Résultats : 1508 texte(s)
Détail
Liste
601
p. 1883-1884
ÉPIGRAMMES Imitées de Buchanam.
Début :
Critou vouloit à la mémoire [...]
Mots clefs :
Gloire, Écusson, Galants, Cour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ÉPIGRAMMES Imitées de Buchanam.
EPIGRAMMES
Imitées de Buchanam.
Crito sue cupidus.
CRiton vouloit à la mémoire
Laisser des marques de sa gloire ;
Il fit peindre son Ecusson
Et plus bas son illustre nom
Sur les vîtres de sa Chapelle.
Certes , l'invention est belle ;
Mais sur un si beau Monument ;
Si le vent remporte victoire ,
Adieu son nom , adieu sa gloire ,
Autant en emporte le vent.
AUTRE.
Philli omnes.
Mille Galans vous font la Cour ¿
A tous vous marqués de l'amour ;
Cependant pas un ne vous aime.
Vôtre surprise en est extréme,
Pourquoi cela demandés -vous ;
Ccs
1884 MERCURE DE FRANCE
C'est qu'Iris , vous les aimés tous ;
11 faut donc que je les haïsse?
Non vraiment, ce seroit un vice.
Iris n'en haïssés aucun ,
Mais entre tous n'en aimés qu'un.
AUTR E.
Carmina quod Senon.
Vos vers n'ont point de sens zozeme,
Pourquoy tant vous en étonner ?
Vous ne pouvés pas leur donner ;
Ce que vous n'avés pas vous- même.
Imitées de Buchanam.
Crito sue cupidus.
CRiton vouloit à la mémoire
Laisser des marques de sa gloire ;
Il fit peindre son Ecusson
Et plus bas son illustre nom
Sur les vîtres de sa Chapelle.
Certes , l'invention est belle ;
Mais sur un si beau Monument ;
Si le vent remporte victoire ,
Adieu son nom , adieu sa gloire ,
Autant en emporte le vent.
AUTRE.
Philli omnes.
Mille Galans vous font la Cour ¿
A tous vous marqués de l'amour ;
Cependant pas un ne vous aime.
Vôtre surprise en est extréme,
Pourquoi cela demandés -vous ;
Ccs
1884 MERCURE DE FRANCE
C'est qu'Iris , vous les aimés tous ;
11 faut donc que je les haïsse?
Non vraiment, ce seroit un vice.
Iris n'en haïssés aucun ,
Mais entre tous n'en aimés qu'un.
AUTR E.
Carmina quod Senon.
Vos vers n'ont point de sens zozeme,
Pourquoy tant vous en étonner ?
Vous ne pouvés pas leur donner ;
Ce que vous n'avés pas vous- même.
Fermer
Résumé : ÉPIGRAMMES Imitées de Buchanam.
Le texte présente trois épigrammes inspirées de Buchanan. La première, 'Crito sue cupidus', relate la vaine tentative de Crito de perpétuer sa gloire par des marques éphémères. La deuxième, 'Philli omnes', décrit Iris, aimée par plusieurs mais en aimant un seul. La troisième, 'Carmina quod Senon', critique des vers dénués de sens. Le texte mentionne une publication dans le Mercure de France en 1884.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
602
p. 1941-1942
QUATRAIN ENIGMATIQUE.
Début :
Ung Monstre élapsera de la Rive de Nil, [...]
Mots clefs :
Logogriphe du Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : QUATRAIN ENIGMATIQUE.
QUATRAIN ENIGMATIQUE.
UNg Monstre élapsera de la Rive de Nil ,
Vers l'an trente après mil sept cent qu'on nombrera
;
Ev Neuf
1942 MERCURE DE FRANCE
Neuf pieds , une aîle et grife , et double os il aurr
Ung Dieu l'ostendera sur l'horison de Cil .
Par un Eleve de Nostradamus.
UNg Monstre élapsera de la Rive de Nil ,
Vers l'an trente après mil sept cent qu'on nombrera
;
Ev Neuf
1942 MERCURE DE FRANCE
Neuf pieds , une aîle et grife , et double os il aurr
Ung Dieu l'ostendera sur l'horison de Cil .
Par un Eleve de Nostradamus.
Fermer
603
p. 1942-1943
Lettre sur le Paradis Perdu, [titre d'après la table]
Début :
LETTRES CRITIQUES à M. le Comte **** sur le Paradis perdu et reconquis [...]
Mots clefs :
Paradis, Lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre sur le Paradis Perdu, [titre d'après la table]
L
DES BEAUX ARTS , &c.
ETTRES CRITIQUES à M. le Comte
**** sur le Paradis perdu et reconquis
de Milton. par R ***• 1. vol. 8°.
A Paris chez Cailleau , Brunet fils , Bordelet
et Henry. M. DCC. XXXI.
Ces Lettres sont au nombre de six ,
et contiennent ensemble 270. pages d'impression.
On nous dit au commencement
du Livre qu'il y a plus de 18. mois que
divers accidens ont fait remettre de
jour en jour l'impression des cinq pre
mieres . On espere cependant que malgré
ce délay , le sujet dont elles traitent , et
la maniere neuve dont il est traité
› pourront
A O UST. 1731. 1943.
ront encore attirer à ces Pieces l'attention
du Public. L'Auteur de la VI. Lettre
la commence ainsi. » J'ai lû le Paradis
» Reconquis , et je ne crains point de
vous dire que je l'ai lû avec plaisir ? s'il
» n'a point ces beautez éblouissantes ,
qui donnent tant d'éclat au Paradis
» perdu , en recompense il a moins de
» deffauts , et ses deffauts sont moins cho-
» quants. C'est au Public éclairé à juger
si cela est bien prouvé dans la suite de
cette Lettre , c'est aussi à lui à juger du
merite des précedentes qui nous ont
paru contenir un amusement agréable
et instructif.
DES BEAUX ARTS , &c.
ETTRES CRITIQUES à M. le Comte
**** sur le Paradis perdu et reconquis
de Milton. par R ***• 1. vol. 8°.
A Paris chez Cailleau , Brunet fils , Bordelet
et Henry. M. DCC. XXXI.
Ces Lettres sont au nombre de six ,
et contiennent ensemble 270. pages d'impression.
On nous dit au commencement
du Livre qu'il y a plus de 18. mois que
divers accidens ont fait remettre de
jour en jour l'impression des cinq pre
mieres . On espere cependant que malgré
ce délay , le sujet dont elles traitent , et
la maniere neuve dont il est traité
› pourront
A O UST. 1731. 1943.
ront encore attirer à ces Pieces l'attention
du Public. L'Auteur de la VI. Lettre
la commence ainsi. » J'ai lû le Paradis
» Reconquis , et je ne crains point de
vous dire que je l'ai lû avec plaisir ? s'il
» n'a point ces beautez éblouissantes ,
qui donnent tant d'éclat au Paradis
» perdu , en recompense il a moins de
» deffauts , et ses deffauts sont moins cho-
» quants. C'est au Public éclairé à juger
si cela est bien prouvé dans la suite de
cette Lettre , c'est aussi à lui à juger du
merite des précedentes qui nous ont
paru contenir un amusement agréable
et instructif.
Fermer
Résumé : Lettre sur le Paradis Perdu, [titre d'après la table]
Le document présente une critique intitulée 'Lettres critiques à M. le Comte sur le Paradis perdu et reconquis de Milton', publiée à Paris en 1731. L'ouvrage, composé de six lettres totalisant 270 pages, a été retardé de plus de 18 mois. L'auteur anonyme espère que le sujet et la manière neuve dont il est traité attireront l'attention du public. Dans la sixième lettre, l'auteur affirme avoir lu 'Le Paradis Reconquis' avec plaisir, bien que ce poème manque des beautés éblouissantes du 'Paradis Perdu'. Il souligne que 'Le Paradis Reconquis' a moins de défauts et que ceux-ci sont moins choquants. L'auteur invite le public éclairé à juger de la validité de ces propos et du mérite des lettres précédentes, qu'il trouve agréables et instructives.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
604
p. 1943-1951
Memoires pour servir à l'Histoire des Hommes illustres, [titre d'après la table]
Début :
MEMOIRES pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres dans la République des [...]
Mots clefs :
Mémoires, Hommes illustres, Savants, Caporal, Compagnie, Botaniste
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Memoires pour servir à l'Histoire des Hommes illustres, [titre d'après la table]
MEMOIRES pour servir à l'Histoire des
Hommes Illustres dans la République des
Lettres ; avec un Catalogue raisonné de
leurs ouvrages , Tom. 14. de 401 pages sans
les Tables. A Paris , chez Briasson , ruë
S.Jacques, à la Science . 1731 .
On trouve dans la premiere Table les
noms des Sçavans qui sont contenus dans
ce volume. Ils sont au nombre deXXIX .
en voici les noms : Ermolao Barbaro :
Isaac de Benserade ; Adrien de Beverland ;
Edme Boursault ; Jean Bugen -hagen ; Fa •
cio Cardan ; Jerôme Cardan ; Jean- Baptiste
Cardan ; Louis Carré Elizabeth Se-
E vj
phie
1944 MERCURE DE FRANCE
phie Cheron ; Martin Crusius ; facques
Eveillon ; Auguste Herman Francke ;
Charles Alphonse du Fresnoy Jean Gervais
; Bernard de Girard du Haillan ;
Guillaume Homberg ; Jean le Laboureur ;
Louis le Laboureur ; Claude le Laboureur;
Claude Mignault ; Jean Nicolai ; Gabriël
du Pinau , Martin Polonus ; Marc Antoine
Gerard de S. Amand ; Jean Jerôme
Sparaglia; Daniel Sennert ; Georges de
TrebiZonde ; et Louis Videl.
Entre tous ces Sçavans , nous avons
choisi Guillaume Hombert , dont l'article
nous a paru curieux et bien rempli ,
nous le présenterons ici à nos Lecteurs
tel l'Editeur des Mémoires l'a puque
blié.
Guillaume Homberg, naquit le 8. Janvier
1652. à Batavia dans l'Isle de Java.
Jean Homberg son Pere étoit un Gentilhomme
Saxon , originaire de Quedlimbourg
, qui dans sa jeunesse avoit perdu
tout son bien dans la Guerre des Suedois.
en Allemagne. Quelques-uns de ses parens
avoient eu soin de son éducation . Cè
qu'il apprit de Mathématique le mit ex
état d'aller chercher fortune au service
de la Compagnie Hollandoise des Indes
Orientales. Il parvint à avoir le commandement
de l'Arsenal de Batavia , et se
maria
A O UST. 1731. 1945
maria avec la veuve d'un Officier , nommée
Barbe Van hedemar : de quatre enfans
qui vinrent de ce mariage , M. Homberg
fut le second.
Son Pere pour l'avancer dans le service
le fit Caporal d'une Compagnie dès
l'âge de 4. ans. Il eut bien voulu le faire
étudier , mais les chaleurs excessives et
perpetuelles du climat ne permettant pas
beaucoup d'application ni aux enfans ,
ni même aux hommes faits , il ne pût se
satisfaire en ce point. Au reste il est bon
de remarquer que le corps profite ordinairement
de ce que perd l'esprit. M.
Homberg avoit une soeur qui fût mariée
à huit ans et mere à neuf.
Son Pere ayant quitté les Indes et le
service de la Compagnie Hollandoise
alla à Amsterdam où il demeura pendant
plusieurs années avec toute sa famille.
M. Homberg parût être dans son veritable
air natal , lorsqu'il fût dans un Pays
où il pouvoit étudier. La vivacité naturelle
de son esprit lui fit regagner
vîte le tems qu'il avoit perdu jusques - là .
bien
Il étudia en Droit à Jêne et à Leipsic ,
et en 1694. il fut reçu Avocat à Magdebourg.
Quoyqu'il se donnât sincerementà
sa profession , les choses naturelles
commencerent bientôt à attirer sc
regards
1946 MERCURE DE FRANCE
regards et à interesser sa curiosité. Il alloit
chercher des Plantes sur les montagnes ,
s'instruisoit de leurs noms et de leurs
proprietés , et la nuit il observoit le
cours des astres et apprenoit les noms et
la disposition des differentes Constellations.
Il devenoit ainsi Botaniste et Astronome
sans y penser , et en quelque maniere
malgré luy , parcequ'il s'engageoir
toûjours dans ces Sciences plus qu'il ne
vouloit.
Il poussa assés loin son étude des Plantes,
et dans le même tems il se fit un Globe
celeste , creux en façon de Lanterne , où
à la faveur d'une petite lumiere placée
au dedans on voyoit les principales
Etoiles fixes emportées du même mouvement
dont elles paroissent l'être dans
- le Ciel.
Otto Guericke , Bourgue - Maître de
Magdebourg étoit alors fameux par ses
experiences du vuide et par l'invention de
la Machine Pneumatique. M. Homberg
s'attacha à lui pour s'instruire dans sa
Phisine experimentale , et cet habile
home , quoyque fort mysterieux , ou
ui revela ses secrets en faveur de son géie
, ou ne pût les dérober à sa pénétration
. Les amis de M. Homberg qui le
voyoient s'éloigner du Barreau toujours
de
A O UST. 1731. 1947
!
de plus en plus , songerent à le marier
pour le fixer dans sa profession ; mais resolu
à être maître de lui même, il se mit à
voyager , et alla d'abord en Italie.
Il s'arrêta un peu à Padoüe où il s'appliqua
à la Médecine , et particulierement
à l'Anatomie et à la Botanique . A Boulogne
il travailla sur la pierre qui porte
le nom de cette Ville , et lui rendit sa
lumiere dont le secret étoit presque perdu
. A Rome il se lia particulièrement
avec Marc Antoine Celio , Gentil- homme
Romain , Mathématicien , Astronome
et Machiniste , qui reüssissoit fort
bien à faire de grands verres de Lunettes.
Il s'y appliqua avec lui , et y trouva
pas
de
quoy exercer les lumieres de son esprit
et son addresse à opérer. Il ne negligea
la Peinture , la Sculture , et la Musi
que , dans lesquelles il se rendit assés connoisseur
pour pouvoir s'en faire un
merite .
D'Italie il vint en France pour la premiere
fois , et il ne manqua pas d'y chercher
la connoissance , et de s'y er
l'estime des Sçavans : il passa ensuite en
Angleterre où il travailla quelque tems
avec M. Boyle , dont le Laboratoire étoit
une des plus sçavantes Ecoles de Physique
.
De
1948 MERCURE DE FRANCE
De-là il retourna en Hollande où il se
perfectionna encore dans l'Anatomie sous
M. Graaf , aprés quoy il alla rejoindre
sa famille qui demeuroit alors à Quedlimbourg.
Quelque tems après il alla prendre
à Vittemberg le dégré de Docteur
en Medecine ..
Ses parens vouloient qu'il songeat à
P'utile , et que puisqu'il étoit Medecin
il se mit en état de tirer du profit de cette
qualité ; mais son goût particulier le
portoit à acquerir de nouvelles connoissances.
Il voulut voir encore les Sçavans
de l'Allemagne et du Nord ; et comme
il avoit déja un fonds considerable de curiosités
Physiques , il songea à en faire
commerce , et à s'en procurer de nouvelles
par des échanges. Les Phosphores
faisoient alors du bruit : Christian- Adolphe
Balduinus , et Kunkel Chimiste de
P'Electeur de Saxe en avoit trouvé un
different et un nouveau , chacun de leur
côté , et M. Homberg les alla chercher.
Il vit Balduinus le premier , et trouva
son Phosphore fort beau et de la nature
de la pierre de Boulogne , quoyqu'un
peu plus foible en lumiere. il l'acheta
par quelque autre expérience , mais il
falloit avoir celui de Kunkel qui avoit
beaucoup de réputation . Il trouva Kunkel
A O UST. 1949 1731 .
kel à Berlin , et par bonheur celui - ci
avoit fort envie d'avoir le petit homme
d'Otto Guericke qui se cache dans un
tuyau quand le tems doit être pluvieux ,
et qui en sort quand il doit faire beau.
Le marché fût bientôt conclu entre les
deux Curieux , et M. Homberg donna
le petit homme pour le Phosphore. C'étoit
le Phosphore d'Urine présentement assès
connu.
Les Métaux avoient touché particulierement
la curiosité de M. Homberg ,
qui alla voir ensuite les Mines de Saxe ,
de Bohême , de Hongrie et de Suede.
Le Roy de Suede alors regnant venoit
d'établir à Stokolm un Laboratoire de
Chimie. M. Homberg y travailla` avec
M. Hierna , premier Médecin du Roy, et
il eut le plaisir de contribuer beaucoup
aux premiers succès de ce nouvel établis
sement. On s'addressoit souvent à lui ,
ou pour lui demander des décisions sur
des difficultés qui
partageoient les
plus
habiles , ou pour l'engager à des recherches
qu'ils n'osoient entreprendre , et
les Journaux de Hambourg , de ces tems
là , sont pleins de Mémoires qui venoient
de lui.
Son Pere souhaitoit avec passion qu'il
terminât enfin ses courses sçavantes , et
qu'il
1950 MERCURE DE FRANCE
qu'il revînt se fixer dans son Pays , où il
avoit dessein de le marier pour l'y attirer
davantage. Mais l'amour des Sciences et
de la liberté l'emporta encore du fond
du Nord en Hollande , et de Hollande
en France , où il vit les Provinces {qu'il
n'avoit pas vûes dans son premier voyage .
Ces retardemens impatientoient son
Pere qui lui faisoit tous les jours de nouvelles
instances hâter son retour.و
pour
Enfin il étoit prêt à lui obéir , et le jour
de son départ étoit arrivé, lorsque M.Col.
bert l'envoya chercher de la part du Roy.
Ce Ministre lui fit , pour l'arrêter , des
offres si avantageuses , que M. Homberg
demeura quelque tems pour prendre son
parti , et pritenfin celui de demeurer.
La plus forte raison étoit que la pratique
familiere aux Protestans de lire tous
les jours un Chapitre de l'Ecriture Sainte
lui avoit rendu fort suspecte l'Eglise
protestante dans laquelle il étoit né , et
qu'il se sentoit fort ébranlé pour rentrer
dans l'Eglise Catholique , ce qu'il fit en
1682. L'année suivante il perdit M. Colbert
, et de plus il fût déshérité
Pere, pour avoir changé de Religion.
par son
Il entraen grande liaison avec M.l'Abbé
de Chalucet , depuis Evêque de Toulon
, fort curieux de Chymie. M. l'Abbé
Homberg
A O UST. 1731. 1951
Homberg y étoit trop habile pour aspirer
à la Pierre Philosophale , et trop sincere
pour entêter personne de cette vaine idée.
Mais un autre Chymiste avec qui il travailloit
chez ce Prélat , voulant convaincre
l'incrédulité de son associé, lui donna
en pur don un Lingot d'or prétendu
Philosophique , mais toujours de bon or ,
qui valoit bien quatre cens francs , tromperie
qui , comme il l'avoüoit lui même
lui vint alors assés à
propos.
Des raisons particulieres l'engagerent
quelque tems aprés , c'est-à-dire en 1585.
à aller pour la seconde fois à Rome. Il y
porta toute sa recolte du Nord , et l'y
mit à profit par une pratique de Médecine
peu connue en ce Païs- là et heureuse.
Le reste de cet Article pour le mois prochain
.
Hommes Illustres dans la République des
Lettres ; avec un Catalogue raisonné de
leurs ouvrages , Tom. 14. de 401 pages sans
les Tables. A Paris , chez Briasson , ruë
S.Jacques, à la Science . 1731 .
On trouve dans la premiere Table les
noms des Sçavans qui sont contenus dans
ce volume. Ils sont au nombre deXXIX .
en voici les noms : Ermolao Barbaro :
Isaac de Benserade ; Adrien de Beverland ;
Edme Boursault ; Jean Bugen -hagen ; Fa •
cio Cardan ; Jerôme Cardan ; Jean- Baptiste
Cardan ; Louis Carré Elizabeth Se-
E vj
phie
1944 MERCURE DE FRANCE
phie Cheron ; Martin Crusius ; facques
Eveillon ; Auguste Herman Francke ;
Charles Alphonse du Fresnoy Jean Gervais
; Bernard de Girard du Haillan ;
Guillaume Homberg ; Jean le Laboureur ;
Louis le Laboureur ; Claude le Laboureur;
Claude Mignault ; Jean Nicolai ; Gabriël
du Pinau , Martin Polonus ; Marc Antoine
Gerard de S. Amand ; Jean Jerôme
Sparaglia; Daniel Sennert ; Georges de
TrebiZonde ; et Louis Videl.
Entre tous ces Sçavans , nous avons
choisi Guillaume Hombert , dont l'article
nous a paru curieux et bien rempli ,
nous le présenterons ici à nos Lecteurs
tel l'Editeur des Mémoires l'a puque
blié.
Guillaume Homberg, naquit le 8. Janvier
1652. à Batavia dans l'Isle de Java.
Jean Homberg son Pere étoit un Gentilhomme
Saxon , originaire de Quedlimbourg
, qui dans sa jeunesse avoit perdu
tout son bien dans la Guerre des Suedois.
en Allemagne. Quelques-uns de ses parens
avoient eu soin de son éducation . Cè
qu'il apprit de Mathématique le mit ex
état d'aller chercher fortune au service
de la Compagnie Hollandoise des Indes
Orientales. Il parvint à avoir le commandement
de l'Arsenal de Batavia , et se
maria
A O UST. 1731. 1945
maria avec la veuve d'un Officier , nommée
Barbe Van hedemar : de quatre enfans
qui vinrent de ce mariage , M. Homberg
fut le second.
Son Pere pour l'avancer dans le service
le fit Caporal d'une Compagnie dès
l'âge de 4. ans. Il eut bien voulu le faire
étudier , mais les chaleurs excessives et
perpetuelles du climat ne permettant pas
beaucoup d'application ni aux enfans ,
ni même aux hommes faits , il ne pût se
satisfaire en ce point. Au reste il est bon
de remarquer que le corps profite ordinairement
de ce que perd l'esprit. M.
Homberg avoit une soeur qui fût mariée
à huit ans et mere à neuf.
Son Pere ayant quitté les Indes et le
service de la Compagnie Hollandoise
alla à Amsterdam où il demeura pendant
plusieurs années avec toute sa famille.
M. Homberg parût être dans son veritable
air natal , lorsqu'il fût dans un Pays
où il pouvoit étudier. La vivacité naturelle
de son esprit lui fit regagner
vîte le tems qu'il avoit perdu jusques - là .
bien
Il étudia en Droit à Jêne et à Leipsic ,
et en 1694. il fut reçu Avocat à Magdebourg.
Quoyqu'il se donnât sincerementà
sa profession , les choses naturelles
commencerent bientôt à attirer sc
regards
1946 MERCURE DE FRANCE
regards et à interesser sa curiosité. Il alloit
chercher des Plantes sur les montagnes ,
s'instruisoit de leurs noms et de leurs
proprietés , et la nuit il observoit le
cours des astres et apprenoit les noms et
la disposition des differentes Constellations.
Il devenoit ainsi Botaniste et Astronome
sans y penser , et en quelque maniere
malgré luy , parcequ'il s'engageoir
toûjours dans ces Sciences plus qu'il ne
vouloit.
Il poussa assés loin son étude des Plantes,
et dans le même tems il se fit un Globe
celeste , creux en façon de Lanterne , où
à la faveur d'une petite lumiere placée
au dedans on voyoit les principales
Etoiles fixes emportées du même mouvement
dont elles paroissent l'être dans
- le Ciel.
Otto Guericke , Bourgue - Maître de
Magdebourg étoit alors fameux par ses
experiences du vuide et par l'invention de
la Machine Pneumatique. M. Homberg
s'attacha à lui pour s'instruire dans sa
Phisine experimentale , et cet habile
home , quoyque fort mysterieux , ou
ui revela ses secrets en faveur de son géie
, ou ne pût les dérober à sa pénétration
. Les amis de M. Homberg qui le
voyoient s'éloigner du Barreau toujours
de
A O UST. 1731. 1947
!
de plus en plus , songerent à le marier
pour le fixer dans sa profession ; mais resolu
à être maître de lui même, il se mit à
voyager , et alla d'abord en Italie.
Il s'arrêta un peu à Padoüe où il s'appliqua
à la Médecine , et particulierement
à l'Anatomie et à la Botanique . A Boulogne
il travailla sur la pierre qui porte
le nom de cette Ville , et lui rendit sa
lumiere dont le secret étoit presque perdu
. A Rome il se lia particulièrement
avec Marc Antoine Celio , Gentil- homme
Romain , Mathématicien , Astronome
et Machiniste , qui reüssissoit fort
bien à faire de grands verres de Lunettes.
Il s'y appliqua avec lui , et y trouva
pas
de
quoy exercer les lumieres de son esprit
et son addresse à opérer. Il ne negligea
la Peinture , la Sculture , et la Musi
que , dans lesquelles il se rendit assés connoisseur
pour pouvoir s'en faire un
merite .
D'Italie il vint en France pour la premiere
fois , et il ne manqua pas d'y chercher
la connoissance , et de s'y er
l'estime des Sçavans : il passa ensuite en
Angleterre où il travailla quelque tems
avec M. Boyle , dont le Laboratoire étoit
une des plus sçavantes Ecoles de Physique
.
De
1948 MERCURE DE FRANCE
De-là il retourna en Hollande où il se
perfectionna encore dans l'Anatomie sous
M. Graaf , aprés quoy il alla rejoindre
sa famille qui demeuroit alors à Quedlimbourg.
Quelque tems après il alla prendre
à Vittemberg le dégré de Docteur
en Medecine ..
Ses parens vouloient qu'il songeat à
P'utile , et que puisqu'il étoit Medecin
il se mit en état de tirer du profit de cette
qualité ; mais son goût particulier le
portoit à acquerir de nouvelles connoissances.
Il voulut voir encore les Sçavans
de l'Allemagne et du Nord ; et comme
il avoit déja un fonds considerable de curiosités
Physiques , il songea à en faire
commerce , et à s'en procurer de nouvelles
par des échanges. Les Phosphores
faisoient alors du bruit : Christian- Adolphe
Balduinus , et Kunkel Chimiste de
P'Electeur de Saxe en avoit trouvé un
different et un nouveau , chacun de leur
côté , et M. Homberg les alla chercher.
Il vit Balduinus le premier , et trouva
son Phosphore fort beau et de la nature
de la pierre de Boulogne , quoyqu'un
peu plus foible en lumiere. il l'acheta
par quelque autre expérience , mais il
falloit avoir celui de Kunkel qui avoit
beaucoup de réputation . Il trouva Kunkel
A O UST. 1949 1731 .
kel à Berlin , et par bonheur celui - ci
avoit fort envie d'avoir le petit homme
d'Otto Guericke qui se cache dans un
tuyau quand le tems doit être pluvieux ,
et qui en sort quand il doit faire beau.
Le marché fût bientôt conclu entre les
deux Curieux , et M. Homberg donna
le petit homme pour le Phosphore. C'étoit
le Phosphore d'Urine présentement assès
connu.
Les Métaux avoient touché particulierement
la curiosité de M. Homberg ,
qui alla voir ensuite les Mines de Saxe ,
de Bohême , de Hongrie et de Suede.
Le Roy de Suede alors regnant venoit
d'établir à Stokolm un Laboratoire de
Chimie. M. Homberg y travailla` avec
M. Hierna , premier Médecin du Roy, et
il eut le plaisir de contribuer beaucoup
aux premiers succès de ce nouvel établis
sement. On s'addressoit souvent à lui ,
ou pour lui demander des décisions sur
des difficultés qui
partageoient les
plus
habiles , ou pour l'engager à des recherches
qu'ils n'osoient entreprendre , et
les Journaux de Hambourg , de ces tems
là , sont pleins de Mémoires qui venoient
de lui.
Son Pere souhaitoit avec passion qu'il
terminât enfin ses courses sçavantes , et
qu'il
1950 MERCURE DE FRANCE
qu'il revînt se fixer dans son Pays , où il
avoit dessein de le marier pour l'y attirer
davantage. Mais l'amour des Sciences et
de la liberté l'emporta encore du fond
du Nord en Hollande , et de Hollande
en France , où il vit les Provinces {qu'il
n'avoit pas vûes dans son premier voyage .
Ces retardemens impatientoient son
Pere qui lui faisoit tous les jours de nouvelles
instances hâter son retour.و
pour
Enfin il étoit prêt à lui obéir , et le jour
de son départ étoit arrivé, lorsque M.Col.
bert l'envoya chercher de la part du Roy.
Ce Ministre lui fit , pour l'arrêter , des
offres si avantageuses , que M. Homberg
demeura quelque tems pour prendre son
parti , et pritenfin celui de demeurer.
La plus forte raison étoit que la pratique
familiere aux Protestans de lire tous
les jours un Chapitre de l'Ecriture Sainte
lui avoit rendu fort suspecte l'Eglise
protestante dans laquelle il étoit né , et
qu'il se sentoit fort ébranlé pour rentrer
dans l'Eglise Catholique , ce qu'il fit en
1682. L'année suivante il perdit M. Colbert
, et de plus il fût déshérité
Pere, pour avoir changé de Religion.
par son
Il entraen grande liaison avec M.l'Abbé
de Chalucet , depuis Evêque de Toulon
, fort curieux de Chymie. M. l'Abbé
Homberg
A O UST. 1731. 1951
Homberg y étoit trop habile pour aspirer
à la Pierre Philosophale , et trop sincere
pour entêter personne de cette vaine idée.
Mais un autre Chymiste avec qui il travailloit
chez ce Prélat , voulant convaincre
l'incrédulité de son associé, lui donna
en pur don un Lingot d'or prétendu
Philosophique , mais toujours de bon or ,
qui valoit bien quatre cens francs , tromperie
qui , comme il l'avoüoit lui même
lui vint alors assés à
propos.
Des raisons particulieres l'engagerent
quelque tems aprés , c'est-à-dire en 1585.
à aller pour la seconde fois à Rome. Il y
porta toute sa recolte du Nord , et l'y
mit à profit par une pratique de Médecine
peu connue en ce Païs- là et heureuse.
Le reste de cet Article pour le mois prochain
.
Fermer
Résumé : Memoires pour servir à l'Histoire des Hommes illustres, [titre d'après la table]
Le texte est un extrait des 'Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres dans la République des Lettres', publié en 1731 à Paris. Ce volume de 401 pages liste les noms de 29 savants, avec une mise en avant particulière de Guillaume Homberg. Guillaume Homberg naquit le 8 janvier 1652 à Batavia, sur l'île de Java. Son père, Jean Homberg, était un gentilhomme saxon ayant perdu ses biens lors de la guerre des Suédois en Allemagne. À l'âge de quatre ans, Guillaume fut engagé dans la Compagnie Hollandaise des Indes Orientales et devint commandant de l'arsenal de Batavia. Il étudia ensuite le droit à Genève et à Leipzig, et fut reçu avocat à Magdebourg en 1694. Cependant, sa curiosité naturelle le poussa vers les sciences naturelles, notamment la botanique et l'astronomie. Homberg se lia avec Otto Guericke, célèbre pour ses expériences sur le vide, et s'intéressa à la physique expérimentale. Il voyagea en Italie, où il étudia la médecine, l'anatomie et la botanique à Padoue, et travailla sur la pierre de Boulogne. À Rome, il se lia avec Marc Antoine Celio, un mathématicien et astronome. Il visita ensuite la France et l'Angleterre, où il travailla avec Robert Boyle. De retour en Hollande, il se perfectionna en anatomie sous la direction de M. Graaf. Homberg obtint son doctorat en médecine à Wittemberg et continua ses voyages pour acquérir de nouvelles connaissances. Il s'intéressa particulièrement aux phosphores et aux métaux, visitant les mines de Saxe, de Bohême, de Hongrie et de Suède. Il contribua aux premiers succès du laboratoire de chimie établi par le roi de Suède à Stockholm. En France, il fut retenu par Colbert, qui lui fit des offres avantageuses. Homberg se convertit au catholicisme en 1682 et fut déshérité par son père pour ce changement de religion. Il entra en liaison avec l'abbé de Chalucet, évêque de Toulon, et travailla sur la chimie. Des raisons particulières le poussèrent à retourner à Rome en 1585.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
605
p. 1951-1954
Bibliotheque raisonnée des Ouvrages des Sçavans, &c. [titre d'après la table]
Début :
BIBLIOTHEQUE RAISONNÉE des Ouvrages des Sçavans de l'Europe, pour les [...]
Mots clefs :
Bibliothèque raisonnée, Ancienne religion, Théologie, Résurrection
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Bibliotheque raisonnée des Ouvrages des Sçavans, &c. [titre d'après la table]
BIBLIOTHEQUE RAISONNE'E des Ouvrages
des Sçavans de l'Europe , pour les
mois de Juillet , Aoust et Septembre
1728. Tome premier , premiere Partie.
A Amsterdam , chez les Wetsteins et Smith
1728. deuxième Partie pour les mois
d'Octobre , Novembre et Decembre.
vol. in 12. de 465. pages , sans les Tables
et l'Avertissement, dans lequel on apprend
que ce nouveau Journal , qui est bien
et
1952 MERCURE DE FRANCE
et vivement écrit , paroîtra tous les trois
mois. Voici quelques - uns des Livres dont
il est parlé dans ce premier volume.
L'ANCIENNE RELIGION DE LAGERMANIE,
des Gaules , de la Bretagne et des Vandales
, par Elie Scedius , avec les Notes de
M. Jark , une Preface de M. Fabricius ,
Docteur en Théologie et Professeur pur
blic à Hambourg , et une Dissertation de
M. Keysler , de la Societé Royale d'Angleterre
, sur le culte du Soleil , us les
noms de Frey et d'Othin , pour servir de
Supplement à l'Ouvrage . A Hall. 1728
in 12. pages 771. Cet Ouvrage est en
Latin.
LA RELIGION CHRETIE INE démontrée
par la Résurrection de N. S. Jes. Chs.
en trois parties , dont la premiere expose
aux yeux des Deistes les consequences
d'un examen négligé. La deuxième explique
la nature et l'obligation de l'Evidence
morale , et la troisiéme fournit les
preuves de la Resurrection de nôtre Sauveur
avec un Supplement , où l'on dévelope
les principaux points de la Religion
naturelle , par M. Homfroi Ditton , en son
vivant Maître des Mathématiques dans
l'Ecole de l'Hopital de Christ , à Lon
dres ;
AOUST.
1731. 1953
Ares , et traduit de l'Anglois par A. D.
L. C. A Amsterdam , chez les Westeins et
´Smith, 1728. 2. vol . 8 ° . Tom.1 . 260.pag.
Le II. 305. outre la Preface et les
Tables .
Il s'est fait plusieurs Editions de cet
Ouvrage en Angleterre ,
Angleterre , où il a été extrêmement
goûté.
LES ANTIQUITEZ DE L'ASIE , anterieures
à l'Ere chrétienne , copiées sur les plus
considerables Monumens de la Grece ,
traduites en latin , éclaircies par des Notes
ets Commentaires , et auxquelles
on a joint le Monument d'Ancyre. Par
Edmon Chishul , Bachelier en Theologic
A Londres. fol. pp. 207. et un Appendix
de six pages, 1728. en Latin.
C'est un Ouvrage des plus curieux
qu'on puisse trouyer en ce genre, et plein
d'Erudition,
LA VIE D'ERASME , considerée surtout
par rapport au tems qu'il passa en Angleterre
, et contenant ainsi P'Histoire des
Sçavans qu'il y eut pour amis , de même
que l'Etat , où le sçavoir et la Religion
étoient alors dans les Universités d'Oxfott
, et de Cambridge ; avec un Supplement
où l'on trouve plusieurs Pieces ori- .
ginales,
1954 MERCURE DE FRANCE
ginales. Par Samuel Knight , Docteur en
Theologie et Prebendaire d'Ely. A Cambridge.
1726.8 °. pp. 386. pour laVie . 31 .
pour l'Introduction , et 144. pour le
Supplement , en Anglois.
des Sçavans de l'Europe , pour les
mois de Juillet , Aoust et Septembre
1728. Tome premier , premiere Partie.
A Amsterdam , chez les Wetsteins et Smith
1728. deuxième Partie pour les mois
d'Octobre , Novembre et Decembre.
vol. in 12. de 465. pages , sans les Tables
et l'Avertissement, dans lequel on apprend
que ce nouveau Journal , qui est bien
et
1952 MERCURE DE FRANCE
et vivement écrit , paroîtra tous les trois
mois. Voici quelques - uns des Livres dont
il est parlé dans ce premier volume.
L'ANCIENNE RELIGION DE LAGERMANIE,
des Gaules , de la Bretagne et des Vandales
, par Elie Scedius , avec les Notes de
M. Jark , une Preface de M. Fabricius ,
Docteur en Théologie et Professeur pur
blic à Hambourg , et une Dissertation de
M. Keysler , de la Societé Royale d'Angleterre
, sur le culte du Soleil , us les
noms de Frey et d'Othin , pour servir de
Supplement à l'Ouvrage . A Hall. 1728
in 12. pages 771. Cet Ouvrage est en
Latin.
LA RELIGION CHRETIE INE démontrée
par la Résurrection de N. S. Jes. Chs.
en trois parties , dont la premiere expose
aux yeux des Deistes les consequences
d'un examen négligé. La deuxième explique
la nature et l'obligation de l'Evidence
morale , et la troisiéme fournit les
preuves de la Resurrection de nôtre Sauveur
avec un Supplement , où l'on dévelope
les principaux points de la Religion
naturelle , par M. Homfroi Ditton , en son
vivant Maître des Mathématiques dans
l'Ecole de l'Hopital de Christ , à Lon
dres ;
AOUST.
1731. 1953
Ares , et traduit de l'Anglois par A. D.
L. C. A Amsterdam , chez les Westeins et
´Smith, 1728. 2. vol . 8 ° . Tom.1 . 260.pag.
Le II. 305. outre la Preface et les
Tables .
Il s'est fait plusieurs Editions de cet
Ouvrage en Angleterre ,
Angleterre , où il a été extrêmement
goûté.
LES ANTIQUITEZ DE L'ASIE , anterieures
à l'Ere chrétienne , copiées sur les plus
considerables Monumens de la Grece ,
traduites en latin , éclaircies par des Notes
ets Commentaires , et auxquelles
on a joint le Monument d'Ancyre. Par
Edmon Chishul , Bachelier en Theologic
A Londres. fol. pp. 207. et un Appendix
de six pages, 1728. en Latin.
C'est un Ouvrage des plus curieux
qu'on puisse trouyer en ce genre, et plein
d'Erudition,
LA VIE D'ERASME , considerée surtout
par rapport au tems qu'il passa en Angleterre
, et contenant ainsi P'Histoire des
Sçavans qu'il y eut pour amis , de même
que l'Etat , où le sçavoir et la Religion
étoient alors dans les Universités d'Oxfott
, et de Cambridge ; avec un Supplement
où l'on trouve plusieurs Pieces ori- .
ginales,
1954 MERCURE DE FRANCE
ginales. Par Samuel Knight , Docteur en
Theologie et Prebendaire d'Ely. A Cambridge.
1726.8 °. pp. 386. pour laVie . 31 .
pour l'Introduction , et 144. pour le
Supplement , en Anglois.
Fermer
Résumé : Bibliotheque raisonnée des Ouvrages des Sçavans, &c. [titre d'après la table]
Le document présente un résumé de la 'Bibliothèque Raisonnée des Ouvrages des Sçavans de l'Europe' pour les mois de juillet à décembre 1728. Cette publication, éditée par les Wetsteins et Smith à Amsterdam, est un journal trimestriel bien écrit et vivement rédigé. Le premier volume, composé de 465 pages, mentionne plusieurs ouvrages notables. Parmi ceux-ci, 'L'Ancienne Religion de la Germanie, des Gaules, de la Bretagne et des Vandales' par Elie Scedius, enrichi de notes de M. Jark, une préface de M. Fabricius et une dissertation de M. Keysler. Cet ouvrage, en latin, compte 771 pages. Un autre ouvrage mentionné est 'La Religion Chrétienne démontrée par la Résurrection de N. S. Jes. Chs.' en trois parties, traduit de l'anglais par A. D. L. C. et publié en deux volumes. Cet ouvrage a connu plusieurs éditions en Angleterre et a été très apprécié. 'Les Antiquités de l'Asie, antérieures à l'ère chrétienne' par Edmon Chishul est également mentionné. Cet ouvrage, traduit en latin et enrichi de notes et de commentaires, est considéré comme très érudit et curieux. Enfin, 'La Vie d'Érasme' par Samuel Knight, qui se concentre sur la période qu'Érasme a passée en Angleterre, est également mentionné. Cet ouvrage, en anglais, inclut des pièces originales et des informations sur l'état du savoir et de la religion dans les universités d'Oxford et de Cambridge.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
606
p. 1966-1967
Poëme et Pieces de Théatre, [titre d'après la table]
Début :
VERSI E PROSE di Pierjacopo Martello in Roma, per Francesco Gonzaga 1710 . [...]
Mots clefs :
Professeur des humanités, Poème, Figure de Jésus
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Poëme et Pieces de Théatre, [titre d'après la table]
VERSI E PROSE di Pierjacopo Martello
in Roma , per Francesco Gonzaga 1710 .
in 8º . p . 324. con figure.
TEATRO di Pierjacopo Martello in Ro
ma 1709. in 8 ° . p . 404. con figure.
Ces deux differents Ouvrages sont de
M. Martel, Secretaire du Senat de Boulogne
sa Patrie , et Professeur des Huma ~
nitez dans l'Université de la même Ville ,
qui s'est acquis beaucoup de réputation
par la politesse et par la fécondité de sa
plume. Le premier dédié au Cardinal
Gozzadini
AOUST. 173x.
1967
Gozzadini , contient un Poëme intitulé
les yeux de Jesus , divisé en six Chants ,
quatre Dialogues dont le titre est il volo ,
ou l'Art de voler en l'air,et neuf Discours
sur la Poetique. Le second volume sous le
titre de Theatre, contient six Tragedies ,
sçavoir Perselide , Proculus , Iphigenie
en Tauride , Rachel , Alceste , et Jesus
perdu Gesu perduto . Nos Journalistes entrent
dans le détail de toutes ces differentes
Pieces ; mais il nous est impossible de
les suivre , assujetis comme nous le sommes
à de certains bornes. On trouve dans
le IV.Chant du Poëme des yeux de JESUS .
une circonstance édifiante : c'est la conversion
du fameux Peintre Augustin Carache
, que Dieu toucha lorsqu'àprés
avoir fini un Tableau de devotion , il se
mit à contempler attentivement la Figure
de Jesus , et celle de sa Sainte Mere ,
ouvrages de son pinceau , ensorte que dès.
ce moment Carache ne voulut plus peindre
des sujets profanes , et mena une vie
toute chretienne.
in Roma , per Francesco Gonzaga 1710 .
in 8º . p . 324. con figure.
TEATRO di Pierjacopo Martello in Ro
ma 1709. in 8 ° . p . 404. con figure.
Ces deux differents Ouvrages sont de
M. Martel, Secretaire du Senat de Boulogne
sa Patrie , et Professeur des Huma ~
nitez dans l'Université de la même Ville ,
qui s'est acquis beaucoup de réputation
par la politesse et par la fécondité de sa
plume. Le premier dédié au Cardinal
Gozzadini
AOUST. 173x.
1967
Gozzadini , contient un Poëme intitulé
les yeux de Jesus , divisé en six Chants ,
quatre Dialogues dont le titre est il volo ,
ou l'Art de voler en l'air,et neuf Discours
sur la Poetique. Le second volume sous le
titre de Theatre, contient six Tragedies ,
sçavoir Perselide , Proculus , Iphigenie
en Tauride , Rachel , Alceste , et Jesus
perdu Gesu perduto . Nos Journalistes entrent
dans le détail de toutes ces differentes
Pieces ; mais il nous est impossible de
les suivre , assujetis comme nous le sommes
à de certains bornes. On trouve dans
le IV.Chant du Poëme des yeux de JESUS .
une circonstance édifiante : c'est la conversion
du fameux Peintre Augustin Carache
, que Dieu toucha lorsqu'àprés
avoir fini un Tableau de devotion , il se
mit à contempler attentivement la Figure
de Jesus , et celle de sa Sainte Mere ,
ouvrages de son pinceau , ensorte que dès.
ce moment Carache ne voulut plus peindre
des sujets profanes , et mena une vie
toute chretienne.
Fermer
Résumé : Poëme et Pieces de Théatre, [titre d'après la table]
Pierjacopo Martello, secrétaire du Sénat de Boulogne et professeur d'humanités à l'Université de Boulogne, a publié deux ouvrages à Rome. Le premier, 'Versi e Prose' (1710), comprend un poème en six chants intitulé 'Les yeux de Jésus', quatre dialogues sur 'l'Art de voler en l'air', et neuf discours sur la poétique. Le second ouvrage, 'Teatro' (1709), contient six tragédies : 'Perselide', 'Proculus', 'Iphigenie en Tauride', 'Rachel', 'Alceste', et 'Gesu perduto'. Le poème 'Les yeux de Jésus' raconte la conversion du peintre Augustin Carrache, qui, après avoir peint une œuvre de dévotion, se convertit à une vie chrétienne en contemplant ses propres œuvres. Martello est reconnu pour sa plume.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
607
p. 1967-1974
Barometres et pesanteur de l'air, [titre d'après la table]
Début :
CONSIDERATIONI intorno al Barometro del Cartesio, ed al peso dell' aria del Signor [...]
Mots clefs :
Baromètres, Pesanteur de l'air, Académie royale des sciences, République de Venise, Professeur de médecine et de botanique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Barometres et pesanteur de l'air, [titre d'après la table]
CONSIDERATIONI intorno al Barometro
del Cartesio , ed al peso dell' aria del Si
gnor Marchese Gio Poleni Veneziano , Fre
blico Professore di Meteore , e di Astronomia
nello studio di Padova, c'est -à dire
OBSERWA
F vj
1958 MERCURE DE FRANCE
OBSERVATIONS sur les Barometres de Des
cartes et sur la pesanteur de l'air. Par M.
le Marquis POLENI , Professeur d'Astronomie
à Padoue : on ne dit point l'année
ni le lieu de l'impression .
Cet Ouvrage n'a pour bút que la per
fection du Barometre : l'Auteur donne à
Descartes les louanges qui lui sont dues
à cet égard , mais il ne dissimule pas les
deffauts de l'Instrument de son invention
qui porte ce nom ; Il ajoute que M.
de la Hyre à parfaitement bien traité cette
matiere dans l'Histoire de l'Académie
Royale des Sciences , année 1708. Enfin
il propose un Barometre de sa propre invention
, dont on trouve la figure gravée
dans le Journal avec un discours
pour en prouver la bonté et l'utilité ,
qui fait voir la capacité de ce Professeur
sur le sujet qu'il a entrepris de traiter..
Dans les Nouvelles Litteraires de ce
volume on trouve un petit Eloge du fa→
meux. Prosper Alpin , né sujet de la République
de Venise , et Professeur de
Medecine et de Botanique à Padoue dans
le XVI. et le XVII . Siecle , à l'occasion
de la réimpression du plus rare et du plus
estimé de ses Ouvrages , intitulé De prasagienda
vita et morte agrotantium. Cette
Edition a été faite à Leyde en l'année
1710
A O UST. 1731. 195
1710. par les soins de M. Hermant Boerhave
, aussi Professeur de Medecine ez
de Botanique de l'Université de Leyde ,
avec une Preface de sa façon , dans la
quelle il aura sans doute parlé des autres
Ouvrages de P. Alpin , qui sont tous
curieux et devenus rares. Nos Journalislistes
n'en parlent point ; c'est le premier
de tous les Européens qui a écrit sur l'Ar
bre et le fruit du Café , et qui la fait connoitre
en deçà des Mers , après l'avoir
vû en Egypte . Il a aussi fait un excellent
Traité sur l'Arbre du Baume , un autre
des Plantes étrangeres , et un Ouvrage
sur la Medecine des Egyptiens . On devroit
bien songer à les réimprimer.
On apprend , dans l'Article de Luques,
que Pellegrin Frediani y venoit de réimprimer
in 8. la 1. et la 2. Partie des
Poësies sacrés et morales de Louis Adimari
Senateur de Florence et Académicien
;
de la Crusca , avec la Paraphrase des VII .
Pseaumes de la Penitence en vers lyriques
du même Auteur , estimé l'un des plus
fameux Poëtes Italiens de notre temps;
il est mort à Florence le 23. Juin 1708 .
Tous ses Ouvrages furent dabord publiés
dans cette derniere Ville de l'Imprimerie
du Grand Duc en 1696. 1. vol . fol. et
ils meritoient bien , au sentiment de nos
Journalistes
1970 MERCURE DE FRANCE
Journalistes , par la pieté des sentimens ,
et par leur politesse , l'honneur d'une
nouvelle Edition .
Un Antiquaire écrit de Naples , qu'en
travaillant dans le Village de Résine ,
auprès de cette Ville , à la réparation
d'une Citerne , on a trouvé quelques
Marbres antiques , ce qui a excité la curiosité
du Prince d'Elbeuf , qui a fait
foüir la terre aux environs : au moyen
de ce travail , on a découvert plusieurs
fragmens de Colomnes de Marbre affricain
, de Cipolin , d'Albâtre &c. quelques
Statues d'un goût grec , mais fort
mal traitées , et diverses Corniches de
Marbre de Paros , d'un travail exquis et
d'Ordre Corinthien. L'opinion commune
veut qu'il y a eu là un Temple de
l'ancienne Ville d'Herculane , dont Pline ,
Ciceron , Mela , et Strabon ont parlé
cette découverte le confirme , et on croit
que les Colomnes dont on vient de
fer , formoient le dernier Ordre d'Architecture
, ensorte que si on creusoit plus
ayant jusques à la profondeur de 80.
palmes , on trouveroit d'autres Colomnes
plus considerables &c . On a oute que
la chûte de cet Edifice fût un des effets
du fameux tremblement de Terre qui arriva
sous l'Empereur Tite.
par-
L'InscripA
O UST. 1737 1971
L'Inscription suivante se lit sur une
Architrave , ou plutôt sur une Frize
APPIVS. PVCHER . C. F. COS. IMP.
VII VIR. EPVLONVM. Cer Appius
Pucher , selon notre Antiquaire , fût Consul
avec C. Norbanus Flaccus , sur quoy
il fait quelques Remarques Historiques
qui lui donnent lieu de croire que l'Appius
Pulcher de l'Inscription est le même
à qui Ciceron a écrit plusieurs Lettres ,
et qui succeda à Ciceron dans la charge:
de Proconsul de Cilicie.
On ajoute que dans le même lieu on
déterra la Statue d'une Femme , que ce
même Antiquaire conjecture être celle
de la Vestale Claudia , dont Valere Maxime
a fait mention dans son Histoire. Nos.
Journalistes promettent , en cas que cette
découverte ait d'autres suites , d'ent
faire part au Public .
On apprend dans l'Article de Rome ,
que M. André Adam , de la Ville de Boulogne
, Maître de la Chapelle du Pape ,
et Beneficier de l'Eglise Sainte Marie Majeure
, a publié un Ouvrage qui lui fait
honneur , et qui marque son application
aux devoirs de sa charge , en voici le
titre : Osservazioni ben regolare il coro
de i cantori della Capella Pontificia tanto
Belle funzioni ordinarie , che straordinarie.
per
Roma
1972 MERCURE DE FRANCE
Roma per Antonio de Rossi 1711. in 4° .
pagg. 216. Senza la Prefazione e l'indice.
Les Saintes Fonctions de la Chapelle
Pontificale sont remplies de tanr de Majesté,
qu'il étoit à propos de les décrire et
de les expliquer dans unLivre particulier,
comme l'a fait M. Adam pour l'instruction
et pour l'édification des Fideles. Il a
ajouté un Catalogue des Chantres de
cette Chapelle depuis Paul III . jusqu'à
ɛe tems- ci , avec les Portraits en Failledouce
de quelques-uns. L'Ouvrage est
utile , digne de son Auteur , et magnifiquement
imprimé , nobilmente Stampata.
M. Adam est de l'Académie des Arcadiens
, gli Arcadi , dont tous les Mem
bres , comme l'on sçait, portent des noms
particuliers. Celui de cet Auteur est Ca
ricle Pisée. Cela fait, souvenir de l'Académie
des Humides de Florence , dont les
premiers Membres furent appellés l'Humecte
le Gelé , le Froid , le Trempé , ls
Transi , le Trouble , le Brochet , le Bourbeux
, le RRoocchheerr ,,l'EEccuummeeuuxx ,, le Cygne.
›
On trouve chez André Cailleau , Quay
des Augustins , près le Pont S. Michel
à l'Image S. André , les Livres nouveaux
suivans.
OEUVRES de Clement Marot , revûës
Su
AOUST. 17318 1975
1
sur plusieurs Manuscrits et sur plus de
40. Editions , et augmentées , avec les Ouvrages
de Jean Marot , son pere , ceux de
Michel Marot , son fils , 4. vol . in 4. 1731 .
Les mêmes Oeuvres in 12. 6. volumes.
HISTOIRE de la Ville de Genève et des
Environs.Nouvelle Edition très- augmen- .
tée , 2. vol. in 4. 1731. avec Cartes es
Figures.
La même 4. volumes in 12.
COURS d'Arithmétique , &c. par l'Abbé
le Port , in 12.
LES EPITRES et Evangiles , avec des
Refléxions , volume in 12 .
L'HISTOIRE des Rois de Chypre , de
la Maison de Lusignan , traduite de l'Italien
du Cavalier Henry Giblet Cypriot.
2. volumes in 12. sous Presse.
Le même Libraire vient d'imprimer la
suite du Théatre Italien , par le sicur
Ricoboni , dit Lelio , avec une Lettre de
M. Rousseau à l'Auteur , et l'Explication
des Figures , grand in 8. 1731. Il vend
aussi le premier vol. in 8. avec figures.
On trouve aussi chez lui une Carte
Géographique des Pays de Bierre , dit de
Fontainebleau , de Hurepoix , Gatinois ,
et
1974 MERCURE DE FRANCE
et de partie de la Brie , dédiée au Roi ,
par M. l'Abbe Guilbert , Auteur de la Description
de Fontainebleau , qui se vend
chez le même Libraire. Cette Carte est
d'autant plus commode , qu'elle se peut
mettre dans la poche , n'ayant que 14.
pouces en quarré , et qu'on y trouve les
noms des Seigneurs de toutes les Villes ,
Villages , Fiefs et Hameaux qui se trouvent
dans ces Pays.
Le troisiéme volume des Veillées de
Thessalie , paroît chez J. Fr. Josse , ruë
S. Jacques , et se fait lire aussi agréablement
que les précedens.
et
Les illustres personnes qui nous ont
communiqué l'Epitaphe de Madame de
Brunswic , composée à Vienne par l'ordre
de l'Imperatrice Doüairiere , sa fille ,
publiée dans le Mercure de Juillet dernier,
ont souhaité que nous en donnassions
une Traduction Françoise , pour la satisfaction
des Dames et de ceux à qui l'au
tre Langue n'est pas si familiere.
del Cartesio , ed al peso dell' aria del Si
gnor Marchese Gio Poleni Veneziano , Fre
blico Professore di Meteore , e di Astronomia
nello studio di Padova, c'est -à dire
OBSERWA
F vj
1958 MERCURE DE FRANCE
OBSERVATIONS sur les Barometres de Des
cartes et sur la pesanteur de l'air. Par M.
le Marquis POLENI , Professeur d'Astronomie
à Padoue : on ne dit point l'année
ni le lieu de l'impression .
Cet Ouvrage n'a pour bút que la per
fection du Barometre : l'Auteur donne à
Descartes les louanges qui lui sont dues
à cet égard , mais il ne dissimule pas les
deffauts de l'Instrument de son invention
qui porte ce nom ; Il ajoute que M.
de la Hyre à parfaitement bien traité cette
matiere dans l'Histoire de l'Académie
Royale des Sciences , année 1708. Enfin
il propose un Barometre de sa propre invention
, dont on trouve la figure gravée
dans le Journal avec un discours
pour en prouver la bonté et l'utilité ,
qui fait voir la capacité de ce Professeur
sur le sujet qu'il a entrepris de traiter..
Dans les Nouvelles Litteraires de ce
volume on trouve un petit Eloge du fa→
meux. Prosper Alpin , né sujet de la République
de Venise , et Professeur de
Medecine et de Botanique à Padoue dans
le XVI. et le XVII . Siecle , à l'occasion
de la réimpression du plus rare et du plus
estimé de ses Ouvrages , intitulé De prasagienda
vita et morte agrotantium. Cette
Edition a été faite à Leyde en l'année
1710
A O UST. 1731. 195
1710. par les soins de M. Hermant Boerhave
, aussi Professeur de Medecine ez
de Botanique de l'Université de Leyde ,
avec une Preface de sa façon , dans la
quelle il aura sans doute parlé des autres
Ouvrages de P. Alpin , qui sont tous
curieux et devenus rares. Nos Journalislistes
n'en parlent point ; c'est le premier
de tous les Européens qui a écrit sur l'Ar
bre et le fruit du Café , et qui la fait connoitre
en deçà des Mers , après l'avoir
vû en Egypte . Il a aussi fait un excellent
Traité sur l'Arbre du Baume , un autre
des Plantes étrangeres , et un Ouvrage
sur la Medecine des Egyptiens . On devroit
bien songer à les réimprimer.
On apprend , dans l'Article de Luques,
que Pellegrin Frediani y venoit de réimprimer
in 8. la 1. et la 2. Partie des
Poësies sacrés et morales de Louis Adimari
Senateur de Florence et Académicien
;
de la Crusca , avec la Paraphrase des VII .
Pseaumes de la Penitence en vers lyriques
du même Auteur , estimé l'un des plus
fameux Poëtes Italiens de notre temps;
il est mort à Florence le 23. Juin 1708 .
Tous ses Ouvrages furent dabord publiés
dans cette derniere Ville de l'Imprimerie
du Grand Duc en 1696. 1. vol . fol. et
ils meritoient bien , au sentiment de nos
Journalistes
1970 MERCURE DE FRANCE
Journalistes , par la pieté des sentimens ,
et par leur politesse , l'honneur d'une
nouvelle Edition .
Un Antiquaire écrit de Naples , qu'en
travaillant dans le Village de Résine ,
auprès de cette Ville , à la réparation
d'une Citerne , on a trouvé quelques
Marbres antiques , ce qui a excité la curiosité
du Prince d'Elbeuf , qui a fait
foüir la terre aux environs : au moyen
de ce travail , on a découvert plusieurs
fragmens de Colomnes de Marbre affricain
, de Cipolin , d'Albâtre &c. quelques
Statues d'un goût grec , mais fort
mal traitées , et diverses Corniches de
Marbre de Paros , d'un travail exquis et
d'Ordre Corinthien. L'opinion commune
veut qu'il y a eu là un Temple de
l'ancienne Ville d'Herculane , dont Pline ,
Ciceron , Mela , et Strabon ont parlé
cette découverte le confirme , et on croit
que les Colomnes dont on vient de
fer , formoient le dernier Ordre d'Architecture
, ensorte que si on creusoit plus
ayant jusques à la profondeur de 80.
palmes , on trouveroit d'autres Colomnes
plus considerables &c . On a oute que
la chûte de cet Edifice fût un des effets
du fameux tremblement de Terre qui arriva
sous l'Empereur Tite.
par-
L'InscripA
O UST. 1737 1971
L'Inscription suivante se lit sur une
Architrave , ou plutôt sur une Frize
APPIVS. PVCHER . C. F. COS. IMP.
VII VIR. EPVLONVM. Cer Appius
Pucher , selon notre Antiquaire , fût Consul
avec C. Norbanus Flaccus , sur quoy
il fait quelques Remarques Historiques
qui lui donnent lieu de croire que l'Appius
Pulcher de l'Inscription est le même
à qui Ciceron a écrit plusieurs Lettres ,
et qui succeda à Ciceron dans la charge:
de Proconsul de Cilicie.
On ajoute que dans le même lieu on
déterra la Statue d'une Femme , que ce
même Antiquaire conjecture être celle
de la Vestale Claudia , dont Valere Maxime
a fait mention dans son Histoire. Nos.
Journalistes promettent , en cas que cette
découverte ait d'autres suites , d'ent
faire part au Public .
On apprend dans l'Article de Rome ,
que M. André Adam , de la Ville de Boulogne
, Maître de la Chapelle du Pape ,
et Beneficier de l'Eglise Sainte Marie Majeure
, a publié un Ouvrage qui lui fait
honneur , et qui marque son application
aux devoirs de sa charge , en voici le
titre : Osservazioni ben regolare il coro
de i cantori della Capella Pontificia tanto
Belle funzioni ordinarie , che straordinarie.
per
Roma
1972 MERCURE DE FRANCE
Roma per Antonio de Rossi 1711. in 4° .
pagg. 216. Senza la Prefazione e l'indice.
Les Saintes Fonctions de la Chapelle
Pontificale sont remplies de tanr de Majesté,
qu'il étoit à propos de les décrire et
de les expliquer dans unLivre particulier,
comme l'a fait M. Adam pour l'instruction
et pour l'édification des Fideles. Il a
ajouté un Catalogue des Chantres de
cette Chapelle depuis Paul III . jusqu'à
ɛe tems- ci , avec les Portraits en Failledouce
de quelques-uns. L'Ouvrage est
utile , digne de son Auteur , et magnifiquement
imprimé , nobilmente Stampata.
M. Adam est de l'Académie des Arcadiens
, gli Arcadi , dont tous les Mem
bres , comme l'on sçait, portent des noms
particuliers. Celui de cet Auteur est Ca
ricle Pisée. Cela fait, souvenir de l'Académie
des Humides de Florence , dont les
premiers Membres furent appellés l'Humecte
le Gelé , le Froid , le Trempé , ls
Transi , le Trouble , le Brochet , le Bourbeux
, le RRoocchheerr ,,l'EEccuummeeuuxx ,, le Cygne.
›
On trouve chez André Cailleau , Quay
des Augustins , près le Pont S. Michel
à l'Image S. André , les Livres nouveaux
suivans.
OEUVRES de Clement Marot , revûës
Su
AOUST. 17318 1975
1
sur plusieurs Manuscrits et sur plus de
40. Editions , et augmentées , avec les Ouvrages
de Jean Marot , son pere , ceux de
Michel Marot , son fils , 4. vol . in 4. 1731 .
Les mêmes Oeuvres in 12. 6. volumes.
HISTOIRE de la Ville de Genève et des
Environs.Nouvelle Edition très- augmen- .
tée , 2. vol. in 4. 1731. avec Cartes es
Figures.
La même 4. volumes in 12.
COURS d'Arithmétique , &c. par l'Abbé
le Port , in 12.
LES EPITRES et Evangiles , avec des
Refléxions , volume in 12 .
L'HISTOIRE des Rois de Chypre , de
la Maison de Lusignan , traduite de l'Italien
du Cavalier Henry Giblet Cypriot.
2. volumes in 12. sous Presse.
Le même Libraire vient d'imprimer la
suite du Théatre Italien , par le sicur
Ricoboni , dit Lelio , avec une Lettre de
M. Rousseau à l'Auteur , et l'Explication
des Figures , grand in 8. 1731. Il vend
aussi le premier vol. in 8. avec figures.
On trouve aussi chez lui une Carte
Géographique des Pays de Bierre , dit de
Fontainebleau , de Hurepoix , Gatinois ,
et
1974 MERCURE DE FRANCE
et de partie de la Brie , dédiée au Roi ,
par M. l'Abbe Guilbert , Auteur de la Description
de Fontainebleau , qui se vend
chez le même Libraire. Cette Carte est
d'autant plus commode , qu'elle se peut
mettre dans la poche , n'ayant que 14.
pouces en quarré , et qu'on y trouve les
noms des Seigneurs de toutes les Villes ,
Villages , Fiefs et Hameaux qui se trouvent
dans ces Pays.
Le troisiéme volume des Veillées de
Thessalie , paroît chez J. Fr. Josse , ruë
S. Jacques , et se fait lire aussi agréablement
que les précedens.
et
Les illustres personnes qui nous ont
communiqué l'Epitaphe de Madame de
Brunswic , composée à Vienne par l'ordre
de l'Imperatrice Doüairiere , sa fille ,
publiée dans le Mercure de Juillet dernier,
ont souhaité que nous en donnassions
une Traduction Françoise , pour la satisfaction
des Dames et de ceux à qui l'au
tre Langue n'est pas si familiere.
Fermer
Résumé : Barometres et pesanteur de l'air, [titre d'après la table]
Le texte présente diverses observations et découvertes littéraires et historiques. Le Marquis Gio Poleni, professeur d'astronomie à Padoue, publie un ouvrage sur les baromètres de Descartes et la pesanteur de l'air. Il critique les défauts de l'instrument de Descartes et propose un baromètre amélioré, dont la figure est gravée dans le journal. Poleni apprécie également les travaux de M. de la Hyre sur le même sujet. Les Nouvelles Littéraires mentionnent un éloge du médecin et botaniste Prosper Alpin, né à Venise et professeur à Padoue. Son ouvrage 'De prasagienda vita et morte agrotantium' a été réimprimé à Leyde en 1710 sous la supervision de Hermant Boerhave. Alpin est reconnu comme le premier Européen à avoir écrit sur l'arbre et le fruit du café, ainsi que sur l'arbre du baume et la médecine des Égyptiens. À Luques, Pellegrin Frediani réimprime les œuvres poétiques de Louis Adimari, sénateur florentin et académicien de la Crusca, décédé en 1708. Ces œuvres sont appréciées pour leur piété et leur politesse. Un antiquaire de Naples rapporte la découverte de marbres antiques et de statues près de la ville de Résine, confirmant l'existence d'un temple à Herculane. Cette découverte est attribuée au tremblement de terre sous l'empereur Tite. À Rome, M. André Adam, maître de la chapelle du Pape, publie un ouvrage sur les fonctions de la chapelle pontificale, incluant un catalogue des chantres et des portraits. Adam est membre de l'Académie des Arcadiens. Le texte liste également plusieurs ouvrages disponibles chez André Cailleau, dont les œuvres de Clément Marot, une histoire de Genève, un cours d'arithmétique, et une histoire des rois de Chypre. Il mentionne aussi une carte géographique des pays de Bierre et une suite du Théâtre Italien par Ricoboni. Enfin, il note la parution du troisième volume des 'Veillées de Thessalie' et une traduction française de l'épitaphe de Madame de Brunswick.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
608
p. 1977-1979
STANCES, Sur les Poëtes Epiques.
Début :
Plein de beautez et de deffauts, Le vieil Homere a mon estime ; [...]
Mots clefs :
Poètes épiques, Homère, Nouvelliste du Parnasse, Virgile, Voltaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : STANCES, Sur les Poëtes Epiques.
STANCES ,
Sur les Poëtes Epiques.
PLein de beautez et de deffauts ,
Le vieil Homere a mon estime ;
Il est , comme tous ses Héros ,
Babillard outré , mais sublime,
Virgile , orne mieux la raison ,
A plus d'art , autant d'harmonic ,
Mais il s'épuise avec Didon ,
Et ratte à la fin Lavinic.
De faux brillants , trop de Magie ,
Mettent le Tasse un cran plus bas
Mais que ne tolere- t'on pas ,
Pour Armide et pour Herminie ?
Milton
1978 MERCURE DE FRANCE
Milton , plus élevé qu'eux tous ,
A des Beautez moins agreables .
Il n'a chanté que pour les fous ,
Pour les Anges et pour les Diables,
Après Milton , après le Tasse ,
Parler de moi seroit trop fort ,
Et j'attendrai que je sois mort,
Four apprendre quelle est ma place .
Voilà la veritable leçon de ces Vers de
M. de Voltaire , qui ont été imprimez
d'une maniere peu exacte dans le Nouvelliste
du Parnasse , Lettre vingt- neuf.
L'Auteur de ce Nouvelliste , qui fait un
Commentaire solide sur l'étimologie de
ce mot rater , prétend que ces Stances sont
plus badines que solides . Il semble cependant
qu'on n'en a pas jugé ainsi dans le
public ; il est vrai que ces Vers on l'air
badin , mais le jugement que M. de Voltaire
porte sur les autres Poëtes Epiques,
a parû judicieux. Jamais peut-être n'a-t'on
rendu plus de justice à Homere que dans
le petit Quatrain qui renferme son Portrait.
A l'égard de Virgile , il est certain que
les six derniers Livres où l'on fait la guerre
pour Lavinic , ne valent pas , à beaucoup
près ,
AOUS T. 1731. 1979
près , les six premiers. Il est bien vrai
qu'Enée n'est pas amoureux de Lavinic ,
Comme il l'est de Didon ; Aussi ce n'est
point Ænée , c'est Virgile qui rate Lavinie
, en rendant tout ce qui la regarde si
peu
interessant.
Pour le Tasse , c'est le sentiment de
M. Despreaux , que les faux brillants et
la sorcellerie ont dégradé cet Auteur celebre.
Est-il rien de plus raisonnable que de
dire que Milton a chanté pour les fous
les Anges et les Diables on voit dans ce
Poëme , fameux d'ailleurs , un Paradis
appellé expressement le Paradis des Fouss
toute la Scene se passe dans un autre Monde
que le nôtre.
A l'égard de la derniere Stance , c'est
au Public seul d'en décider.
Sur les Poëtes Epiques.
PLein de beautez et de deffauts ,
Le vieil Homere a mon estime ;
Il est , comme tous ses Héros ,
Babillard outré , mais sublime,
Virgile , orne mieux la raison ,
A plus d'art , autant d'harmonic ,
Mais il s'épuise avec Didon ,
Et ratte à la fin Lavinic.
De faux brillants , trop de Magie ,
Mettent le Tasse un cran plus bas
Mais que ne tolere- t'on pas ,
Pour Armide et pour Herminie ?
Milton
1978 MERCURE DE FRANCE
Milton , plus élevé qu'eux tous ,
A des Beautez moins agreables .
Il n'a chanté que pour les fous ,
Pour les Anges et pour les Diables,
Après Milton , après le Tasse ,
Parler de moi seroit trop fort ,
Et j'attendrai que je sois mort,
Four apprendre quelle est ma place .
Voilà la veritable leçon de ces Vers de
M. de Voltaire , qui ont été imprimez
d'une maniere peu exacte dans le Nouvelliste
du Parnasse , Lettre vingt- neuf.
L'Auteur de ce Nouvelliste , qui fait un
Commentaire solide sur l'étimologie de
ce mot rater , prétend que ces Stances sont
plus badines que solides . Il semble cependant
qu'on n'en a pas jugé ainsi dans le
public ; il est vrai que ces Vers on l'air
badin , mais le jugement que M. de Voltaire
porte sur les autres Poëtes Epiques,
a parû judicieux. Jamais peut-être n'a-t'on
rendu plus de justice à Homere que dans
le petit Quatrain qui renferme son Portrait.
A l'égard de Virgile , il est certain que
les six derniers Livres où l'on fait la guerre
pour Lavinic , ne valent pas , à beaucoup
près ,
AOUS T. 1731. 1979
près , les six premiers. Il est bien vrai
qu'Enée n'est pas amoureux de Lavinic ,
Comme il l'est de Didon ; Aussi ce n'est
point Ænée , c'est Virgile qui rate Lavinie
, en rendant tout ce qui la regarde si
peu
interessant.
Pour le Tasse , c'est le sentiment de
M. Despreaux , que les faux brillants et
la sorcellerie ont dégradé cet Auteur celebre.
Est-il rien de plus raisonnable que de
dire que Milton a chanté pour les fous
les Anges et les Diables on voit dans ce
Poëme , fameux d'ailleurs , un Paradis
appellé expressement le Paradis des Fouss
toute la Scene se passe dans un autre Monde
que le nôtre.
A l'égard de la derniere Stance , c'est
au Public seul d'en décider.
Fermer
Résumé : STANCES, Sur les Poëtes Epiques.
Voltaire analyse les poètes épiques en soulignant leurs qualités et défauts. Homère est reconnu pour ses beautés et ses défauts, notamment sa verbosité, mais reste sublime. Virgile est apprécié pour son art et son harmonie, mais critiqué pour la faiblesse des six derniers livres de l'Énéide, où il échoue à décrire Lavinia. Le Tasse est jugé inférieur en raison de ses faux brillants et de sa magie excessive, bien que ses personnages comme Armide et Herminie soient tolérés. Milton est considéré comme le plus grand des poètes épiques pour avoir chanté les fous, les anges et les diables, illustré par son œuvre 'Le Paradis perdu'. Voltaire laisse au public le soin de juger sa propre place parmi ces poètes. Le texte mentionne également des commentaires sur la publication et la réception de ces stances, soulignant leur caractère badin mais judicieux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
609
p. 1980-1902
Oeuvres de Moliere : nouvelle Edition, [titre d'après la table]
Début :
Les Libraires de Paris travaillent actuellement à donner au Public une nouvelle Édition [...]
Mots clefs :
Libraires de Paris, Réflexions historiques et critiques, Molière, Portrait, Académie royale des sciences
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Oeuvres de Moliere : nouvelle Edition, [titre d'après la table]
Les Libraires de Paris travaillent actuelles
ment
AOUS T. 1731. 1981
ment à donner au Public une nouvelle Edition
des OEUVRES DE MOLIERE ? en six volumes inquarto
, avec des Memoires sur la Vie de l'Auteur
, et des Réflexions Historiques et Critiques
sur chaque Piece.
;
On n'épargnera aucune dépense pour embellir
cette Edition , qui sera toute entiere sur du
grand papier avec le Portrait de l'Auteur , des
Estampes pour chaque Sujet , des Vignettes
Lettres grises et Culs - de-lampes ; le tout dessiné
et gravé par les meilleurs Maîtres.
Le Texte a été exactement conferé avec les
anciennes Editions et quelques Manuscrits. La
correction de cette Edition sera faite avec un
très-grand soin .
Les Exemplaires seront délivrés à la fin de
l'année 1732. Il n'en sera tiré qu'un très- petit
nombre, conformément au papier et aux Caracteres
employés au present Avis.
Ceux qui en voudront retenir , pourront s'adresser
, à Paris chez Pierre Gandoüin , Quay
des Augustins , Theodore le Gras , Grand'Salle
du Palais. Michel - Estienne David , sur ledit
Quay. Guillaume Cavelier , rue Saint Jacques.
Les Libraires ci - dessus ne délivreront des
Reconnoissances que jusqu'au dernier Novembre
1731.
La suite et conclusion des Mémoires d'un
homme de qualité qui s'est retiré du Monde
se trouve à Paris chez Gabriël Martin , Libraire
, ruë S. Jacques , chez la Veuve Delaulne
, même ruë , et chez Theodore le Gras au
Palais.
Le samedi 28. Juillet , l'Académie Royale
G des
1902 MER DE FRANCE
des Sciences élût Mrs. de Maupertuis , Pitot ,
et Bouguier , pour remplir la place de Pensionnaire
Géométre , vacante pat la veterance accordée
à M. Saurin , le premier a été choisi par
le Roy pour remplir cette place .
Le Mercredi 1. Aoust M. Clairau a été choisi
pour remplir la place d'Adjoint Méchanicien ,
vacante depuis long- temps,
Le Mercredi 8. M. de Valiere , Lieutenant
General d'Artillerie , Grand- Croix de l'Ordre
de S. Louis , et M. de la Peyronie , premier
Chirurgien du Roy, ont été élûs pour remplir la
premiere de deux places d'Associés libres , dont
le Roy vient d'augmenter cette Classe : ces deux
Sujets ont été choisis pour remplir ces deux
places.
ment
AOUS T. 1731. 1981
ment à donner au Public une nouvelle Edition
des OEUVRES DE MOLIERE ? en six volumes inquarto
, avec des Memoires sur la Vie de l'Auteur
, et des Réflexions Historiques et Critiques
sur chaque Piece.
;
On n'épargnera aucune dépense pour embellir
cette Edition , qui sera toute entiere sur du
grand papier avec le Portrait de l'Auteur , des
Estampes pour chaque Sujet , des Vignettes
Lettres grises et Culs - de-lampes ; le tout dessiné
et gravé par les meilleurs Maîtres.
Le Texte a été exactement conferé avec les
anciennes Editions et quelques Manuscrits. La
correction de cette Edition sera faite avec un
très-grand soin .
Les Exemplaires seront délivrés à la fin de
l'année 1732. Il n'en sera tiré qu'un très- petit
nombre, conformément au papier et aux Caracteres
employés au present Avis.
Ceux qui en voudront retenir , pourront s'adresser
, à Paris chez Pierre Gandoüin , Quay
des Augustins , Theodore le Gras , Grand'Salle
du Palais. Michel - Estienne David , sur ledit
Quay. Guillaume Cavelier , rue Saint Jacques.
Les Libraires ci - dessus ne délivreront des
Reconnoissances que jusqu'au dernier Novembre
1731.
La suite et conclusion des Mémoires d'un
homme de qualité qui s'est retiré du Monde
se trouve à Paris chez Gabriël Martin , Libraire
, ruë S. Jacques , chez la Veuve Delaulne
, même ruë , et chez Theodore le Gras au
Palais.
Le samedi 28. Juillet , l'Académie Royale
G des
1902 MER DE FRANCE
des Sciences élût Mrs. de Maupertuis , Pitot ,
et Bouguier , pour remplir la place de Pensionnaire
Géométre , vacante pat la veterance accordée
à M. Saurin , le premier a été choisi par
le Roy pour remplir cette place .
Le Mercredi 1. Aoust M. Clairau a été choisi
pour remplir la place d'Adjoint Méchanicien ,
vacante depuis long- temps,
Le Mercredi 8. M. de Valiere , Lieutenant
General d'Artillerie , Grand- Croix de l'Ordre
de S. Louis , et M. de la Peyronie , premier
Chirurgien du Roy, ont été élûs pour remplir la
premiere de deux places d'Associés libres , dont
le Roy vient d'augmenter cette Classe : ces deux
Sujets ont été choisis pour remplir ces deux
places.
Fermer
Résumé : Oeuvres de Moliere : nouvelle Edition, [titre d'après la table]
En 1731, les Libraires de Paris préparent une nouvelle édition des œuvres de Molière en six volumes in-quarto. Cette édition inclura des mémoires sur la vie de l'auteur et des réflexions historiques et critiques sur chaque pièce. Pour embellir l'ouvrage, les libraires utiliseront du grand papier, des portraits de l'auteur, des estampes pour chaque sujet, des vignettes, des lettres grises et des culs-de-lampe, tous dessinés et gravés par les meilleurs maîtres. Le texte a été soigneusement comparé avec les anciennes éditions et quelques manuscrits, et la correction sera faite avec un grand soin. Les exemplaires seront disponibles à la fin de l'année 1732, en nombre limité. Les personnes intéressées peuvent s'adresser à Pierre Gandoüin, Theodore le Gras, Michel-Estienne David ou Guillaume Cavelier à Paris. Les reconnaissances seront délivrées jusqu'au dernier novembre 1731. Par ailleurs, la suite des 'Mémoires d'un homme de qualité qui s'est retiré du monde' est disponible chez Gabriël Martin, la Veuve Delaulne et Theodore le Gras. L'Académie Royale des Sciences a élu plusieurs membres en juillet et août 1731, notamment de Maupertuis, Pitot, Bouguier, Clairaut, de Valière et de La Peyronie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
610
p. [1987]-1992
le Mary curieux, Comedie, [titre d'après la table]
Début :
Le 16. Juillet, les Comédiens François donnerent la premiere Représentation [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français, Repentir, Convent, Tragédie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : le Mary curieux, Comedie, [titre d'après la table]
L
E 16. Juillet , les Comédiens François
donnerent la premiere Représentation
du Mari curieux , Comédie en Prose et
en un Acte , par M. d'Alinval. Cette Piece
a été favorablement reçûë du Public
ce qui nous donne lieu de croire qu'on
en verra avec plaisir un petit Extrait dans
ce Journal.
M. Lisidor, venant d'un long voyage ,
Giiij trouve
9
1988 MERCURE DE FRANCE
trouve le bruit de sa mort répandu dans
son pays , fondé sur un nauffrage dont il
s'est heureusement sauvé. La bonne opinion
qu'il a de sa femme et de lui - même ,
lui fait naître la curiosité d'apprendre
combien il est regretté. Il fait cette épreuve
à la faveur d'un travestissement ; il se
met à la tête d'une troupe de Bohemiennes
, et en qualité de diseuse de bonne
avanture , il s'addresse d'abord à Maturin,
son Jardinier. Ce Maturin vient d'être
maltraité par un Amant de sa femme et
congedié par sa femme même , pour lut
avoir sagement représenté qu'elle ne devoit
pas se remarier sans être bien sûre
de la mort de son mari , et pour avoir
condamné sa joye dans un temps où elle
devroit s'abandonner à la douleur. La tendresse
d'un Serviteur si fidele , engage
M. Lisidor à lui annoncer qu'il reverra
bien-tôt son cher Maître . Maturin est si
agréablement flatté d'une promesse si satisfaisante
, qu'il donne tout ce qu'il a sur
lui à la fausse Bohemienne ; son Maître
ne peut s'empêcher de se découvrir à lui,
il le charge d'engager Madame Lisidor à
la voir danser chez elle avec toute sa troupe.
C'est par une proposition si agréable
et par une fausse apparence de repentir ,
que Maturin regagne les bonnes graces de
Madame
A O UST. 1731. 1989
Madame Lisidor ' et du Gascon , qui la
doit épouser. La seconde consolation que
le Mari curieux reçoit dans sa maison ,
c'est la tendre douleur que sa fille Henriette
témoigne sur la fausse nouvelle de
sa mort ; il est tenté de se découvrir à elle :
sur tout pour soulager le nouveau tourment
que lui cause l'ordre qu'elle a reçû
de sa mere , d'entrer dans un Convent et
de s'arracher pour toûjours au jeune Damon
, qui lui avoit été destiné pour époux
dès sa plus tendre enfance ; quelques sentimens
inconnus qui lui échappent à la
voix de la fausse Bohemienne , font une
espece de demi reconnoissance qui commence
à remuer les Spectateurs . Le Chevalier
Gascon qui ne connoît ni pere
mere , et qui pourtant a promis à Madame
Lisidor que son pere arrivera au premier
jour pour assister à la nôce , engage la
prétendue Bohemienne à lui donner quel
qu'un de sa troupe qui fasse le personnage
de pere , sous le nom de Baron de
Fronsignac. M. Lisidor lui promet de le
faire lui- même ; il se travestit pour jouer
ce nouveau Rôle , et c'est sous ce dernier
travestissement qu'il se fait connoître à sa
femme , qui lui a déja fait entendre dans
une autre Scene qu'elle n'est rien moins
que cette femme tendre et fidelle qu'il se
Gv proposoit
ni
1990 MERCURE DE FRANCE
proposoit de retrouver en elle . Sa fille nelaisse
pas de demander grace à son pere
pour une mere si dénaturée et pour une
femme si infidele. Henriette est mariée à
son cher Damon..La Piece finit par un Divertissement
de Bohemiens et de Bohë.
miennes , dont les Chansons roulent sur
le titre et le fond de la Comédie ; cet Ouvrage
a paru bien écrit , et l'on en a trouvé
la Morale fort bonne ..
Le Théatre François a été fermé pendant
huit jours, les Comédiens qui étoient
restez à Paris ayant été mandez à Fontai
nebleau. Ceux qui avoient été du voyage
à la suite de la Cour , revinrent à Paris
le 30. du mois dernier , et ils r'ouvrirent.
le Théatre le 2. de ce mois par là Tragedie
d'Astrate , de Quinault , représentée
dans sa nouveauté en 1663. qui a toûjours
eû du succès , toutes les fois qu'on:
l'a remise au Théatre. Le Public la revoit
aujourd'hui avec beaucoup de plaisir; mais .
en applaudissant les grandes beautez de
ce Poëme , il n'en blâme pas moins les.
deffauts.
Le 12. ils donnerent le Philosophe Ma
rié, Comédie de M. Destouches , que le
Public revoit toûjours avec plaisir , elle
fut très -bien représentée ; la Dile Gossin
qui
AOUST 1731. 1991
qui a été reçûë à Fontainebleau , sur le
pied d'une demi- part , y joüa le Rôle de
Melite , et y fut fort applaudie..
