos charmes,
Ont essayé sur moi leurs premiers coups ?
Votre pere expiroit , je recueillois vos larmes
Parmi le trouble et les allarmes ,
i
Vos
JANVIER. 1732.
14
Vos yeux brilloient déja de l'éclat le plus dour
Fappaisai des mutins les mouvemens jaloux ;
Ah ! ne jugiez -vous pas au succès de mes armes
Qu'un Amant combattoit pour vous ?
Callirhoé continue à se contraindre
elle ordonne à Agenor de sortir et lui
défend de la voir jamais.
La Reine , Coresus , et les Prêtres de
sa suite arrivent pour celebrer l'Hymen
qui fait l'action principale de ce premier
Acte. Coresus dit galamment à Calli
rhoć.
Dès Autels à vos beaux yeux
Je porterai mon hommage ,
Şans craindre, que ce partage ,
Offense jamais nos Dieux ;
J'adore en vous leur image.
La Suite de Coresus celebre la Fête de
cet Hymen ; Coresus s'approche de l'Autel avec Callirhoé ; il chante ces Vers :
Toi, qui pour éclairer le plus beau de mes jours ,
Pares le Ciel d'une clarté nouvelle
Soleil , à mes tendres amours
Tu me vérras aussi fidele ,
,
Que tu l'es à remplir ton cours..
Coresus commence le serment sur l'Autels
142: MERCURE DE FRANCE
rel; mais Callirhoé ne peut l'achever parce
qu'Agenor vientsemontrer à ses yeux; son:
aspect la fait évanouir , et par là le serment conjugal est interrompu au grand
regret de Coresus , de la Reine et des
Prêtres de Bacchus.
Au second Acte , le Théatre représente
Pavant- cour d'un Palais ; on voit à l'un
des côtez un Temple domestique.
Agenor se flate d'être aimé de Calli
thoć cette Princesse agitée de remordss
vient lui déclarer qu'elle veut achever
son Hymen , pour réparer le tort qu'elle
vient de faire à sa gloire : Agenor l'accuse de cruauté ; elle ne peut s'empêcherde lui faire connoître qu'il est la cause
de son malheur , et par consequent qu'il
est aimé. Agenor se jette à ses pieds pour
lui rendre graces d'un aveu si favorable.
Coresus surprend son Rival aux pieds de
son Amante ; il lui reproche son infidelité; elle lui répond fierement qu'elle nelui a rien promis , et se retire. Coresus
menace Agenor, qui lui répond avec une
intrépidité héroïque et le quitte.
Coresus invite les Prêtres de sa suite à vanger l'affront qu'on vient de
faire aux Autels en la personne de leur
Grand-Prêtre ; ils invoquent Bacchus et
lui demandent vangeance.Les Prêtres avec
desc
JANVIER. 1732. 1431
des flambeaux , font le Balet de cet Acte. ,
Le Théatre représente au troisiéme
Acte , un Temple rustique , consacré à
Pan. La Reine er Callirhoé déplorent less
malheurs dont Bacchus accable leurs Peu-.
ples , et en font une description très - tou--
chante. Après les plaintes , la Reine dit:
à sa fille qu'elle veut interroger l'Oracle ,
du Dieu des Forêts. Elle la quitte pour
aller donner ordre à ce qu'elle vient de se
proposer, et lui dit d'attendre Caresus
qu'elle a mandé , et de ne rien oublier.
pour le fléchir.
Coresus vient ; la Scene est vive entre
Callirhoé et lui ; ne pouvant rien obte
nir de lui , elle le menace de sa propre·
mort ; Coresus s'attendrit et lui promet
de ne rien oublier pour obtenir de Bac--
chus la grace d'un Peuple, expirant ; it
hui dit de consulter son Oracle , et la
quicte.
>
2
Le Ministre de Pan vient , on chante
des Hymnes à l'honneur de ce Dieu ,.
qui du fond du Théatre prononce cet:
Öracle.
Le calme à ces climats ne peut être rendú ,
Qu'au prix que les Destins veulent de votre zele
Que de Callirhoé le sang soit répandu ,
Ou celui d'un Amant qui s'offrira pour elle.
La
T44 MERCURE DE FRANCE
+
La Reine frémit de cet Oracle ; elle prio
le Grand Prêtre de le cacher au Peuple
et de le flater d'un plus heureux avenir.
Au quatriéme Acte la Décoration represente une Plaine bornée de Côteaux
fleuris. Callirhoé se prépare à la mort
avec constance. Agenor trompé par les
fausses esperances qu'on lui a données
d'un heureux changement , vient s'en
réjouir avec sa Princesse ; elle lui cache
son malheur autant qu'elle peut , mais
enfin elle lui déclare que les Dieux de
mandent son sang ; Agnenor furieux lui
proteste qu'il ne souffrira jamais un Sacrifice si barbare , et la quitte en lui di
sant ::
DeCoresus , que le crime s'expié ,
On me payera cher de m'avoir fait trembler..
