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1
p. 72-73
Monsieur le Maréchal d'Estrades est nommé Gouverneur de Monsieur le Duc de Chartres. [titre d'après la table]
Début :
La place de Gouverneur de Monsieur le Duc de Chartres, [...]
Mots clefs :
Gouverneur, Duc de Chartres, Duc de Navailles, Ambassade , Prudence, Maréchal d'Estrades
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texteReconnaissance textuelle : Monsieur le Maréchal d'Estrades est nommé Gouverneur de Monsieur le Duc de Chartres. [titre d'après la table]
La place de Gouverneur de
Monfieur le Duc de Chartres
eftant demeurée vacante par la
mort de Monfieur le Maréchal
Duc
GALANT.
73
Duc de Navailles , Monfieur le
Maréchal d'Eftrades a efté nommé
pour la remplir . C'eſt un
pofte dont il est tres digne , puis
qu'il joint l'efprit , la prudence
& le fçavoir , à la valeur. Vous
fçavez qu'il a commandé des Armées
, défendu des Villes &
qu'il s'eft toûjours acquité avec
beaucoup d'habilité & de gloire
des Ambaffades dont Sa Majesté
l'a honoré.
Monfieur le Duc de Chartres
eftant demeurée vacante par la
mort de Monfieur le Maréchal
Duc
GALANT.
73
Duc de Navailles , Monfieur le
Maréchal d'Eftrades a efté nommé
pour la remplir . C'eſt un
pofte dont il est tres digne , puis
qu'il joint l'efprit , la prudence
& le fçavoir , à la valeur. Vous
fçavez qu'il a commandé des Armées
, défendu des Villes &
qu'il s'eft toûjours acquité avec
beaucoup d'habilité & de gloire
des Ambaffades dont Sa Majesté
l'a honoré.
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Résumé : Monsieur le Maréchal d'Estrades est nommé Gouverneur de Monsieur le Duc de Chartres. [titre d'après la table]
Le Maréchal d'Estrades, également Duc de Navailles, est nommé Gouverneur après la mort du Maréchal Duc Galant. Reconnu pour son esprit, sa prudence, son savoir et sa valeur, il a commandé des armées, défendu des villes et excellé dans des missions diplomatiques pour le roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 265-266
VI.
Début :
Que la dissimulation [...]
Mots clefs :
Prudence, Injure, Lumière, Lanterne
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texteReconnaissance textuelle : VI.
V I.
de Rheims .
Ve la diffimulation
Eft en vogue à préfent parmy les Politiques,
Chacun en affermit les meilleures pratiques
Q. deJanvier 1685.
Ꮓ
266 Extraordinaire
Parte qu'elle a beaucoup de rapport , du.
nion
Avecque la prudence , & d'autant qu'elle
cache
Nos entreprises, nos defirs,
Nos affaires, nos déplaifirs
Mefme quoy qu'une injure extrémement
nousfache,
Avecelle on attend l'heure defe vanger
Et l'on fçait bienfe ménager.
O la bellefcience , & la plus ordinaire,
Sçavoir de toutfaire myftere,
Qui des plus grands deffeins aisément
vient à bout!
Ah! qu'il eft de ces Gens qui cachent leur
lumiere .
Et font dire qu'on voit ( ce que je ne puis
taire)
Des Lanternes fourdes partout.
SH
GIGEZ , du Havre.
de Rheims .
Ve la diffimulation
Eft en vogue à préfent parmy les Politiques,
Chacun en affermit les meilleures pratiques
Q. deJanvier 1685.
Ꮓ
266 Extraordinaire
Parte qu'elle a beaucoup de rapport , du.
nion
Avecque la prudence , & d'autant qu'elle
cache
Nos entreprises, nos defirs,
Nos affaires, nos déplaifirs
Mefme quoy qu'une injure extrémement
nousfache,
Avecelle on attend l'heure defe vanger
Et l'on fçait bienfe ménager.
O la bellefcience , & la plus ordinaire,
Sçavoir de toutfaire myftere,
Qui des plus grands deffeins aisément
vient à bout!
Ah! qu'il eft de ces Gens qui cachent leur
lumiere .
Et font dire qu'on voit ( ce que je ne puis
taire)
Des Lanternes fourdes partout.
SH
GIGEZ , du Havre.
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Résumé : VI.
Au XVIIe siècle, les Politiques pratiquaient la dissimulation pour cacher leurs entreprises et désirs. Cette stratégie, liée à la prudence, permet de masquer les injures et d'attendre le moment opportun pour se venger. La dissimulation est vue comme une science ordinaire et efficace pour réaliser des desseins secrets. Le texte critique ceux qui cachent leur véritable nature, les comparant à des lanternes sourdes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 22-48
LETTRE.
Début :
Un Particulier ayant fait divers Ouvrages sur les dernieres Actions / Je me souviens, Monsieur, que vous avez voulu me persuader [...]
Mots clefs :
Approbation, Louis, Univers, Sentiments, Roi, Combats, Grandeur, Lois, Héros, Fortune, Monarque, Sage, Ennemis, Ambassadeur, Mérite, Guerre, Éloge, Honneur, Campagne militaire, Espagne, Vainqueur, Prudence, Courage, États, Audace, Sentiments, Conquérant, Trêve, Souverain, Armes, Peuple, Bonheur, Devise, Éclat
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE.
Un Particulier ayant fait
divers Ouvrages ſur les dernieres
Actions de cet auguſte
Monarque , les a ramaffez
comme en un Recueil dans
cetteLettre qu'il m'aadreſſée.
5555 5552 55255522
LETTRE.
TE me souviens , Monfieur.
que vous avez voulu me perfuader
que j'avois merité quel
GALANT. 23
que approbation des bons Connoiffeurs
, lors que je dis ily a
quelques années.
On faitmal ce qu'on fait , onne
fait qu'une affaire,
Mais LOUIS partagé dans cent
emplois divers,
ةو
Sedonnant tout à tout , fait voir
al'Univers,
Et qu'il fait ce qu'il faut, &qu'il
ſçait bien le faire.
Vous avez mesme prétendu
que j'avois expliqué les fentimens
de tout ce qu'il y a d'hon .
nestesGens au monde en difant,
Que tous les noms des Grands
cedent au nom duRoy,
24 MERCURE
Les Cefars, les Cyrus, les Hectors,
les Achilles,
Ont eu moins de merite &donné
moins d'effroy,
Par cent Combats rendus, par
cent priſes de Villes .
Je vous ferois bien obligé , fi
vous vouliezfairesçavoir aupublic,
que je défie toute la Terrede
me difputer la verité de ceque je
vais dire.
SONNET
SVR LA GRANDEVR DV ROY.
L
OUIS eſt grand en tout ; il
regle les Finances,
Ilreforme les Loix, il fait fleurir
esArts , :
Mille
GALANT. 25
Mille Vaiſſeaux flottans,mille orguilleux
Rampars
Partagent tous les jours ſes ſoins,
& les dépenſes ;
Dans le particulier,dans les réjoüifſſances
Il eſt autant Heros , que dans le
champ deMars,
Findans leGabinet , ferme dans
leshazars,
Il fait plier ſous ſoy les plushautes
Puiſſances;
S2
Sa fortune répond par tout à
ſa valeur,
Par tout ſes grands exploits répondent
à fon coeur,
Ainſi que l'ont fait voir cent conqueſtes
de marque ;
Mars1685. C
1
26 MERCURE
52
Enfinnos Ennemis connoiffent
commemoy,
Que ſi tout 1 Univers ne vouloit
qu'unMonarque
Tout l'Univers devroit n'avoir
que luy pour Roy.
:
Je ſens bien que ce que je dis
là n'est rien de bon , mais il me
ſemble que c'est l'explication fincere
des pensées , qui doivent venir
naturellement à tous les Sages
qui ſont ſans paffion , & qui ont
du bon goust.
Ne croyez donc pas , Monſieur
, que ce soit une pure conje-
Eture ouseulement un effet de l'at(
GALANT: 27
tache desſentimens que j'ay pour
jeRoy qui m'afait dire :
Enfin nos Ennemis connoiffent
al commemoys, &c.
Vous en jugerez par une pefire
avanture que je vais vous
racontertelle qu'elle m'est arrivée
Je me rrauvay fur la route de
M'Ambassadeur d'Espagne
lors qu'ilse retiroit de France à
-pas comptez tant il marquoit
d'envie de n'en point fortir. Férois
chez une Perſonne de qualité
de merite , àl'heure qu'il luy
envoyaun de ses Gentilshommes
poursçavoir si elle se trouveroit
Cij
28 MERCURE
enétat de recevoirfa viſite. Com
me je vis par laréponse, queM
'Ambassadeur alloit venir , je
voulus luy faire place , mais la
Perſonne chez qui j'estois me
déclara , qu'elle vouloit abfo
lument que j'eusse part à cette
conversation , qui dura bien prés
de quatre heures. Vousne pouvezpas
douter, Monfieur, qu'on
neparlastd'Affaires d'Etat avec
un Ambassadeur,&que fa retraite
, & laGuerre qui nous menaçoitalors,
nefourniffent à l'en
tretien. Il nous dit cent chofes,qui
nous firent affezcomprendre qu'il
asust pas en de peine d'avoüer
1
GALANT. 29
nettement que le Roy estoit le plus
grand & le plus puiſſant Prince
du monde,s'il eustpu oublier qu'il
avoit un Maistre , &fe défaire
des préjugez Espagnols.
On doit neanmoins cette juſtice
à M l'Ambassadeur , que
fonbon sens &sa raiſon ne furentpoint
obscurcis par ces enteſtemens,
qui ſontſi ordinaires à ceux
deſa Nation. Il fu l'Eloge de la
France,des François, du Roy,
d'un air fort élevé, &qui marquoit
beaucoup de fincerité dans
ce qu'il diſoir ; mais dans les
loüanges qu'il donna àsa Ma
jesté , iln'oublia ny ce qu'il estoit
C iij
30 MERCURE
ny ce qu'il devoit à fon Prince.
Pretendant faire une galanterie
aux Dames , il dit qu'il vouloit
leur faire voir quelque chose de
fort beau.Il tira enfuite une riche
qui renfermoit Boëte, , diſoit-il,
lePortraitddee fa A
Ja MMaaiîttrreeffffee,qu'il
emporioit de France , & c'estoit
celuy du Roy , dont ſa Majesté
l'avoit honoré, & dont ilsefaifoit
en effet ungrandbonneur. La
Perſonne chez qui nous estions,
qui est fortfpirituelle,luy dit qu'il
devoit bien conferver ce gage,
qu'il fe feroit bien- toft en luy
une metamorphose furprenante,
parce qu'il estoit à croire que le
GALANT. 31
Portrait deSa Majesté ſe changeroit
en celuy de fon Maistre.
Aces paroles Ml'Ambassadeur
parut Espagnol , comme ſon devoir
l'y obligeoit. L'entretien
roula enfuite fur différentes matieres,
&fut longue & curieufe.
Je vous avovë , Monfieur,
que pendant tous les évenemens
de la derniere Campagne ,je me
ſuis toûjours ſouvenu des entretiens
de cét Ambaſſadeur. Ilnous
dit pofuivement qu'il y auroitdu
fang répandu; qu'il feroit difficile
d'arreſter les deſſeins du Roys
que ſes Ennemis ne pouvoient
C iiij
32 MERCURE
rien efperer que de l'inconstance
de la fortune ; & que l'Empire
&l'Espagne ne cherchoient qu'à
mettre leur bonneur à couvert,
en ne cedant pas sans avoir combattu.
Voila la Prophétie accomplie,&
nous en voyans la
té dans la diſpoſition des chofes
qui ſeſont paſſées la derniere année.
SONNET
Sur l'état des Affaires aprés la derniere
Campagne de France.
A
Lger encor fumat des Foudres
de la Guerre,
Vient ſe jetter aux pieds de fon
noble Vainqueur;
GALANT. 33
Et Gennes la ſuperbe eſt tremblante
de peur
Sous les éclats vengeurs de fon
bruyant tonnerre :
52
Luxembourg voit tomber ſes
hauts Ramparts par terre ,
Capd- e-Quiers attaqué ſe trouve
ſans vigueur;
La Hollande en Partis ralentit
fon ardeur
N'ayant pû ſoûlever les Peuples
d'Angleterre;
Se
Le Danemark amyreçoit nos
Etendars,
L'Empire ſe ménage & craint
tous les hazars,
L'Eſpagne plaint fes Forts qu'on
pille ou qu'on enleve;
34 MERCURE
52
Liége & Tréves foûmis ſçavent
faire leur Cour,
L'Europe attend la Paix en rece
vant laTréve,
Tout cedeau Grand LOUIS par
force ou par amour.
Je vois dans cette peinture tour
ce que l'Ambassadeur d'Espagne
craignoit , & tout ce que sa politique
luy faisoit prévoiravecchagrin.
