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1151
p. 1092-1104
L'INSTALLATION du Comte d'Albon, Prince d'Yvetot, dans la Charge de Lieutenant de Roi de la Province de Foretz.
Début :
La Maison d'Albon est connuë pour une des plus anciennes du Royaume, [...]
Mots clefs :
Maison d'Albon, Forez, Lieutenant du roi, Ville, Comte d'Albon, Roanne, Officiers, Montbrison, Compliment, Noblesse, Seigneur, Ordre, Échevins
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texteReconnaissance textuelle : L'INSTALLATION du Comte d'Albon, Prince d'Yvetot, dans la Charge de Lieutenant de Roi de la Province de Foretz.
L'INSTALLATION du Comte d'Albon
, Prince d'Yvetot , dans la Charge
de Lieutenant de Roi de la Province de
Foretz.
L
A Maison d'Albon est connue pour
une des plus anciennes du Royaume ,
et ceux qui connoissent particulierement
M. le Comte d'Albon avoue que ses qualités
personnelles sont encore au- dessus
de sa naissance . Le Roi vient de lui accorder
des Provisions pour la Lieutenan
ce de Roi de la Proviuce de Foretz , va
cante par le décès du Comte de Verdun .
La Ville de Roanne , Capitale de la pe
tite Province de Roannois , qui fait partie
du Foretz , se felicite d'avoir vû naître
le Comte d'Albon , qui s'y rendit au
commencement de l'hyver dernier , et
voyant la Noblesse et les Corps disposés
à lui rendre les honneurs dûs à la Digni
té pour laquelle il venoit de prêter serment
entre les mains de Sa Majesté , sa
modestie lui fit differer de les recevoir
jusqu'après son installation ; cependant
il donna aux Dames pendant le Carna
val plusieurs Fêtes galantes, dont la der-
1. Vola
niere
JUIN. €734- 1079 ,
niere fut distinguée par l'abondance et la
somptuosité. Cent dix- huit personnes invitées
à un grand répas , furent servies
avec autant d'ordre et de propreté, que de
délicatesse et de goût .
Les R. P. Jesuites , pour contribuer à
la joye publique , firent représenter par
leurs Ecoliers la Tragedie du Sacrificce
d'Abraham , de la composition du P. Brumoy.
Les Acteurs surpasserent les talens
ordinaires des Enfans de leur âge , par l'intelligence
et la précision de leur déclamation
, et cette Représentation procura à
M. le Comte d'Albon les premiers complimens
publics. Ces mêmes Peres prépa -1
rent actuellement un jeune Ecolier à soutenir
une These publique de Litterature
qui lui sera dédiée, et qui terminera tout
ce qui se sera passé à cette occasion .
s ,
Dès les premiers jours d'Avril le Comte
d'Albon ayant fait sçavoir à la Ville
de Monbrison le jour qu'il y arrivercit
pour l'enregistremsnt de ses Provisions
et pour prendre possession de sa nouvelle
Dignité, il partit de Roinne, accompagné
de la plus grande partie de la Noblesse de
la Ville et du voisinage , de la Maréchaussée
, de ses Gardes , et d'un grand nombre
d'Officiers et de Domestiques de sa
Maison ; la Bourgeoise des petites Villes
I. Vol.
qiu
C
1994 MERCURE DE FRANCE
qui sont sur la route vint à cheval audevant
de lui , le complimenta et l'accompagna
de Ville en Ville.
Il alla coucher de Roanne à Leigneux ,
Maison et Chapitre de Chanoinesses de
la premiere distinction ; il fut reçû avec
les marques du plus vif empressement ,
complimenté par le Chapitre et par la Noblesse
du voisinage qui s'y étoient rendus
en grand concours . Il en partit le lende
main avec le même cortege , et la Noblesse
qui l'avoit accompagné de Roanne ,
se trouva encore augmentée par celle
qui s'étoit rendue à Leigneux. Le Lieutenant
du Prévôt de la Maréchaussée de.
Monbrison, à la tête de ses Brigades, vint
jusques près de Leigneux, le complimenta
, et l'accompagna jusqu'à Monbrison .
Sur les limites de la banlieuë de cette
Ville , le Lieutenant General du Bailliage
avec la Noblesse de la Ville et des environs
, plusieurs Officiers de ce Siege ,
de l'Election , et des autres Corps vinrent
à cheval au devant de lui .
A son entrée dans la Ville , on fit une
décharge de Fauconneaux et de Boëtes ,
dans le tems que les Echevins firent leur
compliment. La Milice Bourgeoise sous
les Armes , Tambours battans , Enseignes
déployées , formant une double haye de-
1. Vol.
puis
JUIN.
1095
1734.
puis les Portes de la Ville jusqu'à l'Hôtel
qui lui avoit été préparé . Il s'y rendit aux
acclamations du Peuple et au bruit de la
mousqueterie , entouré de huit Drapeaux
de la Bourgeoisie , les Dames magnifiquement
parées étant aux fenêtres. Il trouva
à son Hôtel une infinité de personnes de
distinction , que l'âge ou les infirmités
empêchoient de donner des marques plus
vives de leur zele. Le soir on alluma des
feux dans les rues et dans les Places
bliques , et presque toutes les maisons curent
des illuminations ; on y vit sur tout
quantité de lanternes ingenieusement
faites et peintes aux Armes de la Maison
d'Albon .
pu-
Le lendemain la Milice Bourgeoise se
mit en double haye depuis l'Hôtel du
Comte d'Albon jusqu'au Palais . Les Echovins
, en habit de ceremonie , avec les
Officiets de la Ville , le vinrent prendre;
il étoit précedé dans sa marche par une
Compagnie Franche de 30. hommes d'élite
, en habits uniformes , d'un grand
nombre de Gentilshommes , d'Officiers
Militaires, et d'une infinité de personnes
disringuées ; ses Gardes marchoient immediatement
devant lui , et les Echevins
à ses côtés. La marche étoit fermée par
un nombre égal de trente hommes de la
I. Vol. Cij même
1096 MERCURE DE FRANCE
même Compagnie Franche ;, il fut ainsi
conduit au bruit des Fauconneaux , des
Boëtes , de la Mousqueterie et des Tambours
.A la Porte duPalais il reçut un compliment
du Doyen du Bailliage , qui l'ac
compagna jusqu'au fauteuil qui lui étoit
préparé au milieu du Parquet , et dans
lequel il se plaça , ayant à ses côtés les
Echevins et les Officiers de Ville sur des
chaises ordinaires. La salle d'Audiance
étoit extrêmément ornée , les Dames richement
parées , et beaucoup de personnes
s'y étoient rendues pour assister à la
ceremonie.
L'Huissier Audiancier ayant donné le
signal , le Sieur de Pomerolle , celcbre
Avocat, prononça un três - beau Discours
sur le sujet de la Séance ; il s'étendit sur
l'ancienne origine de la Maison d'Albon
, que l'Histoire assûre être sortie des
Dauphins de Viennois , sur le nombre des
Illustres personnages qu'elle a donnés à
l'Eglise de Lyon depuis l'onziéme siecle.
L'éloge de M. l'Abbé Comte d'Albon
qui est le quatriéme Archidiacre de cette
Eglise de son nom , ne fut point oublié;
ses grandes qualités le rapprochent si fort
de M. son Frere, qu'il semble ne lui ceder
que par la seule circonstance d'être son
puîné.
3
I. Vol. L'OraJUIN.
1734. 1097
L'Orateur rappella la memoire du fameux
Antoine d'Albon , Archevêque de
Lyon , et Commandant pour le Roi dan's
le Gouvernement ; il fit mention de tous
ceux de cette Maison qui avoient rempli
les Dignités de cette Eglise , ainsi que
des quatorze Abbés de Savigny , de plusieurs
Chevaliers et Commandeurs de
Malthe , de deux Gouverneurs du Lyonnois
, Jean et Jacques d'Albon ;, ce dernier
étoit Chevalier des Ordres du Roi
et de la Jarretiere, Favori des trois Rois ;
et si connu dans l'Histoire sous le nom
de Maréchal de Saint André. Il parla de
plusieurs autres Illustres Guerriers , et cafin
du fameux Gosselin d'Albon , Marquis
de Saint Forgeux , duquel M. le Comte
d'Albon décend de Pere en Fils , lequel
se rendit si recommandable dans les premieres
Croizades , et qui rapporta de la
Tetre Sainte le Corps de S. Antoine
dont il fit present à l'Abbaye de cet Ordre.
Il parla aussi de la Transaction faire
entre Jean d'Albon et Humbert Dauphin
de Viennois , qui regle la legitime du premier
. Et en retraçant les differentes Alliances
de cette Maison , il finit par celle
de Camille d'Albon , Marquis de S. Forgeux
, avec Françoise - Julie de Crévant ,
qui a fait entrer dans cette Maison la Prin-
1. Vol. Ciij cipauté
1098 MERCURE DE FRANCE
cipauté Souveraine d'Yvetot en Normandie.
L'Orateur fut particulierement applaudi
lorsqu'il parla des qualités personnelles
de M.le Comte d'Albon , c'est-a- dire
, sa generosité , sa magnificence ,sa pieté,
sa charité, qui lui a merité le titre précieux
de Pere des Pauvres , sa douceur,
son équité , sa politesse , son esprit de
paix qui lerend arbitre des differens , & c.
Ce Discours fut suivi de celui de M.
Thoynet , Procureur du Roi , qui ne
parla pas avec moins d'Eloquence et de
dignité sur le même sujet , et plut infiniment
par sa netteté et par sa précision .
Ensuite M. Demaux , Lieutenant General
, ayant recueilli les voix , prononça
l'enregistrement des Lettres et de l'Acte
d'Installation .
M. le Comte d'Albon s'étant levé et
ayant salué la Compagnie , se remit en
marche dans le même ordre. Le Peuple
fut regalé de plusieurs tonneaux de vin
qui coulerent avec profusion .
Arrivé chez lui il reçût les complimens
de tous les Députés des Corps de la Ville
de Monbrison , et des autres Corps du
département de Forez , ausquels il répondit
avec l'esprit et la politesse qui lui
sont si naturels , et sur tout avec une bonté
de coeur que personne ne se lasse d'admirer.
PenJUIN.
1734 1099
Pendant cinq jours que le Comte d'Albon
a passés à Monbrison , il a tenu deux
tables de vingt- cinq couverts chacune
servies avec la même magnificence , le
même ordre et la même profusion , ce qui
ne l'a pas empêché de faire sentir aux malheureux
que sa generosité et sa charité
étoient inépuisables . Les accommodemens
qu'il a faits ont annoncé que la paix
et l'union ont été ses premieres vûës dans
l'exercice de sa Charge.
Avant son départ les Officiers de Monbrison
lui donnerent uneFête magnifique.
Son retout à Roanne fut celebré par les
mêmes honneurs ; les principales Dames ,
très- parées , allerent dans leurs carosses
au devant de lui à plus d'une lieuë. Une
troupe de plus de cinquante Cavaliers formée
par les principaux de la Ville , propre
ment vêtus et très - bien montés sur des
chevaux richement harnachés , avoit précedé
le carosse des Dames , et étoient
allés à plus de trois lieuës au- devant du
nouveau Lieutenant de Roi . Un Trompette
marchoit à la tête de la Troupe ;
celui qui la commandoit le salua de Fépée
, et lui fit un compliment militaire
qui fut très- goûté et parfaitement bien
reçû.
Le Lieutenant de la Maréchaussée de
1. Vol. Ciiij Roanne
1100 MERCURE DE FRANCE
Roanne fut aussi à la tête de ses Brigades
à quatre ou cinq lieuës au devant de lui;
mais ce qui parut le plus remarquable fut
uneCompagnie de douze jeunes Demoiselles
des plus distinguées et des plus brillantes
, une Dame à leur tête , toutes en habit
d'Amazones , escortées par un pareil
nombre de jeunes Cavaliers , parfaitement
bien montés , qui furent aussi audevant
de lui à près de deux lieuës ; et
après le compliment que lui fit la Dame
qui les conduisoit , elles lui firent cortege
jusqu'a son Hôtel . Son arrivée à Roanne
fut annoncée comme à Monbrison ,
par le bruit des boëtes , de la Mousqueteric
, des Tambours , & c.
La Bourgeoisie sous les Armes forme
une double haye depuis l'entrée de la Ville
jusques chez lui , où il reçût le compli
ment des Echevins et des Officiers du
Corps de la Ville . Il reçut ensuite les
complimens de tous les Corps Ecclesiastiques
, Seculiers et Reguliers , des Officiers
du Bailliage , de l'Election , et des
autres Compagnies .
Les Jesuites y conduisirent un nombre
chosi de leurs Ecoliers , qui firent leurs
complimens en Prose et en Vers François
, en Latin et en Grec. Il retint plus
de soixante personnes à souper ; il y eut
I. Vol. trois
JUIN. 1734. ΙΙΟΙ
trois tables de vingt couverts chacune
servies avec la même magnificence et le
même ordre.
Le lendemain une troupe de jeunes
Garçons de distinction , de l'âge de sept
à huit ans , un des Fils du Lieutenant general
du Baillage à leur tête , et portant la
parole , lui vint faire un compliment en
vers qui lui plut beaucoup. Ce Seigneur
eut la bonté de lui faire present et de le
ceindre d'une magnifique épée, en répondant
à son compliment avec la derniere
politesse.Le jeune Enfant sensible au-delà
de l'expression à l'honneur qu'il avoit
reçû , pressa vivement M. son Pere de
lui composer un remerciement qu'il apprit
toute la nuit , et qu'il alla reciter le
endemain.
Le surlendemain le Comte d'Albon fit
inviter à dîner tous les Corps , au nombre
de plus de 60. personnes , ainsi que
les Officiers Militaires ; la même délicatesse
et la même abondance s'y firent
remarquer.
Une partie des jeunes Cavaliers et des
Amazones qui allerent au devant de lui,
pour terminer toutes ces fêtes parun spectacle
vif et brillant,a fait dresser un Théâtre
magnifique dans le jeu de Palme de
la Ville , sur lequel ils ont represent la
I. Vol. Cy Tra1102
MERCURE DE FRANCE
Tragedie d'Andromaque , suivie de la petite
Piece des Vendanges de Surenne , avec
tous les ornemens , mêlés de danses. Les
Acteurs ont passé l'attente desSpectateus ;
et le Marquis de C .... qui s'est chargé
de les exercer , doit s'applaudir de ses
soins , encore plus de ses talens pour la
déclamation .
On peut dire que dans toutes ces Fêtes
rien n'a manqué de la part de la Province,
pour prouver à M. le Comte d'Albon
combien les coeurs lui sont dévoüés ; et
de la part de ce Seigneur , combien il a
été sensible aux empressemens qu'on lui
a témoignés.
Voici le compliment du Fils de M. Huť
de la Curée , Lieutenant General au
Bailliage de Roanne.
SEigneur , les jeux , les ris , les fêtes , l'allo
gresse ,
Ont été de tout tems amis de la jeunesse ;
Permets donc qu'Apollon secondant nos transports ,
Pour les mieux exprimer nous prête ses accords.
› Ta Noblesse, ton Sang , ton coeur ton caractere
T'acquirent de tout tems le doux talent de plaire ;
Et de tes qualités sincere admirateur ,
Chacun t'ofre à l'envi l'hommage de son creur.
Nos braves Citoyens par leur ardeur guerriere ,
I. Vol.
Sem17'
4. 1103
Semblent aux champs de Mars s'ouvrir une car◄
riere ;
Au bruit de leurs Tambours , au son de leurs Clairons
"
¿
On voit à chaque instant grossir leurs Bataillons
Et d'une double file honorant ton passage,
De leur filelité leur ardeur est le gage ,
Empressés de prouver que sous tes étendarts
Leur valeur défendra leurs antiques remparts.
Des Echevins zelés à leur devoir dociles ,
T'ofrent les clefs des coeurs avec celles des Villes.
Et vientnent t'assûrer de leur attachement ,
Par la solemnité d'un auguste serment ;
De toute part l'écho de la voix populaire ,
Benit l'heureux instant où tu vis la lumiere.
Mille et mille soukaits portés jusques aux Cieux
pour toi des jours sains et nom- Leur demandent
breux .
Resterons- nous muets, tandis que tout s'anime ?
Non , non >
nous allons tous d'une voix unanime
Crier dans nos transports longissimè vivat ;
Voilà nos voeux , Seigneur , Deus exaudiat.
Suit le Remerciement du même jeune
Homme , sur l'épée dont M.d'Albon
lui a fait present.
SEigneur , mon coeur reçoit avec reconnoissance
Ce present que je dois à ta magnificence .
1.Vol. Cvj Tu
1104 MERCURE DE FRANCE
Tu m'armes Chevalier : Ceux des siecles passés
Vont voir par mes exploits tous les leurs effacés..
Je sens avec mon sang circuler le courage ,
Et mon ardeur prévient les forces de mon âge ;
Les Renauds , les Rollands , et les deux Amadis,
Instruits de mes projets en feroient interdits.
Le trait n'est point Gascon ; car aux ames bien
nées
La valeur n'atsend pas le nombre des années ;
Et quand par toi , Seigneur , on voit armer son
bras,
On brave les périls et l'horreur du trépas.
Paroissez , fier Germain , paroissez , Moscovite,
Je fçaurai vous dompter , vous réduire à lafuite
J'enjure par ce fer que j'ai reçû de toi ,
Par lafidelité que je dois à mon Roi,
Par l'amour paternel , par celui de la gloire ,
Enfin par le désir de vivre dans l'histoire.
Mais ce fer me seroit encor plus précieux
Si pour toi je pouvois l'employer à tes yeux.
, Prince d'Yvetot , dans la Charge
de Lieutenant de Roi de la Province de
Foretz.
L
A Maison d'Albon est connue pour
une des plus anciennes du Royaume ,
et ceux qui connoissent particulierement
M. le Comte d'Albon avoue que ses qualités
personnelles sont encore au- dessus
de sa naissance . Le Roi vient de lui accorder
des Provisions pour la Lieutenan
ce de Roi de la Proviuce de Foretz , va
cante par le décès du Comte de Verdun .
La Ville de Roanne , Capitale de la pe
tite Province de Roannois , qui fait partie
du Foretz , se felicite d'avoir vû naître
le Comte d'Albon , qui s'y rendit au
commencement de l'hyver dernier , et
voyant la Noblesse et les Corps disposés
à lui rendre les honneurs dûs à la Digni
té pour laquelle il venoit de prêter serment
entre les mains de Sa Majesté , sa
modestie lui fit differer de les recevoir
jusqu'après son installation ; cependant
il donna aux Dames pendant le Carna
val plusieurs Fêtes galantes, dont la der-
1. Vola
niere
JUIN. €734- 1079 ,
niere fut distinguée par l'abondance et la
somptuosité. Cent dix- huit personnes invitées
à un grand répas , furent servies
avec autant d'ordre et de propreté, que de
délicatesse et de goût .
Les R. P. Jesuites , pour contribuer à
la joye publique , firent représenter par
leurs Ecoliers la Tragedie du Sacrificce
d'Abraham , de la composition du P. Brumoy.
Les Acteurs surpasserent les talens
ordinaires des Enfans de leur âge , par l'intelligence
et la précision de leur déclamation
, et cette Représentation procura à
M. le Comte d'Albon les premiers complimens
publics. Ces mêmes Peres prépa -1
rent actuellement un jeune Ecolier à soutenir
une These publique de Litterature
qui lui sera dédiée, et qui terminera tout
ce qui se sera passé à cette occasion .
s ,
Dès les premiers jours d'Avril le Comte
d'Albon ayant fait sçavoir à la Ville
de Monbrison le jour qu'il y arrivercit
pour l'enregistremsnt de ses Provisions
et pour prendre possession de sa nouvelle
Dignité, il partit de Roinne, accompagné
de la plus grande partie de la Noblesse de
la Ville et du voisinage , de la Maréchaussée
, de ses Gardes , et d'un grand nombre
d'Officiers et de Domestiques de sa
Maison ; la Bourgeoise des petites Villes
I. Vol.
qiu
C
1994 MERCURE DE FRANCE
qui sont sur la route vint à cheval audevant
de lui , le complimenta et l'accompagna
de Ville en Ville.
Il alla coucher de Roanne à Leigneux ,
Maison et Chapitre de Chanoinesses de
la premiere distinction ; il fut reçû avec
les marques du plus vif empressement ,
complimenté par le Chapitre et par la Noblesse
du voisinage qui s'y étoient rendus
en grand concours . Il en partit le lende
main avec le même cortege , et la Noblesse
qui l'avoit accompagné de Roanne ,
se trouva encore augmentée par celle
qui s'étoit rendue à Leigneux. Le Lieutenant
du Prévôt de la Maréchaussée de.
Monbrison, à la tête de ses Brigades, vint
jusques près de Leigneux, le complimenta
, et l'accompagna jusqu'à Monbrison .
Sur les limites de la banlieuë de cette
Ville , le Lieutenant General du Bailliage
avec la Noblesse de la Ville et des environs
, plusieurs Officiers de ce Siege ,
de l'Election , et des autres Corps vinrent
à cheval au devant de lui .
A son entrée dans la Ville , on fit une
décharge de Fauconneaux et de Boëtes ,
dans le tems que les Echevins firent leur
compliment. La Milice Bourgeoise sous
les Armes , Tambours battans , Enseignes
déployées , formant une double haye de-
1. Vol.
puis
JUIN.
1095
1734.
puis les Portes de la Ville jusqu'à l'Hôtel
qui lui avoit été préparé . Il s'y rendit aux
acclamations du Peuple et au bruit de la
mousqueterie , entouré de huit Drapeaux
de la Bourgeoisie , les Dames magnifiquement
parées étant aux fenêtres. Il trouva
à son Hôtel une infinité de personnes de
distinction , que l'âge ou les infirmités
empêchoient de donner des marques plus
vives de leur zele. Le soir on alluma des
feux dans les rues et dans les Places
bliques , et presque toutes les maisons curent
des illuminations ; on y vit sur tout
quantité de lanternes ingenieusement
faites et peintes aux Armes de la Maison
d'Albon .
pu-
Le lendemain la Milice Bourgeoise se
mit en double haye depuis l'Hôtel du
Comte d'Albon jusqu'au Palais . Les Echovins
, en habit de ceremonie , avec les
Officiets de la Ville , le vinrent prendre;
il étoit précedé dans sa marche par une
Compagnie Franche de 30. hommes d'élite
, en habits uniformes , d'un grand
nombre de Gentilshommes , d'Officiers
Militaires, et d'une infinité de personnes
disringuées ; ses Gardes marchoient immediatement
devant lui , et les Echevins
à ses côtés. La marche étoit fermée par
un nombre égal de trente hommes de la
I. Vol. Cij même
1096 MERCURE DE FRANCE
même Compagnie Franche ;, il fut ainsi
conduit au bruit des Fauconneaux , des
Boëtes , de la Mousqueterie et des Tambours
.A la Porte duPalais il reçut un compliment
du Doyen du Bailliage , qui l'ac
compagna jusqu'au fauteuil qui lui étoit
préparé au milieu du Parquet , et dans
lequel il se plaça , ayant à ses côtés les
Echevins et les Officiers de Ville sur des
chaises ordinaires. La salle d'Audiance
étoit extrêmément ornée , les Dames richement
parées , et beaucoup de personnes
s'y étoient rendues pour assister à la
ceremonie.
L'Huissier Audiancier ayant donné le
signal , le Sieur de Pomerolle , celcbre
Avocat, prononça un três - beau Discours
sur le sujet de la Séance ; il s'étendit sur
l'ancienne origine de la Maison d'Albon
, que l'Histoire assûre être sortie des
Dauphins de Viennois , sur le nombre des
Illustres personnages qu'elle a donnés à
l'Eglise de Lyon depuis l'onziéme siecle.
L'éloge de M. l'Abbé Comte d'Albon
qui est le quatriéme Archidiacre de cette
Eglise de son nom , ne fut point oublié;
ses grandes qualités le rapprochent si fort
de M. son Frere, qu'il semble ne lui ceder
que par la seule circonstance d'être son
puîné.
3
I. Vol. L'OraJUIN.
1734. 1097
L'Orateur rappella la memoire du fameux
Antoine d'Albon , Archevêque de
Lyon , et Commandant pour le Roi dan's
le Gouvernement ; il fit mention de tous
ceux de cette Maison qui avoient rempli
les Dignités de cette Eglise , ainsi que
des quatorze Abbés de Savigny , de plusieurs
Chevaliers et Commandeurs de
Malthe , de deux Gouverneurs du Lyonnois
, Jean et Jacques d'Albon ;, ce dernier
étoit Chevalier des Ordres du Roi
et de la Jarretiere, Favori des trois Rois ;
et si connu dans l'Histoire sous le nom
de Maréchal de Saint André. Il parla de
plusieurs autres Illustres Guerriers , et cafin
du fameux Gosselin d'Albon , Marquis
de Saint Forgeux , duquel M. le Comte
d'Albon décend de Pere en Fils , lequel
se rendit si recommandable dans les premieres
Croizades , et qui rapporta de la
Tetre Sainte le Corps de S. Antoine
dont il fit present à l'Abbaye de cet Ordre.
Il parla aussi de la Transaction faire
entre Jean d'Albon et Humbert Dauphin
de Viennois , qui regle la legitime du premier
. Et en retraçant les differentes Alliances
de cette Maison , il finit par celle
de Camille d'Albon , Marquis de S. Forgeux
, avec Françoise - Julie de Crévant ,
qui a fait entrer dans cette Maison la Prin-
1. Vol. Ciij cipauté
1098 MERCURE DE FRANCE
cipauté Souveraine d'Yvetot en Normandie.
L'Orateur fut particulierement applaudi
lorsqu'il parla des qualités personnelles
de M.le Comte d'Albon , c'est-a- dire
, sa generosité , sa magnificence ,sa pieté,
sa charité, qui lui a merité le titre précieux
de Pere des Pauvres , sa douceur,
son équité , sa politesse , son esprit de
paix qui lerend arbitre des differens , & c.
Ce Discours fut suivi de celui de M.
Thoynet , Procureur du Roi , qui ne
parla pas avec moins d'Eloquence et de
dignité sur le même sujet , et plut infiniment
par sa netteté et par sa précision .
Ensuite M. Demaux , Lieutenant General
, ayant recueilli les voix , prononça
l'enregistrement des Lettres et de l'Acte
d'Installation .
M. le Comte d'Albon s'étant levé et
ayant salué la Compagnie , se remit en
marche dans le même ordre. Le Peuple
fut regalé de plusieurs tonneaux de vin
qui coulerent avec profusion .
Arrivé chez lui il reçût les complimens
de tous les Députés des Corps de la Ville
de Monbrison , et des autres Corps du
département de Forez , ausquels il répondit
avec l'esprit et la politesse qui lui
sont si naturels , et sur tout avec une bonté
de coeur que personne ne se lasse d'admirer.
PenJUIN.
1734 1099
Pendant cinq jours que le Comte d'Albon
a passés à Monbrison , il a tenu deux
tables de vingt- cinq couverts chacune
servies avec la même magnificence , le
même ordre et la même profusion , ce qui
ne l'a pas empêché de faire sentir aux malheureux
que sa generosité et sa charité
étoient inépuisables . Les accommodemens
qu'il a faits ont annoncé que la paix
et l'union ont été ses premieres vûës dans
l'exercice de sa Charge.
Avant son départ les Officiers de Monbrison
lui donnerent uneFête magnifique.
Son retout à Roanne fut celebré par les
mêmes honneurs ; les principales Dames ,
très- parées , allerent dans leurs carosses
au devant de lui à plus d'une lieuë. Une
troupe de plus de cinquante Cavaliers formée
par les principaux de la Ville , propre
ment vêtus et très - bien montés sur des
chevaux richement harnachés , avoit précedé
le carosse des Dames , et étoient
allés à plus de trois lieuës au- devant du
nouveau Lieutenant de Roi . Un Trompette
marchoit à la tête de la Troupe ;
celui qui la commandoit le salua de Fépée
, et lui fit un compliment militaire
qui fut très- goûté et parfaitement bien
reçû.
Le Lieutenant de la Maréchaussée de
1. Vol. Ciiij Roanne
1100 MERCURE DE FRANCE
Roanne fut aussi à la tête de ses Brigades
à quatre ou cinq lieuës au devant de lui;
mais ce qui parut le plus remarquable fut
uneCompagnie de douze jeunes Demoiselles
des plus distinguées et des plus brillantes
, une Dame à leur tête , toutes en habit
d'Amazones , escortées par un pareil
nombre de jeunes Cavaliers , parfaitement
bien montés , qui furent aussi audevant
de lui à près de deux lieuës ; et
après le compliment que lui fit la Dame
qui les conduisoit , elles lui firent cortege
jusqu'a son Hôtel . Son arrivée à Roanne
fut annoncée comme à Monbrison ,
par le bruit des boëtes , de la Mousqueteric
, des Tambours , & c.
La Bourgeoisie sous les Armes forme
une double haye depuis l'entrée de la Ville
jusques chez lui , où il reçût le compli
ment des Echevins et des Officiers du
Corps de la Ville . Il reçut ensuite les
complimens de tous les Corps Ecclesiastiques
, Seculiers et Reguliers , des Officiers
du Bailliage , de l'Election , et des
autres Compagnies .
Les Jesuites y conduisirent un nombre
chosi de leurs Ecoliers , qui firent leurs
complimens en Prose et en Vers François
, en Latin et en Grec. Il retint plus
de soixante personnes à souper ; il y eut
I. Vol. trois
JUIN. 1734. ΙΙΟΙ
trois tables de vingt couverts chacune
servies avec la même magnificence et le
même ordre.
Le lendemain une troupe de jeunes
Garçons de distinction , de l'âge de sept
à huit ans , un des Fils du Lieutenant general
du Baillage à leur tête , et portant la
parole , lui vint faire un compliment en
vers qui lui plut beaucoup. Ce Seigneur
eut la bonté de lui faire present et de le
ceindre d'une magnifique épée, en répondant
à son compliment avec la derniere
politesse.Le jeune Enfant sensible au-delà
de l'expression à l'honneur qu'il avoit
reçû , pressa vivement M. son Pere de
lui composer un remerciement qu'il apprit
toute la nuit , et qu'il alla reciter le
endemain.
Le surlendemain le Comte d'Albon fit
inviter à dîner tous les Corps , au nombre
de plus de 60. personnes , ainsi que
les Officiers Militaires ; la même délicatesse
et la même abondance s'y firent
remarquer.
Une partie des jeunes Cavaliers et des
Amazones qui allerent au devant de lui,
pour terminer toutes ces fêtes parun spectacle
vif et brillant,a fait dresser un Théâtre
magnifique dans le jeu de Palme de
la Ville , sur lequel ils ont represent la
I. Vol. Cy Tra1102
MERCURE DE FRANCE
Tragedie d'Andromaque , suivie de la petite
Piece des Vendanges de Surenne , avec
tous les ornemens , mêlés de danses. Les
Acteurs ont passé l'attente desSpectateus ;
et le Marquis de C .... qui s'est chargé
de les exercer , doit s'applaudir de ses
soins , encore plus de ses talens pour la
déclamation .
On peut dire que dans toutes ces Fêtes
rien n'a manqué de la part de la Province,
pour prouver à M. le Comte d'Albon
combien les coeurs lui sont dévoüés ; et
de la part de ce Seigneur , combien il a
été sensible aux empressemens qu'on lui
a témoignés.
Voici le compliment du Fils de M. Huť
de la Curée , Lieutenant General au
Bailliage de Roanne.
SEigneur , les jeux , les ris , les fêtes , l'allo
gresse ,
Ont été de tout tems amis de la jeunesse ;
Permets donc qu'Apollon secondant nos transports ,
Pour les mieux exprimer nous prête ses accords.
› Ta Noblesse, ton Sang , ton coeur ton caractere
T'acquirent de tout tems le doux talent de plaire ;
Et de tes qualités sincere admirateur ,
Chacun t'ofre à l'envi l'hommage de son creur.
Nos braves Citoyens par leur ardeur guerriere ,
I. Vol.
Sem17'
4. 1103
Semblent aux champs de Mars s'ouvrir une car◄
riere ;
Au bruit de leurs Tambours , au son de leurs Clairons
"
¿
On voit à chaque instant grossir leurs Bataillons
Et d'une double file honorant ton passage,
De leur filelité leur ardeur est le gage ,
Empressés de prouver que sous tes étendarts
Leur valeur défendra leurs antiques remparts.
Des Echevins zelés à leur devoir dociles ,
T'ofrent les clefs des coeurs avec celles des Villes.
Et vientnent t'assûrer de leur attachement ,
Par la solemnité d'un auguste serment ;
De toute part l'écho de la voix populaire ,
Benit l'heureux instant où tu vis la lumiere.
Mille et mille soukaits portés jusques aux Cieux
pour toi des jours sains et nom- Leur demandent
breux .
Resterons- nous muets, tandis que tout s'anime ?
Non , non >
nous allons tous d'une voix unanime
Crier dans nos transports longissimè vivat ;
Voilà nos voeux , Seigneur , Deus exaudiat.
Suit le Remerciement du même jeune
Homme , sur l'épée dont M.d'Albon
lui a fait present.
SEigneur , mon coeur reçoit avec reconnoissance
Ce present que je dois à ta magnificence .
1.Vol. Cvj Tu
1104 MERCURE DE FRANCE
Tu m'armes Chevalier : Ceux des siecles passés
Vont voir par mes exploits tous les leurs effacés..
Je sens avec mon sang circuler le courage ,
Et mon ardeur prévient les forces de mon âge ;
Les Renauds , les Rollands , et les deux Amadis,
Instruits de mes projets en feroient interdits.
Le trait n'est point Gascon ; car aux ames bien
nées
La valeur n'atsend pas le nombre des années ;
Et quand par toi , Seigneur , on voit armer son
bras,
On brave les périls et l'horreur du trépas.
Paroissez , fier Germain , paroissez , Moscovite,
Je fçaurai vous dompter , vous réduire à lafuite
J'enjure par ce fer que j'ai reçû de toi ,
Par lafidelité que je dois à mon Roi,
Par l'amour paternel , par celui de la gloire ,
Enfin par le désir de vivre dans l'histoire.
Mais ce fer me seroit encor plus précieux
Si pour toi je pouvois l'employer à tes yeux.
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Résumé : L'INSTALLATION du Comte d'Albon, Prince d'Yvetot, dans la Charge de Lieutenant de Roi de la Province de Foretz.
Le Comte d'Albon, Prince d'Yvetot, issu d'une des plus anciennes maisons du Royaume, a été nommé Lieutenant du Roi de la Province de Foretz après le décès du Comte de Verdun. La ville de Roanne, capitale du Roannois, a célébré sa nomination et ses qualités personnelles. Le Comte d'Albon a organisé plusieurs fêtes à Roanne, dont la dernière a été particulièrement somptueuse avec 118 invités. Les Jésuites ont contribué à la joie publique en représentant la tragédie du Sacrifice d'Abraham. Le Comte d'Albon s'est ensuite rendu à Monbrison pour l'enregistrement de ses provisions et la prise de possession de sa nouvelle dignité. Il a été accompagné par la noblesse, la maréchaussée, et un grand nombre d'officiers et de domestiques. À Monbrison, il a été accueilli avec des honneurs militaires et des illuminations. L'enregistrement des lettres et de l'acte d'installation a été suivi de discours élogieux sur la Maison d'Albon et les qualités personnelles du Comte. Pendant son séjour à Monbrison, le Comte d'Albon a tenu des tables somptueuses et a fait preuve de générosité envers les pauvres. Son retour à Roanne a été célébré par des honneurs similaires, avec des fêtes et des spectacles organisés par la jeunesse locale. Les Jésuites ont présenté des compliments en prose et en vers. Le Comte d'Albon a reçu des compliments de divers corps ecclésiastiques et militaires, et a offert des présents, notamment une épée à un jeune garçon. Les fêtes se sont conclues par une représentation théâtrale. Le texte est également un poème célébrant le courage et la loyauté des citoyens et d'un jeune homme en particulier. Les citoyens, animés par une ardeur guerrière, proclament leur fidélité et leur valeur sous les étendards de leur seigneur. Les échevins offrent les clés des cœurs et des villes, assurant leur attachement par un serment solennel. La voix populaire bénit l'instant de la naissance du seigneur et souhaite pour lui des jours sains et nombreux. Le jeune homme remercie son seigneur pour le présent d'une épée, symbole de son armement en chevalier. Il exprime sa reconnaissance et sa détermination à accomplir des exploits qui effaceront ceux des siècles passés. Il affirme que le courage circule dans son sang et que son ardeur dépasse les forces de son âge. Il se compare aux héros légendaires comme Renaud, Roland et les deux Amadis, et se prépare à affronter les Germains et les Moscovites. Il jure par l'épée reçue, sa fidélité au roi, l'amour paternel, la gloire et le désir de vivre dans l'histoire. Il exprime enfin le souhait d'utiliser cette épée pour son seigneur.
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1152
p. 1216-1217
Entrée solemnelle de D. Carlos à Naples, [titre d'après la table]
Début :
Le 15. May, un Courrier dépêché de Madrid apporta à l'Infant Don Carlos le Diplôme par [...]
Mots clefs :
Roi d'Espagne, Roi de Naples, Naples, Dépêche, Habitants, Te Deum, Entrée solennelle, Infant Don Carlos
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Entrée solemnelle de D. Carlos à Naples, [titre d'après la table]
Le 15. May , un Courrier dépêché de Madrid
apporta à l'Infant Don Carlos le Diplôme par
lequel le Roy d'Espagne le déclare Roy de Naples
, et enjoint à tous les Seigneurs , Barons et
autres Habitans du Royaume , de le reconnoître
en cette qualité , et aux Magistrats des Villes
qui n'ont pas encore nommé des Députez pour
lui prêter serment de fidelité de lui en envoyer
incessamment , sous peine d'être regardez comme
rebelles et traitez selon toutes les rigueurs de
la guerre.
Ce Diplôme fut affiché et publié le même jour ,
et tous les Tribunaux en corps allerent rendre
hommage à leur nouveau Souverain qui fit ou
vrir les prisons , accorda la grace aux Criminels
2
I. Vol.
et
JUIN. 1734.: 1217
er ordonna qu'on distribuât de l'argent au
Peuple.
On chanta le Te Deum ; le soir il y eut des
Feux et des Illuminations dans toutes les rues ,
et les Habitans donnerent les plus grandes démonstrations
de joye.
Le Gouvernement a donné ordre qu'on frappât
de la Monnoye d'or et d'argent pour des
sommes considerables , au coin du nouveau Roy
de Naples.
Sa Majesté , qui étoit allée le 27. May dîner
à Baye , y reçut par le Marquis de Castellar ,
que le Comte de Montemar a dépêché au Roy
d'Espagne , la premiere nouvelle de la victoire
remportée le à Bitonto dans la Pouille , par
les Troupes Espagnoles sur celles de l'Empereur ,
commandées par le Comte de Viscomti.
*
25.
Le Roy revint aussi - tôt à Naples , où il trouva
un grand concours de Peuple qui cherchoit à lui,
marquer par ses acclamations , la part qu'il prenoit
à cet évenement, S M fit chanter ce jour là
le Te Deum dans sa Chapelle , et le lendemain il
alla en ceremonie à l'Eglise de S. Janvier , où il
fit rendre à Dieu de solemnelles actions de graces
de cette victoire , à l'occasion de laquelle il
y a cû dans la Ville pendant trois jours des Illu
minations et d'autres marques de réjouissance.
apporta à l'Infant Don Carlos le Diplôme par
lequel le Roy d'Espagne le déclare Roy de Naples
, et enjoint à tous les Seigneurs , Barons et
autres Habitans du Royaume , de le reconnoître
en cette qualité , et aux Magistrats des Villes
qui n'ont pas encore nommé des Députez pour
lui prêter serment de fidelité de lui en envoyer
incessamment , sous peine d'être regardez comme
rebelles et traitez selon toutes les rigueurs de
la guerre.
Ce Diplôme fut affiché et publié le même jour ,
et tous les Tribunaux en corps allerent rendre
hommage à leur nouveau Souverain qui fit ou
vrir les prisons , accorda la grace aux Criminels
2
I. Vol.
et
JUIN. 1734.: 1217
er ordonna qu'on distribuât de l'argent au
Peuple.
On chanta le Te Deum ; le soir il y eut des
Feux et des Illuminations dans toutes les rues ,
et les Habitans donnerent les plus grandes démonstrations
de joye.
Le Gouvernement a donné ordre qu'on frappât
de la Monnoye d'or et d'argent pour des
sommes considerables , au coin du nouveau Roy
de Naples.
Sa Majesté , qui étoit allée le 27. May dîner
à Baye , y reçut par le Marquis de Castellar ,
que le Comte de Montemar a dépêché au Roy
d'Espagne , la premiere nouvelle de la victoire
remportée le à Bitonto dans la Pouille , par
les Troupes Espagnoles sur celles de l'Empereur ,
commandées par le Comte de Viscomti.
*
25.
Le Roy revint aussi - tôt à Naples , où il trouva
un grand concours de Peuple qui cherchoit à lui,
marquer par ses acclamations , la part qu'il prenoit
à cet évenement, S M fit chanter ce jour là
le Te Deum dans sa Chapelle , et le lendemain il
alla en ceremonie à l'Eglise de S. Janvier , où il
fit rendre à Dieu de solemnelles actions de graces
de cette victoire , à l'occasion de laquelle il
y a cû dans la Ville pendant trois jours des Illu
minations et d'autres marques de réjouissance.
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Résumé : Entrée solemnelle de D. Carlos à Naples, [titre d'après la table]
Le 15 mai, un courrier de Madrid informe l'Infant Don Carlos qu'il est proclamé roi de Naples par le roi d'Espagne. Un diplôme ordonne à tous les seigneurs, barons et habitants du royaume de reconnaître Don Carlos comme roi et aux magistrats des villes de lui prêter serment de fidélité sous peine de rébellion. Le diplôme est affiché et publié le même jour. Les tribunaux rendent hommage à Don Carlos, qui libère les prisonniers, accorde la grâce aux criminels et distribue de l'argent au peuple. Des célébrations, incluant le chant du Te Deum et des illuminations, ont lieu. Le gouvernement ordonne la frappe de monnaie au nom du nouveau roi. Le 27 mai, Don Carlos apprend la victoire espagnole à Bitonto contre les troupes de l'empereur. À son retour à Naples, il fait chanter le Te Deum et organise des réjouissances publiques pour célébrer cette victoire.
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1153
p. 1222-1223
GRANDE BRETAGNE.
Début :
On a appris par une Lettre du Gouverneur de la Jamaïque, datée du 31. Mars dernier, [...]
Mots clefs :
Jamaïque, Nègres, Gouverneur, Maison, Armes, Révolte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
Na appris par une Lettre du Gouverneur
de la Jamaïque , datée du 31. Mars dernier,
qu'un nombre considerable de Negres s'étoit ré
J
IVol. volié
JUIN 1734% 7223
•
volté ; qu'après avoir enlevé dans les Magasins et
dans les Vaisseaux qui étoient à la Rade , un
grande quantité d'armes et de munitions de guerre
, ils s'étoient retirez au Nord de l'Isle du côté
de Port Antonio , où ils avoient détruit la plupart
des Plantations et commis beaucoup d'autres
désordres , et qu'il y avoit peu d'habitations
d'où il ne s'échapât tous les jours plusieurs Negres.
Le Gouverneur ajoute qu'il avoit ordonné
tous les Habitans de prendre les armes et de
marcher contre les Rebelles ; mais qu'il avoit
lieu de craindre , s'il ne recevoit promptement:
du secours , de ne pouvoir appaiser la Révolte
dont les suites sont d'autant plus à redouter ,
qu'il y a dans cette Isle 80000. Negres , et qu'on
n'y compte qu'environ 9000. Blancs .
37
Le feu prit le 25. du mois dernier chez M Cantillon
, dont la maison fut entierement brûlée , et
qui périt lui - même dans les flâmes ; on a arrêté
deux hommes et une femme de ses domestiques
qu'on soupçonne d'avoir tué et volé leur Maître
et d'avoir mis ensuite le feu à sa Maison.
Na appris par une Lettre du Gouverneur
de la Jamaïque , datée du 31. Mars dernier,
qu'un nombre considerable de Negres s'étoit ré
J
IVol. volié
JUIN 1734% 7223
•
volté ; qu'après avoir enlevé dans les Magasins et
dans les Vaisseaux qui étoient à la Rade , un
grande quantité d'armes et de munitions de guerre
, ils s'étoient retirez au Nord de l'Isle du côté
de Port Antonio , où ils avoient détruit la plupart
des Plantations et commis beaucoup d'autres
désordres , et qu'il y avoit peu d'habitations
d'où il ne s'échapât tous les jours plusieurs Negres.
Le Gouverneur ajoute qu'il avoit ordonné
tous les Habitans de prendre les armes et de
marcher contre les Rebelles ; mais qu'il avoit
lieu de craindre , s'il ne recevoit promptement:
du secours , de ne pouvoir appaiser la Révolte
dont les suites sont d'autant plus à redouter ,
qu'il y a dans cette Isle 80000. Negres , et qu'on
n'y compte qu'environ 9000. Blancs .
37
Le feu prit le 25. du mois dernier chez M Cantillon
, dont la maison fut entierement brûlée , et
qui périt lui - même dans les flâmes ; on a arrêté
deux hommes et une femme de ses domestiques
qu'on soupçonne d'avoir tué et volé leur Maître
et d'avoir mis ensuite le feu à sa Maison.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
En juin 1734, une lettre du gouverneur de la Jamaïque, datée du 31 mars, signale une révolte d'esclaves. Ces derniers ont dérobé des armes et des munitions dans les magasins et les vaisseaux, puis se sont réfugiés au nord de l'île, près de Port Antonio. Ils ont détruit plusieurs plantations et causé des troubles, tandis que de nombreux esclaves continuaient de fuir quotidiennement. Le gouverneur a ordonné aux habitants de s'armer contre les rebelles, mais il craint de ne pouvoir réprimer la révolte sans renforts. La situation est alarmante en raison du déséquilibre démographique : 80 000 esclaves contre environ 9 000 Blancs. Par ailleurs, le 25 du mois précédent, un incendie a détruit la maison de M. Cantillon, qui a péri dans les flammes. Trois domestiques ont été arrêtés, soupçonnés d'avoir tué et volé leur maître avant d'incendier la maison.
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1154
p. 1237-1239
Cordons Bleus nommez, [titre d'après la table]
Début :
Le 11. de ce mois, veille de la fête de la Pentecôte, le Roi revêtu du Grand [...]
Mots clefs :
Roi, Ordre du Saint-Esprit, Pentecôte, Rosset de Rocozel, Cordons bleus
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Cordons Bleus nommez, [titre d'après la table]
E 12. de ce mois , veille de la fête de
la Pentecôte , le Roi revêtu du Grand
Collier de l'Ordre du Saint - Esprit, se rendit
dans la Chapelle du Château , où
5. M. communia par les mains de l'Abbé
dé Suze , Aumônier du Roi en quartier .
Le Roi toucha ensuite un grand nombre
de malades .
L'après midi , Leurs Majestés assisterent
aux premieres Vêpres qui furent
chantées par la Musique , et ausquelles
' Archevêque de Narbonne , Prelat Commandeur
de l'Ordre du Saint- Esprit , officia
pontificalement .
Le 13. jour de la Pentecôte , fut tenu à
Versailles dans le Cabinet du Roi un
Chapitre de l'Ordre du Saint- Esprit ,
dans lequel furent proposés pour être reçus
Chevaliers de cet Ordre ,
Charles Louis - Auguste Fouquet , appellé
le Comte de Belleifle , Comte de
Gisors , Andely , Vernon , Lihous , & c.
qui fut fait en 1705. Mestre de Camp
I. Vol.
' 1 d'un
1238 MERCURE DE FRANCE
12.
d'un Regiment de Dragons , ci - devant
d'Estrades , à la tête duquel il se trouva
à l'attaque des Lignes de Turin , le 7 Sep
tembre 1706. Brigadier le 14 Novembre
1708. Mestre General des Dragons le 5 .
Juillet 1709, Maréchal de Camp le 8.
Mars 1718. Gouverneur de Huningue
le 31. Mars 1719. Commandant en chef
dans les trois Evêchés de Metz , Toul et
Verdun , Lieutenant General des Armées
du Roi , le 23. Decembre 1731. et Gou
verneur de la Ville et Citadelle de Metz
et du Pays Messin , au mois de Mars
1733. Il a été chargé au commencement
de la Campagne de faire le Siege du Châ
teau de Traërbach , qu'il a pris après 7 .
jours de Tranchée ouverte. Il est Fils de
Louis Fouquet , Marquis de Belleifle
Baron de Villars , Seigneur de Pomay , et
de feuë Dame Catherine Agnés de Levi,
Charlus , morte le 12. Juin 1729. et pe
tit- fils de Nicolas Fouquet , Vicomte de
Vaux et de Melun , Marquis de Belleisle,
Procureur General au Parlement de Paris,
et Surintendant des Finances.
Et Jean Hercules de Rosset de Rocozel
de Ceilles , Marquis de Perignan
Gouverneur premierement de Lodéve
puis de Sommieres au mois d'Avril 1729.
et ensuite d'Aiguesmortes au mois de Sep-
1. Vol
tembre
JUIN. 1734. 1279
tembre de la même année. Il est fils de
feu Bernardin de Rosset de Rocozel , Seigneur
de Ceilles , de Rocozel , de Bouloc
et de la Vernede , et de feuë D. Marie de
Fleury , Soeur d'André Hercules de Fleury
, Cardinal , ancien Evêque de Frejus ,
Ministre d'Etat , Grand- Aumônier de la
Reine , & c.
la Pentecôte , le Roi revêtu du Grand
Collier de l'Ordre du Saint - Esprit, se rendit
dans la Chapelle du Château , où
5. M. communia par les mains de l'Abbé
dé Suze , Aumônier du Roi en quartier .
Le Roi toucha ensuite un grand nombre
de malades .
L'après midi , Leurs Majestés assisterent
aux premieres Vêpres qui furent
chantées par la Musique , et ausquelles
' Archevêque de Narbonne , Prelat Commandeur
de l'Ordre du Saint- Esprit , officia
pontificalement .
Le 13. jour de la Pentecôte , fut tenu à
Versailles dans le Cabinet du Roi un
Chapitre de l'Ordre du Saint- Esprit ,
dans lequel furent proposés pour être reçus
Chevaliers de cet Ordre ,
Charles Louis - Auguste Fouquet , appellé
le Comte de Belleifle , Comte de
Gisors , Andely , Vernon , Lihous , & c.
qui fut fait en 1705. Mestre de Camp
I. Vol.
' 1 d'un
1238 MERCURE DE FRANCE
12.
d'un Regiment de Dragons , ci - devant
d'Estrades , à la tête duquel il se trouva
à l'attaque des Lignes de Turin , le 7 Sep
tembre 1706. Brigadier le 14 Novembre
1708. Mestre General des Dragons le 5 .
Juillet 1709, Maréchal de Camp le 8.
Mars 1718. Gouverneur de Huningue
le 31. Mars 1719. Commandant en chef
dans les trois Evêchés de Metz , Toul et
Verdun , Lieutenant General des Armées
du Roi , le 23. Decembre 1731. et Gou
verneur de la Ville et Citadelle de Metz
et du Pays Messin , au mois de Mars
1733. Il a été chargé au commencement
de la Campagne de faire le Siege du Châ
teau de Traërbach , qu'il a pris après 7 .
jours de Tranchée ouverte. Il est Fils de
Louis Fouquet , Marquis de Belleifle
Baron de Villars , Seigneur de Pomay , et
de feuë Dame Catherine Agnés de Levi,
Charlus , morte le 12. Juin 1729. et pe
tit- fils de Nicolas Fouquet , Vicomte de
Vaux et de Melun , Marquis de Belleisle,
Procureur General au Parlement de Paris,
et Surintendant des Finances.
Et Jean Hercules de Rosset de Rocozel
de Ceilles , Marquis de Perignan
Gouverneur premierement de Lodéve
puis de Sommieres au mois d'Avril 1729.
et ensuite d'Aiguesmortes au mois de Sep-
1. Vol
tembre
JUIN. 1734. 1279
tembre de la même année. Il est fils de
feu Bernardin de Rosset de Rocozel , Seigneur
de Ceilles , de Rocozel , de Bouloc
et de la Vernede , et de feuë D. Marie de
Fleury , Soeur d'André Hercules de Fleury
, Cardinal , ancien Evêque de Frejus ,
Ministre d'Etat , Grand- Aumônier de la
Reine , & c.
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Résumé : Cordons Bleus nommez, [titre d'après la table]
Le 12 juin, veille de la Pentecôte, le Roi, portant le Grand Collier de l'Ordre du Saint-Esprit, communia avec l'Abbé de Suze dans la Chapelle du Château et toucha un grand nombre de malades. L'après-midi, Leurs Majestés assistèrent aux premières Vêpres, officiées par l'Archevêque de Narbonne. Le 13 juin, jour de la Pentecôte, un Chapitre de l'Ordre du Saint-Esprit se tint à Versailles. Charles Louis-Auguste Fouquet, Comte de Belleisle, fut proposé pour être Chevalier de cet Ordre. Il avait été Mestre de Camp d'un Régiment de Dragons, s'était distingué lors de l'attaque des Lignes de Turin en 1706, et était devenu Lieutenant Général des Armées du Roi en 1731. Il était fils de Louis Fouquet, Marquis de Belleisle, et petit-fils de Nicolas Fouquet, Surintendant des Finances. Jean Hercules de Rosset de Rocozel de Ceilles, Marquis de Perignan, fut également proposé. Il avait été Gouverneur de Lodève, Sommières et Aiguesmortes, et était fils de Bernardin de Rosset de Rocozel et de Marie de Fleury, sœur du Cardinal André Hercules de Fleury.
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1155
p. 1239-1240
« Le Comte de Sennectere, qui a été nommé au mois dernier Ambassadeur du [...] »
Début :
Le Comte de Sennectere, qui a été nommé au mois dernier Ambassadeur du [...]
Mots clefs :
Maréchal de camp, Comte de Saint-Nectaire, Marquis de Vaugrenant, Marquis de Clermont-Tonnerre, Baron de Lordat
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Comte de Sennectere, qui a été nommé au mois dernier Ambassadeur du [...] »
Le Comte de Sennectere , qui a été
nommé au mois dernier Ambassadeur du
Roi , auprès du Roi de Sardaigne , est
Jean - Charles de Senneetere , Comte de
Saint Victour , Marechal de Camp de la
Promotion du 20. Fevrier dernier ,
qui avoit été nommé en certe qualité dans
Armée d'Allemagne . Voyez le Mercure
de Mai dernier , p . 1016.
,
Le Marquis de Vaugrenant, du surnom
de Villers - la- Faye , que le Comte de Sennectere
va remplacer , a été nommé à
l'Ambassade d'Espagne. Il est parlé de lui
à l'occasion de la mort de la Dame son
Epouse , dans le Mercure de Decembre
1733. vol. 2. p. 2933 .
*
Le Roi a accordé au Marquis de Clermont
Tonnere , Marechal de Camp , et
Commissaire General de la Cavalerie , la
Gouvernement de Mont- Dauphin .
1 ij S. M. L. Vol:
1240 MERCURE DE FRANCE
S. M. a donné le Regiment de Cavalerie
, dont le Prince de Lixin étoit Mestre
de Camp , au Baron de Lordat , Mestre
de Camp , et Lieutenant Colonel de
ce Regiment.
nommé au mois dernier Ambassadeur du
Roi , auprès du Roi de Sardaigne , est
Jean - Charles de Senneetere , Comte de
Saint Victour , Marechal de Camp de la
Promotion du 20. Fevrier dernier ,
qui avoit été nommé en certe qualité dans
Armée d'Allemagne . Voyez le Mercure
de Mai dernier , p . 1016.
,
Le Marquis de Vaugrenant, du surnom
de Villers - la- Faye , que le Comte de Sennectere
va remplacer , a été nommé à
l'Ambassade d'Espagne. Il est parlé de lui
à l'occasion de la mort de la Dame son
Epouse , dans le Mercure de Decembre
1733. vol. 2. p. 2933 .
*
Le Roi a accordé au Marquis de Clermont
Tonnere , Marechal de Camp , et
Commissaire General de la Cavalerie , la
Gouvernement de Mont- Dauphin .
1 ij S. M. L. Vol:
1240 MERCURE DE FRANCE
S. M. a donné le Regiment de Cavalerie
, dont le Prince de Lixin étoit Mestre
de Camp , au Baron de Lordat , Mestre
de Camp , et Lieutenant Colonel de
ce Regiment.
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Résumé : « Le Comte de Sennectere, qui a été nommé au mois dernier Ambassadeur du [...] »
Le Comte de Sennectere, nommé Ambassadeur du Roi auprès du Roi de Sardaigne, est Jean-Charles de Senneetere, promu Marechal de Camp. Il remplace le Marquis de Vaugrenant, nommé Ambassadeur d'Espagne. Le Roi a attribué le Gouvernement de Mont-Dauphin au Marquis de Clermont Tonnere et le Regiment de Cavalerie au Baron de Lordat.
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1156
p. 1240-1243
Maréchaux de France, [titre d'après la table]
Début :
Le 15. de ce mois le Roi a fait Marechaux de France, le Marquis d'Asfeld, [...]
Mots clefs :
Maréchal de France, Armée, Maréchal de Berwick, Lieutenant général, Alicante, Espagne, Général des fortifications, Siège de Barcelone, Marquis d'Asfeld, Adrien-Maurice de Noailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Maréchaux de France, [titre d'après la table]
Le 1s de ce mois le Roi a fait Marechaux
de France , le Marquis d'Asfeld
qui commande l'Armée de S. M. en Allemagne
, et le Duc de Noailles.
Claude François Bidal , Marquis d'Asfeld
et d'Alicante au Royaume de Valance
, Commandeur de l'Ordre Militaire
de Saint Louis , Chevalier de l'Ordre
de la Toison d'Or , Lieutenant General
des Armées du Roi , Gouverneur du Châ
teau Trompette à Bourdeaux , et Direc
teur General des Fortifications de France.
Etant Mestre de Camp d'un Regiment
de Dragons , il fut fait Brigadier le 28.
1694. et nommé en même tems pour ser
vir en cette qualité dans l'Armée de Flandres.
Il fut fait Marechal de Camp le 23 .
Decembre 1702. et Chevalier de l'Or
dre de Saint Louis le 20. Janvier 170 3 .
fut nommé au mois de Decembre suivant
pour aller servir en Espagne , fut
fait Lieutenant General le 26. Octobre
1704, se trouva au Siege de Barcelonne en
1706. obtint le Grand Cordon de l'Ordre
1. Vol,
de
JU IN. 1734- 1241
4000. de Saint Louis , avec la pension de
livres le 19. Septembre 1707. ayant fait
la même année la Campagne en Espagne
, où il continua de servir les années
suivantes. Etant de retour en France , il
fit en 1713. la Campagne en Allemagre,
commanda le 20. Septembre une des attaques
du Camp retranché des Imperiaux
près de Fribourg , servit ensuite au
Siege de cette Place , dont le Commandement
lui fut donné après sa reduction .
L'année suivante il servit sous le Marechal
de Berwick, au Siege de Barcelonne ,
et après la prise de cette Place il fut établi
Commandant en Catalogne . Il fut
chargé en 1715 de l'expedition de l'Ile de
Mayorque , qu'il fit rentrer le 3. Juillet
sous l'obéissance du Roi d'Espagne , sans
tirer un coup de canon , n'ayant débarqué
dans cette Isle que le 15. Juin precedent.
Le Roi Catholique , pour recompenser
ses services , le fit Marquis d'Alicante , et
lui donna le Colier de la Toison d'Or .
A son retour en France , il fut fait au
mois de Novembre de la même année
Directeur General des Fortifications , et
Conseiller aux Conseils de Guerre et de
Marine nouvellement établis. Il fur choisi
au mois d'Avril 1719. pour comman-
1. Vol.
I iij der &
1242 MERCURE DE FRANCE
der en chef dans la Guyenne , pendant
l'absence du Marechal de Berwick , et la
Guerre ayant été déclarée à l'Empereur
en 1733. il fut nommé pour aller faite
la Campagne dans l'Armée d'Italie , et
servir aux Sieges de laForteresse de Gherra
d'Adda sous Pizighitone , er du Château
de Milan. Il fut rappellé d'Italie au
commencement de la presente année pour
se rendre à l'Armée d'Allemagne , dont
il a pris le Commandement en chefaprès
la mort du Marechal de Berwick.
Adrien Maurice , Duc de Noailles ;
Pair de France , Comte d'Ayen et de la
Mothe- Tilly , Marquis de Montelar et
de Maintenon , Grand d'Espagne de la
premiere Classe , Chevalier des Ordres
du Roi et de l'Ordre de la Toison d'Or ,
premier Capitaine des Gardes du Corps
de Sa Majesté , du 29. Mai 17 6. ci deyant
Commandant en chef en Catalo-
Gouverneur et Capitaine General
des Comtés et Vigueries de Roussillon ,
Conflans et Cerdaigne , Gouverneur des
Ville , Château et Citadelle de Perpignan
, Gouverneur et Capitaine des Chasses
de Saint Germain en Laye et de ses dépendances
, né le 29. Septembre 1678 .
On ne rapporte point ici ses services ,
gne
I Vol.
parce
JUIN. 1734.
1243
parce qu'on peut les voir dans l'Histoire
des Grands Officiers de la Couronne à
l'article des Pairs de France , tom . 4. p.
793. où ils sont détaillez depuis 1692 .
qu'il commença à porter les armes.
Le Roy a fait Maréchaux de ses Camps
et Armées , le Comte de Clermont , le
Prince de Conty , le Prince de Dombes
et le Comte d'Eu.
Sa Majesté a accordé au Marquis de
'Isle , Maréchal de Camp, la place d'Inspecteur
d'Infanterie , vacante par la mort
du Comte de Clermont d'Amboise.
Le Roy a nommé Colonel du Regi
ment d'Auvergne M. de Contade , et
le Regiment de Flandres qu'il avoir , a
été donné S. M. à M. de Coninghan,
par
Lieutenant Colonel du Regiment Dau
phin , Infanterie.
de France , le Marquis d'Asfeld
qui commande l'Armée de S. M. en Allemagne
, et le Duc de Noailles.
Claude François Bidal , Marquis d'Asfeld
et d'Alicante au Royaume de Valance
, Commandeur de l'Ordre Militaire
de Saint Louis , Chevalier de l'Ordre
de la Toison d'Or , Lieutenant General
des Armées du Roi , Gouverneur du Châ
teau Trompette à Bourdeaux , et Direc
teur General des Fortifications de France.
Etant Mestre de Camp d'un Regiment
de Dragons , il fut fait Brigadier le 28.
1694. et nommé en même tems pour ser
vir en cette qualité dans l'Armée de Flandres.
Il fut fait Marechal de Camp le 23 .
Decembre 1702. et Chevalier de l'Or
dre de Saint Louis le 20. Janvier 170 3 .
fut nommé au mois de Decembre suivant
pour aller servir en Espagne , fut
fait Lieutenant General le 26. Octobre
1704, se trouva au Siege de Barcelonne en
1706. obtint le Grand Cordon de l'Ordre
1. Vol,
de
JU IN. 1734- 1241
4000. de Saint Louis , avec la pension de
livres le 19. Septembre 1707. ayant fait
la même année la Campagne en Espagne
, où il continua de servir les années
suivantes. Etant de retour en France , il
fit en 1713. la Campagne en Allemagre,
commanda le 20. Septembre une des attaques
du Camp retranché des Imperiaux
près de Fribourg , servit ensuite au
Siege de cette Place , dont le Commandement
lui fut donné après sa reduction .
L'année suivante il servit sous le Marechal
de Berwick, au Siege de Barcelonne ,
et après la prise de cette Place il fut établi
Commandant en Catalogne . Il fut
chargé en 1715 de l'expedition de l'Ile de
Mayorque , qu'il fit rentrer le 3. Juillet
sous l'obéissance du Roi d'Espagne , sans
tirer un coup de canon , n'ayant débarqué
dans cette Isle que le 15. Juin precedent.
Le Roi Catholique , pour recompenser
ses services , le fit Marquis d'Alicante , et
lui donna le Colier de la Toison d'Or .
A son retour en France , il fut fait au
mois de Novembre de la même année
Directeur General des Fortifications , et
Conseiller aux Conseils de Guerre et de
Marine nouvellement établis. Il fur choisi
au mois d'Avril 1719. pour comman-
1. Vol.
I iij der &
1242 MERCURE DE FRANCE
der en chef dans la Guyenne , pendant
l'absence du Marechal de Berwick , et la
Guerre ayant été déclarée à l'Empereur
en 1733. il fut nommé pour aller faite
la Campagne dans l'Armée d'Italie , et
servir aux Sieges de laForteresse de Gherra
d'Adda sous Pizighitone , er du Château
de Milan. Il fut rappellé d'Italie au
commencement de la presente année pour
se rendre à l'Armée d'Allemagne , dont
il a pris le Commandement en chefaprès
la mort du Marechal de Berwick.
Adrien Maurice , Duc de Noailles ;
Pair de France , Comte d'Ayen et de la
Mothe- Tilly , Marquis de Montelar et
de Maintenon , Grand d'Espagne de la
premiere Classe , Chevalier des Ordres
du Roi et de l'Ordre de la Toison d'Or ,
premier Capitaine des Gardes du Corps
de Sa Majesté , du 29. Mai 17 6. ci deyant
Commandant en chef en Catalo-
Gouverneur et Capitaine General
des Comtés et Vigueries de Roussillon ,
Conflans et Cerdaigne , Gouverneur des
Ville , Château et Citadelle de Perpignan
, Gouverneur et Capitaine des Chasses
de Saint Germain en Laye et de ses dépendances
, né le 29. Septembre 1678 .
On ne rapporte point ici ses services ,
gne
I Vol.
parce
JUIN. 1734.
1243
parce qu'on peut les voir dans l'Histoire
des Grands Officiers de la Couronne à
l'article des Pairs de France , tom . 4. p.
793. où ils sont détaillez depuis 1692 .
qu'il commença à porter les armes.
Le Roy a fait Maréchaux de ses Camps
et Armées , le Comte de Clermont , le
Prince de Conty , le Prince de Dombes
et le Comte d'Eu.
Sa Majesté a accordé au Marquis de
'Isle , Maréchal de Camp, la place d'Inspecteur
d'Infanterie , vacante par la mort
du Comte de Clermont d'Amboise.
Le Roy a nommé Colonel du Regi
ment d'Auvergne M. de Contade , et
le Regiment de Flandres qu'il avoir , a
été donné S. M. à M. de Coninghan,
par
Lieutenant Colonel du Regiment Dau
phin , Infanterie.
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Résumé : Maréchaux de France, [titre d'après la table]
Le 1er du mois, le Roi a nommé Maréchaux de France le Marquis d'Asfeld et le Duc de Noailles. Claude François Bidal, Marquis d'Asfeld, possède plusieurs titres et distinctions, notamment Commandeur de l'Ordre Militaire de Saint Louis, Chevalier de l'Ordre de la Toison d'Or, Lieutenant Général des Armées du Roi, Gouverneur du Château Trompette à Bordeaux, et Directeur Général des Fortifications de France. Sa carrière militaire est marquée par plusieurs promotions : Brigadier en 1694, Maréchal de Camp en 1702, et Chevalier de l'Ordre de Saint Louis en 1703. Il a servi en Espagne, notamment au siège de Barcelone en 1706, et a reçu le Grand Cordon de l'Ordre de Saint Louis en 1707. En 1713, il a commandé des attaques près de Fribourg et a participé au siège de cette place. L'année suivante, il a pris part au siège de Barcelone et a été nommé Commandant en Catalogne. En 1715, il a dirigé l'expédition de l'île de Majorque et a été récompensé par le titre de Marquis d'Alicante et le Collier de la Toison d'Or. De retour en France, il a été nommé Directeur Général des Fortifications et Conseiller aux Conseils de Guerre et de Marine. En 1719, il a commandé en Guyenne et, en 1733, a servi dans l'Armée d'Italie. Adrien Maurice, Duc de Noailles, Pair de France et Chevalier des Ordres du Roi, a également été nommé Maréchal de France. Le Roi a également nommé Maréchaux de ses Camps et Armées le Comte de Clermont, le Prince de Conty, le Prince de Dombes et le Comte d'Eu. De plus, le Marquis de l'Isle a été nommé Inspecteur d'Infanterie, et M. de Contade a été nommé Colonel du Régiment d'Auvergne.
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1157
p. 1243-1246
« Le 20 de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle du Château de [...] »
Début :
Le 20 de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle du Château de [...]
Mots clefs :
Reine, Château de Versailles, Concert, Roi, Prologue, Messe, Fête, Destouches, Opéra, Château des Tuileries, Vernon, Mordant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 20 de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle du Château de [...] »
Le 25 de ce mois , la Reine entendig
la Messe dans la Chapelle du Château de
Versailles , et S. M. communia par les
mains du Cardinal de Fleury , son Grand
Aumônier.
Le 24 , Fête du S. Sacrement , le Roy,
accompagné de ses principaux Officiers ,
se rendit à l'Eglise de la Paroisse , où Sa
Majesté entendit la Grand'Messe après
ávoir assisté à la Procession qui vint, sui-
1 Vol. I ij
vant
2244
MERCURE
DE FRANCE
!
vant l'usage à la Chapelle du Château
La Reine entendit la Messe dans sa Tribune,
aprés avoir vû passer la Procession .
Monseigneur le Dauphin , et Mesdames
de France la virent passer d'un des Apartements
du Château .
Le ic.May il y eut Concert dans le Salon
de la Reine ; M. Destouches , Sur- Inten .
dant de la Musique du Roy , fit chanter
le Prologue et le premier Acte de l'Opéra
d'Omphale , qui fut continué le 12. et le
17. la Dile Antier fit le rôle d'Argine , le
Sr d'Angerville celui d'Hercule , la Dlle
Lenner et le Sr Petillot ceux d'Omphale
et d'Iphis.
Le 19 , le 24 et le 26 , la Reine entendit
le Ballet des Elemens , executé par
les mêmes sujets , on ajouta le Prologue
des Stratagêmes de l'Amour à l'Acte de la
Terre, pour former le troisiéme Concert.
Le 31 , on chanta le Prologue et le
premier Acte de Semiramis , qu'on con
tinua le 9 et le 16 Juin. Le premier rôle
fut chanté par la Dlle Antier avec aplau
dissement de même que celui d'Amestris,
par la Dlle Pelissier ; les autres rôles furent
très- bien rendus par les Srs d'An
gerville et Petillot.
Le 21 de ce mois on concerta l'Opéra
1 Vol.
de
JUIN. 1734. 1245
de Marthesie , dont le Poëme est de feu
M. de la Moth et la Musique de M. Destouches.
La Dlle Duhamel fit le rôle de
Cybelle au Prologue , et le Sr d'Angerville
et la Dlle Pelissier chantéront ceux
du Roy des Scythes et de Talestris , et
celui de la Prêtresse du Soleil fut rendu
par la Dlle Lenner à la satisfaction de la
Reine et de toute la Cout. Le soin qu'a
pris M. Destouches de réfondre quelques
morceaux de cet Opéra , et d'y ajouter
quelques Airs nouveaux , rendit ce Concert
très varié et très brillant.
"
Le 3 Juin Fête de l'Ascension , le 13
Dimanche de la Pentecote , et le jour de
la Fête- Dieu , il y eut Concert Spirituel
au Château des Thuileries. M. Mouret
y a fait exécuter differents Moters de
M. de la Lande et d'autres Maîtres Modernes
, un , entre autres , de l'Abbé du
Luc , Beneficier de l'Eglise de Paris , qui
est un très beau morceau de Musique .
Les Dlies Erremens , Petitpas et le Sr Jeliot
Fot ont chanté differens petits Motets à
une et à deux voix avec beaucoup de
justesse et de précision , de même que le
Sr Berard , Chanteur de la Comédie Italienne
, qui a chanté deux fois un air Ita-
Tien avec beaucoup d'aplaudissemens,
Vol, I v Tous
1246 MERCURE DE FRANCE
Tous ces Concerts ont toujours été terminez
par un Moter à grand Choeur de
M. de la Lande , et précedez de plusieurs
Piéces de Simphonie exécutées en perfection
par les Sieurs le Clair et Blavet.
9 •
On écrit de Vernon que le Mercredy
de ce mois M. Mordant y fut reçû
Lieutenant General du Bailliage à la place
de feu M, son pere , mort en 1733. Ce
jeune Magistrat n'a que 21 ans , et on
peut assurer qu'il marche déja sur les
traces de ses Ancêtres , qui depuis plus .
de 100 ans ont occupé successivement
cette premiere place . Il prononça un
Discours Latin d'une demie heure qui
fut très- gouté. Il avoit été presenté par
M. de Quenremont , Avocat fameux
qui parla avec éloquence sur le choix
d'un Etat. M. de Bordeaux , Procureur
du Roy , parla aussi d'une maniere convenable
à la dignité de son Ministere.
la Messe dans la Chapelle du Château de
Versailles , et S. M. communia par les
mains du Cardinal de Fleury , son Grand
Aumônier.
Le 24 , Fête du S. Sacrement , le Roy,
accompagné de ses principaux Officiers ,
se rendit à l'Eglise de la Paroisse , où Sa
Majesté entendit la Grand'Messe après
ávoir assisté à la Procession qui vint, sui-
1 Vol. I ij
vant
2244
MERCURE
DE FRANCE
!
vant l'usage à la Chapelle du Château
La Reine entendit la Messe dans sa Tribune,
aprés avoir vû passer la Procession .
Monseigneur le Dauphin , et Mesdames
de France la virent passer d'un des Apartements
du Château .
Le ic.May il y eut Concert dans le Salon
de la Reine ; M. Destouches , Sur- Inten .
dant de la Musique du Roy , fit chanter
le Prologue et le premier Acte de l'Opéra
d'Omphale , qui fut continué le 12. et le
17. la Dile Antier fit le rôle d'Argine , le
Sr d'Angerville celui d'Hercule , la Dlle
Lenner et le Sr Petillot ceux d'Omphale
et d'Iphis.
Le 19 , le 24 et le 26 , la Reine entendit
le Ballet des Elemens , executé par
les mêmes sujets , on ajouta le Prologue
des Stratagêmes de l'Amour à l'Acte de la
Terre, pour former le troisiéme Concert.
Le 31 , on chanta le Prologue et le
premier Acte de Semiramis , qu'on con
tinua le 9 et le 16 Juin. Le premier rôle
fut chanté par la Dlle Antier avec aplau
dissement de même que celui d'Amestris,
par la Dlle Pelissier ; les autres rôles furent
très- bien rendus par les Srs d'An
gerville et Petillot.
Le 21 de ce mois on concerta l'Opéra
1 Vol.
de
JUIN. 1734. 1245
de Marthesie , dont le Poëme est de feu
M. de la Moth et la Musique de M. Destouches.
La Dlle Duhamel fit le rôle de
Cybelle au Prologue , et le Sr d'Angerville
et la Dlle Pelissier chantéront ceux
du Roy des Scythes et de Talestris , et
celui de la Prêtresse du Soleil fut rendu
par la Dlle Lenner à la satisfaction de la
Reine et de toute la Cout. Le soin qu'a
pris M. Destouches de réfondre quelques
morceaux de cet Opéra , et d'y ajouter
quelques Airs nouveaux , rendit ce Concert
très varié et très brillant.
"
Le 3 Juin Fête de l'Ascension , le 13
Dimanche de la Pentecote , et le jour de
la Fête- Dieu , il y eut Concert Spirituel
au Château des Thuileries. M. Mouret
y a fait exécuter differents Moters de
M. de la Lande et d'autres Maîtres Modernes
, un , entre autres , de l'Abbé du
Luc , Beneficier de l'Eglise de Paris , qui
est un très beau morceau de Musique .
Les Dlies Erremens , Petitpas et le Sr Jeliot
Fot ont chanté differens petits Motets à
une et à deux voix avec beaucoup de
justesse et de précision , de même que le
Sr Berard , Chanteur de la Comédie Italienne
, qui a chanté deux fois un air Ita-
Tien avec beaucoup d'aplaudissemens,
Vol, I v Tous
1246 MERCURE DE FRANCE
Tous ces Concerts ont toujours été terminez
par un Moter à grand Choeur de
M. de la Lande , et précedez de plusieurs
Piéces de Simphonie exécutées en perfection
par les Sieurs le Clair et Blavet.
9 •
On écrit de Vernon que le Mercredy
de ce mois M. Mordant y fut reçû
Lieutenant General du Bailliage à la place
de feu M, son pere , mort en 1733. Ce
jeune Magistrat n'a que 21 ans , et on
peut assurer qu'il marche déja sur les
traces de ses Ancêtres , qui depuis plus .
de 100 ans ont occupé successivement
cette premiere place . Il prononça un
Discours Latin d'une demie heure qui
fut très- gouté. Il avoit été presenté par
M. de Quenremont , Avocat fameux
qui parla avec éloquence sur le choix
d'un Etat. M. de Bordeaux , Procureur
du Roy , parla aussi d'une maniere convenable
à la dignité de son Ministere.
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Résumé : « Le 20 de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle du Château de [...] »
Du 1er au 31 mai, plusieurs événements marquants ont eu lieu à la cour. Le 25 mai, la Reine a assisté à la messe au Château de Versailles et a communié des mains du Cardinal de Fleury. Le 24 mai, le Roi a participé à la Fête du Saint-Sacrement, assistant à la procession et à la grand-messe à l'église paroissiale. La Reine a écouté la messe depuis sa tribune, tandis que le Dauphin et Mesdames de France ont observé la procession depuis un appartement du château. Du 1er au 21 mai, divers spectacles ont été organisés, notamment des représentations de l'opéra 'Omphale', du ballet des Éléments et de l'opéra 'Marthésie', avec des artistes tels que la Dlle Antier, le Sr d'Angerville et la Dlle Pelissier. Le 31 mai, le prologue et le premier acte de 'Semiramis' ont été chantés. Le 3 juin, à l'occasion de l'Ascension, des concerts spirituels ont eu lieu au Château des Tuileries, dirigés par M. Mouret. À Vernon, M. Mordant a été reçu Lieutenant Général du Bailliage, prononçant un discours latin.
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1158
p. 1255-1258
ARRESTS NOTABLES.
Début :
DECLARATION du Roy, pour le Droit de Septennium des Professeurs ez Arts de [...]
Mots clefs :
Ordre de saint Antoine, Subdivisions, Rentes, Évêque d'Auxerre, Religieux, Arrêt, Déclaration, Ville, Abbé supérieur général, Tontine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARRESTS NOTABLES.
ARRESTS NOTABLES.
Dde Septentum des Professeurs ez Arts de
ECLARATION du Roy , pour le Droit
l'Université de Rheims , du 24. Mars 1734. Registrée
au Parlement le 5. Avril,
ARREST de la Chambre des Comptes , du 20
Mars , en Interpretation de la Déclaration du
premier Juiller 1710 concernant la reddition des
comptes des Payeurs des Rentes de l'Hôtel de
Ville , et les débets des parties des Rentes viage
res non reclamées .
ARREST du Conseil d'Etat du Roy , du 28.
Mars , qui ordonne la suppression d'un Ecrit
intitulé , Mandement de M. l'Evêque d'Auxerre ,
c. par lequel S. M. ordonne que ledit Imprimé
ayant pour titre , Mandement de M. l'Evêque
d'Auxerre , à l'occasion du Miracle opere dans la
I. Vol. Ville
125 MERCURE DE FRANCE
६.
Ville de Seignelay de ce Diocèse , le 6. Janvier
1733. jour de l'Epiphanie , M. DCC. XXXIV.
sera et demeurera supprimé , comme contraire à
PArrêt du 5. Septembre 1731. et contenant des
principes capables de révolter les esprits contre
Pauthorité légitime , et de troubler la tranquilli
té publique. Enjoint à tous ceux qui en ont des
Exemplaires , de les remettre incessamment au
Greffe du Conseil , pour y être supprimer. Fait
deffenses à tous Inprimeurs , Libraires , Colporteurs
et autres , de quelque état , qualité et con.
dition qu'ils soient , d'en imprimer , vendre , ou
autrement distribuer , à peine de punition exem
plaire.
EDIT DU ROI , donné en Mars 1734. concernant
les Chanoines Reguliers de S. Augustin,
de l'Ordre de S. Antoine ; au sujet des Beneffces
à charge d'ames , ou exigeans résidence. Par
lequel il est dit que les Religieux dudit Ordre de
S. Antoine , actuellement pourvûs ou qui se fe
ront pourvoir à l'avenir des Cures , Vicairies
perpetuelles ou Pricures Cures qui dépendent
dudit Ordre de S. Antoine , ou qui peuvent être
possedés en general par tous Chanoines Reguliers
de l'Ordre de S. Augustin , puissent sans
aucune monition précedente et sans forme ni fi
gure de procès , être revoqués et rappel és de
leurs Benefices et envoyés en des Maisons de leur ,
Ordre par le Chapitre general , ou par l'Abbé Superieur
general , et le Définitoire d'icelui , pour
fautes par eux commises et scan lale connu à l'Evêque
et audit Abbe Superieur General , ou mê
me pour le seul bien et avantage de l'Ordre , s'il
y échet , du consentement toutefois des Archevêques
ou Evêques , dans les Diocèses desquels les
I.Vol.
Benc
JUIN, 1714. 1257
Benefices sont situés et non autrement , et ce
nonobstant la disposition generale de la Déclaration
du mois de Janvier 1686. portant que toutes
les Cures seront à l'avenir desservies par des
Curés ou Vicaires perpetuels en titre , laquelle
disposition ne pourra empêcher la revocabilité
desdits Religieux pourvûs des Benefices ci - dessus
marqués. A l'effet dequoi avons dérogé et déro
geons par ces présentes à ladite Déclaration pour
ce regard seulement ; Voulons en outre et nous
plaît qu'aucun Religieux ou Chanoine Regulier
dudit Ordre de S. Antoine ne puisse accepter la
provision d'une Cure , Vicairie perpetuelle on
Prieuré Cure , ni d'aucun autre Benefice exigeant
résidence , qu'il n'ait fait apparoir à l'Evêque
de l'attestation de vie et moeurs , et du consentement
par écrit de l'Abbé Superieur general , et
du Definitoire dudit Ordre de S. Antome , faute
dequoi le Religieux pourvû demeurera déchû de
tout droit ausdits Benefices : Faisons défenses à
nos Juges d'avoir égard à ses provisions , et permettons
aux Patrons et Collateurs desdits Bene
fices d'y pourvoir. Si donnons , & c.
A
ARREST , concernant la Tontine établie par
Edit du mois de Novembre 1733. par lequel
S. M. ordonné que la premiere classe de ladite
Tontine , sera et demeurera composée de douze
subdivisons ; la deuxième ,de quinze subdivisions;
la troisiéme,de vingt - cinq subdivisions ; la qua
triéme,de trente-une subdivisions , la cinquième,
de quarante- sept subdivisions ; la sixième , de
quaranse-une subdivisions ; et la séptiéme , de
trente- neuf subdivisions ; toutes lesdites subdivisions
de cinq mille livres de rentes chacune ,
Produisant ensemble un million cinquante mille
Į. Vol.
ct
livres
1258 MERCURE DE FRANCE
livres de rente , ainsi qu'il est prescrit par ledit
Edit du mois de Novembre dernier . Veut Sa Majesté
que ceux qui , acquereront ce qui reste des
rentes à lever dans lesdites classes , soient tenus
de remettre leurs fonds ès mains du Garde
du Trésor Royal , avant le 16. Mai prochain ,
afin qu'il y ait un terme suffisant pour l'expedi
tion des contrats , et pour la confection des lis
tes de ladite Tontine , de maniere que l'ouverture
du payement puisse se faire au premier Juillet
suivant , concurremment avec celui des trois
autres Tontines ; au moyen de quoi lesdits acquereurs
jouiront des arrerages , à commencer
du premier Janvier de la presente année.
Dde Septentum des Professeurs ez Arts de
ECLARATION du Roy , pour le Droit
l'Université de Rheims , du 24. Mars 1734. Registrée
au Parlement le 5. Avril,
ARREST de la Chambre des Comptes , du 20
Mars , en Interpretation de la Déclaration du
premier Juiller 1710 concernant la reddition des
comptes des Payeurs des Rentes de l'Hôtel de
Ville , et les débets des parties des Rentes viage
res non reclamées .
ARREST du Conseil d'Etat du Roy , du 28.
Mars , qui ordonne la suppression d'un Ecrit
intitulé , Mandement de M. l'Evêque d'Auxerre ,
c. par lequel S. M. ordonne que ledit Imprimé
ayant pour titre , Mandement de M. l'Evêque
d'Auxerre , à l'occasion du Miracle opere dans la
I. Vol. Ville
125 MERCURE DE FRANCE
६.
Ville de Seignelay de ce Diocèse , le 6. Janvier
1733. jour de l'Epiphanie , M. DCC. XXXIV.
sera et demeurera supprimé , comme contraire à
PArrêt du 5. Septembre 1731. et contenant des
principes capables de révolter les esprits contre
Pauthorité légitime , et de troubler la tranquilli
té publique. Enjoint à tous ceux qui en ont des
Exemplaires , de les remettre incessamment au
Greffe du Conseil , pour y être supprimer. Fait
deffenses à tous Inprimeurs , Libraires , Colporteurs
et autres , de quelque état , qualité et con.
dition qu'ils soient , d'en imprimer , vendre , ou
autrement distribuer , à peine de punition exem
plaire.
EDIT DU ROI , donné en Mars 1734. concernant
les Chanoines Reguliers de S. Augustin,
de l'Ordre de S. Antoine ; au sujet des Beneffces
à charge d'ames , ou exigeans résidence. Par
lequel il est dit que les Religieux dudit Ordre de
S. Antoine , actuellement pourvûs ou qui se fe
ront pourvoir à l'avenir des Cures , Vicairies
perpetuelles ou Pricures Cures qui dépendent
dudit Ordre de S. Antoine , ou qui peuvent être
possedés en general par tous Chanoines Reguliers
de l'Ordre de S. Augustin , puissent sans
aucune monition précedente et sans forme ni fi
gure de procès , être revoqués et rappel és de
leurs Benefices et envoyés en des Maisons de leur ,
Ordre par le Chapitre general , ou par l'Abbé Superieur
general , et le Définitoire d'icelui , pour
fautes par eux commises et scan lale connu à l'Evêque
et audit Abbe Superieur General , ou mê
me pour le seul bien et avantage de l'Ordre , s'il
y échet , du consentement toutefois des Archevêques
ou Evêques , dans les Diocèses desquels les
I.Vol.
Benc
JUIN, 1714. 1257
Benefices sont situés et non autrement , et ce
nonobstant la disposition generale de la Déclaration
du mois de Janvier 1686. portant que toutes
les Cures seront à l'avenir desservies par des
Curés ou Vicaires perpetuels en titre , laquelle
disposition ne pourra empêcher la revocabilité
desdits Religieux pourvûs des Benefices ci - dessus
marqués. A l'effet dequoi avons dérogé et déro
geons par ces présentes à ladite Déclaration pour
ce regard seulement ; Voulons en outre et nous
plaît qu'aucun Religieux ou Chanoine Regulier
dudit Ordre de S. Antoine ne puisse accepter la
provision d'une Cure , Vicairie perpetuelle on
Prieuré Cure , ni d'aucun autre Benefice exigeant
résidence , qu'il n'ait fait apparoir à l'Evêque
de l'attestation de vie et moeurs , et du consentement
par écrit de l'Abbé Superieur general , et
du Definitoire dudit Ordre de S. Antome , faute
dequoi le Religieux pourvû demeurera déchû de
tout droit ausdits Benefices : Faisons défenses à
nos Juges d'avoir égard à ses provisions , et permettons
aux Patrons et Collateurs desdits Bene
fices d'y pourvoir. Si donnons , & c.
A
ARREST , concernant la Tontine établie par
Edit du mois de Novembre 1733. par lequel
S. M. ordonné que la premiere classe de ladite
Tontine , sera et demeurera composée de douze
subdivisons ; la deuxième ,de quinze subdivisions;
la troisiéme,de vingt - cinq subdivisions ; la qua
triéme,de trente-une subdivisions , la cinquième,
de quarante- sept subdivisions ; la sixième , de
quaranse-une subdivisions ; et la séptiéme , de
trente- neuf subdivisions ; toutes lesdites subdivisions
de cinq mille livres de rentes chacune ,
Produisant ensemble un million cinquante mille
Į. Vol.
ct
livres
1258 MERCURE DE FRANCE
livres de rente , ainsi qu'il est prescrit par ledit
Edit du mois de Novembre dernier . Veut Sa Majesté
que ceux qui , acquereront ce qui reste des
rentes à lever dans lesdites classes , soient tenus
de remettre leurs fonds ès mains du Garde
du Trésor Royal , avant le 16. Mai prochain ,
afin qu'il y ait un terme suffisant pour l'expedi
tion des contrats , et pour la confection des lis
tes de ladite Tontine , de maniere que l'ouverture
du payement puisse se faire au premier Juillet
suivant , concurremment avec celui des trois
autres Tontines ; au moyen de quoi lesdits acquereurs
jouiront des arrerages , à commencer
du premier Janvier de la presente année.
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Résumé : ARRESTS NOTABLES.
En 1734, plusieurs arrêtés et édits royaux ont été promulgués. Le 24 mars, une déclaration royale relative à l'Université de Reims a été enregistrée au Parlement le 5 avril. La Chambre des Comptes a interprété, le 20 mars, une déclaration du 1er juillet 1710 concernant la reddition des comptes des payeurs des rentes de l'Hôtel de Ville et des rentes viagères non réclamées. Le Conseil d'État a ordonné, le 28 mars, la suppression d'un écrit intitulé 'Mandement de M. l'Évêque d'Auxerre', jugé contraire à l'autorité légitime et perturbateur de l'ordre public. Un édit royal de mars 1734 concerne les Chanoines Réguliers de Saint-Augustin de l'Ordre de Saint-Antoine, stipulant que les religieux pourvus de cures ou vicariats perpétuels peuvent être révoqués par leur chapitre général ou abbé supérieur pour fautes ou pour le bien de l'ordre, avec le consentement des archevêques ou évêques. Enfin, un arrêt concernant la tontine établie par édit de novembre 1733 précise la composition des classes de subdivisions et les modalités de paiement des rentes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1159
p. 1339-1349
PREMIERES ARMES présentées à Monseigneur l[e] Dauphin.
Début :
La Ville de Paris ayant demandé au Roy la permission de présenter [...]
Mots clefs :
Dauphin, Armes, Ville de Paris, Main, Vertus, Couronne, France, Palmes, Pieds, Guerre, Fleurs, Boucliers, Épée
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texteReconnaissance textuelle : PREMIERES ARMES présentées à Monseigneur l[e] Dauphin.
PREMIERES ARMES
présentées à Monseigneur la Dauphin.
L
A Ville de Paris ayant demandé
au Roy la permission de présenter
à Monseigneur le Dauphin ses premieres
Armes , conformément à un ancien usage
interrompu depuis que que temps ,
le Corps de Ville , en Robbe de ceremonie
, se rendit à Versailles le 6. de
ce moi ; et le Duc de Gesvres , Gouverneur
de Paris étant à la tête , il fut
conduit avec lès ceremoni s ordinaires
à l'Audience de Monseigneur le Dauphin
. Le Corps de Ville eut l'honneur
de présenter à ce Prince une Epée , un
Fusil et dux Pistolets d'un travail par
fait . Le Président Turgot , Prévô: des
Mirchinds , porta la prole cr complimenta
Monseigneur le Dauphin , qui
reçut avec beauco 'P de bonté cet e marque
que la Ville d Paris et empressée
de donner à ce Prince de son resp ce
et de son z le
C'est un droit aussi ancien que glorieux
pour la Ville de Paris , de présenter aux
Dauphins France leurs premi res Ar-
D vj mes
II. Vol.
1340 MERCURE DE FRANCE
mes ; soit récompense de son zéle et de
son affection envers ses Princes , soit prérogatives
flateuses pour la Capitale du
Royaume , soit l'un et l'autre ensemble,
elle a toujours joui de ce privilége et a fait
de cet avantage le premier de ses Titres.
Aujourd'hui que dans la joye commune
à toute la France elle voit croître sous
de si heureux auspices Monseigneur le
Dauphin , elle a encore en particulier
celle de lui pouvoir rendre cet hommage,
et elle a crû ne devoir rien oublier pour
s'acquiter d'un devoir aussi flateur et aussi
honorable pour elle.
Tout FOuvrage des Pistolets, est d'acier,
enrichi partie de reliefet de ciselure , dont
tous les fonds sont d'or perlé, partie d'or en
raport et en bosse , dont les fonds sont
d'acier ce qui fait un contraste aussi
agréable qu'il est riche . Les bois sont or
nez de figures en or gravées en Tailledouce
, et de filigrames d'or qui en font
les accompagnements , et laissent à peine
appercevoir les fonds.
Sur l'un des canons de Pistolets on a
representé en ciselure un Point du Jour,
ou un Soleil naissant : c'est un jeune en
fant sur la pente d'une coline , couché
sur un gazon fleuri , au pied d'un arbre
zoefu . Il semble se réveiller et sortir d'un
IL Vola
doux
JUIN. 1734. 1348
doux sommeil . Derriere la coline sort un
Soleil , dont on n'apperçoit encore que
les premiers raïons. Des deux côtez on
voit des Palmes et des Lauriers qui se
joignent , et s'entrelassent à leurs extré
mitez , soutiennent une Couronne de
Dauphin.
"
L'autre canon représente un jeune
Hercule qui écrase , encore au berceau ,
les deux Dragons qui vouloient le dévo
rer. Sa force montre son origine ; des
Lauriers et des Palmes ainsi que sur l'au
tre canon , mais par des contours differens
, vont se mêler ensemble par leurs
sommitez, et sont terminez par une Cou
ronne d'Etoiles. L'immortalité est la récompense
de ses vertus .
La cizelure n'occupe que la moitié des
canons ; le reste est travaillé en or de
rapport on y a representé les quatre
Parties du Monde , que ce Soleil Levant
va parcourir et éclairer dans sa course
brillante , et que ce jeune Héros doit
remplir du bruit de ses exploits et de ses
vertus. Ily a deux symboles de vertus sur
chaque canon. Elles sont assises sur une
Sphere du monde et representées sous les
attributs et avec les caractéres qui leur
sont propres. AAuu--ddeessssuuss , sont deux
cornes d'abondance renversées, qui répan-
11. Vola dent
342 MERCURE DE FRANCE
dent toutes les richesses et les fruits que
produit chacune des Parties de l'Univers
On voit aussi divers animaux selon la
natute de ces diférentes contrées . Du côté
de l'Europe on n'a pas oublié l'oyseau
avant- coureur du Soleil : il tient un Lys
en son bec.
Sur chacune des deux ovales des calottes
, on a representé un jeune Héros
sur l'une il est debout , un arc à la main,
sur lequel il s'appuye ; un Lion et une
massuë d'Hercule à ses pieds ; derriere
lui s'éleve un Palmier dont les branches
se recourbent au - dessus de sa tête , er lui
servent de Couronne . Sur l'autre il est
appuyé sur un casque , et tient un javelot
à la main .
,
2 Autour des calottes des Pistolets
voit Vulcain dans son antre for
geant des armes pour ce jeune Héros ;
le Dieu Mars les lui présente ; Minerve
paroît avec les instruments , et les Symbols
des differents Arts qu'elle met sous
sa protection , et Mercure aîlé , le ca
ducée à la main , est prêt à exécuter ses
or tres . Chacune de ces Divinitez a ses
trophées et ses attribute.
L'un des Porre vis , représente
le jeune Apollon qui tue le Serpent
Pithon Ce monstre déjà percé d'une
$… ]II. Vol. Altche
JUIN. 1734 7343
Béche mortelle , semble se rouler sur
la poussiere , mordant le dard qui l'a
blessé à l'autre on voit Eole , assis sur
un rocher , qui commande aux vents et
aux tempêtes de se calmer ; sous ses pieds
est la caverne où ils sont renfermez.
Les sous gardes sont ornées par deux
Zephirs aîlez qui portent sur leurs têtes
une corbeille de fleurs. Les pontets sont
soutenus d'un côté sur un Dragon aîlé ,
vuidé à jour , dont la queüe va , en se perdant
par dessous , servir à l'autre côté
de soutien et de base . Sur les pontets sont
deux jeunes Cupidons , dont l'un renverse
des cornes d'abondance l'autre
terrasse un Lion qu'il est prêt de percer
d'un javelot. Le reste des sous- gardes est
enrichi de differents trophées de guerre
et autres ornements.
Sur les corps des platines sont deux
Génies guerriers , dont l'un assis sur un
tas de trophées, porte un faisceau d'armes,
l'autre aussi au milieu de plusieurs instru
ments de guerre s'exerce à battre des
timbales .
Sur le canon du fusil paroît un Dauphin
, entouré de cornes d'abondance
et de guirlandes de fleurs qui vont par
differents contours se joindre par le haut
à une Couronne de Laurier et de Chêne
.. II. Vol.
entre344
MERCURE DE FRANCE
entrelassez. Au - dessous est un jeune Achìle
qui court aux armes ; il tient d'une
main une épée , et de l'autre il arrache
un bouclier d'un Palmier où sont attachées
toutes les armes qui lui sont nécessaires
pour combattre ; un riche tro
phée de guerre sert de Couronnement.
Tout cet Ouvrage est en relief ; le fond
en est d'or perlé et occupe environ la
moitié du canon. La visiere est composée
de plusieurs coquilles accolées , la plupart
à jour et attachées les unes aux autres par
des guirlandes de fleurs. Le reste est en or
de raport avec une suite d'ornements et
d'attributs convenables au sujet.
La plaque est à huit oreilles , toutes
terminées par des coquilles de formes
differentes ; sur le devant est un retour
de chasse un jeune Chasseur assis à
Fombre sur le gazon , foulant aux pieds
un Sanglier qu'il a tué , tenant un fuzil
à la main et entouré de ses chiens , se re
pose des fatigues de la chasse . Sous la
plaque on a mis un Dauphin avec des
palmes autour où sont attachées des arnes
, des ancres , des gouvernails , et au
milieu un trident d'où pend une Couronne
rostrale:
La platine représente un Triton sur le
rivage de la mer , un Dauphin attiré par
IL Vel. la
JUIN. 1734. 8343
la douceur du chant , se joue sur les ondes
d'où il semble sortir.
:
Sur chacun des côtez de la crosse dur
fusil est un Dauphin en or , gravé en
Taille - douce , accompagné de quatre
Génies de même ouvrage et de pareille
matiere l'un porte une Couronne de
Dauphin ; l'autre une corbeille des plus
belles fleurs ; le troisiéme , une Palme
ornée de toutes les differentes Couronnes
dont on récompensoit chez les anciens
les differentes vertus ; enfin le dernier lui
présente un gouvernail et un trident
comme des symboles de son Empire.
On n'entre pas dans un plus grand
'détail sur le reste des ornements de ces
précieux Ouvrages , tels que sont les coquillages
, rocailles , feüillages , architectures
, frises &c. qui servent comme d'accompagnements
et de bordures à tous ces
differents tableaux , et qui , outre la ri
chesse et la magnificence de l'ouvrage ,
sont encore nécessaires pour le contour
et la forme des differentes piéces.
Le Sieur Laroche , Armutier du Roy,
demeurant à Paris sur le Pont Marie
est l'Auteur de ces trois morceaux , dont
l'exécution est admirable.
Toute l'épée est d'or et compose dans son
11. Vol
ensem1346
MERCURE DE FRANCE
ensemble , un seul trophée d'armes , sans
que cette idée exactement suivie dans
toutes les differentes parties. de cet Ouvrage
, en change en rien la forme et les
proportions ordinaires.
La Garde est composée de deux Boucliers,
appellez dans l'antiquité, des Pettes,
comme ils étoient d'usage sous le Regne
et dans les Armées d'Alexandre le Grand:
c'est une époque qu'on a crû devoir choisir
entre plusieurs autres ; ces Boucliers
étoient ornez de bas reliefs et représentoient
des fruits heroïques. Ils avoient
pour la plupart des têtes de Lions aux
deux extrémitez ; on en a suivi en tout
exactement la forme et le dessein . Dans
les quatre bas - reliefs on a representé
les vertus attachées à Monseigneur le
Dauphin dès sa naissance.
L'un de ces Boucliers , du côté de la
Lame , représente les vertus heroïques * ;
c'est un Hercule avec sa massue et cɔuvert
de la peau de Lion ; il terrasse sous
ses pieds l'Hydre qu'il a domptée et tient
en sa main trois pommes du jardin
des Hesperides ; à l'entour sont ses differents
trophées et les divers travaux qui
ont exercé sa valeur et illustré son nom.
Sur l'autre Bouclier et du même côté ,
est la gloire des Princes, accompagnée de
II. Vol.
leurs
i 1347 JUIN. 1734.
leurs victoires , et le prix de leurs vertus :
c'est une femme richement vetuë , ayant
ure Couronne d'or sur sa tête et en sa
main droite une Couronne de Laurier ;
elle soutient de la gauche une forte et rithe
piramide ; à ses pieds est un corner
d'abondance , symbole de la magnificence
et de la generosité des grands Princes.
ve ,
et
De l'autre côté et en dedans de l'un
des Boucliers est representé une Miner-
Deèsse des Sciences militaires et des
Beaux Arts , le Compas à la main ; elle
trace et mesure sur un Globe , un terrain
convenable à fortifier une place de
guerre ; à ses pieds paroît sur un rouleau
déployé , un Plan de fortifications
dans le lointain on voit les dehors d'une
forteresse entourée de palissades . Sur l'autre
Bouclier parallele est une Pallas
Deèsse de la guerre : elle tient une lance
d'une main comme sur le point de combattre
et de l'autre son Egide , elle est
entourée de plusieurs instruments de
guerre au - dessus desquels on voit
flotter dans les airs des Drapeaux et des
Etendarts.
›
A l'endroit où se joignent les deux
Boucliers on a placé un Globe terrestre
qui sera un jour le théatre des vertus et
des exploits de nôtre jeune Prince. Sur
¿ II. Vol. ce
1348 MERCURE DE FRANCE
,
ce Globe , malgré sa petitesse , on a régulierement
tracé en relief les differentes
parties de l'Univers ; ce Globe est surmonté
par une massuë d'Hercule du
bas de laquelle s'éleve un faisceau de
Palmes , qui , en l'entourant jusqu'au
haut et la laissant cependant entrevoir
par les differents jours et les differents
vuides , forme la poignée de l'épée ; ce
qui fait un ouvrage des plus légers et des
plus délicats. Au haut de cette massuë, est
un Casque françois , et c'est ce qui fornic
le pomeau . Ce Casque est enrichi d'un
mufle de Lion et d'autres ornemens
relief ; la visiere en est levée.
sà
Une Palme gracieusement recourbée ,
se détachant par le bas des autres Palmes,
va ensuite en remontant et en s'éloignant
de la poignée , former la branche ; elle
n'en forme cependant que la moitié . De
la pointe sort une fleur de Lys à quatre
faces , production plus belle que toutes
les dattes fleuries dont elle est chargée
ainsi que les autres Palmes. Une autre
Palme qui déscend d'en haut et de dessus
le Casque , vient par un même contour
la rejoindre et s'entrelasser , de telle sorte
que couvrant toute la fleur de Lys , elle
n'en cache rien .
Du bas de la poignée, sort un Dauphin
II. Vol. des
JUIN. 7734
134
و
des mêmes Palmes , au milieu desquelles
il semble se jouer , et forme le tillon dans
le même contour à l'usage des Epées
qui se font à présent. La Lame est aussi
d'or , enrichie de moulures : elle a le
même ressort qu'une Lame d'acier. Le
Fourreau est d'écaille noire, incrustée sur
un fond qui lui donne de la solidité et
arrêté par deux moulures d'or très déli-"
cates ; toute l'écaille est piqué en or d'un
dessein très -riche.
La Chappe , le Crochet et le bout de
l'Epée sont des piéces si petites et qui
la sent si peu de champ ,qu'il n'a pas été
possible de représenter des attributs , ni
rien de symbolique. On a taché par des
petits morceaux d'architectures , des palmettes
des entrelas , des filets des
canneaux de feüillages , et autres ornemens
qui ont raport au sujet, d'y supléer,
et on les a parse mez de plusieurs fleurs
de Lys radieuses et vuidées à jour.
,ر <
Ce beau morceau est de la main de
M. Germain , Orfévre du Roy , si connu
par la perfection de ses Ouvrages et par
la délicatesse de son goût.
présentées à Monseigneur la Dauphin.
L
A Ville de Paris ayant demandé
au Roy la permission de présenter
à Monseigneur le Dauphin ses premieres
Armes , conformément à un ancien usage
interrompu depuis que que temps ,
le Corps de Ville , en Robbe de ceremonie
, se rendit à Versailles le 6. de
ce moi ; et le Duc de Gesvres , Gouverneur
de Paris étant à la tête , il fut
conduit avec lès ceremoni s ordinaires
à l'Audience de Monseigneur le Dauphin
. Le Corps de Ville eut l'honneur
de présenter à ce Prince une Epée , un
Fusil et dux Pistolets d'un travail par
fait . Le Président Turgot , Prévô: des
Mirchinds , porta la prole cr complimenta
Monseigneur le Dauphin , qui
reçut avec beauco 'P de bonté cet e marque
que la Ville d Paris et empressée
de donner à ce Prince de son resp ce
et de son z le
C'est un droit aussi ancien que glorieux
pour la Ville de Paris , de présenter aux
Dauphins France leurs premi res Ar-
D vj mes
II. Vol.
1340 MERCURE DE FRANCE
mes ; soit récompense de son zéle et de
son affection envers ses Princes , soit prérogatives
flateuses pour la Capitale du
Royaume , soit l'un et l'autre ensemble,
elle a toujours joui de ce privilége et a fait
de cet avantage le premier de ses Titres.
Aujourd'hui que dans la joye commune
à toute la France elle voit croître sous
de si heureux auspices Monseigneur le
Dauphin , elle a encore en particulier
celle de lui pouvoir rendre cet hommage,
et elle a crû ne devoir rien oublier pour
s'acquiter d'un devoir aussi flateur et aussi
honorable pour elle.
Tout FOuvrage des Pistolets, est d'acier,
enrichi partie de reliefet de ciselure , dont
tous les fonds sont d'or perlé, partie d'or en
raport et en bosse , dont les fonds sont
d'acier ce qui fait un contraste aussi
agréable qu'il est riche . Les bois sont or
nez de figures en or gravées en Tailledouce
, et de filigrames d'or qui en font
les accompagnements , et laissent à peine
appercevoir les fonds.
Sur l'un des canons de Pistolets on a
representé en ciselure un Point du Jour,
ou un Soleil naissant : c'est un jeune en
fant sur la pente d'une coline , couché
sur un gazon fleuri , au pied d'un arbre
zoefu . Il semble se réveiller et sortir d'un
IL Vola
doux
JUIN. 1734. 1348
doux sommeil . Derriere la coline sort un
Soleil , dont on n'apperçoit encore que
les premiers raïons. Des deux côtez on
voit des Palmes et des Lauriers qui se
joignent , et s'entrelassent à leurs extré
mitez , soutiennent une Couronne de
Dauphin.
"
L'autre canon représente un jeune
Hercule qui écrase , encore au berceau ,
les deux Dragons qui vouloient le dévo
rer. Sa force montre son origine ; des
Lauriers et des Palmes ainsi que sur l'au
tre canon , mais par des contours differens
, vont se mêler ensemble par leurs
sommitez, et sont terminez par une Cou
ronne d'Etoiles. L'immortalité est la récompense
de ses vertus .
La cizelure n'occupe que la moitié des
canons ; le reste est travaillé en or de
rapport on y a representé les quatre
Parties du Monde , que ce Soleil Levant
va parcourir et éclairer dans sa course
brillante , et que ce jeune Héros doit
remplir du bruit de ses exploits et de ses
vertus. Ily a deux symboles de vertus sur
chaque canon. Elles sont assises sur une
Sphere du monde et representées sous les
attributs et avec les caractéres qui leur
sont propres. AAuu--ddeessssuuss , sont deux
cornes d'abondance renversées, qui répan-
11. Vola dent
342 MERCURE DE FRANCE
dent toutes les richesses et les fruits que
produit chacune des Parties de l'Univers
On voit aussi divers animaux selon la
natute de ces diférentes contrées . Du côté
de l'Europe on n'a pas oublié l'oyseau
avant- coureur du Soleil : il tient un Lys
en son bec.
Sur chacune des deux ovales des calottes
, on a representé un jeune Héros
sur l'une il est debout , un arc à la main,
sur lequel il s'appuye ; un Lion et une
massuë d'Hercule à ses pieds ; derriere
lui s'éleve un Palmier dont les branches
se recourbent au - dessus de sa tête , er lui
servent de Couronne . Sur l'autre il est
appuyé sur un casque , et tient un javelot
à la main .
,
2 Autour des calottes des Pistolets
voit Vulcain dans son antre for
geant des armes pour ce jeune Héros ;
le Dieu Mars les lui présente ; Minerve
paroît avec les instruments , et les Symbols
des differents Arts qu'elle met sous
sa protection , et Mercure aîlé , le ca
ducée à la main , est prêt à exécuter ses
or tres . Chacune de ces Divinitez a ses
trophées et ses attribute.
L'un des Porre vis , représente
le jeune Apollon qui tue le Serpent
Pithon Ce monstre déjà percé d'une
$… ]II. Vol. Altche
JUIN. 1734 7343
Béche mortelle , semble se rouler sur
la poussiere , mordant le dard qui l'a
blessé à l'autre on voit Eole , assis sur
un rocher , qui commande aux vents et
aux tempêtes de se calmer ; sous ses pieds
est la caverne où ils sont renfermez.
Les sous gardes sont ornées par deux
Zephirs aîlez qui portent sur leurs têtes
une corbeille de fleurs. Les pontets sont
soutenus d'un côté sur un Dragon aîlé ,
vuidé à jour , dont la queüe va , en se perdant
par dessous , servir à l'autre côté
de soutien et de base . Sur les pontets sont
deux jeunes Cupidons , dont l'un renverse
des cornes d'abondance l'autre
terrasse un Lion qu'il est prêt de percer
d'un javelot. Le reste des sous- gardes est
enrichi de differents trophées de guerre
et autres ornements.
Sur les corps des platines sont deux
Génies guerriers , dont l'un assis sur un
tas de trophées, porte un faisceau d'armes,
l'autre aussi au milieu de plusieurs instru
ments de guerre s'exerce à battre des
timbales .
Sur le canon du fusil paroît un Dauphin
, entouré de cornes d'abondance
et de guirlandes de fleurs qui vont par
differents contours se joindre par le haut
à une Couronne de Laurier et de Chêne
.. II. Vol.
entre344
MERCURE DE FRANCE
entrelassez. Au - dessous est un jeune Achìle
qui court aux armes ; il tient d'une
main une épée , et de l'autre il arrache
un bouclier d'un Palmier où sont attachées
toutes les armes qui lui sont nécessaires
pour combattre ; un riche tro
phée de guerre sert de Couronnement.
Tout cet Ouvrage est en relief ; le fond
en est d'or perlé et occupe environ la
moitié du canon. La visiere est composée
de plusieurs coquilles accolées , la plupart
à jour et attachées les unes aux autres par
des guirlandes de fleurs. Le reste est en or
de raport avec une suite d'ornements et
d'attributs convenables au sujet.
La plaque est à huit oreilles , toutes
terminées par des coquilles de formes
differentes ; sur le devant est un retour
de chasse un jeune Chasseur assis à
Fombre sur le gazon , foulant aux pieds
un Sanglier qu'il a tué , tenant un fuzil
à la main et entouré de ses chiens , se re
pose des fatigues de la chasse . Sous la
plaque on a mis un Dauphin avec des
palmes autour où sont attachées des arnes
, des ancres , des gouvernails , et au
milieu un trident d'où pend une Couronne
rostrale:
La platine représente un Triton sur le
rivage de la mer , un Dauphin attiré par
IL Vel. la
JUIN. 1734. 8343
la douceur du chant , se joue sur les ondes
d'où il semble sortir.
:
Sur chacun des côtez de la crosse dur
fusil est un Dauphin en or , gravé en
Taille - douce , accompagné de quatre
Génies de même ouvrage et de pareille
matiere l'un porte une Couronne de
Dauphin ; l'autre une corbeille des plus
belles fleurs ; le troisiéme , une Palme
ornée de toutes les differentes Couronnes
dont on récompensoit chez les anciens
les differentes vertus ; enfin le dernier lui
présente un gouvernail et un trident
comme des symboles de son Empire.
On n'entre pas dans un plus grand
'détail sur le reste des ornements de ces
précieux Ouvrages , tels que sont les coquillages
, rocailles , feüillages , architectures
, frises &c. qui servent comme d'accompagnements
et de bordures à tous ces
differents tableaux , et qui , outre la ri
chesse et la magnificence de l'ouvrage ,
sont encore nécessaires pour le contour
et la forme des differentes piéces.
Le Sieur Laroche , Armutier du Roy,
demeurant à Paris sur le Pont Marie
est l'Auteur de ces trois morceaux , dont
l'exécution est admirable.
Toute l'épée est d'or et compose dans son
11. Vol
ensem1346
MERCURE DE FRANCE
ensemble , un seul trophée d'armes , sans
que cette idée exactement suivie dans
toutes les differentes parties. de cet Ouvrage
, en change en rien la forme et les
proportions ordinaires.
La Garde est composée de deux Boucliers,
appellez dans l'antiquité, des Pettes,
comme ils étoient d'usage sous le Regne
et dans les Armées d'Alexandre le Grand:
c'est une époque qu'on a crû devoir choisir
entre plusieurs autres ; ces Boucliers
étoient ornez de bas reliefs et représentoient
des fruits heroïques. Ils avoient
pour la plupart des têtes de Lions aux
deux extrémitez ; on en a suivi en tout
exactement la forme et le dessein . Dans
les quatre bas - reliefs on a representé
les vertus attachées à Monseigneur le
Dauphin dès sa naissance.
L'un de ces Boucliers , du côté de la
Lame , représente les vertus heroïques * ;
c'est un Hercule avec sa massue et cɔuvert
de la peau de Lion ; il terrasse sous
ses pieds l'Hydre qu'il a domptée et tient
en sa main trois pommes du jardin
des Hesperides ; à l'entour sont ses differents
trophées et les divers travaux qui
ont exercé sa valeur et illustré son nom.
Sur l'autre Bouclier et du même côté ,
est la gloire des Princes, accompagnée de
II. Vol.
leurs
i 1347 JUIN. 1734.
leurs victoires , et le prix de leurs vertus :
c'est une femme richement vetuë , ayant
ure Couronne d'or sur sa tête et en sa
main droite une Couronne de Laurier ;
elle soutient de la gauche une forte et rithe
piramide ; à ses pieds est un corner
d'abondance , symbole de la magnificence
et de la generosité des grands Princes.
ve ,
et
De l'autre côté et en dedans de l'un
des Boucliers est representé une Miner-
Deèsse des Sciences militaires et des
Beaux Arts , le Compas à la main ; elle
trace et mesure sur un Globe , un terrain
convenable à fortifier une place de
guerre ; à ses pieds paroît sur un rouleau
déployé , un Plan de fortifications
dans le lointain on voit les dehors d'une
forteresse entourée de palissades . Sur l'autre
Bouclier parallele est une Pallas
Deèsse de la guerre : elle tient une lance
d'une main comme sur le point de combattre
et de l'autre son Egide , elle est
entourée de plusieurs instruments de
guerre au - dessus desquels on voit
flotter dans les airs des Drapeaux et des
Etendarts.
›
A l'endroit où se joignent les deux
Boucliers on a placé un Globe terrestre
qui sera un jour le théatre des vertus et
des exploits de nôtre jeune Prince. Sur
¿ II. Vol. ce
1348 MERCURE DE FRANCE
,
ce Globe , malgré sa petitesse , on a régulierement
tracé en relief les differentes
parties de l'Univers ; ce Globe est surmonté
par une massuë d'Hercule du
bas de laquelle s'éleve un faisceau de
Palmes , qui , en l'entourant jusqu'au
haut et la laissant cependant entrevoir
par les differents jours et les differents
vuides , forme la poignée de l'épée ; ce
qui fait un ouvrage des plus légers et des
plus délicats. Au haut de cette massuë, est
un Casque françois , et c'est ce qui fornic
le pomeau . Ce Casque est enrichi d'un
mufle de Lion et d'autres ornemens
relief ; la visiere en est levée.
sà
Une Palme gracieusement recourbée ,
se détachant par le bas des autres Palmes,
va ensuite en remontant et en s'éloignant
de la poignée , former la branche ; elle
n'en forme cependant que la moitié . De
la pointe sort une fleur de Lys à quatre
faces , production plus belle que toutes
les dattes fleuries dont elle est chargée
ainsi que les autres Palmes. Une autre
Palme qui déscend d'en haut et de dessus
le Casque , vient par un même contour
la rejoindre et s'entrelasser , de telle sorte
que couvrant toute la fleur de Lys , elle
n'en cache rien .
Du bas de la poignée, sort un Dauphin
II. Vol. des
JUIN. 7734
134
و
des mêmes Palmes , au milieu desquelles
il semble se jouer , et forme le tillon dans
le même contour à l'usage des Epées
qui se font à présent. La Lame est aussi
d'or , enrichie de moulures : elle a le
même ressort qu'une Lame d'acier. Le
Fourreau est d'écaille noire, incrustée sur
un fond qui lui donne de la solidité et
arrêté par deux moulures d'or très déli-"
cates ; toute l'écaille est piqué en or d'un
dessein très -riche.
La Chappe , le Crochet et le bout de
l'Epée sont des piéces si petites et qui
la sent si peu de champ ,qu'il n'a pas été
possible de représenter des attributs , ni
rien de symbolique. On a taché par des
petits morceaux d'architectures , des palmettes
des entrelas , des filets des
canneaux de feüillages , et autres ornemens
qui ont raport au sujet, d'y supléer,
et on les a parse mez de plusieurs fleurs
de Lys radieuses et vuidées à jour.
,ر <
Ce beau morceau est de la main de
M. Germain , Orfévre du Roy , si connu
par la perfection de ses Ouvrages et par
la délicatesse de son goût.
Fermer
Résumé : PREMIERES ARMES présentées à Monseigneur l[e] Dauphin.
Le 6 juin 1734, la Ville de Paris a reçu l'autorisation du roi de présenter au Dauphin ses premières armes, suivant un ancien usage interrompu. Le Corps de Ville, en robe de cérémonie, s'est rendu à Versailles où le Duc de Gesvres, Gouverneur de Paris, a conduit la délégation à l'audience du Dauphin. Le Président Turgot, Prévôt des Marchands, a porté les compliments et présenté une épée, un fusil et deux pistolets d'un travail parfait. Ce privilège permet à la Ville de Paris de présenter aux Dauphins de France leurs premières armes, soit en récompense de son zèle et de son affection envers les Princes, soit comme prérogative flatteuse pour la capitale du Royaume. La Ville de Paris a donc saisi cette occasion pour honorer le Dauphin et s'acquitter de ce devoir flateur et honorable. Les pistolets, entièrement en acier enrichi de reliefs et de ciselures, présentent des fonds d'or perlé et des bois ornés de figures en or gravées en taille-douce et de filigranes. Les canons des pistolets représentent des scènes symboliques : l'un montre un jeune enfant sur une colline au lever du soleil, l'autre un jeune Hercule écrasant des dragons. Les symboles de vertus et les cornes d'abondance sont également présents, ainsi que des représentations des quatre parties du monde. Le fusil arbore un Dauphin entouré de cornes d'abondance et de guirlandes de fleurs, ainsi que des scènes de chasse et des symboles maritimes. Les ornements incluent des génies guerriers, des trophées de guerre et des attributs divers. L'épée, entièrement en or, est composée d'un seul trophée d'armes. La garde est inspirée des boucliers utilisés sous le règne d'Alexandre le Grand et représente les vertus héroïques et la gloire des Princes. Les bas-reliefs montrent Hercule terrassant l'Hydre et une femme symbolisant la victoire et la générosité. La poignée de l'épée est ornée de palmes et de lys, et le fourreau est en écaille noire incrustée d'or. Ces œuvres, réalisées par le Sieur Laroche pour les pistolets et le fusil, et par M. Germain pour l'épée, témoignent d'une exécution admirable et d'une grande richesse artistique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1160
p. 1352-1361
RELATION de ce qui s'est passé à Monaco à l'occasion de l'arrivée de S. A. Honoré III. Prince de Monaco, et de son Avenement à la Souveraineté, sous l'Administration de M. le Duc de Valentinois, Pair de France, son Pere.
Début :
M. le Duc de Valentinois ayant mandé qu'il partiroit de Paris le troisiéme [...]
Mots clefs :
Monaco, Honoré III, Prince de Monaco, Duc de Valentinois, Prince, Place, Ville, Palais, Principauté, Église, Joie, Peuple, Garnison, Cure
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texteReconnaissance textuelle : RELATION de ce qui s'est passé à Monaco à l'occasion de l'arrivée de S. A. Honoré III. Prince de Monaco, et de son Avenement à la Souveraineté, sous l'Administration de M. le Duc de Valentinois, Pair de France, son Pere.
RELATION de ce qui s'est passé
à Monaco à l'occasion de l'arrivée de
S. A. Honoré III. Princ: de Monaco ,
et de son Avenement à la Souveraineté,
sous l'Administration de M. le Duc de
Valentinois , Pair de France , son Pere,
M
le Duc de Valentinois ayant mandé
qu'il partiroit de Paris le troisiéme
du mois de May pour se rendre
à Monaco avec M. le Prince son fils ,
M. le Chevalier de Grimaldi , Gouverneur
General de la Principauté , envoya
le 21 May à Cannes , Ville Maritime de
Provence , les deux Chalouppes de S. A.
magnifiquement équippées , avec son
Capitaine des Gardes pour les y recevoir;
il fit embarq er aussi quelques Musiciens
et Symphonistes pour amuser le
I k Vol. jeune
JUIN. 1734 1353
Jeune Prince , pendant le petit trajet de
Mer qu'il avoit à faire pour la premiere
fois.
Le treizième , les Chalouppes ayant
paru à la hauteur de la Place , le Canon
commença à tirer et continua par une
salve de 130 coups , au bruit de laquelle
S. A. entra dans les Appartemens de son
Palais.
Tous les Bâtimens qui se trouverent
dans le Port , firent aussi une décharge
de leur Artillerie, lorsque les Chalouppes
y entrérent.
Le Corps qui compo e le Magistrat
et les Principaux de la Ville , suivis d'un
nombre infini d'autres personnes , accoururent
en foule pour se trouver au débarquement
: il se fit aux acclamations de
tout le Peuple qui marquoit son contentement
par les démonstrations de la joye
la plus parfaite.
A la premiere Barriere de la Ville le
Prince trouva M. de Mongremier , Lieutenant
pour le Roy dans la Place , avec
le Comte d'Aunay , Colonel du Regiment
de Vexin , et les Officiers de la
Garnison qui s'étoient avancez pour le
recevoir , et qui le complimenterent sur
son arrivée. On entra ensuite dans la
Place où toute la Garnison
II. Vol.
و
E
qui étoit
Sous
· 1354 MERCURE DE FRANCE
sous les armes , rendit les honneurs dûs
au Souverain de Monaco .
,
Le soir du même jour il y eut dans
toute la Ville de grandes illuminations ,
des feux de joye , beaucoup de déchar
ges d'Artillerie , et de feu d'artifice ;
tout le Peuple accourut en même tems
sur la Place d'Armes au - dessous des
fenêtres du Palais , applaudissant par de
nouvelles acclamations, mêlées de danses,
à l'heureuse arrivée de son Prince.
>
Le lendemain 14. le Magistrat s'étant
rendu à l'heure marquée au Palais en
habit de cérémonie eut l'honneur de
haranguer S. A , au nom de la Ville . Le
Curé de l'Eglise principale , à la tête de
son Clergé, fic la même chose . Toutes les
Dames se présentérent ensuite pour saluer
le Prince .
Pendant la journée ce ne furent que
Fêtes , Danses et continuelles acclamations
de la part du peuple assemblé
dans la grande Place,vis à - vis les Appartemens
du Prince. Les feux , les illuminations
et les réjouissances continuerent
tout le Samedy 15. jusqu'à minuit.
Le 16 , jour destiné pour l'Entrée publique
, S. A. sortit de la Ville sur les
cinq heures du soir ; et après avoir fait
un tour de promenade , il revint sur ses
pas. PenJUIN.
1734 1355
Pendant ce tems- là M. le Chevalier
de Grimaldi , Gouverneur General de la
Principauté , le Magistrat avec tout le
Clergé précedé par la Croix , les Prêtres
en surplis , le Curé et ses deux Assi tans
revêtus de Chappes , allerent à la rencontre
de S. A. ju ques à la premiere
Barriere . Dès qu'el.e y fat arrivée, le Che
valier de G.inaldi , en a qualité , lui présenta
les Clefs de la Ville dans un bassin
de vermeil . M. l'Auditeur , Juge Principal
et Chef du Magis rat , la complimenta
sur son Avénement à la Principauré.
Après ce cérémonial S. A. se mit
genoux sur un Prie Dieu préparé ;
M. le Curé s'étant avancé avec ses Assistans
lui présenta la Croix à baiser ; et
après qu'il eut recité les prieres prescrites
par le Rituel Romain , S. A. se leva
et se mit sous le Diis , porté par les Officiers
de la Magistrature .
à
·
Dans le même tems le Clergé entonna
le Pseaume Benedictus Dominu Deus meus
&c. et S. A. se mit en marche , entourée
de ses Gardes duCorps et des Gens de sa
Cour , pour se rendre à la grande Eglise.
Toutes les Maisons des Rues par où
se faisoit la marche ; étoient ornées de
tapisseries Il y avoit aussi trois gran.is
Arcs de triomphe à des di tance pro-
Eij por II. Vol.
135 MERCURE DE FRANCE
portionnées , ornez de figures Allegoriques
, d'Emblêmes, de Festons &c . éclairez
de quantité de flambeaux , et d'une
infinité de bougies. La Garnison sous les
armes étoit en haye , à droite et à gauche,
de puisle premier Corps de Garde jusques
aux Portes de la grande Eglise.
Cette Eglise étoit richement ornée par
des Tapisseries de brocard d'or, de damas
et de velours cramoisy qui alloient jusqu'à
la voûte. Les illuminations répondoient à
tout le reste ; outre les Lustres de cristal
et la quantité de cierges dont toutes les
Chapelles étoient illuminées , on en avoit
placé trois cent sur le grand Autel .
S. A. étant entrée dans l'Eglise s'avança
jusqu'au milieu du choeur et se mit à genoux
sur un Prie - Dieu , placé sous un
Dais qui étoit suspendu . Le Pseaume
Benedictus étant achevé, le Curé officiant
chanta le verset , O Salutaris Hostia ;
et dans le même temps on fit l'Exposition
du Saint Sacrement ; il entonna
ensuite le Te Deum , et la Place fit aussitôt
une nouvelle salve de 24 piéces de
canon. Après le Te Deum le même Officiant
donna la Bénédiction par laquelle
la cérémonie Ecclesiastique fut terminée.
Le Prince ayant alors quitté son Prie-
Dieu , se mit de nouveau sous le Dais
II Vol
porté
JUIN. 1734 1357
porté par les Magistrats et marcha ainsi
jusqu'aux Portes de l'Eglise précedé par
tout le Clergé , et après avoir reçu un
autre compliment de M. le Curé , il se
rendit au Palais , entouré de ses Gardes du
Corps et suivi par les Gens de sa Cour ,
aux acclamations réïterées de tout le Peuple.
Il passa au milieu des Troupes de
la Garnison qui continuoient à border la
haye à droite et à gauche , et il reçut le
salut accoutumé de la part des Offi
ciers.
Dans ce tems- là , Mrs de la Ville firent
couler quatre fontaines de vin deux
sur la Place et deux à chaque côté du
premier Arc de triomphe. S. A. fit jetter
de l'argent au Peuple , et en fit en
même tems distribuer aux Troupes et aux
Pauvres de la Ville.
Le soir du même jour , les illuminations
, les feux de joye et d'artifice furent
renouvellez dans toute la Ville
fit une autre salve de canon . La Fête
et on
finit par un grand repas donné au Palais ,
où les Officiers Majors de la Place et ceux
de la Garnison furent invitez , ainsi que
les principaux Habitans de Monaco . Ce
jour- là se trouvoit heureusement celui
de la Fête de S. Honoré , dont le Prince
porte le nom.
II. Vol.
E iij Le
1358 MERCURE DE FRANCE
Le 17 , sur les cinq heures du soir
S. A. assise sous un Dais reçut dans la
grande Sale de son Palais le serment de
fidelité de la part de ses sujets de la Principauté
de Monaco .
Le soir toute la jeunesse de la Ville,
pour marquer plus particulierement sa
joye , fit dresser trois tables sur la grande
Place au de sous des fenêtres des Appartemens
du Prince , et donna un grand
souper qui fut accompagné de salves
réïterées , de boëtes , de concerts , de voix
d'instruments , de danses , avec un concours
extraordinaire de Peuple.
Le 18 au soir , il y eut pareillement
une grande réjouissance au Port . Le Bâtiment
armé qui sert de Garde- côte parut
tout illuminé, tant le longde son bord,
que sur ses vergues , ornées de flammes
et de banderoles : plusieurs autres moin
dres Batimens , Chaloupes , Bâteaux & c.
illuminez par des feux godronnez , firent
entr'eux une espece de combat naval par
des décharges de leur Mousqueterie, tandis
que le gros Vaisseau répondoit de
son Artillerie. Les fux de joye et d'artifices
et les décharges de quantité de boëtes
continuerent une grande partie de la nuit,
le tout par un tems calme et à souhait.
Le 19 au soir le Prince donna un .
II. Vol. grand
JUIN. £734. 1359
grand Bal au Palais , accompagné d'une
magnifique colation .
Il se propose
de faire également son
Entrée publique à Menton , autre Ville
de la même Principauté . Par les préparatif
qui s'y font , il est à présumer que
S. A. n'aura pas moins lieu d'être satisfaite
de sa réception , qu'elle vient de
l'être à Monaco.
INSCRIPTIONS
des Arcs de
Triomphe , érigez dans Monaco à
l'occasion de cette Entrée.
HONORATO III.
Monaci Principi optimo,
In ipso adolescentiaflore
Maturo, augusti genitoris judicio,
Supremi Principatûs gubernaculis admoto ,
Populus Monacensis
·Paterna providentia applaudens
In signum grati animi dulcisque sui amor
Hunc triumphalem Arcum
Erexit.
Die xxvi. Maii M. DCC. XXXIV.
HONORATUS.
Tertius Nomine ,
Sed nobilitate , ingenio , ac animi dotibus,
Nemini secundus
II. Vol. E iilj
Prin
1360 MERCURE DE FRANCE
Principatus dignitatempaternâ liberalitate collatan
Prematurè adeptus
Longam Populorum felicitatem promittit ,
Si justa magnarum rerum spei
Ab egregia ejus indole in omnibus excitata ,
Anni juxtà communem votum
Respondeant.
HONORATUS III.
Primitias amoris Paterni
Non tam natura beneficio ,
Quam excelsis animi Dotibus
Et corporis formá imperio digná
Promeritus
Supremam Principis dignitatem
Ab optimo piissimoque Parente ,
Antè diem ultrò sibi delatam ,
·Populorum felicitati ac gaudio ante diem
Studens
Triumphali pompâ non invitus
Ostentat.
TRADUCTION.
Les Habitans de Monaco applaudissant à la
sage prévoyance paternelle , ont érigé cet Arc
de Triomphe en l'honneur du très- excellent
Prince de Monaco , HONORE' III. qui par
le jugement reflechi d'un illustre Pere , est parvenu
à la souveraine Principauté à la fleur de son
âge , le 16. May, 1734 .
II. Vol. Honoré
JUIN.
1261 1734.
Honoré III. du nom , mais qui ne le cede.
à personne en noblesse , en esprit et par les
belles qualitez de son coeur , parvenu avant le
temps à la Principauté , par la pure liberalité
d'un aimable Pere , promet à ses Peuples un
bonheur constant et durable , si les années répondent
aux grandes esperances que la beauté de
son caractere a fait concevoir à tout le monde.
Honoré III. qui a mérité les prémices de
P'amour paternel , moins par un bienfait de la
Nature , que par les belles qualitez de son coeur ,
et par celles du corps , dignes du Trône , travaillant
au bonheur des Peuples et occupé de
leur prosperité , fair remarquer avec joye dans
sa marche triomphale la dignité de Prince dont
il est revétu , par la faveur et la grace du meilleur
et du plus tendre de tous les Peres.
à Monaco à l'occasion de l'arrivée de
S. A. Honoré III. Princ: de Monaco ,
et de son Avenement à la Souveraineté,
sous l'Administration de M. le Duc de
Valentinois , Pair de France , son Pere,
M
le Duc de Valentinois ayant mandé
qu'il partiroit de Paris le troisiéme
du mois de May pour se rendre
à Monaco avec M. le Prince son fils ,
M. le Chevalier de Grimaldi , Gouverneur
General de la Principauté , envoya
le 21 May à Cannes , Ville Maritime de
Provence , les deux Chalouppes de S. A.
magnifiquement équippées , avec son
Capitaine des Gardes pour les y recevoir;
il fit embarq er aussi quelques Musiciens
et Symphonistes pour amuser le
I k Vol. jeune
JUIN. 1734 1353
Jeune Prince , pendant le petit trajet de
Mer qu'il avoit à faire pour la premiere
fois.
Le treizième , les Chalouppes ayant
paru à la hauteur de la Place , le Canon
commença à tirer et continua par une
salve de 130 coups , au bruit de laquelle
S. A. entra dans les Appartemens de son
Palais.
Tous les Bâtimens qui se trouverent
dans le Port , firent aussi une décharge
de leur Artillerie, lorsque les Chalouppes
y entrérent.
Le Corps qui compo e le Magistrat
et les Principaux de la Ville , suivis d'un
nombre infini d'autres personnes , accoururent
en foule pour se trouver au débarquement
: il se fit aux acclamations de
tout le Peuple qui marquoit son contentement
par les démonstrations de la joye
la plus parfaite.
A la premiere Barriere de la Ville le
Prince trouva M. de Mongremier , Lieutenant
pour le Roy dans la Place , avec
le Comte d'Aunay , Colonel du Regiment
de Vexin , et les Officiers de la
Garnison qui s'étoient avancez pour le
recevoir , et qui le complimenterent sur
son arrivée. On entra ensuite dans la
Place où toute la Garnison
II. Vol.
و
E
qui étoit
Sous
· 1354 MERCURE DE FRANCE
sous les armes , rendit les honneurs dûs
au Souverain de Monaco .
,
Le soir du même jour il y eut dans
toute la Ville de grandes illuminations ,
des feux de joye , beaucoup de déchar
ges d'Artillerie , et de feu d'artifice ;
tout le Peuple accourut en même tems
sur la Place d'Armes au - dessous des
fenêtres du Palais , applaudissant par de
nouvelles acclamations, mêlées de danses,
à l'heureuse arrivée de son Prince.
>
Le lendemain 14. le Magistrat s'étant
rendu à l'heure marquée au Palais en
habit de cérémonie eut l'honneur de
haranguer S. A , au nom de la Ville . Le
Curé de l'Eglise principale , à la tête de
son Clergé, fic la même chose . Toutes les
Dames se présentérent ensuite pour saluer
le Prince .
Pendant la journée ce ne furent que
Fêtes , Danses et continuelles acclamations
de la part du peuple assemblé
dans la grande Place,vis à - vis les Appartemens
du Prince. Les feux , les illuminations
et les réjouissances continuerent
tout le Samedy 15. jusqu'à minuit.
Le 16 , jour destiné pour l'Entrée publique
, S. A. sortit de la Ville sur les
cinq heures du soir ; et après avoir fait
un tour de promenade , il revint sur ses
pas. PenJUIN.
1734 1355
Pendant ce tems- là M. le Chevalier
de Grimaldi , Gouverneur General de la
Principauté , le Magistrat avec tout le
Clergé précedé par la Croix , les Prêtres
en surplis , le Curé et ses deux Assi tans
revêtus de Chappes , allerent à la rencontre
de S. A. ju ques à la premiere
Barriere . Dès qu'el.e y fat arrivée, le Che
valier de G.inaldi , en a qualité , lui présenta
les Clefs de la Ville dans un bassin
de vermeil . M. l'Auditeur , Juge Principal
et Chef du Magis rat , la complimenta
sur son Avénement à la Principauré.
Après ce cérémonial S. A. se mit
genoux sur un Prie Dieu préparé ;
M. le Curé s'étant avancé avec ses Assistans
lui présenta la Croix à baiser ; et
après qu'il eut recité les prieres prescrites
par le Rituel Romain , S. A. se leva
et se mit sous le Diis , porté par les Officiers
de la Magistrature .
à
·
Dans le même tems le Clergé entonna
le Pseaume Benedictus Dominu Deus meus
&c. et S. A. se mit en marche , entourée
de ses Gardes duCorps et des Gens de sa
Cour , pour se rendre à la grande Eglise.
Toutes les Maisons des Rues par où
se faisoit la marche ; étoient ornées de
tapisseries Il y avoit aussi trois gran.is
Arcs de triomphe à des di tance pro-
Eij por II. Vol.
135 MERCURE DE FRANCE
portionnées , ornez de figures Allegoriques
, d'Emblêmes, de Festons &c . éclairez
de quantité de flambeaux , et d'une
infinité de bougies. La Garnison sous les
armes étoit en haye , à droite et à gauche,
de puisle premier Corps de Garde jusques
aux Portes de la grande Eglise.
Cette Eglise étoit richement ornée par
des Tapisseries de brocard d'or, de damas
et de velours cramoisy qui alloient jusqu'à
la voûte. Les illuminations répondoient à
tout le reste ; outre les Lustres de cristal
et la quantité de cierges dont toutes les
Chapelles étoient illuminées , on en avoit
placé trois cent sur le grand Autel .
S. A. étant entrée dans l'Eglise s'avança
jusqu'au milieu du choeur et se mit à genoux
sur un Prie - Dieu , placé sous un
Dais qui étoit suspendu . Le Pseaume
Benedictus étant achevé, le Curé officiant
chanta le verset , O Salutaris Hostia ;
et dans le même temps on fit l'Exposition
du Saint Sacrement ; il entonna
ensuite le Te Deum , et la Place fit aussitôt
une nouvelle salve de 24 piéces de
canon. Après le Te Deum le même Officiant
donna la Bénédiction par laquelle
la cérémonie Ecclesiastique fut terminée.
Le Prince ayant alors quitté son Prie-
Dieu , se mit de nouveau sous le Dais
II Vol
porté
JUIN. 1734 1357
porté par les Magistrats et marcha ainsi
jusqu'aux Portes de l'Eglise précedé par
tout le Clergé , et après avoir reçu un
autre compliment de M. le Curé , il se
rendit au Palais , entouré de ses Gardes du
Corps et suivi par les Gens de sa Cour ,
aux acclamations réïterées de tout le Peuple.
Il passa au milieu des Troupes de
la Garnison qui continuoient à border la
haye à droite et à gauche , et il reçut le
salut accoutumé de la part des Offi
ciers.
Dans ce tems- là , Mrs de la Ville firent
couler quatre fontaines de vin deux
sur la Place et deux à chaque côté du
premier Arc de triomphe. S. A. fit jetter
de l'argent au Peuple , et en fit en
même tems distribuer aux Troupes et aux
Pauvres de la Ville.
Le soir du même jour , les illuminations
, les feux de joye et d'artifice furent
renouvellez dans toute la Ville
fit une autre salve de canon . La Fête
et on
finit par un grand repas donné au Palais ,
où les Officiers Majors de la Place et ceux
de la Garnison furent invitez , ainsi que
les principaux Habitans de Monaco . Ce
jour- là se trouvoit heureusement celui
de la Fête de S. Honoré , dont le Prince
porte le nom.
II. Vol.
E iij Le
1358 MERCURE DE FRANCE
Le 17 , sur les cinq heures du soir
S. A. assise sous un Dais reçut dans la
grande Sale de son Palais le serment de
fidelité de la part de ses sujets de la Principauté
de Monaco .
Le soir toute la jeunesse de la Ville,
pour marquer plus particulierement sa
joye , fit dresser trois tables sur la grande
Place au de sous des fenêtres des Appartemens
du Prince , et donna un grand
souper qui fut accompagné de salves
réïterées , de boëtes , de concerts , de voix
d'instruments , de danses , avec un concours
extraordinaire de Peuple.
Le 18 au soir , il y eut pareillement
une grande réjouissance au Port . Le Bâtiment
armé qui sert de Garde- côte parut
tout illuminé, tant le longde son bord,
que sur ses vergues , ornées de flammes
et de banderoles : plusieurs autres moin
dres Batimens , Chaloupes , Bâteaux & c.
illuminez par des feux godronnez , firent
entr'eux une espece de combat naval par
des décharges de leur Mousqueterie, tandis
que le gros Vaisseau répondoit de
son Artillerie. Les fux de joye et d'artifices
et les décharges de quantité de boëtes
continuerent une grande partie de la nuit,
le tout par un tems calme et à souhait.
Le 19 au soir le Prince donna un .
II. Vol. grand
JUIN. £734. 1359
grand Bal au Palais , accompagné d'une
magnifique colation .
Il se propose
de faire également son
Entrée publique à Menton , autre Ville
de la même Principauté . Par les préparatif
qui s'y font , il est à présumer que
S. A. n'aura pas moins lieu d'être satisfaite
de sa réception , qu'elle vient de
l'être à Monaco.
INSCRIPTIONS
des Arcs de
Triomphe , érigez dans Monaco à
l'occasion de cette Entrée.
HONORATO III.
Monaci Principi optimo,
In ipso adolescentiaflore
Maturo, augusti genitoris judicio,
Supremi Principatûs gubernaculis admoto ,
Populus Monacensis
·Paterna providentia applaudens
In signum grati animi dulcisque sui amor
Hunc triumphalem Arcum
Erexit.
Die xxvi. Maii M. DCC. XXXIV.
HONORATUS.
Tertius Nomine ,
Sed nobilitate , ingenio , ac animi dotibus,
Nemini secundus
II. Vol. E iilj
Prin
1360 MERCURE DE FRANCE
Principatus dignitatempaternâ liberalitate collatan
Prematurè adeptus
Longam Populorum felicitatem promittit ,
Si justa magnarum rerum spei
Ab egregia ejus indole in omnibus excitata ,
Anni juxtà communem votum
Respondeant.
HONORATUS III.
Primitias amoris Paterni
Non tam natura beneficio ,
Quam excelsis animi Dotibus
Et corporis formá imperio digná
Promeritus
Supremam Principis dignitatem
Ab optimo piissimoque Parente ,
Antè diem ultrò sibi delatam ,
·Populorum felicitati ac gaudio ante diem
Studens
Triumphali pompâ non invitus
Ostentat.
TRADUCTION.
Les Habitans de Monaco applaudissant à la
sage prévoyance paternelle , ont érigé cet Arc
de Triomphe en l'honneur du très- excellent
Prince de Monaco , HONORE' III. qui par
le jugement reflechi d'un illustre Pere , est parvenu
à la souveraine Principauté à la fleur de son
âge , le 16. May, 1734 .
II. Vol. Honoré
JUIN.
1261 1734.
Honoré III. du nom , mais qui ne le cede.
à personne en noblesse , en esprit et par les
belles qualitez de son coeur , parvenu avant le
temps à la Principauté , par la pure liberalité
d'un aimable Pere , promet à ses Peuples un
bonheur constant et durable , si les années répondent
aux grandes esperances que la beauté de
son caractere a fait concevoir à tout le monde.
Honoré III. qui a mérité les prémices de
P'amour paternel , moins par un bienfait de la
Nature , que par les belles qualitez de son coeur ,
et par celles du corps , dignes du Trône , travaillant
au bonheur des Peuples et occupé de
leur prosperité , fair remarquer avec joye dans
sa marche triomphale la dignité de Prince dont
il est revétu , par la faveur et la grace du meilleur
et du plus tendre de tous les Peres.
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Résumé : RELATION de ce qui s'est passé à Monaco à l'occasion de l'arrivée de S. A. Honoré III. Prince de Monaco, et de son Avenement à la Souveraineté, sous l'Administration de M. le Duc de Valentinois, Pair de France, son Pere.
Le texte décrit l'arrivée et l'accession au trône d'Honoré III, Prince de Monaco, sous la régence de son père, le Duc de Valentinois. Le 21 mai, le Chevalier de Grimaldi, Gouverneur Général de la Principauté, envoya des chaloupes à Cannes pour accueillir le Duc de Valentinois et le jeune Prince. Le 13 juin, à l'arrivée des chaloupes à Monaco, une salve de 130 coups de canon fut tirée, et le Prince fut accueilli par des acclamations et des démonstrations de joie du peuple. Ce soir-là, des illuminations, des feux de joie et des feux d'artifice furent allumés dans toute la ville. Le lendemain, le Magistrat et le Clergé haranguèrent le Prince, et des fêtes et des danses continuèrent toute la journée. Le 16 juin, jour de l'entrée publique, le Prince fut accueilli par le Chevalier de Grimaldi et le Magistrat, qui lui présentèrent les clefs de la ville. Après une cérémonie religieuse à l'église, le Prince distribua de l'argent au peuple et aux troupes. Les célébrations inclurent des fontaines de vin, des illuminations et un grand repas au Palais. Le 17 juin, le Prince reçut le serment de fidélité de ses sujets. Les réjouissances se poursuivirent avec des bals, des concerts et des feux d'artifice. Le Prince prévoyait également une entrée publique à Menton. Des arcs de triomphe furent érigés à Monaco, portant des inscriptions en latin célébrant les qualités et l'accession au trône d'Honoré III.
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1161
p. 1378-1384
CEREMONIE faite à Bordeaux, lors de la Position de la premiere Pierre du Piedestal, sur lequel doit être élevée une Statuë du Roy &c.
Début :
Nous avons été instruits un peu tard de cette cérémonie ; mais [...]
Mots clefs :
Cérémonie, Bordeaux, Statue du roi, Roi, Ville, Place royale, Écuyer, Statue, Sous-maire, Médailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CEREMONIE faite à Bordeaux, lors de la Position de la premiere Pierre du Piedestal, sur lequel doit être élevée une Statuë du Roy &c.
CEREMONIE faite à Bordeaux ;
lors de la Position de la premiere Pierre
du Piedestal , sur lequel doit être élevée
une Statue du Roy &c.
Ntard de cette cérémonie ; mais
Ous avons été instruits un peu
nous l'avons été avec exactitude , puisque
c'est par
le Procès verbal qui en a été
dressé le même jour , et qui est conservé
dans les Archives de l'Hôtel de Ville, dont
une copie vient de nous être envoyée.
Personne n'ignore que la Ville de Bordeaux
est une des plus importantes et des
plus considerables Villes du Royaume, et
que son Port , situé sur l'embouchure de
la Garonne , est un des plus beaux de l'Europe
, formant par sa disposition un point
de veuë qui frape et un spectacle charmant
Cetre Ville , en profitant d'une si
heureuse situation , a voulu faire deux
choses dans ces derniers temps. Donner
au Roy une marque éclatante de son
zele , et se procurer en même tems un
surcroît d'embellissement , qui répondit
à celui qu'elle a receu de la nature. Elle
fait construire une grande Place Royale
ornée de Bâtimens magnifiques, prise dans
II. Vol. unc
JUIN. 1734 1379
ne bonne partie du terrain , occupé cydevant
par le Fauxbourg ,ou Quartier du
Chapeau Rouge . Et c'est au milieu de
cette grande Place que doit être érigéo
la Statue équestre du Roy , en bronze ,
de 14 à 15 pieds d'élevation , sans le
Piedestal , à laquelle travaille actuelle .
ment M. Lemoine de l'Académie Royale
de Peinture et Sculpture , dont tout le
monde connoît la capacité La Ville de
Bordeaux en fait aussi la dépense .
Lorsque cet auguste Monument sera
posé et que la Place Royale sera dans
son entiere perfection , nous ne manquerons
pas de donner la Description de l'un
et de l'autre , et d'apprendre au Public
tout ce qui se sera passé à cette occasion .
Nous nous bornons aujourd'hui à ce qui
concerne la cérémonie préliminaire contenuëdans
le Procès verbal dont nous avons
parlé , et dont voici les propres termes.
L'AN mil sept cent trente- trois et le
huitièmejour du mois d'Août , Mrs Joseph
deSegur Chevalier, Vicomte de Cabannac ,
Baron d'Arsac et de Belfort & c. Sous-
Maire :: François Joseph de Galatheau ,
Chevalier, Baron de l'Isle de la Lande &c.
Joseph Dupin , Ecuyer , Avocat en Parlement
, Seigneur de la Maison Noble
du Bauquet &c . Pierre Noël de Saincrit,
II. Vole Fij Ecuyer
1380 MERCURE DE FRANCE
Ecuyer , Seigneur de la Maison Noble de
Rouffiac: Pierre Borie , Ecuyer , Seigneur
des Maisons Nobles de Poumarede
Fleury & c. Ecuyer , Avocat en Parlement
, Pierre de Kater , Ecuyer , Jurats ,
Jean- Baptiste Maignol , Ecuyer Citoyen ,
Seigneur de la Maison Noble de Mataplane
, Procureur Syndic , et Guillaume
du Boscq , Ecuyer , Conseiller du Roy ,
Clerc et Sécretaire ordinaire de la Ville ,
revêtus d'une Robe de satin rouge et
blanc , celle de M. le Sous - Maire doublée
d'un drap d'argent , faites au sujet
de la présente Céremonie , étant partis
de l'Hôtel de Ville environ sur les six
heures du soir , M. Claude Boucher
Chevalier , Seigneur des Gouttes Hebecourt
& c. Conseiller d'Honneur au Par
lemont de Bourdeaux , Président Honoraire
en la Cour des Aydes de Paris , Intendant
de Justice , Police et Finances
de la Generalité de Guyenne , à leur tête ,
se sont rendus avec leur Cortége ordipaire
sur la Place Royale et dans le lieu
où se bâtit le Piedestal destiné pour
placer la Statuë équestre de Sa Majesté ,
que cette Ville doit faire élever à son
honneur et gloire ; comme un précieux
Monument de son amour , de son respect
et de sa soumission ; ayant fait leur mar-
II Vol, che
JUI N. 1734: 1381
the par la rue Saint James , par celles
des Ayres , Poisson Sallé , Saint Pojet ,
Sainte Catherine et par le Chapeau Rouges
les Troupes Bourgeoises au nombre de
12000 hommes , tous Chefs de Familles ,
étint sous les Armes , partie rangez en
haye sur lesdites rues , partie en Bataille
sur la Place Royale : et après plusieurs
décharges de Mousqueterie et de canon ,
tant de la Ville , que des Vaisseaux , qui
avoient reçu pour cela les ordres de
Mrs les Jurats , il a été placé au milieu du
fondement du Piedestal de la Statue, dans
une Pierre creusée exprès , un coffre de
plomb , dans lequel étoit un autre petit
coffre de bois de cedre , garri en dedans
de Satin bleu , orné d'un Galon d'or et
dans icelui on a mis six Médailles , l'une
d'or et les autres d'argent , représentant
d'un côté l'Edifice de la Place Royale
et de l'autre , la Statue équestre de S. M.
sur lesquelles Médailles il a été mis un
petit coussin de la même étoffe , aussi
orné de Galons d'or , et au- dessus on a
posé une Plaque de cuivre , sur laquelle
sont gravez les noms de M. Boucher ,
Intendant , ceux de Mrs les Sous- Maire ,
Jurats , Procureur Syndic , et Clerc de
Ville , et celui de M. Gabriël , Chevalier
de l'Ordre de Saint Michel , Contrôleur
II Vol.
,
Fiij
Ge382
MERCURE DE FRANCE
,
General des Bâtimens du Roy ,, son
Architecte ordinaire , et Premier Ingénieur
des Ponts et Chaussées de France ,
qui a donné les Desseins et conduit les
Travaux de la Place Royale , laquelle se
construit actuellement sur le Port de cette
Ville. M. Boucher , Mrs les Sous- Maire,
Jurats , Procureur Syndic et Clerc de
Ville , ayant mis , chacun selòn son rang,
un peu de mortier sut la premiere Pierre,
et donné quelques coups de marteau ,
tout cela au bruit des Tambours , des
Trompettes et des décharges deMousqueterie
et de canon , souvent réïterées , ils
ont mis le feu à un grand Bucher , qui
avoit été dressé sur la même Place , les
habitans ayant marqué une grande joye
et un contenrement parfait de ce premier
Monument , qui doit annoncer à la Posterité
la plus reculée les sinceres mouvements
de leur coeur , leur amour , et leur
respect pour S. M. Mrs les Sous- Maire ,
Jurats , Procureur Syndic et Clerc de
Ville ont pendant leur marche , et étant
sur ladite Place , fait jetter abondamment
de l'argent au Peuple , et ensuite ils ont
fait tirer avec beaucoup de succès un Feu
d'artifice pour la clôture de laCérémonie;
après quoi ils se sont retirez ayant laissé à
la Garde des Bourgeois de laVille, qui ont
II. Vol. SouTHE
NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND
TILDEN
FOUNDATIONS
.
MDCCXXXIII
OPTIMO
PRINCIPI
PRÆSID
ET
DECUS
BURDIGAL
CIVITAS
JUIN. 1734. 1383
souhaité chacun à leur tour de participer
à cethonneur,la conservation du précieux
Dépôt des Medailles jusques à ce que l'Edifice
fut assez élevé pour le mettre à cou
vert des atteintes qu'on pourroit y donner.
FAIT sur ladite Place Royale , lesdits
jour , mois , et an que dessus , ainsi
signé Boucher , Segur Sous- Maire , de Galatheau
Jurat , Dupin Jurat , Saincrit
Jurat, Poumarede Jurat , Dessudres Jurat,
de Kater Jurat , Maignol Procureur Syndic
de la Ville , de Boscq Clerc et Sécretaire
de la Ville , et Gabriël.
On nous sçaura , sans doute, bon gré
de trouver ici la gravure du Type des six
Médailles qui ont été mises dans les fondemens
du Piedestal, et qui est le même
sur chaque Médaille . D'un côté on voit
la Représentation de la nouvelle Place
Royale , avec tous les accompagnemens
qu'elle doit avoir , et cette Legende
PRESIDIUM, ET DECU s . Et de l'autre
la Statue Equestre du Roy sur son
Piedestal avec ces mots CIVITAS BURDIGAL
OPTIMO PRINCIPI , dans
l'Exergue M. DCC. XXXIII.
Cette Medaille qui est de la grandeur
du Dessein gravé a paru d'un grand gout
et d'une belle exécution à tous les connoisseurs
, c'est M. Duvivier , de l'Aca-
11 Vol. Fiiij démie
384 MERCURE DE FRANCE
démie Royale , qui en a gravé les coins
avec son habilité ordinaire.
་
Les accidents survenus à l'un de
ces coins , qui est celui de la figure
Equestre , ont été la cause qu'elle n'a
pas paru dans le tems.LeGraveur a été obligé
de le recommencer trois fois,le coin s'étant
cassé autant de fois, tant à la trempe
que sous le Balancier : ce dernier se ressent
encore beaucoup de l'effort du Balancier,
par le grand nombre de Medailles qu'on
a frappées , qui ont élargi les fentes , et
qui causent la confusion que l'on apperçoit
dans l'ouvrage.
Le Sr Duvivier grave actuellement an
nouveau coin de la Tête du Roy , pour les
Medailles dont il fit le modele en cire ,
dans les mois de Fevrier et Mars dernier ,
-S. M. ayant bien voulu se prêter à plusieurs
reprises. Ce modele a été trouvé
très ressemblant.
lors de la Position de la premiere Pierre
du Piedestal , sur lequel doit être élevée
une Statue du Roy &c.
Ntard de cette cérémonie ; mais
Ous avons été instruits un peu
nous l'avons été avec exactitude , puisque
c'est par
le Procès verbal qui en a été
dressé le même jour , et qui est conservé
dans les Archives de l'Hôtel de Ville, dont
une copie vient de nous être envoyée.
Personne n'ignore que la Ville de Bordeaux
est une des plus importantes et des
plus considerables Villes du Royaume, et
que son Port , situé sur l'embouchure de
la Garonne , est un des plus beaux de l'Europe
, formant par sa disposition un point
de veuë qui frape et un spectacle charmant
Cetre Ville , en profitant d'une si
heureuse situation , a voulu faire deux
choses dans ces derniers temps. Donner
au Roy une marque éclatante de son
zele , et se procurer en même tems un
surcroît d'embellissement , qui répondit
à celui qu'elle a receu de la nature. Elle
fait construire une grande Place Royale
ornée de Bâtimens magnifiques, prise dans
II. Vol. unc
JUIN. 1734 1379
ne bonne partie du terrain , occupé cydevant
par le Fauxbourg ,ou Quartier du
Chapeau Rouge . Et c'est au milieu de
cette grande Place que doit être érigéo
la Statue équestre du Roy , en bronze ,
de 14 à 15 pieds d'élevation , sans le
Piedestal , à laquelle travaille actuelle .
ment M. Lemoine de l'Académie Royale
de Peinture et Sculpture , dont tout le
monde connoît la capacité La Ville de
Bordeaux en fait aussi la dépense .
Lorsque cet auguste Monument sera
posé et que la Place Royale sera dans
son entiere perfection , nous ne manquerons
pas de donner la Description de l'un
et de l'autre , et d'apprendre au Public
tout ce qui se sera passé à cette occasion .
Nous nous bornons aujourd'hui à ce qui
concerne la cérémonie préliminaire contenuëdans
le Procès verbal dont nous avons
parlé , et dont voici les propres termes.
L'AN mil sept cent trente- trois et le
huitièmejour du mois d'Août , Mrs Joseph
deSegur Chevalier, Vicomte de Cabannac ,
Baron d'Arsac et de Belfort & c. Sous-
Maire :: François Joseph de Galatheau ,
Chevalier, Baron de l'Isle de la Lande &c.
Joseph Dupin , Ecuyer , Avocat en Parlement
, Seigneur de la Maison Noble
du Bauquet &c . Pierre Noël de Saincrit,
II. Vole Fij Ecuyer
1380 MERCURE DE FRANCE
Ecuyer , Seigneur de la Maison Noble de
Rouffiac: Pierre Borie , Ecuyer , Seigneur
des Maisons Nobles de Poumarede
Fleury & c. Ecuyer , Avocat en Parlement
, Pierre de Kater , Ecuyer , Jurats ,
Jean- Baptiste Maignol , Ecuyer Citoyen ,
Seigneur de la Maison Noble de Mataplane
, Procureur Syndic , et Guillaume
du Boscq , Ecuyer , Conseiller du Roy ,
Clerc et Sécretaire ordinaire de la Ville ,
revêtus d'une Robe de satin rouge et
blanc , celle de M. le Sous - Maire doublée
d'un drap d'argent , faites au sujet
de la présente Céremonie , étant partis
de l'Hôtel de Ville environ sur les six
heures du soir , M. Claude Boucher
Chevalier , Seigneur des Gouttes Hebecourt
& c. Conseiller d'Honneur au Par
lemont de Bourdeaux , Président Honoraire
en la Cour des Aydes de Paris , Intendant
de Justice , Police et Finances
de la Generalité de Guyenne , à leur tête ,
se sont rendus avec leur Cortége ordipaire
sur la Place Royale et dans le lieu
où se bâtit le Piedestal destiné pour
placer la Statuë équestre de Sa Majesté ,
que cette Ville doit faire élever à son
honneur et gloire ; comme un précieux
Monument de son amour , de son respect
et de sa soumission ; ayant fait leur mar-
II Vol, che
JUI N. 1734: 1381
the par la rue Saint James , par celles
des Ayres , Poisson Sallé , Saint Pojet ,
Sainte Catherine et par le Chapeau Rouges
les Troupes Bourgeoises au nombre de
12000 hommes , tous Chefs de Familles ,
étint sous les Armes , partie rangez en
haye sur lesdites rues , partie en Bataille
sur la Place Royale : et après plusieurs
décharges de Mousqueterie et de canon ,
tant de la Ville , que des Vaisseaux , qui
avoient reçu pour cela les ordres de
Mrs les Jurats , il a été placé au milieu du
fondement du Piedestal de la Statue, dans
une Pierre creusée exprès , un coffre de
plomb , dans lequel étoit un autre petit
coffre de bois de cedre , garri en dedans
de Satin bleu , orné d'un Galon d'or et
dans icelui on a mis six Médailles , l'une
d'or et les autres d'argent , représentant
d'un côté l'Edifice de la Place Royale
et de l'autre , la Statue équestre de S. M.
sur lesquelles Médailles il a été mis un
petit coussin de la même étoffe , aussi
orné de Galons d'or , et au- dessus on a
posé une Plaque de cuivre , sur laquelle
sont gravez les noms de M. Boucher ,
Intendant , ceux de Mrs les Sous- Maire ,
Jurats , Procureur Syndic , et Clerc de
Ville , et celui de M. Gabriël , Chevalier
de l'Ordre de Saint Michel , Contrôleur
II Vol.
,
Fiij
Ge382
MERCURE DE FRANCE
,
General des Bâtimens du Roy ,, son
Architecte ordinaire , et Premier Ingénieur
des Ponts et Chaussées de France ,
qui a donné les Desseins et conduit les
Travaux de la Place Royale , laquelle se
construit actuellement sur le Port de cette
Ville. M. Boucher , Mrs les Sous- Maire,
Jurats , Procureur Syndic et Clerc de
Ville , ayant mis , chacun selòn son rang,
un peu de mortier sut la premiere Pierre,
et donné quelques coups de marteau ,
tout cela au bruit des Tambours , des
Trompettes et des décharges deMousqueterie
et de canon , souvent réïterées , ils
ont mis le feu à un grand Bucher , qui
avoit été dressé sur la même Place , les
habitans ayant marqué une grande joye
et un contenrement parfait de ce premier
Monument , qui doit annoncer à la Posterité
la plus reculée les sinceres mouvements
de leur coeur , leur amour , et leur
respect pour S. M. Mrs les Sous- Maire ,
Jurats , Procureur Syndic et Clerc de
Ville ont pendant leur marche , et étant
sur ladite Place , fait jetter abondamment
de l'argent au Peuple , et ensuite ils ont
fait tirer avec beaucoup de succès un Feu
d'artifice pour la clôture de laCérémonie;
après quoi ils se sont retirez ayant laissé à
la Garde des Bourgeois de laVille, qui ont
II. Vol. SouTHE
NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND
TILDEN
FOUNDATIONS
.
MDCCXXXIII
OPTIMO
PRINCIPI
PRÆSID
ET
DECUS
BURDIGAL
CIVITAS
JUIN. 1734. 1383
souhaité chacun à leur tour de participer
à cethonneur,la conservation du précieux
Dépôt des Medailles jusques à ce que l'Edifice
fut assez élevé pour le mettre à cou
vert des atteintes qu'on pourroit y donner.
FAIT sur ladite Place Royale , lesdits
jour , mois , et an que dessus , ainsi
signé Boucher , Segur Sous- Maire , de Galatheau
Jurat , Dupin Jurat , Saincrit
Jurat, Poumarede Jurat , Dessudres Jurat,
de Kater Jurat , Maignol Procureur Syndic
de la Ville , de Boscq Clerc et Sécretaire
de la Ville , et Gabriël.
On nous sçaura , sans doute, bon gré
de trouver ici la gravure du Type des six
Médailles qui ont été mises dans les fondemens
du Piedestal, et qui est le même
sur chaque Médaille . D'un côté on voit
la Représentation de la nouvelle Place
Royale , avec tous les accompagnemens
qu'elle doit avoir , et cette Legende
PRESIDIUM, ET DECU s . Et de l'autre
la Statue Equestre du Roy sur son
Piedestal avec ces mots CIVITAS BURDIGAL
OPTIMO PRINCIPI , dans
l'Exergue M. DCC. XXXIII.
Cette Medaille qui est de la grandeur
du Dessein gravé a paru d'un grand gout
et d'une belle exécution à tous les connoisseurs
, c'est M. Duvivier , de l'Aca-
11 Vol. Fiiij démie
384 MERCURE DE FRANCE
démie Royale , qui en a gravé les coins
avec son habilité ordinaire.
་
Les accidents survenus à l'un de
ces coins , qui est celui de la figure
Equestre , ont été la cause qu'elle n'a
pas paru dans le tems.LeGraveur a été obligé
de le recommencer trois fois,le coin s'étant
cassé autant de fois, tant à la trempe
que sous le Balancier : ce dernier se ressent
encore beaucoup de l'effort du Balancier,
par le grand nombre de Medailles qu'on
a frappées , qui ont élargi les fentes , et
qui causent la confusion que l'on apperçoit
dans l'ouvrage.
Le Sr Duvivier grave actuellement an
nouveau coin de la Tête du Roy , pour les
Medailles dont il fit le modele en cire ,
dans les mois de Fevrier et Mars dernier ,
-S. M. ayant bien voulu se prêter à plusieurs
reprises. Ce modele a été trouvé
très ressemblant.
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Résumé : CEREMONIE faite à Bordeaux, lors de la Position de la premiere Pierre du Piedestal, sur lequel doit être élevée une Statuë du Roy &c.
En 1733, une cérémonie a été organisée à Bordeaux pour la pose de la première pierre du piédestal d'une statue équestre du roi. Cette cérémonie, dont le procès-verbal est conservé aux archives de l'Hôtel de Ville, a été orchestrée par plusieurs dignitaires, notamment le sous-maire Joseph de Segur et l'intendant Claude Boucher. La ville de Bordeaux, située à l'embouchure de la Garonne, a entrepris cette construction pour honorer le roi et embellir la ville. La statue, en bronze, a été réalisée par M. Lemoine de l'Académie Royale de Peinture et Sculpture. La cérémonie a commencé par une procession suivie de salves d'artillerie. Un coffre contenant des médailles commémoratives a été enterré sous la première pierre. Ces médailles, gravées par M. Duvivier, représentent la nouvelle Place Royale et la statue équestre du roi. La cérémonie s'est conclue par un feu d'artifice et des distributions d'argent au peuple. Cette initiative visait à célébrer la royauté et à marquer l'importance de Bordeaux dans le royaume.
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1162
p. 1389-1390
Traité des Benefices Ecclesiastiques, [titre d'après la table]
Début :
TRAITÉ DES BENEFICES ECCLESIASTIQUES, dans lequel on concilie la [...]
Mots clefs :
Bénéfices ecclésiastiques, Recueil, Édits, Ordonnances, Déclarations, Matières bénéficiales, Préface
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Traité des Benefices Ecclesiastiques, [titre d'après la table]
ORAITE' DES BENEFICES ECCLESIASTI
QUES dans lequel on concilie la
discipline de l'Eglise avec les usages du
Royaume de France , et le Recueil des
Edits , Ordonnances , Déclarations et
Arrêts de Reglement, concernant les matieres
Beneficiales et autres , qui y ont
raport. Par M. P... G.... trois tomes
in 4 le premier 700 pag. sans la Préface.
Le second 720. Le troisiéme 650. A Pa-.
ris chez Langlois , la veuve Mazieres , et
J. B. Garnier. 1734.
Cet Ouvrage n'est pas trop susceptible
d'un Extrait , et d'ailleurs la matiere,
II. Vol.
dont
1390 MERCURE DE FRANCE
dont il traite , n'est pas de notre compé
tence. Mais en attendant que les Journaux
des Sçavans en rendent compte au
Public , nous avertissons qu'on trouvera
dans la Préface de l'Auteur des Remarques
fort judicieuses sur les Casuistes et
les Jurisconsultes , qui ont écrit sur lë
même sujet que ce Traité est une compilation
très méthodique et très - bien
faite des dix - sept volumes de M. du
Perray , et d'un Traité imprimé à Paris
en 1721. auxquels on a ajouté cinq ou
six Questions , qui sont presque toutes
neuves un court Supplément et une
Table fort ample : Que le Recueil des
Edits , Ordonnances , Declarations . &c .
tient la moitié du second volume et tout
le troisiéme ร
que c'est la plus grande
Collection , qui ait encore paru sur cette
matiere ; qu'elle est terminée par deux
Tables très - commodes pour trouver d'abord
les pièces , dont on aura besoin .
Enfin si l'utilité , le bon style , l'exactitude
, la méthode et les recherches sçavantes
sont un pronostic sûr pour un
Ouvrage , on doit certainement très bien
augurer du succès de celui - ci , qui nous
paroît même nécessaire à tous ceux , qui
ont besoin d'étudier les matieres Beneficiales.
QUES dans lequel on concilie la
discipline de l'Eglise avec les usages du
Royaume de France , et le Recueil des
Edits , Ordonnances , Déclarations et
Arrêts de Reglement, concernant les matieres
Beneficiales et autres , qui y ont
raport. Par M. P... G.... trois tomes
in 4 le premier 700 pag. sans la Préface.
Le second 720. Le troisiéme 650. A Pa-.
ris chez Langlois , la veuve Mazieres , et
J. B. Garnier. 1734.
Cet Ouvrage n'est pas trop susceptible
d'un Extrait , et d'ailleurs la matiere,
II. Vol.
dont
1390 MERCURE DE FRANCE
dont il traite , n'est pas de notre compé
tence. Mais en attendant que les Journaux
des Sçavans en rendent compte au
Public , nous avertissons qu'on trouvera
dans la Préface de l'Auteur des Remarques
fort judicieuses sur les Casuistes et
les Jurisconsultes , qui ont écrit sur lë
même sujet que ce Traité est une compilation
très méthodique et très - bien
faite des dix - sept volumes de M. du
Perray , et d'un Traité imprimé à Paris
en 1721. auxquels on a ajouté cinq ou
six Questions , qui sont presque toutes
neuves un court Supplément et une
Table fort ample : Que le Recueil des
Edits , Ordonnances , Declarations . &c .
tient la moitié du second volume et tout
le troisiéme ร
que c'est la plus grande
Collection , qui ait encore paru sur cette
matiere ; qu'elle est terminée par deux
Tables très - commodes pour trouver d'abord
les pièces , dont on aura besoin .
Enfin si l'utilité , le bon style , l'exactitude
, la méthode et les recherches sçavantes
sont un pronostic sûr pour un
Ouvrage , on doit certainement très bien
augurer du succès de celui - ci , qui nous
paroît même nécessaire à tous ceux , qui
ont besoin d'étudier les matieres Beneficiales.
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Résumé : Traité des Benefices Ecclesiastiques, [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Oraité des bénéfices ecclésiastiques' compile les disciplines de l'Église et les usages du Royaume de France en trois tomes : 700, 720 et 650 pages. Publié à Paris en 1734 par Langlois, la veuve Mazieres et J. B. Garnier, il n'est pas destiné à être extrait. La préface contient des remarques sur les casuistes et les jurisconsultes ayant traité du même sujet. L'ouvrage synthétise les dix-sept volumes de M. du Perray et un traité de 1721, enrichis de nouvelles questions, d'un supplément et d'une table ample. Le second tome et le troisième sont dédiés aux édits, ordonnances, déclarations et arrêts concernant les matières bénéficiales. Cette collection est présentée comme la plus complète publiée à ce jour, facilitée par deux tables pour retrouver les pièces nécessaires. L'ouvrage est loué pour son utilité, son style, son exactitude, sa méthode et ses recherches savantes, en faisant une référence essentielle pour l'étude des bénéfices ecclésiastiques.
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1163
p. 1391
« CATALOGUE des Archevêchez, Evêchez, Abbayes et Prieurez de Nomination Royale, [...] »
Début :
CATALOGUE des Archevêchez, Evêchez, Abbayes et Prieurez de Nomination Royale, [...]
Mots clefs :
Nomination royale, Évêchés
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texteReconnaissance textuelle : « CATALOGUE des Archevêchez, Evêchez, Abbayes et Prieurez de Nomination Royale, [...] »
CATALOGUE des Archevêchez
Evêch z , Abbayes et Prieurez de Nomination
Royale , leur revenu , charges
déduites ; la Taxe de Rome , les Evêchez
situez en pays d'obédience ceux qui
sont du ressort de la Legation d'Avignon ;
le nom des Titulaires , et la date de leur
Nomination en l'état qu'ils se trouvent
au 15 de May 1734. A Paris , chez Langlois
, Imprimeur Libraire , rue S. Etienne
d'Egrès , au Bon Pasteur. 1734. in 8 .
Ce Recueil , dont voici la seconde Fdition
considerablement augmentée et plus
correcte , est très secourable pour avoir
la connoissance la plus juste des Benefices
que l'on ait cüe jusqu'à présent.
Evêch z , Abbayes et Prieurez de Nomination
Royale , leur revenu , charges
déduites ; la Taxe de Rome , les Evêchez
situez en pays d'obédience ceux qui
sont du ressort de la Legation d'Avignon ;
le nom des Titulaires , et la date de leur
Nomination en l'état qu'ils se trouvent
au 15 de May 1734. A Paris , chez Langlois
, Imprimeur Libraire , rue S. Etienne
d'Egrès , au Bon Pasteur. 1734. in 8 .
Ce Recueil , dont voici la seconde Fdition
considerablement augmentée et plus
correcte , est très secourable pour avoir
la connoissance la plus juste des Benefices
que l'on ait cüe jusqu'à présent.
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Résumé : « CATALOGUE des Archevêchez, Evêchez, Abbayes et Prieurez de Nomination Royale, [...] »
Le document 'CATALOGUE des Archevêchez, Evêch z, Abbayes et Prieurez de Nomination Royale' du 15 mai 1734 détaille les revenus et charges des évêchés, abbayes et prieurés en France. Il inclut la taxe de Rome et distingue les évêchés en fonction de leur obédience. Il liste les titulaires et leurs dates de nomination. Publié à Paris par Langlois, il vise à fournir une connaissance précise des bénéfices ecclésiastiques.
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1164
p. 1419-1421
ITALIE.
Début :
Le 14. Juin, le Prince de Sainte-Croix se rendit au Palais du Quirinal, pour informer le [...]
Mots clefs :
Prince de Sainte-Croix, Roi de Naples, Cour de Vienne, Entretiens secrets, Haquenée
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texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITA LIE.
E 14. Juin, le Prince de Sainte- Croix se ren
Ldit au Palais du Quirinal , pour informer le
Pape qu'il lui avoit été ordonné par la Cour de
Vienne , de s'aquitter de présenter la Haquenée
pour l'hommage du Royaume de Napies , au
nom de l'Empereur , à la place du Connétable
Colomne , qui s'en est excusé , mais on ne sçait
pas quelle réponse il a reçû de S. S.
Le Vicaire General de l'Abruzze , que le Comte
de Visconti avoit envoyé à Rome de Pescara ,
n'a rendu, pendant qu'il y est resté , aucune visite
au Cardinal Cienfuegos , ni aux autres personnes
attachées à la Cour de Vienne , et après avoir eû
II. Vol. quel-
3.J
1410 MERCURE DE FRANCE
quelques entretiens secrets avec M. Ratto , Ministre
de S. M. C. il est parti pour aller rendre
hommage au Roy de Naples .
Le Cardinal Petra , le Connétable Colonne ,
le Prince Borghese , le Duc de Caserte , les Ducs
Paganica , d'Altemps et Cafarelli , ont fait ô: er
de dessus les portes de leurs Palais les Armes de
Empereur , pour y mettre celles du Roy d'Espagne
, et ils sont allez chez M. Ratto , pour le
prier d'assurer le Roy, de Naples de leur soumis.
sion et de leur fidélité.
Le Comte de Visconti , qui s'étoit retiré précipitamment
à Fermo , est actuellement à Macerata
, d'où on l'attend à Rome.
Le Comte Porta a reçû ordre du Roy de Naples
, de lui envoyer les Meubles du Palais Farneze
, avec les Pierreries et la ,Vaisselle que S. M.
avoit en cette Ville ; une escorte de Soldats Espagnols
doit conduire incessamment ces Effets à
→ Fiumicino , d'où quelques Félouques armées en
guerre , les transporteront à Naples.
On a appris en dernier lieu de Rome , que le
Prince de Sainte- Croix se disposoit à présenter
incessamment la Haquenée au Pape au nom de
l'Empereur , et qu'il faisoit beaucoup de dépense
pour cette ceremonie.
On a appris aussi que ce Prince alla il y a
quelques jours chez le Cardinal Aldovrandi , qui
s'excusa sur quelque prétexte de recevoir sa visite .
On a appris de Genes , que les nouvelles impositions
que le Gouvernement a établies dans
la Ville de Final , y ont excité une sédition , et
que la plupart des Habitans ayant pris les armes,
ont tué plusieurs Commis et chassé les autres .
Le Sénat y a fait marcher quelques Troupes
pour faire rentrer les mutins dans le devoir,mais
II. Vol.
On
JUIN. 1734. 142r
on craint que la Bourgeoisie ne refuse de les recevoir
dans la Ville.
Le Commandant des Troupes qui sont dans
l'Ile de Corse , a demandé qu'on lui envoyát de
nouveaux secours pour l'aider à soumettre les
Rebelles , qui continuent de commettre beaucoup
de désordres dans cette Ile.
E 14. Juin, le Prince de Sainte- Croix se ren
Ldit au Palais du Quirinal , pour informer le
Pape qu'il lui avoit été ordonné par la Cour de
Vienne , de s'aquitter de présenter la Haquenée
pour l'hommage du Royaume de Napies , au
nom de l'Empereur , à la place du Connétable
Colomne , qui s'en est excusé , mais on ne sçait
pas quelle réponse il a reçû de S. S.
Le Vicaire General de l'Abruzze , que le Comte
de Visconti avoit envoyé à Rome de Pescara ,
n'a rendu, pendant qu'il y est resté , aucune visite
au Cardinal Cienfuegos , ni aux autres personnes
attachées à la Cour de Vienne , et après avoir eû
II. Vol. quel-
3.J
1410 MERCURE DE FRANCE
quelques entretiens secrets avec M. Ratto , Ministre
de S. M. C. il est parti pour aller rendre
hommage au Roy de Naples .
Le Cardinal Petra , le Connétable Colonne ,
le Prince Borghese , le Duc de Caserte , les Ducs
Paganica , d'Altemps et Cafarelli , ont fait ô: er
de dessus les portes de leurs Palais les Armes de
Empereur , pour y mettre celles du Roy d'Espagne
, et ils sont allez chez M. Ratto , pour le
prier d'assurer le Roy, de Naples de leur soumis.
sion et de leur fidélité.
Le Comte de Visconti , qui s'étoit retiré précipitamment
à Fermo , est actuellement à Macerata
, d'où on l'attend à Rome.
Le Comte Porta a reçû ordre du Roy de Naples
, de lui envoyer les Meubles du Palais Farneze
, avec les Pierreries et la ,Vaisselle que S. M.
avoit en cette Ville ; une escorte de Soldats Espagnols
doit conduire incessamment ces Effets à
→ Fiumicino , d'où quelques Félouques armées en
guerre , les transporteront à Naples.
On a appris en dernier lieu de Rome , que le
Prince de Sainte- Croix se disposoit à présenter
incessamment la Haquenée au Pape au nom de
l'Empereur , et qu'il faisoit beaucoup de dépense
pour cette ceremonie.
On a appris aussi que ce Prince alla il y a
quelques jours chez le Cardinal Aldovrandi , qui
s'excusa sur quelque prétexte de recevoir sa visite .
On a appris de Genes , que les nouvelles impositions
que le Gouvernement a établies dans
la Ville de Final , y ont excité une sédition , et
que la plupart des Habitans ayant pris les armes,
ont tué plusieurs Commis et chassé les autres .
Le Sénat y a fait marcher quelques Troupes
pour faire rentrer les mutins dans le devoir,mais
II. Vol.
On
JUIN. 1734. 142r
on craint que la Bourgeoisie ne refuse de les recevoir
dans la Ville.
Le Commandant des Troupes qui sont dans
l'Ile de Corse , a demandé qu'on lui envoyát de
nouveaux secours pour l'aider à soumettre les
Rebelles , qui continuent de commettre beaucoup
de désordres dans cette Ile.
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Résumé : ITALIE.
Le 14 juin, le Prince de Sainte-Croix a informé le Pape qu'il devait offrir une haquenée au nom de l'Empereur, remplaçant le Connétable Colonne. Le Vicaire Général de l'Abruzze, envoyé par le Comte de Visconti, n'a pas rencontré le Cardinal Cienfuegos ou les proches de la Cour de Vienne à Rome. Il a eu des entretiens secrets avec M. Ratto, Ministre du Roi de Naples, avant de partir rendre hommage au Roi de Naples. Plusieurs nobles, dont le Cardinal Petra, le Connétable Colonne, le Prince Borghese et divers Ducs, ont retiré les armes de l'Empereur de leurs palais pour y mettre celles du Roi d'Espagne, exprimant leur fidélité au Roi de Naples via M. Ratto. Le Comte de Visconti, initialement à Fermo, est maintenant à Macerata et attendu à Rome. Le Comte Porta a reçu l'ordre du Roi de Naples de lui envoyer les meubles du Palais Farnèse, ainsi que les pierreries et la vaisselle, escortés par des soldats espagnols jusqu'à Fiumicino, d'où ils seront transportés à Naples. À Gênes, de nouvelles impositions ont provoqué une sédition, avec des habitants armés tuant plusieurs commis. Le Sénat a envoyé des troupes, mais craint un refus de la bourgeoisie. En Corse, le commandant des troupes a demandé des renforts pour soumettre les rebelles.
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1165
p. 1423-1424
GRANDE BRETAGNE.
Début :
L'Election des seize Pairs Ecossois qui doivent avoir séance dans le Parlement de la Grande [...]
Mots clefs :
Grande-Bretagne, Élection, Parlement, Duc, Marquis
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
L'Election des seize Pairs Ecossois qui doivent
avoir séance dans le Parlement de la GranH*- Bretagne, se fit le 1f. Juin à Edimbourg pluralité des suffrages et la se déclara poulie Duc
d Athol, le Marquis de Lothian
.
les Comteç
À.JEioptoun
, d'Ilay
,
de Cra\vford
,
d'Orknevr
1424 MERCURE DE FRANCE
de Selkirck , de Moreton et de Dunmore , qui
étoient du dernier Parlement et pour le Duc
de Buccleugh , les Comtes de Finlater , de Portmore
, de Balcarras , de Loudown et de Sowtherlard
et le ord Cathéart. Les Ducs d'Hamilton,
de Queensbury , de Montrose , de Roxburgh , le
Marquis de Twedale et vingt autres Seigneurs
du Royaume d'Ecosse , ont protesté contre cette
Election , qu'ils prétendent n'avoir pas été faite
selon les Loix.
Le feu prit le 25. au matin à la maison que
M. de Chavigni , Ministre du Roy de France en
cette Cour , occupoit à Twickenham , qui fut
entierement brulée , on n'a pû sauver aucun des
Meubles et des autres Effets qui y étoient.
L'Election des seize Pairs Ecossois qui doivent
avoir séance dans le Parlement de la GranH*- Bretagne, se fit le 1f. Juin à Edimbourg pluralité des suffrages et la se déclara poulie Duc
d Athol, le Marquis de Lothian
.
les Comteç
À.JEioptoun
, d'Ilay
,
de Cra\vford
,
d'Orknevr
1424 MERCURE DE FRANCE
de Selkirck , de Moreton et de Dunmore , qui
étoient du dernier Parlement et pour le Duc
de Buccleugh , les Comtes de Finlater , de Portmore
, de Balcarras , de Loudown et de Sowtherlard
et le ord Cathéart. Les Ducs d'Hamilton,
de Queensbury , de Montrose , de Roxburgh , le
Marquis de Twedale et vingt autres Seigneurs
du Royaume d'Ecosse , ont protesté contre cette
Election , qu'ils prétendent n'avoir pas été faite
selon les Loix.
Le feu prit le 25. au matin à la maison que
M. de Chavigni , Ministre du Roy de France en
cette Cour , occupoit à Twickenham , qui fut
entierement brulée , on n'a pû sauver aucun des
Meubles et des autres Effets qui y étoient.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 1er juin, seize pairs écossais, dont le Duc d'Athol et le Marquis de Lothian, ont été élus pour le Parlement de Grande-Bretagne à Édimbourg. Plusieurs Ducs et Marquis ont protesté, estimant l'élection illégale. Le 25 juin, un incendie a détruit la maison de M. de Chavigni, ministre français à Twickenham, sans sauver aucun bien.
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1166
p. 1438-1440
« La Place d'Inspecteur d'Infanterie vacant par la mort de Georges Jacques [...] »
Début :
La Place d'Inspecteur d'Infanterie vacant par la mort de Georges Jacques [...]
Mots clefs :
Georges-Jacques de Clermont d'Amboise, Régiment, Infanterie, Capitaine, Flandres, Régiment d'Auvergne
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texteReconnaissance textuelle : « La Place d'Inspecteur d'Infanterie vacant par la mort de Georges Jacques [...] »
A Place d'Inspecteur d'Infanterie vacant
par la mort de Georges -Jacques
de Clermont d'Amboise Marquis de
Saint Aignan , a été donnée à Louis d.s
Moulins Marquis de l'Ifle , successivement
Capitaine dans le Régiment de
Barrois , Colonel de celui de la Fere au
mois d'Août 1704 , fait Brigadier le 2
Juillet 1710 , et Maréchat de Camp en
Décembre 1731 .
Le Régiment d'Auvergne Infanterie , le
troisiéme des six Régimens appellés Petits
vieux , vacant par la mort du même
Comte de Clermont- d'Amboise , a été
donné à M. de Contade fils , Colonel de
celui de Flandres depuis le mois de Mars
dernier , et auparavant Capitaine au Régiment
des Gardes Françoises .
Et celui de Flandres , à M. de Co-
II Vol. ninghaa
JUIN. 1734. 7439
"
ninghan Gentilhomme de Bourgogne
d'une famille originaire d'Ecosse , Lieutenant-
Colonel du Régiment Dauphin Infanterie
, dont il a été Capitaine , et ensuite
Major.
Le 28 de ce mois , Monseigneur le
Dauphin accompagné de Mesdames de
France , alla pour la premiere fois , à
l'Eglise de la Parroisse du Château , et il
y assista au Salut.
Le Roi a accordé au Prince de Rohan
Capitaine Lieutenant de la Compagnie
des Gendarmes de la Garde ordinaire du
Roi , la permission de se démettre de
cette Charge en faveur du Prince de Soubise
son petit fils , qui étoit Guidon de
cette Compagnie .
François de Crussol , né le 24 Janvier
1702 , Prêtre , Abbé Commandataire de
l'Abbaye de Charroux , Ordre S. Benoît,
Diocese de Poitiers , depuis le mois d'Aout
1727 , fils puîné de feu Alexandre Galliot
de Crussol Saint- Sulpice , Seigneur
de Velan en Auvergne , Valmaison , Montmaur
, &c. et appellé le Comté d'Amboise
, mort le 7 Avril 1703 , et de Charlotte-
Gabrielle de Timbrune de Valence ,
II. Vol
fuc
1440 MERCURE DE FRANCE
fut nommé le 29 Juin à l'Evêché de Blois,
vacant en dernier lieu du 24 par le décès
de Charles Henri Phelypeaux de Pontchartrain
, qui y avoit été nommé le 23
Mai dernier.
par la mort de Georges -Jacques
de Clermont d'Amboise Marquis de
Saint Aignan , a été donnée à Louis d.s
Moulins Marquis de l'Ifle , successivement
Capitaine dans le Régiment de
Barrois , Colonel de celui de la Fere au
mois d'Août 1704 , fait Brigadier le 2
Juillet 1710 , et Maréchat de Camp en
Décembre 1731 .
Le Régiment d'Auvergne Infanterie , le
troisiéme des six Régimens appellés Petits
vieux , vacant par la mort du même
Comte de Clermont- d'Amboise , a été
donné à M. de Contade fils , Colonel de
celui de Flandres depuis le mois de Mars
dernier , et auparavant Capitaine au Régiment
des Gardes Françoises .
Et celui de Flandres , à M. de Co-
II Vol. ninghaa
JUIN. 1734. 7439
"
ninghan Gentilhomme de Bourgogne
d'une famille originaire d'Ecosse , Lieutenant-
Colonel du Régiment Dauphin Infanterie
, dont il a été Capitaine , et ensuite
Major.
Le 28 de ce mois , Monseigneur le
Dauphin accompagné de Mesdames de
France , alla pour la premiere fois , à
l'Eglise de la Parroisse du Château , et il
y assista au Salut.
Le Roi a accordé au Prince de Rohan
Capitaine Lieutenant de la Compagnie
des Gendarmes de la Garde ordinaire du
Roi , la permission de se démettre de
cette Charge en faveur du Prince de Soubise
son petit fils , qui étoit Guidon de
cette Compagnie .
François de Crussol , né le 24 Janvier
1702 , Prêtre , Abbé Commandataire de
l'Abbaye de Charroux , Ordre S. Benoît,
Diocese de Poitiers , depuis le mois d'Aout
1727 , fils puîné de feu Alexandre Galliot
de Crussol Saint- Sulpice , Seigneur
de Velan en Auvergne , Valmaison , Montmaur
, &c. et appellé le Comté d'Amboise
, mort le 7 Avril 1703 , et de Charlotte-
Gabrielle de Timbrune de Valence ,
II. Vol
fuc
1440 MERCURE DE FRANCE
fut nommé le 29 Juin à l'Evêché de Blois,
vacant en dernier lieu du 24 par le décès
de Charles Henri Phelypeaux de Pontchartrain
, qui y avoit été nommé le 23
Mai dernier.
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Résumé : « La Place d'Inspecteur d'Infanterie vacant par la mort de Georges Jacques [...] »
Au début du XVIIIe siècle, plusieurs nominations militaires et ecclésiastiques ont eu lieu en France. Louis de Moulins, Marquis de l'Ifle, a été nommé Inspecteur d'Infanterie après le décès de Georges-Jacques de Clermont d'Amboise, Marquis de Saint Aignan. Moulins avait occupé divers postes, dont Capitaine dans le Régiment de Barrois, Colonel du Régiment de la Fere en août 1704, Brigadier en juillet 1710, et Maréchal de camp en décembre 1731. Le Régiment d'Auvergne Infanterie a été confié à M. de Contade, fils, ancien Colonel du Régiment de Flandres et Capitaine au Régiment des Gardes Françaises. Le Régiment de Flandres a été attribué à M. de Conninghan, Lieutenant-Colonel du Régiment Dauphin Infanterie. Le 28 juin 1734, Monseigneur le Dauphin a assisté au Salut à l'Église de la paroisse du Château. Le Roi a permis au Prince de Rohan de transmettre sa charge de Capitaine Lieutenant des Gendarmes de la Garde ordinaire du Roi à son petit-fils, le Prince de Soubise. François de Crussol, né le 24 janvier 1702 et Abbé Commandataire de l'Abbaye de Charroux depuis août 1727, a été nommé à l'Évêché de Blois le 29 juin 1734, succédant à Charles Henri Phelypeaux de Pontchartrain, décédé.
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1169
p. 937-938
LOGOGRYPHE.
Début :
Entier, j'habite plus la Ville, que la Cour ; [...]
Mots clefs :
Bourgeois
1173
p. 107-108
AUTRE.
Début :
Je fus jadis, Lecteur, très-florissante à Rome, [...]
Mots clefs :
République
1174
p. 186-188
DU NORD.
Début :
Avant hier sur le midi, la Grande Duchesse sentit quelques douleurs. Une demi-heure après elle [...]
Mots clefs :
Copenhague, Roi, Ambassadeur, Saint-Petersbourg
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DE PETERSBOURG , le 3 Octobre.
Avant -bier for le midi , la Grande Ducheffe fen
tit quelques de aleurs. Une demi-heure après elle
DECEMBRE. 1754. 187
accoucha d'un Prince , dont la naiffance fut annoncée
au peuple par les falves réitérées du canon
de la citadelle & de l'Amirauté . La Grande Ducheffe
fe porte auffi bien qu'on puiffe le defirer
de même que le jeune Prince , qui a été ondoyé ,
& nomméPaul.
DE COPPENHAGUE , le 27 Octobre.
"
Le 23 de ce mois , le Roi fit l'honneur au Préfident
Ogier , Ambaffadeur de Sa Majeſté Très-
Chrétienne , de dîner chez lui dans une maiſon
de plaifance , que ce Miniftre a fait orner avec
beaucoup de goût . La table étoit de quinze couverts.
Sa Majesté fit placer l'Ambaſſadrice à fa
droite , & l'Ambaffadeur à fa gauche. Les autres
places furent remplies par les Miniftres
d'Etat , & par quelques-uns des principaux Seigneurs
de la Cour. Une magnifique illumination
& un très-beau feu d'artifice terminerent
la fête. La décoration du feu repréſentoit un aro
de triomphe , fur le fronton duquel étoit le chiffre
du Roi , avec cette infcription : Friderico V. Pio ,
Felici , P. P. Optimo Principi . De chaque côté de
cette décoration s'élevoient cinq grandes pyra
mides. Elles étoient liées enfemble par des guir-
Landes , & chargées chacune d'un cartouche contenant
quelque enblême relatif aux vertus de Sa
Majefté, ou le tableau allégorique de quelqu'un
des établiflemens qu'elle a faits pour l'augmenta
tion du commerce , & pour le progrès des arts.
Des vafes à l'antique étoient placés dans les entredeux
des pyramides L'artifice occupoit toute la
longueur de la décoration ; & du milieu , ainfi
que des extrêmités , on voyoit fortir fans interruption
des gerbes de feu . On découvroit à tra
vers les arcades de l'arc de triomphe une perfpec188
MERCURE DE FRANCE.
tive de pots à feu , de trois cens pas de longueur .
Le Roi , en fe retirant , témoigna à l'Ambaffadeur
& à l'Ambaffadrice combien il étoit fatisfait
de la réception qu'ils lui avoient faite.
Avant -bier for le midi , la Grande Ducheffe fen
tit quelques de aleurs. Une demi-heure après elle
DECEMBRE. 1754. 187
accoucha d'un Prince , dont la naiffance fut annoncée
au peuple par les falves réitérées du canon
de la citadelle & de l'Amirauté . La Grande Ducheffe
fe porte auffi bien qu'on puiffe le defirer
de même que le jeune Prince , qui a été ondoyé ,
& nomméPaul.
DE COPPENHAGUE , le 27 Octobre.
"
Le 23 de ce mois , le Roi fit l'honneur au Préfident
Ogier , Ambaffadeur de Sa Majeſté Très-
Chrétienne , de dîner chez lui dans une maiſon
de plaifance , que ce Miniftre a fait orner avec
beaucoup de goût . La table étoit de quinze couverts.
Sa Majesté fit placer l'Ambaſſadrice à fa
droite , & l'Ambaffadeur à fa gauche. Les autres
places furent remplies par les Miniftres
d'Etat , & par quelques-uns des principaux Seigneurs
de la Cour. Une magnifique illumination
& un très-beau feu d'artifice terminerent
la fête. La décoration du feu repréſentoit un aro
de triomphe , fur le fronton duquel étoit le chiffre
du Roi , avec cette infcription : Friderico V. Pio ,
Felici , P. P. Optimo Principi . De chaque côté de
cette décoration s'élevoient cinq grandes pyra
mides. Elles étoient liées enfemble par des guir-
Landes , & chargées chacune d'un cartouche contenant
quelque enblême relatif aux vertus de Sa
Majefté, ou le tableau allégorique de quelqu'un
des établiflemens qu'elle a faits pour l'augmenta
tion du commerce , & pour le progrès des arts.
Des vafes à l'antique étoient placés dans les entredeux
des pyramides L'artifice occupoit toute la
longueur de la décoration ; & du milieu , ainfi
que des extrêmités , on voyoit fortir fans interruption
des gerbes de feu . On découvroit à tra
vers les arcades de l'arc de triomphe une perfpec188
MERCURE DE FRANCE.
tive de pots à feu , de trois cens pas de longueur .
Le Roi , en fe retirant , témoigna à l'Ambaffadeur
& à l'Ambaffadrice combien il étoit fatisfait
de la réception qu'ils lui avoient faite.
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Résumé : DU NORD.
Le 3 octobre 1754 à Petersbourg, la Grande Duchesse donna naissance à un prince, nommé Paul. La mère et l'enfant se portaient bien, et la nouvelle fut célébrée par des salves de canon. Le 23 octobre à Copenhague, le Roi rendit hommage au Président Ogier, Ambassadeur de Sa Majesté Très-Chrétienne, en dînant chez lui dans une maison de plaisance. Quinze convives étaient présents, incluant l'Ambassadrice à la droite du Roi et l'Ambassadeur à sa gauche, ainsi que des ministres d'État et des seigneurs de la Cour. La soirée se termina par une illumination et un feu d'artifice représentant un arc de triomphe avec le chiffre du Roi et des pyramides ornées d'emblèmes et de tableaux allégoriques. Le Roi exprima sa satisfaction à l'Ambassadeur et à l'Ambassadrice pour la réception.
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1175
p. 188-192
ALLEMAGNE.
Début :
Les fêtes que le Prince de Saxe Hildburghausen a données à leurs Majestés Impériales, ont été [...]
Mots clefs :
Prince de Saxe-Hildburghausen, Impératrice, Empereur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE SCHLOSHOFF , le 27 Septembre.
Les fêtes que le Prince de Saxe Hildburghau
fen a données à leurs Majeftés Impériales , ont été
fi éclatantes , que le public en verra fans doute
avec plaifir la relation. L'Empereur & l'Impératrice
étant arrivés le 23 de ce mois vers une heure
après midi au Château de Hoff , dînerent à une
table de quarante- deux couverts . Après le repos ,
le Prince de Saxe-Hildburghauſen conduifit l'Empereur
& l'Impératrice dans le parc . Leurs Majeftés
Impériales s'étant promenées pendant quelque
temps dans des allées pratiquées en forme de
labyrinthes , furent agréablement ſurpriſes de voir
paroître tout à coup un théâtre de verdure. Une
fymphonie fe fit entendre , & elle fut fuivie d'une
paftorale italienne , intitulée Il vero Omaggio. Des
cors de chaffe , des trompettes , des hautbois , &
des flutes , répétoient par intervalles , dans les bofquets
voifins , les airs que deux Actrices avoient
chantés. Sur le foir l'Einpereur & l'Impératrice
retournerent au Château , où leurs Majeftés Impériales
virent repréfenter un Opera , qui avoit
pour titre l'Ifola dishabitata . Le lendemain aprèsmidi
, elles fe rendirent en carroffe fur les bords
de la riviere de Mark ; elles y trouverent une
barque conftruite fur le modele du Busentaure de
Venife , dans laquelle elles entrerent . L'apparte
ment qu'on y avoit préparé pour leurs Majeftés ,
DECEMBRE. 1754. 189
3
avoit trente- deux croifées , ornées de rideaux de
moire d'argent, garnis de franges & de houppes d'or.
La peinture , la fculpture & la dorure concouroient
à l'embelliffement de toutes les parties , tant intérieures
qu'extérieures , de cet appartement . De
chaque côté de la barque pendoit un riche tapis
avec des franges d'argent , flottant fur la furface
des eaux. Quarante bateaux fculptés & dorés
dont chacun étoit conduit par un pilote & quatre
rameurs habillés en matelots Vénitiens , fuivoient
cette barque. Toute cette petite flotte étoit précédée
d'une autre barque , repréfentant le Jardin des
Hefperides , fur laquelle quatre Nymphes , accompagnées
d'un harmonieux orchestre , chantoient
des vers à la louange de leurs Majeftés . Lorfqu'on
eut navigé une demi-heure , on apperçut
a droite fur le rivage une falle de verdure , qu'entouroit
une galerie foutenue par une colonade.
L'Empereur & l'Impératrice ayant mis pied à
terre , découvrirent de l'autre côté de la riviere ,
au bas d'une haute montagne , trois arcs de
triomphe , compofés chacun de trois arcades. Sur
celui du milieu on voyoit la ftatue de Diane , qui
fembloit donner fes ordres pour la chaffe . Plu
feurs trompettes , cors & autres inftrumens, placés
fur diverfes collines , firent retentir les airs de leurs
fanfares. Auffi- tôt il partit du haut de la_montagne
fix cens cinquante cerfs , qui , chaffés par
une armée de payfans vêtus uniformément , fe
précipiterent au travers des arcades des arcs de
triomphe dans la riviere , la traverferent à la
nage , & fe réfugierent dans la prairie , où étoit
la falle dont nous venons de parler . Leurs Majeftés
pendant une heure s'amuferent de ce spectacle ,
Comme elles ne voulurent tuer aucun de ces animaux
, on baiſſa les toiles qui formoient l'ens
190 MERCURE DE FRANCE.
ceinte , & ils fe fauverent dans les bois des envia
rons. Quelques momens après on vit fortir d'un
palais élevé dans le fond de la prairie , un nombre
prodigieux de loups , de renards & de marcaffins
, dont une partie fut tuée par leurs Majeftés
& par les Archiducs. La chaffe étant finie ,
I'Empereur & l'Impératrice retournerent au Châ.
reau , pour affifter à un nouvel Opera , intitulé I
Cinefi . Les décorations qui formoient un cabinet
chinois, étoient toutes de cryftal ; l'art avec lequef
elles étoient éclairées excita l'admiration de toute
Ja Cour. L'Opera fut fuivi d'un fouper fplendide
& d'un grand bal . Le 25 le Prince de Saxe Hildburghaufen
après le dîner, donna à leurs Majeftés
Impériales le divertiffement d'une joûte fur un
étang , dont la fituation étoit des plus favorables
par les collines qui l'environnent. De part & d'autre
l'étang étoit bordé d'arcades de verdure , foutenues
par deux rangs de colonnes , & furmontées
par des pyramides . Au milieu de la chauffée on
avoit conftruit des loges pour leurs Majestés &
pour leur fuite. Vis -à-vis , à la queue de l'étang ,
une perfpective peinte trompoit tellement les
yeux , qu'on croyoit voir des jardins d'une immenfe
étendue. Vers le centre de l'étang s'élevoient
neuf arcades. On avoit placé fur celle du
milieu un orcheſtre rempli de toutes fortes d'inftrumens.
Plus loin étoient fix rochers , fur lefquels
on voyoit divers animaux déguifés en arlequins
, en polichinelles & en pantalons . Dès
que les timballes & les trompettes curent donné le
fignal , huit bateaux chargés de maſques de différens
caracteres , fe mirent en mouvement. La
joûte commença , & l'adreffe avec laquelle les
Joûteurs exécuterent leurs manoeuvres charma
tous les fpectateurs. Après ce divertiſement la
DECEMBRE . 1754- 191
perfpective de jardins feints difparut . Elle fit place
a une ifle flottante , qui s'étant détachée du rivage
& traversant tout l'étang , alla ſe réunir à la
loge de leurs Majeftés Impériales. Dans le fond
de cette ifle , fur le fommet d'une petite colline ,
paroiffoient les ftatues de la Clémence & de la
Justice , aux pieds defquelles une abondance éton-,
nante d'eau tomboit par plufieurs cafcades dans
un grand baffin , d'où divers jets s'élançoient dans
les airs. Un vafte parterre de fleurs , orné de vafes
& de ftatues , occupoit le milieu de l'ifle. Le refte
du terrein étoit couvert d'une infinité d'orangers ,
de limoniers & de cedras , dont les fruits glacés
imitoient parfaitement les fruits naturels . Quatre
Jardiniers fuperbement vêtus , inviterent l'Empereur
& l'Impératrice à defcendre dans cette habitation
enchantée . Deux Pêcheurs & deux Pêcheufes
préfenterent des filets d'argent aux Archiducs
& aux Archiducheffes , qui pêcherent dans le
baffin , & qui prirent plufieurs poiffons. Leurs
Majeftés fe promenerent dans l'iflè , dont la ftructure
furprenoit d'autant plus , qu'on n'avoit vu
faire aucune manoeuvre pour lui faire traverſer
Pétang. Le foir la Cour tira au blanc près du
Château dans une plaine , où des milliers de lam
pions & de pots à feu diftribués dans la verdure ,
avoient ramené la clarté du plus beau jour. L'Archiduc
Jofeph fut le premier qui toucha le centre,
Une fufée qu'il fit partir alluma un foleil , au mi,
fieu duquel on lifoit en gros caracteres , vivat
Francifcus. D'un autre coup ce Prince alluma un
autre foleil , dont le centre portoit en lettres de
feu cette infcription , vivat Maria-Therefia. Le
troifiéme foleil fut allumé par un coup de l'Archiducheffe
Marie-Anne , & fit voir ces mots vivas
Jofephus. A ces foleils fuccéda un très - beau feu
192 MERCURE DE FRANCE.
d'artifice. Hier toute la matinée fut remplie par
une espece de bacchanale . Cette derniere fête commença
par l'arrivée de deux chars de triomphe
dans la cour du Chateau. Ils étoient traînés chacun
par huit boeufs blancs , chargés de rubans & de
Aeurs , & dont les cornes étoient dorées.. Ces
chars étoient précédés de douze Sylvains à cheval,
& fuivis d'une foule de Bacchantes. Les Sylvains
coururent la bague , & les Bacchantes danferent
plufieurs ballets figurés. Il parut enfuite un troiféme
char , fur lequel il y avoit une multitude
prodigieufe d'animaux de toute efpece , foit en
venaifon , foit en volaille & en gibier , apprêtés de
diverfes façons. Tous ces vivres furent abandonnés
au peuple , & douze fontaines de vin coulerent des
deux chars qui étoient arrivés les premiers . A une
heure après - midi l'Empereur & l'Impératrice dînerent
; & après avoir témoigné au Prince de Saxe-
Hildburghaufen combien ils étoient fatisfaits
de la réception qu'il leur avoit faite , ils partirent
pour retourner à Schonbrun.
DE SCHLOSHOFF , le 27 Septembre.
Les fêtes que le Prince de Saxe Hildburghau
fen a données à leurs Majeftés Impériales , ont été
fi éclatantes , que le public en verra fans doute
avec plaifir la relation. L'Empereur & l'Impératrice
étant arrivés le 23 de ce mois vers une heure
après midi au Château de Hoff , dînerent à une
table de quarante- deux couverts . Après le repos ,
le Prince de Saxe-Hildburghauſen conduifit l'Empereur
& l'Impératrice dans le parc . Leurs Majeftés
Impériales s'étant promenées pendant quelque
temps dans des allées pratiquées en forme de
labyrinthes , furent agréablement ſurpriſes de voir
paroître tout à coup un théâtre de verdure. Une
fymphonie fe fit entendre , & elle fut fuivie d'une
paftorale italienne , intitulée Il vero Omaggio. Des
cors de chaffe , des trompettes , des hautbois , &
des flutes , répétoient par intervalles , dans les bofquets
voifins , les airs que deux Actrices avoient
chantés. Sur le foir l'Einpereur & l'Impératrice
retournerent au Château , où leurs Majeftés Impériales
virent repréfenter un Opera , qui avoit
pour titre l'Ifola dishabitata . Le lendemain aprèsmidi
, elles fe rendirent en carroffe fur les bords
de la riviere de Mark ; elles y trouverent une
barque conftruite fur le modele du Busentaure de
Venife , dans laquelle elles entrerent . L'apparte
ment qu'on y avoit préparé pour leurs Majeftés ,
DECEMBRE. 1754. 189
3
avoit trente- deux croifées , ornées de rideaux de
moire d'argent, garnis de franges & de houppes d'or.
La peinture , la fculpture & la dorure concouroient
à l'embelliffement de toutes les parties , tant intérieures
qu'extérieures , de cet appartement . De
chaque côté de la barque pendoit un riche tapis
avec des franges d'argent , flottant fur la furface
des eaux. Quarante bateaux fculptés & dorés
dont chacun étoit conduit par un pilote & quatre
rameurs habillés en matelots Vénitiens , fuivoient
cette barque. Toute cette petite flotte étoit précédée
d'une autre barque , repréfentant le Jardin des
Hefperides , fur laquelle quatre Nymphes , accompagnées
d'un harmonieux orchestre , chantoient
des vers à la louange de leurs Majeftés . Lorfqu'on
eut navigé une demi-heure , on apperçut
a droite fur le rivage une falle de verdure , qu'entouroit
une galerie foutenue par une colonade.
L'Empereur & l'Impératrice ayant mis pied à
terre , découvrirent de l'autre côté de la riviere ,
au bas d'une haute montagne , trois arcs de
triomphe , compofés chacun de trois arcades. Sur
celui du milieu on voyoit la ftatue de Diane , qui
fembloit donner fes ordres pour la chaffe . Plu
feurs trompettes , cors & autres inftrumens, placés
fur diverfes collines , firent retentir les airs de leurs
fanfares. Auffi- tôt il partit du haut de la_montagne
fix cens cinquante cerfs , qui , chaffés par
une armée de payfans vêtus uniformément , fe
précipiterent au travers des arcades des arcs de
triomphe dans la riviere , la traverferent à la
nage , & fe réfugierent dans la prairie , où étoit
la falle dont nous venons de parler . Leurs Majeftés
pendant une heure s'amuferent de ce spectacle ,
Comme elles ne voulurent tuer aucun de ces animaux
, on baiſſa les toiles qui formoient l'ens
190 MERCURE DE FRANCE.
ceinte , & ils fe fauverent dans les bois des envia
rons. Quelques momens après on vit fortir d'un
palais élevé dans le fond de la prairie , un nombre
prodigieux de loups , de renards & de marcaffins
, dont une partie fut tuée par leurs Majeftés
& par les Archiducs. La chaffe étant finie ,
I'Empereur & l'Impératrice retournerent au Châ.
reau , pour affifter à un nouvel Opera , intitulé I
Cinefi . Les décorations qui formoient un cabinet
chinois, étoient toutes de cryftal ; l'art avec lequef
elles étoient éclairées excita l'admiration de toute
Ja Cour. L'Opera fut fuivi d'un fouper fplendide
& d'un grand bal . Le 25 le Prince de Saxe Hildburghaufen
après le dîner, donna à leurs Majeftés
Impériales le divertiffement d'une joûte fur un
étang , dont la fituation étoit des plus favorables
par les collines qui l'environnent. De part & d'autre
l'étang étoit bordé d'arcades de verdure , foutenues
par deux rangs de colonnes , & furmontées
par des pyramides . Au milieu de la chauffée on
avoit conftruit des loges pour leurs Majestés &
pour leur fuite. Vis -à-vis , à la queue de l'étang ,
une perfpective peinte trompoit tellement les
yeux , qu'on croyoit voir des jardins d'une immenfe
étendue. Vers le centre de l'étang s'élevoient
neuf arcades. On avoit placé fur celle du
milieu un orcheſtre rempli de toutes fortes d'inftrumens.
Plus loin étoient fix rochers , fur lefquels
on voyoit divers animaux déguifés en arlequins
, en polichinelles & en pantalons . Dès
que les timballes & les trompettes curent donné le
fignal , huit bateaux chargés de maſques de différens
caracteres , fe mirent en mouvement. La
joûte commença , & l'adreffe avec laquelle les
Joûteurs exécuterent leurs manoeuvres charma
tous les fpectateurs. Après ce divertiſement la
DECEMBRE . 1754- 191
perfpective de jardins feints difparut . Elle fit place
a une ifle flottante , qui s'étant détachée du rivage
& traversant tout l'étang , alla ſe réunir à la
loge de leurs Majeftés Impériales. Dans le fond
de cette ifle , fur le fommet d'une petite colline ,
paroiffoient les ftatues de la Clémence & de la
Justice , aux pieds defquelles une abondance éton-,
nante d'eau tomboit par plufieurs cafcades dans
un grand baffin , d'où divers jets s'élançoient dans
les airs. Un vafte parterre de fleurs , orné de vafes
& de ftatues , occupoit le milieu de l'ifle. Le refte
du terrein étoit couvert d'une infinité d'orangers ,
de limoniers & de cedras , dont les fruits glacés
imitoient parfaitement les fruits naturels . Quatre
Jardiniers fuperbement vêtus , inviterent l'Empereur
& l'Impératrice à defcendre dans cette habitation
enchantée . Deux Pêcheurs & deux Pêcheufes
préfenterent des filets d'argent aux Archiducs
& aux Archiducheffes , qui pêcherent dans le
baffin , & qui prirent plufieurs poiffons. Leurs
Majeftés fe promenerent dans l'iflè , dont la ftructure
furprenoit d'autant plus , qu'on n'avoit vu
faire aucune manoeuvre pour lui faire traverſer
Pétang. Le foir la Cour tira au blanc près du
Château dans une plaine , où des milliers de lam
pions & de pots à feu diftribués dans la verdure ,
avoient ramené la clarté du plus beau jour. L'Archiduc
Jofeph fut le premier qui toucha le centre,
Une fufée qu'il fit partir alluma un foleil , au mi,
fieu duquel on lifoit en gros caracteres , vivat
Francifcus. D'un autre coup ce Prince alluma un
autre foleil , dont le centre portoit en lettres de
feu cette infcription , vivat Maria-Therefia. Le
troifiéme foleil fut allumé par un coup de l'Archiducheffe
Marie-Anne , & fit voir ces mots vivas
Jofephus. A ces foleils fuccéda un très - beau feu
192 MERCURE DE FRANCE.
d'artifice. Hier toute la matinée fut remplie par
une espece de bacchanale . Cette derniere fête commença
par l'arrivée de deux chars de triomphe
dans la cour du Chateau. Ils étoient traînés chacun
par huit boeufs blancs , chargés de rubans & de
Aeurs , & dont les cornes étoient dorées.. Ces
chars étoient précédés de douze Sylvains à cheval,
& fuivis d'une foule de Bacchantes. Les Sylvains
coururent la bague , & les Bacchantes danferent
plufieurs ballets figurés. Il parut enfuite un troiféme
char , fur lequel il y avoit une multitude
prodigieufe d'animaux de toute efpece , foit en
venaifon , foit en volaille & en gibier , apprêtés de
diverfes façons. Tous ces vivres furent abandonnés
au peuple , & douze fontaines de vin coulerent des
deux chars qui étoient arrivés les premiers . A une
heure après - midi l'Empereur & l'Impératrice dînerent
; & après avoir témoigné au Prince de Saxe-
Hildburghaufen combien ils étoient fatisfaits
de la réception qu'il leur avoit faite , ils partirent
pour retourner à Schonbrun.
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le Prince de Saxe-Hildburghausen a organisé des festivités en l'honneur de l'Empereur et de l'Impératrice, qui sont arrivés au Château de Hoff le 23 septembre. Après un dîner de quarante-deux couverts, le Prince a conduit Leurs Majestés dans le parc, où elles ont découvert un théâtre de verdure et assisté à une pastorale italienne. Le lendemain, ils ont navigué sur la rivière de Mark à bord d'une barque inspirée du Bucentaure de Venise, ornée de moire d'argent et suivie par une flotte de bateaux sculptés et dorés. Sur le rivage, ils ont assisté à une chasse aux cerfs et à une battue de loups, de renards et de marcassins. De retour au château, ils ont assisté à un opéra intitulé 'L'isola disabitata'. Le 25 septembre, une joute sur un étang a été organisée, suivie d'un spectacle de feux d'artifice et d'une bacchanale. Les festivités se sont conclues par un char de triomphe et des fontaines de vin offertes au peuple. L'Empereur et l'Impératrice ont exprimé leur satisfaction avant de partir pour Schönbrunn.
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1176
p. 193-194
ITALIE.
Début :
Un courier extraordinaire dépêché de Madrid, a apporté la démission que l'Infant Dom Louis fait [...]
Mots clefs :
Turin, Rome, Petite vérole
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE ROME , le 8 Octobre.
Un courier extraordinaire dépêché de Madrid ,
a apporté la démiffion que l'Infant Dom Louis fait
du Cardinalat & des Archevêchés de Tolede & de
Seville.
La réponſe du Saint Pere au fujet des penfions
que l'Infant Dom Louis demande de conferver
far les Archevêchés de Tolede & de Seville , eſt
partie pour Madrid.
La petite vérole a fait des ravages affreux dans
cette capitale , & l'on compte qu'elle y a enlevé
plus de fix mille perfonnes.
Dans une maison de gens du commun , la mere
& fix enfans font morts de cette maladie, & le pere,
de douleur , a perdu l'efprit.
DE TURIN , le 12 Octobre.
Lo Prince dont Madame Infante , Ducheffe de
Savoye eft accouchée le s de ce mois , a été bap¬
I. Vol. 1
194 MERCURE DE FRANCE.
:
tifé le même jour. Il a eu le Roi pour parrein , &
la Princeffe Félicité pour marreine, & il a été nom,
mé Amédée Alexandre- Marie, Ce Prince portera
le titre de Duc de Montferrat.
DE ROME , le 8 Octobre.
Un courier extraordinaire dépêché de Madrid ,
a apporté la démiffion que l'Infant Dom Louis fait
du Cardinalat & des Archevêchés de Tolede & de
Seville.
La réponſe du Saint Pere au fujet des penfions
que l'Infant Dom Louis demande de conferver
far les Archevêchés de Tolede & de Seville , eſt
partie pour Madrid.
La petite vérole a fait des ravages affreux dans
cette capitale , & l'on compte qu'elle y a enlevé
plus de fix mille perfonnes.
Dans une maison de gens du commun , la mere
& fix enfans font morts de cette maladie, & le pere,
de douleur , a perdu l'efprit.
DE TURIN , le 12 Octobre.
Lo Prince dont Madame Infante , Ducheffe de
Savoye eft accouchée le s de ce mois , a été bap¬
I. Vol. 1
194 MERCURE DE FRANCE.
:
tifé le même jour. Il a eu le Roi pour parrein , &
la Princeffe Félicité pour marreine, & il a été nom,
mé Amédée Alexandre- Marie, Ce Prince portera
le titre de Duc de Montferrat.
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Résumé : ITALIE.
Le 8 octobre, l'Infant Dom Louis a renoncé au cardinalat et aux archevêchés de Tolède et de Séville. La réponse du pape sur ses pensions a été envoyée à Madrid. La petite vérole y a causé plus de six mille morts. Le 12 octobre, à Turin, la Duchesse de Savoie a accouché d'un prince nommé Amédée Alexandre-Marie, Duc de Montferrat.
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1177
p. 194
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Quelques vaisseaux de guerre ont ordre de se tenir prêts à faire voile de Spithead le 20 du mois [...]
Mots clefs :
Londres, Roi d'Angleterre, Vaisseaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE - BRETAGNE.
DE LONDRES , lele 17 Octobre.
Quelques vaiffeaux de guerre ont ordre de fe
tenir prêts à faire voile de Spithead le 20 du mois
prochain , pour eſcorter en Afie les navires de
la Compagnie des Indes Orientales.
Le bruit court que le Roi a deffein d'inſtituer en
Irlande un Ordre de chevalerie , qui portera le
nom de Saint Patrice. Cet Ordre , à ce qu'on prétend
, fera compofé de trente & un Chevaliers.
Ils porteront une étoile en broderie d'or fur leurs
habits , & leur cordon fera orangé . L'Evêque de
Kildare, Doyen de l'Eglife de Chriſt , fera Grand
Aumônier de cet Ordre dans lequel on ne pourra
être admis fi l'on n'eſt Pair , ou du moins fi l'on
n'a été membre du Parlement d'Irlande .
On a reçu de Stebbing , dans le Comté d'Effex ;
la nouvelle de la mort du fieur Jacques Powel . Sa
groffeur monstrueufe l'avoit rendu célébre ; il
avoit environ ſeize pieds d'Angleterre de circon
férence , & il peloit fix cens cinquante livres.
Ona inoculé la petite vérole aux Princes Henri ,
Guillaume & Frederic ; & cette opération a en
tout le fuccès qu'on en attendoit,
DE LONDRES , lele 17 Octobre.
Quelques vaiffeaux de guerre ont ordre de fe
tenir prêts à faire voile de Spithead le 20 du mois
prochain , pour eſcorter en Afie les navires de
la Compagnie des Indes Orientales.
Le bruit court que le Roi a deffein d'inſtituer en
Irlande un Ordre de chevalerie , qui portera le
nom de Saint Patrice. Cet Ordre , à ce qu'on prétend
, fera compofé de trente & un Chevaliers.
Ils porteront une étoile en broderie d'or fur leurs
habits , & leur cordon fera orangé . L'Evêque de
Kildare, Doyen de l'Eglife de Chriſt , fera Grand
Aumônier de cet Ordre dans lequel on ne pourra
être admis fi l'on n'eſt Pair , ou du moins fi l'on
n'a été membre du Parlement d'Irlande .
On a reçu de Stebbing , dans le Comté d'Effex ;
la nouvelle de la mort du fieur Jacques Powel . Sa
groffeur monstrueufe l'avoit rendu célébre ; il
avoit environ ſeize pieds d'Angleterre de circon
férence , & il peloit fix cens cinquante livres.
Ona inoculé la petite vérole aux Princes Henri ,
Guillaume & Frederic ; & cette opération a en
tout le fuccès qu'on en attendoit,
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 17 octobre à Londres, plusieurs vaisseaux de guerre ont été préparés pour escorter des navires de la Compagnie des Indes Orientales en Afrique. Des rumeurs indiquent que le roi envisage de créer en Irlande un Ordre de chevalerie nommé Saint Patrice, composé de trente-et-un chevaliers portant une étoile en broderie d'or et un cordon orangé. L'évêque de Kildare serait nommé Grand Aumônier, et l'admission serait réservée aux pairs ou anciens membres du Parlement d'Irlande. La mort de Jacques Powel, connu pour sa taille imposante, a été annoncée. Powel mesurait environ seize pieds de circonférence et pesait six cent cinquante livres. Par ailleurs, les princes Henri, Guillaume et Frédéric ont été inoculés contre la petite vérole avec succès.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1178
p. 195-202
« Le 13 Octobre le Commandeur de la Cerda, Envoyé extraordinaire du Roi de Portugal, eut [...] »
Début :
Le 13 Octobre le Commandeur de la Cerda, Envoyé extraordinaire du Roi de Portugal, eut [...]
Mots clefs :
Roi, Reine, Famille royale, Aumônier du roi, Évêque, Chapelle, Dauphine, Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 13 Octobre le Commandeur de la Cerda, Envoyé extraordinaire du Roi de Portugal, eut [...] »
LE 13 Octobre le Commandeur de la Cerda ,
Envoyé extraordinaire du Roi de Portugal , eut
une audience particuliere du Roi , dans laquelle
il préfenta à Sa Majefté une lettre de compliment
du Roi fon Maître , fur l'heureux accouchement
de Madame la Dauphine , & fur la naiffance de
Monfeigneur le Duc de Berry. Le Commandeur
de la Cerda fut conduit à cette audience par M.
Dufort , Introducteur des Ambaſſadeurs .
Le même jour leurs Majeftés accompagnées de
la Famille Royale , affifterent aux Vêpres & au
Salut dans la Chapelle du Château.
Le Roi a érigé la Terre de Marigny en Marquifat
, en faveur de M. de Vandiere , Directeur
& Ordonnateur Général des Bâtimens. Il a eu
l'honneur d'être préfenté le 9 à leurs Majeftés &
à la Famille royale , & d'entrer deux jours après
dans les carroffes du Roi.
L'ouverture de l'affemblée des Etats de Bretagne
s'eft faite à Rennes le 14 .
Le 15 , fête de Sainte Therefe , la Reine entendit
la Meffe dans l'Eglife du Couvent des Carmes
réclus des Loges.
Monfeigneur le Dauphin & Mefdames de
France affifterent l'après- midi au Salut dans la
même Eglife.
Le Comte de Sartiranne Ambaffadeur ordinaire
du Roi de Sardaigne , eut le même jour une
audience particuliere du Roi , dans laquelle il
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
donna part à Sa Majesté , au nom du Roi fon
Maître , de l'heureux accouchement de Madame
la Ducheffe de Savoye , & de la naiſſance d'un
Prince. Cet Ambaffadeur fut conduit à cette audience
, ainsi qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , de Madame la Dauphine ,
de Madame Adelaide , & de Mefdames Victoire ,
Sophie & Louife , par le même Introducteur,
Suivant les lettres de Toulon , le Duc de Penthievre
vifita le 29 de Septembre la galere la
Brave. Ce Prince alla le jour fuivant à l'arfenal ,
pour voir les Gardes de la Marine faire l'exercice.
A fon paffage fur le port , il fat falué par le vaiſfeau
amiral & par les galeres . L'exercice des Gardes
de la Marine étant fini , le Duc de Penthievre
fe rendit à bord du vaiffeau le Foudroyant. Le premier
Octobre ce Prince vit le parc d'artillerie,,
& fit le tour des remparts du côté de la rade ; il
alla le 3 vifiter la grande tour. Après le dîner il
vifita le Fort de la Malgue , d'où il paffa à celui
d'Artigues. Le 4 vers les trois heures après- midi ,
le Duc de Penthievre s'embarqua fur un canot , &
fut fuivi par tous les canots , ainfi que par toutes
les barques & les chaloupes qui étoient dans le
port. Dès que le Prince parut dans la rade , les
quatre galeres definées à le conduire en Italie ,
& qui étoient prêtes à partir pour aller l'attendre
à Antibes , le faluerent à fon paffage , ce que fit
auffi la Frégate la Thetis. Toute cette flotille s'avança
à deux lieues en mer , & l'on donna au Duc
de Penthievre le divertiffement de la pêche du
thon. Au retour , les galeres qui avoient déja tiré
deux coups de canon pout annoncer leur départ ,
vinrent l'une après l'autre à force de rames paffer
devant le canot du Prince , & firent une nouvelle
falve de toute leur artillerie . Le tems étoit fi fa
DECEMBRE. 1754. 197
•
vorable pour la avigation , qu'une demi-heure
après on les perdit de vite. Lorfque le foleil fut
fous l'horizon , trois galiotes à bombes placées
dans la petite rade , tirerent chacune fix bombes.
Les le Prince fit le tour des remparts en dedans
de la ville. Sur les fept heures du foir les galiotes
tirerent encore vingt- quatre bombes , & le Duc
de Penthievre vit ce fpectacle de fon appartement.
Ce Prince partit le 7 de Toulon , & alla coucher
au Luc : il s'eft rendu le lendemain à Fréjus , &
le 9 à Antibes ; le 12 il est parti d'Antibes pour
Gênes.
Les nouvelles de Marſeille du 17 portent qu'il
y étoit arrivé à bord du vaiffeau Anglois le Deptford
, vingt-fept efclaves François qui ont été embarqués
fur ce bâtiment à Gibraltar , & qui avoient
été rachetés peu de tems auparavant dans le
Royaume de Maroc par les Religieux des Ordres
de la Sainte Trinité & de Notre-Dame de la
Mercy. Ces efclaves ayant fait leur quarantaine à
Carthagene , ont eu l'entrée le 13 , & ont été reçus
par les Peres François Baurans & Paulin Gobin
, Commiffaires des deux Ordres.
Le 19 & le 20 d'Octobre , leurs Majeftés accompagnées
de la Famille Royale , aflifterent aux
Vêpres & au Salut dans la Chapelle du Château .
Le Roi foupa le 20 au grand couvert chez la
Reine .
Le même jour la Marquife de Fontange fit fes
révérences au Roi , à la Reine & à la Famille
Royale,
Leurs Majeftés fignerent le même jour le contrat
de mariage du Comte de Salvert & de la
Demoiſelle de Sabrevois , fille de M. de Sabrevois
, Maréchal des camps & armées du Roi ,
Lieutenant général d'artillerie , & Commandant
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
en chef au départément général d'Alface , de
Bourgogne & de Franche Comté.
Le 20 l'Evêque de Gap nommé à l'Evêché d'Auxerre
, fit dans l'Eglife des Miffions étrangeres
la cérémonie de bénir le nouvel Abbé de l'Abbaye
réguliere de Saint Amand.
Le Roi a nommé Chevalier de l'Ordre de Saint
Michel M. Pitot , Penfionnaire vétéran de l'Académie
Royale des Sciences , Membre de la Société
Royale de Londres , Directeur du canal & des
travaux publics de la Province de Languedoc.
Le 22 M. Gualterio , Archevêque de Mira ,
Nonce ordinaire du Pape , eut une audience particuliere
du Roi , dans laquelle il préfenta à Sa
Majesté M. Molinari , Archevêque de Damas ,
qui paffe par la France pour fe rendre à fa Nonciature
de Bruxelles . M. Guakerio fut conduit à
cette audience , ainſi qu'à celles de la Reine , de
Monfeigneur le Dauphin , de Madame la Dauphine
, de Madame Adelaide & de Mefdames
Victoire , Sophie & Louife , par M. Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs .
›
Le Comte Turpin , Brigadier de cavalerie , &
Colonel d'un Régiment de Huffards , a préſenté
au Roi un ouvrage de fa compoſition fur l'Ars
militaire.
La place d'Aumônier du Roi , vacante par la
mort de M. l'Abbé de Caulincourt , a été donnée à
M.l'Abbé de Scey-Montbeillard , Abbé de l'Abbaye
de Saint André , Ordre de Prémontré , Diocefe
de Clermont.
Le Roi a envoyé au Parlement de Bretagne une
Déclaration datée du 8 Octobre , qui fut enregiftrée
le 17 du même mois.
Un Juif de Metz , âgé de trente-cinq ans , refut
le 10 Octobre à Saintes , par les mains de l'EDECEMBRE.
1754 199
vêque , les Sacremens de Baptême & de la Con
firmation. Il a eu pour parrein M. de Blair de
Boifmon , Intendant de la Rochelle , nommé à
l'Intendance de Valénciennes ; & pour marreine
la Dame de Parabere , Abbeffe de l'Abbaye de
Notre-Dame de Saintes , qui lui ont donné les
noms de Louis-Marie.
Depuis le 15 Octobre on a commencé à allu→
mer toutes les nuits à Calais , deux heures avant
& deux heures après la pleine mer , un fanal au
bout de la grande jettée du côté de l'oueft. Cela
s'obfervera pendant tout le tems de la pêche du
hareng , c'est - à- dire jufqu'au mois prochain , afin
de faciliter aux Pêcheurs l'entrée du port de Calais
. On en ufera de même deformais chaque année
dans cette faiſon.
Selon les lettres de Provence , la maison des
Penfionnaires établie à Aix le premier Octobre
1753 , au College Royal - Bourbon des Jefuites ,
en vertu d'un brevet du Roi , vient d'être achevée
Elle peut contenir jufqu'à cent jeunes gens,
Moyennant une nouvelle fondation , il y a actuellement
deux Profeffeurs de Rhétorique dans
ce College.
Le 24 l'Archevêque de Sens conféra le Sacrement
de la Confirmation à onze cens enfans dans
l'Eglife de la Communauté des Filles Bleues.
Le 26 le Roi quitta le deuil que Sa Majefté avoit
pris le 6 pour laReine Douairiere de Portugal.
Le Roi foupa le 27 au grand couvert chez la
Reine avec la Famille Royale.
Il a été fait par le Lord Powerscourt une ga.
geure , qu'il viendroit à cheval en deux heures de
la derniere maifon de Fontainebleau à la premiere
barriere des Gobelins . M. Baillon ,
loger de la Reine , a été chargé d'envoyer deux
Hor
I iiij
200 MERCURE DE FRANCE.
pendules à Fontainebleau , & d'en tenir deux à la
barriere des Gobelins fur la même heure , afin de
mefurer le tems que ce Seigneur Anglois employe
roit à fa courſe. Le 29 du mois dernier le Lord
Powerscourt eft parti de Fontainebleau à fept
heures neuf minutes quarante-cinq fecondes du
matin , & il eſt arrivé à huit heures quarante- fept
minutes vingt- fept fecondes à la barriere indiquée.
Il avoit deux relais fur la route. Une des
conditions de la gageure étoit qu'il ne monteroit
pas plus de trois chevaux , & il n'en a monté que
deux.
Selon les lettres de Gênes , le Duc de Penthievre
y eft arrivé le 19 Octobre , à trois heures
après- midi. Une députation de la République eft
allée le recevoir à fa galere , & l'a conduit au Pa-
Lais Brignolé , qui avoit été préparé pour le loge.
ment de ce Prince . Les Députés doivent l'accom
pagner par-tout pendant fon féjour à Gênes.
Le 31 , veille de la Fête de Tous les Saints , le
Roi & la Reine , accompagnés de la Famille royale
, affifterent au premieres Vêpres dans la Chapelle
du Château . Elles furent chantées par la Muſique ,
& l'Evêque de Chartres y officia.
Le premier Novembre , jour de la Fête , leurs
Majeftés accompagnées comme le jour précédent,
entendirent la grande Meffe célébrée pontificament
par le même Prélat . Le Roi , la Reine & la
Famille royale affifterent l'après- midi aux Vêpres
du jour chantées par la Mufique , aufquelles
Ï'Evêque de Chartres officia , & enfuite aux Vêpres
des Morts. Avant les Vêpres , leurs Majeftés
entendirent la Prédication du Pere de Neufville ,
de la Compagnie de Jeſus.
A l'occafion de la Fête , la Reine a communié
par les mains de l'Evêque de Chartres , fon preDECEMBRE
. 1754. 201
mier Aumônier ; Monfeigneur le Dauphin, par celles
de M. l'Abbé de Chabannes , Aumônier du Roi ;
Madame la Dauphine , par celles de M. l'Abbé de
Murat , fon Aumônier en quartier ; Madame Adelaïde,
par celles de l'Evêque de Meaux , fon premier
Aumônier ; & Mefd . Victoire , Sophie & Louiſe ,
par celles de M. l'Abbé Barc , Chapelain du Roi.
Le premier & le 3 , le Roi foupa au grand couvert
chez la Reine avec la Famille royale.
M. Pitrou , Ingénieur des ponts & chauffées ,
ayant fait anciennement par ordre du Roi la vifite
de la riviere de Marne depuis Châlons jufqu'à
Charenton , a eftimé à treize millions les dépenfes
néceffaires pour faciliter la navigation de cette
riviere. Un autre Ingénieur commis auffi par Sa
Majeſté , a viſité la riviere d'Yonne : il a jugé qu'il
falloit dépenfer dix millions pour la rendre navigable
jufqu'à fon embouchure dans la Seine . M.
Macary , privilegié du Roi pour la fûreté de la
navigation , a foumis à la décision du Confeil un
projet différent , pour que le tiers au moins des
denrées deftinées à la confommation de Paris , y
foient amenées dans tous les tems de l'année ,
hors les cas extraordinaires des glaces & des débordemens
& pour que les frais de transport foient
toujours les mêmes . Selon le devis , la dépenfe ne
montera qu'à quatre millions trois cens vingtneuf
mille fix cens foixante- fix livres . Une Compagnie
fournira les fonds , & il n'en coutera rien
au Roi ni au public . L'auteur du projet , s'il eft autorifé
, demande feulement pour l'exécuter avec
La Compagnie, & pour entretenir les ouvrages , un
droit médiocre de navigation , qui fera à la charge
des Maîtres de barques.
Le mémoire de M. Macary a été renvoyé par le
Confeil à Mr de Bernage ; Confeiller d'Etat or-
Ιν
202 MERCURE DE FRANCE.
dinaire , Prévôt des Marchands , pour que le Bureau
de la ville donne fon avis fur les propoſitions
qui y font continues.
Le 9 Novembre , le Roi déclara la nomination
au chapeau de Cardinal que Madame la Dauphine
a obtenu pour l'Archevêque de Sens , fon premier
Aumônier .
Le 12 , l'ouverture du Parlement fe fit avec les
cérémonies accoutumées , par une Meffe folemnelle
, que M. l'Abbé de Sailly , Chantre de la Sainte
Chapelle , célébra dans la Chapelle de la grande
Salle du Palais , & à laquelle M. de Maupeou , premier
Préfident , & les Chambres affifterent .
Le 13 , le Marquis de Malefpina qui eft venu
pour complimenter leurs Majeftés de la part de
I'Infant Duc & de Madame Infante Ducheffe de
Parme , fur la naiffance de Monfeigneur le Duc de
Berry , prit congé du Roi , de la Reine & de la Famille
royale.
Le Roi a fixé au 18 fon départ de Fontainebleau.
Des fix places de Docteurs Aggrégés qui étoient
vacantes dans la Faculté de Droit de Paris , les
trois premieres ont été adjugées par cette Faculté
à MM. Sauvage , Boyer & Lalourcey , Docteurs
de Paris. Le concours pour les trois autres places
doit s'ouvrir le 19 de Décembre.
On mande de Strasbourg que le Margrave &
la Margrave de Brandebourg- Bareith y ont paffé
en allant à Montpellier.
Les mêmes lettres marquent qu'on a effuyé
pendant le mois dernier plufieurs facheux orages
dans une partie de l'Alface.
Le 14 de ce mois , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à dix - huit cens trente livres ;
les Billets de la premiere lotterie royale , à fept
cens foixante -dix livres ; & ceux de la feconde , à
fix cens foixante- dix.
Envoyé extraordinaire du Roi de Portugal , eut
une audience particuliere du Roi , dans laquelle
il préfenta à Sa Majefté une lettre de compliment
du Roi fon Maître , fur l'heureux accouchement
de Madame la Dauphine , & fur la naiffance de
Monfeigneur le Duc de Berry. Le Commandeur
de la Cerda fut conduit à cette audience par M.
Dufort , Introducteur des Ambaſſadeurs .
Le même jour leurs Majeftés accompagnées de
la Famille Royale , affifterent aux Vêpres & au
Salut dans la Chapelle du Château.
Le Roi a érigé la Terre de Marigny en Marquifat
, en faveur de M. de Vandiere , Directeur
& Ordonnateur Général des Bâtimens. Il a eu
l'honneur d'être préfenté le 9 à leurs Majeftés &
à la Famille royale , & d'entrer deux jours après
dans les carroffes du Roi.
L'ouverture de l'affemblée des Etats de Bretagne
s'eft faite à Rennes le 14 .
Le 15 , fête de Sainte Therefe , la Reine entendit
la Meffe dans l'Eglife du Couvent des Carmes
réclus des Loges.
Monfeigneur le Dauphin & Mefdames de
France affifterent l'après- midi au Salut dans la
même Eglife.
Le Comte de Sartiranne Ambaffadeur ordinaire
du Roi de Sardaigne , eut le même jour une
audience particuliere du Roi , dans laquelle il
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
donna part à Sa Majesté , au nom du Roi fon
Maître , de l'heureux accouchement de Madame
la Ducheffe de Savoye , & de la naiſſance d'un
Prince. Cet Ambaffadeur fut conduit à cette audience
, ainsi qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , de Madame la Dauphine ,
de Madame Adelaide , & de Mefdames Victoire ,
Sophie & Louife , par le même Introducteur,
Suivant les lettres de Toulon , le Duc de Penthievre
vifita le 29 de Septembre la galere la
Brave. Ce Prince alla le jour fuivant à l'arfenal ,
pour voir les Gardes de la Marine faire l'exercice.
A fon paffage fur le port , il fat falué par le vaiſfeau
amiral & par les galeres . L'exercice des Gardes
de la Marine étant fini , le Duc de Penthievre
fe rendit à bord du vaiffeau le Foudroyant. Le premier
Octobre ce Prince vit le parc d'artillerie,,
& fit le tour des remparts du côté de la rade ; il
alla le 3 vifiter la grande tour. Après le dîner il
vifita le Fort de la Malgue , d'où il paffa à celui
d'Artigues. Le 4 vers les trois heures après- midi ,
le Duc de Penthievre s'embarqua fur un canot , &
fut fuivi par tous les canots , ainfi que par toutes
les barques & les chaloupes qui étoient dans le
port. Dès que le Prince parut dans la rade , les
quatre galeres definées à le conduire en Italie ,
& qui étoient prêtes à partir pour aller l'attendre
à Antibes , le faluerent à fon paffage , ce que fit
auffi la Frégate la Thetis. Toute cette flotille s'avança
à deux lieues en mer , & l'on donna au Duc
de Penthievre le divertiffement de la pêche du
thon. Au retour , les galeres qui avoient déja tiré
deux coups de canon pout annoncer leur départ ,
vinrent l'une après l'autre à force de rames paffer
devant le canot du Prince , & firent une nouvelle
falve de toute leur artillerie . Le tems étoit fi fa
DECEMBRE. 1754. 197
•
vorable pour la avigation , qu'une demi-heure
après on les perdit de vite. Lorfque le foleil fut
fous l'horizon , trois galiotes à bombes placées
dans la petite rade , tirerent chacune fix bombes.
Les le Prince fit le tour des remparts en dedans
de la ville. Sur les fept heures du foir les galiotes
tirerent encore vingt- quatre bombes , & le Duc
de Penthievre vit ce fpectacle de fon appartement.
Ce Prince partit le 7 de Toulon , & alla coucher
au Luc : il s'eft rendu le lendemain à Fréjus , &
le 9 à Antibes ; le 12 il est parti d'Antibes pour
Gênes.
Les nouvelles de Marſeille du 17 portent qu'il
y étoit arrivé à bord du vaiffeau Anglois le Deptford
, vingt-fept efclaves François qui ont été embarqués
fur ce bâtiment à Gibraltar , & qui avoient
été rachetés peu de tems auparavant dans le
Royaume de Maroc par les Religieux des Ordres
de la Sainte Trinité & de Notre-Dame de la
Mercy. Ces efclaves ayant fait leur quarantaine à
Carthagene , ont eu l'entrée le 13 , & ont été reçus
par les Peres François Baurans & Paulin Gobin
, Commiffaires des deux Ordres.
Le 19 & le 20 d'Octobre , leurs Majeftés accompagnées
de la Famille Royale , aflifterent aux
Vêpres & au Salut dans la Chapelle du Château .
Le Roi foupa le 20 au grand couvert chez la
Reine .
Le même jour la Marquife de Fontange fit fes
révérences au Roi , à la Reine & à la Famille
Royale,
Leurs Majeftés fignerent le même jour le contrat
de mariage du Comte de Salvert & de la
Demoiſelle de Sabrevois , fille de M. de Sabrevois
, Maréchal des camps & armées du Roi ,
Lieutenant général d'artillerie , & Commandant
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
en chef au départément général d'Alface , de
Bourgogne & de Franche Comté.
Le 20 l'Evêque de Gap nommé à l'Evêché d'Auxerre
, fit dans l'Eglife des Miffions étrangeres
la cérémonie de bénir le nouvel Abbé de l'Abbaye
réguliere de Saint Amand.
Le Roi a nommé Chevalier de l'Ordre de Saint
Michel M. Pitot , Penfionnaire vétéran de l'Académie
Royale des Sciences , Membre de la Société
Royale de Londres , Directeur du canal & des
travaux publics de la Province de Languedoc.
Le 22 M. Gualterio , Archevêque de Mira ,
Nonce ordinaire du Pape , eut une audience particuliere
du Roi , dans laquelle il préfenta à Sa
Majesté M. Molinari , Archevêque de Damas ,
qui paffe par la France pour fe rendre à fa Nonciature
de Bruxelles . M. Guakerio fut conduit à
cette audience , ainſi qu'à celles de la Reine , de
Monfeigneur le Dauphin , de Madame la Dauphine
, de Madame Adelaide & de Mefdames
Victoire , Sophie & Louife , par M. Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs .
›
Le Comte Turpin , Brigadier de cavalerie , &
Colonel d'un Régiment de Huffards , a préſenté
au Roi un ouvrage de fa compoſition fur l'Ars
militaire.
La place d'Aumônier du Roi , vacante par la
mort de M. l'Abbé de Caulincourt , a été donnée à
M.l'Abbé de Scey-Montbeillard , Abbé de l'Abbaye
de Saint André , Ordre de Prémontré , Diocefe
de Clermont.
Le Roi a envoyé au Parlement de Bretagne une
Déclaration datée du 8 Octobre , qui fut enregiftrée
le 17 du même mois.
Un Juif de Metz , âgé de trente-cinq ans , refut
le 10 Octobre à Saintes , par les mains de l'EDECEMBRE.
1754 199
vêque , les Sacremens de Baptême & de la Con
firmation. Il a eu pour parrein M. de Blair de
Boifmon , Intendant de la Rochelle , nommé à
l'Intendance de Valénciennes ; & pour marreine
la Dame de Parabere , Abbeffe de l'Abbaye de
Notre-Dame de Saintes , qui lui ont donné les
noms de Louis-Marie.
Depuis le 15 Octobre on a commencé à allu→
mer toutes les nuits à Calais , deux heures avant
& deux heures après la pleine mer , un fanal au
bout de la grande jettée du côté de l'oueft. Cela
s'obfervera pendant tout le tems de la pêche du
hareng , c'est - à- dire jufqu'au mois prochain , afin
de faciliter aux Pêcheurs l'entrée du port de Calais
. On en ufera de même deformais chaque année
dans cette faiſon.
Selon les lettres de Provence , la maison des
Penfionnaires établie à Aix le premier Octobre
1753 , au College Royal - Bourbon des Jefuites ,
en vertu d'un brevet du Roi , vient d'être achevée
Elle peut contenir jufqu'à cent jeunes gens,
Moyennant une nouvelle fondation , il y a actuellement
deux Profeffeurs de Rhétorique dans
ce College.
Le 24 l'Archevêque de Sens conféra le Sacrement
de la Confirmation à onze cens enfans dans
l'Eglife de la Communauté des Filles Bleues.
Le 26 le Roi quitta le deuil que Sa Majefté avoit
pris le 6 pour laReine Douairiere de Portugal.
Le Roi foupa le 27 au grand couvert chez la
Reine avec la Famille Royale.
Il a été fait par le Lord Powerscourt une ga.
geure , qu'il viendroit à cheval en deux heures de
la derniere maifon de Fontainebleau à la premiere
barriere des Gobelins . M. Baillon ,
loger de la Reine , a été chargé d'envoyer deux
Hor
I iiij
200 MERCURE DE FRANCE.
pendules à Fontainebleau , & d'en tenir deux à la
barriere des Gobelins fur la même heure , afin de
mefurer le tems que ce Seigneur Anglois employe
roit à fa courſe. Le 29 du mois dernier le Lord
Powerscourt eft parti de Fontainebleau à fept
heures neuf minutes quarante-cinq fecondes du
matin , & il eſt arrivé à huit heures quarante- fept
minutes vingt- fept fecondes à la barriere indiquée.
Il avoit deux relais fur la route. Une des
conditions de la gageure étoit qu'il ne monteroit
pas plus de trois chevaux , & il n'en a monté que
deux.
Selon les lettres de Gênes , le Duc de Penthievre
y eft arrivé le 19 Octobre , à trois heures
après- midi. Une députation de la République eft
allée le recevoir à fa galere , & l'a conduit au Pa-
Lais Brignolé , qui avoit été préparé pour le loge.
ment de ce Prince . Les Députés doivent l'accom
pagner par-tout pendant fon féjour à Gênes.
Le 31 , veille de la Fête de Tous les Saints , le
Roi & la Reine , accompagnés de la Famille royale
, affifterent au premieres Vêpres dans la Chapelle
du Château . Elles furent chantées par la Muſique ,
& l'Evêque de Chartres y officia.
Le premier Novembre , jour de la Fête , leurs
Majeftés accompagnées comme le jour précédent,
entendirent la grande Meffe célébrée pontificament
par le même Prélat . Le Roi , la Reine & la
Famille royale affifterent l'après- midi aux Vêpres
du jour chantées par la Mufique , aufquelles
Ï'Evêque de Chartres officia , & enfuite aux Vêpres
des Morts. Avant les Vêpres , leurs Majeftés
entendirent la Prédication du Pere de Neufville ,
de la Compagnie de Jeſus.
A l'occafion de la Fête , la Reine a communié
par les mains de l'Evêque de Chartres , fon preDECEMBRE
. 1754. 201
mier Aumônier ; Monfeigneur le Dauphin, par celles
de M. l'Abbé de Chabannes , Aumônier du Roi ;
Madame la Dauphine , par celles de M. l'Abbé de
Murat , fon Aumônier en quartier ; Madame Adelaïde,
par celles de l'Evêque de Meaux , fon premier
Aumônier ; & Mefd . Victoire , Sophie & Louiſe ,
par celles de M. l'Abbé Barc , Chapelain du Roi.
Le premier & le 3 , le Roi foupa au grand couvert
chez la Reine avec la Famille royale.
M. Pitrou , Ingénieur des ponts & chauffées ,
ayant fait anciennement par ordre du Roi la vifite
de la riviere de Marne depuis Châlons jufqu'à
Charenton , a eftimé à treize millions les dépenfes
néceffaires pour faciliter la navigation de cette
riviere. Un autre Ingénieur commis auffi par Sa
Majeſté , a viſité la riviere d'Yonne : il a jugé qu'il
falloit dépenfer dix millions pour la rendre navigable
jufqu'à fon embouchure dans la Seine . M.
Macary , privilegié du Roi pour la fûreté de la
navigation , a foumis à la décision du Confeil un
projet différent , pour que le tiers au moins des
denrées deftinées à la confommation de Paris , y
foient amenées dans tous les tems de l'année ,
hors les cas extraordinaires des glaces & des débordemens
& pour que les frais de transport foient
toujours les mêmes . Selon le devis , la dépenfe ne
montera qu'à quatre millions trois cens vingtneuf
mille fix cens foixante- fix livres . Une Compagnie
fournira les fonds , & il n'en coutera rien
au Roi ni au public . L'auteur du projet , s'il eft autorifé
, demande feulement pour l'exécuter avec
La Compagnie, & pour entretenir les ouvrages , un
droit médiocre de navigation , qui fera à la charge
des Maîtres de barques.
Le mémoire de M. Macary a été renvoyé par le
Confeil à Mr de Bernage ; Confeiller d'Etat or-
Ιν
202 MERCURE DE FRANCE.
dinaire , Prévôt des Marchands , pour que le Bureau
de la ville donne fon avis fur les propoſitions
qui y font continues.
Le 9 Novembre , le Roi déclara la nomination
au chapeau de Cardinal que Madame la Dauphine
a obtenu pour l'Archevêque de Sens , fon premier
Aumônier .
Le 12 , l'ouverture du Parlement fe fit avec les
cérémonies accoutumées , par une Meffe folemnelle
, que M. l'Abbé de Sailly , Chantre de la Sainte
Chapelle , célébra dans la Chapelle de la grande
Salle du Palais , & à laquelle M. de Maupeou , premier
Préfident , & les Chambres affifterent .
Le 13 , le Marquis de Malefpina qui eft venu
pour complimenter leurs Majeftés de la part de
I'Infant Duc & de Madame Infante Ducheffe de
Parme , fur la naiffance de Monfeigneur le Duc de
Berry , prit congé du Roi , de la Reine & de la Famille
royale.
Le Roi a fixé au 18 fon départ de Fontainebleau.
Des fix places de Docteurs Aggrégés qui étoient
vacantes dans la Faculté de Droit de Paris , les
trois premieres ont été adjugées par cette Faculté
à MM. Sauvage , Boyer & Lalourcey , Docteurs
de Paris. Le concours pour les trois autres places
doit s'ouvrir le 19 de Décembre.
On mande de Strasbourg que le Margrave &
la Margrave de Brandebourg- Bareith y ont paffé
en allant à Montpellier.
Les mêmes lettres marquent qu'on a effuyé
pendant le mois dernier plufieurs facheux orages
dans une partie de l'Alface.
Le 14 de ce mois , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à dix - huit cens trente livres ;
les Billets de la premiere lotterie royale , à fept
cens foixante -dix livres ; & ceux de la feconde , à
fix cens foixante- dix.
Fermer
Résumé : « Le 13 Octobre le Commandeur de la Cerda, Envoyé extraordinaire du Roi de Portugal, eut [...] »
Le 13 octobre, le Commandeur de la Cerda, envoyé extraordinaire du Roi de Portugal, a été reçu en audience privée par le Roi de France pour lui présenter une lettre de félicitations concernant l'accouchement de Madame la Dauphine et la naissance du Duc de Berry. Le même jour, Leurs Majestés et la Famille Royale ont assisté aux Vêpres et au Salut dans la Chapelle du Château. Le Roi a élevé la Terre de Marigny au rang de Marquisat en faveur de M. de Vandiere, Directeur et Ordonnateur Général des Bâtiments. Le 14 octobre, l'ouverture de l'assemblée des États de Bretagne a eu lieu à Rennes. Le 15 octobre, la Reine a entendu la messe dans l'église du Couvent des Carmes réclus des Loges, et le Dauphin ainsi que Mesdames de France ont assisté au Salut l'après-midi. Le Comte de Sartiranne, ambassadeur du Roi de Sardaigne, a informé le Roi de l'accouchement de la Duchesse de Savoie et de la naissance d'un prince. Le Duc de Penthièvre a visité plusieurs sites militaires et navals à Toulon avant de partir pour Gênes le 12 octobre. À Marseille, vingt-sept esclaves français ont été libérés et ramenés par les Religieux des Ordres de la Sainte Trinité et de Notre-Dame de la Mercy. Le 20 octobre, Leurs Majestés ont assisté aux Vêpres et au Salut, et le Roi a signé le contrat de mariage du Comte de Salvert et de Mademoiselle de Sabrevois. Le Roi a également nommé Chevalier de l'Ordre de Saint-Michel M. Pitot, et a reçu en audience l'Archevêque de Mira et l'Archevêque de Damas. Divers événements religieux et cérémoniels ont eu lieu, notamment la confirmation de nombreux enfants et la fin du deuil du Roi pour la Reine Douairière de Portugal. Le Lord Powerscourt a réalisé une course à cheval entre Fontainebleau et Paris. Le Duc de Penthièvre est arrivé à Gênes le 19 octobre. Le 1er novembre, le Roi et la Famille Royale ont assisté à des cérémonies religieuses à l'occasion de la Toussaint. Le Roi a également déclaré la nomination de l'Archevêque de Sens au chapeau de Cardinal. Le Parlement a ouvert sa session avec une messe solennelle. Le Marquis de Malespina a pris congé après avoir félicité la Famille Royale pour la naissance du Duc de Berry.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1179
p. 31-36
LISIMAQUE.
Début :
Lorsqu'Alexandre eut détruit l'Empire des Perses, il voulut que l'on crût [...]
Mots clefs :
Lysimaque, Alexandre, Roi, Courage, Callisthène
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LISIMAQUE.
L'Auteur de l'Esprit des loix nous a permis
d'imprimer le morceau fuivant qu'il a
fait pour l'Académie de Nancy : cette fiction
eft fi intereffante & fi noble qu'il n'eft pas
poffible de la tire fans aimer & fans admirer
le grand Prince qui en est l'objet.
LISIMA QUE.
Lorfqu'Alexandre eut détruit l'Empire
Perfes , il voulut que l'on crût
qu'il étoit fils de Jupiter. Les Macédoniens
étoient indignés de voir ce Prince
rougir d'avoir Philippe pour pere : leur
mécontentement s'accrut lorfqu'ils le virent
prendre les moeurs , les habits & les
manieres des Perfes , & ils fe reprochoient
tous d'avoir tant fait pour un homme qui
commençoit à les méprifer ; mais on murmuroit
dans l'armée , & l'on ne parloit
pas.
Un Philofophe nommé Calisthene, avoit
fuivi le Roi dans fon expédition : un jour
qu'il le falua à la maniere des Grecs ;
d'où vient , lui dit Alexandre , que tu ne
B.iiij
32 MERCURE DE FRANCE.
m'adores pas ? Seigneur , lui dit Califthene
, vous êtes le maître de deux nations ;
l'une efclave avant que vous l'euffiez ſoumife
, ne l'eft pas moins depuis que vous
l'avez vaincue ; l'autre libre avant qu'elle
vous fervît à remporter tant de victoires ,
l'eft encore depuis que vous les avez remportées.
Je fuis Grec , Seigneur , & ce
nom vous l'avez élevé fi haut que fans
vous faire tort , il ne vous eft plus permis
de l'avilir .
Les vices d'Alexandre étoient extrêmes
comme fes vertus ; il étoit terrible dans
fa colere , elle le rendoit cruel : il fit couper
les pieds , le nez & les oreilles à Califthene
, ordonna qu'on le mît dans une
cage de fer , & le fit porter ainfi à la fuite
de l'armée .
J'aimois Califthene , & de tous tems
lorfque mes occupations me laiffoient quelques
heures de loifir , je les avois employées
à l'écouter ; & fi j'ai de l'amour
pour la vertu , je le dois aux impreffions
que fes difcours faifoient fur mon coeur.
J'allai le voir : je vous falue , lui dis - je ,
illuftre malheureux , que je vois dans une
cage de fer , comme on enferme les bêtes
féroces , pour avoir été le feul homme de
l'armée.
Lifimaque , me dit- il , quand je fuis
DECEMBRE. 1754. 33
dans une fituation qui demande de la
force & du courage , je me crois en quelque
maniere à ma place ; en vérité fi les
Dieux ne m'avoient mis fur la terre que
pour y mener une vie molle & voluptueufe
, je croirois qu'ils m'auroient donné en
vain une ane grande & immortelle : jouir
des plaifis des fens eſt une choſe dont tous
les hommes font aifément capables ; & fi
les Dieux ne nous ont fait que pour cela ,
ils ont fait un ouvrage plus parfait qu'ils
n'ont voulu , & ils ont plus exécuté qu'entrepris.
Ce n'eft pas , ajouta-t- il , que je
fois infenfible ; vous ne me faites que trop
voir que je ne le fuis pas : quand vous êtes
venu à moi , j'ai trouvé d'abord quelque
plaifir à vous voir faire une action de
courage ; mais au nom des Dieux , que
ce foit pour la derniere fois , laiffez- moi
foutenir mes malheurs , & n'ayez pas la
eruauté d'y joindre encore les vôtres.
Califthene , lui dis - je , je vous verrai
tous les jours : fi le Roi vous voyoit abandonné
des gens vertueux il n'auroit plus
de remords , & commenceroit à vous croire
coupable. Ah ! j'efpere qu'il ne jouira pas
du plaifir de voir que la crainte de fes châtimens
me fait abandonner un ami.
Un jour Califthene me dit : les Dieux
immortels m'ont confolé , & depuis ce
Bv
34 MERCURE DE FRANCE .
ems je fens en moi quelque chofe de divin
qui m'a ôté le fentiment de mes peines ; j'ai
vû en fonge le grand Jupiter , vous étiez auprès
de lui , vous aviez un fceptre à la main
& un bandeau royal fur le front ; il vous a
montré à moi , & m'a dit : il te rendra heureux.
L'émotion où j'étois m'a réveillé ;
je me fuis trouvé les mains au Ciel , &
faifant des efforts pour dire : grand Jupiter
, fi Lifimaque doit regner ,
fais qu'il
regne avec juſtice . Lifimaque , vous regne
rez , croyez un homme qui doit être agréa
ble aux Dieux , puifqu'il fouffre pour la
vertu .
Cependant Alexandre ayant appris que
je refpectois la mifere de Califthene , que
j'allois le voir , & que j'ofois le plaindre ,
entra dans une nouvelle fureur : va , ditil
, combattre contre les lions , malheu
reux qui te plais tant à vivre avec les bêtes
féroces. On différa mon fupplice pour le
faire fervir de fpectacle à plus de.gens.
Le jour qui le précéda j'écrivois ces mots
à Califthene je vais mourir , toutes les
idées que vous m'aviez données de ma
future grandeur fe font évanouies de mon
efprit ; j'aurois fouhaité d'adoucir les malheurs
d'un homme tel que vous ... Préxaque
, à qui je m'étois confié , m'apporta
cette réponſe.
DECEMBRE. 1754 . 35.
Lifimaque , fi les Dieux ont réfolu que
vous regniez , Alexandre ne peut pas vous
ôter la vie ; car les hommes ne refiftent
pas à la volonté des Dieux .
Cette lettre m'encouragea , & faifant
réflexion que les hommes les plus heureux
& les plus malheureux font également environnés
de la main divine , je réfolus de
me conduire , non pas par mes efpérances
, mais par mon courage , & de défendre
jufqu'à la fin une vie fur laquelle il
y avoit de fi grandes promeffes.
On me mena dans la carriere ; un peuple
immenfe étoit accouru pour être témoin
de mon courage ou de ma frayeur :
on me lâcha un lion furieux . J'avois plié
mon manteau autour de mon bras ; je lui
préfentai ce bras , il voulut le dévorer ;
je lui faifis la langue , la lui arrachai , &
le jettai à mes pieds.
Alexandre aimoit naturellement les actions
courageufes , il admira ma réſolution
, & ce moment fut celui du retour
de fa grande ame. Il me fit appeller , &
me tendant la main : Lifimaque , me ditil
, je te rends mon amitié , rends-moi la
tienne ; ma colere n'a fervi qu'à te faire
faire une action qui manque à la vie d'Alexandre.
Je reçus les graces du Roi , j'adorai
les décrets des Dieux , & j'attendis
B vj
36 MERCURE DE FRANCE.
leurs promeffes fans les chercher ni les
fuir.
que
Alexandre mourut , & toutes les nations
furent fans maître . Les fils du Roi étoient
dans l'enfance , & fon frere Aridée n'en
étoit pas encore forti . Olimpias n'avoit
la hardieffe des ames foibles , & tout
ce qui étoit cruauté étoit pour elle du courage.
Roxane , Euricide , Statire étoient
perdues dans la douleur ; tout le monde
dans le Palais fçavoit gémir , & perfonne
ne fçavoit regner. Les Capitaines d'Alexandre
leverent donc les yeux fur ſon trône
; mais l'ambition de chacun fut con
tenue par l'ambition de tous . Nous partageâmes
l'Empire , & chacun de nous
crut avoir partagé le prix de fes fatigues.
Le fort me fit Roi d'Alie , & à préfent que
je puis tout , j'ai plus befoin que jamais
des leçons de Califthene . Sa joie m'annonce
que j'ai fait quelque bonne action , & fes
foupirs me difent que j'ai quelque mal à
réparer. Je le trouve entre mor & les
Dieux , je le retrouve entre mon peuple &
moi. Je fuis le Roi d'un peuple qui m'aime;
les peres de famille efperent la longueur
de ma vie , comme celle de leurs
enfans ; les enfans craignent de me perdre
, comme ils craignent de perdre leur
pere ;mes fujets font heureux, & je le fuis,
d'imprimer le morceau fuivant qu'il a
fait pour l'Académie de Nancy : cette fiction
eft fi intereffante & fi noble qu'il n'eft pas
poffible de la tire fans aimer & fans admirer
le grand Prince qui en est l'objet.
LISIMA QUE.
Lorfqu'Alexandre eut détruit l'Empire
Perfes , il voulut que l'on crût
qu'il étoit fils de Jupiter. Les Macédoniens
étoient indignés de voir ce Prince
rougir d'avoir Philippe pour pere : leur
mécontentement s'accrut lorfqu'ils le virent
prendre les moeurs , les habits & les
manieres des Perfes , & ils fe reprochoient
tous d'avoir tant fait pour un homme qui
commençoit à les méprifer ; mais on murmuroit
dans l'armée , & l'on ne parloit
pas.
Un Philofophe nommé Calisthene, avoit
fuivi le Roi dans fon expédition : un jour
qu'il le falua à la maniere des Grecs ;
d'où vient , lui dit Alexandre , que tu ne
B.iiij
32 MERCURE DE FRANCE.
m'adores pas ? Seigneur , lui dit Califthene
, vous êtes le maître de deux nations ;
l'une efclave avant que vous l'euffiez ſoumife
, ne l'eft pas moins depuis que vous
l'avez vaincue ; l'autre libre avant qu'elle
vous fervît à remporter tant de victoires ,
l'eft encore depuis que vous les avez remportées.
Je fuis Grec , Seigneur , & ce
nom vous l'avez élevé fi haut que fans
vous faire tort , il ne vous eft plus permis
de l'avilir .
Les vices d'Alexandre étoient extrêmes
comme fes vertus ; il étoit terrible dans
fa colere , elle le rendoit cruel : il fit couper
les pieds , le nez & les oreilles à Califthene
, ordonna qu'on le mît dans une
cage de fer , & le fit porter ainfi à la fuite
de l'armée .
J'aimois Califthene , & de tous tems
lorfque mes occupations me laiffoient quelques
heures de loifir , je les avois employées
à l'écouter ; & fi j'ai de l'amour
pour la vertu , je le dois aux impreffions
que fes difcours faifoient fur mon coeur.
J'allai le voir : je vous falue , lui dis - je ,
illuftre malheureux , que je vois dans une
cage de fer , comme on enferme les bêtes
féroces , pour avoir été le feul homme de
l'armée.
Lifimaque , me dit- il , quand je fuis
DECEMBRE. 1754. 33
dans une fituation qui demande de la
force & du courage , je me crois en quelque
maniere à ma place ; en vérité fi les
Dieux ne m'avoient mis fur la terre que
pour y mener une vie molle & voluptueufe
, je croirois qu'ils m'auroient donné en
vain une ane grande & immortelle : jouir
des plaifis des fens eſt une choſe dont tous
les hommes font aifément capables ; & fi
les Dieux ne nous ont fait que pour cela ,
ils ont fait un ouvrage plus parfait qu'ils
n'ont voulu , & ils ont plus exécuté qu'entrepris.
Ce n'eft pas , ajouta-t- il , que je
fois infenfible ; vous ne me faites que trop
voir que je ne le fuis pas : quand vous êtes
venu à moi , j'ai trouvé d'abord quelque
plaifir à vous voir faire une action de
courage ; mais au nom des Dieux , que
ce foit pour la derniere fois , laiffez- moi
foutenir mes malheurs , & n'ayez pas la
eruauté d'y joindre encore les vôtres.
Califthene , lui dis - je , je vous verrai
tous les jours : fi le Roi vous voyoit abandonné
des gens vertueux il n'auroit plus
de remords , & commenceroit à vous croire
coupable. Ah ! j'efpere qu'il ne jouira pas
du plaifir de voir que la crainte de fes châtimens
me fait abandonner un ami.
Un jour Califthene me dit : les Dieux
immortels m'ont confolé , & depuis ce
Bv
34 MERCURE DE FRANCE .
ems je fens en moi quelque chofe de divin
qui m'a ôté le fentiment de mes peines ; j'ai
vû en fonge le grand Jupiter , vous étiez auprès
de lui , vous aviez un fceptre à la main
& un bandeau royal fur le front ; il vous a
montré à moi , & m'a dit : il te rendra heureux.
L'émotion où j'étois m'a réveillé ;
je me fuis trouvé les mains au Ciel , &
faifant des efforts pour dire : grand Jupiter
, fi Lifimaque doit regner ,
fais qu'il
regne avec juſtice . Lifimaque , vous regne
rez , croyez un homme qui doit être agréa
ble aux Dieux , puifqu'il fouffre pour la
vertu .
Cependant Alexandre ayant appris que
je refpectois la mifere de Califthene , que
j'allois le voir , & que j'ofois le plaindre ,
entra dans une nouvelle fureur : va , ditil
, combattre contre les lions , malheu
reux qui te plais tant à vivre avec les bêtes
féroces. On différa mon fupplice pour le
faire fervir de fpectacle à plus de.gens.
Le jour qui le précéda j'écrivois ces mots
à Califthene je vais mourir , toutes les
idées que vous m'aviez données de ma
future grandeur fe font évanouies de mon
efprit ; j'aurois fouhaité d'adoucir les malheurs
d'un homme tel que vous ... Préxaque
, à qui je m'étois confié , m'apporta
cette réponſe.
DECEMBRE. 1754 . 35.
Lifimaque , fi les Dieux ont réfolu que
vous regniez , Alexandre ne peut pas vous
ôter la vie ; car les hommes ne refiftent
pas à la volonté des Dieux .
Cette lettre m'encouragea , & faifant
réflexion que les hommes les plus heureux
& les plus malheureux font également environnés
de la main divine , je réfolus de
me conduire , non pas par mes efpérances
, mais par mon courage , & de défendre
jufqu'à la fin une vie fur laquelle il
y avoit de fi grandes promeffes.
On me mena dans la carriere ; un peuple
immenfe étoit accouru pour être témoin
de mon courage ou de ma frayeur :
on me lâcha un lion furieux . J'avois plié
mon manteau autour de mon bras ; je lui
préfentai ce bras , il voulut le dévorer ;
je lui faifis la langue , la lui arrachai , &
le jettai à mes pieds.
Alexandre aimoit naturellement les actions
courageufes , il admira ma réſolution
, & ce moment fut celui du retour
de fa grande ame. Il me fit appeller , &
me tendant la main : Lifimaque , me ditil
, je te rends mon amitié , rends-moi la
tienne ; ma colere n'a fervi qu'à te faire
faire une action qui manque à la vie d'Alexandre.
Je reçus les graces du Roi , j'adorai
les décrets des Dieux , & j'attendis
B vj
36 MERCURE DE FRANCE.
leurs promeffes fans les chercher ni les
fuir.
que
Alexandre mourut , & toutes les nations
furent fans maître . Les fils du Roi étoient
dans l'enfance , & fon frere Aridée n'en
étoit pas encore forti . Olimpias n'avoit
la hardieffe des ames foibles , & tout
ce qui étoit cruauté étoit pour elle du courage.
Roxane , Euricide , Statire étoient
perdues dans la douleur ; tout le monde
dans le Palais fçavoit gémir , & perfonne
ne fçavoit regner. Les Capitaines d'Alexandre
leverent donc les yeux fur ſon trône
; mais l'ambition de chacun fut con
tenue par l'ambition de tous . Nous partageâmes
l'Empire , & chacun de nous
crut avoir partagé le prix de fes fatigues.
Le fort me fit Roi d'Alie , & à préfent que
je puis tout , j'ai plus befoin que jamais
des leçons de Califthene . Sa joie m'annonce
que j'ai fait quelque bonne action , & fes
foupirs me difent que j'ai quelque mal à
réparer. Je le trouve entre mor & les
Dieux , je le retrouve entre mon peuple &
moi. Je fuis le Roi d'un peuple qui m'aime;
les peres de famille efperent la longueur
de ma vie , comme celle de leurs
enfans ; les enfans craignent de me perdre
, comme ils craignent de perdre leur
pere ;mes fujets font heureux, & je le fuis,
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Résumé : LISIMAQUE.
Le texte relate une fiction écrite par l'auteur de 'L'Esprit des lois' pour l'Académie de Nancy. Cette œuvre met en scène le prince Lysimaque et Alexandre le Grand. Après avoir conquis l'Empire perse, Alexandre revendique une ascendance divine, ce qui suscite l'indignation des Macédoniens. Son adoption des coutumes perses accentue encore davantage le mécontentement de ses soldats. Le philosophe Callisthène, présent lors de l'expédition, refuse d'adorer Alexandre comme un dieu, ce qui provoque la colère du roi. En conséquence, Alexandre fait mutiler Callisthène et le fait enfermer dans une cage de fer. Lysimaque, ami de Callisthène, lui rend visite malgré les dangers. Callisthène exprime sa résignation face à son sort et encourage Lysimaque à ne pas abandonner ses visites. Plus tard, Callisthène révèle à Lysimaque un songe où Jupiter lui prédit qu'il régnera avec justice. Alexandre, apprenant les visites de Lysimaque à Callisthène, le condamne à combattre un lion. Lysimaque survit au combat, impressionnant Alexandre qui lui rend son amitié. À la mort d'Alexandre, les nations restent sans maître. Les capitaines d'Alexandre se partagent l'empire, et Lysimaque devient roi d'Alié. Il continue de chercher les conseils de Callisthène pour gouverner avec justice et sagesse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1180
p. 39-71
L'EDUCATION D'UN PRINCE.
Début :
Théophile. Voici un lieu fort champêtre, Prince ; [...]
Mots clefs :
Éducation, Éducation d'un prince, Prince, Hommes, Homme, Nature, Sang, Esprit, Seigneur, Raison, Vérité, Vertus, Gouverneur, Dialogue, Marivaux, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'EDUCATION D'UN PRINCE.
L'EDUCATION D'UN PRINCE.
Cfont tres anciens. Un Seigneur qui
Es dialogues qu'on donne au public ,
hérita , il y a quelque tems , d'un de fes
parens , les trouva dans le château où ce
parent étoit mort ; ils étoient confondus
avec d'autres papiers extrêmement anciens
auffi ; on n'en a changé que le langage gaulois
, par lequel il paroît , au jugement de
quelques fçavans , qu'il y a pour le moins
quatre fiécles qu'ils font écrits . On ne fçait
point non plus quel en eft l'auteur ; tout ce
qu'on en peut croire , c'eft qu'ils ont fervi
à l'éducation de quelqu'un de nos Rois ,
ou de quelques Princes deftinés à regner.
Quoiqu'il en foit , en voici le premier ,
dont les détails font affez fimples . C'eſt un
40 MERCURE DE FRANCE.
Gouverneur & un jeune Prince qui s'entretiennent
enfemble , tous deux apparemment
fous des noms fuppofés , puifque le
Prince a celui de Théodofe , & le Gouver
neur celui de Théophile.
PREMIER DIALOGUE.
Théophile.
Voici un lieu fort champêtre , Prince ;
voulez- vous que nous nous y arrêtions ?
Théodofe.
Comme il vous plaira.
Théophile.
Vous me paroiffez aujourd'hui bien férieux
; la promenade vous ennuie-t-elle ?
Auriez vous mieux aimé refter avec ces
jeunes gens que nous venons de quitter ?
Théodofe.
Mais je vous avoue qu'ils m'amufoient,
Théophile.
Vous me fçavez donc bien mauvais gré
de vous avoir amené ici : n'eft- il pas vrai
que vous me trouvez dans mille momens
un homme bien incommode ? je pense que
DECEMBRE . 1754. 41
vous ne m'aimerez gueres quand vous
ferez débarraffé de moi.
Théodofe.
Pourquoi me dites- vous cela vous vous
trompez.
Théophile.
Combien de fois me fuis- je apperçu que
je vous fatiguois , que je vous étois defagréable
?
Théodofe.
Ah ! defagréable , c'eft trop dire : vous
m'avez quelquefois gêné , contrarié , quelquefois
fait faire des chofes qui n'étoient
pas de mon goût ; mais votre intention
étoit bonne , & je ne fuis pas affez injuſte
pour en être fâché contre vous.
Théophile.
C'est-à - dire que mes foins & mes attentions
ne m'ont point encore brouillé
avec vous ; que vous me pardonnez tout
le zele & même toute la tendreffe avec laquelle
j'ai travaillé à votre éducation : voilà
précisément ce que vous voulez bien
oublier en ma faveur .
Théodofe.
Ce n'eft point là ma pensée , & vous
42 MERCURE DE FRANCE.
me faites une vraie chicanne ; je viens
d'avouer que vous m'avez quelquefois chagriné
, mais que je compte cela pour rien ,
que je n'y fonge plus , que je n'en ai point
de rancune ; que puis-je dire de plus ?
Théophile.
Jugez-en vous - même. Si quelqu'un vous
voyoit dans un grand péril , qu'il ne pût
vous en tirer , vous fauver la vie qu'en
vous faifant une légere douleur , feroit- il
jufte lorsque vous feriez hors de danger ,
de vous en tenir à lui dire , vous m'avez
fait un petit mal , vous m'avez un peu trop
preffé le bras , mais je n'en ai point de rancune
, & je vous le pardonne è
Théodofe.
Ah ! vous avez raiſon , il y auroit une
ingratitude effroyable à ce que vous me
dites là ; mais c'eft de quoi il n'eft pas queftion
ici : je ne fçache pas que vous m'ayez
jamais fauvé la vie.
Théophile.
Non , le fervice que j'ai tâché de vous
rendre eft encore plus grand ; j'ai voulu
vous fauver du malheur de vivre fans gloire.
Je vous ai vû expofé à des défauts qui
auroient fait périr les qualités de votre
DECEMBRE.
1754 43
ame , & c'eſt à la plus noble partie de vousmême
que j'ai , pour ainfi dire , tâché de
conferver la vie. Je n'ai pû y réuffir qu'en
vous contrariant , qu'en vous gênant quelquefois
: il vous en a coûté de petits chagrins
; c'est là cette légere douleur dont je
parlois tout -à- l'heure : vous contentezvous
encore de dire , je n'y fonge plus.
Théodofe.
Non , Théophile , je me trompois , & je
me dédis de tout mon coeur ; je vous ai en
effet les plus grandes obligations.
Théophile.
Point du tout , je n'ai fait que mon devoir
, mais il y a eu du courage à le faire :
vous m'aimeriez bien davantage fi je l'avois
voulu ; il n'a tenu qu'à moi de vous être
extrêmement agréable , & de gagner pour
jamais vos bonnes graces ; ce n'eût été qu'à
vos dépens , à la vérité.
Théodofe.
A mes dépens , dites-vous ?
Théophile.
Oui , je n'avois qu'à vous trahir pour
vous plaire, qu'à négliger votre inftruction
, qu'à laiffer votre coeur & votre ef44
MERCURE DE FRANCE .
prit devenir ce qu'ils auroient pû , qu'à
vous abandonner à vos humeurs ,à vos impatiences
, à vos volontés impétueufes , à
votre dégoût pour tout ce qui n'étoit pas
diffipation & plaifir . Convenez - en , la
moindre petite contradiction vous irritoit ,
vous étoit infupportable ; & ce qui eft encore
pis , j'ai vu le tems où ceux qui vous
entouroient , n'étoient précisément pour
vous que des figures qui amufoient vos
yeux ; vous ne fçaviez pas que c'étoit des
hommes qui penfoient , qui vous examinoient
, qui vous jugeoient , qui ne demandoient
qu'à vous aimer , qu'à pouvoir
vous regarder comme l'objet de leur amour
& de leur efpérance . On peut vous dire cela
aujourd'hui que vous n'êtes plus de même ,
& que vous vous montrez aimable ; auffi
vous aime- t-on , auſſi ne voyez- vous autour
de vous que des vifages contens &
charmés
, que des refpects mêlés d'applau
diffement & de joie ; mais je n'en fuis pas
mieux avec vous , moi , pour vous avoir
appris à être bien avec tout le monde.
Theodofe.
Laiffons là ce que je vous ai répondu
d'abord , je le defavoue ; mais quand vous
dites qu'il n'y avoit qu'à m'abandonner à
mes défauts pour me plaire , que fçavez-
7
9
DECEMBRE. 1754. 45
vous fi je ne vous les aurois pas reprochés
quelque jour ?
Théophile.
Non , Prince , non , il n'y avoit rien à
craindre , vous ne les auriez jamais fçus ; il
faut avoir des vertus pour s'appercevoir
qu'on en manque , ou du moins pour être
fâché de n'en point avoir ; & des vertus ,
vous n'en auriez point eu : la maniere dont
je vous aurois élevé y auroit mis bon ordre
; & ce lâche Gouverneur qui vous auroit
épargné la peine de devenir vertueux
& raifonnable , qui vous auroit laiffé la
miférable douceur de vous gâter tout à vo
tre aiſe , vous feroit toujours refté dans
l'efprit comme l'homme du monde le plus
accommodant & du meilleur commerce ,
& non pas comme un homme à qui vous
pardonnez tout au plus le bien qu'il vous a
fait.
Théodofe.
Vous en revenez toujours à un mot que
j'ai dit fans réflexion.
Théophile.
Oui , Prince , je foupçonne quelquefois
que vous ne m'aimez
gueres , mais en re
vanche, on vous aimera , & je fuis content
; voilà ce que je vous devois à vous
46 MERCURE DE FRANCE.
& ce que je devois à tout le monde . Vous
fouvenez-vous d'un trait de l'hiftoire romaine
que nous lifions ce matin ? Qu'il me
tue , pourvu qu'il regne , difoit Agrippine en
parlant de Neron : & moi , j'ai dit fans
comparaifon , qu'il me haïffe pourvû qu'on
l'aime , qu'il ait tort avec moi pourvû qu'il
ne manque jamais à fa gloire , & qu'il
n'ait tort ni avec la raifon ni avec les ver
tus qu'il doit avoir.
Théodofe.
Qu'il me haïffe , dites -vous ; vous n'y
fongez pas , Théophile ; en vérité , m'en
foupçonnez -vous capable ?
ble
Théophile.
Lamaniere dont vous vous récriez fem
promettre qu'il n'en fera rien.
Théodofe.
Je vous en convaincrai encore mieux
dans les fuites , foyez en perfuadé.
Théophile.
Je crois vous entendre , Prince , & je
fuis extrêmement touché de ce témoigna
ge de votre bon coeur ; mais de grace , ne
vous y trompez point ; je ne vous rappelle
pas mes foins pour les vanter. Si je tâche
DECEMBRE. 1754. 47
de vous y rendre fenfible , c'eft afin que
vous les récompenfiez de votre confiance
& non pas de vos bienfaits. Nous allons
bientôt nous quitter , & j'ai beſoin aujour
d'hui que vous m'aimiez un peu ; mais c'eft
pour vous que j'en ai befoin , & non pas
our moi ; c'eft que vous m'en écouterez
plus volontiers fur ce qui me refte à vous
dire pour achever votre éducation,
Théodofe.
Ah ! parlez , Théophile , me voici , je
vousaffure , dans la difpofition où vous me
fouhaitez ; je fçai d'ailleurs que le tems
preffe , & que nous n'avons pas long- tems
â demeurer enſemble.
Théophile.
Et vous attendez que je n'y fois plus ?
n'eft- il vrai ? vous n'aurez plus de Gouverneur
, vous ferez plus libre , & cela
vous réjouit , convenez - en.
Théodofe.
Franchement il pourroit bien y avoir
quelque chofe de ce que vous dites là , &
le tout fans que je m'impatiente d'être
avec vous ; mais on aime à être le maître
de fes actions.
48 MERCURE DE FRANCE.
Théophile.
Raifonnons. Si juſqu'ici vous aviez été
le maître abfolu des vôtres , vous n'en auriez
peut-être pas fait une qui vous eût fait
honneur ; vous auriez gardé tous vos défauts
, par exemple.
Théodofe.
J'en ferois bien fâché.
Théophile.
C'est donc un bonheur pour vous de n'avoir
pas été votre maître. N'y a-t-il pas
de danger que vous le foyez aujourd'hui ?
ne vous défiez- vous pas de l'extrême envie
que vous avez de l'être : Votre raiſon
a fait du progrès fans doute ; mais prenez
garde : quand on eft fi impatient d'être
défait de fon Gouverneur , ne feroit- ce pas
figne qu'on a encore befoin de lui , qu'on
n'eft pas encore auffi raifonnable qu'on devroit
l'être car fi on l'étoit , ce Gouver
neur ne feroit plus fi incommode , il ne
gêneroit plus ; on feroit toujours d'accord
avec lui , il ne feroit plus que tenir compagnie
: qu'en pensez-vous ?
Théodofe.
Je rêve à votre réflexion .
Théophile:
DECEMBRE . 1754. 49
.
Théophile.
Il n'en eft pas de vous comme d'un particulier
de votre âge , votre liberté tire à
bien d'autres conféquences ; on fçaura bien
empêcher ce particulier d'abufer long- tems.
& à un certain point de la fienne ; mais
qui eft-ce qui vous empêchera d'abufer de
la vôtre qui eft- ce qui la réduira à de
juftes bornes ? quels fecours aura- t- on contre
vous que vos vertus , votre raiſon , vos
lumieres ? &
quoiqu'aujourd'hui vous ayez
de tout cela , êtes-vous für d'en avoir affez.
pour ne pas appréhender d'être parfaitement
libre ? Songez à ce que c'eft qu'une
liberté que votre âge & que l'impunité de
l'abus que vous en pouvez faire , rendront
fi dangereuſe. Si vous n'étiez pas naturellement
bon & généreux , fi vous n'aviez
pas le meilleur fond du monde , Prince ,
je ne vous tiendrois pas ce difcours - là
mais c'eft qu'avec vous il y a bien des reffources
, je vous connois , il n'y a que des
réflexions à vous faire faire.
Théodofe.
A la bonne heure , mais vous me faites
trembler ; je commence à craindre très-férieufement
de vous perdre.
11. Vol.
so MERCURE
DE FRANCE .
Théophile.
Voilà une crainte qui me charme , elle
part d'un fentiment qui vaut mieux que
tous les Gouverneurs du monde : ah ! que
je fuis content , & qu'elle nous annonce
une belle ame !
Il ne tiendra
Théodofe.
pas à moi que vous ne difiez
vrai ; courage , mettons à profit le tems
que nous avons à penfer enfemble
; nous
en refte-t-il beaucoup
?
Théophile.
Encore quelque mois .
Théodofe.
Cela eft bien court .
Théophile.
Je vous garantis que c'en fera plus qu'il
men faut pour un Prince capable de cette
réponſe là , fur-tout avec un homme qui
ne vous épargnera pas la vérité , d'autant
plus que vous n'avez que ce petit efpace
de tems-ci pour l'entendre , & qu'après
moi perfonne ne vous la dira peut-être ;
vous allez tomber entre les mains de gens
qui vous aimeront bien moins qu'ils n'auDECEMBRE.
1754.
ront envie que vous les aimiez , qui ne
voudront que vous plaire & non pas vous
inftruire , qui feront tout pour le plaifir
de votre amour propre , & rien le
pour
le profit de votre raifon .
Théodofe.
Mais n'y a-t-il pas
d'honnêtes gens qui
font d'un
caractere fûr , & d'un
honneur
à toute épreuve ?
Théophile.
Oui , il y en a par- tout , quoique tou
jours en petit nombre.
Théodofe.
Eh bien , j'aurai foin de me les attacher ;
de les
encourager à me parler ; je les préviendrai.
Théophile.
Vous le croyez que vous les préviendrez
; mais fi vous n'y prenez garde , je
vous avertis que ce feront ceux qui auront
le moins d'attrait pour vous , ceux pour
qui vous aurez le moins d'inclination &
que vous traiterez le plus froidement.
Théodofe.
Froidement moi qui me fens tant de
difpofition à les aimer , à les diftinguer ?
Cij
j2 MERCURE DE FRANCE.
Théophile.
Eh ! vous ne la garderez pas cette difpofition
là , leur caractere vous l'ôtera . Et
à propos de cela voulez- vous bien me dire
ce que vous penfez de Softene ? C'eſt un
des hommes de la Cour que vous voyez le
plus fouvent.
Theodofe.
Et un fort aimable homme , qui a tonjours
quelque chofe d'obligeant à vous dire
, & qui vous le dit avec grace , quoique
d'un air fimple & naturel . C'eſt un homme
que j'aime à voir , malgré la différence
de fon âge au mien , & je fuis perfuadé
qu'il m'aime un peu auffi . Je le fens à la
maniere dont il m'aborde , dont il me parle
, dont il écoute ce que je dis ; je n'ai
point encore trouvé d'efprit plus liant , plus
d'accord avec le mien.
Théophile.
Il eft vrai .
Théodofe.
Je ne penſe pas de même de Philante,
Je vous crois.
Théophile.
DECEMBRE . 1754 53
Théodofe.
Quelle différence ! celui- ci a un efprit
roide & férieux , je penfe qu'il n'eftime que
lui , car il n'approuve jamais rien ; ou s'il
approuve , c'est avec tant de réferve & d'un
air fi contraint , qu'on diroit qu'il a toujours
peur de vous donner trop de vanité ;
il est toujours de votre avis le moins qu'il
peut , & il vaudroit autant qu'il n'en fût
point du tout. Il y a quelques jours que
pendant que vous étiez fur la terraffe il
m'arriva de dire quelque chofe dont tout
le monde fe mit à rire , comme d'une fail
lie affez plaifante ; lui feul baiffa les yeux ,
en fouriant à la vérité , mais d'un fouris
qui fignifioit qu'on ne devoit pas rire.
Théophile.
Peut-être avoit-il raifon.
Théodofe.
Quoi ! raifon contre tout le monde ? eſtce
que jamais tout le monde a tort ? avoitil
plus d'efprit que trente perſonnes ?
Théophile.
Trente flateries font-elles une approbation
décident- elles de quelque chofe t
Ciij
34 MERCURE DE FRANCE.
Théodofe.
Comme vous voudrez ; mais Philante
n'eft pas mon homme.
Théophile.
Vous avez cependant tant de difpofition
à aimer les gens d'un caractere für &
d'un honneur à toute epreuve ?
Théodofe.
Affûrément , & je le dis encore.
Théophile.
Eh bien ! Philante eft un de ces hommes
que vous avez deffein de prévenir & de
vous attacher.
Théodofe.
Vous me furprenez , cet honnêteté- là
a donc bien mauvaife grace à l'être.
Théophile.
Tous les honnêtes gens lui reffemblent ,
les graces de l'adulation & de la faufferé
leur manquent à tous ; ils aiment mieux
quand il faut opter , être vertueux qu'agréables.
Vous l'avez vu par Philante : il
n'a pu dans l'occafion & avec fa probité
louer en vous que ce qu'il y a vû de louaDECEMBRE.
1754. 55
ble, & a pris le parti de garder le filence
fur ce qui ne l'étoit pas ; la vérité ne lui
a pas permis de donner à votre amour propre
toutes les douceurs qu'il demandoit ,
& que Softene lui a données fans fcrupule :
voilà ce qui vous a rebuté de Philante
ce qui vous l'a fait trouver fi froid , fi
peu affectueux , fi difficile à contenter ;
voilà ce caractere quí dans fes pareils vous
paroîtra fi fec , fi auftere , & fi critique en
comparaifon de la foupleffe des Softene ,
avec qui vous contracterez un fi grand befoin
d'être applaudi , d'être encenfé , je
dirois prefque d'être adoré.
Théodofe .
Oh ! vous en dites trop ; me prendraije
pour une divinité ? me feront - ils accroire
que j'en fuis une .
Théophile .
Non , on ne va pas fi loin , on ne fçauroit
, & je pense que l'exemple de l'Empereur
Caïus , dont nous lifions l'hiftoire
ces jours paffés , ne gâtera à préſent perfonne
.
Théodofe .
Vous me parlez d'un extravagant , d'une
tête naturellement folle.
Ciiij
36 MERCURE DE FRANCE.
Théophile.
11 eft vrai ; mais malgré la foibleffe de
fa tête , s'il n'avoit jamais été qu'un particulier
, il ne feroit point tombé dans la
folie qu'il eut , & ce fut la hauteur de fa
place qui lui donna ce vertige . Aujourd'hui
les conditions comme la fienne ne
peuvent plus être fi funeftes à la raiſon ,
elles ne fçauroient faire des effets fi terribles
; la religion , nos principes , nos lumieres
ont rendu un pareil oubli de foimême
impoffible , il n'y a plus moyen de
s'égarer jufques-là , mais tout le danger
n'eft pas ôté , & fi l'on n'y prend garde , il
y a encore des étourdiffemens où l'on
peut tomber , & qui empêchent qu'on ne
fe connoiffe : on ne fe croit pas une divinité
, mais on ne fçait pas trop ce qu'on
eft ni pour qui l'on fe prend , on ne fe
définit point. Ce qui eft certain , c'eſt
qu'on fe croit bien différent des autres
hommes : on ne fe dit pas , je fuis d'une
autre nature qu'eux ; mais de la maniere
dont on l'entend , on fe dit à peu près la
la valeur de cela.
Theodofe.
Attendez donc ; me tromperois-je quand
je me croirai plus que les autres hommes ?
DECEMBRE.
$7
1754.
Théophile.
Non dans un fens , vous êtes infiniment
plus qu'eux ; dans un autre vous êtes précifément
ce qu'ils font. '
Théodofe.
Précifement ce qu'ils font ! quoi ! le fang
'dont je fors....
Théophile.
Eft confacré à nos refpects , & devenu le
plus noble fang du monde ; les hommes fe
font fait & ont dû fe faire une loi inviolable
de le refpecter ; voilà ce qui vous
met au-deffus de nous. Mais dans la nature
, votre fang , le mien , celui de tous les
hommes , c'eft la même chofe ; nous le tirons
tous d'une fource commune ; voilà
par où vous êtes ce que nous fommes.
Théodofe.
A la rigueur , ce que vous dites là eſt
vrai ; mais il me femble qu'à préſent tout
cela n'eft plus de même , & qu'il faut raifonner
autrement ; car enfin penfez -vous
de bonne foi qu'un valet de pied , qu'un
homme du peuple eft un homme comme
moi , & que je ne fuis qu'un homme comme
lui ?
C v.
58 MERCURE DE FRANCE
Théophile.
Oui , dans la nature .
Théodofe.
Mais cette nature ; eft- il encore ici queftion
d'elle comment l'entendez- vous ?
Théophile.
Tout fimplement ; il ne s'agit pas d'une
penſée hardie , je ne hazarde rien , je ne
fais point le Philofophe , & vous ne me
foupçonnez pas de vouloir diminuer de
vos prérogatives ?
Théodofe.
Ce n'eft
pas là ce que j'imagine.
Théophile.
Elles me font cheres , parce que c'eft vous
qui les avez ; elles me font facrées , parce
que vous les tenez , non feulement des
hommes , mais de Dieu même ; fans compter
que de toutes les façons de penfer , la
plus ridicule , la plus impertinente & la.
plus injufte feroit de vouloir déprimer la
grandeur de certaines conditions abfolument
néceffaires. Mais à l'égard de ce que
nous difions tout - à - l'heure , je parle en
homme qui fuit les lumieres du bon feas
DECEMBRE. 1754.. 59
le plus ordinaire , & la peine que vous
avez à m'entendre , vient de ce que je vous
difois tout à -l'heure , qui eft que dans le
rang où vous êtes on ne fçait pas trop
pour qui l'on fe prend ; ce n'eft pas que
vous ayez eu encore à faire aux fateurs ,
j'ai tâché de vous en garantir , vous êtes
né d'ailleurs avec beaucoup d'efprit ; cependant
l'orgueil de ce rang vous a déja
gagné , vous ne vous connoillez déja plus ,
& cela à caufe de cet empreffement qu'on
a pour vous voir de ces refpects que vous
trouvez fur votre paffage ; il n'en a pas
fallu davantage pour vous jetter dans une
illufion , dont je fuis fûr que vous allez rire
vous-même.
Théodofe.
Oh ! je n'y manquerai pas , je vous promets
d'en rire bien franchement fi j'ai
autant de tort que vous le dites : voyons ,
comment vous tirerez- vous de la
comparaifon
du valet de pied ?
Théophile.
Au lieu de lui , mettons un eſclave.
Théodofe.
C'est encore pis.
Cvj
60 MERCURE DE FRANCE:
Théophile.
C'eft que j'ai un fait amufant à vous
rapporter là - deffus. J'ai lû , je ne fçais plus
dans quel endroit , qu'un Roi de l'Afie encore
plus grand par fa fageffe que par ſa
puiffance , avoit un fils unique , que par un
article d'un traité de paix il avoit été obligé
de marier fort jeune. Ce fils avoit mille
vertus ; c'étoit le Prince de la plus grande
efpérance , mais il avoit un défaut qui
déparoit tout ; c'eſt qu'il ne daignoit s'humanifer
avec perfonne ; c'eft qu'il avoit
une fi fuperbe idée de fa condition , qu'il
auroit cru fe deshonorer par le commerce
des autres hommes , & qu'il les regardoit
comme de viles créatures , qu'il traitoit
doucement , parce qu'il étoit bon , mais
qui n'exiftoient que pour le fervir , que
pour lui obéir , & à qui il ne pouvoit décemment
parler que pour leur apprendre
fes volontés , fans y fouffrir de replique ;
car la moindre difcuffion lui paroiffoit familiere
& hardie , & il fçavoit l'arrêter par
un regard , ou par un mot qui faifoit rentrer
dans le néant dont on ofoit fortir devant
lui.
Théodofe.
Ah ! la trifte & ridicule façon de vivre ;
DECEMBRE . 1754. 61
je prévois la fin de l'hiftoire , ce Prince
là mourut d'ennui ?
Théophile.
Non , fon orgueil le foutenoit ; il lui
tenoit compagnie. Son pere qui gémiffoit
de le voir de cette humeur là , & qui en
fçavoit les conféquences , avoit beau lui
dire tout ce qu'il imaginoit de mieux pour
le rendre plus raifonnable là - deffus. Pour
le guérir de cette petiteffe d'efprit , il avoit
beau fe propofer pour exemple , lui qui
étoit Roi , lui qui regnoit & qui étoit cependant
fi acceffible , lui qui parloit à tout
le monde , qui donnoit à tout le monde le
droit de lui parler , & qui avoit autant
d'amis qu'il avoit de fujets qui l'entouroient
rien ne touchoit le fils. Il écoutoit
fon pere ; il le laiffoit dire , mais comme
un vieillard dont l'efprit avoit baiffé par
les années , & à l'âge duquel il falloit
donner le peu de dignité qu'il y avoit dans
fes remontrances.
Théodofe.
par-
Ce jeune Prince avoit donc été bien mal
élevé ?
Théophile.
Peut-être fon gouverneur l'avoit - il épar62
MERCURE DE FRANCE.
peur
gné de d'en être haï. Quoiqu'il
en foit , le Roi ne fçavoit
plus comment
s'y prendre
, & defefpéra
d'avoir
jamais
la
confolation
de le corriger
. Il le corrigea
pourtant
, fa tendreffe
ingénieufe
lui en fuggera
un moyen
qui lui réuffit. Je vous ai dit que le Prince
étoit marié ; ajoutez
à cela que la jeune Princeffe
touchoit
à l'inf tant de lui donner
un fils ; du moins fe
flattoit
-on que c'en feroit un. Oh ! vous remarquerez
qu'une
de ſes eſclaves
fe trou voit alors dans le même
cas qu'elle
, & n'attendoit
auffi que le moment
de mettre
un enfant au monde. Le Roi qui avoit fes vûes , s'arrangea
là- deffus , & prit des mefures
que
le hazard
favorifa
. Les deux
meres eurent
chacun
un fils ; & qui plus eft , l'enfant
royal & l'enfant
eſclave`na- quirent
dans le même quart d'heure
.
Théodofe.
A quoi cela aboutira-t-il ?
Théophile.
Le dernier ( je parle de l'efclave ) fut
auffi-tôt porté dans l'appartement de la
Princeffe , & mis fubtilement à côté du
petit Prince ; ils étoient tous deux accommodés
l'un comme l'autre ; on avoit feulement
eu la précaution de diftinguer le
DECEMBRE . 1754 .
63
petit Prince par une marque qui n'étoit
fçûe que du Roi & de fes confidens . Deux
enfans au lieu d'un , s'écria- t- on avec furprife
dans l'appartement , & qu'eft- ce que
cela fignifie qu'eft-ce qui a ofé apporter
l'autre comment fe trouve t-il là : & puis
à préfent comment démêler le Prince
jugez du bruit & de la rumeur.
Théodofe.
L'aventure étoit embarraffante.
Théophile.
Sur ces entrefaites , le Prince impatient
'de voir fon fils , arrive & demande qu'on
le lui montre. Hélas ! Seigneur , on ne
fçauroit , lui dit- on d'un air confterné ; il
ne vous est né qu'un Prince , & nous venons
de trouver deux enfans l'un auprès
de l'autre ; les voilà , & de vous dire lequel
des deux eft votre fils , c'est ce qui
nous eft abfolument impoffible. Le Prince,
en pâliffant , regarde ces deux enfans , &
Toupire de ne fçavoir à laquelle de ces
petites maffes de chair encore informes , il
doit ou fon amour ou fon mépris. Eh ! quel
eft donc l'infolent qui a ofé faire cet ou
trage au fang de fes maîtres , s'écria- t- il ?
A peine achevoit-il cette exclamation , que
tout-à- coup le Roi parut , fuivi de trois
64 MERCURE DE FRANCE.
ou quatre des plus vénérables Seigneurs
de l'Empire. Vous me paroiffez bien agi
té , mon fils , lui dit le Roi : il me femble
même avoir entendu que vous vous plaignez
d'un outrage ; de quoi eft- il queftion
? Ah ! Seigneur , lui répondit le Prince
, en lui montrant fes deux enfans , vous
me voyez au defefpoir : il n'y a point de
fupplice digne du crime dont il s'agit . J'ai
perdu mon fils , on l'a confondu avec je
ne fçais quelle vile créature qui m'empêche
de le reconnoître. Sauvez- moi de
l'affront de m'y tromper ; l'auteur de cet
attentat n'eft pas loin , qu'on le cherche ,
qu'on me venge , & que fon fupplice
effraye toute la terre.
Théodofe.
Ceci m'intéreſſe .
Théophile.
Il n'eft pas néceffaire de le chercher :
le voici , Prince ; c'eft moi , dit alors froidement
un de ces vénérables Seigneurs,
& dans cette action que vous appellez un
crime , je n'ai eu en vûe que votre gloire. Le
Roi fe plaint de ce que vous êtes trop fier ,
il gémit tous les jours de votre mépris
pour le refte des hommes ; & moi , pour
vous aider à le convaincre que vous avez
DECEMBRE. 1754.
65
raifon de les méprifer , & de les croire
d'une nature bien au-deffous de la vôtre ,
j'ai fait enlever un enfant qui vient de
naître , je l'ai fait mettre à côté de votre
fils , afin de vous donner une occaſion de
prouver que tout confondus qu'ils font ,
vous ne vous y tromperez pas , & que
vous n'en verrez pas moins les caracteres
de grandeur qui doivent diftinguer votre
augufte fang d'avec le vil fang des autres.
Au furplus , je n'ai pas rendu la diftinction
bien difficile à faire ; ce n'eſt pas même
un enfant noble , c'eft le fils d'un miférable
efclave que vous voyez à côté du
vôtre ; ainfi la différence eft fi énorme entr'eux
, que votre pénétration va fe jouer
de cette foible épreuve où je la mets.
Théodofe .
Ah le malin vieillard !
Théophile.
Au refte , Seigneur , ajouta-t-il , je me
Tuis menagé un moyen für de reconnoître
votre fils , il n'eft point confondu pour
moi ; mais s'il l'eft pour vous , je vous
: avertis que rien ne m'engagera à vous le
montrer , à moins que le Roi ne me l'ordonne.
Seigneur , dit alors le Prince à fon
pere , d'un air un peu confus , & preſque
66 MERCURE DE FRANCE.
la larme à l'oeil , ordonnez- lui donc qu'il
me le rende . Moi , Prince , lui répartit le
Roi faites- vous reflexion à ce que vous
me demandez ? eft- ce que la nature n'a
point marqué votre fils ? fi rien ne vous
l'indique ici , fi vous ne pouvez le retrouver
fans que je m'en mêle , eh ! que deviendra
l'opinion fuperbe que vous avez de
votre fang il faudra donc renoncer à croire
qu'il eft d'une autre forte que celui des autres
, & convenir que la nature à cet égard
n'a rien fait de particulier pour nous.
Théodofe.
Il avoit plus d'efprit que moi , s'il répondit
à cela.
Théophile.
L'hiftoire nous rapporte qu'il parut rêver
un inftant , & qu'enfuire il s'écria tout
d'un coup , je me rends , Seigneur , c'en
eft fait vous avez trouvé le fecret de m'éclairer
; la nature ne fait que des hommes
& point de Princes : je conçois maintenant
d'où mes droits tirent leur origine , je les
faifois venir de trop loin , & je rougis
de ma fierté paffée. Auffi -tôt le vieux Seigneur
alla prendre le petit Prince qu'il
préfenta à fon pere , après avoir tiré de
deffous les linges qui l'enveloppoient un
DECEMBRE. 1754. 67
billet que le Roi lui -même y avoit mis pour
le reconnoître. Le Prince , en pleurant de
joie , embraſſa fon fils , remercia mille fois
le vieux Seigneur qui avoit aidé le Roi
dans cet innocent artifice , & voulut tout
de fuite qu'on lui apportât l'enfant efclave
dont on s'étoit fervi pour l'inftruire , &
qu'il embraffa à fon tour , comme en reconnoiffance
du trait de lumiere qui venoit
de le frapper. Je t'affranchis , lui ditil
, en le preffant entre fes bras ; on t'élevera
avec mon fils , je lui apprendrai ce
que je te dois , tu lui ferviras de leçon
comme à moi , & tu me feras toujours.
cher , puifque c'eſt
venu raifonnable.
par toi que je fuis de-
Théodofe.
Votre Prince me fait pleurer.
Théophile.
pé-
Ah ! mon fils , s'écria alors le Roi ,
nétré d'attendriffement , que vous êtes bien
digne aujourd'hui d'être l'héritier d'un Empire
! que tant de raifon & que tant de
grandeur vous vengent bien de l'erreur où
vous étiez tombé !
Theodofe.
Ah ! que je fuis content de votre hif
68 MERCURE DE FRANCE.
toire ; me voilà bien raccommodé avec la
comparaison du valet- de - pied ; je lui ai
autant d'obligation que le Prince en avoit
au petit esclave. Mais dires moi , Théophile
, ce que vous venez de dire , & qui
eft fi vrai , tout le monde le fçait - il comme
il faut le fçavoir ? Je cherche un pes
à m'excufer. La plupart de nos jeunes gens
ne s'y trompent-ils pas auffi ? je vois bien
qu'ils me mettent au- deffus d'eux , mais il me
femble qu'ils ne croyent pas que tout homme
, dans la nature , eft leur femblable ;
ils s'imaginent qu'elle a auffi un fang à
part pour eux ; il n'eft ni fi beau ni fi
diftingué que le mien , mais il n'eſt pas de
l'efpéce de celui des autres ; qu'en ditesyous
?
Théophile.
Que non -feulement ces jeunes gens ne
fçavent pas que tout eft égal à cet égard ,
mais que des perfonnages très- graves &
très- fenfés l'oublient : je dis qu'ils l'oublient
, car il eft impoffible qu'ils l'ignorent
; & fi vous leur parlez de cette égalité
, ils ne la nieront pas , mais ils ne la
fçavent que pour en difcourir , & non pas
pour la croire ; ce n'eft pour eux qu'un
trait d'érudition , qu'une morale de converfation
, & non pas une vérité d'ufage.
DECEMBRE. 1754. 69
Théodofe .
J'ai encore une queſtion à vous faire :
ne dit-on pas fouvent , en parlant d'un
homme qu'on eftime , c'eft un homme qui
fe reffent de la nobleffe de fon fang.
"
Théophile.
Oui , il y a des
gens qui s'imaginent
qu'un fang tranfmis par un grand nombre
d'ayeux nobles , qui ont été élevés
dans la fierté de leur rang ; ils s'imaginent
, dis-je , que ce fang , tout venu qu'il
eft d'une fource commune , a acquis en
paffant , de certaines impreffions qui le diftinguent
d'un fang reçu de beaucoup d'ayeux
d'une petite condition ; & il fe pourroit
bien effectivement que cela fît des
différences : mais ces différences font- el
les avantageufes ? produifent- elles des vertus
? contribuent - elles à rendre l'ame plus
belle & plus raifonnable ? & la nature
là-deffus fuit-elle la vanité de notre opinion
il y auroit bien de la vifion a le
croire , d'autant plus qu'on a tant de preuves
du contraire : ne voit-on pas des hommes
du plus bas étage qui font des hommes
admirables ?
70 MERCURE DE FRANCE.
Théodofe.
Et l'hiſtoire ne nous montre- t- elle pas de
grands Seigneurs par la naiffance qui
avoient une ame indigne ? Allons , tout eft
dit fur cet article : la nature ne connoît
pas les nobles , elle ne les exempte de
rien , ils naiffent fouvent auffi infirmes de
corps , auffi courts d'efprit.
Théodofe .
Ils meurent de même , fans compter
que la fortune fe joue de leurs biens , de
leurs honneurs , que leur famille s'éteint
ou s'éclipfe ; n'y a- t- il pas une infinité de
races , & des plus illuftres , qu'on a perdu
de vûe , que la nature a continuées , mais
que la fortune a quittées , & dont les defcendans
méconnus rampent apparemment
dans la foule , labourent ou mendient
pendant que
de nouvelles races forties de
la pouffiere , font aujourd'hui les fieres &
les fuperbes , & s'éclipferont auffi , pour
faire à leur tour place à d'autres , un peu
plus tôt ou un peu plus tard ? c'eft un cercle
de viciffitudes qui enveloppe tout le
monde , c'eft par tout miferes communes.
Théodofe.
Changeons de matiere ; je me fens trop
DECEMBRE. 1754. 71
humilié de m'être trompé là - deffus , je
n'étois gueres Prince alors.
Théophile.
' En revanche vous l'êtes aujourd'hui beaucoup.
Mais il fe fait tard ; rentrons , Prince
, & demain , fi vous voulez , nous reprendrons
la même converfation.
Le Dialogue qu'on vient de lire eft de M.
de Marivaux. Il n'y a perfonne qui ne fente
que des développemens de cette naturefont trèspropres
à rendre plus raiſonnables & meilleurs
ceux que leur naiſſance appelle au trône.
Nous prévoyons avec joie que l'Amenr ne
pourra pas fe refufer au defir que le public lui
marquera de voir l'exécution entiere d'un des
plus beaux projets qu'on puiſſe former pour
bien de la fociété.
Cfont tres anciens. Un Seigneur qui
Es dialogues qu'on donne au public ,
hérita , il y a quelque tems , d'un de fes
parens , les trouva dans le château où ce
parent étoit mort ; ils étoient confondus
avec d'autres papiers extrêmement anciens
auffi ; on n'en a changé que le langage gaulois
, par lequel il paroît , au jugement de
quelques fçavans , qu'il y a pour le moins
quatre fiécles qu'ils font écrits . On ne fçait
point non plus quel en eft l'auteur ; tout ce
qu'on en peut croire , c'eft qu'ils ont fervi
à l'éducation de quelqu'un de nos Rois ,
ou de quelques Princes deftinés à regner.
Quoiqu'il en foit , en voici le premier ,
dont les détails font affez fimples . C'eſt un
40 MERCURE DE FRANCE.
Gouverneur & un jeune Prince qui s'entretiennent
enfemble , tous deux apparemment
fous des noms fuppofés , puifque le
Prince a celui de Théodofe , & le Gouver
neur celui de Théophile.
PREMIER DIALOGUE.
Théophile.
Voici un lieu fort champêtre , Prince ;
voulez- vous que nous nous y arrêtions ?
Théodofe.
Comme il vous plaira.
Théophile.
Vous me paroiffez aujourd'hui bien férieux
; la promenade vous ennuie-t-elle ?
Auriez vous mieux aimé refter avec ces
jeunes gens que nous venons de quitter ?
Théodofe.
Mais je vous avoue qu'ils m'amufoient,
Théophile.
Vous me fçavez donc bien mauvais gré
de vous avoir amené ici : n'eft- il pas vrai
que vous me trouvez dans mille momens
un homme bien incommode ? je pense que
DECEMBRE . 1754. 41
vous ne m'aimerez gueres quand vous
ferez débarraffé de moi.
Théodofe.
Pourquoi me dites- vous cela vous vous
trompez.
Théophile.
Combien de fois me fuis- je apperçu que
je vous fatiguois , que je vous étois defagréable
?
Théodofe.
Ah ! defagréable , c'eft trop dire : vous
m'avez quelquefois gêné , contrarié , quelquefois
fait faire des chofes qui n'étoient
pas de mon goût ; mais votre intention
étoit bonne , & je ne fuis pas affez injuſte
pour en être fâché contre vous.
Théophile.
C'est-à - dire que mes foins & mes attentions
ne m'ont point encore brouillé
avec vous ; que vous me pardonnez tout
le zele & même toute la tendreffe avec laquelle
j'ai travaillé à votre éducation : voilà
précisément ce que vous voulez bien
oublier en ma faveur .
Théodofe.
Ce n'eft point là ma pensée , & vous
42 MERCURE DE FRANCE.
me faites une vraie chicanne ; je viens
d'avouer que vous m'avez quelquefois chagriné
, mais que je compte cela pour rien ,
que je n'y fonge plus , que je n'en ai point
de rancune ; que puis-je dire de plus ?
Théophile.
Jugez-en vous - même. Si quelqu'un vous
voyoit dans un grand péril , qu'il ne pût
vous en tirer , vous fauver la vie qu'en
vous faifant une légere douleur , feroit- il
jufte lorsque vous feriez hors de danger ,
de vous en tenir à lui dire , vous m'avez
fait un petit mal , vous m'avez un peu trop
preffé le bras , mais je n'en ai point de rancune
, & je vous le pardonne è
Théodofe.
Ah ! vous avez raiſon , il y auroit une
ingratitude effroyable à ce que vous me
dites là ; mais c'eft de quoi il n'eft pas queftion
ici : je ne fçache pas que vous m'ayez
jamais fauvé la vie.
Théophile.
Non , le fervice que j'ai tâché de vous
rendre eft encore plus grand ; j'ai voulu
vous fauver du malheur de vivre fans gloire.
Je vous ai vû expofé à des défauts qui
auroient fait périr les qualités de votre
DECEMBRE.
1754 43
ame , & c'eſt à la plus noble partie de vousmême
que j'ai , pour ainfi dire , tâché de
conferver la vie. Je n'ai pû y réuffir qu'en
vous contrariant , qu'en vous gênant quelquefois
: il vous en a coûté de petits chagrins
; c'est là cette légere douleur dont je
parlois tout -à- l'heure : vous contentezvous
encore de dire , je n'y fonge plus.
Théodofe.
Non , Théophile , je me trompois , & je
me dédis de tout mon coeur ; je vous ai en
effet les plus grandes obligations.
Théophile.
Point du tout , je n'ai fait que mon devoir
, mais il y a eu du courage à le faire :
vous m'aimeriez bien davantage fi je l'avois
voulu ; il n'a tenu qu'à moi de vous être
extrêmement agréable , & de gagner pour
jamais vos bonnes graces ; ce n'eût été qu'à
vos dépens , à la vérité.
Théodofe.
A mes dépens , dites-vous ?
Théophile.
Oui , je n'avois qu'à vous trahir pour
vous plaire, qu'à négliger votre inftruction
, qu'à laiffer votre coeur & votre ef44
MERCURE DE FRANCE .
prit devenir ce qu'ils auroient pû , qu'à
vous abandonner à vos humeurs ,à vos impatiences
, à vos volontés impétueufes , à
votre dégoût pour tout ce qui n'étoit pas
diffipation & plaifir . Convenez - en , la
moindre petite contradiction vous irritoit ,
vous étoit infupportable ; & ce qui eft encore
pis , j'ai vu le tems où ceux qui vous
entouroient , n'étoient précisément pour
vous que des figures qui amufoient vos
yeux ; vous ne fçaviez pas que c'étoit des
hommes qui penfoient , qui vous examinoient
, qui vous jugeoient , qui ne demandoient
qu'à vous aimer , qu'à pouvoir
vous regarder comme l'objet de leur amour
& de leur efpérance . On peut vous dire cela
aujourd'hui que vous n'êtes plus de même ,
& que vous vous montrez aimable ; auffi
vous aime- t-on , auſſi ne voyez- vous autour
de vous que des vifages contens &
charmés
, que des refpects mêlés d'applau
diffement & de joie ; mais je n'en fuis pas
mieux avec vous , moi , pour vous avoir
appris à être bien avec tout le monde.
Theodofe.
Laiffons là ce que je vous ai répondu
d'abord , je le defavoue ; mais quand vous
dites qu'il n'y avoit qu'à m'abandonner à
mes défauts pour me plaire , que fçavez-
7
9
DECEMBRE. 1754. 45
vous fi je ne vous les aurois pas reprochés
quelque jour ?
Théophile.
Non , Prince , non , il n'y avoit rien à
craindre , vous ne les auriez jamais fçus ; il
faut avoir des vertus pour s'appercevoir
qu'on en manque , ou du moins pour être
fâché de n'en point avoir ; & des vertus ,
vous n'en auriez point eu : la maniere dont
je vous aurois élevé y auroit mis bon ordre
; & ce lâche Gouverneur qui vous auroit
épargné la peine de devenir vertueux
& raifonnable , qui vous auroit laiffé la
miférable douceur de vous gâter tout à vo
tre aiſe , vous feroit toujours refté dans
l'efprit comme l'homme du monde le plus
accommodant & du meilleur commerce ,
& non pas comme un homme à qui vous
pardonnez tout au plus le bien qu'il vous a
fait.
Théodofe.
Vous en revenez toujours à un mot que
j'ai dit fans réflexion.
Théophile.
Oui , Prince , je foupçonne quelquefois
que vous ne m'aimez
gueres , mais en re
vanche, on vous aimera , & je fuis content
; voilà ce que je vous devois à vous
46 MERCURE DE FRANCE.
& ce que je devois à tout le monde . Vous
fouvenez-vous d'un trait de l'hiftoire romaine
que nous lifions ce matin ? Qu'il me
tue , pourvu qu'il regne , difoit Agrippine en
parlant de Neron : & moi , j'ai dit fans
comparaifon , qu'il me haïffe pourvû qu'on
l'aime , qu'il ait tort avec moi pourvû qu'il
ne manque jamais à fa gloire , & qu'il
n'ait tort ni avec la raifon ni avec les ver
tus qu'il doit avoir.
Théodofe.
Qu'il me haïffe , dites -vous ; vous n'y
fongez pas , Théophile ; en vérité , m'en
foupçonnez -vous capable ?
ble
Théophile.
Lamaniere dont vous vous récriez fem
promettre qu'il n'en fera rien.
Théodofe.
Je vous en convaincrai encore mieux
dans les fuites , foyez en perfuadé.
Théophile.
Je crois vous entendre , Prince , & je
fuis extrêmement touché de ce témoigna
ge de votre bon coeur ; mais de grace , ne
vous y trompez point ; je ne vous rappelle
pas mes foins pour les vanter. Si je tâche
DECEMBRE. 1754. 47
de vous y rendre fenfible , c'eft afin que
vous les récompenfiez de votre confiance
& non pas de vos bienfaits. Nous allons
bientôt nous quitter , & j'ai beſoin aujour
d'hui que vous m'aimiez un peu ; mais c'eft
pour vous que j'en ai befoin , & non pas
our moi ; c'eft que vous m'en écouterez
plus volontiers fur ce qui me refte à vous
dire pour achever votre éducation,
Théodofe.
Ah ! parlez , Théophile , me voici , je
vousaffure , dans la difpofition où vous me
fouhaitez ; je fçai d'ailleurs que le tems
preffe , & que nous n'avons pas long- tems
â demeurer enſemble.
Théophile.
Et vous attendez que je n'y fois plus ?
n'eft- il vrai ? vous n'aurez plus de Gouverneur
, vous ferez plus libre , & cela
vous réjouit , convenez - en.
Théodofe.
Franchement il pourroit bien y avoir
quelque chofe de ce que vous dites là , &
le tout fans que je m'impatiente d'être
avec vous ; mais on aime à être le maître
de fes actions.
48 MERCURE DE FRANCE.
Théophile.
Raifonnons. Si juſqu'ici vous aviez été
le maître abfolu des vôtres , vous n'en auriez
peut-être pas fait une qui vous eût fait
honneur ; vous auriez gardé tous vos défauts
, par exemple.
Théodofe.
J'en ferois bien fâché.
Théophile.
C'est donc un bonheur pour vous de n'avoir
pas été votre maître. N'y a-t-il pas
de danger que vous le foyez aujourd'hui ?
ne vous défiez- vous pas de l'extrême envie
que vous avez de l'être : Votre raiſon
a fait du progrès fans doute ; mais prenez
garde : quand on eft fi impatient d'être
défait de fon Gouverneur , ne feroit- ce pas
figne qu'on a encore befoin de lui , qu'on
n'eft pas encore auffi raifonnable qu'on devroit
l'être car fi on l'étoit , ce Gouver
neur ne feroit plus fi incommode , il ne
gêneroit plus ; on feroit toujours d'accord
avec lui , il ne feroit plus que tenir compagnie
: qu'en pensez-vous ?
Théodofe.
Je rêve à votre réflexion .
Théophile:
DECEMBRE . 1754. 49
.
Théophile.
Il n'en eft pas de vous comme d'un particulier
de votre âge , votre liberté tire à
bien d'autres conféquences ; on fçaura bien
empêcher ce particulier d'abufer long- tems.
& à un certain point de la fienne ; mais
qui eft-ce qui vous empêchera d'abufer de
la vôtre qui eft- ce qui la réduira à de
juftes bornes ? quels fecours aura- t- on contre
vous que vos vertus , votre raiſon , vos
lumieres ? &
quoiqu'aujourd'hui vous ayez
de tout cela , êtes-vous für d'en avoir affez.
pour ne pas appréhender d'être parfaitement
libre ? Songez à ce que c'eft qu'une
liberté que votre âge & que l'impunité de
l'abus que vous en pouvez faire , rendront
fi dangereuſe. Si vous n'étiez pas naturellement
bon & généreux , fi vous n'aviez
pas le meilleur fond du monde , Prince ,
je ne vous tiendrois pas ce difcours - là
mais c'eft qu'avec vous il y a bien des reffources
, je vous connois , il n'y a que des
réflexions à vous faire faire.
Théodofe.
A la bonne heure , mais vous me faites
trembler ; je commence à craindre très-férieufement
de vous perdre.
11. Vol.
so MERCURE
DE FRANCE .
Théophile.
Voilà une crainte qui me charme , elle
part d'un fentiment qui vaut mieux que
tous les Gouverneurs du monde : ah ! que
je fuis content , & qu'elle nous annonce
une belle ame !
Il ne tiendra
Théodofe.
pas à moi que vous ne difiez
vrai ; courage , mettons à profit le tems
que nous avons à penfer enfemble
; nous
en refte-t-il beaucoup
?
Théophile.
Encore quelque mois .
Théodofe.
Cela eft bien court .
Théophile.
Je vous garantis que c'en fera plus qu'il
men faut pour un Prince capable de cette
réponſe là , fur-tout avec un homme qui
ne vous épargnera pas la vérité , d'autant
plus que vous n'avez que ce petit efpace
de tems-ci pour l'entendre , & qu'après
moi perfonne ne vous la dira peut-être ;
vous allez tomber entre les mains de gens
qui vous aimeront bien moins qu'ils n'auDECEMBRE.
1754.
ront envie que vous les aimiez , qui ne
voudront que vous plaire & non pas vous
inftruire , qui feront tout pour le plaifir
de votre amour propre , & rien le
pour
le profit de votre raifon .
Théodofe.
Mais n'y a-t-il pas
d'honnêtes gens qui
font d'un
caractere fûr , & d'un
honneur
à toute épreuve ?
Théophile.
Oui , il y en a par- tout , quoique tou
jours en petit nombre.
Théodofe.
Eh bien , j'aurai foin de me les attacher ;
de les
encourager à me parler ; je les préviendrai.
Théophile.
Vous le croyez que vous les préviendrez
; mais fi vous n'y prenez garde , je
vous avertis que ce feront ceux qui auront
le moins d'attrait pour vous , ceux pour
qui vous aurez le moins d'inclination &
que vous traiterez le plus froidement.
Théodofe.
Froidement moi qui me fens tant de
difpofition à les aimer , à les diftinguer ?
Cij
j2 MERCURE DE FRANCE.
Théophile.
Eh ! vous ne la garderez pas cette difpofition
là , leur caractere vous l'ôtera . Et
à propos de cela voulez- vous bien me dire
ce que vous penfez de Softene ? C'eſt un
des hommes de la Cour que vous voyez le
plus fouvent.
Theodofe.
Et un fort aimable homme , qui a tonjours
quelque chofe d'obligeant à vous dire
, & qui vous le dit avec grace , quoique
d'un air fimple & naturel . C'eſt un homme
que j'aime à voir , malgré la différence
de fon âge au mien , & je fuis perfuadé
qu'il m'aime un peu auffi . Je le fens à la
maniere dont il m'aborde , dont il me parle
, dont il écoute ce que je dis ; je n'ai
point encore trouvé d'efprit plus liant , plus
d'accord avec le mien.
Théophile.
Il eft vrai .
Théodofe.
Je ne penſe pas de même de Philante,
Je vous crois.
Théophile.
DECEMBRE . 1754 53
Théodofe.
Quelle différence ! celui- ci a un efprit
roide & férieux , je penfe qu'il n'eftime que
lui , car il n'approuve jamais rien ; ou s'il
approuve , c'est avec tant de réferve & d'un
air fi contraint , qu'on diroit qu'il a toujours
peur de vous donner trop de vanité ;
il est toujours de votre avis le moins qu'il
peut , & il vaudroit autant qu'il n'en fût
point du tout. Il y a quelques jours que
pendant que vous étiez fur la terraffe il
m'arriva de dire quelque chofe dont tout
le monde fe mit à rire , comme d'une fail
lie affez plaifante ; lui feul baiffa les yeux ,
en fouriant à la vérité , mais d'un fouris
qui fignifioit qu'on ne devoit pas rire.
Théophile.
Peut-être avoit-il raifon.
Théodofe.
Quoi ! raifon contre tout le monde ? eſtce
que jamais tout le monde a tort ? avoitil
plus d'efprit que trente perſonnes ?
Théophile.
Trente flateries font-elles une approbation
décident- elles de quelque chofe t
Ciij
34 MERCURE DE FRANCE.
Théodofe.
Comme vous voudrez ; mais Philante
n'eft pas mon homme.
Théophile.
Vous avez cependant tant de difpofition
à aimer les gens d'un caractere für &
d'un honneur à toute epreuve ?
Théodofe.
Affûrément , & je le dis encore.
Théophile.
Eh bien ! Philante eft un de ces hommes
que vous avez deffein de prévenir & de
vous attacher.
Théodofe.
Vous me furprenez , cet honnêteté- là
a donc bien mauvaife grace à l'être.
Théophile.
Tous les honnêtes gens lui reffemblent ,
les graces de l'adulation & de la faufferé
leur manquent à tous ; ils aiment mieux
quand il faut opter , être vertueux qu'agréables.
Vous l'avez vu par Philante : il
n'a pu dans l'occafion & avec fa probité
louer en vous que ce qu'il y a vû de louaDECEMBRE.
1754. 55
ble, & a pris le parti de garder le filence
fur ce qui ne l'étoit pas ; la vérité ne lui
a pas permis de donner à votre amour propre
toutes les douceurs qu'il demandoit ,
& que Softene lui a données fans fcrupule :
voilà ce qui vous a rebuté de Philante
ce qui vous l'a fait trouver fi froid , fi
peu affectueux , fi difficile à contenter ;
voilà ce caractere quí dans fes pareils vous
paroîtra fi fec , fi auftere , & fi critique en
comparaifon de la foupleffe des Softene ,
avec qui vous contracterez un fi grand befoin
d'être applaudi , d'être encenfé , je
dirois prefque d'être adoré.
Théodofe .
Oh ! vous en dites trop ; me prendraije
pour une divinité ? me feront - ils accroire
que j'en fuis une .
Théophile .
Non , on ne va pas fi loin , on ne fçauroit
, & je pense que l'exemple de l'Empereur
Caïus , dont nous lifions l'hiftoire
ces jours paffés , ne gâtera à préſent perfonne
.
Théodofe .
Vous me parlez d'un extravagant , d'une
tête naturellement folle.
Ciiij
36 MERCURE DE FRANCE.
Théophile.
11 eft vrai ; mais malgré la foibleffe de
fa tête , s'il n'avoit jamais été qu'un particulier
, il ne feroit point tombé dans la
folie qu'il eut , & ce fut la hauteur de fa
place qui lui donna ce vertige . Aujourd'hui
les conditions comme la fienne ne
peuvent plus être fi funeftes à la raiſon ,
elles ne fçauroient faire des effets fi terribles
; la religion , nos principes , nos lumieres
ont rendu un pareil oubli de foimême
impoffible , il n'y a plus moyen de
s'égarer jufques-là , mais tout le danger
n'eft pas ôté , & fi l'on n'y prend garde , il
y a encore des étourdiffemens où l'on
peut tomber , & qui empêchent qu'on ne
fe connoiffe : on ne fe croit pas une divinité
, mais on ne fçait pas trop ce qu'on
eft ni pour qui l'on fe prend , on ne fe
définit point. Ce qui eft certain , c'eſt
qu'on fe croit bien différent des autres
hommes : on ne fe dit pas , je fuis d'une
autre nature qu'eux ; mais de la maniere
dont on l'entend , on fe dit à peu près la
la valeur de cela.
Theodofe.
Attendez donc ; me tromperois-je quand
je me croirai plus que les autres hommes ?
DECEMBRE.
$7
1754.
Théophile.
Non dans un fens , vous êtes infiniment
plus qu'eux ; dans un autre vous êtes précifément
ce qu'ils font. '
Théodofe.
Précifement ce qu'ils font ! quoi ! le fang
'dont je fors....
Théophile.
Eft confacré à nos refpects , & devenu le
plus noble fang du monde ; les hommes fe
font fait & ont dû fe faire une loi inviolable
de le refpecter ; voilà ce qui vous
met au-deffus de nous. Mais dans la nature
, votre fang , le mien , celui de tous les
hommes , c'eft la même chofe ; nous le tirons
tous d'une fource commune ; voilà
par où vous êtes ce que nous fommes.
Théodofe.
A la rigueur , ce que vous dites là eſt
vrai ; mais il me femble qu'à préſent tout
cela n'eft plus de même , & qu'il faut raifonner
autrement ; car enfin penfez -vous
de bonne foi qu'un valet de pied , qu'un
homme du peuple eft un homme comme
moi , & que je ne fuis qu'un homme comme
lui ?
C v.
58 MERCURE DE FRANCE
Théophile.
Oui , dans la nature .
Théodofe.
Mais cette nature ; eft- il encore ici queftion
d'elle comment l'entendez- vous ?
Théophile.
Tout fimplement ; il ne s'agit pas d'une
penſée hardie , je ne hazarde rien , je ne
fais point le Philofophe , & vous ne me
foupçonnez pas de vouloir diminuer de
vos prérogatives ?
Théodofe.
Ce n'eft
pas là ce que j'imagine.
Théophile.
Elles me font cheres , parce que c'eft vous
qui les avez ; elles me font facrées , parce
que vous les tenez , non feulement des
hommes , mais de Dieu même ; fans compter
que de toutes les façons de penfer , la
plus ridicule , la plus impertinente & la.
plus injufte feroit de vouloir déprimer la
grandeur de certaines conditions abfolument
néceffaires. Mais à l'égard de ce que
nous difions tout - à - l'heure , je parle en
homme qui fuit les lumieres du bon feas
DECEMBRE. 1754.. 59
le plus ordinaire , & la peine que vous
avez à m'entendre , vient de ce que je vous
difois tout à -l'heure , qui eft que dans le
rang où vous êtes on ne fçait pas trop
pour qui l'on fe prend ; ce n'eft pas que
vous ayez eu encore à faire aux fateurs ,
j'ai tâché de vous en garantir , vous êtes
né d'ailleurs avec beaucoup d'efprit ; cependant
l'orgueil de ce rang vous a déja
gagné , vous ne vous connoillez déja plus ,
& cela à caufe de cet empreffement qu'on
a pour vous voir de ces refpects que vous
trouvez fur votre paffage ; il n'en a pas
fallu davantage pour vous jetter dans une
illufion , dont je fuis fûr que vous allez rire
vous-même.
Théodofe.
Oh ! je n'y manquerai pas , je vous promets
d'en rire bien franchement fi j'ai
autant de tort que vous le dites : voyons ,
comment vous tirerez- vous de la
comparaifon
du valet de pied ?
Théophile.
Au lieu de lui , mettons un eſclave.
Théodofe.
C'est encore pis.
Cvj
60 MERCURE DE FRANCE:
Théophile.
C'eft que j'ai un fait amufant à vous
rapporter là - deffus. J'ai lû , je ne fçais plus
dans quel endroit , qu'un Roi de l'Afie encore
plus grand par fa fageffe que par ſa
puiffance , avoit un fils unique , que par un
article d'un traité de paix il avoit été obligé
de marier fort jeune. Ce fils avoit mille
vertus ; c'étoit le Prince de la plus grande
efpérance , mais il avoit un défaut qui
déparoit tout ; c'eſt qu'il ne daignoit s'humanifer
avec perfonne ; c'eft qu'il avoit
une fi fuperbe idée de fa condition , qu'il
auroit cru fe deshonorer par le commerce
des autres hommes , & qu'il les regardoit
comme de viles créatures , qu'il traitoit
doucement , parce qu'il étoit bon , mais
qui n'exiftoient que pour le fervir , que
pour lui obéir , & à qui il ne pouvoit décemment
parler que pour leur apprendre
fes volontés , fans y fouffrir de replique ;
car la moindre difcuffion lui paroiffoit familiere
& hardie , & il fçavoit l'arrêter par
un regard , ou par un mot qui faifoit rentrer
dans le néant dont on ofoit fortir devant
lui.
Théodofe.
Ah ! la trifte & ridicule façon de vivre ;
DECEMBRE . 1754. 61
je prévois la fin de l'hiftoire , ce Prince
là mourut d'ennui ?
Théophile.
Non , fon orgueil le foutenoit ; il lui
tenoit compagnie. Son pere qui gémiffoit
de le voir de cette humeur là , & qui en
fçavoit les conféquences , avoit beau lui
dire tout ce qu'il imaginoit de mieux pour
le rendre plus raifonnable là - deffus. Pour
le guérir de cette petiteffe d'efprit , il avoit
beau fe propofer pour exemple , lui qui
étoit Roi , lui qui regnoit & qui étoit cependant
fi acceffible , lui qui parloit à tout
le monde , qui donnoit à tout le monde le
droit de lui parler , & qui avoit autant
d'amis qu'il avoit de fujets qui l'entouroient
rien ne touchoit le fils. Il écoutoit
fon pere ; il le laiffoit dire , mais comme
un vieillard dont l'efprit avoit baiffé par
les années , & à l'âge duquel il falloit
donner le peu de dignité qu'il y avoit dans
fes remontrances.
Théodofe.
par-
Ce jeune Prince avoit donc été bien mal
élevé ?
Théophile.
Peut-être fon gouverneur l'avoit - il épar62
MERCURE DE FRANCE.
peur
gné de d'en être haï. Quoiqu'il
en foit , le Roi ne fçavoit
plus comment
s'y prendre
, & defefpéra
d'avoir
jamais
la
confolation
de le corriger
. Il le corrigea
pourtant
, fa tendreffe
ingénieufe
lui en fuggera
un moyen
qui lui réuffit. Je vous ai dit que le Prince
étoit marié ; ajoutez
à cela que la jeune Princeffe
touchoit
à l'inf tant de lui donner
un fils ; du moins fe
flattoit
-on que c'en feroit un. Oh ! vous remarquerez
qu'une
de ſes eſclaves
fe trou voit alors dans le même
cas qu'elle
, & n'attendoit
auffi que le moment
de mettre
un enfant au monde. Le Roi qui avoit fes vûes , s'arrangea
là- deffus , & prit des mefures
que
le hazard
favorifa
. Les deux
meres eurent
chacun
un fils ; & qui plus eft , l'enfant
royal & l'enfant
eſclave`na- quirent
dans le même quart d'heure
.
Théodofe.
A quoi cela aboutira-t-il ?
Théophile.
Le dernier ( je parle de l'efclave ) fut
auffi-tôt porté dans l'appartement de la
Princeffe , & mis fubtilement à côté du
petit Prince ; ils étoient tous deux accommodés
l'un comme l'autre ; on avoit feulement
eu la précaution de diftinguer le
DECEMBRE . 1754 .
63
petit Prince par une marque qui n'étoit
fçûe que du Roi & de fes confidens . Deux
enfans au lieu d'un , s'écria- t- on avec furprife
dans l'appartement , & qu'eft- ce que
cela fignifie qu'eft-ce qui a ofé apporter
l'autre comment fe trouve t-il là : & puis
à préfent comment démêler le Prince
jugez du bruit & de la rumeur.
Théodofe.
L'aventure étoit embarraffante.
Théophile.
Sur ces entrefaites , le Prince impatient
'de voir fon fils , arrive & demande qu'on
le lui montre. Hélas ! Seigneur , on ne
fçauroit , lui dit- on d'un air confterné ; il
ne vous est né qu'un Prince , & nous venons
de trouver deux enfans l'un auprès
de l'autre ; les voilà , & de vous dire lequel
des deux eft votre fils , c'est ce qui
nous eft abfolument impoffible. Le Prince,
en pâliffant , regarde ces deux enfans , &
Toupire de ne fçavoir à laquelle de ces
petites maffes de chair encore informes , il
doit ou fon amour ou fon mépris. Eh ! quel
eft donc l'infolent qui a ofé faire cet ou
trage au fang de fes maîtres , s'écria- t- il ?
A peine achevoit-il cette exclamation , que
tout-à- coup le Roi parut , fuivi de trois
64 MERCURE DE FRANCE.
ou quatre des plus vénérables Seigneurs
de l'Empire. Vous me paroiffez bien agi
té , mon fils , lui dit le Roi : il me femble
même avoir entendu que vous vous plaignez
d'un outrage ; de quoi eft- il queftion
? Ah ! Seigneur , lui répondit le Prince
, en lui montrant fes deux enfans , vous
me voyez au defefpoir : il n'y a point de
fupplice digne du crime dont il s'agit . J'ai
perdu mon fils , on l'a confondu avec je
ne fçais quelle vile créature qui m'empêche
de le reconnoître. Sauvez- moi de
l'affront de m'y tromper ; l'auteur de cet
attentat n'eft pas loin , qu'on le cherche ,
qu'on me venge , & que fon fupplice
effraye toute la terre.
Théodofe.
Ceci m'intéreſſe .
Théophile.
Il n'eft pas néceffaire de le chercher :
le voici , Prince ; c'eft moi , dit alors froidement
un de ces vénérables Seigneurs,
& dans cette action que vous appellez un
crime , je n'ai eu en vûe que votre gloire. Le
Roi fe plaint de ce que vous êtes trop fier ,
il gémit tous les jours de votre mépris
pour le refte des hommes ; & moi , pour
vous aider à le convaincre que vous avez
DECEMBRE. 1754.
65
raifon de les méprifer , & de les croire
d'une nature bien au-deffous de la vôtre ,
j'ai fait enlever un enfant qui vient de
naître , je l'ai fait mettre à côté de votre
fils , afin de vous donner une occaſion de
prouver que tout confondus qu'ils font ,
vous ne vous y tromperez pas , & que
vous n'en verrez pas moins les caracteres
de grandeur qui doivent diftinguer votre
augufte fang d'avec le vil fang des autres.
Au furplus , je n'ai pas rendu la diftinction
bien difficile à faire ; ce n'eſt pas même
un enfant noble , c'eft le fils d'un miférable
efclave que vous voyez à côté du
vôtre ; ainfi la différence eft fi énorme entr'eux
, que votre pénétration va fe jouer
de cette foible épreuve où je la mets.
Théodofe .
Ah le malin vieillard !
Théophile.
Au refte , Seigneur , ajouta-t-il , je me
Tuis menagé un moyen für de reconnoître
votre fils , il n'eft point confondu pour
moi ; mais s'il l'eft pour vous , je vous
: avertis que rien ne m'engagera à vous le
montrer , à moins que le Roi ne me l'ordonne.
Seigneur , dit alors le Prince à fon
pere , d'un air un peu confus , & preſque
66 MERCURE DE FRANCE.
la larme à l'oeil , ordonnez- lui donc qu'il
me le rende . Moi , Prince , lui répartit le
Roi faites- vous reflexion à ce que vous
me demandez ? eft- ce que la nature n'a
point marqué votre fils ? fi rien ne vous
l'indique ici , fi vous ne pouvez le retrouver
fans que je m'en mêle , eh ! que deviendra
l'opinion fuperbe que vous avez de
votre fang il faudra donc renoncer à croire
qu'il eft d'une autre forte que celui des autres
, & convenir que la nature à cet égard
n'a rien fait de particulier pour nous.
Théodofe.
Il avoit plus d'efprit que moi , s'il répondit
à cela.
Théophile.
L'hiftoire nous rapporte qu'il parut rêver
un inftant , & qu'enfuire il s'écria tout
d'un coup , je me rends , Seigneur , c'en
eft fait vous avez trouvé le fecret de m'éclairer
; la nature ne fait que des hommes
& point de Princes : je conçois maintenant
d'où mes droits tirent leur origine , je les
faifois venir de trop loin , & je rougis
de ma fierté paffée. Auffi -tôt le vieux Seigneur
alla prendre le petit Prince qu'il
préfenta à fon pere , après avoir tiré de
deffous les linges qui l'enveloppoient un
DECEMBRE. 1754. 67
billet que le Roi lui -même y avoit mis pour
le reconnoître. Le Prince , en pleurant de
joie , embraſſa fon fils , remercia mille fois
le vieux Seigneur qui avoit aidé le Roi
dans cet innocent artifice , & voulut tout
de fuite qu'on lui apportât l'enfant efclave
dont on s'étoit fervi pour l'inftruire , &
qu'il embraffa à fon tour , comme en reconnoiffance
du trait de lumiere qui venoit
de le frapper. Je t'affranchis , lui ditil
, en le preffant entre fes bras ; on t'élevera
avec mon fils , je lui apprendrai ce
que je te dois , tu lui ferviras de leçon
comme à moi , & tu me feras toujours.
cher , puifque c'eſt
venu raifonnable.
par toi que je fuis de-
Théodofe.
Votre Prince me fait pleurer.
Théophile.
pé-
Ah ! mon fils , s'écria alors le Roi ,
nétré d'attendriffement , que vous êtes bien
digne aujourd'hui d'être l'héritier d'un Empire
! que tant de raifon & que tant de
grandeur vous vengent bien de l'erreur où
vous étiez tombé !
Theodofe.
Ah ! que je fuis content de votre hif
68 MERCURE DE FRANCE.
toire ; me voilà bien raccommodé avec la
comparaison du valet- de - pied ; je lui ai
autant d'obligation que le Prince en avoit
au petit esclave. Mais dires moi , Théophile
, ce que vous venez de dire , & qui
eft fi vrai , tout le monde le fçait - il comme
il faut le fçavoir ? Je cherche un pes
à m'excufer. La plupart de nos jeunes gens
ne s'y trompent-ils pas auffi ? je vois bien
qu'ils me mettent au- deffus d'eux , mais il me
femble qu'ils ne croyent pas que tout homme
, dans la nature , eft leur femblable ;
ils s'imaginent qu'elle a auffi un fang à
part pour eux ; il n'eft ni fi beau ni fi
diftingué que le mien , mais il n'eſt pas de
l'efpéce de celui des autres ; qu'en ditesyous
?
Théophile.
Que non -feulement ces jeunes gens ne
fçavent pas que tout eft égal à cet égard ,
mais que des perfonnages très- graves &
très- fenfés l'oublient : je dis qu'ils l'oublient
, car il eft impoffible qu'ils l'ignorent
; & fi vous leur parlez de cette égalité
, ils ne la nieront pas , mais ils ne la
fçavent que pour en difcourir , & non pas
pour la croire ; ce n'eft pour eux qu'un
trait d'érudition , qu'une morale de converfation
, & non pas une vérité d'ufage.
DECEMBRE. 1754. 69
Théodofe .
J'ai encore une queſtion à vous faire :
ne dit-on pas fouvent , en parlant d'un
homme qu'on eftime , c'eft un homme qui
fe reffent de la nobleffe de fon fang.
"
Théophile.
Oui , il y a des
gens qui s'imaginent
qu'un fang tranfmis par un grand nombre
d'ayeux nobles , qui ont été élevés
dans la fierté de leur rang ; ils s'imaginent
, dis-je , que ce fang , tout venu qu'il
eft d'une fource commune , a acquis en
paffant , de certaines impreffions qui le diftinguent
d'un fang reçu de beaucoup d'ayeux
d'une petite condition ; & il fe pourroit
bien effectivement que cela fît des
différences : mais ces différences font- el
les avantageufes ? produifent- elles des vertus
? contribuent - elles à rendre l'ame plus
belle & plus raifonnable ? & la nature
là-deffus fuit-elle la vanité de notre opinion
il y auroit bien de la vifion a le
croire , d'autant plus qu'on a tant de preuves
du contraire : ne voit-on pas des hommes
du plus bas étage qui font des hommes
admirables ?
70 MERCURE DE FRANCE.
Théodofe.
Et l'hiſtoire ne nous montre- t- elle pas de
grands Seigneurs par la naiffance qui
avoient une ame indigne ? Allons , tout eft
dit fur cet article : la nature ne connoît
pas les nobles , elle ne les exempte de
rien , ils naiffent fouvent auffi infirmes de
corps , auffi courts d'efprit.
Théodofe .
Ils meurent de même , fans compter
que la fortune fe joue de leurs biens , de
leurs honneurs , que leur famille s'éteint
ou s'éclipfe ; n'y a- t- il pas une infinité de
races , & des plus illuftres , qu'on a perdu
de vûe , que la nature a continuées , mais
que la fortune a quittées , & dont les defcendans
méconnus rampent apparemment
dans la foule , labourent ou mendient
pendant que
de nouvelles races forties de
la pouffiere , font aujourd'hui les fieres &
les fuperbes , & s'éclipferont auffi , pour
faire à leur tour place à d'autres , un peu
plus tôt ou un peu plus tard ? c'eft un cercle
de viciffitudes qui enveloppe tout le
monde , c'eft par tout miferes communes.
Théodofe.
Changeons de matiere ; je me fens trop
DECEMBRE. 1754. 71
humilié de m'être trompé là - deffus , je
n'étois gueres Prince alors.
Théophile.
' En revanche vous l'êtes aujourd'hui beaucoup.
Mais il fe fait tard ; rentrons , Prince
, & demain , fi vous voulez , nous reprendrons
la même converfation.
Le Dialogue qu'on vient de lire eft de M.
de Marivaux. Il n'y a perfonne qui ne fente
que des développemens de cette naturefont trèspropres
à rendre plus raiſonnables & meilleurs
ceux que leur naiſſance appelle au trône.
Nous prévoyons avec joie que l'Amenr ne
pourra pas fe refufer au defir que le public lui
marquera de voir l'exécution entiere d'un des
plus beaux projets qu'on puiſſe former pour
bien de la fociété.
Fermer
Résumé : L'EDUCATION D'UN PRINCE.
Le texte présente un dialogue intitulé 'L'éducation d'un Prince', découvert dans un château et datant d'au moins quatre siècles. Les personnages principaux sont Théodose, un jeune prince, et Théophile, son gouverneur. Leur conversation révèle les efforts de Théophile pour éduquer et guider Théodose, malgré les résistances initiales du prince. Théophile explique que ses actions, parfois perçues comme désagréables, visaient à protéger Théodose des défauts et à le préparer à une vie glorieuse. Théodose finit par reconnaître les bienfaits de l'éducation stricte de Théophile. Théophile met en garde le prince contre les dangers de la liberté sans contrôle et l'importance de continuer à écouter des conseils honnêtes et bienveillants. Ils discutent également des personnes qui entoureront Théodose, notamment Softène, apprécié pour son caractère aimable, et Philante, perçu comme trop sérieux. Théophile exprime son souhait que Théodose continue à valoriser les conseils sincères et à se méfier des flatteurs. Théophile critique Philante, un homme honnête mais peu flatteur, que Théodose trouve froid et difficile à contenter. Théophile explique que Philante préfère la vérité à la flatterie, contrairement à Softène qui flatte excessivement. Théodose se compare à une divinité, mais Théophile le ramène à la réalité en évoquant l'exemple de l'empereur Caïus, dont l'orgueil fut exacerbé par sa position élevée. Théophile met en garde contre les dangers de l'orgueil et de l'illusion de supériorité, même si la religion et les lumières modernes rendent un tel oubli de soi impossible. Théophile raconte ensuite l'histoire d'un prince asiatique orgueilleux qui méprise les autres hommes. Le roi, son père, utilise une ruse pour lui faire comprendre son erreur : il place un enfant esclave à côté de son fils nouveau-né et demande au prince de les distinguer. Le prince, incapable de les différencier, réalise enfin la vanité de son orgueil. Le texte relate une conversation entre un Prince et Théophile, au cours de laquelle le Prince prend conscience de l'égalité naturelle entre les hommes. Le Roi, pour éclairer son fils, organise un stratagème impliquant un enfant esclave. Le Prince, après réflexion, reconnaît que la nature ne crée pas de princes, mais des hommes, et embrasse son fils ainsi que l'esclave, qu'il affranchit. Théophile et Théodofe discutent ensuite de la perception erronée des jeunes gens et des personnes influentes concernant la noblesse et l'égalité naturelle. Ils soulignent que la noblesse de sang n'apporte pas nécessairement des vertus ou des avantages moraux. Théodofe conclut en affirmant que la nature et la fortune traitent tous les hommes de manière égale, indépendamment de leur rang social. Le dialogue, écrit par Marivaux, vise à rendre plus raisonnables et meilleurs ceux appelés au trône.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1181
p. 86-101
Réflexions de M. le Marquis de Lassé, mort en 1738.
Début :
On entend dire sans cesse qu'on devroit permettre à la Noblesse de trafiquer [...]
Mots clefs :
Noblesse, Gouvernement, Dignités, Homme, Guerre, Évêque, Armes, Église, Profession
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texteReconnaissance textuelle : Réflexions de M. le Marquis de Lassé, mort en 1738.
Réflexions de M.le Marquis de Laffe ,
mort en 1738.
Nentend dire fans ceffe qu'on devroit
permettre à la Nobleffe de trafiquer
comme en Angleterre.
Qu'on eft moins heureux fous le Gouvernement
préfent & dans le fiécle où nous
vivons , que l'on n'étoit autrefois.
Que le bien eft préférable aux dignités.
Qu'il faudroit retrancher le luxe.
Et que la condition des gens d'Eglife eft
plus heureufe que celle des hommes qui
fuivent la profeffion des armes.
Pour moi je penſe fort différemment fur
tous ces articles.
I.
que
La Nobleffe fournit un nombre infini
d'Officiers , en quoi confifte la plus grande
force de nos armées ; car les foldats des
autres nations font du moins auffi bons
les nôtres , & plus endurcis au travail ; &
c'eft cette Nobleffe qui nous a tant de fois
donné la fupériorité fur nos ennemis , &
qui a fauve la France dans les tems les plus
malheureux . Il n'y a qu'à lire notre hiftoire
pour en être inftruit.
DECEMBRE. 1754. 87
Les Gentilshommes animés par l'exemple
de leurs peres , & élevés dès leur enfance
à n'efperer ni bien ni confidération
qué par la guerre & les périls , y portent
toutes leurs penfées ; on ne leur parle d'autre
chofe , & ils fe forment prefqu'en naiffant
à cette valeur dont ils doivent tout
attendre .
Si on leur ouvre une autre porte , & fi
le commerce leur eft permis , ils fuivront
aifément une route bien plus facile &
moins périlleufe , qui les tirera de la pauvreté
où ils font , & leur donnera des richeffes
aifées à acquerir , qui leur fourniront
toutes les commodités & tous les plaifirs
que les hommes recherchent avec tant
de foin. Que n'avoit pas déja fait fur eux
le tems du fyftême du papier , quelque
court qu'il ait été ? C'eft un exemple qu'on
ne doit jamais oublier .
Les peres qui auront commencé ce genre
de vie , y éleveront leurs enfans , & en
peu de tems on verra difparoître cet efprit
guerrier qui a toujours diftingué la Nobleffe
Françoife , & on n'aura plus que des
négocians à la place de ces braves foldats ,
tant vantés dans tous les tems .
Si ce malheur arrivoit , les conféquences
font aisées, à tirer ; & il n'eft pas diffi ile
dejuger ce qu'il en coûteroit à la France ,
88 MERCURE DE FRANCE.
qui eft un Royaume établi par les armes ,
& qui eft fitué de façon qu'il ne ſe peut
foutenir que par ces mêmes armes qui
l'ont fondé.
II.
On fe plaint fans ceffe & du Gouverne
ment & du fiécle dans lequel nous vivons :
il n'y a qu'à lire notre hiftoire & les autres
pour connoître qu'il n'y en a jamais eu
où l'on ait été fi heureux , où le Gouver
nement ait été plus doux , où les hommes
ayent été moins méchans , & où il fe foit
commis moins de crimes.
Songeons aux tems où les particuliers
fe faifoient la guerre les uns aux autres ,
où l'on n'étoit en fûreté ni dans les grands
chemins ni même dans fa maifon , où il
falloit marcher armé & s'enfermer dans
des grilles & dans des foffés. Rappellonsnous
les guerres des Anglois , le malheureux
regne de Charles VI , les troubles des
Huguenots , la Saint Barthelemi , deux Rois
affaffinés , & tous les chefs de l'un & de
l'autre parti égorgés , le poifon , les meurtres
, les duels , les affaffinats fi communs ;
les Seigneurs érigés en tyrans dans les provinces
, & nos dernieres guerres civiles ;
& comparons ces tems-là avec celui - ci
toutes ces horreurs avec la tranquillité
DECEMBRE . 1754 89
dont nous jouiffons & dont nous avons
joui depuis le regne de Louis XIV , qui a
rétabli l'ordre & la fûreté par- tout ; & jugeons
après fi nous avons lieu de nous
plaindre ; fi les maux qui nous font crier
peuvent être mis en comparaifon avec des
malheurs fi effroyables .
Les moeurs s'adouciffent même par- tout ;
les Turcs ne font plus fi cruels , ni les
Mofcovites fi barbares . Les Grands Seigneurs
ne font plus mourir leurs freres ,
& les arts & la politeffe s'établiffent parmi
les Mofcovites.
Le feu Roi d'Angleterre , le Prince
d'Orange & Tekeli font morts dans leur
lit ; & cependant quel intérêt n'avoit - on
pas à s'en défaire ?
III.
On entend dire tous les jours que le
bien eft préférable à tout , & qu'il n'eft
queftion que d'en avoir . Je fuis perſuadé
que cela n'eft pas vrai ; je ne dis pas qu'on
ne tire de grands avantages des richeffes ,
mais on en tire de bien plus grands d'une
illuftre naiffance & des dignités.
Dès qu'on a affez de bien pour avoir
Toutes les commodités de la vie , le furplus
* Jacques II.
90 MERCURE DE FRANCE.
n'eft néceffaire que pour nous donner de la
confidération , & on ne fçauroit nier que
celle qu'on a pour un homme diftingué
par fa nobleffe & par fes dignités , ne foit
bien plus grande que celle qu'on a pour
un homme riche. De plus , il n'y a rien
où le premier ne puiffe prétendre s'il a du
mérite , tous les chemins lui font ouverts ;
au lieu qu'ils font fermés à celui qui n'a
des richeffes fans naiffance : il eft arque
rêté par tout , quoiqu'il ait du mérite , il
effuye des dégoûts en cent occafions , & il
femble même à un homme de qualité qu'il
lui fait trop d'honneur d'aller chez lui , &
de manger fon bien ; il lui paroît qu'il y a
un droit , & qu'il n'en doit avoir que
pour lui prêter ; s'il ne le fait pas , il s'en
plaint hautement , & parle de lui avec
mépris .
Bien loin qu'on ne fafle
affez de cas
pas
de la naiffance en France , comme on le
dit à tous momens , il est certain qu'on
en fait plus qu'on ne devroit , & qu'elle
donne de trop grands avantages fur le mérite
perfonnel.
Autre difcours fort ordinaire & trèsfaux.
On dit que lorfqu'on fe trouve à
portée d'obtenir des graces , il ne faut
fonger qu'à avoir du bien ; c'eft un abus :
il faut fans balancer préferer les dignités
DECEMBRE. 1754
eft
au bien , car il eft certain que les dignités
l'attireront dans la fuite. La Cour
quafi engagée , & ne peut plus vous donner
qué des chofes confidérables , au lieu
que le bien fans dignité vous éléve fort
peu , & fe diffipe promptement.
IV.
Perfonne ne difconvient qu'il n'y a rien
de plus néceffaire à un Etat que la circulation
de l'argent , qui fans cette circulation
demeureroit dans le fond des coffres ,
auffi inutile que s'il étoit encore dans le
centre de la terre ; & le luxe eft le moyen
le plus fimple & le plus aifé pour faire repaffer
l'argent des riches aux pauvres ,
puifque ce moyen eft volontaire , & même
agréable.
Les maisons magnifiques que les Seigneurs
& encore plus les gens d'affaires
font bâtir , ornent le Royaume , &
font retourner l'argent à toutes fortes d'ou
vriers qui y font employés. Les meubles ,
les carroffes , les étoffes , les dentelles , &
mille autres ajuftemens inventés par les
Marchands , font vivre une infinité de
gens ; & les Dames qui donnent avec plaifir
cent piftoles pour une garniture de
dentelles qui font faites par de pauvres
2 MERCURE DE FRANCE.
femmes & par de pauvres filles , ne leur
donneroient certainement pas cet argent
par charité. Il est même plus utile que ce
foit le prix de leur travail que fi on les laiffoit
dans l'oifiveté.
Il y a encore une raiſon particuliere pour
la France : comme fes peuples font les plus
induftrieux de l'Europe , toutes les nations
y viennent chercher leurs modes , & quantité
de chofes qui y font mieux travaillées
qu'ailleurs , & par là y apportent une trèsgrande
quantité d'argent.
Et fi on m'objecte que le luxe ruine les
Seigneurs & les gens riches ; eh tant mieux :
fans qu'on leur faffe violence , il fait retourner
leur argent aux pauvres qui en
ont plus de befoin qu'eux.
V.
On ne fçauroit vivre heureux fans confidération
, & on ne fçauroit avoir de véritable
confidération qu'en rempliffant les
devoirs de fon état . Ces principes établis ,
que je ne crois pas qu'on puiffe contef
ter , voici les conféquences que j'en tire.
Il faut qu'an homme d'Eglife s'affujettifle
à toutes les bienféances & à tous les
devoirs de fa profeffion , qui font fort contraignans
& très- ennuyeux , fans quoi il
DECEMBRE. 1754. 93
me fçauroit avoir de confidération.
Il n'y a perfonne qui ne fente qu'un
Abbé qu'on voit aux fpectacles , dans les
jeux & aux affemblées , n'eft pas à fa place
; & les hommes les plus débauchés ont
une forte de mépris pour un Eccléfiaftique
qui les imite.
Ce que je dis des Abbés feroit encore
beaucoup plus fcandaleux dans un Evêque
j'avoue que les enfans deftinés à l'Eglife
par les familles , & qui embraſſent
cette profeffion , font des fortunes bien
plus promptes & plus aifées que leurs freres
; ils recueillent le fruit des fervices de
leurs parens. Il y a tant de biens d'Eglife
en France , qu'ils ont ordinairement des
Abbayes prefqu'en naiffant , & fans avoir
rien fait pour les mériter. Il eft même rare
qu'un homme de qualité ne devienne pas
Evêque mais à quoi fervent les dignités ,
fi ce n'eft à rendre la vie heureufe ?
:
Suivons celle d'un Abbé de condition , à
commencer dès fon enfance . On le met au
Collége , où l'on tâche de le faire étudier
avec plus de foin que fes freres , ce qui
ne plaît guere à un enfant ; & au fortir du
Collége , il les voit aller à l'Académie avec
des épées & de beaux habits ; pour lui on
lui donne un habit noir & un petit collet ,
& on l'envoye d'ordinaire loger avec un
94 MERCURE DE FRANCE.
Docteur , proche la Sorbonne , où il faut
qu'il aille tous les jours pendant trois ans
entendre des leçons : enfuite il eft Bachelier,
il parvient à être fur les bancs où il difpute
de Théologie . Il entre en licence , il
foutient des Thefes , enfin il eft Docteur
à vingt-cinq ans. Qu'on falle réflexion à la
trifteffe du chemin par lequel il a marché
jufqu'à cet âge ; & c'eft pourtant une partie
confidérable de la vie.
Il n'en n'eſt pas quitte pour cela ; il faut
encore qu'il foit dans un Séminaire pendant
je ne fçais combien de tems : enfuite
il entre dans le monde , où il doit fe priver
de la plupart des plaifirs pour lefquels
on a beaucoup de goût quand on est jeune:
il doit prendre garde aux compagnies
qu'il voit , & fur-tout faire enforte qu'on
ne parle pas de lui , la réputation d'une
femme n'étant pas plus délicate que la
fienne .
Malgré cette contrainte , la vie qu'il
mene alors peut être fupportable , mais
elle n'a qu'un tems. Un vieux Abbé qui
traîne dans les rues n'a pas bonne grace ,
il reffemble à une vieille fille , & on eft i
honteux de n'être pas Evêque à un certain
âge.
Je fuppofe qu'il y parvient , ce qui véritablement
ne lui peut gueres manquer?
DECEMBRE. ورب . 1754
,
ayant eu une bonne conduite ; en eft- il
plus heureux ? Il a une grande dignité , il
eft riche ; mais quel ufage peut- il faire de
fes richeffes ? Il faut qu'il réfide dans fon
Evêché , qui eft fouvent un féjour fort
trifte , & une ville où il y a bien mauvaiſe
compagnie : & quand il attrapperoit une
grande ville où la compagnie feroit meilleure
il n'en fçauroit faire un certain
ufage. Le commerce familier des femmes ,
les foupers agréables , les propos libres ,
tout ce qui peut avoir l'air de galanterie
ou de débauche , font chofes qui lui
font interdites ; la chaffe même ne lui eft
pas permife , & il faut qu'il foit prefque
toujours avec des Moines , des Prêtres ,
des Curés , des Grands Vicaires , à regler
fon Dioceſe. Et fi par hazard il avoit quelque
commerce avec une femme , elle deviendroit
fon tyran , & il auroit tout à
craindre de fon indifcrétion & de fa mé
chanceté. Il feroit dans le même cas à l'égard
de fes domeftiques. Enfin il n'y a
qu'une véritable piété qui puiffe le rendre
heureux. Il est vrai qu'il peut venir de
tems en tems à Paris , par de certaines raifons
, ou fous quelques prétextes ; mais ces
voyages ne doivent être ni longs ni fréquens
, & il doit compter que fa demeure
eft fon Diocèfe , où il paffera fa vie ; &
96 MERCURE DE FRANCE.
encore de quelle façon eft- il à Paris quand
il y vient hors qu'il ait une famille qui
le puiffe loger , il demeure dans un hôtel
garni : les fpectacles , les promenades , les
jeux , les affemblées , enfin tout ce qu'on
appelle les plaifirs , lui font interdits ; &
s'il veut avoir l'eftime du public , il n'y
doit voir que de certaines compagnies , &
il faut que fa conduite foit bien fage &
bien mefurée . Je conclus de tout cela ,
qu'un Eccléfiaftique qui d'un petit état
devient Evêque , fait une fortune brillante
& agréable , mais que c'eft un exil ennuyeux
pour les Abbés qui ont un nom ,
& c'eft eux que j'ai eu en vûe dans tout ce
que je viens de dire.
Voilà quelle eft la condition des Abbés :
il faut préfentement examiner celle des
gens de qualité deftinés à la profeffion des
armes .
Ils commencent prefqu'au fortir de l'enfance
à mener une vie agréable. On les
inet à l'Académie , où on leur apprend toutes
fortes d'exercices qui font fort du goût
de la jeuneffe . Ils jouent à la paume , ils
vont aux fpectacles , aux promenades publiques
, & ils jouiffent d'un commencement
de liberté. Au fortir de l'Académie ,
ils l'ont entiere : on les mene à la Cour ,
on les préfente au Roi & à tout ce qu'il y a
de
DECEMBRE . 1754 97
de plus grand ; on leur donne un équipage
, de beaux habits ; aucuns plaifirs ne
leur font défendus , le jeu , la chaffe , la
bonne chere : on leur recommande feulement
de les prendre avec les jeunes gens
de leur âge , que leur naiffance & l'air
dont ils font dans le monde diftingue des
autres , & fur tout d'éviter la mauvaiſe
compagnie. L'amour , paffion bien naturelle
dans cet âge , leur fied à merveille ;
on leur paffe tout , hors ce qui attaque
Phonnête homme . Il eft bon même qu'on
parle d'eux , & l'obfcurité eft ce qu'ils ont
le plus à craindre : ils font des fêtes , des
plaifirs , des voyages du Roi , & c'est par
un chemin fi agréable à la jeuneffe qu'ils
acquierent fa familiarité , & qu'ils commencent
leur fortune.
Pendant ce tems , leur famille travaille
à leur faire avoir un emploi convenable à
leur condition & à la profeffion qu'ils ont
embraffée , & c'eft encore un nouveau plaifir
pour un jeune homine bien né , de commander
à des gens de guerre , ce détail
d'armes & de chevaux eft une occupation
qui lui plaît beaucoup . Cependant les années
viennent , & lui apportent plus de
raiſon : la carriere qu'il doit courre eft ouverte
; il déploye les talens que Dieu lui a
donnés ; il fonge plus férieufement à ac
II.Vol. E
98 MERCURE DE FRANCE.
querir de la réputation & à faire fa fortune
, & il cherche les occafions de fe
diftinguer. S'il entre dans le monde dans
un tems de paix , il eft ravi qu'il ſe préfente
quelque occafion d'aller chercher la
guerre dans les pays étrangers ; & fi la
guerre eft dans fon pays , il fonge à y acquerir
par fon courage la gloire la plus
flateufe de toutes , & des connoiffances
qui le rendent capable des premiers emplois
, qui peuvent le conduire aux plus
grands honneurs : il les voit en perfpective
; il n'y arrivera peut-être pas , mais il
a le plaifir de les efpérer en marchant pat
le chemin qui y mene , & ce chemin eft
plus rempli de rofes que d'épines. Il y a
des fatigues & des périls , mais ils ne font
ni fi grands ni fi fréquens qu'ils le difent ;
prefque tout le monde veut en impofer , &
cherche à fe faire valoir. Une fatigue qu'il
faut que toute une armée faffe , ne peut
jamais être extrême , fur- tout pour un hom
me de condition , qui a d'ordinaire beau
coup d'équipages & beaucoup de commodités
; & il eft bien rare & comme impoffible
qu'il manque des chofes néceſſaires
à la vie , même dans les jours les plus
fâcheux , & ces jours de peine n'arrivent
pas fouvent pendant le cours d'une campagne.
DECEMBRE. 1754. 99
Le reste du tems on joue , on fait bonne
chere , & on mene une vie libre & parefleuſe
, & débarraffée de toutes fortes de
foins & de toute contrainte ; & puis on
attrape le tems où l'on retourne à Paris
jouir de tous les plaifirs .
par
A l'égard du péril , il eft certain qu'il
y a des occafions où l'on en court beaucoup
, & il eft difficile qu'un homme
vienne aux premieres dignités de la guer
re , & mérite les honneurs qui les doivent
fuivre , fans y avoir été exposé plufieurs
fois : cependant ce n'eft pas auffi fouvent
comme on fe l'imagine , & il fe trouve
quelquefois employé pendant toute une
campagne dans des lieux où il n'y a nul
danger. De plus , pendant le cours de la
vie d'un homme , la guerre n'eft
jours dans fon pays , & il s'en manque
fouvent la plus grande partie.
pas tou-
Il faut cependant convenir que la vie
de ceux qui fuivent la profeffion des armes
eft plus expofée que celle des autres hommes;
les périls de la guerre , les voyages ,
les climats différens où ils fe trouvent , le
mauvais air où ils font quelquefois expofés
, les fatigues , & encore plus les débauches
, les querelles particulieres & les
duels ( coutume barbare , inconnue aux
Grecs & aux Romains , contraire à la rai-
E ij
100 MERCURE DE FRANCE.
fon , au bien de l'Etat , & au repos des
particuliers ) , font autant de chemins qui
les conduisent à la mort. Cependant l'expérience
fait voir qu'il y en a beaucoup qui
attrapent l'extrême vieillelle.
De plus , il y a un grand nombre de
gens de condition qui ne pouffent pas la
chofe fi loin , & qui quittent la guerre
à caufe de leur fanté , ou pour quelqu'autre
raifon , après l'avoir faite autant qu'il
convient à leur honneur ; & ils jouiffent
tous également de cette vie libre , dans
laquelle rien ne leur eft défendu que les
chofes qu'un honnête homme fe défend à
lui-même , & que les plus mal nés ne font
point fans fe les reppocher , & fans tâcher
à les cacher.
Avant que de finir , il faut que je faſle
encore une réflexion . Si on propoſoit à un
homme de qualité de lui donner le gouvernement
d'une ville , même confidéra
ble , d'un revenu égal à celui de l'Evêché
de cette ville , à charge d'y faire une réfidence
auffi longue que celle que l'Evêque
y doit faire pour être eftimé , ce qui eft
proprement à charge d'y paffer fa vie , en
faifant de tems en tems quelques voyages
à Paris & à la Cour ; je crois qu'il s'en
trouveroit fort peu qui le vouluffent accepter
à cette condition. Cependant ce
DECEMBRE. 1754. ΙΟΙ
Gouverneur peut aller à la chafle , s'il l'aime
; faire bonne chere avec les compagnies
les plus agréables , voir les Dames
les affembler tous les foirs chez lui , avoir
des maîtreffes , & enfin contenter tous fes
goûts , fans que cela faffe le moindre tort
à la réputation & à fa fortune ; & l'Evêque
devant fe priver de tous ces plaifirs ,
on ne peut pas difconvenir que la vie du
Gouverneur ne foit bien différente de celle
de l'Evêque : cependant , je le repete encore
, je crois qu'il y a fort peu de gens de
qualité d'un commerce aimable qui vouluffent
accepter le Gouvernement .
mort en 1738.
Nentend dire fans ceffe qu'on devroit
permettre à la Nobleffe de trafiquer
comme en Angleterre.
Qu'on eft moins heureux fous le Gouvernement
préfent & dans le fiécle où nous
vivons , que l'on n'étoit autrefois.
Que le bien eft préférable aux dignités.
Qu'il faudroit retrancher le luxe.
Et que la condition des gens d'Eglife eft
plus heureufe que celle des hommes qui
fuivent la profeffion des armes.
Pour moi je penſe fort différemment fur
tous ces articles.
I.
que
La Nobleffe fournit un nombre infini
d'Officiers , en quoi confifte la plus grande
force de nos armées ; car les foldats des
autres nations font du moins auffi bons
les nôtres , & plus endurcis au travail ; &
c'eft cette Nobleffe qui nous a tant de fois
donné la fupériorité fur nos ennemis , &
qui a fauve la France dans les tems les plus
malheureux . Il n'y a qu'à lire notre hiftoire
pour en être inftruit.
DECEMBRE. 1754. 87
Les Gentilshommes animés par l'exemple
de leurs peres , & élevés dès leur enfance
à n'efperer ni bien ni confidération
qué par la guerre & les périls , y portent
toutes leurs penfées ; on ne leur parle d'autre
chofe , & ils fe forment prefqu'en naiffant
à cette valeur dont ils doivent tout
attendre .
Si on leur ouvre une autre porte , & fi
le commerce leur eft permis , ils fuivront
aifément une route bien plus facile &
moins périlleufe , qui les tirera de la pauvreté
où ils font , & leur donnera des richeffes
aifées à acquerir , qui leur fourniront
toutes les commodités & tous les plaifirs
que les hommes recherchent avec tant
de foin. Que n'avoit pas déja fait fur eux
le tems du fyftême du papier , quelque
court qu'il ait été ? C'eft un exemple qu'on
ne doit jamais oublier .
Les peres qui auront commencé ce genre
de vie , y éleveront leurs enfans , & en
peu de tems on verra difparoître cet efprit
guerrier qui a toujours diftingué la Nobleffe
Françoife , & on n'aura plus que des
négocians à la place de ces braves foldats ,
tant vantés dans tous les tems .
Si ce malheur arrivoit , les conféquences
font aisées, à tirer ; & il n'eft pas diffi ile
dejuger ce qu'il en coûteroit à la France ,
88 MERCURE DE FRANCE.
qui eft un Royaume établi par les armes ,
& qui eft fitué de façon qu'il ne ſe peut
foutenir que par ces mêmes armes qui
l'ont fondé.
II.
On fe plaint fans ceffe & du Gouverne
ment & du fiécle dans lequel nous vivons :
il n'y a qu'à lire notre hiftoire & les autres
pour connoître qu'il n'y en a jamais eu
où l'on ait été fi heureux , où le Gouver
nement ait été plus doux , où les hommes
ayent été moins méchans , & où il fe foit
commis moins de crimes.
Songeons aux tems où les particuliers
fe faifoient la guerre les uns aux autres ,
où l'on n'étoit en fûreté ni dans les grands
chemins ni même dans fa maifon , où il
falloit marcher armé & s'enfermer dans
des grilles & dans des foffés. Rappellonsnous
les guerres des Anglois , le malheureux
regne de Charles VI , les troubles des
Huguenots , la Saint Barthelemi , deux Rois
affaffinés , & tous les chefs de l'un & de
l'autre parti égorgés , le poifon , les meurtres
, les duels , les affaffinats fi communs ;
les Seigneurs érigés en tyrans dans les provinces
, & nos dernieres guerres civiles ;
& comparons ces tems-là avec celui - ci
toutes ces horreurs avec la tranquillité
DECEMBRE . 1754 89
dont nous jouiffons & dont nous avons
joui depuis le regne de Louis XIV , qui a
rétabli l'ordre & la fûreté par- tout ; & jugeons
après fi nous avons lieu de nous
plaindre ; fi les maux qui nous font crier
peuvent être mis en comparaifon avec des
malheurs fi effroyables .
Les moeurs s'adouciffent même par- tout ;
les Turcs ne font plus fi cruels , ni les
Mofcovites fi barbares . Les Grands Seigneurs
ne font plus mourir leurs freres ,
& les arts & la politeffe s'établiffent parmi
les Mofcovites.
Le feu Roi d'Angleterre , le Prince
d'Orange & Tekeli font morts dans leur
lit ; & cependant quel intérêt n'avoit - on
pas à s'en défaire ?
III.
On entend dire tous les jours que le
bien eft préférable à tout , & qu'il n'eft
queftion que d'en avoir . Je fuis perſuadé
que cela n'eft pas vrai ; je ne dis pas qu'on
ne tire de grands avantages des richeffes ,
mais on en tire de bien plus grands d'une
illuftre naiffance & des dignités.
Dès qu'on a affez de bien pour avoir
Toutes les commodités de la vie , le furplus
* Jacques II.
90 MERCURE DE FRANCE.
n'eft néceffaire que pour nous donner de la
confidération , & on ne fçauroit nier que
celle qu'on a pour un homme diftingué
par fa nobleffe & par fes dignités , ne foit
bien plus grande que celle qu'on a pour
un homme riche. De plus , il n'y a rien
où le premier ne puiffe prétendre s'il a du
mérite , tous les chemins lui font ouverts ;
au lieu qu'ils font fermés à celui qui n'a
des richeffes fans naiffance : il eft arque
rêté par tout , quoiqu'il ait du mérite , il
effuye des dégoûts en cent occafions , & il
femble même à un homme de qualité qu'il
lui fait trop d'honneur d'aller chez lui , &
de manger fon bien ; il lui paroît qu'il y a
un droit , & qu'il n'en doit avoir que
pour lui prêter ; s'il ne le fait pas , il s'en
plaint hautement , & parle de lui avec
mépris .
Bien loin qu'on ne fafle
affez de cas
pas
de la naiffance en France , comme on le
dit à tous momens , il est certain qu'on
en fait plus qu'on ne devroit , & qu'elle
donne de trop grands avantages fur le mérite
perfonnel.
Autre difcours fort ordinaire & trèsfaux.
On dit que lorfqu'on fe trouve à
portée d'obtenir des graces , il ne faut
fonger qu'à avoir du bien ; c'eft un abus :
il faut fans balancer préferer les dignités
DECEMBRE. 1754
eft
au bien , car il eft certain que les dignités
l'attireront dans la fuite. La Cour
quafi engagée , & ne peut plus vous donner
qué des chofes confidérables , au lieu
que le bien fans dignité vous éléve fort
peu , & fe diffipe promptement.
IV.
Perfonne ne difconvient qu'il n'y a rien
de plus néceffaire à un Etat que la circulation
de l'argent , qui fans cette circulation
demeureroit dans le fond des coffres ,
auffi inutile que s'il étoit encore dans le
centre de la terre ; & le luxe eft le moyen
le plus fimple & le plus aifé pour faire repaffer
l'argent des riches aux pauvres ,
puifque ce moyen eft volontaire , & même
agréable.
Les maisons magnifiques que les Seigneurs
& encore plus les gens d'affaires
font bâtir , ornent le Royaume , &
font retourner l'argent à toutes fortes d'ou
vriers qui y font employés. Les meubles ,
les carroffes , les étoffes , les dentelles , &
mille autres ajuftemens inventés par les
Marchands , font vivre une infinité de
gens ; & les Dames qui donnent avec plaifir
cent piftoles pour une garniture de
dentelles qui font faites par de pauvres
2 MERCURE DE FRANCE.
femmes & par de pauvres filles , ne leur
donneroient certainement pas cet argent
par charité. Il est même plus utile que ce
foit le prix de leur travail que fi on les laiffoit
dans l'oifiveté.
Il y a encore une raiſon particuliere pour
la France : comme fes peuples font les plus
induftrieux de l'Europe , toutes les nations
y viennent chercher leurs modes , & quantité
de chofes qui y font mieux travaillées
qu'ailleurs , & par là y apportent une trèsgrande
quantité d'argent.
Et fi on m'objecte que le luxe ruine les
Seigneurs & les gens riches ; eh tant mieux :
fans qu'on leur faffe violence , il fait retourner
leur argent aux pauvres qui en
ont plus de befoin qu'eux.
V.
On ne fçauroit vivre heureux fans confidération
, & on ne fçauroit avoir de véritable
confidération qu'en rempliffant les
devoirs de fon état . Ces principes établis ,
que je ne crois pas qu'on puiffe contef
ter , voici les conféquences que j'en tire.
Il faut qu'an homme d'Eglife s'affujettifle
à toutes les bienféances & à tous les
devoirs de fa profeffion , qui font fort contraignans
& très- ennuyeux , fans quoi il
DECEMBRE. 1754. 93
me fçauroit avoir de confidération.
Il n'y a perfonne qui ne fente qu'un
Abbé qu'on voit aux fpectacles , dans les
jeux & aux affemblées , n'eft pas à fa place
; & les hommes les plus débauchés ont
une forte de mépris pour un Eccléfiaftique
qui les imite.
Ce que je dis des Abbés feroit encore
beaucoup plus fcandaleux dans un Evêque
j'avoue que les enfans deftinés à l'Eglife
par les familles , & qui embraſſent
cette profeffion , font des fortunes bien
plus promptes & plus aifées que leurs freres
; ils recueillent le fruit des fervices de
leurs parens. Il y a tant de biens d'Eglife
en France , qu'ils ont ordinairement des
Abbayes prefqu'en naiffant , & fans avoir
rien fait pour les mériter. Il eft même rare
qu'un homme de qualité ne devienne pas
Evêque mais à quoi fervent les dignités ,
fi ce n'eft à rendre la vie heureufe ?
:
Suivons celle d'un Abbé de condition , à
commencer dès fon enfance . On le met au
Collége , où l'on tâche de le faire étudier
avec plus de foin que fes freres , ce qui
ne plaît guere à un enfant ; & au fortir du
Collége , il les voit aller à l'Académie avec
des épées & de beaux habits ; pour lui on
lui donne un habit noir & un petit collet ,
& on l'envoye d'ordinaire loger avec un
94 MERCURE DE FRANCE.
Docteur , proche la Sorbonne , où il faut
qu'il aille tous les jours pendant trois ans
entendre des leçons : enfuite il eft Bachelier,
il parvient à être fur les bancs où il difpute
de Théologie . Il entre en licence , il
foutient des Thefes , enfin il eft Docteur
à vingt-cinq ans. Qu'on falle réflexion à la
trifteffe du chemin par lequel il a marché
jufqu'à cet âge ; & c'eft pourtant une partie
confidérable de la vie.
Il n'en n'eſt pas quitte pour cela ; il faut
encore qu'il foit dans un Séminaire pendant
je ne fçais combien de tems : enfuite
il entre dans le monde , où il doit fe priver
de la plupart des plaifirs pour lefquels
on a beaucoup de goût quand on est jeune:
il doit prendre garde aux compagnies
qu'il voit , & fur-tout faire enforte qu'on
ne parle pas de lui , la réputation d'une
femme n'étant pas plus délicate que la
fienne .
Malgré cette contrainte , la vie qu'il
mene alors peut être fupportable , mais
elle n'a qu'un tems. Un vieux Abbé qui
traîne dans les rues n'a pas bonne grace ,
il reffemble à une vieille fille , & on eft i
honteux de n'être pas Evêque à un certain
âge.
Je fuppofe qu'il y parvient , ce qui véritablement
ne lui peut gueres manquer?
DECEMBRE. ورب . 1754
,
ayant eu une bonne conduite ; en eft- il
plus heureux ? Il a une grande dignité , il
eft riche ; mais quel ufage peut- il faire de
fes richeffes ? Il faut qu'il réfide dans fon
Evêché , qui eft fouvent un féjour fort
trifte , & une ville où il y a bien mauvaiſe
compagnie : & quand il attrapperoit une
grande ville où la compagnie feroit meilleure
il n'en fçauroit faire un certain
ufage. Le commerce familier des femmes ,
les foupers agréables , les propos libres ,
tout ce qui peut avoir l'air de galanterie
ou de débauche , font chofes qui lui
font interdites ; la chaffe même ne lui eft
pas permife , & il faut qu'il foit prefque
toujours avec des Moines , des Prêtres ,
des Curés , des Grands Vicaires , à regler
fon Dioceſe. Et fi par hazard il avoit quelque
commerce avec une femme , elle deviendroit
fon tyran , & il auroit tout à
craindre de fon indifcrétion & de fa mé
chanceté. Il feroit dans le même cas à l'égard
de fes domeftiques. Enfin il n'y a
qu'une véritable piété qui puiffe le rendre
heureux. Il est vrai qu'il peut venir de
tems en tems à Paris , par de certaines raifons
, ou fous quelques prétextes ; mais ces
voyages ne doivent être ni longs ni fréquens
, & il doit compter que fa demeure
eft fon Diocèfe , où il paffera fa vie ; &
96 MERCURE DE FRANCE.
encore de quelle façon eft- il à Paris quand
il y vient hors qu'il ait une famille qui
le puiffe loger , il demeure dans un hôtel
garni : les fpectacles , les promenades , les
jeux , les affemblées , enfin tout ce qu'on
appelle les plaifirs , lui font interdits ; &
s'il veut avoir l'eftime du public , il n'y
doit voir que de certaines compagnies , &
il faut que fa conduite foit bien fage &
bien mefurée . Je conclus de tout cela ,
qu'un Eccléfiaftique qui d'un petit état
devient Evêque , fait une fortune brillante
& agréable , mais que c'eft un exil ennuyeux
pour les Abbés qui ont un nom ,
& c'eft eux que j'ai eu en vûe dans tout ce
que je viens de dire.
Voilà quelle eft la condition des Abbés :
il faut préfentement examiner celle des
gens de qualité deftinés à la profeffion des
armes .
Ils commencent prefqu'au fortir de l'enfance
à mener une vie agréable. On les
inet à l'Académie , où on leur apprend toutes
fortes d'exercices qui font fort du goût
de la jeuneffe . Ils jouent à la paume , ils
vont aux fpectacles , aux promenades publiques
, & ils jouiffent d'un commencement
de liberté. Au fortir de l'Académie ,
ils l'ont entiere : on les mene à la Cour ,
on les préfente au Roi & à tout ce qu'il y a
de
DECEMBRE . 1754 97
de plus grand ; on leur donne un équipage
, de beaux habits ; aucuns plaifirs ne
leur font défendus , le jeu , la chaffe , la
bonne chere : on leur recommande feulement
de les prendre avec les jeunes gens
de leur âge , que leur naiffance & l'air
dont ils font dans le monde diftingue des
autres , & fur tout d'éviter la mauvaiſe
compagnie. L'amour , paffion bien naturelle
dans cet âge , leur fied à merveille ;
on leur paffe tout , hors ce qui attaque
Phonnête homme . Il eft bon même qu'on
parle d'eux , & l'obfcurité eft ce qu'ils ont
le plus à craindre : ils font des fêtes , des
plaifirs , des voyages du Roi , & c'est par
un chemin fi agréable à la jeuneffe qu'ils
acquierent fa familiarité , & qu'ils commencent
leur fortune.
Pendant ce tems , leur famille travaille
à leur faire avoir un emploi convenable à
leur condition & à la profeffion qu'ils ont
embraffée , & c'eft encore un nouveau plaifir
pour un jeune homine bien né , de commander
à des gens de guerre , ce détail
d'armes & de chevaux eft une occupation
qui lui plaît beaucoup . Cependant les années
viennent , & lui apportent plus de
raiſon : la carriere qu'il doit courre eft ouverte
; il déploye les talens que Dieu lui a
donnés ; il fonge plus férieufement à ac
II.Vol. E
98 MERCURE DE FRANCE.
querir de la réputation & à faire fa fortune
, & il cherche les occafions de fe
diftinguer. S'il entre dans le monde dans
un tems de paix , il eft ravi qu'il ſe préfente
quelque occafion d'aller chercher la
guerre dans les pays étrangers ; & fi la
guerre eft dans fon pays , il fonge à y acquerir
par fon courage la gloire la plus
flateufe de toutes , & des connoiffances
qui le rendent capable des premiers emplois
, qui peuvent le conduire aux plus
grands honneurs : il les voit en perfpective
; il n'y arrivera peut-être pas , mais il
a le plaifir de les efpérer en marchant pat
le chemin qui y mene , & ce chemin eft
plus rempli de rofes que d'épines. Il y a
des fatigues & des périls , mais ils ne font
ni fi grands ni fi fréquens qu'ils le difent ;
prefque tout le monde veut en impofer , &
cherche à fe faire valoir. Une fatigue qu'il
faut que toute une armée faffe , ne peut
jamais être extrême , fur- tout pour un hom
me de condition , qui a d'ordinaire beau
coup d'équipages & beaucoup de commodités
; & il eft bien rare & comme impoffible
qu'il manque des chofes néceſſaires
à la vie , même dans les jours les plus
fâcheux , & ces jours de peine n'arrivent
pas fouvent pendant le cours d'une campagne.
DECEMBRE. 1754. 99
Le reste du tems on joue , on fait bonne
chere , & on mene une vie libre & parefleuſe
, & débarraffée de toutes fortes de
foins & de toute contrainte ; & puis on
attrape le tems où l'on retourne à Paris
jouir de tous les plaifirs .
par
A l'égard du péril , il eft certain qu'il
y a des occafions où l'on en court beaucoup
, & il eft difficile qu'un homme
vienne aux premieres dignités de la guer
re , & mérite les honneurs qui les doivent
fuivre , fans y avoir été exposé plufieurs
fois : cependant ce n'eft pas auffi fouvent
comme on fe l'imagine , & il fe trouve
quelquefois employé pendant toute une
campagne dans des lieux où il n'y a nul
danger. De plus , pendant le cours de la
vie d'un homme , la guerre n'eft
jours dans fon pays , & il s'en manque
fouvent la plus grande partie.
pas tou-
Il faut cependant convenir que la vie
de ceux qui fuivent la profeffion des armes
eft plus expofée que celle des autres hommes;
les périls de la guerre , les voyages ,
les climats différens où ils fe trouvent , le
mauvais air où ils font quelquefois expofés
, les fatigues , & encore plus les débauches
, les querelles particulieres & les
duels ( coutume barbare , inconnue aux
Grecs & aux Romains , contraire à la rai-
E ij
100 MERCURE DE FRANCE.
fon , au bien de l'Etat , & au repos des
particuliers ) , font autant de chemins qui
les conduisent à la mort. Cependant l'expérience
fait voir qu'il y en a beaucoup qui
attrapent l'extrême vieillelle.
De plus , il y a un grand nombre de
gens de condition qui ne pouffent pas la
chofe fi loin , & qui quittent la guerre
à caufe de leur fanté , ou pour quelqu'autre
raifon , après l'avoir faite autant qu'il
convient à leur honneur ; & ils jouiffent
tous également de cette vie libre , dans
laquelle rien ne leur eft défendu que les
chofes qu'un honnête homme fe défend à
lui-même , & que les plus mal nés ne font
point fans fe les reppocher , & fans tâcher
à les cacher.
Avant que de finir , il faut que je faſle
encore une réflexion . Si on propoſoit à un
homme de qualité de lui donner le gouvernement
d'une ville , même confidéra
ble , d'un revenu égal à celui de l'Evêché
de cette ville , à charge d'y faire une réfidence
auffi longue que celle que l'Evêque
y doit faire pour être eftimé , ce qui eft
proprement à charge d'y paffer fa vie , en
faifant de tems en tems quelques voyages
à Paris & à la Cour ; je crois qu'il s'en
trouveroit fort peu qui le vouluffent accepter
à cette condition. Cependant ce
DECEMBRE. 1754. ΙΟΙ
Gouverneur peut aller à la chafle , s'il l'aime
; faire bonne chere avec les compagnies
les plus agréables , voir les Dames
les affembler tous les foirs chez lui , avoir
des maîtreffes , & enfin contenter tous fes
goûts , fans que cela faffe le moindre tort
à la réputation & à fa fortune ; & l'Evêque
devant fe priver de tous ces plaifirs ,
on ne peut pas difconvenir que la vie du
Gouverneur ne foit bien différente de celle
de l'Evêque : cependant , je le repete encore
, je crois qu'il y a fort peu de gens de
qualité d'un commerce aimable qui vouluffent
accepter le Gouvernement .
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Résumé : Réflexions de M. le Marquis de Lassé, mort en 1738.
Le Marquis de Laffe, décédé en 1738, a exprimé diverses réflexions sur la noblesse, le gouvernement, et les professions. Il soutient que la noblesse est cruciale pour fournir des officiers aux armées, assurant ainsi la supériorité militaire de la France. Il craint que l'autorisation pour la noblesse de se livrer au commerce ne détourne les gentilshommes de leur vocation guerrière. Le Marquis rejette les plaintes sur le gouvernement et le siècle actuel, affirmant que l'histoire montre des périodes plus tumultueuses et violentes. Il souligne que les mœurs se sont adoucies et que la tranquillité règne depuis le règne de Louis XIV. Concernant la préférence entre le bien et les dignités, il estime que les dignités offrent une considération sociale plus grande et ouvrent plus de portes que la simple richesse. Sur le luxe, le Marquis le considère comme un moyen nécessaire pour faire circuler l'argent dans l'économie, bénéficiant ainsi aux classes pauvres. Il note que le luxe stimule diverses industries et attire des capitaux étrangers. Il compare également la condition des ecclésiastiques à celle des militaires, décrivant la vie des abbés comme contraignante et ennuyeuse, marquée par des devoirs rigoureux et des privations. En revanche, il présente la vie des gentilshommes destinés à la profession des armes comme agréable et pleine de libertés dès le jeune âge. La vie des jeunes hommes de qualité est marquée par l'importance de l'âge et de la compagnie. Ils participent à des fêtes, des plaisirs et des voyages du Roi, ce qui leur permet d'acquérir de la familiarité et de commencer leur fortune. Leur famille travaille à leur obtenir un emploi convenable, souvent dans la carrière militaire, qui leur plaît beaucoup. Avec l'âge, ils acquièrent plus de raison et cherchent à se distinguer. En temps de paix, ils cherchent des occasions de guerre à l'étranger; en temps de guerre, ils visent la gloire et les connaissances nécessaires pour obtenir des emplois élevés. La vie militaire est remplie de fatigues et de périls, mais ces derniers ne sont ni fréquents ni extrêmes, surtout pour ceux de condition élevée. Le reste du temps est consacré aux plaisirs et à une vie libre. La vie militaire est plus exposée que celle des autres hommes, mais beaucoup atteignent un âge avancé. Certains quittent la guerre pour des raisons de santé ou autres, mais tous jouissent d'une vie libre.
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1182
p. 203
DU NORD.
Début :
Pour donner un plus grand lustre à la ville de Moscou, l'Impératrice se propose d'y établir [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Université, Impératrice
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE PETERSBOURG , le 17 Novembre.
Pour donner un plus grand luftre à la ville de
Mofcou , l'Impératrice fe propofe d'y établir
une Univerfité. On prétend que toutes les per--
fonnes d'une condition au- deffus du commun ,
feront obligées d'y envoyer leurs enfans. Sa Majefté
Impériale a ordonné que le nombre des Ecoles
publiques für augmenté , & que le peuple ne
manquât nulle part des fecours néceffaires pour
fon inftruction.
DE PETERSBOURG , le 17 Novembre.
Pour donner un plus grand luftre à la ville de
Mofcou , l'Impératrice fe propofe d'y établir
une Univerfité. On prétend que toutes les per--
fonnes d'une condition au- deffus du commun ,
feront obligées d'y envoyer leurs enfans. Sa Majefté
Impériale a ordonné que le nombre des Ecoles
publiques für augmenté , & que le peuple ne
manquât nulle part des fecours néceffaires pour
fon inftruction.
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1183
p. 204-205
ITALIE.
Début :
Le Comte de Stainville, Ambassadeur Extraordinaire du Roi Très-Chrétien, arriva le 4 avec la [...]
Mots clefs :
Comte, Roi, Ambassadeurs, Gênes, Florence, Rome
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE ROME , le 9 Novembre.
Le Comte de Stainville , Ambaffadeur Extraor
dinaire du Roi Très-Chrétien , arriva le 4 avec la
Comteffe fon époufe. Ils occupent le même palais
dans lequel demeuroit le Duc de Nivernois..
DE FLORENCE , le 19 Novembre.
Plufieurs expériences ayant prouvé qu'il eft dan
gereux de faire ufage des vêtemens dont fe font
fervies les perfonnes mortes d'étifie , le Gouver
nement a défendu de vendre à l'avenir le linge
& les habits qui leur ont appartenu. En même
tems il eft enjoint aux Médecins de ne point
manquer , auffi-tôt qu'ils feront appellés par quelqu'un
attaqué de cette maladie , d'en avertir le
Tribunal de Santé , afin qu'on puiffe veiller à faire
exécuter le réglement.
DE GENES , le 12 Novembre.
Le Comte de Neuilly, Envoyé Extraordinaire
& Ministre Plénipotentiaire du Roi de France
auprès de cette République , arriva ici le 2. Ce
Miniftre ayant donné part de fon arrivée au Goμ-
vernement, on a député quatre Nobles pour alJANVIE
K. 1755. 205
ler le complimenter de la part du Sénat. Le Marquis
Ferdinand Spinola étoit à la tête de la députation.
Le 9 , le Comte de Neuilly eut audience
du Doge. Il a reçu enfuite les vifites de toute la
Nobleffe & des Miniftres étrangers. Le Marquis
Jerôme Grimaldi s'eft embarqué le 6 au matin fur
une Felouque , pour paffer à Marſeille . Il fe rendra
de là par terre à la Haye , où il va réfider
avec le caractère d'Ambaffadeur du Roi d'Eſpagne
auprès des Etats Généraux des Provinces - Unies.
DE ROME , le 9 Novembre.
Le Comte de Stainville , Ambaffadeur Extraor
dinaire du Roi Très-Chrétien , arriva le 4 avec la
Comteffe fon époufe. Ils occupent le même palais
dans lequel demeuroit le Duc de Nivernois..
DE FLORENCE , le 19 Novembre.
Plufieurs expériences ayant prouvé qu'il eft dan
gereux de faire ufage des vêtemens dont fe font
fervies les perfonnes mortes d'étifie , le Gouver
nement a défendu de vendre à l'avenir le linge
& les habits qui leur ont appartenu. En même
tems il eft enjoint aux Médecins de ne point
manquer , auffi-tôt qu'ils feront appellés par quelqu'un
attaqué de cette maladie , d'en avertir le
Tribunal de Santé , afin qu'on puiffe veiller à faire
exécuter le réglement.
DE GENES , le 12 Novembre.
Le Comte de Neuilly, Envoyé Extraordinaire
& Ministre Plénipotentiaire du Roi de France
auprès de cette République , arriva ici le 2. Ce
Miniftre ayant donné part de fon arrivée au Goμ-
vernement, on a député quatre Nobles pour alJANVIE
K. 1755. 205
ler le complimenter de la part du Sénat. Le Marquis
Ferdinand Spinola étoit à la tête de la députation.
Le 9 , le Comte de Neuilly eut audience
du Doge. Il a reçu enfuite les vifites de toute la
Nobleffe & des Miniftres étrangers. Le Marquis
Jerôme Grimaldi s'eft embarqué le 6 au matin fur
une Felouque , pour paffer à Marſeille . Il fe rendra
de là par terre à la Haye , où il va réfider
avec le caractère d'Ambaffadeur du Roi d'Eſpagne
auprès des Etats Généraux des Provinces - Unies.
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Résumé : ITALIE.
Le 4 novembre, le Comte de Stainville, ambassadeur extraordinaire du Roi de France, est arrivé à Rome avec son épouse, la Comtesse, résidant dans le palais précédemment occupé par le Duc de Nivernois. À Florence, le 19 novembre, le gouvernement a interdit la vente de vêtements ayant appartenu à des personnes mortes de la peste, imposant aux médecins de signaler les cas de peste au Tribunal de Santé. À Gênes, le Comte de Neuilly, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire du Roi de France, est arrivé le 2 novembre. Le gouvernement génois a envoyé quatre nobles, dirigés par le Marquis Ferdinand Spinola, pour le complimenter. Le 9 novembre, le Comte de Neuilly a été reçu en audience par le Doge et a ensuite rencontré la noblesse et les ministres étrangers. Par ailleurs, le Marquis Jérôme Grimaldi s'est embarqué le 6 novembre pour Marseille, avant de se rendre à La Haye pour représenter le Roi d'Espagne auprès des États Généraux des Provinces-Unies.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1184
p. 205
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Aujourd'hui le Roi s'est rendu à la Chambre des Pairs avec les cérémonies accoutumées, & Sa [...]
Mots clefs :
Roi d'Angleterre, Chambre des communes
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE- BRETAGNE.
DE LONDRES , le 14 Novembre.
Aujourd'hui le Roi s'eft rendu à la Chambre
des Pairs avec les cérémonies accoutumées , & Sa
Majesté ayant mandé la Chambre des Communes ,.
a fait l'ouverture du Parlement par un fort beau
Difcours.
Le fieur Henriques vient de publier un nouveau
projet pour acquitter les dettes de la nation
, par le moyen d'une Lotterie qui durera dix
ans. Il en a remis aujourd'hui des copies à tous
les Membres de la Chambre des Communes.
Le 15 Novembre les Seigneurs préſenterent
au Roi leur adreffe , à laquelle Sa Majefté répondit
: » MYLORDS , je vous remercie des marques
>> que vous me donnez de votre affection & de vo-
» tre fidelité . Le zele que vous montrez pour ma
» perfonne & pour mon gouvernement , ne peut
» manquer de produire les meilleurs effets , tant
» au dedans qu'au dehors. Je n'uferai jamais de
>> votre confiance que pour le véritable intérêt de
» mon peuple.
DE LONDRES , le 14 Novembre.
Aujourd'hui le Roi s'eft rendu à la Chambre
des Pairs avec les cérémonies accoutumées , & Sa
Majesté ayant mandé la Chambre des Communes ,.
a fait l'ouverture du Parlement par un fort beau
Difcours.
Le fieur Henriques vient de publier un nouveau
projet pour acquitter les dettes de la nation
, par le moyen d'une Lotterie qui durera dix
ans. Il en a remis aujourd'hui des copies à tous
les Membres de la Chambre des Communes.
Le 15 Novembre les Seigneurs préſenterent
au Roi leur adreffe , à laquelle Sa Majefté répondit
: » MYLORDS , je vous remercie des marques
>> que vous me donnez de votre affection & de vo-
» tre fidelité . Le zele que vous montrez pour ma
» perfonne & pour mon gouvernement , ne peut
» manquer de produire les meilleurs effets , tant
» au dedans qu'au dehors. Je n'uferai jamais de
>> votre confiance que pour le véritable intérêt de
» mon peuple.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 14 novembre, le roi de Grande-Bretagne a ouvert le Parlement et prononcé un discours. Henriques a proposé un projet de loterie pour rembourser les dettes nationales. Le 15 novembre, les Seigneurs ont adressé une lettre au roi, qui a exprimé sa gratitude et affirmé utiliser leur confiance pour l'intérêt du peuple.
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1185
p. 206-212
« Les Etats de la province de Bretagne ordonnerent en 1744 qu'il seroit érigé dans la ville de [...] »
Début :
Les Etats de la province de Bretagne ordonnerent en 1744 qu'il seroit érigé dans la ville de [...]
Mots clefs :
Roi, Monument, Régiment, États
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texteReconnaissance textuelle : « Les Etats de la province de Bretagne ordonnerent en 1744 qu'il seroit érigé dans la ville de [...] »
Es Etats de la province de Bretagne ordonne-
Rennes un monument en mémoire de la convaleſcence
& des victoires du Roi , & ils chargerent
de l'exécution M. le Moine , Sculpteur de Sa
Majefté , & Profeffeur de l'Académie royale de
Peinture & de Sculpture. Ils ont la fatisfaction
de voir que l'ouvrage répond à la grandeur de
l'objet , à la dignité de la province , & à la répu
tation de l'Artiste. Ce monument eft compofe de
trois figures qui concourent à former une action .
Sur un piédeftal de quatorze pieds de haut , orné
de trophées & de drapeaux , eft la ftatue du Roi.
Il eft repréfenté , le bâton de commandement à
la main, & prêt à marcher à de nouvelles conquêtes.
La Déeffe de la Santé eft au côté droit
du piédeftal , tenant d'une main un ferpent qui
mange dans une patere qu'elle lui préfente de
l'autre main. On voit auprès de la Déeſſe un autel
entouré de fruits ,fymbole des voeux des peuples.
De l'autre côté du piédeftal eft la Bretagne ,
avec les attributs de la guerre & du commerce.
La joie qui fuccede à fes allarmes , éclate fur
fon vifage. La ftatue du Roi a onze pieds trois
pouces de haut , les deux autres font de dix pieds.
Toutes les trois font de bronze , ainfi que les
ornemens. On lit fur le piédeftal l'infcription fuivante
: Ludovico XV. Regi Chriftianiffimo , redi¬
JANVIER. 1755. 207
vivo & triumphanti , hoc amoris pignus &falutis
publica Monumentum Comitia Armorica poſuere.
Anno M. DCC. XLIV. Les Etats ont voulu folemnifer
par une fête éclatante la dédicace d'un
Monument qui leur eft fi précieux . Pour annoncer
qu'ils accompliffoient au ſein de la paix un
voeu formé pendant la guerre , ils avoient fait placer
en face du Monument cette autre infcription
, Victori voverunt , Pacificatori pofuere , la
quelle a été compofée , ainfi que la précédente ,
par M. Duclos , Hiftoriographe de France , &
l'un des quarante de l'Académie Françoiſe . Le
9 de ce mois , M. Le Moine , conduit par le Héraut
des Etats , fe préfenta à leur affemblée , &
leur annonça que tout étoit prêt pour la cérémonie.
Auffi-tôt ils arrêterent de la faire le jour fuivant
, & d'y affifter en corps. Ils envoyerent en
conféquence une députation prier les Commiffaires
du Roi & la Ducheffe d'Aiguillon de s'y
trouver. Le 10 , les Etats partirent en corps , pour
ſe rendre à la Place royale. Lorfqu'ils furent placés
, les Commiffaires du Roi , ayant le Duc d'Aiguillon
à leur tête , arriverent à Paffemblée , fuivant
le cérémonial qui avoit été réglé. La Ducheffe
d'Aiguillon & les Dames invitées étoient
aux fenêtres de l'Hôtel de Ville , & la principale
Bourgeoisie occupoit la maifon du Préfidial , qui
eft de l'autre côté. Le Héraut , revêtu de fa cotte
d'armes , monté fur un cheval caparaçonné , &
précedé de timbales & de trompettes , parut au milieu
de la place , & fit cette proclamation . DE LA
PART DES ETATS, Meffeigneurs & Meffieurs. » C'ef
» aujourd'hui que les Etats font la dédicace du
» Monument qu'ils ont fait ériger comme un gage
» de leur amour pour le Roi . Vive le Roi. » Tout
le monde répondit au cri du Héraut par la mê208
MERCURE DE FRANCE.
me acclamation. A l'inftant M. Le Moine fit
découvrir le Monument qui juſqu'alors avoit été
couvert d'un voile. Les Commiffaires du Roi s'étant
avancés devant le Monument , firent le falut
d'ufage. Après qu'ils fe furent retirés avec le même
cérémonial qui s'étoit obſervé à leur arrivée
les trois Ordres des Etats marchant chacun dans
fon firent le même falut. Ils retournerent
rang ,
enfuite au lieu ordinaire de leur aſſemblée , &
l'Evêque de Rennes leur déclara que le Roi , pour
donner à la Bretagne des marques de fa fatisfaction
, accordoit deux Abbayes dans l'Ordre du
Clergé , deux Compagnies de cavalerie , & quatre
places de Garde- Marine dans l'Ordre de la Nobleſſe
, & des Lettres de Noblefle à deux membres
du Tiers Etat. Les Etats répondirent par un cri
unanime de Vive le Roi. Ils envoyerent une députation
faire des remercimens au Duc d'Aiguillon
;ils ordonnerent une gratification de cinquante
mille livres à M. Le Moine , qui fut embraffé ſur
la place où fe faifoit la cérémonie , par M. le Com
mandant , les Commiffaires du Roi , & les Préfidens
des Ordres.
La fituation de la ville d'Avignon , baignée du
côté du couchant par les eaux du Rhône , qui , à
un quart de lieue de là , reçoit la Durance , la
rend fujette à de fréquentes inondations . On y en
effuya le 12 une auffi fubite que confidérable . Le
Rhône qui la veille , fur les quatre heures du foir,
n'avoit pas en divers endroits plus de quatre pieds
d'eau , augmenta de plus de trente dans les vingtquatre
heures , quoiqu'il fe fût étendu à plus de
demi- lieue au large. La Durance s'étoit de même
tellement enflée le 11 , qu'elle avoit crevé les
chauffées. Une partie de la ville d'Avignon s'eft
trouvée inondée , & fans les précautions qu'on a
JANVIER. 1755. 209
prifes , elle auroit extrêmement fouffert. On n'avoit
point vu le Rhône porter ſes eaux ni fi haut ,
ni fi loin , depuis l'année 1745 , pendant laquelle
il y eut trois autres inondations à peu près pareilles
dans ce même mois de Novembre.
Le Prince de Conty , Grand- Prieur de France ,
a chargé le Chevalier de Rupierre , Commandeur
de la Commanderie de Louvies , de faire la vifite
générale des Commanderies du Grand Prieuré.
Selon les nouvelles de Montpellier , on y a
effuyé une des plus horribles pluyes dont on fe
fouvienne. Elle commença le 11 à neuf heures du
matin , & ne finit que le lendemain matin à ſept .
Un violent ouragan qui s'y joignit , emporta
tout le gravier du chemin , depuis Montpellier
jufqu'à la Baraque de Coudognan , fituée à cinq
lieues de cette ville. Tous les parapets des ponts
furent abbatus. La chauffée du pont de Lunel fut
rompue en quinze endroits , & les bréches , ont été
fi profondes qu'on avoit de l'eau prefque jufqu'à
la ceinture. Les levées du Vidourle , riviere qui
paffe fous le pont de Lunel , ont été rompues auffi
en plufieurs endroits . Par ces divers accidens , la
plaine de Lunel & plufieurs cantons voisins ont
été entierement inondés. Le ruiffeau de Tave a
emporté le pont du grand chemin qui va de Ba
gnols à Avignon , & le chemin a été abfolument
impraticable pendant quatre jours . Le débordement
du Ceze a fort endommagé le pont qui eft à
Bagnols fur cette riviere.
A l'occafion de la rentrée du Parlement , M. de
Maupeou , Premier Préſident , a prononcé deux
harangues , l'une le 25 , l'autre le 27 du mois dernier.
Le fujet de la premiere harangue fut l'Amour
des Devoirs . Dans la feconde , M. de Maupeou
montra que la véritable grandeur du Magif
210 MERCURE DE FRANCE.
trat confifte à être un vraiCitoyen. M. d'Ormeffon.;
Avocat Général , prononça auffi le 25 du même
mois un Difcours dans lequel il fit le portrait de
L'Avocat.
Le 28 du mois dernier , le Marquis de Montmirel
prêta ferment de fidélité entre les mains da
Roi , pour la charge de Capitaine - Colonel des
Cent Suiffes de la Garde ordinaire de Sa Majefté .
Le même jour , les Etats de la province de Languedoc
ont fait à Montpellier P'ouverture de leur
affemblée.
Le fils du Comte de Sartiranne , Ambaffadeur
ordinaire du Roi de Sardaigne , fut tenu le premier
Décembre fur les Fonts de Baptême par le
Roi & la Reine , qui le nommerent Louis - Jofeph.
Le 3 , Don Jaime Maffones de Lima , Ambaffa.
deur extraordinaire du Roi d'Efpagne , eut une
audience particuliere du Roi , dans laquelle il préfenta
à Sa Majefté le Marquis Grimaldi , Ambaſſadeur
ordinaire du Roi fon Maître auprès des Etats
Généraux des Provinces Unies.
Une députation du Grand- Confeil vint le premier
Décembre remercier le Roi de la grace que
Sa Majesté a faite à cette Compagnie , de l'établir
au Louvre.
Le Roi ayant ordonné que toute l'Infanterie
Françoife battroit la même ordonnance , il a été
ordonné en conféquence à tous les Tambours Ma
jors des Régimens de fe rendre aux Invalides, pour
y être inftruits par le Tambour Major du Régiment
des Gardes Françoifes ; ce qui a été exécuté.
Le premier , tous ces Tambours fe rendirent à
Verfailles ; & dans la cour du Château , en préfence
de Sa Majefté , qui étoit à ſon balcon , toute
la nouvelle ordonnance fur battue avec une précifion
parfaite , foit en marchant , foit de pied
JANVIER. 1755. 211
ferme. Le Tambour Major du Régiment des Gardes
Françoifes ordonnoit les différentes batteries ,
& il y avoit dans les rangs quatre autres Tambours
dudit Régiment . Le Chevalier de Vaudreuil,
Lieutenant Général des Armées du Roi , & Major
du Régiment des Gardes Françoifes , accompagné
de deux Officiers Majors de ce Régiment , étoit
fous le balcon de Sa Majefté pour en recevoir les
ordres , & pour les donner au Tambour Major.
On a reçu avis que la nuit du 9 au 10 de Novembre
, un ouragan avoit caufé des dommages
très-confidérables dans la ville de Limoges & dans
les environs. Le vent a emporté les toits de la
plupart des maifons , & déraciné un grand nombre
d'arbres de toute efpece. Cet ouragan a été
accompagné de tonnerre & d'éclairs .
Le ro , le Bailly de Froullay , Ambaffadeur ordinaire
de la Religion de Malte , eut une audience
particuliere du Roi , dans laquelle il préfenta à Sa
Majefté une Lettre de félicitation du Grand Maître
fur l'heureux accouchement de Madame la
Dauphine , & fur la naiffance de Monfeigneur le
Duc de Berry. Le Bailly de Froullay fut conduit
à cette audience par M. Dufort , Introducteur des
Ambaffadeurs
f
Le Comte d'Eu a préfenté à Leurs Majeftés le
Comte de Roquefeuille , Lieutenant de vaiffeau ,
qui a été nommé Gouverneur du Prince de Lamballe
& du Duc de Châteauvilain , fils du Duc de
Penthievre.
Le Roi a accordé au Comte d'Herouville de
Claye , Lieutenant-Général de fes armées , & Infpecteur-
Général de l'Infanterie , le Commandement
de la province de Guyenne.
Sa Majefté a nommé fon Miniftre auprès du Roi
& de la République de Pologne M. Durand ,
212 MERCURE DE FRANCE .
Confeiller au Parlement de Metz , ci- devant chargé
des affaires de France en Angleterre & en Hollande.
23
Le 19 , les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à dix- huit cens quarante- fept livres , dix
fols. Les billets de la premiere Lotterie royale ,
& ceux de la feconde Lotterie n'avoient point de
prix fixe.
Rennes un monument en mémoire de la convaleſcence
& des victoires du Roi , & ils chargerent
de l'exécution M. le Moine , Sculpteur de Sa
Majefté , & Profeffeur de l'Académie royale de
Peinture & de Sculpture. Ils ont la fatisfaction
de voir que l'ouvrage répond à la grandeur de
l'objet , à la dignité de la province , & à la répu
tation de l'Artiste. Ce monument eft compofe de
trois figures qui concourent à former une action .
Sur un piédeftal de quatorze pieds de haut , orné
de trophées & de drapeaux , eft la ftatue du Roi.
Il eft repréfenté , le bâton de commandement à
la main, & prêt à marcher à de nouvelles conquêtes.
La Déeffe de la Santé eft au côté droit
du piédeftal , tenant d'une main un ferpent qui
mange dans une patere qu'elle lui préfente de
l'autre main. On voit auprès de la Déeſſe un autel
entouré de fruits ,fymbole des voeux des peuples.
De l'autre côté du piédeftal eft la Bretagne ,
avec les attributs de la guerre & du commerce.
La joie qui fuccede à fes allarmes , éclate fur
fon vifage. La ftatue du Roi a onze pieds trois
pouces de haut , les deux autres font de dix pieds.
Toutes les trois font de bronze , ainfi que les
ornemens. On lit fur le piédeftal l'infcription fuivante
: Ludovico XV. Regi Chriftianiffimo , redi¬
JANVIER. 1755. 207
vivo & triumphanti , hoc amoris pignus &falutis
publica Monumentum Comitia Armorica poſuere.
Anno M. DCC. XLIV. Les Etats ont voulu folemnifer
par une fête éclatante la dédicace d'un
Monument qui leur eft fi précieux . Pour annoncer
qu'ils accompliffoient au ſein de la paix un
voeu formé pendant la guerre , ils avoient fait placer
en face du Monument cette autre infcription
, Victori voverunt , Pacificatori pofuere , la
quelle a été compofée , ainfi que la précédente ,
par M. Duclos , Hiftoriographe de France , &
l'un des quarante de l'Académie Françoiſe . Le
9 de ce mois , M. Le Moine , conduit par le Héraut
des Etats , fe préfenta à leur affemblée , &
leur annonça que tout étoit prêt pour la cérémonie.
Auffi-tôt ils arrêterent de la faire le jour fuivant
, & d'y affifter en corps. Ils envoyerent en
conféquence une députation prier les Commiffaires
du Roi & la Ducheffe d'Aiguillon de s'y
trouver. Le 10 , les Etats partirent en corps , pour
ſe rendre à la Place royale. Lorfqu'ils furent placés
, les Commiffaires du Roi , ayant le Duc d'Aiguillon
à leur tête , arriverent à Paffemblée , fuivant
le cérémonial qui avoit été réglé. La Ducheffe
d'Aiguillon & les Dames invitées étoient
aux fenêtres de l'Hôtel de Ville , & la principale
Bourgeoisie occupoit la maifon du Préfidial , qui
eft de l'autre côté. Le Héraut , revêtu de fa cotte
d'armes , monté fur un cheval caparaçonné , &
précedé de timbales & de trompettes , parut au milieu
de la place , & fit cette proclamation . DE LA
PART DES ETATS, Meffeigneurs & Meffieurs. » C'ef
» aujourd'hui que les Etats font la dédicace du
» Monument qu'ils ont fait ériger comme un gage
» de leur amour pour le Roi . Vive le Roi. » Tout
le monde répondit au cri du Héraut par la mê208
MERCURE DE FRANCE.
me acclamation. A l'inftant M. Le Moine fit
découvrir le Monument qui juſqu'alors avoit été
couvert d'un voile. Les Commiffaires du Roi s'étant
avancés devant le Monument , firent le falut
d'ufage. Après qu'ils fe furent retirés avec le même
cérémonial qui s'étoit obſervé à leur arrivée
les trois Ordres des Etats marchant chacun dans
fon firent le même falut. Ils retournerent
rang ,
enfuite au lieu ordinaire de leur aſſemblée , &
l'Evêque de Rennes leur déclara que le Roi , pour
donner à la Bretagne des marques de fa fatisfaction
, accordoit deux Abbayes dans l'Ordre du
Clergé , deux Compagnies de cavalerie , & quatre
places de Garde- Marine dans l'Ordre de la Nobleſſe
, & des Lettres de Noblefle à deux membres
du Tiers Etat. Les Etats répondirent par un cri
unanime de Vive le Roi. Ils envoyerent une députation
faire des remercimens au Duc d'Aiguillon
;ils ordonnerent une gratification de cinquante
mille livres à M. Le Moine , qui fut embraffé ſur
la place où fe faifoit la cérémonie , par M. le Com
mandant , les Commiffaires du Roi , & les Préfidens
des Ordres.
La fituation de la ville d'Avignon , baignée du
côté du couchant par les eaux du Rhône , qui , à
un quart de lieue de là , reçoit la Durance , la
rend fujette à de fréquentes inondations . On y en
effuya le 12 une auffi fubite que confidérable . Le
Rhône qui la veille , fur les quatre heures du foir,
n'avoit pas en divers endroits plus de quatre pieds
d'eau , augmenta de plus de trente dans les vingtquatre
heures , quoiqu'il fe fût étendu à plus de
demi- lieue au large. La Durance s'étoit de même
tellement enflée le 11 , qu'elle avoit crevé les
chauffées. Une partie de la ville d'Avignon s'eft
trouvée inondée , & fans les précautions qu'on a
JANVIER. 1755. 209
prifes , elle auroit extrêmement fouffert. On n'avoit
point vu le Rhône porter ſes eaux ni fi haut ,
ni fi loin , depuis l'année 1745 , pendant laquelle
il y eut trois autres inondations à peu près pareilles
dans ce même mois de Novembre.
Le Prince de Conty , Grand- Prieur de France ,
a chargé le Chevalier de Rupierre , Commandeur
de la Commanderie de Louvies , de faire la vifite
générale des Commanderies du Grand Prieuré.
Selon les nouvelles de Montpellier , on y a
effuyé une des plus horribles pluyes dont on fe
fouvienne. Elle commença le 11 à neuf heures du
matin , & ne finit que le lendemain matin à ſept .
Un violent ouragan qui s'y joignit , emporta
tout le gravier du chemin , depuis Montpellier
jufqu'à la Baraque de Coudognan , fituée à cinq
lieues de cette ville. Tous les parapets des ponts
furent abbatus. La chauffée du pont de Lunel fut
rompue en quinze endroits , & les bréches , ont été
fi profondes qu'on avoit de l'eau prefque jufqu'à
la ceinture. Les levées du Vidourle , riviere qui
paffe fous le pont de Lunel , ont été rompues auffi
en plufieurs endroits . Par ces divers accidens , la
plaine de Lunel & plufieurs cantons voisins ont
été entierement inondés. Le ruiffeau de Tave a
emporté le pont du grand chemin qui va de Ba
gnols à Avignon , & le chemin a été abfolument
impraticable pendant quatre jours . Le débordement
du Ceze a fort endommagé le pont qui eft à
Bagnols fur cette riviere.
A l'occafion de la rentrée du Parlement , M. de
Maupeou , Premier Préſident , a prononcé deux
harangues , l'une le 25 , l'autre le 27 du mois dernier.
Le fujet de la premiere harangue fut l'Amour
des Devoirs . Dans la feconde , M. de Maupeou
montra que la véritable grandeur du Magif
210 MERCURE DE FRANCE.
trat confifte à être un vraiCitoyen. M. d'Ormeffon.;
Avocat Général , prononça auffi le 25 du même
mois un Difcours dans lequel il fit le portrait de
L'Avocat.
Le 28 du mois dernier , le Marquis de Montmirel
prêta ferment de fidélité entre les mains da
Roi , pour la charge de Capitaine - Colonel des
Cent Suiffes de la Garde ordinaire de Sa Majefté .
Le même jour , les Etats de la province de Languedoc
ont fait à Montpellier P'ouverture de leur
affemblée.
Le fils du Comte de Sartiranne , Ambaffadeur
ordinaire du Roi de Sardaigne , fut tenu le premier
Décembre fur les Fonts de Baptême par le
Roi & la Reine , qui le nommerent Louis - Jofeph.
Le 3 , Don Jaime Maffones de Lima , Ambaffa.
deur extraordinaire du Roi d'Efpagne , eut une
audience particuliere du Roi , dans laquelle il préfenta
à Sa Majefté le Marquis Grimaldi , Ambaſſadeur
ordinaire du Roi fon Maître auprès des Etats
Généraux des Provinces Unies.
Une députation du Grand- Confeil vint le premier
Décembre remercier le Roi de la grace que
Sa Majesté a faite à cette Compagnie , de l'établir
au Louvre.
Le Roi ayant ordonné que toute l'Infanterie
Françoife battroit la même ordonnance , il a été
ordonné en conféquence à tous les Tambours Ma
jors des Régimens de fe rendre aux Invalides, pour
y être inftruits par le Tambour Major du Régiment
des Gardes Françoifes ; ce qui a été exécuté.
Le premier , tous ces Tambours fe rendirent à
Verfailles ; & dans la cour du Château , en préfence
de Sa Majefté , qui étoit à ſon balcon , toute
la nouvelle ordonnance fur battue avec une précifion
parfaite , foit en marchant , foit de pied
JANVIER. 1755. 211
ferme. Le Tambour Major du Régiment des Gardes
Françoifes ordonnoit les différentes batteries ,
& il y avoit dans les rangs quatre autres Tambours
dudit Régiment . Le Chevalier de Vaudreuil,
Lieutenant Général des Armées du Roi , & Major
du Régiment des Gardes Françoifes , accompagné
de deux Officiers Majors de ce Régiment , étoit
fous le balcon de Sa Majefté pour en recevoir les
ordres , & pour les donner au Tambour Major.
On a reçu avis que la nuit du 9 au 10 de Novembre
, un ouragan avoit caufé des dommages
très-confidérables dans la ville de Limoges & dans
les environs. Le vent a emporté les toits de la
plupart des maifons , & déraciné un grand nombre
d'arbres de toute efpece. Cet ouragan a été
accompagné de tonnerre & d'éclairs .
Le ro , le Bailly de Froullay , Ambaffadeur ordinaire
de la Religion de Malte , eut une audience
particuliere du Roi , dans laquelle il préfenta à Sa
Majefté une Lettre de félicitation du Grand Maître
fur l'heureux accouchement de Madame la
Dauphine , & fur la naiffance de Monfeigneur le
Duc de Berry. Le Bailly de Froullay fut conduit
à cette audience par M. Dufort , Introducteur des
Ambaffadeurs
f
Le Comte d'Eu a préfenté à Leurs Majeftés le
Comte de Roquefeuille , Lieutenant de vaiffeau ,
qui a été nommé Gouverneur du Prince de Lamballe
& du Duc de Châteauvilain , fils du Duc de
Penthievre.
Le Roi a accordé au Comte d'Herouville de
Claye , Lieutenant-Général de fes armées , & Infpecteur-
Général de l'Infanterie , le Commandement
de la province de Guyenne.
Sa Majefté a nommé fon Miniftre auprès du Roi
& de la République de Pologne M. Durand ,
212 MERCURE DE FRANCE .
Confeiller au Parlement de Metz , ci- devant chargé
des affaires de France en Angleterre & en Hollande.
23
Le 19 , les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à dix- huit cens quarante- fept livres , dix
fols. Les billets de la premiere Lotterie royale ,
& ceux de la feconde Lotterie n'avoient point de
prix fixe.
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Résumé : « Les Etats de la province de Bretagne ordonnerent en 1744 qu'il seroit érigé dans la ville de [...] »
En janvier 1755, les États de la province de Bretagne ont commandé un monument à Rennes pour commémorer la convalescence et les victoires du roi Louis XV. La réalisation de ce monument a été confiée à M. Le Moine, sculpteur du roi et professeur à l'Académie royale de Peinture et de Sculpture. Le monument, composé de trois figures en bronze, représente le roi prêt à marcher vers de nouvelles conquêtes, la déesse de la Santé, et la Bretagne symbolisant la guerre et le commerce. L'inscription sur le piédestal, rédigée par M. Duclos, historiographe de France, rend hommage au roi. Le 10 janvier, une cérémonie solennelle a été organisée pour la dédicace du monument. Les États, les commissaires du roi, et la duchesse d'Aiguillon y ont assisté. Après la cérémonie, l'évêque de Rennes a annoncé des faveurs royales accordées à la Bretagne, incluant des abbayes, des compagnies de cavalerie, et des places de Garde-Marine. Les États ont également décerné une gratification à M. Le Moine. Par ailleurs, des inondations et des tempêtes ont affecté plusieurs régions, notamment Avignon, Montpellier, et Limoges. Des événements politiques et diplomatiques ont également marqué ce mois, comme la rentrée du Parlement avec des harangues de M. de Maupeou et M. d'Ormesson, et diverses nominations et audiences royales.
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1186
p. 74-77
ODE A M. LE DUC D'AIGUILLON, Sur la dédicace de la Statue érigée à Louis XV, dans une des places de Rennes.
Début :
Quel Dieu, de mon réduit, troublant l'heureux silence, [...]
Mots clefs :
Statue, Louis XV, Héros, Coeur, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE A M. LE DUC D'AIGUILLON, Sur la dédicace de la Statue érigée à Louis XV, dans une des places de Rennes.
ODE
A M. LE DUC D'AIGUILLON ,
Sur la dédicace de la Statue érigée à Louis
XV, dans une des places de Rennes.
Q
Uel Dieu , de mon réduit , troublant Pheureux
filence ,
Au paifible fommeil d'une chere indolence ,
Par un magique effort, vient arracher mes fens! ...
N'en doutons point , du Dieu ( de la docte manie }
C'eſt le rédoutable génie :
Puis-je le méconnoître aux tranſports que je fens
Mais loin des bords pompeux de la Seine orgueilleuſe
,
Dans quelles régions fon aîle perilleuſe ,
Entraîne malgré moi mon efprit allarmé ? ...
Que vois-je ? ... ô tendre erreur ! dans ma douce
patrie ,
Au gré de mon ame attendrie ,
Soudain je me revois , moins furpris que charmé.
O théatre chéri des jeux de mon enfance !
Quel Dieu femble fur toi déployer fa puiſſance ?
O fpectacle enchanteur dont tu frappes mes yeux !
FEVRIER.
75 1755.
Quels feux ! quels doux feftins ! quels concerts
d'allégreffe t
Bacchus , la joie & la tendreffe
Te rempliffent au loin d'un trouble précieux .
Arrête , ô peuple heureux ! que la gaité tranfporte
,
Et dont la foule aimable & m'entraîne & m'emporte
;
Apprens-moi ton bonheur , dont mon coeur fait le
fien.
Mais quel beau monument s'éleve en ton enceinte
?
J'y reconnois l'image empreinte
D'un heros pacifique & d'un Roi citoyen.
C'eft donc ce monument & d'amour & de zele ,
Que confacre à ton Roi ta franchiſe fidele ,
Qui fait naitre en ton fein l'ivreffe & les tranfports
:
Si ce bronze muet , où manque fa grandeame ,
D'une fi vive ardeur t'enflamme ,
Que feroit la préſence embelliffant tes bords
Vous , à qui les talens , la vertu généreuſe ,
Plutôt que la faveur volage & dangereuſe
Ont mis entre les mains la pleine autorité ,
Et qui ne l'exercez au fein de ma province
Que pour y faire aimer un Prince
Dij
76 MERCURE DE FRANCE ,
Dont elle adore en vous l'héroïque bonté :
Apprenez , d'Aiguillon , à ce Monarque fage
Quels furent , à l'afpect de fon augufte image ,
De nos coeurs enflaminés & l'ivreffe & les voeux.
O! que d'un tel amour la peinture fidele ,
Dans une ame fenfible & belle ,
Doit enfanter foudain de tranfports généreux
Mais cette aimable fête eft à peine paſſée ,
Et déja fecondant votre ardeur empreſſée ,
Louis verfe fur nous fes dons multipliés ,
Alors même qu'il fçait que d'utiles fervices
Et d'honorables facrifices
D'un feul de fes regards feroient affez payés .
Quand , fur fon char de fang , Bellone échevelée ,
Parcourant en fureur l'Europe defolée ,
De fon fouffle homicide , eut embrafé les coeurs ;;
Partageant d'un heros les dangers & les peines ,
On vous a vû dérober Genes
Au barbare pouvoir de fes tyrans vainqueurs.
A préfent qu'un ciel pur rayonne fur nos têtes ,
Un foin pour nous plus cher que d'illuftres conquêtes
,
Remplit votre loifir fécond & glorieux ;
La guerre offroit en vous un heros formidable ,
La paix offre un heros aimable
Qui nous affujettit en nous rendant heureux,
FEVRIER. 1755 . 77
Non , ne nous croyez pas tels que nous peirt
l'envie ,
Qu'elle s'efforce en vain de noircir notre vie ; . . .
Conftamment , du devoir , nous écoutons la voix :
Chacun de nous en fait fa plus chere fcience ,
Et nous n'apprenons dans l'enfance
Qu'à refpecter les Dieux , & qu'à chérir nos Ro
Nos coeurs , quoiqu'un peu fiers , ne font pas inflexibles
,
La gloire & la vertu les trouverent ſenſibles ,
Et jamais on n'en vit plus jaloux de l'honneur.
Mais oùregne une vile & baffe flatterie ,
On doit traiter de barbarie
Une franchiſe mâle , une noble candeur.
D'une épouse , par vous juftement adorée ,
La modefte vertu par les Graces parées ,
Les talens , la douceur , le caractere heureux ,
Prouvent que parmi nous la nature difpenfe
Ses faveurs avec abondance ,
Et qu'il y naît des coeurs nobles & généreux.
A M. LE DUC D'AIGUILLON ,
Sur la dédicace de la Statue érigée à Louis
XV, dans une des places de Rennes.
Q
Uel Dieu , de mon réduit , troublant Pheureux
filence ,
Au paifible fommeil d'une chere indolence ,
Par un magique effort, vient arracher mes fens! ...
N'en doutons point , du Dieu ( de la docte manie }
C'eſt le rédoutable génie :
Puis-je le méconnoître aux tranſports que je fens
Mais loin des bords pompeux de la Seine orgueilleuſe
,
Dans quelles régions fon aîle perilleuſe ,
Entraîne malgré moi mon efprit allarmé ? ...
Que vois-je ? ... ô tendre erreur ! dans ma douce
patrie ,
Au gré de mon ame attendrie ,
Soudain je me revois , moins furpris que charmé.
O théatre chéri des jeux de mon enfance !
Quel Dieu femble fur toi déployer fa puiſſance ?
O fpectacle enchanteur dont tu frappes mes yeux !
FEVRIER.
75 1755.
Quels feux ! quels doux feftins ! quels concerts
d'allégreffe t
Bacchus , la joie & la tendreffe
Te rempliffent au loin d'un trouble précieux .
Arrête , ô peuple heureux ! que la gaité tranfporte
,
Et dont la foule aimable & m'entraîne & m'emporte
;
Apprens-moi ton bonheur , dont mon coeur fait le
fien.
Mais quel beau monument s'éleve en ton enceinte
?
J'y reconnois l'image empreinte
D'un heros pacifique & d'un Roi citoyen.
C'eft donc ce monument & d'amour & de zele ,
Que confacre à ton Roi ta franchiſe fidele ,
Qui fait naitre en ton fein l'ivreffe & les tranfports
:
Si ce bronze muet , où manque fa grandeame ,
D'une fi vive ardeur t'enflamme ,
Que feroit la préſence embelliffant tes bords
Vous , à qui les talens , la vertu généreuſe ,
Plutôt que la faveur volage & dangereuſe
Ont mis entre les mains la pleine autorité ,
Et qui ne l'exercez au fein de ma province
Que pour y faire aimer un Prince
Dij
76 MERCURE DE FRANCE ,
Dont elle adore en vous l'héroïque bonté :
Apprenez , d'Aiguillon , à ce Monarque fage
Quels furent , à l'afpect de fon augufte image ,
De nos coeurs enflaminés & l'ivreffe & les voeux.
O! que d'un tel amour la peinture fidele ,
Dans une ame fenfible & belle ,
Doit enfanter foudain de tranfports généreux
Mais cette aimable fête eft à peine paſſée ,
Et déja fecondant votre ardeur empreſſée ,
Louis verfe fur nous fes dons multipliés ,
Alors même qu'il fçait que d'utiles fervices
Et d'honorables facrifices
D'un feul de fes regards feroient affez payés .
Quand , fur fon char de fang , Bellone échevelée ,
Parcourant en fureur l'Europe defolée ,
De fon fouffle homicide , eut embrafé les coeurs ;;
Partageant d'un heros les dangers & les peines ,
On vous a vû dérober Genes
Au barbare pouvoir de fes tyrans vainqueurs.
A préfent qu'un ciel pur rayonne fur nos têtes ,
Un foin pour nous plus cher que d'illuftres conquêtes
,
Remplit votre loifir fécond & glorieux ;
La guerre offroit en vous un heros formidable ,
La paix offre un heros aimable
Qui nous affujettit en nous rendant heureux,
FEVRIER. 1755 . 77
Non , ne nous croyez pas tels que nous peirt
l'envie ,
Qu'elle s'efforce en vain de noircir notre vie ; . . .
Conftamment , du devoir , nous écoutons la voix :
Chacun de nous en fait fa plus chere fcience ,
Et nous n'apprenons dans l'enfance
Qu'à refpecter les Dieux , & qu'à chérir nos Ro
Nos coeurs , quoiqu'un peu fiers , ne font pas inflexibles
,
La gloire & la vertu les trouverent ſenſibles ,
Et jamais on n'en vit plus jaloux de l'honneur.
Mais oùregne une vile & baffe flatterie ,
On doit traiter de barbarie
Une franchiſe mâle , une noble candeur.
D'une épouse , par vous juftement adorée ,
La modefte vertu par les Graces parées ,
Les talens , la douceur , le caractere heureux ,
Prouvent que parmi nous la nature difpenfe
Ses faveurs avec abondance ,
Et qu'il y naît des coeurs nobles & généreux.
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Résumé : ODE A M. LE DUC D'AIGUILLON, Sur la dédicace de la Statue érigée à Louis XV, dans une des places de Rennes.
L'ode célèbre l'érection d'une statue de Louis XV sur une place de Rennes, dédiée à M. le Duc d'Aiguillon. Le poète exprime son admiration pour cette statue, symbole d'un roi pacifique et citoyen. Il décrit la joie et la fierté du peuple rennais face à ce monument. Le texte loue le duc d'Aiguillon pour ses talents et sa vertu, soulignant qu'il exerce son autorité pour faire aimer le prince. La statue est vue comme un témoignage de l'amour et du zèle du peuple. Le poète mentionne les services rendus par le duc, notamment la libération de Gênes des tyrans, et son rôle bénéfique durant la paix. Il conclut en affirmant la loyauté et le sens du devoir du peuple, tout en critiquant la flatterie et en valorisant la franchise et la noblesse des cœurs.
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1187
p. 201-202
DU NORD.
Début :
Le Comte Desalleurs, Ambassadeur de France, mourut ici le 23 Novembre, après une [...]
Mots clefs :
Stockholm, Copenhague, Saint-Petersbourg, Constantinople
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE CONSTANTINOPLE , le 1 Décembre.
L
E Comte Defalleurs , Ambaffadeur de France
, mourut ici le 23 Novembre , après une
maladie d'environ ſept femaines. Il avoit été cidevant
Envoyé extraordinaire & Miniftre Plénipotentiaire
auprès du Roi & de la République de
Pologne. Le pere du Comte Defalleurs avoit été
auffi Ambaffadeur à la Porte.
Mahomet V. du nom , mourut le 13 Decembre
en cette ville , âgé de cinquante- huit ans deux
mois & vingt-cinq jours. Depuis quelque tems ,
ce Prince étoit fort incommodé d'un rhume. Le
2 de ce mois il fut attaqué de la fievre & d'une
toux féche & violente , qui firent craindre une
fluxion de poitrine . A ces accidens fe joignit un
flux de fang : cependant Sa Hauteffe en peu de
jours, moyennant les remedes qu'on employa pour
fa guérifon , fe trouva confidérablement
foulagée.
Defirant de calmer les inquiétudes du peuple &
des Janiffaires , elle alla le 13 Décembre à cheval
à la grande Mofquée ; mais à fon retour au Sérail
elle fe fentit fuffoquée , & en un inftant elle expira.
Auffi- tôt qu'elle eut rendu le dernier ſoupir ,
fon frere Ofman troifieme du nom , fut procla
mé Empereur. Le nouveau Sultan eft âgé de cin-
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
quante- fix ans. Celui qu'on vient de perdre , eft
univerfellement regretté . Les Janiffaires l'avoient
mis fur le throne le 20 Octobre 1730 , à la place
d'Achmet III fon oncle , qui avoit été élevé en
1703 à l'Empire , après la dépofition de Muſtapha
II , pere de Mahomet V & d'Oſman III , açtuellement
regnant.
DE PETERSBOURG , le 3 Décembre.
Selon les lettres de Mofcou , l'on y a célébré
d'une façon éclatante la naiffance du grand Prince
de Ruffic. Illuminations , feux d'artifice , fpectacles
, bals publics , rien n'a été épargné. Le Clergé
, les principaux Seigneurs , les Tribunaux , &
chaque corps de la bourgeoifie , le font empreffés
à l'envi de fignaler leur zele par des fêtes fomptueufes.
La charité s'eft jointe à la magnificence ,
pour que les indigens partageaffent plus vivement
l'allégreffe commune , & l'on a répandu dans leur
fein d'abondantes aumônes .
DE STOCKHOLM , le 12 Décembre.
On a découvert l'auteur des faux billets de banque
répandus dans ce Royaume. C'eſt un Orfévre
de Salhberg , ville de la Weftmanie. Il a été
arrêté , & l'on inftruit fan procès.
DE COPPENHAGUE , le 14 Décembre.
Quelques douleurs que la Reine fentit ces jours.
derniers , firent croire que cette Princeffe touchoit
au terme de fa groffeffe , mais elles n'ont
point eu de fuite ; & Sa Majefté continue de tenix
appartement une fois la ſemaine.
DE CONSTANTINOPLE , le 1 Décembre.
L
E Comte Defalleurs , Ambaffadeur de France
, mourut ici le 23 Novembre , après une
maladie d'environ ſept femaines. Il avoit été cidevant
Envoyé extraordinaire & Miniftre Plénipotentiaire
auprès du Roi & de la République de
Pologne. Le pere du Comte Defalleurs avoit été
auffi Ambaffadeur à la Porte.
Mahomet V. du nom , mourut le 13 Decembre
en cette ville , âgé de cinquante- huit ans deux
mois & vingt-cinq jours. Depuis quelque tems ,
ce Prince étoit fort incommodé d'un rhume. Le
2 de ce mois il fut attaqué de la fievre & d'une
toux féche & violente , qui firent craindre une
fluxion de poitrine . A ces accidens fe joignit un
flux de fang : cependant Sa Hauteffe en peu de
jours, moyennant les remedes qu'on employa pour
fa guérifon , fe trouva confidérablement
foulagée.
Defirant de calmer les inquiétudes du peuple &
des Janiffaires , elle alla le 13 Décembre à cheval
à la grande Mofquée ; mais à fon retour au Sérail
elle fe fentit fuffoquée , & en un inftant elle expira.
Auffi- tôt qu'elle eut rendu le dernier ſoupir ,
fon frere Ofman troifieme du nom , fut procla
mé Empereur. Le nouveau Sultan eft âgé de cin-
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
quante- fix ans. Celui qu'on vient de perdre , eft
univerfellement regretté . Les Janiffaires l'avoient
mis fur le throne le 20 Octobre 1730 , à la place
d'Achmet III fon oncle , qui avoit été élevé en
1703 à l'Empire , après la dépofition de Muſtapha
II , pere de Mahomet V & d'Oſman III , açtuellement
regnant.
DE PETERSBOURG , le 3 Décembre.
Selon les lettres de Mofcou , l'on y a célébré
d'une façon éclatante la naiffance du grand Prince
de Ruffic. Illuminations , feux d'artifice , fpectacles
, bals publics , rien n'a été épargné. Le Clergé
, les principaux Seigneurs , les Tribunaux , &
chaque corps de la bourgeoifie , le font empreffés
à l'envi de fignaler leur zele par des fêtes fomptueufes.
La charité s'eft jointe à la magnificence ,
pour que les indigens partageaffent plus vivement
l'allégreffe commune , & l'on a répandu dans leur
fein d'abondantes aumônes .
DE STOCKHOLM , le 12 Décembre.
On a découvert l'auteur des faux billets de banque
répandus dans ce Royaume. C'eſt un Orfévre
de Salhberg , ville de la Weftmanie. Il a été
arrêté , & l'on inftruit fan procès.
DE COPPENHAGUE , le 14 Décembre.
Quelques douleurs que la Reine fentit ces jours.
derniers , firent croire que cette Princeffe touchoit
au terme de fa groffeffe , mais elles n'ont
point eu de fuite ; & Sa Majefté continue de tenix
appartement une fois la ſemaine.
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Résumé : DU NORD.
Le 23 novembre à Constantinople, le Comte Defalleurs, ambassadeur de France, est décédé après une maladie de sept semaines. Il avait précédemment servi en tant qu'Envoyé extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire auprès du Roi et de la République de Pologne. Son père avait également été ambassadeur à la Porte. Le 13 décembre, Mahomet V est mort à Constantinople à l'âge de cinquante-huit ans, deux mois et vingt-cinq jours. Il souffrait d'un rhume et a été atteint de fièvre et d'une toux violente le 2 décembre. Bien qu'il ait montré des signes d'amélioration grâce aux remèdes, il est décédé d'une suffocation en rentrant au Sérail après une visite à la grande Mosquée. Son frère Osman III lui a succédé sur le trône. Mahomet V était monté sur le trône le 20 octobre 1730, succédant à son oncle Achmet III, qui avait été déposé en 1703. À Pétersbourg, la naissance du grand Prince de Russie a été célébrée avec des illuminations, des feux d'artifice, des spectacles et des bals publics. Le clergé, les seigneurs et la bourgeoisie ont organisé des fêtes somptueuses et des aumônes ont été distribuées aux indigents. À Stockholm, un orfèvre de Salhberg, en Westmanie, a été arrêté pour avoir fabriqué de faux billets de banque. À Copenhague, la Reine a ressenti des douleurs, mais celles-ci n'ont pas abouti à une grossesse. Elle continue de tenir son appartement une fois par semaine.
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1188
p. 203
ALLEMAGNE.
Début :
On célebra le 8 de ce mois l'anniversaire de la naissance de l'Empereur, qui est entré dans la [...]
Mots clefs :
Vienne, Dresde, Cassel, Naissance de l'Empereur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE. T #
DE VIENNE ,
le
14 Décembre.
On célebra le 8 de ce mois l'anniverſaire de la
naiffance de l'Empereur , qui eft entré dans la
quarante- feptieme année de fon âge.
On chanta le 31 de Decembre le Te Deum
dans la Chapelle du Palais , pour remercier Dieu
des faveurs qu'il lui a plû de répandre pendant
Pannée 1754 fur les Etats de l'Impératrice Reine.
DE DRESDE , leis Décembre.
Il paroît un nouvel Edit pour abréger les for
malités judiciaires , & diminuer les frais des pro
cédures.
DE CASSEL , le 9 Janvier.
Le Prince héréditaire , en déclarant qu'il a em
braffé la Religion Catholique , a donné au Landgrave
& aux Etats du Landgraviat un acte en 19
articles , dans lefquels il explique fes fentimens,
DE VIENNE ,
le
14 Décembre.
On célebra le 8 de ce mois l'anniverſaire de la
naiffance de l'Empereur , qui eft entré dans la
quarante- feptieme année de fon âge.
On chanta le 31 de Decembre le Te Deum
dans la Chapelle du Palais , pour remercier Dieu
des faveurs qu'il lui a plû de répandre pendant
Pannée 1754 fur les Etats de l'Impératrice Reine.
DE DRESDE , leis Décembre.
Il paroît un nouvel Edit pour abréger les for
malités judiciaires , & diminuer les frais des pro
cédures.
DE CASSEL , le 9 Janvier.
Le Prince héréditaire , en déclarant qu'il a em
braffé la Religion Catholique , a donné au Landgrave
& aux Etats du Landgraviat un acte en 19
articles , dans lefquels il explique fes fentimens,
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le 8 décembre, l'Allemagne a célébré les 47 ans de l'Empereur. Le 31 décembre, un Te Deum a remercié Dieu pour les faveurs accordées aux États de l'Impératrice Reine en 1754. Le 18 décembre, Dresde a simplifié les formalités judiciaires. Le 9 janvier, le Prince héréditaire de Cassel a adopté la Religion Catholique et présenté un acte de 19 articles.
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1189
p. 203-204
ITALIE.
Début :
Sur la nouvelle qu'on avoit cessé de persécuter les Chrétiens, dans l'Empire de la Chine, la Congrégation [...]
Mots clefs :
Gênes, Rome, Marquis, Cardinal
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIEN
DEROME, le 11 Décembre.
Sur la nouvelle qu'on avoit ceffé de perfécuter
les Chrétiens, dans l'Empire de la Chine , la Con
grégation de Propaganda Fide a réfolu d'y envoyer
quatre, éleves du College Chinois établi à
Naples , qui fe trouvent en état d'être employés
utilement dans les Miffions.
Dans un Confiftoire extraordinaire que le Pape
Ivi
204 MERCURE DE FRANCE.
*
tint le 18 , le Cardinal Portocarrero remit à Sa
Sainteté le Chapeau de Cardinal de l'Infant Don
Louis. Cette cérémonie fe fit avec beaucoup d'éclat.
DE GENES , le 8 Janvier.
On a tiré ces jours- ci les noms des cinq nouveaux
Sénateurs , & le fort eft tombé fur les
Marquis Auguftin Grimaldi , François - Marie
d'Afte , Rodolphe & François-Marie Brignolé , &
fur le fieur Jofeph Franchi. Le Marquis Grimaldi
& le Marquis d'Afte s'étant excufés , à caufe de
leur grand âge & de leurs infirmités , de remplir
les fonctions de cette dignité , ils ont été remplacés
par le Marquis Jacques Lomellini , & par le
Marquis François Doria, ci- devant Envoyé extraordinaire
de la République auprès de Sa Majefté
Trés-Chrétienne , & Miniftre Plénipotentiaire au
Congrès d'Aix-la - Chapelle. Le Marquis Dominique
Lomellini , le Sr Nicolas Franchi , le Marquis
Auguftin - Mari & le Comte Michel Durazzo ,
ont été élûs Procurateurs de la banque de Saint
Georges.
DEROME, le 11 Décembre.
Sur la nouvelle qu'on avoit ceffé de perfécuter
les Chrétiens, dans l'Empire de la Chine , la Con
grégation de Propaganda Fide a réfolu d'y envoyer
quatre, éleves du College Chinois établi à
Naples , qui fe trouvent en état d'être employés
utilement dans les Miffions.
Dans un Confiftoire extraordinaire que le Pape
Ivi
204 MERCURE DE FRANCE.
*
tint le 18 , le Cardinal Portocarrero remit à Sa
Sainteté le Chapeau de Cardinal de l'Infant Don
Louis. Cette cérémonie fe fit avec beaucoup d'éclat.
DE GENES , le 8 Janvier.
On a tiré ces jours- ci les noms des cinq nouveaux
Sénateurs , & le fort eft tombé fur les
Marquis Auguftin Grimaldi , François - Marie
d'Afte , Rodolphe & François-Marie Brignolé , &
fur le fieur Jofeph Franchi. Le Marquis Grimaldi
& le Marquis d'Afte s'étant excufés , à caufe de
leur grand âge & de leurs infirmités , de remplir
les fonctions de cette dignité , ils ont été remplacés
par le Marquis Jacques Lomellini , & par le
Marquis François Doria, ci- devant Envoyé extraordinaire
de la République auprès de Sa Majefté
Trés-Chrétienne , & Miniftre Plénipotentiaire au
Congrès d'Aix-la - Chapelle. Le Marquis Dominique
Lomellini , le Sr Nicolas Franchi , le Marquis
Auguftin - Mari & le Comte Michel Durazzo ,
ont été élûs Procurateurs de la banque de Saint
Georges.
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Résumé : ITALIE.
Le 11 décembre à Derome, la Congrégation de Propaganda Fide a décidé d'envoyer quatre élèves du Collège Chinois de Naples en mission en Chine, après la fin des persécutions contre les chrétiens dans l'Empire chinois. Le 18 décembre, le Pape a reçu le Chapeau de Cardinal de l'Infant Don Louis lors d'une cérémonie présidée par le Cardinal Portocarrero. Le 8 janvier à Gênes, cinq nouveaux Sénateurs ont été élus par tirage au sort : le Marquis Augustin Grimaldi, François-Marie d'Aste, Rodolphe et François-Marie Brignolé, et le sieur Joseph Franchi. Cependant, les Marquis Grimaldi et d'Aste ont décliné en raison de leur âge et de leurs infirmités. Ils ont été remplacés par le Marquis Jacques Lomellini et le Marquis François Doria, ancien Envoyé extraordinaire de la République auprès du Roi Très-Chrétien et Ministre Plénipotentiaire au Congrès d'Aix-la-Chapelle. Par ailleurs, le Marquis Dominique Lomellini, le Sieur Nicolas Franchi, le Marquis Augustin-Mari et le Comte Michel Durazzo ont été élus Procurateurs de la banque de Saint Georges.
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1190
p. 204-205
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Tous les vaisseaux de la Compagnie des Indes Orientales sont partis des Dunes pour leurs destinations [...]
Mots clefs :
Londres, Compagnie des Indes orientales, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE-BRETAGNE.
DE LONDRES , le 26 Décembre.
Tous les vaiffeaux de la Compagnie des Indes
Orientales font partis des Dunes pourleurs deftinations
refpectives.
Il arriva le même jour un Courier, par lequel
on a appris la mort du Comte d'Albemarle , Ambaffadeur
Extraordinaire & Plénipotentiaire du
Roi à la Cour de France . Le Lord Bury fon fils
FEVRIER. 1755. 208
aîné , qui eft Colonel d'un Régiment d'Infanterie,
Gentilhomine de la Chambre du Duc de Cumberland
, & Membre du Parlement pour Chichefter
, partit le même jour pour Paris.
Le Duc de Mirepoix , Ambaſſadeur Extraordinaire
du Roi Très - Chrétien , revint le 8 Janvier
de Paris , & le 9 ce Seigneur a eu une conférence
avec le Chevalier Robinfon.
• Le 15 Janvier ,le Sr Duvelaer , Commiffaire de
la Compagnie Françoife des Indes , partit pour
aller paffer quelque tems à Paris. La Compagnie
des Indes orientales a pris à fon fervice le vaiffeau
le Pelham.
DE LONDRES , le 26 Décembre.
Tous les vaiffeaux de la Compagnie des Indes
Orientales font partis des Dunes pourleurs deftinations
refpectives.
Il arriva le même jour un Courier, par lequel
on a appris la mort du Comte d'Albemarle , Ambaffadeur
Extraordinaire & Plénipotentiaire du
Roi à la Cour de France . Le Lord Bury fon fils
FEVRIER. 1755. 208
aîné , qui eft Colonel d'un Régiment d'Infanterie,
Gentilhomine de la Chambre du Duc de Cumberland
, & Membre du Parlement pour Chichefter
, partit le même jour pour Paris.
Le Duc de Mirepoix , Ambaſſadeur Extraordinaire
du Roi Très - Chrétien , revint le 8 Janvier
de Paris , & le 9 ce Seigneur a eu une conférence
avec le Chevalier Robinfon.
• Le 15 Janvier ,le Sr Duvelaer , Commiffaire de
la Compagnie Françoife des Indes , partit pour
aller paffer quelque tems à Paris. La Compagnie
des Indes orientales a pris à fon fervice le vaiffeau
le Pelham.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 26 décembre, les vaisseaux de la Compagnie des Indes Orientales ont quitté les Dunes. Le Comte d'Albemarle, ambassadeur du Roi en France, est décédé. Lord Bury, son fils, est parti pour Paris. En janvier 1755, le Duc de Mirepoix est revenu de Paris et a rencontré le Chevalier Robinson. M. Duvelaer, commissaire de la Compagnie Française des Indes, est parti pour Paris. La Compagnie des Indes Orientales a engagé le vaisseau le Pelham.
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1191
p. 205-209
« Le premier de Janvier, les Princes & Princesses, & les Seigneurs & Dames de la Cour, [...] »
Début :
Le premier de Janvier, les Princes & Princesses, & les Seigneurs & Dames de la Cour, [...]
Mots clefs :
Ordre, Messe, Marquis, Lieutenant, Roi, Comte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le premier de Janvier, les Princes & Princesses, & les Seigneurs & Dames de la Cour, [...] »
E premier de Janvier , les Princes & Princefeurent
l'honneur de complimenter le Roi fur la
nouvelle année .
Le Corps de Ville a rendu à cette occafion fes
refpects à leurs Majeftés & à la Famille royale.
Les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint Eſprit , s'étant affemblés vers les
onze heures du matin dans le cabinet du Roi
Sa Majesté fortit de fon appartement pour aller à
la Chapelle. Le Roi , devant qui les deux Huifhiers
de la chambre portoient leurs mafles , étoit
en manteau , le collier de l'Ordre par deffus , ainfi
que celui de l'Ordre de la Toifon d'or . Sa Majefté
étoit précédée du Duc d'Orléans , du Prince
de Condé , du Comte de Charolois , dų Prince
106 MERCURE DE FRANCE.
de Conti , du Comte de la Marche , du Prince de
Dombes , du Comte d'Eu , & des Chevaliers
Commandeurs & Officiers de l'Ordre. Après la
grande Meffe , qui fut célébrée par le Prince Conftantin
, premier Aumônier du Roi , & Prélat
Commandeur de l'Ordre , le Roi fut reconduit à
fon appartement en la maniere accoutumée.
Monfeigneur le Dauphin n'affifta point à la
grande Meffe , à caufe d'une légere indifpofition .
Le Duc d'Ayen étant devenu titulaire du Gouvernement
de Saint - Germain- en- Laye par la démiffion
du Maréchal Duc de Noailles , le Roi a
accordé la furvivance de ce Gouvernement au
Comte d'Ayen , Meftre de Camp du Régiment de
Noailles Cavalerie.
M. l'Abbé de Gouyon , Vicaire Général & Archidiacre
de l'Evêché de Saint Pol de Léon , a été
nommé Aumonier de Madame Adélaïde.
Les Capitaux échus par le fort de la Lotterie
tirée le 19 du mois de Décembre dernier , pour le
remboursement annuel des rentes fur la caiffé générale
des amortiffemens , montent à la fomme
de treize cens foixante - neuf mille neuf cens foixante
livres.
"
Le Roi a difpofé de la place de Grand Croix ,
vacante dans l'Ordre royal & militaire de Saint
Louis , par la mort du Comte de Chabannes
en faveur du Marquis de Créqui , Lieutenant-Gé
néral des armées de Sa Majefté ; & Commandeur
de cet Ordre. Le Chevalier de Créqui avoit déja
les honneurs de Grand Croix.
Le Comte de Coetlogon , auffi Lieutenant- Gé
néral , a eu la place de Commandeur du Marquis
de Créqui .
Sa Majefté a donné la Compagnie des Gendar
mes Anglois , qui vaquoit par la démiffion du Vi
FEVRIER. 1758. 207
Comte de Courtomer , au Comte de Lannoy , Brigadier
de Cavalerie , & Capitaine- Lieutenant de
la Compagnie des Chevaux -Legers d'Orléans ; &
la Compagnie des Chevaux - Legers d'Orléans au
Marquis de Tracy , Sous-Lieutenant des Chevaux
Legers de Monfeigneur le Dauphin.
Sa Majesté fit le r' . Janvier , dans fa chambre , la
cérémonie de recevoir Chevaliers de l'Ordre royal
& militaire de Saint Louis , le Marquis de Bezons ,
Brigadier de Cavalerie , Meſtre de Camp du régiment
de fon nom ; le Comte de Lillebonne , Brigadier
de Dragons , Mestre de Camp du régiment
d'Harcourt ; le Marquis de la Châtre , Brigadier
d'Infanterie , Colonel du régiment de Cambrefis
; le Comte de Valentinois , Sous- Lieutenant
des Gendarmes de Monfeigneur le Duc de Bourgogne
le Chevalier de Villefort , Lieutenant de
Roi des Iles de Sainte Marguerite ; M. de Monfort
, Capitaine au régiment d'Infanterie de Provence
, & M. de Valcourt , Capitaine au régiment
de Cavalerie de la Rochefoucauld.
Le Roi a difpofé du Gouvernement de Verdun
& du Verdunois , vacant par la mort du Comte do
Chabannes , en faveur du Marquis de Chazeron ,
Lieutenant- Général de fes armées , & Lieutenant
des Gardes du Corps dans la Compagnie de Bethune.
Le Marquis de Chazeron remet fon Gou
vernement de Breft & fa Brigade dans les Gardes
du Corps. Outre le nouveau Gouvernement dont
il vient d'être pourvu , il a obtenu une penfion de
fix mille livres.
La Brigade qui vaque par la retraite , paffe au
Marquis de Sefmaifons.
Sa Majesté a accordé le Gouvernement de Ville.
franche, en Rouffillon , qu'avoit le feu Vicomte
du Chayla, au Chevalier de Muy , Lieutenant-
Général .
208 MERCURE DE FRANCE.
Le Marquis de Wignacourt , premier Cornette
de la Compagnie des Chevaux - Legers de Monfeigneur
le Dauphin , monte à la Sous- Lieutenance
de cette Compagnie , & fa Cornette a été
donnée au Comte de Vaudremont , Guidon des
Gendarmes Anglois.
L'Abbaye de Ville-Chaffon , Ordre de Saint
Benoît , Dioceſe de Sens , a été réunie , avec
tranſlation du titre , au Prieuré de Moret , du même
Ordre & du même Dioceſe , en faveur de la
Dame de Soulange , Abbeffe de Royal -Lieu , que
le Roi y a nommée
Le 7 Janvier & les jours fuivans , on a fait le
feptiéme tirage de la feconde Lotterie royale. Le
principal lot eft échu au numero 1588 ; le fecond
lot , au numero 25033 , & la premiere prime ,
numero 11651 .
au
Le 13 , pendant la Meffe du Roi , l'Evêque
d'Auxerre prêta ferment de fidélité entre les mains
de Sa Majesté.
Le 15 , le Duc & le Comte de Lauraguais remercierent
le Roi de la grace que Sa Majesté a
fait au Comte , en lui accordant un Brevet d'honneurs.
Sa Majefté a nommé Miniftre d'Etát M. Moreau
de Seychelles , Confeiller d'Etat ordinaire , & an
Confeil royal , Contrôleur Général des Finances.
Le Marquis de Langeron , Lieutenant - Général
des armées du Roi , a obtenu de Sa Majefté le
Gouvernement de Breft , vacant par la démiffion
du Marquis de Chazeron .
Pendant le cours de l'année derniere , il s'eſt
fait dans cette capitale 18909 Baptêmes , 4143
Mariages , & 21724 enterremens . Le nombre des
enfans trouvés a été de 4231 .
Le 12 de ce mois , l'Evêque de Saint Omer fut
FEVRIER. 1755. 209
facré dans l'Eglife des Religieufes de Conflans par
l'Archevêque de Paris , affifté des Evêques de Cahors
& de Senlis .
Le 18 , pendant la Meffe du Roi , l'Evêque de
Saint Omer prêta ferment de fidelité entre les
mains de Sa Majesté.
La Reine alla le 20 entendre la Meffe dans l'Eglife
de la Maifon de Saint Cyr. Sa Majesté y donna
le voile aux Dlles de Durfort & de Dormenan .
La Meffe fut célébrée par l'Evêque de Chartres ,
& ce Prélat fit la cérémonie.
Monfeigneur le Dauphin , qu'une légere indifpofition
obligeoit depuis quelque tems de gar
der fon appartement , jouit maintenant d'une parfaite
fanté.
Madame Victoire ayant été attaquée d'une fievre
violente & d'un grand mal de tête , fut fai
gnée le 16 deux fois du pied ; la premiere à fix
heures du foir , la feconde à minuit . La derniere
faignée fit tomber la fievre , & procura le fommeil.
Actuellement Madame Victoire eft auffi - bien
qu'on puifle le deſirer.
M. de Vergennes , Miniftre du Roi auprès de
PElecteur de Tréves , a été nommé par Sa Majef
té pour aller réfider en qualité d'Envoyé extraor
dinaire à la Porte Ottomane.
L'Evêque de Cahors , affifté des Evêques de Die
& de Graffe , facra le 19 l'Evêque de Bethleem
dans la hapelle du Seminaire de S. Sulpice,
Le 23 , les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à dix - huit cens dix livres . Les billets de la
premiere lotterie royale étoient à huit cens trente.
Ceux de la feconde lotterie n'avoient point de prix
fixe.
l'honneur de complimenter le Roi fur la
nouvelle année .
Le Corps de Ville a rendu à cette occafion fes
refpects à leurs Majeftés & à la Famille royale.
Les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint Eſprit , s'étant affemblés vers les
onze heures du matin dans le cabinet du Roi
Sa Majesté fortit de fon appartement pour aller à
la Chapelle. Le Roi , devant qui les deux Huifhiers
de la chambre portoient leurs mafles , étoit
en manteau , le collier de l'Ordre par deffus , ainfi
que celui de l'Ordre de la Toifon d'or . Sa Majefté
étoit précédée du Duc d'Orléans , du Prince
de Condé , du Comte de Charolois , dų Prince
106 MERCURE DE FRANCE.
de Conti , du Comte de la Marche , du Prince de
Dombes , du Comte d'Eu , & des Chevaliers
Commandeurs & Officiers de l'Ordre. Après la
grande Meffe , qui fut célébrée par le Prince Conftantin
, premier Aumônier du Roi , & Prélat
Commandeur de l'Ordre , le Roi fut reconduit à
fon appartement en la maniere accoutumée.
Monfeigneur le Dauphin n'affifta point à la
grande Meffe , à caufe d'une légere indifpofition .
Le Duc d'Ayen étant devenu titulaire du Gouvernement
de Saint - Germain- en- Laye par la démiffion
du Maréchal Duc de Noailles , le Roi a
accordé la furvivance de ce Gouvernement au
Comte d'Ayen , Meftre de Camp du Régiment de
Noailles Cavalerie.
M. l'Abbé de Gouyon , Vicaire Général & Archidiacre
de l'Evêché de Saint Pol de Léon , a été
nommé Aumonier de Madame Adélaïde.
Les Capitaux échus par le fort de la Lotterie
tirée le 19 du mois de Décembre dernier , pour le
remboursement annuel des rentes fur la caiffé générale
des amortiffemens , montent à la fomme
de treize cens foixante - neuf mille neuf cens foixante
livres.
"
Le Roi a difpofé de la place de Grand Croix ,
vacante dans l'Ordre royal & militaire de Saint
Louis , par la mort du Comte de Chabannes
en faveur du Marquis de Créqui , Lieutenant-Gé
néral des armées de Sa Majefté ; & Commandeur
de cet Ordre. Le Chevalier de Créqui avoit déja
les honneurs de Grand Croix.
Le Comte de Coetlogon , auffi Lieutenant- Gé
néral , a eu la place de Commandeur du Marquis
de Créqui .
Sa Majefté a donné la Compagnie des Gendar
mes Anglois , qui vaquoit par la démiffion du Vi
FEVRIER. 1758. 207
Comte de Courtomer , au Comte de Lannoy , Brigadier
de Cavalerie , & Capitaine- Lieutenant de
la Compagnie des Chevaux -Legers d'Orléans ; &
la Compagnie des Chevaux - Legers d'Orléans au
Marquis de Tracy , Sous-Lieutenant des Chevaux
Legers de Monfeigneur le Dauphin.
Sa Majesté fit le r' . Janvier , dans fa chambre , la
cérémonie de recevoir Chevaliers de l'Ordre royal
& militaire de Saint Louis , le Marquis de Bezons ,
Brigadier de Cavalerie , Meſtre de Camp du régiment
de fon nom ; le Comte de Lillebonne , Brigadier
de Dragons , Mestre de Camp du régiment
d'Harcourt ; le Marquis de la Châtre , Brigadier
d'Infanterie , Colonel du régiment de Cambrefis
; le Comte de Valentinois , Sous- Lieutenant
des Gendarmes de Monfeigneur le Duc de Bourgogne
le Chevalier de Villefort , Lieutenant de
Roi des Iles de Sainte Marguerite ; M. de Monfort
, Capitaine au régiment d'Infanterie de Provence
, & M. de Valcourt , Capitaine au régiment
de Cavalerie de la Rochefoucauld.
Le Roi a difpofé du Gouvernement de Verdun
& du Verdunois , vacant par la mort du Comte do
Chabannes , en faveur du Marquis de Chazeron ,
Lieutenant- Général de fes armées , & Lieutenant
des Gardes du Corps dans la Compagnie de Bethune.
Le Marquis de Chazeron remet fon Gou
vernement de Breft & fa Brigade dans les Gardes
du Corps. Outre le nouveau Gouvernement dont
il vient d'être pourvu , il a obtenu une penfion de
fix mille livres.
La Brigade qui vaque par la retraite , paffe au
Marquis de Sefmaifons.
Sa Majesté a accordé le Gouvernement de Ville.
franche, en Rouffillon , qu'avoit le feu Vicomte
du Chayla, au Chevalier de Muy , Lieutenant-
Général .
208 MERCURE DE FRANCE.
Le Marquis de Wignacourt , premier Cornette
de la Compagnie des Chevaux - Legers de Monfeigneur
le Dauphin , monte à la Sous- Lieutenance
de cette Compagnie , & fa Cornette a été
donnée au Comte de Vaudremont , Guidon des
Gendarmes Anglois.
L'Abbaye de Ville-Chaffon , Ordre de Saint
Benoît , Dioceſe de Sens , a été réunie , avec
tranſlation du titre , au Prieuré de Moret , du même
Ordre & du même Dioceſe , en faveur de la
Dame de Soulange , Abbeffe de Royal -Lieu , que
le Roi y a nommée
Le 7 Janvier & les jours fuivans , on a fait le
feptiéme tirage de la feconde Lotterie royale. Le
principal lot eft échu au numero 1588 ; le fecond
lot , au numero 25033 , & la premiere prime ,
numero 11651 .
au
Le 13 , pendant la Meffe du Roi , l'Evêque
d'Auxerre prêta ferment de fidélité entre les mains
de Sa Majesté.
Le 15 , le Duc & le Comte de Lauraguais remercierent
le Roi de la grace que Sa Majesté a
fait au Comte , en lui accordant un Brevet d'honneurs.
Sa Majefté a nommé Miniftre d'Etát M. Moreau
de Seychelles , Confeiller d'Etat ordinaire , & an
Confeil royal , Contrôleur Général des Finances.
Le Marquis de Langeron , Lieutenant - Général
des armées du Roi , a obtenu de Sa Majefté le
Gouvernement de Breft , vacant par la démiffion
du Marquis de Chazeron .
Pendant le cours de l'année derniere , il s'eſt
fait dans cette capitale 18909 Baptêmes , 4143
Mariages , & 21724 enterremens . Le nombre des
enfans trouvés a été de 4231 .
Le 12 de ce mois , l'Evêque de Saint Omer fut
FEVRIER. 1755. 209
facré dans l'Eglife des Religieufes de Conflans par
l'Archevêque de Paris , affifté des Evêques de Cahors
& de Senlis .
Le 18 , pendant la Meffe du Roi , l'Evêque de
Saint Omer prêta ferment de fidelité entre les
mains de Sa Majesté.
La Reine alla le 20 entendre la Meffe dans l'Eglife
de la Maifon de Saint Cyr. Sa Majesté y donna
le voile aux Dlles de Durfort & de Dormenan .
La Meffe fut célébrée par l'Evêque de Chartres ,
& ce Prélat fit la cérémonie.
Monfeigneur le Dauphin , qu'une légere indifpofition
obligeoit depuis quelque tems de gar
der fon appartement , jouit maintenant d'une parfaite
fanté.
Madame Victoire ayant été attaquée d'une fievre
violente & d'un grand mal de tête , fut fai
gnée le 16 deux fois du pied ; la premiere à fix
heures du foir , la feconde à minuit . La derniere
faignée fit tomber la fievre , & procura le fommeil.
Actuellement Madame Victoire eft auffi - bien
qu'on puifle le deſirer.
M. de Vergennes , Miniftre du Roi auprès de
PElecteur de Tréves , a été nommé par Sa Majef
té pour aller réfider en qualité d'Envoyé extraor
dinaire à la Porte Ottomane.
L'Evêque de Cahors , affifté des Evêques de Die
& de Graffe , facra le 19 l'Evêque de Bethleem
dans la hapelle du Seminaire de S. Sulpice,
Le 23 , les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à dix - huit cens dix livres . Les billets de la
premiere lotterie royale étoient à huit cens trente.
Ceux de la feconde lotterie n'avoient point de prix
fixe.
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Résumé : « Le premier de Janvier, les Princes & Princesses, & les Seigneurs & Dames de la Cour, [...] »
Le 1er janvier, les princes et princesses complimentèrent le Roi pour la nouvelle année. Le Corps de Ville rendit hommage aux Majestés et à la famille royale. Les membres de l'Ordre du Saint-Esprit se réunirent dans le cabinet du Roi, qui se rendit à la chapelle accompagné de plusieurs princes et dignitaires. Après la messe, célébrée par le Prince Constantin, le Roi fut reconduit à son appartement. Le Dauphin n'assista pas à la messe en raison d'une légère indisposition. Plusieurs nominations et attributions eurent lieu. Le Duc d'Ayen devint titulaire du Gouvernement de Saint-Germain-en-Laye, et le Comte d'Ayen obtint la survivance de ce gouvernement. L'Abbé de Gouyon fut nommé aumônier de Madame Adélaïde. Les capitaux de la loterie du 19 décembre s'élevèrent à 1 369 960 livres. Le Roi nomma le Marquis de Créqui Grand Croix de l'Ordre de Saint-Louis et le Comte de Coetlogon Commandeur. Diverses compagnies et gouvernements furent attribués, notamment au Comte de Lannoy et au Marquis de Tracy. Plusieurs personnes furent reçues Chevaliers de l'Ordre de Saint-Louis, dont le Marquis de Bezons et le Comte de Lillebonne. Le Marquis de Chazeron obtint le Gouvernement de Verdun et une pension de 6 000 livres, tandis que le Marquis de Sessmaisons prit sa brigade. Le Chevalier de Muy reçut le Gouvernement de Villefranche. L'Abbaye de Ville-Chaffon fut réunie au Prieuré de Moret en faveur de la Dame de Soulange. Le 7 janvier, eut lieu le septième tirage de la seconde lotterie royale. Le 13 janvier, l'Évêque d'Auxerre prêta serment de fidélité au Roi. Le Duc et le Comte de Lauraguais remercièrent le Roi pour une grâce accordée au Comte. M. Moreau de Seychelles fut nommé Contrôleur Général des Finances. Le Marquis de Langeron obtint le Gouvernement de Brest. En 1757, Paris enregistra 18 909 baptêmes, 4 143 mariages et 21 724 enterrements, avec 4 231 enfants trouvés. Le 12 février, l'Évêque de Saint-Omer fut sacré. Le 18 février, il prêta serment de fidélité au Roi. La Reine se rendit à Saint-Cyr le 20 février. Le Dauphin recouvra la santé après une légère indisposition. Madame Victoire fut soignée pour une fièvre violente. M. de Vergennes fut nommé Envoyé extraordinaire à la Porte Ottomane. Les actions de la Compagnie des Indes étaient à 1 810 livres, et les billets de la première lotterie royale à 830 livres.
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1192
p. 5
VERS Pour mettre au dessous du portrait de M. de Seychelles, Contrôleur Général, Secrétaire & Ministre d'Etat.
Début :
Tel est ce Ministre fidele, [...]
Mots clefs :
Jean Moreau de Séchelles, Ministre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : VERS Pour mettre au dessous du portrait de M. de Seychelles, Contrôleur Général, Secrétaire & Ministre d'Etat.
VERS
Pour mettre au deffous du portrait de M. de
Seychelles , Contrôleur Général , Sécrétaire
& Miniftre d'Etat.
T EL eft ce Miniftre fidelé ;
Placé par la vertu dans le confeil des Rois :
Son zéle , de Louis , juftifiera le choix :
C'eft Colbert qui revit fous les traits de Seychelle,
Pour mettre au deffous du portrait de M. de
Seychelles , Contrôleur Général , Sécrétaire
& Miniftre d'Etat.
T EL eft ce Miniftre fidelé ;
Placé par la vertu dans le confeil des Rois :
Son zéle , de Louis , juftifiera le choix :
C'eft Colbert qui revit fous les traits de Seychelle,
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1193
p. 165-166
DU LEVANT.
Début :
Le 22 Décembre, jour fixé pour l'inauguration d'Osman III, ce Prince, accompagné [...]
Mots clefs :
Seigneur, Sultan, Constantinople
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU LEVANT.
DU LEVANT.
DE CONSTANTINOPLE , le 4 Janvier.
L
E 22 Décembre , jour fixé pour l'inauguration
d'Ofman III , ce Prince , accompagné
de toute fa Cour , fe rendit à la Mofquée d'Ejoub.
Après que le Grand Seigneur eut fait fa priere ,
le Mufti s'avança vers la Hauteffe , & lui dit :
Puiffant Empereur , glorieux monarque , Dieu l'a
établi Sultan pour regnerfur les véritables croyans ;
fois fidele à la loi , & ton regne fera heureux. Il
ajouta enfuite en fe tournant vers le peuple
voilà celui que Dieu , dans l'éternité de fes decrets ,
a destinépour vous gouverner ; il obfervera la loi ;
foyez lui foumis. Puis il ceignit le cimeterre de
Mahomet au Sultan , qu'il exhorta de ne le tirer
que pour la défense de la religion & de la justice.
Lorfque cette cérémonie fut finie , la mufique
des Janiffaires fe fit entendre , & l'air retentit
d'acclamations . Le Grand Seigneur étant retourné
àu Sérail , on diftribua quinze cens bourſes aux
troupes. Au milieu des réjouiflances , quelques
Leventi , ou gens de mer , infulterent un Janiffaire
. Celui -ci n'en eut pas plutot informé les foldats
de fa compagnie , qu'ils fe répandirent dans
les rues voifines du port , & fondirent le fabre à la
main fur les Leventi. Heureufement l'Aga des
1
166 MERCURE DE FRANCE.
•
Janiffaires & le Capitan Pacha impoferent par leur
préfence aux uns & aux autres , & en peu de tems
le defordre fut appaifé . On empala fur le champ
fans autre forme de procès , les Leventi qui y
avoient donné lieu.
1
Sa Hauteffe étant inftruite que la plupart des
Mufulmans regardent la défenfe de boire du via
comme un réglement fait pour le fimple vulgaire ,
a ftatué de rigoureufes peines contre ceux qui ,
fans refpect pour l'Alcoran , feront ufage de cette
liqueur,
DE CONSTANTINOPLE , le 4 Janvier.
L
E 22 Décembre , jour fixé pour l'inauguration
d'Ofman III , ce Prince , accompagné
de toute fa Cour , fe rendit à la Mofquée d'Ejoub.
Après que le Grand Seigneur eut fait fa priere ,
le Mufti s'avança vers la Hauteffe , & lui dit :
Puiffant Empereur , glorieux monarque , Dieu l'a
établi Sultan pour regnerfur les véritables croyans ;
fois fidele à la loi , & ton regne fera heureux. Il
ajouta enfuite en fe tournant vers le peuple
voilà celui que Dieu , dans l'éternité de fes decrets ,
a destinépour vous gouverner ; il obfervera la loi ;
foyez lui foumis. Puis il ceignit le cimeterre de
Mahomet au Sultan , qu'il exhorta de ne le tirer
que pour la défense de la religion & de la justice.
Lorfque cette cérémonie fut finie , la mufique
des Janiffaires fe fit entendre , & l'air retentit
d'acclamations . Le Grand Seigneur étant retourné
àu Sérail , on diftribua quinze cens bourſes aux
troupes. Au milieu des réjouiflances , quelques
Leventi , ou gens de mer , infulterent un Janiffaire
. Celui -ci n'en eut pas plutot informé les foldats
de fa compagnie , qu'ils fe répandirent dans
les rues voifines du port , & fondirent le fabre à la
main fur les Leventi. Heureufement l'Aga des
1
166 MERCURE DE FRANCE.
•
Janiffaires & le Capitan Pacha impoferent par leur
préfence aux uns & aux autres , & en peu de tems
le defordre fut appaifé . On empala fur le champ
fans autre forme de procès , les Leventi qui y
avoient donné lieu.
1
Sa Hauteffe étant inftruite que la plupart des
Mufulmans regardent la défenfe de boire du via
comme un réglement fait pour le fimple vulgaire ,
a ftatué de rigoureufes peines contre ceux qui ,
fans refpect pour l'Alcoran , feront ufage de cette
liqueur,
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Résumé : DU LEVANT.
Le 22 décembre, le sultan Ofman III a été inauguré à Constantinople. Accompagné de sa cour, il s'est rendu à la mosquée d'Ejoub où, après la prière, le Mufti l'a proclamé sultan et a exhorté le peuple à lui obéir et à respecter la loi. Le Mufti a ceint le cimeterre de Mahomet au sultan, l'encourageant à défendre la religion et la justice. Après la cérémonie, la musique des Janissaires a retenti, et des acclamations ont résonné. De retour au Sérail, 1500 bourses ont été distribuées aux troupes. Des troubles ont éclaté lorsque des Leventi ont insulté un Janissaire, provoquant une bagarre. L'Aga des Janissaires et le Capitan Pacha ont rapidement restauré l'ordre, et les Leventi responsables ont été empalés sans procès. Par ailleurs, le sultan a décrété des peines sévères contre ceux qui consomment du vin, malgré l'opinion de certains musulmans qui voient cette interdiction comme destinée au vulgaire.
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1194
p. 166-168
DU NORD.
Début :
L'anniversaire de la naissance de l'Impératrice qui est entrée dans la quarante-cinquiéme année [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Stockholm, Copenhague, Impératrice
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DUNOR D.
DE PETERSBOURG , le 4 Janvier.
L'anniverfaire de la naiffance de l'Impératrice
qui eft entrée dans la quarante-cinquième année
de fon âge , fut célébré le 29 du mois dernier avec
beaucoup de magnificence. Toute la Cour s'étant
affemblée le matin dans l'appartement du Grand
Duc , l'accompagna chez Sa Majesté Impériale,
A midi , l'Impératrice dîna en public avec ce Prin
ce ; on fervit une autre table pour la nobleffe de
la premiere & de la feconde claffe . Il y eut le foir
un bal dans la Galerie. Le Grand Duc ſoupa à
une table de deux cens couverts : on tira un feu
d'artifice , & toutes les rues furent illuminées.
Vis-à-vis la principale porte du Palais étoit une
décoration repréfentant le Cirque de Rome , &
éclairée par un grand nombre de pots à feu.
Une toux dont le Prince Paul Petrowitz a été
incommodé , a donné quelque inquiétude ; mais
les allarmes font diffipées , & ce Prince eft parfaitement
rétabli . Il ne fe paffe point de jour que
Impératrice ne lui rende vifite. La Grande DuMARS.
1755. 167
cheffe , après avoir gardé le lit pendant quelque
tems , commence à jouir d'une meilleure fanté.
Le bruit qui avoit couru que cette Princefle étoit
de nouveau enceinte , ne fe confirme pas.
DE STOCKHOLM , le 14 Janvier.
L'Hôpital établi en faveur des malades néceſſiteux
, a tout le fuccès qu'on peut defirer. Les
foins & les libéralités de la fociété qui a fondé la
maiſon des enfans trouvés , l'ont déja miſe en état
d'entretenir cinquante de ces malheureuſes victimes
de la mifere ou de l'infenfibilité de leurs parens.
Le zele du bien public animant également
ici tous les états , les Médecins travaillent de
concert à fixer la meilleure méthode d'inoculer la
petite vérole.
Malgré la rigueur dont l'hyer eft cette année
dans les pays même les plus méridionaux de l'Europe
, la faifon eft ici tellement temperée que
les côtes , & même les rivieres de ce royaume ,
n'ont pas ceffé d'être navigables , tandis que les
ports de la mer Baltique , du côté de la Pomeranie
& de la Pruffe , font totalement fermés par les
glaces .
DE COPPENHAGUE , le 24 Janvier.
Depuis que l'Hôtel des Invalides eft rebâti ;
en fait filer de la laine aux foldats qu'on y entretient
, & ce travail contribue à leur procurer divers
avantages que ne leur fournit pas la fondation.
Le premier des deux prix propofés par l'Académie
de Peinture , de Sculpture & d'Architecture
, a été adjugé au fieur Slod . Le fieur Schultz
xemporté le fecond. Le Baron de Pleffen , Cham
168 MERCURE DE FRANCE.
bellan , & le fieur Gram , Confeiller des Conférences
, ont été élus Académiciens honoraires de
cette Académie .
DE PETERSBOURG , le 4 Janvier.
L'anniverfaire de la naiffance de l'Impératrice
qui eft entrée dans la quarante-cinquième année
de fon âge , fut célébré le 29 du mois dernier avec
beaucoup de magnificence. Toute la Cour s'étant
affemblée le matin dans l'appartement du Grand
Duc , l'accompagna chez Sa Majesté Impériale,
A midi , l'Impératrice dîna en public avec ce Prin
ce ; on fervit une autre table pour la nobleffe de
la premiere & de la feconde claffe . Il y eut le foir
un bal dans la Galerie. Le Grand Duc ſoupa à
une table de deux cens couverts : on tira un feu
d'artifice , & toutes les rues furent illuminées.
Vis-à-vis la principale porte du Palais étoit une
décoration repréfentant le Cirque de Rome , &
éclairée par un grand nombre de pots à feu.
Une toux dont le Prince Paul Petrowitz a été
incommodé , a donné quelque inquiétude ; mais
les allarmes font diffipées , & ce Prince eft parfaitement
rétabli . Il ne fe paffe point de jour que
Impératrice ne lui rende vifite. La Grande DuMARS.
1755. 167
cheffe , après avoir gardé le lit pendant quelque
tems , commence à jouir d'une meilleure fanté.
Le bruit qui avoit couru que cette Princefle étoit
de nouveau enceinte , ne fe confirme pas.
DE STOCKHOLM , le 14 Janvier.
L'Hôpital établi en faveur des malades néceſſiteux
, a tout le fuccès qu'on peut defirer. Les
foins & les libéralités de la fociété qui a fondé la
maiſon des enfans trouvés , l'ont déja miſe en état
d'entretenir cinquante de ces malheureuſes victimes
de la mifere ou de l'infenfibilité de leurs parens.
Le zele du bien public animant également
ici tous les états , les Médecins travaillent de
concert à fixer la meilleure méthode d'inoculer la
petite vérole.
Malgré la rigueur dont l'hyer eft cette année
dans les pays même les plus méridionaux de l'Europe
, la faifon eft ici tellement temperée que
les côtes , & même les rivieres de ce royaume ,
n'ont pas ceffé d'être navigables , tandis que les
ports de la mer Baltique , du côté de la Pomeranie
& de la Pruffe , font totalement fermés par les
glaces .
DE COPPENHAGUE , le 24 Janvier.
Depuis que l'Hôtel des Invalides eft rebâti ;
en fait filer de la laine aux foldats qu'on y entretient
, & ce travail contribue à leur procurer divers
avantages que ne leur fournit pas la fondation.
Le premier des deux prix propofés par l'Académie
de Peinture , de Sculpture & d'Architecture
, a été adjugé au fieur Slod . Le fieur Schultz
xemporté le fecond. Le Baron de Pleffen , Cham
168 MERCURE DE FRANCE.
bellan , & le fieur Gram , Confeiller des Conférences
, ont été élus Académiciens honoraires de
cette Académie .
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Résumé : DU NORD.
Le 29 décembre, l'anniversaire de l'Impératrice russe, qui entrait dans sa quarante-cinquième année, fut célébré avec magnificence. La Cour se rassembla dans l'appartement du Grand Duc avant de se rendre chez Sa Majesté Impériale. À midi, l'Impératrice dîna en public avec le Grand Duc, tandis qu'une autre table était servie pour la noblesse des première et seconde classes. Un bal eut lieu dans la Galerie, suivi d'un souper du Grand Duc à une table de deux cents couverts. Un feu d'artifice fut tiré et les rues furent illuminées. Une décoration représentant le Cirque de Rome était placée devant la principale porte du Palais. Le Prince Paul Petrowitz, incommodé par une toux, se porta mieux, dissipant les inquiétudes. L'Impératrice lui rendait visite quotidiennement. La Grande Duchesse, après une période de repos, commençait à recouvrer une meilleure santé. Les rumeurs sur une nouvelle grossesse de la Grande Duchesse ne se confirmèrent pas. À Stockholm, l'hôpital pour les malades nécessiteux rencontra un grand succès, permettant d'entretenir cinquante enfants trouvés. Les médecins travaillaient ensemble pour fixer la meilleure méthode d'inoculation contre la petite vérole. Malgré un hiver rigoureux en Europe, les côtes et rivières suédoises restaient navigables. À Copenhague, l'Hôtel des Invalides, récemment reconstruit, employait les soldats à filer de la laine. L'Académie de Peinture, de Sculpture et d'Architecture attribua ses prix à MM. Slod et Schultz. MM. le Baron de Pleffen et Gram furent élus Académiciens honoraires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1195
p. 168-171
ALLEMAGNE.
Début :
Le Comte de Bouquois, Maréchal de Bohême, & le Comte de Nostitz, Président du Tribunal [...]
Mots clefs :
Berlin, Dresde, Vienne, Soldats, Comte, Triomphe, Chevaux, Roi, Opéra
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGN E.
DE VIENNE , le 18 Janvier.
. Le Comte de Bouquois , Maréchal de Bohême
& le Comte de Noſtitz , Préſident du Tribunal
des Appellations dans le même royaume , ont
été mandés de Prague par l'impératrice Reine.
Cette Princeffe a fait diftribuer deux mille cordes
de bois aux pauvres , pour les aider à ſupporter la
rigueur de l'hyver , qui eit telle qu'on a trouvé
deux fentinelles morts de froid à leurs poftes .
Le 26 du même mois , le Baron de Sievers eut
fes audiences de congé de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine . Il fut conduit le lendemain à
celles des Archiducs & des Archiducheffes. Leurs
Majeftés Impériales lui ont fait préfent de leurs
portraits enrichis de diamans , & d'une bague de
très-grand prix. Le même jour , le Comte de
Keyferling , Ambaffadeur de la Cour de Ruffie ,
donna- la fête qu'il avoit fait préparer pour célébrer
la naiffance du Prince Paul Petrowitz.
DE DRESDE , le 23 Janvier.
Une infinité d'étrangers fe font rendus ici pour
prendre part aux divertiffemens du Carnaval . Quelqu'accoutumé
qu'on foit à y voir les opéra repréfentés
avec la plus grande magnificence , celui
qu'on joue actuellement a caufé une furprife générale.
Dans le Triomphe d'Ezio , le héros de
la piéce , il paroît cinq cens perfonnes , & plus
de
MARS. 1755 169
de cent cinquante chevaux , fans les dromadaires ,
& divers animaux inconnus dans ces climats.
Le fieur Durand , nouveau Miniftre de Sa Majefté
Très-Chrétienne auprès du Roi & de la République
de Pologne , arriva de Paris le 30 Janvier.
Les Février , il fut préſenté à leurs Majeftés
par le Comte de Broglie , Ambaſſadeur de
France.
Pour donner une idée de la magnificence avec
laquelle l'opéra d'Aëtius ( en Italien Ezio ) eft repréfenté
, nous tracerons ici le tableau du triomphe
du héros de la piéce. Une avant-garde de foldats
Romains , armés à la légere , & précédés d'un
Porte-enfeigne . Plufieurs trompettes & fonneurs
de cor couronnés de lauriers ; troupe de piquiers ;
prifonniers faits fur les Huns ; Cavaliers Romains ,
ayant trois Officiers à leur tête ; les principaux
Huns qui ont été pris ; foldats Romains ; huit mulets
& huit dromadaires chargés de butin , & conduits
chacun par un efclave : quatre chariots fur lefquels
font les machines de guerre enlevées à l'ennemi
; deux foldats marchent à côté de chaque
chariot ; divers portes- enfeignes , à la tête defquels
eft un tribun. Les dépouilles les plus précieuſes
des vaincus , portées fur des brancards ou
à la main , par des foldats ; fix autres foldats tenant
des trophées ; le Dieu de la Marne , que
quatre Romains portent fur leurs épaules , & qui
eft appuyé fur une urne renverfée. L'Ichnographie
, ou le plan géométral de la ville de Châlonsfur-
Marne , près de laquelle Aëtius a remporté
la victoire ; un étendard fur lequel on lit : Deviczori
Hunnorum , gentis barbara triumphus decretus
;cohorte prétorienne , chevaux de main d'Aëtius
, conduits chacun par deux palfreniers. Cheyaliers
Romains avec de grands boucliers , & avec
H
170 MERCURE DE FRANCE.
des panaches fur leurs cafques ; cinq enfeignes , fur
chacune defquelles eft peint le bufte de l'Empereur
Valentinien ; l'aigle Romaine ; huit Licteurs, leurs
faifceaux à la main ; Sénateurs Romains , marchant
trois à trois , & portant des branches de
laurier ; trois thurificateurs , trompettes , & autres
inftrumens militaires. Aetius dans un char
de triomphe , traîné par quatre chevaux de front ,
que conduit le génie tutelaire de Rome ; trois
thurificateurs ; les parens & amis du triomphateur;
troupe de cavalerie ; les efclaves d'Aëtius,
& des perfonnes de fa fuite . La marche eft fermée
par un détachement de fantaffins diverſement
armés.
DE BERLIN , le 28 Janvier.
On célébra le 24 l'anniverfaire de la naiffance
du Roi , qui eft entré dans la quarante-quatrième
année de fon âge. Sa Majesté reçut à cette occafion
les complimens des Miniftres étrangers , &
elle dîna enfuite chez la Reine Douairiere avec
toute la Famille royale.
On a reçu avis que le Cardinal Querini avoit
légué la quatrième partie de fes biens pour achever
la conftruction & les embelliffemens de la
nouvelle Eglife Catholique de cette ville. Hier
* on célébra dans l'ancienne Chapelle des habitans
-de cette communion , un ſervice folemnel pour
repos de l'ame de ce vertueux & fçavant Cardinal.
Fle
L'Académie royale des Sciences & Belles-Lettres
a élu , en qualité d'Affociés étrangers , Don
Joffe-Joachim Suares de Barros , célébre Aftronome
de Lisbonne ; le Docteur Mary , Médecin ,
de la Société royale de Londres ; le fieur de BerMARS.
1755. 171
ghen , Profeffeur en Médecine dans l'Univerfité de
Francfort fur l'Oder ; & le fieur André Mayer
Profeffeur de Mathématiques & de Phyfique , dans
celle de Grypfwalde en Pomeranie. Le fieur Eller ,
premier Médecin du Roi , lut le 23 à cette Académie
une differtation , dans laquelle il entreprend
de prouver que l'ufage des vales de cuivre
n'eft pas auffi nuifible à la fanté que beaucoup
de gens fe le perfuadent.
DE VIENNE , le 18 Janvier.
. Le Comte de Bouquois , Maréchal de Bohême
& le Comte de Noſtitz , Préſident du Tribunal
des Appellations dans le même royaume , ont
été mandés de Prague par l'impératrice Reine.
Cette Princeffe a fait diftribuer deux mille cordes
de bois aux pauvres , pour les aider à ſupporter la
rigueur de l'hyver , qui eit telle qu'on a trouvé
deux fentinelles morts de froid à leurs poftes .
Le 26 du même mois , le Baron de Sievers eut
fes audiences de congé de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine . Il fut conduit le lendemain à
celles des Archiducs & des Archiducheffes. Leurs
Majeftés Impériales lui ont fait préfent de leurs
portraits enrichis de diamans , & d'une bague de
très-grand prix. Le même jour , le Comte de
Keyferling , Ambaffadeur de la Cour de Ruffie ,
donna- la fête qu'il avoit fait préparer pour célébrer
la naiffance du Prince Paul Petrowitz.
DE DRESDE , le 23 Janvier.
Une infinité d'étrangers fe font rendus ici pour
prendre part aux divertiffemens du Carnaval . Quelqu'accoutumé
qu'on foit à y voir les opéra repréfentés
avec la plus grande magnificence , celui
qu'on joue actuellement a caufé une furprife générale.
Dans le Triomphe d'Ezio , le héros de
la piéce , il paroît cinq cens perfonnes , & plus
de
MARS. 1755 169
de cent cinquante chevaux , fans les dromadaires ,
& divers animaux inconnus dans ces climats.
Le fieur Durand , nouveau Miniftre de Sa Majefté
Très-Chrétienne auprès du Roi & de la République
de Pologne , arriva de Paris le 30 Janvier.
Les Février , il fut préſenté à leurs Majeftés
par le Comte de Broglie , Ambaſſadeur de
France.
Pour donner une idée de la magnificence avec
laquelle l'opéra d'Aëtius ( en Italien Ezio ) eft repréfenté
, nous tracerons ici le tableau du triomphe
du héros de la piéce. Une avant-garde de foldats
Romains , armés à la légere , & précédés d'un
Porte-enfeigne . Plufieurs trompettes & fonneurs
de cor couronnés de lauriers ; troupe de piquiers ;
prifonniers faits fur les Huns ; Cavaliers Romains ,
ayant trois Officiers à leur tête ; les principaux
Huns qui ont été pris ; foldats Romains ; huit mulets
& huit dromadaires chargés de butin , & conduits
chacun par un efclave : quatre chariots fur lefquels
font les machines de guerre enlevées à l'ennemi
; deux foldats marchent à côté de chaque
chariot ; divers portes- enfeignes , à la tête defquels
eft un tribun. Les dépouilles les plus précieuſes
des vaincus , portées fur des brancards ou
à la main , par des foldats ; fix autres foldats tenant
des trophées ; le Dieu de la Marne , que
quatre Romains portent fur leurs épaules , & qui
eft appuyé fur une urne renverfée. L'Ichnographie
, ou le plan géométral de la ville de Châlonsfur-
Marne , près de laquelle Aëtius a remporté
la victoire ; un étendard fur lequel on lit : Deviczori
Hunnorum , gentis barbara triumphus decretus
;cohorte prétorienne , chevaux de main d'Aëtius
, conduits chacun par deux palfreniers. Cheyaliers
Romains avec de grands boucliers , & avec
H
170 MERCURE DE FRANCE.
des panaches fur leurs cafques ; cinq enfeignes , fur
chacune defquelles eft peint le bufte de l'Empereur
Valentinien ; l'aigle Romaine ; huit Licteurs, leurs
faifceaux à la main ; Sénateurs Romains , marchant
trois à trois , & portant des branches de
laurier ; trois thurificateurs , trompettes , & autres
inftrumens militaires. Aetius dans un char
de triomphe , traîné par quatre chevaux de front ,
que conduit le génie tutelaire de Rome ; trois
thurificateurs ; les parens & amis du triomphateur;
troupe de cavalerie ; les efclaves d'Aëtius,
& des perfonnes de fa fuite . La marche eft fermée
par un détachement de fantaffins diverſement
armés.
DE BERLIN , le 28 Janvier.
On célébra le 24 l'anniverfaire de la naiffance
du Roi , qui eft entré dans la quarante-quatrième
année de fon âge. Sa Majesté reçut à cette occafion
les complimens des Miniftres étrangers , &
elle dîna enfuite chez la Reine Douairiere avec
toute la Famille royale.
On a reçu avis que le Cardinal Querini avoit
légué la quatrième partie de fes biens pour achever
la conftruction & les embelliffemens de la
nouvelle Eglife Catholique de cette ville. Hier
* on célébra dans l'ancienne Chapelle des habitans
-de cette communion , un ſervice folemnel pour
repos de l'ame de ce vertueux & fçavant Cardinal.
Fle
L'Académie royale des Sciences & Belles-Lettres
a élu , en qualité d'Affociés étrangers , Don
Joffe-Joachim Suares de Barros , célébre Aftronome
de Lisbonne ; le Docteur Mary , Médecin ,
de la Société royale de Londres ; le fieur de BerMARS.
1755. 171
ghen , Profeffeur en Médecine dans l'Univerfité de
Francfort fur l'Oder ; & le fieur André Mayer
Profeffeur de Mathématiques & de Phyfique , dans
celle de Grypfwalde en Pomeranie. Le fieur Eller ,
premier Médecin du Roi , lut le 23 à cette Académie
une differtation , dans laquelle il entreprend
de prouver que l'ufage des vales de cuivre
n'eft pas auffi nuifible à la fanté que beaucoup
de gens fe le perfuadent.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En janvier 1755, plusieurs événements marquants se sont produits en Europe. À Vienne, l'impératrice Reine a convoqué le Comte de Bouquois et le Comte de Nostitz de Prague pour des affaires importantes. Elle a également distribué deux mille cordes de bois aux pauvres afin de les aider à survivre à un hiver rigoureux, durant lequel deux sentinelles ont péri de froid. Le Baron de Sievers a reçu des audiences de congé de l'Empereur et de l'Impératrice Reine, ainsi que des Archiducs et Archiducheffes, et a été récompensé par des portraits enrichis de diamants et une bague de grande valeur. Le Comte de Keyferling, Ambassadeur de Russie, a organisé une fête pour célébrer la naissance du Prince Paul Petrowitz. À Dresde, de nombreux étrangers ont afflué pour participer aux festivités du Carnaval. L'opéra 'Le Triomphe d'Ezio' a suscité une grande admiration par sa magnificence, avec cinq cents personnes, plus de cent cinquante chevaux sur scène, ainsi que divers animaux exotiques. Le sieur Durand, nouveau ministre de France auprès du Roi et de la République de Pologne, est arrivé de Paris et a été présenté aux Majestés par le Comte de Broglie. À Berlin, l'anniversaire du Roi a été célébré le 24 janvier. Le Cardinal Querini a légué une partie de ses biens pour la construction et les embellissements de la nouvelle église catholique de la ville. Un service solennel a été organisé en sa mémoire. L'Académie royale des Sciences et Belles-Lettres a élu plusieurs associés étrangers, dont Don José-Joachim Suares de Barros, astronome de Lisbonne, et le Docteur Mary, médecin de la Société royale de Londres. Le sieur Eller, premier médecin du Roi, a présenté une dissertation sur l'usage des vaisselles de cuivre et leur impact sur la santé.
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1196
p. 171-173
ITALIE.
Début :
Depuis le 4 de ce mois le froid est extraordinaire ; toutes les montagnes des environs, & le [...]
Mots clefs :
République de Genève, Turin, Gênes, Venise, Rome, Naples, Duc
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE NAPLES , le 18 Janvier.
Depuis le 4 de ce mois le froid eft extraordi
naire ; toutes les montagnes des environs , & le
Véfuve même , malgré les flammes & le torrent
de matiere bitumineufe qu'il continue de jetter ,
font couvertes de neige . Le Duc de Penthievre
arriva ici le 13 à trois heures après - midi. On attendoit
ce Prince dès le jour précédent , mais les
glaces l'ont retardé ſur la route. Il a été obligé de
monter à pied une partie de la montagne de Ve
letri , parce que les chevaux ne pouvoient traîner
les voitures. Le Marquis d'Offun , Ambaſſadeur
de France , eft allé avec plufieurs Seigneurs Napolitains
au-devant de Son Alteffe Séréniffime
jufqu'au Bourg de Capo di Chino . Lorsqu'elle
defcendit à l'hôtel du Marquis d'Offun , où elle
a pris fon logement , tous les vaiffeaux françois
qui étoient dans le port firent une falve de leur
artillerie. Le 15 , le Duc de Penthievre alla voir
la Maiſon royale de Portici , & ſe rendit de là fur
le Véfuve , pour examiner les effets de l'éruption
de ce Volcan. Ce Prince partit le 16 pour Caferte
, où font leurs Majeftés. Il fe propofe de
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
fa re un voyage à Pozzuolo & à Baïa,
DE ROME , le 27 Janvier.
Le Duc de Penthiévre eft arrivé ce foir de
Naples,, & il compte de partir les du mois prochain
pour Florence.
DE VENISE , le 31 Janvier.
Selon les avis reçus d'Alger , une confpiration
y éclata le 11 du mois dernier. Comme on devoit
ce jour- là payer le prêt à la milice , les conjurés
fe rendirent avec les autres foldats au palais , fous
prétexte d'aller recevoir leur folde. Dans le tems
qu'on étoit occupé à leur diftribuer l'argent qui
leur étoit dû , le Chef du complot s'approcha du
Dey , & lui déchargea un coup de fabre au défaut
de l'épaule. Le Dey , quoiqu'âgé & griévement
bleflé , fe mit en défenſe ; mais l'affaffin le tua
d'un coup de piftolet. Quelques autres des principaux
membres de la Régence furent en même
tems poignardés , & les conjurés décernerent le
titre de Dey à leur Chef. Il n'a pas joui long tems
de fa nouvelle dignité. L'énormité de fon attentat
ayant infpiré une jufte horreur à la plupart
des habitans & des foldats , ils ont pris les armes
contre lui , & il a été maſſacré , ainfi que fes
complices. La milice & le peuple , d'un concert
unanime , ont proclamé Dey Ali Effendi Aga ,
Général de la Cavalerie Maure. C'eft un homme
courageux , mais fage ; & l'on prefume qu'il fuivra
les maximes du gouvernement de fon prédé¬
effeur.
DE GENES , le 18 Janvier.
Les lettres de Modene marquent que le Duc de
MARS. 1755. 173
Modene y eft arrivé le 8 de Milan. L'équipage
d'un bâtiment qui revient d'Afrique , a rapporté
que Sidy Soliman , troifiéme fils du Bey de Tunis
étoit mort le 7 , & que fon caractere doux &
bienfaifant le faifoit regretter également des Tunifiens
& des étrangers.
DE TURIN , le 3 Février.
La fignature de tous les procès - verbaux , concernant
le réglement des limites entre le Roi &
la République de Genève , fut faite le 1 de ce
mois à Cornieres , fur la paroiffe de Villelagranda
Le Baron Foncet de Montalleur , Commiffaire
de Sa Majefté , donna à cette occafion un magnifique
repas aux Commiffaires de la République.
Les lettres de Parme , du 24 du mois dernier ,
marquoient que l'Abbé Comte de Bernis , Am
baffadeur du Roi Très - Chrétien auprès de la République
de Venife , étoit depuis le 8 à la Cour
de l'Infant Duc.
DE NAPLES , le 18 Janvier.
Depuis le 4 de ce mois le froid eft extraordi
naire ; toutes les montagnes des environs , & le
Véfuve même , malgré les flammes & le torrent
de matiere bitumineufe qu'il continue de jetter ,
font couvertes de neige . Le Duc de Penthievre
arriva ici le 13 à trois heures après - midi. On attendoit
ce Prince dès le jour précédent , mais les
glaces l'ont retardé ſur la route. Il a été obligé de
monter à pied une partie de la montagne de Ve
letri , parce que les chevaux ne pouvoient traîner
les voitures. Le Marquis d'Offun , Ambaſſadeur
de France , eft allé avec plufieurs Seigneurs Napolitains
au-devant de Son Alteffe Séréniffime
jufqu'au Bourg de Capo di Chino . Lorsqu'elle
defcendit à l'hôtel du Marquis d'Offun , où elle
a pris fon logement , tous les vaiffeaux françois
qui étoient dans le port firent une falve de leur
artillerie. Le 15 , le Duc de Penthievre alla voir
la Maiſon royale de Portici , & ſe rendit de là fur
le Véfuve , pour examiner les effets de l'éruption
de ce Volcan. Ce Prince partit le 16 pour Caferte
, où font leurs Majeftés. Il fe propofe de
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
fa re un voyage à Pozzuolo & à Baïa,
DE ROME , le 27 Janvier.
Le Duc de Penthiévre eft arrivé ce foir de
Naples,, & il compte de partir les du mois prochain
pour Florence.
DE VENISE , le 31 Janvier.
Selon les avis reçus d'Alger , une confpiration
y éclata le 11 du mois dernier. Comme on devoit
ce jour- là payer le prêt à la milice , les conjurés
fe rendirent avec les autres foldats au palais , fous
prétexte d'aller recevoir leur folde. Dans le tems
qu'on étoit occupé à leur diftribuer l'argent qui
leur étoit dû , le Chef du complot s'approcha du
Dey , & lui déchargea un coup de fabre au défaut
de l'épaule. Le Dey , quoiqu'âgé & griévement
bleflé , fe mit en défenſe ; mais l'affaffin le tua
d'un coup de piftolet. Quelques autres des principaux
membres de la Régence furent en même
tems poignardés , & les conjurés décernerent le
titre de Dey à leur Chef. Il n'a pas joui long tems
de fa nouvelle dignité. L'énormité de fon attentat
ayant infpiré une jufte horreur à la plupart
des habitans & des foldats , ils ont pris les armes
contre lui , & il a été maſſacré , ainfi que fes
complices. La milice & le peuple , d'un concert
unanime , ont proclamé Dey Ali Effendi Aga ,
Général de la Cavalerie Maure. C'eft un homme
courageux , mais fage ; & l'on prefume qu'il fuivra
les maximes du gouvernement de fon prédé¬
effeur.
DE GENES , le 18 Janvier.
Les lettres de Modene marquent que le Duc de
MARS. 1755. 173
Modene y eft arrivé le 8 de Milan. L'équipage
d'un bâtiment qui revient d'Afrique , a rapporté
que Sidy Soliman , troifiéme fils du Bey de Tunis
étoit mort le 7 , & que fon caractere doux &
bienfaifant le faifoit regretter également des Tunifiens
& des étrangers.
DE TURIN , le 3 Février.
La fignature de tous les procès - verbaux , concernant
le réglement des limites entre le Roi &
la République de Genève , fut faite le 1 de ce
mois à Cornieres , fur la paroiffe de Villelagranda
Le Baron Foncet de Montalleur , Commiffaire
de Sa Majefté , donna à cette occafion un magnifique
repas aux Commiffaires de la République.
Les lettres de Parme , du 24 du mois dernier ,
marquoient que l'Abbé Comte de Bernis , Am
baffadeur du Roi Très - Chrétien auprès de la République
de Venife , étoit depuis le 8 à la Cour
de l'Infant Duc.
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Résumé : ITALIE.
Le 18 janvier, Naples a connu un froid exceptionnel, recouvrant de neige les montagnes et même le Vésuve. Le Duc de Penthièvre est arrivé à Naples le 13 janvier, retardé par les glaces, et a été accueilli par le Marquis d'Offun et plusieurs seigneurs napolitains. Il a visité la Maison royale de Portici et le Vésuve, puis s'est rendu à Caserte le 16 janvier pour rencontrer Leurs Majestés. Le 27 janvier, il était prévu qu'il parte pour Florence début février. À Rome, une conspiration à Alger le 11 décembre précédent a conduit au massacre des conjurés et à la proclamation d'Ali Effendi Aga comme nouveau Dey. À Gênes, le Duc de Modène est arrivé le 8 janvier et Sidy Soliman, fils du Bey de Tunis, est décédé le 7 janvier. À Turin, la signature des procès-verbaux concernant les limites entre le Roi et la République de Genève a eu lieu le 1 février. L'Abbé Comte de Bernis était à la cour de l'Infant Duc depuis le 8 janvier.
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1197
p. 173
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Le Roi vient de nommer le Lord Harford, pour remplacer, en qualité de son Ambassadeur [...]
Mots clefs :
Roi d'Angleterre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE - BRETAGNE.
DE LONDRES , le 13 Février .
Le Roi vient de nommer le Lord Harford ,
pour remplacer , en qualité de fon Ambaffadeur
extraordinaire auprès du Roi de France , le feu
Comte d'Albemarle.
DE LONDRES , le 13 Février .
Le Roi vient de nommer le Lord Harford ,
pour remplacer , en qualité de fon Ambaffadeur
extraordinaire auprès du Roi de France , le feu
Comte d'Albemarle.
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1198
p. 174-181
AUXERRE.
Début :
M. l'Evêque d'Auxerre attendu dans cette ville depuis long-tems, y arriva le 29 du [...]
Mots clefs :
Roi, Président, Comte, Évêque d'Auxerre, Général, Aumônier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUXERRE.
AUXERRE.
"L'Evêque d'Auxerre attendu dans cette
mois de Janvier. Sa politeffe & fa douceur lui af
furent déja le coeur de fes Diocétains , qui ont été
charmés de leur Prélat . 2
Le 2 du mois paffé , il fut inftallé par le grand
Archidiacre de Sens , fuivi de deux Chanoines.
Ce Prélat fit enfuite un difcours rempli d'affec
tion , de nobleffe & de religión . Le peuple accou
rut de toutes párts à cette cérémonie.
* M. l'Evêque d'Auxerre voit fouvent les Chanoines
de fa Cathédrale , & ils prennent grand
plaifir à le connoître , en cela imités par les principaux
habitans de cette ville. MM . fes Grands
Vicaires ont la même façon de penfer que le Prélat
, on la reconnoît chaque jour en la perfonne
de M. l'Abbé de Lifle . Tout cela annonce combien
ce Prélat eft digne du choix que le Roi à fait
de lui. Il avoit fçu gagner le coeur de fes Diocé+
fains en Dauphiné , il leur avoit procuré la paix
dans plus d'une occafion , il la cultivera ici avec
foin ; on doit l'attendre d'un mérite reconnu , réuni
à une naiffance diftinguée , M. l'Evêque d'Auxerre
étant d'une des plus anciennes maiſons de
la Principauté d'Orange.
Fouquet de Caritat étoit Grand Prieur de Touloufe
, lors du fiége de Rhodes . N. de Caritat étoit
MARS. 1755: 175
Evêque d'Orange en 1447. Dans les actes de la
maifon de Caritat de Condorcet ils prennent les
qualités de nobles & puiffans en 1320 , vis - à- vis
le Dauphin & les Barons de Mevouillon, qui étoient
fouverains.
Dans le territoire d'Orange il y a le fief de
Caritat. Cette Maifon a encore deux branches ;
l'aînée eft repréfentée par le Comte de Condorcet,
qui a des enfans mâles ; il eft le neveu de M. l'Evêque
d'Auxerre. La branche cadette eft établie
en Picardie ; elle a pareillement des mâles qui la
repréfentent . Les alliances de la maifon de Caritat
font celles de la Roche Montauban , d'Artaud,
d'Agouet , de Montmaur , de Montpezat , & au¬
tres.
Le Sr Dulaurent de la Barre , Recteur de l'U
niverfité , accompagné des Doyens des Facultés &
des Procureurs des Nations , fe rendit le premier
Février à Trianon , & il eut l'honneur , fuivant
P'uſage , de préfenter un cierge au Roi. Il alla en
fuite à Verfailles , où il remplit le même cérémo
nial à l'égard de la Reine & de Monfeigneur le
Dauphin.
Le mêmejour , le P. Gobain , Commandeur du
Couvent de la Merci , accompagné de trois Religieux
de cette Maiſon , eut l'honneur de préſenter
un cierge à la Reine , pour fatisfaire à l'une des
conditions de leur établiſſement fait à Paris en
1615 , par la Reine Marie de Medicis.
Le 2 , Fête de la Purification de la Sainte Vierge
, les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
POrdre du Saint-Esprit , s'étant aflemblés vers les
onze heures du matin dans le cabinet du Roi , Sa
Majeſté fortit de fon appartement pour aller à fa
Chapelle. Le Roi , devant qui les deux Huiffiers
de la Chambre portoient leurs maffes , étoit en
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE.
manteau , le collier de l'Ordre par- deſſus , ainf
que celui de l'Ordre de la Toifon d'or. Sa Majefté
étoit précédée du Duc d'Orléans , du Prince de
Condé , du Comte de Charolois , du Prince de
Conti , du Comte de la Marche , du Prince de
Dombes , du Comte d'Eu , & des Chevaliers ,
Commandeurs & Officiers de l'Ordre . Après avoir
affifté à la bénédiction des cierges & à la proceffion
, le Roi entendit la grande Meffe , à laquelle
l'Evêque Duc de Langres , Prélat , Commandeur
de l'Ordre , officia pontificalement. Lorsque la
Meffe fut finie , Sa Majeſté fut reconduite à fon
appartement en la maniere accoutumée.
Le 4 au foir , la Cour quitta le deuil qu'elle
avoit pris le 28 du mois dernier pour la mort de
Ja Margrave de Bade-Baden.
Le Marquis de Valory , Lieutenant général des
armées de Sa Majefté , Commandeur de l'Ordre
royal & militaire de S. Louis , & ci - devant Miniftre
plénipotentiaire auprès du Roi de Pruffe , a
obtenu le Gouvernement de la Citadelle de Lille. ”
Leurs Majeftés & la Famille royale fignerent le
4 le contrat de mariage de Mr le Peletier de Saint-
Fargeau , & de Dlle de Beaupré de Morfontaine.
Le 6 , le Duc de Cruffol prit féance au Parlement
, en qualité de Pair de France.
Le Préſident de Segur , Préfident du Parlement
de Bourdeaux , ayant obtenu du Roi l'agrément
de la charge de Prevôt de la ville , Prevôté & Vicomté
de Paris , vacante par la démiffion du Préfident
de Montplaifant , Préfident du Parlement
de Dijon , fur reçu hier au Parlement en cette
charge . Il fut enfuite inſtallé au Châtelet par les
Commiffaires de cette Compagnie dans les différens
fiéges de la Jurifdiction.
L'Académie royale de Peinture & de Sculpture
MARS. 1755. 177
•
a élú pour fon Secrétaire & Hiftoriographe , à la
place du feu fieur Lépicié , le Sr Cochin , Graveur
du Roi , Garde des deffeins du cabinet de Sa Majefté
, & l'un des membres de cette Académie les
plus diftingués .
2
Les Religieux de l'Abbaye royale de S. Denis
conformément à la fondation faite par le Roi ,
célébrerent le 7 Février , dans leur églife , un fervice
folennel pour le repos de l'ame de Madame
Henriette.
>
Les Commiffaires du Parlement qui ont inf
tallé le Préſident de Segur au Châtelet dans la
charge de Prevôt de Paris font le Préfident
Molé , & les fieurs de Fieuber , Langlois , Pinon
& Lamblin. Le Préfident de Segur fuccede au
feu Comte d'Efclimont dans cette charge , le
Préſident de Montplaifant , qui en avoit obtenu
Pagrément , ne s'y étant pas fait recevoir.
Le fervice fondé par Monfeigneur le Dauphin
pour Madame Henriette , fut célébré le 8 dans
l'églife de la paroiffe du château. La Reine y a
affifté , accompagnée de ce Prince & de Melda,
mes de France.
Meffire Charles de Secondat , Baron de Montefquieu
, ancien Préfident du Parlement de
Guyenne , & l'un des quarante de l'Académie
Françoife , dont il étoit un des principaux orne
mens , mourut le 10 en cette ville , âgé de foixante-
cinq ans Il étoit de la Société Royale de Lon
dres , & de l'Académie de Berlin .
Le 12 , mercredi des Cendres , le Roi reçut les
cendres des mains du Cardinal de Soubife , grands
Aumônier de France , la Reine les reçut des mains
de l'Archevêque de Rouen , grand Aumônier de:
Sa Majefté ; Monfeigneur le Dauphin , de celles
de l'Abbé du Châtel , Aumônier du Roi ; Ma
Hy
'
178 MERCURE DE FRANCE.
dame la Dauphine , de celles de l'Archevêque de
Sens , fon premier Aumônier ; Monfeigneur le
Duc de Bourgogne , Monfeigneur le Duc de
Berry , & Madame , de celles de l'Abbé Barc
Chapelain du Roi ; Madame Adelaïde , de celles
de l'Evêque de Meaux , premier Aumônier de
cette Princeffe ; Mefdames Victoire , Sophie &
Louife , de celles de l'Abbé Châtelain , Chapelaindu
Roi.
Leurs Majeftés ont entendu le 13 une Meffede
Requiem , pendant laquelle la mufique a chanté
Je De profundis pour l'anniverfaire de Madame la
Dauphine , mere du Roi.
Leurs Majeftés entendirent le 14 une Meffe de
Requiem , pendant laquelle la mufique chanta le
De profundis , pour l'anniverfaire de Madame
Henriette.
Le rs , jour anniverfaire de la naiffance du
Roi, le Comte de Noailles , Gouverneur de Verfailles
, accompagné des Officiers du Bailliage de
cette ville , fe rendit à l'égliſe de Notre-Dame ,
paroiffe du château , & il y affifta au Te Deum ;
il alluma enfuite le feu qui avoit été préparé vís➡
à-vis du portail de l'églife.
·
Le même jour Sa Majefté a envoyé par Mr, le
Marquis de Champcenetz , fon premier Valet de
chambre , à Monfieur le Duc de Bourgogne
pour fon amuſement & fon inftruction , le fyfte
me de Copernic , ouvrage de Mr. l'Abbé du But ,
Curé de Viroflay , près Verfailles , qui avoit eu
l'honneur de le préfenter au Roi le 3 du mois de
Janvier dernier. Sa Majefté l'avoit gardé jufqu'à
ce jour dans fon cabinet.
Cette machine confifte en un grand palais de
glaces , dont les colonnes cannelées font de
cryftal , les bafes & les chapiteaux d'or , le tont
MARS.
1755. 179
entrecoupé de nuages peints au naturel , & décorés
d'un grand nombre de guirlandes feintes de
pierreries : le foleil immobile , & tournant fimplement
fur fon axe , paroît au milieu de ce palais
; il eft repréſenté par des feuilles d'argent
colorées , qui répandent un éclat extraordinaire ;
les planetes de Mercure, Vénus & Mars, défignées
par leurs divinités en émail, affifes fur des globes,
tournent autour de cet aftre ; la terre perfonifiée
par Cybele , pofée fur une fphere , parcourt les
douze fignes du zodiaque , & s'arrête aux quatre
principaux points ; fçavoir , les folftices d'été & .
d'hyver , les équinoxes de printems & d'automne ;
Flore , Cérès , Bacchus & une des Parques , dé
fignent chacune un de ces points ; la terre emporte
dans fon tourbillon la lune qui la ſuit dans
un char d'argent & d'ébene ; far le devant Jupiter
& Saturne font leurs révolutions : ces planetes
font accompagnées de petits amours qui mar
quent & égalent le nombre de leurs fatellites. On
a auffi répandu dans ce palais nombre de figures:
d'émail , représentant les mois , les femaines , les
jours & les nuits , qui , fe mouvant & fe réfléchiffant
dans les glaces , font un effet furprenant.
Aux deux côtés de l'efcalier du palais s'élevent
deux rochers , où font placés les quatre vents
caractérisés par leurs différens attributs ; deux
grands cartouches hors du palais contiennent les
tems des révolutions de chaque planete für leurs
axes , & celui qu'elles emploient à parcourir leurs
orbes , leur éloignement par rapport à la terre.
Toute cette machine eft enfermée dans une
boîte composée de fix volumes de très -grands in
folio , qui portent pour intitulé le Monde.
Ce même jour Mr. le Marquis de Champcenetz
a préfenté à Madame , de la part du Roi le pa
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
lais du foleil , du même goût , & du même traẻ
vail que le précédent.
La Comteffe de Lauraguais fut préfentée le 16
à Leurs Majeftés & à la Famille Royale ; elle prit
le tabouret , en vertu du brevet d'honneurs accordé
par le Roi au Comte de Lauraguais.
Le 16 de ce mois , fur les onze heures du matin
, la Princeffe de Condé commença de fentir
quelques douleurs. L'après-midi , entre quatre
& cinq heures , elle accoucha d'une Princeffe
qui fut ondoyée le même jour , & qui fe nommera
Mademoiſelle de Bourbon . La Princeffe
de Condé & la jeune Princeffe fe portent auffi
bien qu'on puiffe le defirer.
On chanta le 18 ke De profundis , pendant la
meffe de Leurs Majeftés , pour l'anniverſaire de
Monfeigneur le Dauphin , pere du Roi . .
Le même jour Leurs Majeftés fignerent le
contrat de mariage du Comte de Thomond , Chevalier
des ordres du Roi , Lieutenant- Général des
armées de Sa Majefté , & Infpecteur de l'infanterie ,.
avec Demoifelle de Chiffreville.
Le Roi a accordé à M. Bochart de Sarron ,
Avocat général au Parlement , l'agrément de la
charge de Préfident , vacante par la mort du Préfident
Gilbert de Voifins.
M. Seguier , Avocat général au grand Con--
feil , a obtenu l'agrément de la charge d'Avocat
général au Parlement , de laquelle M.
d'Ormeflon de Noifeau le demer , pour paffer à
celle de Préfident . Celle d'Avocat général , de
M. Bochart de Sarron , eft donnée à M. Peletier
de Saint -Fargeau , Avocat du Roi au Châteler.
Sa Majesté a gratifié d'une penfion de fix mille
livres M. Joly de Fleury, qui depuis que M..
MARS. 1755. 181
d'Ormeflon de Noiſeau a quitté le parquet , ef
devenu premier Avocat général .
Le 20 les actions de la Compagnie des Indes
n'avoient point de prix fixe. Les billets de la premiere
lotterie royale étoient à huit cens treize
livres , & ceux de la feconde lotterie , à fept cens
quatorze.
"L'Evêque d'Auxerre attendu dans cette
mois de Janvier. Sa politeffe & fa douceur lui af
furent déja le coeur de fes Diocétains , qui ont été
charmés de leur Prélat . 2
Le 2 du mois paffé , il fut inftallé par le grand
Archidiacre de Sens , fuivi de deux Chanoines.
Ce Prélat fit enfuite un difcours rempli d'affec
tion , de nobleffe & de religión . Le peuple accou
rut de toutes párts à cette cérémonie.
* M. l'Evêque d'Auxerre voit fouvent les Chanoines
de fa Cathédrale , & ils prennent grand
plaifir à le connoître , en cela imités par les principaux
habitans de cette ville. MM . fes Grands
Vicaires ont la même façon de penfer que le Prélat
, on la reconnoît chaque jour en la perfonne
de M. l'Abbé de Lifle . Tout cela annonce combien
ce Prélat eft digne du choix que le Roi à fait
de lui. Il avoit fçu gagner le coeur de fes Diocé+
fains en Dauphiné , il leur avoit procuré la paix
dans plus d'une occafion , il la cultivera ici avec
foin ; on doit l'attendre d'un mérite reconnu , réuni
à une naiffance diftinguée , M. l'Evêque d'Auxerre
étant d'une des plus anciennes maiſons de
la Principauté d'Orange.
Fouquet de Caritat étoit Grand Prieur de Touloufe
, lors du fiége de Rhodes . N. de Caritat étoit
MARS. 1755: 175
Evêque d'Orange en 1447. Dans les actes de la
maifon de Caritat de Condorcet ils prennent les
qualités de nobles & puiffans en 1320 , vis - à- vis
le Dauphin & les Barons de Mevouillon, qui étoient
fouverains.
Dans le territoire d'Orange il y a le fief de
Caritat. Cette Maifon a encore deux branches ;
l'aînée eft repréfentée par le Comte de Condorcet,
qui a des enfans mâles ; il eft le neveu de M. l'Evêque
d'Auxerre. La branche cadette eft établie
en Picardie ; elle a pareillement des mâles qui la
repréfentent . Les alliances de la maifon de Caritat
font celles de la Roche Montauban , d'Artaud,
d'Agouet , de Montmaur , de Montpezat , & au¬
tres.
Le Sr Dulaurent de la Barre , Recteur de l'U
niverfité , accompagné des Doyens des Facultés &
des Procureurs des Nations , fe rendit le premier
Février à Trianon , & il eut l'honneur , fuivant
P'uſage , de préfenter un cierge au Roi. Il alla en
fuite à Verfailles , où il remplit le même cérémo
nial à l'égard de la Reine & de Monfeigneur le
Dauphin.
Le mêmejour , le P. Gobain , Commandeur du
Couvent de la Merci , accompagné de trois Religieux
de cette Maiſon , eut l'honneur de préſenter
un cierge à la Reine , pour fatisfaire à l'une des
conditions de leur établiſſement fait à Paris en
1615 , par la Reine Marie de Medicis.
Le 2 , Fête de la Purification de la Sainte Vierge
, les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
POrdre du Saint-Esprit , s'étant aflemblés vers les
onze heures du matin dans le cabinet du Roi , Sa
Majeſté fortit de fon appartement pour aller à fa
Chapelle. Le Roi , devant qui les deux Huiffiers
de la Chambre portoient leurs maffes , étoit en
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE.
manteau , le collier de l'Ordre par- deſſus , ainf
que celui de l'Ordre de la Toifon d'or. Sa Majefté
étoit précédée du Duc d'Orléans , du Prince de
Condé , du Comte de Charolois , du Prince de
Conti , du Comte de la Marche , du Prince de
Dombes , du Comte d'Eu , & des Chevaliers ,
Commandeurs & Officiers de l'Ordre . Après avoir
affifté à la bénédiction des cierges & à la proceffion
, le Roi entendit la grande Meffe , à laquelle
l'Evêque Duc de Langres , Prélat , Commandeur
de l'Ordre , officia pontificalement. Lorsque la
Meffe fut finie , Sa Majeſté fut reconduite à fon
appartement en la maniere accoutumée.
Le 4 au foir , la Cour quitta le deuil qu'elle
avoit pris le 28 du mois dernier pour la mort de
Ja Margrave de Bade-Baden.
Le Marquis de Valory , Lieutenant général des
armées de Sa Majefté , Commandeur de l'Ordre
royal & militaire de S. Louis , & ci - devant Miniftre
plénipotentiaire auprès du Roi de Pruffe , a
obtenu le Gouvernement de la Citadelle de Lille. ”
Leurs Majeftés & la Famille royale fignerent le
4 le contrat de mariage de Mr le Peletier de Saint-
Fargeau , & de Dlle de Beaupré de Morfontaine.
Le 6 , le Duc de Cruffol prit féance au Parlement
, en qualité de Pair de France.
Le Préſident de Segur , Préfident du Parlement
de Bourdeaux , ayant obtenu du Roi l'agrément
de la charge de Prevôt de la ville , Prevôté & Vicomté
de Paris , vacante par la démiffion du Préfident
de Montplaifant , Préfident du Parlement
de Dijon , fur reçu hier au Parlement en cette
charge . Il fut enfuite inſtallé au Châtelet par les
Commiffaires de cette Compagnie dans les différens
fiéges de la Jurifdiction.
L'Académie royale de Peinture & de Sculpture
MARS. 1755. 177
•
a élú pour fon Secrétaire & Hiftoriographe , à la
place du feu fieur Lépicié , le Sr Cochin , Graveur
du Roi , Garde des deffeins du cabinet de Sa Majefté
, & l'un des membres de cette Académie les
plus diftingués .
2
Les Religieux de l'Abbaye royale de S. Denis
conformément à la fondation faite par le Roi ,
célébrerent le 7 Février , dans leur églife , un fervice
folennel pour le repos de l'ame de Madame
Henriette.
>
Les Commiffaires du Parlement qui ont inf
tallé le Préſident de Segur au Châtelet dans la
charge de Prevôt de Paris font le Préfident
Molé , & les fieurs de Fieuber , Langlois , Pinon
& Lamblin. Le Préfident de Segur fuccede au
feu Comte d'Efclimont dans cette charge , le
Préſident de Montplaifant , qui en avoit obtenu
Pagrément , ne s'y étant pas fait recevoir.
Le fervice fondé par Monfeigneur le Dauphin
pour Madame Henriette , fut célébré le 8 dans
l'églife de la paroiffe du château. La Reine y a
affifté , accompagnée de ce Prince & de Melda,
mes de France.
Meffire Charles de Secondat , Baron de Montefquieu
, ancien Préfident du Parlement de
Guyenne , & l'un des quarante de l'Académie
Françoife , dont il étoit un des principaux orne
mens , mourut le 10 en cette ville , âgé de foixante-
cinq ans Il étoit de la Société Royale de Lon
dres , & de l'Académie de Berlin .
Le 12 , mercredi des Cendres , le Roi reçut les
cendres des mains du Cardinal de Soubife , grands
Aumônier de France , la Reine les reçut des mains
de l'Archevêque de Rouen , grand Aumônier de:
Sa Majefté ; Monfeigneur le Dauphin , de celles
de l'Abbé du Châtel , Aumônier du Roi ; Ma
Hy
'
178 MERCURE DE FRANCE.
dame la Dauphine , de celles de l'Archevêque de
Sens , fon premier Aumônier ; Monfeigneur le
Duc de Bourgogne , Monfeigneur le Duc de
Berry , & Madame , de celles de l'Abbé Barc
Chapelain du Roi ; Madame Adelaïde , de celles
de l'Evêque de Meaux , premier Aumônier de
cette Princeffe ; Mefdames Victoire , Sophie &
Louife , de celles de l'Abbé Châtelain , Chapelaindu
Roi.
Leurs Majeftés ont entendu le 13 une Meffede
Requiem , pendant laquelle la mufique a chanté
Je De profundis pour l'anniverfaire de Madame la
Dauphine , mere du Roi.
Leurs Majeftés entendirent le 14 une Meffe de
Requiem , pendant laquelle la mufique chanta le
De profundis , pour l'anniverfaire de Madame
Henriette.
Le rs , jour anniverfaire de la naiffance du
Roi, le Comte de Noailles , Gouverneur de Verfailles
, accompagné des Officiers du Bailliage de
cette ville , fe rendit à l'égliſe de Notre-Dame ,
paroiffe du château , & il y affifta au Te Deum ;
il alluma enfuite le feu qui avoit été préparé vís➡
à-vis du portail de l'églife.
·
Le même jour Sa Majefté a envoyé par Mr, le
Marquis de Champcenetz , fon premier Valet de
chambre , à Monfieur le Duc de Bourgogne
pour fon amuſement & fon inftruction , le fyfte
me de Copernic , ouvrage de Mr. l'Abbé du But ,
Curé de Viroflay , près Verfailles , qui avoit eu
l'honneur de le préfenter au Roi le 3 du mois de
Janvier dernier. Sa Majefté l'avoit gardé jufqu'à
ce jour dans fon cabinet.
Cette machine confifte en un grand palais de
glaces , dont les colonnes cannelées font de
cryftal , les bafes & les chapiteaux d'or , le tont
MARS.
1755. 179
entrecoupé de nuages peints au naturel , & décorés
d'un grand nombre de guirlandes feintes de
pierreries : le foleil immobile , & tournant fimplement
fur fon axe , paroît au milieu de ce palais
; il eft repréſenté par des feuilles d'argent
colorées , qui répandent un éclat extraordinaire ;
les planetes de Mercure, Vénus & Mars, défignées
par leurs divinités en émail, affifes fur des globes,
tournent autour de cet aftre ; la terre perfonifiée
par Cybele , pofée fur une fphere , parcourt les
douze fignes du zodiaque , & s'arrête aux quatre
principaux points ; fçavoir , les folftices d'été & .
d'hyver , les équinoxes de printems & d'automne ;
Flore , Cérès , Bacchus & une des Parques , dé
fignent chacune un de ces points ; la terre emporte
dans fon tourbillon la lune qui la ſuit dans
un char d'argent & d'ébene ; far le devant Jupiter
& Saturne font leurs révolutions : ces planetes
font accompagnées de petits amours qui mar
quent & égalent le nombre de leurs fatellites. On
a auffi répandu dans ce palais nombre de figures:
d'émail , représentant les mois , les femaines , les
jours & les nuits , qui , fe mouvant & fe réfléchiffant
dans les glaces , font un effet furprenant.
Aux deux côtés de l'efcalier du palais s'élevent
deux rochers , où font placés les quatre vents
caractérisés par leurs différens attributs ; deux
grands cartouches hors du palais contiennent les
tems des révolutions de chaque planete für leurs
axes , & celui qu'elles emploient à parcourir leurs
orbes , leur éloignement par rapport à la terre.
Toute cette machine eft enfermée dans une
boîte composée de fix volumes de très -grands in
folio , qui portent pour intitulé le Monde.
Ce même jour Mr. le Marquis de Champcenetz
a préfenté à Madame , de la part du Roi le pa
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
lais du foleil , du même goût , & du même traẻ
vail que le précédent.
La Comteffe de Lauraguais fut préfentée le 16
à Leurs Majeftés & à la Famille Royale ; elle prit
le tabouret , en vertu du brevet d'honneurs accordé
par le Roi au Comte de Lauraguais.
Le 16 de ce mois , fur les onze heures du matin
, la Princeffe de Condé commença de fentir
quelques douleurs. L'après-midi , entre quatre
& cinq heures , elle accoucha d'une Princeffe
qui fut ondoyée le même jour , & qui fe nommera
Mademoiſelle de Bourbon . La Princeffe
de Condé & la jeune Princeffe fe portent auffi
bien qu'on puiffe le defirer.
On chanta le 18 ke De profundis , pendant la
meffe de Leurs Majeftés , pour l'anniverſaire de
Monfeigneur le Dauphin , pere du Roi . .
Le même jour Leurs Majeftés fignerent le
contrat de mariage du Comte de Thomond , Chevalier
des ordres du Roi , Lieutenant- Général des
armées de Sa Majefté , & Infpecteur de l'infanterie ,.
avec Demoifelle de Chiffreville.
Le Roi a accordé à M. Bochart de Sarron ,
Avocat général au Parlement , l'agrément de la
charge de Préfident , vacante par la mort du Préfident
Gilbert de Voifins.
M. Seguier , Avocat général au grand Con--
feil , a obtenu l'agrément de la charge d'Avocat
général au Parlement , de laquelle M.
d'Ormeflon de Noifeau le demer , pour paffer à
celle de Préfident . Celle d'Avocat général , de
M. Bochart de Sarron , eft donnée à M. Peletier
de Saint -Fargeau , Avocat du Roi au Châteler.
Sa Majesté a gratifié d'une penfion de fix mille
livres M. Joly de Fleury, qui depuis que M..
MARS. 1755. 181
d'Ormeflon de Noiſeau a quitté le parquet , ef
devenu premier Avocat général .
Le 20 les actions de la Compagnie des Indes
n'avoient point de prix fixe. Les billets de la premiere
lotterie royale étoient à huit cens treize
livres , & ceux de la feconde lotterie , à fept cens
quatorze.
Fermer
Résumé : AUXERRE.
En janvier 1755, l'évêque d'Auxerre fut installé par le grand archidiacre de Sens et deux chanoines. Son discours, empreint d'affection, de noblesse et de religion, attira une grande affluence. L'évêque, issu d'une ancienne maison de la Principauté d'Orange, fréquenta régulièrement les chanoines et les principaux habitants de la ville, gagnant leur respect et leur affection. Il avait déjà prouvé ses compétences en Dauphiné, où il avait apporté la paix à plusieurs occasions. La maison de Caritat, à laquelle il appartient, possède des terres et des alliances nobles. Le 1er février, le recteur de l'Université de Paris, accompagné des doyens et procureurs, présenta un cierge au roi à Trianon et à Versailles. Le même jour, le père Gobain, commandeur du couvent de la Merci, présenta un cierge à la reine. Le 2 février, les chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit assistèrent à la messe à la chapelle royale, où l'évêque de Langres officia. La cour quitta le deuil le 4 février pour la mort du margrave de Bade-Baden. Plusieurs nominations et mariages furent annoncés, notamment celle du marquis de Valory au gouvernement de la citadelle de Lille et le mariage du marquis de Peletier de Saint-Fargeau. Le 6 février, le duc de Crussol prit séance au Parlement en tant que pair de France. Le président de Ségur fut installé comme prévôt de Paris. L'Académie royale de Peinture et de Sculpture élut le sieur Cochin comme secrétaire et historiographe. Les religieux de l'abbaye de Saint-Denis célébrèrent un service pour Madame Henriette. Le baron de Montesquieu, ancien président du Parlement de Guyenne, mourut le 10 février à l'âge de soixante-cinq ans. Le 12 février, le roi et la famille royale reçurent les cendres pour le mercredi des Cendres. Des messes de requiem furent célébrées pour les anniversaires de la dauphine et de Madame Henriette. Le 21 février, le roi offrit un système du monde en forme de machine à son petit-fils, le duc de Bourgogne. La comtesse de Lauraguais fut présentée à la cour et la princesse de Condé accoucha d'une princesse nommée Mademoiselle de Bourbon. Plusieurs nominations judiciaires furent également annoncées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1199
p. 181-184
REMARQUES sur la Lotterie de Bruxelles.
Début :
Le fonds de cette lotterie est composé de cent cinquante mille billets ou Nos, du prix de cinquante [...]
Mots clefs :
Loterie, Loterie du Bruxelles, Florins
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMARQUES sur la Lotterie de Bruxelles.
REMARQUES fur la Lotterie de
Bruxelles.
E fonds de cette lotterie eft compofé de cent
quante florins chacun ; il doit y avoit cent foixante-
dix mille lots , dont un très- grand nombre ,
comme on peut croire , font au deffous de la mife.
Il y aura cinq tirages , & dans chacun des quatre
premiers cinq mille lots. Les numeros fortis aux
premiers tirages rentreront à chaque fois dans la
roue pour
les tirages fuivans , on voit qu'il refte ,
pour le dernier tirage autant de lots qu'il y a de
numeros , dont un très-grand nombre ne font
que de quarante florins ; & comme on retiendra
dix pour cent après le tirage , ceux qui n'auront
eu qu'un lot de quarante florins ne retireront
que trente-fix florins , &.par conféquent quatorze
de perte. Mais , dira-t - on , ceux qui auront été ,
affez heureux pour avoir quelque lot aux quatre
premiers tirages , gagneront. Oui , ceux qui auront
eu un ou plufieurs lots , faifant plus de quin
ze florins , entre lefquels beaucoup fe trouveront
avoir deux ou trois florins de bénéfice , d'autres
cinq , fix , huit , douze , & c . plus ou moins ,
& quelques-uns un bénéfice paffable , car la lot182
MERCURE DE FRANCE.
terie ne peut pas honnêtement garder le tout.
Mais tous ceux qui n'auront eu dans les quatre
premiers tirages qu'un lot de quinze florins ou
au-deffous , & ils feront en grand nombre , auront
encore de la perte s'ils n'ont qu'un lot de quarante
florins au cinquieme tirage : car un lot de
quinze florins & un de quarante font cinquantecinq
florins , dont ôtant cinq florins & demi , à
caufe des dix pour cent , reite quarante florins
pour une mife de cinquante florins.
Mais le plus qu'on puiffe perdre eft quatorze
florins , auffi peut- on remarquer au dernier alinea
du plan , que la lotterie fera crédit de trente- fix
forins à ceux qui voudront fournir quatorze
florins en prenant les billets ; & ils ont raiſon ,
ils ne courent aucun rifque à faire ce crédit , puifque
c'eft ce qui doit rentrer à ceux qui auront le
fort le plus défavorable , qui feront ceux qui
n'ayant pas eu des lots aux quatre premiers tirages
, n'auront qu'un lot de quarante florins au'
cinquieme tirage , & de ceux-ci il y en aura plus
de cent trente mille.
Il s'enfuit de ce qui précéde qu'on ne doit regarder
la mife réelle que de quatorze florins , &-
que ceux qui n'auront que des lots de quarante
forins font ceux qui n'auront point de lots ; car
donner cinquante florins pour n'en retirer que
trente-fix , ou donner quatorze florins & n'avoir
aucun lot , c'eſt bien la même chofe ; le refte
n'eft qu'une illufion pour mieux duper les joueurs.
On doit voir d'après tout ce qu'on vient de dire ,
que le fonds de la lotterie ne doit être réputé que
de cent cinquante mille fois quatorze florins , en
retranchant trente-fix forins de chacun des cent
cinquante mille lots du cinquieme tirage ; & en
effet la lotterie fe contente de quatorze florins par C
MAR S. 1755. *
183
billet , pourvu qu'on les donne d'abord , ce qui
fait un fonds de deux millions cent mille florins.
Quel avantage y a -t-il donc à annoncer une
mife de cinquante florins par billet : Le voici ; il
n'eft pas mal grand. On préleve par cet artifice
dix pour cent fur un fonds de cent cinquante mille
fois cinquante florins, ou de fept millions cinq cens
mille florins , lefquels dix pour cent rapportent
fept cent cinquante mille florins , au lieu que fi
on ne prélevoit les dix pour cent que fur le fonds
réel de cent cinquante mille fois quatorze florins ,
on n'auroit que deux cens dix mille florins de bénéfice.
Or on eft bien aiſe d'avoir davantage ; &
pour en avoir le prétexte , on dit qu'on fait crédit
d'un fonds dont on n'avoit befoin que pour
faire montre , & la preuve qu'on n'en avoit pas
befoin , c'eft qu'on en fait crédit , & que les trente-
fix florins ne font par là qu'en idée dans les
lots pour en faire paroître davantage , & tous plus
forts.
On fait fupporter à la mife réelle les dix pour
cent du fonds imaginaire des cinq millions quatre.
cens mille florins de crédit , qu'il leur étoit affez
indifférent à l'intérêt près ) de toucher ou de ne
pas toucher , pourvû qu'ils en ayent les dix pour
cent. C'eft proprement dire aux joueurs , je veux
bien ne prendre que dix pour cent de l'argent que
je vous fais jouer , à condition que j'y prendrai
auffi dix pour cent de l'argent que vous ne jouez
pas.
Qu'on y faffe bien attention : qu'est - ce que c'eft
que des lots moindres que la mife ? n'en réſultet-
il pas toujours une perte pour les joueurs ? Et
pourquoi demander à chaque joueur plus qu'il ne
doit , ou ne peut perdre ? pouquoi leur demander
un argent qu'on fçait devoir néceffairement leur
184 MERCURE DE FRANCE
rentrer un jour , fi ce n'eft pour faire , on faire
paroître une grande recette pour avoir occafion
d'y prendre un bénéfice à proportion , qui ne peut
être qu'aux dépens de la mife réelle ? auffi fur deux
millions cent mille florins qu'il y a ici de fonds
réel , préleve-t- on fept cens cinquante mille florins,
ce qui eft prefque trente-fix pour cent. L'auteur
du plan ofe cependant dire que cette lotterie eft
infiniment plus favorable que toutes les autres qui
ont paru jufqu'ici . Il eft vrai qu'elle eſt favorable :
refte à dire pour qui ; ou bien ignore- t - il qu'on
n'a pris jufqu'à préfent que quinze pour cent aux
trois lotteries de Paris , ce qui n'eft pas les trois
feptiemes de ce qu'on prend par la fienne , & encore
n'a -t- on autant pris que parce que ce revenu
a toujours été deſtiné à des oeuvres pieuſes , car
dans toute autre occafion on a toujours moins
pris.
On doit voir par ces remarques que cette lotterie
n'eft qu'une attrape , dans laquelle un nombre
prodigieux de perfonnes ont déja donné , fans s'en
appercevoir. Fait -on en France des lotteries avantageufes
pour le public les François les laiffent
remplir par les Etrangers. Les Etrangers en fontils
de très -defavantageufes , les François y donnent
à plein collier ?
Bruxelles.
E fonds de cette lotterie eft compofé de cent
quante florins chacun ; il doit y avoit cent foixante-
dix mille lots , dont un très- grand nombre ,
comme on peut croire , font au deffous de la mife.
Il y aura cinq tirages , & dans chacun des quatre
premiers cinq mille lots. Les numeros fortis aux
premiers tirages rentreront à chaque fois dans la
roue pour
les tirages fuivans , on voit qu'il refte ,
pour le dernier tirage autant de lots qu'il y a de
numeros , dont un très-grand nombre ne font
que de quarante florins ; & comme on retiendra
dix pour cent après le tirage , ceux qui n'auront
eu qu'un lot de quarante florins ne retireront
que trente-fix florins , &.par conféquent quatorze
de perte. Mais , dira-t - on , ceux qui auront été ,
affez heureux pour avoir quelque lot aux quatre
premiers tirages , gagneront. Oui , ceux qui auront
eu un ou plufieurs lots , faifant plus de quin
ze florins , entre lefquels beaucoup fe trouveront
avoir deux ou trois florins de bénéfice , d'autres
cinq , fix , huit , douze , & c . plus ou moins ,
& quelques-uns un bénéfice paffable , car la lot182
MERCURE DE FRANCE.
terie ne peut pas honnêtement garder le tout.
Mais tous ceux qui n'auront eu dans les quatre
premiers tirages qu'un lot de quinze florins ou
au-deffous , & ils feront en grand nombre , auront
encore de la perte s'ils n'ont qu'un lot de quarante
florins au cinquieme tirage : car un lot de
quinze florins & un de quarante font cinquantecinq
florins , dont ôtant cinq florins & demi , à
caufe des dix pour cent , reite quarante florins
pour une mife de cinquante florins.
Mais le plus qu'on puiffe perdre eft quatorze
florins , auffi peut- on remarquer au dernier alinea
du plan , que la lotterie fera crédit de trente- fix
forins à ceux qui voudront fournir quatorze
florins en prenant les billets ; & ils ont raiſon ,
ils ne courent aucun rifque à faire ce crédit , puifque
c'eft ce qui doit rentrer à ceux qui auront le
fort le plus défavorable , qui feront ceux qui
n'ayant pas eu des lots aux quatre premiers tirages
, n'auront qu'un lot de quarante florins au'
cinquieme tirage , & de ceux-ci il y en aura plus
de cent trente mille.
Il s'enfuit de ce qui précéde qu'on ne doit regarder
la mife réelle que de quatorze florins , &-
que ceux qui n'auront que des lots de quarante
forins font ceux qui n'auront point de lots ; car
donner cinquante florins pour n'en retirer que
trente-fix , ou donner quatorze florins & n'avoir
aucun lot , c'eſt bien la même chofe ; le refte
n'eft qu'une illufion pour mieux duper les joueurs.
On doit voir d'après tout ce qu'on vient de dire ,
que le fonds de la lotterie ne doit être réputé que
de cent cinquante mille fois quatorze florins , en
retranchant trente-fix forins de chacun des cent
cinquante mille lots du cinquieme tirage ; & en
effet la lotterie fe contente de quatorze florins par C
MAR S. 1755. *
183
billet , pourvu qu'on les donne d'abord , ce qui
fait un fonds de deux millions cent mille florins.
Quel avantage y a -t-il donc à annoncer une
mife de cinquante florins par billet : Le voici ; il
n'eft pas mal grand. On préleve par cet artifice
dix pour cent fur un fonds de cent cinquante mille
fois cinquante florins, ou de fept millions cinq cens
mille florins , lefquels dix pour cent rapportent
fept cent cinquante mille florins , au lieu que fi
on ne prélevoit les dix pour cent que fur le fonds
réel de cent cinquante mille fois quatorze florins ,
on n'auroit que deux cens dix mille florins de bénéfice.
Or on eft bien aiſe d'avoir davantage ; &
pour en avoir le prétexte , on dit qu'on fait crédit
d'un fonds dont on n'avoit befoin que pour
faire montre , & la preuve qu'on n'en avoit pas
befoin , c'eft qu'on en fait crédit , & que les trente-
fix florins ne font par là qu'en idée dans les
lots pour en faire paroître davantage , & tous plus
forts.
On fait fupporter à la mife réelle les dix pour
cent du fonds imaginaire des cinq millions quatre.
cens mille florins de crédit , qu'il leur étoit affez
indifférent à l'intérêt près ) de toucher ou de ne
pas toucher , pourvû qu'ils en ayent les dix pour
cent. C'eft proprement dire aux joueurs , je veux
bien ne prendre que dix pour cent de l'argent que
je vous fais jouer , à condition que j'y prendrai
auffi dix pour cent de l'argent que vous ne jouez
pas.
Qu'on y faffe bien attention : qu'est - ce que c'eft
que des lots moindres que la mife ? n'en réſultet-
il pas toujours une perte pour les joueurs ? Et
pourquoi demander à chaque joueur plus qu'il ne
doit , ou ne peut perdre ? pouquoi leur demander
un argent qu'on fçait devoir néceffairement leur
184 MERCURE DE FRANCE
rentrer un jour , fi ce n'eft pour faire , on faire
paroître une grande recette pour avoir occafion
d'y prendre un bénéfice à proportion , qui ne peut
être qu'aux dépens de la mife réelle ? auffi fur deux
millions cent mille florins qu'il y a ici de fonds
réel , préleve-t- on fept cens cinquante mille florins,
ce qui eft prefque trente-fix pour cent. L'auteur
du plan ofe cependant dire que cette lotterie eft
infiniment plus favorable que toutes les autres qui
ont paru jufqu'ici . Il eft vrai qu'elle eſt favorable :
refte à dire pour qui ; ou bien ignore- t - il qu'on
n'a pris jufqu'à préfent que quinze pour cent aux
trois lotteries de Paris , ce qui n'eft pas les trois
feptiemes de ce qu'on prend par la fienne , & encore
n'a -t- on autant pris que parce que ce revenu
a toujours été deſtiné à des oeuvres pieuſes , car
dans toute autre occafion on a toujours moins
pris.
On doit voir par ces remarques que cette lotterie
n'eft qu'une attrape , dans laquelle un nombre
prodigieux de perfonnes ont déja donné , fans s'en
appercevoir. Fait -on en France des lotteries avantageufes
pour le public les François les laiffent
remplir par les Etrangers. Les Etrangers en fontils
de très -defavantageufes , les François y donnent
à plein collier ?
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Résumé : REMARQUES sur la Lotterie de Bruxelles.
Le texte décrit la lotterie de Bruxelles, dotée d'un fonds de cent cinquante mille florins répartis en cent soixante-dix mille lots. La majorité des lots est inférieure à la mise initiale. La lotterie comprend cinq tirages : les quatre premiers offrent chacun cinq mille lots, avec réintégration des numéros sortis pour les tirages suivants. Le dernier tirage inclut autant de lots que de numéros, la plupart valant quarante florins. Après déduction de dix pour cent, les gagnants de ces lots récupèrent seulement trente-six florins, subissant une perte de quatorze florins. Les joueurs gagnant des lots de plus de quinze florins dans les quatre premiers tirages peuvent réaliser un bénéfice, tandis que ceux gagnant moins de quinze florins ou rien du tout subiront une perte s'ils n'obtiennent qu'un lot de quarante florins au dernier tirage. La lotterie offre un crédit de trente-six florins pour ceux qui paient quatorze florins à l'achat des billets, montant correspondant à la perte maximale possible. Le fonds réel de la lotterie est estimé à deux millions cent mille florins, en tenant compte des pertes potentielles. L'annonce d'une mise de cinquante florins par billet permet à l'organisateur de prélever dix pour cent sur un fonds imaginaire de sept millions cinq cent mille florins, générant ainsi un bénéfice de sept cent cinquante mille florins. En réalité, la lotterie se contente de quatorze florins par billet, mais utilise l'illusion d'une mise plus élevée pour justifier un bénéfice plus important. Le texte critique cette pratique, soulignant qu'elle est défavorable aux joueurs et avantageuse pour les organisateurs.
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1200
p. 197
AFRIQUE.
Début :
Plusieurs des factieux qui ont eu part au meurtre du feu [...]
Mots clefs :
Alger, Meurtre, Dey d'Alger, Consuls
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texteReconnaissance textuelle : AFRIQUE.
AFRIQUE.
D'ALGER , le 23 Decembre .
Purédu feu Dey
tre du feu Dey s'étoient cachés , en attendant
quelque occafion de prendre la fuite . On en a dé-
Couvert dix , dont fix ont été empalés , & les quatre
autres étranglés. Le nouveau Dey a fait allurer
les Confuls de France , d'Angleterre & de
Hollande , ainsi que le Conful Impérial , qu'il
étoit dans la réfolution d'entretenir la paix avec
leurs Souverains.
D'ALGER , le 23 Decembre .
Purédu feu Dey
tre du feu Dey s'étoient cachés , en attendant
quelque occafion de prendre la fuite . On en a dé-
Couvert dix , dont fix ont été empalés , & les quatre
autres étranglés. Le nouveau Dey a fait allurer
les Confuls de France , d'Angleterre & de
Hollande , ainsi que le Conful Impérial , qu'il
étoit dans la réfolution d'entretenir la paix avec
leurs Souverains.
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