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1301
p. 217-234
MARIAGES ET MORTS. AVERTISSEMENT.
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On a imprimé dans quelques ouvrages modernes, (I) que le Comte de [...]
Mots clefs :
Comtes, Marquis, Seigneurs, Mariages, Morts, Chevalier, Gentilhomme, Barons, Régiments, Ducs
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGES ET MORTS. AVERTISSEMENT.
MARIAGES ET MORTS.
AVERTISSEMENT.
On a imprimé dans quelques ouvrages modèrnes,
( 1 ) que le Comte de Rupelmonde tué à l'action
paffée près de Paffenhoven en Baviere , le 15
Avril 1745 , étoit le dernier rejetton de fa maiſon.
Ceux qui ont avancé cette anecdote généalogique
, paroiffent avoir ignoré que la Branche
ainée de cette maifon eft continuée en la perfonne
de Ferdinand -Gillon de Recourt-de- Lens-de-
Licques , des Comtes de Boulogne , Seigneur &
Marquis de Licques , & c. c'eft un fait dont on
peut fe convaincre par les éclairciffemens fuivans ,
que l'on a cru devoir donner au public pour le défabufer
des impreffions qu'une pareille erreur
pourroit lui laiffer.
•
Philippes de Recourt-de- Lens- de- Licques , des
Comtes de Boulogne , Chevalier , Baron de Licques
, & de Boninghe , Chaſtelain héréditaire de
Lens , &c. Gouverneur de Cambray & du Cambréfis,
d'Harlem, de Louvain , de Lille , de Tournay ,
de Douay & d'Orchies , fut commis par le Roy
d'Efpagne , le 12 May 1586 , pour régler avec les
Commiffaires du Roy Henry III , tous les différens
qui pouvoient naître fur l'interprétation & l'exécution
des articles de la treve , conclue à Cambray le
23 Décemb. 1585. Ce Seigneur qui s'acquit la réputation
d'un des grands Capitaines de fon fiècle ,
(1 ) Poëme de Fontenoy , & Hiftoire de la guerre
de 1741.
II. Vol. K
218 MERCURÉ DE FRANCE.
mourut à Bruxelles le Vendredi Saint 1588 , lorqu'il
alloit être nommé Chevalier de l'ordre de la
Toifon d'Or. Il avoit fait fon teftament le premier
jour de Mars 1587 , & avoit été marié du confentement
de l'Empereur & de fon Confeil , le 3 Juin
1554 , avec Jeanne de Witthem , d'une illuftre
Maifon de Brabant , fortie par bâtardiſe des anciens
fouverains de cette Province , & alliée aux maifons
les plus confidérables des pays-Bas . De ce mariage
fortirent Gabriel , Baron de Licques qui fuit , &
Philippes de Recours - de - Lens- de - Licques, des
Comte de Boulogne , Baron de Wiskerque , &c .
qui a fait la branche des Comtes de Rupel
monde.
Gabriel de Recourt- de- Lens-de- Licques des
Comtes de Boulogne , Chevalier , Baron de Licques
& de Boninghe , &c . gouverneur de Charlemont
, & Colonel d'un Régiment de dix Compagnies
de gens de pieds , mourut à la fleur de fon
age en 1589 , ayant eu de fon mariage , qu'il avoit
contracté le 8 Juillet 1581 , avec Helene de
Mérode , d'une maiſon auffi illustre par fon ancienneté
que par fes alliances & fes fervices , fille de
Jean de Mérode , Seigneur de Moriamez & de
Philippote de Montfort , Philippes Baron de Licques
qui fuit :
i
Philippe de Recourt - de-Lens- de- Licques des
Comtes de Boulogne , Chevalier Baron de-Licques
& de Boninghe , &c. Gouverneur de Bourbourg
, Grand Bailli des Bois du Comté de Hainaut
, & de la Forêt de Mormal , & Confeiller du
Confeil de Guerre du Roi d'Efpagne , mourut le
28 May 1657 , & époula en premiere nôces , en
1614 , Sufane de Langlée , d'une branche cadette
de l'illuftre Maifon de Wavrin , dont il n'eut que
des filles ; il fe remaria en fecondes nôces , le 13
Juin 1630 à Louiſe de Cruninghe , Baronne de
AVRIL. 1736. 219
Cruninghe , & Vicomteffe de Zélande , héritiere
de fa maiſon , une des plus grandes des Pays-Bas ;
& cette alliance le fit tenir à toutes les têtes couronnées
de l'Europe . Elle étoit fille & héritiere de
Maximilien , Baron de Cruninghe , Vicomte de
Zélande , &c. & d'Eve Baronne de Kniphaufen-
Inhaufen , & petite-fille de Jean Baron de Cruninghe
, Vicomte de Zélande , &c ; & de Jacqueline'
de Bourgogne , fille d'Adolphe de Bourgogne , Seigneur
de Bevres & de la Vere, Amiral de Flandres,
& Chevalier de la Toifon d'Or ; & d'Anne de
Berghes-glimes; & petite- fille de Philippes de Bourgogne
, Seigneur de Bevres & de la Vere , Amiral
de Flandre , Gouverneur d'Artois , & Chevalier de
la Toiſon d'Or ; & d'Anne de Borfelle , fille de
Wolfard de Borfelle , Seigneur de la Verre, Comte
de Grandpré , Maréchal de France Chevalier de la
Toifon d'Or , &c ; & de charlotte de Bourbon ,
fille de Louis de Bourbon , Comte de Montpenfier
, Dauphin d'Auvergne , &c ; & de Gabriele de
la Tour ; de ce deuxieme mariage vint Philippes-
Charles-Bartholomé , Marquis de Licques qui fuit ;
& c'eft à caufe de cette alliance que MM. de
Licques portent en écartelure dans le grand cachet
de leurs armes , celles de l'augufte Maiſon de
Bourbon.
Philippes-Charles- Bartholomé de Recourt-de-
Lens-de- Licques , des Comtes de Boulogne , Che
valier Marquis de Licques , Baron de Boninghe &
de Cruninghe , Vicomte de Zélande , & c. Grand
Bailli des bois du Comté de Hainaut , Capitaine
d'une Compagnie franche, puis de cent chevaux de
Cuiraffiers , & gentilhomme de la chambre du
Prince de Baviere , électeur de Cologne , époufa
le 23 Janvier 1659 , Marguerite-Caroline - Gertrude
de Berlo , Chanoinefle de Mouftier , d'une
2.
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
illuftre Maiſon du pays de Liege , & fille de Paul ;
Baron de Berlo & de Bruff; & de Marie de L
Fontaine ; & eut de cette alliance un fils unique
nommé Ferdinand-Roch-Jean , Marquis de Lic
ques qui fuit ;
Ferdinand - Roch - Jean de Recourt- de- Lensde-
Licques des Comtes de Boulogne , Cheva
lier , Marquis de Licques, Baron de Boninghe ,
Vicomte de Zélande , &c . époufa le 23 Janvier
1700 , Anne-Michel- Alexandrine le Sart , mere.
d'un fils unique , nommé Ferdinand-Gillon , Marquis
de Licques qui fuit:
Ferdinand- Gillon de Recourt-de-Lens- de-Lic
ques des Comtes de Boulogne , Chevalier , Seigneur
& Marquis de Licques , Vicomte de Zélande
, Baron de Boninghe , &c . dernier hoir mâle
de fa maifon depuis la mort du Comte de Rupelmonde
, a épousé en 1730 Elifabeth de Lefpinayde
Marteville d'une ancienne maifon de Picardie ,
fille de Jacques , Marquis de Marteville , Maré
chal des Camps & Armées du Roi , & de Françoife
Abancourt. De ce mariage il n'a que trois filles ;
fçavoir :
?
1º. Catherine- Elifabeth-Henriette de Recourt
de-Lens-de-Licques des Comtes de Boulogne ,
mariée , en 1748 , à Louis - Eugene-Marie de
Beauffort, Comte de Beauffort , & de Moulle , & c.
d'une des plus anciennes & des plus illuftrés Mai
fons de la province d'Artois , fils de feu Chriftophe
- Louis de Beauffort , Comte de Beauffort , & cs
& de Marie-Anne-Françoife - Jofephe de Croix ;
2°. Louife- Aimée dite Mademoiſelle de
Lens ;,
>
3°. Marie-Gabriele-Victoire- Nymphe , dite
Mademoiſelle de Licques.
Philippe de Recourt- de- Lens- de - Licques des
AVRIL 1756. 22X
Comtes de Boulogne , Seigneur & Baron de Wifkerque
, & c. frere cadet de Gabriel Baron de Lic
ques , cité ci-deffus , & comme lui fils de Philippes,
Baron de Licques , & de Jeanne de Witthem ,
fut Colonel d'Infanterie Wallone , & Grand Bailli
du pays de Waes. Il épousa le 11 Juin 1590 ,
Marguerite de Steelan , d'une très -ancienne maifon
de Flandres , & tefta le 14 Juin 1630 ; de ce
mariage vint Servat Baron de Wiskerque qui
fuit :
Servat de Recourt - de - Lens- de - Licques des
Comte de Boulogne , Baron de Wiskerque, Grand
Bailli du pays de Wau , &c. époufa le 20 Septembre
1624 , Marguerite de Robles d'une illuftre mai .
fon originaire d'Efpagne, fille de Jean de Robles ,
Comte d'Annapes , Gouverneur de Lille , Douay
& Orchies & c. & de Marie de Liedekerque. De ce
mariage vint Philippes , Baron de Wiskerque &
Comte de Rupelmonde qui fuit :
Philippes de Recourt- de- Lens- de- Licques des
Comtes de Boulogne , Baron de Wiskerque , Seigneur
& Comte de Rupelmonde , &c . époufa le 3
Juillet 1655 , Marguerite de Baerlandt , d'une
ancienne maison des Pays-Bas ; il mourat fore
jeune, & laila pour fils unique Philippes Comte de
Rupelmonde , qui fuit :
Philippes de Recourt- de- Lens- de - Licques des
Comtes de Boulogne , Comte de Rupelmonde ,
Baron de Wiskerque &c. époufa le 21 Avril 1677 ,
Marie- Anne -Euſebe Truchfes , née Comteffe de
Wolfegg , d'une grande maifon d'Allemagne , &
fille de Guillaume , Truchfes Comte de Wolfegg ,
Gouverneur d'Amberg en Baviere , & d'Iſabelle-
Claire de Ligne- d'Aremberg & d'Arfchoft ; il
eut de ce mariage Maximilien- Philippes- Jofeph
Comte de Rupelmonde qui fuit :
K iij
222 MERCURE DE FRANCE.
Maximilien-Philippes-Jofeph de Recourt- de
Lens-de-Licques des Comtes de Boulogne , Comté
de Rupelmonde , Baron de Wiskerque , &c. Maréchal
des Camps & Armées du Roi d'Eſpagne ,
fut tué au Siege de Brihuega en Eſpagne le i 1 Décemb.
1710 , & avoit épousé le 24 Janvier 1705,
Marie-Marguerite d'Alegre, Dame du Palais de la
Reine , d'une illuftre maifon d'Auvergne , fille
d'Yves , Marquis d'Alegre , Maréchal de France &
Chevalier des ordres du Roi : il en eut pour fils
unique Yves - Marie Comte de Rupelmonde qui
fuit :
24
Yves-Marie de Recourt -de - Lens - de- Licques des
Comtes de Boulogne , Comte de Rupelmonde ,
Baron de Wiskerque , & c. Maréchal des camps &
armées du Roi , fut tué à la fleur de fon âge à l'acsion
paffée près de Paffenhoven en Baviere , le 1
Avril 1745. De fon mariage , dont le contrat fut
paffé en 1731 avec Marie- Chrétienne - Christine
de Gramont, dame du Palais de la Reine & fille de
Louis, Duc de Gramont , Pair de France, Chevalier
des ordres du Roi , Lieutenant général de fes Armées
, & Colonel du Régiment des gardes , & de-
Géneviève de Gontault de Biron , naquit le
Avril 1740 , un fils nommé Louis , mort peur de
temps avant fon Pere , en la perfonne de quis'éteignit
la feule branche cadette de la maifon de
Recourt- de-Lens- de- Licques , dont la branche
aînée feule fubfifte aujourd'hui dans la perfonne
du Marquis de Licques & de fes trois filles . Voyez
pour cette maifon qui par fon ancienneté,fes fervices
& fes alliances va de pair avec les plus grandes
du Royaume , l'Hiftoire des grands Officiers de la
Couronne , VII . vol . page 827 , où la Généalogie
eft rapportée ( affez imparfaitement ) à l'article des
Amiraux de France , à l'occafion de Charles de Re
AVRIL. 1756. 223
court-de Lens , & c. fait Amiral de France en 1418 .
Voyez auffi les tablettes Hiftoriques , Généalogiques
& Chronologiques , volume V. l'Armorial
Général de France de M. d'Hozier , premier Regiftre
, où il en eft parlé à l'occaſion de Ferdinand-
Roch -Jean , & de Ferdinand Gillon , Marquis
de Licques , fon fils , reçus Pages du Roi
dans fa grande écurie , l'un le 5 Août 1684 , &
l'autre le 21 Septembre 1722 , & ce que nous
avons dit de cette maifon dans les Mercures de:
France des mois de Juin 1731 , & 1745 , premier
volume , & c.
Jacques-François , Vicomte de CAMBIS , Colonel
du Régiment d'Infanterie de fon nom , fut marié le
18 Novemb. 1755. dans la Chapelle du Château de
Bellevue , avec Louife-Françoife- Gabriele de HENNIN
- LIETARD - DE - CHIMAY , fille d'Alexandre-
Gabriel de Hennin- Lietard , Prince de Chimay
Lieutenant Général des Armées du Roi , Lieutenant
-Feldt-Maréchal des Armées de l'Empereur ,
Grand d'Espagne de la premiere claffe , &c . mort:
le 18 Février 1745 , & de Gabriele- Françoife de
Beauvau , aujourd'hui Princeffe Douairiere de
Chimay. Le Curé de Meudon leur donna la Bénédiction
nuptiale . Leur Contrat de mariage avoit
été figné le 16 du même mois de Novembre , par
Leurs Majeftés & par la Famille Royale.
La Maifon de Cambis , originaire de Florence ,
a produit plufieurs grands hommes , entr'autres
Ludovifio Cambi , vivant en 1245 , lequel rendit
de grands fervices aux Papes Grégoire IX & Innocent
IV. Dante Cambi , Prieur de la Liberté de
Florence , qui vivoit en 1290 & 1300. Nero Cambi
, Gonfanonier de la République en 1421. Victor
Cambi , un des plus fameux partifans de la
faction Guelfe en 1450. François Cambi , qui
K.iiij.
224 MERCURE DE FRANCE.
époufa en 1492 Fiamette Corfini , &c. D'eux def
cendoit Luc Cambi , auquel cette Maiſon doit
fon établiſſement en France. Il quitta Florence
avec Marie de Pazzis , fon époufe , & Guy de
Cambi , fon frere , qui mourut fans enfans , pour
venir à Avignon , où il pofféda de grandes richeffes.
Il y fit fon Teftament le 13 Juin 1502 , &
laiffa douze enfans , fept garçons , dont trois ont
eu postérité , & cinq filles . Son fils aîné , Dominique
de Cambis , fut Baron d'Alais , Seigneur de
Saint-Paul , Saint-Martin - Malcap , &c. & tefta le
16 Janvier 1520. Il laiffa de fa femme Marguerite
Damians , entr'autres enfans Louis de Cambis
, Baron d'Alais , de Fons & de Sérignac , Seigneur
de Souftelles , &c. qui fut allié avec Marguerite
de Pluviers. De ce mariage vinrent entr'autres
, François de Cambis , Baron d'Alais , qui fuit ::
Jean de Cambis , Gentilhomme ordinaire du Prince
de Condé , Gouverneur de la Vignerie d'Alais ,
& Lieutenant de Roi au Gouvernement de Languedoc
, dont la poftérité fubfifte dans l'Orléa-.
nois , & Théodore de Cambis , Baron de Fons &
de Sérignac , qui forma une branche qui exifte
aujourd'hui en Languedoc.
François de Cambis , Baron d'Alais , fils aîné de-
Louis , fut Chevalier de l'Ordre du Roi , & époufa
Magdeleine de Villeneuve , fille de Claude , Marquis
de Trans , & d'Ifabelle de Feltres , de laquelle
il eut Georges de Cambis , Baron d'Alais , marié
à Itabelle de Thezan , fille d'Olivier , Vicomte du
Pujols & de Caffandre de Cenamy. De cette allian-.
ce fortirent quatre garçons , l'aîné defquels nommé
Jacques , époufa Catherine d'André , qui le
rendit pere de Jacques de Cambis , mort en 1653
fans poftérité . Sa foeur Ifabelle de Cambis , avoit
époufé Jacques de Berard , Seigneur de Montaler ,
AVRIL. 1756. 225
qui à caufe d'elle devint Baron d'Alais , Seigneur
de Souftelles , & c . Sa feconde foeur Ifabelle de
Cambis , époufa en 1655 Jean - François de la
Fare , Baron de la Salle , Meftre de Camp de
Cavalerie.
Nicolas de Cambis , cinquieme fils de Luc &
de Marie de Pazzis , fut auteur de la branche des
Seigneurs d'Auvaro en Provence , éteinte vers le
milieu du 16 fiecle .
Pierre de Cambis , fixieme fils de Luc , fut fait
Conful d'Avignon , du rang des Nobles de la
premiere claffe en 1547. Il avoit époufé dès le
28 Octobre 1525 , Françoiſe de Perruzzis , Dame
d'Orfan , au Diocèfe d'Uzès. Elle fut mere entr'autres
de Jéan de Cambis , Seigneur d'Orfan , Chevalier
de l'Ordre du Roi & de celui du Pape ,
premier Conful & Viguier de la Ville d'Avignon ,
au nom de laquelle il fut Ambaffadeur près du
Roi Henri III , qui le fit Chevalier de fa propre
main , & près du Pape . Il épouſa le 16 Avril 15552
Françoile de Clericis , qui le rendit pere de trois
garçons qui ont laiffé poftérité. Celle de Richard ,
qui étoit l'aîné , finit vers la fin du dernier fiecle.
Le ſecond nommé Louis , fit la branche des Seigneurs
d'Orfan dont on va parler ; & le troisieme ,
qui s'appelloit Antoine , fut auteur de celle des
Seigneurs d'Hortes , éteinte depuis environ cent
ans.
>
Louis de Cambis , fecond fils de Jean & de
Françoife de Clericis , fut Seigneur d'Orfan , &c.
premier Conful & Viguier d'Avignon , Capitaine
d'une Compagnie de Chevaux- Légers , & Chevalier
de l'Ordre du Roi. Il époufa par contrat du
16 Mai 1583 , Georgette de la Falêche , fille
d'Antoine , Chevalier de l'Ordre du Roi , & de
Françoife de Riccis. Il eut de ce mariage , 1º
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
f
t
Jean de Cambis , qui continua la ligne directe ;
2º. Paul de Cambis , auteur de la branche des
Marquis de Velleron , qui feront rapportés enfuite
; 3 ° . Octave de Cambis , Camerier du Pape
Urbain VIII.
I
Jean de Cambis , Seigneur d'Orfan , &c. fils
aîné de Louis & de Georgette de la Falêche , fut
allié par Contrat du 1 Mai 1616 , à Marguerite.
de Simiane , Dame de Cairane , qui le rendit pere
> entr'autres de Louis de Cambis , Seigneur d'Orfan
, &c. marié par Contrat du 13 Avril 1638 ,
avec Magdeleine de Baumefort. De cette alliance
vint entr'autres Charles de Cambis , Seigneur
d'Orfan & de Lagnes , qui époufa par Contrat du
30 Août 1674 , Marie- Anne Pilchotte de la Pape
dont vint Jacques de Cambis , Seigneur d'Orfan
&c. allié en 1690 , à Magdeleine de Guilhens de
Puy-Laval , qui fut mere de Louis - Charles de
: Cambis , Seigneur d'Orfan & de Lagnes , marié
en 1723 ´à Anne - Elifabeth de Pierne , fille de
Marc- Antoine , Seigneur d'Arenes & de Sufanne .
de Bafchi du Cayla. De ce mariage eft né le
7 Mars 1727 , Jacques- François de Cambis qui
donne lieu à cet article .
Paul de Cambis , fecond fils de Louis & de
Georgette de la Falêche , fut Baron de Brantes ,
Seigneur de Cairane , & Co- Seigneur de Velleron ,
Chevalier de l'Ordre du Roi , Capitaine- Lieutenant
du Régiment de Normandie , & Syndic de
la Nobleffe du Comté- Venaiffin , & en cette qualité
député au Roi Louis XIII . Il fut marié le 21
Février 1621 , à Gabriele de Rodulf, fille de Louis,
Seigneur de Limans , &c. & de Marthe de Grimoard
du Roure. De cette alliance vint François
de Cambis , Baron de Brantes , créé Marquis de
Velleron , par Bulle du Pape Clément IX. Il époufaAVRIL.
1756. 227
en 1653 Jeanne de Forbin , foeur du Cardinal de
Janfon, de laquelle il eut entr'autres Jofeph de
Cambis , & Louis-Dominique de Cambis qui ont :
laiffé postérité.
eft Jofeph de Cambis , Marquis de Velleron ,
mort le 6 Janvier 1736 , chef d'Efcadre des Galeres
du Roi , & Commandeur de l'Ordre Royal &
Militaire de S. Louis. H avoit épousé Angélique
de Cambis de Fargues , de laquelle il a laiffé
1º. Jofeph-Louis-Dominique de Cambis , Marquis
de Velleron , dit le Comte de Cambis , né en
Novembre 1706 , Colonel de l'Infanterie du
Comté- Vénaiffin , marié le 13 Avril 1741 , avec :
Anne- Louiſe de la Queille de Châteaugué , dont
eft née Marie Jofephine - Louife Sophie de
Cambis ;
-
2º. Angélique-Touffaint de Cambis , allié le
16 Mars 1716, à Louis - Joſeph Gras, Seigneur de
Préville ;
3°. Jeanne de Cambis , mariée le 16 Avril 1719 ,.
à Antoine Hoftager , Seigneur de Roquetaillade.
Louis- Dominique , Comte de Cambis , Lieutenant
général des Armées de Sa Majeſté , ſecond
fils de François & de Jeanne de Forbin , eft mort
à Londres , où il étoit Ambaffadeur du Roi , le
12 Février 1740 , laiffant de fa femme Catherine
Nicole Gruin , morte en 1754 ;
1º. Louis-Jofeph-Nicolas , Marquis de Cambis
, né le 1 Mars 1725 , Brigadier de Cavalerie en
Décembre 1748 , Meftre de Camp du Régiment :
de Bourbon, & Gouverneur de Sifteron...
2 % Anne-Victoire de Cambis , née à Turin ou
fon pere étoit Ambaffadeur , le 1 Juin 1726 , mariée
en Avril 1746 au Marquis d'Herbouville ,
Capitaine de Gendarmerie.
CAMBIS porte pour Armes d'azur au chêne d'or ,
22S MERCURE DE FRANCE.
mouvant d'une montagne à fix copeaux de même ,
foutenus par deux lions auffi d'or.
Le 2 Novembre 1755 ,mourut en fon Château
d'Andechy en Picardie , François- Simon de Riencourt
, Comte d'Andechy, marié le 2 Mai 1695 , à
Jeanne- Jule de Guerin de Tarnaut , fille de Robert
de Guerin de Tarnaut ,. & de Jeanne Huaut
de Montmagny , dont il eut Jeanne- Jule Dame
de S. Cyr ; Anne- Françoife , mariée les Mai
1728 , à Pierre de Guerin de Tarnaut , fon oncle
maternel , ancien Colonel d'un Régiment d'Infanterie
de fon nom & René-Léonor , Chevalier
Comte d'Andechy,marié le 23 Juin 1719 , à Jeanne
de Forceville , fille de Charles , Chevalier Seigneur
de Forceville , & d'Antoinette du Mouchet
de Vauffelles ; dont Barbe Simon Comte de Riencourt
, Capitaine de Cavalerie au Régiment d'Archyac
; Pierre de Riencourt, Prêtre ; Louis-François
, d'abord Page de Madame la Dauphine , puis
Lieutenant au Régiment d'Archyac , & trois filles
à S. Cyr
La Maifon de Riencourt alliée à celles . de
Mailloc , Montmorency , Amiens , Bournel , Ailly ,
Lamet , Rellencourt , Desfriches- Doria , Forceville
, la Fontaine , Guerin de Tarnaut , d'Angennes,
Fiercelin, Mareuil , Saiffeval , Saint Georges-
Verac , Joyeuse , &c..eft une des plus anciennes
de Picardie , où elle eft connue dès le commencement
du treizieme fiecle , comme on le
voit par les Cartulaires de différentes Abbayes.
En 1206 Thomas de Riencourt qualifié Chevalier ,
foufcrit à la donation de plufieurs biens que fait.
Enguerran de Pequigny Vidame d'Amiens , à l'Eglife
de Sainte Marie de Moliens . En 1223 Jean
de Riencourt fon fils tranfige avec les Religieux
de l'Abbaye du Gard, en préfence du Vidame d'A-
&
AVRIL. 1756. 229
"
miens , & leur laiffe quelques droits qu'il tenoit
d'Amelius de Bouelles fon ayeul , touchant les
marais de Croy. Hugues de Riencourt , fon fils ,
dans le dénombrement des terres de Riencourt &
Saint Leger , qu'il donne en 1259 , à Jean , Baron
de Pequigny, Vidame d'Amiens , prend les qualités
de Haut Puiffant Seigneur Meffire Hugues ,
Seigneur de Riencourt , Franqueville , Saint Leger,
Drueulfous Moliens le Vidame, Orival, Bergicourt ,
Tilloloy Vaux; ainfi il y a 500 ans que ces quatre
dernieres terres font dans la maifon de- Riencourt.
On trouve à la Chambre des Comptes de Paris
un Bref daté de Lyon , du Pape Innocent IV, à
P'Evêque d'Amiens , par lequel il accorde à Jeande
Ricncourt & à Hugues fon fils , dont on vient
de parler , les mêmes Indulgences que s'ils s'étoient
croifés pour la Terre Sainte , parce qu'ils
étoient difpofés à aller au fecours de l'Eglife Uni-
-verfelle contre les habitans d'Aix - la - Chapelle
{ contra Aquenſes } *;
" La Maifon s'eſt d'abord diviſée en deux bran→
ches formées par les deux enfans d'Enguerran ,
Seigneur de Riencourt , décedé en 1380. La branche
aînée eft tombée avec la Terre de ce nom
dans la maifon d'AUDENFORT , d'ou en celle de
TIERCELIN , par le mariage de Marguerite de Riencourt
, fille de Hugues, Seigneur de Riencourt , &
de Marie de Lamet , & petite- fille de Jean , Seigneur
de Riencourt , & de Márie de Montmorency,
* Comme le Pape étoit alors obligé de se fauver
de Rome a caufe de la guerre que lui faifoit l'Empereur
Frédéric II , qu'il avoit excommunié , le
Pape les engagea à lui prêter fecours , & à aller contre
les habitans d'Aix- la Chapelle , en leur promet
tant l'abſolution générale de leurs péchés..
230 MERCURE DE FRANCE.
*
de la branche de Bours , fille de Hugués de Monte
morency , Chevalier Seigneur de Bours , & de
Marie d'Ognies.
La branche de Riencourt d'Orival devenue aî→
née , s'eft fubdivifée en deux autres branches formées
par Raoul de Riencourt, Seigneur d'Orival ,.
Bergicourt , &c. & par Thomas de Riencourt-
Seigneur de Tilloloy , Vaux , &c. tous deux enfans
de Matthieu de Riencourt , vivant en 1430 .
Raoul de Riencourt , Chevalier Seigneur d'Orival
, Bergicourt , du Qefnel & Linas , vivoit en
1476 avec Jeanne de Borgeau fon épouſe , fille de
Jacques de Borgeau Seigneur dudit lieu , dont
deux enfans ; le cadet a formé la branche de Parfondru
près Laon. François de Riencourt , Chevalier
Seigneur de Parfondru & Drouay , fils de
Pierre de Riencourt , Chevalier , Seigneur defdits
lieux , & d'Ifabelle de Sons , marié en 1639, à Ju--
dith-Anne de Joyeuse de la branche de Montgobert
, fille de Robert de Joyeuſe , Baron de Verpeil
& de Montgobert , & de Judith Hennequin ,., .
étoit de cette branche , qui fubfifte encore aujour
d'hui près de Rhetel en Champagne .
Antoine de Rien court , Chevalier , Seigneur
d'Orival dont on vient de parler , eut de fa femme
Marie de Saquefpée , Adrien , Seigneur d'Orival
, marié à Charlotte de la Motte , fille de Char--
les de la Motte , Chevalier , Seigneur de Ville &
Montigny , & de Jeanne d'Abbeville ; dont
François , Seigneur d'Orival , Bergicourt , Morvillier
, Graville , &c. Gentilhomme de la Chambre
du Duc d'Anjou , frere d'Henri III , qui de
Dianne de Maillor fa femme , fille de Nicolas-
Baron de Mailloc , & de Charlotte de Monchy, eut
François, Seigneur deſdits lieux , marié 1º . en 1642,
à Catherine de Sennemon , fille de Jean de SenneAVRIL.
1756. 232
mon , & de Gabriele de Tier celin ; 2 ° à Marie de
Moreuil , fille d'Artus de Moreuil , Chevalier de
l'Ordre du Roi , & de Charlotte de Halluyn. Du
fecond lit vinrent deux filles , l'une mariée dans la
maifon du Blaifel en Boulenois , l'autre , dans
celle de Venoix en Normandie , & Jean- Auguſtin
de Riencourt , Marquis d'Orival , marié le 4 Janvier
1683 à Marie-Anne Desfriches -Doria, fille de
Charles Desfriches , Baron de Braffeufe, & d'Annedes
Etangs ; dont un Chevalier de Malte mort ;
le Comte d'Orival , ancien Capitaine aux Gardes ,
& Charles- François de Riencourt , Marquis d'Orival
, ancien Colonel du Régiment de la Reine-
Dragons ; lequel de Marie d'Angennes fa femme,
fille de Charles- François d'Augennes , Chevalier
Seigneur de Maintenon , Commandant des Ifles
Saint Pierre & Guadeloupe en la Martinique , eut
Marie-Adelaïde de Riencourt, mariée le 2 Janvier
1742 , à Pierre- Cefar de Saint Georges , Marquis de
Verac , Lieutenant- Général de Poitou , qui n'ont
laiffé à leur mort qu'un fils unique appellé le
Marquis de Verac.
La branche de Tilloloy vient , comme nous l'a.
vons dit , de Thomas de Riencourt , Chevalier
Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux , S. Severin ,
marié à N. Deamont ; dont Hugues marié en fe
condes nôces à N. de Jalaife, avec laquelle il vivoit
en 1550 ; dont Chriftophe de Riencourt marié le
11 Août 1561 , à Claude le Hochart , fille de Benoît
le Hochart , Seigneur de Lepinay, & de Guil
lemette de Bournel ; dont Nicolas de Riencourt
Chevalier , Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux ,
Saint Severin , marié le 9 Avril 1589 , avec Anne
d'Ailly , de la branche d'Annery , fille de Claude
d'Ailly, Chevalier , Seigneur de Montgerout, Lau
Bay , Clerfon , Montcornel &c. Chevalier de
232 MERCURE DE FRANCE.
l'Ordre du Roi , un des cent Gentilshommes de
la Maifon de Sa Majefté , Gentilhomme d'honneur
de la Reine , Enfeigne de la Compagnie des.
Gendarmes de M. de Villebon d'Eftouteville , &
de Jeanne de Joigny -Blondet fa premiere femme ,
veuve de Martin de Bournonville , Chevalier Seigneur
de Châteauregnaud , Gouverneur de Montreuil
. Heut de ce mariage Dianne de Riencourt ,
mariée à Charles de la Rue , Chevalier ; Anne
mariée en 1614 à François de Saiffeval , Chevalier
, Seigneur de Blerancourt ; Claude de Riencourt
qui a formé la branche de Boisgeffroy en
Normandie , où elle fubfifte encore ; marié 1º . à
Renée de l'Epinay ; 2 °. à Marie de Conveloire ; &
François de Riencourt,Chevalier, Seigneur de Til
loloy , marié le 16 Juin 1618 , à Marguerite de la
Fontaine , fille de Louis de la Fontaine , Chevalier
, Seigneur de Candore , & d'Ifabcau de Lan ;
dont trois enfans.
Le dernier , Leonor- René de Riencourt , Chevalier
Seigneur d'Andechy , Commandant du
fecond bataillon du Régiment de Lyonnois, marié
le 11 Septembre 1674 , à Catherine de Vinet ; dont
le Comte d'Andechy qui donne lieu à cet article.
Le fecond, Henri de Riencourt , Chevalier, Seigneur
de Ligneres , marié le 21 Décembre 1659 ,
à Marguerite de Hanffart , fille de Claude de Hanffart,
Seigneur d'Efcoquerre, & de Charlotte de l'Etoile
;
dont Louis de Riencourt qui , d'Elifabeth
d'Urre fa femme , à eu 1º . Louis- Claude de Rien
court , Seigneur de Ligneres , vivant actuellement
avec Catherine Gaillard fa femme , dont un fils
Page de la Reine , & plufieurs autres enfans. 2º .
Charles-Henri de Riencourt , qui a laidé à fà mort
plufieurs enfans d'Elifabeth de Cacheleu de Maifoncelle,
fa femme ; 3 ° . Louis,Chanoine d'Amiens ;
AVRIL. 1756. 233
4. Une fille mariée à Charles de Létoile, Seigneur
de Preville , & une autre mariée à Simon de Lana
glois, Chevalier, Capitaine au Régiment de Cham
pagne , Directeur des Fortifications du Soiffonmois.
Le fils aîné de François de Riencourt, & de Marguerite
de la Fontaine, nommé Louis de Riencourt;
Chevalier , Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux ,
&c. eut de Marguerite Forestier fa- femme , une
fille mariée le 7 Janvier 1667 , à François de Forceville
, Chevalier , Seigneur de Forceville , Fontaines
, & c. & Ferdinand-Laurent de Riencourt ,
Capitaine de Cavalerie , marié le 4 Décembre
1684 , à Marie-Anne de Gaude , fille de Jean de
Gaude , Chevalier, Seigneur de Martainneville , &
de Marguerite de Croze ; dont Charles- Pierre- Paul
marié à N. de Bonnet ; Leonor-René , ancien Capitaine
de Cavalerie , & plufieurs autres enfans :
l'aîné de tous eft Louis- François de Riencourt, ancien
Officier au Régiment de Royal Piémont Cavalerie
, marié à Marguerite de Ternifien veuve
de N. de Sarcus , Chevalier , Seigneur de Courcelies
, dont deux enfans dans le fervice & deux
filles.
Les Armes de la Maifon de Riencourt font
d'argent à trois faces de gueules fretées d'or.
Catherine - Dorothée , née Princeffe Jablonouska
, époufe de Maximilien -François de Tenezyn
Duc Offolinski , Chevalier des Ordres du Roi ,
Grand Maître de la Maifon du Roi de Pologne
Duc de Lorraine , eft décédée fans enfans le s Janvier
1756. Elle étoit fille de Jean Staniflas , Palatin
de Ruffie , frere de Madame Royale , mere da
Roi de Pologne , & de Jeanne- Cafimire de Be
thune , niece de la Reine de Pologne , femme de
Jean LIL
234
Les deux illuftres Maifons de Jablonouski &
d'Offolinsky , des premieres de Pologne , font
connues & également recommendables par l'ancienneté
, l'illuftration & les grandes alliances
-par lefquelles elles appartiennent ou font alliées à
prefque tous les Souverains de l'Europe.
AVERTISSEMENT.
On a imprimé dans quelques ouvrages modèrnes,
( 1 ) que le Comte de Rupelmonde tué à l'action
paffée près de Paffenhoven en Baviere , le 15
Avril 1745 , étoit le dernier rejetton de fa maiſon.
Ceux qui ont avancé cette anecdote généalogique
, paroiffent avoir ignoré que la Branche
ainée de cette maifon eft continuée en la perfonne
de Ferdinand -Gillon de Recourt-de- Lens-de-
Licques , des Comtes de Boulogne , Seigneur &
Marquis de Licques , & c. c'eft un fait dont on
peut fe convaincre par les éclairciffemens fuivans ,
que l'on a cru devoir donner au public pour le défabufer
des impreffions qu'une pareille erreur
pourroit lui laiffer.
•
Philippes de Recourt-de- Lens- de- Licques , des
Comtes de Boulogne , Chevalier , Baron de Licques
, & de Boninghe , Chaſtelain héréditaire de
Lens , &c. Gouverneur de Cambray & du Cambréfis,
d'Harlem, de Louvain , de Lille , de Tournay ,
de Douay & d'Orchies , fut commis par le Roy
d'Efpagne , le 12 May 1586 , pour régler avec les
Commiffaires du Roy Henry III , tous les différens
qui pouvoient naître fur l'interprétation & l'exécution
des articles de la treve , conclue à Cambray le
23 Décemb. 1585. Ce Seigneur qui s'acquit la réputation
d'un des grands Capitaines de fon fiècle ,
(1 ) Poëme de Fontenoy , & Hiftoire de la guerre
de 1741.
II. Vol. K
218 MERCURÉ DE FRANCE.
mourut à Bruxelles le Vendredi Saint 1588 , lorqu'il
alloit être nommé Chevalier de l'ordre de la
Toifon d'Or. Il avoit fait fon teftament le premier
jour de Mars 1587 , & avoit été marié du confentement
de l'Empereur & de fon Confeil , le 3 Juin
1554 , avec Jeanne de Witthem , d'une illuftre
Maifon de Brabant , fortie par bâtardiſe des anciens
fouverains de cette Province , & alliée aux maifons
les plus confidérables des pays-Bas . De ce mariage
fortirent Gabriel , Baron de Licques qui fuit , &
Philippes de Recours - de - Lens- de - Licques, des
Comte de Boulogne , Baron de Wiskerque , &c .
qui a fait la branche des Comtes de Rupel
monde.
Gabriel de Recourt- de- Lens-de- Licques des
Comtes de Boulogne , Chevalier , Baron de Licques
& de Boninghe , &c . gouverneur de Charlemont
, & Colonel d'un Régiment de dix Compagnies
de gens de pieds , mourut à la fleur de fon
age en 1589 , ayant eu de fon mariage , qu'il avoit
contracté le 8 Juillet 1581 , avec Helene de
Mérode , d'une maiſon auffi illustre par fon ancienneté
que par fes alliances & fes fervices , fille de
Jean de Mérode , Seigneur de Moriamez & de
Philippote de Montfort , Philippes Baron de Licques
qui fuit :
i
Philippe de Recourt - de-Lens- de- Licques des
Comtes de Boulogne , Chevalier Baron de-Licques
& de Boninghe , &c. Gouverneur de Bourbourg
, Grand Bailli des Bois du Comté de Hainaut
, & de la Forêt de Mormal , & Confeiller du
Confeil de Guerre du Roi d'Efpagne , mourut le
28 May 1657 , & époula en premiere nôces , en
1614 , Sufane de Langlée , d'une branche cadette
de l'illuftre Maifon de Wavrin , dont il n'eut que
des filles ; il fe remaria en fecondes nôces , le 13
Juin 1630 à Louiſe de Cruninghe , Baronne de
AVRIL. 1736. 219
Cruninghe , & Vicomteffe de Zélande , héritiere
de fa maiſon , une des plus grandes des Pays-Bas ;
& cette alliance le fit tenir à toutes les têtes couronnées
de l'Europe . Elle étoit fille & héritiere de
Maximilien , Baron de Cruninghe , Vicomte de
Zélande , &c. & d'Eve Baronne de Kniphaufen-
Inhaufen , & petite-fille de Jean Baron de Cruninghe
, Vicomte de Zélande , &c ; & de Jacqueline'
de Bourgogne , fille d'Adolphe de Bourgogne , Seigneur
de Bevres & de la Vere, Amiral de Flandres,
& Chevalier de la Toifon d'Or ; & d'Anne de
Berghes-glimes; & petite- fille de Philippes de Bourgogne
, Seigneur de Bevres & de la Vere , Amiral
de Flandre , Gouverneur d'Artois , & Chevalier de
la Toiſon d'Or ; & d'Anne de Borfelle , fille de
Wolfard de Borfelle , Seigneur de la Verre, Comte
de Grandpré , Maréchal de France Chevalier de la
Toifon d'Or , &c ; & de charlotte de Bourbon ,
fille de Louis de Bourbon , Comte de Montpenfier
, Dauphin d'Auvergne , &c ; & de Gabriele de
la Tour ; de ce deuxieme mariage vint Philippes-
Charles-Bartholomé , Marquis de Licques qui fuit ;
& c'eft à caufe de cette alliance que MM. de
Licques portent en écartelure dans le grand cachet
de leurs armes , celles de l'augufte Maiſon de
Bourbon.
Philippes-Charles- Bartholomé de Recourt-de-
Lens-de- Licques , des Comtes de Boulogne , Che
valier Marquis de Licques , Baron de Boninghe &
de Cruninghe , Vicomte de Zélande , & c. Grand
Bailli des bois du Comté de Hainaut , Capitaine
d'une Compagnie franche, puis de cent chevaux de
Cuiraffiers , & gentilhomme de la chambre du
Prince de Baviere , électeur de Cologne , époufa
le 23 Janvier 1659 , Marguerite-Caroline - Gertrude
de Berlo , Chanoinefle de Mouftier , d'une
2.
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
illuftre Maiſon du pays de Liege , & fille de Paul ;
Baron de Berlo & de Bruff; & de Marie de L
Fontaine ; & eut de cette alliance un fils unique
nommé Ferdinand-Roch-Jean , Marquis de Lic
ques qui fuit ;
Ferdinand - Roch - Jean de Recourt- de- Lensde-
Licques des Comtes de Boulogne , Cheva
lier , Marquis de Licques, Baron de Boninghe ,
Vicomte de Zélande , &c . époufa le 23 Janvier
1700 , Anne-Michel- Alexandrine le Sart , mere.
d'un fils unique , nommé Ferdinand-Gillon , Marquis
de Licques qui fuit:
Ferdinand- Gillon de Recourt-de-Lens- de-Lic
ques des Comtes de Boulogne , Chevalier , Seigneur
& Marquis de Licques , Vicomte de Zélande
, Baron de Boninghe , &c . dernier hoir mâle
de fa maifon depuis la mort du Comte de Rupelmonde
, a épousé en 1730 Elifabeth de Lefpinayde
Marteville d'une ancienne maifon de Picardie ,
fille de Jacques , Marquis de Marteville , Maré
chal des Camps & Armées du Roi , & de Françoife
Abancourt. De ce mariage il n'a que trois filles ;
fçavoir :
?
1º. Catherine- Elifabeth-Henriette de Recourt
de-Lens-de-Licques des Comtes de Boulogne ,
mariée , en 1748 , à Louis - Eugene-Marie de
Beauffort, Comte de Beauffort , & de Moulle , & c.
d'une des plus anciennes & des plus illuftrés Mai
fons de la province d'Artois , fils de feu Chriftophe
- Louis de Beauffort , Comte de Beauffort , & cs
& de Marie-Anne-Françoife - Jofephe de Croix ;
2°. Louife- Aimée dite Mademoiſelle de
Lens ;,
>
3°. Marie-Gabriele-Victoire- Nymphe , dite
Mademoiſelle de Licques.
Philippe de Recourt- de- Lens- de - Licques des
AVRIL 1756. 22X
Comtes de Boulogne , Seigneur & Baron de Wifkerque
, & c. frere cadet de Gabriel Baron de Lic
ques , cité ci-deffus , & comme lui fils de Philippes,
Baron de Licques , & de Jeanne de Witthem ,
fut Colonel d'Infanterie Wallone , & Grand Bailli
du pays de Waes. Il épousa le 11 Juin 1590 ,
Marguerite de Steelan , d'une très -ancienne maifon
de Flandres , & tefta le 14 Juin 1630 ; de ce
mariage vint Servat Baron de Wiskerque qui
fuit :
Servat de Recourt - de - Lens- de - Licques des
Comte de Boulogne , Baron de Wiskerque, Grand
Bailli du pays de Wau , &c. époufa le 20 Septembre
1624 , Marguerite de Robles d'une illuftre mai .
fon originaire d'Efpagne, fille de Jean de Robles ,
Comte d'Annapes , Gouverneur de Lille , Douay
& Orchies & c. & de Marie de Liedekerque. De ce
mariage vint Philippes , Baron de Wiskerque &
Comte de Rupelmonde qui fuit :
Philippes de Recourt- de- Lens- de- Licques des
Comtes de Boulogne , Baron de Wiskerque , Seigneur
& Comte de Rupelmonde , &c . époufa le 3
Juillet 1655 , Marguerite de Baerlandt , d'une
ancienne maison des Pays-Bas ; il mourat fore
jeune, & laila pour fils unique Philippes Comte de
Rupelmonde , qui fuit :
Philippes de Recourt- de- Lens- de - Licques des
Comtes de Boulogne , Comte de Rupelmonde ,
Baron de Wiskerque &c. époufa le 21 Avril 1677 ,
Marie- Anne -Euſebe Truchfes , née Comteffe de
Wolfegg , d'une grande maifon d'Allemagne , &
fille de Guillaume , Truchfes Comte de Wolfegg ,
Gouverneur d'Amberg en Baviere , & d'Iſabelle-
Claire de Ligne- d'Aremberg & d'Arfchoft ; il
eut de ce mariage Maximilien- Philippes- Jofeph
Comte de Rupelmonde qui fuit :
K iij
222 MERCURE DE FRANCE.
Maximilien-Philippes-Jofeph de Recourt- de
Lens-de-Licques des Comtes de Boulogne , Comté
de Rupelmonde , Baron de Wiskerque , &c. Maréchal
des Camps & Armées du Roi d'Eſpagne ,
fut tué au Siege de Brihuega en Eſpagne le i 1 Décemb.
1710 , & avoit épousé le 24 Janvier 1705,
Marie-Marguerite d'Alegre, Dame du Palais de la
Reine , d'une illuftre maifon d'Auvergne , fille
d'Yves , Marquis d'Alegre , Maréchal de France &
Chevalier des ordres du Roi : il en eut pour fils
unique Yves - Marie Comte de Rupelmonde qui
fuit :
24
Yves-Marie de Recourt -de - Lens - de- Licques des
Comtes de Boulogne , Comte de Rupelmonde ,
Baron de Wiskerque , & c. Maréchal des camps &
armées du Roi , fut tué à la fleur de fon âge à l'acsion
paffée près de Paffenhoven en Baviere , le 1
Avril 1745. De fon mariage , dont le contrat fut
paffé en 1731 avec Marie- Chrétienne - Christine
de Gramont, dame du Palais de la Reine & fille de
Louis, Duc de Gramont , Pair de France, Chevalier
des ordres du Roi , Lieutenant général de fes Armées
, & Colonel du Régiment des gardes , & de-
Géneviève de Gontault de Biron , naquit le
Avril 1740 , un fils nommé Louis , mort peur de
temps avant fon Pere , en la perfonne de quis'éteignit
la feule branche cadette de la maifon de
Recourt- de-Lens- de- Licques , dont la branche
aînée feule fubfifte aujourd'hui dans la perfonne
du Marquis de Licques & de fes trois filles . Voyez
pour cette maifon qui par fon ancienneté,fes fervices
& fes alliances va de pair avec les plus grandes
du Royaume , l'Hiftoire des grands Officiers de la
Couronne , VII . vol . page 827 , où la Généalogie
eft rapportée ( affez imparfaitement ) à l'article des
Amiraux de France , à l'occafion de Charles de Re
AVRIL. 1756. 223
court-de Lens , & c. fait Amiral de France en 1418 .
Voyez auffi les tablettes Hiftoriques , Généalogiques
& Chronologiques , volume V. l'Armorial
Général de France de M. d'Hozier , premier Regiftre
, où il en eft parlé à l'occaſion de Ferdinand-
Roch -Jean , & de Ferdinand Gillon , Marquis
de Licques , fon fils , reçus Pages du Roi
dans fa grande écurie , l'un le 5 Août 1684 , &
l'autre le 21 Septembre 1722 , & ce que nous
avons dit de cette maifon dans les Mercures de:
France des mois de Juin 1731 , & 1745 , premier
volume , & c.
Jacques-François , Vicomte de CAMBIS , Colonel
du Régiment d'Infanterie de fon nom , fut marié le
18 Novemb. 1755. dans la Chapelle du Château de
Bellevue , avec Louife-Françoife- Gabriele de HENNIN
- LIETARD - DE - CHIMAY , fille d'Alexandre-
Gabriel de Hennin- Lietard , Prince de Chimay
Lieutenant Général des Armées du Roi , Lieutenant
-Feldt-Maréchal des Armées de l'Empereur ,
Grand d'Espagne de la premiere claffe , &c . mort:
le 18 Février 1745 , & de Gabriele- Françoife de
Beauvau , aujourd'hui Princeffe Douairiere de
Chimay. Le Curé de Meudon leur donna la Bénédiction
nuptiale . Leur Contrat de mariage avoit
été figné le 16 du même mois de Novembre , par
Leurs Majeftés & par la Famille Royale.
La Maifon de Cambis , originaire de Florence ,
a produit plufieurs grands hommes , entr'autres
Ludovifio Cambi , vivant en 1245 , lequel rendit
de grands fervices aux Papes Grégoire IX & Innocent
IV. Dante Cambi , Prieur de la Liberté de
Florence , qui vivoit en 1290 & 1300. Nero Cambi
, Gonfanonier de la République en 1421. Victor
Cambi , un des plus fameux partifans de la
faction Guelfe en 1450. François Cambi , qui
K.iiij.
224 MERCURE DE FRANCE.
époufa en 1492 Fiamette Corfini , &c. D'eux def
cendoit Luc Cambi , auquel cette Maiſon doit
fon établiſſement en France. Il quitta Florence
avec Marie de Pazzis , fon époufe , & Guy de
Cambi , fon frere , qui mourut fans enfans , pour
venir à Avignon , où il pofféda de grandes richeffes.
Il y fit fon Teftament le 13 Juin 1502 , &
laiffa douze enfans , fept garçons , dont trois ont
eu postérité , & cinq filles . Son fils aîné , Dominique
de Cambis , fut Baron d'Alais , Seigneur de
Saint-Paul , Saint-Martin - Malcap , &c. & tefta le
16 Janvier 1520. Il laiffa de fa femme Marguerite
Damians , entr'autres enfans Louis de Cambis
, Baron d'Alais , de Fons & de Sérignac , Seigneur
de Souftelles , &c. qui fut allié avec Marguerite
de Pluviers. De ce mariage vinrent entr'autres
, François de Cambis , Baron d'Alais , qui fuit ::
Jean de Cambis , Gentilhomme ordinaire du Prince
de Condé , Gouverneur de la Vignerie d'Alais ,
& Lieutenant de Roi au Gouvernement de Languedoc
, dont la poftérité fubfifte dans l'Orléa-.
nois , & Théodore de Cambis , Baron de Fons &
de Sérignac , qui forma une branche qui exifte
aujourd'hui en Languedoc.
François de Cambis , Baron d'Alais , fils aîné de-
Louis , fut Chevalier de l'Ordre du Roi , & époufa
Magdeleine de Villeneuve , fille de Claude , Marquis
de Trans , & d'Ifabelle de Feltres , de laquelle
il eut Georges de Cambis , Baron d'Alais , marié
à Itabelle de Thezan , fille d'Olivier , Vicomte du
Pujols & de Caffandre de Cenamy. De cette allian-.
ce fortirent quatre garçons , l'aîné defquels nommé
Jacques , époufa Catherine d'André , qui le
rendit pere de Jacques de Cambis , mort en 1653
fans poftérité . Sa foeur Ifabelle de Cambis , avoit
époufé Jacques de Berard , Seigneur de Montaler ,
AVRIL. 1756. 225
qui à caufe d'elle devint Baron d'Alais , Seigneur
de Souftelles , & c . Sa feconde foeur Ifabelle de
Cambis , époufa en 1655 Jean - François de la
Fare , Baron de la Salle , Meftre de Camp de
Cavalerie.
Nicolas de Cambis , cinquieme fils de Luc &
de Marie de Pazzis , fut auteur de la branche des
Seigneurs d'Auvaro en Provence , éteinte vers le
milieu du 16 fiecle .
Pierre de Cambis , fixieme fils de Luc , fut fait
Conful d'Avignon , du rang des Nobles de la
premiere claffe en 1547. Il avoit époufé dès le
28 Octobre 1525 , Françoiſe de Perruzzis , Dame
d'Orfan , au Diocèfe d'Uzès. Elle fut mere entr'autres
de Jéan de Cambis , Seigneur d'Orfan , Chevalier
de l'Ordre du Roi & de celui du Pape ,
premier Conful & Viguier de la Ville d'Avignon ,
au nom de laquelle il fut Ambaffadeur près du
Roi Henri III , qui le fit Chevalier de fa propre
main , & près du Pape . Il épouſa le 16 Avril 15552
Françoile de Clericis , qui le rendit pere de trois
garçons qui ont laiffé poftérité. Celle de Richard ,
qui étoit l'aîné , finit vers la fin du dernier fiecle.
Le ſecond nommé Louis , fit la branche des Seigneurs
d'Orfan dont on va parler ; & le troisieme ,
qui s'appelloit Antoine , fut auteur de celle des
Seigneurs d'Hortes , éteinte depuis environ cent
ans.
>
Louis de Cambis , fecond fils de Jean & de
Françoife de Clericis , fut Seigneur d'Orfan , &c.
premier Conful & Viguier d'Avignon , Capitaine
d'une Compagnie de Chevaux- Légers , & Chevalier
de l'Ordre du Roi. Il époufa par contrat du
16 Mai 1583 , Georgette de la Falêche , fille
d'Antoine , Chevalier de l'Ordre du Roi , & de
Françoife de Riccis. Il eut de ce mariage , 1º
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
f
t
Jean de Cambis , qui continua la ligne directe ;
2º. Paul de Cambis , auteur de la branche des
Marquis de Velleron , qui feront rapportés enfuite
; 3 ° . Octave de Cambis , Camerier du Pape
Urbain VIII.
I
Jean de Cambis , Seigneur d'Orfan , &c. fils
aîné de Louis & de Georgette de la Falêche , fut
allié par Contrat du 1 Mai 1616 , à Marguerite.
de Simiane , Dame de Cairane , qui le rendit pere
> entr'autres de Louis de Cambis , Seigneur d'Orfan
, &c. marié par Contrat du 13 Avril 1638 ,
avec Magdeleine de Baumefort. De cette alliance
vint entr'autres Charles de Cambis , Seigneur
d'Orfan & de Lagnes , qui époufa par Contrat du
30 Août 1674 , Marie- Anne Pilchotte de la Pape
dont vint Jacques de Cambis , Seigneur d'Orfan
&c. allié en 1690 , à Magdeleine de Guilhens de
Puy-Laval , qui fut mere de Louis - Charles de
: Cambis , Seigneur d'Orfan & de Lagnes , marié
en 1723 ´à Anne - Elifabeth de Pierne , fille de
Marc- Antoine , Seigneur d'Arenes & de Sufanne .
de Bafchi du Cayla. De ce mariage eft né le
7 Mars 1727 , Jacques- François de Cambis qui
donne lieu à cet article .
Paul de Cambis , fecond fils de Louis & de
Georgette de la Falêche , fut Baron de Brantes ,
Seigneur de Cairane , & Co- Seigneur de Velleron ,
Chevalier de l'Ordre du Roi , Capitaine- Lieutenant
du Régiment de Normandie , & Syndic de
la Nobleffe du Comté- Venaiffin , & en cette qualité
député au Roi Louis XIII . Il fut marié le 21
Février 1621 , à Gabriele de Rodulf, fille de Louis,
Seigneur de Limans , &c. & de Marthe de Grimoard
du Roure. De cette alliance vint François
de Cambis , Baron de Brantes , créé Marquis de
Velleron , par Bulle du Pape Clément IX. Il époufaAVRIL.
1756. 227
en 1653 Jeanne de Forbin , foeur du Cardinal de
Janfon, de laquelle il eut entr'autres Jofeph de
Cambis , & Louis-Dominique de Cambis qui ont :
laiffé postérité.
eft Jofeph de Cambis , Marquis de Velleron ,
mort le 6 Janvier 1736 , chef d'Efcadre des Galeres
du Roi , & Commandeur de l'Ordre Royal &
Militaire de S. Louis. H avoit épousé Angélique
de Cambis de Fargues , de laquelle il a laiffé
1º. Jofeph-Louis-Dominique de Cambis , Marquis
de Velleron , dit le Comte de Cambis , né en
Novembre 1706 , Colonel de l'Infanterie du
Comté- Vénaiffin , marié le 13 Avril 1741 , avec :
Anne- Louiſe de la Queille de Châteaugué , dont
eft née Marie Jofephine - Louife Sophie de
Cambis ;
-
2º. Angélique-Touffaint de Cambis , allié le
16 Mars 1716, à Louis - Joſeph Gras, Seigneur de
Préville ;
3°. Jeanne de Cambis , mariée le 16 Avril 1719 ,.
à Antoine Hoftager , Seigneur de Roquetaillade.
Louis- Dominique , Comte de Cambis , Lieutenant
général des Armées de Sa Majeſté , ſecond
fils de François & de Jeanne de Forbin , eft mort
à Londres , où il étoit Ambaffadeur du Roi , le
12 Février 1740 , laiffant de fa femme Catherine
Nicole Gruin , morte en 1754 ;
1º. Louis-Jofeph-Nicolas , Marquis de Cambis
, né le 1 Mars 1725 , Brigadier de Cavalerie en
Décembre 1748 , Meftre de Camp du Régiment :
de Bourbon, & Gouverneur de Sifteron...
2 % Anne-Victoire de Cambis , née à Turin ou
fon pere étoit Ambaffadeur , le 1 Juin 1726 , mariée
en Avril 1746 au Marquis d'Herbouville ,
Capitaine de Gendarmerie.
CAMBIS porte pour Armes d'azur au chêne d'or ,
22S MERCURE DE FRANCE.
mouvant d'une montagne à fix copeaux de même ,
foutenus par deux lions auffi d'or.
Le 2 Novembre 1755 ,mourut en fon Château
d'Andechy en Picardie , François- Simon de Riencourt
, Comte d'Andechy, marié le 2 Mai 1695 , à
Jeanne- Jule de Guerin de Tarnaut , fille de Robert
de Guerin de Tarnaut ,. & de Jeanne Huaut
de Montmagny , dont il eut Jeanne- Jule Dame
de S. Cyr ; Anne- Françoife , mariée les Mai
1728 , à Pierre de Guerin de Tarnaut , fon oncle
maternel , ancien Colonel d'un Régiment d'Infanterie
de fon nom & René-Léonor , Chevalier
Comte d'Andechy,marié le 23 Juin 1719 , à Jeanne
de Forceville , fille de Charles , Chevalier Seigneur
de Forceville , & d'Antoinette du Mouchet
de Vauffelles ; dont Barbe Simon Comte de Riencourt
, Capitaine de Cavalerie au Régiment d'Archyac
; Pierre de Riencourt, Prêtre ; Louis-François
, d'abord Page de Madame la Dauphine , puis
Lieutenant au Régiment d'Archyac , & trois filles
à S. Cyr
La Maifon de Riencourt alliée à celles . de
Mailloc , Montmorency , Amiens , Bournel , Ailly ,
Lamet , Rellencourt , Desfriches- Doria , Forceville
, la Fontaine , Guerin de Tarnaut , d'Angennes,
Fiercelin, Mareuil , Saiffeval , Saint Georges-
Verac , Joyeuse , &c..eft une des plus anciennes
de Picardie , où elle eft connue dès le commencement
du treizieme fiecle , comme on le
voit par les Cartulaires de différentes Abbayes.
En 1206 Thomas de Riencourt qualifié Chevalier ,
foufcrit à la donation de plufieurs biens que fait.
Enguerran de Pequigny Vidame d'Amiens , à l'Eglife
de Sainte Marie de Moliens . En 1223 Jean
de Riencourt fon fils tranfige avec les Religieux
de l'Abbaye du Gard, en préfence du Vidame d'A-
&
AVRIL. 1756. 229
"
miens , & leur laiffe quelques droits qu'il tenoit
d'Amelius de Bouelles fon ayeul , touchant les
marais de Croy. Hugues de Riencourt , fon fils ,
dans le dénombrement des terres de Riencourt &
Saint Leger , qu'il donne en 1259 , à Jean , Baron
de Pequigny, Vidame d'Amiens , prend les qualités
de Haut Puiffant Seigneur Meffire Hugues ,
Seigneur de Riencourt , Franqueville , Saint Leger,
Drueulfous Moliens le Vidame, Orival, Bergicourt ,
Tilloloy Vaux; ainfi il y a 500 ans que ces quatre
dernieres terres font dans la maifon de- Riencourt.
On trouve à la Chambre des Comptes de Paris
un Bref daté de Lyon , du Pape Innocent IV, à
P'Evêque d'Amiens , par lequel il accorde à Jeande
Ricncourt & à Hugues fon fils , dont on vient
de parler , les mêmes Indulgences que s'ils s'étoient
croifés pour la Terre Sainte , parce qu'ils
étoient difpofés à aller au fecours de l'Eglife Uni-
-verfelle contre les habitans d'Aix - la - Chapelle
{ contra Aquenſes } *;
" La Maifon s'eſt d'abord diviſée en deux bran→
ches formées par les deux enfans d'Enguerran ,
Seigneur de Riencourt , décedé en 1380. La branche
aînée eft tombée avec la Terre de ce nom
dans la maifon d'AUDENFORT , d'ou en celle de
TIERCELIN , par le mariage de Marguerite de Riencourt
, fille de Hugues, Seigneur de Riencourt , &
de Marie de Lamet , & petite- fille de Jean , Seigneur
de Riencourt , & de Márie de Montmorency,
* Comme le Pape étoit alors obligé de se fauver
de Rome a caufe de la guerre que lui faifoit l'Empereur
Frédéric II , qu'il avoit excommunié , le
Pape les engagea à lui prêter fecours , & à aller contre
les habitans d'Aix- la Chapelle , en leur promet
tant l'abſolution générale de leurs péchés..
230 MERCURE DE FRANCE.
*
de la branche de Bours , fille de Hugués de Monte
morency , Chevalier Seigneur de Bours , & de
Marie d'Ognies.
La branche de Riencourt d'Orival devenue aî→
née , s'eft fubdivifée en deux autres branches formées
par Raoul de Riencourt, Seigneur d'Orival ,.
Bergicourt , &c. & par Thomas de Riencourt-
Seigneur de Tilloloy , Vaux , &c. tous deux enfans
de Matthieu de Riencourt , vivant en 1430 .
Raoul de Riencourt , Chevalier Seigneur d'Orival
, Bergicourt , du Qefnel & Linas , vivoit en
1476 avec Jeanne de Borgeau fon épouſe , fille de
Jacques de Borgeau Seigneur dudit lieu , dont
deux enfans ; le cadet a formé la branche de Parfondru
près Laon. François de Riencourt , Chevalier
Seigneur de Parfondru & Drouay , fils de
Pierre de Riencourt , Chevalier , Seigneur defdits
lieux , & d'Ifabelle de Sons , marié en 1639, à Ju--
dith-Anne de Joyeuse de la branche de Montgobert
, fille de Robert de Joyeuſe , Baron de Verpeil
& de Montgobert , & de Judith Hennequin ,., .
étoit de cette branche , qui fubfifte encore aujour
d'hui près de Rhetel en Champagne .
Antoine de Rien court , Chevalier , Seigneur
d'Orival dont on vient de parler , eut de fa femme
Marie de Saquefpée , Adrien , Seigneur d'Orival
, marié à Charlotte de la Motte , fille de Char--
les de la Motte , Chevalier , Seigneur de Ville &
Montigny , & de Jeanne d'Abbeville ; dont
François , Seigneur d'Orival , Bergicourt , Morvillier
, Graville , &c. Gentilhomme de la Chambre
du Duc d'Anjou , frere d'Henri III , qui de
Dianne de Maillor fa femme , fille de Nicolas-
Baron de Mailloc , & de Charlotte de Monchy, eut
François, Seigneur deſdits lieux , marié 1º . en 1642,
à Catherine de Sennemon , fille de Jean de SenneAVRIL.
1756. 232
mon , & de Gabriele de Tier celin ; 2 ° à Marie de
Moreuil , fille d'Artus de Moreuil , Chevalier de
l'Ordre du Roi , & de Charlotte de Halluyn. Du
fecond lit vinrent deux filles , l'une mariée dans la
maifon du Blaifel en Boulenois , l'autre , dans
celle de Venoix en Normandie , & Jean- Auguſtin
de Riencourt , Marquis d'Orival , marié le 4 Janvier
1683 à Marie-Anne Desfriches -Doria, fille de
Charles Desfriches , Baron de Braffeufe, & d'Annedes
Etangs ; dont un Chevalier de Malte mort ;
le Comte d'Orival , ancien Capitaine aux Gardes ,
& Charles- François de Riencourt , Marquis d'Orival
, ancien Colonel du Régiment de la Reine-
Dragons ; lequel de Marie d'Angennes fa femme,
fille de Charles- François d'Augennes , Chevalier
Seigneur de Maintenon , Commandant des Ifles
Saint Pierre & Guadeloupe en la Martinique , eut
Marie-Adelaïde de Riencourt, mariée le 2 Janvier
1742 , à Pierre- Cefar de Saint Georges , Marquis de
Verac , Lieutenant- Général de Poitou , qui n'ont
laiffé à leur mort qu'un fils unique appellé le
Marquis de Verac.
La branche de Tilloloy vient , comme nous l'a.
vons dit , de Thomas de Riencourt , Chevalier
Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux , S. Severin ,
marié à N. Deamont ; dont Hugues marié en fe
condes nôces à N. de Jalaife, avec laquelle il vivoit
en 1550 ; dont Chriftophe de Riencourt marié le
11 Août 1561 , à Claude le Hochart , fille de Benoît
le Hochart , Seigneur de Lepinay, & de Guil
lemette de Bournel ; dont Nicolas de Riencourt
Chevalier , Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux ,
Saint Severin , marié le 9 Avril 1589 , avec Anne
d'Ailly , de la branche d'Annery , fille de Claude
d'Ailly, Chevalier , Seigneur de Montgerout, Lau
Bay , Clerfon , Montcornel &c. Chevalier de
232 MERCURE DE FRANCE.
l'Ordre du Roi , un des cent Gentilshommes de
la Maifon de Sa Majefté , Gentilhomme d'honneur
de la Reine , Enfeigne de la Compagnie des.
Gendarmes de M. de Villebon d'Eftouteville , &
de Jeanne de Joigny -Blondet fa premiere femme ,
veuve de Martin de Bournonville , Chevalier Seigneur
de Châteauregnaud , Gouverneur de Montreuil
. Heut de ce mariage Dianne de Riencourt ,
mariée à Charles de la Rue , Chevalier ; Anne
mariée en 1614 à François de Saiffeval , Chevalier
, Seigneur de Blerancourt ; Claude de Riencourt
qui a formé la branche de Boisgeffroy en
Normandie , où elle fubfifte encore ; marié 1º . à
Renée de l'Epinay ; 2 °. à Marie de Conveloire ; &
François de Riencourt,Chevalier, Seigneur de Til
loloy , marié le 16 Juin 1618 , à Marguerite de la
Fontaine , fille de Louis de la Fontaine , Chevalier
, Seigneur de Candore , & d'Ifabcau de Lan ;
dont trois enfans.
Le dernier , Leonor- René de Riencourt , Chevalier
Seigneur d'Andechy , Commandant du
fecond bataillon du Régiment de Lyonnois, marié
le 11 Septembre 1674 , à Catherine de Vinet ; dont
le Comte d'Andechy qui donne lieu à cet article.
Le fecond, Henri de Riencourt , Chevalier, Seigneur
de Ligneres , marié le 21 Décembre 1659 ,
à Marguerite de Hanffart , fille de Claude de Hanffart,
Seigneur d'Efcoquerre, & de Charlotte de l'Etoile
;
dont Louis de Riencourt qui , d'Elifabeth
d'Urre fa femme , à eu 1º . Louis- Claude de Rien
court , Seigneur de Ligneres , vivant actuellement
avec Catherine Gaillard fa femme , dont un fils
Page de la Reine , & plufieurs autres enfans. 2º .
Charles-Henri de Riencourt , qui a laidé à fà mort
plufieurs enfans d'Elifabeth de Cacheleu de Maifoncelle,
fa femme ; 3 ° . Louis,Chanoine d'Amiens ;
AVRIL. 1756. 233
4. Une fille mariée à Charles de Létoile, Seigneur
de Preville , & une autre mariée à Simon de Lana
glois, Chevalier, Capitaine au Régiment de Cham
pagne , Directeur des Fortifications du Soiffonmois.
Le fils aîné de François de Riencourt, & de Marguerite
de la Fontaine, nommé Louis de Riencourt;
Chevalier , Seigneur de Tilloloy , Vaux , Arleux ,
&c. eut de Marguerite Forestier fa- femme , une
fille mariée le 7 Janvier 1667 , à François de Forceville
, Chevalier , Seigneur de Forceville , Fontaines
, & c. & Ferdinand-Laurent de Riencourt ,
Capitaine de Cavalerie , marié le 4 Décembre
1684 , à Marie-Anne de Gaude , fille de Jean de
Gaude , Chevalier, Seigneur de Martainneville , &
de Marguerite de Croze ; dont Charles- Pierre- Paul
marié à N. de Bonnet ; Leonor-René , ancien Capitaine
de Cavalerie , & plufieurs autres enfans :
l'aîné de tous eft Louis- François de Riencourt, ancien
Officier au Régiment de Royal Piémont Cavalerie
, marié à Marguerite de Ternifien veuve
de N. de Sarcus , Chevalier , Seigneur de Courcelies
, dont deux enfans dans le fervice & deux
filles.
Les Armes de la Maifon de Riencourt font
d'argent à trois faces de gueules fretées d'or.
Catherine - Dorothée , née Princeffe Jablonouska
, époufe de Maximilien -François de Tenezyn
Duc Offolinski , Chevalier des Ordres du Roi ,
Grand Maître de la Maifon du Roi de Pologne
Duc de Lorraine , eft décédée fans enfans le s Janvier
1756. Elle étoit fille de Jean Staniflas , Palatin
de Ruffie , frere de Madame Royale , mere da
Roi de Pologne , & de Jeanne- Cafimire de Be
thune , niece de la Reine de Pologne , femme de
Jean LIL
234
Les deux illuftres Maifons de Jablonouski &
d'Offolinsky , des premieres de Pologne , font
connues & également recommendables par l'ancienneté
, l'illuftration & les grandes alliances
-par lefquelles elles appartiennent ou font alliées à
prefque tous les Souverains de l'Europe.
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Résumé : MARIAGES ET MORTS. AVERTISSEMENT.
Le texte traite des mariages et des décès au sein de la famille Recourt-de-Lens-de-Licques, des Comtes de Boulogne. Il corrige une erreur selon laquelle le Comte de Rupelmonde, tué en 1745, était le dernier descendant de sa maison. En réalité, la branche aînée continue avec Ferdinand-Gillon de Recourt-de-Lens-de-Licques. Le texte détaille les mariages et les décès de plusieurs membres de cette famille. Philippes de Recourt-de-Lens-de-Licques, gouverneur de plusieurs villes, a joué un rôle dans la régulation des différends entre le Roi d'Espagne et le Roi Henry III en 1586. Il est mort à Bruxelles en 1588. Son fils Gabriel est décédé en 1589, laissant un fils, Philippes, qui a continué la branche des Comtes de Rupelmonde. Philippe de Recourt-de-Lens-de-Licques, gouverneur de Bourbourg, a épousé Suzanne de Langlée en 1614 et Louise de Cruninghe en 1630. De ce second mariage est né Philippes-Charles-Bartholomé, Marquis de Licques. Ferdinand-Roch-Jean, fils de Philippes-Charles-Bartholomé, a épousé Anne-Michel-Alexandrine le Sart en 1700. Leur fils Ferdinand-Gillon a épousé Élisabeth de Lefpinay de Marteville en 1730, mais ils ont eu trois filles, Catherine-Élisabeth-Henriette, Louise-Aimée et Marie-Gabriele-Victoire-Nymphe. Le texte mentionne également Philippe de Recourt-de-Lens-de-Licques, Colonel d'Infanterie Wallone, et ses descendants, dont Maximilien-Philippe-Joseph, tué en 1710, et Yves-Marie, tué en 1745. Yves-Marie a laissé un fils, Louis, mort peu après son père, marquant la fin de la branche cadette de la famille. Enfin, le texte mentionne le mariage de Jacques-François, Vicomte de Cambis, avec Louise-Françoise-Gabriele de Hennin-Lietard de Chimay en 1755, et l'histoire de la maison de Cambis, originaire de Florence, avec plusieurs figures notables. Le texte présente également la généalogie et les alliances de la famille Riencourt. Louis de Riencourt, marié à Élisabeth d'Urre, a eu plusieurs enfants, dont Louis-Claude, Seigneur de Ligneres, marié à Catherine Gaillard, et Charles-Henri, qui a eu plusieurs enfants avec Élisabeth de Cacheleu de Maifoncelle. Louis de Riencourt a également eu un fils chanoine à Amiens, une fille mariée à Charles de Létoile, Seigneur de Preville, et une autre mariée à Simon de Langlois, Chevalier et Capitaine au Régiment de Champagne. Le fils aîné de François de Riencourt et Marguerite de la Fontaine, nommé Louis de Riencourt, Chevalier et Seigneur de Tilloloy, Vaux, et Arleux, a eu une fille mariée en 1667 à François de Forceville et Ferdinand-Laurent de Riencourt, Capitaine de Cavalerie, marié en 1684 à Marie-Anne de Gaude. Ferdinand-Laurent a eu plusieurs enfants, dont Charles-Pierre-Paul, marié à N. de Bonnet, et Léonor-René, ancien Capitaine de Cavalerie. Louis-François de Riencourt, ancien Officier au Régiment de Royal Piémont Cavalerie, marié à Marguerite de Ternisien, veuve de N. de Sarcus, a eu deux fils dans le service et deux filles. Les armes de la maison Riencourt sont d'argent à trois faces de gueules fretées d'or.
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1302
p. 248-249
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Le 6, le Lord Marie, les Aldermans & les Scheriffs, [...]
Mots clefs :
Londres, Adresse au roi, Allégeance au roi, Lord Marie, Shérifs, Aldermans, Thomas Pownall, Gouverneur de la Nouvelle Angleterre, Régiments, Amérique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE - BRETAGNE.
DE LONDRES , le 15 Avril.
Le 6, le Lord Marie , les Aldermans & les Scheriffs
, préfenterent au Roi une Adreſſe , par laquelle
ils affurerent Sa Majefté , qu'ils facrifieroient
leurs biens & leurs vies pour la défenſe de
fa Perfonne & de fon Gouvernement. Le Roi répondit
: Je vous remercie des marques que vous
me donnez de votre zele & de votre affection , &
je me repose fermement ſur vos promeffes. La Ville
de Londres peut toujours compter fur ma bienveil
MA I. 1756. 249
Lance fur ma protection. Le Corps des Négocians
de cette Capitale , & le Scheriff du Duché
d'Yorck , ont préfenté auffi des Adreffes à Sa Majeſté.
Le fieur Thomas Pownall vient d'être nommé
Gouverneur de la Nouvelle Angleterre , à la place
du fieur Shirley. Une partie des troupes deftinées
pour l'Acadie eft déja embarquée à Plymouth. On
fe propofe d'envoyer une fomme confidérable en
Amérique. Les , les Amiraux Byng & Weft firent
voile de Spitéad avec dix Vaiffeaux de guerre
pour la Méditerranée. Le Chef d'Efcadre Keppel
les fuivit le même jour avec 4 Vaiffeaux . Le Gouvernement
a donné ordre de couler à fond tous les
Bâtimens de Pêcheur , qui ont été pris fur les
François Le nombre des troupes Hanovériennes
qui doivent paffer dans la Grande - Bretagne , fera
de neuf mille hommes d'Infanterie , neuf cens de
Cavalerie , & trois cens du Corps d'Artillerie Gn
a tiré de l'Arcenal de la Tour quarante pieces decanon
, pour les tranſporter à Portſmouth . Sui
vant les nouvelles de Saffron - Walden , le 18 du
mois dernier à dix heures du matin , on y entendit
tout à coup un bruit extraordinaire . Peu après,
il tomba une grande quantité de grêle , dont la
plupart des grains avoient jufqu'à trois pouces &
demi de circonférence .
La Cour a ordonné de reftituer le Vaiſſeau
François , dont le Vaiffeau de guerre l'Expérience
s'eft emparé à peu de diſtance de Cadix,
DE LONDRES , le 15 Avril.
Le 6, le Lord Marie , les Aldermans & les Scheriffs
, préfenterent au Roi une Adreſſe , par laquelle
ils affurerent Sa Majefté , qu'ils facrifieroient
leurs biens & leurs vies pour la défenſe de
fa Perfonne & de fon Gouvernement. Le Roi répondit
: Je vous remercie des marques que vous
me donnez de votre zele & de votre affection , &
je me repose fermement ſur vos promeffes. La Ville
de Londres peut toujours compter fur ma bienveil
MA I. 1756. 249
Lance fur ma protection. Le Corps des Négocians
de cette Capitale , & le Scheriff du Duché
d'Yorck , ont préfenté auffi des Adreffes à Sa Majeſté.
Le fieur Thomas Pownall vient d'être nommé
Gouverneur de la Nouvelle Angleterre , à la place
du fieur Shirley. Une partie des troupes deftinées
pour l'Acadie eft déja embarquée à Plymouth. On
fe propofe d'envoyer une fomme confidérable en
Amérique. Les , les Amiraux Byng & Weft firent
voile de Spitéad avec dix Vaiffeaux de guerre
pour la Méditerranée. Le Chef d'Efcadre Keppel
les fuivit le même jour avec 4 Vaiffeaux . Le Gouvernement
a donné ordre de couler à fond tous les
Bâtimens de Pêcheur , qui ont été pris fur les
François Le nombre des troupes Hanovériennes
qui doivent paffer dans la Grande - Bretagne , fera
de neuf mille hommes d'Infanterie , neuf cens de
Cavalerie , & trois cens du Corps d'Artillerie Gn
a tiré de l'Arcenal de la Tour quarante pieces decanon
, pour les tranſporter à Portſmouth . Sui
vant les nouvelles de Saffron - Walden , le 18 du
mois dernier à dix heures du matin , on y entendit
tout à coup un bruit extraordinaire . Peu après,
il tomba une grande quantité de grêle , dont la
plupart des grains avoient jufqu'à trois pouces &
demi de circonférence .
La Cour a ordonné de reftituer le Vaiſſeau
François , dont le Vaiffeau de guerre l'Expérience
s'eft emparé à peu de diſtance de Cadix,
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 6 avril, les autorités de Londres, incluant le Lord Maire, les Aldermen et les Sheriffs, ont exprimé leur dévouement à défendre le roi et son gouvernement, même au prix de leurs biens et de leurs vies. Le roi a remercié et affirmé sa confiance en leur soutien. Les négociants de Londres et le Sheriff du Duché d'York ont également présenté des adresses similaires. Thomas Pownall a été nommé gouverneur de la Nouvelle Angleterre, succédant à Shirley. Des troupes pour l'Acadie ont été embarquées à Plymouth, et des renforts pour l'Amérique sont prévus. Les amiraux Byng et West, ainsi que le chef d'escadre Keppel, ont pris la mer vers la Méditerranée avec des vaisseaux de guerre. Le gouvernement a ordonné de couler les bateaux de pêche français capturés et a préparé des troupes hanovriennes pour la Grande-Bretagne, incluant de l'infanterie, de la cavalerie et de l'artillerie. Des canons ont été transférés de la Tour de Londres à Portsmouth. À Saffron-Walden, un phénomène météorologique inhabituel avec une chute de grêle de grande taille a été observé. La Cour a ordonné la restitution d'un vaisseau français capturé par le navire de guerre l'Expérience près de Cadix.
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1303
p. 250-256
« Le 4 Avril, M. le Marquis de Paulmy, Secretaire d'Etat au [...] »
Début :
Le 4 Avril, M. le Marquis de Paulmy, Secretaire d'Etat au [...]
Mots clefs :
Sa Majesté, Nominations, Arrêt du Conseil d'État, Pensions, Duchesse de Mazarin, Marais, Culture de la terre, Académies, Clergé, Ouragan
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 4 Avril, M. le Marquis de Paulmy, Secretaire d'Etat au [...] »
LE 4 Avril , M. le Marquis de Pauliny , Secretaire
d'Etat au Département de la Guerre ,
furvivance de M. le Comte d'Argenfon , & Chancelier
de l'Ordre Royal & Militaire de Saint
Louis , préfenta au Roi les Commandeurs & Of
ficiers de l'Ordre , & les Bourfes de Jettons , ainfi
qu'il eft d'ufage.
Madame la Marquife de Choifeul & Madame
la Comteffe d'Efpiés furent préfentées le même
jour à Leurs Majeftés & à la Famille Royale.
Ce même jour , M. le Marquis de Monteil partit
pour le rendre à Bonn , en qualité de Miniftre
Plénipotentiaire du Roi près de l'Electeur de Cologne,
1
M.le Duc d'Orléans ayant invité le fieur Tronshin
, célebre Profeffeur de Médecine à Geneve
de fe rendre à Paris , pour inoculer la petite vérole
à M. le Duc de Chartres & à Mademoiſelle , cette
opération s'est faite au Palais Royal , le 25 du
mois dernier , après la préparation néceflaire
fans incifion , au moyen d'un léger véficatoire. Le
fuccès a répondu aux efpérances de M. le Duc &
de Madame la Ducheffe d'Orléans, & aux voeux de
toute la France .
Sur ce qui a été repréfenté au Roi , que plufieurs
terreins en marais & inondés , feroient propres
à produire de la Garance , & que quelques
perfonnes s'offroient à faire les frais néceffaires
pour cultiver cette plante qu'on eft obligé de tirer
MA I. 1756. 25T
par
des pays étrangers , & pour deffécher lesdits marais
, s'il lui plaifoit les faire jouir de quelques
exemptions & privileges , nommément de ceux
qui font attribués par l'Edit de 1607, ainfi que
la Déclaration de 1641 , & autres réglemens
fubféquens , à ceux qui font le defféchement des
marais incultes , Sa Majefté a ordonné que les particuliers
, qui voudroient entreprendre de cultiver
des plantations de Garance dans des marais &
autres lieux de pareille nature , ne pourroient
pendant vingt années , à compter du jour que les
defféchemens & défrichemens auront été commencés
, être impofés à la taille , eux ni ceux
qui feroient employés à ladite exploitation , pour
raifon de la propriété ou du profit à faire fur l'exploitation
des terres cultivées en Garance. Au cas
dans lequel ils feroient d'ailleurs impofables
pour leurs autres biens , facultés & exploitations ,
ils feront taxés d'office par l'Intendant & Commiffaire
départi . Veut de plus Sa Majefté qu'il leur
foit permis de tenir , tant à Paris que dans les autres
Villes & Lieux du Royaume , des magafins
de Garance provenant de leurs exploitations , &
de la vendre , foit en gros , foit en détail , fans
qu'ils puiffent être troublés ni inquiétés. Sa Majefté
évoque à Elle & à fon Confeil tous les procès
, différends & conteftations ; que ceux qui entreprendront
la culture defdites Garances pourront
avoirs, ou en demandant ou en défendant ,
pendant le cours de cinq années , pour raifon de
leurs entreprifes & des privileges à eux accordés .
Conféquemment Elle les renvoie, pardevant les In--
tendans & Commiffaires départis , pour être jugés
par eux en premiere inftance , fauf l'appel aus
Confeil.
22
Parsun Arrêt du Confeil d'Etat , l'Ordre de
Lvj
252 MERCURE DE FRANCE.
Malte , en payant la fomme de deux cens cine
quante mille livres par forme de don gratuit , eft
déchargé de l'exécution de l'Edit du mois de Mai:
1749 , portant établiffement du Vingtieme. Lef
dites deux cens cinquante mille livres feront
payées en cinq années , à raiſon de cinquante
mille livres chaque paiement , dont le premier
fera fait au mois d'Octobre prochain , & ainfi
d'année en année, jafqu'à l'entier acquittement de
la fomme totale. Entend Sa Majefté , que les penfions
établies & conftituées par les familles en faveur
des Chevaliers & Freres Novices , & les biens
'dont la jouiffance leur aura été abandonnée pour
le paiement , ou qui leur tiendront lieu defdites
penfions alimentaires , foient exemts de toute retenue
ou impofition du Vingtieme. Au cas que les
propriétaires , fermiers ou admodiateurs , mé
Tayers , locataires , receveurs , procureurs & autres
faifant valoir les biens chargés defdites penfions
, ayent été compris dans les rôles de ladite
impofition du Vingtieme , pour la totalité du produit
des biens dont ils jouiffent , fans aucune déduction
pour raifon des penfions dont ils font
chargés ; ils obtiendront , en repréſentant au. Prevôt
des Marchands & aux Intendans les titres enbonne
& due forme conftitutifs de ces penfions ,
les modérations du Vingtieme des fommes dont
ils feront tenus envers lefdits Chevaliers & Freres
Novices.
L'Académie Royale des Sciences ayant élu lefeur
Pingré , Chanoine Régulier & Bibliothécai
re de l'Abbaye de Sainte Geneviève , & le fieur
de Belidor , Colonel d'Infanterie , pour remplis
la place d'Affocié Libre qu'occupoit le feu fieur de
Gamaches dans cette Compagnie , le Roi informé
du mérite & des talens de l'un & de l'autre , les a
{
MAI. 1756. 253
nommés tous les deux. En même tems , Sa Majefté
a réglé que la premiere place , qui viendroir
à vaquer dans la Claffe des Affociés Libres , ne
feroit point remplie.
M. d'Alembert , de l'Académie Françoiſe & de
celle des Sciences , vient d'être nommé par cette
derniere Académie , Penfionnaire furnuméraire.
Le même Académicien vient auffi d'être élu extraordinairement
, à la recommandation du Pape ,
Affocié étranger de l'Inftitut de Bologne.
On apprend de Marfeille , que le Navire la
Sainte Elizabeth , Capitaine Jean-Jofeph Portail,
a eu , en revenant de Smirne , deux combats à
foutenir contre deux Bâtimens Anglois.
M. le Duc de Gefvres , Premier Gentilhomme
de la Chambre du Roi , & Gouverneur de Paris ,
& M. le Comte d'Argenſon , Miniftre & Secretaire
d'Etat , accompagnés de M. de Bernage ,, Prevôt
des Marchands, & de M. Stocard, Premier Echevin,
préfenterent le 8 à Sa Majeſté , avec M. le Marquis
de Marigny , Directeur & Ordonnateur Général
des Bâtimens , Arts & Manufactures , le Modele
en relief de la Place que la Ville fait conftruire
pour la Statue équestre du Roi. M. le Marquis de
Marigni conduifit enfuite le Roi au Modele de
P'Ecole Militaire. Sa Majefté donna des marques
de fa fatisfaction de l'un & de l'autre.
Le 9 Avril , à l'occaſion de la mort de la Princeffe
Douairiere de Rohan , le Prince de Condé ,
accompagné du Chevalier de Rohan & du Duc de
Duras , falua en long manteau de deuil leurs Ma
jeftés & la Famille Royale . La Princeffe de Guémené
, la Princeffe de Rohan , la Comteffe de
Marfan , la jeune Princeffe de Soubize , la Ducheffe
de Duras , la Ducheffe de Mazarin & la Ducheffe
de Chaulnes , saquitterent l'après- midi du
même cérémonial
254 MERCURE DE FRANCE.
Le Roi a accordé les Entrées de la Chambre
à l'Evêque de Chartres , Premier Aumônier
de la Reine , & frere de M. le Duc de Fleury .
La mort de Madame la Maréchal de Maillebois
laiffant une place vacante parmi les Dames nommées
pour accompagner Madame , le Roi en a
difpofé en faveur de Madame la Ducheffe de
Mazarin.
Sur la démiffion que M. le Duc de Bethune a
donné de fa place de Capitaine des Gardes du
Corps , Sa Majefté y a nommé M. le Duc de Mirpoix.
3 à
On a été informé par un courier , qui arriva le
14 Avril , de Rome , que le s le Pape avoit fait la
Promotion des Cardinaux pour les Couronnes. Les
nouveaux Membres du Sacré College font , M. de
Saulx de Tavannes , Archevêque de Rouen , à la
nomination du Roi l'Evêque de Conftance ,
la nomination de l'Empereur ; l'Archevêque de
Vienne en Autriche , à la nomination de l'Impératrice
Reine de Bohême & de Hongrie ; l'Archevêque
de Seville , à la nomination du Roi d'Efpagnes
M. de Luynes , Archevêque de Sens , à la
nomination du Chevalier de Saint Georges ; PA
chevêque de Turin , à la nomination du Roi de
Sardaigne ; Don François Saldanha de Gama ,
Principal de la Patriarchale de Lifbonne , à la
nomination du Roi de Portugal , M. dec Gêvre
Evêque de Beauvais , à la nomination du Roi de
Pologne Electeurs de Saxe ; & le fieur Archinto
Gouverneur de Rome
Le 13 Avril , à neuf heures & demie du
matin, Madame la Princeffe de Condé accoucha
heureufement d'un Prince , que le Roi a nommé
Duc de Bourbon. 1
Un Arrêt du Confeil d'Etat fixe à cinq livres da
MA I. 1756. 255
cent pefant les droits d'entrée dans le Royaume
fur les clous moyens & petits , venans de l'étran
ger, & à cinquante fols , auffi du cent pefant , les
droits fur les gros clous , dont le milliers en nombre
fera du poids de deux cens cinquante livres poidsde
marc..
Le premier tirage de la troifieme Loterie
Royale s'eft fait le 7 & les cinq jours fuivans . Le
principal Lot eſt échu au numéro 21959 ,
fecond au numéro 2378.
"
& le
Le Jeudi Saint , l'Evêque de Nantes ayant fait
PAbfoute, & le Roi ayant entendu le Sermon de la
Cêne de M. l'Abbé Bon , Théologal de la Cathédrale
d'Autun , Sa Majesté a lavé les pieds à douze
Pauvres , & les a fervis à table . M. le Prince de
Condé, Grand Maître de la Maiſon du Roi ,, étoit
à la tête des Maîtres d'Hôtel , & il précédoit le
fervice , dont les plats ont été portés par Monfei
gneur leDauphin , M. le Comte de Clermont, M. le
Prince de Conty, M. le Comte de la Marche , M. let
Comte d'Eu , M. le Duc de Penthievre , & par les
principaux Officiers de Sa Majefté .
La Reine entendit le Sermon de la Cêne , de M.
l'Abbé d'Efpiard , Chanoine de l'Eglife Métropo
litaine de Befançon , Confeiller- Clerc au Parle
ment de la même. Ville , & Prédicateur ordinaire
de Sa Majefté . L'Evêque de Nantes fit enfuite l'Abfoute
, après laquelle la Reine lava les pieds à
douze pauvres filles , que Sa Majefté fervit à table.
M.le Marquis de Chalmazel, premier Maître d'Hôtel
de la Reine , précéda le fervice . Les plats furent
portés par Madame la Dauphine , par Madame
, par Madame Sophie , par les Dames du Pa
lais , & par plufieurs autres Dames de la Cour.
M. de Sechelles ayant demandé la permiffion
de remettre la place de Contrôleur Général des
256 MERCURE DE FRANCE.
Finances à M. Peirenc de Moras , que le Roi lui
avoit donné pour adjoint , Sa Majefté y a confenti
; mais en même temps Elle a témoigné défiter
que ce Miniftre continuât d'affifter auConfeil .
Selon les avis reçus de Clermont en Auvergne
il s'y éleva le 18 après-midi un vent violent . Vers
les cinq heures du foir , il devint fi terrible , que
perfonne n'ofoit fortir de chez foi , & chacun
craignoit en même tems d'être enfeveli fous les
ruines de fa maifon . I renverfa plufieurs Bâtimens
& déracina une grande quantité des plus gros
arbres. Toutes les vitres des maiſons ont été caf
fées , prefque toutes les tuiles des toits emportées ,
& la plupart des cheminées abattues . Il y a eu un
homme tué dans la Ville . A.Riom , une Religieufe
du Monaftere de Notre- Dame a eu le même fort.
Plufieurs perfonnes ont été bleffées dangereufement.
Cet ouragan ne s'eft heureufement fait fendans
l'étendue de trois ou quatre lieues . Sa
que
durée n'a guere excédé deux heures .
tir
Sa Majefté a honoré de Lettres de Nobleffe M.
Dulattier , premier Chirurgien de la Reine.
Le 22 Avril , les Actions de la Compagnie des
Indes étoient à quatorze cens quatre-vingt - dixfept
livres ies Billets de la feconde Loterie
Royale , à fept cens trente -fix . Ceux de la premiere
& de la troifieme Loterie n'avoient point .
de prix fixe.
d'Etat au Département de la Guerre ,
furvivance de M. le Comte d'Argenfon , & Chancelier
de l'Ordre Royal & Militaire de Saint
Louis , préfenta au Roi les Commandeurs & Of
ficiers de l'Ordre , & les Bourfes de Jettons , ainfi
qu'il eft d'ufage.
Madame la Marquife de Choifeul & Madame
la Comteffe d'Efpiés furent préfentées le même
jour à Leurs Majeftés & à la Famille Royale.
Ce même jour , M. le Marquis de Monteil partit
pour le rendre à Bonn , en qualité de Miniftre
Plénipotentiaire du Roi près de l'Electeur de Cologne,
1
M.le Duc d'Orléans ayant invité le fieur Tronshin
, célebre Profeffeur de Médecine à Geneve
de fe rendre à Paris , pour inoculer la petite vérole
à M. le Duc de Chartres & à Mademoiſelle , cette
opération s'est faite au Palais Royal , le 25 du
mois dernier , après la préparation néceflaire
fans incifion , au moyen d'un léger véficatoire. Le
fuccès a répondu aux efpérances de M. le Duc &
de Madame la Ducheffe d'Orléans, & aux voeux de
toute la France .
Sur ce qui a été repréfenté au Roi , que plufieurs
terreins en marais & inondés , feroient propres
à produire de la Garance , & que quelques
perfonnes s'offroient à faire les frais néceffaires
pour cultiver cette plante qu'on eft obligé de tirer
MA I. 1756. 25T
par
des pays étrangers , & pour deffécher lesdits marais
, s'il lui plaifoit les faire jouir de quelques
exemptions & privileges , nommément de ceux
qui font attribués par l'Edit de 1607, ainfi que
la Déclaration de 1641 , & autres réglemens
fubféquens , à ceux qui font le defféchement des
marais incultes , Sa Majefté a ordonné que les particuliers
, qui voudroient entreprendre de cultiver
des plantations de Garance dans des marais &
autres lieux de pareille nature , ne pourroient
pendant vingt années , à compter du jour que les
defféchemens & défrichemens auront été commencés
, être impofés à la taille , eux ni ceux
qui feroient employés à ladite exploitation , pour
raifon de la propriété ou du profit à faire fur l'exploitation
des terres cultivées en Garance. Au cas
dans lequel ils feroient d'ailleurs impofables
pour leurs autres biens , facultés & exploitations ,
ils feront taxés d'office par l'Intendant & Commiffaire
départi . Veut de plus Sa Majefté qu'il leur
foit permis de tenir , tant à Paris que dans les autres
Villes & Lieux du Royaume , des magafins
de Garance provenant de leurs exploitations , &
de la vendre , foit en gros , foit en détail , fans
qu'ils puiffent être troublés ni inquiétés. Sa Majefté
évoque à Elle & à fon Confeil tous les procès
, différends & conteftations ; que ceux qui entreprendront
la culture defdites Garances pourront
avoirs, ou en demandant ou en défendant ,
pendant le cours de cinq années , pour raifon de
leurs entreprifes & des privileges à eux accordés .
Conféquemment Elle les renvoie, pardevant les In--
tendans & Commiffaires départis , pour être jugés
par eux en premiere inftance , fauf l'appel aus
Confeil.
22
Parsun Arrêt du Confeil d'Etat , l'Ordre de
Lvj
252 MERCURE DE FRANCE.
Malte , en payant la fomme de deux cens cine
quante mille livres par forme de don gratuit , eft
déchargé de l'exécution de l'Edit du mois de Mai:
1749 , portant établiffement du Vingtieme. Lef
dites deux cens cinquante mille livres feront
payées en cinq années , à raiſon de cinquante
mille livres chaque paiement , dont le premier
fera fait au mois d'Octobre prochain , & ainfi
d'année en année, jafqu'à l'entier acquittement de
la fomme totale. Entend Sa Majefté , que les penfions
établies & conftituées par les familles en faveur
des Chevaliers & Freres Novices , & les biens
'dont la jouiffance leur aura été abandonnée pour
le paiement , ou qui leur tiendront lieu defdites
penfions alimentaires , foient exemts de toute retenue
ou impofition du Vingtieme. Au cas que les
propriétaires , fermiers ou admodiateurs , mé
Tayers , locataires , receveurs , procureurs & autres
faifant valoir les biens chargés defdites penfions
, ayent été compris dans les rôles de ladite
impofition du Vingtieme , pour la totalité du produit
des biens dont ils jouiffent , fans aucune déduction
pour raifon des penfions dont ils font
chargés ; ils obtiendront , en repréſentant au. Prevôt
des Marchands & aux Intendans les titres enbonne
& due forme conftitutifs de ces penfions ,
les modérations du Vingtieme des fommes dont
ils feront tenus envers lefdits Chevaliers & Freres
Novices.
L'Académie Royale des Sciences ayant élu lefeur
Pingré , Chanoine Régulier & Bibliothécai
re de l'Abbaye de Sainte Geneviève , & le fieur
de Belidor , Colonel d'Infanterie , pour remplis
la place d'Affocié Libre qu'occupoit le feu fieur de
Gamaches dans cette Compagnie , le Roi informé
du mérite & des talens de l'un & de l'autre , les a
{
MAI. 1756. 253
nommés tous les deux. En même tems , Sa Majefté
a réglé que la premiere place , qui viendroir
à vaquer dans la Claffe des Affociés Libres , ne
feroit point remplie.
M. d'Alembert , de l'Académie Françoiſe & de
celle des Sciences , vient d'être nommé par cette
derniere Académie , Penfionnaire furnuméraire.
Le même Académicien vient auffi d'être élu extraordinairement
, à la recommandation du Pape ,
Affocié étranger de l'Inftitut de Bologne.
On apprend de Marfeille , que le Navire la
Sainte Elizabeth , Capitaine Jean-Jofeph Portail,
a eu , en revenant de Smirne , deux combats à
foutenir contre deux Bâtimens Anglois.
M. le Duc de Gefvres , Premier Gentilhomme
de la Chambre du Roi , & Gouverneur de Paris ,
& M. le Comte d'Argenſon , Miniftre & Secretaire
d'Etat , accompagnés de M. de Bernage ,, Prevôt
des Marchands, & de M. Stocard, Premier Echevin,
préfenterent le 8 à Sa Majeſté , avec M. le Marquis
de Marigny , Directeur & Ordonnateur Général
des Bâtimens , Arts & Manufactures , le Modele
en relief de la Place que la Ville fait conftruire
pour la Statue équestre du Roi. M. le Marquis de
Marigni conduifit enfuite le Roi au Modele de
P'Ecole Militaire. Sa Majefté donna des marques
de fa fatisfaction de l'un & de l'autre.
Le 9 Avril , à l'occaſion de la mort de la Princeffe
Douairiere de Rohan , le Prince de Condé ,
accompagné du Chevalier de Rohan & du Duc de
Duras , falua en long manteau de deuil leurs Ma
jeftés & la Famille Royale . La Princeffe de Guémené
, la Princeffe de Rohan , la Comteffe de
Marfan , la jeune Princeffe de Soubize , la Ducheffe
de Duras , la Ducheffe de Mazarin & la Ducheffe
de Chaulnes , saquitterent l'après- midi du
même cérémonial
254 MERCURE DE FRANCE.
Le Roi a accordé les Entrées de la Chambre
à l'Evêque de Chartres , Premier Aumônier
de la Reine , & frere de M. le Duc de Fleury .
La mort de Madame la Maréchal de Maillebois
laiffant une place vacante parmi les Dames nommées
pour accompagner Madame , le Roi en a
difpofé en faveur de Madame la Ducheffe de
Mazarin.
Sur la démiffion que M. le Duc de Bethune a
donné de fa place de Capitaine des Gardes du
Corps , Sa Majefté y a nommé M. le Duc de Mirpoix.
3 à
On a été informé par un courier , qui arriva le
14 Avril , de Rome , que le s le Pape avoit fait la
Promotion des Cardinaux pour les Couronnes. Les
nouveaux Membres du Sacré College font , M. de
Saulx de Tavannes , Archevêque de Rouen , à la
nomination du Roi l'Evêque de Conftance ,
la nomination de l'Empereur ; l'Archevêque de
Vienne en Autriche , à la nomination de l'Impératrice
Reine de Bohême & de Hongrie ; l'Archevêque
de Seville , à la nomination du Roi d'Efpagnes
M. de Luynes , Archevêque de Sens , à la
nomination du Chevalier de Saint Georges ; PA
chevêque de Turin , à la nomination du Roi de
Sardaigne ; Don François Saldanha de Gama ,
Principal de la Patriarchale de Lifbonne , à la
nomination du Roi de Portugal , M. dec Gêvre
Evêque de Beauvais , à la nomination du Roi de
Pologne Electeurs de Saxe ; & le fieur Archinto
Gouverneur de Rome
Le 13 Avril , à neuf heures & demie du
matin, Madame la Princeffe de Condé accoucha
heureufement d'un Prince , que le Roi a nommé
Duc de Bourbon. 1
Un Arrêt du Confeil d'Etat fixe à cinq livres da
MA I. 1756. 255
cent pefant les droits d'entrée dans le Royaume
fur les clous moyens & petits , venans de l'étran
ger, & à cinquante fols , auffi du cent pefant , les
droits fur les gros clous , dont le milliers en nombre
fera du poids de deux cens cinquante livres poidsde
marc..
Le premier tirage de la troifieme Loterie
Royale s'eft fait le 7 & les cinq jours fuivans . Le
principal Lot eſt échu au numéro 21959 ,
fecond au numéro 2378.
"
& le
Le Jeudi Saint , l'Evêque de Nantes ayant fait
PAbfoute, & le Roi ayant entendu le Sermon de la
Cêne de M. l'Abbé Bon , Théologal de la Cathédrale
d'Autun , Sa Majesté a lavé les pieds à douze
Pauvres , & les a fervis à table . M. le Prince de
Condé, Grand Maître de la Maiſon du Roi ,, étoit
à la tête des Maîtres d'Hôtel , & il précédoit le
fervice , dont les plats ont été portés par Monfei
gneur leDauphin , M. le Comte de Clermont, M. le
Prince de Conty, M. le Comte de la Marche , M. let
Comte d'Eu , M. le Duc de Penthievre , & par les
principaux Officiers de Sa Majefté .
La Reine entendit le Sermon de la Cêne , de M.
l'Abbé d'Efpiard , Chanoine de l'Eglife Métropo
litaine de Befançon , Confeiller- Clerc au Parle
ment de la même. Ville , & Prédicateur ordinaire
de Sa Majefté . L'Evêque de Nantes fit enfuite l'Abfoute
, après laquelle la Reine lava les pieds à
douze pauvres filles , que Sa Majefté fervit à table.
M.le Marquis de Chalmazel, premier Maître d'Hôtel
de la Reine , précéda le fervice . Les plats furent
portés par Madame la Dauphine , par Madame
, par Madame Sophie , par les Dames du Pa
lais , & par plufieurs autres Dames de la Cour.
M. de Sechelles ayant demandé la permiffion
de remettre la place de Contrôleur Général des
256 MERCURE DE FRANCE.
Finances à M. Peirenc de Moras , que le Roi lui
avoit donné pour adjoint , Sa Majefté y a confenti
; mais en même temps Elle a témoigné défiter
que ce Miniftre continuât d'affifter auConfeil .
Selon les avis reçus de Clermont en Auvergne
il s'y éleva le 18 après-midi un vent violent . Vers
les cinq heures du foir , il devint fi terrible , que
perfonne n'ofoit fortir de chez foi , & chacun
craignoit en même tems d'être enfeveli fous les
ruines de fa maifon . I renverfa plufieurs Bâtimens
& déracina une grande quantité des plus gros
arbres. Toutes les vitres des maiſons ont été caf
fées , prefque toutes les tuiles des toits emportées ,
& la plupart des cheminées abattues . Il y a eu un
homme tué dans la Ville . A.Riom , une Religieufe
du Monaftere de Notre- Dame a eu le même fort.
Plufieurs perfonnes ont été bleffées dangereufement.
Cet ouragan ne s'eft heureufement fait fendans
l'étendue de trois ou quatre lieues . Sa
que
durée n'a guere excédé deux heures .
tir
Sa Majefté a honoré de Lettres de Nobleffe M.
Dulattier , premier Chirurgien de la Reine.
Le 22 Avril , les Actions de la Compagnie des
Indes étoient à quatorze cens quatre-vingt - dixfept
livres ies Billets de la feconde Loterie
Royale , à fept cens trente -fix . Ceux de la premiere
& de la troifieme Loterie n'avoient point .
de prix fixe.
Fermer
Résumé : « Le 4 Avril, M. le Marquis de Paulmy, Secretaire d'Etat au [...] »
Le 4 avril, le Marquis de Pauliny présenta au Roi les Commandeurs et Officiers de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis, ainsi que les Bourdes de Jettons. Madame la Marquise de Choiseul et Madame la Comtesse d'Espiès furent également présentées au Roi et à la Famille Royale. Le Marquis de Monteil fut envoyé à Bonn en tant que Ministre Plénipotentiaire du Roi près de l'Électeur de Cologne. Le Duc d'Orléans fit venir le professeur de médecine Tronshin à Paris pour inoculer la petite vérole au Duc de Chartres et à Mademoiselle, opération réussie au Palais Royal le 25 du mois précédent. Le Roi accorda des exemptions fiscales pour vingt ans aux particuliers cultivant la garance dans des marais, ainsi que la permission de vendre cette plante sans être inquiétés. Il suspendit également les procès liés à cette culture pour cinq ans. Un arrêt du Conseil d'État exempta Malte du Vingtième en échange d'un paiement de 250 000 livres sur cinq ans et exempta les pensions des Chevaliers de Malte de cette imposition. L'Académie Royale des Sciences élut Pingré et Belidor comme Associés Libres, nommés par le Roi. D'Alembert fut nommé Pensionnaire surnuméraire et Associé étranger de l'Institut de Bologne. Le navire Sainte Elizabeth eut deux combats contre des bâtiments anglais. Le Duc de Gesvres et le Comte d'Argenson présentèrent au Roi le modèle de la Place pour la Statue équestre du Roi et celui de l'École Militaire. Le 9 avril, le Prince de Condé et plusieurs princesses saluèrent le Roi et la Famille Royale à l'occasion de la mort de la Princesse Douairière de Rohan. Le Roi accorda l'Entrée de la Chambre à l'Évêque de Chartres et nomma la Duchesse de Mazarin pour accompagner Madame, remplaçant la Maréchale de Maillebois. Le Duc de Mirpoix fut nommé Capitaine des Gardes du Corps. Le Pape promit plusieurs nouveaux cardinaux, dont l'Archevêque de Rouen à la nomination du Roi. Le 13 avril, la Princesse de Condé accoucha d'un prince, nommé Duc de Bourbon par le Roi. Un arrêt du Conseil d'État fixa les droits d'entrée pour les clous étrangers. La troisième Loterie Royale eut lieu du 7 au 12 avril. Le Jeudi Saint, le Roi et la Reine lavèrent les pieds de douze pauvres. Un violent ouragan frappa Clermont en Auvergne, causant des dégâts et des victimes. Le Roi anoblit Dulattier, premier Chirurgien de la Reine. Le 22 avril, les actions de la Compagnie des Indes étaient à 1 497 livres et les billets de la seconde Loterie Royale à 736 livres.
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1304
p. 256
BÉNÉFICES DONNÉS.
Début :
Sa Majesté a donné l'Abbaye de Bonnefont, Ordre de Cîteaux, [...]
Mots clefs :
Abbayes, Diocèses, Ordre de Cîteaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BÉNÉFICES DONNÉS.
BÉNÉFICES DONNÉS..
SA Majefté a donné l'Abbaye de Bonnefont ,
Ordre de Cîteaux , Diocefe de Cominges , à l'Abbé
de Meyere , Vicaire Général de l'Evêché de
Laon , & l'Abbaye Réguliere du Pin , même Or--
dre , Dioceſe de Poitiers , à Dom Rouleau
Religieux de cer . Ordre , & Abbé de la Colombe.
SA Majefté a donné l'Abbaye de Bonnefont ,
Ordre de Cîteaux , Diocefe de Cominges , à l'Abbé
de Meyere , Vicaire Général de l'Evêché de
Laon , & l'Abbaye Réguliere du Pin , même Or--
dre , Dioceſe de Poitiers , à Dom Rouleau
Religieux de cer . Ordre , & Abbé de la Colombe.
Fermer
1305
p. 257-261
MORTS.
Début :
Joseph de Mailly, Marquis de Mailly-Hancourt, mourut le 7 Décembre dernier [...]
Mots clefs :
Morts, Marquis, Seigneur, Chevalier, Maison de Lostanges
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORT S.
Correction pour le premier volume de Janvier
1756.
L'articlefuivant ayant été donné peu exactement
dans le premier volume de Janvier, on le répétera ici
en entier.
Jofeph de Mailly , Marquis de Mailly-Haucourt
, mourut le 7 Décembre dernier au Château
de la Roche d'Evaux , dans le Maine , âgé de 75
ans . Il avoit été Page de la Petite Ecurie , enfuite
Moufquetaire Gris , d'où il paffa dans le Régiment
du Roi , qu'il ne quitta après plufieurs campagnes
que pour le marier en 1704 , à N.... de la Riviere
d'Evaux , de laquelle il a eu fix enfans , defquels
deux font morts en bas- âge,un étant Chevalier de
Malte , deux autres font morts plus âgés , l'un
Chevalier de Malte , & l'autre Eccléfiaftique . Lès
deux qui reftent font le Comte de Mailly , Lieutenant
Général des Armées du Roi , Infpecteur de
Cavalerie , & Demoiſelle Marie- Jofephe- Magdeleine
de Mailly domiciliée à Paris depuis plufieurs
années.
Correction pour le second volume de Janvier
1756.
p. 231 , lig. 21, aujourd'hui Préſident du Parlement,
effacez aujourd'hui , & lifez Préfident du Parlement
de Paris , mort à Soiffons le 29 Avril 1754
lequel avoit époufé le 25 Novembre 1729 , 1729 , &c.
2
Meffire Louis - Antoine- Charles de Saint
Simon , appellé le Chevalier de Courtomer
Chevalier de l'Ordre de Saint Jean de Jéruſalem,.
eft mort au Château de la Motte - Fouqué en
258 MERCURE DE FRANCE.
Normandie , âgé de vingt-un ans. Il étoit fils de
feu Meffire Gui- Antoine de Saint Simon , Marquis
de Courtomer, Meftre de Camp de Cavalerie,
& Capitaine des Gardes de feue Madame la Ducheffe
de Berri .
Meffire Jean-Louis de Loflanges , Marquis de
Beduer, Comte de Corn , Goudon, & c . Seigneur de
Sainte Neboule , Saint Laurens , Camboufie , Patron
de Liflac , eft mort le 27 Décembre dans fon
Château de Beduer en Querci , & a été inhumé le
lendemain dans l'Eglife du Monaftere des Religieufes
de Liffac. Il ne laiffe pas d'enfans de Marie
Pulcherie - Anaftafie de Foucaud - d'Alzon
Dame de Jonnac , Mandens , &c . fon épouse
qu'il a inftituée héritiere de tous fes biens , à la
charge de les rendre à fon choix à un Loftanges.
-
·
>
La Maiſon de Loftanges tire fon nom du Châ
teau de Loftanges , dans le Bas-Limofin , où elle
étoit confidérable dès le douzieme fiecle. La branche
des Marquis de Beduer eft fortie de celle de
Saint Alvaire , laquelle avoit été formée par
Jean-Aimar de Loftanges , Chevalier , qui époufa
le 27 Septembre 1446 , Antoinette de Vayrines ,
dite de Limeuil , Dame de Saint - Alvaire en Périgord
, de laquelle il eut entr'autres , Jean , dit
Janicor de Loftanges , Seigneur de Saint - Alvaire ,
allié par contrat , du 3 Janvier 1508 , à Marie
fille de Jean de Salagnac , Seigneur de la Motte-
Fenelon , Maître d'Hôtel ordinaire du Roi , & de
Catherine de Lauzieres-Themines. De ce mariage
fortirent, entr'autres , Bertrand , dont nous allons
parler ; & François , Auteur de la branche des Seigneurs
de Palliez en Saintonge.
Bertrand de Loftanges , Seigneur de Saint- Alvaire
, fut pere par Marie de Montberon de Hugues
, Seigneur de Saint - Alvaire , Chevalier de
ΜΑΙ . 1796. 259
l'ordre du Roi , Gentilhomme de la Chambre ,
Capitaine de cinquante hommes d'Armes de fes
Ordonnances , marié à Galiotte de Gourdon de
Genouillac , fille de Jean , Baron de Vaillac , Chevalier
de l'ordre du Roi , Gouverneur du Château-
Trompette , &c ; & de Jeanne le Brun , Dame
de Boiffet. Il eut de certe alliance , 1º . Jean-
Louis , qui a continué la branche de Saint- Alvaire.
2. Louis-François , qui a formé celle des
Marquis de Beduer , que nous rapporterons enfuite.
.
Jean-Louis de Loftanges , Baron de Saint - Alvaire
, fut allié à Elifabeth , fille de Jacques de
Cruffol , Duc d'Uzès , Pair de France , Chevalier
des Ordres du Roi , & de Françoile de Clermont-
Tonnerre. Il eut de ce mariage , entr'autres , Emmanuel-
Galliot de Loftanges , Marquis de Saint-
Alvaire , Sénéchal , & Gouverneur de Querci ,
qui de fa femme Claude - Simonne Eberard de
Saint-Sulpice , Dame du Vigan , a eu, entr'autres,
Louis de Loftanges qui fuit : Emmanuel , dit le
Comte de Saint-Alvaire , Gouverneur & Sénéchal
de Querci ; Louis , Seigneur d'Uffel ; & François ,
dit le Chevalier de Saint- Alvaire .
Louis de Loftanges , Marquis de Saint- Alvaire
, Baron du Vigan , Sénéchal & Gouverneur de
Querci , Chevalier de Saint Louis , perdit un ceil
à la Bataille de Senef , & fut noyé dans la Dordogne
en Décembre 1705. Il avoit épousé Roſe ,
fille de Louis , Marquis de Cadrieu , & de Marie
de Saint- Nectaire de Veyrieres , de laquelle il a eu ,
entr'autres , Armand - Louis - Claude - Simon de
Loftanges , Marquis de Sainte Alvaire , Sénéchal
& Gouverneur de Querci , allié en 1719 à Marie
de Larmandie de Longua. Leurs enfans font ,
1º. Armand - Louis - Marie , Marquis de Lof
tanges , Meftre de Camp du Régiment des Cui
260 MERCURE DE FRANCE..
raffiers du Roi , premier Ecuyer de Madame Adelaïde
, marié le 8 Mai 1754 , à Marie -Elizabeth-
Charlotte-Pauline de Galucci de l'Hôpital. Voyez
le Mercure du mois de Juin 1754 , fecond volume
pag. 197.
2º. Alexandre- Rofe de Loftanges , Marquis de
Cadrieu , né le 18 Octobre 1723 , Capitaine de
Dragons.
A
3. N ... de Loftanges , dit le Vicomte de
Saint - Alvaire , né en 1733 .
4°. Marie-Julie de Loftanges.
5º , 6º & 7°. Trois autres filles.
Louis-François de Loftanges , fecond fils de
Flugues , Seigneur de Saint- Alvaire & de Galiotte
de Gourdon de Genouillac , fut Colonel d'un Régiment
d'Infanterie dans les Armées des Rois Henri
IV & Louis XIII . II forma la branche des
Marquis de Beduer. Il époufa , 19. Jeanne de Luzech
, veuve & donataire de Jean de Narbonnez
Baron de Puillaunez & de Beduer , de laquelle il
n'eut point d'enfans. 2 ° Jeanne de Marqueyssac,
yeuve de N.... de Saint Aftier , Seigneur de Borie
, dont vint , entr'autres , Jean- Louis de Loftanges
, Comte de Beduer , Capitaine Commandant
le Régiment de Candale Cavalerie , député
de la Nobleffe de Guyenne , puis de celle de
Périgord. Il fut marié à Françoiſe de Gourdon de
Genouillac , fille de Jean , Seigneur de Reillac ,
& en eut deux fils , Francois- Louis qui fuit , &
Jean - Marguerit de Loftanges , Auteur de la
Branche de Cuxac , qui fera rapportée.
François-Louis -de Loftanges , Comte de Beduer
, qui mourut en 1692 , eut de fa femme
Marie-Renée Menardeau , entr'autres Louis- Henri
& Laurent de Loftanges. Louis - Henri- de
Loftanges , Comte de Beduer , fut marié à Fran
soife du Mont de laquelle il eut
>
MA I. 1756.
261
1. Louis de Loftanges , Marquis de Beduer ,
mort en Septembre 1746 , fans enfans de N..
du Maine du Bourg , petite fille du Maréchal du
Bourg , actuellement vivante.
..
20. Jean Louis , qui donne lieu à cet article ,
3°. Renée de Loſtanges , aujourd'hui Prieure de
Liffac.
Laurent de Loftanges , frere de Louis- Henri ,
a laiffé un fils nommé Louis de Loftanges , Seigneur
de Jarmons , Cornette de Cavaleriiee ,, àà préfent
Chefde la Branche de Beduer.
-
Jean Marguerit de Loftanges , fecond fils de
Jean-Louis, Comte de Beduer ; & de Françoife de
Gourdon de Genouillac , fut Marquis de Felains ,
Seigneur de Cufac ou Cuxac , en Rouergue , &
mourut en 1691. Il avoit épousé Marguerite de
Corn-d'Ampare dont il eut , entr'autres enfans ,
Jean-François de Loftanges , Seigneur de Cuxac ,
marié le 10 Août 1711 , à Françoiſe de la Mothe.
La Maifon de Loftanges porte pour Armes
d'argent au Lion de gueules courronné , accompagné
de cinq étoiles de même en orle.
Meffire François- Edouard le Gras de Vauberfey,
Chevalier , Seigneur de Montgenot , Lieute
nant des Maréchaux de France au département de
Champagne & de Brie , eft mort le 7 Mars dans
fon Château de Montgenot en Champagne , âgé
de 54 ans. Il avoit époufé le 11 Septembre dernier
Demoiſelle Marie Claire de Relongue - de la
Louptiere.
Correction pour le premier volume de Janvier
1756.
L'articlefuivant ayant été donné peu exactement
dans le premier volume de Janvier, on le répétera ici
en entier.
Jofeph de Mailly , Marquis de Mailly-Haucourt
, mourut le 7 Décembre dernier au Château
de la Roche d'Evaux , dans le Maine , âgé de 75
ans . Il avoit été Page de la Petite Ecurie , enfuite
Moufquetaire Gris , d'où il paffa dans le Régiment
du Roi , qu'il ne quitta après plufieurs campagnes
que pour le marier en 1704 , à N.... de la Riviere
d'Evaux , de laquelle il a eu fix enfans , defquels
deux font morts en bas- âge,un étant Chevalier de
Malte , deux autres font morts plus âgés , l'un
Chevalier de Malte , & l'autre Eccléfiaftique . Lès
deux qui reftent font le Comte de Mailly , Lieutenant
Général des Armées du Roi , Infpecteur de
Cavalerie , & Demoiſelle Marie- Jofephe- Magdeleine
de Mailly domiciliée à Paris depuis plufieurs
années.
Correction pour le second volume de Janvier
1756.
p. 231 , lig. 21, aujourd'hui Préſident du Parlement,
effacez aujourd'hui , & lifez Préfident du Parlement
de Paris , mort à Soiffons le 29 Avril 1754
lequel avoit époufé le 25 Novembre 1729 , 1729 , &c.
2
Meffire Louis - Antoine- Charles de Saint
Simon , appellé le Chevalier de Courtomer
Chevalier de l'Ordre de Saint Jean de Jéruſalem,.
eft mort au Château de la Motte - Fouqué en
258 MERCURE DE FRANCE.
Normandie , âgé de vingt-un ans. Il étoit fils de
feu Meffire Gui- Antoine de Saint Simon , Marquis
de Courtomer, Meftre de Camp de Cavalerie,
& Capitaine des Gardes de feue Madame la Ducheffe
de Berri .
Meffire Jean-Louis de Loflanges , Marquis de
Beduer, Comte de Corn , Goudon, & c . Seigneur de
Sainte Neboule , Saint Laurens , Camboufie , Patron
de Liflac , eft mort le 27 Décembre dans fon
Château de Beduer en Querci , & a été inhumé le
lendemain dans l'Eglife du Monaftere des Religieufes
de Liffac. Il ne laiffe pas d'enfans de Marie
Pulcherie - Anaftafie de Foucaud - d'Alzon
Dame de Jonnac , Mandens , &c . fon épouse
qu'il a inftituée héritiere de tous fes biens , à la
charge de les rendre à fon choix à un Loftanges.
-
·
>
La Maiſon de Loftanges tire fon nom du Châ
teau de Loftanges , dans le Bas-Limofin , où elle
étoit confidérable dès le douzieme fiecle. La branche
des Marquis de Beduer eft fortie de celle de
Saint Alvaire , laquelle avoit été formée par
Jean-Aimar de Loftanges , Chevalier , qui époufa
le 27 Septembre 1446 , Antoinette de Vayrines ,
dite de Limeuil , Dame de Saint - Alvaire en Périgord
, de laquelle il eut entr'autres , Jean , dit
Janicor de Loftanges , Seigneur de Saint - Alvaire ,
allié par contrat , du 3 Janvier 1508 , à Marie
fille de Jean de Salagnac , Seigneur de la Motte-
Fenelon , Maître d'Hôtel ordinaire du Roi , & de
Catherine de Lauzieres-Themines. De ce mariage
fortirent, entr'autres , Bertrand , dont nous allons
parler ; & François , Auteur de la branche des Seigneurs
de Palliez en Saintonge.
Bertrand de Loftanges , Seigneur de Saint- Alvaire
, fut pere par Marie de Montberon de Hugues
, Seigneur de Saint - Alvaire , Chevalier de
ΜΑΙ . 1796. 259
l'ordre du Roi , Gentilhomme de la Chambre ,
Capitaine de cinquante hommes d'Armes de fes
Ordonnances , marié à Galiotte de Gourdon de
Genouillac , fille de Jean , Baron de Vaillac , Chevalier
de l'ordre du Roi , Gouverneur du Château-
Trompette , &c ; & de Jeanne le Brun , Dame
de Boiffet. Il eut de certe alliance , 1º . Jean-
Louis , qui a continué la branche de Saint- Alvaire.
2. Louis-François , qui a formé celle des
Marquis de Beduer , que nous rapporterons enfuite.
.
Jean-Louis de Loftanges , Baron de Saint - Alvaire
, fut allié à Elifabeth , fille de Jacques de
Cruffol , Duc d'Uzès , Pair de France , Chevalier
des Ordres du Roi , & de Françoile de Clermont-
Tonnerre. Il eut de ce mariage , entr'autres , Emmanuel-
Galliot de Loftanges , Marquis de Saint-
Alvaire , Sénéchal , & Gouverneur de Querci ,
qui de fa femme Claude - Simonne Eberard de
Saint-Sulpice , Dame du Vigan , a eu, entr'autres,
Louis de Loftanges qui fuit : Emmanuel , dit le
Comte de Saint-Alvaire , Gouverneur & Sénéchal
de Querci ; Louis , Seigneur d'Uffel ; & François ,
dit le Chevalier de Saint- Alvaire .
Louis de Loftanges , Marquis de Saint- Alvaire
, Baron du Vigan , Sénéchal & Gouverneur de
Querci , Chevalier de Saint Louis , perdit un ceil
à la Bataille de Senef , & fut noyé dans la Dordogne
en Décembre 1705. Il avoit épousé Roſe ,
fille de Louis , Marquis de Cadrieu , & de Marie
de Saint- Nectaire de Veyrieres , de laquelle il a eu ,
entr'autres , Armand - Louis - Claude - Simon de
Loftanges , Marquis de Sainte Alvaire , Sénéchal
& Gouverneur de Querci , allié en 1719 à Marie
de Larmandie de Longua. Leurs enfans font ,
1º. Armand - Louis - Marie , Marquis de Lof
tanges , Meftre de Camp du Régiment des Cui
260 MERCURE DE FRANCE..
raffiers du Roi , premier Ecuyer de Madame Adelaïde
, marié le 8 Mai 1754 , à Marie -Elizabeth-
Charlotte-Pauline de Galucci de l'Hôpital. Voyez
le Mercure du mois de Juin 1754 , fecond volume
pag. 197.
2º. Alexandre- Rofe de Loftanges , Marquis de
Cadrieu , né le 18 Octobre 1723 , Capitaine de
Dragons.
A
3. N ... de Loftanges , dit le Vicomte de
Saint - Alvaire , né en 1733 .
4°. Marie-Julie de Loftanges.
5º , 6º & 7°. Trois autres filles.
Louis-François de Loftanges , fecond fils de
Flugues , Seigneur de Saint- Alvaire & de Galiotte
de Gourdon de Genouillac , fut Colonel d'un Régiment
d'Infanterie dans les Armées des Rois Henri
IV & Louis XIII . II forma la branche des
Marquis de Beduer. Il époufa , 19. Jeanne de Luzech
, veuve & donataire de Jean de Narbonnez
Baron de Puillaunez & de Beduer , de laquelle il
n'eut point d'enfans. 2 ° Jeanne de Marqueyssac,
yeuve de N.... de Saint Aftier , Seigneur de Borie
, dont vint , entr'autres , Jean- Louis de Loftanges
, Comte de Beduer , Capitaine Commandant
le Régiment de Candale Cavalerie , député
de la Nobleffe de Guyenne , puis de celle de
Périgord. Il fut marié à Françoiſe de Gourdon de
Genouillac , fille de Jean , Seigneur de Reillac ,
& en eut deux fils , Francois- Louis qui fuit , &
Jean - Marguerit de Loftanges , Auteur de la
Branche de Cuxac , qui fera rapportée.
François-Louis -de Loftanges , Comte de Beduer
, qui mourut en 1692 , eut de fa femme
Marie-Renée Menardeau , entr'autres Louis- Henri
& Laurent de Loftanges. Louis - Henri- de
Loftanges , Comte de Beduer , fut marié à Fran
soife du Mont de laquelle il eut
>
MA I. 1756.
261
1. Louis de Loftanges , Marquis de Beduer ,
mort en Septembre 1746 , fans enfans de N..
du Maine du Bourg , petite fille du Maréchal du
Bourg , actuellement vivante.
..
20. Jean Louis , qui donne lieu à cet article ,
3°. Renée de Loſtanges , aujourd'hui Prieure de
Liffac.
Laurent de Loftanges , frere de Louis- Henri ,
a laiffé un fils nommé Louis de Loftanges , Seigneur
de Jarmons , Cornette de Cavaleriiee ,, àà préfent
Chefde la Branche de Beduer.
-
Jean Marguerit de Loftanges , fecond fils de
Jean-Louis, Comte de Beduer ; & de Françoife de
Gourdon de Genouillac , fut Marquis de Felains ,
Seigneur de Cufac ou Cuxac , en Rouergue , &
mourut en 1691. Il avoit épousé Marguerite de
Corn-d'Ampare dont il eut , entr'autres enfans ,
Jean-François de Loftanges , Seigneur de Cuxac ,
marié le 10 Août 1711 , à Françoiſe de la Mothe.
La Maifon de Loftanges porte pour Armes
d'argent au Lion de gueules courronné , accompagné
de cinq étoiles de même en orle.
Meffire François- Edouard le Gras de Vauberfey,
Chevalier , Seigneur de Montgenot , Lieute
nant des Maréchaux de France au département de
Champagne & de Brie , eft mort le 7 Mars dans
fon Château de Montgenot en Champagne , âgé
de 54 ans. Il avoit époufé le 11 Septembre dernier
Demoiſelle Marie Claire de Relongue - de la
Louptiere.
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Résumé : MORTS.
En 1756, plusieurs décès et corrections de généalogie ont été enregistrés. Joseph de Mailly, Marquis de Mailly-Haucourt, est décédé le 7 décembre 1755 au Château de la Roche d'Evaux à l'âge de 75 ans. Il a occupé divers postes militaires et a eu six enfants. Deux sont décédés en bas âge, deux sont Chevaliers de Malte, un est ecclésiastique, et deux survivants sont le Comte de Mailly et Demoiselle Marie-Josèphe-Madeleine de Mailly. Le texte mentionne également des corrections pour le second volume de janvier 1756. Louis-Antoine-Charles de Saint Simon, Chevalier de Courtomer, est décédé à l'âge de 21 ans au Château de la Motte-Fouqué en Normandie. Jean-Louis de Loflanges, Marquis de Beduer, est décédé le 27 décembre 1755 dans son Château de Beduer en Quercy et a été inhumé le lendemain. Il n'a laissé aucun enfant et a institué son épouse héritière de tous ses biens. La Maison de Loflanges, tirant son nom du Château de Loflanges en Bas-Limousin, est mentionnée comme étant considérable dès le douzième siècle. Le texte détaille la généalogie des Marquis de Beduer, incluant plusieurs générations et alliances matrimoniales. François-Édouard le Gras de Vauberfey, Chevalier et Seigneur de Montgenot, est décédé le 7 mars 1756 à l'âge de 54 ans dans son Château de Montgenot en Champagne. Il avait épousé Demoiselle Marie Claire de Relongue-de-la-Louptiere.
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1306
p. 207
DU NORD.
Début :
En conséquence d'un Décret qui vient d'être publié, les Vaisseaux soit [...]
Mots clefs :
Copenhague, Décret, Vaisseaux, Cronenbourg
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE
COPPENHAGUE , le IS Avril.
EN conféquence d'un Décret qui vient d'être
publié, les Vaiffeaux foit nationaux foit étrangers,
feront tenus à l'avenir , lorfqu'ils pafferont le
Sund , de baiffer le pavillon pendant cinq minutes
devant la fortereffe de Cronenbourg , fous
peine d'y être contrains par le canon de cette
Fortereffe.
DE
COPPENHAGUE , le IS Avril.
EN conféquence d'un Décret qui vient d'être
publié, les Vaiffeaux foit nationaux foit étrangers,
feront tenus à l'avenir , lorfqu'ils pafferont le
Sund , de baiffer le pavillon pendant cinq minutes
devant la fortereffe de Cronenbourg , fous
peine d'y être contrains par le canon de cette
Fortereffe.
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1307
p. 207-209
ALLEMAGNE.
Début :
On mande de Belgrade que la tranquillité y est enfin rétablie; [...]
Mots clefs :
Vienne, Dresde, Berlin, Bonn, Fin des séditions, Ali Pacha Hekin Oglou, Conférences de Hall, Diplomatie, Édit, Marquis de Monteil, Ministre plénipotentiaire de France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 24 Avril.
On mande de Belgrade que la tranquillité y eft
enfin rétablie ; qu'Achmet , chef des féditieux , a
été étranglé , & que quelques autres des principaux
mutins ont été condamnés aux galeres . Selon
les avis reçus de Conftantinople , le Grand Vifir
Saïd Mehemet Pacha a été déposé le premier de
ce mois , & relégué à Stanchio , une des Iles de
P'Archipel. En attendant que Sa Hauteffe lui
donne un fucceffeur , l'Aga des Janiffaires remplit
les fonctions de premier Miniftre. On croit que
les fceaux de l'Empire feront confiés pour la cinquieme
fois au fameux Ali Pacha Hekin Oglou.
208 MERCURE DE FRANCE.
DE DRESDE , le 20 Avril.
Quelques Gazettes étrangeres ont publié fans
fondement , que les conférences de Hall étoient
rompues. Les Commiffaires du Roi & ceux de Sa
Majeſté Pruffienne continuent d'y être affemblés..
M. de Linau , Secretaire de l'Ainbaffade de France
en cette Cour , ayant obtenu la permiffion de
retourner à Paris à caufe de fes indifpofitions , eft
remplacé par M de Lancey qui a rélidé pendant
quelques années de la part de Sa Majeſté très-
Chrétienne auprès du Kan des Tartares de Crimée.
DE BERLIN , le 24 Avril.
Il paroît un Edit , par lequel le Roi défend la
fortie de toutes matieres d'or & d'argent . Les
Miniftres qui résident de la part du Roi à Vienne
& à Rat:fbonne , ont ordre de faire connoître à
l'Empereur & à la Diete de l'Empire , « que Sa
Majefté n'a jamais refufé de s'entendre avec le
>>Duc de Mecklenbourg fur les moyens d'accom-
»moder leur différend par des voies amiables ;
» qu'elle perfévere dans les mêmes difpofitions ,
»& qu'il ne dépend que de ce Prince de voir
l'affire bientôt terminée , s'il veut adopter les
tempéramens qui lui ont été propofés , & fe,
»prêter à des explications fatisfaifantes fur les
» malentendus qui ont été la fource principale
»du différend . »
DE BONN , le 22 Avril.
M. le Marquis de Monteil , nouveau Miniftre
Plénipotentiaire de France , eut le 16 & le 17 de
ce mois deux audiences particulieres de Son AlJUIN.
1756. 209
teffe Electorale . Le 19 , il eut fa premiere audience
publique. M. de Sindt alla le prendre dans les
carroffes de la Cour, En arrivant au Palais , M. le
Marquis de Monteil fut reçu au bas de l'escalier
par le Grand Echanfon ; à la falle des Gardes , par
le Grand Maître des Cuifines ; à la premiere antichambre
, par le Grand Maréchal , & à la feconde
par le Comte de Hohenzollern , Miniftre des Conférences.
Après l'audience , il eut l'honneur de
dîner avec l'Electeur.
DE VIENNE , le 24 Avril.
On mande de Belgrade que la tranquillité y eft
enfin rétablie ; qu'Achmet , chef des féditieux , a
été étranglé , & que quelques autres des principaux
mutins ont été condamnés aux galeres . Selon
les avis reçus de Conftantinople , le Grand Vifir
Saïd Mehemet Pacha a été déposé le premier de
ce mois , & relégué à Stanchio , une des Iles de
P'Archipel. En attendant que Sa Hauteffe lui
donne un fucceffeur , l'Aga des Janiffaires remplit
les fonctions de premier Miniftre. On croit que
les fceaux de l'Empire feront confiés pour la cinquieme
fois au fameux Ali Pacha Hekin Oglou.
208 MERCURE DE FRANCE.
DE DRESDE , le 20 Avril.
Quelques Gazettes étrangeres ont publié fans
fondement , que les conférences de Hall étoient
rompues. Les Commiffaires du Roi & ceux de Sa
Majeſté Pruffienne continuent d'y être affemblés..
M. de Linau , Secretaire de l'Ainbaffade de France
en cette Cour , ayant obtenu la permiffion de
retourner à Paris à caufe de fes indifpofitions , eft
remplacé par M de Lancey qui a rélidé pendant
quelques années de la part de Sa Majeſté très-
Chrétienne auprès du Kan des Tartares de Crimée.
DE BERLIN , le 24 Avril.
Il paroît un Edit , par lequel le Roi défend la
fortie de toutes matieres d'or & d'argent . Les
Miniftres qui résident de la part du Roi à Vienne
& à Rat:fbonne , ont ordre de faire connoître à
l'Empereur & à la Diete de l'Empire , « que Sa
Majefté n'a jamais refufé de s'entendre avec le
>>Duc de Mecklenbourg fur les moyens d'accom-
»moder leur différend par des voies amiables ;
» qu'elle perfévere dans les mêmes difpofitions ,
»& qu'il ne dépend que de ce Prince de voir
l'affire bientôt terminée , s'il veut adopter les
tempéramens qui lui ont été propofés , & fe,
»prêter à des explications fatisfaifantes fur les
» malentendus qui ont été la fource principale
»du différend . »
DE BONN , le 22 Avril.
M. le Marquis de Monteil , nouveau Miniftre
Plénipotentiaire de France , eut le 16 & le 17 de
ce mois deux audiences particulieres de Son AlJUIN.
1756. 209
teffe Electorale . Le 19 , il eut fa premiere audience
publique. M. de Sindt alla le prendre dans les
carroffes de la Cour, En arrivant au Palais , M. le
Marquis de Monteil fut reçu au bas de l'escalier
par le Grand Echanfon ; à la falle des Gardes , par
le Grand Maître des Cuifines ; à la premiere antichambre
, par le Grand Maréchal , & à la feconde
par le Comte de Hohenzollern , Miniftre des Conférences.
Après l'audience , il eut l'honneur de
dîner avec l'Electeur.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En avril 1756, plusieurs événements politiques et diplomatiques marquent l'Europe. À Belgrade, la paix est rétablie après l'exécution d'Achmet, chef des rebelles, et la condamnation d'autres mutins aux galères. À Constantinople, le Grand Vizir Saïd Mehemet Pacha est déposé et exilé, et l'Aga des Janissaires assure l'intérim. À Dresde, les rumeurs sur la rupture des conférences de Halle sont infondées, et M. de Lancey remplace M. de Linau comme secrétaire de l'ambassade de France. À Berlin, un édit royal interdit l'exportation de matières d'or et d'argent, et les ministres du Roi tentent de résoudre un différend avec le Duc de Mecklenbourg de manière amiable. À Bonn, le Marquis de Monteil, nouveau ministre plénipotentiaire de France, rencontre l'Électeur et divers dignitaires de la cour.
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1308
p. 211-212
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
On a reçu la confirmation que l'Escadre Françoise, commandée par M. Perrier de Salvert, [...]