Avoüez aprés cela , Monſieur,
que lafortune de LOUIS
le Grand doit eſtre bien conſtante
pour faire avec tant de bonheur
des choses fi admirables , puis que
tant de Heros , & tant de ſages
Monarques n'ont pu s'empescher
GALANT. 35
d'en eſtre abandonnez. Mais
avoüez aussi à mesme temps que
La prudence of le courage du Roy
font extraordinaires , puis qu'il
ſemble avoir réduit la Fortune
ſous les règles ,&s'estrefait une
methode de réüfſſiren tout.
Nepeut- on pas compter entre
fes bonnes fortunes la fecondité
de la Maiſon Royale ? Ce Fils
unique que le Ciel luy avoit laif-
Sé comme son premier don , plus
Il est grand , plus il nous faifoit
craindre. Vous voulûtes bien,
Monfieur, que mes pensées fufſent
celles de tous les honneſtes
Gensà la naiſſance de Monfei36
MERCURE
gneur le Duc de Bourgongne. Fo
voudrois à cette heure que vous
les engageaffiez à dire fur ta
naiſſance de Monseigneur leDuc
d'Anjou.
;
R
AURΟΥ.
SONNET.
Ecevez un Héros qui naiſt
de voſtre Race,
Grand LOUIS, deſormais le Ciel
veut tous les ans
Enrichir vos Etats de ſemblables
Préfens ,
Qui pourront mériter de remplir
voſtre place.
Se
Nous verrons de nos jours l'Allemagne
& la Thrace
GALANT 37
Ployer ſous les efforts du Pere&
des Enfans
Par tout dignes de Vous , & par
tour triomphans,
Detous nos Ennemis ils dompte.
-ront l'audace.
Se
t
Formez-les ſeulement dans l'Art
qui fait les Roys ,
Ils en apprendront plus par vos
nares Exploits, 29)
Qu'en lifant ce qu'ont fait lesFameux
de l'Histoire ;
22
'Et comme ils vous verront toujours
au- deffus d'eux ,
Chacun d'eux tâchera d'ateindre
àvoſtre gloire;
Mais nul n'y parviendra parmy
tous vos Neveux.
38 MERCURE
Ces ſentimens quifurentconceus
dans la joye qu'avoit toute
la France en celte rencontre
د. Se
produisent fort tard , mais ils ſeront
toûjours deſaiſon , ſi vous
voulez que ce foient des marques
éternelles de mon respect envers ce
Prince. Fay auſſi laissé paſſer le
temps où ces Bouts rimez estoient
àla mode. Cependant ce qu'ils
m'ont fait dire ne vieillira jamais
dans la memoire des Hommes,
puis que LOUIS le Grand aura
toûjours des admirateurs , qui
tomberont d'accord avecmoy de la
verité de mespensées.
GALANT. 39
CI
1.71.
I jamais Conquérant marcha
droit à la Glovre,
Sijamais Souverain mérita d'être
Roy,
- Si jamais Politique aux autres fit
la loy,
Sur tous les Concurrens LOUIS
ala victoire.
Se
Ses Faits feront paſſer pour Fable
fon Histoire, at
Apeine croira- t- on qu'ils foient
dignes defoy;
Les Siècles àvenir en ferontdans
L'effrey, pens
Et tout retentira du bruit de ſa
Mémoire,
52
رد
Lorsqu'on voudra former unHé.
ros achevé,
1
40 MERCURE
On en prendra les traits ſur ſon air
élevé,
Sur ſes Combats divers , ſur ſon
coeur intrépide.
Autrefois on l'eût mis au rang des
Immortels;
Et comme ſes hauts Faits effacent
ceux d'Alcide,
Alcideà fon Vainqueur euſt cedé
ſes Autels.
Vous trouverezpeut-estre quel
que conformité entre ce Sonnet,
un autre que vous avez publié.
Elle auroit efté plus grande
fi je ne l'avoisjamais veu. Je ne
fçay si l'autre a esté fait plûtoft
que le mien , mais je fuisſeur
3
GALANT. 41
que le mien n'a point esté fait fur
celuy-là. Ces Bouts rimeznauront
pas perdu tout- à-fait lagrace
de la nouveauté. Vous avez
dit il n'y a pas long-temps , qu'ils
estoient àla mode ,&lesujet n'en
est pas trop vieux.
SUR LA TREVE
que le Roy a faite.
Ο
N diſoit autrefois, Non licet
omnibus,
J'ofe le dire encore, & qui voudra
nolis'enfaches an và 120. "
LOUIS, de qui l'eſprit travaille
fans relâche,
Vient de faire luy feul quodnon
licet tribus .
Avril 1685, D
42 MERCURE
52
Nul d'entr'eux ne sçauroit parer
aux coups qu'il lache,
Parmy les Souverains il paroiſt un
Phoebus;
Il commande la Tréve , & vous
ſçavez quibus;
Tout ce qu'elle a de durpar avace
illeur mache.
Ils l'avalent enfin avec tous ſes
Item
Dans un profondreſpect ils chantent
Tuautem ,
Ravis de prévenir les effets de ſon
ire.
S&
Sidans le temps préſent ilsn'ont
pû dire amo,.
D
GALANT. 43
Peut- eftre qu'au futur ils auront
peine à lire
Ce qu'il leur fit figner currente
calamo.
Il n'y a point de Rimes ſi bi--
zarres &fi Burlesques, quon-nc
puiſſe remplir de quelque chose de
grandſur leſujet du Roy. Ilme:
femble donc qu'on pourroit bien
donner à celles- là encore un autre
tour presque fur la mesme ma
tiere..
SVR L'ENREGISTREMENT,,
&la Publication de la Tréve.
L
OUIS. le Conquérant fair
ſçavoir omnibus,
4
Qu'il annonce une Tréve, & qui
plaiſt,& qui fache;
C
Dij
44 MERCURE
Jamais de fes deſſeins en rien il ne
relâche,
Le coup qui le deſarme a fait la
loytribus.
52
Que s'il fuit les Combats , il ne
fuit point en Lache,
Dans le Meſtier de Mars il n'eſt
point E- Phoebus;
Ila du coeur,desGens,desArmes,
du quibus,
Et quand il faut donner, point la
Cire il ne mache.
52
Cependant il s'arreſte , il ſe modére,
item,
Sçachant bien comme il faut venir
au Tu autem,
Pour le bonheur public il com
mande àfon ire,
GALANT. 45
Se
Conjuguons- luy par coeur dans
tous les temps amo;
Et nos Neveux diront , lifant ce
qu'on va lire,
Que ce qu'il fit du Fer, il l'a fait
calamo.
Enfin , Monsieur, ily a treslong-
tempsquej'ayfait uneDevi
fepour le Roy ,furun deffein qui
aesté ſuſpendu. Si elle avoir esté
publiée dés ce temps-là, elle pourroit
paſſer à preſentpour une efpece
de Prophetie. Cesera pour
le moins une expreſſion allegorique
de ce que nous voyons. Le
corps de la Deviſe , c'eſtun Soleil
46 MERCURE
dansſon Zodiaque;l' Ame, cefont
ces paroles , Curro , fed tacito
motu. Si je ne craignois de choquer
les Maistres de l'Art, j'a
joûterois des Aſtronomes de toutes
lesNations , qui obferventle Søleil
avectoutes les fortes d'Inſtru--
mens dont on uſe pourcela. Ils ne
répondroient pas malà l'applica
tion que tous les Politiques de la
Terre donnent à penétrer la conduite
du Roy. Voicy l'explication :
de ma Deviſe.
'Univers attentif regarde ma
carriere,
Les eſprits appliquez à mefurer
moncours ,
! GALANT. 47
Obſervent avec ſoin mes tours&
mes détours :
Mais nul oeil ne peut voir ma rou.
te toute entiere ;.
८८
Mon éclat plus aux fiers fait
baiffer la paupiere ;
Mes differens afpects font les
nuits & les jour,
Tout languiroit fans moy , tour
attend mon fecours,
t
Etje porte par tout mes biens&
ma lumiere.
SS
Mille divers emplois partagent
mes momens,
Je ſuis toûjours reglé dans tous
mes mouvemens ,
On connoiſt mon pouvoir fur la
Terre & fur l'Onde.aranov
48 MERCURE
1
Jeme haſte; je cours; rien n'arreſtemes
pas,
J'acheveray bien-toſt le tour en
tier du Monde,
Ma démarche eſt cachée & l'on
ſçait où je vas .
Ilya affezlong-temps, Monfieur
, que je vous entretiens pour
me haſter de vous dire que je suis
vostre tres ,&c.
F. F. D. C. R. G.
divers Ouvrages ſur les dernieres
Actions de cet auguſte
Monarque , les a ramaffez
comme en un Recueil dans
cetteLettre qu'il m'aadreſſée.
5555 5552 55255522
LETTRE.
TE me souviens , Monfieur.
que vous avez voulu me perfuader
que j'avois merité quel
GALANT. 23
que approbation des bons Connoiffeurs
, lors que je dis ily a
quelques années.
On faitmal ce qu'on fait , onne
fait qu'une affaire,
Mais LOUIS partagé dans cent
emplois divers,
ةو
Sedonnant tout à tout , fait voir
al'Univers,
Et qu'il fait ce qu'il faut, &qu'il
ſçait bien le faire.
Vous avez mesme prétendu
que j'avois expliqué les fentimens
de tout ce qu'il y a d'hon .
nestesGens au monde en difant,
Que tous les noms des Grands
cedent au nom duRoy,
24 MERCURE
Les Cefars, les Cyrus, les Hectors,
les Achilles,
Ont eu moins de merite &donné
moins d'effroy,
Par cent Combats rendus, par
cent priſes de Villes .
Je vous ferois bien obligé , fi
vous vouliezfairesçavoir aupublic,
que je défie toute la Terrede
me difputer la verité de ceque je
vais dire.
SONNET
SVR LA GRANDEVR DV ROY.
L
OUIS eſt grand en tout ; il
regle les Finances,
Ilreforme les Loix, il fait fleurir
esArts , :
Mille
GALANT. 25
Mille Vaiſſeaux flottans,mille orguilleux
Rampars
Partagent tous les jours ſes ſoins,
& les dépenſes ;
Dans le particulier,dans les réjoüifſſances
Il eſt autant Heros , que dans le
champ deMars,
Findans leGabinet , ferme dans
leshazars,
Il fait plier ſous ſoy les plushautes
Puiſſances;
S2
Sa fortune répond par tout à
ſa valeur,
Par tout ſes grands exploits répondent
à fon coeur,
Ainſi que l'ont fait voir cent conqueſtes
de marque ;
Mars1685. C
1
26 MERCURE
52
Enfinnos Ennemis connoiffent
commemoy,
Que ſi tout 1 Univers ne vouloit
qu'unMonarque
Tout l'Univers devroit n'avoir
que luy pour Roy.
:
Je ſens bien que ce que je dis
là n'est rien de bon , mais il me
ſemble que c'est l'explication fincere
des pensées , qui doivent venir
naturellement à tous les Sages
qui ſont ſans paffion , & qui ont
du bon goust.
Ne croyez donc pas , Monſieur
, que ce soit une pure conje-
Eture ouseulement un effet de l'at(
GALANT: 27
tache desſentimens que j'ay pour
jeRoy qui m'afait dire :
Enfin nos Ennemis connoiffent
al commemoys, &c.
Vous en jugerez par une pefire
avanture que je vais vous
racontertelle qu'elle m'est arrivée
Je me rrauvay fur la route de
M'Ambassadeur d'Espagne
lors qu'ilse retiroit de France à
-pas comptez tant il marquoit
d'envie de n'en point fortir. Férois
chez une Perſonne de qualité
de merite , àl'heure qu'il luy
envoyaun de ses Gentilshommes
poursçavoir si elle se trouveroit
Cij
28 MERCURE
enétat de recevoirfa viſite. Com
me je vis par laréponse, queM
'Ambassadeur alloit venir , je
voulus luy faire place , mais la
Perſonne chez qui j'estois me
déclara , qu'elle vouloit abfo
lument que j'eusse part à cette
conversation , qui dura bien prés
de quatre heures. Vousne pouvezpas
douter, Monfieur, qu'on
neparlastd'Affaires d'Etat avec
un Ambassadeur,&que fa retraite
, & laGuerre qui nous menaçoitalors,
nefourniffent à l'en
tretien. Il nous dit cent chofes,qui
nous firent affezcomprendre qu'il
asust pas en de peine d'avoüer
1
GALANT. 29
nettement que le Roy estoit le plus
grand & le plus puiſſant Prince
du monde,s'il eustpu oublier qu'il
avoit un Maistre , &fe défaire
des préjugez Espagnols.