L'Académie Royale de Musique continuë
toûjours avec succès le Balet des Fêtes
Venitiennes , qu'on ne se lasse pas de
voir ; on prépare l'Opera d'Amadis de
Gaule , qu'on doit remettre au Téatre incessamment.
La Dile Salé , qui est revenue de Londres
, où elle étoit allée l'année passée
reparut le 21. sur le Théatre de l'Opera ,.
et dansa au second Acte des Fêtes Veni--
tiennes , une Musette , un Passe - pied et
un Pas de Deux avec le sieur Dupré, tout
le monde connoît les talens , la finesse et:
les graces de cette excellente Danseuse ..
Le Public a marqué par de grands applaudissemens
le plaisir que lui fait son
retour.
Le 16. les Comédiens Italiens firent
l'ouverture de leur Théatre après leur
retour de Fontainebleau , et représente
rent Démocrite prétendu Fon , qui fut suivi
de la petite Piece des Paysans de qualités.
Le 18. ils donnerent Samson , comme ill
a été représenté à la Cour..
Le 23. ils joüerent une Piece nouvelle
Gvj Fran
1992 MERCURE DE FRANCE
Françoise de M. de la Motte , en cinq
Actes , intitulée l'Amante difficile ; cette
Piece avoit été représentée en Italien au
mois d'Octobre 1716. par les mêmes Comédiens
et sous le même titre : on en parlera
plus au long.
Le 28. Juillet , l'Opera Comique donna.
une Piece nouvelle en trois Actes, en Vaudeviles
, avec des Divertissemens de la
composition de M. Gilliers ; elle a pour
titre, Roger, Roi de Sicile , surnommé le Roi
sans chagrin. Cette Piece qui a été reçûë
favorablement du Public a été suivie du
premier
Ballet que les Danseurs
Anglois
exécuterent à la même Foire S. Laurent
en 1729. ct qui fut si goûté du Public.
E 16. Juillet , les Comédiens François
donnerent la premiere Représentation
du Mari curieux , Comédie en Prose et
en un Acte , par M. d'Alinval. Cette Piece
a été favorablement reçûë du Public
ce qui nous donne lieu de croire qu'on
en verra avec plaisir un petit Extrait dans
ce Journal.
M. Lisidor, venant d'un long voyage ,
Giiij trouve
9
1988 MERCURE DE FRANCE
trouve le bruit de sa mort répandu dans
son pays , fondé sur un nauffrage dont il
s'est heureusement sauvé. La bonne opinion
qu'il a de sa femme et de lui - même ,
lui fait naître la curiosité d'apprendre
combien il est regretté. Il fait cette épreuve
à la faveur d'un travestissement ; il se
met à la tête d'une troupe de Bohemiennes
, et en qualité de diseuse de bonne
avanture , il s'addresse d'abord à Maturin,
son Jardinier. Ce Maturin vient d'être
maltraité par un Amant de sa femme et
congedié par sa femme même , pour lut
avoir sagement représenté qu'elle ne devoit
pas se remarier sans être bien sûre
de la mort de son mari , et pour avoir
condamné sa joye dans un temps où elle
devroit s'abandonner à la douleur. La tendresse
d'un Serviteur si fidele , engage
M. Lisidor à lui annoncer qu'il reverra
bien-tôt son cher Maître . Maturin est si
agréablement flatté d'une promesse si satisfaisante
, qu'il donne tout ce qu'il a sur
lui à la fausse Bohemienne ; son Maître
ne peut s'empêcher de se découvrir à lui,
il le charge d'engager Madame Lisidor à
la voir danser chez elle avec toute sa troupe.
C'est par une proposition si agréable
et par une fausse apparence de repentir ,
que Maturin regagne les bonnes graces de
Madame
A O UST. 1731. 1989
Madame Lisidor ' et du Gascon , qui la
doit épouser. La seconde consolation que
le Mari curieux reçoit dans sa maison ,
c'est la tendre douleur que sa fille Henriette
témoigne sur la fausse nouvelle de
sa mort ; il est tenté de se découvrir à elle :
sur tout pour soulager le nouveau tourment
que lui cause l'ordre qu'elle a reçû
de sa mere , d'entrer dans un Convent et
de s'arracher pour toûjours au jeune Damon
, qui lui avoit été destiné pour époux
dès sa plus tendre enfance ; quelques sentimens
inconnus qui lui échappent à la
voix de la fausse Bohemienne , font une
espece de demi reconnoissance qui commence
à remuer les Spectateurs . Le Chevalier
Gascon qui ne connoît ni pere
mere , et qui pourtant a promis à Madame
Lisidor que son pere arrivera au premier
jour pour assister à la nôce , engage la
prétendue Bohemienne à lui donner quel
qu'un de sa troupe qui fasse le personnage
de pere , sous le nom de Baron de
Fronsignac. M. Lisidor lui promet de le
faire lui- même ; il se travestit pour jouer
ce nouveau Rôle , et c'est sous ce dernier
travestissement qu'il se fait connoître à sa
femme , qui lui a déja fait entendre dans
une autre Scene qu'elle n'est rien moins
que cette femme tendre et fidelle qu'il se
Gv proposoit
ni
1990 MERCURE DE FRANCE
proposoit de retrouver en elle . Sa fille nelaisse
pas de demander grace à son pere
pour une mere si dénaturée et pour une
femme si infidele. Henriette est mariée à
son cher Damon..La Piece finit par un Divertissement
de Bohemiens et de Bohë.
miennes , dont les Chansons roulent sur
le titre et le fond de la Comédie ; cet Ouvrage
a paru bien écrit , et l'on en a trouvé
la Morale fort bonne ..
Le Théatre François a été fermé pendant
huit jours, les Comédiens qui étoient
restez à Paris ayant été mandez à Fontai
nebleau. Ceux qui avoient été du voyage
à la suite de la Cour , revinrent à Paris
le 30. du mois dernier , et ils r'ouvrirent.
le Théatre le 2. de ce mois par là Tragedie
d'Astrate , de Quinault , représentée
dans sa nouveauté en 1663. qui a toûjours
eû du succès , toutes les fois qu'on:
l'a remise au Théatre. Le Public la revoit
aujourd'hui avec beaucoup de plaisir; mais .
en applaudissant les grandes beautez de
ce Poëme , il n'en blâme pas moins les.
deffauts.
Le 12. ils donnerent le Philosophe Ma
rié, Comédie de M. Destouches , que le
Public revoit toûjours avec plaisir , elle
fut très -bien représentée ; la Dile Gossin
qui
AOUST 1731. 1991
qui a été reçûë à Fontainebleau , sur le
pied d'une demi- part , y joüa le Rôle de
Melite , et y fut fort applaudie..
L'Académie Royale de Musique continuë
toûjours avec succès le Balet des Fêtes
Venitiennes , qu'on ne se lasse pas de
voir ; on prépare l'Opera d'Amadis de
Gaule , qu'on doit remettre au Téatre incessamment.
La Dile Salé , qui est revenue de Londres
, où elle étoit allée l'année passée
reparut le 21. sur le Théatre de l'Opera ,.
et dansa au second Acte des Fêtes Veni--
tiennes , une Musette , un Passe - pied et
un Pas de Deux avec le sieur Dupré, tout
le monde connoît les talens , la finesse et:
les graces de cette excellente Danseuse ..
Le Public a marqué par de grands applaudissemens
le plaisir que lui fait son
retour.
Le 16. les Comédiens Italiens firent
l'ouverture de leur Théatre après leur
retour de Fontainebleau , et représente
rent Démocrite prétendu Fon , qui fut suivi
de la petite Piece des Paysans de qualités.
Le 18. ils donnerent Samson , comme ill
a été représenté à la Cour..
Le 23. ils joüerent une Piece nouvelle
Gvj Fran
1992 MERCURE DE FRANCE
Françoise de M. de la Motte , en cinq
Actes , intitulée l'Amante difficile ; cette
Piece avoit été représentée en Italien au
mois d'Octobre 1716. par les mêmes Comédiens
et sous le même titre : on en parlera
plus au long.
Le 28. Juillet , l'Opera Comique donna.
une Piece nouvelle en trois Actes, en Vaudeviles
, avec des Divertissemens de la
composition de M. Gilliers ; elle a pour
titre, Roger, Roi de Sicile , surnommé le Roi
sans chagrin. Cette Piece qui a été reçûë
favorablement du Public a été suivie du
premier
Ballet que les Danseurs
Anglois
exécuterent à la même Foire S. Laurent
en 1729. ct qui fut si goûté du Public.
Fermer
Résumé : le Mary curieux, Comedie, [titre d'après la table]
Le 16 juillet, les Comédiens Français ont présenté pour la première fois 'Le Mari curieux', une comédie en prose et en un acte écrite par M. d'Alinval. La pièce a été bien accueillie par le public. L'intrigue suit M. Lisidor, qui revient d'un long voyage et découvre que l'on croit à sa mort à cause d'un naufrage dont il a réchappé. Curieux de savoir combien il est regretté, il se déguise en diseuse de bonne aventure et se rend chez lui. Il rencontre d'abord Maturin, son jardinier, qui a été maltraité par un amant de sa femme et congédié pour avoir conseillé à Madame Lisidor de ne pas se remarier sans être sûre de la mort de son mari. M. Lisidor, touché par la fidélité de Maturin, lui révèle qu'il est vivant et lui demande d'organiser une rencontre avec Madame Lisidor. Grâce à cette ruse, Maturin regagne les faveurs de Madame Lisidor et de son futur mari, un chevalier gascon. M. Lisidor découvre également la douleur de sa fille Henriette, qui doit entrer au couvent pour être séparée de son fiancé Damon. Il se révèle finalement à sa femme et à sa fille, qui obtient le pardon pour sa mère infidèle. La pièce se termine par un divertissement de Bohémiens et Bohémiennes, et est jugée bien écrite avec une morale solide. Par la suite, le théâtre a repris ses activités avec diverses représentations, dont 'Astrée' de Quinault, 'Le Philosophe marié' de Destouches, et des spectacles de danse et de musique. Les Comédiens Italiens ont également repris leurs représentations avec des pièces comme 'Démocrite prétendu fou' et 'L'Amante difficile'. L'Opéra Comique a présenté 'Roger, Roi de Sicile', une pièce en vaudevilles suivie d'un ballet.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
611
p. 1992-1998
Tragedie de Regulus et Balet de l'empire de la Mode, au College des Jesuites, [titre d'après la table]
Début :
Le Mercredi premier de ce mois, on représenta pour la distribution des Prix, dans la Cour du [...]
Mots clefs :
Tragédie, Ballet, Mode, Roi légitime, Barbier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tragedie de Regulus et Balet de l'empire de la Mode, au College des Jesuites, [titre d'après la table]
Le Mercredi premier de ce mois , on représenta
pour la distribution des Prix , dans la Cour du
College de Louis le Grand , la Tragedie de Regulus
, du Pere de la Sante , en Latin. Elle fut
ter minée par un Eloge du Roy. Nous n'entrerons.
po'nt dans le détail de cette Piece , dont le sujet
est connu de tout le monde , pour pouvoir nous
arrêter plus long- temps sur le Balet qui a servi
d'in ermede à la Tragedie , sous le titre de l'Empire
de la Mode. Ce Balet est divisé en quatre-
Da rties ; sçavoir , l'établissement de l'Empire de
a Mode , son étenduë , sa tyrannie , sa décadence.
Avant que d'entrer dans les subdivisions de
ces quatre Parties , il est à propos de parler de
l'ouverture du Balet , en voici le Sujet.
L'Au
A O UST. 1731. 1993
•
L'Auteur suppose très- ingenieusement que l'Uage
est fils du Temps et de la Coûtume , que la
Mode , Princesse naturellement ambitieuse , fille
du Caprice et de la Phantaisie , entreprit de détrôner
l'Usage , et de faite tomber son Royaume
en quenouille. Elle a des Soldats lestes et vétus
à la moderne , qui surprennent les vieilles bandes
du Roy legitime ; ils les enchaînent et les forcent
même à venir rendre hommage à l'usurpatrice
assise sur le Trône , d'où elle donne des Loix at
Monde qu'elle tient sous ses pieds.
La premiere Partie du Balet comprend l'établissement
de l'Empire de la Mode , et la subdivision.
1 °.L'exemple des Grands . 2 °. L'envie de
eacher ce que
l'on est. 3 ° . L'ambition de paroître
plus qu'on n'est.
1. Le fameux Barbier de Midas , invente l'usage
de la Perruque en faveur de son Prince, pour
couvrir la disgrace de ses oreilles . Plusieurs Maîtres
Perruquiers font sur ce modele de pareilles
coëffures , dont les Courtisans se parent à l'exemple
du Souverain , et transmettent cette mode aux
siecles suivans , qui s'en sont plus d'une fois servis
pour des besoins à peu près semblables.
2. Plusieurs Sauvages se peignent le visage ,
pour ne point laisser paroître les mouvemens de
leur ame. I's sortent des Bois de Samos et viennent
livrer aux Marchands Romais le Fard , la
Pommade , la Céruse et le Vern , que ceuxcy
mettent à la mode parmi les Dames Romaines,
qui s'en servent pour cacher les rides de leurs
visages et le desagrément de leur teint.
.
3. Niobé, fiere du nombre et de la beauté de ses
enfans , leur fait prendre des simboles des Dieux
et se produisant elle- même en public sous un habit
conforme à celui de Latone , elle voudroit à
La
1994 MERCURE DE FRANCE
la faveur de cet appareil passer pour Déesse aux
yeux de son peuple , et faire adorer ses enfanscomme
autant de demi-Dieux , dans un temps où
la Mode commençoit à diviniser les Passions mêmes
. Apollon et Diane font tomber sur cette
mere ambitieuse une grêle de fleches avec une
pluye de feu. Transformée en Rocher, elle éprouve
à ses dépens que c'est une vanité punissable
que d'aspirer à paroître plus que l'on n'est..
SECONDE PARTIE.
29
L'Empire de la Mode s'étend , 1 ° . Sur la
plupart des conditions . 2 ° . Sur presque.
toutes les Nations. 3 ° . Sur tous les âges.
I. ENTRE'E . Lycurgue , gouvernant le Royaume
au nom de son Neveu encore jeune , ne peut
voir sans indignation , que l'entêtement pour la
mode confonde toutes les conditions dans Sparte;
que le Villageois s'érige en Artisan , l'Artisan
en Bourgeois , le Bourgeois en Gentilhomme , le
Gentilhomme en Seigneur , le Seigneur en petit :
Souverain , le Marchand en Magistrat , &c. 11 .
entreprend de réformer de tels abus, et publie avec
appareil, au son des tambours et des trompettes,
une loi sévere par laquelle il regle l'ordre des
conditions.
II. ENTREE. Auguste , après avoir pacifié
l'Univers , fait dresser des Arcs de Triomphe à
l'entrée d'un . Bocage voisin de son Palais. Là il
donne une Fête aux Ambassadeurs des Nations
nouvellement subjugués, qu'il prétend engager à
prendre les manieres Romaines , tant pour le langage
que pour l'habillement ; mais la plupart de
ces Etrangers,, sur tout les Gaulois , jaloux de leure
liberté.
A OUST 1731 . 1995
liberté , se maintiennent dans le droit de changer
de mode à leur gré par le refus qu'ils font de subir
la loi qu'on veut leur imposer , ils se montrent
plus soumis au joug de la Mode qu'à celui
de leur vainqueur.
III. ENTRE'E. La Déesse Manie , soeur de
la Nouveauté , panoît sur un Char traîné par des
Singes. Ce Char n'est d'abord suivi que par des
enfans et de jeunes avanturiers. Bien - tôt après ,
des hommes d'un âge mûr se joignent à ce Cortege.
Enfin de graves Vieillards se mettent euxmêmes
de la partie . Tous ensemble affectent les
airs , la démarche , la contenance , les . grimaces
de cette Cour bizare , et deviennent plus Singes.
que les Singes mêmes.
TROISIE'ME PARTIE.
L'Empire de la Mode est une vraye tyrannie,
qui force àfaire , 1º . plus qu'on ne doit.
2º. Plus qu'on ne veut. 3 ° . Plus qu'on
ne peut.
I. ENTRE'E. En Asie , la mode du grand
deüil regna pour un tems, et fit même un devoir.
aux riches veuves d'élever des Tombeaux à leurs
maris. Artemise et la Matrone d'Ephése , voulant
signaler leur douleur , érigent à leurs Epoux desuperbes
Mausolées. Mercure les voyant l'une et
l'autre inconsolables en apparence , ranime ceux:
qu'elles pleurent , en touchant leurs corps de sa
baguette fatale ; la douleur des deuxaffligées paroit
s'accroître par le prodige même qu'il opera
pour la soulager.
II . ENTRE' E. Deux partis de Gentilshommes
Bourguignons entrent en champ clos et se
battent
1997 MERCURE DE FRANCE
battent en duel malgré leurs répugnances ,sous les
yeux même de leur Roi , arbitre du combat , pour
obéir à la mode barbare établie parmi eux de
prouver, l'épée à la main, son innocence et la justice
de sa cause.
III. ENTRE'B Les quatre Divinitez , du
Jeu, des Festins , du Luxe et de la Volupté, confedérées
avec la Mode , engagent de jeunes Seigneurs
dans de folles dépenses qu'ils ne peuvent
Soutenir. Pendant qu'ils sont occupez à leurs plaisirs
, des Huissiers envoyez par les Créanciers
saisissent ce qu'ils trouvent sous leurs mains
poursuivent les débiteurs , et vont mettre leurs
terres en decret.
>
QUATRIE ME PARTIE.
L'Empire de la Mode tombe en décadence ;
1º . Par une nouvelle Mode qui bannie
la précedente. 2° . Par la rigueur des Loix
qui proscrivent les Modes dangereuses.
3º. Par le temps qui les détruit l'une après
l'autre.
I. ENTRE' E. Pendant que les plus grands
Maîtres raisonnent suivant Pancienne Méthode
dans le Lycée d'Athénes , et traitent gravement
des points de doctrine les plus sublimes , on voit
paroitre une troupe de petits Grecs nouveaux venus
, qui font grand bruit pour interrompre ceux
qu'ils devroient écouter avec respect , contrefont
leurs gestes , copient leur gravité , introduisent.
une mode nouvelle qui fait fortune pour un instant;
mais la saine antiquité prévaut et dissipe les
yaines chimeres.
LL ENTRE' . Henry IV. voulant multiplies
A O UST. 1731. 1997
plier les especes de monnoye qui devenoient rares
en France , avoit porté un Edit par lequel il permettoit
aux seuls Filoux de porter des étoffes
d'or et d'argent. Une troupe de Filoux ayant saisi
les premiers exemplaires imprimez de l'Edit
viennent déguisez en Colporteurs , et distribuent
des copies de cette loi à de jeunes Seigneurs rassemblez
dans un Bal. Ceux - cy aiment mieux
changer d'habits avec les prétendus Colpolteurs
que de passer pour Filoux. Après ce changement
les fourbes font une danse grotesque , où ils se
divertissent aux dépens de leurs dupés.
*
III ENTRE E. Saturne , Dieu du Tems ,
invoqué par de jeune Eleves de Mars , qui lui demandent
les meilleures armes qu'il ait vû mettre
en oeuvre pour la guerre , leur fait apporter
par les Siecles differentes sortes d'armes à la
vieille mode ; on les essaye en sa presence pour
Pattaque d'une Place ; mais ce Dicu les proscrit
d'un coup
de faulx, et ne laisse aux jeunes Guerriers
que l'armure nouvelle qui leur est fournie
par le dernier Siecle ; il menace même d'en abolir
bientôt l'usage.
BALET GENERAL.
Pendant que la Mode fait une Marche triomphale,
et s'applaudit de la victoire qu'elle a rem
portée sur l'Usage , elle est surprise de voir un
grand nombre de Nations l'abandonner aussi aisément
qu'elles l'avoient suivie , et s'attacher à
Constance , Princesse alliée du Roi détrôné et
ennemie de l'Usurpatrice. L'Usage est rétabli sur
le Trône , que la Constance rend fixe et immuable.
Minerve , Déesse de la Sagesse , de concert
avec les Dieux intéressez au bon ordre de l'Uni-
YCA
1998 MERCURE DE FRANCE
vers publie des Loix invariables qui assurent la
gloire , le bonheur et la stabilité de l'Empire.
Les Danses sont de la composition de Mrs Blon
di et Ma taire l'ainé.
Le Lundi 13. de ce mois , on représenta sur le
Théatre du College d'Harcourt , pour la distri
bution des Prix, la Tragedie d' Absa on , de M. Duché.
Les changemens qu'on a été obligé d'y faire
pour l'accommoder à l'usage de ce College , ne
lui ont rien ôté de son vrai mérite Elle fut trèsbien
représentée par les Ecoliers de Réthorique ,
et l'Assemblée fut très - belle et très- nombreuse .
pour la distribution des Prix , dans la Cour du
College de Louis le Grand , la Tragedie de Regulus
, du Pere de la Sante , en Latin. Elle fut
ter minée par un Eloge du Roy. Nous n'entrerons.
po'nt dans le détail de cette Piece , dont le sujet
est connu de tout le monde , pour pouvoir nous
arrêter plus long- temps sur le Balet qui a servi
d'in ermede à la Tragedie , sous le titre de l'Empire
de la Mode. Ce Balet est divisé en quatre-
Da rties ; sçavoir , l'établissement de l'Empire de
a Mode , son étenduë , sa tyrannie , sa décadence.
Avant que d'entrer dans les subdivisions de
ces quatre Parties , il est à propos de parler de
l'ouverture du Balet , en voici le Sujet.
L'Au
A O UST. 1731. 1993
•
L'Auteur suppose très- ingenieusement que l'Uage
est fils du Temps et de la Coûtume , que la
Mode , Princesse naturellement ambitieuse , fille
du Caprice et de la Phantaisie , entreprit de détrôner
l'Usage , et de faite tomber son Royaume
en quenouille. Elle a des Soldats lestes et vétus
à la moderne , qui surprennent les vieilles bandes
du Roy legitime ; ils les enchaînent et les forcent
même à venir rendre hommage à l'usurpatrice
assise sur le Trône , d'où elle donne des Loix at
Monde qu'elle tient sous ses pieds.
La premiere Partie du Balet comprend l'établissement
de l'Empire de la Mode , et la subdivision.
1 °.L'exemple des Grands . 2 °. L'envie de
eacher ce que
l'on est. 3 ° . L'ambition de paroître
plus qu'on n'est.
1. Le fameux Barbier de Midas , invente l'usage
de la Perruque en faveur de son Prince, pour
couvrir la disgrace de ses oreilles . Plusieurs Maîtres
Perruquiers font sur ce modele de pareilles
coëffures , dont les Courtisans se parent à l'exemple
du Souverain , et transmettent cette mode aux
siecles suivans , qui s'en sont plus d'une fois servis
pour des besoins à peu près semblables.
2. Plusieurs Sauvages se peignent le visage ,
pour ne point laisser paroître les mouvemens de
leur ame. I's sortent des Bois de Samos et viennent
livrer aux Marchands Romais le Fard , la
Pommade , la Céruse et le Vern , que ceuxcy
mettent à la mode parmi les Dames Romaines,
qui s'en servent pour cacher les rides de leurs
visages et le desagrément de leur teint.
.
3. Niobé, fiere du nombre et de la beauté de ses
enfans , leur fait prendre des simboles des Dieux
et se produisant elle- même en public sous un habit
conforme à celui de Latone , elle voudroit à
La
1994 MERCURE DE FRANCE
la faveur de cet appareil passer pour Déesse aux
yeux de son peuple , et faire adorer ses enfanscomme
autant de demi-Dieux , dans un temps où
la Mode commençoit à diviniser les Passions mêmes
. Apollon et Diane font tomber sur cette
mere ambitieuse une grêle de fleches avec une
pluye de feu. Transformée en Rocher, elle éprouve
à ses dépens que c'est une vanité punissable
que d'aspirer à paroître plus que l'on n'est..
SECONDE PARTIE.
29
L'Empire de la Mode s'étend , 1 ° . Sur la
plupart des conditions . 2 ° . Sur presque.
toutes les Nations. 3 ° . Sur tous les âges.
I. ENTRE'E . Lycurgue , gouvernant le Royaume
au nom de son Neveu encore jeune , ne peut
voir sans indignation , que l'entêtement pour la
mode confonde toutes les conditions dans Sparte;
que le Villageois s'érige en Artisan , l'Artisan
en Bourgeois , le Bourgeois en Gentilhomme , le
Gentilhomme en Seigneur , le Seigneur en petit :
Souverain , le Marchand en Magistrat , &c. 11 .
entreprend de réformer de tels abus, et publie avec
appareil, au son des tambours et des trompettes,
une loi sévere par laquelle il regle l'ordre des
conditions.
II. ENTREE. Auguste , après avoir pacifié
l'Univers , fait dresser des Arcs de Triomphe à
l'entrée d'un . Bocage voisin de son Palais. Là il
donne une Fête aux Ambassadeurs des Nations
nouvellement subjugués, qu'il prétend engager à
prendre les manieres Romaines , tant pour le langage
que pour l'habillement ; mais la plupart de
ces Etrangers,, sur tout les Gaulois , jaloux de leure
liberté.
A OUST 1731 . 1995
liberté , se maintiennent dans le droit de changer
de mode à leur gré par le refus qu'ils font de subir
la loi qu'on veut leur imposer , ils se montrent
plus soumis au joug de la Mode qu'à celui
de leur vainqueur.
III. ENTRE'E. La Déesse Manie , soeur de
la Nouveauté , panoît sur un Char traîné par des
Singes. Ce Char n'est d'abord suivi que par des
enfans et de jeunes avanturiers. Bien - tôt après ,
des hommes d'un âge mûr se joignent à ce Cortege.
Enfin de graves Vieillards se mettent euxmêmes
de la partie . Tous ensemble affectent les
airs , la démarche , la contenance , les . grimaces
de cette Cour bizare , et deviennent plus Singes.
que les Singes mêmes.
TROISIE'ME PARTIE.
L'Empire de la Mode est une vraye tyrannie,
qui force àfaire , 1º . plus qu'on ne doit.
2º. Plus qu'on ne veut. 3 ° . Plus qu'on
ne peut.
I. ENTRE'E. En Asie , la mode du grand
deüil regna pour un tems, et fit même un devoir.
aux riches veuves d'élever des Tombeaux à leurs
maris. Artemise et la Matrone d'Ephése , voulant
signaler leur douleur , érigent à leurs Epoux desuperbes
Mausolées. Mercure les voyant l'une et
l'autre inconsolables en apparence , ranime ceux:
qu'elles pleurent , en touchant leurs corps de sa
baguette fatale ; la douleur des deuxaffligées paroit
s'accroître par le prodige même qu'il opera
pour la soulager.
II . ENTRE' E. Deux partis de Gentilshommes
Bourguignons entrent en champ clos et se
battent
1997 MERCURE DE FRANCE
battent en duel malgré leurs répugnances ,sous les
yeux même de leur Roi , arbitre du combat , pour
obéir à la mode barbare établie parmi eux de
prouver, l'épée à la main, son innocence et la justice
de sa cause.
III. ENTRE'B Les quatre Divinitez , du
Jeu, des Festins , du Luxe et de la Volupté, confedérées
avec la Mode , engagent de jeunes Seigneurs
dans de folles dépenses qu'ils ne peuvent
Soutenir. Pendant qu'ils sont occupez à leurs plaisirs
, des Huissiers envoyez par les Créanciers
saisissent ce qu'ils trouvent sous leurs mains
poursuivent les débiteurs , et vont mettre leurs
terres en decret.
>
QUATRIE ME PARTIE.
L'Empire de la Mode tombe en décadence ;
1º . Par une nouvelle Mode qui bannie
la précedente. 2° . Par la rigueur des Loix
qui proscrivent les Modes dangereuses.
3º. Par le temps qui les détruit l'une après
l'autre.
I. ENTRE' E. Pendant que les plus grands
Maîtres raisonnent suivant Pancienne Méthode
dans le Lycée d'Athénes , et traitent gravement
des points de doctrine les plus sublimes , on voit
paroitre une troupe de petits Grecs nouveaux venus
, qui font grand bruit pour interrompre ceux
qu'ils devroient écouter avec respect , contrefont
leurs gestes , copient leur gravité , introduisent.
une mode nouvelle qui fait fortune pour un instant;
mais la saine antiquité prévaut et dissipe les
yaines chimeres.
LL ENTRE' . Henry IV. voulant multiplies
A O UST. 1731. 1997
plier les especes de monnoye qui devenoient rares
en France , avoit porté un Edit par lequel il permettoit
aux seuls Filoux de porter des étoffes
d'or et d'argent. Une troupe de Filoux ayant saisi
les premiers exemplaires imprimez de l'Edit
viennent déguisez en Colporteurs , et distribuent
des copies de cette loi à de jeunes Seigneurs rassemblez
dans un Bal. Ceux - cy aiment mieux
changer d'habits avec les prétendus Colpolteurs
que de passer pour Filoux. Après ce changement
les fourbes font une danse grotesque , où ils se
divertissent aux dépens de leurs dupés.
*
III ENTRE E. Saturne , Dieu du Tems ,
invoqué par de jeune Eleves de Mars , qui lui demandent
les meilleures armes qu'il ait vû mettre
en oeuvre pour la guerre , leur fait apporter
par les Siecles differentes sortes d'armes à la
vieille mode ; on les essaye en sa presence pour
Pattaque d'une Place ; mais ce Dicu les proscrit
d'un coup
de faulx, et ne laisse aux jeunes Guerriers
que l'armure nouvelle qui leur est fournie
par le dernier Siecle ; il menace même d'en abolir
bientôt l'usage.
BALET GENERAL.
Pendant que la Mode fait une Marche triomphale,
et s'applaudit de la victoire qu'elle a rem
portée sur l'Usage , elle est surprise de voir un
grand nombre de Nations l'abandonner aussi aisément
qu'elles l'avoient suivie , et s'attacher à
Constance , Princesse alliée du Roi détrôné et
ennemie de l'Usurpatrice. L'Usage est rétabli sur
le Trône , que la Constance rend fixe et immuable.
Minerve , Déesse de la Sagesse , de concert
avec les Dieux intéressez au bon ordre de l'Uni-
YCA
1998 MERCURE DE FRANCE
vers publie des Loix invariables qui assurent la
gloire , le bonheur et la stabilité de l'Empire.
Les Danses sont de la composition de Mrs Blon
di et Ma taire l'ainé.
Le Lundi 13. de ce mois , on représenta sur le
Théatre du College d'Harcourt , pour la distri
bution des Prix, la Tragedie d' Absa on , de M. Duché.
Les changemens qu'on a été obligé d'y faire
pour l'accommoder à l'usage de ce College , ne
lui ont rien ôté de son vrai mérite Elle fut trèsbien
représentée par les Ecoliers de Réthorique ,
et l'Assemblée fut très - belle et très- nombreuse .
Fermer
Résumé : Tragedie de Regulus et Balet de l'empire de la Mode, au College des Jesuites, [titre d'après la table]
Le 1er août, une tragédie latine intitulée 'Regulus' du Père de la Sainte fut représentée au Collège de Louis le Grand pour la distribution des prix, suivie d'un éloge du roi. Le ballet 'L'Empire de la Mode' accompagna cette tragédie et fut divisé en quatre parties : l'établissement, l'extension, la tyrannie et la décadence de la mode. L'ouverture du ballet présente la Mode comme une princesse ambitieuse qui détrône l'Usage, aidée par des soldats modernes. La première partie, 'Établissement de l'Empire de la Mode', illustre l'exemple des grands, comme le barbier de Midas inventant la perruque, l'envie de cacher ses défauts, et l'ambition de paraître plus que l'on est, montrée par Niobé voulant passer pour une déesse. La deuxième partie, 'Extension de l'Empire de la Mode', montre comment la mode confond les conditions sociales à Sparte sous Lycurgue et comment Auguste tente d'imposer les manières romaines aux nations conquises. La déesse Manie, sœur de la Nouveauté, influence tous les âges. La troisième partie, 'Tyrannie de l'Empire de la Mode', décrit comment la mode force à faire plus qu'on ne doit, comme les veuves élevant des tombeaux, pousse à des actions contre nature, comme des duels forcés, et entraîne des dépenses excessives, illustrées par des jeunes seigneurs endettés. La quatrième partie, 'Décadence de l'Empire de la Mode', montre comment une nouvelle mode remplace l'ancienne, les lois proscrivent les modes dangereuses, et le temps détruit les modes successives. Le ballet se conclut par le retour de l'Usage, aidé par la Constance, et l'établissement de lois invariables par Minerve pour assurer la stabilité. Les danses du ballet furent composées par Messieurs Blondy et Mataire l'aîné. Le 13 août, la tragédie 'Absalon' de M. Duché fut représentée au Collège d'Harcourt pour la distribution des prix, adaptée pour les écoliers de rhétorique et bien accueillie par une assemblée nombreuse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
612
p. 1998-2002
Brutus, Tragedie, représentée à Caen, et Balet caracterisé, Prologue, &c. [titre d'après la table]
Début :
BRUTUS, Tragedie de M. de Voltaire, représentée au College du Bois de la très - celebre [...]
Mots clefs :
Comédiens italiens du roi, Prix, Tragédie, Parodie, Prologue
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Brutus, Tragedie, représentée à Caen, et Balet caracterisé, Prologue, &c. [titre d'après la table]
BRUTUS , Tragedie de M. de Voltaire ,
présentée au College du Bois de la très - celebre
Université de Caën , pour la distribution solemnelle
des Prix , donnez par Noble Homme Jacques
Maheult de Sainte - Croix , Proviseur du
même College , le Jeudi 31. Juillet.
C'est le titre d'un Programme que nous avons
reçû de Caën , lequel contient le Sujet et le Plan
de cette belle Tragedie , tel à peu près qu'il se
trouve exposé dans l'Extrait que nous en avons
donné lorsqu'elle fut mise pour la premiere fois
sur la Scêne Françoise. Nous avons cependant
remarqué une licence que Mrs de Caën se sont
donnée en faisant paroître au second Acte , Julie
chargée de chaines , déclarant à Argine , sa Confidente
, son amour pour Titus. Ces chaînes ont
apparemment parû plus touchantes , et devoir produire
un plus grand effet sur le Théatre Normand ,
qui s'impathise peut - être un peu avec le Théatre
Anglois. Quoiqu'il en soit , nous avons appris
que cette Piece a été três - bien executée et fort
applaudie par une Assemblée des plus nombreuses..
Selon
A O UST. 1731. 1999
Selon le même Programme , la Tragedie de
Brutus fut suivie de la Parodie qui en a été faite
par les Comédiens Italiens du Roi , intitulée Balus
, et après ce Divertissement onjoua l'Etourdi
eu les Contretemps , Comédie de Moliere , avec
des Intermedes.
Le Spectacle triomphant du Vice , ou le Théa
ore digne de l'Honnête Homme , est le sujet d'un
grandna Balet qui fut dansé sur le même Théatre
, à l'occasion de la Tragédie ; on en trouve
le dessein et la division dans le même Programme.
La Tragedie , l'Opera , ie Balet , et la Comédie
, fournirent le sujet des quatre principales,
Entrées qui parurent avec les caracteres et les suites
qui leur sont propres . Ce Balet et la plûpart
des Airs , sont de la composition de M. Hardouin,
qui s'attira de nouvelles louanges.
Le Programme dont nous rendons compte ,
contient sur tout cela un détail curieux , dans lequel
il nous est impossible d'entrer , qui prouve
que l'esprit et le bon goût continuent de regner
dans la Ville de Caën. Nous nous contenterons
d'ajoûter ici le peu de Vers qui ont précedé la
Tragedie et le Balet . Ils sont de M. Heurtauld
de qui nous avons déja inseré plusieurs bonnes
Pieces dans notre Journal .
Li
Prologue de la Tragédie.
L est une Vertu severe ,
Qui n'a dans ses Arrêts aucun respect humain.
Tel se montra jadis ce courageux Romain ,
Dont nous traçons le caractere.
Brutus en vrai Consul deffend Rome et les Dieux,
It son fils a tramé des desseins factieux.
Dan's
2000 MERCURE DE FRANCE
Dans cette extremité , Ciel , à quoi se résoudre !
Le Consul doit punir : le Pere doit absoudre.
· Raison , pitié , devoir , amour
Quels combats à son coeur vous livrez tour à
tour,!
S'il condamne son fils , il trahit la tendresse :
S'il épargne un coupable , il trahit l'équité :
C'en est fait ; il condamne : un zele ardent le
presse ,
Et la justice enfin , surmonte la bonté !
Cet exemple est pour vous , Peres pleins d'indulgence
,
Qui souffrez d'un enfant la coupable licence ,
Et dont le bras trop lâche est si - tôt désarmé ,
Quand le coup doit tomber sur un objet aimé.
Mais vous que séduit l'âge tendre ,
Enfans , si vous donnez dans quelque égarement ,
Titus mourant doit vous apprendre ,
A vous soumettre aux Loix d'un juste châtiment .
Fidele à sa Patrie , il la vengeoit en brave.
Il triomphoit dans les combâts ;
Mais vaincu par l'amour , il devient traître , es
clave ,
Et la victime du trépas
Jeunes coeurs , de l'amour telle est l'affreuse sufte ;
Craignez son poison dangereux.
Il soüille notre gloire , et corrompt le mérite
Des naturels les plus heureux.
C'est l'utile leçon que vous donne l'ouvrage ,
D'us
A UUS 1. 1731. 2002
D'un Auteur autrefois , habitant de ces lieux.
Quel plaisir , s'il voyoit la troupe illustre et sage¿
Qui s'apprête à gouter ses sons harmonieux !
Și, comme eux , nous étions sûrs de votre suffrage,
Qu'aujourd'hui notre sort deviendroit glorieux.
JE
Prologue du Balet.
Eunes Mortels , accourez pleins de zele.
Ce doux spectacle a des charmes puissans.
Que craignez-vous ? la vertu vous appelle
Livrez vos coeurs à ces jeux innocens ,
M
Loin de ces lieux le vice et l'ignorance,
On n'y reçoit que de pures leçons.
C'est la vertu qui regle notre Danse ,
Nos pas , nos voix et nos doctes Chansons.
M
Par le Tragique on abhorre le crime :
Par le Comique on réforme les moeurs :
L'Opera chante un Héros magúanime :
La Danse peint les sentimens des coeurs,
粥
De ces talens un heureux assemblage ,
Ici concourt à flater vos desirs.
Quel passe -tems convient mieux à votre âge ?
Est-il ailleurs de plus charmans plaisirs ? &c.
présentée au College du Bois de la très - celebre
Université de Caën , pour la distribution solemnelle
des Prix , donnez par Noble Homme Jacques
Maheult de Sainte - Croix , Proviseur du
même College , le Jeudi 31. Juillet.
C'est le titre d'un Programme que nous avons
reçû de Caën , lequel contient le Sujet et le Plan
de cette belle Tragedie , tel à peu près qu'il se
trouve exposé dans l'Extrait que nous en avons
donné lorsqu'elle fut mise pour la premiere fois
sur la Scêne Françoise. Nous avons cependant
remarqué une licence que Mrs de Caën se sont
donnée en faisant paroître au second Acte , Julie
chargée de chaines , déclarant à Argine , sa Confidente
, son amour pour Titus. Ces chaînes ont
apparemment parû plus touchantes , et devoir produire
un plus grand effet sur le Théatre Normand ,
qui s'impathise peut - être un peu avec le Théatre
Anglois. Quoiqu'il en soit , nous avons appris
que cette Piece a été três - bien executée et fort
applaudie par une Assemblée des plus nombreuses..
Selon
A O UST. 1731. 1999
Selon le même Programme , la Tragedie de
Brutus fut suivie de la Parodie qui en a été faite
par les Comédiens Italiens du Roi , intitulée Balus
, et après ce Divertissement onjoua l'Etourdi
eu les Contretemps , Comédie de Moliere , avec
des Intermedes.
Le Spectacle triomphant du Vice , ou le Théa
ore digne de l'Honnête Homme , est le sujet d'un
grandna Balet qui fut dansé sur le même Théatre
, à l'occasion de la Tragédie ; on en trouve
le dessein et la division dans le même Programme.
La Tragedie , l'Opera , ie Balet , et la Comédie
, fournirent le sujet des quatre principales,
Entrées qui parurent avec les caracteres et les suites
qui leur sont propres . Ce Balet et la plûpart
des Airs , sont de la composition de M. Hardouin,
qui s'attira de nouvelles louanges.
Le Programme dont nous rendons compte ,
contient sur tout cela un détail curieux , dans lequel
il nous est impossible d'entrer , qui prouve
que l'esprit et le bon goût continuent de regner
dans la Ville de Caën. Nous nous contenterons
d'ajoûter ici le peu de Vers qui ont précedé la
Tragedie et le Balet . Ils sont de M. Heurtauld
de qui nous avons déja inseré plusieurs bonnes
Pieces dans notre Journal .
Li
Prologue de la Tragédie.
L est une Vertu severe ,
Qui n'a dans ses Arrêts aucun respect humain.
Tel se montra jadis ce courageux Romain ,
Dont nous traçons le caractere.
Brutus en vrai Consul deffend Rome et les Dieux,
It son fils a tramé des desseins factieux.
Dan's
2000 MERCURE DE FRANCE
Dans cette extremité , Ciel , à quoi se résoudre !
Le Consul doit punir : le Pere doit absoudre.
· Raison , pitié , devoir , amour
Quels combats à son coeur vous livrez tour à
tour,!
S'il condamne son fils , il trahit la tendresse :
S'il épargne un coupable , il trahit l'équité :
C'en est fait ; il condamne : un zele ardent le
presse ,
Et la justice enfin , surmonte la bonté !
Cet exemple est pour vous , Peres pleins d'indulgence
,
Qui souffrez d'un enfant la coupable licence ,
Et dont le bras trop lâche est si - tôt désarmé ,
Quand le coup doit tomber sur un objet aimé.
Mais vous que séduit l'âge tendre ,
Enfans , si vous donnez dans quelque égarement ,
Titus mourant doit vous apprendre ,
A vous soumettre aux Loix d'un juste châtiment .
Fidele à sa Patrie , il la vengeoit en brave.
Il triomphoit dans les combâts ;
Mais vaincu par l'amour , il devient traître , es
clave ,
Et la victime du trépas
Jeunes coeurs , de l'amour telle est l'affreuse sufte ;
Craignez son poison dangereux.
Il soüille notre gloire , et corrompt le mérite
Des naturels les plus heureux.
C'est l'utile leçon que vous donne l'ouvrage ,
D'us
A UUS 1. 1731. 2002
D'un Auteur autrefois , habitant de ces lieux.
Quel plaisir , s'il voyoit la troupe illustre et sage¿
Qui s'apprête à gouter ses sons harmonieux !
Și, comme eux , nous étions sûrs de votre suffrage,
Qu'aujourd'hui notre sort deviendroit glorieux.
JE
Prologue du Balet.
Eunes Mortels , accourez pleins de zele.
Ce doux spectacle a des charmes puissans.
Que craignez-vous ? la vertu vous appelle
Livrez vos coeurs à ces jeux innocens ,
M
Loin de ces lieux le vice et l'ignorance,
On n'y reçoit que de pures leçons.
C'est la vertu qui regle notre Danse ,
Nos pas , nos voix et nos doctes Chansons.
M
Par le Tragique on abhorre le crime :
Par le Comique on réforme les moeurs :
L'Opera chante un Héros magúanime :
La Danse peint les sentimens des coeurs,
粥
De ces talens un heureux assemblage ,
Ici concourt à flater vos desirs.
Quel passe -tems convient mieux à votre âge ?
Est-il ailleurs de plus charmans plaisirs ? &c.
Fermer
Résumé : Brutus, Tragedie, représentée à Caen, et Balet caracterisé, Prologue, &c. [titre d'après la table]
Le 31 juillet, une représentation de la tragédie 'Brutus' de Voltaire a eu lieu au Collège du Bois de l'Université de Caen. La pièce a été bien exécutée et acclamée par une assemblée nombreuse. La journée a également inclus une parodie de la tragédie intitulée 'Balus', suivie de la comédie 'L'Étourdi' de Molière, avec des intermèdes. Un ballet intitulé 'Le Spectacle triomphant du Vice, ou le Théâtre digne de l'Honnête Homme' a également été présenté. Les principales entrées de la journée étaient donc la tragédie, l'opéra, le ballet et la comédie. Le ballet et la plupart des airs étaient de la composition de M. Hardouin, qui a été félicité pour son travail. Le programme de la journée a démontré l'esprit et le bon goût régnant à Caen. Le prologue de la tragédie 'Brutus' met en avant la vertu sévère de Brutus, qui doit condamner son fils pour trahison, illustrant les conflits entre raison, pitié, devoir et amour. Le prologue du ballet appelle à la vertu et aux jeux innocents, soulignant les bienfaits de la tragédie, de la comédie et de l'opéra pour l'éducation et la réforme des mœurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
613
p. 2083-2085
LE TRIOMPHE D' AMPHITRITE, CANTATE.
Mots clefs :
Hymen, Regard languissant, Soupir doux, Vainqueurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE TRIOMPHE D' AMPHITRITE, CANTATE.
LE
TRIOMPHE
D' AMPHITRITE ,
CANTATE.
Depuis le jour qu'aux yeux d'une brillant
Cour ,
Venus parut et si fiere et si belle ,
Lorsque l'Hymen de concert avec ellt ,
La menoit à Cythere établir son séjour ,
Amphitrite rêveuse , inquiéte et jalouse ,
Des honneurs qu'on rendoit à la nouvelle épouse,
Pressoit le Dieu des Eaux de vouloir à son tour ,
Attacher à son Char l'Hymenée et l'Amour ;
Un regard languissant, un soupir doux et tendre
Qui s'échappoit à tout moment ,
De ses souhaits instruisoit son Amant ,
Et Neptune amoureux , ne pouvant se deffendrej
Contre un si juste empressement,
Ne différa plus de s'y rendre.
Que ne peuvent point sur nos coeurs ,
Les appas riants et flatteurs ,
D'une Nymphe jeune et charmante ?
Ce sont de trop puissans vainqueurs ,
Tout nous séduit , tout nous enchante.
B. vj Hymen
2084 MERCURE DE FRANCE
Hymen , que ton joug est charmant ,
Quand c'est la Maîtresse et l'Amant
Qui s'y sont engagez sans peine ;
Mais il n'est heureux qu'un moment ;
Si l'Amour n'en serre la chaîne .
Que ne peuvent point , &c .
'Amphitrite paroît sur la face des Eaux ,
Là, brille de son Char , la pompe triomphale ;
1
Les Nymphes quittent leurs Roseaux ,
Pour venir de Venus honorer la Rivale ;
Les Tritons , tous les Dieux des Mèrs ,
S'assemblent pour la voir des bouts de l'Univers;
Eblouis , charmez de sa gloire.
Leurs cris de joye éclattent jusqu'aux Cieux,
Tous à l'envi celebrent sa victoire ,
Par ce Concert mélodieux.
Triomphez , aimable Déesse ;
Joüissez des plus grands bienfaits,
Qu'a mérité votre tendresse ,
Et qui sont dus à vos attraits.
De l'Element le plus terrible ;
Les Jeux , les Ris et les Amours >
Ont fait un séjour si paisible ,
Que le calme y regne toûjours.
Triomphez , aimable Déesse , &c.
Cc's
SEPTEMBRE. 1731. 2005
Ces transports , ces chants d'allegresse ,
Qu'on entend redoubler sans cesse
Ce triomphe éclatant , ce superbe appareil ,.
Troublent l'Aurore à son réveil ,-
SEt
les brulants coursiers du Dieu de la lumiere:
Sortant de l'humide Element ,
Apeine ouvrent-ils leur paupiere ;
Qu'ils sont saisis d'étonnement.
Les Aquilons retiennent leur haleine
Ravis de cet enchantement ;
1 disparut , helas ! et la liquide Plaine ,
Ne redonna jamais ce spectable charmant.
L'Amour forcé ne sçauroit plaire ;
Eût-il mille fois plus d'appas ;
Confus , il s'envole à Cythere ,,
L'Amour ne se commande pas
Les plaisirs d'une amour nouvelle
Sont des plaisirs plus ravissants ,
Chaque Printemps les renouvelle ,
Ceux de l'Hymen sont languissants.
L'Amour forcé ne sçauroit plaire , &Co
TRIOMPHE
D' AMPHITRITE ,
CANTATE.
Depuis le jour qu'aux yeux d'une brillant
Cour ,
Venus parut et si fiere et si belle ,
Lorsque l'Hymen de concert avec ellt ,
La menoit à Cythere établir son séjour ,
Amphitrite rêveuse , inquiéte et jalouse ,
Des honneurs qu'on rendoit à la nouvelle épouse,
Pressoit le Dieu des Eaux de vouloir à son tour ,
Attacher à son Char l'Hymenée et l'Amour ;
Un regard languissant, un soupir doux et tendre
Qui s'échappoit à tout moment ,
De ses souhaits instruisoit son Amant ,
Et Neptune amoureux , ne pouvant se deffendrej
Contre un si juste empressement,
Ne différa plus de s'y rendre.
Que ne peuvent point sur nos coeurs ,
Les appas riants et flatteurs ,
D'une Nymphe jeune et charmante ?
Ce sont de trop puissans vainqueurs ,
Tout nous séduit , tout nous enchante.
B. vj Hymen
2084 MERCURE DE FRANCE
Hymen , que ton joug est charmant ,
Quand c'est la Maîtresse et l'Amant
Qui s'y sont engagez sans peine ;
Mais il n'est heureux qu'un moment ;
Si l'Amour n'en serre la chaîne .
Que ne peuvent point , &c .
'Amphitrite paroît sur la face des Eaux ,
Là, brille de son Char , la pompe triomphale ;
1
Les Nymphes quittent leurs Roseaux ,
Pour venir de Venus honorer la Rivale ;
Les Tritons , tous les Dieux des Mèrs ,
S'assemblent pour la voir des bouts de l'Univers;
Eblouis , charmez de sa gloire.
Leurs cris de joye éclattent jusqu'aux Cieux,
Tous à l'envi celebrent sa victoire ,
Par ce Concert mélodieux.
Triomphez , aimable Déesse ;
Joüissez des plus grands bienfaits,
Qu'a mérité votre tendresse ,
Et qui sont dus à vos attraits.
De l'Element le plus terrible ;
Les Jeux , les Ris et les Amours >
Ont fait un séjour si paisible ,
Que le calme y regne toûjours.
Triomphez , aimable Déesse , &c.
Cc's
SEPTEMBRE. 1731. 2005
Ces transports , ces chants d'allegresse ,
Qu'on entend redoubler sans cesse
Ce triomphe éclatant , ce superbe appareil ,.
Troublent l'Aurore à son réveil ,-
SEt
les brulants coursiers du Dieu de la lumiere:
Sortant de l'humide Element ,
Apeine ouvrent-ils leur paupiere ;
Qu'ils sont saisis d'étonnement.
Les Aquilons retiennent leur haleine
Ravis de cet enchantement ;
1 disparut , helas ! et la liquide Plaine ,
Ne redonna jamais ce spectable charmant.
L'Amour forcé ne sçauroit plaire ;
Eût-il mille fois plus d'appas ;
Confus , il s'envole à Cythere ,,
L'Amour ne se commande pas
Les plaisirs d'une amour nouvelle
Sont des plaisirs plus ravissants ,
Chaque Printemps les renouvelle ,
Ceux de l'Hymen sont languissants.
L'Amour forcé ne sçauroit plaire , &Co
Fermer
Résumé : LE TRIOMPHE D' AMPHITRITE, CANTATE.
Le texte présente la cantate 'Le Triomphe d'Amphitrite'. Amphitrite, jalouse des honneurs rendus à Vénus lors de son mariage, souhaite que Neptune célèbre leur union. Ému par ses regards et soupirs, Neptune accepte. La cantate célèbre ensuite le triomphe d'Amphitrite, qui apparaît sur les eaux avec une pompe triomphale, accompagnée des nymphes, des tritons et des dieux des mers. Tous célèbrent sa victoire et la paix qu'elle apporte. Cependant, le texte souligne que l'amour forcé ne peut plaire et que les plaisirs d'un nouvel amour sont plus ravissants que ceux de l'Hymen. L'Amour est décrit comme incontrôlable et les plaisirs de l'Hymen comme languissants.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
614
p. 2104-2106
A MLLE SALLÉ, Danseuse de l'Opera, pour celebrer son retour. EPITRE.
Début :
Les Amours pendant votre absence [...]
Mots clefs :
Amours, Vénus, Grâces
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MLLE SALLÉ, Danseuse de l'Opera, pour celebrer son retour. EPITRE.
A MLLE SALLE' ,
Danseuse de l'Opera , pour celebrer
son retour.
EPITRE.
LEs Amours pendant votre absence
'Avec vous s'étoient envolez ;
Enfin les voila rappellez
Dan
SEPTEMBRE. 1731. 2105
Dans le séjour de leur naissance.
Je les vis , ces Enfans aîlez ,
Voler en foule sur la Scene ,
Ou , pour voir triompher leur Reine
Leurs Etats furent assemblez ;
Dieux ! quel fut leur plaisir extréme ,
Ce jour , le plus beau de vos jours ,
Où, recevant de Venus même ,
Et sa Ceinture et ses atours
Vous vîtes l'avide concours ,
D'un Peuple entraîné sur vos traces ,
Qui se rappellera toûjours ,
Ces Ras mésurez par les graces >
Et composez par les Amours.
Des Ris l'essain vif et folâtre ,
Pour contempler ces Jeux charmans
Avoient occupé le Théatre ,
Sous la forme de mille Amans ;
Pour vous voir , les Graces parées ,
De modernes habillemens ,
Des Loges s'étoient emparées ;
Pour empoisonner ces douceurs ,
Une Troupe d'Amours censeurs
Osa se glisser au Parterre ,
Amours étrangers , inconnus ,
Qui sans doute n'étoient venus
21
99
Que pour vous déclarer la guerre ;
CY To
2106 MERCURE DE FRANCE
Je vis leur party frémissant ,.
Forcé de changer de langage ,
Vous rendre , en pestant , son homage ,
Et jurer en applaudissant.
Restez , Fille de Terpsicore ,.
L'Amour est las de voyager ;
Laissez soupirer l'Etranger ,
Brulant de vous revoir encore.' ,
Je sçai que pour nous attirer ,
L'Anglois solide récompense
Le mérite errant que la France
Ne fait tout au plus qu'admirer..
Par sa genereuse industrie ,
Laissons l'Anglois se signaler ,
Est-il rien qui puisse égaler
Le suffrage de la Patrie ?.
Danseuse de l'Opera , pour celebrer
son retour.
EPITRE.
LEs Amours pendant votre absence
'Avec vous s'étoient envolez ;
Enfin les voila rappellez
Dan
SEPTEMBRE. 1731. 2105
Dans le séjour de leur naissance.
Je les vis , ces Enfans aîlez ,
Voler en foule sur la Scene ,
Ou , pour voir triompher leur Reine
Leurs Etats furent assemblez ;
Dieux ! quel fut leur plaisir extréme ,
Ce jour , le plus beau de vos jours ,
Où, recevant de Venus même ,
Et sa Ceinture et ses atours
Vous vîtes l'avide concours ,
D'un Peuple entraîné sur vos traces ,
Qui se rappellera toûjours ,
Ces Ras mésurez par les graces >
Et composez par les Amours.
Des Ris l'essain vif et folâtre ,
Pour contempler ces Jeux charmans
Avoient occupé le Théatre ,
Sous la forme de mille Amans ;
Pour vous voir , les Graces parées ,
De modernes habillemens ,
Des Loges s'étoient emparées ;
Pour empoisonner ces douceurs ,
Une Troupe d'Amours censeurs
Osa se glisser au Parterre ,
Amours étrangers , inconnus ,
Qui sans doute n'étoient venus
21
99
Que pour vous déclarer la guerre ;
CY To
2106 MERCURE DE FRANCE
Je vis leur party frémissant ,.
Forcé de changer de langage ,
Vous rendre , en pestant , son homage ,
Et jurer en applaudissant.
Restez , Fille de Terpsicore ,.
L'Amour est las de voyager ;
Laissez soupirer l'Etranger ,
Brulant de vous revoir encore.' ,
Je sçai que pour nous attirer ,
L'Anglois solide récompense
Le mérite errant que la France
Ne fait tout au plus qu'admirer..
Par sa genereuse industrie ,
Laissons l'Anglois se signaler ,
Est-il rien qui puisse égaler
Le suffrage de la Patrie ?.
Fermer
Résumé : A MLLE SALLÉ, Danseuse de l'Opera, pour celebrer son retour. EPITRE.
En septembre 1731, une épître célèbre le retour de Mlle Salle, une danseuse de l'Opéra. Les Amours, symbolisant les passions et les admirateurs, l'ont suivie et se sont rassemblés pour la voir triompher sur scène. Le jour de son retour a été marqué par un enthousiasme extrême, avec un public avide et des Grâces vêtues de modernes habits occupant les loges. Cependant, une troupe d'Amours censeurs, étrangers et inconnus, a tenté de perturber cet enthousiasme en déclarant la guerre à Mlle Salle. Malgré cela, ces Amours ont dû changer de langage et rendre hommage à la danseuse en applaudissant. L'auteur exprime le souhait que Mlle Salle reste, car l'Amour est las de voyager. Il mentionne également la générosité des Anglais à récompenser le mérite, mais souligne l'importance du suffrage de la Patrie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
615
p. 2106-2123
VOYAGE dans les Etats de Bacchus. Lettre écrite aux Auteurs du Mercure.
Début :
J'ay fait depuis peu, Messieurs, un voyage assez subit et singulier. J'ay visité [...]
Mots clefs :
Voyage, Ordonnance, Registres, Recueil des déclarations du dieu Bacchus, Empire, Vin, Rivage de l'Yonne, Auxerre, Joigny, Vignes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : VOYAGE dans les Etats de Bacchus. Lettre écrite aux Auteurs du Mercure.
VOYAGE dans les Etats de Bacchus..
Lettre écrite aux Auteurs du Mercure.
J4y fait depuis peu , Messieurs
, un
voyage assezsubit et singulier.Fay visité
sans le secours d'aucun guide ni d'aucune
voiture, les Châteaux et les Palais des Dieuxdu
Paganisme. A ce langage , vous vous·
imaginez que mon voyage a dû être de longue
durée , et vous ne vous tromperiez pas,
SZ
SEPTEMBRE. 1731. 2107
si je l'eusse fait physiquement ; mais la verité
est que je n'ay voyagé qu'en esprit. Fe
n'ai point marqué sur mes Tablettes le jour
de mon départ ; je sçai seulement que je
commençai à parcourir tous ces Palais et
ces Châteaux un certain soir du mois de
Fevrier dernier, auquel les fumées du repas
ne m'incommodoient pas beaucoup , et j'ai
idée que le Soleil étoit déja pour lors dans
le Signe des Poissons . Quel qu'ait été mon
voyage , et qu'elle qu'en ait été la cause , me
voila heureusement de retour ; j'ai rapporté
avec moi certaines Ordonnancės assez curieuses
, que les Bibliothequaires de ces Palais,
plus complaisans et moins formalistes
que certains d'Italie , m'ont permis de transcrire
de dessus les Registres dont ils ont la
garde.
En parcourant le Recueil des Déclarations
du Dieu Bacchus , qui est écrit en belles
lettres d'or sur un Velin couleur de Pourpre,
grand in folio , j'en ai apperçû une qui m'a
frappé plus que toutes les autres. Je pense que
c'est l'avant derniere du volume. Sur le champ
j'en ai tiré une copie , avec la résolution de
m'en servir dans l'occasion. Cette occasion
s'est presentée , Messieurs , plutôt que je ne
Faurois crû ; car à peine étois-je un pew
remis de mon vryage spirituel vers le milieu
du mois de Mars , quun de mes amis m'en..
Cvj tendant
1108 MERCURE DE FRANCE
tendant plaindre à table d'un certain vin
clairet et leger que l'on m'avoit servi , tira
de sa poche le Mercure de Fevrier 1731-
et my fit voir à la page 271. un Ecrit que
j'ai reconnu à l'instant être celui que le Dieu
Bacchus a eù en vue de faire supprimer par
son Ordonnanoe. Je vous laisse à juger du
rapport que ces deux Pieces ont l'une avec
l'autre. J'en retranche une partie du préambule
qui est dans le style ordinaire des Sonverains
, et qui ne vous apprendroit autre
chose que les Provinces et les Seigneuries qui
composent le vaste Empire de cette Divinité.
ORDONNANCE du Dieu Bacchus,
donnée dans le Printemps dernier.
fils de Jupiter dit ......
Biber , Lycus , Lenæus , Osyris ,
Dionysus , &c. Jadis la Déesse de la Paix
accorda les differends qui s'étoient élevez
entre la Bourgogne et la Champagne , sur
la primauté du Fruit qui nous est consacré
dans l'étendue de ces deux Provinces
des Gaules ; il y avoit eû force procedures
écrites , mainte Poësie signifiée de part
et d'autre , Pourchot et Grenan , plaidans
pour la Bourgogne , et Coffin pour la
Champagne. (4) Cette bonne Déesse en-
(a) Voyez le Procès Poëtique , imprimé à Paris
an 1712. chez la veuve de Claude Thiboust .
fin
SEPTEMBRE 1731. 2109
in trouva le secret de les mettre tous
d'accord ; elle fit verser dans une grande
Couppe une quantité égale de vin de
Bourgogne et de Champagne , et soudain
ayant fait gouter de ce mêlange aux deux
Partis , ils mirent les armes bas , la Champagne
cedant l'honneur à la Bourgogne ,
dont le vin avoit dominé dans la Couppe
, en gout , en couleur et en force.
Aujourd'hui un Ecrivain récemment
formé sur le Rivage de l'Yonne , réveille
en quelque sorte ce Procès , qui avoit
été jugé définitivement. Il semble avoir
pour but dans son raisonnement de donner
gain de cause à la Champagne , essayant
de faire comprendre que des vins
tendres , peu colorez , de peu de durée ,
et qui de plus ont un goût de terroir ,
doivent aller de pair avec des vins qui
ent du corps , une couleur bien rosée ,
qui sont francs , bien - faisans , amis de
l'estomach , et dont la séve est fine en
même-temps qu'elle est mâle et vigoureuse.
Et ce qu'il y a encore de plus sur
prenant dans son procedé, c'est qu'il prétend
être bon Bourguignon , en écrivant,
comme il fait , en faveur de ces vins tendres
et délicats .
Ce trop zelé Partisan fait paroître sur
les rangs Joigny , petite Ville , qu'il lui
plaît
110 MERCURE DE FRANCE
plaît de placer dans notre Province de
Bourgogne , quoiqu'elle n'y soit point
comprise , suivant l'exacte Géographie de
notre Empire ; et après avoir égalé ses
vins à ceux de notre bonne et ancienne
Ville d'Auxerre , de tout temps renfermée
dans notre Cercle de Bourgogne ,
il pousse la prévention et l'audace jusqu'à
leur donner le dessus. Oubliant lui - même
d'où il est natif , et faisant semblant
de ne pas appercevoir que c'est l'amour
aveugle de sa Patrie qui le rend Auteur,
il va jusqu'à reprocher à notre zelé Analiste
d'Auxerre , duquel Mercure nous
a fait voir les Ecrits , de s'être trop étendu
par l'effet du même amour , à rapporter
les avantages de son Pays. Nous DECLARONS
que nous aimons tous nos fideles
Sujets ; mais nous devons aussi rendre.
justice à qui elle appartient , et réfuter
ce qui mérite de l'être. Sans nous arrê
ter à remarquer que l'Avocat des vins
de joigny pourroit avoir besoin de passer
quelques mois , tant sur le Parnasse
que
dans l'une de nos Universitez , pour
y apprendre à discerner les vins par la fréquentation
des personnages versez en cette
Scienće , et à ne pas prodiguer , comme
il fait , les Citations des Poëtes Latins
dont il abuse quelquefois. Nous disons.
>
qu'il
SEPTEMBRE. 1731. 21FT
qu'il paroît par son langage qu'il n'a jamais
vû de ses yeux ces Vignobles qui
sont si renommez dans nos Etats , qu'à
l'entendre raisonner il semble que jamais:
il n'est sorti des limites de son petit Ter--
ritoire , si ce n'est peut-être pour venir à
Auxerre considerer superficiellement la
situation des Côteaux .
Si ce jeune Ecrivain avoit voulu se détromper
serieusement et de bonne foi ,
ainsi que font tous ceux qui sont étroitement
attachez à notre service , il auroit
pû recourir à nos Papiers - Terriers de
Coulanges - les - Vineuses , à ceux de nos:
Vignobles d'autour de Beaune et des environs,
de Nuys , Volnay , Pomar , Chase
sagne , à ceux des climats du clos de Vougeot
, ( a ) Champbertin , Savigny , la
Romance les Serrieres proche Dijon
et les côtes de Chenove auprès de la
même Ville. Il y auroit appris par les
Declarations circonstanciées de nos féaux
et amez sujets qui peuplent ces cantons ,
que les Vignes qu'ils appellent des meilleurs
endroits et du produit le plus ex-
,
3-
( a ) Vougeot est un Village entre Dijon &
Nuys , où M. l'Abbé de Citeaux a un. Clos de
Vignes très- vaste et presque tout plat , lequel
cependant produit un Vin très- excellent , contre
la Maxime de l'Avocat des Vins de Joigny.
cellent
2111 MERCURE DE FRANCE
cellent , ne sont pas situées dans un territoire
dont l'extension soit comme perpendiculaire
du Ciel vers la Terre , ainsi
qu'il se figure par une idée bizarre , que
doivent être plantées les Vignes d'une
qualité superieure. Pour peu qu'il eût
jetté la vue sur les Cartes Topographiques
qui décorent les murs de nos sallons ,
il y eût appris que dans les côteaux de
Vignes , il y a la Region suprême , la
moyenne et l'inferieure ; que comme ce
n'est pas dans la region la plus basse , la
plus applanie ou la plus inondée que croît
le meilleur vin , ce n'est pas non plus
dans la Region la plus échauffée ou la
plus chauve , et pour parler humainement
, que ce n'est pas dans le plus roide
de la côte qu'on recueille ce Vin supe ♣
rieur et transcendant , mais que c'est dans
la naissance du plis des côteaux , parce
que c'est comme le lieu de concentration ,
tant des sucs choisis de la Terre , que de
la refléxion des rayons solaires . De- là
vient que dans la Capitale de Bourgogne ,
on appelle cet endroit Le Rognon de la Côte.
L'un de nos Geographes qui connoît jusqu'aux
moindres cantons de nos Etats ,
se donna autrefois la peine d'enluminer
de couleur rouge les endroits de ces Cartes
Topographiques , dont les Vignes
sont
SEPTEMBRE. 1731. 2113
•
sont dans la situation la plus heureuse
et dont le grain de terre est en même
temps le plus favorable.
Après l'exhibition qui nous a été faite
de ces Cartes , nous déclarons n'avoir apperçû
que quelques legers coups de pinceau
sur les côtes de Joigny , au lieu que
les climats des environs d'Auxerre sont
presque tous chargez de riches et nombreux
traits de ce pinceau décisif , qui
marquent que ce qui constituë radicalement
le bon vin , y est commun et ordinaire
, c'est-à - dire › que generalement
parlant , les Vignes d'autour notre bienaimée
Ville d'Auxerre sont dans une
و
bonne exposition et qu'elles naissent
dans un grain de terre qui n'est vitié ni
par des veines nitreuses ni par une superficie
sulfureuse. Ces coups de pinceau se
trouvent abondamment
marquez entre
autres Climats , sur ceux de la Chainette,
Migraine , Boivin , Clerion , qui sont au
Septentrion
et à l'Occident de la Ville ,
et sur plus de vingt autres qui sont au
levant et au midi de la même Ville , à
une demi - lieue , ou un peu plus de distance
, dont les productions
par une
licence que jusqu'ici nous avons tolerée ,
quoique contraire à la sincerité de notre
caractere , ne sont point distribuées dans
,
>
la
2114 MERCURE DE FRANCE
la Capitale des Gaules et plus loin , sous
d'autre nom que sous celui de Vin de
Coulanges .
En vain le zelateur des Vins de Joigny,
mal instruit du prix des Vins de notre
illustre Ville d'Auxerre , voudroit - il les
abaisser jusqu'à les mettre de Niveau avec
ceux de sa Patrie. Les Historiens de nos
Etats marquent dans leurs Annales Latines
, qu'en tout temps les Vins d'Autricum
Senonum se sont vendus le double ou
environ des Vins de Joviniacum : Et même
notre Controlleur General nous ayant
representé le Registre de l'Année courante
, nous y avons vû que le Vin de la
derniere récolte , que le Partisan vante
tant , a été débité à Auxerre , à un prix
une fois plus haut que celui du cru de
Joigny. ( a ) Nous ne croyons point qu'il
y ait mortel assez téméraire pour oser
s'inscrire en faux contre un témoignage
si authentique. On sçait que nous sommes
disposez à punir de peines très- séveres
les faussaires ou les faux témoins s'il
( a ) Les Vins du plus haut prix à Joigny
n'ont pas êté à 80. livres le Muid , au lieu qu'à
Auxerre ils ont été vendus 130. et 140. livres
quoique les Tonneaux ne soient pas plus grands ,
et qu'il y ait un plus grand éloignement de la
Ville de Paris.
s'en
SEPTEMBRE. 1731. 2215
s'en trouvoit sur nos Terres , et que nous
les condamnerions à user le reste de leurs
jours d'une boisson , qui n'est ni rare ni
délicieuse.
Si après le temps de l'Hyver il reste
peu de Vins dans notre Vignoble de Joigny
, il n'est pas besoin que nous en rapportions
ici la cause ; elle est connuë du
Bourgeois comme du Vigneron ; ils
avouent franchement l'un et l'autre que
leur liqueur est de peu de garde. Qui
pourroit après cela les blâmer de ce qu'ils
s'en défont promptement ? Deplus , leur
territoire n'est point de l'étenduë dont
est celui de notre bonne Ville d'Auxerre
ni fertile au même point. Il est notoire
par la simple confrontation des Inventaires
dressez par nos Inquisiteurs modernes
, ( a ) que les reservoirs soûterrains de
Joigny n'ont jamais eû l'honneur de contenir
dans leur capacité une quantité égale
à celle de nos reservoirs d'Auxerre.
Cette Ville qui est la clef de notre incomparable
Province de Bourgogne ,
jouit d'un Territoire si avantagé des bénignes
influences des autres Divinitez qui
nous sont amies , qu'avec la qualité du
( a ) On entend sous ce nom les Tabeliers qui
wont depuis peu dans les Caves , pour prendre
le nombre des Tonneaux pleins.
Raisin J
2118 MERCURE DE FRANCE
Raisin , il y en a toujours une quantité
qui excede celle du produit de Joigny.
Phoebus et Cybele semblent s'être accordez
à le combler de leurs bienfaits . Auxerre
a mille et mille côteaux renfermez
dans des sinuositez tortueuses qui regnent
en differens vallons ; et le Vignoble de
Joigny n'est, pour ainsi dire, qu'un simple
revers d'une ou de deux Montagnes , sur
lequel est arboré celui des Domaines du
Dieu Sylvain , que l'antiquité appelle
La Forêt d'Othe. Outre cela , par une justice
qui étoit dûë au Territoire d'Auxerre,
ancienne Cité Romaine , nous l'avons
aggrandi de diverses Colonies celebres
qui lui sont soumises à trois et quatre
lieuës vers la Region Australe , et qui le
regardent comme le chef- lieu .
د
Telles sont ces Colonies , dites Vineufes
par excellence ; tel est Irancy , Jussy
Ecouleves , la Palote &c. Joigny au contraire
, au rapport des Enquêteurs nos
Commissaires en cette Partie , n'est qu'un
simple Château qui sert de Rempart au
Territoire du Dieu Sylvain ci - dessus
nommé , autour duquel Château , l'on a
fait disparoître depuis fort peu de siécles ,
l'Arbre Favori des Druides Gaulois , pour
y planter de notre Bois tortu . Mais pour
çe faire , il a bien fallu de nécessité prendre
SEPTEMBRE . 1731 . 2117
dre le terrain tel qu'il s'est presenté , terrain
caustique , rempli de craye , de cailloux
enflâmez et petillans , terrain que
nous regardons comme une écume recuite
de la Bourbe qu'engendra sur plusieurs
Côtes de l'Univers le mêlange des Fleuves
et des Mers au siécle de Deucalion. C'est
ce qui fait que dans les années les plus favorisées
par Phoebus notre frere pour les
bons Vins , ceux de Joigny ont un goût
que les Mortels appellent fort à propos
goût de Terroir ; ne sont point francs ,
sentent le Tufou le Crayon ; et plus les
rayons de Phoebus ont été violemment
lancés , plus il est besoin de faire sur les
Cuves une salutaire injection d'une lymphe
benigne et temperative.
et
Le Vin de Joigny au rapport des mêmes
Enquêteurs , est non - seulement de
peu de durée
de durée , mais encore de difficile
transport dans les Pays éloignez ; ainsi
qu'il nous a paru par certaines Querimonies
inserées dans des Placets que les Députez
de ces Pays lointains nous ont presentez.
Ce Vin est tel , presque universellement
parlant , qu'il a de la peine à se
bien comporter jusqu'au signe de la Vierge
et de la Balance dans les années qu'il
est bon. Il a si peu de corps , au dire des
mêmes Commissaires , que la moindre
cau
2118 MERCURE DE FRANCE
eau suffit pour l'éteindre et l'amortir ; et
c'est mal à propos qu'on lui donneroit
l'épitette de Generofum. Quiconque veut
le garder chaste et sans alteration doit
>
و
mettre en pratique une espece de Paradoxe
, c'est-à- dire , qu'il faut nécessairement
qu'il le marie avec d'autre Vin ,
sinon sa propre vertu fait voir combien
d'elle-même elle est fragile et caduque.
Il est Capiteux , ajoutent- ils , à raison du
terrain brûlant qui le produit. C'est ce
qui fait que les Seps en sont si courts et
si petits qu'un simple fétu les soutient.
Deplus la Déesse Cybele et le Dieu Sylvain
ont certifié à nos Secretaires par plusieurs
de leurs Vassaux , qu'il est faux que
les habitans de la Colline Jovinienne ne
mettent rien dans leurs Vignes . Ils tirent
adroitement du Domaine voisin
appartenant au dieu Sylvain , une certaine
terre jaune qu'ils appellent du Lateux
dont ils sçavent imprégner leur
terrain blanchâtre pour en corriger le défaut,
si faire se pouvoit ; au lieu qu'Auxerre
n'a besoin ni de Lateux ni de Fumier :
Aussi n'avons nous permis d'y mettre du
Fumier dans certaines Vignes basses , qu'à
ceux de nos Vassaux , qui ont déclaré à
notre Chancelier,que ces héritages étoient
destinés à abreuver abondamment le Pay-
›
san
SEPTEMBRE 1731. 2119
-san apporteur de provisions , et à humecter
journellement le gosier du Laboureur
Artisan et de l'infatigable Vigneron : em
ploi qui est conforme à nos anciennes
Ordonnances , Registre premier.
Quant à la proposition par laquelle le
Panegyriste attribue à la vente du jus dont
nous daignons favoriser la côte de Joigny,
le nombre de mâles qu'il dit y surpasser
considerablement celui des femeles ; supposant
pour un moment la verité de son
calcul , nous disons que sa conclusion est
fausse , comme se trouvant absolument
détruite par l'experience dont les disciples
d'Hippocrate nous sont garants. Et
en nous servant de leur langage clair et
précis , nous ajoûtons qu'il prend pour
cause ce qui ne l'est pas. Ces habiles Scrutateurs
de l'origine du genre humain
admis dans notre Conseil , nous assurent
que communément, c'est en tous pays que
le nombre des mâles excede d'un peu celui
des femmes ; en quoi ils font remarquer la
sagesse du Conseil des Dieux , qui a prohibé
la Polygamie. Mais ce qu'ils observent
de plus , c'est que ce n'est pas
dans
quelques Villes de pays de Vignobles seulement
qu'on trouve le nombre de mâles
excéder notablement celui de l'autre sexe ;
ils ajoûtent que cela se rencontre aussi
dans
2120 MERCURE DE FRANCE
›
dans des Villes où le mauvais usage est
resté de ne dissoudre les Alimens et de
n'éteindre la soif qu'avec dujus de pomme,
ou avec une certaine eau bouillie , et même
dans des Pays , où par un effet de notre
colere , les Animaux raisonnables et
les irraisonnables usent d'une seule et même
boisson. Les Habitans des Ifles Britanniques
, bons connoisseurs, de notre Vin
de Bourgogne se sont donné la peine
de faire là - dessus des supputations qui
sont restées sans replique. ( a )
و
Toutes ces raisons pesées et murement
examinées , dans notre Conseil , les Hippocrates
et les Galiens de toutes les Nations,
duement appellez , et entendus, ensemble
les Echansons de tous les Dieux
nos Freres ; NOUS DECLARONS les Vins
de notre bonne Ville d'Auxerre à perpetuité
superieurs en qualité à ceux de
Joigny , ainsi qu'ils l'étoient par le passé
et qu'ils le sont actuellement . Voulons
en outre que l'on mette dans le même
rang de superiorité tous Vignobles dont
les Vins supportent la limphe , ct qui au
lieu de se laisser vaincre par ce foible
Element , le parfument du goût de la
celeste ambrosie , que les Mortels appel-
( a ) Lifez les Transactions Philosophiques ,
Du Journaux de l'Académie des Sciences de`
Londres.
lent
SEPTEMBRE . 1731. 272T
lent du nom de Pinot , (i) et donnent
réellement à ceux qui en usent , des forces
perseverantes et fermement inhérentes
. Accordons de grace speciale aux Vins
de Joigny d'être d'usage aux déj ûnez de
nos Courtisans, qui les ont reconnus suffisamment
apéritifs et proportionnez à
l'exercice qu'ils prennent. Permettons pareillement
à notre Grand Bouteillier de
nous en servir au même repas , avec deffenses
, sous peine de leze- Majesté , de
nous en présenter en d'autres temps , et
sur tout à l'heure du coucher de Phébus,
et lorsque Morphée vient nous inviter
au repos. Deffendons d'usurper le titre
de superiorité , à tous Vignobles dont les
Vins ne donnent que de ces forces passageres
, qu'on ne voit briller que durant
quelques jours , lesquels n'étant point éta-
Blis sur celui de notre Jus qui a le plus
de solidité , disparoissent aisément , s'évanoüissent
à la longueur du travail , et
font succomber les Champions qui en
usoient habituellement , par un aveu forcé
de leur foiblesse et de leur insuffisance.
(a) Le Pinot est une espece de Raisin noir,
qui fait le meilleur Vin. Les Comptes de la
Ville d'Auxerre pariant des Présens de Vin ,
faits aux Princes , specifient ordinairement
qu'ils sont de Vin de Pinet,
D Faisons
2122 MERCURE DE FRANCE
Faisons les mêmes deffenses et prohibitions
à tous Vignobles quelconques , dont
les Vins contiennent trop de ce Nitre fatal
aux intestins des Buveurs , comme
étant sujets à y causer une relaxation qui
devient sensible et deshonnorante , lorsqu'elle
concourt avec certains exercices du
corps au milieu des chaleurs de la Canicule.
(a)
Er sera notre presente Déclaration affichée
ès Carrefours de la Ville de Joigny
, à ce que nul n'en ignore , et publiée
chaque année esdits lieux aux jours
suivans , par Nous spécialement choisis ,
pour raisons à Nous connues ; sçavoir
en. Août le jour de la Consecration, des,
Autels de la Déesse Ops et de Cérès . (b)
Item. En Septembre , le jour de la Dé-
(a) Il est clair que Bacchus veut parler ici
de l'antiperistase qui éclatta à Auxerre les premiersjours
d'Août de l'an 1723. lorsque le Vin
de cette Ville commença à combattre la bile
formée delongue main dans le corps des Joueurs
de Paulme de Joigny..
(b) Bacchus parle ici suivant le Calendrier
des anciens Romains ; Les quatre jours qu'il
indique répondent au 10. Août , 14. Septembre
1. Octobre et 1. janvier , jours des quatre For-
RES deJoigny et par consequent de grand concours.
C'est celle du 10. Août qui est la cause
du choix qu'a fait Bacchus.
dicace
SEPTEMBRE. 1731. 2823
dicace du Temple de Jupiter Capitolin.
De plus , aux Calendes d'Octobre et de
Janvier. SI MANDONS à nos Baillifs.
et Sénechaux , &c.
Il n'est
pas
nécessaire , Messieurs , de
vous prier de rendre publique une Ordonnance
si juste et si équitable , et à laquelle
#outes les Langues les plus fines de Paris et
des Pays- Bas ne manqueront pas d'applandir.
J'aurois souhaité d'en trouver un plus
grand nombre de pareille nature dans ce
précieux in Folio , qui me fût communiqué
fort poliment par l' Archiviste du Dieu Bac
chus. Mais je me souviens que cette Ordonnance
étoit la seule dans son genre , et qu'après
elle le Volume n'en contenoit qu'une à
baquelle le Sceau venoit d'être mis tout recem
ment après la tenue des Etats Generaux. C'est
celle qui défend de planter de la Vigne dans
des endroits qui ne conviennent point à ce
Bois. Cette derniere Ordonnance vient d'être
heureusement notifiée dans le Royaume de
France par les Publications et Placards ordinaires
; et il faut esperer que l'on tiendra la
main à son observation.
Je suis & c. ce 12. Juillet 1731.
Lettre écrite aux Auteurs du Mercure.
J4y fait depuis peu , Messieurs
, un
voyage assezsubit et singulier.Fay visité
sans le secours d'aucun guide ni d'aucune
voiture, les Châteaux et les Palais des Dieuxdu
Paganisme. A ce langage , vous vous·
imaginez que mon voyage a dû être de longue
durée , et vous ne vous tromperiez pas,
SZ
SEPTEMBRE. 1731. 2107
si je l'eusse fait physiquement ; mais la verité
est que je n'ay voyagé qu'en esprit. Fe
n'ai point marqué sur mes Tablettes le jour
de mon départ ; je sçai seulement que je
commençai à parcourir tous ces Palais et
ces Châteaux un certain soir du mois de
Fevrier dernier, auquel les fumées du repas
ne m'incommodoient pas beaucoup , et j'ai
idée que le Soleil étoit déja pour lors dans
le Signe des Poissons . Quel qu'ait été mon
voyage , et qu'elle qu'en ait été la cause , me
voila heureusement de retour ; j'ai rapporté
avec moi certaines Ordonnancės assez curieuses
, que les Bibliothequaires de ces Palais,
plus complaisans et moins formalistes
que certains d'Italie , m'ont permis de transcrire
de dessus les Registres dont ils ont la
garde.
En parcourant le Recueil des Déclarations
du Dieu Bacchus , qui est écrit en belles
lettres d'or sur un Velin couleur de Pourpre,
grand in folio , j'en ai apperçû une qui m'a
frappé plus que toutes les autres. Je pense que
c'est l'avant derniere du volume. Sur le champ
j'en ai tiré une copie , avec la résolution de
m'en servir dans l'occasion. Cette occasion
s'est presentée , Messieurs , plutôt que je ne
Faurois crû ; car à peine étois-je un pew
remis de mon vryage spirituel vers le milieu
du mois de Mars , quun de mes amis m'en..
Cvj tendant
1108 MERCURE DE FRANCE
tendant plaindre à table d'un certain vin
clairet et leger que l'on m'avoit servi , tira
de sa poche le Mercure de Fevrier 1731-
et my fit voir à la page 271. un Ecrit que
j'ai reconnu à l'instant être celui que le Dieu
Bacchus a eù en vue de faire supprimer par
son Ordonnanoe. Je vous laisse à juger du
rapport que ces deux Pieces ont l'une avec
l'autre. J'en retranche une partie du préambule
qui est dans le style ordinaire des Sonverains
, et qui ne vous apprendroit autre
chose que les Provinces et les Seigneuries qui
composent le vaste Empire de cette Divinité.
ORDONNANCE du Dieu Bacchus,
donnée dans le Printemps dernier.
fils de Jupiter dit ......