Mots clefs :
Londres, Vaisseaux, Amiral Holbourne, Amérique, Siège du Fort de la Couronne, Tensions, Camps, Français, Fortifications
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE - BRETAGNE.
DE LONDRES , le 22 Avril.
On a reçu la confirmation
que l'Efcadre
Françoife
, commandée
par M. Perrier de Salvert ,
s'étoit emparée de trois Navires Anglois , dont un
a été conduit à Cadix , & les deux autres à Morlaix .
Le Vaiffeau de guerre le Newcastle
, de l'Eſcadre
de l'Amiral Hawke , a enlevé à la hauteur du Cap
Ortugal deux Bâtimens François : l'un de quatorze
canons & de cinquante
- fept hommes d'équipage
,
alloit au Cap Breton ; l'autre , chargé de vin ,
de
farine & de balles de moufquet , étoit deftiné pour
le Canada. L'Amiral
Holbourne
fit voile le is de
Plymouth
pour l'Amérique
avec quelques
Vaiffeaux
de guerre , & avec plufieurs
Bâtimens
de
tranfport
fur lefquels on a fait embarquer
le Régi
ment d'Otway
& celui des Montagnards
Ecoffois.
On équipe à Spithéad
une nouvelle
Efcadre de
huit Vaiffeaux
, dont l'Amiral Bofcawen
aura le
commandement
. Selon les lettres de la Virginie
on doit commencer
dans les premiers
jours du
mois prochain
le fiege du Fort de la Couronne
.
Les mêmes dépêches
affurent qu'on augmente
avec toute la diligence
poffible les fortifications
des principales
Villes des Colonies , & que l'on y
conftruit
divers Forts . On écrit d'Irlande
qu'on y
fait les difpofitions
néceffaires
pour les trois
camps que le Gouvernement
fe propofe d'y
former cette année. Le Lord Barrington
, Secretaire
de la Guerre , a annoncé
publiquement
, par
212 MERCURE DE FRANCE.
ordre du Roi , que la plupart des Régimens étant
complets , Sa Majefté juge à propos de fufpendre
l'exécution du Bill , qui ordonne de lever des foldats
par force.
>
Sa Majefté a fait fçavoir à M. le Chevalier de
Bouville commandant le Vaiffeau de guerre
François l'Espérance , & aux autres Officiers François
, prifonniers à Leycefter , qu'ils pouvoient
porter l'épée & fe promener hors de la Ville ,
pourvu qu'ils y rentraffent les foirs.
Tout le bois de fapin qui a été apporté en dernier
lieu de Norwege , a été acheté & embarqué
pour le Portugal . Les troupes n'attendent pour
camper que l'écoulement des eaux , qui en divers
endroits ont inondé une grande étendue de pays.
Le camp que l'on fe propofe de former dans les
environs de Cantorbery , fera composé de vingtcinq
mille hommes. On prépare des quartiers:
dans le Comte de Hampshire pour les troupes
Hanoveriennes & Heffoifes , qui débarqueront
dans un Port de cette Province.
Un Navire Anglois ayant échoué près de Calais ,
les François fe font emparés de fa cargaifon , &
ont fait l'équipage prifonnier. On équipe à Portf
mouth & à Plymouth deux Efcadres , dont le
public ignore la deſtination .
"
On affure que l'Amiral Byng est arrivé le 26
du mois dernier à Gibraltar. L'Efcadre de cet
Amiral fera renforcée de quatre Vaiffeaux , qui
doivent faire inceffamment voile de Spithéad.
DE LONDRES , le 22 Avril.
On a reçu la confirmation
que l'Efcadre
Françoife
, commandée
par M. Perrier de Salvert ,
s'étoit emparée de trois Navires Anglois , dont un
a été conduit à Cadix , & les deux autres à Morlaix .
Le Vaiffeau de guerre le Newcastle
, de l'Eſcadre
de l'Amiral Hawke , a enlevé à la hauteur du Cap
Ortugal deux Bâtimens François : l'un de quatorze
canons & de cinquante
- fept hommes d'équipage
,
alloit au Cap Breton ; l'autre , chargé de vin ,
de
farine & de balles de moufquet , étoit deftiné pour
le Canada. L'Amiral
Holbourne
fit voile le is de
Plymouth
pour l'Amérique
avec quelques
Vaiffeaux
de guerre , & avec plufieurs
Bâtimens
de
tranfport
fur lefquels on a fait embarquer
le Régi
ment d'Otway
& celui des Montagnards
Ecoffois.
On équipe à Spithéad
une nouvelle
Efcadre de
huit Vaiffeaux
, dont l'Amiral Bofcawen
aura le
commandement
. Selon les lettres de la Virginie
on doit commencer
dans les premiers
jours du
mois prochain
le fiege du Fort de la Couronne
.
Les mêmes dépêches
affurent qu'on augmente
avec toute la diligence
poffible les fortifications
des principales
Villes des Colonies , & que l'on y
conftruit
divers Forts . On écrit d'Irlande
qu'on y
fait les difpofitions
néceffaires
pour les trois
camps que le Gouvernement
fe propofe d'y
former cette année. Le Lord Barrington
, Secretaire
de la Guerre , a annoncé
publiquement
, par
212 MERCURE DE FRANCE.
ordre du Roi , que la plupart des Régimens étant
complets , Sa Majefté juge à propos de fufpendre
l'exécution du Bill , qui ordonne de lever des foldats
par force.
>
Sa Majefté a fait fçavoir à M. le Chevalier de
Bouville commandant le Vaiffeau de guerre
François l'Espérance , & aux autres Officiers François
, prifonniers à Leycefter , qu'ils pouvoient
porter l'épée & fe promener hors de la Ville ,
pourvu qu'ils y rentraffent les foirs.
Tout le bois de fapin qui a été apporté en dernier
lieu de Norwege , a été acheté & embarqué
pour le Portugal . Les troupes n'attendent pour
camper que l'écoulement des eaux , qui en divers
endroits ont inondé une grande étendue de pays.
Le camp que l'on fe propofe de former dans les
environs de Cantorbery , fera composé de vingtcinq
mille hommes. On prépare des quartiers:
dans le Comte de Hampshire pour les troupes
Hanoveriennes & Heffoifes , qui débarqueront
dans un Port de cette Province.
Un Navire Anglois ayant échoué près de Calais ,
les François fe font emparés de fa cargaifon , &
ont fait l'équipage prifonnier. On équipe à Portf
mouth & à Plymouth deux Efcadres , dont le
public ignore la deſtination .
"
On affure que l'Amiral Byng est arrivé le 26
du mois dernier à Gibraltar. L'Efcadre de cet
Amiral fera renforcée de quatre Vaiffeaux , qui
doivent faire inceffamment voile de Spithéad.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 22 avril, des nouvelles rapportent que la frégate française commandée par M. Perrier de Salvert a capturé trois navires anglais. Le vaisseau britannique Newcastle, de l'escadre de l'amiral Hawke, a intercepté deux bâtiments français près du Cap Vertugal. L'amiral Holbourne a quitté Plymouth pour l'Amérique avec plusieurs vaisseaux et régiments. Une escadre de huit vaisseaux, commandée par l'amiral Boscawen, est en cours d'équipement à Spithead. En Virginie, le siège du Fort de la Couronne doit commencer début mai, tandis que les colonies renforcent leurs fortifications. En Irlande, trois camps doivent être formés. Le recrutement forcé des soldats est suspendu. Le roi a permis aux officiers français prisonniers à Leicester de porter l'épée. Tout le bois de sapin importé de Norvège a été acheté pour le Portugal. Les troupes attendent la baisse des eaux pour camper, notamment un camp de vingt-cinq mille hommes près de Cantorbery. Des quartiers sont préparés pour les troupes hanovriennes et hessoises. Un navire anglais échoué près de Calais a été capturé par les Français. Deux escadres sont en cours d'équipement à Portsmouth et Plymouth. L'amiral Byng est arrivé à Gibraltar et son escadre doit être renforcée.
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1309
p. 213-219
« Le 27 Avril, les Députés du Grand Conseil eurent audience du Roi. [...] »
Début :
Le 27 Avril, les Députés du Grand Conseil eurent audience du Roi. [...]
Mots clefs :
Députés du Grand Conseil, Comte de Spaar, Colonel, Géographie, Ouvrages, M. Buache, Cartes, Ordonnances du roi, Secousses, Roi de France, Nominations, Évêque, Invention d'une pompe à incendie, Martinique, M. de Tréville, Vaisseaux anglais, Tensions
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 27 Avril, les Députés du Grand Conseil eurent audience du Roi. [...] »
La 27 d'Avril , les Députés du Grand Confeil
eurent audience du Roi . Ils furent préſentés à Sa
Majefté par M. de Comte d'Argenfon , Miniftre
& Secretaire d'Etat , & conduits par M. Deſgranges
, Maître des Cérémonies. M. Caftanier d'Auriac
, Confeiller d'Etat & Premier Préfident de
cette Compagnie , porta la parole.
M. le Duc de Nivernois arriva le 22 de la Cour
de Berlin. Il fut préfenté au Roi par M. Rouillé ,
Miniftre & Secretaire d'Etat ayant le département
des Affaires Etrangeres. Sa Majesté accorda le
même jour les entrées de la chambre à M. le Duc
de Nivernois.
M. le Comte de Spaar , Maréchal de Camp ;
Commandeur de l'Ordre Royal & Militaire de
Saint Louis , & Colonel du Régiment Royal Suédois
, s'étant démis de ce Régiment , entre les
mains du Roi , Sa Majeſté en a diſpoſé en faveur
du Comte Alexandre de Spaar , fils aîné de cet
Officier. La famille de Spaar eft Suédoise d'origine.
M. le Comte de Spaar eft petit-fils du Comte
de ce nom , qui a été Ambaffadeur de Suede en
France , & il eft le premier de cette famille qui
ait été naturalifé François ,
Sa Majesté a accordé à M. le Marquis de Juigné
, Colonel dans le Corps des Grenadiers de
France , le Régiment d'Infanterie de Forez , dont
M. le Marquis de la Rochecourbon , Brigadier
214 MERCURE DE FRANCE.
d'Infanterie , a obtenu la permiffion de fe démettre.
La place de Colonel , vacante dans les Grenanadiers
de France , a été donnée à M. le Marquis
de Chaumont de Guitry.
M. Buache , premier Géographe du Roi & Adjoint
de l'Académie Royale des Sciences , préfenta
le 25 Avril à Sa Majefté deux ouvrages importans
fur la Géographie. Le premier a pour objet l'inftruction
de Monfeigneur le Duc de Bourgogne ,
& il confifte 1º. en une ſuite de huit Cartes manufcrites
, qui forment la premiere partie d'une
nouvelle Inftitution géographique & hiftorique ,
depuis la création jufqu'à Moïfe , y compris les
principes élémentaires ; 2°. en un Globe manuf
crit , qui s'ouvre & qui rend fenfible la forme que
prennent les hémiſpheres dans les projections ordinaires
; 3 °. en une Sphere qui ſe démonte
4°. en un volume manufcrit qui contient plufieurs
Mémoires concernant cette Inftitution , dont
le plan a été approuvé par l'Académie des Sciences.
Le fecond ouvrage eft une Carte manuſcrite
en deux grandes feuilles , où l'on voit tous les
lieux de l'Europe Occidentale qui ont éprouvé un
mouvement intérieur de la terre foit par les tremblemens
, foit par l'agitation des eaux. Les lieux
dans lefquels on a apperçu des feux aëriens
foupçonnés électriques , ou d'autres météores
depuis le premier Novembre 1755 , font auffi
marqués fur cette Carte. Elle eft le réſultat des recherches
de M. Buache & des obſervations™ lues à
l'Académie . L'Auteur a appliqué le tout fur fon
Plan phyfique , dont le principal objet eft les chaînes
des montagnes qui ceignent notre Globe
d'une maniere non interrompue , & il a diſtribué
les tremblemens , & c. par quatre commotions
JUIN. 1756. 215
principales. Il y obferve que les tremblemens fe
font fentir plus violemment le long des côtes ,
d'où il femble que le mouvement le communique
d'une façon moins fenfible dans l'intérieur
des terres , & redevient plus confidérable près des
montagnes.
Il a paru deux nouvelles Ordonnances du Roi ,
l'une portant Réglement pour les Ecoles du Corps
Royal de l'Artillerie & du Génie , l'autre concernant
les Milices.
M. de Burigny a été élu pour remplir la place
d'Affocié , qui vaquoit dans l'Académie des Belles-
Lettres par la nomination de l'Abbé du Refnel à
la place de Penfionnaire.
Le 29 Avril au foir , il eft arrivé à Verſailles
M. de Moncour, Capitaine de Dragons , dépêché
par M. le Maréchal Duc de Richelieu , lequel a
apporté la nouvelle de l'arrivée de la Flotte du
Roi , commandée par M. le Marquis de la Galiffonniere
, Lieutenant- Général des Armées Navales
, à l'Ile de Minorque, le 18 devant Ciutadella ,
oùles troupes ont fait leur débarquement fans
aucune oppofition de la part des Anglois , qui
avoient évacué cette Place le même jour au
matin .
Leurs Majeftés entendirent le s Mai une Meſſe
de Requiem , pendant laquelle le De profundis fut
chantée par la Mufique , pour l'anniverfaire de
Monſeigneur le Dauphin , ayeul du Roi.
Le premier Mai M. le Duc de Mirepoix arriva de
Languedoc. Il prêta ferment le 2 , entre les mains
du Roi , pour la charge de Capitaine des Gardes
du Corps , dont le Duc de Béthune s'eft démis.
Après la preftation de ferment M. le Duc de Mirepoix
fut reconnu des Gardes du Corps en la maniere
accoutumée , & il prit le fervice qu'il
216 MERCURE DE FRANCE.
continuera pendant le refte du Quartier.
Il y eut ici le 30 , vers neuf heures & un quart
du foir , deux nouvelles fecouffes de tremblement
de terre. Ainfi que celle du 18 Février ,
elles n'ont pas été fenties par une partie des habitans
de cette capitale. Une de ces fecoufles s'eft
fait fentir à Verfailles. Le même jour , & à la
même heure , il y en eut une violente dans un
canton de la Picardie. Au Château du Pleffis ,
fitué à quatre lieues de Montdidier , le tremblement
a été accompagné d'un bruit ſemblable à
celui que fait un grand vent , en agitant les arbres
d'un bois de haute futaie . Toute la charpente de
la couverture du Bâtiment a été ébranlée . Une
corniche de pierre de taille a été abattue. L'allarme
fut telle dans le Village & dans tous les
lieux voifins , à plus de deux lieues à la ronde
que les habitans pafferent la nuit , ou dans les
Eglifes ou en plein air. Le 26 , on avoit effuyé
au Pleffis & à Saint-Juft deux autres fecouffes plus
longues , mais moins effrayantes. Celles qu'on y
éprouva le 30 , durerent environ quinze fecondes.
→
Les nouveaux Drapeaux du Régiment des Gardes
Françoifes & de celui des Gardes Suifles , furent
portés le 6 Mai à l'Eglife Métropolitaine , où
ils furent benis par l'Abbé de Saint -Exupery ,
Doyen du Chapitre.
Le 13 Mai , les Députés du Parlement de
Rouen ont eu une audience du Roi. Ils ont été
préfentés à Sa Majesté par M. le Comte de Saint-
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , ayant le
département de la Province de Normandie.
Le même jour , le Roi fit dans la plaine des Sablons
la revue du Régiment des Gardes Françoiſes
& de celui des Gardes Suiffes . Ces deux Régimens,
après avoir fait l'exercice , défilerent en préſence
de
JUIN. 1756. 217
de Sa Majesté. Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Madame , & Mefdames Victoire
, Sophie & Louife , affitterent à cette revue ,
après laquelle le Roi foupa au Château de la
Meute avec ce Prince & avec ces Princeffes .
Le Roi a nommé Commandeur de l'Ordre
Royal & Militaire de S. Louis M. le Comte de
Rafilly , Lieutenant Général des Armées de Sa
Majefté , & Commandant d'un Bataillon du Régiment
des Gardes Françoifes .
Les Chevaliers de l'Ordre de Saint Michel tinrent
le 8 du mois de Mai un Chapitre dans le grand
Couvent des Religieux de l'Obfervance. M. le
Duc de la Valliere , Chevalier des Ordres du Roi ,
y préfida en qualité de Commiffaire de Sa Majefté
. Il reçut Chevalier M. Perier , premier Commis
des Bâtimens du Roi.
Selon les lettres de Beauvais , le Courier qui
portoit la nouvelle de la nomination de l'Evêque
Comte de cette Ville au Cardinalat , y arriva la
nuit du 14 au 15 du mois d'Avril entre minuit &
une heure. Cette nomination fut annoncée au
public dès cinq heures du matin par le fon des
cloches de toutes les Eglifes , & par une triple
décharge d'artillerie. Le nouveau Cardinal fut
complimenté à fept heures par le Chapitre de la
Cathédrale , & enfuite par tous les autres Corps
de la Ville. Le 17 après - midi , le Chapitre précedé
des timballes & des trompettes du Régiment
Dauphin , Cavalerie , dont un détachement formoit
une double haie depuis le Palais épifcopal
jufqu'à la Cathédrale , alla prendre le Cardinal
de Gêvre en fon Palais , & le conduifit proceffionnellement
à l'Eglife . Après le Te Deum , qui fuc
chanté en mufique , le Cardinal fut reconduir
chez lui avec les mêmes cérémonies. Il y eut le
K
218 MERCURE DE FRANCE.
foir un feu de joie , & tous les habitans marquerent
à l'envi leur alegreffe par leurs acclamations.
L'Eglife Cathédrale fut magnifiquement
illuminée .
On écrit de Besançon que l'Abbé Dard a inventé
une Pompe , pour éteindre le feu dans les
incendies. Elle eft de trois corps en cuivre , &
deux hommes peuvent la faire jouer par le moyen
de deux manivelles. Cette machine pouffe l'eau à
foixante pieds de hauteur , fans boyaux , & audeffus
des maifons les plus élevées avec des boyaux.
Elle eft renfermée dans une caiffe qui contient
un muid , & qui montée fur un train à quatre
roues , peut paffer facilement par une porte de
trois pieds de large. L'ouvrage eft d'autant plus
folide , qu'il n'eft compofé d'aucune roue dans
l'intérieur , & que de quelque côté que Pon commence
à tourner les manivelles , on ne rifque
point de rien déranger.
On a reçu par des lettres de la Martinique la
Relation fuivante . «M.leChevalier d'Aubigny étant
» parti de Rochefort fur le Vaiffeau le Prudent, de
>> 74 canons , pour fe rendre à la Martinique , ac-
>> compagné de deux Frégates , l'Atalante , de 34
>> canons , commandée par M. Duchâteau de
» Bene , Capitaine de Vaiffeau , & le Zéphyr , de
» 30 canons , montée par M. de la Touche Tré-
» ville , Lieutenant de Vaiffeau , & Commandant
» de la Compagnie des Cadets à Rochefort ; la
» Frégate le Zéphyr , feparée des deux autres Bâti-
» mens , a rencontré le Vaiffeau Anglois le War-
» wick de 64 canons , qui croifoit depuis quel-
» que tems dans ces mers , & qui avoit enlevé aux
François plufieurs Navires. M. de Tréville a
» manoeuvré fi habilement , qu'il a laiffé croire au
» Capitaine Anglois , qu'il ne çommandoir qu'un
JUI N. 1756 . 219
>>
» Vaiffeau Marchand. L'Anglois l'a méprifé , &
» n'a pas daigné faire ouvrir fes fabords. M. de
» Tréville s'eft laiffé approcher à la portée du pif-
» tolet . Alors il a arboré le pavillon blanc , & a
>> lâché toute la bordée fur l'Anglois , qui , voyant
» fa méprife , a ordonné d'ouvrir promptement
» fes fabords. M. de Tréville , qui a deviné le
>> commandement de l'ennemi , à fait tirer fi à
» propos toute fa moufqueterie , que l'équipage
>> Anglois a difparu , & n'a ofé manoeuvrer . Au
» bruit de l'artillerie , le Vaiffeau le Prudent eft
» venu au fecours de la Frégate le Zéphyr avec la
Frégate l'Atalante. Le Capitaine Anglois
» voyant qu'il ne pouvoit échapper , a fait dire
» qu'il fe rendroit , mais au Commandant feule-
≫ment. Le Chevalier d'Aubigny pour lors a fait
» un fignal , qui a interrompu le feu de la Frégate
le Zéphyr pour un moment. C'étoit pour faire
» fçavoir à M. de Tréville qu'il eût à combattre le
» Vaiffeau , fi ce Bâtiment refufoit de fe rendre à
» la Frégate. Le Capitaine Anglois a craint l'évé
»> nement du combat , & s'eft rendu à M. de Tréville
. On ne sçauroit trop louer la valeur & la
» conduite de M. de Tréville , & le ſentiment gé-
» néreux du Chevalier d'Aubigny , quia cru devoir
» lui laiffer la gloire entiere de cette prife. Le
» Vaiffeau le Warwick a été conduit à la Marti-
>> nique. On eft à la pourfuite d'une Frégate Angloife
, qui croiſoit avec ce Vaiffeau .
eurent audience du Roi . Ils furent préſentés à Sa
Majefté par M. de Comte d'Argenfon , Miniftre
& Secretaire d'Etat , & conduits par M. Deſgranges
, Maître des Cérémonies. M. Caftanier d'Auriac
, Confeiller d'Etat & Premier Préfident de
cette Compagnie , porta la parole.
M. le Duc de Nivernois arriva le 22 de la Cour
de Berlin. Il fut préfenté au Roi par M. Rouillé ,
Miniftre & Secretaire d'Etat ayant le département
des Affaires Etrangeres. Sa Majesté accorda le
même jour les entrées de la chambre à M. le Duc
de Nivernois.
M. le Comte de Spaar , Maréchal de Camp ;
Commandeur de l'Ordre Royal & Militaire de
Saint Louis , & Colonel du Régiment Royal Suédois
, s'étant démis de ce Régiment , entre les
mains du Roi , Sa Majeſté en a diſpoſé en faveur
du Comte Alexandre de Spaar , fils aîné de cet
Officier. La famille de Spaar eft Suédoise d'origine.
M. le Comte de Spaar eft petit-fils du Comte
de ce nom , qui a été Ambaffadeur de Suede en
France , & il eft le premier de cette famille qui
ait été naturalifé François ,
Sa Majesté a accordé à M. le Marquis de Juigné
, Colonel dans le Corps des Grenadiers de
France , le Régiment d'Infanterie de Forez , dont
M. le Marquis de la Rochecourbon , Brigadier
214 MERCURE DE FRANCE.
d'Infanterie , a obtenu la permiffion de fe démettre.
La place de Colonel , vacante dans les Grenanadiers
de France , a été donnée à M. le Marquis
de Chaumont de Guitry.
M. Buache , premier Géographe du Roi & Adjoint
de l'Académie Royale des Sciences , préfenta
le 25 Avril à Sa Majefté deux ouvrages importans
fur la Géographie. Le premier a pour objet l'inftruction
de Monfeigneur le Duc de Bourgogne ,
& il confifte 1º. en une ſuite de huit Cartes manufcrites
, qui forment la premiere partie d'une
nouvelle Inftitution géographique & hiftorique ,
depuis la création jufqu'à Moïfe , y compris les
principes élémentaires ; 2°. en un Globe manuf
crit , qui s'ouvre & qui rend fenfible la forme que
prennent les hémiſpheres dans les projections ordinaires
; 3 °. en une Sphere qui ſe démonte
4°. en un volume manufcrit qui contient plufieurs
Mémoires concernant cette Inftitution , dont
le plan a été approuvé par l'Académie des Sciences.
Le fecond ouvrage eft une Carte manuſcrite
en deux grandes feuilles , où l'on voit tous les
lieux de l'Europe Occidentale qui ont éprouvé un
mouvement intérieur de la terre foit par les tremblemens
, foit par l'agitation des eaux. Les lieux
dans lefquels on a apperçu des feux aëriens
foupçonnés électriques , ou d'autres météores
depuis le premier Novembre 1755 , font auffi
marqués fur cette Carte. Elle eft le réſultat des recherches
de M. Buache & des obſervations™ lues à
l'Académie . L'Auteur a appliqué le tout fur fon
Plan phyfique , dont le principal objet eft les chaînes
des montagnes qui ceignent notre Globe
d'une maniere non interrompue , & il a diſtribué
les tremblemens , & c. par quatre commotions
JUIN. 1756. 215
principales. Il y obferve que les tremblemens fe
font fentir plus violemment le long des côtes ,
d'où il femble que le mouvement le communique
d'une façon moins fenfible dans l'intérieur
des terres , & redevient plus confidérable près des
montagnes.
Il a paru deux nouvelles Ordonnances du Roi ,
l'une portant Réglement pour les Ecoles du Corps
Royal de l'Artillerie & du Génie , l'autre concernant
les Milices.
M. de Burigny a été élu pour remplir la place
d'Affocié , qui vaquoit dans l'Académie des Belles-
Lettres par la nomination de l'Abbé du Refnel à
la place de Penfionnaire.
Le 29 Avril au foir , il eft arrivé à Verſailles
M. de Moncour, Capitaine de Dragons , dépêché
par M. le Maréchal Duc de Richelieu , lequel a
apporté la nouvelle de l'arrivée de la Flotte du
Roi , commandée par M. le Marquis de la Galiffonniere
, Lieutenant- Général des Armées Navales
, à l'Ile de Minorque, le 18 devant Ciutadella ,
oùles troupes ont fait leur débarquement fans
aucune oppofition de la part des Anglois , qui
avoient évacué cette Place le même jour au
matin .
Leurs Majeftés entendirent le s Mai une Meſſe
de Requiem , pendant laquelle le De profundis fut
chantée par la Mufique , pour l'anniverfaire de
Monſeigneur le Dauphin , ayeul du Roi.
Le premier Mai M. le Duc de Mirepoix arriva de
Languedoc. Il prêta ferment le 2 , entre les mains
du Roi , pour la charge de Capitaine des Gardes
du Corps , dont le Duc de Béthune s'eft démis.
Après la preftation de ferment M. le Duc de Mirepoix
fut reconnu des Gardes du Corps en la maniere
accoutumée , & il prit le fervice qu'il
216 MERCURE DE FRANCE.
continuera pendant le refte du Quartier.
Il y eut ici le 30 , vers neuf heures & un quart
du foir , deux nouvelles fecouffes de tremblement
de terre. Ainfi que celle du 18 Février ,
elles n'ont pas été fenties par une partie des habitans
de cette capitale. Une de ces fecoufles s'eft
fait fentir à Verfailles. Le même jour , & à la
même heure , il y en eut une violente dans un
canton de la Picardie. Au Château du Pleffis ,
fitué à quatre lieues de Montdidier , le tremblement
a été accompagné d'un bruit ſemblable à
celui que fait un grand vent , en agitant les arbres
d'un bois de haute futaie . Toute la charpente de
la couverture du Bâtiment a été ébranlée . Une
corniche de pierre de taille a été abattue. L'allarme
fut telle dans le Village & dans tous les
lieux voifins , à plus de deux lieues à la ronde
que les habitans pafferent la nuit , ou dans les
Eglifes ou en plein air. Le 26 , on avoit effuyé
au Pleffis & à Saint-Juft deux autres fecouffes plus
longues , mais moins effrayantes. Celles qu'on y
éprouva le 30 , durerent environ quinze fecondes.
→
Les nouveaux Drapeaux du Régiment des Gardes
Françoifes & de celui des Gardes Suifles , furent
portés le 6 Mai à l'Eglife Métropolitaine , où
ils furent benis par l'Abbé de Saint -Exupery ,
Doyen du Chapitre.
Le 13 Mai , les Députés du Parlement de
Rouen ont eu une audience du Roi. Ils ont été
préfentés à Sa Majesté par M. le Comte de Saint-
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , ayant le
département de la Province de Normandie.
Le même jour , le Roi fit dans la plaine des Sablons
la revue du Régiment des Gardes Françoiſes
& de celui des Gardes Suiffes . Ces deux Régimens,
après avoir fait l'exercice , défilerent en préſence
de
JUIN. 1756. 217
de Sa Majesté. Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Madame , & Mefdames Victoire
, Sophie & Louife , affitterent à cette revue ,
après laquelle le Roi foupa au Château de la
Meute avec ce Prince & avec ces Princeffes .
Le Roi a nommé Commandeur de l'Ordre
Royal & Militaire de S. Louis M. le Comte de
Rafilly , Lieutenant Général des Armées de Sa
Majefté , & Commandant d'un Bataillon du Régiment
des Gardes Françoifes .
Les Chevaliers de l'Ordre de Saint Michel tinrent
le 8 du mois de Mai un Chapitre dans le grand
Couvent des Religieux de l'Obfervance. M. le
Duc de la Valliere , Chevalier des Ordres du Roi ,
y préfida en qualité de Commiffaire de Sa Majefté
. Il reçut Chevalier M. Perier , premier Commis
des Bâtimens du Roi.
Selon les lettres de Beauvais , le Courier qui
portoit la nouvelle de la nomination de l'Evêque
Comte de cette Ville au Cardinalat , y arriva la
nuit du 14 au 15 du mois d'Avril entre minuit &
une heure. Cette nomination fut annoncée au
public dès cinq heures du matin par le fon des
cloches de toutes les Eglifes , & par une triple
décharge d'artillerie. Le nouveau Cardinal fut
complimenté à fept heures par le Chapitre de la
Cathédrale , & enfuite par tous les autres Corps
de la Ville. Le 17 après - midi , le Chapitre précedé
des timballes & des trompettes du Régiment
Dauphin , Cavalerie , dont un détachement formoit
une double haie depuis le Palais épifcopal
jufqu'à la Cathédrale , alla prendre le Cardinal
de Gêvre en fon Palais , & le conduifit proceffionnellement
à l'Eglife . Après le Te Deum , qui fuc
chanté en mufique , le Cardinal fut reconduir
chez lui avec les mêmes cérémonies. Il y eut le
K
218 MERCURE DE FRANCE.
foir un feu de joie , & tous les habitans marquerent
à l'envi leur alegreffe par leurs acclamations.
L'Eglife Cathédrale fut magnifiquement
illuminée .
On écrit de Besançon que l'Abbé Dard a inventé
une Pompe , pour éteindre le feu dans les
incendies. Elle eft de trois corps en cuivre , &
deux hommes peuvent la faire jouer par le moyen
de deux manivelles. Cette machine pouffe l'eau à
foixante pieds de hauteur , fans boyaux , & audeffus
des maifons les plus élevées avec des boyaux.
Elle eft renfermée dans une caiffe qui contient
un muid , & qui montée fur un train à quatre
roues , peut paffer facilement par une porte de
trois pieds de large. L'ouvrage eft d'autant plus
folide , qu'il n'eft compofé d'aucune roue dans
l'intérieur , & que de quelque côté que Pon commence
à tourner les manivelles , on ne rifque
point de rien déranger.
On a reçu par des lettres de la Martinique la
Relation fuivante . «M.leChevalier d'Aubigny étant
» parti de Rochefort fur le Vaiffeau le Prudent, de
>> 74 canons , pour fe rendre à la Martinique , ac-
>> compagné de deux Frégates , l'Atalante , de 34
>> canons , commandée par M. Duchâteau de
» Bene , Capitaine de Vaiffeau , & le Zéphyr , de
» 30 canons , montée par M. de la Touche Tré-
» ville , Lieutenant de Vaiffeau , & Commandant
» de la Compagnie des Cadets à Rochefort ; la
» Frégate le Zéphyr , feparée des deux autres Bâti-
» mens , a rencontré le Vaiffeau Anglois le War-
» wick de 64 canons , qui croifoit depuis quel-
» que tems dans ces mers , & qui avoit enlevé aux
François plufieurs Navires. M. de Tréville a
» manoeuvré fi habilement , qu'il a laiffé croire au
» Capitaine Anglois , qu'il ne çommandoir qu'un
JUI N. 1756 . 219
>>
» Vaiffeau Marchand. L'Anglois l'a méprifé , &
» n'a pas daigné faire ouvrir fes fabords. M. de
» Tréville s'eft laiffé approcher à la portée du pif-
» tolet . Alors il a arboré le pavillon blanc , & a
>> lâché toute la bordée fur l'Anglois , qui , voyant
» fa méprife , a ordonné d'ouvrir promptement
» fes fabords. M. de Tréville , qui a deviné le
>> commandement de l'ennemi , à fait tirer fi à
» propos toute fa moufqueterie , que l'équipage
>> Anglois a difparu , & n'a ofé manoeuvrer . Au
» bruit de l'artillerie , le Vaiffeau le Prudent eft
» venu au fecours de la Frégate le Zéphyr avec la
Frégate l'Atalante. Le Capitaine Anglois
» voyant qu'il ne pouvoit échapper , a fait dire
» qu'il fe rendroit , mais au Commandant feule-
≫ment. Le Chevalier d'Aubigny pour lors a fait
» un fignal , qui a interrompu le feu de la Frégate
le Zéphyr pour un moment. C'étoit pour faire
» fçavoir à M. de Tréville qu'il eût à combattre le
» Vaiffeau , fi ce Bâtiment refufoit de fe rendre à
» la Frégate. Le Capitaine Anglois a craint l'évé
»> nement du combat , & s'eft rendu à M. de Tréville
. On ne sçauroit trop louer la valeur & la
» conduite de M. de Tréville , & le ſentiment gé-
» néreux du Chevalier d'Aubigny , quia cru devoir
» lui laiffer la gloire entiere de cette prife. Le
» Vaiffeau le Warwick a été conduit à la Marti-
>> nique. On eft à la pourfuite d'une Frégate Angloife
, qui croiſoit avec ce Vaiffeau .
Fermer
Résumé : « Le 27 Avril, les Députés du Grand Conseil eurent audience du Roi. [...] »
Du 27 avril au 13 mai, plusieurs événements marquants eurent lieu à la cour royale. Le 27 avril, les députés du Grand Conseil furent reçus par le Roi, présentés par le comte d'Argenfon et conduits par Desgranges. Le duc de Nivernois arriva de Berlin le 22 avril et fut présenté au Roi par Rouillé. Le comte de Spaar transmit son régiment Royal Suédois à son fils, Alexandre de Spaar. Le marquis de Juigné reçut le régiment d'infanterie de Forez, vacant après la démission du marquis de la Rochecourbon. Le marquis de Chaumont de Guitry fut nommé colonel des Grenadiers de France. Le géographe Buache présenta au Roi deux ouvrages : une nouvelle institution géographique et historique, et une carte des mouvements de la terre en Europe occidentale depuis novembre 1755. Le Roi publia deux ordonnances, l'une pour les écoles du Corps Royal de l'Artillerie et du Génie, l'autre concernant les milices. Burigny fut élu à l'Académie des Belles-Lettres pour remplacer l'abbé du Resnel. Le 29 avril, le capitaine de dragons Moncour annonça l'arrivée de la flotte royale à Minorque, commandée par le marquis de La Galissonnière. Le 5 mai, le Roi et la famille royale assistèrent à une messe de requiem pour l'anniversaire du dauphin. Le duc de Mirepoix arriva de Languedoc et prêta serment pour la charge de capitaine des Gardes du Corps. Le 30 avril, deux secousses de tremblement de terre furent ressenties à Paris et en Picardie. Les nouveaux drapeaux des régiments des Gardes Françaises et Suisses furent bénis le 6 mai. Le 13 mai, les députés du Parlement de Rouen furent reçus par le Roi, qui passa ensuite en revue les régiments des Gardes Françaises et Suisses. Le comte de Rafilly fut nommé commandeur de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis. Les Chevaliers de l'Ordre de Saint-Michel tinrent un chapitre le 8 mai, au cours duquel Perier fut reçu chevalier. L'évêque de Beauvais fut nommé cardinal et célébré à Beauvais. L'abbé Dard inventa une pompe pour éteindre les incendies. En Martinique, la frégate Zéphyr, commandée par de Tréville, captura le vaisseau anglais Warwick.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1310
p. 219-220
BÉNÉFICES DONNÉS.
Début :
Le Roi a donné l'Abbaye Réguliere de S. Michel de Cuixa, [...]
Mots clefs :
Abbayes, Diocèses, Ordre de Saint-Benoît, Don de Cahors, Abbé de Frischman
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BÉNÉFICES DONNÉS.
BÉNÉFICES DONNÉS.
LE Roi a donné l'Abbaye Réguliere de S. Michel
du Cuixa , Ordre de Saint Benoît , Diocèfe de
Perpignan , à Domi de Cahors , Religieux de
cette Abbaye.
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
Sa Majefté a auffi donné l'Abbaye de Beaulieu
Ordre de Saint Benoît , Diocèfe de Limoges , à
l'Abbé de Friſchman , chargé des affaires de Sa
Majefté à la Cour de Madrid.
LE Roi a donné l'Abbaye Réguliere de S. Michel
du Cuixa , Ordre de Saint Benoît , Diocèfe de
Perpignan , à Domi de Cahors , Religieux de
cette Abbaye.
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
Sa Majefté a auffi donné l'Abbaye de Beaulieu
Ordre de Saint Benoît , Diocèfe de Limoges , à
l'Abbé de Friſchman , chargé des affaires de Sa
Majefté à la Cour de Madrid.
Fermer
1311
p. 227-235
« Madame la Comtesse de Noailles accoucha le 17 Avril d'un fils, [...] »
Début :
Madame la Comtesse de Noailles accoucha le 17 Avril d'un fils, [...]
Mots clefs :
Naissance, Comte de Rennel, Mariage, Comtes, Ducs, Maison de Rennel, Seigneurs, Saint-Empire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Madame la Comtesse de Noailles accoucha le 17 Avril d'un fils, [...] »
Madame la Comteffe de Noailles accoucha le
17 Avril d'un fils , qui a été tenu fur les fonts par .
le Bailly de Froulay , Ambaffadeur de Malte , &
par la Ducheffe douairiere de la Valliere , & a été
nommé Louis- Marie. Il portera le titre de Chevalier
d'Arpajon , étant deſtiné à remplir le privilege
accordé à feu Louis , Duc d'Arpajon , bifayeul
de la Comteffe de Noailles dans l'Ordre de Malte
( 1 ).
(1 ) Lorfque le Sultan Ibrahim menaçoit l'Ifle :
de Malte avec des forces formidables , le Duc
d'Arpajon alla volontairement au fecours de cette ·
Ifle. Il fut élu Chef du Conseil du Grand- Maître
Généraliffime des Armées de la Religion ,
pourvut fi bien à la sûreté de l'Ifle , que par reconnoiffance
le Grand- Maître ( Paul de Vintimille-
Lafcaris- Caftellar) , du confentement de l'Ordre, lui
accorda le 30 Mai 1645 , le privilege fingulier pour
Lui tous fes defcendans aînés , d'ajouter à leurs
Armes la Croix octogone de Malte avec les extrêmités
faillantes , comme la portent les Chevaliers
de Malte , & qu'un de fes defcendans , pour une
fois feulement au choix du pere , feroit Chevalier
en naiffant , grand Croix à l'âge de 16 ans . Ce
privilege a été reconnu certifié le 5 Mai 1715 , ..
par le Grand Maître Raimond Perellos de Rocafull. »
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
Dame N.... le Petit d'Avelnes , veuve de
Meffire Yves Jean - Baptifte de la Boiffiere , Comte
de Chambors , Ecuyer ordinaire du Roi , mort en
Août 1755 , eft accouchée au mois de Février ,
d'un fils qui a été tenu fur les fonts dans la Chapelle
du Château de Verfailles , par Monfeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine , & nommé
Louis - Jofeph-Jean-Bapt fte. L'Abbé de Raigecourt,
Aumônier du Roi , lui fuppléa les cérémonies du
Baptême en préſence du Curé de la Paroiffe de
Notre- Dame.
Jofeph-Balthafar , Comte de Rennel , de Lefcut,
& du S. Empire , Capitaine dans le Régiment
Royal- Barrois , a époufé le s Février à Méhoncourt
en Lorraine , Marguerite- Gabrielle de Rennel
fa coufine. Le contrat de mariage avoit écé
figné à Nanci le 31 Janvier précédent .
La maifon de Rennel , établie depuis trèslongtemps
en Lorraine , eft une des plus illuftres
de cette Province , tant par fon ancienneté
que par fes belles alliances. Richard de Rennel ,
Chevalier, vivoit fous le regne de Philippe de Valois
, près duquel il combattic vaillamment à la
bataille de Montcaffel en 1328 , & auquel il rendit
de grands fervices. Marguerite Stuard , qu'il
avoit épousée à la Cour du Roi d'Angleterre , le
rendit pere de Jean de Rennel , Chevalier , Capitaine
de 100 Lances , fire de Beaulieu par le don
que lui en fit le Roi Jean en 1350. Jeanne de
Hangeft , fon époufe , qui tefta en 1365 ,
fut mere
de Guillaume de Rennel , fire de Beaulieu , Chambellan
du Roi Charles VI , qui d'Yolande de Mouy,
eur pour enfans Bonaventure de Rennel , qui fuit
Jean , Chevalier de Rhodes , & Yolande , femme
de Matthieu de Riencourt , feigneur d'Orival.
;
Bonaventure de Rennel , fire de Beaulieu , Ca- '
JUI N. 1756. 229
pitaine de so hommes d'armes , époufa en 1415 ,
Alix de Soiffons , fille de Thibault , feigneur de
Moreuil , Gouverneur de Boulogne , & de Marguerite
de Poix. Il en eut Guillaume de Rennel , IF
du nom , fire de Beaulieu , Capitaine de so hommes
d'armes des ordonnances du Roi Louis XI.
marié en 1445 à Ifabeau , fille de Jean de Hangeft,
feigneur de Genlis , & de Marie de Sarrebruck ; il
en eut entr'autres enfans , Jean de Rennel , II du
nom , Capitaine d'une compagnie entretenue'
pour la garde de Boulogne , qui tefta le 10 Juin
1530 , & fut pere par fa femme Catherine d'Aumale
, fille de Jean d'Aumale , feigneur d'Efpaigni
, & de Jeanne de Soiffons-Moreuil , Vicomteffe
du Mont Notre- Dame , de Bonaventure de Rennel
, II du nom , Page du Duc de Lorraine en 1525,
puis premier Gentilhomme de la Chambre &
Principal Miniftre de Nicolas de Lorraine , Comte
de Vaudemont , pere de la Reine - Louife. H fut
auffi crée fecretaire d'Etat de Lorraine , le 11
Juillet 1552. Il mourut le 16 Mars 1584 , laiffant
de fa femme Marie de Janin de Manoncourt
morte en 1560 , qu'il avoit épousée le 3 Λούτ
1548 , Balthazar de Rennel , feigneur de Saint-
Bria , Jarville , S. Germain , S. Boin , Malzeville ,
Ecuyer d'écurie du Duc de Mercoeur , frere de la
Reine Louife , & depuis Miniftre d'Etat , & Préfident
de Lorraine , mort le 16 Novembre 1637 ,
âgé de 83 ans. Il avoit époufé le 9 Juin 1575 ,
Barbe de Lefcut . Elle etoit fille aînée de Jean de
Lefcut , Comte du S. Empire , & de Mayelle de
Beurges . C'est elle qui apporta dans la maifon de
Rennel le titre de Comte du S. Empire . Elle
mourut le 29 Mars 1637 , laiflant enti'autres enfans
Balthazar, II du nom , Comte de Rennel &
du S. Empire , Seigneur de Jarville & d'Andilly .
230 MERCURE DE FRANCE .
Confeiller d'Etat du Duc Charles IV , mort le 2
Novembre 1658. Il avoit époufé par contrat du
11 Janvier 1521 , Claude de Guérin du Montet.
Elle mourut le 3 Février 1641 , & fut mere de
François , Comte de Rennel & du S. Empire ,
qui fuit ; de Balthafar qui a fait la branche des .
Comtes de Rennel & de Lefcut , dont la poſtérité
fera rapportée après celle de fon frere aîné , & de
Charles-Jean, feigneur d'Andilly, Conſeiller d'état
du Duc Léopold , mort âgé de So ans , le 14 Avril
1716 , ne laiffant de fa femme Théreſe- Françoiſe
de Rouffelot que quatre filles. 1. Catherine Valerie
, morte en 1752 , veuve depuis 1739 de :
René de la Geard , dit le Marquis de Grefignac.
2º. Marie-Thérefe , morte en 1723 , veuve depuis
1708 de Charles- François de Serre , Confcil- :
fer d'Etat & Maître des Requêtes du Duc Léopold.
3 °. Marguerite- Reine , mariée en 1699 , à
Jean-Baptifte-André de Laugier , tué à la bataille
d'Hochftedt , étant capitaine au Régiment de
Languedoc. 4° . Marie- Antoinette , veuve du 10%
Mars 1734 , de Claude , Comte de la Rode , Baron
de Monconis , & Seigneur de Charnay en Bour
gogne.
François , Comte de Rennel & du S. Empire ,.
Seigneur de Jarville , Méhioncourt , Franconville ,
& Landecourt , fils aîné de Balthafar , II du nom
fut Confeiller d'Etat du Duc Charles IV, qui lui
donna en 1666 le commandement de Nanci , &
la Préfidence du Confeil de cette ville , & mourut
le 21 Février 1687. Il avoit épaulé 1º . par contrat
du 6 Novembre 1649 , Antoinette le Febvre ,.
Dame d'Ancy, morte le 5 Mai 1663. 2 ° . En 1664,
Antoinette le Marefchal , décédée le 2 Juin 1680.t
Il n'eut de cette feconde femme que Jeanne - Fran-*
goile de Rennel , mariée à Jofeph le Begue , C.-
JUIN. 1756. 23 .
du S. Empire & de Germiny , premier Miniftre
d'Etat de Lorraine , mort le 30 Janvier 1730 ,
onze mois après fa femme ; mais il eut de fon premier
mariage Marie -Françoiſe de Rennel , morce
le 28 Mai 1698 , femme de Charles- Henri de
Juvrecourt , commandant les Moufquetaires de la
garde du Duc Charles IV ; Balthafar- Jofeph - Dieudonné
, & Jean- Baptifte-Henri de Rennel , qui
ont laiffé postérité .
Balthafar-Jofeph-Dieudonné , Comte de Rennel
& du S. Empire , feigneur de Mehoncourt ,
d'Erbamont & de Circourt , Confeiller d'Etat du
Duc Léopold , & premier Préſident de la Chambre
des Comptes de Lorraine , né le 24 Septembre
1654 , mourut le 24 Février 1726. Il avoit
épousé par contrat du 23 Novembre 1687 , Françoife
de Huyn , niece du Comte de Huyn , Maré--
chal des Armées de l'Empereur, & Gouverneur de
Zizeth en Hongrie , décédée le premier Janvier
1723 , dont 1 °. Nicolas - François , qui fuit . 2º. Jofeph-
Ignace , Comte de Rennel & du Saint Em--
pire , Prélat-domeftique du Pape , Référendaire de
P'une & l'autre fignature , Grand- Chantre & Chanoine
de l'Eglife de S. Diez . 3 ° . Charles - François
, 'Comte de Rennel & du Saint Empire , Camé
rier d'honneur du Pape , & Chanoine de S. Diez.
4°. Jean-Baptifte-Henri-Balthafar,Comte de Rennel
& du Saint Empire , feigneur de Bouvigny ,
d'Erbamont & Circourt , ancien Capitaine aux
Gardes de l'Empereur.
Nicolas - François , Comte de Rennel & du Saint:
Empire , feigneur de Méhoncourt , a été créé Secretaire
d'Etat du Duc Léopold , le 20 Février
1721 , puis fon Miniftre Plénipotentiaire au Congrès
de Cambrai , enfin Commiffaire de l'Empereur
pour faire l'extradition de fes Duchés de
232 MERCURE DE FRANCE.
Lorraine & de Bar. Il a été maintenu avec ceux
de fon nom & de fes armes dans le titre de Comte
du Saint Empire , par Arrêt du Conſeil d'Etat ,
rendu à Luneville le 31 Août 1730 ,& tous les titres
justificatifs de fa filiation & illuftration de fa maifon
, ont été reconnus & vérifiés par Arrêt du Parlement
de Nanci dù 26 Septembre 1736. Il eft
veuf du 17 Décembre 1745 , de Magdeleine de
Pons , mariée par contrat du 20 Février 1732 , &
fille de Claude- Alexandre , Marquis de Pons de
Rennepont , Marechal des Camps & Armées du
Roi , & d'Anne- Dorothée de Bettainviller. Il a de
ce mariage , 1º . Jofeph-Ignace - Dieudonné , Comte
de Rennel & du Saint Empire , né le 20 Juin
1734 , Officier au Régiment du Roi infanterie ,
mort le 19 Novembre 1755. 2 ° . Marguerite - Ga→
brielle , née le 20 Mars 1739 , dont nous annon-
Cons le mariage. 3 ° . Anne - Marie , dite Mademoi
felle de Senlis , née le 21 Avril 1741. 4° . Jeanne-
Henriette , dite Mademoifelle de Moreuil , née le
3 Juin 1743. 5 ° . Elifabeth- Gloffinde , appellés
Mademoiſelle de Florainville , née le 17 Décembre
1745 .
I
Jean- Baptifte- Henri , Comte de Rennel & du
Saint Empire , feigneur d'Amelecourt . Colonel
d'infanterie , fecond fils de François , Comte de
Rennel & d'Antoinette le Fevre , eft mort le 3
Août 1748. Il avoit épousé par contrat du 16 Décembre
1692 , Maric- Nicole , morte les Novembre
1703 , fille de Henri- Philippe de Baillivy ,
commandant les Gendarmes de la Garde du Duc
Charles IV , & de Marie - Louife- Françoise de Voil
lot de Valleroy. De ce mariage font fortis , 1°. Charles
-Jean- Baptifte , Comte de Rennel & du Saint
Empire , Capitaine aux Gardes du Duc Léopold ,
mort le 8 Août 1724 , laiffaut de fa femme ClauJUIN.
1756. 233
de - Catherine le Febvre de S. Germain , foeur du
Comte de ce nom , une fille unique Anne- Catherine
de Rennel , née le jour de la mort de fon
pere , & mariée par contrat du 24 Février 1744, à
Jean- Baptifte -Hyacinthe- Dieudonné , Marquis
de Treftondam. 2. Antoine- Africain , dit le Chevalier
de Rennel , Officier au Régiment de Neuperg
, tué le 9 Octobre 1716 , au fiege de Temefwar.
3. Charles- François , Comte de Rennel &
du Saint Empire , né le zo Septembre 17c1 , & tué
de 12 Septembre 1719. Il avoit épousé par contrat
du 11 Octobre 1723 , Anne-Françoife- Scholaftique
de Greiche , de laquelle il a eu Anne - Catherine
de Rennel , mariée par contrat du 12 Juillet
1742, à fon oncle à la mode de Bretagne , Jean-
François , Comte de Grieche , feigneur de Jalocourt
, fils unique de Nicolas , Comte de Greiche,
Chambellan du Duc Léopold , & de Marie - Catherine
du Châtelet , foeur de René- François , Marquis
du Châtelet , Lieutenant Général des Armées
de l'Empereur.
Balthafar , III du nom , Comte de Rennel de
Lefcut & du Saint Empire , Seigneur de Jarville
fils puîné de Balthafar , II du nom , Comte de
Rennel , & de Claude de Guerin du Montet , mentionnés
ci- deffus , fut fubftitué au nom de Lefcut
par fon ayeule Barbe de Lefcut. Il mourut âgé de
quatre- vingts ans , lé 26 Octobre 1707 , ayant eu
de fon mariage , contracté le 8 Juillet 168 avec
Elizabeth , fille unique de Charles de Vitton , Seigneur
de Valfroicourt , Jean-Sigifbert , Comte
de Rennel de Lefcut & du Saint Empire , Confeil.
ler d'Etat du Duc Léopold , & fecond Préſident à
Mortier au Parlement de Nanci , décédé le 29
Juillet 1707. Il avoit épousé par Contrat du 3
Février 1687 , Catherine de Huyn , Dame de Bet234
MERCURE DE FRANCE.
toncourt, morte le Décembre 1741 , de laquelle
il cut , 1º. Thomas- Balthafar qui fuit. 2º. Jean-
Jofeph , Comte du Saint Empire , mort Chanoine
de S. Diez , le 20 Mars 1736. 3°.Charles, Comte
du Saint Empire , dit le Chevalier de Lefcut ,
ancien Capitaine aux Gardes du Duc de Lorraine.
4. Marguerite , veuve , du 4 Août 1751 , de Paul-
Melchior- Henri , Seigneur de Seichamps. 5 ° . Elifabeth
Catherine , morte le 5 Novembre 1751
femme de François de Lançon , Commandant à
Belle-ifle. 6°. Françoife , dite Mlle de Rennel , 7º.
Catherine , morte Religieufe en 1729.
Thomas - Balthafar, Comte de Rennel de Lefcut
& du Saint Empire , Seigneur de Bettoncourt , Capitaine
aux Gardes du Duc de Lorraine , mort le
17 Novembre 1749 , avoit épousé par Contrat du
26 Septembre 1722 Marie- Anne de Hoffelife , décédée
le 27 Mai 1730 , fille de Céfar de Hoffelife,
Seigneur de Burthecourt & de Chambrey , Capi
taine au Régiment de la Fere , & d'Antoinette de
Bouvet , Dame de Robert-Efpagne . De ce maria,
ge font fortis , 1 ° . Jofeph- Balthafar , Comte de
Rennel de Lefcut & du Saint Empire , Seigneur
de Bettoncourt , Burthecourt & Robert-Efpagne
né le 21 Août 1726 , qui donne lieu à cet article.
2°. Catherine- Gabrielle , mariée le 12 Avril 1746,
à Jean - Baptifte , Baron de Mahuet & du Saint
Empire , Comte de Mailly , dit le Comte de
Coyviller. 3 °. Marie- Therefe , dite Mlle de Lef
cut. 4°. Marguerite , dite Mlle de Burthecourt.
M. Conftant de Rebecque , Général au ſervice
'Hollande , Colonel d'un Régiment Suiffe de
fon nom , eft mort en Suiffe à Lauzanne , pays
de Vaux , canton de Berne , au commencement
de cette année , âgé de 79 ans . La famille de
Conftant de Rebecque eft d'une ancienne Nobleffe
JUIN. 1756. 235
originaire d'Artois , où elle a poffédé plufieurs
terres , & a eu des Charges honorables dans différentes
Cours . Elle a fourni des Chevaliers de S.
Jean de Jérufalem , & s'eft retirée en Suiffe après
les guerres de Religion.
17 Avril d'un fils , qui a été tenu fur les fonts par .
le Bailly de Froulay , Ambaffadeur de Malte , &
par la Ducheffe douairiere de la Valliere , & a été
nommé Louis- Marie. Il portera le titre de Chevalier
d'Arpajon , étant deſtiné à remplir le privilege
accordé à feu Louis , Duc d'Arpajon , bifayeul
de la Comteffe de Noailles dans l'Ordre de Malte
( 1 ).
(1 ) Lorfque le Sultan Ibrahim menaçoit l'Ifle :
de Malte avec des forces formidables , le Duc
d'Arpajon alla volontairement au fecours de cette ·
Ifle. Il fut élu Chef du Conseil du Grand- Maître
Généraliffime des Armées de la Religion ,
pourvut fi bien à la sûreté de l'Ifle , que par reconnoiffance
le Grand- Maître ( Paul de Vintimille-
Lafcaris- Caftellar) , du confentement de l'Ordre, lui
accorda le 30 Mai 1645 , le privilege fingulier pour
Lui tous fes defcendans aînés , d'ajouter à leurs
Armes la Croix octogone de Malte avec les extrêmités
faillantes , comme la portent les Chevaliers
de Malte , & qu'un de fes defcendans , pour une
fois feulement au choix du pere , feroit Chevalier
en naiffant , grand Croix à l'âge de 16 ans . Ce
privilege a été reconnu certifié le 5 Mai 1715 , ..
par le Grand Maître Raimond Perellos de Rocafull. »
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
Dame N.... le Petit d'Avelnes , veuve de
Meffire Yves Jean - Baptifte de la Boiffiere , Comte
de Chambors , Ecuyer ordinaire du Roi , mort en
Août 1755 , eft accouchée au mois de Février ,
d'un fils qui a été tenu fur les fonts dans la Chapelle
du Château de Verfailles , par Monfeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine , & nommé
Louis - Jofeph-Jean-Bapt fte. L'Abbé de Raigecourt,
Aumônier du Roi , lui fuppléa les cérémonies du
Baptême en préſence du Curé de la Paroiffe de
Notre- Dame.
Jofeph-Balthafar , Comte de Rennel , de Lefcut,
& du S. Empire , Capitaine dans le Régiment
Royal- Barrois , a époufé le s Février à Méhoncourt
en Lorraine , Marguerite- Gabrielle de Rennel
fa coufine. Le contrat de mariage avoit écé
figné à Nanci le 31 Janvier précédent .
La maifon de Rennel , établie depuis trèslongtemps
en Lorraine , eft une des plus illuftres
de cette Province , tant par fon ancienneté
que par fes belles alliances. Richard de Rennel ,
Chevalier, vivoit fous le regne de Philippe de Valois
, près duquel il combattic vaillamment à la
bataille de Montcaffel en 1328 , & auquel il rendit
de grands fervices. Marguerite Stuard , qu'il
avoit épousée à la Cour du Roi d'Angleterre , le
rendit pere de Jean de Rennel , Chevalier , Capitaine
de 100 Lances , fire de Beaulieu par le don
que lui en fit le Roi Jean en 1350. Jeanne de
Hangeft , fon époufe , qui tefta en 1365 ,
fut mere
de Guillaume de Rennel , fire de Beaulieu , Chambellan
du Roi Charles VI , qui d'Yolande de Mouy,
eur pour enfans Bonaventure de Rennel , qui fuit
Jean , Chevalier de Rhodes , & Yolande , femme
de Matthieu de Riencourt , feigneur d'Orival.
;
Bonaventure de Rennel , fire de Beaulieu , Ca- '
JUI N. 1756. 229
pitaine de so hommes d'armes , époufa en 1415 ,
Alix de Soiffons , fille de Thibault , feigneur de
Moreuil , Gouverneur de Boulogne , & de Marguerite
de Poix. Il en eut Guillaume de Rennel , IF
du nom , fire de Beaulieu , Capitaine de so hommes
d'armes des ordonnances du Roi Louis XI.
marié en 1445 à Ifabeau , fille de Jean de Hangeft,
feigneur de Genlis , & de Marie de Sarrebruck ; il
en eut entr'autres enfans , Jean de Rennel , II du
nom , Capitaine d'une compagnie entretenue'
pour la garde de Boulogne , qui tefta le 10 Juin
1530 , & fut pere par fa femme Catherine d'Aumale
, fille de Jean d'Aumale , feigneur d'Efpaigni
, & de Jeanne de Soiffons-Moreuil , Vicomteffe
du Mont Notre- Dame , de Bonaventure de Rennel
, II du nom , Page du Duc de Lorraine en 1525,
puis premier Gentilhomme de la Chambre &
Principal Miniftre de Nicolas de Lorraine , Comte
de Vaudemont , pere de la Reine - Louife. H fut
auffi crée fecretaire d'Etat de Lorraine , le 11
Juillet 1552. Il mourut le 16 Mars 1584 , laiffant
de fa femme Marie de Janin de Manoncourt
morte en 1560 , qu'il avoit épousée le 3 Λούτ
1548 , Balthazar de Rennel , feigneur de Saint-
Bria , Jarville , S. Germain , S. Boin , Malzeville ,
Ecuyer d'écurie du Duc de Mercoeur , frere de la
Reine Louife , & depuis Miniftre d'Etat , & Préfident
de Lorraine , mort le 16 Novembre 1637 ,
âgé de 83 ans. Il avoit époufé le 9 Juin 1575 ,
Barbe de Lefcut . Elle etoit fille aînée de Jean de
Lefcut , Comte du S. Empire , & de Mayelle de
Beurges . C'est elle qui apporta dans la maifon de
Rennel le titre de Comte du S. Empire . Elle
mourut le 29 Mars 1637 , laiflant enti'autres enfans
Balthazar, II du nom , Comte de Rennel &
du S. Empire , Seigneur de Jarville & d'Andilly .
230 MERCURE DE FRANCE .
Confeiller d'Etat du Duc Charles IV , mort le 2
Novembre 1658. Il avoit époufé par contrat du
11 Janvier 1521 , Claude de Guérin du Montet.
Elle mourut le 3 Février 1641 , & fut mere de
François , Comte de Rennel & du S. Empire ,
qui fuit ; de Balthafar qui a fait la branche des .
Comtes de Rennel & de Lefcut , dont la poſtérité
fera rapportée après celle de fon frere aîné , & de
Charles-Jean, feigneur d'Andilly, Conſeiller d'état
du Duc Léopold , mort âgé de So ans , le 14 Avril
1716 , ne laiffant de fa femme Théreſe- Françoiſe
de Rouffelot que quatre filles. 1. Catherine Valerie
, morte en 1752 , veuve depuis 1739 de :
René de la Geard , dit le Marquis de Grefignac.
2º. Marie-Thérefe , morte en 1723 , veuve depuis
1708 de Charles- François de Serre , Confcil- :
fer d'Etat & Maître des Requêtes du Duc Léopold.
3 °. Marguerite- Reine , mariée en 1699 , à
Jean-Baptifte-André de Laugier , tué à la bataille
d'Hochftedt , étant capitaine au Régiment de
Languedoc. 4° . Marie- Antoinette , veuve du 10%
Mars 1734 , de Claude , Comte de la Rode , Baron
de Monconis , & Seigneur de Charnay en Bour
gogne.
François , Comte de Rennel & du S. Empire ,.
Seigneur de Jarville , Méhioncourt , Franconville ,
& Landecourt , fils aîné de Balthafar , II du nom
fut Confeiller d'Etat du Duc Charles IV, qui lui
donna en 1666 le commandement de Nanci , &
la Préfidence du Confeil de cette ville , & mourut
le 21 Février 1687. Il avoit épaulé 1º . par contrat
du 6 Novembre 1649 , Antoinette le Febvre ,.
Dame d'Ancy, morte le 5 Mai 1663. 2 ° . En 1664,
Antoinette le Marefchal , décédée le 2 Juin 1680.t
Il n'eut de cette feconde femme que Jeanne - Fran-*
goile de Rennel , mariée à Jofeph le Begue , C.-
JUIN. 1756. 23 .
du S. Empire & de Germiny , premier Miniftre
d'Etat de Lorraine , mort le 30 Janvier 1730 ,
onze mois après fa femme ; mais il eut de fon premier
mariage Marie -Françoiſe de Rennel , morce
le 28 Mai 1698 , femme de Charles- Henri de
Juvrecourt , commandant les Moufquetaires de la
garde du Duc Charles IV ; Balthafar- Jofeph - Dieudonné
, & Jean- Baptifte-Henri de Rennel , qui
ont laiffé postérité .
Balthafar-Jofeph-Dieudonné , Comte de Rennel
& du S. Empire , feigneur de Mehoncourt ,
d'Erbamont & de Circourt , Confeiller d'Etat du
Duc Léopold , & premier Préſident de la Chambre
des Comptes de Lorraine , né le 24 Septembre
1654 , mourut le 24 Février 1726. Il avoit
épousé par contrat du 23 Novembre 1687 , Françoife
de Huyn , niece du Comte de Huyn , Maré--
chal des Armées de l'Empereur, & Gouverneur de
Zizeth en Hongrie , décédée le premier Janvier
1723 , dont 1 °. Nicolas - François , qui fuit . 2º. Jofeph-
Ignace , Comte de Rennel & du Saint Em--
pire , Prélat-domeftique du Pape , Référendaire de
P'une & l'autre fignature , Grand- Chantre & Chanoine
de l'Eglife de S. Diez . 3 ° . Charles - François
, 'Comte de Rennel & du Saint Empire , Camé
rier d'honneur du Pape , & Chanoine de S. Diez.
4°. Jean-Baptifte-Henri-Balthafar,Comte de Rennel
& du Saint Empire , feigneur de Bouvigny ,
d'Erbamont & Circourt , ancien Capitaine aux
Gardes de l'Empereur.
Nicolas - François , Comte de Rennel & du Saint:
Empire , feigneur de Méhoncourt , a été créé Secretaire
d'Etat du Duc Léopold , le 20 Février
1721 , puis fon Miniftre Plénipotentiaire au Congrès
de Cambrai , enfin Commiffaire de l'Empereur
pour faire l'extradition de fes Duchés de
232 MERCURE DE FRANCE.
Lorraine & de Bar. Il a été maintenu avec ceux
de fon nom & de fes armes dans le titre de Comte
du Saint Empire , par Arrêt du Conſeil d'Etat ,
rendu à Luneville le 31 Août 1730 ,& tous les titres
justificatifs de fa filiation & illuftration de fa maifon
, ont été reconnus & vérifiés par Arrêt du Parlement
de Nanci dù 26 Septembre 1736. Il eft
veuf du 17 Décembre 1745 , de Magdeleine de
Pons , mariée par contrat du 20 Février 1732 , &
fille de Claude- Alexandre , Marquis de Pons de
Rennepont , Marechal des Camps & Armées du
Roi , & d'Anne- Dorothée de Bettainviller. Il a de
ce mariage , 1º . Jofeph-Ignace - Dieudonné , Comte
de Rennel & du Saint Empire , né le 20 Juin
1734 , Officier au Régiment du Roi infanterie ,
mort le 19 Novembre 1755. 2 ° . Marguerite - Ga→
brielle , née le 20 Mars 1739 , dont nous annon-
Cons le mariage. 3 ° . Anne - Marie , dite Mademoi
felle de Senlis , née le 21 Avril 1741. 4° . Jeanne-
Henriette , dite Mademoifelle de Moreuil , née le
3 Juin 1743. 5 ° . Elifabeth- Gloffinde , appellés
Mademoiſelle de Florainville , née le 17 Décembre
1745 .
I
Jean- Baptifte- Henri , Comte de Rennel & du
Saint Empire , feigneur d'Amelecourt . Colonel
d'infanterie , fecond fils de François , Comte de
Rennel & d'Antoinette le Fevre , eft mort le 3
Août 1748. Il avoit épousé par contrat du 16 Décembre
1692 , Maric- Nicole , morte les Novembre
1703 , fille de Henri- Philippe de Baillivy ,
commandant les Gendarmes de la Garde du Duc
Charles IV , & de Marie - Louife- Françoise de Voil
lot de Valleroy. De ce mariage font fortis , 1°. Charles
-Jean- Baptifte , Comte de Rennel & du Saint
Empire , Capitaine aux Gardes du Duc Léopold ,
mort le 8 Août 1724 , laiffaut de fa femme ClauJUIN.
1756. 233
de - Catherine le Febvre de S. Germain , foeur du
Comte de ce nom , une fille unique Anne- Catherine
de Rennel , née le jour de la mort de fon
pere , & mariée par contrat du 24 Février 1744, à
Jean- Baptifte -Hyacinthe- Dieudonné , Marquis
de Treftondam. 2. Antoine- Africain , dit le Chevalier
de Rennel , Officier au Régiment de Neuperg
, tué le 9 Octobre 1716 , au fiege de Temefwar.
3. Charles- François , Comte de Rennel &
du Saint Empire , né le zo Septembre 17c1 , & tué
de 12 Septembre 1719. Il avoit épousé par contrat
du 11 Octobre 1723 , Anne-Françoife- Scholaftique
de Greiche , de laquelle il a eu Anne - Catherine
de Rennel , mariée par contrat du 12 Juillet
1742, à fon oncle à la mode de Bretagne , Jean-
François , Comte de Grieche , feigneur de Jalocourt
, fils unique de Nicolas , Comte de Greiche,
Chambellan du Duc Léopold , & de Marie - Catherine
du Châtelet , foeur de René- François , Marquis
du Châtelet , Lieutenant Général des Armées
de l'Empereur.
Balthafar , III du nom , Comte de Rennel de
Lefcut & du Saint Empire , Seigneur de Jarville
fils puîné de Balthafar , II du nom , Comte de
Rennel , & de Claude de Guerin du Montet , mentionnés
ci- deffus , fut fubftitué au nom de Lefcut
par fon ayeule Barbe de Lefcut. Il mourut âgé de
quatre- vingts ans , lé 26 Octobre 1707 , ayant eu
de fon mariage , contracté le 8 Juillet 168 avec
Elizabeth , fille unique de Charles de Vitton , Seigneur
de Valfroicourt , Jean-Sigifbert , Comte
de Rennel de Lefcut & du Saint Empire , Confeil.
ler d'Etat du Duc Léopold , & fecond Préſident à
Mortier au Parlement de Nanci , décédé le 29
Juillet 1707. Il avoit épousé par Contrat du 3
Février 1687 , Catherine de Huyn , Dame de Bet234
MERCURE DE FRANCE.
toncourt, morte le Décembre 1741 , de laquelle
il cut , 1º. Thomas- Balthafar qui fuit. 2º. Jean-
Jofeph , Comte du Saint Empire , mort Chanoine
de S. Diez , le 20 Mars 1736. 3°.Charles, Comte
du Saint Empire , dit le Chevalier de Lefcut ,
ancien Capitaine aux Gardes du Duc de Lorraine.
4. Marguerite , veuve , du 4 Août 1751 , de Paul-
Melchior- Henri , Seigneur de Seichamps. 5 ° . Elifabeth
Catherine , morte le 5 Novembre 1751
femme de François de Lançon , Commandant à
Belle-ifle. 6°. Françoife , dite Mlle de Rennel , 7º.
Catherine , morte Religieufe en 1729.
Thomas - Balthafar, Comte de Rennel de Lefcut
& du Saint Empire , Seigneur de Bettoncourt , Capitaine
aux Gardes du Duc de Lorraine , mort le
17 Novembre 1749 , avoit épousé par Contrat du
26 Septembre 1722 Marie- Anne de Hoffelife , décédée
le 27 Mai 1730 , fille de Céfar de Hoffelife,
Seigneur de Burthecourt & de Chambrey , Capi
taine au Régiment de la Fere , & d'Antoinette de
Bouvet , Dame de Robert-Efpagne . De ce maria,
ge font fortis , 1 ° . Jofeph- Balthafar , Comte de
Rennel de Lefcut & du Saint Empire , Seigneur
de Bettoncourt , Burthecourt & Robert-Efpagne
né le 21 Août 1726 , qui donne lieu à cet article.
2°. Catherine- Gabrielle , mariée le 12 Avril 1746,
à Jean - Baptifte , Baron de Mahuet & du Saint
Empire , Comte de Mailly , dit le Comte de
Coyviller. 3 °. Marie- Therefe , dite Mlle de Lef
cut. 4°. Marguerite , dite Mlle de Burthecourt.
M. Conftant de Rebecque , Général au ſervice
'Hollande , Colonel d'un Régiment Suiffe de
fon nom , eft mort en Suiffe à Lauzanne , pays
de Vaux , canton de Berne , au commencement
de cette année , âgé de 79 ans . La famille de
Conftant de Rebecque eft d'une ancienne Nobleffe
JUIN. 1756. 235
originaire d'Artois , où elle a poffédé plufieurs
terres , & a eu des Charges honorables dans différentes
Cours . Elle a fourni des Chevaliers de S.
Jean de Jérufalem , & s'eft retirée en Suiffe après
les guerres de Religion.
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Résumé : « Madame la Comtesse de Noailles accoucha le 17 Avril d'un fils, [...] »
Le texte relate plusieurs événements et généalogies au sein de la noblesse française et suisse. Le 17 avril, la Comtesse de Noailles a donné naissance à un fils, Louis-Marie, baptisé par le Bailly de Froulay et la Duchesse douairière de La Vallière. Louis-Marie portera le titre de Chevalier d'Arpajon et bénéficiera d'un privilège accordé à son arrière-grand-père, le Duc d'Arpajon, dans l'Ordre de Malte. Ce privilège permet à un descendant aîné d'ajouter la Croix octogone de Malte à ses armes et de devenir Chevalier à la naissance, grand Croix à seize ans. Le texte mentionne également le Sultan Ibrahim menaçant l'île de Malte et le Duc d'Arpajon allant à son secours. En reconnaissance, le Grand Maître de l'Ordre de Malte accorde un privilège singulier à la famille d'Arpajon. Dame N..., veuve de Messire Yves Jean-Baptiste de La Boissière, Comte de Chambors, a accouché en février d'un fils, Louis-Joseph-Jean-Baptiste, baptisé par le Dauphin et la Dauphine au château de Versailles. Joseph-Balthazar, Comte de Rennel, a épousé Marguerite-Gabrielle de Rennel, sa cousine, le 5 février à Méhoncourt en Lorraine. La maison de Rennel, établie en Lorraine, est illustre par son ancienneté et ses alliances. Richard de Rennel, Chevalier, a combattu à la bataille de Montcaffel en 1328. Plusieurs générations de la famille Rennel sont détaillées, avec leurs titres, alliances et services militaires. Le texte mentionne également des naissances, mariages et décès au sein de la famille Rennel, ainsi que leurs titres et fonctions, comme Conseiller d'État, Capitaine, et Prélat-domestique du Pape. La famille de Constant de Rebecque, originaire d'Artois, a possédé plusieurs terres et occupé des charges honorables dans diverses cours. Elle a compté parmi ses membres des Chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Après les guerres de Religion, la famille s'est retirée en Suisse. Le décès de Charles de Constant de Rebecque est mentionné, survenu à de Vaux, dans le canton de Berne, au début de l'année 1756, à l'âge de 79 ans.
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1312
p. 202
PAYS-BAS.
Début :
Il fut décidé le 25, dans l'assemblée des Etats Généraux, que cette [...]
Mots clefs :
La Haye, États généraux , Décisions, Neutralité, Guerre franco-anglaise
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS- BAS.
DE LA HAYE , le 28 May.
Il fut décidé le 25 , dans l'affemblée des Etats
Généraux , que cette République obferveroit une
exacte neutralité dans la guerre qui s'eſt allumée
entre la France & la Grande- Bretagne.
DE LA HAYE , le 28 May.
Il fut décidé le 25 , dans l'affemblée des Etats
Généraux , que cette République obferveroit une
exacte neutralité dans la guerre qui s'eſt allumée
entre la France & la Grande- Bretagne.
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1313
p. 202-204
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Le Roi se rendit le 27 à la Chambre des Pairs avec les cérémonies accoutumées, [...]
Mots clefs :
Londres, Chambre des pairs, Chambre des communes, Sa Majesté, Discours, Guerre contre la France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE-BRE•TAGNE.
DE LONDRES , le 31 Mai.
Le Roi fe rendit le 27 à la Chambre des Pairs
avec les cérémonies accoutumées , & Sa Majefté
ayant mandé la Chambre des Communes , fit la
clôture des Séances du Parlement par le Difcours
fuivant. MYLORDS ET MESSTEURS , il est juste qu'après
avoir donné une application fi longue &fi conf
tante aux affaires publiques , vous preniez quelque
relâche . It eft jufte auſſi que je vousfaſſe més remerciemens
finceres de l'ardeur efficace , avec laquelle
vous m'avez aidé à foutenir la caufe dans laquelle
je me trouve engagé pour la Nation . Les infultes
2
les hoftilités commifes depuis quelque temps par
les François contre mes Etats & contre mes Sujets
viennent d'être fuivies d'une invafion dans l'Ifle
Minorque , quoique cette poffeffion me foit garantie
par toutes les Puillances de l'Europe , en particulier
par le Roi des François. Ainfi , pour défendre
l'honneur de ma Couronne les droits de mes
Sujets , j'ai été dans la néceffité de déclarer formel-
Tement la guerre à la France. Je me repose sur la
JUILLET. 1756. 203
Protection Divine & fur la vigoureuſe affiftance de
mes fideles Sujets dans une cauſeſi jußte. MESSIEURS
DE LA CHAMBRE DES COMMUNES , je vous remercie
de la promptitude avec laquelle vous m'avez accordé
des fecours fi confidérables. Vous pouvez être af
furés , qu'ils feront employés aux fins falutaires
pour lesquelles vous les avez donnés . MYLORDS ET
MESSIEURS , rien ne m'a plus fatisfait que la confiance
, que vous avez en moi. C'est la marque la
plus agréable , que je puiſſe recevoir de votre reconnoiffance.
Auffi vous devez être perfuadés , queje
n'en ferai ufage que pour votre avantage. Le maintien
de votre Religion , de vos Libertés de votre
Indépendance , eft fera toujours mon principal
objet. Je compte que de votre côté , vous ne vous
manquerez pas à vous-mêmes. Le Roi , en terminant
les Séances du Parlement , s'eft contenté d'ajourner
cette Affemblée ; & le Parlement eft cen
fé n'être point prorogé , mais fufpendre feulement
fes délibérations.
En conféquence de la Déclaration de guerre ,
publiée le 18 , le Roi a ordonné d'expédier des
Lettres de Marque aux Armateurs , pour les autorifer
à faire la courfe. Sa Majefté fe réſervera la
moitié de toutes les prifes qui fe feront , foit en
Navires Marchands , foit en Bâtimens Corſaires ;
& les fommes , qui proviendront de cette réferve
, feront employées à donner des gratifications
aux équipages qui s'empareront de quelques
Vaiffeaux de guerre des ennemis. La Fregate la
Lime rentra le 23 dans ce Port , extrêmement
maltraitée. Elle a recu quatre- vingts coups de canon
dans la voile de fon grand perroquet , cinquante-
quatre dans fa grande voile , & plufieurs à
fleur d'eau .
Depuis qu'on a publié la Déclaration de guerre,
-Lvj
204 MERCURE DE FRANCE.
il s'eft préfenté à la Banque un fi grand nombre
de perfonnes , pour retirer leurs fonds , que , ne
pouvant faire face à toutes les demandes , elle a
été obligée un de ces jours derniers , de fufpendre
pendant huit heures les payemens .
DE LONDRES , le 31 Mai.
Le Roi fe rendit le 27 à la Chambre des Pairs
avec les cérémonies accoutumées , & Sa Majefté
ayant mandé la Chambre des Communes , fit la
clôture des Séances du Parlement par le Difcours
fuivant. MYLORDS ET MESSTEURS , il est juste qu'après
avoir donné une application fi longue &fi conf
tante aux affaires publiques , vous preniez quelque
relâche . It eft jufte auſſi que je vousfaſſe més remerciemens
finceres de l'ardeur efficace , avec laquelle
vous m'avez aidé à foutenir la caufe dans laquelle
je me trouve engagé pour la Nation . Les infultes
2
les hoftilités commifes depuis quelque temps par
les François contre mes Etats & contre mes Sujets
viennent d'être fuivies d'une invafion dans l'Ifle
Minorque , quoique cette poffeffion me foit garantie
par toutes les Puillances de l'Europe , en particulier
par le Roi des François. Ainfi , pour défendre
l'honneur de ma Couronne les droits de mes
Sujets , j'ai été dans la néceffité de déclarer formel-
Tement la guerre à la France. Je me repose sur la
JUILLET. 1756. 203
Protection Divine & fur la vigoureuſe affiftance de
mes fideles Sujets dans une cauſeſi jußte. MESSIEURS
DE LA CHAMBRE DES COMMUNES , je vous remercie
de la promptitude avec laquelle vous m'avez accordé
des fecours fi confidérables. Vous pouvez être af
furés , qu'ils feront employés aux fins falutaires
pour lesquelles vous les avez donnés . MYLORDS ET
MESSIEURS , rien ne m'a plus fatisfait que la confiance
, que vous avez en moi. C'est la marque la
plus agréable , que je puiſſe recevoir de votre reconnoiffance.
Auffi vous devez être perfuadés , queje
n'en ferai ufage que pour votre avantage. Le maintien
de votre Religion , de vos Libertés de votre
Indépendance , eft fera toujours mon principal
objet. Je compte que de votre côté , vous ne vous
manquerez pas à vous-mêmes. Le Roi , en terminant
les Séances du Parlement , s'eft contenté d'ajourner
cette Affemblée ; & le Parlement eft cen
fé n'être point prorogé , mais fufpendre feulement
fes délibérations.
En conféquence de la Déclaration de guerre ,
publiée le 18 , le Roi a ordonné d'expédier des
Lettres de Marque aux Armateurs , pour les autorifer
à faire la courfe. Sa Majefté fe réſervera la
moitié de toutes les prifes qui fe feront , foit en
Navires Marchands , foit en Bâtimens Corſaires ;
& les fommes , qui proviendront de cette réferve
, feront employées à donner des gratifications
aux équipages qui s'empareront de quelques
Vaiffeaux de guerre des ennemis. La Fregate la
Lime rentra le 23 dans ce Port , extrêmement
maltraitée. Elle a recu quatre- vingts coups de canon
dans la voile de fon grand perroquet , cinquante-
quatre dans fa grande voile , & plufieurs à
fleur d'eau .
Depuis qu'on a publié la Déclaration de guerre,
-Lvj
204 MERCURE DE FRANCE.
il s'eft préfenté à la Banque un fi grand nombre
de perfonnes , pour retirer leurs fonds , que , ne
pouvant faire face à toutes les demandes , elle a
été obligée un de ces jours derniers , de fufpendre
pendant huit heures les payemens .
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 27 mai, le roi de Grande-Bretagne a clôturé les séances du Parlement en exprimant sa gratitude aux parlementaires pour leur engagement face aux hostilités françaises, notamment l'invasion de Minorque. En réponse, il a déclaré la guerre à la France pour défendre l'honneur de sa couronne et les droits de ses sujets. Le roi a remercié les Communes pour les secours accordés et assuré qu'ils seraient utilisés à bon escient. Il a souligné son engagement à maintenir la religion, les libertés et l'indépendance de la nation. Le Parlement a été ajourné sans prorogation. Suite à la déclaration de guerre, le roi a ordonné l'expédition de lettres de marque aux armateurs pour autoriser la course. La Banque a suspendu les paiements pendant huit heures en raison d'un afflux massif de retraits. La frégate La Lime est rentrée au port gravement endommagée.
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1314
p. 204-217
« Le 9 Mai, le Bourg de Ferechampenoise, un des plus considérables du [...] »
Début :
Le 9 Mai, le Bourg de Ferechampenoise, un des plus considérables du [...]
Mots clefs :
Capitaine, Pensions militaires, Régiments, Compagnies, Artillerie, Maréchal de Richelieu, Escadre anglaise, Conflit franco-anglais sur terre, Frégates, Officiers de marine, Conflit franco-anglais sur mer, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Traité défensif d'alliance, Sa Majesté, Marquis, Lieutenant, Ambassadeurs, Cérémonies, Cardinal de Tavannes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 9 Mai, le Bourg de Ferechampenoise, un des plus considérables du [...] »
LE 9 Mai , le Bourg de Ferechampenoiſe , un
des plus confidérables du Diocèfe de Châlonsfur-
Marne , a été prefque totalement détruit par.
un horrible incendie. Les habitans ont eu à peine.
temps de pourvoir à leur fûreté , & de fauver
leurs enfans. Dans l'intervalle d'une heure , près
de mille perfonnes fe font trouvées fans azyle &
fans reffources.
le
Le 11 , M. le Duc de Biron , après avoir fait la
revue des Gardes Françoifes dans la Plaine des
Sablons où le Régiment étoit campé , déclara que
le Roi avoit accordé une penfion de mille livres
fur le Tréfor Royal à M. le Comte d'Afpremont ,
Maréchal de Camp , Commandant du troiſieme
Bataillon de ce Régiment ; une pareille penfion à.
M. de Savary , Lieutenant de Grenadiers , ayant
Brevet de Colonel ; une de quatre cens francs ,,
auffi fur le Tréfor Royal , à M. de Chaffincourt-
Tilly , Sous- Lieutenant ; des Brevets de Colonels.
au Marquis de Rafilly , Lieutenant de Grenadiers
& au Comte du Dreneuc , Lieutenant ; & la Croix
de Saint Louis au Vicomte de Jaucourt , Lieutenant
à M. de Chaban , Sous- Aide- Major; au
JUILLET. 1756. 206
Chevalier de Palme , au Marquis de la Rochebouffeau
, à MM. de la Motte , de Termont , &
de Chieza , Sous- Lieutenans , & à M. de la Bordenne
, Enfeigne de Grenadiers.
Le Roi ayant porté à dix-fept Compagnies les
Bataillons de fon Infanterie Françoife ; & Sa Majefté
voulant que les Bataillons des Régimens de
fon Infanterie Suiffe & Grifonne , qui ne font actuellement
que de quatre cens-vingt hommes en
quatre Compagnies de cent vingt hommes chacune,
y compris les Officiers , foient rapprochés de la
compofition des Bataillons François , Sa Majefté a
ordonné que les douze Compagnies de chacun
des neuf Régimens Suiffes & de celui de Salis Grifon
, qui font à ſon ſervice , formaffent dorénavant
deux Bataillons compofés de fix Compagnies
chacun , au lieu d'être diftribuées , commé
elles font préfentement , en trois Bataillons de
quatre Compagnies. Veut Sa Majefté , que les fix
Compagnies , qui doivent compofer chacun des
deux Bataillons par Régiment , y foient placées
fuivant le rang d'ancienneté des Capitaines , &
dans l'ordre qu'éxige la nouvelle formation prefcrite
par la préfente Ordonnance . Chacune de
ces Compagnies continuera d'être compofée de
cent vingt hommes , y compris cinq Officiers ;
chaque Capitaine devant y entretenir deux Sergens
à vingt-cinq livres chacun , un troifieme
Sergent & un Fourrier à vingt livres chacun , un
Porte-Enfeigne & un Capitaine d'Armes à dixhuit
livres chacun , un Prevôt à quinze livres
quatre Caporaux , quatre Anfpeffades & cent Fufiliers
, les Tambours & les Fifres compris. Eatend
au furplus Sa Majefté que les Officiers
qui commandoient les troifiemes Bataillons defdits
Régimens Suiffes & Grifons , confervent, tant
106 MERCURE DE FRANCE.
qu'ils ne fe trouveront pas pourvus d'un grade
fupérieur , les prérogatives qui étoient attachées
à leur emploi.
Le 27 Mai , les Députés des Etats d'Artois ont
eu audience du Roi . Ils ont été préſentés à Sa
Majefté par M. le Duc de Chaulnes , Gouverneur
de la Province , & par M. le Comte d'Argenfon ,
Miniftre & Secretaire d'Etat , ayant le Département
de cette Province , & conduits par M. Def
granges , Maître des Cérémonies. La Députation
étoit compofée , pour le Clergé , de Dom de
Briois d'Hulluch , Abbé de Saint Vaaft d'Arras ;
du Comte de Beaufort , pour la Nobleffe ; & de M.
Harduin , Avocat en Parlement , & ancien Echevin
des Ville & Cité d'Arras , pour le Tiers-Etat.
Dans le travail du Roi avec M. le Comte d'Eu,
concernant le Régiment des Gardes Suiffes , Sa
Majefté a augmenté de cinq cens livres la penfion
de quinze cens que M. de Réding , Maréchal de
Camp, Premier Capitaine de ce Régiment, a fur le
Tréfor Royal . Elle a accordé une penfion de 1000 1.
auffi fur le Tréfor Royal , au Baron de Befenwald,
Brigadier , Capitaine d'une Compagnie dans le
même Régiment ; une pareille penfion , fur l'Ordre
de Saint Louis , à M. de Peftallozzi , Brigadier
, Capitaine-Commandant de la Compagnie
Lieutenante-Colonelle ; une de huit cens livres ,
fur le Tréfor Royal , à M. Altermatt , troifieme
Aide - Major ; une Commiffion de Colonel
à M. Schwitzer , Premier Lieutenant de la Compagnie
de Phiffer ; la Croix de S. Louis au Chevalier
de Maillaudor , Premier Lieutenant de la
Compagnie Générale , & à M. Schwitzer de Buonas
, fecond Lieutenant de la même Compagnie..
Depuis la defcente des troupes du Roi dans
1le Minorque, M. le Maréchal de Richelieu a
JUILLET. 1756. 207
été principalement occupé du foin de furmonter
les difficultés qui fe font rencontrées dans le
tranfport de l'artillerie à Mahon , & des munitions
de guerre & de bouche. Il eft enfin parvenu
à faire conftruire fur le Mont des Signaux une
batterie de cinq pieces de canon & d'autant de
mortiers , qui a commencé à tirer le 8 de Mai au
matin. Il afait occuper le 9 au foir le Fauxbourg,
dit la Ravale , par un Détachement de cent Volontaires,
par quatre Compagnies de Grenadiers &
parfixPiquets,aux ordres de M. le Comte de Briqueville
, Colonel , avec cinq cens Travailleurs , pour y
former des épaulemens & établir des batteries . Le
10,M. le Marquis de Roquepine Brigadier , ayant
fous lui MM . de Gaunay & d'Elva , Colonels , de
Magnac & de Virmont , Lieutenans Colonels , eft
parti dès le matin avec douze cens hommes , pour
fe porter du côté du Fort Marlboroug derriere la
Tour de Benifaïd. M. le Comte de Briqueville a
été relevé le foir par M. de la Serre , Brigadier
avec trois Compagnies de Grenadiers & neuf Piquets.
Auffitôt après , les deux Bataillons du Régiment
Royal , & le premier du Régiment Royal
Comtois , fe font portés à la droite du Fauxbourg,
le long d'une chaîne de maifons qui en forment
Fenceinte , pour protéger le travail , que M. le
Maréchal de Richelieu eft allé vifiter. M. d'Elva,
Colonel à la fuite du Régiment Royal Italien , a
été bleffé légérement à l'épaule. Les journées du
11 & du 12 Mai , ont été employées à conſtruire
des batteries à la gauche , à la droite & au centre
du Fauxbourg, dit la Ravale, fans que la Garnifon
Angloife ait inquiété les travailleurs autrement'
que par les bombes & le canon. Le 12 au foir
le Détachement du Fauxbourg fut compofé de
fept Compagnies de Grenadiers , huit Piquets &
208 MERCURE DE FRANCE.
trois Compagnies de Volontaires , & les batte
ries de bombes commencerent à tirer pendant la
nuit. Le 17 , la batterie de canons de la droite fe
trouva en état de tirer , & fut très- bien fervie. Le
18 , M. du Pinay , qui commandoit celle de la
gauche , fut tué, & le Prince Louis de Wirtemberg
, Maréchal de Camp , fut légérement bleſſé.
Le 19 , P'Efcadre Angloife ayant paru en mer ,
M. le Maréchal de Richelieu envoya treize Piquets
à M. le Marquis de la Galiffonniere , & fit
les difpofitions néceffaires pour empêcher toute
communication avec les Affiégés. Le 20 , les deux
Bataillons du Régiment Royal , aux ordres de
M. le Comte de Maillebois , Lieutenant- Général ,
fe rendirent le foir au dépôt de la tranchée , d'ou
ils envoyerent relever les poftes du Fauxbourg par
leurs Grenadiers & fix Piquets , avec cinq autres
Compagnies de Grenadiers & fix Piquets de différens
Corps. Une bombe ayant mis le feu à une de
nos batteries à deux heures après-midi , les affiégés
redoublerent leur feu , & firent une fortie de
la Lunette de la Reine , dans laquelle nos Grenadiers
les firent rentrer auffitôt. Pendant la journée
du 21 au 22 , on répara les anciennes batteries
, & l'on continua la conftruction des nouvelles.
Le 22 , l'Efcadre Françoife ayant réparu devant
le Port , l'Armée fit le foir une réjouiſſance
pour l'avantage que cette Efcadre avoit remporté
fur celle des Anglois. Le 23 , M. le Comte de
Lannion releva M. le Marquis du Mefnil à la
tranchée, avec les deux Bataillons de Royal la Marine
, indépendamment d'un pofte de Brigadier
établi dans le Fauxbourg. Cette journée & celle
du 24 ont été employées , comme les précédentes,.
aux réparations & nouvelles conftructions de bat
tories.
>
•
JUILLET. 1756. 209
Les Frégates du Roi l'Aquilon , de quarante
canons , & la Fidele , de vingt- quatre , comman
dées par MM. de Maurville , Capitaine , & de Lizardais
, Lieutenant de Vaiffeau , qui avoient ef
corté au large quelques Navires , revenoient à
Rochefort , lorfque le 17 elles ont eu connoiffance
vers l'Ile d'Oléron , d'un Vaiffeau de guerre
Anglois , de cinquante- fix canons , & d'une Frégate
, de trente , qui leur ont donné chaffe. Le
combat s'eft engagé à fix heures du foir entre le
Vaiffeau de guerre Anglois avec fa Frégate , & les
deux Frégates du Roi , de maniere que la Frégate
laFidele, a auffieffuyé d'abord quelques bordées du
Vaiffeau de guerre Anglois ; mais il eft enfuite
devenu particulier du Vaiffeau de guerre Anglois
avec la Frégate l'Aquilon , & de la Frégate Angloife
avec la Frégate la Fidele , qui ont été bientôt
hors de la vue des premiers. Le combat de la
Frégate de l'Aquilon contre le Vaiffeau de guerre
Anglois a duré près de huit heures ; & celui de la
Frégate la Fidele contre la Frégate Angloife
près de fix. Nonobftant la grande fupériorité de
l'artillerie du Vaiffeau Anglois & de la Frégate ,
tant en nombre de canons qu'en poids des boulets
, les deux Frégates du Roi les ont mis hors
de combat ; & les Anglois fe font retirés : mais il
n'a pas été poffible aux Frégates du Roi , qui
étoient défemparées de toutes leur manoeuvres, de
les pourfuivre. Elles font rentrées à Rochefort le
19 & le 20. On ne fçauroit donner trop d'éloges
à la bravoure que les Officiers , les Gardes de la
Marine & les Equipages , ont fait paroître dans
cette occafion. M. de Maurville a eu le bras droit
fracaffé dès le commencement du combat , &
Fon a été obligé de le lui couper fur le champ .
Malgré cet accident , qui l'a obligé de céder le
210 MERCURE DE FRANCE.
commandement à M. de la Filliere , Capitaine en
fecond , il n'a pas ceffé de donner des marques
de la plus grande fermeté. M. de la Filliere a reçu
trois bleffures. M. Héron , Premier Lieutenant ,
a été tué fur le gaillard d'avant ; & le Chevalier
de Cardaillac , qui commandoit le Détachement
des Gardes de la Marine , a eu un bras caffé. Il
n'y a eu aucun Officier de tué ni de bleffé ſur la
Frégate la Fidele. Dans les Equipages, la Frégate
l'Aquilon a eu quinze hommes tués & vingt-fix
bleflés ; & la Frégate la Fidele , huit tués & dixhuit
bleffés.
La Cour vient de rendre public un Ecrit qui a
pour titre , MEMOIRE concernant le précis des faits
avec leurs piecesjuftificatives , pour fervir de réponfe
aux OBSERVATIONS envoyées par les Miniftres
d'Angleterre dans les Cours de l'Europe . L'objet
des Obfervations fur le premier Mémoire de la
France étoit de juftifier le refus fait par l'Angleterre
de fatisfaire à la réquifition du Roi , du 21
Décembre dernier , & de reftituer les Vaiffeaux
pris en pleine paix . Le feul moyen de colorer ce
refus étoit d'imputer aux François des hoftilités
antérieures à celles des Anglois , & cette fauffe
´imputation eft réfutée dans l'Ecrit que nous annonçons.
On n'oppofe aux fuppofitions des Anglois
que l'expofé le plus fimple de tout ce qui
s'eft paffé entre les deux Nations , foit en Amérique
, foit en Europe , depuis le dernier Traité
d'Aix-la- Chapelle ; & l'on n'avance aucun fait
qui ne foit ou avoué des deux Cours , ou prouvé
par des pieces authentiques & irréprochables.
Parmi ces pieces font celles qui ont été trouvées
dans les papiers du Général Braddock , après le
combat dans lequel il a perdu la vie.
Il paroît une Déclaration du Roi , portant fuf-
1
JUILLET. 1756. 211
penfion du Dixieme de l'Amiral , & autres encouragemens
pour la Courſe.
M. le Marquis de Juigné ayant préféré de commander
une Brigade dans le Régiment des Grenadiers
de France , le Roi a difpofé du Régiment
de Forez , en faveur de M. le Comte de Puyfegur,
Colonel dans celui des Grenadiers de France.
Le Roi a conclu avec l'Impératrice Reine de
Hongrie & de Bohême , un Acte ou Convention
de Neutralité , & un Traité défenfif d'Alliance &
d'Amitié. Cette Convention & ce Traité furent
fignés à Verſailles le premier du mois de Mai , &
les Ratifications y ont été échangées le 28 du
même mois.
Le 17 Mai aufoir , M. le Marquis de la Galif
fonniere , commandant l'Efcadre du Roi dans fa
Méditerranée , fut informé par la Frégate la Gracieufe
, qui étoit en croifiere fur Mayorque , qu'el
le avoit découvert une Eſcadre Angloiſe , qui pouvoit
être alors à huit ou dix lieues dans le Sud. Le
18 , l'Eſcadre du Roi manoeuvra pour aller à la
rencontre de celle des Anglois , mais le calme en
empêcha. Le 19 au matin , on découvrit l'Eſcadre
Angloife du haut des mâts. Elle étoit au vent ,
& il ne fut pas poffible à l'Efcadre du Roi , de
l'approcher jufqu'à la portée du canon. Le 20
M. le Marquis de la Galiffonniere étoit parvenu
gagner le vent : mais dans le tems qu'il ſe trouvoit
dans cette pofition , le vent changea tout
d'un coup ; ce qui rendit cet avantage à l'Eſcadre
Angloife. A deux heures & demie après-midi , les
deux Efcadres fe trouverent en lignes , celle dés
Anglois compofée de dix-huit voiles , dont treize
Vaiffeaux de ligné , & celle du Roi , de douze
Vaiffeaux & quatre Frégates. Le combat fut engagé
par l'avant-garde de l'Efcadre du Roi , qui
212 MERCURE DE FRANCE.
attaqua l'arriere- garde de celles des Anglois. II
devint fucceffivement général : mais il ne le fut
pas pendant tout le tems de fa durée. Les Vaiffeaux
Anglois , qui étoient les plus maltraités
des bordées des Vaiffeaux du Roi , profitant de
l'avantage du vent , pour fe mettre hors de la
portée du canon. L'Efcadre Angloife , après avoir
porté fes plus grands efforts fur l'arriere- garde de
celle du Roi , qu'elle a trouvée fi ferrée , & dont
elle a effuyé un fi grand feu , qu'elle n'a pu l'entamer
, a pris le parti de s'éloigner. Elle avoit
toujours confervé l'avantage du vent , ce qui l'a
mife en état de ne point s'engager. Le combat a
duré près de quatre heures. En général , il n'y a
eu aucun Vaiffeau de l'Efcadre Angloife , qui ait
foutenu longtemps le feu des Vaiffeaux de l'Efca
dre du Roi , lefquels ont peu fouffert. Ils étoient
entiérement réparés dans la nuit , & en état de
combattre le lendemain. Nous n'avons eu que
trente-huit hommes tués , & cent quatre- vingtquatre
bleffés. Aucun Officier n'a été tué. Ceux
qui ont été bleffés , font MM . de Peruffy & de
Puty , Enfeignes , & M. de Gibanelle , Garde de
la Marine , fur le Vaiffeau le Foudroyant ; M. de
Seignoret , Garde de la Marine , fur le Téméraire;
M. de Gravier , Lieutenant fur le Guerrier ; le
Chevalier d'Urre , Lieutenant fur le Sage ; le
Chevalier de Beaucoufe , Lieutenant ; M. d'Alberas
, Enfeigne , & M. Dubeny , Garde de la Marine
, fur le Content..
Depuis l'arrivée de ces nouvelles qui font du
21 , il eft venu des lettres de l'Efcadre , datées du
25. L'Efcadre Angloife n'avoit point reparu , &
celle du Roi continuoit de croifer devant l'entrée
du Port- Mahon . Le Chevalier de Beaucouſe ,
Lieutenant de Vaiffeau , qui avoit eu une cuiffe.
JUILLET. 1756. 213
caffée dans le combat du 20 , & qui avoit été
tranſporté à terre à Mahon , y étoit mort le 24 .
M. de Gibanelle & de Seignoret , Gardes de la
Marine , étoient fort mal à bord des Vaiffeaux fur
lefquels ils ont été bleffés , le premier ayant eu
les reins brifés , & le fecond les deux jambes caffées
. Mais le Chevalier d'Urre , Lieutenant de
Vaifleau , qui a eu un bras caffé , donnoit beaucoup
d'efpérance de guérifon. Les autres bleffés
le font peu dangereufement.
Le 6 Juin , jour de la Pentecôte , les Chevaliers
, Commandeurs & Officiers de l'Ordre du
Saint- Elprit , s'étant affemblés vers les onze heu--
res du matin dans le Cabinet du Roi , Sa Majesté
tint un Chapitre. L'Information des vie & moeurs,
& la Profeffion de Foi , du Marquis de Saint Vital
& du Prince Jablonowski , qui avoient été propofés
le premier Janvier pour être Chevaliers ,
furent admifes , & ils furent introduits dans le
Cabinet , & reçus Chevaliers de l'Ordre de Saint
Michel. Le Roi fortit enfuite de fon apparte
ment , pour aller à la Chapelle. Sa Majesté , devant
laquelle les deux Huiffiers de la Chambre
portoient leurs Maffes , étoit en Manteau , le
Collier de l'Ordre par-deffus , ainfi que celui de
l'Ordre de la Toifon d'Or. Elle étoit précédée
de Monfeigneur le Dauphin , du Duc d'Or
léans , du Prince de Condé , du Comte de Charolois
, du Comte de Clermont , du Prince de Conty
, du Comte de la Marche , du Comte d'Eu ;
du Duc de Penthievre , & des Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre. Les deux nouveaux
Chevaliers , en habit de Novices , marchoient
entre les Chevaliers & les Officiers. Après
la grande Meffe , qui fut célébrée par le Prince
Conftantin , Commandeur de l'Ordre , & Prejer
Aumônier du Roi , Sa Majefté monta fux,.
214 MERCURE DE FRANCE .
fon Trône , & revêtit des Marques de l'Ordre les
deux nouveaux Chevaliers. Le Marquis de Saint
Vital eut pour Parrain le Maréchal de Clermont-
Tonnerre. Le Marquis de Matignon fut celui du
Prince Jablonowski. Cette cérémonie étant finie,
le Roi fut reconduit à ſon appartement en la maniere
accoutumée.
M. Dufort , Introducteur des Ambaffadeurs ,
alla le 7 prendre dans les carroffes du Roi & de la
Reine , le Cardinal de Tavannes en fon Hôtel à
Verfailles , & il le conduifit chez le Roi avec
l'Abbé Durini , Camérier Secret du Pape , nommé
par Sa Sainteté pour apporter les Bonnets aux
Cardinaux de Tavannes , de Luynes & de Gefvres.
Avant la Meffe du Roi , l'Abbé Durini fut conduit
, avec les cérémonies accoutumées , à l'au
dience le Roi lui donna dans fon Cabinet
que
& il préfenta à Sa Majesté un Bref de Sa Sainteté.
Après cette audience ,le Roi defcendit à la Chapelle
, où le Cardinal de Tavannes ſe rendit à la fin de
la Meffe , étant conduit par le fieur Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs, Monfieur Defgranà
la
reçut ges , Maître des Cérémonies , porte
La Chapelle le Cardinal de Tavannes , lequel alla
fe placer près du Prié-Dieu du Roi , du côté de
PEvangile , & fe mit à genoux fur un carreau.
L'Abbé Dutini , revêtu de fon habit de cérémonie
, ayant remis entre les mains du Cardinal de
Tavannes le Bref du Pape , alla prendre fur la
Crédence Près de l'Autel , du côté de l'Epître
un Baffin de vermeil doré , fur lequel étoit le
Bonnet , & il le préfenta au Roi. Sa Majesté prit
le Bonnet , & le mit fur la tête du Cardinal de
Tavannes , qui en le recevant , fit une profonde
inclination , & à l'inſtant même fe découvrit.
Dès que le Roi fut en marche pour fortir de la
Chapelle , le Cardinal de Tavannes entra dans la
de
JUILLET. 1756 . 215
Sacriftie , où il prit les habits de fa nouvelle dignité.
Il montà enfuite chez le Roi , étant accompagné
du Maître des Cérémonies. M. Dufort ,
Introducteur des Ambaffadeurs , qui étoit toujours
refté auprès du Cardinal de Tavannes , l'introduifit
dans le Cabinet du Roi , où ce Cardinal fit
fon remerciement à Sa Majesté . Le Cardinal de
Tavannes fut conduit avec les mêmes cérémonies.
à l'audience de la Reine , à laquelle il préfenta
P'Abbé Durini , qui remit à Sa Majesté un Bref
du Pape. Pendant l'audience , on apporta un
tabouret , & le Cardinal de Tavannes s'affit . Il
fut conduit enfuite à l'audience de Monfeigneur
le Dauphin , de Madame la Dauphine , de Madame
, & à celles de Mefdames Victoire , Sophie
& Louife. Après toutes ces audiences , le Cardinal
de Tavannes fut reconduit par M. Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs , dans les carroffes
du Roi & de la Reine à fon Hôtel , avec les cérémonies
obfervées lorſqu'on étoit allé le prendre
pour l'amener chez le Roi.
Le 8 , le Cardinal de Luynes , & le 10 le Cardinal
de Gefvres reçurent des mains du Roi dans
la Chapelle, le Bonnet de Cardinal avec les mêmes
cérémonies.
L'Eglife de l'Abbaye Royale de Pantemont
été bénîte le 30 de Mai , par Dom Couthaud, Religieux
de l'Abbaye de Cîteau , Docteur de Sorbonne
, & Provifeur du College. La cérémonie
en fut édifiante , & fuivie d'une grand'Meffe
chantée par les Religieux , au milieu de laquelle
M. l'Abbé de la Paufe fit un Diſcours , dontl'ob
jet étoit relatif à la pureté du Temple intérieur
fignifié par la Bénédiction du Temple extérieur
qui venoit d'être faite. L'après -dinée , après Vêpres
chantées , il y eut un Salut , dont la mufique
216 MERCURE DE FRANCE.
fut dirigée par M. Balbaftre, & très - bien exécutée.
La Bénédiction fut donnée par le R. P. Général
des Bénédictins , & Madame la Ducheffe de Modene
y aflifta avec la cour & plufieurs perfonnes
de diftinction.
Le 3 Juin , Monfeigneur le Dauphin & Madame
, fe rendirent dans cette Abbaye pour nommer
deux Cloches de la nouvelle Eglife . A la porte
extérieure , ils furent reçus avec les cérémonies
accoutumées , & complimentés avec applaudiffement
par Dom Couthaud : delà arrivés à la
porte de la grille du Choeur , Madame l'Abbeffe
de Pantemont , avec fa croffe , à la tête de fa
Communauté , & accompagnée de plufieurs autres
Abbeffes , les conduifit à leur prie- Dieu en
chantant le Laudate . Dom Couthaud fit la cérémonie
, qui fut fuivie du Salut pendant l'une &
l'autre , la mufique exécuta plufieurs morceaux
& Motets choifis. Enfuite Monfeigneur le Dau
phin & Madame fuivis de leur cour , furent conduits
au Réfectoire , où trois jeunes Demoiſelles
habillées en Vierges , préfenterent trois corbeilles
remplies tant de fleurs que d'ouvrages , bourfes , -
facs & noeuds d'épée : chacune déclama différentes
pieces de vers avec autant de nobleffe que de modeftie
; Madame l'Abbeffe préſenta dans le même
Réfectoire la collation à Monfeigneur le Dauphin
& à Madame. Il y avoit , entr'autres fingularités ,
les meilleurs fruits de primeur , & les plus rares
pour la faifon ; des melons , des pêches , des cerneaux
, du raifin . Enfuite Monſeigneur le Dauphin
& Madame voulurent parcourir les Bâtimens , &
partout le Prince & la Princeffe marquerent leur
fatisfaction.
On doit obferver ici que le Monaftere & l'Eglife
de l'Abbaye de Pantemont ont été faits &
conduits
JUILLET . 1756 . 217
conduits fur les deffeins de M. Contant , Architecte
du Roi , de Monfeigneur le Duc d'Orléans
& de l'Académie d'Architecture . Il étoit réservé
au talent & à la réputation de cet Artifte de
donner un exemple public que l'on pouvoit
voûter les Dômes & les Eglifes , fuivant la conftruction
des voûtes qu'il a fait exécuter avec ſuccès
dans le Château de Biffy , appartenant à M. le
Maréchal Duc de Belleifle ; l'Eglife & le Dôme
de Pantemont font les premiers exemples exécutés
en France de cette conftruction , qui prouvent
que l'ufage de ces voûtes feroient d'une grande
utilité pour être employé à la conſtruction de
nos Eglifes modernes , & que l'on pourroit par
cette pratique leur donner avec le bon goût de
l'architecture , l'élégance & la légéreté des Eglifes
gothiques , dont la conftruction hardie & folide
caufe autant de regrets que d'admiration .
des plus confidérables du Diocèfe de Châlonsfur-
Marne , a été prefque totalement détruit par.
un horrible incendie. Les habitans ont eu à peine.
temps de pourvoir à leur fûreté , & de fauver
leurs enfans. Dans l'intervalle d'une heure , près
de mille perfonnes fe font trouvées fans azyle &
fans reffources.
le
Le 11 , M. le Duc de Biron , après avoir fait la
revue des Gardes Françoifes dans la Plaine des
Sablons où le Régiment étoit campé , déclara que
le Roi avoit accordé une penfion de mille livres
fur le Tréfor Royal à M. le Comte d'Afpremont ,
Maréchal de Camp , Commandant du troiſieme
Bataillon de ce Régiment ; une pareille penfion à.
M. de Savary , Lieutenant de Grenadiers , ayant
Brevet de Colonel ; une de quatre cens francs ,,
auffi fur le Tréfor Royal , à M. de Chaffincourt-
Tilly , Sous- Lieutenant ; des Brevets de Colonels.
au Marquis de Rafilly , Lieutenant de Grenadiers
& au Comte du Dreneuc , Lieutenant ; & la Croix
de Saint Louis au Vicomte de Jaucourt , Lieutenant
à M. de Chaban , Sous- Aide- Major; au
JUILLET. 1756. 206
Chevalier de Palme , au Marquis de la Rochebouffeau
, à MM. de la Motte , de Termont , &
de Chieza , Sous- Lieutenans , & à M. de la Bordenne
, Enfeigne de Grenadiers.
Le Roi ayant porté à dix-fept Compagnies les
Bataillons de fon Infanterie Françoife ; & Sa Majefté
voulant que les Bataillons des Régimens de
fon Infanterie Suiffe & Grifonne , qui ne font actuellement
que de quatre cens-vingt hommes en
quatre Compagnies de cent vingt hommes chacune,
y compris les Officiers , foient rapprochés de la
compofition des Bataillons François , Sa Majefté a
ordonné que les douze Compagnies de chacun
des neuf Régimens Suiffes & de celui de Salis Grifon
, qui font à ſon ſervice , formaffent dorénavant
deux Bataillons compofés de fix Compagnies
chacun , au lieu d'être diftribuées , commé
elles font préfentement , en trois Bataillons de
quatre Compagnies. Veut Sa Majefté , que les fix
Compagnies , qui doivent compofer chacun des
deux Bataillons par Régiment , y foient placées
fuivant le rang d'ancienneté des Capitaines , &
dans l'ordre qu'éxige la nouvelle formation prefcrite
par la préfente Ordonnance . Chacune de
ces Compagnies continuera d'être compofée de
cent vingt hommes , y compris cinq Officiers ;
chaque Capitaine devant y entretenir deux Sergens
à vingt-cinq livres chacun , un troifieme
Sergent & un Fourrier à vingt livres chacun , un
Porte-Enfeigne & un Capitaine d'Armes à dixhuit
livres chacun , un Prevôt à quinze livres
quatre Caporaux , quatre Anfpeffades & cent Fufiliers
, les Tambours & les Fifres compris. Eatend
au furplus Sa Majefté que les Officiers
qui commandoient les troifiemes Bataillons defdits
Régimens Suiffes & Grifons , confervent, tant
106 MERCURE DE FRANCE.
qu'ils ne fe trouveront pas pourvus d'un grade
fupérieur , les prérogatives qui étoient attachées
à leur emploi.
Le 27 Mai , les Députés des Etats d'Artois ont
eu audience du Roi . Ils ont été préſentés à Sa
Majefté par M. le Duc de Chaulnes , Gouverneur
de la Province , & par M. le Comte d'Argenfon ,
Miniftre & Secretaire d'Etat , ayant le Département
de cette Province , & conduits par M. Def
granges , Maître des Cérémonies. La Députation
étoit compofée , pour le Clergé , de Dom de
Briois d'Hulluch , Abbé de Saint Vaaft d'Arras ;
du Comte de Beaufort , pour la Nobleffe ; & de M.
Harduin , Avocat en Parlement , & ancien Echevin
des Ville & Cité d'Arras , pour le Tiers-Etat.
Dans le travail du Roi avec M. le Comte d'Eu,
concernant le Régiment des Gardes Suiffes , Sa
Majefté a augmenté de cinq cens livres la penfion
de quinze cens que M. de Réding , Maréchal de
Camp, Premier Capitaine de ce Régiment, a fur le
Tréfor Royal . Elle a accordé une penfion de 1000 1.
auffi fur le Tréfor Royal , au Baron de Befenwald,
Brigadier , Capitaine d'une Compagnie dans le
même Régiment ; une pareille penfion , fur l'Ordre
de Saint Louis , à M. de Peftallozzi , Brigadier
, Capitaine-Commandant de la Compagnie
Lieutenante-Colonelle ; une de huit cens livres ,
fur le Tréfor Royal , à M. Altermatt , troifieme
Aide - Major ; une Commiffion de Colonel
à M. Schwitzer , Premier Lieutenant de la Compagnie
de Phiffer ; la Croix de S. Louis au Chevalier
de Maillaudor , Premier Lieutenant de la
Compagnie Générale , & à M. Schwitzer de Buonas
, fecond Lieutenant de la même Compagnie..
Depuis la defcente des troupes du Roi dans
1le Minorque, M. le Maréchal de Richelieu a
JUILLET. 1756. 207
été principalement occupé du foin de furmonter
les difficultés qui fe font rencontrées dans le
tranfport de l'artillerie à Mahon , & des munitions
de guerre & de bouche. Il eft enfin parvenu
à faire conftruire fur le Mont des Signaux une
batterie de cinq pieces de canon & d'autant de
mortiers , qui a commencé à tirer le 8 de Mai au
matin. Il afait occuper le 9 au foir le Fauxbourg,
dit la Ravale , par un Détachement de cent Volontaires,
par quatre Compagnies de Grenadiers &
parfixPiquets,aux ordres de M. le Comte de Briqueville
, Colonel , avec cinq cens Travailleurs , pour y
former des épaulemens & établir des batteries . Le
10,M. le Marquis de Roquepine Brigadier , ayant
fous lui MM . de Gaunay & d'Elva , Colonels , de
Magnac & de Virmont , Lieutenans Colonels , eft
parti dès le matin avec douze cens hommes , pour
fe porter du côté du Fort Marlboroug derriere la
Tour de Benifaïd. M. le Comte de Briqueville a
été relevé le foir par M. de la Serre , Brigadier
avec trois Compagnies de Grenadiers & neuf Piquets.
Auffitôt après , les deux Bataillons du Régiment
Royal , & le premier du Régiment Royal
Comtois , fe font portés à la droite du Fauxbourg,
le long d'une chaîne de maifons qui en forment
Fenceinte , pour protéger le travail , que M. le
Maréchal de Richelieu eft allé vifiter. M. d'Elva,
Colonel à la fuite du Régiment Royal Italien , a
été bleffé légérement à l'épaule. Les journées du
11 & du 12 Mai , ont été employées à conſtruire
des batteries à la gauche , à la droite & au centre
du Fauxbourg, dit la Ravale, fans que la Garnifon
Angloife ait inquiété les travailleurs autrement'
que par les bombes & le canon. Le 12 au foir
le Détachement du Fauxbourg fut compofé de
fept Compagnies de Grenadiers , huit Piquets &
208 MERCURE DE FRANCE.
trois Compagnies de Volontaires , & les batte
ries de bombes commencerent à tirer pendant la
nuit. Le 17 , la batterie de canons de la droite fe
trouva en état de tirer , & fut très- bien fervie. Le
18 , M. du Pinay , qui commandoit celle de la
gauche , fut tué, & le Prince Louis de Wirtemberg
, Maréchal de Camp , fut légérement bleſſé.
Le 19 , P'Efcadre Angloife ayant paru en mer ,
M. le Maréchal de Richelieu envoya treize Piquets
à M. le Marquis de la Galiffonniere , & fit
les difpofitions néceffaires pour empêcher toute
communication avec les Affiégés. Le 20 , les deux
Bataillons du Régiment Royal , aux ordres de
M. le Comte de Maillebois , Lieutenant- Général ,
fe rendirent le foir au dépôt de la tranchée , d'ou
ils envoyerent relever les poftes du Fauxbourg par
leurs Grenadiers & fix Piquets , avec cinq autres
Compagnies de Grenadiers & fix Piquets de différens
Corps. Une bombe ayant mis le feu à une de
nos batteries à deux heures après-midi , les affiégés
redoublerent leur feu , & firent une fortie de
la Lunette de la Reine , dans laquelle nos Grenadiers
les firent rentrer auffitôt. Pendant la journée
du 21 au 22 , on répara les anciennes batteries
, & l'on continua la conftruction des nouvelles.
Le 22 , l'Efcadre Françoife ayant réparu devant
le Port , l'Armée fit le foir une réjouiſſance
pour l'avantage que cette Efcadre avoit remporté
fur celle des Anglois. Le 23 , M. le Comte de
Lannion releva M. le Marquis du Mefnil à la
tranchée, avec les deux Bataillons de Royal la Marine
, indépendamment d'un pofte de Brigadier
établi dans le Fauxbourg. Cette journée & celle
du 24 ont été employées , comme les précédentes,.
aux réparations & nouvelles conftructions de bat
tories.
>
•
JUILLET. 1756. 209
Les Frégates du Roi l'Aquilon , de quarante
canons , & la Fidele , de vingt- quatre , comman
dées par MM. de Maurville , Capitaine , & de Lizardais
, Lieutenant de Vaiffeau , qui avoient ef
corté au large quelques Navires , revenoient à
Rochefort , lorfque le 17 elles ont eu connoiffance
vers l'Ile d'Oléron , d'un Vaiffeau de guerre
Anglois , de cinquante- fix canons , & d'une Frégate
, de trente , qui leur ont donné chaffe. Le
combat s'eft engagé à fix heures du foir entre le
Vaiffeau de guerre Anglois avec fa Frégate , & les
deux Frégates du Roi , de maniere que la Frégate
laFidele, a auffieffuyé d'abord quelques bordées du
Vaiffeau de guerre Anglois ; mais il eft enfuite
devenu particulier du Vaiffeau de guerre Anglois
avec la Frégate l'Aquilon , & de la Frégate Angloife
avec la Frégate la Fidele , qui ont été bientôt
hors de la vue des premiers. Le combat de la
Frégate de l'Aquilon contre le Vaiffeau de guerre
Anglois a duré près de huit heures ; & celui de la
Frégate la Fidele contre la Frégate Angloife
près de fix. Nonobftant la grande fupériorité de
l'artillerie du Vaiffeau Anglois & de la Frégate ,
tant en nombre de canons qu'en poids des boulets
, les deux Frégates du Roi les ont mis hors
de combat ; & les Anglois fe font retirés : mais il
n'a pas été poffible aux Frégates du Roi , qui
étoient défemparées de toutes leur manoeuvres, de
les pourfuivre. Elles font rentrées à Rochefort le
19 & le 20. On ne fçauroit donner trop d'éloges
à la bravoure que les Officiers , les Gardes de la
Marine & les Equipages , ont fait paroître dans
cette occafion. M. de Maurville a eu le bras droit
fracaffé dès le commencement du combat , &
Fon a été obligé de le lui couper fur le champ .
Malgré cet accident , qui l'a obligé de céder le
210 MERCURE DE FRANCE.
commandement à M. de la Filliere , Capitaine en
fecond , il n'a pas ceffé de donner des marques
de la plus grande fermeté. M. de la Filliere a reçu
trois bleffures. M. Héron , Premier Lieutenant ,
a été tué fur le gaillard d'avant ; & le Chevalier
de Cardaillac , qui commandoit le Détachement
des Gardes de la Marine , a eu un bras caffé. Il
n'y a eu aucun Officier de tué ni de bleffé ſur la
Frégate la Fidele. Dans les Equipages, la Frégate
l'Aquilon a eu quinze hommes tués & vingt-fix
bleflés ; & la Frégate la Fidele , huit tués & dixhuit
bleffés.
La Cour vient de rendre public un Ecrit qui a
pour titre , MEMOIRE concernant le précis des faits
avec leurs piecesjuftificatives , pour fervir de réponfe
aux OBSERVATIONS envoyées par les Miniftres
d'Angleterre dans les Cours de l'Europe . L'objet
des Obfervations fur le premier Mémoire de la
France étoit de juftifier le refus fait par l'Angleterre
de fatisfaire à la réquifition du Roi , du 21
Décembre dernier , & de reftituer les Vaiffeaux
pris en pleine paix . Le feul moyen de colorer ce
refus étoit d'imputer aux François des hoftilités
antérieures à celles des Anglois , & cette fauffe
´imputation eft réfutée dans l'Ecrit que nous annonçons.
On n'oppofe aux fuppofitions des Anglois
que l'expofé le plus fimple de tout ce qui
s'eft paffé entre les deux Nations , foit en Amérique
, foit en Europe , depuis le dernier Traité
d'Aix-la- Chapelle ; & l'on n'avance aucun fait
qui ne foit ou avoué des deux Cours , ou prouvé
par des pieces authentiques & irréprochables.
Parmi ces pieces font celles qui ont été trouvées
dans les papiers du Général Braddock , après le
combat dans lequel il a perdu la vie.
Il paroît une Déclaration du Roi , portant fuf-
1
JUILLET. 1756. 211
penfion du Dixieme de l'Amiral , & autres encouragemens
pour la Courſe.
M. le Marquis de Juigné ayant préféré de commander
une Brigade dans le Régiment des Grenadiers
de France , le Roi a difpofé du Régiment
de Forez , en faveur de M. le Comte de Puyfegur,
Colonel dans celui des Grenadiers de France.
Le Roi a conclu avec l'Impératrice Reine de
Hongrie & de Bohême , un Acte ou Convention
de Neutralité , & un Traité défenfif d'Alliance &
d'Amitié. Cette Convention & ce Traité furent
fignés à Verſailles le premier du mois de Mai , &
les Ratifications y ont été échangées le 28 du
même mois.
Le 17 Mai aufoir , M. le Marquis de la Galif
fonniere , commandant l'Efcadre du Roi dans fa
Méditerranée , fut informé par la Frégate la Gracieufe
, qui étoit en croifiere fur Mayorque , qu'el
le avoit découvert une Eſcadre Angloiſe , qui pouvoit
être alors à huit ou dix lieues dans le Sud. Le
18 , l'Eſcadre du Roi manoeuvra pour aller à la
rencontre de celle des Anglois , mais le calme en
empêcha. Le 19 au matin , on découvrit l'Eſcadre
Angloife du haut des mâts. Elle étoit au vent ,
& il ne fut pas poffible à l'Efcadre du Roi , de
l'approcher jufqu'à la portée du canon. Le 20
M. le Marquis de la Galiffonniere étoit parvenu
gagner le vent : mais dans le tems qu'il ſe trouvoit
dans cette pofition , le vent changea tout
d'un coup ; ce qui rendit cet avantage à l'Eſcadre
Angloife. A deux heures & demie après-midi , les
deux Efcadres fe trouverent en lignes , celle dés
Anglois compofée de dix-huit voiles , dont treize
Vaiffeaux de ligné , & celle du Roi , de douze
Vaiffeaux & quatre Frégates. Le combat fut engagé
par l'avant-garde de l'Efcadre du Roi , qui
212 MERCURE DE FRANCE.
attaqua l'arriere- garde de celles des Anglois. II
devint fucceffivement général : mais il ne le fut
pas pendant tout le tems de fa durée. Les Vaiffeaux
Anglois , qui étoient les plus maltraités
des bordées des Vaiffeaux du Roi , profitant de
l'avantage du vent , pour fe mettre hors de la
portée du canon. L'Efcadre Angloife , après avoir
porté fes plus grands efforts fur l'arriere- garde de
celle du Roi , qu'elle a trouvée fi ferrée , & dont
elle a effuyé un fi grand feu , qu'elle n'a pu l'entamer
, a pris le parti de s'éloigner. Elle avoit
toujours confervé l'avantage du vent , ce qui l'a
mife en état de ne point s'engager. Le combat a
duré près de quatre heures. En général , il n'y a
eu aucun Vaiffeau de l'Efcadre Angloife , qui ait
foutenu longtemps le feu des Vaiffeaux de l'Efca
dre du Roi , lefquels ont peu fouffert. Ils étoient
entiérement réparés dans la nuit , & en état de
combattre le lendemain. Nous n'avons eu que
trente-huit hommes tués , & cent quatre- vingtquatre
bleffés. Aucun Officier n'a été tué. Ceux
qui ont été bleffés , font MM . de Peruffy & de
Puty , Enfeignes , & M. de Gibanelle , Garde de
la Marine , fur le Vaiffeau le Foudroyant ; M. de
Seignoret , Garde de la Marine , fur le Téméraire;
M. de Gravier , Lieutenant fur le Guerrier ; le
Chevalier d'Urre , Lieutenant fur le Sage ; le
Chevalier de Beaucoufe , Lieutenant ; M. d'Alberas
, Enfeigne , & M. Dubeny , Garde de la Marine
, fur le Content..
Depuis l'arrivée de ces nouvelles qui font du
21 , il eft venu des lettres de l'Efcadre , datées du
25. L'Efcadre Angloife n'avoit point reparu , &
celle du Roi continuoit de croifer devant l'entrée
du Port- Mahon . Le Chevalier de Beaucouſe ,
Lieutenant de Vaiffeau , qui avoit eu une cuiffe.
JUILLET. 1756. 213
caffée dans le combat du 20 , & qui avoit été
tranſporté à terre à Mahon , y étoit mort le 24 .
M. de Gibanelle & de Seignoret , Gardes de la
Marine , étoient fort mal à bord des Vaiffeaux fur
lefquels ils ont été bleffés , le premier ayant eu
les reins brifés , & le fecond les deux jambes caffées
. Mais le Chevalier d'Urre , Lieutenant de
Vaifleau , qui a eu un bras caffé , donnoit beaucoup
d'efpérance de guérifon. Les autres bleffés
le font peu dangereufement.
Le 6 Juin , jour de la Pentecôte , les Chevaliers
, Commandeurs & Officiers de l'Ordre du
Saint- Elprit , s'étant affemblés vers les onze heu--
res du matin dans le Cabinet du Roi , Sa Majesté
tint un Chapitre. L'Information des vie & moeurs,
& la Profeffion de Foi , du Marquis de Saint Vital
& du Prince Jablonowski , qui avoient été propofés
le premier Janvier pour être Chevaliers ,
furent admifes , & ils furent introduits dans le
Cabinet , & reçus Chevaliers de l'Ordre de Saint
Michel. Le Roi fortit enfuite de fon apparte
ment , pour aller à la Chapelle. Sa Majesté , devant
laquelle les deux Huiffiers de la Chambre
portoient leurs Maffes , étoit en Manteau , le
Collier de l'Ordre par-deffus , ainfi que celui de
l'Ordre de la Toifon d'Or. Elle étoit précédée
de Monfeigneur le Dauphin , du Duc d'Or
léans , du Prince de Condé , du Comte de Charolois
, du Comte de Clermont , du Prince de Conty
, du Comte de la Marche , du Comte d'Eu ;
du Duc de Penthievre , & des Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre. Les deux nouveaux
Chevaliers , en habit de Novices , marchoient
entre les Chevaliers & les Officiers. Après
la grande Meffe , qui fut célébrée par le Prince
Conftantin , Commandeur de l'Ordre , & Prejer
Aumônier du Roi , Sa Majefté monta fux,.
214 MERCURE DE FRANCE .
fon Trône , & revêtit des Marques de l'Ordre les
deux nouveaux Chevaliers. Le Marquis de Saint
Vital eut pour Parrain le Maréchal de Clermont-
Tonnerre. Le Marquis de Matignon fut celui du
Prince Jablonowski. Cette cérémonie étant finie,
le Roi fut reconduit à ſon appartement en la maniere
accoutumée.
M. Dufort , Introducteur des Ambaffadeurs ,
alla le 7 prendre dans les carroffes du Roi & de la
Reine , le Cardinal de Tavannes en fon Hôtel à
Verfailles , & il le conduifit chez le Roi avec
l'Abbé Durini , Camérier Secret du Pape , nommé
par Sa Sainteté pour apporter les Bonnets aux
Cardinaux de Tavannes , de Luynes & de Gefvres.
Avant la Meffe du Roi , l'Abbé Durini fut conduit
, avec les cérémonies accoutumées , à l'au
dience le Roi lui donna dans fon Cabinet
que
& il préfenta à Sa Majesté un Bref de Sa Sainteté.
Après cette audience ,le Roi defcendit à la Chapelle
, où le Cardinal de Tavannes ſe rendit à la fin de
la Meffe , étant conduit par le fieur Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs, Monfieur Defgranà
la
reçut ges , Maître des Cérémonies , porte
La Chapelle le Cardinal de Tavannes , lequel alla
fe placer près du Prié-Dieu du Roi , du côté de
PEvangile , & fe mit à genoux fur un carreau.
L'Abbé Dutini , revêtu de fon habit de cérémonie
, ayant remis entre les mains du Cardinal de
Tavannes le Bref du Pape , alla prendre fur la
Crédence Près de l'Autel , du côté de l'Epître
un Baffin de vermeil doré , fur lequel étoit le
Bonnet , & il le préfenta au Roi. Sa Majesté prit
le Bonnet , & le mit fur la tête du Cardinal de
Tavannes , qui en le recevant , fit une profonde
inclination , & à l'inſtant même fe découvrit.
Dès que le Roi fut en marche pour fortir de la
Chapelle , le Cardinal de Tavannes entra dans la
de
JUILLET. 1756 . 215
Sacriftie , où il prit les habits de fa nouvelle dignité.
Il montà enfuite chez le Roi , étant accompagné
du Maître des Cérémonies. M. Dufort ,
Introducteur des Ambaffadeurs , qui étoit toujours
refté auprès du Cardinal de Tavannes , l'introduifit
dans le Cabinet du Roi , où ce Cardinal fit
fon remerciement à Sa Majesté . Le Cardinal de
Tavannes fut conduit avec les mêmes cérémonies.
à l'audience de la Reine , à laquelle il préfenta
P'Abbé Durini , qui remit à Sa Majesté un Bref
du Pape. Pendant l'audience , on apporta un
tabouret , & le Cardinal de Tavannes s'affit . Il
fut conduit enfuite à l'audience de Monfeigneur
le Dauphin , de Madame la Dauphine , de Madame
, & à celles de Mefdames Victoire , Sophie
& Louife. Après toutes ces audiences , le Cardinal
de Tavannes fut reconduit par M. Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs , dans les carroffes
du Roi & de la Reine à fon Hôtel , avec les cérémonies
obfervées lorſqu'on étoit allé le prendre
pour l'amener chez le Roi.
Le 8 , le Cardinal de Luynes , & le 10 le Cardinal
de Gefvres reçurent des mains du Roi dans
la Chapelle, le Bonnet de Cardinal avec les mêmes
cérémonies.
L'Eglife de l'Abbaye Royale de Pantemont
été bénîte le 30 de Mai , par Dom Couthaud, Religieux
de l'Abbaye de Cîteau , Docteur de Sorbonne
, & Provifeur du College. La cérémonie
en fut édifiante , & fuivie d'une grand'Meffe
chantée par les Religieux , au milieu de laquelle
M. l'Abbé de la Paufe fit un Diſcours , dontl'ob
jet étoit relatif à la pureté du Temple intérieur
fignifié par la Bénédiction du Temple extérieur
qui venoit d'être faite. L'après -dinée , après Vêpres
chantées , il y eut un Salut , dont la mufique
216 MERCURE DE FRANCE.
fut dirigée par M. Balbaftre, & très - bien exécutée.
La Bénédiction fut donnée par le R. P. Général
des Bénédictins , & Madame la Ducheffe de Modene
y aflifta avec la cour & plufieurs perfonnes
de diftinction.
Le 3 Juin , Monfeigneur le Dauphin & Madame
, fe rendirent dans cette Abbaye pour nommer
deux Cloches de la nouvelle Eglife . A la porte
extérieure , ils furent reçus avec les cérémonies
accoutumées , & complimentés avec applaudiffement
par Dom Couthaud : delà arrivés à la
porte de la grille du Choeur , Madame l'Abbeffe
de Pantemont , avec fa croffe , à la tête de fa
Communauté , & accompagnée de plufieurs autres
Abbeffes , les conduifit à leur prie- Dieu en
chantant le Laudate . Dom Couthaud fit la cérémonie
, qui fut fuivie du Salut pendant l'une &
l'autre , la mufique exécuta plufieurs morceaux
& Motets choifis. Enfuite Monfeigneur le Dau
phin & Madame fuivis de leur cour , furent conduits
au Réfectoire , où trois jeunes Demoiſelles
habillées en Vierges , préfenterent trois corbeilles
remplies tant de fleurs que d'ouvrages , bourfes , -
facs & noeuds d'épée : chacune déclama différentes
pieces de vers avec autant de nobleffe que de modeftie
; Madame l'Abbeffe préſenta dans le même
Réfectoire la collation à Monfeigneur le Dauphin
& à Madame. Il y avoit , entr'autres fingularités ,
les meilleurs fruits de primeur , & les plus rares
pour la faifon ; des melons , des pêches , des cerneaux
, du raifin . Enfuite Monſeigneur le Dauphin
& Madame voulurent parcourir les Bâtimens , &
partout le Prince & la Princeffe marquerent leur
fatisfaction.
On doit obferver ici que le Monaftere & l'Eglife
de l'Abbaye de Pantemont ont été faits &
conduits
JUILLET . 1756 . 217
conduits fur les deffeins de M. Contant , Architecte
du Roi , de Monfeigneur le Duc d'Orléans
& de l'Académie d'Architecture . Il étoit réservé
au talent & à la réputation de cet Artifte de
donner un exemple public que l'on pouvoit
voûter les Dômes & les Eglifes , fuivant la conftruction
des voûtes qu'il a fait exécuter avec ſuccès
dans le Château de Biffy , appartenant à M. le
Maréchal Duc de Belleifle ; l'Eglife & le Dôme
de Pantemont font les premiers exemples exécutés
en France de cette conftruction , qui prouvent
que l'ufage de ces voûtes feroient d'une grande
utilité pour être employé à la conſtruction de
nos Eglifes modernes , & que l'on pourroit par
cette pratique leur donner avec le bon goût de
l'architecture , l'élégance & la légéreté des Eglifes
gothiques , dont la conftruction hardie & folide
caufe autant de regrets que d'admiration .
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Résumé : « Le 9 Mai, le Bourg de Ferechampenoise, un des plus considérables du [...] »
En mai 1756, plusieurs événements marquants ont eu lieu en France. Le 9 mai, le bourg de Ferechampenoise, dans le diocèse de Châlons-sur-Marne, a été presque entièrement détruit par un incendie, laissant près de mille personnes sans abri. Le 11 mai, le duc de Biron a annoncé des pensions royales pour plusieurs officiers des Gardes Françaises, dont le comte d'Aspreumont et le lieutenant Savary. Des brevets de colonel ont été attribués au marquis de Rafilly et au comte du Dreneuc, tandis que la croix de Saint-Louis a été décernée à plusieurs autres officiers. Le roi a ordonné la réorganisation des bataillons de l'infanterie française, suisse et grisonne, augmentant leur composition à dix-sept compagnies. Les régiments suisses et grisons ont été restructurés en deux bataillons de six compagnies chacun. Le 27 mai, les députés des États d'Artois ont été reçus par le roi, présentés par le duc de Chaulnes et le comte d'Argençon. La délégation comprenait Dom de Briois d'Hulluch pour le clergé, le comte de Beaufort pour la noblesse, et M. Harduin pour le tiers-état. En juillet 1756, le maréchal de Richelieu a supervisé les opérations militaires à Minorque, notamment la construction de batteries et la défense contre les forces anglaises. Plusieurs officiers ont été blessés ou tués lors des combats. Les frégates françaises l'Aquilon et la Fidèle ont engagé un combat contre des navires anglais près de l'île d'Oléron, mettant les navires anglais hors de combat malgré des pertes importantes. La cour a publié un mémoire en réponse aux observations des ministres anglais concernant les hostilités entre les deux nations. Le roi a signé un acte de neutralité et un traité d'alliance avec l'impératrice reine de Hongrie et de Bohême, ratifiés le 28 mai 1756. Le marquis de Juigné a pris le commandement d'une brigade dans le régiment des Grenadiers de France, et le comte de Puysegur a été nommé colonel du régiment de Forez. Un combat naval a opposé douze vaisseaux et quatre frégates françaises à la flotte anglaise. Les vaisseaux anglais, bien que malmenés, ont profité du vent pour se mettre hors de portée des canons français. Le combat a duré près de quatre heures, avec des pertes françaises de trente-huit hommes tués et cent quatre-vingt-quatre blessés, sans perte d'officiers. À la cour de France, le 6 juin, le roi a tenu un chapitre de l'Ordre du Saint-Esprit, au cours duquel le marquis de Saint-Vital et le prince Jablonowski ont été reçus chevaliers de l'Ordre de Saint-Michel. Le 7 juin, le cardinal de Tavannes a reçu son bonnet cardinalice des mains du roi. Les cardinaux de Luynes et de Gesvres ont également reçu leurs bonnets les 8 et 10 juin. Le 30 mai, l'église de l'Abbaye Royale de Panthemont a été bénie, suivie d'une messe et d'un salut musical. Le 3 juin, le dauphin et Madame ont visité l'abbaye pour nommer deux cloches et ont reçu des présents.
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1315
p. 232-235
MARIAGES ET MORTS.
Début :
François-Saturnin de Galard, Marquis de Terraube, épousa à Moissac en [...]
