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1
p. 2554-2576
SETIEME LETRE sur la bibliotèque des enfans, et sur l'atirail literaire du bureau tipografique.
Début :
MONSIEUR, Je n'aurois jamais osé doner dans le Mercure de France la suite de l'atirail literaire [...]
Mots clefs :
Enfants, Lettres, Latin, Méthode, Cartes, Mots, Français, Voyelle, Exercice, Apprentissage
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texteReconnaissance textuelle : SETIEME LETRE sur la bibliotèque des enfans, et sur l'atirail literaire du bureau tipografique.
SETIEME LETRE sur la bibliotèque
des enfans , et sur l'atirail literaire
du bureau tipografique.
MONSIEUR ,
Je n'aurois jamais osé doner dans le
Mercare de France la suite de l'atirail literaire
d'un enfant , si des pèrsones de
merite ne m'avoient fait remarquer que
ce journal étoit plus nécessaire et plus
instructif dans les provinces et dans les
patis étrangers que dans la capitale , et
que mon scrupule étoit mal fondé. Tous
les livres , m'a- t- on dit, ne peuvent ni ne
doivent ètre livres amusans , de mode
de
passage , et d'une seule espece de lec
teurs , come les voyages de Gulliver , etc.
I. Fel.
Votre
DECEMBRE. 1730. 2333
Votre ouvrage contient la premiere doc
trine , l'érudition élémentaire , cela sufit ,
m'a-t-on repliqué , pour justifier le motif
de vos petits essais literaires ; les parens
et les maîtres curieus en fait d'éducation
le penseront ainsi ,à Paris mème . Dailleurs
les provinces demandent des bureaus ; il
est donc mieus de leur donér la manière
de les faire faire chès eus à bon marché
que de les mètre dans la nécessité d'en
faire venir de plus chèrs , lentement et à
grans frais. Ces raisons m'ont facilement
détèrminé à tâcher de mètre le lecteur
atentif au fait de la construction , del'intelligence
, et de l'usage des petits meubles
literaires que je propose de livrér de
bone heure aus jeunes enfans , et aus autres
enfans de tout age qui ont le malheur
d'avoir été négligés ou retardés pendant
bien des anées.
§ . 1. Cassète abecédique , pour un enfant
de dens à trois ans , et de tout age.
La cassète abécédique , est le premier
meuble litéraire qu'il faudroit livrer à un
enfant de deus à trois ans . Cete cassète doit
ètre de carton; on peut la renforcer d'une
toile colée en dehors , et mètre des bandes
de parchemin à tous les angles exte
rieurs : la charniere de la cassète doit ètre
de toile , de parchemin , ou de peau , afin
A iiij qu'elle I. Vol.
2556 MERCURE DE FRANCE
qu'elle puisse resister aus mouvemens
Continuels ausquels elle sera exposée ..
Après avoir compassé , coupé , cousu
COlé
, et façoné cète cassète , il faudra l'habiller
de lètres , et de silabes ; enjoliver
tous les coins et toutes les bordures avec
du papier doré , marbré , ou tel autre
qu'on voudra y mètre , pour marquer le
quaré , ou le cadre des faces de la cas
sète. On donera au comancement de l'A
B , C latin , et en petit caractère , la
feuille des premières combinaisons élémantaires
, qu'il faudra faire imprimer
d'un caractère proportioné à la grandeur
de la cassète. Cète feuille est , pour ainsi.
dire , l'abrégé de l'a ,b, c latin , et l'on ne
sauroit y tenir un petit enfant trop lontems
pourvu qu'on ait soin de lui faire
lire sur sa cassète les combinaisons , non
seulement de gauche à droite , mais encore
de droite à gauche ; de haut en bas ,
et de bas en haut , ou en colones , etc.
Le premier des deus petits cotés à
droite , contient les lètres du grand A,B,
C latin , avec leur dénomination , ou le
nom doné et preté à chaque consone pour
rendre selon cète nouvèle métode l'art.
de lire plus aisé : On met donc dans ce
quaré de la cassète , n ° . 1. les voyèles
grandes et petites , et les lètres capitales.
avec leurs noms , Aa , Ee , Ii , Oo ,
I.Vok U u
DECEMBRE. 1730. 2357
3
U u. A , Be , Ceke , De , E , Fe , etc.
que
Le segond des deus petits cotés de la
cassète , à gauche , contient le petit a , b,c
latin , à coté du grand , lètre à lètre ; afin
l'enfant qui conoit bien les grandes
lètres , puisse facilement et presque de lui
mème aprendre ensuite à distinguer les
petites : On met donc , n ° . z . A a , Bb ,
Cc , Dd , etc. on y ajoute les principales
Higatures , les lètres doubles , et quelques
abreviations , sur lesquèles il est inutile
de s'arèter beaucoup de peur de dégouter
l'enfant.
La premiere des grandes faces de la
cassète et sur le devant , contiènt , n° . 3 .
en deus colones , les combinaisons élémentaires
du Ab , eb , ib , ob , ub , etc..
Le dessous de la cassète pouroit avoir
: quatre clous de léton , rivés en dedans ;;
savoir un à chaque angle pour servir de
pié et conserver cete face , sur laquelle ,
et sur cèle du couvercle en dedans , on
peut mètre une bèle crois de JESUS,come
La base , le principe , et la fin de toute action
cretiène.
Le deriere de la cassète contiendra , nº
4.et en deus colones , les combinaisons
du Ba , be , bi , bo , bu , etc. dans lesque
les on fera remarquer les changemiens .
qu'on a crit necessaires pour doner de
bons principes sur les combinaisons , Ca
: bokeb AV fo
2558 MERCURE DE FRANCE
fe , fi , co , qu ; Ga , je , ji , go , gu ; Ja ,
ge , gi , jo , ju ; Sa , ce , ci , fo , fu ; Ta ,
te , tici , to , tu , etc.
Le dessus du couvercle de la cassète
contiendra , nº. 5. n ° . 6. les combinaisons
du Bla , ble , bli , blo , blu , etc. et cèles
du Bra , bre , bri , bro , bru , etc ... N° 7.
les combinaisons des quatre petites lètres
ressemblantes , b , d , p , q , combinées
avec leurs quatre capitales, et ensuite avec
les cinq voyeles , come Bb , Dd , Pp ,
Qq , etc. Ba , de , pi , qu , bo , etc.
No. 8. des sons particuliers à la langue
françoise. A l'égard des cinq faces qui restent
au dedans de la cassète , il sufit qu'èles
solent couvertes de papier blanc , pour
faire mieus paroitre les lètres des cartes
que l'enfant y tiendra.
1
Cète cassète servira à faire dire la leçon
en badinant , et à tenir les cartons et les
jeus des cartes abecediques , qui ont servi
de premier amusement à l'enfant, et qu'il
peut ranger sur une table en les nomant
, jusqu'à ce qu'il soit en état d'avoir
le petit bureau tipografique , sur lequel
il rangera les premieres combinalsons,
Ab , eb , ib , ob , ub , etc. On poura
lui doner ces premieres combinaisons
avec un petit casseau de carton et de sis
logetes , qui entrera dans la cassète , de
mème que les petits cartons élémentaires ,
|
1. Vol. sur
DECEMBRE . 1730. 2559
sur lesquels on aura fait coler les quarés
de la feuille imprimée pour habiller la
cassete ; elle poura aussi servir à tenir une
garniture de bureau pour les persones
curieuses de ce petit atirail literaire.
§ . 2. Foureau ou Tablier du petit bõhome ,
pour l'usage du bureau.
L'on fera à l'enfant un tablier de quelque
bone toile rousse ou grise , afin de
conserver ses habits . Ce tablier poura s'apeler
en badinant , la bavète ou le tablier de
docteur ; il est necessaire pour y faire deus
poches , l'une servira à metre les cartes
des letres et des mots en rouge pour le
latin , et l'autre servira à mèrre les cartes
en noir pour le françois , lorsque l'enfant
comencera de travailler à la table du
bureau de laquèle au reste il ne faut pas
oublier de bien faire abatre la vive arète,à
cause du frotement continuel de l'enfant.
§. 3. Description du premier et petit bureaus
qui sert à la premiere claffe.
Dès qu'un enfant conoit bien les lètres
par l'exercice des jeus de cartes abécédiques
et de la cassete , on peut lui doner
un petit bureau semblable à ceus dont les
directeurs et les comis de la Poste se servent
en province pour ranger les lètres
missives qu'ils mèrent en colones vis - à-
1. Fol.
Αν
via
2560 MERCURE DE FRANCE
vis les lètres initiales des noms ausquels
les missives sont adressées. il faut donc
avoir une table de la largeur de cinq ou
sis cartes rangées , ensorte que cèles des
c'nq voyeles A , E , I , O , U , et des
combinaisons Ab , eb , ib , ob , ub , etc..
puissent ètre mises en colones sur la largeur
de ce bureau . il doit avoir la longueur
de trente cartes rangées de suite,
plus ou moins , selon le nombre des logetes
que l'on voudra doner à la caisse
de l'imprimerie ; et selon la grandeur des
cartes dont on se servira pour garnir le
bureau . La largeur de la table sera divisée
par quatre ou cinq lignes paralèles , qui
dans la suite serviront d'alignement et:
de reglèt à l'enfant qui doit imprimer oa
composer son tème sur cète table.
و
On peut doner à la table la longueurde
trente cassetins outre l'épaisseur
des montans ou du bois de séparation ;,
ce qu'il est aisé de mesurer : ensuite on
fait les trois liteaus , bandes , regles ou
rebors de la hauteur d'environ quatre pou
ces , ou de la hauteur d'une carte , l'un
de la longueur , et les autres deus pour la
largeur du bureau. Avant que de poserd'une
maniere fixe ou mobile à discretion,.
la tringle , la regle , le long liteau ou rebord
du derriere de la table , il faut lediviser
en trente parties , et marquer le
& Fet milicu
DECEMBRE. 1730. 2560
milieu de chaque partie d'une des lètres de
FABC, observant d'y imprimer la grandeet
la petite lètre ensemble , l'une sous.
Pautre , c'est- à- dire le grand A , sur le
petit as le B capital sur le petit b , et
ainsi de tout l'A BC , depuis les lètres.
Aa , Bb , jusqu'à cèles du Zz , sans oublier
l'Ex , l'a , ni les lètres doubles ,.
&t , ft , fl , etc. de même que les chifres et
les caracteres ou lès signes de la ponctua
tion , etc. que Fon rangera selon l'ordreobservé
dans la planche du bureau tipo
grafique que j'ai fait graver exprès. il sera.
peut-être mieus de doner à l'enfant un
casseau d'un seul rang de logètes , où il
puisse tenir les grandes et les petites kètress ,
Page et la taille décideront entre la trin
gle et le casseau d'un rang de logètes..
Les deus petits liteaus , rebors ou consoles
des cotés n'étant que pour retenir les
cartes , rendre le bureau plus solide , et
pour fermer la caisse , on peut arondir er:
façoner ces deus consoles par le bout , afin
que l'enfant ne puisse en ètre incomode :
après quoi l'on peut clouer les liteaus ou
rebors et metre ce bureau contre un mur
sur deus chaises , sur un chassis , sur deus
petits bancs ou deus petits traitaus dont
les piés soient solides et proportionés à
La taille de l'enfant. On poura , si l'on
eur, metre de petits tiroirs à ce bureau:
La bata
1
2562 MERCURE DE FRANCE
et couvrir la table , d'une basane , d'un
maroquin noir ou d'une toile cirée ; ce qui
n'est pas absolument necessaire, si le bois
est neuf, sans noeuds et bien uni : d'ailleurs
on pouroit faire la table de ce bureau
brisée en deus ; ce qui serviroit pour
les diferens ages et les diferens tèmes de
l'enfant , et mème pour ètre plus facilement
placé contre la muraille et transporté
de la vile à la campagne , come une
table brisée , qui ensuite relevée , ferme
roit la caisse du colombier literaire , et
ocuperoìt moins de place. On poura mètre
un petit rideau de tafetas ou de toile
pour couvrir le colombier quand on ne
s'en servira pas , une toile cirée sera peutètre
d'un mème usage , on doit en tout
chercher l'utilité , la comodité et la propreté.
S. 4. Casse d'imprimerie en colombier à
quatre rans de trente cassetins chacun.
3
Quand l'enfant sera fort sur l'exercice
de la cassète et du premier bureau , on
peut encore pour le divertir en l'instruisant
, lui doner une casse d'imprimerie ,
avec laquèle il composera et décomposera
les silabes , les mots , et les lignes qu'on
lui présentera écrites ou imprimées ; er
cela s'apelera l'exercice du tème en lat`n ou
en françois , selon les lignes et les tèmes
I. Vol.
qu'on
DECEMBRE. 1730. 2563
qu'on lui donera par la suite en ces langues-
là . Cète imprimerie en colombier
est composée d'un casseau qu'on met sur
la table du premier et petit bureau contre
le plus long liteau ou le deriere de cète
table , y étant assés fixe par
des crochets ,
des pitons , des clous à vis , des boutons
ou des chevilles de fer qui traversent l'épaisseur
des deus petits liteaus ou consoles
, et le bois de la premiere et de la derniere
celule : cete casse est divisée en soissante
compartimens, cassetìns, celules , logetes
ou boulins ; c'est-à-dire en deus
rans de trente celules quarées chacun , et
c'est-là le segond bureau ou casseau de la
segonde classe pour le latin , en atendant
la troisième aussi de soissante cassetins
pour le françois , les chiftes , la ponctuation
, l'ortografe des lètres et des sons et
pour la troisiéme classe.
On passera ensuite au quatrième casseau
ou bureau pour le rudiment pratique de
la quatrième classe. Le bureau complet
sera donc de sis rangées de trente cassetins
chacune ; quatre pour l'imprimerie
du latin et du françois , et deus pour le
rudiment. On poura le faire faire tout
d'un tems pour épargner le bois , la hau
teur et la façon du bureau ; en couvrant
d'une housse les rangées superieures
dont l'enfant n'aura pas d'abord l'usage :
I. Vol.
ce
2564 MERCURE DE FRANCE
ce voile piquera sa curiosité et lui donera
de l'impatience pour l'usage des autres
rangées , ainsi qu'on l'a déja dit dans les
letres sur le bureau tipografique , inserées.
dans les mercures des mois de Juin et
de Juillet 1730.
Les logetes doivent ètre un peu plus.
profondes que la longueur des cartes ;
savoir , les trente celules pour ranger et
mètre les petites lètres , les lètres dou-
Bles , etc. et les trente autres celules ou
cassetins pour les grandes lètres ou capitales
, etc. le quaré des celules doit ètre
proportioné à la longueur et à la largeur
des cartes dont on veut se servir ; ensorte:
que l'enfant puisse mètre aisément sa main
dans chaque celule pour y poser ou en
prendre les cartes : on parlera ci - dessous ;
des autresrans de logetes.il faudra marquer
abécédiquement au bureau latin chaque
celule d'en bas de sa petite lètre, et cèle d'ens
haut de sa lètre capitale : après quoi l'on
peut montrer à l'enfant l'art d'imprimer
le tème qu'on lui dicte , ou qu'on lui
done sur une carte ou sur un papier mis
assés haut sur un petit pupitre à jour et
de fil d'archal au milieu de son imprimerie
ou sur la table mème du bureau ; l'on
fera séparer tous les mots avec une carte:
blanche ou par une petite distance , pour
aprendre à l'enfant à distinguer les mots..