Biber , Lycus , Lenæus , Osyris ,
Dionysus , &c. Jadis la Déesse de la Paix
accorda les differends qui s'étoient élevez
entre la Bourgogne et la Champagne , sur
la primauté du Fruit qui nous est consacré
dans l'étendue de ces deux Provinces
des Gaules ; il y avoit eû force procedures
écrites , mainte Poësie signifiée de part
et d'autre , Pourchot et Grenan , plaidans
pour la Bourgogne , et Coffin pour la
Champagne. (4) Cette bonne Déesse en-
(a) Voyez le Procès Poëtique , imprimé à Paris
an 1712. chez la veuve de Claude Thiboust .
fin
SEPTEMBRE 1731. 2109
in trouva le secret de les mettre tous
d'accord ; elle fit verser dans une grande
Couppe une quantité égale de vin de
Bourgogne et de Champagne , et soudain
ayant fait gouter de ce mêlange aux deux
Partis , ils mirent les armes bas , la Champagne
cedant l'honneur à la Bourgogne ,
dont le vin avoit dominé dans la Couppe
, en gout , en couleur et en force.
Aujourd'hui un Ecrivain récemment
formé sur le Rivage de l'Yonne , réveille
en quelque sorte ce Procès , qui avoit
été jugé définitivement. Il semble avoir
pour but dans son raisonnement de donner
gain de cause à la Champagne , essayant
de faire comprendre que des vins
tendres , peu colorez , de peu de durée ,
et qui de plus ont un goût de terroir ,
doivent aller de pair avec des vins qui
ent du corps , une couleur bien rosée ,
qui sont francs , bien - faisans , amis de
l'estomach , et dont la séve est fine en
même-temps qu'elle est mâle et vigoureuse.
Et ce qu'il y a encore de plus sur
prenant dans son procedé, c'est qu'il prétend
être bon Bourguignon , en écrivant,
comme il fait , en faveur de ces vins tendres
et délicats .
Ce trop zelé Partisan fait paroître sur
les rangs Joigny , petite Ville , qu'il lui
plaît
110 MERCURE DE FRANCE
plaît de placer dans notre Province de
Bourgogne , quoiqu'elle n'y soit point
comprise , suivant l'exacte Géographie de
notre Empire ; et après avoir égalé ses
vins à ceux de notre bonne et ancienne
Ville d'Auxerre , de tout temps renfermée
dans notre Cercle de Bourgogne ,
il pousse la prévention et l'audace jusqu'à
leur donner le dessus. Oubliant lui - même
d'où il est natif , et faisant semblant
de ne pas appercevoir que c'est l'amour
aveugle de sa Patrie qui le rend Auteur,
il va jusqu'à reprocher à notre zelé Analiste
d'Auxerre , duquel Mercure nous
a fait voir les Ecrits , de s'être trop étendu
par l'effet du même amour , à rapporter
les avantages de son Pays. Nous DECLARONS
que nous aimons tous nos fideles
Sujets ; mais nous devons aussi rendre.
justice à qui elle appartient , et réfuter
ce qui mérite de l'être. Sans nous arrê
ter à remarquer que l'Avocat des vins
de joigny pourroit avoir besoin de passer
quelques mois , tant sur le Parnasse
que
dans l'une de nos Universitez , pour
y apprendre à discerner les vins par la fréquentation
des personnages versez en cette
Scienće , et à ne pas prodiguer , comme
il fait , les Citations des Poëtes Latins
dont il abuse quelquefois. Nous disons.
>
qu'il
SEPTEMBRE. 1731. 21FT
qu'il paroît par son langage qu'il n'a jamais
vû de ses yeux ces Vignobles qui
sont si renommez dans nos Etats , qu'à
l'entendre raisonner il semble que jamais:
il n'est sorti des limites de son petit Ter--
ritoire , si ce n'est peut-être pour venir à
Auxerre considerer superficiellement la
situation des Côteaux .
Si ce jeune Ecrivain avoit voulu se détromper
serieusement et de bonne foi ,
ainsi que font tous ceux qui sont étroitement
attachez à notre service , il auroit
pû recourir à nos Papiers - Terriers de
Coulanges - les - Vineuses , à ceux de nos:
Vignobles d'autour de Beaune et des environs,
de Nuys , Volnay , Pomar , Chase
sagne , à ceux des climats du clos de Vougeot
, ( a ) Champbertin , Savigny , la
Romance les Serrieres proche Dijon
et les côtes de Chenove auprès de la
même Ville. Il y auroit appris par les
Declarations circonstanciées de nos féaux
et amez sujets qui peuplent ces cantons ,
que les Vignes qu'ils appellent des meilleurs
endroits et du produit le plus ex-
,
3-
( a ) Vougeot est un Village entre Dijon &
Nuys , où M. l'Abbé de Citeaux a un. Clos de
Vignes très- vaste et presque tout plat , lequel
cependant produit un Vin très- excellent , contre
la Maxime de l'Avocat des Vins de Joigny.
cellent
2111 MERCURE DE FRANCE
cellent , ne sont pas situées dans un territoire
dont l'extension soit comme perpendiculaire
du Ciel vers la Terre , ainsi
qu'il se figure par une idée bizarre , que
doivent être plantées les Vignes d'une
qualité superieure. Pour peu qu'il eût
jetté la vue sur les Cartes Topographiques
qui décorent les murs de nos sallons ,
il y eût appris que dans les côteaux de
Vignes , il y a la Region suprême , la
moyenne et l'inferieure ; que comme ce
n'est pas dans la region la plus basse , la
plus applanie ou la plus inondée que croît
le meilleur vin , ce n'est pas non plus
dans la Region la plus échauffée ou la
plus chauve , et pour parler humainement
, que ce n'est pas dans le plus roide
de la côte qu'on recueille ce Vin supe ♣
rieur et transcendant , mais que c'est dans
la naissance du plis des côteaux , parce
que c'est comme le lieu de concentration ,
tant des sucs choisis de la Terre , que de
la refléxion des rayons solaires . De- là
vient que dans la Capitale de Bourgogne ,
on appelle cet endroit Le Rognon de la Côte.
L'un de nos Geographes qui connoît jusqu'aux
moindres cantons de nos Etats ,
se donna autrefois la peine d'enluminer
de couleur rouge les endroits de ces Cartes
Topographiques , dont les Vignes
sont
SEPTEMBRE. 1731. 2113
•
sont dans la situation la plus heureuse
et dont le grain de terre est en même
temps le plus favorable.
Après l'exhibition qui nous a été faite
de ces Cartes , nous déclarons n'avoir apperçû
que quelques legers coups de pinceau
sur les côtes de Joigny , au lieu que
les climats des environs d'Auxerre sont
presque tous chargez de riches et nombreux
traits de ce pinceau décisif , qui
marquent que ce qui constituë radicalement
le bon vin , y est commun et ordinaire
, c'est-à - dire › que generalement
parlant , les Vignes d'autour notre bienaimée
Ville d'Auxerre sont dans une
و
bonne exposition et qu'elles naissent
dans un grain de terre qui n'est vitié ni
par des veines nitreuses ni par une superficie
sulfureuse. Ces coups de pinceau se
trouvent abondamment
marquez entre
autres Climats , sur ceux de la Chainette,
Migraine , Boivin , Clerion , qui sont au
Septentrion
et à l'Occident de la Ville ,
et sur plus de vingt autres qui sont au
levant et au midi de la même Ville , à
une demi - lieue , ou un peu plus de distance
, dont les productions
par une
licence que jusqu'ici nous avons tolerée ,
quoique contraire à la sincerité de notre
caractere , ne sont point distribuées dans
,
>
la
2114 MERCURE DE FRANCE
la Capitale des Gaules et plus loin , sous
d'autre nom que sous celui de Vin de
Coulanges .
En vain le zelateur des Vins de Joigny,
mal instruit du prix des Vins de notre
illustre Ville d'Auxerre , voudroit - il les
abaisser jusqu'à les mettre de Niveau avec
ceux de sa Patrie. Les Historiens de nos
Etats marquent dans leurs Annales Latines
, qu'en tout temps les Vins d'Autricum
Senonum se sont vendus le double ou
environ des Vins de Joviniacum : Et même
notre Controlleur General nous ayant
representé le Registre de l'Année courante
, nous y avons vû que le Vin de la
derniere récolte , que le Partisan vante
tant , a été débité à Auxerre , à un prix
une fois plus haut que celui du cru de
Joigny. ( a ) Nous ne croyons point qu'il
y ait mortel assez téméraire pour oser
s'inscrire en faux contre un témoignage
si authentique. On sçait que nous sommes
disposez à punir de peines très- séveres
les faussaires ou les faux témoins s'il
( a ) Les Vins du plus haut prix à Joigny
n'ont pas êté à 80. livres le Muid , au lieu qu'à
Auxerre ils ont été vendus 130. et 140. livres
quoique les Tonneaux ne soient pas plus grands ,
et qu'il y ait un plus grand éloignement de la
Ville de Paris.
s'en
SEPTEMBRE. 1731. 2215
s'en trouvoit sur nos Terres , et que nous
les condamnerions à user le reste de leurs
jours d'une boisson , qui n'est ni rare ni
délicieuse.
Si après le temps de l'Hyver il reste
peu de Vins dans notre Vignoble de Joigny
, il n'est pas besoin que nous en rapportions
ici la cause ; elle est connuë du
Bourgeois comme du Vigneron ; ils
avouent franchement l'un et l'autre que
leur liqueur est de peu de garde. Qui
pourroit après cela les blâmer de ce qu'ils
s'en défont promptement ? Deplus , leur
territoire n'est point de l'étenduë dont
est celui de notre bonne Ville d'Auxerre
ni fertile au même point. Il est notoire
par la simple confrontation des Inventaires
dressez par nos Inquisiteurs modernes
, ( a ) que les reservoirs soûterrains de
Joigny n'ont jamais eû l'honneur de contenir
dans leur capacité une quantité égale
à celle de nos reservoirs d'Auxerre.
Cette Ville qui est la clef de notre incomparable
Province de Bourgogne ,
jouit d'un Territoire si avantagé des bénignes
influences des autres Divinitez qui
nous sont amies , qu'avec la qualité du
( a ) On entend sous ce nom les Tabeliers qui
wont depuis peu dans les Caves , pour prendre
le nombre des Tonneaux pleins.
Raisin J
2118 MERCURE DE FRANCE
Raisin , il y en a toujours une quantité
qui excede celle du produit de Joigny.
Phoebus et Cybele semblent s'être accordez
à le combler de leurs bienfaits . Auxerre
a mille et mille côteaux renfermez
dans des sinuositez tortueuses qui regnent
en differens vallons ; et le Vignoble de
Joigny n'est, pour ainsi dire, qu'un simple
revers d'une ou de deux Montagnes , sur
lequel est arboré celui des Domaines du
Dieu Sylvain , que l'antiquité appelle
La Forêt d'Othe. Outre cela , par une justice
qui étoit dûë au Territoire d'Auxerre,
ancienne Cité Romaine , nous l'avons
aggrandi de diverses Colonies celebres
qui lui sont soumises à trois et quatre
lieuës vers la Region Australe , et qui le
regardent comme le chef- lieu .
د
Telles sont ces Colonies , dites Vineufes
par excellence ; tel est Irancy , Jussy
Ecouleves , la Palote &c. Joigny au contraire
, au rapport des Enquêteurs nos
Commissaires en cette Partie , n'est qu'un
simple Château qui sert de Rempart au
Territoire du Dieu Sylvain ci - dessus
nommé , autour duquel Château , l'on a
fait disparoître depuis fort peu de siécles ,
l'Arbre Favori des Druides Gaulois , pour
y planter de notre Bois tortu . Mais pour
çe faire , il a bien fallu de nécessité prendre
SEPTEMBRE . 1731 . 2117
dre le terrain tel qu'il s'est presenté , terrain
caustique , rempli de craye , de cailloux
enflâmez et petillans , terrain que
nous regardons comme une écume recuite
de la Bourbe qu'engendra sur plusieurs
Côtes de l'Univers le mêlange des Fleuves
et des Mers au siécle de Deucalion. C'est
ce qui fait que dans les années les plus favorisées
par Phoebus notre frere pour les
bons Vins , ceux de Joigny ont un goût
que les Mortels appellent fort à propos
goût de Terroir ; ne sont point francs ,
sentent le Tufou le Crayon ; et plus les
rayons de Phoebus ont été violemment
lancés , plus il est besoin de faire sur les
Cuves une salutaire injection d'une lymphe
benigne et temperative.
et
Le Vin de Joigny au rapport des mêmes
Enquêteurs , est non - seulement de
peu de durée
de durée , mais encore de difficile
transport dans les Pays éloignez ; ainsi
qu'il nous a paru par certaines Querimonies
inserées dans des Placets que les Députez
de ces Pays lointains nous ont presentez.
Ce Vin est tel , presque universellement
parlant , qu'il a de la peine à se
bien comporter jusqu'au signe de la Vierge
et de la Balance dans les années qu'il
est bon. Il a si peu de corps , au dire des
mêmes Commissaires , que la moindre
cau
2118 MERCURE DE FRANCE
eau suffit pour l'éteindre et l'amortir ; et
c'est mal à propos qu'on lui donneroit
l'épitette de Generofum. Quiconque veut
le garder chaste et sans alteration doit
>
و
mettre en pratique une espece de Paradoxe
, c'est-à- dire , qu'il faut nécessairement
qu'il le marie avec d'autre Vin ,
sinon sa propre vertu fait voir combien
d'elle-même elle est fragile et caduque.
Il est Capiteux , ajoutent- ils , à raison du
terrain brûlant qui le produit. C'est ce
qui fait que les Seps en sont si courts et
si petits qu'un simple fétu les soutient.
Deplus la Déesse Cybele et le Dieu Sylvain
ont certifié à nos Secretaires par plusieurs
de leurs Vassaux , qu'il est faux que
les habitans de la Colline Jovinienne ne
mettent rien dans leurs Vignes . Ils tirent
adroitement du Domaine voisin
appartenant au dieu Sylvain , une certaine
terre jaune qu'ils appellent du Lateux
dont ils sçavent imprégner leur
terrain blanchâtre pour en corriger le défaut,
si faire se pouvoit ; au lieu qu'Auxerre
n'a besoin ni de Lateux ni de Fumier :
Aussi n'avons nous permis d'y mettre du
Fumier dans certaines Vignes basses , qu'à
ceux de nos Vassaux , qui ont déclaré à
notre Chancelier,que ces héritages étoient
destinés à abreuver abondamment le Pay-
›
san
SEPTEMBRE 1731. 2119
-san apporteur de provisions , et à humecter
journellement le gosier du Laboureur
Artisan et de l'infatigable Vigneron : em
ploi qui est conforme à nos anciennes
Ordonnances , Registre premier.
Quant à la proposition par laquelle le
Panegyriste attribue à la vente du jus dont
nous daignons favoriser la côte de Joigny,
le nombre de mâles qu'il dit y surpasser
considerablement celui des femeles ; supposant
pour un moment la verité de son
calcul , nous disons que sa conclusion est
fausse , comme se trouvant absolument
détruite par l'experience dont les disciples
d'Hippocrate nous sont garants. Et
en nous servant de leur langage clair et
précis , nous ajoûtons qu'il prend pour
cause ce qui ne l'est pas. Ces habiles Scrutateurs
de l'origine du genre humain
admis dans notre Conseil , nous assurent
que communément, c'est en tous pays que
le nombre des mâles excede d'un peu celui
des femmes ; en quoi ils font remarquer la
sagesse du Conseil des Dieux , qui a prohibé
la Polygamie. Mais ce qu'ils observent
de plus , c'est que ce n'est pas
dans
quelques Villes de pays de Vignobles seulement
qu'on trouve le nombre de mâles
excéder notablement celui de l'autre sexe ;
ils ajoûtent que cela se rencontre aussi
dans
2120 MERCURE DE FRANCE
›
dans des Villes où le mauvais usage est
resté de ne dissoudre les Alimens et de
n'éteindre la soif qu'avec dujus de pomme,
ou avec une certaine eau bouillie , et même
dans des Pays , où par un effet de notre
colere , les Animaux raisonnables et
les irraisonnables usent d'une seule et même
boisson. Les Habitans des Ifles Britanniques
, bons connoisseurs, de notre Vin
de Bourgogne se sont donné la peine
de faire là - dessus des supputations qui
sont restées sans replique. ( a )
و
Toutes ces raisons pesées et murement
examinées , dans notre Conseil , les Hippocrates
et les Galiens de toutes les Nations,
duement appellez , et entendus, ensemble
les Echansons de tous les Dieux
nos Freres ; NOUS DECLARONS les Vins
de notre bonne Ville d'Auxerre à perpetuité
superieurs en qualité à ceux de
Joigny , ainsi qu'ils l'étoient par le passé
et qu'ils le sont actuellement . Voulons
en outre que l'on mette dans le même
rang de superiorité tous Vignobles dont
les Vins supportent la limphe , ct qui au
lieu de se laisser vaincre par ce foible
Element , le parfument du goût de la
celeste ambrosie , que les Mortels appel-
( a ) Lifez les Transactions Philosophiques ,
Du Journaux de l'Académie des Sciences de`
Londres.
lent
SEPTEMBRE . 1731. 272T
lent du nom de Pinot , (i) et donnent
réellement à ceux qui en usent , des forces
perseverantes et fermement inhérentes
. Accordons de grace speciale aux Vins
de Joigny d'être d'usage aux déj ûnez de
nos Courtisans, qui les ont reconnus suffisamment
apéritifs et proportionnez à
l'exercice qu'ils prennent. Permettons pareillement
à notre Grand Bouteillier de
nous en servir au même repas , avec deffenses
, sous peine de leze- Majesté , de
nous en présenter en d'autres temps , et
sur tout à l'heure du coucher de Phébus,
et lorsque Morphée vient nous inviter
au repos. Deffendons d'usurper le titre
de superiorité , à tous Vignobles dont les
Vins ne donnent que de ces forces passageres
, qu'on ne voit briller que durant
quelques jours , lesquels n'étant point éta-
Blis sur celui de notre Jus qui a le plus
de solidité , disparoissent aisément , s'évanoüissent
à la longueur du travail , et
font succomber les Champions qui en
usoient habituellement , par un aveu forcé
de leur foiblesse et de leur insuffisance.
(a) Le Pinot est une espece de Raisin noir,
qui fait le meilleur Vin. Les Comptes de la
Ville d'Auxerre pariant des Présens de Vin ,
faits aux Princes , specifient ordinairement
qu'ils sont de Vin de Pinet,
D Faisons
2122 MERCURE DE FRANCE
Faisons les mêmes deffenses et prohibitions
à tous Vignobles quelconques , dont
les Vins contiennent trop de ce Nitre fatal
aux intestins des Buveurs , comme
étant sujets à y causer une relaxation qui
devient sensible et deshonnorante , lorsqu'elle
concourt avec certains exercices du
corps au milieu des chaleurs de la Canicule.
(a)
Er sera notre presente Déclaration affichée
ès Carrefours de la Ville de Joigny
, à ce que nul n'en ignore , et publiée
chaque année esdits lieux aux jours
suivans , par Nous spécialement choisis ,
pour raisons à Nous connues ; sçavoir
en. Août le jour de la Consecration, des,
Autels de la Déesse Ops et de Cérès . (b)
Item. En Septembre , le jour de la Dé-
(a) Il est clair que Bacchus veut parler ici
de l'antiperistase qui éclatta à Auxerre les premiersjours
d'Août de l'an 1723. lorsque le Vin
de cette Ville commença à combattre la bile
formée delongue main dans le corps des Joueurs
de Paulme de Joigny..
(b) Bacchus parle ici suivant le Calendrier
des anciens Romains ; Les quatre jours qu'il
indique répondent au 10. Août , 14. Septembre
1. Octobre et 1. janvier , jours des quatre For-
RES deJoigny et par consequent de grand concours.
C'est celle du 10. Août qui est la cause
du choix qu'a fait Bacchus.
dicace
SEPTEMBRE. 1731. 2823
dicace du Temple de Jupiter Capitolin.
De plus , aux Calendes d'Octobre et de
Janvier. SI MANDONS à nos Baillifs.
et Sénechaux , &c.
Il n'est
pas
nécessaire , Messieurs , de
vous prier de rendre publique une Ordonnance
si juste et si équitable , et à laquelle
#outes les Langues les plus fines de Paris et
des Pays- Bas ne manqueront pas d'applandir.
J'aurois souhaité d'en trouver un plus
grand nombre de pareille nature dans ce
précieux in Folio , qui me fût communiqué
fort poliment par l' Archiviste du Dieu Bac
chus. Mais je me souviens que cette Ordonnance
étoit la seule dans son genre , et qu'après
elle le Volume n'en contenoit qu'une à
baquelle le Sceau venoit d'être mis tout recem
ment après la tenue des Etats Generaux. C'est
celle qui défend de planter de la Vigne dans
des endroits qui ne conviennent point à ce
Bois. Cette derniere Ordonnance vient d'être
heureusement notifiée dans le Royaume de
France par les Publications et Placards ordinaires
; et il faut esperer que l'on tiendra la
main à son observation.
Je suis & c. ce 12. Juillet 1731.
Fermer
Résumé : VOYAGE dans les Etats de Bacchus. Lettre écrite aux Auteurs du Mercure.
La lettre adressée aux auteurs du Mercure relate un voyage spirituel effectué par l'auteur dans les États de Bacchus en février 1731. Ce périple a permis à l'auteur de visiter les châteaux et palais des dieux du paganisme et de transcrire des ordonnances trouvées dans leurs bibliothèques. L'une de ces ordonnances, datée du printemps précédent, traite d'un ancien différend entre la Bourgogne et la Champagne concernant la primauté du vin. La déesse de la Paix avait tranché en faveur de la Bourgogne, dont le vin avait dominé dans un mélange testé par les deux parties. Un écrivain récent de l'Yonne a relancé ce débat en faveur des vins de Champagne, qualifiés de tendres et délicats, contrairement aux vins bourguignons, décrits comme ayant du corps et une couleur bien rosée. L'ordonnance de Bacchus réfute ces arguments, soulignant que les vins de Bourgogne proviennent de terroirs exceptionnels et sont reconnus pour leur qualité supérieure. Elle critique l'écrivain pour son manque de connaissance des vignobles bourguignons et son utilisation abusive des citations poétiques. L'ordonnance met en avant la supériorité des vins d'Auxerre et des environs, soutenue par des documents historiques et des inventaires modernes. Les vins de Joigny sont décrits comme de faible garde et produits dans des terroirs moins favorables. Ils ont un goût de terroir, sentent le tuf et le crayon, et sont de courte durée, s'altérant facilement même avant la fin de l'été. Leur faible corps les rend sensibles à l'eau, nécessitant souvent d'être mélangés avec d'autres vins pour éviter l'altération. Les vignerons de Joigny utilisent du 'lateux', une terre jaune tirée du domaine voisin, pour améliorer leur terroir. En revanche, les vins d'Auxerre n'ont pas besoin de tels amendements et sont jugés supérieurs en qualité. Ils sont reconnus pour leur solidité et leur capacité à résister à l'eau. Les vins de Joigny sont autorisés pour les déjeuners des courtisans mais interdits à d'autres moments. Le texte se conclut par des instructions pour afficher et publier ces déclarations à Joigny à des dates spécifiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
616
p. 2124-2126
A Me C*** Par un Ami qui en plaisantant elle appelloit son Mari.
Début :
Jeune C *** vous exigés [...]
Mots clefs :
Honneur, Muse, Apollon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Me C*** Par un Ami qui en plaisantant elle appelloit son Mari.
A Mc C ***
Par un Ami qui en plaisantant elle appelloit
fon Mari.
J
Eune C *** vous exigés
Qu'à votre honneur ma Muse rime
Hélas ! à quoi vous m'engagez !
Vous avez un droit légitime
Sur l'Encens du sacré Vallon ;
Je le sçai fort bien , les Catules ,
Les Ovides et les Tibules ,
Solliciteroient Apollon
Pour obtenir la préférence
Qu'à ma veine vous accordez ;
J'en ai de la reconnoissance ,
Plus que vous ne m'en demandez ,
Mais réfléchissez-y , ma chere ,
Me sieroit-il à moi de faire
Le Portrait de ces doux appas
Qui sçavent fixer sur vos pas
L'Amour quittant pour vous sa Mere ?
Me sieroit-il pareillement
De craioner votre enjoument,
Cette humeur folichone et vive
Que suit toujours l'Amusement ,
Sans
SEPTEMBRE 1731. 2125
Sans que jamais l'ennui le suive
Si j'avois fait un tel Tableau
D'abord les Plaisans de Cithere
Apostrophans de mon Pinceau
La complaisance débonnaire
D'un Brevet ou d'un Petpouri ,
( Calotinique Récompense )
Auroient pour moi fait la Dépense ;
Sur-tout Amour auroit bien ri,
En s'écriant , ho ! la bonne ame !
Il fait l'Eloge de sa femme !
Est-ce là l'Emploi d'un Mari ›
Ce n'est son fait que la louange ;
Abandonne ce ton étrange ;
L'Hymen n'est pas Complimenteur.
Quand par hazard peu vrai-semblable ,
Un Epoux , rare Adorateur ,,
Ose vanter sa femme aimable ,
Er persuade l'Auditeur ,
C'est lui que
par notre Orateur
De son récit déraisonnable
Est bien-tôt justement puni.
Le Roi ( * ) GANDAULE en a fourni
Un Exemple assez mémorable.
Et nous apprend qu'il faut céler "'
* Candaule , Roi impudent. Ilperdit le Throne
et la vie , pour avoir fait voir dans le Bain la
Reine sa femme à un Seigneur de sa Cour , qui
en devint amoureux,
Diij
Un
2126 MERCURE DE FRANCE
; Un bonheur souvent rédoutable
Oui , plus l'Epouse est adorable
Et moins l'Epoux en doit parler.
Lá Maxime est sage et discrete ,
Si tu la suis exactement ,
Tu vas garder parfaitement
Un silence d'Anacorette.
Renguaine donc ton compliment :
Ta moitié doit être éxaltéc
Par la Plume de quelque Amant
Qui s'en acquite galament ; ..... 2
Que la Belle sera fêtée ,
Si tous les coeurs qu'elle a surpris
De ses Attraits chantent le prix !
Pour elle tu verras éclore
Plus de Vers qu'à Petrarque épris
Je n'en ai dictés pour sa ( * ) Laure.
* Laure , Beauté mille et mille fois célébrés
dans les Sonnets de Petrarque.
Par un Ami qui en plaisantant elle appelloit
fon Mari.
J
Eune C *** vous exigés
Qu'à votre honneur ma Muse rime
Hélas ! à quoi vous m'engagez !
Vous avez un droit légitime
Sur l'Encens du sacré Vallon ;
Je le sçai fort bien , les Catules ,
Les Ovides et les Tibules ,
Solliciteroient Apollon
Pour obtenir la préférence
Qu'à ma veine vous accordez ;
J'en ai de la reconnoissance ,
Plus que vous ne m'en demandez ,
Mais réfléchissez-y , ma chere ,
Me sieroit-il à moi de faire
Le Portrait de ces doux appas
Qui sçavent fixer sur vos pas
L'Amour quittant pour vous sa Mere ?
Me sieroit-il pareillement
De craioner votre enjoument,
Cette humeur folichone et vive
Que suit toujours l'Amusement ,
Sans
SEPTEMBRE 1731. 2125
Sans que jamais l'ennui le suive
Si j'avois fait un tel Tableau
D'abord les Plaisans de Cithere
Apostrophans de mon Pinceau
La complaisance débonnaire
D'un Brevet ou d'un Petpouri ,
( Calotinique Récompense )
Auroient pour moi fait la Dépense ;
Sur-tout Amour auroit bien ri,
En s'écriant , ho ! la bonne ame !
Il fait l'Eloge de sa femme !
Est-ce là l'Emploi d'un Mari ›
Ce n'est son fait que la louange ;
Abandonne ce ton étrange ;
L'Hymen n'est pas Complimenteur.
Quand par hazard peu vrai-semblable ,
Un Epoux , rare Adorateur ,,
Ose vanter sa femme aimable ,
Er persuade l'Auditeur ,
C'est lui que
par notre Orateur
De son récit déraisonnable
Est bien-tôt justement puni.
Le Roi ( * ) GANDAULE en a fourni
Un Exemple assez mémorable.
Et nous apprend qu'il faut céler "'
* Candaule , Roi impudent. Ilperdit le Throne
et la vie , pour avoir fait voir dans le Bain la
Reine sa femme à un Seigneur de sa Cour , qui
en devint amoureux,
Diij
Un
2126 MERCURE DE FRANCE
; Un bonheur souvent rédoutable
Oui , plus l'Epouse est adorable
Et moins l'Epoux en doit parler.
Lá Maxime est sage et discrete ,
Si tu la suis exactement ,
Tu vas garder parfaitement
Un silence d'Anacorette.
Renguaine donc ton compliment :
Ta moitié doit être éxaltéc
Par la Plume de quelque Amant
Qui s'en acquite galament ; ..... 2
Que la Belle sera fêtée ,
Si tous les coeurs qu'elle a surpris
De ses Attraits chantent le prix !
Pour elle tu verras éclore
Plus de Vers qu'à Petrarque épris
Je n'en ai dictés pour sa ( * ) Laure.
* Laure , Beauté mille et mille fois célébrés
dans les Sonnets de Petrarque.
Fermer
Résumé : A Me C*** Par un Ami qui en plaisantant elle appelloit son Mari.
Dans une lettre poétique adressée à une femme surnommée 'Mc C ***', l'auteur exprime sa gratitude pour la préférence qu'elle lui accorde, la comparant à la reconnaissance que les grands poètes classiques sollicitaient d'Apollon. Il hésite à décrire les charmes de cette femme, craignant que cela ne soit inapproprié pour un mari. Il évoque les risques de moqueries et de réprimandes, notamment celle de l'Amour, qui pourrait trouver étrange qu'un mari loue sa femme. L'auteur cite l'exemple de Candaule, un roi qui perdit son trône et sa vie pour avoir montré sa femme nue à un seigneur de sa cour. Il conclut que plus une épouse est admirable, moins son époux doit en parler. Il conseille à l'époux de laisser à un amant le soin de célébrer les mérites de sa femme, afin qu'elle soit fêtée par tous les cœurs qu'elle a conquis. Il compare cette situation à celle de Pétrarque, qui écrivit de nombreux sonnets pour Laure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
617
p. 2145-2150
ODE En l'honneur de l'Immaculée Conception de la sainte Vierge, laquelle a remporté le dernier Prix du PALINOD, à Caën. Le Sujet allegorique est l'Etoile du matin, nommée Lucifer, Phosphore ou Venus. Cicer. L. 2. de la Nature des Dieux.
Début :
Parois, aimable Avant-couriere [...]
Mots clefs :
Carrière, Ténèbres, Nuit, Aurore, Rayons du soleil, Astre, Fantômes, Nature
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE En l'honneur de l'Immaculée Conception de la sainte Vierge, laquelle a remporté le dernier Prix du PALINOD, à Caën. Le Sujet allegorique est l'Etoile du matin, nommée Lucifer, Phosphore ou Venus. Cicer. L. 2. de la Nature des Dieux.
CODE
l'honneur de
l'Immaculée
Conception de
ia sainte Vierge , laquelle a remporté le
dernier Prix du
PALINOD , à Caen .
Le sujet allegorique est l'Etoile du matin,
nommée Lucifer , Phosphore ou Venus.
Cicer. L. 2. de la Nature des Dieux,
Parois, aimable Avant- couriere
Du Dieu dont juttends la faveur ,
Guide mes pas dans la carriere ,
Où m'appelle aujourd'hui l'honneur
Bannis ces épaises tenebres
E Dont
2146 MERCURE DE FRANCE
Dont me couvrent les temps funebres ,
Et de la nuit et du sommeil ,
Je veux dès les traits de l'Aurore ,
Faire un Tableau qui brille encore
Aux plus beaux rayons du Soleil.
Pour montrer l'heureux assemblage ,
Des biens que cet Astre produit ,
Muse , peins- moi l'affreuse image ,
Des horreurs qu'enfante la Nuit . (a)
Quand une fois ses tristes voiles ,
Nous cachant le front des Etoiles ,
Privent nos yeux du plus grand bien ;
On ne voit plus que vains phantômes ,
Qu'abîmes creux , que noirs atômes
( Parlons plus juste , ) on ne voit rien.
>
Les Citez , les Bourgs , les Campagnes ,
Durant ce temps perdent leurs noms ;
L'orgueilleux sommer des Montagnes ,
S'abaissé au niveau des Vallons;
On voit languir dans la tristesse , (b )
Dans le silence et la paresse ,
L'homme , la Brute et les Oiseaux ,
Et parmi cette erreur profonde ,
(a ) Cette Nuit est la figure de la Loi Judaïque,
(b)L'état du peché.
Од
SEPTEMBRE. 1731 2147,
On croiroit que déja le Monde ,
Rentre dans son premier cahos.
Mais quoi ! Venus brillante et pure ,
Perce la sombre obscurité ;
Son aspect (a) rend à la Nature ,
L'espoir , la joye et la Clarté
Telle qu'un Captif miserable,
Quand il voit la main secourable ;
Qui vient l'affranchir de ses fers ;
La Troupe des Mortels plaintive ,
Se ranime à la splen deur vive ,
Qu'offre cet Astre à l'Univers.
, Sa lumiere active et perçante
Eclaircit les objets confus ,
La Terre obscure et languissante ,
Recouvre ses honneurs perdus.
Avec les brouillards homicides ,
Je vois fuir cent Spectres livides ,
Monstrueux (6) Enfans de la Nuit ;
Venus éclairant ces lieux sombres ,
Fait succeder aux pâles Ombres ,
Les traits du Soleil qui la suit.
(a) Commencement de la Loi de Grate.
(b) Tenebres du peché dissipées par la Naissance
de J. C,
E ij
Grand
2148 MERCURE DE FRANCE
Grand Dieu quel ravissant Spectacle ,
De tous côtez s'offre à mes yeux !
On diroit qu'un second Miracle , (a)
Reproduit la Terre et les Cieux.
Les Forteresses se découvrent ,
Les Champs , les Prez , les Forêts s'ouvrent
Et semblent sortir du Tombeau;
Les Beautez du Monde paroissent :
Les Fleurs et les Plantes renaissent ,
Tout brille d'un éclat nouveau.
C'est cet Astre dont la presence ;
Annonce aux Mortels le réveil
Frappé par les rayons qu'il lance ;
L'Artisan s'arrache au sommeil ,
Le Berger plein d'un nouveau zele ,
Suit ce flambeau qui le rappelle ,
Et conduit ses Troupeaux aux champs į
Son coeur dans la Plaine fleurie ,
A son Etoile (b) si chérie ,
Consacre et ses voeux et ses chants.
Qu'entends-je au fond de ces Bocages a
Le charmant Concert ( e) des Oiseaux ,
.
J.
(a) Effets de la Loi de Grace.
(b) Le culte de Marie.
(c) Pays Etrangers convertis
SEPTEMBRE. 1731. 2149
Qui joignent leurs tendres ramages ,
Au son joyeux des Chalumeaux ;
Sinistres amis des tenebres >
Hibous , (a) portez vos cris funebres ;
Loin de ce fortuné séjour.
Et vous , Tigres , Loups et Panthéres ,
Cherchez dans vos affreux Repaires ,
Un azile contre le jour.
J'abhorre ces dangereux Astres ,
Dont les trop cuisantes chaleurs
Causent de si fréquens desastres ,
9.
Aux Moissons , aux Plantes , aux Fleu
Loin d'ici l'âpre Canicule ,
Qui perd , qui consume , qui brule ,
Du Vigneron les doux souhaits.
Par de plus molles influences ,
Phosphore (b ) échauffe les semences;
Et répand par tout ses bienfaits.
ALLUSION.
L'Auguste Vierge toûjours pure ,
Dans un siecle d'iniquité ,
Vint ainsi rendre à la Nature ,
L'allegresse et la liberté.
(a) Puissances Infernales détruites.
(b) Douceur de la Grace.
E iij
Le
2150 MERCURE DE , FRANCE
Le crime avoit plongé le Monde ,
'Dans l'horreur d'une nuit profonde ,
Le Ciel n'offroit que des éclairs ;
Mais cet Astre aux Mortels propice
Produit un Soleil de justice >
Qui rend l'éclat à l'Univers.
REMERCIEMENT à M. de Luyur ,
Evêque de Bayeux , Juge du Puy.
Prélat , soutien des Arts , ainsi que de la Foy
Mon front brilla jadis sous la même Courome;
Mais ce docte Laurier, qu'aujourd'hui je reçois ,
Tire un éclat nouveau de la main qui la donne,
HEURTAUL D.
l'honneur de
l'Immaculée
Conception de
ia sainte Vierge , laquelle a remporté le
dernier Prix du
PALINOD , à Caen .
Le sujet allegorique est l'Etoile du matin,
nommée Lucifer , Phosphore ou Venus.
Cicer. L. 2. de la Nature des Dieux,
Parois, aimable Avant- couriere
Du Dieu dont juttends la faveur ,
Guide mes pas dans la carriere ,
Où m'appelle aujourd'hui l'honneur
Bannis ces épaises tenebres
E Dont
2146 MERCURE DE FRANCE
Dont me couvrent les temps funebres ,
Et de la nuit et du sommeil ,
Je veux dès les traits de l'Aurore ,
Faire un Tableau qui brille encore
Aux plus beaux rayons du Soleil.
Pour montrer l'heureux assemblage ,
Des biens que cet Astre produit ,
Muse , peins- moi l'affreuse image ,
Des horreurs qu'enfante la Nuit . (a)
Quand une fois ses tristes voiles ,
Nous cachant le front des Etoiles ,
Privent nos yeux du plus grand bien ;
On ne voit plus que vains phantômes ,
Qu'abîmes creux , que noirs atômes
( Parlons plus juste , ) on ne voit rien.
>
Les Citez , les Bourgs , les Campagnes ,
Durant ce temps perdent leurs noms ;
L'orgueilleux sommer des Montagnes ,
S'abaissé au niveau des Vallons;
On voit languir dans la tristesse , (b )
Dans le silence et la paresse ,
L'homme , la Brute et les Oiseaux ,
Et parmi cette erreur profonde ,
(a ) Cette Nuit est la figure de la Loi Judaïque,
(b)L'état du peché.
Од
SEPTEMBRE. 1731 2147,
On croiroit que déja le Monde ,
Rentre dans son premier cahos.
Mais quoi ! Venus brillante et pure ,
Perce la sombre obscurité ;
Son aspect (a) rend à la Nature ,
L'espoir , la joye et la Clarté
Telle qu'un Captif miserable,
Quand il voit la main secourable ;
Qui vient l'affranchir de ses fers ;
La Troupe des Mortels plaintive ,
Se ranime à la splen deur vive ,
Qu'offre cet Astre à l'Univers.
, Sa lumiere active et perçante
Eclaircit les objets confus ,
La Terre obscure et languissante ,
Recouvre ses honneurs perdus.
Avec les brouillards homicides ,
Je vois fuir cent Spectres livides ,
Monstrueux (6) Enfans de la Nuit ;
Venus éclairant ces lieux sombres ,
Fait succeder aux pâles Ombres ,
Les traits du Soleil qui la suit.
(a) Commencement de la Loi de Grate.
(b) Tenebres du peché dissipées par la Naissance
de J. C,
E ij
Grand
2148 MERCURE DE FRANCE
Grand Dieu quel ravissant Spectacle ,
De tous côtez s'offre à mes yeux !
On diroit qu'un second Miracle , (a)
Reproduit la Terre et les Cieux.
Les Forteresses se découvrent ,
Les Champs , les Prez , les Forêts s'ouvrent
Et semblent sortir du Tombeau;
Les Beautez du Monde paroissent :
Les Fleurs et les Plantes renaissent ,
Tout brille d'un éclat nouveau.
C'est cet Astre dont la presence ;
Annonce aux Mortels le réveil
Frappé par les rayons qu'il lance ;
L'Artisan s'arrache au sommeil ,
Le Berger plein d'un nouveau zele ,
Suit ce flambeau qui le rappelle ,
Et conduit ses Troupeaux aux champs į
Son coeur dans la Plaine fleurie ,
A son Etoile (b) si chérie ,
Consacre et ses voeux et ses chants.
Qu'entends-je au fond de ces Bocages a
Le charmant Concert ( e) des Oiseaux ,
.
J.
(a) Effets de la Loi de Grace.
(b) Le culte de Marie.
(c) Pays Etrangers convertis
SEPTEMBRE. 1731. 2149
Qui joignent leurs tendres ramages ,
Au son joyeux des Chalumeaux ;
Sinistres amis des tenebres >
Hibous , (a) portez vos cris funebres ;
Loin de ce fortuné séjour.
Et vous , Tigres , Loups et Panthéres ,
Cherchez dans vos affreux Repaires ,
Un azile contre le jour.
J'abhorre ces dangereux Astres ,
Dont les trop cuisantes chaleurs
Causent de si fréquens desastres ,
9.
Aux Moissons , aux Plantes , aux Fleu
Loin d'ici l'âpre Canicule ,
Qui perd , qui consume , qui brule ,
Du Vigneron les doux souhaits.
Par de plus molles influences ,
Phosphore (b ) échauffe les semences;
Et répand par tout ses bienfaits.
ALLUSION.
L'Auguste Vierge toûjours pure ,
Dans un siecle d'iniquité ,
Vint ainsi rendre à la Nature ,
L'allegresse et la liberté.
(a) Puissances Infernales détruites.
(b) Douceur de la Grace.
E iij
Le
2150 MERCURE DE , FRANCE
Le crime avoit plongé le Monde ,
'Dans l'horreur d'une nuit profonde ,
Le Ciel n'offroit que des éclairs ;
Mais cet Astre aux Mortels propice
Produit un Soleil de justice >
Qui rend l'éclat à l'Univers.
REMERCIEMENT à M. de Luyur ,
Evêque de Bayeux , Juge du Puy.
Prélat , soutien des Arts , ainsi que de la Foy
Mon front brilla jadis sous la même Courome;
Mais ce docte Laurier, qu'aujourd'hui je reçois ,
Tire un éclat nouveau de la main qui la donne,
HEURTAUL D.
Fermer
Résumé : ODE En l'honneur de l'Immaculée Conception de la sainte Vierge, laquelle a remporté le dernier Prix du PALINOD, à Caën. Le Sujet allegorique est l'Etoile du matin, nommée Lucifer, Phosphore ou Venus. Cicer. L. 2. de la Nature des Dieux.
Le poème célébrant l'Immaculée Conception de la sainte Vierge, lauréat du dernier Prix du Palinod à Caen, utilise l'Étoile du matin, nommée Lucifer, Phosphore ou Vénus, comme sujet allégorique. Il oppose la nuit, symbolisant la Loi judaïque et l'état du péché, à l'aube, représentant la Loi de Grâce et la naissance de Jésus-Christ. La nuit est décrite comme une période de ténèbres où les villes, les campagnes et les montagnes perdent leurs noms et leur splendeur, et où les êtres vivants sont plongés dans la tristesse et la paresse. L'arrivée de Vénus, symbole de la grâce divine, dissipe ces ténèbres. Elle redonne espoir, joie et clarté à la nature et aux hommes, qui se raniment à sa lumière. Le poème décrit ensuite la transformation du monde à l'aube, avec les forteresses, les champs et les forêts qui se découvrent et renaissent. Les artisans et les bergers se lèvent, et les oiseaux chantent joyeusement. Le poème se termine par une allusion à la Vierge Marie, qui a rendu à la nature l'allégresse et la liberté dans un siècle d'iniquité. Le crime avait plongé le monde dans une nuit profonde, mais l'Astre propice, symbolisant la justice divine, a produit un soleil de justice qui rend l'éclat à l'univers. Le texte se conclut par un remerciement à M. de Luyur, évêque de Bayeux et juge du Puy, pour son soutien aux arts et à la foi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
618
p. 2179-2190
Oeuvres de M. Dufresni. [titre d'après la table]
Début :
OEUVRES de M. Charles Riviere du Fresni. A Paris, rue St. Jacques, chez [...]
Mots clefs :
Théâtre, Musique, Jardinage, Plaisir, Volupté, Libertinage, Peinture, Sculpture, Chansons, Imagination, Charles Dufresny
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Oeuvres de M. Dufresni. [titre d'après la table]
OEUVRES de M, Charles Riviere d
Fresnil A Paris , rue St. Jacques: che
Fvi Briase
2180 MERCURE DE FRANCE
Briasson , 1731. 6. vol. in 12. prix 15.
liv..relié.
On voit à la tête un Portrait fort ressemblant
de l'Auteur , gravé par François .
Jollain , d'après le Tableau original de M..
Ch. Coypel ; et dans un Avertissement de
37. pages , l'Editeur donne cette idée du
caractere de feu M. du Fresni .
-C
il
il ne
En donnant simplement l'essor à son
Imagination , naturellement tournée à la
gayeté et aux idées singulieres gagna
les bonnes graces du feu Roi , et se trouva
comblé de ses bienfaits , qui , joints à son
bien de patrimoine , rendirent bien -tôt sa
situation opulante ; mais son goût pour la
dépense , l'empêcha de la rendre solide.
Comme il étoit né sans ambition
désiroit les richesses que pour satisfaire
aux; commoditez de la vie , ( car il n'en
avoit pas encore connu les besoins ; ) il:
aimoit le plaisir comme volupté et non
comme libertinage ; une table délicate et
des amis choisis étoient les choses qui le
flattoient le plus . Il avoit reçu de la natu
re beaucoup de goût pour tous les Arts ;;
Peinture , Sculpture , Architecture , Jar
dinage , tous sembloient lui être familiers :
par les jugemens justes qu'il portoit de
leurs productions.
Outre le goût pour les Arts , il avoit
encore
SEPTEMBRE. 173 218
1
encore un talent naturel et particulier
pour la Musique et pour le Dessein ; quoi--
que les principes de l'un et de l'autre n'eussent
point fait partie de son éducation , ill
a néanmoins produit dans ces deux genres
des choses inimitables. Les airs de ses
chansons de caractere en sont une preuve
convainquante ; car il n'y a pas un de ces:
airs qui ne soit de sa composition : mais
ce que l'on ne peut transmettre , c'est l'intelligence
et le goût avec lesquels il les
chantoit. Il est vrai que la fecondité deson
genie lui en faisoit varier les chants
toutes les fois qu'on l'engageoit à les exe--
cuter ; ce qui souvent lui déplaisoit , etsur-
tout lorsqu'on le loiioit sur un talent:
qu'il regardoit comme fört inferieur aux:
autres. Il est cependant facheux qu'il nous
reste si peu de ses chansons , puisqu'il
convient lui -même dans un de ses Mercures
, d'en avoir fait plus de cent.
Il n'étoit pas moins surprenant du côté
du Dessein , que du côté de la Musique s
il n'avoit , il est vrai , aucune pratique du
crayon , du pinceau ni de la plume ; mais
il s'étoit fait à lui- même un équivalent de
tout cela , en prenant dans differentes Es
tampes des parties d'homme , d'animaux,.
de plantes ou d'arbres qu'il découpoit , et
dont il formoit un sujet dessiné seulement
dans;
T82 MERCURE DE FRANCE
dans son imagination ; il les disposoit et
les colloit les unes auprès des autres , selon
que le sujet le demandoit : il lui arrivoit
même de changer l'expression des
têtes , qui ne convenoit pas à son idée, en
supprimant les yeux , la bouche , le nez
et les autres parties du visage , et y en
fubstituant d'autres qui étoient propres à
exprimer la passion qu'il vouloit peindre ;
tant il étoit sûr du jeu de ces parties pour
Feffet qu'il en attendoit. Mais ce qu'il y a
d'étonnant , c'est que cet assemblage de
pieces rapportées , en apparence , au hazard
et sans esquisse , formoit un tout
agréable , dont l'incorrection de Dessein
n'étoit sensible qu'à des yeux connoise
seurs.
Quelques séduisans que fussent pour lui
ees deux talens , ils ne prévaloient pas au
goût dominant qu'il avoit pour l'art de
construire des Jardins. Il avoit pour cet
Art un genie singulier , mais nullement
susceptible de comparaison avec celui dés
grands hommes que nous avons eû , et
que nous avons encore dans ce genre. Dufreny
ne travailloit avec plaisir , et pour
ainsi dire , à l'aise , que sur un terrain irregulier
et inégal .. If lui falloit des obstar
cles à vaincre , et quand la nature ne lui
en fournissoit pas , il s'en donnoit luimême,
SEPTEMBRE. 173. 28
même ; c'est-à dire que d'un emplacement
regulier , et d'un terrain plat , il en faisoit
un montueux ; afin de varier , disoit
il , les objets en les multipliant , et se garantir
des vûës voisines , en leur oppo
sant des élevations de terre , qui servoient
en même temps de Belveders. Tels étoient
les jardins de Mignaux près Poissy ; es
tels sont encore ceux qu'ils a faits dans le
Faubourg S. Antoine , pendant les dix
dernieres années de sa vie , dont l'un est
connu sous le nom du Moulin , et l'autre
qu'il appelloit le chemin creux. Tout le
monde connoit aussi la maison et les jardins
de M. l'Abbé Pajot près de Vincennes
; par là on peut juger du goût et du
genie de Dufreny dans ce genre.
Louis XIV. ayant pris la résolution de
faire faire à Versailles des Jardins dont la
grandeur et la magnificence surpassassent
tout ce qu'on avoit vû et même imaginé
jusqu'alors , lui demanda des Desseins..
Dufreny en fit deux differens ; ce Prince
les examina et les compara avec ceux
qu'on lui avoit presentez ; Il en parut
content , et ne les refusa que par l'exces--
sive dépense dans laquelle l'exécution
l'auroit engagé . Ce Monarque qui aimoit
les Arts , et qui les avoit portez à leurplus
haut degré de perfection par les :
›
tecome
2184 MERCURE DE FRANCE
recompenses dont il prévenoit ceux qu'i
s'y distinguoient , accorda à Dufreny un
Brevet de Contrôleur de ses Jardins . Peu
de temps après il obtint encore de Sa Majesté
le Privilege d'une nouvelle Manufac
ture de grandes Glaces que l'on proposoit
d'établir , et dont le succès a passé de beau--
Coup ce qu'on en attendoit.
›
Si Dufreny avoit été capable de prévoir
l'avenir , il auroit senti la valeur du
don que le Roy lui avoit fait mais sa
maniere de penser ne lui läissoit jamais
imaginer le lendemain ; le present étoit
son seul point de vûë , et faisoit son bon-
Keur ou son malheur desorte que pressé
de satisfaire à quelques caprices, qui en lui:
étoient aussi, forts que des besoins , il ceda
le Privilege des Glaces pour une somme
assez modique , &c. M. Dufreny ayant
ensuite vendu sa charge et quitté la Cour,
se fixa à Paris , et les liaisons étroites qu'il!
eut avec Renard , Philosophe voluptueux
comme lui , et celebre Auteur comique
déveloperent les talens qu'ils avoient pour
le Theatre. La Comedie Italienne fleuris- _
soit alors ; et les Acteurs qui la compo
soient avoient surmonté les difficultezz
d'une langue étrangere. Leurs Pieces
étoient presque entierement françoises ;
d'etoit la mode de fréquenter ce Theatre ,
est
SEPTEMBRE. 173. 2185
et par conséquent les Auteurs y portoient
leurs ouvrages par préference.
Des Pieces sans regles et sans conduite
mais lucratives , convenoient parfaite
ment à Dufreny ; car, à dire vray , son genie
étoit plus propre à produire des Scenes.
détachées , qu'à bien conduire une Comedie.
En effet , n'auroit-il pas été étonnant ,
qu'un homme qui avoit eû si peu de conduite
dans le cours de sa vie , en eût mis
beaucoup dans ses Pieces de Theatre.
C'est aussi le seul défaut qu'on puisse
lui reprocher à cet égard. D'ailleurs on
y trouve des caracteres bien peints et bien
soutenus , un Dialogue juste et concis
un Comique pris dans la pensée , et rarement
jouant sur le mot ; des portraits ,
critiques sans être satyriques ; et dans
tout une vivacité de genie qui lui prom
pre. Tel on dépeint Dufreny dans ses ouvrages
,.
tel il étoit avec ses amis ; c'està-
dire , aimable sans médisance , et plai..
sant sans raillerie piquante ; aussi disoitil
; Qu'on est plus excusable de ne pas penser
juste , que de penser malignement.
Ce que j'ai dit à l'égard des Comedies.
de nôtre Auteur , poursuit l'Editeur , regarde
principalement celles qu'il a données
au Theatre François ; car il regnoit
sur celui des Italiens un goût de satyre et
d'équi
2186 MERCURE DE FRANCE
d'équivoque auquel il falloit nécessaire
ment se préter pour reüssir.
Après a suppression de leur Theatre ,
notre Auteur travailla pour celui des
François les Pieces qu'il y donna , n’eurent
pas tout le succès qu'il en esperoit ;
et il ne pouvoit compter de veritables
succès que ceux du double. Veuvage et de
P'Esprit de Contradiction ; encore cette der
niere qui passe pour un chef - d'oeuvre
dans son genre , eût- elle le sort de quel
ques -unes de nos anciennes Pieces , qui
font cependant aujourd'huy les délices
du Public
M. Dufreny avoit été marié deux fois.
Distrait par l'application involontaire de
son esprit à ses compositions qui le sui
voient par tout , il lui auroit été fort difficile
de se livrer aux soins d'une famille.
Il le sentoit bien ; et peut-être étoit - ce
pour s'en dispenser entierement qu'il
avoit imaginé d'avoir en même temps 3.
ou 4. logemens dans differens quartiers de
Paris ; et qu'il les quittoit dès qu'il soupçonnoit
d'y être connu de ceux avec les
quels il ne vouloit point avoir de commerce
, & c.
A sa mort , arrivée le 6. Octobre 1724.
en la 7 me. année de son âge , ses sentimans
de pieté et de resignation furent i
sin
SEPTEMBRE. 1731. 2187
sinceres , qu'il consentit, à la sollicitation
des deux enfans qu'il avoit eû de son premier
mariage , que l'on brûlât tous ses
ouvrages , le seul bien qui lui restoit alors .
C'étoit une seconde partie des Amusemens
serieux et comiques , les Vapeurs , Comedie
en un Acte , qu'il avoit lûës à tous ses
amis , et dont ils ne se rappellent le souvenir
qu'avec regret ; La Joueuse , qu'il
avoit mise en vers ; le Superstitieux , et le
Valet-Maître , Comedies en cinq Actes ,
presque finies , de même
que l'Epreuve
en trois Actes , avec des Intermedes qu'il
comptoit donner incessamment au Public.
Si jamais ouvrages de Theatre devoient
être épargnés , c'étoient ceux de notre
Auteur par la pureté des moeurs qui y regnoit
; mais ce zéle pour lequel le seul
nom de Comedie est un crime , et celui
de Theatre une profanation , en ordonna
autrement ; Scenes détachées , canevas da
Pieces , Refléxions , Ouvrages même de
ses mains ; tout fût mis en cendre , & c . >
On ne peut donc donner qu'un recueil
le plus complet qu'il a été possible de ses
oeuvres déja imprimées , mais , ou malimprimées
, ou devenuës rares ; on y a
ajoûté tout ce qu'on a jugé être de lui
dans les Mercures , comme Paralleles ,
Dissertations ou Examens critiques ,
›
His2188
MERCURE DE FRANCE
Historietes nouvelles et Chansons dong
on a toûjours désiré d'avoir une suite. I
est vrai que ce qui enrichir le plus cette
édition , ce sont trois Comedies , qui n'avoient
jamais été imprimées , et dont une
n'avoit pas encore été répresentée . Ces
trois Pieces sont la Malade sans maladie
La Joueuse , en Prose , et le faux Sincere.
On est redevable des deux premieres à
générosité des Comediens François ,
qui possedoient dans leur dépôt les seuls
Manuscrits qui existassent de ces deux
Pieces , et qui ont bien voulu les abandonner
à l'impression ; ils ont fait même
toutes les recherches possibles pour l'aug
menter encore de trois autres Pieces , intitulées
: Sancho Pansa en trois Actes ;
le Portrait , en un Acte , et les Dominos ,
aussi en un Acte ; mais malgré tous les
soins qu'ils se sont donnez , ils n'ont pû
les recouvrer , & c ..
>
>
La multiplicité d'avis differens , et la
facilité que M. Dufreny avoit à repro
duire lui faisoient presque toûjours
changer ses Pieces et les tourner de diffe
rentes façons , et souvent à leur désavantage.
C'est pour cette raison que M. de
M.... exigea de Dufreny , qu'il prit copie
de sonfaux Sincere , afin de la conserver
dans le meilleur état que ses amis .
ju+.
SEPTEMBRE . 1731. 2189
jugerent qu'il le pouvoit nettre : Jugement
que le Public a confirmé par l'accueil
favorable qu'il a fait à cette Comedie
Voilà ce que nous croyons pouvoir extraire
de cette Préface sur la vie , le caractere et les
Ouvrages defeu M. Dufreny. Voici le Cata-
Logue de ses Pieces , sçavoir , celles qui ont
été données au Theatre François.
Le Negligent. Prose , f . Actes.
Attendez- moy sous l'Orme. Prose , 1. Acte
Le Chevalier Joueur. 5. Actes . Prose .
La Nôce interrompuë. 1. Acte. Prose.
La Malade sans maladie. 5. Actes. Prose
L'esprit de contradiction. 1. Acte. Prose.
Le double Veuvage. 3. Actes. Prose.
Lefaux Honnête - Homme. 3. Actes . Prose
Le faux Instinct. 3. Actes. Prose.
Le Jaloux honteux. 5. Actes . Prose.
La Joueuse. 5. Actes . Prose.
Le Lot suposé. En Vers . 3. Actes.
La Réconciliation Normande. 5. Act. Vers
Le Dédit. 1. Acte . Vers.
Le Mariage fait et rompu. 3. Actes. Vers
Le faux Sincere. 5. Actes . Vers.
Comedies pour le Theatre Italien,
L'Opera de Campagne. 3. Actes.
L'union des deux Opera. Un Acté.
Les
2190 MERCURE DE FRANCE
Les Chinois. 4. Actes et un Prologue.
La Baguette de Vulcain . Un Acte .
Les Adieux des Officiers , ou Venus justifiée
. Un Acte.
Les Mal- Assortis . 2. Actes .
Le Départ des Comédiens. Un Acte.
Attendez- moi sous l'orme . Un Acte.
La Foire S. Germain. 3. Actes.
Les Momies d'Egypte. Un Acte.
Pasquin et Morphorio, Medecins des Moeurs.
3. Actes.
Les Fées , ou les Contes de ma Mere.
l'Oye. Un Acte.
Les 4. premiers Volumes contiennent les
Comédies joüées sur le Théatre François.
Le quatriéme Tome rempli par les
Amusemens serieux et comiques , Ouvrage
très- excellent et rrès - connu , puis
qu'il est traduit dans toutes les Langues
l'Europe.
Le Puits de la Verité. Histoire Gauloise.
Parallele d'Homere et de Rabelais.
Reflexions sur la Tragedie de Rhadamiste
et Zénobie.
Réponse Apologetique de l'Auteur du Mercure
Galant , au Mercure de Trévoux .
Le sixième Volume , de 300. pages sans
les Chansons notées , contient les Oenvres
diverses de Dufresny , &c.
Fresnil A Paris , rue St. Jacques: che
Fvi Briase
2180 MERCURE DE FRANCE
Briasson , 1731. 6. vol. in 12. prix 15.
liv..relié.
On voit à la tête un Portrait fort ressemblant
de l'Auteur , gravé par François .
Jollain , d'après le Tableau original de M..
Ch. Coypel ; et dans un Avertissement de
37. pages , l'Editeur donne cette idée du
caractere de feu M. du Fresni .
-C
il
il ne
En donnant simplement l'essor à son
Imagination , naturellement tournée à la
gayeté et aux idées singulieres gagna
les bonnes graces du feu Roi , et se trouva
comblé de ses bienfaits , qui , joints à son
bien de patrimoine , rendirent bien -tôt sa
situation opulante ; mais son goût pour la
dépense , l'empêcha de la rendre solide.
Comme il étoit né sans ambition
désiroit les richesses que pour satisfaire
aux; commoditez de la vie , ( car il n'en
avoit pas encore connu les besoins ; ) il:
aimoit le plaisir comme volupté et non
comme libertinage ; une table délicate et
des amis choisis étoient les choses qui le
flattoient le plus . Il avoit reçu de la natu
re beaucoup de goût pour tous les Arts ;;
Peinture , Sculpture , Architecture , Jar
dinage , tous sembloient lui être familiers :
par les jugemens justes qu'il portoit de
leurs productions.
Outre le goût pour les Arts , il avoit
encore
SEPTEMBRE. 173 218
1
encore un talent naturel et particulier
pour la Musique et pour le Dessein ; quoi--
que les principes de l'un et de l'autre n'eussent
point fait partie de son éducation , ill
a néanmoins produit dans ces deux genres
des choses inimitables. Les airs de ses
chansons de caractere en sont une preuve
convainquante ; car il n'y a pas un de ces:
airs qui ne soit de sa composition : mais
ce que l'on ne peut transmettre , c'est l'intelligence
et le goût avec lesquels il les
chantoit. Il est vrai que la fecondité deson
genie lui en faisoit varier les chants
toutes les fois qu'on l'engageoit à les exe--
cuter ; ce qui souvent lui déplaisoit , etsur-
tout lorsqu'on le loiioit sur un talent:
qu'il regardoit comme fört inferieur aux:
autres. Il est cependant facheux qu'il nous
reste si peu de ses chansons , puisqu'il
convient lui -même dans un de ses Mercures
, d'en avoir fait plus de cent.
Il n'étoit pas moins surprenant du côté
du Dessein , que du côté de la Musique s
il n'avoit , il est vrai , aucune pratique du
crayon , du pinceau ni de la plume ; mais
il s'étoit fait à lui- même un équivalent de
tout cela , en prenant dans differentes Es
tampes des parties d'homme , d'animaux,.
de plantes ou d'arbres qu'il découpoit , et
dont il formoit un sujet dessiné seulement
dans;
T82 MERCURE DE FRANCE
dans son imagination ; il les disposoit et
les colloit les unes auprès des autres , selon
que le sujet le demandoit : il lui arrivoit
même de changer l'expression des
têtes , qui ne convenoit pas à son idée, en
supprimant les yeux , la bouche , le nez
et les autres parties du visage , et y en
fubstituant d'autres qui étoient propres à
exprimer la passion qu'il vouloit peindre ;
tant il étoit sûr du jeu de ces parties pour
Feffet qu'il en attendoit. Mais ce qu'il y a
d'étonnant , c'est que cet assemblage de
pieces rapportées , en apparence , au hazard
et sans esquisse , formoit un tout
agréable , dont l'incorrection de Dessein
n'étoit sensible qu'à des yeux connoise
seurs.
Quelques séduisans que fussent pour lui
ees deux talens , ils ne prévaloient pas au
goût dominant qu'il avoit pour l'art de
construire des Jardins. Il avoit pour cet
Art un genie singulier , mais nullement
susceptible de comparaison avec celui dés
grands hommes que nous avons eû , et
que nous avons encore dans ce genre. Dufreny
ne travailloit avec plaisir , et pour
ainsi dire , à l'aise , que sur un terrain irregulier
et inégal .. If lui falloit des obstar
cles à vaincre , et quand la nature ne lui
en fournissoit pas , il s'en donnoit luimême,
SEPTEMBRE. 173. 28
même ; c'est-à dire que d'un emplacement
regulier , et d'un terrain plat , il en faisoit
un montueux ; afin de varier , disoit
il , les objets en les multipliant , et se garantir
des vûës voisines , en leur oppo
sant des élevations de terre , qui servoient
en même temps de Belveders. Tels étoient
les jardins de Mignaux près Poissy ; es
tels sont encore ceux qu'ils a faits dans le
Faubourg S. Antoine , pendant les dix
dernieres années de sa vie , dont l'un est
connu sous le nom du Moulin , et l'autre
qu'il appelloit le chemin creux. Tout le
monde connoit aussi la maison et les jardins
de M. l'Abbé Pajot près de Vincennes
; par là on peut juger du goût et du
genie de Dufreny dans ce genre.
Louis XIV. ayant pris la résolution de
faire faire à Versailles des Jardins dont la
grandeur et la magnificence surpassassent
tout ce qu'on avoit vû et même imaginé
jusqu'alors , lui demanda des Desseins..
Dufreny en fit deux differens ; ce Prince
les examina et les compara avec ceux
qu'on lui avoit presentez ; Il en parut
content , et ne les refusa que par l'exces--
sive dépense dans laquelle l'exécution
l'auroit engagé . Ce Monarque qui aimoit
les Arts , et qui les avoit portez à leurplus
haut degré de perfection par les :
›
tecome
2184 MERCURE DE FRANCE
recompenses dont il prévenoit ceux qu'i
s'y distinguoient , accorda à Dufreny un
Brevet de Contrôleur de ses Jardins . Peu
de temps après il obtint encore de Sa Majesté
le Privilege d'une nouvelle Manufac
ture de grandes Glaces que l'on proposoit
d'établir , et dont le succès a passé de beau--
Coup ce qu'on en attendoit.
›
Si Dufreny avoit été capable de prévoir
l'avenir , il auroit senti la valeur du
don que le Roy lui avoit fait mais sa
maniere de penser ne lui läissoit jamais
imaginer le lendemain ; le present étoit
son seul point de vûë , et faisoit son bon-
Keur ou son malheur desorte que pressé
de satisfaire à quelques caprices, qui en lui:
étoient aussi, forts que des besoins , il ceda
le Privilege des Glaces pour une somme
assez modique , &c. M. Dufreny ayant
ensuite vendu sa charge et quitté la Cour,
se fixa à Paris , et les liaisons étroites qu'il!
eut avec Renard , Philosophe voluptueux
comme lui , et celebre Auteur comique
déveloperent les talens qu'ils avoient pour
le Theatre. La Comedie Italienne fleuris- _
soit alors ; et les Acteurs qui la compo
soient avoient surmonté les difficultezz
d'une langue étrangere. Leurs Pieces
étoient presque entierement françoises ;
d'etoit la mode de fréquenter ce Theatre ,
est
SEPTEMBRE. 173. 2185
et par conséquent les Auteurs y portoient
leurs ouvrages par préference.
Des Pieces sans regles et sans conduite
mais lucratives , convenoient parfaite
ment à Dufreny ; car, à dire vray , son genie
étoit plus propre à produire des Scenes.
détachées , qu'à bien conduire une Comedie.
En effet , n'auroit-il pas été étonnant ,
qu'un homme qui avoit eû si peu de conduite
dans le cours de sa vie , en eût mis
beaucoup dans ses Pieces de Theatre.
C'est aussi le seul défaut qu'on puisse
lui reprocher à cet égard. D'ailleurs on
y trouve des caracteres bien peints et bien
soutenus , un Dialogue juste et concis
un Comique pris dans la pensée , et rarement
jouant sur le mot ; des portraits ,
critiques sans être satyriques ; et dans
tout une vivacité de genie qui lui prom
pre. Tel on dépeint Dufreny dans ses ouvrages
,.
tel il étoit avec ses amis ; c'està-
dire , aimable sans médisance , et plai..
sant sans raillerie piquante ; aussi disoitil
; Qu'on est plus excusable de ne pas penser
juste , que de penser malignement.
Ce que j'ai dit à l'égard des Comedies.
de nôtre Auteur , poursuit l'Editeur , regarde
principalement celles qu'il a données
au Theatre François ; car il regnoit
sur celui des Italiens un goût de satyre et
d'équi
2186 MERCURE DE FRANCE
d'équivoque auquel il falloit nécessaire
ment se préter pour reüssir.
Après a suppression de leur Theatre ,
notre Auteur travailla pour celui des
François les Pieces qu'il y donna , n’eurent
pas tout le succès qu'il en esperoit ;
et il ne pouvoit compter de veritables
succès que ceux du double. Veuvage et de
P'Esprit de Contradiction ; encore cette der
niere qui passe pour un chef - d'oeuvre
dans son genre , eût- elle le sort de quel
ques -unes de nos anciennes Pieces , qui
font cependant aujourd'huy les délices
du Public
M. Dufreny avoit été marié deux fois.
Distrait par l'application involontaire de
son esprit à ses compositions qui le sui
voient par tout , il lui auroit été fort difficile
de se livrer aux soins d'une famille.
Il le sentoit bien ; et peut-être étoit - ce
pour s'en dispenser entierement qu'il
avoit imaginé d'avoir en même temps 3.
ou 4. logemens dans differens quartiers de
Paris ; et qu'il les quittoit dès qu'il soupçonnoit
d'y être connu de ceux avec les
quels il ne vouloit point avoir de commerce
, & c.
A sa mort , arrivée le 6. Octobre 1724.
en la 7 me. année de son âge , ses sentimans
de pieté et de resignation furent i
sin
SEPTEMBRE. 1731. 2187
sinceres , qu'il consentit, à la sollicitation
des deux enfans qu'il avoit eû de son premier
mariage , que l'on brûlât tous ses
ouvrages , le seul bien qui lui restoit alors .
C'étoit une seconde partie des Amusemens
serieux et comiques , les Vapeurs , Comedie
en un Acte , qu'il avoit lûës à tous ses
amis , et dont ils ne se rappellent le souvenir
qu'avec regret ; La Joueuse , qu'il
avoit mise en vers ; le Superstitieux , et le
Valet-Maître , Comedies en cinq Actes ,
presque finies , de même
que l'Epreuve
en trois Actes , avec des Intermedes qu'il
comptoit donner incessamment au Public.
Si jamais ouvrages de Theatre devoient
être épargnés , c'étoient ceux de notre
Auteur par la pureté des moeurs qui y regnoit
; mais ce zéle pour lequel le seul
nom de Comedie est un crime , et celui
de Theatre une profanation , en ordonna
autrement ; Scenes détachées , canevas da
Pieces , Refléxions , Ouvrages même de
ses mains ; tout fût mis en cendre , & c . >
On ne peut donc donner qu'un recueil
le plus complet qu'il a été possible de ses
oeuvres déja imprimées , mais , ou malimprimées
, ou devenuës rares ; on y a
ajoûté tout ce qu'on a jugé être de lui
dans les Mercures , comme Paralleles ,
Dissertations ou Examens critiques ,
›
His2188
MERCURE DE FRANCE
Historietes nouvelles et Chansons dong
on a toûjours désiré d'avoir une suite. I
est vrai que ce qui enrichir le plus cette
édition , ce sont trois Comedies , qui n'avoient
jamais été imprimées , et dont une
n'avoit pas encore été répresentée . Ces
trois Pieces sont la Malade sans maladie
La Joueuse , en Prose , et le faux Sincere.
On est redevable des deux premieres à
générosité des Comediens François ,
qui possedoient dans leur dépôt les seuls
Manuscrits qui existassent de ces deux
Pieces , et qui ont bien voulu les abandonner
à l'impression ; ils ont fait même
toutes les recherches possibles pour l'aug
menter encore de trois autres Pieces , intitulées
: Sancho Pansa en trois Actes ;
le Portrait , en un Acte , et les Dominos ,
aussi en un Acte ; mais malgré tous les
soins qu'ils se sont donnez , ils n'ont pû
les recouvrer , & c ..
>
>
La multiplicité d'avis differens , et la
facilité que M. Dufreny avoit à repro
duire lui faisoient presque toûjours
changer ses Pieces et les tourner de diffe
rentes façons , et souvent à leur désavantage.
C'est pour cette raison que M. de
M.... exigea de Dufreny , qu'il prit copie
de sonfaux Sincere , afin de la conserver
dans le meilleur état que ses amis .
ju+.
SEPTEMBRE . 1731. 2189
jugerent qu'il le pouvoit nettre : Jugement
que le Public a confirmé par l'accueil
favorable qu'il a fait à cette Comedie
Voilà ce que nous croyons pouvoir extraire
de cette Préface sur la vie , le caractere et les
Ouvrages defeu M. Dufreny. Voici le Cata-
Logue de ses Pieces , sçavoir , celles qui ont
été données au Theatre François.
Le Negligent. Prose , f . Actes.
Attendez- moy sous l'Orme. Prose , 1. Acte
Le Chevalier Joueur. 5. Actes . Prose .
La Nôce interrompuë. 1. Acte. Prose.
La Malade sans maladie. 5. Actes. Prose
L'esprit de contradiction. 1. Acte. Prose.
Le double Veuvage. 3. Actes. Prose.
Lefaux Honnête - Homme. 3. Actes . Prose
Le faux Instinct. 3. Actes. Prose.
Le Jaloux honteux. 5. Actes . Prose.
La Joueuse. 5. Actes . Prose.
Le Lot suposé. En Vers . 3. Actes.
La Réconciliation Normande. 5. Act. Vers
Le Dédit. 1. Acte . Vers.
Le Mariage fait et rompu. 3. Actes. Vers
Le faux Sincere. 5. Actes . Vers.
Comedies pour le Theatre Italien,
L'Opera de Campagne. 3. Actes.
L'union des deux Opera. Un Acté.
Les
2190 MERCURE DE FRANCE
Les Chinois. 4. Actes et un Prologue.
La Baguette de Vulcain . Un Acte .
Les Adieux des Officiers , ou Venus justifiée
. Un Acte.
Les Mal- Assortis . 2. Actes .
Le Départ des Comédiens. Un Acte.
Attendez- moi sous l'orme . Un Acte.
La Foire S. Germain. 3. Actes.
Les Momies d'Egypte. Un Acte.
Pasquin et Morphorio, Medecins des Moeurs.
3. Actes.
Les Fées , ou les Contes de ma Mere.
l'Oye. Un Acte.
Les 4. premiers Volumes contiennent les
Comédies joüées sur le Théatre François.
Le quatriéme Tome rempli par les
Amusemens serieux et comiques , Ouvrage
très- excellent et rrès - connu , puis
qu'il est traduit dans toutes les Langues
l'Europe.
Le Puits de la Verité. Histoire Gauloise.
Parallele d'Homere et de Rabelais.
Reflexions sur la Tragedie de Rhadamiste
et Zénobie.
Réponse Apologetique de l'Auteur du Mercure
Galant , au Mercure de Trévoux .
Le sixième Volume , de 300. pages sans
les Chansons notées , contient les Oenvres
diverses de Dufresny , &c.
Fermer
Résumé : Oeuvres de M. Dufresni. [titre d'après la table]
Le texte présente les œuvres de Charles Riviere Dufreny, publiées à Paris en 1731. L'ouvrage se compose de six volumes in-12, reliés, et inclut un portrait de l'auteur gravé par François Jollain d'après un tableau de Charles Coypel. Dufreny est décrit comme un homme à l'imagination vive et aux idées singulières, favori du roi Louis XIV, qui lui accorda de nombreux bienfaits. Il avait un goût prononcé pour les arts, notamment la peinture, la sculpture, l'architecture et le jardinage. Bien qu'il n'ait jamais reçu de formation formelle, Dufreny possédait un talent naturel pour la musique et le dessin. Ses chansons et compositions musicales étaient très appréciées. En jardinage, Dufreny préférait les terrains irréguliers et inégaux, créant des jardins variés et pittoresques. Louis XIV lui confia des projets pour les jardins de Versailles et lui accorda des privilèges, comme celui de contrôler les jardins royaux et d'établir une manufacture de grandes glaces. Cependant, Dufreny vendit ce privilège pour satisfaire ses caprices. Il se consacra ensuite au théâtre, écrivant des pièces pour la Comédie Italienne et la Comédie Française. Ses œuvres théâtrales étaient caractérisées par des scènes détachées et un comique subtil. Dufreny fut marié deux fois et eut des enfants de son premier mariage. À sa mort en 1724, il demanda que ses œuvres soient brûlées, mais certaines furent sauvées et publiées. Le texte liste également plusieurs de ses œuvres littéraires, telles que 'Le Puits de la Vérité. Histoire Gauloise', 'Parallèle d'Homère et de Rabelais', 'Réflexions sur la Tragédie de Rhadamiste et Zénobie', et 'Réponse Apologétique de l'Auteur du Mercure Galant, au Mercure de Trévoux'. Un sixième volume contient diverses œuvres de Dufreny, totalisant 300 pages sans compter les chansons notées. Une de ses œuvres est particulièrement excellente et connue, traduite dans toutes les langues d'Europe.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
619
p. 2191-2193
Portrait de Mlle d'Angeville. [titre d'après la table]
Début :
Il paroît depuis peu, imprimé in 4. un Poëme de M. Fuzelier, d'environ 200. [...]
Mots clefs :
Portrait, Comédienne, Friponne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Portrait de Mlle d'Angeville. [titre d'après la table]
Il paroît depuis peu , imprimé in 4.
un Poëme de M. Fuzelier , d'environ 200.
Vers, sous le titre de Portrait de Mlle Marie-
Anne d'Angeville. Les Talens et les
Graces de cette jeune Comedienne de la
Troupe du Roy , y sont celebrez avec
beaucoup de finesse , d'agrément et de
feu. En voicy quelques fragmens.
S'il n'étoit question que de tracer l'Image ; Il
De ces traits qui ne sont que beaux ,
On verroit triompher nos Appelles nouveaux ;
Mais rendre des traits fins , c'est un Apprentissage,
Pour les plus habiles Pinceaux .
Or , D'ANGEVILLE porte une certaine Mine
Friponne , Ironique , Lutine ,
Faite exprés pour désesperer
Le plus tranquile esprit , le coeur le plus rebelle.
En formant ce joli Modelle ,
La Nature jalouse a voulu nous montrer
Que le Galand VATEAU n'en sçavoit pas tant
qu'elle &c.
Pour la peindre groupons les Ris avec les Jeux ?
Avec choix dispersés pour seconder ses voeux
Les uns forment sa Cour , les autres sa Toillette ;
Et comme ils sont badins ; Bouquet , Panier ,
Cornette >
Tout est amusement pour eux :
Inspirés
*192 MERCURE DE FRANCE
Inspirés par leur goût faǹtasque ,
L'unpour se déguiser ne saisissant qu'un Masque
Epouvante un Couple ingenu ,
Que comiqnement il houspille ;
Tous deux sur leur gentil Corps nu
N'ont pour tout ornement , l'un qu'un galand
Fichu ,
L'autre qu'un riche Mantille :
Celui-là préferant l'attirail d'un Cadet ,
Un Manteau sur le Nés , arbore le Plumet , &C.
Jeune Prodige , ainsi paroissés sur la Scene
Soit en fille , soit en garçon ,
Des Coeurs que surprend votre chaine
L'Amour fait égale Moisson ;
C'en est trop : devez vous faire des Infidelles
Parmi nos Guerriers et nos Belles ,
Et vexer tour à tour la Veuve et l'Orphelin #
Décidés vos attraits ; optés un genre
Repentés- vous d'être Complice
enfin;
De tous les Larcins de Paphos ;
Laissés du moins , Charmante Actrice ,
L'un des deux Sexes en repos &c,
Mais l'Inscription manque : autre écueil pour me
veine :
C'est ici que souvent on a vu perdre haleine
Aux Poëtes les plus vantés.
D'ANGEVILLE , Actrice touchante ,
Fasse Apollon que je vous chante
Sur
SEPTEMBRE
1731. 2193
7.
Sur le ton que vous merités !
C'est demander beaucoup : les neuf Soeurs immortelles
,
Accordent rarement ce feu vif et serein ,
Qui doit éclairer un Quatrain :
Plus d'un Auteur pourroit en dire des nouvelles ,
Et sur plus d'une Estampe , avec droit condamné,
Nous prouver par ses Vers que les doctes Pu
celles ,
De ce feu précieux ne l'ont pas guerdoné.
Etre mal loué donc est assez en usage ;
Tel cas ( quoique par fois ce ne soit grand dom→
mage )
Est fréquent dans les Cours ; & , même dans les
Cieux ,
On n'est pas à couvert de ce fade langage ;
Le Dieu qu'on prise davantage ;
N'est pas toujours celui qu'on encense le mieux.
INSCRIPTION.
Pour former D'ANGEVILLE , au Théatre François
, •
A Thalie on l'offrit ; et ce don sçut lui plaire:
Mais elle dit , ceci n'a besoin de mes Loix ,
La Nature a tout fait , l'Art n'a plus rien à faire.
un Poëme de M. Fuzelier , d'environ 200.
Vers, sous le titre de Portrait de Mlle Marie-
Anne d'Angeville. Les Talens et les
Graces de cette jeune Comedienne de la
Troupe du Roy , y sont celebrez avec
beaucoup de finesse , d'agrément et de
feu. En voicy quelques fragmens.
S'il n'étoit question que de tracer l'Image ; Il
De ces traits qui ne sont que beaux ,
On verroit triompher nos Appelles nouveaux ;
Mais rendre des traits fins , c'est un Apprentissage,
Pour les plus habiles Pinceaux .
Or , D'ANGEVILLE porte une certaine Mine
Friponne , Ironique , Lutine ,
Faite exprés pour désesperer
Le plus tranquile esprit , le coeur le plus rebelle.
En formant ce joli Modelle ,
La Nature jalouse a voulu nous montrer
Que le Galand VATEAU n'en sçavoit pas tant
qu'elle &c.
Pour la peindre groupons les Ris avec les Jeux ?
Avec choix dispersés pour seconder ses voeux
Les uns forment sa Cour , les autres sa Toillette ;
Et comme ils sont badins ; Bouquet , Panier ,
Cornette >
Tout est amusement pour eux :
Inspirés
*192 MERCURE DE FRANCE
Inspirés par leur goût faǹtasque ,
L'unpour se déguiser ne saisissant qu'un Masque
Epouvante un Couple ingenu ,
Que comiqnement il houspille ;
Tous deux sur leur gentil Corps nu
N'ont pour tout ornement , l'un qu'un galand
Fichu ,
L'autre qu'un riche Mantille :
Celui-là préferant l'attirail d'un Cadet ,
Un Manteau sur le Nés , arbore le Plumet , &C.
Jeune Prodige , ainsi paroissés sur la Scene
Soit en fille , soit en garçon ,
Des Coeurs que surprend votre chaine
L'Amour fait égale Moisson ;
C'en est trop : devez vous faire des Infidelles
Parmi nos Guerriers et nos Belles ,
Et vexer tour à tour la Veuve et l'Orphelin #
Décidés vos attraits ; optés un genre
Repentés- vous d'être Complice
enfin;
De tous les Larcins de Paphos ;
Laissés du moins , Charmante Actrice ,
L'un des deux Sexes en repos &c,
Mais l'Inscription manque : autre écueil pour me
veine :
C'est ici que souvent on a vu perdre haleine
Aux Poëtes les plus vantés.
D'ANGEVILLE , Actrice touchante ,
Fasse Apollon que je vous chante
Sur
SEPTEMBRE
1731. 2193
7.
Sur le ton que vous merités !
C'est demander beaucoup : les neuf Soeurs immortelles
,
Accordent rarement ce feu vif et serein ,
Qui doit éclairer un Quatrain :
Plus d'un Auteur pourroit en dire des nouvelles ,
Et sur plus d'une Estampe , avec droit condamné,
Nous prouver par ses Vers que les doctes Pu
celles ,
De ce feu précieux ne l'ont pas guerdoné.
Etre mal loué donc est assez en usage ;
Tel cas ( quoique par fois ce ne soit grand dom→
mage )
Est fréquent dans les Cours ; & , même dans les
Cieux ,
On n'est pas à couvert de ce fade langage ;
Le Dieu qu'on prise davantage ;
N'est pas toujours celui qu'on encense le mieux.
INSCRIPTION.
Pour former D'ANGEVILLE , au Théatre François
, •
A Thalie on l'offrit ; et ce don sçut lui plaire:
Mais elle dit , ceci n'a besoin de mes Loix ,
La Nature a tout fait , l'Art n'a plus rien à faire.