On doit neanmoins cette juſtice
à M l'Ambassadeur , que
fonbon sens &sa raiſon ne furentpoint
obscurcis par ces enteſtemens,
qui ſontſi ordinaires à ceux
deſa Nation. Il fu l'Eloge de la
France,des François, du Roy,
d'un air fort élevé, &qui marquoit
beaucoup de fincerité dans
ce qu'il diſoir ; mais dans les
loüanges qu'il donna àsa Ma
jesté , iln'oublia ny ce qu'il estoit
C iij
30 MERCURE
ny ce qu'il devoit à fon Prince.
Pretendant faire une galanterie
aux Dames , il dit qu'il vouloit
leur faire voir quelque chose de
fort beau.Il tira enfuite une riche
qui renfermoit Boëte, , diſoit-il,
lePortraitddee fa A
Ja MMaaiîttrreeffffee,qu'il
emporioit de France , & c'estoit
celuy du Roy , dont ſa Majesté
l'avoit honoré, & dont ilsefaifoit
en effet ungrandbonneur. La
Perſonne chez qui nous estions,
qui est fortfpirituelle,luy dit qu'il
devoit bien conferver ce gage,
qu'il fe feroit bien- toft en luy
une metamorphose furprenante,
parce qu'il estoit à croire que le
GALANT. 31
Portrait deSa Majesté ſe changeroit
en celuy de fon Maistre.
Aces paroles Ml'Ambassadeur
parut Espagnol , comme ſon devoir
l'y obligeoit. L'entretien
roula enfuite fur différentes matieres,
&fut longue & curieufe.
Je vous avovë , Monfieur,
que pendant tous les évenemens
de la derniere Campagne ,je me
ſuis toûjours ſouvenu des entretiens
de cét Ambaſſadeur. Ilnous
dit pofuivement qu'il y auroitdu
fang répandu; qu'il feroit difficile
d'arreſter les deſſeins du Roys
que ſes Ennemis ne pouvoient
C iiij
32 MERCURE
rien efperer que de l'inconstance
de la fortune ; & que l'Empire
&l'Espagne ne cherchoient qu'à
mettre leur bonneur à couvert,
en ne cedant pas sans avoir combattu.
Voila la Prophétie accomplie,&
nous en voyans la
té dans la diſpoſition des chofes
qui ſeſont paſſées la derniere année.
SONNET
Sur l'état des Affaires aprés la derniere
Campagne de France.
A
Lger encor fumat des Foudres
de la Guerre,
Vient ſe jetter aux pieds de fon
noble Vainqueur;
GALANT. 33
Et Gennes la ſuperbe eſt tremblante
de peur
Sous les éclats vengeurs de fon
bruyant tonnerre :
52
Luxembourg voit tomber ſes
hauts Ramparts par terre ,
Capd- e-Quiers attaqué ſe trouve
ſans vigueur;
La Hollande en Partis ralentit
fon ardeur
N'ayant pû ſoûlever les Peuples
d'Angleterre;
Se
Le Danemark amyreçoit nos
Etendars,
L'Empire ſe ménage & craint
tous les hazars,
L'Eſpagne plaint fes Forts qu'on
pille ou qu'on enleve;
34 MERCURE
52
Liége & Tréves foûmis ſçavent
faire leur Cour,
L'Europe attend la Paix en rece
vant laTréve,
Tout cedeau Grand LOUIS par
force ou par amour.
Je vois dans cette peinture tour
ce que l'Ambassadeur d'Espagne
craignoit , & tout ce que sa politique
luy faisoit prévoiravecchagrin.
Avoüez aprés cela , Monſieur,
que lafortune de LOUIS
le Grand doit eſtre bien conſtante
pour faire avec tant de bonheur
des choses fi admirables , puis que
tant de Heros , & tant de ſages
Monarques n'ont pu s'empescher
GALANT. 35
d'en eſtre abandonnez. Mais
avoüez aussi à mesme temps que
La prudence of le courage du Roy
font extraordinaires , puis qu'il
ſemble avoir réduit la Fortune
ſous les règles ,&s'estrefait une
methode de réüfſſiren tout.
Nepeut- on pas compter entre
fes bonnes fortunes la fecondité
de la Maiſon Royale ? Ce Fils
unique que le Ciel luy avoit laif-
Sé comme son premier don , plus
Il est grand , plus il nous faifoit
craindre. Vous voulûtes bien,
Monfieur, que mes pensées fufſent
celles de tous les honneſtes
Gensà la naiſſance de Monfei36
MERCURE
gneur le Duc de Bourgongne. Fo
voudrois à cette heure que vous
les engageaffiez à dire fur ta
naiſſance de Monseigneur leDuc
d'Anjou.
;
R
AURΟΥ.
SONNET.
Ecevez un Héros qui naiſt
de voſtre Race,
Grand LOUIS, deſormais le Ciel
veut tous les ans
Enrichir vos Etats de ſemblables
Préfens ,
Qui pourront mériter de remplir
voſtre place.
Se
Nous verrons de nos jours l'Allemagne
& la Thrace
GALANT 37
Ployer ſous les efforts du Pere&
des Enfans
Par tout dignes de Vous , & par
tour triomphans,
Detous nos Ennemis ils dompte.
-ront l'audace.
Se
t
Formez-les ſeulement dans l'Art
qui fait les Roys ,
Ils en apprendront plus par vos
nares Exploits, 29)
Qu'en lifant ce qu'ont fait lesFameux
de l'Histoire ;
22
'Et comme ils vous verront toujours
au- deffus d'eux ,
Chacun d'eux tâchera d'ateindre
àvoſtre gloire;
Mais nul n'y parviendra parmy
tous vos Neveux.
38 MERCURE
Ces ſentimens quifurentconceus
dans la joye qu'avoit toute
la France en celte rencontre
د. Se
produisent fort tard , mais ils ſeront
toûjours deſaiſon , ſi vous
voulez que ce foient des marques
éternelles de mon respect envers ce
Prince. Fay auſſi laissé paſſer le
temps où ces Bouts rimez estoient
àla mode. Cependant ce qu'ils
m'ont fait dire ne vieillira jamais
dans la memoire des Hommes,
puis que LOUIS le Grand aura
toûjours des admirateurs , qui
tomberont d'accord avecmoy de la
verité de mespensées.
GALANT. 39
CI
1.71.
I jamais Conquérant marcha
droit à la Glovre,
Sijamais Souverain mérita d'être
Roy,
- Si jamais Politique aux autres fit
la loy,
Sur tous les Concurrens LOUIS
ala victoire.
Se
Ses Faits feront paſſer pour Fable
fon Histoire, at
Apeine croira- t- on qu'ils foient
dignes defoy;
Les Siècles àvenir en ferontdans
L'effrey, pens
Et tout retentira du bruit de ſa
Mémoire,
52
رد
Lorsqu'on voudra former unHé.
ros achevé,
1
40 MERCURE
On en prendra les traits ſur ſon air
élevé,
Sur ſes Combats divers , ſur ſon
coeur intrépide.
Autrefois on l'eût mis au rang des
Immortels;
Et comme ſes hauts Faits effacent
ceux d'Alcide,
Alcideà fon Vainqueur euſt cedé
ſes Autels.
Vous trouverezpeut-estre quel
que conformité entre ce Sonnet,
un autre que vous avez publié.
Elle auroit efté plus grande
fi je ne l'avoisjamais veu. Je ne
fçay si l'autre a esté fait plûtoft
que le mien , mais je fuisſeur
3
GALANT. 41
que le mien n'a point esté fait fur
celuy-là. Ces Bouts rimeznauront
pas perdu tout- à-fait lagrace
de la nouveauté. Vous avez
dit il n'y a pas long-temps , qu'ils
estoient àla mode ,&lesujet n'en
est pas trop vieux.
SUR LA TREVE
que le Roy a faite.
Ο
N diſoit autrefois, Non licet
omnibus,
J'ofe le dire encore, & qui voudra
nolis'enfaches an và 120. "
LOUIS, de qui l'eſprit travaille
fans relâche,
Vient de faire luy feul quodnon
licet tribus .
Avril 1685, D
42 MERCURE
52
Nul d'entr'eux ne sçauroit parer
aux coups qu'il lache,
Parmy les Souverains il paroiſt un
Phoebus;
Il commande la Tréve , & vous
ſçavez quibus;
Tout ce qu'elle a de durpar avace
illeur mache.
Ils l'avalent enfin avec tous ſes
Item
Dans un profondreſpect ils chantent
Tuautem ,
Ravis de prévenir les effets de ſon
ire.
S&
Sidans le temps préſent ilsn'ont
pû dire amo,.
D
GALANT. 43
Peut- eftre qu'au futur ils auront
peine à lire
Ce qu'il leur fit figner currente
calamo.
Il n'y a point de Rimes ſi bi--
zarres &fi Burlesques, quon-nc
puiſſe remplir de quelque chose de
grandſur leſujet du Roy. Ilme:
femble donc qu'on pourroit bien
donner à celles- là encore un autre
tour presque fur la mesme ma
tiere..
SVR L'ENREGISTREMENT,,
&la Publication de la Tréve.
L
OUIS. le Conquérant fair
ſçavoir omnibus,
4
Qu'il annonce une Tréve, & qui
plaiſt,& qui fache;
C
Dij
44 MERCURE
Jamais de fes deſſeins en rien il ne
relâche,
Le coup qui le deſarme a fait la
loytribus.
52
Que s'il fuit les Combats , il ne
fuit point en Lache,
Dans le Meſtier de Mars il n'eſt
point E- Phoebus;
Ila du coeur,desGens,desArmes,
du quibus,
Et quand il faut donner, point la
Cire il ne mache.
52
Cependant il s'arreſte , il ſe modére,
item,
Sçachant bien comme il faut venir
au Tu autem,
Pour le bonheur public il com
mande àfon ire,
GALANT. 45
Se
Conjuguons- luy par coeur dans
tous les temps amo;
Et nos Neveux diront , lifant ce
qu'on va lire,
Que ce qu'il fit du Fer, il l'a fait
calamo.
Enfin , Monsieur, ily a treslong-
tempsquej'ayfait uneDevi
fepour le Roy ,furun deffein qui
aesté ſuſpendu. Si elle avoir esté
publiée dés ce temps-là, elle pourroit
paſſer à preſentpour une efpece
de Prophetie. Cesera pour
le moins une expreſſion allegorique
de ce que nous voyons. Le
corps de la Deviſe , c'eſtun Soleil
46 MERCURE
dansſon Zodiaque;l' Ame, cefont
ces paroles , Curro , fed tacito
motu. Si je ne craignois de choquer
les Maistres de l'Art, j'a
joûterois des Aſtronomes de toutes
lesNations , qui obferventle Søleil
avectoutes les fortes d'Inſtru--
mens dont on uſe pourcela. Ils ne
répondroient pas malà l'applica
tion que tous les Politiques de la
Terre donnent à penétrer la conduite
du Roy. Voicy l'explication :
de ma Deviſe.
'Univers attentif regarde ma
carriere,
Les eſprits appliquez à mefurer
moncours ,
! GALANT. 47
Obſervent avec ſoin mes tours&
mes détours :
Mais nul oeil ne peut voir ma rou.
te toute entiere ;.
८८
Mon éclat plus aux fiers fait
baiffer la paupiere ;
Mes differens afpects font les
nuits & les jour,
Tout languiroit fans moy , tour
attend mon fecours,
t
Etje porte par tout mes biens&
ma lumiere.
SS
Mille divers emplois partagent
mes momens,
Je ſuis toûjours reglé dans tous
mes mouvemens ,
On connoiſt mon pouvoir fur la
Terre & fur l'Onde.aranov
48 MERCURE
1
Jeme haſte; je cours; rien n'arreſtemes
pas,
J'acheveray bien-toſt le tour en
tier du Monde,
Ma démarche eſt cachée & l'on
ſçait où je vas .
Ilya affezlong-temps, Monfieur
, que je vous entretiens pour
me haſter de vous dire que je suis
vostre tres ,&c.
F. F. D. C. R. G.
Fermer
4
p. 68-74
LES ARBRES CHOISIS PAR LES DEUX. FABLE.
Début :
Parmy les Fables nouvelles que le Sieur Blageart debite, & / Tout ce qui reluit n'est pas or, [...]
Mots clefs :
Arbres, Prudence, Fruits, Fleurs, Automne, Cieux, Univers, Plantes, Enfants, Minerve
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES ARBRES CHOISIS PAR LES DEUX. FABLE.
Parmy les Fables nouvel
les que le Sieur Blageart debite
, & qui ſont ſi eſtimées
du Public , il y en a une qui
porte pour titre , Les Arbres
choifis par les Dieux. M' de la
Barre de Tours a mis en Vers
cette même Fable. Je vous
GALANT. 69
l'envoye.Vous ferez ſans doute
bien aiſe de voir comment
deux Autheurs , qui ont tous
deux beaucoup de talent à
bien conter , auront traité la
meſme matiere.
Szsssess S2552 SSS
LES ARBRES
CHOISIS PAR LES DIEUX.