La Vali
On
DECEMBRE. 1730. 2565
On ne sauroit croire combien il profite
en imprimant quelques mots sous le dictamen
des uns et des autres , cela lui for
me l'oreille, et lui done ensuite une gran
de facilité pour l'ortografe des ïeus er
d'usage.
,
Il faut qu'il y ait au moins quinze ou
vint lètres dans chaque celule et un
plus grand nombre de voyèles , de liquides
et de certaines consones de plus d'usage
, afin de pouvoir composer plusieurs
lignes de tème tout de suite. Pour rendre
plus large la table du bureau , à mesure
que l'enfant croitra en age et en sience
on peut reculer la caisse de l'imprimerie
ou l'exhausser pour l'apuyer sur le deriere
du bureau , ou pour la metre contre le
mur d'un cabinet , de la chambre de l'enfant
ou autre lieu convenable. Je crois ce
pendant qu'il est mieus que le tout soit
isolé et portatif même au milieu de la
chambre ou du cabinet de l'enfant.
On aura des cartes marquées d'une virgule
pour séparer les mots au comencement
de l'exercice tipografique , afin
d'en rendre à l'enfant la lecture plus aisée
, moins confuse , et de lui aprendre
à distinguer les mots ; il faut mème que
l'enfant lise ou qu'il apèle les virgules et
les poins qui se trouvent dans ses leçons
ce qui l'acoutumera à observér les pauses.
Ja Vola ik
2566 MERCURE DE FRANCE
il ne sera pas mal aussi qu'il nome la quant
tième des pages , à la vue des chifres dont
elles sont cotées : cela sera d'autant plus
alsé , que les chifres entrent dans la com
position des tèmes , et que l'enfant de
trois ans quatre mois dont on a parlé
s'en servolt come il se servott des letres
, quoique tous les chifres fussent en
core dans une seule logere du petit bureau
latin . Le maître pour soulager l'enfant ,
lira à son tour jusqu'à la virgule ou jus
qu'au point.
Tous ceus qui vèront ce bureau et cite
imprimerie pouront dicter et faire imprimer
leurs noms, ou quelques autres mots
et encourager l'enfant à l'exercice du bus
reau qu'il faut continuer pendant lontems
quoique dans la suite l'enfant se serve de
livres pour dire sa leçon en latin et en
François. Le téme étant fait , on regarde
s'il n'y a point de fautes , et l'on montre
à l'enfant la manière de les coriger et de
distribuer les lètres , ou de les remetre
chacune dans sa celule , ce qu'il trouvera
facile aprés avoir su les ranger sur la table
du premier bureau .
S.§. 5. Description du bureau tipografique
latin-françois.
Les montans ou le bois qui forme les
celules
DECEMBRE. 1730. 2567
(
celules de haut en bas en ligne pèrpendiculaire
n'est que de deus à trois lignes
d'épaisseur , excepté le premier et le dernier
qui auront neuf lignes pour fortifier
la caisse , l'assemblage ou le bâti exterieur
; et les traverses ou le bois qui le
croise horisontalement et en rayons est
alternativement , c'est à dire le premier ,
le troisième , le cinquième , et le sétième
de neuf lignes , ou de la hauteur des letres
capitales. si l'enfant est déja un peu
grand , on poura doner neuf lignes à toutes
les traverses pour la comodité des étiquetes
de tous les rans de cassetins , chaque
celule à vide a en tout sens le quaré
long d'une carte tant pour la hauteur que
pour la largeur à vide , avec l'aisance nécessaire
pour le jeu tipografique. La profondeur
d'une celule est come l'étui de
quatre à cinq jeus de cartes ; de manière
que la main puisse les y mètre et les en
tirer facilement . Enfin les dimensions des
cartes doivent regler cèles du bureau et
des casseaus de l'imprimerie , ce qu'un
menuisier doit bien observer , en mesurant
avec exactitude une carte pour chaque
logète, ceus qui ne voudront pas
doner tant de longueur au bureau regleront
les dimensions de leurs cartes
par cèles des logétes du bureau qu'ils comanderont
selon l'endroit où ils le voudront
8
I. Vol.
2568 MERCURE DE FRANCE
€
dront placer , car il faut que la carte ou
la log te donent les dimensions l'une de
l'autre , et c'est ainsi qu'on l'a pratiqué
dans un grand colège pour le bureau d'un
jeune seigneur.
L'auteur dans une planche gravée exprès
done le plan , la description , le dessein
du bureau, des celules ; et des exemples
de la garniture de letres , afin qu'on
voie plus facilement de quèle manière on
doit les distribuer.chacun peut se faire un
plan sans s'asservir à l'abécédique ; si
P'on suit cet ordre , c'est pour faciliter à
-un enfant l'usage des dictionaires , et de
la table des matières des livres qui suivent
aussi l'ordre abécédique .
>
Le premier rang des celules d'en bas ,
- est pour les petites letres apelées ordinal
: rement letres du bas ou mineures ; c'est
pourquoi on l'apèle aussi le petit ordinaìre.
Après les logetes du z , de l' , de
P'è ouvert et de l'é fermé , on metra dans
· la vintneuvième logete les cartes ou les
tèmes donés sur l'histoire , sur la bible ,
sur les génealogies , sur la cronologie et sur
la géografie , et dans la trentième logere
les tèmes qui roulent sur la France , sur
l'Europe etc.
Le segond rang contient les grandes
letres apelées capitales , majeures ou majuscules
que les espagnols apelent aussi
I.Vol
verfales
DECEMBRE. 1730. 2569
versales ; c'est pourquoi on l'apele le grand.
ordinaire la vintneuvième logete sera.
pour les époques , l'histoire sainte , les listes
etc. la trentième pour les époques
P'histoire profane , la fable etc. ou bien on
se contentera de metre en haut les deus
étiquetes hist. s. hist . p. et en bas les autres
deus étiquetes géogr. fable.
5
Le troisième rang est pour toutes les
combinaisons de letres qui donent les mèmes
sons simples qu'exprime le rang des
letres ordinaires ; c'est pourquoi on l'apele
le premier rang composé ; ainsi à la cofone
de l'o et à la logete du 3 rang , on
met les diftongues oculaires au , ean , qui
en deus ou en trois letres expriment le
pur son de l'o , cette distinction et cet
ordre métodique donent d'abord à l'enfant
des idées inconues à la plupart des
maitres d'école . car s'il m'est permis de
le dire , on ne rougit pas d'ignorer l'algebre
; mais on est très honteus d'ignorer
ce qu'un petit enfant aprend d'abord
au bureau , sur la nature des letres et des
sons de la langue françoise , et ce que
tous les maîtres , tous les regens , et tous
les professeurs devroient savoir . Pour profiter
des logetes de reste , on met à la se
èt à la colone du H le mot magasin expliqué
ailleurs ; à la 10 tèmes à faire ; à
la 11 tèmes faits à la colone du Z , on
DANI. Vol.
met
2570 MERCURE DE FRANCE
met nombres , chifres ou livret ; et aus deus
dernieres les poins de suspension , d'interuption
.... , les paragrafes §§ , les piés
de mouche ¶¶ , les guillemets « » , les
signes de plus , de moins ,
d'égalité , et les traits ou tiréts
que les imprimeurs apelent division , qui
coupent, replient et divisent les mots qu'on;
n'a pu achever au bout de la ligne , ou qui
lient des mots composés, come porte-feuille,
tourne-broche etc. on tiendra tous les autres
signes et les asterisques dans ces deus
derniéres logetes du troisième rang de
cassetins .
Le quatrième rang est pour des sons.
diférens , placés néanmoins dans la colone
de la letre avec laquele ils ont le plus de
raport à l'oreille où à l'euil ; le reste come
poins , virgules , apostrofes , parentèses ,
crochets etc. est mis à discretion dans les
celules vides du 4 rang qu'on apele le
segond rang composé , ensorte que les deus
premiers rans sont dits simples , parceque
leurs celules contiènent les simples letres,
et les deus autres rans sont dits composés ,
parceque leurs celules contiènent de dou
bles consones , de doubles letres , de doubles
sons , et enfin des diftongues par
raport à l'euil ou à l'oreille. Pour profiter
du vide des colones M, N, on y a mis
les diftongues oi et ni , qui reviènent sou
GAL. Vol.
vent
DECEMBRE. 1730. 2571
vent dans les mots des tèmes , des frases ,
ou du discours , et pour distinguer le son
de la voyele è ou of du mot il conoìt , de
la diftongue oi du mot roi , on emploie
l'ì grave , come dans les mots il avoit , ils
portoient etc. et l'on emploie l'i ordinaìre
dans les mots loi , roi etc. ensorte que 1ì
grave servira à indiquer l'è ouvert composé
de deus letres dans les mots françois,
maitre , peine etc. et l'i algu indiquera l'ẻ
fermé composé aussi de deus letres dans
les mots j'ai , je ferai plaisir etc. ce qui
şera tres utile non seulement à l'enfant ,
mais encore aus étrangers et aus gens de
province peu au fait de la prononciation
des e simples , ou composés de plusieurs
letres.
On metra aussi au quatrième rang la
voyele eu au haut de la colone e ,
d'autant
que la prononciation en est presque come
cèle de l'é muet françois ou soutenu et
d'une seule lètre ; au lieu que la difton
gue oculaire eu est dans un sens l'e fran
çois soutenu de deus letres ... Le son
gne françois sera mis à la 7 celule au
haut de la colone g , parceque le mot copar
un g ; en Espagne et en portugal
on le metroit au fi ou au nh , colone
du n...Le son che françois , au mème
rang , et au haut de la colone du jou du
sonjeja , parceque le son françois che ost
I. Vol.
mence
le
2372 MERCURE DE FRANCE
le son fort du foible jes en Alemagne ,
on metroit le che à la colone du sch , parceque
les Alemans n'ont point de jou
le son du ge dans leur langue ... Les sons
ill , lh , ille mouillés , au haut de la colonel
, par raport à l'euil plutot qu'à l'oreille
; car en Italie on le metroit au gli ,
colone du g ... La voyele on au haut de
la colone o , par raport à l'euil plutot qu'à
l'oreilles en Italie , en Efpagne , en Âlemagne
, on metroit l'ou à la colone de l'u
qu'on y prononce on . ceci doit fe pratiquer
de mème pour le grec , l'ebreu
Parabe , et toutes les langues .
> > > , >
On doit metre les cinq voyeles nasales
ã‚é‚í‚õ‚ú¸ avant les chifres , et tout
de suite , pour en faciliter l'usage à l'enfant
qui compose sur la table du bureau .
Les dis chifres arabes seront mis aus dis
dernieres logétes avec des chifres romains
pour composer en françois et en latin .
c'est cète rangée de trente cassetins qui
a obligé à en doner autant aus autres
rans. on doit encore dire ici qu'on ne
sépare pas toujours par des virgules ou
par des poins les diférentes combinat
sons ou les diférens signes indiqués pour
la mème logete dans la planche du bureau
, parceque l'on a craint que le lecteur
n'imaginât ces virgules et ces poins
être nécessaires sur les cartes des mèmes
I. Vol.
logetes,
DECEMBRE. 1730. 257 3
logètes , come , par exemple, le point des
cartes marquées d'un c. au dessous de
la logete des chifres VI , 6.
La logète du magasin , du suplement.
ou du plein bureau , apelée la bureaulade
sert à l'enfant pour mètre les mots et les
tèmes composés , lorsque la table du bureau
est pleine , ou que l'enfant pressé
permet qu'un autre range les cartes après
qu'il a lui seul composé le tème , le tout
pour diversifier , et plaire en instruisant,
bien loin de dégouter. on trouvera à
peu près de mème la raison de chaque
chose , si l'on veut bien se doner la peìne
d'y faire un peu d'atention , come on
l'a déja dit bien des fois dans la manière
d'apeler les letres et les sons simples ou
composés par raport aus ieus ou à l'oreille.
§. 6. Garniture ou assortiment de cartes
Pour les quatre rans de casseins du bureau
tipografique.
Pour garnir le bureau tipografique , il
faudra mètre sur des cartes séparément
non seulement les lètres , mais encore
leurs diférentes combinaisons pour exprimer
les sons simples ou composés , ce qui
servira beaucoup à l'ortografe des ieus et
de l'oreille , et donera plus de facilité et
de varieté pour le jeu tipografique , que
I. Vol. B n'en
2574 MERCURE DE FRANCE
n'en pouroit doner une imprimerie ordinaire.
D'ailleurs l'avantage de pouvoir
lire et composer en latin et en françois
dès le premier jour de l'exercice , est un
avantage qui fera toujours taire les esprits
prévenus , incapables avec les métodes
vulgaires de montrer l'ortografe et
le latin à un petit enfant , avant qu'il
comance d'aprendre à écrire un autre
avantage du bureau , c'est de soulager les
maitres, les régens, et les professeurs , en
leur formant de bons écoliers , et les rendant
en moins de tems plus fermes sur
la téorie et sur la pratique des premiers
élemens literaires, que ne le sont ordinalrement
la plupart des enfans condanés à
Particulation des anciènes métodes , ce
qui démontre l'utilité et la compatibilité
de l'exercice du bureau avec tous les devoirs
des meilleurs colèges.
TABLE des letres , des sons simples ;
des sons composés et des combinaisons
necessaires pour la garniture du bureau
tipografique.
GARNITURE,
Logetes.
a
aa. à. á. â. a. ǎ. af. ha. has. aë.
ê.
с ce. è . é. ë.
iii. . . . . . I. if. hi. ic,
e. ĕ. ef. he.
I
I. Vol.
DECEMBRE. 1730. 2575
ô. ō. ŏ. ef. ho. hof. au. cau. haw
ooo. ò. 6.
u uu. ù. ú. ü. û. ũ . ŭ, uſ. hu. huſ, cu. ".
b bb. be, bd..hr .
с cc. ç . &t . c'. ce.
ddd. d'. de. 2ª.
fff. ph. ft. fs. ff. fi . ffi . ft. ft. pht. phth. phr.
phl. phe.
ggggu. ga. go . gh. ghe, gue.
hha. he, hi. hơ. hư. hy . heu . hai. hon.
kke. ky. que. ca, co. cu. qu.
1 11. P. le .
mmm. m. m³, m². m. m²®, m¹è, me, m², meat.
n
Me. MM .
nn. ñ. n'. n ° . n. ne.