Le bucher brule , et moi j'éteins sa flamme impie
Dans le sang du cruel qui veut vous immoler.
Mes amis sont tous prêts , ils suivront mon exemple ;
F'attaquerai vos Dieux , je briserai leur Temple,
Dût sa ruine m'accabler.
Une Troupe de Bergers et de Bergeres
viennent se réjouir du nouveau calme
dont ils jouissent; Callirhocleur dit qu'elle
va au Temple assurer leur bonheur ; ils
la
JANVIER. 1731. 145
la suivent. La Reine , qui survient , croit
qu'ils vont la conduire à l'Autel ; elle
leur reproche leur barbarie , les Bergers.
témoignent la douleur et l'effro, dont ils
sont saisis par un Choeur très- pathetique.
Agenor vient leur dire qu'il a appris
d'un des Ministres de Pan qu'un sang
moins précieux offert pour celui de la
Princesse , peut suffire aux Dieux ; il offre
le sien les Bergers applaudissent à sa
generosité et à son amour.
La Décoration du dernier Acte représente le Temple de Bacchus , orné pour
le Sacrifice de la Victime. Coresus prêt
à donner la mort à son Rival , qui veut
être immolé pour Callirhoé , ne sçait s'il
y doit consentir ; il craint de trahir sa
gloire et même son amour , puisqu'Age
nor sacrifié pour sa Princesse , n'en regnera que mieux dans son cœur..
Callithoé vient demander la mort à
Coresus , la Scene est très- vive et trèspathetique entre le Prêtre et la Victime..
Agenor arrive ; les Prêtres le menent
à l'Autel'; après une contestation trèstendre entre les deuxVictimes et Coresus;
ce dernier prend un parti noble et gene
reux , et leur dit :
Arrêtez; c'est à moi de choisir la Victime.
ER
146 MERCURE DE FRANCE
Endisant ces mots il se frappe et finit la
Tragédie par ces Vers adressez à Callirhoé:
Je sauve vos jours :
De vos malheurs, dcs miens , je termine le cours.
Vous pleurez; se peut- il que ce cœur s'atendrisse !
Je meurs content , mes feux ne vous troubleront
plus.
Approchez ; en mourant , que ma main vous unisse ;
Souvenez-vous de Coresus.
Cet Opera , au reste , est très- bien executé et très-bien remis pour le choix des
Rôles , pour les Décorations et les habits.
Les Balets du Sr.Blondi en sont variez et
executez dans la plus grande perfection ;
un Pas de Trois dansé par le sieur Dumoulin et les Dlles Camargo et Salé , est
un morceau aussi picquant et aussi agréable qu'on en ait vû à l'Opera. Deux trèsbons Poëtes ont celebré la danse de ces
deux inimitables personnes en cette ma- niere.
A
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Résumé : SPECTACLES, Callirhoé, Opera, Extrait, [titre d'après la table]
Le texte présente la tragédie en musique 'Callirhoé', dont le poème est de M. Roy et la musique de M. Destouches, Surintendant de la Musique du Roi. Cette œuvre a été jouée pour la première fois le 27 décembre 1712 et a connu un succès éclatant. Le prologue célèbre la victoire de Denain et la paix, avec des personnages comme la Victoire et Astrée. L'intrigue principale suit Callirhoé, princesse de Calydon, qui doit se marier avec Coresus malgré son amour pour Agenor, que l'on croyait mort. Agenor réapparaît, mais Callirhoé doit se conformer aux attentes de sa mère et de son peuple. La pièce est marquée par des conflits émotionnels et des révélations dramatiques, notamment l'interruption du mariage par l'apparition d'Agenor et la menace de sacrifice divin. La tragédie se conclut par le sacrifice de Coresus, qui permet à Callirhoé et Agenor de se réunir. L'opéra est salué pour son exécution, ses décors, ses costumes et ses ballets, notamment ceux du sieur Blondy et un pas de trois dansé par le sieur Dumoulin et les demoiselles Camargo et Salé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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149
p. 146-147
MADRIGAL.
Début :
Ah ! Camargo, que vous êtes brillante ! [...]
Mots clefs :
Danse, Mademoiselle Sallé
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MADRIGAL.
MADRIGA L.
H! Camargo , que vous êtes brillante !
Mais que Salé , grands Dieux ! est ravissante !
Que vos pas sont legers et que les siens sont doux !
Elle est inimitable , et vous êtes nouvelle :
Les
JANVIER. 1732. 147
Les Nymphes sautent comme vous ,
Mais les Graces dansent comme elle.
H! Camargo , que vous êtes brillante !
Mais que Salé , grands Dieux ! est ravissante !
Que vos pas sont legers et que les siens sont doux !
Elle est inimitable , et vous êtes nouvelle :
Les
JANVIER. 1732. 147
Les Nymphes sautent comme vous ,
Mais les Graces dansent comme elle.
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p. 147
AUTRE.
Début :
De ta danse active et legere, [...]
Mots clefs :
Danse, Mademoiselle Sallé