FABLE.
Tout ce qui veluit n'estpas or, 2
C'est une verité dont on tombe d'accord.
Si vous voulez avec prudences
70 MERCURE
Fugerd'un objettel qu'il eſt's
Regardez s'il est bon ,Sans trop voir
s'il vous plaiſt,
Etne voustrompez pas àlasimple apparence.
Confiderez levray , ne pensez point
au beau,
Au plaisant préferez l'utile,
Lesfruits aux fleurs, lefecond au
Sterile,
LeSolide au brillant , l'Automne au
Renouveau.
Sima Morale eft veritable,
Fen croy le sens commun , j'en croy
mesme.la Fable..
52
Un jour Jupin &tous les autres
Dicux,
Dans la grande SaledesCicux,
Tinrent le divin Conſiſtoire...
Ony traita milleſujets divers
GALANT. 71
Qui concernoient la Police & la
gloire
De ce vaste Univers .
Quand on parlades Arbres& des
Plantes,
Et de leurs Ames vegetantes,
Onfit , dans ce Conseil d'Etat,
De creux raisonnemens , car fur chas
quemiftere
Comme l'on peutjuger , les Dieux en
Sçaventfaire,
Mais creux ou non , voicy le réful.
tat.
Sçavoir, que chacun d'eux fist un
choix volontaire
De l' Arbre qui pourroit luy plaire,
Pour ensuitele proteger,
Etle garderde tout danger,
Comme dufeu du Ciel , des Vents,
des Orages,
Des Eaux, des longs Hyvers , & des
autresravages
72 MERCURE
Le Chesne fur ce pied futchoisi par
Fupin,
Cibelle aprés luy prit le Pin,
Apollon le Dieu de la Live
Pour certaines raisons , s'appliqua le
Laurier,
Hercule le haut Peuplier,
Dame Cypris quifait que d'amouron
Soupire
Prit avec ſon Enfant les Myrthes
amoureuх:
Enfin , àqui pis pis , &non àqui
mieux mieux
Chacun choisit àboulle- veuë.
Minerve dont au Ciel laſageſſe eft
connue,
S'écria d'un air furieux
Non , je ne puis fouffrir une telle
béveuë
Voſtre Conſeil a la berluë,
Et voſtre choixeſt indigne des
Dieux. Pren
F
GALANT. 73
Prendre des Plantes inutiles,
Arbres ſans rapport, infertiles,
Etpropres à jetter au feu .
Pins & Lauriers, Peupliers,Myr.
thes , Cheſnes,
Ne font - ce pas des Plantes
vaines?
Pourquoy donc les choiſir ? Arreſtez-
vous un peu
Ma fille, dit fupin, ſçachez noſtre
penſée.
Noſtre protection ſembloit intéreffée
En la donnant aux Arbres portant
fruits ;
Nous ne voulons rien davantage
Que l'écorce & que le feüilla.
ge;
Il eſt des Dieux puiſſans de proteger
gratis.
Avril 1685. G
24. MERCURE
C'eſt pouffer un peu loin voſtre
délicateſſe,
Dit Minerve , je fais confifter ma
fagefle
A faire un choix qu'approuve la
raifon:
J'ay choiſi l'Olivier,j'en trouve le
fruitbon ,
Le feüillage m'en plaift ..... Que
Minerve eſt aimable !
Interrompit Jupin en l'embras-
Sant
Ouy , ma fille , c'eſt peu que d'aimer
le plaiſant
Joignons pour eſtre heureux l'utile
à l'agréable.
les que le Sieur Blageart debite
, & qui ſont ſi eſtimées
du Public , il y en a une qui
porte pour titre , Les Arbres
choifis par les Dieux. M' de la
Barre de Tours a mis en Vers
cette même Fable. Je vous
GALANT. 69
l'envoye.Vous ferez ſans doute
bien aiſe de voir comment
deux Autheurs , qui ont tous
deux beaucoup de talent à
bien conter , auront traité la
meſme matiere.
Szsssess S2552 SSS
LES ARBRES
CHOISIS PAR LES DIEUX.
FABLE.
Tout ce qui veluit n'estpas or, 2
C'est une verité dont on tombe d'accord.
Si vous voulez avec prudences
70 MERCURE
Fugerd'un objettel qu'il eſt's
Regardez s'il est bon ,Sans trop voir
s'il vous plaiſt,
Etne voustrompez pas àlasimple apparence.
Confiderez levray , ne pensez point
au beau,
Au plaisant préferez l'utile,
Lesfruits aux fleurs, lefecond au
Sterile,
LeSolide au brillant , l'Automne au
Renouveau.
Sima Morale eft veritable,
Fen croy le sens commun , j'en croy
mesme.la Fable..
52
Un jour Jupin &tous les autres
Dicux,
Dans la grande SaledesCicux,
Tinrent le divin Conſiſtoire...
Ony traita milleſujets divers
GALANT. 71
Qui concernoient la Police & la
gloire
De ce vaste Univers .
Quand on parlades Arbres& des
Plantes,
Et de leurs Ames vegetantes,
Onfit , dans ce Conseil d'Etat,
De creux raisonnemens , car fur chas
quemiftere
Comme l'on peutjuger , les Dieux en
Sçaventfaire,
Mais creux ou non , voicy le réful.
tat.
Sçavoir, que chacun d'eux fist un
choix volontaire
De l' Arbre qui pourroit luy plaire,
Pour ensuitele proteger,
Etle garderde tout danger,
Comme dufeu du Ciel , des Vents,
des Orages,
Des Eaux, des longs Hyvers , & des
autresravages
72 MERCURE
Le Chesne fur ce pied futchoisi par
Fupin,
Cibelle aprés luy prit le Pin,
Apollon le Dieu de la Live
Pour certaines raisons , s'appliqua le
Laurier,
Hercule le haut Peuplier,
Dame Cypris quifait que d'amouron
Soupire
Prit avec ſon Enfant les Myrthes
amoureuх:
Enfin , àqui pis pis , &non àqui
mieux mieux
Chacun choisit àboulle- veuë.
Minerve dont au Ciel laſageſſe eft
connue,
S'écria d'un air furieux
Non , je ne puis fouffrir une telle
béveuë
Voſtre Conſeil a la berluë,
Et voſtre choixeſt indigne des
Dieux. Pren
F
GALANT. 73
Prendre des Plantes inutiles,
Arbres ſans rapport, infertiles,
Etpropres à jetter au feu .
Pins & Lauriers, Peupliers,Myr.
thes , Cheſnes,
Ne font - ce pas des Plantes
vaines?
Pourquoy donc les choiſir ? Arreſtez-
vous un peu
Ma fille, dit fupin, ſçachez noſtre
penſée.
Noſtre protection ſembloit intéreffée
En la donnant aux Arbres portant
fruits ;
Nous ne voulons rien davantage
Que l'écorce & que le feüilla.
ge;
Il eſt des Dieux puiſſans de proteger
gratis.
Avril 1685. G
24. MERCURE
C'eſt pouffer un peu loin voſtre
délicateſſe,
Dit Minerve , je fais confifter ma
fagefle
A faire un choix qu'approuve la
raifon:
J'ay choiſi l'Olivier,j'en trouve le
fruitbon ,
Le feüillage m'en plaift ..... Que
Minerve eſt aimable !
Interrompit Jupin en l'embras-
Sant
Ouy , ma fille , c'eſt peu que d'aimer
le plaiſant
Joignons pour eſtre heureux l'utile
à l'agréable.
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Résumé : LES ARBRES CHOISIS PAR LES DEUX. FABLE.
Le texte présente la fable 'Les Arbres choisis par les Dieux' et sa mise en vers par M. de la Barre de Tours. Cette fable illustre la sagesse de choisir avec prudence et discernement, en privilégiant l'utile au plaisant. Elle relate une assemblée des dieux où chacun choisit un arbre à protéger. Jupiter opte pour le chêne, Cybèle pour le pin, Apollon pour le laurier, Hercule pour le peuplier, et Vénus pour les myrtes. Minerve, déçue par ces choix, critique les dieux pour avoir sélectionné des arbres inutiles. Jupiter explique que leur protection vise à préserver l'écorce et le feuillage, sans chercher de fruits. Minerve, insistant sur la raison, choisit l'olivier pour son fruit et son feuillage agréable. Jupiter approuve ce choix, soulignant l'importance de joindre l'utile à l'agréable.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 186-216
DISSERTATION philosophique sur les merveilles du principe d'action des bestes, & sur leur utilité pour arriver à la connoissance de l'Autheur de la Nature, & à celle des principaux fondemens de la Morale, contre les Carthesiens, les Athées, & les Esprits forts. Par M. P. Dei perfecta sunt opera, &omnes via ejus judicia. Deut. 23.
Début :
Un des grand Philosophes du Siecle précedent a osé écrire [...]
Mots clefs :
Philosophie, Bêtes, Machines, Esprit, Morale, Descartes, Nature, Mouvement, Principe spirituel, Automate, Prudence, Mémoire, Instinct, Compétences , Expérience
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DISSERTATION philosophique sur les merveilles du principe d'action des bestes, & sur leur utilité pour arriver à la connoissance de l'Autheur de la Nature, & à celle des principaux fondemens de la Morale, contre les Carthesiens, les Athées, & les Esprits forts. Par M. P. Dei perfecta sunt opera, &omnes via ejus judicia. Deut. 23.
DISSERTATION
Philofopbicjue sur les merveilles
du principe dlaélio.»-,
des bef/es) csur leurutilitépourarriver
à U con..
noiffance de Autheur de
la Mature
, O* 4 celle des
principaux fondemens de [a.
Morale, contre les Cartheficns
,
les Athées.,e les
Esprits firts,
Par M. P.
Deiperfeclafunt opera , &
omnes vioe ejusjudicia. Deur.
23.
¡L; lT N des grands PhilosophesduSiecle
précedent a
osé écrire que les bestesestoient
de pures machines,
destituées de tout principe
spirituel, n'ayant pour eause
de leurs actions quelconques,
que lesLoixgenerales
du mouvement, que l'Auteur
de laNature a establies
en creant le monde, jointes
à la disposition presente de
leurs organes; à laquelle
disposition il veut bien s'accommoder,
& s'a sservir, &
par laquelle il est necessité
d'agir, comme le ressort
d'une Montre l'est par ses
rouës,à marquerregulierement
les heures, ( ciricjuiémc
partie de la MethodedeDescar-
- tes, &c ) Il est vra y que ce
Philosophenel'a pas pensé
le premier, & qu'iln'aformécesystemequ'aprésla
Pereira, Auteur Espagnol
quiena composéunTraité.
Mais ce sentiment tout frrone
qu'il est, n'a eu beaucoup
de vogue, qu'aprés
que M. Descartes s'en est
rendu partisan. Sa maniere
d'expliquer lese ffets dePhyfique
uniquement par le repos,
le mouvement,les figures,
& les organizations des
cor ps, ayant entraisnédans
son parti tous les Philosophesamis
dela clarté plusieurssesont
laissez éblouir
de la nouveauté de ce systeme,
qui semblerépandre
d'abord une lumiere
considerable dans l'obscurité
d'un sujet aussi interessant
; & j'avouë qu'aprés
avoir lû les fortes raisons
donc plusieurs Philosophes
appuyent ce sentiment, ôc
les foibles raisonnements
dont quelques autres, qui
en ont écrit depuis ont tenté
de le détruire,j'ay estés
moy mesme esbranlé
,
6c j'aihesitémesmeassezlong
tems, sans sçavoir quel parti
prendre.
Effectivement si l'on envisage
d'un costé les merveilles
que les bestes operent
dans de certaines circonstances,
& combien en
d'aurres elles paroissent
stupides & bornées, on j
m'avouëra qu'il n'est pas
-
aisé de se déterminer. Si de
plus on fait attention aux
mouvements que les hommes
sont capables de proHuire
par des machines;
jusques à leur faire marquer
tout le cours desCieux,
representer des Spectacles,
executer des concerts de
toutes sortes d'instrumens,
donner des mouvements
differents aux differentes
[parties d'un Tableau, faire
tmanger ,
avaler, digerer,
toc rendre desaliments à des
animaux factices ; en faire
i
chanter, crier, courir, &
volerd'autres,&tant d'autres
merveilles surprenantes
de l'Art: on estportéà
juger de-là, qu'il n'y a peutestre
pas d'effet si furprenant
que l'Auteur de la Nature
ne pût faire produire
à un automate de sa main
par son seul concours general.