Fermer
Résumé : Portrait de Mlle d'Angeville. [titre d'après la table]
Le texte présente un poème de M. Fuzelier intitulé 'Portrait de Mlle Marie-Anne d'Angeville', récemment publié en format in-4. Ce poème, composé d'environ 200 vers, célèbre les talents et les grâces de Marie-Anne d'Angeville, une jeune comédienne de la Troupe du Roy. Il met en lumière la finesse, l'agrément et l'énergie avec lesquels les qualités de l'actrice sont décrites. D'Angeville est décrite comme ayant une mine friponne, ironique et lutine, capable de désarçonner même les esprits les plus tranquilles. Le poème évoque divers aspects de sa vie et de son jeu sur scène, où elle excelle aussi bien dans les rôles féminins que masculins. Il souligne également les risques et les défis auxquels les poètes sont confrontés lorsqu'ils tentent de décrire des acteurs talentueux. Le texte se termine par une réflexion sur la difficulté de bien louer quelqu'un et sur le fait que même les dieux ne sont pas à l'abri des critiques. L'inscription finale souligne que la nature a doté d'Angeville de tous les talents nécessaires, rendant l'art superflu.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
620
p. 2193-2195
Monumens de la Monarchie Françoise. [titre d'après la table]
Début :
On débite chez Pierre Giffart et Jul. Michel Gandoüin, le III. Tome des Monumens de la [...]
Mots clefs :
Monarchie française, Règne, Cortège du roi, Officiers, Anglais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Monumens de la Monarchie Françoise. [titre d'après la table]
On débite chez Pierre Giffart et Jul. Miehel
Gandoüin le III. Tome des Monumens de la
Monarchie Françoise, par Don Bernard de Monfaucon.
Ce Volume contient les Histoires de
Charles
2194 MERCURE DE FRANCE
Charles V , de Charles VI , de Charles VII , er
de Louis XI. Les monumens du premier Regne
presentent des Chasses , des Prestations de serment
, le Cortege du Roy à la campagne , deş
Assemblées devant le Roy , où se trouvoient le
Chancelier et les autres Officiers , le Duel fameux
d'un Gentilhomme Assassin et d'un Chien , en
presence de toute la Cour , dans un Amphitheatre
, & c.
On voit sous le Regne suivant le Sacre du Roi
les douze Pairs de France qui y assisterent , la
bataille de Rosebec et d'autres les habillemens
du tems , &c.
;
Sous Charles VII . l'Entrée triomphante de ce
Prince dans Paris , d'où son armée avoit chassé
les Anglois , et de même dans les Villes de Rouen
et de Caën ; la Bastille de bois , faite par les Anglois
devant Dieppe , l'attaque de cette Bastille
par le Dauphin Louis l'Artillerie de ce temslà
, &c. On apprend sous le même Regne , dans
un écrit de l'Historien Berry , Roy d'Armes ,
imprimé dans ce Volume pour la premiere fois
et accompagné de figures la maniere dont les
Princes et les Seigneurs devoient paroître à
cheval.
>
Le Regne de Louis XI . montre en Peinture
originale la Création de l'Ordre de S. Michel ,
les Portraits de presque tous les Princes et Seigneurs
de ce tems , et , ce qui est encore plus
remarquable , un Parlement de Charles Duc de
Bourgogne où sont écrits les noms de tous
ceux qui le composent , &c. Dans le corps de
l'Histoire , l'Auteur s'est particulierement attaché
à produire certains faits interressants , et des
circonstances curieuses , qui ne se trouvent que
dans les Originaux.
Le
SEPTEMBRE. 1731. 2195
Le quatriéme Volume des Veillées de Thessa
le , paroît chez J. Fr. Josse , ruë S. Jacques .
Gandoüin le III. Tome des Monumens de la
Monarchie Françoise, par Don Bernard de Monfaucon.
Ce Volume contient les Histoires de
Charles
2194 MERCURE DE FRANCE
Charles V , de Charles VI , de Charles VII , er
de Louis XI. Les monumens du premier Regne
presentent des Chasses , des Prestations de serment
, le Cortege du Roy à la campagne , deş
Assemblées devant le Roy , où se trouvoient le
Chancelier et les autres Officiers , le Duel fameux
d'un Gentilhomme Assassin et d'un Chien , en
presence de toute la Cour , dans un Amphitheatre
, & c.
On voit sous le Regne suivant le Sacre du Roi
les douze Pairs de France qui y assisterent , la
bataille de Rosebec et d'autres les habillemens
du tems , &c.
;
Sous Charles VII . l'Entrée triomphante de ce
Prince dans Paris , d'où son armée avoit chassé
les Anglois , et de même dans les Villes de Rouen
et de Caën ; la Bastille de bois , faite par les Anglois
devant Dieppe , l'attaque de cette Bastille
par le Dauphin Louis l'Artillerie de ce temslà
, &c. On apprend sous le même Regne , dans
un écrit de l'Historien Berry , Roy d'Armes ,
imprimé dans ce Volume pour la premiere fois
et accompagné de figures la maniere dont les
Princes et les Seigneurs devoient paroître à
cheval.
>
Le Regne de Louis XI . montre en Peinture
originale la Création de l'Ordre de S. Michel ,
les Portraits de presque tous les Princes et Seigneurs
de ce tems , et , ce qui est encore plus
remarquable , un Parlement de Charles Duc de
Bourgogne où sont écrits les noms de tous
ceux qui le composent , &c. Dans le corps de
l'Histoire , l'Auteur s'est particulierement attaché
à produire certains faits interressants , et des
circonstances curieuses , qui ne se trouvent que
dans les Originaux.
Le
SEPTEMBRE. 1731. 2195
Le quatriéme Volume des Veillées de Thessa
le , paroît chez J. Fr. Josse , ruë S. Jacques .
Fermer
Résumé : Monumens de la Monarchie Françoise. [titre d'après la table]
Le troisième tome des 'Monumens de la Monarchie Françoise' de Don Bernard de Monfaucon est désormais disponible chez Pierre Giffart et Jul. Michel. Ce volume traite des règnes de Charles V, Charles VI, Charles VII et Louis XI. Il présente des illustrations et descriptions variées, telles que des chasses, des prestations de serment, des cortèges royaux et des assemblées devant le roi sous Charles V. Le règne de Charles VI est marqué par son sacre, la bataille de Rosebec et les habits de l'époque. Sous Charles VII, le livre détaille l'entrée triomphante du roi à Paris, Rouen et Caen, ainsi que des événements militaires comme l'attaque d'une bastille de bois par le dauphin Louis. Le règne de Louis XI est illustré par la création de l'Ordre de Saint-Michel, des portraits de princes et seigneurs, et un parlement de Charles Duc de Bourgogne. L'auteur a inclus des faits et des circonstances curieuses tirés des originaux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
621
p. 2196-2198
PROGRAME de l'Académie Royale des Belles Lettres, Sciences et Arts, établie à Bordeaux.
Début :
L'ACADÉMIE ayant été obligée de reserver le prix de cette année ; Elle en propose deux [...]
Mots clefs :
Académie royale des belles-lettres, sciences et arts, Bordeaux, Marseille, Dissertations , Paquets
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PROGRAME de l'Académie Royale des Belles Lettres, Sciences et Arts, établie à Bordeaux.
PROGRAME de l'Académie Royale
des Belles Lettres , Sciences et Aris , établie
à Bordeaux.
'ACADEMIE ayant été obligée de reserver
Lile prix de cette année Elle en propose
;
deux
aux Sçavans de l'Europe , qui seront distribucz
le vingt- cinq d'Août 1732 .
Elle destine un de ces Prix à celui qui expliquera
avec le plus de probabilité la question suiyante
; S'il y a un Magnetisme dans les Corps ,
quelle en est la cause , et quelles en sont les
Loix.
Elle destine l'autre à celui qui donnera l'explication
la plus protable du mouvement de la Seve
dans les Plantes , et les Loix de ce mouvement.
Il sera libre d'envoyer les Dissertations en
François ou en Latin : on demande qu'elles
soient écrites en caracteres lisibles ; elles ne se„
tont reçues pour le concours que jusqu'au premier
May prochain inclusivement.
An
SEPTEMBRE 1731. 2797
Au bas des Dissertations il y aura une Sentence
et l'Auteur mettra dans un Billet separé
et cacheté la même Sentence avec son nom
>
et son adresse .
>
Les Paquets seront affranchis , et adresser
à M. Sarray , Secretaire de l'Académie , ruë
de Gourgues , ou au Sieur Brun , Imprimeur
de l'Académie , ruë S. Jâmes.
s'est
On avertit les Sçavans , que l'Académie n'a pas
distribué le Prix cette année , parce que la Dissertation
à qui elle auroit pu l'adjuger
trouvée trop conforme à l'explication du Son
donnée par Mr. CROUSAS dans son Traité
du Beau.
›
A Bordeaux , ce 25. Août 1731J
Le sujet que l'Académie des Belles Lettres de
Marseille propose cette année pour le Prix , est
que Adversité n'abbat que ceux que la
Prosperité avoit aveuglés , selon ces paroles
de Seneque , consol . Ad Helv. Neminem adversa
fortuna comminuit nisi quem secunda décepit.
Il faut que l'Ouvrage soit en Prose , d'une demiheure
de lecture au plus , et d'un quart -d'heure
au moins on envoyera les Paquets à Mr. de
Chalamont de la Visclede , Secretaire perpetuel
de l'Académie , en les affranchissant , sans quoi
ils ne seront point retirez . On cachera le nom
de l'Auteur tant au Public " qu'au Sieur de la
Visclede , en lui envoyant les Ouvrages ; ils ne
seront reçûs que jusqu'au premier Decembre inclusivement.
Le prix sera adjugé à l'ordinaire ,
le premier Mercredy après la Quasimodo. Les
G iij Au-
>
2198 MERCURE DE FRANCE
Auteurs envoyeront , s'ils veulent , une adresse à
laquelle Mr. de la Visclede envoyera son récepissé
, et celui qui aura remporté le Prix , n'aura
qu'à envoyer le récepissé à quelqu'un qui reside
Marseille , auquel on remettra le Prix à la
vûë de ce récepissé .
des Belles Lettres , Sciences et Aris , établie
à Bordeaux.
'ACADEMIE ayant été obligée de reserver
Lile prix de cette année Elle en propose
;
deux
aux Sçavans de l'Europe , qui seront distribucz
le vingt- cinq d'Août 1732 .
Elle destine un de ces Prix à celui qui expliquera
avec le plus de probabilité la question suiyante
; S'il y a un Magnetisme dans les Corps ,
quelle en est la cause , et quelles en sont les
Loix.
Elle destine l'autre à celui qui donnera l'explication
la plus protable du mouvement de la Seve
dans les Plantes , et les Loix de ce mouvement.
Il sera libre d'envoyer les Dissertations en
François ou en Latin : on demande qu'elles
soient écrites en caracteres lisibles ; elles ne se„
tont reçues pour le concours que jusqu'au premier
May prochain inclusivement.
An
SEPTEMBRE 1731. 2797
Au bas des Dissertations il y aura une Sentence
et l'Auteur mettra dans un Billet separé
et cacheté la même Sentence avec son nom
>
et son adresse .
>
Les Paquets seront affranchis , et adresser
à M. Sarray , Secretaire de l'Académie , ruë
de Gourgues , ou au Sieur Brun , Imprimeur
de l'Académie , ruë S. Jâmes.
s'est
On avertit les Sçavans , que l'Académie n'a pas
distribué le Prix cette année , parce que la Dissertation
à qui elle auroit pu l'adjuger
trouvée trop conforme à l'explication du Son
donnée par Mr. CROUSAS dans son Traité
du Beau.
›
A Bordeaux , ce 25. Août 1731J
Le sujet que l'Académie des Belles Lettres de
Marseille propose cette année pour le Prix , est
que Adversité n'abbat que ceux que la
Prosperité avoit aveuglés , selon ces paroles
de Seneque , consol . Ad Helv. Neminem adversa
fortuna comminuit nisi quem secunda décepit.
Il faut que l'Ouvrage soit en Prose , d'une demiheure
de lecture au plus , et d'un quart -d'heure
au moins on envoyera les Paquets à Mr. de
Chalamont de la Visclede , Secretaire perpetuel
de l'Académie , en les affranchissant , sans quoi
ils ne seront point retirez . On cachera le nom
de l'Auteur tant au Public " qu'au Sieur de la
Visclede , en lui envoyant les Ouvrages ; ils ne
seront reçûs que jusqu'au premier Decembre inclusivement.
Le prix sera adjugé à l'ordinaire ,
le premier Mercredy après la Quasimodo. Les
G iij Au-
>
2198 MERCURE DE FRANCE
Auteurs envoyeront , s'ils veulent , une adresse à
laquelle Mr. de la Visclede envoyera son récepissé
, et celui qui aura remporté le Prix , n'aura
qu'à envoyer le récepissé à quelqu'un qui reside
Marseille , auquel on remettra le Prix à la
vûë de ce récepissé .
Fermer
Résumé : PROGRAME de l'Académie Royale des Belles Lettres, Sciences et Arts, établie à Bordeaux.
En 1732, l'Académie Royale des Belles Lettres, Sciences et Arts de Bordeaux a annoncé deux prix. Le premier récompense l'explication du magnétisme dans les corps, sa cause et ses lois. Le second concerne le mouvement de la sève dans les plantes et ses lois. Les dissertations, en français ou en latin, doivent être soumises avant le 1er mai 1731. Les auteurs doivent inclure une sentence en bas de leur dissertation et envoyer cette même sentence avec leur nom et adresse dans un billet séparé et cacheté. Les paquets doivent être adressés à M. Sarray ou au Sieur Brun. L'Académie de Marseille propose également un prix pour une dissertation sur le thème 'Adversité n'abat que ceux que la Prosperité avait aveuglés' de Sénèque. L'ouvrage, en prose et d'une durée de lecture entre un quart d'heure et une demi-heure, doit être soumis avant le 1er décembre. Les paquets doivent être adressés à M. de Chalamont de la Visclede, secrétaire perpétuel de l'Académie, et doivent être affranchis. Les noms des auteurs doivent rester cachés. Le prix sera attribué le premier mercredi après la Quasimodo.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
622
p. 2213-2218
« Une Feüille volante imprimée à Marseille, nous apprend que sur la fin [...] »
Début :
Une Feüille volante imprimée à Marseille, nous apprend que sur la fin [...]
Mots clefs :
Feuille volante, Tragédie, Académie de Marseille, Collège de Vernon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Une Feüille volante imprimée à Marseille, nous apprend que sur la fin [...] »
SPECTACLE S.
U fille ,nous apprend que fur la fin
Ne Feüille volante imprimée à Mar
du mois passé , on y representa avec beaucoup
de succès sur le Theatre du College
des PP. de l'Oratoire , la Tragedie de
Themistocle , dont l'Argument est exposé
au long dans la même feuille. Les Echevins
et tout le Corps de Ville assisterent à
ce Spectacle , auquel il y eût un concours
extraordinaire. Voici le Compliment qui
fut fait aux Echevins , pris du fonds du
sujet de la Piéce Tragique , et qui receut
de justes applaudissemens , sur tout dans
l'endroit qui regarde la nouvelle Academie
de Marseille.
Vous le sçavez , MESSIEURS , Mar
seille étoit sçavante & polie , lorsque le refte
desGaules n'étoit éclairé quepar le sçavoir bar
bare des Druïdes. Elle a déja repris cet ancien
éclat ; elle est devenue encore le séjour des
Lettres, une Société qui réunit tous les talens,
y met , pour ainsi dire , l'esprit en commun ,
& le travail particulier devient le profit general.
De là , nous verrons une succeffion de
génies
2214 MERCURE DE FRANCE
génies rares que la Capitale nous enviera ,
comme Rome en envia autrefois à nos Ancêtres.
De là, vos noms passeront avec les leurs,
à l'immortalité , et nos derniers Neveux admireront
tout ensemble et vos vertus et leurs
progrès.
Če Compliment fut prononcé par Louis
de Saint-Jacques, et l'Argument de la Tragédie
, récité par Pierre - Augustin Guis
Ecoliers d'élite , tous deux de Marseille.
du
Mr de Vernon , fort jolie Ville ,
Diocèse d'Evreux, ne se plaindront pas de
se trouver mal placez , si ensuite de ce
qui s'est passé à Marseille , nous rendons
aussi compte de ce qui les regarde en fait
de Spectacle. Voici l'Extrait d'une Lettre ,
écrite de cette Ville , le 25 Aoust.
Le College de Vernon est aujourd'hui
l'un des meilleurs et des plus florissans de
la Province de Normandie.
Le 22. Août on repréſenta fur le Theatre
de ce College , pour la distribution
des Prix , la Mort d'Antiochus , l'illuftre
Roy de Syrie , qui fit mourir les Maccabées
, fujet des plus tragiques , et tiré de
l'Ecriture Sainte.
Un fpectacle si touchant , et qui fut heureuſement
executé devant une nombreuſe
Affemblée , demandoit quelque chofe à
fa
SEPTEMBRE. 1731. 2215
fa fuite qui fût capable de divertir les Auditeurs
, et de les dédommager , pour ainsi
dire , des sentimens de terreur et de pitié
qui venoient de les émouvoir. On ne pouvoit
guere mieux y réussir qu'en représentant
, comme on fit , les Rufes des Ecoliers,
Comedie en trois Actes , de la compofition
de MM. Gautier et d'Orvilliers ,
dont voici un petit Extrait.
ACTE I. Tripolin , le plus espiegle des
Ecoliers , engage quatre ou cinq de ses
Compagnons à ne plus retourner au College
: il parle plaisamment des mauvais
traitemens des Regens ; les autres applaudissent
et se plaignent à leur tour . Pygron se
mocque de Filidor qu'il trouve allant porter
des liqueurs à son Regent pour en être
mieux traité, et l'engage à aller boire les liqueurs
avec deux ou trois de ses camarades.
ACTE II. Les Ecoliers se disent mutuellement
les tours qu'ils jouent à leurs Parens
pour attraper de l'argent. Tripolin
déclare à Brufcambille, que pour lui il fait
l'esprit folet pendant la nuit , et que ce
moyen lui donne lieu de voler, &c. Pigron
dit qu'ayant acheté un écu faux , et l'ayant
donné à garder à sa grand'mere , qui le
mit avec d'autres écus dans sa cassette , la
bonne femme lui avoit rendu un bon écu
au lieu du faux . Ils proposent ensuite de
joiier
2216 MERCURE DE FRANCE
jouer une partie de Lansquenet. Ils joüent
un moment , et sur un coup douteux ils
contestent , et se querellent en Ecoliers.
Un de leurs camarades vient fort essouflé
les avertir qu'on les cherche de tous
côtez , ce qui les fait tous disparoître.
ACTE III. & le plus comique. Deux
Ecoliers étant allé voler du fruit dans le
verger d'un Paysan , le disent à deux autres
qui ne manquent pas d'y aller. Guingan,
maître du Verger , les ayant surpris ,
s'empare du chapeau de Bruscambille , et
dit en jurant , qu'il ne le rendra qu'après
qu'on lui aura payé ses poires. Tripolin
s'écarte un moment pour consulter avec
Pigron sur les moyens de se tirer d'intrigue
, et d'attraper le Paysan . Voici comment
ils s'y prennent.
Ils reviennent en disputant fortement
l'un contre l'autre à qui aura un
mauvais bonnet qu'ils tiennent : Guingan
tâche de les mettre d'accord , et leur
dit qu'une pareille guenille ne vaut pas la
peine de disputer. Ils lui persuadent que
ce bonnet n'a point de prix , et qu'il rend
invisibles ceux qui le portent : ils le lui
prouvent en le mettant alternativement
sur leur tête et en s'esquivant adroitement,
ce qui fait un très plaisant jeu de Theatre.
Enfin ils prêtent le bonnet au Paysan qui
les
SEPTEMBRE. 1731 2217
les en prie , et qui rend le chapeau de Bruscambille
, se promettant de bien profiter
du temps qu'il possedera cet heureux bonnet.
Il le met sur sa tête et se croît invisi -
ble , les Ecoliers jurant qu'ils ne le voyent
pas , &c. Un Marquis paroît , auquel le
Paysan veut voler l'épée , croyant qu'il
n'en sera pas apperçû , mais il est chassé
et battu .
Tripolin rentre aussi-tôt sur la Scene
en riant du tour qu'il vient de jouer au
Paysan ; son pere qui le cherche arrive ,
le saisit et veut le conduire à St. L. Les
autres Ecoliers surviennent; ils sont si touchez
du péril où se trouve leur ami , qu'ils
jurent de rentrer dans leur devoir , de se
corriger , &c. C'est la fin de la Piéce ,
qui a fait beaucoup de plaisir.
M. de Guiry de Beaumont , Docteur de
Sorbonne , Chanoine de la Collegiale , et
Principal du College , a voulu lui -même
en faire le Prologue qui a été goûté des
Connoisseurs ; mais ce qui a été particu
lierement applaudi , c'eft un Compliment
que déclama , avec beaucoup de grace ,
en Vers de sa façon , un jeune Ecolier de
Troisiéme , et l'un des Acteurs de la Comedie.
Il est fils de M. d'Orvilliers ; c'est
à dire,fils de Maître . On ne mettra ici que
la fin de son Compliment , pour abreger
cet Extrait. H Avec
7218 MERCURE DE FRANCE
Avec quelque talent , beaucoup de hardiesse ,
Nous avons découvert tous nos tours de jeunesse,
Vous amuser étoit notre plus grand plaisir;
Des Acteurs de notre âge ont peine à réussir.
Mais si nous n'avons pû , Messieurs , vous satisfaire
,
'Applaudissez du moins au desir de vous plaire.
Le 13. de ce mois , les Comédiens
François remirent au Theatre la Tragede
Romulus de M. de la Motte , que le
Public revoit avec beaucoup de plaisir.
Les principaux Personnages de cette Piéce
sont Romulus , Tatius , Proculus , Erfilie, et
ces rôles sont remplis par les S" Du Fresne,
Sarrazin , Le Grand , la Dlle Du Fresne ,
&c. Nous renvoyons pour l'Extrait de
ce Poëme au Mercure de Janvier 1722 .
page 96.
Le Lundi 17. les mêmes Comédiens
représenterent à la Cour la Comédie du
Misantrope , qui fut suivie des Folies-
Amoureufes.
U fille ,nous apprend que fur la fin
Ne Feüille volante imprimée à Mar
du mois passé , on y representa avec beaucoup
de succès sur le Theatre du College
des PP. de l'Oratoire , la Tragedie de
Themistocle , dont l'Argument est exposé
au long dans la même feuille. Les Echevins
et tout le Corps de Ville assisterent à
ce Spectacle , auquel il y eût un concours
extraordinaire. Voici le Compliment qui
fut fait aux Echevins , pris du fonds du
sujet de la Piéce Tragique , et qui receut
de justes applaudissemens , sur tout dans
l'endroit qui regarde la nouvelle Academie
de Marseille.
Vous le sçavez , MESSIEURS , Mar
seille étoit sçavante & polie , lorsque le refte
desGaules n'étoit éclairé quepar le sçavoir bar
bare des Druïdes. Elle a déja repris cet ancien
éclat ; elle est devenue encore le séjour des
Lettres, une Société qui réunit tous les talens,
y met , pour ainsi dire , l'esprit en commun ,
& le travail particulier devient le profit general.
De là , nous verrons une succeffion de
génies
2214 MERCURE DE FRANCE
génies rares que la Capitale nous enviera ,
comme Rome en envia autrefois à nos Ancêtres.
De là, vos noms passeront avec les leurs,
à l'immortalité , et nos derniers Neveux admireront
tout ensemble et vos vertus et leurs
progrès.
Če Compliment fut prononcé par Louis
de Saint-Jacques, et l'Argument de la Tragédie
, récité par Pierre - Augustin Guis
Ecoliers d'élite , tous deux de Marseille.
du
Mr de Vernon , fort jolie Ville ,
Diocèse d'Evreux, ne se plaindront pas de
se trouver mal placez , si ensuite de ce
qui s'est passé à Marseille , nous rendons
aussi compte de ce qui les regarde en fait
de Spectacle. Voici l'Extrait d'une Lettre ,
écrite de cette Ville , le 25 Aoust.
Le College de Vernon est aujourd'hui
l'un des meilleurs et des plus florissans de
la Province de Normandie.
Le 22. Août on repréſenta fur le Theatre
de ce College , pour la distribution
des Prix , la Mort d'Antiochus , l'illuftre
Roy de Syrie , qui fit mourir les Maccabées
, fujet des plus tragiques , et tiré de
l'Ecriture Sainte.
Un fpectacle si touchant , et qui fut heureuſement
executé devant une nombreuſe
Affemblée , demandoit quelque chofe à
fa
SEPTEMBRE. 1731. 2215
fa fuite qui fût capable de divertir les Auditeurs
, et de les dédommager , pour ainsi
dire , des sentimens de terreur et de pitié
qui venoient de les émouvoir. On ne pouvoit
guere mieux y réussir qu'en représentant
, comme on fit , les Rufes des Ecoliers,
Comedie en trois Actes , de la compofition
de MM. Gautier et d'Orvilliers ,
dont voici un petit Extrait.
ACTE I. Tripolin , le plus espiegle des
Ecoliers , engage quatre ou cinq de ses
Compagnons à ne plus retourner au College
: il parle plaisamment des mauvais
traitemens des Regens ; les autres applaudissent
et se plaignent à leur tour . Pygron se
mocque de Filidor qu'il trouve allant porter
des liqueurs à son Regent pour en être
mieux traité, et l'engage à aller boire les liqueurs
avec deux ou trois de ses camarades.
ACTE II. Les Ecoliers se disent mutuellement
les tours qu'ils jouent à leurs Parens
pour attraper de l'argent. Tripolin
déclare à Brufcambille, que pour lui il fait
l'esprit folet pendant la nuit , et que ce
moyen lui donne lieu de voler, &c. Pigron
dit qu'ayant acheté un écu faux , et l'ayant
donné à garder à sa grand'mere , qui le
mit avec d'autres écus dans sa cassette , la
bonne femme lui avoit rendu un bon écu
au lieu du faux . Ils proposent ensuite de
joiier
2216 MERCURE DE FRANCE
jouer une partie de Lansquenet. Ils joüent
un moment , et sur un coup douteux ils
contestent , et se querellent en Ecoliers.
Un de leurs camarades vient fort essouflé
les avertir qu'on les cherche de tous
côtez , ce qui les fait tous disparoître.
ACTE III. & le plus comique. Deux
Ecoliers étant allé voler du fruit dans le
verger d'un Paysan , le disent à deux autres
qui ne manquent pas d'y aller. Guingan,
maître du Verger , les ayant surpris ,
s'empare du chapeau de Bruscambille , et
dit en jurant , qu'il ne le rendra qu'après
qu'on lui aura payé ses poires. Tripolin
s'écarte un moment pour consulter avec
Pigron sur les moyens de se tirer d'intrigue
, et d'attraper le Paysan . Voici comment
ils s'y prennent.
Ils reviennent en disputant fortement
l'un contre l'autre à qui aura un
mauvais bonnet qu'ils tiennent : Guingan
tâche de les mettre d'accord , et leur
dit qu'une pareille guenille ne vaut pas la
peine de disputer. Ils lui persuadent que
ce bonnet n'a point de prix , et qu'il rend
invisibles ceux qui le portent : ils le lui
prouvent en le mettant alternativement
sur leur tête et en s'esquivant adroitement,
ce qui fait un très plaisant jeu de Theatre.
Enfin ils prêtent le bonnet au Paysan qui
les
SEPTEMBRE. 1731 2217
les en prie , et qui rend le chapeau de Bruscambille
, se promettant de bien profiter
du temps qu'il possedera cet heureux bonnet.
Il le met sur sa tête et se croît invisi -
ble , les Ecoliers jurant qu'ils ne le voyent
pas , &c. Un Marquis paroît , auquel le
Paysan veut voler l'épée , croyant qu'il
n'en sera pas apperçû , mais il est chassé
et battu .
Tripolin rentre aussi-tôt sur la Scene
en riant du tour qu'il vient de jouer au
Paysan ; son pere qui le cherche arrive ,
le saisit et veut le conduire à St. L. Les
autres Ecoliers surviennent; ils sont si touchez
du péril où se trouve leur ami , qu'ils
jurent de rentrer dans leur devoir , de se
corriger , &c. C'est la fin de la Piéce ,
qui a fait beaucoup de plaisir.
M. de Guiry de Beaumont , Docteur de
Sorbonne , Chanoine de la Collegiale , et
Principal du College , a voulu lui -même
en faire le Prologue qui a été goûté des
Connoisseurs ; mais ce qui a été particu
lierement applaudi , c'eft un Compliment
que déclama , avec beaucoup de grace ,
en Vers de sa façon , un jeune Ecolier de
Troisiéme , et l'un des Acteurs de la Comedie.
Il est fils de M. d'Orvilliers ; c'est
à dire,fils de Maître . On ne mettra ici que
la fin de son Compliment , pour abreger
cet Extrait. H Avec
7218 MERCURE DE FRANCE
Avec quelque talent , beaucoup de hardiesse ,
Nous avons découvert tous nos tours de jeunesse,
Vous amuser étoit notre plus grand plaisir;
Des Acteurs de notre âge ont peine à réussir.
Mais si nous n'avons pû , Messieurs , vous satisfaire
,
'Applaudissez du moins au desir de vous plaire.
Le 13. de ce mois , les Comédiens
François remirent au Theatre la Tragede
Romulus de M. de la Motte , que le
Public revoit avec beaucoup de plaisir.
Les principaux Personnages de cette Piéce
sont Romulus , Tatius , Proculus , Erfilie, et
ces rôles sont remplis par les S" Du Fresne,
Sarrazin , Le Grand , la Dlle Du Fresne ,
&c. Nous renvoyons pour l'Extrait de
ce Poëme au Mercure de Janvier 1722 .
page 96.
Le Lundi 17. les mêmes Comédiens
représenterent à la Cour la Comédie du
Misantrope , qui fut suivie des Folies-
Amoureufes.
Fermer
Résumé : « Une Feüille volante imprimée à Marseille, nous apprend que sur la fin [...] »
En septembre 1731, la tragédie 'Themistocle' a été représentée avec succès au théâtre du Collège des Pères de l'Oratoire à Marseille. Cette représentation a attiré un public nombreux, y compris les échevins et le corps de ville. Louis de Saint-Jacques a adressé un compliment aux échevins, mettant en avant l'antique savoir de Marseille et son renouveau intellectuel grâce à une société réunissant divers talents. Pierre-Augustin Guis a récité l'argument de la tragédie. À Vernon, le Collège, l'un des meilleurs de Normandie, a organisé une représentation pour la distribution des prix. La tragédie 'La Mort d'Antiochus' a été suivie de la comédie 'Les Ruses des Écoliers'. Cette comédie, en trois actes, a été composée par MM. Gautier et d'Orvilliers et a diverti le public après la tragédie. Le spectacle a été complété par un prologue du Docteur de Sorbonne M. de Guiry de Beaumont et un compliment en vers d'un jeune écolier, fils de M. d'Orvilliers. À Paris, les comédiens français ont repris la tragédie 'Romulus' de M. de la Motte et la comédie 'Le Misantrope' suivie des 'Folies Amoureuses'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
623
p. 2218-2222
Mort du Sr. de la Thorilliere &c. [titre d'après la table]
Début :
Le Theatre François vient de faire une très-grande perte en la personne de Pierre [...]
Mots clefs :
Troupe de Molière, Amoureuses comiques, Manigances, Fourberies
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mort du Sr. de la Thorilliere &c. [titre d'après la table]
Le Theatre François vient de faire une
très-grande perte en la personne de Pierre
le Noir de la THORILLIERE , mort à Paris le
18. de ce mois , dans la 75. année de son
âge , aprés avoir reçû tous ses Sacremens.
Il étoit fort aimé du Public , qui vraisemblaSEPTEMBR.
E . 1731. 2219
>
semblablement le regretera long - temps ;
c'étoit le seul qui restoit de la Troupe de
Moliere . Il étoit frere de Louise et Therese
le Noir , épouses des feu sieurs Baron et
Dancourt toutes deux mortes depuis
quelques années. Le Public garde encore
un précieux souvenir de la derniere , qui
jusqu'à l'âge de 60. ans , avoit conservé
les airs enfantins et les graces de la jeunesse
dans les rôles d'Amoureuses comiques,
avec une finesse , un naturel et une
noblesse admirable.
Le sieur de la Thorilliere avoit joué d'abord
dans le Tragique les rôles d'Oreste §
de Bajazet , &c. et les Amoureux Comiques;
mais en 1693. après la mort de J. B.
Siret Raifin , le plus excellent Comique
de la Scene Françoise , dont Moliere avoit
cultivé les heureux talens , il lui succeda
dans la plus grande partie de ses rôles , et
l'on peut dire qu'aprés l'inimitable Acteur
dont on vient de parler , le sieur de la
Thorilliere étoit le meilleur Comédieu
dans son genre de tous ceux que Moliere
avoit formés : aucun n'a si bien réussi , ni
si bien attrapé , et avec tant de graces et
de finesses naïves , les manigances , les
fourberies , les manieres et le ridicule d'un
Valet.
Il étoit d'une taille médiocre, mais très-
Hij bien
2220 MERCURE DE FRANCE
bien prise , dansant très bien et de bonne
grace ; le visage ouvert et gracieux , de
beaux yeux et le regard agréable , vif et
expressif; la voix legere , pleine et sonore,
Son jeu étoit plein d'action et d'un badinage
aimable et gay , sans être trivial : un
mouvement , une attitude , un geste , un
souris , un clin d'oeil , tout parloit en lui;
il animoit tout , sans sortir de l'esprit de
son rôle et de son vrai caractere. Ses heureux
talens et une longue pratique lui
avoient acquis cette perfection et la grande
réputation dont il a joüi ; car peu d'Acteurs
peuvent se vanter d'avoir été autant
et si constamment cheris du Public . Cependant
dans sa jeunesse , il chargeoit et
outroit un peu ses caracteres , pour plaire
au bas Parterre , qui l'accabloit d'applau
dissemens écueil fatal pour un Comédien
, qui naturellement au moins aussi vain
que les autres hommes,se prévient de son
merite sur de tels suffrages, sans compter
encore les fades complimens faits d'aprés
pareils juges ; en sorte que non seulenient
il se croit sans défaut , mais encore arrivé
au comble de la perfection ; tandis que
les gens sensez qui ont quelques lumieres
et du goût , haussent les épaules de yoir
applaudir une déclamation entierement
hors de la bienséance et du vrai , et qui
manque
SEPTEMBRE. 173. 22it
manque totalement de vrai- semblance et
de naturel .
Qu'on nous passe cette petite digres
sion à l'occasion de l'excellent Acteur que
nous regrettons avec tout le Public. " II
étoit fils de N. le Noir de la Thorilliere ,
mort il y a plus de 60. ans , très-gracieux
Comédien , quoique d'une taille médiocre
; sur tout il avoit de beaux yeux et de
belles dents. Il excelloit dans les rôles de
Roy et de Paysan . Il avoit été , dit- on ,
Officier de Cavalerie , et succeda à Juvenen
de la Fleur , fameux Comédien qui joüa
d'original le rôle d'Acomat , dans la Tragedie
de Bajazet.
Le sieur de la Thorilliere dansoit avec
beaucoup de grace et de legereté, et chantoit
fort agréablement . Il étoit bon convive
et aimoit la table quelquefois avec excès.
Le plaisir qu'il avoit fait à la Cour et à la
Ville , avoit été récompensé par une pension
de 1200. liv. que le Roy lui avoit accordée
, dont il jouissoit depuis dix ans.
Le 6. l'Académie Royale de Musique ,
reprit l'Opera de Phaeton , et redonna
Les Festes Venitiennes le 28. On répete
Amadis de Gaule , qu'on doit donner au
commencement d'Octobre.
Le 18. Août dernier , le Roy par Arrêt
de son Conseil du même jour , a ac-
Hij corde
2222 MERCURE DE FRANCE
cordé le Privilege de l'Académie Royale
du Musique au sieur le Comte , qu'avoit
ci-devant le sieur Gruer.
très-grande perte en la personne de Pierre
le Noir de la THORILLIERE , mort à Paris le
18. de ce mois , dans la 75. année de son
âge , aprés avoir reçû tous ses Sacremens.
Il étoit fort aimé du Public , qui vraisemblaSEPTEMBR.
E . 1731. 2219
>
semblablement le regretera long - temps ;
c'étoit le seul qui restoit de la Troupe de
Moliere . Il étoit frere de Louise et Therese
le Noir , épouses des feu sieurs Baron et
Dancourt toutes deux mortes depuis
quelques années. Le Public garde encore
un précieux souvenir de la derniere , qui
jusqu'à l'âge de 60. ans , avoit conservé
les airs enfantins et les graces de la jeunesse
dans les rôles d'Amoureuses comiques,
avec une finesse , un naturel et une
noblesse admirable.
Le sieur de la Thorilliere avoit joué d'abord
dans le Tragique les rôles d'Oreste §
de Bajazet , &c. et les Amoureux Comiques;
mais en 1693. après la mort de J. B.
Siret Raifin , le plus excellent Comique
de la Scene Françoise , dont Moliere avoit
cultivé les heureux talens , il lui succeda
dans la plus grande partie de ses rôles , et
l'on peut dire qu'aprés l'inimitable Acteur
dont on vient de parler , le sieur de la
Thorilliere étoit le meilleur Comédieu
dans son genre de tous ceux que Moliere
avoit formés : aucun n'a si bien réussi , ni
si bien attrapé , et avec tant de graces et
de finesses naïves , les manigances , les
fourberies , les manieres et le ridicule d'un
Valet.
Il étoit d'une taille médiocre, mais très-
Hij bien
2220 MERCURE DE FRANCE
bien prise , dansant très bien et de bonne
grace ; le visage ouvert et gracieux , de
beaux yeux et le regard agréable , vif et
expressif; la voix legere , pleine et sonore,
Son jeu étoit plein d'action et d'un badinage
aimable et gay , sans être trivial : un
mouvement , une attitude , un geste , un
souris , un clin d'oeil , tout parloit en lui;
il animoit tout , sans sortir de l'esprit de
son rôle et de son vrai caractere. Ses heureux
talens et une longue pratique lui
avoient acquis cette perfection et la grande
réputation dont il a joüi ; car peu d'Acteurs
peuvent se vanter d'avoir été autant
et si constamment cheris du Public . Cependant
dans sa jeunesse , il chargeoit et
outroit un peu ses caracteres , pour plaire
au bas Parterre , qui l'accabloit d'applau
dissemens écueil fatal pour un Comédien
, qui naturellement au moins aussi vain
que les autres hommes,se prévient de son
merite sur de tels suffrages, sans compter
encore les fades complimens faits d'aprés
pareils juges ; en sorte que non seulenient
il se croit sans défaut , mais encore arrivé
au comble de la perfection ; tandis que
les gens sensez qui ont quelques lumieres
et du goût , haussent les épaules de yoir
applaudir une déclamation entierement
hors de la bienséance et du vrai , et qui
manque
SEPTEMBRE. 173. 22it
manque totalement de vrai- semblance et
de naturel .
Qu'on nous passe cette petite digres
sion à l'occasion de l'excellent Acteur que
nous regrettons avec tout le Public. " II
étoit fils de N. le Noir de la Thorilliere ,
mort il y a plus de 60. ans , très-gracieux
Comédien , quoique d'une taille médiocre
; sur tout il avoit de beaux yeux et de
belles dents. Il excelloit dans les rôles de
Roy et de Paysan . Il avoit été , dit- on ,
Officier de Cavalerie , et succeda à Juvenen
de la Fleur , fameux Comédien qui joüa
d'original le rôle d'Acomat , dans la Tragedie
de Bajazet.
Le sieur de la Thorilliere dansoit avec
beaucoup de grace et de legereté, et chantoit
fort agréablement . Il étoit bon convive
et aimoit la table quelquefois avec excès.
Le plaisir qu'il avoit fait à la Cour et à la
Ville , avoit été récompensé par une pension
de 1200. liv. que le Roy lui avoit accordée
, dont il jouissoit depuis dix ans.
Le 6. l'Académie Royale de Musique ,
reprit l'Opera de Phaeton , et redonna
Les Festes Venitiennes le 28. On répete
Amadis de Gaule , qu'on doit donner au
commencement d'Octobre.
Le 18. Août dernier , le Roy par Arrêt
de son Conseil du même jour , a ac-
Hij corde
2222 MERCURE DE FRANCE
cordé le Privilege de l'Académie Royale
du Musique au sieur le Comte , qu'avoit
ci-devant le sieur Gruer.
Fermer
Résumé : Mort du Sr. de la Thorilliere &c. [titre d'après la table]
Pierre le Noir de la Thorillière, acteur renommé, est décédé à Paris le 18 septembre 1731 à l'âge de 75 ans, après avoir reçu les sacrements. Il était le dernier survivant de la troupe de Molière et le frère de Louise et Thérèse le Noir, épouses des défunts sieurs Baron et Dancourt. Thérèse était connue pour ses rôles d'amoureuses comiques et conservait des grâces juvéniles jusqu'à 60 ans. La Thorillière a d'abord interprété des rôles tragiques comme Oreste et Bajazet, ainsi que des rôles comiques. En 1693, après la mort de Jean-Baptiste Siret Raffin, il lui a succédé dans la plupart de ses rôles et est devenu l'un des meilleurs comédiens dans le genre formé par Molière, excellant particulièrement dans les rôles de valets. Physiquement, il avait une taille moyenne mais bien proportionnée, dansait avec grâce et possédait un visage ouvert et gracieux avec de beaux yeux expressifs. Sa voix était légère, pleine et sonore. Son jeu était plein d'action et de badinage aimable, sans jamais sortir de l'esprit de son rôle. Malgré une jeunesse marquée par des excès pour plaire au public, il a acquis une grande réputation et une perfection reconnue. Il était le fils de Nicolas le Noir de la Thorillière, comédien gracieux et Officier de Cavalerie, qui avait succédé à Juvenal de la Fleur. Pierre le Noir de la Thorillière dansait et chantait agréablement, aimait la bonne table et recevait une pension de 1200 livres accordée par le roi depuis dix ans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
624
p. 2222-2223
L'Amante difficile, Comedie nouvelle. [titre d'après la table]
Début :
Le 23. Août, les Comédiens Italiens joüerent l'Amante difficile, Comédie de [...]
Mots clefs :
Comédiens-Italiens, Comédie, Divertissements
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'Amante difficile, Comedie nouvelle. [titre d'après la table]
Le 23. Août , les Comédiens Italiens
joüerent l'Amante difficile , Comédie de
M. de la Motte , en Prose et en cinq
Actes , avec trois Divertissemens mis en
Musique par M. Mouret. Le Canevas de
cette Piéce avoit été donné par M. de la
Motte aux Comédiens Italiens à leur premiere
nouveauté ; ils l'executerent en 1716
en Italien avec beaucoup de succès , sans
en avoir fait une seule répetition , et seulement
aprés avoir écouté avec beaucoup
d'attention le sujet bien détaillé par le
sieur Lelio. Le plaisir que fit le gros de
P'action ( quoi que le détail se sentit bien
de l'impromptu ) persuada à M. de la
Motte , que les Scenes écrites avec soin
ne feroient qu'augmenter l'agrément du
Sujet. Il y a répandu beaucoup d'esprit et
'de sentiment.. L'action est bien conduite
et interessante ; et elle le seroit encoredavantage
, si les Scenes entre les Valets :
qui sont trop épisodiques et trop boufonnes
, ne l'interrompoient et ne l'avilissoient
même un peu . La De Silvia jouë
dans la perfection le rôle de l'Amantedifficile
: elle en a rendu les differens déguis
SEPTEMBRE . 1731. 2223
.
guisemens dans leur vrai caractere , et fur
tout le personnage de Gascon , avec toutes
les graces et la vivacité qui lui sont propres.
joüerent l'Amante difficile , Comédie de
M. de la Motte , en Prose et en cinq
Actes , avec trois Divertissemens mis en
Musique par M. Mouret. Le Canevas de
cette Piéce avoit été donné par M. de la
Motte aux Comédiens Italiens à leur premiere
nouveauté ; ils l'executerent en 1716
en Italien avec beaucoup de succès , sans
en avoir fait une seule répetition , et seulement
aprés avoir écouté avec beaucoup
d'attention le sujet bien détaillé par le
sieur Lelio. Le plaisir que fit le gros de
P'action ( quoi que le détail se sentit bien
de l'impromptu ) persuada à M. de la
Motte , que les Scenes écrites avec soin
ne feroient qu'augmenter l'agrément du
Sujet. Il y a répandu beaucoup d'esprit et
'de sentiment.. L'action est bien conduite
et interessante ; et elle le seroit encoredavantage
, si les Scenes entre les Valets :
qui sont trop épisodiques et trop boufonnes
, ne l'interrompoient et ne l'avilissoient
même un peu . La De Silvia jouë
dans la perfection le rôle de l'Amantedifficile
: elle en a rendu les differens déguis
SEPTEMBRE . 1731. 2223
.
guisemens dans leur vrai caractere , et fur
tout le personnage de Gascon , avec toutes
les graces et la vivacité qui lui sont propres.
Fermer
Résumé : L'Amante difficile, Comedie nouvelle. [titre d'après la table]
Le 23 août, les Comédiens Italiens ont interprété 'L'Amante difficile', une comédie en prose et en cinq actes écrite par M. de la Motte. La pièce incluait trois divertissements musicaux composés par M. Mouret. Le canevas de cette œuvre avait été donné par M. de la Motte aux Comédiens Italiens lors de leur première nouveauté en 1716, qu'ils avaient jouée en italien avec succès après une préparation rapide. La pièce est riche en esprit et en sentiment, avec une action bien conduite et intéressante. Cependant, les scènes entre les valets sont trop épisodiques et bouffonnes, interrompant et avilissant légèrement l'action. La comédienne De Silvia a interprété à la perfection le rôle de l'Amante difficile, rendant les différents déguisements avec toutes les grâces et la vivacité nécessaires, notamment le personnage de Gascon.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
625
p. 2223-2226
Le Je ne sçai quoy ? Comedie nouvelle. [titre d'après la table]
Début :
Le 12. Septembre , les mêmes Comédiens représenterent pour la premiere fois [...]
Mots clefs :
Pièce en vers libres, Éloquence, Déesse des Amours, Critique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Je ne sçai quoy ? Comedie nouvelle. [titre d'après la table]
Le 12. Septembre , les mêmes Comédiens
représenterent pour la premiere fois
le Je ne sçai quoi , Piece en Vers libres
et en un Acte, ornée d'un Divertissement.
Cette Piece attire tous les jours un concours
extraordinaire ; elle est generalement
applaudie ; en voici un Extrait assez
succinct ; Nous le donnons Scene
par Scene
, pour ne nous point écarter
de l'ordre que l'Auteur y a mis ; elle est
de Mr. de Boissy , qui a déja brillé sur ce
Theatre par le Triomphe de l'Interêt.
.
Le Theatre réprésente un lieu champê
tre , où le Je ne sçai quoi s'est retiré. Venus
ouvre la Scene avec Momus ; elle se
plaint de la retraite du Je ne sçai quoi ,
qu'elle voudroit bien rappeller dans Paris
, où elle fait son séjour Momus lur
fait entendre qu'elle l'a perdu par sa
faute.
Apollon qui survient , fait les mêmes
plaintes que Venus , et Momus lui fait à
peu près la même réponse ; il les laisse
tous deux déliberer sur les mesures qu'ils
prendront pour tirer le Je ne sçai quoi
du desert qui le dérobe aux yeux de
tout le monde , et fait entendre qu'il va
Hiiij
ten-
د
2224 MERCURE DE FRANCE
tenter de son côté une entreprise si glorieuse.
Le Je ne sçai quoi , Genie représenté
par Arlequin, sort de son antre 5 Apollon
et Venus n'oublient rien pour l'engager ;
l'un déploye toute son éloquence , et
l'autre étale tous ses appas ; mais ils n'avancent
rien ; le Je ne sçai quoi les renvoye
très - mécontens , en leur disant
qu'ils s'éloignent trop de la Nature , que
la Déesse des Amours est trop fardée , et
que le Dieu des beaux Esprits est forcé
dans toutes ses productions .
Une Dame se présente au Je ne sçai
quoi , le genie lui demande son nom ;
il est très surpris d'apprendre que c'est
le Public en cornette . Ce Public femelle
lui dit que son Frere , qui est le Public
masculin , lui cede en sentiment et en
goût , et que ce sont les Dames qui font
le succès,sur- tout des Pieces de Theatre ;
après une Critique très- vive et très- bien
vérsifiée , le Public Feminin se flate que
le Je ne sçai quoi se rendra à ses pressantes
sollicitations : le genie lui demande .
du temps pour s'y déterminer , et en attendant
qu'il ait pris sa derniere resolu
tion , illui conseille de se raprocher un
peu plus de la Nature et sur tout de
boire un peu moins de Vin de Grave.
>
Cette
SEPTEMBRE . 1731. 2225
•
Cette Scene est celle qui fait le plus
de plaisir aux connoisseurs ; celle qui la
suit fait plus rire le Peuple ; c'est une
imitation de la Scene du Maître à chanter
et du Maître à danser des Fêtes Veni
tiennes de l'Opera . Le Sr. Theveneau y met
le Comique qu'on y peut souhaitter , er
la Dlle Thomassin toute la legereté et toute
la vivacité que son Rôle demande, Le Je
ne sçai quoi n'est satisfait ni de l'un ni
de l'autre ; le Chanteur lui paroît trop
manieré , et la Danseuse saute trop haut
pour une femme.
Nous ne nous arrêtons pas à deux Sce
nes , dont l'une est entre un petit Maître
et un Suisse , le Je ne sçai quoi les
renvoye , en disant au premier qu'il
cherche trop à plaire , et au dernier qu'il
ne plaît pas assez . L'autre Scene est d'un
Géometre , qui prétend mésurer le Je ne
sçai quoi au Compas : on l'a retranchée
à la seconde réprésentation
La derniere Scene est entre une Calotine
et le Je ne sçai quoi . Ils se trouvent si
bien faits l'un pour l'autre , qu'ils forrent
la résolution de ne se jamais quit
ter ; Momus qui a envoyé la Calotine
vient s'applaudir de l'heureux succès de
son projet il confirme cette nouvelle
alliance , et en fait célébrer la Fête par
Hv La
2226 MERCURE DE FRANCE
le Regiment de la Calotte. Voici le couplet
du Vaudeville , qui a fait le plus
de plaisir.
'Aujourd'huy l'Opera nous frappe ;
Demain les Comédiens
Après-demain on nous attrape
Par les moindres petits riens..
Que la Marotte
Passe soudain
De main en main ,.
Que la Calotte
Couvre la Tête falote
Du genre humain.
Toute la Musique de cette Piece , qui
est très -ingenieuse et très- bien caracterisée
, est de M. Mouret.
Le 18. les mêmes Comédiens joüerentà
la Cour la Comédie dont on vient de
parler. Cette Piéce n'a pas moins été goûtée
à la Cour qu'à la Ville , où elle attire
encore tous les jours de nombreuses Assemblées
à l'Hôtel de Bourgogne. L'Auteur
promet de donner encore quelques
Scenes nouvelles , dont nous rendrons.
compte.
représenterent pour la premiere fois
le Je ne sçai quoi , Piece en Vers libres
et en un Acte, ornée d'un Divertissement.
Cette Piece attire tous les jours un concours
extraordinaire ; elle est generalement
applaudie ; en voici un Extrait assez
succinct ; Nous le donnons Scene
par Scene
, pour ne nous point écarter
de l'ordre que l'Auteur y a mis ; elle est
de Mr. de Boissy , qui a déja brillé sur ce
Theatre par le Triomphe de l'Interêt.
.
Le Theatre réprésente un lieu champê
tre , où le Je ne sçai quoi s'est retiré. Venus
ouvre la Scene avec Momus ; elle se
plaint de la retraite du Je ne sçai quoi ,
qu'elle voudroit bien rappeller dans Paris
, où elle fait son séjour Momus lur
fait entendre qu'elle l'a perdu par sa
faute.
Apollon qui survient , fait les mêmes
plaintes que Venus , et Momus lui fait à
peu près la même réponse ; il les laisse
tous deux déliberer sur les mesures qu'ils
prendront pour tirer le Je ne sçai quoi
du desert qui le dérobe aux yeux de
tout le monde , et fait entendre qu'il va
Hiiij
ten-
د
2224 MERCURE DE FRANCE
tenter de son côté une entreprise si glorieuse.
Le Je ne sçai quoi , Genie représenté
par Arlequin, sort de son antre 5 Apollon
et Venus n'oublient rien pour l'engager ;
l'un déploye toute son éloquence , et
l'autre étale tous ses appas ; mais ils n'avancent
rien ; le Je ne sçai quoi les renvoye
très - mécontens , en leur disant
qu'ils s'éloignent trop de la Nature , que
la Déesse des Amours est trop fardée , et
que le Dieu des beaux Esprits est forcé
dans toutes ses productions .
Une Dame se présente au Je ne sçai
quoi , le genie lui demande son nom ;
il est très surpris d'apprendre que c'est
le Public en cornette . Ce Public femelle
lui dit que son Frere , qui est le Public
masculin , lui cede en sentiment et en
goût , et que ce sont les Dames qui font
le succès,sur- tout des Pieces de Theatre ;
après une Critique très- vive et très- bien
vérsifiée , le Public Feminin se flate que
le Je ne sçai quoi se rendra à ses pressantes
sollicitations : le genie lui demande .
du temps pour s'y déterminer , et en attendant
qu'il ait pris sa derniere resolu
tion , illui conseille de se raprocher un
peu plus de la Nature et sur tout de
boire un peu moins de Vin de Grave.
>
Cette
SEPTEMBRE . 1731. 2225
•
Cette Scene est celle qui fait le plus
de plaisir aux connoisseurs ; celle qui la
suit fait plus rire le Peuple ; c'est une
imitation de la Scene du Maître à chanter
et du Maître à danser des Fêtes Veni
tiennes de l'Opera . Le Sr. Theveneau y met
le Comique qu'on y peut souhaitter , er
la Dlle Thomassin toute la legereté et toute
la vivacité que son Rôle demande, Le Je
ne sçai quoi n'est satisfait ni de l'un ni
de l'autre ; le Chanteur lui paroît trop
manieré , et la Danseuse saute trop haut
pour une femme.
Nous ne nous arrêtons pas à deux Sce
nes , dont l'une est entre un petit Maître
et un Suisse , le Je ne sçai quoi les
renvoye , en disant au premier qu'il
cherche trop à plaire , et au dernier qu'il
ne plaît pas assez . L'autre Scene est d'un
Géometre , qui prétend mésurer le Je ne
sçai quoi au Compas : on l'a retranchée
à la seconde réprésentation
La derniere Scene est entre une Calotine
et le Je ne sçai quoi . Ils se trouvent si
bien faits l'un pour l'autre , qu'ils forrent
la résolution de ne se jamais quit
ter ; Momus qui a envoyé la Calotine
vient s'applaudir de l'heureux succès de
son projet il confirme cette nouvelle
alliance , et en fait célébrer la Fête par
Hv La
2226 MERCURE DE FRANCE
le Regiment de la Calotte. Voici le couplet
du Vaudeville , qui a fait le plus
de plaisir.
'Aujourd'huy l'Opera nous frappe ;
Demain les Comédiens
Après-demain on nous attrape
Par les moindres petits riens..
Que la Marotte
Passe soudain
De main en main ,.
Que la Calotte
Couvre la Tête falote
Du genre humain.
Toute la Musique de cette Piece , qui
est très -ingenieuse et très- bien caracterisée
, est de M. Mouret.
Le 18. les mêmes Comédiens joüerentà
la Cour la Comédie dont on vient de
parler. Cette Piéce n'a pas moins été goûtée
à la Cour qu'à la Ville , où elle attire
encore tous les jours de nombreuses Assemblées
à l'Hôtel de Bourgogne. L'Auteur
promet de donner encore quelques
Scenes nouvelles , dont nous rendrons.
compte.
Fermer
Résumé : Le Je ne sçai quoy ? Comedie nouvelle. [titre d'après la table]
Le 12 septembre, la pièce 'Le Je ne sçai quoi' fut représentée pour la première fois par les comédiens. Écrite par Monsieur de Boissy, cette œuvre en vers libres et en un acte, accompagnée d'un divertissement, connut un succès immédiat et attira un public nombreux chaque jour. La pièce se déroule dans un lieu champêtre où le 'Je ne sçai quoi', incarné par Arlequin, s'est retiré. Vénus, Apollon et Momus tentent de le ramener à Paris, mais Arlequin refuse, jugeant ces divinités trop éloignées de la nature. Une Dame, représentant le public féminin, affirme que les femmes déterminent le succès des pièces de théâtre. Le 'Je ne sçai quoi' lui demande du temps pour réfléchir et lui conseille de se rapprocher davantage de la nature. Une scène appréciée du peuple imite celle du Maître à chanter et du Maître à danser des Fêtes vénitiennes de l'Opéra. Cependant, le 'Je ne sçai quoi' n'est satisfait ni par le chanteur ni par la danseuse. D'autres personnages, comme un petit maître, un Suisse et un géomètre, sont également renvoyés par le 'Je ne sçai quoi'. Dans la dernière scène, une Calotine et le 'Je ne sçai quoi' décident de ne jamais se quitter. Momus célèbre cette alliance, confirmée par le Régiment de la Calotte. La musique de la pièce, très ingénieuse et bien caractérisée, est de Monsieur Mouret. Le 18 septembre, la pièce fut jouée à la Cour, où elle fut également très appréciée. L'auteur prévoit d'ajouter de nouvelles scènes à l'œuvre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
626
p. 2226-2235
Les Eveillez de Poissi et les petits Comediens. Autres Pieces nouvelles. [titre d'après la table]
Début :
Le 27. Août, l'Opera Comique donna la premiere Représentation de deux petites [...]
Mots clefs :
Foire, Danse, Chevalier, Tragédie, Enfants comédiens, Danseurs pantomimes anglais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Eveillez de Poissi et les petits Comediens. Autres Pieces nouvelles. [titre d'après la table]
Le 27. Août , l'Opera Comique donna
la premiere Représentation de deux petites .
Piéces
SEPTEMBRE . 1731. 2227
Pièces nouvelles , d'un'Acte chacune, avec
des Divertissemens. La premiere a pour titre
les Eveillez de Poiffi, et l'autre, les petits
Comédiens, ou la Tante dupée. Les rôles
de cette derniere Piéce sont joüez par
des Enfans , dont le plus âgé n'a pas treize
ans ; ils sont très-applaudis par de nombreuses
Assemblées que cette singularité
attire à la Foire S. Laurent pour voir ce
spectacle , aussi singulier qu'agréable . Il y
a dans le Divertissement un Enfant âgé
de quatre ans seulement, qui danse et parodie
avec beaucoup de grace et de justesse:
la danse du Sabotier , executée aux Foires
précedentes par le sieur Nivelon , fameux
Danseur pour ces sortes de caracteres. Ce
Divertissement est terminé par un très -joli
Balet, quireprésente en Scenes muettes et
dansantes , le Jugement de Pâris , et qui est
executé par les excellens Danseurs Pantomimes
dont on a déja parlé. La D Groi
gnet , nouvelle Danseuse , s'y est aussi dis-´
tinguée par differentes danses , executées :
avec beaucoup de vivacité. Voici un Extrait
de la Piéce.
La Scene se passe dans une Maison de
Campagne auprès de Tours , où se trouve
le Chevalier , ami de la Dame du lieu ,.
appellée Jule , laquelle devant donner
une Fête , avoit mandé une Troupe de
H vj Comé
2228 MERCURE DE FRANCE
Comédiens de Campagne . Dans le tempsqu'ils
étoient dans une vive impatience de
voir paroître cette Troupe pour représenter
la Tragédie d'Iphigenie , qu'on
avoit demandée ; un Domestique vient
annoncer le désastre arrivé en chemin à
cette Troupe. La Rancune * qui en est le
Chef, arrive un moment après un bras en
écharpe et un emplatre à la joüe , et s'adressant
à Julie et au Chevalier , leur dit :
Jamais nous ne goutons de parfaite allegresse ;
Nos plus heureux succès sont mêlez de tristesse
Madame,je comptoís que ma Troupe aujourd'hui,
De ce charmant séjour viendroit chasser l'ennui,
Chacun s'étoit flatté de la douce esperance ,
D'étaler à vos yeux son Art et sa Science ,
Mais un malheur subit a trahi nos desirs ,
Renversé notre espoir et détruis vos plaisirs ;-
Nous avions presque fait les trois quarts
voyage ,
Et nous voyons déja le Clocher du Village ,
Quand un maudit Chasseur que le Ciel en couroux
,
Pour punir nos forfaits fit approcher de nous ,
Vit un Oiseau perché sur la branche d'un Hêtre ;
Sa main dans le moment met la mainau Salpêtre,
Il apprête , il ajuste , et d'un coup effrayant ,
Pait voler dans les airs le métal fondroyant.
Le Sr Drouin. qui joue très - bien ce Rôle
La
SEPTEMBRE. 1731. 2229
La terre s'en émeut , les Antres en gémissent ,
De nos Coursiers fringants tous les crins se he
rissent ;
La terreur les saisit , et de colere ardens ,
Soudain nous les voyons prendre le mords aux:
dents ;
Du Guide consterné la voix foible et tremblante;
Tâche en vain d'arrêter leur fougue violente
La voiture entraînée au gré de leur fureur ,
Va donner contre un Roc d'une énorme gros
seur ;
L'essieu crie et se rompt ::ô ! spectacle terrible !
Capable d'attendrir l'ame la moins sensible..
Dans un Marais bourbeux Ragotin renversé ,
Et dans ses brodequins lui- même embarrassé ,
Après avoir long-temps dans un confus mélange,
De Livres , de paquets , de poussiere et de fange ,
Lutté contre la mort , la fortune et les Dieux ,
Reste à la fin sans force et périt à nos yeux.
J'ai vû , Seigneur , j'ai vâles ronces degoutantes,
Porter de ce Heros les dépouilles sanglantes ;
Comme lui maint Acteur dans le sang est baigné,
Et c'est moi que le sort a le plus épargné.
Julie plaint beaucoup la situation de
ce Comédien et de sa Troupe , mais elle
veut l'obliger à jouer la Tragédie d'Iphigenie.
Le Chevalier y joint ses instances,
oni , dit- il , et chante sur l'Air de la Palisse
est mort .
2230 MERCURE DE FRANCE
Le Chevalier..
Vous là jouerez ......
Le Comédien..
Eh ! comment:
Satisfaire votre envie ?
Peut- être dans ce moment
On trépane Iphigenie.
Si vous voyez dans quel état est Aga
memnon ( continue le Comédien ) et
chante sur l'Air : Que dans l'amoureux
mystere.
Pouvons-nous sur le Théatre ,
Mettre un Roy tout fracassé
Achille porte un emplâtre ,..
Ulisse a le bras cassé ;
De notre Orquestre ,
Le Pupitre s'est brisé
Sur Clytemnestre ..
,,
Ce contre- temps engage la Rancune
à proposer de faire jouer une petite Trou
pe composée de sa Famille , qui s'est trouvée
heureusement dans une autre Voitu
re ; Julie et le Chevalier acceptent ceparti
. Le Comédien demande au Public
quelque indulgence pour cette Troupe
naissante.
SEPTEMBRE 1731. 2238
naissante , et chante sur l'Air : Ici je fonde
une Abbaye.
S'ils n'ont pas l'honneur de vous plaire ,,
Epargnez-les , c'est moi , Messieurs ,
Qui doit porter votre colere ;
J'ai fait la Piece et les Acteurs.
Les Enfans . Comédiens joüent ensuite
une petite Piece ingénieusement composée
et proportionnée à leur âge. Elle est
intitulée la Niece vengée , ou la Double
Surprise ; elle est de la composition de
M. Panard , la Musique est de M. Gillier :
voicy quelques Couplets du Vaudeville..
Fulie.
Par l'âge ni par la grandeur ;
Ne jugeons jamais d'un Acteur ;
Ceux-cy dont je suis satisfaite ,
Font voir que pour être amusants,
Les petits , tourelourirette ,
Valent bien les grands.
De la bravoure des Soldats ,
La taille ne décide pas ;
Bien souvent , lorsque la Trompette
Appelle au feu les Combattans ,
Les Petits, & c..
Les
2232 MERCURE DE FRANCE
Les Vers sublimes et pompeux ,
Deviennent souvent ennuyeux ;
Ceux d'une simple Chansonnette ,
Quelquefois sont vifs et picquants ;
Les Petits , & c..
La Foire dans ses plus beaux jours ,
Ne vit jamais un tel concours ;
L'aspect de la Salle complette ,
Me fait chanter , ô ! l'heureux temps !!
Les Petits , tourelourirette ,
Font venir les Grands.
Le Petit Sabottier.
Quoique je ne sois qu'un nabot ,
Je sçai remuer le sabot ;
Ma danse est encore imparfaite ,
Mais j'espere qu'en peu de temps ,.
Mes petons , tourelourirette ,
Vaudront bien les grands..
La Petite Tante.
Ha! que nous nous croirons heureux ,
Si l'on est content de nos Jeux ;
Et qu'avec moi chacun repete ,
Ces mots , pour nous si ravissans ;
Les Petits , tourelourirette ,
Valent bien les grands,
Un
SEPTEMBRE. 1731. 2233
Un petit Crispin.
Que mon destin seroit charmant ,
Si le Spectateur en sortant ,
Disoit d'une ame satisfaite ,
Crispin me plaît , il est brillant ;
Ce Petit , tourelourirette ,
En vaut bien un grand.
Le 18. Septembre , le même Opera Comique
fut mandé pour aller jouer à la
Cour. Il représenta devant la Reine ,
l'Acte de Strasbourg , Piece jouée au commencement
de la Foire S. Laurent , dans
lequel la Dite le Grand , habillée en homme
, fait beaucoup de plaisir ; ensuite la
Piece des Petits Comédiens , dont on vient
de parler , et la danse du Petit Sabotier
qui plut infiniment. Ce Divertissement
fut terminé par le premier Ballet executé
par les Danseurs Anglois Pantomimes
dont on a parlé . S. M. parut très - satisfaite
de ce Divertissement , par la singu→
larité de ces Petits Comédiens qui jouerent
avec beaucoup de hardiesse et d'intelligence.
Le 20. l'Opera Comique donna le premiere
Représentation d'une Piece nouvelle
en un Acte , qui a pour titre : le
Temple du Sommeil , suivie de celle des
Petits Comédiens , et du premier Ballet de
Danseurs Pantomimes Anglois .
la premiere Représentation de deux petites .
Piéces
SEPTEMBRE . 1731. 2227
Pièces nouvelles , d'un'Acte chacune, avec
des Divertissemens. La premiere a pour titre
les Eveillez de Poiffi, et l'autre, les petits
Comédiens, ou la Tante dupée. Les rôles
de cette derniere Piéce sont joüez par
des Enfans , dont le plus âgé n'a pas treize
ans ; ils sont très-applaudis par de nombreuses
Assemblées que cette singularité
attire à la Foire S. Laurent pour voir ce
spectacle , aussi singulier qu'agréable . Il y
a dans le Divertissement un Enfant âgé
de quatre ans seulement, qui danse et parodie
avec beaucoup de grace et de justesse:
la danse du Sabotier , executée aux Foires
précedentes par le sieur Nivelon , fameux
Danseur pour ces sortes de caracteres. Ce
Divertissement est terminé par un très -joli
Balet, quireprésente en Scenes muettes et
dansantes , le Jugement de Pâris , et qui est
executé par les excellens Danseurs Pantomimes
dont on a déja parlé. La D Groi
gnet , nouvelle Danseuse , s'y est aussi dis-´
tinguée par differentes danses , executées :
avec beaucoup de vivacité. Voici un Extrait
de la Piéce.
La Scene se passe dans une Maison de
Campagne auprès de Tours , où se trouve
le Chevalier , ami de la Dame du lieu ,.
appellée Jule , laquelle devant donner
une Fête , avoit mandé une Troupe de
H vj Comé
2228 MERCURE DE FRANCE
Comédiens de Campagne . Dans le tempsqu'ils
étoient dans une vive impatience de
voir paroître cette Troupe pour représenter
la Tragédie d'Iphigenie , qu'on
avoit demandée ; un Domestique vient
annoncer le désastre arrivé en chemin à
cette Troupe. La Rancune * qui en est le
Chef, arrive un moment après un bras en
écharpe et un emplatre à la joüe , et s'adressant
à Julie et au Chevalier , leur dit :
Jamais nous ne goutons de parfaite allegresse ;
Nos plus heureux succès sont mêlez de tristesse
Madame,je comptoís que ma Troupe aujourd'hui,
De ce charmant séjour viendroit chasser l'ennui,
Chacun s'étoit flatté de la douce esperance ,
D'étaler à vos yeux son Art et sa Science ,
Mais un malheur subit a trahi nos desirs ,
Renversé notre espoir et détruis vos plaisirs ;-
Nous avions presque fait les trois quarts
voyage ,
Et nous voyons déja le Clocher du Village ,
Quand un maudit Chasseur que le Ciel en couroux
,
Pour punir nos forfaits fit approcher de nous ,
Vit un Oiseau perché sur la branche d'un Hêtre ;
Sa main dans le moment met la mainau Salpêtre,
Il apprête , il ajuste , et d'un coup effrayant ,
Pait voler dans les airs le métal fondroyant.
Le Sr Drouin. qui joue très - bien ce Rôle
La
SEPTEMBRE. 1731. 2229
La terre s'en émeut , les Antres en gémissent ,
De nos Coursiers fringants tous les crins se he
rissent ;
La terreur les saisit , et de colere ardens ,
Soudain nous les voyons prendre le mords aux:
dents ;
Du Guide consterné la voix foible et tremblante;
Tâche en vain d'arrêter leur fougue violente
La voiture entraînée au gré de leur fureur ,
Va donner contre un Roc d'une énorme gros
seur ;
L'essieu crie et se rompt ::ô ! spectacle terrible !
Capable d'attendrir l'ame la moins sensible..
Dans un Marais bourbeux Ragotin renversé ,
Et dans ses brodequins lui- même embarrassé ,
Après avoir long-temps dans un confus mélange,
De Livres , de paquets , de poussiere et de fange ,
Lutté contre la mort , la fortune et les Dieux ,
Reste à la fin sans force et périt à nos yeux.
J'ai vû , Seigneur , j'ai vâles ronces degoutantes,
Porter de ce Heros les dépouilles sanglantes ;
Comme lui maint Acteur dans le sang est baigné,
Et c'est moi que le sort a le plus épargné.
Julie plaint beaucoup la situation de
ce Comédien et de sa Troupe , mais elle
veut l'obliger à jouer la Tragédie d'Iphigenie.
Le Chevalier y joint ses instances,
oni , dit- il , et chante sur l'Air de la Palisse
est mort .
2230 MERCURE DE FRANCE
Le Chevalier..
Vous là jouerez ......
Le Comédien..
Eh ! comment:
Satisfaire votre envie ?
Peut- être dans ce moment
On trépane Iphigenie.
Si vous voyez dans quel état est Aga
memnon ( continue le Comédien ) et
chante sur l'Air : Que dans l'amoureux
mystere.
Pouvons-nous sur le Théatre ,
Mettre un Roy tout fracassé
Achille porte un emplâtre ,..
Ulisse a le bras cassé ;
De notre Orquestre ,
Le Pupitre s'est brisé
Sur Clytemnestre ..
,,
Ce contre- temps engage la Rancune
à proposer de faire jouer une petite Trou
pe composée de sa Famille , qui s'est trouvée
heureusement dans une autre Voitu
re ; Julie et le Chevalier acceptent ceparti
. Le Comédien demande au Public
quelque indulgence pour cette Troupe
naissante.
SEPTEMBRE 1731. 2238
naissante , et chante sur l'Air : Ici je fonde
une Abbaye.
S'ils n'ont pas l'honneur de vous plaire ,,
Epargnez-les , c'est moi , Messieurs ,
Qui doit porter votre colere ;
J'ai fait la Piece et les Acteurs.
Les Enfans . Comédiens joüent ensuite
une petite Piece ingénieusement composée
et proportionnée à leur âge. Elle est
intitulée la Niece vengée , ou la Double
Surprise ; elle est de la composition de
M. Panard , la Musique est de M. Gillier :
voicy quelques Couplets du Vaudeville..
Fulie.
Par l'âge ni par la grandeur ;
Ne jugeons jamais d'un Acteur ;
Ceux-cy dont je suis satisfaite ,
Font voir que pour être amusants,
Les petits , tourelourirette ,
Valent bien les grands.
De la bravoure des Soldats ,
La taille ne décide pas ;
Bien souvent , lorsque la Trompette
Appelle au feu les Combattans ,
Les Petits, & c..
Les
2232 MERCURE DE FRANCE
Les Vers sublimes et pompeux ,
Deviennent souvent ennuyeux ;
Ceux d'une simple Chansonnette ,
Quelquefois sont vifs et picquants ;
Les Petits , & c..
La Foire dans ses plus beaux jours ,
Ne vit jamais un tel concours ;
L'aspect de la Salle complette ,
Me fait chanter , ô ! l'heureux temps !!
Les Petits , tourelourirette ,
Font venir les Grands.
Le Petit Sabottier.
Quoique je ne sois qu'un nabot ,
Je sçai remuer le sabot ;
Ma danse est encore imparfaite ,
Mais j'espere qu'en peu de temps ,.
Mes petons , tourelourirette ,
Vaudront bien les grands..
La Petite Tante.
Ha! que nous nous croirons heureux ,
Si l'on est content de nos Jeux ;
Et qu'avec moi chacun repete ,
Ces mots , pour nous si ravissans ;
Les Petits , tourelourirette ,
Valent bien les grands,
Un
SEPTEMBRE. 1731. 2233
Un petit Crispin.
Que mon destin seroit charmant ,
Si le Spectateur en sortant ,
Disoit d'une ame satisfaite ,
Crispin me plaît , il est brillant ;
Ce Petit , tourelourirette ,
En vaut bien un grand.
Le 18. Septembre , le même Opera Comique
fut mandé pour aller jouer à la
Cour. Il représenta devant la Reine ,
l'Acte de Strasbourg , Piece jouée au commencement
de la Foire S. Laurent , dans
lequel la Dite le Grand , habillée en homme
, fait beaucoup de plaisir ; ensuite la
Piece des Petits Comédiens , dont on vient
de parler , et la danse du Petit Sabotier
qui plut infiniment. Ce Divertissement
fut terminé par le premier Ballet executé
par les Danseurs Anglois Pantomimes
dont on a parlé . S. M. parut très - satisfaite
de ce Divertissement , par la singu→
larité de ces Petits Comédiens qui jouerent
avec beaucoup de hardiesse et d'intelligence.
Le 20. l'Opera Comique donna le premiere
Représentation d'une Piece nouvelle
en un Acte , qui a pour titre : le
Temple du Sommeil , suivie de celle des
Petits Comédiens , et du premier Ballet de
Danseurs Pantomimes Anglois .
Fermer
Résumé : Les Eveillez de Poissi et les petits Comediens. Autres Pieces nouvelles. [titre d'après la table]
Le 27 août 1731, l'Opéra Comique a présenté deux pièces en un acte, accompagnées de divertissements. Les pièces, intitulées 'Les Éveillez de Poiffi' et 'Les petits Comédiens, ou la Tante dupée', ont été interprétées par des enfants dont le plus âgé n'avait pas treize ans. Ces représentations ont attiré une foule nombreuse à la Foire Saint-Laurent, notamment grâce à la présence d'un enfant de quatre ans qui dansait et parodiait avec grâce. La pièce 'Les petits Comédiens' se déroule dans une maison de campagne près de Tours. Julie, la dame du lieu, et son ami le Chevalier attendent une troupe de comédiens pour représenter la tragédie d'Iphigénie. Cependant, un domestique annonce un accident ayant causé la mort de plusieurs comédiens. La Rancune, chef de la troupe, arrive blessé et raconte l'accident. Julie et le Chevalier insistent pour que la pièce soit jouée malgré tout. La Rancune propose alors une troupe composée de sa famille, qui joue une pièce intitulée 'La Nièce vengée, ou la Double Surprise'. Le 18 septembre, l'Opéra Comique a été invité à la cour pour représenter 'L'Acte de Strasbourg', 'Les petits Comédiens', et la danse du Petit Sabotier, suivie d'un ballet exécuté par des danseurs anglais. La reine a été très satisfaite de ces représentations. Le 20 septembre, l'Opéra Comique a présenté une nouvelle pièce en un acte, 'Le Temple du Sommeil', suivie de 'Les petits Comédiens' et d'un ballet de danseurs anglais.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
627
p. 2297-2309
LETTRE de Madame la Comtesse de.... à M.le Chevalier de ... sur la Tragedie d'Astrate.
Début :
Je vous avouë, Monsieur, que j'ai été terriblement en colere contre le Public [...]
Mots clefs :
Rire, Satire, Despréaux, Famille royale, Conspiration , Reine, Autorité, Reconnaissance, Défiance
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de Madame la Comtesse de.... à M.le Chevalier de ... sur la Tragedie d'Astrate.
LETTRE de Madame la Comtesse de....
à M.le Chevalier de ... sur la Tragedie
d'Astrate
J
E vous avoue , Monsieur , que j'ai été
terriblement en colere contre le Public
et même contre vous , à la lecture
de votre derniere Lettre ; vous m'annoncez
qu'on a ri à la représentation d'Astrate
, et loin de me l'annoncer comme
une injustice des plus criantes , vous ne
rougissez pas d'ajoûter que vous n'avez
pas pû vous empêcher d'y rire , comme
les autres , sur tout au second Acte , où il
s'agit de l'Anneau Royal , qu'il a plû à
l'Aristarque François de tourner en ridicule
par ce Vers : Sur tout l'Anneau Royal
me semble bien trouvé. Vous auriez été
B iij
LIFT
2298 MERCURE DE FRANCE
un peu plus en garde contre votre envie
de rire , si vous eussiez consideré que
Despreaux met ces Vers ironiques dans
la bouche d'un Campagnard , par un reste
de pudeur qui l'empêche d'adopter un
sentiment si peu sensé. Ce n'est pas que
je prétende ici justifier cet implacable
Auteur ; il a bien pû penser lui - même
ce qu'il fait dire à un autre , puisqu'il a
osé avancer dans une autre Satyre.
Et quand je veux citer un Auteur sans deffaut
La raison dit Virgile , et la rime Quinault.
En vain Despreaux a chanté la Palinodie
, quand il s'y est vû forcé par la gloire
que Quinault s'étoit acquise par tant d'au
tres Ouvrages ; le Public , je veux dire
un certain Public malin ; la Tourbe
pour mieux m'expliquer , a persisté à croire
qu'Astrate étoit une Tragédie très -risible,
et n'a pas voulu renoncer au droit de
rire à fes Représentations. Pour moi ;
Monsieur , qui ai un peu plus de vanitě
que vous , j'ai trop de soin de ma gloirė
pour me confondre dans la foule ; et j'ai
toûjours regardé Astrate comme une Piece
que nos plus grands Dramatiques ne
desavoüeroient pas. Despreaux à beaut
faire dire aux Interlocuteurs de son re
pas ridicule , que chaque Acte de cette
Tragédie
OCTOBRE. 1731. 2299
Tragedie est une Piece entiere , l'action y
est si peu chargée que j'entreprends de
vous la retracer en aussi peu de mots
qu'' on puisse réduire la plus simple : voici
de quoi il s'agit.
L'action theatrale se passe dans le Pa
Jais d'Elise , Reine de Tyr. Le Trône où
elle est assise a été usurpé par son Pere
sur Adraste , qui en étoit le veritable
possesseur. Ce funeste heritage l'a réduire
faire périr ce Roy détrôné et deux de
ses enfans ; un troisième est échappé au
fer meurtrier ; voilà ce qui s'est passé
avant l'Action théatrale , et qui , comme
vous le voyez , ne doit pas faire une protase
trop chargée. Passons au noeud de
la Piece. Elise aime Astrate , crû fils de
Sichée , ses Sujets souffrent impatiemment
qu'une femme regne sur eux ; elle
yeut leur donner un Roy , & croit ne
pouvoir mieux faire que de choisir un
Prince qui par sa valeur a soutenu le
Trône où l'usurpation l'a placée ; elle fait
part de son dessein à Sichée , qui tâche
de l'en détourner par des raisons de politique
; il ne peut lui découvrir la veritable
, la voici : Astrate qui passe pour
son fils , est celui des trois fils du veri-
→ table Roy échappé
au fer meurtrier
.
Elise ayant
annoncé
à Astrate
que. le
B iiij
choix
2300 MERCURE DE FRANCE
contre
choix qu'elle va faire d'un Epoux tombe
sur lui ; et leur amour étant réciproque ,
Sichée , qui est à la tête d'une conspira
tion prête à vanger la mort du veritable
Roy , et à rétablir sur le Trône usurpé
le reste précieux de la Famille Royale
fait entendre à son prétendu fils , qu'il
ne doit pas accepter une place qu'il ne
pourroit long- temps conserver
une révolte qui est sur le point d'éclatter .
Astrate croit le rassurer contre ce peri
en lui annonçant que la conspiration est
découverte , et en lui nommant trois des
conjurez ; Sichée plus allarmé qu'au pa
ravant , et voyant qu'Astrate veut aller
tout découvrir à la Keine , ne peut mieux
l'arrêter qu'en se faisant connoître à lui
pour Chef de la conspiration . Quelcom
bat entre l'Amour et la Nature ! Astrate
croit enfin les accorder tous deux , en
obrenant de la Reine une Amnistie ge
nerale ; il l'obtient en effet , Sichée n'a
rien à craindre pour ses jours , non - plus
que pour ceux de ses amis ; Elise demande
seulement qu'on lui livre ce
dernier fils du vrai Roy , en faveur du
quel on conspire ; c'est alors que Sichéa
ne pouvant plus differer de le faire con
noître , montre des Tablettes à Adraste
dans lesquelles ces Vers sont traceź
c'est
OCTOBR E. 1731. 2301
c'est le vrai Roy qui parle dans ces Tablettes.
Le plus jeune de mes trois fils
Echappe aux cruels Ennemis ,
Dont sur moi l'injustice éclatte ;
Et quand il sera temps de découvrir son sort ,
Ou pour rompre mes fers ou pour vanger ma
mort ;
Sichée en est crû pere , et son nom est Astrate.
Voilà , Monsieur , le noeud de la Piece ;
en voici le dénouement. La cospiration
éclatte malgré le nouveau Roy, à qui
Sichée n'a point laissé les Tablettes qui
peuvent seules le faire reconnoître ; il
combat lui - même contre ceux qui n'ont
pris les armes que pour lui ; on le desarme
, on lui donne des Gardes ; il a beau
dire à ses Sujets qu'il est leur Roy ; on
croit que l'Amour lui dicte ce langage ;
Elise craignant que cet amour ne coûte
enfin la vie à ce cher Prince , attente sur
ses propres jours ; elle vient mourir à ses
yeux , empoisonnée .
D
Vous ne manquerez pas , Monsieur
de m'accuser de supercherie , parce que
je retranche l'épisode d'Agenor , pour
vous faire paroître l'action plus simple
mais cet Episode n'a lieu dans la Piece
B. V
que
2302 MERCURE DE FRANCE
que pendant les deux premiers Actes , et
l'Auteur auroit bien pû s'en passer ; j'avoüe
même qu'il n'en auroit que mieux
fait ; nous n'aurions pas vû cet Anneau
Royal qui a excité des ris dans un sujet
uniquement destiné à faire verser des larmes
; je conviens avec vous que
deffaut , mais trouvez bon aussi que je
cherche à le justifier autant qu'il me sera
possible.
c'est un
Quand j'avoue que l'Anneau Royal est
un deffaut , je ne conviens pas qu'il le
foit jusqu'à être risible ; en effet si l'on y
rit , ce n'est que par le coup sur coup
qu'il produit. Ainsi Despreaux n'a pas
rencontré juste quand il a fait dire à son
Campagnard : Sur tout l'Anneau Royal ,
& c. Cet Auteur atrabilaire auroit dû se
souvenir qu'Alexandre le Grand , fit Perdiccas
dépositaire de son autorité par un
Anneau qu'il lui remit entre les mains ;
Quinault n'est donc ni risible ni blâmable
, d'employer le même signe d'autorité
dans sa Piece ; je dis bien plus , Elise ne
remet cette marque de toute - puissance à
A genor , que par des motifs très - senseż,
soit de reconnoissance , soit de défiance.