P PP. pe. pn. pt. ps. PP.
q cq. qua, que , qui, quo . qu. qu'. quæ . q;, qui
r rr. rh. r'. re. " . RR..
iss. fl. fs, sl. fc. fç.fl. ff. sph. fph. fg. fi . fm.
ſp. ſq. ſqu. ft. fth . ffi. se. ſe. ci. ce. i. S. st.
• fee SS. ç.
t tt. th. thrh.thl. t '. te. .. a. &e. Ato. Au.
V v. w. W. ve. Ve.
Je. j'.ge. gi. ginta.
X x. xc. gz. kf. xc. xfc.
yhy. ys. yf. hys. ii. iï.-ÿ.
Z z. ze.
ง.0
ès. èf. cis. ci. ey. al. ay. ais. aî. aient.oiens
oi. oy. hai. hay. ols. oit.
é aí . oe. oe. &. &. ét. Æ. E.
eu eû. eus . heu . `oeu. oei,
I. Vol. Bij
OW
2576 MERCURE DE FRANCE
Ou ou. où. ouf. oû . hou.
ch ch. che,
gn gn. gn. gne. gne.
lh_lhe . il. ill. ille . lle. 1.
ã an. a. é: hen. em . han. hã. aën, aon , ham,
èn. èm. ein . èí. eim. hin . hĩ ein .
1 in. im. ain aim. aĩ. ein . eĩ. ìn , ain.
Õ on . om, hon . hõ . hom
ū un. um . hum . hun , hũ, cũ .
Diftongues.
Oi ois. oĩ. oin. oy. hoi . hoy oic.
ui uis. uĩ. uin, uy. hui. huy. uic.
Suplement.
a
ante 60ante. 20ª.
i 20leme , ier.
f Fin. Finis.
Įginta 30. 40ginia .
Ponctuation. , ; : . ? !
Chifres. 0. 1. 2. ༣. 4.
·
+
5. 6. 7. 8.
I. II. III. IV. V. VI. VII . VIII.
9. 0. 10 .....
IX. X.
31. & c.
XXXI. & c.
Signes . ( ) .. [ ] *. §. ¶. + ----
တ
& &c.
des enfans , et sur l'atirail literaire
du bureau tipografique.
MONSIEUR ,
Je n'aurois jamais osé doner dans le
Mercare de France la suite de l'atirail literaire
d'un enfant , si des pèrsones de
merite ne m'avoient fait remarquer que
ce journal étoit plus nécessaire et plus
instructif dans les provinces et dans les
patis étrangers que dans la capitale , et
que mon scrupule étoit mal fondé. Tous
les livres , m'a- t- on dit, ne peuvent ni ne
doivent ètre livres amusans , de mode
de
passage , et d'une seule espece de lec
teurs , come les voyages de Gulliver , etc.
I. Fel.
Votre
DECEMBRE. 1730. 2333
Votre ouvrage contient la premiere doc
trine , l'érudition élémentaire , cela sufit ,
m'a-t-on repliqué , pour justifier le motif
de vos petits essais literaires ; les parens
et les maîtres curieus en fait d'éducation
le penseront ainsi ,à Paris mème . Dailleurs
les provinces demandent des bureaus ; il
est donc mieus de leur donér la manière
de les faire faire chès eus à bon marché
que de les mètre dans la nécessité d'en
faire venir de plus chèrs , lentement et à
grans frais. Ces raisons m'ont facilement
détèrminé à tâcher de mètre le lecteur
atentif au fait de la construction , del'intelligence
, et de l'usage des petits meubles
literaires que je propose de livrér de
bone heure aus jeunes enfans , et aus autres
enfans de tout age qui ont le malheur
d'avoir été négligés ou retardés pendant
bien des anées.
§ . 1. Cassète abecédique , pour un enfant
de dens à trois ans , et de tout age.
La cassète abécédique , est le premier
meuble litéraire qu'il faudroit livrer à un
enfant de deus à trois ans . Cete cassète doit
ètre de carton; on peut la renforcer d'une
toile colée en dehors , et mètre des bandes
de parchemin à tous les angles exte
rieurs : la charniere de la cassète doit ètre
de toile , de parchemin , ou de peau , afin
A iiij qu'elle I. Vol.
2556 MERCURE DE FRANCE
qu'elle puisse resister aus mouvemens
Continuels ausquels elle sera exposée ..
Après avoir compassé , coupé , cousu
COlé
, et façoné cète cassète , il faudra l'habiller
de lètres , et de silabes ; enjoliver
tous les coins et toutes les bordures avec
du papier doré , marbré , ou tel autre
qu'on voudra y mètre , pour marquer le
quaré , ou le cadre des faces de la cas
sète. On donera au comancement de l'A
B , C latin , et en petit caractère , la
feuille des premières combinaisons élémantaires
, qu'il faudra faire imprimer
d'un caractère proportioné à la grandeur
de la cassète. Cète feuille est , pour ainsi.
dire , l'abrégé de l'a ,b, c latin , et l'on ne
sauroit y tenir un petit enfant trop lontems
pourvu qu'on ait soin de lui faire
lire sur sa cassète les combinaisons , non
seulement de gauche à droite , mais encore
de droite à gauche ; de haut en bas ,
et de bas en haut , ou en colones , etc.
Le premier des deus petits cotés à
droite , contient les lètres du grand A,B,
C latin , avec leur dénomination , ou le
nom doné et preté à chaque consone pour
rendre selon cète nouvèle métode l'art.
de lire plus aisé : On met donc dans ce
quaré de la cassète , n ° . 1. les voyèles
grandes et petites , et les lètres capitales.
avec leurs noms , Aa , Ee , Ii , Oo ,
I.Vok U u
DECEMBRE. 1730. 2357
3
U u. A , Be , Ceke , De , E , Fe , etc.
que
Le segond des deus petits cotés de la
cassète , à gauche , contient le petit a , b,c
latin , à coté du grand , lètre à lètre ; afin
l'enfant qui conoit bien les grandes
lètres , puisse facilement et presque de lui
mème aprendre ensuite à distinguer les
petites : On met donc , n ° . z . A a , Bb ,
Cc , Dd , etc. on y ajoute les principales
Higatures , les lètres doubles , et quelques
abreviations , sur lesquèles il est inutile
de s'arèter beaucoup de peur de dégouter
l'enfant.
La premiere des grandes faces de la
cassète et sur le devant , contiènt , n° . 3 .
en deus colones , les combinaisons élémentaires
du Ab , eb , ib , ob , ub , etc..
Le dessous de la cassète pouroit avoir
: quatre clous de léton , rivés en dedans ;;
savoir un à chaque angle pour servir de
pié et conserver cete face , sur laquelle ,
et sur cèle du couvercle en dedans , on
peut mètre une bèle crois de JESUS,come
La base , le principe , et la fin de toute action
cretiène.
Le deriere de la cassète contiendra , nº
4.et en deus colones , les combinaisons
du Ba , be , bi , bo , bu , etc. dans lesque
les on fera remarquer les changemiens .
qu'on a crit necessaires pour doner de
bons principes sur les combinaisons , Ca
: bokeb AV fo
2558 MERCURE DE FRANCE
fe , fi , co , qu ; Ga , je , ji , go , gu ; Ja ,
ge , gi , jo , ju ; Sa , ce , ci , fo , fu ; Ta ,
te , tici , to , tu , etc.
Le dessus du couvercle de la cassète
contiendra , nº. 5. n ° . 6. les combinaisons
du Bla , ble , bli , blo , blu , etc. et cèles
du Bra , bre , bri , bro , bru , etc ... N° 7.
les combinaisons des quatre petites lètres
ressemblantes , b , d , p , q , combinées
avec leurs quatre capitales, et ensuite avec
les cinq voyeles , come Bb , Dd , Pp ,
Qq , etc. Ba , de , pi , qu , bo , etc.
No. 8. des sons particuliers à la langue
françoise. A l'égard des cinq faces qui restent
au dedans de la cassète , il sufit qu'èles
solent couvertes de papier blanc , pour
faire mieus paroitre les lètres des cartes
que l'enfant y tiendra.
1
Cète cassète servira à faire dire la leçon
en badinant , et à tenir les cartons et les
jeus des cartes abecediques , qui ont servi
de premier amusement à l'enfant, et qu'il
peut ranger sur une table en les nomant
, jusqu'à ce qu'il soit en état d'avoir
le petit bureau tipografique , sur lequel
il rangera les premieres combinalsons,
Ab , eb , ib , ob , ub , etc. On poura
lui doner ces premieres combinaisons
avec un petit casseau de carton et de sis
logetes , qui entrera dans la cassète , de
mème que les petits cartons élémentaires ,
|
1. Vol. sur
DECEMBRE . 1730. 2559
sur lesquels on aura fait coler les quarés
de la feuille imprimée pour habiller la
cassete ; elle poura aussi servir à tenir une
garniture de bureau pour les persones
curieuses de ce petit atirail literaire.
§ . 2. Foureau ou Tablier du petit bõhome ,
pour l'usage du bureau.
L'on fera à l'enfant un tablier de quelque
bone toile rousse ou grise , afin de
conserver ses habits . Ce tablier poura s'apeler
en badinant , la bavète ou le tablier de
docteur ; il est necessaire pour y faire deus
poches , l'une servira à metre les cartes
des letres et des mots en rouge pour le
latin , et l'autre servira à mèrre les cartes
en noir pour le françois , lorsque l'enfant
comencera de travailler à la table du
bureau de laquèle au reste il ne faut pas
oublier de bien faire abatre la vive arète,à
cause du frotement continuel de l'enfant.
§. 3. Description du premier et petit bureaus
qui sert à la premiere claffe.
Dès qu'un enfant conoit bien les lètres
par l'exercice des jeus de cartes abécédiques
et de la cassete , on peut lui doner
un petit bureau semblable à ceus dont les
directeurs et les comis de la Poste se servent
en province pour ranger les lètres
missives qu'ils mèrent en colones vis - à-
1. Fol.
Αν
via
2560 MERCURE DE FRANCE
vis les lètres initiales des noms ausquels
les missives sont adressées. il faut donc
avoir une table de la largeur de cinq ou
sis cartes rangées , ensorte que cèles des
c'nq voyeles A , E , I , O , U , et des
combinaisons Ab , eb , ib , ob , ub , etc..
puissent ètre mises en colones sur la largeur
de ce bureau . il doit avoir la longueur
de trente cartes rangées de suite,
plus ou moins , selon le nombre des logetes
que l'on voudra doner à la caisse
de l'imprimerie ; et selon la grandeur des
cartes dont on se servira pour garnir le
bureau . La largeur de la table sera divisée
par quatre ou cinq lignes paralèles , qui
dans la suite serviront d'alignement et:
de reglèt à l'enfant qui doit imprimer oa
composer son tème sur cète table.
و
On peut doner à la table la longueurde
trente cassetins outre l'épaisseur
des montans ou du bois de séparation ;,
ce qu'il est aisé de mesurer : ensuite on
fait les trois liteaus , bandes , regles ou
rebors de la hauteur d'environ quatre pou
ces , ou de la hauteur d'une carte , l'un
de la longueur , et les autres deus pour la
largeur du bureau. Avant que de poserd'une
maniere fixe ou mobile à discretion,.
la tringle , la regle , le long liteau ou rebord
du derriere de la table , il faut lediviser
en trente parties , et marquer le
& Fet milicu
DECEMBRE. 1730. 2560
milieu de chaque partie d'une des lètres de
FABC, observant d'y imprimer la grandeet
la petite lètre ensemble , l'une sous.
Pautre , c'est- à- dire le grand A , sur le
petit as le B capital sur le petit b , et
ainsi de tout l'A BC , depuis les lètres.
Aa , Bb , jusqu'à cèles du Zz , sans oublier
l'Ex , l'a , ni les lètres doubles ,.
&t , ft , fl , etc. de même que les chifres et
les caracteres ou lès signes de la ponctua
tion , etc. que Fon rangera selon l'ordreobservé
dans la planche du bureau tipo
grafique que j'ai fait graver exprès. il sera.
peut-être mieus de doner à l'enfant un
casseau d'un seul rang de logètes , où il
puisse tenir les grandes et les petites kètress ,
Page et la taille décideront entre la trin
gle et le casseau d'un rang de logètes..
Les deus petits liteaus , rebors ou consoles
des cotés n'étant que pour retenir les
cartes , rendre le bureau plus solide , et
pour fermer la caisse , on peut arondir er:
façoner ces deus consoles par le bout , afin
que l'enfant ne puisse en ètre incomode :
après quoi l'on peut clouer les liteaus ou
rebors et metre ce bureau contre un mur
sur deus chaises , sur un chassis , sur deus
petits bancs ou deus petits traitaus dont
les piés soient solides et proportionés à
La taille de l'enfant. On poura , si l'on
eur, metre de petits tiroirs à ce bureau:
La bata
1
2562 MERCURE DE FRANCE
et couvrir la table , d'une basane , d'un
maroquin noir ou d'une toile cirée ; ce qui
n'est pas absolument necessaire, si le bois
est neuf, sans noeuds et bien uni : d'ailleurs
on pouroit faire la table de ce bureau
brisée en deus ; ce qui serviroit pour
les diferens ages et les diferens tèmes de
l'enfant , et mème pour ètre plus facilement
placé contre la muraille et transporté
de la vile à la campagne , come une
table brisée , qui ensuite relevée , ferme
roit la caisse du colombier literaire , et
ocuperoìt moins de place. On poura mètre
un petit rideau de tafetas ou de toile
pour couvrir le colombier quand on ne
s'en servira pas , une toile cirée sera peutètre
d'un mème usage , on doit en tout
chercher l'utilité , la comodité et la propreté.
S. 4. Casse d'imprimerie en colombier à
quatre rans de trente cassetins chacun.
3
Quand l'enfant sera fort sur l'exercice
de la cassète et du premier bureau , on
peut encore pour le divertir en l'instruisant
, lui doner une casse d'imprimerie ,
avec laquèle il composera et décomposera
les silabes , les mots , et les lignes qu'on
lui présentera écrites ou imprimées ; er
cela s'apelera l'exercice du tème en lat`n ou
en françois , selon les lignes et les tèmes
I. Vol.
qu'on
DECEMBRE. 1730. 2563
qu'on lui donera par la suite en ces langues-
là . Cète imprimerie en colombier
est composée d'un casseau qu'on met sur
la table du premier et petit bureau contre
le plus long liteau ou le deriere de cète
table , y étant assés fixe par
des crochets ,
des pitons , des clous à vis , des boutons
ou des chevilles de fer qui traversent l'épaisseur
des deus petits liteaus ou consoles
, et le bois de la premiere et de la derniere
celule : cete casse est divisée en soissante
compartimens, cassetìns, celules , logetes
ou boulins ; c'est-à-dire en deus
rans de trente celules quarées chacun , et
c'est-là le segond bureau ou casseau de la
segonde classe pour le latin , en atendant
la troisième aussi de soissante cassetins
pour le françois , les chiftes , la ponctuation
, l'ortografe des lètres et des sons et
pour la troisiéme classe.