Mots clefs :
Mariages, Morts, Marquis de Terraube, Maison de Terraube, Maison de Courtivron
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGES ET MORTS.
MARIAGES ET MORTS.
François- Saturnin de Galard , Marquis de Terraube
, époufa à Moiffac en Quercy , le 23 Fé-,
vrier 1756 , Demoiſelle Marie -Julie de Loftanges:
de Sainte Alvaire , fille d'Armand- Louis - Claude-
Simon de Loftanges , Marquis de Sainte- Alvaire
Grand Sénéchal & Gouverneur de Quercy , & c.
& foeur du Marquis de Loftanges , premier Ecuyer
de Madame Adelaïde..
fon
Le Marquis de Terraube eft de la même maique
les Comtes de Braffac . Cette maiſon l'une
des plus illuftres & autrefois des plus riches de la
Guienne , a pris fon nom de la terre de Galard
près de Condom . La confidération où elle étoit
dès le onzieme fiecle favorife la tradition de fon
origine qu'on rapporte aux Comtes du Condomois.
On trouve plufieurs Seigneurs de ce nom dès
l'an 1062 , parmi les bienfaiteurs de l'Abbaye de
Condom , & ce fut en faveur de Raimond de Galard
, que ce Monaftere fut érigé en Evêché par
le Pape Jean XXII en 13.17. Ces faits font tirés
de la Chronique de Condom , imprimée dans le
fpécilége de Dom Luc d'Acheri , tome 1.3. Voyez
auffi le Gallia Chriftiana , Edition nouvelle , tome
2 , page 970 &Suivantes.
Cette maifon s'eft divifée en plufieurs branches
dont l'une a donné un Grand Maître des Arbalêtriers
de France , nommé Pierre de Galard qui
exerça cette charge depuis l'an 1310 jufqu'en
1331. Il eut de Nauda de Caumont-Sainte -Baf
sille fa femme , Jean de Galard un des plus puiffans
feigneursde Guienne. Il poffédoit les terres
JUILLET. 1756 . 233
de Limeuil , de Miremont & autres grandes terres .
Un Traité que le Prince de Galles fit avec lui
pour l'attirer à fon parti contre le Roi de France ,
prouve la haute confidération dont il jouiffoit.
On apprend par ce Traité que le mariage de fa
fille avoit été arrêté avec le fils de Bernard- Ezy ,
fire d'Albret . Le Roi Edouard III , pere de ce Prince
, confirma le Traité par Lettres datées de
Weftminſter le 30 Juillet 1358 , rapportées dans
le Recueil des Actes publics d'Angleterre par Rymer
, tome 6, page 98. Le mariage de la fille de
Jean de Galard avec le fils du fire d'Albret , n'eut
point lieu , & elle epoufa Nicolas de Beaufort ,
frere du Pape Grégoire XI, & neveu du Pape Clément
VI. C'est par cette alliance que les biens de
cette branche pafferent dans la maiſon de Beau
fort , & de celle- ci dans celle de la Tour-Bouillon.
Les autres branches fe font également diftinguées.
On peut voir dans le Recueil de Rymer
déja cité , qu'elles figuroient avec les grands Vaffaux
de Guyenne dans les temps que cette Provin
ce obéiffoit aux Anglois.
Ses armes font d'or à trois Corneilles de fables ,
les pieds & les becs de gueules , ( ce font les mêines
que portoit Pierre de Galard , Grand-Maître des
Arbaleſtriers ).
La branche de Terraube eft féparée depuis
l'an 1300 de celle des Comtes de Braffac qui eft
l'aînée , & laquelle s'eft établie en Quercy vers l'an
1280 , à cause de l'alliance d'Eléonore d'Armagnac
qui leur apporta la Baronnie de Braffac. Cette
branche de Braffac porte fes armes écartelées de
de celles de Bearn qui font d'or à deux vaches paffantes
de gueules accollées & clarinées d'azur , pour
fatisfaire à une claufe du Contrat de mariage de
1508 de Jeanne de Bearn , Dame de S. Maurice,
234 MERCURE DE FRANCE.
avec François de Galard , Chevalier , feigneur de
Braffac , par laquelle il fut enjoint à leurs defcendans
de joindre les nom & armes de Bearn à ceux
de Galard. {
A l'égard de la maifon de Loftanges , l'une des
plus anciennes & des mieux alliées du Bas-Limofin
& du Périgord , voyez ce qui en eft dit dans
ce Journal à l'article de la mort du Marquis de
Loftanges -Beduer dans le Volume du mois de Mai
de cette année , page 258. -
Le 3 Novembre 1755 , eft décédée à Paris , dansla
quatre-vingt- quatorzieme année de fon âge ,
Dame Marie- Anne Deſchiens , veuve de Meſſire
Jean-Pierre de Cormis , Comte de S. Georges
Meftre de Camp de Cavalerie . Elle a été inhumée
aux Auguftins de la Place des Victoires , après
avoir été préfentée à S. Roch.
>
Dame Catherine -Henriette de Rageren , époufe
de Meffire Nicolas-Jofeph Foucault , Marquis
de Magny , Lieutenant Général des Armées du
Roi d'Espagne , eft morte à Paris, le 6 Novembre,
âgée de 72 ans , & a été inhumée le lendemain à
S. Sulpice.
Le 19 Mars 1756 , eft morte dans la foixantetreizieme
année de fon âge , Marie Pierrette- Fran
çoife Charlotte de Clermont- Tonnerre, foeur du Ma
réchal de Tonnerre , veuve depuis 1729 , de Jean
le Compaffeur-de Crequi- Monfort , Marquis de
Courtivron & de Tarfut , &c . auquel finifloit la
fubftitution faite en 1595 , des terres de Courtivron
& de Tarfut , par Claude le Compaffeur de
Courtivron , frere de fon bifayeul , qui réuniffoit
à fes droits ceux de Françoiſe de Malain , foeur du
Baron de Lux , veuve en 1592 , de Claude- François
le Compaffeur-de Crequi- Monfort , fieur de
Vitrey fon oncle.
JUILLET. 1756. 235
Les enfans de la Marquife de Courtivron
font, 1 ° . Gafpard le Compaffeur-de Crequi-Montfort
, Marquis de Courtivron , ci-devant Aide-
Maréchal Général des Logis de la Cavalerie des
Armées du Roi , & Chevalier de l'Ordre Royal
& Militaire de Saint Louis , qui par fon mariage
avec Marie-Rofe- Louiſe de S.- Cir- de Celi , décé- -
dée en 1753 , eft pere d'un fils en bas âge.
2° Marie- Therefe le Compaffeur de Courtivron
, alliée en 1724 , à Meffire Antoine Joli ,
Marquis de Blaifi , dont elle n'a point d'enfans.
3 °. Jeanne-Claude-Madeleine le Compaffeur de
Courtivron , alliée en 1733 , au Comte de Brancion,
duquel elle a une fille Gafparde de Brancion ,
mariée en 1749 , au Comte de Clermont-Mont-S..
Jean.
Voyez fur le nom de le Compaffeur , la Roque
Blanchard, les coutumes de Champagne , Paliot ,
& les grands Officiers de la Couronne.
François- Saturnin de Galard , Marquis de Terraube
, époufa à Moiffac en Quercy , le 23 Fé-,
vrier 1756 , Demoiſelle Marie -Julie de Loftanges:
de Sainte Alvaire , fille d'Armand- Louis - Claude-
Simon de Loftanges , Marquis de Sainte- Alvaire
Grand Sénéchal & Gouverneur de Quercy , & c.
& foeur du Marquis de Loftanges , premier Ecuyer
de Madame Adelaïde..
fon
Le Marquis de Terraube eft de la même maique
les Comtes de Braffac . Cette maiſon l'une
des plus illuftres & autrefois des plus riches de la
Guienne , a pris fon nom de la terre de Galard
près de Condom . La confidération où elle étoit
dès le onzieme fiecle favorife la tradition de fon
origine qu'on rapporte aux Comtes du Condomois.
On trouve plufieurs Seigneurs de ce nom dès
l'an 1062 , parmi les bienfaiteurs de l'Abbaye de
Condom , & ce fut en faveur de Raimond de Galard
, que ce Monaftere fut érigé en Evêché par
le Pape Jean XXII en 13.17. Ces faits font tirés
de la Chronique de Condom , imprimée dans le
fpécilége de Dom Luc d'Acheri , tome 1.3. Voyez
auffi le Gallia Chriftiana , Edition nouvelle , tome
2 , page 970 &Suivantes.
Cette maifon s'eft divifée en plufieurs branches
dont l'une a donné un Grand Maître des Arbalêtriers
de France , nommé Pierre de Galard qui
exerça cette charge depuis l'an 1310 jufqu'en
1331. Il eut de Nauda de Caumont-Sainte -Baf
sille fa femme , Jean de Galard un des plus puiffans
feigneursde Guienne. Il poffédoit les terres
JUILLET. 1756 . 233
de Limeuil , de Miremont & autres grandes terres .
Un Traité que le Prince de Galles fit avec lui
pour l'attirer à fon parti contre le Roi de France ,
prouve la haute confidération dont il jouiffoit.
On apprend par ce Traité que le mariage de fa
fille avoit été arrêté avec le fils de Bernard- Ezy ,
fire d'Albret . Le Roi Edouard III , pere de ce Prince
, confirma le Traité par Lettres datées de
Weftminſter le 30 Juillet 1358 , rapportées dans
le Recueil des Actes publics d'Angleterre par Rymer
, tome 6, page 98. Le mariage de la fille de
Jean de Galard avec le fils du fire d'Albret , n'eut
point lieu , & elle epoufa Nicolas de Beaufort ,
frere du Pape Grégoire XI, & neveu du Pape Clément
VI. C'est par cette alliance que les biens de
cette branche pafferent dans la maiſon de Beau
fort , & de celle- ci dans celle de la Tour-Bouillon.
Les autres branches fe font également diftinguées.
On peut voir dans le Recueil de Rymer
déja cité , qu'elles figuroient avec les grands Vaffaux
de Guyenne dans les temps que cette Provin
ce obéiffoit aux Anglois.
Ses armes font d'or à trois Corneilles de fables ,
les pieds & les becs de gueules , ( ce font les mêines
que portoit Pierre de Galard , Grand-Maître des
Arbaleſtriers ).
La branche de Terraube eft féparée depuis
l'an 1300 de celle des Comtes de Braffac qui eft
l'aînée , & laquelle s'eft établie en Quercy vers l'an
1280 , à cause de l'alliance d'Eléonore d'Armagnac
qui leur apporta la Baronnie de Braffac. Cette
branche de Braffac porte fes armes écartelées de
de celles de Bearn qui font d'or à deux vaches paffantes
de gueules accollées & clarinées d'azur , pour
fatisfaire à une claufe du Contrat de mariage de
1508 de Jeanne de Bearn , Dame de S. Maurice,
234 MERCURE DE FRANCE.
avec François de Galard , Chevalier , feigneur de
Braffac , par laquelle il fut enjoint à leurs defcendans
de joindre les nom & armes de Bearn à ceux
de Galard. {
A l'égard de la maifon de Loftanges , l'une des
plus anciennes & des mieux alliées du Bas-Limofin
& du Périgord , voyez ce qui en eft dit dans
ce Journal à l'article de la mort du Marquis de
Loftanges -Beduer dans le Volume du mois de Mai
de cette année , page 258. -
Le 3 Novembre 1755 , eft décédée à Paris , dansla
quatre-vingt- quatorzieme année de fon âge ,
Dame Marie- Anne Deſchiens , veuve de Meſſire
Jean-Pierre de Cormis , Comte de S. Georges
Meftre de Camp de Cavalerie . Elle a été inhumée
aux Auguftins de la Place des Victoires , après
avoir été préfentée à S. Roch.
>
Dame Catherine -Henriette de Rageren , époufe
de Meffire Nicolas-Jofeph Foucault , Marquis
de Magny , Lieutenant Général des Armées du
Roi d'Espagne , eft morte à Paris, le 6 Novembre,
âgée de 72 ans , & a été inhumée le lendemain à
S. Sulpice.
Le 19 Mars 1756 , eft morte dans la foixantetreizieme
année de fon âge , Marie Pierrette- Fran
çoife Charlotte de Clermont- Tonnerre, foeur du Ma
réchal de Tonnerre , veuve depuis 1729 , de Jean
le Compaffeur-de Crequi- Monfort , Marquis de
Courtivron & de Tarfut , &c . auquel finifloit la
fubftitution faite en 1595 , des terres de Courtivron
& de Tarfut , par Claude le Compaffeur de
Courtivron , frere de fon bifayeul , qui réuniffoit
à fes droits ceux de Françoiſe de Malain , foeur du
Baron de Lux , veuve en 1592 , de Claude- François
le Compaffeur-de Crequi- Monfort , fieur de
Vitrey fon oncle.
JUILLET. 1756. 235
Les enfans de la Marquife de Courtivron
font, 1 ° . Gafpard le Compaffeur-de Crequi-Montfort
, Marquis de Courtivron , ci-devant Aide-
Maréchal Général des Logis de la Cavalerie des
Armées du Roi , & Chevalier de l'Ordre Royal
& Militaire de Saint Louis , qui par fon mariage
avec Marie-Rofe- Louiſe de S.- Cir- de Celi , décé- -
dée en 1753 , eft pere d'un fils en bas âge.
2° Marie- Therefe le Compaffeur de Courtivron
, alliée en 1724 , à Meffire Antoine Joli ,
Marquis de Blaifi , dont elle n'a point d'enfans.
3 °. Jeanne-Claude-Madeleine le Compaffeur de
Courtivron , alliée en 1733 , au Comte de Brancion,
duquel elle a une fille Gafparde de Brancion ,
mariée en 1749 , au Comte de Clermont-Mont-S..
Jean.
Voyez fur le nom de le Compaffeur , la Roque
Blanchard, les coutumes de Champagne , Paliot ,
& les grands Officiers de la Couronne.
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Résumé : MARIAGES ET MORTS.
Le texte relate plusieurs événements et informations historiques concernant des mariages et des décès au XVIIIe siècle. Le 23 février 1756, François-Saturnin de Galard, Marquis de Terraube, épousa Demoiselle Marie-Julie de Loftanges de Sainte-Alvaire, fille d'Armand-Louis-Claude-Simon de Loftanges, Marquis de Sainte-Alvaire, Grand Sénéchal et Gouverneur de Quercy, et sœur du Marquis de Loftanges, premier Écuyer de Madame Adelaïde. La maison de Galard, dont est issu le Marquis de Terraube, est l'une des plus illustres et riches de la Guyenne. Elle tire son nom de la terre de Galard près de Condom et remonte au moins au XIe siècle. Plusieurs seigneurs de ce nom sont mentionnés dès 1062 parmi les bienfaiteurs de l'Abbaye de Condom. La famille s'est divisée en plusieurs branches, dont une a donné un Grand Maître des Arbalétriers de France, Pierre de Galard, qui exerça cette charge de 1310 à 1331. Une autre branche notable est celle des Comtes de Braffac, établie en Quercy vers 1280. Le texte mentionne également plusieurs décès notables. Le 3 novembre 1755, Dame Marie-Anne Deschiens, veuve de Jean-Pierre de Cormis, Comte de Saint-Georges, décéda à Paris à l'âge de 84 ans. Dame Catherine-Henriette de Rageren, épouse de Nicolas-Joseph Foucault, Marquis de Magny, décéda à Paris le 6 novembre à l'âge de 72 ans. Marie Pierrette-Françoise Charlotte de Clermont-Tonnerre, veuve de Jean le Compasseur de Crequi-Monfort, Marquis de Courtivron, décéda le 19 mars 1756 à l'âge de 73 ans. Les enfants de la Marquise de Courtivron sont également mentionnés : Gaspard le Compasseur de Crequi-Montfort, Marie-Thérèse le Compasseur de Courtivron, et Jeanne-Claude-Madeleine le Compasseur de Courtivron.
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1316
p. 222-223
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Les subsides, accordés par le Parlement pour le service de cette année, [...]
Mots clefs :
Londres, Subsides, Frégates, Combat, Vaisseaux français, Défense des îles, Escadre, Amiral Hawke, Amiral Sawnders
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 28 Juin.
Les fubfides , accordés par le Parlement pour
Ε
JUILLET. 1756. 223
le fervice de cette année , montent à la fomme
de fept millions deux cent vingt -neuf mille cent
dix fept livres sterlings . On a reçu avis de Falmouth
, que le Vaiffeau le Colchester y avoit
relâché , extrêmement maltraité du combat qu'il
a foutenu conjointement avec la Frégate la Lime ,
près de Rochefort , contre deux Frégates Francoifes.
On a coulé à fond quinze ou feize des
prifes Françoifes , dont la cargaison confiftant en
poiffon s'étoit corrompue . Le Lord Anfon a
propofé d'armer quarante ou cinquante Bâtimens
de Pêcheurs , & de les faire croifer dans la Manche.
Il prétend que cet armement ne coûtera que
quarante - trois mille livres fterlings par an , &
qu'il fuffira pour la défenſe des côtes de la Grande-
Bretagne. Ces Bâtimens , qui avec leur charge
entiere ne tirent que fept pieds d'eau , font en
*état de porter dix-huit canons , trente matelots &
cinquante foldats .
Dans un des Confeils tenus à Kenfington , il a
été pris divers arrangemens pour la défenfe dés
ifles de Jerfey & de Garneley. En conféquence ,
l'Amirauté a donné ordre d'équiper une Eſcadre ,
que commandera le Chef d'Efcadre Howe , &
qui fera compofée d'un Vaiffeau de foixante
canon , d'un de cinquante , de deux de vingt ,
& de deux Chaloupes de guerre. Le Régiment
de Bochland s'eft embarqué pour ces Ifles , ou
P'on fe propofe d'envoyer quelques autres troupes.
Le 16 de ce mois , les Amiraux Hawke &
Sawnders partirent de Portſmouth , à bord du
Vaiffeau de guerre l'Antelope , pour aller joindre
P'Efcadre de l'Amiral Byng à Gibraltar
DE LONDRES , le 28 Juin.
Les fubfides , accordés par le Parlement pour
Ε
JUILLET. 1756. 223
le fervice de cette année , montent à la fomme
de fept millions deux cent vingt -neuf mille cent
dix fept livres sterlings . On a reçu avis de Falmouth
, que le Vaiffeau le Colchester y avoit
relâché , extrêmement maltraité du combat qu'il
a foutenu conjointement avec la Frégate la Lime ,
près de Rochefort , contre deux Frégates Francoifes.
On a coulé à fond quinze ou feize des
prifes Françoifes , dont la cargaison confiftant en
poiffon s'étoit corrompue . Le Lord Anfon a
propofé d'armer quarante ou cinquante Bâtimens
de Pêcheurs , & de les faire croifer dans la Manche.
Il prétend que cet armement ne coûtera que
quarante - trois mille livres fterlings par an , &
qu'il fuffira pour la défenſe des côtes de la Grande-
Bretagne. Ces Bâtimens , qui avec leur charge
entiere ne tirent que fept pieds d'eau , font en
*état de porter dix-huit canons , trente matelots &
cinquante foldats .
Dans un des Confeils tenus à Kenfington , il a
été pris divers arrangemens pour la défenfe dés
ifles de Jerfey & de Garneley. En conféquence ,
l'Amirauté a donné ordre d'équiper une Eſcadre ,
que commandera le Chef d'Efcadre Howe , &
qui fera compofée d'un Vaiffeau de foixante
canon , d'un de cinquante , de deux de vingt ,
& de deux Chaloupes de guerre. Le Régiment
de Bochland s'eft embarqué pour ces Ifles , ou
P'on fe propofe d'envoyer quelques autres troupes.
Le 16 de ce mois , les Amiraux Hawke &
Sawnders partirent de Portſmouth , à bord du
Vaiffeau de guerre l'Antelope , pour aller joindre
P'Efcadre de l'Amiral Byng à Gibraltar
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
En juin 1756, la Grande-Bretagne a alloué sept millions deux cent vingt-neuf mille cent dix-sept livres sterling pour des dépenses militaires. Le navire Colchester a été endommagé lors d'un combat près de Rochefort contre des frégates françaises, entraînant la perte de quinze ou seize prises françaises. Le Lord Anson a proposé d'armer des bateaux de pêche pour défendre les côtes de la Manche, estimant le coût à quarante-trois mille livres sterling par an. Ces bateaux, équipés de dix-huit canons, trente matelots et cinquante soldats, navigueraient dans la Manche. Des mesures ont été prises pour protéger les îles de Jersey et de Guernesey, incluant l'envoi d'une escadre commandée par le chef d'escadre Howe et l'embarquement du régiment de Bochland. Les amiraux Hawke et Saunders ont quitté Portsmouth à bord du navire l'Antelope pour rejoindre l'escadre de l'amiral Byng à Gibraltar.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1317
p. 224-232
« Monseigneur le Dauphin et Madame la Dauphine partirent de Versailles le 19 Juin, [...] »
Début :
Monseigneur le Dauphin et Madame la Dauphine partirent de Versailles le 19 Juin, [...]
Mots clefs :
Monseigneur le Dauphin, Madame la Dauphine, Princes, Ducs, Comtes, Nonce du Pape, Versailles, Marquis, Minorque, Guerre de siège, Guerre contre l'Angleterre, Nominations, Canada, Combats sur terre, Actions boursières, Loterie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Monseigneur le Dauphin et Madame la Dauphine partirent de Versailles le 19 Juin, [...] »
Monfeigneur le Dauphin & Madame la Dauphine
partirent de Verfailles le 19 Juin , vers
les neuf heures & demie du matin , pour fe
rendre à Chartres. Ce Prince & cette Princeffe
y arriverent à trois heures après- midi , &
ils defcendirent à l'Evêché , où ils dînerent.
Ils y ont féjourné le 20 , & ils font revenus
ici le 21 au matin. L'Evêque de Chartres , qui
a eu l'honneur de recevoir chez lui Monfeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine
avec les Seigneurs & Dames de leur fuite , n'a
rien laiffé à défirer de tout ce qui pouvoit contribuer
à la magnificence de la réception..
Le 23 , Monfeigneur le Dauphin & Mada
me tinrent fur les Fonts , dans la Chapelle
du Château , le fils du Marquis de Loftanges ,
Meftie de Camp du Régiment des Cuiraffiers ,
& Premier Ecuyer de Madame , en furvivance
; & de Dame Gallucci de l'Hôpital , une des
Dames nommées pour accompagner Madame.
Le Prince Conftantin , Premier Aumônier du
Roi , fuppléa les cérémonies du Baptême , en
préfence du Curé de l'Eglife Paroiffiale de Notre-
Dame , à l'enfant qui fut nommé Henri .
Le 20 Juin , M. Gualtieri , Archevêque de
Mira , Nonce Ordinaire du Pape , fit fon Entrée
publique à Paris. Le Prince Camille , &
M. Dufort , Introducteur des Ambaſſadeurs ,
JUILLET. 1756. 225
allerent le prendre dans les carroffes de Leurs
Majeftés au Couvent de Picpus , d'où la marche
fe fit en cet ordre . Le carroffe de l'Introducteur
; le carroffe du Prince Camille ; un Suiffe
du Nonce , à cheval ; fa Livrée , à pied ; fon
Maître d'Hôtel & fix de fes Officiers ; fon
Ecuyer & fes Pages , à cheval : le carroffe du
Roi , aux côtés duquel marchoient la Livrée
du Prince Camille & celle de M. Dufort ; le
carroffe de la Reine ; celui de Madame la Dauphine
; ceux du Duc d'Orléans , de la Ducheffe
d'Orléans , du Prince de Condé , de la
Princeffe de Condé , du Comte de Charolois ,
du Comte de Clermont , de la Princeffe Douairiere
de Conty , du Prince de Conty , du Comte
de la Marche , du Comte d'Eu , de la Comteffe
de Toulouſe , du Duc de Penthievre ; &
celui de M. Rouillé , Miniftre d'Etat ayant le
Département des Affaires Etrangeres. A une
diftance de trente ou quarante pas marchoient
les quatre carroffes du Nonce , précédés d'un
Suiffe à cheval . Lorsqu'il fut arrivé à fon Hôtel
, il fut complimenté , de la part du Roi ,
par M. le Duc de Gefvres , Premier Gentilhomme
de la Chambre de Sa Majefté ; de la part
de la Reine , par M. le Comte de Saoly Tavannes
, fon Chevalier d'Honneur ; de la part de
Madame la Dauphine, par M. le Marquis de Muy,
fon Premier Maître d'Hôtel ; & de la part de
Madame , par M. le Marquis de l'Hôpital ,
Premier Ecuyer de cette Princeffe .
Le 22 , le Comte de Brionne , Grand Ecuyer
de France , & M. Dufort , Introducteur des
Ambaffadeurs , allerent prendre le Nonce du
Pape en fon Hôtel , & le conduifirent avec les
carroffes de Leurs Majeftés , à Verfailles , où il
Κν
226 MERCURE DE FRANCE.
eut fa premiere audience publique du Roi. Le
Nonce trouva à fon paffage , dans l'avantcourt
du Château , les Compagnies des Gardes Françoifes
& Suiffes , fous les armes ; les Tambours
appellant ; dans la cour , les Gardes de la Pors
te & ceux de la Prevôté de l'Hôtel , auffi ſous
les armes , à leurs poftes ordinaires ; & fur l'efcalier
, les Cent- Suiffes , en habit de cérémonie
, la hallebarde à la main. Il fut reçu en dedans
de la Salle des Gardes par M. le Duc
d'Ayen , Capitaine des Gardes du Corps , qui
étoient en haie & fous les armes. Après l'audience
du Roi , le Nonce, fut conduit à l'audience
de la Reine , & à celles de Monſeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine
par M. le Comte de Brionne & par M. Dufort.
Il eut enfuite audience de Madame , &
de Mefdames Victoire , Sophie & Louiſe ; &
après avoir été traité par les Officiers du Roi ,
ilfut reconduit à Paris dans les carroffes de Leurs
Majeftés avec les cerémonies accoutumées.
>
Le même jour , le Roi fit à Verſailles dans
la Cour du Château , la revue des deux Com .
pagnies des Moufquetaires de fa Gardė Ordi ,
naire. Le Roi paffa dans les rangs , & après
que les Compagnies eurent fait l'exercice , Sa
Majefté les vit défiler. Monfeigneur le Dauphin
accompagna le Roi à cette revue. La Reine
Madame la Dauphine , Madame , & Mefdames
Victoire , Sophie & Louife , la virent de l'appartement
du Comte de Clermont..
"
M. Le Marquis de Peruffy , Premier Sous-
Lieutenant de la Premiere Compagnie des
Moufquetaires , ayant demandé la permiffion de
fe retirer , M. le Comte de Carvoifin , fecond
Sous-Lieutenant de cette Compagnie , en eft
JUILLET. 1756. 227
devenu Premier Sous-Lieutenant ; M. le Chevalier
de la Cheze , qui étoit Premier Enſeigne ,
a monté à la place de Second Sous - Lieutenant ;
M. le Marquis de Cucé , Second Enfeigne , a paflé
à la premiere Enfeigne ; M. le Marquis de la Vaupaliere
premier Cornette , a été nommé fecond
Enfeigne , & M. le Marquis de Montillet , Second
Cornette , eft devenu Premier Cornette . Le Roi a
accordé à M. le Comte de Merle l'agrément de la
place de Second Cornette , vacante par ces mutations.
En conféquence de la retraite de M. du Rouret
, Maréchal des Logis de la même Compagnie ,.
Sa Majesté a nommé M. de Sarcé Maréchal des
Logis , M. de Charlary Brigadier , M. de Fa
jac Sous- Brigadier & Sous- Aide Major ; & MM.
de Chanvallon , Villiers & Monneron , ont obtenu
les Sous- Brigades vacantes dans la Compagnie.
Par la retraite de MM. de Vervan , du Fou &
de Sampigny , Maréchaux des Logis de la feconde
Compagnie des Moufquetaires , le Chevalier de la
Douze & MM. de Mancy & de Vandômois font
devenus Maréchaux des Logis de cette Compagnie.
MM. de Launay , de Blaignac & de Gouberville ,
en ont été nommés Brigadiers ; & MM. de Beau
chefne , de Tremenec & de Vefins , ont obtenu
des places de Sous- Brigadiers .
Suivant les nouvelles écrites de Minorque le
14 Juin , on avoit employé plufieurs jours à
faire des tranfports de terre , pour élever de nouvelles
batteries , qui avoient commencé à tirer
le 5 au matin , & dont le feu fucceffif avoit ruiné
une grande partie des defenfes des Affiégés.
Le 8 M. Bélon , Capitaine au Régiment de Talaru
, a été bleffé . M. de Saint-Alby , Capitaine
de Grenadiers au Régiment de Bretagne , a été
sué le 9. Le 10 , M. la Rivétifon , Capitaine
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
au Régiment Royal , fut bleffé légérement. Le
12 M. Pupille , Lieutenant du Corps Royal d'Ar
tillerie & du Génie , a auffi été bleffé légèrement
d'un éclat de bombe.
Afin de prévenir le dépériffement des Navires
Anglois , détenus dans les Ports du Royaume
, & d'empêcher qu'ils ne foient confondus
avec les prifes qui pourront être faites durant
la guerre que le Roi de la Grande- Bretagne a
déclarée à la France , le Roi a donné ordre qu'il
fût procédé à la vente de ces Bâtimens & de leurs
chargemens. Veut Sa Majefté , que le produit
defdites ventes foit mis en dépôt , pour y refter
jufqu'à ce qu'il en ait été par Elle autrement
ordonné. j
M. de Maupertuis , un des Quarante de l'Académie
Françoife , & Préfident de l'Académie des
Sciences & Belles - Lettres de Pruffe , & M. Godin ,
ont été déclarés Penfionnaires Vétérans de l'Aca
démie Royale des Sciences , dans l'Affemblée que
cette Compagnie tint le 16.
Sa Majefté a donné à M. le Comte de Saint-
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , Chancelier
de la Reine , & Commandeur- Secretaire des
Ordres de Saint Michel & du Saint Efprit , la
charge de Commandeur- Chancelier , Garde des
Sceaux , & Sur Intendant des Finances defdits
Ordres , qui vaquoit par la mort de M. l'Abbé
de Pomponne. M. le Marquis de Marigny ,
Directeur & Ordonnateur Général des Bâtimens
Arts , Jardins & Manufactures , a eu l'agrément
du Roi , pour fuccéder à M. le Comte de Saint-
Florentin dans la charge de Commandeur- Secretaire
des Ordres de Sa Majesté.
La place de Confeiller d'Etat Eccléfiaftique
de M. l'Abbé de Pomponne paffe à M. l'Abbé
JUILLET. 1756. 229
Comte de Bernis , nommé Ambaffadeur de Sa
Majefté à la cour de Madrid , lequel avoit l'expectative
pour la premiere qui viendroit à vaquer.
M. le Marquis de Puyziculx ayant demandé
la permiffion de fe retirer du Confeil , Sa Majesté
Jui a confervé la penfion de Miniftre , & il
continuera d'avoir un logement à la Cour.
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine
, Madame , & Mefdames Victoire , Sophie &
Louife , vinrent le 27 Juin fe promener fur le
Boulevard de cette Ville. Il vifiterent le réfervoir
qui fert à nettoyer le grand égout qui l'entoure.
Le défir de jouir de la préfence de ce Prince
& de ces Princeffes , attira fur le Boulevard une
multitude innombrable de perfonnes de toutes
les conditions.
Par des lettres du Canada , on a appris le
détail fuivant. M. de Vaudreuil , Gouverneur Général
, ayant été informé que les Anglois avoient
établi à vingt lieues de Choueguen , un Fort , ou
étoit le principal entrepôt de tous les approvifionnemens
deftiné pour l'entrepriſe projettée
contre les Forts de Niagara & de Frontenac , fit
partir à la fin du mois de Février un Détachement
commandé par M. de Lery , Lieutenant
des Troupes , & compofé de cinq cens hommes
tant Soldats que Canadiens & Sauvages ,
pour aller détruire ce Fort , appellé de Bull.
Le 27 Mars , M. de Lery rencontra un convoi
de neuf charrettes chargées de vivres , qu'un Détachement
Anglois conduifoit à Choueguen. Après
avoir pris ce convoi & l'efcorte , il marcha
vers le Fort de Bull , dont il étoit déja aſſez
près. Comme il avoit été découvert , il trouva
que le Commandant de ce Fort s'étoit mis en
défenſe avec la garnison , qui étoit compoſée
230 MERCURE DE FRANCE .
d'environ cent hommes. Quoique M. de Lery
n'eût point dans ce moment tout fon détachement
avec lui , une partie des Sauvages étant restée
en arriere , il inveftit le Fort , & fit fommer
le Commandant de fe rendre : mais celui – ci
ne lui répondit que par un feu très- vif de grenades
& de moufqueterie . Ce feu n'empêcha
pas M. de Lery , de faire fon attaque, Pendant
que les Canadiens faifoient des breches fur les
derrieres du Fort , il fit rompre la porte à coups
de hache , & fomma de nouveau le Commandant,
de fe rendre . Cette nouvelle ſommation ne fervit
qu'à faire redoubler le feu des Anglois ; mais bientôt
les Affiégeans entrerent avec précipitation
dans le Fort , & pafferent toute la Garniſon
au fil de l'épée , à l'exception de trois ou quatre
hommes que M. de Lery trouva le moyen de
fauver , & qui furent faits prifonniers. Dans le
tems qu'il vifitoit les magafins où il avoit déja
trouvé près de quarante milliers de poudre ,
une grande quantité de bombes , grenades, boulets
& autres munitions , avec une provifion
très- confidérable de vivres prêts à être tranfpor
tés, on s'apperçut que le feu étoit dans les magafins.
M. de Lery étoit à peine retiré avec tout
fon monde , que les magafins fauterent avec
tout les bâtimens & toute l'enceinte même du
Fort , de maniere qu'il n'en refta point de veftiges.
Après cette expédition dans laquelle ledétachement
François n'a eu qu'un Soldat & un Sauvage de tués ,
avec deux Soldats , deux Canadiens & trois Sauvages
bleffés , M. de Lery a marché contre un
Détachement Anglois , qui venoit au ſecours du
Fort ; mais il ne lui a pas été poffible de le
joindre.
Le 2 Juillet , le Roi accompagné de Monfei
JUILLET. 1756. 231
gneur le Dauphin , de Madame la Dauphinede
Madame , & de Mefdames Victoire , Sophie
& Louife , fe rendit à Compiegne du Châteaude
la Meute , où Sa Majefté avoit couché la
nuit précédente . Le Roi a fait l'honneur à
M. de Machault , Garde des Sceaux de France
, & Secretaire d'Etat ayant le Département
de la Marine , de s'arrêter une heure au Château
d'Arnouville . Monfeigneur le Dauphin étoit
avec Sa Majefté. La Reine arriva de Verſailles
le 3.
Le Roi a difpofé de la charge de Grand Aumônier
de France , vacante par la mort du Cardinal
de Soubife , en faveur du Cardinal de la
Rochefoucauld.
Sa Majefté a donné au Vidame d'Amiens , fils de
M.leDuc de Chaulnes , une Commiffion de Cornette
, avec Brevet de Mestre de Camp , à la fuite de
la Compagnie des Chevaux- Légers de la Garde..
En même tems , Sa Majesté a accordé une gratification
annuelle de huit mille livres à M. le Comte
de Luberfac de Livron , fecond Sous- Lieutenant
de cette Compagnie. Le Roi a accordé auffi
des Commiffions de Capitaines de Cavalerie , &.
plufieurs penfions & gratifications , aux Chevaux-
Légers , qui fe rendent utiles à l'Ecole établie
dans ce Corps , & qui fe font diftingués dans lesexercices
que Sa Majeſté a honorés de fa préfence.
Le Bureau des Affaires Eccléfiaftiques , qu'avoit
le feu Abbé de Pomponne , a été donné par
Sa Majesté à M. Feydeau de Brou , Conſeiller
d'Etat Ordinaire , & au Confeil Royal ..
Le 8 de ce mois , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à quinze cens quarante- cinq
livres les Billets de la troisieme Loterie Royale
232 MERCURE DE FRANCE.
à fix cens quarante- quatre ; ceux de la premiere
Loterie , & ceux de la feconde , n'avoient point
de prix fixe .
partirent de Verfailles le 19 Juin , vers
les neuf heures & demie du matin , pour fe
rendre à Chartres. Ce Prince & cette Princeffe
y arriverent à trois heures après- midi , &
ils defcendirent à l'Evêché , où ils dînerent.
Ils y ont féjourné le 20 , & ils font revenus
ici le 21 au matin. L'Evêque de Chartres , qui
a eu l'honneur de recevoir chez lui Monfeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine
avec les Seigneurs & Dames de leur fuite , n'a
rien laiffé à défirer de tout ce qui pouvoit contribuer
à la magnificence de la réception..
Le 23 , Monfeigneur le Dauphin & Mada
me tinrent fur les Fonts , dans la Chapelle
du Château , le fils du Marquis de Loftanges ,
Meftie de Camp du Régiment des Cuiraffiers ,
& Premier Ecuyer de Madame , en furvivance
; & de Dame Gallucci de l'Hôpital , une des
Dames nommées pour accompagner Madame.
Le Prince Conftantin , Premier Aumônier du
Roi , fuppléa les cérémonies du Baptême , en
préfence du Curé de l'Eglife Paroiffiale de Notre-
Dame , à l'enfant qui fut nommé Henri .
Le 20 Juin , M. Gualtieri , Archevêque de
Mira , Nonce Ordinaire du Pape , fit fon Entrée
publique à Paris. Le Prince Camille , &
M. Dufort , Introducteur des Ambaſſadeurs ,
JUILLET. 1756. 225
allerent le prendre dans les carroffes de Leurs
Majeftés au Couvent de Picpus , d'où la marche
fe fit en cet ordre . Le carroffe de l'Introducteur
; le carroffe du Prince Camille ; un Suiffe
du Nonce , à cheval ; fa Livrée , à pied ; fon
Maître d'Hôtel & fix de fes Officiers ; fon
Ecuyer & fes Pages , à cheval : le carroffe du
Roi , aux côtés duquel marchoient la Livrée
du Prince Camille & celle de M. Dufort ; le
carroffe de la Reine ; celui de Madame la Dauphine
; ceux du Duc d'Orléans , de la Ducheffe
d'Orléans , du Prince de Condé , de la
Princeffe de Condé , du Comte de Charolois ,
du Comte de Clermont , de la Princeffe Douairiere
de Conty , du Prince de Conty , du Comte
de la Marche , du Comte d'Eu , de la Comteffe
de Toulouſe , du Duc de Penthievre ; &
celui de M. Rouillé , Miniftre d'Etat ayant le
Département des Affaires Etrangeres. A une
diftance de trente ou quarante pas marchoient
les quatre carroffes du Nonce , précédés d'un
Suiffe à cheval . Lorsqu'il fut arrivé à fon Hôtel
, il fut complimenté , de la part du Roi ,
par M. le Duc de Gefvres , Premier Gentilhomme
de la Chambre de Sa Majefté ; de la part
de la Reine , par M. le Comte de Saoly Tavannes
, fon Chevalier d'Honneur ; de la part de
Madame la Dauphine, par M. le Marquis de Muy,
fon Premier Maître d'Hôtel ; & de la part de
Madame , par M. le Marquis de l'Hôpital ,
Premier Ecuyer de cette Princeffe .
Le 22 , le Comte de Brionne , Grand Ecuyer
de France , & M. Dufort , Introducteur des
Ambaffadeurs , allerent prendre le Nonce du
Pape en fon Hôtel , & le conduifirent avec les
carroffes de Leurs Majeftés , à Verfailles , où il
Κν
226 MERCURE DE FRANCE.
eut fa premiere audience publique du Roi. Le
Nonce trouva à fon paffage , dans l'avantcourt
du Château , les Compagnies des Gardes Françoifes
& Suiffes , fous les armes ; les Tambours
appellant ; dans la cour , les Gardes de la Pors
te & ceux de la Prevôté de l'Hôtel , auffi ſous
les armes , à leurs poftes ordinaires ; & fur l'efcalier
, les Cent- Suiffes , en habit de cérémonie
, la hallebarde à la main. Il fut reçu en dedans
de la Salle des Gardes par M. le Duc
d'Ayen , Capitaine des Gardes du Corps , qui
étoient en haie & fous les armes. Après l'audience
du Roi , le Nonce, fut conduit à l'audience
de la Reine , & à celles de Monſeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine
par M. le Comte de Brionne & par M. Dufort.
Il eut enfuite audience de Madame , &
de Mefdames Victoire , Sophie & Louiſe ; &
après avoir été traité par les Officiers du Roi ,
ilfut reconduit à Paris dans les carroffes de Leurs
Majeftés avec les cerémonies accoutumées.
>
Le même jour , le Roi fit à Verſailles dans
la Cour du Château , la revue des deux Com .
pagnies des Moufquetaires de fa Gardė Ordi ,
naire. Le Roi paffa dans les rangs , & après
que les Compagnies eurent fait l'exercice , Sa
Majefté les vit défiler. Monfeigneur le Dauphin
accompagna le Roi à cette revue. La Reine
Madame la Dauphine , Madame , & Mefdames
Victoire , Sophie & Louife , la virent de l'appartement
du Comte de Clermont..
"
M. Le Marquis de Peruffy , Premier Sous-
Lieutenant de la Premiere Compagnie des
Moufquetaires , ayant demandé la permiffion de
fe retirer , M. le Comte de Carvoifin , fecond
Sous-Lieutenant de cette Compagnie , en eft
JUILLET. 1756. 227
devenu Premier Sous-Lieutenant ; M. le Chevalier
de la Cheze , qui étoit Premier Enſeigne ,
a monté à la place de Second Sous - Lieutenant ;
M. le Marquis de Cucé , Second Enfeigne , a paflé
à la premiere Enfeigne ; M. le Marquis de la Vaupaliere
premier Cornette , a été nommé fecond
Enfeigne , & M. le Marquis de Montillet , Second
Cornette , eft devenu Premier Cornette . Le Roi a
accordé à M. le Comte de Merle l'agrément de la
place de Second Cornette , vacante par ces mutations.
En conféquence de la retraite de M. du Rouret
, Maréchal des Logis de la même Compagnie ,.
Sa Majesté a nommé M. de Sarcé Maréchal des
Logis , M. de Charlary Brigadier , M. de Fa
jac Sous- Brigadier & Sous- Aide Major ; & MM.
de Chanvallon , Villiers & Monneron , ont obtenu
les Sous- Brigades vacantes dans la Compagnie.
Par la retraite de MM. de Vervan , du Fou &
de Sampigny , Maréchaux des Logis de la feconde
Compagnie des Moufquetaires , le Chevalier de la
Douze & MM. de Mancy & de Vandômois font
devenus Maréchaux des Logis de cette Compagnie.
MM. de Launay , de Blaignac & de Gouberville ,
en ont été nommés Brigadiers ; & MM. de Beau
chefne , de Tremenec & de Vefins , ont obtenu
des places de Sous- Brigadiers .
Suivant les nouvelles écrites de Minorque le
14 Juin , on avoit employé plufieurs jours à
faire des tranfports de terre , pour élever de nouvelles
batteries , qui avoient commencé à tirer
le 5 au matin , & dont le feu fucceffif avoit ruiné
une grande partie des defenfes des Affiégés.
Le 8 M. Bélon , Capitaine au Régiment de Talaru
, a été bleffé . M. de Saint-Alby , Capitaine
de Grenadiers au Régiment de Bretagne , a été
sué le 9. Le 10 , M. la Rivétifon , Capitaine
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
au Régiment Royal , fut bleffé légérement. Le
12 M. Pupille , Lieutenant du Corps Royal d'Ar
tillerie & du Génie , a auffi été bleffé légèrement
d'un éclat de bombe.
Afin de prévenir le dépériffement des Navires
Anglois , détenus dans les Ports du Royaume
, & d'empêcher qu'ils ne foient confondus
avec les prifes qui pourront être faites durant
la guerre que le Roi de la Grande- Bretagne a
déclarée à la France , le Roi a donné ordre qu'il
fût procédé à la vente de ces Bâtimens & de leurs
chargemens. Veut Sa Majefté , que le produit
defdites ventes foit mis en dépôt , pour y refter
jufqu'à ce qu'il en ait été par Elle autrement
ordonné. j
M. de Maupertuis , un des Quarante de l'Académie
Françoife , & Préfident de l'Académie des
Sciences & Belles - Lettres de Pruffe , & M. Godin ,
ont été déclarés Penfionnaires Vétérans de l'Aca
démie Royale des Sciences , dans l'Affemblée que
cette Compagnie tint le 16.
Sa Majefté a donné à M. le Comte de Saint-
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , Chancelier
de la Reine , & Commandeur- Secretaire des
Ordres de Saint Michel & du Saint Efprit , la
charge de Commandeur- Chancelier , Garde des
Sceaux , & Sur Intendant des Finances defdits
Ordres , qui vaquoit par la mort de M. l'Abbé
de Pomponne. M. le Marquis de Marigny ,
Directeur & Ordonnateur Général des Bâtimens
Arts , Jardins & Manufactures , a eu l'agrément
du Roi , pour fuccéder à M. le Comte de Saint-
Florentin dans la charge de Commandeur- Secretaire
des Ordres de Sa Majesté.
La place de Confeiller d'Etat Eccléfiaftique
de M. l'Abbé de Pomponne paffe à M. l'Abbé
JUILLET. 1756. 229
Comte de Bernis , nommé Ambaffadeur de Sa
Majefté à la cour de Madrid , lequel avoit l'expectative
pour la premiere qui viendroit à vaquer.
M. le Marquis de Puyziculx ayant demandé
la permiffion de fe retirer du Confeil , Sa Majesté
Jui a confervé la penfion de Miniftre , & il
continuera d'avoir un logement à la Cour.
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine
, Madame , & Mefdames Victoire , Sophie &
Louife , vinrent le 27 Juin fe promener fur le
Boulevard de cette Ville. Il vifiterent le réfervoir
qui fert à nettoyer le grand égout qui l'entoure.
Le défir de jouir de la préfence de ce Prince
& de ces Princeffes , attira fur le Boulevard une
multitude innombrable de perfonnes de toutes
les conditions.
Par des lettres du Canada , on a appris le
détail fuivant. M. de Vaudreuil , Gouverneur Général
, ayant été informé que les Anglois avoient
établi à vingt lieues de Choueguen , un Fort , ou
étoit le principal entrepôt de tous les approvifionnemens
deftiné pour l'entrepriſe projettée
contre les Forts de Niagara & de Frontenac , fit
partir à la fin du mois de Février un Détachement
commandé par M. de Lery , Lieutenant
des Troupes , & compofé de cinq cens hommes
tant Soldats que Canadiens & Sauvages ,
pour aller détruire ce Fort , appellé de Bull.
Le 27 Mars , M. de Lery rencontra un convoi
de neuf charrettes chargées de vivres , qu'un Détachement
Anglois conduifoit à Choueguen. Après
avoir pris ce convoi & l'efcorte , il marcha
vers le Fort de Bull , dont il étoit déja aſſez
près. Comme il avoit été découvert , il trouva
que le Commandant de ce Fort s'étoit mis en
défenſe avec la garnison , qui étoit compoſée
230 MERCURE DE FRANCE .
d'environ cent hommes. Quoique M. de Lery
n'eût point dans ce moment tout fon détachement
avec lui , une partie des Sauvages étant restée
en arriere , il inveftit le Fort , & fit fommer
le Commandant de fe rendre : mais celui – ci
ne lui répondit que par un feu très- vif de grenades
& de moufqueterie . Ce feu n'empêcha
pas M. de Lery , de faire fon attaque, Pendant
que les Canadiens faifoient des breches fur les
derrieres du Fort , il fit rompre la porte à coups
de hache , & fomma de nouveau le Commandant,
de fe rendre . Cette nouvelle ſommation ne fervit
qu'à faire redoubler le feu des Anglois ; mais bientôt
les Affiégeans entrerent avec précipitation
dans le Fort , & pafferent toute la Garniſon
au fil de l'épée , à l'exception de trois ou quatre
hommes que M. de Lery trouva le moyen de
fauver , & qui furent faits prifonniers. Dans le
tems qu'il vifitoit les magafins où il avoit déja
trouvé près de quarante milliers de poudre ,
une grande quantité de bombes , grenades, boulets
& autres munitions , avec une provifion
très- confidérable de vivres prêts à être tranfpor
tés, on s'apperçut que le feu étoit dans les magafins.
M. de Lery étoit à peine retiré avec tout
fon monde , que les magafins fauterent avec
tout les bâtimens & toute l'enceinte même du
Fort , de maniere qu'il n'en refta point de veftiges.
Après cette expédition dans laquelle ledétachement
François n'a eu qu'un Soldat & un Sauvage de tués ,
avec deux Soldats , deux Canadiens & trois Sauvages
bleffés , M. de Lery a marché contre un
Détachement Anglois , qui venoit au ſecours du
Fort ; mais il ne lui a pas été poffible de le
joindre.
Le 2 Juillet , le Roi accompagné de Monfei
JUILLET. 1756. 231
gneur le Dauphin , de Madame la Dauphinede
Madame , & de Mefdames Victoire , Sophie
& Louife , fe rendit à Compiegne du Châteaude
la Meute , où Sa Majefté avoit couché la
nuit précédente . Le Roi a fait l'honneur à
M. de Machault , Garde des Sceaux de France
, & Secretaire d'Etat ayant le Département
de la Marine , de s'arrêter une heure au Château
d'Arnouville . Monfeigneur le Dauphin étoit
avec Sa Majefté. La Reine arriva de Verſailles
le 3.
Le Roi a difpofé de la charge de Grand Aumônier
de France , vacante par la mort du Cardinal
de Soubife , en faveur du Cardinal de la
Rochefoucauld.
Sa Majefté a donné au Vidame d'Amiens , fils de
M.leDuc de Chaulnes , une Commiffion de Cornette
, avec Brevet de Mestre de Camp , à la fuite de
la Compagnie des Chevaux- Légers de la Garde..
En même tems , Sa Majesté a accordé une gratification
annuelle de huit mille livres à M. le Comte
de Luberfac de Livron , fecond Sous- Lieutenant
de cette Compagnie. Le Roi a accordé auffi
des Commiffions de Capitaines de Cavalerie , &.
plufieurs penfions & gratifications , aux Chevaux-
Légers , qui fe rendent utiles à l'Ecole établie
dans ce Corps , & qui fe font diftingués dans lesexercices
que Sa Majeſté a honorés de fa préfence.
Le Bureau des Affaires Eccléfiaftiques , qu'avoit
le feu Abbé de Pomponne , a été donné par
Sa Majesté à M. Feydeau de Brou , Conſeiller
d'Etat Ordinaire , & au Confeil Royal ..
Le 8 de ce mois , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à quinze cens quarante- cinq
livres les Billets de la troisieme Loterie Royale
232 MERCURE DE FRANCE.
à fix cens quarante- quatre ; ceux de la premiere
Loterie , & ceux de la feconde , n'avoient point
de prix fixe .
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Résumé : « Monseigneur le Dauphin et Madame la Dauphine partirent de Versailles le 19 Juin, [...] »
Du 19 au 21 juin, le Dauphin et la Dauphine se rendirent à Chartres, où ils furent reçus par l'évêque dans une réception somptueuse. Le 23 juin, ils tinrent sur les fonts baptismaux le fils du Marquis de Loftanges, en présence du Prince Constantin et du curé de Notre-Dame. Le 20 juin, le Nonce Ordinaire du Pape, M. Gualtieri, fit son entrée publique à Paris, accompagné du Prince Camille et de M. Dufort. Le 22 juin, le Comte de Brionne et M. Dufort conduisirent le Nonce à Versailles pour une audience avec le Roi, la Reine, le Dauphin et la Dauphine. Le même jour, le Roi passa en revue les Mousquetaires à Versailles, accompagné du Dauphin, tandis que la Reine, la Dauphine, Madame et Mesdames Victoire, Sophie et Louise assistèrent à la revue depuis l'appartement du Comte de Clermont. Des mutations eurent lieu dans la première compagnie des Mousquetaires, avec des promotions et des nominations d'officiers. Des nouvelles de Minorque rapportèrent des combats et des blessés parmi les troupes françaises. Le Roi ordonna la vente des navires anglais détenus dans les ports du royaume. M. de Maupertuis et M. Godin furent déclarés pensionnaires vétérans de l'Académie Royale des Sciences. M. le Comte de Saint-Florentin succéda à M. l'Abbé de Pomponne comme Commandeur-Chancelier des Ordres du Roi, et M. le Marquis de Marigny prit la charge de Commandeur-Secrétaire des Ordres du Roi. M. l'Abbé Comte de Bernis fut nommé Conseiller d'État Ecclésiastique et ambassadeur à Madrid, tandis que M. le Marquis de Puyzieulx se retira du Conseil tout en conservant sa pension de ministre. Le 27 juin, le Dauphin, la Dauphine, Madame et Mesdames Victoire, Sophie et Louise se promenèrent sur le boulevard de Paris, attirant une grande foule. Des lettres du Canada rapportèrent une expédition française contre un fort anglais près de Choueguen, dirigée par M. de Lery, qui fut détruit après un combat où les Français perdirent peu d'hommes. Le 2 juillet, le Roi, accompagné du Dauphin, de la Dauphine, de Madame et de Mesdames Victoire, Sophie et Louise, se rendit à Compiègne. Le Roi nomma le Cardinal de la Rochefoucauld Grand Aumônier de France et accorda diverses commissions et gratifications aux Chevaux-Légers de la Garde. Le Bureau des Affaires Ecclésiastiques fut confié à M. Feydeau de Brou. Les actions de la Compagnie des Indes et les billets de loterie royale furent cotés à des valeurs spécifiques.
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1318
p. 232-236
MARIAGES ET MORTS.
Début :
Messire Philippe-Christophe-Amateur de Gallisset, Comte de Gallisset, Baron de [...]
Mots clefs :
Mariages, Morts, Comte de Gallisset, Maison de Gallisset
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGES ET MORTS.
MARIAGES ET MORTS.
MEffire Philippe-Chriſtophe- Amateur de Galliffet
, Comte de Galliffet , Baron de Dampierre ,
Brigadier de Cavalerie , Lieutenant-Général de la
Province de Bourgogne , Gouverneur de Mâcon ,
& Meftre de Camp , Lieutenant du Régiment de
la Reine , époufa le 22 Janvier 1756 , Marie de
Levis- Lugny , fille de Marc- Antoine de Levis-
Lugny , appellé Marquis de Levis , & de Marie-
Françoile de Gelas de Leberon , niéce du Comte
de Lautrec , Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant-
Général de fes Armées , & c. La Bénédiction
Nuptiale leur fut donnée à S. Ouen dans la
chapelle particuliere du Comte de Jarnac , par
l'Abbé d'Harbouft , Vicaire Général de l'Evêché
de Meaux. Leur Contrat de mariage avoit été
figné par le Roi le 19 du même mois.
Le Comte de Galliffet ett d'une famille noble
& ancienne , originaire de S. Laurent-du- Pont en
Dauphiné , & qui s'eft répandue dans le Comtat ,
en Savoye , en Provence , dans le Pays d'Aunis &
à Paris . Elle s'eft également diftinguée dans l'épée
& dans la robe. La perte de la plus grande partie
des titres de cette famille , occafionnée par
guerres avec la Savoye , eft caufe qu'elle ne peut
remonter avec certitude que jufqu'à Guillaume
de Galliffet , qualifié Noble , qui vivoit en 1489.
Ce Guillaume fut pere de Georges & de Jacques
de Gallifer ; celui- ci eft la tige d'une branche qui
les
JUILLET . 1756. 233
a toujours fervi , foit en France , foit en Savoye ,
où elle eft établie .
Georges de Galliffet , fils aîné de Guillaume ,
fut Capitaine & Châtelain de S. Laurent-du-Pont ,
& de la Marche d'Antremont. Claude de Galliffer,
Archer de la Garde du Roi , & Georges II , deux
de fes fils furent auffi Capitaines & Châtelains ,
l'un de S. Laurent- du- Pont , & l'autre de la Marche
d'Antremont. Genton , le feptieme de fes enfans
fut un des cent Gentilshommes de la Chambre
de Henri II . Ils furent tous compris dans les
montres des Gentilshommes des années 1518
1524 , & 1549. Jacques de Galliffet , fils aîné de
Georges I , s'établit à Avignon , & fut pere d'Alexandre
I , dont une fille épousa Claude d'Eyguieres.
Ses preuves furent admifes à Malte à la
réception de fes petits- fils Jacques de Meyran en
1643 , & Claude d'Eyguieres en 1666. Alexandre
II , fils aîné d'Alexandre I , entra dans le Parlement
de Provence , & fut Préfident aux Enquêtes en
1615 , & Confeiller d'Etat en 1648. Il eut entr'autres
enfans Pierre & Jacques , qui ont formé
deux branches .
Pierre , fut pere de quatre
filles & de quatre
garçons qui tous fervirent ainfi que leurs Ancêtres
. Alexandre
III, l'aîné , Capitaine dans le Régiment
de Picardie , a laiffé pour fils unique Louis-
François de Galliffet, Baron de Preuilly , Enfeigne
au Régiment
des Gardes-Françoifes
, allié en
1730 à Marie-Deniſe- Elifabeth Pucelle . Jofeph ,
le fecond , eft mort en 1706 , ayant été Gouverneur
de l'Ile de Sainte- Croix , & commandant
les Colonies Françoifes aux Quartiers du Cap &
Côtes de S. Domingue. François , troifieme fils
de Pierre , Chevalier de S. Louis , Gouverneur
de
la Ville des Trois Rivieres en Canada , a eu pour
234 MERCURE DE FRANCE.
enfans Charles- François de Galliffet , mort en
1748 , Capitaine au Régiment des Gardes- Fran
Coifes , & Chevalier de S Louis , & Marie de Galliffet
vivante. Philippe de Galliffet , quatrieme fils
de Pierre , Chevalier de S. Louis , Lieutenant de
Vaiffeaux du Roi , eft pere par fa femme Marie-
Marguerite- Sufanne Huet , 1º . du Comte de Galliffet
, qui donne heu à cet article . 2°. De Louis-
Gabriel de Galliffet , Abbé de Fontaine-Danicl &
de S. Cheron , & Grand Vicaire du Diocèſe d'Air.
3°. De Paul -Alexandre , mort en 1741 , Chevalier
de Malte , & Capitaine dans le Régiment de
la Couronne.
Jacques de Galliffet , fecond fils d'Alexandre II,
eft Auteur de la branche établie en Provence. Il
fut Préfident aux Enquêtes du Parlement d'Aix ,
de même qu'Alexandre un de fes fils , dont le frere
Gabriel fut admis à Malte en 1695. Un de fes
autres enfans nommé Nicolas , eft mort en 1744,
Chevalier de S. Louis & Chef d'Efcadre des Armées
Navales du Roi , laiffant entr'autres enfans
Simon-Alexandre -Jean de Galliffet , feigneur du
Tholonet & de Montbijoux , Préfident aux Enquêtes
du Parlement de Provence , qui de ſon mariage
avec Magdeleine de Léotard , a un garçon
& une fille , & Louis de Galliffet , dit le Chevalier
de Gallifet , Capitaine dans le Régiment de la
Reine.
GALLIFFET porte pour armes, de gueules au chevron
d'argent , accompagné de trois treffles d'or.
Dame Marie- Sufanne le Berfeur de Fontenay ,
Abbeffe de Cordillon , eft morte en fon Abbaye
le 9 Novembre 1755 , dans fa foixante- douxieme
année. Son tendre attachement pour cette maifon
,luiavoit fait refufer l'Abbaye - aux- Bois, fituée
dans Paris , à laquelle le Roi la nomma en.1745.
JUILLET. 1756. 235
L'Abbaye de Cordillon ayant vaqué en 1751 , par
la mort de la Dame de Froulay , toute la Communauté
fit de vives inftances , afin d'avoir la Dame
de Fontenay pour Abbeffe., & Sa Majefté accorda
cette grace aux voeux unanimes des Religieufes.
Melfire Philibert- François Thiroux de Gerfeuil
Confeiller Honoraire de la Cour des Aides , &
Intendant Général des Poftes & Relais de France ,
âgé de près de 64 ans, eft mort le 11 Novembre,à
Vermanton près d'Auxerre , où il a été inhumé.
Dom Etienne- Gabriel Brice , natif de Paris ,
Religieux Bénédictin de la Congrégation de Saint
Maur , eft décédé le 13 à l'Abbaye S. Germain
des Prés , âgé d'environ 60 ans. Il travailloit de
puis plufieurs années conjointement avec Dom
Felix Hodin & Dom Tachereau au grand ouvrage
du Gallia Chriftiana , dont ils avoient déja donnés
fix volumes in-folio , les quatre précédens
ayant été publiés par Dom de Sainte -Marthe .
Meffire Jean-Omer Joly de Fleury , Abbé de
l'Abbaye d'Aumale , Ordre de S. Benoît , diocèſe de
Rouen ; & de celle de Chezi , même Ordre , diacè
e de Soiffons , & Chanoine de l'Eglife Métropolitaine
de Paris , mourut en cette Ville le 27 ,
âgé de 5 ans.
N... de Carbonieres , Marquis de la Capelle , eft
mort au mois de Novembre en fon Château de la
Capelle en Agenois , âgé de 63 ans . Il laiffe veuve
fans enfans fon époufe Angélique- Céfarine de
Foix, fille de François- Gafton , Comte de Foix ,
& de fa feconde femme Claude du Faur de Saint-
Jory. Il a ordonné par fon Teftament que fes
biens après la mort de la Marquife de la Capelle ,
qui en a la jouiffance , pafferont au Comte de Sa
bran , petit fils de Louife- Charlotte de Foix , veuve
de Jean -Honoré , Comte de Sabran , & foeur consanguine de la Marquise de la Capelle
,
étant
fille du même François-Gaston
,
Comte de Foix,
& de sa troisieme femme Dorothée-Théodore de
Poudenas-de fillepinte
,
actuellement vivante.
Dame Marie-Anne-Eléonore-Dreusede Rouffelet
de Château -Renaud
, veuve de Louis-Jean-
Baptiste de Matignon, Comte de Gacé & de
Montmartin, Baron de Gié
,
appelle le Comte
de Matignon
,
Chevalier des Ordres du Roi
, Lieutenant-Général des Armées de Sa Majesté,
Gouverneur & Lieutenant-Général du Paysd'Aunis
,
Ville & Gouvernement de la Rocheile
,
Isles
de Ré & d'Oléron
,
Brouage
,
Pays, Côtes &
Forteresses adjacentes, mourut à Paris le 17 Décembre
,
âgée de soixante-trois ans.
Elle étoit fille de François-Louis de Rousselet,
Marquis de Château-Renaud, Maréchal & Vice-
Amiral de France
,
Chevalier des Ordres du Roi,
& de Marie-Anne-Renée de la Porte-d'Artois.
' Anne-Errard
,
Marquis d'Avaugour
,
le plus
ancien des Brigadiers de cavalerie
,
est mort à
Paris
,
le 18
,
dans la quatre-vingt-quatrième
année de son âge.
MEffire Philippe-Chriſtophe- Amateur de Galliffet
, Comte de Galliffet , Baron de Dampierre ,
Brigadier de Cavalerie , Lieutenant-Général de la
Province de Bourgogne , Gouverneur de Mâcon ,
& Meftre de Camp , Lieutenant du Régiment de
la Reine , époufa le 22 Janvier 1756 , Marie de
Levis- Lugny , fille de Marc- Antoine de Levis-
Lugny , appellé Marquis de Levis , & de Marie-
Françoile de Gelas de Leberon , niéce du Comte
de Lautrec , Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant-
Général de fes Armées , & c. La Bénédiction
Nuptiale leur fut donnée à S. Ouen dans la
chapelle particuliere du Comte de Jarnac , par
l'Abbé d'Harbouft , Vicaire Général de l'Evêché
de Meaux. Leur Contrat de mariage avoit été
figné par le Roi le 19 du même mois.
Le Comte de Galliffet ett d'une famille noble
& ancienne , originaire de S. Laurent-du- Pont en
Dauphiné , & qui s'eft répandue dans le Comtat ,
en Savoye , en Provence , dans le Pays d'Aunis &
à Paris . Elle s'eft également diftinguée dans l'épée
& dans la robe. La perte de la plus grande partie
des titres de cette famille , occafionnée par
guerres avec la Savoye , eft caufe qu'elle ne peut
remonter avec certitude que jufqu'à Guillaume
de Galliffet , qualifié Noble , qui vivoit en 1489.
Ce Guillaume fut pere de Georges & de Jacques
de Gallifer ; celui- ci eft la tige d'une branche qui
les
JUILLET . 1756. 233
a toujours fervi , foit en France , foit en Savoye ,
où elle eft établie .
Georges de Galliffet , fils aîné de Guillaume ,
fut Capitaine & Châtelain de S. Laurent-du-Pont ,
& de la Marche d'Antremont. Claude de Galliffer,
Archer de la Garde du Roi , & Georges II , deux
de fes fils furent auffi Capitaines & Châtelains ,
l'un de S. Laurent- du- Pont , & l'autre de la Marche
d'Antremont. Genton , le feptieme de fes enfans
fut un des cent Gentilshommes de la Chambre
de Henri II . Ils furent tous compris dans les
montres des Gentilshommes des années 1518
1524 , & 1549. Jacques de Galliffet , fils aîné de
Georges I , s'établit à Avignon , & fut pere d'Alexandre
I , dont une fille épousa Claude d'Eyguieres.
Ses preuves furent admifes à Malte à la
réception de fes petits- fils Jacques de Meyran en
1643 , & Claude d'Eyguieres en 1666. Alexandre
II , fils aîné d'Alexandre I , entra dans le Parlement
de Provence , & fut Préfident aux Enquêtes en
1615 , & Confeiller d'Etat en 1648. Il eut entr'autres
enfans Pierre & Jacques , qui ont formé
deux branches .
Pierre , fut pere de quatre
filles & de quatre
garçons qui tous fervirent ainfi que leurs Ancêtres
. Alexandre
III, l'aîné , Capitaine dans le Régiment
de Picardie , a laiffé pour fils unique Louis-
François de Galliffet, Baron de Preuilly , Enfeigne
au Régiment
des Gardes-Françoifes
, allié en
1730 à Marie-Deniſe- Elifabeth Pucelle . Jofeph ,
le fecond , eft mort en 1706 , ayant été Gouverneur
de l'Ile de Sainte- Croix , & commandant
les Colonies Françoifes aux Quartiers du Cap &
Côtes de S. Domingue. François , troifieme fils
de Pierre , Chevalier de S. Louis , Gouverneur
de
la Ville des Trois Rivieres en Canada , a eu pour
234 MERCURE DE FRANCE.
enfans Charles- François de Galliffet , mort en
1748 , Capitaine au Régiment des Gardes- Fran
Coifes , & Chevalier de S Louis , & Marie de Galliffet
vivante. Philippe de Galliffet , quatrieme fils
de Pierre , Chevalier de S. Louis , Lieutenant de
Vaiffeaux du Roi , eft pere par fa femme Marie-
Marguerite- Sufanne Huet , 1º . du Comte de Galliffet
, qui donne heu à cet article . 2°. De Louis-
Gabriel de Galliffet , Abbé de Fontaine-Danicl &
de S. Cheron , & Grand Vicaire du Diocèſe d'Air.
3°. De Paul -Alexandre , mort en 1741 , Chevalier
de Malte , & Capitaine dans le Régiment de
la Couronne.
Jacques de Galliffet , fecond fils d'Alexandre II,
eft Auteur de la branche établie en Provence. Il
fut Préfident aux Enquêtes du Parlement d'Aix ,
de même qu'Alexandre un de fes fils , dont le frere
Gabriel fut admis à Malte en 1695. Un de fes
autres enfans nommé Nicolas , eft mort en 1744,
Chevalier de S. Louis & Chef d'Efcadre des Armées
Navales du Roi , laiffant entr'autres enfans
Simon-Alexandre -Jean de Galliffet , feigneur du
Tholonet & de Montbijoux , Préfident aux Enquêtes
du Parlement de Provence , qui de ſon mariage
avec Magdeleine de Léotard , a un garçon
& une fille , & Louis de Galliffet , dit le Chevalier
de Gallifet , Capitaine dans le Régiment de la
Reine.
GALLIFFET porte pour armes, de gueules au chevron
d'argent , accompagné de trois treffles d'or.
Dame Marie- Sufanne le Berfeur de Fontenay ,
Abbeffe de Cordillon , eft morte en fon Abbaye
le 9 Novembre 1755 , dans fa foixante- douxieme
année. Son tendre attachement pour cette maifon
,luiavoit fait refufer l'Abbaye - aux- Bois, fituée
dans Paris , à laquelle le Roi la nomma en.1745.
JUILLET. 1756. 235
L'Abbaye de Cordillon ayant vaqué en 1751 , par
la mort de la Dame de Froulay , toute la Communauté
fit de vives inftances , afin d'avoir la Dame
de Fontenay pour Abbeffe., & Sa Majefté accorda
cette grace aux voeux unanimes des Religieufes.
Melfire Philibert- François Thiroux de Gerfeuil
Confeiller Honoraire de la Cour des Aides , &
Intendant Général des Poftes & Relais de France ,
âgé de près de 64 ans, eft mort le 11 Novembre,à
Vermanton près d'Auxerre , où il a été inhumé.
Dom Etienne- Gabriel Brice , natif de Paris ,
Religieux Bénédictin de la Congrégation de Saint
Maur , eft décédé le 13 à l'Abbaye S. Germain
des Prés , âgé d'environ 60 ans. Il travailloit de
puis plufieurs années conjointement avec Dom
Felix Hodin & Dom Tachereau au grand ouvrage
du Gallia Chriftiana , dont ils avoient déja donnés
fix volumes in-folio , les quatre précédens
ayant été publiés par Dom de Sainte -Marthe .
Meffire Jean-Omer Joly de Fleury , Abbé de
l'Abbaye d'Aumale , Ordre de S. Benoît , diocèſe de
Rouen ; & de celle de Chezi , même Ordre , diacè
e de Soiffons , & Chanoine de l'Eglife Métropolitaine
de Paris , mourut en cette Ville le 27 ,
âgé de 5 ans.
N... de Carbonieres , Marquis de la Capelle , eft
mort au mois de Novembre en fon Château de la
Capelle en Agenois , âgé de 63 ans . Il laiffe veuve
fans enfans fon époufe Angélique- Céfarine de
Foix, fille de François- Gafton , Comte de Foix ,
& de fa feconde femme Claude du Faur de Saint-
Jory. Il a ordonné par fon Teftament que fes
biens après la mort de la Marquife de la Capelle ,
qui en a la jouiffance , pafferont au Comte de Sa
bran , petit fils de Louife- Charlotte de Foix , veuve
de Jean -Honoré , Comte de Sabran , & foeur consanguine de la Marquise de la Capelle
,
étant
fille du même François-Gaston
,
Comte de Foix,
& de sa troisieme femme Dorothée-Théodore de
Poudenas-de fillepinte
,
actuellement vivante.
Dame Marie-Anne-Eléonore-Dreusede Rouffelet
de Château -Renaud
, veuve de Louis-Jean-
Baptiste de Matignon, Comte de Gacé & de
Montmartin, Baron de Gié
,
appelle le Comte
de Matignon
,
Chevalier des Ordres du Roi
, Lieutenant-Général des Armées de Sa Majesté,
Gouverneur & Lieutenant-Général du Paysd'Aunis
,
Ville & Gouvernement de la Rocheile
,
Isles
de Ré & d'Oléron
,
Brouage
,
Pays, Côtes &
Forteresses adjacentes, mourut à Paris le 17 Décembre
,
âgée de soixante-trois ans.
Elle étoit fille de François-Louis de Rousselet,
Marquis de Château-Renaud, Maréchal & Vice-
Amiral de France
,
Chevalier des Ordres du Roi,
& de Marie-Anne-Renée de la Porte-d'Artois.
' Anne-Errard
,
Marquis d'Avaugour
,
le plus
ancien des Brigadiers de cavalerie
,
est mort à
Paris
,
le 18
,
dans la quatre-vingt-quatrième
année de son âge.
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Résumé : MARIAGES ET MORTS.
En 1755 et 1756, plusieurs événements familiaux et décès de personnalités notables ont marqué l'actualité. Le 22 janvier 1756, Philippe-Christophe de Galliffet, Comte de Galliffet, épousa Marie de Lévis-Lugny. Leur contrat de mariage fut signé par le Roi le 19 janvier, et la cérémonie eut lieu à S. Ouen dans la chapelle particulière du Comte de Jarnac. La famille de Galliffet, noble et ancienne, est originaire de S. Laurent-du-Pont en Dauphiné et s'est distinguée dans les domaines militaire et judiciaire. La lignée remonte à Guillaume de Galliffet, vivant en 1489. Plusieurs décès notables ont également été enregistrés. Dame Marie-Suzanne Le Berseur de Fontenay, Abbesse de Cordillon, décéda le 9 novembre 1755 à l'âge de 62 ans. Messire Philibert-François Thiroux de Gerfeuil, Intendant Général des Postes et Relais de France, mourut le 11 novembre à Vermanton, près d'Auxerre, à l'âge de 64 ans. Dom Étienne-Gabriel Brice, Religieux Bénédictin, décéda le 13 novembre à l'Abbaye Saint-Germain-des-Prés à l'âge de 60 ans. Messire Jean-Omer Joly de Fleury, Abbé de l'Abbaye d'Aumale, mourut à Paris le 27 novembre à l'âge de 55 ans. N... de Carbonières, Marquis de la Capelle, décéda en novembre à l'âge de 63 ans, laissant veuve son épouse Angélique-Césarine de Foix. Dame Marie-Anne-Éléonore-Dreusede Rousselet de Château-Renaud, veuve du Comte de Matignon, décéda à Paris le 17 décembre à l'âge de 63 ans. Enfin, Anne-Erard, Marquis d'Avaugour, Brigadier de cavalerie, décéda à Paris le 18 décembre à l'âge de 84 ans.
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1319
p. 195
DU NORD.
Début :
On a fait ici la découverte d'une des plus horribles conspirations [...]
Mots clefs :
Stockholm, Conspiration , Liberté des États, Sécurité retrouvée, Commémoration annuelle
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE STOCKHOLM , le 2 Juillet.
ON a fait ici la découverte d'une des plus hora
ribles confpirations qui aient été formées contre
la liberté des Etats. Elle devoit éclater la nuit du
22 au 23 du mois dernier ; mais , par les bonnes
mefures qu'on a prifes , on en a prévenu
F'exécution , & la tranquillité eft actuellement affurée
. Les Etats ont fait chanter le 27 un Te Deum
avec pompe dans toutes les Eglifes de la Ville
pour remercier Dieu d'avoir préfervé la Suede
d'un auffi grand danger . Ils ont ordonné que tous
les ans on célébreroit cet événement , de la même
façon , le jour de Saint Jean , pour confacrer
à perpétuité cette grace du Ciel & leur reconnoiffance.
DE STOCKHOLM , le 2 Juillet.
ON a fait ici la découverte d'une des plus hora
ribles confpirations qui aient été formées contre
la liberté des Etats. Elle devoit éclater la nuit du
22 au 23 du mois dernier ; mais , par les bonnes
mefures qu'on a prifes , on en a prévenu
F'exécution , & la tranquillité eft actuellement affurée
. Les Etats ont fait chanter le 27 un Te Deum
avec pompe dans toutes les Eglifes de la Ville
pour remercier Dieu d'avoir préfervé la Suede
d'un auffi grand danger . Ils ont ordonné que tous
les ans on célébreroit cet événement , de la même
façon , le jour de Saint Jean , pour confacrer
à perpétuité cette grace du Ciel & leur reconnoiffance.
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Résumé : DU NORD.
À Stockholm, le 2 juillet, une conspiration contre la liberté des États a été découverte. Prévue pour le 22 au 23 juin, elle a été empêchée par des mesures préventives. La tranquillité est rétablie. En remerciement, un Te Deum solennel a été ordonné le 27 juin. Cet événement sera célébré annuellement à la Saint-Jean.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1320
p. 202-204
PAYS-BAS.
Début :
La Réponse que M. le Comte d'Affry, a remise le 14 du mois dernier aux [...]
Mots clefs :
La Haye, Comte d'Affry, États généraux , Neutralité, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême
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texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS- BAS.
DE LA HAYE , le 16 Juillet .
La Réponse que M. le Comte d'Affry , a
remife le 14 du mois dernier aux Etats Géné
taux , fur leur réfolution du 25 Mai , a été
AOUST. 1756. 203
rendue publique . Elle eft conçue en ces termes :
» HAUTS ET PUISSANS SEIGNEURS , la réfolu-
» tion que les Etats Généraux des Provinces-
» Unies ont prife , &c , a confirmé S. M. dans
>> l'opinion qu'Elle avoit déja de la fageffe & de
l'équité de leurs délibérations . Le Roi a vu
» avec plaisir , dans cette réfolution , da Décla
» ration que les Etats Généraux ont faite , que
» comme Leurs Hautes Puiffances n'ont pris juf-
» qu'à préfent aucune part , ni aux troubles &
» différends touchant les Poffeffions Américaines
ni à leurs fuites , & ne s'en font mêlées ni direc-
» tement ni indirectement ; qu ' Elles n'ont auffi au-
» cunement intention d'y prendre part , ni aux fuites
qui en pourront résulter , mais qu'Elles ont au
» contraire résolu d'obferver à cet égard une exacte
» neutralité ; le tout , fans préjudicier aux Al-
» liances que la République a contractées , aux-
» quelles L. H. P. ne prétendent déroger. S. M.
s pour témoigner aux Etats Généraux le gré
» qu'Elle leur fçait de la conduite qu'ils ont
» tenue dans cette occafion , & pour leur donner
» une nouvelle preuve du véritable intérêt qu'-
» Elle prend à leur repos & à leur fûreté , leur
» déclare de fon côté , de la maniere la plus précife
, que le territoire de la République fera à
» l'abri de toutes les menaces & infultes de la
» part des forces de S. M. Quant aux Pays- Bas
» Autrichiens , le Roi renouvelle volontiers aux
>> Provinces- Unies les affurances qu'il a déja don-
» nées à cet égard à l'Impératrice Reine de Hon-
>> grie & de Bohême , par l'Acte ou Conventions
» de Neutralité , qui a été figné à Verfailles le
» premier Mai dernier , & dont S. M. a fait re-
>> mettre Copie à L. H. P. Le Roi contri&ta di-
» rectement avec Elles un femblable engage
I vjs
204 MERCURE DE FRANCE.
» ment en 1733 , parce que S. M. étant alors en
» guerre avec le Souverain des Pays - Bas Autri-
» chiens , toute correfpondance entre Elle & ce
» Prince étoit interrompue . Mais le Roi vivant
» heureulement dans la plus parfaite intelligence
» avec l'Impératrice Reine de Hongrie & de Bo-
» héme , & voulant refferier de plus en plus ,
» ( comme il vient de le faire , ) les liens de l'a-
» mitié & de l'alliance , qui les réuniffent dans
un fyltême uniforme de defirs & de vues pou
» le repos & le bonheur de l'Europe , c'étoit
» avec S. M. Imp . qu'il convenoit de tranfiger fur
» le fort d'un pays qui lui appartient . Cependant
» un des principaux motifs qui a déterminé le
» Roi à ftipuler expreffément la Neutralité des
» Pays - Bas Autrichiens , & qui lui a été commun
» avec l'impératrice Reine , a été de procurer
» aux Provinces Unies la fûreté qu'elles défi-
» roient avec raifon , par rapport à leur territoire
& à leur voifinage . Le Roi juftifiera
» toujours , par les fentimens pour les Etats
» Généraux , la confiance qu'ils continuent de
» lui témoigner , & S. M. profitera de toutes les
>> occafions qui la mettront à portée de leur
» marquer fon amitié fincere , & fa conftante
» difpofition à leur en faire éprouver les effets les
» plus utiles & les plus agréables » . •
La femme du nommé Jacob- Van- Hulft accoucha
le 8 de trois fils , dont la Princeffe Gouvernante
a été mareine , & dont l'aîné a été nom
mé Anne.
DE LA HAYE , le 16 Juillet .
La Réponse que M. le Comte d'Affry , a
remife le 14 du mois dernier aux Etats Géné
taux , fur leur réfolution du 25 Mai , a été
AOUST. 1756. 203
rendue publique . Elle eft conçue en ces termes :
» HAUTS ET PUISSANS SEIGNEURS , la réfolu-
» tion que les Etats Généraux des Provinces-
» Unies ont prife , &c , a confirmé S. M. dans
>> l'opinion qu'Elle avoit déja de la fageffe & de
l'équité de leurs délibérations . Le Roi a vu
» avec plaisir , dans cette réfolution , da Décla
» ration que les Etats Généraux ont faite , que
» comme Leurs Hautes Puiffances n'ont pris juf-
» qu'à préfent aucune part , ni aux troubles &
» différends touchant les Poffeffions Américaines
ni à leurs fuites , & ne s'en font mêlées ni direc-
» tement ni indirectement ; qu ' Elles n'ont auffi au-
» cunement intention d'y prendre part , ni aux fuites
qui en pourront résulter , mais qu'Elles ont au
» contraire résolu d'obferver à cet égard une exacte
» neutralité ; le tout , fans préjudicier aux Al-
» liances que la République a contractées , aux-
» quelles L. H. P. ne prétendent déroger. S. M.
s pour témoigner aux Etats Généraux le gré
» qu'Elle leur fçait de la conduite qu'ils ont
» tenue dans cette occafion , & pour leur donner
» une nouvelle preuve du véritable intérêt qu'-
» Elle prend à leur repos & à leur fûreté , leur
» déclare de fon côté , de la maniere la plus précife
, que le territoire de la République fera à
» l'abri de toutes les menaces & infultes de la
» part des forces de S. M. Quant aux Pays- Bas
» Autrichiens , le Roi renouvelle volontiers aux
>> Provinces- Unies les affurances qu'il a déja don-
» nées à cet égard à l'Impératrice Reine de Hon-
>> grie & de Bohême , par l'Acte ou Conventions
» de Neutralité , qui a été figné à Verfailles le
» premier Mai dernier , & dont S. M. a fait re-
>> mettre Copie à L. H. P. Le Roi contri&ta di-
» rectement avec Elles un femblable engage
I vjs
204 MERCURE DE FRANCE.
» ment en 1733 , parce que S. M. étant alors en
» guerre avec le Souverain des Pays - Bas Autri-
» chiens , toute correfpondance entre Elle & ce
» Prince étoit interrompue . Mais le Roi vivant
» heureulement dans la plus parfaite intelligence
» avec l'Impératrice Reine de Hongrie & de Bo-
» héme , & voulant refferier de plus en plus ,
» ( comme il vient de le faire , ) les liens de l'a-
» mitié & de l'alliance , qui les réuniffent dans
un fyltême uniforme de defirs & de vues pou
» le repos & le bonheur de l'Europe , c'étoit
» avec S. M. Imp . qu'il convenoit de tranfiger fur
» le fort d'un pays qui lui appartient . Cependant
» un des principaux motifs qui a déterminé le
» Roi à ftipuler expreffément la Neutralité des
» Pays - Bas Autrichiens , & qui lui a été commun
» avec l'impératrice Reine , a été de procurer
» aux Provinces Unies la fûreté qu'elles défi-
» roient avec raifon , par rapport à leur territoire
& à leur voifinage . Le Roi juftifiera
» toujours , par les fentimens pour les Etats
» Généraux , la confiance qu'ils continuent de
» lui témoigner , & S. M. profitera de toutes les
>> occafions qui la mettront à portée de leur
» marquer fon amitié fincere , & fa conftante
» difpofition à leur en faire éprouver les effets les
» plus utiles & les plus agréables » . •
La femme du nommé Jacob- Van- Hulft accoucha
le 8 de trois fils , dont la Princeffe Gouvernante
a été mareine , & dont l'aîné a été nom
mé Anne.
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Résumé : PAYS-BAS.
Le 16 juillet 1756, le Comte d'Affry a rendu publique la réponse du roi de France aux États Généraux des Provinces-Unies. Cette réponse approuve la neutralité des Provinces-Unies concernant les troubles américains. Le roi assure la protection du territoire des Provinces-Unies contre toute menace française. Il renouvelle également les assurances de neutralité envers l'impératrice Reine de Hongrie et de Bohême, conformément à l'Acte de Neutralité signé à Versailles le 1er mai précédent. Le roi exprime son désir de renforcer les liens d'amitié et d'alliance avec l'impératrice pour la stabilité de l'Europe. La neutralité des Pays-Bas autrichiens vise à garantir la sécurité des Provinces-Unies. Le roi réitère sa confiance et son soutien aux États Généraux. Par ailleurs, la femme de Jacob-Van-Hulft a donné naissance à trois fils le 8 août, dont l'aîné a été nommé Anne, avec la princesse gouvernante comme marraine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1321
p. 229-233
« Le 11 Juillet, M. le Cardinal de la Rochefoucauld prêta serment entre les [...] »
Début :
Le 11 Juillet, M. le Cardinal de la Rochefoucauld prêta serment entre les [...]
Mots clefs :
Grand Aumônier de France, Cardinal de la Rochefoucauld, Duc de Gesvres, Ordonnance du roi, Infanterie, Arrêt du Conseil d'État, Chevalier de Tourville, Canada, Marquis de la Galissoniere, Escadre française, Loterie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 11 Juillet, M. le Cardinal de la Rochefoucauld prêta serment entre les [...] »
Le 1 I Juillet , M. le Cardinal de la Rochefoucauld
prêta ferment entre les mains du Roi ,
dans le Cabinet de fa Majefté , pour la charge de
Grand Aumônier de France. Ce Cardinal entra lè
même jour en exercice des fonctions de cette
charge près de fa Majefté.
"
Le 15 Juillet , pendant la Meffe du Roi , la.
Mufique a chanté le Te Deum , de la compofition
de M. Colin de Blamont , Surintendant de la Mufique
de la Chambre , & Chevalier de l'Ordre de
S. Michel , qui l'a fait exécuter. Cette Hymne a
été entonnée par l'Abbé de Gandras , Chapelam
de la Chapelle-Mufique. Le Corps de Ville a fait
tirer le canon , & fonner le tocfin , ainfi que toutes
les cloches de la Ville. A fix heures du fóir ,
le Corps de Ville a allumé un feu dans la place de
-PHôtel de Ville , fous les ordres du Duc de Gefvres
, Gouverneur de l'Ile de France. Le Corps .
de Ville illumina fon Hôtel, & il y eut des lumieres
fur toutes les fenêtres des maifons . L'Hôtel du
Duc de Gefvres fut illuminé fuivant fon ordre
d'Architecture. Ce Seigneur fit couler pendanttoute
la nuit du vin pour le peuple , & lui fit diftribuer
des vivres.
Madame la Marquise de Pompadour à cette
occafion donna une fête dans fa maiſon hors de la
230 MERCURE DE FRANCE.
Ville. Le Roi lui fit l'honneur d'y affifter. y eut
avant le fouper un feu d'artifice très-bien exécuté,
qui fut fuivi d'une illumination élégante , analogue
aux deffeins des parterres & des jardins , &
dont l'effet a fait la furpriſe de tous les Spectateurs .
Le Roi a accordé les entrées de la Chambre à
M. Hénault , Préfident Honoraire en la premiere
Chambre des Enquêtes ; Surintendant des Finances
, Domaines & Affaires de la Reine ; un des
Quarante de l'Académie Francoife ; Honoraire
de l'Académie Royale des Belles- Lettres , & Membre
des Académies Royales de Nancy , de Berlin
& de Suede.
Le Roi ayant prefcrit par fon Ordonnance da
1 Août 1755 , la levée de quatre Compagnies dans
chacun des Bataillons de fon Infanterie Françoiſe ,
& voulant régler le temps que commencera à
courir la maffe deſtinée à l'habillement & aux menues
réparations defdites Compagnies : Sa Majesté
ordonne , qu'outre la folde réglée pour lesdites
Compagnies , le paiement de leur maffe fera fait
fur le pied complet , à commencer du 1 Janvier
de la prefente année.
I
Sa Majefté a réglé auffi , que le décompte de la
maffe échue aux Régimens de Dragons leur feroit
fait jufqu'au 1 Janvier 1756 , fur le pied de
leur précédente compofition , & qu'à compter dudit
jour ils en recevroient le paiement fur le pied
complet de quarante hommes par chacune des
feize compagnies , dont ils font actuellement
composés.
Il paroît deux Arrêts du Confeil d'Etat , qui
-permettent , l'un à la ville de Cherbourg , l'autre
à celle de Libourne , de faire directement , chacune
par fon Port , le commerce des Iſles & Co-
Jonies Françoifes de l'Amérique
AOUST. 1756. .231
La Ville de Saint - Etienne en Forès le diftingue
de plus en plus par la perfection des armes qui s'y
fabriquent. Le Sieur Jean - Louis Carrier , Entrepreneur
d'armes de cette Ville , & qui a en même
temps l'entreprife des Meffageries de Forès , a
préfenté derniérement à M. le Duc de la Valliere
un fufil , dont tous les connoiffeurs ont admiré
la finguliere beauté.
Le 18, M.le Chevalier deTourville arriva àCompiegne
, revenant du Canada , avec la nouvelle
que l'Efcadre & les troupes du Roi , parties de
Breft au mois d'Avril , s'étoient rendues à Quebec
, ainfi que la plupart des navires , qui ont
été expédiés fucceffivement des différens Ports du
Royaume avec des recrues & des provifions de
toute efpece. On a appris auffi par les lettres qu'il
a apportées , qu'il y a eu pendant tout l'hyver
des partis de Canadiens & de Sauvages , qui ont
fait des incurfions fur les Colonies Angloifes , ou
ils ont tué beaucoup de monde , & fait un nombre
affez confidérable de prifonniers. Les mêmes
lettres portent , que les Anglois de leur côté fe
difpofoient à reprendre cette année les attaqués
qu'ils tenterent inutilement l'année derniere contre
le Canada. M. le Chevalier de Tourville commandoit
la Frégate la Sauvage , dans l'Eſcadre
partie de Breft. Il a été fait Capitaine de Vaiffeau ;
& le Roi a eu la bonté de lui annoncer lui-même
cette grace , lorfqu'il a été préfenté à Sa Majesté
par M. de Machault , Garde des Sceaux de France
, & Secretaire d'Etat ayant le département de
la Marine.
M. le Chevalier de Tourville eft neveu du
Maréchal de ce nom. Il est le feul qui refte du
nom de Tourville avec un frere , que fa foible
fanté a obligé de quitter le ſervice de la Marine.
232 MERCURE DE FRANCE.
Il fait fa réfidence dans fes terres en Norman
die , où il s'eft marié , & n'a point de postérité.
Un Courier arrivé de Toulon le 20 de Juillet ,
à cinq heures du matin , a apporté la nouvelle
que l'Efcadre du Roi , commandée par M. le
Marquis de la Galiffoniere , à mouillé en rade
le 16 à trois heures après midi. Cette Eſcadre
étoit partie de fa croifiere devant le Port-Mahon
le 8 , auffi- tôt que M. le Maréchal Duc de Richelieu
fe fut rendu à bord du aiffeau le Fondroyant.
Les Officiers Généraux & les Compagnies
de Grenadiers font revenus à bord de
cette Efcadre , & le furplus des troupes fur des
Bâtimens de tranfport . Pendant la traverſée ,
que les vents contraires & les mauvais temps ont
rendue affez longue , M. le Marquis de la Galiffoniere
a profité le 13 d'un caline , pour faire
chanter le Te Deum à bord du Foudroyant ,
l'occafion de la prife du Port Saint- Philippe ;
& cette cérémonie a été accompagnée des falves
ordinaires de l'artillerie & de la moufqueterie
de tous les Vaiffeaux de PEfcadre. M. le
Maréchal de Richelieu , en débordant en rade
du Vaiffeau le Foudroyant , a été falué de la voix &
fucceffivement du canon de tous les Vaiffeaux de
l'Eſcadre , ainfi que de celui du Vaiffeau Amiral ,
forfqu'il eft entre dans le Port . Cette Efcadre qui
avoit été jointe à Port - Mahon par deux des Vailfeaux
dont Sa Majesté avoit ordonné l'armement ,
a trouvé en..rade les autres Vaiffeaux de ce nouvel
armement , dont le départ avoit été retardé
par la nouvelle de fon retour , & toute cette Elcadre
a eu ordre de refter en rade.
à
La Frégate la Rofe , commandée par M. Paftour
de Coftebelle , Capitaine de Vaiffeau , s'eft
féparée de l'Efcadre fur Toulon , pour débarquer,
A O UST. 1756. 233
à Marseille les Otages , qui doivent y attendre
le retour des Navires qui portent à Gibraltar la
Garnifon du Fort Saint - Philippe.
M.le Marquis de Paulmi , Secretaire d'Etat de
la Guerre , en furvivance du Comte d'Argenfon,
& l'un des Quarante de l'Académie Françoife , a
été élu Académicien Honoraire de l'Académie
Royale des Belles - Lettres , à la place du Feu
Abbé de Pomponne.
Le 22 Juillet , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à quinze cens cinquante livres:
les Billets de la premiere Loterie Royale , à
neufcens quarante ; ceux de la feconde Loterie ,
à fept cens foixante- quatre , & ceux de la troificme
Loterie , à fix cens quarante- quatre .
prêta ferment entre les mains du Roi ,
dans le Cabinet de fa Majefté , pour la charge de
Grand Aumônier de France. Ce Cardinal entra lè
même jour en exercice des fonctions de cette
charge près de fa Majefté.
"
Le 15 Juillet , pendant la Meffe du Roi , la.
Mufique a chanté le Te Deum , de la compofition
de M. Colin de Blamont , Surintendant de la Mufique
de la Chambre , & Chevalier de l'Ordre de
S. Michel , qui l'a fait exécuter. Cette Hymne a
été entonnée par l'Abbé de Gandras , Chapelam
de la Chapelle-Mufique. Le Corps de Ville a fait
tirer le canon , & fonner le tocfin , ainfi que toutes
les cloches de la Ville. A fix heures du fóir ,
le Corps de Ville a allumé un feu dans la place de
-PHôtel de Ville , fous les ordres du Duc de Gefvres
, Gouverneur de l'Ile de France. Le Corps .
de Ville illumina fon Hôtel, & il y eut des lumieres
fur toutes les fenêtres des maifons . L'Hôtel du
Duc de Gefvres fut illuminé fuivant fon ordre
d'Architecture. Ce Seigneur fit couler pendanttoute
la nuit du vin pour le peuple , & lui fit diftribuer
des vivres.
Madame la Marquise de Pompadour à cette
occafion donna une fête dans fa maiſon hors de la
230 MERCURE DE FRANCE.
Ville. Le Roi lui fit l'honneur d'y affifter. y eut
avant le fouper un feu d'artifice très-bien exécuté,
qui fut fuivi d'une illumination élégante , analogue
aux deffeins des parterres & des jardins , &
dont l'effet a fait la furpriſe de tous les Spectateurs .
Le Roi a accordé les entrées de la Chambre à
M. Hénault , Préfident Honoraire en la premiere
Chambre des Enquêtes ; Surintendant des Finances
, Domaines & Affaires de la Reine ; un des
Quarante de l'Académie Francoife ; Honoraire
de l'Académie Royale des Belles- Lettres , & Membre
des Académies Royales de Nancy , de Berlin
& de Suede.
Le Roi ayant prefcrit par fon Ordonnance da
1 Août 1755 , la levée de quatre Compagnies dans
chacun des Bataillons de fon Infanterie Françoiſe ,
& voulant régler le temps que commencera à
courir la maffe deſtinée à l'habillement & aux menues
réparations defdites Compagnies : Sa Majesté
ordonne , qu'outre la folde réglée pour lesdites
Compagnies , le paiement de leur maffe fera fait
fur le pied complet , à commencer du 1 Janvier
de la prefente année.
I
Sa Majefté a réglé auffi , que le décompte de la
maffe échue aux Régimens de Dragons leur feroit
fait jufqu'au 1 Janvier 1756 , fur le pied de
leur précédente compofition , & qu'à compter dudit
jour ils en recevroient le paiement fur le pied
complet de quarante hommes par chacune des
feize compagnies , dont ils font actuellement
composés.
Il paroît deux Arrêts du Confeil d'Etat , qui
-permettent , l'un à la ville de Cherbourg , l'autre
à celle de Libourne , de faire directement , chacune
par fon Port , le commerce des Iſles & Co-
Jonies Françoifes de l'Amérique
AOUST. 1756. .231
La Ville de Saint - Etienne en Forès le diftingue
de plus en plus par la perfection des armes qui s'y
fabriquent. Le Sieur Jean - Louis Carrier , Entrepreneur
d'armes de cette Ville , & qui a en même
temps l'entreprife des Meffageries de Forès , a
préfenté derniérement à M. le Duc de la Valliere
un fufil , dont tous les connoiffeurs ont admiré
la finguliere beauté.
Le 18, M.le Chevalier deTourville arriva àCompiegne
, revenant du Canada , avec la nouvelle
que l'Efcadre & les troupes du Roi , parties de
Breft au mois d'Avril , s'étoient rendues à Quebec
, ainfi que la plupart des navires , qui ont
été expédiés fucceffivement des différens Ports du
Royaume avec des recrues & des provifions de
toute efpece. On a appris auffi par les lettres qu'il
a apportées , qu'il y a eu pendant tout l'hyver
des partis de Canadiens & de Sauvages , qui ont
fait des incurfions fur les Colonies Angloifes , ou
ils ont tué beaucoup de monde , & fait un nombre
affez confidérable de prifonniers. Les mêmes
lettres portent , que les Anglois de leur côté fe
difpofoient à reprendre cette année les attaqués
qu'ils tenterent inutilement l'année derniere contre
le Canada. M. le Chevalier de Tourville commandoit
la Frégate la Sauvage , dans l'Eſcadre
partie de Breft. Il a été fait Capitaine de Vaiffeau ;
& le Roi a eu la bonté de lui annoncer lui-même
cette grace , lorfqu'il a été préfenté à Sa Majesté
par M. de Machault , Garde des Sceaux de France
, & Secretaire d'Etat ayant le département de
la Marine.
M. le Chevalier de Tourville eft neveu du
Maréchal de ce nom. Il est le feul qui refte du
nom de Tourville avec un frere , que fa foible
fanté a obligé de quitter le ſervice de la Marine.
232 MERCURE DE FRANCE.
Il fait fa réfidence dans fes terres en Norman
die , où il s'eft marié , & n'a point de postérité.
Un Courier arrivé de Toulon le 20 de Juillet ,
à cinq heures du matin , a apporté la nouvelle
que l'Efcadre du Roi , commandée par M. le
Marquis de la Galiffoniere , à mouillé en rade
le 16 à trois heures après midi. Cette Eſcadre
étoit partie de fa croifiere devant le Port-Mahon
le 8 , auffi- tôt que M. le Maréchal Duc de Richelieu
fe fut rendu à bord du aiffeau le Fondroyant.
Les Officiers Généraux & les Compagnies
de Grenadiers font revenus à bord de
cette Efcadre , & le furplus des troupes fur des
Bâtimens de tranfport . Pendant la traverſée ,
que les vents contraires & les mauvais temps ont
rendue affez longue , M. le Marquis de la Galiffoniere
a profité le 13 d'un caline , pour faire
chanter le Te Deum à bord du Foudroyant ,
l'occafion de la prife du Port Saint- Philippe ;
& cette cérémonie a été accompagnée des falves
ordinaires de l'artillerie & de la moufqueterie
de tous les Vaiffeaux de PEfcadre. M. le
Maréchal de Richelieu , en débordant en rade
du Vaiffeau le Foudroyant , a été falué de la voix &
fucceffivement du canon de tous les Vaiffeaux de
l'Eſcadre , ainfi que de celui du Vaiffeau Amiral ,
forfqu'il eft entre dans le Port . Cette Efcadre qui
avoit été jointe à Port - Mahon par deux des Vailfeaux
dont Sa Majesté avoit ordonné l'armement ,
a trouvé en..rade les autres Vaiffeaux de ce nouvel
armement , dont le départ avoit été retardé
par la nouvelle de fon retour , & toute cette Elcadre
a eu ordre de refter en rade.
à
La Frégate la Rofe , commandée par M. Paftour
de Coftebelle , Capitaine de Vaiffeau , s'eft
féparée de l'Efcadre fur Toulon , pour débarquer,
A O UST. 1756. 233
à Marseille les Otages , qui doivent y attendre
le retour des Navires qui portent à Gibraltar la
Garnifon du Fort Saint - Philippe.
M.le Marquis de Paulmi , Secretaire d'Etat de
la Guerre , en furvivance du Comte d'Argenfon,
& l'un des Quarante de l'Académie Françoife , a
été élu Académicien Honoraire de l'Académie
Royale des Belles - Lettres , à la place du Feu
Abbé de Pomponne.
Le 22 Juillet , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à quinze cens cinquante livres:
les Billets de la premiere Loterie Royale , à
neufcens quarante ; ceux de la feconde Loterie ,
à fept cens foixante- quatre , & ceux de la troificme
Loterie , à fix cens quarante- quatre .
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Résumé : « Le 11 Juillet, M. le Cardinal de la Rochefoucauld prêta serment entre les [...] »
En juillet 1755, le Cardinal de la Rochefoucauld fut nommé Grand Aumônier de France et prêta serment le 1er juillet. Le 15 juillet, lors de la messe du Roi, la musique joua le Te Deum de Colin de Blamont, Surintendant de la Musique de la Chambre. La ville célébra l'événement avec des tirs de canon, des sonneries de tocsin et des illuminations. Madame la Marquise de Pompadour organisa une fête à laquelle le Roi assista, avec un feu d'artifice et des illuminations. Le Roi accorda les entrées de la Chambre à M. Hénault, Préfident Honoraire et Surintendant des Finances. Le 1er août, le Roi ordonna la levée de quatre compagnies supplémentaires dans chaque bataillon de l'infanterie française et régla les paiements pour l'habillement et les réparations jusqu'au 1er janvier 1756. Il régla également les paiements pour les régiments de dragons jusqu'à cette date. Deux arrêts du Conseil d'État autorisèrent les villes de Cherbourg et de Libourne à commercer directement avec les îles et colonies françaises d'Amérique. La ville de Saint-Étienne se distingua par la qualité des armes fabriquées. Le 18 août, le Chevalier de Tourville arriva à Compiègne, revenant du Canada, avec des nouvelles sur les opérations militaires et les incursions des Canadiens et des Sauvages contre les colonies anglaises. Un courrier de Toulon annonça le retour de l'escadre commandée par le Marquis de La Galissonière, qui avait capturé le Port Saint-Philippe. La frégate La Rose, commandée par M. Pastour de Costebelle, se sépara de l'escadre pour débarquer des otages à Marseille. Le Marquis de Paulmy fut élu Académicien Honoraire de l'Académie Royale des Belles-Lettres. Le 22 juillet, les actions de la Compagnie des Indes et les billets des loteries royales étaient cotés à des valeurs spécifiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1322
p. 233-234
DU NORD.
Début :
Le 16 de ce mois, la Commission établie par les Etats pour juger le Comte de Brahé, [...]
Mots clefs :
Stockholm, Condamnation à mort, Décapitation, Comte de Brahé, Baron de Horn, Place du Ridderholm, Fugitifs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE STOCKHOLM , le 24 Juillet.
LE 16 de ce mois, la Commiffion établie par les
Etats pour juger le Comte de Brahé , le Baron de
Horn , le Capitaine Stalfward , le fieur Puke , &
les nommés Mozelius , Ernft , Ercolin , Chriftienin
& la Chapelle , les a condamnés à avoir la
tête tranchée. On leur lut leur Sentence , & le
Procureur Général de la Commiffion ayant fait le
lendemain aux Etats le rapport des preuves fur
leſquelles eft fondé le jugement , il a été confirmé.
Les quatre premiers ont été décapités aujourd'hui
dans la Place du Ridderholm . Cette exécution
s'eft faite tranquillement & fans aucune rumeur.
On avoit pofté près de la Place du Ridderholm
, plufieurs détachemens de troupes réglées ,
& les Compagnies de la Milice Bourgeoife à che
val. Les Compagnies d'Infanterie de cette Milice
étoient fous les armes dans les autres Places publiques
de la Ville & dans les Fauxbourgs . Les
familles du Comte de Brahé & du Baron de Horn
ont obtenu la permiffion de faire enlever les corps
de ces deux Seigneurs pour leur donner la ſépulture.
Mozelius , Eraft , Ercolin , Chriftienin &
la Chapelle feront conduits après - demain au fupplice.
Les Etats ont envoyé ordre aux Ambaffa
234 MERCURE DE FRANCE.
deurs , Miniftres , Agens & Confuls de Suede
dans les pays étrangers , de réclamer le Comte de
Hardt , le Baron Eric de Wrangel & le Capitaine
Gyllenpetz , partout où l'on pourra découvrir ces
fugitifs.
DE STOCKHOLM , le 24 Juillet.
LE 16 de ce mois, la Commiffion établie par les
Etats pour juger le Comte de Brahé , le Baron de
Horn , le Capitaine Stalfward , le fieur Puke , &
les nommés Mozelius , Ernft , Ercolin , Chriftienin
& la Chapelle , les a condamnés à avoir la
tête tranchée. On leur lut leur Sentence , & le
Procureur Général de la Commiffion ayant fait le
lendemain aux Etats le rapport des preuves fur
leſquelles eft fondé le jugement , il a été confirmé.
Les quatre premiers ont été décapités aujourd'hui
dans la Place du Ridderholm . Cette exécution
s'eft faite tranquillement & fans aucune rumeur.
On avoit pofté près de la Place du Ridderholm
, plufieurs détachemens de troupes réglées ,
& les Compagnies de la Milice Bourgeoife à che
val. Les Compagnies d'Infanterie de cette Milice
étoient fous les armes dans les autres Places publiques
de la Ville & dans les Fauxbourgs . Les
familles du Comte de Brahé & du Baron de Horn
ont obtenu la permiffion de faire enlever les corps
de ces deux Seigneurs pour leur donner la ſépulture.
Mozelius , Eraft , Ercolin , Chriftienin &
la Chapelle feront conduits après - demain au fupplice.
Les Etats ont envoyé ordre aux Ambaffa
234 MERCURE DE FRANCE.
deurs , Miniftres , Agens & Confuls de Suede
dans les pays étrangers , de réclamer le Comte de
Hardt , le Baron Eric de Wrangel & le Capitaine
Gyllenpetz , partout où l'on pourra découvrir ces
fugitifs.
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Résumé : DU NORD.
Le 16 juillet, une commission suédoise a condamné à mort plusieurs individus, dont le comte de Brahé, le baron de Horn, le capitaine Stalfward, le sieur Puke, Mozelius, Ernft, Ercolin, Chriftienin et la Chapelle. La sentence a été confirmée par les États après le rapport du procureur général. Les exécutions du comte de Brahé, du baron de Horn, du capitaine Stalfward et du sieur Puke ont eu lieu le 24 juillet sur la place du Ridderholm, sans incident notable. Des troupes et des milices étaient présentes pour maintenir l'ordre. Les familles du comte de Brahé et du baron de Horn ont obtenu la permission d'enterrer leurs proches. Les exécutions de Mozelius, Ernft, Ercolin, Chriftienin et la Chapelle étaient prévues pour le lendemain. Par ailleurs, les États suédois ont ordonné à leurs représentants à l'étranger de rechercher et de réclamer le comte de Hardt, le baron Eric de Wrangel et le capitaine Gyllenpetz, tous trois en fuite.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1323
p. 234-236
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
On est ici fort sensible à la prise de l'Isle de Minorque. [...]
Mots clefs :
Londres, Ile de Minorque, Défaite anglaise, Dommages sur la navigation et le commerce, Amiral West, Amiral Byng, Sa Majesté anglaise, Général Fowke
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 10 Août .
On eft içi fort ſenſible à la priſe de l'Iſle Minor
que. La perte que la Nation fouffre par cet événement
, eft eftimée à plus d'un million de livres
fterlings , fans compter le dommage qui en réfultera
pour la navigation & pour le commerce. Il
paroît qu'on eft dans la ferme réfolution d'examiner
les caufes qui ont empêché que le Fort
Saint-Philippe n'ait été fecouru , & de punir felon
la rigueur des loix ceux qui feront reconnus avoir
défobéi aux ordres qu'ils avoient reçus relativement
à cet objet . Les Amiraux Byng & Weft
font arrivés à Spithéad , le premier ayant été
renvoyé fous arrêts par l'Amiral Hawke . Le
Public attend avec impatience les réponfes que
l'Amiral Byng fera fur les différens chefs d'accufation
intentés contre lui. Surtout on défire de
fçavoir pourquoi il a employé tant de temps à
retourner à Gibraltar après le combat du 20 Mai.
L'Amiral Weft s'eft rendu à Kenſington , pour
informer le Roi de toutes les circonftances du
combat naval du 20 Mai. Sa Majefté a témoigné
être parfaitement fatisfaite de la conduite qu'il a
tenue dans cette action . On garde étroitement
P'Amiral Byng. M. Edouard Byng , fon frere ,
quoique malade , alla le 28 à Portfmouth pour le
voir . Au moment qu'ils s'embraffoient , il arriva
SEPTEMBRE . 1756. 235
un Meffager d'Etat qui venoit prendre l'Amiral
fous fa garde. Cette vue fit une telle impreffion
fur le fieur Edouard Byng , qu'il expira fur le
champ fans proférer une feule parole . Les deux
principales fautes qu'on reproche à l'Amiral
Byng , font de n'avoir pas fait avancer plus de
Vaiffeaux à l'ordre de bataille de l'Amiral Weft ,
& de n'avoir pas tenté à tout hazard l'entrée du
Havre de Mahon , puifque fes ordres étoient pofitifs
à cet égard . Le Général Fowk , ci- devant
Gouverneur de Gibraltar , doit auffi fubir l'examen
d'un Confeil de Guerre , pour n'avoir pas
donné le Régiment que demandoit cet Amiral .
Le Chef d'Eſcadre Howe ayant fait une defcente
dans une petite Ine appartenante aux François,
& fituée à quelque diftance de l'ifle de Guarnefey
, cinquante hommes qui y étoient en garnifon
ont capitulé , & on leur a accordé les honneurs
de la guerre. On a reçu avis que l'Eſcadre ,
qui depuis quelque temps a établi fa croifiere devant
Louisbourg , s'eft emparé du Vaiffeau de
guerre François l'Arc-en - Ciel , de cinquante canons
, & qu'elle a enlevé aufli deux Navires de la
même Nation chargés de provifions , l'un pour
l'ifle Royale , l'autre pour celle de Saint- Jean.
Selon les nouvelles de la Caroline Méridionale ,
le feu a pris à Charles Town dans les magaſins ,
& a confumé une grande quantité de fucre , de
ris & de rhum. Il y a eu auffi un grand incendie à
Bridgeton dans l'Ile de la Barbade. Soixante-cinq
maiſons ont été réduites en cendres , ainfi qu'un
magafin rempli de coton , d'huile , de foufre , &
de plufieurs autres marchandiſes. Le dommage
monte à trois cens cinquante mille livres fterlings .
L'Amirauté a envoyé ordre à Portſmouth , à
Plymouth & à Douvres , de relâcher les Bâtimens
236 MERCURE DE FRANCE.
Hollandois , qui y ont été conduits depuis que la
Grande Bretagne a déclaré la guerre à la France.
Il eft parti ces jours - ci de Spithéad une nouvelle
Eſcadre de dix Vaiffeaux fous les ordres de l'Amiral
Holbourne , pour aller croiſer conjointement
avec l'Amiral Bofcawen fur les côtes de
Bretagne & du Pays d'Aunis. Le Gouvernement
vient de prendre à fon fervice un grand nombre
de Bâtimens de tranſport , dont les Capitaines ont
ordre de s'approvifionner pour un voyage de long
cours.
Aujourd'hui le Général Fowke a fubi un interrogatoire
devant un Confeil de guerre compofé
de quatorze Officiers Généraux . On avoit fait
partir l'Amiral Byng de Portſmouth pour le conduire
ici ; mais on a été obligé de lè remener કે
fon bord , afin de le fouftraire à la fureur de la
populace , qui s'étoit attroupée fur la route dans
le deffein de fe venger fur lui des avantages remportés
par les François.
DE LONDRES , le 10 Août .
On eft içi fort ſenſible à la priſe de l'Iſle Minor
que. La perte que la Nation fouffre par cet événement
, eft eftimée à plus d'un million de livres
fterlings , fans compter le dommage qui en réfultera
pour la navigation & pour le commerce. Il
paroît qu'on eft dans la ferme réfolution d'examiner
les caufes qui ont empêché que le Fort
Saint-Philippe n'ait été fecouru , & de punir felon
la rigueur des loix ceux qui feront reconnus avoir
défobéi aux ordres qu'ils avoient reçus relativement
à cet objet . Les Amiraux Byng & Weft
font arrivés à Spithéad , le premier ayant été
renvoyé fous arrêts par l'Amiral Hawke . Le
Public attend avec impatience les réponfes que
l'Amiral Byng fera fur les différens chefs d'accufation
intentés contre lui. Surtout on défire de
fçavoir pourquoi il a employé tant de temps à
retourner à Gibraltar après le combat du 20 Mai.
L'Amiral Weft s'eft rendu à Kenſington , pour
informer le Roi de toutes les circonftances du
combat naval du 20 Mai. Sa Majefté a témoigné
être parfaitement fatisfaite de la conduite qu'il a
tenue dans cette action . On garde étroitement
P'Amiral Byng. M. Edouard Byng , fon frere ,
quoique malade , alla le 28 à Portfmouth pour le
voir . Au moment qu'ils s'embraffoient , il arriva
SEPTEMBRE . 1756. 235
un Meffager d'Etat qui venoit prendre l'Amiral
fous fa garde. Cette vue fit une telle impreffion
fur le fieur Edouard Byng , qu'il expira fur le
champ fans proférer une feule parole . Les deux
principales fautes qu'on reproche à l'Amiral
Byng , font de n'avoir pas fait avancer plus de
Vaiffeaux à l'ordre de bataille de l'Amiral Weft ,
& de n'avoir pas tenté à tout hazard l'entrée du
Havre de Mahon , puifque fes ordres étoient pofitifs
à cet égard . Le Général Fowk , ci- devant
Gouverneur de Gibraltar , doit auffi fubir l'examen
d'un Confeil de Guerre , pour n'avoir pas
donné le Régiment que demandoit cet Amiral .
Le Chef d'Eſcadre Howe ayant fait une defcente
dans une petite Ine appartenante aux François,
& fituée à quelque diftance de l'ifle de Guarnefey
, cinquante hommes qui y étoient en garnifon
ont capitulé , & on leur a accordé les honneurs
de la guerre. On a reçu avis que l'Eſcadre ,
qui depuis quelque temps a établi fa croifiere devant
Louisbourg , s'eft emparé du Vaiffeau de
guerre François l'Arc-en - Ciel , de cinquante canons
, & qu'elle a enlevé aufli deux Navires de la
même Nation chargés de provifions , l'un pour
l'ifle Royale , l'autre pour celle de Saint- Jean.
Selon les nouvelles de la Caroline Méridionale ,
le feu a pris à Charles Town dans les magaſins ,
& a confumé une grande quantité de fucre , de
ris & de rhum. Il y a eu auffi un grand incendie à
Bridgeton dans l'Ile de la Barbade. Soixante-cinq
maiſons ont été réduites en cendres , ainfi qu'un
magafin rempli de coton , d'huile , de foufre , &
de plufieurs autres marchandiſes. Le dommage
monte à trois cens cinquante mille livres fterlings .
L'Amirauté a envoyé ordre à Portſmouth , à
Plymouth & à Douvres , de relâcher les Bâtimens
236 MERCURE DE FRANCE.
Hollandois , qui y ont été conduits depuis que la
Grande Bretagne a déclaré la guerre à la France.
Il eft parti ces jours - ci de Spithéad une nouvelle
Eſcadre de dix Vaiffeaux fous les ordres de l'Amiral
Holbourne , pour aller croiſer conjointement
avec l'Amiral Bofcawen fur les côtes de
Bretagne & du Pays d'Aunis. Le Gouvernement
vient de prendre à fon fervice un grand nombre
de Bâtimens de tranſport , dont les Capitaines ont
ordre de s'approvifionner pour un voyage de long
cours.
Aujourd'hui le Général Fowke a fubi un interrogatoire
devant un Confeil de guerre compofé
de quatorze Officiers Généraux . On avoit fait
partir l'Amiral Byng de Portſmouth pour le conduire
ici ; mais on a été obligé de lè remener કે
fon bord , afin de le fouftraire à la fureur de la
populace , qui s'étoit attroupée fur la route dans
le deffein de fe venger fur lui des avantages remportés
par les François.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
En août 1756, la prise de l'île de Minorque par les Français est perçue comme une perte significative pour la Grande-Bretagne, évaluée à plus d'un million de livres sterling, affectant la navigation et le commerce. Le gouvernement britannique enquête sur la chute du Fort Saint-Philippe et décide de punir les responsables. Les amiraux Byng et West arrivent à Spithead, Byng étant sous arrêts. Le public attend les explications de Byng sur son action lors du combat du 20 mai, notamment son retard à retourner à Gibraltar. L'amiral West est félicité par le roi pour sa conduite. Byng est gardé en détention, et son frère Édouard meurt de choc en le voyant emmené sous garde. Les principales fautes reprochées à Byng sont de ne pas avoir avancé suffisamment de vaisseaux et de ne pas avoir tenté l'entrée du port de Mahon. Le général Fowke est également examiné pour n'avoir pas fourni le régiment demandé par Byng. Par ailleurs, l'escadre britannique capture un vaisseau français et deux navires de provisions près de Louisbourg. Des incendies détruisent des marchandises à Charles Town et Bridgetown. L'Amirauté ordonne la libération des bâtiments hollandais saisis. Une nouvelle escadre est envoyée croiser au large des côtes bretonnes et du Pays d'Aunis. Le général Fowke est interrogé par un conseil de guerre, et Byng est protégé de la populace en colère.
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1324
p. 238-245
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Sa Majesté a accordé les grandes entrées à M. le Maréchal Duc [...]
Mots clefs :
Comte d'Egmont, Duc de Gesvres, Célébrations de la conquête de Minorque, Monument de gloire, Marquis, Maréchal, Fort de Saint-Philippe, Cardinal de Tavannes, Garnison de la Rochelle, Comtes, Prince de Croy
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
Sa Majefté a accordé les grandes entrées à M. le
A
Maréchal Duc de Belle- Ifle .
Le jour que M. le Comte d'Egmont apporta au
Roi les articles de la Capitulation du Fort Saint-
Philippe , le Corps de Ville fit tirer à cinq & à fept
heures du foir les boîtes d'artillerie & le canon
de la Ville. Sur les neuf heures , il y eut une pareille
falve d'artillerie , pendant laqucile les Prévôt
des Marchands & Echevins allumerent , avec les
cérémonies accoutumées , le bucher qui avoit
été dreffé dans le milieu de la Place de l'Hôtel de
Ville. On tira enfuite une grande quantité de
fufées volantes. La Ville fit en même temps couler
trois fontaines de vin , & diftribuer des viandes au
peuple dans la même Place . Près de chaque fontaine
de vin étoit une Orcheſtre remplie de
Joueurs d'Inftrumens . La Place étoit éclairée par
un grand nombre d'ifs , qui portoient des lumie
res , & la façade de l'Hôtel de Ville l'étoit par
trois filets de terrines fuivant l'Ordre de l'Architecture.
L'Hôtel de M. le Duc de Gefvres , Gou
SEPTEMBRE . 1756. 239
verneur de Paris ; celui du Prevôt des Marchands,
& les maifons des Echevins & des principaux Officiers
de l'Hôtel de Ville , furent auffi illuminés.
Le Roi ayant écrit à l'Archevêque de Paris
pour faire rendre de folemnelles actions de graces
à l'occafion de la conquête de l'Ifle Minorque
on chanta le 25 Juillet le Te Deum dans l'Eglife
Métropolitaine , & P'Abbé de Saint - Exupery ,
Doyen du Chapitre , y officia. M. de Lamoignon ,
Chancelier de France , & M. de Machault , Garde
des Sceaux , accompagnés de plufieurs Confeillers
d'Etat , & Maîtres des Requêtes , y affifterent ,
ainfi que le Parlement , la Chambre des Comptes
, la Cour des Aides & le Corps de Ville , qui
y avoient été invités de la part de Sa Majesté par
M. Defgranges , Maître des Cérémonies.
On tira le même jour dans la Place de l'Hôtel
de Ville , par ordre des Prevôt des Marchands &
Echevins , un Feu d'artifice dont l'exécution ne
laiffa rien à défirer. La décoration repréfentoit
un grand trophée de guerre , élevé à la gloire du
Roi fur les débris d'un Fort . Le corps de ce tro
phée , étoit une pyramide quadrangulaire de
foixante douze pieds de haut , pofée au milieu de
la principale place d'armes du Fort ſur pluſieurs
canons démontés. Des maffes d'armures antiques ,
des efpeces de foleils formés avec les armes enlevées
aux ennemis , & des médaillons au chiffre
du Roi , ornoient les quatre faces de la pyramide.
La boule de France , furmontée d'une couronne ,
lui fervoit d'amortiffement. Cette pyramide étoit
accompagnée de deux colonnes roftrales de cinq
pieds de diametre , conftruites fur les pointes des
Ravelins , & auxquelles étoient attachés des becs
& des proues de Navires. A l'entrée des attaques
on avoit placé diverfes figures allégoriques. Qua
240 MERCURE DE FRANCE.
tre palmiers étoient plantés fur les quatre contre
gardes , qui enveloppoient le corps de la Place ,
& qui enfermoient la feconde enceinte. Les tiges
de ces arbres étoient chargées de dépouilles remportées
par les vainqueurs , & les rameaux étoient
entrelacés de guirlandes auxquelles des couronnes
de laurier de différentes grandeurs étoient fufpendues.
On voyoit au haut des deux colonnes deux
figures, qui repréfentoient, l'une Neptune , l'autre
Le Génie Tutelaire de la Place. La France , entourée
de plufieurs Génies & d'une troupe de Héros ,
paroiffoit à l'endroit de la principale attaque ,
confacrant ce monument en préſence de Mars &
de Minerve.
Cette décoration enrichie de peinture & de
rondeboffe , avoir quatre-vingt-huit pieds de longueur.
Elle étoit difpofée fur plufieurs plans concentriques
, élevés les uns au- deffus des autres , &
elle préfentoit au naturel le tableau d'une fête
militaire , donnée dans un Fort qui venoit d'être
emporté d'affaut. Les différens jeux de l'artifice
exprimerent l'attaque & la défenfe d'une Place.
Ils furent terminés par un coup de feu très-bril
lant , & par un bouquet en réjouiffance de la
victoire.
Au Feu d'artifice fuccéda une magnifique illu
mination. Un triple cordon de lumieres deffinoit
l'architecture de la façade & du grand comble de
l'Hôtel de Ville . Plufieurs luftres garnis de lanternes
de verre éclairoient diverfes parties du bâ
timent. Toute l'enceinte de la Place étoit illuminée
, ainfi que le pourtour du Feu , par des ifs
chargés de lampions .
Il y eut auffi de très- belles illuminations aux
Hôtels de M. le Duc de Gefvres & du Prevôt des
Marchands , & aux maiſons des Echevins & des
principaux
SEPTEMBRE. 1756. 245
principaux Officiers de l'Hôtel de Ville . Des fontaines
de vin coulerent , & l'on diſtribua du pain
& des viandes au peuple dans tous ces différens
endroits, de même que dans la Place de Louis XV ,
dans celle de Louis le Grand , dans celle des Victoires
, dans celle du Carroufel , dans la Place
Royale , dans les Halles , dans le Marché- Neuf ,
à la Place Maubert & à la Croix- Rouge. On
avoit mis des Orcheſtres partout où le faifoient
ces diſtributions , & le peuple jufqu'à cinq heures
du matin témoigna par les danfes la joie que lui
caufoit la profpérité des armes du Roi. Pendant
toute la nuit , la Place devant l'Hôtel de Ville fut
remplie de carroffes.
Deux Armateurs de Calais ont fait deux prifes
affez confidérables . Un Armateur de Dunkerque
a enlevé un Navire Anglois qui forto t d´´la Tamife
, & il l'a conduit à Oftende. Le chargement
de cette derniere priſe eſt eſtimé trois cens mille
livres.
Le Roi a donné le Gouvernement général de
l'Ile Minorque à M. le Comte de Lannon , Maréchal
de Camp . Sa Majefté a fait Marécha x e
fes Camps & Armées MM. de la Serre , Brigadier,
Lieutenant- Colonel du Régiment Royal la Ma
rine; de la Bliniere , Brigadier , Lieutenant- Colonel
du Régiment Royal Infanterie ; le Marquis
de Roquepine , Brigadier , Colonel du Régi
ment Royal Comtois ; le Marquis de Monti , Bi
gadier , Colonel du Régiment Royal Italien ; le
Marquis de Trainel , Brigadier , Colonel d'un
Régiment d'Infanterie ; le Comte d'Egmont , Brigadier
; Meftre de Camp d'un Régiment de Cavalerie
, & le Chevalier de Redmont , Brigadier ,
Meftre de Camp Réformé de Cavalerie. Sa Majeſté
a fait Brigadier de Dragons M. le Duc de
L
242 MERCURE DE FRANCE.
Fronfac , Mestre de Camp de Dragons ; & Elle a
fait Brigadiers d'Infanterie M. le Prince de Rohan-
Rochefort , Colonel d'un Régiment d'Infanterie ;
le Comte de Levis- Leran , Colonel du Régiment
Royal la Marine ; le Chevalier de Clermont d'Amboife
, Colonel du Régiment de Bretagne , & le
Comte de Rochambeau , Colonel du Régiment
de la Marche.
Il y a eu , tant pendant le cours du fiege da
Fort Saint- Philippe , qu'à l'attaque faite des ouvrages
de ce Fort dans la nuit du 27 au 28 Juin ,
treize Officiers tués , & quatre vingt- douze bleffés.
Quatre cens dix -neuf Soldats ont été tués , &
le nombre de ceux qui ont été bleffés monte à
neuf cens quatre- vingt- feize.
Les habitans de Rouen ayant été informés que
M. le Cardinal de Tavannes devoit y arriver le 19
Juillet , le Chapitre de l'Eglife Métropolitaine ,
& tous les Ordres de la Ville , fe font empreffés à
l'envi de lui marquer la part qu'ils prenoient à fa
promotion au Cardinalat . Les Compagnies de la
Bourgoifie , à cheval , avec leurs trompettes &
leurs étendards , font allées au devant de lui ,
à l'entrée du Fauxbourg , dans le lieu où il devoit
fe revêtir de fes habits de cérémonie. Toutes les
Brigades de la Maréchauffée , le Grand Prevôt à
leur tête , fe font rendues au même lieu , & toutes
les perfonnes de confidération y ont envoyé leurs
carroffes, pour former un cortége pompeux . L'im- :
patience de voir le Cardinal avoit fait fortir de la
Ville une partie du peuple ; le refte rempliffoit les
rues & les places publiques. Le Cardinal , en entrant
dans Rouen , a été falué par le canon de la
Ville & par celui du vieux Palais. Le Régiment
de Lyonnois , fous les armes , formoit une doable
Laie depuis la porte du Pont juſqu'au grand Por
SEPTEMBRE . 1756. 243
tail de l'Eglife Métropolitaine , dont l'interieur
étoit gardé par les deux Compagnies de Grenadiers
de ce Corps . Lorfque le Cardinal a été prêt
d'entrer dans la grande Place qui eft devant l'E-`
glife , le Chapitre eft forti proceffionellement ,
pour aller au devant de Son Eminence. Le Haut
Doyen l'a complimentée au nom des Chanoines ,
& elle a été conduite dans le choeur de l'Eglife
Métropolitaine , où les principaux Membres du
Parlement & de la Chambre des Comptes , le
Corps de Ville , les Curés , les Supérieurs des
Communautés Régulieres , & un grand nombre
de perfonnes de diftinction , étoient placés avec
un ordre dont tout le monde a été fatisfait . On a
chanté le Te Deum en mufique & avec fymphonie.
A l'entrée de la nuit , la partie extérieure du
choeur de l'Eglife Métropolitaine , qui termine
d'un côté la cour de l'Archevêché , a été illuminée
, ainfi que toutes les maifons des Chanoines ,
les Communautés Religieufes & plufieurs autres
maifons de la Ville.
"
Le premier d'Août , les Officiers de la Garnifon
de la Rochelle , compofée des Régimens d'Infanterie
de la Sarre & de Breffe , & du Régiment
Royal Dragons , célébrerent par une fête éclatante
la prife du Fort Saint- Philippe . La grande
Place de la Ville étant plantée de plufieurs allées
d'arbres , paroiffoit faite exprès pour rendre ce
fpectacle agréable. Après que les troupes y eurent
formé plufieurs faifceaux de leurs armes , l'Aumônier
du Régiment de la Sarre dit la Meſſe fur un
Autel qu'on dreffa dans l'inftant . Enfuite les foldars
des trois Régimens que l'on mêla exprès ,
prirent leurs places aux différentes tables qui leur
étoient deſtinées , & qui furent fervies avec la
plus grande abondance . On avoit préparé des ta-
Lij
244 MERCURE DE FRANCE.
bles particulieres pour les Maréchaux des Logis &
pour les Sergens . M. de Montpouillan & les
Comtes de Carcado & de la Blache , Colonels , accompagnés
de MM. le Blanc & de Labadie , Lieutenans-
Colonels , & de MM. du Menil , de S. Mery
& de Murat, Majors , allerent inviter M. le Marquis
de Clermont- Gallerande, Lieutenans-Général, qui
commande dans la Province , & M. le Marquis de
Dreux employé fous les ordres en qualité de Maréchal
de Camp , à porter la fanté du Roi & celles
de la Famille Royale. Ces fantés furent bues au
bruit de cinq pieces de canon . Pluſieurs inftrumens
de guerre & de mufique augmenterent la
joie de ce feftin militaire. La fête fut fuivie d'un
magnifique repas fervi à une table de cent cinquante
couverts que donna le Marquis de Gallerande.
Le foir , l'Hôtel de ce Lieutenant Général
fut illuminé en tranſparent. La décoration repréfentoit
le Port-Mahon . Au deffus , on lifoit ce vers :
Difcite juftitiam moniti , &non temnere Divos.
La fête que le Prince de Croy a donnée le
même jour au Camp fous Calais , a été de la plus
grande magnificence. Quarante- cinq Dames y
avoient été invitées , ainfi que M. d'Invault , Intendant
de Picardie , & tous les Officiers des Etats
Majors des Villes , Citadelles & Forts des environs
du Camp . On fervit pour cette Compagnie &
pour les Officiers des troupes dont le Camp eft
compofé , plufieurs tables fous des baldaquins à
la Chinoife , dont les bords étoient feftonnés par
des guirlandes de fleurs . Ces mêmes guirlandes
defcendoient par diverfes circonvolutions autour
des colonnes qui foutenoient les baldaquins. Pendant
le repas, qui dura depuis quatre heures aprèsmidi
jufqu'à fept , & dans lequel il régna autant
de profufion que de délicateffe , on diftribua dụ
pain , de la viande & de la biere aux foldats. Les
SEPTEMBRE . 1736. 245
Comédiens jouerent la Comédie gratis ; & comme
la falle du Spectacle ne pouvoit contenir qu'une
petite partie des troupes , on avoit placé des Farceurs,
des Danfeurs de cordes & des Joueurs de gobelets,
à la tête de chaque Brigade . Sur les fept heures
& demie , on chanta le Te Deum dans la Chapelle
du Camp , au bruit de tous les inftrumens de
guerre. Lorfque la nuit commença , trois fufées
partirent d'une montagne à deux lieues du Camp ,
qui eft précisément vis - à-vis de Douvres . La Ville
& la Citadelle de Calais , & tous les Forts des
ennemis répondirent à ce fignal par des falves
générales de leur artillerie. Ces falves furent repétées
trois fois . Elles furent fuivies d'un Feu
d'artifice , dont la décoration repréfentoit un
Fort quarré à double enceinte , femblable à celui
de Saint-Philippe . A la fin du Feu , il tomba fur
le Fort une fleur de lys enflammée. Plufieurs fougaffes
jouerent en même temps , & renverferent
tous les ouvrages . On demeura un inftant dans
une grande obfcurité . Puis on vit s'élever par
dégrés un foleil d'artifice . Les Armes de France
parurent deffinées en feu brillant . Au deffus étoit
un Vive le Roi en caracteres lumineux , parfaitement
exécuté .
La Ville de Saint- Malo ne s'eft pas moins
diftinguée par les réjouiffances qu'elle a faites le
8 , à l'occafion de la conquête de l'Ile Minorque.
Voici le Mandement de M. l'Evêque de cette Ville ,
qui a ordonné de chanter le Te Deum à ce fujet.
Sa Majefté a accordé les grandes entrées à M. le
A
Maréchal Duc de Belle- Ifle .
Le jour que M. le Comte d'Egmont apporta au
Roi les articles de la Capitulation du Fort Saint-
Philippe , le Corps de Ville fit tirer à cinq & à fept
heures du foir les boîtes d'artillerie & le canon
de la Ville. Sur les neuf heures , il y eut une pareille
falve d'artillerie , pendant laqucile les Prévôt
des Marchands & Echevins allumerent , avec les
cérémonies accoutumées , le bucher qui avoit
été dreffé dans le milieu de la Place de l'Hôtel de
Ville. On tira enfuite une grande quantité de
fufées volantes. La Ville fit en même temps couler
trois fontaines de vin , & diftribuer des viandes au
peuple dans la même Place . Près de chaque fontaine
de vin étoit une Orcheſtre remplie de
Joueurs d'Inftrumens . La Place étoit éclairée par
un grand nombre d'ifs , qui portoient des lumie
res , & la façade de l'Hôtel de Ville l'étoit par
trois filets de terrines fuivant l'Ordre de l'Architecture.
L'Hôtel de M. le Duc de Gefvres , Gou
SEPTEMBRE . 1756. 239
verneur de Paris ; celui du Prevôt des Marchands,
& les maifons des Echevins & des principaux Officiers
de l'Hôtel de Ville , furent auffi illuminés.
Le Roi ayant écrit à l'Archevêque de Paris
pour faire rendre de folemnelles actions de graces
à l'occafion de la conquête de l'Ifle Minorque
on chanta le 25 Juillet le Te Deum dans l'Eglife
Métropolitaine , & P'Abbé de Saint - Exupery ,
Doyen du Chapitre , y officia. M. de Lamoignon ,
Chancelier de France , & M. de Machault , Garde
des Sceaux , accompagnés de plufieurs Confeillers
d'Etat , & Maîtres des Requêtes , y affifterent ,
ainfi que le Parlement , la Chambre des Comptes
, la Cour des Aides & le Corps de Ville , qui
y avoient été invités de la part de Sa Majesté par
M. Defgranges , Maître des Cérémonies.
On tira le même jour dans la Place de l'Hôtel
de Ville , par ordre des Prevôt des Marchands &
Echevins , un Feu d'artifice dont l'exécution ne
laiffa rien à défirer. La décoration repréfentoit
un grand trophée de guerre , élevé à la gloire du
Roi fur les débris d'un Fort . Le corps de ce tro
phée , étoit une pyramide quadrangulaire de
foixante douze pieds de haut , pofée au milieu de
la principale place d'armes du Fort ſur pluſieurs
canons démontés. Des maffes d'armures antiques ,
des efpeces de foleils formés avec les armes enlevées
aux ennemis , & des médaillons au chiffre
du Roi , ornoient les quatre faces de la pyramide.
La boule de France , furmontée d'une couronne ,
lui fervoit d'amortiffement. Cette pyramide étoit
accompagnée de deux colonnes roftrales de cinq
pieds de diametre , conftruites fur les pointes des
Ravelins , & auxquelles étoient attachés des becs
& des proues de Navires. A l'entrée des attaques
on avoit placé diverfes figures allégoriques. Qua
240 MERCURE DE FRANCE.
tre palmiers étoient plantés fur les quatre contre
gardes , qui enveloppoient le corps de la Place ,
& qui enfermoient la feconde enceinte. Les tiges
de ces arbres étoient chargées de dépouilles remportées
par les vainqueurs , & les rameaux étoient
entrelacés de guirlandes auxquelles des couronnes
de laurier de différentes grandeurs étoient fufpendues.
On voyoit au haut des deux colonnes deux
figures, qui repréfentoient, l'une Neptune , l'autre
Le Génie Tutelaire de la Place. La France , entourée
de plufieurs Génies & d'une troupe de Héros ,
paroiffoit à l'endroit de la principale attaque ,
confacrant ce monument en préſence de Mars &
de Minerve.
Cette décoration enrichie de peinture & de
rondeboffe , avoir quatre-vingt-huit pieds de longueur.
Elle étoit difpofée fur plufieurs plans concentriques
, élevés les uns au- deffus des autres , &
elle préfentoit au naturel le tableau d'une fête
militaire , donnée dans un Fort qui venoit d'être
emporté d'affaut. Les différens jeux de l'artifice
exprimerent l'attaque & la défenfe d'une Place.
Ils furent terminés par un coup de feu très-bril
lant , & par un bouquet en réjouiffance de la
victoire.
Au Feu d'artifice fuccéda une magnifique illu
mination. Un triple cordon de lumieres deffinoit
l'architecture de la façade & du grand comble de
l'Hôtel de Ville . Plufieurs luftres garnis de lanternes
de verre éclairoient diverfes parties du bâ
timent. Toute l'enceinte de la Place étoit illuminée
, ainfi que le pourtour du Feu , par des ifs
chargés de lampions .
Il y eut auffi de très- belles illuminations aux
Hôtels de M. le Duc de Gefvres & du Prevôt des
Marchands , & aux maiſons des Echevins & des
principaux
SEPTEMBRE. 1756. 245
principaux Officiers de l'Hôtel de Ville . Des fontaines
de vin coulerent , & l'on diſtribua du pain
& des viandes au peuple dans tous ces différens
endroits, de même que dans la Place de Louis XV ,
dans celle de Louis le Grand , dans celle des Victoires
, dans celle du Carroufel , dans la Place
Royale , dans les Halles , dans le Marché- Neuf ,
à la Place Maubert & à la Croix- Rouge. On
avoit mis des Orcheſtres partout où le faifoient
ces diſtributions , & le peuple jufqu'à cinq heures
du matin témoigna par les danfes la joie que lui
caufoit la profpérité des armes du Roi. Pendant
toute la nuit , la Place devant l'Hôtel de Ville fut
remplie de carroffes.