Agenor lui a parû très- soû mis quand elle
lui a fait entendre qu'elle vouloit faire
un Roy , indépendamment de la loi que
son
OCTOBRE 1731. 2303
son pere lui avoit imposée : voici com
me il s'explique dans le second Acte.
J'ai de subir vos loix un double engagement ;
C'est peu d'être Sujet, je suis encore Amant, &c
Je ne vous dis plus rien , Madame , et vais attendre
,
L'Arrêt que sur mon sort il vous plaira de ren- `
dre , &c.
Elise est si touchée d'une si parfaite
résignation, qu'elle dit à sa Confidente :
Par quelle injuste loy ,
Ne lui dois-je plus rien quand il fait tout pour
moi ?
Corisbe me croit- elle une ame si farouche ,
Et que
Qu'une belle action n'ait plus rien qui me touche?
l'excès d'amour d'un Prince si soumis ,
N'ait pas des droits plus forts que ceux qu'il m'a
remis ?
Voilà , Monsieur , le motif de reconnoissance
; passons au motif de défiance ;
c'est toûjours Elise qui parle :
J'ai peine toutefois , quoique je me figure ,
De croire dans le Prince une vertu si pure ,
Et de ne soupçonner d'aucun déguisement ,
L'excès étudié d'un si beau sentiment.
Que peut-elle faire de plus sensé , en
B vj parlant
2304 MERCURE DE FRANCE
parlant de ces deux principes , que da
récompenser Agenor , s'il est sincere , ou
de le punir , s'il ne l'est pas ? voici comment
elle en agit avec lui ; elle commence
par lui déclarer qu'elle aime Adraste
comme Agenor le dit lui- même , parlant
à son Rival dans le commencement
du troisiéme Acte; voici ses propres mots
Après m'avoir loüé d'avoir cedé mes droits ,
En mettant dans mes mains cet Anneau de nos
Rois ,
La Reine avec adresse a sçû me faire entendre ,
Que son coeur à vos feux s'étoit laissé surpren
dre , & c. ...
Mais qu'elle avoit voulu du moins pour reconnoître
,
La generosité que j'avois fait paroître ,
Et pour
rendre pour moi son refus moins hon
teux ,
Que ce fût de ma main que vous fussiez heureux;
Qu'elle ne doutoit point qu'après cette priere ,
Ma génerosité ne se montrât entiere.
Voilà donc le premier motif rempli ;
l'abus qu'Adraste fait du pouvoir remis
entre ses mains , justifie la punition que
la Reine en va faires à peine a- t'elle appris
qu'il veut faire arrêter Adraste , qu'el
le l'envoye arrêter lui-même . Qu'y a - t'il
de
OCTOBRE . 1731. 230,
de plus juste et de plus consequent ? La
soumission est récompensée , la dissimulation
est punie ; Agenor est précipité du
faîte de la grandeur , Astrate est élevé
aur comble du bonheur ; et c'est ce coup
sur- coup de peripetie qui fait rire les
Spectateurs , sans qu'ils s'apperçoivent
eux-mêmes de quoi ils rient.
Ne riez -vous pas vous-même , Monsieur
, de ce que je viens d'avancer ?
Non; ce n'est pas l'Anneau Royal qui
fait rite , n'en déplaise à Despreaux , c'est
ce passage subit du. Trône à. la prison ,
et du dernier malheur au bonheur suprême
; on est ravi de voir Agenor mortifié
; on ne l'est pas moins de voir Astrate
heureux ; les ris ne sont pas toûjours
des. marques de mocquerie , ou du moins
dans cette occafion les rieurs ne sont pas
pour Agenor.
En effet , Monsieur , vous n'avez qu'à
vous rappeller le personnage qu'il vient
de jouer dans la Scene précedente , pour
convenir qu'il a justement merité les mocqueries
du Parterre ; après avoir avoüé
à Astrate qu'il est aimé et que la Reine
ne lui a mis l'Anneau Royal entre les
mains que pour en user genereusement ;
il lui dit d'un ton de voix insultant :
Mon
2306 MERCURE DE FRANCE
Mon coeur ne peut former une plas noble envie
A cet illustre effort la gloire me convie ;
La generosité m'y fait voir mille appas ;
Mais l'Amour plus puissant ne me le permer .
pas , &c.
Que voulez- vous? chacun a sa façon d'aimer,& c.
Vous aimez en Heros ; pour moi , je le confeffe ,
Le Ciel m'a fait un coeur capable de foiblesse ;
Mais je n'en rougis point et jusqu'à ce jour ,
La foiblesse jamais n'a fait honte à l'Amour , &C.
Laissez -moi les douceurs qui me sont accordées ,
Et jouissez en paix de vos belles idées .
Tandis qu'un noeud sacré , propice à mes souhaits
,
Va mettre entre mes bras la Reine et ses attraits,
Que sans m'embarrasser d'un scrupule inutile ,
J'en vais être à vos yeux le possesseur franquille ,
Et vais enfin au gré de mes transports pressants ,
M'assurer d'être heureux sur la foi de mes sens.
Pour vous en consoler , songez qu'au fond de
l'ame
guere
La Reine, avec regret, s'arrache à votre flâme, &c,
J'y veux bien consentir ; un reste d'amitié
M'oblige à voir encor vos maux avec pitié ,
Et sûr d'un bien solide , il ne me coûte
De vous abandonner un bien imaginaire ;
Ainsi chacun de nous se tiendra satisfait ;
Vous , de vous croire heureux , moi , de l'être an
effet.
OCTOBRE. 1731. 2307
'Ajoûtez à cela , Monsieur , la lâcheté
avec laquelle Agenor refuse le défi que
lui fait Astrate; en faut- il davantage pour
exciter le Spectateur à rire de le voir
puni , comme il l'a merité ?
Ce n'est pas que j'approuve le caractere
que Quinault lui donne ; il pouvoit
le rendre odieux , sans le rendre mauvais-
plaisant , et sans l'ériger en Marquis
ridicule de Comédie ; mais il a mis assez
de noblesse dans tout le reste de sa Tra◄
gédie , pour faire voir de quoi il est capable
quand il veut s'en donner la peine.
Il cst temps de passer à des choses plus
dignes de noire attention ; et qu'une Apologie
dont il n'a pas besoin , fasse place
à des éloges si bien méritez. En effet
Monsieur , quoi de plus délicat que la
Scene où la Reine enhardit Astrate à lui
parler de son amour , fondée sur cette
maxime :
Je sçais qu'à notre Sexe il sied bien d'ordinaire ,
De laisser aux Amans les premiers pas à faire ,
De tenir avec soin tout notre amour caché ,
D'attendre que l'aveu nous en soit arraché ,
De ne parler qu'après d'extrémes violences ;
Mais je regne, et le Trône a d'autres bienséances ;
Et quand jusqu'à ce rang notre Sexe est monté,
Ild oit tre au-dessus de la timidité :
Astrate
2308 MERCURE DE FRANCE
Astrate est mon Sujet , et la toute -puissance ,
L'engage aux mêmes loix dont elle me dispense ;
Quelqu'ardeur qui l'emporte , il doit se retenir
C'est à moi de descendre et de le prévenir ,
De l'aider à s'ouvrir ,de l'y servir de guide ;.
Jusques - là , c'est à lui d'aimer d'un feu timide
D'encocher tout l'éclat, et pour le mettre au jour
D'attendre qu'il m'ait plû d'enhardir son amour.
N'est-ce pas là aimer en Reine ? voici
comment Elise s'y prend pour enhardir
son sujet à lui parler de son amour.
Cessons de feindre , Astrate ; on veut me faire
croire ,
Qu'oubliant tout devoir , séduit par trop de gloire,
Vous avez jusqu'à moi secretement osé ;
Astrate voulant se justifier , elle lui
ferme la bouche par ces mots :
Il n'est besoin ici que de me bien entenåre ;
Avant que de répondre examinez - vous bien ,
Voyez si votre coeur ne s'accuse de rien ,
S'il ne se sent pour moi rien d'un peu témer aire
Rien qui passe l'ardeur d'un sujet ordinaire , & c.
La douceur avec laquelle la Reine invite
Astrate à faire cet examen , l'enhardit
à être sincere ; voici comme il
s'explique et s'excuse en même temps
D'un
OCTOBRE. 1731 2309
D'un crime si charmant mon coeur insatiable ,
En voudroit s'il pouvoit être encor plus coupable,
Et , si je l'ose dire , aime mieux consentir ,
A tout votre courroux qu'au moindre repentir ,
Lorsque par un transport dont on n'est plus le
maître,
On devient témeraire , on ne sçauroit trop l'êtres
Et dès qu'on a pû mettre un feu coupable au jour,
C'est l'excès qui peut seul justifier l'amour.
Le reste pour le prochain Mercurè.
à M.le Chevalier de ... sur la Tragedie
d'Astrate
J
E vous avoue , Monsieur , que j'ai été
terriblement en colere contre le Public
et même contre vous , à la lecture
de votre derniere Lettre ; vous m'annoncez
qu'on a ri à la représentation d'Astrate
, et loin de me l'annoncer comme
une injustice des plus criantes , vous ne
rougissez pas d'ajoûter que vous n'avez
pas pû vous empêcher d'y rire , comme
les autres , sur tout au second Acte , où il
s'agit de l'Anneau Royal , qu'il a plû à
l'Aristarque François de tourner en ridicule
par ce Vers : Sur tout l'Anneau Royal
me semble bien trouvé. Vous auriez été
B iij
LIFT
2298 MERCURE DE FRANCE
un peu plus en garde contre votre envie
de rire , si vous eussiez consideré que
Despreaux met ces Vers ironiques dans
la bouche d'un Campagnard , par un reste
de pudeur qui l'empêche d'adopter un
sentiment si peu sensé. Ce n'est pas que
je prétende ici justifier cet implacable
Auteur ; il a bien pû penser lui - même
ce qu'il fait dire à un autre , puisqu'il a
osé avancer dans une autre Satyre.
Et quand je veux citer un Auteur sans deffaut
La raison dit Virgile , et la rime Quinault.
En vain Despreaux a chanté la Palinodie
, quand il s'y est vû forcé par la gloire
que Quinault s'étoit acquise par tant d'au
tres Ouvrages ; le Public , je veux dire
un certain Public malin ; la Tourbe
pour mieux m'expliquer , a persisté à croire
qu'Astrate étoit une Tragédie très -risible,
et n'a pas voulu renoncer au droit de
rire à fes Représentations. Pour moi ;
Monsieur , qui ai un peu plus de vanitě
que vous , j'ai trop de soin de ma gloirė
pour me confondre dans la foule ; et j'ai
toûjours regardé Astrate comme une Piece
que nos plus grands Dramatiques ne
desavoüeroient pas. Despreaux à beaut
faire dire aux Interlocuteurs de son re
pas ridicule , que chaque Acte de cette
Tragédie
OCTOBRE. 1731. 2299
Tragedie est une Piece entiere , l'action y
est si peu chargée que j'entreprends de
vous la retracer en aussi peu de mots
qu'' on puisse réduire la plus simple : voici
de quoi il s'agit.
L'action theatrale se passe dans le Pa
Jais d'Elise , Reine de Tyr. Le Trône où
elle est assise a été usurpé par son Pere
sur Adraste , qui en étoit le veritable
possesseur. Ce funeste heritage l'a réduire
faire périr ce Roy détrôné et deux de
ses enfans ; un troisième est échappé au
fer meurtrier ; voilà ce qui s'est passé
avant l'Action théatrale , et qui , comme
vous le voyez , ne doit pas faire une protase
trop chargée. Passons au noeud de
la Piece. Elise aime Astrate , crû fils de
Sichée , ses Sujets souffrent impatiemment
qu'une femme regne sur eux ; elle
yeut leur donner un Roy , & croit ne
pouvoir mieux faire que de choisir un
Prince qui par sa valeur a soutenu le
Trône où l'usurpation l'a placée ; elle fait
part de son dessein à Sichée , qui tâche
de l'en détourner par des raisons de politique
; il ne peut lui découvrir la veritable
, la voici : Astrate qui passe pour
son fils , est celui des trois fils du veri-
→ table Roy échappé
au fer meurtrier
.
Elise ayant
annoncé
à Astrate
que. le
B iiij
choix
2300 MERCURE DE FRANCE
contre
choix qu'elle va faire d'un Epoux tombe
sur lui ; et leur amour étant réciproque ,
Sichée , qui est à la tête d'une conspira
tion prête à vanger la mort du veritable
Roy , et à rétablir sur le Trône usurpé
le reste précieux de la Famille Royale
fait entendre à son prétendu fils , qu'il
ne doit pas accepter une place qu'il ne
pourroit long- temps conserver
une révolte qui est sur le point d'éclatter .
Astrate croit le rassurer contre ce peri
en lui annonçant que la conspiration est
découverte , et en lui nommant trois des
conjurez ; Sichée plus allarmé qu'au pa
ravant , et voyant qu'Astrate veut aller
tout découvrir à la Keine , ne peut mieux
l'arrêter qu'en se faisant connoître à lui
pour Chef de la conspiration . Quelcom
bat entre l'Amour et la Nature ! Astrate
croit enfin les accorder tous deux , en
obrenant de la Reine une Amnistie ge
nerale ; il l'obtient en effet , Sichée n'a
rien à craindre pour ses jours , non - plus
que pour ceux de ses amis ; Elise demande
seulement qu'on lui livre ce
dernier fils du vrai Roy , en faveur du
quel on conspire ; c'est alors que Sichéa
ne pouvant plus differer de le faire con
noître , montre des Tablettes à Adraste
dans lesquelles ces Vers sont traceź
c'est
OCTOBR E. 1731. 2301
c'est le vrai Roy qui parle dans ces Tablettes.
Le plus jeune de mes trois fils
Echappe aux cruels Ennemis ,
Dont sur moi l'injustice éclatte ;
Et quand il sera temps de découvrir son sort ,
Ou pour rompre mes fers ou pour vanger ma
mort ;
Sichée en est crû pere , et son nom est Astrate.
Voilà , Monsieur , le noeud de la Piece ;
en voici le dénouement. La cospiration
éclatte malgré le nouveau Roy, à qui
Sichée n'a point laissé les Tablettes qui
peuvent seules le faire reconnoître ; il
combat lui - même contre ceux qui n'ont
pris les armes que pour lui ; on le desarme
, on lui donne des Gardes ; il a beau
dire à ses Sujets qu'il est leur Roy ; on
croit que l'Amour lui dicte ce langage ;
Elise craignant que cet amour ne coûte
enfin la vie à ce cher Prince , attente sur
ses propres jours ; elle vient mourir à ses
yeux , empoisonnée .
D
Vous ne manquerez pas , Monsieur
de m'accuser de supercherie , parce que
je retranche l'épisode d'Agenor , pour
vous faire paroître l'action plus simple
mais cet Episode n'a lieu dans la Piece
B. V
que
2302 MERCURE DE FRANCE
que pendant les deux premiers Actes , et
l'Auteur auroit bien pû s'en passer ; j'avoüe
même qu'il n'en auroit que mieux
fait ; nous n'aurions pas vû cet Anneau
Royal qui a excité des ris dans un sujet
uniquement destiné à faire verser des larmes
; je conviens avec vous que
deffaut , mais trouvez bon aussi que je
cherche à le justifier autant qu'il me sera
possible.
c'est un
Quand j'avoue que l'Anneau Royal est
un deffaut , je ne conviens pas qu'il le
foit jusqu'à être risible ; en effet si l'on y
rit , ce n'est que par le coup sur coup
qu'il produit. Ainsi Despreaux n'a pas
rencontré juste quand il a fait dire à son
Campagnard : Sur tout l'Anneau Royal ,
& c. Cet Auteur atrabilaire auroit dû se
souvenir qu'Alexandre le Grand , fit Perdiccas
dépositaire de son autorité par un
Anneau qu'il lui remit entre les mains ;
Quinault n'est donc ni risible ni blâmable
, d'employer le même signe d'autorité
dans sa Piece ; je dis bien plus , Elise ne
remet cette marque de toute - puissance à
A genor , que par des motifs très - senseż,
soit de reconnoissance , soit de défiance.
Agenor lui a parû très- soû mis quand elle
lui a fait entendre qu'elle vouloit faire
un Roy , indépendamment de la loi que
son
OCTOBRE 1731. 2303
son pere lui avoit imposée : voici com
me il s'explique dans le second Acte.
J'ai de subir vos loix un double engagement ;
C'est peu d'être Sujet, je suis encore Amant, &c
Je ne vous dis plus rien , Madame , et vais attendre
,
L'Arrêt que sur mon sort il vous plaira de ren- `
dre , &c.
Elise est si touchée d'une si parfaite
résignation, qu'elle dit à sa Confidente :
Par quelle injuste loy ,
Ne lui dois-je plus rien quand il fait tout pour
moi ?
Corisbe me croit- elle une ame si farouche ,
Et que
Qu'une belle action n'ait plus rien qui me touche?
l'excès d'amour d'un Prince si soumis ,
N'ait pas des droits plus forts que ceux qu'il m'a
remis ?
Voilà , Monsieur , le motif de reconnoissance
; passons au motif de défiance ;
c'est toûjours Elise qui parle :
J'ai peine toutefois , quoique je me figure ,
De croire dans le Prince une vertu si pure ,
Et de ne soupçonner d'aucun déguisement ,
L'excès étudié d'un si beau sentiment.
Que peut-elle faire de plus sensé , en
B vj parlant
2304 MERCURE DE FRANCE
parlant de ces deux principes , que da
récompenser Agenor , s'il est sincere , ou
de le punir , s'il ne l'est pas ? voici comment
elle en agit avec lui ; elle commence
par lui déclarer qu'elle aime Adraste
comme Agenor le dit lui- même , parlant
à son Rival dans le commencement
du troisiéme Acte; voici ses propres mots
Après m'avoir loüé d'avoir cedé mes droits ,
En mettant dans mes mains cet Anneau de nos
Rois ,
La Reine avec adresse a sçû me faire entendre ,
Que son coeur à vos feux s'étoit laissé surpren
dre , & c. ...
Mais qu'elle avoit voulu du moins pour reconnoître
,
La generosité que j'avois fait paroître ,
Et pour
rendre pour moi son refus moins hon
teux ,
Que ce fût de ma main que vous fussiez heureux;
Qu'elle ne doutoit point qu'après cette priere ,
Ma génerosité ne se montrât entiere.
Voilà donc le premier motif rempli ;
l'abus qu'Adraste fait du pouvoir remis
entre ses mains , justifie la punition que
la Reine en va faires à peine a- t'elle appris
qu'il veut faire arrêter Adraste , qu'el
le l'envoye arrêter lui-même . Qu'y a - t'il
de
OCTOBRE . 1731. 230,
de plus juste et de plus consequent ? La
soumission est récompensée , la dissimulation
est punie ; Agenor est précipité du
faîte de la grandeur , Astrate est élevé
aur comble du bonheur ; et c'est ce coup
sur- coup de peripetie qui fait rire les
Spectateurs , sans qu'ils s'apperçoivent
eux-mêmes de quoi ils rient.
Ne riez -vous pas vous-même , Monsieur
, de ce que je viens d'avancer ?
Non; ce n'est pas l'Anneau Royal qui
fait rite , n'en déplaise à Despreaux , c'est
ce passage subit du. Trône à. la prison ,
et du dernier malheur au bonheur suprême
; on est ravi de voir Agenor mortifié
; on ne l'est pas moins de voir Astrate
heureux ; les ris ne sont pas toûjours
des. marques de mocquerie , ou du moins
dans cette occafion les rieurs ne sont pas
pour Agenor.
En effet , Monsieur , vous n'avez qu'à
vous rappeller le personnage qu'il vient
de jouer dans la Scene précedente , pour
convenir qu'il a justement merité les mocqueries
du Parterre ; après avoir avoüé
à Astrate qu'il est aimé et que la Reine
ne lui a mis l'Anneau Royal entre les
mains que pour en user genereusement ;
il lui dit d'un ton de voix insultant :
Mon
2306 MERCURE DE FRANCE
Mon coeur ne peut former une plas noble envie
A cet illustre effort la gloire me convie ;
La generosité m'y fait voir mille appas ;
Mais l'Amour plus puissant ne me le permer .
pas , &c.
Que voulez- vous? chacun a sa façon d'aimer,& c.
Vous aimez en Heros ; pour moi , je le confeffe ,
Le Ciel m'a fait un coeur capable de foiblesse ;
Mais je n'en rougis point et jusqu'à ce jour ,
La foiblesse jamais n'a fait honte à l'Amour , &C.
Laissez -moi les douceurs qui me sont accordées ,
Et jouissez en paix de vos belles idées .
Tandis qu'un noeud sacré , propice à mes souhaits
,
Va mettre entre mes bras la Reine et ses attraits,
Que sans m'embarrasser d'un scrupule inutile ,
J'en vais être à vos yeux le possesseur franquille ,
Et vais enfin au gré de mes transports pressants ,
M'assurer d'être heureux sur la foi de mes sens.
Pour vous en consoler , songez qu'au fond de
l'ame
guere
La Reine, avec regret, s'arrache à votre flâme, &c,
J'y veux bien consentir ; un reste d'amitié
M'oblige à voir encor vos maux avec pitié ,
Et sûr d'un bien solide , il ne me coûte
De vous abandonner un bien imaginaire ;
Ainsi chacun de nous se tiendra satisfait ;
Vous , de vous croire heureux , moi , de l'être an
effet.
OCTOBRE. 1731. 2307
'Ajoûtez à cela , Monsieur , la lâcheté
avec laquelle Agenor refuse le défi que
lui fait Astrate; en faut- il davantage pour
exciter le Spectateur à rire de le voir
puni , comme il l'a merité ?
Ce n'est pas que j'approuve le caractere
que Quinault lui donne ; il pouvoit
le rendre odieux , sans le rendre mauvais-
plaisant , et sans l'ériger en Marquis
ridicule de Comédie ; mais il a mis assez
de noblesse dans tout le reste de sa Tra◄
gédie , pour faire voir de quoi il est capable
quand il veut s'en donner la peine.
Il cst temps de passer à des choses plus
dignes de noire attention ; et qu'une Apologie
dont il n'a pas besoin , fasse place
à des éloges si bien méritez. En effet
Monsieur , quoi de plus délicat que la
Scene où la Reine enhardit Astrate à lui
parler de son amour , fondée sur cette
maxime :
Je sçais qu'à notre Sexe il sied bien d'ordinaire ,
De laisser aux Amans les premiers pas à faire ,
De tenir avec soin tout notre amour caché ,
D'attendre que l'aveu nous en soit arraché ,
De ne parler qu'après d'extrémes violences ;
Mais je regne, et le Trône a d'autres bienséances ;
Et quand jusqu'à ce rang notre Sexe est monté,
Ild oit tre au-dessus de la timidité :
Astrate
2308 MERCURE DE FRANCE
Astrate est mon Sujet , et la toute -puissance ,
L'engage aux mêmes loix dont elle me dispense ;
Quelqu'ardeur qui l'emporte , il doit se retenir
C'est à moi de descendre et de le prévenir ,
De l'aider à s'ouvrir ,de l'y servir de guide ;.
Jusques - là , c'est à lui d'aimer d'un feu timide
D'encocher tout l'éclat, et pour le mettre au jour
D'attendre qu'il m'ait plû d'enhardir son amour.
N'est-ce pas là aimer en Reine ? voici
comment Elise s'y prend pour enhardir
son sujet à lui parler de son amour.
Cessons de feindre , Astrate ; on veut me faire
croire ,
Qu'oubliant tout devoir , séduit par trop de gloire,
Vous avez jusqu'à moi secretement osé ;
Astrate voulant se justifier , elle lui
ferme la bouche par ces mots :
Il n'est besoin ici que de me bien entenåre ;
Avant que de répondre examinez - vous bien ,
Voyez si votre coeur ne s'accuse de rien ,
S'il ne se sent pour moi rien d'un peu témer aire
Rien qui passe l'ardeur d'un sujet ordinaire , & c.
La douceur avec laquelle la Reine invite
Astrate à faire cet examen , l'enhardit
à être sincere ; voici comme il
s'explique et s'excuse en même temps
D'un
OCTOBRE. 1731 2309
D'un crime si charmant mon coeur insatiable ,
En voudroit s'il pouvoit être encor plus coupable,
Et , si je l'ose dire , aime mieux consentir ,
A tout votre courroux qu'au moindre repentir ,
Lorsque par un transport dont on n'est plus le
maître,
On devient témeraire , on ne sçauroit trop l'êtres
Et dès qu'on a pû mettre un feu coupable au jour,
C'est l'excès qui peut seul justifier l'amour.
Le reste pour le prochain Mercurè.
Fermer
Résumé : LETTRE de Madame la Comtesse de.... à M.le Chevalier de ... sur la Tragedie d'Astrate.
La Comtesse de... exprime sa colère envers le Chevalier de... après avoir appris que le public avait ri lors de la représentation de la tragédie 'Astrate' de Jean Racine. Elle critique particulièrement la réaction du Chevalier, qui a également ri, notamment lors du second acte où l'Anneau Royal est mentionné. La Comtesse défend Racine en expliquant que les vers ironiques sur l'Anneau Royal sont prononcés par un personnage campagnard par pudeur. Elle reconnaît cependant que Racine a pu avoir des sentiments similaires dans d'autres œuvres. La Comtesse résume ensuite l'intrigue d''Astrate'. L'action se déroule à Tyr, où la reine Elise a usurpé le trône d'Adraste. Elise aime Astrate, qu'elle croit être le fils de Sichée. Les sujets d'Elise souffrent de voir une femme régner et souhaitent un roi. Elise envisage de choisir Astrate comme époux, mais Sichée, qui est en réalité le père d'Astrate et le véritable roi, tente de l'en dissuader. Il révèle finalement à Astrate qu'il est le fils du roi détrôné et qu'une conspiration est prête à rétablir la famille royale. Astrate obtient une amnistie générale, mais la conspiration éclate malgré tout. Elise, craignant pour la vie d'Astrate, se suicide. La Comtesse critique l'épisode de l'Anneau Royal, qui a suscité des rires, et défend Quinault en expliquant que l'Anneau est un symbole d'autorité légitime. Elle conclut en soulignant que les rires du public sont dus au passage subit du trône à la prison et au bonheur suprême, et non à l'Anneau Royal. Elle critique également le personnage d'Agenor, qui est puni à juste titre pour sa lâcheté et son comportement odieux. Enfin, elle loue la délicatesse de la scène où Elise encourage Astrate à lui parler de son amour. Par ailleurs, le texte relate une conversation entre deux personnages, Astrea et une reine. Astrea est accusé de sentiments excessifs envers la reine. Pour se défendre, Astrea est invité à examiner son cœur et à vérifier s'il ne ressent pas pour la reine une ardeur dépassant celle d'un sujet ordinaire. Encouragé par la douceur de la reine, Astrea avoue son amour coupable et insatiable. Il exprime son désir de rester coupable plutôt que de regretter ses sentiments. Il justifie son audace par l'intensité de son amour, affirmant que seul l'excès peut expliquer un tel sentiment. La suite de la conversation est reportée au prochain Mercure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
628
p. 2311-2317
ODE A M. Houdart de la Motte. Par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
Début :
Grand et fameux la Motte, Aigle rapide dont l'œil noblement audacieux [...]
Mots clefs :
Indomptable Hercule, Poésie, Rime, Liberté, Prose, Défense, Strophes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE A M. Houdart de la Motte. Par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
O DE
A M. Houdart de la Motte. Par Me de
Malcrais de la Vigne , du Croisic
en Bretagne.
GR
Grand et fameux la Motte , Aigle
Irapide dont l'oeil noblement audacieux
, va défier les regards mêmes du
brúlant Pere de la lumiere , soutien le
vol timide d'un foible Tiercelet , et vien
d'un coup de ton aîle secourable le pousser
avec toi jusqu'au dévorant séjour du
feu.
讚
Je pars , je quitte la Terre bourbeuse;
je traverse , je fends les immenses Campagnes
12 MERCURE DE FRANCE
pagnes de l'air la violence qui m'emporte
me fait perdre haleine : quel bras
puissant m'arrête audessus du double sommet
de la docte Montagne ? Un merveil
leux Spectacle s'y dévoile à mes yeux
enchantez. La majestueuse Melpomene ,
la vive et galante Polhymnie, la tête panchée
et flecissant devant toi un genou
respectueux , te rendent des hommages
qui te comblent d'honneur.
粥
Comme l'indomptable Hercule purgea
autrefois l'érable infecté du riche et superbe
Augias , ainsi tes travaux innombrables
ont purgé notre Poësie affreusesement
accablée sous le joug tirannique
de la Rime : tu l'as tirée de la prison obscure
et étroite dans laquelle , plongée depuis
si long - temps , elle poussoir des
plaintes aussi touchantes que steriles ; ta
main laborieuse a brisé ses entraves cruelles
, et dégagée du poids honteux de ses
chaînes , elle respire l'air tranquille et serain
de la liberté desirée depuis tant de
siecles.
Je te vois aujourd'hui , harmonieuse
Progeniture de l'aimable Souverain de
Helicon , je te voix , ô divine Poësie,
te
OCTOBRE. 1731. 2373
te promener çà et là librement avec les
Charites qui dansent et folatrent autour
de toi , en te faisant cent caresses naïves
Leurs blonds cheveux voltigent négligemment
épars sur leurs épaules blanches
à la fois et vermeilles , semblables à de l'ivoire
qu'une femme de Carie teint en
pourpre , ennemies de la gêne , elles ont
jetté loin d'elles leurs chaussures de drap
d'or , et sautent si legerement sur l'émail
de la riante Prairie, qu'à peine s'appercoits
on qu'elles ayent des pieds.
Toi- même , ô Poësie , toi - même toute
échevelée , tu t'es défaite de l'embarras
ajusté de ta coëffure précieuse . Tes doigts
delicats ne paroissent plus enchaînez dans
des cercles de diamans , et tu dédaignes
la pompeuse parure de tes brasselets tis
sus avec un art admirable.
La Prose qui s'avance a le port d'une
Reine ; elle te tend les bras , t'embrasse.
L'appelle sa soeur , et te jurant une amitié
éternelle , te serre avec tant de force
qu'il semble que vous ne fassiez plus que
2314 MERCURE DE FRANCE
le même corps. Les Coquillages dorez
attachez aux Rochers limoneux , la Vigne
flexible , mariée à l'Ormeau qui l'appuye
, ne sont pas liez par des noeuds plus
étroits que ceux qui vous unissent maintenant
enſemble.
Un ris modeste et gracieux s'échap
pant de tes levres entr'ouvertes , fair
éclatter sur ton visage les étincelles d'une
joye inalterable , l'éclair part des yeux
Jamboyants. Et tu réponds à la Prose
par tous les témoignages d'une fidelité
réciproque: Ciel ! que l'air aisé dont tu
marches , t'a rendue differente de ce que
tu étois autrefois ?
裝
Chante à jamais ta liberté recouvrée ;
chante la pénible défaite de la Rime or
gueilleuse qui t'a détenue dans les fers ;.
mais celebre sur tout par des productions
plus durables que le Marbre et le Bronze,
I'Invincible la Motte , et fais pleuvoir les
Lauriers et les Roses sur la tête de ton
valeureux Liberateur.
Lui seul s'est armé pour ta défense et
les
OCTOBR E. 1734. 1314
lestraits qu'ont lancez des bras de Géants,
se sont émoussez sur sa poitrine invul
nerable. Il paroît , il combat , il frappe ,
il foudroye. C'est Tancrede qui fait mordre
la poudre à Clorinde ; c'est Renaud
qui triomphe d'Armide et des vaillants
et nombreux Chevaliers qui devoient au
prix du sang de ce Heros , achepter à
l'envile coeur de cette Heroïne inhumaine.
#
Tes yeux ternis se chargent de pleurs ;
Rime malheureuse , la honte fait pâlir
tes joies amaigries , une sueur froide
coule de tous tes membres qui paroissent
pétrifiez , mais tout à coup la doul ur se
changeant en rage , t´s derniers soupirs
sont d'horribles blaphêmes.
Tes Strophes gravement Philosophi
ques , & prudent la Motte , ô Poëte sagement
sublime , nous avoient toûjours
présagé ton penchant insurmontable pour
ta chere Prose ; et qu'il viendroit un jour
où tu prendrois le Casque et la Cuirasse
pour lui conquerir l'Empire absolu de
notre Langue renommée de l'un à l'autre
Hemisphere.
Mais
1316 MERCURE DE FRANCE
Mais Ciel qu'apperçois -je encore !
quelle foule de ravissans objets frappe
à l'instant mes avides regards ! l'Ombre
glorieuse du sçavant Poëte à qui sept Villes
se disputerent l'honneur d'avoir donné
la naissance ; l'Ombre non moins celebre
de celui qui a porté jusqu'aux nuës
le nom de Mantouë ; l'Ombre rivale des
deux autres , cette Ombre dont le Godefroy
et l'Aminte ont illustré la moderne
Italie , toutes trois te donnent de pures
marques d'une amitié non suspecte
Je les entends qui par les expressions
les plus vives , te prient de briser la mesure
inutile de leurs Vers , d'écarter loin
de leur stile ces nombres ridiculement
reguliers , qui ne repetent que les mêmes
sons à l'oreille fatiguée ; et par le moyen
dont tu es l'Inventeur de prêter à leur
Poësie cette même beauté dont tu viens
d'enrichir la nôtre.
諾
Continuë , ô genereux Vainqueur de
la Rime , moissonne à plein poing les
précieuses Javelles des Lauriers immortels
, chemine à pas hardis au Temple
rayonnant de la gloire , en dépit de tes
Rivaux
OCTOBRE . 1731. 2317
Rivaux consternez . Cours y suspendre
lés dépouilles que tu leur a arrachées
encore soüillées d'une poussiere honorable
, et qu'eux-mêmes se trouvent enfin
forcez de couronner ton front triomphant
de leurs propres mains.
A M. Houdart de la Motte. Par Me de
Malcrais de la Vigne , du Croisic
en Bretagne.
GR
Grand et fameux la Motte , Aigle
Irapide dont l'oeil noblement audacieux
, va défier les regards mêmes du
brúlant Pere de la lumiere , soutien le
vol timide d'un foible Tiercelet , et vien
d'un coup de ton aîle secourable le pousser
avec toi jusqu'au dévorant séjour du
feu.
讚
Je pars , je quitte la Terre bourbeuse;
je traverse , je fends les immenses Campagnes
12 MERCURE DE FRANCE
pagnes de l'air la violence qui m'emporte
me fait perdre haleine : quel bras
puissant m'arrête audessus du double sommet
de la docte Montagne ? Un merveil
leux Spectacle s'y dévoile à mes yeux
enchantez. La majestueuse Melpomene ,
la vive et galante Polhymnie, la tête panchée
et flecissant devant toi un genou
respectueux , te rendent des hommages
qui te comblent d'honneur.
粥
Comme l'indomptable Hercule purgea
autrefois l'érable infecté du riche et superbe
Augias , ainsi tes travaux innombrables
ont purgé notre Poësie affreusesement
accablée sous le joug tirannique
de la Rime : tu l'as tirée de la prison obscure
et étroite dans laquelle , plongée depuis
si long - temps , elle poussoir des
plaintes aussi touchantes que steriles ; ta
main laborieuse a brisé ses entraves cruelles
, et dégagée du poids honteux de ses
chaînes , elle respire l'air tranquille et serain
de la liberté desirée depuis tant de
siecles.
Je te vois aujourd'hui , harmonieuse
Progeniture de l'aimable Souverain de
Helicon , je te voix , ô divine Poësie,
te
OCTOBRE. 1731. 2373
te promener çà et là librement avec les
Charites qui dansent et folatrent autour
de toi , en te faisant cent caresses naïves
Leurs blonds cheveux voltigent négligemment
épars sur leurs épaules blanches
à la fois et vermeilles , semblables à de l'ivoire
qu'une femme de Carie teint en
pourpre , ennemies de la gêne , elles ont
jetté loin d'elles leurs chaussures de drap
d'or , et sautent si legerement sur l'émail
de la riante Prairie, qu'à peine s'appercoits
on qu'elles ayent des pieds.
Toi- même , ô Poësie , toi - même toute
échevelée , tu t'es défaite de l'embarras
ajusté de ta coëffure précieuse . Tes doigts
delicats ne paroissent plus enchaînez dans
des cercles de diamans , et tu dédaignes
la pompeuse parure de tes brasselets tis
sus avec un art admirable.
La Prose qui s'avance a le port d'une
Reine ; elle te tend les bras , t'embrasse.
L'appelle sa soeur , et te jurant une amitié
éternelle , te serre avec tant de force
qu'il semble que vous ne fassiez plus que
2314 MERCURE DE FRANCE
le même corps. Les Coquillages dorez
attachez aux Rochers limoneux , la Vigne
flexible , mariée à l'Ormeau qui l'appuye
, ne sont pas liez par des noeuds plus
étroits que ceux qui vous unissent maintenant
enſemble.
Un ris modeste et gracieux s'échap
pant de tes levres entr'ouvertes , fair
éclatter sur ton visage les étincelles d'une
joye inalterable , l'éclair part des yeux
Jamboyants. Et tu réponds à la Prose
par tous les témoignages d'une fidelité
réciproque: Ciel ! que l'air aisé dont tu
marches , t'a rendue differente de ce que
tu étois autrefois ?
裝
Chante à jamais ta liberté recouvrée ;
chante la pénible défaite de la Rime or
gueilleuse qui t'a détenue dans les fers ;.
mais celebre sur tout par des productions
plus durables que le Marbre et le Bronze,
I'Invincible la Motte , et fais pleuvoir les
Lauriers et les Roses sur la tête de ton
valeureux Liberateur.
Lui seul s'est armé pour ta défense et
les
OCTOBR E. 1734. 1314
lestraits qu'ont lancez des bras de Géants,
se sont émoussez sur sa poitrine invul
nerable. Il paroît , il combat , il frappe ,
il foudroye. C'est Tancrede qui fait mordre
la poudre à Clorinde ; c'est Renaud
qui triomphe d'Armide et des vaillants
et nombreux Chevaliers qui devoient au
prix du sang de ce Heros , achepter à
l'envile coeur de cette Heroïne inhumaine.
#
Tes yeux ternis se chargent de pleurs ;
Rime malheureuse , la honte fait pâlir
tes joies amaigries , une sueur froide
coule de tous tes membres qui paroissent
pétrifiez , mais tout à coup la doul ur se
changeant en rage , t´s derniers soupirs
sont d'horribles blaphêmes.
Tes Strophes gravement Philosophi
ques , & prudent la Motte , ô Poëte sagement
sublime , nous avoient toûjours
présagé ton penchant insurmontable pour
ta chere Prose ; et qu'il viendroit un jour
où tu prendrois le Casque et la Cuirasse
pour lui conquerir l'Empire absolu de
notre Langue renommée de l'un à l'autre
Hemisphere.
Mais
1316 MERCURE DE FRANCE
Mais Ciel qu'apperçois -je encore !
quelle foule de ravissans objets frappe
à l'instant mes avides regards ! l'Ombre
glorieuse du sçavant Poëte à qui sept Villes
se disputerent l'honneur d'avoir donné
la naissance ; l'Ombre non moins celebre
de celui qui a porté jusqu'aux nuës
le nom de Mantouë ; l'Ombre rivale des
deux autres , cette Ombre dont le Godefroy
et l'Aminte ont illustré la moderne
Italie , toutes trois te donnent de pures
marques d'une amitié non suspecte
Je les entends qui par les expressions
les plus vives , te prient de briser la mesure
inutile de leurs Vers , d'écarter loin
de leur stile ces nombres ridiculement
reguliers , qui ne repetent que les mêmes
sons à l'oreille fatiguée ; et par le moyen
dont tu es l'Inventeur de prêter à leur
Poësie cette même beauté dont tu viens
d'enrichir la nôtre.
諾
Continuë , ô genereux Vainqueur de
la Rime , moissonne à plein poing les
précieuses Javelles des Lauriers immortels
, chemine à pas hardis au Temple
rayonnant de la gloire , en dépit de tes
Rivaux
OCTOBRE . 1731. 2317
Rivaux consternez . Cours y suspendre
lés dépouilles que tu leur a arrachées
encore soüillées d'une poussiere honorable
, et qu'eux-mêmes se trouvent enfin
forcez de couronner ton front triomphant
de leurs propres mains.
Fermer
Résumé : ODE A M. Houdart de la Motte. Par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
Le texte est une ode à Houdart de la Motte, poète et libérateur de la poésie française, écrite par Malcrais de la Vigne. L'auteur compare Houdart de la Motte à un aigle guidant un jeune rapace vers le feu, symbolisant son rôle de mentor. Il décrit une vision où il traverse les airs et découvre les muses Melpomène et Polymnie rendant hommage à Houdart de la Motte. L'auteur célèbre les travaux de Houdart de la Motte, qui ont libéré la poésie française du joug tyrannique de la rime, permettant ainsi à la poésie de se promener librement avec les Grâces. La prose, représentée comme une reine, embrasse la poésie, scellant une alliance éternelle entre les deux. Le texte loue la victoire de Houdart de la Motte sur la rime orgueilleuse, comparant sa lutte à celles de héros mythologiques comme Hercule, Tancrede et Renaud. Les ombres de grands poètes, tels qu'Homère, Virgile et Tasse, encouragent Houdart de la Motte à poursuivre son œuvre de libération de la poésie. Enfin, l'auteur invite Houdart de la Motte à continuer de moissonner les lauriers de la gloire, triomphant de ses rivaux et suspendant les dépouilles de ses victoires au temple de la gloire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
629
p. 2317
A. M. M. D. M. En lui envoyant pour Bouquet une petite Figure de la Renommée : c'est la Renommée qui parle.
Début :
J'ay porté votre nom en cent climats divers ; [...]
Mots clefs :
Climats, Muses, Lauriers, Temple de mémoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A. M. M. D. M. En lui envoyant pour Bouquet une petite Figure de la Renommée : c'est la Renommée qui parle.
A. M. M. D. M.
En lui envoyant pour Bouquet une petite
Figure de la Renommée : c'est la
Renommée qui parle.
J'Ay porté votre nom en cent climats divers ;
Les Muses l'ont souvent redit dans leurs Concerts;
Et je vais aujourd'hui celebrer votre Fête ;
Ma Trompette pour vous forme de nouveaux airs
Et de mes Lauriers toûjours verds ,
Puissai-je encor long-temps couronner votre tête
Pour le bonheur de vos amis ,
Vivez , sçavant M ** , vivez comblé de gloire,
Autant que vivront vos Ecrits ,
Placez par Apollon au Temple de Memoire."
L'Abbé Poncy de Neuville.
Ce 20. Août.
En lui envoyant pour Bouquet une petite
Figure de la Renommée : c'est la
Renommée qui parle.
J'Ay porté votre nom en cent climats divers ;
Les Muses l'ont souvent redit dans leurs Concerts;
Et je vais aujourd'hui celebrer votre Fête ;
Ma Trompette pour vous forme de nouveaux airs
Et de mes Lauriers toûjours verds ,
Puissai-je encor long-temps couronner votre tête
Pour le bonheur de vos amis ,
Vivez , sçavant M ** , vivez comblé de gloire,
Autant que vivront vos Ecrits ,
Placez par Apollon au Temple de Memoire."
L'Abbé Poncy de Neuville.
Ce 20. Août.
Fermer
Résumé : A. M. M. D. M. En lui envoyant pour Bouquet une petite Figure de la Renommée : c'est la Renommée qui parle.
L'Abbé Poncy de Neuville dédie un texte à un érudit, M **. La Renommée célèbre sa renommée mondiale et ses inspirations musesques. Il souhaite que l'érudit soit couronné de lauriers verts et que sa gloire perdure autant que ses écrits, placés par Apollon au Temple de la Mémoire. La date est le 20 août.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
630
p. 2318-2326
REMARQUES de M. Gaullier, sur la Censure portée contre lui dans la vingt-huitiéme Lettre du Nouvelliste du Parnasse.
Début :
Le grand Critique qui enfante toutes les semaines une feüille d'impression [...]
Mots clefs :
Nouvelliste du Parnasse, Humanités, Grammairien , Abrégé de la grammaire française, Règles de poétique, Conjugaisons, Combinaisons des verbes, Syntaxe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMARQUES de M. Gaullier, sur la Censure portée contre lui dans la vingt-huitiéme Lettre du Nouvelliste du Parnasse.
REMARQUES de M. Gaullier , sur la
Censure portée contre lui dans la vingtbuitiéme
Lettre du Nouvelliste du Par
nasse.
E grand Critique qui enfante toutes
les semaines une feuille d'impression
in-douze , de caractere moyen , a jugé à
propos de parler ainsi de la methode de
M. Lefevre que j'ai fait réimprimer
avec des Notes : L'infatigable M. Gaullyer
, dit-il , Professeur au College du Plessis
apublié nne Methode pour l'étude des
humanitez. C'est un Grammairien fecond ;
qui , suivant toutes les apparences , regalera
encore ses Ecoliers d'un bon nombre de Volumes.
Je ne sçai si cette multiplication est
nécessaire. Il me semble que le grand nombre
de Regles accable plus l'Esprit qu'il ne le
soulage.
-
M. Gaullier n'est pas si infatigable
ny si fecond en Grammaires que le Nouvelliste
l'est en Nouvelles , ou plutôt er
Censure et en Satyre . Depuis 1716 , que
parut sa premiere Methode , il n'a fait im
primer que cinq petites parties des Regle ÷
pour la Langue Latine et la Françoise
avec un Abregé de la Grammaire Françoi
se
OCTOBRE.
1737.
2219
se , et des Regles de Poëtique , tirées
d'Aristote ,
d'Horace , de
Despreaux et
d'autres célebres Auteurs , tant anciens
que modernes. Les cinq autres Volumes
de M. Gaullier sont , non des Volumes
de Regles , mais des Auteurs Grecs et.
Latins notés à l'usage des Classes . Tous
douze ont été
approuvés par une , et six
par deux Conclusions de l'Université , en
1716. et en la presente Année 1731. honneur
qui n'avoit été fait à personne avant
lui , que je sçache , et qu'un ou deux seulement
ont reçû après lui .
> Quant aux sept Volumes de Regles
ce n'est qu'un abregé et un choix de ce
que nous avons de plus excellent en ce
genre , je veux dire , des Methodes de
Port -Royal , de la
Grammaire Françoise
de l'Abbé Regnier - Desmarais . Mais com
me M. Gaullier ne regale poine ses Ecoliers
de Regles de Poëtique qui sont audessus
de leur portée , ni de versification
françoise ni de plusieurs autres choses
qu'il leur fait passer dans ses livres , com.
meles
Declinaisons et les
Conjugaisons , les
Préfaces , les
Combinaisons des Verbes ; ces
7. Volumes se réduisent à six , qui tous ensemble
ne font pas plus de cinq cent pages.
Et même M. Gaullier
connoissant un peu
les differents goûts , pour ne pas dire les
Cij
divers
23 20 MERCURE DE FRANCE
divers Caprices des hommes , il a réduit
à une Feuille d'impression de 24. pages
de petit caractere , Le Rudiment et
la Syntaxe 2 Les Préterits et Supins
qui en tiennent plus de 300. in 80. dans
Despautere , et plus de 350. aussi in 8º.
dans Port- Royal 3º plus de 400. pages
de la Methode de Bretonneau ont aussi
été réduites à 26 : et 740 in 4° . de la
Grammaire de M. l'Abbé Regnier - Desmarais
ont été abregés par lui d'abord en
52 pages de Petit-Romain , et puis en 24
de Petit-Texte.
С
Comment le Nouvelliste peut- il donc
se plaindre de la multiplication de mes
Livres de Grammaite et des Regles , et
prophetiser que je regalerai encore mes
Ecoliers d'un grand nombre de Volumes ?
Quand on fait le Métier de Satirique
comme le fait le Nouvelliste , il faudroit
au moins être exempt des fautes qu'on
reprend dans les autres , et ne leur en reprocher
que de vrayes. C'est ici tout le
contraire ; et il me paroît évident que celui
qui de son autorité privée , s'est érigé
depuis six ou sept mois en Juge de tous
les Auteurs , manque lui-même ici de
Jugement.
L'infatigable M. Gaullyer , Professeur
au College du Plessis , a publié, dit- on , une
Methode pour les Humanitez.
La
OCTOBRE. 173. 232F
La Methode que M. Gaullier a publiée ,
n'est point de lui : elle est du celebre M. Le
Fevre de Saumur , Pere de Me Dacier.
Elle n'est que de trois feuilles de Gros
Romain , qui n'en valent pas une de Petit
Texte. Les Notes de M. Gaullier , ne
sont aussi que de trois Feuilles d'un caractere
presque aussi gros . Qui pourra donc
jamais penser qu'un homme qui est accoûtumé
à porter quatre heures et demie
tous les jours le pesant fardeau d'une
Classe , soit nommé infatigable à juste
titre , pour avoir donné au Public six
Feuilles de grosse Impression , dont il y
én a la moitié qui n'est pas de lui ? Mais
quelqu'un ne sera-t'il point tenté de croi
re , que le Nouvelliste , pour bien juger
des Auteurs et de leurs ouvrages , porte
l'exactitude jusqu'à ne pas lire en entier
les titres des Livres , et à passer ce qui y
est écrit en plus petit caractere : et que
c'est là la vraye raison qui paroît lui faire
attribuer à M. Gaullier , un ouvrage qui
est de M. Le Fevre ?
Que si c'est à bon droit qu'on donne le
nom d'Infatigable à M. Gaullier , pour
avoir publié en un an un Livre de six
feuilles , dont il n'y en a que trois de
lui; à combien plus forte raison doit- on le
donner au Nouvelliste , qui , sans se fa-
Ciij tiguer
2322 MERCURE DE FRANCE
"
tiguer , fatiguera tous les ans le Public
de 52. Feuilles d'impression , qui est au
dessous de celle de la Methode de M. Le
Fevre et des Notes de M. Gaullier.
C'est un Grammairién fecond , continuë
le Nouvelliste , qui , suivant toutes les ap
parences , regalera encore ses Ecoliers d'un
bon nombre de Volumes. Il me semble que
le Nouvelliste est à peu près du même
caractere que la Déesse qui préside aux
Nouvelles , je veux dire la Renommée
dont Virgile dit quelque part :
Tamficti pravique tenax quàm nuntia veri;
La difference qui me paroît être entre
elle et lui , c'est que cette Déesse publie
également la verité et la fausseté , et que
notre homme panche plus souvent du
côté de la fausseté et verifie en sa personne
d'une maniere qui lui est propre
ce qui est dit de l'homme en general ,
Omnis homo mendax,
Une autre difference qui ne me paroît
pas moins considerable , c'est que la Ré
nommée rne nous annonce que le passé ,
et que le Nouvelliste se mêle de nous
prédire l'avenir , et s'érige en Prophete
de malheur , ou en diseur de mauvaises
avantures ; car ne peut- on pas donner ce
nom au régal d'un bon nombre de Volu◄
›
mes
OCTOBRE. 1731. 2325
*
mes de Grammaire , qu'il pronostique à
mes Ecoliers ?
Mais encore sur quoi est fondée cette
nouvelle Prophetie ? Et comment peutelle
avoir aucune apparence de verité ?
Si on juge de l'avenir par le passé , comme
la raison le veut , quelle apparence que
moi , qui , depuis 1719. que la cinquiéme
partie des Regles a parue , n'ai regalé
mes Ecoliers que du petit Volume de la
Grammaire Françoise , je les regale dans
la suite d'un bon nombre de Volumes ?
Pour moi , si j'aimois à prophetiser , je
pourrois dire que le Nouvelliste est un
Critique fecond , qui , suivant toutes les
apparences , regalera encore le Public
d'un bon nombre de Lettres. Il l'a promis
; il tient parole ; depuis sept mois ,
il nous a déja servi 29. de ces Lettres :
c'est un gage presque sûr pour l'avenir ;
à moins que le Public ne persevere de plus
en plus à ne pas faire cas du régal qu'on
veut lui donner malgré lui .
Je ne sçai , c'est le Nouvelliste qui parle
, si cette multiplication est nécessaire . Il
me semble que le grand nombre de Regles
accable plus l'Esprit qu'il ne le soulage.
Pour moi je crois sçavoir que la multiplication
des Regles er des Volumes de
Grammaire , non seulement n'est pas
Ciiij néces-
-
2324 MERCURE DE FRANCE
gles ,
1
nécessaire , mais même est très- inutile
et très - préjudiciable. C'est pour cela que
j'ai tant abregé les gros Volumes de Resoit
pour le Latin soit pour le
François ; et que , comme je l'ai déja
prouvé plus haut par les faits , je les ai
réduit d'abord à 100. ou 200. pages, puis
à une feuille de 24. Pages. C'est pour la
même raison que j'ai donné au Public
une nouvelle Edition de la petite Methode
de M. Le Fevre , afin d'empêcher , s'il
est possible , la multiplication des nouveaux
systêmes pour le Latin , dont l'exposition
et les préliminaires sont souvent
beaucoup plus longs et plus ennuyeux que
toutes les Regles , et d'étouffer dans leur
naissance un bon nombre d'insectes de la
basse litterature , qui fourmillent et pul- .
lulent de tous côtés depuis quinze ou
vingt ans et qui achevent de ruiner et
de désoler le Pays de la Grammaire , qui
de sa Nature est si peu riante et si peu
fertille.
Voilà ce que je crois sçavoir , et à quoi
est bonne la nouvelle édition du petit
ouvrage de M. Le Fevre. Ce que je ne sçai
pas , c'est si cette multiplication de Nouvelles
Litteraires est bien nécessaire , et
si elle n'accable et n'assomme pas plutôt
le Public qu'elle ne le soulage . Nous
avons
OCTOBRE 1731. 2325
avons déja tant d'autres ouvrages de cette
espece , qui ont la vogue depuis tant d'années,
sans parler des autres.
Il s'en faut bien que le Nouvelliste du
Parnasse ait toutes les bonnes qualitez et
tous les avantages des autres ouvrages Periodiques
premierement le titre en est
trompeur. C'est un Nouvelliste qui n'apprend
point de Nouvelles ; il ne se borne
point au Parnasse mais il descend du
haut de cette Montagne , dans les Vallées
les plus basses , d'où ensuite il s'écarte à
droite et à gauche et s'égare dans le
pays de la Rethorique et de la Grammaire
, qu'il ne connoît que très- imparfaitement
, et des autres Arts liberaux. Le
titre de Nouvelliste du Parnasse ne lui
convient donc en aucune maniere , à
moins qu'on ne veüille faire entendre parlà
qu'il prétend jouir du Privilege du
Parnasse , c'est - à-dire , de feindre et de
mentir comme les Poëtes qui habitent
cette Montagne .
,
Mais au lieu des Nouvelles.du Parnasse
qu'il nous promet , comme il juge des
autres par lui- même , il croit que des
Censures et des Satyres , même fausses
leur feront plus de plaisir. Il monte donc
sur un Tribunal qu'il s'érige à lui-même ,
et de- là il prononce toûjours avec har-
Cv diesse
L
2326 MERCURE DE FRANCE
diessse , mais souvent sans modération et
sans équité , des Jugemens précipitez et
injustes contre tous ceux qui lui sont
bien superieurs en science et en autorité ;
contre les ROLLINS les GIBERTS
les VOLTAIRES . Il faut donc lui ôter
son nom de Nouvelliste du Parnasse , qui
est faux , comme nous venons de le prouver
, et qui de plus ne donne pas de lui
une bonne idée , puisque Nouvelliste ne
se prend gueres qu'en mauvaise part ; et
lui donner le nom de Censeur general de
la Republique des Lettres.
On peut aussi dire de lui , ce que l'E
criture dit d'Ismaël , Gen. 16. 12. Qu'il
leve la main contre tous , Manus ejus
contra omnes ; et ajoûter que tous leve-
'ront aussi la main contre lui ; Etmanus
omnium contra eum ; à moins que le peu
de cas qu'on paroît faire de lui , ne le
fasse rentrer dans le néant dont il est
sorti depuis quelques mois .
Voilà une partie de ce que j'avois à ré,
pondre , pour deffendre contre le Nouvelliste
Parnassien le peu de réputation
que je me suis acquise depuis 15. ou 20.
ans , qui m'est nécessaire pour continuer
ma Profession avec honneur , et que ce
Critique injuste veut , mais ne doit ni
ne pourra jamais m'ôter.
Censure portée contre lui dans la vingtbuitiéme
Lettre du Nouvelliste du Par
nasse.
E grand Critique qui enfante toutes
les semaines une feuille d'impression
in-douze , de caractere moyen , a jugé à
propos de parler ainsi de la methode de
M. Lefevre que j'ai fait réimprimer
avec des Notes : L'infatigable M. Gaullyer
, dit-il , Professeur au College du Plessis
apublié nne Methode pour l'étude des
humanitez. C'est un Grammairien fecond ;
qui , suivant toutes les apparences , regalera
encore ses Ecoliers d'un bon nombre de Volumes.
Je ne sçai si cette multiplication est
nécessaire. Il me semble que le grand nombre
de Regles accable plus l'Esprit qu'il ne le
soulage.
-
M. Gaullier n'est pas si infatigable
ny si fecond en Grammaires que le Nouvelliste
l'est en Nouvelles , ou plutôt er
Censure et en Satyre . Depuis 1716 , que
parut sa premiere Methode , il n'a fait im
primer que cinq petites parties des Regle ÷
pour la Langue Latine et la Françoise
avec un Abregé de la Grammaire Françoi
se
OCTOBRE.
1737.
2219
se , et des Regles de Poëtique , tirées
d'Aristote ,
d'Horace , de
Despreaux et
d'autres célebres Auteurs , tant anciens
que modernes. Les cinq autres Volumes
de M. Gaullier sont , non des Volumes
de Regles , mais des Auteurs Grecs et.
Latins notés à l'usage des Classes . Tous
douze ont été
approuvés par une , et six
par deux Conclusions de l'Université , en
1716. et en la presente Année 1731. honneur
qui n'avoit été fait à personne avant
lui , que je sçache , et qu'un ou deux seulement
ont reçû après lui .
> Quant aux sept Volumes de Regles
ce n'est qu'un abregé et un choix de ce
que nous avons de plus excellent en ce
genre , je veux dire , des Methodes de
Port -Royal , de la
Grammaire Françoise
de l'Abbé Regnier - Desmarais . Mais com
me M. Gaullier ne regale poine ses Ecoliers
de Regles de Poëtique qui sont audessus
de leur portée , ni de versification
françoise ni de plusieurs autres choses
qu'il leur fait passer dans ses livres , com.
meles
Declinaisons et les
Conjugaisons , les
Préfaces , les
Combinaisons des Verbes ; ces
7. Volumes se réduisent à six , qui tous ensemble
ne font pas plus de cinq cent pages.
Et même M. Gaullier
connoissant un peu
les differents goûts , pour ne pas dire les
Cij
divers
23 20 MERCURE DE FRANCE
divers Caprices des hommes , il a réduit
à une Feuille d'impression de 24. pages
de petit caractere , Le Rudiment et
la Syntaxe 2 Les Préterits et Supins
qui en tiennent plus de 300. in 80. dans
Despautere , et plus de 350. aussi in 8º.
dans Port- Royal 3º plus de 400. pages
de la Methode de Bretonneau ont aussi
été réduites à 26 : et 740 in 4° . de la
Grammaire de M. l'Abbé Regnier - Desmarais
ont été abregés par lui d'abord en
52 pages de Petit-Romain , et puis en 24
de Petit-Texte.
С
Comment le Nouvelliste peut- il donc
se plaindre de la multiplication de mes
Livres de Grammaite et des Regles , et
prophetiser que je regalerai encore mes
Ecoliers d'un grand nombre de Volumes ?
Quand on fait le Métier de Satirique
comme le fait le Nouvelliste , il faudroit
au moins être exempt des fautes qu'on
reprend dans les autres , et ne leur en reprocher
que de vrayes. C'est ici tout le
contraire ; et il me paroît évident que celui
qui de son autorité privée , s'est érigé
depuis six ou sept mois en Juge de tous
les Auteurs , manque lui-même ici de
Jugement.
L'infatigable M. Gaullyer , Professeur
au College du Plessis , a publié, dit- on , une
Methode pour les Humanitez.
La
OCTOBRE. 173. 232F
La Methode que M. Gaullier a publiée ,
n'est point de lui : elle est du celebre M. Le
Fevre de Saumur , Pere de Me Dacier.
Elle n'est que de trois feuilles de Gros
Romain , qui n'en valent pas une de Petit
Texte. Les Notes de M. Gaullier , ne
sont aussi que de trois Feuilles d'un caractere
presque aussi gros . Qui pourra donc
jamais penser qu'un homme qui est accoûtumé
à porter quatre heures et demie
tous les jours le pesant fardeau d'une
Classe , soit nommé infatigable à juste
titre , pour avoir donné au Public six
Feuilles de grosse Impression , dont il y
én a la moitié qui n'est pas de lui ? Mais
quelqu'un ne sera-t'il point tenté de croi
re , que le Nouvelliste , pour bien juger
des Auteurs et de leurs ouvrages , porte
l'exactitude jusqu'à ne pas lire en entier
les titres des Livres , et à passer ce qui y
est écrit en plus petit caractere : et que
c'est là la vraye raison qui paroît lui faire
attribuer à M. Gaullier , un ouvrage qui
est de M. Le Fevre ?
Que si c'est à bon droit qu'on donne le
nom d'Infatigable à M. Gaullier , pour
avoir publié en un an un Livre de six
feuilles , dont il n'y en a que trois de
lui; à combien plus forte raison doit- on le
donner au Nouvelliste , qui , sans se fa-
Ciij tiguer
2322 MERCURE DE FRANCE
"
tiguer , fatiguera tous les ans le Public
de 52. Feuilles d'impression , qui est au
dessous de celle de la Methode de M. Le
Fevre et des Notes de M. Gaullier.
C'est un Grammairién fecond , continuë
le Nouvelliste , qui , suivant toutes les ap
parences , regalera encore ses Ecoliers d'un
bon nombre de Volumes. Il me semble que
le Nouvelliste est à peu près du même
caractere que la Déesse qui préside aux
Nouvelles , je veux dire la Renommée
dont Virgile dit quelque part :
Tamficti pravique tenax quàm nuntia veri;
La difference qui me paroît être entre
elle et lui , c'est que cette Déesse publie
également la verité et la fausseté , et que
notre homme panche plus souvent du
côté de la fausseté et verifie en sa personne
d'une maniere qui lui est propre
ce qui est dit de l'homme en general ,
Omnis homo mendax,
Une autre difference qui ne me paroît
pas moins considerable , c'est que la Ré
nommée rne nous annonce que le passé ,
et que le Nouvelliste se mêle de nous
prédire l'avenir , et s'érige en Prophete
de malheur , ou en diseur de mauvaises
avantures ; car ne peut- on pas donner ce
nom au régal d'un bon nombre de Volu◄
›
mes
OCTOBRE. 1731. 2325
*
mes de Grammaire , qu'il pronostique à
mes Ecoliers ?
Mais encore sur quoi est fondée cette
nouvelle Prophetie ? Et comment peutelle
avoir aucune apparence de verité ?
Si on juge de l'avenir par le passé , comme
la raison le veut , quelle apparence que
moi , qui , depuis 1719. que la cinquiéme
partie des Regles a parue , n'ai regalé
mes Ecoliers que du petit Volume de la
Grammaire Françoise , je les regale dans
la suite d'un bon nombre de Volumes ?
Pour moi , si j'aimois à prophetiser , je
pourrois dire que le Nouvelliste est un
Critique fecond , qui , suivant toutes les
apparences , regalera encore le Public
d'un bon nombre de Lettres. Il l'a promis
; il tient parole ; depuis sept mois ,
il nous a déja servi 29. de ces Lettres :
c'est un gage presque sûr pour l'avenir ;
à moins que le Public ne persevere de plus
en plus à ne pas faire cas du régal qu'on
veut lui donner malgré lui .
Je ne sçai , c'est le Nouvelliste qui parle
, si cette multiplication est nécessaire . Il
me semble que le grand nombre de Regles
accable plus l'Esprit qu'il ne le soulage.
Pour moi je crois sçavoir que la multiplication
des Regles er des Volumes de
Grammaire , non seulement n'est pas
Ciiij néces-
-
2324 MERCURE DE FRANCE
gles ,
1
nécessaire , mais même est très- inutile
et très - préjudiciable. C'est pour cela que
j'ai tant abregé les gros Volumes de Resoit
pour le Latin soit pour le
François ; et que , comme je l'ai déja
prouvé plus haut par les faits , je les ai
réduit d'abord à 100. ou 200. pages, puis
à une feuille de 24. Pages. C'est pour la
même raison que j'ai donné au Public
une nouvelle Edition de la petite Methode
de M. Le Fevre , afin d'empêcher , s'il
est possible , la multiplication des nouveaux
systêmes pour le Latin , dont l'exposition
et les préliminaires sont souvent
beaucoup plus longs et plus ennuyeux que
toutes les Regles , et d'étouffer dans leur
naissance un bon nombre d'insectes de la
basse litterature , qui fourmillent et pul- .
lulent de tous côtés depuis quinze ou
vingt ans et qui achevent de ruiner et
de désoler le Pays de la Grammaire , qui
de sa Nature est si peu riante et si peu
fertille.
Voilà ce que je crois sçavoir , et à quoi
est bonne la nouvelle édition du petit
ouvrage de M. Le Fevre. Ce que je ne sçai
pas , c'est si cette multiplication de Nouvelles
Litteraires est bien nécessaire , et
si elle n'accable et n'assomme pas plutôt
le Public qu'elle ne le soulage . Nous
avons
OCTOBRE 1731. 2325
avons déja tant d'autres ouvrages de cette
espece , qui ont la vogue depuis tant d'années,
sans parler des autres.
Il s'en faut bien que le Nouvelliste du
Parnasse ait toutes les bonnes qualitez et
tous les avantages des autres ouvrages Periodiques
premierement le titre en est
trompeur. C'est un Nouvelliste qui n'apprend
point de Nouvelles ; il ne se borne
point au Parnasse mais il descend du
haut de cette Montagne , dans les Vallées
les plus basses , d'où ensuite il s'écarte à
droite et à gauche et s'égare dans le
pays de la Rethorique et de la Grammaire
, qu'il ne connoît que très- imparfaitement
, et des autres Arts liberaux. Le
titre de Nouvelliste du Parnasse ne lui
convient donc en aucune maniere , à
moins qu'on ne veüille faire entendre parlà
qu'il prétend jouir du Privilege du
Parnasse , c'est - à-dire , de feindre et de
mentir comme les Poëtes qui habitent
cette Montagne .
,
Mais au lieu des Nouvelles.du Parnasse
qu'il nous promet , comme il juge des
autres par lui- même , il croit que des
Censures et des Satyres , même fausses
leur feront plus de plaisir. Il monte donc
sur un Tribunal qu'il s'érige à lui-même ,
et de- là il prononce toûjours avec har-
Cv diesse
L
2326 MERCURE DE FRANCE
diessse , mais souvent sans modération et
sans équité , des Jugemens précipitez et
injustes contre tous ceux qui lui sont
bien superieurs en science et en autorité ;
contre les ROLLINS les GIBERTS
les VOLTAIRES . Il faut donc lui ôter
son nom de Nouvelliste du Parnasse , qui
est faux , comme nous venons de le prouver
, et qui de plus ne donne pas de lui
une bonne idée , puisque Nouvelliste ne
se prend gueres qu'en mauvaise part ; et
lui donner le nom de Censeur general de
la Republique des Lettres.
On peut aussi dire de lui , ce que l'E
criture dit d'Ismaël , Gen. 16. 12. Qu'il
leve la main contre tous , Manus ejus
contra omnes ; et ajoûter que tous leve-
'ront aussi la main contre lui ; Etmanus
omnium contra eum ; à moins que le peu
de cas qu'on paroît faire de lui , ne le
fasse rentrer dans le néant dont il est
sorti depuis quelques mois .
Voilà une partie de ce que j'avois à ré,
pondre , pour deffendre contre le Nouvelliste
Parnassien le peu de réputation
que je me suis acquise depuis 15. ou 20.
ans , qui m'est nécessaire pour continuer
ma Profession avec honneur , et que ce
Critique injuste veut , mais ne doit ni
ne pourra jamais m'ôter.
Fermer
Résumé : REMARQUES de M. Gaullier, sur la Censure portée contre lui dans la vingt-huitiéme Lettre du Nouvelliste du Parnasse.
M. Gaullier, professeur au Collège du Plessis, réagit à une critique parue dans le Nouvelliste du Parnasse concernant sa méthode d'enseignement des humanités. Le critique, surnommé le 'grand Critique', reproche à M. Gaullier de publier trop de volumes de grammaire. M. Gaullier réfute cette accusation en détaillant ses publications depuis 1716. Il a publié cinq parties de règles pour le latin et le français, un abrégé de grammaire française et des règles de poétique. En outre, il a édité des auteurs grecs et latins annotés. Tous ses ouvrages ont été approuvés par l'Université. M. Gaullier précise que ses sept volumes de règles sont des abrégés des meilleures méthodes existantes, réduisant des œuvres volumineuses à des formats plus accessibles. Il critique le Nouvelliste pour ses erreurs et son manque de jugement, notant que ce dernier publie des nouvelles et des satires sans fondement. M. Gaullier défend son travail en expliquant que ses publications visent à simplifier et à rendre les règles grammaticales plus accessibles, contrairement aux affirmations du Nouvelliste. Il conclut en critiquant le titre trompeur et les jugements hâtifs du Nouvelliste, suggérant de le renommer 'Censeur général de la République des Lettres'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
631
p. 2327-2328
STANCES, Sur les Enigmes et les Logogryphes.
Début :
Auteurs malins, qui chaque mois [...]
Mots clefs :
Auteurs malins, Énigmes et logogriphes, Apollon, Lyre, Inutiles rimes, Amours
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : STANCES, Sur les Enigmes et les Logogryphes.
STANCES,
Surles Enigmes et les Logogryphes.
AUUteurs malins , qui chaque mois
Mettez mon Esprit à la gêne ,
Et me faites mordre les doigts
Je sens qu'il faut à cette fois
Que, pour coup d'essai de ma Veire,
Contre vous elle se déchaine.
Sans doute un funeste Demon
Sous la figure d'Apollon
De ce misterieux ouvrage
Donna la premiere leçon..
Qui de fruits ou de fleurs ne porte l'avantage
Est banni du sacré Vallon.
Du Maître de la Lyre oubliant les maximes
A forger d'inutiles rimes
Vous perdez vos rares talens :
Du Dieu des sçavantes Çimes
Vous vous rendez par Vos crimes
Indignes d'être les Enfans.
Cvj Que
2328 MERCURE DE FRANCE
Que cette nouvelle manie
Puisse à jamais être bannie
De l'Empire du Dieu des Vers :
Les chants de la Poësie
Ne doivent frapper les airs
Que pour avec plaisir instruire l'Univers,
Par une vive et noble Image
De la félicité du sage
Elle doit charmer les Mortels :
Voilà son véritable usage ,
Voilà le véritable hommage
Que d'Apollon demandent les Autels.
Celebrés quelquefois les beautez de Sylvie ;
D'une saine Philosophie
Empruntant l'utile secours
Poëtes , montrez -nous le bonheur de la vie
Montrez- nous la douce harmonie
De la raison et des amours.
Pouget , Avocat à Montpellier.
Surles Enigmes et les Logogryphes.
AUUteurs malins , qui chaque mois
Mettez mon Esprit à la gêne ,
Et me faites mordre les doigts
Je sens qu'il faut à cette fois
Que, pour coup d'essai de ma Veire,
Contre vous elle se déchaine.
Sans doute un funeste Demon
Sous la figure d'Apollon
De ce misterieux ouvrage
Donna la premiere leçon..
Qui de fruits ou de fleurs ne porte l'avantage
Est banni du sacré Vallon.
Du Maître de la Lyre oubliant les maximes
A forger d'inutiles rimes
Vous perdez vos rares talens :
Du Dieu des sçavantes Çimes
Vous vous rendez par Vos crimes
Indignes d'être les Enfans.
Cvj Que
2328 MERCURE DE FRANCE
Que cette nouvelle manie
Puisse à jamais être bannie
De l'Empire du Dieu des Vers :
Les chants de la Poësie
Ne doivent frapper les airs
Que pour avec plaisir instruire l'Univers,
Par une vive et noble Image
De la félicité du sage
Elle doit charmer les Mortels :
Voilà son véritable usage ,
Voilà le véritable hommage
Que d'Apollon demandent les Autels.
Celebrés quelquefois les beautez de Sylvie ;
D'une saine Philosophie
Empruntant l'utile secours
Poëtes , montrez -nous le bonheur de la vie
Montrez- nous la douce harmonie
De la raison et des amours.
Pouget , Avocat à Montpellier.
Fermer
Résumé : STANCES, Sur les Enigmes et les Logogryphes.
Le poème 'Stances' critique les auteurs de logogryphes et d'énigmes, que l'auteur qualifie d''auteurs malins' le mettant à l'épreuve chaque mois. Il décide de réagir en utilisant sa 'veine' poétique contre eux. Il accuse un 'funeste Demon' de les avoir initiés à ces œuvres mystérieuses et inutiles, les comparant à des fruits ou des fleurs sans avantage. Il les blâme de négliger les enseignements d'Apollon et de gaspiller leurs talents en créant des rimes inutiles, les rendant indignes d'être les enfants du dieu des savoirs. L'auteur souhaite que cette 'nouvelle manie' soit bannie de l'empire du dieu des vers. Il affirme que la poésie doit instruire l'univers avec plaisir et montrer la félicité du sage. Elle doit charmer les mortels et rendre hommage à Apollon. Il encourage les poètes à célébrer les beautés de Sylvie et à montrer le bonheur de la vie à travers une saine philosophie, en harmonisant la raison et les amours. L'auteur se présente comme Pouget, avocat à Montpellier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
632
p. 2354-2358
REPONSE à une Lettre de M. de Fontenelle.
Début :
Plusieurs Personnes d'esprit de l'un et de l'autre Sexe, rassemblés cet [...]
Mots clefs :
Ouvrages de goût, Critique, Merveilles, Esprit, Éloge, Peintre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE à une Lettre de M. de Fontenelle.
Pet de l'autre sexe , rassemblés cet
Eté à la Campagne , employoient d'ordinaire
deux ou trois heures par jour à lire
en commun quelques ouvrages de goût et
d'agrément. Cette occupation si agréable
d'elle- même , le devenoit de plus en plus
par l'utilité que chacun en retiroit . Les
lectures étoient suivies de l'examen de ce
qu'on avoit lû. On tâchoit de rendre raison
de son dégoût et de son plaisir , d'éclairer
le sentiment. La Critique étoit
toûjours accompagnée de cette modetation
, qui n'est pas moins l'effet de la superiorité
de l'esprit , que de la douceur
du caractere .
*
En lisant dans les oeuvres de M. de Fontenelle
la Lettre à une Demoiselle de Suede
de .... quelqu'un de la Compagnie
proposa d'y faire une réponse au nom de
la Demoiselle. Les plus habiles
c'est l'ordinaire , fûrent les plus modes→
›
comme
(* ) Cette Lettrt se tronve parmi les Poësies
diverses de M. de Fontenelle ; et a pour titre
Lettre à une Demoiselle de Suede , dont j'avois
vu un très - agreable Portrait chez M. l'Envoyé
de Suede , qui de plus m'en avoit dit des mer
veilless
- tes ,
OCTOBRE 1731. 2355
re ,
tes , et réfuserent absolument . Moins capable
que tous les autres , et aussi modessi
on peut appeller modestie la connoissance
ou son incapacité , je travaillay
par obéïssance , et fis la réponse qu'on va
fire. Je n'avertiray point les lecteurs , qu'il
seroit peut- être à propos , pour le mieux
entendre , de lire auparavant la Lettre
de M. de Fontenelle , je ne veux point
être lûaprès lui.
REPONSE à une Lettre de
M. de Fontenelle .
O
N vous a trompé , Monsieur. Je ne
suis point , et je me crois obligée
de vous en avertir au plutôt , de peur
que tendre comme vous êtes , vous n'alliez
vous enflammer pour une idée sans
réalité. Cet amour ne pourroit manquer
de vous faire beaucoup de peine ; car je
ne vous crois pas accoutumé à aimer sans
retour ; et il n'auroit rien de flatteur pour
moy , puisque ce ne seroit pas moy que
vous aimeriez . Mon Portrait , dites vous,
represente le plus charmant visage du
monde ; on vous a dit des merveilles de
mon esprit. Ne vous y fiez pas , Monsicur
; Portrait , Eloge , tout est infidele ;
rien ne ressemble , rien n'est dans le vrai.
Mais c'est de M. l'Envoyé de Suede que
Vous
2356 MERCURE DE FRANCE
>
vous et moi devons nous plaindre davantage
; le Panegyriste a de beaucoup encheri
sur le Peintre . Dans le dessein malicieux
de vous donner de l'amour , il'a
bien vû qu'ayant affaire au plus ingénieux
Auteur de la plus ingénieuse Nation , il
falloit me relever, sur tout , du côté de l'esprit
. Mais pourquoi donc vous montroitit
de mes Vers ? Car il est vrai que j'en
ai fait quelques-uns en vôtre Langue.
N'étoit- ce pas le moyen de détruire en
un moment tout ce qu'il vous auroit dit
en ma faveur et de passer auprès de
vous pour mauvais connoisseur en Poësie ,
pendant qu'il y réussit fort bien lui- même
? Non ,Monsieur , vous n'avez point
vû de mes Vers ; je devine que pour pousser
la tromperie jusqu'au bout , M. T'Envoyé
de Suede m'aura fait honneur des
siens ; et c'étoit en effet le meilleur moyen
de vous tromper : Revenez de vôtre er--
reur je vous en conjure ; j'y perdrois
trop lorsque vous me verriez , car je vous
apprends que je vais incessamment à Paris ,
et que je veux vous y voir ; je sacrifie
volontiers les interêts de ma vanité , au
plaisir de connoître et d'entretenir un
homme dont les ouvrages m'ont donné
une si haute idée. J'y ai trouvé le Philosophe
, le bel Esprit , et l'Homme sensi-
,
ble.
OCTOBRE . 1731. 2317
ble. Quel mérite que celui qui résulte de
ces trois qualitez réunies ? Un Auteur n'at-
il pas rempli tous nos besoins , lorsqu'il
a sçû nous instruire , nous amuser , nous
toucher ? Mais ce que j'admire le plus en
vous , Monsieur , et ce qu'il me convient
plus aussi d'y admirer ; c'est la finesse et
la verité des sentimens répandus dans vos
aimables Poësies . On voit bien qu'elles
'sont l'ouvrage d'un Philosophe qui a aimé
et qui a reflechi sur son coeur , qui sent
ce qu'il exprime , et qui connoît ce qu'il
sent. Sur tout cela , Monsieur , vous êtes
pour moi l'Auteur François par excellence.
Vous possedez dans le degré le plus
éminent , ce qui caractérise votre Nation ,
et la distingue de toutes les autres . Plusieurs
de vos meilleurs Ecrivains me semblent
, si j'ose le dire , tros Grecs et trop
Romains ; ils ne sont pas assez de leur
temps et de leur Pays. Cette conformité
avec les anciens a jusqu'à present beaucoup
aidé à leur réputation ; mais je ne
sçai si elle n'y nuira point dans la suite.
Pour vous , Monsieur , je le repete , vous
êtes l'Ecrivain de la Nation Françoise ;
c'estvous qu'elle doit presenter aux Etrangers,
curieux d'étudier le Genie François
ils le trouveront dans vos ouvrages dans
toute sa perfection .
Mais
2358 MERCURE DE FRANCE
3
Mais je ne m'apperçois pas qu'il y a
bien de la présomption à m'étendre ainsi
sur vos louanges. Je suis Femme , je suis
Suedoise , et je fais ici la Sçavante et le '
bel esprit. Vos Dames Françoises , si exactes
à observer les bien -séances , ne trouveroient
- elles point que j'y ai manqué ?
Ne les en faites pas juger , je vous en prie ;
gardez moi exactement le secret que vous
m'avez promis. J'ai même envie , pour
vous y engager plus sûrement , d'y inte
resser votre délicatesse , en vous assurant
que je ne prends point votre Lettre pour
une simple galanterie , que je suis persuadée
que vous m'aimez veritablement ,
que j'en ressens un plaisir ou la vanité n'a
aucune part.
et
Cette petite Piece est de l'Auteur des Refle
xions sur la Politesse , inserées dans le second
Volume du Mercure de Juin.
Eté à la Campagne , employoient d'ordinaire
deux ou trois heures par jour à lire
en commun quelques ouvrages de goût et
d'agrément. Cette occupation si agréable
d'elle- même , le devenoit de plus en plus
par l'utilité que chacun en retiroit . Les
lectures étoient suivies de l'examen de ce
qu'on avoit lû. On tâchoit de rendre raison
de son dégoût et de son plaisir , d'éclairer
le sentiment. La Critique étoit
toûjours accompagnée de cette modetation
, qui n'est pas moins l'effet de la superiorité
de l'esprit , que de la douceur
du caractere .
*
En lisant dans les oeuvres de M. de Fontenelle
la Lettre à une Demoiselle de Suede
de .... quelqu'un de la Compagnie
proposa d'y faire une réponse au nom de
la Demoiselle. Les plus habiles
c'est l'ordinaire , fûrent les plus modes→
›
comme
(* ) Cette Lettrt se tronve parmi les Poësies
diverses de M. de Fontenelle ; et a pour titre
Lettre à une Demoiselle de Suede , dont j'avois
vu un très - agreable Portrait chez M. l'Envoyé
de Suede , qui de plus m'en avoit dit des mer
veilless
- tes ,
OCTOBRE 1731. 2355
re ,
tes , et réfuserent absolument . Moins capable
que tous les autres , et aussi modessi
on peut appeller modestie la connoissance
ou son incapacité , je travaillay
par obéïssance , et fis la réponse qu'on va
fire. Je n'avertiray point les lecteurs , qu'il
seroit peut- être à propos , pour le mieux
entendre , de lire auparavant la Lettre
de M. de Fontenelle , je ne veux point
être lûaprès lui.
REPONSE à une Lettre de
M. de Fontenelle .
O
N vous a trompé , Monsieur. Je ne
suis point , et je me crois obligée
de vous en avertir au plutôt , de peur
que tendre comme vous êtes , vous n'alliez
vous enflammer pour une idée sans
réalité. Cet amour ne pourroit manquer
de vous faire beaucoup de peine ; car je
ne vous crois pas accoutumé à aimer sans
retour ; et il n'auroit rien de flatteur pour
moy , puisque ce ne seroit pas moy que
vous aimeriez . Mon Portrait , dites vous,
represente le plus charmant visage du
monde ; on vous a dit des merveilles de
mon esprit. Ne vous y fiez pas , Monsicur
; Portrait , Eloge , tout est infidele ;
rien ne ressemble , rien n'est dans le vrai.
Mais c'est de M. l'Envoyé de Suede que
Vous
2356 MERCURE DE FRANCE
>
vous et moi devons nous plaindre davantage
; le Panegyriste a de beaucoup encheri
sur le Peintre . Dans le dessein malicieux
de vous donner de l'amour , il'a
bien vû qu'ayant affaire au plus ingénieux
Auteur de la plus ingénieuse Nation , il
falloit me relever, sur tout , du côté de l'esprit
. Mais pourquoi donc vous montroitit
de mes Vers ? Car il est vrai que j'en
ai fait quelques-uns en vôtre Langue.
N'étoit- ce pas le moyen de détruire en
un moment tout ce qu'il vous auroit dit
en ma faveur et de passer auprès de
vous pour mauvais connoisseur en Poësie ,
pendant qu'il y réussit fort bien lui- même
? Non ,Monsieur , vous n'avez point
vû de mes Vers ; je devine que pour pousser
la tromperie jusqu'au bout , M. T'Envoyé
de Suede m'aura fait honneur des
siens ; et c'étoit en effet le meilleur moyen
de vous tromper : Revenez de vôtre er--
reur je vous en conjure ; j'y perdrois
trop lorsque vous me verriez , car je vous
apprends que je vais incessamment à Paris ,
et que je veux vous y voir ; je sacrifie
volontiers les interêts de ma vanité , au
plaisir de connoître et d'entretenir un
homme dont les ouvrages m'ont donné
une si haute idée. J'y ai trouvé le Philosophe
, le bel Esprit , et l'Homme sensi-
,
ble.