On passera ensuite au quatrième casseau
ou bureau pour le rudiment pratique de
la quatrième classe. Le bureau complet
sera donc de sis rangées de trente cassetins
chacune ; quatre pour l'imprimerie
du latin et du françois , et deus pour le
rudiment. On poura le faire faire tout
d'un tems pour épargner le bois , la hau
teur et la façon du bureau ; en couvrant
d'une housse les rangées superieures
dont l'enfant n'aura pas d'abord l'usage :
I. Vol.
ce
2564 MERCURE DE FRANCE
ce voile piquera sa curiosité et lui donera
de l'impatience pour l'usage des autres
rangées , ainsi qu'on l'a déja dit dans les
letres sur le bureau tipografique , inserées.
dans les mercures des mois de Juin et
de Juillet 1730.
Les logetes doivent ètre un peu plus.
profondes que la longueur des cartes ;
savoir , les trente celules pour ranger et
mètre les petites lètres , les lètres dou-
Bles , etc. et les trente autres celules ou
cassetins pour les grandes lètres ou capitales
, etc. le quaré des celules doit ètre
proportioné à la longueur et à la largeur
des cartes dont on veut se servir ; ensorte:
que l'enfant puisse mètre aisément sa main
dans chaque celule pour y poser ou en
prendre les cartes : on parlera ci - dessous ;
des autresrans de logetes.il faudra marquer
abécédiquement au bureau latin chaque
celule d'en bas de sa petite lètre, et cèle d'ens
haut de sa lètre capitale : après quoi l'on
peut montrer à l'enfant l'art d'imprimer
le tème qu'on lui dicte , ou qu'on lui
done sur une carte ou sur un papier mis
assés haut sur un petit pupitre à jour et
de fil d'archal au milieu de son imprimerie
ou sur la table mème du bureau ; l'on
fera séparer tous les mots avec une carte:
blanche ou par une petite distance , pour
aprendre à l'enfant à distinguer les mots..
La Vali
On
DECEMBRE. 1730. 2565
On ne sauroit croire combien il profite
en imprimant quelques mots sous le dictamen
des uns et des autres , cela lui for
me l'oreille, et lui done ensuite une gran
de facilité pour l'ortografe des ïeus er
d'usage.
,
Il faut qu'il y ait au moins quinze ou
vint lètres dans chaque celule et un
plus grand nombre de voyèles , de liquides
et de certaines consones de plus d'usage
, afin de pouvoir composer plusieurs
lignes de tème tout de suite. Pour rendre
plus large la table du bureau , à mesure
que l'enfant croitra en age et en sience
on peut reculer la caisse de l'imprimerie
ou l'exhausser pour l'apuyer sur le deriere
du bureau , ou pour la metre contre le
mur d'un cabinet , de la chambre de l'enfant
ou autre lieu convenable. Je crois ce
pendant qu'il est mieus que le tout soit
isolé et portatif même au milieu de la
chambre ou du cabinet de l'enfant.
On aura des cartes marquées d'une virgule
pour séparer les mots au comencement
de l'exercice tipografique , afin
d'en rendre à l'enfant la lecture plus aisée
, moins confuse , et de lui aprendre
à distinguer les mots ; il faut mème que
l'enfant lise ou qu'il apèle les virgules et
les poins qui se trouvent dans ses leçons
ce qui l'acoutumera à observér les pauses.
Ja Vola ik
2566 MERCURE DE FRANCE
il ne sera pas mal aussi qu'il nome la quant
tième des pages , à la vue des chifres dont
elles sont cotées : cela sera d'autant plus
alsé , que les chifres entrent dans la com
position des tèmes , et que l'enfant de
trois ans quatre mois dont on a parlé
s'en servolt come il se servott des letres
, quoique tous les chifres fussent en
core dans une seule logere du petit bureau
latin . Le maître pour soulager l'enfant ,
lira à son tour jusqu'à la virgule ou jus
qu'au point.
Tous ceus qui vèront ce bureau et cite
imprimerie pouront dicter et faire imprimer
leurs noms, ou quelques autres mots
et encourager l'enfant à l'exercice du bus
reau qu'il faut continuer pendant lontems
quoique dans la suite l'enfant se serve de
livres pour dire sa leçon en latin et en
François. Le téme étant fait , on regarde
s'il n'y a point de fautes , et l'on montre
à l'enfant la manière de les coriger et de
distribuer les lètres , ou de les remetre
chacune dans sa celule , ce qu'il trouvera
facile aprés avoir su les ranger sur la table
du premier bureau .
S.§. 5. Description du bureau tipografique
latin-françois.
Les montans ou le bois qui forme les
celules
DECEMBRE. 1730. 2567
(
celules de haut en bas en ligne pèrpendiculaire
n'est que de deus à trois lignes
d'épaisseur , excepté le premier et le dernier
qui auront neuf lignes pour fortifier
la caisse , l'assemblage ou le bâti exterieur
; et les traverses ou le bois qui le
croise horisontalement et en rayons est
alternativement , c'est à dire le premier ,
le troisième , le cinquième , et le sétième
de neuf lignes , ou de la hauteur des letres
capitales. si l'enfant est déja un peu
grand , on poura doner neuf lignes à toutes
les traverses pour la comodité des étiquetes
de tous les rans de cassetins , chaque
celule à vide a en tout sens le quaré
long d'une carte tant pour la hauteur que
pour la largeur à vide , avec l'aisance nécessaire
pour le jeu tipografique. La profondeur
d'une celule est come l'étui de
quatre à cinq jeus de cartes ; de manière
que la main puisse les y mètre et les en
tirer facilement . Enfin les dimensions des
cartes doivent regler cèles du bureau et
des casseaus de l'imprimerie , ce qu'un
menuisier doit bien observer , en mesurant
avec exactitude une carte pour chaque
logète, ceus qui ne voudront pas
doner tant de longueur au bureau regleront
les dimensions de leurs cartes
par cèles des logétes du bureau qu'ils comanderont
selon l'endroit où ils le voudront
8
I. Vol.
2568 MERCURE DE FRANCE
€
dront placer , car il faut que la carte ou
la log te donent les dimensions l'une de
l'autre , et c'est ainsi qu'on l'a pratiqué
dans un grand colège pour le bureau d'un
jeune seigneur.
L'auteur dans une planche gravée exprès
done le plan , la description , le dessein
du bureau, des celules ; et des exemples
de la garniture de letres , afin qu'on
voie plus facilement de quèle manière on
doit les distribuer.chacun peut se faire un
plan sans s'asservir à l'abécédique ; si
P'on suit cet ordre , c'est pour faciliter à
-un enfant l'usage des dictionaires , et de
la table des matières des livres qui suivent
aussi l'ordre abécédique .
>
Le premier rang des celules d'en bas ,
- est pour les petites letres apelées ordinal
: rement letres du bas ou mineures ; c'est
pourquoi on l'apèle aussi le petit ordinaìre.
Après les logetes du z , de l' , de
P'è ouvert et de l'é fermé , on metra dans
· la vintneuvième logete les cartes ou les
tèmes donés sur l'histoire , sur la bible ,
sur les génealogies , sur la cronologie et sur
la géografie , et dans la trentième logere
les tèmes qui roulent sur la France , sur
l'Europe etc.
Le segond rang contient les grandes
letres apelées capitales , majeures ou majuscules
que les espagnols apelent aussi
I.Vol
verfales
DECEMBRE. 1730. 2569
versales ; c'est pourquoi on l'apele le grand.
ordinaire la vintneuvième logete sera.
pour les époques , l'histoire sainte , les listes
etc. la trentième pour les époques
P'histoire profane , la fable etc. ou bien on
se contentera de metre en haut les deus
étiquetes hist. s. hist . p. et en bas les autres
deus étiquetes géogr. fable.
5
Le troisième rang est pour toutes les
combinaisons de letres qui donent les mèmes
sons simples qu'exprime le rang des
letres ordinaires ; c'est pourquoi on l'apele
le premier rang composé ; ainsi à la cofone
de l'o et à la logete du 3 rang , on
met les diftongues oculaires au , ean , qui
en deus ou en trois letres expriment le
pur son de l'o , cette distinction et cet
ordre métodique donent d'abord à l'enfant
des idées inconues à la plupart des
maitres d'école . car s'il m'est permis de
le dire , on ne rougit pas d'ignorer l'algebre
; mais on est très honteus d'ignorer
ce qu'un petit enfant aprend d'abord
au bureau , sur la nature des letres et des
sons de la langue françoise , et ce que
tous les maîtres , tous les regens , et tous
les professeurs devroient savoir . Pour profiter
des logetes de reste , on met à la se
èt à la colone du H le mot magasin expliqué
ailleurs ; à la 10 tèmes à faire ; à
la 11 tèmes faits à la colone du Z , on
DANI. Vol.
met
2570 MERCURE DE FRANCE
met nombres , chifres ou livret ; et aus deus
dernieres les poins de suspension , d'interuption
.... , les paragrafes §§ , les piés
de mouche ¶¶ , les guillemets « » , les
signes de plus , de moins ,
d'égalité , et les traits ou tiréts
que les imprimeurs apelent division , qui
coupent, replient et divisent les mots qu'on;
n'a pu achever au bout de la ligne , ou qui
lient des mots composés, come porte-feuille,
tourne-broche etc. on tiendra tous les autres
signes et les asterisques dans ces deus
derniéres logetes du troisième rang de
cassetins .
Le quatrième rang est pour des sons.
diférens , placés néanmoins dans la colone
de la letre avec laquele ils ont le plus de
raport à l'oreille où à l'euil ; le reste come
poins , virgules , apostrofes , parentèses ,
crochets etc. est mis à discretion dans les
celules vides du 4 rang qu'on apele le
segond rang composé , ensorte que les deus
premiers rans sont dits simples , parceque
leurs celules contiènent les simples letres,
et les deus autres rans sont dits composés ,
parceque leurs celules contiènent de dou
bles consones , de doubles letres , de doubles
sons , et enfin des diftongues par
raport à l'euil ou à l'oreille. Pour profiter
du vide des colones M, N, on y a mis
les diftongues oi et ni , qui reviènent sou
GAL. Vol.
vent
DECEMBRE. 1730. 2571
vent dans les mots des tèmes , des frases ,
ou du discours , et pour distinguer le son
de la voyele è ou of du mot il conoìt , de
la diftongue oi du mot roi , on emploie
l'ì grave , come dans les mots il avoit , ils
portoient etc. et l'on emploie l'i ordinaìre
dans les mots loi , roi etc. ensorte que 1ì
grave servira à indiquer l'è ouvert composé
de deus letres dans les mots françois,
maitre , peine etc. et l'i algu indiquera l'ẻ
fermé composé aussi de deus letres dans
les mots j'ai , je ferai plaisir etc. ce qui
şera tres utile non seulement à l'enfant ,
mais encore aus étrangers et aus gens de
province peu au fait de la prononciation
des e simples , ou composés de plusieurs
letres.
On metra aussi au quatrième rang la
voyele eu au haut de la colone e ,
d'autant
que la prononciation en est presque come
cèle de l'é muet françois ou soutenu et
d'une seule lètre ; au lieu que la difton
gue oculaire eu est dans un sens l'e fran
çois soutenu de deus letres ... Le son
gne françois sera mis à la 7 celule au
haut de la colone g , parceque le mot copar
un g ; en Espagne et en portugal
on le metroit au fi ou au nh , colone
du n...Le son che françois , au mème
rang , et au haut de la colone du jou du
sonjeja , parceque le son françois che ost
I. Vol.
mence
le
2372 MERCURE DE FRANCE
le son fort du foible jes en Alemagne ,
on metroit le che à la colone du sch , parceque
les Alemans n'ont point de jou
le son du ge dans leur langue ... Les sons
ill , lh , ille mouillés , au haut de la colonel
, par raport à l'euil plutot qu'à l'oreille
; car en Italie on le metroit au gli ,
colone du g ... La voyele on au haut de
la colone o , par raport à l'euil plutot qu'à
l'oreilles en Italie , en Efpagne , en Âlemagne
, on metroit l'ou à la colone de l'u
qu'on y prononce on . ceci doit fe pratiquer
de mème pour le grec , l'ebreu
Parabe , et toutes les langues .
> > > , >
On doit metre les cinq voyeles nasales
ã‚é‚í‚õ‚ú¸ avant les chifres , et tout
de suite , pour en faciliter l'usage à l'enfant
qui compose sur la table du bureau .
Les dis chifres arabes seront mis aus dis
dernieres logétes avec des chifres romains
pour composer en françois et en latin .
c'est cète rangée de trente cassetins qui
a obligé à en doner autant aus autres
rans. on doit encore dire ici qu'on ne
sépare pas toujours par des virgules ou
par des poins les diférentes combinat
sons ou les diférens signes indiqués pour
la mème logete dans la planche du bureau
, parceque l'on a craint que le lecteur
n'imaginât ces virgules et ces poins
être nécessaires sur les cartes des mèmes
I. Vol.
logetes,
DECEMBRE. 1730. 257 3
logètes , come , par exemple, le point des
cartes marquées d'un c. au dessous de
la logete des chifres VI , 6.
La logète du magasin , du suplement.
ou du plein bureau , apelée la bureaulade
sert à l'enfant pour mètre les mots et les
tèmes composés , lorsque la table du bureau
est pleine , ou que l'enfant pressé
permet qu'un autre range les cartes après
qu'il a lui seul composé le tème , le tout
pour diversifier , et plaire en instruisant,
bien loin de dégouter. on trouvera à
peu près de mème la raison de chaque
chose , si l'on veut bien se doner la peìne
d'y faire un peu d'atention , come on
l'a déja dit bien des fois dans la manière
d'apeler les letres et les sons simples ou
composés par raport aus ieus ou à l'oreille.
§. 6. Garniture ou assortiment de cartes
Pour les quatre rans de casseins du bureau
tipografique.
Pour garnir le bureau tipografique , il
faudra mètre sur des cartes séparément
non seulement les lètres , mais encore
leurs diférentes combinaisons pour exprimer
les sons simples ou composés , ce qui
servira beaucoup à l'ortografe des ieus et
de l'oreille , et donera plus de facilité et
de varieté pour le jeu tipografique , que
I. Vol. B n'en
2574 MERCURE DE FRANCE
n'en pouroit doner une imprimerie ordinaire.
D'ailleurs l'avantage de pouvoir
lire et composer en latin et en françois
dès le premier jour de l'exercice , est un
avantage qui fera toujours taire les esprits
prévenus , incapables avec les métodes
vulgaires de montrer l'ortografe et
le latin à un petit enfant , avant qu'il
comance d'aprendre à écrire un autre
avantage du bureau , c'est de soulager les
maitres, les régens, et les professeurs , en
leur formant de bons écoliers , et les rendant
en moins de tems plus fermes sur
la téorie et sur la pratique des premiers
élemens literaires, que ne le sont ordinalrement
la plupart des enfans condanés à
Particulation des anciènes métodes , ce
qui démontre l'utilité et la compatibilité
de l'exercice du bureau avec tous les devoirs
des meilleurs colèges.