Aussî faut-il convenir
qu'il se fait dans les animaux
, comme dans les
plantes, & dans les autres
creatures vivantes, quantité
d'opérations purement
mechanques , & qui ne:
demandent aucune cause
spirituelle, aucun principe
immateriel particulierpour
leur production.Telles sont
le mouvement, & la circuhcioîN
culation des humeurs, les
segregations, les coctions,
les transpirations, l'accroissement
& le décroissement,
les mouvements elastiques
de leurs differentes parties,
& quantité d'autres qui dépendent
uniquement des
Loix generales de l'univers;
& ces mouvements font
continuels.Mais il y en a
d'une autre espece qui font
produits à propos, pour seconder
ceux-cy, & dans
lesquels on remarque une
espece de raison & de jugement
,qu'ilne paroist pas
qu'on puisse tirer de la disposition
d'un sujet purement
matériel, & des feules
loix du mouvement.
comme on le fera voir cyaprés,
par un grand nombre
d'exemples pour la plûpart
incontestables.
Ce sont ces dernieres
qui nous obligent d'admettre
une cause spirituelle
dans les bestes
,
c'est-à dire
un principe immateriel,&
semblable en quelque sorte
à celuy que nous trouvons
en nous, qui produise en
elles tout ce qui nous donne
tant d'admiration. Mais
en mesme tems nous nous
jettons dans un nouvel embarras:
premièrement nous
abandonnons en quelque
façon les lumieres que l'on
espere tirer des méchaniques
dans le parti contraire;
carenfin il faut avouër
qu'un poids, un reÍfort.
des espritsen mouvement,
sont incomparablement
plus aisés à imaginer, qu'un
principe immatériel, & cependant
capable de mouvoir
les corps en une infinité
de manieres. Secondement
si l'on jette les
yeux sur certaines vertus
& operations des bestes,
sur leur prudence, leur sagacité
,
prévoyance,addresse,
vigilance, courage
, équité, fidélité
, complaisance,
reconnoissance,
honnesteté
,
pudeur, propreté
,
finesse
,
mémoire
J &c. sur leur instinct pour
deliberer,&choisir des
moyens propres à se conserver&
se nourrir, pour
connoistre les dangers &
les fuïr
, pour eslever des
petits,pour kfaueeuendre
;
sur les ouvrages qu'elles
executent ,
sur l'ordre
qui y regne ,
sur leurs societez,&
sur toute la regle
de leur vie, on se voit comme
forcé de reconnoistre
que cette cause est mesme
beaucoup plus parfaite,que
nostre ame ,
& par consequent
plus susceptible de
merire, & plus digne de
loüange. Quel parti prendre
dans une matiere aussi
embarrassée Je n'en vois
point d'autre ,que d'avoir
recours à la voye la plus
sûre en de semblables occassons
qui est l'experience
; c'est à elle pour ainsi
dire à decider,&àcouper
le neud Gordien. Or il me
semble en avoir suffisamment
ramassé pour terminer
la question, ou du
moins pour la mettre dans
son dernier point d'évidence
; & je crains d'autant
moins de les avancer, que
je fuis témoin oculaire de
la pluspart ; au moins celles
que je n'ay pas vûës de
mmeesspprroopprreessyyeeuuxx mm'oonntt estécommuniquées ou
confirmées par des amis
en qui j'ay beaucoup de
confiance,& quiont vû
par les leurs.
Premierement quand à
la sagacitéaddresse, courage,
finesse,& prudence
des belles pour chercher
leur nourriture, & conferver
leur estre, rien n'est
plus connu, & enmesme
tems plus admirable. Car
qu'y a-t-il de mieux inventé
}
& de plus artistement
travaillé que ces toiles dont
les Araignées se fervent
pour attrapper des Mouches
& s'en nourrir? Ne
semble-t il pas que ce soit
d'elles quenos Chasseurs,
nos Oiseleurs,&nosPescheurs
mêmes OIÎC appris
à prendre les bestes sauvages
, les Oiseaux, & les
Poissons au filet ? Qu'y at.
il de plus rusé que ces
infectes nommez Reculettes
, quiamassent des tas
de poussiere dans les trous
des murailles, au centre
desquels elles s'enterrent
ensuite, pour y enterrer à
leur tour, en se remuant,
tous les petits animaux qui
viennent à passer sur leur
trape > Quoy de plus fin
que les Renards? lorsque
deux chassent leur proye
dans un parc fermé de
murs, un d'eux demeure au
guet à une deschatieres
tandis , que l'autre a foin
par son glapissement de
l'avertir des tours & retours
que prend le gibier, afin
qu'ilsoittousjours sur (es
gardes. Qui est-ce qui n'a
pas vû les menées d'un
Chat qui veut courir sur
des Oiseaux dans un jardin
; les détours qu'il prend
pour s'en approcher jconu
me il s'applattit; comme il
rampe conrre terre, & se
traisne le long des bordures
,
de crainte d'estre ap£
perçu de sa proye ) avant
d'estre assez proche, pour
s'eslancer dessus. Il ne faut
qu'avoir elle Chasseur,pour
admirer l'instinct des
Chiens à poursuivre leur
gibier,tandis que les uns
le suivent en queuë, les autres
se détournent pourgagner
le Fort où il pourroit
se jetter, & pour le prévenir:
s'il a estéblessé
,
ils le
poursuivent quelque fatiguez
qu'ils soient, juiques
àce qu'ils l'ayentpris. L'Eté
dernier un de mes amis
ayant tué un Perdreau parmi
une bande, son Chien
le luy apporta, & courut
de luy mesme aussîtost à la
remise des autres, jusques
à un bon quart de lieuë,
pour en attrapper un autre,
qu'il connoissoitapparemment
avoir estéaussî
,
frappé, & qu'il apporta de
même. Lorsque deuxLoups
affamez ont entreprisd'attraper
un Chien dans un
Village, l'un vient gratter
à la porte, & s'enfuie dés
qu'il entend le Chien accouru
sur luy,tandis qu'un
autre qui demeure au guet
a costé de la chatiere
, ne
manque pas de se jetter
sur le Chien dés qu'il vient
à sortir, sur d'estre bientost
secondé par son compagnon.
Les Geays affamez
se jettent dans des
buissons, ou tailistouffus,
où ils crient de toute leur
force, & contrefont si
parfaitement la voix d'un
Chat, comme pouravertir
tous les petits Oiseaux des
environs
, que leur ennemy
est fous le buisson, &
lesexciterà le combattre;
que ceux-cy ne manquent
pas d'y accourrir en foule
de tous costez; & plusieurs
y trouvent effectivement
un ennemy qui ne les épargne
pas dans sa faim;
c'cft ce que j'ay vû quanticé
de fois avec plaisir &
admiration. On sçait aussi
que les Crocodiles & Caïmans
se cachent dans les
roseaux qui sont le long des
rivières où ils habitent,pour
y contrefaire la voix d'un
enfantquise plaint, &attirer
par ce moyen dans
leurembuscade, quelqu'un
touché de compassion.
Tous lesChasseursnesçavent-
ils pas la rufe dont les
Cerfs se fervent pour sauver
leurs compagnons fatiguez
de la poursuite des
Chiens, en se jettant à la
traverse des Meuttes ; &
que les bons Chiens encore
plus rufez qu'eux, ne donnent
pas dans ces panneaux,
mais poursuivent
leur proye infatigablement.
Quelles leçons l'instinct
des bestesnousdonne pour
exercer la charité envers
les opprimez, jusques à exposer
nostre vie pour les
sauver; & de perseverer
dans nos devoirs, quelque
penibles qu'ils soient, tant
que nous en ayons obtenu
la recompense.
Un de mes parens &
compagnons de Chasse
avoit deux Bassets qui alloient
d'eux-mêmes à la
chatte,quand il estoitquelque
cems sans les y mener.
Lorsqu'ils avoient fait lever
un Lievre
,
ils le pour-l
suivoient pendant deux ou
trois heures
,
jusques à ce
qu'ils l'eussent lassé &pris;
alors un se couchoit auprés
de sa proye pour la garder,
tandis que l'autre revenoit
à la maison tout fatigué
qu'ilestoit, pour querir
son maistre, & ne cesfoit
de le. caresser & de
l'importuner,jusques à ce
que le maistre l'eustfuivyï
au lieu où elle estoit. i
Dira-t-on donc que les
machines sont capables de
ruse, decompassion, de fidélite,
--
delité, d'agir par des détours,&
devoir ce que les
plus fins Chasseurs euxm
mes ne voyent pas? Les
machines au contraire ne
doivent- elles pas aller
, droit à ce qui les attire ;
fuïr ce qui les poursuit ; se
reposer quand elles font
lasses
, & s'approprier cç
qui leur convient.
3. Mais voyons jusques
,
où va la prévoyance, la
memoire,& la regle des
belles. Tout le monde sçait j
assez que les Fqurmis en- talTent tout l'Eté dans leurs
fourmillieres des grains de
bled & autres graines pour
se nourrir pendant l'Hyver
; & rien n'est plus admirable
que de voir leur
colomne d'infanterie qui
s'estend depuis la fourmilliere
jusques au lieu du butin
; comme cette colomne
se rejoint quand on l'a
rompuë; comme elle se
continuë jusques au haut
des maisons & des ar bres
les pluseslevez; comme elles
travaillent en societé à
bastir leursfourmillieres
ou granges souterraines ;
comme ellesont la précaution
de couper legerme de
leurs grains afin qu'ils ne
pouffenc pas; de les exposer
tous les jours de beau rems
au Soleil pour les sécher,de
crainte qu'ils ne se corrompent,&
mesme de les
poser dans leurs serres sur
une. poussiere bien seche,
& de les recouvrir avec
une pareille terre pour les
tenir secs;de faire sécher
l'une & l'autre poussiere au
Soleil en mesme tems que
leur grain; & enfinderesserrer
le tout avec diligence
dés qu'il survient la
moindre apparence de
pluye. Les Rars de campagne
entassent pareillement
du bled dans leurs
greniers souterrains durant
tout letemsde la moisson,
pour le nourrir pendant
l'Hyver
,
& ont la prévoyance
de lescreuserjusques
à plus de trois piés de
profondeur de terre, pour
n'estre pas incommodez
de la pluye & de la gelée;
&mesme qui croiroit que
pendant les famines les
Païsans se trouvent quelquefois
réduits à les aller
piller pour chercher à vivre
, comme il estarrivé
en1709. dans plusieursendroits
de la France.
Quelle honte pour des
hommes douez d'esprit &
de jugement, d'estre obligez
d'avoir recours à des
animaux que nous méprifons
si fort, & que nous
traittons de brutes & de
stupides, pour apprendre
d'eux les regles de la prévoyance,
que nous devrions
leur donner.
Diroit-on que les Ours,
tout stupides qu'ils nous
paroissent
, ont aussi leurs
tanières où ils setapissent,
& où ils accumulent force
écorce d'arbre pour [e
nourrir pendant tout l'Hyver?
ces tanieres sont recouvertes
de quantité de
branches d'arbres confusément
entassées
,
mais cependant
de forte que la
neige ne peut pas aisément
les penetrer:lànos brutes
passentun hyver insupportable
aumilieu desimmensesforêts
de la Moscovie,
en grande societé
,
bien
chaudement & faisant bonne
chere. En ferions-nous
davantage ? Nos Païsans
ne se font-ils pas un plaisir
au commencement de l'hiver
d'aller fourager les caches
des Corneilles, des
Chucas &des Pies, qu'ils
trouvent pleines de noix,
de chataignes
,
de noisettes,
& d'autres fruits champestres
que ces animaux
amassent pendant l'Automne
,soit dans les troncs
des arbres, foit fous des tas
d'échalas ou de fagots, &
ailleurs. Les jeunes Chiens
qui sont apparemment
doüez d'un plus vif appetit
que les autres, ont aussi de
coustume,lorsqu'ilsont du
pain dereste
,
de l'enterrer
pour la faim à venir, & de
retourner le chercher,
quand leur faim est revenuë.
-
j
i On donnera, lafuite de cette
Dissertation dans le Aiercare etQ£iobre\prochain
Philofopbicjue sur les merveilles
du principe dlaélio.»-,
des bef/es) csur leurutilitépourarriver
à U con..
noiffance de Autheur de
la Mature
, O* 4 celle des
principaux fondemens de [a.
Morale, contre les Cartheficns
,
les Athées.,e les
Esprits firts,
Par M. P.
Deiperfeclafunt opera , &
omnes vioe ejusjudicia. Deur.
23.
¡L; lT N des grands PhilosophesduSiecle
précedent a
osé écrire que les bestesestoient
de pures machines,
destituées de tout principe
spirituel, n'ayant pour eause
de leurs actions quelconques,
que lesLoixgenerales
du mouvement, que l'Auteur
de laNature a establies
en creant le monde, jointes
à la disposition presente de
leurs organes; à laquelle
disposition il veut bien s'accommoder,
& s'a sservir, &
par laquelle il est necessité
d'agir, comme le ressort
d'une Montre l'est par ses
rouës,à marquerregulierement
les heures, ( ciricjuiémc
partie de la MethodedeDescar-
- tes, &c ) Il est vra y que ce
Philosophenel'a pas pensé
le premier, & qu'iln'aformécesystemequ'aprésla
Pereira, Auteur Espagnol
quiena composéunTraité.