Deux Armateurs de Calais ont fait deux prifes
affez confidérables . Un Armateur de Dunkerque
a enlevé un Navire Anglois qui forto t d´´la Tamife
, & il l'a conduit à Oftende. Le chargement
de cette derniere priſe eſt eſtimé trois cens mille
livres.
Le Roi a donné le Gouvernement général de
l'Ile Minorque à M. le Comte de Lannon , Maréchal
de Camp . Sa Majefté a fait Marécha x e
fes Camps & Armées MM. de la Serre , Brigadier,
Lieutenant- Colonel du Régiment Royal la Ma
rine; de la Bliniere , Brigadier , Lieutenant- Colonel
du Régiment Royal Infanterie ; le Marquis
de Roquepine , Brigadier , Colonel du Régi
ment Royal Comtois ; le Marquis de Monti , Bi
gadier , Colonel du Régiment Royal Italien ; le
Marquis de Trainel , Brigadier , Colonel d'un
Régiment d'Infanterie ; le Comte d'Egmont , Brigadier
; Meftre de Camp d'un Régiment de Cavalerie
, & le Chevalier de Redmont , Brigadier ,
Meftre de Camp Réformé de Cavalerie. Sa Majeſté
a fait Brigadier de Dragons M. le Duc de
L
242 MERCURE DE FRANCE.
Fronfac , Mestre de Camp de Dragons ; & Elle a
fait Brigadiers d'Infanterie M. le Prince de Rohan-
Rochefort , Colonel d'un Régiment d'Infanterie ;
le Comte de Levis- Leran , Colonel du Régiment
Royal la Marine ; le Chevalier de Clermont d'Amboife
, Colonel du Régiment de Bretagne , & le
Comte de Rochambeau , Colonel du Régiment
de la Marche.
Il y a eu , tant pendant le cours du fiege da
Fort Saint- Philippe , qu'à l'attaque faite des ouvrages
de ce Fort dans la nuit du 27 au 28 Juin ,
treize Officiers tués , & quatre vingt- douze bleffés.
Quatre cens dix -neuf Soldats ont été tués , &
le nombre de ceux qui ont été bleffés monte à
neuf cens quatre- vingt- feize.
Les habitans de Rouen ayant été informés que
M. le Cardinal de Tavannes devoit y arriver le 19
Juillet , le Chapitre de l'Eglife Métropolitaine ,
& tous les Ordres de la Ville , fe font empreffés à
l'envi de lui marquer la part qu'ils prenoient à fa
promotion au Cardinalat . Les Compagnies de la
Bourgoifie , à cheval , avec leurs trompettes &
leurs étendards , font allées au devant de lui ,
à l'entrée du Fauxbourg , dans le lieu où il devoit
fe revêtir de fes habits de cérémonie. Toutes les
Brigades de la Maréchauffée , le Grand Prevôt à
leur tête , fe font rendues au même lieu , & toutes
les perfonnes de confidération y ont envoyé leurs
carroffes, pour former un cortége pompeux . L'im- :
patience de voir le Cardinal avoit fait fortir de la
Ville une partie du peuple ; le refte rempliffoit les
rues & les places publiques. Le Cardinal , en entrant
dans Rouen , a été falué par le canon de la
Ville & par celui du vieux Palais. Le Régiment
de Lyonnois , fous les armes , formoit une doable
Laie depuis la porte du Pont juſqu'au grand Por
SEPTEMBRE . 1756. 243
tail de l'Eglife Métropolitaine , dont l'interieur
étoit gardé par les deux Compagnies de Grenadiers
de ce Corps . Lorfque le Cardinal a été prêt
d'entrer dans la grande Place qui eft devant l'E-`
glife , le Chapitre eft forti proceffionellement ,
pour aller au devant de Son Eminence. Le Haut
Doyen l'a complimentée au nom des Chanoines ,
& elle a été conduite dans le choeur de l'Eglife
Métropolitaine , où les principaux Membres du
Parlement & de la Chambre des Comptes , le
Corps de Ville , les Curés , les Supérieurs des
Communautés Régulieres , & un grand nombre
de perfonnes de diftinction , étoient placés avec
un ordre dont tout le monde a été fatisfait . On a
chanté le Te Deum en mufique & avec fymphonie.
A l'entrée de la nuit , la partie extérieure du
choeur de l'Eglife Métropolitaine , qui termine
d'un côté la cour de l'Archevêché , a été illuminée
, ainfi que toutes les maifons des Chanoines ,
les Communautés Religieufes & plufieurs autres
maifons de la Ville.
"
Le premier d'Août , les Officiers de la Garnifon
de la Rochelle , compofée des Régimens d'Infanterie
de la Sarre & de Breffe , & du Régiment
Royal Dragons , célébrerent par une fête éclatante
la prife du Fort Saint- Philippe . La grande
Place de la Ville étant plantée de plufieurs allées
d'arbres , paroiffoit faite exprès pour rendre ce
fpectacle agréable. Après que les troupes y eurent
formé plufieurs faifceaux de leurs armes , l'Aumônier
du Régiment de la Sarre dit la Meſſe fur un
Autel qu'on dreffa dans l'inftant . Enfuite les foldars
des trois Régimens que l'on mêla exprès ,
prirent leurs places aux différentes tables qui leur
étoient deſtinées , & qui furent fervies avec la
plus grande abondance . On avoit préparé des ta-
Lij
244 MERCURE DE FRANCE.
bles particulieres pour les Maréchaux des Logis &
pour les Sergens . M. de Montpouillan & les
Comtes de Carcado & de la Blache , Colonels , accompagnés
de MM. le Blanc & de Labadie , Lieutenans-
Colonels , & de MM. du Menil , de S. Mery
& de Murat, Majors , allerent inviter M. le Marquis
de Clermont- Gallerande, Lieutenans-Général, qui
commande dans la Province , & M. le Marquis de
Dreux employé fous les ordres en qualité de Maréchal
de Camp , à porter la fanté du Roi & celles
de la Famille Royale. Ces fantés furent bues au
bruit de cinq pieces de canon . Pluſieurs inftrumens
de guerre & de mufique augmenterent la
joie de ce feftin militaire. La fête fut fuivie d'un
magnifique repas fervi à une table de cent cinquante
couverts que donna le Marquis de Gallerande.
Le foir , l'Hôtel de ce Lieutenant Général
fut illuminé en tranſparent. La décoration repréfentoit
le Port-Mahon . Au deffus , on lifoit ce vers :
Difcite juftitiam moniti , &non temnere Divos.
La fête que le Prince de Croy a donnée le
même jour au Camp fous Calais , a été de la plus
grande magnificence. Quarante- cinq Dames y
avoient été invitées , ainfi que M. d'Invault , Intendant
de Picardie , & tous les Officiers des Etats
Majors des Villes , Citadelles & Forts des environs
du Camp . On fervit pour cette Compagnie &
pour les Officiers des troupes dont le Camp eft
compofé , plufieurs tables fous des baldaquins à
la Chinoife , dont les bords étoient feftonnés par
des guirlandes de fleurs . Ces mêmes guirlandes
defcendoient par diverfes circonvolutions autour
des colonnes qui foutenoient les baldaquins. Pendant
le repas, qui dura depuis quatre heures aprèsmidi
jufqu'à fept , & dans lequel il régna autant
de profufion que de délicateffe , on diftribua dụ
pain , de la viande & de la biere aux foldats. Les
SEPTEMBRE . 1736. 245
Comédiens jouerent la Comédie gratis ; & comme
la falle du Spectacle ne pouvoit contenir qu'une
petite partie des troupes , on avoit placé des Farceurs,
des Danfeurs de cordes & des Joueurs de gobelets,
à la tête de chaque Brigade . Sur les fept heures
& demie , on chanta le Te Deum dans la Chapelle
du Camp , au bruit de tous les inftrumens de
guerre. Lorfque la nuit commença , trois fufées
partirent d'une montagne à deux lieues du Camp ,
qui eft précisément vis - à-vis de Douvres . La Ville
& la Citadelle de Calais , & tous les Forts des
ennemis répondirent à ce fignal par des falves
générales de leur artillerie. Ces falves furent repétées
trois fois . Elles furent fuivies d'un Feu
d'artifice , dont la décoration repréfentoit un
Fort quarré à double enceinte , femblable à celui
de Saint-Philippe . A la fin du Feu , il tomba fur
le Fort une fleur de lys enflammée. Plufieurs fougaffes
jouerent en même temps , & renverferent
tous les ouvrages . On demeura un inftant dans
une grande obfcurité . Puis on vit s'élever par
dégrés un foleil d'artifice . Les Armes de France
parurent deffinées en feu brillant . Au deffus étoit
un Vive le Roi en caracteres lumineux , parfaitement
exécuté .
La Ville de Saint- Malo ne s'eft pas moins
diftinguée par les réjouiffances qu'elle a faites le
8 , à l'occafion de la conquête de l'Ile Minorque.
Voici le Mandement de M. l'Evêque de cette Ville ,
qui a ordonné de chanter le Te Deum à ce fujet.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le texte décrit les célébrations et événements liés à la conquête de l'île de Minorque par le roi de France. Le 25 juillet, le roi a ordonné des actions de grâce solennelles. À Paris, un Te Deum a été chanté dans l'église métropolitaine en présence de l'archevêque, du chancelier de France, du garde des sceaux et divers corps officiels. Un feu d'artifice a été tiré sur la place de l'Hôtel de Ville, illustrant un trophée de guerre et des scènes de bataille. La ville a été illuminée, et des fontaines de vin ainsi que des distributions de nourriture ont été organisées dans plusieurs places publiques. Des illuminations ont également eu lieu dans les hôtels des dignitaires et des principaux officiers de la ville. Le roi a procédé à des promotions militaires, nommant notamment M. le Comte de Lannion gouverneur général de l'île de Minorque et plusieurs officiers à des grades supérieurs. Les combats pour le fort Saint-Philippe ont entraîné des pertes humaines importantes : treize officiers tués et quatre-vingt-douze blessés, ainsi que quatre cent dix-neuf soldats tués et neuf cent quatre-vingt-seize blessés. À Rouen, le cardinal de Tavannes a été accueilli par une procession et des salves de canon, suivies d'un Te Deum. La Rochelle a célébré la prise du fort Saint-Philippe par une fête militaire incluant une messe, un banquet et des illuminations. Le prince de Croy a organisé une fête somptueuse dans son camp sous Calais, avec repas, spectacles et feu d'artifice. Saint-Malo a également marqué la conquête de Minorque par des réjouissances publiques.
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1325
p. 189-190
DU NORD.
Début :
Par une Déclaration publiée depuis quelques jours, le Roi défend à tous [...]
Mots clefs :
Stockholm, Copenhague, Déclaration du roi, Embargo, Complots, Tentative de révolte, Procès, Islande, Mont Kotlugia, Incendies
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE STOCKHOLM , le 4 Août.
Par une Déclaration publiée depuis quelques
jours , le Roi défend à tous Propriétaires ou
190 MERCURE DE FRANCE.
Capitaines de Vaiffeaux Suédois , de charger , pour
la France ou pour la Grande- Bretagne , aucunes
armes , munitions de guerre , & autres marchandifes
prohibées.
Des Brigands avoient formé le deffein de profiter
de la conjuration pour piller plufieurs des
principales maifons de cette Ville . On a arrêté
les chefs de ce complot. Les Colonels Stiernel &
Kalling ont été cités devant la Commiffion , à
l'occafion de quelques écrits dont on les accuſe
d'être les auteurs.
Elle continue d'inftruire le procès des nommés
Helberg , Flodelius , Fifcher & Sahlfeld , qui ont
tenté d'exciter les Dalécarliens à la révolte . Le
Trabant Silverhielm , que la Commiſſion avoit
fait arrêter dès le commencement de la Diete , a
été condamné à quinze jours au pain & à l'eau
enfuite à fix ans de prifon au Château de Maelftrand.
Il eft privé à perpétuité de la faculté de
rentrer au fervice , d'avoir voix dans les Dietes ,
& de le trouver jamais dans le lieu où la Diete
fera affemblée .
DE COPENHAGUE , le 20 Août.
Des lettres de l'Ile d'Iſlande annoncent que le
mont Kotlugia dans le district de Skoptefield s'eft
abîmé , ainfi que deux Villages qui en étoient
voifins. La perte caufée par l'incendie arrivé le
22 du mois dernier à Bergen , monte à plus de fix
millions . Trois mille mailons faifant environ le
tiers de la Ville , ont été réduites en cendres.
Entre les édifices que les flammes ont détruits
on regrette furtout l'Eglife neuve & la Douane.
DE STOCKHOLM , le 4 Août.
Par une Déclaration publiée depuis quelques
jours , le Roi défend à tous Propriétaires ou
190 MERCURE DE FRANCE.
Capitaines de Vaiffeaux Suédois , de charger , pour
la France ou pour la Grande- Bretagne , aucunes
armes , munitions de guerre , & autres marchandifes
prohibées.
Des Brigands avoient formé le deffein de profiter
de la conjuration pour piller plufieurs des
principales maifons de cette Ville . On a arrêté
les chefs de ce complot. Les Colonels Stiernel &
Kalling ont été cités devant la Commiffion , à
l'occafion de quelques écrits dont on les accuſe
d'être les auteurs.
Elle continue d'inftruire le procès des nommés
Helberg , Flodelius , Fifcher & Sahlfeld , qui ont
tenté d'exciter les Dalécarliens à la révolte . Le
Trabant Silverhielm , que la Commiſſion avoit
fait arrêter dès le commencement de la Diete , a
été condamné à quinze jours au pain & à l'eau
enfuite à fix ans de prifon au Château de Maelftrand.
Il eft privé à perpétuité de la faculté de
rentrer au fervice , d'avoir voix dans les Dietes ,
& de le trouver jamais dans le lieu où la Diete
fera affemblée .
DE COPENHAGUE , le 20 Août.
Des lettres de l'Ile d'Iſlande annoncent que le
mont Kotlugia dans le district de Skoptefield s'eft
abîmé , ainfi que deux Villages qui en étoient
voifins. La perte caufée par l'incendie arrivé le
22 du mois dernier à Bergen , monte à plus de fix
millions . Trois mille mailons faifant environ le
tiers de la Ville , ont été réduites en cendres.
Entre les édifices que les flammes ont détruits
on regrette furtout l'Eglife neuve & la Douane.
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Résumé : DU NORD.
Le 4 août, le roi de Suède a interdit aux propriétaires et capitaines de vaisseaux suédois de transporter des armes, munitions et autres marchandises prohibées vers la France ou la Grande-Bretagne. À Stockholm, des brigands ont été arrêtés pour un projet de pillage de maisons importantes. Les colonels Stiernel et Kalling sont cités devant une commission pour des écrits qu'ils sont accusés d'avoir rédigés. La commission enquête également sur Helberg, Flodelius, Fischer et Sahlfeld, accusés d'avoir tenté de soulever les Dalécarliens. Le trabant Silverhielm a été condamné à quinze jours de pain et d'eau, suivi de six ans de prison, et privé à jamais de servir, voter aux Diètes et se trouver où la Diète est assemblée. Le 20 août, des lettres d'Islande rapportent la destruction du mont Kotlugia et de deux villages voisins. L'incendie du 22 juillet à Bergen a causé des pertes de plus de six millions, détruisant environ un tiers de la ville, dont la nouvelle église et la douane.
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1326
p. 191-199
ALLEMAGNE.
Début :
Au commencement du mois dernier, l'Impératrice Reine de Hongrie & de [...]
Mots clefs :
Ratisbonne, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Rescrit, Mémoire, M. de Klinggraff, Ministre du Roi de Prusse, Réponse, Leipzig, Régiments, Ferdinand de Brunswic, Ordonnance, Prise de la ville, Déclaration du Roi de Prusse, Wrocław, Constellations, Globe de feu, Bruit du tonnerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE RATISBONNE , le 28 Août.
Au commencement du mois dernier , l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Bohême donna un
Refcrit fur les motifs qui l'ont déterminée à faire
affembler les troupes en Bohême & en Morayie.
Cette Princeffe a fait publier depuis , à l'occafion
de la réponſe du Roi de Pruffe , un fecond Referit
, dont voici la teneur : « Il paroît par les dé-
>>clarations qui ont été faites de la part de la Cour
»de Berlin , que l'on veut s'y difculper de l'im-
»putation d'avoir donné occafion aux difpofitions
qui ont été jugées indifpenfables dans les Etats
de l'Impératrice . S'il eft vrai que les troupes
>>Pruffiennes n'ont pas été confidérablement aug-
»mentées en Siléfie , il n'eft pas moins vrai qu'on
les y a fait affembler & pourvoir d'artillerie , de
>>pontons & de tous les attirails de guerre néceffaires
pour entrer en campagne , & que les mêmes
difpofitions ont été faites dans les autres
Provinces de la dépendance de S. M. Pruffienne ;
deforte que les troupes y ont été mises en état
»de pouvoir fondre , dès qu'on le leur ordonne-
»roit , fur les Pays héréditaires de l'Impératrice ,
»foit par la Silefie , foit par les Etats Electoraux
»de Saxe. L'expérience du paffé doit fervir de
»regle pour l'avenir. Ainfi il doit paroître con-
»forme à la prudence que S. M. Impériale ne fe
»foit pas repofée fur de fimples affurances & pro-
»teftations , fans prendre les précautions conve-
»nables pour fa défenfe & fa fûreté . Du reſte , il
»y a une grande différence dans la nature des dif
pofitions de part & d'autre . Les troupes de l'Im192
MERCURE DE FRANCE.
»pératrice font diftribuées dans des lieux féparés
» par une longue diftance. Il a fallu s'y prendre à
»temps pour les faire fortir de leurs quartiers , &
»l'on ne devoit point attendre que l'événement
» eút vérifié ce que les préparatifs indiquoient , ou
»donnoient à foupçonner. »
On croit devoir joindre ici le Mémoire que le
Roi de Pruffe a fait remettre le 18 de ce mois à
la Cour de Vienne , & la réponſe de l'Impératrice
Reine.
Mémoire de M. de Klinggraff, Miniftre du
Roi de Pruffe , du 18 Août 1756 .
« Le Souffigné a l'honneur d'informer Sa Ma-
»jefté l'Impératrice Reine , que le Roi fon Maître
»vient de lui donner des ordres exprès de repré-
»fenter à fadite Majefté ce qui fuit , fçavoir: Que
»Sa Majesté le Roi de Prufle étoit faché d'impor-
>>tuner encore Sa Majefté l'Impératrice Reine ;
»mais que cela étoit indifpenfable dans la fitua-
»tion préfente des affaires , dont l'importance
pexigeoit des expl cations plus claires que celles
»que Sa Majefté l'Impératrice Reine a données
»en dernier lieu à fadite Majefté Pruflienne par le
Souffigné. Que ce Prince , pour ne rien diffimu-
»ler à Sa Majefté l'Impératrice Reine , ne pouvoit
»abfolument s'empêcher de lui faire connoître ,
» qu'il étoit informé d'une maniere à ne pas en
» douter , qu'Elle a fait au commencement de
>>cette année une alliance offenfive avec la Cour
»de Ruffie contre lui , par laquelle il a été ftipulé
»que les deux Impératrices attaqueront inopiné-
>ment le fufdit Prince ; celle de Ruffie avec cent
>> vingt mille hommes , & Sa Majefté l'Impératrice
>>Reine avec une armé de quatre -vingt mille
combattans.
OCTOBRE . 1756. 193
1
» combattans. Que ce projet , qui devoit fe mettre
nen exécution dès le mois de Mai de cette année ,
» n'avoit été différé juſqu'au printemps prochain
» qu'à cauſe que les troupes de Ruffie ont manqué
de recrues , leur Flotte de matelots , & la Fin-
» lande de bleds pour les nourrir. Que comme à
» préfent il étoit revenu de toutes parts à Sa Majefté
Pruffienne , que Sa Majefté l'Impératrice
»Reine raffemble fes forces principales en Bohê-
>> me & en Moravie , que les troupes campent à
»peu de diftance des frontieres de ce Prince ,
»qu'on fait des magaſins & des amas confidéra-
» bles de munitions de guerre & de bouche , que
>> l'on tire des cordons de Huffards & de Croates
vle long des frontieres du fufdit Prince , de même
»que s'il étoit en pleine guerre avec fadite Ma-
»jefté Impériale & Royale , il fe croyoit en plein
» droit d'exiger d'Elle une déclaration formelle &
» catégorique , confiftant dans une affurance que
» Sa Majefté l'Impératrice Reine n'a eu aucune
intention d'attaquer Sa Majesté Pruffienne ni
>>cette année , ni celle qui vient.Qu'il importoit à
» ce Prince d'être éclairci s'il étoit avec Sa Majeſté
» l'Impératrice Reine en guerre ou en paix , qu'il
>>en rendoit cette Princeffe l'arbitre . Que fi les
»intentions de Sa Majefté Impériale & Royale
wétoient pures , ce feroit à préfent le moment de
»les mettre au jour ; mais que fi au contraire on
>>donnoit à Sa Majeſté Pruſſienne une réponſe iny
certaine & non concluante , Sa Majesté l'Impé-
>>ratrice Reine auroit à fe reprocher toute la fuite
>>qu'attirera cette façon tacite , & qu'Elle confir-
>> meroit par-là les projets dangereux qu'Elle auroit
»formés avec la Ruffie contre fadite Majefté Pruf-
»fienne, & qu'enfin ce Prince atteftoit le Ciel qu'il
weft innocent des malheurs qui s'enfuivroient.a
I. Vol
194 MERCURE
DE FRANCE.
Le Souffigné a ordre de demander fur ce que
deffus , une réponse prompre , catégorique & par
écrit , ainfi que Sa Majefté l'Impératrice Reine le
lui a fait promettre en dernier par fon Excellence
M. le Grand Chancelier de la Cour le Comte de
Kaunitz-kittberg .
A Viennes , le 18 Août 1756 .
Réponse au Mémoire présenté par M. de
Klinggraff, le 18 Août 1756.
a Sa Majesté le Roi de Pruffe étoit déja occupé
»depuis quelque temps de toutes les elpeces de
»préparatifs de guerre les plus confidérables & les
»plus inquiétans pour le repos public , lorſque le
26 du mois dernier , ce Prince jugea à propos de
»faire demander des éclairciffemens ǎ Sa Majefté
l'Impératrice Reine tur les difpofitions militaires
qui fe faifoient dans les Etats , & qui ne
venoient d'être réfolus que d'après tous les préparatifs
qu'avoit déja faits S. M. Pruffienne . Ce
»font des faits à la connoiflance de toute l'Europe.
»Sa Majefté l'Impératrice Reine auroit pu fe dif-
»penfer , moyennant cela , de donner des éclairciflemens
fur des objets qui n'en avoient pas
»befoin ; Elle a bien voulu le faire néanmoins ,
»& déclarer elle - même pour cet effet au fieur de
Klinggraff , dans l'audience qu'Elle lui accorda
ale 26 de Juillet : Que l'état critique des affaires
»générales lui avoit fait envisager les mesures
vqu'Elle prenoit comme néceffaires pour fa fûreté
celle de fes Alliés , & qu'elles ne tendoient
d'ailleurs au préjudice de qui que ce fut. Sa Ma-
»jefté l'Impératrice Reine eft fans doute en droit
»de porter tel jugement qu'il lui plaît fur les circonftances
du temps , & il n'appartient de même
OCTOBRE. 1756.
195
S
-it
»qu'à Elle d'évaluer fes dangers. D'ailleurs fa dé-
» claration eſt ſi claire , qu'Elle n'auroit jamais
»imaginé qu'elle pût ne point être trouvée telle .
» Accoutumée à éprouver , ainfi qu'à obferver les
mégards que fe doivent les Souverains , Elle n'a
donc pu apprendre qu'avec étonnement & avec
la plus jufte fenfibilité , le contenu du Mémoire
»préfenté par le fieur Klinggraff . le 18 du cou-
>> rant , dont Elle s'eft fait rendre compte. Ce Mé-
>>moire eft tel quant au fonds , ainfi que quant
»aux expreffions , que S Majefté l'apérà rice
»Reine ſe verroit dans la néceffité de fortir des
> bornes de la mod ration qu'elle s'eft preferite ,
»fi elle répondoit à tout ce qu'il content. Mais
»Elle veut bien encore cependant , qu'en réponfe
» on déclare ultérieurement au fieur de Klinggraff
, que les informations que l'on a données
»à Sa Majefté Pruffienne d'une Alliance offenfive
>> contre Elle , entre Sa Majeſté l'Imperatrice Reine
» & Sa Majeſté l'impératrice de Ruffie , ainſi que
toutes les circonftances & prétendues ftipula-
» tions de ladite Alliance , font abfolument fauffes
»& controuvées , & que pareil Traité contre Sa
» Majeſté Pruſſienne n'existe point & n'a jamais
mexifté. Cette déclaration mettra toute l'Europe
à p rtée de juger de quelle valeur & qualité feroient
les fâcheux événemens qu'annonce le
» Mémoire du fieur de Klinggraff , & de voir
» qu'en tous cas ils ne pourront jamais être imputés
à Sa Majesté Impératrice Reine. Et c'eft
nce que , par ordre exprès de Sa Majesté l'Impépratrice
Reine , on eft chargé de faire connoître
Dau fieur de Kiinggraff , en réponſe à fon Mé
>> moire. »
A Vienne , le 21 Août 1756.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
DE LEIPSICK , le 2 Septembre.
Quatre Régimens d'Infanterie & un Régiment
de Huffards des troupes du Roi de Pruffe entrerent
ici le 29 du mois dernier , fans qu'on eût eu
aucun avis de leur marche. La plupart des habitans
étoient alors affemblés dans les Eglifes , où
ils vaquoient avec fécurité aux exercices du culte
Divin. Depuis quinze jours , les garnifons de
cette Ville & de la Citadelle en étoient forties
pour le rendre au camp de Pirna. Le Général
Baron de Haxthauſen , Gouverneur de Leipfick ,
chargé par le Roi de prendre le commandement
de ce camp , étoit allé à Drefde recevoir les ordres
de Sa Majesté.
Auffi-tôt après l'arrivée des Pruffiens , le Prince
Ferdinand de Brunſwic qui les commandoit , prit
poffeffion des portes de la Ville , & il pofa des
Gardes à l'Hôtel de Ville , à la Tréforerie & à la
Citadelle. Les foldats des Régimens d'Infanterie
furent logés chez les Bourgeois , & les Huffards
dans les environs de la Ville . Pendant qu'on faifoit
la diftribution des logemens , on apprit que
quatre autres Régimens Pruffiens avoient fuivi la
premiere divifion de leurs troupes , & qu'ils
étoient cantonnés près d'ici en différens Villages.
Le même jour , le Prince de Brunſwic fit publier
une Ordonnance portant ce qui fuit : « Nous
>> Ferdinand , &c. Lieutenant-Général des Armées
»de Sa Majefté Pruffienne , Colonel d'un Régi-
>> ment d'Infanterie , Gouverneur des Ville & For-
»tereffe de Magdebourg , Chevalier de l'Ordre de
>>l'Aigle Noir , &c. Sçavoir faifons , que c'eſt par
» ordre de Sa Majesté Pruffienne que nous sommes
mentrés avec un corps de troupes dans l'Electorat
OCTOBRE . 1756. 197
»de Sare. Comme Sa Majeſté Pruffienne , loin de
»permettre qu'on y faffe le moindre dégât , veut
Dau contraire qu'on épargne le pays le plus qu'il
nfera poffible , & qu'on regarde & protege la
Saxe comme fes propres poffeffions , Elle a or-
»donné très-expreffément d'y faire obſerver à fes
troupes une exacte difcipline , de punir févére-
>>ment les foldats ou Officiers qui feront trouvés
Den faute à cet égard , & de remédier prompte-
>> ment aux défordres qu'ils auront commis. Or ,
»pour maintenir le bon ordre , il eft néceffaire
»que le Pays fourniffe aux troupes du Roi les
»fourrages , le pain , la viande , la biere & les
»légumes dont elles auront befoin . Ainfi il con-
>>vient de prendre des mefures fixes pour les
»livraiſons de ces provifions . En conséquence ,
»Nous mandons par la Préfente , au nom & de la
»part de Sa Majefté , à tous les Membres de la
»Nobleffe de chaque Cercle de l'Electorat , qu'ils
wayent à comparoître devant nous à Leipfick foit
wen perfonne , foit par repréfentans duement
»qualifiés , le 30 Août pour le plûtard , afin de
»délibérer fur lefdites livraifons ; Sa Majesté ayant
»nommé une Commiffion particuliere pour liqui
»der avec eux. Ceux qui manqueront de fe conformer
à la Préfente , ne devront s'en prendre
» qu'à eux-mêmes , fi on les contraint par voie
»d'exécution militaire , à fournir leur quotepart
» des fufdites livraiſons. >>
On publia le lendemain une Déclaration du
Roi de Pruffe , dans laquelle il eft dit « que les
»deffeins de la Cour de Vienne mettant ce Prince
»dans la néceffité de les prévenir , Sa Majesté
»Pruffienne fe voit forcée , malgré elle , & par une
>>fuite des circonftances , à entrer avec fon armée
dans les Etats héréditaires du Roi de Pologne
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
>>Electeur de Saxe . Que c'eft à regret qu'Elle fe
» porte à une démarche que fon amitié perfon-
»nelle pour Sa Majesté Polonoife lui auroit fait
» éviter , fi les loix de la guerre , le malheur des
»temps , & la fûreté de fes propres Etats ne la
»rendoient indifpenfable . Que les événemens de
>> l'année 1744 font encore récens à fa mémoire.
» Que pour n'être pas expofée aux mêmes incon-
»véniens , Sa Majefté Pruflienne eft obligée de ne
DConfulter que les regles de la prudence : mais
»qu'Elle déclare de la maniere la plus folemnelle
tant à Sa Majefté le Roi de Pologne qu'à l'Euprope
entiere , qu'Elle n'a aucun deffein offenfif
contre Sa Majefté Polonoife ni contre fes Etats.
Qu'Elle ne fouhaite rien avec plus d'ardeur que
de voir approcher l'heureux moment de pouvoir
remettre à ce Prince fes Etats , qui font &
feront toujours pour Elle un dépôt facré. »
L'après-midi , le Prince de Brunfwic fit prendre
poffeffion du Bureau de la Douane , de celui des
Affiles & des autres Comptoirs publics . Pendant
tout le jour les boutiques demeurerent fermées.
Le 31 on les ouvrir.
Hier à la pointe du jour , les troupes Pruffiennes
fe remirent en marche pour continuer leur
route. Elles fe font comportées avec beaucoup de
régularité , & elles n'ont rien exigé au- delà de
ce qu'on étoit convenu de leur fournir. Avec les
quatre Régimens qui ne font point entrés dans
cette Ville , elles compofoient un corps de douze
mille hommes . On vient d'être informé de l'approche
de deux autres colonnes de la même armée,
qui font de la même force que la premiere
colonne. Celle- ci s'eft portée le long de l'Elfter
fur Zeitz , qui eft le chemin par lequel on débouche
dans les Cercles de la partie Occidentale de la
Bohême.
OCTOBRE. 1756. 199
Les Magiftrats ayant demandé au Prince de
Brunfwic de quelle maniere on fe conduiroit pour
Ja Foire qui doit fe tenir ici à la Saint Michel , il
leur a confeillé d'envoyer une députation au Roi
de Pruffe. Conformément à cet avis , deux Députés
des Magiftrats partirent hier pour Berlin , avec
deux Députés du Corps des Négocians. La réponfe
qu'ils rapporteront décidera de la tenue
de la Foire.
DE BRESLAU , le
9 Août.
On apperçut le premier de ce mois à neuf
heures quarante- trois minutes du ſoir , ſous la
conftellation de la couronne feptentrionale , un
globe de feu qui avoit une longue queue. I prit
fa direction vers la grande ourfe. Lorfqu'il fut
fous cette derniere conftellation , il s'ouvrit , &
l'on en vit fortir un grand nombre de petites
étoles. Elles difparurent en tombant , & ne
refta plus de ce phénomene qu'une traînée de
lumiere , qui deux minutes après ceffa elle -même
de paroître. Pendant près de deux autres minutes ,
on entendit un bruit femblable à celui du tonnerre
, & fi violent , que les fenêtres & les portes
des maifons en étoient ébranlées . Il faut obferver
que le ciel étoit alors ferein . Un vent de fud-
Queft fouffloit avec affez de force.
DE RATISBONNE , le 28 Août.
Au commencement du mois dernier , l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Bohême donna un
Refcrit fur les motifs qui l'ont déterminée à faire
affembler les troupes en Bohême & en Morayie.
Cette Princeffe a fait publier depuis , à l'occafion
de la réponſe du Roi de Pruffe , un fecond Referit
, dont voici la teneur : « Il paroît par les dé-
>>clarations qui ont été faites de la part de la Cour
»de Berlin , que l'on veut s'y difculper de l'im-
»putation d'avoir donné occafion aux difpofitions
qui ont été jugées indifpenfables dans les Etats
de l'Impératrice . S'il eft vrai que les troupes
>>Pruffiennes n'ont pas été confidérablement aug-
»mentées en Siléfie , il n'eft pas moins vrai qu'on
les y a fait affembler & pourvoir d'artillerie , de
>>pontons & de tous les attirails de guerre néceffaires
pour entrer en campagne , & que les mêmes
difpofitions ont été faites dans les autres
Provinces de la dépendance de S. M. Pruffienne ;
deforte que les troupes y ont été mises en état
»de pouvoir fondre , dès qu'on le leur ordonne-
»roit , fur les Pays héréditaires de l'Impératrice ,
»foit par la Silefie , foit par les Etats Electoraux
»de Saxe. L'expérience du paffé doit fervir de
»regle pour l'avenir. Ainfi il doit paroître con-
»forme à la prudence que S. M. Impériale ne fe
»foit pas repofée fur de fimples affurances & pro-
»teftations , fans prendre les précautions conve-
»nables pour fa défenfe & fa fûreté . Du reſte , il
»y a une grande différence dans la nature des dif
pofitions de part & d'autre . Les troupes de l'Im192
MERCURE DE FRANCE.
»pératrice font diftribuées dans des lieux féparés
» par une longue diftance. Il a fallu s'y prendre à
»temps pour les faire fortir de leurs quartiers , &
»l'on ne devoit point attendre que l'événement
» eút vérifié ce que les préparatifs indiquoient , ou
»donnoient à foupçonner. »
On croit devoir joindre ici le Mémoire que le
Roi de Pruffe a fait remettre le 18 de ce mois à
la Cour de Vienne , & la réponſe de l'Impératrice
Reine.
Mémoire de M. de Klinggraff, Miniftre du
Roi de Pruffe , du 18 Août 1756 .
« Le Souffigné a l'honneur d'informer Sa Ma-
»jefté l'Impératrice Reine , que le Roi fon Maître
»vient de lui donner des ordres exprès de repré-
»fenter à fadite Majefté ce qui fuit , fçavoir: Que
»Sa Majesté le Roi de Prufle étoit faché d'impor-
>>tuner encore Sa Majefté l'Impératrice Reine ;
»mais que cela étoit indifpenfable dans la fitua-
»tion préfente des affaires , dont l'importance
pexigeoit des expl cations plus claires que celles
»que Sa Majefté l'Impératrice Reine a données
»en dernier lieu à fadite Majefté Pruflienne par le
Souffigné. Que ce Prince , pour ne rien diffimu-
»ler à Sa Majefté l'Impératrice Reine , ne pouvoit
»abfolument s'empêcher de lui faire connoître ,
» qu'il étoit informé d'une maniere à ne pas en
» douter , qu'Elle a fait au commencement de
>>cette année une alliance offenfive avec la Cour
»de Ruffie contre lui , par laquelle il a été ftipulé
»que les deux Impératrices attaqueront inopiné-
>ment le fufdit Prince ; celle de Ruffie avec cent
>> vingt mille hommes , & Sa Majefté l'Impératrice
>>Reine avec une armé de quatre -vingt mille
combattans.
OCTOBRE . 1756. 193
1
» combattans. Que ce projet , qui devoit fe mettre
nen exécution dès le mois de Mai de cette année ,
» n'avoit été différé juſqu'au printemps prochain
» qu'à cauſe que les troupes de Ruffie ont manqué
de recrues , leur Flotte de matelots , & la Fin-
» lande de bleds pour les nourrir. Que comme à
» préfent il étoit revenu de toutes parts à Sa Majefté
Pruffienne , que Sa Majefté l'Impératrice
»Reine raffemble fes forces principales en Bohê-
>> me & en Moravie , que les troupes campent à
»peu de diftance des frontieres de ce Prince ,
»qu'on fait des magaſins & des amas confidéra-
» bles de munitions de guerre & de bouche , que
>> l'on tire des cordons de Huffards & de Croates
vle long des frontieres du fufdit Prince , de même
»que s'il étoit en pleine guerre avec fadite Ma-
»jefté Impériale & Royale , il fe croyoit en plein
» droit d'exiger d'Elle une déclaration formelle &
» catégorique , confiftant dans une affurance que
» Sa Majefté l'Impératrice Reine n'a eu aucune
intention d'attaquer Sa Majesté Pruffienne ni
>>cette année , ni celle qui vient.Qu'il importoit à
» ce Prince d'être éclairci s'il étoit avec Sa Majeſté
» l'Impératrice Reine en guerre ou en paix , qu'il
>>en rendoit cette Princeffe l'arbitre . Que fi les
»intentions de Sa Majefté Impériale & Royale
wétoient pures , ce feroit à préfent le moment de
»les mettre au jour ; mais que fi au contraire on
>>donnoit à Sa Majeſté Pruſſienne une réponſe iny
certaine & non concluante , Sa Majesté l'Impé-
>>ratrice Reine auroit à fe reprocher toute la fuite
>>qu'attirera cette façon tacite , & qu'Elle confir-
>> meroit par-là les projets dangereux qu'Elle auroit
»formés avec la Ruffie contre fadite Majefté Pruf-
»fienne, & qu'enfin ce Prince atteftoit le Ciel qu'il
weft innocent des malheurs qui s'enfuivroient.a
I. Vol
194 MERCURE
DE FRANCE.
Le Souffigné a ordre de demander fur ce que
deffus , une réponse prompre , catégorique & par
écrit , ainfi que Sa Majefté l'Impératrice Reine le
lui a fait promettre en dernier par fon Excellence
M. le Grand Chancelier de la Cour le Comte de
Kaunitz-kittberg .
A Viennes , le 18 Août 1756 .
Réponse au Mémoire présenté par M. de
Klinggraff, le 18 Août 1756.
a Sa Majesté le Roi de Pruffe étoit déja occupé
»depuis quelque temps de toutes les elpeces de
»préparatifs de guerre les plus confidérables & les
»plus inquiétans pour le repos public , lorſque le
26 du mois dernier , ce Prince jugea à propos de
»faire demander des éclairciffemens ǎ Sa Majefté
l'Impératrice Reine tur les difpofitions militaires
qui fe faifoient dans les Etats , & qui ne
venoient d'être réfolus que d'après tous les préparatifs
qu'avoit déja faits S. M. Pruffienne . Ce
»font des faits à la connoiflance de toute l'Europe.
»Sa Majefté l'Impératrice Reine auroit pu fe dif-
»penfer , moyennant cela , de donner des éclairciflemens
fur des objets qui n'en avoient pas
»befoin ; Elle a bien voulu le faire néanmoins ,
»& déclarer elle - même pour cet effet au fieur de
Klinggraff , dans l'audience qu'Elle lui accorda
ale 26 de Juillet : Que l'état critique des affaires
»générales lui avoit fait envisager les mesures
vqu'Elle prenoit comme néceffaires pour fa fûreté
celle de fes Alliés , & qu'elles ne tendoient
d'ailleurs au préjudice de qui que ce fut. Sa Ma-
»jefté l'Impératrice Reine eft fans doute en droit
»de porter tel jugement qu'il lui plaît fur les circonftances
du temps , & il n'appartient de même
OCTOBRE. 1756.
195
S
-it
»qu'à Elle d'évaluer fes dangers. D'ailleurs fa dé-
» claration eſt ſi claire , qu'Elle n'auroit jamais
»imaginé qu'elle pût ne point être trouvée telle .
» Accoutumée à éprouver , ainfi qu'à obferver les
mégards que fe doivent les Souverains , Elle n'a
donc pu apprendre qu'avec étonnement & avec
la plus jufte fenfibilité , le contenu du Mémoire
»préfenté par le fieur Klinggraff . le 18 du cou-
>> rant , dont Elle s'eft fait rendre compte. Ce Mé-
>>moire eft tel quant au fonds , ainfi que quant
»aux expreffions , que S Majefté l'apérà rice
»Reine ſe verroit dans la néceffité de fortir des
> bornes de la mod ration qu'elle s'eft preferite ,
»fi elle répondoit à tout ce qu'il content. Mais
»Elle veut bien encore cependant , qu'en réponfe
» on déclare ultérieurement au fieur de Klinggraff
, que les informations que l'on a données
»à Sa Majefté Pruffienne d'une Alliance offenfive
>> contre Elle , entre Sa Majeſté l'Imperatrice Reine
» & Sa Majeſté l'impératrice de Ruffie , ainſi que
toutes les circonftances & prétendues ftipula-
» tions de ladite Alliance , font abfolument fauffes
»& controuvées , & que pareil Traité contre Sa
» Majeſté Pruſſienne n'existe point & n'a jamais
mexifté. Cette déclaration mettra toute l'Europe
à p rtée de juger de quelle valeur & qualité feroient
les fâcheux événemens qu'annonce le
» Mémoire du fieur de Klinggraff , & de voir
» qu'en tous cas ils ne pourront jamais être imputés
à Sa Majesté Impératrice Reine. Et c'eft
nce que , par ordre exprès de Sa Majesté l'Impépratrice
Reine , on eft chargé de faire connoître
Dau fieur de Kiinggraff , en réponſe à fon Mé
>> moire. »
A Vienne , le 21 Août 1756.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
DE LEIPSICK , le 2 Septembre.
Quatre Régimens d'Infanterie & un Régiment
de Huffards des troupes du Roi de Pruffe entrerent
ici le 29 du mois dernier , fans qu'on eût eu
aucun avis de leur marche. La plupart des habitans
étoient alors affemblés dans les Eglifes , où
ils vaquoient avec fécurité aux exercices du culte
Divin. Depuis quinze jours , les garnifons de
cette Ville & de la Citadelle en étoient forties
pour le rendre au camp de Pirna. Le Général
Baron de Haxthauſen , Gouverneur de Leipfick ,
chargé par le Roi de prendre le commandement
de ce camp , étoit allé à Drefde recevoir les ordres
de Sa Majesté.
Auffi-tôt après l'arrivée des Pruffiens , le Prince
Ferdinand de Brunſwic qui les commandoit , prit
poffeffion des portes de la Ville , & il pofa des
Gardes à l'Hôtel de Ville , à la Tréforerie & à la
Citadelle. Les foldats des Régimens d'Infanterie
furent logés chez les Bourgeois , & les Huffards
dans les environs de la Ville . Pendant qu'on faifoit
la diftribution des logemens , on apprit que
quatre autres Régimens Pruffiens avoient fuivi la
premiere divifion de leurs troupes , & qu'ils
étoient cantonnés près d'ici en différens Villages.
Le même jour , le Prince de Brunſwic fit publier
une Ordonnance portant ce qui fuit : « Nous
>> Ferdinand , &c. Lieutenant-Général des Armées
»de Sa Majefté Pruffienne , Colonel d'un Régi-
>> ment d'Infanterie , Gouverneur des Ville & For-
»tereffe de Magdebourg , Chevalier de l'Ordre de
>>l'Aigle Noir , &c. Sçavoir faifons , que c'eſt par
» ordre de Sa Majesté Pruffienne que nous sommes
mentrés avec un corps de troupes dans l'Electorat
OCTOBRE . 1756. 197
»de Sare. Comme Sa Majeſté Pruffienne , loin de
»permettre qu'on y faffe le moindre dégât , veut
Dau contraire qu'on épargne le pays le plus qu'il
nfera poffible , & qu'on regarde & protege la
Saxe comme fes propres poffeffions , Elle a or-
»donné très-expreffément d'y faire obſerver à fes
troupes une exacte difcipline , de punir févére-
>>ment les foldats ou Officiers qui feront trouvés
Den faute à cet égard , & de remédier prompte-
>> ment aux défordres qu'ils auront commis. Or ,
»pour maintenir le bon ordre , il eft néceffaire
»que le Pays fourniffe aux troupes du Roi les
»fourrages , le pain , la viande , la biere & les
»légumes dont elles auront befoin . Ainfi il con-
>>vient de prendre des mefures fixes pour les
»livraiſons de ces provifions . En conséquence ,
»Nous mandons par la Préfente , au nom & de la
»part de Sa Majefté , à tous les Membres de la
»Nobleffe de chaque Cercle de l'Electorat , qu'ils
wayent à comparoître devant nous à Leipfick foit
wen perfonne , foit par repréfentans duement
»qualifiés , le 30 Août pour le plûtard , afin de
»délibérer fur lefdites livraifons ; Sa Majesté ayant
»nommé une Commiffion particuliere pour liqui
»der avec eux. Ceux qui manqueront de fe conformer
à la Préfente , ne devront s'en prendre
» qu'à eux-mêmes , fi on les contraint par voie
»d'exécution militaire , à fournir leur quotepart
» des fufdites livraiſons. >>
On publia le lendemain une Déclaration du
Roi de Pruffe , dans laquelle il eft dit « que les
»deffeins de la Cour de Vienne mettant ce Prince
»dans la néceffité de les prévenir , Sa Majesté
»Pruffienne fe voit forcée , malgré elle , & par une
>>fuite des circonftances , à entrer avec fon armée
dans les Etats héréditaires du Roi de Pologne
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
>>Electeur de Saxe . Que c'eft à regret qu'Elle fe
» porte à une démarche que fon amitié perfon-
»nelle pour Sa Majesté Polonoife lui auroit fait
» éviter , fi les loix de la guerre , le malheur des
»temps , & la fûreté de fes propres Etats ne la
»rendoient indifpenfable . Que les événemens de
>> l'année 1744 font encore récens à fa mémoire.
» Que pour n'être pas expofée aux mêmes incon-
»véniens , Sa Majefté Pruflienne eft obligée de ne
DConfulter que les regles de la prudence : mais
»qu'Elle déclare de la maniere la plus folemnelle
tant à Sa Majefté le Roi de Pologne qu'à l'Euprope
entiere , qu'Elle n'a aucun deffein offenfif
contre Sa Majefté Polonoife ni contre fes Etats.
Qu'Elle ne fouhaite rien avec plus d'ardeur que
de voir approcher l'heureux moment de pouvoir
remettre à ce Prince fes Etats , qui font &
feront toujours pour Elle un dépôt facré. »
L'après-midi , le Prince de Brunfwic fit prendre
poffeffion du Bureau de la Douane , de celui des
Affiles & des autres Comptoirs publics . Pendant
tout le jour les boutiques demeurerent fermées.
Le 31 on les ouvrir.
Hier à la pointe du jour , les troupes Pruffiennes
fe remirent en marche pour continuer leur
route. Elles fe font comportées avec beaucoup de
régularité , & elles n'ont rien exigé au- delà de
ce qu'on étoit convenu de leur fournir. Avec les
quatre Régimens qui ne font point entrés dans
cette Ville , elles compofoient un corps de douze
mille hommes . On vient d'être informé de l'approche
de deux autres colonnes de la même armée,
qui font de la même force que la premiere
colonne. Celle- ci s'eft portée le long de l'Elfter
fur Zeitz , qui eft le chemin par lequel on débouche
dans les Cercles de la partie Occidentale de la
Bohême.
OCTOBRE. 1756. 199
Les Magiftrats ayant demandé au Prince de
Brunfwic de quelle maniere on fe conduiroit pour
Ja Foire qui doit fe tenir ici à la Saint Michel , il
leur a confeillé d'envoyer une députation au Roi
de Pruffe. Conformément à cet avis , deux Députés
des Magiftrats partirent hier pour Berlin , avec
deux Députés du Corps des Négocians. La réponfe
qu'ils rapporteront décidera de la tenue
de la Foire.
DE BRESLAU , le
9 Août.
On apperçut le premier de ce mois à neuf
heures quarante- trois minutes du ſoir , ſous la
conftellation de la couronne feptentrionale , un
globe de feu qui avoit une longue queue. I prit
fa direction vers la grande ourfe. Lorfqu'il fut
fous cette derniere conftellation , il s'ouvrit , &
l'on en vit fortir un grand nombre de petites
étoles. Elles difparurent en tombant , & ne
refta plus de ce phénomene qu'une traînée de
lumiere , qui deux minutes après ceffa elle -même
de paroître. Pendant près de deux autres minutes ,
on entendit un bruit femblable à celui du tonnerre
, & fi violent , que les fenêtres & les portes
des maifons en étoient ébranlées . Il faut obferver
que le ciel étoit alors ferein . Un vent de fud-
Queft fouffloit avec affez de force.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En août 1756, des tensions militaires croissantes opposèrent l'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême au Roi de Prusse. L'Impératrice publia deux réfutations accusant la Prusse d'augmenter ses troupes et ses provisions en Silésie et dans d'autres provinces, prêtes à envahir ses États. Elle souligna la dispersion des troupes impériales et la nécessité de précautions pour assurer la défense. Le 18 août, le Roi de Prusse, par l'intermédiaire de son ministre Klinggraff, accusa l'Impératrice d'avoir formé une alliance offensive avec la Russie. Il demanda une déclaration formelle confirmant l'absence d'intentions hostiles. L'Impératrice répliqua que les préparatifs prussiens étaient connus de toute l'Europe et qu'elle avait agi pour sa sécurité et celle de ses alliés. Elle nia l'existence d'une alliance offensive avec la Russie. Le 29 août, quatre régiments prussiens entrèrent à Leipzig sans avertissement, prenant le contrôle des points stratégiques. Le Prince Ferdinand de Brunswick, commandant les troupes, publia une ordonnance exigeant des provisions pour les soldats et menaçant de sanctions en cas de non-conformité. Le Roi de Prusse publia une déclaration affirmant qu'il entrait en Saxe pour prévenir les desseins de la Cour de Vienne, tout en déclarant qu'il n'avait pas d'intentions offensives contre le Roi de Pologne. Parallèlement, une armée composée de douze mille hommes, incluant quatre régiments, se déplaça le long de l'Elster vers Zeitz, route menant aux cercles occidentaux de la Bohême. Deux autres colonnes de même force approchèrent. À Breslau, le 9 août, un phénomène céleste fut observé : un globe de feu avec une longue queue apparut sous la constellation de la couronne septentrionale, se dirigea vers la grande ourse, et se transforma en plusieurs petites étoiles avant de disparaître, laissant une traînée de lumière et un bruit semblable au tonnerre. Les magistrats de Breslau, ayant consulté le Prince de Brunswick sur la tenue de la foire de la Saint-Michel, envoyèrent une députation au Roi de Prusse pour obtenir une réponse décisive.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1327
p. 201-203
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Malgré les défenses allégnées par le Général Fowke, le Conseil de guerre [...]
Mots clefs :
Londres, Général Fowke, Amiral Byng, Adresse au roi, Ile de Minorque, Commissaires de l'Amirauté, Soulèvement populaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 31 Août.
Malgré les défenſes alléguées par le Général
Fowke , le Confeil de guerre affemblé pour le
juger , l'a déclaré coupable , & l'a fufpendu de fon
rang pendant un an. L'Amiral Byng ayant été
conduit en cette Ville par des routes détournées ,
eft actuellement à l'Hôpital de Greenwich , où il
eft gardé à vue. Le Confeil de guerre , qui inftruira
le procès de cet Amiral , fera compofé de trois
Amiraux & de dix Capitaines de Vaiffeaux de
guerre. On a fait partir de Portſmouth le Vaiffeau
l'Antelope , pour aller chercher dix- neuf
Officiers dont l'accufé reclame le témoignage.
Le 20 Août , le Lord Maire & le Corps de la
Bourgeoifte de cette Capitale préfenterent au Roi
une Adreffe , dans laquelle ils témoignerent combien
ils étoient fenfibles aux inquiétudes que les
mauvais fuccès de la Nation dans la Méditerranée
devoient faire naître dans l'efprit de Sa Majesté.
Ils ajouterent qu'ils craignoient que la perte de
Pille Minorque , dont la Grande-Bretagne retiroit
de fi grands avantages & dont la confervation
étoit importante au commerce de fes Royaumes
, n'imprimât pour toujours une tache à l'honneur
des Anglois. En même temps ils repréfenterent
la néceffité d'établir une Milice générale
dans les trois Royaumes. Ils dirent qu'ils efpé-
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
roient que les auteurs des malheurs publics feroient
foigneufement recherchés & févérement
punis . Enfin ils affurerent le Roi , que fa fidelle
Ville de Londres concourroit en tout ce qui
dépendroit d'elle , pour la défenfe de Sa Majefté & 14
de la Maifon Royale. Le Roi répondit à cette
Adreffe : La perte de PIfe Minorque m'a caufé
une vive douleur. J'employerai tous mes foins au
maintien de l'honneur de la Nation , & du commerce
de mes Sujets. Les événemens de la guerre
font incertains , mais il ne fera rien obmis de ma
part pour la continuer avec vigueur , pour recouvrer
Les poffeffions de ma Couronne , & pour parvenir à
une paix folide & glorieuse. Je veillerai à ce qu'il
foit fait juftice de ceux qui auront manqué à leur
devoir envers moi & envers la Patrie. Mes ordres
font donnés pour qu'à l'avenir la fubordination
foit mieux obfervée dans mes Flottes & dans mes
Armées, je ne négligerai rien pour faire garder
le respect dû à mon Gouvernement.
On a réfolu d'ériger une Statue au Général
Blakeney dans une Place de la ville de Dublin .
Une des Infcriptions fera prife des termes dont
le Maréchal de Richelieu s'eft fervi , en parlant
de ce Général dans le ſecond article de la Capitulation
du Fort Saint - Philippe .
Les Commiffaires de l'Amirauté viennent de
déclarer de bonne priſe douze Navires enlevés
aux François avant la Déclaration de guerre .
Tout fe difpofe pour l'embarquement des troupes
deftinées à fervir dans l'expédition que projette le
Gouvernement. Elles feront renforcées de quelques
Régimens du camp de Blandfort.
Il y eut la femaine derniere une courfe de
chevaux à Barnet , près d'un château de l'Amiral
Byng. La populace s'y attroupa pour démolir ce
OCTOBRE . 1756. 203
bâtiment. Quelques perfonnes, pour faire diverfion
à cecomplot, fe prefferent de répandre le bruit que
ce Château feroit inceffamment confifqué , pour
être donné au Général Blakeney . Le peuple ajouta
foi à ces difcours , & tout fut tranquille.
DE LONDRES , le 31 Août.
Malgré les défenſes alléguées par le Général
Fowke , le Confeil de guerre affemblé pour le
juger , l'a déclaré coupable , & l'a fufpendu de fon
rang pendant un an. L'Amiral Byng ayant été
conduit en cette Ville par des routes détournées ,
eft actuellement à l'Hôpital de Greenwich , où il
eft gardé à vue. Le Confeil de guerre , qui inftruira
le procès de cet Amiral , fera compofé de trois
Amiraux & de dix Capitaines de Vaiffeaux de
guerre. On a fait partir de Portſmouth le Vaiffeau
l'Antelope , pour aller chercher dix- neuf
Officiers dont l'accufé reclame le témoignage.
Le 20 Août , le Lord Maire & le Corps de la
Bourgeoifte de cette Capitale préfenterent au Roi
une Adreffe , dans laquelle ils témoignerent combien
ils étoient fenfibles aux inquiétudes que les
mauvais fuccès de la Nation dans la Méditerranée
devoient faire naître dans l'efprit de Sa Majesté.
Ils ajouterent qu'ils craignoient que la perte de
Pille Minorque , dont la Grande-Bretagne retiroit
de fi grands avantages & dont la confervation
étoit importante au commerce de fes Royaumes
, n'imprimât pour toujours une tache à l'honneur
des Anglois. En même temps ils repréfenterent
la néceffité d'établir une Milice générale
dans les trois Royaumes. Ils dirent qu'ils efpé-
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
roient que les auteurs des malheurs publics feroient
foigneufement recherchés & févérement
punis . Enfin ils affurerent le Roi , que fa fidelle
Ville de Londres concourroit en tout ce qui
dépendroit d'elle , pour la défenfe de Sa Majefté & 14
de la Maifon Royale. Le Roi répondit à cette
Adreffe : La perte de PIfe Minorque m'a caufé
une vive douleur. J'employerai tous mes foins au
maintien de l'honneur de la Nation , & du commerce
de mes Sujets. Les événemens de la guerre
font incertains , mais il ne fera rien obmis de ma
part pour la continuer avec vigueur , pour recouvrer
Les poffeffions de ma Couronne , & pour parvenir à
une paix folide & glorieuse. Je veillerai à ce qu'il
foit fait juftice de ceux qui auront manqué à leur
devoir envers moi & envers la Patrie. Mes ordres
font donnés pour qu'à l'avenir la fubordination
foit mieux obfervée dans mes Flottes & dans mes
Armées, je ne négligerai rien pour faire garder
le respect dû à mon Gouvernement.
On a réfolu d'ériger une Statue au Général
Blakeney dans une Place de la ville de Dublin .
Une des Infcriptions fera prife des termes dont
le Maréchal de Richelieu s'eft fervi , en parlant
de ce Général dans le ſecond article de la Capitulation
du Fort Saint - Philippe .
Les Commiffaires de l'Amirauté viennent de
déclarer de bonne priſe douze Navires enlevés
aux François avant la Déclaration de guerre .
Tout fe difpofe pour l'embarquement des troupes
deftinées à fervir dans l'expédition que projette le
Gouvernement. Elles feront renforcées de quelques
Régimens du camp de Blandfort.
Il y eut la femaine derniere une courfe de
chevaux à Barnet , près d'un château de l'Amiral
Byng. La populace s'y attroupa pour démolir ce
OCTOBRE . 1756. 203
bâtiment. Quelques perfonnes, pour faire diverfion
à cecomplot, fe prefferent de répandre le bruit que
ce Château feroit inceffamment confifqué , pour
être donné au Général Blakeney . Le peuple ajouta
foi à ces difcours , & tout fut tranquille.
Fermer
Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le Conseil de guerre britannique a déclaré le Général Fowke coupable et l'a suspendu de son rang pendant un an. L'Amiral Byng est actuellement sous garde à l'Hôpital de Greenwich. Un Conseil de guerre, composé de trois Amiraux et de dix Capitaines, a été formé pour instruire son procès. Le vaisseau l'Antelope a été envoyé de Portsmouth pour ramener dix-neuf officiers dont Byng réclame le témoignage. Le 20 août, le Lord Maire et la bourgeoisie de Londres ont adressé une pétition au Roi, exprimant leurs inquiétudes face aux échecs en Méditerranée, notamment la perte de Minorque, et ont demandé l'établissement d'une milice générale et la punition des responsables. Le Roi a répondu qu'il veillerait à maintenir l'honneur de la Nation et à faire justice. Une statue du Général Blakeney doit être érigée à Dublin. Les Commissaires de l'Amirauté ont déclaré de bonne prise douze navires français capturés avant la déclaration de guerre. Les préparatifs pour l'embarquement des troupes destinées à une expédition projetée par le Gouvernement sont en cours, avec des renforts provenant du camp de Blandfort. La semaine précédente, une course de chevaux à Barnet près du château de l'Amiral Byng a attiré une foule menaçante, apaisée par la rumeur de la confiscation du château pour le Général Blakeney.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1328
p. 203-223
« Le premier Août, vingt-quatre des principaux habitans de Chantilly ont signalé [...] »
Début :
Le premier Août, vingt-quatre des principaux habitans de Chantilly ont signalé [...]
Mots clefs :
Naissance du Duc de Bourbon, Prince de Condé, Fête, Feux d'artifice, Démission, Charges, Franche-Comté, Orage, Ouragan, Monseigneur le Dauphin, Révision du régiment, Sa Majesté, Ordonnance du roi, Académie royale des sciences, Accession à des charges, Lit de justice, Ambassadeurs, Comtes, Marquis, Duc d'Orléans, Comte de Clermont, Cérémonie, M. le Chancelier, Discours du roi, Fiscalité, Parlement, Canada, Combats, Vaisseaux anglais, Succès, Duc de Gesvres, Corsaire anglais, Maréchal duc de Richelieu
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le premier Août, vingt-quatre des principaux habitans de Chantilly ont signalé [...] »
LEE premier Août , vingt- quatre des principaux
habitans de Chantilly ont fignalé leur zele & leur
attachement pour le Prince de Condé , en donnant
une très- belle fête à l'occafion de la naiffance du
Duc de Bourbon , & de la convalefcence de Mile
de Bourbon. La fête a commencé par un Te
Deum folemnel , chanté dans l'Eglife de la Paroiffe
, au bruit de trente- fix pieces de canon . A
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
neuf heures du foir , on tira vis-à-vis de la façade
du petit Château , où étoient le Prince & la
Princeffe de Condé , un feu d'artifice dont le deſfein
& l'exécution furent également applaudis.
Dès que le Prince eut donné le fignal , on vit pároître
trois Bateaux fur la piece d'eau , qui eft visà-
vis du petit Château . Ils venoient de trois côtés
différens , & ils fe réunirent pour attaquer un
Fort qu'on avoit conftruit fur le bord de l'eau.
Pendant près de trois quarts d'heure , il firent
pleuvoir une infinité de fufées & de bombes fur
cette efpece de Citadelle. Dans le temps qu'on
croyoit le Fort réduit en cendres , il foudroya
d'artifice les trois Bateaux ; & toute la piece
d'eau devint un étang de feu. A cette attaque fuccéderent
plufieurs caſcades , gerbes , foleils , &c.
Un bruit de trompettes & de cors de chaffe annonça
la victoire remportée par les affiégés . Le
ficur Coufinet , Sculpteur du Frince de Condé
a donné l'idée du fiege , & a conduit le feu des
Bateaux. Le refte du feu a été dirigé par les fieurs
Caftain & Maurice , Artificiers du Roi . Lorſque
l'artifice a ceffé , neuf grands Portiques , ornés
de verdure , qu'on avoit placés en perſpective du
petit Château , furent illuminés. Celui du milieu ,
plus élevé que les autres , étoit furmonté par le
Chiffre couronné du Prince & de la Princeffe de
Condé. Au pied de ces Portiques , une Salle de
verdure , de cent trente pieds en quarré , contenoit
une table de foixante couverts , préparée
pour les époufes des principaux habitans . Sur la
fin du fouper , le Prince & la Princeffe de Condé
fe rendirent dans cette Salle . Ils y furent reçus au
fon des trompettes , cors de chaffe , violons &
autres inftrumens. Le Bal fuivit le fouper. Leurs
Akteffes Séréniffimes danferent indifféremment
OCTOBRE. 1756. 205
avec ceux qui fe préfenterent. Vers les deux
heures du matin , le Prince & la Princeffe retournerent
au Château précédés d'un grand nombre
d'inftrumens , & de douze habitans , qui portoient
chacun un falot devant Leurs Alteffes Séréniffimes.
M. le Maréchal Duc de Richelieu s'eft démis
de fa charge de premier Gentilhomme de la Chambre
en faveur de M. le Duc de Fronfac , fon fils ,
& a obtenu la furvivance de cette Charge.
Le Roi a accordé à M. de Fremeur , Lieutenant
- Général des Armées de Sa Majefté , le Ġouvernement
de Monmédy , vacant par la mort du
Comte de la Claviere , auffi Lieutenant- Général.
M. le Marquis de Talaru , Brigadier d'Infante
rie , & Colonel du Régiment de fon nom , a été
nommé Gouverneur des Villes & Châteaux de
Phaltzbourg & de Saltzbourg , fur la démiffion
de M. le Marquis de Chalmazel fon pere.
Le 9 Août , le Roi fit la cérémonie de recevoir
Chevaliers de l'Ordre de Saint Louis , M. le Comte
d'Egmont , Maréchal de Camp , & M. le Comte
de Balbi , Brigadier , Colonel réformé à la fuite du
Régiment Royal Italien.
Selon les lettres de Franche-Comté, on a effuyé
vers la fin du mois de Juillet , tant à Saint- Claude
que dans les environs , une orage des plus terribles.
Le bruit & les éclats du tonnerre étoient
fi violens , qu'ils faifoient trembler les perſonnes
les plus hardies. Les animaux dans la campagne
cherchoient en mugiffant , quelque retraite affurée.
A chaque éclat , la foudre tomboit en différentes
manieres & dans plufieurs endroits. Les
eaux deſcendoient de la montagne avec tant d'abondance
& de rapidité , qu'elles entraînoîent
rout ce qu'elles rencontroient dans leur paffage.
206 MERCURE DE FRANCE.
Vergers , Maifons , Moulins , Ecluses , rien n'a
refifté . Le 6 Août , la Ville de Saint - Claude
& les campagnes voifines ont prouvé un nouveau
fléau. Un ouragan épouvantable a ruiné dans les
campagnes tout ce que l'orage précédent avoit
épargné. Dans la Ville , la plupart des toits ont
été enlevés , & prefque toutes les cheminées abattues.
Le Clocher des Religieufes de l'Annonciade
a été renversé . Trente des plus gros arbres de la
promenade publique ont été déracinés , & tous
les autres ont été dépouillés de leurs feuilles .
Monfeigneur le Dauphin fit le 11 Août , la
revue de fon Régiment de Cavalerie , dans la
Plaine de Favieres , à cinq lieues de Compiegne.
M. le Comte de Perigord , Meftre de Camp , Lieutenant
de ce Régiment , le fit efcadronner & manoeuvrer.
M. le Marquis de Paulmy , Secretaire
d'Etat au Département de la Guerre en furvivance
du Comte d'Argenfon , accompagna Monfeigneur
le Dauphin.
Le 13 , Sa Majefté fit la revue du Régiment
Royal , Cavalerie , dans la Plaine dite du Moulin
, près de la même Ville. M. le Marquis d'Equevilly,
Meftre de Camp , Lieutenant de ce Régiment
, lui fit faire différentes évolutions . Enfuite
ce Régiment fe porta au lieu nommé le puits
de Berne , où il fit , devant le Roi , l'exercice à
pied , en bufle & en bonnet. Le fils de M. le Marquis
d'Ecquevilly , âgé de dix ans , paſſa au rang
des Cavaliers. Il fit , comme eux , le maniement
des armes & les évolutions à cheval , ainfi
que
l'exercice à pied. Sa Majefté parut très - fatisfaite .
Par une Ordonnance du 15 Fevrier 1749 , le
Roi avoit établi un Aide- Major dans chacune des
quatre Brigades du Régiment des Grenadiers de
France. Sa Majefté ayant reconnu qu'un feul
OCTOBRE. 1756. 207
Officier Major par Brigade ne pouvoit fuffire aux
différens détails de la difcipline & du fervice , a
réglé que l'Etat Major de chaque Brigade feroit à
Pavenir compofé d'un Sergent Major & d'un Aide-
Major. Les emplois de Sergens Majors feront
remplis par les Aides- Majors actuels , pour en
jouir aux honneurs & prérogatives attachés aux
autres Majors de l'Infanterie . Entend Sa Majeſté ,
que M. de Lanjamet , actuellement Major dudit
Régiment , & qui ne peut en conferver le titre
ni les fonctions au moyen de la nouvelle difpofition,
ait le commandement en fecond du Corps.
Le Roi a ordonné que les Régimens d'Infanterie
Irlandoife , de Bulkeley , de Clare , de Dillon
, de Roth , de Berwick & de Lally , fuffent
portés de quatre cens foixante - cinq hommes à
cinq cens vingt - cinq.
Le 15 Août , Fête de l'Affomption de la
Sainte Vierge , la Proceffion folemnelle , qui fe
fait tous les ans à pareil jour en exécution du Voeu
de Louis XIII , ſe fit avec les cérémonies accoutu
mées. L'Abbé de Saint -Exupery , Doyen du Chapitre
de l'Eglife Métropolitaine , y officia. Le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes , & le Corps de Ville , y affifterent.
Dans l'affemblée générale que le Corps de Ville
tint le 16 , M. de Bernage fut continué Prevôt
des Marchands. M. Lempereur , Quartinier , &
-M Tribard , Avocat , ont été élus Echevins.
Sa Majesté a accordé à M. de Martigny & à M.
le Chevalier de Mazieres , Maréchaux des Logis de
la premier Compagnie des Moufquetaires , deux
Commiffions de Meftres de Camp , & à MM. de
Pille , de Savigny & de la Foreft , les places de
Maréchaux des Logis , vacantes dans la même
Compagnie. Elle a difpofé des Brigades qu'avoient
208 MERCURE DE FRANCE.
ces trois derniers Officiers , en faveur de MM.
d'Ormençey , de Rouville & de Mondollot. MM .
d'Elevemont , de Caffaignere & Démazet , ont
été fait Sous-Brigadiers. Le Chevalier de Monneron
, & MM. de Beaumont & de Guiry ont -
obtenu la Croix de Saint Louis. Il y a eu plufieurs
penfions , gratifications , & Commiffions de Capitaines
données à divers Moufquetaires.
Le Corfaire commandé par le Capitaine Gaftin
, de Marſeille , a fait dans l'intervalle de
quinze jours deux prifes eftimées cinquante mille
écus. Un des Corfaires de M. Roux , de Corfe , en
a fait auffi une .
L'Académie Royale des Sciences, dans fon Affemblée
du 23 Juin , propofa au Roi pour remplir la
place d'Adjoint- Géometre, vacante par la promotion
de M. de Parcieux au grade d'Affocié , M. le
Chevalier de Borda , Chevau- leger de la Garde
du Roi , & M. Bezout , Cenſeur Royal & Maître
de Mathématiques. M. le Comte d'Argenfon
a écrit le 30 à l'Académie que le Roi avoit choiſi
M. de Borda.
Dans la même Affemblée du 23 , M. Necker ,
Citoyen de Geneve , fut élu Correſpondant de
l'Académie .
Le 23 Août , les Députés des Etats de Languedoc
eurent audience du Roi. Ils furent préſentés
à Sa Majesté par M. le Comte d'Eu , Gouverneur
de la Province , & par M. le Comte de Saint Florentin
, Miniftre & Sécretaire d'Etat ; & conduits
par M. de Gifeux , Maître des Cérémonies , en
furvivance de M. Defgranges. La Députation
étoit compofée , pour le Clergé , de l'Evêque de
Viviers qui porta la parole ; du Vicomte de Polignac
, pour la Nobleffe , & de Meſſieurs Valet
Député de Saint- Pons , & Montcabrier , Député
OCTOBRE . 1756. 209
de Toulouſe , pour le Tiers-Etat ; ainfi que de
M. de Montferrier , Syndic Général de la Province.
Ces Députés eurent enſuite audience de la
Reine , de Monfeigneur le Dauphin , de Madame
la Dauphine , de Madame , & de Mefdames Victoire
, Sophie & Louife.
M. le Comte de Merle , Cornette de la premiere
Compagnie des Moufquetaires de la Garde,
eft défigné pour fuccéder à M. le Comte de Baſchi
en qualité d'Ambaffadeur du Roi auprès du Roi
de Portugal.
Sa Majefté a fait Brigadier de Cavalerie M. le
Comte de Perigord , Meftre de Camp- Lieutenant
du Régiment de Monfeigneur le Dauphin ;
Brigadier de Dragons , M. le Duc de Coigny ,
Meftre de Camp Général de ce Corps ; & Brigadier
d'Infanterie , M. le Chevalier de Gramont
Lieutenant-Colonel du Régiment de Vermandois.
Le Roi ayant réfolu de tenir fon Lit de Juftice,
Sa Majefté avant fon départ de Compiegne , ordonna
de faire dans le Château de Verfailles , les
préparatifs néceffaires pour cette cérémonie . La
grande Salle des Gardes fut choifie comme le lieu
qui y étoit le plus propre. M. Defgranges , Maître
des Cérémonies , après avoir reçu les ordres
du Roi , porta au Parlement le 20 Août au matin ,
une Lettre de Sa Majefté pour que le Parlement
fe rendît le lendemain à Verſailles en Corps de
Cour & en Robes rouges. Les Princes du Sang
furent avertis de la part du Roi par M. Defgranges
, qui envoya des Billets d'invitation aux Pairs ,
tant Eccléfiaftiques que Laïques ; aux Maréchaux
de France , aux Chevaliers des Ordres , aux Gouverneurs
& aux Lieutenans Généraux des Provinces.
Le 21 , le Parlement arriva fur les onze heures
à Versailles , & s'affembla dans les deux Salles
210 MERCURE DE FRANCE.
des Ambaffadeurs & du Confeil , d'où il fe rendit
à la Salle préparée pour le Lit de Juſtice . Lorfque
le Parlement eut pris fa féance en la maniere
accoutumée, il fit une Députation de quatre Préfidens
& de fix Confeillers , pour aller au - devant du
Roi. Sa Majesté en habit de cérémonie , fortit de
fon appartement , & la marche fe fit en cet ordre.
Les Tambours , Fifres , Haut- bois & Trompettes
de la Chambre. I es Lieutenans Généraux des Provinces
. Les Gouverneurs de Provinces. Les Chevaliers
des Ordres. Les Maréchaux de France . Les
Hérauts d'Armes . Les Princes du Sang . Le Maître
des Cérémonies . Deux Huiffiers de la Chambre
du Roi , portant leurs Maffes. M. le Prince de
Turenne , Grand Chambellan en furvivance de
M. le Duc de Bouillon ; & à la gauche du Prince
de Turenne le Comte de Brionne , Grand Ecuyer,
portant l'Epée de Parement du Roi . Le Marquis
de Mon mirel , Capitaine de la Compagnie des
Cent Suiffes de la Garde de Sa Majesté. Sur les
aîles près de la perfonne du Roi , les Préfidens &
Confellers Députés , & fix Gardes de la Manche
avec leurs Cortes d'armes & leurs Pertuifanes.
Derriere Sa Majefté , les quatre Capitaines des
Gardes du Corps . Le Chancelier de France fuivoit
le Roi , étant accompagné d'une partie des Confeillers
d'Etat & des Maîtres des Requêtes. Sa Majefté
fe plaça fur fon Trône. Elle avoit à la droite
Monfeigneur le Dauphin , dont le fiege (C ) étoit
placé fur le tapis de Sa Majefté . Aux hauts fieges
(D) du même côté , étoient le Duc d'Orléans , le
Prince de Condé , le Comte de Clermont , le
Prince de Conty & le Comte de la Marche
Princes du Sang. Sur le refte du banc , & fur un
banc en retour (G) , qui alloit juſqu'à la place du
dernier Prince du Sang ; les Ducs de Luynes , de
•
OCTOBRE . 1756 . 211
Briffac, de la Force , de Rohan , de Saint- Aignan ,
de Gefvres , le Maréchal Duc de Noailles , les
Ducs d'Aumont , de Bethune , de Fitzjames , d'Antin
, de Chaulnes , de Villars- Brancas de Lauraguais
, le Prince de Monaco , Duc de Valentinois
les Ducs de Biron , de la Valliere , & le Maréchal
de Belle -Ifle , Duc de Gifors , Pairs Laïcs . A la
gauche du Roy, aux bauis fieges ( H ) ; l'Evêque Duc
de Laon , l'Evêque Comte de Châlons , l'Evêque
Comte de Noyon , Pairs Eccléfiaftiques ; & les
Maréchaux de Coigny & de Balincourt , ( ces
deux Maréchaux de France étant venus avec le
Roi ) Aux pieds de Sa Majesté ( E ) ; le Prince de
Turenne , Grand Chambellan en furvivance du
Duc de Bouillon. A droite, fur un tabouret (F) , auprès
des degrés du Siege Royal , le Comte de Brionne
, Grand Ecuyer , portant au col l'Epée de Pa
rement du Roi. A gauche , fur un banc ( K ) au❤
deffous de celui des Pairs Ecclefiaftiques ; les qua
tre Capitaines des Gardes du Corps du Roi , & le
Marquis de Montmirel , Capitaine Colonel des
Cent Suiffes de la Garde. Plus bas étoit affis fur le
petit degré ( 2 ), par lequel on defcendoit dans le Parquet
, le fieur de Segur , Prevôt de Paris , tenant
un bâton blanc en fa main. Sur une chaise à bras
(L) couverte de l'extrêmité du tapis de velours violet
, femé de fleurs de lys d'or , fervant de drap de
pieds au Roi , Meflite Guillaume de Lamoignon ,
Chancelier de France , vêtu d'une robe de velours
violet , doublée de fatin cramoifi. Sur le banc (P)
répondant à celui où fiéent les Préfidens au Confeil
en la Chambre du Parlement ; Meffire René-
Charles de Maupeou , Premier Préfident ; MM .
Molé , Potier , le Peletier de Rozambo , de Maupeou
, de Lamoignon de Montrevault , d'Aligre ,
le Fevre- d'Ormeflon , & Bochart - de Saron , Sur
212 MERCURE DE FRANCE.
les trois bancs (QR ) couverts de tapisserie , formant
l'enceinte du Parquet ; les Confeillers d'Honneur,
les Préfidens des Enquêtes & des Requêtes , & les
Confeillers de la Grand'Chambre , mêlés . Dans le
Parquet , devant le Chancelier , étoient placés deux
tabourets , celui de la droite (M ) vacant par l'abfence
du Marquis de Dreux , Grand Maître des
Cérémonies , & celui de la gauche (N) occupé par
le fieur Defgranges , Maître des Cérémonies . Au
milieu du Parquet ( i ) & à genoux devant le Roi ,
deux Huiffiers de la Chambre de Sa Majesté ,
tenant leurs Maffes d'argent doré , & à quelque
diſtance ( k ) , fix Hérauts d'armes. Au côté droit ,
Sur les deux bancs ( SS ) couverts de tapis femés de
fleurs de lys ; les Confeillers d'Etat & Maîtres des
Requêtes , vêtus en robe de fatin noir , venus avec
le Chancelier. Sur une forme ( a ) à gauche , en entrant
, vis- à-vis des Préfidens ; le Comte de Saint
Florentin , le Comte d'Argenfon , M. Rouillé &
le Marquis de Paulmy , Secretaires d'Etat . Sur
trois autres bancs ( TVX ) à gauche dans le Parquet
, vis- a-vis des Confeillers d'Etat ; le Marquis
de Beringhen , le Comte de Lautrec , le Marquis
de Puyzieulx , le Comte de Vaulgrenant , le Marquis
de Saffenage , le Comte de Mailly , le Baron
de Montmorency , le Marquis de Chalmazel , le
Comte de la Vauguion , le Marquis d'Armentieres
, & le Marquis de l'Hopital , Chevaliers des
Ordres ; le Comte de Gifors , le Comte de Périgord
, le Marquis de la Tour-Dupin , & le Marquis
de la Salle , Gouverneurs de Provinces ; le
le Marquis de Montalambert , le Comte de Teffé ,
le Marquis de Beaupreau , le Comte de Valentinois
, le Comte de Choifeul , & le Marquis de
Brancas , Lieutenans Généraux de Provinces . A
côté de la forme où étoient les Sécretaires d'Etat ;
OCTOBRE. 1756. 213
le fieur Dufranc , Secretaire de la Cour , faifant
les fonctions de Greffier en Chef, & à côté de lui ,
un des trois principaux Commis pour la Grand'-
Chambre , tenant la plume ; ayant chacun devant
eux un bureau (66) couvert de velours violet . Sur
une autre forme (b) derriere ; le fieur Richard ,
Greffier en Chef Criminel , & les fieurs Yfabeau
& Héron-de Courgis , Secretaires de la Cour. Sur
une autreforme ( d ) , le Marquis de Sourches ,
Grand Prevôt de l'Hôtel . Sur un fiege (m) à l'entrée
du Parquet , le fieur Angely , premier Huiffier.
En la place (f) répondante à celle qu'ils occu
pent , toutes les Chambres aſſemblées , le fieur Joly
de Fleury, Avocat du Roi ; le fieur Joly de Fleury,
Procureur Général , & le fieur Seguier , auffi Avocat
du Roi. Sur le furplus des bancs ( gh , YZ) les
Confeillers des Enquêtes & Requêtes.
Le Roi s'étant affis & couvert , M. le Chancelier
dit , par ordre de Sa Majefté , qu'Elle commandoit
qu'on prêt féance : après quoi , le Roi ,
ayant ôté & remis fon chapeau , dit : « Meffieurs ,
» Je vous ai affemblés ici , pour vous faire fçavoir
» mes intentions & mes volontés ; mon Chance-
» lier va vous les expliquer » .
M. le Chancelier étant monté vers le Roi , &
s'étant agenouillé aux pieds de Sa Majesté pour
recevoir les ordres ; puis étant defcendu , remis
en fa place , affis & couvert , après avoir dit que
le Roi permettoit qu'on le couvrît , prononça le
Difcours fuivant .
MESSIEURS ,
« Pendant qu'une Nation , de tout temps enne-
» mie de la France , fait les derniers efforts pour
» enlever aux habitans de nos Colonies , des pof-
» feffions qui leur appartiennent par les titres les
plus légitimes ; qu'au milieu de la paix la plus
214 MERCURE DE FRANCE.
» profonde , elle ne craint point de violer les trai
tés les plus folemnels ; & que pour détruire no-
>> tre Commerce , elle emploie les voies les plus
» odieufes & les plus contraires à l'humanité , le
Roi ne peut voir qu'avec une extrême ſurpriſe
la réfiftance qu'apporte fon Parlement à la pu-
>> blication de trois de fes Déclarations , dont l'exé-
» cution doit procurer à Sa Majesté des fecours
» néceffaires pour le foutien de nos Colonies & le
> rétabliffement de notre Commerce.
>> On fçait que le Roi ne fait la guerre que
» pour l'intérêt de fes Sujets. Occupé du foin de
» les venger des hoftilités injuftes & continuelles
» qu'ils éprouvoient , il l'étoit encore plus de la
crainte d'être forcé de leur impofer des charges
» extraordinaires malheureuſement indifpenfables
» pour le foutien d'une guerre .
Après avoir oppofé longtemps la patience &
la modération aux entreprifes de fes ennemis , il
» s'eft enfin déterminé à repouffer par la voie des
>> armes leurs infultes multipliées ; & dans la né-
» ceffité d'établir des impôts , il a fait choix de
» ceux qui lui ont paru le moins onéreux . Tel eft
» le motif qui a donné lieu aux trois Déclarations
» que le Roi entend faire publier en fon Lit de
>> Juftice.
» Par la première , le Roi établit un nouveau
» Vingrieme pareil à celui qui fubfifte depuis l'an-
» née 1749 , & dont le produit eſt affecté au paie-
» ment des dettes de la derniere guerre. La per-
>> ception de ce nouveau Vingtieme ceffera trois
» mois après la publication de la Paix. Cette na-
»ture d'impofition fera moins à charge aux Peuples
que toute autre , parce qu'elle fe répartit
»fut tous les Sujets , chacun à proportion de fa
>> fortune..
OCTOBRE . 1756. 215
»
>> La feconde Déclaration ordonne la continua-
» tion pendant dix ans des Deux fols pour livre du
Dixieme , à commencer du dernier jour de l'an-
» née préfente. Le terme de cette impofition &
» de celui du premier Vingrieme , quo que fixé
>> d'une maniere certaine , n'eft pas auffi proche
» que Sa Majesté le defireroit ; mais il faut confi
>> dérer que P'un & l'autre étant deftinés à l'acquit
» des dettes de l'Etat , ils doivent fubfifter julqu'i
» ce que les dettes de l'Etat foient acquittées.
» C'eſt à tort & vainement qu'on cherche à
» jetter l'allarme dans les efprits , en faifant en-
>> tendre que l'incertitude de la durée & la lon-
»gueur de ces deux impofitions font capables dedis
>> minuer le courage des fujets du Roi , & d'altérer
» la confiance qui font la véritable force du Sou-
» verain & de l'Etat. Le témoignage que Sa Ma
» jeſté ſe rend à Elle-même de la tendre affection
» pour les peuples , lui eft un gage affuré de leur
» confiance , en même-temps que les preuves
» qu'il leur a tant de fois données de fon empref-
» fement à les foulager , ſoutiendront toujours &
>> animeront leur courage , furtout dans ce mo-
➤ment où leur honneur & leur fûreté ſont égale-
» ment intéreffés.
» Enfin , par la troifieme Déclaration , le Roi
» proroge pour un certain temps , plufieurs droits
» qui fe perçoivent dans la ville de Paris . Sa Ma-
» jefté n'a pu fe difpenfer d'ordonner cette proro-
» gation qui ne peut être regardée comme pré-
» maturée , parce qu'elle eft néceffaire pour affurer
les engagemens que les conjonctures ont
» forcé de contracter . Quelque onéreux que ces
» droits paroiffent être pour les habitans de la
» Capitale , ils en font en partie dédommagés par
l'ordre & la regle que ceux qui font chargés do
216 MERCURE DE FRANCE.
» les percevoir établiffent dans les marchés pour
faciliter le débit des denrées , & pour en pro-
фу
» curer Pabondance : on voit d'ailleurs par le tarif
» attaché à la Déclaration , l'attention qu'a eu le
» Roi de diminuer , & même de fupprimer entié-
>> rement plufieurs de ces droits fur les denrées les
» plus néceffaires à la vie.
» Le Roi veut donc , que nonobftant les repré-
» fentations réitérées de fon Parlement , fes Déclarations
foient exécutées dans toute leur éten-
» due & fans délai , afin de ne pas interrompre
ni retarder les opérations néceffaires pour
» profiter des fuccès que le Ciel vient d'accorder
» à fes armes.
» Ces heureux événemens dont le Roi n'eft
» flatté que parce qu'il les regarde comme le pré-
» fage d'une paix glorieufe , doivent redoubler
> notre zele. Pourrions-nous regretter des ſecours
» que Sa Majefté ne veut employer que pour
» notre défenfe , fans manquer à ce que nous lui
રે
» devons & à ce que nous nous devons à nous-
» mêmes ! »
Après que M. le Chancelier eut ceffé de parler,
M.le Premier Préfident & tous les Préfidens & Confeillers
mirent un genou en terre. Le Chancelier
leur dit , Le Roi ordonne que vous vous leviez. Ils
fe leverent , & demeurerent debout & découverts.
Alors M.le Premier Préfident parla, & fon Diſcours
fini , le Chancelier monta vers le Roi pour prendre
fes ordres , un genou en terre . Remis en fa
place , affis & découvert , il fit ouvrir les portes ,
& il ordonna au fieur Dufranc de lire les trois
Déclarations. Les portes furent ouvertes , & le
fieur Dufranc ayant lu les Déclarations debout &
découvert , le Chancelier dit aux Gens du Roi
qu'ils pouvoient parler. Aufli -tôt les Gens du Roi
fc
OCTOBRE. 1756. 217
fe mirent à genoux . M. le Chancelier leur dit que le
Roi ordonnoit qu'ils fe levaflent . Ils fe leverent ,'
& debout & découverts , après un Difcours prononcé
par M. Joly de Fleury , Avocat du Roi ,
portant la parole , ils requirent qu'il plût à Sa
Majefté ordonner que fur le repli des trois Déclarations
il fût mis qu'elles avoient été lues &
publiées , Sa Majeſté léante en fon lit de Juſtice ,
& régiítrées au Greffe de la Cour pour être exécu
tées felon leur forme & teneur ; & qu'à l'égard
des deux premieres , Copies collationnées en feroient
envoyées aux Bailliages & Sénéchauffées du
reffort , pour y être pareillement lues , publiées
& enrégiftrées , avec injonction à leurs Subftituts
d'y tenir la main , & d'en certifier la Cour dans le
mois.
Après quoi M. le Chancelier monta vers le Roi ,
mit un genou en terre pour recevoir les ordres ,
& alla prendre l'avis de Monfeigneur le Dauphin ,
des Princes du Sang , des Pairs Laïcs , du Grand
Ecuyer & du Grand Chambellan . Il paffa devant
le Roi , lui fit une profonde révérence , & prit
l'avis des Pairs Eccléfiaftiques , des Maréchaux de
France venus avec le Roi , & des quatre Capitaines
des Gardes du Corps de Sa Majesté . Puis il defcendit
dans le parquet pour prendre les avis du Premier
Préfident , des Préfidens du Parlement , des
Confeillers d'Etats & des Maî res des Requêtes
des Confeillers d'honneur , des Préfidens des Enquêtes
& des Requêtes , & des Confeillers du
Parlement. Il remonta vers le Roi , mit un genou
en terre , redefcendit , & étant affis & couvert , il
prononça :
« Le Roi , féant en fon Lit de Juſtice , a or-
»donné & ordonne que les Déclarations , qui
viennent d'être lues, feront enrégiftrées au Greffe
I. Vol. Κ
218 MERCURE DE FRANCE.
»>de fon Parlement , & que fur le repli d'icelles ;
nil foit mis que lecture en a été faite , & l'enré-
»giftrement ordonné ; ce requérant fon Procu-
»reur Général , pour être le contenu en icelles
>> exécuté felon leur forme & teneur ; & Copies
>>collationnées des deux Déclarations , l'une por-
>> tant établiſſement d'un fecond vingtieme , l'au-
»tre portant prorogation du droit de deux fols
>>pour livre du dizieme , envoyées aux Bailliages
& Sénéchauffées du reffort , pour y être pareik
plement lucs , publiées & régiftrées . Enjoint aux
>>Subftituts de fon Procureur Général d'y tenir la
»main , & d'en certifier la Cour au mois. >>
Enfuite M. le Chancelier dit , que pour la plus
prompte exécution de ce qui venoit d'être or
donné , le Roi vouloit que par le Secretaire de la
Cour , faifant les fonctions de Greffier en Chef
de fon Parlement , il fût mis dans l'inftant même
fur le repli des trois Déclarations qui avoient été
publiées , ce que Sa Majesté avoit ordonné qu'on
y mit. Ce qui ayant été exécuté , le Roi fe leva ,
& fortit dans le même ordre qu'il étoit entré.
Le 25 Août , le Corps de Ville alla à Versailles ,
& ayant à la tête M. le Duc de Gefvres , Gouverneur
de Paris , il eut audience du Roi. Il fut préfenté
à Sa Majesté par M. le Comte d'Argenlon ,
Miniftre & Secretaire d'Etat , & conduit par M.
Defgranges , Maître des Cérémonies . M. de Ber
nage qui a été continué Prevôt des Marchands , &
MM. Lempereur & Tribard , nouveaux Echevins ,
prêterent entre les mains du Roi le ferment de
fidélité , dont M. le Comte d'Argenſon fit la lecture
, ainfi que du fcrutin qui fut préfenté par M.
de la Live de la Briche , Avocat du Roi au Châtelet.
Après cette audience , le Corps de Ville cut
l'honneur de rendre les refpects à la Reine & àla
Famille Royale .
OCTOBRE . 1756. 219
On apprend par des Lettres de l'Ifle Royale
les circonftances fuivantes d'un combat de M.
Beauffier , qui commande l'Efcadre du Roi , partie
de Breft au mois d'Avril dernier , avec les troupes
que Sa Majesté a fait paffer en Canada. M. Beauf
fier revenant de Québec , faifoit route pour Louifbourg
, lorfque le 16 Juillet il apperçut à la diftance
d'environ trois lieues dans le Sud de ce
dernier Port , deux Vaiffeaux Anglois avec deux
Frégates , qui portoient au plus près du vent pour
le reconnoître. M. Beauffier avoit alors avec le
Vaiffeau le Héros qu'il monte , l'illuftre , commandé
par M. de Montalais , Capitaine de Vaiffeau
, & les Frégates la Lycorne & la Syrene , que
commandent MM. de la Rigaudiere & de Brougnon
, Lieutenans de Vaiffeaux. Profitant du vent
du Nord qui fouffloit , il arriva fur le champ
grand fargue fur les Anglois , qui revirerent
promptement de bord , & prirent chaffe. La
crainte de tomber trop fous le vent de Louisbourg,
où il avoit ordre de remettre des provifions deftinées
pour cette Colonie , l'empêcha de poursuivre
long-temps les Anglois , & il entra le même jour
dans ce Port. Il fe preffa d'y débarquer les effets
dont il étoit chargé , ainfi que quelques malades
de fes équipages ; & le lendemain dès cinq heures
du matin , il fe trouva fous voile , & appareilla
pour aller chercher les ennemis. Vers midi il
reconnut les deux Vaiffeaux qu'il avoit chaffés là
veille , & qui n'avoient plus qu'une Frégate avec
& eux. Il força de voiles pour les joindre , & ils firent
la même maneuvre pour l'éviter. M. de
Breugnon joignit bientôt la Frégate Angloife , &
l'attaqua fi vivement , qu'elle fe replia fous le
canon des deux Vaiffeaux , dont le feu ralentit la
pourfuite de M. de Breugnon , qui fut même
M
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
obligé de s'écarter un peu . Sa manoeuvre fervit
cependant à donner à M. Beauffier le temps d'ap
procher les deux Vaiffeaux Anglois , dont l'un
étoit de 74 & l'autre de 64 canons. Il tira d'abord
fur l'un , comptant que l'autre qui étoit fur fa
hanche alloit être attaqué par M. de Montalais.
Mais le calme qui furvint en ce moment , rendit
inutiles tous les efforts que celui - ci put faire
pour s'approcher ; enforte que M. Beauflier eut à
combattre les deux Vaiffeaux Anglois. Le combat
fut très-vif de part & d'autre jufqu'à fept heures
du foir , qu'un petit vent qui s'éleva , ayant donné
à M. de Montalais occafion de faire de la voile ,
les ennemis en profiterent pour s'éloigner. Le
Vaiffeau le Héros fe trouvant prefque défemparé ,
M. Beauffier fut hors d'état de les pourfuivre.
Il s'occupa durant la nuit à faire changer les
voiles & les manoeuvres qui avoient été coupées
dans le Vaiffeau , & il efpéroit de pouvoir rejoin.
dre les ennemis. Mais le lendemain 20 , à huit
heures du matin , il les apperçut , forçant toujours
de voiles , & à une telle dittance , que ne pou
vant pas fe flatter de les approcher , malgré le
mauvais état où ils paroiffoient être , il prit le
parti de retourner à Louifbourg , pour y réparer
entiérement le dommage que le Vaiffeau le Héros
avoit fouffert. Ce Vaiffeau a reçu dans le combat
plus de deux cens coups de canon , foit dans fes
oeuvres- mortes , foit dans fa mâture , fans compter
ceux qui ont porté au deffous de la flottaifon .
Il y a eu dix-huit hommes tués , quarante buit de
bleffés du nombre des derniers font M. de Faget
, Enfeigne de Vaiffeau , qui a une bleffure
confidérable d'un coup de canon à la cuiffe , &
M. Beauffier lui - même , d'un éclat qui a porré
fur la jambe gauche. Cet Officier eſt arrivé au
OCTOBRE. 1756. 211
les
Port Louis le 9 Septembre , avec les Vaiffeaux le
Héros qu'il commande , PIlluftre & la Frégate
la Sirenne. Il étoit parti de Louifbourg le 13
Août , & il avoit alors avec lui la Frégate la Licorne
, commandée par M. Froger de la Rigaudiere
, laquelle s'étant féparée le jour du départ
dans une brume , eft arrivée à Breft quelques jours
avant ces autres Bâtimens. Pendant leur traverfée
, M. Beauflier a fait huit différentes prifes ,
dont trois font chargées de fucre & d'autres denrées
des Iles de l'Amérique. Il a amené avec lui
quatre cens prifonniers , dans le nombre defquels.
font deux Officiers & cent foixante - un foldats
Allemands , qui étoient deftinés pour le Régiment
Royal Américain.
Les Lettres qu'on a reçues par cette occafion ,
portent que, fuivant les rapports faits par les Capitaines
de deux Goëlettes arrivées depuis peu de
Quebec à Louisbourg , M. de Villiers , Capitaine
dans les troupes du Canada , Commandant
un Détachement compofé de Soldats , Canadiens
& Sauvages , avoit attaqué fur la riviere de
Choueguen un convoi confidérable de Bateaux
Anglois , dont il avoit tué 4 à 500 hommes , fait
60 ou 80 prifonniers , & pris tous les Bateaux ,
que les Anglois avoient abandonnés pour ſe ſauver
à terre.
M. l'Evêque d'Autun fut élût le 19 Août , pour
premplir la place qui vaquoit dans l'Académie
Françoife par la mort du Cardinal de Soubize.
La joie que le fuccès de nos armes a repandu
Fa dans tous les coeurs a été d'autant plus vive , que·
Le l'Europe entiere ne croyoit pas notre marine en
& état de former des entreprifes auffi confidérables .
La Cour a témoigné ſa ſatisfaction à l'occaſion de
ala prife du Fort Saint- Philippe , par les illumina-
K iij
222 MERCURE DE FRANCE.
tions les plus galantes . M. le Duc de Gefvres tou
jours magnifique , après s'être uni au public par
Pillumination de fon Hôtel le jour du Te Deum
chanté à la Chapelle du Roi , & le vingt- cinq
Juillet , jour du feu de joie de la ville de Compiegne
qu'il avoit ordonné comme Gouverneur de
la Province , & après avoir fait couler à la porte
de fon Hôtel des fontaines de vin , s'eft diftingué
le 6 Août par une Fête particuliere , où la magnificence
a répondu au bon goût fi reconnu de ce
Seigneur. Il fit fuccéder à un fouper fomptueux
un Feu d'artifice Italien en plufieurs décorations.
La façade & l'intérieur de fon Hôtel & des Jardins
furent fuperbement illuminés fous divers formes
d'architecture . La Fête fut terminée par un bal
où se trouverent les Princes , les Miniftres , les
Etrangers de diftinction , & toutes les Dames de
la Cour .
Le Roi chaffa le 31 Août dans la Plaine de Grenelle
, & foupa à Mont - Rouge chez M. le Duc de
la Valliere.
Meffieurs de Reillans & de Teffieres , Exempts
des Gardes du Corps dans la Compagnie de Mirepoix
, ayant obtenu leur retraite , le Roi a difpofé
de leurs emplois en faveur de M. le Chevalier de
Flahaut & de M. le Marquis de Vexin. Sa Majefté a
nommé MM . de la Villeneuve & de la Seunniere ,
Brigadiers de la même Compagnie , à la place de
MM. de la Ripiere & de Chateauroy , qui ont
auffi obtenu leur retraite . MM . de Beaupine & de
´la Boire ont été faits fous - Brigadiers. Des Commiffions
de Capitaines de Cavalerie ont été expédiées
à plufieurs Gardes du Corps .
On a arrêté deux Anglois , accufés d'être les
incendiaires , qui ont mis le feu , il y a quelque
temps , à un magaſin de Rochefort.
OCTOBRE. 1756. 223
Des Armateurs de Marſeille y ont conduit fiz
prifes eftimées fix cens mille livres.
Un petit Bâtiment à rames de huit canons ,
forti du même Port , & commandé par le Capitaine
Gaffen , s'eft battu pendant trois heures à
la vue du Port de Livourne , contre un Corfaire
Anglois de vingt canons. On eft informé par
des Lettres de ce dernier Port , que le Corfaire a
eu dix-neuf hommes de tués , & un grand nombre
de bleffés . De fon propre aveu , il étoit prêt à fe
rendre , lorfque l'équipage du Capitaine Gaffen ,
aqui étoit mêlé d'étrangers , refufa de fe préſenter
une quatrieme fois à l'abordage. Ce Capitaine n'a
perdu qu'un homme. Depuis que le Corfaire Anglois
eft retourné à Livourne , où le mauvais état
de fon Vaiffeau l'a obligé de relâcher , on y travaille
à lui faire fon procès , fur ce qu'il a défobéï
à une Ordonnance de l'Empereur , en fortant de
-ce Port avec plus de quatre canons.
M. le Maréchal Duc de Richelieu arriva le premier
de Septembre à Paris , & le même jour il eut
P'honneur de faluer le Roi à Choify . Le , M. le
-Duc de Fronsac eut à Verſailles le même honneur.
Le Roi a nommé M. l'Abbé Comte de Bernis ,
fon Ambaffadeur à la Cour de Vienne ; & M. le
Marquis d'Aubeterre eft défigné pour réfider
avec le même caractere à la Cour de Madrid.
habitans de Chantilly ont fignalé leur zele & leur
attachement pour le Prince de Condé , en donnant
une très- belle fête à l'occafion de la naiffance du
Duc de Bourbon , & de la convalefcence de Mile
de Bourbon. La fête a commencé par un Te
Deum folemnel , chanté dans l'Eglife de la Paroiffe
, au bruit de trente- fix pieces de canon . A
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
neuf heures du foir , on tira vis-à-vis de la façade
du petit Château , où étoient le Prince & la
Princeffe de Condé , un feu d'artifice dont le deſfein
& l'exécution furent également applaudis.
Dès que le Prince eut donné le fignal , on vit pároître
trois Bateaux fur la piece d'eau , qui eft visà-
vis du petit Château . Ils venoient de trois côtés
différens , & ils fe réunirent pour attaquer un
Fort qu'on avoit conftruit fur le bord de l'eau.
Pendant près de trois quarts d'heure , il firent
pleuvoir une infinité de fufées & de bombes fur
cette efpece de Citadelle. Dans le temps qu'on
croyoit le Fort réduit en cendres , il foudroya
d'artifice les trois Bateaux ; & toute la piece
d'eau devint un étang de feu. A cette attaque fuccéderent
plufieurs caſcades , gerbes , foleils , &c.
Un bruit de trompettes & de cors de chaffe annonça
la victoire remportée par les affiégés . Le
ficur Coufinet , Sculpteur du Frince de Condé
a donné l'idée du fiege , & a conduit le feu des
Bateaux. Le refte du feu a été dirigé par les fieurs
Caftain & Maurice , Artificiers du Roi . Lorſque
l'artifice a ceffé , neuf grands Portiques , ornés
de verdure , qu'on avoit placés en perſpective du
petit Château , furent illuminés. Celui du milieu ,
plus élevé que les autres , étoit furmonté par le
Chiffre couronné du Prince & de la Princeffe de
Condé. Au pied de ces Portiques , une Salle de
verdure , de cent trente pieds en quarré , contenoit
une table de foixante couverts , préparée
pour les époufes des principaux habitans . Sur la
fin du fouper , le Prince & la Princeffe de Condé
fe rendirent dans cette Salle . Ils y furent reçus au
fon des trompettes , cors de chaffe , violons &
autres inftrumens. Le Bal fuivit le fouper. Leurs
Akteffes Séréniffimes danferent indifféremment
OCTOBRE. 1756. 205
avec ceux qui fe préfenterent. Vers les deux
heures du matin , le Prince & la Princeffe retournerent
au Château précédés d'un grand nombre
d'inftrumens , & de douze habitans , qui portoient
chacun un falot devant Leurs Alteffes Séréniffimes.
M. le Maréchal Duc de Richelieu s'eft démis
de fa charge de premier Gentilhomme de la Chambre
en faveur de M. le Duc de Fronfac , fon fils ,
& a obtenu la furvivance de cette Charge.
Le Roi a accordé à M. de Fremeur , Lieutenant
- Général des Armées de Sa Majefté , le Ġouvernement
de Monmédy , vacant par la mort du
Comte de la Claviere , auffi Lieutenant- Général.
M. le Marquis de Talaru , Brigadier d'Infante
rie , & Colonel du Régiment de fon nom , a été
nommé Gouverneur des Villes & Châteaux de
Phaltzbourg & de Saltzbourg , fur la démiffion
de M. le Marquis de Chalmazel fon pere.
Le 9 Août , le Roi fit la cérémonie de recevoir
Chevaliers de l'Ordre de Saint Louis , M. le Comte
d'Egmont , Maréchal de Camp , & M. le Comte
de Balbi , Brigadier , Colonel réformé à la fuite du
Régiment Royal Italien.
Selon les lettres de Franche-Comté, on a effuyé
vers la fin du mois de Juillet , tant à Saint- Claude
que dans les environs , une orage des plus terribles.
Le bruit & les éclats du tonnerre étoient
fi violens , qu'ils faifoient trembler les perſonnes
les plus hardies. Les animaux dans la campagne
cherchoient en mugiffant , quelque retraite affurée.
A chaque éclat , la foudre tomboit en différentes
manieres & dans plufieurs endroits. Les
eaux deſcendoient de la montagne avec tant d'abondance
& de rapidité , qu'elles entraînoîent
rout ce qu'elles rencontroient dans leur paffage.
206 MERCURE DE FRANCE.
Vergers , Maifons , Moulins , Ecluses , rien n'a
refifté . Le 6 Août , la Ville de Saint - Claude
& les campagnes voifines ont prouvé un nouveau
fléau. Un ouragan épouvantable a ruiné dans les
campagnes tout ce que l'orage précédent avoit
épargné. Dans la Ville , la plupart des toits ont
été enlevés , & prefque toutes les cheminées abattues.
Le Clocher des Religieufes de l'Annonciade
a été renversé . Trente des plus gros arbres de la
promenade publique ont été déracinés , & tous
les autres ont été dépouillés de leurs feuilles .
Monfeigneur le Dauphin fit le 11 Août , la
revue de fon Régiment de Cavalerie , dans la
Plaine de Favieres , à cinq lieues de Compiegne.
M. le Comte de Perigord , Meftre de Camp , Lieutenant
de ce Régiment , le fit efcadronner & manoeuvrer.
M. le Marquis de Paulmy , Secretaire
d'Etat au Département de la Guerre en furvivance
du Comte d'Argenfon , accompagna Monfeigneur
le Dauphin.
Le 13 , Sa Majefté fit la revue du Régiment
Royal , Cavalerie , dans la Plaine dite du Moulin
, près de la même Ville. M. le Marquis d'Equevilly,
Meftre de Camp , Lieutenant de ce Régiment
, lui fit faire différentes évolutions . Enfuite
ce Régiment fe porta au lieu nommé le puits
de Berne , où il fit , devant le Roi , l'exercice à
pied , en bufle & en bonnet. Le fils de M. le Marquis
d'Ecquevilly , âgé de dix ans , paſſa au rang
des Cavaliers. Il fit , comme eux , le maniement
des armes & les évolutions à cheval , ainfi
que
l'exercice à pied. Sa Majefté parut très - fatisfaite .
Par une Ordonnance du 15 Fevrier 1749 , le
Roi avoit établi un Aide- Major dans chacune des
quatre Brigades du Régiment des Grenadiers de
France. Sa Majefté ayant reconnu qu'un feul
OCTOBRE. 1756. 207
Officier Major par Brigade ne pouvoit fuffire aux
différens détails de la difcipline & du fervice , a
réglé que l'Etat Major de chaque Brigade feroit à
Pavenir compofé d'un Sergent Major & d'un Aide-
Major. Les emplois de Sergens Majors feront
remplis par les Aides- Majors actuels , pour en
jouir aux honneurs & prérogatives attachés aux
autres Majors de l'Infanterie . Entend Sa Majeſté ,
que M. de Lanjamet , actuellement Major dudit
Régiment , & qui ne peut en conferver le titre
ni les fonctions au moyen de la nouvelle difpofition,
ait le commandement en fecond du Corps.
Le Roi a ordonné que les Régimens d'Infanterie
Irlandoife , de Bulkeley , de Clare , de Dillon
, de Roth , de Berwick & de Lally , fuffent
portés de quatre cens foixante - cinq hommes à
cinq cens vingt - cinq.
Le 15 Août , Fête de l'Affomption de la
Sainte Vierge , la Proceffion folemnelle , qui fe
fait tous les ans à pareil jour en exécution du Voeu
de Louis XIII , ſe fit avec les cérémonies accoutu
mées. L'Abbé de Saint -Exupery , Doyen du Chapitre
de l'Eglife Métropolitaine , y officia. Le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes , & le Corps de Ville , y affifterent.
Dans l'affemblée générale que le Corps de Ville
tint le 16 , M. de Bernage fut continué Prevôt
des Marchands. M. Lempereur , Quartinier , &
-M Tribard , Avocat , ont été élus Echevins.
Sa Majesté a accordé à M. de Martigny & à M.
le Chevalier de Mazieres , Maréchaux des Logis de
la premier Compagnie des Moufquetaires , deux
Commiffions de Meftres de Camp , & à MM. de
Pille , de Savigny & de la Foreft , les places de
Maréchaux des Logis , vacantes dans la même
Compagnie. Elle a difpofé des Brigades qu'avoient
208 MERCURE DE FRANCE.
ces trois derniers Officiers , en faveur de MM.
d'Ormençey , de Rouville & de Mondollot. MM .
d'Elevemont , de Caffaignere & Démazet , ont
été fait Sous-Brigadiers. Le Chevalier de Monneron
, & MM. de Beaumont & de Guiry ont -
obtenu la Croix de Saint Louis. Il y a eu plufieurs
penfions , gratifications , & Commiffions de Capitaines
données à divers Moufquetaires.
Le Corfaire commandé par le Capitaine Gaftin
, de Marſeille , a fait dans l'intervalle de
quinze jours deux prifes eftimées cinquante mille
écus. Un des Corfaires de M. Roux , de Corfe , en
a fait auffi une .
L'Académie Royale des Sciences, dans fon Affemblée
du 23 Juin , propofa au Roi pour remplir la
place d'Adjoint- Géometre, vacante par la promotion
de M. de Parcieux au grade d'Affocié , M. le
Chevalier de Borda , Chevau- leger de la Garde
du Roi , & M. Bezout , Cenſeur Royal & Maître
de Mathématiques. M. le Comte d'Argenfon
a écrit le 30 à l'Académie que le Roi avoit choiſi
M. de Borda.
Dans la même Affemblée du 23 , M. Necker ,
Citoyen de Geneve , fut élu Correſpondant de
l'Académie .
Le 23 Août , les Députés des Etats de Languedoc
eurent audience du Roi. Ils furent préſentés
à Sa Majesté par M. le Comte d'Eu , Gouverneur
de la Province , & par M. le Comte de Saint Florentin
, Miniftre & Sécretaire d'Etat ; & conduits
par M. de Gifeux , Maître des Cérémonies , en
furvivance de M. Defgranges. La Députation
étoit compofée , pour le Clergé , de l'Evêque de
Viviers qui porta la parole ; du Vicomte de Polignac
, pour la Nobleffe , & de Meſſieurs Valet
Député de Saint- Pons , & Montcabrier , Député
OCTOBRE . 1756. 209
de Toulouſe , pour le Tiers-Etat ; ainfi que de
M. de Montferrier , Syndic Général de la Province.
Ces Députés eurent enſuite audience de la
Reine , de Monfeigneur le Dauphin , de Madame
la Dauphine , de Madame , & de Mefdames Victoire
, Sophie & Louife.
M. le Comte de Merle , Cornette de la premiere
Compagnie des Moufquetaires de la Garde,
eft défigné pour fuccéder à M. le Comte de Baſchi
en qualité d'Ambaffadeur du Roi auprès du Roi
de Portugal.
Sa Majefté a fait Brigadier de Cavalerie M. le
Comte de Perigord , Meftre de Camp- Lieutenant
du Régiment de Monfeigneur le Dauphin ;
Brigadier de Dragons , M. le Duc de Coigny ,
Meftre de Camp Général de ce Corps ; & Brigadier
d'Infanterie , M. le Chevalier de Gramont
Lieutenant-Colonel du Régiment de Vermandois.
Le Roi ayant réfolu de tenir fon Lit de Juftice,
Sa Majefté avant fon départ de Compiegne , ordonna
de faire dans le Château de Verfailles , les
préparatifs néceffaires pour cette cérémonie . La
grande Salle des Gardes fut choifie comme le lieu
qui y étoit le plus propre. M. Defgranges , Maître
des Cérémonies , après avoir reçu les ordres
du Roi , porta au Parlement le 20 Août au matin ,
une Lettre de Sa Majefté pour que le Parlement
fe rendît le lendemain à Verſailles en Corps de
Cour & en Robes rouges. Les Princes du Sang
furent avertis de la part du Roi par M. Defgranges
, qui envoya des Billets d'invitation aux Pairs ,
tant Eccléfiaftiques que Laïques ; aux Maréchaux
de France , aux Chevaliers des Ordres , aux Gouverneurs
& aux Lieutenans Généraux des Provinces.
Le 21 , le Parlement arriva fur les onze heures
à Versailles , & s'affembla dans les deux Salles
210 MERCURE DE FRANCE.
des Ambaffadeurs & du Confeil , d'où il fe rendit
à la Salle préparée pour le Lit de Juſtice . Lorfque
le Parlement eut pris fa féance en la maniere
accoutumée, il fit une Députation de quatre Préfidens
& de fix Confeillers , pour aller au - devant du
Roi. Sa Majesté en habit de cérémonie , fortit de
fon appartement , & la marche fe fit en cet ordre.
Les Tambours , Fifres , Haut- bois & Trompettes
de la Chambre. I es Lieutenans Généraux des Provinces
. Les Gouverneurs de Provinces. Les Chevaliers
des Ordres. Les Maréchaux de France . Les
Hérauts d'Armes . Les Princes du Sang . Le Maître
des Cérémonies . Deux Huiffiers de la Chambre
du Roi , portant leurs Maffes. M. le Prince de
Turenne , Grand Chambellan en furvivance de
M. le Duc de Bouillon ; & à la gauche du Prince
de Turenne le Comte de Brionne , Grand Ecuyer,
portant l'Epée de Parement du Roi . Le Marquis
de Mon mirel , Capitaine de la Compagnie des
Cent Suiffes de la Garde de Sa Majesté. Sur les
aîles près de la perfonne du Roi , les Préfidens &
Confellers Députés , & fix Gardes de la Manche
avec leurs Cortes d'armes & leurs Pertuifanes.
Derriere Sa Majefté , les quatre Capitaines des
Gardes du Corps . Le Chancelier de France fuivoit
le Roi , étant accompagné d'une partie des Confeillers
d'Etat & des Maîtres des Requêtes. Sa Majefté
fe plaça fur fon Trône. Elle avoit à la droite
Monfeigneur le Dauphin , dont le fiege (C ) étoit
placé fur le tapis de Sa Majefté . Aux hauts fieges
(D) du même côté , étoient le Duc d'Orléans , le
Prince de Condé , le Comte de Clermont , le
Prince de Conty & le Comte de la Marche
Princes du Sang. Sur le refte du banc , & fur un
banc en retour (G) , qui alloit juſqu'à la place du
dernier Prince du Sang ; les Ducs de Luynes , de
•
OCTOBRE . 1756 . 211
Briffac, de la Force , de Rohan , de Saint- Aignan ,
de Gefvres , le Maréchal Duc de Noailles , les
Ducs d'Aumont , de Bethune , de Fitzjames , d'Antin
, de Chaulnes , de Villars- Brancas de Lauraguais
, le Prince de Monaco , Duc de Valentinois
les Ducs de Biron , de la Valliere , & le Maréchal
de Belle -Ifle , Duc de Gifors , Pairs Laïcs . A la
gauche du Roy, aux bauis fieges ( H ) ; l'Evêque Duc
de Laon , l'Evêque Comte de Châlons , l'Evêque
Comte de Noyon , Pairs Eccléfiaftiques ; & les
Maréchaux de Coigny & de Balincourt , ( ces
deux Maréchaux de France étant venus avec le
Roi ) Aux pieds de Sa Majesté ( E ) ; le Prince de
Turenne , Grand Chambellan en furvivance du
Duc de Bouillon. A droite, fur un tabouret (F) , auprès
des degrés du Siege Royal , le Comte de Brionne
, Grand Ecuyer , portant au col l'Epée de Pa
rement du Roi. A gauche , fur un banc ( K ) au❤
deffous de celui des Pairs Ecclefiaftiques ; les qua
tre Capitaines des Gardes du Corps du Roi , & le
Marquis de Montmirel , Capitaine Colonel des
Cent Suiffes de la Garde. Plus bas étoit affis fur le
petit degré ( 2 ), par lequel on defcendoit dans le Parquet
, le fieur de Segur , Prevôt de Paris , tenant
un bâton blanc en fa main. Sur une chaise à bras
(L) couverte de l'extrêmité du tapis de velours violet
, femé de fleurs de lys d'or , fervant de drap de
pieds au Roi , Meflite Guillaume de Lamoignon ,
Chancelier de France , vêtu d'une robe de velours
violet , doublée de fatin cramoifi. Sur le banc (P)
répondant à celui où fiéent les Préfidens au Confeil
en la Chambre du Parlement ; Meffire René-
Charles de Maupeou , Premier Préfident ; MM .
Molé , Potier , le Peletier de Rozambo , de Maupeou
, de Lamoignon de Montrevault , d'Aligre ,
le Fevre- d'Ormeflon , & Bochart - de Saron , Sur
212 MERCURE DE FRANCE.
les trois bancs (QR ) couverts de tapisserie , formant
l'enceinte du Parquet ; les Confeillers d'Honneur,
les Préfidens des Enquêtes & des Requêtes , & les
Confeillers de la Grand'Chambre , mêlés . Dans le
Parquet , devant le Chancelier , étoient placés deux
tabourets , celui de la droite (M ) vacant par l'abfence
du Marquis de Dreux , Grand Maître des
Cérémonies , & celui de la gauche (N) occupé par
le fieur Defgranges , Maître des Cérémonies . Au
milieu du Parquet ( i ) & à genoux devant le Roi ,
deux Huiffiers de la Chambre de Sa Majesté ,
tenant leurs Maffes d'argent doré , & à quelque
diſtance ( k ) , fix Hérauts d'armes. Au côté droit ,
Sur les deux bancs ( SS ) couverts de tapis femés de
fleurs de lys ; les Confeillers d'Etat & Maîtres des
Requêtes , vêtus en robe de fatin noir , venus avec
le Chancelier. Sur une forme ( a ) à gauche , en entrant
, vis- à-vis des Préfidens ; le Comte de Saint
Florentin , le Comte d'Argenfon , M. Rouillé &
le Marquis de Paulmy , Secretaires d'Etat . Sur
trois autres bancs ( TVX ) à gauche dans le Parquet
, vis- a-vis des Confeillers d'Etat ; le Marquis
de Beringhen , le Comte de Lautrec , le Marquis
de Puyzieulx , le Comte de Vaulgrenant , le Marquis
de Saffenage , le Comte de Mailly , le Baron
de Montmorency , le Marquis de Chalmazel , le
Comte de la Vauguion , le Marquis d'Armentieres
, & le Marquis de l'Hopital , Chevaliers des
Ordres ; le Comte de Gifors , le Comte de Périgord
, le Marquis de la Tour-Dupin , & le Marquis
de la Salle , Gouverneurs de Provinces ; le
le Marquis de Montalambert , le Comte de Teffé ,
le Marquis de Beaupreau , le Comte de Valentinois
, le Comte de Choifeul , & le Marquis de
Brancas , Lieutenans Généraux de Provinces . A
côté de la forme où étoient les Sécretaires d'Etat ;
OCTOBRE. 1756. 213
le fieur Dufranc , Secretaire de la Cour , faifant
les fonctions de Greffier en Chef, & à côté de lui ,
un des trois principaux Commis pour la Grand'-
Chambre , tenant la plume ; ayant chacun devant
eux un bureau (66) couvert de velours violet . Sur
une autre forme (b) derriere ; le fieur Richard ,
Greffier en Chef Criminel , & les fieurs Yfabeau
& Héron-de Courgis , Secretaires de la Cour. Sur
une autreforme ( d ) , le Marquis de Sourches ,
Grand Prevôt de l'Hôtel . Sur un fiege (m) à l'entrée
du Parquet , le fieur Angely , premier Huiffier.
En la place (f) répondante à celle qu'ils occu
pent , toutes les Chambres aſſemblées , le fieur Joly
de Fleury, Avocat du Roi ; le fieur Joly de Fleury,
Procureur Général , & le fieur Seguier , auffi Avocat
du Roi. Sur le furplus des bancs ( gh , YZ) les
Confeillers des Enquêtes & Requêtes.
Le Roi s'étant affis & couvert , M. le Chancelier
dit , par ordre de Sa Majefté , qu'Elle commandoit
qu'on prêt féance : après quoi , le Roi ,
ayant ôté & remis fon chapeau , dit : « Meffieurs ,
» Je vous ai affemblés ici , pour vous faire fçavoir
» mes intentions & mes volontés ; mon Chance-
» lier va vous les expliquer » .
M. le Chancelier étant monté vers le Roi , &
s'étant agenouillé aux pieds de Sa Majesté pour
recevoir les ordres ; puis étant defcendu , remis
en fa place , affis & couvert , après avoir dit que
le Roi permettoit qu'on le couvrît , prononça le
Difcours fuivant .
MESSIEURS ,
« Pendant qu'une Nation , de tout temps enne-
» mie de la France , fait les derniers efforts pour
» enlever aux habitans de nos Colonies , des pof-
» feffions qui leur appartiennent par les titres les
plus légitimes ; qu'au milieu de la paix la plus
214 MERCURE DE FRANCE.
» profonde , elle ne craint point de violer les trai
tés les plus folemnels ; & que pour détruire no-
>> tre Commerce , elle emploie les voies les plus
» odieufes & les plus contraires à l'humanité , le
Roi ne peut voir qu'avec une extrême ſurpriſe
la réfiftance qu'apporte fon Parlement à la pu-
>> blication de trois de fes Déclarations , dont l'exé-
» cution doit procurer à Sa Majesté des fecours
» néceffaires pour le foutien de nos Colonies & le
> rétabliffement de notre Commerce.
>> On fçait que le Roi ne fait la guerre que
» pour l'intérêt de fes Sujets. Occupé du foin de
» les venger des hoftilités injuftes & continuelles
» qu'ils éprouvoient , il l'étoit encore plus de la
crainte d'être forcé de leur impofer des charges
» extraordinaires malheureuſement indifpenfables
» pour le foutien d'une guerre .
Après avoir oppofé longtemps la patience &
la modération aux entreprifes de fes ennemis , il
» s'eft enfin déterminé à repouffer par la voie des
>> armes leurs infultes multipliées ; & dans la né-
» ceffité d'établir des impôts , il a fait choix de
» ceux qui lui ont paru le moins onéreux . Tel eft
» le motif qui a donné lieu aux trois Déclarations
» que le Roi entend faire publier en fon Lit de
>> Juftice.
» Par la première , le Roi établit un nouveau
» Vingrieme pareil à celui qui fubfifte depuis l'an-
» née 1749 , & dont le produit eſt affecté au paie-
» ment des dettes de la derniere guerre. La per-
>> ception de ce nouveau Vingtieme ceffera trois
» mois après la publication de la Paix. Cette na-
»ture d'impofition fera moins à charge aux Peuples
que toute autre , parce qu'elle fe répartit
»fut tous les Sujets , chacun à proportion de fa
>> fortune..
OCTOBRE . 1756. 215
»
>> La feconde Déclaration ordonne la continua-
» tion pendant dix ans des Deux fols pour livre du
Dixieme , à commencer du dernier jour de l'an-
» née préfente. Le terme de cette impofition &
» de celui du premier Vingrieme , quo que fixé
>> d'une maniere certaine , n'eft pas auffi proche
» que Sa Majesté le defireroit ; mais il faut confi
>> dérer que P'un & l'autre étant deftinés à l'acquit
» des dettes de l'Etat , ils doivent fubfifter julqu'i
» ce que les dettes de l'Etat foient acquittées.
» C'eſt à tort & vainement qu'on cherche à
» jetter l'allarme dans les efprits , en faifant en-
>> tendre que l'incertitude de la durée & la lon-
»gueur de ces deux impofitions font capables dedis
>> minuer le courage des fujets du Roi , & d'altérer
» la confiance qui font la véritable force du Sou-
» verain & de l'Etat. Le témoignage que Sa Ma
» jeſté ſe rend à Elle-même de la tendre affection
» pour les peuples , lui eft un gage affuré de leur
» confiance , en même-temps que les preuves
» qu'il leur a tant de fois données de fon empref-
» fement à les foulager , ſoutiendront toujours &
>> animeront leur courage , furtout dans ce mo-
➤ment où leur honneur & leur fûreté ſont égale-
» ment intéreffés.
» Enfin , par la troifieme Déclaration , le Roi
» proroge pour un certain temps , plufieurs droits
» qui fe perçoivent dans la ville de Paris . Sa Ma-
» jefté n'a pu fe difpenfer d'ordonner cette proro-
» gation qui ne peut être regardée comme pré-
» maturée , parce qu'elle eft néceffaire pour affurer
les engagemens que les conjonctures ont
» forcé de contracter . Quelque onéreux que ces
» droits paroiffent être pour les habitans de la
» Capitale , ils en font en partie dédommagés par
l'ordre & la regle que ceux qui font chargés do
216 MERCURE DE FRANCE.
» les percevoir établiffent dans les marchés pour
faciliter le débit des denrées , & pour en pro-
фу
» curer Pabondance : on voit d'ailleurs par le tarif
» attaché à la Déclaration , l'attention qu'a eu le
» Roi de diminuer , & même de fupprimer entié-
>> rement plufieurs de ces droits fur les denrées les
» plus néceffaires à la vie.
» Le Roi veut donc , que nonobftant les repré-
» fentations réitérées de fon Parlement , fes Déclarations
foient exécutées dans toute leur éten-
» due & fans délai , afin de ne pas interrompre
ni retarder les opérations néceffaires pour
» profiter des fuccès que le Ciel vient d'accorder
» à fes armes.
» Ces heureux événemens dont le Roi n'eft
» flatté que parce qu'il les regarde comme le pré-
» fage d'une paix glorieufe , doivent redoubler
> notre zele. Pourrions-nous regretter des ſecours
» que Sa Majefté ne veut employer que pour
» notre défenfe , fans manquer à ce que nous lui
રે
» devons & à ce que nous nous devons à nous-
» mêmes ! »
Après que M. le Chancelier eut ceffé de parler,
M.le Premier Préfident & tous les Préfidens & Confeillers
mirent un genou en terre. Le Chancelier
leur dit , Le Roi ordonne que vous vous leviez. Ils
fe leverent , & demeurerent debout & découverts.
Alors M.le Premier Préfident parla, & fon Diſcours
fini , le Chancelier monta vers le Roi pour prendre
fes ordres , un genou en terre . Remis en fa
place , affis & découvert , il fit ouvrir les portes ,
& il ordonna au fieur Dufranc de lire les trois
Déclarations. Les portes furent ouvertes , & le
fieur Dufranc ayant lu les Déclarations debout &
découvert , le Chancelier dit aux Gens du Roi
qu'ils pouvoient parler. Aufli -tôt les Gens du Roi
fc
OCTOBRE. 1756. 217
fe mirent à genoux . M. le Chancelier leur dit que le
Roi ordonnoit qu'ils fe levaflent . Ils fe leverent ,'
& debout & découverts , après un Difcours prononcé
par M. Joly de Fleury , Avocat du Roi ,
portant la parole , ils requirent qu'il plût à Sa
Majefté ordonner que fur le repli des trois Déclarations
il fût mis qu'elles avoient été lues &
publiées , Sa Majeſté léante en fon lit de Juſtice ,
& régiítrées au Greffe de la Cour pour être exécu
tées felon leur forme & teneur ; & qu'à l'égard
des deux premieres , Copies collationnées en feroient
envoyées aux Bailliages & Sénéchauffées du
reffort , pour y être pareillement lues , publiées
& enrégiftrées , avec injonction à leurs Subftituts
d'y tenir la main , & d'en certifier la Cour dans le
mois.
Après quoi M. le Chancelier monta vers le Roi ,
mit un genou en terre pour recevoir les ordres ,
& alla prendre l'avis de Monfeigneur le Dauphin ,
des Princes du Sang , des Pairs Laïcs , du Grand
Ecuyer & du Grand Chambellan . Il paffa devant
le Roi , lui fit une profonde révérence , & prit
l'avis des Pairs Eccléfiaftiques , des Maréchaux de
France venus avec le Roi , & des quatre Capitaines
des Gardes du Corps de Sa Majesté . Puis il defcendit
dans le parquet pour prendre les avis du Premier
Préfident , des Préfidens du Parlement , des
Confeillers d'Etats & des Maî res des Requêtes
des Confeillers d'honneur , des Préfidens des Enquêtes
& des Requêtes , & des Confeillers du
Parlement. Il remonta vers le Roi , mit un genou
en terre , redefcendit , & étant affis & couvert , il
prononça :
« Le Roi , féant en fon Lit de Juſtice , a or-
»donné & ordonne que les Déclarations , qui
viennent d'être lues, feront enrégiftrées au Greffe
I. Vol. Κ
218 MERCURE DE FRANCE.
»>de fon Parlement , & que fur le repli d'icelles ;
nil foit mis que lecture en a été faite , & l'enré-
»giftrement ordonné ; ce requérant fon Procu-
»reur Général , pour être le contenu en icelles
>> exécuté felon leur forme & teneur ; & Copies
>>collationnées des deux Déclarations , l'une por-
>> tant établiſſement d'un fecond vingtieme , l'au-
»tre portant prorogation du droit de deux fols
>>pour livre du dizieme , envoyées aux Bailliages
& Sénéchauffées du reffort , pour y être pareik
plement lucs , publiées & régiftrées . Enjoint aux
>>Subftituts de fon Procureur Général d'y tenir la
»main , & d'en certifier la Cour au mois. >>
Enfuite M. le Chancelier dit , que pour la plus
prompte exécution de ce qui venoit d'être or
donné , le Roi vouloit que par le Secretaire de la
Cour , faifant les fonctions de Greffier en Chef
de fon Parlement , il fût mis dans l'inftant même
fur le repli des trois Déclarations qui avoient été
publiées , ce que Sa Majesté avoit ordonné qu'on
y mit. Ce qui ayant été exécuté , le Roi fe leva ,
& fortit dans le même ordre qu'il étoit entré.
Le 25 Août , le Corps de Ville alla à Versailles ,
& ayant à la tête M. le Duc de Gefvres , Gouverneur
de Paris , il eut audience du Roi. Il fut préfenté
à Sa Majesté par M. le Comte d'Argenlon ,
Miniftre & Secretaire d'Etat , & conduit par M.
Defgranges , Maître des Cérémonies . M. de Ber
nage qui a été continué Prevôt des Marchands , &
MM. Lempereur & Tribard , nouveaux Echevins ,
prêterent entre les mains du Roi le ferment de
fidélité , dont M. le Comte d'Argenſon fit la lecture
, ainfi que du fcrutin qui fut préfenté par M.
de la Live de la Briche , Avocat du Roi au Châtelet.
Après cette audience , le Corps de Ville cut
l'honneur de rendre les refpects à la Reine & àla
Famille Royale .
OCTOBRE . 1756. 219
On apprend par des Lettres de l'Ifle Royale
les circonftances fuivantes d'un combat de M.
Beauffier , qui commande l'Efcadre du Roi , partie
de Breft au mois d'Avril dernier , avec les troupes
que Sa Majesté a fait paffer en Canada. M. Beauf
fier revenant de Québec , faifoit route pour Louifbourg
, lorfque le 16 Juillet il apperçut à la diftance
d'environ trois lieues dans le Sud de ce
dernier Port , deux Vaiffeaux Anglois avec deux
Frégates , qui portoient au plus près du vent pour
le reconnoître. M. Beauffier avoit alors avec le
Vaiffeau le Héros qu'il monte , l'illuftre , commandé
par M. de Montalais , Capitaine de Vaiffeau
, & les Frégates la Lycorne & la Syrene , que
commandent MM. de la Rigaudiere & de Brougnon
, Lieutenans de Vaiffeaux. Profitant du vent
du Nord qui fouffloit , il arriva fur le champ
grand fargue fur les Anglois , qui revirerent
promptement de bord , & prirent chaffe. La
crainte de tomber trop fous le vent de Louisbourg,
où il avoit ordre de remettre des provifions deftinées
pour cette Colonie , l'empêcha de poursuivre
long-temps les Anglois , & il entra le même jour
dans ce Port. Il fe preffa d'y débarquer les effets
dont il étoit chargé , ainfi que quelques malades
de fes équipages ; & le lendemain dès cinq heures
du matin , il fe trouva fous voile , & appareilla
pour aller chercher les ennemis. Vers midi il
reconnut les deux Vaiffeaux qu'il avoit chaffés là
veille , & qui n'avoient plus qu'une Frégate avec
& eux. Il força de voiles pour les joindre , & ils firent
la même maneuvre pour l'éviter. M. de
Breugnon joignit bientôt la Frégate Angloife , &
l'attaqua fi vivement , qu'elle fe replia fous le
canon des deux Vaiffeaux , dont le feu ralentit la
pourfuite de M. de Breugnon , qui fut même
M
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
obligé de s'écarter un peu . Sa manoeuvre fervit
cependant à donner à M. Beauffier le temps d'ap
procher les deux Vaiffeaux Anglois , dont l'un
étoit de 74 & l'autre de 64 canons. Il tira d'abord
fur l'un , comptant que l'autre qui étoit fur fa
hanche alloit être attaqué par M. de Montalais.
Mais le calme qui furvint en ce moment , rendit
inutiles tous les efforts que celui - ci put faire
pour s'approcher ; enforte que M. Beauflier eut à
combattre les deux Vaiffeaux Anglois. Le combat
fut très-vif de part & d'autre jufqu'à fept heures
du foir , qu'un petit vent qui s'éleva , ayant donné
à M. de Montalais occafion de faire de la voile ,
les ennemis en profiterent pour s'éloigner. Le
Vaiffeau le Héros fe trouvant prefque défemparé ,
M. Beauffier fut hors d'état de les pourfuivre.
Il s'occupa durant la nuit à faire changer les
voiles & les manoeuvres qui avoient été coupées
dans le Vaiffeau , & il efpéroit de pouvoir rejoin.
dre les ennemis. Mais le lendemain 20 , à huit
heures du matin , il les apperçut , forçant toujours
de voiles , & à une telle dittance , que ne pou
vant pas fe flatter de les approcher , malgré le
mauvais état où ils paroiffoient être , il prit le
parti de retourner à Louifbourg , pour y réparer
entiérement le dommage que le Vaiffeau le Héros
avoit fouffert. Ce Vaiffeau a reçu dans le combat
plus de deux cens coups de canon , foit dans fes
oeuvres- mortes , foit dans fa mâture , fans compter
ceux qui ont porté au deffous de la flottaifon .
Il y a eu dix-huit hommes tués , quarante buit de
bleffés du nombre des derniers font M. de Faget
, Enfeigne de Vaiffeau , qui a une bleffure
confidérable d'un coup de canon à la cuiffe , &
M. Beauffier lui - même , d'un éclat qui a porré
fur la jambe gauche. Cet Officier eſt arrivé au
OCTOBRE. 1756. 211
les
Port Louis le 9 Septembre , avec les Vaiffeaux le
Héros qu'il commande , PIlluftre & la Frégate
la Sirenne. Il étoit parti de Louifbourg le 13
Août , & il avoit alors avec lui la Frégate la Licorne
, commandée par M. Froger de la Rigaudiere
, laquelle s'étant féparée le jour du départ
dans une brume , eft arrivée à Breft quelques jours
avant ces autres Bâtimens. Pendant leur traverfée
, M. Beauflier a fait huit différentes prifes ,
dont trois font chargées de fucre & d'autres denrées
des Iles de l'Amérique. Il a amené avec lui
quatre cens prifonniers , dans le nombre defquels.
font deux Officiers & cent foixante - un foldats
Allemands , qui étoient deftinés pour le Régiment
Royal Américain.
Les Lettres qu'on a reçues par cette occafion ,
portent que, fuivant les rapports faits par les Capitaines
de deux Goëlettes arrivées depuis peu de
Quebec à Louisbourg , M. de Villiers , Capitaine
dans les troupes du Canada , Commandant
un Détachement compofé de Soldats , Canadiens
& Sauvages , avoit attaqué fur la riviere de
Choueguen un convoi confidérable de Bateaux
Anglois , dont il avoit tué 4 à 500 hommes , fait
60 ou 80 prifonniers , & pris tous les Bateaux ,
que les Anglois avoient abandonnés pour ſe ſauver
à terre.
M. l'Evêque d'Autun fut élût le 19 Août , pour
premplir la place qui vaquoit dans l'Académie
Françoife par la mort du Cardinal de Soubize.
La joie que le fuccès de nos armes a repandu
Fa dans tous les coeurs a été d'autant plus vive , que·
Le l'Europe entiere ne croyoit pas notre marine en
& état de former des entreprifes auffi confidérables .
La Cour a témoigné ſa ſatisfaction à l'occaſion de
ala prife du Fort Saint- Philippe , par les illumina-
K iij
222 MERCURE DE FRANCE.
tions les plus galantes . M. le Duc de Gefvres tou
jours magnifique , après s'être uni au public par
Pillumination de fon Hôtel le jour du Te Deum
chanté à la Chapelle du Roi , & le vingt- cinq
Juillet , jour du feu de joie de la ville de Compiegne
qu'il avoit ordonné comme Gouverneur de
la Province , & après avoir fait couler à la porte
de fon Hôtel des fontaines de vin , s'eft diftingué
le 6 Août par une Fête particuliere , où la magnificence
a répondu au bon goût fi reconnu de ce
Seigneur. Il fit fuccéder à un fouper fomptueux
un Feu d'artifice Italien en plufieurs décorations.
La façade & l'intérieur de fon Hôtel & des Jardins
furent fuperbement illuminés fous divers formes
d'architecture . La Fête fut terminée par un bal
où se trouverent les Princes , les Miniftres , les
Etrangers de diftinction , & toutes les Dames de
la Cour .
Le Roi chaffa le 31 Août dans la Plaine de Grenelle
, & foupa à Mont - Rouge chez M. le Duc de
la Valliere.
Meffieurs de Reillans & de Teffieres , Exempts
des Gardes du Corps dans la Compagnie de Mirepoix
, ayant obtenu leur retraite , le Roi a difpofé
de leurs emplois en faveur de M. le Chevalier de
Flahaut & de M. le Marquis de Vexin. Sa Majefté a
nommé MM . de la Villeneuve & de la Seunniere ,
Brigadiers de la même Compagnie , à la place de
MM. de la Ripiere & de Chateauroy , qui ont
auffi obtenu leur retraite . MM . de Beaupine & de
´la Boire ont été faits fous - Brigadiers. Des Commiffions
de Capitaines de Cavalerie ont été expédiées
à plufieurs Gardes du Corps .