TABLE des letres , des sons simples ;
des sons composés et des combinaisons
necessaires pour la garniture du bureau
tipografique.
GARNITURE,
Logetes.
a
aa. à. á. â. a. ǎ. af. ha. has. aë.
ê.
с ce. è . é. ë.
iii. . . . . . I. if. hi. ic,
e. ĕ. ef. he.
I
I. Vol.
DECEMBRE. 1730. 2575
ô. ō. ŏ. ef. ho. hof. au. cau. haw
ooo. ò. 6.
u uu. ù. ú. ü. û. ũ . ŭ, uſ. hu. huſ, cu. ".
b bb. be, bd..hr .
с cc. ç . &t . c'. ce.
ddd. d'. de. 2ª.
fff. ph. ft. fs. ff. fi . ffi . ft. ft. pht. phth. phr.
phl. phe.
ggggu. ga. go . gh. ghe, gue.
hha. he, hi. hơ. hư. hy . heu . hai. hon.
kke. ky. que. ca, co. cu. qu.
1 11. P. le .
mmm. m. m³, m². m. m²®, m¹è, me, m², meat.
n
Me. MM .
nn. ñ. n'. n ° . n. ne.
P PP. pe. pn. pt. ps. PP.
q cq. qua, que , qui, quo . qu. qu'. quæ . q;, qui
r rr. rh. r'. re. " . RR..
iss. fl. fs, sl. fc. fç.fl. ff. sph. fph. fg. fi . fm.
ſp. ſq. ſqu. ft. fth . ffi. se. ſe. ci. ce. i. S. st.
• fee SS. ç.
t tt. th. thrh.thl. t '. te. .. a. &e. Ato. Au.
V v. w. W. ve. Ve.
Je. j'.ge. gi. ginta.
X x. xc. gz. kf. xc. xfc.
yhy. ys. yf. hys. ii. iï.-ÿ.
Z z. ze.
ง.0
ès. èf. cis. ci. ey. al. ay. ais. aî. aient.oiens
oi. oy. hai. hay. ols. oit.
é aí . oe. oe. &. &. ét. Æ. E.
eu eû. eus . heu . `oeu. oei,
I. Vol. Bij
OW
2576 MERCURE DE FRANCE
Ou ou. où. ouf. oû . hou.
ch ch. che,
gn gn. gn. gne. gne.
lh_lhe . il. ill. ille . lle. 1.
ã an. a. é: hen. em . han. hã. aën, aon , ham,
èn. èm. ein . èí. eim. hin . hĩ ein .
1 in. im. ain aim. aĩ. ein . eĩ. ìn , ain.
Õ on . om, hon . hõ . hom
ū un. um . hum . hun , hũ, cũ .
Diftongues.
Oi ois. oĩ. oin. oy. hoi . hoy oic.
ui uis. uĩ. uin, uy. hui. huy. uic.
Suplement.
a
ante 60ante. 20ª.
i 20leme , ier.
f Fin. Finis.
Įginta 30. 40ginia .
Ponctuation. , ; : . ? !
Chifres. 0. 1. 2. ༣. 4.
·
+
5. 6. 7. 8.
I. II. III. IV. V. VI. VII . VIII.
9. 0. 10 .....
IX. X.
31. & c.
XXXI. & c.
Signes . ( ) .. [ ] *. §. ¶. + ----
တ
& &c.
Fermer
Résumé : SETIEME LETRE sur la bibliotèque des enfans, et sur l'atirail literaire du bureau tipografique.
La septième lettre traite de la bibliothèque des enfants et de l'atelier littéraire du bureau typographique. L'auteur, encouragé par des personnes de mérite, décide de publier des essais littéraires destinés aux enfants, jugés nécessaires et instructifs, notamment dans les provinces et à l'étranger. Ces ouvrages visent à fournir une éducation élémentaire et à répondre à la demande des parents et des maîtres curieux d'éducation. L'auteur décrit plusieurs outils pédagogiques : 1. **Cassette abécédique** : Destinée aux enfants de deux à trois ans, elle est fabriquée en carton renforcé et contient des lettres et des syllabes. Elle permet d'apprendre les combinaisons élémentaires de manière ludique. 2. **Tablier du petit bonhomme** : Un tablier avec des poches pour ranger les cartes des lettres et des mots, utile pour protéger les habits de l'enfant pendant ses activités. 3. **Premier petit bureau** : Similaire à ceux utilisés par les directeurs de la Poste, il permet de ranger les lettres et les combinaisons syllabiques. Il est conçu pour être adapté à la taille de l'enfant et peut être fixé contre un mur. 4. **Casse d'imprimerie en colombier** : Utilisée pour composer et décomposer les syllabes, les mots et les lignes. Elle est divisée en compartiments pour organiser les lettres et les signes de ponctuation. L'auteur insiste sur l'importance de ces outils pour l'éducation des enfants, en les rendant accessibles et pratiques. Le bureau typographique est conçu pour l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. Il est organisé en cellules contenant des lettres et des signes typographiques, classées abécédiquement avec les petites lettres en bas et les lettres capitales en haut. L'enfant peut imprimer des mots dictés ou donnés sur des cartes, en séparant les mots par des cartes blanches ou des distances pour apprendre à les distinguer. Le bureau évolue avec l'enfant, en reculant ou en exhaussant la caisse de l'imprimerie pour agrandir la table. Des cartes marquées de virgules et de points facilitent la lecture et apprennent les pauses. L'enfant peut également nommer la quantité des pages et utiliser les chiffres, qui entrent dans la composition des thèmes. Les cellules sont organisées en rangs pour les petites lettres, les lettres capitales, les combinaisons de lettres produisant des sons simples, et les sons différents. Des signes typographiques comme les points de suspension, les paragraphes, les guillemets, et les traits d'union sont également inclus. Le texte mentionne l'utilité du bureau pour l'apprentissage de l'orthographe et la facilité qu'il offre pour lire et composer en latin et en français dès le premier jour. Il soulage les maîtres en formant de bons écoliers plus rapidement et efficacement que les méthodes traditionnelles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 2334-2352
RÉPONSE aux Remarques inserées dans le Mercure de Juillet dernier, sur l'Inscription trouvée à Auxerre, au mois de May, adressée à M. Bouhier, Président au Parlement de Dijon.
Début :
MONSIEUR, Je présume qu'ayant eu la bonté de me féliciter au sujet de l'Inscription [...]
Mots clefs :
Inscription, Antiquaires, Lettres initiales, Médailles, Historien, Anonyme d'Orléans, Langage, Voyelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE aux Remarques inserées dans le Mercure de Juillet dernier, sur l'Inscription trouvée à Auxerre, au mois de May, adressée à M. Bouhier, Président au Parlement de Dijon.
RE'PONSE aux Remarques inserées dans
le Mercure de Juillet dernier , sur l'Inscription
trouvée à Auxerre , au mois de
May , adressée à M. Bouhier , Président
au Parlement de Dijon.
MONSIEUR ,
Je présume qu'ayant eu la bonté de
me féliciter au sujet de l'Inscription découverte
nouvellement près d'Auxerre ;
et d'applaudir à l'explication que j'en ai
donnée dans le Mercure du Mois de May
dernier , vous me permettrez aussi de
Vous communiquer la réponse que je fais
aux Remarques que deux Antiquaires
ont fait imprimer sur le même sujet dans
le Mercure du mois de Juillet suivant.
Je me suis bien attendu que ce que j'ay
écrit dans le Mercure de May , sans beaucoup
de préparation , ne resteroit pas
non plus sans subir la Critique de quel
ques Personnes attentives aux conjectures
des autres. C'est même dans le dessein
de les y inviter , que j'écrivis dès le lendemain
de la découverte ce que vous avez
lû de moy.
Mais
OCTOBRE. 1731. 2335
,
Mais , Monsieur , la contradiction qui
se trouve entre ces deux Auteurs est
bien plus capable de me confirmer dans
ma premiere pensée , que de me la faire
abandonner ; il paroît d'abord que le second
auroit dû lire avec un peu plus d'attention
qu'il n'a fait , la vie de l'Empereur
Alexandre Severe. Le premier après
avoir dit fort gravement que cette Ins-
» cription , qui n'est qu'un Fragment , seroit
plus instructive , si elle étoit entiere , ajoûte
que
>
les titres de Dominus , Domini , Dominorum
en entier , ou en lettres initiales ,
n'ont été employez que pour les Empereurs
du bas Empire , et dans le siéale de
Constantin , tant sur les Medailles, que
dans les Inscriptions et autres Monu
mens : et le second me fournit trois feuil
lets aprés dans le même Mercure des
armes contre cette opinion . Il rapporte
en effet une Inscription qui se voit dans
Gruter , à la page 121. dans laquelle on
lit GENIO D. N. SEVERI ALEXANDRI
AUG. Voilà donc sûrement Domini au
moins en lettre initiale employé à l'occasion
d'Alexandre Severe , et la remarque
du premier Critique détruite par cer
exemple.
En second lieu , ce que Lampride écrit
au commencement de la vie de cet Em
pereur ,
2336 MERCURE DE FRANCE
•
"
pereur , qu'il deffendit qu'on l'appeltâr
Dominus › prouve que la coûtume étoit
de le faire dans l'usage commun ; autrement
, il n'auroit point fait cette défense.
Alexandre fût unEmpereur beaucoup plus
modeste que bien d'autres , et par cette
raison la qualité de Maître et de Seigneur
ne lui plaisoit point. On peut donc bien
croire qu'il declara souvent de vive voix
que cet epithete n'étoit pas de son goût ,
qu'on lui feroit plaisir de s'en abstenir
mais comme c'étoit par un esprit de modestie
qu'il parloit ainsi cela ne put
empêcher que ceux qui vouloient lui
marquer leur entiere dépendance , ne
l'employassent quelquefois. Il y a
jours eu des flatteurs qui ne craignent
point de blesser la modestie des Princes
les moins ambitieux. Cependant l'objection
seroit plus forte , si Alexandre en
avoit fait une Loi ou un Edit : mais j'attends
qu'on produise cet Acte , pour
commencer à douter de l'usage du terme
de Dominus à son égard. Et quand même
il en auroit fait un Edit , il arrive souvent
que quelques Particuliers passent audessus
des Loix , et un Edit promulgué
contre un usage , n'est pas toûjours une
preuve suffisante que cet usage n'ait
point été mis en pratique depuis. L'expétoûrience
OCTOBRE . 1731 2337
›
rience n'apprend que trop , que s'il y a
des Loix , il y a aussi des gens qui les
transgressent , etet que les infracteurs sont
trés-communs sur- tout lorsqu'il n'y a
point de punition à subir . Voilà , Monsieur
, ce que j'ai à remarquer au sujet
des deux premieres pages imprimées à
mon occasion dans le Mercure du mois
de Juillet.
page
Pour ce qui est des observations de
l'Orleannois , qui commencent à la
1688. du même livre , la premiere consiste
à faire regarder comme fabuleux ce
que Lampride rapporte de l'Association
d'Ovinius Camillus à l'Empire par Ale-.
xandre Severe ; et pour le prouver, il dit
que ce récit n'est appuyé que sur des dis-
Cours populaires , et que Lampride est le
seul Auteur qui rapporte ce fait. Les
deux Articles de cette réponse ne peuvent
être discutez soigneusement qu'en
representant içi en entier le Texte de
PHistorien.
Cum quidam Ovinius Camillus Senator.
antiqua familia delicatissimus rebellare vo◄ .
luisset tyrannidem affectans eique ( Alexandro
) nuntiatum esset ac statim probatum ,
ad Palatium eum rogavit eique gratias egit
quod curam rei publice que recusantibus bonis
imponeretur spontè reciperet deinde ad
Senatum
7338 MERCURE DE FRANCE
Senatum processit et timentem ac tante con
scientia tale confectum participem Imperii
appellavit , in Palatium recepit , convivio
adhibuit , ornamentis Imperialibus et melioribus
quam ipse utebatur , affecit. Et cum
expeditio barbanica esset nuntiata, vel ipsum
si vellet ire , vel ut secum proficiscetur , hortatus
est. Et cum ipse iter pedes faceret , illum
invitavit ad laborem , quam post quinque
millia cunctanten equo sedere jussit :
cumque post duas mansiones equo etiam
fatigatus esset carpento imposuit. Hoc quoque
seu timore seu verè respuentem , abdicantem
quin etiam imperium et meri paratum dimisit
, commendatumque militibus à quibus
Alexander unicè amabatur tutum ad villas
smas ire precepit , in quibus diù vixit , sed
post jussu Imperatoris occisus est , quòd ille
militaris esset et à militibus amatus. Scio ,
vulgum hanc rem quam contexui , Trajani
putare , sed neque in vita ejus id Marius
Maximus ita exposuit , neque Fabius
Marcellinus, neque Aurelius Vetus , neque
Statius Valens , qui omnem ejus vitam in
Litteras miserunt. Contra autem et Septimius
et Acholius et Encolpius vitæ Scriptores
caterique de hoc talia prædicarunt : qued
ideò addidi, ne quis vulgi magis famam sequeretur
quam Historiam , que rumore utique
vulgi verior reperitur.
L'Ano
OCTOBRE. 1737. 2335
>
L'Anonime d'Orleans fait valoir ces papoles
de Lampride Scio vulgum , hanc rem
quam contexui , Trajani putare , et il prétend
que cela signifie que Lampride étoit
d'avis que l'Association d'Ovinius à l'Empire
par Alexandre n'étoit fondée que
sur des bruits populaires. Il est clair au
contraire , que c'est l'Association de cet
Ovinius en tant que faite par Trajan, que
cet Ecrivain traitte de fabuleuse , et qu'il
établit par les termes les plus forts la verité
de cette Association faite par Alexandre
Severe , puisqu'après avoir attribué
le fait à ce dernier Empereur , il dit expressement
qu'il a appuyé sur cet Article
, afin d'empêcher les lecteurs d'ajoûter
foi aux Traditions populaires , qui
ne sont pas si bien fondées que l'est la ve
rité de l'Histoire.
Or, sur quoi est-elle établie , la verité
de cette Association d'Ovinius à Alexan-
Are Sur le témoignage positif de trois
Auteurs qui avoient écrit sa vie , qui lui
étoient contemporains , et qui étoient de
sa Cour ; sçavoir , Septimius Acolius , et
Encolpius , et d'autres encore qu'il ne
nomme pas. Ce sont les garants de Lampride.
Ce dernier étoit bien croyable sur
l'Article , puisque c'étoit l'un des grands
amis de cet Empereur. Lampride dit de
lui
2340 MERCURE DE FRANCE
fui en parlant d'un autre fait ; Referebat
Encolpius quo ille ( Imperator ) familiarissimo
usus est. Acolius étoit un Ecrivain si
attentif aux démarches d'Alexandre Severe
, qu'il fit un livre exprès de ses Voyages
, où , par conséquent , étoit contenuë
l'expedition dans laquelle ce Prince voulût
mener Ovinius contre les Barbares.