Mais ce sentiment tout frrone
qu'il est, n'a eu beaucoup
de vogue, qu'aprés
que M. Descartes s'en est
rendu partisan. Sa maniere
d'expliquer lese ffets dePhyfique
uniquement par le repos,
le mouvement,les figures,
& les organizations des
cor ps, ayant entraisnédans
son parti tous les Philosophesamis
dela clarté plusieurssesont
laissez éblouir
de la nouveauté de ce systeme,
qui semblerépandre
d'abord une lumiere
considerable dans l'obscurité
d'un sujet aussi interessant
; & j'avouë qu'aprés
avoir lû les fortes raisons
donc plusieurs Philosophes
appuyent ce sentiment, ôc
les foibles raisonnements
dont quelques autres, qui
en ont écrit depuis ont tenté
de le détruire,j'ay estés
moy mesme esbranlé
,
6c j'aihesitémesmeassezlong
tems, sans sçavoir quel parti
prendre.
Effectivement si l'on envisage
d'un costé les merveilles
que les bestes operent
dans de certaines circonstances,
& combien en
d'aurres elles paroissent
stupides & bornées, on j
m'avouëra qu'il n'est pas
-
aisé de se déterminer. Si de
plus on fait attention aux
mouvements que les hommes
sont capables de proHuire
par des machines;
jusques à leur faire marquer
tout le cours desCieux,
representer des Spectacles,
executer des concerts de
toutes sortes d'instrumens,
donner des mouvements
differents aux differentes
[parties d'un Tableau, faire
tmanger ,
avaler, digerer,
toc rendre desaliments à des
animaux factices ; en faire
i
chanter, crier, courir, &
volerd'autres,&tant d'autres
merveilles surprenantes
de l'Art: on estportéà
juger de-là, qu'il n'y a peutestre
pas d'effet si furprenant
que l'Auteur de la Nature
ne pût faire produire
à un automate de sa main
par son seul concours general.
Aussî faut-il convenir
qu'il se fait dans les animaux
, comme dans les
plantes, & dans les autres
creatures vivantes, quantité
d'opérations purement
mechanques , & qui ne:
demandent aucune cause
spirituelle, aucun principe
immateriel particulierpour
leur production.Telles sont
le mouvement, & la circuhcioîN
culation des humeurs, les
segregations, les coctions,
les transpirations, l'accroissement
& le décroissement,
les mouvements elastiques
de leurs differentes parties,
& quantité d'autres qui dépendent
uniquement des
Loix generales de l'univers;
& ces mouvements font
continuels.Mais il y en a
d'une autre espece qui font
produits à propos, pour seconder
ceux-cy, & dans
lesquels on remarque une
espece de raison & de jugement
,qu'ilne paroist pas
qu'on puisse tirer de la disposition
d'un sujet purement
matériel, & des feules
loix du mouvement.
comme on le fera voir cyaprés,
par un grand nombre
d'exemples pour la plûpart
incontestables.
Ce sont ces dernieres
qui nous obligent d'admettre
une cause spirituelle
dans les bestes
,
c'est-à dire
un principe immateriel,&
semblable en quelque sorte
à celuy que nous trouvons
en nous, qui produise en
elles tout ce qui nous donne
tant d'admiration. Mais
en mesme tems nous nous
jettons dans un nouvel embarras:
premièrement nous
abandonnons en quelque
façon les lumieres que l'on
espere tirer des méchaniques
dans le parti contraire;
carenfin il faut avouër
qu'un poids, un reÍfort.
des espritsen mouvement,
sont incomparablement
plus aisés à imaginer, qu'un
principe immatériel, & cependant
capable de mouvoir
les corps en une infinité
de manieres. Secondement
si l'on jette les
yeux sur certaines vertus
& operations des bestes,
sur leur prudence, leur sagacité
,
prévoyance,addresse,
vigilance, courage
, équité, fidélité
, complaisance,
reconnoissance,
honnesteté
,
pudeur, propreté
,
finesse
,
mémoire
J &c. sur leur instinct pour
deliberer,&choisir des
moyens propres à se conserver&
se nourrir, pour
connoistre les dangers &
les fuïr
, pour eslever des
petits,pour kfaueeuendre
;
sur les ouvrages qu'elles
executent ,
sur l'ordre
qui y regne ,
sur leurs societez,&
sur toute la regle
de leur vie, on se voit comme
forcé de reconnoistre
que cette cause est mesme
beaucoup plus parfaite,que
nostre ame ,
& par consequent
plus susceptible de
merire, & plus digne de
loüange. Quel parti prendre
dans une matiere aussi
embarrassée Je n'en vois
point d'autre ,que d'avoir
recours à la voye la plus
sûre en de semblables occassons
qui est l'experience
; c'est à elle pour ainsi
dire à decider,&àcouper
le neud Gordien. Or il me
semble en avoir suffisamment
ramassé pour terminer
la question, ou du
moins pour la mettre dans
son dernier point d'évidence
; & je crains d'autant
moins de les avancer, que
je fuis témoin oculaire de
la pluspart ; au moins celles
que je n'ay pas vûës de
mmeesspprroopprreessyyeeuuxx mm'oonntt estécommuniquées ou
confirmées par des amis
en qui j'ay beaucoup de
confiance,& quiont vû
par les leurs.
Premierement quand à
la sagacitéaddresse, courage,
finesse,& prudence
des belles pour chercher
leur nourriture, & conferver
leur estre, rien n'est
plus connu, & enmesme
tems plus admirable. Car
qu'y a-t-il de mieux inventé
}
& de plus artistement
travaillé que ces toiles dont
les Araignées se fervent
pour attrapper des Mouches
& s'en nourrir? Ne
semble-t il pas que ce soit
d'elles quenos Chasseurs,
nos Oiseleurs,&nosPescheurs
mêmes OIÎC appris
à prendre les bestes sauvages
, les Oiseaux, & les
Poissons au filet ? Qu'y at.
il de plus rusé que ces
infectes nommez Reculettes
, quiamassent des tas
de poussiere dans les trous
des murailles, au centre
desquels elles s'enterrent
ensuite, pour y enterrer à
leur tour, en se remuant,
tous les petits animaux qui
viennent à passer sur leur
trape > Quoy de plus fin
que les Renards? lorsque
deux chassent leur proye
dans un parc fermé de
murs, un d'eux demeure au
guet à une deschatieres
tandis , que l'autre a foin
par son glapissement de
l'avertir des tours & retours
que prend le gibier, afin
qu'ilsoittousjours sur (es
gardes. Qui est-ce qui n'a
pas vû les menées d'un
Chat qui veut courir sur
des Oiseaux dans un jardin
; les détours qu'il prend
pour s'en approcher jconu
me il s'applattit; comme il
rampe conrre terre, & se
traisne le long des bordures
,
de crainte d'estre ap£
perçu de sa proye ) avant
d'estre assez proche, pour
s'eslancer dessus. Il ne faut
qu'avoir elle Chasseur,pour
admirer l'instinct des
Chiens à poursuivre leur
gibier,tandis que les uns
le suivent en queuë, les autres
se détournent pourgagner
le Fort où il pourroit
se jetter, & pour le prévenir:
s'il a estéblessé
,
ils le
poursuivent quelque fatiguez
qu'ils soient, juiques
àce qu'ils l'ayentpris. L'Eté
dernier un de mes amis
ayant tué un Perdreau parmi
une bande, son Chien
le luy apporta, & courut
de luy mesme aussîtost à la
remise des autres, jusques
à un bon quart de lieuë,
pour en attrapper un autre,
qu'il connoissoitapparemment
avoir estéaussî
,
frappé, & qu'il apporta de
même. Lorsque deuxLoups
affamez ont entreprisd'attraper
un Chien dans un
Village, l'un vient gratter
à la porte, & s'enfuie dés
qu'il entend le Chien accouru
sur luy,tandis qu'un
autre qui demeure au guet
a costé de la chatiere
, ne
manque pas de se jetter
sur le Chien dés qu'il vient
à sortir, sur d'estre bientost
secondé par son compagnon.
Les Geays affamez
se jettent dans des
buissons, ou tailistouffus,
où ils crient de toute leur
force, & contrefont si
parfaitement la voix d'un
Chat, comme pouravertir
tous les petits Oiseaux des
environs
, que leur ennemy
est fous le buisson, &
lesexciterà le combattre;
que ceux-cy ne manquent
pas d'y accourrir en foule
de tous costez; & plusieurs
y trouvent effectivement
un ennemy qui ne les épargne
pas dans sa faim;
c'cft ce que j'ay vû quanticé
de fois avec plaisir &
admiration. On sçait aussi
que les Crocodiles & Caïmans
se cachent dans les
roseaux qui sont le long des
rivières où ils habitent,pour
y contrefaire la voix d'un
enfantquise plaint, &attirer
par ce moyen dans
leurembuscade, quelqu'un
touché de compassion.
Tous lesChasseursnesçavent-
ils pas la rufe dont les
Cerfs se fervent pour sauver
leurs compagnons fatiguez
de la poursuite des
Chiens, en se jettant à la
traverse des Meuttes ; &
que les bons Chiens encore
plus rufez qu'eux, ne donnent
pas dans ces panneaux,
mais poursuivent
leur proye infatigablement.
Quelles leçons l'instinct
des bestesnousdonne pour
exercer la charité envers
les opprimez, jusques à exposer
nostre vie pour les
sauver; & de perseverer
dans nos devoirs, quelque
penibles qu'ils soient, tant
que nous en ayons obtenu
la recompense.
Un de mes parens &
compagnons de Chasse
avoit deux Bassets qui alloient
d'eux-mêmes à la
chatte,quand il estoitquelque
cems sans les y mener.
Lorsqu'ils avoient fait lever
un Lievre
,
ils le pour-l
suivoient pendant deux ou
trois heures
,
jusques à ce
qu'ils l'eussent lassé &pris;
alors un se couchoit auprés
de sa proye pour la garder,
tandis que l'autre revenoit
à la maison tout fatigué
qu'ilestoit, pour querir
son maistre, & ne cesfoit
de le. caresser & de
l'importuner,jusques à ce
que le maistre l'eustfuivyï
au lieu où elle estoit. i
Dira-t-on donc que les
machines sont capables de
ruse, decompassion, de fidélite,
--
delité, d'agir par des détours,&
devoir ce que les
plus fins Chasseurs euxm
mes ne voyent pas? Les
machines au contraire ne
doivent- elles pas aller
, droit à ce qui les attire ;
fuïr ce qui les poursuit ; se
reposer quand elles font
lasses
, & s'approprier cç
qui leur convient.
3. Mais voyons jusques
,
où va la prévoyance, la
memoire,& la regle des
belles. Tout le monde sçait j
assez que les Fqurmis en- talTent tout l'Eté dans leurs
fourmillieres des grains de
bled & autres graines pour
se nourrir pendant l'Hyver
; & rien n'est plus admirable
que de voir leur
colomne d'infanterie qui
s'estend depuis la fourmilliere
jusques au lieu du butin
; comme cette colomne
se rejoint quand on l'a
rompuë; comme elle se
continuë jusques au haut
des maisons & des ar bres
les pluseslevez; comme elles
travaillent en societé à
bastir leursfourmillieres
ou granges souterraines ;
comme ellesont la précaution
de couper legerme de
leurs grains afin qu'ils ne
pouffenc pas; de les exposer
tous les jours de beau rems
au Soleil pour les sécher,de
crainte qu'ils ne se corrompent,&
mesme de les
poser dans leurs serres sur
une. poussiere bien seche,
& de les recouvrir avec
une pareille terre pour les
tenir secs;de faire sécher
l'une & l'autre poussiere au
Soleil en mesme tems que
leur grain; & enfinderesserrer
le tout avec diligence
dés qu'il survient la
moindre apparence de
pluye. Les Rars de campagne
entassent pareillement
du bled dans leurs
greniers souterrains durant
tout letemsde la moisson,
pour le nourrir pendant
l'Hyver
,
& ont la prévoyance
de lescreuserjusques
à plus de trois piés de
profondeur de terre, pour
n'estre pas incommodez
de la pluye & de la gelée;
&mesme qui croiroit que
pendant les famines les
Païsans se trouvent quelquefois
réduits à les aller
piller pour chercher à vivre
, comme il estarrivé
en1709. dans plusieursendroits
de la France.
Quelle honte pour des
hommes douez d'esprit &
de jugement, d'estre obligez
d'avoir recours à des
animaux que nous méprifons
si fort, & que nous
traittons de brutes & de
stupides, pour apprendre
d'eux les regles de la prévoyance,
que nous devrions
leur donner.