On a arrêté deux Anglois , accufés d'être les
incendiaires , qui ont mis le feu , il y a quelque
temps , à un magaſin de Rochefort.
OCTOBRE. 1756. 223
Des Armateurs de Marſeille y ont conduit fiz
prifes eftimées fix cens mille livres.
Un petit Bâtiment à rames de huit canons ,
forti du même Port , & commandé par le Capitaine
Gaffen , s'eft battu pendant trois heures à
la vue du Port de Livourne , contre un Corfaire
Anglois de vingt canons. On eft informé par
des Lettres de ce dernier Port , que le Corfaire a
eu dix-neuf hommes de tués , & un grand nombre
de bleffés . De fon propre aveu , il étoit prêt à fe
rendre , lorfque l'équipage du Capitaine Gaffen ,
aqui étoit mêlé d'étrangers , refufa de fe préſenter
une quatrieme fois à l'abordage. Ce Capitaine n'a
perdu qu'un homme. Depuis que le Corfaire Anglois
eft retourné à Livourne , où le mauvais état
de fon Vaiffeau l'a obligé de relâcher , on y travaille
à lui faire fon procès , fur ce qu'il a défobéï
à une Ordonnance de l'Empereur , en fortant de
-ce Port avec plus de quatre canons.
M. le Maréchal Duc de Richelieu arriva le premier
de Septembre à Paris , & le même jour il eut
P'honneur de faluer le Roi à Choify . Le , M. le
-Duc de Fronsac eut à Verſailles le même honneur.
Le Roi a nommé M. l'Abbé Comte de Bernis ,
fon Ambaffadeur à la Cour de Vienne ; & M. le
Marquis d'Aubeterre eft défigné pour réfider
avec le même caractere à la Cour de Madrid.
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Résumé : « Le premier Août, vingt-quatre des principaux habitans de Chantilly ont signalé [...] »
En août 1756, plusieurs événements marquants eurent lieu en France. Le 1er août, les habitants de Chantilly célébrèrent la naissance du Duc de Bourbon et la convalescence de Mademoiselle de Bourbon par une fête en l'honneur du Prince de Condé. La fête débuta par un Te Deum solennel suivi de trente-six coups de canon. Un feu d'artifice fut tiré devant le petit Château, et des bateaux sur la pièce d'eau simulèrent une attaque contre un fort, avec des fusées et des bombes. Le sculpteur Coufinet dirigea l'attaque des bateaux, tandis que les sieurs Capitain et Maurice dirigèrent le reste du feu d'artifice. Après l'artifice, neuf portiques illuminés furent révélés, et un souper suivi d'un bal fut organisé. Le Maréchal Duc de Richelieu céda sa charge de premier Gentilhomme de la Chambre à son fils, le Duc de Fronsac. Le Roi nomma M. de Fremeur gouverneur de Monmédy et le Marquis de Talaru gouverneur des villes et châteaux de Phaltzbourg et de Saltzbourg. Le 9 août, le Roi reçut les comtes d'Egmont et de Balbi comme Chevaliers de l'Ordre de Saint Louis. Des orages violents causèrent des dégâts en Franche-Comté, et le Dauphin passa en revue son régiment de cavalerie à Favières. Le Roi revit également le Régiment Royal, Cavalerie, près de Compiègne. Des ordonnances royales modifièrent l'état-major des brigades du Régiment des Grenadiers de France et augmentèrent les effectifs de plusieurs régiments d'infanterie. Le 15 août, une procession solennelle pour l'Assomption de la Sainte Vierge eut lieu à Paris. Le Roi accorda diverses promotions et pensions à des officiers des Mousquetaires. L'Académie Royale des Sciences choisit le Chevalier de Borda comme Adjoint-Géomètre et élut M. Necker comme Correspondant. Les députés des États de Languedoc furent reçus par le Roi et la famille royale. Le Comte de Merle fut désigné ambassadeur auprès du Roi de Portugal. Le Roi nomma plusieurs brigadiers et fit les préparatifs pour tenir son Lit de Justice à Versailles, où le Parlement et les pairs se rassemblèrent le 21 août. Le 25 août, le Corps de Ville se rendit à Versailles et prêta serment de fidélité au roi. Le Comte d'Argenson présenta un scrutin rédigé par M. de la Live de la Briche, Avocat du Roi au Châtelet. Le Corps de Ville rendit ensuite hommage à la Reine et à la Famille Royale. Des lettres de l'Île Royale rapportèrent un combat impliquant M. Beaufier, commandant une escadre partie de Brest en avril 1756 pour le Canada. Beaufier engagea un combat contre deux vaisseaux anglais près de Louisbourg, subissant de lourds dommages et plusieurs blessés. Il captura huit navires ennemis et amené quatre cents prisonniers. M. de Villiers attaqua un convoi anglais sur la rivière de Choueguen, tuant plusieurs centaines d'hommes et capturant des bateaux. En France, M. l'Évêque d'Autun fut élu à l'Académie Française pour remplacer le Cardinal de Soubize. La Cour célébra les succès militaires par des illuminations et des fêtes. Le Roi nomma l'Abbé Comte de Bernis ambassadeur à Vienne et le Marquis d'Aubeterre à Madrid.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1329
p. 227-228
BÉNÉFICES DONNÉS.
Début :
Sa Majesté a accordé à l'Abbaye de Bellaigue, Ordre de Cîteaux, [...]
Mots clefs :
Bénéfices donnés, Abbayes, Ordres, Diocèses, Religieuses
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texteReconnaissance textuelle : BÉNÉFICES DONNÉS.
BÉNÉFICES DONNÉS.
SA
›
A Majefté a accordé l'Abbaye de Bellaigue ,
Ordre de Câteaux , Diocèfe de Clermont , à M.
l'Abbé de Durat ; l'Abbaye de Corbie , Ordre de
Saint Benoît , Diocèle d'Amiens , au Cardinal de
Luynes , Archevêque de Sens celle de Saint
Vincent , même Ordre , Diocèfe & Ville de
Laon , au Cardinal de Gefvres ; celle d'Herivaux
Ordre de Saint Auguftin , Diocèfe de Paris
, à M. l'Abbé Boifot , Prêtre du Diocèfe de
Befançon; celle de Bellevaux , Ordre de Prémontré
, Diocèfe de Nevers , à M. l'Abbé de Chaffois
l'Abbaye Réguliere de Notre- Dame , Ordre
de Saint Benoît , Diocèfe & Ville de Troyes ,
à la Dame de Montmorin , Religieufe dudit Ordre
; & celle de Villechaffon , même Ordre ,
transférée dans la Ville de Moret , Diocèfe de
Sens , à la Dame d'Arcy , Religieufe de la Congrégation
de Compiegne ; l'Abbaye de Saint
Medard , Ordre de Saint Benoît , Diocèfe de
Soiffons , à M. l'Abbé Comte de Bernis , Confeiller
d'Etat Eccléfiaftique , & Ambaffadeur Extraordinaire
du Roi auprès de Sa Majesté Catho
lique ; l'Abbaye de Lien- Dieu en Jard , Ordre de
Prémontré , Diocèle de Luçon , à M. l'Abbé de
Chalmazel , Vicaire Général de l'Archevêché de
Sens ; celle de Mortemer , Ordre de Câteaux ,
Diocèle de Rouen , à M. l'Abbé de la Luzerne ;
& un Canonicat de la Sainte Chapelle de Paris ,
à M. l'Abbé de Perthuys , un des Chapelains de
Madame.
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
Le Roi a accordé l'Abbaye de la Chaife-Dieu
Ordre de Saint Benoît , Diocèfe de Clermont ,.
au Prince Louis - René - Edouard de Rohan , Chanoise
de Strasbourg ; le Prieuré de Moutons
Diocèle d'Avranches , Ordre de Saint Benoît
à la Dame de Pierrepont , Religieufe du même
Ordre.
SA
›
A Majefté a accordé l'Abbaye de Bellaigue ,
Ordre de Câteaux , Diocèfe de Clermont , à M.
l'Abbé de Durat ; l'Abbaye de Corbie , Ordre de
Saint Benoît , Diocèle d'Amiens , au Cardinal de
Luynes , Archevêque de Sens celle de Saint
Vincent , même Ordre , Diocèfe & Ville de
Laon , au Cardinal de Gefvres ; celle d'Herivaux
Ordre de Saint Auguftin , Diocèfe de Paris
, à M. l'Abbé Boifot , Prêtre du Diocèfe de
Befançon; celle de Bellevaux , Ordre de Prémontré
, Diocèfe de Nevers , à M. l'Abbé de Chaffois
l'Abbaye Réguliere de Notre- Dame , Ordre
de Saint Benoît , Diocèfe & Ville de Troyes ,
à la Dame de Montmorin , Religieufe dudit Ordre
; & celle de Villechaffon , même Ordre ,
transférée dans la Ville de Moret , Diocèfe de
Sens , à la Dame d'Arcy , Religieufe de la Congrégation
de Compiegne ; l'Abbaye de Saint
Medard , Ordre de Saint Benoît , Diocèfe de
Soiffons , à M. l'Abbé Comte de Bernis , Confeiller
d'Etat Eccléfiaftique , & Ambaffadeur Extraordinaire
du Roi auprès de Sa Majesté Catho
lique ; l'Abbaye de Lien- Dieu en Jard , Ordre de
Prémontré , Diocèle de Luçon , à M. l'Abbé de
Chalmazel , Vicaire Général de l'Archevêché de
Sens ; celle de Mortemer , Ordre de Câteaux ,
Diocèle de Rouen , à M. l'Abbé de la Luzerne ;
& un Canonicat de la Sainte Chapelle de Paris ,
à M. l'Abbé de Perthuys , un des Chapelains de
Madame.
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
Le Roi a accordé l'Abbaye de la Chaife-Dieu
Ordre de Saint Benoît , Diocèfe de Clermont ,.
au Prince Louis - René - Edouard de Rohan , Chanoise
de Strasbourg ; le Prieuré de Moutons
Diocèle d'Avranches , Ordre de Saint Benoît
à la Dame de Pierrepont , Religieufe du même
Ordre.
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Résumé : BÉNÉFICES DONNÉS.
Le texte énumère diverses abbayes et prieurés attribués par le roi à des dignitaires ecclésiastiques et laïcs. Parmi les bénéficiaires, l'Abbé de Durat reçoit l'Abbaye de Bellaigue, le Cardinal de Luynes obtient l'Abbaye de Corbie, et le Cardinal de Gesvres se voit attribuer l'Abbaye de Saint Vincent à Laon. D'autres bénéficiaires incluent l'Abbé Boisfot pour l'Abbaye d'Herivaux, l'Abbé de Chaffois pour l'Abbaye de Bellevaux, et la Dame de Montmorin pour l'Abbaye de Notre-Dame à Troyes. L'Abbaye de Saint Médard est accordée à l'Abbé Comte de Bernis, tandis que l'Abbaye de Lien-Dieu en Jard est attribuée à l'Abbé de Chalmazel. L'Abbaye de Mortemer est donnée à l'Abbé de la Luzerne, et un canonicat de la Sainte Chapelle de Paris est attribué à l'Abbé de Perthuys. De plus, le Roi accorde l'Abbaye de la Chaise-Dieu au Prince Louis-René-Édouard de Rohan et le Prieuré de Moutons à la Dame de Pierrepont.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1330
p. 228-234
NAISSANCES, MARIAGES ET MORTS.
Début :
Nous avons annoncé dans le volume du Mercure du mois d'Août, [...]
Mots clefs :
Naissances, Mariages, Morts, M. Guillaume, Mensonge, Avertissement de l'auteur , Maison de Clerel, Maison Faudoas, Maison de Mastin, Maison de Riencourt, Corrections du volume d'Avril 1756
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texteReconnaissance textuelle : NAISSANCES, MARIAGES ET MORTS.
NAISSANCES , MARIAGES
ET MORTS.
79 T
Nous avons annoncé dans le volume du t
Mercure du mois d'Août , le mariage de M. Guillaume
, fur la foi d'une lettre qui nous a été
écrite de Befançon le 13 Février 1756. Nous n'avons
point confervé cette lettre , n'imaginant pas
qu'elle dût nous être de quelque utilité.
Qui en effet , auroit pu fe perfuader que l'on
abuferoit de la facilité avec laquelle les différens
Auteurs du Mercure fe font toujours prêtés à inf
truire le Public des événemens qui intéreffent les
Maifons illuftres & les Familles diftinguées du
Royaume , & de notre empreffement particulier
fatisfaire nos Lecteurs fur cet article ! Qui eût
penfé que l'on trouveroit dans cette facilité un
moyen pour jetter du ridicule fur les plus konnêtes
gens ! Je veux bien croire que l'Auteur de cette
lettre n'a pas eu un plus mauvais deffein .
Quoiqu'il en foit , la modeftie de M. Guillau
me auroit dû le mettre à l'abri de la mauvaiſe
plaifanterie , & lui fauver le ridicule qu'a voulu
lui donner l'Anonyme qui nous a écrit . Quoique
la lettre fût fignée , l'Auteur n'en eft pas moins
OCTOBRE . 1756. 229
inconnu , parce qu'il s'eft fans doute fervi d'un
nom fuppofé.
Pour prévenir de pareils inconvéniens , j'avertis
que dorénavant nous ne ferons aucun ufage
dans le Mercure des Mémoires qui nous feront
adreffés , fi les lettres ne font fignées d'une perfonne
de la famille qu'ils concerneront , cachetées
du cachet de fes armes , & datées du lieu
d'où elles auront été ecrites. -
Voici la lettre que nous avons reçue de M. Guillaume
au fujet de l'article qui a été mis dans notre
recueil...
ABefançon , le 15 Août 1756.
Vous jouiffez , Monfieur , d'une trop belle
réputation , pour que j'ofe vous foupçonner d'avoir
eu quelque part au ridicule que me donne
votre Mercure du mois d'Août à l'article des mariages.
C'eft l'ouvrage, je n'en doute point , de quel
que jaloux ou mauvais plaifant. J'en ai été extrê
mement mortifié parce que l'on y compromes
M. l'Archevêque que l'on fuppofe avoir donné la
Bénédiction Nuptiale à mon fils en l'Eglife Métropolitaine
, & quantité d'autres faits également
faux.
Je mene ici une vie privée qui n'auroit pas dû
exciter une femblable dérifion . Je n'ai d'autre
qualité que celle de Confeiller Auditeur en la
Chambre & Cour des Comptes de cette Province ,
& mon fils celle d'Avocat . Vous pouvez juger delà
, Monfieur , que nous ne fommes point faits
pour être mis dans le Mercure .
Rien n'a été plus fimple que la cérémonie du
mariage de mon fils , Elle a été faite dans l'E
glife de S. Jean-Baptifte , Paroiffe de Demoiselle
130 MERCURE DE FRANCE.
Magdeleine Richer, à 8 heures du foir,fans aucune
oftentation .
Je vous crois , Monfieur , intéreffé comme
moi , à découvrir l'Auteur de cette mauvaiſe plaifanterie
: c'eft pourquoi je vous prie , s'il eft poffible
, de m'envoyer la mémoire qui vous a été
adreflé à cette occafion : vous m'obligerez infiniment.
J'ai l'honneur d'être , & c.
GUILLAUME.
Dame Marie-Thérèle de Faudoas , époufe de
Meflire George Réné de Clerel , fieur de Tocque
ville & d'Auville , Capitaine de Cavalerie au Régiment
de Chabriliant , eft accouchée à Bayeux ,
le 14 Juillet d'un fils qui a été baptifé le même
jour , & nommé Georges - Léonard- Bonaventure . Il
a eu pour parrain Meffire Bernard Bonaventure de
Clerel-de Tocqueville fon oncle, & pour marraine
Dame Elizabeth Thérele Senot- de Morfalines ,
Dame & Marquife de Caftilly, fa bifayeule.
+
Le nom de Clerel est très ancien en Normandie
, comme on le voit par les recherches de Meffieurs
de Montfaoucq de Roiffy & de Chamil-
Jard. L'hiftoire fait mention de plufieurs Seigneurs
de ce nom , qui ont fervi avec diftinction fous les
Ducs de Normandie. Cette famille porte pour
armes d'argent à la face de fable , accompagnée
de merlettes de même en chef, & de 3 tourteaux
d'azur en pointe."´
3
La maifon de Fau doas eft originaire de Guyenne
, où les premiers feigneurs de ce nom prenoient
la qualité de premiers Barons Chrétiens
de Guyenne . François de Faudoas , un des defcendans
de ces feigneurs , vint s'établir au Maine , à
Poccafion de l'ilia ce qu'il contracta le 6 Novembre
1592 , avec Renée de Brie , héritiere de fa
OCTOBRE. 1756. 231
maifon & de plufieurs terres dans le Maine . François
de Faudoas fut pere de Jean , en faveur duquel
les terres qu'il poffédoit au Maine , furent
unies & érigées en Comté fous le nom de Serillac.
Jean époufa Marguerite de Piedefer de laquelle
il eut Pierre de Faudoas , Comte de Serillac
, allié en 1679. à Marie- Charlotte de Courtarvel-
de Pezé qui fut mere d'Antoine de Faudoas ,
Comte de Serillac , lequel quitta le Maine pour
venir s'établir en Normandie à cauſe du mariage
qu'il y contracta le 25 Septembre 1709 , avec
Françoife-Hervée de Carbonel , fille & héritiere
d'Hervé , Marquis de Canify , Lieutenant de Roi
en Baffe-Normandie. De cette alliance il a eu :
1º. Marie- Charles- Antoine de Faudoas de Canify,
Comte de Serillac , Baron du Hommet ,
Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de Saint-
Louis , Lieutenant de Roi en Baffe-Normandie
& Gouverneur des Ville & Château d'Avranches ,
pere par Marie- Thérefe de Boran- de Cafiilly , de
la Dame de Clerel.
2º. Renée-Bonne- Françoife de Faudoas.
3º. N.... de Faudoas .
Meffire Pierre Augufte- Anne- Céfar le Maftin,
Comte de Nuaillé , dit le Comte de Maſtin , a
épousé en fecondes ôces , par contrat du 23 Février
1756 , Demoifelle Marie- Magdeleine le
Franc des Elarts , fille de feu Meflire Louis le
Franc-des Effarts & de Demoiſelle N... Mignot.
Le Comte de Maftin eft iffu de Gilles le Maftin,
Ecuyer , feigneur de la Roche- Jaquelin en Bas-
Poitou , vivant en 1320 , lequel avoit épousé
Marie- Anne de Beaumanoir , qui fut mere de
Pierre le Maftin qui rendit hommage en 1351 ,
pour fa feigneurie de la Roche - Jaquelin . On croit
qu'il eut pour femme Valere de Château-Briant ,
232 MERCURE DE FRANCE.
à
qui le rendit pere de Jean le Maftin qualifié Var
let , dans un acte qu'il paffa le 19 Juillet 1375. H
époufa en 1382 , Colette de Marzoles , de laquelle
il eut Gilles le Maftin , marié le 12 Mai 1399 ,
Jeanne de Beaumont- Breffuyres. De cette allian
ce vint Jean le Matin , Ecuyer , feigneur de la
Roche-Jaquelin , allié 10. à Jeanne de Jouffaulme,
dont le fils Jean mourut fans enfans mâles . 2 °. En
1466 , à Jeanne de Sanzay , fille de Jean , Vicomte
héréditaire & Parageur de Poitou , laquelle
étoit le 8 Juillet 1487 , mere & tutrice entr'autres
de René le Maftin , feigneur de la Favriere ,
qui époula Simonne de Villeneuve-Vence. Celleci
tranfigea à Thouars le 5 Décembre 1525 , comme
ayant la garde- noble de fon fils Gabriel le
Maftin , qui , de fon mariage contracté le 18 Mai
1535 avec Jeanne le Roux - de la Roche- des -Aubiers
, eut Claude le Maftin , feigneur de la Fa
vriere du Chatelier- Berle , de Champagné , &c.
Chevalier de l'Ordre du Roi , Gentilhomme de
fa Chambre , & Gentilhomme d'honneur de la
Reine Catherine de Médicis . Il époufa le 17 Décembre
1575 , Jeanne de Barbefieres , fille aînée
& principale héritiere de Sébastien , Baron de
Nuaillé , de Bourgon en Angoumois , de Ferieres
, Beauregard , Cramahé , Čourfon , la Mothe ,
&c. & de Jacquette de Parthenay , Dame d'honneur
de la Reine Catherine de Médicis. De cette
alliance , vint Charles le Maſtin , Baron de Nuaillé
, &c. marié le 12 Octobre 1609 , à Jeanne
Tuflaud de Maifontiers , de laquelle il eut Henri
le Maftin , Baron de Nuaillé , allié le 30 Novembre
1734 , Anne Chefnel d'Efcoyeux , qui fut mere
de Claude le Maftin , dit le Marquis de Nuaillé ,
mort le 13 Février 1692. Il avoit époulé le 26
Octobre 1665. Marie-Anne Tuffet. De ce mariag
ge fortirent :
OCTOBRE. 1756. 235
1º. Charles- Gemanicq le Maftin , Comte de
Nuaillé , mort Brigadier des Armées du Roi , &
Colonel d'un Régiment d'Infanterie de fon nom .
Il avoit époufé en 17 : 4 , Amé- Louife de la Rochefoucaud-
Surgeres , remariée au Marquis de
Nieul , ayant eu de fon premier mariage , Marie-
Anne-Françoife - Félicité le Maftin , veuve du 8
Juin 1748 , de François du Pouget de Nadaillac ,
Baron de S. Pardoux , qui en a laiflé cinq enfanst
2°. Philippe-Augufte le Maftin allié le 30 Novembre
1718 , à Catherine de Viaud qui l'a ren
du pere de Pierre- Augufte- Anne- Célar , dit le
Comte de Maſtin , duquel nous annoncons le fecond
mariage. Il avoit époufé en premieres noces
par Contrat du 21 Avril 1748 , Marie-Françoife
de Boulainvilliers , de laquelle il a eu Louis-Sylveftre
de Maftin , né le 17 Janvier 1752 .
La famille de le Mafin ou le Maftain ( comme
on le trouve en beaucoup d'endroits , ) prétend
être originaire d'Italie , & avoit autrefois
poffédé la principauté de Vérone , & elle porte
pour armes d'argent à fix fleurs de lys d'azur ,
abouttées , mifes en bande à la cotice de gueules ,
brochante fur le tout.
Meffire Charles de Maffo , Marquis de la Ferriere
, Baron de Chaffelay , Lifieu , du Plantin, &
autres lieux , Maréchal des Camps & Armées du
Roi , Enſeigne , Aide - Major des Gardes du Corps
de Sa Majefté , Sénéchal de Lyon , & de la Province
de Lyonnois , fut mariée le 2 Mars à Dame
Marie- Magdeleine Mazade , veuve du fieur Gafpard
Grimod-de la Reiniere , un des Fermiers Généraux
de Sa Majesté.
Le 16 Mars , Meflire Barbe - Simon , Comté
de Riencourt , Capitaine de Cavalerie au Régiment
d'Archiac , époufa Demoiſelle N... Tiercelin-
de Broffe , fille unique de Meffire Etienne ,
234 MERCURE DE FRANCE.
Comte de Tiercelin -de Broffe , & de Marie-Auguf
tine-Alexandrine de Crequy. La Bénédiction Nuptiale
leur a été donnée par l'Evêque d'Amiens
dans la Chapelle du Château de Beaucourt. Voyez
pour la Maifon de Riencourt , le fecond volume
du mois d'Avril de ce Journal , pag. 128 &ſuiv.
& corrigez-y ce qui fuit .
Pag. 230 ligne 7. & par Thomas , lifez, &
par Flamene. Lig. 12. avec Jeanne de Borgeau ,
fon époufe , lifez avec Jeanne d'Orgeau , fon
époufe , fille de Jacques , feigneur d'Orgeau ,
& de Jacqueline de Moy , dont deux enfans
fçavoir Antoine de Riencourt , feigneur d'Orival
, qui fuit , & Jacques , 1 quel a formé la
branche de Parfondrue , près Laon.
Pag. 231 , lig. 24. de Thomas de Riencourt ,
lif. de Flamene de Riencourt .. Lig. 26. marié à
N. Dumont , dont , & c. lif. marié par contrat du
2 Septembre 1493 , à Agathe Roubault , fille de
Joachim , Maréchal de France . De cette alliance
vint Thomas de Riencourt , feigneur de Tilloloy
, Vaux , & c . allié à Marie , fille du Seigneur
d'aucourt , dont Hugues , marié , & le refte
comme il eft.
ET MORTS.
79 T
Nous avons annoncé dans le volume du t
Mercure du mois d'Août , le mariage de M. Guillaume
, fur la foi d'une lettre qui nous a été
écrite de Befançon le 13 Février 1756. Nous n'avons
point confervé cette lettre , n'imaginant pas
qu'elle dût nous être de quelque utilité.
Qui en effet , auroit pu fe perfuader que l'on
abuferoit de la facilité avec laquelle les différens
Auteurs du Mercure fe font toujours prêtés à inf
truire le Public des événemens qui intéreffent les
Maifons illuftres & les Familles diftinguées du
Royaume , & de notre empreffement particulier
fatisfaire nos Lecteurs fur cet article ! Qui eût
penfé que l'on trouveroit dans cette facilité un
moyen pour jetter du ridicule fur les plus konnêtes
gens ! Je veux bien croire que l'Auteur de cette
lettre n'a pas eu un plus mauvais deffein .
Quoiqu'il en foit , la modeftie de M. Guillau
me auroit dû le mettre à l'abri de la mauvaiſe
plaifanterie , & lui fauver le ridicule qu'a voulu
lui donner l'Anonyme qui nous a écrit . Quoique
la lettre fût fignée , l'Auteur n'en eft pas moins
OCTOBRE . 1756. 229
inconnu , parce qu'il s'eft fans doute fervi d'un
nom fuppofé.
Pour prévenir de pareils inconvéniens , j'avertis
que dorénavant nous ne ferons aucun ufage
dans le Mercure des Mémoires qui nous feront
adreffés , fi les lettres ne font fignées d'une perfonne
de la famille qu'ils concerneront , cachetées
du cachet de fes armes , & datées du lieu
d'où elles auront été ecrites. -
Voici la lettre que nous avons reçue de M. Guillaume
au fujet de l'article qui a été mis dans notre
recueil...
ABefançon , le 15 Août 1756.
Vous jouiffez , Monfieur , d'une trop belle
réputation , pour que j'ofe vous foupçonner d'avoir
eu quelque part au ridicule que me donne
votre Mercure du mois d'Août à l'article des mariages.
C'eft l'ouvrage, je n'en doute point , de quel
que jaloux ou mauvais plaifant. J'en ai été extrê
mement mortifié parce que l'on y compromes
M. l'Archevêque que l'on fuppofe avoir donné la
Bénédiction Nuptiale à mon fils en l'Eglife Métropolitaine
, & quantité d'autres faits également
faux.
Je mene ici une vie privée qui n'auroit pas dû
exciter une femblable dérifion . Je n'ai d'autre
qualité que celle de Confeiller Auditeur en la
Chambre & Cour des Comptes de cette Province ,
& mon fils celle d'Avocat . Vous pouvez juger delà
, Monfieur , que nous ne fommes point faits
pour être mis dans le Mercure .
Rien n'a été plus fimple que la cérémonie du
mariage de mon fils , Elle a été faite dans l'E
glife de S. Jean-Baptifte , Paroiffe de Demoiselle
130 MERCURE DE FRANCE.
Magdeleine Richer, à 8 heures du foir,fans aucune
oftentation .
Je vous crois , Monfieur , intéreffé comme
moi , à découvrir l'Auteur de cette mauvaiſe plaifanterie
: c'eft pourquoi je vous prie , s'il eft poffible
, de m'envoyer la mémoire qui vous a été
adreflé à cette occafion : vous m'obligerez infiniment.
J'ai l'honneur d'être , & c.
GUILLAUME.
Dame Marie-Thérèle de Faudoas , époufe de
Meflire George Réné de Clerel , fieur de Tocque
ville & d'Auville , Capitaine de Cavalerie au Régiment
de Chabriliant , eft accouchée à Bayeux ,
le 14 Juillet d'un fils qui a été baptifé le même
jour , & nommé Georges - Léonard- Bonaventure . Il
a eu pour parrain Meffire Bernard Bonaventure de
Clerel-de Tocqueville fon oncle, & pour marraine
Dame Elizabeth Thérele Senot- de Morfalines ,
Dame & Marquife de Caftilly, fa bifayeule.
+
Le nom de Clerel est très ancien en Normandie
, comme on le voit par les recherches de Meffieurs
de Montfaoucq de Roiffy & de Chamil-
Jard. L'hiftoire fait mention de plufieurs Seigneurs
de ce nom , qui ont fervi avec diftinction fous les
Ducs de Normandie. Cette famille porte pour
armes d'argent à la face de fable , accompagnée
de merlettes de même en chef, & de 3 tourteaux
d'azur en pointe."´
3
La maifon de Fau doas eft originaire de Guyenne
, où les premiers feigneurs de ce nom prenoient
la qualité de premiers Barons Chrétiens
de Guyenne . François de Faudoas , un des defcendans
de ces feigneurs , vint s'établir au Maine , à
Poccafion de l'ilia ce qu'il contracta le 6 Novembre
1592 , avec Renée de Brie , héritiere de fa
OCTOBRE. 1756. 231
maifon & de plufieurs terres dans le Maine . François
de Faudoas fut pere de Jean , en faveur duquel
les terres qu'il poffédoit au Maine , furent
unies & érigées en Comté fous le nom de Serillac.
Jean époufa Marguerite de Piedefer de laquelle
il eut Pierre de Faudoas , Comte de Serillac
, allié en 1679. à Marie- Charlotte de Courtarvel-
de Pezé qui fut mere d'Antoine de Faudoas ,
Comte de Serillac , lequel quitta le Maine pour
venir s'établir en Normandie à cauſe du mariage
qu'il y contracta le 25 Septembre 1709 , avec
Françoife-Hervée de Carbonel , fille & héritiere
d'Hervé , Marquis de Canify , Lieutenant de Roi
en Baffe-Normandie. De cette alliance il a eu :
1º. Marie- Charles- Antoine de Faudoas de Canify,
Comte de Serillac , Baron du Hommet ,
Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de Saint-
Louis , Lieutenant de Roi en Baffe-Normandie
& Gouverneur des Ville & Château d'Avranches ,
pere par Marie- Thérefe de Boran- de Cafiilly , de
la Dame de Clerel.
2º. Renée-Bonne- Françoife de Faudoas.
3º. N.... de Faudoas .
Meffire Pierre Augufte- Anne- Céfar le Maftin,
Comte de Nuaillé , dit le Comte de Maſtin , a
épousé en fecondes ôces , par contrat du 23 Février
1756 , Demoifelle Marie- Magdeleine le
Franc des Elarts , fille de feu Meflire Louis le
Franc-des Effarts & de Demoiſelle N... Mignot.
Le Comte de Maftin eft iffu de Gilles le Maftin,
Ecuyer , feigneur de la Roche- Jaquelin en Bas-
Poitou , vivant en 1320 , lequel avoit épousé
Marie- Anne de Beaumanoir , qui fut mere de
Pierre le Maftin qui rendit hommage en 1351 ,
pour fa feigneurie de la Roche - Jaquelin . On croit
qu'il eut pour femme Valere de Château-Briant ,
232 MERCURE DE FRANCE.
à
qui le rendit pere de Jean le Maftin qualifié Var
let , dans un acte qu'il paffa le 19 Juillet 1375. H
époufa en 1382 , Colette de Marzoles , de laquelle
il eut Gilles le Maftin , marié le 12 Mai 1399 ,
Jeanne de Beaumont- Breffuyres. De cette allian
ce vint Jean le Matin , Ecuyer , feigneur de la
Roche-Jaquelin , allié 10. à Jeanne de Jouffaulme,
dont le fils Jean mourut fans enfans mâles . 2 °. En
1466 , à Jeanne de Sanzay , fille de Jean , Vicomte
héréditaire & Parageur de Poitou , laquelle
étoit le 8 Juillet 1487 , mere & tutrice entr'autres
de René le Maftin , feigneur de la Favriere ,
qui époula Simonne de Villeneuve-Vence. Celleci
tranfigea à Thouars le 5 Décembre 1525 , comme
ayant la garde- noble de fon fils Gabriel le
Maftin , qui , de fon mariage contracté le 18 Mai
1535 avec Jeanne le Roux - de la Roche- des -Aubiers
, eut Claude le Maftin , feigneur de la Fa
vriere du Chatelier- Berle , de Champagné , &c.
Chevalier de l'Ordre du Roi , Gentilhomme de
fa Chambre , & Gentilhomme d'honneur de la
Reine Catherine de Médicis . Il époufa le 17 Décembre
1575 , Jeanne de Barbefieres , fille aînée
& principale héritiere de Sébastien , Baron de
Nuaillé , de Bourgon en Angoumois , de Ferieres
, Beauregard , Cramahé , Čourfon , la Mothe ,
&c. & de Jacquette de Parthenay , Dame d'honneur
de la Reine Catherine de Médicis. De cette
alliance , vint Charles le Maſtin , Baron de Nuaillé
, &c. marié le 12 Octobre 1609 , à Jeanne
Tuflaud de Maifontiers , de laquelle il eut Henri
le Maftin , Baron de Nuaillé , allié le 30 Novembre
1734 , Anne Chefnel d'Efcoyeux , qui fut mere
de Claude le Maftin , dit le Marquis de Nuaillé ,
mort le 13 Février 1692. Il avoit époulé le 26
Octobre 1665. Marie-Anne Tuffet. De ce mariag
ge fortirent :
OCTOBRE. 1756. 235
1º. Charles- Gemanicq le Maftin , Comte de
Nuaillé , mort Brigadier des Armées du Roi , &
Colonel d'un Régiment d'Infanterie de fon nom .
Il avoit époufé en 17 : 4 , Amé- Louife de la Rochefoucaud-
Surgeres , remariée au Marquis de
Nieul , ayant eu de fon premier mariage , Marie-
Anne-Françoife - Félicité le Maftin , veuve du 8
Juin 1748 , de François du Pouget de Nadaillac ,
Baron de S. Pardoux , qui en a laiflé cinq enfanst
2°. Philippe-Augufte le Maftin allié le 30 Novembre
1718 , à Catherine de Viaud qui l'a ren
du pere de Pierre- Augufte- Anne- Célar , dit le
Comte de Maſtin , duquel nous annoncons le fecond
mariage. Il avoit époufé en premieres noces
par Contrat du 21 Avril 1748 , Marie-Françoife
de Boulainvilliers , de laquelle il a eu Louis-Sylveftre
de Maftin , né le 17 Janvier 1752 .
La famille de le Mafin ou le Maftain ( comme
on le trouve en beaucoup d'endroits , ) prétend
être originaire d'Italie , & avoit autrefois
poffédé la principauté de Vérone , & elle porte
pour armes d'argent à fix fleurs de lys d'azur ,
abouttées , mifes en bande à la cotice de gueules ,
brochante fur le tout.
Meffire Charles de Maffo , Marquis de la Ferriere
, Baron de Chaffelay , Lifieu , du Plantin, &
autres lieux , Maréchal des Camps & Armées du
Roi , Enſeigne , Aide - Major des Gardes du Corps
de Sa Majefté , Sénéchal de Lyon , & de la Province
de Lyonnois , fut mariée le 2 Mars à Dame
Marie- Magdeleine Mazade , veuve du fieur Gafpard
Grimod-de la Reiniere , un des Fermiers Généraux
de Sa Majesté.
Le 16 Mars , Meflire Barbe - Simon , Comté
de Riencourt , Capitaine de Cavalerie au Régiment
d'Archiac , époufa Demoiſelle N... Tiercelin-
de Broffe , fille unique de Meffire Etienne ,
234 MERCURE DE FRANCE.
Comte de Tiercelin -de Broffe , & de Marie-Auguf
tine-Alexandrine de Crequy. La Bénédiction Nuptiale
leur a été donnée par l'Evêque d'Amiens
dans la Chapelle du Château de Beaucourt. Voyez
pour la Maifon de Riencourt , le fecond volume
du mois d'Avril de ce Journal , pag. 128 &ſuiv.
& corrigez-y ce qui fuit .
Pag. 230 ligne 7. & par Thomas , lifez, &
par Flamene. Lig. 12. avec Jeanne de Borgeau ,
fon époufe , lifez avec Jeanne d'Orgeau , fon
époufe , fille de Jacques , feigneur d'Orgeau ,
& de Jacqueline de Moy , dont deux enfans
fçavoir Antoine de Riencourt , feigneur d'Orival
, qui fuit , & Jacques , 1 quel a formé la
branche de Parfondrue , près Laon.
Pag. 231 , lig. 24. de Thomas de Riencourt ,
lif. de Flamene de Riencourt .. Lig. 26. marié à
N. Dumont , dont , & c. lif. marié par contrat du
2 Septembre 1493 , à Agathe Roubault , fille de
Joachim , Maréchal de France . De cette alliance
vint Thomas de Riencourt , feigneur de Tilloloy
, Vaux , & c . allié à Marie , fille du Seigneur
d'aucourt , dont Hugues , marié , & le refte
comme il eft.
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Résumé : NAISSANCES, MARIAGES ET MORTS.
Le texte traite de divers événements familiaux et clarifications concernant des informations précédemment publiées. En août 1756, le Mercure a annoncé le mariage de M. Guillaume, mais une lettre anonyme a ridiculisé cet événement. M. Guillaume a répondu en affirmant que la cérémonie de mariage de son fils avait été simple et discrète, et qu'il n'avait aucune qualité notable pour être mentionné dans le Mercure. Il a également demandé l'identité de l'auteur de la lettre anonyme. Le texte mentionne plusieurs naissances et mariages dans des familles nobles. Dame Marie-Thérèse de Faudoas a accouché d'un fils à Bayeux. La famille de Clerel, originaire de Normandie, et la famille de Faudoas, originaire de Guyenne, sont décrites avec leurs armoiries et leurs alliances. Parmi les mariages notables, le Comte de Mastin a épousé Demoiselle Marie-Magdeleine le Franc des Elarts, le Marquis de la Ferrière a épousé Dame Marie-Magdeleine Mazade, et le Comte de Riencourt a épousé Demoiselle Tiercelin-de Broffe. Enfin, le texte se conclut par des corrections et des ajouts concernant les généalogies des familles nobles mentionnées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1331
p. 205-218
ALLEMAGNE.
Début :
Le 2, le Sieur de Klinggraff remis au Ministere un nouveau Mémoire, portant [...]
Mots clefs :
Vienne, Sieur de Klinggraff, Roi de Prusse, Impératrice-Reine, Combats, Royaume de Bohême, Régiments, Dresde, Famille royale, Camp de Pirna, Soldats, Officiers, Discours de la reine, Conseillers prussiens, Ordonnance du roi, Directoire de guerre, Leipzig, Troupes prussiennes, Déclaration du roi, Commerce, Comte de Salmour, Tactique militaire, Fortifications, Berlin, Cavalerie, Infanterie, Motifs de la guerre, Hambourg, Ratisbonne, Electorat de Saxe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 19 Septembre.
E2 , LE 2, le Sieur de Klinggraff remit au Miniftere
un nouveau Mémoire , portant en fubftance :
Que cette Princeffe n'avoit point répondu à la demande
qui fai oit le principal article du Mémoire
pré'enté par lui le 18 du mois dernier ; fçavoir ,
que S. M. Impériale & Royale , donnât une déclaration
formelle , quelle n'avoit aucune intention
d'attaquer S. M. Pruffienne , ni cette année
ni l'année prochaine : que le Roi de Pruffe avoit
entrevu , dans le filence de l'Impératrice Reine
fur cette demande , les difpofitions peu favorables
où elle étoit à ſon égard ; que cependant ce Prince
, pour faire voir combien il défiroit la confervation
de la tranquillité générale , réitéroit encore
une fois les inftances , pour obtenir les affurances
qu'il avoit demandées ; que l'Impératrice
Reine n'auroit pas plutôt donné ces affurances ,
que Sa Majefté Pruffienne feroit retirer les troupes.
La réponſe de l'Impératrice Reine à ce Mémoire
a été : « Qu'a peine il lui a été préſenté ,
» qu'Elle a reçu la nouvelle de l'entrée des trou-
»> pes Pruffiennes en Saxe , & du Manifefte pu-
» blié à cette occafion par le Roi de Pruffe ; qu'a
206 MERCURE DE FRANCE.
1
» près une aggreſſion auffi marquée , il n'eft plus
» queftion d'autre réponse que de celle que S. M.
» Impériale & Royale fe propofe de faire au Ma-
» nifefte de Sa Majefté Pruffienne ; que la der-
» niere , qui a été remife au Sieur de Klinggraff ,
» contient toutes les explications , qui peuvent
» être compatibles avec la dignité de S. M. Impé-
» riale & Royale ; que la propofition de conver-
» tir en treve une paix fondée ſur des Traités fo-
» lemnels , n'eft fufceptible d'aucune reponſe » .
Le Sieur de Klinggraff partit hier , fans prendre
congé. Leurs Majeftés Impériales ont mandé au
Comte de la Puebla , leur Miniftre en Pruffe , de
quitter Berlin de la même maniere.
On vient d'apprendre que le 13 de ce mois le
Roi de Pruffe a commencé les actes d'hoftilisé
dans le Royaume de Boheme. Huit Eſcadrons de
fes troupes ont attaqué les Gardes avancées de
·P'armée de l'Impératrice Reine ; mais ils ont été
repouffés trois fois. On leur a tué quatorze hommes
, & l'on a fait prifonnier un Huffard. Les
Autrichiens n'ont eu que deux foldats bleffés. Sept
Compagnies du Régiment de Portugal font attendues
ici , pour remplacer un pareil nombre de
Compagnies du Régiment de l'Archiduc Pierre ,
qui ont pris la route de Boheme. L'Impératrice
Reine a envoyé ordre dans les Cercles antérieurs
de ce Royaume d'enrôler tous les jeunes gens en
état de fervir , & de faire paffer dans les Cercles
voifins de l'Autriche & de la Moravie les enfans
depuis l'âge de huit ans jufqu'à feize , afin de les
fouftraire à la néceffité d'entrer au ſervice de Sa
Majesté Pruffienne . Près de huit cens familles ,
dans la crainte d'être exposées aux horreurs de la
guerre , font forties de la Siléfie Autrichienne , &
fe font réfugiées tant ici que dans les environs,
OCTOBRE. 1756. 207
On a muni de trois cens pieces de canon la Place
d'Olmutz , dont le commandement a été donné
au Baron de Marshall.
Toutes les troupes qui font en quartiers dans
les Provinces Héréditaires depuis la mer Adriati→
que jufqu'au Danube , fe tiennent prêtes à marcher.
On a envoyé des ordres à la Régence du
Tirol de faire les difpofitions néceffaires pour le
paffage d'une partie des Bataillons , que l'Impératrice
Reine retire de fes Etats d'Italie . De pareils
ordres ont été envoyés à la Régence du Trentin.
DE DRESDE , le 23 Septembre.
Les circonftances préfentes ont déterminé le
Roi à quitter cette Ville ; & Sa Majeſté , accompagnée
des Princes Xavier & Charles , s'eft
rendue au camp de Pirna. La Reine eft reftée ici
avec le Prince Royal les jeunes Princes &
Princeffes. Le Roi de Pruffe les a fait affurer
que les égards refpectueux qui leur étoient dûs ,
feroient religieufement obfervés. Par ordre de ce
Prince , on a fermé les Tribunaux , & le fcellé a
été mis à tous les Bureaux de la Chancellerie . Sa
Majefté Pruffienne arriva ici le 10. Elle n'y a pas
fait un long séjour , & Elle est allée rejoindre fes
troupes , dont le quartier général eft actuellement
à Zedlitz. A Pexception de quelques Couriers
qui apportent à la Reine des nouvelles de la fanté
du Roi , aucune perfonne venant du camp de Pirna
n'a permiffion d'entrer dans cette Ville La Gar
nifon , que le Roi de Proffe y a laiffée , eft
compofée de deux mille hommes , & eft commandée
par le Baron de Willich . II eft défendu
à tout foldat Pruffien foit dans cette Capitale ,
foit dans tout autre endroit de l'Electorat , d'éxi¬
208 MERCURE DE FRANCE.
ger pour fa fubfiftance plus de deux livres de pain ,
d'une demi-livie de viande , & de deux pots de
bier . Aujourd'hui foixante Bâtimens ont paílé
fur l'Elbe , chargés de provifions pour l'armée
Pruffienne. La quantité de celles qu'on a tirées des
différentes partes de la Saxe , afin de fatistaire aux
livr.ifons néceffaires pour cette armée , a tellement
épuifé le pays , que les grains font montés
au quadruple du prix ordinaire.
Par ordre du Roi de Pruffe , le Baron de Willich
a fait enlever l'artillerie , les armes , les drapeax
& les étendards qui étoient dans l'Arſenal
de cette Ville , & on les tranfporte à Magdebourg
pour y demeurer en dépôt jufqu'à la conclufion
d'un accommodement. Le même Commandant
ayant pris une notice exacte de tous les Officiers
Saxons qui fe trouvoient ici , leur a fignifié : « Qu'ils
Détoient prifonniers de guerre ; qu'on leur laiffoir
cependant leurs épées , mais qu'ils devoient
s'engager formellement à ne point fervir contre
»Sa Majefté Pruffienne.
Le 14 de ce mois , la Reine fit prier les Miniftres
étrangers de fe rendre au Château , où Elle
leur tint ce difcours : « Meffieurs , les circonftan-
»ces préfentes me forcent de vous déclarer que
»Sa Majesté Pruffienne , avant d'entrer en Saxe ,fit
» donner au Roi mon époux , les affurances les plus
fortes d'une amitié inaltérable . Sur des affuran-
» ces pareilles & auffi pèu équivoques , le Roi mon
wépoux ne balança point à accorder aux trou-
»pes Pruffiennes un paffage fimple & exempt de
préjudice auffi - tôt que Sa Majesté le Roi de
»Pruffe l'eût demandé à notre Miniftre à Berlin.
»Nous n'avons pas même eu la moindre défiance ,
wen voy int ces troupes étrangeres entrer fur no-
»tre territoire. Mais au lieu d'une exacte diſcipline
OCTOBRE. 1756. 209
»& d'un paiement régulier que nous attendions
»d'elle , nous avons vu avec douleur que le Prince
»de Brunſwic , non content d'avoir fait mettre le
»fcellé fur toutes les caiffes de nos revenus à
Leipfick , a convoqué nos Etats pour leur donner
des ordres abfolument contraires à nos inten-
»tions. Le Roi mon époux , envoya le Général .
Meager à S. M. Pruflienne , pour lui repréſenter
qu'on ne pouvoit combiner ces fortes d'actes
d'hoftilité avec les déclarations précédentes , &
que d'ailleurs le Roi n'avoit d'autres vues que
»d'obferver, la plus exacte neutralité dans cette
guerre. La réponse que le Général Meager reçut
par écrit , ne fut qu'un extrait de la Déclaration
publiée de la part du Roi de Pruffe , pour jufti
fier les motifs de fon entrée dans ce pays. Après
Dune réponse auffi vague & auffi peu catégorique ,
Dle Roi mon époux , toujours animé d'un vrai
ndefir d'entretenir la paix en Allemagne & le
repos dans les Etats , pria le Lord Stormont &
Dle Sieur de Malzahn d'aller au camp. Pruffien •
»pour fçavoir les intentions du Roi de Pruffe &
ce qu'il exigeoit. Mais loin de rien propofer &
»de rien entendre , le Roi de Pruffe répliqua au
»Lord Stormont : Tout ce que vous me proposez
one me convient point , & de ma part je n'ai au
cune propofition à faire. Après le retour du I ord ,
»le Roi fe rendit à Pirna. J'y voulus envoyer un
Page chargé d'une Lettre ; mais on l'arrêta , &
» même on m'a refufé d'y pouvoir envoyer un
»Gentilhomme qui ne feroit chargé d'aucune lettre.
Enfin quoiqu'hier le Général Lentulus m'ait
waffuré de la part de S. M. Pruffienne , que la
»garnifon qu'on avoit mife en cette Capitale y
étoit pour ma sûreté , & même à mes ordres ,
non eft venu néanmoins à l'extrêmité de me
210 MERCURE DE FRANCE:
demander aujourd'hui les clefs du cabinet des
>>Archives. N'ayant pu réfifter à la force dont on
»me menaçoit , je les ai remiſes à l'Officier qui
»avoit la commiffion de les recevoir. Pour fur-
>> croit de chagrin , mes Miniftres de Conférence
» m'ont communiqué dans ce moment l'infinua
»tion qui leur a été faite par le Général Keith ,
»que le Roi de Pruffe fe propofoit de fubftituer
>> en lear place des Confeillers Pruffiens , pour
Davoir foin de l'adminiſtration de cet Electorat.
>> Telle eft , Meffieurs, la triſte ſituation où nous
nous trouvons. Nous espérons que vous en ferez
un fidele rapport à vos Cours refpectives , &
»nous fommes perfuadés qu'Elles n'approuveront
»pas le tort qui nous arrive , & qu'au contraire
»Elles jugeront qu'il eft de leurs intérêts d'épouſer
>> les nôtres. »
La Reine en remettant les clefs des Archives à
l'Officier Pruffien , qui avoit été chargé de les demander
, lui avoit dit : « Malgré le rang où la
nature m'a placée , je partage avec la derniere
»des fujettes le malheureux fort tombé fur la Saxe.
>>Séparée du Roi mon époux , & d'une partie de
»ma famille , j'effuie avec le refte de mes enfans
»le défagrément d'un état plein d'angoiffe & d'in-
» quiétude , & je me vois expofée avec cette partie
»de ma famille , qui eft auprès de moi , à manquer
» bientôt des chofes néceffaires , par la privation
des moyens propres à me les procurer. » Le Roi
de Pruffe informé des plaintes de cette Princeffe ,
lui a fait réitérer qu'il avoit donné les ordres les
plus précis pour lui faire garder le refpect qui lui
étoit dû ; que fi ces ordres étoient mal fuivis ,
Elle eût à l'en faire avertir , & qu'il puniroit févérement
les contrevenans ; qu'Elle ni la Famille
Royale & Electorale ne manqueroient jamais des
OCTOBRE. 1756. 211
chofes néceſſaires ; que la dignité de leur rang &
de leur état ne feroit jamais confondue avec les
circonftances qui regardoient le Public ; qu'ainfi
il prioit Sa Majefté de vouloir bien fe tranquillifer
, & de ne point outrer les idées qu'Elle fe formoit
de l'état des choſes. En même temps S. M.
Pruffienne a recommandé aux Officiers des Détachemens
poftés entre fon camp & cette Ville ,
de laiffer paffer librement tout ce qui étoit pour
le fervice de la Reine , des Princes & des Princeffes.
Il paffe tous les jours ici des Régimens , tant
d'Infanterie que de Cavalerie , qui vont joindre
l'armée du Roi de Pruffe. Tous les avis confirment
que ce Prince dirige fa marche fur Leitmaritz.
Depuis avant - hier les Bourgeois de cette
Capitale font difpenfés de fournir le pain aux foldats
Pruffiens , qui y font en garniſon ; mais on
continue de fournir à ces Soldats la viande & la
biere.
On publia à Torgaw le 13 , une Ordonnance ,
dont voici la teneur : « Sa Majefté le Roi de Pruf-
»fe , par des motifs fondés fur la néceffité des
conjonctures, a pris la réfolution d'établir à Tor-
»gaw un Directoire de Guerre pour la perception
»de tous les revenus , tant de la Chambre des Fi-
» nances , que de l'Ectorat de Saxe , fous quelque
nom que ce puiffe être. En conféquence , tous
les Receveurs des Accifes générales & autres
» droits , de même que les Fermiers Officiers , &
généralement tous les Suppots des Douanes &
» Péages , fans exception , font avertis d'apporter
& de délivrer fidélement audit Directoire de
» Guerre les deniers qu'ils fe trouveront avoir en
»caiffe ; & ce fous peine de double reftitution &
de caflation , ou même de prifon , fuivant l'exi
212 MERCURE DE FRANCE.
» gence du cas. Ce qu'ils devront faire à l'avenir
»tous les mois , fans y manquer : leur étant dé-
» fendu très-expreflément de remettre aucun de
ces deniers à qui que ce foit , finon au ſeul Di-
»rectoire fufdit. »
DE LEIPSICK , le 22 Septembre.
Divers Détachemens des troupes Pruffiennes
ont occupé dans cet Electorat les Villes de Merfbourg
, d'Eifleben , de Naumbourg , de Weffeinfels
, de Zeitz & de Torgaw . La Colonne ,
à la tête de laquelle eft le Roi de Pruffe , a pris
fa marche le long de l'Elbe . Elle campa le 6 à
Rothen Schoneberg , la droite appuyée fur Tan
nenberg , & la gauche fur Wundfchritz . Le jour
précédent , la Colonne du Prince Ferdinand de
Brunfwic avoit campé près de Freyberg , & celle
du Prince de Bevern à Fifchbach , de l'autre côté
de l'Elbe. Depuis le Roi de Pruffe s'eſt avanté
à Torgaw , où il a établi fon quartier genéral .
Le Comte de Stormont , Envoyé du Roi de la Grande-
Bretagne auprès de Roi , s'eft rendu auprès de
S. M. Pruthienne avec deux Miniftres de Sa Majefté.
Les Pruffiens ont vuidé les Arfenaux des
principales Villes où ils ont paffé ; & ils en ont
fait voiturer l'artillerie à To gaw.
On publia le 15 une Déclaration , dont voici la
teneur. « Sa Majesté le Roi de Pruffe ayant pris -
>>fous fa garde & protection les Etats Electoraux
» de la Maifon de Saxe ; ont fait fçavoir , de la
» part de S. M. , à tous & un chacun , que fon
»intention eft , que perfonne , à l'occafion des
> troubles actuels ne foit inquiété dans fa pro-
»feſſion , mais qu'au contraire chacun puiffe y
vaquer tranquillement , & comme à l'ordinai
OCTOBRE. 1756. 213
»re. S. M. défire auffi , que les Foires de Léipfick
& de Naumbourg , & les autres Marchés
>> publics , fe tiennent fuivant l'ufage établi ; que
tous les acheteurs ou vendeurs , qui voudront
ns'y rendre , puiffent les fréquenter librement ,
D& qu'il ne leur foit apporté à cet égard aucun
»obftacle ni empêchement . A ces caufes , S. M. fait
>> affurer tous Commerçans , Négocians , & Fa-
>> bricans , tant de cet Electorat que des pays
»étrangers , qui font dans l'habitude de fréquenwter
leidites Foires & lefdits Marchés publics , &
>> qui voudront y venir aux temps accoutumé
nqu'ils y jouiront d'une entiere liberté & fûreté
»pour leurs perfonnes & pour leurs effets ; que
S. M. les prend fous fa pro.ection & fauvegarde
>>Royale, & qu'il leur fera accordé en confequen-
» ce les faufconduits néceffaires » . Le Commiffaire
, qui eft ici de la part du Roi de Pruffe , a annoncé
aux habitans , qu'ils pouvoient payer leurs
taxes aux Receveurs ordinaires.
Sur les nouvelles affurances que le Roi a fait
donner à ce Prince par le Comte de Salmour ,
que Sa Majesté avoit toujours été dans la réfolution
de ne prendre aucune part aux différends
furvenus entre les Cours de Vienne & de Berlin ;
S. M. Pruffienne a répondu : « Qu'Elle ne fou-
»haitoit rien de plus Elle-même , que de trouver
»le Roi dans ces fentimens ; que la neutralité ,
aque le Roi défiroit d'obferver , étoit précifé-
>> ment ce qu'Elle requéroit de lui ; mais que pour
>> rendre cette neutralité plus fûre , & la mettre à
»l'abri de variation , il convenoit que le Roi fé-
»parât fon armée , & qu'il renvoyat dans leurs
»quartiers les troupes qu'il avoit affemblées à
»Pirna ; que fi le Roi vouloit donner par une
»femblable démarche la preuve de fes difpofitions
214 MERCURE DE FRANCE.
pacifiques , S. M. Pruflienne fe feroit dès lors un
»plaifir de montrer , par une égale condescendanace
, combien Elle étoit portée de ſon côté à
donner des marques réelles de ſon amitié au
>>Roi , & à fe concerter avec Sa Majeſté ſur les
arrangemens que les conjonctures peuvent requérir
» . Le Roi n'eft point dans la réfolution
d'accepter la propofition du Roi de Pruffe , & Sa
Majefté a déclaré , « Qu'Elle attendroit dans fon
camp la décifion des évenemens ; que fi les
Pruffiens entreprenoient de l'y forcer ,Elle foutiendroit
leurs efforts ».
Divers mouvemens du Roi de Pruffe donnant
lieu de croire qu'il a deffein de refferrer de tous
côtés le camp de Pirna , le Feld-Maréchal Comte
de Browne a décampé de Kollin le 9 de ce mois ,
pour fe porter en avant , & pour tâcher de conferver
la communication avec les troupes Saxonnes.
Le Corps que ce Général a détaché fous les
ordres du Comte de Wied , s'eft faifi des paffages
entre Trebnitz & Catharinenberg: On a reçu
avis que les Pruffiens établiffent des batteries pour
attaquer les Saxons dans leur camp.
Selon les nouvelles qu'on a du camp de Pirna ,
le Roi a fait diftribuer aux différens Corps de fes
troupes la Déclaration fuivante. « Dès le com-
»mencement de l'invafion des troupes Pruffien-
»nes dans cet Electorat , Sa Majefté a mis tout
wen oeuvre , pour tâcher de faire un accommode-
>ment avec le Roi de Pruffe. Ce Prince ayant
mexigé des conditions inouies , Sa Majefté non-
>>feulement les a rejettées , mais a fait fçavoir à
»S. M. Pruffienne , qu'Elle aimoit mieux tout perdre
que de s'y foumettre. Ainfi Sa Majesté atptend
de la bravoure & de la fermeté de fes fidelles
troupes , qu'elles fe montreront diſpoſées à
OCTOBRE. 1756. 215
foutenir jufqu'à la derniere goutte de leur fang ,
»la réfolution qu'a prife Sa Majefté. Elle les ex-
>> horte à tout facrifier pour la défenfe de leur
>>Roi, & pour la confervation de leur
»ne ur» .
propre
hon-
Le Roi de Pruffe eſpérant de réduire l'armée
du Roi par la famine , a laiffé vingt mille hom
ines pour tenir le camp de Sa Majefté bloqué . La
femaine derniere , les Pruffiens firent fauter les
fortifications de Wittemberg, Ils fortifient actuellement
laVille de Torgaw , où leur Directoire de
Guerre eft établi . Ce Directoire a fommé les différens
Cercles, de l'Electorat , de livrer , d'ici à
trois ſemaines au plus tard , onze cens boeufs ,
deux mille cinq cens moutons , deux cens mille
mefures d'avoine , cent cinquante mille quintaux
de foin & vingt mille bottes de paille. Cette fourniture
eft évaluée à fix cens vingt - cinq mille
écus .
DE BERLIN , le 21 Septembre.
Les troupes d'Infanterie du Roi confiftent en
cent quarante bataillons. La Cavalerie eft compofée
d'un Efcadron de Gardes du Corps , de foixante
Efcadrons de Gendarmes , Carabiniers &
Cuiraffiers , de foixante-dix Efcadrons de Dragons
, de quatre-vingt Efcadrons de Huffards , &
de deux Efcadrons de Chaffeurs à cheval. Deux
Corps d'armée font affemblés dans la Haute &
dans la Baffe Siléfie , & ont occupé les défilés ,
par lesquels on peut paffer du Royaume de Bo
heme dans cette Province. Il y a auffi quelques
troupes campées dans les environs de Glatz. A
juger par ces difpofitions , il paroît que le Roi fe
propofe non feulement de couvrir la Siléfie , mais
216 MERCURE DE FRANCE.
`auffi de faire entrer de ce côté une feconde armée
en Boheme.
Dans l'expofé des motifs qui ont déterminé le
Roi à prendre les armes , Sa Majefté le plaint particuliérement
de ce que l'Impératrice Reine de
Hongrie & de Boheme , a augmenté jufqu'à foixante
pour cent , les droits fur les marchandifes
des Etats de Pruffe. Voici un des endroits les plus
remarquables de cet expofé. a Il eft certain que
>>le Roi commence les hoftilités : mais comme ce
>>terme a fouvent été confondu avec celui d'aggreffion
, l'on fe croit obligé de diftinguer le fens
de ces deux mots . Par aggreffion , l'on doit en-
»tendre tout acte , qui eft diamétralement oppofé
à l'efprit d'un Traité de Paix. Une Ligue of
fenfive ; des ennemis qu'on fufcite , & qu'on
pouffe à faire la guerre à une Puiffance ; le deffein
d'envahir les Etats d'autrui ; une irruption
>>foudaine ; toutes ces chofes différentes font au-
»tant d'aggreffions , quoique la derniere feule fe
trouve dans le cas des hoftilités . Quiconque cher-
>>che à fe défendre contre ces aggreffions , ou à en
»prévenir les fuites , peut commencer les hoftiliwtés
, mais il n'eft pas l'aggreffeur » ...... Cet Ecrit
finit ainfi : « S. M. déclare , que les Libertés du
»Corps Germanique ne feront ensevelies qu'en
>> un même tombeau avec la Pruffe. Elle prend le
Ciel à témoin , qu'ayant vainement employé les
moyens les plus convenables pour préferver fes
»propres Etats & toute l'Allemagne , des fléaux de
Dla guerre dont ils étoient ménacés , Elle eft for
cée de prendre les armes , pour diffiper une
»confpiration tramée contre fes poffeffions & fes
>> Etats .... Le Roi ne s'écarte de fa modération
»ordinaire , que parce que cette vertu ceffe d'én
pêtre une , lorfqu'il s'agit de défendre fon honneur
OCTOBRE . 1756. 217
neur , fon indépendance , fa Patrie & fa Cou-
>>ronne » . Le Comte de la Puebla , Miniftre de
Leurs Majeftés Impériales , partit le 16 , fans
prendre congé.
La petite ville de Biefenthal , fituée à quatre
lieues d'ici , a été totalement réduite en cendres.
Différentes perfonnes ont péri dans les flammes ,
entr'autres , plufieurs enfans qui avoient été renfermés
dans les maifons , pendant que leurs parens
étoient fortis pour vaquer à leurs affaires.
Le feu a pris auffi au Château de Guffou , apparte
nant au Comte de Podewils , Premier Miniftre
d'Etat ; & le dommage cauté par cet incendie ,
monte à près de vingt mille écus.
DE HAMBOURG , le 25 Septembre.
Plufieurs lettres marquent que tandis que le Roi
de Pruffe eft entré en Boheme avec quarante mille
hommes , le Feld . Maréchal Schwerin y a débouché
avec trente- cinq mille hommes, par le Comté
de Glatz. Si l'on en croit les mêmes lettres , le
fieur Calkoen , Envoyé Extraordinaire des Etats
Généraux des Provinces-Unies auprès du Roi de
Pologne Electeur de Saxe , s'eft joint au Comte
de Stormont , pour tâcher de ménager , entre
8. M. Pruffienne & S. M. Polonoiſe , un accord
qui pût procurer aux deux Parties une fûreté convenable.
Il y a eu le 21 ,à ce qu'on affure , quelques
nouveaux articles propofés de part & d'autre.
Le fieur de Soltikoff , Envoyé Extraordinaire
de l'Impératrice de Ruffie auprès des Cercles de
la Baffe Saxe , a notifié aux Magiftrats de cette
Ville , ainsi qu'aux Miniftres Etrangers qui y réfi
dent , Que cette Princeffe , vu les mouvemens des
troupes du Roi de Prufſe , ſe trouve dans la nécef-
II. Vol. K.
218 MERCURE DE FRANCE.
fitédefaire marcher une armée aufecours de fes Al
liés contre S. M. Pruffienne . Le bruit court , que
cette armée fera de cent vingt mille hommes, Oa
ajoute que S. M. Imp. de Ruffie a ordonné d'équipper
une Flotte , pour fervir au tranfport des
troupes qu'Elle jugera à propos de faire embar
quer.
DE RATISBONNE , le 24 Septembre .
Auffitôt que l'Empereur a été informé de l'entrée
des troupes Pruffiennes dans l'Electorat de
Saxe , S. M. Imp. a adreffé un Décret au Roi de
Pruffe , pour le fommer de faire retirer les troupes
, faute de quoi il feroit procédé contre S. M.
Pruffienne en la maniere prefcrite par les Loix de
l'Empire. Un autre Décret ordonne à tous les
Vaffaux des Princes & Etats d'Allemagne , qui
font employés dans les troupes du Roi de Pruffe,
de quitter inceffamment le fervice de ce Prince.
Par un troifieme Décret , l'Empereur défend à
tous Princes , Etats ou Membres du Corps Germa
nique , de fouffrir qu'il foit fait chez eux aucunes
levées de Soldats pour S. M. Pruſſienne , &
de lui prêter aucune affiftance dans les circonftances
actuelles , le tout à peine d'encourir les
condamnations ftatuées par les Conſtitutions de
l'Empire.
DE VIENNE , le 19 Septembre.
E2 , LE 2, le Sieur de Klinggraff remit au Miniftere
un nouveau Mémoire , portant en fubftance :
Que cette Princeffe n'avoit point répondu à la demande
qui fai oit le principal article du Mémoire
pré'enté par lui le 18 du mois dernier ; fçavoir ,
que S. M. Impériale & Royale , donnât une déclaration
formelle , quelle n'avoit aucune intention
d'attaquer S. M. Pruffienne , ni cette année
ni l'année prochaine : que le Roi de Pruffe avoit
entrevu , dans le filence de l'Impératrice Reine
fur cette demande , les difpofitions peu favorables
où elle étoit à ſon égard ; que cependant ce Prince
, pour faire voir combien il défiroit la confervation
de la tranquillité générale , réitéroit encore
une fois les inftances , pour obtenir les affurances
qu'il avoit demandées ; que l'Impératrice
Reine n'auroit pas plutôt donné ces affurances ,
que Sa Majefté Pruffienne feroit retirer les troupes.
La réponſe de l'Impératrice Reine à ce Mémoire
a été : « Qu'a peine il lui a été préſenté ,
» qu'Elle a reçu la nouvelle de l'entrée des trou-
»> pes Pruffiennes en Saxe , & du Manifefte pu-
» blié à cette occafion par le Roi de Pruffe ; qu'a
206 MERCURE DE FRANCE.
1
» près une aggreſſion auffi marquée , il n'eft plus
» queftion d'autre réponse que de celle que S. M.
» Impériale & Royale fe propofe de faire au Ma-
» nifefte de Sa Majefté Pruffienne ; que la der-
» niere , qui a été remife au Sieur de Klinggraff ,
» contient toutes les explications , qui peuvent
» être compatibles avec la dignité de S. M. Impé-
» riale & Royale ; que la propofition de conver-
» tir en treve une paix fondée ſur des Traités fo-
» lemnels , n'eft fufceptible d'aucune reponſe » .
Le Sieur de Klinggraff partit hier , fans prendre
congé. Leurs Majeftés Impériales ont mandé au
Comte de la Puebla , leur Miniftre en Pruffe , de
quitter Berlin de la même maniere.
On vient d'apprendre que le 13 de ce mois le
Roi de Pruffe a commencé les actes d'hoftilisé
dans le Royaume de Boheme. Huit Eſcadrons de
fes troupes ont attaqué les Gardes avancées de
·P'armée de l'Impératrice Reine ; mais ils ont été
repouffés trois fois. On leur a tué quatorze hommes
, & l'on a fait prifonnier un Huffard. Les
Autrichiens n'ont eu que deux foldats bleffés. Sept
Compagnies du Régiment de Portugal font attendues
ici , pour remplacer un pareil nombre de
Compagnies du Régiment de l'Archiduc Pierre ,
qui ont pris la route de Boheme. L'Impératrice
Reine a envoyé ordre dans les Cercles antérieurs
de ce Royaume d'enrôler tous les jeunes gens en
état de fervir , & de faire paffer dans les Cercles
voifins de l'Autriche & de la Moravie les enfans
depuis l'âge de huit ans jufqu'à feize , afin de les
fouftraire à la néceffité d'entrer au ſervice de Sa
Majesté Pruffienne . Près de huit cens familles ,
dans la crainte d'être exposées aux horreurs de la
guerre , font forties de la Siléfie Autrichienne , &
fe font réfugiées tant ici que dans les environs,
OCTOBRE. 1756. 207
On a muni de trois cens pieces de canon la Place
d'Olmutz , dont le commandement a été donné
au Baron de Marshall.
Toutes les troupes qui font en quartiers dans
les Provinces Héréditaires depuis la mer Adriati→
que jufqu'au Danube , fe tiennent prêtes à marcher.
On a envoyé des ordres à la Régence du
Tirol de faire les difpofitions néceffaires pour le
paffage d'une partie des Bataillons , que l'Impératrice
Reine retire de fes Etats d'Italie . De pareils
ordres ont été envoyés à la Régence du Trentin.
DE DRESDE , le 23 Septembre.
Les circonftances préfentes ont déterminé le
Roi à quitter cette Ville ; & Sa Majeſté , accompagnée
des Princes Xavier & Charles , s'eft
rendue au camp de Pirna. La Reine eft reftée ici
avec le Prince Royal les jeunes Princes &
Princeffes. Le Roi de Pruffe les a fait affurer
que les égards refpectueux qui leur étoient dûs ,
feroient religieufement obfervés. Par ordre de ce
Prince , on a fermé les Tribunaux , & le fcellé a
été mis à tous les Bureaux de la Chancellerie . Sa
Majefté Pruffienne arriva ici le 10. Elle n'y a pas
fait un long séjour , & Elle est allée rejoindre fes
troupes , dont le quartier général eft actuellement
à Zedlitz. A Pexception de quelques Couriers
qui apportent à la Reine des nouvelles de la fanté
du Roi , aucune perfonne venant du camp de Pirna
n'a permiffion d'entrer dans cette Ville La Gar
nifon , que le Roi de Proffe y a laiffée , eft
compofée de deux mille hommes , & eft commandée
par le Baron de Willich . II eft défendu
à tout foldat Pruffien foit dans cette Capitale ,
foit dans tout autre endroit de l'Electorat , d'éxi¬
208 MERCURE DE FRANCE.
ger pour fa fubfiftance plus de deux livres de pain ,
d'une demi-livie de viande , & de deux pots de
bier . Aujourd'hui foixante Bâtimens ont paílé
fur l'Elbe , chargés de provifions pour l'armée
Pruffienne. La quantité de celles qu'on a tirées des
différentes partes de la Saxe , afin de fatistaire aux
livr.ifons néceffaires pour cette armée , a tellement
épuifé le pays , que les grains font montés
au quadruple du prix ordinaire.
Par ordre du Roi de Pruffe , le Baron de Willich
a fait enlever l'artillerie , les armes , les drapeax
& les étendards qui étoient dans l'Arſenal
de cette Ville , & on les tranfporte à Magdebourg
pour y demeurer en dépôt jufqu'à la conclufion
d'un accommodement. Le même Commandant
ayant pris une notice exacte de tous les Officiers
Saxons qui fe trouvoient ici , leur a fignifié : « Qu'ils
Détoient prifonniers de guerre ; qu'on leur laiffoir
cependant leurs épées , mais qu'ils devoient
s'engager formellement à ne point fervir contre
»Sa Majefté Pruffienne.
Le 14 de ce mois , la Reine fit prier les Miniftres
étrangers de fe rendre au Château , où Elle
leur tint ce difcours : « Meffieurs , les circonftan-
»ces préfentes me forcent de vous déclarer que
»Sa Majesté Pruffienne , avant d'entrer en Saxe ,fit
» donner au Roi mon époux , les affurances les plus
fortes d'une amitié inaltérable . Sur des affuran-
» ces pareilles & auffi pèu équivoques , le Roi mon
wépoux ne balança point à accorder aux trou-
»pes Pruffiennes un paffage fimple & exempt de
préjudice auffi - tôt que Sa Majesté le Roi de
»Pruffe l'eût demandé à notre Miniftre à Berlin.
»Nous n'avons pas même eu la moindre défiance ,
wen voy int ces troupes étrangeres entrer fur no-
»tre territoire. Mais au lieu d'une exacte diſcipline
OCTOBRE. 1756. 209
»& d'un paiement régulier que nous attendions
»d'elle , nous avons vu avec douleur que le Prince
»de Brunſwic , non content d'avoir fait mettre le
»fcellé fur toutes les caiffes de nos revenus à
Leipfick , a convoqué nos Etats pour leur donner
des ordres abfolument contraires à nos inten-
»tions. Le Roi mon époux , envoya le Général .
Meager à S. M. Pruflienne , pour lui repréſenter
qu'on ne pouvoit combiner ces fortes d'actes
d'hoftilité avec les déclarations précédentes , &
que d'ailleurs le Roi n'avoit d'autres vues que
»d'obferver, la plus exacte neutralité dans cette
guerre. La réponse que le Général Meager reçut
par écrit , ne fut qu'un extrait de la Déclaration
publiée de la part du Roi de Pruffe , pour jufti
fier les motifs de fon entrée dans ce pays. Après
Dune réponse auffi vague & auffi peu catégorique ,
Dle Roi mon époux , toujours animé d'un vrai
ndefir d'entretenir la paix en Allemagne & le
repos dans les Etats , pria le Lord Stormont &
Dle Sieur de Malzahn d'aller au camp. Pruffien •
»pour fçavoir les intentions du Roi de Pruffe &
ce qu'il exigeoit. Mais loin de rien propofer &
»de rien entendre , le Roi de Pruffe répliqua au
»Lord Stormont : Tout ce que vous me proposez
one me convient point , & de ma part je n'ai au
cune propofition à faire. Après le retour du I ord ,
»le Roi fe rendit à Pirna. J'y voulus envoyer un
Page chargé d'une Lettre ; mais on l'arrêta , &
» même on m'a refufé d'y pouvoir envoyer un
»Gentilhomme qui ne feroit chargé d'aucune lettre.
Enfin quoiqu'hier le Général Lentulus m'ait
waffuré de la part de S. M. Pruffienne , que la
»garnifon qu'on avoit mife en cette Capitale y
étoit pour ma sûreté , & même à mes ordres ,
non eft venu néanmoins à l'extrêmité de me
210 MERCURE DE FRANCE:
demander aujourd'hui les clefs du cabinet des
>>Archives. N'ayant pu réfifter à la force dont on
»me menaçoit , je les ai remiſes à l'Officier qui
»avoit la commiffion de les recevoir. Pour fur-
>> croit de chagrin , mes Miniftres de Conférence
» m'ont communiqué dans ce moment l'infinua
»tion qui leur a été faite par le Général Keith ,
»que le Roi de Pruffe fe propofoit de fubftituer
>> en lear place des Confeillers Pruffiens , pour
Davoir foin de l'adminiſtration de cet Electorat.
>> Telle eft , Meffieurs, la triſte ſituation où nous
nous trouvons. Nous espérons que vous en ferez
un fidele rapport à vos Cours refpectives , &
»nous fommes perfuadés qu'Elles n'approuveront
»pas le tort qui nous arrive , & qu'au contraire
»Elles jugeront qu'il eft de leurs intérêts d'épouſer
>> les nôtres. »
La Reine en remettant les clefs des Archives à
l'Officier Pruffien , qui avoit été chargé de les demander
, lui avoit dit : « Malgré le rang où la
nature m'a placée , je partage avec la derniere
»des fujettes le malheureux fort tombé fur la Saxe.
>>Séparée du Roi mon époux , & d'une partie de
»ma famille , j'effuie avec le refte de mes enfans
»le défagrément d'un état plein d'angoiffe & d'in-
» quiétude , & je me vois expofée avec cette partie
»de ma famille , qui eft auprès de moi , à manquer
» bientôt des chofes néceffaires , par la privation
des moyens propres à me les procurer. » Le Roi
de Pruffe informé des plaintes de cette Princeffe ,
lui a fait réitérer qu'il avoit donné les ordres les
plus précis pour lui faire garder le refpect qui lui
étoit dû ; que fi ces ordres étoient mal fuivis ,
Elle eût à l'en faire avertir , & qu'il puniroit févérement
les contrevenans ; qu'Elle ni la Famille
Royale & Electorale ne manqueroient jamais des
OCTOBRE. 1756. 211
chofes néceſſaires ; que la dignité de leur rang &
de leur état ne feroit jamais confondue avec les
circonftances qui regardoient le Public ; qu'ainfi
il prioit Sa Majefté de vouloir bien fe tranquillifer
, & de ne point outrer les idées qu'Elle fe formoit
de l'état des choſes. En même temps S. M.
Pruffienne a recommandé aux Officiers des Détachemens
poftés entre fon camp & cette Ville ,
de laiffer paffer librement tout ce qui étoit pour
le fervice de la Reine , des Princes & des Princeffes.
Il paffe tous les jours ici des Régimens , tant
d'Infanterie que de Cavalerie , qui vont joindre
l'armée du Roi de Pruffe. Tous les avis confirment
que ce Prince dirige fa marche fur Leitmaritz.
Depuis avant - hier les Bourgeois de cette
Capitale font difpenfés de fournir le pain aux foldats
Pruffiens , qui y font en garniſon ; mais on
continue de fournir à ces Soldats la viande & la
biere.
On publia à Torgaw le 13 , une Ordonnance ,
dont voici la teneur : « Sa Majefté le Roi de Pruf-
»fe , par des motifs fondés fur la néceffité des
conjonctures, a pris la réfolution d'établir à Tor-
»gaw un Directoire de Guerre pour la perception
»de tous les revenus , tant de la Chambre des Fi-
» nances , que de l'Ectorat de Saxe , fous quelque
nom que ce puiffe être. En conféquence , tous
les Receveurs des Accifes générales & autres
» droits , de même que les Fermiers Officiers , &
généralement tous les Suppots des Douanes &
» Péages , fans exception , font avertis d'apporter
& de délivrer fidélement audit Directoire de
» Guerre les deniers qu'ils fe trouveront avoir en
»caiffe ; & ce fous peine de double reftitution &
de caflation , ou même de prifon , fuivant l'exi
212 MERCURE DE FRANCE.
» gence du cas. Ce qu'ils devront faire à l'avenir
»tous les mois , fans y manquer : leur étant dé-
» fendu très-expreflément de remettre aucun de
ces deniers à qui que ce foit , finon au ſeul Di-
»rectoire fufdit. »
DE LEIPSICK , le 22 Septembre.
Divers Détachemens des troupes Pruffiennes
ont occupé dans cet Electorat les Villes de Merfbourg
, d'Eifleben , de Naumbourg , de Weffeinfels
, de Zeitz & de Torgaw . La Colonne ,
à la tête de laquelle eft le Roi de Pruffe , a pris
fa marche le long de l'Elbe . Elle campa le 6 à
Rothen Schoneberg , la droite appuyée fur Tan
nenberg , & la gauche fur Wundfchritz . Le jour
précédent , la Colonne du Prince Ferdinand de
Brunfwic avoit campé près de Freyberg , & celle
du Prince de Bevern à Fifchbach , de l'autre côté
de l'Elbe. Depuis le Roi de Pruffe s'eſt avanté
à Torgaw , où il a établi fon quartier genéral .
Le Comte de Stormont , Envoyé du Roi de la Grande-
Bretagne auprès de Roi , s'eft rendu auprès de
S. M. Pruthienne avec deux Miniftres de Sa Majefté.
Les Pruffiens ont vuidé les Arfenaux des
principales Villes où ils ont paffé ; & ils en ont
fait voiturer l'artillerie à To gaw.
On publia le 15 une Déclaration , dont voici la
teneur. « Sa Majesté le Roi de Pruffe ayant pris -
>>fous fa garde & protection les Etats Electoraux
» de la Maifon de Saxe ; ont fait fçavoir , de la
» part de S. M. , à tous & un chacun , que fon
»intention eft , que perfonne , à l'occafion des
> troubles actuels ne foit inquiété dans fa pro-
»feſſion , mais qu'au contraire chacun puiffe y
vaquer tranquillement , & comme à l'ordinai
OCTOBRE. 1756. 213
»re. S. M. défire auffi , que les Foires de Léipfick
& de Naumbourg , & les autres Marchés
>> publics , fe tiennent fuivant l'ufage établi ; que
tous les acheteurs ou vendeurs , qui voudront
ns'y rendre , puiffent les fréquenter librement ,
D& qu'il ne leur foit apporté à cet égard aucun
»obftacle ni empêchement . A ces caufes , S. M. fait
>> affurer tous Commerçans , Négocians , & Fa-
>> bricans , tant de cet Electorat que des pays
»étrangers , qui font dans l'habitude de fréquenwter
leidites Foires & lefdits Marchés publics , &
>> qui voudront y venir aux temps accoutumé
nqu'ils y jouiront d'une entiere liberté & fûreté
»pour leurs perfonnes & pour leurs effets ; que
S. M. les prend fous fa pro.ection & fauvegarde
>>Royale, & qu'il leur fera accordé en confequen-
» ce les faufconduits néceffaires » . Le Commiffaire
, qui eft ici de la part du Roi de Pruffe , a annoncé
aux habitans , qu'ils pouvoient payer leurs
taxes aux Receveurs ordinaires.
Sur les nouvelles affurances que le Roi a fait
donner à ce Prince par le Comte de Salmour ,
que Sa Majesté avoit toujours été dans la réfolution
de ne prendre aucune part aux différends
furvenus entre les Cours de Vienne & de Berlin ;
S. M. Pruffienne a répondu : « Qu'Elle ne fou-
»haitoit rien de plus Elle-même , que de trouver
»le Roi dans ces fentimens ; que la neutralité ,
aque le Roi défiroit d'obferver , étoit précifé-
>> ment ce qu'Elle requéroit de lui ; mais que pour
>> rendre cette neutralité plus fûre , & la mettre à
»l'abri de variation , il convenoit que le Roi fé-
»parât fon armée , & qu'il renvoyat dans leurs
»quartiers les troupes qu'il avoit affemblées à
»Pirna ; que fi le Roi vouloit donner par une
»femblable démarche la preuve de fes difpofitions
214 MERCURE DE FRANCE.
pacifiques , S. M. Pruflienne fe feroit dès lors un
»plaifir de montrer , par une égale condescendanace
, combien Elle étoit portée de ſon côté à
donner des marques réelles de ſon amitié au
>>Roi , & à fe concerter avec Sa Majeſté ſur les
arrangemens que les conjonctures peuvent requérir
» . Le Roi n'eft point dans la réfolution
d'accepter la propofition du Roi de Pruffe , & Sa
Majefté a déclaré , « Qu'Elle attendroit dans fon
camp la décifion des évenemens ; que fi les
Pruffiens entreprenoient de l'y forcer ,Elle foutiendroit
leurs efforts ».
Divers mouvemens du Roi de Pruffe donnant
lieu de croire qu'il a deffein de refferrer de tous
côtés le camp de Pirna , le Feld-Maréchal Comte
de Browne a décampé de Kollin le 9 de ce mois ,
pour fe porter en avant , & pour tâcher de conferver
la communication avec les troupes Saxonnes.
Le Corps que ce Général a détaché fous les
ordres du Comte de Wied , s'eft faifi des paffages
entre Trebnitz & Catharinenberg: On a reçu
avis que les Pruffiens établiffent des batteries pour
attaquer les Saxons dans leur camp.
Selon les nouvelles qu'on a du camp de Pirna ,
le Roi a fait diftribuer aux différens Corps de fes
troupes la Déclaration fuivante. « Dès le com-
»mencement de l'invafion des troupes Pruffien-
»nes dans cet Electorat , Sa Majefté a mis tout
wen oeuvre , pour tâcher de faire un accommode-
>ment avec le Roi de Pruffe. Ce Prince ayant
mexigé des conditions inouies , Sa Majefté non-
>>feulement les a rejettées , mais a fait fçavoir à
»S. M. Pruffienne , qu'Elle aimoit mieux tout perdre
que de s'y foumettre. Ainfi Sa Majesté atptend
de la bravoure & de la fermeté de fes fidelles
troupes , qu'elles fe montreront diſpoſées à
OCTOBRE. 1756. 215
foutenir jufqu'à la derniere goutte de leur fang ,
»la réfolution qu'a prife Sa Majefté. Elle les ex-
>> horte à tout facrifier pour la défenfe de leur
>>Roi, & pour la confervation de leur
»ne ur» .
propre
hon-
Le Roi de Pruffe eſpérant de réduire l'armée
du Roi par la famine , a laiffé vingt mille hom
ines pour tenir le camp de Sa Majefté bloqué . La
femaine derniere , les Pruffiens firent fauter les
fortifications de Wittemberg, Ils fortifient actuellement
laVille de Torgaw , où leur Directoire de
Guerre eft établi . Ce Directoire a fommé les différens
Cercles, de l'Electorat , de livrer , d'ici à
trois ſemaines au plus tard , onze cens boeufs ,
deux mille cinq cens moutons , deux cens mille
mefures d'avoine , cent cinquante mille quintaux
de foin & vingt mille bottes de paille. Cette fourniture
eft évaluée à fix cens vingt - cinq mille
écus .
DE BERLIN , le 21 Septembre.
Les troupes d'Infanterie du Roi confiftent en
cent quarante bataillons. La Cavalerie eft compofée
d'un Efcadron de Gardes du Corps , de foixante
Efcadrons de Gendarmes , Carabiniers &
Cuiraffiers , de foixante-dix Efcadrons de Dragons
, de quatre-vingt Efcadrons de Huffards , &
de deux Efcadrons de Chaffeurs à cheval. Deux
Corps d'armée font affemblés dans la Haute &
dans la Baffe Siléfie , & ont occupé les défilés ,
par lesquels on peut paffer du Royaume de Bo
heme dans cette Province. Il y a auffi quelques
troupes campées dans les environs de Glatz. A
juger par ces difpofitions , il paroît que le Roi fe
propofe non feulement de couvrir la Siléfie , mais
216 MERCURE DE FRANCE.
`auffi de faire entrer de ce côté une feconde armée
en Boheme.
Dans l'expofé des motifs qui ont déterminé le
Roi à prendre les armes , Sa Majefté le plaint particuliérement
de ce que l'Impératrice Reine de
Hongrie & de Boheme , a augmenté jufqu'à foixante
pour cent , les droits fur les marchandifes
des Etats de Pruffe. Voici un des endroits les plus
remarquables de cet expofé. a Il eft certain que
>>le Roi commence les hoftilités : mais comme ce
>>terme a fouvent été confondu avec celui d'aggreffion
, l'on fe croit obligé de diftinguer le fens
de ces deux mots . Par aggreffion , l'on doit en-
»tendre tout acte , qui eft diamétralement oppofé
à l'efprit d'un Traité de Paix. Une Ligue of
fenfive ; des ennemis qu'on fufcite , & qu'on
pouffe à faire la guerre à une Puiffance ; le deffein
d'envahir les Etats d'autrui ; une irruption
>>foudaine ; toutes ces chofes différentes font au-
»tant d'aggreffions , quoique la derniere feule fe
trouve dans le cas des hoftilités . Quiconque cher-
>>che à fe défendre contre ces aggreffions , ou à en
»prévenir les fuites , peut commencer les hoftiliwtés
, mais il n'eft pas l'aggreffeur » ...... Cet Ecrit
finit ainfi : « S. M. déclare , que les Libertés du
»Corps Germanique ne feront ensevelies qu'en
>> un même tombeau avec la Pruffe. Elle prend le
Ciel à témoin , qu'ayant vainement employé les
moyens les plus convenables pour préferver fes
»propres Etats & toute l'Allemagne , des fléaux de
Dla guerre dont ils étoient ménacés , Elle eft for
cée de prendre les armes , pour diffiper une
»confpiration tramée contre fes poffeffions & fes
>> Etats .... Le Roi ne s'écarte de fa modération
»ordinaire , que parce que cette vertu ceffe d'én
pêtre une , lorfqu'il s'agit de défendre fon honneur
OCTOBRE . 1756. 217
neur , fon indépendance , fa Patrie & fa Cou-
>>ronne » . Le Comte de la Puebla , Miniftre de
Leurs Majeftés Impériales , partit le 16 , fans
prendre congé.
La petite ville de Biefenthal , fituée à quatre
lieues d'ici , a été totalement réduite en cendres.
Différentes perfonnes ont péri dans les flammes ,
entr'autres , plufieurs enfans qui avoient été renfermés
dans les maifons , pendant que leurs parens
étoient fortis pour vaquer à leurs affaires.
Le feu a pris auffi au Château de Guffou , apparte
nant au Comte de Podewils , Premier Miniftre
d'Etat ; & le dommage cauté par cet incendie ,
monte à près de vingt mille écus.
DE HAMBOURG , le 25 Septembre.
Plufieurs lettres marquent que tandis que le Roi
de Pruffe eft entré en Boheme avec quarante mille
hommes , le Feld . Maréchal Schwerin y a débouché
avec trente- cinq mille hommes, par le Comté
de Glatz. Si l'on en croit les mêmes lettres , le
fieur Calkoen , Envoyé Extraordinaire des Etats
Généraux des Provinces-Unies auprès du Roi de
Pologne Electeur de Saxe , s'eft joint au Comte
de Stormont , pour tâcher de ménager , entre
8. M. Pruffienne & S. M. Polonoiſe , un accord
qui pût procurer aux deux Parties une fûreté convenable.
Il y a eu le 21 ,à ce qu'on affure , quelques
nouveaux articles propofés de part & d'autre.
Le fieur de Soltikoff , Envoyé Extraordinaire
de l'Impératrice de Ruffie auprès des Cercles de
la Baffe Saxe , a notifié aux Magiftrats de cette
Ville , ainsi qu'aux Miniftres Etrangers qui y réfi
dent , Que cette Princeffe , vu les mouvemens des
troupes du Roi de Prufſe , ſe trouve dans la nécef-
II. Vol. K.
218 MERCURE DE FRANCE.
fitédefaire marcher une armée aufecours de fes Al
liés contre S. M. Pruffienne . Le bruit court , que
cette armée fera de cent vingt mille hommes, Oa
ajoute que S. M. Imp. de Ruffie a ordonné d'équipper
une Flotte , pour fervir au tranfport des
troupes qu'Elle jugera à propos de faire embar
quer.
DE RATISBONNE , le 24 Septembre .
Auffitôt que l'Empereur a été informé de l'entrée
des troupes Pruffiennes dans l'Electorat de
Saxe , S. M. Imp. a adreffé un Décret au Roi de
Pruffe , pour le fommer de faire retirer les troupes
, faute de quoi il feroit procédé contre S. M.
Pruffienne en la maniere prefcrite par les Loix de
l'Empire. Un autre Décret ordonne à tous les
Vaffaux des Princes & Etats d'Allemagne , qui
font employés dans les troupes du Roi de Pruffe,
de quitter inceffamment le fervice de ce Prince.
Par un troifieme Décret , l'Empereur défend à
tous Princes , Etats ou Membres du Corps Germa
nique , de fouffrir qu'il foit fait chez eux aucunes
levées de Soldats pour S. M. Pruſſienne , &
de lui prêter aucune affiftance dans les circonftances
actuelles , le tout à peine d'encourir les
condamnations ftatuées par les Conſtitutions de
l'Empire.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En septembre 1756, le Sieur de Klinggraff informa le ministère que l'Impératrice Reine n'avait pas répondu à la demande du Roi de Prusse, qui souhaitait une déclaration formelle de non-agression. Le Roi de Prusse réitéra sa demande en échange du retrait de ses troupes. L'Impératrice Reine répondit qu'elle avait appris l'entrée des troupes prussiennes en Saxe et la publication d'un manifeste prussien, rendant toute autre réponse inutile. Elle confirma que sa réponse au manifeste contenait toutes les explications nécessaires. Le Sieur de Klinggraff quitta Vienne sans prendre congé, et l'Impératrice Reine ordonna au Comte de la Puebla de quitter Berlin de la même manière. Le 13 septembre, le Roi de Prusse commença des actes d'hostilité en Bohême, attaquant les gardes avancées de l'armée de l'Impératrice Reine, mais fut repoussé. Des troupes autrichiennes se préparèrent à la guerre, et des familles fuirent la Silésie autrichienne par crainte des horreurs du conflit. À Dresde, le Roi de Prusse quitta la ville pour rejoindre son armée à Pirna, laissant la Reine et les jeunes princes sous la protection de la garnison prussienne. Il ordonna de fermer les tribunaux et de sceller les bureaux de la chancellerie, et fit enlever l'artillerie et les armes de l'arsenal de Dresde, les transportant à Magdebourg. La Reine de Saxe informa les ministres étrangers de la trahison du Roi de Prusse, qui avait promis une amitié inaltérable avant d'entrer en Saxe. Des détachements prussiens occupèrent plusieurs villes en Saxe, et le Roi de Prusse établit son quartier général à Torgau. Le Comte de Stormont, envoyé du Roi de Grande-Bretagne, se rendit auprès du Roi de Prusse. Les Prussiens vidèrent les arsenaux des principales villes et transportèrent l'artillerie à Torgau. Une déclaration du Roi de Prusse indiqua qu'il avait pris sous sa garde et protection les États électoraux de la Maison de Saxe. En octobre 1756, le roi de Prusse assura que les troubles actuels n'inquiéteraient pas les professionnels dans leur travail. Il garantit la tenue des foires de Leipzig et de Naumbourg, ainsi que des marchés publics, et assura la liberté et la sécurité des commerçants, négociants et fabricants. Le commissaire prussien annonça aux habitants qu'ils pouvaient payer leurs taxes aux receveurs ordinaires. Le roi de Prusse exprima son souhait de neutralité face aux différends entre les cours de Vienne et de Berlin, mais demanda au roi de Saxe de séparer son armée et de renvoyer les troupes assemblées à Pirna pour garantir cette neutralité. Le roi de Saxe refusa et déclara qu'il attendrait dans son camp la décision des événements. Des mouvements de troupes prussiennes furent observés, et le feld-maréchal Comte de Browne se déplaça pour conserver la communication avec les troupes saxonnes. Le roi de Prusse bloqua l'armée saxonne par la famine et fortifia plusieurs villes. Les troupes prussiennes consistaient en 140 bataillons d'infanterie et divers escadrons de cavalerie, avec des corps d'armée assemblés en Silésie. Le roi de Prusse justifia son entrée en guerre par l'augmentation des droits sur les marchandises prussiennes par l'impératrice Reine de Hongrie et de Bohême. Il déclara que les libertés du Corps Germanique ne seraient pas sacrifiées et prit les armes pour défendre son honneur et son indépendance. Des incidents, comme l'incendie de la ville de Biefenthal et du château de Guffou, furent rapportés. Le roi de Prusse entra en Bohême avec 40 000 hommes, tandis que le feld-maréchal Schwerin déboucha avec 35 000 hommes. Des tentatives de médiation entre le roi de Prusse et le roi de Pologne étaient en cours. L'impératrice de Russie préparait une armée pour soutenir ses alliés contre le roi de Prusse. L'empereur adressa des décrets au roi de Prusse pour retirer ses troupes de Saxe et interdit les levées de soldats pour la Prusse.
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1332
p. 219-221
ITALIE.
Début :
Les chaleurs excessives qu'on a essuyées ici depuis le 15 du mois [...]
Mots clefs :
Messine, Rome, Livourne, Chaleurs excessives, Maladies, Fièvre épidémique, Fouilles archéologiques, Pape, Charge de secrétaire d'État, Cardinaux, Siège, Navire, Tunis
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texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE MESSINES , le 24 Août.
Les chaleurs exceffives qu'on a effuyées ici depuis
le 15 du mois de Juin , ont produit des maladies
dont les fymptômes & les fuites ont caufé
d'abord beaucoup d'effroi. Toutes les perfonnes
qui en étoient attaquées , tomboient au bout de
quelques heures dans une violente phrénéfie . Leur
tête s'enfloit extraordinairement ; elles perdoient
l'ufage de leurs organes , & bientôt une fievre violente
les emportoit. On a trouvé le moyen de
prévenir ces funeftes effets , en baignant la tête
du malade dans de l'eau froide.
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
DE ROME , le 11 Septembre.
En fouillant la terre dans un jardin du Comte
perucchi , on a découvert une Úrne qui , felon
Pinfcription gravée deffus , content les cendres
du Maitre de la Garde-robe de P'Empereur Auguf
te. On a trouvé auffi fous terre , dans l'endroit où
le Duc de Zagarola fe propofe de faire conftruire
un nouveau Palais , une petite Chapelle dont les
peintures font bien confervées.
Le Pape a difpofé de la charge de Secretaire
d'Etat , & de celle de Vice -Chancelier en faveur
du Cardinal Aubri Archinto , Gouverneur de
Rome. Sa Sainteté a accordé au Cardinal Jérôme
Colonne , qui étoit Vice -Chancelier , celle de
Camerlingue du Saint Siege, à laquelle eft attaché
le titre de Président de la Chambre Apoftolique.
La place de Préfet de la Congrégation de Prapaganda
Fide a été donnée au Cardinal Jofeph
Spinelli , & le Cardinal Fortuné Tamburini a été
déclaré Protecteur de la Congrégation du Mont
Caffin . Les Cardinaux Jean - Jacques Millo & Clément
Hargenvilliers ont été mis au nombre des
Commiffaires de la Congrégation établie pour les
affaires du Comtat Vénaiffin. Le fieur Corneille
Caprara , frere du Marquis de Monti , Maréchal
des Camps & Armées de Sa Majeſté Très Chrétienne
, a été nommé Gouverneur de Rome , & il
eft remplacé dans la Chambre de la Rote par le
fieur Alexandre Ratta . Le Saint Pere a conféré à
un fils du Marquis Cavalieri un Canonicat de
Saint Pierre du Vatican , dont l'Evêque de Col
tanza s'eft démis .
OCTOBRE. 1756. 227
DE LIVOURNE , le 13 Septembre.
Un Navire , arrivé de l'Ile du Goze , a rapporté
que les Algériens ayant mis le fiege devant
Tunis , le Bey, pour ne pas tomber entre leurs
mains , s'elt fauvé avec les tréfors & trente- deux
Eſclaves , & qu'il s'eft retiré à Malte .
DE MESSINES , le 24 Août.
Les chaleurs exceffives qu'on a effuyées ici depuis
le 15 du mois de Juin , ont produit des maladies
dont les fymptômes & les fuites ont caufé
d'abord beaucoup d'effroi. Toutes les perfonnes
qui en étoient attaquées , tomboient au bout de
quelques heures dans une violente phrénéfie . Leur
tête s'enfloit extraordinairement ; elles perdoient
l'ufage de leurs organes , & bientôt une fievre violente
les emportoit. On a trouvé le moyen de
prévenir ces funeftes effets , en baignant la tête
du malade dans de l'eau froide.
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
DE ROME , le 11 Septembre.
En fouillant la terre dans un jardin du Comte
perucchi , on a découvert une Úrne qui , felon
Pinfcription gravée deffus , content les cendres
du Maitre de la Garde-robe de P'Empereur Auguf
te. On a trouvé auffi fous terre , dans l'endroit où
le Duc de Zagarola fe propofe de faire conftruire
un nouveau Palais , une petite Chapelle dont les
peintures font bien confervées.
Le Pape a difpofé de la charge de Secretaire
d'Etat , & de celle de Vice -Chancelier en faveur
du Cardinal Aubri Archinto , Gouverneur de
Rome. Sa Sainteté a accordé au Cardinal Jérôme
Colonne , qui étoit Vice -Chancelier , celle de
Camerlingue du Saint Siege, à laquelle eft attaché
le titre de Président de la Chambre Apoftolique.
La place de Préfet de la Congrégation de Prapaganda
Fide a été donnée au Cardinal Jofeph
Spinelli , & le Cardinal Fortuné Tamburini a été
déclaré Protecteur de la Congrégation du Mont
Caffin . Les Cardinaux Jean - Jacques Millo & Clément
Hargenvilliers ont été mis au nombre des
Commiffaires de la Congrégation établie pour les
affaires du Comtat Vénaiffin. Le fieur Corneille
Caprara , frere du Marquis de Monti , Maréchal
des Camps & Armées de Sa Majeſté Très Chrétienne
, a été nommé Gouverneur de Rome , & il
eft remplacé dans la Chambre de la Rote par le
fieur Alexandre Ratta . Le Saint Pere a conféré à
un fils du Marquis Cavalieri un Canonicat de
Saint Pierre du Vatican , dont l'Evêque de Col
tanza s'eft démis .
OCTOBRE. 1756. 227
DE LIVOURNE , le 13 Septembre.
Un Navire , arrivé de l'Ile du Goze , a rapporté
que les Algériens ayant mis le fiege devant
Tunis , le Bey, pour ne pas tomber entre leurs
mains , s'elt fauvé avec les tréfors & trente- deux
Eſclaves , & qu'il s'eft retiré à Malte .
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Résumé : ITALIE.
En août 1756, à Messine, des chaleurs extrêmes depuis mi-juin ont provoqué des maladies caractérisées par une phrénésie violente, un gonflement de la tête, une perte des fonctions corporelles et une fièvre mortelle. Un remède a été trouvé en baignant la tête des malades dans de l'eau froide. À Rome, en septembre 1756, une urne contenant les cendres du maître de la garde-robe de l'empereur Auguste a été découverte dans un jardin du Comte Perucchi. Une chapelle bien conservée a également été trouvée sur le site de construction d'un nouveau palais du Duc de Zagarola. Le Pape a nommé plusieurs cardinaux à des postes clés : le Cardinal Aubri Archinto aux postes de Secrétaire d'État et de Vice-Chancelier, le Cardinal Jérôme Colonne au poste de Camerlingue du Saint-Siège, le Cardinal Joseph Spinelli comme Préfet de la Congrégation de Propaganda Fide, et le Cardinal Fortuné Tamburini comme Protecteur de la Congrégation du Mont Cassin. Les Cardinaux Jean-Jacques Millo et Clément Hargenvilliers ont été nommés commissaires pour les affaires du Comtat Venaissin. Corneille Caprara a été nommé Gouverneur de Rome, et un fils du Marquis Cavalieri a reçu un canonicat de Saint-Pierre du Vatican. À Livourne, en septembre 1756, un navire en provenance de l'île de Gozo a rapporté que les Algériens avaient mis le siège devant Tunis. Le Bey s'est enfui avec les trésors et trente-deux esclaves, se réfugiant à Malte.
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1333
p. 221-222
GRANDE BRETAGNE.
Début :
La garde qui veille sur la personne de l'Amiral Byng, vient d'être [...]
Mots clefs :
Amiral Byng, Hôpital Greenwich, Parlement, Jugement, Amiral Hawke, Scorbut des marins, Négociants, Armateurs français, Corsaires , Rançon
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BREETTAAGGNNE.
DE LONDRES , le 14 Septembre.
La garde qui veille fur la perfonne de l'Amiral
Byng , vient d'être doublée , & l'on a grillé les
fenêtres de la chambre où il eft logé dans l'Hôpital
de Greenwich. Il paroît qu'il fera jugé par
le Parlement , & non par un Confeil de guerre.
On a fait la vifite du Vaiffeau de guerre Hollandois
, & des vingt-cinq Navires de la même Nation
, qui furent amenés le 17 du mois dernier
aux Dunes. Comme on n'y a trouvé aucune marchandiſe
de contrebande , on leur a notifié qu'ils
pouvoient continuer leur navigation. Le bois de
coaftruction , qu'ils avoient à bord , a été retenu
pour le compte de Sa Majefté , & payé argent
Comptant. Trois bataillons des Gardes , & huir
Régimens d'Infanterie , ont ordre de fe tenir prêts
à s'embarquer.
Selon les nouvelles de la Méditerranée , l'Amiral
Hawke a quitté les parages de l'Ile Minorque
, & a fait voile vers l'Eft . L'efcadre de cet
Amiral , ainfi que celle de l'Amital Boscawen
font réduites à un très - fâcheux état par le fcorbut
& par d'autres maladies. Le Gouvernement vient
d'envoyer ordre à Portsmouth , à Plymouth , à
3
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
Chatham & à Wolwich , que tous les Vaiſſeaux de
guerre , qui s'y trouvent , fe préparent à fe mettre
en mer , pour aller renforcer l'une & l'autre
Efcadre. On prétend que l'Amiral Knowls doit
relever inceffamment l'Amiral Boscawen.
Divers Négocians de cette Ville font en peine
pour les Navires qu'ils attendent de la Mer Baltique.
Leur inquiétude eft d'autant mieux fondée ,
que les Armateurs François croiſent actuellement
en grand nombre fur les côtes d'Angleterre. Depuis
quelques jours , ces Armateurs ont pris plufieurs
Bâtimens dont les uns ont été conduits en
France , & les autres ont été rançonnés. Comme
le nombre des Corfaires ennemis augmente de
jour en jour , on a ordonné à quelques Vaiffeaux
de guerre , de leur donner la chaffe. On fe propofe
d'accorder à nos Armateurs les mêmes gratifications
, qui font promifes aux Capitaines &
aux Equipages des Vaiffeaux & des Frégates de
Sa Majefté , pour les prifes faites fur les François.
DE LONDRES , le 14 Septembre.
La garde qui veille fur la perfonne de l'Amiral
Byng , vient d'être doublée , & l'on a grillé les
fenêtres de la chambre où il eft logé dans l'Hôpital
de Greenwich. Il paroît qu'il fera jugé par
le Parlement , & non par un Confeil de guerre.
On a fait la vifite du Vaiffeau de guerre Hollandois
, & des vingt-cinq Navires de la même Nation
, qui furent amenés le 17 du mois dernier
aux Dunes. Comme on n'y a trouvé aucune marchandiſe
de contrebande , on leur a notifié qu'ils
pouvoient continuer leur navigation. Le bois de
coaftruction , qu'ils avoient à bord , a été retenu
pour le compte de Sa Majefté , & payé argent
Comptant. Trois bataillons des Gardes , & huir
Régimens d'Infanterie , ont ordre de fe tenir prêts
à s'embarquer.
Selon les nouvelles de la Méditerranée , l'Amiral
Hawke a quitté les parages de l'Ile Minorque
, & a fait voile vers l'Eft . L'efcadre de cet
Amiral , ainfi que celle de l'Amital Boscawen
font réduites à un très - fâcheux état par le fcorbut
& par d'autres maladies. Le Gouvernement vient
d'envoyer ordre à Portsmouth , à Plymouth , à
3
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
Chatham & à Wolwich , que tous les Vaiſſeaux de
guerre , qui s'y trouvent , fe préparent à fe mettre
en mer , pour aller renforcer l'une & l'autre
Efcadre. On prétend que l'Amiral Knowls doit
relever inceffamment l'Amiral Boscawen.
Divers Négocians de cette Ville font en peine
pour les Navires qu'ils attendent de la Mer Baltique.
Leur inquiétude eft d'autant mieux fondée ,
que les Armateurs François croiſent actuellement
en grand nombre fur les côtes d'Angleterre. Depuis
quelques jours , ces Armateurs ont pris plufieurs
Bâtimens dont les uns ont été conduits en
France , & les autres ont été rançonnés. Comme
le nombre des Corfaires ennemis augmente de
jour en jour , on a ordonné à quelques Vaiffeaux
de guerre , de leur donner la chaffe. On fe propofe
d'accorder à nos Armateurs les mêmes gratifications
, qui font promifes aux Capitaines &
aux Equipages des Vaiffeaux & des Frégates de
Sa Majefté , pour les prifes faites fur les François.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 14 septembre, la garde de l'Amiral Byng a été renforcée et ses fenêtres grillées. Il sera jugé par le Parlement plutôt que par un conseil de guerre. Une inspection de navires hollandais aux Dunes n'a révélé aucune contrebande, mais le bois de construction à bord a été retenu et payé par la couronne. Trois bataillons des Gardes et huit régiments d'infanterie sont prêts à s'embarquer. En Méditerranée, l'Amiral Hawke a quitté Minorque et navigue vers l'Est. Les escadres des Amiraux Hawke et Boscawen sont affaiblies par le scorbut et d'autres maladies. Le gouvernement ordonne aux vaisseaux de guerre de Portsmouth, Plymouth, Chatham et Woolwich de renforcer ces escadres. L'Amiral Knowls doit remplacer l'Amiral Boscawen. À Londres, les négociants s'inquiètent des navires attendus de la Mer Baltique en raison des armateurs français. Plusieurs bâtiments ont été capturés ou rançonnés. Des vaisseaux de guerre ont été envoyés pour contrer cette menace. On envisage d'accorder aux armateurs britanniques les mêmes gratifications promises aux capitaines et équipages des vaisseaux de Sa Majesté pour les prises faites sur les Français.
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1334
p. 222-224
PAYS-BAS.
Début :
On mande d'Elseneur, que divers Maîtres de Navires arrivés dans le Sund, [...]
Mots clefs :
Amsterdam, Bruxelles, Armateurs anglais, Mauvais traitements, Capitaine Hendriks, Corneille Bandt, Bataillons, Ordre de marche, Gouverneur de Bruxelles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PATS- BAS.
D'AMSTERDAM , le 16 Septembre.
On mande d'Elfeneur , que divers Maîtres de
Navires arrivés dans le Sund , fe plaignent ex rêmement
des mauvais traitemens qu'ils ont efluyés
de la part des Armateurs Anglois . Les mêmes
nouvelles ajoutent que plufieurs de ces Corfaires
arborent pavillon d'Alger pour caufer plus de
frayeur. Un d'eux a rançonné le Patron Frédéric
Carstens pour la fomme de vingt- deux livres fterlings.
Le Capitaine Hendriks , montant le Navire
le Rotterdamfe Welvaren , a déclaré que
deux facs d'argent qu'il avoit à bord , lui avoient
OCTOBRE . 1756. 223
été enlevés avec fa montre & les hardes par
an Pirate de cette Nation . A la hauteur de
Tervere , le Navire du Capitaine Pierre Sybrand
a été canonné par un Vaiffeau de la
même Nation , & a eu les agrêts conſidérablement
endommagés. Une lettre du Patron Corneille
Bandt porte ce qui fuit . « Le 2 du courant ,
» nous remîmes à la voile de Quillebeuf. Un cal-
» me nous arrêta le 5 , & nous fûmes abordés
> par la Chaloupe d'un Armateur Anglois , dans
» laquelle il y avoit huit hommes. Ils examinerent
nos papiers. Enfuite ils enfoncerent nos
» Ecoutilles ; ils en jetterent les panneaux fur le
» tillac , & ils ouvrirent plufieurs ballots , en les
>> coupant. Parmi nos marchandiſes étoit une
» caiffe de cifeaux , dont ils prirent la moitié , en
» difant , Voilà qui eft fort bon , pour couper les
» oreilles aux Hollandois. Ils battirent trois de nos
» Matelots. Je m'attendois à avoir mon tour ,
» mais j'en fus quitte pour les menaces. Après
» avoir mis tout notre Bâtiment au pillage , &
» m'avoit ôté même les boucles d'argent que j'a-
>> vois à mes fouliers , ils me dirent qu'ils me rendroient
tout , fi je voulois leur donner onze
>> guinées & demie . Comme je les affurai que je
» n'avois pas cette fomme , ils me fouillerent moi
& mon Pilote , & ne nous laifferent que deux
» pieces de deux fols . Non contens de ce qu'ils
avoient pris , ils s'approprierent encore un baril
» d'eau-de- vie , & ils fe retirerent , en nous fou-
» haitant un bon voyage » .
DE BRUXELLES , le 25 Septembre.
Deax Bataillons de chacun des Régimens , qui
font en garnifon dans les Places des Païs -Bas , ont
K iv
224 MERCURE DE FRANCE.
ordre de fe tenir prêts à marcher. Le 18 de ce
mois , le Général Luchefi fe rendit à Mariemont ,
& il y prêta ferment entre les mains du Prince
Charles de Lorraine , en qualité de Gouverneur
de Bruxelles. Ce Général étant revenu ici le lendemain
au matin , reçut les complimens des Magiftrats.
Il dina chez le Comte de Gobenzel , & il
partit enfuite pour la Boheme , où il doit commander
la Cavalerie de l'armée de l'Impératrice
Reine. Le Duc d'Aremberg fe difpofe à y aller
joindre le Régiment dont il eft Colonel.
D'AMSTERDAM , le 16 Septembre.
On mande d'Elfeneur , que divers Maîtres de
Navires arrivés dans le Sund , fe plaignent ex rêmement
des mauvais traitemens qu'ils ont efluyés
de la part des Armateurs Anglois . Les mêmes
nouvelles ajoutent que plufieurs de ces Corfaires
arborent pavillon d'Alger pour caufer plus de
frayeur. Un d'eux a rançonné le Patron Frédéric
Carstens pour la fomme de vingt- deux livres fterlings.
Le Capitaine Hendriks , montant le Navire
le Rotterdamfe Welvaren , a déclaré que
deux facs d'argent qu'il avoit à bord , lui avoient
OCTOBRE . 1756. 223
été enlevés avec fa montre & les hardes par
an Pirate de cette Nation . A la hauteur de
Tervere , le Navire du Capitaine Pierre Sybrand
a été canonné par un Vaiffeau de la
même Nation , & a eu les agrêts conſidérablement
endommagés. Une lettre du Patron Corneille
Bandt porte ce qui fuit . « Le 2 du courant ,
» nous remîmes à la voile de Quillebeuf. Un cal-
» me nous arrêta le 5 , & nous fûmes abordés
> par la Chaloupe d'un Armateur Anglois , dans
» laquelle il y avoit huit hommes. Ils examinerent
nos papiers. Enfuite ils enfoncerent nos
» Ecoutilles ; ils en jetterent les panneaux fur le
» tillac , & ils ouvrirent plufieurs ballots , en les
>> coupant. Parmi nos marchandiſes étoit une
» caiffe de cifeaux , dont ils prirent la moitié , en
» difant , Voilà qui eft fort bon , pour couper les
» oreilles aux Hollandois. Ils battirent trois de nos
» Matelots. Je m'attendois à avoir mon tour ,
» mais j'en fus quitte pour les menaces. Après
» avoir mis tout notre Bâtiment au pillage , &
» m'avoit ôté même les boucles d'argent que j'a-
>> vois à mes fouliers , ils me dirent qu'ils me rendroient
tout , fi je voulois leur donner onze
>> guinées & demie . Comme je les affurai que je
» n'avois pas cette fomme , ils me fouillerent moi
& mon Pilote , & ne nous laifferent que deux
» pieces de deux fols . Non contens de ce qu'ils
avoient pris , ils s'approprierent encore un baril
» d'eau-de- vie , & ils fe retirerent , en nous fou-
» haitant un bon voyage » .
DE BRUXELLES , le 25 Septembre.
Deax Bataillons de chacun des Régimens , qui
font en garnifon dans les Places des Païs -Bas , ont
K iv
224 MERCURE DE FRANCE.
ordre de fe tenir prêts à marcher. Le 18 de ce
mois , le Général Luchefi fe rendit à Mariemont ,
& il y prêta ferment entre les mains du Prince
Charles de Lorraine , en qualité de Gouverneur
de Bruxelles. Ce Général étant revenu ici le lendemain
au matin , reçut les complimens des Magiftrats.
Il dina chez le Comte de Gobenzel , & il
partit enfuite pour la Boheme , où il doit commander
la Cavalerie de l'armée de l'Impératrice
Reine. Le Duc d'Aremberg fe difpofe à y aller
joindre le Régiment dont il eft Colonel.
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Résumé : PAYS-BAS.
En septembre 1756, plusieurs incidents maritimes sont rapportés. À Amsterdam, des maîtres de navires se plaignent des mauvais traitements infligés par des armateurs anglais dans le Sund. Des corsaires anglais utilisent le pavillon algérien pour semer la peur. Un pirate anglais a rançonné Frédéric Carstens pour vingt-deux livres sterling et dérobé des biens au capitaine Hendriks. Le navire du capitaine Pierre Sybrand a été canonné près de Tervere. Corneille Bandt décrit une attaque anglaise près de Quillebeuf, où des marchandises ont été pillées et des matelots battus. Les agresseurs ont exigé onze guinées et demie pour rendre les biens volés. Sur le front terrestre, à Bruxelles, deux bataillons sont prêts à marcher. Le général Luchefi a prêté serment au prince Charles de Lorraine à Mariemont et a rejoint l'armée en Bohême. Le duc d'Aremberg se prépare à rejoindre son régiment.
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1335
p. 224-227
« Madame Louise vint à Paris le 20 Septembre ; & se rendit à la Maison [...] »
Début :
Madame Louise vint à Paris le 20 Septembre ; & se rendit à la Maison [...]
Mots clefs :
Madame Louise, Princesse, Capitaine, Corsaires , Navires, Déplacements, Marchandises, Prince Constantin de Rohan, Duc de Bourgogne, Sa Majesté, Escadron de dragons, Ile de Minorque, Monseigneur le Dauphin
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texteReconnaissance textuelle : « Madame Louise vint à Paris le 20 Septembre ; & se rendit à la Maison [...] »
MAdame Louife vint à Paris le 20 Septembre;
& fe rendit à la Maifon des Dames de l'Enfant Jefus.
Cette Princefle y donna le Voile noir à la
Demoifelle de Chabrillant , & le Voile blanc
aux Demoiselles de la Noue & de la Riviere. M.
l'Abbé de Sailly , un des Aumôniers de Madame
la Dauphine , prononça le Sermon .
On mande de Dunkerque , que le Capitaine
Guilbert Sutton , commandant le Corfaire le
Lion , de ce Port , y a conduit le Navire Anglois
la Catherine , de la Nouvelle Yorch , de 140 tonneaux,
chargé de bois pour teinture , de cuirs , & c.
Le Corfaire la Fourmi , de Boulogne , comman
lé par le Capitaine Jean- Louis Jean , a pris &
conduit à Calais le Navire le Robert & Thomas , de
150 tonneaux , dont la cargaifon eft composée de
beurre & de charbon de terre.
Le Navire François l'Harmonie , de Bayonne ,
OCTOBRE. 1756. 225
de 250 tonneaux , chargé de fucre de café , de
Cacao & de coton , qui avoit été pris par un
Vaiffeau de guerre Anglois , a été repris & conduit
au Havre par le Corfaire le Prince de Soubife , de
Dunkerque : Capitaine , Jacques Canon .
Les Bâtimens Anglois l'Edouard & Marie , de
110 tonneaux , chargé de bois de construction ,
& le Louis , de 130 , dont le chargement confite
en fucre , fers , planches , &c. ont été pris par
les Corfaires l'Infernal & la Favorite , du Havre ,
& ont été conduits à Dieppe.
Le Corfaire le Port -Mabon , de Saint - Malo ,
s'eft rendu maître des Navires Anglois la Penelope,
de 250 tonneaux , armé de feize canons , le Famé
de Londres , de 170 ; le Succès & la Providence
, de 150 chacun Ces Batimens , chargés de
diverfes marchandiſes ont été conduits dans differens
Ports de Bretagne.
L'Efpérance , autre Corfaire de Saint - Malo , a
pris les Navires Anglois le Duc de Toscane , de
150 tonneaux , chargé de raifins , & l'Eliza.
beth , de 120 , chargé de fucre & de café.
On apprend de Bayonne , que les Navires le
Salé , de Londres , de 350 tonneaux , chargé de
fel , & le Dauphin , de Poole , de 140 , ayant
un chargement de vivres deftinés pour la Nouvelle
Angleterre , ont été pris par les Corfaires
l'Amiral & l'Espérance de ce port , où ces Corfaires
les ont fait conduire.
Il est arrivé à Saint-Jean de Luz un Bâtiment
Anglois , appellé le Poftillon , de Jerzey , chargé
de mille quintaux de morue , qui a été pris par le
Corfaire le Saint- Jean- Baptifte de ce Port.
Le 23 Septembre , le Prince Conſtantin de Rohan
, Premier Aumônier du Roi , fut élu unanimement
Evêque de Strasbourg par les Chanoines
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
de la Cathédrale , qui avoient eu la permiffion du
Roi , de s'affembler pour procéder à cette Election
.
Le 27 , Monfeigneur le Duc de Bourgogne ,
Monfeigneur le Duc de Berry & Monfeigneur le
Comte de Provence , accompagnés de Madame la
Comteffe de Marfan , Gouvernante des Enfans de
France , revinrent du Château de Meudon.
Sa Majefté a accordé une place de Commandeur
dans l'Ordre de Saint Louis , au Marquis de
Monteynard , Maréchal de Camp , & Infpecteur
Général de l'Infanterie.
On vient de former en Saintonge , pour la garde
des côtes de cette Province , un Corps de quatre
Efcadrons de Dragons , qui feront à la folde du
Roi , tous les ans , pendantle temps de la campagne.
Sa Majefté a donné le commandement de
cette troupe , auquel eft attaché le grade de
Meftre de Camp de Dragons , à M. le Marquis de
Culant- Ciré , ci -devant Capitaine de Cavalerie
dans le Régiment Royal Pologne. La même troupe
a M. de Châteaubardon pour Lieutenant - Colonel.
M. de Fontaine en eft Aide -Major Général ,
avec commiffion de Capitaine de Dragons.
Selon les nouvelles de Mahon , M. le Comte
de Lannion , Gouverneur de l'Ile Minorque , y
a célebré avec beaucoup d'éclat la Fête de Saint
Louis , dont le Roi porte le nom. Le Te Deum
fut chanté au bruit de toute l'artillerie & de la
moufqueterie de la Garnifon rangée en bataille
fur la Place . On tira le foir un très - beau feu d'artifice.
La nuit toute la Ville fut illuminée .
L'Hôtel de M. le Comte de Lannion & l'Hôtel de
Ville , le furent avec une grande magnificence.
On mande de Toulon que M. de Carné-
Marcein , Capitaine de Vaiffeau , commandant la
OCTOBRE. 1756. 227
"
Frégate du Roi la Pleyade , a conduit en ce Port ,
où il eft arrivé le 18 , une Goelette venant de
Londres , armée en courfe avec quatorze canons
& fur laquelle il s'eft trouvé foixante - quinze
hommes. Il s'étoit emparé quelques jours auparavant
de la Pinque Angloife , appellée l'Afrique ,
chargée de bled.
M. de Cour , Enfeigne de Vaiffeau , commandant
la Corvette du Roi la Levrette , eft rentré à
Breſt le 21 , avec le Corfaire le Dauphin , de Jerzey
, dont il s'est rendu maître .
Le Brigantin Anglois le Dauphin , chargé de
thé , de cordages , de fil de carret , & d'autres
marchandifes deftinées pour S. Jean d'Antigues ,
a été pris dans la rade de Dunkerque , & conduit
en ce Port.
Le Corfaire l'Infernal , du Havre , dont eft Ca.
pitaine Louis de Ferne , a remis à Boulogne quarante-
deux Anglois , faits prifonniers fur un Senaw
armé de dix canons , qu'il a pris à l'abordage. Il
s'étoit rendu maître d'un autre Bâtiment ennemi
qu'il a rançonné pour huit cens foixante - dix livres
fterlings.
Il eſt arrivé à Morlaix un Brigantin Anglois ,
pris par le Corfaire la Dauphine , de Boulogne ,
& dont le chargement confifte en charbon de
terre , & en deux cens bouteilles d'eau- forte.
Les Octobre , le Roi accompagné de Monfeigneur
le Dauphin & de Madame la Dauphine arriva
à Fontaineblau de Choify , où Sa Majeſté s'étoit
rendue le 3 de ce mois.
Leg , M. le Duc de Fronfac prêta ferment
entre les mains du Roi , pour la Charge de Premier
Gentilhomme de la Chambre de Sa Majefté
& fe rendit à la Maifon des Dames de l'Enfant Jefus.
Cette Princefle y donna le Voile noir à la
Demoifelle de Chabrillant , & le Voile blanc
aux Demoiselles de la Noue & de la Riviere. M.
l'Abbé de Sailly , un des Aumôniers de Madame
la Dauphine , prononça le Sermon .
On mande de Dunkerque , que le Capitaine
Guilbert Sutton , commandant le Corfaire le
Lion , de ce Port , y a conduit le Navire Anglois
la Catherine , de la Nouvelle Yorch , de 140 tonneaux,
chargé de bois pour teinture , de cuirs , & c.
Le Corfaire la Fourmi , de Boulogne , comman
lé par le Capitaine Jean- Louis Jean , a pris &
conduit à Calais le Navire le Robert & Thomas , de
150 tonneaux , dont la cargaifon eft composée de
beurre & de charbon de terre.
Le Navire François l'Harmonie , de Bayonne ,
OCTOBRE. 1756. 225
de 250 tonneaux , chargé de fucre de café , de
Cacao & de coton , qui avoit été pris par un
Vaiffeau de guerre Anglois , a été repris & conduit
au Havre par le Corfaire le Prince de Soubife , de
Dunkerque : Capitaine , Jacques Canon .
Les Bâtimens Anglois l'Edouard & Marie , de
110 tonneaux , chargé de bois de construction ,
& le Louis , de 130 , dont le chargement confite
en fucre , fers , planches , &c. ont été pris par
les Corfaires l'Infernal & la Favorite , du Havre ,
& ont été conduits à Dieppe.
Le Corfaire le Port -Mabon , de Saint - Malo ,
s'eft rendu maître des Navires Anglois la Penelope,
de 250 tonneaux , armé de feize canons , le Famé
de Londres , de 170 ; le Succès & la Providence
, de 150 chacun Ces Batimens , chargés de
diverfes marchandiſes ont été conduits dans differens
Ports de Bretagne.
L'Efpérance , autre Corfaire de Saint - Malo , a
pris les Navires Anglois le Duc de Toscane , de
150 tonneaux , chargé de raifins , & l'Eliza.
beth , de 120 , chargé de fucre & de café.
On apprend de Bayonne , que les Navires le
Salé , de Londres , de 350 tonneaux , chargé de
fel , & le Dauphin , de Poole , de 140 , ayant
un chargement de vivres deftinés pour la Nouvelle
Angleterre , ont été pris par les Corfaires
l'Amiral & l'Espérance de ce port , où ces Corfaires
les ont fait conduire.
Il est arrivé à Saint-Jean de Luz un Bâtiment
Anglois , appellé le Poftillon , de Jerzey , chargé
de mille quintaux de morue , qui a été pris par le
Corfaire le Saint- Jean- Baptifte de ce Port.
Le 23 Septembre , le Prince Conſtantin de Rohan
, Premier Aumônier du Roi , fut élu unanimement
Evêque de Strasbourg par les Chanoines
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
de la Cathédrale , qui avoient eu la permiffion du
Roi , de s'affembler pour procéder à cette Election
.
Le 27 , Monfeigneur le Duc de Bourgogne ,
Monfeigneur le Duc de Berry & Monfeigneur le
Comte de Provence , accompagnés de Madame la
Comteffe de Marfan , Gouvernante des Enfans de
France , revinrent du Château de Meudon.
Sa Majefté a accordé une place de Commandeur
dans l'Ordre de Saint Louis , au Marquis de
Monteynard , Maréchal de Camp , & Infpecteur
Général de l'Infanterie.
On vient de former en Saintonge , pour la garde
des côtes de cette Province , un Corps de quatre
Efcadrons de Dragons , qui feront à la folde du
Roi , tous les ans , pendantle temps de la campagne.
Sa Majefté a donné le commandement de
cette troupe , auquel eft attaché le grade de
Meftre de Camp de Dragons , à M. le Marquis de
Culant- Ciré , ci -devant Capitaine de Cavalerie
dans le Régiment Royal Pologne. La même troupe
a M. de Châteaubardon pour Lieutenant - Colonel.
M. de Fontaine en eft Aide -Major Général ,
avec commiffion de Capitaine de Dragons.
Selon les nouvelles de Mahon , M. le Comte
de Lannion , Gouverneur de l'Ile Minorque , y
a célebré avec beaucoup d'éclat la Fête de Saint
Louis , dont le Roi porte le nom. Le Te Deum
fut chanté au bruit de toute l'artillerie & de la
moufqueterie de la Garnifon rangée en bataille
fur la Place . On tira le foir un très - beau feu d'artifice.
La nuit toute la Ville fut illuminée .
L'Hôtel de M. le Comte de Lannion & l'Hôtel de
Ville , le furent avec une grande magnificence.
On mande de Toulon que M. de Carné-
Marcein , Capitaine de Vaiffeau , commandant la
OCTOBRE. 1756. 227
"
Frégate du Roi la Pleyade , a conduit en ce Port ,
où il eft arrivé le 18 , une Goelette venant de
Londres , armée en courfe avec quatorze canons
& fur laquelle il s'eft trouvé foixante - quinze
hommes. Il s'étoit emparé quelques jours auparavant
de la Pinque Angloife , appellée l'Afrique ,
chargée de bled.
M. de Cour , Enfeigne de Vaiffeau , commandant
la Corvette du Roi la Levrette , eft rentré à
Breſt le 21 , avec le Corfaire le Dauphin , de Jerzey
, dont il s'est rendu maître .
Le Brigantin Anglois le Dauphin , chargé de
thé , de cordages , de fil de carret , & d'autres
marchandifes deftinées pour S. Jean d'Antigues ,
a été pris dans la rade de Dunkerque , & conduit
en ce Port.
Le Corfaire l'Infernal , du Havre , dont eft Ca.
pitaine Louis de Ferne , a remis à Boulogne quarante-
deux Anglois , faits prifonniers fur un Senaw
armé de dix canons , qu'il a pris à l'abordage. Il
s'étoit rendu maître d'un autre Bâtiment ennemi
qu'il a rançonné pour huit cens foixante - dix livres
fterlings.
Il eſt arrivé à Morlaix un Brigantin Anglois ,
pris par le Corfaire la Dauphine , de Boulogne ,
& dont le chargement confifte en charbon de
terre , & en deux cens bouteilles d'eau- forte.
Les Octobre , le Roi accompagné de Monfeigneur
le Dauphin & de Madame la Dauphine arriva
à Fontaineblau de Choify , où Sa Majeſté s'étoit
rendue le 3 de ce mois.
Leg , M. le Duc de Fronfac prêta ferment
entre les mains du Roi , pour la Charge de Premier
Gentilhomme de la Chambre de Sa Majefté
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Résumé : « Madame Louise vint à Paris le 20 Septembre ; & se rendit à la Maison [...] »
En septembre 1756, Madame Louise se rendit à Paris et remit des voiles à plusieurs demoiselles à la Maison des Dames de l'Enfant Jésus. L'abbé de Sailly prononça le sermon lors de cette cérémonie. À Dunkerque, le capitaine Guilbert Sutton amena le navire anglais la Catherine. Le corsaire la Fourmi captura le navire le Robert & Thomas, chargé de beurre et de charbon, et le conduisit à Calais. Le navire français l'Harmonie, pris par un vaisseau anglais, fut repris par le corsaire le Prince de Soubise et conduit au Havre. Plusieurs navires anglais furent capturés par des corsaires français : l'Edouard & Marie et le Louis par les corsaires l'Infernal et la Favorite ; la Penelope, le Fame, le Succès et la Providence par le corsaire le Port-Mahon ; le Duc de Toscane et l'Elisabeth par le corsaire l'Espérance. À Bayonne, les navires le Salé et le Dauphin furent pris par les corsaires l'Amiral et l'Espérance. Le navire le Postillon fut capturé par le corsaire le Saint-Jean-Baptiste à Saint-Jean de Luz. Le 23 septembre, le prince Constantin de Rohan fut élu évêque de Strasbourg. Le 27 septembre, les ducs de Bourgogne, de Berry et le comte de Provence, accompagnés de la comtesse de Marsan, revinrent du château de Meudon. Le roi accorda une place de commandeur dans l'Ordre de Saint-Louis au marquis de Monteynard. En Saintonge, un corps de dragons fut formé pour la garde des côtes, commandé par le marquis de Culant-Ciré. À Mahon, le comte de Lannion célébra la fête de Saint-Louis avec éclat. À Toulon, le capitaine de vaisseau de Carné-Marcein conduisit une goélette armée en course à ce port. Le brigantin anglais le Dauphin fut capturé dans la rade de Dunkerque. Le corsaire l'Infernal remit quarante-deux prisonniers à Boulogne. Un brigantin anglais fut capturé par le corsaire la Dauphine et conduit à Morlaix. En octobre, le roi, accompagné du dauphin et de la dauphine, arriva à Fontainebleau. Le duc de Frontenac prêta serment pour la charge de Premier Gentilhomme de la Chambre du roi.
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1336
p. 228
BÉNÉFICES DONNÉS.
Début :
Le Roi a donné l'Abbaye de Simorre, Ordre de Saint Benoît, Diocèse [...]
Mots clefs :
Abbayes, Ordres, Diocèses, Religieux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BÉNÉFICES DONNÉS.
BÉNÉFICES DONNÉS.
LE Roi a donné l'Abbaye de Simorre , Ordre
de Saint Benoît , Diocèfe d'Auch , à M. l'Abbé de
Noë , Vicaire Général de l'Archevêché d'Alby ;
l'Abbaye Réguliere & Elective de Loos , Ordre
de Câteaux , Diocèle de Tournay , à Dom Breton
, Religieux de cette Abbaye ; celle de Saint
Corentin , Ordre de Saint Benoît , Diocèse de
Chartres , à la Dame de Boiffe , Religieufe de
Pantemont ; & le Prieuré Conventuel & Electif
de Bouteville , Ordre de Saint Augustin , Diocèfe
de Saintes , à M. l'Abbé de Lancofme , Tréforier
de la Sainte Chapelle de Bourges.
LE Roi a donné l'Abbaye de Simorre , Ordre
de Saint Benoît , Diocèfe d'Auch , à M. l'Abbé de
Noë , Vicaire Général de l'Archevêché d'Alby ;
l'Abbaye Réguliere & Elective de Loos , Ordre
de Câteaux , Diocèle de Tournay , à Dom Breton
, Religieux de cette Abbaye ; celle de Saint
Corentin , Ordre de Saint Benoît , Diocèse de
Chartres , à la Dame de Boiffe , Religieufe de
Pantemont ; & le Prieuré Conventuel & Electif
de Bouteville , Ordre de Saint Augustin , Diocèfe
de Saintes , à M. l'Abbé de Lancofme , Tréforier
de la Sainte Chapelle de Bourges.
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Résumé : BÉNÉFICES DONNÉS.
Le Roi a attribué plusieurs abbayes et prieurés. L'Abbaye de Simorre, dans le diocèse d'Auch, à l'Abbé de Noë. L'Abbaye de Loos, dans le diocèse de Tournay, à Dom Breton. L'Abbaye de Saint Corentin, dans le diocèse de Chartres, à la Dame de Boiffe. Le Prieuré de Bouteville, dans le diocèse de Saintes, à l'Abbé de Lancosme.
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1337
p. 228-234
NAISSANCES, MARIAGES ET MORTS.
Début :
Dame de Rivié, l'une des Dames nommées pour accompagner Madame, épouse [...]
Mots clefs :
Naissances, Mariages, Morts, Marquis, Dames, Maison de Canonville, Maison Cailhou-Désignac, Comte de Sourches
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NAISSANCES, MARIAGES ET MORTS.
NAISSANCES, MARIAGES
ET MORTS.
DAme Ame de Rivié , l'une des Dames nommées
pour accompagner Madame , épouſe du Marquis
de Gouy-d'Arey , Brigadier d'Infanterie , & Colonel-
Lieutenant du Régiment dela Reine , eft accouchée
d'un fils qui a été tenu fur les fonts le 17
Juillet , dans la Chapelle du Château de Compiegne
, par Monfeigneur le Dauphin & Madame ,
& nommée François . L'Abbé de Sainte- Aldegonde
, Aumônier du Roi , fuppléa les cérémonies du
Baptême à cet enfant.
Marie-Jeanne Olimpe de Bonnevie , époufe de
Marie- rançois - Henri de Franquetot , Comte de
Coigny , Meftre de Camp- Général de Dragons ,
OCTOBRE. 1756. 229
& Gouverneur du Château de Choifi , eft accou
chée le 2 Septembre , d'un fils qui a été baptifé le
même jour à S. Euftache , & a eu pour parrain le
Maréchal Duc de Coigny, fon bifayeul paternel
& pour marraine la Préfidente de Naffigny fa
bifayeule maternelle.
Le ... 1756 , N. Trudaine de Montigni , Maître
des Requêtes & Intendant des Finances , en ſurvivance
de Daniel- Charles- Trudaine fon pere , depuis
le mois d'Août 1754 , époula N. Gagne de
Perigni , fille d'Antoine-Jean Gagne de Perigni
Maître des Requêtes. Leur contrat avoit été figné
-par Leurs Majeftés le 21 Mars.
Charles-Louis-Jofeph- Alexandre de Canonville,
Marquis de Raffetot , Meftre de Camp de Cavalerie
, Sous- Lieutenant de la Compagnie des Chevaux-
légers de Monfeigneur le Dauphin , fils de
Louis- Auguftin , Marquis de Canonville , & de
Conftance-Geneviève- Catherine- Louife de Par
dieu-d'Avremenil , époufa le 18 Mai , Dame Ma
rie Magdeleine- Louife de Barberie- de S. Contest,
veuve de Louis - Henri - Felix du Pleffis- Chatillon
Marquis du Pleflis - Châtillon , de S. Gelais & de
Nonant , Comte de Château- Meillien , & fille de
feu Mefire François - Dominique de Barberie
Marquis de S. Conteft , Miniftre & Secretaire
d'Etat , ayant le Département des Affaires Etran-
-geres , & de Jeanne-Monique des Vieux. La Bénédiction
Nuptiale leur fut donnée par l'Evêque
de Metz. Leur contrat de mariage avoit été
figné le 16 du même mois par Leurs Majeftés.
& la Famille Royale.
9
La maifon de Canonville eft comptée à jufte
titre parmi les plus diftinguées de la Province de
Normandie , où elle eft connue depuis l'an 1066'
qu'un Seigneur de ce nom accompagna Guillau
230 MERCURE DE FRANCE .
me le Conquérant. Duchêne , Hift . de Normandie,
pag. 1116 , Chron . de Brompton , pag. 964 du Recueil
des Hiftoriens Anglois. Raoul , feigneur de
Canonville , Manneville & Veneſville , un de fes
defcendans , vivant en 1157 , eft le quinzieme
ayeul du Marquis de Raffetot duquel nous annonçons
le mariage.