OCTOBRE . 1731. 2317
ble. Quel mérite que celui qui résulte de
ces trois qualitez réunies ? Un Auteur n'at-
il pas rempli tous nos besoins , lorsqu'il
a sçû nous instruire , nous amuser , nous
toucher ? Mais ce que j'admire le plus en
vous , Monsieur , et ce qu'il me convient
plus aussi d'y admirer ; c'est la finesse et
la verité des sentimens répandus dans vos
aimables Poësies . On voit bien qu'elles
'sont l'ouvrage d'un Philosophe qui a aimé
et qui a reflechi sur son coeur , qui sent
ce qu'il exprime , et qui connoît ce qu'il
sent. Sur tout cela , Monsieur , vous êtes
pour moi l'Auteur François par excellence.
Vous possedez dans le degré le plus
éminent , ce qui caractérise votre Nation ,
et la distingue de toutes les autres . Plusieurs
de vos meilleurs Ecrivains me semblent
, si j'ose le dire , tros Grecs et trop
Romains ; ils ne sont pas assez de leur
temps et de leur Pays. Cette conformité
avec les anciens a jusqu'à present beaucoup
aidé à leur réputation ; mais je ne
sçai si elle n'y nuira point dans la suite.
Pour vous , Monsieur , je le repete , vous
êtes l'Ecrivain de la Nation Françoise ;
c'estvous qu'elle doit presenter aux Etrangers,
curieux d'étudier le Genie François
ils le trouveront dans vos ouvrages dans
toute sa perfection .
Mais
2358 MERCURE DE FRANCE
3
Mais je ne m'apperçois pas qu'il y a
bien de la présomption à m'étendre ainsi
sur vos louanges. Je suis Femme , je suis
Suedoise , et je fais ici la Sçavante et le '
bel esprit. Vos Dames Françoises , si exactes
à observer les bien -séances , ne trouveroient
- elles point que j'y ai manqué ?
Ne les en faites pas juger , je vous en prie ;
gardez moi exactement le secret que vous
m'avez promis. J'ai même envie , pour
vous y engager plus sûrement , d'y inte
resser votre délicatesse , en vous assurant
que je ne prends point votre Lettre pour
une simple galanterie , que je suis persuadée
que vous m'aimez veritablement ,
que j'en ressens un plaisir ou la vanité n'a
aucune part.
et
Cette petite Piece est de l'Auteur des Refle
xions sur la Politesse , inserées dans le second
Volume du Mercure de Juin.
Fermer
Résumé : REPONSE à une Lettre de M. de Fontenelle.
Un groupe de jeunes gens, réunis à la campagne, passait quotidiennement quelques heures à lire collectivement des ouvrages de goût et d'agrément. Ces séances de lecture étaient suivies de discussions où chacun partageait ses impressions et critiques avec modération. Lors de la lecture de la 'Lettre à une Demoiselle de Suède' de Fontenelle, un participant proposa de rédiger une réponse au nom de la demoiselle. Malgré les refus des plus habiles, l'auteur, se considérant le moins capable, accepta par obéissance et écrivit la réponse. Dans cette réponse, l'auteur informe Fontenelle qu'elle n'est pas la personne décrite dans le portrait et les éloges. Elle accuse l'envoyé de Suède d'avoir exagéré ses qualités, notamment en matière d'esprit et de poésie. Elle exprime son désir de rencontrer Fontenelle à Paris pour le connaître davantage, admirant ses œuvres pour leur philosophie, leur esprit et leur sensibilité. Elle le considère comme l'écrivain français par excellence, incarnant parfaitement le génie de la nation française. L'auteur conclut en avouant sa présomption à s'étendre ainsi sur les louanges de Fontenelle et demande à garder le secret sur cette lettre, assurant qu'elle prend sa lettre au sérieux et non comme une simple galanterie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
633
p. 2359-2361
A MLLE CAMARGO, Danseuse de l'Opera. EPITRE ; Au sujet d'une Piece Comique, où l'on a prétendu critiquer ses talens.
Début :
Eh ! quoi, la critique t'outrage, [...]
Mots clefs :
Opéra, Danseuse, Critique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MLLE CAMARGO, Danseuse de l'Opera. EPITRE ; Au sujet d'une Piece Comique, où l'on a prétendu critiquer ses talens.
A MILE CAMARGO,
Danseuse de l'Opera.
E PIT RE ;
Au sujet d'une Piece Comique , où l'on a
prétendu critiquer ses talens.
EH ! quoi , la critique t'outrage „
Et s'efforce de t'abaiffer !
Pour confondre son vain langage,
CAMARGO , tu n'as qu'à danser.
La voix de l'injuste censure ,
Se perd dans ces heureux instans
Et cent suffrages éclatans ,
Etouffent son foible murmare.
Ton triomphe est certain ; crois-moi ,
Regarde voler sans effroi ,
Le trait malin et satirique ,
Il tetombe sur le Caustique,
Qui l'ose lancer contre toi.
Je veux publier ta victoire ,
Ne craint pas qu'en vengeant ta gloire ,
De PREVOST , j'aille bassement ,
Insulter l'illustre memoire ,
Et chicaner sans jugement ,
SALE
2360 MERCURE DE FRANCE
SALLE' , de qui la Renommée ,
Nous apprend qu'Albion charmée ,
Prise comme nous l'agrément.
Non , je ne suivrai point la piste
De maint outré Panégiriste ,
Du bon sens ennemi mortel ,
Qui préferant son goût aux nôtres ;
N'encense jamais qu'un Autel ,
Et veur renverser tous les autres.
Mais songeons à te celebrer ;
Est- ce un ouvrage a differer ?
Que tes attitudes brillantes ,
(Peintures vives et parlantes )
Forment des Tableaux excellens !
On ne connoissoit pas encore
Tous les charmes de Terpsicore ;
Quand on ignoroit tes talens.
Tu n'est que trop sure de plaire
Eh ! comment ne plairois - tu pas ?
Ta jambe seule a plus d'appas ,
Que n'en rassemble tout Cithere ;
Sur la Scene qu'elle est legere !
Que les mouvemens en sont fins !
Tel Zephire dans les Jardins ,
En cherchant les faveurs de Flore ,
Voltige au lever de l'Aurore ,
Sur les Roses et les Jasmins :
Les yeux éblouis sur tes traces
N'em
OCTOBRE . 1731. 2361
N'en suivent qu'à peine le cours ;
Tes pas enviez par les Graces ,
Sont applaudis par les Amours.
En lisant ces deux Vers , peut être ,
D'abord on me reprochera ,
Que dans un moderne Opǝra ,
Je les ai pillés ... j'en suis maître ;
Mon titre est que rien galamment ,
Sur la danse ne s'est pû dire ,
Qui ne te soit dû justement.
Lorsqu'au Théatre où l'on t'admire ,
Apollon vantoit sur sa Lyre ,
Terpsicore et son Art charmant ,
Dans les deux Vers que je répete ,
Il ne parloit pas en Poëte ,
Inspiré par son vertigo ,
Mais en illuminé Prophete ,
Al chantoit la Danse parfaite ;
C'étoit prédire CAMARGO ,
* Ces deux Vers sont du Prologue des Fêtes
Grecques et Romaines ; ils étoient chantez par
Apollon à l'honneur de Terpsicore.
Danseuse de l'Opera.
E PIT RE ;
Au sujet d'une Piece Comique , où l'on a
prétendu critiquer ses talens.
EH ! quoi , la critique t'outrage „
Et s'efforce de t'abaiffer !
Pour confondre son vain langage,
CAMARGO , tu n'as qu'à danser.
La voix de l'injuste censure ,
Se perd dans ces heureux instans
Et cent suffrages éclatans ,
Etouffent son foible murmare.
Ton triomphe est certain ; crois-moi ,
Regarde voler sans effroi ,
Le trait malin et satirique ,
Il tetombe sur le Caustique,
Qui l'ose lancer contre toi.
Je veux publier ta victoire ,
Ne craint pas qu'en vengeant ta gloire ,
De PREVOST , j'aille bassement ,
Insulter l'illustre memoire ,
Et chicaner sans jugement ,
SALE
2360 MERCURE DE FRANCE
SALLE' , de qui la Renommée ,
Nous apprend qu'Albion charmée ,
Prise comme nous l'agrément.
Non , je ne suivrai point la piste
De maint outré Panégiriste ,
Du bon sens ennemi mortel ,
Qui préferant son goût aux nôtres ;
N'encense jamais qu'un Autel ,
Et veur renverser tous les autres.
Mais songeons à te celebrer ;
Est- ce un ouvrage a differer ?
Que tes attitudes brillantes ,
(Peintures vives et parlantes )
Forment des Tableaux excellens !
On ne connoissoit pas encore
Tous les charmes de Terpsicore ;
Quand on ignoroit tes talens.
Tu n'est que trop sure de plaire
Eh ! comment ne plairois - tu pas ?
Ta jambe seule a plus d'appas ,
Que n'en rassemble tout Cithere ;
Sur la Scene qu'elle est legere !
Que les mouvemens en sont fins !
Tel Zephire dans les Jardins ,
En cherchant les faveurs de Flore ,
Voltige au lever de l'Aurore ,
Sur les Roses et les Jasmins :
Les yeux éblouis sur tes traces
N'em
OCTOBRE . 1731. 2361
N'en suivent qu'à peine le cours ;
Tes pas enviez par les Graces ,
Sont applaudis par les Amours.
En lisant ces deux Vers , peut être ,
D'abord on me reprochera ,
Que dans un moderne Opǝra ,
Je les ai pillés ... j'en suis maître ;
Mon titre est que rien galamment ,
Sur la danse ne s'est pû dire ,
Qui ne te soit dû justement.
Lorsqu'au Théatre où l'on t'admire ,
Apollon vantoit sur sa Lyre ,
Terpsicore et son Art charmant ,
Dans les deux Vers que je répete ,
Il ne parloit pas en Poëte ,
Inspiré par son vertigo ,
Mais en illuminé Prophete ,
Al chantoit la Danse parfaite ;
C'étoit prédire CAMARGO ,
* Ces deux Vers sont du Prologue des Fêtes
Grecques et Romaines ; ils étoient chantez par
Apollon à l'honneur de Terpsicore.
Fermer
Résumé : A MLLE CAMARGO, Danseuse de l'Opera. EPITRE ; Au sujet d'une Piece Comique, où l'on a prétendu critiquer ses talens.
En octobre 1731, Sale écrit une lettre à Mile Camargo, danseuse de l'Opéra, pour la défendre contre les critiques. Il affirme que la meilleure réponse de Camargo aux détracteurs est de continuer à danser, car son art surpasse les voix de la censure. Sale exalte les qualités exceptionnelles de Camargo, soulignant que ses mouvements et attitudes créent des tableaux vivants et brillants. Il compare sa jambe à la légèreté de Zéphyr et note que ses pas sont admirés par les Grâces et les Amours. L'auteur justifie également l'utilisation de vers tirés du prologue des 'Fêtes Grecques et Romaines', affirmant qu'ils décrivent parfaitement la danse de Camargo.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
634
p. 2368-2370
« HISTOIRE DU THEATRE ITALIEN depuis la décadence de la Comédie [...] »
Début :
HISTOIRE DU THEATRE ITALIEN depuis la décadence de la Comédie [...]
Mots clefs :
Théâtre italien, Comédie latine, Almanach chronologique, Histoire universelle, Privilèges des Suisses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « HISTOIRE DU THEATRE ITALIEN depuis la décadence de la Comédie [...] »
NOUVELLES LITTERAIRES
DES BEAUX ARTS , &c.
ISTOIRE DU THEATRE ITALIEN
Hdepuis la décadence de - la-Comédie
Latine , avec des Extraits et Examens
critiques de plusieurs Tragédies et Comédies
Italiennes , ausquels on a joint une
Explication des figures , avec une Lettre
de M. Rousseau , et la Réponse de l'Auteur.
Par Louis Riccoboni , dit Lelio ,
Tome II . Chez And. Cailleau , Place du
Pont S. Michel , 1731. grand in 8.
CALENDRIER UNIVERSEL , ou Almanach
Chronologique et perpetuel , necessaire
à la Chronologie , à l'Histoire ,
à la Critique , à la verification des dattes,
&c. Par le P. de Rebeque , D. L. C. D. J.
Seconde Edition , revûë et augmentée .
A Paris , chez Rollin , fils , Quay des Angustins
, 1731. in 4. pp . 38 .
ABREGE' DE L'HISTOIRE UNIVERSELLE ,
par feu M. Claude de l'Ifle , Historiographe
et Censeur Royal. A Paris , Quay
des
OCTOBR E. 1731. 2369
des Augustins , chez Jacq. Guerin , et Fr.
Didot , 1731. 7. vol. in 12. avec figures
COUTUMES des Bailliages de Sens et
de Langres , commentées et conférées
avec les Coûtumes voisines , et specialement
de Chaumont en Bassigny. Par
MeFuste de Laistre, Avocat au Parlement.
A Paris , Quay des Augustins , chez les
Freres Osmont , 1731. in 4. de $ 60 . pages,
sans la . Table.
LES PRIVILEGES DES SUISSES , ensemble
ceux accordez aux Villes Imperiales et
Anseatiques , et aux Habitans de Geneve,
Résidens en France. Avec un Traité historique
et politique des Alliances entre
la France et les Treize Cantons , depuis
Charles VII . jusqu'à present. Et des Observations
sur la Justice des Suisses ; fondées
sur les principes du Droit Public.
Par M. Vagel , Grand- Juge des Gardes
Suisses . A Paris, chez Saugrain et P.Prault,
Quay de Gesures , in 4.
OBSERVATIONS sur le Plomb Laminé ,
nouvellement revûës et augmentées d'un
rapport de Mrs les Commissaires de l'Académie
d'Architecture , qui prouve que
ce Plomb a les défauts citez dans les Ob.
E iij ser1370
MERCURE DE FRANCE
servations , avec quelques Reflexions sur
le Memoire de M. de Remond. Par M. B.
A Paris , de l'Imprimerie de Jacq . Guerin
Quay des Augustins , 1731. brochure in 8.
de 42. pages.
>
VOYAGE DU MONDE DE LA LUNE ;
découvert par Dominique Gonzales, Avanturier
Espagnol , surnommé le Courier
volant , traduit nouvellement de l'Espagnol
. A Paris , chez Ant . de Henqueville,
an coin de la rue Gist- le -coeur. 1731. brochure
in 12, de 68. pages.
On débite chez François le Breton , Libraire
, à l'Aigle d'or , à la descente du
Pont Neuf , chez Didot , ruë du Hurpoix
, du côté du Pont S. Michel , à la
Bible d'or , et chez Josse , rue S. Jacques,
à la Fleur de Lys d'or , quatre Tragédies
sur les sujets d'Oedipe , par M. de la
Tournelle , Commissaire des Guerres.
La varieté singuliere qui regne dans
ces quatre Ouvrages , se soutiendra , diton
, dans huit autres Tragédies sur le
même sujet d'Oedipe , et par le même
Auteur ; elles sont actuellement sous
presse.
DES BEAUX ARTS , &c.
ISTOIRE DU THEATRE ITALIEN
Hdepuis la décadence de - la-Comédie
Latine , avec des Extraits et Examens
critiques de plusieurs Tragédies et Comédies
Italiennes , ausquels on a joint une
Explication des figures , avec une Lettre
de M. Rousseau , et la Réponse de l'Auteur.
Par Louis Riccoboni , dit Lelio ,
Tome II . Chez And. Cailleau , Place du
Pont S. Michel , 1731. grand in 8.
CALENDRIER UNIVERSEL , ou Almanach
Chronologique et perpetuel , necessaire
à la Chronologie , à l'Histoire ,
à la Critique , à la verification des dattes,
&c. Par le P. de Rebeque , D. L. C. D. J.
Seconde Edition , revûë et augmentée .
A Paris , chez Rollin , fils , Quay des Angustins
, 1731. in 4. pp . 38 .
ABREGE' DE L'HISTOIRE UNIVERSELLE ,
par feu M. Claude de l'Ifle , Historiographe
et Censeur Royal. A Paris , Quay
des
OCTOBR E. 1731. 2369
des Augustins , chez Jacq. Guerin , et Fr.
Didot , 1731. 7. vol. in 12. avec figures
COUTUMES des Bailliages de Sens et
de Langres , commentées et conférées
avec les Coûtumes voisines , et specialement
de Chaumont en Bassigny. Par
MeFuste de Laistre, Avocat au Parlement.
A Paris , Quay des Augustins , chez les
Freres Osmont , 1731. in 4. de $ 60 . pages,
sans la . Table.
LES PRIVILEGES DES SUISSES , ensemble
ceux accordez aux Villes Imperiales et
Anseatiques , et aux Habitans de Geneve,
Résidens en France. Avec un Traité historique
et politique des Alliances entre
la France et les Treize Cantons , depuis
Charles VII . jusqu'à present. Et des Observations
sur la Justice des Suisses ; fondées
sur les principes du Droit Public.
Par M. Vagel , Grand- Juge des Gardes
Suisses . A Paris, chez Saugrain et P.Prault,
Quay de Gesures , in 4.
OBSERVATIONS sur le Plomb Laminé ,
nouvellement revûës et augmentées d'un
rapport de Mrs les Commissaires de l'Académie
d'Architecture , qui prouve que
ce Plomb a les défauts citez dans les Ob.
E iij ser1370
MERCURE DE FRANCE
servations , avec quelques Reflexions sur
le Memoire de M. de Remond. Par M. B.
A Paris , de l'Imprimerie de Jacq . Guerin
Quay des Augustins , 1731. brochure in 8.
de 42. pages.
>
VOYAGE DU MONDE DE LA LUNE ;
découvert par Dominique Gonzales, Avanturier
Espagnol , surnommé le Courier
volant , traduit nouvellement de l'Espagnol
. A Paris , chez Ant . de Henqueville,
an coin de la rue Gist- le -coeur. 1731. brochure
in 12, de 68. pages.
On débite chez François le Breton , Libraire
, à l'Aigle d'or , à la descente du
Pont Neuf , chez Didot , ruë du Hurpoix
, du côté du Pont S. Michel , à la
Bible d'or , et chez Josse , rue S. Jacques,
à la Fleur de Lys d'or , quatre Tragédies
sur les sujets d'Oedipe , par M. de la
Tournelle , Commissaire des Guerres.
La varieté singuliere qui regne dans
ces quatre Ouvrages , se soutiendra , diton
, dans huit autres Tragédies sur le
même sujet d'Oedipe , et par le même
Auteur ; elles sont actuellement sous
presse.
Fermer
Résumé : « HISTOIRE DU THEATRE ITALIEN depuis la décadence de la Comédie [...] »
Le document recense des publications littéraires et historiques de l'année 1731. Parmi elles, 'Histoire du Théâtre Italien' de Louis Riccoboni contient des extraits critiques de tragédies et comédies italiennes, ainsi qu'une lettre de Jean-Jacques Rousseau et la réponse de l'auteur. Le 'Calendrier Universel' du Père de Rebeque est une édition révisée et augmentée, utile pour la chronologie et la vérification des dates. L''Abrégé de l'Histoire Universelle' de Claude de l'Ifle, historiographe royal, est publié en sept volumes. Les 'Coutumes des Bailliages de Sens et de Langres' sont commentées par Me Fuste de Laistre, avocat au Parlement. 'Les Privilèges des Suisses' de M. Vagel traite des alliances entre la France et les Treize Cantons, ainsi que des observations sur la justice des Suisses. Les 'Observations sur le Plomb Laminé' de M. B. incluent un rapport de l'Académie d'Architecture. Le 'Voyage du Monde de la Lune' est une traduction d'un ouvrage espagnol de Dominique Gonzales. Enfin, quatre tragédies sur le sujet d'Œdipe par M. de la Tournelle sont disponibles, avec huit autres en préparation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
635
p. 2370-2373
Douze Tragédies sur le même sujet d'Œdipe, [titre d'après la table]
Début :
L'une de ces quatre Tragédies, qui a pour titre : Oedipe et toute sa Famille, est [...]
Mots clefs :
Préface, Tragédie, Psaumes de David, Cantique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Douze Tragédies sur le même sujet d'Œdipe, [titre d'après la table]
L'une de ces quatre Tragédies , qui a
pour titre : Oedipe et toute sa Famille , est
précedée
OCTOBRE . 1731. 2371
précedée d'une Préface et suivie d'un Dialogue
entre l'Auteur et feu M. Boivin .
Le commencement de la Préface regarde
la Tragédie des trois fils de Jocaste
, qui avoit été imprimée sans Préface
; tout le reste est une explication des
moyens dont il s'est servi pour concilier
diverses opinions de M" Corneille , Despreaux
et Boivin , sur le cinquiéme Acte
de l'Oedipe de Sophocle , et pour accommoder
au Théatre les lamentations
de l'Oedipe Grec. Voici un Trait tiré du
Dialogue.
Ce n'est pas que cette nouvelle Tragédie ,
dont vous parlez , doive sa naissance à nos
procès ; elle la doit , Monsieur , à la Preface
qui précede votre Traduction de l'Oedipe
de Sophocle. Lorsque je la lûs , je m'étonnai
d'abord de ce qu'en faisant tant de
Tragédies d'Oedipe , il ne m'étoit pas seulement
une fois venu dans l'idée d'employer
·les Lamentations du cinquième Acte . Con
meille les avoit rejettées. Votre Préface m'apprit
qu'elles étoient d'un grand prix. J'ai
connu votre habileté , l'excellence de votre
gout, & la solidité de votre esprit. Votre seniment
sur ces plaintes d'Oedipe , me fit chercher
avec grand soin pendant deux jours un
nouveau sujet sur les malheurs de ce Prince,
et un moyen de faire préceder sa mort par ses
E iiij plaintes
2372 MERCURE DE FRANCE
plaintes , telles que Sophocle les a mises. Fe
crois être venu à bout de mon dessein ; je
venx dire que mon cinquième Acte doit être
bien reçû. Les Modernes avoient emprunté
déja de Sophocle , presque toutes les autres
beautez qui sont très -fréquentes dans sa Tragédie
d'Oedipe , et avoient réussi. J'ai le
premier usé de ces Lamentations , et ne leur
ai rien ôté de leur mérite. Cela ne m'a pas
été bien difficile. J'ai mis en Vers votre noble
et magnifique Traduction , et tout ce que
j'y ai ajoûé du mien n'est qu'un tour assez
ingenieux et très- heureux en même -temps
pour sauver l'horreur que le visage sanglant
d'Oedipe auroit causée aux Spectateurs sj'ai
trouvé le secret de placer de si belles plaintes
avant que ce Prince puisse porter ses
mains sur lui , et quoiqu'un peu longues ex
un temps out ce Prince qui est sans armes
ne cherche que la mort, elles ne courent poin
le risque d'ennuyer.
9
PARAPHRASE DES PSEAUMES DE DAVID
et dés Cantiques de l'Eglise , avec une
application suivie de chaque Pseaume et
de chaque Cantique à un sujet particulier
, propre à servir d'entretien avec
Dieu. Par le R. P. Th . Bern . Fellon , de
la Compagnie de Jesus. 4. vol . in 12. A
Lion , chez Claude Fournet , 1731 .
PHILO
OCTOBRE . 1731. 2373
LE PHILOSOPHE ANGLOIS, Ou Histoire de
M. Cleveland , fils naturel de Cromwel ,
écrite par lui - même , et traduite de l'Anglois
par l'Auteur des Memoires d'un Hom
me de qualité. AUtrecht, chez E. Neaulme,
4. volumes in 12.
SUPPLEMENT à l'Histoire des Guerres
Civiles de Flandres sous Philippe II . Roy
d'Espagne , du Pere Famien Strada , et
d'autres Auteurs , contenant les Procès
criminels de Lamoral , Comte d'Egmont,
et de Philippe de Montmorency , Comte
de Hornes , ausquels le Duc d'Albe a
fait trancher la Tête à Bruxelles. A Amsterdam
, chez Pierre Michield , et se trouvé
Paris , chez Briasson ruë S. Jacques ,
›
2. vol. in 12. 1729.
OEUVRES DE CLEMENT MAROT , Valet
de Chambre de François I. Roi de France
, revûës sur plusieurs Manuscrits , et
sur plus de 40. Editions ; et augmentées
tant de diverses Poësies veritables , que de
celles qu'on lui a faussement attribuées :
avec les ouvrages de Jean Marot , son
Pere , ceux de Michel Marot , son fils ,
et les Picces du differend de Clement avec
François Sagon . Accompagnées d'une
Préface Historique , et d'Observations
critiques. A la Haye , chez P. Gosse et
f. Neaulme , 1731. 6. vol. in 12 .
pour titre : Oedipe et toute sa Famille , est
précedée
OCTOBRE . 1731. 2371
précedée d'une Préface et suivie d'un Dialogue
entre l'Auteur et feu M. Boivin .
Le commencement de la Préface regarde
la Tragédie des trois fils de Jocaste
, qui avoit été imprimée sans Préface
; tout le reste est une explication des
moyens dont il s'est servi pour concilier
diverses opinions de M" Corneille , Despreaux
et Boivin , sur le cinquiéme Acte
de l'Oedipe de Sophocle , et pour accommoder
au Théatre les lamentations
de l'Oedipe Grec. Voici un Trait tiré du
Dialogue.
Ce n'est pas que cette nouvelle Tragédie ,
dont vous parlez , doive sa naissance à nos
procès ; elle la doit , Monsieur , à la Preface
qui précede votre Traduction de l'Oedipe
de Sophocle. Lorsque je la lûs , je m'étonnai
d'abord de ce qu'en faisant tant de
Tragédies d'Oedipe , il ne m'étoit pas seulement
une fois venu dans l'idée d'employer
·les Lamentations du cinquième Acte . Con
meille les avoit rejettées. Votre Préface m'apprit
qu'elles étoient d'un grand prix. J'ai
connu votre habileté , l'excellence de votre
gout, & la solidité de votre esprit. Votre seniment
sur ces plaintes d'Oedipe , me fit chercher
avec grand soin pendant deux jours un
nouveau sujet sur les malheurs de ce Prince,
et un moyen de faire préceder sa mort par ses
E iiij plaintes
2372 MERCURE DE FRANCE
plaintes , telles que Sophocle les a mises. Fe
crois être venu à bout de mon dessein ; je
venx dire que mon cinquième Acte doit être
bien reçû. Les Modernes avoient emprunté
déja de Sophocle , presque toutes les autres
beautez qui sont très -fréquentes dans sa Tragédie
d'Oedipe , et avoient réussi. J'ai le
premier usé de ces Lamentations , et ne leur
ai rien ôté de leur mérite. Cela ne m'a pas
été bien difficile. J'ai mis en Vers votre noble
et magnifique Traduction , et tout ce que
j'y ai ajoûé du mien n'est qu'un tour assez
ingenieux et très- heureux en même -temps
pour sauver l'horreur que le visage sanglant
d'Oedipe auroit causée aux Spectateurs sj'ai
trouvé le secret de placer de si belles plaintes
avant que ce Prince puisse porter ses
mains sur lui , et quoiqu'un peu longues ex
un temps out ce Prince qui est sans armes
ne cherche que la mort, elles ne courent poin
le risque d'ennuyer.
9
PARAPHRASE DES PSEAUMES DE DAVID
et dés Cantiques de l'Eglise , avec une
application suivie de chaque Pseaume et
de chaque Cantique à un sujet particulier
, propre à servir d'entretien avec
Dieu. Par le R. P. Th . Bern . Fellon , de
la Compagnie de Jesus. 4. vol . in 12. A
Lion , chez Claude Fournet , 1731 .
PHILO
OCTOBRE . 1731. 2373
LE PHILOSOPHE ANGLOIS, Ou Histoire de
M. Cleveland , fils naturel de Cromwel ,
écrite par lui - même , et traduite de l'Anglois
par l'Auteur des Memoires d'un Hom
me de qualité. AUtrecht, chez E. Neaulme,
4. volumes in 12.
SUPPLEMENT à l'Histoire des Guerres
Civiles de Flandres sous Philippe II . Roy
d'Espagne , du Pere Famien Strada , et
d'autres Auteurs , contenant les Procès
criminels de Lamoral , Comte d'Egmont,
et de Philippe de Montmorency , Comte
de Hornes , ausquels le Duc d'Albe a
fait trancher la Tête à Bruxelles. A Amsterdam
, chez Pierre Michield , et se trouvé
Paris , chez Briasson ruë S. Jacques ,
›
2. vol. in 12. 1729.
OEUVRES DE CLEMENT MAROT , Valet
de Chambre de François I. Roi de France
, revûës sur plusieurs Manuscrits , et
sur plus de 40. Editions ; et augmentées
tant de diverses Poësies veritables , que de
celles qu'on lui a faussement attribuées :
avec les ouvrages de Jean Marot , son
Pere , ceux de Michel Marot , son fils ,
et les Picces du differend de Clement avec
François Sagon . Accompagnées d'une
Préface Historique , et d'Observations
critiques. A la Haye , chez P. Gosse et
f. Neaulme , 1731. 6. vol. in 12 .
Fermer
Résumé : Douze Tragédies sur le même sujet d'Œdipe, [titre d'après la table]
Le texte présente une tragédie intitulée 'Oedipe et toute sa Famille', précédée d'une préface et suivie d'un dialogue entre l'auteur et M. Boivin. La préface explique comment l'auteur a concilié diverses opinions sur le cinquième acte de l''Oedipe' de Sophocle et adapté les lamentations d'Oedipe pour le théâtre. Le dialogue révèle que l'auteur a été inspiré par la préface d'une traduction de l''Oedipe' de Sophocle pour créer une nouvelle tragédie intégrant les lamentations du cinquième acte. L'auteur affirme avoir réussi à placer ces plaintes de manière à éviter l'horreur du visage sanglant d'Oedipe et à maintenir l'intérêt des spectateurs. Le texte mentionne également d'autres publications, telles qu'une paraphrase des Psaumes de David, une histoire intitulée 'Le Philosophe Anglois', un supplément à l'histoire des guerres civiles de Flandres, et les œuvres de Clément Marot.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
636
p. 2374-2375
Essai sur la Poësie et sur la Peinture, [titre d'après la table]
Début :
ESSAI SUR LA POESIE ET SUR la PEITURE, par rapport à l'Histoire Sacrée et [...]
Mots clefs :
Traité, Recueil de discours, Érudition
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Essai sur la Poësie et sur la Peinture, [titre d'après la table]
ESSAI SUR LA POESIE ET SUR la Pɛin-
TURE , par rapport à l'Histoire Sacrée et
Prophane. Par M. Charles de la Motte
Membre de l'Académie Royale , et de la
Societé des Antiquaires , &c. A Londres ,
chez Desnoyers , 1731. in 8.
Ce livre qui contient une vaste érudition
sur ces deux Arts est en Anglois . Il
est terminé par un Discours sur l'obscon
Tité chez les Ecrivains et chez les Peintres,
qui fait voir combien il est dangereux de
donner dans ce défaut , lors même qu'on
le censure.
RECUEIL DE DISCOURS sur diverses ma
sieres importantes , traduits ou composez
par Jean Barbeyrac , Professeur en Drott
dans l'Université de Groningue , qui y a
joint un Eloge Historique de feu M.
Noodt , 2. vol. in 12. A Amsterdam, chez
P. Humbert , 1731.
TRAITE' DE L'HOMME , ou du Corps
Humain vivant , par rapport à la santé
ou à la maladie , partagé en trois livres ,
où l'on expose par une nouvelle Methode
claire et abregée , la Theorie et la Pratique
de Medecine selon l'idée des Anciens
et des Modernes. Par M. Alexandre
>
Pascoli de Perouse , premier Professeur
de
OCTOBRE. 1731 2375
de Medecine à Rome , et premier Mede
cin de l'Etat Ecclesiastique. A Rome ,
chez Jerôme Maynard , 1728, in 4. pp.
850. Tout l'ouvrage est en latin.
TURE , par rapport à l'Histoire Sacrée et
Prophane. Par M. Charles de la Motte
Membre de l'Académie Royale , et de la
Societé des Antiquaires , &c. A Londres ,
chez Desnoyers , 1731. in 8.
Ce livre qui contient une vaste érudition
sur ces deux Arts est en Anglois . Il
est terminé par un Discours sur l'obscon
Tité chez les Ecrivains et chez les Peintres,
qui fait voir combien il est dangereux de
donner dans ce défaut , lors même qu'on
le censure.
RECUEIL DE DISCOURS sur diverses ma
sieres importantes , traduits ou composez
par Jean Barbeyrac , Professeur en Drott
dans l'Université de Groningue , qui y a
joint un Eloge Historique de feu M.
Noodt , 2. vol. in 12. A Amsterdam, chez
P. Humbert , 1731.
TRAITE' DE L'HOMME , ou du Corps
Humain vivant , par rapport à la santé
ou à la maladie , partagé en trois livres ,
où l'on expose par une nouvelle Methode
claire et abregée , la Theorie et la Pratique
de Medecine selon l'idée des Anciens
et des Modernes. Par M. Alexandre
>
Pascoli de Perouse , premier Professeur
de
OCTOBRE. 1731 2375
de Medecine à Rome , et premier Mede
cin de l'Etat Ecclesiastique. A Rome ,
chez Jerôme Maynard , 1728, in 4. pp.
850. Tout l'ouvrage est en latin.
Fermer
Résumé : Essai sur la Poësie et sur la Peinture, [titre d'après la table]
En 1731, trois ouvrages notables ont été publiés. Le premier, 'Essai sur la poésie et sur la peinture, par rapport à l'Histoire Sacrée et Prophane', est écrit par Charles de la Motte, membre de l'Académie Royale et de la Société des Antiquaires. Ce livre, en anglais, examine les arts de la poésie et de la peinture à travers une vaste érudition et se conclut par un discours sur l'obscénité chez les écrivains et les peintres, mettant en garde contre ses dangers même lorsqu'elle est critiquée. Le deuxième ouvrage est le 'Recueil de discours sur diverses matières importantes', traduit ou composé par Jean Barbeyrac, professeur de droit à l'Université de Groningue. Ce recueil, en deux volumes, inclut un éloge historique de feu M. Noodt. Le troisième ouvrage, 'Traité de l'Homme, ou du Corps Humain vivant', est écrit par Alexandre Pascoli de Perouse, premier professeur de médecine à Rome et premier médecin de l'État Ecclésiastique. Ce traité, en latin, a été publié à Rome en 1728 et comprend trois livres qui exposent la théorie et la pratique de la médecine selon les idées des Anciens et des Modernes, en utilisant une méthode claire et abrégée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
637
p. 2380-2384
Oeuvres de M de S. Evremont, [titre d'après la table]
Début :
OEUVRES de M. de S. Evremond, publiées sur les Manuscrits, avec la vie de [...]
Mots clefs :
Manuscrits, Figures gravées, Anecdotes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Oeuvres de M de S. Evremont, [titre d'après la table]
OEUVRES de M. de S. Evremond , publiées
sur les Manuscrits , avec la vie de
Auteur , par M. Des Maizeaux , Membre
de la Societé Royale . Quatrième Edition ;
revue , corrigée et augmentée. Enrichie de figures
gravées par B. Picart le Romain. A
Amsterdam chez Covens et Mortier.
17.6. 5. vol. in 12:
,
On
OCTOBRE. - 1731. 2385
On trouve dans cet Article une énumeration
de toutes les differentes Editions
, bonnes ou falcifiées , qui se sont
faites de cet Ouvrage en differens endroits.
On y trouve aussi les avantages
que cette Edition peut avoir sur les autres.
M. Des Maizeaux a mis la vie de M.
de S. Evremond à la tête. Il y a beaucoup
d'Anecdotes qu'il dit tenir de M. de S.
Evremond même. L'Editeur a fait entres
dans cette vie l'Histoire ou le Catalogue
raisonné des Ouvrages de cet Auteur. Il
a ajoûté dans cette Edition plusieurs Pieces
qui ne se trouvent point dans les
autres.
A la suite de ce . Article , le Journaliste
en a placé un autre qui regarde
aussi quelques Ouvrages de M. de S. Evremond
, donnez au Public par le même
Editeur. En voici leTitre seulement . Mé-
Lange curieux des meilleures Pieces attribuées
à M. de S. Evremond , et de quelques au
tres Ouvrages rares ou nouveaux . Troisiéme
Edition , où l'on a retranché plusieurs Pieces
pour en ajoûter de plus interessantes , enrichie
de figures gravées par B. Picart le Romain.
A Amsterdam chez Covens et
Mortier , 1726. 2. vol . 12.
و
. Lettres à M. Mead , Docteur en Medecine
, touchant une nouvelle Edition de l'Histoire
2382 MERCURE DE FRANCE
toire de M. de Thon , traduites de l'Anglois.
A Londres , 1729. in 12. de 44 :
pages pour la premiere Lettre , et de 61 .
pour
la seconde.
M. Buckley est l'Auteur de ces Lettres
qui parurent en Anglois en 1728. C'est
lui- même qui a entrepris cette Edition .
Voici le Plan sur lequel il travaille . It
donnera pour Texte l'Edition toute entiere
de Lingelsheim , à qui M. de Thou
avoit envoyé peu de temps avant sa mort
une copie de son ouvrage , que Lingelsheim
fit imprimer à Geneve en 1620.
L'Editeur mettra au bas des pages les diverses
Leçons des Editions qui se firent à
Paris pendant la vie dè l'Auteur , et dont
celles de Francfort ne furent durant ca
temps - là que d'infideles copies . Il distinguera
,
à
de même les corrections et les Additions
que MM. Dupuy et Rigault
qui M. de Thou avoit confié par son Testament
, le soin de publier son Histoire ,
ont eu soin de faire dans i'Edition de Geneve
, dans laquelle il s'étoit glissé quantité
de fautes . Ces additions et ces corrections
faites par les Executeurs du Testament
de M. de Thou sur les papiers
qu'il leur avoit laissés , paroîtront à la
marge , à moins qu'elles ne regardent
seulement que des fautes de Copiste ou
,
d'I'm
OCTOBRE . 1731 2383
d'Imprimeur , ce qui dès là ne sera point
distingué du Texte ; il accompagnera
tout cela d'un Recücil , suivant l'ordre
des temps
, de Lettres imprimées et manuscrites
, qui contiennent des particula
ritez au sujet des changemens , corrections
, censures &c. de l'Histoire de Mr.
de Thou , pendant que l'Auteur fût en
vie mais ce qui n'est pas de moindre
importance , c'est une Interprétation authentique
écrite de la propre main de M.
Pierre Dupuy , des noms propres que M..
de Thou à déguisés à dessein , dont M.
Buckley enrichit son Edition.
On apprend dans les Nouvelles Litte
raires , que M. G. Merville et Dander
Kloot ont imprimé sur la copie de Paris ,
les oeuvres diverses de M. de la Fontaine,
en 4. petits Volumes. On trouve dans
cette Edition ses Oeuvres posthumes ,
plusieurs Pieces tirées de divers Recüeils,
et d'autres qui n'ont jamais paru , et que
l'on a eues des amis de M. de la Fontaine,
et de la Veuve de son Fils .
On a imprimé à Geneve une Réfutation
d'un Officier , mort au service des
Hollandois , de l'Hypothese de M. Ru→
chat , Professeur en Droit et en Histoire ,
de l'Académie de Lausanne , sur la
ques
tion
2384 MERCURE DE FRANCE
, tion si un particulier peut s'engager au
service d'un Prince Etranger sans s'informer
de la justice ou de l'injustice de la Guerre
qu'il a sur les bras ; et si un Souverain peut
fournir des Troupes aux deux Paris opposez.
On apprend de Valence en Espagne ;
que MM. de Mayans et Bordafar ons
traduit de l'Italien en Espagnol , le Monde
trompé par les Medecins de Joseph
Gafola.
sur les Manuscrits , avec la vie de
Auteur , par M. Des Maizeaux , Membre
de la Societé Royale . Quatrième Edition ;
revue , corrigée et augmentée. Enrichie de figures
gravées par B. Picart le Romain. A
Amsterdam chez Covens et Mortier.
17.6. 5. vol. in 12:
,
On
OCTOBRE. - 1731. 2385
On trouve dans cet Article une énumeration
de toutes les differentes Editions
, bonnes ou falcifiées , qui se sont
faites de cet Ouvrage en differens endroits.
On y trouve aussi les avantages
que cette Edition peut avoir sur les autres.
M. Des Maizeaux a mis la vie de M.
de S. Evremond à la tête. Il y a beaucoup
d'Anecdotes qu'il dit tenir de M. de S.
Evremond même. L'Editeur a fait entres
dans cette vie l'Histoire ou le Catalogue
raisonné des Ouvrages de cet Auteur. Il
a ajoûté dans cette Edition plusieurs Pieces
qui ne se trouvent point dans les
autres.
A la suite de ce . Article , le Journaliste
en a placé un autre qui regarde
aussi quelques Ouvrages de M. de S. Evremond
, donnez au Public par le même
Editeur. En voici leTitre seulement . Mé-
Lange curieux des meilleures Pieces attribuées
à M. de S. Evremond , et de quelques au
tres Ouvrages rares ou nouveaux . Troisiéme
Edition , où l'on a retranché plusieurs Pieces
pour en ajoûter de plus interessantes , enrichie
de figures gravées par B. Picart le Romain.
A Amsterdam chez Covens et
Mortier , 1726. 2. vol . 12.
و
. Lettres à M. Mead , Docteur en Medecine
, touchant une nouvelle Edition de l'Histoire
2382 MERCURE DE FRANCE
toire de M. de Thon , traduites de l'Anglois.
A Londres , 1729. in 12. de 44 :
pages pour la premiere Lettre , et de 61 .
pour
la seconde.
M. Buckley est l'Auteur de ces Lettres
qui parurent en Anglois en 1728. C'est
lui- même qui a entrepris cette Edition .
Voici le Plan sur lequel il travaille . It
donnera pour Texte l'Edition toute entiere
de Lingelsheim , à qui M. de Thou
avoit envoyé peu de temps avant sa mort
une copie de son ouvrage , que Lingelsheim
fit imprimer à Geneve en 1620.
L'Editeur mettra au bas des pages les diverses
Leçons des Editions qui se firent à
Paris pendant la vie dè l'Auteur , et dont
celles de Francfort ne furent durant ca
temps - là que d'infideles copies . Il distinguera
,
à
de même les corrections et les Additions
que MM. Dupuy et Rigault
qui M. de Thou avoit confié par son Testament
, le soin de publier son Histoire ,
ont eu soin de faire dans i'Edition de Geneve
, dans laquelle il s'étoit glissé quantité
de fautes . Ces additions et ces corrections
faites par les Executeurs du Testament
de M. de Thou sur les papiers
qu'il leur avoit laissés , paroîtront à la
marge , à moins qu'elles ne regardent
seulement que des fautes de Copiste ou
,
d'I'm
OCTOBRE . 1731 2383
d'Imprimeur , ce qui dès là ne sera point
distingué du Texte ; il accompagnera
tout cela d'un Recücil , suivant l'ordre
des temps
, de Lettres imprimées et manuscrites
, qui contiennent des particula
ritez au sujet des changemens , corrections
, censures &c. de l'Histoire de Mr.
de Thou , pendant que l'Auteur fût en
vie mais ce qui n'est pas de moindre
importance , c'est une Interprétation authentique
écrite de la propre main de M.
Pierre Dupuy , des noms propres que M..
de Thou à déguisés à dessein , dont M.
Buckley enrichit son Edition.
On apprend dans les Nouvelles Litte
raires , que M. G. Merville et Dander
Kloot ont imprimé sur la copie de Paris ,
les oeuvres diverses de M. de la Fontaine,
en 4. petits Volumes. On trouve dans
cette Edition ses Oeuvres posthumes ,
plusieurs Pieces tirées de divers Recüeils,
et d'autres qui n'ont jamais paru , et que
l'on a eues des amis de M. de la Fontaine,
et de la Veuve de son Fils .
On a imprimé à Geneve une Réfutation
d'un Officier , mort au service des
Hollandois , de l'Hypothese de M. Ru→
chat , Professeur en Droit et en Histoire ,
de l'Académie de Lausanne , sur la
ques
tion
2384 MERCURE DE FRANCE
, tion si un particulier peut s'engager au
service d'un Prince Etranger sans s'informer
de la justice ou de l'injustice de la Guerre
qu'il a sur les bras ; et si un Souverain peut
fournir des Troupes aux deux Paris opposez.
On apprend de Valence en Espagne ;
que MM. de Mayans et Bordafar ons
traduit de l'Italien en Espagnol , le Monde
trompé par les Medecins de Joseph
Gafola.
Fermer
Résumé : Oeuvres de M de S. Evremont, [titre d'après la table]
Le document traite de diverses publications et éditions d'œuvres littéraires et historiques. Il commence par mentionner les œuvres de M. de Saint-Évremond, publiées par M. Des Maizeaux. Cette édition inclut une biographie de l'auteur et des pièces inédites, enrichies de figures gravées par B. Picart. Elle est publiée à Amsterdam chez Covens et Mortier. Le texte énumère également les différentes éditions de ces œuvres, en soulignant les avantages de cette édition par rapport aux autres. Un autre article du document aborde une édition intitulée 'Mélange curieux des meilleures pièces attribuées à M. de Saint-Évremond', également publiée par M. Des Maizeaux à Amsterdam chez Covens et Mortier en 1726. Cette édition est enrichie de nouvelles pièces et de figures gravées par B. Picart. Le document mentionne aussi des lettres de M. Buckley à M. Mead concernant une nouvelle édition de l'histoire de M. de Thou. Cette édition utilise le texte de Lingelsheim, imprimé à Genève en 1620, et inclut des corrections et des additions faites par MM. Dupuy et Rigault, exécuteurs testamentaires de M. de Thou. L'éditeur prévoit également d'inclure un recueil de lettres et une interprétation authentique des noms propres déguisés par M. de Thou. Enfin, le texte note la publication des œuvres diverses de M. de La Fontaine à Paris, incluant des œuvres posthumes et des pièces inédites. Il mentionne également une réfutation de l'hypothèse de M. Ruchat sur des questions de droit et d'histoire, publiée à Genève, ainsi qu'une traduction en espagnol du 'Monde trompé par les médecins' de Joseph Gafola, réalisée par MM. de Mayans et Bordafar en Espagne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
638
p. 2384-2391
Reception de M. de Crebillon à l'Acad. Franç [titre d'après la table]
Début :
L'Académie Françoise n'a point donné cette année les Prix d'Eloquence et de Poësie [...]
Mots clefs :
Mort, Académie, Roi, Académie française, Prix d'éloquence et de poésie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Reception de M. de Crebillon à l'Acad. Franç [titre d'après la table]
L'Académie Françoise n'a point donné
cette année les Prix d'Eloquence et de Poë
sie , qu'elle a coûtume de distribuer le
jour de la Fête de S. Louis . Ils sont reservez
pour l'Année prochaine .
Cette Académie élut le 19. AoûtM.
'de Crebillon , pour remplir la place vacante
par la mort de M. de la Faye. Le
nouvel Académicien prit séance le Jeudy
27. Septembre , er prononça un Remerciment
en Vers digne de la réputation
que ses grands talens pour le Poëme Dra.
matique lui ont acquise , et que nous sommes
mortifiez de ne pouvoir pas mettre ici
en entier pour la satisfaction de nos Lecteurs
: reduits à n'en donner qu'un précis
nous ne sommes pas peu embarassez sur
le choix car le grand , le nerveux , le
sublime
OCTOBRE. 1731. 23.85.
sublime regne par tout. Ce remerciment ,
composé de 1-18 . Vers , souvent croiscz
commence ainsi :
Muse, voici le jour si long- temps attendu,,
Jour dont aucun espoir ne m'annonçoit l'Aurore,
Jour heureux qui pour nous ne luisoit point
encore ,
Si de nos seuls succès sa course eût dépendu.
Muse , vous le voyez , une troupe immortelle
Daigne vous partager ses honneurs , ses emplois :
Parlez ; et , s'il se peut , justifiez son choix :
Mais ne prononcez rien qui ne soit digne d'elle,
Le Poëte invoque ensuite Apollon ,
pour pouvoir dignement lotier ses Nlustres
Confreres.
}
Dieu des Vers
Elûs ,
> aux rayons dont brillent tes
Souffre pour un moment que mon fen se ra
lume,
Je les vois tous couverts de ces rayons divins :
Dans leurs mains chaque jour tu déposes ta Lyre
Ma Muse , un jour de gloire est un jour de délire
, }
Sers mon audace , et prens la Lyre dans leure
mains
Après
2386 MERCURE DE FRANCE
Après la déscription de l'Académie et
des Académiciens , on lit ces Portraits :
Ame de Richelieu , contemple ton ouvrage,
Qui doit ainsi que toi percer la nuit des tems ?
Ces illustres Mortels sans cesse renaissans ,
Comme pour t'assurer un éternel hommage.
Dans l'art de gouverner moins Ministre que
Roy ,
L'Univers en tremblant , adora ton genie ;
Tout plia devant toi dans le cours de ta vie ;
Tu soûmets l'avenir , et regnes après toi , &e
Louis , ô nom cheri ! Souverain adorable ,
Des caprices du sort exemple mémorable ,
A tes Manes sacrés nous n'offrons plus de fleurs ;
Que nos regrets profonds n'arrosent de nos
pleurs.
Vous , qui l'avez suivi de victoire en victoire ,
A la fois Compagnon , et témoin de sa gloire ,
Qui de tout vôtre sang sçûtes la consacrer ,
Guerrier , qui mieux que vous pourroit la céle◄
brer ?
Quel Roi mérita mieux une auguste loüange ? ``.
De dons et de vertus quel précieux mélange
C'étoit après les Dieux , l'ame de l'univers , &c.
Le
OCTOBR E. 1731. 2387
Le Portrait du Roy est terminé par ces
deux beaux Vers.
Juste , Clement , Pieux , son austere jeunesse
Semble déja dicter les loix de la vieillesse .
Un Ministre attentif , prudent , religieux ,
Fuyant des vains Lauriers l'éclat ambitieux ,
Qui sçait , du bien public sage dépositaire ,
User en Citoyen du pouvoir arbitraire ;
Aigle de Jupiter , maïs ami de la Paix ,
Il gouverne la foudre , et ne tonne jamais .
LOUIS , c'est mériter l'Empire de la Terre ,
Que sçavoir dignement confier son Tonnere, & c.
Ce Poëme est terminé par le Portrait
de M. de la Faye , dont nous ne prendrons
que ces 4.
ces 4. Vers.
Le goût du vray, du beau , Censeur ingenieux ,
Qui , sans humilier , montroit à faire mieux ;
Le Sel Athenien , l'Urbanité Romaine ;
Tour à tour Lelius , Malherbe , ou la Fontaine ;
Si nous avons été embarrassez dans
l'Extrait qu'on vient de lire nous voici
encore plus en peine sur la réponse faite
par M. Hardion , Directeur de l'Académie.
Que prendre en effet dans un Discours
de 80. lignes de Prose , d'un stile
concis , simple , et aussi noble que naturel
.
2388 MERCURE DE FRANCE
> rel ? Nous nous bornons à deux traits
l'un sur l'Académicien qui n'est plus ,
l'autre sur celui qui le remplace. Nous
demandons pardon à l'Auteur et au Lecteur
, d'être obligez de tronquer un Dis
cours dont on ne sçauroit rien retrancher
qu'aux dépens de l'un et de l'autre.
MONSIEUR ,
Une mort précipitée nous a enlevé un
Confrere , que le caractere de son esprit
et la douceur de ses moeurs , nous font
également regretter. Né avec d'heureuses
dispositions pour la Poësie , M. de la
Faye en fit son plus agréable amusement ,
et réussit dans les differens genres où son
goût l'avoit porté. Soit que dans des sujets
galans il se plût à exprimer , ou les
sentimens d'un coeur tendre et délicat ,
ou les transports d'une joye aimable ; soit
qu'avec la Lyre de Malherbe , il celebrat
sur un ton plus sérieux et plus élevé , les
puissans charmes de l'harmonie , l'ame
des beaux Vers , et en soûtint les Privileges
contre un illustre ami Mr. de la
Motte , qui s'étoit fait un jeu de les attaquer
, pour l'exciter à les établir plus solidement
sous quelque forme qu'il ait
voulu se montrer , il a fait voir par tout
une imagination feconde et brillante , un
genic
OCTOBRE 17318 2389
genie simple , aisé , naïf , toûjours ennemi
de l'affectation , et de cette paiure recherchée
qui détruit les vrayes beautez
de la nature.
Mais aussi simple dans ses moeurs que
dans ses Ecrits , il fut regardé comme un
modele des vertus propres pour la Societé
et autant qu'on estimoit dans ses
Poësies l'agrément , l'élegance , la délicatesse
, autant on aimoit dins sa personne
la docilité , la mode tie , la politesse , et
sur tout , une gayeté douce et spirituelle
dont il assai onnoit tous ses discou s.
M Hardion continuant de répondre au
nouvel Académicien , lui dit que son
élection a eu autint d'Approbateurs qu'il
y a de Personnes éclairées sur le vrai mérite
..... que ses Tragedies , depuis longtemps
l'objet de l'admiration publique ,
seront un sujet d'émulation dans les siécles
à venir On peut , Monsieur , poursuit
il par le faux éclat de quelques
fleurs passageres , ébloüir pour un instant
des Spectateurs avides de nouveautez . Ils
cedent d'abord à la douce illusion d'un
trait lumineux d'une pasée plus specieu
e que solide et ne dé elent pas
toûjours du premier coup d'oeil , le vice
caché sous l'apparenc de l beuté. Mais
lor que des Poëmes tels que les vôtres ,
›
,
F. Mon
2390 MERCURE DE FRANCE
Monsieur , redemandés avec empressement
, reparoissent toûjours plus beaux
et plus dignes d'être applaudis lorsque
livrés au grand jour de l'impression , plus
dangereux encore que celui de la représentation
, ils ont soutenu le rigoureux
examen du Censeur , recueilli dans le silence
de son Cabinet , lorsqu'ils ont résisté
aux efforts de l'envie toûjours armée
contre les Auteurs vivans.: quelles preu
ves plus certaines peut- on desirer de leur
perfection ? quels présages plus assurés de
Ieur durée & c.
Les Cartes qui font dans l'Hiftoire de l'Isle de
S. Domingue , du R. P. de Charlevoix , Jesuite .
de laquelle on a fait mention dans le Mercure
précédent , sont de M. d'Anville , Géographe or¬
dinaire du Roy , dont on a remarqué que le nom
n'étoit pas donné correctement dans cet article
page 2159.
On peut dire en général des divers Sujets
traitez dans ces Cartes, mais principalement à l'égard
de toute l'étendue de la Carte generale , qui
comprend une partie confiderable et la plus fréquentée
du nouveau Monde, que l'Auteur ayant
trouvé la matiere comme toute neuve , quoique
déja traitée par presque tous les Géographes, elle
paroît sortie de ses mains avec plus de détail et de
précision qu'on n'y en avoit encore mis. L'Auteur
que plusieurs personnes aussi touchées du progrès
general de la Géographie , que de sa réputation
particuliere , avoient excité à écrire sur le détail
de cet Ouvrage , s'eft trouvé mortifié de n'avoir
раз
OCTOBRE. 1721. 23༡ ་
Pas le tems de le faire , pensant qu'il auroit peutêtre
été agréable pour le public,et sûrement avantageux
pour son Ouvrage, le rendre compted'une
infinité de circonstances assez curieuses , et peu
familieres , tirées la plupart des Histoires particulieres
des Espagnols , que tout le monde ne
peut pas lire dans leur langue, dans tout leur détail
, inconnues sur tout aux Géographes , quoique
la connoissance interieure des vastes païs, sous
la domination du Roy d'Espagne , dépende de
celle de leurs Ecrivains , qui seuls ont pû en être
suffisamment instruirs.
cette année les Prix d'Eloquence et de Poë
sie , qu'elle a coûtume de distribuer le
jour de la Fête de S. Louis . Ils sont reservez
pour l'Année prochaine .
Cette Académie élut le 19. AoûtM.
'de Crebillon , pour remplir la place vacante
par la mort de M. de la Faye. Le
nouvel Académicien prit séance le Jeudy
27. Septembre , er prononça un Remerciment
en Vers digne de la réputation
que ses grands talens pour le Poëme Dra.
matique lui ont acquise , et que nous sommes
mortifiez de ne pouvoir pas mettre ici
en entier pour la satisfaction de nos Lecteurs
: reduits à n'en donner qu'un précis
nous ne sommes pas peu embarassez sur
le choix car le grand , le nerveux , le
sublime
OCTOBRE. 1731. 23.85.
sublime regne par tout. Ce remerciment ,
composé de 1-18 . Vers , souvent croiscz
commence ainsi :
Muse, voici le jour si long- temps attendu,,
Jour dont aucun espoir ne m'annonçoit l'Aurore,
Jour heureux qui pour nous ne luisoit point
encore ,
Si de nos seuls succès sa course eût dépendu.
Muse , vous le voyez , une troupe immortelle
Daigne vous partager ses honneurs , ses emplois :
Parlez ; et , s'il se peut , justifiez son choix :
Mais ne prononcez rien qui ne soit digne d'elle,
Le Poëte invoque ensuite Apollon ,
pour pouvoir dignement lotier ses Nlustres
Confreres.
}
Dieu des Vers
Elûs ,
> aux rayons dont brillent tes
Souffre pour un moment que mon fen se ra
lume,
Je les vois tous couverts de ces rayons divins :
Dans leurs mains chaque jour tu déposes ta Lyre
Ma Muse , un jour de gloire est un jour de délire
, }
Sers mon audace , et prens la Lyre dans leure
mains
Après
2386 MERCURE DE FRANCE
Après la déscription de l'Académie et
des Académiciens , on lit ces Portraits :
Ame de Richelieu , contemple ton ouvrage,
Qui doit ainsi que toi percer la nuit des tems ?
Ces illustres Mortels sans cesse renaissans ,
Comme pour t'assurer un éternel hommage.
Dans l'art de gouverner moins Ministre que
Roy ,
L'Univers en tremblant , adora ton genie ;
Tout plia devant toi dans le cours de ta vie ;
Tu soûmets l'avenir , et regnes après toi , &e
Louis , ô nom cheri ! Souverain adorable ,
Des caprices du sort exemple mémorable ,
A tes Manes sacrés nous n'offrons plus de fleurs ;
Que nos regrets profonds n'arrosent de nos
pleurs.
Vous , qui l'avez suivi de victoire en victoire ,
A la fois Compagnon , et témoin de sa gloire ,
Qui de tout vôtre sang sçûtes la consacrer ,
Guerrier , qui mieux que vous pourroit la céle◄
brer ?
Quel Roi mérita mieux une auguste loüange ? ``.
De dons et de vertus quel précieux mélange
C'étoit après les Dieux , l'ame de l'univers , &c.
Le
OCTOBR E. 1731. 2387
Le Portrait du Roy est terminé par ces
deux beaux Vers.
Juste , Clement , Pieux , son austere jeunesse
Semble déja dicter les loix de la vieillesse .
Un Ministre attentif , prudent , religieux ,
Fuyant des vains Lauriers l'éclat ambitieux ,
Qui sçait , du bien public sage dépositaire ,
User en Citoyen du pouvoir arbitraire ;
Aigle de Jupiter , maïs ami de la Paix ,
Il gouverne la foudre , et ne tonne jamais .
LOUIS , c'est mériter l'Empire de la Terre ,
Que sçavoir dignement confier son Tonnere, & c.
Ce Poëme est terminé par le Portrait
de M. de la Faye , dont nous ne prendrons
que ces 4.
ces 4. Vers.
Le goût du vray, du beau , Censeur ingenieux ,
Qui , sans humilier , montroit à faire mieux ;
Le Sel Athenien , l'Urbanité Romaine ;
Tour à tour Lelius , Malherbe , ou la Fontaine ;
Si nous avons été embarrassez dans
l'Extrait qu'on vient de lire nous voici
encore plus en peine sur la réponse faite
par M. Hardion , Directeur de l'Académie.
Que prendre en effet dans un Discours
de 80. lignes de Prose , d'un stile
concis , simple , et aussi noble que naturel
.
2388 MERCURE DE FRANCE
> rel ? Nous nous bornons à deux traits
l'un sur l'Académicien qui n'est plus ,
l'autre sur celui qui le remplace. Nous
demandons pardon à l'Auteur et au Lecteur
, d'être obligez de tronquer un Dis
cours dont on ne sçauroit rien retrancher
qu'aux dépens de l'un et de l'autre.
MONSIEUR ,
Une mort précipitée nous a enlevé un
Confrere , que le caractere de son esprit
et la douceur de ses moeurs , nous font
également regretter. Né avec d'heureuses
dispositions pour la Poësie , M. de la
Faye en fit son plus agréable amusement ,
et réussit dans les differens genres où son
goût l'avoit porté. Soit que dans des sujets
galans il se plût à exprimer , ou les
sentimens d'un coeur tendre et délicat ,
ou les transports d'une joye aimable ; soit
qu'avec la Lyre de Malherbe , il celebrat
sur un ton plus sérieux et plus élevé , les
puissans charmes de l'harmonie , l'ame
des beaux Vers , et en soûtint les Privileges
contre un illustre ami Mr. de la
Motte , qui s'étoit fait un jeu de les attaquer
, pour l'exciter à les établir plus solidement
sous quelque forme qu'il ait
voulu se montrer , il a fait voir par tout
une imagination feconde et brillante , un
genic
OCTOBRE 17318 2389
genie simple , aisé , naïf , toûjours ennemi
de l'affectation , et de cette paiure recherchée
qui détruit les vrayes beautez
de la nature.
Mais aussi simple dans ses moeurs que
dans ses Ecrits , il fut regardé comme un
modele des vertus propres pour la Societé
et autant qu'on estimoit dans ses
Poësies l'agrément , l'élegance , la délicatesse
, autant on aimoit dins sa personne
la docilité , la mode tie , la politesse , et
sur tout , une gayeté douce et spirituelle
dont il assai onnoit tous ses discou s.
M Hardion continuant de répondre au
nouvel Académicien , lui dit que son
élection a eu autint d'Approbateurs qu'il
y a de Personnes éclairées sur le vrai mérite
..... que ses Tragedies , depuis longtemps
l'objet de l'admiration publique ,
seront un sujet d'émulation dans les siécles
à venir On peut , Monsieur , poursuit
il par le faux éclat de quelques
fleurs passageres , ébloüir pour un instant
des Spectateurs avides de nouveautez . Ils
cedent d'abord à la douce illusion d'un
trait lumineux d'une pasée plus specieu
e que solide et ne dé elent pas
toûjours du premier coup d'oeil , le vice
caché sous l'apparenc de l beuté. Mais
lor que des Poëmes tels que les vôtres ,
›
,
F. Mon
2390 MERCURE DE FRANCE
Monsieur , redemandés avec empressement
, reparoissent toûjours plus beaux
et plus dignes d'être applaudis lorsque
livrés au grand jour de l'impression , plus
dangereux encore que celui de la représentation
, ils ont soutenu le rigoureux
examen du Censeur , recueilli dans le silence
de son Cabinet , lorsqu'ils ont résisté
aux efforts de l'envie toûjours armée
contre les Auteurs vivans.: quelles preu
ves plus certaines peut- on desirer de leur
perfection ? quels présages plus assurés de
Ieur durée & c.
Les Cartes qui font dans l'Hiftoire de l'Isle de
S. Domingue , du R. P. de Charlevoix , Jesuite .
de laquelle on a fait mention dans le Mercure
précédent , sont de M. d'Anville , Géographe or¬
dinaire du Roy , dont on a remarqué que le nom
n'étoit pas donné correctement dans cet article
page 2159.
On peut dire en général des divers Sujets
traitez dans ces Cartes, mais principalement à l'égard
de toute l'étendue de la Carte generale , qui
comprend une partie confiderable et la plus fréquentée
du nouveau Monde, que l'Auteur ayant
trouvé la matiere comme toute neuve , quoique
déja traitée par presque tous les Géographes, elle
paroît sortie de ses mains avec plus de détail et de
précision qu'on n'y en avoit encore mis. L'Auteur
que plusieurs personnes aussi touchées du progrès
general de la Géographie , que de sa réputation
particuliere , avoient excité à écrire sur le détail
de cet Ouvrage , s'eft trouvé mortifié de n'avoir
раз
OCTOBRE. 1721. 23༡ ་
Pas le tems de le faire , pensant qu'il auroit peutêtre
été agréable pour le public,et sûrement avantageux
pour son Ouvrage, le rendre compted'une
infinité de circonstances assez curieuses , et peu
familieres , tirées la plupart des Histoires particulieres
des Espagnols , que tout le monde ne
peut pas lire dans leur langue, dans tout leur détail
, inconnues sur tout aux Géographes , quoique
la connoissance interieure des vastes païs, sous
la domination du Roy d'Espagne , dépende de
celle de leurs Ecrivains , qui seuls ont pû en être
suffisamment instruirs.
Fermer
Résumé : Reception de M. de Crebillon à l'Acad. Franç [titre d'après la table]
En octobre 1731, l'Académie Françoise n'a pas attribué les Prix d'Éloquence et de Poésie, habituellement décernés lors de la fête de Saint-Louis, et les a reportés à l'année suivante. Le 19 août, l'Académie a élu Claude-Prosper Jolyot de Crébillon pour remplacer M. de la Faye, décédé. Crébillon a pris séance le 27 septembre et a prononcé un remerciement en vers, soulignant ses talents en poésie dramatique. Ce discours, composé de 118 vers, invoquait la Muse et Apollon pour justifier son élection et honorer ses confrères. Le texte mentionne également des portraits des académiciens et du roi Louis, louant ses vertus et son gouvernement. Le portrait de M. de la Faye est brièvement cité, soulignant son goût pour la poésie et ses qualités personnelles. M. Hardion, directeur de l'Académie, a répondu au nouvel académicien en louant ses tragédies et leur valeur durable. Enfin, le texte évoque les cartes de l'histoire de l'île de Saint-Domingue du père Charlevoix, réalisées par M. d'Anville, géographe du roi. Ces cartes sont saluées pour leur détail et leur précision, bien que l'auteur n'ait pas eu le temps de les compléter avec des informations supplémentaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
639
p. 2412-2424
Amadis, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le 4. de ce mois, l'Académie Royale de Musique remit au Theatre Amadis [...]
Mots clefs :
Académie royale de musique, Prologue, Déclamation, Magicienne, Chœurs, Critique, Infidèle, Monologue
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Amadis, &c. [titre d'après la table]
L
E
1
a-
4. de ce mois , l'Académie Rovaie
de Musique remit au Theatre
dis , Tragedie de Mrs Quinault et L
Il y a 13. ans qu'elle n'avoit été re résensée.
Les deux Rôles du Prologu
l'Enchanteur Alquif , et de l'Encha
resse Urgande , sont joüez par le S
Chassé et par la Dlle Erremens . Les
Tribon , Dun , Chassé , et les Illes
Maure , Petitpas , et Antier , remp
sent les principaux Rôles de la Piece
ne laissent rien à desirer pour le ch
et la déclamation. Au reste , cet Op
esr fort bien remis ; il y a du specta
et du surprenant pour les yeux ; entr'. v
tres , un Combat en l'air d'une vingtai
de Demons , le Char d'Arcabonne , fig
ré en Dragon aîlé , &c. Le Baler est tr.
bien caracterisé , et la Dlle Sallé y dar
avec des graces et une finesse au- dessu
de nos expressions.
ProOCTOBRE.
1731. 2413
Prologue.
"
Urgande , Magicienne bien -faisante ;
et Alquif , Enchanteur , paroissent sous
un riche Pavillon ; ils ont choisi ces lieux
pour y demeurer enchantez avec leur
-suite jusqu'au temps fortuné que le
destin du monde dépendroit d'un Héros
plus grand qu'Amadis Fils de Perion ,
Roy des Gaules ; un éclair et un coup
de Tonnere commencent à les tirer de
leur profond assoupissement ; leur suite
est éveillée par de nouveaux coups de
Tonnere ; ce qui donne lieu à un des
plus beaux Choeurs que Lully ait faits .
Ils témoignent la joye qu'ils ont de n'être
plus enchantez : ils se proposent de
faire revivre Amadis , et de le transporter
dans les lieux où son sang regnoit
autrefois , ce qui annonce la Tragedie.
Ce Prologue a paru très - brillant ; cependant
quelques Critiques ont trouvé
étrange qu'Urgande et Alquif , qui ne
font que de sortir du profond assoupissement
où ils ont été plongez jusqu'alors ,
soient si bien instruits des Victoires du
Heros de la France , dont ils n'ont pû ni
avoir été témoins , ni avoir été informez
par la Renommée. Le Lecteur jugera si
La Critique est fondée.
G Au
2414 MERCURE DE FRANCE
son
Au premier Acte de la Tragedie , Amadis
ouvre la Scene avec Florestan
Frere naturel . Le premier est accablé
d'une douleur mortelle , dont l'autre
tâche de le distraire ; Oriane , Fille de
Lisuart , Roy de la Grande - Bretagne , le
croyant infidele lui a deffendu de la
>
jamais voir et comme elle va épouser
l'Empereur des Romains , il ne doute
point qu'elle ne soit inconstante ellemême.
Florestan ne pouvant soulager sa
douleur , le laisse sortir pour aller chercher
la solitude.
Florestan revoit Corisande après une
longue absence ; ils témoignent une joye
réciproque. Oriane vient se plaindre à
eux de la prétendue infidelité d'Amadis.
Ils ont beau la vouloir tirer d'erreur ;
elle persiste dans ses injustes soupçons
quelque forte induction qu'on lui fasse
du contraire ; cette obstination à croire
Amadis infidele , n'est fondée que sur ces
Vers :
Le confident de sa nouvelle ardeur
N'a que trop bien sçû m'en instruire ;
Il n'est plus permis à mon coeur
De se laisser séduire.
L'injustice de ses soupçons ne laisse pas
do
OCTOBRE 1731. 2415
tels
que
de produire de beaux sentimens ,
cette tendre plainte :
L'ingrat , un peu plus tard , auroit changé sans
crime ;
Je vais devenir la victime
Du devoir qui regle mon sort.
L'inconstant n'a - t'il pû se faire un peu d'effort
De lui-même bien- tôt son coeur alloit dépendre ;
Ah ! que n'attendoit - il mon hymen ou ma mort
Il ne devoit plus guere attendre .
La Fête de ce premier Acte consiste
en un combat ou un tournois qui se ,
fait en son honneur.
›
,
Arcabonne , Magicienne , commence le
second Acte par un Monologue
dans
lequel elle fait connoître que l'Amour
est entré malgré elle dans un coeur qui
n'étoit destiné qu'à la haine. Arcalaus ,
son Frere , est étonné de la trouver triste
et solitaire ; elle lui déclare l'Amour
-qu'elle a pour un inconnu qui lui a sauvé
la vie ; les Spectateurs ne manquent pas
de pressentir que cet inconnu est Amadiss
c'est là que le grand interêt de la- Piece
commence. Amadis a tué Ardan son
Frere à peine Arcalais lui parle de la
vengeance , qu'elle doit à cette ombre
G ij si
,
2416 MERCURE DE FRANCE
si cherie , qu'on voit sa fureurrenaître :
elle l'exprime par ces Vers :
Que le nom d'Amadis m'inspiré de colere !
Quand pourrai-je gouter le plaisir de sa
mort !
Cela donne lieu à ce beau Duo :
Irritons notre barbarie.
Ecoutons nôtre sang qui crie ;
Perisse l'Ennemi , qui nous ose outrager ;
Ah ! qu'il est doux de se vanger !
>
Arcalaüs engage Amadis dans un Enchantement
; Corisande vient se plaindre
du malheur de Florestan , qu'une inconnuë
a entrainé dans un piége fatal ; elle
prie Amadis de secourir son Amant.
Amadis vole au secours de son Frere .
Arcalaus l'arrête , et fait enlever Corisande
, pour la faire perir avec Florestan.
Amadis combat Arcalaüs ; ce dernier appelle
les Demons à son secours. Ces Demons
paroissent sous des formes agréables
Amadis se laisse séduire à celui qui
a pris la forme d'Oriane ; il met ses armes
à ses pieds et la suit. Ces Demons transformez
font la Fête de ce second Acte ;
cette Fête est , sans contredit , la plus
touchante qui soit dans toute la Tragedie.
La Dlle Sallé y brille beaucoup.
Ац
OCTOBRE. 1731. 2417
2
Au troisiéme Acte , Florestan & Corisande
sont prêts d'être immolez sur le
tombeau d'Ardan Canille , frere d'Arcalaüs
et d'Arcabone mort de la main
d'Amadis. Arcabone doit répandre sur le
même tombeau le sang d'Amadis , et celui
de tout ce qu'il a de plus cher; l'Ombre
d'Ardan sort de son tombeau et
témoigne sa colere à Arcabone par ces
Vers :
Ah ! tu me trahis , malheureuse !
Ah ! tu vas trahir tes serments.
,
L'ombre lui annonce la mort par ces
autres Vers :
Je retombe , le jour me blesse ;
Tu me suivras dans peu de temps :
Pour te reprocher ta foiblesse ,
C'est aux Enfers que je t'attends.
L'ombre rentre dans son Tombeau ;
sa Prédiction commence à se remplir ;
on amene Amadis à Arcabone , pour
être immolé le premier ; Arcabone prête
à lui plonger un Poignard dans le sein
reconnoît en lui le même inconnu qui
lui a sauvé la vie . Le Poignard lui tombe
des mains ; elle fait grace , en sa faveur
>
و
G iij
2418 MERCURE DE FRANCE
}
à tous ceux qui lui étoient destinez pour
victimes ; la liberté qu'elle leur rend ,
fait le sujet de la Fête , par où l'Acte
finit.
Arcalais et Arcabone commencent le
quatrième Acte ; Arcalaus presse sa soeur
d'exposer aux yeux d'Oriane , la victime
qu'elle vient d'immoler ; Arcabone soupire
, et fait connoître à son frere qu'elle
a reconnu dans Amadis
l'inconnu qui
lui a sauvé la vie , et qu'elle aime ; elle
s'exprime ainsi :
2
Que vous êtes heureux ! de n'avoir à songer
Qu'à hair et qu'à vous venger !
Helas ! dans nôtre ennemi même
J'ai trouvé l'inconnu que j'aime.
et
Arcalais lui reproche son parjure
la ménace de sa vengeance ; elle lui répond
:
Je l'aime malgré moi cet ennemi charmant ;
Je n'en puis être aimée ; une autre a sçû lui
plaire ';
Je vous défie avec vôtre colere
D'inventer pour mon châtiment
Un plus cruel tourment.
Arcalaus lui dit que pour la mieux
punir ,
OCTOBRE. 1731. 2419
4
punir , il veut qu'Amadis épouse sa rivale
avant qu'il les immole tous deux ;
Voici la fin de ce Dialogue.
Ah ! que plutôt cent fois ils périssent tous deux ?
Entre l'Amour et la haine cruelle ,
J'ai cru pouvoir me partager ;
Mais dans mon coeur l'Amour est étranger,
Et la haine m'est naturelle.
Ma Rivale gémit , que ses maux me sont doux !
Pour punir ces Amans , j'imagine une peine
Digne de ma fureur et de vôtre courroux.
C'est peu d'une mort inhumaine ;
Arcalans.
Puis-je encore me fier à vous ?
Fiez-
Arcabone.
vous à l'Amour jaloux ;
Al est plus cruel que la haine.
Ils sortent pour aller executer ce nouveau
Projet de vengeance. Oriane vient
et se plaint du triste sort où Amadis l'abbandonne
; elle le croit toûjours infidele.
Arcalaüs lui vient annoncer qu'il l'a vengée
, et qu'il a vaincu Amadis ; comme
elle ne veut pas le croire , il le fait paroître
à ses yeux , étendu sur ses Armies ensanglantées.
Elle déplore sa mort par un
G iiij
Mono2420
MERCURE DE FRANCE
2
Monologue , où la Dlle le More , avec le
son ravissant de sa voix met toute l'expression
possible , et se fait generalement
applaudir ; Oriane tombe évanouie sur
un lit de gazon. Arcalaüs et Arcabonė
rentrent , le projet de leur vengeance
est de faire mourir et revivre tour à tour
ces deux Amants , pour éterniser leur
şupplice par un spectacle si douloureux.
Urgande vient au secours d'Amadis
et d'Oriane. C'est cette même Magicienne
bien- faisante , dont nous avons parlé
dans le Prologue . D'un coup de baguette
elle rend Arcalaüs et Arcabone immobiles
; elle dissipe l'enchantement dont
Amadis et Oriane sont saisis ; ces Suivantes
celebrent ce jour heureux . Amadis et
Oriane sont transportez dans le Vaisseau
d'Urgande ; elle ne part qu'après avoir
rendu à Arcalais et à sa soeur l'usage de
leurs sens , pour mieux sentir leur malheur
; Ils évoquent des Demons infernaux
, qui sont défaits par des Demons
Aëriens ; le Frere et la Soeur s'abbandonnent
à leur désespoir et se tuent .
Ce qui nous reste à dire du cinquiéme
Acte , est si inferieur à l'Acte précédent ,
que nous ne nous y arrêterons guere. Ur
gande a transporté Amadis Oriane
Florestan et Corisande au Palais enchanté
›
d'AOCTOBRE.
1731. 2421
.
-
Apollidon c'est là qu'ils se retrouvent
tous , et qu'ils deviennent heureux.
Voici ce que les Connoisseurs pensent
de cette Tragedie. Le Prologue est generalement
approuvé. Il s'en faut bien qu'il
en soit de même de la Tragedie ; l'Episode
de Florestan et de Corisande tient
si peu à la Piece , qu'on souhaitteroit
qu'il n'y fut point du tout. Le noeud du
Poëne ne tient qu'à une présomption qui
n'est fondée sur rien. M. Quinault s'est
bien gardé de faire intervenir une seule
Scene entre Amadis et Oriane dans les
4. premiers Actes ; les soupçons d'Oriane
auroient été dissipez par un seul mot
d'Amadis , et la Piece auroit presque aussi-
tôt fini que commencé : il y a suppléé
par l'Episode d'Arcalaüs et d'Arcabone.
Veritablement le premier n'est interessé
que par la haine dans l'action episodique
; mais Arcabone s'y trouve attachée
tout à la fois par la reconnoissance , l'amour
et la haine , et c'est ce qui fait que
le troisiéme Acte et le quatriéme sont
les plus , interessans . Toute la Piece est
bien verifiée , mais elle n'est pas conduite
avec cet Art si ordinaire à son ingenieux
Auteur . L'unité de lieu y est si
mal observée , qu'on ne sçait le plus sou
vent où se passe l'action ; au reste , la
Gv Piece
2422 MERCURE DE FRANCE
Piece paroît absolument finie au quatriéme
Acte ; la mort d'Arcalais et d'Arcabone
ne laissent plus rien à craindre pour
les quatre Amans qui ont dû interesser
les Spectateurs . Pour ce qui regarde
la Musique , on y reconnoît toûjours le
grand Lully ; et si le genre en est un
peu trop triste , c'est plutôt la faute du
Poëte , que celle du Musicien .
Nous lisons dans des Memoires de ce
temps- là , que quand cet Opera parut ,
Quinault n'avoit pas été si embarrassé de
traitter le sujet d'Amadis comme le bruit
en avoit couru. Il fut representé à Paris
le 15. Janvier 1684. On ne le joua point
à Versailles , à cause de la mort de la
Reine.
3
Ce fut à l'occasion de cet Opera , dont
le Roy avoit donné le sujet , et qui , disoit-
on , embarassoit fort Quinault , que
ce Poëte fit ce Madrigal , qu'il intitula
l'Opera difficile.
Ce n'est pas l'Opera que je fais pour le Roy ;
Qui m'empêche d'être tranquile ,.
• Tout ce qu'on fait pour lui , paroit toûjours.fa
cile.
La grande peine où je me voy ;
C'est d'avoir cinq filles chez moi ,
Dont
OCTOBRE.
2323
1731.
Dont la moins âgée est nubile .
Je dois les établir , et voudrois le pouvoir ;
Mais à suivre Apollon , on ne s'enrichit guerre.
C'est avec peu de bien un terrible devoir ,
De se sentir pressé d'être cinq fois Beau- Pere.
Quoi, cinq Actes devant Notaire !
Pour cinq filles qu'il faut pourvoir !
O Ciel ! peut-on jamais avoir
Opera plus fâcheux à faire ?
On trouva les derniers Actes languis-
Sants en comparaison des trois premiers ;
mais Lully distingua cet Opera entre les
meilleurs qu'il avoit faits , et il distingua
parmi ses meilleurs Airs , celui de Bois
épais redouble & c. comme excellent.
En general , on trouve qu'il y a plus
de Prologues de Lully , excellemment
beaux , que d'Opera ; mais le Prologue
de celui-ci est encore préferé par les Connoisseurs
et mis au dessus de tous les
autres. Il est relatif à la Piece , et travaillé
de la part du Poëte et du Musicien
avec un art infini .
›
-
On écrit de Paris , dit M. Bayle , ( dans
ses nouv. de la Rep. des Lettres , ( Avril
1684. ) que la Troupe Italienne représente
une Comédie très divertissante ,
G vj
et
2414 MERCURE DE FRANCE
et qui attire une foule extraordinaire.
Elle s'intitule Arlequin Empereur dans le
monde de la Lune . C'est , dit - on , une
Satyre de l'Opera d'Amadis , et on ajoute
qu'on doit representer incessamment sur
le même Theatre de l'Hôtel de Bourgogne
, Amadis Cuisinier , parce que celui
qui fait le personnage d'Amadis dans
cet Opera , a éré Cuisinier . Ces nouvelles
, continue M. Bayle , ne sont pas.
trop apparentes ; car , comme on sçait
que le Roy lui-même a donné le sujet de
'Opera d'Amadis , qui oseroit en faire
des railleries si publiques ? Ce Monarque
n'a point voulu que cet Opera fut representé
à la Cour , à cause du deuil de la
Reine . On en loüe fort les paroles , les
machines et les Airs. On voit au commen .
cement du Poëme quelques Vers de M.
de la Fontaine à la loüange du Roy .
E
1
a-
4. de ce mois , l'Académie Rovaie
de Musique remit au Theatre
dis , Tragedie de Mrs Quinault et L
Il y a 13. ans qu'elle n'avoit été re résensée.
Les deux Rôles du Prologu
l'Enchanteur Alquif , et de l'Encha
resse Urgande , sont joüez par le S
Chassé et par la Dlle Erremens . Les
Tribon , Dun , Chassé , et les Illes
Maure , Petitpas , et Antier , remp
sent les principaux Rôles de la Piece
ne laissent rien à desirer pour le ch
et la déclamation. Au reste , cet Op
esr fort bien remis ; il y a du specta
et du surprenant pour les yeux ; entr'. v
tres , un Combat en l'air d'une vingtai
de Demons , le Char d'Arcabonne , fig
ré en Dragon aîlé , &c. Le Baler est tr.
bien caracterisé , et la Dlle Sallé y dar
avec des graces et une finesse au- dessu
de nos expressions.
ProOCTOBRE.
1731. 2413
Prologue.
"
Urgande , Magicienne bien -faisante ;
et Alquif , Enchanteur , paroissent sous
un riche Pavillon ; ils ont choisi ces lieux
pour y demeurer enchantez avec leur
-suite jusqu'au temps fortuné que le
destin du monde dépendroit d'un Héros
plus grand qu'Amadis Fils de Perion ,
Roy des Gaules ; un éclair et un coup
de Tonnere commencent à les tirer de
leur profond assoupissement ; leur suite
est éveillée par de nouveaux coups de
Tonnere ; ce qui donne lieu à un des
plus beaux Choeurs que Lully ait faits .
Ils témoignent la joye qu'ils ont de n'être
plus enchantez : ils se proposent de
faire revivre Amadis , et de le transporter
dans les lieux où son sang regnoit
autrefois , ce qui annonce la Tragedie.