Diroit-on que les Ours,
tout stupides qu'ils nous
paroissent
, ont aussi leurs
tanières où ils setapissent,
& où ils accumulent force
écorce d'arbre pour [e
nourrir pendant tout l'Hyver?
ces tanieres sont recouvertes
de quantité de
branches d'arbres confusément
entassées
,
mais cependant
de forte que la
neige ne peut pas aisément
les penetrer:lànos brutes
passentun hyver insupportable
aumilieu desimmensesforêts
de la Moscovie,
en grande societé
,
bien
chaudement & faisant bonne
chere. En ferions-nous
davantage ? Nos Païsans
ne se font-ils pas un plaisir
au commencement de l'hiver
d'aller fourager les caches
des Corneilles, des
Chucas &des Pies, qu'ils
trouvent pleines de noix,
de chataignes
,
de noisettes,
& d'autres fruits champestres
que ces animaux
amassent pendant l'Automne
,soit dans les troncs
des arbres, foit fous des tas
d'échalas ou de fagots, &
ailleurs. Les jeunes Chiens
qui sont apparemment
doüez d'un plus vif appetit
que les autres, ont aussi de
coustume,lorsqu'ilsont du
pain dereste
,
de l'enterrer
pour la faim à venir, & de
retourner le chercher,
quand leur faim est revenuë.
-
j
i On donnera, lafuite de cette
Dissertation dans le Aiercare etQ£iobre\prochain
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Résumé : DISSERTATION philosophique sur les merveilles du principe d'action des bestes, & sur leur utilité pour arriver à la connoissance de l'Autheur de la Nature, & à celle des principaux fondemens de la Morale, contre les Carthesiens, les Athées, & les Esprits forts. Par M. P. Dei perfecta sunt opera, &omnes via ejus judicia. Deut. 23.
Le texte 'Dissertation Philosophique sur les merveilles du principe délalo' examine la controverse sur la nature des animaux, en particulier la question de savoir s'ils sont de simples machines ou dotés d'un principe spirituel. Descartes et d'autres philosophes, comme le Père Pereira, ont soutenu que les animaux sont des machines dépourvues de spiritualité, agissant uniquement selon les lois du mouvement et la disposition de leurs organes. Cette théorie a gagné en popularité grâce à Descartes. L'auteur reconnaît la complexité du sujet en notant que les animaux montrent des comportements tant mécaniques que rationnels. Par exemple, les mouvements des fluides corporels et les réactions élastiques des organes sont purement mécaniques, mais certains comportements, comme la prudence et la sagacité, semblent nécessiter une cause spirituelle. Le texte présente de nombreux exemples d'animaux manifestant des comportements intelligents et adaptatifs, tels que les araignées tissant des toiles, les renards chassant en groupe, et les fourmis stockant de la nourriture pour l'hiver. Ces comportements suggèrent une forme de raison et de jugement, difficilement explicable par des lois mécaniques seules. L'auteur conclut que l'expérience est la meilleure voie pour résoudre cette question. Il cite de nombreux exemples observés personnellement ou rapportés par des témoins fiables, illustrant la sagacité, la prudence et la prévoyance des animaux. Ces observations montrent que les animaux possèdent des qualités morales et des comportements complexes, souvent supérieurs à ceux des humains. Le texte décrit également les comportements alimentaires des chiens en hiver. Au début de la saison, les chiens prennent plaisir à fouiller les caches des corneilles, des choucas et des pies, qu'ils trouvent remplies de noix, de châtaignes, de noisettes et d'autres fruits des champs. Ces oiseaux amassent ces provisions pendant l'automne, soit dans les troncs des arbres, soit sous des tas de bûches ou de fagots, ou ailleurs. Les jeunes chiens, dotés d'un appétit plus vif, ont l'habitude d'enterrer du pain lorsqu'ils en ont en réserve, pour le retrouver lorsque la faim revient. Le texte mentionne également une suite à cette dissertation, prévue pour les mois de juillet et octobre prochains.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
DISSERTATION philosophique sur les merveilles du principe d'action des bestes, & sur leur utilité pour arriver à la connoissance de l'Autheur de la Nature, & à celle des principaux fondemens de la Morale, contre les Carthesiens, les Athées, & les Esprits forts. Par M. P. Dei perfecta sunt opera, &omnes via ejus judicia. Deut. 23.
6
p. 1286-1292
LES CONQUESTES du Maréchal Duc de Villars, Protecteur de l'Academie des Belles Lettres de Marseille. ODE.
Début :
Tandis qu'au Temple de Mémoire, [...]
Mots clefs :
Duc de Villars, Conquêtes, Gloire, Victoire, Ardeur , Prudence
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES CONQUESTES du Maréchal Duc de Villars, Protecteur de l'Academie des Belles Lettres de Marseille. ODE.
LES CONQUESTES
du Maréchal
Duc de Villars , Protecteur de l'Acade
mie des Belles Lettres de Marseille.
O DE .
Tandis qu'au Temple de Mémoire ,
La fidelle Clio , par des traits éclatans ,
Grave ta glorieuſe hiſtoire ,
Sûre de triompher de l'outrage des temps ,
VILLARS , daigne avouer l'audace ,
D'un Eleve zélé de ce nouveau Parnaſſe ,
Que font refleurit tes bienfaits.
Et permets qu'il confie aux accords de fa Lyre ,
Ce qu'à tous les François infpire ,
L'éclat de tes Exploits qu'ils n'oubliront jamais.
K
Quelle ardeur dès ma tendre enfance ,
Quel zele à les chanter m'excita mille fois ,
Lorfqu'à la gloire de la France ,
Tes triomphes laffoient la Déeffe aux cent voix !
IL Vol.
Lorsqu'à
JUIN. 1730. 1287
Lorfqu'à tes Drapéaux enchaînée ,
Chaque jour la victoire à l'Aigle conſternée ,
Préparoit de nouveaux revers ;
Quels étoient mes tranfports , mais je n'ofai les
croire ;/
La crainte de trahir ta gloire ,
Infléxible toujours , me refufà des Vers.
Sans ceffe à ma Muſe charmée ,
Tu t'offrois au milieu des horreurs des combats,
Guidé par Bellone enflammée ·
Répandant l'épouvante & la mort fur tes pas.
Dans tes yeux quel feu magnanime ,
Infpire à tes Soldats le tranfport qui t'anime !
D'un regard tu faits des Héros.
On diroit que ton ame , en chacun d'eux tranf
mife ,
Les aiguillonne , les maîtriſe ,
Et qu'ils font tes Soldats bien moins que tes
rivaux.
Icy dans un inftant Critique
Où Minerve elle même enfeigne à tout ofer ,
Soudain ton courage héroïque
Frape le coup hardi qu'elle vient de peſer.
Quel fuccès fuit ta noble audace !
Fredelingue te voit , nouveau Dieu de la Thrace,
Foudroier le Germain ſurpris ;
Et l'on doute en voyant les fruits de ta victoire:
II. Vol. Bij S'il
1288 MERCURE DE FRANCE.
1
S'il te revenoit plus de gloire
D'avoir exécuté que d'avoir entrepris.
Là , redoublant envain leur rage
Ni l'hyver , ni le Rhin n'ofent te retenir
Sur l'ennemi gronde l'orage ,
Avant que fa prudence ait pû le prévenir.
Je vois des troupes renversées ,
où par
Od tombant fous tes coups,
fées.
Tout eft glacée par la terreur ;
toi difper-
La Quinche à ton effort voit ceder leurs redoutes,
Kiell témoin de leurs déroutes
Tombe,à peine attaqué,fous la loy du vainqueur.
讚
Mais contre ton ardeur guerriere ,
Contre tous tes fuccès , raffurant le Germain ,
Une redoutable Barriere
De fes vaftes Etats , te ferme le Chemin.
Je vois de fuperbes aziles ,
Des Boulevars féconds en déluges utiles ,
T'oppofer leurs murs fourcilleux ;
Tous prêts , contre l'effort de ton ardent cou
rage ,
A mettre à couvert de l'orage
Sous un rempart flottant leurs Maîtres orgueilleux.
II.Val, Tel
JUIN. 1730. 1289
Tel de la Cime des Montagnes ,
Un fier torrent qui fond à bonds précipitez ,
S'indigne au milieu des campagnes
D'une Digue oppofée à fes flots irritez ,
Soudain fon onde fremiflante ,
A travers les débris de la maffe impuiffante ,
S'ouvre mille chemins nouveaux ;
Fier de cette victoire , & maître de la plaine ",
Il force , il arrache , il entraîne
Les Arbres , les Moiffons , les Jardins , les Troupeaux.
Tel, de l'obftacle tu t'indignes .
Et plus prompt que ces feux qui frappent en brillant
,
Tu forces ces fameufes lignes ,
Dignes de fuccomber fous un tel affaillant.
La plus légere réſiſtance
Suffit à ces guerriers dont la vaine arrogance ,
Trop prompte vient de te braver ;
Ces pâles déffenfeurs que la frayeur maitriſe ,
Gédent , frapez de l'entrepriſe ,
Sûrs que qui la forma , ne peut que l'achever..
Dans cette Contrée éperduë ,,
Quel champ par cet exploit ton bras s'eſt - il ouvert
?
L'épouvante au loin répanduë
I. Vol. En
B. iij
1290 MERCURE DE FRANCE
En fait devant tes pas un immenfe défert.
Où fuiront ces troupes
craintives ?
Le Danube effrayé voit déja fur fes rives ,
Flotter tes Etendarts vainqueurs.
Par de juftes tributs , chaque ville allarmée ,
Enrichit ta terrible armée.
Et par là fe dérobe à de juftes rigueurs.
Bien-tôt quelle fcene terrible !
Combien dans un combat, de combats renaiffans
Quatre fois ton bras invincible
Punit de l'ennemi les efforts impuiffans.
Mais Dieux ! ton fang rougit la plaine.
On t'emporte mourant , la victoire incertaine
Hélite , n'ofe fe fixer ,
Et laiffant du combat l'avantage en balance
Montre que ta feule preſence ,
2
Au parti qu'elle eût pris , auroit pu la forcer..
Mais une plus brillante image .
M'attire vers Denain ; que j'en fuis enchanté !
Que dois-je admirer d'avantage .
Ta valeur , ta prudence , ou ton activité ?
Quel fecret , quelle diligence !
Quelle marche quels foins ! fleuves, lignes, dif
tance,
Tous obftacles font fuperflus.
II. Tola
Eugéne
JUIN. 1730. 1291
Eugene confterné, part , preffe, vole , arrive ,
Guide une reffource tardive ,
Vient fecourir fon camp , fon camp n'est déja
plus.
Déja ton courage intrépide ,
Forçant un fier Rempart , bordé de Bataillons
Dans l'ardent tranfport qui te guide ,
-A de morts , & de fang rempli fes Pavillons.
Tout périt , céde , ou par la fuite
Tâche envain d'échaper à ta vive pourſuite ;
Quels antres pourront les cacher ?
Ah! la mort fous tes coups leur paroît fi terrible
Que , pour fuir ton bras invincible ,
Dans les eaux de Lefcaut,'ils courent la chercher.
Bien-tôt de la Flandre effrayée ,
Succombent fous tes coups les plus fieres Citez
La Ligue eft par tout foudroyée,
Déja par fes revers tous tes jours font comptez
Arrête , Mars & la Victoire
Ne fçauroient ajoûter à l'éclat de ta gloire.
Borne tes rapides travaux
En ramenant la paix fignale ta prudence ,
Villars , il eft beau que la France
Te doive également gloire & fon repos..
20 II. Vol. Mufes
B. iij.
1292 MERCURE DE FRANCE
Mufes fous la paifible olive
Partagez un loifir à l'Etat précieux:
Villars vous aime , vous cultive ,
Quel amour plus fateur , quels foins plus glo
rieux ?
De fes dons , un nouveau Lycée ,
Qui fleurit fous fes loix au ſein de la Phocée-
Ceint le front de vos nourriffons.
> Chantez fon nom fans vous fa gloire eft immortelle..
Mais c'eft l'ardeur de votre zele
Qui doit s'éternifer dans vos doctes chanſons.
du Maréchal
Duc de Villars , Protecteur de l'Acade
mie des Belles Lettres de Marseille.
O DE .
Tandis qu'au Temple de Mémoire ,
La fidelle Clio , par des traits éclatans ,
Grave ta glorieuſe hiſtoire ,
Sûre de triompher de l'outrage des temps ,
VILLARS , daigne avouer l'audace ,
D'un Eleve zélé de ce nouveau Parnaſſe ,
Que font refleurit tes bienfaits.
Et permets qu'il confie aux accords de fa Lyre ,
Ce qu'à tous les François infpire ,
L'éclat de tes Exploits qu'ils n'oubliront jamais.
K
Quelle ardeur dès ma tendre enfance ,
Quel zele à les chanter m'excita mille fois ,
Lorfqu'à la gloire de la France ,
Tes triomphes laffoient la Déeffe aux cent voix !
IL Vol.