Richard de Canonville eft nommé avec les plus
grands feigneurs de Normandie , dans deux chartes
de Henri II , Roi d'Angleterre & Duc de Normandie
, l'une qui accorde des privileges aux
Habitans de Rouen , donnée vers l'an 1175 , &
l'autre accordée environ le même temps à l'Abbaye
de Jumieges.
Cette maifon qui eft alliée à celles de Blainville
, Fefcamps , Villequier , Cailletot , Gueures ,
Rouvroi-S.-Simon , Hautemer-Fervaques , Choifeul,
Gramont , Perthuis , Pardieu , &c. poffede
la terre de Raffetot depuis l'an 1355 qu'elle lui
eft venue par le mariage de Pierre III , feigneur de
Canonville , avec Laurence de Cailletot , Dame
de Raffetor.
Canonville de Raffetot porte pour armes , de
gueules , à 3 molettes d'éperon d'or , 2 & 1.
-
Meffire Louis - Gabriel des Acres , Comte de
Laigle , Lieutenant - Général des Armées du Roi ,
veuf de Dame Françoife Gillette Loquet - de
Grandville , époufa le 19 Mai , Demoiſelle Anne-
Salomé Jofephine de Waës , fille de feu Meffire
Jean Guillaume- Anne Baron de Waes , & de
Dame Catherine de Limingue.
Demoiselle Catherine- Virginie Cailhou -Desgnac
eft décédé le 28 Février , âgée de 66 ans , &
a été inhumée à S. Sulpice . Elle étoit fille de Meffire
Charles Cailhou- Défignac , premier Ecuyer
de fon Alteffe Séréniffime Henri de Bourbon ,
OCTOBRE . 1756. 231
Duc de Verneuil , mort le 8 Mars 1736 ( 1 ) , âgé
de 94 ans , & de Dame Jeanne Gallois -de Vaudricourt
, morte le 6 Janvier de la même année 1736,
( 2 ) âgée de 88 ans , fceur de feu M. de Vaudricourt
, mort Chef d'Eſcadre .
La demoiſelle dont nous annonçons la mort
eft la derniere de fa famille , une des plus anciennes
du Poitou , alliée aux Maifons de Coué , de
Chaftaigner , de Mauléon , &c. & par elles à celle
de Voyer d'Argenfon . Elle avoit une foeur aînée
qui eft morte le 8 Novembre 1738 , ( 3 ) du mariage
de laquelle avec N. de Launay , il refte
1º. Meffire Charles- Pierre de Launay , Prêtre ,
Prieur Commendataire du Prieuré Royal d'Argenteuil.
2 °. Meffire Ambroife Henri de
Launay , appellé le Chevalier de Vaudricourt
Chevalier de Saint - Louis , qui a fervi dans la
Marine. 3 ° . Meflire Jofeph - François de Launay
, Capitaine de Grenadiers dans le Régiment
de Champagne , auffi Chevalier de l'Ordre
Royal & Militaire de S. Louis . 4° . Demoiſelle
Henriette-Virginie de Launay , fille.
·
"
Dame Marie- Marguerite Chaillon , épouse de
Mefire André-Jean Lalouette-de Vernicourt, Maréchal
des Camps & Armées du Roi , mourut le
12 Mars , à Paris .
Dame Etiennette-Louife d'Hallencourt , veuve
de Melfire Etienne , Comte de Graffe , eft morte
en cette ville le 13 , âgée de 65 ans .
Meffire Henri-François- de- Paule le Fevre-d'Ormeffon
, Confeiller d'Etat ordinaire & au Confeil
Royal , Intendant des Finances , eft mort le 20
(1 ) Voyez le Mercure de Mars 1736 .
(2) Voyez le Mercure de Janvier 1736.
(3) Voyez le Mercure de Novembre 1738.
232 MERCURE DE FRANCE:
Mars , en cette Ville , dans la foixante-feizieme
année de fon âge.
Dame Barbe-Magdeleine Maynon , veuve de
Meffire Nicolas- Etienne Roujaukt , Maître des Requêtes
Honoraire , & Confeiller au Confeil du
dedans du Royaume & de commerce, eft morte le
même jour , âgée de 88 ans .
Meffire Pierre de Malezieu , Lieutenant -Général
des Armées du Roi , & Commandeur de l'Ordre
Royal & Militaire de S. Louis , mourut la
nuit du 21 au 22.
Meffire Etienne Croufet , Abbé de l'Abbaye de
Pleine-Selve , Ordre de Prémontré , Dioceſe de
Bordeaux , & Docteur en Théologie de la Faculté
de Paris , eft mort le 26 Mars , âgé de 88 ans , & a
été inhumé le lendemain en l'Eglife de l'Abbaye
de S. Victor.
Louis-François de Boufchet , d'abord Chevalier
de Malte , dit le Chevalier , puis le Comte de
Sourches , feigneur de la Ronce , & c. Lieutenant-
Général des Armées du Roi , Chevalier de l'Ordre
Royal & Militaire de S. Louis , & de celui de s.
Lazare , eft mort en cette ville , le 29 Mars 1756,
dans la quatre- vingt- cinquieme année de fon âge ,
étant né le 9 Juillet 1671. Il étoit troisieme fils
de Louis- François de Boufchet , Marquis de Sourches
, Confeiller d'Etat , Prevôt de l'Hôtel du Roi,
& Grand Prevôt de France , Gouverneur des Provinces
& Comtés du Maine , de Laval & du Perche
, & de Marie- Géneviève de Chambes , Comteffe
de Montforeau.
Le Comte de Sourches avoit fervi avec diſtinetion
dans les guerres d'Italie , enfuite dans celles
d'Espagne , & avoit été fucceffivement Moufquetaire
du Roi dans la premiere Compagnie en 1690 ;
Enfeigne au Régiment des Gardes Françoifes en
OCTOBRE. 1756. 233
1691 ; Colonel d'un Régiment d'Infanterie de fon
nom en 1695 , lequel étant réformé en 1701 ,
obtint fa réforme à la fuite de la garniſon d'Amiens.
Le 3 Mars de la même année , le Roi le
nomma Colonel à la faite du Régiment de Sourches
, dont le Comte de Montforeau fon frere
aîné , étoit Colonel. Il fut fait Brigadier des Armées
du Roi le 26 Octobre 1704 , & Colonel du
Régiment ci- devant Sourches , le 5 Septembre
1706 , après la mort du Marquis de Vaudreuil.
En 1715 , le Grand- Maî re de Malte , lui accorda
la permiffion de porter la Croix de l'Ordre , quoique
marié : il la quitta cette même année pour
celles des Ordres de S. Louis & de S. Lazare ; fut
fait Maréchal de Camp le 8 Mars 1718 , & Lieu
tenant Général le 20 Février 1734. Il avoit époufé
le 23 Octobre 1715 , Hilaire- Urfule de Thier
fault ; de ce mariage eft né Louis-Hilaire de Boufchet
, dit le Comte de Sourches , ci- devant Capitaine
de Dragons au Régiment de Languedoc ,
Chevalier de l'Ordre Militaire de S. Louis , marié
le 18 Janvier 1747 , à Louiſe- Françoife le Vayer,
Voyez pour cette Maiſon , l'Hift. des Grands Officiers
de la Couronne , vol. 9 , pag. 197 ; le qua
trieme & fixieme vol. des Tablettes Généalogiques
, pag. 116 & 10 ; les Mercures de France de
Juin 1746 ; le deuxieme vol. de Décembre 1747 ;
Juin 1748 le deuxieme vol. de 1750 ; Février &
Octobre 1753.
Marie-Emmanuelle d'Alegre , fille de feu Yves
d'Alegre , Marquis d'Alegre , Baron de Tourze ,
Maréchal de France , &c. & époufe de Jean- Baprifte-
François Defmaretz , Marquis de Maillebois,
Maréchal de France , Capitaine- Général des Armées
de Sa Majesté Catholique , Grand d'Espagne ,
Chevalier des Ordres du Roi , & Maître de la Gar234
MERCURE DE FRANCE.
de- Robe de Sa Majefté , eft morte le premier Avril,
à Versailles , dans la foixante- fixieme année de
fon âge , & a été inhumée le 6 , dans l'ancienne
Eglife de la Paroiffe du Château de Verſailles . Elle
étoit une des Dames nommées pour accompagner
Madame.
Dame Marie - Hélene - Elizabeth - Hyacinthe
de Narbonne-Pelet , épouse de Meffire Pons - Frédéric
de Pierre , feigneur des Ports en Languedoc
, Comte de Bernis , eft morte le 10 Avril.
Elle avoit été mariée le 16 Octobre dernier. Voyez
le mois de Novembre 1755 de ce Journal , page
235.
ET MORTS.
DAme Ame de Rivié , l'une des Dames nommées
pour accompagner Madame , épouſe du Marquis
de Gouy-d'Arey , Brigadier d'Infanterie , & Colonel-
Lieutenant du Régiment dela Reine , eft accouchée
d'un fils qui a été tenu fur les fonts le 17
Juillet , dans la Chapelle du Château de Compiegne
, par Monfeigneur le Dauphin & Madame ,
& nommée François . L'Abbé de Sainte- Aldegonde
, Aumônier du Roi , fuppléa les cérémonies du
Baptême à cet enfant.
Marie-Jeanne Olimpe de Bonnevie , époufe de
Marie- rançois - Henri de Franquetot , Comte de
Coigny , Meftre de Camp- Général de Dragons ,
OCTOBRE. 1756. 229
& Gouverneur du Château de Choifi , eft accou
chée le 2 Septembre , d'un fils qui a été baptifé le
même jour à S. Euftache , & a eu pour parrain le
Maréchal Duc de Coigny, fon bifayeul paternel
& pour marraine la Préfidente de Naffigny fa
bifayeule maternelle.
Le ... 1756 , N. Trudaine de Montigni , Maître
des Requêtes & Intendant des Finances , en ſurvivance
de Daniel- Charles- Trudaine fon pere , depuis
le mois d'Août 1754 , époula N. Gagne de
Perigni , fille d'Antoine-Jean Gagne de Perigni
Maître des Requêtes. Leur contrat avoit été figné
-par Leurs Majeftés le 21 Mars.
Charles-Louis-Jofeph- Alexandre de Canonville,
Marquis de Raffetot , Meftre de Camp de Cavalerie
, Sous- Lieutenant de la Compagnie des Chevaux-
légers de Monfeigneur le Dauphin , fils de
Louis- Auguftin , Marquis de Canonville , & de
Conftance-Geneviève- Catherine- Louife de Par
dieu-d'Avremenil , époufa le 18 Mai , Dame Ma
rie Magdeleine- Louife de Barberie- de S. Contest,
veuve de Louis - Henri - Felix du Pleffis- Chatillon
Marquis du Pleflis - Châtillon , de S. Gelais & de
Nonant , Comte de Château- Meillien , & fille de
feu Mefire François - Dominique de Barberie
Marquis de S. Conteft , Miniftre & Secretaire
d'Etat , ayant le Département des Affaires Etran-
-geres , & de Jeanne-Monique des Vieux. La Bénédiction
Nuptiale leur fut donnée par l'Evêque
de Metz. Leur contrat de mariage avoit été
figné le 16 du même mois par Leurs Majeftés.
& la Famille Royale.
9
La maifon de Canonville eft comptée à jufte
titre parmi les plus diftinguées de la Province de
Normandie , où elle eft connue depuis l'an 1066'
qu'un Seigneur de ce nom accompagna Guillau
230 MERCURE DE FRANCE .
me le Conquérant. Duchêne , Hift . de Normandie,
pag. 1116 , Chron . de Brompton , pag. 964 du Recueil
des Hiftoriens Anglois. Raoul , feigneur de
Canonville , Manneville & Veneſville , un de fes
defcendans , vivant en 1157 , eft le quinzieme
ayeul du Marquis de Raffetot duquel nous annonçons
le mariage.
Richard de Canonville eft nommé avec les plus
grands feigneurs de Normandie , dans deux chartes
de Henri II , Roi d'Angleterre & Duc de Normandie
, l'une qui accorde des privileges aux
Habitans de Rouen , donnée vers l'an 1175 , &
l'autre accordée environ le même temps à l'Abbaye
de Jumieges.
Cette maifon qui eft alliée à celles de Blainville
, Fefcamps , Villequier , Cailletot , Gueures ,
Rouvroi-S.-Simon , Hautemer-Fervaques , Choifeul,
Gramont , Perthuis , Pardieu , &c. poffede
la terre de Raffetot depuis l'an 1355 qu'elle lui
eft venue par le mariage de Pierre III , feigneur de
Canonville , avec Laurence de Cailletot , Dame
de Raffetor.
Canonville de Raffetot porte pour armes , de
gueules , à 3 molettes d'éperon d'or , 2 & 1.
-
Meffire Louis - Gabriel des Acres , Comte de
Laigle , Lieutenant - Général des Armées du Roi ,
veuf de Dame Françoife Gillette Loquet - de
Grandville , époufa le 19 Mai , Demoiſelle Anne-
Salomé Jofephine de Waës , fille de feu Meffire
Jean Guillaume- Anne Baron de Waes , & de
Dame Catherine de Limingue.
Demoiselle Catherine- Virginie Cailhou -Desgnac
eft décédé le 28 Février , âgée de 66 ans , &
a été inhumée à S. Sulpice . Elle étoit fille de Meffire
Charles Cailhou- Défignac , premier Ecuyer
de fon Alteffe Séréniffime Henri de Bourbon ,
OCTOBRE . 1756. 231
Duc de Verneuil , mort le 8 Mars 1736 ( 1 ) , âgé
de 94 ans , & de Dame Jeanne Gallois -de Vaudricourt
, morte le 6 Janvier de la même année 1736,
( 2 ) âgée de 88 ans , fceur de feu M. de Vaudricourt
, mort Chef d'Eſcadre .
La demoiſelle dont nous annonçons la mort
eft la derniere de fa famille , une des plus anciennes
du Poitou , alliée aux Maifons de Coué , de
Chaftaigner , de Mauléon , &c. & par elles à celle
de Voyer d'Argenfon . Elle avoit une foeur aînée
qui eft morte le 8 Novembre 1738 , ( 3 ) du mariage
de laquelle avec N. de Launay , il refte
1º. Meffire Charles- Pierre de Launay , Prêtre ,
Prieur Commendataire du Prieuré Royal d'Argenteuil.
2 °. Meffire Ambroife Henri de
Launay , appellé le Chevalier de Vaudricourt
Chevalier de Saint - Louis , qui a fervi dans la
Marine. 3 ° . Meflire Jofeph - François de Launay
, Capitaine de Grenadiers dans le Régiment
de Champagne , auffi Chevalier de l'Ordre
Royal & Militaire de S. Louis . 4° . Demoiſelle
Henriette-Virginie de Launay , fille.
·
"
Dame Marie- Marguerite Chaillon , épouse de
Mefire André-Jean Lalouette-de Vernicourt, Maréchal
des Camps & Armées du Roi , mourut le
12 Mars , à Paris .
Dame Etiennette-Louife d'Hallencourt , veuve
de Melfire Etienne , Comte de Graffe , eft morte
en cette ville le 13 , âgée de 65 ans .
Meffire Henri-François- de- Paule le Fevre-d'Ormeffon
, Confeiller d'Etat ordinaire & au Confeil
Royal , Intendant des Finances , eft mort le 20
(1 ) Voyez le Mercure de Mars 1736 .
(2) Voyez le Mercure de Janvier 1736.
(3) Voyez le Mercure de Novembre 1738.
232 MERCURE DE FRANCE:
Mars , en cette Ville , dans la foixante-feizieme
année de fon âge.
Dame Barbe-Magdeleine Maynon , veuve de
Meffire Nicolas- Etienne Roujaukt , Maître des Requêtes
Honoraire , & Confeiller au Confeil du
dedans du Royaume & de commerce, eft morte le
même jour , âgée de 88 ans .
Meffire Pierre de Malezieu , Lieutenant -Général
des Armées du Roi , & Commandeur de l'Ordre
Royal & Militaire de S. Louis , mourut la
nuit du 21 au 22.
Meffire Etienne Croufet , Abbé de l'Abbaye de
Pleine-Selve , Ordre de Prémontré , Dioceſe de
Bordeaux , & Docteur en Théologie de la Faculté
de Paris , eft mort le 26 Mars , âgé de 88 ans , & a
été inhumé le lendemain en l'Eglife de l'Abbaye
de S. Victor.
Louis-François de Boufchet , d'abord Chevalier
de Malte , dit le Chevalier , puis le Comte de
Sourches , feigneur de la Ronce , & c. Lieutenant-
Général des Armées du Roi , Chevalier de l'Ordre
Royal & Militaire de S. Louis , & de celui de s.
Lazare , eft mort en cette ville , le 29 Mars 1756,
dans la quatre- vingt- cinquieme année de fon âge ,
étant né le 9 Juillet 1671. Il étoit troisieme fils
de Louis- François de Boufchet , Marquis de Sourches
, Confeiller d'Etat , Prevôt de l'Hôtel du Roi,
& Grand Prevôt de France , Gouverneur des Provinces
& Comtés du Maine , de Laval & du Perche
, & de Marie- Géneviève de Chambes , Comteffe
de Montforeau.
Le Comte de Sourches avoit fervi avec diſtinetion
dans les guerres d'Italie , enfuite dans celles
d'Espagne , & avoit été fucceffivement Moufquetaire
du Roi dans la premiere Compagnie en 1690 ;
Enfeigne au Régiment des Gardes Françoifes en
OCTOBRE. 1756. 233
1691 ; Colonel d'un Régiment d'Infanterie de fon
nom en 1695 , lequel étant réformé en 1701 ,
obtint fa réforme à la fuite de la garniſon d'Amiens.
Le 3 Mars de la même année , le Roi le
nomma Colonel à la faite du Régiment de Sourches
, dont le Comte de Montforeau fon frere
aîné , étoit Colonel. Il fut fait Brigadier des Armées
du Roi le 26 Octobre 1704 , & Colonel du
Régiment ci- devant Sourches , le 5 Septembre
1706 , après la mort du Marquis de Vaudreuil.
En 1715 , le Grand- Maî re de Malte , lui accorda
la permiffion de porter la Croix de l'Ordre , quoique
marié : il la quitta cette même année pour
celles des Ordres de S. Louis & de S. Lazare ; fut
fait Maréchal de Camp le 8 Mars 1718 , & Lieu
tenant Général le 20 Février 1734. Il avoit époufé
le 23 Octobre 1715 , Hilaire- Urfule de Thier
fault ; de ce mariage eft né Louis-Hilaire de Boufchet
, dit le Comte de Sourches , ci- devant Capitaine
de Dragons au Régiment de Languedoc ,
Chevalier de l'Ordre Militaire de S. Louis , marié
le 18 Janvier 1747 , à Louiſe- Françoife le Vayer,
Voyez pour cette Maiſon , l'Hift. des Grands Officiers
de la Couronne , vol. 9 , pag. 197 ; le qua
trieme & fixieme vol. des Tablettes Généalogiques
, pag. 116 & 10 ; les Mercures de France de
Juin 1746 ; le deuxieme vol. de Décembre 1747 ;
Juin 1748 le deuxieme vol. de 1750 ; Février &
Octobre 1753.
Marie-Emmanuelle d'Alegre , fille de feu Yves
d'Alegre , Marquis d'Alegre , Baron de Tourze ,
Maréchal de France , &c. & époufe de Jean- Baprifte-
François Defmaretz , Marquis de Maillebois,
Maréchal de France , Capitaine- Général des Armées
de Sa Majesté Catholique , Grand d'Espagne ,
Chevalier des Ordres du Roi , & Maître de la Gar234
MERCURE DE FRANCE.
de- Robe de Sa Majefté , eft morte le premier Avril,
à Versailles , dans la foixante- fixieme année de
fon âge , & a été inhumée le 6 , dans l'ancienne
Eglife de la Paroiffe du Château de Verſailles . Elle
étoit une des Dames nommées pour accompagner
Madame.
Dame Marie - Hélene - Elizabeth - Hyacinthe
de Narbonne-Pelet , épouse de Meffire Pons - Frédéric
de Pierre , feigneur des Ports en Languedoc
, Comte de Bernis , eft morte le 10 Avril.
Elle avoit été mariée le 16 Octobre dernier. Voyez
le mois de Novembre 1755 de ce Journal , page
235.
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Résumé : NAISSANCES, MARIAGES ET MORTS.
En 1756, plusieurs événements familiaux marquants ont été enregistrés. Dame Ame de Rivié et Madame, épouse du Marquis de Gouy-d'Arey, ont donné naissance à un fils nommé François, baptisé le 17 juillet à la Chapelle du Château de Compiègne par Monseigneur le Dauphin et Madame. Marie-Jeanne Olimpe de Bonnevie, épouse du Comte de Coigny, a également accouché d'un fils, baptisé le 2 septembre à Saint-Eustache. N. Trudaine de Montigni, Maître des Requêtes et Intendant des Finances, a épousé N. Gagne de Perigni, fille d'Antoine-Jean Gagne de Perigni, également Maître des Requêtes. Charles-Louis-Joseph-Alexandre de Canonville, Marquis de Raffetot, a épousé Dame Marie Magdeleine-Louise de Barberie de Saint-Contest, veuve du Marquis du Plessis-Châtillon. La maison de Canonville est distinguée en Normandie depuis 1066. Plusieurs décès ont également été rapportés cette année-là. Demoiselle Catherine-Virginie Cailhou-Desgnac, âgée de 66 ans, est décédée. Dame Marie-Marguerite Chaillon, épouse de André-Jean Lalouette-de Vernicourt, ainsi que Dame Etiennette-Louise d'Hallencourt, veuve du Comte de Graffe, sont également décédées. Meffire Henri-François de Paule le Fevre-d'Ormeffon, Conseiller d'État, et Dame Barbe-Magdeleine Maynon, veuve de Nicolas-Étienne Roujaukt, ont également perdu la vie. Meffire Pierre de Malezieu, Lieutenant-Général des Armées du Roi, et Meffire Étienne Croufet, Abbé de l'Abbaye de Pleine-Selve, sont décédés. Louis-François de Boufchet, Comte de Sourches, Marie-Emmanuelle d'Alegre, épouse du Marquis de Maillebois, et Dame Marie-Hélène-Elisabeth-Hyacinthe de Narbonne-Pelet, épouse du Comte de Bernis, ont également été mentionnés parmi les défunts.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1338
p. 234-235
A L'AUTEUR DU MERCURE.
Début :
Monsieur, il arrive tous les jours aux gens de Robe & [...]
Mots clefs :
Finances, Tableau, Arrêts, Déclarations, Édits
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A L'AUTEUR DU MERCURE.
A L'AUTEUR DU MERCURE.
Monfieur , il arrive tous les jours aux gens
de Robe & de Finance , & à des Particuliers
même , d'avoir befoin dans des opérations , des
EPOQUES des Dixiemes , Cinquantieme , Vingtiemes
des deux fols pour livre en fus du dernier
Dixieme. La difficulté eft de trouver ſous ſa main
dans l'inftant qu'on en a befoin , les différens
Edits , Arrêts & Déclarations qui les ont établis
& fupprimés. Ceux qui n'en ont pas fouvent befoin
, donnent avec peine quatre livres ou cent
fols , pour fe procurer ces pièces chez les Libraires
qui en ont fait la collection , & qui ne les donnent
pas à bon marché : l'épreuve que j'en ai faite
m'a donné l'idée de dreffer le petit tableau que je
vous envoie ; & comme la Société peut y trouver
de l'utilité , j'ai cru qu'il pourroit tenir une
place dans le Mercure .
J'ai l'honneur d'être , & c.
DELAGRAVE , Commiſſaire au Châtelet.
Monfieur , il arrive tous les jours aux gens
de Robe & de Finance , & à des Particuliers
même , d'avoir befoin dans des opérations , des
EPOQUES des Dixiemes , Cinquantieme , Vingtiemes
des deux fols pour livre en fus du dernier
Dixieme. La difficulté eft de trouver ſous ſa main
dans l'inftant qu'on en a befoin , les différens
Edits , Arrêts & Déclarations qui les ont établis
& fupprimés. Ceux qui n'en ont pas fouvent befoin
, donnent avec peine quatre livres ou cent
fols , pour fe procurer ces pièces chez les Libraires
qui en ont fait la collection , & qui ne les donnent
pas à bon marché : l'épreuve que j'en ai faite
m'a donné l'idée de dreffer le petit tableau que je
vous envoie ; & comme la Société peut y trouver
de l'utilité , j'ai cru qu'il pourroit tenir une
place dans le Mercure .
J'ai l'honneur d'être , & c.
DELAGRAVE , Commiſſaire au Châtelet.
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Résumé : A L'AUTEUR DU MERCURE.
Delagrave, Commissaire au Châtelet, souligne la difficulté à accéder rapidement aux édits et arrêts relatifs aux Dixièmes, Cinquantièmes, Vingtièmes et aux deux sols pour livre. Ces documents sont essentiels pour les opérations financières ou juridiques. Delagrave propose un tableau pour faciliter cet accès et suggère sa publication dans le Mercure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1339
p. 185-195
ALLEMAGNE.
Début :
On a fait pendant trois jours dans toutes les Eglises, des prieres [...]
Mots clefs :
Vienne, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Ordonnances, Bratislava, Seigneurs, Maison d'Esterhasi, Régiments, Prince Picolomini, Baron de Buccow, Ratisbonne, Rescrit de l'Empereur, Électeur de Saxe, Violences, Diète, Roi de Prusse, Dresde, Batailles, Officiers, Ministre plénipotentiaire de l'Impératrice de Russie, Déclaration, Berlin, Sieur d'Oppren, États généraux des Provinces-Unies
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 25 Septembre.
On a fait pendant trois jours dans toutes les
Eglifes , des prieres publiques pour la profpérité
des Amesde l'Impératrice keine. Cette Princeffe
a ordonné que les Chambres de fes Finances fourniffent
sing kieutzers par jour pour chacun des
garçons , depuis l'age de huit ans jufqu'à feize ,
qui doivent être transférés de Boheme en Autriche.
Ceux depuis feize ans jufqu'à quarante- cinq ,
formeront un Corps de Milices. Ils auront fept
kreutzers de paie par jour , & on leur donnera
186 MERCURE DE FRANCE.
un uniforme. Lorfque la tranquillité ſera rendue
à l'Allemagne , on les renverra chez eux .
DE PRESBOURG , le 26 Septembre.
En attendant les réfolutions que les Etats de
Hongrie prendront pour fournir à l'Impératrice
Reine les fecours néceffaires dans la conjoncture
préfente , plufieurs Seigneurs ont fait éclater d'avance
le zele dont ils font animés. La Maiſon
d'Efterhafi a donné l'exemple , & elle a offert la
premiere de lever à fes dépens un Régiment.
Quelques autres des Maifons les plus confidérables
de ce Royaume ont fait la même offre . Elles
ont été imitées par divers Evêques & riches Bénéficiers.
Du Quartier Général du Prince Picolemini à
Spalena-Lhotka , le 29 Septembre 1756 .
Le Baron de Buccow , Lieutenant - Feld- Maréchal
, qui étoit en avant pour obferver les monvemens
du Feld- Maréchal de Schwerin , ayant
appris que ce Général s'avançoit en forces , fe
replia fur Slavietin , enfuite à Oberb'eff , & le
21 il fe pofta derriere le pont de Schmirlitz. Le
22 il détacha le Baron Lufinski , Colonel Commandant
du Régiment de Feftetitz , avec quatre
cens Dragons des Régimens de Bathiani & de
Collowrath , & cent cinquante Huffards pour inquiéter
les ennemis. A la pointe du jour , le
Baron Lufinsky découvrit quelques E'cadrons
Pruffiens. Il les fit attaquer par fes Huffards. Les
Dragons de Bathiani & de Collowrath , fans attendre
l'ordre , donnerent de leur côté avec fureur.
Les Escadrons ennemis furent culbutés . Leur
perte monte à trois cens hommes , & on leur a
NOVEMBRE . 1756. 187
fait plufieurs prifonniers . Du côté des Autrichiens,
il eft reſté cent vingt Dragons ou Huffards fur le
champ de bataille. Aujourd'hui les troupes du
-Feld - Maréchal de Schwerin ont fait un grand
fourrage. Le Régiment de Bethléem entra hier
dans notre camp.
DE RATISBONNE , le 7 Octobre.
Voici l'Extrait du Refcrit que l'Empereur a addreffé
au Roi de Pruffe. « Nous François , par la
» grace de Dieu , Empereur des Romains , &c.
» Non feulement il eft notoire à tout l'Empire ,
mais il nous a été repréſenté par S. M. le Roi
» de Pologne Electeur de Saxe , que V. M. Electeur
» de Brandebourg étoit tombée hoftilement , par
» deux endroits , fur les Etats Electoraux de Saxe
avec une armée d'environ foixante mille hom-
» mes ; qu'Elle s'étoit emparée de la plus grande
partie de ces Etats ; que dès que vos troupes y
» furent entrées , elles commencerent par exiger
> du pays une quantité de livraiſons , qui alloit
beaucoup au-delà de fes facultés ; qu'on enleva
» aux Sujets leur bétail , leurs chevaux & leurs Va-
>>lets : qu'on s'empara de Léipfick , ainfi que des
> autres Villes ; qu'on faifit & dépouilla toutes les
caifles; qu'il fut défendu , fous peine de la vie ,
» à tous les Caifliers , Confeillers de Ville ,
» Marchands & autres Sujets , de rien payer dé-
»formais à l'Electeur de Saxe , & qu'ils eurent
>>ordre de remettre à Votre Majefté toutes les rentes
, accifes , tailles , & autres impôts du pays.
» que V. M. a fait prifonniers tous les Militaires
ɔɔde l'Electorat , qui font tombés en votre puif-
» fance ; & que même , contre le droit des gens ,
won a retenu plufieurs jours , comme tel , le
ISS MERCURE DE FRANCE.
» Général Méager que l'Electeur fon Maître avoi
envoyé vers vous avec des lettres : enfin que de
»telles hoftilités ont obligé le Roi de Pologne :
Electeur de Saxe , d'abandonner ſa réfidence ce
»Drefde , & d'aller chercher avec les troupes un
»azyle , qui pût affurer fa liberté d'Etat de l'Emmpire.
De plus, la Déclaration que V. M. a fait
»publier à Berlin , ne nous a pas permis d'igno-
»rer, que fes grands préparatifs de guerre étoient
deftinés contre les Etats Royaux & Electoraнx
» de Boheme , & qu'Elle alloit envahir encore
» d'autres Provinces de l'Empire . V. M. doit
>> reconnoître d'Elle - même que des vexations
>>auffi inouis contre l'Electorat de Saxe , les vio-
»lences & les pillages de vos troupes , leurs mena-
Dces de ravager tout par le fer & par le feu , la
» marche annoncée contre d'autres Etars , font
directement oppofées aux Loix de l'Empire. Ces
»entrepriſes bleffant notre autorité Impériale & la
»dignité de l'Empire , & renverfant toute la Confwtitution
du Corps Germanique , Nous nous
voyons indifpenfablement obligés , en vertu de
»notre Office Impérial , de remplir ce qu'exigent
» de nous l'adminiſtration de l'autorité qui nous
»a été confiée ; les Libertés de l'Allemagne ; la
> fûreté commune de tous les Etats de l'Empire ;
>>la tranquillité publique ; & les fermens folem-
»nels que nous avons faits d'obferver notre Ca-
»pitulation Impériale. A ces Cauſes , & par la
»plénitude de notre Pouvoir , nous commandons
très-férieufement à Votre Majefté , de faire ceffer
>> incontinent toutes violences contraires au repos
»public , & de renoncer à toute invaſion dans l'E-
>>lectorat de Saxe & dans d'autres pays de l'Allemagne.
Nous vous enjoignons de retirer vos
troupes fans aucun délai , & de ceffer des armeNOVEMBRE
. 1756. 189
X
mens dangereux pour la fûreté générale de l'Em-
» pire ; de réparer tous les dommages commis
» de reftituer ce qui a été pris ; & de nous infor-
» mer de l'exactitude avec laquelle vous aurez exécuté
ces ordres. Donné à Vienne , le 13 Septem
» bre 17:56. ”
Le Décret envoyé à la Diete par l'Empereur ,
n'eft pas conçu dans des termes moins forts . Il finit
ainfi . « Comme il ne faut rien négliger pour
>> arrêter le cours du défordre , & que le preflant
» danger où le trouve l'Electeur de Saxe , exige
>> une très prompte affiftance , on rappelle tous les
Habitans ou Naturels de l'Empire , qui font em,
» ployés au fervice & à la préfente expédition du
» Roi de Pruffe Electeur de Brandebourg. On re-
» commande auffi à tous les Cercles de l'Empire
de fecourir promptement la Paitie fouffrante
»comme il eft de leur devoir , & de ne pas per-
»mettre que dans leurs Diftricts il foit fait aucunes
levées pour l'Aggreffeur. S. M. Impériale ne
doute pas que ces Cercles ne voient d'eux mê-
» mes le péril qui menace chaque Etat en parti-
> culier & tout l'Empire en général. Certainement
»ils prévoient les maux qui réfulteroient d'un
bouleverſement total du Corps Germanique . Ils
»conçoivent qu'après la ruine des principaux
Etats , il ne refteroit aux autres que d'éprouver
»le même fort ; & que , l'occaſion le préfentant
Oppreffeur ne manqueroit pas de leur ravir
leurs Poffeffions , leurs Droits , leurs Libertés ,
& ( ce que les Membres de l'Empire ont de plus
»précieux ) , leur indépendance de leurs Co -Etats.
Ainfi S. M Impériale eft perfuadée que , fur des
>conſidérations fi importantes , ils fecoureront
de tout leur pouvoir l'Etat qui a été le premier
Denvahi, afin de prévenir le malheur de l'être eux190
MERCURE DE FRANCE.
» mêmes dans la fuite . Cependant comme d'un côré
les arrangemens concernant ce lecours exi-
» gent une nouvelle Ordonnance de l'Empire , &
» que de l'autre il est néceffaire de prendre des mefures
pour mettre déformais l'Allemagne en fû-
» reté , S. M. Imp. n'a pas voulu différer d'expo-
»fer , ainfi qu'Elle fait par la Préfente , aux Elec-
>> teurs , Princes & Etats , le danger éminent dont
>>l'Empire eft menacé , & ce qu'Elle a fair pour
mécarter l'orage. Elle leur déclare en même temps,
qu'elle défire d'eux qu'ils fe réuniffent inceffa
ment pour contribuer aux fecours qui doivent
Dêtre fournis , & qu'ils faffent part de leur délibé-
>> ration à S. M. Imp. , afin qu'on prenne de con-
» cert une réfolution ferme & Patriotique . Signé à
Vienne , le 14 Septembre 1756. »
la
Dans une nouvelle Déclaration qui paroît de
part du Roi de Pruffe , il eft dit : Que l'état de
profpérité , où la Maifon Electorale de Brandebourg
fe trouve depuis le commencement de ce
fiecle , & le zele de cette Maifon pour le maintien
des droits de l'Empire, & pour l'intérêt de la cauſe
Proteftante , ont excité contre S. M. Pruffienne
les vues de la Cour de Vienne , & ont animé cette
Cour à former des entreprifes pour l'affoiblir ;
que la Cour de Drefde n'a pu diffimuler non plus
fa façon de penfer à cet égard , & les fentimens
de haine qu'elle portoit à S. M. Pruffienne ; que
ces difpofitions des deux Cours ont produit entre
elles un concert de mefures qui tendoient à l'écrafer
, Elle & fa Maiſon Electorale , ou du moins
à la mettre dans un état de médiocrité , qui la
réduisit au rang des Electeurs les moins puiffans
de l'Empire ; qu'on s'étoit proposé de parvenir à
ce but , en commençant par la dépouiller des
acquifitions dont la divine Providence a couronné
NOVEMBRE . 1756 . 191
fon zele pour la gloire & les véritables intérêts
du Corps Germanique . Le Baron de Plotho , Miaiftre
du Roi de Pruffe à la Diete , en remettant
cette Déclaration aux autres Miniftres qui compofent
cette affemblée , a ajouté : « Que comme
on avoit mis le Roi fon Maître dans la néceffité
de ne plus ufer de ménagemens fur les découvertes
qu'il a faites au fujet des intentions des
> Cours de Vienne & de Drefde , S. M. Pruf-
>fienne ne tarderoit pas à mettre au jour les
preuves qu'Elle avoit en main du projet médité
par ces deux Cours pour la fubverfion de la
Maifon Electorale de Brandebourg , & pour
lui faire fubir le joug qui menaçoit en même
temps le reste de l'Empire. »
DE DRESDE , le 4 Octobre.
On reçut avant-hier la nouvelle de la bataille
qui s'eft donnée le premier de ce mois dans la
plaine de Welmina , entre l'armée Autrichienne
commandée par le Feld - Maréchal de Browne , &
celle à la tête de laquelle eft le Roi de Pruffe.
Les troupes de part & d'autre ont combattu avec
une valeur extraordinaire , & l'action a été des
plus fanglantes. Diverfes lettres font monter la
perte des Pruffiens au double de celle des Autri➡
chiens. Les premiers ont commandé quatre cens
charriots , & enlevé de tous côtés des chevaux
pour conduire ici leurs bleffés . Entre les Officiers
de marque qui ont été tués dans l'armée du Roi
de Pruffe , on compte les Généraux de Kleift &
de Forcade , & les ieurs de Luderitz , d'Oertz , de
Driefen & de Quadt , Majors Généraux. La nuit
qui a fuivi l'action , chacune des deux armées a
couché fur le terrein qu'elle occupoit avant le
192 MERCURE DE FRANCE.
combat. Le lendemain , les Pruffiens font revenus
àleur camp près d'Auffig. Le Roi de Prufle s'attribuant
, ainfi que les Autrichiens , l'avantage de
la bataille , fit chanter avant- hier le Te Deum
dans ce camp , au bruit d'une triple falve d'artillerie
& de moufqueterie. Ce Prince fe rendit le
même jour à Gros- Sedlitz , où eft le principal
quartier des troupes qui bloquent le camp de
Pirna. Sa Majefté Prullienne a ordonné de lever
vingt-deux mille hommes de recrues dans cet
Electorat , & tout le pays fe trouve dans un tel
épuifement , que plufieurs Payfans prennent volontairement
le parti du fervice . L'armée Saxonne
a reçu de Boheme par l'Elbe un convoi de vivres.
Le fieur de Groffe , Miniftre Plénipotentiaire
de l'Impératrice de Ruffie , communiqua le 23 du
mois dernier aux Miniftres Etrangers qui font en
cette Ville , une Déclaration datée du 4 , & portant
en ſubſtance : « Que comme S. M. Impériale
»de Ruffie dans les préparatifs qu'Elle avoit or
»donné de faire au printemps dernier , n'avoit eu
»pour but que de fe mettre en état de remplir fes
Dengagemens avec les Alliés , fuppofé que quel-
» qu'un d'eux fût attaqué , ces préparatifs de terre
& de mer avoient été fufpendus , auffi- tôt qu'on
avoit pu ſe flatter , que ce cas n'exifteroit pas de
»quelques temps , afin que tout l'Univers pût
Dêtre convaincu que S. M. Imp . Cz. étoit auffi
néloignée de mettre l'Europe en allarme fans une
»néceffité extrême , qu'Elle étoit difpofée à fe-
» courir fes Alliés , lorſqu'ils étoient menacés d'at
taque . Que loin de reconnoître les fentimens de
wcette Princeffe à cet égard , le Roi de Pruffe ,
quoiqu'il fût demeuré tranquille pendant les
»préparatifs de la Ruffie , & même quelque temps
après qu'on les eût ceffés , avoit commencé à
»faire
NOVEMBRE . 1756. 193
faire tout d'un coup de fi puiffans armemens ,
qu'ils avoient donné lieu d'appréhender que le
feu d'une guerre n'éclatât inceffamment . Que
» cependant , pour ne pas multiplier les craintes ,
» & ne pas fournir à S. M. Pr. un prétexte appa-
>> rent de troubler la tranquillité publique, la Ruffie
s'étoit abftenue de faire aucun nouveau mouve-
» ment , dans l'efperance que le Roi de Pruffe ,
imitant cet exemple , ne voudroit pas être auteur
» de la renaiffance des troubles . Mais que ce Prin-
>> ce ayant continué d'armer de toutes les forces ,
» fans le moindre relâche , & fans en alléguer
d'autre raiſon que l'idée qu'il s'étoit formée
» d'avoir une attaque à craindre , il avoit parlà
» donné fuffisamment à connoître qu'il ne cher-
>> choit qu'un prétexte pour troubler le repos de
» l'Europe. Qu'il eft conftant en effet , que lorfque
le Roi de Pruffe a preffé fes armemens avec
» le plus d'ardeur , ceux de la Ruſſie avoient ceffé
» depuis longtems , & que ceux de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme n'ont commencé,
que lorfque les mouvemens fucceffifs
>>des Pruffiens & l'augmentation de leurs forces
» ont donné lieu de craindre pour la Boheme
»& pour la Moravie , d'autant plus qu'on n'igno-
»roit pas le mécontentement que le Roi de Pruffe
» avoit conçu de la conclufion du Traité de Ver
failles , quoique ce Prince , en concluant celui
qu'il a fait avec la Grande-Bretagne , n'eût
guere paru fe metre en peine de ce qu'on pour-
»roit en penfer à la Cour de Vienne. Qu'il eft
» donc évident , comme il le paroît à S. M. Imp.
» Cz. , que le Roi de Pruffe doit être confidéré
>>comme le premier auteur des troubles qui vone
»éclorre , quoiqu'il ait affecté de publier qu'il
n'avoit pris toutes ces mesures que pour fe
IS
194 MERCURE DE FRANCE.
»défendre contre fes ennemis , lefquels n'ont
»exifté que dans la fuppofition qu'il en a faite .
Que c'eft néanmoins fur cette fuppofition qu'il
» s'eft cru en droit de faire demander à l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme une
explication , de même que fur les préparatifs
»de cette Princeffe , en ajoutant à cette demande
que fi la réponſe n'étoit pas à fon gré , il protef-
»toit devant Dieu qu'il ne feroit pas refponfable
des fuites qui en réfulteroient. Qu'attendu tou
»tes ces circonftances , l'Impératrice de Ruffie ne
peut cacher plus long - temps les véritables fentimens
dont Elle eft remplie à cet égard , ni
s'empêcher de déclarer , que comme Elle ne
»peut regarder d'un oeil indifférent toute invafion
» qui feroit faite dans les Etats de fes Alliés , par-
»ticuliérement dans les Etats de l'Impératrice
»Reine de Hongrie , & dans les Etats Electoraux
» de Saxe , Elle fournira un prompt & puiſſant
fecours à la Puiffance injuftement attaquée , &
qu'Elle ne fe croira nullement reſponſable des
»fuites que la conduite préfente & menaçante du
Roi de Pruffe entraînera après elle. »>
D
DE BERLIN , le 6 Octobre.
Le 3 de ce mois au matin , le fieur d'Oppen ,
Aide de Camp du Roi , arriva de Boheme , précédé
de quatorze Poftillons fonnant du Cor . Cet Officier
a remis aux deux Reines des lettres , par
lefquelles Sa Majefté informe ces Princeffes des
principaux détails de la bataille du premier de
ce mois. Le Prince François de Brunfwic vient
d'être fait Major Général .
Cette Cour a fait affurer les Puiffances , dont
les Sujets ont des fonds dans la Steur , qu'ils
NOVEMBRE. 1756. 195
recevront le paiement de leurs arrérages aux
termes de l'échéance , fans qu'il foit rien changé
aux arrangemens pris à cet égard . Sa Majefté
a fait donner en particulier les plus fortes affurances
fur cet article aux Etats Generaux des Provinces-
Unies.
DE VIENNE , le 25 Septembre.
On a fait pendant trois jours dans toutes les
Eglifes , des prieres publiques pour la profpérité
des Amesde l'Impératrice keine. Cette Princeffe
a ordonné que les Chambres de fes Finances fourniffent
sing kieutzers par jour pour chacun des
garçons , depuis l'age de huit ans jufqu'à feize ,
qui doivent être transférés de Boheme en Autriche.
Ceux depuis feize ans jufqu'à quarante- cinq ,
formeront un Corps de Milices. Ils auront fept
kreutzers de paie par jour , & on leur donnera
186 MERCURE DE FRANCE.
un uniforme. Lorfque la tranquillité ſera rendue
à l'Allemagne , on les renverra chez eux .
DE PRESBOURG , le 26 Septembre.
En attendant les réfolutions que les Etats de
Hongrie prendront pour fournir à l'Impératrice
Reine les fecours néceffaires dans la conjoncture
préfente , plufieurs Seigneurs ont fait éclater d'avance
le zele dont ils font animés. La Maiſon
d'Efterhafi a donné l'exemple , & elle a offert la
premiere de lever à fes dépens un Régiment.
Quelques autres des Maifons les plus confidérables
de ce Royaume ont fait la même offre . Elles
ont été imitées par divers Evêques & riches Bénéficiers.
Du Quartier Général du Prince Picolemini à
Spalena-Lhotka , le 29 Septembre 1756 .
Le Baron de Buccow , Lieutenant - Feld- Maréchal
, qui étoit en avant pour obferver les monvemens
du Feld- Maréchal de Schwerin , ayant
appris que ce Général s'avançoit en forces , fe
replia fur Slavietin , enfuite à Oberb'eff , & le
21 il fe pofta derriere le pont de Schmirlitz. Le
22 il détacha le Baron Lufinski , Colonel Commandant
du Régiment de Feftetitz , avec quatre
cens Dragons des Régimens de Bathiani & de
Collowrath , & cent cinquante Huffards pour inquiéter
les ennemis. A la pointe du jour , le
Baron Lufinsky découvrit quelques E'cadrons
Pruffiens. Il les fit attaquer par fes Huffards. Les
Dragons de Bathiani & de Collowrath , fans attendre
l'ordre , donnerent de leur côté avec fureur.
Les Escadrons ennemis furent culbutés . Leur
perte monte à trois cens hommes , & on leur a
NOVEMBRE . 1756. 187
fait plufieurs prifonniers . Du côté des Autrichiens,
il eft reſté cent vingt Dragons ou Huffards fur le
champ de bataille. Aujourd'hui les troupes du
-Feld - Maréchal de Schwerin ont fait un grand
fourrage. Le Régiment de Bethléem entra hier
dans notre camp.
DE RATISBONNE , le 7 Octobre.
Voici l'Extrait du Refcrit que l'Empereur a addreffé
au Roi de Pruffe. « Nous François , par la
» grace de Dieu , Empereur des Romains , &c.
» Non feulement il eft notoire à tout l'Empire ,
mais il nous a été repréſenté par S. M. le Roi
» de Pologne Electeur de Saxe , que V. M. Electeur
» de Brandebourg étoit tombée hoftilement , par
» deux endroits , fur les Etats Electoraux de Saxe
avec une armée d'environ foixante mille hom-
» mes ; qu'Elle s'étoit emparée de la plus grande
partie de ces Etats ; que dès que vos troupes y
» furent entrées , elles commencerent par exiger
> du pays une quantité de livraiſons , qui alloit
beaucoup au-delà de fes facultés ; qu'on enleva
» aux Sujets leur bétail , leurs chevaux & leurs Va-
>>lets : qu'on s'empara de Léipfick , ainfi que des
> autres Villes ; qu'on faifit & dépouilla toutes les
caifles; qu'il fut défendu , fous peine de la vie ,
» à tous les Caifliers , Confeillers de Ville ,
» Marchands & autres Sujets , de rien payer dé-
»formais à l'Electeur de Saxe , & qu'ils eurent
>>ordre de remettre à Votre Majefté toutes les rentes
, accifes , tailles , & autres impôts du pays.
» que V. M. a fait prifonniers tous les Militaires
ɔɔde l'Electorat , qui font tombés en votre puif-
» fance ; & que même , contre le droit des gens ,
won a retenu plufieurs jours , comme tel , le
ISS MERCURE DE FRANCE.
» Général Méager que l'Electeur fon Maître avoi
envoyé vers vous avec des lettres : enfin que de
»telles hoftilités ont obligé le Roi de Pologne :
Electeur de Saxe , d'abandonner ſa réfidence ce
»Drefde , & d'aller chercher avec les troupes un
»azyle , qui pût affurer fa liberté d'Etat de l'Emmpire.
De plus, la Déclaration que V. M. a fait
»publier à Berlin , ne nous a pas permis d'igno-
»rer, que fes grands préparatifs de guerre étoient
deftinés contre les Etats Royaux & Electoraнx
» de Boheme , & qu'Elle alloit envahir encore
» d'autres Provinces de l'Empire . V. M. doit
>> reconnoître d'Elle - même que des vexations
>>auffi inouis contre l'Electorat de Saxe , les vio-
»lences & les pillages de vos troupes , leurs mena-
Dces de ravager tout par le fer & par le feu , la
» marche annoncée contre d'autres Etars , font
directement oppofées aux Loix de l'Empire. Ces
»entrepriſes bleffant notre autorité Impériale & la
»dignité de l'Empire , & renverfant toute la Confwtitution
du Corps Germanique , Nous nous
voyons indifpenfablement obligés , en vertu de
»notre Office Impérial , de remplir ce qu'exigent
» de nous l'adminiſtration de l'autorité qui nous
»a été confiée ; les Libertés de l'Allemagne ; la
> fûreté commune de tous les Etats de l'Empire ;
>>la tranquillité publique ; & les fermens folem-
»nels que nous avons faits d'obferver notre Ca-
»pitulation Impériale. A ces Cauſes , & par la
»plénitude de notre Pouvoir , nous commandons
très-férieufement à Votre Majefté , de faire ceffer
>> incontinent toutes violences contraires au repos
»public , & de renoncer à toute invaſion dans l'E-
>>lectorat de Saxe & dans d'autres pays de l'Allemagne.
Nous vous enjoignons de retirer vos
troupes fans aucun délai , & de ceffer des armeNOVEMBRE
. 1756. 189
X
mens dangereux pour la fûreté générale de l'Em-
» pire ; de réparer tous les dommages commis
» de reftituer ce qui a été pris ; & de nous infor-
» mer de l'exactitude avec laquelle vous aurez exécuté
ces ordres. Donné à Vienne , le 13 Septem
» bre 17:56. ”
Le Décret envoyé à la Diete par l'Empereur ,
n'eft pas conçu dans des termes moins forts . Il finit
ainfi . « Comme il ne faut rien négliger pour
>> arrêter le cours du défordre , & que le preflant
» danger où le trouve l'Electeur de Saxe , exige
>> une très prompte affiftance , on rappelle tous les
Habitans ou Naturels de l'Empire , qui font em,
» ployés au fervice & à la préfente expédition du
» Roi de Pruffe Electeur de Brandebourg. On re-
» commande auffi à tous les Cercles de l'Empire
de fecourir promptement la Paitie fouffrante
»comme il eft de leur devoir , & de ne pas per-
»mettre que dans leurs Diftricts il foit fait aucunes
levées pour l'Aggreffeur. S. M. Impériale ne
doute pas que ces Cercles ne voient d'eux mê-
» mes le péril qui menace chaque Etat en parti-
> culier & tout l'Empire en général. Certainement
»ils prévoient les maux qui réfulteroient d'un
bouleverſement total du Corps Germanique . Ils
»conçoivent qu'après la ruine des principaux
Etats , il ne refteroit aux autres que d'éprouver
»le même fort ; & que , l'occaſion le préfentant
Oppreffeur ne manqueroit pas de leur ravir
leurs Poffeffions , leurs Droits , leurs Libertés ,
& ( ce que les Membres de l'Empire ont de plus
»précieux ) , leur indépendance de leurs Co -Etats.
Ainfi S. M Impériale eft perfuadée que , fur des
>conſidérations fi importantes , ils fecoureront
de tout leur pouvoir l'Etat qui a été le premier
Denvahi, afin de prévenir le malheur de l'être eux190
MERCURE DE FRANCE.
» mêmes dans la fuite . Cependant comme d'un côré
les arrangemens concernant ce lecours exi-
» gent une nouvelle Ordonnance de l'Empire , &
» que de l'autre il est néceffaire de prendre des mefures
pour mettre déformais l'Allemagne en fû-
» reté , S. M. Imp. n'a pas voulu différer d'expo-
»fer , ainfi qu'Elle fait par la Préfente , aux Elec-
>> teurs , Princes & Etats , le danger éminent dont
>>l'Empire eft menacé , & ce qu'Elle a fair pour
mécarter l'orage. Elle leur déclare en même temps,
qu'elle défire d'eux qu'ils fe réuniffent inceffa
ment pour contribuer aux fecours qui doivent
Dêtre fournis , & qu'ils faffent part de leur délibé-
>> ration à S. M. Imp. , afin qu'on prenne de con-
» cert une réfolution ferme & Patriotique . Signé à
Vienne , le 14 Septembre 1756. »
la
Dans une nouvelle Déclaration qui paroît de
part du Roi de Pruffe , il eft dit : Que l'état de
profpérité , où la Maifon Electorale de Brandebourg
fe trouve depuis le commencement de ce
fiecle , & le zele de cette Maifon pour le maintien
des droits de l'Empire, & pour l'intérêt de la cauſe
Proteftante , ont excité contre S. M. Pruffienne
les vues de la Cour de Vienne , & ont animé cette
Cour à former des entreprifes pour l'affoiblir ;
que la Cour de Drefde n'a pu diffimuler non plus
fa façon de penfer à cet égard , & les fentimens
de haine qu'elle portoit à S. M. Pruffienne ; que
ces difpofitions des deux Cours ont produit entre
elles un concert de mefures qui tendoient à l'écrafer
, Elle & fa Maiſon Electorale , ou du moins
à la mettre dans un état de médiocrité , qui la
réduisit au rang des Electeurs les moins puiffans
de l'Empire ; qu'on s'étoit proposé de parvenir à
ce but , en commençant par la dépouiller des
acquifitions dont la divine Providence a couronné
NOVEMBRE . 1756 . 191
fon zele pour la gloire & les véritables intérêts
du Corps Germanique . Le Baron de Plotho , Miaiftre
du Roi de Pruffe à la Diete , en remettant
cette Déclaration aux autres Miniftres qui compofent
cette affemblée , a ajouté : « Que comme
on avoit mis le Roi fon Maître dans la néceffité
de ne plus ufer de ménagemens fur les découvertes
qu'il a faites au fujet des intentions des
> Cours de Vienne & de Drefde , S. M. Pruf-
>fienne ne tarderoit pas à mettre au jour les
preuves qu'Elle avoit en main du projet médité
par ces deux Cours pour la fubverfion de la
Maifon Electorale de Brandebourg , & pour
lui faire fubir le joug qui menaçoit en même
temps le reste de l'Empire. »
DE DRESDE , le 4 Octobre.
On reçut avant-hier la nouvelle de la bataille
qui s'eft donnée le premier de ce mois dans la
plaine de Welmina , entre l'armée Autrichienne
commandée par le Feld - Maréchal de Browne , &
celle à la tête de laquelle eft le Roi de Pruffe.
Les troupes de part & d'autre ont combattu avec
une valeur extraordinaire , & l'action a été des
plus fanglantes. Diverfes lettres font monter la
perte des Pruffiens au double de celle des Autri➡
chiens. Les premiers ont commandé quatre cens
charriots , & enlevé de tous côtés des chevaux
pour conduire ici leurs bleffés . Entre les Officiers
de marque qui ont été tués dans l'armée du Roi
de Pruffe , on compte les Généraux de Kleift &
de Forcade , & les ieurs de Luderitz , d'Oertz , de
Driefen & de Quadt , Majors Généraux. La nuit
qui a fuivi l'action , chacune des deux armées a
couché fur le terrein qu'elle occupoit avant le
192 MERCURE DE FRANCE.
combat. Le lendemain , les Pruffiens font revenus
àleur camp près d'Auffig. Le Roi de Prufle s'attribuant
, ainfi que les Autrichiens , l'avantage de
la bataille , fit chanter avant- hier le Te Deum
dans ce camp , au bruit d'une triple falve d'artillerie
& de moufqueterie. Ce Prince fe rendit le
même jour à Gros- Sedlitz , où eft le principal
quartier des troupes qui bloquent le camp de
Pirna. Sa Majefté Prullienne a ordonné de lever
vingt-deux mille hommes de recrues dans cet
Electorat , & tout le pays fe trouve dans un tel
épuifement , que plufieurs Payfans prennent volontairement
le parti du fervice . L'armée Saxonne
a reçu de Boheme par l'Elbe un convoi de vivres.
Le fieur de Groffe , Miniftre Plénipotentiaire
de l'Impératrice de Ruffie , communiqua le 23 du
mois dernier aux Miniftres Etrangers qui font en
cette Ville , une Déclaration datée du 4 , & portant
en ſubſtance : « Que comme S. M. Impériale
»de Ruffie dans les préparatifs qu'Elle avoit or
»donné de faire au printemps dernier , n'avoit eu
»pour but que de fe mettre en état de remplir fes
Dengagemens avec les Alliés , fuppofé que quel-
» qu'un d'eux fût attaqué , ces préparatifs de terre
& de mer avoient été fufpendus , auffi- tôt qu'on
avoit pu ſe flatter , que ce cas n'exifteroit pas de
»quelques temps , afin que tout l'Univers pût
Dêtre convaincu que S. M. Imp . Cz. étoit auffi
néloignée de mettre l'Europe en allarme fans une
»néceffité extrême , qu'Elle étoit difpofée à fe-
» courir fes Alliés , lorſqu'ils étoient menacés d'at
taque . Que loin de reconnoître les fentimens de
wcette Princeffe à cet égard , le Roi de Pruffe ,
quoiqu'il fût demeuré tranquille pendant les
»préparatifs de la Ruffie , & même quelque temps
après qu'on les eût ceffés , avoit commencé à
»faire
NOVEMBRE . 1756. 193
faire tout d'un coup de fi puiffans armemens ,
qu'ils avoient donné lieu d'appréhender que le
feu d'une guerre n'éclatât inceffamment . Que
» cependant , pour ne pas multiplier les craintes ,
» & ne pas fournir à S. M. Pr. un prétexte appa-
>> rent de troubler la tranquillité publique, la Ruffie
s'étoit abftenue de faire aucun nouveau mouve-
» ment , dans l'efperance que le Roi de Pruffe ,
imitant cet exemple , ne voudroit pas être auteur
» de la renaiffance des troubles . Mais que ce Prin-
>> ce ayant continué d'armer de toutes les forces ,
» fans le moindre relâche , & fans en alléguer
d'autre raiſon que l'idée qu'il s'étoit formée
» d'avoir une attaque à craindre , il avoit parlà
» donné fuffisamment à connoître qu'il ne cher-
>> choit qu'un prétexte pour troubler le repos de
» l'Europe. Qu'il eft conftant en effet , que lorfque
le Roi de Pruffe a preffé fes armemens avec
» le plus d'ardeur , ceux de la Ruſſie avoient ceffé
» depuis longtems , & que ceux de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme n'ont commencé,
que lorfque les mouvemens fucceffifs
>>des Pruffiens & l'augmentation de leurs forces
» ont donné lieu de craindre pour la Boheme
»& pour la Moravie , d'autant plus qu'on n'igno-
»roit pas le mécontentement que le Roi de Pruffe
» avoit conçu de la conclufion du Traité de Ver
failles , quoique ce Prince , en concluant celui
qu'il a fait avec la Grande-Bretagne , n'eût
guere paru fe metre en peine de ce qu'on pour-
»roit en penfer à la Cour de Vienne. Qu'il eft
» donc évident , comme il le paroît à S. M. Imp.
» Cz. , que le Roi de Pruffe doit être confidéré
>>comme le premier auteur des troubles qui vone
»éclorre , quoiqu'il ait affecté de publier qu'il
n'avoit pris toutes ces mesures que pour fe
IS
194 MERCURE DE FRANCE.
»défendre contre fes ennemis , lefquels n'ont
»exifté que dans la fuppofition qu'il en a faite .
Que c'eft néanmoins fur cette fuppofition qu'il
» s'eft cru en droit de faire demander à l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme une
explication , de même que fur les préparatifs
»de cette Princeffe , en ajoutant à cette demande
que fi la réponſe n'étoit pas à fon gré , il protef-
»toit devant Dieu qu'il ne feroit pas refponfable
des fuites qui en réfulteroient. Qu'attendu tou
»tes ces circonftances , l'Impératrice de Ruffie ne
peut cacher plus long - temps les véritables fentimens
dont Elle eft remplie à cet égard , ni
s'empêcher de déclarer , que comme Elle ne
»peut regarder d'un oeil indifférent toute invafion
» qui feroit faite dans les Etats de fes Alliés , par-
»ticuliérement dans les Etats de l'Impératrice
»Reine de Hongrie , & dans les Etats Electoraux
» de Saxe , Elle fournira un prompt & puiſſant
fecours à la Puiffance injuftement attaquée , &
qu'Elle ne fe croira nullement reſponſable des
»fuites que la conduite préfente & menaçante du
Roi de Pruffe entraînera après elle. »>
D
DE BERLIN , le 6 Octobre.
Le 3 de ce mois au matin , le fieur d'Oppen ,
Aide de Camp du Roi , arriva de Boheme , précédé
de quatorze Poftillons fonnant du Cor . Cet Officier
a remis aux deux Reines des lettres , par
lefquelles Sa Majefté informe ces Princeffes des
principaux détails de la bataille du premier de
ce mois. Le Prince François de Brunfwic vient
d'être fait Major Général .
Cette Cour a fait affurer les Puiffances , dont
les Sujets ont des fonds dans la Steur , qu'ils
NOVEMBRE. 1756. 195
recevront le paiement de leurs arrérages aux
termes de l'échéance , fans qu'il foit rien changé
aux arrangemens pris à cet égard . Sa Majefté
a fait donner en particulier les plus fortes affurances
fur cet article aux Etats Generaux des Provinces-
Unies.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En Allemagne, des prières publiques ont été organisées pendant trois jours pour la prospérité de l'âme de l'Impératrice Reine. Cette dernière a ordonné aux Chambres des Finances de fournir six kreutzers par jour pour chaque garçon âgé de huit à seize ans, transférés de Bohême en Autriche. Les jeunes âgés de seize à quarante-cinq ans formeront un corps de milices, recevront sept kreutzers de paie par jour et un uniforme, et seront renvoyés chez eux une fois la tranquillité rétablie. À Presbourg, plusieurs seigneurs ont offert de lever des régiments à leurs frais, imités par divers évêques et riches bénéficiaires. Le Baron de Buccow, Lieutenant-Feld-Maréchal, s'est replié face aux forces du Feld-Maréchal de Schwerin. Le Baron Lufinski a attaqué des escadrons prussiens, causant des pertes significatives. L'Empereur a adressé un écrit au Roi de Prusse, dénonçant les hostilités prussiennes en Saxe, les pillages et les exactions. Il a commandé au Roi de Prusse de cesser ces violences, de retirer ses troupes et de réparer les dommages. La Diète impériale a été informée du danger menaçant l'Empire et appelée à secourir l'Électorat de Saxe. Le Roi de Prusse a publié une déclaration accusant les cours de Vienne et de Dresde de conspirer contre la Maison Electorale de Brandebourg. Une bataille a eu lieu entre les armées autrichienne et prussienne, avec des pertes lourdes des deux côtés. Le Roi de Prusse a ordonné de lever des recrues en Saxe, malgré l'épuisement du pays. La Russie a suspendu ses préparatifs militaires, espérant éviter la guerre, mais le Roi de Prusse a continué d'armer. Le texte mentionne également les tensions croissantes en Europe, particulièrement entre le Roi de Prusse et l'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême. Le Roi de Prusse est considéré comme le principal instigateur des troubles, bien qu'il ait prétendu agir en défense contre des ennemis supposés. L'Impératrice de Russie a déclaré qu'elle fournirait un soutien rapide et puissant à toute puissance injustement attaquée, notamment les États de l'Impératrice Reine de Hongrie et les États électoraux de Saxe. Le 3 octobre, le sieur d'Oppen, Aide de Camp du Roi de Prusse, a apporté des lettres aux deux Reines détaillant la bataille du 1er octobre. La Cour de Prusse a également assuré les puissances ayant des fonds dans la Steur qu'ils recevraient le paiement de leurs arrérages aux termes prévus.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1340
p. 195-196
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Nous avons appris, par un Paquebot que le Général London a [...]
Mots clefs :
Londres, Français, Fort d'Oswego, Siège, Lac Ontario, Amiral Norris, Vaisseaux de guerre, Emprunt, Roi de Prusse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 12 Octobre.
Nous avons appris , par un Paquebot que le
Général London a expédié de la Nouvelle Yorck ,
la fàcheufe nouvelle , que les François , ayant affiégé
dans le mois d'Août le Fort d'Ofwego , s'en
font rendus maîtres , après quelques jours d'une vigoureuſe
réſiſtance. Ce Fort eft fitué fur le Lac Ontario.
La Nation n'en poffede point d'autre dans
ces cantons. Ses établiſſemens vont fe trouver déformais
fort éloignés des Lacs ; & cette perte eft
regardée avec railon comme une des plus intéreſ
fantes qu'elle pût faire , tant pour fon commerce,
que relativement aux entrepriſes projettées contre
les François. L'Amiral Norris , avec les quatre
Vaiffeaux de guerre dont il a le commandement
eft arrivé à Plymouth.
Le Knès Gallitzin , Miniftre Plénipotentiaire
de l'Impératrice de Ruffie , a déclaré , dit- on , au
Miniftere , que cette Princeffe ne pouvoit fe dif
penfer de fournir à l'Impératrice Reine de Hongrie
& de Boheme les fecours ftipulés par les Traités
, qui fubfiftent entre les deux Puiances . On
prétend que le Parlement accordera pour l'année
prochaine un Subfide de onze millions fterlings.
Le Gouvernement a commencé de prendre à l'Echiquier
un emprunt de cinq cens mille livres
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
fterlings , à raifon de trois & demi pour cent
d'intérêt,
Si l'on en croit le bruit public , Sa Majefté
a fait payer par le Tréfor de fon Electorat de
Hanovre un million de livres fterlings au Roi
de Pruffe , afin de mettre ce Prince en état de
fuivre le plan concerté entre les deux Puiffances
pour parvenir à l'exécution de leurs vues reſpectives
. Les fommes que cette Cour & celle de Berlin
avoient à répéter l'une fur l'autre , font entièrement
liquidées . On affure que fi les Etats de
Roi en Allemagne font attaqués , Sa Majefté
fera d'abord la réquifition formelle du Corps de
cinquante cinq mille hommes , que l'Impératrice
de Ruffic s'eft engagée par le Traité de l'année
derniere , de faire paffer à la folde de la Grande-
Bretagne.
DE LONDRES , le 12 Octobre.
Nous avons appris , par un Paquebot que le
Général London a expédié de la Nouvelle Yorck ,
la fàcheufe nouvelle , que les François , ayant affiégé
dans le mois d'Août le Fort d'Ofwego , s'en
font rendus maîtres , après quelques jours d'une vigoureuſe
réſiſtance. Ce Fort eft fitué fur le Lac Ontario.
La Nation n'en poffede point d'autre dans
ces cantons. Ses établiſſemens vont fe trouver déformais
fort éloignés des Lacs ; & cette perte eft
regardée avec railon comme une des plus intéreſ
fantes qu'elle pût faire , tant pour fon commerce,
que relativement aux entrepriſes projettées contre
les François. L'Amiral Norris , avec les quatre
Vaiffeaux de guerre dont il a le commandement
eft arrivé à Plymouth.
Le Knès Gallitzin , Miniftre Plénipotentiaire
de l'Impératrice de Ruffie , a déclaré , dit- on , au
Miniftere , que cette Princeffe ne pouvoit fe dif
penfer de fournir à l'Impératrice Reine de Hongrie
& de Boheme les fecours ftipulés par les Traités
, qui fubfiftent entre les deux Puiances . On
prétend que le Parlement accordera pour l'année
prochaine un Subfide de onze millions fterlings.
Le Gouvernement a commencé de prendre à l'Echiquier
un emprunt de cinq cens mille livres
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
fterlings , à raifon de trois & demi pour cent
d'intérêt,
Si l'on en croit le bruit public , Sa Majefté
a fait payer par le Tréfor de fon Electorat de
Hanovre un million de livres fterlings au Roi
de Pruffe , afin de mettre ce Prince en état de
fuivre le plan concerté entre les deux Puiffances
pour parvenir à l'exécution de leurs vues reſpectives
. Les fommes que cette Cour & celle de Berlin
avoient à répéter l'une fur l'autre , font entièrement
liquidées . On affure que fi les Etats de
Roi en Allemagne font attaqués , Sa Majefté
fera d'abord la réquifition formelle du Corps de
cinquante cinq mille hommes , que l'Impératrice
de Ruffic s'eft engagée par le Traité de l'année
derniere , de faire paffer à la folde de la Grande-
Bretagne.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 12 octobre, des nouvelles de New York rapportent que les Français ont conquis le Fort d'Oswego après une résistance vigoureuse en août. Ce fort, situé sur le Lac Ontario, était la seule possession britannique dans la région, isolant ainsi les établissements britanniques des lacs. Cette perte est jugée significative pour le commerce britannique et les projets contre les Français. Par ailleurs, l'Amiral Norris est arrivé à Plymouth avec quatre vaisseaux de guerre. Le Prince Gallitzin, ministre plénipotentiaire de l'Impératrice de Russie, a informé le ministère que l'Impératrice ne pouvait fournir les secours stipulés par les traités à l'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême. Le Parlement britannique prévoit d'accorder un subside de onze millions de sterlings pour l'année prochaine. Le gouvernement a également lancé un emprunt de cinq cents mille livres sterlings à un taux d'intérêt de trois pour cent et demi. Selon des rumeurs, le roi de Grande-Bretagne aurait payé un million de livres sterlings au roi de Prusse pour soutenir un plan concerté entre les deux puissances. Les sommes à rembourser entre les cours de Londres et de Berlin sont entièrement liquidées. En cas d'attaque des États du roi en Allemagne, Sa Majesté britannique fera une requête formelle pour le corps de cinquante-cinq mille hommes que l'Impératrice de Russie s'est engagée à fournir à la Grande-Bretagne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1341
p. 196-201
PAYS-BAS.
Début :
Le sieur de Kauderbach, Ministre Résident du Roi de Pologne Electeur de [...]
Mots clefs :
La Haye, Sieur Kauderbach, États généraux , Mémoire, Invasion, Electorat de Saxe, Seigneurs, La Reine, Traité de neutralité, Amsterdam, Tempête, Naufrages, Bruxelles, Bataille, Prussiens, Croates
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS- BAS.
DE LA HAYE , le 8 Octobre.
Le fieur de Kauderbach , Miniftre Réſident da
Roi de Pologne Electeur de Saxe auprès des
Etats Généraux , leur a préfenté le 30 du mos
dernier le Mémoire fuivant .
« L'Invafion de l'Electorat de Saxe par les trou
»pes Pruffiennes eft un de ces attentats contre les
Loix refpectables des Nations , qui réclame de
»lui-même les fecours de toutes les Puiffances in
téreflées à conferver leur liberté & leur indépen-
>> dance.
» Le Roi , mon augufte Maître , a vu fes Etats
Héréditaires envahis dans le fein de la paix la
plus profonde , quoique S. M. ait évité avec
foin toutes les démarches qui auroient pa don
L
NOVEMBRE
. 1756.
197 . »ner la moindre ombre d'inquiétude
à fes voifins." » Dès les premieres
lueurs de méfintelligence >>entre les Cours de Vienne & de Berlin , S. M. a enjoint expreffément
à fes Miniftres d'annoncer
a toutes les Cours de L'Europe , qu'Elle étoit
d'ob-"
»refolue , dans les conjectures
préfentes , d'oc
»Terver la plus exacte neutralité. 251
297708
» Le fimple expofe des faits fuffira , pour dé- montrer à Vos Hautes Puiffances
, à quels ex- »ces on s'eft porté contre les Etats Héréditaires
du Roi , & de quelle importance
il eft pour tou- tes les Puiflances
d'arrêter un torrent , qui peut » les entraîner
elles- mêmes dans fa courfe . » Sa Majefté , fur le compte que je lui ai rendu »des premieres
impreffions
qu'a faites dans l'Etat »de V. H, P. l'entrée hoftile du Roi de Pruffe dans »fon Electorat , a reconny avec fenfibilité les fen- ntimens de l'ancienne
& conftante
amitié , qui
»lie le Roi avec votre République
. » Vous repréfenter
, Hauts & Puiffans
Seiun
Etat libre , tranquille
& neutre , en- »gneurs , yahi par un ennemi qui fe couvre des dehors de »l'amitié
, qui fans alléguer
le moindre
grief & la moindre
prétention
, mais fondé uniquement »fur la convenance
, s'empare
à main armée da toutes les Villes , & même de la Capitale
, dé- mande
les Places fortes comme Wittemberg
,
>>en fortifie d'autres comme Torgau , ce n'eft que »crayonner
foiblement
l'oppreffion
fous laquelle »gémiffent
les fideles Sujets de Sa Majefte, Les »Bourgeois
défarmés
, les Magiftrats
enlevés pour » fervir de garans des contributions
injuftes & enor- mes en vivres & en fourrages
, les caifles faifies » les revenus
de l'Electorat
confifqués
, les Arfe-
»naux de Drefde, de Léipfick, de Weiffenfels
& de »Zeitz , forcés, l'artillerie
& les armes pillées &
tij
198 MERCURE DE FRANCE.
tranfportées à Magdebourg , tous ces procédés
n'étoient qu'un préliminaire des traitemens
inouis qu'alloit effuyer une Reine , que les vertus
devoient rendre refpectable à fes ennemis
»mêmes. C'eſt d'entre les bras facrés de certe
Augufte Princeffe , qu'ont été enlevées avec
»menace & violence les Archives de l'Etat
malgré la fécurité fous laquelle S. M. croyoit
pouvoir vivre à l'abri des Loix divines & humaines
, & malgré les affurances réitérées qui lui
»avoient été données de la part du Roi de Pruffe ,
»que non feulement fa perfonne & fa réfidence
feroient en fûreté , mais même que la Garniſon
Pruffienne feroit fous fes ordres.
Cette Augufte & tendre Mère de fes fideles
» Sujets , reftés à Dreſde par un facrifice qu'Elle
»faifoit au bonheur des Saxons , comptoit du ſein
»du tumulte régir en fécurité les Etats de fon Augufte
Epoux ; que des foins également impor
tans avoient fait voler à la tête de fon armée ,
pour défendre fon honneur outragé , & rendre
au zele & à l'amour de fes peuples , ce qu'ils
Davoient lieu d'attendre de la valeur & de la fermeté
d'un Prince fi magnanime. Cette Princeffe
❤a vu ôter toute activité au Conſeil Privé , & fubftituer
au légitime Gouvernement un Directoire
arbitraire , qui ne connoît d'autre droit que fa
propre volonté.
Tels font , Hauts & Puiffans Seigneurs , les
premiers exploits d'un Prince , qui annonce
qu'il n'entreprend la guerre uniquement que
pour la défenfe de la liberté du Corps Germanique
, & pour la protection de la Religion Proteftante
, à laquelle il porte un coup d'autant
plus funefte , qu'il commence par écraſer ce même
Etat à qui cette Religion doit ſon établife,
10
1
1
။
NOVEMBRE. 1756: 199
>>ment & la confervation de fes droits les plus précieux
, en même temps qu'il enfreint toutes les
Loix refpectables , qui font l'union du Corps
Germanique , fous prétexte d'une défenfe , dontl'Empire
n'a befoin que contre lui -même.
Un Traité folemnel de Neutralité , offert par
»Sa Majefté , toutes les fûretés compatibles avec fa
>>fouveraineté , n'ont pu arrêter les projets formés
d'envahir & d'écrafer la Saxe. Le Roi , retiré
» dans ſon camp , n'a dû conſulter que fon honneur
& le zele de fes Sujets , pour rejetter , comme
elles le méritoient , les propofitions énor-
>>mes & inouies qu'on lui a faites , d'abandonner"
»durant cette guerre au Roi de Pruffe l'adminiftra-
»tion de ſes États & le commandement de fon ar
» mée.
» La cauſe de la Saxe eft commune à toutes les
Puiffances , puifque fon fort leur annonce celui '
» qu'elles doivent s'attendre d'éprouver , dès que
le Droit de Gens & la foi des Traités ne font plus
wun frein refpecté .
» Vos Hautes Puiffances verront , par la Copie
ci- jointe de la Déclaration que le Roi a fait publier
dans fon camp , que le Roi de Prufſe , en
» proteftant de n'être entré que comme ami en
» Saxe , n'exige pas moins que l'entier facrifice de
cet Electorat que fes prétentions énormes ont
wobligé Sa Majefté de déclarer à ce Prince
squ'Elle eft réfolue de défendre la jufte caufe jufqu'à
la derniere goutte de fon fang , plutôt que
d'accepter des conditions auffi odieufes & auffi
injurieufes à fa gloire.
» Dans la feconde annexe , V. H. P. remarqueront
que le Roi de Pruffe , dans l'expofé de:
fes motifs , qu'il a fait publier fous les yeux d'un '
Prince dont il fe dit ami , ne daigne pas feule--
Iiy
200 MERCURE DE FRANCE.
»ment alléguer de prétexte , pour colorer l'ufur-
»pation du territoire & des revenus de Sa Majeſté .
» Dans ces circonstances , le Roi attend de tou-
»tes les Puiffances , à qui l'honneur eft en recom-
»mandation , & en particulier de V. H. Puiffances
qui ont été de tout temps fi jaloufes de leur
liberté & de leur indépendance , qu'Eiles
»prêteront à Sa Majefté , par l'emploi de leurs
»bons offices & par d'autres moyens plus effica
ces , les fecours que tout Etat doit pour fon pro-
» pre intérêt à un autre Etat opprimé injuftement ,
quand même il ne feroit lié par aucun Traité. »
D'AMSTERDAM , le 11 Octobre.
On effuya le 7 de ce mois fur ces côtes une
affreufe tempête. Elle a caufé un grand nom
bre de naufrages. Quelques Vaiffeaux , entre
Jefquels on compte un Vaiffeau de guerre de
la République , & un Vaiffeau de la Compagnie
des Indes Orientales , ont péri au Texel. Quantité
d'autres ont été jettés fur le fable , ou pouffes
en pleine mer; & l'on n'a aucune nouvelle de
plufieurs de ces derniers.
DE BRUXELLES , le 16.Octobre.
Depuis l'arrivée du Courier , par lequel on a
reça la nouvelle de la bataille donnée en Boheme
le premier de ce mois , on a appris qu'un Détachement
confidérable de Pruffiens ayant paffé
l'Elbe pour enlever des fourrages fur la droite de
cette riviere , il a été attaqué au retour par un
corps de Croates ; que les ennemis ont eu près
de cinq cens hommes tués en cette occafion ; que
les Croates leur ont enlevé foixante - quatorze
NOVEMBRE . 1756. 201
mille rations de fourrage , & que le pont fur lequel
les Pruffiens avoient paffé la riviere , a été
brûlé.
DE LA HAYE , le 8 Octobre.
Le fieur de Kauderbach , Miniftre Réſident da
Roi de Pologne Electeur de Saxe auprès des
Etats Généraux , leur a préfenté le 30 du mos
dernier le Mémoire fuivant .
« L'Invafion de l'Electorat de Saxe par les trou
»pes Pruffiennes eft un de ces attentats contre les
Loix refpectables des Nations , qui réclame de
»lui-même les fecours de toutes les Puiffances in
téreflées à conferver leur liberté & leur indépen-
>> dance.
» Le Roi , mon augufte Maître , a vu fes Etats
Héréditaires envahis dans le fein de la paix la
plus profonde , quoique S. M. ait évité avec
foin toutes les démarches qui auroient pa don
L
NOVEMBRE
. 1756.
197 . »ner la moindre ombre d'inquiétude
à fes voifins." » Dès les premieres
lueurs de méfintelligence >>entre les Cours de Vienne & de Berlin , S. M. a enjoint expreffément
à fes Miniftres d'annoncer
a toutes les Cours de L'Europe , qu'Elle étoit
d'ob-"
»refolue , dans les conjectures
préfentes , d'oc
»Terver la plus exacte neutralité. 251
297708
» Le fimple expofe des faits fuffira , pour dé- montrer à Vos Hautes Puiffances
, à quels ex- »ces on s'eft porté contre les Etats Héréditaires
du Roi , & de quelle importance
il eft pour tou- tes les Puiflances
d'arrêter un torrent , qui peut » les entraîner
elles- mêmes dans fa courfe . » Sa Majefté , fur le compte que je lui ai rendu »des premieres
impreffions
qu'a faites dans l'Etat »de V. H, P. l'entrée hoftile du Roi de Pruffe dans »fon Electorat , a reconny avec fenfibilité les fen- ntimens de l'ancienne
& conftante
amitié , qui
»lie le Roi avec votre République
. » Vous repréfenter
, Hauts & Puiffans
Seiun
Etat libre , tranquille
& neutre , en- »gneurs , yahi par un ennemi qui fe couvre des dehors de »l'amitié
, qui fans alléguer
le moindre
grief & la moindre
prétention
, mais fondé uniquement »fur la convenance
, s'empare
à main armée da toutes les Villes , & même de la Capitale
, dé- mande
les Places fortes comme Wittemberg
,
>>en fortifie d'autres comme Torgau , ce n'eft que »crayonner
foiblement
l'oppreffion
fous laquelle »gémiffent
les fideles Sujets de Sa Majefte, Les »Bourgeois
défarmés
, les Magiftrats
enlevés pour » fervir de garans des contributions
injuftes & enor- mes en vivres & en fourrages
, les caifles faifies » les revenus
de l'Electorat
confifqués
, les Arfe-
»naux de Drefde, de Léipfick, de Weiffenfels
& de »Zeitz , forcés, l'artillerie
& les armes pillées &
tij
198 MERCURE DE FRANCE.
tranfportées à Magdebourg , tous ces procédés
n'étoient qu'un préliminaire des traitemens
inouis qu'alloit effuyer une Reine , que les vertus
devoient rendre refpectable à fes ennemis
»mêmes. C'eſt d'entre les bras facrés de certe
Augufte Princeffe , qu'ont été enlevées avec
»menace & violence les Archives de l'Etat
malgré la fécurité fous laquelle S. M. croyoit
pouvoir vivre à l'abri des Loix divines & humaines
, & malgré les affurances réitérées qui lui
»avoient été données de la part du Roi de Pruffe ,
»que non feulement fa perfonne & fa réfidence
feroient en fûreté , mais même que la Garniſon
Pruffienne feroit fous fes ordres.
Cette Augufte & tendre Mère de fes fideles
» Sujets , reftés à Dreſde par un facrifice qu'Elle
»faifoit au bonheur des Saxons , comptoit du ſein
»du tumulte régir en fécurité les Etats de fon Augufte
Epoux ; que des foins également impor
tans avoient fait voler à la tête de fon armée ,
pour défendre fon honneur outragé , & rendre
au zele & à l'amour de fes peuples , ce qu'ils
Davoient lieu d'attendre de la valeur & de la fermeté
d'un Prince fi magnanime. Cette Princeffe
❤a vu ôter toute activité au Conſeil Privé , & fubftituer
au légitime Gouvernement un Directoire
arbitraire , qui ne connoît d'autre droit que fa
propre volonté.
Tels font , Hauts & Puiffans Seigneurs , les
premiers exploits d'un Prince , qui annonce
qu'il n'entreprend la guerre uniquement que
pour la défenfe de la liberté du Corps Germanique
, & pour la protection de la Religion Proteftante
, à laquelle il porte un coup d'autant
plus funefte , qu'il commence par écraſer ce même
Etat à qui cette Religion doit ſon établife,
10
1
1
။
NOVEMBRE. 1756: 199
>>ment & la confervation de fes droits les plus précieux
, en même temps qu'il enfreint toutes les
Loix refpectables , qui font l'union du Corps
Germanique , fous prétexte d'une défenfe , dontl'Empire
n'a befoin que contre lui -même.
Un Traité folemnel de Neutralité , offert par
»Sa Majefté , toutes les fûretés compatibles avec fa
>>fouveraineté , n'ont pu arrêter les projets formés
d'envahir & d'écrafer la Saxe. Le Roi , retiré
» dans ſon camp , n'a dû conſulter que fon honneur
& le zele de fes Sujets , pour rejetter , comme
elles le méritoient , les propofitions énor-
>>mes & inouies qu'on lui a faites , d'abandonner"
»durant cette guerre au Roi de Pruffe l'adminiftra-
»tion de ſes États & le commandement de fon ar
» mée.
» La cauſe de la Saxe eft commune à toutes les
Puiffances , puifque fon fort leur annonce celui '
» qu'elles doivent s'attendre d'éprouver , dès que
le Droit de Gens & la foi des Traités ne font plus
wun frein refpecté .
» Vos Hautes Puiffances verront , par la Copie
ci- jointe de la Déclaration que le Roi a fait publier
dans fon camp , que le Roi de Prufſe , en
» proteftant de n'être entré que comme ami en
» Saxe , n'exige pas moins que l'entier facrifice de
cet Electorat que fes prétentions énormes ont
wobligé Sa Majefté de déclarer à ce Prince
squ'Elle eft réfolue de défendre la jufte caufe jufqu'à
la derniere goutte de fon fang , plutôt que
d'accepter des conditions auffi odieufes & auffi
injurieufes à fa gloire.
» Dans la feconde annexe , V. H. P. remarqueront
que le Roi de Pruffe , dans l'expofé de:
fes motifs , qu'il a fait publier fous les yeux d'un '
Prince dont il fe dit ami , ne daigne pas feule--
Iiy
200 MERCURE DE FRANCE.
»ment alléguer de prétexte , pour colorer l'ufur-
»pation du territoire & des revenus de Sa Majeſté .
» Dans ces circonstances , le Roi attend de tou-
»tes les Puiffances , à qui l'honneur eft en recom-
»mandation , & en particulier de V. H. Puiffances
qui ont été de tout temps fi jaloufes de leur
liberté & de leur indépendance , qu'Eiles
»prêteront à Sa Majefté , par l'emploi de leurs
»bons offices & par d'autres moyens plus effica
ces , les fecours que tout Etat doit pour fon pro-
» pre intérêt à un autre Etat opprimé injuftement ,
quand même il ne feroit lié par aucun Traité. »
D'AMSTERDAM , le 11 Octobre.
On effuya le 7 de ce mois fur ces côtes une
affreufe tempête. Elle a caufé un grand nom
bre de naufrages. Quelques Vaiffeaux , entre
Jefquels on compte un Vaiffeau de guerre de
la République , & un Vaiffeau de la Compagnie
des Indes Orientales , ont péri au Texel. Quantité
d'autres ont été jettés fur le fable , ou pouffes
en pleine mer; & l'on n'a aucune nouvelle de
plufieurs de ces derniers.
DE BRUXELLES , le 16.Octobre.
Depuis l'arrivée du Courier , par lequel on a
reça la nouvelle de la bataille donnée en Boheme
le premier de ce mois , on a appris qu'un Détachement
confidérable de Pruffiens ayant paffé
l'Elbe pour enlever des fourrages fur la droite de
cette riviere , il a été attaqué au retour par un
corps de Croates ; que les ennemis ont eu près
de cinq cens hommes tués en cette occafion ; que
les Croates leur ont enlevé foixante - quatorze
NOVEMBRE . 1756. 201
mille rations de fourrage , & que le pont fur lequel
les Pruffiens avoient paffé la riviere , a été
brûlé.
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Résumé : PAYS-BAS.
Le 8 octobre 1756, le ministre résident du roi de Pologne et électeur de Saxe auprès des États Généraux des Pays-Bas a présenté un mémoire relatant l'invasion de l'Électorat de Saxe par les troupes prussiennes. Cette invasion est qualifiée d'atteinte aux lois internationales, justifiant l'intervention des puissances souhaitant préserver leur liberté et indépendance. Le roi de Saxe, bien qu'ayant tenté de maintenir la neutralité, a vu ses États héréditaires envahis sans provocation. Le mémoire met en lumière les violences commises par les Prussiens, incluant l'occupation de villes, la fortification de places fortes et la confiscation des revenus de l'Électorat. La reine de Saxe a été particulièrement affectée, avec les archives de l'État saisies malgré les garanties de sécurité offertes par le roi de Prusse. Un directoire arbitraire a été imposé, remplaçant le gouvernement légitime. Le roi de Saxe a refusé les propositions prussiennes de renoncer à l'administration de ses États et au commandement de son armée. Il appelle les puissances européennes à soutenir la Saxe, affirmant que la défense de cet État est cruciale pour toutes les puissances, car elle protège le droit des gens et la fidélité des traités. Le roi de Prusse, malgré ses déclarations d'amitié, exige la capitulation totale de l'Électorat, ce que le roi de Saxe refuse, prêt à défendre sa cause jusqu'au bout.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1342
p. 201-207
« Le Roi de Pologne Electeur de Saxe, ayant désigner l'Evêque Duc de Laon, [...] »
Début :
Le Roi de Pologne Electeur de Saxe, ayant désigner l'Evêque Duc de Laon, [...]
Mots clefs :
Roi de Pologne, Nominations, Roi de France, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Traité de Versailles, Régiments, Chevaliers, Comtes, Lieutenants, Comte de Starhemberg, Maréchal de Browne, Bataille, Artillerie, Violences, Morts, Corsaires , Navires anglais, Capitaines, Loterie
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texteReconnaissance textuelle : « Le Roi de Pologne Electeur de Saxe, ayant désigner l'Evêque Duc de Laon, [...] »
LE Roi de Pologne Electeur de Saxe , ayant défigné
l'Evêque Duc de Laon , pour remplir fa nomination
au Chapeau de Cardinal , le Roi y a
donné fon confentement . Ce Prélat eut l'honneur
d'en remercier Sa Majeſté , ainfi que de la grace
qu'Elle vient de lui faire , en lui accordant les
entrées de fa Chambre .
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Cruffol - de
Salles , Lieutenant - Général , le Gouvernement
de l'Ile d'Oleron , vacant par la mort de M. de
Cadeville.
L'Impératrice Reine de Hongrie & de Boheme
ayant demandé au Roi , à l'occafion de l'entrée
de l'armée du Roi de Prufle en Boheme , le
Tecours de troupes ftipulé par le Traité de Verfailles
du premier M ai dernier ; Sa Majesté a
donné ordre de raffembler à cet effet les Régimens
ci- après , qui doivent former un Corps de vingtquatre
mille hommes aux ordres du Prince de
Soubife : fçavoir , les Régimens d'Infanterie de
Champagne, Belfunce , Lyonnois, Dauphin , Vaubecourt
, Alface , Bentheim , Jenner , la March ,
Courten , Royal Suédois , Royal Baviere , Lowendalh
& Lochmann , faifant enſemble vingt- fix Bataillons
; & les Régimens de Cavalerie du Commiflaire
Général , Royal Cuiraffiers , Royal Rouf-
I v
202 MERCURE DE FRANCE:
fillon , Royal Allemand , trois Brigades de Ca
rabiniers , Royal Pologne , Bourgogne , Berry ,
Orléans , Lufignan , Marcieu , Talleyrand , la
Rochefoucault , Lameth , Bellefonds , Henrichemont
, Moutiers , Wirtemberg , Harcourt &
Naffaw , faifant enfemble quarante- quatre Efcadrons
, avec un Détachement du Corps Royal de
l'Artillerie & du Génie.
Sa Majesté a nommé en même temps , pour
fervir avec ces troupes , MM . le Chevalier de Nicolay
. le Duc de Broglie , le Comte de Lorges
& le Comte de Mailly , Lieutenant Généraux ; le
Marquis de Crillon , le Marquis de Poyanne ,
le Marquis de Barbançon , le Marquis de Berville,
le Marquis de Cuftine , le Marquis de Rougé , le
Marquis Deffalles , le Marquis de Saint - Chamans,
le Prince de Beauvau & le Prince Camille , Maréchaux
de Camp ; le Comte de Revel , Maréchal
général des Logis ; le Marquis de Lugeac , Major
général de l'infanterie , & le Marquis de Caulin
court, Maréchal Général des Logis de la Cavalerie.
M. le Comte de Starhemberg , Miniftre Plénipotentiaire
de Leurs Majeftés Impériales auprès
du Roi , reçut le 13 , par un courier extraordinaire
qui lui a été dépêché de ſa Cour , une Copie
de la Relation , par laquelle le Maréchal
Comte de Browne a rendu compte à l'Empereur
de l'action qui s'eft paffée en Boheme le premier
Octobre , entre les troupes Impériales & celles du
Roi de Pruffe . Cette Relation , qui eft datée du
2 , du camp de Budin , porte en fubftance , que la
nuit du 30 Septembre au premier Octobre le Roi
de Pruffe s'avança vers le Maréchal de Browne
avec une armée de quarante mille combattans au
moins : Que cette armée déboucha à la pointe du
jour par la Gorge de Welmina , en fe déployant
NOVEMBRE. 1756. 203
pafur
les hauteurs , à droite , à gauche , & dans le
fond de Lowofis.Que la bataille commença à fept:
heures. Que le feu a été fort vif des deux côtés ,
& la canonnade des Pruffiens telle , que tout le
monde convient n'en avoir jamais entendu de
reille. Que malgré cela les troupes Autrichiennes
ont fait des prodiges de valeur , en foutenant la
violence extrême de ce feu d'artillerie avec la plus
grande fermeté , & en repouffant à diverſes reprifes
les attaques de l'ennemi . Que les Pruffiens
ayant commencé à jetter des boulets rouges dans
le Village de Lowofis , le feu y a pris ; & que cet
accident a obligé l'Iufanterie Autrichienne , qui fe
trouvoit entre le feu du Village & celui de l'attaque
, d'abandonner la hauteur droite du Village
pour le former dehors dans la plaine , après quoi
le feu fe ralentit & finit enfin à trois heures aprèsmidi
. Que la Cavalerie Autrichienne a chaffé celle :
de l'ennemi à deux reprifes , de forte que celle- ci
n'a plus ofé reparoître , & a été forcée de fe retirer :
derriere l'Infanterie. Que parmi les Officiers de
rang de l'armée Autrichienne , il n'y a eu de tués
que le Général Radicati ; que le Général Prince
de Lobkowits a été bieffé & fait prifonnier ; que'
le Général Danois Rantzau a été bleffé , ainfi que
MM. Caroli , Hager , Adjudant Général , de
Browne , fils du Maréchal , de Bievre , Gowrai
& Lafcy ; que le Colonel Sanyvani eft mort de fesbleffures
. Qu'on croit , fuivant le calcul le plus
jafte qu'on ait pu faire , que le nombre des morts
& blellés Autrichiens ne monte guere qu'à environ
deux mille hommes , & que la perte des Pruf
fiens eft beaucoup plus confidérable , outre qu'il y
a eu quelques centaines de ceux - ci & plufieurs de
leurs Officiers , qui ont été faits prifonniers. Que
les Autrichiens n'ont perdu ni canons , ni dra--
Į vj ,
204 MERCURE DE FRANCE.
peaux, & qu'on foupçonne feulement qu'il manque
un Etendard dans le Régiment de Cordoua ,
qui eft celui de tous qui a le plus fouffert . Que le
Maréchal de Browne eft resté toute la nuit fur le
champ de bataille ; mais que comme les charriots
des vivres & des fourages s'étoient retirés , & qu'il
y a difette d'eau dans la Plaine où il étoit , il étoit
retourné le z au matin , dans fon ancien camp de
Budin , derriere l'Egra , afin de ne manquer de
rien pour la fubfiftance de fon armée. Que le Roi
de Prufle avoit pris fon camp derriere le champde
bataille , & que le 2 au matin au départ de l'armée
Autrichienne , il ne s'étoit pas encore mis
en poffeffion de Lowofis. Les Déserteurs & les
Prifonniers rapportent unanimement que les
Pruffiens ont perdu trois Généraux , dont pourtant
ils ne fçavent pas les noms. Le Maréchal de
Browne affure que cette action , quoique extrêmement
vive & fanglante , ne change abfolu
ment rien au ſyſtême des affaires & de les opé-
Iarions.
On mande de Dunkerque , que le Capitaine
Canon , commandant le Corfaire le Prince de
Soubife , de ce Port , y a fait conduire un Navire
Anglois de 250 tonneaux , dont il s'eft emparé ,
& qui revenoit de la Barbade avec un chargement
de fucre , de coton , de taffia & d'autres marchandifes.
L'Hirondelle , autre Corfaire de Dunkerque ,
qui avoit auffi pris deux Bâtimens Anglois , les a
rançonnés , l'un pour deux cens , l'autre pour
trois cens livres sterlings .
Le Corfaire l'Infernal , du Havre , dont eft
Capitaine Louis de Ferne , a relâché , moyennant
une rançon de dix-fept mille livres , un Navire
Anglois dont il s'étoit rendu maître.
NOVEMBRE.
1756. 205
Le Capitaine Deveaux , qui monte le Corfaire
PEfpérance , de Saint - Malo , a conduit au Havre
le Navire Anglois le Prince Rupert , de 140 .
tonneaux , armé de 12 canons , & Chargé de
cire fine , de cuivre , de gomme arabique & d'amandes.
Les Corfaires l'Amiral' & la Levrette ,
de
Bayonne , le font rendus maîtres , l'un des Navires
Anglois la Joanne , de Bofton , de 150 tonneaux
, chargé de fucre , de coton & de bois de
Campêche, & le Horley , de Londres , de 330
tonneaux , venant de la Virginie avec un charge.
ment de tabac ; l'autre , du Brigantin appellé le
Dauphin , de Newport en Amérique , dont la
cargaifon eft compofée de bois de Campêche ,
& du Bateau l'Helene , de Marblehead , chargé
de morue verte .
On a été informé par des lettres écrites de
Marſeille , que le Navire Anglois le Molly, de
140 tonneaun mint de 4
plomb , de plufieurs balles de draps & caiffes de
quincaillerie , a été pris & conduit en ce Port par
le Corfaire l'Heureufe Therefe , dont eft Capitaine
Pierre Pelouquin .
Le Vaiffeau de guerre Anglois le Warwick , de
64 canons , dont le Chevalier d'Aubigny s'étoit
emparé fur les côtes des Iles du Vent , a été armé
à la Martinique , & joint au Vaiffeau le Prudent
& aux Frégates l'Atalante , & le Zephyr ,
qui étoient fous le commandement de cet Offeier.
Cette Efcadre , après avoir croifé plufieurs
mois dans les parages de ces Ifles , où elle a fait
plufieurs prifes , eft partie de la Martinique le 12
Août , avec un convoi de 22 Navires Marchands
Les vents contraires l'ont obligée de relâcher le
premier Octobre au Port de la Corogne en Espa
206 MERCURE DE FRANCE.
gne. Elle en eft partie le 10 , & elle eft arrivéele
14 dans Rade de l'Ile d'Aix , à l'exception de la
Frégate le Zephyr , que le Chevalier d'Aubigny a
renvoyée à la Martinique, quelques jours après fondépart
de cette Ifle , pour y conduire - trois prifes
que cette Frégate avoit faites , & dont une étoit
un Corfaire ennemi , lequel venoit de s'emparer
d'un des Navires Marchands , qui s'étoit écarté du
convoi. Le Chevalier d'Aubigny a fait auffi deux
prifes dans fa traverſée de la Martinique en France
, & a amené les Officiers & une partie de l'équipage
Anglois du Vaiffeau le Warwick.
Le Corfaire l'Amiral , Capitaine Jean Samfon ;
s'eft emparé du Navire Anglois le Friendship , de
Londres , armé de 6 canons , allant à la Virgi
nie avec un chargement de marchandifes féches ,.
& a conduit cette prife à Bayonne.
Le Senaw Anglois le Landovery , de 130 ton
neaux , armé de 10 canons , & dont la cargaifon
chandelle & autres Loliere
marchandifes deftinées pour la
Jamaïque , a été
pris par le Corfaire le Comte de Maurepas , de
Bordeaux , qui l'a fait conduire à Fécamp.
Le 17 d'Octobre , le Roi fit la cérémonie de
recevoir Chevalier de l'Ordre de Saint Louis le
Prince de Rohan-Kochefort , Brigadier , Colonel
d'un Régiment d'Infanterie de fon nom , & M. de
Château- Thierry , Capitaine dars ce Régiment.
Le Roi a choifi M. le Comte d'Eftrées , Chevalier
de fes Ordres , & Lieutenant Général de
fes Armées , pour aller exécuter , en qualité de
fon Miniftre
Plénipotentiaire , une commiffion
particuliere auprès de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme.
Les Auguftins Réformés de la
Congrégation de
France , dans le Chapitre qu'ils ont tenu à Paris
NOVEMBRE. 1756. 207-
fe 18 de ce mois , ont élu le Pere Gervais pour
leur Supérieur Général ,
Le 21 les Actions de la Compagnie des Indesétoient
à quinze cens livres : les Billets de la Se
conde Loterie Royal , à fept cens foixante cinq ",
ceux de la troifieme Loterie , à fix cens quatrevingt.
Ceux de la premiere Loterie n'avoient
point de prix fixe.
l'Evêque Duc de Laon , pour remplir fa nomination
au Chapeau de Cardinal , le Roi y a
donné fon confentement . Ce Prélat eut l'honneur
d'en remercier Sa Majeſté , ainfi que de la grace
qu'Elle vient de lui faire , en lui accordant les
entrées de fa Chambre .
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Cruffol - de
Salles , Lieutenant - Général , le Gouvernement
de l'Ile d'Oleron , vacant par la mort de M. de
Cadeville.
L'Impératrice Reine de Hongrie & de Boheme
ayant demandé au Roi , à l'occafion de l'entrée
de l'armée du Roi de Prufle en Boheme , le
Tecours de troupes ftipulé par le Traité de Verfailles
du premier M ai dernier ; Sa Majesté a
donné ordre de raffembler à cet effet les Régimens
ci- après , qui doivent former un Corps de vingtquatre
mille hommes aux ordres du Prince de
Soubife : fçavoir , les Régimens d'Infanterie de
Champagne, Belfunce , Lyonnois, Dauphin , Vaubecourt
, Alface , Bentheim , Jenner , la March ,
Courten , Royal Suédois , Royal Baviere , Lowendalh
& Lochmann , faifant enſemble vingt- fix Bataillons
; & les Régimens de Cavalerie du Commiflaire
Général , Royal Cuiraffiers , Royal Rouf-
I v
202 MERCURE DE FRANCE:
fillon , Royal Allemand , trois Brigades de Ca
rabiniers , Royal Pologne , Bourgogne , Berry ,
Orléans , Lufignan , Marcieu , Talleyrand , la
Rochefoucault , Lameth , Bellefonds , Henrichemont
, Moutiers , Wirtemberg , Harcourt &
Naffaw , faifant enfemble quarante- quatre Efcadrons
, avec un Détachement du Corps Royal de
l'Artillerie & du Génie.
Sa Majesté a nommé en même temps , pour
fervir avec ces troupes , MM . le Chevalier de Nicolay
. le Duc de Broglie , le Comte de Lorges
& le Comte de Mailly , Lieutenant Généraux ; le
Marquis de Crillon , le Marquis de Poyanne ,
le Marquis de Barbançon , le Marquis de Berville,
le Marquis de Cuftine , le Marquis de Rougé , le
Marquis Deffalles , le Marquis de Saint - Chamans,
le Prince de Beauvau & le Prince Camille , Maréchaux
de Camp ; le Comte de Revel , Maréchal
général des Logis ; le Marquis de Lugeac , Major
général de l'infanterie , & le Marquis de Caulin
court, Maréchal Général des Logis de la Cavalerie.
M. le Comte de Starhemberg , Miniftre Plénipotentiaire
de Leurs Majeftés Impériales auprès
du Roi , reçut le 13 , par un courier extraordinaire
qui lui a été dépêché de ſa Cour , une Copie
de la Relation , par laquelle le Maréchal
Comte de Browne a rendu compte à l'Empereur
de l'action qui s'eft paffée en Boheme le premier
Octobre , entre les troupes Impériales & celles du
Roi de Pruffe . Cette Relation , qui eft datée du
2 , du camp de Budin , porte en fubftance , que la
nuit du 30 Septembre au premier Octobre le Roi
de Pruffe s'avança vers le Maréchal de Browne
avec une armée de quarante mille combattans au
moins : Que cette armée déboucha à la pointe du
jour par la Gorge de Welmina , en fe déployant
NOVEMBRE. 1756. 203
pafur
les hauteurs , à droite , à gauche , & dans le
fond de Lowofis.Que la bataille commença à fept:
heures. Que le feu a été fort vif des deux côtés ,
& la canonnade des Pruffiens telle , que tout le
monde convient n'en avoir jamais entendu de
reille. Que malgré cela les troupes Autrichiennes
ont fait des prodiges de valeur , en foutenant la
violence extrême de ce feu d'artillerie avec la plus
grande fermeté , & en repouffant à diverſes reprifes
les attaques de l'ennemi . Que les Pruffiens
ayant commencé à jetter des boulets rouges dans
le Village de Lowofis , le feu y a pris ; & que cet
accident a obligé l'Iufanterie Autrichienne , qui fe
trouvoit entre le feu du Village & celui de l'attaque
, d'abandonner la hauteur droite du Village
pour le former dehors dans la plaine , après quoi
le feu fe ralentit & finit enfin à trois heures aprèsmidi
. Que la Cavalerie Autrichienne a chaffé celle :
de l'ennemi à deux reprifes , de forte que celle- ci
n'a plus ofé reparoître , & a été forcée de fe retirer :
derriere l'Infanterie. Que parmi les Officiers de
rang de l'armée Autrichienne , il n'y a eu de tués
que le Général Radicati ; que le Général Prince
de Lobkowits a été bieffé & fait prifonnier ; que'
le Général Danois Rantzau a été bleffé , ainfi que
MM. Caroli , Hager , Adjudant Général , de
Browne , fils du Maréchal , de Bievre , Gowrai
& Lafcy ; que le Colonel Sanyvani eft mort de fesbleffures
. Qu'on croit , fuivant le calcul le plus
jafte qu'on ait pu faire , que le nombre des morts
& blellés Autrichiens ne monte guere qu'à environ
deux mille hommes , & que la perte des Pruf
fiens eft beaucoup plus confidérable , outre qu'il y
a eu quelques centaines de ceux - ci & plufieurs de
leurs Officiers , qui ont été faits prifonniers. Que
les Autrichiens n'ont perdu ni canons , ni dra--
Į vj ,
204 MERCURE DE FRANCE.
peaux, & qu'on foupçonne feulement qu'il manque
un Etendard dans le Régiment de Cordoua ,
qui eft celui de tous qui a le plus fouffert . Que le
Maréchal de Browne eft resté toute la nuit fur le
champ de bataille ; mais que comme les charriots
des vivres & des fourages s'étoient retirés , & qu'il
y a difette d'eau dans la Plaine où il étoit , il étoit
retourné le z au matin , dans fon ancien camp de
Budin , derriere l'Egra , afin de ne manquer de
rien pour la fubfiftance de fon armée. Que le Roi
de Prufle avoit pris fon camp derriere le champde
bataille , & que le 2 au matin au départ de l'armée
Autrichienne , il ne s'étoit pas encore mis
en poffeffion de Lowofis. Les Déserteurs & les
Prifonniers rapportent unanimement que les
Pruffiens ont perdu trois Généraux , dont pourtant
ils ne fçavent pas les noms. Le Maréchal de
Browne affure que cette action , quoique extrêmement
vive & fanglante , ne change abfolu
ment rien au ſyſtême des affaires & de les opé-
Iarions.
On mande de Dunkerque , que le Capitaine
Canon , commandant le Corfaire le Prince de
Soubife , de ce Port , y a fait conduire un Navire
Anglois de 250 tonneaux , dont il s'eft emparé ,
& qui revenoit de la Barbade avec un chargement
de fucre , de coton , de taffia & d'autres marchandifes.
L'Hirondelle , autre Corfaire de Dunkerque ,
qui avoit auffi pris deux Bâtimens Anglois , les a
rançonnés , l'un pour deux cens , l'autre pour
trois cens livres sterlings .
Le Corfaire l'Infernal , du Havre , dont eft
Capitaine Louis de Ferne , a relâché , moyennant
une rançon de dix-fept mille livres , un Navire
Anglois dont il s'étoit rendu maître.
NOVEMBRE.
1756. 205
Le Capitaine Deveaux , qui monte le Corfaire
PEfpérance , de Saint - Malo , a conduit au Havre
le Navire Anglois le Prince Rupert , de 140 .
tonneaux , armé de 12 canons , & Chargé de
cire fine , de cuivre , de gomme arabique & d'amandes.
Les Corfaires l'Amiral' & la Levrette ,
de
Bayonne , le font rendus maîtres , l'un des Navires
Anglois la Joanne , de Bofton , de 150 tonneaux
, chargé de fucre , de coton & de bois de
Campêche, & le Horley , de Londres , de 330
tonneaux , venant de la Virginie avec un charge.
ment de tabac ; l'autre , du Brigantin appellé le
Dauphin , de Newport en Amérique , dont la
cargaifon eft compofée de bois de Campêche ,
& du Bateau l'Helene , de Marblehead , chargé
de morue verte .
On a été informé par des lettres écrites de
Marſeille , que le Navire Anglois le Molly, de
140 tonneaun mint de 4
plomb , de plufieurs balles de draps & caiffes de
quincaillerie , a été pris & conduit en ce Port par
le Corfaire l'Heureufe Therefe , dont eft Capitaine
Pierre Pelouquin .
Le Vaiffeau de guerre Anglois le Warwick , de
64 canons , dont le Chevalier d'Aubigny s'étoit
emparé fur les côtes des Iles du Vent , a été armé
à la Martinique , & joint au Vaiffeau le Prudent
& aux Frégates l'Atalante , & le Zephyr ,
qui étoient fous le commandement de cet Offeier.
Cette Efcadre , après avoir croifé plufieurs
mois dans les parages de ces Ifles , où elle a fait
plufieurs prifes , eft partie de la Martinique le 12
Août , avec un convoi de 22 Navires Marchands
Les vents contraires l'ont obligée de relâcher le
premier Octobre au Port de la Corogne en Espa
206 MERCURE DE FRANCE.
gne. Elle en eft partie le 10 , & elle eft arrivéele
14 dans Rade de l'Ile d'Aix , à l'exception de la
Frégate le Zephyr , que le Chevalier d'Aubigny a
renvoyée à la Martinique, quelques jours après fondépart
de cette Ifle , pour y conduire - trois prifes
que cette Frégate avoit faites , & dont une étoit
un Corfaire ennemi , lequel venoit de s'emparer
d'un des Navires Marchands , qui s'étoit écarté du
convoi. Le Chevalier d'Aubigny a fait auffi deux
prifes dans fa traverſée de la Martinique en France
, & a amené les Officiers & une partie de l'équipage
Anglois du Vaiffeau le Warwick.
Le Corfaire l'Amiral , Capitaine Jean Samfon ;
s'eft emparé du Navire Anglois le Friendship , de
Londres , armé de 6 canons , allant à la Virgi
nie avec un chargement de marchandifes féches ,.
& a conduit cette prife à Bayonne.
Le Senaw Anglois le Landovery , de 130 ton
neaux , armé de 10 canons , & dont la cargaifon
chandelle & autres Loliere
marchandifes deftinées pour la
Jamaïque , a été
pris par le Corfaire le Comte de Maurepas , de
Bordeaux , qui l'a fait conduire à Fécamp.
Le 17 d'Octobre , le Roi fit la cérémonie de
recevoir Chevalier de l'Ordre de Saint Louis le
Prince de Rohan-Kochefort , Brigadier , Colonel
d'un Régiment d'Infanterie de fon nom , & M. de
Château- Thierry , Capitaine dars ce Régiment.
Le Roi a choifi M. le Comte d'Eftrées , Chevalier
de fes Ordres , & Lieutenant Général de
fes Armées , pour aller exécuter , en qualité de
fon Miniftre
Plénipotentiaire , une commiffion
particuliere auprès de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme.
Les Auguftins Réformés de la
Congrégation de
France , dans le Chapitre qu'ils ont tenu à Paris
NOVEMBRE. 1756. 207-
fe 18 de ce mois , ont élu le Pere Gervais pour
leur Supérieur Général ,
Le 21 les Actions de la Compagnie des Indesétoient
à quinze cens livres : les Billets de la Se
conde Loterie Royal , à fept cens foixante cinq ",
ceux de la troifieme Loterie , à fix cens quatrevingt.
Ceux de la premiere Loterie n'avoient
point de prix fixe.
Fermer
Résumé : « Le Roi de Pologne Electeur de Saxe, ayant désigner l'Evêque Duc de Laon, [...] »
Le Roi de Pologne, également Électeur de Saxe, a nommé l'Évêque Duc de Laon comme cardinal, avec le consentement du Roi de France. L'Évêque a exprimé sa gratitude pour cette nomination et pour l'accès à la Chambre du Roi. Le Gouvernement de l'Île d'Oléron a été attribué à M. le Marquis de Crussol de Salles, Lieutenant-Général, suite au décès de M. de Cadeville. L'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême a sollicité l'envoi de troupes françaises en raison de l'invasion de la Bohême par l'armée prussienne. Le Roi a ordonné la mobilisation de plusieurs régiments d'infanterie et de cavalerie, formant un corps de vingt-quatre mille hommes sous le commandement du Prince de Soubise. Parmi les régiments mobilisés figurent les régiments d'infanterie de Champagne, Belfunce, Lyonnois, Dauphin, Vaubecourt, Alsace, Bentheim, Jenner, la Marche, Courten, Royal Suédois, Royal Bavière, Lowendahl et Lochmann, ainsi que les régiments de cavalerie du Commissaire Général, Royal Cuirassiers, Royal Roussillon, Royal Allemand, et plusieurs brigades de carabiniers. Le Roi a également nommé plusieurs officiers pour servir avec ces troupes, dont le Chevalier de Nicolay, le Duc de Broglie, le Comte de Lorges et le Comte de Mailly comme Lieutenants-Généraux, ainsi que divers Maréchaux de camp et autres officiers supérieurs. M. le Comte de Starhemberg, Ministre Plénipotentiaire des Majestés Impériales auprès du Roi, a reçu un rapport détaillé de la bataille du 1er octobre en Bohême entre les troupes impériales et prussiennes. Cette bataille, décrite comme intense, a vu des pertes importantes des deux côtés, y compris plusieurs généraux prussiens tués. Des nouvelles de Dunkerque rapportent la capture de plusieurs navires anglais par des corsaires français, notamment le Prince de Soubise, l'Hirondelle, l'Infernal, et l'Espérance, chargés de diverses marchandises telles que du sucre, du coton et du taffia. Le Chevalier d'Aubigny, après avoir capturé le vaisseau de guerre anglais le Warwick, l'a armé à la Martinique et a rejoint d'autres navires pour former une escadre, qui a croisé dans les parages des îles du Vent avant de retourner en France. Le Roi a également procédé à diverses cérémonies et nominations, notamment la réception du Prince de Rohan-Kochefort et de M. de Château-Thierry comme Chevaliers de l'Ordre de Saint Louis. Il a choisi M. le Comte d'Estrées pour une mission auprès de l'Empereur et de l'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême. Les Augustins Réformés de la Congrégation de France ont élu le Père Gervais comme leur Supérieur Général. Enfin, les actions de la Compagnie des Indes et les billets de loterie royale ont connu des fluctuations de valeur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1343
p. 212-216
LETTRE à Madame de ***, sur une Fête donnée à Brest.
Début :
Je vous l'avois bien dit, Madame, avant de partir de Paris, que vous seriez [...]
Mots clefs :
Fête, Brest, Marquis de Constant, Navire, Fleurs, Colonnes, Décors, Baldaquins, Beauté, Buste du roi, Statues, Musique, Bal, Banquets
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE à Madame de ***, sur une Fête donnée à Brest.
LETTRE à Madame de *** ſur une
Fête donnée à Breft.
JE vous l'avois bien dit , Madame , avant de
partir de Paris , que vous feriez bientôt furieuſe
de n'avoir pas été de notre voyage , & je gage que
vous allez l'être. Me voilà arrivée à Brest. Vous
croyez peut- être que je vais vous parler de la mer,
& des préparatifs formidables que l'on fait dans
ce port contre les Anglois ? J'ai vraiment bien
d'autres merveilles à vous conter . Je fors d'un palais
des Fées , d'une maison de campagne fur l'eau :
j'y ai vu des jardins , des bois . Oh ! je voudrois
tout vous dire à la fois , ou plutôt je voudrois y
être encore. Laiffez -moi du moins vous donner
une idée des charmes d'une fête que les Graces
feules devroient décrire , & qu'un Général feul
de mer peut donner. M. le Marquis de Conflans
qui commande l'eſcadre qui eft en rade , vient
de donner cette fête en l'honneur de celle de
NOVEMBRE. 1756. 213
Roi. C'eft de fon vaiffeau que je fors : voilà le
château enchanté. Il y avoit invité toutes les
- femmes de cette ville , avec plufieurs étrangeres
voyageuses comme moi. Nous y fûmes toutes
avec lui dans une petite flotte de canots le plus
galamment équipés , & aufli leftes que nos cabriolets.
En vérité , ce font des magiciens que ces Meffieurs
les Marins : j'imaginois devoir entrer en
arrivant à bord du Soleil royal , dans une citadelle
de bois , hériffée de quatre - vingts canons , &
- c'eft fur le gazon d'abord que j'ai marché. Pai
levé les yeux pour appercevoir une girouette , j'étois
fous un lambri de feuillages émaillés de
fleurs ; enfin dans une allée de myrthes & de lauriers.
Le paffavant ( je vous prie de croire que
je fuis déja un peu marine ; & que j'en fçais les
termes ; je vous les expliquerai à mon retour ) ,
le paffavant donc étoit métamorphofé en cette
belle allée qui régnoit tout autour du vaiffeau ; &
- en faifoit une promenade délicieufe : les vents
ne fouffloient ce jour- là que pour répandre l'efprit
des fleurs dont tout le vaiffeau étoit paré.
L'intervalle qui fépare les deux paffavants , étoit
rempli par un plancher très- uni , & formoit un
fallon fpacieux. Ce fut dans ce fallon que j'entrai
enfuite trois de fes côtés étoient ornés de co-
-lonnes d'ifs dans l'ordre Ionique , entrelaffés de
gairlandes de fleurs ; leurs chapiteaux foutenoient
une galerie auffi militaire qu'elle étoit agréable
aux yeux par tous les trophées de Neptune &
de Mars , dont on l'avoit décorée : le fond du
fallon étoit terminé par un baldaquin de verdure
; on y voyoit le portrait du Roi peint de
grandeur naturelle , & appuyé fur une pouppe de
vaiffeau, Près de lui la Renommée lui préfentoit
214 MERCURE DE FRANCE.
d'une main des lauriers , fe foutenant de l'autre
fur l'épaule du Miniftre de la marine , indiqué par
La caffette des Sceaux : tout l'enſemble de ce tableau
repréfentoit très bien l'emblême de la
gloire que notre augufte Monarque vient d'acquérir
fur la mer.
-
Le Général enchanté des éloges que tout le
monde donnoit à cette maniere ingénieuſe de célébrer
les victoires du Roi & les fuccès de fa
marine triomphante même en renaiffant , nous
conduifit delà dans une autre falle auffi vafte ,
mais décorée différemment ; c'est le gaillard d'arriere
où nous étions ( je vous déroute furieufement
, Madame , par tous ces noms- là , mais
je vous l'ai promis , je vous les apprendrai tous ) :
elle étoit tendue de blanc , vous auriez dit d'une
mouffeline ; ce font leurs pavillons de fignaux.
Le grand mât du vaiffeau qui eft au milieu ,
& qui féparoit ces deux falles , étoit revêtu de
myrthes touffus , dans lefquels on avoit pratiqué
avec art une niche en verdure fleurie , où étoit
placé le bufte du Roi fur un piédeſtal élégamment
orné. Nous appellâmes ces deux falles , l'une
de Mars , & l'autre de l'Amour. Ce fut là qu'on
fervit un repas avec autant de magnificence que
de goût ; une table immenfe étoit couverte des
cryftaux les plus joliment imaginés du monde.
Je fçais bien , pour moi , que j'étois devant le
fiege de Mahon , & tout auprès d'une efcadre
Françoife , dont nos vaiffeaux défignés par de petits
pavillons de taffetas blanc , faifoient prefque
fortir à force de voiles , une troupe de pavillons
rouges qui s'enfuyoient devant eux.
Une bonne fymphonie , que l'on n'appercevoir
point , anima tout le dîner ; fur le foir on chanta
folemnellement un Te Deum en musique. Il fut
NOVEMBRE. 1756. 215
Tuivi d'une falve de moufqueterie & de canons, que
tirerent tous les vaiffeaux de la rade : mais de façon
à nous donner l'image d'un combat naval
fpectacle auffi gracieux à poudre feulement , qu'il
doit être terrible à boulets . Je l'ai donc vu auffi ,
Madame, & avec la même gaieté que je fus enfuite
au bal . Le foleil ne fe coucha point , ou celui
où nous étions prit fa place : mille bougies allumées
parmi les feuillages , furent les feux que jetta
le foleil royal & jamais illumination plus brillante
n'avoit éclairé un bal plus galant, ni mieux ordonné.
Les favoris d'Amphitrite vont fans doute dans
leurs voyages de temps en temps à Paphos ou à
Idalie . Ils ne font point du tout Loups de mer , &
j'apperçus dans nos allées de myrthes une foule de
jeunes marins , qui me fembloient conter leurs
peines , & s'y prendre comme à Paris : croyez
qu'ils fçavent galamment chanter leur Roi & leurs
maîtreffes. Lifez plutôt cette chanſon , ou chantez-
là : car je vous l'envoie notée . C'est une production
marine d'un des Officiers du vaiſſeau , &
une efquiffe de la fête , & de ma rélation aufli.
Mais je vais la finir pour ne pas achever de vous
défefpérer de n'être pas venue.
Le bal ne fut interrompu que par un ambigu
fervi avec une profufion & une délicateffe qui ne
laiffoient rien à défirer . Nous y fûmes d'une folie......
Les Dames de Breft furtout étoient d'une
gaieté charmante , & bien faites pour en infpirer,
bien dignes auffi de la fête que nous célébrions.
Elles n'aiment pas le Roi , elles en font amoureufes.
Nous y aurions paffé la nuit , fi les inftrumens
ne nous euffent rappellé dans la falle du bal, qui recommença
avec encore plus de vivacité & de plaifir
qu'auparavant. Je n'en fuis fortie qu'au jour . J'ai
fini par danſer la Mahon , & je ſuis revenye vîte
216 MERCURE DE FRANCE.
vous écrire au ſon des violons qui , j'imagine ,
frappent encore mes oreilles . Adieu , Madame. Je
pars au premier jour pour revenir vous voir. Que
je vais vous parler marine ! Ce fera le fruit de mes
voyages : mais vous qui les aimez fi peu , ne faites
pas de même au moins d'une voyageufe que vous
fçavez vous être attachée bien fincérement , toute
charmante & toute jolie que vous êtes.
Fête donnée à Breft.
JE vous l'avois bien dit , Madame , avant de
partir de Paris , que vous feriez bientôt furieuſe
de n'avoir pas été de notre voyage , & je gage que
vous allez l'être. Me voilà arrivée à Brest. Vous
croyez peut- être que je vais vous parler de la mer,
& des préparatifs formidables que l'on fait dans
ce port contre les Anglois ? J'ai vraiment bien
d'autres merveilles à vous conter . Je fors d'un palais
des Fées , d'une maison de campagne fur l'eau :
j'y ai vu des jardins , des bois . Oh ! je voudrois
tout vous dire à la fois , ou plutôt je voudrois y
être encore. Laiffez -moi du moins vous donner
une idée des charmes d'une fête que les Graces
feules devroient décrire , & qu'un Général feul
de mer peut donner. M. le Marquis de Conflans
qui commande l'eſcadre qui eft en rade , vient
de donner cette fête en l'honneur de celle de
NOVEMBRE. 1756. 213
Roi. C'eft de fon vaiffeau que je fors : voilà le
château enchanté. Il y avoit invité toutes les
- femmes de cette ville , avec plufieurs étrangeres
voyageuses comme moi. Nous y fûmes toutes
avec lui dans une petite flotte de canots le plus
galamment équipés , & aufli leftes que nos cabriolets.
En vérité , ce font des magiciens que ces Meffieurs
les Marins : j'imaginois devoir entrer en
arrivant à bord du Soleil royal , dans une citadelle
de bois , hériffée de quatre - vingts canons , &
- c'eft fur le gazon d'abord que j'ai marché. Pai
levé les yeux pour appercevoir une girouette , j'étois
fous un lambri de feuillages émaillés de
fleurs ; enfin dans une allée de myrthes & de lauriers.
Le paffavant ( je vous prie de croire que
je fuis déja un peu marine ; & que j'en fçais les
termes ; je vous les expliquerai à mon retour ) ,
le paffavant donc étoit métamorphofé en cette
belle allée qui régnoit tout autour du vaiffeau ; &
- en faifoit une promenade délicieufe : les vents
ne fouffloient ce jour- là que pour répandre l'efprit
des fleurs dont tout le vaiffeau étoit paré.
L'intervalle qui fépare les deux paffavants , étoit
rempli par un plancher très- uni , & formoit un
fallon fpacieux. Ce fut dans ce fallon que j'entrai
enfuite trois de fes côtés étoient ornés de co-
-lonnes d'ifs dans l'ordre Ionique , entrelaffés de
gairlandes de fleurs ; leurs chapiteaux foutenoient
une galerie auffi militaire qu'elle étoit agréable
aux yeux par tous les trophées de Neptune &
de Mars , dont on l'avoit décorée : le fond du
fallon étoit terminé par un baldaquin de verdure
; on y voyoit le portrait du Roi peint de
grandeur naturelle , & appuyé fur une pouppe de
vaiffeau, Près de lui la Renommée lui préfentoit
214 MERCURE DE FRANCE.
d'une main des lauriers , fe foutenant de l'autre
fur l'épaule du Miniftre de la marine , indiqué par
La caffette des Sceaux : tout l'enſemble de ce tableau
repréfentoit très bien l'emblême de la
gloire que notre augufte Monarque vient d'acquérir
fur la mer.
-
Le Général enchanté des éloges que tout le
monde donnoit à cette maniere ingénieuſe de célébrer
les victoires du Roi & les fuccès de fa
marine triomphante même en renaiffant , nous
conduifit delà dans une autre falle auffi vafte ,
mais décorée différemment ; c'est le gaillard d'arriere
où nous étions ( je vous déroute furieufement
, Madame , par tous ces noms- là , mais
je vous l'ai promis , je vous les apprendrai tous ) :
elle étoit tendue de blanc , vous auriez dit d'une
mouffeline ; ce font leurs pavillons de fignaux.
Le grand mât du vaiffeau qui eft au milieu ,
& qui féparoit ces deux falles , étoit revêtu de
myrthes touffus , dans lefquels on avoit pratiqué
avec art une niche en verdure fleurie , où étoit
placé le bufte du Roi fur un piédeſtal élégamment
orné. Nous appellâmes ces deux falles , l'une
de Mars , & l'autre de l'Amour. Ce fut là qu'on
fervit un repas avec autant de magnificence que
de goût ; une table immenfe étoit couverte des
cryftaux les plus joliment imaginés du monde.
Je fçais bien , pour moi , que j'étois devant le
fiege de Mahon , & tout auprès d'une efcadre
Françoife , dont nos vaiffeaux défignés par de petits
pavillons de taffetas blanc , faifoient prefque
fortir à force de voiles , une troupe de pavillons
rouges qui s'enfuyoient devant eux.
Une bonne fymphonie , que l'on n'appercevoir
point , anima tout le dîner ; fur le foir on chanta
folemnellement un Te Deum en musique. Il fut
NOVEMBRE. 1756. 215
Tuivi d'une falve de moufqueterie & de canons, que
tirerent tous les vaiffeaux de la rade : mais de façon
à nous donner l'image d'un combat naval
fpectacle auffi gracieux à poudre feulement , qu'il
doit être terrible à boulets . Je l'ai donc vu auffi ,
Madame, & avec la même gaieté que je fus enfuite
au bal . Le foleil ne fe coucha point , ou celui
où nous étions prit fa place : mille bougies allumées
parmi les feuillages , furent les feux que jetta
le foleil royal & jamais illumination plus brillante
n'avoit éclairé un bal plus galant, ni mieux ordonné.
Les favoris d'Amphitrite vont fans doute dans
leurs voyages de temps en temps à Paphos ou à
Idalie . Ils ne font point du tout Loups de mer , &
j'apperçus dans nos allées de myrthes une foule de
jeunes marins , qui me fembloient conter leurs
peines , & s'y prendre comme à Paris : croyez
qu'ils fçavent galamment chanter leur Roi & leurs
maîtreffes. Lifez plutôt cette chanſon , ou chantez-
là : car je vous l'envoie notée . C'est une production
marine d'un des Officiers du vaiſſeau , &
une efquiffe de la fête , & de ma rélation aufli.
Mais je vais la finir pour ne pas achever de vous
défefpérer de n'être pas venue.
Le bal ne fut interrompu que par un ambigu
fervi avec une profufion & une délicateffe qui ne
laiffoient rien à défirer . Nous y fûmes d'une folie......
Les Dames de Breft furtout étoient d'une
gaieté charmante , & bien faites pour en infpirer,
bien dignes auffi de la fête que nous célébrions.
Elles n'aiment pas le Roi , elles en font amoureufes.
Nous y aurions paffé la nuit , fi les inftrumens
ne nous euffent rappellé dans la falle du bal, qui recommença
avec encore plus de vivacité & de plaifir
qu'auparavant. Je n'en fuis fortie qu'au jour . J'ai
fini par danſer la Mahon , & je ſuis revenye vîte
216 MERCURE DE FRANCE.
vous écrire au ſon des violons qui , j'imagine ,
frappent encore mes oreilles . Adieu , Madame. Je
pars au premier jour pour revenir vous voir. Que
je vais vous parler marine ! Ce fera le fruit de mes
voyages : mais vous qui les aimez fi peu , ne faites
pas de même au moins d'une voyageufe que vous
fçavez vous être attachée bien fincérement , toute
charmante & toute jolie que vous êtes.
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Résumé : LETTRE à Madame de ***, sur une Fête donnée à Brest.
La lettre relate une fête somptueuse organisée par le Marquis de Conflans à Brest, à bord de son vaisseau, en novembre 1756, en l'honneur des victoires du Roi. L'auteure, après avoir voyagé à Brest, met en avant les merveilles observées plutôt que les préparatifs militaires contre les Anglais. Le vaisseau, transformé en palais enchanté, accueillait des femmes de la ville et des étrangères, transportées en canots élégamment équipés. Les invités découvraient un décor enchanteur avec des jardins, des bois et des allées de myrtes et de lauriers. Le pont principal, métamorphosé en promenade délicieuse, était paré de fleurs et de verdure. Un salon spacieux, orné de colonnes et de trophées, abritait un portrait du Roi et des symboles de la gloire maritime. La fête se poursuivait dans une autre salle, tendue de blanc, où un repas somptueux a été servi. Une symphonie et un Te Deum animaient le dîner, suivi d'une salve de mousqueterie et de canons imitant un combat naval. La soirée se concluait par un bal illuminé par des bougies, avec des marins chantant des chansons en l'honneur du Roi et de leurs maîtresses. Les dames de Brest, particulièrement gaies et charmantes, participaient avec enthousiasme à la fête, qui se prolongeait jusqu'au matin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1344
p. 216-234
MARIAGES ET MORTS.
Début :
Messire Louis-Georges de Johanne de la Carre, Marquis de Saumeri, [...]
Mots clefs :
Mariages, Morts, Maison de Montaynard, Maison de Chambrai, Maison de Villeneuve, Maison de Chamborant, Duc, Comte, Chevalier
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGES ET MORTS.
MARIAGES ET MORTS.
MEffire Louis- Georges de Johanne de la Carre,
Marquis de Saumeri , Gouverneur & grand Bailli
de Blois , & Gouverneur en ſurvivance du Château
Royal de Chambord , époufa le 2 Juin Demoiselle
Henriette -Françoife de Menou , fille de Meffire
Louis-Jofeph , Comte de Menou , Baron de Pontchâteau
, Maréchal des Camps & Armées du
Roi , & de feue Dame Marie - Louiſe de Charitte.
La bénédiction nuptiale leur a été donné dans
l'Eglife paroiffiale de Saint Sulpice par l'Abbé
de Menou. Leur contrat de mariage avoit été
figné le 16 Mai précédent par leurs Majeftés &
la Famille Royale.
François , Comte de Montaynard , épousa le
21 Juin , dans la Chapelle du Château de Bellevue
, Henriette - Lucie-Magdeleine de Bafchi ,
troisieme fille de Francois , des Comtes de Bafchi ,
Comte de Bafchi- Saint -Efteve , Chevalier des Ordres
du Roi , Confeiller d'Etat d'épée , Ambaſſadeur
de Sa Majefté à la Cour de Portugal , & de
Dame Charlotte- Victoire Le Normant. L'Evêque
de Digne leur donna la bénédiction nuptiale.
Leur contrat de mariage avoit été figné le 15
dx
NOVEMBRE. 1756. 217
du même mois par Leurs Majeftés & par la Famille
Royale.
- La Maifon de Montaynard, qui eft une des plus
anciennes & des plus illuftres du Royaume, eft trop
connue pour qu'il foit befoin d'en donner un détail
fort étendu. Il fuffit de dire que cette Maifon
ale rare avantage de prouver fa filiation depuis
Rodolphe , l'un des plus grands Seigneurs du Gréfivaudan
, qui vivoit vers l'an 969 , jufqu'à nos
jours. Ce Rodolphe fut pere d'Ainard , qui fonda
vers l'an 1027, dans la terre de Domene un Prieuré
qui fubfifte encore aujourd'hui. Sa postérité prit
le nom d'Ainard jufqu'à Pierre , fon ſeptieme defcendant
, qui le premier prit le nom de Montagnard
, d'une de les terres près Grenoble , de laquelle
il fit hommage au Dauphin Guigue l'an
1329. Sa postérité a confervé le nom de Montaynard.
Il eut pour fils Raimond , qui fut ayeul de
Raimond III , Lieutenant Général de la Province
de Dauphiné en 1445 , pere d'Hector de Montaynard
, Gouverneur du Comté d'Afti pour le Roi
Louis XII, qui fut affaffiné en 1501. Il avoit époufé
Marguerite , fille de Boniface , Marquis de
Montferrat , de laquelle il eut Louis de Montaynard
, bifayeul de Marie de Montaynard , qui devint
Seigneur de Montfrin par la donation que lui
en fit en 1598, fa coufine Marguerite d'Arpajon.
Marie de Montaynard eut pour petit fils Hector
de Montaynard , Marquis de Montfrin , mort
Maréchal de Camp le 7 Janvier 1687. Il avoit
époufé Chriftine- Marguerite de la Gorée , dont naquit
François de Montaynard , Marquis de Montfrin
, décède le 12 Juillet 1728 , laiffant de fa femme
Louiſe Lottet-de Cauviffon , Jofeph de Montaynard
, Marquis de Montfrin , Comte de Souternon
, Grand Sénéchal de Niſmes & de Beau-
K
218 MERCURE DE FRANCE.
caire , né le 14 Février 1703 , marié le 9 Juin
1732 , à Diane - Henriette de Baſchi- d' . ubais .
morte le 18 Mars 1755. fille de Charles des Comtes
de Bafchi , Marquis d'Aubais , Baron du Cayla,
& de Diane de Rofel, Dame de Cors & de Beaumont.
De ce mariage font fortis :
1º. François , Marquis de Montaynard , né le
28 Août 1735 , qui donne lieu à cet article.
2º. Françoife-Marie de Montaynard , née le 29
Avril 1734
3°. Marie-Henriette de Montaynard , née le
14 Juin 1750.
Meffire Erneft- Louis , Comte de Mortaigne ;
Lieutenant-général des armées du Roi , & Commandant
dans les trois Evêches , fut marié le s
Août à Demoiſelle Françoife- Félicité de Montmorillon
, ci- devant Chanoineffe du chapitre de
Sainte-Marie de Metz . La bénédiction nuptiale
leur fut donnée dans la chapelle du château de
Begny , par l'Abbé de Montmorillon , Comte de
Lyon.
Marie-Sophie de Courcillon , veuve de Hercules-
Meriadec de Rohan , Duc de Rohan- Rohan , Pair
de France , Prince de Soubife & de Maubuiffon ,
Marquis d'Annonay , Comte de la Voute & de
Tournon , Lieutenant Général des Armées du
Roi , ci- devant Capitaine- Lieutenant des Gendarmes
de la Garde de Sa Majeſté , & Gouverneur des
Provinces de Champagne & de Brie , mourut à
Paris le 4 Avril , âgée de 43 ans. La Princeffe
Douairiere de Rohan étoit fille unique de Philippe-
Egon de Courcillon , Marquis de Dangeau ,
Baron de Lucé , &c , Gouverneur de Touraine ,
&c , & de Françoile de Pompadour, Dame du Duché
de la Vallette. Elle avoit époufé en premieres
noces le 20 Janvier 1717 , Charles-François d'AlNOVEMBRE.
1756. 219
bert d'Ailly , Duc de Picquigni , mort le 14 Juin
1731. De ce mariage il n'y a point d'enfans . Elle
s'étoit remariée au Prince de Rohan le 2 Septembre
1732 , & en étoit restée veuve fans enfans le
26 Janvier 1749.
Frere Jacques -François de Chambrai , Grand-
Croix de l'Ordre de S. Jean de Jérufalem , Commandeur
des Commanderies de Sainte Vaubourg
dans le Grand Prieuré de France , de Virecourt
dans celui de Champagne , & de la Commanderie
Magiftrale de Metz au même Grand Prieuré , ci
devant Lieutenant Général & Commandant des
vaiffeaux de la Religion , eft mort à Malte le 8
Avril . Le Bailli de Chambrai a été un des plus
grands hommes de mer de ce fiecle. Il a pris
fur les ennemis de la Religion la Sultane neuve
commandée par le Contre - Amiral , & portant
pavillon du Grand Seigneur , la Patrone de Tripoli
, & neuf autres Bâtimens. Après s'être figna
lé par fes exploits , il a fait conftruire à fes frais
dans l'Ile du Goze une Fortereffe qui porte le nom
de Cité neuve de Chambrai. Cet ouvrage impor
tant qui met les Gozetins à l'abri des infultes des
Barbarefques , eft prefque achevé . Le Grand Maî
tre de Malte a réſolu de fubvenir aux dépenfes des
travaux qui restent encore à faire pour conduire
cet ouvrage à fa perfection , & en confidération
des fervices du Bailli de Chambrai , il a accordé
au Marquis de Chambrai , petit neven de
cet homme illuftre , la permiffion de porter la
Croix de l'Ordre.