Il ne doit point paroître incroyable que
Lampride eût sous les yeux les ouvrages
de ces trois Ecrivains , puisqu'il ne vivoit
que cent ans après eux . Quoiqu'il eût
souvent les deux derniers , il n'estimoit
pas moins l'Histoire de Septimius , dont
fl a placé les Fragmens en la place qui
leur convenoit. Gerard Vossius a mis ces
trois Ecrivains originaux de la vie d'Alexandre
au rang des Ecrivains Latins uni- '
quement sur le témoignage de Lampride.'
Cet Historien voulant marquer sa sincerité
à l'Empereur Constantin , à qui il
adressa la vie d'Alexandre Severe , qu'il
avoit redigée sur les Memoires de Septimius
, d'Acolius et d'Encolpius , crût ne
devoir pas cacher à ce Prince , que le Peuple
attribuoit à Trajan l'Association d'Ovinius
, quoiqu'elle ne fût point d'une
date si reculée . En même temps il lui apporta
les preuves les plus convainquantes
pour assurer la véritable Epoque de ce
Fait.
Pour
OCTOBRE. 1731. 2341
›
Pour que cette Association
d'Ovinius
pût être reputée avoir été faite par l'Empereur
Trajan , il auroit fallu , dit-il ,
que les Historiens de ce même Trajan en
eussent fait mention : Or de
quatre
Historiens , qui avoient écrit toute la vie
de Trajan , aucun ne rapporte cette action
prétenduë ; au contraire , les trois
Auteurs de la vie d'Alexandre Severe l'attribuent
à ce dernier
Empereur : Il est
donc nécessaire d'en conclure , comme
fait Lampride , que c'est le Peuple qui
étoit dans l'erreur , prenant un
Empereur
pour un autre. Le Peuple pouvoit s'y
méprendre
d'autant plus aisément
qu'Alexandre
Severe avoit la réputation
d'être un Prince orné des mêmes qualitez
que Trajan. On racontoit le fait parmi la
populace avec les mèmes
circonstances
qu'on les lisoit dans les Ecrivains de la
vie
d'Alexandre Severe ; mais on se trompoit
sur le nom de l'Empereur . C'est ce
qui arrive assez souvent dans les opinions
populaires. Le Vulgaire peu instruit
dans la Chronologie , est sujet à faire des
Anachronismes , et à atrribuer à un Prince
ce qui a été fait par un autre sur-tout
lorsque ces deux Princes ont passé pour
être également
favorables aux Peuples.
Je pourrois en produire icy un exem-
D ple
,
,
2342 MERCURE DE FRANCE
1
ple familier , si je n'apprehendois d'interompre
mon discours. Je laisse à l'Ecrivain
d'Orleans à se rappeller le souvenir
de certains cas semblables . Il n'y a pas
jusqu'aux Historiens de notre France qui
n'ayent long- temps attribué à Charlemagne
ce qui ne convenoit certainement qu'à
Charles le Chauve , méprise assez semblable
à celle du Peuple Romain , qui
donnoit à l'Evenement en question une
antiquité qu'il n'avoit pas . Les faits sont
veritables dans le fond ; il n'y a que l'attribution
à tel ou tel Prince dans laquelle
on se trompe. Il n'est donc pas si véritable
que l'Anonime d'Orleans l'avance >
qu'on ne puisse tabler sur le recit de Lampride.
Ce recit est tourné avec toutes les
précautions que doit prendre un Historien
qui veut empêcher qu'on ne revoque
en doute un fait extraordinaire , et je ne
vois pas comment on peut éluder l'autorité
d'un Auteur , qui écrit seulement
cent ans aprés Alexandre , sur les memoires
de trois Courtisans de cèt Empereur ,
à moins qu'on ne prétende que Septimus ,
Acolius et Encolpius sont des Ecrivains
chimeriques , et que Lampride est luimême
un Historien supposé , aussi - bien
que tous les Ecrivains de l'Histoire d'Auguste
, ce que Vossius et Monsieur de
TilOCTOBRE
.
1731.
2343
و etcequiestTillemontn'ontpascrû
une
opinion
ensevelie
depuis peu avec
son
Autheur
qu'il n'est pas besoin de
nommer aux Lecteurs
intelligens . Il n'est
pas
étonnant que des
opuscules en for
me de
Memoires , que ces trois
Courtisans
avoient
redigez , ayent été perdus ,
et ne soient point
parvenus
jusqu'à nous ;
mais l'on ne peut , ce semble ,
s'inscrire
en faux
contre un
témoiguage
aussi authentique
que celui de
Lampride , qui
nous a
conservé la
substance de ces trois
Memoires , et qui les a mis dans l'ordre
que nous voyons , pour en faire une Histoire
suivie. Il
paroîtroit
extraordinaire
que l'on doutât de la
sincerité des Fragmens
des
anciens
Auteurs ,
qu'Eusebe a
inserez dans son
Histoire
et Photius
dans sa
Bibliotheque : il doit être également
surprenant
qu'on
revoque en doute
le
témoignage
d'un Auteur , qui déclare
que ce qu'il écrit , est tiré des
Memoires
qu'avoient
laissé ceux qui étoient
témoins
des faits.
>
Quant à ce qu'ajoûte l'Ecrivain d'Orleans
, que les autres
Historiens depuis
Lampride ne parlent point de cette Association
d'Ovinius , il est aisé de voir que
c'est parce qu'ils ne sont que des Abbreviateurs
, et des
Ecrivains déja
éloignez
Dij
du
2344 MERCURE
DE FRANCE
du siécle d'Alexandre
; ces Abbreviateurs
ont même
obmis plusieurs
autres
choses
que Lampride
n'avoit
pas crûes indignes
. de passer
à la posterité
. Nous voyons quelquefois
dans nos Abregés
de l'Histoi re de France
des faits aussi mémorables
obmis
et passez sous silence. Tout ce que je puis accorder
, en finissant
cet Article
, est que l'Association
d'Ovinius
à l'Empire
, quoiqu'en
apparence
très- réelle , a pû
n'être
au fond du côté d'Alexandre
qu'une
Association
simulée
, et seulement
pour empêcher
une revolte
que ce Sena- teur auroit
pû former
. Mais ce fut un Mystere
dont les Peuples
ne pûrent
être informez
si - tôt ; et dans le temps
qu'on .
croyoit
cette Association
sincere
et veritable
, le bruit dût s'en répandre
dans tout l'Empire
Romain
; ce qui donna occasion
aux Monumens
qui y font allu sion , et entr'autres
à celui qui a été découvert
à Auxerre
.
Le Critique
d'Orleans
continue
, et dit, que quand même l'Association
d'Ovinius
Camillus
à l'Empire
par Alexandre
, seroit
veritable
, je me serois roûjours
trom- pé , en disant que ce fut dans la Guerre
d'Allemagne
qu'Ovinius
fût associé de
cette maniere. Je remarquerai
ici que
pour avoir sujet de me combattre
, il me
fait
OCTOBRE 1731. 2345
fait dire ce que je n'ay pas dit. J'ai veritablement
écrit qu'Alexandre s'associa
Ovinius , mais je n'ay pas ajoûté que ce
fût dans la guerre d'Allemagne . Je me
suis attaché étroitement au texte de Lampride
, qui rapporte le fait de l'Association
, independamment de la Guerre des
Barbares mais qui dit ensuite que peu
de temps après qu'elle fût faite , on vint
annoncer à l'Empereur que les Barbares
s'avançoient l'Association préceda done
la guerre contre les Barbares. J'ai marqué
que par ces Barbares, qui firent irruption
en 228. on ne doit entendre que les Allemans
, et je l'ay dit fondé sur les Medailles
qui attestent le fait. On en trouve de
l'an 229. et même de l'an 228. qui font
foi d'une Victoire remportée sur eux : et
comme l'Illyrie se trouve en partie entre
le Pays des Allemans et l'Italie , il paroît
que l'on doit entendre de cette Victoire
sur les Allemans , ce que Lampride marque
des succès qu'eurent dans l'Illyrie les
armes de Varius Macrinus. Je suis de ce
sentiment après M. de Tillemont . ( a )
L'Anonime d'Orleans anticipe done
extrêmement les choses , et il dérange à
plaisir la Chronologie en faveur de ses
( a) Hist. des Empereurs , T. 111.
Diij idées
2346 MERCURE DE FRANCE-
و
idées , lorsqu'il me fait dire que ce fut
dans cette expédition d'Allemagne , où
Alexandre fût tué qu'Ovinius avoit
commencé à suivre cet Empereur , et à
paroître en qualité d'Associé à l'Empire.
En effet , il s'agit en cet endroit d'une expédition
toute differente , et qui préceda
de sept à huit ans. Celle dont Lampride
parle en general sous le nom de guerre
contre les Barbares , est de l'an 228. et ce
sont les Medailles qui en fixent l'époque :
l'autre contre les . Germains , est de l'an
235. Mais quand même ce seroit dans la
guerre du côté du Rhin , qui est de cette
derniere Année , qu'Alexandre , auroit
voulu mener avec lui Ovinius , le raisonnement
du Critique porteroit toûjours à
faux , parce que rien n'engage à croire
nécessairement que ce fut Alexandre Severe
qui fit mourir cet ancien Associé ,
retiré depuis à la Campagne. Il paroît
qu'on doit plutôt s'attacher au sentiment
de M. Tillemont , ( qui est, selon lui , l'opinion
commune , ) et dire qu'il fut tué
par ordre de l'Empereur qui regnoit alors,
c'est- à-dire , d'un des successeurs d'Alexandre.
Il y auroit eû une difficulté à m'opposer
contre la Campagne d'Alexandre de
l'an 228. s'il étoit certain par la datte des
Loix
OCTOBRE . 1731. 2347
1
Loix que cet Empereur eût passé toute
cette année- là à Rome. Mais comme on
ne peut produire de Loix de cet Empereur
, sous le Consulat de Modeste et de
Probus , que des six jours qui suivent ,
sçavoir , des Calendes de Fevrier , du 10.
Mars , du 9. Juin , des 1. et 19. Août ,
et du 10. Octobre , on a la liberté toute
entiere , de croire qu'il a pû être ailleurs.
qu'à Rome dans l'intervalle de ces dattes,
sur-tout depuis le 10. Mars , jusqu'au 9.
Juins ce qui fait une espace de trois mois.
C'est le Code de Justinien qui fournit
ces dattes.
Quoique jusqu'ici j'aye produit tout
ce qui peut servir à soutenir la premiere
pensée que j'eûs touchant l'Inscription de
Saint - Amate lez - Auxerre , dès le jour
même qu'elle y fût découverte , je ne
m'obstine point cependant à prétendre
que mon explication soit inataquable ; il
n'y a qu'à relire ma Lettre pour voir que
je ne l'ai pas prétendu . Je ne la crois pas
de la derniere certitude , parce que cette
Inscription est mutilée et que le commencement
y manque ; mais en avoüant
que mon explication , quoique fondée
nommément sur l'Histoire de l'an 228.
n'est que vrai-semblable , je ne prétends
pas pour cela autoriser davantage les deux
,
Dv ου
2348 MERCURE DE FRANCE
ou trois autres explications qui viennent
d'être proposées dans le Mercure , et je
les mets toutes indifferemment dans la
même Classe , n'ayant écrit cecy précisement
que pour montrer que par Dominorum,
il est au moins aussi permis d'entendre
Alexandre et Ovinius , qu'Alexandre
et son Epouse , ou bien sa Mere avec lui ,
ou enfin des Magistrats . Si quelque jour
nous découvrons ailleurs le commencement
de cette Inscription , elle pourra
nous rendre plus sçavants , et servir à
décider qui sont ceux qui ont le mieux
deviné. Je souhaitte que cela arrive. Mais
je ne souhaitterois pas moins de voir de
nos jours quelque découverte d'Inscription
à Orleans , qui fût du premier ou du
second siécle , et qui nous persuadât que
ceux-là sont bien fondez qui croyent que
c'étoit là qu'étoit le Genabum de Cesar ;
car je compte pour rien le sentiment
d'Aimoin de Fleury , et j'ai des raisons
très - fortes pour m'en défier .
En fait de dévination , l'Anonime d'Orleans
a mieux rencontré , lorsqu'il s'est
douté que ce n'est point dans le plus grand
sérieux du monde que je demandois l'explication
des quatre Lettres initiales . En
effet , Gruter nous a appris il y a longtemps
les quatre mots qui sont significz
01-
OCTOBRE. 1731. 2349
ordinairement par ces quatre Lettres :
mais aussi il faut avouer que la coûtume
est de les voir terminer les Inscriptions
où elles se trouvent ; ce qui ne se rencontre
point dans la notre où la dédicace du
Monument est marquée ensuite , aussibien
que la date des Consuls . J'étois bienaise
outre cela , que mon doute apparent
m'attirât quelques réponses , et c'est ce
qui n'a pas manqué d'arriver , puisqu'ou
tre les deux réponses du Mercure , j'en
ai trois ou quatre autres manuscrites ,
dans lesquelles on s'accorde à expliquer
ainsi ces quatre Lettres Votum solvit libens
merito , ou libenter merito ou bien Voto
suscepto libens merito. Je préfererois au
reste cette derniere , à cause du Verbe
dedicavit , qui suit immediatement après.
,
Quelques autres Personnes s'autorisant
des explications dans lesquelles excelloit
ces années dernieres un Personnage trèscelebre
dans l'art de deviner , croyoient
que l'inscription telle qu'elle est , manquant
de Nominatif ; ce Nominatif
pou
voit être compris dans ces Lettres initiales
, et que V. S. pouvoit signifier Urbs
Senonum , qu'ensuite les deux autres lettres
pouvoient signifier l'action du sacrifice
d'un Taureau ou d'un Bellier, ou bien
d'une Chevre , comme lata mactavit , ou
DY. tel:
2350 MERCURE DE FRANCE
tel autre langage approchant qu'on voudra
imaginer ; mais il faut avouer que
ç'auroit été un style inoüi , que celui de
désigner par des lettres initiales les noms
propres et specifiques à une Inscription ,
et que ç'eût été le veritable secret de rendre
tout obscur , incertain et problématique,
Outre cela , comme on voit clairement
par la taille de la Pierre , que l'inscription
a été mutilée dans son commencement
, il ne faut point esperer de trouver
ce Nominatif ailleurs que dans ce qui
manque aujourd'ui à la Pierre en question
, si ce Fragment réparoît jamais au
jour.
Je suis surpris M. que ceux qui m'ont envoyé
directement ou par la voye du Mercure
, des remarques sur mon interprétation
, n'ayent pas insinué que l'Inscrip
tion leur paroissoit fausse , si en elle- même
elle est telle qu'on la trouve imprimée
avec des U voyelles , puisque ces U sont
d'un usage très-moderne. Comment l'un
d'eux n'a t'il point dit qu'il falloit la mettre
au rang de semblables Antiquitez prétendues
qu'Annius de Viterbe fabriqua
autrefois Ils ont mieux aimé supposer
les deux U qui s'y trouvent , que sont des
fautes d'Imprimeur , comme en effet c'est
la verité. Trouvez donc bon que je vous
cerOCTOBRE.
1731.
2351
certifie ici en passant que Salute Dominorum
est écrit ainsi sur la Pierre , SALVTE
DOMINORVM , que dans les deux lignes
de l'Inscription toutes les lettres sont
d'une hauteur égale , et que les quatre
initiales ne sont point plus hautes que les
autres.
Tout ce que vous me faites la grace de
m'envoyer , Monsieur , m'étant très - précieux
, je n'ai garde de ne pas conserver
soigneusementl'explication que vous donnez
au Fragment d'une autre Inscription
trouvée dans le même Jardin , sur lequel
il reste :
PATER ....
LUPERC ....
ET CARA ....
LA COI ....
·
J'approuve très fort vos conjectures
sur ce qui manque à chacune de ces quatre
lignes , et je crois , comme vous , qu'il
faut suppléer à cette Inscription par les
mots que vous favorisez PATER SACR.
C'est-à- dire , Sacrorum, ou bien Pater An
gustalis Lupercus et Carantilla conjux , ensorte
qu'il y auroit eû sur la Pierre lorsqu'elle
étoit entiere !
D vj PA2352
MERCURE DE FRANCE
PATER AVG.
LVPERCVS
ET CARANTIL
LA CONJVX.
Vous me faites remarquer que ce ne se
roit pas la premiere Inscription où on liroit
Pater Sacrorum pour désigner un Prêtre
des Faux - Dieux , qui présidoit aux
Sacrifices , ou bien Pater Augustalis pour
marquer l'ancien ou le premier des Augustaux.
A l'égard du nom propre de la
troisiéme ligne , qui est celui d'une Famille
, comme il se trouve trois fois dans
les Inscriptions de Dijon il ne seroit
pas étonnant qu'ils se rencontrassent aussi
à Auxerre . Ainsi , je souscris à toutes vos
remarques ; et j'ay l'honneur d'être & c.
le Mercure de Juillet dernier , sur l'Inscription
trouvée à Auxerre , au mois de
May , adressée à M. Bouhier , Président
au Parlement de Dijon.
MONSIEUR ,
Je présume qu'ayant eu la bonté de
me féliciter au sujet de l'Inscription découverte
nouvellement près d'Auxerre ;
et d'applaudir à l'explication que j'en ai
donnée dans le Mercure du Mois de May
dernier , vous me permettrez aussi de
Vous communiquer la réponse que je fais
aux Remarques que deux Antiquaires
ont fait imprimer sur le même sujet dans
le Mercure du mois de Juillet suivant.
Je me suis bien attendu que ce que j'ay
écrit dans le Mercure de May , sans beaucoup
de préparation , ne resteroit pas
non plus sans subir la Critique de quel
ques Personnes attentives aux conjectures
des autres. C'est même dans le dessein
de les y inviter , que j'écrivis dès le lendemain
de la découverte ce que vous avez
lû de moy.
Mais
OCTOBRE. 1731. 2335
,
Mais , Monsieur , la contradiction qui
se trouve entre ces deux Auteurs est
bien plus capable de me confirmer dans
ma premiere pensée , que de me la faire
abandonner ; il paroît d'abord que le second
auroit dû lire avec un peu plus d'attention
qu'il n'a fait , la vie de l'Empereur
Alexandre Severe. Le premier après
avoir dit fort gravement que cette Ins-
» cription , qui n'est qu'un Fragment , seroit
plus instructive , si elle étoit entiere , ajoûte
que
>
les titres de Dominus , Domini , Dominorum
en entier , ou en lettres initiales ,
n'ont été employez que pour les Empereurs
du bas Empire , et dans le siéale de
Constantin , tant sur les Medailles, que
dans les Inscriptions et autres Monu
mens : et le second me fournit trois feuil
lets aprés dans le même Mercure des
armes contre cette opinion . Il rapporte
en effet une Inscription qui se voit dans
Gruter , à la page 121. dans laquelle on
lit GENIO D. N. SEVERI ALEXANDRI
AUG. Voilà donc sûrement Domini au
moins en lettre initiale employé à l'occasion
d'Alexandre Severe , et la remarque
du premier Critique détruite par cer
exemple.
En second lieu , ce que Lampride écrit
au commencement de la vie de cet Em
pereur ,
2336 MERCURE DE FRANCE
•
"
pereur , qu'il deffendit qu'on l'appeltâr
Dominus › prouve que la coûtume étoit
de le faire dans l'usage commun ; autrement
, il n'auroit point fait cette défense.
Alexandre fût unEmpereur beaucoup plus
modeste que bien d'autres , et par cette
raison la qualité de Maître et de Seigneur
ne lui plaisoit point. On peut donc bien
croire qu'il declara souvent de vive voix
que cet epithete n'étoit pas de son goût ,
qu'on lui feroit plaisir de s'en abstenir
mais comme c'étoit par un esprit de modestie
qu'il parloit ainsi cela ne put
empêcher que ceux qui vouloient lui
marquer leur entiere dépendance , ne
l'employassent quelquefois. Il y a
jours eu des flatteurs qui ne craignent
point de blesser la modestie des Princes
les moins ambitieux. Cependant l'objection
seroit plus forte , si Alexandre en
avoit fait une Loi ou un Edit : mais j'attends
qu'on produise cet Acte , pour
commencer à douter de l'usage du terme
de Dominus à son égard. Et quand même
il en auroit fait un Edit , il arrive souvent
que quelques Particuliers passent audessus
des Loix , et un Edit promulgué
contre un usage , n'est pas toûjours une
preuve suffisante que cet usage n'ait
point été mis en pratique depuis. L'expétoûrience
OCTOBRE . 1731 2337
›
rience n'apprend que trop , que s'il y a
des Loix , il y a aussi des gens qui les
transgressent , etet que les infracteurs sont
trés-communs sur- tout lorsqu'il n'y a
point de punition à subir . Voilà , Monsieur
, ce que j'ai à remarquer au sujet
des deux premieres pages imprimées à
mon occasion dans le Mercure du mois
de Juillet.
page
Pour ce qui est des observations de
l'Orleannois , qui commencent à la
1688. du même livre , la premiere consiste
à faire regarder comme fabuleux ce
que Lampride rapporte de l'Association
d'Ovinius Camillus à l'Empire par Ale-.
xandre Severe ; et pour le prouver, il dit
que ce récit n'est appuyé que sur des dis-
Cours populaires , et que Lampride est le
seul Auteur qui rapporte ce fait. Les
deux Articles de cette réponse ne peuvent
être discutez soigneusement qu'en
representant içi en entier le Texte de
PHistorien.
Cum quidam Ovinius Camillus Senator.
antiqua familia delicatissimus rebellare vo◄ .
luisset tyrannidem affectans eique ( Alexandro
) nuntiatum esset ac statim probatum ,
ad Palatium eum rogavit eique gratias egit
quod curam rei publice que recusantibus bonis
imponeretur spontè reciperet deinde ad
Senatum
7338 MERCURE DE FRANCE
Senatum processit et timentem ac tante con
scientia tale confectum participem Imperii
appellavit , in Palatium recepit , convivio
adhibuit , ornamentis Imperialibus et melioribus
quam ipse utebatur , affecit. Et cum
expeditio barbanica esset nuntiata, vel ipsum
si vellet ire , vel ut secum proficiscetur , hortatus
est. Et cum ipse iter pedes faceret , illum
invitavit ad laborem , quam post quinque
millia cunctanten equo sedere jussit :
cumque post duas mansiones equo etiam
fatigatus esset carpento imposuit. Hoc quoque
seu timore seu verè respuentem , abdicantem
quin etiam imperium et meri paratum dimisit
, commendatumque militibus à quibus
Alexander unicè amabatur tutum ad villas
smas ire precepit , in quibus diù vixit , sed
post jussu Imperatoris occisus est , quòd ille
militaris esset et à militibus amatus. Scio ,
vulgum hanc rem quam contexui , Trajani
putare , sed neque in vita ejus id Marius
Maximus ita exposuit , neque Fabius
Marcellinus, neque Aurelius Vetus , neque
Statius Valens , qui omnem ejus vitam in
Litteras miserunt. Contra autem et Septimius
et Acholius et Encolpius vitæ Scriptores
caterique de hoc talia prædicarunt : qued
ideò addidi, ne quis vulgi magis famam sequeretur
quam Historiam , que rumore utique
vulgi verior reperitur.
L'Ano
OCTOBRE. 1737. 2335
>
L'Anonime d'Orleans fait valoir ces papoles
de Lampride Scio vulgum , hanc rem
quam contexui , Trajani putare , et il prétend
que cela signifie que Lampride étoit
d'avis que l'Association d'Ovinius à l'Empire
par Alexandre n'étoit fondée que
sur des bruits populaires. Il est clair au
contraire , que c'est l'Association de cet
Ovinius en tant que faite par Trajan, que
cet Ecrivain traitte de fabuleuse , et qu'il
établit par les termes les plus forts la verité
de cette Association faite par Alexandre
Severe , puisqu'après avoir attribué
le fait à ce dernier Empereur , il dit expressement
qu'il a appuyé sur cet Article
, afin d'empêcher les lecteurs d'ajoûter
foi aux Traditions populaires , qui
ne sont pas si bien fondées que l'est la ve
rité de l'Histoire.
Or, sur quoi est-elle établie , la verité
de cette Association d'Ovinius à Alexan-
Are Sur le témoignage positif de trois
Auteurs qui avoient écrit sa vie , qui lui
étoient contemporains , et qui étoient de
sa Cour ; sçavoir , Septimius Acolius , et
Encolpius , et d'autres encore qu'il ne
nomme pas. Ce sont les garants de Lampride.
Ce dernier étoit bien croyable sur
l'Article , puisque c'étoit l'un des grands
amis de cet Empereur. Lampride dit de
lui
2340 MERCURE DE FRANCE
fui en parlant d'un autre fait ; Referebat
Encolpius quo ille ( Imperator ) familiarissimo
usus est. Acolius étoit un Ecrivain si
attentif aux démarches d'Alexandre Severe
, qu'il fit un livre exprès de ses Voyages
, où , par conséquent , étoit contenuë
l'expedition dans laquelle ce Prince voulût
mener Ovinius contre les Barbares.
Il ne doit point paroître incroyable que
Lampride eût sous les yeux les ouvrages
de ces trois Ecrivains , puisqu'il ne vivoit
que cent ans après eux . Quoiqu'il eût
souvent les deux derniers , il n'estimoit
pas moins l'Histoire de Septimius , dont
fl a placé les Fragmens en la place qui
leur convenoit. Gerard Vossius a mis ces
trois Ecrivains originaux de la vie d'Alexandre
au rang des Ecrivains Latins uni- '
quement sur le témoignage de Lampride.'
Cet Historien voulant marquer sa sincerité
à l'Empereur Constantin , à qui il
adressa la vie d'Alexandre Severe , qu'il
avoit redigée sur les Memoires de Septimius
, d'Acolius et d'Encolpius , crût ne
devoir pas cacher à ce Prince , que le Peuple
attribuoit à Trajan l'Association d'Ovinius
, quoiqu'elle ne fût point d'une
date si reculée . En même temps il lui apporta
les preuves les plus convainquantes
pour assurer la véritable Epoque de ce
Fait.
Pour
OCTOBRE. 1731. 2341
›
Pour que cette Association
d'Ovinius
pût être reputée avoir été faite par l'Empereur
Trajan , il auroit fallu , dit-il ,
que les Historiens de ce même Trajan en
eussent fait mention : Or de
quatre
Historiens , qui avoient écrit toute la vie
de Trajan , aucun ne rapporte cette action
prétenduë ; au contraire , les trois
Auteurs de la vie d'Alexandre Severe l'attribuent
à ce dernier
Empereur : Il est
donc nécessaire d'en conclure , comme
fait Lampride , que c'est le Peuple qui
étoit dans l'erreur , prenant un
Empereur
pour un autre. Le Peuple pouvoit s'y
méprendre
d'autant plus aisément
qu'Alexandre
Severe avoit la réputation
d'être un Prince orné des mêmes qualitez
que Trajan. On racontoit le fait parmi la
populace avec les mèmes
circonstances
qu'on les lisoit dans les Ecrivains de la
vie
d'Alexandre Severe ; mais on se trompoit
sur le nom de l'Empereur . C'est ce
qui arrive assez souvent dans les opinions
populaires. Le Vulgaire peu instruit
dans la Chronologie , est sujet à faire des
Anachronismes , et à atrribuer à un Prince
ce qui a été fait par un autre sur-tout
lorsque ces deux Princes ont passé pour
être également
favorables aux Peuples.
Je pourrois en produire icy un exem-
D ple
,
,
2342 MERCURE DE FRANCE
1
ple familier , si je n'apprehendois d'interompre
mon discours. Je laisse à l'Ecrivain
d'Orleans à se rappeller le souvenir
de certains cas semblables . Il n'y a pas
jusqu'aux Historiens de notre France qui
n'ayent long- temps attribué à Charlemagne
ce qui ne convenoit certainement qu'à
Charles le Chauve , méprise assez semblable
à celle du Peuple Romain , qui
donnoit à l'Evenement en question une
antiquité qu'il n'avoit pas . Les faits sont
veritables dans le fond ; il n'y a que l'attribution
à tel ou tel Prince dans laquelle
on se trompe. Il n'est donc pas si véritable
que l'Anonime d'Orleans l'avance >
qu'on ne puisse tabler sur le recit de Lampride.
Ce recit est tourné avec toutes les
précautions que doit prendre un Historien
qui veut empêcher qu'on ne revoque
en doute un fait extraordinaire , et je ne
vois pas comment on peut éluder l'autorité
d'un Auteur , qui écrit seulement
cent ans aprés Alexandre , sur les memoires
de trois Courtisans de cèt Empereur ,
à moins qu'on ne prétende que Septimus ,
Acolius et Encolpius sont des Ecrivains
chimeriques , et que Lampride est luimême
un Historien supposé , aussi - bien
que tous les Ecrivains de l'Histoire d'Auguste
, ce que Vossius et Monsieur de
TilOCTOBRE
.
1731.
2343
و etcequiestTillemontn'ontpascrû
une
opinion
ensevelie
depuis peu avec
son
Autheur
qu'il n'est pas besoin de
nommer aux Lecteurs
intelligens . Il n'est
pas
étonnant que des
opuscules en for
me de
Memoires , que ces trois
Courtisans
avoient
redigez , ayent été perdus ,
et ne soient point
parvenus
jusqu'à nous ;
mais l'on ne peut , ce semble ,
s'inscrire
en faux
contre un
témoiguage
aussi authentique
que celui de
Lampride , qui
nous a
conservé la
substance de ces trois
Memoires , et qui les a mis dans l'ordre
que nous voyons , pour en faire une Histoire
suivie. Il
paroîtroit
extraordinaire
que l'on doutât de la
sincerité des Fragmens
des
anciens
Auteurs ,
qu'Eusebe a
inserez dans son
Histoire
et Photius
dans sa
Bibliotheque : il doit être également
surprenant
qu'on
revoque en doute
le
témoignage
d'un Auteur , qui déclare
que ce qu'il écrit , est tiré des
Memoires
qu'avoient
laissé ceux qui étoient
témoins
des faits.
>
Quant à ce qu'ajoûte l'Ecrivain d'Orleans
, que les autres
Historiens depuis
Lampride ne parlent point de cette Association
d'Ovinius , il est aisé de voir que
c'est parce qu'ils ne sont que des Abbreviateurs
, et des
Ecrivains déja
éloignez
Dij
du
2344 MERCURE
DE FRANCE
du siécle d'Alexandre
; ces Abbreviateurs
ont même
obmis plusieurs
autres
choses
que Lampride
n'avoit
pas crûes indignes
. de passer
à la posterité
. Nous voyons quelquefois
dans nos Abregés
de l'Histoi re de France
des faits aussi mémorables
obmis
et passez sous silence. Tout ce que je puis accorder
, en finissant
cet Article
, est que l'Association
d'Ovinius
à l'Empire
, quoiqu'en
apparence
très- réelle , a pû
n'être
au fond du côté d'Alexandre
qu'une
Association
simulée
, et seulement
pour empêcher
une revolte
que ce Sena- teur auroit
pû former
. Mais ce fut un Mystere
dont les Peuples
ne pûrent
être informez
si - tôt ; et dans le temps
qu'on .
croyoit
cette Association
sincere
et veritable
, le bruit dût s'en répandre
dans tout l'Empire
Romain
; ce qui donna occasion
aux Monumens
qui y font allu sion , et entr'autres
à celui qui a été découvert
à Auxerre
.
Le Critique
d'Orleans
continue
, et dit, que quand même l'Association
d'Ovinius
Camillus
à l'Empire
par Alexandre
, seroit
veritable
, je me serois roûjours
trom- pé , en disant que ce fut dans la Guerre
d'Allemagne
qu'Ovinius
fût associé de
cette maniere. Je remarquerai
ici que
pour avoir sujet de me combattre
, il me
fait
OCTOBRE 1731. 2345
fait dire ce que je n'ay pas dit. J'ai veritablement
écrit qu'Alexandre s'associa
Ovinius , mais je n'ay pas ajoûté que ce
fût dans la guerre d'Allemagne . Je me
suis attaché étroitement au texte de Lampride
, qui rapporte le fait de l'Association
, independamment de la Guerre des
Barbares mais qui dit ensuite que peu
de temps après qu'elle fût faite , on vint
annoncer à l'Empereur que les Barbares
s'avançoient l'Association préceda done
la guerre contre les Barbares. J'ai marqué
que par ces Barbares, qui firent irruption
en 228. on ne doit entendre que les Allemans
, et je l'ay dit fondé sur les Medailles
qui attestent le fait. On en trouve de
l'an 229. et même de l'an 228. qui font
foi d'une Victoire remportée sur eux : et
comme l'Illyrie se trouve en partie entre
le Pays des Allemans et l'Italie , il paroît
que l'on doit entendre de cette Victoire
sur les Allemans , ce que Lampride marque
des succès qu'eurent dans l'Illyrie les
armes de Varius Macrinus. Je suis de ce
sentiment après M. de Tillemont . ( a )
L'Anonime d'Orleans anticipe done
extrêmement les choses , et il dérange à
plaisir la Chronologie en faveur de ses
( a) Hist. des Empereurs , T. 111.
Diij idées
2346 MERCURE DE FRANCE-
و
idées , lorsqu'il me fait dire que ce fut
dans cette expédition d'Allemagne , où
Alexandre fût tué qu'Ovinius avoit
commencé à suivre cet Empereur , et à
paroître en qualité d'Associé à l'Empire.
En effet , il s'agit en cet endroit d'une expédition
toute differente , et qui préceda
de sept à huit ans. Celle dont Lampride
parle en general sous le nom de guerre
contre les Barbares , est de l'an 228. et ce
sont les Medailles qui en fixent l'époque :
l'autre contre les . Germains , est de l'an
235. Mais quand même ce seroit dans la
guerre du côté du Rhin , qui est de cette
derniere Année , qu'Alexandre , auroit
voulu mener avec lui Ovinius , le raisonnement
du Critique porteroit toûjours à
faux , parce que rien n'engage à croire
nécessairement que ce fut Alexandre Severe
qui fit mourir cet ancien Associé ,
retiré depuis à la Campagne. Il paroît
qu'on doit plutôt s'attacher au sentiment
de M. Tillemont , ( qui est, selon lui , l'opinion
commune , ) et dire qu'il fut tué
par ordre de l'Empereur qui regnoit alors,
c'est- à-dire , d'un des successeurs d'Alexandre.
Il y auroit eû une difficulté à m'opposer
contre la Campagne d'Alexandre de
l'an 228. s'il étoit certain par la datte des
Loix
OCTOBRE . 1731. 2347
1
Loix que cet Empereur eût passé toute
cette année- là à Rome. Mais comme on
ne peut produire de Loix de cet Empereur
, sous le Consulat de Modeste et de
Probus , que des six jours qui suivent ,
sçavoir , des Calendes de Fevrier , du 10.
Mars , du 9. Juin , des 1. et 19. Août ,
et du 10. Octobre , on a la liberté toute
entiere , de croire qu'il a pû être ailleurs.
qu'à Rome dans l'intervalle de ces dattes,
sur-tout depuis le 10. Mars , jusqu'au 9.
Juins ce qui fait une espace de trois mois.
C'est le Code de Justinien qui fournit
ces dattes.
Quoique jusqu'ici j'aye produit tout
ce qui peut servir à soutenir la premiere
pensée que j'eûs touchant l'Inscription de
Saint - Amate lez - Auxerre , dès le jour
même qu'elle y fût découverte , je ne
m'obstine point cependant à prétendre
que mon explication soit inataquable ; il
n'y a qu'à relire ma Lettre pour voir que
je ne l'ai pas prétendu . Je ne la crois pas
de la derniere certitude , parce que cette
Inscription est mutilée et que le commencement
y manque ; mais en avoüant
que mon explication , quoique fondée
nommément sur l'Histoire de l'an 228.
n'est que vrai-semblable , je ne prétends
pas pour cela autoriser davantage les deux
,
Dv ου
2348 MERCURE DE FRANCE
ou trois autres explications qui viennent
d'être proposées dans le Mercure , et je
les mets toutes indifferemment dans la
même Classe , n'ayant écrit cecy précisement
que pour montrer que par Dominorum,
il est au moins aussi permis d'entendre
Alexandre et Ovinius , qu'Alexandre
et son Epouse , ou bien sa Mere avec lui ,
ou enfin des Magistrats . Si quelque jour
nous découvrons ailleurs le commencement
de cette Inscription , elle pourra
nous rendre plus sçavants , et servir à
décider qui sont ceux qui ont le mieux
deviné. Je souhaitte que cela arrive. Mais
je ne souhaitterois pas moins de voir de
nos jours quelque découverte d'Inscription
à Orleans , qui fût du premier ou du
second siécle , et qui nous persuadât que
ceux-là sont bien fondez qui croyent que
c'étoit là qu'étoit le Genabum de Cesar ;
car je compte pour rien le sentiment
d'Aimoin de Fleury , et j'ai des raisons
très - fortes pour m'en défier .
En fait de dévination , l'Anonime d'Orleans
a mieux rencontré , lorsqu'il s'est
douté que ce n'est point dans le plus grand
sérieux du monde que je demandois l'explication
des quatre Lettres initiales . En
effet , Gruter nous a appris il y a longtemps
les quatre mots qui sont significz
01-
OCTOBRE. 1731. 2349
ordinairement par ces quatre Lettres :
mais aussi il faut avouer que la coûtume
est de les voir terminer les Inscriptions
où elles se trouvent ; ce qui ne se rencontre
point dans la notre où la dédicace du
Monument est marquée ensuite , aussibien
que la date des Consuls . J'étois bienaise
outre cela , que mon doute apparent
m'attirât quelques réponses , et c'est ce
qui n'a pas manqué d'arriver , puisqu'ou
tre les deux réponses du Mercure , j'en
ai trois ou quatre autres manuscrites ,
dans lesquelles on s'accorde à expliquer
ainsi ces quatre Lettres Votum solvit libens
merito , ou libenter merito ou bien Voto
suscepto libens merito. Je préfererois au
reste cette derniere , à cause du Verbe
dedicavit , qui suit immediatement après.
,
Quelques autres Personnes s'autorisant
des explications dans lesquelles excelloit
ces années dernieres un Personnage trèscelebre
dans l'art de deviner , croyoient
que l'inscription telle qu'elle est , manquant
de Nominatif ; ce Nominatif
pou
voit être compris dans ces Lettres initiales
, et que V. S. pouvoit signifier Urbs
Senonum , qu'ensuite les deux autres lettres
pouvoient signifier l'action du sacrifice
d'un Taureau ou d'un Bellier, ou bien
d'une Chevre , comme lata mactavit , ou
DY. tel:
2350 MERCURE DE FRANCE
tel autre langage approchant qu'on voudra
imaginer ; mais il faut avouer que
ç'auroit été un style inoüi , que celui de
désigner par des lettres initiales les noms
propres et specifiques à une Inscription ,
et que ç'eût été le veritable secret de rendre
tout obscur , incertain et problématique,
Outre cela , comme on voit clairement
par la taille de la Pierre , que l'inscription
a été mutilée dans son commencement
, il ne faut point esperer de trouver
ce Nominatif ailleurs que dans ce qui
manque aujourd'ui à la Pierre en question
, si ce Fragment réparoît jamais au
jour.
Je suis surpris M. que ceux qui m'ont envoyé
directement ou par la voye du Mercure
, des remarques sur mon interprétation
, n'ayent pas insinué que l'Inscrip
tion leur paroissoit fausse , si en elle- même
elle est telle qu'on la trouve imprimée
avec des U voyelles , puisque ces U sont
d'un usage très-moderne. Comment l'un
d'eux n'a t'il point dit qu'il falloit la mettre
au rang de semblables Antiquitez prétendues
qu'Annius de Viterbe fabriqua
autrefois Ils ont mieux aimé supposer
les deux U qui s'y trouvent , que sont des
fautes d'Imprimeur , comme en effet c'est
la verité. Trouvez donc bon que je vous
cerOCTOBRE.
1731.
2351
certifie ici en passant que Salute Dominorum
est écrit ainsi sur la Pierre , SALVTE
DOMINORVM , que dans les deux lignes
de l'Inscription toutes les lettres sont
d'une hauteur égale , et que les quatre
initiales ne sont point plus hautes que les
autres.
Tout ce que vous me faites la grace de
m'envoyer , Monsieur , m'étant très - précieux
, je n'ai garde de ne pas conserver
soigneusementl'explication que vous donnez
au Fragment d'une autre Inscription
trouvée dans le même Jardin , sur lequel
il reste :
PATER ....
LUPERC ....
ET CARA ....
LA COI ....
·
J'approuve très fort vos conjectures
sur ce qui manque à chacune de ces quatre
lignes , et je crois , comme vous , qu'il
faut suppléer à cette Inscription par les
mots que vous favorisez PATER SACR.
C'est-à- dire , Sacrorum, ou bien Pater An
gustalis Lupercus et Carantilla conjux , ensorte
qu'il y auroit eû sur la Pierre lorsqu'elle
étoit entiere !
D vj PA2352
MERCURE DE FRANCE
PATER AVG.
LVPERCVS
ET CARANTIL
LA CONJVX.
Vous me faites remarquer que ce ne se
roit pas la premiere Inscription où on liroit
Pater Sacrorum pour désigner un Prêtre
des Faux - Dieux , qui présidoit aux
Sacrifices , ou bien Pater Augustalis pour
marquer l'ancien ou le premier des Augustaux.
A l'égard du nom propre de la
troisiéme ligne , qui est celui d'une Famille
, comme il se trouve trois fois dans
les Inscriptions de Dijon il ne seroit
pas étonnant qu'ils se rencontrassent aussi
à Auxerre . Ainsi , je souscris à toutes vos
remarques ; et j'ay l'honneur d'être & c.
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Résumé : RÉPONSE aux Remarques inserées dans le Mercure de Juillet dernier, sur l'Inscription trouvée à Auxerre, au mois de May, adressée à M. Bouhier, Président au Parlement de Dijon.
Le texte est une réponse adressée à M. Bouhier, Président au Parlement de Dijon, concernant une inscription découverte près d'Auxerre. L'auteur exprime sa gratitude pour les félicitations et les critiques reçues dans le Mercure de Juillet. Il souligne la contradiction entre les deux critiques et défend son interprétation initiale de l'inscription. L'auteur mentionne que le terme 'Dominus' était utilisé pour les empereurs du Bas-Empire, y compris Alexandre Sévère, malgré les objections des critiques. L'auteur discute de l'association d'Ovinius Camillus avec l'Empire par Alexandre Sévère, réfutant les doutes exprimés par l'antiquaire d'Orléans. Il soutient que Lampride, l'historien, a basé son récit sur des mémoires contemporains et fiables. Il cite des exemples historiques et des sources pour appuyer son argumentation, notamment des médailles attestant une victoire sur les Allemans en 228 et l'importance stratégique de l'Illyrie. L'auteur critique l'Anonyme d'Orléans pour avoir perturbé la chronologie en faveur de ses idées. Il explique que l'association d'Ovinius précède la guerre contre les Barbares et que les succès en Illyrie sont attribués à Varius Macrinus. Il se range à l'opinion de M. de Tillemont, selon laquelle Ovinius aurait été tué par un successeur d'Alexandre Sévère. Le texte aborde également l'inscription découverte à Auxerre, reconnaissant que son explication est vraisemblable mais non certaine en raison de l'état mutilé de l'inscription. Il mentionne d'autres explications proposées et souhaite des découvertes futures pour éclaircir le sujet. L'auteur exprime également son désir de trouver des inscriptions à Orléans pour confirmer l'emplacement du Genabum de César, rejetant l'opinion d'Aimoin de Fleury. Enfin, l'auteur discute des lettres initiales de l'inscription et des diverses interprétations proposées, préférant l'explication 'Voto suscepto libens merito' en raison du verbe 'dedicavit' qui suit. Il critique ceux qui n'ont pas remis en question l'authenticité de l'inscription en raison des voyelles 'U', qu'il considère comme des fautes d'imprimeur. Il approuve les conjectures d'un correspondant sur un autre fragment d'inscription trouvé dans le même jardin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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