Ce Prologue a paru très - brillant ; cependant
quelques Critiques ont trouvé
étrange qu'Urgande et Alquif , qui ne
font que de sortir du profond assoupissement
où ils ont été plongez jusqu'alors ,
soient si bien instruits des Victoires du
Heros de la France , dont ils n'ont pû ni
avoir été témoins , ni avoir été informez
par la Renommée. Le Lecteur jugera si
La Critique est fondée.
G Au
2414 MERCURE DE FRANCE
son
Au premier Acte de la Tragedie , Amadis
ouvre la Scene avec Florestan
Frere naturel . Le premier est accablé
d'une douleur mortelle , dont l'autre
tâche de le distraire ; Oriane , Fille de
Lisuart , Roy de la Grande - Bretagne , le
croyant infidele lui a deffendu de la
>
jamais voir et comme elle va épouser
l'Empereur des Romains , il ne doute
point qu'elle ne soit inconstante ellemême.
Florestan ne pouvant soulager sa
douleur , le laisse sortir pour aller chercher
la solitude.
Florestan revoit Corisande après une
longue absence ; ils témoignent une joye
réciproque. Oriane vient se plaindre à
eux de la prétendue infidelité d'Amadis.
Ils ont beau la vouloir tirer d'erreur ;
elle persiste dans ses injustes soupçons
quelque forte induction qu'on lui fasse
du contraire ; cette obstination à croire
Amadis infidele , n'est fondée que sur ces
Vers :
Le confident de sa nouvelle ardeur
N'a que trop bien sçû m'en instruire ;
Il n'est plus permis à mon coeur
De se laisser séduire.
L'injustice de ses soupçons ne laisse pas
do
OCTOBRE 1731. 2415
tels
que
de produire de beaux sentimens ,
cette tendre plainte :
L'ingrat , un peu plus tard , auroit changé sans
crime ;
Je vais devenir la victime
Du devoir qui regle mon sort.
L'inconstant n'a - t'il pû se faire un peu d'effort
De lui-même bien- tôt son coeur alloit dépendre ;
Ah ! que n'attendoit - il mon hymen ou ma mort
Il ne devoit plus guere attendre .
La Fête de ce premier Acte consiste
en un combat ou un tournois qui se ,
fait en son honneur.
›
,
Arcabonne , Magicienne , commence le
second Acte par un Monologue
dans
lequel elle fait connoître que l'Amour
est entré malgré elle dans un coeur qui
n'étoit destiné qu'à la haine. Arcalaus ,
son Frere , est étonné de la trouver triste
et solitaire ; elle lui déclare l'Amour
-qu'elle a pour un inconnu qui lui a sauvé
la vie ; les Spectateurs ne manquent pas
de pressentir que cet inconnu est Amadiss
c'est là que le grand interêt de la- Piece
commence. Amadis a tué Ardan son
Frere à peine Arcalais lui parle de la
vengeance , qu'elle doit à cette ombre
G ij si
,
2416 MERCURE DE FRANCE
si cherie , qu'on voit sa fureurrenaître :
elle l'exprime par ces Vers :
Que le nom d'Amadis m'inspiré de colere !
Quand pourrai-je gouter le plaisir de sa
mort !
Cela donne lieu à ce beau Duo :
Irritons notre barbarie.
Ecoutons nôtre sang qui crie ;
Perisse l'Ennemi , qui nous ose outrager ;
Ah ! qu'il est doux de se vanger !
>
Arcalaüs engage Amadis dans un Enchantement
; Corisande vient se plaindre
du malheur de Florestan , qu'une inconnuë
a entrainé dans un piége fatal ; elle
prie Amadis de secourir son Amant.
Amadis vole au secours de son Frere .
Arcalaus l'arrête , et fait enlever Corisande
, pour la faire perir avec Florestan.
Amadis combat Arcalaüs ; ce dernier appelle
les Demons à son secours. Ces Demons
paroissent sous des formes agréables
Amadis se laisse séduire à celui qui
a pris la forme d'Oriane ; il met ses armes
à ses pieds et la suit. Ces Demons transformez
font la Fête de ce second Acte ;
cette Fête est , sans contredit , la plus
touchante qui soit dans toute la Tragedie.
La Dlle Sallé y brille beaucoup.
Ац
OCTOBRE. 1731. 2417
2
Au troisiéme Acte , Florestan & Corisande
sont prêts d'être immolez sur le
tombeau d'Ardan Canille , frere d'Arcalaüs
et d'Arcabone mort de la main
d'Amadis. Arcabone doit répandre sur le
même tombeau le sang d'Amadis , et celui
de tout ce qu'il a de plus cher; l'Ombre
d'Ardan sort de son tombeau et
témoigne sa colere à Arcabone par ces
Vers :
Ah ! tu me trahis , malheureuse !
Ah ! tu vas trahir tes serments.
,
L'ombre lui annonce la mort par ces
autres Vers :
Je retombe , le jour me blesse ;
Tu me suivras dans peu de temps :
Pour te reprocher ta foiblesse ,
C'est aux Enfers que je t'attends.
L'ombre rentre dans son Tombeau ;
sa Prédiction commence à se remplir ;
on amene Amadis à Arcabone , pour
être immolé le premier ; Arcabone prête
à lui plonger un Poignard dans le sein
reconnoît en lui le même inconnu qui
lui a sauvé la vie . Le Poignard lui tombe
des mains ; elle fait grace , en sa faveur
>
و
G iij
2418 MERCURE DE FRANCE
}
à tous ceux qui lui étoient destinez pour
victimes ; la liberté qu'elle leur rend ,
fait le sujet de la Fête , par où l'Acte
finit.
Arcalais et Arcabone commencent le
quatrième Acte ; Arcalaus presse sa soeur
d'exposer aux yeux d'Oriane , la victime
qu'elle vient d'immoler ; Arcabone soupire
, et fait connoître à son frere qu'elle
a reconnu dans Amadis
l'inconnu qui
lui a sauvé la vie , et qu'elle aime ; elle
s'exprime ainsi :
2
Que vous êtes heureux ! de n'avoir à songer
Qu'à hair et qu'à vous venger !
Helas ! dans nôtre ennemi même
J'ai trouvé l'inconnu que j'aime.
et
Arcalais lui reproche son parjure
la ménace de sa vengeance ; elle lui répond
:
Je l'aime malgré moi cet ennemi charmant ;
Je n'en puis être aimée ; une autre a sçû lui
plaire ';
Je vous défie avec vôtre colere
D'inventer pour mon châtiment
Un plus cruel tourment.
Arcalaus lui dit que pour la mieux
punir ,
OCTOBRE. 1731. 2419
4
punir , il veut qu'Amadis épouse sa rivale
avant qu'il les immole tous deux ;
Voici la fin de ce Dialogue.
Ah ! que plutôt cent fois ils périssent tous deux ?
Entre l'Amour et la haine cruelle ,
J'ai cru pouvoir me partager ;
Mais dans mon coeur l'Amour est étranger,
Et la haine m'est naturelle.
Ma Rivale gémit , que ses maux me sont doux !
Pour punir ces Amans , j'imagine une peine
Digne de ma fureur et de vôtre courroux.
C'est peu d'une mort inhumaine ;
Arcalans.
Puis-je encore me fier à vous ?
Fiez-
Arcabone.
vous à l'Amour jaloux ;
Al est plus cruel que la haine.
Ils sortent pour aller executer ce nouveau
Projet de vengeance. Oriane vient
et se plaint du triste sort où Amadis l'abbandonne
; elle le croit toûjours infidele.
Arcalaüs lui vient annoncer qu'il l'a vengée
, et qu'il a vaincu Amadis ; comme
elle ne veut pas le croire , il le fait paroître
à ses yeux , étendu sur ses Armies ensanglantées.
Elle déplore sa mort par un
G iiij
Mono2420
MERCURE DE FRANCE
2
Monologue , où la Dlle le More , avec le
son ravissant de sa voix met toute l'expression
possible , et se fait generalement
applaudir ; Oriane tombe évanouie sur
un lit de gazon. Arcalaüs et Arcabonė
rentrent , le projet de leur vengeance
est de faire mourir et revivre tour à tour
ces deux Amants , pour éterniser leur
şupplice par un spectacle si douloureux.
Urgande vient au secours d'Amadis
et d'Oriane. C'est cette même Magicienne
bien- faisante , dont nous avons parlé
dans le Prologue . D'un coup de baguette
elle rend Arcalaüs et Arcabone immobiles
; elle dissipe l'enchantement dont
Amadis et Oriane sont saisis ; ces Suivantes
celebrent ce jour heureux . Amadis et
Oriane sont transportez dans le Vaisseau
d'Urgande ; elle ne part qu'après avoir
rendu à Arcalais et à sa soeur l'usage de
leurs sens , pour mieux sentir leur malheur
; Ils évoquent des Demons infernaux
, qui sont défaits par des Demons
Aëriens ; le Frere et la Soeur s'abbandonnent
à leur désespoir et se tuent .
Ce qui nous reste à dire du cinquiéme
Acte , est si inferieur à l'Acte précédent ,
que nous ne nous y arrêterons guere. Ur
gande a transporté Amadis Oriane
Florestan et Corisande au Palais enchanté
›
d'AOCTOBRE.
1731. 2421
.
-
Apollidon c'est là qu'ils se retrouvent
tous , et qu'ils deviennent heureux.
Voici ce que les Connoisseurs pensent
de cette Tragedie. Le Prologue est generalement
approuvé. Il s'en faut bien qu'il
en soit de même de la Tragedie ; l'Episode
de Florestan et de Corisande tient
si peu à la Piece , qu'on souhaitteroit
qu'il n'y fut point du tout. Le noeud du
Poëne ne tient qu'à une présomption qui
n'est fondée sur rien. M. Quinault s'est
bien gardé de faire intervenir une seule
Scene entre Amadis et Oriane dans les
4. premiers Actes ; les soupçons d'Oriane
auroient été dissipez par un seul mot
d'Amadis , et la Piece auroit presque aussi-
tôt fini que commencé : il y a suppléé
par l'Episode d'Arcalaüs et d'Arcabone.
Veritablement le premier n'est interessé
que par la haine dans l'action episodique
; mais Arcabone s'y trouve attachée
tout à la fois par la reconnoissance , l'amour
et la haine , et c'est ce qui fait que
le troisiéme Acte et le quatriéme sont
les plus , interessans . Toute la Piece est
bien verifiée , mais elle n'est pas conduite
avec cet Art si ordinaire à son ingenieux
Auteur . L'unité de lieu y est si
mal observée , qu'on ne sçait le plus sou
vent où se passe l'action ; au reste , la
Gv Piece
2422 MERCURE DE FRANCE
Piece paroît absolument finie au quatriéme
Acte ; la mort d'Arcalais et d'Arcabone
ne laissent plus rien à craindre pour
les quatre Amans qui ont dû interesser
les Spectateurs . Pour ce qui regarde
la Musique , on y reconnoît toûjours le
grand Lully ; et si le genre en est un
peu trop triste , c'est plutôt la faute du
Poëte , que celle du Musicien .
Nous lisons dans des Memoires de ce
temps- là , que quand cet Opera parut ,
Quinault n'avoit pas été si embarrassé de
traitter le sujet d'Amadis comme le bruit
en avoit couru. Il fut representé à Paris
le 15. Janvier 1684. On ne le joua point
à Versailles , à cause de la mort de la
Reine.
3
Ce fut à l'occasion de cet Opera , dont
le Roy avoit donné le sujet , et qui , disoit-
on , embarassoit fort Quinault , que
ce Poëte fit ce Madrigal , qu'il intitula
l'Opera difficile.
Ce n'est pas l'Opera que je fais pour le Roy ;
Qui m'empêche d'être tranquile ,.
• Tout ce qu'on fait pour lui , paroit toûjours.fa
cile.
La grande peine où je me voy ;
C'est d'avoir cinq filles chez moi ,
Dont
OCTOBRE.
2323
1731.
Dont la moins âgée est nubile .
Je dois les établir , et voudrois le pouvoir ;
Mais à suivre Apollon , on ne s'enrichit guerre.
C'est avec peu de bien un terrible devoir ,
De se sentir pressé d'être cinq fois Beau- Pere.
Quoi, cinq Actes devant Notaire !
Pour cinq filles qu'il faut pourvoir !
O Ciel ! peut-on jamais avoir
Opera plus fâcheux à faire ?
On trouva les derniers Actes languis-
Sants en comparaison des trois premiers ;
mais Lully distingua cet Opera entre les
meilleurs qu'il avoit faits , et il distingua
parmi ses meilleurs Airs , celui de Bois
épais redouble & c. comme excellent.
En general , on trouve qu'il y a plus
de Prologues de Lully , excellemment
beaux , que d'Opera ; mais le Prologue
de celui-ci est encore préferé par les Connoisseurs
et mis au dessus de tous les
autres. Il est relatif à la Piece , et travaillé
de la part du Poëte et du Musicien
avec un art infini .
›
-
On écrit de Paris , dit M. Bayle , ( dans
ses nouv. de la Rep. des Lettres , ( Avril
1684. ) que la Troupe Italienne représente
une Comédie très divertissante ,
G vj
et
2414 MERCURE DE FRANCE
et qui attire une foule extraordinaire.
Elle s'intitule Arlequin Empereur dans le
monde de la Lune . C'est , dit - on , une
Satyre de l'Opera d'Amadis , et on ajoute
qu'on doit representer incessamment sur
le même Theatre de l'Hôtel de Bourgogne
, Amadis Cuisinier , parce que celui
qui fait le personnage d'Amadis dans
cet Opera , a éré Cuisinier . Ces nouvelles
, continue M. Bayle , ne sont pas.
trop apparentes ; car , comme on sçait
que le Roy lui-même a donné le sujet de
'Opera d'Amadis , qui oseroit en faire
des railleries si publiques ? Ce Monarque
n'a point voulu que cet Opera fut representé
à la Cour , à cause du deuil de la
Reine . On en loüe fort les paroles , les
machines et les Airs. On voit au commen .
cement du Poëme quelques Vers de M.
de la Fontaine à la loüange du Roy .
Fermer
Résumé : Amadis, &c. [titre d'après la table]
En octobre 1731, l'Académie Royale de Musique a représenté la tragédie 'Amadis' de Quinault et Lully, après une absence de treize ans. Les rôles principaux, tels que l'Enchanteur Alquif et l'Enchanteresse Urgande, ont été interprétés par Chassé et la Dlle Erremens. Les acteurs Tribon, Dun, Chassé, Maure, Petitpas et Antier ont également excellé dans leurs rôles. La mise en scène était spectaculaire, avec des effets surprenants comme un combat aérien de démons et un char transformé en dragon ailé. La Dlle Sallé a particulièrement brillé dans le ballet. Le prologue montre Urgande et Alquif, réveillés par un éclair et un coup de tonnerre, se proposant de faire revivre Amadis. La tragédie commence avec Amadis et son frère Florestan, ce dernier tentant de consoler Amadis de la douleur causée par les soupçons d'infidélité d'Oriane. Oriane, croyant Amadis infidèle, refuse de le voir et doit épouser l'Empereur des Romains. Florestan et Corisande se retrouvent après une longue absence, mais Oriane persiste dans ses soupçons malgré leurs efforts pour la détromper. Dans le second acte, Arcabonne, une magicienne, révèle son amour pour un inconnu, pressentiment que cet inconnu est Amadis. Amadis tue Ardan, le frère d'Arcabonne, et cette dernière jure de se venger. Arcalaüs, le frère d'Arcabonne, engage Amadis dans un enchantement et fait enlever Corisande. Amadis combat Arcalaüs et est séduit par un démon prenant la forme d'Oriane. Le troisième acte voit Florestan et Corisande prêts à être sacrifiés. Arcabonne reconnaît Amadis comme l'inconnu qui lui a sauvé la vie et lui fait grâce. La fête de cet acte célèbre la liberté retrouvée. Dans le quatrième acte, Arcalaüs et Arcabonne complotent pour venger Oriane en faisant souffrir Amadis et Oriane. Urgande intervient pour sauver Amadis et Oriane, les transportant dans son vaisseau enchanté. Arcalaüs et Arcabonne, vaincus, se donnent la mort. Le cinquième acte se conclut par le bonheur retrouvé des personnages principaux au palais enchanté d'Apollidon. Les critiques notent que le prologue est apprécié, mais la tragédie souffre d'un épisode secondaire peu pertinent et d'une unité de lieu mal observée. La musique de Lully est reconnue pour sa qualité, malgré un sujet tragique. L'opéra a été représenté à Paris en janvier 1684 et a suscité des satires comme 'Arlequin Empereur dans le monde de la Lune'. Le roi a inspiré cette œuvre, rendant toute critique publique imprudente. L'œuvre est louée pour ses paroles, ses machines et ses airs. Le poème commence par des vers de M. de la Fontaine en l'honneur du roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
640
p. 2424-2425
La Réconciliation Normande, Comédie, [titre d'après la table]
Début :
Le 14 Octobre, les Comédiens François représenterent la Comédie de la Réconciliation [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français, Plaisanterie, Amour, Haine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : La Réconciliation Normande, Comédie, [titre d'après la table]
Le 14 Octobre, les Comédiens François
représenterent la Comédie de la Réconci- ·
liation Normande , en vers et en cinq
Actes , par M. Dufreny , donnée dans sa
nouveauté au mois de Mars 1719. et fors
applaudie. On y voit avec plaisir une infimité
de traits charmans , des caracteres et
des Scenes fort plaisantes et toutes neuves
; en un mot , c'est une Piece pleine
d'esprit
OCTOBRE . 1731 2425
d'esprit et de bonne plaisanterie , et qui
pourroit passer pour le chef- d'oeuvre du
Théatre , si la Fable en étoit plus régulicliere
.
On n'est pas content du titre de la
Piece. Celui de Procès de famille , que l'auteur
avoit d'abord donné à sa Piece auroit
mieux convenu . La Haine fraternelle
y convenoit encore fort bien ; car on ne
parle pendant le cours de la Piece que de
haîne et de procès ; et à propos de la haine
, on trouve dans le second Acte une
espece de parallele de l'Amour et de la
Haine , où l'on fait l'éloge de cette derniere
passion qu'on regarde comme un
chef-d'oeuvre. Il y a aussi dans le quatriéme
Acte une Scene feinte de tendresse
pour tromper une vieille Tante , qui est
un morceau original et d'un prix infini .
Au reste cette Piece est tres- bien remise,
les Rôles y sont remplis tres-avantageusement
et jouez en perfection.
représenterent la Comédie de la Réconci- ·
liation Normande , en vers et en cinq
Actes , par M. Dufreny , donnée dans sa
nouveauté au mois de Mars 1719. et fors
applaudie. On y voit avec plaisir une infimité
de traits charmans , des caracteres et
des Scenes fort plaisantes et toutes neuves
; en un mot , c'est une Piece pleine
d'esprit
OCTOBRE . 1731 2425
d'esprit et de bonne plaisanterie , et qui
pourroit passer pour le chef- d'oeuvre du
Théatre , si la Fable en étoit plus régulicliere
.
On n'est pas content du titre de la
Piece. Celui de Procès de famille , que l'auteur
avoit d'abord donné à sa Piece auroit
mieux convenu . La Haine fraternelle
y convenoit encore fort bien ; car on ne
parle pendant le cours de la Piece que de
haîne et de procès ; et à propos de la haine
, on trouve dans le second Acte une
espece de parallele de l'Amour et de la
Haine , où l'on fait l'éloge de cette derniere
passion qu'on regarde comme un
chef-d'oeuvre. Il y a aussi dans le quatriéme
Acte une Scene feinte de tendresse
pour tromper une vieille Tante , qui est
un morceau original et d'un prix infini .
Au reste cette Piece est tres- bien remise,
les Rôles y sont remplis tres-avantageusement
et jouez en perfection.
Fermer
Résumé : La Réconciliation Normande, Comédie, [titre d'après la table]
Le 14 octobre, les Comédiens Français ont interprété 'La Réconciliation Normande', une comédie en vers et en cinq actes écrite par M. Dufreny. Créée en mars 1719, cette pièce a été acclamée pour ses traits charmants, ses personnages et ses scènes plaisantes et originales. Elle est décrite comme pleine d'esprit et de bonne plaisanterie, bien que sa fable soit jugée irrégulière. Le titre initial, 'Procès de famille', aurait mieux convenu. La pièce explore principalement la haine et les procès, avec un parallèle entre l'amour et la haine dans le second acte. Le quatrième acte inclut une scène feinte de tendresse pour tromper une vieille tante, considérée comme un morceau original et précieux. La mise en scène est bien réalisée, avec des rôles interprétés à la perfection.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
641
p. 2425-2429
Le Chevalier Bayard, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le 17, les mêmes Comédiens reçurent avec beaucoup d'éloges, une Comédie [...]
Mots clefs :
Couplet, Foire, Air, Opéra comique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Chevalier Bayard, &c. [titre d'après la table]
Le 17 , les mêmes Comédiens reçurent
avec beaucoup d'éloges , une Comédie
héroïque,sous le titre du Chevalier Bayard,
en cinq Actes , en vers libres. On assure
que les caracteres des Personnages en sont
fort beaux et fort nobles , et que la Piece
est bien écrite et interessante. Elle est de
M. Autreau , qui donna l'année passée ,
sur
2426 MER CURE DE FRANCE
sur le Théatre de l'Hôtel de Bourgogne ,
Démocrite , prétendu fou , avec tant de
succès.
Les mêmes Comédiens sont prêts à
jouer une petite Comédie d'un Acte , sousle
titre la Réunion des Amours , dont nous
parlerons quand elle aura paru .
Les Comédiens Italiens promettent une
petite Piéce nouvelle , d'un Acte , qui a
pour titre , le Phoenix ou la Fidelité mife
à l'épreuve , dont on parlera plus au long.
Le 25 , le Signeur Giacomo Rauzini ,
originaire de Naples , l'un des Comédiens
Italiens ordinaires du Roy, connu sous le
nom de Capitan Scaramouche , mourut âgé
d'environ 60 ans , après une très courte
maladie,causée par une attaque d'apopléxie;
cet Acteur ne joiioit ordinairement que
dans les Piéces Italiennes , ayant eu beaucoup
de peine à se familiariser avec la
Langue Françoise . Il a été inhumé le lendemain
à S. Eustache sa Paroisse , après
avoir receu ses Sacremens.
Le 30 Septembre , l'Opera Comique fit
la cloture de son Théatre par la Piéce des
Petits Comédiens, et du Ballet des Danseurs
Pantomimes Anglois , dont on a parlé le
mois passé. La De Cheret qui y represcntoit
OCTOBRE 1731. 2427
sentoit le Rôle de la petite Tante , et que
le Public a si fort applaudie , fut chargée
du compliment en Vaudeville , qu'elle
chanta avec autant de graces et de naïveté
que d'intelligence , sur l'air , un Berger de
notre Village.
Dans cette fatale journée ;
Qui doit mettre fin à nos jeux ;
C'est moi que l'on a destinée
Pour faire nos tristes adieux :
Je ne sçais ce que je vais dire :
Mais je sens mon coeur qui soupire.
Elle continue , sur l'air des Triolets.
Les momens où je puis vous voir ,
Sont les plus heureux de ma vie.
Il n'est rien qui puisse valoir :
Les momens que je puis vous voir ,
Mais hélas ! de quel desespoir)
Mon ame est aujourd'hui saisie
Je perds en vous quittant ce soir
Les plus doux momens de ma vie ,
Sur l'air , pour la Baronne.
Ah ! quel dommage !
Lorsque notre Théatre est pléin ;
Pourquoi faut- il plier bagage ?
s'arrêter
2418 MERCURE DE FRANCE
S'arréter en si beau chemin ,
Ah ! quel dommage !
Tous ces regrets sont inutiles , il faut se së
parer, continue- t-elle , et chante sur l'Airs
Que j'estime mon cher voisin.
Du moins pendant les quatre mois
Que je dois être absente ,
Qu'il vous souvienne quelquefois-
De la petite . Tante .
Nous allons employer , Messieurs , cet invervale
à nous mettre en état de meriter vos
suffrages pendant la Foire prochaine 3 su
PAir ,la jeune Isabelle.
Que votre présence
Qui nous charme tant
Soit la récompense
D'un zéle constant ;
L'Opéra lui - même ,
Vous dit clairement
Aimez qui vous aime ,
Rien n'est si charmant.
Elle finit par ce dernier Couplet, qu'elle
shante sur l'Air : Tout cela m'est indifferent.
Si notre Opera quelques jours ,
Vous amusa dans les Fauxbourgs ,
Que
OCTOBRE 1731. 2439
*
Que cela nous devienne utile ;
J'ose aujourd'hui vous en prier ;
Venez tous nous voir à la Ville
Le Troisiéme de Février. *
*Jour de l'ouverture de la Foire S. Germain .
avec beaucoup d'éloges , une Comédie
héroïque,sous le titre du Chevalier Bayard,
en cinq Actes , en vers libres. On assure
que les caracteres des Personnages en sont
fort beaux et fort nobles , et que la Piece
est bien écrite et interessante. Elle est de
M. Autreau , qui donna l'année passée ,
sur
2426 MER CURE DE FRANCE
sur le Théatre de l'Hôtel de Bourgogne ,
Démocrite , prétendu fou , avec tant de
succès.
Les mêmes Comédiens sont prêts à
jouer une petite Comédie d'un Acte , sousle
titre la Réunion des Amours , dont nous
parlerons quand elle aura paru .
Les Comédiens Italiens promettent une
petite Piéce nouvelle , d'un Acte , qui a
pour titre , le Phoenix ou la Fidelité mife
à l'épreuve , dont on parlera plus au long.
Le 25 , le Signeur Giacomo Rauzini ,
originaire de Naples , l'un des Comédiens
Italiens ordinaires du Roy, connu sous le
nom de Capitan Scaramouche , mourut âgé
d'environ 60 ans , après une très courte
maladie,causée par une attaque d'apopléxie;
cet Acteur ne joiioit ordinairement que
dans les Piéces Italiennes , ayant eu beaucoup
de peine à se familiariser avec la
Langue Françoise . Il a été inhumé le lendemain
à S. Eustache sa Paroisse , après
avoir receu ses Sacremens.
Le 30 Septembre , l'Opera Comique fit
la cloture de son Théatre par la Piéce des
Petits Comédiens, et du Ballet des Danseurs
Pantomimes Anglois , dont on a parlé le
mois passé. La De Cheret qui y represcntoit
OCTOBRE 1731. 2427
sentoit le Rôle de la petite Tante , et que
le Public a si fort applaudie , fut chargée
du compliment en Vaudeville , qu'elle
chanta avec autant de graces et de naïveté
que d'intelligence , sur l'air , un Berger de
notre Village.
Dans cette fatale journée ;
Qui doit mettre fin à nos jeux ;
C'est moi que l'on a destinée
Pour faire nos tristes adieux :
Je ne sçais ce que je vais dire :
Mais je sens mon coeur qui soupire.
Elle continue , sur l'air des Triolets.
Les momens où je puis vous voir ,
Sont les plus heureux de ma vie.
Il n'est rien qui puisse valoir :
Les momens que je puis vous voir ,
Mais hélas ! de quel desespoir)
Mon ame est aujourd'hui saisie
Je perds en vous quittant ce soir
Les plus doux momens de ma vie ,
Sur l'air , pour la Baronne.
Ah ! quel dommage !
Lorsque notre Théatre est pléin ;
Pourquoi faut- il plier bagage ?
s'arrêter
2418 MERCURE DE FRANCE
S'arréter en si beau chemin ,
Ah ! quel dommage !
Tous ces regrets sont inutiles , il faut se së
parer, continue- t-elle , et chante sur l'Airs
Que j'estime mon cher voisin.
Du moins pendant les quatre mois
Que je dois être absente ,
Qu'il vous souvienne quelquefois-
De la petite . Tante .
Nous allons employer , Messieurs , cet invervale
à nous mettre en état de meriter vos
suffrages pendant la Foire prochaine 3 su
PAir ,la jeune Isabelle.
Que votre présence
Qui nous charme tant
Soit la récompense
D'un zéle constant ;
L'Opéra lui - même ,
Vous dit clairement
Aimez qui vous aime ,
Rien n'est si charmant.
Elle finit par ce dernier Couplet, qu'elle
shante sur l'Air : Tout cela m'est indifferent.
Si notre Opera quelques jours ,
Vous amusa dans les Fauxbourgs ,
Que
OCTOBRE 1731. 2439
*
Que cela nous devienne utile ;
J'ose aujourd'hui vous en prier ;
Venez tous nous voir à la Ville
Le Troisiéme de Février. *
*Jour de l'ouverture de la Foire S. Germain .
Fermer
Résumé : Le Chevalier Bayard, &c. [titre d'après la table]
Le 17 octobre, les comédiens furent félicités pour la comédie héroïque 'Le Chevalier Bayard', écrite par M. Autreau, qui se distingue par ses personnages bien définis et son intérêt. L'auteur avait déjà réussi avec 'Démocrite, prétendu fou' l'année précédente. Les comédiens se préparaient également à jouer 'La Réunion des Amours', une petite comédie d'un acte, tandis que les comédiens italiens annonçaient 'Le Phoenix ou la Fidelité mise à l'épreuve'. Le 25 octobre, Giacomo Rauzini, connu sous le nom de Capitan Scaramouche, décéda à environ 60 ans après une brève maladie due à une attaque d'apoplexie. Cet acteur italien, ordinaire du roi, fut inhumé le lendemain à l'église Saint-Eustache. Le 30 septembre, l'Opéra Comique termina sa saison avec 'Les Petits Comédiens' et un ballet des danseurs pantomimes anglais. La comédienne De Cheret, interprétant le rôle de la petite Tante, prononça un compliment en vaudeville avec grâce et intelligence, exprimant ses regrets de la fermeture du théâtre et promettant de revenir pour la prochaine foire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
642
p. 2523-2536
SECONDE Partie de la Lettre sur la Tragedie d'Astrale.
Début :
Ce que je viens, Monsieur, de vous rappeller, n'est qu'une foible ébauche [...]
Mots clefs :
Spectateurs, Tragédie, Ton, Reine, Amour, Objection
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SECONDE Partie de la Lettre sur la Tragedie d'Astrale.
SECONDE Partie de la Lettre sur la
Tragedie d'Astrale.
CE
que je viens , Monsieur , de vous
rappeller , n'est qu'une foible ébauche
du Portrait de mon Autheur favori ;
il ne fait appercevoir , jusques - là que le
germe des expressions et des sentimens
qui depuis l'ont rendu inimitable dans un
genre dont il a été le créateur , et dans lequel
il est encore aujourd'hui le desespoir de
tous ceux qui ont osé le prendre pour modelle:
J'ai des traits plus dignes de lui à
mettre sous vos yeux dans cette même Piece,
où vous m'annoncez qu'on a ri.Je ne citerai
que quelques endroits des principales
Scenes. Commençons par la cinquième
du 3º Acte , elle suit immédiatement celle
où l'on a ri , et les Spectateurs ont bien
changé
2524 MERCURE DE FRANCE
changé de sentiment à mesure que l'Auteur
a changé de ton . Le voicy donc dans
le ton tragique , ou pour mieux dire dans
un ton digne du grand Corneille.
Sychée , cru pere d'Astrate, apprenant
de lui que la conjuration est découverte ,
et entendant nommer les Principaux qui
y trempent , croit n'avoir plus rien à dissimuler
, et l'arrêtant sur le point qu'il
veut en aller instruire la Reine , lui parle
ainsi :
Je voi qu'il n'est plus temps qu'avec vous je déguise
,
Et qu'il faut vous montrer le Chef de l'entre
prise >
Celui qui du vrai Roy , connoît seul tout le sort;
Et qui contre la Reine a fait le plus d'effort, &c...
Connoissez- le , mon Fils , vous le voyez en moi
Astrate.
Ce pourroit-être vous ?
Sychée.
Oui , c'est moi , dont le zele ;
Pour le sang de nos Rois toujours ferme et fi
delle ,
Contre la Tyrannie a jusqu'à ce jour
Ligué les plus Puissans du peuple et de la Cour
& c.....
Vous me perdez ,,mon Fils , si vous parlez ;
Astrate
NOVEMBRE. 173 1. 2515
Astrate.
Hélasi
Je perds la Reine aussi , si je ne parle pas.
Sychée.
Sa perte avec la mienne entre t- elle eu balance?
&c . ..
Quoique l'Amour d'abord air pû vous inspirer ,
Contre tous ses efforts le sang doit m'assurer ,
&c.
Astrate lui promet d'obtenir
sá grace,
et l'invite à venir tout dire à la Reine.
C'est alors que Sychée lui répond avec
plus de fermeté :
Moi , trahir mes sermens ! mon Prince ! mes
amis !
Plutôt , si vous l'osez , trahissez - moi , mon
Fils.
Pensez
·
vous que l'appas du rang qu'on vous
presente ,
A cet infame prix me corrompe ou me tente ?
Connoissez mieux ma foy ; rien ne l'émou peut
voir;
Et je n'ai point de Fils si cher que mon devoir.
J'ai juré de vanger mon Maître légitime ,
De couronner son sang , de déthrôner le crime ;
D'af2526
MERCURE DE FRANCE
D'affranchir mon païs d'un empire odieux ,
Ou , du moins , de périr d'un trépas glorieux.
Dans un si grand dessein je suis inébranlable ;
11 faut qu'enfin la Reine , ou trébuche, ou m'accable
;
Que vous voyiez ses jours , ou les miens ter
minez ;
Et c'est à vous à voir quel parti vous prenez.
1strate.
Entre la Reine et vous , je n'en ai point à pren
dre ,
Que celui de vouloir tour à tour vous deffendre
Vous garder l'un de l'autre , et toujours me vanger
,
Du parti seulement où sera le danger , &c.
Vous n'avez pas encor besoin de mon secours ,
Seigneur , et de la Reine on va trancher les jours;
Avec le même soin que , comme Amant fidelle ,
Je vais , ou la sauver , ou périr avec elle ,
Je sçaurai , l'ayant mise à couvert de vos coups
Vous sauver , comme Fils , ou périr avec vous ;
Je n'examine point dans cette conjoncture
Qui doit vaincre où ceder , l'amour ou la na
ture ;
Sans juger qui des deux doit être plus puissant ,
Je regarde au péril et cours au plus pressant
N'aiNOVEMBRE.
1731. 252y
-
de
N'ay je pas eu raison , Monsieur ,
vous promettre des sentimens dignes du
grand Corneille? Et ne vous ai- je pas tenu
parole ? Démentez - moy , si vous l'osez.
Mais ce n'est pas encore là du plus beau ,
et la Piece va s'ennoblir et se fortifier par
dégrez. Passons à l'Acte quatrième.
Il y a deux Scenes dans cet Acte qui
peuvent tenir le premier rang entre les
plus interessantes. Vous sçavez , Monsieur,
de quoi il s'y agit. Sychée jusqu'icy ne
s'est montré aux yeux d'Astrate
que sous
le nom de son Pere ; mais apprenant de
lui qu'il vient d'obtenir de la Reine le
pardon de tous les conjurez , pourvû
qu'on lui livre le Fils du vrai Roy ; et
le voyant déterminé à lui ôter la vie de sa
propre main , lui fait connoître que cet
ennemi qu'il veut immoler à la Reine
n'est autre que lui- même . Je vous ai déja
cité ce qui est contenu dans les Tablettes
qu'il presente à Astrate ; j'y ajoute
seulement une circonstance que les Acteurs
apparemment n'observent pas ; j'en
juge par ce que vous m'avez dit vous
même dans votre lettre ; sçavoir , que ces
Tabletes qu'Astrate laisse tomber à terre
et que Sichée ne prend pas la précaution
de ramasser , pourroient tomber entre les
mains de quelqu'un qui les remit entre
celles
2528 MERCURE DE FRANCE
celles d'Astrate , lequel s'en serviroit à
se faire connoître à ses sujets pour
leur Roy , et à sauver Elisé en ` leur
apprenant l'interêt qu'il prend en ses
jours ; vous ajoutez encore qu'il se pourroit
faire qu'Astrate ne laissât point tomber
ces Tablettes si necessaires à Agenor
pour être toujours Maître du secret qu'il
vient de confier à ce malheurenx Prince.
Votre objection , Monsieur , est tres- sensée,
mais vous vous seriez épargné la peine
de la faire , si vous aviez lû la Piece telle
qu'elle est imprimée . Voici ce que l'Auteur
dit en cet endroit: Astrate lit dans
les Tablettes que Sychée lui montres et après
la lecture des Tablettes , il ajoûte : Astrate
continue , en rejettant les Tablettes :
Ah! d'un coup plus affreux peut - on être
percé ?
Je serois né du sang que la Reine a versé !
Quoi ? j'aurois à vanger par des Loix trop se
veres
Sur un si cher objet mon Pere et mes deux Fred
res ;
Et quand nos coeurs charmez , se croyoient tour
permis ,་
Malgré l'Amour et nous , nous serions ennemis ?
Sychée l'éclaircit si bien de cette funeste
vc-
1
NOVEMBRE. 1731 2529
te verité , qu'il ne lui laisse aucun lieu
d'en douter, ce qui l'oblige à dire :
Qu'à jamais ce secret n'est - il caché pour
-moi!
'Ah ! cruel , falloit-il , si je suis Fils du Roy ,
Pour me montrer la main qui fit périr mon
Pere
'Attendre que l'Amour me la rendît si chere ?
Et ne deviez - vous pas , pour le bien de mes
jours ,
Qu m'avertir plutôt , ou vous taire toujours .
Combien d'interêts Quinault n'a- t il
pas réunis dans cette Scene pour exciter
la pitié des Spectateurs Quand la seule reconnoissance
animeroit Astrate , n'en seroit-
ce pas assez pour épargner le sang
d'une Reine , qui vient de l'associer au
rang suprême , préférablement à un Prin .
ce de son sang à qui la couronne avoit
été promise , et sembloit si légitimement
dûë Mais cela ne suffit pas à Quinault
pour nous interesser ; il nous montre en
Astrate un Prince éperduement amoureux
et tendrement aimé ; l'amour le plus
ardent se joint à la plus juste reconnoissance
pour combattre la nature. Sychée
qui traite l'amour d'une maniere confor
nie à son âge , lui dit d'un ton ferme :
C La
2530 MERGURE DE FRANCE.
>
La vangeance d'un Pere à vous seul étoit dûë ;
Je vous l'ai reservée et l'heure en est venuë
L'objet vous en fut- il cent fois plus précieux
Levez le bras , Seigneur , et détournez les yeux ;
& c,
Songez que cet amour qui vous trouble et vous
gêne ,
Qui vous usurpe un coeur qui n'est dû qu'à la
haine ,
Cet amour qui vous guide au crime le plus
noir ,
Corrompt votre vertu , séduit votre devoir ;
Cet amour qui vous rend à vous- même perfide ;
Qui vous force à chérir une main parricide
Doit être icy pour vous le premier des Tyrans
Qu'il faut sacrifier au sang de vos parens .
Sychée voyant approcher la Reine , et
ne pouvant empêcher Astrate de lui parler
, le quitte en lui disant : qu'il va prendre
soin de sa gloire , malgré lui - même,
La Scene qui succede à celle- cy est encore
plus interressante. Les deux Personnes
qui doivent produire le plus grand
interêt y sont aux prises . En vain la nature
, le devoir et l'ambition conspirent à
séparer leurs coeurs ; l'Amour, tout dénué
d'esperance qu'il est , s'obstine à les unir
plus que jamais.
La
NOVEMBRE . 1731. 2531
La Reine demande à Astrate s'il a découvert
son ennemi : Il lui répond qu'il
a plus fait, et qu'il peut le lui livrer. Voici
ce qu'il ajoute :
Ce dernier Fils d'un Roy par vous même
égorgé ,
Ce Fils par son devoir à vous perdre engagé ,
Cette victime encore à vos jours necessaire ,
Ce malheureux vangeur d'un miserable Pere ,
D'une maison détruite , et d'un Sceptre envahi ,
Enfin cet ennemi tant craint , et tant hai ,
Dont nous cherchions la perte avec un soin extrême
,
Qui l'eût pú croire Hélas ! Madame , c'est
moi-même.
Quel coup mortel pour Elisé , quel
nouveau trouble pour Astrate ! Et quel
surcroît de terreur et de pitié pour les
Spectateurs ! Qui ne seroit pas attendri à
ces plaintes de la Reine ?
L'ingenieux couroux du ciel plein de vigueur ,
N'a que trop bien trouvé le foible de mon coeur.
J'aurois bravé mon sort , s'il ne m'eût poiut
trompée ;
Je ne m'en gardois pas par où j'en suis frappée.
De ce piege des Dieux qui se fut défié ≥
Mon coeur étoit sans doute assez fortifié
Cij contre
2532 MERCURE DE FRANCE
Contre tous les dangers qui menaçoient ma vie ,
11 ne l'étoit que trop contre un Peuple en furie ,
Contre les Dieux vangeurs , les Destins en couroux
Mais il ne l'étoit pas contre l'Amour et vous.
Je vous dérobe autant de beautez que
je supprime de Vers dans cette Scene.Vous
n'avez, Monsieur , qu'à la parcourir toute
entiere , pour voir si j'exagere ; mais je
m'apperçoi que ma Lettre passe les bornes
ordinaires ; je vais donc vous citer le plus
succinctement qu'il me sera possible,quel
ques traits du cinquième Acte.
Comme le Rôle de Sychée est sans contredit
le plus beau de la Piéce , et qu'on
y reconnoît le genre de celui de Palamede,
qui produit un effet si admirable dans l'E
lectre de M.de Crebillon.Je ne puis mieux
finir ma Lettre que par quelques Vers
que ce genereux Chef des conjurez dit
à Astrate , qui le menace de vanger sur
lui la mort de la Reine , s'il a été assez bar,
bare pour l'immoler. Voici sa réponse :
Je sçais que l'on reçoit souvent comme ung
injuré
Le zele trop exact de la foy la plus pure ;
Mais rien , en vous servant , ne peut me retenir ,
Je
NOVEMBRE. 1731. 2533
Je ferai mon devoir , dussiez-vous m'en punir ,
&c.
J'aime mon Maître assez , pour m'exposer sans
peine
Jusqu'à l'oser servir , au péril de sa haïne.
Et ma perte assurée , est après tous mes soins ,
L'injustice de lui, que mon coeur craint le moins
Quand j'aurai fait , Seigneur , tout ce que je dois
faire ,
Achevé ce que veut le Sang de votre Pere ;
Assuré votre gloire , et signalé ma foy ,
J'aurai crû vivre assez et pour vous et pour moi ;
Et si ma vie enfin , suivant mon zele extrême ,
Avanger votre sang , vous sert malgré vousmême
,
son tour Je mourrai trop content : si ma mort
Vous sert , selon vos voeux , à vanger votre
amour.
Je finis icy mes citations , pour répondre
à quelques objections que vous m'avez
faites.Le stile de Quinault dites- vous,
n'a pas cette force et cette noblesse que
demande la Tragedie , et vous le renvoyez
avec une espece de mépris à l'Opera ;
vous me faites bien voir par là que vous
avez adopté l'injuste idée qu'on s'est faite
de ce genre de Spectacle , que Quinault a
porté si haut ; mais je doute qu'il soit
plus facile de faire un bon
Opera
bone
C iij
1
2534 MERCURE DE FRANCE
bonne Tragedie ; Racine et Despreaux
l'ont voulu éprouver , et ce n'a été qu'à
leur honte ; ils oserent , dit- on , entreprendre
un Opera, pour supplanter Quinault
, mais à peine furent- ils entrez dans
la carriere , qu'ils l'abandonnerent ; leurs
partisans ne manqueront pas de dire ,
après eux , qu'ils eurent honte de l'avoir
entrepris et qu'ils jugerent le genre indigne
de leurs plumes ; quel rafinement de
Aatterie ! quelle ressource d'amour propre
! cependant Racine a bien fait voir
par le Lyrique qu'il a mis dans Esther et
dans Athalie , que ce n'étoit point là son
fort , et Despreaux nous a convaincu par
son Ode sur Namur , que son genie étoit
là hors de sa Sphere ; et que s'il avoit fait
un Opera sur ce ton , on auroit pû rẹtorquer
contre lui ce qu'il a dit contre les
Opera de Quinault , sçavoir ;
Et , jusqu'à je vous hais , tout s'y dit tendres
ment,
En disant au contraire :
Tout s'y dit durement , et jusqu'à je vous aime.
Vous ajoutez encore , Monsieur , que
les Héros de Quinault sont trop doucereux
; la solution de ce problême deman-
1
deroit
NOVEMBRE. 1731 . 2535
deroit une trop longue discussion ; et
puisque Racine a tant fait que d'ériger
l'amour en partie principale de ses Tragedies
, quoiqu'il ne soit que partie accessoire
dans celles de Corneille , et qu'il·
n'entre presque point du tout dans cellesdes
anciens ; je ne voi point qu'on doive
si fort ennoblir une passion qui n'est que
foiblesse ; d'ailleurs supposé que ce soit là
un deffaut dans Astrate ; c'est une heu
reuse faute , puisqu'elle l'a porté à s'attacher
uniquement à l'Opera ; ce n'est pas
qu'il desesperât de réussir dans le genre
qu'il voulut bien abandonner ; le succès
qu'il avoit eu dans le Faux-Tiberinus , et
dans Astrate , lui offroit assez de quoi se
consoler du peu de réussite de Pausanias,
et de Bellerofon ; de sorte que joignant à
cela sa Mere coquette , il pouvoit justement
se vanter de posseder trois genres ,
dont le moindre auroit suffi pour illustrer
un Auteur. Vous m'accuserez tant
qu'il vous plaira de trop de prévention .
Pour lui ,je vous ai déja dit que c'est mon
Auteur favori ; et d'ailleurs la préférence
que je lui donne est fondée sur des titres
qui me paroissent incontestables ; j'en ai
trop dit pour une Lettre , mais non pour
deffendre une gloire si solidement établie
et si injustement attaquée ; l'espere ,Mon-
Ciiij sicur,
2536 MERCURE DE FRANCE
sieur , que si vous faites un peu plus de
réfléxion sur cette apologie , que vous
n'en avez fait à la représentation d'Astrate
; vous vous rapprocherez de mon
sentiment : Je suis , rancune tenant , votre,
&c.
Tragedie d'Astrale.
CE
que je viens , Monsieur , de vous
rappeller , n'est qu'une foible ébauche
du Portrait de mon Autheur favori ;
il ne fait appercevoir , jusques - là que le
germe des expressions et des sentimens
qui depuis l'ont rendu inimitable dans un
genre dont il a été le créateur , et dans lequel
il est encore aujourd'hui le desespoir de
tous ceux qui ont osé le prendre pour modelle:
J'ai des traits plus dignes de lui à
mettre sous vos yeux dans cette même Piece,
où vous m'annoncez qu'on a ri.Je ne citerai
que quelques endroits des principales
Scenes. Commençons par la cinquième
du 3º Acte , elle suit immédiatement celle
où l'on a ri , et les Spectateurs ont bien
changé
2524 MERCURE DE FRANCE
changé de sentiment à mesure que l'Auteur
a changé de ton . Le voicy donc dans
le ton tragique , ou pour mieux dire dans
un ton digne du grand Corneille.
Sychée , cru pere d'Astrate, apprenant
de lui que la conjuration est découverte ,
et entendant nommer les Principaux qui
y trempent , croit n'avoir plus rien à dissimuler
, et l'arrêtant sur le point qu'il
veut en aller instruire la Reine , lui parle
ainsi :
Je voi qu'il n'est plus temps qu'avec vous je déguise
,
Et qu'il faut vous montrer le Chef de l'entre
prise >
Celui qui du vrai Roy , connoît seul tout le sort;
Et qui contre la Reine a fait le plus d'effort, &c...
Connoissez- le , mon Fils , vous le voyez en moi
Astrate.
Ce pourroit-être vous ?
Sychée.
Oui , c'est moi , dont le zele ;
Pour le sang de nos Rois toujours ferme et fi
delle ,
Contre la Tyrannie a jusqu'à ce jour
Ligué les plus Puissans du peuple et de la Cour
& c.....
Vous me perdez ,,mon Fils , si vous parlez ;
Astrate
NOVEMBRE. 173 1. 2515
Astrate.
Hélasi
Je perds la Reine aussi , si je ne parle pas.
Sychée.
Sa perte avec la mienne entre t- elle eu balance?
&c . ..
Quoique l'Amour d'abord air pû vous inspirer ,
Contre tous ses efforts le sang doit m'assurer ,
&c.
Astrate lui promet d'obtenir
sá grace,
et l'invite à venir tout dire à la Reine.
C'est alors que Sychée lui répond avec
plus de fermeté :
Moi , trahir mes sermens ! mon Prince ! mes
amis !
Plutôt , si vous l'osez , trahissez - moi , mon
Fils.
Pensez
·
vous que l'appas du rang qu'on vous
presente ,
A cet infame prix me corrompe ou me tente ?
Connoissez mieux ma foy ; rien ne l'émou peut
voir;
Et je n'ai point de Fils si cher que mon devoir.
J'ai juré de vanger mon Maître légitime ,
De couronner son sang , de déthrôner le crime ;
D'af2526
MERCURE DE FRANCE
D'affranchir mon païs d'un empire odieux ,
Ou , du moins , de périr d'un trépas glorieux.
Dans un si grand dessein je suis inébranlable ;
11 faut qu'enfin la Reine , ou trébuche, ou m'accable
;
Que vous voyiez ses jours , ou les miens ter
minez ;
Et c'est à vous à voir quel parti vous prenez.
1strate.
Entre la Reine et vous , je n'en ai point à pren
dre ,
Que celui de vouloir tour à tour vous deffendre
Vous garder l'un de l'autre , et toujours me vanger
,
Du parti seulement où sera le danger , &c.
Vous n'avez pas encor besoin de mon secours ,
Seigneur , et de la Reine on va trancher les jours;
Avec le même soin que , comme Amant fidelle ,
Je vais , ou la sauver , ou périr avec elle ,
Je sçaurai , l'ayant mise à couvert de vos coups
Vous sauver , comme Fils , ou périr avec vous ;
Je n'examine point dans cette conjoncture
Qui doit vaincre où ceder , l'amour ou la na
ture ;
Sans juger qui des deux doit être plus puissant ,
Je regarde au péril et cours au plus pressant
N'aiNOVEMBRE.
1731. 252y
-
de
N'ay je pas eu raison , Monsieur ,
vous promettre des sentimens dignes du
grand Corneille? Et ne vous ai- je pas tenu
parole ? Démentez - moy , si vous l'osez.
Mais ce n'est pas encore là du plus beau ,
et la Piece va s'ennoblir et se fortifier par
dégrez. Passons à l'Acte quatrième.
Il y a deux Scenes dans cet Acte qui
peuvent tenir le premier rang entre les
plus interessantes. Vous sçavez , Monsieur,
de quoi il s'y agit. Sychée jusqu'icy ne
s'est montré aux yeux d'Astrate
que sous
le nom de son Pere ; mais apprenant de
lui qu'il vient d'obtenir de la Reine le
pardon de tous les conjurez , pourvû
qu'on lui livre le Fils du vrai Roy ; et
le voyant déterminé à lui ôter la vie de sa
propre main , lui fait connoître que cet
ennemi qu'il veut immoler à la Reine
n'est autre que lui- même . Je vous ai déja
cité ce qui est contenu dans les Tablettes
qu'il presente à Astrate ; j'y ajoute
seulement une circonstance que les Acteurs
apparemment n'observent pas ; j'en
juge par ce que vous m'avez dit vous
même dans votre lettre ; sçavoir , que ces
Tabletes qu'Astrate laisse tomber à terre
et que Sichée ne prend pas la précaution
de ramasser , pourroient tomber entre les
mains de quelqu'un qui les remit entre
celles
2528 MERCURE DE FRANCE
celles d'Astrate , lequel s'en serviroit à
se faire connoître à ses sujets pour
leur Roy , et à sauver Elisé en ` leur
apprenant l'interêt qu'il prend en ses
jours ; vous ajoutez encore qu'il se pourroit
faire qu'Astrate ne laissât point tomber
ces Tablettes si necessaires à Agenor
pour être toujours Maître du secret qu'il
vient de confier à ce malheurenx Prince.
Votre objection , Monsieur , est tres- sensée,
mais vous vous seriez épargné la peine
de la faire , si vous aviez lû la Piece telle
qu'elle est imprimée . Voici ce que l'Auteur
dit en cet endroit: Astrate lit dans
les Tablettes que Sychée lui montres et après
la lecture des Tablettes , il ajoûte : Astrate
continue , en rejettant les Tablettes :
Ah! d'un coup plus affreux peut - on être
percé ?
Je serois né du sang que la Reine a versé !
Quoi ? j'aurois à vanger par des Loix trop se
veres
Sur un si cher objet mon Pere et mes deux Fred
res ;
Et quand nos coeurs charmez , se croyoient tour
permis ,་
Malgré l'Amour et nous , nous serions ennemis ?
Sychée l'éclaircit si bien de cette funeste
vc-
1
NOVEMBRE. 1731 2529
te verité , qu'il ne lui laisse aucun lieu
d'en douter, ce qui l'oblige à dire :
Qu'à jamais ce secret n'est - il caché pour
-moi!
'Ah ! cruel , falloit-il , si je suis Fils du Roy ,
Pour me montrer la main qui fit périr mon
Pere
'Attendre que l'Amour me la rendît si chere ?
Et ne deviez - vous pas , pour le bien de mes
jours ,
Qu m'avertir plutôt , ou vous taire toujours .
Combien d'interêts Quinault n'a- t il
pas réunis dans cette Scene pour exciter
la pitié des Spectateurs Quand la seule reconnoissance
animeroit Astrate , n'en seroit-
ce pas assez pour épargner le sang
d'une Reine , qui vient de l'associer au
rang suprême , préférablement à un Prin .
ce de son sang à qui la couronne avoit
été promise , et sembloit si légitimement
dûë Mais cela ne suffit pas à Quinault
pour nous interesser ; il nous montre en
Astrate un Prince éperduement amoureux
et tendrement aimé ; l'amour le plus
ardent se joint à la plus juste reconnoissance
pour combattre la nature. Sychée
qui traite l'amour d'une maniere confor
nie à son âge , lui dit d'un ton ferme :
C La
2530 MERGURE DE FRANCE.
>
La vangeance d'un Pere à vous seul étoit dûë ;
Je vous l'ai reservée et l'heure en est venuë
L'objet vous en fut- il cent fois plus précieux
Levez le bras , Seigneur , et détournez les yeux ;
& c,
Songez que cet amour qui vous trouble et vous
gêne ,
Qui vous usurpe un coeur qui n'est dû qu'à la
haine ,
Cet amour qui vous guide au crime le plus
noir ,
Corrompt votre vertu , séduit votre devoir ;
Cet amour qui vous rend à vous- même perfide ;
Qui vous force à chérir une main parricide
Doit être icy pour vous le premier des Tyrans
Qu'il faut sacrifier au sang de vos parens .
Sychée voyant approcher la Reine , et
ne pouvant empêcher Astrate de lui parler
, le quitte en lui disant : qu'il va prendre
soin de sa gloire , malgré lui - même,
La Scene qui succede à celle- cy est encore
plus interressante. Les deux Personnes
qui doivent produire le plus grand
interêt y sont aux prises . En vain la nature
, le devoir et l'ambition conspirent à
séparer leurs coeurs ; l'Amour, tout dénué
d'esperance qu'il est , s'obstine à les unir
plus que jamais.
La
NOVEMBRE . 1731. 2531
La Reine demande à Astrate s'il a découvert
son ennemi : Il lui répond qu'il
a plus fait, et qu'il peut le lui livrer. Voici
ce qu'il ajoute :
Ce dernier Fils d'un Roy par vous même
égorgé ,
Ce Fils par son devoir à vous perdre engagé ,
Cette victime encore à vos jours necessaire ,
Ce malheureux vangeur d'un miserable Pere ,
D'une maison détruite , et d'un Sceptre envahi ,
Enfin cet ennemi tant craint , et tant hai ,
Dont nous cherchions la perte avec un soin extrême
,
Qui l'eût pú croire Hélas ! Madame , c'est
moi-même.
Quel coup mortel pour Elisé , quel
nouveau trouble pour Astrate ! Et quel
surcroît de terreur et de pitié pour les
Spectateurs ! Qui ne seroit pas attendri à
ces plaintes de la Reine ?
L'ingenieux couroux du ciel plein de vigueur ,
N'a que trop bien trouvé le foible de mon coeur.
J'aurois bravé mon sort , s'il ne m'eût poiut
trompée ;
Je ne m'en gardois pas par où j'en suis frappée.
De ce piege des Dieux qui se fut défié ≥
Mon coeur étoit sans doute assez fortifié
Cij contre
2532 MERCURE DE FRANCE
Contre tous les dangers qui menaçoient ma vie ,
11 ne l'étoit que trop contre un Peuple en furie ,
Contre les Dieux vangeurs , les Destins en couroux
Mais il ne l'étoit pas contre l'Amour et vous.
Je vous dérobe autant de beautez que
je supprime de Vers dans cette Scene.Vous
n'avez, Monsieur , qu'à la parcourir toute
entiere , pour voir si j'exagere ; mais je
m'apperçoi que ma Lettre passe les bornes
ordinaires ; je vais donc vous citer le plus
succinctement qu'il me sera possible,quel
ques traits du cinquième Acte.
Comme le Rôle de Sychée est sans contredit
le plus beau de la Piéce , et qu'on
y reconnoît le genre de celui de Palamede,
qui produit un effet si admirable dans l'E
lectre de M.de Crebillon.Je ne puis mieux
finir ma Lettre que par quelques Vers
que ce genereux Chef des conjurez dit
à Astrate , qui le menace de vanger sur
lui la mort de la Reine , s'il a été assez bar,
bare pour l'immoler. Voici sa réponse :
Je sçais que l'on reçoit souvent comme ung
injuré
Le zele trop exact de la foy la plus pure ;
Mais rien , en vous servant , ne peut me retenir ,
Je
NOVEMBRE. 1731. 2533
Je ferai mon devoir , dussiez-vous m'en punir ,
&c.
J'aime mon Maître assez , pour m'exposer sans
peine
Jusqu'à l'oser servir , au péril de sa haïne.
Et ma perte assurée , est après tous mes soins ,
L'injustice de lui, que mon coeur craint le moins
Quand j'aurai fait , Seigneur , tout ce que je dois
faire ,
Achevé ce que veut le Sang de votre Pere ;
Assuré votre gloire , et signalé ma foy ,
J'aurai crû vivre assez et pour vous et pour moi ;
Et si ma vie enfin , suivant mon zele extrême ,
Avanger votre sang , vous sert malgré vousmême
,
son tour Je mourrai trop content : si ma mort
Vous sert , selon vos voeux , à vanger votre
amour.
Je finis icy mes citations , pour répondre
à quelques objections que vous m'avez
faites.Le stile de Quinault dites- vous,
n'a pas cette force et cette noblesse que
demande la Tragedie , et vous le renvoyez
avec une espece de mépris à l'Opera ;
vous me faites bien voir par là que vous
avez adopté l'injuste idée qu'on s'est faite
de ce genre de Spectacle , que Quinault a
porté si haut ; mais je doute qu'il soit
plus facile de faire un bon
Opera
bone
C iij
1
2534 MERCURE DE FRANCE
bonne Tragedie ; Racine et Despreaux
l'ont voulu éprouver , et ce n'a été qu'à
leur honte ; ils oserent , dit- on , entreprendre
un Opera, pour supplanter Quinault
, mais à peine furent- ils entrez dans
la carriere , qu'ils l'abandonnerent ; leurs
partisans ne manqueront pas de dire ,
après eux , qu'ils eurent honte de l'avoir
entrepris et qu'ils jugerent le genre indigne
de leurs plumes ; quel rafinement de
Aatterie ! quelle ressource d'amour propre
! cependant Racine a bien fait voir
par le Lyrique qu'il a mis dans Esther et
dans Athalie , que ce n'étoit point là son
fort , et Despreaux nous a convaincu par
son Ode sur Namur , que son genie étoit
là hors de sa Sphere ; et que s'il avoit fait
un Opera sur ce ton , on auroit pû rẹtorquer
contre lui ce qu'il a dit contre les
Opera de Quinault , sçavoir ;
Et , jusqu'à je vous hais , tout s'y dit tendres
ment,
En disant au contraire :
Tout s'y dit durement , et jusqu'à je vous aime.
Vous ajoutez encore , Monsieur , que
les Héros de Quinault sont trop doucereux
; la solution de ce problême deman-
1
deroit
NOVEMBRE. 1731 . 2535
deroit une trop longue discussion ; et
puisque Racine a tant fait que d'ériger
l'amour en partie principale de ses Tragedies
, quoiqu'il ne soit que partie accessoire
dans celles de Corneille , et qu'il·
n'entre presque point du tout dans cellesdes
anciens ; je ne voi point qu'on doive
si fort ennoblir une passion qui n'est que
foiblesse ; d'ailleurs supposé que ce soit là
un deffaut dans Astrate ; c'est une heu
reuse faute , puisqu'elle l'a porté à s'attacher
uniquement à l'Opera ; ce n'est pas
qu'il desesperât de réussir dans le genre
qu'il voulut bien abandonner ; le succès
qu'il avoit eu dans le Faux-Tiberinus , et
dans Astrate , lui offroit assez de quoi se
consoler du peu de réussite de Pausanias,
et de Bellerofon ; de sorte que joignant à
cela sa Mere coquette , il pouvoit justement
se vanter de posseder trois genres ,
dont le moindre auroit suffi pour illustrer
un Auteur. Vous m'accuserez tant
qu'il vous plaira de trop de prévention .
Pour lui ,je vous ai déja dit que c'est mon
Auteur favori ; et d'ailleurs la préférence
que je lui donne est fondée sur des titres
qui me paroissent incontestables ; j'en ai
trop dit pour une Lettre , mais non pour
deffendre une gloire si solidement établie
et si injustement attaquée ; l'espere ,Mon-
Ciiij sicur,
2536 MERCURE DE FRANCE
sieur , que si vous faites un peu plus de
réfléxion sur cette apologie , que vous
n'en avez fait à la représentation d'Astrate
; vous vous rapprocherez de mon
sentiment : Je suis , rancune tenant , votre,
&c.
Fermer
Résumé : SECONDE Partie de la Lettre sur la Tragedie d'Astrale.
La lettre traite de la tragédie 'Astrate' de Quinault. L'auteur rappelle à son destinataire qu'il n'a fait qu'esquisser le portrait de Quinault et promet de révéler des traits plus dignes de lui dans la pièce. Il cite des extraits de la cinquième scène du troisième acte, où Sychée, père d'Astrate, révèle sa véritable identité et ses intentions de venger le roi légitime. Sychée exprime son devoir envers son maître et son refus de trahir ses serments, malgré les supplications d'Astrate. La lettre met en avant la noblesse et la fermeté des sentiments exprimés par Sychée, comparables à ceux de Corneille. L'auteur passe ensuite à l'acte quatrième, où Sychée révèle à Astrate qu'il est le fils du roi légitime. Astrate est déchiré entre son amour pour la reine et son devoir de venger son père. La scène suivante montre la reine et Astrate, ce dernier révélant qu'il est l'ennemi qu'elle cherche à éliminer. La lettre souligne l'intensité dramatique et la profondeur des sentiments exprimés dans ces scènes. L'auteur défend le style de Quinault, souvent critiqué pour sa douceur, et souligne que même des auteurs comme Racine et Boileau ont échoué dans le genre de l'opéra. Il conclut en citant des vers de Sychée, illustrant son dévouement et son sens du devoir jusqu'à la mort.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
643
p. 2541-2549
ELOGE de M. de Lavaur, celebre Avocat. Lettre écrite par M. B. B. à M. de S. Aigne, Conseiller de la Cour des Aides de Clermont.
Début :
Je viens, Monsieur, répandre dans vôtre sein la juste douleur que me [...]
Mots clefs :
Éloge, Écuyer, Avocat, Seigneur, Jurisprudence, Gentilhomme ordinaire du roi, Arbitre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ELOGE de M. de Lavaur, celebre Avocat. Lettre écrite par M. B. B. à M. de S. Aigne, Conseiller de la Cour des Aides de Clermont.
ELOGE de M. de Lavaur , celebre Avocat.
Lettre écrite
›
par
M. B. B. à M..de
Conseiller de la Cour des
S.
Aigne
Aides de Clermont
.
E viens , Monsieur , répandre dans
vôtre sein la juste douleur que me
cause la mort de M. de Lavaur , Ecuyer,
Seigneur de la Boisse , Avocat au Parlement
de Paris ; l'illustre défunt m'a
honoré de son amitié pendant toute sa
vie Sa mort arrivée à S. Cere le 8 Avril
dernier après avoir fait le sujet de mes
larmes exige , ce me semble , quelque
chose de plus de ma reconnoissance . Voici
, Monsieur , un leger crayon de sa
vie , pour honorer en quelque façon sa
mémoire et pour la satisfaction de ses
Amis , entre lesquels vous tenez un des
premiers rangs.
,
3
Guillaume de Lavaur étoit né à Saint
Cere dans la Vicomté de Turenne en
Querci , le 11. Juin 1653. Paul , son
Pere , Avocat au Parlement de Toulouse,
étoit très habile dans sa Profession. Il
aimoit singulierement l'étude des Belles--
Lettres
et il → inspira cet amour à son
-
Fils..
2542 MERCURE DE FRANCE
Fils. Ses lumieres , son experience , sa
probité lui meriterent la confiance du
Public ; et il fut très- estimé dans sa Patrie
, à laquelle il rendit des services importans
,
et dont la memoire est encore
récente. Il descendoit d'un Cadet des Seigneurs
de Lavaur , Maison considerable
et des plus anciennes du Querci.
,
,
Guillaume son digne Fils , la rendra
encore plus célebre. A peine eût- il fini
son Droit à Toulouse , que son Pere jaloux
de son éducation , l'envoya à Paris
pour suivre le Barreaut et pour s'y former
sur les grands modeles de ce tems-là .
Nôtre jeune Avocat ne s'appliqua pas
seulement à la Jurisprudence , mais il
fit encore de grands progrès dans l'étude
des Belles- Letttes , pour lesquelles il avoit
beaucoup de goût et de talent. Son ap
plication infatigable la sagesse de sa
conduite , la bonté de ses moeurs
manieres nobles , polies , genereuses lui
firent des amis de distinction . Les affaires
de sa Famille l'ayant obligé de retourner
en Province , il épousa Marie-
Charlotte Maynard , Fille de Charles
Gentilhomme ordinaire du Roy , et Petite-
Fille de François , Président à Aurillac
en Auvergne , Secretaire de la
Reine Marguerite , et honoré avant sa
ses
J'
most
NOVEMBRE 1731. 254
mort d'un Brevet de Conseiller d'Etat :
mais beaucoup plus connu par les ouvrages
dont il a enrichi le Public.
M. de Lavaur se trouva attaché à
S. Cere ,
par la tendresse qu'il avoit
pour cette digne Epouse , par ses affaires
domestiques , et par la délicatesse de sa
santé , qui ne se soutenoit que par un
grand regime de vie. Il ne s'absenta
du Querci , que pour un Voyage qu'il
fut obligé de faire à Paris en 1700, et
pour quelques autres voyages de nécessité
qu'il fit à Toulouze , où l'on n'oublia
rien pour le retenir.
>
و
Il étoit le Conseil , l'Arbitre , l'Oracle
du Païs. Sa maison étoit ouverte à tous
et à toute heure sur- tout aux Pauvres
et aux Affligés ausquels il accordoit
volontiers son secours et une bonne partie
de son revenu qui étoit considerable.
L'Illustre Fenelon , Archevêque de
Cambrai , le Duc de Bouillon , et plusieurs
personnes du premier rang et d'un
goût exquis , connoissant la solidité de
son mérite , lui donnerent leur confiance
la plus intime et la plus étroite.
Aussi parfait Chrétien , que bon Citoyen
, il donnoit chaque jour un temps
considerable à la priere et à la lecture
de l'Ecriture , des Peres , et de la Morale
Chré
2544 MERCURE DE FRANCE
›
Chrétienne. Sa religion et sa pieté étoient
la regle de ses Etudes : et ses Etudes l'affermissoient
dans sa Religion , et n'altererent
jamais sa pieté. Tout éclairé qu'il
étoit il vivoit dans une merveilleuse
simplicité , religieux dans les moindres
de ses actions , aussi -bien que dans les
plus grandes , il étoit exact et fidele à
toutes les pratiques de la Religion , assidu
à sa Paroisse attaché à son Pasteur
, que la noblesse de son extraction
lui rendoit moins recommandable , que
la pureté de sa Doctrine et de ses moeurs.
,
,
M. de Lavaur joignit à cette haute pieté
une profonde érudition . Il étoit Philosophe
, Orateur , et Poëte. Il sçavoit
parfaitement le Grec et l'Hebreu , et
toutes les finesses de la Langue Latine.
Pour ce qui est de nôtre Langue la
pureté et la beauté de son élocution , le
choix , l'arrangement , l'harmonie de ses
expressions , la hardiesse et la magnificence
de ses figures , la rapidité de son
éloquence , l'artifice de sa composition ,
Ia beauté de ses discours ne laissoient
rien à desirer.
Quelque attaché qu'il fut aux devoirs
de son état , il trouvoit encore assez de
Toisir pour cultiver l'étude des Sciences.
En 1726. il fit imprimer chez E. Ganeau-,
PHisNOVEMBRE
1731. 2545
> J
Histoire secrete de Neron , ou le Festin
de Trimalcion traduit de Petrone avec
des Notes historiques , in 12 de 446. pages ,
sans le Discours préliminaire qui en remplit
72. Les quatre premieres ne sont
qu'une Traduction du Portrait que Tacite
fait de Petrone , au livre xvj . de ses
'Annales. La suite de ce discours est trèsrecherchée
, on y trouve des remarques
curieuses sur les affranchis , sur les factions
, les jeux et leurs couleurs , sur les
Sevirs , sur les habits et les noms des Romains
, et sur les Sesterces. La Traduction
de l'Histoire est pure et élegante : on
trouve une Critique exacte dans les notes:
elles sont courtes et dégagées de tout
fatras d'érudition , et l'on ne peut s'em- >
pêcher de convenir que personne n'a
mieux pénetré que lui le sens de Petrone
; il est entré parfaitement bien dans
le Plan de son Auteur ; il a conservé
dans sa version les beautez presque inimitables
de l'Original , sans lui rien faire
perdre de ses traits , de ses couleurs , de
son prix ; il fait sentir par tout la finesse
de ses tours et la délicatesse de ses pensées
et si Petrone a été nommé Autor
›
in obscoenitate purus , ne pourroit-on pas
appeller le sçavant Traducteur qui l'a si
bien épuré , en retranchant toutes les
obsce-
1
2546 MERCURE DE FRANCE
obscenités , Purissimus impurissimi Auctoris
Interpres ?
Un autre ouvrage plus considerable de
M. de L. est intitulé : Conférence de la
Fable avec l'Histoire Sainte où l'on voit
›
>
que les grandes Fables le culte et les mysteres
du Paganisme ne sont que des Copies
alterées des Histoires , des Usages , et des
Traditions des Hebreux 2. vol . in 12. le
premier de 96. pages , sans le Discourspréliminaire
qui en contient 122. Le second
tome est de 361. pages . M. le Cardinal
de Fleury a bien voulu être le Mecene
de ce Livre , et ce n'est pas une approbation
mediocre pour l'ouvrage , ni
une petite louange pour l'Auteur , qui ,
d'ailleurs a tout-à - fait bien rempli son
dessein , lequel se trouve heureusement
exprimé dès le Frontispice
par ce passage
du I. livre des Macchabées
, c. 3. v. 48.
expanserunt libros legis , de quibus scrutabantur
gentes similitudinem
simulachrorum
suorum & c.
>
Avant lui , Steuchus , Evêque de Kisanie
, qui vivoit au milieu du xvj . siécle
, Bochard dans sa Géographie sacrée
M. Huet , Evêque d'Avranches , dans sa
Démonstration Evangelique , et le Pere
Thomassin , dans sa méthode d'étudier
les Poëtes , avoient travaillé après Eusebe
aux
NOVEMBRE 1731. 2547
aux Remarques de quelques traits de ressemblance
entre les personnages du vieux
Testament , et les Dieux du Paganisme .
M. de Lavaur a poussé ces recherches
plus loin , et il a découvert heureusement
la ressemblance des avantures et de la
vie des plus célebres personnages de la
Fable , avec ceux de nos saintes Ecritures.
Il prouve solidement , que les Fables
du Paganisme ne sont qu'une copie alterée
de la Religion , et par ce moyen
il établit le droit d'aînesse , et l'autorité
des livres divins sur les inventions des
hommes , de la verité sur le mensonge ,
de la vraie Religion et de la vraie Divinité
sur les fausses , qui n'en sont qu'une
imitation corrompue. Il démontre clairement
l'origine du Paganisme , sortie du
sein de Dieu même , sans que les Payens
s'en soient apperçûs ; il établit évidemment
la conformité des Fables avec les
Textes sacrés , et développe si nettement
les Metaphores des Auteurs Profanes
qu'on diroit qu'il a conferé avec les plus:
illustres morts de l'antiquité , pour nous
apprendre le vrai sens de leurs Enigmes.
Le témoignage de M. l'Abbé Raguer
me sera un bon et solide garand de ce
que je viens d'avancer. M. de Lavaur
dit-il , dans son approbation , fait paroître
2548 MERCURE DE FRANCE
foître dans cet ouvrage beaucoup d'éru-
»dition , un zele extrême pour les inte-
→ rêts de la verité , et une grande saga-
» cité à découvrir les traces précieuses de
» la Tradition des Hebreux parmi les té-
>> nebres du Paganisme. Il fait par tout
>> sentir l'autorité supprimée des livres
» sacrez , et par des conjectures ordinai-
» rement très heureuses , et par les mo-
» numens les plus acréditez de ceux qui
»> ne sembloient s'être instruits dans les
» Divines Ecritures , que pour les alterer ,
» suivant l'égarement de leur esprit , et
» la corruption de leur coeur.
Cet homme digne de l'immortalité
nous a laissé non - seulement ces deuxbeaux
ouvrages , mais encore trois fils ,
qui sont la gloire et la couronne d'un
tel Pere. Pierre - Louis de Lavaur son
aîné , Trésorier de France , disputa au
sortir des Ecoles une Chaire de Droit dans
l'Université de Cahors , et s'il ne l'ob
rint pas
›
pas , par un coup de faveur qui la
fit donner à son concurrent , il la mérita
suivant la justice que lui rendirent les
Sçavans desinteressez qui assisterent à
cette dispute. Il s'est allié aux meilleures
Maisons du Querci , par son mariage
avec Dame Elisabeth de Banze. Il suit
Les traces de son Pere , par son application
NOVEMBRE. 1731. 2549
tion à la Jurisprudence et aux Belles-
Lettres.
Philippe , son puîné , est Chanoine
de S. Sernin à Toulouse , et Syndic du
Chapitre , ce qui n'est pas une petite
distinction .
Le troisiéme Fils est François , Sieur
de l'Ort , il a eu soin de l'Edition du Livre
de la Conférence , qu'il a fait imprimer
à Paris , chez Cailleau 1730. 11
est premier Secretaire de M. le Marquis
de Fenelon Ambassadeur du Roy en
Hollande. J'ai l'honneur d'être , Mon
sieur , & c.
Ce 1. May 1731,
Lettre écrite
›
par
M. B. B. à M..de
Conseiller de la Cour des
S.
Aigne
Aides de Clermont
.
E viens , Monsieur , répandre dans
vôtre sein la juste douleur que me
cause la mort de M. de Lavaur , Ecuyer,
Seigneur de la Boisse , Avocat au Parlement
de Paris ; l'illustre défunt m'a
honoré de son amitié pendant toute sa
vie Sa mort arrivée à S. Cere le 8 Avril
dernier après avoir fait le sujet de mes
larmes exige , ce me semble , quelque
chose de plus de ma reconnoissance . Voici
, Monsieur , un leger crayon de sa
vie , pour honorer en quelque façon sa
mémoire et pour la satisfaction de ses
Amis , entre lesquels vous tenez un des
premiers rangs.
,
3
Guillaume de Lavaur étoit né à Saint
Cere dans la Vicomté de Turenne en
Querci , le 11. Juin 1653. Paul , son
Pere , Avocat au Parlement de Toulouse,
étoit très habile dans sa Profession. Il
aimoit singulierement l'étude des Belles--
Lettres
et il → inspira cet amour à son
-
Fils..
2542 MERCURE DE FRANCE
Fils. Ses lumieres , son experience , sa
probité lui meriterent la confiance du
Public ; et il fut très- estimé dans sa Patrie
, à laquelle il rendit des services importans
,
et dont la memoire est encore
récente. Il descendoit d'un Cadet des Seigneurs
de Lavaur , Maison considerable
et des plus anciennes du Querci.
,
,
Guillaume son digne Fils , la rendra
encore plus célebre. A peine eût- il fini
son Droit à Toulouse , que son Pere jaloux
de son éducation , l'envoya à Paris
pour suivre le Barreaut et pour s'y former
sur les grands modeles de ce tems-là .
Nôtre jeune Avocat ne s'appliqua pas
seulement à la Jurisprudence , mais il
fit encore de grands progrès dans l'étude
des Belles- Letttes , pour lesquelles il avoit
beaucoup de goût et de talent. Son ap
plication infatigable la sagesse de sa
conduite , la bonté de ses moeurs
manieres nobles , polies , genereuses lui
firent des amis de distinction . Les affaires
de sa Famille l'ayant obligé de retourner
en Province , il épousa Marie-
Charlotte Maynard , Fille de Charles
Gentilhomme ordinaire du Roy , et Petite-
Fille de François , Président à Aurillac
en Auvergne , Secretaire de la
Reine Marguerite , et honoré avant sa
ses
J'
most
NOVEMBRE 1731. 254
mort d'un Brevet de Conseiller d'Etat :
mais beaucoup plus connu par les ouvrages
dont il a enrichi le Public.
M. de Lavaur se trouva attaché à
S. Cere ,
par la tendresse qu'il avoit
pour cette digne Epouse , par ses affaires
domestiques , et par la délicatesse de sa
santé , qui ne se soutenoit que par un
grand regime de vie. Il ne s'absenta
du Querci , que pour un Voyage qu'il
fut obligé de faire à Paris en 1700, et
pour quelques autres voyages de nécessité
qu'il fit à Toulouze , où l'on n'oublia
rien pour le retenir.
>
و
Il étoit le Conseil , l'Arbitre , l'Oracle
du Païs. Sa maison étoit ouverte à tous
et à toute heure sur- tout aux Pauvres
et aux Affligés ausquels il accordoit
volontiers son secours et une bonne partie
de son revenu qui étoit considerable.
L'Illustre Fenelon , Archevêque de
Cambrai , le Duc de Bouillon , et plusieurs
personnes du premier rang et d'un
goût exquis , connoissant la solidité de
son mérite , lui donnerent leur confiance
la plus intime et la plus étroite.
Aussi parfait Chrétien , que bon Citoyen
, il donnoit chaque jour un temps
considerable à la priere et à la lecture
de l'Ecriture , des Peres , et de la Morale
Chré
2544 MERCURE DE FRANCE
›
Chrétienne. Sa religion et sa pieté étoient
la regle de ses Etudes : et ses Etudes l'affermissoient
dans sa Religion , et n'altererent
jamais sa pieté. Tout éclairé qu'il
étoit il vivoit dans une merveilleuse
simplicité , religieux dans les moindres
de ses actions , aussi -bien que dans les
plus grandes , il étoit exact et fidele à
toutes les pratiques de la Religion , assidu
à sa Paroisse attaché à son Pasteur
, que la noblesse de son extraction
lui rendoit moins recommandable , que
la pureté de sa Doctrine et de ses moeurs.
,
,
M. de Lavaur joignit à cette haute pieté
une profonde érudition . Il étoit Philosophe
, Orateur , et Poëte. Il sçavoit
parfaitement le Grec et l'Hebreu , et
toutes les finesses de la Langue Latine.
Pour ce qui est de nôtre Langue la
pureté et la beauté de son élocution , le
choix , l'arrangement , l'harmonie de ses
expressions , la hardiesse et la magnificence
de ses figures , la rapidité de son
éloquence , l'artifice de sa composition ,
Ia beauté de ses discours ne laissoient
rien à desirer.
Quelque attaché qu'il fut aux devoirs
de son état , il trouvoit encore assez de
Toisir pour cultiver l'étude des Sciences.
En 1726. il fit imprimer chez E. Ganeau-,
PHisNOVEMBRE
1731. 2545
> J
Histoire secrete de Neron , ou le Festin
de Trimalcion traduit de Petrone avec
des Notes historiques , in 12 de 446. pages ,
sans le Discours préliminaire qui en remplit
72. Les quatre premieres ne sont
qu'une Traduction du Portrait que Tacite
fait de Petrone , au livre xvj . de ses
'Annales. La suite de ce discours est trèsrecherchée
, on y trouve des remarques
curieuses sur les affranchis , sur les factions
, les jeux et leurs couleurs , sur les
Sevirs , sur les habits et les noms des Romains
, et sur les Sesterces. La Traduction
de l'Histoire est pure et élegante : on
trouve une Critique exacte dans les notes:
elles sont courtes et dégagées de tout
fatras d'érudition , et l'on ne peut s'em- >
pêcher de convenir que personne n'a
mieux pénetré que lui le sens de Petrone
; il est entré parfaitement bien dans
le Plan de son Auteur ; il a conservé
dans sa version les beautez presque inimitables
de l'Original , sans lui rien faire
perdre de ses traits , de ses couleurs , de
son prix ; il fait sentir par tout la finesse
de ses tours et la délicatesse de ses pensées
et si Petrone a été nommé Autor
›
in obscoenitate purus , ne pourroit-on pas
appeller le sçavant Traducteur qui l'a si
bien épuré , en retranchant toutes les
obsce-
1
2546 MERCURE DE FRANCE
obscenités , Purissimus impurissimi Auctoris
Interpres ?
Un autre ouvrage plus considerable de
M. de L. est intitulé : Conférence de la
Fable avec l'Histoire Sainte où l'on voit
›
>
que les grandes Fables le culte et les mysteres
du Paganisme ne sont que des Copies
alterées des Histoires , des Usages , et des
Traditions des Hebreux 2. vol . in 12. le
premier de 96. pages , sans le Discourspréliminaire
qui en contient 122. Le second
tome est de 361. pages . M. le Cardinal
de Fleury a bien voulu être le Mecene
de ce Livre , et ce n'est pas une approbation
mediocre pour l'ouvrage , ni
une petite louange pour l'Auteur , qui ,
d'ailleurs a tout-à - fait bien rempli son
dessein , lequel se trouve heureusement
exprimé dès le Frontispice
par ce passage
du I. livre des Macchabées
, c. 3. v. 48.
expanserunt libros legis , de quibus scrutabantur
gentes similitudinem
simulachrorum
suorum & c.
>
Avant lui , Steuchus , Evêque de Kisanie
, qui vivoit au milieu du xvj . siécle
, Bochard dans sa Géographie sacrée
M. Huet , Evêque d'Avranches , dans sa
Démonstration Evangelique , et le Pere
Thomassin , dans sa méthode d'étudier
les Poëtes , avoient travaillé après Eusebe
aux
NOVEMBRE 1731. 2547
aux Remarques de quelques traits de ressemblance
entre les personnages du vieux
Testament , et les Dieux du Paganisme .
M. de Lavaur a poussé ces recherches
plus loin , et il a découvert heureusement
la ressemblance des avantures et de la
vie des plus célebres personnages de la
Fable , avec ceux de nos saintes Ecritures.
Il prouve solidement , que les Fables
du Paganisme ne sont qu'une copie alterée
de la Religion , et par ce moyen
il établit le droit d'aînesse , et l'autorité
des livres divins sur les inventions des
hommes , de la verité sur le mensonge ,
de la vraie Religion et de la vraie Divinité
sur les fausses , qui n'en sont qu'une
imitation corrompue. Il démontre clairement
l'origine du Paganisme , sortie du
sein de Dieu même , sans que les Payens
s'en soient apperçûs ; il établit évidemment
la conformité des Fables avec les
Textes sacrés , et développe si nettement
les Metaphores des Auteurs Profanes
qu'on diroit qu'il a conferé avec les plus:
illustres morts de l'antiquité , pour nous
apprendre le vrai sens de leurs Enigmes.