Lorsqu'à
JUIN. 1730. 1287
Lorfqu'à tes Drapéaux enchaînée ,
Chaque jour la victoire à l'Aigle conſternée ,
Préparoit de nouveaux revers ;
Quels étoient mes tranfports , mais je n'ofai les
croire ;/
La crainte de trahir ta gloire ,
Infléxible toujours , me refufà des Vers.
Sans ceffe à ma Muſe charmée ,
Tu t'offrois au milieu des horreurs des combats,
Guidé par Bellone enflammée ·
Répandant l'épouvante & la mort fur tes pas.
Dans tes yeux quel feu magnanime ,
Infpire à tes Soldats le tranfport qui t'anime !
D'un regard tu faits des Héros.
On diroit que ton ame , en chacun d'eux tranf
mife ,
Les aiguillonne , les maîtriſe ,
Et qu'ils font tes Soldats bien moins que tes
rivaux.
Icy dans un inftant Critique
Où Minerve elle même enfeigne à tout ofer ,
Soudain ton courage héroïque
Frape le coup hardi qu'elle vient de peſer.
Quel fuccès fuit ta noble audace !
Fredelingue te voit , nouveau Dieu de la Thrace,
Foudroier le Germain ſurpris ;
Et l'on doute en voyant les fruits de ta victoire:
II. Vol. Bij S'il
1288 MERCURE DE FRANCE.
1
S'il te revenoit plus de gloire
D'avoir exécuté que d'avoir entrepris.
Là , redoublant envain leur rage
Ni l'hyver , ni le Rhin n'ofent te retenir
Sur l'ennemi gronde l'orage ,
Avant que fa prudence ait pû le prévenir.
Je vois des troupes renversées ,
où par
Od tombant fous tes coups,
fées.
Tout eft glacée par la terreur ;
toi difper-
La Quinche à ton effort voit ceder leurs redoutes,
Kiell témoin de leurs déroutes
Tombe,à peine attaqué,fous la loy du vainqueur.
讚
Mais contre ton ardeur guerriere ,
Contre tous tes fuccès , raffurant le Germain ,
Une redoutable Barriere
De fes vaftes Etats , te ferme le Chemin.
Je vois de fuperbes aziles ,
Des Boulevars féconds en déluges utiles ,
T'oppofer leurs murs fourcilleux ;
Tous prêts , contre l'effort de ton ardent cou
rage ,
A mettre à couvert de l'orage
Sous un rempart flottant leurs Maîtres orgueilleux.
II.Val, Tel
JUIN. 1730. 1289
Tel de la Cime des Montagnes ,
Un fier torrent qui fond à bonds précipitez ,
S'indigne au milieu des campagnes
D'une Digue oppofée à fes flots irritez ,
Soudain fon onde fremiflante ,
A travers les débris de la maffe impuiffante ,
S'ouvre mille chemins nouveaux ;
Fier de cette victoire , & maître de la plaine ",
Il force , il arrache , il entraîne
Les Arbres , les Moiffons , les Jardins , les Troupeaux.
Tel, de l'obftacle tu t'indignes .
Et plus prompt que ces feux qui frappent en brillant
,
Tu forces ces fameufes lignes ,
Dignes de fuccomber fous un tel affaillant.
La plus légere réſiſtance
Suffit à ces guerriers dont la vaine arrogance ,
Trop prompte vient de te braver ;
Ces pâles déffenfeurs que la frayeur maitriſe ,
Gédent , frapez de l'entrepriſe ,
Sûrs que qui la forma , ne peut que l'achever..
Dans cette Contrée éperduë ,,
Quel champ par cet exploit ton bras s'eſt - il ouvert
?
L'épouvante au loin répanduë
I. Vol. En
B. iij
1290 MERCURE DE FRANCE
En fait devant tes pas un immenfe défert.
Où fuiront ces troupes
craintives ?
Le Danube effrayé voit déja fur fes rives ,
Flotter tes Etendarts vainqueurs.
Par de juftes tributs , chaque ville allarmée ,
Enrichit ta terrible armée.
Et par là fe dérobe à de juftes rigueurs.
Bien-tôt quelle fcene terrible !
Combien dans un combat, de combats renaiffans
Quatre fois ton bras invincible
Punit de l'ennemi les efforts impuiffans.
Mais Dieux ! ton fang rougit la plaine.
On t'emporte mourant , la victoire incertaine
Hélite , n'ofe fe fixer ,
Et laiffant du combat l'avantage en balance
Montre que ta feule preſence ,
2
Au parti qu'elle eût pris , auroit pu la forcer..
Mais une plus brillante image .
M'attire vers Denain ; que j'en fuis enchanté !
Que dois-je admirer d'avantage .
Ta valeur , ta prudence , ou ton activité ?
Quel fecret , quelle diligence !
Quelle marche quels foins ! fleuves, lignes, dif
tance,
Tous obftacles font fuperflus.
II. Tola
Eugéne
JUIN. 1730. 1291
Eugene confterné, part , preffe, vole , arrive ,
Guide une reffource tardive ,
Vient fecourir fon camp , fon camp n'est déja
plus.
Déja ton courage intrépide ,
Forçant un fier Rempart , bordé de Bataillons
Dans l'ardent tranfport qui te guide ,
-A de morts , & de fang rempli fes Pavillons.
Tout périt , céde , ou par la fuite
Tâche envain d'échaper à ta vive pourſuite ;
Quels antres pourront les cacher ?
Ah! la mort fous tes coups leur paroît fi terrible
Que , pour fuir ton bras invincible ,
Dans les eaux de Lefcaut,'ils courent la chercher.
Bien-tôt de la Flandre effrayée ,
Succombent fous tes coups les plus fieres Citez
La Ligue eft par tout foudroyée,
Déja par fes revers tous tes jours font comptez
Arrête , Mars & la Victoire
Ne fçauroient ajoûter à l'éclat de ta gloire.
Borne tes rapides travaux
En ramenant la paix fignale ta prudence ,
Villars , il eft beau que la France
Te doive également gloire & fon repos..
20 II. Vol. Mufes
B. iij.
1292 MERCURE DE FRANCE
Mufes fous la paifible olive
Partagez un loifir à l'Etat précieux:
Villars vous aime , vous cultive ,
Quel amour plus fateur , quels foins plus glo
rieux ?
De fes dons , un nouveau Lycée ,
Qui fleurit fous fes loix au ſein de la Phocée-
Ceint le front de vos nourriffons.
> Chantez fon nom fans vous fa gloire eft immortelle..
Mais c'eft l'ardeur de votre zele
Qui doit s'éternifer dans vos doctes chanſons.
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Résumé : LES CONQUESTES du Maréchal Duc de Villars, Protecteur de l'Academie des Belles Lettres de Marseille. ODE.
Le texte célèbre les conquêtes du Maréchal Duc de Villars, protecteur de l'Académie des Belles Lettres de Marseille. Il commence par louer les exploits militaires de Villars, soulignant son courage et son leadership sur le champ de bataille. Le poète décrit les victoires de Villars, notamment contre les forces allemandes, et son habileté à surmonter les obstacles, comme les fortifications ennemies et les conditions climatiques difficiles. Les succès de Villars sont marqués par des batailles décisives, telles que celle de Denain, où son intervention rapide et stratégique a retourné le cours des combats. Le texte met également en avant la terreur et l'admiration que les ennemis éprouvaient face à Villars, ainsi que les tributs et les richesses obtenus après les victoires. La campagne militaire de Villars se conclut par une paix glorieuse, apportant à la France à la fois la victoire et la tranquillité. Enfin, le poème exalte l'amour de Villars pour les arts et les lettres, soulignant son soutien à l'Académie des Belles Lettres et son désir de voir son nom immortalisé dans les chansons et les écrits des muses.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 805-806
A M. HERAULT, CONSEILLER D'ETAT, ET LIEUTENANT GENERAL DE POLICE. LE LYNX. Fable.
Début :
Au milieu des travaux, où brille ta prudence, [...]
Mots clefs :
Lynx, Prudence, Simplicité, Vertu, Larcins, Vice, Sphynx, Vigilance , Équité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A M. HERAULT, CONSEILLER D'ETAT, ET LIEUTENANT GENERAL DE POLICE. LE LYNX. Fable.
A M. HERAULT,
CONSEILLER D'ETAT ,
ET LIEUTENANT GENERAL DE POLICE
LE LYNX. Fable.
Au milieu des travaux , où brille ta prudence ,
Herault , je te demande un instant d'audiance ;
Daigne me l'accorder , et souffre que ma voix ,
Loin du monde et du bruit t'appelle dans les bois ;
D'autres pour acquerir l'honneur de ton estime ,
Pourront avec éclat prendre un essor sublime ,
Mon style manque d'art , mais sa simplicité ,
Sçait rendre à la vertu ce qu'elle a merité.
Certaine Chronique rapporte ,
Que dans une Forêt pleine d'Oiseaux divers
Et d'animaux de toute sorte ,
Entra jadis l'esprit pervers :
Aussi- tôt les larcins , les meurtres ,
Les trahisons , le brigandage ,
le
carnage ,
Y vinrent déployer leurs coupables fureurs ;
La
806 MERCURE DE FRANCE
La raison du plus fort emportoit la balance ,
Le vice triomphoit , la timide innocence ,
Perdoit ses soupirs et ses pleurs :
Sultan Lyon , dont l'ame genereuse ,
Souffroit avec chagrin de pareils attentats »»
Résolut d'extirper du sein de ses Etats ,
Cette licence dangereuse ;
Pour remplir un projet si beau ,
Il se servit du ministere
D'un Lynx qui suivoit le flambeau ,
De l'Equité la plus austere..
A son aspect les crimes confondus ,
Chercherent en vain un azile
Sa vigilance et ses soins assidus.
Rendirent la Forêt tranquille ;
Le Pigeon du Vautour méprisa la fureur ,
Et l'innocent Agneau vit le Loup sans terreur.
Sage Magistrat , cette Fable ,
N'a point l'obscurité des Enigmes du Sphynx ,
Paris de son repos à tes soins redevable ,
Verra facilement que ma Muse équitable ,
Ne songeoit qu'à toi seul en dépeignant le Lynx
I Par M.de Gastera..
CONSEILLER D'ETAT ,
ET LIEUTENANT GENERAL DE POLICE
LE LYNX. Fable.
Au milieu des travaux , où brille ta prudence ,
Herault , je te demande un instant d'audiance ;
Daigne me l'accorder , et souffre que ma voix ,
Loin du monde et du bruit t'appelle dans les bois ;
D'autres pour acquerir l'honneur de ton estime ,
Pourront avec éclat prendre un essor sublime ,
Mon style manque d'art , mais sa simplicité ,
Sçait rendre à la vertu ce qu'elle a merité.
Certaine Chronique rapporte ,
Que dans une Forêt pleine d'Oiseaux divers
Et d'animaux de toute sorte ,
Entra jadis l'esprit pervers :
Aussi- tôt les larcins , les meurtres ,
Les trahisons , le brigandage ,
le
carnage ,
Y vinrent déployer leurs coupables fureurs ;
La
806 MERCURE DE FRANCE
La raison du plus fort emportoit la balance ,
Le vice triomphoit , la timide innocence ,
Perdoit ses soupirs et ses pleurs :
Sultan Lyon , dont l'ame genereuse ,
Souffroit avec chagrin de pareils attentats »»
Résolut d'extirper du sein de ses Etats ,
Cette licence dangereuse ;
Pour remplir un projet si beau ,
Il se servit du ministere
D'un Lynx qui suivoit le flambeau ,
De l'Equité la plus austere..
A son aspect les crimes confondus ,
Chercherent en vain un azile
Sa vigilance et ses soins assidus.
Rendirent la Forêt tranquille ;
Le Pigeon du Vautour méprisa la fureur ,
Et l'innocent Agneau vit le Loup sans terreur.
Sage Magistrat , cette Fable ,
N'a point l'obscurité des Enigmes du Sphynx ,
Paris de son repos à tes soins redevable ,
Verra facilement que ma Muse équitable ,
Ne songeoit qu'à toi seul en dépeignant le Lynx
I Par M.de Gastera..
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Résumé : A M. HERAULT, CONSEILLER D'ETAT, ET LIEUTENANT GENERAL DE POLICE. LE LYNX. Fable.
Le texte est une fable dédiée à M. Hérault, conseiller d'État et lieutenant général de police. L'auteur sollicite son attention pour lui présenter une fable. Cette fable relate comment une forêt, autrefois paisible, fut perturbée par le vice, entraînant des larcins, des meurtres, des trahisons et des brigandages. Indigné par ces actes, le sultan Lyon décida d'y mettre fin. Il choisit un lynx, symbole de vigilance et d'équité, pour rétablir l'ordre. Grâce à la vigilance du lynx, la forêt retrouva la tranquillité, permettant aux animaux innocents de vivre sans crainte. L'auteur compare Hérault au lynx, soulignant que, comme ce dernier, Hérault veille sur Paris et y maintient l'ordre et la justice.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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