La Maiſon de Chambrai eft une branche de
celle de la Ferté- Fresnel , qui eft connue dès le
onzieme fiecle . Richard II du nom , Baron de la
Ferté- Fresnel , qui vivoit dans le douzieme , épou
fa Emmeline , fille de Richard II du nom , Baron
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
de l'Aigle , & en eut pour fecond fils, Simon de la
Ferté Frefnel, qui eut en partage la terre de Chambrai-
fur Yton , en Normandie , Baillage d'Evreux,
de laquelle il prit le nom qu'il tranſmit à fa poftérité.
De lui defcendit Jean de Chambrai , Chambellan
du Roi Charles le Bel , lequel fut pere de
Roger de Chambrai & ayeul de François , Bailli &
Capitaine d'Evreux en 1379 , mort en 1399. Ce
dernier eut pour fils Roger de Chambrai II du
nom , marié à Catherine , Dame de Ménille & de
Thévrai , qui le rendit pere de Jean III , lequel fit
rentrer par échange dans fa maifon la terre de
Chambrai, qui avoit été portée dans une autre par
une fille héritiere d'une branche aînée. Le Roi
Chales VII, en confidération de fa fidélité à fon
fervice , & de celle de fes prédéceffeurs, le rétablit
en 1450 , avec fes freres Simon & Gui dans les
biens de leur famille , qui avoient été confifqués
en 1430 , par Henri VI , Roi d'Angleterre. Jean
de Chambrai mourut en 1460 , ayant eu pour enfans
de fa femme Gillette Chollet, Dame d'Urbois,
Guerville, Bretoncelles , la Roche - Turpin en Vendômois,
& c , Jean IV du nom qui fuit, & Jacques
de Chambrai. Ce dernier fut Chevalier de l'Ordre
du Roi , fon Chambellan , Grand Bailli &
Gouverneur d'Evreux , & l'un des députés pour la
ratification de la paix à Eſtaple en 1499. & décéda
le 4 Mars 1504.
Jean IV du nom , Chevalier , Seigneur de
Chambrai , Châtelain de Ponfcei , Baron de la Roche-
Turpin , &c , époufa Françoife de Tillai ,
Baronne d'Auffay au pays de Caux , & Dame d'Afpiftres
& de S. Remi - des-Landes , dont naquit
entr'autres Nicolas , Seigneur de Chambrai , Baron
d'Auffay , & c , allié les Janvier 1530 , à
Bonaventure de Prunelé. Leur fils Gabriel , SeiNOVEMBRE
. 1756. 221
gneur de Chambrai , député de la Nobleffe du
Bailliage d'Evreux aux EtatsGénéraux du Royaume,
tenus à Blois en 1976, futfait par Henri III , Chevalier
de fon Ordre & Gentilhomme de fa Cham
bre , le 17 Mai 1587 , & en 1590 Capitaine de
cinquante hommes d'armes par Henri IV. Sa fe
conde femme Jeanne d'Angenne , qui fut Dame du
Palais de la Reine , le fit pere de Tannegui , Baron de
Chambrai , mort Maréchal de Camp en 1645.
Celui- ci avoit eu de fon fecond mariage , fait en
1636, avec Helene Baignart , Nicolas II du nom ,
Baron de Chambrai , Capitaine ès Armées navales
, qui époufa le 10 Septembre 1669 , Anne
le Doux de Melleville. Il en lailla , entr'autres enfans
, François-Nicolas & Jacques - François de
Chambrai , dont nous annonçons la mort.
*
Son Frere aîné François Nicolas , Baron de
Chambrai , Colonel d'Infanterie en 1702 , fut allié
le 1 Avril 1704 , avec Marie - Louife de Folloville
de Manancourt , de laquelle il a eu :
I. Louis , Marquis de Chambrai & de Conflans,
né le 16 Juin 1713 , `marié 1 ° . le 6 Avril 1734 , à
Françoife de Bonnigalle , morte le 17: Mai 1737 :
20. en 1741 , à Anne-Catherine d'Aubenton-de
Malicorne , décédée au mois de Juillet 1743 : 3 °.
le 9 Juillet 1747 , à Jacqueline - Anne- Magdeleine
de Bernard, Dame & Patrone de la Befliere , Francheville-
le- Moncel, Rofnay , &c . Ses enfans font
du premier lit :
i. Louis- François de Chambrai , né le 23. Mai
1737.
Du fecond lit :
2. François- Nicolas de Chambrai , né en Juin
1742.
Du troisieme lit :
3. Bernard , né le 19 Mai 1752.
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
4. Helene-Marthe- Cécile , née le 3 Novem
bre 1749.
5. Louife-Françoise-Charlotte , née le 22 Noyembre
1750.
II. Marie-Anne de Chambrai , mariée en 1725 ,
à Charles-Gabriel du Four, Ecuyer , Seigneur de
S. Léger , fon coufin germain.
III . Clémence-Renée de Chambrai , née le 6
Août 1706 , Prieure Royale de Bellefond à Rouen.
IV. Marthe -Gabrielle de Chambrai , née le 6
Mars 1709 , Abbeffe de l'Abbaye Royale d'Almanefches
, dioceſe de Seez ; c'eít la troifieme Abbeffe
de fon nom en cette Abbaye.
V. Marie-Henriette de Chambrai , née le 1
Mars 1711. Religieufe à l'Abbaye Royale de S.
Sauveur à Evreux.
Dame Claude Canablin , époufe de N.....
Comte de Salvert – Montrognon , eft morte le 9
Avril dans la quarante- huitieme année de fon âge.
Dom Jofeph Vaiffette , Religieux Bénédictin ,
célebre par fon Hiftoire de Languedoc , & par une
Géographie univerfelle qu'il venoit de donner
au public , mourut le 10 à l'Abbaye de S. Germain
des Prez .
Dom Jean-Bernard Senfarie du même Ordre,
& Prédicateur ordinaire du Roi , eft mort le même
jour dans la même Abbaye.
Dame Elizabeth - Olive de Saint- Georges-de-
Verac , veuve de Meffire Benjamin- Louis Fratsier
, Marquis de la Meffeliere , mourut à Paris le
23 Avril âgé de 87 ans.
Frere Thomas de Villeneuve -Trans , Chevalier
profès de l'Ordre de S. Jean de Jérufalem , Commandeur
de la Commanderie de Montfrin en
Languedoc , & Meftre de camp réformé de Dragons
, mourut à Paris le 30 Avril , âgé de 74 ans.
NOVEMBRE . 1756. 223
Le Chevalier de Villeneuve étoit fils de Pierre-
Jean de Villeneuve , Marquis de Trans , lequel
avoit épousé en 1665 , Marie- Françoile de Bitand,
& étoit iffu de Raimond de Villeneuve , Général
des troupes d'Aragon , qui vint en Provence avec
le Comte de Barcelone , vers l'an 1114 , & s'y établit
ayant eu la terre de Gandelet , appellée depuis
Villeneuve . Ce Raimond fut pere de Geraud
de Villeneuve , Gouverneur de Tarafcon , auquel
Alphonfe Comte de Provence fit don l'an 1201
de la Baronie de Trans. Geraud fut pere de Romée
de Villeneuve , fi connu dans l'Hiftoire de
Provence , & de Geraud II . de Villeneuve , defquels
la poftérité ſubſiſte .
Romée de Villeneuve , Connétable de Provence ,
reçut en 1230 , la Seigneurie de Vence de Raimond-
Bérenger , Comte de Provence , dont il
étoit Miniftre , & qui le nomma Régent de fes
états , & un des Tuteurs de fa fille Béatrix , qui
par fes négociations fut mariée avec Clales I ,
Comte d'Anjou . Ce Seigneur qui mourut en 1250,
fut le onzieme ayeul de Claude de Villeneuve
créé Marquis de Vence ; celui - ci fut pere d'Alexandre
& de Jean- Baptifte de Villeneuve .
Alexandre de Villeneuve , Marquis de Vence ,
eft l'ayeul d'Alexandre -Gafpard de Villeneuve ,
Marquis de Vence , qui de fon mariage fait en
Juin 1723 , avec Magdeleine-Sophie de Simiane ,
a pour enfans :
1º. Jean - Alexandre-Romée, Vicomte de Vence,
Colonel en fecond du régiment Royal Corfe , par
brevet du premier Février 1749 , né le 7 Novembre
1727 , marié à Angélique- Louiſe de la Rochefoucaud-
de Surgeres , dont 10. Jules- Alexandre-
Romée de Villeneuve , né le 21 Mars 1755. 2º.
Alexandrine - Charlotte- Adélaïde , née le 14 Jan-
K iy
vier 1793.
224 MERCURE DE FRANCE.
2º. Pauline de Villeneuve , mariée en 1741 à
Jofeph-Ours de Villeneuve , Marquis de Floyofc.
Jean Baptifte de Villeneuve , Comte de Vence,
frere d'Alexandre , Marquis de Vence , mourut en
1724 capitaine de vaiffeau . Il avoit été allié en
1700 , à Françoife de Graffe , morte le 10 Septem
bre 1748 , de laquelle il eut : 1 ° . Claude - Alexandre
, Comte de Vence , né en Novembre 1701 ,
Colonel du régiment Royal Corfe en 1739 , Brigadier
des armées du Roi le premier Mai 1745 ,
Maréchal de camp le 10 Mai 1748 : 2 ° . Jacques
de Villeneuve, dit le Chevalier de Vence , Lieute
nant de vaiffeau en 1744 : 3º . Claudine de Villeneuve
, née le 13 Juillet 1701 , veuve d'Antoine-
Jofeph d'Arcy , Comte de la Varenne.
Geraud de Villeneuve , deuxieme du nom , frere
du fameux Romée , fat Baron de Trans , des Arcs,
&c. Son petit- fils Geraud , troifieme du nom ,
époufa , 1º. Aigline d'Uzès : 2º . Philippe Dame
d'Efclapons & de Tourette , iffue des Princes de
Callian. Il eut du premier mariage : Arnaud II
de Villeneuve qui fuit , & Hugues - Raimond de
Villeneuve , Baron de Tourette , dont il fera parlé
après fon frere.
Arnaud de Villeneuve , deuxieme du nom , fut
bifayeul d'Arnaud quatrieme du nom . Chambellan
de la Reine Jeanne , & Gouverneur d'Avignon,
dit le Grand , tant à caufe de fes grar des qualités
qu'à caufe des grands biens qu'il poffeda , ayant
été Seigneur , en tout ou en partie , de quatrevingt-
deux terres nobles , foit en Provence , foit
au royaume de Naples . Il eut de fon mariage avec
Philippe de Caftellane de Salernes , trois enfans ,
fçavoir : 1 ° . Giraud , dont la poftérité s'eft éteinte
en 1672 ; de lui , defcendoit Louis de Villeneuve,
Comte d'Aveline , Ambaffadeur de Louis XII , à
1
NOVEMBRE . 1756. 225
Rome , en faveur duquel la Baronie de Trans fur
érigée en Marquifat Pan 1505. 2º . Hélion , duquel
la postérité n'a pas duré. 3°. Antoine , qui
fut Baron de Flayofc. Alexandre- François de
Villeneuve , Baron de Flayofc , un des defcendans
de ce dernier , eft ayeul de Joſeph- Ours de Villeneuve
, Marquis de Flayofc , marié en 1741 , à
Pauline de Villeneuve , foeur du Vicomte de Vence
, Colonel en fecond du régiment Royal - Corfe.
Leurs enfans font :
1º. Alexandre- Gaſpard - Balthaſar de Villeneu
ve , né en 1745 .
2º. Claude -Alexandre - Romée de Villeneuve ,
né en 1746 .
3°. Martin de Villeneuve , né en Décembre
1750.
4°. Sophie de Villeneuve .
Le Marquis de Flayofc a pour foeur Julie de
Villeneuve , qui a épousé le 31 Mai 1746 , Julės-
François de Fauris , Seigneur de Saint - Vincent ,
Préfident du Parlement de Provence.
Hugues- Raimond de Villeneuve , fils du fecond
lit de Geraud , troifieme du nom , Baron de Trans ,
fat Baron de Tourette , & époufa Béatrix de Savoye
, de laquelle il eut Raimond de Villeneuve ,
marié avec Alix des Baux , des Princes d'Orange ,
laquelle fut mere de Pons -Albert , mort avant
l'an 1321 celui- ci eut d'Andalafie de Mujols ,
Bertrand de Villeneuve , allié , vers l'an 1331 , à
Sancie de Signe , des Vicomtes de Marſeille , dont
vint Jean mort en 1361 , ayant été marié à Dracone
Ricavi. Leur fecond fils , Pons de Villeneuve
, Seigneur de Barjemont , époufa en 1380 , Catherine
Dame de Vauclaufe , mere de Jean de
Villeneuve , auteur de la branche de Villeneuve-
Barjemont , & d'Antoine de Villeneuve , Baron
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
de Tourette en 1445 , lequel époufa en 1455 , Pau
line du Puget , de laquelle il eut Honoré de Villeneuve
, qui tefta en 1502. Celui - ci fut pere par
Blanche Grimaldi- de Monaco , de Jean de Villeneuve
, Baron de Tourette , Chevalier de P'Ordre
du Roi , Capitaine de cinquante hommes d'armes,
allié eenn 1922 , à Marguerite de Foix- Meille , dont
naquit Jean II de Villeneuve , Chevalier de l'Ordre
du Roi Gouverneur de Frejus , mort en 1586.
Il avoit épousé en 1562 Perette d'Oraiſon , qui
le fit père de Jean de Villeneuve , troifieme du
nom , lequel fut nommé àl'Ordre du Saint- Elprit,
& mourut en 1631 , laiffant de Baptiftine de la
Lande , Gafpard de Villeneuve , Comte de Tourette,
mort le 29 Novembre 1649. Celui- ci époufa
Marguerite de Graffe , de laquelle il eut Pierre
de Villeneuve , allié en 1665 à Marie-Françoife
de Bitaud , qui fut mere de Pierre-Jean de Villeneuve
qui fuit , & de Thomas de Villeneuve dont
nous annonçons la mort.
Pierre-Jean de Villeneuve , Marquis de Trans,
mourut le 17 Février 1730 , laillant de Marie-
Thérefe de Barthelemi Sainte- Croix , qu'il avoit
épousée en 1711 , Louis de Villeneuve , Marquis
de Trans , Comte de Tourette , Enſeigne de galeres
en 1733 , mort le 13 Juin 1753. Il avoit
époufé le 29 Octobre 1738 , Louiſe- Catherine
Pernot - du-Buat , morte le 11 Mars 1751. Ils ont
eu de leur mariage :
1º. Louis -Henri de Villeneuve , né le 18 Octo
bre 1739:
2º. Thomas- Alexandre - Balthafar de Villeneu
ve , né le 18 Mars 1742 .
3 °. Rofaline- Victoire-Martial de Villeneuve,
né le 18 Mai 1744.
4. Alexandre-Marie de Villeneuve , né le s
Février 1748.
NOVEMBRE. 1756. 227
Pauline- Nicole de Villeneuve , née le 18
Octobre 1745 .
Dame Félice -Marie de Roque de Garceival ,
épouse de Meffire Philibert- Louis , Comte de Saint.
Jal- de Laftic , Brigadier de cavalerie , & Meftre
de camp d'un régiment de fon nom , mourut en
- Rouergue le 20 Avril , âgée de 27 ans .
Le Marquis de Ceberet , Lieutenant général des
armées du Roi , Grand Croix de l'Ordre royal &
militaire de Saint Louis , Gouverneur des ville
fort & château d'Aire , & Commandant en chef
dans la province d'Artois , eft mort , le 25 Avril , à
Aire , dans la quatre - vingt- quatrieme année de fon
âge. La Marquife de Ceberet , la mere , qui vit encore
, a eu au mois de Juillet dernier 100 ans
accomplis, & elle ne fe reffent d'aucune infirmité.
Le Roi a donné fon gouvernement au Sieur de
Cremille , Lieutenant général des armées de Sa
Majefté , Commandeur de l'Ordre royal & militaire
de Saint Louis , & Infpecteur général des
troupes du Roi,
Meffire Charles- Louis de Rogres de Lufignan ,
Marquis de Champignelles , eft mort le 27 Avril
dans une de ſes terres , âgé de 81 ans. Il avoit été
premier Maître - d'hôtel de Monfeigneur le Duc
de Berry.
eft
Meffire Louis - Jacques - François de Vocance ,
Evêque de Senez , & Abbé de l'Abbaye de Simorre
, Ordre de faint Benoît , dioceſe d'Auch ,
mort à Riez , au commencement du mois de Mai ,
dans la foixante & quinzieme année de fon âge.
Claude de Chamborant , Comte de la Claviere ,
Lieutenant général des armées du Roi , Gonverneur
du Pont d'Arlos & de Mont- Medi, & premier
Gentilhomme de la chambre du Comte de la Marche
, Prince du fang , de la perfonne duquel il
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
avoit été Gouverneur , mourut à Paris le 18 Mai ,
âgé de 65 ans. Il a fervi avec beaucoup de réputatation
, & il s'eft diftingué à la tête des brigades de
Limofin & de Bretagne , ainfi qu'à la défenſe d'Egra,
en Boheme .
Le Comte de la Claviere avoit époufé , le 18 Juin
1728 , Marie-Anne Moret- de Bournonville, de laquelle
il a eu :
1º. André- Claude de Chamborant , né le 23 Février
1732 , Capitaine de cavalerie .
2º. Marie-Anne- Therefe de Chamborant , née
le 14 Septembre 1734.
La maison de Chamborant tient un rang diſtingué
dans la nobleffe de France , tant par l'ancienneté
de fon origine , que par fes alliances & fes
emplois honorables , foit à la cour , ſoit dans les
armées. Elle tire fon origine de la terre de Chamborant
, premier Fief & Baronie du Vicomté de
Bridiers en Poitou . L'Abbaye de Bénévent , diocefe
de Limoges , compte parmi fes bienfaiteurs
les Seigneurs de Chamborant , qui fe trouvent qualifiés
Chevaliers , dès le onzieme fiecle . Gosfrid
de Chamborant eft nommé avec les Chevaliers ,
qui fignerent une charte en faveur de l'églife de
Limoges , fous l'épiſcopat de l'Evêque Ithier , vers
l'an 1060.
Cette Maifon s'eſt partagée en deux branches
principales celle de Droux , & celle de la Claviere
, deux terres , la premiere en Limofin , l'autre
dans la haute Marche , que Marguerite de Forges
porta en dot, vers l'an 1330 , à Pierre de Chamborant
, Chevalier , Seigneur de Chamborant
frere de Guillaume de Chamborant , Ecuyer du
corps du Roi , Baron d'Afnebec & de Rannes en
Normandie , qu'il vendit en 1383. Du mariage
de Pierre de Chamborant , & de Marguerite de
NOVEMBRE. 1756. 229
Forges , vint Foucaud , Seigneur de Chamborant ,
de Droux & de la Claviere , qui fut pere par Jaquette
de Clays-de Gui , Seigneur de Chamborant
, & de Jacques de Chamborant , qui de Marguerite
Chauvet- de Sampnac , eut pour fecond fils
Gui de Chamborant , Seigneur de Droux & de la
Claviere , allié avec Françoife de Salagnac , dont
les deux fils Pierre & Gafpard ont formé les deux
branches de Droux & de la Claviere.
L'aîné eut de Philippe de Loube , pour ſecond
fils , Pierre Chamborant , fecond du nom , Baron
de Neuvi-Saint- Sépulchre, Lieutenant Général de
la province de Berri , Gouverneur de la groffe tour
de Bourges , Chevalier de l'Ordre du Roi , Chambellan
& Colonel des Gardes étrangeres du Duc
d'Anjou. Il épouſa Anne de la Foreft, qui fut Gouvernante
des Dames de France , foeurs du Roi
Louis XIII , & eut pour enfans Marguerite de
Chamborant , fille d'honneur de la Reine Marie
de Médicis , & Louis de Chamborant , Baron de
Neuvi - Saint - Sépulchre , mort à Madrid le 19
Avril 1615 , en odeur de fainteté. Son oncle Jean
de Chamborant , Chevalier de l'Ordre du Roi ,
Seigneur de Droux , fut pere , par fa feconde femme
Catherine de Châteauvieux , de Gafpard de
Chamborant , dont l'arriere - petite fille Marie-
Anne de Chamborant, Dame de Droux, a épousé,
en 1728 , Jean de Chamborant, Seigneur de Villevert
, fon parent.
Gafpard de Chamborant , Seigneur de la Claviere
, fecond fils de Gui & de Françoife de Salagnac
, devint Seigneur d'Azai - le - Feron en Touraine
, par fon mariage avec Louife de Reilhac , des
Vicomtes de Brigueuil , qui fut mere de Jean de
Chamborant , Seigneur de la Claviere , Chevalier
de l'Ordre du Roi, marié en 1571 , à Anne Razès.
230 MERCURE DE FRANCE.
Leur fils Pierre de Chamborant , Seigneur de la
Claviere , qui époufa Diane de Gentils , fut Lieutenant
de la compagnie des cent Gentilhommes ordinaires
de la Maifon du Roi , appellés les cent
Gentilshommes à bec de Corbin , charge dans laquelle
lui fuccéda , en 1660 , fon fils Etienne de
Chamborant , Seigneur de la Claviere , d'Aiguzon,
de Lavye & de Puilaurent , Confeiller d'Etat d'épée
, qui avoit été fait en 1647 Maréchal de
Camp, en gardant par une diftinction particuliere
fes deux régimens, l'un de cavalerie , & l'autre d'infanterie
, & en 1650 Gouverneur de Philisbourg ,
ayant commandé la cavalerie légere fous M. le
Prince. Il avoit époufé en 1639 , Marie Phelipes,
de laquelle il eut Pierre de Chamborant , Seigneur
de la Claviere , de Puilaurent , &c. mort en 1714 ,
ayant été allié à Marie- Anne le Fort-de Villemandor
, fille de Georges le Fort , Baron de Cernoi ,
& Seigneur de Villemander. Il laiffa pour enfans.
1º. Alexandre- Etienne de Chamborant , appellé
le Marquis de Puilaurent , né le 26 Novembre
1685 , Lieutenant de vaiffeau en 1728 , & Chevalier
de l'Ordre royal & militaire de faint Louis.
2º. Claude de Chamborant, Comte de la Claviere
, qui donne lieu à cet article.
3°. Henri de Chamborant , reçu Chevalier de
Malte de minorité en 1704.
4°. Marie-Anne de Chamborant,mariée le 14 Novembre
1721 , à André Hébert, Seigneur , Baron de
Chateldon , alors Introducteur des Ambaffadeurs.
Pierre-Emmanuel - Jofeph-Timoleon de Coffé-
Briffac , Marquis de Briffac , fils de Jean- Paul
Timoleon de Coffé, Duc de Briffac, Pair & grand
Pannetier de France, Chevalier des Ordres du Roi,
& Lieutenant général des armées de Sa Majesté ,
NOVEMBRE . 1756. 23
mourut à Paris le 27 Mai , âgé de 14 ans . Marie-
Jofephe Durey de Sauroy, une des Dames nommées
pour accompagner Madame , épouse du Duc de
Briffac , & mere du Marquis de Briffac , eft morte
le 18 Juin fuivant , dans la quarantieme année de
fon âge.
Meffire N.... Comte de Crefnay , Vice- Amiral
de France , dans les mers du Ponent , & Grand-
Croix de l'Ordre de faint Louis , eft mort le 31
Mai , au château de la Riviere , près Fontainebleau ,
âgé de 65 ans. Il étoit entré dans la marine en
1705, & s'étoit diftingué dans les différens grades
de ce fervice .
Agnès Miotte de Ravane , époufe de Charles-
Anne-Sigifmond de Montmorenci - Luxembourg ,
Duc d'Olonne, Maréchal des camps & armées du
Roi , mourut à Paris le 1 Jain , âgée de 31 ans.
Elle avoit épousé le Duc d'Olonne le 2 Juin 1753,
étant veuve de Matthieu - Roch de la Rochefoucauld,
Marquis de Bayers.
Dame Magdeleine- Elizabeth de Rieux de Far
gis , veuve de Meffire Pierre-Eléonor de la Ville ,
Marquis de Ferolles , Gouverneur des Ifle & terre
ferme de Cayenne en Amérique , eft morte à Paris
le 2 Juin , dans la foixante & dix-huitieme année
de fon âge.
Jean-Louis Mocénigo, Noble Vénitien , Chevalier
de l'Ordre de l'Etole d'or , l'un des fix Sages
grands , d'abord Ambaffadeur de la République
de Venise à la Cour d'Eſpagne en 1747 , à celle
de France en 1751 , & nommé en 1754 pour
PAmbaffade de Rome , eft mort à Paris le 12 Juin
dans fa quarante-fixieme année.
De fon mariage contracté en 1737, avec Blanche
Morofini , fille de Louis , Noble Vénitien , &
l'un des Membres du Sénat , il laiffe pour enfans ,
232 MERCURE DE FRANCE.
1º. Jean- Louis Mocénigo , né en 1738. 2 ° . Jean-
Louis , né en 1744. 3 °. Marie Mocénigo , née en
1739. 4º . Hélene Mocénigo , née en 1743.
Meffire Henri -Charles Arnauld de Pomponne ,
Abbé de Saint-Médard de Soiffons , Ordre de
Saint Benoît , Doyen du Confeil d'Etat , Commandeur-
Chancelier , Garde des Sceaux & Sur-
Intendant des Finances des Ordres du Roi , &
honoraire de l'Académie Royale des Belles - Lettres
, eft mort à Paris le 26 Juin , âgé de 87 ans
moins 14 jours.
Armand de Rohan-Soubife , Cardinal Prêtre ,
Evêque- Prince de Strasbourg , Abbé de l'Abbaye
de la Chaife-Dieu , Ordre de S. Benoit , Dioceſe
de Clermont , Grand Aumonier de France, Commandeur
des Ordres du Roi , & l'un des Quarante
de l'Académie Françoiſe , mourut à Saverne le
28 Juin , âgé de 38 ans , 6 mois & 27 jours. Le
Pape l'avoit créé Cardinal à la nomination du Chevalier
de S. Georges , dans la promotion faite en
1747, pour les Couronnes. Il étoit fils de Jules-
François de Rohan- Rohan , Prince de Soubife ,
mort le 6 Mai 1724. & d'Anne- Julie- Adélaïde de
Melun , décédée le 18 Mai de la même année
1724.
Meffire Charles Beaupoil de Saint Aulaire ;
Abbé de l'Abbaye de Mortemer, Ordre de Citeaux,
Dioceſe de Rouen , & de celle de S. Jean de Falaife
, Ordre de Prémontré , Diocefe de Seez , &
Aumonier ordinaire de la Reine , eft mort le 29 ,
âgé de près de 87. ans .
Agnès- Marie de la Rochefoucauld de Lafcaris
d'Urfé , veuve de Meffire Paul-Edouard Colbert ,
Comte de Creuilly , Maréchal des Camps & Armées
du Roi , décédé le 28 Février de cette année,
eft morte à Paris le 1 Juillet , dans la vingt- cinNOVEMBRE.
1756 . 233
quieme année de fon âge. Elle avoit épousé le
Comte de Creuilly le 4 Avril 1754.
François - Maximilien de Tenczin - Offolinski ,
Duc d'Offolinski , Prince du Saint Empire , Chevalier
des Ordres du Roi & de l'Ordre de l'Aigle
blanc , Grand Maître de la Maiſon du Roi de Pologne
, Duc de Lorraine & de Bar ; & Gouvelneur
des Château & Ville de Lunéville , mourut
au Château de la Malgrange près de Nanci , le 1
Juillet , âgé de 80. ans .
En 1725 il fut Maréchal de la Diete générale
de Pologne ; il a été enfuite Grand- Tréforier de la
Couronne. Il fuivit le Roi Staniflas en France ,
dans l'année 1736 , & le Roi cette même année lui
accorda un brevet de Duc. Sa Majefté , l'année
fuivante , le nomma Chevalier de fes Ordres ..
Il étoit fils de Maximilien , Comte de Tenczin-
Offolinski , Grand Veneur du Palatinat de Podlachie
, & de Théodore , Comteffe de Kraffouska.
Il avoit été marié en premieres nôces à N... fille
de N... Comte de Méviézinski , Palatin de Vo-
Ihinie en Pologne ; & en fecondes nôces à Catherine
Jablonowska , fille de Jean né Prince Jablonowski
, Grand Enfeigne de la Couronne de Pologne
, Palatin de Volhinie & de la petite Ruffie ,
& foeur du Prince Jablonowski , Chevalier des
Ordres du Roi , & de la Princeffe de Talmont.
Il a eu de fa premiere femme :
1º. Jofeph , dit le Comte de Tenczin - Offolinf
ki , Starofte de Sandomir , qui eft marié en Pologne.
2 Thomas , dit auffi Comte de Tenczin - Offolinski
, ci- devant Chevalier d'honneur de la Reine
de Pologne , Ducheffe de Lorraine & de Bar.
3°. Anne de Tenczin - Offolinski , alliée à Jofaphat
, Comte de Zamewski , Grand Sous - Pannetier
du Royaume de Pologne.
234 MERCURE DE FRANCE.
4° . Thérefe de Tenczin- Offolinski.
Dame Conftance de Harville , veuve de Meffire
Nicolas-Simon Arnauld, Marquis de Pomponne ,
Brigadier des armées du Roi , & ancien Lieutenant
Général au Gouvernement de l'Ile de France , eft
morte en cette Ville le 4 Juillet , âgée de 84 ans.
Dame Michele- Gabriele Dugué- de Bagnols ,
veave de Meffire Jacques Tannegui le Veneur,
Comte de Tillieres, eft morte à Paris le 22 Juillet,
âgée de 83 ans.
Charles- Armand de Gontaut , Duc de Biron ,
Pair & premier Maréchal de France , Chevalier
des Ordres du Roi , & ci - devant Gouverneur des
Ville & Citadelle de Landau , mourut en cette
Ville le 23 Juillet , âgé de 93 ans moins quelques
Jours.
Au mois de Juin 1598 , la Baronie de Biron avoit
été érigée en Duché- Pairie pour Charles de Gontaut-
de Biron , Maréchal & Amiral de France ,
Maréchal Général des Camps & Armées du Roi ,
Gouverneur & Lieutenant- Général du Duché de
Bourgogne & du pays de Breffe , & Chevalier des
Ordres du Roi. Ce Seigneur étant mort en 1602 ,
& n'ayant point laiffé de postérité, le Duché- Pairie
de Biron fut éteint . Le Roi a de nouveau érigé à
perpétuité pour le Maréchal de Biron qui vient de
mourir , la Baronie de Biron en Duche-Pairie par
Lettres du Mois de Février 1723. Le 22 du même
mois ce nouveau Duc , arriere petit neveu du
premier Duc de Biron , prit féance au Parlement ,
Sa Majesté y tenant fon lit de juftice , pour la déclaration
de fa Majorité.
Par la mort du Maréchal Duc de Biron , le Maréchal
Duc de Noailles devient premier Maréchal
de France.
MEffire Louis- Georges de Johanne de la Carre,
Marquis de Saumeri , Gouverneur & grand Bailli
de Blois , & Gouverneur en ſurvivance du Château
Royal de Chambord , époufa le 2 Juin Demoiselle
Henriette -Françoife de Menou , fille de Meffire
Louis-Jofeph , Comte de Menou , Baron de Pontchâteau
, Maréchal des Camps & Armées du
Roi , & de feue Dame Marie - Louiſe de Charitte.
La bénédiction nuptiale leur a été donné dans
l'Eglife paroiffiale de Saint Sulpice par l'Abbé
de Menou. Leur contrat de mariage avoit été
figné le 16 Mai précédent par leurs Majeftés &
la Famille Royale.
François , Comte de Montaynard , épousa le
21 Juin , dans la Chapelle du Château de Bellevue
, Henriette - Lucie-Magdeleine de Bafchi ,
troisieme fille de Francois , des Comtes de Bafchi ,
Comte de Bafchi- Saint -Efteve , Chevalier des Ordres
du Roi , Confeiller d'Etat d'épée , Ambaſſadeur
de Sa Majefté à la Cour de Portugal , & de
Dame Charlotte- Victoire Le Normant. L'Evêque
de Digne leur donna la bénédiction nuptiale.
Leur contrat de mariage avoit été figné le 15
dx
NOVEMBRE. 1756. 217
du même mois par Leurs Majeftés & par la Famille
Royale.
- La Maifon de Montaynard, qui eft une des plus
anciennes & des plus illuftres du Royaume, eft trop
connue pour qu'il foit befoin d'en donner un détail
fort étendu. Il fuffit de dire que cette Maifon
ale rare avantage de prouver fa filiation depuis
Rodolphe , l'un des plus grands Seigneurs du Gréfivaudan
, qui vivoit vers l'an 969 , jufqu'à nos
jours. Ce Rodolphe fut pere d'Ainard , qui fonda
vers l'an 1027, dans la terre de Domene un Prieuré
qui fubfifte encore aujourd'hui. Sa postérité prit
le nom d'Ainard jufqu'à Pierre , fon ſeptieme defcendant
, qui le premier prit le nom de Montagnard
, d'une de les terres près Grenoble , de laquelle
il fit hommage au Dauphin Guigue l'an
1329. Sa postérité a confervé le nom de Montaynard.
Il eut pour fils Raimond , qui fut ayeul de
Raimond III , Lieutenant Général de la Province
de Dauphiné en 1445 , pere d'Hector de Montaynard
, Gouverneur du Comté d'Afti pour le Roi
Louis XII, qui fut affaffiné en 1501. Il avoit époufé
Marguerite , fille de Boniface , Marquis de
Montferrat , de laquelle il eut Louis de Montaynard
, bifayeul de Marie de Montaynard , qui devint
Seigneur de Montfrin par la donation que lui
en fit en 1598, fa coufine Marguerite d'Arpajon.
Marie de Montaynard eut pour petit fils Hector
de Montaynard , Marquis de Montfrin , mort
Maréchal de Camp le 7 Janvier 1687. Il avoit
époufé Chriftine- Marguerite de la Gorée , dont naquit
François de Montaynard , Marquis de Montfrin
, décède le 12 Juillet 1728 , laiffant de fa femme
Louiſe Lottet-de Cauviffon , Jofeph de Montaynard
, Marquis de Montfrin , Comte de Souternon
, Grand Sénéchal de Niſmes & de Beau-
K
218 MERCURE DE FRANCE.
caire , né le 14 Février 1703 , marié le 9 Juin
1732 , à Diane - Henriette de Baſchi- d' . ubais .
morte le 18 Mars 1755. fille de Charles des Comtes
de Bafchi , Marquis d'Aubais , Baron du Cayla,
& de Diane de Rofel, Dame de Cors & de Beaumont.
De ce mariage font fortis :
1º. François , Marquis de Montaynard , né le
28 Août 1735 , qui donne lieu à cet article.
2º. Françoife-Marie de Montaynard , née le 29
Avril 1734
3°. Marie-Henriette de Montaynard , née le
14 Juin 1750.
Meffire Erneft- Louis , Comte de Mortaigne ;
Lieutenant-général des armées du Roi , & Commandant
dans les trois Evêches , fut marié le s
Août à Demoiſelle Françoife- Félicité de Montmorillon
, ci- devant Chanoineffe du chapitre de
Sainte-Marie de Metz . La bénédiction nuptiale
leur fut donnée dans la chapelle du château de
Begny , par l'Abbé de Montmorillon , Comte de
Lyon.
Marie-Sophie de Courcillon , veuve de Hercules-
Meriadec de Rohan , Duc de Rohan- Rohan , Pair
de France , Prince de Soubife & de Maubuiffon ,
Marquis d'Annonay , Comte de la Voute & de
Tournon , Lieutenant Général des Armées du
Roi , ci- devant Capitaine- Lieutenant des Gendarmes
de la Garde de Sa Majeſté , & Gouverneur des
Provinces de Champagne & de Brie , mourut à
Paris le 4 Avril , âgée de 43 ans. La Princeffe
Douairiere de Rohan étoit fille unique de Philippe-
Egon de Courcillon , Marquis de Dangeau ,
Baron de Lucé , &c , Gouverneur de Touraine ,
&c , & de Françoile de Pompadour, Dame du Duché
de la Vallette. Elle avoit époufé en premieres
noces le 20 Janvier 1717 , Charles-François d'AlNOVEMBRE.
1756. 219
bert d'Ailly , Duc de Picquigni , mort le 14 Juin
1731. De ce mariage il n'y a point d'enfans . Elle
s'étoit remariée au Prince de Rohan le 2 Septembre
1732 , & en étoit restée veuve fans enfans le
26 Janvier 1749.
Frere Jacques -François de Chambrai , Grand-
Croix de l'Ordre de S. Jean de Jérufalem , Commandeur
des Commanderies de Sainte Vaubourg
dans le Grand Prieuré de France , de Virecourt
dans celui de Champagne , & de la Commanderie
Magiftrale de Metz au même Grand Prieuré , ci
devant Lieutenant Général & Commandant des
vaiffeaux de la Religion , eft mort à Malte le 8
Avril . Le Bailli de Chambrai a été un des plus
grands hommes de mer de ce fiecle. Il a pris
fur les ennemis de la Religion la Sultane neuve
commandée par le Contre - Amiral , & portant
pavillon du Grand Seigneur , la Patrone de Tripoli
, & neuf autres Bâtimens. Après s'être figna
lé par fes exploits , il a fait conftruire à fes frais
dans l'Ile du Goze une Fortereffe qui porte le nom
de Cité neuve de Chambrai. Cet ouvrage impor
tant qui met les Gozetins à l'abri des infultes des
Barbarefques , eft prefque achevé . Le Grand Maî
tre de Malte a réſolu de fubvenir aux dépenfes des
travaux qui restent encore à faire pour conduire
cet ouvrage à fa perfection , & en confidération
des fervices du Bailli de Chambrai , il a accordé
au Marquis de Chambrai , petit neven de
cet homme illuftre , la permiffion de porter la
Croix de l'Ordre.
La Maiſon de Chambrai eft une branche de
celle de la Ferté- Fresnel , qui eft connue dès le
onzieme fiecle . Richard II du nom , Baron de la
Ferté- Fresnel , qui vivoit dans le douzieme , épou
fa Emmeline , fille de Richard II du nom , Baron
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
de l'Aigle , & en eut pour fecond fils, Simon de la
Ferté Frefnel, qui eut en partage la terre de Chambrai-
fur Yton , en Normandie , Baillage d'Evreux,
de laquelle il prit le nom qu'il tranſmit à fa poftérité.
De lui defcendit Jean de Chambrai , Chambellan
du Roi Charles le Bel , lequel fut pere de
Roger de Chambrai & ayeul de François , Bailli &
Capitaine d'Evreux en 1379 , mort en 1399. Ce
dernier eut pour fils Roger de Chambrai II du
nom , marié à Catherine , Dame de Ménille & de
Thévrai , qui le rendit pere de Jean III , lequel fit
rentrer par échange dans fa maifon la terre de
Chambrai, qui avoit été portée dans une autre par
une fille héritiere d'une branche aînée. Le Roi
Chales VII, en confidération de fa fidélité à fon
fervice , & de celle de fes prédéceffeurs, le rétablit
en 1450 , avec fes freres Simon & Gui dans les
biens de leur famille , qui avoient été confifqués
en 1430 , par Henri VI , Roi d'Angleterre. Jean
de Chambrai mourut en 1460 , ayant eu pour enfans
de fa femme Gillette Chollet, Dame d'Urbois,
Guerville, Bretoncelles , la Roche - Turpin en Vendômois,
& c , Jean IV du nom qui fuit, & Jacques
de Chambrai. Ce dernier fut Chevalier de l'Ordre
du Roi , fon Chambellan , Grand Bailli &
Gouverneur d'Evreux , & l'un des députés pour la
ratification de la paix à Eſtaple en 1499. & décéda
le 4 Mars 1504.
Jean IV du nom , Chevalier , Seigneur de
Chambrai , Châtelain de Ponfcei , Baron de la Roche-
Turpin , &c , époufa Françoife de Tillai ,
Baronne d'Auffay au pays de Caux , & Dame d'Afpiftres
& de S. Remi - des-Landes , dont naquit
entr'autres Nicolas , Seigneur de Chambrai , Baron
d'Auffay , & c , allié les Janvier 1530 , à
Bonaventure de Prunelé. Leur fils Gabriel , SeiNOVEMBRE
. 1756. 221
gneur de Chambrai , député de la Nobleffe du
Bailliage d'Evreux aux EtatsGénéraux du Royaume,
tenus à Blois en 1976, futfait par Henri III , Chevalier
de fon Ordre & Gentilhomme de fa Cham
bre , le 17 Mai 1587 , & en 1590 Capitaine de
cinquante hommes d'armes par Henri IV. Sa fe
conde femme Jeanne d'Angenne , qui fut Dame du
Palais de la Reine , le fit pere de Tannegui , Baron de
Chambrai , mort Maréchal de Camp en 1645.
Celui- ci avoit eu de fon fecond mariage , fait en
1636, avec Helene Baignart , Nicolas II du nom ,
Baron de Chambrai , Capitaine ès Armées navales
, qui époufa le 10 Septembre 1669 , Anne
le Doux de Melleville. Il en lailla , entr'autres enfans
, François-Nicolas & Jacques - François de
Chambrai , dont nous annonçons la mort.
*
Son Frere aîné François Nicolas , Baron de
Chambrai , Colonel d'Infanterie en 1702 , fut allié
le 1 Avril 1704 , avec Marie - Louife de Folloville
de Manancourt , de laquelle il a eu :
I. Louis , Marquis de Chambrai & de Conflans,
né le 16 Juin 1713 , `marié 1 ° . le 6 Avril 1734 , à
Françoife de Bonnigalle , morte le 17: Mai 1737 :
20. en 1741 , à Anne-Catherine d'Aubenton-de
Malicorne , décédée au mois de Juillet 1743 : 3 °.
le 9 Juillet 1747 , à Jacqueline - Anne- Magdeleine
de Bernard, Dame & Patrone de la Befliere , Francheville-
le- Moncel, Rofnay , &c . Ses enfans font
du premier lit :
i. Louis- François de Chambrai , né le 23. Mai
1737.
Du fecond lit :
2. François- Nicolas de Chambrai , né en Juin
1742.
Du troisieme lit :
3. Bernard , né le 19 Mai 1752.
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
4. Helene-Marthe- Cécile , née le 3 Novem
bre 1749.
5. Louife-Françoise-Charlotte , née le 22 Noyembre
1750.
II. Marie-Anne de Chambrai , mariée en 1725 ,
à Charles-Gabriel du Four, Ecuyer , Seigneur de
S. Léger , fon coufin germain.
III . Clémence-Renée de Chambrai , née le 6
Août 1706 , Prieure Royale de Bellefond à Rouen.
IV. Marthe -Gabrielle de Chambrai , née le 6
Mars 1709 , Abbeffe de l'Abbaye Royale d'Almanefches
, dioceſe de Seez ; c'eít la troifieme Abbeffe
de fon nom en cette Abbaye.
V. Marie-Henriette de Chambrai , née le 1
Mars 1711. Religieufe à l'Abbaye Royale de S.
Sauveur à Evreux.
Dame Claude Canablin , époufe de N.....
Comte de Salvert – Montrognon , eft morte le 9
Avril dans la quarante- huitieme année de fon âge.
Dom Jofeph Vaiffette , Religieux Bénédictin ,
célebre par fon Hiftoire de Languedoc , & par une
Géographie univerfelle qu'il venoit de donner
au public , mourut le 10 à l'Abbaye de S. Germain
des Prez .
Dom Jean-Bernard Senfarie du même Ordre,
& Prédicateur ordinaire du Roi , eft mort le même
jour dans la même Abbaye.
Dame Elizabeth - Olive de Saint- Georges-de-
Verac , veuve de Meffire Benjamin- Louis Fratsier
, Marquis de la Meffeliere , mourut à Paris le
23 Avril âgé de 87 ans.
Frere Thomas de Villeneuve -Trans , Chevalier
profès de l'Ordre de S. Jean de Jérufalem , Commandeur
de la Commanderie de Montfrin en
Languedoc , & Meftre de camp réformé de Dragons
, mourut à Paris le 30 Avril , âgé de 74 ans.
NOVEMBRE . 1756. 223
Le Chevalier de Villeneuve étoit fils de Pierre-
Jean de Villeneuve , Marquis de Trans , lequel
avoit épousé en 1665 , Marie- Françoile de Bitand,
& étoit iffu de Raimond de Villeneuve , Général
des troupes d'Aragon , qui vint en Provence avec
le Comte de Barcelone , vers l'an 1114 , & s'y établit
ayant eu la terre de Gandelet , appellée depuis
Villeneuve . Ce Raimond fut pere de Geraud
de Villeneuve , Gouverneur de Tarafcon , auquel
Alphonfe Comte de Provence fit don l'an 1201
de la Baronie de Trans. Geraud fut pere de Romée
de Villeneuve , fi connu dans l'Hiftoire de
Provence , & de Geraud II . de Villeneuve , defquels
la poftérité ſubſiſte .
Romée de Villeneuve , Connétable de Provence ,
reçut en 1230 , la Seigneurie de Vence de Raimond-
Bérenger , Comte de Provence , dont il
étoit Miniftre , & qui le nomma Régent de fes
états , & un des Tuteurs de fa fille Béatrix , qui
par fes négociations fut mariée avec Clales I ,
Comte d'Anjou . Ce Seigneur qui mourut en 1250,
fut le onzieme ayeul de Claude de Villeneuve
créé Marquis de Vence ; celui - ci fut pere d'Alexandre
& de Jean- Baptifte de Villeneuve .
Alexandre de Villeneuve , Marquis de Vence ,
eft l'ayeul d'Alexandre -Gafpard de Villeneuve ,
Marquis de Vence , qui de fon mariage fait en
Juin 1723 , avec Magdeleine-Sophie de Simiane ,
a pour enfans :
1º. Jean - Alexandre-Romée, Vicomte de Vence,
Colonel en fecond du régiment Royal Corfe , par
brevet du premier Février 1749 , né le 7 Novembre
1727 , marié à Angélique- Louiſe de la Rochefoucaud-
de Surgeres , dont 10. Jules- Alexandre-
Romée de Villeneuve , né le 21 Mars 1755. 2º.
Alexandrine - Charlotte- Adélaïde , née le 14 Jan-
K iy
vier 1793.
224 MERCURE DE FRANCE.
2º. Pauline de Villeneuve , mariée en 1741 à
Jofeph-Ours de Villeneuve , Marquis de Floyofc.
Jean Baptifte de Villeneuve , Comte de Vence,
frere d'Alexandre , Marquis de Vence , mourut en
1724 capitaine de vaiffeau . Il avoit été allié en
1700 , à Françoife de Graffe , morte le 10 Septem
bre 1748 , de laquelle il eut : 1 ° . Claude - Alexandre
, Comte de Vence , né en Novembre 1701 ,
Colonel du régiment Royal Corfe en 1739 , Brigadier
des armées du Roi le premier Mai 1745 ,
Maréchal de camp le 10 Mai 1748 : 2 ° . Jacques
de Villeneuve, dit le Chevalier de Vence , Lieute
nant de vaiffeau en 1744 : 3º . Claudine de Villeneuve
, née le 13 Juillet 1701 , veuve d'Antoine-
Jofeph d'Arcy , Comte de la Varenne.
Geraud de Villeneuve , deuxieme du nom , frere
du fameux Romée , fat Baron de Trans , des Arcs,
&c. Son petit- fils Geraud , troifieme du nom ,
époufa , 1º. Aigline d'Uzès : 2º . Philippe Dame
d'Efclapons & de Tourette , iffue des Princes de
Callian. Il eut du premier mariage : Arnaud II
de Villeneuve qui fuit , & Hugues - Raimond de
Villeneuve , Baron de Tourette , dont il fera parlé
après fon frere.
Arnaud de Villeneuve , deuxieme du nom , fut
bifayeul d'Arnaud quatrieme du nom . Chambellan
de la Reine Jeanne , & Gouverneur d'Avignon,
dit le Grand , tant à caufe de fes grar des qualités
qu'à caufe des grands biens qu'il poffeda , ayant
été Seigneur , en tout ou en partie , de quatrevingt-
deux terres nobles , foit en Provence , foit
au royaume de Naples . Il eut de fon mariage avec
Philippe de Caftellane de Salernes , trois enfans ,
fçavoir : 1 ° . Giraud , dont la poftérité s'eft éteinte
en 1672 ; de lui , defcendoit Louis de Villeneuve,
Comte d'Aveline , Ambaffadeur de Louis XII , à
1
NOVEMBRE . 1756. 225
Rome , en faveur duquel la Baronie de Trans fur
érigée en Marquifat Pan 1505. 2º . Hélion , duquel
la postérité n'a pas duré. 3°. Antoine , qui
fut Baron de Flayofc. Alexandre- François de
Villeneuve , Baron de Flayofc , un des defcendans
de ce dernier , eft ayeul de Joſeph- Ours de Villeneuve
, Marquis de Flayofc , marié en 1741 , à
Pauline de Villeneuve , foeur du Vicomte de Vence
, Colonel en fecond du régiment Royal - Corfe.
Leurs enfans font :
1º. Alexandre- Gaſpard - Balthaſar de Villeneu
ve , né en 1745 .
2º. Claude -Alexandre - Romée de Villeneuve ,
né en 1746 .
3°. Martin de Villeneuve , né en Décembre
1750.
4°. Sophie de Villeneuve .
Le Marquis de Flayofc a pour foeur Julie de
Villeneuve , qui a épousé le 31 Mai 1746 , Julės-
François de Fauris , Seigneur de Saint - Vincent ,
Préfident du Parlement de Provence.
Hugues- Raimond de Villeneuve , fils du fecond
lit de Geraud , troifieme du nom , Baron de Trans ,
fat Baron de Tourette , & époufa Béatrix de Savoye
, de laquelle il eut Raimond de Villeneuve ,
marié avec Alix des Baux , des Princes d'Orange ,
laquelle fut mere de Pons -Albert , mort avant
l'an 1321 celui- ci eut d'Andalafie de Mujols ,
Bertrand de Villeneuve , allié , vers l'an 1331 , à
Sancie de Signe , des Vicomtes de Marſeille , dont
vint Jean mort en 1361 , ayant été marié à Dracone
Ricavi. Leur fecond fils , Pons de Villeneuve
, Seigneur de Barjemont , époufa en 1380 , Catherine
Dame de Vauclaufe , mere de Jean de
Villeneuve , auteur de la branche de Villeneuve-
Barjemont , & d'Antoine de Villeneuve , Baron
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
de Tourette en 1445 , lequel époufa en 1455 , Pau
line du Puget , de laquelle il eut Honoré de Villeneuve
, qui tefta en 1502. Celui - ci fut pere par
Blanche Grimaldi- de Monaco , de Jean de Villeneuve
, Baron de Tourette , Chevalier de P'Ordre
du Roi , Capitaine de cinquante hommes d'armes,
allié eenn 1922 , à Marguerite de Foix- Meille , dont
naquit Jean II de Villeneuve , Chevalier de l'Ordre
du Roi Gouverneur de Frejus , mort en 1586.
Il avoit épousé en 1562 Perette d'Oraiſon , qui
le fit père de Jean de Villeneuve , troifieme du
nom , lequel fut nommé àl'Ordre du Saint- Elprit,
& mourut en 1631 , laiffant de Baptiftine de la
Lande , Gafpard de Villeneuve , Comte de Tourette,
mort le 29 Novembre 1649. Celui- ci époufa
Marguerite de Graffe , de laquelle il eut Pierre
de Villeneuve , allié en 1665 à Marie-Françoife
de Bitaud , qui fut mere de Pierre-Jean de Villeneuve
qui fuit , & de Thomas de Villeneuve dont
nous annonçons la mort.
Pierre-Jean de Villeneuve , Marquis de Trans,
mourut le 17 Février 1730 , laillant de Marie-
Thérefe de Barthelemi Sainte- Croix , qu'il avoit
épousée en 1711 , Louis de Villeneuve , Marquis
de Trans , Comte de Tourette , Enſeigne de galeres
en 1733 , mort le 13 Juin 1753. Il avoit
époufé le 29 Octobre 1738 , Louiſe- Catherine
Pernot - du-Buat , morte le 11 Mars 1751. Ils ont
eu de leur mariage :
1º. Louis -Henri de Villeneuve , né le 18 Octo
bre 1739:
2º. Thomas- Alexandre - Balthafar de Villeneu
ve , né le 18 Mars 1742 .
3 °. Rofaline- Victoire-Martial de Villeneuve,
né le 18 Mai 1744.
4. Alexandre-Marie de Villeneuve , né le s
Février 1748.
NOVEMBRE. 1756. 227
Pauline- Nicole de Villeneuve , née le 18
Octobre 1745 .
Dame Félice -Marie de Roque de Garceival ,
épouse de Meffire Philibert- Louis , Comte de Saint.
Jal- de Laftic , Brigadier de cavalerie , & Meftre
de camp d'un régiment de fon nom , mourut en
- Rouergue le 20 Avril , âgée de 27 ans .
Le Marquis de Ceberet , Lieutenant général des
armées du Roi , Grand Croix de l'Ordre royal &
militaire de Saint Louis , Gouverneur des ville
fort & château d'Aire , & Commandant en chef
dans la province d'Artois , eft mort , le 25 Avril , à
Aire , dans la quatre - vingt- quatrieme année de fon
âge. La Marquife de Ceberet , la mere , qui vit encore
, a eu au mois de Juillet dernier 100 ans
accomplis, & elle ne fe reffent d'aucune infirmité.
Le Roi a donné fon gouvernement au Sieur de
Cremille , Lieutenant général des armées de Sa
Majefté , Commandeur de l'Ordre royal & militaire
de Saint Louis , & Infpecteur général des
troupes du Roi,
Meffire Charles- Louis de Rogres de Lufignan ,
Marquis de Champignelles , eft mort le 27 Avril
dans une de ſes terres , âgé de 81 ans. Il avoit été
premier Maître - d'hôtel de Monfeigneur le Duc
de Berry.
eft
Meffire Louis - Jacques - François de Vocance ,
Evêque de Senez , & Abbé de l'Abbaye de Simorre
, Ordre de faint Benoît , dioceſe d'Auch ,
mort à Riez , au commencement du mois de Mai ,
dans la foixante & quinzieme année de fon âge.
Claude de Chamborant , Comte de la Claviere ,
Lieutenant général des armées du Roi , Gonverneur
du Pont d'Arlos & de Mont- Medi, & premier
Gentilhomme de la chambre du Comte de la Marche
, Prince du fang , de la perfonne duquel il
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
avoit été Gouverneur , mourut à Paris le 18 Mai ,
âgé de 65 ans. Il a fervi avec beaucoup de réputatation
, & il s'eft diftingué à la tête des brigades de
Limofin & de Bretagne , ainfi qu'à la défenſe d'Egra,
en Boheme .
Le Comte de la Claviere avoit époufé , le 18 Juin
1728 , Marie-Anne Moret- de Bournonville, de laquelle
il a eu :
1º. André- Claude de Chamborant , né le 23 Février
1732 , Capitaine de cavalerie .
2º. Marie-Anne- Therefe de Chamborant , née
le 14 Septembre 1734.
La maison de Chamborant tient un rang diſtingué
dans la nobleffe de France , tant par l'ancienneté
de fon origine , que par fes alliances & fes
emplois honorables , foit à la cour , ſoit dans les
armées. Elle tire fon origine de la terre de Chamborant
, premier Fief & Baronie du Vicomté de
Bridiers en Poitou . L'Abbaye de Bénévent , diocefe
de Limoges , compte parmi fes bienfaiteurs
les Seigneurs de Chamborant , qui fe trouvent qualifiés
Chevaliers , dès le onzieme fiecle . Gosfrid
de Chamborant eft nommé avec les Chevaliers ,
qui fignerent une charte en faveur de l'églife de
Limoges , fous l'épiſcopat de l'Evêque Ithier , vers
l'an 1060.
Cette Maifon s'eſt partagée en deux branches
principales celle de Droux , & celle de la Claviere
, deux terres , la premiere en Limofin , l'autre
dans la haute Marche , que Marguerite de Forges
porta en dot, vers l'an 1330 , à Pierre de Chamborant
, Chevalier , Seigneur de Chamborant
frere de Guillaume de Chamborant , Ecuyer du
corps du Roi , Baron d'Afnebec & de Rannes en
Normandie , qu'il vendit en 1383. Du mariage
de Pierre de Chamborant , & de Marguerite de
NOVEMBRE. 1756. 229
Forges , vint Foucaud , Seigneur de Chamborant ,
de Droux & de la Claviere , qui fut pere par Jaquette
de Clays-de Gui , Seigneur de Chamborant
, & de Jacques de Chamborant , qui de Marguerite
Chauvet- de Sampnac , eut pour fecond fils
Gui de Chamborant , Seigneur de Droux & de la
Claviere , allié avec Françoife de Salagnac , dont
les deux fils Pierre & Gafpard ont formé les deux
branches de Droux & de la Claviere.
L'aîné eut de Philippe de Loube , pour ſecond
fils , Pierre Chamborant , fecond du nom , Baron
de Neuvi-Saint- Sépulchre, Lieutenant Général de
la province de Berri , Gouverneur de la groffe tour
de Bourges , Chevalier de l'Ordre du Roi , Chambellan
& Colonel des Gardes étrangeres du Duc
d'Anjou. Il épouſa Anne de la Foreft, qui fut Gouvernante
des Dames de France , foeurs du Roi
Louis XIII , & eut pour enfans Marguerite de
Chamborant , fille d'honneur de la Reine Marie
de Médicis , & Louis de Chamborant , Baron de
Neuvi - Saint - Sépulchre , mort à Madrid le 19
Avril 1615 , en odeur de fainteté. Son oncle Jean
de Chamborant , Chevalier de l'Ordre du Roi ,
Seigneur de Droux , fut pere , par fa feconde femme
Catherine de Châteauvieux , de Gafpard de
Chamborant , dont l'arriere - petite fille Marie-
Anne de Chamborant, Dame de Droux, a épousé,
en 1728 , Jean de Chamborant, Seigneur de Villevert
, fon parent.
Gafpard de Chamborant , Seigneur de la Claviere
, fecond fils de Gui & de Françoife de Salagnac
, devint Seigneur d'Azai - le - Feron en Touraine
, par fon mariage avec Louife de Reilhac , des
Vicomtes de Brigueuil , qui fut mere de Jean de
Chamborant , Seigneur de la Claviere , Chevalier
de l'Ordre du Roi, marié en 1571 , à Anne Razès.
230 MERCURE DE FRANCE.
Leur fils Pierre de Chamborant , Seigneur de la
Claviere , qui époufa Diane de Gentils , fut Lieutenant
de la compagnie des cent Gentilhommes ordinaires
de la Maifon du Roi , appellés les cent
Gentilshommes à bec de Corbin , charge dans laquelle
lui fuccéda , en 1660 , fon fils Etienne de
Chamborant , Seigneur de la Claviere , d'Aiguzon,
de Lavye & de Puilaurent , Confeiller d'Etat d'épée
, qui avoit été fait en 1647 Maréchal de
Camp, en gardant par une diftinction particuliere
fes deux régimens, l'un de cavalerie , & l'autre d'infanterie
, & en 1650 Gouverneur de Philisbourg ,
ayant commandé la cavalerie légere fous M. le
Prince. Il avoit époufé en 1639 , Marie Phelipes,
de laquelle il eut Pierre de Chamborant , Seigneur
de la Claviere , de Puilaurent , &c. mort en 1714 ,
ayant été allié à Marie- Anne le Fort-de Villemandor
, fille de Georges le Fort , Baron de Cernoi ,
& Seigneur de Villemander. Il laiffa pour enfans.
1º. Alexandre- Etienne de Chamborant , appellé
le Marquis de Puilaurent , né le 26 Novembre
1685 , Lieutenant de vaiffeau en 1728 , & Chevalier
de l'Ordre royal & militaire de faint Louis.
2º. Claude de Chamborant, Comte de la Claviere
, qui donne lieu à cet article.
3°. Henri de Chamborant , reçu Chevalier de
Malte de minorité en 1704.
4°. Marie-Anne de Chamborant,mariée le 14 Novembre
1721 , à André Hébert, Seigneur , Baron de
Chateldon , alors Introducteur des Ambaffadeurs.
Pierre-Emmanuel - Jofeph-Timoleon de Coffé-
Briffac , Marquis de Briffac , fils de Jean- Paul
Timoleon de Coffé, Duc de Briffac, Pair & grand
Pannetier de France, Chevalier des Ordres du Roi,
& Lieutenant général des armées de Sa Majesté ,
NOVEMBRE . 1756. 23
mourut à Paris le 27 Mai , âgé de 14 ans . Marie-
Jofephe Durey de Sauroy, une des Dames nommées
pour accompagner Madame , épouse du Duc de
Briffac , & mere du Marquis de Briffac , eft morte
le 18 Juin fuivant , dans la quarantieme année de
fon âge.
Meffire N.... Comte de Crefnay , Vice- Amiral
de France , dans les mers du Ponent , & Grand-
Croix de l'Ordre de faint Louis , eft mort le 31
Mai , au château de la Riviere , près Fontainebleau ,
âgé de 65 ans. Il étoit entré dans la marine en
1705, & s'étoit diftingué dans les différens grades
de ce fervice .
Agnès Miotte de Ravane , époufe de Charles-
Anne-Sigifmond de Montmorenci - Luxembourg ,
Duc d'Olonne, Maréchal des camps & armées du
Roi , mourut à Paris le 1 Jain , âgée de 31 ans.
Elle avoit épousé le Duc d'Olonne le 2 Juin 1753,
étant veuve de Matthieu - Roch de la Rochefoucauld,
Marquis de Bayers.
Dame Magdeleine- Elizabeth de Rieux de Far
gis , veuve de Meffire Pierre-Eléonor de la Ville ,
Marquis de Ferolles , Gouverneur des Ifle & terre
ferme de Cayenne en Amérique , eft morte à Paris
le 2 Juin , dans la foixante & dix-huitieme année
de fon âge.
Jean-Louis Mocénigo, Noble Vénitien , Chevalier
de l'Ordre de l'Etole d'or , l'un des fix Sages
grands , d'abord Ambaffadeur de la République
de Venise à la Cour d'Eſpagne en 1747 , à celle
de France en 1751 , & nommé en 1754 pour
PAmbaffade de Rome , eft mort à Paris le 12 Juin
dans fa quarante-fixieme année.
De fon mariage contracté en 1737, avec Blanche
Morofini , fille de Louis , Noble Vénitien , &
l'un des Membres du Sénat , il laiffe pour enfans ,
232 MERCURE DE FRANCE.
1º. Jean- Louis Mocénigo , né en 1738. 2 ° . Jean-
Louis , né en 1744. 3 °. Marie Mocénigo , née en
1739. 4º . Hélene Mocénigo , née en 1743.
Meffire Henri -Charles Arnauld de Pomponne ,
Abbé de Saint-Médard de Soiffons , Ordre de
Saint Benoît , Doyen du Confeil d'Etat , Commandeur-
Chancelier , Garde des Sceaux & Sur-
Intendant des Finances des Ordres du Roi , &
honoraire de l'Académie Royale des Belles - Lettres
, eft mort à Paris le 26 Juin , âgé de 87 ans
moins 14 jours.
Armand de Rohan-Soubife , Cardinal Prêtre ,
Evêque- Prince de Strasbourg , Abbé de l'Abbaye
de la Chaife-Dieu , Ordre de S. Benoit , Dioceſe
de Clermont , Grand Aumonier de France, Commandeur
des Ordres du Roi , & l'un des Quarante
de l'Académie Françoiſe , mourut à Saverne le
28 Juin , âgé de 38 ans , 6 mois & 27 jours. Le
Pape l'avoit créé Cardinal à la nomination du Chevalier
de S. Georges , dans la promotion faite en
1747, pour les Couronnes. Il étoit fils de Jules-
François de Rohan- Rohan , Prince de Soubife ,
mort le 6 Mai 1724. & d'Anne- Julie- Adélaïde de
Melun , décédée le 18 Mai de la même année
1724.
Meffire Charles Beaupoil de Saint Aulaire ;
Abbé de l'Abbaye de Mortemer, Ordre de Citeaux,
Dioceſe de Rouen , & de celle de S. Jean de Falaife
, Ordre de Prémontré , Diocefe de Seez , &
Aumonier ordinaire de la Reine , eft mort le 29 ,
âgé de près de 87. ans .
Agnès- Marie de la Rochefoucauld de Lafcaris
d'Urfé , veuve de Meffire Paul-Edouard Colbert ,
Comte de Creuilly , Maréchal des Camps & Armées
du Roi , décédé le 28 Février de cette année,
eft morte à Paris le 1 Juillet , dans la vingt- cinNOVEMBRE.
1756 . 233
quieme année de fon âge. Elle avoit épousé le
Comte de Creuilly le 4 Avril 1754.
François - Maximilien de Tenczin - Offolinski ,
Duc d'Offolinski , Prince du Saint Empire , Chevalier
des Ordres du Roi & de l'Ordre de l'Aigle
blanc , Grand Maître de la Maiſon du Roi de Pologne
, Duc de Lorraine & de Bar ; & Gouvelneur
des Château & Ville de Lunéville , mourut
au Château de la Malgrange près de Nanci , le 1
Juillet , âgé de 80. ans .
En 1725 il fut Maréchal de la Diete générale
de Pologne ; il a été enfuite Grand- Tréforier de la
Couronne. Il fuivit le Roi Staniflas en France ,
dans l'année 1736 , & le Roi cette même année lui
accorda un brevet de Duc. Sa Majefté , l'année
fuivante , le nomma Chevalier de fes Ordres ..
Il étoit fils de Maximilien , Comte de Tenczin-
Offolinski , Grand Veneur du Palatinat de Podlachie
, & de Théodore , Comteffe de Kraffouska.
Il avoit été marié en premieres nôces à N... fille
de N... Comte de Méviézinski , Palatin de Vo-
Ihinie en Pologne ; & en fecondes nôces à Catherine
Jablonowska , fille de Jean né Prince Jablonowski
, Grand Enfeigne de la Couronne de Pologne
, Palatin de Volhinie & de la petite Ruffie ,
& foeur du Prince Jablonowski , Chevalier des
Ordres du Roi , & de la Princeffe de Talmont.
Il a eu de fa premiere femme :
1º. Jofeph , dit le Comte de Tenczin - Offolinf
ki , Starofte de Sandomir , qui eft marié en Pologne.
2 Thomas , dit auffi Comte de Tenczin - Offolinski
, ci- devant Chevalier d'honneur de la Reine
de Pologne , Ducheffe de Lorraine & de Bar.
3°. Anne de Tenczin - Offolinski , alliée à Jofaphat
, Comte de Zamewski , Grand Sous - Pannetier
du Royaume de Pologne.
234 MERCURE DE FRANCE.
4° . Thérefe de Tenczin- Offolinski.
Dame Conftance de Harville , veuve de Meffire
Nicolas-Simon Arnauld, Marquis de Pomponne ,
Brigadier des armées du Roi , & ancien Lieutenant
Général au Gouvernement de l'Ile de France , eft
morte en cette Ville le 4 Juillet , âgée de 84 ans.
Dame Michele- Gabriele Dugué- de Bagnols ,
veave de Meffire Jacques Tannegui le Veneur,
Comte de Tillieres, eft morte à Paris le 22 Juillet,
âgée de 83 ans.
Charles- Armand de Gontaut , Duc de Biron ,
Pair & premier Maréchal de France , Chevalier
des Ordres du Roi , & ci - devant Gouverneur des
Ville & Citadelle de Landau , mourut en cette
Ville le 23 Juillet , âgé de 93 ans moins quelques
Jours.
Au mois de Juin 1598 , la Baronie de Biron avoit
été érigée en Duché- Pairie pour Charles de Gontaut-
de Biron , Maréchal & Amiral de France ,
Maréchal Général des Camps & Armées du Roi ,
Gouverneur & Lieutenant- Général du Duché de
Bourgogne & du pays de Breffe , & Chevalier des
Ordres du Roi. Ce Seigneur étant mort en 1602 ,
& n'ayant point laiffé de postérité, le Duché- Pairie
de Biron fut éteint . Le Roi a de nouveau érigé à
perpétuité pour le Maréchal de Biron qui vient de
mourir , la Baronie de Biron en Duche-Pairie par
Lettres du Mois de Février 1723. Le 22 du même
mois ce nouveau Duc , arriere petit neveu du
premier Duc de Biron , prit féance au Parlement ,
Sa Majesté y tenant fon lit de juftice , pour la déclaration
de fa Majorité.
Par la mort du Maréchal Duc de Biron , le Maréchal
Duc de Noailles devient premier Maréchal
de France.
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Résumé : MARIAGES ET MORTS.
En 1756, plusieurs événements familiaux et décès ont marqué la noblesse française. Le marquis Louis-Georges de Johanne de la Carre, gouverneur de Blois et de Chambord, a épousé Henriette-Françoise de Menou le 2 juin. Leur contrat de mariage a été signé le 16 mai par la famille royale. Le comte François de Montaynard a épousé Henriette-Lucie-Magdeleine de Baschi le 21 juin. Leur contrat de mariage a été signé le 15 juin par la famille royale. La maison de Montaynard est l'une des plus anciennes et illustres du royaume, remontant à Rodolphe, seigneur du Grésivaudan au Xe siècle. Le comte Ernest-Louis de Mortaigne, lieutenant-général des armées du roi, a épousé Françoise-Félicité de Montmorillon, ancienne chanoinesse du chapitre de Sainte-Marie de Metz. Marie-Sophie de Courcillon, veuve du duc de Rohan-Rohan, est décédée à Paris le 4 avril à l'âge de 43 ans. Elle avait été mariée en premières noces au duc de Picquigny et en secondes noces au prince de Rohan. Le frère Jacques-François de Chambrai, grand-croix de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, est décédé à Malte le 8 avril. Il est connu pour ses exploits maritimes et la construction d'une forteresse à Gozo. Plusieurs autres décès notables sont mentionnés, notamment ceux de Dom Joseph Vaissette, historien du Languedoc, de Dom Jean-Bernard Sensarie, prédicateur du roi, de Dame Elizabeth-Olive de Saint-Georges-de-Vérac, veuve du marquis de la Messelière, et du chevalier de Villeneuve-Trans, commandeur de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Le texte présente également une généalogie détaillée de la famille de Villeneuve et de Chamborant. Géraud de Villeneuve, deuxième du nom, fut Baron de Trans et des Arcs. Son petit-fils, Géraud, troisième du nom, épousa Aigline d'Uzès et Philippe Dame d'Escoublons et de Tourette. Arnaud de Villeneuve, deuxième du nom, fut chambellan de la Reine Jeanne et Gouverneur d'Avignon. Il posséda quatre-vingt-deux terres nobles en Provence et au royaume de Naples. Il eut trois enfants : Giraud, Hélion et Antoine. Alexandre-François de Villeneuve, Baron de Flayosc, est l'aïeul de Joseph-Ours de Villeneuve, Marquis de Flayosc, marié en 1741 à Pauline de Villeneuve. Ils eurent quatre enfants : Alexandre-Gaspard-Balthasar, Claude-Alexandre-Romée, Martin et Sophie de Villeneuve. Le Marquis de Flayosc a également une sœur, Julie, mariée à Jules-François de Fauris. Hugues-Raimond de Villeneuve, fils du second lit de Géraud, troisième du nom, fut Baron de Tourette et épousa Béatrix de Savoie. Leur descendance inclut Raimond de Villeneuve, marié à Alix des Baux, et Pons-Albert, mort avant 1321. La lignée continue avec Bertrand de Villeneuve, allié à Sancie de Signe, et Jean, mort en 1361. Pons de Villeneuve, Seigneur de Barjemont, épousa Catherine Dame de Vauclause. Leur fils, Jean de Villeneuve, est l'auteur de la branche de Villeneuve-Barjemont. Antoine de Villeneuve, Baron de Tourette en 1445, épousa Pauline du Puget et eut Honoré de Villeneuve, qui testa en 1502. Jean de Villeneuve, Chevalier de l'Ordre du Roi, fut Gouverneur de Fréjus et mourut en 1586. Jean II de Villeneuve, Chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit, mourut en 1631. Gaspard de Villeneuve, Comte de Tourette, mourut en 1649. Pierre-Jean de Villeneuve, Marquis de Trans, mourut en 1730. Louis de Villeneuve, Marquis de Trans, mourut en 1753. Ils eurent quatre enfants : Louis-Henri, Thomas-Alexandre-Balthasar, Rosaline-Victoire-Martial et Alexandre-Marie de Villeneuve, ainsi qu'une fille, Pauline-Nicole.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1345
p. 203-220
ALLEMAGNE.
Début :
Depuis quelques jours, la Cour a publié sa Réponse à [...]
Mots clefs :
Vienne, Réponse, Exposé des motifs du Roi de Prusse, Attaque, Royaume de Bohême, Déclaration de guerre, Impératrice-Reine, Manifeste, Traité, Impératrice de Russie, Cour de Vienne, Prince Picolomini, Troupes, Détachement de la cavalerie, Lieutenants, Camps militaires, Ratisbonne, Diète, Conseil aulique, Déclaration, Hambourg, Comte de Browne, Combats, Armée saxonne, Obstacles naturels, Roi de Pologne, Capitulation, Leipzig, Conseil de guerre, Dresde, Feld-Maréchal de Browne, Témoignage, Mémoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 17 Octobre.
DEpuis quelques jours , la Cour a publié fa
Réponse à l'Expofé des Motifs du Roi de Pruffe.
Cette piece commence ainfi. « L'Electorat de Saxe
ayant été inondé de troupes Prufliennes , & ayant
»été arraché à fon légitime Poffeffeur ; le droit
»des gens y ayant été violé ; tous les égards
»dûs à une keine ayant été foulés aux pieds ;
»un deftin affreux menaçant encore le Roi de
>>Pologne ; l'efprit de domination & d'agrandif
»fement , qui guide le Roi de Prufle , l'a porté
»à attaquer enfuite le Royaume de Boheme , & à
»y ouvrir de nouveau le théâtre de fes hoftilités .
»Les circonftances & les fuites de cette double
infraction de la paix , de la part de la Cour de
>>Berlin , étant tout à fait extraordinaires , le public
impartial n'a pu que fouhaiter avec une impa
>>tience extrême de voir paroître les motifs fonda-
>> mentaux d'un procédé auffi étrange , & a cru de
»voir s'attendre à voir révéler les myfteres les plus
profonds de cabinets . Jamais attente n'a été
plus mal remplie . Le manifefte de la Pruffe n'a
été remplie que d'expreffions qui fe contredi-
»foient palpablement les unes les autres , & l'om
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
n'y a étalé que des motifs qui , malgré toute
» l'étude de l'invention , n'ont pu être revêtus da
moindre air de vraisemblance . Le Roi de Fruffe ,
»dans l'impoffibilité de trouver matiere à motiver
pune Déclaration de Guerre , eft tombé ſur l'idée
stare & finguliere , qu'il pourroit , fon invafion
men Saxe déja faite , déterrer dans les papiers
fecrets , qu'il a fait enlever à Drefde du Cabinet
du Roi de Pologne , des preuves qui pourroient
confirmer ce qu'il avançoit d'un Traité offenfif
entre l'Impératrice Reine & l'Impératrice de
»Ruffie , & démentir ainfi les aſſurances données
par l'Impératrice Reine , que cette imputation
»étoit fauffe & controuvée. La Cour de Vienne ,
obfervant fcrupuleufement les loix de la vérité ,
n'avoit rien à appréhender de toutes ces recher-
»ches. Elle a elle - même les indices les plus
»démonftratifs , que , fi l'on pouvoit expofer auf
»yeux du public ce que renferme le Cabinet de
>>Potſdam , on y découvriroit avec un étonne-
»ment indicible des projets tendans à corrompre
»de fideles ferviteurs , liés à leurs maîtres par la
>>foi du ferment ; à opprimer des Co- Etats confidérables
de l'Empire ; à réchauffer des pré-
»tention illégales fur des Provinces entieres , &
» à ourdir des rébellions affreuſes dans de puiffans
>>Royaumes.»>
Voici plufieurs autres principaux traits de la
Réponse de la Cour. « On a déja vu dans le Ref
»crits de S. M. Imp. & Royale à fes Miniftres
>> dans les Cours Etrangeres , comment le Roi de
>> Pruffe s'eft émancipé à prendre itérativement
» Impératrice Reine à partie fur fes difpofitions
»défenfives........ Dans fon Manifefte , il avane
>>ce également des chofes peu fondées. Il foutient
qu'à peine le Traité de Drefde avoit été conclu ,
Σ
E
2
B
D
Da
DECEMBRE. 1756. 20
>>la Cour de Vienne s'étoit étudié à l'éluder &
»à l'infirmer. Cependant on n'allegue à notre
>> charge que ce feul grief , fçavoir que fept ans
» après la conclufion du Traité , c'est - à-dire en
» 1753 , Pimpôt fur les marchandifes fabriquées
dans la Silefie Pruffienne a été augmenté. Il
» eft étonnant que de la part de la Pruffe on
»faffe quelque reproche fur cet article , com-
>>me fi S. M. Pr. n'avoit pas été la premiere à
»augmenter les droits de douane , & comme fi
Delle n'avoit pas commis diverſes autres contra
»ventions , tant contre ce Traité que contre celui
» de Breflau ; & cela au point que fi S. M. Imp.
»& Royale n'étoit pas en poffeffion de facrifier
»fes plus juftes motifs de reffentiment à fon amour
»pour la paix , Elle auroit été en droit depuis
long- temps , furtout après les repréſentations
Dinutiles qu'Elle avoit faites , de recourir , pour
»fe venger, aux armes dont Elle ne fe fert au-
»jourd'hui que pour fon unique défenſe......
>> Dans le niême Manifefte , on releve encore
»d'autres plaintes contre la Cour de Vienne. Elle
»a conçu , dit- on , des projets d'une extrême
»conféquence ; Elle a des vues dangereufes , &
» du côté de la Pruffe on s'étudie à les dévelop
per.... Mais la Maiſon Archiducale d'Autriche
»ne balance pas à foutenir , que dans toutes les
» Annales de fa Monarchie on ne trouvera pas
»le moindre veftige d'entrepriſes de fa part , ten
»dantes à renverfer les premieres loix de l'Em-
»pire ; à opprimer fes membres ; à s'emparer
de leurs Etats par droits de convenance ; à perfé
cuter par les oppreffions les plus inouies route
»une Famille Royale fous les affurances d'une
pamitié fimulée ; à boulverfer le repos de l'Alle-
»magne ;... à vouloir impoſer à tous le Corps
206 MERCURE DE FRANCE.
»Germanique des loix arbitraires , aux dépens de
»fes Conftitutions ......
Au fujet du Traité que l'Impératrice Reine a
conclu en 1746 avec l'Impératrice de Ruffie ,
la Cour fait les obfervations fuivantes . « Pour
s'affurer de plus en plus contre une quatrieme
winfraction de la paix de la part de la Pruffe ,
>> on conclut entre les deux Cours Impériales ,
Davant le Traité d'Aix - la- Chapelle , un Traité
» d'Amitié & de Défenſe , ne tendant au préjudice
» d'aucune Puiflance . La Cour de Vienne n'a
»pas eu befoin d'exciter la fenfibilité de celle
» de Ruffie fur les procédés méprifans de la Pruffe ,
>>attendu que S. M. Pruf. fe contient ſi peu vis-àvis
de fes voisins , qu'ils comprennent facilement
» qu'il n'y a pas d'autre moyen de le fouftraire
aux défagrémens que la Pruffe caufe continuelle-
» ment , qu'en rompant toute communication avec
elle...... Le public n'aura pas encore oublié ,
>>comment le Comte de Beftuchef, Grand Char-
>> celier de Ruffie , ne balança pas en 1750 d'expo-
>>fer aux yeux de l'Europe , d'une maniere convain-
»cante, les procédés extraordinaires des Pruffiens......
C'eft une nouvelle illufion de la
»part du Roi de Pruffe , de vouloir , par des
vues faciles à deviner , faire paffer nos innocens
Dengagemens défenfifs pour un Traité offenfif
>>contre la Porte. » La Cour ajoute : « Le Roi
»de Pruffe fait affez connoître à la Couronne
>>de France , fans ménagement & par fon infrac-
>tion de paix , que l'Union du Roi T. C. avee
»l'impératrice Reine l'a animé à faire exifter
d'autant plus vite par fon aggreffion ennemie
le Cafus Foederis. Tout ce que S. M. Pruf
permet de mettre à la charge de la Cour
de Vienne & d'autres Cours fur le pied de
>> fe
DECEMBRE. 1756. 207
T
conſpiration , eft une imputation déplacée , qui
»n'a jamais lieu de Souverain à Souverain , &
>>qui ne peut s'appliquer qu'à des Sujets rébelles.
» Ces confpirations doivent être mifes au rang
»des projets de ceux qui dans leur plan d'a-
»grandiffement ne font aucune diftinction des
>>moyens d'affouvir leur ambition. S. M. l'Impéra-
» trice Reine déclare pareillement fauffe & controuvée
l'imputation , qu'elle ait voulu porter
» la Cour d'Angleterre à entrer dans des projets
»qui puffent troubler le repos général . On en
>appelle au propre témoignage de ladite Cour ,
»& l'on ne fera jamais aucune difficulté de ren-
» dre publique la négociation dont il s'eft agi
avec S. M. Brit.... Le Roi de Pruffe accufe la
>>Cour de Vienne , d'avoir voulu puifer dans les
» troubles de l'Amérique les moyens d'allumer
Dune guerre générale . La Cour Britannique peut
»rendre elle - même juftice fur ce point à la vérité,
& dire combien l'Impératrice Reine s'eft
» efforcée d'étouffer ces divifions dès leur naiffan-
» ce. En général tout ce que la Cour de Pruffe
»avance , relativement à celles de France & de
» la Grande - Bretagne , aboutit à infinuer que la
»premiere n'a point affez réfléchi far la nature
»des chofes & fur fes propres intérêts , & que
»la feconde n'a pas approfondi les vues du Minif-
»tere de Vienne , & a manqué de pénétration
» à cet égard , ( expreffions qui ne touchent pas peu
>> l'honneur de ces deux Cours ) . Au refte le Roi
»de Pruffe auroit pu fe paffer de parler de recon-
»noiffance , lui qui a oublié fur cet article
»tout ce qu'il doit à la Maiſon Archiducale d'Autriche
, à qui il eft redevable de fa Dignité
>>Royale ....>>
Selon la lifte que le Feld-Maréchal de Browne
208 MERCURE DE FRANCE.
E
a envoyé de la perte faite par les Autrichiens
dans la bataille du premier de ce mois , il y a
eu dix- neuf Officiers tués & cent cinq de bleffés ;
quatre cens vingt Soldats tués , dix-fept cens vingtneuf
bleffés; & fept cens onze qui ont difparu.
On ne compte que quatre cens foixante -quinze
chevaux tués ou bleffés.
On mande de Conftantinople , que fur la nouvelle
de l'invafion des troupes Pruffiennes en Boheme
, le Grand Vifir a voulu fçavoir du Sr de Schwachenheim
, Miniftres de Leurs Majeftés Impériales
à la Porte , toutes les circonstances de cer
événement. Selon les mêmes lettres , le Grand
Seigneur a fait affurerie fieur de Schwachenheim ,
que fa Hauteffe continueroit d'obſerver religieufement
le Traité conclu par le Sultan fon prédéceffeur
avec la Cour de Vienne , & que fi l'Impératrice
Reine , pour foutenir la guerre contre
le Roi de Pruffe , avoit befoin d'employer les
Troupes qu'Elle avoit en Hongrie , Elle pouvoit
avec confiance les faire marcher , fans craindre
que Sa Hauteffe profitât de leur éloignement ,
pour enfreindre la paix qui fubfifte entre les deux
Puiffances.
Du Quartier Général du Prince Picolomini à
Spalena-Lhotka , le 20 Octobre 1756.
Un Corps de troupes paffa l'Elbe les , fous
les ordres du Général Comte de Trautmansdorff ,
pour empêcher le Feld - Maréchal de Schwerin
d'étendre fi loin fes fourrages . On fit avancer le
7 dans la même vue un Détachement de Cavalerie .
Par- là , le général ennemie eft refferré de plus
en plus , tant fur la droite que fur fa gauche,
& l'on efpere de le gêner confidérablement fur
Particle des fubfiftances. La premiere Colonne des
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&
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T
1
DECEMBRE. 1756. 209
Efclavons entra le 2 de ce mois dans notre camp.
Le Colonel Simbfchon , qui la commande , infor
ma le Prince Picolomini , qu'un Détachement de
Huffards de l'Impératrice Reine avoit enlevé une
des caiffes militaires des Pruffiens , & qu'elle avoit
été conduite à Troppau.
On apprit le 13 de ce mois , que le Comte
Rodolphe de Palfi avoit pénétré jufqu'à Lévin ,
& qu'il avoit tiré des contributions de plufieurs
Diſtricts du Comté de Glatz. Le Capitaine Roskovanny
du Régiment de Spleni a fait une courfe
jufqu'à Franckenftein en Siléfie . Il est revenu
avec beaucoup de butin , & fans avoir perdu un
feul homme. Un Détachement commandé par
le Baron de Gerfdorff , Lieutenant - Colonel du
Régiment de Birckenfeld , en vint aux mains le
16 au matin avec un Détachement Pruffien . Los
ennemis ont été mis en fuite. On leur a tué
un Capitaine de Cavalerie , deux Lieutenans , &
cinquante hommes , & on leur a fait quinze
prifonniers. La veille de cette rencontre , le même
Détachement Pruffien étant dans un bois , il s'éleva
un vent fi furieux , que les chevaux épouvantés
prirent le mors aux dents , & quarantecinq
s'échapperent . La plupart font tombés entre
les mains de nos Huffards.
DE RATISBONNE , le 14 Octobre .
Par une Proteftation que le Roi de Pruffe a
adreffée à la Diette contre le Decret Commifforial
du Confeil Aulique de l'Empire , ce Prince
déclare Que n'ayant fait , en entrant dans l'Electorat
de Saxe & dans le Royaume de Boheme
, que ce qu'il étoit autorifé de faire en
vertu de toutes les Loix , pour repouffer le dan-
:
210 MERCURE DE FRANCE .
ger dont il étoit menacé , il ſe réſerve de pourfuivre
la fatisfaction , qu'il prétend lui être dûe
par rapport à la maniere , dont le Confeil Aulique
s'eft cru en droit d'agir à fon égard. Sa
Majefté Pruffienne dit être en état de prouver ,
que fi le paffage pour l'armée Pruffienne par
P'Electorat de Saxe avoit été accepté fur le pied
que la Cour de Drefde propofoit , à peine
cette armée auroit - elle pénétré dans les Etats
de l'Impératrice Reine , que les Saxons en liberté
d'agir , auroient fait une irruption dans les
Etats de la Maifon de Brandebourg , afin de
s'emparer des dépouilles que les circonftances
lui auroient permis de s'approprier . Elle renouvelle
les affurances données dans fa premiere
Déclaration , que , malgré les fujets qu'Elle
croit avoir de fe plaindre , elle remettra toutes
chofes dans l'Electorat de Saxe fur l'ancien pied ,
dès que l'animofité fera place aux voies de conciliation
, auxquelles Elle fera toujours prête
de donner les mains , lorfqu'on aura lieu d'efpérer
le rétabliffement de la paix fur des fondemens
folides & conftans . Pour combattre les
argumens du Confeil Aulique , & pour montrer
que les hoftilités d'un Etat de l'Empire
contre quelques - uns de fes Co - Etats ne font
point un cas extraordinaire , le Roi de Pruffe
allegue plufieurs exemples antérieurs. Il cite entre
autres la guerre de l'Impératrice Reine contre
le feu Empereur Charles VII , & l'invaſion
des troupes de cette Princeffe dans l'Electorat
de Baviere & dans d'autres Etats de l'Empire ,
avec lefquels Elle étoit en défunion , Ce Prince
ajoute que la conduite tenue dans ces conjonc
tures par l'Impératrice Reine , ne fut point
alors confidérée du même oeil , dont la Cour
29
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DECEMBRE. 1756. 211
de Vienne voudroit aujourd'hui faire enviſager
les démarches de la Cour de Berlin.
DE HAMBOURG , le 22 Octobre.
Le Feld -Maréchal Comte de Browne , dans
le deffein de dégager l'armée Saxonne , s'étoit
avancé le 12 avec un Corps de troupes jufqu'à
Mitteldorff , à peu de diftance de Schandau. Les
Saxons devoient paffer l'Elbe la nuit du 11 au
12 mais quelque dommage arrivé au pont
que S. M. Polonoife avoit fait jetter près de
Konigstein , les en empêcha. La nuit fuivante , le
dominage étant réparé , ils pafferent la riviere.
Un grand bruit de canon & de moufqueterie ,
qu'on entendit le 13 au matin , & qui paroiffoit
venir du côté de Schandau , fit foupçonner
que le Feld- Maréchal de Browne avoit attaqué
le Corps de Pruffiens , qui fe trouvoit
dans ce pofte. La Garnifon que le koi de
Pruffe a mife dans Drefde , en parut même
fort inquiete. Deux jours s'écoulerent , fans
qu'on eût aucunes nouvelles pofitives de l'armée
Saxonne . Il fe répandoit feulement un bruit
vague qu'elle avoit fait la jonction avec les
Autrichiens. A la fin la vérité le développa.
Le délai , qui avoit fufpendu le départ des Saxons ,
avoit donné le temps aux Pruffiens de fe renforcer
à Schandau , & de faire des abattis d'arbres
dans les défilés . Le Feld- Maréchal de Browne
ne voyant aucun figne de la part des premiers ,
& craignant d'être enveloppé , avoit été dans
la néceffité de quitter Mitteldorff le 13. Pendant
la nuit du 13 au 14 , il étoit tombé une
grande abondance de pluie. Les chemins creux ,
par lefquels l'armée Saxonne devoit paffer près de
212 MERCURE DE FRANCE.
Lilienſtein , étoient entiérement inondés , & ce
contretemps retarda beaucoup la marche des
troupes & le tranſport de l'artillerie . Les Pruffiens
avoient pris poffeffion du camp de Pirna . Ils
attaquerent l'arriere- garde , qui fit une très- belie
défenfe , & qui ne perdit que très - peu de monde
& une vingtaine de charriots . A la pluie fuccéda
un brouillard épais. Lorfque les troupes
Saxonnes voulurent entrer le matin dans les
gorges du défilé qui conduifoit vers Ulletfdorff ,
où elles devoient fe joindre aux Autrichiens ,
elles trouverent ces gorges bouchées , & les Pruf-
Giens Maîtres de toutes les hauteurs. La diftance
à laquelle étoient les Autrichiens , la direction
du vent , un grand ouragan qui s'éleva la nuit ,
& qui continua le lendemain , furent caufe que
les Autrichiens ne purent entendre les coups
de canon , qui devoient leur fervir de fignaux
pour attaquer les Pruffiens. Ainfi la journée du
14 fe paffa fans coup ferir. Les Autrichiens ,
qui avoient attendu l'armée Saxonne deux fois
vingt- quatre heures , & qui n'avoient avec eux
ni tentes , ni provifions fuffifantes de vivres &
de fourrages , furent enfin contraints d'aller rejoindre
le gros de leur armée. Ils avoient fait
trois marches forcées , & il falloit en faire autant
pour exécuter leur retraite , & pour éviter
d'être coupés par le Corps de troupes Pruffiennes
pofté entre Auffig & Lowolis. Le 15 ,
les Saxons tenterent de gagner les fommets
des montagnes , ou de percer à travers les forêts
; mais ils rencontrerent partout des obftacles
infurmontables. Entourés de tous côtés par
les Pruffiens , dénués de fecours & de fubfif-
Lances , privés de toutes reffources , ils étoient
arrêtés entre les rochers inacceffibles , qui bor-
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le
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DECEMBRE , 1756. 213
dent les deux feuls débouchés praticables que
les Pruffiens avoient occupés . Les Saxons ont
paffé trois jours dans cette affreuſe pofition ,
expofés à toutes les injures de la faifon , fans
pain & fans fourrage. Alors le Roi de Pologne
& les Princes Xavier & Charles , obligés de pourvoir
à la fûreté de leurs perfonnes , le font
retirés à Konigstein . En tâchant de fauver leur
liberté , ils ont couru plus d'une fois rifque de
perdre la vie. L'unique defir des Saxons , dans
la fituation déplorable à laquelle ils étoient réduits
, étoit de périr les armes à la main . Ils
n'ont pas même eu cette confolation , & il ne
leur eft refté que la cruelle extrêmité de compofer
avec les Pruffiens. Par la Capitulation ,
les Généraux ont ftipulé pour S. M. Polonoiſe
& pour les Princes fes fils la liberté de fe retirer
où bon leur fembleroit. Les troupes fe
font rendues prifonnieres de guerre . Pendant
deux jours qu'on a employés à convenir des
articles de la Capitulation , toutes les troupes
Saxonnes depuis le Feld- Maréchal jufqu'au
Tambour , déclarerent conftamment qu'elles fe
feroient plutôt hacher en pieces , que de prendre
parti dans l'armée du Roi de Pruffe. Mais
la plupart des foldats n'ont eu enfuite que cette
reffource . A l'égard des Officiers , il a été réglé
qu'ils ne feroient point forcés de prendre
fervice. La Reine de Pologne Electrice de Saxe
étant allée de Drefde joindre le Roi fon époux ,
Leurs Majeftés Polonoifes font parties le 19
pour Warfovie avec les Princes Xavier & Charles
, & avec le Comte de Bruhl . Les Miniftres
Etrangers ont été invités de la part du Roi de
Pologne , de l'y fuivre. S. M. Polonoife n'a
point voulufe mêler de la Capitulation fignée par
1
214 MERCURE DE FRANCE.
fes Généraux. Le Roi de Pruffe occupe à Struppen
le même logement , qu'y occupoit le Roi
de Pologne Il y a de fréquentes allées & venues
de cet endroit à Ko. igſtein , qui par la
capitulation eft tefté aux Saxons , mais dont les
Pruffiens défireroient d'être mis en poffeffion ,
ainfi que de Pirna , & de toutes les Places
des Etats Héréditaires de Saxe , dont S. M.
Pruffienne fe réſerve l'adminiſtration , jufqu'à
ce qu'une paix folide faffe rentrer les chofes
dans leur premier état .
DE LEIPSICK , le 24 Octobre.
Depuis la premiere Relation qu'on a reçue
du malheur des troupes Saxonnes , on a été informé
des particularités fuivantes . Lorsque ces troupes
eurent perdu toute efpérance de forcer les
paffages , le Feld - Maréchal Comte Rutowski
écrivit au Roi , pour lui donner part d'une fi
trifte nouvelle . Sa Majefté fit cette réponfe . « J'ap-
>>prends avec une extrême douleur la déplorable
»fituation , où , par un enchaînement de difgraces
»difficiles à exprimer , vous êtes réduits , vous ,
» mes Généraux & toute mon armée . Il faut fe
>>foumettre à la Divine Providence . Dieu connoit
>>ma droiture. Voilà ma reflource & ma confola-
>>tion. On veut , comme vous me le faites enten-
»dre par le Baron de Dygera , me forcer de
»foufcrire à des conditions que l'on a rendues
»plus dures à mesure que les circonftances font
»devenues plus fâcheufes. Ne me connoît - on
»plus Je fuis toujours Souverain & toujours
»libre. Heureux ou malheureux , je vivrai avec
>>honneur , & je mourrai de même. Je vous aban.
>>donne , Monfieur , le fort de mon armée. Que
t
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C
DECEMBRE. 1756. 215
>>votre Confeil de guerre décide lui - même , fi
>>vous devez vous rendre prifonnier , ou s'il vous
>>faut mourir par le fer ou par la difette. Que
l'humanité dicte , s'il eft poffible , vos réfolutions
. Quelles qu'elles puiffent être , elle ne me
>> regardent plus , & je vous déclare que je ne
>> vous tiendrai refponfable que d'une feule chofe ,
fçavoir de porter les armes contre moi & contre
» mes amis. >>
Sur la lettre du Roi le Confeil de guerre s'affembla
, & le réfultat des délibérations fut :
Qu'on tenteroit inutilement de vaincre les obftacles
qui empêchoient l'armée de pénétrer plus
avant ; que quand même on parviendroit à les
furmonter , ce feroit fans fruit , dès qu'on n'étoit
pas à portée de joindre une autre armée qui pût
non feulement aider à repouffer les efforts de
l'ennemi , mais encore fournir aux Saxons toutes
les chofes dont ils manquoient ; qu'ils avoient
été obligés de laiffer la moitié de leur artillerie
& de leurs charriots de munitions à bord de l'Elbe ;
qu'on avoit eu avis que le Feld- Maréchal Comte
de Browne avoit rétrogradé à Lychtenhain ; que
vraifemblablement il étoit retourné encore plus
en arriere , puifqu'il n'avoit point entendu les
coups de canon qu'on avoit tirés pour fignaux ;
que de plus la Cavalerie , vu la foiblefle des
chevaux , ne pouvoit entreprendre de combattre
contre la Cavalerie ennemie ; que dans un tel
concours d'événemens finiftres , il n'y avoit point
d'autre parti à prendre que de capituler , & qu'on
fe foumettoit là- deffus au jugement de tous les
gens de guerre; que toutes les troupes étoient
prêtes à verfer leur fang , fi le Roi l'ordonnoit ;
mais que ce feroit les facrifier gratuitement , &
que leur destruction ne pourroit qu'expofer à de
216 MERCURE DE FRANCE.
juftes reproches d'ignorance & de témérité un
corps d'Officiers Généraux qui croyoient avoir
fervi jufques là avec honneur & avec diſtinction.
Il a été réglé par la Capitulation , que le Roi
demeureroit en poffeffion de Konigstein , & que
les Pruffiens n'inquiéteroient en aucune maniere
la garnifon Saxonne , qui a été laiffée par Sa Majefté
dans cette Fortereffe. On attend avec impatience
la nouvelle de l'arrivée du Roi à Warfovic.
DE DRESDE , le 4 Novembre.
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Par un Mémoire intitulé , Exposé des motifs
de la Capitulation fignée le 15 Octobre 1756 ,
entre l'armée du Roi de Pologne Electeur de
Saxe , & Sa Majesté Pruffienne , on voit le plan ad
des opérations que le Confeil du Roi avoit concertées
avec le Feld- Maréchal de Browne . Une
colonne des troupes Saxonnes devoit marcher
vers Proffen , laiffant la montagne de Lilienf
tein à fa gauche . Une autre Colonne devoit
foutenir fix Bataillons de Grenadiers , deſtinés
à attaquer les abattis du bois de Lilienftein,
Elle auroit enfuite continué fa marche , laif
fant cette montagne à fa droite ; & les fix Ba
taillons de Grenadiers fe feroient portés fur le
Village de Walterdorff. Après l'avoir emporté
ils devoient s'y défendre contre l'ennemi , jufquà
ce que l'armée für engagée dans les défilés.
Ils avoient ordre , lorfqu'elle y feroit entrée
, de faire l'arriere-garde. On étoit convenu
avec le Feld- Maréchal de Browne , que les
Saxons le trouveroient à la tête d'un Corps de
douze mille hommes fur les hauteurs de Ratmanfdorff
& de Schandau. Enfuite ils fe feroient
xéunis avec lui au gros de l'armée Autrichienne
campće
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DECEMBRE. 1756. 217
5
campée à Budin. L'exécution de ce projet avoit
été fixée à la nuit du 11 au 12 du mois dernier ,
pour le plus tard. On fe flattoit avec raifon , que
la conftance & le zele des troupes leur feroient
fupporter patiemment la difette de vivres à laquelle
elles feroient réduites pendant un intervalle
fi confidérable. Les rations de pain furent diminuées
, & l'on mit les chevaux à la pâture . Bien
loin d'être rebutés par ces épreuves , les foldats
n'afpiroient qu'au moment de s'ouvrir généreufement
un paffage à travers l'armée Pruſſienne
qui les tenoit bloqués dans leur camp . Le Feld-
Maréchal de Browne inftruit de ce qu'ils avoient
à fouffrir , voulut avancer de quelques jours le
terme de leur délivrance. Il fe porta du camp de
Budin à Lowofitz , afin de donner de l'inquiétude
au Roi de Pruffe du côté de Brix & de Bylin ,
tandis que les Saxons par de fauffes attaques fur
Hennerfdorff & fur Marckerfbach , feindroient de
vouloir fe dégager par feur gauche . Ce mouvement
engagea le premier Octobre le combat de
Lowofitz ou de Welmina entre l'avant- garde des
Autrichiens & l'armée Pruffienne. Le furlendemain
de cette action , le Feld- Maréchal de Browne
fit affurer le Roi que cette action n'avoit rien
dérangé au projet concerté , & qu'il auroit toujours
lieu la nuit du 11 au 12.
Le même Mémoire détaille enfuite tous les
obftacles qui fe font oppofés à la réuffite de ce
projet. « Divers contretemps , dit - on dans cet
Décrit , empêcherent que le pont ne fût établi
auffi-tôt que l'on s'en étoit flatté , & il ne fut
»pas poffible de décamper avant la nuit du 12 au
13. Cette nuit , la plus cruelle qu'on ait jamais
»paffée , l'armée défila fur le pont par une pluie
» affreufe , qui acheva de mettre fur les dents les
K
218 MERCURE DE FRANCE.
»chevaux déja excédés de faim & de fatigue . Le
feul débouché par lequel l'armée pouvoit par-
»venir à la hauteur d'Ebenheit s'étant trouvé
>>engorgé par
le canon que les chevaux n'avoient
»plus la force de traîner , non feulement les
>> Grenadiers & le refte de l'Infanterie , mais même
>>la Cavalerie entreprirent de gravir fucceffive-
»ment contre une montagne preſque inacceffible.
>> Les troupes ne purent arriver fur la hauteur
» d'Ebenheit que vers les quatre heures après-
»midi. Elles s'y formerent fur plufieurs lignes ,
autant que le terrein refferré pouvoit le per-
>>mettre. Le vent prodigieux qu'il faifoit fut cauſe
>>que le Feld-Maréchal de Browne ne put entendre
la violente canonnade & la moufqueterie
>> continuelle dont notre arriere-garde avoit été
»accompagnée depuis dix heures du matin , &
»par cette raifon il n'exécuta point l'attaque qu'il
» s'étoit propofé de faire. Alors nos Généraux
»perfuadés qu'il étoit hors de portée de les fe-
>>courir , ne crurent pas devoir prendre fur eux
>>de facrifier les troupes dans une attaque que
toute la bravoure imaginable ne pouvoit rendre
»utile , dès qu'elle ne fe feroit point en même
>>temps par les Autrichiens & par les Saxons.
»Dans une pofition fi critique , il fut réſolu que
»l'armée demeureroit fous les armes & en état
»de combattre , jufqu'à ce qu'on fçût pofitive-
»ment fi le Feld-Maréchal de Browne avoit pu
wfe porter & fe maintenir fur les hauteurs de
Schandau. Toute la journée du 14 fe paffa dans
>> l'inquiétude & dans le trouble. Malgré les fati-
» gues d'une marche également longue & péni-
»ble , malgré la difette abfolue que le foldat
» éprouvoit depuis quarante-huit heures , le cou-
Drage des troupes n'étoit point ralenti . Elles
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DECEMBRE . 1756. 219
»attendoient avec impatience l'inftant de fe fa-
» crifier fous les yeux d'un Maître qui avoit voulu
»les commander en perfonne , & à qui l'on ne
perfuada qu'avec beaucoup de peine de fe ren-
» fermer dans la Fortereffe de Konigstein , lorfque
» la multiplicité des obftacles nous eût ôté toute
»efpérance de pouvoir nous dégager. »
>>
Ĉe Mémoire finit par ces mots remarquables :
« Le témoignage que l'armée Saxonne fe doit à
» elle- même de fon courage & de fa fidélité , l'o-
» blige d'expofer aux yeux de toute la terre les
>>motifs invincibles qui l'ont déterminée à une
»démarche auffi accablante que celle à laquelle
» elle a été contrainte. Il n'y a aucun Officier ni
»foldat qui ne fcellât de tout fon ſang la vérité
» des faits contenus dans cet expofé. C'eſt à l'uni-
>vers à prononcer fur ce que l'armée Saxonne a
»fait , & fur ce qu'elle a dû faire . »
Les Régimens Saxons qui ont été forcés de fe'
rendre au Roi de Pruffe , n'ont pas été incorporés
dans les troupes de ce Prince. On leur a donné
des Officiers Pruffiens pour les commander , les
Officiers Saxons ayant conftamment refufé de
fervir contre leur Roi & leur Patrie. Deux de ces
Régimens avoient été conduits à Léipfick , pour
être mis en quartiers dans les environs. Ils ont
pris les armes contre les Officiers Pruffiens qui
ont voulu s'opposer à leur deffein , & ils en ont
tué deux. Les autres Officiers fe font retirés' , &
ccs deux Régimens ayant pris la route du Royaume
de Boheme , font arrivés à Prague.
Cent cinquante foldats des mêmes troupes
s'étant réunis après avoir quitté l'armée Pruffien-¨
ne , ont été atteints dans leur marche par trois
cens Cavaliers qu'on avoit envoyés après eux. Ils
fe font mis en état de défenfe , & ils ont forcé les
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
trois cens Cavaliers Pruffiens de rendre les armes ,
& de les fuivre en Boheme où ils font auffi arrivés.
Ces actions de courage de la part des troupes
Saxonnes , prouvent bien qu'elles ne fe font rendues
qu'y étant forcées par leur pofition. Tous
les foldats qui peuvent s'échapper volent au fervice
des Alliés de leur Monarque.
DE VIENNE , le 17 Octobre.
DEpuis quelques jours , la Cour a publié fa
Réponse à l'Expofé des Motifs du Roi de Pruffe.
Cette piece commence ainfi. « L'Electorat de Saxe
ayant été inondé de troupes Prufliennes , & ayant
»été arraché à fon légitime Poffeffeur ; le droit
»des gens y ayant été violé ; tous les égards
»dûs à une keine ayant été foulés aux pieds ;
»un deftin affreux menaçant encore le Roi de
>>Pologne ; l'efprit de domination & d'agrandif
»fement , qui guide le Roi de Prufle , l'a porté
»à attaquer enfuite le Royaume de Boheme , & à
»y ouvrir de nouveau le théâtre de fes hoftilités .
»Les circonftances & les fuites de cette double
infraction de la paix , de la part de la Cour de
>>Berlin , étant tout à fait extraordinaires , le public
impartial n'a pu que fouhaiter avec une impa
>>tience extrême de voir paroître les motifs fonda-
>> mentaux d'un procédé auffi étrange , & a cru de
»voir s'attendre à voir révéler les myfteres les plus
profonds de cabinets . Jamais attente n'a été
plus mal remplie . Le manifefte de la Pruffe n'a
été remplie que d'expreffions qui fe contredi-
»foient palpablement les unes les autres , & l'om
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
n'y a étalé que des motifs qui , malgré toute
» l'étude de l'invention , n'ont pu être revêtus da
moindre air de vraisemblance . Le Roi de Fruffe ,
»dans l'impoffibilité de trouver matiere à motiver
pune Déclaration de Guerre , eft tombé ſur l'idée
stare & finguliere , qu'il pourroit , fon invafion
men Saxe déja faite , déterrer dans les papiers
fecrets , qu'il a fait enlever à Drefde du Cabinet
du Roi de Pologne , des preuves qui pourroient
confirmer ce qu'il avançoit d'un Traité offenfif
entre l'Impératrice Reine & l'Impératrice de
»Ruffie , & démentir ainfi les aſſurances données
par l'Impératrice Reine , que cette imputation
»étoit fauffe & controuvée. La Cour de Vienne ,
obfervant fcrupuleufement les loix de la vérité ,
n'avoit rien à appréhender de toutes ces recher-
»ches. Elle a elle - même les indices les plus
»démonftratifs , que , fi l'on pouvoit expofer auf
»yeux du public ce que renferme le Cabinet de
>>Potſdam , on y découvriroit avec un étonne-
»ment indicible des projets tendans à corrompre
»de fideles ferviteurs , liés à leurs maîtres par la
>>foi du ferment ; à opprimer des Co- Etats confidérables
de l'Empire ; à réchauffer des pré-
»tention illégales fur des Provinces entieres , &
» à ourdir des rébellions affreuſes dans de puiffans
>>Royaumes.»>
Voici plufieurs autres principaux traits de la
Réponse de la Cour. « On a déja vu dans le Ref
»crits de S. M. Imp. & Royale à fes Miniftres
>> dans les Cours Etrangeres , comment le Roi de
>> Pruffe s'eft émancipé à prendre itérativement
» Impératrice Reine à partie fur fes difpofitions
»défenfives........ Dans fon Manifefte , il avane
>>ce également des chofes peu fondées. Il foutient
qu'à peine le Traité de Drefde avoit été conclu ,
Σ
E
2
B
D
Da
DECEMBRE. 1756. 20
>>la Cour de Vienne s'étoit étudié à l'éluder &
»à l'infirmer. Cependant on n'allegue à notre
>> charge que ce feul grief , fçavoir que fept ans
» après la conclufion du Traité , c'est - à-dire en
» 1753 , Pimpôt fur les marchandifes fabriquées
dans la Silefie Pruffienne a été augmenté. Il
» eft étonnant que de la part de la Pruffe on
»faffe quelque reproche fur cet article , com-
>>me fi S. M. Pr. n'avoit pas été la premiere à
»augmenter les droits de douane , & comme fi
Delle n'avoit pas commis diverſes autres contra
»ventions , tant contre ce Traité que contre celui
» de Breflau ; & cela au point que fi S. M. Imp.
»& Royale n'étoit pas en poffeffion de facrifier
»fes plus juftes motifs de reffentiment à fon amour
»pour la paix , Elle auroit été en droit depuis
long- temps , furtout après les repréſentations
Dinutiles qu'Elle avoit faites , de recourir , pour
»fe venger, aux armes dont Elle ne fe fert au-
»jourd'hui que pour fon unique défenſe......
>> Dans le niême Manifefte , on releve encore
»d'autres plaintes contre la Cour de Vienne. Elle
»a conçu , dit- on , des projets d'une extrême
»conféquence ; Elle a des vues dangereufes , &
» du côté de la Pruffe on s'étudie à les dévelop
per.... Mais la Maiſon Archiducale d'Autriche
»ne balance pas à foutenir , que dans toutes les
» Annales de fa Monarchie on ne trouvera pas
»le moindre veftige d'entrepriſes de fa part , ten
»dantes à renverfer les premieres loix de l'Em-
»pire ; à opprimer fes membres ; à s'emparer
de leurs Etats par droits de convenance ; à perfé
cuter par les oppreffions les plus inouies route
»une Famille Royale fous les affurances d'une
pamitié fimulée ; à boulverfer le repos de l'Alle-
»magne ;... à vouloir impoſer à tous le Corps
206 MERCURE DE FRANCE.
»Germanique des loix arbitraires , aux dépens de
»fes Conftitutions ......
Au fujet du Traité que l'Impératrice Reine a
conclu en 1746 avec l'Impératrice de Ruffie ,
la Cour fait les obfervations fuivantes . « Pour
s'affurer de plus en plus contre une quatrieme
winfraction de la paix de la part de la Pruffe ,
>> on conclut entre les deux Cours Impériales ,
Davant le Traité d'Aix - la- Chapelle , un Traité
» d'Amitié & de Défenſe , ne tendant au préjudice
» d'aucune Puiflance . La Cour de Vienne n'a
»pas eu befoin d'exciter la fenfibilité de celle
» de Ruffie fur les procédés méprifans de la Pruffe ,
>>attendu que S. M. Pruf. fe contient ſi peu vis-àvis
de fes voisins , qu'ils comprennent facilement
» qu'il n'y a pas d'autre moyen de le fouftraire
aux défagrémens que la Pruffe caufe continuelle-
» ment , qu'en rompant toute communication avec
elle...... Le public n'aura pas encore oublié ,
>>comment le Comte de Beftuchef, Grand Char-
>> celier de Ruffie , ne balança pas en 1750 d'expo-
>>fer aux yeux de l'Europe , d'une maniere convain-
»cante, les procédés extraordinaires des Pruffiens......
C'eft une nouvelle illufion de la
»part du Roi de Pruffe , de vouloir , par des
vues faciles à deviner , faire paffer nos innocens
Dengagemens défenfifs pour un Traité offenfif
>>contre la Porte. » La Cour ajoute : « Le Roi
»de Pruffe fait affez connoître à la Couronne
>>de France , fans ménagement & par fon infrac-
>tion de paix , que l'Union du Roi T. C. avee
»l'impératrice Reine l'a animé à faire exifter
d'autant plus vite par fon aggreffion ennemie
le Cafus Foederis. Tout ce que S. M. Pruf
permet de mettre à la charge de la Cour
de Vienne & d'autres Cours fur le pied de
>> fe
DECEMBRE. 1756. 207
T
conſpiration , eft une imputation déplacée , qui
»n'a jamais lieu de Souverain à Souverain , &
>>qui ne peut s'appliquer qu'à des Sujets rébelles.
» Ces confpirations doivent être mifes au rang
»des projets de ceux qui dans leur plan d'a-
»grandiffement ne font aucune diftinction des
>>moyens d'affouvir leur ambition. S. M. l'Impéra-
» trice Reine déclare pareillement fauffe & controuvée
l'imputation , qu'elle ait voulu porter
» la Cour d'Angleterre à entrer dans des projets
»qui puffent troubler le repos général . On en
>appelle au propre témoignage de ladite Cour ,
»& l'on ne fera jamais aucune difficulté de ren-
» dre publique la négociation dont il s'eft agi
avec S. M. Brit.... Le Roi de Pruffe accufe la
>>Cour de Vienne , d'avoir voulu puifer dans les
» troubles de l'Amérique les moyens d'allumer
Dune guerre générale . La Cour Britannique peut
»rendre elle - même juftice fur ce point à la vérité,
& dire combien l'Impératrice Reine s'eft
» efforcée d'étouffer ces divifions dès leur naiffan-
» ce. En général tout ce que la Cour de Pruffe
»avance , relativement à celles de France & de
» la Grande - Bretagne , aboutit à infinuer que la
»premiere n'a point affez réfléchi far la nature
»des chofes & fur fes propres intérêts , & que
»la feconde n'a pas approfondi les vues du Minif-
»tere de Vienne , & a manqué de pénétration
» à cet égard , ( expreffions qui ne touchent pas peu
>> l'honneur de ces deux Cours ) . Au refte le Roi
»de Pruffe auroit pu fe paffer de parler de recon-
»noiffance , lui qui a oublié fur cet article
»tout ce qu'il doit à la Maiſon Archiducale d'Autriche
, à qui il eft redevable de fa Dignité
>>Royale ....>>
Selon la lifte que le Feld-Maréchal de Browne
208 MERCURE DE FRANCE.
E
a envoyé de la perte faite par les Autrichiens
dans la bataille du premier de ce mois , il y a
eu dix- neuf Officiers tués & cent cinq de bleffés ;
quatre cens vingt Soldats tués , dix-fept cens vingtneuf
bleffés; & fept cens onze qui ont difparu.
On ne compte que quatre cens foixante -quinze
chevaux tués ou bleffés.
On mande de Conftantinople , que fur la nouvelle
de l'invafion des troupes Pruffiennes en Boheme
, le Grand Vifir a voulu fçavoir du Sr de Schwachenheim
, Miniftres de Leurs Majeftés Impériales
à la Porte , toutes les circonstances de cer
événement. Selon les mêmes lettres , le Grand
Seigneur a fait affurerie fieur de Schwachenheim ,
que fa Hauteffe continueroit d'obſerver religieufement
le Traité conclu par le Sultan fon prédéceffeur
avec la Cour de Vienne , & que fi l'Impératrice
Reine , pour foutenir la guerre contre
le Roi de Pruffe , avoit befoin d'employer les
Troupes qu'Elle avoit en Hongrie , Elle pouvoit
avec confiance les faire marcher , fans craindre
que Sa Hauteffe profitât de leur éloignement ,
pour enfreindre la paix qui fubfifte entre les deux
Puiffances.
Du Quartier Général du Prince Picolomini à
Spalena-Lhotka , le 20 Octobre 1756.
Un Corps de troupes paffa l'Elbe les , fous
les ordres du Général Comte de Trautmansdorff ,
pour empêcher le Feld - Maréchal de Schwerin
d'étendre fi loin fes fourrages . On fit avancer le
7 dans la même vue un Détachement de Cavalerie .
Par- là , le général ennemie eft refferré de plus
en plus , tant fur la droite que fur fa gauche,
& l'on efpere de le gêner confidérablement fur
Particle des fubfiftances. La premiere Colonne des
L
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R
&
D
T
1
DECEMBRE. 1756. 209
Efclavons entra le 2 de ce mois dans notre camp.
Le Colonel Simbfchon , qui la commande , infor
ma le Prince Picolomini , qu'un Détachement de
Huffards de l'Impératrice Reine avoit enlevé une
des caiffes militaires des Pruffiens , & qu'elle avoit
été conduite à Troppau.
On apprit le 13 de ce mois , que le Comte
Rodolphe de Palfi avoit pénétré jufqu'à Lévin ,
& qu'il avoit tiré des contributions de plufieurs
Diſtricts du Comté de Glatz. Le Capitaine Roskovanny
du Régiment de Spleni a fait une courfe
jufqu'à Franckenftein en Siléfie . Il est revenu
avec beaucoup de butin , & fans avoir perdu un
feul homme. Un Détachement commandé par
le Baron de Gerfdorff , Lieutenant - Colonel du
Régiment de Birckenfeld , en vint aux mains le
16 au matin avec un Détachement Pruffien . Los
ennemis ont été mis en fuite. On leur a tué
un Capitaine de Cavalerie , deux Lieutenans , &
cinquante hommes , & on leur a fait quinze
prifonniers. La veille de cette rencontre , le même
Détachement Pruffien étant dans un bois , il s'éleva
un vent fi furieux , que les chevaux épouvantés
prirent le mors aux dents , & quarantecinq
s'échapperent . La plupart font tombés entre
les mains de nos Huffards.
DE RATISBONNE , le 14 Octobre .
Par une Proteftation que le Roi de Pruffe a
adreffée à la Diette contre le Decret Commifforial
du Confeil Aulique de l'Empire , ce Prince
déclare Que n'ayant fait , en entrant dans l'Electorat
de Saxe & dans le Royaume de Boheme
, que ce qu'il étoit autorifé de faire en
vertu de toutes les Loix , pour repouffer le dan-
:
210 MERCURE DE FRANCE .
ger dont il étoit menacé , il ſe réſerve de pourfuivre
la fatisfaction , qu'il prétend lui être dûe
par rapport à la maniere , dont le Confeil Aulique
s'eft cru en droit d'agir à fon égard. Sa
Majefté Pruffienne dit être en état de prouver ,
que fi le paffage pour l'armée Pruffienne par
P'Electorat de Saxe avoit été accepté fur le pied
que la Cour de Drefde propofoit , à peine
cette armée auroit - elle pénétré dans les Etats
de l'Impératrice Reine , que les Saxons en liberté
d'agir , auroient fait une irruption dans les
Etats de la Maifon de Brandebourg , afin de
s'emparer des dépouilles que les circonftances
lui auroient permis de s'approprier . Elle renouvelle
les affurances données dans fa premiere
Déclaration , que , malgré les fujets qu'Elle
croit avoir de fe plaindre , elle remettra toutes
chofes dans l'Electorat de Saxe fur l'ancien pied ,
dès que l'animofité fera place aux voies de conciliation
, auxquelles Elle fera toujours prête
de donner les mains , lorfqu'on aura lieu d'efpérer
le rétabliffement de la paix fur des fondemens
folides & conftans . Pour combattre les
argumens du Confeil Aulique , & pour montrer
que les hoftilités d'un Etat de l'Empire
contre quelques - uns de fes Co - Etats ne font
point un cas extraordinaire , le Roi de Pruffe
allegue plufieurs exemples antérieurs. Il cite entre
autres la guerre de l'Impératrice Reine contre
le feu Empereur Charles VII , & l'invaſion
des troupes de cette Princeffe dans l'Electorat
de Baviere & dans d'autres Etats de l'Empire ,
avec lefquels Elle étoit en défunion , Ce Prince
ajoute que la conduite tenue dans ces conjonc
tures par l'Impératrice Reine , ne fut point
alors confidérée du même oeil , dont la Cour
29
le
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n
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C
DECEMBRE. 1756. 211
de Vienne voudroit aujourd'hui faire enviſager
les démarches de la Cour de Berlin.
DE HAMBOURG , le 22 Octobre.
Le Feld -Maréchal Comte de Browne , dans
le deffein de dégager l'armée Saxonne , s'étoit
avancé le 12 avec un Corps de troupes jufqu'à
Mitteldorff , à peu de diftance de Schandau. Les
Saxons devoient paffer l'Elbe la nuit du 11 au
12 mais quelque dommage arrivé au pont
que S. M. Polonoife avoit fait jetter près de
Konigstein , les en empêcha. La nuit fuivante , le
dominage étant réparé , ils pafferent la riviere.
Un grand bruit de canon & de moufqueterie ,
qu'on entendit le 13 au matin , & qui paroiffoit
venir du côté de Schandau , fit foupçonner
que le Feld- Maréchal de Browne avoit attaqué
le Corps de Pruffiens , qui fe trouvoit
dans ce pofte. La Garnifon que le koi de
Pruffe a mife dans Drefde , en parut même
fort inquiete. Deux jours s'écoulerent , fans
qu'on eût aucunes nouvelles pofitives de l'armée
Saxonne . Il fe répandoit feulement un bruit
vague qu'elle avoit fait la jonction avec les
Autrichiens. A la fin la vérité le développa.
Le délai , qui avoit fufpendu le départ des Saxons ,
avoit donné le temps aux Pruffiens de fe renforcer
à Schandau , & de faire des abattis d'arbres
dans les défilés . Le Feld- Maréchal de Browne
ne voyant aucun figne de la part des premiers ,
& craignant d'être enveloppé , avoit été dans
la néceffité de quitter Mitteldorff le 13. Pendant
la nuit du 13 au 14 , il étoit tombé une
grande abondance de pluie. Les chemins creux ,
par lefquels l'armée Saxonne devoit paffer près de
212 MERCURE DE FRANCE.
Lilienſtein , étoient entiérement inondés , & ce
contretemps retarda beaucoup la marche des
troupes & le tranſport de l'artillerie . Les Pruffiens
avoient pris poffeffion du camp de Pirna . Ils
attaquerent l'arriere- garde , qui fit une très- belie
défenfe , & qui ne perdit que très - peu de monde
& une vingtaine de charriots . A la pluie fuccéda
un brouillard épais. Lorfque les troupes
Saxonnes voulurent entrer le matin dans les
gorges du défilé qui conduifoit vers Ulletfdorff ,
où elles devoient fe joindre aux Autrichiens ,
elles trouverent ces gorges bouchées , & les Pruf-
Giens Maîtres de toutes les hauteurs. La diftance
à laquelle étoient les Autrichiens , la direction
du vent , un grand ouragan qui s'éleva la nuit ,
& qui continua le lendemain , furent caufe que
les Autrichiens ne purent entendre les coups
de canon , qui devoient leur fervir de fignaux
pour attaquer les Pruffiens. Ainfi la journée du
14 fe paffa fans coup ferir. Les Autrichiens ,
qui avoient attendu l'armée Saxonne deux fois
vingt- quatre heures , & qui n'avoient avec eux
ni tentes , ni provifions fuffifantes de vivres &
de fourrages , furent enfin contraints d'aller rejoindre
le gros de leur armée. Ils avoient fait
trois marches forcées , & il falloit en faire autant
pour exécuter leur retraite , & pour éviter
d'être coupés par le Corps de troupes Pruffiennes
pofté entre Auffig & Lowolis. Le 15 ,
les Saxons tenterent de gagner les fommets
des montagnes , ou de percer à travers les forêts
; mais ils rencontrerent partout des obftacles
infurmontables. Entourés de tous côtés par
les Pruffiens , dénués de fecours & de fubfif-
Lances , privés de toutes reffources , ils étoient
arrêtés entre les rochers inacceffibles , qui bor-
S
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le
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DECEMBRE , 1756. 213
dent les deux feuls débouchés praticables que
les Pruffiens avoient occupés . Les Saxons ont
paffé trois jours dans cette affreuſe pofition ,
expofés à toutes les injures de la faifon , fans
pain & fans fourrage. Alors le Roi de Pologne
& les Princes Xavier & Charles , obligés de pourvoir
à la fûreté de leurs perfonnes , le font
retirés à Konigstein . En tâchant de fauver leur
liberté , ils ont couru plus d'une fois rifque de
perdre la vie. L'unique defir des Saxons , dans
la fituation déplorable à laquelle ils étoient réduits
, étoit de périr les armes à la main . Ils
n'ont pas même eu cette confolation , & il ne
leur eft refté que la cruelle extrêmité de compofer
avec les Pruffiens. Par la Capitulation ,
les Généraux ont ftipulé pour S. M. Polonoiſe
& pour les Princes fes fils la liberté de fe retirer
où bon leur fembleroit. Les troupes fe
font rendues prifonnieres de guerre . Pendant
deux jours qu'on a employés à convenir des
articles de la Capitulation , toutes les troupes
Saxonnes depuis le Feld- Maréchal jufqu'au
Tambour , déclarerent conftamment qu'elles fe
feroient plutôt hacher en pieces , que de prendre
parti dans l'armée du Roi de Pruffe. Mais
la plupart des foldats n'ont eu enfuite que cette
reffource . A l'égard des Officiers , il a été réglé
qu'ils ne feroient point forcés de prendre
fervice. La Reine de Pologne Electrice de Saxe
étant allée de Drefde joindre le Roi fon époux ,
Leurs Majeftés Polonoifes font parties le 19
pour Warfovie avec les Princes Xavier & Charles
, & avec le Comte de Bruhl . Les Miniftres
Etrangers ont été invités de la part du Roi de
Pologne , de l'y fuivre. S. M. Polonoife n'a
point voulufe mêler de la Capitulation fignée par
1
214 MERCURE DE FRANCE.
fes Généraux. Le Roi de Pruffe occupe à Struppen
le même logement , qu'y occupoit le Roi
de Pologne Il y a de fréquentes allées & venues
de cet endroit à Ko. igſtein , qui par la
capitulation eft tefté aux Saxons , mais dont les
Pruffiens défireroient d'être mis en poffeffion ,
ainfi que de Pirna , & de toutes les Places
des Etats Héréditaires de Saxe , dont S. M.
Pruffienne fe réſerve l'adminiſtration , jufqu'à
ce qu'une paix folide faffe rentrer les chofes
dans leur premier état .
DE LEIPSICK , le 24 Octobre.
Depuis la premiere Relation qu'on a reçue
du malheur des troupes Saxonnes , on a été informé
des particularités fuivantes . Lorsque ces troupes
eurent perdu toute efpérance de forcer les
paffages , le Feld - Maréchal Comte Rutowski
écrivit au Roi , pour lui donner part d'une fi
trifte nouvelle . Sa Majefté fit cette réponfe . « J'ap-
>>prends avec une extrême douleur la déplorable
»fituation , où , par un enchaînement de difgraces
»difficiles à exprimer , vous êtes réduits , vous ,
» mes Généraux & toute mon armée . Il faut fe
>>foumettre à la Divine Providence . Dieu connoit
>>ma droiture. Voilà ma reflource & ma confola-
>>tion. On veut , comme vous me le faites enten-
»dre par le Baron de Dygera , me forcer de
»foufcrire à des conditions que l'on a rendues
»plus dures à mesure que les circonftances font
»devenues plus fâcheufes. Ne me connoît - on
»plus Je fuis toujours Souverain & toujours
»libre. Heureux ou malheureux , je vivrai avec
>>honneur , & je mourrai de même. Je vous aban.
>>donne , Monfieur , le fort de mon armée. Que
t
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C
C
C
DECEMBRE. 1756. 215
>>votre Confeil de guerre décide lui - même , fi
>>vous devez vous rendre prifonnier , ou s'il vous
>>faut mourir par le fer ou par la difette. Que
l'humanité dicte , s'il eft poffible , vos réfolutions
. Quelles qu'elles puiffent être , elle ne me
>> regardent plus , & je vous déclare que je ne
>> vous tiendrai refponfable que d'une feule chofe ,
fçavoir de porter les armes contre moi & contre
» mes amis. >>
Sur la lettre du Roi le Confeil de guerre s'affembla
, & le réfultat des délibérations fut :
Qu'on tenteroit inutilement de vaincre les obftacles
qui empêchoient l'armée de pénétrer plus
avant ; que quand même on parviendroit à les
furmonter , ce feroit fans fruit , dès qu'on n'étoit
pas à portée de joindre une autre armée qui pût
non feulement aider à repouffer les efforts de
l'ennemi , mais encore fournir aux Saxons toutes
les chofes dont ils manquoient ; qu'ils avoient
été obligés de laiffer la moitié de leur artillerie
& de leurs charriots de munitions à bord de l'Elbe ;
qu'on avoit eu avis que le Feld- Maréchal Comte
de Browne avoit rétrogradé à Lychtenhain ; que
vraifemblablement il étoit retourné encore plus
en arriere , puifqu'il n'avoit point entendu les
coups de canon qu'on avoit tirés pour fignaux ;
que de plus la Cavalerie , vu la foiblefle des
chevaux , ne pouvoit entreprendre de combattre
contre la Cavalerie ennemie ; que dans un tel
concours d'événemens finiftres , il n'y avoit point
d'autre parti à prendre que de capituler , & qu'on
fe foumettoit là- deffus au jugement de tous les
gens de guerre; que toutes les troupes étoient
prêtes à verfer leur fang , fi le Roi l'ordonnoit ;
mais que ce feroit les facrifier gratuitement , &
que leur destruction ne pourroit qu'expofer à de
216 MERCURE DE FRANCE.
juftes reproches d'ignorance & de témérité un
corps d'Officiers Généraux qui croyoient avoir
fervi jufques là avec honneur & avec diſtinction.
Il a été réglé par la Capitulation , que le Roi
demeureroit en poffeffion de Konigstein , & que
les Pruffiens n'inquiéteroient en aucune maniere
la garnifon Saxonne , qui a été laiffée par Sa Majefté
dans cette Fortereffe. On attend avec impatience
la nouvelle de l'arrivée du Roi à Warfovic.
DE DRESDE , le 4 Novembre.
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Par un Mémoire intitulé , Exposé des motifs
de la Capitulation fignée le 15 Octobre 1756 ,
entre l'armée du Roi de Pologne Electeur de
Saxe , & Sa Majesté Pruffienne , on voit le plan ad
des opérations que le Confeil du Roi avoit concertées
avec le Feld- Maréchal de Browne . Une
colonne des troupes Saxonnes devoit marcher
vers Proffen , laiffant la montagne de Lilienf
tein à fa gauche . Une autre Colonne devoit
foutenir fix Bataillons de Grenadiers , deſtinés
à attaquer les abattis du bois de Lilienftein,
Elle auroit enfuite continué fa marche , laif
fant cette montagne à fa droite ; & les fix Ba
taillons de Grenadiers fe feroient portés fur le
Village de Walterdorff. Après l'avoir emporté
ils devoient s'y défendre contre l'ennemi , jufquà
ce que l'armée für engagée dans les défilés.
Ils avoient ordre , lorfqu'elle y feroit entrée
, de faire l'arriere-garde. On étoit convenu
avec le Feld- Maréchal de Browne , que les
Saxons le trouveroient à la tête d'un Corps de
douze mille hommes fur les hauteurs de Ratmanfdorff
& de Schandau. Enfuite ils fe feroient
xéunis avec lui au gros de l'armée Autrichienne
campće
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DECEMBRE. 1756. 217
5
campée à Budin. L'exécution de ce projet avoit
été fixée à la nuit du 11 au 12 du mois dernier ,
pour le plus tard. On fe flattoit avec raifon , que
la conftance & le zele des troupes leur feroient
fupporter patiemment la difette de vivres à laquelle
elles feroient réduites pendant un intervalle
fi confidérable. Les rations de pain furent diminuées
, & l'on mit les chevaux à la pâture . Bien
loin d'être rebutés par ces épreuves , les foldats
n'afpiroient qu'au moment de s'ouvrir généreufement
un paffage à travers l'armée Pruſſienne
qui les tenoit bloqués dans leur camp . Le Feld-
Maréchal de Browne inftruit de ce qu'ils avoient
à fouffrir , voulut avancer de quelques jours le
terme de leur délivrance. Il fe porta du camp de
Budin à Lowofitz , afin de donner de l'inquiétude
au Roi de Pruffe du côté de Brix & de Bylin ,
tandis que les Saxons par de fauffes attaques fur
Hennerfdorff & fur Marckerfbach , feindroient de
vouloir fe dégager par feur gauche . Ce mouvement
engagea le premier Octobre le combat de
Lowofitz ou de Welmina entre l'avant- garde des
Autrichiens & l'armée Pruffienne. Le furlendemain
de cette action , le Feld- Maréchal de Browne
fit affurer le Roi que cette action n'avoit rien
dérangé au projet concerté , & qu'il auroit toujours
lieu la nuit du 11 au 12.
Le même Mémoire détaille enfuite tous les
obftacles qui fe font oppofés à la réuffite de ce
projet. « Divers contretemps , dit - on dans cet
Décrit , empêcherent que le pont ne fût établi
auffi-tôt que l'on s'en étoit flatté , & il ne fut
»pas poffible de décamper avant la nuit du 12 au
13. Cette nuit , la plus cruelle qu'on ait jamais
»paffée , l'armée défila fur le pont par une pluie
» affreufe , qui acheva de mettre fur les dents les
K
218 MERCURE DE FRANCE.
»chevaux déja excédés de faim & de fatigue . Le
feul débouché par lequel l'armée pouvoit par-
»venir à la hauteur d'Ebenheit s'étant trouvé
>>engorgé par
le canon que les chevaux n'avoient
»plus la force de traîner , non feulement les
>> Grenadiers & le refte de l'Infanterie , mais même
>>la Cavalerie entreprirent de gravir fucceffive-
»ment contre une montagne preſque inacceffible.
>> Les troupes ne purent arriver fur la hauteur
» d'Ebenheit que vers les quatre heures après-
»midi. Elles s'y formerent fur plufieurs lignes ,
autant que le terrein refferré pouvoit le per-
>>mettre. Le vent prodigieux qu'il faifoit fut cauſe
>>que le Feld-Maréchal de Browne ne put entendre
la violente canonnade & la moufqueterie
>> continuelle dont notre arriere-garde avoit été
»accompagnée depuis dix heures du matin , &
»par cette raifon il n'exécuta point l'attaque qu'il
» s'étoit propofé de faire. Alors nos Généraux
»perfuadés qu'il étoit hors de portée de les fe-
>>courir , ne crurent pas devoir prendre fur eux
>>de facrifier les troupes dans une attaque que
toute la bravoure imaginable ne pouvoit rendre
»utile , dès qu'elle ne fe feroit point en même
>>temps par les Autrichiens & par les Saxons.
»Dans une pofition fi critique , il fut réſolu que
»l'armée demeureroit fous les armes & en état
»de combattre , jufqu'à ce qu'on fçût pofitive-
»ment fi le Feld-Maréchal de Browne avoit pu
wfe porter & fe maintenir fur les hauteurs de
Schandau. Toute la journée du 14 fe paffa dans
>> l'inquiétude & dans le trouble. Malgré les fati-
» gues d'une marche également longue & péni-
»ble , malgré la difette abfolue que le foldat
» éprouvoit depuis quarante-huit heures , le cou-
Drage des troupes n'étoit point ralenti . Elles
13
ร
D
2
་
Σ
3
2
DECEMBRE . 1756. 219
»attendoient avec impatience l'inftant de fe fa-
» crifier fous les yeux d'un Maître qui avoit voulu
»les commander en perfonne , & à qui l'on ne
perfuada qu'avec beaucoup de peine de fe ren-
» fermer dans la Fortereffe de Konigstein , lorfque
» la multiplicité des obftacles nous eût ôté toute
»efpérance de pouvoir nous dégager. »
>>
Ĉe Mémoire finit par ces mots remarquables :
« Le témoignage que l'armée Saxonne fe doit à
» elle- même de fon courage & de fa fidélité , l'o-
» blige d'expofer aux yeux de toute la terre les
>>motifs invincibles qui l'ont déterminée à une
»démarche auffi accablante que celle à laquelle
» elle a été contrainte. Il n'y a aucun Officier ni
»foldat qui ne fcellât de tout fon ſang la vérité
» des faits contenus dans cet expofé. C'eſt à l'uni-
>vers à prononcer fur ce que l'armée Saxonne a
»fait , & fur ce qu'elle a dû faire . »
Les Régimens Saxons qui ont été forcés de fe'
rendre au Roi de Pruffe , n'ont pas été incorporés
dans les troupes de ce Prince. On leur a donné
des Officiers Pruffiens pour les commander , les
Officiers Saxons ayant conftamment refufé de
fervir contre leur Roi & leur Patrie. Deux de ces
Régimens avoient été conduits à Léipfick , pour
être mis en quartiers dans les environs. Ils ont
pris les armes contre les Officiers Pruffiens qui
ont voulu s'opposer à leur deffein , & ils en ont
tué deux. Les autres Officiers fe font retirés' , &
ccs deux Régimens ayant pris la route du Royaume
de Boheme , font arrivés à Prague.
Cent cinquante foldats des mêmes troupes
s'étant réunis après avoir quitté l'armée Pruffien-¨
ne , ont été atteints dans leur marche par trois
cens Cavaliers qu'on avoit envoyés après eux. Ils
fe font mis en état de défenfe , & ils ont forcé les
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
trois cens Cavaliers Pruffiens de rendre les armes ,
& de les fuivre en Boheme où ils font auffi arrivés.
Ces actions de courage de la part des troupes
Saxonnes , prouvent bien qu'elles ne fe font rendues
qu'y étant forcées par leur pofition. Tous
les foldats qui peuvent s'échapper volent au fervice
des Alliés de leur Monarque.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En 1756, les tensions entre la Prusse et l'Autriche s'intensifièrent. La Cour de Vienne accusa la Prusse d'avoir envahi l'Électorat de Saxe et le Royaume de Bohême, violant ainsi la paix et les droits des peuples. La Prusse justifia son invasion par des accusations de trahison et des allégations de traités secrets entre l'Autriche et la Russie. L'Autriche réfuta ces accusations, affirmant que des recherches dans les archives prussiennes révéleraient des projets de corruption et d'oppression. Les deux parties s'accusèrent mutuellement de violations de traités et de projets d'agrandissement territorial. La Prusse dénonça les projets dangereux de l'Autriche et son désir d'imposer des lois arbitraires, tandis que l'Autriche condamna les agressions prussiennes et les violations des traités. Des combats et des escarmouches entre les troupes autrichiennes et prussiennes furent rapportés, ainsi que des déclarations diplomatiques et des protestations auprès de la Diète de l'Empire. La Prusse affirma agir en légitime défense et se réserva le droit de poursuivre des satisfactions, tout en exprimant sa volonté de rétablir la paix. En octobre 1756, le Feld-Maréchal Comte de Browne tenta de dégager l'armée saxonne près de Schandau, mais des dommages au pont retardèrent les Saxons. Le 13 octobre, un bruit de canon suggéra une attaque contre les Prussiens, mais les Saxons ne reçurent aucune confirmation. Craignant d'être enveloppés, les Saxons quittèrent Mitteldorff. Des conditions météorologiques défavorables retardèrent leur marche. Les Prussiens, ayant renforcé leurs positions, attaquèrent l'arrière-garde saxonne, qui se défendit vaillamment. Bloqués et privés de secours, les Saxons capitulèrent le 15 octobre. La capitulation stipula la liberté du Roi de Pologne et des Princes Xavier et Charles, tandis que les troupes saxonnes furent faites prisonnières de guerre. Les Prussiens occupèrent plusieurs places fortes saxonnes en attendant une paix solide. En décembre 1756, les troupes saxonnes refusèrent de lancer une attaque sans le soutien des Autrichiens. Le 14 décembre, l'armée resta en état de combat, attendant des nouvelles du Feld-Maréchal de Browne. Malgré la fatigue et la disette, les troupes restèrent prêtes à se sacrifier. Le mémoire saxon souligna le courage et la fidélité de l'armée, contrainte à des démarches accablantes. Les régiments saxons, forcés de se rendre au roi de Prusse, refusèrent de servir contre leur roi et leur patrie. Deux régiments se rebellèrent à Leipzig, tuant deux officiers prussiens et se dirigeant vers Prague. Cent cinquante soldats résistèrent à trois cents cavaliers prussiens et les forcèrent à se rendre, rejoignant ensuite la Bohême. Ces actions démontrèrent que les troupes saxonnes ne se rendirent que contraintes par leur situation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1346
p. 221-235
RELATION de ce qui s'est passé cette année en Canada, avec le journal historique du siege des Forts de Chouëguen ou Oswego, commencé le 11 Août 1756, & fini le 14 par la prise de ces Forts.
Début :
Les nouveaux préparatifs que les Anglois ont faits pour envahir nos possessions [...]
Mots clefs :
Amérique, Anglais, Canada, Français, Montréal, Marquis de Montcalm, Défense des frontières, Les sauvages, Marquis de Vaudreuil, Forts, Lac Ontario, Gouverneurs, Troupes, Mouvements des troupes, Bataillons, Régiments, Officiers, Rivières, Morts
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texteReconnaissance textuelle : RELATION de ce qui s'est passé cette année en Canada, avec le journal historique du siege des Forts de Chouëguen ou Oswego, commencé le 11 Août 1756, & fini le 14 par la prise de ces Forts.
RELATION de ce qui s'eft paffé cette
année en Canada , avec le journal hiſtorique
du fiege des Forts de Choueguen ou
Ofwego, commencé le 11 Août 1756, co
fini le 14 par la prise de ces Forts.
LE
Es nouveaux préparatifs que les Anglois ont
faits pour envahir nos poffeffions en Amérique ,
malgré le mauvais fuccès de leurs entreprifes de
P'année derniere , ont été auffi publics en Europe
que dans le nouveau monde. On s'y étoit attendu
& dans les premiers jours d'Avril dernier , le Roi
fit partir , pour le Canada , un renfort de troupes
commandé par le Marquis de Montcalm ,
Maréchal de Camp.
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
En attendant l'arrivée de ce fecours , & dès la
fin de la campagne derniere , le Marquis de Vaudreuil
, Gouverneur & Lieutenant Général de la
Nouvelle France , avoit pris de juftes meſures
pour la défenſe de nos frontieres. Ses arrangemens
avoient eu même pour objet de faire harceler
les Anglois dans leurs propres Colonies. Il a
tenu des détachemens en campagne durant tout
l'hyver. Les Sauvages ont tué beaucoup de monde ,
on a enlevé une quantité confiderable de beftiaux :
ily a eu un grand nombre de maifons & de magafins
brulés ; les campagnes ont été abandonnées
dans plufieurs endroits des frontieres des Colonies
Angloifes. Ces mouvemens divers ont efficacement
fervi , non feulement à augmenter le mécontentement
qu'avoit caufé parmi elles l'injuftice
des projets de leurs Gouverneurs , mais encore à
faire naître des embarras & des difficultés qui ont
empêché l'exécution de ces projets dans le printemps.
Le Marquis de Vaudreuil ne s'en eft pas tenu
là . Tandis que nos Partis fe fuccedoient fans
relâche fur les frontieres des Anglois , expofées à
leurs courſes , & défoloient furtout la Pensilvanie
, la Virginie & le Mariland , un Corps de nos
troupes , qu'il avoit placé fur la riviere S. Jean ,
y recueilloit les reftes épars des Acadiens chalés
de leurs habitations par les Anglois , & dont une
partie erroit alors dans les bois. La défenſe du
Fort du Quêne & de l'Ohio , ou de la belle Riviere
, étoit confiée à un corps de Canadiens & de
Sauvages commandés par le Sieur Dumas. Un
autre detachement d'environ 500 hommes , obfervoit
l'ennemi du côté du Fort Lydius . Le bataillon
du Régiment de la Reine & celui du Régiment
de Languedoc , campoient devant le Fort
2
N
༡༩.R
te
P
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C
DECEMBRE. 1756 . 223
de Carrillon , vers le Lac du Saint- Sacrement. Le
bataillon de Bearn étoit deſtiné pour le Fort de
Niagara , & celui de Guyenne pour le Fort Frontenac
, afin de défendre ces deux poftes importans
dont les ennemis paroiffoient méditer. l'attaque
pendant le cours de la campagne prête à s'ouvrir.
Dès le commencement de l'hyver , le Marquis
de Vaudreuil avoit été informé que , pour l'exécution
de ce projet , les Anglois faifoient raffembler
des troupes avec des provifions confidérables
dans les Forts de Choueguen près du Lac
Ontario ; & c'eft en conféquence de cet avis
qu'au mois de Mars dernier le fieur de Léry attaqua
par fes ordres un Fort où étoit le principal
entrepôt de ces approvifionnemens . Ce Fort
fut enlevé d'affaut & détruit avec tous les bâtimens
qui en dependoient ; & toutes les munitions
qui s'y trouvoient en grande quantité ,
furent enlevées , brûlées , ou jettées dans la Riviere.
Dans la vue de profiter de ce premier
fuccès , le Gouverneur- Général fit un autre détachement
de 700 hommes , Canadiens & Sauvages
, fous les ordres du fieur de Villiers , Capitaine
de la Colonie , pour refferrer les ennemis
de ce côté-là , obferver leurs mouvemens , &
intercepter les tranfports qu'ils pourroient faire
fur la riviere de Choueguen.
Ainfi tout étoit difpofé par le Marquis de Vaudreuil
pour une défenfive vigoureuſe dans les différentes
parties du Canada , fur les lacs Champlain
& du St. Sacrement , vers la Belle - Riviere , &
furtout du côté du lac Ontario , où la défenſe
de nos Forts & même l'attaque des poftes Anglois
avoient été fon objet principal dans la diftribution
des forces de la Colonie.
Tout le monde fçait que l'établiffement des
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
Anglois fur le lac Ontario eft une invafion qu'ils
ont faite en pleine paix. Il n'étoit queftion d'abord
de leur part que d'une fimple Maiſon de
commerce. C'eft fous ce feul point de vue qu'ils
en firent la propofition en 1728 , aux Sauvages
Iroquois , qui ne les auroient pas vus tranquillement
fe fortifier tout d'un coup dans le voifinage
de leurs Habitations . On fentit cependant
dès - lors en Canada quel étoit leur véritable objet
dans cet Etabliffèment , qui devoit les mettre
à portée non feulement d'envahir le commerce
des Lacs que les François n'avoient jamais
partagé avec aucune Nation Européenne , mais
encore de couper , par le centre même de la
Colonie de Canada , la communication des poftes
qui en dépendent. Les Gouverneurs François
fe contenterent cependant de réclamer contre
cette ufurpation. Le Roi en fit porter dans
le temps des plaintes à la Cour Britanique , où
elles ont été conſtamment renouvellées dans toutes
les occafions . Mais les Anglois , fans ſe mettre
en peine de la juftice de ces plaintes , &
abufant toujours de l'efprit de paix qui a réglé
dans tous les temps la conduite de la France ,
ie font fortifiés peu à peu à Choueguen , de
maniere qu'ils y avoient établi trois Forts ,
fçavoir :
1º. Le Fort Ontario placé à la droite de la
Riviere , au milieu d'un plateau fort élevé. Il
confiftoit en un quatré de trente toifes de côté ,
dont les faces brifées par le milieu étoient flanquées
par un rédan placé à l'endroit de la brifure.
Il étoit fait de pieux de dix - huit pouces
de diametre applanis fur deux faces , parfaitement
bien joints l'un à l'autre , & fortans de terre de
de huit à neuf pieds . Le follé qui entouroit le
1
1
1
1
DECEMBRE . 1756. 225
Fort avoit dix-huit pieds de largeur fur huit de
profondeur. Les terres qu'on en avoit tirées
avoient été rejettées en glacis fur la contrefcarpe
& en talud fort roide fur la berme. On
avoit pratiqué des creneaux & des embrafures
dans les pieux à fleur de terre rejettée fur la
berme , & un échafaudage de charpente régnoit
tout autour , afin de tirer pardeffus . Il y avoit
huit canons & quatre mortiers à doubles grenades,
2 °. Le vieux Fort de Choueguen , fitué fur
la rive gauche de la Riviere , confiftant en une
Maifon à machicoulis & crénelée au rez de chauf
fée & au premier étage , dont les murs avoient
trois pieds d'épaiffeur & étoient entourés
à trois toiles de diftance d'une autre muraille
de quatre pieds d'épaiffeur fur dix de hauteur
, crénelée & flanquée par deux groffes tours
quarrées. Il y avoit de plus un retranchement
qui entouroit , du côté de la campagne , le
Fort où les Ennemis avoient placés dix- huit
pieces de canon & quinze mortiers & obufiers .
3°. Le Fort Georges , fitué à 300 toifes endelà
de celui de Choueguen fur une hauteur qui
le dominoit. Il étoit de pieux & aſſez mal retranché
en terre fur deux faces .
C'eft principalement au moyen des avantages
que cet Etabliffement donnoit aux Anglois ,
qu'ils s'étoient flattés d'envahir le Canada . Leur
deffein étoit d'abord , ainfi qu'on l'a dit , de
s'emparer du Fort de Niagara & de celui de Frontenac
. Maîtres de ces deux poftes , ils auroient coupé
abfolument la communication , non feulement
des Pays d'en haut , mais encore de la Louifiane
: ils auroient fait tomber une des principales
branches du commerce de Canada ; &
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
en enlevant à cette Colonie une partie de fes
Sauvages alliés , ils fe feroient trouvés à portée
de l'attaquer de toutes parts dans tous les Etabliflemens.
Telles étoient les vues , du moins apparentes
, des Anglois , & les difpofitions faites de notre
part , lorfque les troupes Françoiſes commandées
par le Marquis de Montcalm arriverent au
mois de Mai.
Dès que le Marquis de Vaudreuil eut reça
ce renfort , il envoya fur le lac du St. Sacrement
le bataillon de Royal Rouffillon qui en
faifoit partie. Le Bataillon de la Sarre fut envoyé
à Frontenac avec les deux Ingénieurs François
nouvellement débarqués , aux ordres du fieur
de Bourlamaque Colonel d'Infanterie , pour former
devant cette Place un Camp retranché. Le
Chevalier de Levis , Brigadier , fut deftiné à commander
fur le lac du St. Sacrement ; & le Marquis
de Montcalm devoit fe porter aux lieux
que les ennemis paroîtroient menacer le plus.
Vers le mois de Juin , il parut clairement
par le rapport des Sauvages envoyés à la découverte
, par les dépofitions de plufieurs prifonniers
, & par les préparatifs immenfes faits à
Albany & au Fort Lydius , que les Anglois
avoient des projets d'offenfive du côté de la
Pointe ou du lac du St. Sacrement. Ces nouvelles
confirmerent les Commandans François dans
le deffein d'une diverfion fur le lac Ontario ,
qui devenoit néceffaite pour attirer de ce côtélà
une partie des forces ennemies. Le Marquis
de Montcalm propofa de s'en charger , & même
de tenter , s'il étoit poffible , une entreprife
fur les Etabliffemens Anglois : entrepriſe
deja projettée depuis quelque temps par le Gou
་
་
DECEMBRE. 1756. 227
verneur- Général , qui n'avoit jamais perdu de
vue le fiege des Forts de Choueguen , dont il
connoiffoit toute l'importance. Ce Siege fut réfolu
par le Marquis de Vaudreuil , au cas que
l'état de la Place , & la lenteur des ennemis
permiffent de le former dans cette campagne ,
dont la faifon commençoit à s'avancer. Mais
une pareille expédition exigeoit de grands préparatifs
; les diftances étoient confidérables ; &
les tranfports ne pouvoient s'exécuter qu'avec
des peines & des longueurs infinies , à travers un
pays qui n'a d'autres chemins que des rivieres
remplies de fauts & de rapides , & des lacs où
la violence des vagues rend quelquefois la navigation
prefqu'impoffible . On ne pouvoit donc
fe flatter de réufhir dans ce projet qu'autant qu'il
ne feroit pas pénétré par les ennemis ; & qu'on
ne leur donneroit pas le temps de faire paffer
à Choueguen les nouveaux fecours qu'ils deftineroient
eux-mêmes pour l'attaque des deux
Forts François,
En conféquence le Marquis de Vaudreuil priv
toutes les mesures qui pouvoient accélérer nos
difpofitions & en cacher l'objet . Le fieur Bigot
Intendant du Canada vint à Montreal , & fe char--
gea d'amaffer des munitions de guerre & debouche
, d'en diligenter les convois & de les entretenir
fans interruption. Le fieur Rigaud de
Vaudreuil , Gouverneur des trois Rivieres , fut envoyé
avec un renfort de Canadiens & de Sauvages
, pour prendre le commandement du Camp
du fieur de Villiers . En même temps le fieur de
Bourlamaque reçut ordre de commencer à Frontenac
les préparatifs qu'on jugea néceffaires. Le
fieur de Combles Ingénieur , fut chargé d'aller
avec un détachement reconnoître Choi eguen. E
K. vj
228 MERCURE DE FRANCE.
tandis que tout fe difpofoit ainfi pour cette attaque
, dans la vue de donner le change aux
ennemis , le Marquis de Montcalm partit le 27
de Juin pour le Fort de Carrillon avec le Chevalier
de Levis. Les pofitions à prendre au fujet
de la défenfive dans cette partie , les fortifications
alors commencées à Carrillon , & les
mouvemens des Anglois à Albany , paroiffoient
en effet des raifons fuffifantes pour autorifer la
préfence du Marquis de Montcalm fur le lac
du St. Sacrement , comme dans le pofte où devoient
fe paffer les opérations les plus intéres-
Santes. Ce Général n'y étant resté que le temps
néceffaire pour préparer l'effentiel , & s'attirer
l'attention des Anglois , remit la défenſe de cette
Frontiere au Chevalier de Levis , en lui laiffant
un Corps de trois mille hommes , & reprit le
quinze de Juillet la route de Montreal , où il arriva
le dix -neuf du même mois. Il y reçut fes
dernieres inftructions pour l'entrepriſe contre
les Forts de Choueguen , à laquelle le Marquis
de Vaudreuil fe trouvoit engagé de plus en plus
par la nouvelle toute récente d'un fuccès qui
fembloit en faciliter l'exécution . C'eft celle de
l'échec que les ennemis avoient reçu dans les
premiers jours de Juillet fur le lac Ontario , où
le fieur de Villiers venoit de détruire un convoi
d'environ deux cens bâtimens , & de tuer
u de prendre prifonniers plus de cinq cens
hommes.
Le Marquis de Montcalm repartit de Montreal
le 21 de Juillet , & arriva le ving neuf
à Frontenac , où il trouva tout raffemblé , à
l'exception du détachement commandé par le fieur
Rigaud de Vaudreuil. Ce Corps s'étoit deja
porté fur la Riviere de Choueguen à la Baie
a
t
I
DECEMBRE. 1756. 229
de Niaouré , où le Marquis de Vaudreuil avoit
marqué le rendez -vous général des troupes deftinées
pour l'expédition .
Ces troupes formoient un Corps de trois
mille hommes , y compris le détachement du
fieur de Rigaud , qui devoit fervir d'avant- garde.
Elles étoient compofées des Bataillons de la Sarre
, Guyenne , & Bearn , ne faifant enfemble
que treize cens hommes , & d'environ dix- fept
cens foldats de la Colonie , Miliciens & Sauvages .
Le Marquis de Montcalm n'a pas perdu de
temps pour le mettre en état de partir du Fort
Frontenac. Aprés avoir fait dans cette Place les
préparatifs inféparables d'une opération nouvelle
en ce Pays , & qui préfentoit des difficultés
inconnues en Europe ; après avoir en même
temps pourvu aux difpofitions néceffaires
pour affurer la retraite , en cas que des forces
fupérieures la rendiffent inévitable , il a donné
ordre à deux barques armées fur le Lac Ontario
, l'une de douze , & l'autre de feize canons ,
de fe mettre en croifiere dans les parages de
Chouëguen. Il a établi une chaîne de découvreurs
, Canadiens & Sauvages , fur le chemin
de cette Place à la Ville d'Albanie , pour y intercepter
les Couriers ; & dès le 4 Août il s'eft
embarqué à Frontenac avec la premiere divifion
de fes Troupes , compofée du Bataillon de
la Sarre & de celui de Guyenne , avec 4 pieces
de canon , & eft arrivé le 6 à la Baie de
Niaouré , où la feconde divifion compofée du
Bataillon de Béarn , de Miliciens , & des Bateaux
chargés de l'Artillerie & des vivres , s'eft rendue
le huit.
Le même jour , le Marquis de Montcalm fit
partir l'avant-garde , commandée par le Sieur de
230 MERCURE DE FRANCE.
Rigaud , pour s'avancer à trois lieues de Chouëguen
dans une Anfe nommée l'Anfe- aux -Cabannes.
La premiere divifion y étant arrivée le 10 à
deux heures du matin , Pavant - garde fe porta
quatre heures après par terre & au travers des
bois , à une autre Anfe fituée à une demi- lieue
de Choueguen , pour y favorifer le débarquement
de l'artillerie & des troupes. La premiere divifion
fe rendit à minuit dans cette même Anfe. Le
Marquis de Montcalm parvint à faire établir
auffi -tôt une batterie fur le Lac Ontario , & les
troupes pafferent la nuit au bivouac à la tête des
bateaux.
Le 11 , à la pointe du jour , les Canadiens &
les Sauvages s'avancerent à un quart de lieue do
Fort Ontario , fitué , comme on l'a dit , fur la rive
droite de la Riviere de Chouëguen , & en formoient
l'inveftiffement. Le Sieur de Combles ,
Ingénieur , qui avoit été envoyé à trois heures du
matin pour déterminer cet inveſtiſſement & le
front de l'attaque , fut tué , en revenant de fa découverte
, par un de nos Sauvages qui l'avoit efcorté
, & qui dans l'obcurité le prit malheureuſement
pour un Anglois . Le Sieur Defandrouins ,
autre Ingénieur , qui par-là reftoit ſeul , traça â
travers des bois , en partie marécageux , un chemin
reconnu la veille , pour y conduire de l'Artillerie
; & ce chemin commencé le rr au matin ,
fut pouffé avec tant de vivacité, qu'il fe trouva perfectionné
le lendemain. On avoit en même temps
établi le Camp, la droite appuyée au Lac Ontario
, couverte par la batterie établie la veille , &
qui mettoit les Bateaux hors d'infulte ; & la gauche
à un marais impraticable.
La marche des François , que la précaution de
que de nuit, & d'entrer pour faire halte dans
n'aller
DECEMBRE . 1756. 13 .
les rivieres qui les couvroient , avoit jufqu'alors
dérobée aux Ennemis , leur fut annoncée le même
jour par les Sauvages , qui allerent fufiller juf
qu'au pied du Fort . Trois barques armées fortirent
à midi de la Riviere de Choueguen , vinrent
croifer devant le Camp, firent quelques décharges
de leur Artillerie ; mais le feu de notre batterie
les força de s'éloigner
Le 12 , à la pointe du jour, le Bataillon de Béarn
arriva avec les Bateaux de l'Artillerie & des vivres.
La décharge de ces Bateaux fut faite fur le champ,
en préfence des Barques Angloifes qui croifoient
devant le Camp : la batterie de la greve fut augmentée
le parc de l'Artillerie , & le dépôt des
vivres furent établis ; & le Sieur Pouchot , Capitaine
au Régiment de Béarn , reçut ordre de
faire fonction d'Ingénieur pendant le fiege. La
difpofition fut faite pour l'ouverture de la tranchée
le foir même le Marquis de Montcalm en
donna la direction au Sieur de Bourlamaque
Colonel d'Infanterie , & commanda fix piquets
de travailleurs de cinquante hommes chacun
pour cette nuit , avec deux compagnies de Grenadiers
& trois piquets pour les foutenir .
Avec toute la diligence poffible , on ne put
commencer qu'à minuit le travail de cette tranchée
, qui étoit plutôt une parallele d'environ ico
toifes de front , ouverte à 90 toifes du foffé du
Fort , dans un terrein embarraffé d'abattis & de
troncs d'arbres.Cette parallele achevée à cinq heures
du matin , fut perfectionnée par les travailleurs
du jour , qui y firent les chemins de communication
, & commencerent l'établiſſement des batteries
. Le feu des ennemis qui depuis la pointe du
jour avoit été très-vif , ceffa vers les fix heures
dufoir; & l'on s'apperçut que la Garniſon avoid
232 MERCURE DE FRANCE.
évacué le Fort Ontario , & paflé de l'autre côté
de la riviere dans celui de Choueguen. Elle abandonna
, en fe retirant , 8 pieces de canon & 4
mortiers.
Le Fort ayant auffitôt été occupé par les Grenadiers
de tranchée , des travailleurs furent commandés
pour continuer la communication de la
parallele au bord de la Riviere , où , dès l'entrée
de la nuit , on commença une grande batterie
placée de façon à pouvoir, non feulement battre
le Fort Choueguen & le chemin de ce Fort au Fort
Georges , mais encore prendre à revers le retranchement
qui entouroit le premier de ces Forts.
Vingt pieces de canon furent chariées à bras
d'hommes pendant la nuit ; & ce travail employa
toutes les troupes , à l'exception des piquets &
Gardes du camp.
Le 14 , à la pointe du jour , le Marquis de Montcalm
ordonna au Sieur de Rigaud de paffer à gué
de l'autre côté de la Riviere avec les Canadiens &
les Sauvages , de fe porter dans les bois , & d'inquiéter
la communication au Fort Georges où les
Ennemis paroiffoient faire de grandes difpofitions.
Le Sieur de Rigaud exécuta cet ordre fur le champ.
Quoiqu'il y ait beaucoup d'eau dans cette Riviere,
& que le courant en foit très- rapide , il s'y jetta ,
la traverfa avec les Canadiens & les Sauvages , les
uns à la nage , d'autres dans l'eau jufqu'à la ceinture
ou jufqu'au cou , & fe rendit à fa deftination
, fans que le feu de l'Ennemi fût capable d'arrêter
un feul Canadien , ni Sauvage.
A neuf heures , les Affiégeans eurent neuf pieces
de canon en état de tirer ; & quoique jufqu'alors
le feu des Affiégés eût été fupérieur , ils arborerent
à dix heures le Drapeau blanc . Le Sieur de
Rigaud renvoya au Marquis de Montcalm deux
DECEMBRE . 1756. 23.3
Officiers que le Commandant du Fort lui avoit
adreffés pour demander à capituler. Le Marquis
de Montcalm envoya le Sr de Bougainville , l'un
de fes Aides de Camp , pour fervir d'ôtage , &
propofer les articles de la capitulation , qui furent
que la Garnifon fe rendroit prifonniere de guerre,
& que les troupes Françoifes prendroient fur le
champ poffeffion des Forts . On a déja dit qu'elles
avoient occupé la veille celui d'Ontario . Čes articles
ayant été acceptés par le Commandant Anglois
, le Sieur de la Pauze , Aide-Major au Régiment
de Guyenne , faifant fonction de Major Général
, fut chargé par le Marquis de Montcalm de
les aller rédiger ; & le Sieur de Bourlamaque
nommé Commandant des Forts Georges & Chouëguen
, en prit poffeffion avec deux compagnies de
Grenadiers & les piquets de la tranchée. Il fut
chargé de la démolition de tous les Forts , & du
déblaiement de l'Artillerie , & des munitions de
guerre & de bouche qui s'y trouverent .
La célérité de nos ouvrages dans un terrein que
les Ennemis avoient jugé impraticable , l'établiſ
fement de nos batteries fait fi rapidement , l'idée
que ces travaux ont donnée du nombre des troupes
Françoifes , la mort du Colonel Mercer , Commandant
de Chouëguen , tué à huit heures du marin
, & plus que tout encore , la manoeuvre hardie
du Sieur de Rigaud , & li crainte des Canadiens
& des Sauvages qui faifoient déja feu fur le
Fort , ont fans doute déterminé les Aſſiégés à ne
pas faire une plus longue défenfe .
Ils ont perdu cent cinquante-deux hommes , y
compris quelques Soldats tués par les Sauvages en
voulant fe fauver dans les bois . Le nombre des prifonniers
a été de plus de feize cens , dont quatrevingts
Officiers. On a pris auffi ſept Bâtimens de
234 MERCURE DE FRANCE.
guerre , dont un de dix- huit canons , un de quatorze
, un de dix , un de huit , & les trois autres
armés de pierriers , outre deux cens bâtimens de
tranfport ; & les Officiers & Equipages de ces bâtimens
ont été compris dans la capitulation de la
Garnifon , qui étoit compofée de deux Régimens
de troupes réglées , de Shirley & de Pepperel , &
du Régiment de Milice de Shuyler. L'Artillerie
qu'on a prife , confifte en cent cinquante-cinq pieces
de canon , quatorze mortiers , cinq obuliers
& quarante-fept pierriers , qu'on a enlevés avec
une grande quantité de boulets , bombes , balles
& poudre , & un amas confidérable de vivres.
Le Marquis de Montcalm n'a perdu que trois
hommes , fçavoir un Canadien , un Soldat & un
Canonnier , outre la perte du Sieur de Combles ,
& il n'y a eu dans les différens corps de troupes ,
qui étoient fous fes ordres , qu'environ vingt
bleffés , qui tous le font fort légèrement. Le Sieur
de Bourlamaque & les Sieurs de Palmarol , Capitaine
de Grenadiers , & Duparquet , Capitaine au
Régiment de la Sarre , font de ce nombre.
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Le 21 du même mois d'Août , toutes les démolitions
étant achevées , le tranfport des prifonniers
, de l'artillerie & des vivres fait , le Marquis
de Montcalm fe rembarqua avec les troupes , &
fe rendit fur trois divifions à la Baie de Niaouré ,
d'où les différens Corps fe font portés aux deftinations
refpectives que leur avoit indiquées le Marquis
de Vaudreuil , qui a fait dépofer dans les
Eglifes de Québec &des trois Rivieres , avec les ]
cérémonies ordinaires , les quatre Drapeaux des
Régimens de troupes réglées de Shirley & Pepperel
, & celui du Régiment de Milices de Shuyler.
Le fuccès de cette expédition a répandu une
joie générale dans la Colonie , où l'on en connoît
C DECEMBRE. 1756. 235
plus qu'ailleurs tous les avantages . Elle fe trouve
par la délivrée des juftes inquiétudes que lui donnoit
l'établiffement de Choueguen. Elle voit la
communication avec le pays d'enhaut & avec
toutes les Nations Sauvages fes alliées , à l'abri
des troubles auxquels elle étoit expofee . Elle ne
craint plus d'être attaquée de ce côté - là , du
moins avec la fupériorité que donnoit aux Anglois
l'établiſſement qu'on vient de leur enlever ,
& qui les mettoit en état de dominer fur les Lacs ,
où ils avoient déja formé une Marine. Elle eft en
état déformais de réunir fes forces pour la défenſe
de fes frontieres , & elle a la fatisfaction de devoir
cet heureux changement dans fa fituation , aux
fecours puiffans que le Roi a eu la bonté de lui
envoyer.
Elle a fait éclater les fentimens les plus touchans
de refpect & de reconnoiffance pour ces
nouvelles marques de la protection de Sa Majefté ,
& elle feconde avec tout le zele qu'on peut attendre
du peuple le plus fidele & le plus attaché à fon
Prince , les foins infatigables que fe donnent
pour fa défenfe le Marquis de Vaudreuil , ainfi
que le Marquis de Montcalm , & les autres Officiers
qui en font chargés fous les ordres de ce
Gouverneur.
année en Canada , avec le journal hiſtorique
du fiege des Forts de Choueguen ou
Ofwego, commencé le 11 Août 1756, co
fini le 14 par la prise de ces Forts.
LE
Es nouveaux préparatifs que les Anglois ont
faits pour envahir nos poffeffions en Amérique ,
malgré le mauvais fuccès de leurs entreprifes de
P'année derniere , ont été auffi publics en Europe
que dans le nouveau monde. On s'y étoit attendu
& dans les premiers jours d'Avril dernier , le Roi
fit partir , pour le Canada , un renfort de troupes
commandé par le Marquis de Montcalm ,
Maréchal de Camp.
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
En attendant l'arrivée de ce fecours , & dès la
fin de la campagne derniere , le Marquis de Vaudreuil
, Gouverneur & Lieutenant Général de la
Nouvelle France , avoit pris de juftes meſures
pour la défenſe de nos frontieres. Ses arrangemens
avoient eu même pour objet de faire harceler
les Anglois dans leurs propres Colonies. Il a
tenu des détachemens en campagne durant tout
l'hyver. Les Sauvages ont tué beaucoup de monde ,
on a enlevé une quantité confiderable de beftiaux :
ily a eu un grand nombre de maifons & de magafins
brulés ; les campagnes ont été abandonnées
dans plufieurs endroits des frontieres des Colonies
Angloifes. Ces mouvemens divers ont efficacement
fervi , non feulement à augmenter le mécontentement
qu'avoit caufé parmi elles l'injuftice
des projets de leurs Gouverneurs , mais encore à
faire naître des embarras & des difficultés qui ont
empêché l'exécution de ces projets dans le printemps.
Le Marquis de Vaudreuil ne s'en eft pas tenu
là . Tandis que nos Partis fe fuccedoient fans
relâche fur les frontieres des Anglois , expofées à
leurs courſes , & défoloient furtout la Pensilvanie
, la Virginie & le Mariland , un Corps de nos
troupes , qu'il avoit placé fur la riviere S. Jean ,
y recueilloit les reftes épars des Acadiens chalés
de leurs habitations par les Anglois , & dont une
partie erroit alors dans les bois. La défenſe du
Fort du Quêne & de l'Ohio , ou de la belle Riviere
, étoit confiée à un corps de Canadiens & de
Sauvages commandés par le Sieur Dumas. Un
autre detachement d'environ 500 hommes , obfervoit
l'ennemi du côté du Fort Lydius . Le bataillon
du Régiment de la Reine & celui du Régiment
de Languedoc , campoient devant le Fort
2
N
༡༩.R
te
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DECEMBRE. 1756 . 223
de Carrillon , vers le Lac du Saint- Sacrement. Le
bataillon de Bearn étoit deſtiné pour le Fort de
Niagara , & celui de Guyenne pour le Fort Frontenac
, afin de défendre ces deux poftes importans
dont les ennemis paroiffoient méditer. l'attaque
pendant le cours de la campagne prête à s'ouvrir.
Dès le commencement de l'hyver , le Marquis
de Vaudreuil avoit été informé que , pour l'exécution
de ce projet , les Anglois faifoient raffembler
des troupes avec des provifions confidérables
dans les Forts de Choueguen près du Lac
Ontario ; & c'eft en conféquence de cet avis
qu'au mois de Mars dernier le fieur de Léry attaqua
par fes ordres un Fort où étoit le principal
entrepôt de ces approvifionnemens . Ce Fort
fut enlevé d'affaut & détruit avec tous les bâtimens
qui en dependoient ; & toutes les munitions
qui s'y trouvoient en grande quantité ,
furent enlevées , brûlées , ou jettées dans la Riviere.
Dans la vue de profiter de ce premier
fuccès , le Gouverneur- Général fit un autre détachement
de 700 hommes , Canadiens & Sauvages
, fous les ordres du fieur de Villiers , Capitaine
de la Colonie , pour refferrer les ennemis
de ce côté-là , obferver leurs mouvemens , &
intercepter les tranfports qu'ils pourroient faire
fur la riviere de Choueguen.
Ainfi tout étoit difpofé par le Marquis de Vaudreuil
pour une défenfive vigoureuſe dans les différentes
parties du Canada , fur les lacs Champlain
& du St. Sacrement , vers la Belle - Riviere , &
furtout du côté du lac Ontario , où la défenſe
de nos Forts & même l'attaque des poftes Anglois
avoient été fon objet principal dans la diftribution
des forces de la Colonie.
Tout le monde fçait que l'établiffement des
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
Anglois fur le lac Ontario eft une invafion qu'ils
ont faite en pleine paix. Il n'étoit queftion d'abord
de leur part que d'une fimple Maiſon de
commerce. C'eft fous ce feul point de vue qu'ils
en firent la propofition en 1728 , aux Sauvages
Iroquois , qui ne les auroient pas vus tranquillement
fe fortifier tout d'un coup dans le voifinage
de leurs Habitations . On fentit cependant
dès - lors en Canada quel étoit leur véritable objet
dans cet Etabliffèment , qui devoit les mettre
à portée non feulement d'envahir le commerce
des Lacs que les François n'avoient jamais
partagé avec aucune Nation Européenne , mais
encore de couper , par le centre même de la
Colonie de Canada , la communication des poftes
qui en dépendent. Les Gouverneurs François
fe contenterent cependant de réclamer contre
cette ufurpation. Le Roi en fit porter dans
le temps des plaintes à la Cour Britanique , où
elles ont été conſtamment renouvellées dans toutes
les occafions . Mais les Anglois , fans ſe mettre
en peine de la juftice de ces plaintes , &
abufant toujours de l'efprit de paix qui a réglé
dans tous les temps la conduite de la France ,
ie font fortifiés peu à peu à Choueguen , de
maniere qu'ils y avoient établi trois Forts ,
fçavoir :
1º. Le Fort Ontario placé à la droite de la
Riviere , au milieu d'un plateau fort élevé. Il
confiftoit en un quatré de trente toifes de côté ,
dont les faces brifées par le milieu étoient flanquées
par un rédan placé à l'endroit de la brifure.
Il étoit fait de pieux de dix - huit pouces
de diametre applanis fur deux faces , parfaitement
bien joints l'un à l'autre , & fortans de terre de
de huit à neuf pieds . Le follé qui entouroit le
1
1
1
1
DECEMBRE . 1756. 225
Fort avoit dix-huit pieds de largeur fur huit de
profondeur. Les terres qu'on en avoit tirées
avoient été rejettées en glacis fur la contrefcarpe
& en talud fort roide fur la berme. On
avoit pratiqué des creneaux & des embrafures
dans les pieux à fleur de terre rejettée fur la
berme , & un échafaudage de charpente régnoit
tout autour , afin de tirer pardeffus . Il y avoit
huit canons & quatre mortiers à doubles grenades,
2 °. Le vieux Fort de Choueguen , fitué fur
la rive gauche de la Riviere , confiftant en une
Maifon à machicoulis & crénelée au rez de chauf
fée & au premier étage , dont les murs avoient
trois pieds d'épaiffeur & étoient entourés
à trois toiles de diftance d'une autre muraille
de quatre pieds d'épaiffeur fur dix de hauteur
, crénelée & flanquée par deux groffes tours
quarrées. Il y avoit de plus un retranchement
qui entouroit , du côté de la campagne , le
Fort où les Ennemis avoient placés dix- huit
pieces de canon & quinze mortiers & obufiers .
3°. Le Fort Georges , fitué à 300 toifes endelà
de celui de Choueguen fur une hauteur qui
le dominoit. Il étoit de pieux & aſſez mal retranché
en terre fur deux faces .
C'eft principalement au moyen des avantages
que cet Etabliffement donnoit aux Anglois ,
qu'ils s'étoient flattés d'envahir le Canada . Leur
deffein étoit d'abord , ainfi qu'on l'a dit , de
s'emparer du Fort de Niagara & de celui de Frontenac
. Maîtres de ces deux poftes , ils auroient coupé
abfolument la communication , non feulement
des Pays d'en haut , mais encore de la Louifiane
: ils auroient fait tomber une des principales
branches du commerce de Canada ; &
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
en enlevant à cette Colonie une partie de fes
Sauvages alliés , ils fe feroient trouvés à portée
de l'attaquer de toutes parts dans tous les Etabliflemens.
Telles étoient les vues , du moins apparentes
, des Anglois , & les difpofitions faites de notre
part , lorfque les troupes Françoiſes commandées
par le Marquis de Montcalm arriverent au
mois de Mai.
Dès que le Marquis de Vaudreuil eut reça
ce renfort , il envoya fur le lac du St. Sacrement
le bataillon de Royal Rouffillon qui en
faifoit partie. Le Bataillon de la Sarre fut envoyé
à Frontenac avec les deux Ingénieurs François
nouvellement débarqués , aux ordres du fieur
de Bourlamaque Colonel d'Infanterie , pour former
devant cette Place un Camp retranché. Le
Chevalier de Levis , Brigadier , fut deftiné à commander
fur le lac du St. Sacrement ; & le Marquis
de Montcalm devoit fe porter aux lieux
que les ennemis paroîtroient menacer le plus.
Vers le mois de Juin , il parut clairement
par le rapport des Sauvages envoyés à la découverte
, par les dépofitions de plufieurs prifonniers
, & par les préparatifs immenfes faits à
Albany & au Fort Lydius , que les Anglois
avoient des projets d'offenfive du côté de la
Pointe ou du lac du St. Sacrement. Ces nouvelles
confirmerent les Commandans François dans
le deffein d'une diverfion fur le lac Ontario ,
qui devenoit néceffaite pour attirer de ce côtélà
une partie des forces ennemies. Le Marquis
de Montcalm propofa de s'en charger , & même
de tenter , s'il étoit poffible , une entreprife
fur les Etabliffemens Anglois : entrepriſe
deja projettée depuis quelque temps par le Gou
་
་
DECEMBRE. 1756. 227
verneur- Général , qui n'avoit jamais perdu de
vue le fiege des Forts de Choueguen , dont il
connoiffoit toute l'importance. Ce Siege fut réfolu
par le Marquis de Vaudreuil , au cas que
l'état de la Place , & la lenteur des ennemis
permiffent de le former dans cette campagne ,
dont la faifon commençoit à s'avancer. Mais
une pareille expédition exigeoit de grands préparatifs
; les diftances étoient confidérables ; &
les tranfports ne pouvoient s'exécuter qu'avec
des peines & des longueurs infinies , à travers un
pays qui n'a d'autres chemins que des rivieres
remplies de fauts & de rapides , & des lacs où
la violence des vagues rend quelquefois la navigation
prefqu'impoffible . On ne pouvoit donc
fe flatter de réufhir dans ce projet qu'autant qu'il
ne feroit pas pénétré par les ennemis ; & qu'on
ne leur donneroit pas le temps de faire paffer
à Choueguen les nouveaux fecours qu'ils deftineroient
eux-mêmes pour l'attaque des deux
Forts François,
En conféquence le Marquis de Vaudreuil priv
toutes les mesures qui pouvoient accélérer nos
difpofitions & en cacher l'objet . Le fieur Bigot
Intendant du Canada vint à Montreal , & fe char--
gea d'amaffer des munitions de guerre & debouche
, d'en diligenter les convois & de les entretenir
fans interruption. Le fieur Rigaud de
Vaudreuil , Gouverneur des trois Rivieres , fut envoyé
avec un renfort de Canadiens & de Sauvages
, pour prendre le commandement du Camp
du fieur de Villiers . En même temps le fieur de
Bourlamaque reçut ordre de commencer à Frontenac
les préparatifs qu'on jugea néceffaires. Le
fieur de Combles Ingénieur , fut chargé d'aller
avec un détachement reconnoître Choi eguen. E
K. vj
228 MERCURE DE FRANCE.
tandis que tout fe difpofoit ainfi pour cette attaque
, dans la vue de donner le change aux
ennemis , le Marquis de Montcalm partit le 27
de Juin pour le Fort de Carrillon avec le Chevalier
de Levis. Les pofitions à prendre au fujet
de la défenfive dans cette partie , les fortifications
alors commencées à Carrillon , & les
mouvemens des Anglois à Albany , paroiffoient
en effet des raifons fuffifantes pour autorifer la
préfence du Marquis de Montcalm fur le lac
du St. Sacrement , comme dans le pofte où devoient
fe paffer les opérations les plus intéres-
Santes. Ce Général n'y étant resté que le temps
néceffaire pour préparer l'effentiel , & s'attirer
l'attention des Anglois , remit la défenſe de cette
Frontiere au Chevalier de Levis , en lui laiffant
un Corps de trois mille hommes , & reprit le
quinze de Juillet la route de Montreal , où il arriva
le dix -neuf du même mois. Il y reçut fes
dernieres inftructions pour l'entrepriſe contre
les Forts de Choueguen , à laquelle le Marquis
de Vaudreuil fe trouvoit engagé de plus en plus
par la nouvelle toute récente d'un fuccès qui
fembloit en faciliter l'exécution . C'eft celle de
l'échec que les ennemis avoient reçu dans les
premiers jours de Juillet fur le lac Ontario , où
le fieur de Villiers venoit de détruire un convoi
d'environ deux cens bâtimens , & de tuer
u de prendre prifonniers plus de cinq cens
hommes.
Le Marquis de Montcalm repartit de Montreal
le 21 de Juillet , & arriva le ving neuf
à Frontenac , où il trouva tout raffemblé , à
l'exception du détachement commandé par le fieur
Rigaud de Vaudreuil. Ce Corps s'étoit deja
porté fur la Riviere de Choueguen à la Baie
a
t
I
DECEMBRE. 1756. 229
de Niaouré , où le Marquis de Vaudreuil avoit
marqué le rendez -vous général des troupes deftinées
pour l'expédition .
Ces troupes formoient un Corps de trois
mille hommes , y compris le détachement du
fieur de Rigaud , qui devoit fervir d'avant- garde.
Elles étoient compofées des Bataillons de la Sarre
, Guyenne , & Bearn , ne faifant enfemble
que treize cens hommes , & d'environ dix- fept
cens foldats de la Colonie , Miliciens & Sauvages .
Le Marquis de Montcalm n'a pas perdu de
temps pour le mettre en état de partir du Fort
Frontenac. Aprés avoir fait dans cette Place les
préparatifs inféparables d'une opération nouvelle
en ce Pays , & qui préfentoit des difficultés
inconnues en Europe ; après avoir en même
temps pourvu aux difpofitions néceffaires
pour affurer la retraite , en cas que des forces
fupérieures la rendiffent inévitable , il a donné
ordre à deux barques armées fur le Lac Ontario
, l'une de douze , & l'autre de feize canons ,
de fe mettre en croifiere dans les parages de
Chouëguen. Il a établi une chaîne de découvreurs
, Canadiens & Sauvages , fur le chemin
de cette Place à la Ville d'Albanie , pour y intercepter
les Couriers ; & dès le 4 Août il s'eft
embarqué à Frontenac avec la premiere divifion
de fes Troupes , compofée du Bataillon de
la Sarre & de celui de Guyenne , avec 4 pieces
de canon , & eft arrivé le 6 à la Baie de
Niaouré , où la feconde divifion compofée du
Bataillon de Béarn , de Miliciens , & des Bateaux
chargés de l'Artillerie & des vivres , s'eft rendue
le huit.
Le même jour , le Marquis de Montcalm fit
partir l'avant-garde , commandée par le Sieur de
230 MERCURE DE FRANCE.
Rigaud , pour s'avancer à trois lieues de Chouëguen
dans une Anfe nommée l'Anfe- aux -Cabannes.
La premiere divifion y étant arrivée le 10 à
deux heures du matin , Pavant - garde fe porta
quatre heures après par terre & au travers des
bois , à une autre Anfe fituée à une demi- lieue
de Choueguen , pour y favorifer le débarquement
de l'artillerie & des troupes. La premiere divifion
fe rendit à minuit dans cette même Anfe. Le
Marquis de Montcalm parvint à faire établir
auffi -tôt une batterie fur le Lac Ontario , & les
troupes pafferent la nuit au bivouac à la tête des
bateaux.
Le 11 , à la pointe du jour , les Canadiens &
les Sauvages s'avancerent à un quart de lieue do
Fort Ontario , fitué , comme on l'a dit , fur la rive
droite de la Riviere de Chouëguen , & en formoient
l'inveftiffement. Le Sieur de Combles ,
Ingénieur , qui avoit été envoyé à trois heures du
matin pour déterminer cet inveſtiſſement & le
front de l'attaque , fut tué , en revenant de fa découverte
, par un de nos Sauvages qui l'avoit efcorté
, & qui dans l'obcurité le prit malheureuſement
pour un Anglois . Le Sieur Defandrouins ,
autre Ingénieur , qui par-là reftoit ſeul , traça â
travers des bois , en partie marécageux , un chemin
reconnu la veille , pour y conduire de l'Artillerie
; & ce chemin commencé le rr au matin ,
fut pouffé avec tant de vivacité, qu'il fe trouva perfectionné
le lendemain. On avoit en même temps
établi le Camp, la droite appuyée au Lac Ontario
, couverte par la batterie établie la veille , &
qui mettoit les Bateaux hors d'infulte ; & la gauche
à un marais impraticable.
La marche des François , que la précaution de
que de nuit, & d'entrer pour faire halte dans
n'aller
DECEMBRE . 1756. 13 .
les rivieres qui les couvroient , avoit jufqu'alors
dérobée aux Ennemis , leur fut annoncée le même
jour par les Sauvages , qui allerent fufiller juf
qu'au pied du Fort . Trois barques armées fortirent
à midi de la Riviere de Choueguen , vinrent
croifer devant le Camp, firent quelques décharges
de leur Artillerie ; mais le feu de notre batterie
les força de s'éloigner
Le 12 , à la pointe du jour, le Bataillon de Béarn
arriva avec les Bateaux de l'Artillerie & des vivres.
La décharge de ces Bateaux fut faite fur le champ,
en préfence des Barques Angloifes qui croifoient
devant le Camp : la batterie de la greve fut augmentée
le parc de l'Artillerie , & le dépôt des
vivres furent établis ; & le Sieur Pouchot , Capitaine
au Régiment de Béarn , reçut ordre de
faire fonction d'Ingénieur pendant le fiege. La
difpofition fut faite pour l'ouverture de la tranchée
le foir même le Marquis de Montcalm en
donna la direction au Sieur de Bourlamaque
Colonel d'Infanterie , & commanda fix piquets
de travailleurs de cinquante hommes chacun
pour cette nuit , avec deux compagnies de Grenadiers
& trois piquets pour les foutenir .
Avec toute la diligence poffible , on ne put
commencer qu'à minuit le travail de cette tranchée
, qui étoit plutôt une parallele d'environ ico
toifes de front , ouverte à 90 toifes du foffé du
Fort , dans un terrein embarraffé d'abattis & de
troncs d'arbres.Cette parallele achevée à cinq heures
du matin , fut perfectionnée par les travailleurs
du jour , qui y firent les chemins de communication
, & commencerent l'établiſſement des batteries
. Le feu des ennemis qui depuis la pointe du
jour avoit été très-vif , ceffa vers les fix heures
dufoir; & l'on s'apperçut que la Garniſon avoid
232 MERCURE DE FRANCE.
évacué le Fort Ontario , & paflé de l'autre côté
de la riviere dans celui de Choueguen. Elle abandonna
, en fe retirant , 8 pieces de canon & 4
mortiers.
Le Fort ayant auffitôt été occupé par les Grenadiers
de tranchée , des travailleurs furent commandés
pour continuer la communication de la
parallele au bord de la Riviere , où , dès l'entrée
de la nuit , on commença une grande batterie
placée de façon à pouvoir, non feulement battre
le Fort Choueguen & le chemin de ce Fort au Fort
Georges , mais encore prendre à revers le retranchement
qui entouroit le premier de ces Forts.
Vingt pieces de canon furent chariées à bras
d'hommes pendant la nuit ; & ce travail employa
toutes les troupes , à l'exception des piquets &
Gardes du camp.
Le 14 , à la pointe du jour , le Marquis de Montcalm
ordonna au Sieur de Rigaud de paffer à gué
de l'autre côté de la Riviere avec les Canadiens &
les Sauvages , de fe porter dans les bois , & d'inquiéter
la communication au Fort Georges où les
Ennemis paroiffoient faire de grandes difpofitions.
Le Sieur de Rigaud exécuta cet ordre fur le champ.
Quoiqu'il y ait beaucoup d'eau dans cette Riviere,
& que le courant en foit très- rapide , il s'y jetta ,
la traverfa avec les Canadiens & les Sauvages , les
uns à la nage , d'autres dans l'eau jufqu'à la ceinture
ou jufqu'au cou , & fe rendit à fa deftination
, fans que le feu de l'Ennemi fût capable d'arrêter
un feul Canadien , ni Sauvage.
A neuf heures , les Affiégeans eurent neuf pieces
de canon en état de tirer ; & quoique jufqu'alors
le feu des Affiégés eût été fupérieur , ils arborerent
à dix heures le Drapeau blanc . Le Sieur de
Rigaud renvoya au Marquis de Montcalm deux
DECEMBRE . 1756. 23.3
Officiers que le Commandant du Fort lui avoit
adreffés pour demander à capituler. Le Marquis
de Montcalm envoya le Sr de Bougainville , l'un
de fes Aides de Camp , pour fervir d'ôtage , &
propofer les articles de la capitulation , qui furent
que la Garnifon fe rendroit prifonniere de guerre,
& que les troupes Françoifes prendroient fur le
champ poffeffion des Forts . On a déja dit qu'elles
avoient occupé la veille celui d'Ontario . Čes articles
ayant été acceptés par le Commandant Anglois
, le Sieur de la Pauze , Aide-Major au Régiment
de Guyenne , faifant fonction de Major Général
, fut chargé par le Marquis de Montcalm de
les aller rédiger ; & le Sieur de Bourlamaque
nommé Commandant des Forts Georges & Chouëguen
, en prit poffeffion avec deux compagnies de
Grenadiers & les piquets de la tranchée. Il fut
chargé de la démolition de tous les Forts , & du
déblaiement de l'Artillerie , & des munitions de
guerre & de bouche qui s'y trouverent .
La célérité de nos ouvrages dans un terrein que
les Ennemis avoient jugé impraticable , l'établiſ
fement de nos batteries fait fi rapidement , l'idée
que ces travaux ont donnée du nombre des troupes
Françoifes , la mort du Colonel Mercer , Commandant
de Chouëguen , tué à huit heures du marin
, & plus que tout encore , la manoeuvre hardie
du Sieur de Rigaud , & li crainte des Canadiens
& des Sauvages qui faifoient déja feu fur le
Fort , ont fans doute déterminé les Aſſiégés à ne
pas faire une plus longue défenfe .
Ils ont perdu cent cinquante-deux hommes , y
compris quelques Soldats tués par les Sauvages en
voulant fe fauver dans les bois . Le nombre des prifonniers
a été de plus de feize cens , dont quatrevingts
Officiers. On a pris auffi ſept Bâtimens de
234 MERCURE DE FRANCE.
guerre , dont un de dix- huit canons , un de quatorze
, un de dix , un de huit , & les trois autres
armés de pierriers , outre deux cens bâtimens de
tranfport ; & les Officiers & Equipages de ces bâtimens
ont été compris dans la capitulation de la
Garnifon , qui étoit compofée de deux Régimens
de troupes réglées , de Shirley & de Pepperel , &
du Régiment de Milice de Shuyler. L'Artillerie
qu'on a prife , confifte en cent cinquante-cinq pieces
de canon , quatorze mortiers , cinq obuliers
& quarante-fept pierriers , qu'on a enlevés avec
une grande quantité de boulets , bombes , balles
& poudre , & un amas confidérable de vivres.
Le Marquis de Montcalm n'a perdu que trois
hommes , fçavoir un Canadien , un Soldat & un
Canonnier , outre la perte du Sieur de Combles ,
& il n'y a eu dans les différens corps de troupes ,
qui étoient fous fes ordres , qu'environ vingt
bleffés , qui tous le font fort légèrement. Le Sieur
de Bourlamaque & les Sieurs de Palmarol , Capitaine
de Grenadiers , & Duparquet , Capitaine au
Régiment de la Sarre , font de ce nombre.
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Le 21 du même mois d'Août , toutes les démolitions
étant achevées , le tranfport des prifonniers
, de l'artillerie & des vivres fait , le Marquis
de Montcalm fe rembarqua avec les troupes , &
fe rendit fur trois divifions à la Baie de Niaouré ,
d'où les différens Corps fe font portés aux deftinations
refpectives que leur avoit indiquées le Marquis
de Vaudreuil , qui a fait dépofer dans les
Eglifes de Québec &des trois Rivieres , avec les ]
cérémonies ordinaires , les quatre Drapeaux des
Régimens de troupes réglées de Shirley & Pepperel
, & celui du Régiment de Milices de Shuyler.
Le fuccès de cette expédition a répandu une
joie générale dans la Colonie , où l'on en connoît
C DECEMBRE. 1756. 235
plus qu'ailleurs tous les avantages . Elle fe trouve
par la délivrée des juftes inquiétudes que lui donnoit
l'établiffement de Choueguen. Elle voit la
communication avec le pays d'enhaut & avec
toutes les Nations Sauvages fes alliées , à l'abri
des troubles auxquels elle étoit expofee . Elle ne
craint plus d'être attaquée de ce côté - là , du
moins avec la fupériorité que donnoit aux Anglois
l'établiſſement qu'on vient de leur enlever ,
& qui les mettoit en état de dominer fur les Lacs ,
où ils avoient déja formé une Marine. Elle eft en
état déformais de réunir fes forces pour la défenſe
de fes frontieres , & elle a la fatisfaction de devoir
cet heureux changement dans fa fituation , aux
fecours puiffans que le Roi a eu la bonté de lui
envoyer.
Elle a fait éclater les fentimens les plus touchans
de refpect & de reconnoiffance pour ces
nouvelles marques de la protection de Sa Majefté ,
& elle feconde avec tout le zele qu'on peut attendre
du peuple le plus fidele & le plus attaché à fon
Prince , les foins infatigables que fe donnent
pour fa défenfe le Marquis de Vaudreuil , ainfi
que le Marquis de Montcalm , & les autres Officiers
qui en font chargés fous les ordres de ce
Gouverneur.
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Résumé : RELATION de ce qui s'est passé cette année en Canada, avec le journal historique du siege des Forts de Chouëguen ou Oswego, commencé le 11 Août 1756, & fini le 14 par la prise de ces Forts.
En 1756, les Britanniques préparaient une invasion des possessions françaises en Amérique. En réponse, le roi de France envoya des renforts commandés par le Marquis de Montcalm. Le Marquis de Vaudreuil, gouverneur de la Nouvelle-France, avait déjà pris des mesures pour défendre les frontières et harceler les colonies britanniques. Des détachements français opérèrent durant l'hiver, perturbant les projets britanniques par des attaques sur les colons, le bétail et les maisons. Vaudreuil organisa la défense des forts et la protection des Acadiens déplacés. Il plaça des troupes stratégiquement, notamment sur la rivière Saint-Jean pour défendre le Fort du Quêne et l'Ohio, et observa les mouvements ennemis près du Fort Lydius. Les bataillons de la Reine et de Languedoc campaient près du Fort Carrillon, tandis que ceux de Bearn et de Guyenne étaient destinés aux forts Niagara et Frontenac. En mars, le Sieur de Léry attaqua et détruisit un fort britannique près du lac Ontario, capturant des munitions. Le Gouverneur général envoya ensuite 700 hommes sous les ordres du Sieur de Villiers pour observer les mouvements ennemis et intercepter leurs transports. Les Britanniques avaient établi trois forts à Choueguen (Oswego) sur le lac Ontario, violant les accords de paix et cherchant à contrôler le commerce des lacs et couper les communications françaises. À l'arrivée des troupes françaises commandées par Montcalm en mai, les préparatifs français étaient déjà en place. Le bataillon de Royal Roussillon fut envoyé sur le lac Saint-Sacrement, et celui de la Sarre à Frontenac. Le Chevalier de Lévis commanda sur le lac Saint-Sacrement, tandis que Montcalm se dirigea vers les zones menacées. En juin, des rapports indiquèrent que les Britanniques préparaient une offensive près du lac Saint-Sacrement. Les Français décidèrent de lancer une diversion sur le lac Ontario pour attirer les forces ennemies. Montcalm proposa de s'en charger et de tenter une attaque sur les établissements britanniques, notamment les forts de Choueguen. Le siège des forts de Choueguen fut résolu, mais les préparatifs nécessitaient du temps et de la discrétion. Le Sieur Bigot organisa les munitions et les convois. Le Sieur Rigaud de Vaudreuil prit le commandement du camp du Sieur de Villiers, et le Sieur de Bourlamaque commença les préparatifs à Frontenac. Le Sieur de Combles, ingénieur, fut envoyé en reconnaissance à Choueguen. Le 4 août, Montcalm s'embarqua à Frontenac avec la première division de ses troupes, composée des bataillons de la Sarre et de Guyenne, ainsi que quatre pièces de canon. Le 11 août, les Canadiens et les Sauvages investirent Fort Ontario. Le 12 août, le bataillon de Béarn arriva avec l'artillerie et les vivres. Une tranchée fut ouverte malgré les obstacles, et la garnison évacua Fort Ontario, abandonnant huit pièces de canon et quatre mortiers. Le 14 août, les assiégés arborèrent le drapeau blanc et acceptèrent la capitulation. La garnison ennemie perdit 152 hommes et plus de 620 prisonniers furent faits, incluant 80 officiers. Sept bâtiments de guerre et 200 bâtiments de transport furent capturés. Montcalm perdit trois hommes et environ vingt blessés légers. Le 21 août, après avoir achevé les démolitions et transporté les prisonniers, l'artillerie et les vivres, Montcalm se rembarqua avec les troupes. Cette expédition fut perçue comme un succès majeur, délivrant la colonie des inquiétudes causées par l'établissement de Choueguen et permettant de réunir les forces pour la défense des frontières.
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1347
p. 235-238
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 21 Octobre, Madame la Dauphine se sentit incommodée, & se mit au lit. [...]
Mots clefs :
Madame la Dauphine, Sa Majesté, Lieutenant, Chevalier, Corsaires , Marchandises
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE 21 Octobre , Madame la Dauphine ſe
fentit incommodée , & fe mit au lit. Elle fit le
lendemain une fauffe couche. On compte que
cette Princeffe étoit groffe d'environ deux mois .
Le Marquis de la Galiffonniere , Lieutenant-
Général des Armées Navales , qui avoit été obli
236 MERCURE DE FRANCE .
gé , par le mauvais état de fa fanté , de ſe démettre
du commandement de l'Efcadre de Toulon , eft
mort à Nemours , en fe rendant à Fontainebleau.
Le Roi lui avoit accordé 8000 livres de penſion, &
l'avoit nommé Grand - Croix Honoraire de l'Ordre
de S. Louis . En confidération du fervice impor
tant qu'il avoit rendu à l'Etat pendant la derniere
campagne , Sa Majesté a accordé le même jour à
fa veuve 6000 livres de penfion.
Sa Majesté a fait Lieutenant- Général des Armées
Navales M. de Maffiac , qui a pris le conmandement
de l'Efcadre deToulon , après le dépat
du Marquis de la Galiffonniere . Sa Majesté 4
nommé auffi M. Daché Capitaine de Vailleau
du Département de Breft , & M. de Villarrel
Commandant la Compagnie des Gardes de la Marine
de Toulon , Chefs d'Efcadre de fes Armées
Navales. M. Perrier de Salvert , Chef d'Eſcadr
des Armées Navales , a obtenu une place a
Commandeur de l'Ordre de Saint Louis , avec
une penfion de 3000 livres fur cet Ordre ; &
le Cordon Rouge , dont il étoit décoré , a cé
accordé à M. de Folligny , Chef d'Eſcadre d
Département de Breft . Le Roi a accordé en même
temps 3000 livres de penfion fur le Tréfor Ross
au Comte Maulévrier , Lieutenant - Général de
Armées Navales. Sa Majefté a agréé cinquante
Lieutenans de Vaiffeaux des différens Départe
mens du Royaume , pour être reçus Chevaliers de
Saint Louis.
Le Roi a difpofé du Gouvernement de Nea
Brifack , vacant par la mort de M. le Marquis
Clermont-Gallerande , en faveur du Lord O
Brien , Vicomte de Clare , Comte de Thomas ,
Chevalier des Ordres de Sa Majefté , Lieutenan
Général de fes Armées, & Inſpecteur Général d'ifanterie.
1
9
e
le
la
ce
g
m
un
ce
gi
le
ré
DECEMBRE. 1756. 237
Le commandement du Pays d'aunis & de Saintonge
, qui vaquoit par la même mort , a été
donné à M. le Marquis de Senecterre , Chevalier
des Ordres du Roi , Lieutenant - Général des
Armées de Sa Majefté , & ci- devant fon Ambaffadeur
auprès du Roi de Sardaigne.
On a effuyé à Toulon pendant vingt jours
un temps affreux , & il y a eu un orage qui
a duré quatre fois vingt- quatre heures ; le 23
Octobre , à fept heures & demie du foir , le
tonnerre tomba en huit endroits différens , & il
fut fuivi d'une grêle , dont les grains étoient d'une
groffeur extraordinaire.
Un Bâtiment , arrivé de la côte de Barbarie
i Marſeille, a rapporté que les Algériens s'étoient
emparés de Tunis par la trahifon d'un Officier
le la Garnifon , qui leur a livré une des portes
le la Ville . Leur premier foin a été de fe faifir
lu nouveau Bey & de fon fils . On affure que
e fils a été maffacré en préfence du pere , &
que le pere a été mis à la torture , les Algériens
fpérant de lui faire déclarer , dans les tourmens ,
e lieu où il avoit caché fes trésors .
Le Capitaine Deffaux qui commande le Corfaire
a Favorite , du Havre , a rançonné pour fept
ens cinquante livres fterlings trois Bâtimens Anglois
, dont il s'étoit rendu maître.
Le Corfaire la Cigale , de Saint -Malo , comnandé
par le Capitaine Soyer , a conduit à Morlaix
in Navire Anglois de 80 tonneaux , chargé de
:ent cinquante bouchauts de tabac de la Virinie.
Il s'eft auffi emparé du Navire Anglois
e Bon Ami , de Dublin , de 80 tonneaux , dont
e chargement eft compofé de goudron , de thé
rébentine & de merrain .
Il eft arrivé à la Rochelle un Batiment Anglois ,
238 MERCURE DE FRANCE.
de 150 tonneaux , chargé de morue féche & d'huile
de poiffon , qui a été pris par le Corfaire le Comte
d'Hérouville , de Bordeaux , dont eft Capitaine
le fieur Belouan, qui s'eft emparé auffi du Corfaire
Anglois le Royale Georges , de Garnefey , de
16 canons , 16 pierriers , & cent fix hommes
d'équipage.
LE 21 Octobre , Madame la Dauphine ſe
fentit incommodée , & fe mit au lit. Elle fit le
lendemain une fauffe couche. On compte que
cette Princeffe étoit groffe d'environ deux mois .
Le Marquis de la Galiffonniere , Lieutenant-
Général des Armées Navales , qui avoit été obli
236 MERCURE DE FRANCE .
gé , par le mauvais état de fa fanté , de ſe démettre
du commandement de l'Efcadre de Toulon , eft
mort à Nemours , en fe rendant à Fontainebleau.
Le Roi lui avoit accordé 8000 livres de penſion, &
l'avoit nommé Grand - Croix Honoraire de l'Ordre
de S. Louis . En confidération du fervice impor
tant qu'il avoit rendu à l'Etat pendant la derniere
campagne , Sa Majesté a accordé le même jour à
fa veuve 6000 livres de penfion.
Sa Majesté a fait Lieutenant- Général des Armées
Navales M. de Maffiac , qui a pris le conmandement
de l'Efcadre deToulon , après le dépat
du Marquis de la Galiffonniere . Sa Majesté 4
nommé auffi M. Daché Capitaine de Vailleau
du Département de Breft , & M. de Villarrel
Commandant la Compagnie des Gardes de la Marine
de Toulon , Chefs d'Efcadre de fes Armées
Navales. M. Perrier de Salvert , Chef d'Eſcadr
des Armées Navales , a obtenu une place a
Commandeur de l'Ordre de Saint Louis , avec
une penfion de 3000 livres fur cet Ordre ; &
le Cordon Rouge , dont il étoit décoré , a cé
accordé à M. de Folligny , Chef d'Eſcadre d
Département de Breft . Le Roi a accordé en même
temps 3000 livres de penfion fur le Tréfor Ross
au Comte Maulévrier , Lieutenant - Général de
Armées Navales. Sa Majefté a agréé cinquante
Lieutenans de Vaiffeaux des différens Départe
mens du Royaume , pour être reçus Chevaliers de
Saint Louis.
Le Roi a difpofé du Gouvernement de Nea
Brifack , vacant par la mort de M. le Marquis
Clermont-Gallerande , en faveur du Lord O
Brien , Vicomte de Clare , Comte de Thomas ,
Chevalier des Ordres de Sa Majefté , Lieutenan
Général de fes Armées, & Inſpecteur Général d'ifanterie.
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DECEMBRE. 1756. 237
Le commandement du Pays d'aunis & de Saintonge
, qui vaquoit par la même mort , a été
donné à M. le Marquis de Senecterre , Chevalier
des Ordres du Roi , Lieutenant - Général des
Armées de Sa Majefté , & ci- devant fon Ambaffadeur
auprès du Roi de Sardaigne.
On a effuyé à Toulon pendant vingt jours
un temps affreux , & il y a eu un orage qui
a duré quatre fois vingt- quatre heures ; le 23
Octobre , à fept heures & demie du foir , le
tonnerre tomba en huit endroits différens , & il
fut fuivi d'une grêle , dont les grains étoient d'une
groffeur extraordinaire.
Un Bâtiment , arrivé de la côte de Barbarie
i Marſeille, a rapporté que les Algériens s'étoient
emparés de Tunis par la trahifon d'un Officier
le la Garnifon , qui leur a livré une des portes
le la Ville . Leur premier foin a été de fe faifir
lu nouveau Bey & de fon fils . On affure que
e fils a été maffacré en préfence du pere , &
que le pere a été mis à la torture , les Algériens
fpérant de lui faire déclarer , dans les tourmens ,
e lieu où il avoit caché fes trésors .
Le Capitaine Deffaux qui commande le Corfaire
a Favorite , du Havre , a rançonné pour fept
ens cinquante livres fterlings trois Bâtimens Anglois
, dont il s'étoit rendu maître.
Le Corfaire la Cigale , de Saint -Malo , comnandé
par le Capitaine Soyer , a conduit à Morlaix
in Navire Anglois de 80 tonneaux , chargé de
:ent cinquante bouchauts de tabac de la Virinie.
Il s'eft auffi emparé du Navire Anglois
e Bon Ami , de Dublin , de 80 tonneaux , dont
e chargement eft compofé de goudron , de thé
rébentine & de merrain .
Il eft arrivé à la Rochelle un Batiment Anglois ,
238 MERCURE DE FRANCE.
de 150 tonneaux , chargé de morue féche & d'huile
de poiffon , qui a été pris par le Corfaire le Comte
d'Hérouville , de Bordeaux , dont eft Capitaine
le fieur Belouan, qui s'eft emparé auffi du Corfaire
Anglois le Royale Georges , de Garnefey , de
16 canons , 16 pierriers , & cent fix hommes
d'équipage.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le 21 octobre, la Dauphine fit une fausse couche après deux mois de grossesse. Le Marquis de la Galiffonniere, Lieutenant-Général des Armées Navales, décéda à Nemours. Le Roi lui avait accordé une pension de 8000 livres et le titre de Grand-Croix Honoraire de l'Ordre de Saint-Louis, tandis que sa veuve reçut une pension de 6000 livres. M. de Massiac fut nommé à sa succession et prit le commandement de l'escadre de Toulon. Plusieurs autres nominations et promotions furent annoncées, incluant M. Daché, M. de Villarrel et M. Perrier de Salvert. Le Roi accorda également des pensions et des distinctions à divers officiers, comme le Comte Maulévrier et cinquante lieutenants de vaisseaux. Le Gouvernement de Neubriscack fut confié au Lord O'Brien, et le commandement du Pays d'Aunis et de Saintonge au Marquis de Senecterre. À Toulon, un violent orage dura quatre jours. Un bâtiment rapporta que les Algériens avaient pris Tunis par trahison, massacrant le Bey et son fils. Plusieurs actions navales furent signalées, avec des prises de navires anglais par des corsaires français, dont le Favorite, la Cigale et un bâtiment capturé par le corsaire le Comte d'Hérouville.
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1348
p. 207-208
DU NORD.
Début :
Un grand nombre de Seigneur se sont empressés de venir ici, [...]
Mots clefs :
Varsovie, Stockholm, Seigneurs, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Roi de Prusse, Constantinople, Peste, Marche des soldats, Ordonnance, Marchandises
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE WARSOVIE , le 15 Novembre.
Un grand nombre de Seigneurs N fe font empref+
fés de venir ici , pour rendre leurs reſpects au Roi.-
Sur l'avis que les troupes Ruffiennes , qui mar
chent au fecours de l'Impératrice Reine de Hongrie
& de Boheme , paroiffoient vouloir prendre
leur route par la Pologne , le Roi de Pruffe a requis
la République de ne point leur accorder le
paffage . Sa Majefté Pruffienne , informée qu'on
lai fuppofe des vues préjudiciables aux intérêts des
habitans de Dantzick , les a fait affurer qu'Elle
étoit fort éloignée de penfer à leur donner aucun
fujet d'inquiétude.
On apprend de Conftantinople , que cette Capitale
de la Turquie eft prefque entiérement délivrée
de la pefte , mais que le mal contagieux fait
encore beaucoup de ravages dans quelques parties
de la Grece. Les mêmes lettres marquent que
dans le mois de Septembre il y a eu plufieurs fecouffes
de tremblement de terre en divers endroits
des Etats du Grand Seigneur.
por-
Les avis recus de Courlande & de Livonie
tent que les troupes Ruffiennes , deſtinées à agir
contre le Roi de Pruffe , ont été obligées par la
208 MERCURE DE FRANCE.
rigueur de la faifon , de fufpendre leur marche.
Ces avis ajoutent que le 7 de ce mois le Feld-
Maréchal Apraxin n'étoit pas encore arrivé à Riga.
DE STOCKOLM , le 17 Novembre.
Par une Ordonnance du 4 de ce mois , il eft
défendu de faire entrer en Suede toutes marchandifes
& denrées étrangeres , dont le Royaume,
peut abfolument fe paffer.
4
DE WARSOVIE , le 15 Novembre.
Un grand nombre de Seigneurs N fe font empref+
fés de venir ici , pour rendre leurs reſpects au Roi.-
Sur l'avis que les troupes Ruffiennes , qui mar
chent au fecours de l'Impératrice Reine de Hongrie
& de Boheme , paroiffoient vouloir prendre
leur route par la Pologne , le Roi de Pruffe a requis
la République de ne point leur accorder le
paffage . Sa Majefté Pruffienne , informée qu'on
lai fuppofe des vues préjudiciables aux intérêts des
habitans de Dantzick , les a fait affurer qu'Elle
étoit fort éloignée de penfer à leur donner aucun
fujet d'inquiétude.
On apprend de Conftantinople , que cette Capitale
de la Turquie eft prefque entiérement délivrée
de la pefte , mais que le mal contagieux fait
encore beaucoup de ravages dans quelques parties
de la Grece. Les mêmes lettres marquent que
dans le mois de Septembre il y a eu plufieurs fecouffes
de tremblement de terre en divers endroits
des Etats du Grand Seigneur.
por-
Les avis recus de Courlande & de Livonie
tent que les troupes Ruffiennes , deſtinées à agir
contre le Roi de Pruffe , ont été obligées par la
208 MERCURE DE FRANCE.
rigueur de la faifon , de fufpendre leur marche.
Ces avis ajoutent que le 7 de ce mois le Feld-
Maréchal Apraxin n'étoit pas encore arrivé à Riga.
DE STOCKOLM , le 17 Novembre.
Par une Ordonnance du 4 de ce mois , il eft
défendu de faire entrer en Suede toutes marchandifes
& denrées étrangeres , dont le Royaume,
peut abfolument fe paffer.
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Résumé : DU NORD.
Le 15 novembre, plusieurs seigneurs se sont rendus à Varsovie pour rendre hommage au roi. Le roi de Prusse a demandé à la République de ne pas permettre le passage des troupes russes, qui se dirigeaient vers l'impératrice reine de Hongrie et de Bohême. Il a également rassuré les habitants de Dantzick sur ses intentions pacifiques. À Constantinople, la peste a presque disparu, mais elle continue de sévir en Grèce. En septembre, des secousses sismiques ont été enregistrées dans divers endroits des États turcs. En Courlande et en Livonie, les troupes russes destinées à combattre le roi de Prusse ont suspendu leur marche en raison de l'hiver rigoureux. Le feld-maréchal Apraxin n'était pas encore arrivé à Riga le 7 novembre. Le 17 novembre, une ordonnance suédoise a interdit l'importation de marchandises et denrées étrangères dont la Suède peut se passer.
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1349
p. 208-219
ALLEMAGNE.
Début :
Leurs Majestés Impériales ont envoyé au Feld-Maréchal Comte de Browne leurs [...]
Mots clefs :
Vienne, Feld-Maréchal de Browne, Saxons, Roi de Prusse, Prague, Grenadiers, Camp de Budin, Général Haddick, Prisonniers, Occupation militaire, Déplacement des troupes, Attaques, Soldats croates, Prince Piccolomini, Comtes, Comté de Glatz, Litoměřice, Major Manstein, Dresde, Régiments, Ordonnance, Infanterie, Leipzig, Magistrats, Conseillers, Contribution financière, Bautzen, États du cercle, Berlin, Patente, Biens, Francfort, Décret de l'Empereur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE...
DE VIENNE , le 27 Novembre.
Leurs Majeftés Impériales ont envoyé au Feld-
Maréchal Comte de Browne leurs portraits enrichis
de diamans , & l'on compte que ce Général
fera mis an nombre des Chevaliers de l'Ordre de
la Toifon d'Or , qui font en cette Cour.
Le Comte d'Eftrées , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi Très- Chrétien , arriva ici le 10 de ce
mois. Il eut le 12 fes audiences de Leurs Majeſtés
Impériales.
Près de trois cens Saxons qui ont quitté l'armée
du Roi de Pruffe , font arrivés à Ybbi & à Crem's.
On apprend de Cracovie que les quatre Régimens
d'Infanterie & les deux de Cavalerie de cette Nátion
qui étoient en Pologne , s'avancent du côté
de Bielitz dans la haute Siléfie , pour le joindre aux
troupes de l'Impératrice Reine.
DE PRAGUE , le 14 Novembre.
Quatre Compagnies de Grenadiers des Régimens
que l'Impératrice Reine a fait venir d'Ita
lie , ont été mifes ici en garnifon. On a déposé
JANVIER. 1757. 200
dans l'Arcenal de cette Ville tous les pontons de
l'armée commandée par le Feld- Maréchal de
Browne. Il arrive tous les jours un grand nombre
de Déferteurs Pruffiens. Plufieurs prennent parti
dans les troupes de l'Impératrice Reine.
Depuis quelques jours les troupes qui
étoient dans le camp de Budin , fe font féparées.
Le Feld- Maréchal Comte de Browne a établi fon
quartier général en cette Ville . Il a donné le commandement
de tous les poftes au delà de l'Elbe au
Comte de Maguire. Le Général Haddick commandera
ceux en deçà de cette riviere. Les Huf
fards & les Croates ont formé un cordon le long
des frontieres de la Saxe , & plufieurs Efcadrons
de Cuiraffiers & de dragons font à portée de foutenir
ces troupes irrégulieres.
On doit faire à Carlsbadt l'échange des prifonniers.
Il s'y rendra pour cet effet de chaque côté
un Lieutenant Colonel , un Capitaine , un Auditeur
& un Commiffaire des guerres.
Pendant cet hyver , la Garniſon de cette Ville
fera compofée du Régiment de Jeune Wolfenbu
tel , d'un Bataillon de Wallis , & de vingt- deux
Compagnies de Grenadiers.
Du Camp de Budin , le 7 Novembre.
Le 27 du mois dernier , les Pruffiens ayant
abandonné la Ville d'Auffig , le Feld - Maréchal
Comte de Browne la fit occuper par un Détachement
de Croates. Il fit paffer en même temps
l'Elbe à la plupart des troupes de cette Nation ,
harceler l'arriere- garde de l'armée ennemie.
Le Général Haddick s'avança le 28 avec fon détachement
vers Peterwald. Les Pruffiens s'en re-.
tirerent , & il en prit poffeffion. Le 29 , le Lieute
nant-Colonel Maceligot attaqua un poſte , dans
pour
1
ZIO MERCURE DE FRANCE.
:
lequel un corps d'ennemis étoit retranché avec
huit canons. L'action fut très- vive , & les Pruffiens
fe défendirent long-temps à la faveur de leur
artillerie mais le Colonel Velha étant venu au
fecours du fieur Maceligot , le pofte fut emporté.
Les ennemis y ont laiffé près de deux cens morts
ou bleffés . On eut le 30 des avis certains , que l'ennemi
avoit entiérement évacué la Boheme ; & le
31 , le Feld - Maréchal de Browne rappella les
Détachemens qu'il avoit envoyés dans les Cercles
de Saatz & de Leitmeritz . Sur le bruit qui fe
répandit le premier de ce mois , que les Pruffiens
faifoient de nouveaux mouvemens du côté de Zitau
& de Gabel , ce Général fit avancer le Comte
Lafcy à la tête de quelques Bataillons & d'un
Corps de Huffards vers Jung- Buntzlau , & le Lieutenant-
Colonel Louden vers Bambourg, avec huit
cens Croates. Le Baron de Wolfersdorff , Major
Général , fut détaché le 3 avec fix Bataillons , un
pareil nombre de Compagnies de Grénadiers , fix
cens chevaux , & douze pieces de canon
foutenir le Comte Lafcy . Le s , on apprit que les
ennemis avoient pris des cantonnemens ; qu'il n'y
avoit plus que quatre mille hommes de leurs troupes
qui fuffent campés ; & que ce Corps étoit
retranché derriere Nellendorff.
, pour
Du Quartier Général du Prince Piccolomini
Hollochlau , le 8 Novembre 1756.
Les troupes commandées par le Prince Piccolomini
, ne ſe ſont arrêtées qu'un jour à Jaromitz
, & le 27 du mois dernier elles font venues
camper ici. On fut informé le 29 , qu'un Corps
de Pruffiens qui étoit reſté à Neuſtadt , s'etoit retiré.
Auffitôt le Prince Piccolomini manda au
Comte Spada , de faire prendre poffeffion de ce
JANVIER. 1757. 27F
le
pofte. Sur l'avis qu'on reçut le même jour , que
le Feld- Maréchal de Schwerin décampoit de Skalitz
, & qu'il paroifloit avoir deffein de fe replier
vers Lewin ; les Comtes de Spada , Louis de Starhemberg
& de Rodolphe de Palfy , eurent ordre
de fe porter en avant .En même temps, on détacha
le Colonel Mibaliewich , pour inquiéter
les ennemis dans leur retraite. Le 30 ils fe retirerent
jufqu'à Reinerz dans le Comté de Glatz . Le
fieur Mibaliewich , après les avoir poursuivis ,
eft revenu prendre pofte à Lewin. Le Feld - Maréchal
de Schwerin leva de nouveau fon camp
premier de ce mois. Continuant de retourner
en arriere , il alla fe pofter fous Glatz , & s'eft
replié enfuite jufqu'à Warthe : il n'a laiffé à
Glatz que deux Régimens. Quelques difpofitions.
de ce Général font juger qu'il à même deſſein
d'évacuer entiérement le Comté de Glatz . Les
troupes de l'Impératrice Reine y paient tout ar
gent comptant , excepté le pain & les fourrages ,
qu'elles ne prennent même qu'en donnant des reçus.
Deux Détachemens fe font avancés à Reinerz
& à Gofbubel , pour obferver les mouvemens des
ennemis. Nos Huffards font campés entre Czaftch
& Slany. Les Régimens de Cuiraffiers de Schmerzing
, de Kalckreuter & de Gelhay , & les Régimens
de Huffards de Nadafti & de Kaluocki
font arrivés de Hongrie en Moravie , où ils s'ar
rêteront juſqu'à nouvel ordre.
DE LEITMERITZ , le 2 Novembre.
Quelques jours avant que les Prufſiens abandonnaffent
la Boheme , le fieur de Tallange atta--
qua Salefl , où étoient trois cens hommes d'Infanterie
& quatre-vingts Huffards de leur troupes ,
212 MERCURE DE FRANCE .
avec deux pieces de canon . Il tailla en pieces cent
foixante -dix hommes , & il encloua les deux canons
, ne pouvant les enlever parce que fix cens
Cavaliers ennemis vinrent au fecours du pofte attaqué.
Le Major Manftein , qui y commandoir ,
a perdu la vie. Il n'y a eu que feize hommes tués
& vingt-trois bleffés du côté des Autrichiens . Le
Général Maguire a fait former , par les troupes
qu'il a fous fes ordres , un cordon le long de la
frontiere .
DE DRESDE , le 29 Novembre.
NeufRégimens de l'armée de Sa Majeſté Pruſfienne
devoient traverfer le Cercle de Buntzlau
pour aller joindre l'armée qui eft aux ordres du
Feld-Maréchal de Schwerin . Ils n'ont pu exécuter
ce projet , les Autrichiens ayant occupé les principaux
poftes fitués le long des montagnes de la
Luface. Des lettres de Léipfick avoient marqué ,
que deux Régimens Saxons avoient trouvé le
moyen de fe rendre à Prague. Les mêmes lettres
ajoutoient , que cent cinquante Soldats des mêmes
troupes avoient forcé trois cens Cavaliers
Pruffiens , qui avoient été envoyés à leur pour
fuite , de mettre les armes bas , & qu'il les
avoient emmenés prifonniers en Boheme. Ces
nouvelles ne font pas confirmées. Il eft vrai feule
ment que le Régiment Saxon de Lubomirsky a
refufé de marcher fous les ordres des Officiers
Pruffiens , qui lui avoient été donnés pour commander
qu'il en a tué quelques- uns , & qu'il
s'eft enfuite entiérement difperfé .
Quelques Régimens des troupes Electorales
ayant conftamment refufé de prêter ferment au
Roi de Pruffe , & un grand nombre de Soldats des
JANVIER. 1757. 213
mêmes troupes ayant pris la fuite , le Prince
Maurice d'Anhalt - Deſſau en a porté des plaintes
au Feld- Maréchal Comte de Rutowski , par ordre
de Sa Majesté Pruffienne. Ce Feld- Maréchal a
fait à la lettre du Prince d'Anhalt une réponſe ,
dont voici l'extrait.
« V. A. S. fçait mieux que perfonne , que la plu-
»part des Officiers, après avoir paffé le Pont de Rhuden
,ont été d'abord éloignés de leurs Régimens.
»Comment peut- on exiger d'eux qu'ils répon-
>>dent de leur monde ; & de moi , que je réponde
pour les Officiers ? En vertu de la Capitula-
»tion , il étoit libre à ces derniers de refter au fer-
»vice de S. M. le Roi de Pologne , ou de deman-
» der leur congé. On a convenablement annoncé
»aux Soldats qu'ils feroient prifonniers de guer-
>>re ; mais on ne leur a dit , ni de ma part , ni
>>de celle de qui que ce foit , qu'ils devoient prê-
»ter ferment au Roi de Pruffe , & qu'ils y fe-
Proient forcés. Je me fuis expreffément défendu
»dans la Capitulation , je l'ai fait représenter à S.
>>M. Pruffienne . Malgré cela , perfonne n'eft &
»ne fe croit autorifé à retenir quelques hommes
»de l'Artillerie , de l'Infanterie & de la Cavalerie.
»V. A. S. n'a qu'à nommer ceux des Généraux &
»>Officiers , qu'elle accufe. Notre qualité de prifonniers
de guerre ne nous permet pas de
>>nous éloigner des lieux de notre réfidence , &
chacun de nous eft refponfable de ce qui pourroit
fe faire contre la Capitulation . Mais V. A. S.
>>me permettra de lui dire que l'éloignement des
troupes pour la preftation de ferment qu'on éxi-
»goit d'elles & qu'on leur a fait faire par des
moyens violens , ne devroit point lui paroître
métrange ; & quoi qu'il en foit , il n'eft guere poffible
de rendre refponfables de cet éloignement
214 MERCURE DE FRANCE.
>>leurs Officiers qui font féparés d'elles .... Sur
la Lifte des Grenadiers Gardes du Corps , on a
»mis des hommes qui doivent avoir été auprès des
Ȏquipages des Officiers , & dont une partie s'eft
»perdue avec les bagages , & l'autre a été renvoyée
de Pirna & de Drefde . On a d'ailleurs fpé-
»ciné , comme étant à Drefde , des malades qui
wétoient reftés à Thurmfdorff & à Naumdorff , &
que les troupes Pruffiennes doivent y avoir trou
»vés. Il y a auffi beaucoup de Soldats qui étoient
nabfens par congé . Les Officiers ne fçavent où ils
>>font reftés , ni ce qu'ils font devenus . On a porté
>> pareillement furl'état des troupes plufieurs Ca-
» dets qui ne font encore que des enfans , & qui
»ne font jamais venus au Drapeau , quoique la
>> Cour ait bien voulu leur accorder , comme une
» grace , la paie pour leur entretien....... >>
On publia le premier de ce mois une Ordonnance
, par laquelle S. M. Pruffienne prefcrivoit
aux Cercles de cet Electorat , de fournir neuf
mille foixante -quinze hommes , pour recruter les
Régimens Saxons qu'Elle a pris à ſon ſervice. Par
la répartition qui avoit été faite , ce Prince demandoit
deux mille cent vingt hommes au Cercle
de Mifnie , dix- fept cens trente-cinq au Cercle
de Léipfick , deux cens foixante -un au Cercle
de Neuftadt , quatre cens foixante-onze au Cercle
Electoral , feize cens foixante- cinq au Cercle
des Montagnes , neuf cens cinq au Cercle de
Thuringe , quatre cens foixante - fix au Cercle de
Voigtland , fix cens au Marquifat de la Haute-
Luface , trois cens foixante - huit à la Baffe- Luface
, deux cens trente-e- quatre au Chapitre de Merfebourg
, & deux cens trente au Chapitre de
Naumbourg & de Zeift. Il étoit recommandé aux
Régences de n'enrôler que des hommes qui euf- -
JANVIER. 1757 . 275
>
fent au moins cinq pieds cinq pouces , & qui
n'euffent pas plus de vingt- huit ans ; & de les
choifir principalement parmi les Artifans , particuliérement
parmi les Charrons , Forgerons ,
Charpentiers , Maçons & Serruriers . Toutes ces
recrues devoient être prêtes le 15 & il avoit été
fignifié à chaque Cercle , que , fi elles ne fe trouvoient
pas affemblées pour ce temps , ou fi elles
n'étoient pas telles que S. M. Pruffienne les exigoit,
on procéderoit contre les Membres de la Régence
du Cercle par voie d'éxécution militaire ;
que même ils feroient arrêtés , & que , fans aucune
diftinction de perfonnes , on les condamneroit
aux travaux des fortifications .
Dix Régimens d'Infanterie de l'armée Saxonne
font confervés en entier. S. M. Pruffienne a incorporé
dans les troupes les Grenadiers Gardes du
Corps , le Régiment de la Reine ; celui de la Princeffe,
épouse du Prince Electoral ; fix Régimens de
Cavalerie , & le Corps d'Artillerie . Elle a envoyé
dans fes Etats le Régiment de Dragons de Rutow.
ski , ainfi que les foldats qui ont refufé de prêter
ferment . Plufieurs Officiers , foupçonnés d'avoir
contribué par leurs confeils à ce refus , ont été mis
aux arrêts .
Quelques Soldats Saxons s'étant évadés en paſfant
par Dornau , le détachement Pruffien , qui
les conduifoit , a enlevé les Magiftrats de ce Bourg ,
& les a emmenés prifonniers. On a publié une
Ordonnance du Directoire de Guerre , établi par
le Roi de Pruffe à Torgau . Elle porte que les foldats
qui quitteront les Régimens Saxons que ce
Prince a pris à fon fervice , feront traités comme
déferteurs. Par la même Ordonnance , il eft enjoint
aux Magiftrats de faire arrêter ceux qui le
trouveront dans leurs diftricts , & de les faire conduire
à la garnifon la plus prochaine , fous peine
216 MERCURE DE FRANCE.
d'en répondre en leur propre & privé nom. Il eſt
expreffément défendu de faire tenir aux fugitifs
rien de ce qui peut leur appartenir. Les Magiftrats
auffi-tôt qu'ils feront informés de l'évalion de
quelqu'un , feront obligés de faifir ſes biens meubles
ou immeubles , & ils payeront de leurs
pres fonds les effets qui feront détournés. Toutes
perfonnes qui auront contribué à la fuite d'un
foldat , ou qui , ayant connoiffance de fa fuite , ne
dénonceront pas le fugitif , fubiront la peine prononcée
contre lui .
pro-
Sur les repréſentations des Députés des différens
Cercles de la Saxe , & avec le confentement
du Roi de Pruffe , le Major Général Rezow s'eft
chargé d'acheter la levée des Milices que Sa Majeſté
Pruſſienne a demandées à cet Electorat.
1
On parle diverſement des caufes de la détention
du fieur de Heinecke , Confeiller privé. Le ſcellé
a été mis fur tous les papiers. Le fieur Hibler ,
Major d'un Régiment d'Infanterie des troupes
Saxonnes , a été arrêté en même temps que ce
Magiftrat , pour avoir exhorté des foldats à paffer
chez les Autrichiens.
DE LEIPSICK , le 2 Décembre.
Sur la réquifitión de nos Magiftrats & du Corps
de nos Négocians , le Roi de Pruffe a confenti
d'accorder une diminution fur la contribution de
cinq cens mille écus , qu'il avoit fait demander à
cette Ville. En même temps Sa Majeſté Pruffienne
a recommandé aux habitans de n'entretenir aucune
intelligence avec les Autrichiens , & de ne leur
faire aucune livraiſon , de quelque nature que ce
pût être.
Ce Prince arriva le 24 du mois dernier en cette
Ville , & il prit fon logement chez le fieur Heman
,
JANVIER. 1757. 217
man ,Confeiller des Finances. S.M. Pruffienne vifita
le lendemain matin , les quartiers qu'une partie de
fes troupes occupe dans les environs ; & le foir
Elle retourna à Drefde . Elle a témoigné qu'Elle
auroit défiré de pouvoir accorder une plus grande
diminution fur la contribution qu'Elle a demandée
; mais que les circonftances ne le lui
avoient pas permis . Il y a actuellement ici quatre
mille hommes en garnifon , fans y comprendre
les Gardes du Corps & les Gendarmes du Roi de
Pruffe , qui font logés dans les fauxbourgs . On
compte dans plufieurs maifons jufqu'à huit & dix
foldats . La Bourgeoifie eft obligée de leur céder
les chambres fur le devant , afin qu'ils -foient plus
à portée d'obſerver ce qui fe paffe dans les rues
& d'entendre les fignaux que les Officiers peuvent
avoir befoin de leur donner.
Le Roi de Pruffe , en faiſant la visite des quar
tiers que plufieurs Corps de fes troupes occupent
dans les environs de cette Ville , a employé plus
de deux heures à examiner la plaine de Lutzen ,
où Guftave Adolphe , Roi de Suede , perdit la vie ,
& où fon armée , quoique privée de ce Prince ,
remporta une victoire complette fur les Impériaux
. On obferva que S. M. Pruffienne écrivoit
plufieurs remarques fur les tablettes . Il y a actuellement
ici fix Bataillons en garniſon .
DE BAULZEN , le 22 Novembre.
Depuis quelques jours , le prince de Pruffe a
établi ici fon quartier. Après avoir fait diftribuer
des logemens à quatre Baraillons qu'il a amenés
avec lui , il a adreffé aux Etats du Cercle l'ordre
fuivant.
« S. A. R. difpenfant les habitans de fournir
»la nourriture aux troupes, efpere que les louables
1. Vol. K
218 MERCURE DE FRANCE .
»Etats , de concert avec le Magiftrat & le Cha-
» pitre , régleront les chofes entr'eux de façon que
chaque foldat reçoive journellement fix deniers
& le Bas Officier un gros , & qu'il foit payé
tous les mois dix écus aux Lieutenans , Sous-
>> Lieutenans & Enfeignes , vingt aux Capitaines ,
» quarante aux Lieutenans - Colonels , foixante aux
»Colonels. S. A. R. ne demande rien Elle .
pour
»A l'égard de fes Aides de Camp , Elle laiffe à la
»difcrétion des Etats , de décider de quelle maniere'
>>on doit en ufer. Elle ne penſe pas , que ces
>> Etats faffent la moindre difficulté de remplir fes
>>intentions fur ces différens articles. Au refte , Elle
»promet qu'Elle empêchera l'Officier & le foldat
» d'exiger rien de leurs hôtes au - delà des fommes
»fpécifiées ci -deffus ; bien entendu néanmoins que
» la lumiere & le bois ferontfournis gratuitement
» & que
l'hôte fera tenu de cuire & d'apprêter pour
» le foldat la viande que celui- ci aura achetée . De
» plus , S. A. R. demande qu'on prépare trois cens
>>lits pour établir en cette Ville un Hôpital Mili-
>>> taire. >>>
DE BERLIN , le 28 Novembre.
Il paroît une Patente du Roi , pour rappeller
tous les Vaffaux ou Sujets de Sa Majeſté , qui font
au fervice de l'Impératrice Reine de Hongrie &
de Boheme , ou qui réfident dans les Etats de
cette Princeffe. Le Roi leur ordonne de ſe repréfenter
dans le terme de deux mois , à compter
du jour de la publication de la Patente . Les biens
de ceux qui n'obéiront pas , feront confifqués au
profit des Officiers ou fujets de S. M. qui par
repréfailles pourroient effuyer quelque dommage
de la part de la Cour de Vienne.
C
JANVIER. 1757. 219
DE FRANC FORT , le 6 Décembre.
On afficha ici le 3 de Novembre dans toutes les
Places publiques le Decret de l'Empereur contre
le Roi de Pruffe ; & les Magiftrats ont défendu
de faire , dans cette Ville , & dans fon territoire ,
aucunes levées de foldats pour S. M. Pruffienne .
L'Empereur ayant ordonné la voie d'exécution
contre ce Prince , a déféré cette commiffion au
Duc de Saxe -Gotha en l'abſence du Roi de Pologne
, Electeur de Saxe . Le Duc de Saxe - Gotha s'eft
excuſé de ſe mêler de cette affaire ; mais les raifons
qu'il allegue pour s'en difpenfer , n'ont pas
fatisfait Sa Majefté Impériale , & Elle lui a adreffé
une nouvelle Admonition.
le Ba-
Les lettres de Ratisbonne marquent que
ron de Ponickau , Miniftre du Roi de Pologne
Electeur de Saxe à la Diete de l'Empire , a préfenté
un nouveau Mémoire à cette aſſemblée . La
moitié du Bourg de Kupferberg dans l'Evêché de
Bamberg , vient d'être réduite en cendre. Il y a eu
auffi un grand incendie à Wetzlar .
DE VIENNE , le 27 Novembre.
Leurs Majeftés Impériales ont envoyé au Feld-
Maréchal Comte de Browne leurs portraits enrichis
de diamans , & l'on compte que ce Général
fera mis an nombre des Chevaliers de l'Ordre de
la Toifon d'Or , qui font en cette Cour.
Le Comte d'Eftrées , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi Très- Chrétien , arriva ici le 10 de ce
mois. Il eut le 12 fes audiences de Leurs Majeſtés
Impériales.
Près de trois cens Saxons qui ont quitté l'armée
du Roi de Pruffe , font arrivés à Ybbi & à Crem's.
On apprend de Cracovie que les quatre Régimens
d'Infanterie & les deux de Cavalerie de cette Nátion
qui étoient en Pologne , s'avancent du côté
de Bielitz dans la haute Siléfie , pour le joindre aux
troupes de l'Impératrice Reine.
DE PRAGUE , le 14 Novembre.
Quatre Compagnies de Grenadiers des Régimens
que l'Impératrice Reine a fait venir d'Ita
lie , ont été mifes ici en garnifon. On a déposé
JANVIER. 1757. 200
dans l'Arcenal de cette Ville tous les pontons de
l'armée commandée par le Feld- Maréchal de
Browne. Il arrive tous les jours un grand nombre
de Déferteurs Pruffiens. Plufieurs prennent parti
dans les troupes de l'Impératrice Reine.
Depuis quelques jours les troupes qui
étoient dans le camp de Budin , fe font féparées.
Le Feld- Maréchal Comte de Browne a établi fon
quartier général en cette Ville . Il a donné le commandement
de tous les poftes au delà de l'Elbe au
Comte de Maguire. Le Général Haddick commandera
ceux en deçà de cette riviere. Les Huf
fards & les Croates ont formé un cordon le long
des frontieres de la Saxe , & plufieurs Efcadrons
de Cuiraffiers & de dragons font à portée de foutenir
ces troupes irrégulieres.
On doit faire à Carlsbadt l'échange des prifonniers.
Il s'y rendra pour cet effet de chaque côté
un Lieutenant Colonel , un Capitaine , un Auditeur
& un Commiffaire des guerres.
Pendant cet hyver , la Garniſon de cette Ville
fera compofée du Régiment de Jeune Wolfenbu
tel , d'un Bataillon de Wallis , & de vingt- deux
Compagnies de Grenadiers.
Du Camp de Budin , le 7 Novembre.
Le 27 du mois dernier , les Pruffiens ayant
abandonné la Ville d'Auffig , le Feld - Maréchal
Comte de Browne la fit occuper par un Détachement
de Croates. Il fit paffer en même temps
l'Elbe à la plupart des troupes de cette Nation ,
harceler l'arriere- garde de l'armée ennemie.
Le Général Haddick s'avança le 28 avec fon détachement
vers Peterwald. Les Pruffiens s'en re-.
tirerent , & il en prit poffeffion. Le 29 , le Lieute
nant-Colonel Maceligot attaqua un poſte , dans
pour
1
ZIO MERCURE DE FRANCE.
:
lequel un corps d'ennemis étoit retranché avec
huit canons. L'action fut très- vive , & les Pruffiens
fe défendirent long-temps à la faveur de leur
artillerie mais le Colonel Velha étant venu au
fecours du fieur Maceligot , le pofte fut emporté.
Les ennemis y ont laiffé près de deux cens morts
ou bleffés . On eut le 30 des avis certains , que l'ennemi
avoit entiérement évacué la Boheme ; & le
31 , le Feld - Maréchal de Browne rappella les
Détachemens qu'il avoit envoyés dans les Cercles
de Saatz & de Leitmeritz . Sur le bruit qui fe
répandit le premier de ce mois , que les Pruffiens
faifoient de nouveaux mouvemens du côté de Zitau
& de Gabel , ce Général fit avancer le Comte
Lafcy à la tête de quelques Bataillons & d'un
Corps de Huffards vers Jung- Buntzlau , & le Lieutenant-
Colonel Louden vers Bambourg, avec huit
cens Croates. Le Baron de Wolfersdorff , Major
Général , fut détaché le 3 avec fix Bataillons , un
pareil nombre de Compagnies de Grénadiers , fix
cens chevaux , & douze pieces de canon
foutenir le Comte Lafcy . Le s , on apprit que les
ennemis avoient pris des cantonnemens ; qu'il n'y
avoit plus que quatre mille hommes de leurs troupes
qui fuffent campés ; & que ce Corps étoit
retranché derriere Nellendorff.
, pour
Du Quartier Général du Prince Piccolomini
Hollochlau , le 8 Novembre 1756.
Les troupes commandées par le Prince Piccolomini
, ne ſe ſont arrêtées qu'un jour à Jaromitz
, & le 27 du mois dernier elles font venues
camper ici. On fut informé le 29 , qu'un Corps
de Pruffiens qui étoit reſté à Neuſtadt , s'etoit retiré.
Auffitôt le Prince Piccolomini manda au
Comte Spada , de faire prendre poffeffion de ce
JANVIER. 1757. 27F
le
pofte. Sur l'avis qu'on reçut le même jour , que
le Feld- Maréchal de Schwerin décampoit de Skalitz
, & qu'il paroifloit avoir deffein de fe replier
vers Lewin ; les Comtes de Spada , Louis de Starhemberg
& de Rodolphe de Palfy , eurent ordre
de fe porter en avant .En même temps, on détacha
le Colonel Mibaliewich , pour inquiéter
les ennemis dans leur retraite. Le 30 ils fe retirerent
jufqu'à Reinerz dans le Comté de Glatz . Le
fieur Mibaliewich , après les avoir poursuivis ,
eft revenu prendre pofte à Lewin. Le Feld - Maréchal
de Schwerin leva de nouveau fon camp
premier de ce mois. Continuant de retourner
en arriere , il alla fe pofter fous Glatz , & s'eft
replié enfuite jufqu'à Warthe : il n'a laiffé à
Glatz que deux Régimens. Quelques difpofitions.
de ce Général font juger qu'il à même deſſein
d'évacuer entiérement le Comté de Glatz . Les
troupes de l'Impératrice Reine y paient tout ar
gent comptant , excepté le pain & les fourrages ,
qu'elles ne prennent même qu'en donnant des reçus.
Deux Détachemens fe font avancés à Reinerz
& à Gofbubel , pour obferver les mouvemens des
ennemis. Nos Huffards font campés entre Czaftch
& Slany. Les Régimens de Cuiraffiers de Schmerzing
, de Kalckreuter & de Gelhay , & les Régimens
de Huffards de Nadafti & de Kaluocki
font arrivés de Hongrie en Moravie , où ils s'ar
rêteront juſqu'à nouvel ordre.
DE LEITMERITZ , le 2 Novembre.
Quelques jours avant que les Prufſiens abandonnaffent
la Boheme , le fieur de Tallange atta--
qua Salefl , où étoient trois cens hommes d'Infanterie
& quatre-vingts Huffards de leur troupes ,
212 MERCURE DE FRANCE .
avec deux pieces de canon . Il tailla en pieces cent
foixante -dix hommes , & il encloua les deux canons
, ne pouvant les enlever parce que fix cens
Cavaliers ennemis vinrent au fecours du pofte attaqué.
Le Major Manftein , qui y commandoir ,
a perdu la vie. Il n'y a eu que feize hommes tués
& vingt-trois bleffés du côté des Autrichiens . Le
Général Maguire a fait former , par les troupes
qu'il a fous fes ordres , un cordon le long de la
frontiere .
DE DRESDE , le 29 Novembre.
NeufRégimens de l'armée de Sa Majeſté Pruſfienne
devoient traverfer le Cercle de Buntzlau
pour aller joindre l'armée qui eft aux ordres du
Feld-Maréchal de Schwerin . Ils n'ont pu exécuter
ce projet , les Autrichiens ayant occupé les principaux
poftes fitués le long des montagnes de la
Luface. Des lettres de Léipfick avoient marqué ,
que deux Régimens Saxons avoient trouvé le
moyen de fe rendre à Prague. Les mêmes lettres
ajoutoient , que cent cinquante Soldats des mêmes
troupes avoient forcé trois cens Cavaliers
Pruffiens , qui avoient été envoyés à leur pour
fuite , de mettre les armes bas , & qu'il les
avoient emmenés prifonniers en Boheme. Ces
nouvelles ne font pas confirmées. Il eft vrai feule
ment que le Régiment Saxon de Lubomirsky a
refufé de marcher fous les ordres des Officiers
Pruffiens , qui lui avoient été donnés pour commander
qu'il en a tué quelques- uns , & qu'il
s'eft enfuite entiérement difperfé .
Quelques Régimens des troupes Electorales
ayant conftamment refufé de prêter ferment au
Roi de Pruffe , & un grand nombre de Soldats des
JANVIER. 1757. 213
mêmes troupes ayant pris la fuite , le Prince
Maurice d'Anhalt - Deſſau en a porté des plaintes
au Feld- Maréchal Comte de Rutowski , par ordre
de Sa Majesté Pruffienne. Ce Feld- Maréchal a
fait à la lettre du Prince d'Anhalt une réponſe ,
dont voici l'extrait.
« V. A. S. fçait mieux que perfonne , que la plu-
»part des Officiers, après avoir paffé le Pont de Rhuden
,ont été d'abord éloignés de leurs Régimens.
»Comment peut- on exiger d'eux qu'ils répon-
>>dent de leur monde ; & de moi , que je réponde
pour les Officiers ? En vertu de la Capitula-
»tion , il étoit libre à ces derniers de refter au fer-
»vice de S. M. le Roi de Pologne , ou de deman-
» der leur congé. On a convenablement annoncé
»aux Soldats qu'ils feroient prifonniers de guer-
>>re ; mais on ne leur a dit , ni de ma part , ni
>>de celle de qui que ce foit , qu'ils devoient prê-
»ter ferment au Roi de Pruffe , & qu'ils y fe-
Proient forcés. Je me fuis expreffément défendu
»dans la Capitulation , je l'ai fait représenter à S.
>>M. Pruffienne . Malgré cela , perfonne n'eft &
»ne fe croit autorifé à retenir quelques hommes
»de l'Artillerie , de l'Infanterie & de la Cavalerie.
»V. A. S. n'a qu'à nommer ceux des Généraux &
»>Officiers , qu'elle accufe. Notre qualité de prifonniers
de guerre ne nous permet pas de
>>nous éloigner des lieux de notre réfidence , &
chacun de nous eft refponfable de ce qui pourroit
fe faire contre la Capitulation . Mais V. A. S.
>>me permettra de lui dire que l'éloignement des
troupes pour la preftation de ferment qu'on éxi-
»goit d'elles & qu'on leur a fait faire par des
moyens violens , ne devroit point lui paroître
métrange ; & quoi qu'il en foit , il n'eft guere poffible
de rendre refponfables de cet éloignement
214 MERCURE DE FRANCE.
>>leurs Officiers qui font féparés d'elles .... Sur
la Lifte des Grenadiers Gardes du Corps , on a
»mis des hommes qui doivent avoir été auprès des
Ȏquipages des Officiers , & dont une partie s'eft
»perdue avec les bagages , & l'autre a été renvoyée
de Pirna & de Drefde . On a d'ailleurs fpé-
»ciné , comme étant à Drefde , des malades qui
wétoient reftés à Thurmfdorff & à Naumdorff , &
que les troupes Pruffiennes doivent y avoir trou
»vés. Il y a auffi beaucoup de Soldats qui étoient
nabfens par congé . Les Officiers ne fçavent où ils
>>font reftés , ni ce qu'ils font devenus . On a porté
>> pareillement furl'état des troupes plufieurs Ca-
» dets qui ne font encore que des enfans , & qui
»ne font jamais venus au Drapeau , quoique la
>> Cour ait bien voulu leur accorder , comme une
» grace , la paie pour leur entretien....... >>
On publia le premier de ce mois une Ordonnance
, par laquelle S. M. Pruffienne prefcrivoit
aux Cercles de cet Electorat , de fournir neuf
mille foixante -quinze hommes , pour recruter les
Régimens Saxons qu'Elle a pris à ſon ſervice. Par
la répartition qui avoit été faite , ce Prince demandoit
deux mille cent vingt hommes au Cercle
de Mifnie , dix- fept cens trente-cinq au Cercle
de Léipfick , deux cens foixante -un au Cercle
de Neuftadt , quatre cens foixante-onze au Cercle
Electoral , feize cens foixante- cinq au Cercle
des Montagnes , neuf cens cinq au Cercle de
Thuringe , quatre cens foixante - fix au Cercle de
Voigtland , fix cens au Marquifat de la Haute-
Luface , trois cens foixante - huit à la Baffe- Luface
, deux cens trente-e- quatre au Chapitre de Merfebourg
, & deux cens trente au Chapitre de
Naumbourg & de Zeift. Il étoit recommandé aux
Régences de n'enrôler que des hommes qui euf- -
JANVIER. 1757 . 275
>
fent au moins cinq pieds cinq pouces , & qui
n'euffent pas plus de vingt- huit ans ; & de les
choifir principalement parmi les Artifans , particuliérement
parmi les Charrons , Forgerons ,
Charpentiers , Maçons & Serruriers . Toutes ces
recrues devoient être prêtes le 15 & il avoit été
fignifié à chaque Cercle , que , fi elles ne fe trouvoient
pas affemblées pour ce temps , ou fi elles
n'étoient pas telles que S. M. Pruffienne les exigoit,
on procéderoit contre les Membres de la Régence
du Cercle par voie d'éxécution militaire ;
que même ils feroient arrêtés , & que , fans aucune
diftinction de perfonnes , on les condamneroit
aux travaux des fortifications .
Dix Régimens d'Infanterie de l'armée Saxonne
font confervés en entier. S. M. Pruffienne a incorporé
dans les troupes les Grenadiers Gardes du
Corps , le Régiment de la Reine ; celui de la Princeffe,
épouse du Prince Electoral ; fix Régimens de
Cavalerie , & le Corps d'Artillerie . Elle a envoyé
dans fes Etats le Régiment de Dragons de Rutow.
ski , ainfi que les foldats qui ont refufé de prêter
ferment . Plufieurs Officiers , foupçonnés d'avoir
contribué par leurs confeils à ce refus , ont été mis
aux arrêts .
Quelques Soldats Saxons s'étant évadés en paſfant
par Dornau , le détachement Pruffien , qui
les conduifoit , a enlevé les Magiftrats de ce Bourg ,
& les a emmenés prifonniers. On a publié une
Ordonnance du Directoire de Guerre , établi par
le Roi de Pruffe à Torgau . Elle porte que les foldats
qui quitteront les Régimens Saxons que ce
Prince a pris à fon fervice , feront traités comme
déferteurs. Par la même Ordonnance , il eft enjoint
aux Magiftrats de faire arrêter ceux qui le
trouveront dans leurs diftricts , & de les faire conduire
à la garnifon la plus prochaine , fous peine
216 MERCURE DE FRANCE.
d'en répondre en leur propre & privé nom. Il eſt
expreffément défendu de faire tenir aux fugitifs
rien de ce qui peut leur appartenir. Les Magiftrats
auffi-tôt qu'ils feront informés de l'évalion de
quelqu'un , feront obligés de faifir ſes biens meubles
ou immeubles , & ils payeront de leurs
pres fonds les effets qui feront détournés. Toutes
perfonnes qui auront contribué à la fuite d'un
foldat , ou qui , ayant connoiffance de fa fuite , ne
dénonceront pas le fugitif , fubiront la peine prononcée
contre lui .
pro-
Sur les repréſentations des Députés des différens
Cercles de la Saxe , & avec le confentement
du Roi de Pruffe , le Major Général Rezow s'eft
chargé d'acheter la levée des Milices que Sa Majeſté
Pruſſienne a demandées à cet Electorat.
1
On parle diverſement des caufes de la détention
du fieur de Heinecke , Confeiller privé. Le ſcellé
a été mis fur tous les papiers. Le fieur Hibler ,
Major d'un Régiment d'Infanterie des troupes
Saxonnes , a été arrêté en même temps que ce
Magiftrat , pour avoir exhorté des foldats à paffer
chez les Autrichiens.
DE LEIPSICK , le 2 Décembre.
Sur la réquifitión de nos Magiftrats & du Corps
de nos Négocians , le Roi de Pruffe a confenti
d'accorder une diminution fur la contribution de
cinq cens mille écus , qu'il avoit fait demander à
cette Ville. En même temps Sa Majeſté Pruffienne
a recommandé aux habitans de n'entretenir aucune
intelligence avec les Autrichiens , & de ne leur
faire aucune livraiſon , de quelque nature que ce
pût être.
Ce Prince arriva le 24 du mois dernier en cette
Ville , & il prit fon logement chez le fieur Heman
,
JANVIER. 1757. 217
man ,Confeiller des Finances. S.M. Pruffienne vifita
le lendemain matin , les quartiers qu'une partie de
fes troupes occupe dans les environs ; & le foir
Elle retourna à Drefde . Elle a témoigné qu'Elle
auroit défiré de pouvoir accorder une plus grande
diminution fur la contribution qu'Elle a demandée
; mais que les circonftances ne le lui
avoient pas permis . Il y a actuellement ici quatre
mille hommes en garnifon , fans y comprendre
les Gardes du Corps & les Gendarmes du Roi de
Pruffe , qui font logés dans les fauxbourgs . On
compte dans plufieurs maifons jufqu'à huit & dix
foldats . La Bourgeoifie eft obligée de leur céder
les chambres fur le devant , afin qu'ils -foient plus
à portée d'obſerver ce qui fe paffe dans les rues
& d'entendre les fignaux que les Officiers peuvent
avoir befoin de leur donner.
Le Roi de Pruffe , en faiſant la visite des quar
tiers que plufieurs Corps de fes troupes occupent
dans les environs de cette Ville , a employé plus
de deux heures à examiner la plaine de Lutzen ,
où Guftave Adolphe , Roi de Suede , perdit la vie ,
& où fon armée , quoique privée de ce Prince ,
remporta une victoire complette fur les Impériaux
. On obferva que S. M. Pruffienne écrivoit
plufieurs remarques fur les tablettes . Il y a actuellement
ici fix Bataillons en garniſon .
DE BAULZEN , le 22 Novembre.
Depuis quelques jours , le prince de Pruffe a
établi ici fon quartier. Après avoir fait diftribuer
des logemens à quatre Baraillons qu'il a amenés
avec lui , il a adreffé aux Etats du Cercle l'ordre
fuivant.
« S. A. R. difpenfant les habitans de fournir
»la nourriture aux troupes, efpere que les louables
1. Vol. K
218 MERCURE DE FRANCE .
»Etats , de concert avec le Magiftrat & le Cha-
» pitre , régleront les chofes entr'eux de façon que
chaque foldat reçoive journellement fix deniers
& le Bas Officier un gros , & qu'il foit payé
tous les mois dix écus aux Lieutenans , Sous-
>> Lieutenans & Enfeignes , vingt aux Capitaines ,
» quarante aux Lieutenans - Colonels , foixante aux
»Colonels. S. A. R. ne demande rien Elle .
pour
»A l'égard de fes Aides de Camp , Elle laiffe à la
»difcrétion des Etats , de décider de quelle maniere'
>>on doit en ufer. Elle ne penſe pas , que ces
>> Etats faffent la moindre difficulté de remplir fes
>>intentions fur ces différens articles. Au refte , Elle
»promet qu'Elle empêchera l'Officier & le foldat
» d'exiger rien de leurs hôtes au - delà des fommes
»fpécifiées ci -deffus ; bien entendu néanmoins que
» la lumiere & le bois ferontfournis gratuitement
» & que
l'hôte fera tenu de cuire & d'apprêter pour
» le foldat la viande que celui- ci aura achetée . De
» plus , S. A. R. demande qu'on prépare trois cens
>>lits pour établir en cette Ville un Hôpital Mili-
>>> taire. >>>
DE BERLIN , le 28 Novembre.
Il paroît une Patente du Roi , pour rappeller
tous les Vaffaux ou Sujets de Sa Majeſté , qui font
au fervice de l'Impératrice Reine de Hongrie &
de Boheme , ou qui réfident dans les Etats de
cette Princeffe. Le Roi leur ordonne de ſe repréfenter
dans le terme de deux mois , à compter
du jour de la publication de la Patente . Les biens
de ceux qui n'obéiront pas , feront confifqués au
profit des Officiers ou fujets de S. M. qui par
repréfailles pourroient effuyer quelque dommage
de la part de la Cour de Vienne.
C
JANVIER. 1757. 219
DE FRANC FORT , le 6 Décembre.
On afficha ici le 3 de Novembre dans toutes les
Places publiques le Decret de l'Empereur contre
le Roi de Pruffe ; & les Magiftrats ont défendu
de faire , dans cette Ville , & dans fon territoire ,
aucunes levées de foldats pour S. M. Pruffienne .
L'Empereur ayant ordonné la voie d'exécution
contre ce Prince , a déféré cette commiffion au
Duc de Saxe -Gotha en l'abſence du Roi de Pologne
, Electeur de Saxe . Le Duc de Saxe - Gotha s'eft
excuſé de ſe mêler de cette affaire ; mais les raifons
qu'il allegue pour s'en difpenfer , n'ont pas
fatisfait Sa Majefté Impériale , & Elle lui a adreffé
une nouvelle Admonition.
le Ba-
Les lettres de Ratisbonne marquent que
ron de Ponickau , Miniftre du Roi de Pologne
Electeur de Saxe à la Diete de l'Empire , a préfenté
un nouveau Mémoire à cette aſſemblée . La
moitié du Bourg de Kupferberg dans l'Evêché de
Bamberg , vient d'être réduite en cendre. Il y a eu
auffi un grand incendie à Wetzlar .
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Résumé : ALLEMAGNE.
En novembre 1756 et janvier 1757, plusieurs événements militaires et diplomatiques marquent l'Allemagne et l'Europe centrale. À Vienne, les empereurs offrent des portraits enrichis de diamants au Feld-Maréchal Comte de Browne, qui doit être nommé Chevalier de l'Ordre de la Toison d'Or. Le Comte d'Estrées, ministre plénipotentiaire du roi de France, est reçu en audience par les empereurs. Près de trois cents Saxons désertent l'armée prussienne pour rejoindre les troupes autrichiennes. En Bohême, des régiments italiens sont mis en garnison à Prague, et des déserteurs prussiens continuent d'arriver. Les troupes autrichiennes se réorganisent sous la direction du Feld-Maréchal Comte de Browne, qui établit son quartier général à Prague et nomme des commandants pour les postes de part et d'autre de l'Elbe. Des échanges de prisonniers doivent avoir lieu à Carlsbad. À Budin, les troupes prussiennes abandonnent la ville d'Aussig, permettant aux Autrichiens de prendre plusieurs positions. Le Prince Piccolomini mène des opérations contre les Prussiens, qui se retirent vers Glatz et Warthe. À Dresde, des régiments saxons refusent de prêter serment au roi de Prusse, et des déserteurs saxons sont arrêtés et menacés de sanctions. Le roi de Prusse ordonne le recrutement de neuf mille six cent soixante-quinze hommes pour renforcer les régiments saxons. Des ordonnances sont publiées pour punir les déserteurs et les magistrats complaisants. En décembre 1756 et janvier 1757, des mesures administratives et militaires sont prises en Saxe et en Prusse. Les personnes contribuant à la désertion ou ne dénonçant pas un fugitif subissent la même peine que le déserteur. Sur demande du Roi de Prusse, le Major Général Rezow achète la levée des milices saxonnes. Le conseiller privé Heinecke et le Major Hibler sont arrêtés pour avoir encouragé des soldats à déserter. Le Roi de Prusse accepte de réduire la contribution demandée à Leipzig à la demande des magistrats et des négociants. Il visite Leipzig et les environs, inspectant les troupes et recommandant aux habitants de ne pas collaborer avec les Autrichiens. Les habitants de Leipzig doivent loger les soldats prussiens et fournir des lits pour un hôpital militaire. À Baulzen, le Prince de Prusse ordonne aux États du Cercle de fournir nourriture et logement aux troupes. Le Roi de Prusse publie une patente rappelant ses sujets au service de l'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême. À Francfort, un décret impérial contre le Roi de Prusse est affiché, interdisant les levées de soldats pour la Prusse. Des incendies détruisent une partie du bourg de Kupferberg et la ville de Wetzlar.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1350
p. 221-224
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
On prépare à Wolwich dix mille bombes, dont le public ignore la destination. [...]
Mots clefs :
Londres, Bombes, Maladies, Amérique, Bataillons, Commerce du blé, Discours du roi, Parlement, Colonies, Chambre des communes, La Haye, Ordonnance, Vaisseaux, Secousses
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 7 Décembre.
On prépare à Wolwich dix mille bombes , dont
le public ignore la deſtination . Il n'y a eu aucun
moyen d'engager les habitans des Provinces de
Kent & de Hampſhire , à recevoir dans les Villes ,
même dans les Villages , les troupes de Hanovre
& de Heffe.
Des dépêches qu'on recut le 20 Novembre
de la Nouvelle Yorck , marquent qu'il regne
beaucoup de maladies parmi les troupes que commande
le Lord Loudon. On a été informé par
les mêmes avis , que ce Lord avoit fait marcher
plufieurs détachemens , pour tâcher d'arrêter les
courfes des Sauvages , qui répandent la terreur dans
toutes les Colonies Angloifes de l'Amérique Septentrionale
.
Les Vaiffeaux de guerre le Kennington & le
Sutherland, partirent le 6 de Corck pour ces Colonies
. Ils ont fous leur convoi quatorze Bâtimens
de tranfport, à bord defquels on a fait embarquer
le Régiment d'Offarel , & les détachemens tirés
des Régimens d'Infanterie fur l'établiſſement d'Irlande.
Quatre Bataillons des troupes Hanoveriennes
s'embarquerent le 24 du mois dernier , pour retourner
en Allemagne. On y fera repaffer fucceffivement
en deux autres divifions le refte de ces troupes
, qui eft encore actuellement campé près de
Maidstone malgré la rigueur de la faifon . Plufieurs
Frégates croiferont cet hyver dans la Manche.L'Amiral
Byng , & le fieur Shirley , ci - devant Gouverneur
de la Nouvelle Angleterre , fubiront dans
peu leurs interrogatoires . Il s'eft tenu ces jours-
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
1
ci un grand Confeil à Whitehall , pour délibérer
fur les moyens de faire baiffer le prix du bled.
Conformément aux réfolutions prifes dans ce Confeil
, on publia le 26 une Proclamation , pour
défendre l'exportation des grains. En plufieurs endroits
ils étoient d'une telle rareté , que la populace
, craignant de manquer de pain , s'eft attroupée
tumultueufement , & a commis de grands défordres.
On n'eft parvenu à la calmer , qu'en recherchant
les perfonnes qui avoient fait fécrettement
des magaſins , & en les contraignant de vendre
à un prix modique tout le bled qu'elles y
avoient amaffé . Le 27 , le Roi nomma le Géné–
ral Blakeney Chevalier de l'Ordre du Bain. Sa
Majefté le même jour , créa ce Général Pair d'Irlande
, fous le titre de Vicomte d'Innitkilling .
L'ouverture du Parlement fe fit le 2 Décembre
avec les cérémonies accoutumées .
ע
Le Roi fit ce difcours : « Milord & Meffieurs ,
je vous ai fait affembler dans une conjoncture
qui requiert particuliérement les délibérations ,
» les avis & le fecours du Parlement , & je me
flatte, moyennant la protection de la divine Pro-
>> vidence , que l'union & la fermeté qui regnent
»parmi mes fideles Sujets , me feront fortir avec
>> honneur de toutes les difficultés , & feront triom-
» pher enfin de l'ancien ennemi de ces Royaumes ,
la dignité de ma Couronne & fes droits incon-
>> teftables. Un des principaux objets de mon at-
>>tention & de mon inquiétude , eft la défenſe &
>> la confervation de nos poffeffions en Amérique.
» Le danger éminent , auquel nos Colonies font
exposées , exige des réfolutions auffi promptes
>>que vigoureufes. Le foin de pourvoir à la fûreté
» de ces trois Royaumes n'occupe pas moins mon
efprit. Dans l'occurrence préfente , je n'ai rien
JANVIER. 1757. 223
»tant à coeur que de ne laiffer à mon peuple fur
>> cet article aucun fujet de mécontentement. A
>> cette fin , une Milice nationale , établie propor-
>>tionnellement aux forces & aux befoins de l'Ewtat
, peut devenir une avantageuſe reſſource
»dans le péril général . Je recommande l'établiffe-
>> ment de cette Milice au zele & à la vigilance de
>> mon Parlement. L'alliance peu naturelle que ,
>> contre toute attente , ont contractée des Puiffan-
>> ces étrangeres ; les malheurs qui , en conféquen-
» ce de cette dangereufe alliance , peuvent , par
» l'entrée de troupes étrangeres dans l'Empire ,
>>porter une funefte atteinte aux conftitutions du
»Corps Germanique , renverfer fon fyftême &
Dentrainer l'oppreffion du parti Proteftant , font
» des événemens qui ont fixé les yeux de l'Europe
>> fur cette nouvelle & dangereufe crife , & qui
»doivent affliger fenfiblement tous les Ordres de
>> la Nation Britannique . J'ai ordonné au corps de
»mes troupes Electorales , que j'avois fait venir
à la réquifition de mon Parlement , de retourner
» dans mes Etats d'Allemagne , me repofant avec
plaifir fur l'affection de mon peuple , & fur fon
» zele pour la défenfe de ma perfonne & de mes
>>Royaumes . Meffieurs de la Chambre des Com-
»munes : Je ferai remettre devant vous , lorfqu'il
» en fera temps , l'état des dépenfes . J'attends de
>>votre fageffe que vous préférerez le parti de ne
» rien épargner pour foutenir la guerre avec vi-
»gueur , au parti de vous expofer à la rendre plus
»coûteufe par la fuite , en employant pour le
»préfent des efforts moins efficaces . Je vous ai
>>montré les dangers & les befoins de l'Etat . C'eſt
Ȉ votre prudence de chercher les moyens de
»rendre à mon peuple , les moins onéreux qu'il
»fera poffible , les fardeaux que vous jugerez
K iv
224 MERCURE DE FRANCE.
indifpenfables de lui impofer. Mylords & Meffieurs
, Je ne puis négliger de mettre devant
>vos yeux tout ce que les pauvres fouffrent de la
»cherté des grains , & les inconvéniens qui en
>>peuvent réfulter. Je vous recommande de pren-
>>dre les mesures convenables , pour prévenir à
» cet égard dans la fuite les mauvaiſes mancupvres.
Mes Sujets , à l'occafion du malheureux
»fuccès de nos armes dans la Méditerranée ,
» m'ont donné des preuves éclatantes de l'intérêt
qu'ils prennent à mon honneur & à celui de ma
>> Couronne. Ils éprouveront de ma part un jufle
>> retour par mes foins infatiguables & mes efforts
>> continuels pour la gloire & le bonheur de la
>>>Nation . >>
DE LA HAYE , le 22 Novembre.
Une nouvelle Ordonnance des Etats Généraux
enjoint à tous les Vaiffeaux de guerre & Armateurs
étrangers , qui relâcheront dans les Ports & Rades
de cette République , d'arborer en s'y préfentant
le Pavillon de la Puiffance à laquelle ils
appartiennent ; de ne point y entrer fans une
permiffion de l'Amirauté du lieu , & de n'y donner
ni aux habitans , ni aux étrangers aucun fujet
de fe plaindre. Il eft défendu par la même Ordonnance
aux sujets de la République , d'acheter
aucuns effets des prifes qui feront faites par les
Armateurs , & les contrevenans feront condamnés
à mille florins d'amende.
On apprend de Cologne qu'il y eût le 19 de ce
mois , à trois heures du matin , une fecouffe de
tremblement de terre , qui ne dura qu'environ
trente fecondes , mais qui fut très - violente . Elle
s'eft fait fentir à Bonn , à Limbourg , à Malmedy,
& dans plufieurs autres lieux.
DE LONDRES , le 7 Décembre.
On prépare à Wolwich dix mille bombes , dont
le public ignore la deſtination . Il n'y a eu aucun
moyen d'engager les habitans des Provinces de
Kent & de Hampſhire , à recevoir dans les Villes ,
même dans les Villages , les troupes de Hanovre
& de Heffe.
Des dépêches qu'on recut le 20 Novembre
de la Nouvelle Yorck , marquent qu'il regne
beaucoup de maladies parmi les troupes que commande
le Lord Loudon. On a été informé par
les mêmes avis , que ce Lord avoit fait marcher
plufieurs détachemens , pour tâcher d'arrêter les
courfes des Sauvages , qui répandent la terreur dans
toutes les Colonies Angloifes de l'Amérique Septentrionale
.
Les Vaiffeaux de guerre le Kennington & le
Sutherland, partirent le 6 de Corck pour ces Colonies
. Ils ont fous leur convoi quatorze Bâtimens
de tranfport, à bord defquels on a fait embarquer
le Régiment d'Offarel , & les détachemens tirés
des Régimens d'Infanterie fur l'établiſſement d'Irlande.
Quatre Bataillons des troupes Hanoveriennes
s'embarquerent le 24 du mois dernier , pour retourner
en Allemagne. On y fera repaffer fucceffivement
en deux autres divifions le refte de ces troupes
, qui eft encore actuellement campé près de
Maidstone malgré la rigueur de la faifon . Plufieurs
Frégates croiferont cet hyver dans la Manche.L'Amiral
Byng , & le fieur Shirley , ci - devant Gouverneur
de la Nouvelle Angleterre , fubiront dans
peu leurs interrogatoires . Il s'eft tenu ces jours-
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
1
ci un grand Confeil à Whitehall , pour délibérer
fur les moyens de faire baiffer le prix du bled.
Conformément aux réfolutions prifes dans ce Confeil
, on publia le 26 une Proclamation , pour
défendre l'exportation des grains. En plufieurs endroits
ils étoient d'une telle rareté , que la populace
, craignant de manquer de pain , s'eft attroupée
tumultueufement , & a commis de grands défordres.
On n'eft parvenu à la calmer , qu'en recherchant
les perfonnes qui avoient fait fécrettement
des magaſins , & en les contraignant de vendre
à un prix modique tout le bled qu'elles y
avoient amaffé . Le 27 , le Roi nomma le Géné–
ral Blakeney Chevalier de l'Ordre du Bain. Sa
Majefté le même jour , créa ce Général Pair d'Irlande
, fous le titre de Vicomte d'Innitkilling .
L'ouverture du Parlement fe fit le 2 Décembre
avec les cérémonies accoutumées .
ע
Le Roi fit ce difcours : « Milord & Meffieurs ,
je vous ai fait affembler dans une conjoncture
qui requiert particuliérement les délibérations ,
» les avis & le fecours du Parlement , & je me
flatte, moyennant la protection de la divine Pro-
>> vidence , que l'union & la fermeté qui regnent
»parmi mes fideles Sujets , me feront fortir avec
>> honneur de toutes les difficultés , & feront triom-
» pher enfin de l'ancien ennemi de ces Royaumes ,
la dignité de ma Couronne & fes droits incon-
>> teftables. Un des principaux objets de mon at-
>>tention & de mon inquiétude , eft la défenſe &
>> la confervation de nos poffeffions en Amérique.
» Le danger éminent , auquel nos Colonies font
exposées , exige des réfolutions auffi promptes
>>que vigoureufes. Le foin de pourvoir à la fûreté
» de ces trois Royaumes n'occupe pas moins mon
efprit. Dans l'occurrence préfente , je n'ai rien
JANVIER. 1757. 223
»tant à coeur que de ne laiffer à mon peuple fur
>> cet article aucun fujet de mécontentement. A
>> cette fin , une Milice nationale , établie propor-
>>tionnellement aux forces & aux befoins de l'Ewtat
, peut devenir une avantageuſe reſſource
»dans le péril général . Je recommande l'établiffe-
>> ment de cette Milice au zele & à la vigilance de
>> mon Parlement. L'alliance peu naturelle que ,
>> contre toute attente , ont contractée des Puiffan-
>> ces étrangeres ; les malheurs qui , en conféquen-
» ce de cette dangereufe alliance , peuvent , par
» l'entrée de troupes étrangeres dans l'Empire ,
>>porter une funefte atteinte aux conftitutions du
»Corps Germanique , renverfer fon fyftême &
Dentrainer l'oppreffion du parti Proteftant , font
» des événemens qui ont fixé les yeux de l'Europe
>> fur cette nouvelle & dangereufe crife , & qui
»doivent affliger fenfiblement tous les Ordres de
>> la Nation Britannique . J'ai ordonné au corps de
»mes troupes Electorales , que j'avois fait venir
à la réquifition de mon Parlement , de retourner
» dans mes Etats d'Allemagne , me repofant avec
plaifir fur l'affection de mon peuple , & fur fon
» zele pour la défenfe de ma perfonne & de mes
>>Royaumes . Meffieurs de la Chambre des Com-
»munes : Je ferai remettre devant vous , lorfqu'il
» en fera temps , l'état des dépenfes . J'attends de
>>votre fageffe que vous préférerez le parti de ne
» rien épargner pour foutenir la guerre avec vi-
»gueur , au parti de vous expofer à la rendre plus
»coûteufe par la fuite , en employant pour le
»préfent des efforts moins efficaces . Je vous ai
>>montré les dangers & les befoins de l'Etat . C'eſt
Ȉ votre prudence de chercher les moyens de
»rendre à mon peuple , les moins onéreux qu'il
»fera poffible , les fardeaux que vous jugerez
K iv
224 MERCURE DE FRANCE.
indifpenfables de lui impofer. Mylords & Meffieurs
, Je ne puis négliger de mettre devant
>vos yeux tout ce que les pauvres fouffrent de la
»cherté des grains , & les inconvéniens qui en
>>peuvent réfulter. Je vous recommande de pren-
>>dre les mesures convenables , pour prévenir à
» cet égard dans la fuite les mauvaiſes mancupvres.
Mes Sujets , à l'occafion du malheureux
»fuccès de nos armes dans la Méditerranée ,
» m'ont donné des preuves éclatantes de l'intérêt
qu'ils prennent à mon honneur & à celui de ma
>> Couronne. Ils éprouveront de ma part un jufle
>> retour par mes foins infatiguables & mes efforts
>> continuels pour la gloire & le bonheur de la
>>>Nation . >>
DE LA HAYE , le 22 Novembre.
Une nouvelle Ordonnance des Etats Généraux
enjoint à tous les Vaiffeaux de guerre & Armateurs
étrangers , qui relâcheront dans les Ports & Rades
de cette République , d'arborer en s'y préfentant
le Pavillon de la Puiffance à laquelle ils
appartiennent ; de ne point y entrer fans une
permiffion de l'Amirauté du lieu , & de n'y donner
ni aux habitans , ni aux étrangers aucun fujet
de fe plaindre. Il eft défendu par la même Ordonnance
aux sujets de la République , d'acheter
aucuns effets des prifes qui feront faites par les
Armateurs , & les contrevenans feront condamnés
à mille florins d'amende.
On apprend de Cologne qu'il y eût le 19 de ce
mois , à trois heures du matin , une fecouffe de
tremblement de terre , qui ne dura qu'environ
trente fecondes , mais qui fut très - violente . Elle
s'eft fait fentir à Bonn , à Limbourg , à Malmedy,
& dans plufieurs autres lieux.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
En décembre 1756, plusieurs événements marquants se sont produits en Grande-Bretagne et en Europe. À Londres, la préparation de dix mille bombes, dont la destination reste inconnue, est en cours. Dans les provinces de Kent et de Hampshire, les habitants refusent d'accueillir les troupes de Hanovre et de Hesse. En Nouvelle-York, des dépêches signalent des maladies parmi les troupes du Lord Loudon, qui a envoyé des détachements pour contrer les attaques des Amérindiens. Les vaisseaux de guerre Kennington et Sutherland, accompagnés de quatorze bâtiments de transport, ont quitté Cork pour l'Amérique du Nord avec des régiments embarqués. Quatre bataillons de troupes hanovriennes sont rentrés en Allemagne, et d'autres divisions suivront. Plusieurs frégates patrouilleront dans la Manche. L'amiral Byng et l'ancien gouverneur de la Nouvelle-Angleterre, Shirley, doivent subir des interrogatoires. Un grand conseil à Whitehall a délibéré sur la hausse du prix du blé, menant à une proclamation interdisant l'exportation des grains. Des émeutes ont éclaté en raison de la rareté du blé, calmées par la vente forcée des réserves. Le roi a nommé le général Blakeney chevalier de l'Ordre du Bain et pair d'Irlande. Le Parlement a été ouvert le 2 décembre, et le roi a prononcé un discours sur la défense des possessions américaines, la sécurité des royaumes, et la création d'une milice nationale. Il a également mentionné l'alliance dangereuse des puissances étrangères et les menaces pour le Corps Germanique. Le roi a ordonné le retour des troupes électorales en Allemagne, se reposant sur l'affection de son peuple. Il a recommandé au Parlement de soutenir la guerre avec vigueur et de prendre des mesures contre la cherté des grains. À La Haye, une ordonnance des États Généraux régule l'entrée des vaisseaux étrangers dans les ports. Un tremblement de terre a été ressenti à Cologne et dans les environs.
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