Le témoignage de M. l'Abbé Raguer
me sera un bon et solide garand de ce
que je viens d'avancer. M. de Lavaur
dit-il , dans son approbation , fait paroître
2548 MERCURE DE FRANCE
foître dans cet ouvrage beaucoup d'éru-
»dition , un zele extrême pour les inte-
→ rêts de la verité , et une grande saga-
» cité à découvrir les traces précieuses de
» la Tradition des Hebreux parmi les té-
>> nebres du Paganisme. Il fait par tout
>> sentir l'autorité supprimée des livres
» sacrez , et par des conjectures ordinai-
» rement très heureuses , et par les mo-
» numens les plus acréditez de ceux qui
»> ne sembloient s'être instruits dans les
» Divines Ecritures , que pour les alterer ,
» suivant l'égarement de leur esprit , et
» la corruption de leur coeur.
Cet homme digne de l'immortalité
nous a laissé non - seulement ces deuxbeaux
ouvrages , mais encore trois fils ,
qui sont la gloire et la couronne d'un
tel Pere. Pierre - Louis de Lavaur son
aîné , Trésorier de France , disputa au
sortir des Ecoles une Chaire de Droit dans
l'Université de Cahors , et s'il ne l'ob
rint pas
›
pas , par un coup de faveur qui la
fit donner à son concurrent , il la mérita
suivant la justice que lui rendirent les
Sçavans desinteressez qui assisterent à
cette dispute. Il s'est allié aux meilleures
Maisons du Querci , par son mariage
avec Dame Elisabeth de Banze. Il suit
Les traces de son Pere , par son application
NOVEMBRE. 1731. 2549
tion à la Jurisprudence et aux Belles-
Lettres.
Philippe , son puîné , est Chanoine
de S. Sernin à Toulouse , et Syndic du
Chapitre , ce qui n'est pas une petite
distinction .
Le troisiéme Fils est François , Sieur
de l'Ort , il a eu soin de l'Edition du Livre
de la Conférence , qu'il a fait imprimer
à Paris , chez Cailleau 1730. 11
est premier Secretaire de M. le Marquis
de Fenelon Ambassadeur du Roy en
Hollande. J'ai l'honneur d'être , Mon
sieur , & c.
Ce 1. May 1731,
Fermer
Résumé : ELOGE de M. de Lavaur, celebre Avocat. Lettre écrite par M. B. B. à M. de S. Aigne, Conseiller de la Cour des Aides de Clermont.
Guillaume de Lavaur, avocat renommé, est loué dans une lettre de M. B. B. adressée à un conseiller de la Cour des Aides de Clermont. Né le 11 juin 1653 à Saint-Céré dans la vicomté de Turenne en Quercy, Guillaume était le fils de Paul de Lavaur, avocat au Parlement de Toulouse, reconnu pour son talent et son amour des lettres. Guillaume suivit les pas de son père en étudiant le droit à Toulouse, puis à Paris, où il se forma au barreau. Il se distingua par son sérieux, sa sagesse et ses manières distinguées, gagnant ainsi des amis influents. De retour en province, il épousa Marie-Charlotte Maynard, fille d'un gentilhomme du Roi. Malgré une santé fragile, il devint une figure influente à Saint-Céré, conseillant et aidant les pauvres. Il était respecté par des personnalités telles que l'archevêque Fénelon et le duc de Bouillon. Sa piété et son érudition étaient remarquables; il maîtrisait le grec, l'hébreu et le latin, et était également poète et orateur. En 1726, il publia 'Histoire secrète de Néron' et en 1730, 'Conférence de la Fable avec l'Histoire Sainte', ouvrage approuvé par le cardinal de Fleury. Ce livre démontre que les fables païennes sont des copies altérées des histoires hébraïques, établissant ainsi la supériorité des textes sacrés. M. de Lavaur eut trois fils : Pierre-Louis, trésorier de France et juriste; Philippe, chanoine à Toulouse; et François, secrétaire de l'ambassadeur du Roi en Hollande. La lettre se conclut par des marques de respect et d'admiration pour l'illustre défunt.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
644
p. 2596-2597
SECOND LOGOGRYPHE.
Début :
Mon nom s'est rendu si fameux, [...]
Mots clefs :
Virgile
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SECOND LOGOGRYPHE.
SECOND LOGOGRYP HE.
Mon nom s'est rendu si fameux ; On
Que presque tous sont curieux
De m'estimer et me connoître ;
Je puis , sans vanité , passer pour un grand maî
tre ;
Mais sans nombrer içi mes rares qualiteż ,
Je
NOVEMBRE . 1731. 2597.
Je n'ai que sept pieds bien comptez.
Les trois premiers vous font paroître .
Un mot latin , qui sert à désigner mon être :
Par les quatre derniers , souvent dans un Mar
ché
Je fais rire la populace ,
Et me vois des Sots recherché.
Ce n'est pas tout encor ; j'ai bien plus d'une
face.
Si vous joignez au mot latin
La lettre qui forme ma fin ;
Je suis une Ville connue >
Où la chicane en corps semble être descenduë, )
Ensuite , sans me rien changer ,
Tranchez ma troisième partie ,
Il n'est rien que pour moi l'homme ne sacrifie,
Remettez-moi comme on doit m'arranger ;
Jay sept lettres ; alors supprimez la troisième ,
J'exprime certains jouts fâcheux
Que l'estomac craint plus qu'il n'aime ,
Et dans un sens plus malheureux
J'exerce les poulmons d'un chautre ;
En cet état , coupez ma syllabe du centre ,
Je suis ce qui paroîr méprisable à nos yeux.
Si vous cherchez en moy vous verrez la colere
D'Orphée et d'Amphion l'instrument favori
Un oiseau du Chasseur chéri ,
Enfin pour la cuisine un meuble necessaire .
Mon nom s'est rendu si fameux ; On
Que presque tous sont curieux
De m'estimer et me connoître ;
Je puis , sans vanité , passer pour un grand maî
tre ;
Mais sans nombrer içi mes rares qualiteż ,
Je
NOVEMBRE . 1731. 2597.
Je n'ai que sept pieds bien comptez.
Les trois premiers vous font paroître .
Un mot latin , qui sert à désigner mon être :
Par les quatre derniers , souvent dans un Mar
ché
Je fais rire la populace ,
Et me vois des Sots recherché.
Ce n'est pas tout encor ; j'ai bien plus d'une
face.
Si vous joignez au mot latin
La lettre qui forme ma fin ;
Je suis une Ville connue >
Où la chicane en corps semble être descenduë, )
Ensuite , sans me rien changer ,
Tranchez ma troisième partie ,
Il n'est rien que pour moi l'homme ne sacrifie,
Remettez-moi comme on doit m'arranger ;
Jay sept lettres ; alors supprimez la troisième ,
J'exprime certains jouts fâcheux
Que l'estomac craint plus qu'il n'aime ,
Et dans un sens plus malheureux
J'exerce les poulmons d'un chautre ;
En cet état , coupez ma syllabe du centre ,
Je suis ce qui paroîr méprisable à nos yeux.
Si vous cherchez en moy vous verrez la colere
D'Orphée et d'Amphion l'instrument favori
Un oiseau du Chasseur chéri ,
Enfin pour la cuisine un meuble necessaire .
Fermer
645
p. 2598-2599
Le je ne fçai quoi, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le JOURNALISTE AMUSANT, ou le Monde sérieux et comique. A Paris, [...]
Mots clefs :
Critique, Comédie italienne, Pièce
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le je ne fçai quoi, &c. [titre d'après la table]
NOUVELLES LITTERAIRES
DES BEAUX ARTS , & C.
C
E JOURNALISTE AMUSANT , ou le
Monde sérieux et comique. A Paris,
au Palais, chez Greg. Ant. Dupuis , 1731 .
in 12. de 399. pages , sans l'Avertissement.
in
LE JE NE SÇAY Quoy , Comedie de M.
de Boissy , représentée pour la premiere
fois par les Comédiens Italiens , le 10.
Septembre 1731. A Paris , Quay de Gevres
, chez P. Prault , 1731. in 8.
Cette Piece est fort bien imprimée ;
elle soutient dans la lecture les applaudissemens
qu'elle a eus sur le Theatre.
L'Extrait qu'on en peut life dans le Mercure
de Septembre , nous dispense d'entrer
dans aucun détail . La petite Estampe
qui est à la tête de cette Comédie , "merite
NOVEMBRE. 1731. 1599.
rite d'être remarquée ; c'est une heureuse
production du Pinceau et du Burin de
Mrs. Lancret et Cars. On y voit les Portraits
en pied des deux plus excellens Sujets
de la Comédie Italienne ; la Dlle.
Silvia et Arlequin , fort ressemblans ;
quoique ce dernier soit sous le Masque
on reconnoit très - bien le Sr. Thomassin .
On lit ces quatre Vers au bas.
Ces aimables Acteurs sont un Portrait vivant
De ce Je ne sçay quoy, que l'Art ne peut atteindre.
Qui pourroit rendre aux yeux leur jeu plein d'agrément
,
Seroit sûr de le peindre .
IDE'E GENERALE du Gouvernement et
de la Morale des Chinois ; et Réponse à
trois Critiques. A Paris , ruë Galande
chez G. F, Quillau , 1731. in 12. Prix
30. sols.
>
VOYAGES EN ANGLOIS ET EN FRANÇOIS ,
Par D. A de la Motraye , en diverses
Provinces et Places de la Prusse Ducale et
Royale de la Russie , de la Pologne .
&c. Tome troisiéme , imprimé à la Haye,
chez Adrien Moetjens , et se vend à Pa- .
ris , chez Antoine de Henqueville , Rue
Gillecoeur.
DES BEAUX ARTS , & C.
C
E JOURNALISTE AMUSANT , ou le
Monde sérieux et comique. A Paris,
au Palais, chez Greg. Ant. Dupuis , 1731 .
in 12. de 399. pages , sans l'Avertissement.
in
LE JE NE SÇAY Quoy , Comedie de M.
de Boissy , représentée pour la premiere
fois par les Comédiens Italiens , le 10.
Septembre 1731. A Paris , Quay de Gevres
, chez P. Prault , 1731. in 8.
Cette Piece est fort bien imprimée ;
elle soutient dans la lecture les applaudissemens
qu'elle a eus sur le Theatre.
L'Extrait qu'on en peut life dans le Mercure
de Septembre , nous dispense d'entrer
dans aucun détail . La petite Estampe
qui est à la tête de cette Comédie , "merite
NOVEMBRE. 1731. 1599.
rite d'être remarquée ; c'est une heureuse
production du Pinceau et du Burin de
Mrs. Lancret et Cars. On y voit les Portraits
en pied des deux plus excellens Sujets
de la Comédie Italienne ; la Dlle.
Silvia et Arlequin , fort ressemblans ;
quoique ce dernier soit sous le Masque
on reconnoit très - bien le Sr. Thomassin .
On lit ces quatre Vers au bas.
Ces aimables Acteurs sont un Portrait vivant
De ce Je ne sçay quoy, que l'Art ne peut atteindre.
Qui pourroit rendre aux yeux leur jeu plein d'agrément
,
Seroit sûr de le peindre .
IDE'E GENERALE du Gouvernement et
de la Morale des Chinois ; et Réponse à
trois Critiques. A Paris , ruë Galande
chez G. F, Quillau , 1731. in 12. Prix
30. sols.
>
VOYAGES EN ANGLOIS ET EN FRANÇOIS ,
Par D. A de la Motraye , en diverses
Provinces et Places de la Prusse Ducale et
Royale de la Russie , de la Pologne .
&c. Tome troisiéme , imprimé à la Haye,
chez Adrien Moetjens , et se vend à Pa- .
ris , chez Antoine de Henqueville , Rue
Gillecoeur.
Fermer
Résumé : Le je ne fçai quoi, &c. [titre d'après la table]
En 1731, plusieurs publications littéraires et artistiques marquantes ont vu le jour. Parmi elles, 'Le Journaliste Amusant, ou le Monde sérieux et comique', publié à Paris par Greg. Ant. Dupuis, compte 399 pages sans avertissement. La comédie 'Le Je ne sçay Quoy' de M. de Boissy a été jouée pour la première fois par les Comédiens Italiens le 10 septembre 1731. Imprimée chez P. Prault à Paris, cette pièce a été bien reçue et son impression qualifiée de bonne. Une estampe réalisée par Lancret et Cars illustre la comédie, représentant les acteurs Silvia et Arlequin, ce dernier interprété par le Sr. Thomassin. Par ailleurs, l'ouvrage 'Idée Générale du Gouvernement et de la Morale des Chinois; et Réponse à trois Critiques' a été publié chez G. F. Quillau à Paris. Enfin, un livre de voyages en anglais et en français de D. A de la Motraye, couvrant diverses provinces de la Prusse, de la Russie et de la Pologne, a été imprimé à la Haye et vendu à Paris chez Antoine de Henqueville.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
646
p. 2600-605
Rituel du Diocèse de Blois, [titre d'après la table]
Début :
RITUEL du Diocèse de Blois, publié par l'autorité de Monseigneur Jean-François-Paul de Caumartin [...]
Mots clefs :
Images, Instructions, Mandement, Société civile, Rituel, Cérémonie religieuse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Rituel du Diocèse de Blois, [titre d'après la table]
RITUEL du Diocèse de Blois , publié
par l'autorité de Monseigneur Jean- François
- Paul de Caumartin Evêque de
Blois. Volume in 4. d'environ 640. pages.
Prix dix livres . Se vend à Paris • chez
Barthelemy Alix , Libraire , ruë S. Facques
, près la Fontaine S. Severin an
Griffon.
,
Le Rituel de Blois est formé sur le
plan et dans le goût des plus excellens
Rituels qui ont paru en France. Chaque
Action ou Ceremonie Religieuse est précedée
d'une Instruction qui exprime ce
qu'il y a de plus interessant pour le Dogme
, la Morale et la Discipline. On y
ajoûte des Exhortations , lorsque les circonstances
le demandent. On y trouve
des Formules pour annoncer aux Prônes
les principaux Mysteres et Fêtes de l'Année.
On s'est exactement conformé aux
Ordonnances de nos Rois , et à la Juris
prudence des Cours Seculieres . Et comme
le Mariage est un des engagemens les
plus importants pour l'Eglise et pour la
Societé Civile , l'Instruction qui précede
l'Administration de ce Sacrement , a été
particulierement communiquée et concertée
avec des Personnes de la Magistrature
et du Barreau très -respectables
et très -éclairées.
Dans
NOVEMBRE . 1731. 2601
tructions
......
Dans le magnifique Mandement qui
sert de Préface au Rituel , M. l'Evêque de
Blois explique ainsi l'ordre et la méthode
qu'on y a suivis Nous avons consulté
plusieurs Personnes pieuses et éclairées . C'est
sur leurs avis , pris dans un grand nombre
de Conférences , qu'ont été dressées les Insque
le Rituel renferme. Nous nous
sommes assujettis autant qu'il s'est trouvé
possible , aux Usages de l'Eglise Romaine
dont les Rits sont reçûs et respectez dans
PEglise Gallicane depuis tant de siécles
Nous nous sommes conformez avec respect
aux Déclarations du Clergé de France , qui
pouvoient y avoir rapport ...... Sur divers
Points de Discipline , Nous avons exactement
observé les Ordonnances de nos Rois
Protecteurs et Executeurs des saints Canons ,
et la Jurisprudence des Cours Seculieres du
Royaume..... Le Rituel que nous vous presentons
continue ce Prélat , n'est point
un simple Recueil de Rits et de Ceremonies ;
chaque Instruction vous donnera une exposition
abregée et précise du Dogme , de la
Morale , de la Discipline , qui ont quelque
rapport au Point qui est traité.
›
1
INSTRUCTIONS tirées du Rituel de
Blois , in 12. 2. vol. petit papier. Prix 3 .
liv. 10. sols. Se vend à Paris , chez le
ême Libraire. F IMA2602
MERCURE DE FRANCI
1
IMAGES DES HEROS ET DES GRAND
HOMMES DE L'ANTIQUITE' , gravées su
les Médailles Antiques de Banini
par Picard le Romain. vol . in 4. et s
vend chez J. Jombert , Libraire , ruë de i
Bucherie proche les Ecoles de Med.
cine.
3
LIVRES nouvellement reçûs des Pay
Etrangers , qui se trouvent chez G. C
velier, Libraire , rue S. Jacques , à Pari
in
Manget , ( Jo Jac ) Bibliotheca Script
rum Medicorum veterum et recentiorum.
qua sub eorum omnium qui Mun
Primordiis ad hunc usque Annum vix.
runt nominibus ordine Alphabetico a
Scriptis vita compendia enarrantur &.
vol. Geneva , 1731 .
fol. 4.
Aeliani
Sophista
varia
Historia
, cum
N
tis
integris
Perizonii
et variorum
>
CL
rante Abrah. Gronovio , qui et suas a
Notationes adjecit. in 4. 2. vol. Gr. Lat
Lugd. Batavorum. 1731 .
Eutropii Historia Romana , cum Metaphro
Graca Pacanii et Notis Integris vari.
rum recensuit Havercampus , qui et su
et Heumanni Notas adjecit. in 8. Lug
Batavorum. 1729.
Veteris Testamenti Libri Hagiographie:
Trans
NOVEMBRE. 1731. 260.
Translatione Jo . Clerici cum ejusdem
Commentario Philologico . In fol . 2. vol.
Amst. 1731.
Pensées secretes et Refléxions sur la Religion
et sur la Vie Chrétienne , par
Beveridge , Evêque d'Asaph , traduit
de l'Anglois sur la onzième Edition .
2. vol. in 12. Amst. 1731 .
Gorfer Medicine Compendium in usum
Exercitationis Domestica digestum , in 4.
Lug. Bat. 1731.
Barbeique , Dissert. sur les Maladies de
la Poitrine , du Coeur , de l'Estomach
des Femmes ,Veneriennes , et quelques
Maladies particulieres , avec la Description
de deux Maladies , par M.
Boerhaave , in 12. Amst. 1731 .
Duverney , Tractatus de Organo Auditus.
in 4. cum Fig. Lug. Bat. 1730 .
Duverney , Traité de l'Organe de l'Oüie ,
contenant les Maladies , de toutes les
Parties de l'Oreille , in 12 . in 12. Fig. Lug
1731.
Boerhaave ( Herm. ) Oratio de usu Ratic
cinii Mechanici in Medicina
Lug. Bat. 1730.
?
1
>
in 4
Mead ( Ric , ) Oratio Anniversar
Harvejana in Regii Medicorum Lond
neus. Collegii habita accessit Dissert.
nummis in Medicorum honorem percu
sis , in 8. Fig. 1728 .
Fij
Ꮴ
2604 MERCURE DE FRANCE
Vesalii ( And. ) Opera omnia Anatomica
et Chirurgica cura Herm. Boerhaave et
Ber. Albini , in fol. 2. vol . c. Fig. Lug.
Bat. 1725. Carta maxima .
Keilii ( Jac. ) Tentamina Medico ,Physica
de sanguinis quantitate de velocitate
sanguinis , de vi cordis , de secretione animali
de motu musculari , accedit Medicina
Statica Britannica , nova Editio
aucta , in 4. Lug. Bat. 1730 .
>
Celsi ( Cornelii ) Medicina Scholiis et
Locis parallelis illustrata studio Almeloveen
Nova Editio aucta. 2. vol . in 8.
Lug. Bat. 1730 .
›
HISTOIRE DU BAÏANISME , ou de l'Heresie
de Michel Baïus , avec des Notes
Historiques , Chronologiques , Critiques,
&c. suivie d'Eclaircissemens Theologiques
, et d'un Recueil de Pieces justificatives.
Par le P. Jean - Baptiste Du Chesne,
de la Compagnie de Jesus. A Douay ,
chez Wuillerval , 1731. in 4. de 450. pages
pour le corps de l'Histoire , 76. pour
les Eclaircissemens , et 82. pour les Pieces
justificatives , sans la Préface et les
Tables.
DES PARTAGES PAR SOUCHE et par Representation,
suivant les Articles 18 er 19
de
NOVEMBRE . 1731. 2603
du titre 8. de la Coûtume du Duché de
Bourgogne. A Dijon , chez F. Siron , ruë
de Condé. 1730. in 12. de 13.9 . pages.
LES CARACTERES DET HEOPHRASTE
avec les moeurs de ce siècle . Par M. de la
Bruyere. Augmentez de la défense de M.
de la Bruyere et de ses Caracteres , par
M. Coste. A Amsterdam , 1731. 2. vol.
in douze.
DISSERTATION THE'OLOGIQUE , touchant
l'invocation du St. Esprit dans les Liturgies
Grecques et Orientales. Par le R. P.
J. A. Orsi , de l'Ordre des Freres Prêcheurs
, Lecteur en Théologie . A Milan
chez J. B. Malatesta , 1731. in 8,
Cet ouvrage est en Latin.
و
NOUVEAU SYSTEME sur la maniere de
défendre les Places , par le moyen des
Contremines. Ouvrage posthume de M.
d'Azin , dedié au Roy. A Paris , ruë
S. Jacques , chez J. Clousier , 1731. in 12.
de 182. pages pour le corps de l'ouvrage ,
152. pour le Discours préliminaire , avec
plusieurs Planches.
par l'autorité de Monseigneur Jean- François
- Paul de Caumartin Evêque de
Blois. Volume in 4. d'environ 640. pages.
Prix dix livres . Se vend à Paris • chez
Barthelemy Alix , Libraire , ruë S. Facques
, près la Fontaine S. Severin an
Griffon.
,
Le Rituel de Blois est formé sur le
plan et dans le goût des plus excellens
Rituels qui ont paru en France. Chaque
Action ou Ceremonie Religieuse est précedée
d'une Instruction qui exprime ce
qu'il y a de plus interessant pour le Dogme
, la Morale et la Discipline. On y
ajoûte des Exhortations , lorsque les circonstances
le demandent. On y trouve
des Formules pour annoncer aux Prônes
les principaux Mysteres et Fêtes de l'Année.
On s'est exactement conformé aux
Ordonnances de nos Rois , et à la Juris
prudence des Cours Seculieres . Et comme
le Mariage est un des engagemens les
plus importants pour l'Eglise et pour la
Societé Civile , l'Instruction qui précede
l'Administration de ce Sacrement , a été
particulierement communiquée et concertée
avec des Personnes de la Magistrature
et du Barreau très -respectables
et très -éclairées.
Dans
NOVEMBRE . 1731. 2601
tructions
......
Dans le magnifique Mandement qui
sert de Préface au Rituel , M. l'Evêque de
Blois explique ainsi l'ordre et la méthode
qu'on y a suivis Nous avons consulté
plusieurs Personnes pieuses et éclairées . C'est
sur leurs avis , pris dans un grand nombre
de Conférences , qu'ont été dressées les Insque
le Rituel renferme. Nous nous
sommes assujettis autant qu'il s'est trouvé
possible , aux Usages de l'Eglise Romaine
dont les Rits sont reçûs et respectez dans
PEglise Gallicane depuis tant de siécles
Nous nous sommes conformez avec respect
aux Déclarations du Clergé de France , qui
pouvoient y avoir rapport ...... Sur divers
Points de Discipline , Nous avons exactement
observé les Ordonnances de nos Rois
Protecteurs et Executeurs des saints Canons ,
et la Jurisprudence des Cours Seculieres du
Royaume..... Le Rituel que nous vous presentons
continue ce Prélat , n'est point
un simple Recueil de Rits et de Ceremonies ;
chaque Instruction vous donnera une exposition
abregée et précise du Dogme , de la
Morale , de la Discipline , qui ont quelque
rapport au Point qui est traité.
›
1
INSTRUCTIONS tirées du Rituel de
Blois , in 12. 2. vol. petit papier. Prix 3 .
liv. 10. sols. Se vend à Paris , chez le
ême Libraire. F IMA2602
MERCURE DE FRANCI
1
IMAGES DES HEROS ET DES GRAND
HOMMES DE L'ANTIQUITE' , gravées su
les Médailles Antiques de Banini
par Picard le Romain. vol . in 4. et s
vend chez J. Jombert , Libraire , ruë de i
Bucherie proche les Ecoles de Med.
cine.
3
LIVRES nouvellement reçûs des Pay
Etrangers , qui se trouvent chez G. C
velier, Libraire , rue S. Jacques , à Pari
in
Manget , ( Jo Jac ) Bibliotheca Script
rum Medicorum veterum et recentiorum.
qua sub eorum omnium qui Mun
Primordiis ad hunc usque Annum vix.
runt nominibus ordine Alphabetico a
Scriptis vita compendia enarrantur &.
vol. Geneva , 1731 .
fol. 4.
Aeliani
Sophista
varia
Historia
, cum
N
tis
integris
Perizonii
et variorum
>
CL
rante Abrah. Gronovio , qui et suas a
Notationes adjecit. in 4. 2. vol. Gr. Lat
Lugd. Batavorum. 1731 .
Eutropii Historia Romana , cum Metaphro
Graca Pacanii et Notis Integris vari.
rum recensuit Havercampus , qui et su
et Heumanni Notas adjecit. in 8. Lug
Batavorum. 1729.
Veteris Testamenti Libri Hagiographie:
Trans
NOVEMBRE. 1731. 260.
Translatione Jo . Clerici cum ejusdem
Commentario Philologico . In fol . 2. vol.
Amst. 1731.
Pensées secretes et Refléxions sur la Religion
et sur la Vie Chrétienne , par
Beveridge , Evêque d'Asaph , traduit
de l'Anglois sur la onzième Edition .
2. vol. in 12. Amst. 1731 .
Gorfer Medicine Compendium in usum
Exercitationis Domestica digestum , in 4.
Lug. Bat. 1731.
Barbeique , Dissert. sur les Maladies de
la Poitrine , du Coeur , de l'Estomach
des Femmes ,Veneriennes , et quelques
Maladies particulieres , avec la Description
de deux Maladies , par M.
Boerhaave , in 12. Amst. 1731 .
Duverney , Tractatus de Organo Auditus.
in 4. cum Fig. Lug. Bat. 1730 .
Duverney , Traité de l'Organe de l'Oüie ,
contenant les Maladies , de toutes les
Parties de l'Oreille , in 12 . in 12. Fig. Lug
1731.
Boerhaave ( Herm. ) Oratio de usu Ratic
cinii Mechanici in Medicina
Lug. Bat. 1730.
?
1
>
in 4
Mead ( Ric , ) Oratio Anniversar
Harvejana in Regii Medicorum Lond
neus. Collegii habita accessit Dissert.
nummis in Medicorum honorem percu
sis , in 8. Fig. 1728 .
Fij
Ꮴ
2604 MERCURE DE FRANCE
Vesalii ( And. ) Opera omnia Anatomica
et Chirurgica cura Herm. Boerhaave et
Ber. Albini , in fol. 2. vol . c. Fig. Lug.
Bat. 1725. Carta maxima .
Keilii ( Jac. ) Tentamina Medico ,Physica
de sanguinis quantitate de velocitate
sanguinis , de vi cordis , de secretione animali
de motu musculari , accedit Medicina
Statica Britannica , nova Editio
aucta , in 4. Lug. Bat. 1730 .
>
Celsi ( Cornelii ) Medicina Scholiis et
Locis parallelis illustrata studio Almeloveen
Nova Editio aucta. 2. vol . in 8.
Lug. Bat. 1730 .
›
HISTOIRE DU BAÏANISME , ou de l'Heresie
de Michel Baïus , avec des Notes
Historiques , Chronologiques , Critiques,
&c. suivie d'Eclaircissemens Theologiques
, et d'un Recueil de Pieces justificatives.
Par le P. Jean - Baptiste Du Chesne,
de la Compagnie de Jesus. A Douay ,
chez Wuillerval , 1731. in 4. de 450. pages
pour le corps de l'Histoire , 76. pour
les Eclaircissemens , et 82. pour les Pieces
justificatives , sans la Préface et les
Tables.
DES PARTAGES PAR SOUCHE et par Representation,
suivant les Articles 18 er 19
de
NOVEMBRE . 1731. 2603
du titre 8. de la Coûtume du Duché de
Bourgogne. A Dijon , chez F. Siron , ruë
de Condé. 1730. in 12. de 13.9 . pages.
LES CARACTERES DET HEOPHRASTE
avec les moeurs de ce siècle . Par M. de la
Bruyere. Augmentez de la défense de M.
de la Bruyere et de ses Caracteres , par
M. Coste. A Amsterdam , 1731. 2. vol.
in douze.
DISSERTATION THE'OLOGIQUE , touchant
l'invocation du St. Esprit dans les Liturgies
Grecques et Orientales. Par le R. P.
J. A. Orsi , de l'Ordre des Freres Prêcheurs
, Lecteur en Théologie . A Milan
chez J. B. Malatesta , 1731. in 8,
Cet ouvrage est en Latin.
و
NOUVEAU SYSTEME sur la maniere de
défendre les Places , par le moyen des
Contremines. Ouvrage posthume de M.
d'Azin , dedié au Roy. A Paris , ruë
S. Jacques , chez J. Clousier , 1731. in 12.
de 182. pages pour le corps de l'ouvrage ,
152. pour le Discours préliminaire , avec
plusieurs Planches.
Fermer
Résumé : Rituel du Diocèse de Blois, [titre d'après la table]
Le texte présente le Rituel du Diocèse de Blois, publié sous l'autorité de Monseigneur Jean-François-Paul de Caumartin, évêque de Blois. Ce volume de 640 pages est disponible à Paris chez Barthélemy Alix et suit le plan des meilleurs rituels français. Chaque action ou cérémonie religieuse est précédée d'une instruction expliquant les aspects dogmatiques, moraux et disciplinaires. Des exhortations sont ajoutées selon les circonstances, et des formules sont fournies pour annoncer les mystères et fêtes principales de l'année. Le rituel respecte les ordonnances des rois et la jurisprudence des cours séculières. L'instruction sur le mariage a été concertée avec des personnes de la magistrature et du barreau. Dans un mandement, l'évêque de Blois explique que le rituel a été élaboré après consultation de personnes pieuses et éclairées, en suivant les usages de l'Église romaine et les déclarations du clergé de France. Il observe également les ordonnances des rois et la jurisprudence des cours séculières. Le rituel n'est pas seulement un recueil de rites, mais offre aussi des expositions abrégées et précises du dogme, de la morale et de la discipline.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
647
p. 2611-2616
Histoire métallique des Pays-Bas, [titre d'après la table]
Début :
PROJET DE SOUSCRIPTION pour l'Histoire Metallique des Pays-Bas, qui s'imprime à la [...]
Mots clefs :
Histoire métallique, Histoire civile, Histoire généalogique, Histoire ecclésiastique, Police, Église gallicane
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Histoire métallique des Pays-Bas, [titre d'après la table]
PROJET DE SOUSCRIPTION pour l'Histoire
Metallique des Pays - Bas , qui s'imprime à la
Haye , chez P. Gosse , J. Neaulme ; et Pierre
de Hondt.
Cet Ouvrage doit être regardé , non - seulement
comme une simple Histoire Metallique
mais encore comme une Histoire Civile , Militaire
Ecclésiastique , et Genéalogique des
XVII. Provinces des Pays-Bas , tirée des His-
F vj roriens
2612 MERCURE DE FRANCE
"
> toriens les plus fideles et les plus exacts tang
généraux que particuliers , et confirmée par les
Monumens les plus certains et les plus authentiques
, tels que les Résolutions des Etats - Generaux
des Provinces - Unies , les Résolutions des
Provinces Particulieres les Statuts et Ordonnances
des Villes , les Reglemens de leur Police ,
les Chartres et Diplomes des Eglises et des Monasteres
, les Donations et Testamens des Souverains
et autres Seigneurs , les Memoires Généalogiques
des principales Familles , les Vies
et Eloges de leurs Hommes Illustres ; en un mot,
de tous les Actes et Documens tant publics que
particuliers , dont l'Auteur a pû tirer quelque
secours . Et lorsqu'on voudra bien prendre la
peine de faire quelque attention à l'étendue considerable
du Temps que cette Histoire embrasse ,
à l'Abondance des Evenemens éclatans qu'elle
renferme à l'Authenticité des preuves qu'elle
employe , à la Réputation et au Mérite des Auteurs
choisis qu'elle cite et particulierement au
Nombre en quelque sorte étonnant de Medailles
qui lui servent de Base , à la Rareté notable de
quelques-unes d'entr'elles et enfin à la Difficulté
presque insurmontable de les rassemble
ainsi des divers Cabinets où elles sont renfermées
; nous ne faisons aucun doute qu'on ne la
préfere de beaucoup à toutes les Histoires des
Pays - Bas qui ont paru jusqu'à ce jour , es
peut -être même à tout ce qu'on a encore vû de
plus curieux en ce genre.
"
>
>
›
Le grand succès qu'elle a eû dans sa Langue
originale , nous ayant porté à la faire traduire
en François , nous proposons aujourd'huy an
Public l'Edition de cette Traduction , sous les
Conditions suivantes,
NOVEMBRE." 1731. 2613
1. Cette Edirion sera divisée en 5. Volumes
in folio , et elle consistera en 675. Feuilles de
Papier semblable à celui du Projet , imprimées
de Caracteres neufs ; en 1945. Médailles
et leurs Revers , gravées par les meilleurs Maítres
du Pays et expliquées par l'Auteur avec
toute la netteté et toute la précision possibles
et en divers autres petits Ornemens nécessaires.
II. Ces 675. Feuilles , estimées
à i sol chacune , font
Ces 2945. Médailles , estimées
à sol , font
La Planche du Titre
Le Portrait de l'Auteur
Cinq Vignettes au commencement
de chaque Volume.
Le Gobelet Vivent les Gueux .
La Clef d'or accordé à la Ville
de Louvain en 1710.
Cinq Titres rouges et leurs Vignettes.
Ce qui fait en tout
33 A. S..
73 12
I
I
2
10
f II S
8.
, par voye Mais que le Public pourra avoir
de Souscription , pour 90. Florins courants
d'Hollande , pour le petit Papier ; et pour 135
pour le grand Papier ce qui est un Tiers de
plus que le petit Papier , suivant la coûtume.
›
Ces Souscriptions se pourront faire chez les
principaux Libraires , tant de ces Provinces que
des Pays Etrangers , et ne se payeront qu'en
quatre Termes sçavoir , pour le petit Papier.
1. En recevant les deux premiers Volumes 490
florins
2614 MERCURE DE FRANCE
florins. 2. En recevant le troisiéme , 20. florins.
3. En recevant le quatrième , 15. florins. 4. En
recevant le cinquième , 15. florins.
Pour le grand Papier. 1. En recevant les deux
premiers Volumes , 60. florins. 2. En recevant
le troisiéme 2 30. forins.
,
3 .
En recevant le
quatriéme 22 flor ns 10 s. 4. En recevant le
cinquiéme , 22 florins 10 s.
IV. Ceux qui n'auront point souscrit
, seront obligez de payer pour
le petit Papier. f113 S.
170
Et pour le grand Papier.
suivant l'Estimation cy- dessus donnée.
le
V. Les deux premiers Volumes paroítront le
premier jour d'Avril 1732 ; le troisiéme
premier jour d'Octobre suivant ; et les deux
derniers dans le courant de l'Année 1733 .
>
3
Le Nouvelliste du Parnasse continuë
toujours sur le même ton . Dans sa 38 .
Lettre › page 122. on lit une Lettre
écrite , dit- on , par un Conseiller au Parlement
de Grenoble , contre l'Auteur
d'une Lettre inserée dans le Mercure ,
d'Août , dans laquelle on attaque les .
sentimens du Pere le Brun , qui condamne
les Spectacles : Lettre où cet illustre
Auteur n'est pas bien traité
sur laquelle le Magistrat de Grenoble
nous a seulement prévenus étant nousmêmes
interessez à ne pas la laisser sans
réponse. Ceux de nos Lecteurs qui ont
و
et
lû
NOVEMBRE 1731 ′ 2815
lû les deux Extraits que nous avons faits
du Livre du Pere le Brun , inserez dans
deux Mercures , et les justes Eloges que
nous avons donnés à l'ouvrage et à l'Auteur
, quoique mort , sont pleinement
en état de juger , si ce morceau de Critique
du Nouvelliste , dont tout le déguisement
consiste à le faire venir de
Dauphiné , est accompagné de cette droiture
de coeur , et de cette modération
qui doit autant marquer la superiorité de
l'Esprit , que la douceur du caractere
d'un Ecrivain estimé.
Le Sieur Gaetano Pio , Italien , arrivé
depuis peu en cette Ville , donne avis au
Public , qu'il est l'Auteur d'une nouvelle
Méthode , par le moyen de laquelle on
peut apprendre la Langue Italienne en
fort peu de temps , et sans se donner
beaucoup de peine. Il demeure chez Mr.
Manceau , Perruquier , rue des Cordeliers ;
au coin de la rue du Paon .
M. Tartarin , Repetiteur en Droit à
Rennes , propose un ouvrage en huit
tomes , dédié à M. de Breteuil , Evêque
de Rennes , et Grand- Maître de la Chapelle
du Roy.
Les deux premiers Tomes seront les
Insti
4616 MERCURE DE FRANCE
Instituts de Justinien , par preuves et objections
tirées des anciens Juristes , et réponduës
par les nouveaux , avec les principes
du Droit François à chaque titre.-
Les deux autres contiendront les Insti
tuts du Droit Canon , avec la même Méthode
et les Principes des Loix de l'Eglise
Gallicane. Il donnera aussi le Droit
François , raisonné avec le Romain , et
une compilation du Droit Canon , et des
Droits de l'Eglise Gallicane : où l'on verra
les principaux Arrêts touchant les
Matietes Beneficiales. Ceux qui voudront
souscrire , pourront en donner avis , et
payer le Port ; car on n'en fait imprimer
que 4000. Exemplaires.
Metallique des Pays - Bas , qui s'imprime à la
Haye , chez P. Gosse , J. Neaulme ; et Pierre
de Hondt.
Cet Ouvrage doit être regardé , non - seulement
comme une simple Histoire Metallique
mais encore comme une Histoire Civile , Militaire
Ecclésiastique , et Genéalogique des
XVII. Provinces des Pays-Bas , tirée des His-
F vj roriens
2612 MERCURE DE FRANCE
"
> toriens les plus fideles et les plus exacts tang
généraux que particuliers , et confirmée par les
Monumens les plus certains et les plus authentiques
, tels que les Résolutions des Etats - Generaux
des Provinces - Unies , les Résolutions des
Provinces Particulieres les Statuts et Ordonnances
des Villes , les Reglemens de leur Police ,
les Chartres et Diplomes des Eglises et des Monasteres
, les Donations et Testamens des Souverains
et autres Seigneurs , les Memoires Généalogiques
des principales Familles , les Vies
et Eloges de leurs Hommes Illustres ; en un mot,
de tous les Actes et Documens tant publics que
particuliers , dont l'Auteur a pû tirer quelque
secours . Et lorsqu'on voudra bien prendre la
peine de faire quelque attention à l'étendue considerable
du Temps que cette Histoire embrasse ,
à l'Abondance des Evenemens éclatans qu'elle
renferme à l'Authenticité des preuves qu'elle
employe , à la Réputation et au Mérite des Auteurs
choisis qu'elle cite et particulierement au
Nombre en quelque sorte étonnant de Medailles
qui lui servent de Base , à la Rareté notable de
quelques-unes d'entr'elles et enfin à la Difficulté
presque insurmontable de les rassemble
ainsi des divers Cabinets où elles sont renfermées
; nous ne faisons aucun doute qu'on ne la
préfere de beaucoup à toutes les Histoires des
Pays - Bas qui ont paru jusqu'à ce jour , es
peut -être même à tout ce qu'on a encore vû de
plus curieux en ce genre.
"
>
>
›
Le grand succès qu'elle a eû dans sa Langue
originale , nous ayant porté à la faire traduire
en François , nous proposons aujourd'huy an
Public l'Edition de cette Traduction , sous les
Conditions suivantes,
NOVEMBRE." 1731. 2613
1. Cette Edirion sera divisée en 5. Volumes
in folio , et elle consistera en 675. Feuilles de
Papier semblable à celui du Projet , imprimées
de Caracteres neufs ; en 1945. Médailles
et leurs Revers , gravées par les meilleurs Maítres
du Pays et expliquées par l'Auteur avec
toute la netteté et toute la précision possibles
et en divers autres petits Ornemens nécessaires.
II. Ces 675. Feuilles , estimées
à i sol chacune , font
Ces 2945. Médailles , estimées
à sol , font
La Planche du Titre
Le Portrait de l'Auteur
Cinq Vignettes au commencement
de chaque Volume.
Le Gobelet Vivent les Gueux .
La Clef d'or accordé à la Ville
de Louvain en 1710.
Cinq Titres rouges et leurs Vignettes.
Ce qui fait en tout
33 A. S..
73 12
I
I
2
10
f II S
8.
, par voye Mais que le Public pourra avoir
de Souscription , pour 90. Florins courants
d'Hollande , pour le petit Papier ; et pour 135
pour le grand Papier ce qui est un Tiers de
plus que le petit Papier , suivant la coûtume.
›
Ces Souscriptions se pourront faire chez les
principaux Libraires , tant de ces Provinces que
des Pays Etrangers , et ne se payeront qu'en
quatre Termes sçavoir , pour le petit Papier.
1. En recevant les deux premiers Volumes 490
florins
2614 MERCURE DE FRANCE
florins. 2. En recevant le troisiéme , 20. florins.
3. En recevant le quatrième , 15. florins. 4. En
recevant le cinquième , 15. florins.
Pour le grand Papier. 1. En recevant les deux
premiers Volumes , 60. florins. 2. En recevant
le troisiéme 2 30. forins.
,
3 .
En recevant le
quatriéme 22 flor ns 10 s. 4. En recevant le
cinquiéme , 22 florins 10 s.
IV. Ceux qui n'auront point souscrit
, seront obligez de payer pour
le petit Papier. f113 S.
170
Et pour le grand Papier.
suivant l'Estimation cy- dessus donnée.
le
V. Les deux premiers Volumes paroítront le
premier jour d'Avril 1732 ; le troisiéme
premier jour d'Octobre suivant ; et les deux
derniers dans le courant de l'Année 1733 .
>
3
Le Nouvelliste du Parnasse continuë
toujours sur le même ton . Dans sa 38 .
Lettre › page 122. on lit une Lettre
écrite , dit- on , par un Conseiller au Parlement
de Grenoble , contre l'Auteur
d'une Lettre inserée dans le Mercure ,
d'Août , dans laquelle on attaque les .
sentimens du Pere le Brun , qui condamne
les Spectacles : Lettre où cet illustre
Auteur n'est pas bien traité
sur laquelle le Magistrat de Grenoble
nous a seulement prévenus étant nousmêmes
interessez à ne pas la laisser sans
réponse. Ceux de nos Lecteurs qui ont
و
et
lû
NOVEMBRE 1731 ′ 2815
lû les deux Extraits que nous avons faits
du Livre du Pere le Brun , inserez dans
deux Mercures , et les justes Eloges que
nous avons donnés à l'ouvrage et à l'Auteur
, quoique mort , sont pleinement
en état de juger , si ce morceau de Critique
du Nouvelliste , dont tout le déguisement
consiste à le faire venir de
Dauphiné , est accompagné de cette droiture
de coeur , et de cette modération
qui doit autant marquer la superiorité de
l'Esprit , que la douceur du caractere
d'un Ecrivain estimé.
Le Sieur Gaetano Pio , Italien , arrivé
depuis peu en cette Ville , donne avis au
Public , qu'il est l'Auteur d'une nouvelle
Méthode , par le moyen de laquelle on
peut apprendre la Langue Italienne en
fort peu de temps , et sans se donner
beaucoup de peine. Il demeure chez Mr.
Manceau , Perruquier , rue des Cordeliers ;
au coin de la rue du Paon .
M. Tartarin , Repetiteur en Droit à
Rennes , propose un ouvrage en huit
tomes , dédié à M. de Breteuil , Evêque
de Rennes , et Grand- Maître de la Chapelle
du Roy.
Les deux premiers Tomes seront les
Insti
4616 MERCURE DE FRANCE
Instituts de Justinien , par preuves et objections
tirées des anciens Juristes , et réponduës
par les nouveaux , avec les principes
du Droit François à chaque titre.-
Les deux autres contiendront les Insti
tuts du Droit Canon , avec la même Méthode
et les Principes des Loix de l'Eglise
Gallicane. Il donnera aussi le Droit
François , raisonné avec le Romain , et
une compilation du Droit Canon , et des
Droits de l'Eglise Gallicane : où l'on verra
les principaux Arrêts touchant les
Matietes Beneficiales. Ceux qui voudront
souscrire , pourront en donner avis , et
payer le Port ; car on n'en fait imprimer
que 4000. Exemplaires.
Fermer
Résumé : Histoire métallique des Pays-Bas, [titre d'après la table]
Le document décrit un projet de souscription pour une œuvre intitulée 'Histoire Métallique des Pays-Bas', imprimée à La Haye. Cet ouvrage offre une histoire complète des XVII provinces des Pays-Bas, couvrant les aspects métallique, civil, militaire, ecclésiastique et généalogique. Il repose sur des sources historiques fiables et des documents authentiques, tels que les résolutions des États-Généraux, les statuts des villes, les chartes des églises et les mémoires généalogiques des familles illustres. L'auteur a également intégré un grand nombre de médailles rares et authentiques pour enrichir son travail. L'édition française de cette œuvre est proposée en cinq volumes in-folio, comprenant 675 feuilles de papier, 1945 médailles gravées et expliquées, ainsi que divers ornements. Le coût de la souscription est de 90 florins pour le petit papier et 135 florins pour le grand papier, à payer en quatre termes. Les deux premiers volumes sont prévus pour le 1er avril 1732, le troisième pour le 1er octobre 1732, et les deux derniers pour 1733.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
648
p. [2627]-2634
La réunion des Amours, [titre d'après la table]
Début :
Les Comédiens François ont donné au commencement de ce mois, la [...]
Mots clefs :
Cupidon, Amour, Vertu, Minerve
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : La réunion des Amours, [titre d'après la table]
SPECTACLE S.
L
Es Comédiens François ont donné
au commencement de ce mois , la
Réunion des Amours , Comédie Heroïque,
en un Acte en Prose , qui est fort bien
représentée et fort applaudie. Elle est
bien écrite et avec beaucoup d'esprits
ornée de traits fins et délicats . Nous allons
tâcher de mettre le Lecteur en état
d'en juger.
Personnages.
le sieur Granval.
L'Amour
la Dille Gossin.
Cupidon ,
la Dille d'Angeville.
Apollon ,
Mercure
Plutus .
Minerve ;
La Verité .
La Vertu ,
le sieur Armand.
le sieur Duchemin.
la Dil Baron.
la De La Motte.
La Dile Labat.
Le sujet de cette Comédie est purement
allegorique ; on voit bien que l'Auteur ne
Gij l'a
2628 MERCURE DE FRANCE
pas
l'avoit d'abord traité comme on l'a
vû représenter , et qu'il ne fait que mettre
en hypothese ce qui en faisoit l'action
principale. Deux sortes d'Amours , dont
Fun s'appelle le Dieu de la tendresse ,
et l'autre Cupidon , ouvrent la Scene ; ils
se reprochent réciproquement leurs deffauts
; le Dieu de la tendresse traite son
Rival de libertin , et Cupidon le traite
de benest. Le premier expose le sujet pas
çes mots :
Allez , petit libertin que vous êtes , votre
audace ne m'offense point , et votre Empire
touche peut-être à sa fin. Jupiter au
jourd'huy fait assembler tous les Dieux ; il
veut que chacun d'eux fasse un don an Fils
d'un grand Roy qu'il aime ; je suis invité à
Assemblée ; Tremblez des suites que peut
avoir cette avanture.
Cupidon un peu étonné d'une Convo
cation generale , à laquelle il n'est pas
invité , veut s'éclaircir de cet oubli avec
Mercure qu'il voit venir. Mercure lui
apprend qu'il avoit une deffense expresse
de le mettre dans la Liste , et que cette.
deffense venoit de Minerve ; Plutus et
Apollon entrent dans cette Scene , mais
ils n'y sont pas absolument nécessaires
pour l'intelligence du Sujet , ainsi nous
pouvons nous dispenser de les faire
parler
Minerve
NOVEMBRE 1731 . 2629
Minerve vient entendre le Plaidoyer
des deux Amours ; elle ne juge pas à propos
de prononcer entre eux ; elle veut
qu'ils plaident encore devant la Vertu
Personnage Episodique , auquel on a
trouvé Minerve auroit bien pû supque
pléer.
-même
La Vertu vient entendre le Demandeur
et le Deffendeur ; ils lui font tous deux
une déclaration d'amour ; mais celle de
Cupidon est si vive , que la vertu même
est contrainte de s'en garantir par la fuite.
Minerve vient enfin leur prononcer
l'Arrêt irrevocable du Conseil des Dieux ;
voici comme elle s'explique Cupidon
la Vertu décidoit contre vous , et moy -
j'allois être de son sentiment , si Jupiter
n'eûtjugé à propos de vous réunir , en vous
corrigeant , pour former le coeur du Prince,
avec vôtre Confrere , il est vray , l'Ame est
trop tendres mais avec vous elle est trop libertine
; il fait souvent des coeurs ridicules ,
mais vous n'en faites que de méprisables ;
il égare l'esprit , mais vous ruinez les moeurs ;
il n'a que des défauts , mais vous avez des
vices. Unissez- vous tous deux ; rendez- le
plus vif et plus passionné , et qu'il vous rende
plus tendre et plus raisonnable , et vens
serez sans reproche. Au reste , ce n'est pas
un Conseil que je vous donne , c'est un ordre
de Jupiter que je vous annonce.
G iij
"
La
2630 MERCURE DE FRANCE
2
La Piece finit par cette courte réponse
de Cupidon , c'est - à -dire de , l'Amour libertin's
Allons, mon Camarade , je le veux
bien ; embrassons- nous ; je vous apprendray
àn'être plus si sot , et vous m'apprendrez à
être plus sage.
❤
On doit juger par ce petit Extrait
qu'on auroit fait un très joli Dialogue
ou un Prologue de cette Piece simplifice ,
et sans y parler du grand Prince , qui en
est l'objer. Le Public nous sçaura gré
d'inserer ici quelques fragments de cette
aimable Allegorie : Nous les reduirons
aux Plaidoyers et aux Déclarations d'Amour,
Devant Minerve , l'Amour s'exprime
ainsi.
Qui êtes- vous , pour oser me disputer quel-
•que chose ? vous qui n'avez pour attribist
que le vice , digne heritage d'une origine
aussi impure que la vôtre ? Divinité scanda-
Jense , dont le culte est un crime à qui la
seule corruption des hommes a dressé des
Autels ? Vous à qui les devoirs les plus sa-
Brez servent de victimes ? Vous qu'on ne
peut bonorer sans immolér la Vertu ? Funeste
Auteur des plus hanteuses flêtrissures , qui ,
・pour récompense à ceux qui vous suivent
ne leur laissez que le déshonneur , repentir
, et la misere en partage ? osez - vous
vons comparer à moy ? An Dien de la plits
noble
le
NOVEMBRE 1731 2639
moble , de la plus estimable , de la plus tendre
des passions , et , j'ose dive , de la plus
feconde en Héros ?
Cupidon.
Bon , des Héros ! nous voilà bien riches ;
est-ce que vous croyez que la Terre ne se
passeroit pas bien de ces Messieurs là ?
Alle ; ils sont plus curieux à voir que
nécessaires ; leur gloire a trop d'attirail ; si
Fon rabbatoit tous les frais qu'il en coûte
pourles avoir on verroit qu'on les achette
plus qu'ils ne valent. On est bien dupe de
les admirer , puisqu'on en paye lafaçon. Il
faui que les hommes vivent un peu plus uniment
les uns avec les autres , pour être en
repos vos Héros sortent du niveau et ne
font que du tintamarre : Poursuivons & e...
2
L'Amour.
J
Qu'est-ce que c'étoit autrefoisque l'Amour 3
Je l'appellois tout à l'heure une passion ; c'étoit
une veriu , Déesse ; c'étoit du moins l'origine
de toutes les vertus , &c. De mon temps
La Pudeur étoit la plus aimable des graces.
Cupidon-
Eh bien , il ne faut pas faire tant de bruit,
c'est encore de même ; je n'en connois point de
si piquante , moi , que la pudeur;je l'adore
O iiij et
2632 MERCURE DE FRANCE
La
et mes sujets aussi . Ils la trouvent si charmante
qu'ils la poursniventpar tout où ils la tronvent.
Je m'appelle l'Amour ; mon mêtier n'est
pas d'avoir soin d'elle , il y a le respect ,
sagesse , l'honneur qui sont commis à sa garde
, voilà ses Officiers ; c'est à eux à la deffendre
du danger qu'elle court , et ce dangèr
' est moi , &c.
Voici comme parle l'Amour à la Vertu .
Je vous dirai, Madame , que mon respect
a réduit mes sentimens à se taire . Ils n'ont osé
se produire que dans mes timides regards ;
mais il n'estplus temps defeindre,ni de vous
dérober votre victime , je sçais tout ce que je
risque à vous déclarer ma flamme , vos rigueurs
vont punir món audace , vous allez
accabler un temeraire ; mais , Madame , aw
milieu du courroux qui va vous saisir , souvenez
- vous du moins que ma témerité n'a
jamais passéjusqu'à l'esperance , et que ma
respectueuse ardeur..
Cupidon.
Encore du respect ! voilà mes vapeurs qui
me reprennent , &c... Non , Déesse adorable
, ne m'exposez point à vous dire que je
vous aime. Vous regardez ceci comme une
feinte
NOVEMBRE. 1737. 2633
feinte , mais vous êtes trop aimable , et mon
• coeur pourroit s'y méprendre. Je vous dis la
verité ; ce n'est pas d'aujourd'hui que vous
me touche ; je me connois aux charmes , ni
sur la terre , ni dans les cieux,je ne vois rien
qui ne le cede aux vôtres. Combien de fois
n'ai-je pas êté tenté de me jetter à vos genoux
? Quelles délices pour moi que d'aimer
la vertu , sije pouvois être aimé d'elle . Eh!
pourquoi ne m'aimeriez- vous pas ? Que veut
dire ce penchant qui me porte à vous , s'il
n'annonce que vous y serez sensible ? Je sens
que tout mon coeur vous est dû , n'avez- vous
pas quelque repugnance à me refuser le vôtre?
Aimable vertu , me fuirez - vous toujours ,
regardez-moi , vous ne me connoissez pas :
c'est l'amour à vos genoux qui vous parle
essayez de le voir , il est soumis , il ne veut
que vous flechir je vous aime je vous le dis ,
vous m'entendez ; mais vos yeux ne me rassurent
pas , un regard acheveroit mon bonheur.
Un regard ? Ah ! quel plaisir ! vous
me l'accordez,chere main que j'idolatre , recevez
mes transports . Voici leplus heureux ins
tant qui me soit échu en partage.
J: 1
Cette vivacité de stile , secondée de la
légéreté et de la grace que la Die Dangeville
a naturellement à s'énoncer, a charmé
également la Cour et la Ville ; et nous
Gv
2634 MERCURE DE FRANCE
ne doutons point que nos Lecteurs ne
conviennent que la reunion des Amours ,
est un ouvrage à faire beaucoup d'honneur
à son ingénieux Auteur. Au reste les Dlles
Dangeville et Gossin , qui sont deux jeunes
et aimables personnes, remplies d'heureux
talens pour la déclamation , satisfont
également l'esprit et les regards avides
des Spectateurs , charmez de leurs agrémens
personnels , sous cet heureux et
riant déguisement.
Là- dessus une Muse , délicatement ba
dine , s'est exercée en cette maniere.
L
Es Comédiens François ont donné
au commencement de ce mois , la
Réunion des Amours , Comédie Heroïque,
en un Acte en Prose , qui est fort bien
représentée et fort applaudie. Elle est
bien écrite et avec beaucoup d'esprits
ornée de traits fins et délicats . Nous allons
tâcher de mettre le Lecteur en état
d'en juger.
Personnages.
le sieur Granval.
L'Amour
la Dille Gossin.
Cupidon ,
la Dille d'Angeville.
Apollon ,
Mercure
Plutus .
Minerve ;
La Verité .
La Vertu ,
le sieur Armand.
le sieur Duchemin.
la Dil Baron.
la De La Motte.
La Dile Labat.
Le sujet de cette Comédie est purement
allegorique ; on voit bien que l'Auteur ne
Gij l'a
2628 MERCURE DE FRANCE
pas
l'avoit d'abord traité comme on l'a
vû représenter , et qu'il ne fait que mettre
en hypothese ce qui en faisoit l'action
principale. Deux sortes d'Amours , dont
Fun s'appelle le Dieu de la tendresse ,
et l'autre Cupidon , ouvrent la Scene ; ils
se reprochent réciproquement leurs deffauts
; le Dieu de la tendresse traite son
Rival de libertin , et Cupidon le traite
de benest. Le premier expose le sujet pas
çes mots :
Allez , petit libertin que vous êtes , votre
audace ne m'offense point , et votre Empire
touche peut-être à sa fin. Jupiter au
jourd'huy fait assembler tous les Dieux ; il
veut que chacun d'eux fasse un don an Fils
d'un grand Roy qu'il aime ; je suis invité à
Assemblée ; Tremblez des suites que peut
avoir cette avanture.
Cupidon un peu étonné d'une Convo
cation generale , à laquelle il n'est pas
invité , veut s'éclaircir de cet oubli avec
Mercure qu'il voit venir. Mercure lui
apprend qu'il avoit une deffense expresse
de le mettre dans la Liste , et que cette.
deffense venoit de Minerve ; Plutus et
Apollon entrent dans cette Scene , mais
ils n'y sont pas absolument nécessaires
pour l'intelligence du Sujet , ainsi nous
pouvons nous dispenser de les faire
parler
Minerve
NOVEMBRE 1731 . 2629
Minerve vient entendre le Plaidoyer
des deux Amours ; elle ne juge pas à propos
de prononcer entre eux ; elle veut
qu'ils plaident encore devant la Vertu
Personnage Episodique , auquel on a
trouvé Minerve auroit bien pû supque
pléer.
-même
La Vertu vient entendre le Demandeur
et le Deffendeur ; ils lui font tous deux
une déclaration d'amour ; mais celle de
Cupidon est si vive , que la vertu même
est contrainte de s'en garantir par la fuite.
Minerve vient enfin leur prononcer
l'Arrêt irrevocable du Conseil des Dieux ;
voici comme elle s'explique Cupidon
la Vertu décidoit contre vous , et moy -
j'allois être de son sentiment , si Jupiter
n'eûtjugé à propos de vous réunir , en vous
corrigeant , pour former le coeur du Prince,
avec vôtre Confrere , il est vray , l'Ame est
trop tendres mais avec vous elle est trop libertine
; il fait souvent des coeurs ridicules ,
mais vous n'en faites que de méprisables ;
il égare l'esprit , mais vous ruinez les moeurs ;
il n'a que des défauts , mais vous avez des
vices. Unissez- vous tous deux ; rendez- le
plus vif et plus passionné , et qu'il vous rende
plus tendre et plus raisonnable , et vens
serez sans reproche. Au reste , ce n'est pas
un Conseil que je vous donne , c'est un ordre
de Jupiter que je vous annonce.
G iij
"
La
2630 MERCURE DE FRANCE
2
La Piece finit par cette courte réponse
de Cupidon , c'est - à -dire de , l'Amour libertin's
Allons, mon Camarade , je le veux
bien ; embrassons- nous ; je vous apprendray
àn'être plus si sot , et vous m'apprendrez à
être plus sage.
❤
On doit juger par ce petit Extrait
qu'on auroit fait un très joli Dialogue
ou un Prologue de cette Piece simplifice ,
et sans y parler du grand Prince , qui en
est l'objer. Le Public nous sçaura gré
d'inserer ici quelques fragments de cette
aimable Allegorie : Nous les reduirons
aux Plaidoyers et aux Déclarations d'Amour,
Devant Minerve , l'Amour s'exprime
ainsi.
Qui êtes- vous , pour oser me disputer quel-
•que chose ? vous qui n'avez pour attribist
que le vice , digne heritage d'une origine
aussi impure que la vôtre ? Divinité scanda-
Jense , dont le culte est un crime à qui la
seule corruption des hommes a dressé des
Autels ? Vous à qui les devoirs les plus sa-
Brez servent de victimes ? Vous qu'on ne
peut bonorer sans immolér la Vertu ? Funeste
Auteur des plus hanteuses flêtrissures , qui ,
・pour récompense à ceux qui vous suivent
ne leur laissez que le déshonneur , repentir
, et la misere en partage ? osez - vous
vons comparer à moy ? An Dien de la plits
noble
le
NOVEMBRE 1731 2639
moble , de la plus estimable , de la plus tendre
des passions , et , j'ose dive , de la plus
feconde en Héros ?
Cupidon.
Bon , des Héros ! nous voilà bien riches ;
est-ce que vous croyez que la Terre ne se
passeroit pas bien de ces Messieurs là ?
Alle ; ils sont plus curieux à voir que
nécessaires ; leur gloire a trop d'attirail ; si
Fon rabbatoit tous les frais qu'il en coûte
pourles avoir on verroit qu'on les achette
plus qu'ils ne valent. On est bien dupe de
les admirer , puisqu'on en paye lafaçon. Il
faui que les hommes vivent un peu plus uniment
les uns avec les autres , pour être en
repos vos Héros sortent du niveau et ne
font que du tintamarre : Poursuivons & e...
2
L'Amour.
J
Qu'est-ce que c'étoit autrefoisque l'Amour 3
Je l'appellois tout à l'heure une passion ; c'étoit
une veriu , Déesse ; c'étoit du moins l'origine
de toutes les vertus , &c. De mon temps
La Pudeur étoit la plus aimable des graces.
Cupidon-
Eh bien , il ne faut pas faire tant de bruit,
c'est encore de même ; je n'en connois point de
si piquante , moi , que la pudeur;je l'adore
O iiij et
2632 MERCURE DE FRANCE
La
et mes sujets aussi . Ils la trouvent si charmante
qu'ils la poursniventpar tout où ils la tronvent.
Je m'appelle l'Amour ; mon mêtier n'est
pas d'avoir soin d'elle , il y a le respect ,
sagesse , l'honneur qui sont commis à sa garde
, voilà ses Officiers ; c'est à eux à la deffendre
du danger qu'elle court , et ce dangèr
' est moi , &c.
Voici comme parle l'Amour à la Vertu .
Je vous dirai, Madame , que mon respect
a réduit mes sentimens à se taire . Ils n'ont osé
se produire que dans mes timides regards ;
mais il n'estplus temps defeindre,ni de vous
dérober votre victime , je sçais tout ce que je
risque à vous déclarer ma flamme , vos rigueurs
vont punir món audace , vous allez
accabler un temeraire ; mais , Madame , aw
milieu du courroux qui va vous saisir , souvenez
- vous du moins que ma témerité n'a
jamais passéjusqu'à l'esperance , et que ma
respectueuse ardeur..
Cupidon.
Encore du respect ! voilà mes vapeurs qui
me reprennent , &c... Non , Déesse adorable
, ne m'exposez point à vous dire que je
vous aime. Vous regardez ceci comme une
feinte
NOVEMBRE. 1737. 2633
feinte , mais vous êtes trop aimable , et mon
• coeur pourroit s'y méprendre. Je vous dis la
verité ; ce n'est pas d'aujourd'hui que vous
me touche ; je me connois aux charmes , ni
sur la terre , ni dans les cieux,je ne vois rien
qui ne le cede aux vôtres. Combien de fois
n'ai-je pas êté tenté de me jetter à vos genoux
? Quelles délices pour moi que d'aimer
la vertu , sije pouvois être aimé d'elle . Eh!
pourquoi ne m'aimeriez- vous pas ? Que veut
dire ce penchant qui me porte à vous , s'il
n'annonce que vous y serez sensible ? Je sens
que tout mon coeur vous est dû , n'avez- vous
pas quelque repugnance à me refuser le vôtre?
Aimable vertu , me fuirez - vous toujours ,
regardez-moi , vous ne me connoissez pas :
c'est l'amour à vos genoux qui vous parle
essayez de le voir , il est soumis , il ne veut
que vous flechir je vous aime je vous le dis ,
vous m'entendez ; mais vos yeux ne me rassurent
pas , un regard acheveroit mon bonheur.
Un regard ? Ah ! quel plaisir ! vous
me l'accordez,chere main que j'idolatre , recevez
mes transports . Voici leplus heureux ins
tant qui me soit échu en partage.
J: 1
Cette vivacité de stile , secondée de la
légéreté et de la grace que la Die Dangeville
a naturellement à s'énoncer, a charmé
également la Cour et la Ville ; et nous
Gv
2634 MERCURE DE FRANCE
ne doutons point que nos Lecteurs ne
conviennent que la reunion des Amours ,
est un ouvrage à faire beaucoup d'honneur
à son ingénieux Auteur. Au reste les Dlles
Dangeville et Gossin , qui sont deux jeunes
et aimables personnes, remplies d'heureux
talens pour la déclamation , satisfont
également l'esprit et les regards avides
des Spectateurs , charmez de leurs agrémens
personnels , sous cet heureux et
riant déguisement.
Là- dessus une Muse , délicatement ba
dine , s'est exercée en cette maniere.
Fermer
Résumé : La réunion des Amours, [titre d'après la table]
La pièce 'La Réunion des Amours' a été représentée par les Comédiens Français au début du mois de novembre 1731. Cette comédie héroïque en un acte en prose a été bien accueillie pour son écriture spirituelle et ses traits fins et délicats. L'intrigue est allégorique et met en scène deux types d'Amours : le Dieu de la tendresse et Cupidon. Ces personnages se reprochent mutuellement leurs défauts, le premier traitant Cupidon de libertin et Cupidon le traitant de benêt. Le sujet principal est une assemblée des dieux convoquée par Jupiter, où chaque dieu doit faire un don au fils d'un grand roi. Cupidon, étonné de ne pas être invité, apprend de Mercure que Minerve s'y oppose. Minerve, après avoir entendu les plaidoyers des deux Amours, décide de les renvoyer devant la Vertu. Cupidon, par sa déclaration d'amour, contraint la Vertu à fuir. Minerve prononce finalement l'arrêt de Jupiter, ordonnant aux deux Amours de se réunir pour former un cœur équilibré, ni trop tendre ni trop libertin. La pièce se termine par l'acceptation de Cupidon de cette union. Les acteurs, notamment les demoiselles Dangeville et Gossin, ont été salués pour leur talent et leur grâce, charmant à la fois la cour et la ville.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
649
p. 2634-2636
MADRIGAL.
Début :
Enfin je l'ai vu sur la Scene, [...]
Mots clefs :
Cupidon, Comédiens-Français, Amours
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MADRIGAL.
MADRIGAL
Nfin je l'ai vu sur la Scène,
Ce petit Dieu tant renommê ,
Cupidon...Ah ! qu'il m'a charmé §
Pourroit-on refuser sa chaîne ǝ
Non ; et qui ne me croira pas ,
Qu'il aille éprouver ses appas.
Mais pour vous ,quel sujet d'allarmes ;
Beautez , dont il vantoit les charmes !
Il ne vous sert plus aujourd'hui ,
Et le fripon garde pour lui
Tous les coeurs que blessent ses armacy.
NOVEMBRE 1731. 2635.
3
AUTRE
•
Jeune Dangeville , à quoi bon ;
Prendre l'habit de Cupidon ?
Déja vous regnez dans Cythere ,
Ses Autels vous sont reservez ;
-Nous le sçavons , vous le sçavez ;
Les amours ont trahi leur Mere ,
Pour vous seule qui les bravez
De leur parure ils ont affaire
Sans besoin vous vous en servez.
N'empruntez jamais rien pour plaire ;
Car en fait d'appas vous avez ,
Bien au delà du necessaire.
AUTRE.
Sous l'habit et le nom de son charmant Epour,
Psiché vit Dangeville et sentit dans son ame ,
Les transports. les plus vifs , les désirs les plus
doux ,
Qu'éut jamais fait naître sa flame ;
Aussi tôt son coeur attendri ,
xpliqua librement sa surprise amoureuse ;
Heureusement pour le mari ,
L'erreur n'étoit pas dangereuse.
AUTRE.
Sous les atours de Cupidon ,
enus rencontrant Dangeville ,
La prit pour ce malin Garçon ,
Gvj La
26 36 MERCURE DE FRANCE
La méprise est assez facile.
Ah ! dit la Reine des Amours ,
Mon fils embellit tous les jours.
Les Comédiens François ont remis au
Théatre la Tragédie d'Ariane , de T. Corneille
, que le public voit avec grand plaisir.
La De Duclos est en possession depuis
long- temps d'y jouer le principal Rôle
dans la plus grande perfection.
Le 23. de ce mois , les mêmes Comédiens
donnerent la premiere Représentation
du Chevalier Bayard , Comédie Heroïque
de M. Autreau ; elle est bien écrite
et bien versifiée . On y trouve plusieurs
beaux caracteres , bien soutenus et beaucoup
d'interêt. Nous en parlerons plus
au long,
Nfin je l'ai vu sur la Scène,
Ce petit Dieu tant renommê ,
Cupidon...Ah ! qu'il m'a charmé §
Pourroit-on refuser sa chaîne ǝ
Non ; et qui ne me croira pas ,
Qu'il aille éprouver ses appas.
Mais pour vous ,quel sujet d'allarmes ;
Beautez , dont il vantoit les charmes !
Il ne vous sert plus aujourd'hui ,
Et le fripon garde pour lui
Tous les coeurs que blessent ses armacy.
NOVEMBRE 1731. 2635.
3
AUTRE
•
Jeune Dangeville , à quoi bon ;
Prendre l'habit de Cupidon ?
Déja vous regnez dans Cythere ,
Ses Autels vous sont reservez ;
-Nous le sçavons , vous le sçavez ;
Les amours ont trahi leur Mere ,
Pour vous seule qui les bravez
De leur parure ils ont affaire
Sans besoin vous vous en servez.
N'empruntez jamais rien pour plaire ;
Car en fait d'appas vous avez ,
Bien au delà du necessaire.
AUTRE.
Sous l'habit et le nom de son charmant Epour,
Psiché vit Dangeville et sentit dans son ame ,
Les transports. les plus vifs , les désirs les plus
doux ,
Qu'éut jamais fait naître sa flame ;
Aussi tôt son coeur attendri ,
xpliqua librement sa surprise amoureuse ;
Heureusement pour le mari ,
L'erreur n'étoit pas dangereuse.
AUTRE.
Sous les atours de Cupidon ,
enus rencontrant Dangeville ,
La prit pour ce malin Garçon ,
Gvj La
26 36 MERCURE DE FRANCE
La méprise est assez facile.
Ah ! dit la Reine des Amours ,
Mon fils embellit tous les jours.
Les Comédiens François ont remis au
Théatre la Tragédie d'Ariane , de T. Corneille
, que le public voit avec grand plaisir.
La De Duclos est en possession depuis
long- temps d'y jouer le principal Rôle
dans la plus grande perfection.
Le 23. de ce mois , les mêmes Comédiens
donnerent la premiere Représentation
du Chevalier Bayard , Comédie Heroïque
de M. Autreau ; elle est bien écrite
et bien versifiée . On y trouve plusieurs
beaux caracteres , bien soutenus et beaucoup
d'interêt. Nous en parlerons plus
au long,
Fermer
Résumé : MADRIGAL.
Le Mercure de France de novembre 1731 présente divers extraits de madrigaux et de nouvelles théâtrales. Un madrigal décrit le pouvoir envoûtant de Cupidon, capable de charmer et captiver les cœurs. Un autre madrigal célèbre la beauté et le charme naturel de la jeune Dangeville, qui n'a pas besoin d'artifices pour plaire. Un extrait relate une méprise où Psiché, déguisée en Cupidon, rencontre Dangeville et ressent des émotions intenses. Le texte mentionne également des représentations théâtrales, notamment la tragédie 'Ariane' de Pierre Corneille, interprétée par la Duclos, et la comédie héroïque 'Le Chevalier Bayard' de M. Autreau, appréciée pour son écriture et ses personnages bien définis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
650
p. 2636-2640
Le Phénix ou la fidelité mise à l'épreuve, [titre d'après la table]
Début :
Les Comédiens Italiens donnerent le 5. Novembre, une petite Piece en Vers libres [...]
Mots clefs :
Comédiens-Italiens, Pièce en vers libres, Versification, Jardinier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Phénix ou la fidelité mise à l'épreuve, [titre d'après la table]
Les Comédiens Italiens donnerent le
Novembre , une petite Piece en Vers libres
, qui a pour titre , le Phenix , on la
Fidelite mise à l'épreuve. Cet Ouvrage ,
qui est le coup d'esssay de son Auteur ,
a été assez bien reçû pour l'engager à
continuer. La Versification n'en fait pas
le moindre prix , au jugement des connoisseurs
désinterressez ; en voici le Sujet.
Isabelle , femme de Cynthia , ayant appris
que son mari a fait nauffrage , et
NOVEMBRE. 1731. 2637
le croyant mort , se retire dans un Château
et s'y confine pour le reste de ses
jours . Ce Château est le lieu de la Scene.
Cynthio y arrive , Blaise , son Jardinier,
le prend pour un Revenant , mais enfin
rassuré et convaincu que c'est son
Maître lui- même , il lui apprend que sa
: femme a fait divorce avec le monde pour
se livrer toute entiere à la douleur que
sa mort prétenduë lui cause. Cynthio
n'est pas tout à fait content de cette marque
d'amour et de fidelité ; il veut mettre
: le coeur d'Isabelle à de nouvelles épreuves
; il ordonne au Jardinier de tenir son
: retour secret , et prie Mario , son ami ,
et son compagnon de voyage , de se travestir
en Prince et de mettre tout en
usage pour tenter la fidelité de son Epouse.
Mario blâme sa défiance et ne consent
qu'à regret à jouer le personnage qu'il
lui propose ; il s'y resout enfin , il se
presente à Isabelle avec toute la magnificence
qui doit accompagner le rang qu'il
se donne. Il fait étaler à ses yeux tout ce
- que la fortune peut avoir de plus séduisant
; il parle d'hymen , et sur tout d'amour
de la maniere la plus persuasive ,
d'autant mieux que la feinte chez lui est
devenue une verité ; tout cela n'ébranle
point la fidelité d'Isabelle ; il en rend un
boo
2838 MERCURE DE FRANCE
bon compte à son ami , et après lui avoir
avoué qu'il est veritablement devenu
amoureux de sa femme , il lui conseille
de s'en tenir à une épreuve si forte et
le prie de trouver bon qu'il le quitte pour
toujours , pour se guerir par l'absence des
impressions que les charmes d'Isabelle
Iont faites sur son coeur ; Cynthio n'est
pas encore satisfait , il veut faire une
derniere tentative ; il se travestir en Corsaire
, et prétend obtenir par la force ce
qu'on a refusé à l'Amour et au rang prétendu
de Mario. Cette derniere épreuve
a le sort de la précedente ; on l'a trouvée
la plus foible des deux ; l'Auteur doit
l'avoir senti lui- même ; mais il en avoit
besoin pour ménager une reconnoissance
qui a fait beaucoup de plaisir. La Piece
finit par une Fête de Matelots , dont
Cynthio régale sa fidelle Epouse. Arlequin
joue à peu près le même Rôle avec
sa femme Rosette 3 mais le succès en est
bien different ; Rosette lui fait tout au
moins une demie infidelité , et le force à
convenir qu'il a été justement payé de sa
curiosité impertinente.
Le 10. les mêmes Comédiens représen
terent à la Cour la Comédie de l'Amank
difficile de M. de la Mothe , qui fut suivie
de la petite Piece du Je ne sçai quoi , de
M.
NOVEMBRE. 1731. 2639
M. de Boissy. Ces deux Pieces furent trèsbien
représentées et firent beaucoup de
plaisir.
L'Académie Royale de Musique , continuë
toûjours avec un grand succès , les
Représentations de l'Opera d'Amadis
dans lequel la De Le Maure s'attire tous
les jours de nouveaux applaudissemens
par sa belle voix et par son jeu simple ,
noble et naturel . Il semble que le Rôle
d'Oriane , qui n'a jamais été si bien chanré
, à beaucoup près , soit fait pour cette
Acttice.
La Dile Camargo , qui n'avoit point
paru dans les premieres Représentations
de cetOpera , y dansa au commencement
de ce mois , deux Airs au quatrième Acte
, au grand contentement des Spectageurs.
Cette excellente Danseuse a voulu ,
sans doute , avoir quelque part au grand
succès de cet Opera.
Le 15. on remit au Théatre le Ballet
des Fêtes Venitiennes , pour être joué les
Jeudis , comme cela se pratique après
la S. Martin. On y a ajoûte une quatriéme
Entrée qui avoit été jouče en
Septembre 1721. intitulée l'Opera. Les
Vers sont toûjours de M. Danchet , et
la Musique de M. Campra , dont les Ouvrages
2640 MERCURE DE FRANCE
•
〃
vrages sont en possession d'être reçûs favorablement
du Public. La Dle Sallé ,
danse dans le Divertissement de cette Entrée
avec les graces que tout le monde
lui connoît ; et la De Camargo y brille
à son ordinaire , d'une maniere très- éclatante.
Le 11. Fête de S. Martin , la même
Académie donna le premier Bal public
qu'on donne tous les ans à pareil jour , et
qu'on continue pendant differens jours
jusqu'à l'Avent. On les reprend ordinairement
Novembre , une petite Piece en Vers libres
, qui a pour titre , le Phenix , on la
Fidelite mise à l'épreuve. Cet Ouvrage ,
qui est le coup d'esssay de son Auteur ,
a été assez bien reçû pour l'engager à
continuer. La Versification n'en fait pas
le moindre prix , au jugement des connoisseurs
désinterressez ; en voici le Sujet.
Isabelle , femme de Cynthia , ayant appris
que son mari a fait nauffrage , et
NOVEMBRE. 1731. 2637
le croyant mort , se retire dans un Château
et s'y confine pour le reste de ses
jours . Ce Château est le lieu de la Scene.
Cynthio y arrive , Blaise , son Jardinier,
le prend pour un Revenant , mais enfin
rassuré et convaincu que c'est son
Maître lui- même , il lui apprend que sa
: femme a fait divorce avec le monde pour
se livrer toute entiere à la douleur que
sa mort prétenduë lui cause. Cynthio
n'est pas tout à fait content de cette marque
d'amour et de fidelité ; il veut mettre
: le coeur d'Isabelle à de nouvelles épreuves
; il ordonne au Jardinier de tenir son
: retour secret , et prie Mario , son ami ,
et son compagnon de voyage , de se travestir
en Prince et de mettre tout en
usage pour tenter la fidelité de son Epouse.
Mario blâme sa défiance et ne consent
qu'à regret à jouer le personnage qu'il
lui propose ; il s'y resout enfin , il se
presente à Isabelle avec toute la magnificence
qui doit accompagner le rang qu'il
se donne. Il fait étaler à ses yeux tout ce
- que la fortune peut avoir de plus séduisant
; il parle d'hymen , et sur tout d'amour
de la maniere la plus persuasive ,
d'autant mieux que la feinte chez lui est
devenue une verité ; tout cela n'ébranle
point la fidelité d'Isabelle ; il en rend un
boo
2838 MERCURE DE FRANCE
bon compte à son ami , et après lui avoir
avoué qu'il est veritablement devenu
amoureux de sa femme , il lui conseille
de s'en tenir à une épreuve si forte et
le prie de trouver bon qu'il le quitte pour
toujours , pour se guerir par l'absence des
impressions que les charmes d'Isabelle
Iont faites sur son coeur ; Cynthio n'est
pas encore satisfait , il veut faire une
derniere tentative ; il se travestir en Corsaire
, et prétend obtenir par la force ce
qu'on a refusé à l'Amour et au rang prétendu
de Mario. Cette derniere épreuve
a le sort de la précedente ; on l'a trouvée
la plus foible des deux ; l'Auteur doit
l'avoir senti lui- même ; mais il en avoit
besoin pour ménager une reconnoissance
qui a fait beaucoup de plaisir. La Piece
finit par une Fête de Matelots , dont
Cynthio régale sa fidelle Epouse. Arlequin
joue à peu près le même Rôle avec
sa femme Rosette 3 mais le succès en est
bien different ; Rosette lui fait tout au
moins une demie infidelité , et le force à
convenir qu'il a été justement payé de sa
curiosité impertinente.
Le 10. les mêmes Comédiens représen
terent à la Cour la Comédie de l'Amank
difficile de M. de la Mothe , qui fut suivie
de la petite Piece du Je ne sçai quoi , de
M.
NOVEMBRE. 1731. 2639
M. de Boissy. Ces deux Pieces furent trèsbien
représentées et firent beaucoup de
plaisir.
L'Académie Royale de Musique , continuë
toûjours avec un grand succès , les
Représentations de l'Opera d'Amadis
dans lequel la De Le Maure s'attire tous
les jours de nouveaux applaudissemens
par sa belle voix et par son jeu simple ,
noble et naturel . Il semble que le Rôle
d'Oriane , qui n'a jamais été si bien chanré
, à beaucoup près , soit fait pour cette
Acttice.
La Dile Camargo , qui n'avoit point
paru dans les premieres Représentations
de cetOpera , y dansa au commencement
de ce mois , deux Airs au quatrième Acte
, au grand contentement des Spectageurs.
Cette excellente Danseuse a voulu ,
sans doute , avoir quelque part au grand
succès de cet Opera.
Le 15. on remit au Théatre le Ballet
des Fêtes Venitiennes , pour être joué les
Jeudis , comme cela se pratique après
la S. Martin. On y a ajoûte une quatriéme
Entrée qui avoit été jouče en
Septembre 1721. intitulée l'Opera. Les
Vers sont toûjours de M. Danchet , et
la Musique de M. Campra , dont les Ouvrages
2640 MERCURE DE FRANCE
•
〃
vrages sont en possession d'être reçûs favorablement
du Public. La Dle Sallé ,
danse dans le Divertissement de cette Entrée
avec les graces que tout le monde
lui connoît ; et la De Camargo y brille
à son ordinaire , d'une maniere très- éclatante.
Le 11. Fête de S. Martin , la même
Académie donna le premier Bal public
qu'on donne tous les ans à pareil jour , et
qu'on continue pendant differens jours
jusqu'à l'Avent. On les reprend ordinairement
Fermer
Résumé : Le Phénix ou la fidelité mise à l'épreuve, [titre d'après la table]
En novembre 1731, les Comédiens Italiens présentèrent la pièce en vers libres 'Le Phénix, ou la Fidélité mise à l'épreuve', premier essai de son auteur. Cette œuvre raconte l'histoire d'Isabelle, épouse de Cynthia, qui se retire dans un château après avoir appris la mort présumée de son mari. Cynthia, revenu, découvre qu'Isabelle s'est retirée du monde par fidélité. Pour tester sa fidélité, Cynthia ordonne à son jardinier de garder son retour secret et demande à son ami Mario de se déguiser en prince pour séduire Isabelle. Malgré les tentatives de Mario, Isabelle reste fidèle. Cynthia, insatisfait, se déguise ensuite en corsaire pour tenter de forcer Isabelle, mais échoue à nouveau. La pièce se termine par une fête de matelots. Parallèlement, Arlequin tente de tester la fidélité de Rosette, mais celle-ci lui fait une demi-infidélité. Le 10 novembre, les mêmes comédiens représentèrent à la cour 'L'Amant difficile' de M. de La Mothe et 'Le Je ne sçai quoi' de M. de Boissy, toutes deux très bien reçues. L'Académie Royale de Musique continua les représentations de l'opéra 'Amadis', où la De Le Maure reçut des applaudissements pour son rôle d'Oriane. La Dile Camargo dansa deux airs au quatrième acte. Le 15 novembre, le ballet 'Les Fêtes Vénitiennes' fut remis au théâtre avec une nouvelle entrée. Le 11 novembre, à la fête de Saint-Martin, l'Académie donna le premier bal public de l'année.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer